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Full text of "Dictionnaire historique de l'ancien langage françois, ou, Glossaire de la langue françoise depuis son origine jusqu'au siècle de Louis XIV"

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DICTIONNAIRE HISTORIQUE 



DE 



L'ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS 



.1. 



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NIORT. — TYPOGRAPHIE DE L. FAVRE. 



DICTIONNAIRE HISTORIQUE 



DE 



L ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS 

OU 

GLOSSAIRE DE LA LANGUE FRANÇOISE 

DEPUIS SON ORIGINE JUSQU'AU SIÈCLE DE LOUIS XIV 

7ar LA CURNE DE SAINTE-TALAYE 

MEMBRE DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET DE l'aCADÉMIE FRANÇOISE 

Publié par les soins de L. Favre, auteur du Glossaire du Poitou ^ de la Sainkmge et de VAunis, etc., etc. 

CONTENANT : 

SIGNIFICATION PRIMITIVE ET SECONDAIRE DES VIEUX MOTS. 

Vieux mots employés dans les chants des Trouvères. 
Acceptions métaphoriques ou figurées des vieux mots français. — Mots dont la significatioa est inconnue. 

ETTMOLOGIE DES VŒUX MOTa 

Orthographe des vieux mots. — Constructions irrégulières de tours de phrases de Tancienne langue. 
Abréviations ; études sur les équivoques qu'elles présentent dans les anciens auteurs. 

Ponctuation ; difficultés qu'elle présente. 

Proverbes qui se trouvent dans nos poètes des xn«, Xin« et XTV^ siècles. 

Noms propres et noms de lieux corrompus et défigurés par les anciens auteurs. 

Mots empruntés aux langues étrangères. 

Usages anciens. 



TOME TROISIÈME 

BID — CHIC 



Nl< 

L. FAVRE, éditeiar 

RUE SAINT-JEAN, (i. 



PARIS 

H. CHAMPION, libraire 
quai malaquais, 1.5. 



1877 

TOUS DROITS KÉ8SBVÉ8 



JAN 

4 

IPM3 



EXPLICATION DES ABRÉVIATIONS 



1S)»e^<^ées dans le DICTIONNAIRE DE LA. CURNE DE SAINTE-PALAYE 



CJ 



// 



A. p. Hésod*. pour Apologie pour Hérodote. 

A. G. d'Orl. pour Anciennes Coutumes d'Orléans. 

A. P. pour Ancien Poète. 

B. N. pour Bibliothèque Nationale. 
Bianch. pour Blanchardin, Blancardin. 
Bor. D. pour Borel» dictionnaire. 

Bout. Som. H. pour Bouteiller, Somme rurale. 

Brant. pour Brantôme. 

Britt. pour Britton. 

Gelthèl. de L. Trippault pour Gelt-héUenisme. 

G. de G. de T. M. pour Continuation de G. de Tyr, Martène. 

Gh. de S* D. pour Chronique de Saint-Denis. 

Gh. Fr. pour Ghanson française. 

Ghasse et dép. d*am. pour ChasBe et départie d'amour. 

Gom. pour Gomines. 

Gonf. du Benart pour Ck>nfe8sion du Renart. 

Gontes de Ghol. pour Contes de Cholières. 

Goquill. pour Goquillart. 

Gom. pour GomeiUe. 

G. pour Corruption. 

Cor. pour Corruption. 

Cotg. pour Gotgrave, dictionnaire. 

Beau. Goût, du B. pour Beaumanoir, Coutumes duBeauvoisis. 

D. pour Dictionnaire. 

D. de Tahureau poiur Dialogues de Tahureau. 

Des A. Big. pour Des Accords, Blgarures. 

DiaL de S^ G. pour Dialogues de Saint-Grégoire. 

Eas. de Mont, pour Essais de Montaigne. 

Est. pour Estrubert. 

Eust. DMCh. pour Eustache Deschamps. 

F. pour féminin. 

FabL MS. de S' G. pour Fables manuscrites de S* Germain. 

Falc. pour Falconnet. 

Farc. P. pour Far^ de Pathelin. 

G. B pour Gérard de Roussillon. 
Gér. de N. pour Gérard de Nevers. 

G. 1. de D. G. pour Glossaire latin de Du Gange. 

Gloss. du R. de la R. pour Glossaire du Roman de la Rose. 

liist. de Bret. pour Histoire de Bretagne. 

Ilist. de Fr. en v. à la suite du R. de F. pour Hiatoive de Fvaace 

en vers à la suite du Roman de Fauvel. 
H. M. de G. pour Histoire de la maison de Guines. 
lUustr des G. pour Illustration des Gaules. 
J. de P. pour Journal de Paris. 
i. de P. sous Gh. VI et Gh. VII, pour Journal de [Paris sous 

Charles VI et Charles VII. 



Join. pour JoinviUe, 

Journal de P. pour Journal de Paris. 

J. d'Aut. An. de L. XII pour Jean d'Auton, Annales de Louis XII. 

La Col. Th. d'hon. pour La Colombière, Théâtre d'honneur. 

Lanc. du Lac pour Lancelot du Lac. 

L. des Machabées pour Livre des Machabées. 

L. des Rois pour Livre des Rois. 

MSS. de B. pour Manuscrit de Bouhier. 

MS. de Ber. pour Manuscrit de Berne. 

MS. des G. pour Manuscrit des Cordeliers. 

MS. de G. pour Manuscrit de Gagnet. 

M. de S^ G. pour Mélin de Saint-Gelais. 

ils. du y. pour Manuscrit du Vatican. 

Marb. pour Marbodus. 

Mon. pour Monet, dictionnaire. 

Monst. pour Monstrelet. 

N. G. G. pour Nouveau coutumier général. 

Ord. pour Ordonnance des Rois de France. 

Ord. des R. de F. pour Ordonnance des Rois de France. 

0. S. pour Orthographe subsistante. 

Ort. Sub. pour Orthographe subsistante. 

Pasq. pour Pasquier. 

P. pour pluriel. 

Per. Ilist de B. pour Perard, Histoire de Bourgogne. 

Percef. pour Perceforest. 

Poês. de R. Bell, pour Poésies de Rémi Belleau. 

Print. d'Yv. pour Printemps d'Y ver. 

R. pour Roman. 

R. Est. pour Robert Estienne. 

Rab. pour Rabelais. 

Recl. de M. pour Reclus de Moliens. 

Beg. JJ. 115, p. 287 , pour Archives nationales (section histori- 
que), registre du trésor des Chartes, coté JJ 115, pièce 287 . 
Le J simple est réservé aux cartons contenant des pièces 
séparées (Trésor des Chartes). 

S« B. s. L. pour Saint-Benoît-sur-Loire. 

S. F. pour Sermons français. 

S. F. pour substantif féminin. 

S. G. pour Saint-Germain. 

Sag. de Gh. pour Sagesse de Charron. 

Tenur. de Littl. pour Tenures de Littleton. 

Test, de P. pour Testament de Patelin. 

Très, des Ch. pour Trésor des Chartes. 

Vat. pour Vatican. 

Vig. de Ch. VI, pour Vigiles de Charles VI. 

Vil. Rep. fir. pour Villon, Repues franches. 



DICTIONNAIRE HISTORIQUE 



L'ANCIEN LANGAGE FRANÇOIS 



BI 

Bidaulx, subst. masc. plur. Espèce de fantas- 
sinST'Ces troupes n'éloient autre chose que des 
paysans armés qui étoient à la solde de tous les 
partis indifféremment. C'est probablement le même 
mot que bibaux, expliqué ci-dessus. C'étoil propre- 
ment des troupes irrégulières adonnées au pillage. 
Elles portoient des pavois et des couteaux. 

Bidaax, Navarrois, EspaingniauB 
Remainent vacbes et aingniaus : 
Aucuns d'eus vienuent par les voies, 
Troussez de selines et (l'oies. 

G. Guiv1.ll9.ral.334,V. 

Au reste, les bidaux étoienl d'assez mauvais 
aoldals, et c'est dans un sens injurieux que les Pro- 
vençaux sont désignés sous ce nom, dans Choisy. 
(Vie de Ph. de Valois, p. 73.) Le Duchat, sur Rabe- 
lais, T. m, p. %, n' A, croit que c'éloit dilïérentes 
sortes de milices flamandes, et il dérive ce mot de 
celui de bedaut. Il est contredit par Fauchel [Liv. Il 
des Origines, p. 105), oti il est dit que bedaut vient 
de bidaux. On voit, dans Proissart, qu'ils marchoient 
souvent avec les Genevois et les arbalétriers, et 
quelquefois avec d'autres peuples, comme Nor- 
mands. Picards, etc. L'éditeur de Proissart dit, à la 
page 70 du Livre 1 , qu'il ne peut pas déterminer la 
signiflcation de ce mot. Je crois que c'éloit le nom 
de quelque peuple d'un canton de la Flandre. 
Cependant M. de Valois dit que les petatix dësi- 
gnoient les Tanlassins du Poitou, et les bidaux [i], 
ceux du Berry. Il donne celte opinion comme une 
découverte nouvelle. (Valois, Notice des Gaules, 
p. 449. — Voyez le Dicl. de Cotgrave ; le Glosa, lat. 
de Du Cange, ail molfiif/a/(it; Lauriëre, Glossaire 
du Droit fr.; Boulainvilliers, Essai sur la Noblesse, 
p. 73 el suiv.; Milice françoise du P. Daniel, T. 1, 
p. 139 el 293, et Caseneuve, Origine de la Langue 
françoise.) ■ Si en fil le dit Alexandre un sien frère 

• escuyer, chaslellain, appelle Anthoine de Chau- 

■ mont, el pour mieux garder la ville, le comte 

• d'Ërby luy laissa ses archers, et quarante bidaux 

■ à tout pavas. • (Proissart, Liv. 1, p. 130.) ■ Entre 

■ ces Anglois, avoit pillards, et bidaux gallois et 

• cornouaillois qui portoyent grans coustilles. » 
(Ibid. p. 152.) ■ La commencèrent à traire sur ces 

• bidaux, ei Genevois qui estoyenl devant la 



BI 

■ porte. ■ (Ibid. p. 70.) ■ Et estoyenl bien Normans, 

> bidaux Genevois , et Picars , environ quarante 
' mille. » (Ibid. p. 67.) ■ Aucuns Genevois et 

■ bidaux allèrent près des bailles, pour escarmou- 
« cher el paleler. . (Ibid. p. 88.) 

TARIANTES : 

BiDAus. G. Guiart, MS, fol. 346, &: 

Bydaus Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Faur. foL 79. 

BroAUZ. G. Guiart, MS. fol. 347, R'. 

Bidaux. Choisy, Vie de Phil. de V&lois, p. 73. 

BlDEAUX. 

BtDAUT. G. Guiart, US. fol. 399, R*. 

Bidaut, subst. masc. Terme d'amitié. • Alors 

• mon petit bidaut, baisse la tête. • [conles de 
Cholières, fol. 140.) On voit mon petit bedault 
eniployé de la même manière, dans Rab. T. III, p. 96. 

Expressions à citer : 

Bidaut de culle bulle. (Epitb. de H. de la Porte.) 

Bidault de calebute. (Cotgrave, Dict.) 

Bid£t de cutebute. (Oudin. Dict.) 

Ce sont des expressions obscènes. 

Bidente , adi. au fém. Qui a deux dens. (Voyez 
le Dicl. d'Oudin.) 

Bidet . subst. masc. Petit cheval. — Fer à mar- 
quer. — Arme à feu. 

Ce mol subsiste dans le premier sens. On dit 
même encore comme autrefois: < Pousser son 

• 6J(iË^ pour aller son chemin, ■ continuer ce que 
l'on a commencé. 

Moquei-Toua des sermons d'un vieux barbon de père, 
Pouatéa votre bidet, vous dis-je, et laissée Taire. 

L'Bloardi, i» Uolijn, art. I, KJ« U. 

Oudin explique aussi ce mot par fer à marquer. 
(Voyez son Dict. francois-italten.) 

Efnftn, le mot bidet éloit le nom d'une arme à 
feu, d'un pisloletdepoche, ainsi appelé par analogie 
avec bidets, les plus petits chevaux, suivant Fauchet, 
des Orig. Liv. H, p. 123. (Voyez le Dict. d'Oudin, el 
Boulainvilliers.) « Tira de la pochette de ses 

> chausses un petit bidet (2) h cinq canons qui se 

■ déchargeoienl ensemble, ou séparément, comme 
. on vouToiL . (NuilsdeStraparole,T. 11, p. 212.) 

Bldo, subst. Vie, dans le patois de Cahors. (Dict. 
de Borel, au mot Glouper.) 



(1) Le mol est resté comme nom propre, ce qui mcltit TorigiDe bi, plus dard; elle est encore incoimne. (N. e.) — (t) L 
mol se trouve en ce sens dans d'Aubignë (Ui&t., li, 170) et duu Pare (IX, Prif.) (k. s.) 

m. 1 



BI 



— 8 — 



BI 



Bie (1), subst. fém. Bouteille de terre. Mot qui 
subsiste dans plusieurs provinces de France. (Toy. 
le Gloss. lat. de Du Gange, au mot Breca.) 

Bief, subst. masc. Ruisseau , canal d*eau pour 
faire moudre un moulin. Il signifie aussi le lit 
d'une rivière ou d'un ruisseau. 

VARIANTES : 
BŒF. Le Duchat, sur Rabelais, T. I, p. 244^ note 9. 
Bbal, mot marseiUois. Du Gange, Gloss. latin, à Bedale. 
Biais. Nouv. Coût. gén. T. Il, p. 1091, col. 1. 
BiÂ, mot subsistant. Bié des moulins. 
BiED. Nouv. Ck)ut. gén. T. II, p. 1167, col. 2. 
BiEL, BiER. Le Ducnat% sur Rabelais, T. I, p. 244, note 9. 

Bielos, subst. Nous n'assignerons point de 
signification à ce mot. Nous nous contenterons de 
raH>orter le passage où nous le trouvons : 

Mais en autre manière nous convenra ovrer 
Se nos volons majeur soufflsant recovrer. 
Il nous convenra prendre quatorze bielos^ 
Et quinze pauvillons : cil jetteront les los. 
Sous qui il escara, si en feront maieur. 

?oé%, MSS. avut 1800, T. IV. p. 1333. 

Biels» adj. Vieux. Ce mot, dans le patois gascon, 
a cette signification. Il faut lire biels dans le passage 
suivant, au lieu de bilx : 

Bilx fu li pont, et grant li fés : 
Planches trébuchent, chient es. 

Rom. de Rou, US. fol. 969, R*. 
VARIANTES : 

BIELS, Bilx. Rom. de Rou, MS. fol. 269. 

Bien, subst, masc. Avancement, fortune. — 
Vivres. — Chose quelconque. — Ban, corvée. 

Avant d*entrer dans les preuves de ces diverses 
acceptions, nous remarquerons d*abord que Des 
Accords reproche aux Parisiens de prononcer ce 
mot et autres semblables, comme s'il étoit écrit 
bian. (Voy. Des Accords. Bigarrures, fol. 67.) 

Bieti a été pris pour avancement, fortune : « Il 
« alla de vie a trépas, qui esloit grand dommage, 
« veu qu'il estoit sur le point de son bien. » 

Biens s'est dit pour vivres : « Ils estoient mar- 
« chans, et ces biens avoient amenez pour Tost 

J gouverner. » (Ilist. de B. Du Guesclin, par 
nard, p. 31.) 

Bien a signifié chose quelconque : « Sergens ne 
« lui avoient riens appareillé comme de robbes, lit, 
« cousche, ne autre bien. » 

Bien se dit, dans quelques provinces, comme 
biains et bians^ pour ban, corvée : « Uabent etiam 
« le bien ad vindemias faciendas quandiù durave- 
« rint. » Dans le Glossaire latin de Du Gange, au 
moi Biennunu à la suite des corvées et d'autres 
redevances seigneuriales, on Ht : « Le dit seigneur 
« a droict d'afforage de vin, et cervoise qui se vend 
< esdits lieux, au proffit du dit seigneur, de chascun 
« fond, deux lotz de biens. > (Nouv. Coût. gén. T. I, 
p. 403.) Je ne sais si biens doit être pris , dans cet 
endroit, pour ban, corvée ou autres droits. 

Nous citerons maintenant les principales expres- 
sions remarquables : 

i* Bien-avanSf pour ayant biens ^ possédant des 



biens: < Les diz habitans, et bien-avans^ |>our 
« eschever toute guerre, et le péril qui, pour raison 
« de la guerre , leur povoit enfuir, se sont mis et 
« rendus en l'obéissance du roy, noslre seigneur. » 
Cette explication est conforme à celle de l'éditeur, 
qui ravance comme hasardée , et je la crois très 
bien fondée. (Ordonn. des Rois de France, T. Y, 
p. 565.) La même faute est répétée (ibid. p. 566). 

2* Biens de fortune, c'est-à-dire les richesses. Us 
sont opposés aux biens de nature , que l'on distin- 
guoit des bietis de grâce. Un seul passage marquera 
ces différences : « Quant aux biens de nature^ qui 
sont beaulté, force, noblesse, beau parler, bâiu 
chanter; et quant aux biens de fortune, qui sont 
richesses, habondances à grans cointises, à grans 
délices, à belles robes, à bon nom et bonne 
renommée, aussi aux biens de grâce, de quoy il 
se donne de tout loenge , il n'est nul qui peust 
penser les grans cointises et richeses, de quoi li 
et ses gens estoient armés, eulx et leurs chevaulx. > 
(Modus et Racio, ms. fol. 283.) 

3" Biens étrangers, ou biens de profit, pour biens 
qui ne sont pas de succession de parenté, et qui 
viennent d'une succession étrangère : « De tous le» 
« biens echeus à des mineurs, d'autres que parle 
« décès du père ou de la mère, du grand-père ou 
« de la grand'mère , des frères ou des sœurs, aue 
« l'on appelle bien de proftt,\e tuteur est tenu d en 
« rendre compte par chacun an, et d'employer les 
« Heniers ù la discrétion de la loy. » (Nouv. Coût, 
gén. T. I, p. 498.) Dans un autre passage, il est dit: 
« Les biens escheus aux enfans en ligne collatérale, 
« comme de frères , de sœurs, d'oncles, de tantes, 
« de cousins et d'autres parens, sont compris parmi 
« les biens étrangers et de profit, et dévoient être 
« administrés par tuteurs de profil. » (Ibid. p. 521.) 
4* Biens adventifs, pour biens qui viennent par 
succession, ou de toute autre manière. (Du Cange, 
Glossaire latin, au mot Adventitius.) 

5» Desquels biens. Terme de droit. Action desquels 
biens, celle qu'on nomme en latin quorum bonoi^m. 
(Voyez Bouleiller, Somme rurale, p. 160.) 
6" Plus bien, pour mieux : 

Pourquoi dit-nus : C'est mien ? 

Moine dient plus bien^ 

Se Diex me bénie : 

Qui est vis s'a le sien, 

Et quant muert si n'a rien. 

ProY. da Comte de Bral. MS. de S. G. fol. 145. 

?• Bien acqueru, mal acqueru, « quant fol y fiert, 
« tout est perdu. » Proverbe des Bourguienons, 
auquel donna lieu la mort de Charles-le-Temeraire : 
« De la mauvaise conduite que le duc Charles 
« (opiniaslre en sa vaillantise, et faict malheureux 
« par la valeur de sa personne, refusant tout bon 
« conseil contraire à ses desseings), les Bourgon- 
« gnons ont tenu en maxime , et prins occasion de 
« dire, en \eur\^nenee, bien acqueru, mal acqueru, 
« quant fol y fiert, tout est perdu. » (S* Julien, 
Hesl. hist. p. 63.) 



(1) C'est sans doute une autre prononciation du mot bute. (n. b.) 



fc V b 






» k 



m 



- 8 — 



m 



8* Geiu de bien, pour gens de grand état, de 
Mndition, de qualité: « Ceux de Bruges se saisissent 
« du duc d'Autriche, de son chancelier, et de la 
< plus part des autres gens de bien de sa maison. » 
(Jaiigny, Hist. de Charles VIII, p. 42.) Cet auteur 
(ibid. p. 44], parlant du lit de justice tenu en 1487, 
dit que , au-dessous des conseillers , il y uivoit un 
autre banc où étoient placés « les bailliis et senes- 
€ chaux, et autres gens de bien de la maison du 
• Toy. » L'éditeur Godefroy ajoute en marge : 
c^est'à'dire les gens de condition et de qualité. 

9* Bien aisier. Nous trouvons ce mot dans ce 
passage : « Et tousiours après le baing, le dois bien 
« aisier à paislre de bons oyseaux vifs, ettouteffois 
« que tu le paistras, ne reclameras, tu dois piper 
« et siffler, afnn qu*il acoustume à venir, quant il 
« entendra piper et siffler. » (Mod. et Racio, fol. 75.) 

Bien et bien , comme on dit familièrement bel et 
bien : 

Je les ay bien et bien jasqu*icy maintenus 
Ne je ne les veuil pas laisser povres nus. 

J. de BfMing. Cod. 3S5 et 356. 

lO* Etre bien , ou demeurer bien de quelqu'un, 
pour être bien avec quelqu'un : « J'ofl'rois li mares- 
« ch^us qui mult ère bien de lui, » (Villehardouin, 

R. 117.) Il est au même sens dans le Roman de la 
ose, vers 3648. « En nom Dieu, dit l'hermile, donc 
scay je bien qui vous estes. J'ai veu aulreffois 
vostre père , et ay esté bien de luy. » (Lanc. du 
Lac, T. II, fol. 92.) « Luy qui estoit si bien du roy, 
et si prochain, comme il vouloit, et plus creu 
tout seul que tout le monde. » (Froiss. Liv. I, p. 4.) 
11 • Etre bien à soy, pour être dans son bon sens : 
Adonc fut la nourrice appellée qui estoit ancienne 
à merveilles. Toutesfois estoit-elle encores forte, 
et bien à elle, aussi estoit-elle bien complexion- 
née. » (Perceforest, Vol. VI, fol. 61.) 
12* 0)* du bien faire. Façon de parler dont on 
s'est servi pour exciter quelqu'un à bien faire*: « Il 
vint à lui, si li dist : Sire, or du bien faire, le roy 
d'Englelerre est herbergié en cette ville, gardés 
« qu'il ne vos eschape. » (Coût, de G. de Tyr, 
Martene, T. V, col. 641.) 

13' Bien créé, pour poli , bien élevé, bien né : 
« Le servir d'un toy, et semblables mots que les 
« personnes bien crées, bien accouslumées, et bien 
« advisées ne voudroyent employer. » (S' Julien, 
Meslanges historiques, p. 164.) L'auteur se sert 
souvent de la même expression. 

14*" Bien ayt, semble pour béni soit, ou bienheu- 
veux soit. Un chevalier de l'armée d'Angleterre, en 
Portugal, qui avoit excité les autres à la révolte, 
voyant que le roi de Portugal se déterminoit à le 
payer, dit: « Or, regardez se riote n'a aucunes fois 
« oien son lieu ; encores, avons-nous avancé nostre 
« payement pour estre un petit rioteux ; bien ayt 
« celui qu'on craint. » (Froissart, Liv. II, p. 167.) 

15** Sainte Bien-aise. Fête ainsi appelée dans le 
Nivernois. (Voy. Née, Hist. du Nivernois, p. 377.) 



16* Bien allée, pour heureux départ Desrey, 

[triant de la délivrance des prisonniers rendus 
orsque le roy fit la paix avec les Vénitiens, dit: 
Par ce traite, fut renvoyé à la dite Seigneurie de 
Venise, le gentil chevalier messire Barthélémy 
d'Albiane, messire André Gritti et autres, auxquels 
le roy faict de grand dons, et présens pour leur 
bien allée. » (Desrey, à la suite de Monstrelet, 
fol. 175.) « Le conte d'Erby ordonna ses besongnes 

Sar grant prudence et bon conseil, et prist congié 
tous les seigneurs de France, qui pour lors 
estoient delés le roy, et flst donner et départir à 
tous les officiers du roy grant plenté de se ses 
biens et beaulx dons et joiaulx, car il s'i sentoit 
tenu, et aussi fist-il à tous ménestrels et herauls, 
qui pour ces jours estoient dedens Paris ei^qui 
furent en l'ostel de Clichon à ung souper où il 
paya sa bien allée (1) à tous les cnevallîers 
françois qui là vouldrent estre. » (Froissart, éd. 
Kervyn, XVI, 168.) On disoit aussi bien allée, pour 
don fait en partant. (Voy. les Dict. d'Oudin et de 
Cofgrave.) C est à peu près dans ce sens que nous 
lisons dfns le passage suivant, payer sa bien allée^ 
pour acheter sa liberté: • S'en vint en muchettes (2) 

< costoyant, tant que en montant à cheval il print 
« le roy Don Piètre, en disant : point ne s'en yroit 
« sans payer sa bien allée. » (Triomph. des IX 
Preux, p. 535, col. 1.) 

17* Et vous bien. Façon de parler pour répondre 
au salut de quelqu'un. « Toutefois vint la pucelle, 
« et quant elle vint assez près du pavillon, elle 

< congneut tantost l'ancien homme qui souvent 
« la venoit visiter, comme celluy qui l'avoit en 
« garde; adonc parla la pucelle, et dist: Zephir, et 
« vous bien. » (Perceforest, Vol. VI, fol. 112). 

L'usage fréquent du mot bien, dans les compli- 
mens qu'on se faisoit en s'abordant, a produit celte 
phrase : S'entredire de lor bien, parlant de cheva- 
liers et de dames qui se saluent. 

Par la main tient chascun le sien, 
Et s'entredient de leur bien. 

Atbis. llS.fol.91.Vool. I. 

18" Biens seront contraires. C'est-à-dire, les 
adversités se tourneront en biens. « Sire, dist 
« Clamides, tous les maulx ne seront pour vous, ne 
« tous les biens vous seront contraires, ainsi 
« comme s'il voulist dire : à aucune chose est mal- 
« heurté bonne. » (Perceforest. Vol. II, fol. 53.) 

19" Biens espaves, sont: « bestes esgarées, et 
« autres biens meubliers non advouez par celuy à 
« qui ils appartiendroient. » (Nouv. Coût. Gén. 
T. Il, p. 145.) 

^0" Au plus haut de ses biens, pour le sommet 
de la tête. On lit dans la Chronique Scandaleuse, 
en parlant de l'assassinat de La Balue, évéque 
d'Evreux, en 1465 : « Il eut deux coupsd'espée, l'un 
« au plus haut de ses biens, et au milieu de sa 
« couronne, et l'autre en Tun de ses doits. » (Chron. 
Scandai, de Louis XI, p. 73.) 



(1) On disait bien allée^ coùune nous disons bienvenue. (N . s.) — (2) En secret. 



BI 



— 4 — 



BI 



iV Faire laisser ses biens à quelqu'un^ pour le 
iuer. « Le chevalier doré, et celluy au Dauphin leur 
« coTirroient sus de tel randon que par dessoubz 
« leurs colz, ils leur faisoient laisser leurs biens. » 
(Perceforesl. Vol. IV, fol. 42.) 

VARIANTE : 
Beiens^ plur, Carpentier, Hist. de Cambray, T. II, p. 18. 

Bien, adv. Terme d'acquiescement. Il équivaut à 
« oui, à la bonne heure. > Les députés de Bragance, 
en Galice, faisant des propositions auxquelles la 
Duchesse de Lancastre obtint qu'on acquiesçât en 
1387: « Adont se retourna la dame devers les bons 
« hommes, et leur dist : allez, vous avez exploittié : 
« mais délivrez au mareschal devez hommes de la 
« ville, des plus notables, jusques a douze, qui soient 

< pièges pour tenir le traitté : Bien, madame, 
« repondirent ceux. » (Froissart, Liv. III, p. 174.) 

« Si Bouffille est de cette opinion, bien Si 

« Bouffille peut garder tout seul le pays: bien, » 
(Duclos, Preuv. de l'Hist. de Louis XI, p. 425.) De 
là cette expression : « Bien de par Dieu : s'il Teust 
« retenu pour luy, bien de par Dieu, mtis de le 

< baillera un tel c'estoit chose intolérable. > 

(Mém. de Du Bellay, Liv. IV, fol. 95.)DansleQuintil, 
censeur, on trouve que l'auteur reproche à J. Du 
Bellay d'avoir usé de ce mot comme concessif ou 
exceptif, au lieu de dire: « Or soit, ou combien. » 
(Quintil. censeur, p. 215.) 

Ce mot a aussi signifié bien heureusement, à pro- 

f)OS. Cet adverbe a été souvent confondu avec 
'adjectif et le substantif bon. 

En bien et en pais, locution adverbiale, pour 
bien et paisiblement. (Duchesne, Gén. de Béthune^ 
p. 164, til. de 1246.) 

VARIANTES : 
BIEN. Marbodus, col. 1662 et 1678. 
Bbisn. Carp. Hist. de Cambrai, T. II, p. 18, tit. do 1133. 
BuEN, BUER, Bon. Âthis, MS. 
Ben. Loix Dorm. art. 37, dans le lat. bene. Marb., col. 1610. 

Bien astrer, verbe. Favoriser, rendre heureux. 

Jamais les flambeaux luisants 
N'eussent bien astrez mes eages ; 
Ains tousjours un fol souci 
M'eust tenu en dueil transi. 

Poes. de Loys le Caron, fol. 60. R*. id. fol. 4. V*. 

Bienaurouse, adj. Heureux , bienheureux, 
suivant Texplication du Glossaire sur le Roman 
de la Rose : 

Ausi comme environ la feste 
D'icelle 1res beneurée 
Qui Mère Dieu est apelée. 

G. Guiart, MS. fol. 114, V. 

Quel haut souhait, quel bienfieuré désir 
Feray-je las, pour mon dueil qui empire? 

Glén. Marot, p. S30. 

VARIANTES * 
BIENAUROUSE. S» Bern. S. Fr. MSS.p. 21, en lat. Benedicta. 
BiENHEURÉ. Cl. Marot, p. 230. 



BiENAUREiz. s» Bom. S. Fr. MSS. p. 2i, en laUn BeatU9. 
Bbneurê. Borel, Dict. 
BiENBURfc. Crétin, Poésies. 
BiENOURÉ. Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. 
BoNEURË. Fabl. MSS. de S. Germ. p. 236. 
BONNEURÉ. Eust. Desch. Poës. MSS. foL 440, col. 3. 
BoNNEBURÊ Rom. de Brut, MS. fol. 12, R* col. 1. 
BoNNEUREUX. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 564, col. 1. 

Biendisance (1), subst. fém. Eloquence. (Voy. 

es Dict. de Cotgrave et d'Oudin.) « Le désir déplaire 
de faire montre de leur biendisance, et de s*insi* 
nuer ès-bonnes grâces des magistrats, et du 
peuple, ont induict telles gens à estre plus 
soigneux des parolles pour les rendre plausibles, 
que des faitz. > (S* Julien, Mesl. Hist. Epitre, 

ol. 11, V-.) 

Bienfaict, subst. masc. Usufruit. —Aumône et 
toutes espèces de bonnes œuvres. 

Ce mot, au premier sens, signifie l'usufruit d'une 
portion d'héritage accordé par Tainé aux puînés, 
qui, dans ce cas, sont appelés bienfaicteurs. 
(Voy. d'Argentré, Coût, de Bret. p. 826.) . S'il n'y a 
que fils, et n'y a aucunes filles, si ne sont fondez 
tous les puisnez d'avoir leurs tiers qu'en bienfaict, 
ou usufruit, leur vie durant, qui retournera audit 
aisné, ou sa représentation, après leur deceds. 
(Coût. Gén. T. II, p. 80.) • Les puisnez masies ne 
sont fondez de tenir, et avoir leur portion d'ice- 
luy tiers qu'en bienfait, seulement; c'est à 
scavoir leur vie durant, et après leur decez la 
succession de leur bienfait, retourne à l'ainé. » 
(Ibid. p. 80.) « Ventes sontdeues au seigneur quand 
le bienfait, douaire, usufruict, ou autre viaige 
sont venduz, ou apreciez à deniers. > (Ibid. 
p. 729. - Voy. Ibid. p. 115 bis, 137, 138 et 759.) 
« Tenir à bienfait, c'est tenir à vie seulement. » 
(Gloss. de ruist. de Bret.) 

Bienfait a aussi été pris pour aumône, comme il 
paroit par le passage suivant: « Je avoye jeusné 
« deux jours, quant je vins à celle Abbaye que l'on 
« appelle le secours aux povresgens, et avoye alors 
« tel talent de manger que je n'avoye oncques; 
« ausi vins au portier etluy demanday du bieyifaict 
« de leans. » (Lancelol du Lac, T. II, lol. 127.) 

Ce mot a été employé pour toutes espèces de 
bonnes œuvres et dévotions. « Et si doi estre à 
« toujours es bienfais et es prières de l'église. » 
(Duchesne, Gén. de Guines, p. 291, tit de 1270.) 

Bienfaisance (2). Mot usité. L'origine de ce mot 
ne remonte pas plus haut qu'à M. l'Abbé de 
S* Pierre, qui l'introduisit le premier dans ses ou- 
vrages ; comme il n'estoit guères employé que dans 
la conversation de quelques personnes particulières, 
M. l'évéque d'Auxerre, qui évitoit soigneusement 
les mots qui pouvoient sentir le néologisme, 
surmonta enfin sa répugnance en faveur de celui 
de bienfaisance, contre lequel il s'étoit élevé aupa- 



(1^ Les amateurs du vieux parler, comme P.-L. Courier, emploient encore en ce sens bien-disant : c Ainsi raisonnait 
Paul-Louis, et cependant écoutait le jeune homme bien-disant, auquel, à la fin, il s*en remet, lui confiant sa cause 
imperdable. » Régnier en faisait un substantif: c Après oeux qui font des présents L'amour est pour les bien-disants. » (s, B.) 
» (2) L'idée qu'exprime ce mot était autrefois rendue par beneficence : c Pour rendre grâces et honorer sa Uberalitjè et 
beneficence par ceste souvenance etemeUe. » (Amyot, Public. 96.) (n. b.) 



m 



- 5 — 



BI 



ravdnt. « C'est une expression heureuse, dit-il dans 
« un de ses sermons ; rendez vous la familière par 
« la pratique. » (Voy. la Vie de M.deCaylus,évôque 
d'Auxerre, T. II, p. 76.) 

Bienfait (de), adv. De bonne perre. On lit 
ailleurs de beau fait. « Je n'auray ja fiance en vous, 
« et n'en ayés point en moy : car je vousvouldroye 
« avoir mis à mort de bienfait ; car tous les hommes 
« pourroye aymer fors celluv qui me vauldroit 
« faire tort de mes amours. » (Perceforest, Vol. VI, 
fol. 101.) 

Bienfaiteurs, subst. masc. plur. Terme de 
coutume. Il se dit des puinés qui sont comme béné- 
ficiés par rainé de la portion de Théritage paternel 
et maternel dont ils n'ont que l'usufruit. < Quand 
« aux dits puisnés masles qui succèdent comme 
« bienfaiteurs, et ne sont propriétaires en la suc- 
« cession de père ne de mère, et dont leur dit droit 
« de bienfait qu'ils prennent es dites successions de 
« père et de mère retourne à Taisné, ou à sarepré- 
• sentation. » (Le Coût. Gén. T. II, p. 138.) 

Bienlieurer, verbe. Rendre heureux. 

N'avoir crainle de rien, et ne rien espérer, 
Amy, c'est ce qui peut les hommes bienheurer. 

RegDier, lalyre xviu. 

Nos deux amis accolées, 
En cent mignardes meslées 
Amoureuses s'uniront, 
Et noz cœurs bienheureront, 

G. Dorant à U suite de BunnefoiM, p. 134. 

VARIANTES I 

BIENHEURER, Beneurbr, d'où Beneure sous Bienheuré, 

Bienheureté, subst, fém. Félicité, bonheur.— 
Béatitude, sainteté. 

Dans le premier sens de félicité, bonheur, voyez 
les Dict. de Nicot et de Cotgrave. * La bienheureté 
« defaudroit, si Vamour defailloit. » (Duverdier, 
Bibl. p. 263.) 

On a donné à ce mot la signiflcation de béatitude, 
sainteté. On trouve: la beneureté du S' Esprit, 
dans les Assises de Jérusalem, ch. v, p. 16. 

VARIANTES * 

BIENHEURETÉ. Dict. de Nicot et de Cotgrave. 
Bbneuretê. Dict. de Borel et de Corneille. 
BiENAURfeTEiT. St Bem. S. Fr. MSS. p. 21, en lat. Beatitudo. 
fiiENAURTEiT. St Bem. S. Fr. MSS. p. 13, en lat. Beatitudo, 
BiENBURETÊ. Petit J. de Saintré. 
BoNNEEURTÊ. Gloss. du P. Labbo, D. 491. 
BONNEURTÉ. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 448, col. 3. 

Biennaissance, subst, fém. Heureuses dispo- 
sitions. — Noblesse d'origine. 

Au premier sens, on a dit du comte de Charolois, 
né en 1399 : « La biennaissance de ce petit prince 
« fut telle qu'on n'eust sceu trouver autre jeune 
« seigneur mieux conditionné, du meilleur naturel, 
« n'y donnant plus d'espoir d'une future grandeur, 
« accompagnée de preudhommie. » (S* Julien, 
Mes). Histor. p. 20.) 

Ce mot s'est aussi employé pour noblesse d'ori- 
gine. « Si les Princes bien créez, et bien accous- 
« tumez, sortent du train ordinaire de leur 
« bienaissance, et slls abandonnent le train de 



« vertu; les flateurs, mauvoys conseillers, faux 

< amys, et telles autres personnes, indignes d'estre 
« veues es salles des souverains en sont causes. » 
(S* Julien, Mesl. Histor. p. 599.) 

Bienné, adj. Terme de vénerie. Ce mot est 
opposé à contrefait. « Quant est à deviser les testes, 
« Tune est appellée teste vengiée, l'autre est appellée 

< teste biennée, et bien Irochiée, l'autre est dite 
« teste contrefaite. » (Modus etRacio,MS. fol. 8,R*.) 

Bienpartie, subst. fém. La partie qui a l'avan- 
tage, opposée à malpartie, qui a du aésavantage. 
(Voy. Perceforest, Vol. 1, fol. 127.) 

Bienséament, adv. Avec bienséance. (Voy. les 
Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bienséance, subst, fém. Terme de droit. On 
disoit en ce sens droit de bienséance, pour désigner 
une espèce de retrait. (Voy. les Instit. Coût, de 
Loysel, p. 45, T. H.) Rabelais a détourné la signi- 
fication de ce mot dans le passage suivant : « Je 

< me suis en devoir mis pour modérer sa cholère 
« tyrrannicque mais de luy n'ay eu response 

< que de voluntaire deffiance, et qu'en mes terres 
« pretendoit seulement droict de bienséance. » 
(Rabelais, T. I, p. 201.) 

Bienséant, adj. Terme de fauconnerie, d'où 
nous vient peut-être les mots séant et bienséant. 

Il faut avoir ung esparvier 
Bien volant, et sain, et entier, 
Et aussi qu'il parte bon pied, 
Et qu*il soit très bien entaiché, 
G*est assavoir très bienséant, 
Viste, et roide» et bien revenant. 

Gaoe de la Bipie. dM Déduite, MS. fol. 130, R*. 

Biensvoillans , adj. Bien voulu, bienvenu, 
bienveillant. C'est dans ce sens que ce mot est 
employé dans les passages suivans : 

Il me doit mes tenir a folour, 
Si je désir estre ses bienvoillans 

Poês. MSS. vr. 1300. T. H. p. 978. 

« Je sui son vrai amant, et son bienvoellant, son 
« serjant, mes li mesdisant la m'ont esloignies, si 
« ont fait vilanie. » (xis. Bouch. ch. xxxiv, fol. 46, 
Y- col. 2. - Chr. fr. du XIII' siècle.) 

VARIANTES : 
BIENSVOILL.\NS. Poës. MSS. avant 1300, T. II, d. 978. 
BiENVOELLANT. Chron. du XIII« siècle, MS. do Bouhier. 

Bienveniep, verbe. Accueillir, recevoir. Ce mot 
est pris en ce sens au passade suivant : « Alla au 
« quartier du duc des Deux Ponts pour le saluer et 
« bienvenier. » (Mém. de la Troisième guerre 
civile, p. 346 et 347.) 

La dame les bienvingnoit. 

De sa dextre main les seignoit. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218. fol. 59. R* col. 1. 

CONJUG. 

Bienvignerent, passé défini. Accueillirent, com- 
plimentèrent, « Toutes les dames, sœurs et parentes 
« de Paris, bienvignèrent leur frère hautement. » 
(J. Le Maire, lUustr, des G. livre I, p. 141.) 

Bienviengné, participe passé. Accueilli, fêté. 



BI 



- 6 — 



fil 



« Fut receu et bienviengné grandement des Dieux 
« et déesses. » (J. Le Maire, 111. des Gaules, livre I, 
page 90.) 

Bienvtegnerentyip2iS^é àéMi. Accueillirent, firent 
iéte. « Bienviegnerent la gracieuse Nymphe, en 
« chansons, danses, et esbatlemens. » (J. Le Maire, 
niustr. des Gaules, livre I, p. 82.) 

On disoil à Timpératif de ce verbe : Bienveigniez, 
Bienveignois, BienviegnoiSy Bienvigniez , pour 
soyez le bienvenu. 

A tant es vos venir le père : 
Li quens à rencontre li saut, 
Bienveigniez li dit moult en haut. 

Fabl. MS. du R. n* 7615. T. II. fol. 176. K* col. 9. 

Si descendit isnelement. 
Et U dist| sire bienvcignois. 

Fabl. lis. de S. Germ. p. 222. 

Quant les vist venir si chargez, 
En la foi, dist-il, bienviegnots, 

Fabl. MS. de S. G. fol. 45. 

Sire, dist, hienvigniez, 

Blaochmdin, MS. 4e S* Germ. fol. 180. 

VARIANTES '. 
BIENVENIER. Mém. de la Troisième guerre civUe., p. 347. 
BiENVEiGNER. Ciém. Marot, p. 260. 
BiENVEiGNiER. Fabl. MS. du R. n» 7615, T. II, fol. 176, R». 
Bienvenir. Gérard de Nevers, p. 73. 
BiBNViEGNER. Percefofest, Vol. I, fol. 104, Y« col. 2. 
BiENViENGNER. J. Le Maire, 111. des G. livre I, p. 80 et 90. 
BiENViENNER. Esssis de Montaigne, T. I, p. 400. 
BiENViGNBR. J. Le Maire, III. des G. livre I, p. 141. 
BiENViNGNER. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 59, Ro col. 1. 

Bienvenir, verbe. Prospérer, tourner à profit (1). 
« Ce seroit doncques bien fort qu'il peust bienvenir 
« à ung prince, ou a ung chevalier qui va en 
« bataille en desrobant les.povres, et tirannisant 
« le peuple. » (Le Jouvencelj fol. 94.) 

Bienvenir (de), sedisoit pour : heureusement, par 
bonheur. « Et de bienvenir^ la femme du pasteur 
« estoit nouvellement relevée d'un beau filz. » 
(J. Le Maire, Illustr. des Gaules, livre I, p. 55.) 

Bienvenir, subst. masc, et fém. Bonheur. « Et 
» fut au bienvenir. » C'est-à-dire, et fut un grand 
bonheur. « Ceux dp Gand rançonnèrent les prison- 

« niers, et en tirèrent grands deniers, et encores 

« fut au bienvenir^ qu'ilz ne les firent mourir en 
« prison. » (Mém. d'Olivier de la Marche, livre II, 
page 644.) 

Encoires sera le bienvenir^ 
Si jamais il le puet tenir. 

Gace de U Signe. Des DëduiU, KS. fol. 6. V*. 

Félicite sur la bienvenier. 

Mém. de U Troisième guerre df. p. 3d7. 

YARUNTES .* 

BIENVENIR, Bienvenier. 

Bienvenue, subst. fém. Droit d'arrivée. Ce 
droit étoit payé par les prisonniers, pour leur 
entrée, suivant le nouveau Coutumier Général, 
T. II, p. 130, par les clercs de la Bazoche, p. 15. Il 
signifioit aussi les présens de ville faits au roi et à 
la reine pour leur entrée, suivant Froissart, Vol. IV, 
page 6. 



Ce mot est employé dans un sens figuré, dans le 

f)assage suivant, où il est parlé d'une ville nouvel- 
ement attaquée : < On nous a dit qu'ils se logent 

< et amassent en ce païs ; nous voulons moy et 

< mon compagnon aller querre leur bienvenue^ ou 
« ils nous la payeront, ou nous la payerons. » 
(Froissart, Vol. lit, p. 314.) Il est pris abusivement 

Ïour rarrivée des ennemis, dans Lancelot du Lac, 
. III, fol. 47.) 

Bienveuillance, subst. fém. Bienveillance. 
(Voy. l'Amant ressuscité, p. 156.) 

Amytié est dénommée Tune : 
C'est bonne voulenté commune 
De gens entre eulx, sans discordance, 
Selon la Dieu benivolence. 

Roman de li Rose, Tert 0695-9696. 
VARIANTES : 

BIENVEUILLilNCE, Benivolence. Glossaire du Roman de 
la Rose. — Duchesne, Gén. de Guines, p. 291 ; titre de 1S6($. 

Bienvienement, subst. masc. Salut, accueil, 
réception. « Hz avoient bien occasion de se conten- 

< ter de l'honneur que leur feit la dame du lieu, et 
« de rhonneste courtoisie des damoiselles ; si 

< qu'après les bienvenemens plus affectionnez 

< ceste gaillarde troupe se délibéra de bannir tout 
« souci. » (Le Printemps d'Yver, fol. 10.) Faire U 
bienveignantj se disoit pour faire le salut, pour 
saluer. (Monstrelet, Vol. II, fol. 100.) 

Bienveignement, c'esl-à-dire salut à la bienvenue. 
(La Croix du Maine, Biblioth. p. 202.) Faire le bien- 
veigniez se disoit pour saluer. (Perceforest, Vol. I, 
fol. 18, R"col. i.) Faire le bienvenant, pour saluer, 
célébrer la bienvenue. (Chron. scandaleuse de 
Louis XI, p. 243.) Faire le bienvenu, pour saluer en 
abordant. (Percef. Vol. III, fol. 78.J Faire bien- 
viegner, pour saluer en abordant. (loid. Volume l, 
fol. 104.) Bienviengnans, pour les premiers compli- 
mens à l'arrivée de quelqu'un. (Hist. de J. Bouci- 
caut, in-4% p. 138.) Faire le bienviengnant, pour 
célébrer la bienvenue, faire le salut. (Chronique 
scand. de Louis XT, p. 17.) On a dit de là crier le ' 
bienvenant pour: vive le roi. (Mém. de Charles IX, 
T. 1, p. 145.) 

VARIANTES ! 

BIENVIENEMENT. Le Printemps d'Yver, fol. 10. 
BiKNVEiGNEMENT. La Croix du Maine, biblioth. p. 902. 
BiENYENEMENT. Cotgrave, Dict. 

BiENVEiGNANT. Mat. de Coucy, Hist. de Ch. Vil, page 576. 
BiENViBNGNANT. Cbron. scand. de Louis XI, p. iv. 
Bienvenant. Vig. de Charles Vil, T. I, p. m T. II, p. 75. 
BiENVENiATS. Brantôme, Cap. Fr. T. II, p. 296. 
Bibnveignez. Percef. Vol. I, fol. 35, Y» coL 1. 
BiBNYiBGNER. Percef. Vol. I, fol. 104, V» col. 1. 
Bienvenu. Percef. Vol. III, fol. 78, R« col. 2. 

Bienvuillans, adj. plur. Amis, alliés. (Voy. les 
Ordonn. des R. de Fr. T. III, p. 332.) 

Bierre, subst. fém. L'auteur du Suppl. au Gloss. 
de ce roman, dit que Bierre est la forest de Fontai- 



(1) n signifie aussi bien accuefflir : c Enai tai la noble rorne conjoïe et bienvenue dou roy Charlon de France. » (Froissart, 
éd. kenryn, U, 30.) (N. B.) 



BI 



— 7 - 



BI 



nebleauj et que la traduction us. du Roman de la 
Rose explique ce mot par celui de France : 

En ta main tenoit forte lance, 
Qu'eUe apporta belle et polie. 
De la foreat de Thuerie ; 
n n*en croist nulle teUe en Bière. 

Roman de la Roce, wn l(M4l^l6iSI. 

Bieser, verbe. Blesser : 

Lea deux rois nous ont mort geté8> 
Â8 arcs Turcois les ont biésés, 

Ph. lloodm, M8. p. 196. 

Or Tavoient si degietée, 
Qu'ele esUnt corn ourse biesée. 

Ph. llou<kM. lis. p. eil. 

Biete, subst. fém. Bière, cercueil : 

Si fu 11 queurs de Salesbiete, 
Qui le voisi&t i estre en hiete. 

Ph. lloasket, MS. p. 575. 

Peut-être faut-il lire bière et Salesbiere (Salisburi.) 

Bleter, verbe. Etre au cercueil. Peut-être faut-il 
Iftre bierer, estre mis en bière. (Voyez Tarticle pré- 
cédent.) 

Ne pour morir, ne pour bieter^ 
N'en peuist ona dedens entrer. 

^ Pfa. IfoMket. MS. p. 707. 

Bieur, verbe. Bêcher. (Voy. le Dict. de Cotgrave.) 

Bieurio, verbe à la première pers. du sing. du 
fut. de rind. Je vivrai. Il s'emploie dans le patois 
de Cahors. (Voy. le Dict. de Borel, au mot Glouper.) 

Bievre (i), subst. Castor. (Voy. le Glossaire du P. 
Labbe, p. 494.) « Le sire de Glisson parla premier, 
< en enclinant le Roy de dessus son cheval, et 
« ostant un chapeau de bievre qu'il portoit. » 
(Froiss. Vol. II, p. 222.) Voyez réloge de Charles VII, 
p. 5, où il est dit que sous ce prince les secrétaires 
ne prenoient, pour lettres d'oiflce, « qu'un escu ou 
« un chapeau de bievres. » 

Je perdy mon chapeau de bievre 
Pour veoir ainsi avancer, 
Devant les autres, ce lievrier. 

Gace de U Signe, des Déduits, MS. fol. 114, R*. 

Bievre esloit une espèce de fourrure peu com- 
mune: 

Us trouvent le preudhomme vestu de peaul de chievres 
Il n'y ot ver, ne gris, ne drap fourré de bievre. 

Ger. de RoossUlon. MS. p. 88. 

VAI^IANTES * 
BIEVRE. Monet, Oudin, Cotgrave' Dict. 
BiEUVRE. Perceforest, Vol. IV, fol. iS, R« col. 2. 
BiÈRB. (Lisez Bievre.) Gace de la Bigne, des Déd. foL 114. 
Bure. J. Chart. Histoire de Charles VU, p. 181. 

Biez, subst. Règle, mesure (2). On a dit de biés^ 
pour dans une juste mesure. Ce mot vient du grec. 

Prince, est chevance fortunée, 
Quant elle vient comme desordonnée. 



Et en brief temps retourne a son naaige : 
Hais quant de oiez est à peine amassée, 
Et loyaument, tant plus aoit estre amée. 

Poés. MSS. d*Bust. Detcb. foL 46. 

On disoit outre biez^ pour outre mesure. « Beu- 
« voient ces cinq prélats dessusdits dans un grand 
« hanap de bois outre biez. » (Math, de Gouey, 
Hist. de Charles VU, p. 577.) 

Bif e, subst. fém. Tromperie. — Chose de peu de 
valeur (3). 

Les Italiens se servent du mot beffa pour trom-^ 
perie. « Si c'est un habile homme, et bien né, la 
« royauté adjouste peu à son bonheur; il veoid 
« que ce n'est que bi/fe, et piperie. » (Essais de 
Montaigne, T. I, p. 450^ 

De là, ce mot a signitié chose de peu de valeur. 
< Il achepta une fois un diamant faux fort grossie- 
« rement faiot; quoy vovant un sien amy luy dit: 
« vous n'avez gueres à raire de porter ceste biffe. » 
(Des Accords, Contes de Gaulard, fol.26, Y^) On a dit 
en ce second sens, en parlant de la mort qui nous 
dépouille de tout : 

Ja nus n'i aura qui emport 
Ne blou, ne bife, n'estanfort, 
Fors qu'un suaire, à Tenfouir. 

Fabl. MS. du H. n* 7615, T. 11, fol. 146. R* col. 2. 

« Ce ne sont que toutes drôleries, bifferies^ et gros- 
« séries. > (Brant. Dames Illustr. p. 211.) 

Bife de Paris étoit passé en proverbe dès avant 
1300. (Voy. des Provero. mss. dans les Poës. avant 
1300, T. IV, p. 1652.) 

VARIANTES : 
BIFE. Poës. MSS. avant 1300, p. 1652. 
BiFFB. mst. des Trois Maries, MS. p. 260. 
BiFFERiE. s* Julien, Mesl. Histor. p. 578. 

BU er (4), verbe. Tromper. Ce mot est pris en ce 
sens, dans les vers suivans : 

Li autre dient qu'il avoit 
Joué à I gieu (|u'ii savoit : 
 la paume ; si s*eschaufa 
Que son conseil qui le bifa, 
L'en amené en une cave 
Froide, et i henape Ten lave. 

Uist. de Fr. en vers, à U suite du Rom. de Fauv. fol. 39. 

Biffage, subst. masc. Examen d*un compte. 
(Voy. Laurière, Gloss. du Dr. Fr.) 

Biffement, subst. masc. Rature, action de 
biffer. (Voy. les Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Biffer, verbe. Effacer. On a dit en ce sens: « Por- 
« trait si biffé qu*il ne s'est peu faire coguoissable. » 
(Hist. de B. Duguesciin, par Hénard, p. 6.) 

Biforme, adj. Qui a deux formes. (Dictionnaire 
de Nicot.) 



(1) On trouve aussi dans Froissart la forme bevene : c Et portoit sus son chief un noir capelet de bevenes. » (Ed. Kervyn, 
V, 260.) Bevene est à bievre, ce que ordene est à ordre, havetie à havre. Cette forme exclut 1 allemand biber et nous reporte 
à une forme bibo, bibonis, qui existe, mais avec le sens de moucheron, (n. b.} — (2) C'est plutôt le côté d*un caractère, la 
face sous laquelle une chose doit être considérée. Uétymologie est le latin bifax, qu'on trouve dans Isidore de Séville avec 
le sens de duos habena obtutus. (N. E.) — (3) On trouve aussi, au xiii' siècle, biffe pour une étoffe rayée : c Et de biffés 
camelines raiées. » (Livre des Métiers, p. 393.) < Qui veut sa robe de bninete, D'escarlate ou de violete, Ou biffe de bonne 
manière. » (Barbazan, fabliaux, éd. Méon, IV, 179.) (n. b.) - (k)Bifer vient ici ^Ufe, de TitaUen beffa; mais plus bas, biffer 
vient de biffe, étoffe rayée. (N. b.)| 



BI 



— 8 — 



BI 



Bifourché, adj. Qui a deux fourches. (Dict. 
d'Oudin.) 

Bifront, adj. Qui a deux fronts ou deux faces. 
(Dict. d'Oudin.) 

Bigame, subsi. masc. Qui a deux femmes. Ce 
mot subsiste sous la première orthographe. Un 
clerc étoit censé bigame et perdoit le privilège de 
cléricalure, non seulement en se mariant deux fois, 
mais encore en épousant une veuve, à moins 
qu'elle ne fût déclarée vierge, sur le rapport des 
sages- femmes. Il étoit aussi réputé bigame en 
épousant une fille avec laquelle il avoit eu un com- 
merce illicite avant le mariage, ou en reprenant sa 
femme qui, de sa connoissance, étoit coupable 
d'adultère. (Voy. le Grand Coût, de France, p. 506; 
Bouteiller, Somme Rurale, p. 719 ; La Thaumassière, 
Goût, de Berri, p. 163, et Beaumanoir, p. 323.) 

VARIANTES : 
BIGAME. Orth. subsist. 
. Byoams. Britton, Loix d^Anglet. fol. 11. 

Bigarément, adv. Bigarement, confusément. 

S)yez les Dictionnaires de Nicot, d'Oudin et de 
tgrave.) 

VARIANTES l 

BIGARÉMENT. Negoc. de Jeannin, T. I, p. 650. 
BiGARREMENT. Oudin, Dict. 
BiGEARREMENT. Oudin et Cotgrave, Dict. 

Bigarras (1), subst. masc.plur. Nom de bandits. 
Gens habillés de diverses couleurs, qui faisoientdes 
courses et des ravages, à Marseille et aux environs. 
(Voy. THist. de De Thou, T. II, p. 418.) Il est probable 
qu'ils reçurent ce nom à cause de la bigarrure de 
leurs habits. 

VARIANTES.: 
BIGARRAS, BiGARNEZ... 

Bigarré, adj. Incerlain. Rabelais, T. V, p. 3, 
se sert de ce mot pour désigner, dans les temps des 
verbes, un temps incerlain ; ainsi il nomme Taorisle 
des Grecs et des Latins un tems ^arr^ et bigarré {% 
de varius et bisvariuSy selon Le Duchat, sur ce 
passage. 

Bigarrement, subst. masc. Bigarrure. — Bizar- 
rerie. — Folie. 

Nous trouvons ce mot employé au premier sens 
dans les vers su i vans : 

Ainsi que les vertes prairies 

Au printemps, se montrent fleuries, 

Sous un bigafYement de fleurs. 

Focs, de Rem. Bell. T. I, p. M. 

De là, bigarrure signifioitles nuances des plumes 
des oiseaux. « Les pennes de devant, et de dessoubs 
« la poitrine ont les bigarrures estendues en long, 
« surlescostezdelapenne. » (Budé, des Oiseaux, 
fol. 116.) 



Nous disons encore bisarrerie^ et la plupart des 
orthographes citées dans cet article se trouvent en 
ce sens dans les dictionnaires. Voy. aussi bijarrerie^ 
avec cette signification, dans le P. Menestrier. 
(Philosophie des Images, Pref. p. 1.) 

Enfin on disoit bigeaire pour folie. < Il n'y a pas 
« longtem ps qu'estoi t vivan t le Seigneu r de Vaudrey, 

< lequel s*est bien fait cognoistre aux Princes, et 

< quasi à tout le monde, par las actes qu*il a faits, 
« luy venant d*une terrible bigearre^ accompagnez 
« d'une telle fortune que nul, fors luy, n'eut osé 
« l'entreprendre. » (Contes de Des Perriers, T. II, 
page 7.) 

On disoit proverbialement la bisarrerie de M. de 
Trauj pour la folie. (Voy. Mém. de Sully, T. IX, 
p. 322.) 

VARIANTES I 

BIGARREMENT. Poës. de Rém. de BeUeau, T. I, p. M. 
BiGARRAGB. Cotgrave, Dict. 
Bigarrure, suhst. fém. Orth. subsist. 
BiGEARRE, subst. fém. Coiites de Des Perriers. 
BiGEARRERiE, subsf. fém. Oudin, Dict. 
BiGERRERiB, subst. fém. Dict. de Cotgrave. 
BuARRERiE, subst. fém. Le Lab. Orig. des Armes, p. 19. 
Bisarrerie. subst. fém. Mém. de %iUy, T. IX, p. 322. 
BiZARDERiE, subst. fém. Cotgrave, Dict. 
Begearrure, subst. fém. Dict. de Cotgrave. 
BiZARREURE, subst. fém. Cotgrave, Dict. 
Bisarreté, subst, fem. Braiit. Dames GaU. T. I, p. 414. 

Bigarrer, verbe. Mélanger de diverses couleurs. 
Pasquier, rapportant ces mots: « Vestes virgalas,et 
« diversis coloribus partitas, > dit que nous en 
avons fait le mot bigarrer, qui nous étoit auparavant 
inconnu. (Pasquier, Recherches, p. 377.) 

L*aube au rosin atour, 

Lés cieux voisins bigarroit à l'entour. 

ŒoY. d« Mf. fol. i49. 

VARIANTES : 
BIGAHRER. Nicot, Dict. 
BidEARRER. Cotgrave^ Dict. 

Bigearre, adj. Bizarre, fantasque. On lit 
bigearre humeur pour humeur bizarre, dans l'Illu- 
sion, comédie de P. Corneille (art. v, scène ui.) Et 
imagination bigearre, dans la Sagesse de Charron, 

S. 333. Ce mot, qui suivant quelques-uns vient de 
isvariare, a formé celui de bizarre, suivant les 
observations de TAcadémie Françoise, sur les re- 
marques de Vaugelas, p. 317. Brantôme emploie 
ce mot en bonne part (3). (Cap. Fr. T. IV, p. 145.) 

VARIANTES : 

BIGEARRE. Oudin, Monet, Cotgrave. Dict. 
BuARRE. Mel. de S* Gelais, Epit. Ded. p. 1. 
BiSARRE. Brant. Cap. Fr. T. IV, p. 146. 
Bizarre. Brunt. Cap. Fr. T. IV, p. 137. 
BiZART. Cotgr. Dict. 
BizEURE. Des Accords, Bigarrures, p. 177. 

Biglement, subst. masc. L'action. de bigler. 
(Voy. les Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 




'orange 

avons 

Ce sens 

plus bizarre, et ne'peut quasi vivre sans se battre/ ne môn^îÂt que U^ 



BI 



— 9- 



Blgles (I), aubst. masc. plur. Espèce de chien de 
cbasse. Ils viennent d'Angleterre, et servent pour 
les lièvres et les lapins. (Dict. Elym. de Ménage.) 

Bigne, subst. fém. Bosse, tumeur. (Voy. les 
Dict. de Nieot, de Monet, dOudin, de Boiel et de 
Ménage, od bigne est expliqué par tumeurau front.) 
Ce mol est encore en usage parmi le peuple en 
Normandie. 

Comme homme embeu qui chancelle, et trépigne 
L'ay veu souvent, <]uaDt il Ee alloit coucber ; 
Et une rois il se feit une bigne. 
Bien m'en souvient, à l'eslal d'un bouchpr. 

VJIoa, p. ei. 

VARIANTES : 

BIGNE. Clém. Uarot, p. 314. 
Beigne. Merl. Cocate, T. I, p. 56. 
Borgne. Dicl. de Borel, bu mot Bigne, 

'Bignet (2), s«6s(. masc. Beignet. (Dict. de Cotgr.) 
Voy. sur l'étymolof^ie de ce mot Dict. ISniveisel. De 
là, sans doute, s'est formé le nom du héros burles- 
que appelé Marche-buignet, dans les Fabl. bss. de 
S' Germain, fol. 70, K» col. 2. « Les Ecossois à 

• la guerre mangcoient petit tour tel en manière 

• de (lamiche, ou de buignet[3). • {Froissart, Liv. I, 
p. 16.) Cet auteur explique la manière dont ils le 
préparoienL. Il semble que bnignon soil le même 
que buignet, dans ces vei's : 

Uengue bone sauce, 

Et bonne char, à oranz buignon», 

HiiL &t 8» LfocHtg, HE. daS. G«rm. M. 31, R- col. 1. 
TAlHAPires : 
BIGNET. Ortb. eubsidt. 

ButONET. Fabl. HSS. de S< Germ. fol. 70, R* wl. S. 
BuGNRT. Dict. de Cotgrave. 

BliiKGNET. Fabl. MSS. du B. n- 7218, fol. «4, R» col. 2. 
Beuignet. Rabelais, T. V, p. 253. 
BuiONON. Hist. de S» Lëocade, MS. de S> Genn. fol. 31. 
Bigorne (4), subst.jfém. Animal feint et imagi- 
naire. (Voy. les Dict. d'Oudin.) 

Bigot, subst. masc. Ce mot, qui subsisie, est 
dérive de got, qui, en langue germanique et fran- 
-Çoise, signilioitDIeii. Pasquier, dans ses Recherches, 

S. 058, dit que c'est de lu que sont venus les mots 
e bigot et de cagol. 11 ajoute que les premiers 
Normands qui , sous Chartes V, demandèrent le 
baptême, crièrent bii70l, bigot, c'esl-â-dire de par 
Weu, pour marquer le désir qu'ils avoient d'être 
chrétiens. 11 auroit pu joindre àraotorité des Chro- 
niques de Nangis, qu'il cite, celle de S' Martin de 
Tours. On voit dans la Notice de Valois, au mot 
Nortmanniafrancica, p. 379, col. 1, et dans les 
Moles de La Thaumassiére, sur les Assises de Jéru- 
salem, qui cile Guillaume de Jumièges, que Rollon, 
rendant hommage à Charles V pour la Normandie, 



BI 

refusa de se baisser pour baiser le pied du Roi. Il 
répondit à ceux qui vouloient l'engager à faire cet 
acte de soumission, qu'il n'en feroit rien, en jurant 
bigot (5), c'est-à-dire de par Dieu ; d'où, ajoute le 
même auteur, le nom de bigots fut donné aux 
Normands. (Voy. les Assises de Jérusalem, p. 263.) 
L'usage où furent les François de donner ce nom 
aux Normands, est confirmé par le passage suivant, 
où il est parlé des querelles continuelles entre les 
deux nations: 

Moult ont Francheiz Normanz laidis 
Et de roefTaii, et de mesdîs : 
Souvent lar dient reproviera, 
£t claimeal bigoa, et drascbiere ; 
Souvent les ont mesles au Ro; : 
Souvent dieni, Sire, pourquoy 
Ne tollez la terre as bigoi f 

Ri>i)i.d<Roii,ll3.FtS8. 

Ce nom a été donné, depuis, aux hypocrites (6). 
{Voy. le Gloss. de Marot. — Dict. de Borel, au mot 
Got. — Rabelais, T. 1, p. 257.) 1! avoit été aupara- 
vant employé en bonne part pour homme dévot et 
femme dévote. L'auteur de la Chronique scanda- 
leuse de Louis XI dit, en parlant de ce prince: 

■ Fist aussi venir granl nombre de bigots, bigottes, 

■ et gens de dévotion, comme hermiles, et sainctes 
• créatures pour sans cesses prier à Dieu qu'il 
« permis! qu'il ne mourust point. • (Chron. scand. 
de Louis XI, sous l'an 1483, p. 333.) 

Btgotage, subsl. masc. Bigoterie. — Hypocrisie^ 
fausse dévotion. 

VARIANTES : 

BIGOTA.GE Dît. Leçons de P, Messie, toi. 306. 
BiGOTTAGE. Oudin, Dictionnaire. 
BiooTiE. »ub»i fém. Nicot, Dictionnaire. 

Bigoter, verbe. Faire le bigot. — Etre en colère. 

Au premier sens, ce mot a signifié faire le bigot. 
(Voy. les Dict. d'Oudin et de Cotgrave, et Roger de 
Collerye, p. 189.) 

On disoit aussi bigotler pour s'impatienter, être 
en colère: « Faire bigotter quelqu'un, » c'est le 
mettre en colère. (Dict. et Curios. franc.) 

VARIANTES : 
BIGOTER. Roger de CoUerye, p. 189. 
BiGOTTKH. Oudin, Dictionnaire. 



Instrument ii relever la 



Bigotere, suf)jf. 

moustache (7). 

VARIANTES : 
BIGOTERE. Ménage, Dict. Etym. 
BiGOTiLLE, BiGOTTiBE. Oudin, Dlctionnalre. 

Blgourdans (8), subst. masc. plur. Peuples de 
Bigorre. (Voy. Favin, Théât. d'Hon. T. 1, p. 433.) 

- (2) C'est un dérivé du précédent, (n.^,) - (3) M. Kervyn (II, p. 134) imprime sons la 
:st cliaufToe, ils jettent de ceete clere paste sur cesto cliaude pierre, et en lonl un petit 
tfturtiej, à manière de une oublie de begliine (béguine dans la 4* rédaction), et le menguent pour conforter l'eatomach. > 
Ce serait alors une pâtiaserie préparéo à l'orièii-e par les rtligieusea béguines, (n. b.) — (4) Voir t. II, p. 480, la note. — 
fô) Ne te bi god ; mais l'anecdote a été inventée pour appuyer l'étymologie. (N.B.) — (G) lia ce sens dans une Ballade de 
Cd. d'Orléan», p. 78 de l'édition Guicbart : • Des bigoli ne quiers raccoinlance, Ne loue leur oppinion. i Et dans une lettre 
de rémiBsion de 143G, au reg. JJ. 173, p. 199 : t Icellui lleboura en appellaiit l'abbé de Creste ti'got, qui est un mot très 
Injurieux, selon le langace du pays iBas-signy). » Bfgol t lénifie encore pioche à deux fourchons (JJ. fOO, p. 866, an. 1370). (n. e.) 



E.) 



X [unÉraiileB de Soiture, la bigolere de 



BIgoz-Biguez. Saos prétendra expliquer ces 
mots, nous rapporterons le passage ou nous les 
trouvons : 

Et tôt en sa compaiene maint comte Palaiin, 

Es vons bigoz bigtiez (1), Saboes, et Cbatin 
Et Uades lorgueillex, etc. 

NoUco du RomiD d'Alauniln, fol. 13. 

Bigre, subst. masc. Espèce de forestier. Ilavoit 
le soin de ramasser les abeilles, d'où un tiôtel 
appelé la iri^r^rje ou l'hôlel aux Mouches. Ce mot 
est dérivé d'apiffer. (Voyez Du Gange, aux mois 
Bigarus et Bigrtis (2) et Pigri. — Voy . encore l'extrait 
d'une lettre sur l'explication de ce mot, dans le 
Mercure de Tévrier 1?29, p. 269.) 

Bigu, adj. Ambigu, firantdme, parlant du rac- 
commodement de M. de Guise avec H. le Prince, 
après la mort de François 11, dit : • Par ainsi il y 

■ eulbienladufr/gu, ainsique l'onen disoit à U 
« cour, et qu'il y alloit de Ton plus que de l'autre. ■ 
(Brant. Cap. fr. T. Ill , p. 127. — Voy. ci-après 
BisDEiTHE, qu'on a dit pour ambidextre.) Le mot 
begu, dit d'un ctieval , s'est peut-être également 
formé du mot ambigu, par le retranchement de la 
première syllabe. On disoil de là : ■ donner le bigu » 
pour donner le change. ■ J'ai connu un gentil- 

• homme très honnesile fi la cour, qui servant une 

■ très grande dame, estant parmy ses compagnons 

■ un jour en devis de leurs maîtresses, et se con- 

■ jurans tous de les découvrir entr'eux de leur 
<■ laveur, ce gentilhomme ne voulant jamais dece- 

■ 1er la sienne, ains en alla controuver une autre, 

■ d'autre part, et leur donna ainsi le bigu. • (Brant. 
Dames GaUantes, T. II, p. 480.) 

Bigue, adj. Boiteux. Peul-éire ainsi nommé à 
cause de sa démarche ambiguë : > Si est ce, va dire 

■ le mary de la bigue à celuy qui disoit mal des 

• boiteux, que les anciens n'ont pas tant desprisé 
> les boiteux, et boiteuses que vous estimez, estant 

• la prière boiteuse. » (Bouchet, Serées, L. II, p. 15 } 
Biguer, verbe. Echanger, troquer. (Voy. le 

DicLaOudin.) C'est un terme de jeu qui signifie 
changer sa cane avec celle d'un aulre. -Nous avons 

■ remis le revers! sur pied, et au lieu de biguer 

■ nous disons ^tj^/er. > (Lettres de H~* de Sévigné, 
T. III, p. )30.) 

* Bigués la maitu sans targer, > dans une bal- 
lade de Villon , dont le jargon est inintelligible, 
p. 110. Au lieu des étymologies données sur ce 
mol par Ménage, je le dériverai de bigu, qu'on a vu 
ci-dessus pour ambigu. 

Blhayser, verbe. Biaiser. (Voy. le Dictionnaire 
de Cotgrave.) Comparez bihay. (Dict. de Nicol et de 
Honet.) 

(1) Bigox biguei signifie trompeurs trompés ; biguei est le p. p. de bigutr. (k. e.) — (2) Dans une Charte de UK, 
eitte par Is Mercure de septembre 1738 ou de février 4739, on lit : • Et dudit Bé d'Auveisnt dépend un hostel appelé 1» 
Migrerù;, ou l'hostel aux mouches, t II cite deux extraits, l'un de 1162, l'autnt de 1469, qtii établiasent les attributions do 
tiffre. Du Cange les a reproduits sous bigrui. (n. e.) — <3) L'origine doit être bille, plus bociiuei, fer de lanco daoB le 
klÂson- (N. E.) — (4) Ce b&ton recourbé avait le nom de billard, parce qu'il servait à repousser In bitle au jeu de crosse. Ail 
jeu actuel de billard, il désigna d'abord la queue, (n. k.) — (5) Le mot se trouve au vers 884 de Li cluirrois de Nlmes, texte 
du xii< siècle, éditioo lonkbloët : ■ lÀ trois enfant que il ot eDgendrei, Jeaeot et rient et tiennent paia assas ', A. U bitiêll* 
jouent dessus le sei. > (N. B.) 



Blhoreau, subst. masc. Espèce de petit béroo. 
(Voy. les Dict. d'Oudin el de Cotgrave.) 

Bi|on, subst. masc. Poix liquide. (Voy. les Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bilboquet (3), subst. masc. Ce mot, qui subsi&te, 
est employé au figuré dans l'expression suivante: 
Un gros bilboquet de [emme, c'est-à-dire une grosse 
femme. (Voy. la Comédie de la rue S'DenisenlCSÎ. 
— Hist. du Théat. fr. T. XII, p. 320,) 

Biline, adj. Ligne féminine dans les succes- 
sions, c'est-à-dire la seconde ligne. ■ Nul n'est 
• receivable à succession que ne eyt troué en nul 
■ degréeen Une bitine, mountaunt ou descendant. 
< madle ne femele. ■ (Britton, des Loix d'An^^e- 
. terre, fol. 272.) 

Billard, ad;. Billard. Suivant le supplément au 
Gtoss. du Bom. de la Bose, c'est celui qui , à cause 
de sa vieillesse ou de ses infirmilés, ne peut mar- 
cher sans bSton, ou qui, étant ruiné , est réduit & 
aller avec un bâton (1) mendier son painde porte en 

Sorte. (Voy. le Dict. de Cotgrave et des Accords, 
igarrures, fol. 52.) 



Billart, suAst. masc. Crosse à crosser. (Voy. le 
Dict. étymologique de Ménage, qui cite Villon.) 

BHIc, subst. fém. Bâton. — Boule. — Balle. — 
Chose de peu de valeur. 

Nous citons la première acception d'après le 
supplément au Gloss. du Roman de la Bose et le 
Dict. de Borel; mais le passage employé par le 
dernier, pour prouver cette explication, s'entend 
plus naturellement d'une boule. 

L'acception propre de ce mot est boule. De là, on 
trouve le jeu des biBes dans le Bec. des Ordonnan- 
ces des Bois de Erancc, pour le jeu de boules. L'édi- 
teur l'a mal expliqué, selon nous, par jeu de billard. 

■ Deffendons par ces présentes tous jeux de des, 
> de tables, de palmes, de quilles, de palet, de 

■ soûles, de billes, eL de ions autres tels geux aai 
. ne cheent point à exercer, ne habiliter noz dix 

• subgez à fait, et usaige d'armes, à la défense de 

• noslre dit Royaume. » (Ordonn. des Bois de Fr. 
T. V, p. 172. — Voy. les Mém. d'Olivier de la 
Marche, Livre II, p. 512.) 



On trouve bille pour la boule de la fortune, par 
allusion à celle dont on se servoit au jeu des six 



quilles. Dans une ballade sur ce jeu, l'auteur s'ex- 
prime ainsi, dans l'envoi: 

PriDces ne sut qui n'& sentu 
Le gieu de Tortune, et sa bille, 
Jusqu'à tant qu'il s'en sent f«ru, 
En disant : à ce i;oup la quUlA. 

IVh. HSS. d'Buil. DMCb. tr>l. 180, »1. t. 

On s'est aussi servi du mot bille pour désigner 
na boulet ou une batle de fusil. « vous qui com- 

• mandez dans les places, et tous qui y voulez 
« enfermer, si voua craignez tant la mort, n'y 
« allez pas, combien que ce soit une folie de la 
« craindre. Ceux qui soutient leurs charbons en 
■ leurs maisons n'en sont pas plus exempts que 

• les autres, et ne say pas quel choix il y a de mou- 
« rir d'une pierre dans les reins, ou d'une bille par 

• la teste. . (Mém. de Montluc, T. I. p. 508, 509.) 
Ennn, le mot bille s'esL employé Âgurément pour 

exprimer une chose de peu de valeur: 
Hala en vain me trarailleroye 
Tout ne me vaudroit une bille. 

Rom. da U Rom, 9I« et 9193. 

Mande Edouart au Roi Phelippe, 
Que, BBDz ce que il li redoingne, 
Li quite Agenoia, et Gascoingne : 
Par paiz, n'en veuet une bilié. 

a. Guiwt. H3. toi 117, V. 
Quant la mère Ot que se travaille 
En vain, et que pas une bille 
Ne vaut quan qu'ele dist sa fUle, 
D'iluec Sun part, vail s'en plorant. 

Fibl. MS. du R. n- Til8, fol. 33ï, V col. t. 

Expressions remarquables : 

1* Il n'a ne boû, ne bille, c'est-à-dire il est dé- 
pourvu de tout. (Le Laboureur, Orig. des Arm. 
page 225.) 

2r Bille de beurre^ pour pain de beurre. (Voy. le 
Oicl. d'Oudin.) 

3* Pié sur bille ou sur pié sur bJile, pour incon- 
tinent, sans perdre de temps. 

La s'y amusa longuement, 
Tenant siège devant la villa ; 
Et tors les Anglays chaudement 
Si viadrent sur luv pi^ nir bille. 

VlgilM d« ClwrXt VII, T. I. p. SI. 

•V Belle-bille, pouc bon nombre, beaucoup. Il 
a'est pas plus extraordinaire d'avoir formé beau- 
eoup de beau et de coup, que d'avoir dit belle-bille 
pour grand nombre. 

La estoient le conte Laval, 
Luxenibounç, Brezé, Slouteville, 
Boussac, Coitiv; admirai, 
El d'autres seigneurs belle-bitU. 

VlgUs da Churtei VII, T. It. p. 91. 

5" fl(Hepar«i//fi, c'est-à-dire chose égale. (Voyez 
(tedin, Curios. Fr.) ■ Le père qui estoiL de hasse 
■ condition répondit que ce n'estoit bille pareille, 
m que sa fille n'estoit sa semblable, d'autant qu'elle 
m «toit pauvre, loy riche. ■ (Nuiûde Straparole, 
T. 1!, p. 345 (1) ) 

Billeboqfuet, subst. masc. (2) Instrument de 
jardinier. — Instrument d'oiseleur. 

An premier sens, le billeboquet est ua petit bâton, 



pai 
fou 



— BI 

auquel est attaché une eorde à l'usage des jardiaiars 

pour mesurer les eompartimen'a d'un]ardin. (Voyei 

le Dictionnaire d'Oudin.) 
Ce mot, au second sens, paroil employé pour un 

instrument d'oiseleur, dans ce passage : • Les rets 

< que j'ai fait tendre souventes fois sur fourches, 
avec un margouillet tout billebauguet qui est mis 
sar dessous le maistre de la rels, et à chacun des 
burchons des fourches mises, l'un avant, l'antre 

« arrière. » (Fouilloux, Vénerie, fol. 120.) 

BILLEBOQOET. Dict. d'Ou^din. 
BiLLKBAUQUBT. FouUloui, Vénorie, fol, 180, V*. 

Biller, verbe. Jouer au billard. —Jeter la boule. 

— Fuir, s'échapper. 

Sur le premier sens déjouer au billard, voyez le 
Dict. d'Oudin, qui explique le mot biller, parfaire 
la bille, la mettre dans la blouse. • Le jour de 
« S' Pierre et S' Paul ensuivant, gresia si tenïble- 
• menl qu'il fut trouvé gresle qui avoil seize poulces 
« de tour, l'autre comme billes à biller. • {Journal 
de Paris, sous Charles VI et VII, p. ISO.) 

On disoit aussi W/er pour jeter ta boule, terme 
emprunté du jeu des six quilles : 

Onquee pour ce ne se deaiata, 

En derrain part s'est embatu. 

Des quilles toutes y gelta : 

Mais il n'a pas tant de vertu, 

Pour te vent qui a la couru, 

Qu'il puisse scavoir comment U MU : 

Lors rue, et flert comme esperdu 

En disant : à ce coup la quille. 

Fki. HSS. d-Euil. Dnch. Toi. «80. 

Enfin on a dit biller, pour s'enfuir, s'échapper : 

Jebon de S> Jehan a'«n bille. 

a. fioivi, Hs. bi. no, v*. 
Expressions remarquables : 
1' Biller du pied, c'est-à-dire trotter du pied. 

A tel mestier ne fault pas estre mois : 

Biile du piet, va devant, passe, passe; 

Je double tiop la flûte des esclos (3), 

Pa«. IISS. d'Bixt D«ch. fol. «S. 

2* Biller à tel billard, pour jouer à tel jeu. Celte 
expression est prise au figuré. On a dit, en parlant 
du danger qu'il y a de faire la guerre en hiver, et 
courir a cheval sur la glace : 

Il a trop lïoit qui a tel billard bille. 
Encouruz est, chelis, et rupieux, 
Et a les doiz roides comme chevdle, 
Rume le preat, et puis devient tousseux. 

Buil. DCKh. Pas. HSS. M. VI. 

Biller, verbe. Jouer, se divertir, se promener. 

— Percer. 

Au premier sens, ce mot se trouve expliqué dans 
le Glossaire du Roman de la Rose. 

Le mot biller signifle percer, dans les vers sui- 
vans : 

'nerge doulce à la quelle nulle ne se compare, 
Viepge flUe ton flii. Vierge mère ton père, 
Navre noua des cinq plaies ton filz, si qu'il y père 
Que son glorieux sang en noi cueurs bille ei pers(4>. 

i. la Mwuf, Cod. 1061-lOM. 



BI 

Billet (1), subst. masc. Cédule, afdche, placard. 
— Passeport, letlres de voilure, — Sceau. 
Au premiersensde cédule, arfiche, placard, on lit : 

■ Billet sediile, ou libelle que le sergent attache 

« à l'auditoire dujog'e qui doitdecrelerlesheritages 
« saisis. Il se met aussi à la maison qu'on veut 
« acquérir par justice. • (Laurière, Glossaire du 

.Droil françois.) • BilleUe pour carte qu'on meL 

• au lieu delà penderie pour avertir les pas- 

■ sans qu'ils doivent droit de peafre- (Ibid.) On 
disoit billet en grosse lettre pour afilche. [Coût. 
Gén. T. l.p. 77-J.) 

Biiltette signifie passeport dans Monstrelet [Vol. 
I, fol. 274). Il est pris aussi pour lettres de voiture 
appelées polices qui se donnoienl aux voiluriers de 
sel. (Ordoon. des Rois de Fr. T. V, p. 405. — Voyez 
aussi les Dict. de ISicot et dâ Monet.) On trouve 
burlette pour billet portant sauf-conduit, dans les 
Mesl. Iiislor. de Camusat, p. 50. 

Ce mot est pris aussi pour sceau. [Gloss. du Dr. 
françois, par Laurière, au mot Burlete, et Coût. 
Gén. T. I, p. 1142. — Voyez Buuu.) 

VARiANTES : 

BILLET. Laiir. Glosa, du Dr. Fr. 
BiLLETTE, iubsl, fém. Laiir. Gloss. du Dr. Fr. 
Bin.ETE. subst. fem. Du Cange, Gloas. latio, a» mol BuUa. 
BuLLETE, lluLi.RTTË, «ii6«i. fém. Rec. des Ord. des R. de 
Fr. T. IV. page 405. 
Burlete, subst. fêm. Laur. Gl03$. du Droit Fr. 

Bllleter, verbe. Garnir. Le mol billeter a cette 
signification dans le passage suivant : 



Et de ces pelila oiseletï. 
Selon ce que Iti en auras, 
Le pasté m'en bitleieroH. 

Gkb de lu Biew, dei DëMli, US. fol. I 



Bllleteur, sif&st. masc. • L'on départira les heri- 
■ tages entre les héritiers selon la loy et coutume 

• de Priches, et si se vendront selon icelle loy, 

• excepté que le billeteur ordinaire, ou buveur en 
« taverne ne pourra vendra son héritage sans le 
« consentement de sa propre femme, et le conseil 

• des eschevins el jury. > (Nouv. Coul. Gén. T. II, 
page 265.) 

BlUette, $ub$t fém. Dande de fer d'une lance. 
— Sorte de jeu. — Pièce d'armoiries. 

On nommoit bitletle d'espieu, la bande de fer 
d'une lance ou d'une pique. (Voy. les Dict. de Cotgr. 
etd'Oudin.) 

Les billeltes étoienl aussi une sorle de jeu : 

Ilem, et H i ne jouerei. 

Au siron, ne a clignettee, 

Au jeu de mon amour aurez, 

A la queleuleu, aux biUeile», 

Au Uers, au perier, aux bichettes. 

L-Amml rmda CordaliB, p. VU. 

En termes de blason, les billetles sont des pièces 
d'armoiries. Le Laboureur, dans son Origine des 



Armoiries, p. 225, croit qu'elles représentent noa 

des tuiles, m^is des billes de bois. 

Blllettes(2),sufjsï.miUC.p/ur.Nomderelieieui. 

De tous ordres, et de tous mestien, 
Nei de l'ordre des b'iette»; 
Car ils ayment les fillettes. 

Gus dâ 11 Bigao. dn DoduiU. US. M. S4, R'. 
VARIANTES : 

BILLETTES. La Iloque, Orig. des noms, p. 242. 
BiLECTEs. Gace de la Bigno, des Déduits, HS. fol. 54, R*. 

BlUler, verbe. Aller avec un bâton. Cette expli- 
cation est celle du Suppl. au Gloss. du Roman delà 
Rose, où il est dit que bille étoil un bâton. Peut-être 
signilie-t-il trotter; je crois avoir vu quelque part : 

• nécessite fait la vieille trotter, • et ailleurs oa lit 
bilier du pied, pour trotter, marcher. 

BUIon, subst. masc. Terme de monnoie. — 
Ai^enL monnoyé. — Lingot. — Chaos. 

Ce terme esL spécialement alTecté aux monnoies, 
et on s'en sert pour dési;rner toute sorte de matière 
qui est alliée, c'est-à-dire mêlée au-dessous du 
aegré fixé pour la fabrication des monnoies. Il 
pareil employé en ce sens dans ce passage : • Et 
« aussi d'avoir fait fondre, el mettre en lingot 

■ grande (|uanlité d'argent blanc alayé en çarlie 

> de nostre monnoye, et d'aulres billons h moindre 

■ loy de deux deniers, ou environ que n'est l'argent 

• ayant cours dans notre dit royaume. • (Procès de 
Jacques Cuer, us. p. 5.) De là, ce mot se prenoil 
pour toute monnoye décriée, légère ou défectueuse. 
On a varié sur son élymologie. (Voy. Ménage, Dict. 
Ëlym.) Bouleroue le dérive du mot latin batla, qui 
signiRoit autrefois sceau. 

Nous trouvons le mol billon employé pour 
argent monnoyé, dans ce passage : 
Avarice merc; crie 
A largesse, et à lu; se rend : 
Largesse adonc la main lui tend ; 
Si payera bonne rAnçon, 
Car elle a assez de bilion. 

Gma de 1. Dit», da OMuiO. HS, M. 59. H*. 

Du Cange, Gloss. lal. au mot BilliO, croit que 
ôiWon signifie précisément un lingot d'or ou d'ar- 
gent encore en masse, et qui n'est point afilné. 
Voici un passage qui confirme celle acception : 
« Avoit aussi le dit Jacques Cuer...... transportéou 

• fait transporter, par ses dits gens quantité 

« de billons, tant d'or comme d'argent en Avignon, 

• el ailleurs, hors de noslre dit royaume. » (Procès 
de Jacques Cuer, us.) 

De celte dernière signification, ce mot a passé à 
celle de chaos, et c'est en ce sens que nous lisons : 

< Soit, comme disoit Horace, que le ciel devienne 

< terre, el que les quatre éléments se veuilleat 

> encore mesler en leur premier btUon el confu- 

• SiOD. > 



(1) Ce mot se rencontre au xv> siècle, dans le latin du prôdicatfur Henot: ■ Et cum e^sem sic in pode criicis «t aie 
desolalus, quod ego erum in fine {>if/e(i mei. ■ (Sermons pour le Carâme.fol. 188, r., col. 1.) Il étnit donc c au bout de son 
rollel. ■ (N. B.) — (2) Les frères de la Cbarilé N. D. étaient ainsi nommés de scapulaires ressemblant aiiT billeltes du blason. 
Ds cédèrent leur maison de la rue des Billeltes aux Carmes, qui hantèrent en môme temps de leur surnom. J.-B. Rousseau 
<EpiBr.. IV, 7> èdU : c Ami, dit le bUUtle, ft tout pèctieur Dieu taH rémission. * (N. E.) 



BI 



— 13 — 



BI 



VARIANTES ! 

BILLON. Gaoe de la Bigne, des Déduits, fol. 59, R». 
Billion, Buillon. 

Binons d*asnes, subst. inasc. Nom d'une 
espèce de prunes. (Voyez le Moyen de Parvenir, 
page 276.) 

Billot, subst. masc. Espèce de droit sur le vin. 
« C'est le droit que le roy, ou autre seigneur, ou la 
« ville par octroy, prend sur le vin, comme les 
« vingtièmes, unzièmes, huitièmes, treizièmes, 
« quatrièmes. » (Laurière, Glossaire du Droit fran- 
çois.) Voyez sur ce droit d*Argentré. (Coût, de Bret. 
p. 1324 et 1327), où il est dit que ce droit est le 
même que celui qui ailleurs est appelé appetis- 
sèment. 

veut que Chabot» 

Qui souâ main levoit gens de guerre, 
Ait à dénicher de la tei:re, 
Et cependant qu*aux droits royaux. 
Soit rejoint le droit des billots. 

Mém. du cardinal de ReU. T. IV, p. 282. 

Billot a aussi signifié morceau de bois. Ce mot 
subsiste pour signifier une pièce de bois d'un ou de 
deux pieds, et plus longue que large. Il équivaut au 
mot pei'che, dans ce passage : « On remet les 
« oiseaux baignez et mouillez au billot ou à la 
« nerche, sans les avoir fait seicher au soleil ou au 
« feu. » (Fouilloux, Faucon, fol. 15.) 

VARIANTES : 
BIUX)T. Laur. Gloss. du Dr. Fr. 



BiLLiOT. Mémoire de Sully, T. X, page 290. 
BiLOT. Modus et Racio, MS. fol. 171, R». 



Billouat, subst. masc. Mot obscène. On le 
trouve dans le Moyen de Parvenir, p. 241. 

Bimauve, subst. fém. Guimauve. (Voyez les 
Dict. de Nicot et de Rob. Estienne.) 

Bimbelot, subst. masc. Sorte de jeu d'enfant. 
(Voy. le Dict. d'Oudin qui est cité par Le Duchat, 
sur Rabelais, T. II, p. 78, note 113.) 

Bimbelotier, subst. masc. Marchand de pou- 

Sées. Celui qui fait ou qui vend des bimbelots. Le 
uchat, sur Rabelais, T. II, p. 78, note 113, dérive 
ce mot de bimba^ poupée. On disoit aussi 6mb/o^i^r 
de drogues pour marchand de drogues. (Voy. le 
Moyen de Parvenir, p. 297.) 

VARIANTES * 
BIMBELOTIER. Rabelais, T. II, p.' 251. 
BiNBLOTiER. Moyen de Parvenir, p. 297. 

Bims, subst. masc. Osier. Espèce d'arbrisseau 
dont onsesert pour lier les cerceaux d*u ne barrique. 
(Voy. Du Cange, Gloss. lat. au mot Vimus.) 

Bia, subst. masc. Mot obscène. Mot du patois du 
Maine. (Voy. le Dict. Etym. de Ménage, au mot 
Pépin.) 

Binace, subst. fém. Bâtiment de mer. « Vin- 



« drent les dits Biscains a tout douze vaisseaulx 
< d*armée comme baleniers, binaces^ et une bien 
« grande navire. » (Al. Chartier,Hist. de Charles VI 
et VII, p. 225.) Il faut peut-être lire pinace (1). Ce 
mot subsiste en ce sens. 

Binarchie, subst. fém. La puissance de deux. 
Puissance égale de deux princes dans un même 
pays. (Voy. les Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bincestre, subst. masc. Sorte de grain. Ce 
grain mûrit en quarante jours. (Voyez le Dict. 
d'Oudin.) 

Bindelle, subst. fém. Sorte de manches an- 
ciennes. (Voy. le Dict. de Borel.) 

Bine, subst. fém. Intérêt du double. Nous 
n'assignons point cette signification comme cer- 
taine, et nous rapportons le passage où l'on trouve 
l'expression donner à la bine : 

Noslre prestre veut sermoner, 
Por trere nostre argent de borse ; 
Mes ainçois auroit un pet d*orse 
Qu*il ait du raien por tel abet ; 
Tant ne chanteroit en fausset, 
Le vaiUant d'une poitevine, 
Je la dotiroie ains à la bine. 

Fabl. lis. du Roi, n* 7218, foL 919. V* ool. 2. 

Blncmeni^ subst. masc. Second labour. L'action 
de donner à la terre la seconde façon ou prépara- 
tion. (Voyez les Dict. de Nicot, de Cotgrave et 
d'Oudin.) 

VARIANTES : 

BINEMENT. Nicot, Dict. 
Binage. Cotgrave, Dict. 
BiNOTAOE^ BiNOTEMENT, BiNOTis. Oudin^ Dict. 

Biaervcle, subst. fém. Nom de dignité, dans 
un couvent de femmes. 

Si veut estre abiesse, tôt par celé ocolson. 
Une autre binerveUif U nieco saint Oison, 
Velt estre ceneliere. 

Pocs. MSS. arant 1300. T. IV. p. 1333. 

Bineur, subst. masc. Laboureur qui bine, qui 
donne aux terres leur second labour. (Voy. les 
Dict. de Nicot, d'Oudin et de Cotgrave.) 

VARIANTES ! 
DINEUR, BiSNEun. Dict. d'Oudin, de Nicot et de Cotgr. 

Bingty adj. numéral. Vingt. Mot Gascon. (Voy. 
Rabelais, T. III, p. 226.) 

Binne, subst. Mot malhonnête. (Voy. le Dict. 
Etym. de Ménage.) 

Biaoire, subst. Outil qui sert à biner, adonner 
à la terre sa seconde préparation. On dit binoi 
dans le patois picard. 

VARIANTES ! 

BINOIRE. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 

BiNOT. Mot Picard. 

BiNOTis, BiSNOiRE. Oudin et Cotgrave, Dict. 

Binoter, verbe. Biner, donner le deuxième 
labour à la terre. (Voy. les Dict. d'Oudin et de 



(1) n faudrait peut-être remonter au latin pintis. (n. e.) 



BI 



— 14 — 



BI 



Cotçrave, aux mots Binoter et Bisner.) On dit encore 
rebtner en Normandie. 

VARIANTES ! 

BINOTER, Bisner. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 
Rbbigner, Résiner. 

Biouac (1), nub%t, masc. Garde de nuit. Celle que 
lV>n fait faire à une partie de l'armée pour la sûreté 
d'un camp trop près de l'ennemi. (Pelisson, Hist. 
de Louis XIV, de 1661-1678, T. II, Liv. IV, p. 13.) 

Bipartient, adj. Qui partage en deux parties. 
(Voy. les Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bipedal, adj. Qui a la mesure de deux pieds. 
(Voy. les Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Birbantlns, subst, masc. plur. Nom donné aux 
gueux d'Allemagne. (Voy. la Défense pour Etienne 
Pasquier, p. 90.) 

Birbarré, adj. Bigarré. (Voy. Du Cange, Gloss. 
lat. au moiBirratm sous Wrrus, dont il le dérive.) 

VARIANTES .* 
BIRBARRÉ, BiLBARRÉ. Du Gange, Gloss. lat. 

BIre, suhst. fém. Nasse. Instrument d'osier pour 
prendre du poisson. (Voy. le Dict. d'Oudin.) 

Birep, verbe. Tourner, virer. (Voy. le Dict. de 
Cotgrave.) 

VARIANTES : 

BIRER. Dict. de Cotgraye. 
Byrer. Rabelais, T. I, p. 67. 

Birloir (2), subst. masc. Petit appui servant à 
tenir un châssis lorsqu'il est levé. (Voy. le Dict. 
Etym. de Ménage.) 

Biron, subst. masc. Nom propre d'homme. 
Tablettes de Biron éloient passées en proverbe, en 

Sarlant du maréchal de ce nom qui avoit pour 
abitude d'écrire sur des tablettes tout ce qu'il 
voyoit ou entendoit de bien, de façon « que cela 
« couroit à la cour en forme de proverbe, quand 
« quelqu'un disoit quelque chose, on luy disoit tu 
« as trouvé cela ou appris dans les tablettes de 
« Biron; mesme le greffier fol du roy Henry, il 
« juroil quelquefois par les divines tablettes de 
• Biron. » (Braut. Cap. Fr. T. III, p. 357.) 

Bironerius, subst. fém. Ouvrier qui fait des 
tarières. Mot Languedocien. (Voy. Du Cange, 
Gloss. lat. au mot Bironerius.) 

Bironne, subst. fém. Treuil, qu'on appelle en 
Poitou et en Languedoc un gibelet. Le mot 
bironne vient de birer, tourner. (Voy. Dict. Etym. 
de Ménage.) 

Birque, subst. Terme d'injure. (Voy. les Poës. 
Mss. d'Eust. Desch. fol. 180.) 

Birrasque, subst. fém. Bourrasque, tempête. 
On lit dans le Dict. de Monet : « On a dit borasque 



« pour opposition à bonace. » (Voy. les Mém. de 
Bassompiere, T. IV, p. 58.) 

VARIANTES ! 
BIRRA.SOUE. Borel et Cotgrave, Dict. 
Borasque. Dict. de Monet. 
BoRRASQUE. Dict. de Mouet et de Cotgrave. 
BoRRiSQUADE. Contes de Cholières, fol. 1, Y». 
Bourrache. Poës. de Perrin, fol. 48, R«. 
BvRRASQUE. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 

Bis (mon vrai). Sorte de jurement. On lit: 
« Je vous jure mon vrai bis. » (Rab. T. III, p. 25.) 

Bis, adj. Noir, brun, gris. Qui est entre le brun 
et le noir. Nous trouvons ce mot employé dans un 
sens qui subsiste encore dans ce style burlesque 
et comique, en parlant d'une femme qui n'a pas 
cet éclat, celte vivacité de blancheur du teint qui 
seroit à désirer : 

Gentes estoient, et alises. 
Mes n'estoient noires, ne bises. 

Fabl. MS. du R. n* If 18, fol. 2S7. R* col. 1. 

Bis s*est employé aussi comme épithète de 
pierre, de marbre, de pourpre et même d*oiseaux. 
Nous en donnerons des exemples : 

Cueur endurex plus que la roche bise (3). 

J. Blirot. p. 118. 

L'a sesirent mise en prison, 
En une tor de marbre bis ; 
Le jor a mal, et la nuit pis. 

Fabl. MS. du R. n- 7989. fol. H, V* col. i. 

Ses mantiaux fu de pourpre bis. 

Ibid. fol. 58, R* col. I. 

Le roy a cheval est monté, 
Si regarde ses faulconniers, 
Qui ont oyseaulx sors, et muyers, 
De blancs, de bis, et de gerfaulx. 

Gace de It Bigoe. des DéduiU, MS. kA. 110, R*. 

On trouve bisse pierre, pour caillou, dans les 
Fabl. MS. du R. n* 7989, fol. 72. 
On disoil pain bis pour du pain noir : 

Or puis-je bien le gros bis esmyer. 

Car j'ay mangé mon pain blanc le premier. 

Crétin* p. 494. 

Voyez, sur ce mot, Du Cange, Gloss. lat. au mot 
Bisa. Il remarque que le vent de 6is^ s'est formé de 
Tancien mot françois bis pour noir. Voici deux cita- 
tions que nous avons trouvées sous le môme article : 

Après tous deux se tint franchise, 
Qui ne fu, ne brune, ne bise. 

Rom. do 11 Rom. 

Se les femmes blanches, et bises, 
Hantent volontiers les églises. 

Les Rdx>ur8 de Malhloloa. 

Delà, on a dit: 

l* A bis ou a blanc, pour de quelque façon que 
ce soit. (Oudin, Curios. Fr.) 

2rNe olanc ne bis, pour rien du tout. (Fabl. ms. 
du R. n« 7989, fol. 239.) 

3" Brun et bis. Ces deux mots réunis équivalent 
au mot tout dans les vers suivans : 

Tant d'assauz divers i fist faire. 
Que la ^ent dedans brune et bise, 
A au roi de France sousmise. 

G.Gtti«rt.MS.fol.tt9.R*. 



(1) L'origine est TaUemand Beiwache. (n. e.) - (2) En espagnol, birla est une quille. (N. e.) - (3) En ce sens, on trouve 
dans la Chanson de Roland, st. LXIU : c Les roches bises, leê deatreis merveiUeus. » (n. e.) 



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BI 



VARIANTES : 

BIS. Ph. Mouskes, p. 588. 
Biz. Crétin, p. 194. 

BiSy subst. masc, plur. Sorte de religieux. Les 

Setils frères bis ou bisets, appelles Fraticelles, sont 
es religieux qui existent dans le bourg de 
S' Sépulcre en Italie. (Voyez le Gloss. lat. de Du 
Gange, au mot Bi%ochi.) 

VARIANTES I 

BIS, Bisets, Bizets. 

Bisa, subst, fém. Vent du midi, selon leDict. de 
Borel. Il se trompe : c*est un des vents du nord, le 
même que bise ci-après. 

Bisacquier, subst, masc. Mendiant, portant 
besace. (Voyez les Dictionnaires de Nicot et de 
Cotgrave. — Voy. Bissaccêe et Bissats.) 

Bisains, subst. masc, plur. Septentrionaux. 
Nom donné à ceux qui venoient du nord, comme 
on appeloit Méridiens ceux qui venoient du côté du 
midi. (Voyez Perceforest, Vol. IV, fol. 60.) Nous 
verrons bise pour vent du nord. 

Bisayeul (1), subst. masc. Trisaïeul. Le mot 
bisaïeul a été employé pour trisaïeul. On nommoit 
le trisaïeul, grand bisaïeul. (Dial. de Tahureau, 
p. 135.) Mais le mot bisaïeul seul est pris pour 
trisaïeul, dans Bouteiller, Somme rurale, p. 457, et 
dans Olivier de la Marche, Liv. I, p. 14. L'éditeur 
de ce dernier Ta fait observer à la marge. Ainsi, on 
a quelquefois entendu par bisaïeul, le grand-père 
du grand-père, selon le sens littéral de deux fois 
aïeul. Cependant ce mot signifioit communément le 
père du grand-père, et cette acception a absolument 
prévalu. 

Biscaia , subst. masc. Biscaïen. Qui est de 
Biscaye. (Voy. Coquillart, p. 42.) « Attendu le grand 
« nombre de navires qu'avoient les Espagnols et 
« Bisquains, > (Mém. de Du Bellay, Liv. II, fol. 52.) 

VARIANTES : 
BISGÂIN. Coquillart, p. 42. 
BiSQUAiN. Mém. de Du Bellay, Liv. Il, fol. 52, V«. 

Biscantine, subst. fém. Espèce de boisson. 
(Voyez le Dicl. d'Oudin.) C'est du vin et de l'eau 
mêlés ensemble, suivant Le Duchat, sur Rabelais, 
T. II, p, 269, note 10. 

Biscare , subst. fém. Biscaye. Nom de pays. 

Ensi avint il en Biscare^ 
Outre la iiere de Navare. 

Pb. MoMkes, US. p. 103. 

Biscarlé , adj. Brisé , fatigué. Ce mot se dit 
encore dans quelques provinces. Il est épithète 
d'un mot obscène, dans Rabelais, T. III. p. 154. 
« L'estomac débile et tout biscasié. » (Nuits de 
Straparole, T. II, p. 366.) 

VARUNTES : 
BISCÂRIÉ. Rabelais, T. III, p. 154. 
BiscA£i&. Nuits de Straparole, T. II, p. 366. 



Bischard, subst. masc. Le faon de la biclie. 
< Bichaz, le fan d'une serve, innulus. » Lisez le faon 
d'un cerve, hinnulus. (Glossaire du P. Labbe.) 
« Comment osés vous prendre bichart pour sa 
« mère? En nom Dieu, fait renart, quant je treuve, 
« ou la biche a faonné, je vois au-dessous du vent, 
« et me couche, et me traîne tant que je vieng si 
« près que je puis bien veoir qu'elle n'est pas avec> 
« et je lance hastivement, et l'estrangle au plus \Ài 
« que je puis. » (Modus et Racio, m. fol. 95, R*.) 

VARIANTES : 
BISCHARD. Cotgrave, Dict. 
Richard. Rabelais, t. IV, p. 250. 
Bichart. Modus et Racio, MS. fol. %, R«. 
RiCHAT. Modns el Racio, MS. fol. 51, R«. 
BiCHAZ. Glossaire de Labbe. 
BiCHETEAU. Nicot, Dict. 

Bische, subst. fém. Biche. — Sorte d'insecte. 
Ce mot signine biche, dans le passage suivant : 

En sa main destre ot i vaissel 
Plain de vin, et de Init nouvel. 
Qui d*une blanche biscke estoit^ 
Comme Dyane requeroit. 

Rom. de Brut, MS. fol. 6, R*. 

On distinguoit deux espèces de biche, et cette 
distinction est parfaitement marquée dans ce 
passage: « La bi(:/ie sauvage faonne, ainsi qu*une 
« biche chievre, mais elle n'a qu'un bouc à la fois, 
« et l'aillecte ainsi que fait une chievre privée. » 
(Fouilloux, Vénerie, fol. 98.) On trouve aussi, dans 
le portrait du lévrier accompli , qu'il a costé de 
biche bocaige. (Gace de la Bigne , ms. fol. 1!2.) 

Le mot biche est pris pour insecte, dans ces vers : 

Mais le roy, chascun si le triche : 
En sa court avoit mouche , et bicfiCf 
Qui durement Vont esraouchié. 

Histoire de Frcnoe, en ven, à U suite du Rom. du Jout. fol. 60. 

VARIANTES '. 

BISCHE. Rom. de Brut, MS. de Bomb. fol. 6, R». 

BiCE. Molinet, p. 125. 

BiscE. Ph. Mouskes, MS. p. 107. 

Bisse. Rom. du Brut, MS. fol. 7, R*. 

Bise. Fabl. MS. du R. n» 7615, fol. 168, R» col. 2. 

Bistre. Citation dans Du Gange, Glossaire latin. 

Biche. Orthographe subsistante. 

Bischerie , subst. fém. Poutre sous la coursie. 
(Voyez le Dict. d'Oudin.) 

Bischof esheim , subst. masc. La maison de 
révoque. (Voyez le Dict. de Borel.) 

vARUNTEs : 

BISCOPHESHEIN, Bischoffhoff. Borel, à BUcopheshein. 

Biscoter^ verbe. Mettre en biscuit. On lit, dans 
les Mém. de Guise, p. 242: « L*abbé Basqui , me 
« disant que Tarmée manquoit de biscuit , et qu'il 
« me prioit de l'en pourvoir, en attendant qu'il luy 

< en pût venir de Provence, et de mesme temps 
« beaucoup de bled pour nous ; il ne m'en resloit 
« qu'environ pour trois semaines , j'en fis biscoter 

< la moitié. » 

Le mot biscoter est souvent pris dans un sens 



(1) BeaumaDoir écrit (I, 291): c Mes besaioU n^est el tiers degré de lignage en montant. ]> Et au Livre de Justice et de 
plaît, p. 227 : t Li beseaus mon père qui est entendus en huit manières : car il puet estre de par mon père ou de par ma 
mère. » (n. b.) 



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obscène, par Rabelais. (Voyez T. I, p. 281, et les 
Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Biscuit, subst. masc. Sorte de pain. Nous 
nommons encore ainsi le pain de mer. 11 y avoitun 
pain ainsi appelé du temps de Joinville. (Voyez cet 
historien, p. 7.) On trouve becuit (1) dans le sens de 
biscuit de mer, dans Corlois d'Artois, ms. de S* Germ. 
fol. 84, et dans Athis, ms. sous l'orthographe 
Bescuitj fol. 59. 

VARIANTES : 

BISCUIT. Joinville, p. 7. 

Becuit. Cortois d'Artois, MS. de S* Germ. fol. 84. 

Bescuit. Atliis, MS. fol. 59, V* col. 2. 

Biscuiteau, subst. masc. Diminutif de biscuit. 
(Voyez les Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

VARIANTES : 
BISCUITEAU. Dict. d'Oudin. 
BiscuTEAU. Dict. de Cotgrave. 

Bisdextre, adj. Ambidextre. Ilestoit bisdextre; 
c'est-à-dire : « Il se aydoit aussi sûrement de la 
« gauche main que de ladextre. » (Histoire de la 
Toison d'Or, T. 1, fol. 30.) 

Bise, subst. fém. Un des vents du nord. — 
Espèce de rave. — Espèce de pain. 

Dans le premier sens , le P. Labbe explique ce 
mot, dans son Glossaire, par Galertie, mot en usage 
dans quelques provinces de France, et en latin par 
Aquilo. Ce mot paroit signifier le nord-est, dans le 
passage suivant: 

Azie dure certainement 
De bise ki vient d'orient, 
De jusques en droit miedi. 

Ph. Motiskes. MS. p. 331. 

Europe dure, par devise, 
D'occident de jusques en bise. 

IMd. 

Ce vent, que l'on appelle nord sur Tocéan, est un 
air froid et sec qui gèle les vignes et sèche les 
fleurs. De là on a dit, dans un sens figuré : « Son 
« vent li est torné en bise. » (Hist. de France, à la 
suite du Rom. de Fauvel, fol. 88.) Voyez l'origine du 
mot Bise (2), dans Pezron, Antiq. des Celtes, p. 423, 
et dans Âstiuc, sur THist. naturelle du Languedoc. 

Bise étoit aussi le nom d'une espèce de rave. 
(Voyez le Dict. d'Oudin.) 

Le même Dictionnaire explique aussi ce mot par 
petit pain. 

VARIANTES : 

BISE. Ph. Mouskes, MS. p. 331. 

BiZE. Gace de la Bigne, des Déduits, M S. p. 33, V\ 

Biseau, subst. masc. Talus. (Voyez le Dict. de 



Cotgrave.) Nous disons encore ttiillé en biseau (3), 
pour taillé obliquement. 

Biser, verbe. Viser, ajuster. 

Parquoi, aus chaiUoz eslinder (4), 
Qu'il font souvent entr'eus cheour. 
Et a leur quarriaus asseoir 
Sus visages nuz, et sus cos, 
Sevent trop miex biser leurs cos. 

G. Guiart. MS. fol. 317. R«. 

Biset, adj. Diminutif de bis. /^«/n ft/s^^ signifioit 
pain moins noir que le pain bis. Ce mot se dit 
encore en ce sens dans la Normandie, et on le 
trouve dans Tancienne Coutume de Normandie , en 
vers, Mss. p. 19. 

Bisete, subst. fém. Feuille ou paillette d'or ou 
d'argent (5). {\o\. le Dict. d'Oudin, et une citation au 
Gloss. latin de Du Cange, au mot Capellus.) 

VARIANTES '. 
BISETE. Du Cange, Cflossaire latin, à Capellus. 
BiSETTE. Oudii), Dict. 

Bisette, subst. fém. Petit pain. « Deux livres 
« pour une miche, une livre pour un michot, et 
« bisette. >• (Voyez le Gloss. lat. de Du Cange, aux 
mots Mica et Rebuletum.) En Normandie, on dit 
encore bisette pour un pain d'une grandeur quel- 
conque, de Tespôce que Ton appeloit biset. 

Biscustrc, adj. Bissextile. (Voyez les Dict. de 
Rob. Estienne et de Monet.) 

Calendrier mis par petits vers, 
Selon le temps dur (6), et divers ; 
Pour ce que bisextre eschiet, 
L'an en sera tout desbauchiet. 

lloliuet. p. 104. 

VARIANTES * 
BISEUSTRE. Hector de Troye , MS. du R. u» 7209, fol. 265 
BiSEXTE. Dict. de Rob. Estienne. 
Bisextre. Molinet, p. 194. 
BissEXTE. Dict. de Monet. 

Bisilon, subst. masc. Espèce d'oiseau. 

Si prye aux seigneurs terriens 
Qu'ilz les iyent de deux l^ens ; 
L'ung quant il yra en rivière, 
Que Paustrucier voise derrière, 
Et Tautre que les bisilotis 
Soyent gardez pour les faulcons ; 
Et que à l'autour plus n'en prengnent 
Les austruciers... 

Gace de la Bigne, des DëduiU, MS. fol. if . V*. 

Bisme, subst. masc. et fém. Abîme. Nous trou- 
vons ce mol dans plusieurs de nos anciens auteurs. 
« La tour ou la magicienne faisoit les enchantemens 
« et diableries fondit en bisme (7). » (D. Flor. de 
Grèce, fol. 99.) < Sodome et Gomorre fondirent en 



(1) c Pivent e vin e nieles e pain bescoti. » (Gir. de Ross., xii* siècle, p. 320.) (n. e.) — (2) Il y a dans le haut allemand 
biêGf et en bas -breton biz. Diez se demande cependant si bise ne viendrait pas de bis, sombre, conune aquilo vient do 
aqutluSf foncé. (N. E.) — (3) L'origine est peut-être le latin bisellium, avec le sens d'angle dièdre, (n. e.) — (4) Elingtier^ 



lancer comme une fronde, de l'anglais sling, ayant mômes sens. (n. e.) — (5) C'est une petite denteUe de bas prix : a Les 

dix chaporons orfragés de bisete, conponnez de paon et de tuyaux. » (G. de Robert de Serres, KK. 5, fol. 2 

compte de Targentier Etienne de la Fontaine : c Pour une btsele d*or à orfroi&ier ledit double. % Et dans un autre passage 



5, fol. 3, R«.) En 1350, au 
'argentier 
cité ~sous le mot Capellus, dans Du Cange . t Orfroisiées de bisete d'or de plitte. » On employait du même compte/dans le 



môme sens, brunete: c Un cbappel de paon à grant roe couvert dedens et dehors de brunette. » Bisete, comme l)runettey se 
disait des femmes au teint brun. (Bibl. de l'Ec. des Ch., 4« s., t. V, p. 319.) (n. e.) - (6) Le jour bissextil était regardé comme 
un jour néfaste. De là la forme ancienne besistre et la forme plus moderne bissêire : a Nuls ne sait le meschief ne le besistve 
grant Qui est ens au roiaume aujourd'hui apparant. » (^Cuvelier, xiv* siècle, 16909.) c II nous va faire encore quelqua 
nouveau bissètre. » (Molière^ Etourdi, Y, 7.) (h. b.) — (7) Abitme représente le latin oAissimus. (N. B.) 



BI 



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BI 



« M<niepourIespecbiezdeceulxqiiicledensdemeur- 

t roient. » (Moaus etRacio, ms. fol. 193. — Voyez 

Conlred. de Sônçrec., ^ 73, et Guill. Guiart, ms. f»94.) 

L*auteur du Rom. de Ger. de Roussillon a dit : 

Tel est le ja^^ment de Dieu, le roy haultisme, 
Où il n*y a fond, ne ryve ; c'est une droite hisme. 

Ger. de Rjustillon, MS. p. 16. 

Bisnots, subst. masc. plur. Corvées pour le 
binage. (Voy. le Nouv. Coût. gén. T. I, p. 402.) 

Bisognes« subst. plur. Nouveaux soldats; 
fantassins de nouvelle recrue. Ce mot semble plus 

{articulièrement affecté aux soldats espagnols. (Voy. 
rant. Cap. Fr. T. IV, p. 62; les Négociations de 
Jeannin, T. I, p. 222; Favin, Théàt. d'Honn. 
T. I. p. 36.) De Montluc ayant parlé des cruautés 
des Espagnols envers les huguenots, dans une 
place forcée en 1566, ajoute: « Je connus a cette 

• heure que les gens de Dom Louys estoient la 
« pluspart bisoignes (1) : car les vieux soldats ne 
« tuent pas les femmes et ceux là en tuèrent plus de 
« quarante, et m*en faschay contre eux. » (Mém. 
de Montluc, T. II, p. 100.) 

VARIANTES I 
BISOGNES. Brantôme, Capitaines françois, T. IV, p. 62. 
Bisoignes. Mém. de Montfuc, T. II, p. 100. 
BizoGNES. Mém. de SuUy, T. IV, p. rl6. 

Bisonars, subst. masc. plur. Nom de peuple. 
11 a été donné aux babitans des monta^nesdu llaut- 
Daupbiné. (Voy. Le Duchat, sur Rabelais, T. I, p. 50, 
note 3.) 

Bisou, subst. masc. Taureau sauvage (2). (Voy. 
les Dict. d'Oudin et de Colgrave.) Ce mot se dit d'un 
buffle^en terme de blason, suivant Du Cange, Closs. 
lat. au mot Bisoutes. 

Bisquai, subst. Bisque. — Terme de jeu de 

6aume (3). (Voy. le Dict. deMonet, an moi Bisquai.) 
rantôme, parlant de Gaston de Foix tué à Ravenne, 
dit: • La fortune pourtant le devoit laisser un peu 
t survivre, et ne luy porter si tost envie, ef ne luy 

• rompre sa partie, sur laquelle il avoit déjà trois 
< jeux et bisquaye a mode de joueurs de paumes. > 
(Brant. Cap. Fr. T. I, p. 151.) 

VARIANTES : 
BISQUAI. Dict. de Monet. 
Biscaye. Contes de Cholières, fol. 36, V©. 
Bisquaye. Brant. Cap. Fr. T. I, p. 152. 

Bissaccée, subst. fém. Un plein bissac. « Voicy 
« Malebesse se présenter devant Balde estant char- 
4 gée d*une bissachée de grosses balles de fer, luy 
« lançant cruellement telles noisettes de son 
« bissac. » (Merlin Cocaie, T. H, p. 147.) 



VARIANTES : 
BISSâCCÉE. Merlin Cocaie, T. I, p. 264. 
Bissachée. Merlin Cocaie, T. 11^ p. 147. 

Bissatz, subst. masc. Besace ou Bissac. 

Servons donc Cordeliers, ou Cannes, 
Et prenons leurs bissatz à fermes. 

Villon, p. 60. 

Bisse, subst. fém. Couleuvre (4). (Voy. le Dict. de 
Borel.) 

Bissecs, adj. plur. Bigots. (Voy, le Dict. d'Oud.) 

Bissestre, subst. masc. Malheur (6). (Voy. les 
Dict. d'Oudin et de Ménage, au mot Bissestre.) 

Et bien ne voila pas mon enragé de maistre, 
U nous va faire encor quelque nouveau bissestre. 

L'Etourdi, Gom. de Molière, aci. v, se. ▼. 

« Il me porte bissestre, » c'est-à-dire, il me porte 
malheur. (Oudin, Curios. Fr.) 

VARIANTES * 
BISSESTRE. Mém. Dict. Etym. 
BiCESTRE. Rom. Bourg, p. i?S. 
BissEXTE. Du Cange, Gloss. lat. au mot Bissextus. 

Blssier. Espèce ou épithète de chien, qui si- 
gnifie peut-être u n chien propre à chasser la bisse (5) 

C. ostoirs, C. faucons grufers 
C. lévriers, et C. brakes, 
Tous loiimers, ou bissiers. 

Athis, MS. fol. 40. V* col. 9. 

Bissus, subst. masc. Lin ou chanvre. 

Bissus est vers naiscens de terre, 
Et de boys qui l3 veult querre : 
Quant il est du bois arrachiez, 
Adonques fault qu'il soit plonéiez 
En Teau, et puis traiz par de tors. 

Poés. MSS. d'Eust. Desch. fol. 515, col. i. 
VARIANTF^ • 

BISSUS. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 545, col. 1. 
Bis. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 545, col. 2. 
Bisse, subst. fém. Blason des Couleurs, fol. 4L R«. 

Bistade, subst. Nom de lieu. (Voy. le Nouv. 
Coût. Gén. T. I, p. 312.) 

Bistarde, subst. Sorte d*oiseau à long bec, 
peut- être outarde. 

Bastons bescuz comme bistardes. 

Coquillart. p. 128. 

« Le train de l'autour et de tous oyseaux en 
« général, comme grues, bistarSy hairons, oyes, 

« oiseaux de rivières, cormorans et tous au- 

« très oiseaux des eaux, se fait comme s'ensuit. » 
(Arlelogue, Faucon, fol. 92.) Le Duchat, sur Rab. 
T. II, p. 21(5, rend ce mot par otarde yl). Il dit que 
les bitars sont de jeunes otardes. 



(1) Ne faut-il pas le rapprocher de la forme bissonmers, au rt>g. JJ. 180, ch; 30, an. 1440 : c Icellui Gasiebois so alia de 




(4) Bisse signifie aussi biche : c Et quant vint al cief de sopt ans. Si fu le bos crus et grans; Cicrs i mit, et bisses, et dains, 
Fuis connins, Uevres et ferains. » (rh. Mouskes sur Guill. le Boux.) Cette forme se rencontre dès le xn« siècle, dans la 
Chronique de Normandie: c Assez ont Bous bel sojorncr, Kar mainte bisse et maint sangler Prist, quant lui plnst aler 
chacier. » (v. 1987) (N. K.) — (5) Bissiez' pourrait être binse^ plur^ un suffixe pour biche, sorte de barbet, (n. e.) — (6) Voir la 
note à bissextil. (n. e.) — (7) On a dès le xu* siècle, dans Flore et Blanchefleur, v. 1681 * « Grues et {.antes et hairons, 
P^rtris, biêiardes et plongons. » La racine serait ceUe d'outarde, avis tarda (PUne l'ancien), avec aphérèse, comme dans le 
portugais betarda. (N. B.) 

lU. 3 



BL 



-«- 



BL 



BISTARDE. Fabl. IfS. du R. n* 7218, fol. 175, H* eiA. ^ 
BisTARD. Ârtelogi Faucon, fol. 90, R«. 
BiTARD. Dict. Etym. de Ménage, au mot Bitard. 
BiTARDE. Gace de la Bigne, des Déduits, fol. 111. 

Bistorte (câbler à la). Mot d*argot en usage 
parmi les mendians. (Voy. la DefFense par Esl. 
Ptsquier, p. 89, et Cadlër ci-après.) 

Bitacle (1), subst. rnasc. Partie d'une galère. 
C'est le lieu de la galère où Ton tient les lampes 
allumées. (Voyez le Dict. d'Oudin.) 

Dite (potage à la). « Estant la médecine fort 
« aisée à prendre, comme elles disoient à leur 
« maîtresse , veu qu'il ne failoit que prendre du 
« potage ù la bile. > (Bouche t, Serées, Liv. I, 
page 109.) 

Biterne (diable de). « On dit à Toulouse, un 
« diable de biterne, comme on dit à Paris, un 
« grand diable de Yauvert (2). > (Le Duchat, sur Rab. 
T. II, p. 221.) 

Bithiuwanta. C'est-à-dire à cause de quoi. 
(Voy. le Dict. de Borel, 2- add. où il cite Pontan.) 

Bitord (3), adj. Tors, bislourné. 

Vostre gros nez hilord biaise à contre fil. 

Dm Aoc. Bigar. fol. 439. 

Bituminer, verbe. Préparer avec le bitume. 
(Voy. les Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Biure (pour bievre) (4), subsL masc. Castor. « Son 
« carquois fait de cuir de biure a tout le poil, et 
< dedens esloient ses flesches. « (J. Le Maire, 111. 
des Gaules, livre I, p. 136.) Bieures aquatiques. 
« Chasser, non-seulement les bieures aquatiques. » 
(J. Le Maire, Hluslr. des Gaules, livre l, page 65. — 
Voyez BivRE.) 

Bivier% Mot formé du Intin biviarium, dont 
plusieurs noms propres tirent leur étymologie, 
comme Montbive. (Voy. Menestrier, Orn. des 
Armoiries, p. 462.) 

Blvoie (5), subst. Le garde extraordinaire d*un 
camp. (Voy. le Dict. de Borel.) Notre mot bivouac 
semble en venir. 

Blaaae (6), subst. masc. Nom collectif de ^aius. 
<t L'onzième de tout son blaage de blez et d'aven- 
» nés, et d'autre grain, etc. • (Cit. de Du Cange, 
Gloss. lat. au mot Redecima.) 

Blac (frapper en bloc et en). C'est-à-dire 
firapper à tort et à travers, en bloc et en tas. 



Û'on des costei de la 6iroiid«, 
Estant le siecre à Cadilbae, 
Si se trouva beaucoup de inonâe, 
Pour frapper en bîoc et en b/ttc. 

Vigil. dB CliirlM VII, T. II. p. IM. 

Blacce, subst. fém. Teinture en pourpre. • Il 
« est défendu à vendre, et à taindre pourpre, soit 
« qu'elle soit en soie ou en laine, qui est appellée 
« blacce^ ou oxoblacce, ou tainture. * (Bouteilter, 
Somme Rurale, p. 394.) 

Blache, subst. Mot du Daupbiné qui signifie 
terre plantée de chênes, ou des châtaigniers entre 
lesquels on peut labourer. (Voy. Laurièro, Gloss. 
Du Droit Fr. — Voy. Blachia, qui a le même sen» 
au Gloss. lat. de Du Cange.) 

Blactes, subst. plur. Espèces d'insectes veni- 
meux. 11 paroit que c'est le sens de ce mol en c€ 
passage : 

Puissent brancher les sectes aspidiques, 
En fauLx semblant blacles (1), et baziliques. 

Œhv. de Rog. de CoUcryei p. it4. 

Bladade, subst. fém. Sorte de droit. Ce moi, 
qui est du patois languedocien, désignoit: 

!• Un droit seigneurial sur le blé. (Voy. Du 
Cange, Gloss. lat. au mot Bladada, sous Bladum.) 

2* Un droit qui se levoit sur la paire de bœufe 
de charrue, même sur la charrue. (Voy. Ibid.) 

3* Un droit de faire paitre ses bestiaux dans )e9 
champs nouvellement moissonnés. (Voy. Blairie.) 

Blaerie (8), subst. fém. Redevance. Ce mot, en 
Nivernois, désignoit une redevance qui se payoit 
pour faire paitre les bestiaux dans les pàturagen 
d'autrni. (Voyez Du Cange, Glossaire latin, au mêl 
Messis.) 

Blaffir, verbe. Flétrir, tenir. Ce mot esl prisen 
ce sens dans le passage suivant : « SMls ne singe- 
« roient de blaffir le lustre des œuvres d'autrui. * 
(Contes de Cholières, fol. 2.) 

VARIANTES : 
BLAFFIR. Contes de Cholières, fol. 30, V». 
Blasfardbr. Crétin^ p. 17. 

Blaire, subst. fém. Espèce d*oiseau. 

Si vous prie que nous regardon 

Se deçà vole le faucon, 

Et prenne blaire, ou nnoretori. 

Gace de le Bigue, Jet Déduits. HS. fol. lOD. VV 

Blairie, subst. fém. Droit seigneurial. — 
Redevance. 

Suivant Borel, Dict., c'est un droit seigneurial sur 
le blé, le même que celui qu'on appelle bladade en 



Jl) C*est Vhabitacle, armoire où est suspendue la boussole ou compas de route, (n. e.) — (2) Vauvert est pour val vert. 
lée vert<> : il est vicieux de dire diable au vert. Sainte- Foix (Essais nistoriques sur Ports, 1754) raconte que sous le règne 
da Saint Louis, des churtreux reçurent du roi une beUe maison à GentiUv, et, mis en appétit par ce cadeau, convoitèrent 
le château abandonné de Vauvert^ qu'avait autrefois bâti le roi Robert dans la rue à'Knfer, et qu'ils voyaient de leurra 
fenêtres. Pour forcer lu piété du monarque, ils peuplèrent le château d'une légion d'esprits, et personne n'osa plus ei) 
approcher ; Saint Louis fut alors heureux de céder aux religieux propriété et revenants : telle serait Torigine du diabté 
Yauvert. .loinville dit seulement (éd. de Wailly, g 724): t Et fiel faire ii bons rdys la maison des Chartreux, au dehors dk 
Paris, qui a nom Vauvert. » (N. E^ — (3) « Et tant fist les chemins bestors. » (Ovide, ms. du xiii* siècle dans Horel.) Ei\ 
rapprocher bistorte. (n. e.) - (4) Il faut lire bivre. (N. B.) — (5) C'est plutôt la rencontre de deux routes, de deux vo^; 
c'est eh ce s^ns que l'emploient les Eaux et FV>rêts..(N. B.) — (6) n a le sens de bladage; c'est la quantité de grains payée 

Sir un eniphyiéote pour chaque bête employée au labour, (k. b.) - (7) Ce sont les blattes, (s. B» - (B) Voyez plus oaa 
lairie. (N. s.) 



BL -I 

Languedoc, «t selon le Coût, général, c'est celui 
par lequel on pooroit empêcher les voisins de faire 
pili^er les terrains en n-iches dans le territoire du 
Veneur blayer , pendant un certain temps de 
X*»aée. (Coul. Gén. T. I, p. 871.) 
, C'est aussi une redevance pour avoir la permis- 
lion de faire pâturer dans les ctiamps d'autrui, le 
Tuivoe que biaerie. (Voy. Du Cange, Gloss. lai. au 
Biot Blaeria; Lauriere, Gloss. du Droit François* 
W, mot Blairie. 

vahuijtes : 

BiAiniG. DicL de Borel. 

Blaveub. Uiut. Gén. T. I, p. 871 et suit. 

Blaische, adj. Sot, inepte, tiomme de peu -de 
aiérite. (Voy. le Dict. Etym. de Ménage.) 
Blatves , siibst. fém. D'aye. Nom de ville : • £5- 

■ turjons de Blatves, pour esturgeons de Blayes, > 

fasses en proverbe dès avant 1300. (Voy. les 
rov. à la suite des Poës. av. 1300, T. IV, p. 1652.) 

Blake, a(^'. Noir. Voy. une citation (1) au Glos- 
saire latin de Du Gange, au mot Jurare super corpus 
Chrisli. Il fait observer que ft/a/f, en aaglois, signifie 
niger, et rod, virga : > La btakerode de Escoce. • 

Blamuses, aubsï. /i^.p/ur.Coupsdela paume 
de la main. • Les baLtoit du plat de la main sur les 
> fesses avec de grandes clacquades et blamuses 
« assez rudes. > (Brant. Dames Gai. T. 1, p. 370.) 

Blanc, Mbst. maac. Sorte d'étoffe. — Sorte 
d^engin à prendre des alouettes. 

Ce mot, purement adjectif, s'employoit substanti- 
vement pour signiHer, au premier sens, une étoffe 
blanche, comme do camelot ou du drap. (Voy, Du 
Cange, Gl. lat. à Blanchetus, Blancus, Blankelus et 
Blanchus.) 

FioMancd'Ypreleur achapte. 

Pour bire surecos ouvers. 

Poû. HSa. d'EM. DeHti. Ibl. 490. 

< On peut bien faire blans cl bureaux, et autres 

• draps de Iraime. ■ (Ord. des R. de Fr. T. III, 
page 516.) 

Au second sens d'engin, peut-être ce mot a-t-il 
signilîé le miroir dont on se sert pour prendre les 
alouettes. • En pais où il y a foison d'aloettes, 

• tendez ceste raiz à quatre gietlles , eu une 

• bruiere unie, et mettez ung blanc au meilleu de 

■ vos deux raiz en une fosse sur ung chambel qui 

• est d'une verge fourchée. » (ModusetRacio, f*84.] 
Blanc, subst. Honnoie. < Quarante souz de 

< blanc de rente et sexante sous de blans de 

• rente laissés par testament pour un aniversaire. > 
(Ducbesne, Gén. de Chastillon, p. 58, tit. de 1268.) 



1- BL. 

Blanc (2), adj. Blanc, émail du blason. ~ Bload. 
— BJeu. — Le conlenu d'un acte, — Danger. 
Blanc, es terme de blason, signiRe l'argenL 

La coulonr de pars est clamée 
Asur, Bff elle est & droit ntnnée. 
Le roug»giii>alle, le noir eable; 
Et le blanc argent, maia sana sable 
Je te di c'on appel eocor 
Le vert einople, et le Jeune or. 

Mlctinl, us. Sil. sa, R* agi. ±. 

On a dit Marte pour blond. <■ Il esloit encorea 

■ jeune comme de f'aage de vingt ans, il esloil grant 

> chevalier, long, et gresle, si eut les cheveux 

■ crespi^s et blancz et beau visage, s'il n'eusL Ift 

> regardeuresi feionneuse comme il avoit. ■ (Laoci 
du Lac, T. Il, fol. 55.) 

Blanc s'est pris pour bleu. Sauvage fait observer 
qu'il a toujours trouvé dans Froissart blanc jarlier, 
en parlant de l'Ordre de la Jarretière, et qu'il acor- 
rïgé bleu jarlier (3), selon le us. de Sala et selon Itt 
vérité. (Voy. Froissart, livre IV, p. 93.) 

B/anc s'est dit pour le contenu d'un acte qui avoit. 
des protocoles généraux, dans le blanc desquels" 
étoient insérées les dispositions particulières. On* 
lit, dans le transport d'un contrat de vente fait eâ 
marge du contrat même, ces mots : ■ Les héritages' 

■ au blanc de ceste spécifiez moyennant tel'cft: 

< semblable pris au blanc déclaré. > Ce mot est' 
employé de même, dans plusieurs autres contrats 
passés en Bourgogne au XVI' siècle. « Me cesse du 

< tout de lever, et faire exploiter la composition 

• dont mention est faite plus plaincment au blanc 

• de ces lettres, en 1351. ■ (Ordonn. des Rois de 
Fiance, T. Il, p. 443. — Voy. le Nouv. Coût. Gén. 
T. Il, p. 267.) 

Le mot Feneslre s'est dit pareillement du blanc 
laissé dans les saufs-conduits pour y mettre les 
noms de ceux à qui on les donnoiL 

Blanc a signiné danger. (Voyez le Dict. de Borei^ 
1" add.] On ne voitpas ce qui a pu déterminer cette 
signification. 

Le mot blanc entre dans beaucoup d'expressioDS 
que nous devons rapporter ; 

1° Moine et abbé blanc. C'étoient les moines on 
abbés des ordres religieuxvêtus de blanc, opposés à 
moines noirs.; ordre blanche désigne l'ordre de ces 
moines. • Messire Folques li bon hom, etdui blanc 

• abbé que il avoit amené de son pais i'emmainent 

> à l'église Nostre-Dame, et li ataclient la croiz ii 

• l'esp.iule. ■ (Villehardouin, p. 17.) • Ne vos mer- 

■ veilliez mie, si li laie geuz ère en discorde, que li 

• blanc moine del'ordre de Cysliaus (4) ereul al Iressi 

> en discorde en l'ost. > (Id. p. 36.) > Et quant je 

(1> Voir cette cHalion (Rymer, II, 867, an. 1300) : ( Et ceet aerment avone neus tet but la cors notre Seigneur, et ta Cron 
■^-et la blake r»de de Bscoce. » Cbuie de fidélité de Robert, évéque de Glasgow, (n. e.) - (2) L êtymologie est la 
^Uit-allemand blonefi. (N. e.) — (3) H. Kervjn, au t. XIV, p. 2B1, imprime: t Le conlo d'Ostrevan, lequel conte rut requis 
M Bparlé du rojr et Af. «es ondes que il voulsisl cetre de l'ordre des chevalliers du bleu aerlicr, dont 1h chapelle Saint-Georga 
«•t ens chastel de Windesore. » (n. e.) - (*) On lit dans Th. le Hirtyr (xu' l'iècle), p. 18 ; « Doua fmrei blancs mena nveC' 
NtJi buene ber >; p. 06; i Costume est BDcienne, si l'ai oï cuter, Que tuit U blanc abé de çà^t deUiaer,Quiscun tierzau 
«HifaB|'à..CigUw «■«nbter. ■.<«. k.) 



BL 



-20 — 



BL 



« voulu partir, et me mettre à la voye, je envoyé 
« quérir Tabbé de Cheminon, qui pour lors esloit 
« tenu le plus preudomme qui fust en tout Yordre 
« blanche, pour me reconcilier à lui. » (Jolnville, 
p. 23. — Voy. Bout. Som. Rurale, p. 748.) 
2* Armé en blanc ou en blanCy se disoit d'un 

Juerrier qui n'avoit sur ses armes aucune espèce 
'ornement, comme dorure ou peinture. On lit 
dans la Chronique latine de Nantis, au 5* tome de 
Duchesne, p. 346, an 1208, que S' Louis ayant résolu 
le voyage d'outre mer, il quitta toute espèce de 

Sarure pour prendre des babils noirset qu'il se vélit 
es étofTes les plus simples. Ses éperons et le frein 
de son cheval etoient blancs, de fer et sans aucune 
dorure, et la selle étoit sans peinture et sans aucun 
autre ornement. 

Armé à blanc se disoit encore des chevaliers qui, 
voulant demeurer inconnus, n'avoient sur leurs 
armes aucune marque ou armoii ie qui les distin- 
guât. Cétoit un usage consacré parmi ceux qui ne 
vouloient prendre des armoiries qu'après des faits 
éclatans dont la nature devoit déterminer les pièces 

Îui enlreroient dans leurs blasons. On voit dans les 
nnotalions de THist. du chevalier Bayard, qu'An- 
toine d'Ars, chevalier dauphinois, est nommé le 
chevalier blanc, parce qu'il portoit ordinairement 
des armes blanches. (Voyez les Annot. page 31 ; la 
Chron. Fr. de Nangis, sous Tan 1339; Estât de la 
France, par la Planche, p. 77.) 

Ce mesme jour le roy de MiUan part, 
Armé à blanc^ à desployée enseigne. 

J.Marot, p. 88. 

Lors par icelle porte entrèrent 
Le dit connestable et Dunois; 
Et parmy la ville passèrent 
Armez à blanc de tous harnoys. 

VigU. de Ch. VII. p. 150. 

Nous lisons dans les Mém. de Du Bellay, T. VI, 
p. 402 : « Item 200 hommes de pied arme% tout à 
« blanc. » (Voy. Clerc.) 

Blanc jeudy. C*étoit le jeudi saint. « De tel cas se 
« fait excommunication publique à Rommctous les 
« jours de blanc jeudy. > (J. Le Haire^ Légende des 
Vénitiens, p. 74.) 

3* Blancs yeux. (Bourgoing de Origine, voc. vul.) 

4» Blanc bois. Toute espèce d'arbre qui ne porte 
pas de fruit. « Le mort bois est comme aulnes, 
« genêts, espines et autres bois ne porlans fruicts, 
« autrement dit blanc bois, et se doit régler telle- 
c ment que Tusagier ne le prenne à son choix 
« indiferemment partout, ainz par lizière. > (Coût. 
Gén. T. Il, p. 1074. — Voy, Nouv. Coût. Gén. T. II, 
page 352.) 

5* Blanc de Nicole. Espèce de blanc. 

A vestu une cote blanche, 

Qui n*e8t pas de blanc de Nicole. 

Fab). MSS. du R. n* 7S18, fol.^iS, R* col. S. 

6* Blanc de veau^ pour ris de veau. (Voy. le Dict. 
d'Oudin.) 

7* Entre blanc et rouge^ comme nous dirions du 
blanc au noir : 



Entre blanc et rouge, entre froid et chauld ; 
Ores joyeux, et ores mal content, 
Je t*ay conduit jusques à cy. 

Let Triomphes de Pétrarque, par le baron d'Opède, fol. OS. 

8* Blancs chaperons. Peut-être étoit-ce im corps 
municipal ayant pour chef un doyen qui semble 
prépose à la police générale, à la fourniture des 
vivres, à Tordre des marchés, etc. dans Tarmée que 
les Gantois envoyèrent devant Calais en 1435. (Voy. 
Monstrelel, T. II, fol. 130.) 

9' Blanc et noir, c'est-à-dire tout le monde sans 
aucune exception : 

Car tôt ont, et blanc et noir, 
Lor cuers mis en dechevolr. 

Poës. fr. MSS. avant 1300. p. 046. T. II. 

10* Blanc et grille s'est employé dans le même 
sens au passage suivant : 

D'autre part outre la rivière, 
Se logent, par la sablonniere, 
Li homme le roy blanc et grille 
Pour prendre le chastel de Tisle. 

G. Gttiart. US. fol. 63. V. 

11* Blanc et brun, pour de toute espèce : 

Après venoient les communes. 
Ou genz avoit blanches et brunes. 

G. Guiart, US. fol. 1S6, V. 

12* Blanches et grises a la même signilication 
dans ces vers : 

Par son reaume desroba 

De ricbeces blanches et grises, 

Tost après, les saintes yglises. 

G.Gttiart.US. fol. 401. V. 

On a dit abbayes blanches et grises^ pour toutes 
sortes d'abbayes en général : 

Deslruisent par la contrée, 
Abaies blanches et grises. 

G. Guiart. US. fol. ttS, R*. 

13* Blans et fauves. Façon de parler pour signi- 
fier tout : 

Cil de leanz s'alercnt rendre 

Au roy de France, blans et fauves. 

G. Guiart. US. fol. 140, V. 

14* Blanc et noir. Celle façon déparier ressemble 
à celle qui suit : « Faire le blanc vermeil », pour 
dire répandre du sang : 

Tel envie ont de li qu'il ne 1* poent amer, 
Volentiers le feroient le blanc et noir muer ; 
Mes Henry est tant sage, tant puissant, et tant ber. 
Tant à terres, tant a viles, tant peut hommes mander, 
Loeiz^ et touz les suens, peut-U faire trembler. 

Rom. de Ruu. US. {#. 136. 

15* Faire le blanc vermeil, pour verser le sang : 

Souvent deproia Dieu, qui flst lune et soleil, 
Qu*encor puisse as Frauchoiz faire le blanc vermeil. 

Roman de Rou, p. 86. 

16" Fruiis blancs. Peut-être les grains qui produi- 
sent une farine blanche. « Nuls fermiers, ny 
« douayriers ne peuvent semer ny planter des 
« fruits blancs d'hiver, là ou de semblables fruits 
« ont été recueillis à la moisson précédente, si ce 
« n'estoit du consentement du propriétaire, à peine 
« d'estre obligé de payer les interests. • (Nouveau 
Coût. Gén. T. ï, p. 9T2. — Voyez blancs vivres et 
blanche semence.) 

1 7* Fief de blancs gans et blanclie lance de relief, 
G'étoit un fief pour lequel on devoit au seigneur, 



BL 



— 21 ^ 



BL 



{omr droit de relief, des gants blancs et une lance 
lancbe. (Bouteiller, Somme rurale p. 493.) 

18* flancs vivres. Ceux qui se faisoient avec de 
la p&te de farine blanche. « Si aucuns sujets submis 
« aux moulins et four banniers, sont reputez avoir 
« moulu ou cuit quelque chose à autre moulin ou 
« four; les pains, tarlres ou autres blancs vivres, 
« et le surquoy ils les portent avec les farines, et 
« le sac auquel elles sont mises, ensemble les 
« bestes, cbar et charrettes qui sont trouvez les 
« portans,sontdeplain droictconnsquez au prouffit 
« des seigneurs dont ils sont banniers. » (Coût. 
Gén. T. Il, p. 884. — Voy. blatics fruits et blanche 
semence.) 

19* Un qui n'a point de blanc en Vœil. C'étoit le 
diable. (Oudin, Curios. fr ) 

20* Mis au blanc, signifioit dénué de toutes 
dioses. (Voy. Oudin, Curios. fr.) On a dit de là 
mettre un vaisseau à blanc, pour dire le piller. 
(Hist. du Théàt. fr. T. Il, fol. 132 ) 

21* Ou a bis ou a blanc, pour d*une façon ou d'une 
autre; de quelque façon que ce soit. (Voy. le Dict. 
de Cotgrave.) 

22* Blatte doux. C*étoit une espèce de pomme 
tinsi nommée. (Voy. le Dict. dOudm.) 

23* Blanc d'eau. C'étoit le lis d'étang, nénuphar. 
(Voy. les Dict. d'Oudin et de Nicot.) 

24* Cent blanche, se disoit pour les amans fldèles, 
opposés à fausse gent, amans trompeurs. 

Aveuc la fausse gent, blanche vont auter. 

Ane. PoM. MSS. du Valifan. n* U90. fol. 32. R*. 

25* Fée blanche. C'étoit la fée obligeante. 

Vint à moy une blanche fée 
Qui au droit chemin me nivoye. 

Pocf. MSS. d*Biist. Drisch. fol. 41S, col. 3. 

26* Espées blafiches, pour épées nues^ tiréesbors 
du fourreau. (Dict. d'Oudin.) 

Espées blanches et fauchons. 
Montent en mainz lieus et descendent : 
Lances tronçonnent, etc. 

G. Goiart. fol. 884. V. 

27* Blanches armes. Le Ducbat croit que la cui- 
rasse s*appeloit arme blanche, à cause que Tacier 
en étoit blanc et poli. C'est pour cette raison, 
:youte-t-il, qu'on appeloit armé à blanc un homme 
vêtu de fer de pied en cap. (Voy. Le Ducbat, sur 
Rabelais, T. IV, p. 149, à la fln de la note 1, de la 
page 147.) 

28* Blanches bestes (1). C'étoient des moutons ou 
des brebis. « Menèrent en la cité de Tournay, plus 
« de dix mille blanches bestes, et bien autant que 
« pourceaux, que vaches et bœufs. » (Froissarl, 
LÎY. I, p. 59. — Voy. Mathieu de Coucy, Hist. de 
Charles VII, p. 626, et le Coût. Gén. T. I, p. 830.) 

29* Dimanche de blanches. C'est le dimanche de 
la Quasimodo. (Voy. le Dict. de Cotgrave.) 

30* Blanche eau, c'est-à-dire eau claire, ou le 



cours de Teau. Que « aucun ne tende à la repentise 
« du sacq de son compaignon à soixante destrex 

• près, n'y pareillement es rivières, et ventailles, 
« ny au rabat de harnas d'ozieres, tant que blanche 
« eau dure, sur la dite amende. » (Nouv. Coût. 
Gén. T. II, p. 250.) 

31* Blanche ferme. C'étoit la ferme en argent 
opposée à la ferme que Ton payoit en grain. (Voy. 
Du Cange, Gloss. lat. au mot Firma alba.) 

32* Fièvre blanche. C'étoit la lièvre d'amour. 

Trop tost, ouUre le commun coure, 
Vous bat le cueur en la poictrine : 
La fièvre blanche ses séjours 
A fait ; si vouUez quo termine. 
Et que plus ne vous soit voisine, 
Reposez vous par aulcuns jours. 

La Ghasae et départie d'Anurars, fol. HSÎ, col t. 

33* Ordre blanche. C'étoit l'ordre de S' Bernard. 
(Voy. le P. Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 474. - Voy. 
moines et abbés blancs.) 

34* Blanche abbaye, c'est-à-dire abbaye de moines 
blancs de Bernardins. 

Vint de par Tapostole en France 
Uns abbés de blanche abbaye. 

G. Goiart. MS. fol. 61, R«. 

35* Blanches paroles semble une faule pour 
blandes paroles. (Chron. de S* Denis, T. II, fol. 6. — 
On lit dans le latin blandis allocutionibus.) 

36* Reynes blanches. Ce nom a été donné à plu- 
sieurs reines de France, parce que, suivant l'opinion 
de Favin et de Le Laboureur, elles portoient en 
blanc le deuil de leurs maris. (Voy. Favin, Théât. 
d'Honneur, T. I, p. 61 ; Le Laboureur, Orig. des 
Armes, p. 138.) Brantôme (2) et Pasquier sont d'uue 
opinion contraire, et croient que les reines ne pri- 
rent le nom de Blanche que par honneur de la mé- 
moire de la mère de S* Lpuis, qui avoit gouverné le 
royaume avec beaucoup de prudence et de sagesse, 
pendant la minorité de ce prince. (Voy. Brantôme, 
Dames Illustr. p. 239, et Pasquier, Recherches, 
p. 133.) Du Tillet dit que ce nom n'est donné, dans 
les titres, qu'aux reines qui se nommoient Blanche, 
avant d'être veuves. (Voy. Du Tillet, Rec. des Rois 
de Fr. p. 179.) Jeanne d'Evreux est appelée la 
reine blanche Jeanne d'Evreux, dans le titre du 
n* 3867 des mss. de Colbert. 

37* Blanche semence, signifioit grains, comme 
froment, etc. qui produisent une farine blanche. 

* L'on ne peut semer deux semences blanches 
« Tune après l'autre dans une terre donnée à ferme 
« à peine d'eslre obligé de désintéresser le proprié» 
« taire. • (Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 931. — Voy. 
ci-dessus blancs fruits et blancs vivres.) 

38* Vaisselle blanche, se disoit pour vaisselle 
d'argent, opposée à vaisselle dorée. (Voy. Petit 
Jehan de Saintré, T. II, p. 366.) 

39* Blanche verge. C'étoit une marque de 



(1) On oppose aussi la viande blanche du veau et de la volaiUe à la viande noire du gibier. (N. g.) — (2) Â la fin du xvi* 
•îecle, ce terme était encore en usage, car on lit dans TEstoile, à la date du 27 février 1575, que Henri III alla, en revenant 
de Toyage, saluer la Roine blanche, c'est-à-dire sa belle-sœur Elisabeth d'Autriche, veuve de Charles IX. Blanche était 
aussi un surnom pour les dames de rare beauté: c Cestui rois Robert... prist une autre pucele a moulier, qui ot non 
CSoutfUuice, qui esloit de si très grant biauté, que ele avoit le sornom de Blanche, i (D. Bousquet^ X, 279.) (N. s.) 



BL 

Uj^neurie que leseigneurouses officiers portoieut 
|la procession. < Aller à là proceâsion, portant 

■ tifanche verge par son ditbailly, ou lieutenant, 

■ ea sJgue de seigneurie. ■ (Coût. Gén. T. Il, 
p^SOO.) 

VARIANTES : 

BIANC. Ortbog. aubsift. 

Slancq. 1>iampbe9 da Pétrarque, foL 6Ï. 

Blanc de lis, subst. maso. Nom factice. Nous 
le trouvons scuivent répété dans le ms. intitulé: 
Hodus et ftacio : • Le tiers a nom Blanc de Lis, qui 

• est roy de Chaste et désire avoir la, jouste au roy 

■ de Luxure qu'il hetsus tous autres. > (Uodus et 
Racio, us. fol. 304.) < Après cestejousie, jousla )e 

• roy de Luxurre et jousta à Blanc de Lis le roy de 
. Chaste. . (Ibid. fol. 30C,) 

Blanc de plomb, subst. masc. Espèce de blé. 
(Voy. le Dict. de Nicot.) C'étoil celui dont on faisoit 
^trefois la cervoise. (Voy. Du Gange, Gloss. lat. 
iii mot Brace.) Epeautre, sorte de grain. (Voy. le 
Dict. dOudin.) 

Blanc deplomb (i) éloit une espèce de couleur pour 
la peinture. 

Vert de MontainiG, et rose de Paris, 
Bon blanc de plomb, noiirée de pirance. 

4- Lu Uùn, CoiiroDiH llirgHilJquB, p, flO. 

Blance, adj. au fém. Blanche. (Voy. le Dict. de 

Cil aime, et chîl plus convoite 
Mains la blance, et plue la brune, 
LÂnc cou ke chascun exploite, 
Trait chascun à sa chascune. 

Pvët. Fr. HSS. nul IWO, T. 111, f. 1039. 
De blanke cire est ses spaiis. 

PaS>. Fr. USS. iiut 1300, T. IV, p. 1360. 

Blance compengne, pour compagnie à la croix 
blanche. En parlant des troupes que Du Guesclin 
mena en Espagne, on disoit; < Au partir d'Arragon 

■ prindrent chacun la croix blance et pourtant les 

■ appelloil-on la blance compengne. * (Hist. de B. 
Du Guesclin, par Mesnard, p. 183.) 

ÏABIANTBS ; 



Blaunche, Du Gange, Gioas. lat. à Virya alba. 

Blancete, adj. fém. Diminutif de blanche. 

Quant jou remi sTi boucete 
La coiiïour de aoD der vis, 
Et sa police Rorgeto 
Qij\ plue eal blancete 
Que n'est flour de lys, 
Lors Biii si d'amours cspris. 

Ak. ?aët. Pr. MS. du VMlean. n- lUD, M. lU, V m. 1. 
VARIANTES : 

BLANCETE. Poës. Fr. MS.S. du Vat. n« 1490, fol. «4. 
Blanchkixtte. Rom, Bouif. p. 216. 



! - BL, 

Blanchard» (3>,8ubgt.ma«;.;)/ur. Ordre de rofr 
gieux, ainsi nommés parce qu'ils sont vêtus i^ 
blanc. (Voy. le Dict. d'Oudin.) 

Blanchart (par saint) (3], subst. masc. Espèce 
de jurement. 
Voici le passage oii nous le trouvons : 
Por ce que tu na t'i arrives, 
Li bras, les tas, et'ies solives 
Et les chevilles, et li trë 
Sont, par saint Blanchart, de Vitré. 

Fibl. HSS. du R. n- TUS, [ol. 310, V col. 1. 

Blanche, subst. fém. Jeu d'euTant. 11 consiste 
à tirer au sort dans un livre avec une éjjiQgle. (Voy. 
Rabelais, T. I, p. 139, et b note 20.] Ce mot subsiste- 
en ce sens sous la seconde orthographe; mais od 
ne dit plus comme autrefois recevoir blanque, pour - 
dire ne rien gagner. - Nos enfens sont tels que le' 
> hazard de leur naissance nous les donne, qui eut 

■ cause que recevons d'eux plus de blangues (1) quft. 
. de bénéfices. ■ (Lell. de Pasquier. T. 1, p. 699.— r 
Voy. Brantôme, Dames Gai). T. 1, p. 285.) 

VARIANTRS : 

BLANCHE. Rabelais. T. [. p. 139. 

Blajjqub. Lett. de Pasq. T. I, p. 609. 

Blanchée, subst. fém. Denrée del» valeur d'un, 
blanc. (Voy. Le Duchat, sur Rabelais, T. Il, p. ^61, 
note 61.) 

Blancheen, subst. masc. Epeautre, ou autre 
grain dont on faisoit la bière. (Voy. Du Cange, 
Gloss. lat. au mot Brace.) 

Blanchemaille, sut>sf. fém. PeUle monnoie, 
comme un denier (r>). (Voy. Du Cange, Gloss. lat.au 
mot Blakmale, qu'il dérive de l'anglois bloc, signi- 
fiant noir.) 

TAiiiAKTEs : 

BLANCHEUAILLE, Blanquem aille. 

Blancheors, subst. Blancheur. Ce mot, dans 
S' Bernard, répond à celui de Candor. 

VAHLiNTES : 

BL\NGHEORS. S' Bernard, Serm. Fr. MSS.p. US, 
RLANCHiun. Marbodus, col. 1652, MS. de S' Vlclor. 
Blanchitr. Marbodus, col. 1653. 

Blancheqneue, subst. fém. Espèce d'oiseau. 
€ Il y a un oiseau qu'on appelle Jean le blanc, ou, 

■ l'oiseau S' Martin, et un autre de même espèce 

* qui s'appelle blanchequeue (G), qui volans par la 

• campagne chassent aux alouettes. > (Oude, des- 
Ois. fol. 117.) 

Blancherle. subst. fém. Sincérité. Le passage 
suivant piiroil donner à ce mot le sens que nous 
lui a ' 



Car ne sai se. par blanc herie, 
Me salues, ou par buCoi, 
Tant que eussiez foi de 



tM. US. da R. a* IMS. fol. ï», V col. I 



(1) C'est le blanc de cérvse oi 

lUS -carbonate, (i*- B.1 — (â) C'ci 

'Silésie. (N. E.'t - (3) Ne serait-ce pas le morceau de la 'vraie croix coiiservû à Tours T « Super "ligou m __ 

itur Blancardiia, manu propriâ juravit. » (Dom. Hartéue, I. col. 188 ) (n. k.) - (ij C'est une sorte de loterie où lea billets 
ics sont plus nombreux que les billets noirs, (n. e.) — I^) Q s'agit là, non d'un mot anglais, mais du petit blanc, (n. a.) 
C'est te faucQQ fronçais ^çircaeiut g^llicmi), (tf. k.) 



Il carbonate de plomb; s'il est plus éclatant, il prend le nom de blane d'argot et est an 

"-' 'e nom d'une espèce d'aigle, et d'une loile blanche et légère fabriquée en Normandie et 

i pas le morceau de la vraie croix conservé à 'Tours i < Super lignum Domini. quod> 



Bt -S 

BlAtaéfae rosé, EUb$t. mate. Nom de Taction. On 
âoDD3 ce nom aux Anglois qui tenoient le parti de 
Il rose blanche. (Voy. les Hétn. de Du Bellav, 
Liv. 11, fol. 45.) Nous lisons dims les Mém. de Rob. 
de la Mark, seigneur deFIeuranges, us. p. 154, que 
le duc de Suffolk commandoit, en 1512, une com- 
Ufaie de lansquenets que l'on appelloit aussi la 
blanche rose. 

Blanches, Bubtt. fém. plur. Balances. • On est 

< accoutumé, en la dite seigneurie de RichetKtui^, 
« et des appendances d'icelle, user de poids, blan- 

• chtÊ, mesures, et aucuns flaleurs de la marque 
« d'icelle seigneurie, et non d'autres, de telle sorte 

• que si, en ieelle ville et seigneurie, estoient trou- 

< Tées user des choses des susdits non llaleurs, 

• ou d'autres poids, blanches, ou mesures, même 
« que de celles de la dite ville et seigneurie, ceux 

• qui se feront, escberont en amende de soixante 

■ sols parisis. > (Nouv. Coût. Gén. p. 393.) 

Blfmches, subst. masc. plur. C'est une faute 
poftr branches. Le passage que nous citons expliqué 
a signincalion de ce mot. ■ Les blanches qui sont 

• es cornes du cerf, sont appellées anduilliers sin- 

• gulierement, et en général sont appelles cors. • 
[Modus et Racio, fol. S.) On lit Ibid. fol. 38: • Le 

■ cerf a dix branches en ses cornes, et ces dix 

■ branchesluy donna Dieu pour le garant de 

• sa vie. ele. > Ce qui nous fait croire que blanches 
est une faute d'orthographe. 

Blancbet, subst. masc. Nom d'un cheval ou 
ebeval blanc, sans doute à cause de son poil blanc: 

Tint un Mpié, si ot brochié btancharl. 

Du Cii^, GInu. lil. u mol Blancitarilu, R«. de Gijrdoa. 
Sor aa blencket moult avenant 
Et moult bien tait, et de bel grant 
Ont montée la (luDoiBelle. 

Altili, HS. lot. U. V cel. I. 

Sor le blanchit l'a remontée. 

Alhli, KS. ttA. 41, H' col. I. 

£e mot blanchet a été employé pour désigner 
ane sorte d'étoffe. — Céruse ou blanc d'Espagne. 

Avec la sigoiticalion de sorte d'étoffe, cemotdési- 
(Doil un drap de lame ainsi nommé & cause de sa 
couleur. (Voyez Dn Gange, GIoss. lai. au mot 
Blanclietum et Blankelus; Urd. des R. de Fr. T. III, 
p. 414.) 

On a aussi nommé blanchet la céruse, ou le 
blanc d'Espagne (Voy. le Dict. d'Ondin.) Et de là, 
le blanc dont les femmes usoient à leur toilette. Un 
marcband, dans le détail de tout ce qu'il vend, dit : 

J'37 eue rose dont ae rouaissent, 
j'a j querton ilonl eua ee lorbiaaeat, 
J'ay blanchet dont pub se font bUncbea, 
J'»j lacez à lacer lor mancbea. 

FM. HS. d* S> Gwn. M. 43, R- col. 1. 

On lit dans Bferlin Cocaie, T. Il, p. 271 : ■ De 

• pauvres et misérables filles apprennent à devenir 

• dames , mettant sur leurs joues , sur leur front , 

■ sor le sein, du blanchet, et du rouget sur leurs 



ii déacoTerte Que parmi outn Im cbemiae II bloRcAoïnt aa ci 



BL 

■ lèvres, pour leor faire paroltre rouges comiM 

* cohil. * 

. vARiARTcs : 

BLANCHET. Àthls. Ms. fol. 56. R> coL i. 

Blenchet. Alhis, HS. Toi. U, w col. 1, «t 40; R» col. 9. 

Blanchaht. 

Blanchiment, subst. masc. Blanchissage. 
(Voyez le Dict. de Cotgrave.) 

Blanchir, verbe. Effleurer, toucher légèremeiât. 

Ce mot se disoit d'une halle qui, ayant D'a^pé 
contre une armure de fer, ne fait que blanchir la 
place, sans la percer. Nous nous servons encore d^ 
ce mot en parlant des coups de canon qui ne font 
qu'effleurer une muraille, et ne laissent qu'utae 
tache blanche; de là, on a dit d'un homme HtA 
essaye inutilement de persuader quelque cbose i 
un homme opiniâtre, que tout ce qu'il a fait n'a f91t 
que fr/ancfiir devant luy, n*a produit aucun effet: 

■ VosLre valet de ctiamorc... reçut l'arquebusade... 

■ dans votre casque qu'il portott haut i la maiD^ 

■ laquelle néanmoins ne fit que (fUncftfr dessus. ■ 
[Mém. de Sully, T. I, p. 240.) 

Blancholer, verbe. Devenir pâle. — Briller, 
éclater, étje blanc. 

Au premier sens, ce mot a signifié devenir pâle, 
tirer sur le blanc. (Voyez Oudin, Dict.) 

Comme blanchoier a signifié devenir pâle, de là 
ce mot a été employé pour désigner la blancheur 
du teint tgue la pâleur imite, à certain, éclat près 
que le poëte exprime dans les vers suivans : 
Sa color deviseroîe bien, 
Roee ne lis n'i Teroient rien ; 
Ne nule Bot, dont l'en Tet pain, 
Tant ne blanchme. 

F>hl.MS.diiR.ii-71IS,ral.)llt, R- col. (. 

Aucune lesae de (Terme 

Sa poitrine, por ce c'om vole 

Com feteineat sa char blanehoi 

Pibl. US. du R. n- : 

Blanchoier est pris pour briller, éclater, dans les 
deux passages qui suivent : 

G&rdè Bûi l'ombre d'un morier, 
Et vit la {(uiniple btunchoier. 
Et BOr la poudrière environ 
Connuat la trace du Iton. 

Pjming et TtiIiM, US. do S. Gern. M. 100, R- «1. 1. 

Suant voi les près ilorir, et blanchoier, 
e se painent oîsellon d'envoisier, 
Adonc me fait mon chant recomancier 
Amors, dont n'ai talent ke me retraie, 
Car sans amor n'a nul toie vérole. 

Poé*. fr. HSS. «Hi IMD, T. ni, p. loM. 

Blancq , subst. masc. Titre de souveraineté. H 
semble que ce fut le titre du souverain parmi lei 
Hongrois : • Les trêves d'entre le blancq de Hoa- 

• grie, et le Grand Turc, prirent fin. • (Mathieu dé 
Coucy, Hist. de Charles Vil, sous l'an 1454, p. 690.) 

Blande, adj. au fém. Séduisante, flaileuse. pu 
motlatinb/aiidtri, flatter, caresser. ■ Lescapitaines 
« lui promirent tous leurs services, et qu'il voulsist 
i appaiser par blondes paroles le peuplé qui estoît 

( Et sa got^t 



BL 



— 24- 



BL 



« esmeo, comme il promist de faire. » (Triomph. 
des Neuf Preux, p. 164, col. 1.) « Séduisoit par ses 
« blandices parolles lous ceulx qui à luy venoient. » 
{Triomph. des Neuf Preux, p. 96.) En 1645, ce mol et 
plusieurs autres (1), cosime ains^ moult^ etc., furent 
retranchés de notre langue. 

VARIANTES ". 
BLANDE. Triomph. des Neuf Preux, p. 164, col. 1. 
Blandice. Triomph. des Neuf Preux, p. 96, col. 2. 

Blande subst. fém. Flamme. — Fouage. 

Au premier sens, ce mot signifie flamme. C'est 
la flamme du feu , dans le patois d*Auvergne et du 
Forez. 

Ce mot s'est dit aussi pour fouage, droit qui se 
payoit par feu, d'où est venu ce proverbe: « Feu 
« mort, blande (2) cesse. » (Laurière,Gloss. du Droit 
françois, et Du Congé, Gloss. latin, au mot Blanda. 
— Voyez le Dict. de Cotgrave.) 

Blandejeu (trouver). C'est-à-dire trouver ce 
que Ton cherche. Façon de parler empruntée du 
jeu delà blanque : 

Or ay-je donc p trouvée, 

Pour argent que j*en remercie ; 
Mais encor ne l'arrez vous mie ; 
Blandejeu pas trouvé D*avez , 
Qui ains ne vous ait esprouvée : 
Ce n'est pas ce que vous querrez. 

Poét. MSS. d'Ëust. Desch. fol. KO, eol. 3. 

Blandice, subst. fém. Caresse, flatterie. (Voyez 
les Dict. de Cotgrave, de Monet et de Borel, aux 
mots Blandice et Blandir.) « Platon accouple la 
« douleur et la volupté, et veut que ce soit pareil- 
< lement Toffice de la fortitude, combattre à 
« rencontre de la douleur, et à rencontre des 
« immodérées et charmeresses blandices de la 
« volupté. » (Essais de Montaigne, T. 111, p. 60.) 

Li soudans entent la Mandiez 
Si li respout par cortoisie. 

Parton. de Blois. MS. de S. Gcrm. fol. 458, R« eol. i. 

VARIANTES : 
BLANDICE. Eust. Descb. Poës. MSS. fol. 531, col. i. 
Blandie. Parton. de Blois, MS. de S* Germ. fol. 158. 
Blandise. Poës. MSS. avant 1300, T. L p. 167. 
Blandisse. L'Amant ressuscité, p. 136. 
Blandys, subsl. tnasc. Le Dict. de Borel. 
Blandiment, subHt, tnasc, Coquillart, p. 129. 
Blandissement, subst, tnobc, Gloss. des Arr. d'amour. 

Blandir, verbe. Caresser, flatter. Ce mot, dans 
S' Bernard, Serm. fr. mss. p. 38, répond au latin 
palpare. (Voyez les Dict. de Borel, de Cotgrave et 
d'Oudin , et le Gloss. du Rom. de la Hose.) a Avant 
« le cbastia, et reprint de dures paroles, si comme 
« il avoit desservi ; après le blandU, et assouagea 
• de belles paroles. » (Chron. de S*Den. T. 1, fol. 176.) 

Je ne te loseing, ne hlandis. 

Fabl. MS. do R. n* 7218, fol. 62, V eol. 1. 

Parlant des soumissions et des caresses qu*une 



femme doit faire à son mari , qui Ta surprise en 
faute : 

Lors doit ceUe estroit embrassier, 
Baisier, blandir et soulassier, 
Et crier mercy du meflait ; 
Puisqu'il ne sera jamais fait. 

Rom. de U Rose, yen 10316-10319. 

Blandlssant, adj. Caressant. (Voy. le Glossaire 
de Mai ot.) 

Quand le ciel charmé de son riz blandissant 

Laisse, pour l'admirer, sa course commencée. 

G. Durant, à la suite de Bonnefons, p. 117. 

Blandisseur, subst, masc. Flatteur. (Voyez le 
Dict. de Cotgrave.) « Le dit seigneur, afin de mieux 
« discerner les opinions libres , d*avec celles des 
« asser^tatëurs et blqndisseurs y avoit donné aux 
« assistans de grandes couleurs et occasions de 
« penser qu*il inclinast à ceste opinion. » (Mém. 
de Du Bellay, Liv. Vil, fol. 204.) 

Blandureau , subst. masc. Espèce de pomme, 
ainsi appelée à cause de sa blancheur. (Voyez Le 
Duchat, sur Rabelais, T. 111, p. 236, note 2, où il 
cite Ménage.) Cette pomme est très commune en 
Anjou, et est de très bonne garde. 

Pnmnes ai, pommes de rouviau, 
Et d'Auvergne le blanc^duriau. 

Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 246, R* col. 1 

VARIANTES * 
BLANDUREAU. Contes d'Eutrape'l, p. 435. 
Blancduriau. Fabl. MS. du R. n^ 7218 , fol. 246 , R* col. 1. 

Blange, subst. fém. Fraude, tromperie. L'im- 
pératrice ayant supposé un enfant à la place de son 
fils qui étoit mort, sans d'autre motif que dépargner 
à son mari la douleur de cette perte : 

Si flst Tempereis ceste kange, 
Qu'ele n'i queroit autre blange, 

Ph. Mottskes, MS. p. 773. 

Blanger, verbe. Frauder, tromper par caressé. 
— Converser, causer. 

Ce mot est employé, au premier sens, dans les 
passages suivans : 

L'empereis de rien ne blange 
Son priestre, mais tôt li a dit. 

Ph. MoufrkM. us. p. ne. 

Li quens Biemars al roi tant flst, 
Tant le blanga, tant U promist, 
Que Huon le grant remanda. 

Ph. Moaskes, IfS. p. STT. 

Tant li promist, en blangant^ 
C'a terre la souvinai. 

Poés. MSS. T. UI, p. 1209. 

Oncques faux cuers, pour blangier, 
Biens d*amors ne savoura. 

Ane. Pofts. tr. MS. do VatiMn. n* 4522. fol. 160. R* eol. 1. 

Blangier semble pris pour converser, causer, 
dans ce vers où il s'agit des repas de Charlemagne, 
pendant lesquels on faisoit la lecture : 

Et si n*ot cure de blangier. 

Ph. Moutket, MS. p. 82. 



(1) Ces mots sont à regretter ; dès le xni* siècle, on trouve dans Renart, v. 157 : c Dame Hersent lor vint devant, Si les « 
blandiz et proiez. » Montaigne lui-même écrivait encore: t Toutes ces blandices ne sont qu*uutant dé pièges à leur liberté, t 
Aussi Châteuubriand, malgré l'Académie, Ta-t-il employé: « Je trouvais à la fois dans ma création merveilleuse toutes les 
blandices des sens et toutes les jouissanced de rame, v (Voir Blandice, plus bas.) (n. e.) — (2) Ce serait le môme mot que 
hrande, par la mutation de l en r. (n. b.) 



BL 



— 85 — 



BL 



VARlAlf TBS : 

BLANGER, Blangisr. Ph. Mouskes, p. 776. 
Blangir. 

Blangi, subst. masc. Nom de lieu. « Fournimens 

« de Blangy (i), moins bons que ceux de Milan. » 

(Brantôme, Capitaines françois, T. IV, p. 291.) 

Mlangi fait ici allusion au nom de lieu, et équivoque 

à blangier^ tromper. 

Devers Blangi 

Voue estes un peu tournés. 

Abc PDèi. fr. US. da VaUcn, n* 1400, fol. 161. R*. 

TARIANTES : 
BLANGI. Brantôme, Capitaines françois^ T. IV, p. 291. 
;•• Blanqy. Poês. MS. du Vatican, n* 1490, foL 161, R*. 

' Blanquebourg, subst. masc. Le Brandebourg. 
Cest ainsi que ce pays est souvent nommé par 
TroiBsart. (Voy. la note de l'éditeur. Vol. IV, p. 290.) 

Blanqaet, subst. masc. Espèce de raisin blanc. 
tYoyez le Dict. d'Oudin.) 

. Blanqaie, êubsL fém. La Bulgarie ou Valachie 
(Voy. lesbict. de Micol et de Honet.) « Un pais qui 
n joint à la Hongrie qu'on appelle la Blacquie. » 
(Froissarl, VoK IV, p. 257.) L'éditeur fait observer 
que ce mot est corrompu du latin Valachia et que 
par d'autres il a été appelé Vallaigne. 

VARUNTES : 

BLANQUIE. Dict. de Nicot et de Monet. 
.. Blachib. Dict. de Borel. 
' Blacqujb. Froissart, Vol. IV, p. 257. 

Blakik. Dictionnaire de Borel. 

Blanhiz. Dict. de Borel, au mot Blachie. 
^ Valuugmb. Uédit. de Froissart, Vol. IV, p. 257. 

Blanquler, subst. masc. Celui qui porte une 
blanque. L'auteur des Recherches du Théâtre, par- 
lant du ballet du Hasard donné à la cour en 1643, 
rapporte que, dans le récit du Hasard aux dames, 
on lit : « Divisé eu quinze entrées, sçavoir le tour- 
• niquet, le crocheteur, le porteballe , le coupeur 
« de bourse, le blanquier. » (Beauchamps, Rech. 
du Théâtre, T. IH, p. 122.) 

Blans , adj. Faux, trompeur. Ce mot est formé 
du verbe blanger ci-dessus. 

Ne laintis, ne blans, 

PoM.liS8.T.n,p.8S2. 

Blaqul, subst. masc. Bulgare ou Valaque. (Voy. 
le Dict. de Borel, qui cite Villehard. 2i\i moi Blaqut.) 

Fu commandé, de par Rome, 

Qu'a la S* Jehan^ fut la somme, 
De passer en Constantinoble : 
Quar U Blacqui erent fin pople 
Et la tiere ont reguegnié 

Li quens de B^tagne ert croisiés, 
Si s^toma cume proissiés 
De soucourre Constantinoble 



Qu'assise avoient 11 Tureople. 
Et 11 Biaçois, et li Goumain (2). 

Ph. MouakM. MS. p. SOS et S04. 

VARIANTES : 
BLAQUI. Borel, Dict. 

Blag. Contin. de G. de Tyr, Martène, T. V, col. 669. 
Blaçgis. Ph. Mouskes, MS. p. 803 et 844. 
Blaquers, plur, Martène, T. V, p. 669. 

Blareau, subst. masc. Blaireau. Animal pnant 
qui vit de fruits et de charogne. « Cy après devise 
« comment on doit chascier et prendre le bla- 
« riau (3). > (Chasse de Gast. Phéb. ms. p. 294.) 

variantes : 

blareau. Cotgrave, Dictionnaire. 
Blariau. Chasse de Gaston Phébus, MS. p. 3. 
Blaureau. Cotgrave^ Dict. 
Blavel. Modus et Rado. 

Blarle, subst. fém. Terre à blé. (Voyez le Dict. 
d'Oudin.) 

VARIANTES ! 
BLARIE, Blayerie. Dict. d*Oudin. 

Blaru, subst. masc. Nom propre formé d'un 
nom de grain. (La Roque, Orig. des noms, p. 12.) 

Blas (le), adj. Ce mot sert de surnom dans ces 
vers : 

Li bons Henri ki, par solas, 
La fiUe Jehanin le Blas 
Ot espousée, mais nul oir 
Ne pot de celé dame avoir. 

Ph. Mouskes, MS. p. Ott. 

Blasfemie, subst. masc. Blasphème (Voy. des 
Accords, Bigarrures, fol. 418, et Joinville, p. 120!) 

VARIANTES : 

BLASFEMIE, Blafeme. Des Accords^ Bigarrures, foL 118. 

Blapheme. Joinville, p. 120. 

Blasphème. S* Bem. Serm. Fr. MSS p. 251. 

Blasfemie, subst. fém. L'action de blasphème. 

* Ardeur d'avarice, rancour d'envie, mort de blas- 
« femie, etc. » (Chasse de Gaston Phébus, ms. p. 370.) 

Blasme, subst. masc. Déshonneur, affront. — 
Terme de pratique. 

Ce mot est pris ordinairement dans le premier 
sens : « Si commença à luy remonstrer comment 
« il avoil fait son blasme (4), quand il s'estoit tourné 
« François et issu du service du prince qui tant 

• Tavoit aimé, honoré et advancé. » (Froiss. liv. ï, 
p. 362.) « Si furent devant la ville de Rochechouart 
« et l'assaillirent de grand façon ; mais rien n'y 
« conquirent : car il y a voit dedans de braves gen- 

« darmes si la gardèrent de blasme et de 

« prendre. » (Froissart, livre 1, p. 372.) « Pourquoy 
« je dy que vous vous en acquitasies mal, et pour 
« le blasme que vous m'en feiles et pour moy 

« purger j'en gelte mon gage. » (Id. livre II, 

p. 147.) « Vous souvient-il du blasme et de la ver- 



Ci) Au temps de Charles IX, on faisait des foumhnents à Blangy ^ près d'Eu ; c'était des poires à poudre accompagnées, 
eonmie celles de nos chasseurs, d'un étui en métal ou capsule servant à mesurer la charge. Mais les capsules de Blangy 
ne donnaient pas des mesures égales, et les ciselures dont on décorait la poire n'avaient ni goût ni relief. D'aiUeurs, les 




-miatorze mil Cumains, qui n'estoient mie bapteziô. (n. b.) — (3) Mahn et Diez voient dans ce mot un diminutif de bladarius^ 
le marcluiDd ou plutôt le voleur de blé. (n. b.)— (4) Faire son blasme^ signifie là se compromettre, (n. b.) 

m. 4 



- gogne , qoe vou3 me Rsies recevoir , dit un i 

■ compagnon â celui qui lui avoit fait donner le ' 
« fouet et l'avoil fait bannir d'une ville. »[ld. liv.lll, 
p. 42.) < Ilaa, seigneurs, dist le tors, aussy bien 

■ nous pouvez-vous faire blasme en nous louant, 

■ que honneur : car qui plus loue la personne 
• qu'elle ne vault, il luyraitâ/asme. Nous ne valons 

■ pas tant que vous dicles. » (Perceforesl, Vol. II, 
fol. 76. — Voy. Ord. des R. de Kr. T. I, p. 80.) 

Mauvaii blasme étoil une sorte de pléonasme. 
On s'est servi de celte expression pour mauvais 
renom. • Comment l'en pugnil en aucuns lieux les 

■ femmes qui ont mauvais blasme. * (Le Chevalier 
de la Tour, instruction k ses filles, fol. 57.) On lil 

Sareillement lais blasmes pour vilain reproche, 
ans AltiJs, hs. fol. 101. Blasme-dame s'est dit aussi 
pour une dame de mauvaise réputation : 

La terre, monde, et le ciel ont divisé madame 
Anne qui fut dee roys Charles, et Louia la femme, 
La terre a pris le corps qui gist sous cette lame. 
Le monde aussi r>^tient la renommée et Ibrae 
Perdiirable ù jamais, sans estre blasme dame; 
Et le ciel, pour sa part, a voulu prendre l'ame. 

Epitaphe d'Anne de Bret. citée d'après un ms. de 
la Bibliothèque du président de Mesme, par le P. 
Feltbien, Description de l'église de S' Denis, p. 564. 

Blasme, comme terme de pratique, est en usage 

Sour exprimer l'action de critiquer un aveu ou 
éclaration. Ce mot vient de blasphemare, suivant 
La Thaumassière, Gloss, sur les Coût, de Beauvoisis. 
Façon de parler : Eslever blasme à quelqu'un, 
pour faire tort à sa réputation. (Voyez Roman de la 
Itose, au vers 13375.) 

Blasmed, partie. Blâmé, accusé. Ce mot, dans 
les Lois Normandes, est traduit par infamis, infa- 
matus et accusatta. 

tarIjihtes : 
BLASUED. Loix Normandes, art. 16. 
Blamed. Loix Normandes, art. 17, pattim. 
Blahet. Loix Normandes, art. 50. 

Blasmer (se), verbe. Se plaindre. Ce mot est 
pris en ce sens dans les passages s uivans : ■ Faictes 

■ tant qu'il n'ayt cause de soy blasmer de vous, ne 
- du couvent. • (Petit Jehan de Saintré, p. 639.) 

Honla BOit-il de saint Richier, 
Qui se blaime de son mesller. 

F>bl. Ua. do It. H- 1«8, R- col. 1. 
Lonc tens ai mon cuer assis en bien amer, 
N'onquas vers amaors ne fis rien fc blaumer; 
Ains me suis mont entremis de lui loer. 

Ctuni. Fr, da xiii' >iècM. HS, da BooUtr, fol. f». 
TARIAKTES : 
BLASMER (g«). Petit Jehan de Saintré. 
Blaumer. Cbans. fr. du XU1> siècle, HS. de BouMer, f> 3S2. 

Blason, subst. masc. L'image de Vécu. — 
Description, portrait. — Discours, babil. — Louange, 
éloge. — Cajolerie, ruse. ~ Blâme, médisance, 
calomnie. — Raillerie , plaisanterie. — Débat, 
dispute. — Sorte de poésie. 

Au premier sens, ce mot signifie proprement 
l'image ou la figure de l'écu d'armes. (Voy. les Dict. 
de Nicot, de Monet et de Borel, au mot Blason.) 11 
se preooit aussi quelquefois pour l'écu m&oie : 



BL 

ît se couvrent par leur bta 



Devant son pis tint le bleum. 

Atbu, us. tôt. 109, H' col. s. 



Sa lance pecoia en blason. 

Poëi. USS. Kipl 1300. T. U1, p. 1^. 
Desus la bocle li perça 11 blaçon. 

Rom. da Cunriii, cité pu Du Cmie. GIoM. Iil. ta mol BitualM. 
Coille et heaume, et le blaion ont porté. 

Po«. USS. ds Froiitvt. p. S37, col. I. 

On disoit en ce sens : 

1° Par mon blazon. C'étoit une espèce de jurement, 
comme on auroit dit par mon écu ou par mn 
armes. 



J'ei 



n blazon. 



(Ëm. de KDgs da CoUer7>, i>. St- 

2° Faire de son blazon fenestre. C'esl-à-dire faire 
mettre le blason de ses armes, et celui de ses che- 
valiers et écuyers devant sa maison, quand on 
venoit à un tournois, el faire déployer sa bannière 
ù la fenêtre qui donnoit sur la rue. (Voyez les parti- 
cularilés de celte cérémonie dans la Colombière, 
Théâtr. d'honneur, T. I, p. 60.) 

Blason s'est mis pour deseriplion, portrait, défini- 
tion, explication, soit en bien, soit en mal. De là, 
ce mol s'est employé pourservir detitreâ plusieurs 
livres, comme : Le Blason des couleurs ; le Blason 
des faulces amours ; le Blason de la guêtre du Papt 
et de ses alliez contre le Roy très cbrestien. (Labbe, 
Bibl. Mss, in-4*, p. 329.) Blason des pierres pretieu- 
ses, contenant leurs vertus et propriétés. (Du Verdier. 
Bibl. p. 756.) Le Blason des dances où se voyent 
les malheurs et ruines des dances dont ja7nai$ 
homme ne revint plus sage, ni femme plus pudi~ 
que. (Ibid. p. 71.) Le blason des parteis du corps 
humain, et une infinité d'autres que nous suppri- 
mons. On voit dans les poésies de François Sagon, 
Ms. du R. n"7684, au fol. 73, un chant royal intitulé : 
Le Blason des bottines. 

Chant royol faict du blason des bottines 
Qu'usoit jadis le bon frère Gaultier -, 
Car, 8'il vouloit aaaiEler aux matines, 
Ce grand blason lui servoit de psaultier. 

On voit aussi le contre-blason de la beauté its 
membres du corps humain. (Page 155 de la Bibliolh. 
de Du Verdier.) 

Blason a signifié discours, babil : 

Ce galant vint en ta maisoa 
Ou eslo^t logé l'ambassBcle, 
Ou lea seigneurs, par beau blason, 
Devisoyent rondeau, ou ballade. • 

VUlm. Bep. (nuwlw*, p. IS- 

De là, on a dit tenir blason, en parlant d'histoires 
fabuleuses : 

Qu'on list en court, et en tient on bbuon. 
Pour perdre tamps, par forme de raflbrde. 

' CooMd. da Sonjoerwi, (01. ITO. R\ 

Blason a été employé pour louange, éloge. (Voyez 
le Glossaire de Marot.) 
Blason funèbre, pour éloge funèbre. (Dictionnaire 



bL 



-2V_ 



SL 



de Cot^vè.) Voyefe Corilr&âitz de Songecréux où l'on 
Irouve : Blason faiten riionneurde, etc. f 153 (1). 
D/ason s'est dit pourcajolerie, ruse. Crétin raconte 
<(ue le serpent tenta Eve : 

Soua ûiinct bkuon de paroUâ Uiûée. 

Cntio.p. IS. 

Et plus haut: 

Le bulx bleuon de langue aerpeatioe, etc. 

D'amoani ce n'est que trehraon': 
De coort, poac, ce n'ert que btaian, 

CoqidUwl, p. 111. Voj. Id. p. B7 M IIS. 

guaad 1& tiHson, 
>nunQ lison. 
Fut conquestée, 
Sire JasoD 
Par aoD bUuon, 
Ravit Uédée. 

Le EHum dM fmia» Amovi. p. tst. 

(Voyez Villon, Rep. franches, p. 13; Histoire du 
ThéAtr. fr. T. I, p*agfe 86, et Goujet, Bibl. Cr. T. XV, 

On a ait aussi blason pour blâme, censure, 
■édisanee, calomnie : 

Icj sial l'Aretia qui [ut l'amer poison 
De tout le genro numain ; dont la langue flchoit, 
Et lea Tirs et les morts : coolre Dieu eon blaion 
N'adressa, s'excusant qu'il ne le connoiasoit. 

CooUt i» De» Pnien, T. il, p. 3U. 

Aussi n'est-il blason, tact soit infâme 

Qui Bceust cbanger le bniit d'honneste femme. 

CUm. Hvol.T. I, p. 130. 

Ce mot a reçu la signiflcation de raillerits. plaisan- 
terie. On lit dans l'Amant ressuscité, p. 376 : < Le 

■ prenant simplement à blason ou mocquerie. ■ 
On trouve ce mot avec le sens de débat, dispute. 

Le Blason des armes et des dames, est une pièce de . 
poësie qui contient la dispute sur la prééminence 
des uns et des autres; elle est terminée par ces 
mi>ts : ■ Fin du débat des dames et des armes. • 
(Voyez Coquillart, p. 137.) 
Enfin, on nommoit blason une espèce de poësie : 

■ Blason est composition invective, contenant la 
( louange ou vitupère d'autruy. > [Poétique de 
Bossiere, p. 255.) Voyez la déllnitioa de celte espèce 
de poësie dans l'Art Poët. de Sibilet. livre 11, cha- 
pitre X, page 126 : 

Si ne suffit d'escrirâ maint blaton : 
Ibia il convient garder rime, et raison. 

Cite. Hnl, p. «H al IS6. 
TARIAKTXS : 

BLàSON. Borel, Dict. 

Blacon. Du Cràge, Gloss. lat. au mot Buecuta. 
Blazon. Frolssart, Poës. HSS. p. 337, col, 1. 
Blkzon, Athis, HS. fol. 109, R° col. S. 

Blasonnemant, subst. masc. Déchiffrement 
d'un écu d'armes et difTamation d'autnii. Ces deux 
acceptions se trouvent dans le Dict. de Honet. 

Blasonkier, verbe. Peindre, décrire. — Louer, 
flatter. — Médire, blâmer. — Railler, se moquer. 

Au premier sens, peindre, décrire, nous lisons 
^ae le roi Perceforest, ayant pris un sanglier d'une 



grosseur énorme, • la venoyson fut envoyée 

• devers les meneslriers qui la blasonnèrent. » 
{Percef. Vol. 111. fol. 125.) 

De tes vertus bien blatonner, et paindre, 
Faire vaut mieux que n'y pouvoir atiaindre. . ^ 
a»Urorp.«I»liMf. 

{Voy. Rabelais, T. III, p. 184.) Grelin, parlant dés 
femmes et de leurs beaux ajustemens, qu'il met en 
opposition avec les villageoises, s'exprime ainsi : 

Qui vouldroit leurs bacquÈs esprouver 
Au descouvert, pourroit l'on bien trouver 
Lourde empîrence, avec or de touche ; 
L'honneur y gist, à cela je ne touche, 
Et ne lea veuu btasonner aultrement. 

CMiB, p. 154 «t 151. 

On a employé le verbe blasonner pour louer, 
flatter, caresser. (Voy. le Dict. de Borel et le Gloss. 
de Harol.) < T^int le blasonna, et lui dist de belles 
> paroles, qu'il le deceut. ■ (Chroa. de S' Denis, 
T. I, fol. 21.) . Tellement le louoit et blasonnoit, 

• que le pauvre gentilhomme en rougissoit ds 

■ honte. > (Hist. du Chevalier Bayard, p. 63.) 

Les grane loi que vous me donnez 
Sire, viennent de vostre hieo 
Car largement me blaionnez^ 
Sans qu'il y ait gueres du mien. 

Pan. d'Aï, CtuTt.p. S85. 

C'est en ce sens que Du Pouilleux (Vénerie, fol. 
95), vantant le déduit de la chasse et le vol de. 
l'oiseau : < Sans blasonner aucunement, en tels 
« exercices on peut fuir les sept péchez mortels. ■ 

Dans un sens contraire, on a dit blasonner pour 
médire, bISmer. (Voy, le Dict. de .Honet et le Gloss. 
de Murot.) • Aussi nos coui'S de France, aucunes et 
( mesme les dernières, ont esté fort sujettes jl 

• 6/asonn^r de cesbonnesles dames, et ay veu le 
< temps qu'il n'estoit pas galant homme qui ne 

■ controuvast quelque faux dire contre ces dames 

• ou bien qu'il n'en rapportas! quelque vray. • 
(Brant. Dames Gall. T. H. p. 435.) 

Ainsi partirent ces seigneur 



Or en toutes beauloE m'amie est toute belle, 
Et aans Uche et sana lArd, et n'y a sur eUe 
Qu'on puisse blasonner : car tout v est. parfaicL 

Œbi. ie RoD. Ml, foi. IDl, V . 

Enfin, blasonner a signirié railler, se moquer. 
. Il vous plait ainsy me blasonner et vous mocquer 

■ de moy, • (L'Amant Ressuscité, p. 296.) > Voui 
•> n'estes point tant malade, que encorre ne blason- 
« niez vous, et moequiez de bonne grâce. > (la. 
p. 68.J • Faut pardonner à vostre jeunesse d'avoir 

■ este si indiscret, non de me blasonner, uins faas^ 
« sèment calomnier. » (Lelt. de Pasquier, T. I^ 
p. 826.) 

On disoit aussi blasonner ses armes, pour nyuster, 
débarbouiller ses armes. C'est le sens que ce mot 
présente dans le passage suivant : • Toulefûisï 



(An jbi, 1 



BL 



— 28 - 



BL 



combien qu'elles le rigolassent, elles le lavèrent 
à la fontaine, tant qu'il fut net et cler; mais il 
avoit tant froit que les dénis luy serroyent en- 
semble, et trembloit comme la feuille surTarbre, 
et quant les jeunes dames liiy eurent blasonné 
ses armes et qu'il fut nectoié, le cueur luy trem- 
bla de froit. » (Percef. Vol. III, fol. 138.) 

Blasonneur, mh%i, masc. Qui déchiffre les 
blasons. — Discoureur! — Louangeur. — Médisant. 
— Railleur. 

Le premier sens propre, déchiffreur de blason, se 
trouve dans le Dict. de Monet. 

De là, on a dit blasonneur pour désigner en gé- 
néral un discoureur qui décrit, qui fait le portrait. 
C'est en ce sens que J. Marot, dit p. 187 : 

Faictes la sourde à tout grant blasonneur. 

Le sens générique que nous venons d'exposer 
se pouvoit prendre en bonne et en mauvaise part; 

i)ris en bonne part, blasonneur désignoil celui qui 
oue. (Voy. le Gloss. de Marot.) Ce mot, pris au con- 
traire en mauvaise part, désignoit un médisant. 
(Voyez le Dict. d'Oudin.) Clém. Marot a dit en 
ce sens : 

Tant plus sont aigres les hlMonneurs, 

Plus le constant ha de loz méritoire. 

Cl. Marot, p. 79. 

EnQn, pris dans le sens d'un discoureur gogue- 
nard, blasonneur signifioit railleur. (Voy. l'Amant 
Ressuscité, p. 367.) 

Blasphameur, subst. masc. Blasphémateur. 
On lit dans THist. de Charles VII, par Math, de 
Coucy, p. 715 : « Blasphameur du nom de Jésus- 
« Christ, » 

VARIANTES : 

BLASPHAMEUR. Math, de Coucv, Hist. de Ch. VU, p. 715. 
Blasphkmeur. Œuv. de Baïf, fol. 64, Ro. 

Blasphematlf, adj. Blasphématoire. M. de 
Sully, parlant des écrits faits contre le roi lors des 
néjgociations pour la dissolution du mariage de ce 
prince, dit en la page 261 : « De ces écrits toujours 
« avec ces blasphematifs ou adulatifs, ceux qui les 
« ont faits continuent ainsi les invectives contre le 
« le roy, . (Mém. de Sully, T. XII, p. 271.) 

VARIANTES : 
BLASPHEMATIF. Mém. de SuUy. T. XII, p. 271. 
Blasphème. Rabelais. T. III, p. 164. 
Blasphbmeuse, au fem, Ess. de Mont. T. II, p. 357. 

Blasphème (1), subst. musc. Invective, décla- 
mation. Monstrelet, parlant du frère Thomas, pré- 
dicateur, qui déclamoit contre le désordre des ^ens 
d'église, dit : « Pour le dit blasplieme qu'il disoit 
« communément, en spécial contre tous les gens 
< d*église, il acquist grande amour et renomée de 
« tout le peuple, par tous les pays ou il alloit. » 
(Monstrelet, Vol. II, fol. 40.) « Est-ce condition 



,« blasphème, ou scandaleuse?» (Rabelais, T. ilL 
p. 164.) . 

Blasphémer (2), verbe. Violer, profaner. La 
condition d'une femme est « d'estre sujette et obéis- 
« santé à son mary, de peur que la parolle de Dieu 
« ne soit blasphémée. » (L'Amant Ressuscité, 
page 152.) 

Blasser, verbe. Asperger, arroser. — Bassiner^ 
étuver avec quelque liqueur. (Voy. les Dict. de 
Borel, de Nicot, d'Oudin et de Cotgrave.) 

Blastenge, subst. fém. Ressentiment. Voyez le 
Dict. de Borel, qui cite ce vers d'Ovide, us : 

Indignation de blastenge (3). 

Blastenger, verbe. Blâmer. 

S*uns homs autre lame apaire, 
Petit en voi blastengier 
Sa moullier... 

Ane. poês. Fr. MSS. du Vat. n* iSli, fSol. 158. R» mA. I. 

De toutes partz sont gaitié 
Amant, trop ont enemis ; 
Pour ce doivent estre esmaiô 
Qu'il n*ait, en lor fait, n'en lor dit, 
Rien dont puisse estre repris 
De la gent^ ne blastengié, 

Poét. MSS. arant 1300, T. I. p. Si. 

VARIANTES * 
BLASTENGER. Poes. Fr. MS. du Vat. m 1522, fol. 458, R». 
Blastengier. Poës. MSS. avant 1300, T. I, p. 32. 
Blatenqer. Doctrinal, MS. de S^ Germ. fol. 101, V» col. i. 

Blastengieresy subst. masc. Celui qui blâme, 
qui médit. — Celui qui blasphème. 

Et cil qui n'estoit mie nices. 
Ne de cuer povres^ ne franins, 
Ne blastengters de ses voisins, 
Ains tint la terre toute cuite. 

Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 355, R* eol. i. 

Dans le sens de blasphémateur^ on lit dans 
S' Bernard, Serm. Fr. mss. p. 251 : « Sainz Polz fui 
« voirement blastengieres^ mais ce ne fut mies el 
« Sainl Espirit et il non sachanz flst ceu en 
« mescreance. » 

VARIANTES : 

BLASTENGIERES. S. Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 251. 
Blastengier. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 355, R» col. 2. 

Blasterie, subst. fém. Halle au blé. (Voy. Du 
Cange, Gloss. lat. au mot Bladeria sous Bladum, 
et TEtat de la France sous François II, par la 
Planche, p. 669.) 

VARIANTES I 

BLASTERIE. Gloss. de 1 Hist. de Bret. 
Bladerib. Du Cange, Gloss. lat. à Bladeria. 

Blatir (se), verbe. Se blottir. 

VARIANTES : 
BLâTIR (se). Cotgrave, Dict. 
Blattir. Oudin, Dict. 

Blatte, subst. fém. Mitte (4). « A la fln du livre 
« estoil ung petit Iraicté intitulé: les fanfreluches 
« antidotées : les ratz et blattes, ou afin que je ne 



(1) On trouve au xii* siècle, dans S* Bernard (éd. Lo Roux de Lincy^ 1841, p. S»8): < il ne dit mie blafeme el Saint Espirit , 
et por ceu a il conceut miséricorde. » (n. e.) — (2) Ce mot est un doublet^ fait au xvi* siècle, blasphemare ayant d'abord 
donné blâmer, (n. E ) — (3) Et dans la Chron. des Ducs de Normandie, V, 9370: (c Li dux Guillaumes ot ces blikslenges. Ces 
reproches et ces laidenges. i Le mot vient de bUutenia, forme altérée.de blasphemia. (n. e.)— (4) Ce sont des orthoptères. (N. ■. > 



BL 



^ » — 



BL 



« mente, aultres malignes bestes, avoyent broaté 
« le commencement. » (Rab. T. I, p. 5.) 

Blan; aâj. Blanc. Nous trouvons ce mot avec 
l'orthographe blau (1) pour la rime : 

Li quens Bandnins al vis blau, 
Ot Flandres, et s*avoit Hainoeau. 

Pb. Motwket, MS. p. &U. 

Blocs fût, et s*ot visage blau, 
Ami com 11 oir de Hauineau. 

Ph. Mottkm, US. p. 153. 

Blauncheour, subit, masc. Blanchisseur. 
Blauncheours de cuir^ c'est-à-dire mégissiers qui 
blanchissent les peaux. (Voy. Britton, des Loix 
d'Anglet. fol. 33.) 

Blave, subst. fém. Bleuet, fleur bleue. (Voy. tes 
Dict. de Cotgrave, au mot Blave; de Monet, de Rob. 
Bstienne et de Ménage, aux mots Blavelles et 
Blaveoles; le Dict. de Ménage, au mot Blavet, et 
celui de Cot^ave, au mot Blute.) 

YARIANTES l 
BLAVE. Cotmve, Dict. 

Blavelle, Blaveole. Monet^ Dict. — Rob. Est. et Ménage. 
Blute. Cotgrave, Dict. 
Blavet, stihst. masc. Ménage, Dict. 

Blavler, adj. Qui appar lient au blé, qui est fer- 
tile en blé. Ainsi Ton aisoit terroir bladier, pour 
terroir abondant en blé ; homme bladier, homme 
riche en blé. (Voy. le Dict. de Monet.) Seigneur 
blaier ou blayer, celui qui avoit le droit de faire 

Iiaitre ses bestiaux et ceux de ces vassaux, après 
a moisson, dans l'étendue de son fief. 
Sergent blavier, c'est-à-dire Messier préposé à la 
garde de terres ensemencées et des fruits. (Gloss. 
fat. de Du Gange, au mot Blava. — Voy. le Coût. 
Gén. T. I, p. 210.) 

VARIANTES '. 
BLAVIER. Dict. d^Oudin. 
Bladier. Dict. de Monet. 
Blaier. Dtct. de Ck)tgrave. 
Blatier. Epiih. de la Porte. 
Blattier. Dict. d*Oudin. 
Blayer. Du Gange, Gloss. lat. au mot Blaeria. 
Bledier, Bletier. Dict. d'Oudin et de Monet. 

Blavier, subst. masc. Marchand de grains. Re- 
grattier de blé. « Défendons que nuls marchands de 
« graiqs blaviers et recolpéurs, soyent si osez^ ne 
« si hardis de preacheter blés, ny autres grains, et 
« vins du pays en verd, devant la cuillette. » (Coût. 
Gén. T. ïl, p. 974. — Voy. Du Gange, Gloss. lat. au 
mot BladariuSj sous Bladum.) 



BLAVIER, Blatrier. 



VARIANTES : 



Blayer, verbe. Moissonner. « Le seigneur 
exploite les fruits de son fief tels qu'ils apparte- 
noient à son vassal, en Testât qu*il les trouve en , 
l'instant de la saisie et notification d'icelle ; sinon 
que le vassal eut prévenu ou commencé comme 
en terre, blayer en pré, de faucher en vigne, de 
vandanger. » (Coût. Gén, T. I, p. 875.) 

Blays, subst. masc. Blois. Nom propre de ville. 
(Voyez les Dialogues de Tahureau, fol. 22.) 

Blazonnler, subs/. masc. Ouvrier en armoiries. . 
(Voyez la Table des Mestiers de Paris, mss. du P. de 
Meinière, p. 34.) 

Blecemeat, subst. mast;. Lésion, préjudice» 
(Voyez l'Ane. Coût, de Bretagne, fol. 41.) 

Bleceure, subst. fém. Blessure. Nous trouvons 
ce mot, employé avec cette signification, dans les 
vers suivans : 

Encores si j'estois bien seure 
Que ma bleceure (2), 
Et même flamme, 
Fust en son ame. 

(Eut. de S* Geliit, p. 44. 

Bleche (3), subst. fém. Espèce de tourbe. Celle 
que Ton prend sur la superficie de la terre. (Voyez Du 
Gange, Gl. lat. au mot Turba, et le Dict. de Cotgrave.) 

Blecher, verbe. Blesser. Nous trouvons ce mot 
dans les vers suivans (4) : 

Vo grant biauté, vo sens, et vo proece, 

M'ont si féru d*un dard d'amor, Vel cuer me blecfie. 

Po«s. fr. iTant 1300. MSS. T. U. p. 853. 
CONJUG. 

Bleciez, participe. Blessés. (Joinville, p. 50.) 
Bleezassent, imparf. du subj. Blessassent. (Id.) 

VARIANTES ' 

BLECHER. Poês. MSS. avant 1300, T. lU, p. 1293. 
Blecier. Joinville, p. 43. 

Blescher. Hist. de Beauvais, par un Bénédictin, p. 279. 
Bleschier. Goût. gén. T. I, p. 782. 

Blée (5), subst. masc. Blé. Toutes espèces de blés, 
comme iromenl, seigle qui se sèment en hiver, et 
pour avoines et autres qui se sèment en mars, et 
champ ensemencé en blé. 

Blave semble une espèce particulière de blé , ou 
peut-être de la paille: « Fist faire une grande 
« feuillée, et là porter vins et viandes à desroy et 
« force blave pour les chevaulx, ou ung autre jour 
« le trecta avec plaisir. » (J. d'Auton, Annales de 
Louis XÏI, fol. 81 .) « Le roy y envoya grande quantité 
« de vivres, comme de pain, vins, viandes, chairs, 
« bœufs, lards, bleds, avoines, foin, blaves, et toutes 



(1) Blau désignerait plutôt le bleu, puisqu'on disait blauet pour bleuet: « Li très au duc ostoit d'un paile grant et haus : 
k ot maint paveillons mde, vermeil et blaus, » (Chanson d^Antioche, p. p. Paulin Paris, IV, 90.) Et dans Berte : c Si 



sjllabes: c et comment qi 

& tesmoigne pour tel Que nulz n'en voit la blesseûre. » (Machâult.) Au xvi* siècle, on l'écrivait ainsi, mais Beze remarque 
s — .-_.t_.-_ ^. — . r. y-. _v .«V V,.. . . . ^. — . . ^^ ggj^g ^^ ^^^^ . gg pourrit, 

Le mot est dans la Clianson de 
'allemand bleti, pièces ; eacuz bleciez, 
boucliers rompus dans le Chev. au lion. (n. e.) — (5) Dans Roland (St. LXXVI) : c Soleil n'i luist, ne blet n'i puet pas 
creiatre. » (n. b.) 




BL 



-*>- 



BL 



« autres choses génëralement qui leur feisoient 
« besoin. » (André de la Vigne, voyage de Charles 
Vni à Naples, p. 176.) On disoit le blé nouvel ^ pour 
le printemps : 

khlé nouvel, 

lÀ a fait ses barons mander. 
Et les chevaliers assembler. 

Rom. de Roo. VS. p. 187. 

Blé de mars ou de marcesche. Blés qui se semoient 
en mars. (La Thaumass. Coût. d*Orléans, p. 464.) 

Blé de yver ou de ivemage, pour blés qui se 
aèmeut en hiver, distingués des blés qui se sèment 
en mars. (Voyez les citations précédentes.) 

Bley s*est dit pour champ ensemencé en blé. 
(S' Bernard, Serm. fr. mss. p. 40, dans le latin Sata.) 
Bley est pris dans le même sens, dans Pérard, p. 413, 
tit. de 1229, et dans le même titre rapporté par 
Jurain, Hist. du Comté d*Aussonne, p. 24. On Ht 
encore mencaudée de blés vers^ pour des mesures 
de terres ensemencées en blés verts. (Duchesne, 
Gén. de Béthune, p. 167 ; tit. de 1247.) 

Proverbes : 

Gui bief ne faut, 
Sovent puet mordre. 

Fabl. MS. du R. n* 7015. T. I, fol. 67, R* col. S. 

Ce même proverbe se trouve dans un autre ms. en 
oette manière (1) : 

Gui hlez ne faut, sovent puet maudre. 

Fabl. MS. dtt R. n* 7248. fol. 2U, V col. i. 

Dlex donne bief, déables Tamble. 

Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 296, V col. 2. 

VARIANTES : 
BLËE. Britton, des Loix d*Ângleterre, fol. 74. 
Blat, mot gascon. Dict. de Borel. 
BLÈis,plut\ S^ Bernard. Serm. fr. MSS. p. 40. 
Blet. Duchesne, Gén. ae Béthune, Pr. p. 1CK9. 
. Bley. Pérard, Hist. de Bours. p. 412. 
Blave. J. d'Auton, Annales Je Louis XII, fol. 81. 
Blé. Bom. de Bon, MS. p. 267. 
Blef. Ord. des Rois de France, T. III, p. 657. 
Blés, plur, Duchesne, Gén. de Béthune, Pr. p. 67. 
Bleve. Titres de TAbbaye de la Charmoise. 
Blez. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 324, V» col. 1. 
Bref. Lisez Bief dans le Dict. de Borel. 

Blée, subst. fém. Collectif de blé. Ce mot se 
trouve cité dans ces vers : 

Onques il n'y cheust, ne pluie, ne rosée 
Ne arbre ne porta, ne terre fruit ne blée. 

Ger. de Rousifllon, IfS. p. 497. 

VARIANTES : 
BLËE, BledÊE. 

Bleer, verbe. Emblaver. 

VARIANTES : 

BLEX:R. La Thaumassière, Goût, de Berry, p. 287. 
Blaer. Du Gange, Glossaire latin, au mot Èladare, 
Blaver. Oudin, Dict. 

BleeHe, subst. fém. Emblavure, champ emblavé. 



VARIAItTES : 
BLEERIE. Du Gange, Glossaire latin, an mot Blaéria. 
Bleetrie. La Thaumassiére, Goût, de Berry, p. 206. 

filelte, subst. maso. Toupet de. cheveux. Mot du- 
patois de Limoges. (Voy. Du Gange, Gl. 1. à Blesta.) 

VARUT«TES : 
BLEITE, Blestb. 

Blemure (2), subst. fém. Blessure. Blernure deï 
cors. (Britlon, des Loix d'Angleterre, fol. 48, \\) 
Blesmeure de courte ou de close, en latin lœsio 
libertatiSy aut septi. 

VARIANTES * 

BLEMURE. Britton, des Loix d'Aneleterre, fol. 48, V*. 
Blesmeure. Du Gange, Glossaire latin, au mot Borguni. 

Blere, subst. masc. Nom de vache. Nous trou- 
vons ce mot dans les vers suivans : 

La vache le prestre s*abesse, 
Force que voloit pastiirer ; 
Mes Blere neV vout endurer, 
AIns sache le lien si fort. 
Du jardin l'a trainé fors. 

Fabl. MS. da R. b« 7118. fol. «9, V oàl. i. 

VARIANTES ' 

BLERE. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 229, V» col. i. 
Blezaijî. Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 229, Ro col. 2. 

Bleron, subst. masc. Espèce d^oiseau. 

Gelines, oes, et hérons 
Cormorans, cignes, blerons. 

Poe«. MSS. d*Eott. DMch. fol. 488. 

Blesche, adj. Fourbe. En parlant d'un mercier 
que Fauteur caractérise de petit matois, on ajoute : 
« Il arriva un gentilhomme d'assez bonne façon, 
« lequel achepta de la blesche {^) pour quatre à cinq 
< sols de la marchandise. » (Bouchet, Serées, 
Livre II, p. 89.) 

Maruc fait ses enchantemenz 



Maruc n'en est ne fax, ne blois, 
Toz premiers s'en entra el bois. 

Parton. de Blob, MS. de S. G«nB. fol. 146, R* eol. f . 

VARIANTES : 
BLESCHE. Dict. d'Oudin. 
Blois. Parton. de Blois, MS. de S< Germ. fol. 146. 

Blescherie, subst. fém. Fourberie. (VoyCE 
Alector, Roman, fol. 35.) 

Blesml, adj. Blême, pâle. On trouve biesme pour 
épilhèlede frisure, dans Joach.Du Bellay, p. 239 (4). 
Blesmet est le diminutif de biesme. Budé, parlant 
des vautours et autres oiseaux de proie, dit: « Leur 
« avons trouvé les jambes, pieds et bec blesmet, es' 
« autres bleuz. » 

VARIANTES : 

BLESMI. Dict. de Colgrave. — Glossaire de Mafot. 
Blaime. Dict. de Nicot. 
Blêmi. Durant^ à la suite de Bonnefons, p. BO. 
Blbsmb. Œuv. de Joach. Du BeUay, fol. â9, Y*. 
Blbsmbt. Oudin, Dict. 



(I) Dans Des Périers (Contes, XXIX)/ on trouve le proverbe suivant : c Un pourceau en un blé: une taupe en un pré, et' 
un-sergent en un bourg, c'est pour achever de gastertout. » (n. e.) — (3) On trouve encore au Livre des nois (p. 171, éd. 
Le Roux de Linoy) : c Kar del pied jusque en amunt ne fud en sun cors nule blesmure ne nule mesfacun. » Déjà dan^' 
RolMid, veors 600 : c La gent tie France iert blessée et blesmie.^ Il faut rapprocher ces deux formes de bleiinè, irritation de 
la chlir du pied du cheval, et de blême, qui viendrait du Scandinave blàmx, bleu. (n. e.) — (3) Blesche, d'ailleurs presque ' 
inusité^ signifie aujourd'hui faible de caractère, (n. e.) — (4) « Il en avoit la parole et le teint, La beUe taiUe et la friture 
hlèsme De ses cheveux, c'estoit Mercure mesme. » (n. b.) 



Blesmlr, verbe. Pâlir, devenir blême. < Blesmis 
• lu point de peur en lui peiguaul la face î > 
(Goujat, Bibl.fr. T. XIV, p. 61.) 

TARIAKTES : 
UESHIR. Vie d'IsAbelle, à la suila da JoiDvUlo, p. m. 
hIaimih. Dict. de Nicol. 
Blbmir. Rom. Bourgeois. 
Blbskbr. Dict. de CotgraTa. 

' Blesmissement, subsl. masc. Pâleur. (Voyez 
I^ Dict. de Nicot et de Col^rave.) 



Blessable, adj. Qu'on peut blesser. (Voyez les 
Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Blesser, verbe. Etre blessé. — Casser, fausser. 

Ce mot s'est dit dans Je sens passif: > Le cuer 
• nous blesse, > c'est-à-dire le cœur nous manque. 

Il s'est dit aussi des choses inanimées, dans le 
sens de casser ou fausser: • Pareillement si 
■ essayèrent à peu de conquestz , car ils blessèrent 
« leurs espées. ■ (Perceforest, Vol. IV, fol. 156.) 

Blestens, adj. HaisaîQ, infirme. 



Blet, adj. Hou, flasque. (Voyez les Dict. de 
Cotgrave et de Ménage, au mot Blet.) Il s'applique 
priacipalement aux poires. Un dit blec au masculin, 
et au féminin bleque , dans le patois normand. 
Poire blosse. (Dict. de Cotgrave.) Blet est au figuré, 
4ans le passage suivant : 



Si devrions estre en s^et 

"" ' ^, et tousiouTB nei. 

Pc*. MSS. fBufl. Daàb. M. 8S, col. 4. 



Bleu, adj. Bleu, bleuâtre. 

Et tendant l'air, par le milieu des naea 
Vous vient sauver, avec ses oelee bluea. 

Poèi. d'Amidb Jaidii, M. 303, V. 

l'-On disoit bleu de muletier, pour bleu turc, 
obscur, foncé. {Voy. le Dict. d'Oudin.) 
î* Bleu à bis, pour bleu tirant sur le brun. 



CnOa, riftHB. 

3* Bleu violant, pour bleu tirant sur le violet. 
* Il y a une autre couleur appellée bleu violant, 
' et est composée de bleu et de violet, et porte pour 
■ sa deviseioyauté eu amours. • (Blason des cou- 
leurs, fol. 33.) 

4* Bien d^AobevUle étoit passé en proverbe dès 
ivaol 1300. (Voy. les Prov. «ss. à la suite des Poës. 
■S8. av. 1300, T. IV, p. 1652.) 



BL 

5- La teste du bleu jartier étoit la fête de l'ordre 
de la Jarretière. (Voy. Fauchet, des Origines, livre J, 
page 97.) 

'/ VARIANTES : 



Bluard, Bouchel, "^erées, Ùï. II, p. 178. 
Bluet. Du Gange, Glossaire latin, sa mot Bluet. 
Bloe. Harbodus, col. 1602. 
Blqez. Glossaire de Ijdto, p. 606. 

Bleuue, adj. Ce mot semble signifier dernière, 
dans les vers suivans; c'est sans doute une faute dt 
copiste : 

El sen non savoir est tenus 

Qui présenta la bteuue pkn. 

Caul. ic Nonp. n nn, liS8. fol. 81, R< «ol. 1. 

On voit dans d'autres passages à peu près pareils 
■ ultima p*" » et dans le Grand Coutumier de Nor- 
mandie, on lit à la même disposilion, fol. 29 : • S'il 
> est mis en non savoir qui présenta la dernière 
• personne. » 

Bilan, iubst. masc. Sorte d'habillement. Espèce 
de justaucorps à l'usagedeshommeset des femmes. 
Phil. Mouskes, parlant des regrets de Charlemagne 
après la bataille de Roncevaux, dit : 



Si vit venir deux damoiseles, 
Onquee n'eut veues si bêles ) 
Vestues furent richement. 
Et laciés estrotement, 
De dex bliaut de porpre bis : 
Uout per avoient oiaus les vis. 

VM. us. da R. n- 1X6, fal. Et. V fat. t . 

Or alns revint en son bliaut 
Senglé, sans plus : si nlit pas cbaut. 

AUiij,llS.tDl.ai. R*a>Ll. 



Dans la description de l'habillemeut d'une prin- 



Alhii, IIS, loi. 44,R*Ml. 1. 

11 parolt qu'en parlant des paysans, on diioib 
biaud et biaude. Ainsi on disoit d'une bergère : 
J'ayme mieux voir sa belle taille, 
Sous sa biaude qui luy baille. 

Da Aonnlj, Blg*miru, ta. Bl, H*. 

Dans les Contes d'Eutrapel, Haut est pris pQw 
habit de paysan, souquenille. Faifeu emploie le miOS 
biele pour 1 habit des joueurs de vielle : 

De têtes bien se scent scoustror. 

Et bien ioner aussi de la vielle. 
Se d^icant avec une biele. 

F>ih«, p. lO. 



(1> Ter0l. éta 



S.(H.l.) 



BL 



— sa — 



BL 



Brisant se dit en Languedoc de la souquenille 
que les paysans mettent sur leur habit (1). 

VARIANTES ' 
BUAU. Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 166, V» col. 1. 
Bliaut. Du Gange, Glossaire lat. au mot Bliaudua, 
Blaus, plur, Fabl. MS. du R. n» 7989, fol. 57, V» col. 1. 
BiAUT. Contes d'Eutrapel, p. 464. 
Blaut al Bliaut. Atbis, MS. fol. 57, Ro col. 2. 
Blbant. Assises de Jénis. p. 86. 
Bleaut. Du Gange, GIoss. latin, au mot Campione. 
Bliax. Parton. de Blois, MS. de S^Genn. fol. 153, V* col. 2. 
Brisaut. Borel, Dict. au mot Bliaus, 
BiAUDE, subst. fém. Des Accords, Bigarrures, fol. 31, R*. 
BiELE, aubat, fem, Faifeu, p. 102. 

Blide (2), suhst. fém. Machine de guerre à conlre- 

Soids qui servoit à jeter des pierres. (Voy. le Dict. 
e Borel, 2" add. au moiLide etpeut-élre Clides.) 

Blil, subst, masc. Ce mot est peut^tre mis pour 
livre dans ces vers : 

Vez ci le prevUeffe, se tu veus fai le lir, 

Li blil son d*un uromage qui est plus jaune que cir (3). 

Fabl. MS. do R. n* 7218, fol. 190, V* col. 2. 

Blistres, adj. au plur. Belistres. (Voyez le Dict. 
de Cotgrave.) 

Blobes, subst. fém. plur. Loques, guenilles. 
On employoit ce mol au figuré comme nous 
employons le mol loques. 

Or diminue par vieillesce mes sens ; 
Pardonnez moy, car je m'en vais en blobes, 

VoH. mas, d'Btttt. Deschanpt. fol. 48, col. S. 

Bloc, subst. masc. Espèce de billot. C'étoit sur 
ce bloc ou billot que l'on mettoit ordinairement les 
clefs d*une maison. Ce mot désigne un ustensile de 
ménage. (Coutumes de Yalenciennes , au Nouv. 
Coût. Gén. T. Il, p. 258.) De là, on a dit : « Ordon- 
« nons que les clefs de la dile ville devront estre 
« mises et gardées au blocq posé en la maison de 
« la ditte ville, et un endroit d*icelle le plus 
« asseuré. » (Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 203.) 

En terme de vénerie, le bloc étoit un morceau de 
bois sur lequel on faisoit percher Tépervier ou 
Tautour. « On ne les doit oster du nid qu'ils ne 
« soient forls, et se sachent tenir sur les pieds; 
« puis les tenir sur un bloc ou perche pour mieux 
c démener leur pennage, sans le gratter à terre. » 
(Budé, des Oiseaux, fol. 119.) 



VARIANTES I 

BLOC, Blocq. Nouv. CouU Gén. T. Il, p. W, col. t. 
Bloque. Modus et Racio, foL 140, V*. 

Bloi, adj. [Variante fautive d*Athis pour coU 
qu*on trouve dans d'autres manuscrits; il faut 
lire : 

De Tost se partent li m rois 
Soz les hiaines, tesans et cois. 

AthU, MS. fol. 9S. V eol. t. (K, m) 

Bloi, adj. Blond. Selon le Dict. de Borel, ce mot 
signifioit bleu et beau, mais ces acceptions sont 
contredites par Du Gange, dans son GIoss. latin, au 
mot Bloius^ où il cite plusieurs passages de diffé- 
rons auteurs dans lesquels bloi et bloie signifie 
blond et blonde (4). 

Nient plus c'om peut Tristrant dTseut la bloie 
. De lor amor patir ne desevrer, 
N'iert ja Tamor de nos dous desevrée. 

Poét. MSS. avani 1300. T. UI. p. i05S. 

Qui voit sa crine bloie. 
Qui semble que soit d'or. 

Poés. MSS. avant 1300. T. m, p. il40. 

El mois de mai, 

N'est si blanche la flour de glai 

Comme Tostre blont chiet bloi. 

Chaos, fr. du xiu* siède, MS. de Booh. fol. 188. R*. 

Thierry ly duc d'Ardene, et ly conte de Blois 



Le duc de Normandie qui les crins porte bUds, 

"or. de Rou ~ 

VARIANTES : 



Ger. de RouaûUon. MS. p. 14. 



BLOI. Chron. Fr. du XIII* siècle, MS. de Bouhier, foL 330. 
Bloie, fém. Alhis, MS. fol. 418, R* col. 1. 
Blai. Chron. Fr. du XIII« siècle, fol. 188. 

Blois, subst, masc. Nom propre de ville. Pelets 
de Blois est passé en proverbe dès avant 1300. (Voy. 
des Prov. mss. dans les Poés. ms. avant 1300, T. IV, 
page 1652.) 

Bloiseanz, part. Bégayant. 

Cil ert... 

Orgueillox et contralianz; 

Par convoitise bloiseanz. 

Parton. de Blois. MS. de S. Genn. fol. 165, V* col. 9. 

Bloiser, verbe. Hésiter, balbutier, bégayer. // 
boisCy pour il bégaye, se dit dans le patois languedo- 
cien. (Voy. le Dict. de Borel, au mot Bloise.) 

Se la langue ne bloise. 

J. de Meung. God. 750. 

« Doit le juge considérer comment le tesmoin 




vêtement extérieur et recouvrait la 
long dans la France proprement 
et de la découpure, i si nous en 
croyons Guillaume dé' Saint- Amour, quand il décrit le costume des Provençaux, compagnons de Constance d'Arles, femme 
du roi Robert. On conserve, au Musée national de Munich, un bliaud de soie blanche damassée^ qui aurait appartenu à 
l'empereur Henri 11(1002-1024). Il n'a çpx'un mètre SO centimètres de hauteur; relevé par la cemture, il ne devait pas 
attemdre le genoux ; il est reproduit à la page 199 de V Histoire du Costume de M. Quicnerat. Le mot a été conservé dans 
oaelques provinces sous la forme blaude, dans toute la France sous la forme blouse. On lit déjà au vers 282 de la Chanson 
ae Rolana: c E est remés en sun blialt de paUe. » Au temps où un Anglo -Normand copiait le mot, la reine Mathilde 
brodait la chose sur la tapisserie de Bayeux. (n. b.) — ([2) Cltde existe dans le sens de claie (JJ. 199, p. 519, an. 1470) : c La 
claye ou clide du champ de myL i lÀde n'existe pas; blitie doit être blin ou belin, aujourd'hui pièce de bois servant à frapper 
des coins, guand on ébranle un navire en chantier pour le lancer à la mer ; dans l'ancien français, mouton ou bélier. (N. e.) 
— (S) Les oeux vers sont aussi faux qu'incomi>réhensibles. (n. b.) — (4) On lit en effet dans la Chronique des ducs de 
Normandie, an. 1160: c Chevelure oui oloie, mais à fousset troubla. » Et au Boman de la Violette : a Vairs ot les ieux et les 
crins blois. » Cependant^ dans la Chanson de Roland, on lit au vers 1904 : c Puis prent la teste de Jurfaleu le bluud. » 
Gomment alors entendre bloi au vers 12 : c Sur un pemin de marbre bloi se culchei? » L'assonnance n'eut pas empêché 
l'emploi de blunt^ comme au vers 1578 : c El cors li met toute l'enseigne bloie. » Donc bloi peut désigner une autre couleur 
que le blond. Caserait un reflet métallique : blond chief 6tot(Ex. cité dans Tart.), gonfanons blancs et 6/oi« (Roland, st. 77). (n. e.) 



BL 



— «8 - 



BL 



> dépose et déclare, et comment il tient manière* 
• sans variation, sans bltrisir, sans trembler, et 
« sans muer coleur. » (Bouteiller, Somme Rurale, 
p. 627.) L'éditeur inexpliqué par Vaciller. 

VAIUAMTBS : 
BLOISER. Borel, Dict. 
Bloisir. BouteiUer, Somme Rurale, p. 627. 

Blond, adj. Blond. Ce mot subsiste en ce sens 
sous la première orthographe. 

Jamais mi huil ne fassent asseviz 
De resgarder sa douce face tendre 

Ne son blanc col, son chief blanc et luisant. 

Poét. fr. MSS. ayauriaoO, T. 1. p. 308. 

BUmdet esl un diminutif de blond, ainsi qu'il 
paroit par les vers suivans : 

Lucas dit : bêle compaignet. 
Verrez à foi le bel vaUet 
Et le mescine au cors corset, 
Qui avoit le poil blondet 
Cier le vis et Tœul vairet. 

Fabl. us. da R. n* 7989. fol. 78, R* col. 2. 

Bonnement m'agrée vous amors, 
Blondelte^ doocete, savoureusete, etc. 

Chaw. fr. à U mite iIm Rom. do Fainrel, fd. 58. 

JTai amie sadete, blondete, 
Tele com Je voloie. 

Fabl. MS. da R. n« 7218, fol. 116, R« eol. i. 

VARIANTES : 
BLOND. Gace de la Digne, dps Déduits. MS. fol. 120, V». 
Blonc. Fabl. MS. du 11. n» 7218. fol. 158, R« col. 1. 
Blondet. Fabl. MS. du R. n» 7U89, fol. 78, Ro col. 2. 

Blonde, subst. fém. Bouillon blanc. Sorte de 
plante médicinale. < Prenez une poignée d'herbe 
« nommée la croiselteou cruciata; une poignée de 
«rue, une poignée de la feuille d'un arbrisseau 
« nommé i^ssis, autrement poivre dËspagne, une 

> poignée d'herbe de bouillon blanc autrement 
« appelle blonde, etc. » (Du Fouilloux, Vénerie.) 

Blondece, adj. au fém. Gracieuse. 

Contre li sali dame Ysabel, 
Qui molt li fait blondece cliiere. 

Fabl. MS. do R. n* 7969. p. S85. 

Blondelet, adj. Diminutif de blond. (Voy. Des 
Accords, Bigarrures, livre IV, fol. I. — Poës. mss. 
d'Eust. Desch. fol. 207. — Poës. de Jacq. Tahureau, 
p. 266. — Rom. Bourgeois, livre I, p. 216.) 

Blondlnage, subst. maso. Collectif de blondin. 
Mol forgé que dit un valet dans la comédie du baron 
d*Albikrac, par Th. Corneille, act. 4, se. 7. 

Blondir (se), verbe. Rendre blond. 

Doubles est de qui son fait ne concorde a son dit. 
Et qui se met à euvre que sa langue escondit; 
Tiex gens semblent la lame qui sou noir chief blondit, 
Qui le noir sous le jaune repont, et abscondit. 

J. de Meun;, Te»t. 753-756. 

Pour se faire devenir blond, il y avoit ancienne- 
ment des secrets pour rendre blonds les cheveux. 
nés dames, qui craignent d'être supplantées par 
d'autres dames nouvellement arrivées, disent : 

IVop savent bien aparillier 
BUmd^r, crespir et souliUier 

ni. 



î 



El aevent foire gais semblans 
Trou convoitous et trop poignani. 

Alhis,llS.fol. in.VcDl.t. 

Blondoiant» adj. Jaune ou de couleur blonde. 
Voy. les Epitb. de Mart. de la Porte, et Œuv. de 
oachlm du Bellay, p. 309.) 

Blondoyement, subst. masc. Couleur blonde 
ou jaune. (Voy. les Dict. d*Oudiu et de Coferave.) 

Blondoyer, verbe. Jaunir, devenir blond. (Voy. 
les Dict. de Cotgrave et d'Oudin.) 

Autant que d'épics meurs 
Blondoyent par les chaleurs. 

Poès. d^AauA. Jamia. M. i99, V. 

Blong, adj. Terme de chasse. « Des cerfs juge 
l'en le poil en moult de manières ; especiaument 
en trois que on dit, Tun brun, Tautre fauve et 
l'autre blont. » (Chasse de Gaston Phéb. us. p. 16.) 

Cerfs ont trois manières de couleurs du poil 

Tung est dit brung et l'autre est dit blong, l'autre 
est dit rouge, dont le brung et le blotig, sont 
mieulx a priser. > (Modus et Racio, fol. 2.) 

VARIANTES : 
BLONG, Blont. 

Bloquil, subst. masc. Sorte de fortification. Le 
Duchat dérive le mot blocus de Tallemand block- 
hauSy qui signifle une maison composée de billots 
entassés les uns sur les autres et liés ensemble. 
Brantôme, Cap. Fr. T. IV, p 317,s'en esl servi pour 
citadelle, bastille, forteresse, bastion. Nous trouvons 
blocus en ce même sens dans les Mém. de Du Bellay: 
« Les ennemis avoient faict un blocus : car ainsi 
« nomment-ils ce que nous appelions fort, dedans 
« lequel avoit 300 hommes pour la garde. » 
(Mém. de Du Bellay, Liv. X, fol. 302.) « Le long de 
« la dicte tranché y a des blocus de terre que nous 
« appelions bouUevers, dedans lesquels se retirent 
« en seureté les soldais de la garde d'iceulx. » (Ibid. 
Liv. II, fol. 63.) 

VARIANTES : 

BLOQUIL. Dict. de Borel, de Monet et d Oudia. 

Blocal. Borel, Dict. 

Blocul. Nicot, Dict. 

Blocus. Le Duchat, sur Rabelais, T. III, p. 271, note. 

BoucLUS. Rabelais, T. III, p. 271. 

Blot, subst. masc. Bloc, tas. Mettre au blot, 
c'est-à-dire mettre en Ins, en bloc, à bloque et en 
gros, pour en bloc et en tas. 

VARIANTES : 
BLOT. Mém. de MonUuc, ï. I, p. 135. 
Bloque. Coût. Gén. T. 1, p. 647. 

Blouqueaux, subst. masc. plur. Artiflces de 
feu, dont la poudre est couverte de laines de fer 
et autres choses semblables. (Voy. le Licl. d*Ouâ.) 

Blouqiiier, subst. masc. Sorte de jeu. (Voyez 
des Lettres du mois de juillet 1381, dans le Trésor 
des Chartres, registre 119, pièce 'i04.) 

Blous, adj. Dénué, privé, vide. — Ebloui. 
Ph. Mouskes remploie dans le i^remier sens, en 

5 



BO 



— 84 — 



BO 



parlant de Charlemagne qui regrette la perte de ses 
guerriers tués à Roncevaux : 

Ha Diex pourquoy ne muir je pues ? 
Quand de tel mesnie 8ui hlous (1) ; 
Dieux u est mes bamages tous ? 

Pb. IlooskM, MS. p. 285. 

Ce mot semble signifler ébloui dans cet endroit, 
où il s*agit des présens offerts par Tempereur de 
Constantinople à Charlemagne qui avoit délivré la 
Terre-Sainte. Après avoir dit qu*on les avoit étalés 
devant le roi, le poète ajoute qu*il y en avoit une si 
grande quantité, Que : 

li Rois en fut lasés, 

Blous seulement de les voir ; 
Mais il les mist en non caloir. 

Ph. Iloniket, MS. p. 885. 

BlouSf adv. Seulement, simplement. Ph, Mouskes, 
parlant du pèlerinage de Charlemagne à S* Jacques, 
ajoute que, après avoir renvoyé la plus grande 
partie de sa cour : 

Si s'en ala Karles li fiers, 
Blous à .II. mile chevaliers. 

Pb. Ilottsk. HS. p. 166. 

Et ailleurs, au sujet de la sédition contre le car- 
dinal-légat apaisée par Louis VIII, il s'exprime 
ainsi : 

Ensi demora li estris, 

Et se ne fust hlous pour le roy, 

Ocis Téuisse^t à desroi. 

Ph. MoQikes, MS. p. 687. 

Bloutre. subst. fém. Motte de terre labourée. 

VARIANTES : 
BLOUTRE. Monet, Dict. 
Blotte. Oudin, Oict. 
Bloutte. Colgrave, Dict. 

Bloutroer, mbst, masc. Bouleau, cylindre. 
C'est un instrument avec lequel les laboureurs 
aplanissent les mottes de terre fraîchement labou= 
rees. (Voy. les Dict. de Nicot, de Monet et de Colgr.) 

VARIANTES I 
BLOUTROER, Dloutroir. 

Bluetter, verbe. Elinceler. (Voy. les Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

Je sen d*amour encor une estincelle 
Qui me hluelte à Tentour de mon cœur. 

Païquier, (Eov. Mesiées, p. 434. 

Dans le passage suivant, où Ton peint un cheval 
courant dans la campagne, bluetter peut signifler 
étinceler, à cause du feu que ses fers font sortir des 
pierres qu'ils y rencontrent: 

E£croule sous les pieds les hluettans seillons. 

Dus Aooordt, BigamirM» p. 141. 

Boachlersy subst. masc. plur. Espèce de 
machine de guerre. Ce mot est dans deux citations 
latines au Gloss. lat. de Du Cange, aux mots 



Boachiers elSbalarium (2). L'article le, qui le précède 
dans la première citation, détermine à regarder 
ce mot comme francois. 

Boage, subst. masc. Sorte de redevance. Celle 
qu'on payoit au seigneur par chaque bœuf servant 
au labourage, ce qui sappeloit aussi droit de 
cornage. (Voy. Laurière, Gloss. du Droit Fr. et Du 
Cange, Gloss. lat. au mot Bovagium.) On dit encore 
en Bresse boage pour le loyer des bœufs. 

VARIANTES '. 
BOàGE. Du Cange, Gloss. lat. au mot Bovagium. 
BoUAGE. Lauiière, Gloss. du Droit Fr. 

Boays, subst. masc. Bois. « Toutes les bestes 
« qui sont accoustumées de demeurer avecques les 
« gens s'enfuirent eulx abscondre es boays. > 
(Arbres des Batailles, ms. fol. 42.) 

Bobals, subst. masc. plur. Bombance. Ce mat 
exprime Tivresse de cette joie tumultueuse qni 
agite les gens grossiers que le vin échauffe. 

Et quant ce vint au vespres, si s*est à Tostel trais, 
Dedens une taverne,, ou grans fu li bobais 
De la gent du païSt que li vins ot atru^s. 

Fabl. MS. dtt H. n* 7218. fol. 344. R* col. S. 

Boban, subst. masc. Terme de marine. C*est e« 
qu'on appelle les haubans. 

Et le boban sont bien tendu. 

Rom. àà Rod. 

Bobance, subst. fém. Luxe, vanité, somptuo- 
sité, fierté. — Sorte de parure. 

C'est du mot bobance (3) que s'est formé le mot 
populaire bombance. 

On a dit du roy Philippe III : « Si estoit entre les 
« barons attrempé et sage sans nul boban, et sans 
« nul orçueil. » (Chron. de S» Denis, T. II, fol. 401.) 
Comme 1 opulence ne va guère sans la fierté, de là 
ce mot s'est employé en ce sens dans ces vers : 

Se vous estes vaiUans, et de haute poissance 
Onques por ce n*aiës les povres en viliance ; 
Ne ja, por ce, ne fêtes Tôle desmesurance, 
Ne por ce ne soies, de mauvese beubance. 

Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 334. R* col. i. 

Sa meson que je vous devise 
A U par son beuf>ant assise. 

Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 310, R* col. t. 

Mous trouvons ce défaut personnifié dans les 
vers suivans : 

Premiers commencerai au chief : 
Ele est trecié par beubance 
D*un treçoir de fausse atraiance 
S'a un chnpel de luschetô 
Et sa coiffe de fausseté 
Paillolée de tricherie. 

Fabl. MS. du R. n* 7218. fol. 224. V* col. i. 

Que vaut avoir ? que vaut richece ? 
Que vaut bobant, que vaut noblece ? 

Fabl. MS. du R. n* 7218. fol. 220 R* col. I. 



(i) Blous est une variante de blos. qu'on trouve dans Partonopex, v. 2456: « Se baceler sont de sens blos, » (Voir Diei, 
Altromanische Sprachdenkmale, p. M.) Ne faut-il pas rapprocher de cet adjectif, noire verbe blouserf (n. e.) - (2) Sanutus. 
lib. 3, part. 12, cap. 21 : « Et postea fecit approximare orificio foesarum boachiei*s multos, muUumque sibi vicinos, a turri 
S. Nicolai, usque ad sbalarium dom. Odoardi, et post le boauchiers, fecit erigi pUires carabagas projicienles magnos 
lapides. > Ce serait là des gabions. ^N. E.) — (3) Boban étant plus ancien que bombance^ on ne saurait admettre commeDÎM 
rétym'ûlogie bombus^ bruit, fracas, avec le sens détourné de hombicusy fastueux, ^n. k.) 



BO 



-36 - 



BO 



De l'acception générale du luxe, bobàri a paàsé à la 
signification particulière d'un ajustement : 

De 80Z le Ht muce sans plait, 
Ein»i com il le dit l'a fet» 
Et Trubert ne s*ataije mie : 
Une coiffe à famé a laciô, 
Moult en a fait riche boban ; 
Onques hom ne pensa tel sen. 
Moult para bien Tnibert pensé. 

Ettrul^ert, fU>l. MS. du R. n* 7906. p. 78. 

On disoit en proverbe: Boban hospitaliers. 
(Proverbes à la fin des poêles us. avant 1300, T. IV, 
p. 1651.) 

VARIANTES : 

BOBÂNCE. Dict. de Monet, de Gotgrave et d'Oudin. 

Baubancb. Dict. de Ck)tgrave. 

Rbubance. Poês. MSS. avant 1900, T. III, p. 1275. 

Bombance. Fabl. MS du R. n» 7218, fol. 248, V« col. 1. 

BouBANCE. Rom. de Rou, MS. p. 112. 

Bbuban, sub9t, masc. Fabl. MS. du R. n« 7218, fol. 202, R». 

Bkub VN8, subst. masc. Ghana. MSS. du G. Thibault. 

Bbubant, 8ubët. masc. Ane. Poês. MS. du Vat. 

Boban, subst. masc. Joinville, p. 5 et 48. 

BoBANÇOis, subst, masc. Fabl. MS. du R. n<> 7218, fol. 232. 

Bobant, subst. masc. Les Quinze Joyes dn Mariage, p. 173. 

BOBANZ, subxt. masc. Fabl. MS. du R. n» 7615, T. IL ^ 146. 

BOBENZ, subst. masc. Fabl. MS. du R n» 7015. T. Il, f> 189. 

BOEUBANS, s. m. Ane. Poës. MS. du Vat. n» 1522, fol. 157. 

Bombant, subst. masc. Gretin, p. 141. 

BouBANT, subst. masc. Ghron. de S» Denis, T. I, fol. 54, V«. 

Boubans, subst. masc. Gloss. de THlsL de Bret. 

Bobancer, verbe. Dépenser avec excès. 

VARIANTES : 
BOBANCER. Dict. d'Oudin. 
Bobancher. Gloss. de Martène. 
Bobancir. Dict. de Gotgrave. 
BOBANDER. Dict. de Borel. 

Bobancer (se), verbe. Se glorifier, se panader. 
Oq disoit bobancier, pour tirer vanité de quelque 
chose : 

Mais que sert, par mille dangers, 
Domteur des peuples estrangers. 
Se bobancer en leurs richesses, 
S'il faut aussi bien que tout nu, 
Comme tu es au jour venu , 
Au pauvre égal, tes biens tu laisses. 

Œov. de Buf, fol. 903, R*. 
VARIANTES * 

ItOBANGER (SE). Œuv. de Baïf, p. 203, R». 

BOBANCIER. Dict. de Borel. 

BoBANDER. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 237, V» col. 2. 

Bobancler, subst. Homme somptueux, vain, 
adonné au luxe. Bobaiicier et bobantiere sont mal 
expliqués par homme et femme de joie, dans le 
Glossaire du Roman de la Rose ; ils ont la significa- 
tion de fier, hautain (l),et fière, orgueilleuse, dans 
les vers auxquels il renvoie : 

En cnmpion qi apenséement. 
Combat, a on plus sure atendance, 
K*en beubancier de foie contenance. 

Pois. anc. MS. du Vatican, n* 1490, fol. 166, R*. 



Li quens Hterbiers ki fu gagnera, 
Et orgillous, et beubanciers. 

Phil. Ilouiket. MS. p. 357. 

Aine ne fui faus, ne ghillere 
Ne beubancierès. ne ventaus. 

Poéfl. MSS. T. n. p. 829. 

J. de Meung, après avoir parlé des sept péchés 
mortels, ajoute: 

De chascun do ces vices, qui très bien si advise 
Nous tempte lors le diable en maint subtil ^lise : 
Car il tempte d'orgueil celluy qui tant se prise 
Et qui est boubancier, ou qui autre desprise. 

J. d« Meung, Cod 1077-4980. 

VARIANTFS * 

BOBANGIER. Dict. de Monet, d'Oudin et de Borel. 
Beubancier. Poës. anc. MS. du Vat. n* 1490, fol. 166, R». 
Beubanoieres. Phil. Mouskes, MS. p. 357. 
Beubencier. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 250, R« col. % 
BoBAUCHiER. Martene, T. V, col. 707. 

bOBERS. 

BoBiERS. Phil. Mouskes, MS. p. 417. 

BOBIERT. 

Boubancier. Ghron. de S^ Denis, T. II, fol. 93. 
BouBENCiER. P Tceforest, Vol. III, fol. 141, V« coL 2. 
BuBANCiER. Phil. Mouskes, MS. p. 578. 

Bobée, subst. Maladie des yeux. Marbodus, 
parlant de la chélidoine, dit : 

L*eue u ceste niere est lavée 
Saine les oïlz de la bobée. 

Marbodus, col. 1654. 

Bobelin (2), subst. Savate ou semelle. (Voy. le 
Dict. de Gotgrave.) « Autres reconsoyent leurs 
« guestres, et filoyent cordes pour fa ire du bobelin. » 
(Berg. de Remy Belleau, fol. 29.) « A grands coups 
« de bobelins. • (Rabelais, T. IV, p. 68.) 

Bobelinage, subst. Raccommodage de souliers. 

Bobeliner, verbe. Ravauder, rapiécer des 
souliers ou autre chose. (Voyez les Dict. de Nicot, 
de Monet, d'Oudin, deR. Estienne, au moi Car j*eler, 
et de Gotgrave.) « Des souliers bien bobeline%. » 
(Contes de Des Perriers, p. 74.) 

Bobelineur, subst. Brouilleur. (Voyez le Dict. 
d'Oudin.) 

Bobençant, adj. Magnifique, somptueux, vain. 
On a dit des femmes : « Je ne conseille aux maris 
» de les tenir trop somptueuses et bombantes. » 
(Contes de Cholières, fol. 186.) 

VARIANTES .* 
BOBENÇ.VNT. Parton. de Dlois, MS. de S» Germ. fol. 171. 
Bombant. Gonles de Cholières, fol. 186, V«. 
BuEBANT. Poës. anc. MS. du Vatican, n« 1522, fol. 164. 

Bobenceuse, adj. au fém. Vaine, orgueilleuse. 

Jamais aurez en feme fiance^ et atente, 

Qui tant soit bobenceuse, ne mignote, ne gente 

Por qu*el puist gaaigner qui jamais se repente. 

Châslie-Musait. MS. de S. Gorm. fol. 106, col. t. 

Bobes (3), subst. plur. Tromperies, mensonges. 



(1) Le mot est plutôt pris au sens de fanfaron, (n. e.) — (2) Sous bobuîais, Du Gange indique bobelin comme signifiant 
bouvier ; sous bobatterius, bobaiche signifie guêtre qui recouvre le soulier. (N. e.) — (3) On lit dans E. Desch.imps (ballade 
sur son éducation) : < L'en m'asseoit le premier sur les rans ; Mais Ten me fait par derrière les bobes. » Le peuple dit encore 
faire fa bobe, pour faire la moue. L'ancien mot bobu, oue n'étudie pas Sainte-Palaye, pourrait être rapproché de bobe. Il 
signifie niais, et se trouve dans Bauduin de Sebourc (Valenciennes, 1842. 2 vol. in-»*) : « Mais tels i a ten.lu. Qui bien a 
esté pris et tenus à bobu. » (II, 514.) Dans Guvelier, v. â96, on lit aussi : c Et si dist à chascun que je suis un bobus » Galvin 
ose cPune autre forme dans le môme sens : c Leurs gros bobulaires de livres. » (Hist., 584.) Ou peut rapprocher ces formes 
de l'espagnol bobo, et remonter avec Diez jusqu'au latin balbiis, bègue, (n. s.) 



BO -3 

C'est dans ce sens que ce mot est pris au passage 
suivant : 

Que M Diex me donooit santé, 
Contre celui un eu Eeroie, 
Ou leur bobea adreceroie. 
Et teroîB corne liodioM (1), 
De la raiz juaques en In cime. 

G. GuivI,irS.(i>l.4, V*. 

Bobez, subsi.masc.plur. Espèce de chiens de 
(diasse. Les Anglois appellent chiens bobez, ceux 

■ qui sont plus propres dans les païs Tourrcz, à 

■ cause qu'ils sont plus épais, et ramassez c|ue 
« ceux qu'ils appellent chiens du Nort. Ils crient 

■ aussi plus volontiers ; mais dans les pais clairs 
« ils ne sont pas si viates. » (Salnove, Ven. p. 30.) 

Boblineur, subst. Ouvrier en vieux cuir, 
savetier. (Voy. Le Duchal, sur Rabelais, T. II, p. 62, 
etleDict. de Cotgrave.) 

Bobo, exclamation. Ho ! ho ! (Voy. les Contes de 

DesPerriers, p. 10.) Dans les piemières ëdilions, 

onlisoilfio^o; on a subslituéftofio dans les dernières. 

Boboye (resclains de]. Peut-être relâché du 

ventre, des boyaux. 

Prince Euatace est si rtsciaiti» de boboye, 
Que meslier n'a d'avoir laxatif d'ambre. 

PiKt. HâS. d'EvU. Dudi. loi. ÏIO ,al. 1. 

Bocade, iubst. fém. L'aclion d'un cheval qui 
lire sur sou mors. Ce mot est pris au figuré dans le 
passage suivant: ■ Il ne fait pas bon quelques fois 

■ de dire un bon mot comme cestuy-cy, quand il 

• vient à la bouche ; ainsy que j'ay veu plusieurs 
« personnes qui ne s'y scauroienl commander ; car 
> elles font plus de oocades qu'un cheval de Bar- 

• barie, et trouvant un bon brocard dans leur 
- bouche, ilfautqu'etlesleerachentsansespargner 
. ny parens, ny amis, ny grands. - (Braut. Dames 
gallantes, T. Il, p. 4l'2.) 

Bocage, subst. ina&c. Bois. On a dit pats de 
bocage, vour pays de bois opposé à pays de plaine, 
dans le Coutumier général, T. II, p. 585. 

Bocage, SHbs^ masc. Qui appartient aux bois, 
sauvage : 

Ce soust mon cueur abbat 

Plus que raigreur d'herbes, et fruicte bocages. 

CraUn. page 186- 
VARIANTES : 
BOCAGE. Grelin, p. 166. 
BocAOGR. Uict. d'Oudin. 
BocAGEUx. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 
BoCAOïKn. Epi i hèles de la Porte. 
Bocal, subst. masc. Vase de verre. [\'oyez les 
Dict. de Nicol, de Monct, d'Oudin, de Rob. Esttennc 
etde Ménage, aux mois Coca/ et flocar/; le Gloss. 
latin de Du Gange, aux mots Bocalus, Buccalis et 
Pocaiis, et le Dict. de Borel, au mot Baucale.) 



BO 



O bien beoceuBe Urre, 
Nourrisse de Bscctaus, 
Où l'on met ca doux jua 
Dans un boccal de verre. 



Ne» 

VARIANTES : 

BOCAL. Dict. de Nicot, d'Oudin, etc. 
Baucalb. Dict. de BoreL 

BOCAIL. 

BoccAL. Poës. de Perrtn, p. 260. 

BOUCAL. Rabelais, T. II u. 337. 

BoucAU, BOUCAULT. Cetthetl. de Léon Trippault. 

BOUCGAL. Bourg, de Orip. voc. vulg fol. 55, V". 

BoucGL. Fahl. HS. de S> Germ. fol. 30, V col. 3. 

BouciAUS. FahL US. du H. n* 7218, fol. 278, V col. 1. 

Bocan, subst. masc. L&che, coquin. (Voyez le 
Dict. d'Oudin.) 
Bocassls (2), subst. masc. Sorle de toile. • Son 

■ estendarl estolt de Loille, ou boucassin bordé de 

• vcloux. • (Pasq, Rech. p 474, — Voy. Bosibasib.) 

VARiASTEs ; 

BOCA.RSIS. Dict. de Monel. 
BoCASsiN. Dict. d'Oudin. 
Boucassin. Dict. ëtym. de Ménage. 
Boce,subs^ /'em. Tumeur, enflure. — Emineace. 
— Partie d'une flèche. — Maladie particulière. — 
Diffloullé, empêchement. — Vaisseau ou tonneau à 
mettre le vin. 

Ce mot subsiste sous la quatrième ortliograpbe, 
et conserve encore plusieurs de ses anciennes 
acceptions. 

Au premier sens, doce signifie une tumeur, une 
enflure causée par quelque contusion : 

Apostumo, boce, ou clou. 

Pori. US3. d'Butt. D«Kb. M. 390. <ol. 1. 

* On dit que le destre pié du loup de devant, 

• porte médecine au mal des mammelles, et aux 

■ boces qui viennent aux pourciaux privez dessoubz 
« les mauselles. • [Chasse de Gaston Phébus, «s. 
p. 75.) Toutes les autres orthographes ci-dessous 
citées ont été employées en ce sens. 

De cette acception, naissoit naturellement ceUe 

d'éminence, élévation: ■ Riens ne savoit 

. messire Thomas de Persy, ne les Anglois qui de- 
> la le pont estoyent; car le pont de Leusac est 

■ haut, à bosse{S] an milieu, et cela leur en tolloit la 
« veue. » (Froissart, Vol. I. p. 381.) Bosse , en ce 
sens, signifioit aussi la petite élévation qui est sur 
la tête du cerf, d'où sort le merrein, autrement la 
ramure: « Au premier an qu'ils naissent, portent 
« les boces, et au seconl an. gellftnt leurs lestes, el 
« froyent, et dès lors peuvent engendrer. • JCIiasse 
de Gaston Phébus, hs. p. 17.) Le même auteur, 
p. 40, parlant des chevreuils, dit: • Ainsi que les 

■ cerfs mettent leurs boces au premier an, ils 



(1^ tl s'agit l& de vers qui, comme écrit ailleurs Guiart, sont i consonnant 
riméo en !*« et ciléo ^lu t. XVII, p. 7«, des Mém. de l'Ac. des Inscr. — ■ ■ 



X vaiilt rudi>ment 

de la mer Haitfi, ). Vi) : > 
(fAmasin 



le. > Dans la régla de S' Augustin, 

_.., . me en maint lipu n'est pas gente; 

ieonimer. > (N. £.) — (3) On lit dans de l'fyssonnel (Traité sur le commeroa 
des bocatfim en toiles da coton teintes et gommées de Tokat , de Kastambol et 
(N. B.> - (3) Compares l'édition Kerv^n, Vil, 455. (n. k.) 



BQ 



- »— 



BO 



<r lyortent js les fuisiaux, et broches aiûçoys qu'ils 
« ayentleor an. » 

On s'est aussi servi du mot boces^ pour exprimer 
les inéfalilés d'une pierre mal taillée : 

Maçons pierres areondîMent, 
Poi i lessent boce (IK ne creste. 

G.Gaiart,IIS.fol.33,R*. 

Sous Tacception générale d'élévation, ce mot 
d^gnoit encore la bosae (2) ou le bouton, en latin 
umbo^ qui est au milieu d*un bouclier. (Voyez 
G. Guiart, Ms. fol. 231.) 

On açpeloit aussi bosce, la partie d*une flèche, 
celle qui est immédiatement au-dessus de la coche, 
comme il parolt par le passage suivant: « La fleiche 
« doit estre de vm poignées de long dès la bosce de 
« la coche derrière, jusques au barbel de la 
« flèche, etc. » (Chasse de G. Phébus, iffs. p. 325.) 

Unemaladieparticulière,quiconsistoiten tumeurs, 
tira de là le nom de boce ou bosse. C*ctoit une 
espèce de peste qui attaquoil particulièrement les 
enfans en 14t8 (3). Elle avoit commencé en 1387, et 
se renouvela en 1433. Le passage qui suit fait 
juger qu*on Tappeloit aussi Vorgueilleux. « Sœur 
Sare de Houpelines eut une maladie moult péril- 
leuse que Ton appelle t orgueilleux : son corps 
estoit tout entrepris de boces^ et de taches, et 
cuidoit Ton que elle en deust mourir. » (Vie 
dlsabelle, à la suite de Joinville, p. 175.) « Estoit 
très grant mortalité de boce^ et d*épidymie, et 
tout sur les jeunes gens et enfans. » [Journal 
de Paris, sous Charles VII et VIII, p. 47, an 1418.) 
Estoit par avant le jeune seneschal de Haynaut, 
mort sur son lict de la bosse. » (Froissart, Vol. II, 
, 122.) On dit encore en breton an bossen(Â\ pour 
a peste. (Voy. le Gloss. de THistoire de Bretagne.) 
Boce et arestes ont aussi signifié difflculté, empê- 
chement ou doute. 

Il n'y a cy arestes, ne hoces. 

Poés. MSS d'Eusi. Deschamps, fol. 483, eol. 4. 

Bosse a enfin été pris pour vaisseau ou tonneau 
à mettre le vin, suivant M. Tabbé Lebœuf. (Rec. de 
ricad. des Belles Lettres, T. XX, p. 243.) 

VARIANTES I 

BOCE. Froissart, Liv. III, p. 2oi). 

Boche. Dict. de Borel, i»« additions. 

BoscB. Modus et Rocio, MS. fol. 72, V«. 

BossB. Froissart, Liv. I, p. 3^4. 

BossELEURB. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 

.Botte. L'Amant rendu Cordelier, p. 540. 

BousuRB. Brittoo, des Loix d'Angleterre, fol. 48, V». 

Bocerez, adj. Bossu. — Qui est de travers. 

Bossu est le sens propre; il se disoit non seule- 
ment dans le sens subsistant, mais aussi pour dési- 
gner toute tumeur ou élévation. Il est pris pour 
ce que nous nommons un bossu, dans ce passage: 



i 



Tex est qui son oors het ; 
ConseiU^r ne se set, 
Ne couvrir son ennui ; 
Un bocerezy un laiz. 

Prov. dn vm. MB. de S. Oena. M. 19, ff. 

Dans cet autre passage, il désigne les tumeurs 
occasionnées par la piqûre des mouches : « Geuîx 
« qui là dormoient nuds et découverts, en estoient 
« attaincts et picquez, en manière que plusieurs 
« en avoient corps et visaige tous bossetez et rott- 
« geollez. » (J. d Auton, Ann. de Louis Xll, p. 2W.) 

Ce mot est mis pour raboteux ^2ins cet autre 
endroit : 

Mes n'estoit pas la terre plaine, 
Aincois estoit toute boçue. 

Fabl. MS. do R. n* 7218, fol. 358, V eoL I. 

Nous trouvons aussi bocheté pour relevé en 
bosse. « Ses armes estoient de velveau vermeil à 
« un serpent d*or, enlevé de broudeure ; quigettoit 
« feu par la gueule, à une oulle de crapous noirs 
« bochetés de grosses perles. » (Modus et Racio, m. 
fol. 285.) « La sont peint et bosses nos escus, et 
blason. » (Goujet, Bibliolh. Franc. T. XIV, p. 80.) 

Au flguré et par allusion à la taille des bossus» le 
mot bossu s*est employé, dans un sens générique, 
pour ce qui est de travers. « Le bonhomme trouve 
« à l'hôtel le ménage bossu et met grand peine de 
« mettre à point ce qui n'est pas bien. » (Les 
Quinze Joyes du Mariage, p. 126.) On disoit aussi 
des comptes boçus, pour des comptes défectueux. 
(Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1300.) 

Tu paroles moult folement, 
Si me fes ci un arguiHent, 
Et un soflsme tout bnçu ; 
Mes chetir bouliers (5) qui es tu ? 
Nul bien el siècle tu nVntens. 

Fabl. MS. du R. n* 7218. fol. 214. V* ool. I. 

Bossu aulican ou bossu (Talican^ étoit une espèce 
de jeu consistant à contrefaire le bossu et le boiteux, 
suivant Le Duchat, surRab. T. I, p. 145, note 48. 

VARIANTES ! 
BOCEREZ. Prov. du ViU. MS. S» Germ. fol. 76, R« col. a. 
BocHETÊ. Modus et Racio, MS. Toi. 56, R<>. 
BocHU. Dict. de Borel. — Modus et Racio, fol. 135. 
Boçu. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 141, R« col. 1. 
BoGUS. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1300. 
BoscHU. Dict. de Borel. 
BossÊ. Boucbet, Serées, Liv. II, p. 152. 
BossETÉ. Jean d'Auton, Ann. de Louis XII, p. 289. 
Bossu. Les Quinze Joyes du Mnriage, p. 726. 
Boussu. Dict. de Cotgrave. — Coquillart, p. 140. 

Bocetes, subst. fém. plur. Ornement d'un cal- 
que. On lit: « Douze bocetes pour le fronteau,tout 
« d*or de touche » dans un compte rapporté par Du 
Gange, Gloss. lat. au mol Bacinetum (6). 

Bochasse, suhst. fém. Ghâtaigne sauvage. (Voy. 
les Dict. d'Oudin et de Gotgrave.) 



(1) C'est la taiUe en bossage, (n. e.) — (2) La bosse se nommait plutôt boucle, du mot tudesque buckel. (n. e.) — (3) Froissart 
donne aussi ce nom à la peste noire de 1319 : « En ce temps de la mort et boce et épidimie. » (V^ 276, éd. Kervyn.) Jean Le 
Bel, la source de Froissart, écrit (t. II de Téd. Polain, p. 154) : « L'an de grâce mil cccxlix commença la maladie de la 
boche^ que les physiciens apppilent epydimie, de quoy grande mortaUté s'ensuit par Tuniversel monde. » Cette maladie est 
décrite dans un mémoire publié Tannée mêmp par la Faculté de Médecine de Paris (B. N. mss. f. 1. 11227). Le mot désigne 
aujourd'hui la maladie du porc décrite dans i'arlicle par G. Phœbus, et le chardon du froment, (n. e.) — (4) Dans le dialecte 
df^ Léon, c'est ar vossem. (s b.) — (5) Débauché, bbertin; voir Du Cange sous hullœ, (n. e.) — (6) Il s*agit de la garnitur* 
d'un biicinet, au compte d'Etienne de La Fontaine, argentier du roi, commençant au 1*>^ juiUet 1352. (n. e.) 



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Boche, subst. fém. Bouche. — Embouchure. 
Ce mot est employé au premier sens dans le pas- 
sage suivant: 

Assez parlèrent maintes boches, 
Et distrent moult de tels reproches 
Qui ne furent, ne bel, ne gent. 

Fabl. MS. du R. n* 7348. fol. 387, R* ool. i. 

Voy. le Dict. de Borel, où ce mol a cette même 
signification. 

Dans un sens figuré, ce mot a signifié l'embou- 
chure d'une rivière. « Les autres nés qui n'erent 
« mie celé part guenchies, furent entrées en boche 
« d'Avie ; et ce est là ou 11 Braz-saint-Jorge chiet en 
« là grant mer. » (Villehardouin, p. 47.) Doche 
(VAvie est traduit par détroit de rflellesponl, par 
le commentaleur (voy. Ibid), et rendu par fretum 
Abydemim, dans Du Gange, Gloss. lat. au mol 
Biicce Avia (1). 

VARIANTES I 
BOCHE... 
BoiCHE at Bouche. Ger. de RoussiUon, MS. p. 32. 

Bocherie (marchand de). C'est peut-être 
marchand de bûches ou de bois, ou peut-être 
boucher. Dans l'ordonnance des sommeliers, on 
voit qu'ils dévoient fournir des fromages qui dé- 
voient être pris chez le înarcMnd de bocherie. 
(Ordon. des R. de Fr. T. III, p. 33.) 

Bochety subst. masc. Espèce de boisson. « En 
• celluy temps 1447, estoil le vin à Paris si cher, et 
« ne bu voit le pouvre peuple que sarvoise, ou 
« bochet(2), ou bière, ou cidre, ou peré. » (Journ. de 
Paris, sous Charles VI et VII, p. 203.) 

Bochette, subst. fém. Sorte de jeu. Le mot 
bûchette fut apporté en France par le cardinal- 
Mazarin ; il signifie ce jeu de boule qu'on appelle 
le maître. (Voy. le Dict. Elym. de Ménage.) 

Bochez, subst. masc. Bosquet. —Petit bois, bois 
taillis : 

Mes li hochez c[ue je vos nome, 
Estoit à ce vaillant prudome 
Qui S^ Hernoul doit la chandoille. 

Fabl. MS. du R. n* 7615, T. I. fol. 6t. R* ool. 1. 

Esmet la dame proier 

Que le soir en un 6oc/tetveigne; 

Parler li viaut d*une besoigne. 

Fabl. MS. du R. n* 7615. T. I, fol. 61, V* col. 9. 

VARIANTES : 
BOCHEZ. Fabl. MS. du R. n* 7615, T. I, fol. 62, Ro col. 1. 
BocHET. Fabl. MS. du R. n»76l5, T. I, fol. 61, V*» col. 2. 
BoiCHEZ, au plur. Fabl. MS. du R. n* 7615, T. I, fol. 65, R«. 

Boçoler, verbe. Faire bosse, s'élever. 

Desoz la coûte, en cel endroit, 
Sentit le surcot hoçoier. 

Fabl. IfSS. p. 308. 

Bocque, subst. fém. Espèce de gros poisson.— 
Bonde d^élang. 
Sur le premier sens, voy. le Dict. d'Oudin. 



Pour bonde ou écluse d'étang, voy. les Dict. de 
Nicol et de Monet. 

VARIANTES : 

BOCQUE, BOQUE. Nicot, Monet et Gloss. de ViUehard. 

Bocquet, subst. masc. Espèce de barque. C'est 
peut-être une chaloupe ou un canot. On a dit, en 
parlant delà descente de S* Louis en Egypte : « Soub- 
« dainement se leva tempeste telle qu^l ne fut pos- 

< sible arriver à terre ; chascun descendit des 
« naves, et galées et en bocquetins et barquetes. • 
(Hist. de la Toison d'Or, Vol. I, fol. 85.) En parlant 
d'un festin donné à la cour de Bourgogne, en 1458, 
où les viandes furent servies dans des nefs ou 
naves, navires, au lieu de plats, il est dit : « Pour 
a la pareure dicelles tables, avoit à l'entour de 
« chacune nef quatre botequins^ gorgez de fruc- 
« taille et espiceries moult richement étofez. • 
(Mém. d'Oliv. de la Marche, Liv. II, p. 538.) On lit, 
Ibid. Liv. I, p. 274: « Vint en un petit bot aborder 
« au navire. » 

VARIANTES : 

BOCQUET. Monstrelet, Vol. III, fol. 7i, Ro. 
Bot. Mém. d*OL de la Marche, Liv. I, p. 274. 
BoTTALRiN. J. le Fèvre de S» Remy, Hist. de Ch. VI, p. 30. 

Bocquetin, subst. masc. Bâtiment de mer. 
« Paris envoya promptement à Lacedemone, qui 
« n'estoitque à cinq ou à six miliaires de là, ud 
« sien héraut en un botequin: et ceux de Cytberee 
« et de Cranaé, aussi chacun un de leurs gens. • (J. Le 
Maire, lUustr. des Gaules, Liv. II, p. 179.) 

VARIANTES : 
BOCOUETIN- Hist. de la Toison d'Or, Vol. I, fol. R5. V*. 
Botequin. Mém. d*Oliv. de la Marche, Liv. II, p. 538. 

Boçuement, adv. De travers. Un ancien poêle 
a dit eu ce sens : 

Et trop m*en respondez boçuement. 

Poës. Ane. MS. du Vat. n* 1490, fol. ITS. 

Bod, subst. Profondeur. Ce mot est encore en 
usaç:e dans le Languedoc, pour trou en terre. (Voy. 
le Dict. de Borel, ir add. ; Voy. aussi Valois, 
Notice des Gaules.) Il dit à Tarlicle £/{^o^um, p. 185, 
que bod est un ancien mot gaulois. 

Bode, subst. fém. Petite taure, génisse. (Voy. 
Celthell. de Léon Trippault, au mot Choérin.) 

BodcIcurs, subst. masc. plur. Synonyme de 
brigands. ^ Ce'ix qui sont couslumiers de mal faire, 
« battre, piller et desrober, qui dicuntur grassato- 

< res, et par les anciens François bodeleurSy ou 
« brigands, doivent estre plus griefvemement 
« punis que ceux auxquels advient par quelque 
« colère de mal faire. » (Bouteiller, Somme Rurale, 
page 185.) 

Boden, subst. Table ronde. C'est un mot 
flamand. (Voyez Du Cange, Gloss. lat. au mot 
Beudum.) 



(I) Les croisés viennent de prendre Andros ; nous sommes à Ventrée du détroit des Dardanelles, alors nommé 
htas-Saint'Jorge. (N. E.) - (2) Le mot se trouve dès i348 au rcg. JJ. 79, p. 25 : « L^dit Alian comme tout esbahi, bouu 
arrière de U ledit GielTroy, et en cest boutement acopa le dit Gieffroy, s'il qu'il chai en un cuvée de bochel, qui mise y 
•stoit pour refroidir. » Ailleurs, on voit toujours le marchand de cervoise vendre du bocheL (N. s.) 



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. Bodet, subst. masc. Baudet. 

Jamais ce folastre hodet, 
Ne fut si brave que je suis. 

Œuv. de R. de Collerye, p. 7. 

Boë, subst. fém. Boue. — Limon. Ce mot sub- 
siste sous la secondé orthographe. On dit encore 
boë en Normandie. « Les sangliers quant on les 
« ehasse, se soillent voulentiers es boës^ et se ilz 
« soulbleciez,c*est1eur médecine que de se soiller. » 
(Chasse de Gast. Phébus, us. p. 62.) 

Comment cuide tu donc f qui es homs fait de boe, 
Puissies, par ton orgueil, a Dieu faire la moe. 

Ger. de Roiutillon. MS. p. 70. 

Expressions remarquables : 

!• Demeurer en boues; c'est-à-dire habiter dans 
de petites loges construites de terre détrempée 
avec de l'eau ; avec de la boue. < Escureux ont cer- 
« tain pays ou ils demeurent en creux et en boues^ 
« que ilz font es arbres et de mouse comme nys. » 
(Modus et Racio, us. foL iOa.) 

2* Boue de fer. C'est le mâchefer, Técume du £er, 
06 qui sort des fourneaux des forges. Le passage 
suivant nous en découvre une propriété. « Quand 
« les ongles se décharnent, et sont en péril de 
• cheoir, remets les doucement en leur lieu, après 

Sulvérise les de boue de fer y qui sont les esclals 
u fer quand on le forge, et lie Toiseau sept ou 
« hait jours jusques à ce que autres ongles sail- 
« lent. » (Fouilloux, Fauconnerie, fol. 85.) Le 
Gloss. de la Rose Texplique par boue, qu'on dit 
encore baue en Picardie^ dans les vers suivaus : 

Tu «8 le fils Dieu baptoyé 
Par qui nous sommes nectoyé 
D'ordure, d'escume et de beue. 

J. do Meuay , Test. 240. 

Le mot beue pourroit dans ces vers signifier bave. 

VARIANTES I 

BOE. Chasse de Gast. Phébus, MS. p. 62. 

Boue. Orthog. subsistante. 

Beujb. Glossaire du Rom. de la Rose. 

Boées, subst. fém. plur. Pièces d'un pressoir. 
Dans rénumération des pièces d'un pressoir, on 
lit : • Les jumelles, arbres, boées, meiz, vis et 
« escrouesdunpressouer. »(CouLGén.T.I,p.969.) 

Boely subst. masc. sing. Boyaux, intestins. — 
Chemin étroit, dénié. 

Au premier sens, qui est le sens propre, ce mot 
signifie boyaux, intestins. Phil. Mouskes, parlant de 
la punition miraculeuse des Sarrasins, dit : 

Msis il en orrent painnes dures» 
Quar, par le fondement des cors, 
Lor iBSoit la boielle furs. 

Ph. MoufkM, MS.p. 315. 

Le peuple, en Normandie, dit encore breuilles 
pour intestins, Iripuilles (1). 

Au figuré, nous disons boyau pour défilé, chemin 
étroit. On disoil aussi en ce sens : « Tant qu'ils 
« vindrent à l'entrée d'un bouel. » (Percef. Vol. V.) 



On disoit : 

1" Noer son cœur à autres boyaux, pour s'attacher 
à un autre parti. (Eust. Desch. Poës. mss. fol. 573.] 

2» Par les boiaux S" Martin, étoit une espèce [ae 
jurement. (Fabl. ms. du R. n« 7989, fol. 213.) 

3* Franc bouet ou buyau-culiery le rectum. (Chasse 
de Gaston Phébus, ms. p. 193.) 

Affaire boyau. Expression de fauconnerie. « Les 
« oiseaux aucunes fois prennent appétit de boire 
« et faire boyau. » (Fouilloux, Fauconnerie, fol. 12,) 

VARIANTES : 
BOEL. Dict. de Borel. - Du Gange, Gloss. lat. 
Bouel. Dict. de Bord. - Ghasse de Gast. Phéb. MS. p. 193. 
BoiBL. Modus et Racio, MS. fol. 30, Ro. 
BozEL. Dict. de Cotgrave. 

BouzELL, mot breton. Du Gange, Gloss. lat. à Botellus. 
BuDEL, mot toulousain. Du G., à Budetlus sous Botellus. 
BouYAU. Dict. de Gotgrave. 

Boiaux, ». m. p. Fabl. MS. du R. no 7989, fol. 213, R^col. 1. 
BouiAULX,«. m. p. Eust. Desch. poës. MSS. fol. &i2, col. 3. 
BouiAUX, 8. m. p. Modus et Racio, MS. fol. 30, V». 
Boyaux, s. m. p. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 33, col. i. 
BoELE, 8. f. 8. Rom. de Brut. 

Rouble, ». f. ». Fabl. MS. du R. n*» 7615, T. II, fol. 167. 
Rouelle, ». f. ». Rom. de Rou, MS. p. 369. 
BouEiLLE, s. f. ». Modus et Racio, MS. fol. 50, V«. 
BoiELE, ». f. ». Fabl. MS. du R. ii" 7218, fol. 269, R* col. 1. 
Boielle, ». f. ». Ph. Mouskes, MS. p. 315. 
BuYELE, ». /. ». Dict. de Golgrave. 
Breuille, ». f. ». Du Gange, Gloss. lat. au mot Burbalia. 
BoELLE at Bouelle, ». f. p. Alhis, MS. fol. 75, V« col. 2. 
Breuilles, ». f.p. Langlet. Hist. de la Pucelle, T. II, p. 76. 
Brouailles, 8.f. p. Du Gange, Gloss. 1. au mot Buroalia. 
Bruailles, ». f. p. Gloss. do THist. de Paris. 
Brueilles, ». f. p. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 641 . 

Boem, adj. Ensorcelé. (Voy. le Dict. de Borel.) 

Boere, subst fém. Mare, fosse pleine d'eau. Ce 
mot subsiste en Touraine et désigne en général un 
amas d*eau dans des trous ou fossés deslinés à 
sécher les terres ou les prés. « N'est luy, ne ses 
u fermiers, tenu loucher ou faire loucher les dits 
« jumens, mais seulement est tenu son sergent 
« prairier, les remuerdepuis qu'elles ont été quinze 
« jours devers la ftoer^appellée la boire des hayes. » 
(Coût. Gén. T. II, p. 59.) C'est le sens qu'il faut don- 
ner au mot boyre qui se trouve dans Rabelais, T. I, 
p. 244, et que Le Duchat n'a pas entendu. 

VARIANTES : 
BOERE. Goût. Gén. T. II, p. 59. 
Boire. Du Gange, Gloss. lat. au mot Boaria. 
Boyre. Rabelais, T. I, p. 144. 

Boel, subst. masc. Bouelle, dans le Glossaire du 
Roman de la Rose, se trouve sans explication. 
L'auteur de ce Glossaire renvoie au vers lti26 du 
TeslamentdeJ. de Meung, dans lequelon voit ^0M77ie- 
bouelle. Ces mots peuvent répondre au mot popu- 
laire tournebouler; sinon c'est un composé de 
tourner pour entourer et de bouelle pour boyau. 

Boesselet, subst. masc. Diminutif de boisseau. 

Et vielt avoir de fèves un boisseillon. 

Roman d'Audigier. MS. de S' Genu. fol. 68, V col. 9. 



(1) Déjà dans Roland (St. CLXIV) : « Defors son corps veit gésir la bucle. j» L'étymologie est le diminutif de botulus, 
botelluSj boudin. L^ancien français avait la forme masculine boel y et la forme féminine boclle; quant à breuillat^ que les 
pécheurs emploieot pour les entraiUes de hareng, de morue, il vient de burbalia, dans les gloses d'Isidore de Sévilio. (n. b.) 



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VARIANTES : 

UOESSELET. Dict. de Monot. 

BoissELET. Oict. de Rob. Est. d'ûudin et de CctgniTe. 

BoissEiLLON. Rom. d*Audigier, MS. de S. G. f* 68, V* coL 2. 

Boessiere, subst. fém. Lieu planté de buis. — 
Forêt de buis. Yoy. Du Gange, Gloas. latin, au mot 
Buxeria ; on y trouve les trois premières orthogra- 
phes : « Vont faire leur viandis aux bomsieres^ aux 

« feuilles de la ronce, et autres choses qu'ils 

« se peuvent trouver. » (Pouilleux, Vénerie, f* 27.) 

VARIANTES : 
BOESSIERE, BoissiRRE, Buissiere. Du Gange, à Buxeria. 
BouissiÈRE. Dict. d'Oudin et de Gotgrave. 
BoucHiERE. Du Gange, Gloss. lat. au mot Buxeria, 
BoussiERS. FouiUoux, Vénerie, fol. 27, V«. 

Boete (l)y subst. fém. Caisse, cassette, boite. — 
Terme d'artillerie. 

Ce mot s'employoit pour la boëte d'un messager 
servant à mettre des lettres. (Voy. Du Gange, Gloss. 
lat. aux mots boita et Bustca.) Il s'employoit aussi 
pour cassette à mettre de l'argent. « L'empereur 
« Galba ayant pris plaisir à un musicien pendant 
« son souper, se fit aporler la boete^ et luy donna 
« en sa main, une poignée d'écus qu'il y pescha, 
« avec ces paroles : ce n'est pas du public, c*est du 
« mien. » (Ess. de Montaigne , T. III , p. 208.) 
« Firent des boëtes et espargne mailles ou ils cop- 
« traignoient les passants de mettre argent pour 
« les cierges et luminaires. » (Etat de la Fr. sous 

Franc. Il, par De la Planche, p. 124.) 

■« 

Près a d*un an que je suis messagter, 
Et que toudis ay la boisie (2) porté. 
Lettres aussi, et soufTert main dangier. 

Poct. MSS. d'Eusl. Desdi. fol. 21, col. 1. 

Boitte s'est dit pour boite, écrin. « La tiare dont 
« usoient iadis les roys de Perse, laquelle est haute, 
« et pointue comme une coqueluche , et riche 
« comme la boitte d'un grand lapidaire oriental. » 
(J. Le Maire, Schismes et Conciles, p. i4.) 

En terme d'artillerie, l'on a dit : « On tirera un 
« coup de boitte^ d'artillerie, ou bien dune gi^osse 
« harquebuse qui sera pour signal d'entrer avec 
« grand bruit dans le bois. » (Fouilloux, Vénerie, 
fol. 120.) Nous appelons encore aujourd'hui boite 
un petit mortier de fer haut de 7 ou 8 pouces, 
chargé de poudre jusqu'au haut qu'on bouche avec 
un tampon de bois. 

!• On disoit boiste du chargeoir et boiste à char- 
ger le canon, c'est-à-dire cartouche. (Dict. d'Oudin.) 

2"" Boistes des écus « Aussi avoient les boistes 

« de leurs escus dont les coups destournoient. » 
(Perceforest, Vol. IV, fol. 84.) 

3* Boistes vuides. Dans le détail des épiceries et 
des fruits qui dévoient des droits, on lit : « Figues 



« de Melite, dates, festus, pignons, boistn inities, 
« recolisse, fustée, etc. » (Ord. des Roysda Fr. T. IL 
page 320.) (3) 

VARIANTES : 
BOETE. EsUt de la Fr. sous Franc. II, p. fU. 

BOBTTB. 

BoiSTE. Poës. MSS. d'Eust. Desch. fol. 310^ coL 8. 

Boite. 

Boitte. Fouilloux, Vénerie, fol. 120, R«. 

BouKTE. Les Touches de Des Âcc. foL S3, V: 

BOUETTE. 

Boetellette, subst. fém. Diminutif de botte. 

VARIANTES : 

BOETELLETTE , Bobttellette , Boistelbttb. Dict. 
d*Oudin et de Cotgravc. 
Boitelettb. Œiiv. de R. BeUeau, T. II, p. 41. 
BoYTELETTE. Pcrceforcst, Vol. V. 

Boeteux, adj. Terme de Vénerie. On a dit en 
parlant de la tête du cerf : « Celle qui est appellée 
« leste rengée, c'est une teste qui n'est mie crochée 
« si est une teste haulte et large en archet, et n'y 
ft sont nulles perches boeteuses. > (Moduset Racio.) 

VARIANTES : 

BOETEUX. Modus et Racio, MS. fol. 8. 
Boiteux. G. Guiart, MS. fui. 72, V«. 
BoYTEUX. Modus et Racio, MS. fol. 8, V». 

Boetier, subst. masc. Faiseur de boites. (Voyez 
le Dict. de Monet.) 

Bœuf violé ou vielle, locution. Jeu d'enfans 
qui fonl promener un de leurs camarades orné de 
rubans, à Timitalion des bouchers d*Angers, qui 
mènent par la ville un bœuf (A) ainsi paré, pendant 
les jours gras. (Le Duchat, sur Rabelais, T. 1, p. 142.) 

Bocus, adj. Rempli d*ordures. Ce mot est 
employé au figuré dans les vers suivans : 

Li dui marepchal i refurent, 
Et Guillaume de Harcourt, 
Et se menconge ci ne court, 
Dont mon romanz seroit hoeus, 
Fouques de Regni fu o eus. 

G. Guiart, MS. fol. 337. R*. 

Boffordo (5), subst, masc. Espèce de jonc. Mot 
gascon. (Voyez le Gloss. latin de Du Gange» au mot 
Bohordicum.) 

BofUy subst. masc. Sorte d^étoffe. Perceval cité 
par Borel, parlant des tisserans, dit : 

Ains tissent pailes et hofua. 

On lit dans le Roman de Garin, us. cité par Du 

Gange : 

D'or et d'argent flst charger quatre murs>, 
Et aulretant de bons pailles bofus. 

Voyez Du Canje, Gloss. Itt. m imI TteM (6). 



(1) L*étymologie est le latin pyxidaj devenu en bas latin buxiday poxides. (n. s.) — (2) Dans de T^borde, Emaux, p. i6S 
(xrv* siècle) : « Pour faire et forgier la garnison d'argent pour une ceinture et une boisie à porter lettres. » (n. e.) — ^ On 
aurait puajouster boitte aux cailloux^ pi ison, dans la 9û* nouvelle de Louis XI : « Quand monseigneur le curé vit qu'OQ le 
vouloit bouter en la boiste aux cailloux, il fut plus esbahi qu'un canet. » (n. r.) — (4) On le promenait au son des vieUet oa 
violes. (N, E.) — (5) On lit dans les fors d'Ossau (Osca) promulgués par Jacques W d'Aragon, en 1247 : s Ule qui )actav«rit 
4ul tabulatum, quodcumque damnuin fortuito fecerit, non teneatur respondcre : ita tamcn quod non ponat in boffordo 
forrum azconœ, dardi vel lance» nec aoutum neo truncatum..» (n. b.) — (6> Ge mot n'exUte pas dans Du Gange, (n. &> 



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-'■ Boggne (1) , subst. fém. Sorte de drogue ou 
d'arbre. iVoy. les Dict. de Borel, de Corneille et de 
Gotgrave.) 

VARIANTES l 

BOGGUE. Dict. de Borel. 
Bogue. 

Bogis, Sfibsf. Camus. Ce mot a cette acception 
dans le passage latin qui suit: « Petrus bogis quem 
« a brevîtate nasi iusorietali nominevocabamus. » 
(Guillaume le Breton, dans Uuchesne, p. 85.) Le 
même est appelé plus bas bogosins. 

Bogne, adj. Borgne. (Voy. le Glossaire latin de 
Du Cange, au mot Borgnus.) Il y est parlé d'un Odo 
Borgnus d'Auxerre, où le nom de bog7ie est fort 
connu. 

Bohade, subst. fém. Sorte de corvée. C'étoit 
celle d'une paire de bœufs ou d'une charrette, due 
au seigneur pour voiturerson vin et peut-être sa 
vendange. 

VARIANTES ! 

BOHADE. Coût. Gén. T. IT, p. 460. 

BoADE. Du Gange» Gl. 1. à hohada sous Bovagium. 

BoUADE. Lauriére, Gloss. du Dr. Fr. 

BouuADE, BoiHADB. Du CuDge, Gloss. lat. au mot Boirada. 

BoiRAT, subBt, mcthc. Du Gange, Gloss. lat. au mot Boirada. 

Bohême 9 subst. Espèce d'hérétique. Celte 
héfésie commença du temps de l'empereur Vences- 
las (2). (J. Le Maire, Schismes et Conciles, p. 50.) 

Bohémiens, subst. masc. plur. Nom de bri- 
gands. On appela ainsi les brigands qui infestoient 
la France, et que d'autres nommoient Egyptiens. 
Pasquier, dans ses Recherches, dit que ce fut 
en Tan 1427, que ces brigands commencèrent à 
être connus en France. (Voyez le Glossaire latin de 
Du Cange, au mot Œgiptiaci (3), et Laurière, Gloss. 
du Droit françois, qui les appelle Bohemis ) 

Jeu des Bohémiens semble une allusion obscène 
aux pratiques des Bohémiens. (Voyez Bouchet, 
Serées, p. 113.) 

YARIANTES : 

BOHEMIENS. Pasquier, Recherches, p. 1427. 
BOHEMis. Laurière, Glossaire du Droit frauçois. 

Botac (4), subst. masc. Droit de gîte. Mot pro- 
veûçal. (Voy. Du Cange, Gloss. latin, au mot Botac.) 

Boiaron , adj. Noble. Mot moscovite. Le même 
Que boiardy encore en usage. Borel le dérive de 
bartm^ si ce mot baron lui-même n'en a pas été 
formé, dit cet auteur, au mot Baron ^ dans son 
Dictionnaire. 

Boiasse, subst. fém. Arlisane, femme de peu. 



(Voyez le Dict. de Borel, qui cite ces vers du Roman 
de la Rose, mss.) : 

Soit cleres, soit lays, ou homme, ou femme, 
Sires, sergens, boyasue^ ou dame. 

Bolcelle, subst. fém. Semble une machine de 
guerre pour les sièges : « En nos navesn'a ne trayé 
« ou boicelle n'autre engin pour admener au 
mur (5). » (llist. de Loys III, duc de Bourbon, p. 310.) 

Boicher, verbe. Boucher, fermer (se). 

Il saigna tant de sang, boucher (a^ boicher) ne poust sa playe. 

Gcr. dd Roussillun. MS. p. 152. 

(Voyez Boche et Boiche, pour bouche.) 

Bolçon (pegart de), locution. Regard affecté, 
œillade : 

Quant , par son accort, 

Dame fait son ami fort, 

Et vertueux d'un regart de boiçon^ 

Âdont doit il manoir en sa prison. 

Po«s. aiic. MS. du Valican. n* 1400, fol. 178, V*. 

Boler, subst. masc. Bouvier. On a dit : siflet de 
boier, pour sifflet de bouvier. (Hist. du Théâtre fr. 
T. II, p. !213.) Bovier (Rabelais, T. 1, p. 182). 

VARIANTES l 
BOXER. Rabelais, T. I, p. 178. 
BoviEH. Rabelais, T. I, p. 182. 

Boics, subst. fém. Fers. Le mot Beves^ dans 
S* Bernard, répond au latin compedes. Les chaînes 
qu'on meltoit aux prisonniers. (Voyez Du Cange, 
Glossaire latin (6), au mot Boia^ qui a la même 
signification.) 

Maisiere plus serrée, et prise 
Gom se je fuisse en buie mise. 

Atbis.MS.fol. 117,R*ool.9. 

n ot les grands butes ez piez^ 
Et de cordes les poinz liez. 

Blauch. MS. de S. G. fol. 186, V* col. S. 

De S* Jehan lors s^aprocherent, 
Et des lyens adont l'osterent, 
Et des chayncs, et des bxiyea. 

Hist. des Troif Maries, eu Ters, MS. p. 301. 

(Voyez, sur ce mot, une Lettre de M. Lebeuf, dans 
le Journal de Verdun, avril 1751, p. 280.) 

VARIANTES : 
BOXES. Rom. de Rou, MS. p. 10. 
Bevks. s» Bernard, Serm. fr. MSS. p. 59 et 61. 
BuiES. Ph. Mouskes, MS. p. 218. - Athis, MS. 
BuYES. Hist. des Trois Maries, MS. p. 361. 

Botes, subst. plur. Sorte d'insecte. Il se trouve 
dans rénumération de différons insectes, dans 
Rabelais, T. IV, p. 274. 

Boieur, subst. masc. Officier de justice. C*est 
peut-être le voyer : « Si donnons en mandement à 
« nos bailly et boyeur de Troyes, etc. » (Ordonn. 



(1) La bogue est Tenveloppe piquante de la châtaigne ; on Ta assimilée à une bague, à un anneau, d'où rétymologie 
llemaude oovga. (N. e.) — (S) ^^^^^ signiAait marcband d'habits en 1634 : « Soit qu'au boestue il te revende. Soit que, 
:- j» «• — j^ v.. ««: 14..I: — «-4A « /c». — « — 1 ^:..» ^.,... courtisau, par Sigogne, le Cabtnel 

Constance en 1415. (n. s.) — 





sive boiac quod habebant in casteUo S. Victoris villœ de Nantis. » (n. e.} - 

de Cabaret d OironviUe, p. pour la Hoc. de l'IiisL de Fr. (1876, m-^, p. 246) 

hricolle, ne autre engin pour amener au mur, nostre eschuffault est ars, et les becs de faulcon castes : si ne savons mie 

liiên de ceci que dire. » (N. E.) — (6) Et aussi sa XiX* dissertation sur JoinviUe, Gloss. éd. Henschel, t. Vil, S* partie, 

p. 76 et 199. (N. B.) 

m. 6 



BO 



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BO 



des Rois de France, T. II, p. 305.) M. de Laurière, 
dans sa noie sur ce mot, renvoie au Glossaire latin 
de Du Gange, aux mots Boca et Boga; mais Ton ne 
trouve rien qui ait rapport à boieur. Il faut peut- 
être lire voyeur, 

Boihedie, subst. fém. Mesure de bois qui 
répond peut-être à la charge d'une charrette traiuée 
par des bœufs. (Voy. Du Gange, Gl. lat. à Bovala.) 

Boileau, subst. masc. Buveur d'eau. 

VARIANTES : 
BOILEAU. Dict. de Cotgrave. 
Brilesvë. (Lisez BoUesve.) Dicl. de Cotgrave. 

BoiIei% verbe. Vouloir. (Voy. le Dict. de Gotgr.) 

Boille, subst. L'auteur du Glossaire du Roman 
de la Rose croit que c'est une cour ou un Jardin ; 
c'est peul-élre le même que baille ci-dessus, pour 

f)alis, palissade, verger, préau, ou autre enclos 
ôrmé par des palis. 

Boillon, subst. maso. Bouillon d'eau, gouffre (1). 
— Ecueil , embarras. Ce mot n'a souffert qu'une 
très légère altération d'orthographe. Nous le trou- 
vons employé sous les différentes acceplions qui 
subsislent encore aujourd'hui. Dans le sens propre, 
il désigne des bouillons qui se font sur la surface 
de Teau qui est agitée ou qui fermente : 

Les boillovs dont l'eaue levoit 

Si le senofioil l'amor 

Qui toz lors croisl de jor en jor. 

FabU MS. du R . n* Wi8, fol. 3C2, R* eoL i . 

L'on disoil aussi par allusion à un jet d'eau assez 
gros^ mais qui relomboit aussitôt en sortant du 
tuyau, comme si l'eau sortoit d'une source : 

Les ameures de sanc taingnent, 
Qui des plaies saut par bailions, 

G. Guiart, IIS. fol. S31, V. 

Ce mot est employé pour écueil, embarras, dans 
le Testament de Villon, où on lit : 

Item, et a mon plus que père, 
Maistre Guillaume de Villon, 
Qui m'a esté plus doux que mère 
D'enHint esleve de maillon, 
Qui m'a mys hors de maint boillon, 

Villon, p. 44. 

VARIANTES : 
BOILLON, Boun^LON. 

Boire et mangier(perdre le). Faconde parler 
ancienne encore usitée. Guillaume de Lorrisa dit : 

Et bien scacbiés qu*amour ne laisse 
Sur fln aniaiit couleur, ne gresse ; 
De ce ne sont apparissant 
Ceulx qui dames vont trnhyssant ; 
Et dieni , pour eulx losengier, 
Qu'ils ont perdu boire et mangier ; 
Et je les voy, comme jengleurs, 
Plus gias qu*abbés, ne que prieurs. 

Rom. do la Rom, 2576-2583. 

Boire et le menger (laisser le). Façon de parler. 
« Laitsoient le Loire et le menger pour les regar- 
« der. » (J. Le Maire, III. des Gaules, Liv. I, p. 144.) 



Boire 9 subst. masc. Boisson, breuvage. On 
trouve ce mot, employé en ce sens, dans le CooL 
Gén. T. I, p. 1005. « Prudence qui ot veu leanslas 
« boires^ et les mengiers oultrageux , les jousles, 

« les dances, si demanda à son este s'ils aloieut 

« nulle fois au moustler oyr la messe. » (Moduset 
Racio, MS. fol. 221, R\) 

Li surs (2) boivres c*on te présente 
Ke me doit gueres conforter; 
Fiel et ais il te font donner, 
Juis, mes tu n'en pues goûter. 

Fabi. MS. do R. o* 1218. fol. 94. R* «I. t. 

En la crois d'angoisse sua 
Et la mort en morant tua : 
Ainsi le vout, si le soufTri, 
Et soi por nous à mort ofTri, 
Que des sains ciex esliens soivre : 
Eu la croix but de Tamer boivrc. * 

Fabl. MS. du R. n* 7^18, fol. 142, V* ool. t. 

On disoil : 

Boire boulis ou boullys^ pour signifier une boisson 
préparée avec le feu, comme la bière. (Coulumier 
Général, T. II, p. 878.) 

VARIANTES l 
BOIRE. Cout. Gén. T. I, p. 1005. 
BoiRS, plur. Cout. gén. T. II, p. 878. 
BoiVRE. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 94, R» col. %. 
BOYER. Ou Gange, Glossaire latin, à For lis et Durus, 

Boire, subst. masc. Borée, vent de bise. « Nostre 
« Sires fisl lever un vent que on appelle boire et 
« bota les nés et les vaissiaux sor la rive plus qu'ils 
« n'esloient devant. » (Yillehardouin, p. 98.) 

BoiSy subst. masc. Bois, forêt. — Lance. Ce 
mot, sous les orthographes boe et boés rapportées 
par Carpentier, répond au lalin Silva. Nous trou- 
vons ce mot^ au premier sens, sous ses différentes 
orthographes. C*est alors un nom collectif qai 
signifie les arbres qui sont plantés fort épais et en 
grand nombre dans une étendue considérable de' 
terrain : « Toutes les bestes qui sont accoustumées 
« de demourer avecques les gens s'enfuirent eutx 
« abscondre es boays. » (Arbre des Bat. ms. fol. 43.) 

En termes de chevalerie, on dlsoit bois^ pour 
lance. (Voyez Dicl. de Borel et d'Oudin; Mil. fr. du 
P. Daniel, T. I, p. 429.) « Laquelle jousto fut mer- 
« veilleusemenl bien joustee et de bon bois. » 
(Mém. d'Olivier de la Marche, Liv. II, p. 586.) 

De là, ces façons de parler : 

Baisser bois, lorsque deux armées baissoient la 
lance pour se choquer. 

Faire Imut le bois, pour porter la lance haute. 
Voyez les Goiites d'Eutraçel, p. 49, où celte exprès 
sion est employée figurément pour avoir la conte- 
nance fière. On a dit, en parlant d'Annibal, amolli 
par les délices de Capoue : 

son corps 

Plus debrisa aux amoureux alarmes , 
Qu'& soustenir gros bois, haches d'armes. 

Gl. Marot, p. 401. 






(1) Le mot signifie aussi bourbier dès le xiv siècle : c C'est un chemin moult destravé, Plein de bouVonSy tout encavé. • 
(Bruyant, duns le Mivagier^ t. 11, p. 18.) Du Canae range aussi un exemple du xv* siècle pris en ce sens svnB buUiê: 
c Icelles frninjcs prendrent le corps du ditvallé et le portèrent en un bouîlon ou bourbier. > (JJ. 197, p. 167, an, 1471.) (N. A.) 
-^ (t) Sûr, aigre. 



BO -^ 

Bois parolt avoir été distingué de forêts, et 
Coréts se disoit des Tulaies, comme bois se disoil des 
Uillis. Un lit dans le Testament de Guy vn,sei£;neur 
de Laval, fils de Mathieu de Mon tnaorency: • Elviel 

■ et commans que il ai desorendret verdiers en 

• mes Torests et en mes bois partout, ce est à saver 

■ en Concise , en Mercedon , es landes dou Peslre , 
>. 8t en Haubellon et en sous mes autres bois. • 
^Bchesne, Géa. de Montmorency, Pr. p. 388.) 

Les mots rens bos semblent corrompus daii<i la 
fbrase suivante, où un testateur assigne certaines 
sommes en ces termes : ■ E cho lui ai-je doue sor 

• les plus rens bos à prendre ke j'ai vendu à 

• Tornehen. • (Duchesne, Gén. de Guines, p. 283.) 
Sur le mot bois, nous rapporterons quantité 

d'expressions remarquables : 

i* Bois blat%e, ou mort bois. C'est bois non por- 
tant fruict, ■ qnoique vif, en quelques lieux 

■ est réputé toutes sortes de bois hormis le chesne 
« et te foug:. . (Nouv. Goût. Gén. T. !I, p. 1096.) 

2* Bois de cable, de chables ou chablis, bois 
abattu ou rompu par les vents. (Dict. de Honet et 
Dv Can^, Gloss. tat. à Arbores Jacentivas.) 

»B0it cTaisanees, bois communs. (Voy. le Souv. 
CMt. Gén. T. II. p. 857.) 

*• Pcis de marronage. Dois de cïiarpefhte pour la 
w us t i uction des maisons. (Laur. Gloss. du Dr. Fr.) 

^ Bois dur et bois tendre. Leur différence est 
riairement expliquée par le passage suivant: ■ Le 

• nary ou la femme après la dissolution du ma- 

• riage, n'a point de droit de propriété dans les 

■ ^18 durs mûntans, qui sont sur les fonds; ainsi 

• sont les arbres à fruit; mais: les bois tendres, 
t tels que sont les sapins. Ira aulnes, les peupliers, 
1 les sauJx, le» trembles, les tillols et tes autres 
< semblables sont prisez comme meubles. • 'Nouv. 
Coût. Gén. T. I, p. 1192. - Voy. Tbid. p. 1180), où 
r«n voit que « le bois dur, est chesnes montans, 

• Ils troncs de chesnes, les ormes, lesfi'esnes, les 

■ anisiers^ et tons les arbres à fruits. • Dans la 
OluC. de Bruxelles, les bois tendre» sont appelés 
arbres légers ou de basse futaie, et sont opposés à 
irbres de haute fulaie ou boit durs. 

6* Bois fonciers. Bois de haute futaie appartenant 
M seigneur. (Nouv. Coût. Gén. T. IV, p. 4)5.] 

J^Boisouvert, bois éclairci, donton auroit coupé 
«ne grande partie. On lit, en parlant des délits 
somoris en coupant des bois, « si c'est bois ouvert, 
«- ^bst a sçavoir coupé à large. > (EÎouL Som. Rur.. 
p. 861.) 

ft* Bois a pied, peut-être bois taillis. > Un censier 

• peut oopper bayes d'espines ou autres bois fai- 
« aaats closture, à bouche d'hommet et espencher 
a, beis montant à six ans, ballots à t^te à trois 
>. ass, et copper bois à pied à six ans, le tout en 
« temps convenable. > (Goût. Gén. T. II, p. 9U.} 

9* Bois de serpe. C'est celui dont on peut faire la 
coupe avec la serpe. (Dict. deMooet.}. 
1Q- Bois vetét sont les boi» probibëst où: IL at 



BO 

défendu de mener les bestiaux. (Laur. Gloss. dtt 
Dr. Fr. — Voyez Bedats ) 

il' Bois au étant. Bois sur pied et tenant k ae» 
racines. (Dict. deMonet,} 

12* Bois sain. Gaiac. (Dict. d'Oudin.) Les Espa- 
gnols l'appellent ligna sancto. 

13* Droit de bois semble signifier une amenât 
proportionnée à la part que l'on avoit dans les Mit 
de la commune. « Tous ceux des dittes villes de 
« Wancourt et Guemappes, quisoni deffaillant d» 
« payer leur rente au jour de Saint-Remy. eschétfUt 

• et doibvent audit seigneur les (froixdies bois qtA 

■ sont de chacune personne deux sols pariais. ' 
[Nouv. Coût. Gén. T. Il, p. 403.} 

l.i* Vetemens de bois, habits qae les chasseurs 
portoient aux bots. On voit souvent dans nos an- 
ciens auteurs qu'ils étoient habillés de vert. ■ Le 

• chevalier estoit vestu de vestemens de bois, 
- noblement appareillé et roidement couroit le 

• cerf. ■ (Perceforest, Vol. I, fol. 21.) On trouve 
camelin à bois, vraisemblablement pour camelot 
verd, dans une citation rapportée par Du Cange (1), 
Gloss. lat. au mot Catardia. 

13° Un chapelet de boys. C'éloit un chapeau de 
verdure. • A chacun cheval est un homme desïatf 
« vestu de vert, et un chappelet de boys dessus sa 

• teste, pour mielx couvrir son visaige. • (Chasse 
deCast. Phéb. Hs. p. 33t.) 

16° Chiens du bots. C'étoient des chiens courans, 
bâtards, de poil fauve. ■ Des chiens de ce poil sont 
r venus les chiens de la Ilunaudaye, autres <}uo 
> l'on appelloitdu bots qu'un gentilhomme du payit 

• de Berry a donné aux roys mes prédécessaufSi ■ 
(Charles IX. de la Chasse, p. 43.) 

17* Maison à bois gist en rue. On ne démêle pat 
la significationde celte expression danses passage: 

■ La coustume est audit lieu que la maison manaole 
<- appartient au puisné, à priser la dite maison- à 

• bots gist en rue, en récompensant les autres^de 

■ autant d'héritages que la maison sera prisée: > 
(Nouv. Coût. Gén. T. 1, p. 399.) 

18° Ma maison n'est de plus riche bois qt» de 
franchise. Façoa de parler proverbiale pour dln: 
Je n'ai' d'autre avantage par ma naissance que 
d'être né franc, ou gentilhomme. (Percef. Vol. T, 
fol. 9.) 

19° Fringans d» bois levfft, terme de mépris. Bn 
partant des gentilshommes qui sont flerS malgré 
leur misère : 

L*sm' passe pxrray lenra soutien, 

lia sont frvngan» au' boM i«uet. 

0^BllM,p.l*4> 

20° Au bois qui aura bonne beste. Bxpressioa 
tigurée empruntée de la chasse du cerf, pour 
signifier qu'il feit bon combattre un ennemi digne 
de soi, comme it est agréable d'attaqner à la chasse 
un cerf de bon âge. ■ Asseurez vous que je ne m'es-, 

■ time pas moins en babit simple- et do ottmmun 

■ chevalier qu'il se l^Jt avec sa couronne et veste- 



(1> An compte d'EUenne de La Fontaine de 1951 : cPaor tooirer ans cote hardis dé eoifutin'd'IiiXr. ■ <fC. l.)' 



BO 



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BO 



« ment de roy, parquoy la seule inimitié de nous 
« deux, avec la justice ou injustice de Tun et de 
« l'autre, sera juge et lesmoiug de ce qui aviendra 
« entre nous deux, ou plus grand nombre, s'il 
« désire estre plus accompagné, soit de Mondragor 
< son cousin ou autre, si bon lui semble, et lors au 
« bois qui aura bonne beste. » (D. Florès de Grèce, 
fol. 38 ) 

21'' On opposoit la chasse du bois à la chasse sur 
les rivières. Ainsi Ton disoit: La plus belle chasse 
étoit celle dti bois^ et le plus beau vol étoit celui 
qu'on faisoit sur les rivières. (Voy. Rivière.) On lit 
en parlant de Charlemagne : 

Moult volentiers de ^rant manière 
Aloit en bois, et en rivière. 

Ph. Motukes, MS. p. 79. 

Déduis de bois, et de rivière, 

Li piaisoil de moult grant manière. 

Id. p. 301. 

Un chevalier, voulant se faire connoître par ses 
talens et ses autres avantages, dit: 

Moult sai de rivière, et de bois. 

Parion. de Bl. MS. de S. G. fol. 152, V* col. 3. 

Charles VII trouva sur son lit une pièce de vers 
satiriques où l'on blàmoit, entre autres défauts, sa 
passion pour la chasse. 

Laissez 6oi>, laissez rivières, 
Prenez lances, levez bannières; 
Fuyez les faux, suivez les sages. 

Moastr. Vol. III. pi^ 3, V*. 

22* Porter bois en bois. Nous disons aujourd'huy 
porter l'eau à la rivière. (Œuv. de Joach. du Bell, 
page 41 .) 

23* Faire vieil bois nouvelle maison. C'étoit ré- 

i)éter, renouveler des choses déjà connues. (Voyez 
eJouven. fol. 3.) 

VARIANTES : 

BOIS. Orthographe subsist. 

Bo. Carpentier, Hist. de Carabray, T. II, p. 18 ; tit. de 1133. 

Boys. Coût. Gèn. T. I, p. 885. 

BOAYS. Arbre des Bat. MS. fol. 42, V*. 

BoiAtf. Vie d'IsabeUe, à la suite de Joinville, p. 180. 

BOEZ. Ord. T. I, p. 127. 

Bo&. Dict. de Borel. 



BoÉs. Carpentier, Hist. de Cambray, p. 28. 
Bos. Fabl MSS. du R. n« 
Boous. Fabl. MSS. p. 92. 



mbray, p. : 
., T. II, fol. 



160, Ro col. 2. 



Booz. S^ Bernard, Serm. fr. MSS. p. 50, en latin Silvœ. 
BOSG. Modus et Racio, MS. fol. 18à, R». 
BosQUE. Mém. Du Bellay, Liv. X, fol. 324, R«. 
BosGHES. Dict. de Borel. 
BoscAL. Ph. Mouskes, MS. p. 366. 

Boisdeuxy adj. et subst. masc. Trompeur. 

Amours fait moult & mesprisier, 

Car en li n'a n'ateroprement, 
Quant ele înM un cuer plus traveillier 
Qni loiaument li sert, sans li trichier, 
C'un boiseour qui le sert faussement. 

Poét. Ane. IIS. du Vat. n* 1490, fol. 8S, V*. 

Bien voi Tamors esproeve ma pensée. 
Pour esprover se je sui fins amis : 
Mais, pour dolour qne j*eu aie endurée, 
Ne sera mes cuers botsiereu, ne faintis. 

Poës. IISS. avant 1300, T. III, p. 1S79. 



VARIANTES ! 
BOISDEUX. Dict. de Borel. 
BoiSEOR. Du Cange, Gloss. lat. au mot Bausiare, 
Boiseour. Poës. Ane. MS. du Vat. n« 1490, fol. 82, R«. 
BoisiERES. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1272. 
Boisis. Parion. de Blois, MS. de S» Germ. Toi. 157, \: 
BoissEOR. Poës. MSS. av. 1300, T. Il, p. 696. 
BoissEUR. Des Accords, Bigarrures, fol. 29, V». 

Boisdie, subst. fém. Ruse, tromperie. Ce mol, 
dans S* Bernard, Serm. Fr. mss. répond au latin 
astutia, dolus et simulatio. Boisdie est expliqué par 
tromperie, raillerie, moquerie dans le Dict. de 
Borel. Dans les passages suivans, il n*est employé 
que pour tromperie. (Voy. Du Cange, Gloss. lat. 
au mot Baudia sous BaurSia.) 

Feme est si artilleuse, je ne sai que je die, 
Quar feme par nature est pleine de boisdie ; 
En mal faire, en pensser travaille, et estudie : 
Nul n'en dira tant bien qu'en la fin n'en mesdie. 

ChrfSlie-MuMTt. MS. de S* Germ. fol. iU5. V* col. 3. 

D'autre part fu li Dieu d'amor. 
Qui ja n'amera tricheor. 
Ne chose ou il ait boisdie, 
Ne trahison, ne félonie. 

Blaueli. MS. de S' Germ. fol. 187, V col. i. 

On peut voir les efforts que fait Ménage dans son 
Dict. pour donner Tétymologie de ce mot. Il le 
dérive de bisdare, en sous entendant /7(/£;m. Il parolt 
plus naturel de faire venir ce mot et ceux de boiser^ 
boiseur et autres pareils, de celui de bois, où lea 
trahisons et les autres crimes se commettent plus 
communément. Les mois embusquer, emboiser et 
autres semblables paroissent s'en être pareillement 
formés. 

VARIANTES : 

BOISDIE. Fabl. MS. du R. m 7218, fol. 274, V* col. 2. 

BoDiE. Chron. S» Denis, T. I, fol. 63. V*. 

BoiDiE. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1384. 

BoiSETE. Poës. Ane. MS. du Vat. n« 1522, fol. 154, R». 

BoisiE. S. Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 342. 

BousiE. Les Marg. de la Marg. fol. 3l5. 

BoYSiE. S. Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 113 eipassim. 

Boise, subst. fém. Bûche, pièce de bois. Ce mot 
subsiste, en ce sens^en Normandie. Il y a donc tout. 
lieu de croire que c'est ainsi qu'il faut rentendre- 
dans les passages suivans : 

Bien leur semble que riens ne poise, 
Non plus qu'une petite boise. 

Hist. des Trois Maries. MS. p. 455. 

« Engloiz gectoient pierres et faiz, tonneaulx 
« empliz de cailloux, et grant boyses (i) sur noa 
« gens. • (Hist. de B. Duguesclin par Ménard, p. 497.^ 
On disoit couper la boyse, pour finir un enlreûen. 
Une maltresse dit à son amant : 

Puisque si tost coupez la boy se, 
Adieu vous dy jusqu'au revoir. 

Rëcr. des Dev. Amour, p. 58, des Ventes d'Aoïow. 

Le mot boise paroit signifier bâton dans des let- 
très de Charles V, où on lit: « Le dit Gautier le 
« frappa au bras d'une boise qu'il tenoit. • (Tré«: 
des Charlr. Reg. 98, pièce 171.) 

VAFUANTES : 
BOISE. Hist. des Trois Maries, MS. p. 455. 
BOYSB. Hist. de B. Duguesclin. p. 497. 



(i) Le mot 80 trouve aussi dans Froissart. (n. b.) 



x') 



BO 



— 45 - 



BO 



Bolseanx, subst. masc. plur. Espèce d'impôt 
ou de droit. On lit dans les privilèges -des foires 
de Troyes, en 1486 : « Icelles foires avons déclaré, 
« et déclarons franches de toutes charges quels- 
« conques, tant de notre domaine que des aydes, 
« impôts, titilles» subsides, boiseaux, lombards, 
« etc. » (Godefroy, Observât, sur Charles VIII, 
p. 526.) 

Boiser, verbe. TJromper, frauder, frustrer. — 
Railler. Ce mot, dans les Serm. Fr. mss. de S' Bern. 
répond au latin fraudare. 

Sur le premier sens de tourner, frauder, voy. 
le Dict. Etym. de Ménage, au mot Boiser, et Du 
Gange, Gloss. lat. au mot Bausiare. 

Se mi œil vont mon cuer menant 
A lor plaisir, qu'il part que voisent, 
Ne ne trahis^nt, ne ne boisent. 

Amoor el Jalousie. Fabl. I. MS. de S* Germ. fol. 111, V* col. 2. 

Je me tieng à bieneuré. 

De cou c'onques n*oi talent de trichier, 

Ne de boiner. 

Poes. IISS. avant 1300. T. II. p. 1139. 

Boiser son serment, pour fausser son serment. 
(Hist de B. Duguesclin, par Ménard, p. 274.) 

On a dit dans le second sens boiser, pour railler, 
se moquer : 

Et dist Trubert, qui de tout boise. 
Vos laurolz, ne 1 os contredire. 

Eslrub. Fabl. MS. do R. n* 7996, p. 11. 

VARIANTES : 
BOISER. Amour et Jalousie, MS. de S. Germ. fol. 111, V«. 
BoisiER. Hist. de B. Dugiiesclin, par Ménard, p. 274. 
BoissER. Rom. de Rou, MS. p. 85. 
BoissiBR. Ph. Mouskes, MS. p. 521. 

Boisporter, subst. masc. Terme de chasse. 
« L'en peut jugier, et cognoistre grant cerf, à cinq 
• signes. Le premier est par les traches, le second 
« par les fumées, le troisième par les freoirs, le 
« quart par le lit, le quint au boisporter. » (Modus 
^ Racio, Ms. fol. 8, \\) 

Bolsse, subst. fém. Engin à pécher. C*est une 
espèce de nasse, panier d*osierqu*on nommoit aussi 
ftol«se/(l). (Voyez Ordonn. des Rois de France, T. I, 
p. 793. — Voyez Bous.) 

Boissé , adj. Paré de feuillage , de rameaux , de 
verdure. (Voyez les Dict. de Monet et de Cotgrave.) 

Boissel, subst. musc. Boisseau. — Panier 
d'osier» nasse. 

On dit encore boissel (2) pour boisseau, en Norman- 
die. On lit dans un titre de 1217: « \Jn\xm boissellum 
« de quibus undecim faciunt quartam unam. » 
(La Thaumassière, Coût, de Berry.) On voit, dans le 
môme auteur, la réduction du seplier et autres 
mesures au boisseau, suivant divers lieux du 
Berry, p. 40. 

On trouve boissel, et la plupart des orthographes 



citées, pour instrument à pocher, panier d'osier ou 
nasse, dans les Ordonn. des Rois de France, T. Ij 
p. 793. On s'est aussi servi de ce mot pour panier 
d'osier, dont on faisoit un certain usage décrit dans 
le passage suivant : « L*on fait une mesche de vieux 
« drapeaux secz qui sont mouillés, en suif fondu, 
« puis sont ployés et semble en une torche aussi 
« gros comme le bras d'ung homme, et longue 
« comme un épié à main, et celuy qui la porte Ta 
« pendu au col, ainsy comme ung boiselqm n'est 
« pas parfont, comme la mesche est longue d'ung 
« peu ; puis a dedans le boisel ainsi comme ung 
« ceslier de tuille d'une maison, el en ce ceslier est 
< mise la mesche en laquelle quand le feu y est 
« mis, on voit aussi cler environ soy comme s'il 
« esioit jour. » (Modus et Racio, fol. 92.) 

VARIANTES * 

BOISSEL. Modus et Racio, MS. foi. 188, Ro. 

Boisel. Modus et Ra( io, MS. fol. 92, V«. 

BoESSEL. Dict. de Cotgrave. 

BouESSEL. Journ. de Paris, sous Charles VI et VII, p. 198. 

BusHEL. Tennres de Littleton, fol. 28, V». 

BouGEL. Grand Coiitumier de France, lAr. I, p. 73. 

BussEL. Britlon, Loix d'Angleterre, fol. 75, V». 

BoiSTEL. Du Gange, Glossaire latin« à Boistellus. 

BoiTEL. Nouv. Coût. Gén T. I, p. 368. 

BuTEL. Du Cangp, Glossaire latin, à Poîkinus. 

BoussET. Grand Coutumipr de France, p. ^. 

BoussEAU. Ordon. des Rois de France, T. I, p. 793. 

BoESSEAU. Dict. de Nicot. 

Boisseau. Orthographe subsist. 

BoiSTEAU. Du Cange, Glossaire latin, à Boistellus. 

BoiTEAU. Coût. Gén. T. I, p. 816. 

Boissellée, subst. fém. Mesure de terre. On 
trouve dans le Nouv. Coût. Gén. T. IV, p. 596: 
« Trois minées de terre valent dix-huit boiss^/te'es. » 

VARIANTES : 
BOISSELLÉE. La Thaumassière, Coût, de Berry, p. 58. 
BoiSTELÉB. Nouv. Cout. Gén. T. I, p. 457. 

Boissier, subst. masc. Terme de vénerie. « Ce 
« qui est dit es doulces hestes souraler, est dit es 
« noires bestes boissier; ce qui est appelle teste du 
« cerf, est dit es noires bestes hurre de sanglier. » 
(Modus et Racio, us. fol. 42.) 

Boisson, subst. masc. Buis. — Buisson. 
Au premier sens de boisson pour buis, nous 
trouvons ce mot dans les vers suivans : 

L*escu ne fu mie de tranble, 

Ne de boisson estoit il mie, 
Ainz fu faiz d*im os d'olifant. 

Blanch. MS. de S. G. fol. 191, R* eol. 1. 

Boisson signifie buisson, dans ces vers : 

Mes il ne pense qu*à lui traire 
Toute Tespergne, et moisson : 
Aussi pris com lièvre en boisson, 
AppareUlié fu d'eulx aidier, 
Si lurent pris en leur cuidier. 

Hltt. de Fr. eo ven. à U soUe da R. de Fantel, fol. <7: 



(1) On Ht au vers 1150 du roi Guillaume: « Ne savés^vos que la castenge Douce, plaisans, ist de le boisse Aspre,' 
poignans, de grant angoiàse. » Uétymologie est le latin buza (voir Du Gange à Butta, 3), qui a aussi formé le mot busse : 




un diminuûf de buatia, boîte. (N. s.) 



BO 



— 48 ^ 



00 



Bolste, subst. fém. Terme de fauconnerie. Nous 
trouvons ce mot dans le passade suivant, où la 
manière de mettre Tépervier en arroy est enseignée : 
c Pour bien mettre vostre espervier en arroy, vous 
f luy devez bailler gets de cuir, lesquels doivent 
c avoir les bouts un peu renversez, el mesmement 
« descouppez ; et si doivent avoir demy pied de 

• long, à pied main, outre la boiste du get, et le 

• nouveau qui est au bout, à quoy on le tient. » 
(Fouilloux, Fauconnerie, fol. 61.) 

VARIANTES : 
BOISTE. Modus et Racio, MS. fol. 196, R». 
Boiste. FouiUoux, Fauconnerie, fol. 61, V'. 
BciESTE. Modus et Racio, MS. foi. 136, JR». 

Boite, sub$t. fém. Sorte de ventouse. « Premiè- 
< rement soient getées ventouses, que on appelle 
« coupes, ou boites sur la playe, pour traire le 
c venin dehors, qu'il n'aille au cuer. » (Cbasse de 
Gaston Phébus, ms. p. 100.) 

Boiteauy subst. masc. Botte. On dit encore en 
Normandie boUeau defoin^ pour botte de foin. On 
lit boiteau de foin , dans le Moyen de parvenir, 

S. 55 ; boitte de [oing, dans le Dict. de Cotgrave ; 
oteau de fain, dans l'Hist. de B. Du Guesclin, par 
Ménard, p. 500, et dans le Dict. de Robert Estienne. 
Régnier s'est servi du mot botteau^ dans une épi- 
gramme sur le portrait d'un poëte couronné : 

Graveur, vous deviez avoir soin 
De mettre dessus cette tâte. 
Voyant qu'elle étoit d'une bete. 
Le lien d'un botteau de foin. 

Bf igram. de Régnier, k la suite des Setiras, p. 162. 

VARIANTES : 
BOFFEAU. Moyen de parvenir, p. 55. 
BOTEAU. Hist. de B. Du Guesclin, par Ménard, p. 500. 
Botteau. Œuv. de Régnier, p. 162. 
Boitte, aubst, fém. Dict. de Cotgrave. 

BoUemant, $ubst. masc. Action de boitav- 

VARIANTES ! 
BOriEMANT. Dict. de Monet. 
Boitement. Dict. de R. Estienne, d*Oudin et de Cotgrave. 

Boiter, verbe. Heurter. C'est en ce sens qu'il 
faut l'entendre dans ce passage (1) : 

Quant Trubert U oi ce dire. 
Moult doucement à Vuis boita. 

Bttrub. Pabl. MS. da H. o* T999, p. ft. 

Boiteuser, verbe. Boiter. (Voyez les Dict. de 
Cotgrave et de Nicot, et Bouchot, Sa^ées^ Livre III, 
page 272.) 

VARIANTES : 

BOITEUSER, Boitouser. 

Boiteux , adj. Estropié. — Tortueux , courbé , 
ou coudé. — Terme de vénerie. 

On a dit, au premier sens: « TiCS plusieurs 
« estoient les ungs borgnes, les autres boiteux 
c d'aucun membre, et n'y avoit celluy qui ne portast 
« les enseignes de son mestier. « (Le Jouv. fol. 5.) 



Cû mot est pris pour courbé, coudé et tortoêùx, 
dans les deux passages suivans : 

L'ung des deux arbres qui fut baiteum 
Bossu, tortu et plein de neux. 

Rom. de i« Roie, 990 et 991. 

Ne François, bien le puis conter, 
N'auront povoir de haut monter, 
Fors par une voie boiteuse 
Roiste, estroite, et ataineuse. 

G. Guiart, MS. fol. 72, V. 

En termes de vénerie, ce mot se disoit de la 
ramure d'un cerf, dont les andouilliers ne sont pfts 
correspondans Tun à Tautre : « Celle qui est appel- 
« lée teste rengée, c'est une teste qui n'est mye 
« crochée, et une teste haulte, et large enarchée, et 
« n'y sont nulles perches boiteuses. » {Modus et 
Racio, fol. 8.) 

Nous rapporterons quelques façons de parler. On 
disoit : 

Attendre la venue du boiteux, pour attendre 
Toccasion favorable. Façon de parler qui se trouve 
dans Montluc, T. l, p. 698, et dans Rabelais, 
Pronostic. T. V, p. 21. 

Plaisir est boiteux quand il vient. (Le Ducbat 
ibid.) L'impatience de celui qui attend, et pour qui 
tout semble boiteux et marcher lentement, adonné 
lieu à ces façons de parler, el c'est en ce sens qu'on 
trouve attendre le boiteux (2), dans une lettre de 
M. de Marquemont au roi Louis Xlll, du 31 mai 
1618, rapportée dans le Journal de Trévoux, août 
1756, p. 252.) 

VARIANTES : 

BOFFEUX. Le Jouvencel, MS. p. 17. 
BoETEUX, BoYTEUX. Modus et Racio, foL 8, V«. 

Boîtier, subst. masc. Ouvrierqui fait des bottes. 
(Voyez le Dict. de Monet.) 

Boitte [%subst. fém. Boisson. On Xï%o\iboittêdu 
ciel, pour le nectar : « Quel vin est cecy ? De quel 
« vignoble est-il ? Est-il corse ? De Mange guerre, &B 
« Sainct Severin? Est-il grec? Est la boitte du 
« ciel. » (Merlin Cocaie.) 

On trouve, dans Eust. Deschamps, l'expression 
de boitte nourrisse. C'est peut-être une faute pour 
boiSy te nourrisse ! 

Et si me saluez Colette, 
Qui me nourrist, et qui m'alette 
De son let, que boite nourrissCf 
Afin que mes cors n'apourisse. 

Easl. Desch. Poës. MSS. M. 488, cd. 4. 

Boiture, subst. fém. Buvette. — Boisson. 
Au premier sens, ce mot s'est pris pour régal, 
collation, buvette. (Dict. de Borel et Corneille.) 
Ce mot signifie boisson, dans ces vers : 

Nous y ferons maie chère . 
Puysque boyiure y est si cnero ; 
Dieu nous en gara. 

VQlon. p. 4t. 

VARIANTES l 

BOITURE. Dict. de Borel et de GorneiUe. 
BoYTURB. ViUon, p. 48. 



j(D 6'il avait eu le 10ns actuel en ce passage, on eût employé clocher, (n. k.) — (^ 
mnieur (L. 1). (n. s.) - (3) L» boite est encore «a petit vin obtenu an versant de rei 
aussi rétat du vin bon à boire, (n. b.) 



Voir aussi GorneiUe, dans la Smê^ éit 
éau sur la maro 4 moitié pressé. Ù%^ 



BO 



— 47 - 



BO 



Bole , $ub$t. fém. Sonde. — Lieu fréquenté par 
les gourmands. 

Au premier sens de sonde, on lit dans le Glossaire 
de Labbe, p. 91 : « Bole^ ou masse comme de plomb, 

• un instrument par lequel les mariniers talent le 

• fonddeTeau. » « Nostre aine, plongez le scandai, 
« et les bolides; de grâce scaicbons la baulteur du 
t profond. » (Rabelais, T. IV, p. 92.J 

Au second sens, ce mot a signine lieu fréquenté 

Sr les gourmiinds. En pariant d'un jongleur 
baucbé, on lit : 

Quan qu*U avoit il despendoit, 
Toz jors voloit il estre en holCf 
En la taverae, ou en houle, 
Un chapelet vert en ea teste : 
To8 teu8 voisist que il fust feste. 

Fabl. IIS. de S. 6. fol. 45. Y* col. 1. 

Td quiers taunes, tu quiers boles (i), 
Il ne te chalt ou te coules, 
Mais que aies le ventre plain. 

Fabl. MS. de s. G. fol. 35. R* eo). S. 

Variantes : 

BOLE. Labbe, Glossaire, p. 91. 
Bolide. Rabelais, T. IV, p. 92. 

Boleau, subst. masc. Espèce de jeu (2). On le 
trouve dans rénumération des jeux de Gargantua. 
QRaI)elais, T. I, p. 150.) 

Boleor, subst. masc. Charlatan. « Nous ne 
t sommes pas de ces boleors qui vont par ces pays 

• ▼endaiil sif de mouton pour sain de marmote. » 
(Erberie, us. de S* Germ. loi. 89.) L'auteur du pas- 
sage suivant, parlant des écoliers qui alloient étudier 
les lois et la chicane à Bologne, en Italie, dit : 

Vont li clerc à Boloigne, 

La deviennent fort boteor (^3), 
Fort avocat, fort plaid eor. 

Ukt. éê S** Leocade. MS. de S' 6«nn. fol. 30. R* col. 3. 

VARIANTES .* 
BOLEOR, BOLIERRES, BOLIEUR. 

Bolet, subst. masc. Boulet. «^ Monseigneur le 
« maréchal mènera douze serpentines, fornies cha- 
« cune de cent boleauxàe plomb, et bien attintées. » 
(Etats des Otflciers du duc de Bourgogne^ page 284, 
ordonn. de 1468.) 

VARIANTES : 

BOLET. Dict. de Cotgrave. 

BoLEAU. Etats des OfT. du Duc de Bourg, p. 284. 



Bollarmenl (4), subst. masc. Espèce de drogue 
médicinale. Boliannent dans Modus et Bacio, et 
brouillamini dans Oudin, sont des mots corrom- 
pus pour boliarmeni et bolarmenie. On lit dans On 
Fouilloux, Fauconnerie, fol. 41 : « Puis ayez une 
« once de boliarmeni, et demie once de sang de 
« dragon, et les faites battre, et mettre en pouldre. * 

VARIANTES : 
BOLIARMENL Du Fouilloux, Fauconnerie. 
BoLiARMENiE. Médecine des chevaux, p. IS, 14 et 23. 
BoLiARMBNT. Modus et Racio, fol. 70, V«. 
BoLARMENE. Dict. d'Oudin. 

BOLEARMENE, BOLE D*ARMEN1E. BOLIAMENIB. Cotgrave. 

Brouillamini. Dict. d*Oudin. 

Bolide, ae^;. aufém. Tournoyante. « Lescruelles 
« foudres, neiges bolides ou tourbillons et tristes 
« comètes. » (Nef des Fols, fol. 69.) 

Boline, subst. fém. Boulingue (5), terme de ma- 
rine. « Jeveillerayassezàtagarde,etfournirayàton 
< trinquet vent zephyrin propice à \Si boulingue. » 
(J. Le Maire, Illustr. des Gaules, livre I, page 106.) 
« Se jetlerent diligemment hors des ports, guinde- 
« rent leurs trefz, singlerent du vent à la bolingue 
« à grand joye. » (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, 
livre II, page 195.) 

VARUNTES : 

BOLINE. Dict. de Nicot. 

Boeline. Rom. de Brut, fol. 85, V« col. 1. 

Bolingue. Rabelais, T. IV, p. 85. 

Boulingue. J. Le Maire, III. des G. Uvre I, p. 106. 

Boliner, verbe. Aller à la bouline. Prendre le 
vent de côté. (Voy. les Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bolleau, subst. masc. Bouleau. (Voyez le Dict. 
de Cotgrave.) 

Bollettes, subst. fém. plur. Le fruit du cyprès. 
(Voy. le Dict. de Cotgrave.) 

VARIANTES .* 

BOLLETTES, Boulettes. 

Bolyyés, subst. masc. plur. Liens. Peut-être 
ainsi nommés quand ils étoient de bouleau. 

De chaynes, et de grans bolyyéSf 
Furent ses mains moult bien loyyés. 

Hist. des Trois Maries, en vers, MS. p. 236. 



(1) On ut au Glostaire du Berry du comte Jaubert^ dans un texte du xiv« siècle : a Aux grands jours d'esté estoient 
tenus de prester pied à boulle à leur besoni^n^ depuis les quatre heures du matin jusoues à huit ou neuf heures du soir. » 
Bole dans Texemple^ et boulle dans noire citation, ont le sens de tonneau, (n. e.) — (z) Ce doit être le jeu désigné par les 
mot» latins boula et bouleta dans Du Gange, et ({u'on trouve au registre des visites d'Eude Higaud, archevêque de HooeBy 
•D. 1245, f. V2A : c Invenimus dom. Leurentium curatum ecclesie (de Gornaio) de ludo talorum et boutetw, de pola 
tabemarum graviter diffaroatuni. » Peut-être ne dilTérait-il pas du trou-madame, comme l'indique le passage suivant du 
reg.. JJ. liH, p. S2i. an. 1382 : « Hcnnequin de la Mote et Lotart Turpin Latour commencierent à jouer a un jeu de boulettes 
de boys faire passer parmi une portelette. » (n. e.) — (3) Boleor doit être le même que bouleeur et boulerres, qu'on trouve 
aux Miraclos manuscrits de N. D., t. 1", à propos de l'astuce du démon : < Tant seit de boule li boulerres, Et tant parest 
itra triltoulerr s.... Quant li diables qui tout boule Par son barat et par sa boule, Eschec et mat li quida dire...; ^ et au 
M i m e passage : f Là deviennent tout bouleeur, Fort avocat, fort plaidéeur. » Peut-être le bouleeur trichait au jeu de 
boulette, en boulant, en roulant ses partners. (N. E.) — (4) C'est une corruption de bol d* Arménie, nommé aussi bol 
oriental ; c'est une argile ocreuse, rougie par Toxyde de fer, grasse au toucher, tonique et astringente. On Ut dans Paré (v. 9h 
ff Éol armene, terre Eigillée. » Le root corrompu a été confondu avec brouiUer. (n. e.) — (5) hàoouline est une longue coroe 
q(ld tient la voile de biais, quand on a vent de côté ; la boulingue est une voile de perroquet, une trinquette. Boelineê tm 
umve dée le xii* siècle, au roman de Brut (II, 141) : / Estuins ferment et escotes, Et font tendre les cordes totes, Utages 
loocbetit, tresavalent, Boeline» sachent et halent. » Dans les Mémoires de Scepeuux, pubUés en AT.*!, on Ut au contra&e, 
wv èmtlfng^ie (V, V): «Ne chdngez jamais vostre lance, vostre cheval de bataiUe, ny vos espérons dorez à une vmie 
lonlingue ou trinquet. > (n. s.) 



BO 

Bombarde, tuhst. fém. Grosse pièce d'artillerie. 

— InslPumenlde musique. 
La bombarde, comme pièce d'artillerie, étoit 

distinguée du canon. (Voy. le CIdss. de Marol, et Du 
Cange, Gloss. lai. au mol Bombarda.) On lit dans le 
Jouvencel, us. p. liO : • Pounoienl bien lever le 

• siège ou deslrousser un guet, ou gaingner l'arlil- 

• lerie, enclouer les bombardes, retirer les gens 
a malades, elc. " Froissart, livre II, page 188 : dit 
qu'il y avoit des bombardes de 50 pieds de long en 
1382. Suivant Uonstrelet, une bombarde fit dans la 
muraille d'une ville assiégée en 1419, une brèche 
sultisanle pour y faire passer une charrette. (Mons- 
trelel, Vol. lit, fol. 17.) Au siège de Conslaulinople, 
en 1.453, tes Turcs eurent une gjosse bombarde de 
métal loule d'une pièce ■ tirant pierre de douze 
« espans et quatre doigts de tour, et pesaut mille 

• huit cent livres, n [Honstreiet, Vol. III, fol. 59.) 
Au siège de Belgrade en )J56: ° Ils en avoient 

■ de 33 quartiers de long et 7 quartiers de haut. ■ 
{Id. Ibid. fol. 68,) Olivier de ta Marche use impropre- 
ment de ce mol en parlant d'un siège fait par le roi 
Robert. [Mém. d'Olivier de la Marche, p. 36.) 

Il y avoildes bombardes portatives (|ieul-elre des 
mousquets) appelées par d'autres bâtons ù feu. 
t Adonc vinrent arbalestriers et gens de pié, et en 

■ y avoit aucuns autres qui gettoyent bombardes 
« portatives et qui getloient gros carreaux empen- 

• nés de fer et lesfaisoient voler outre le ponl(l). » 
(Froissarl, sous l'an 1382, livre II, p. 208.) 

La bombarde étoit aussi un instrument de musi- 

Îue ; témoin le passage suivant de la Chron. hs. de 
. du Guesclin, citée par Du Gange, Glossaire latin, 
au mot Calamella. 

N'i ot trompe sonné, ne autre cor baudi, 
Ne nulle chaleinie, ne bombarde OBsi. 

Le Glossaire de l'IIist. de Bret. qui cite le mâme 
passage, dit qu'on appelle bombarde en Bretagne, 
ce qu'on appelle ailleurs hautbois. 

Bombardelle, subst. fém. Diminutif de bom- 
barde. • La puissance des faucons, bombardes, 

• canons, serpentines et bombarbelles (lisez bom- 
« bardelies) y firent si horrible degast, que tout 
« alloit par terre en pièce et en lopins. » [André de 
la Vigne, voyage de Charles VIII, à Haples, p. 134. 

— Voy. Du Gange, au mot Dombardella.) 

Bombarder, verbe. Canonner. FrançoisI", écri- 
vant à sa mère les détails de la bataille de Marignan, 
se sert du mot bombarder en ce sens. (Voyez Uèm. 
de Du Bellay, T. I, p. 82, note.) 

Bombardier, lu6s^Pou^canonme^. • J'ai ouy 

^ (1) La bombarde ne fut d'abord qu'une sorte de batiste, perriëre ou mangonneau ; elle a ce sens, mâme dans Froîsaart 
{t IV, p. 17. éd. Kervyn): f (la comtesse de Monttorl) faiaoit les remmes de la viUe (HenneUint), dames ei autres, (Jeflaîre 
ba chauchiee et porter les pierres as cretiaux |>our jeter as ennemis, et Eaisoit aporter bombardes et pos plains de vive 
cauch pour plus enaonn^er cbiaux del ost. * Cette bombarde de cinauante pieds, qu'il décrit en 1383, est, quoïqu'en pense 
La Curne, une bombarde de bois, à corde et à ressorts ; elle a 50 pi<-d#, elle déclique. Les bombardes à fea lurent surtout des 
canons courla, d'un très gros diamètre, lancsDl les projectiles à toute volée ; le canon proprement dit, d'un plus faible 
diamètre, mais plus long, tirait de but en blanc ; on ne le trouve guéres en ce sens avnat Commines. Comme dit Amb. 
Paré (IX, 1-réf.} : i Ceate macbine (CBoon) a este premièrement appellee bombarde, à cause du bruit qu'elle rait,_ que les 
LdlûiB conformément au naturel du son appellent botRliiM. * L'étjmologiB est la même pour rinalrument de musique qui 
porte encore ce nom dans l'Anjou et le Poitou, (k. x.) 



*- BO 

■ affermer h un bombardier de Bhodes, natif du 

• Dauphinè. homme bien entendu. ■• [i. Le Maire, 
légende des Vénitiens, p. 76.) 

Bomhasln, ad j. et subst. Qui est de coton ou 
sorte d'étoffe. L'étoffe que ce mot désignoit comme 
substantif, étoit à Jélaim de soie et à la trame de 
laine. (Voy. les Dict. de Monet, d'Oudin, de iVicot et 
de Bob. Fstienne, et le Gloss. laL. de Du Gange, aa 
mot Bombax.] 

VARIANTES : 

BOMBASIN, BouBAZiN, Bombasbin. 
BoniMes. Semble un mot factice dans Rabelais 
dont on ne peut pas démêler le sens. Voy. Rabelais, 
T. II, p. 1 12, oit il est dit. en parlant de la rébellion 
des Suisses, qu'ils ■ s'estoient assemblez jusques 
« au nombre de bombies pour aller à l'aguillan- 
« neuf, le premier trou de l'an que l'on livre la 

■ souppe aux hœuîz. > 

Bombiser, verbe. Peter. (Voyez le Glossaire du 
P. Labbe, p. iOI.) 

Bomgeit, subst. masc. Droit seigneurial sur la 
bière. • Au jour du marché franc, le seigneur ou 
« la dame a le droit d'avoir, ou lever par son ser- 
« gent, de chacune tonne de bierre qui est vendue 

• ce jour là, quatre sols, huit deniers pahsis; 

■ lequel droit est appelle bomgeit. » (Nouv. Coût. 
Gén. T. I. p. 1142.) Ce mot est composé de deui 
mots flamands. 

Bon, subst. masc. Avantage. — Bien, profit — 
Volunle, désir. — Grâce, faveur. — Excédant, surplus. 

Au premier sens, ce mot est employé pour avan- 
tage, dans le passage suivant : • Je jousteray à luy, 

• ja çoit ce que le bon aye. ■ (Perceforest, Vol. IV.) 
Ce mot a signifié bien, profit. 

S'el me faloit de vostre bue» 
Je 11 laurois, ausei dou buen. 

Alliii, US. fDl. W, R-eoI. 1. 
Amora son bon li conseilla. 

ÏM. HS. da S. Géra. M. lOt. 

Font d'amors lor bon, et nuit et jor. 

PoH. H3S. iiui 1300, T. I. p. HT. 

Ce mol a été pris pour volonté, désir. 
Tôt 11 ferai son bon et son vouloir. 

Poèi. Fr. HSS. DTiiil 1300, T. IV, p. IStl. 

Si me doint amors faire son bon. 

l'on. Fr. HSS. iTort 1300. T. I, M. Bt. 
For son bon accomplir, doit l'en folie Taire. 

Chutl* et MuMTi, US. ie S. G. loi. IDS, H- obL I. 

Amors sevelt moult raroponer, 

El couretier, et rucorder; 

Amors velt taire tout ses bont 

Plus BBt nobles que Rois ne quons (coins). 

AlU), MS. M. G, R* art. <. 



BO -'■ 

On disoit en ce sens : Faire son bon de quelqu'un, 
pour en faire à sa volonté, en tirer parti. (Fabl. us. 
do R. n* T2\%, fol. 339.) 

Nous trouvons ce mot, avec le sens de grâce, 
faveur, dans le passage suivant : • Autre bon ne 
( Toz demant, por ce que voz ai servie de mon 

• chant, fors que mescuers ait congié qu'il soit de 

• Toslre mesaie. • (Chans. Fr. du Xlll* siècle, hs. 
de Bouhier, fol. 236.) 

Enfin on s'est servi de ce mot pour excédant, 
surplus • Biens et actions meublieres rapportez 

■ ou transportez en seureté de pensions, debtes, 

■ censé ou autres semblables, pour une personne 
( oui depuis commettroit homicide, ne seront con- 

■ flsquez ; seulement le bon etle surplus au dessus 

• du rapport et transport accompli. » [Nouv. Coût. 
jGéQ. T. 11, p. 55.) 

VARIANTES : 

BON. Ortbog. subsiBt. 
Ban ou Bqm. Ger. de Roussillon, HS. p. 89. 
BOKN. Poêa. USS. aranl 1300, T. III, p. 1953. 
BoiN. Poës. USS. avant 1300, T. 111, p. 998. 
BUKK. Fabl. MSS. du R. n> 7218, toi. 185. 
Bdkms. Dict. de BoreL 

Bon, adj. Ce mot, dans les Sermons Fr. hss. de 
S' Bernard, répond au latin bonus et utilis. Ce mot 
subsiste. Il ne nous reste qu'à exposer diverses 
liiçons de parler anciennes dans lesquelles il étoit 
MQployé : 

l" Bon a servi d'épithète à différentes espèces de 
iDonnoie, comme écu, sol, double, etc. Ainsi on a 
dit : bons à la reine, pour des écus d'or à la reine. 
(Voy. Du Gange, Gioss. lat. au mot Moneta regia.) 

2* Plus bon, pour meilleur. On lit dans les Chro- 
niques de S' Denis, T. 1, fol. 249 : ■ Les meilleurs 
« etlesp/ti8 bons », et dansLancelotdu Lac, T. Il, 
fol. 108 : • Haha, dist la royne Genièvre, quant 
< viendra il le plus bean et le plus bon de tous les 
« meilleurs. ■ 



3* En terme de vénerie, l'on disoit : • Quand le 

• buisson est bon de bestes, l'on y prent grant 

• foison. • (Modus et Racio, ms. fol. 66, R*.] 

4* Bon, comme adverbe, est mis pour à propos 
dans ces vers : 

Son entnstea en ceate terre. 
Se VOB savez taire bon euvre. 

Bttr. FM. HS. du R. o* 7999, p. 16. 

5* Voir son bon. Nous disons encore en ce sens 
TOir sa belle : 



6* Bon, ajouté au mot de prince, du temps de 
Beanmanoir, désienoit un prince ou un roi décédé. 
[Voy. Laurière, Prêt, des Ordonn. des Rois de 
Ftance, T, I, p. 30.) 

7* Bons pour la paix, c'est-à-dire enclin à la paix. 
■ Ceux qui éloient bons pour la paix. > (Histoire 



BO 

d'Artusin, connest. de France, ducdeBret. p. 76-1.) 
On lit à la mai^e, enclins à la paix. 

8° Bon âge semble mis pour l'Âge mûr. > Fut 
« trouvé entre les autres un homme mort, qui 

■ paroissoit d'assez boH âge, lequel leur sembloit 
. avoir esté M. Talbot. • (Math, de Couci, Hist. de 
Charles VII. p. 6i6.) . Kille de boa âge, laquelle 

■ avoit près d'elle deux jeunes pucelles, l'une de 

• quinze ans et l'autre de seize ans. > (Rom. de 
Perceforest, Vol. VI, fol. 52.) 

9" Bons enfans. Ce nom étoit donné aux écoliers 
d'Aoxerre en 1253. [Voyez Leheuf, Histoire Civ. 
d'Auxerre, p. 169 ; et Née, Hist. de Nivernois, 
p. 350.] Peut-être est-il pris en ce sens dans le pas- 
sage suivant: « Noslre entencion est que les dons 

> que nous et noz prédécesseurs avons acoustumé 

> à faire, par charrettées ou par mouUes, de an en 
« an, ans povres mendians de noslre royaume, 
» comme aux frères Prescheurs, Meneurs, Augus- 

• tins, Carmelistres, fions enfan-a, maladeries, et 
« mesons et autres povres églises, se feront en 
« manière acoustomée. • (Ordon. des R. de Fr. de 
1320, Vol. I, p. 709.) Voy. Du Cange, Gloss. lat. 
au mot Boni infanti et Boni pueri, où il est dit que 
les bons enfans éloient une espèce de religieux en 
Bohême. 

10* Bons homs. Nom donné au chef d'une faction 
de paysans séditieux qui commirent beaucoup de 
désordres dans le royaume vers 1357. ■ Si avoyent 

< fait un roy entre eux qui esloit de Clermonten 

< Beauvoisis, et l'esleurcnt le pire des pires, et 

■ estoit appelle ce roy Jacques Bons-homs (1). • 
(Froissart, Liv. 1, p. 208. —Voy. Rabelais, Nouv. 
Prol. T. IV, p. 51.) 

11° Bons homs etoit encore le nom donné à des 
magislralsdequelquesvilles(2) qu'on a appelés aussi 
prud'hom-nes. (Voy. la Thaum. Coût, de Berry.. 
p. 22, et Du Cange, Gloss.lat.au mot Bonihomincs.) 

12* Cette même expression semble signifier bour- 
geois dans le passage suivant: • La ville estoil 

• moult estreinle de famine et ne pensoyent y 

■ avoir la dedans de tous vivres pour vivre quatre 

• jours: etqu'il n'y avoit nulgentilhomme, ii'autre 
« de deffense que les bons hommes de la ville. ■ 
(Froissart, Liv. 1, p. 363.J 

13° On a dit quelquefois bons hommes, et bonnes 
gens, pour paysans, ou gensdu commun, le peuple. 

> Si livrèrent un assaut si dur et si bien ordonné, 

■ les assaillans chevaliers et escuyers, et mesme- 
. ment tes bons hommes du pays, et tant donnèrent 

• à faire à ceux du dedans, qu'ils conquirent les 

• bailles du bourg, et puis les portes de la cité, et 
» entrèrent dedans par force. » (Voy. Perceforest, 
Vol.IV, fol. 16.) 

Lf roys dévotement a'en vient a cette eglîze, 

El treslouls ly baron, princes, barons, ducs, contes ; 

Tant y ol bonneê gent que n'est nulz qui les compte. 

G«r. da Rmiuilloo, US. t. 80. 

Bonhomme berger. • Homme de la campagne em- 



1 de 



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BO 



« menefent avec eux le bon homme berger, lequel 
« avoit nourri Paris, et sa femme et ses deux 
« enfans. » (J. le Maire, Ulustr. des Gaules, Liv. I, 
p. 142.) 

Bons homs se trouve employé comme terme 
interpellatif dont se sert un ermite parlant au 
comte Gérard, son pénilent : 

Bons fioma, ce dit Vhermite, comment peux-tu penser, etc. 
En ta plus grand puissance ne t'es peux censer. 
Que Coarles ne t'avoit tout toUu ton hérité (1). 

Ger. de RoumUIoo. MS. p. 60. 

14' Bons barons de Beaufremont. 

Nobles de Vienne, — preux de Vergy, — riches 
de Chalons, — •fiers de Neuf-Chastel. — C'éloient 
les sobriquets de cinq principales maisons de 
Franche-Comté; celle de la Baume,quoiqu*ancienne, 
leur étoit inférieure. (Peliss. Hist. de Louis XIV, 
Liv. VI, p. 264.) 

15*" Bonne vie^ c'est-à-dire bonjour. (Rabelais, 
T. IV, p. 37. — Voyez Merlin Cocaie, T. I, p. 146.) 

16' Bon tempSj c esl-à-dire temps suffisant. • Aura 
« au bail des dites fermes, bon temps et lonc par 

• lequel les enchieres dureront. » (Ordon. des R. 
de Fr. T. m, p. 437.) On se servoit de cette même 
expression pour signifier la semaine sainte. « Il 
« estoit jà karesme et bon temps; si estoit la Pas- 
« que fiourie, si approcha le terme que le bon celé- 
« brement de la Passion de Nostre Seigneur estoit 
« entré. » (Lanc. du Lac, T. III, fol. 2.) 

17° Bon vouloir signifioit tout ce qui plait, tout 
ce qu'on veut. « Quant ceux de Gand eurent fait 

• tout leur bon vouloir de la ville de Bruges, etc. » 
(Froissarl, Liv. Il, p. 186.) 

18° Bon homme pour brave, homme de bien. 

• Le roy va a la messe, et vit Saintré si bien, et si 
« gentement habillé, vit le sire d'Ivry, etluydist: 

• je serai bien trompé se Saintré n'est une fois 
« bon homme. » (Petit Jehan de Saintré, p. 159.) 

19° Bons hommes, pour braves gens de guerre. 
« Il y avoit aucuns bien bons hommes de leurs 
« païs, qui avoyent laissé les ordonnances et 
« s'estoient relirez à eux. » (Mém. de Comines, 
page 19.) 

20° Bons homs pour saint homme. * Grégoire 

« Pape le disime chanoine estoit de Lions sor 

« le Rosne, et arcediacre de Liège, bons homs, et 
« de bonne vie. » (Contin. de G. de Tyr, Martène, 
T. V, col. 751.) 

21° Bon homme (1) pour vieillard. « Honneur fai- 
« sons nous aux vieilles personnes, quand nous les 
« appelions bon homme, bonne femme, tellement 
« que quelquefois nous ayons que celuy auquel on 
« dira qu'il est bon homme, respondra, faisant une 
« allusion à celle seconde signification, je ne vay 



« pas encore au baston. » (Apol. pour Hérodote, 
p. 15. — Voy. Oudin, Curios. Fr.) (Test une inter- 
pellation familièrement employée par les gens du 
peuple. (Perceforesl, Vol. IV. fol. 152.) 

22° Bons hommes étoit un nom qu'on donna au- 
trefois aux ladres ; en Allemagne on ne les appelle 
pas autrement. (Voyez Le Duchat, sur Rabelais, 
T. IX, p. 131, notel.) 

23° Bons hommes etoit aussi le nom d'une espèce 

d'hérétiques (2), en Languedoc, condamnésauconcile 
de Lombez, en 1165. (Voyez le Gloss. lat. de Du 
Gange, au mot Boni homines.] 

24° Enfin, bons hommes étoit le nom de religieux 
de Grammont (3) dont les cellules étoient appelées 
bonominœ. (Voyez Pasquier, Recherch. Liv. III, 
page 214.) 

25° Etre bon de quelqu'un, c'est-à-dire être bien 
avec lui. « // fut bon d'un Octavius à Rome. » 
(Essais de Montaigne, T. III, p. 140.) 

26° // leur va de bon, pour: bien leur en prend. 
Montaigne, parlant des rois, dit : « Communément 
« leurs favoris regardent à soy, plus qu'au maître; 
« et il leur va de bon, d'autant qu'à la vérité la 
« pluspart des offices de la vraye amitié sont envers 
« le souverain en un rude et périlleux essay. » 
(Mont. Ess. T. III, p. 535.) 

27° Tout à bon. Tout de bon. (Voyez Thomas 
Corneille, dans D. Bertrand de Cigaral. acl. y,sc. i.) 

28° Bailler le bon, pour donner congé, congédier. 
« La dame en qui il se fioit, si l'abandonna et' 
« bai^lfklebon. » (Aresla Amor. p. 168-353.) C'est 
peut-éli% dans ce sens, ou dans celui de refus, qu'il 
est employé dans les Ane. Poës. Fr. ms. du Vatic. 
11° 1490, fol. 35. 

29° Au bon du coup. Façon de parler, comme 
pour: A la fin, en fin de compte; ou peut-être 
expression empruntée du jeu de balle, pour du 
rebond. « Nous perdons renlendement au bon du 
* coup et ne songeons que les rois ont encor plus 
« de cœur que nous et qu'ils oublient plus tost les 
« services que les oifences. » (Mém. de Montluc, 
T. II, p. 558.) L'auteur se sert souvent de cette 
expression. On lit que de bon, que de volée, pour de 
façon ou d'autre, dans les contes de Cholières, 
page 270. 

30° Au bon du fait. Façon de parler, pour au fait 
et au prendre, comme on dit vulgairement. Bran- 
tôme, parlant des reistres, dit : « C'estoient marauts 
« qui ne valoient rien, qui faisoient des enchères, 
« pilloient tout un pais et au bon du fait, ils ne 
« combattoient point et ne venoienl jamais aux 
« mains, et s'enfuyoient comme poltrons. » (Brant. 
Cap. Fr. T. III, p. 39.) De là on disoit venir au bon 
du fait, pour venir au fait, à exécution. « Apres 



(1) Bonhomme servait aussi à d^s jeux de mots contre des maris trompés par leurs femmes : « Laguele Jaquete dist au dit 
Lorens en lui présentant à boire : Tenez, bon homme, buvez ; lors le dit Lorens se prinst à courroucier : Tu as menti comme 
fousse nbaude Je ne suis pas bon homme, car ma femme est plus prude femme que tu n'es. » (.U. 142, p. 492, an, 4392.) 

P^®. ?»P'®^® ^ *^'* ^^^- ^^' ^^ ^*"* ^*'^)» *® ^^^ y ^s* ®° toutes lettres : « Le suppliant sans penser à aucun mal dist à 
icellui Belue :... bon homme..., A quoy respondit icellui Belue teUes paroles : Comment, bon homme, suis-je c....? » (n. ».) 
- (2) Ce sont des Albigeois. (N. b.) - (3) Les bons hommes établis en 4259, en Angleterre , professaient la règle de '^• 
b* Augustm et portaient un habit bleu. On donna en France «e nom aux Minimes, à cause diu nom de bon?iomme que 
Louis XI avait coutume de donner à S* François de Paule, leur fondateur, (n. e.) 



BO 



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BO 



c avoir fait des mauvais ass^z, quand il fallut venir 
« au bon du fait^ ils se rendirent et posèrent bas 
c. leurs armes. > (Brant. Gap. Etrang. T. II, p. 144.) 
31** Avoir ses bons^ pour avoir les bonnes grâces. 
On lit dans le Roman de Partonopex de Blois, 
en parlant d*une dame : 

Et donc il a ses bons eut^ 
Qa'U a par son meffait perdaz, 

Pirtoo. da Blois, MS. de S. Germ. fol. IM.R* eol. S. 

82* Avoir bon, pour avoir beau jeu, belle occa- 
sion. « Il me mande par cet homme que le duc n*a 

< onc tenu compte des protestations qu'il lui a 
« faites de par moy par CorquUleray, et puisque 
« mon frère me mande, vous avez bon de lui dire 
« que je Ten remercie, et suis tenu à lui de ce 
« qu'il me mande la vérité. » (Duclos, Preuv. de 
l'Hist. de Louis XI, T. IV, p. 381.) 

33» Faire bon. Faconde parler, empruntée des an- 
ciens gages ae bataille, pour répondre d'une chose, 
la garantir. Nous nous en servons encore. « Et 
« s'il y a personne qui la vueille maintenir, offre, 
« sur celte querelle, le combattre, et lui en repon- 
« dre, et faire bon de mon corps, en la présence 
« du très chrétiens roy de France qui est de droit 
« juge et souverain seigneur du dit Charles de 
« Bourgogne. » (Duclos, Preuves de THist. de 
louis XI, T. IV, p. 367.) 

34' En bon point, pour en bon état, en boqne 
situation. « Nous qui tousiours vouidrîons accrois- 
« tre les haullesses, et noblesses de la dite couronne, 
« et icelles tenir, et garder en bon point, et deu 
t estât. » (Ordon. des Rois de Fr. T. III, p- 140.^ 

35* Bon prix, pour bien cher. Suivant l'explica- 
tion de réditeur de THist. d'Artus III, dans le pas- 
sage suivant: «Il luy vint le lendemain une pipe 
• de vin qui lui cousla bon prix. » (Hist. d'Artus III, 
Connest. de Fr. Duc de Bret. p. 780.) 

36* Bon corps. G'étoit la milice ancienne de 
Bretagne. (Voy. le Gloss. de l'Hist. de Bretagne.) 

37* Avoir bon pied et bon œil. Façon de parler 
qui nous est restée de l'ancien usage des gages de 
bataille. Parlant d'un combat en champ clos, sou- 
tenu par le chevalier Bayard contre D. Alonso de 
Sotomajor : « Croyez que tous deux avoient bon 
c pied et bon œil, et ne vouloient ruer coup qui 

< feust perdu. > (Hist. du Chevalier Bayard, 
page 104.) 

38* Bonne femme, cour femme fidèle à son mari. 
« Il ù'est au monde si bonne femme que, si elle est 
« bîéù requise, homme n'en face sa voulenté, et 
« pour mettre à pied le chevalier qui tant s'esleve 
« en court, je m'en vois vers sa femme esprouver 
€ ma science. » (Perceforest, Vol. IV, fol. 46.) Cette 
façon de parler est prise aussi pour paysanne. 

9Sr Bonne femme, c'est-à-dire femme de la cam- 
pagne. « La bonne femme nourrisse de Paris^ de 
« prinsault se laissa choir aux piedz du prince 
c Hector, et embrassa ses genoux. » (J. le Maire, 
Illustr. des Gaules, Liv. I, p. 139.) 

40^ B(mne bouche signifioil bonne renommée ou 
bonn^ opinion. < En toutes choses nous sommes, 



« par les usages mondains, conseillez d'envoyer 
« une bonne bouche de nous, avant coureuze de 
« nos présences. » (Lettres de Pasquier, T. L 
page 739.) 

41'» Parler en bonne bouche, dire du bien, parler 
en bien. « Si vous voulez que Dieu bénisse vos ac- 
« tiens, et que le peuple parle de vous en bonne 
« bouche, révoquez toutes ces mangeries. » (Letl. 
de Pasquier, T. III, p. 52.) 

42* Avoir bonne bouche. Etre discret, garder le 
secret. « La fin avant que de partir, en donne advis 
« à Biron, lequel commenceant de fonder sa cens- 
« cience, le prie de vouloir avoir bonne bouche, et 
« de brûler tous les papiers qu'il avoit de luy. » 
(Lettres de Pasquier, T. II, p. 151.) « La gesne ordi- 
« naire, et extraordinaire fut donnée à Flaben, son 

(principal secrétaire, qui eut bonne bouche dessus 
es tréteaux ; mais depuis, la douceur, et bon 
« visage du roy luy fut une plus forte gesne, par 
« laquelle il luy descouvrit ce dont sa majesté 
« n'avoit eu advis. » (Lettres de Pasquier, T. II. 
p. 372.) 

43* Bonnes gens. Hérétiques albigeois. (Voyez 
Du Cange, Gloss. lat. au mot Bonihomines.) 

44** Bonnes gens. Bourgeois ou habitans d'une 
ville. « Ainsi furent pris ceux d'Ypre à mercy*, et 
« prièrent au roy, et à ses oncles qu'il leur pleust 
« eux venir refreschir en la ville, et que les bonnes 
• gens en auroyent grand joye. On leur accorda 
« voirement que le roy iroit. » (Froissart, Liv. II, 
p. 215, an 1382 ) 

45'' Bonnes gens. Le peuple en général. « Il est 
« venu à nostre congnoissance que les huissiers du 
« parlement, les sergens à cheval, et autres, en 
« allant faire leurs exploits, mainent grant estât et 
« font grans despens, aux ceux et aux frais des 
« bonnes gens pour qu'ils font des exploiz, et vont 

< à deux chevaux, pour plus grans salaires gai- 
« gner. » (Ordon. des Rois de Fr. T. III, p. 137.) 
Ce mot est pris dans le même sens dans les vers 
suivans : 

Li ayocat, qui ont les grans chapes foirées, 
Manguent bonnes gens, jusques en ses correz. 

Fabl. MS. du R. n* 7615, T. II, fol.ll41. R* col. i. 

46'' Bonnes gens se disoit en parlant de gens de 
la campagne: « La belle nymphe Pegasis Œnone, 
« et ses bonnes gens prioyent les Dieux par grand 
« solicitude, a qu'ilz fussent propices \ .l'enfant 
« Paris. » (J. le Maire, Illustr. des Gaules, Liv. I, 
page 137.) 

47* Bonnes gens, pour paysans: « Œnone la 
« noble flymphe, et ses bonnes gens eurent grand 
« joye quand ilz voiront aue le prêux Hector rece- 

< voilParisà laluitte. » ^J. Le Maire, Illustr. des 
Gaules, livre I, p. 136.) 

On disoit aussi bonnes gens, des prudhommes qui 
étoient choisis pour régler les limites ou les bor- 
nages, etc. (Page 4 du Droit de Champagne, dans la 
Coût, de Troyes, par Pithou.) Il est pris aussi au 
même sens, dans Duchesne (Gén. de Béthune, 
p. 181 ; titre de 1243). 



BO 



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BO 



48* Bonnes gens, pour gens de probité et de 
distinclion: « Clément, pape, né de S* Gille en 
« Provence, fust extrait de chevalier, et de bonnes 
« gens, et estoit grant clerc en droit, etc. » (Contin. 
de G. de Tyr, Martène, T. V, col 738.) 

49* Bonnes maisons, pour hôpitaux: « Les autres 
« offices des bonnes maisons^ et des aumosnes de 
« la dicte ville, soient remis en la main des esche- 
« vins, pour en ordonner, et faire ce qu'il appar- 
« tiendra. » (Ordonn. des Rois de France, T. V, 
p. 136 ; voyez aussi le Nouv. Coût. Gén. T. II.) On y 
lit en titre du chapitre V, p. 49: « Hôpitaux, et 
« bonnes maisons. > 

50" Bonne main, pour la main droite. Froissart, 
partant de Garcassonne pour aller dans le comté de 
Foix, dit: « Je laissay le chemin de Toulouze à la 

• bonne main. » (Voy. Froissart, liv. III, p. 8, 214.) 

Et ainsi com je cbeminoye 
En un pré, sur la banne main, 
DessouDz un pin hault qui verdoyé. 

Pues. MSS. d'Ëust. Desch. fol. 73. col. 1, et i85, col. 2. 

51' Les bonnes de Souabe, La Souabe est le nom 
d'une province considérable de TAUemagne. Les 
villes qui la composent sont appelées bonnes^ dans 
ce passage : « Apres le retour des ambassadeurs 
« françois à Coblentz, les électeurs s'aprestoient 
« tous poureulx trouver à Francfort, et comme ces 

• apretz se faisoient avec une grosse guerre entre 
« les bonnes de Souabes, qu'est à dire les riches 

• villes, et le duc de Virtemberg qui avoit secours 
« des Suisses. » (Mém. de Rob. de la Marck, seigneur 
de Fleurange, ms. p. 354.) 

52** Bonnes villes. On a ainsi nommé les villes 
pour les distinguer des villages. On croit mal à 
propos que ce mot est consacré pour la ville de 
Pans, pour marque de l'affection du roi en faveur 
de la capitale du royaume : « Ils tirèrent à un gros 
« village, assez près de là, nommé Arc, duquel 

• pareillement ils prirent et emportèrent tous les 
« biens qu'ils trouvèrent dedans, combien que peu 
« y en avoit ; car chacun avoit de bonne heure retiré 
« le meilleur du sien es bonnes villes. » (Mathieu 
de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 635.) 

Pour secours querre les trametent 
Es bonnes viles d'environ. 

G. Guiart,MS. fol.aOO.V*. 

On trouve les genz des bonnes villes, pour les 
habitans des villes. (Ordonn. des Rois de France, 
T. III, p. 231.) On lit : « Soit à la bonne ville ou plat 
« pays, polir à la ville ou à la campagne, » dans le 
Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 617. « Dans la ville de 
« Liste, et en plusieurs autres bonnes villes appar- 
« tenans au dit duc. » (Mathieu de Coucy, Hist. de 
Charles VII, p. 638.J 

53* Faire bonne , pour faire bonne contenance : 
« Le malheur fut qu'en approchant du port, et 

• faisant bonne, il fut reconnu et descouvert par 
« quelque indiscret, comme il y en a tousjours^ 



« dont l'alarme s'ensuivit. » (Brantôme, Cap. franc., 
T. II, p. 366.) C'est M. Slrozze, qui entreprit de 
surprendre Barcelone par mer, dont parle l'auteur. 
54* Venir en point à bonne, pour venir en bon 
ordre, ou peut-être à point nommé, au jour 
marqué : 

Le connestalile de Navarre , 
Soliton, maire de Rayonne, 
 voient la charge de la guerre, 
El y vindrent en point a bonne. 

VigU. de Charles VIT, T. H. p. 8i . 

Nous citerons les proverbes suivons : 
// est des bons, il est marqué à l'A. On se sert de 
ce proverbe, quand on veut porter témoignage 
d'un homme de bien, faisant allusion à la monnoie 
de Paris qui passe pour la meilleure du royaume, 
et qui a pour marque la lettre A. (Antiq. de Paris, 
par Malingre, livre I, p. 120.) 

Bons mots n'épargnent personne. (Perceforest • 
Vol. I, fol. 123.) 

VARIANTES : 

BON. OrUiog. subsist. 

BoEANS. Rymer, 1 . I, p. 13 ; lit. de 1256. 

BoEN. Dict. de Borel. 

BoENS. Fahl. MS. du R. n« 7615, T. II, fol. 175, R» col. 1. 

BoiEN at Baron. Athis, MS. fol. 94, R» col. 2. 

BoiENS at Bon. Ibid. fol. 109, V» col. 2. 

BoiN. Poës. anc. MS. du Vatican, n» 1490, fol. 163. 

BuEN. Dict. de Borel. 

BuENS. Fabl. MSS. du R. n« 7989, fol. 60. 

BuoN. Dict. de Cotgrave. 

Bonace (1), adj. et subst. fém. Calme. Le mot 
ftonace étoit originairement adjectif; il est devenu 
substantif par la suite. Comme adjectif, on lit dans 
Charron: « La mer bonace de nature, ronfle, 
« escume et fait rage, agitée de la fureur des 
« vents ; ainsi le peuple s'enfle, se hausse et se rend 
« indomptable. » (Sagesse de Charron, p. 205. — 
Voyez le Dict. d'Oudin.) 

Comme substantif, Rabelais a dit: « En mer est 
« bonache, et sérénité continuelle. » (Rabelais, 
T. IV, p. 113.) 

VARIANTES : 

BONACE. Dict. d'Oudin. - Sagesse de Charron, p. 205. 
BONAGHE. Rabelais, T. IV, p. 113. 
Bonasse. Essais de Montaigne. 

Bona dies, subst. maso. Bonjour, terme pour 
saluer. Nous rassemblons aux variantes les expres- 
sions que Ton a voulu faire passer dans notre 
langue, à laquelle elles sont étrangères. La pre- 
mière est latine, les autres sont italiennes. Toutes 
signifient mot à mot bon-jour. (Voy. Pasq. Rech. 
p. 104 et 105.) 

Le lendemain, pour le vous faire court. 
S'en vint devant messeigneurs de la court. 
Feignant le sot dandin, et le nyôs, 
Sans leur dire bonjour, ne bona dies. 

Faifeu, p. 35. 

Ces deux mots latins composent la harangue que 
l'on .fit à la reine, en 1530, à son entrée dans 



(1) Le mot bonace nous vint au xvi* siècle, d'ItaUe ; le nom n*a donc pas été précédé par Tadjectif. Voici un passage où 
Amyot en fait un substantif : « Hz passèrent en la Sicile si seurement et en bonace si grande, qu'ilz tiroient leurs chevaulz 
apreà eulx par les renés, nageans au long de leurs bateaulx. > {Timoléon, 23.) La Boétie, au contraire, en fait un adjectif: 
c Ëncores la mer maintesfols est bonnatfse; le vent est parfois paisible et serein. > (Ed. Feugère, 1846, p. 502.) (n. e.) 



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Angoulême. (Mém. de Du Bellay, T. VT, p. 291.) Ces 
deux mois sont italiens, et quelques-uns avoient 
affecté de les faire passer dans notre langue, suivant 
Pasquier. On disoit : 

!• Donneur de bona dies, pour un flatteur, un 
imposteur. (Voyez les Dict. d'Oudin et de Colgrave.) 

î" Jouer quelqu'un de bondie. Voici le passage 
où nous trouvons cette expression : 

N'est droiz que mon sens amenuise, 
Par nul mal qui le cors destruise, 
Dont Diex en fait sa commandie : 
Puisqii'il m'a joué de bondie^ 
Sans oarat, et sans truand ie, 
Est droiz que je a cbascun ruise 
Tel don que nus ne m'escondle, 
Congie, etc. 

Fabl. MS. du R. n« 7218, fol. 00, V- col. 1. 

(Voyez Bondie.) 

VARIANTES I 
BONADIES. Faifeu. p. 35. 
BoNAORES (Lisez Bonadies). Colgrave, Dict. 
BuoNDi. Pasquier, Recherches, p. 104 et 105. 
Bondi. Rabelais* T. IV, p. 35. 
Bondie. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 60, V» col. 1. 
BuoNGiORNO. Pasquier, Recherches^ p. 104 et 105. 

Bonalleure, adv. Bon train, promptement : 

Il luY disoit, pour tous débats, 
Qu'il payast rescpt bonalleure, 
Car son chant ne luy plaisoit pas. 

Villon, Repues franches. 

Bona nova. Mots latins qui signifient bonnes 
nouvelles. On les trouve employés dans notre 
langue au passage suivant : 

Geta, dy comment vous va I 

Âpportes-tu bona nova^ 

Ma femme, et mon filz sont -ilz vis ? 

Pois. MSS. J'Eust. Dcsch. fol. 461, col. 4. 

Bonaseet Pœonle ^ subst. Espèce cl*aniinal. 
La fiente de cet animal est si ardente, qu*elle brûle 
le poil des chiens qui le poursuivent. Il est de la 
grosseur du taureau, suivant Pline. (Voy. Rabelais, 
T. IV, p. 286, et la note 7.) 

Bonbarde, subst. fém. Manches à la bombarde. 
On nommoit ainsi des manches dont il paroit que 
le canon excédoit de beaucoup la longueur du 
bras, comme nous le voyons encore sur nos théâtres 
dans rhabit de l'acteur qui représente le Pierrot. 
On lit dans le Trésor de la Cité des Dames de 
Chrisline de Pisan, cité par Du Gange, Gloss. lat. au 
mot Cotardia : « Comptoit Tautre jour ung taillan- 
• dier de robes de Paris, qu'il avoit fait, pour une 
« dame simple qui demeure en Gaslinois, une cote 
« hardie, ou il y a mis cinq aunes, à la mesure de 
« Paris, de drap de Bruxelles, à la grand moison , 
« et traine bien par terre trois quartiers de queue, 
« et aux manches a bonbardes qui vont jusques aux 



« pieds. » C*est peut-être de l'habitude de porter 
des manches de cette façon, qu'il est dit du docteur 
Colson, dans les Gontes d'Eut. p. 184, que « le doc- 
« teur a laissé une belle mémoire par sa bonbarde. » 

Bonbntois , subst. masc. Nom de pays. On a 
donné ce nom au pays que nous nommons Albigeois. 
(Voyez Ghron. de S' Denis, T. I, fol. 153.) 

Bond, subst. masc. Bond, rebond, saut. Ge mot, 
qui subsiste sous la première orthographe, s'em- 
ployoit dans les expressions suivantes : 

!• Avoir le bond^ pour avoir l'occasion. (Voyez le 
Dict. d'Oudin.) 

2* A bonds et a volée, pour à tort et à travers: 
• La garde de l'acouchée voulut mettre son nez, et 
« discourir de M. de Nemours à bondz et à volée, 
« mais le respect que la compagnie portoit à son 
« rang et à sa qualité, fut cause qu'on lui ferma la 
« bouche. 1» (Gaquets de l'Accouchée, p. 128.) 

3*» Bailler un bond, ou le bont, pour abandonner, 
se moquer ou jouer un tour. (Glossaire des Arrêts 
d'Amour, et Glossaire de Marot.) Cette expression 
pourroit aussi avoir signifié quelquefois congédier, 
chasser, comme on a vu ci-dessus bailler le bon, 
dans cette dernière acception : « Or furent chargés, 
« et ordonné pour aller en ambassade devers le 
« comte aucuns sages hommes de la ville de Gand, 
« et me semble que Guisabert Mathieu, doyen de 
« Nameurs, fut l'un de ceux qui furent esleus d'y 
« aller: et le bond luy bailla Jehan Lyon, pour 
« caulelle, affin que s'ils rapportoient riens de 
« contraire contre la ville, qu'il en fus! en la maie 
« grâce (1). > (Froissart, livre II, p. 63.) L'auteur du 
passage suivant, faisant le portrait du Dauphin, 
depuis Louis XII, dit: « Où il scavoit nobles hommes 
« de renommée, il les acheloit à prix d'or, et avoit 
« très bonne condition ; mais il fut homme soup- 
« çonneux, et légèrement attrayoit gens, et 
« légèrement il les reboutoit de son service ; mais 
« il estoit large et abandonné, et entretenoit par sa 
« largesse ceux de ses serviteurs dont il se vouloit 
« servir, et aux autres donnoit congé légèrement, 
« et leur donnoit le bond (2) à la guise de France. » 
(Mém. d'Olivier de la Marche, livre I, p. 460.) Voyez 
bailler le bont, dans la Ghasse et Départie d'Amours, 
folio 173.) 

4** Bailler bond et volée, s'est dit des femmes qui 
mènent leurs amans au gré de leur caprice , tantôt 
bien, tantôt mal, comme par sauts et par bonds : 

Doulx yeulx qui voyent, et retiennent, 
Et si baillent bond et volée (3). 

L'Amant rendu Cordelier, p. 519. 

5' De plaint bont, c'est-à-dire de plein saut, tout 
de suite. (Vigil. de Gharles VII, T. II, p. 8.) 



(\) M. Reryyn imprime : c .... et me samble que Ghisebrèa Mahieus, doyens des navieurs^ fu un de chiaux oui y furent 
eslea d*aler pour tant que il estoit bien doir conte, et ce bout li donna Jehans Lyons tout par cautelle afûn que, se il 
raportoient nens de contraire contre les francisses de Gand, il en fust plus demandés que li autres. 9 (Froissart^ édition 
Kervyn, IX, 177.) Mahieus étant un notable de Gand, ne pouvait être de Namur ; Lyons serait mieux nommé Yoens ; quant 
à rexpreaston même, elle est peu compréhensible, (n. e.) — (2) Charles d'Orléans (1465) écrivait déjà dans un rondeau : 
ff Qii'u ne le me font Pour voir que feroye, Et si je sauroye Leur donner le bond. » (n. e.) — (3) Villon écrit au billet de la 
belle Hauimiere: c Or ont les folz amang le bond, Et les damea prina la voilée; C'est ie droit loyer qu'amours oui ; Toute 
foy 7 est violée. » (n. b.) 



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VARIANTES l 
BOND. Orthographe subsist. 
BONT. Perceforest, Vol. III, fol. 402, V» col. 2. 
Boz. Athis, MS. fol. 109, V« col. 2. 

Bondall{\)j subst. masc, Bondon. « Ainsi que un 
« moust qui boust ou tonel , et par faulle de vent 
« rompt la barre et le bondaiL » (Al. Chartier, 
TEspérance, p. 265.) 

Bonde , subst. fém. Nous ne citons ce mot qui 
subsiste que pour rapporter les expressions 
suivantes : 

4* Lever la bonde ^ c'est-à-dire laisser déborder. 
(Poës. Mss. d'Eust. Deschamps, fol. 310.) 

S*» Mettre ou tenir la bonde^ c'est-à-dire contenir, 
gouverner. (Poës. »iss. d'Eust. Deschamps, fol. 310.) 

Le mot bonde a été employé avec la signification 
de ressort , dans les vers suivans : 

L'ame à qui donna si grande bonde (2) 

Charité qui en lui habonde, 

Que ju&qu'au ciel monter TefTorce. 

J. de Meung. Test. 1161-1163. 

Ce mot me semble mal expliqué dans le Glossaire 
du Roman de la Rose, qui renvoie à ces vers. 

Bonciener(3), verbe. Murmurer, gronder. « Cest 
« advocat ne laissa pourtant de bondener tousjours, 
c comme s'il eut receu une plus grande offence. » 
(Des Accords, Bigarrures, fol. 30. — Voyez le Dicl. 
de Cotgrave.) 

Bonder, verbe. Abonder (4). C'est l'explication 
donnée à ce mot dans le vers 958 du Test, de J. de 
Meung, indiqué au Gloss. du Roman de la Rose, à 
V^riicle Bonde. 

Bondie, subst, fém. Retentissement, son, bruit, 
fracas. Le poëte a dit, en parlant d'une eoye espée^ 
c'est-à-dire d'une épée qui ne fait ni grand bruit, 
ni grand mal, de la part de celui qui remployoit : 

La brandit sans faire noyse, 
Que ne l'oyoit pas d'une toyse, 

Ne rendit son bondye: 

Long ne sera brandye. 

Rom. de U Rose. 1G314-1631T. 

Plus de cent olifans i tonnent la bondie. 

Rom. de Guill. au Court nei, Du Gange. 61. 1. à Blephat. 

Le sens de ce mot paroit plus déterminé dans ce 
passage : 

Gietent mangonniaus, et perrieres ; 
La grosse pierre areondie 
Demainne, à Taler, grant bondie ; 
Tuit cU qui le bruit en escoutent, 
Et sont el cbastel, s'en redoutent. 

6. Gulart, MS. fol. 64, R*. 

Par le passage suivant, le mol bondie semble 
signifier son ou volée de cloches T 

Et saint Simon, quant il les voit. 
De sa harpe que il tenoit 
Sone trois cops, d'une bondie; 
Puis dist, souffrez que je vous die. 

Fabl. MS. du R. n« 7218. fol. 58. R* eoL.t. 



Ce mot, dans le premier passage, ne vîendroit-il 
pas de bona dies ? et ces termes tonner la bondie 
reviendroient au même que faire une salve. Sa 
signification devient plus obscure dans ces vers : 

Or i a poisson de bondies (5), 
Chaudes oublèes renforcies, 
Gaietés chaudes, cschaudez, 
Roinssoles, et denrées aus dez. 

Fabl. MS. du R. n* 7218. fol. 246, R* col. 2. 

(Voyez BoNA dies.) 

VARIANTES : 

BONDIE. Bondye. Roman de la Rose. 

Bondir, verbe. Sauter, saillir. — Terme de 
chasse. — Retentir, résonner. 

On dit encore quelquefois bondir dans le sens de 
sauter, saillir, mais on ne dit plus comme autrefois 
bondir un fossé pour sauter un fossé. « J'étois sur 
« un cheval turc gris qui bondissoit le mieux un 
« fossé. » (Mém. de Montluc, T. l, p. 562.) « Il luy 

• fist bondir le heaulrae par terre. » (Perceforest, 
Vol. IIÏ, fol. 102.) De là on disoit figurémenl : 
« Monseigneur de Vendosme après avoir rasé ledit 
« chasteau, et fait bondir les tours, print chemin à 
« Rouchauville. » (Mém. de Du Bellay, livre II.) 

Bondir son cor, pour retentir, résonner. « Faisoit 
« bondir son cor et assembloit ses compaignons 
« pour aller à la chasse. » (J. Le Maire, lUustr. des 
Gaules, livre I, p. 83.) 

Bondif, feit hautement bondir son cor (6). (J. Le 
Maire, lUustr. des Gaules, livre I, p. 67.) 

Bondir s*est dit pour retentir, sonner, résonner, 
bruire. « Les trompettes et clarons commencèrent 
« à bondir mélodieusement. » (J. Le Maire, Illustr. 
des Gaules, livre I, p. 134.) « Les cors, les busines, 

< les trompettes et les clairons, bondissans melo- 
« dieusement. » (Idem, livre II, p. 247.) 

En terme de chasse. Ton disoit en parlant des 
oiseaux que Ton fait partir : 

Si veissiez oiseaulx bondir. 
Et ces faulcons aval venir. 

Gaoedola Signe. da« Déduite, MS. fol. lit, V*. 

Salnove s*est aussi servi du mot bondir, en par- 
lant de la bête que le cerf fait partir de la reposée, 
pour donner le change aux chiens. « Gela obligera 
« les valets de chiens à en avoir le soin qu'ils doi- 
« vent, et aussi les gentilshommes de la vénerie à 
« y aller souvent, ce qui leur est très nécessaire 
« pour connoistre les chiens par leurs tailles et 
« leurs noms, afin que, quand ils les verront 
« chasser, ils sçachent ceux à qui ils doivent avoir 

< créance, lorsque le change bondira. » (Salnove, 
Vénerie, p. 54.) 

VARIANTES ! 
BONDIR. G. Guiart, MS. fol. 265, V». 
BoNDER. Poës. MSS. d*Eust. Desch. 

Bondissement, subst. masc. Retentissement. 

• Quand rescuyer fut monté à mont, pour despen- 



(1) Le mot, avec un suffixe différent, est emplovô dès le xm* siècle : E fu la plaie si largo que li sans U yenoit du cors 
aussi comme li bandons d'un tonnel. » (JoinviUe, éd. de WaiUy, § 225.) (s. e.) - (2) Bonde signifie borde, et doit venir' du 
latin badina, Froissart (éd. Kervyn, VII, 2ÎM) : Oemorant et biabitant es bondes de nostro rovaume. » (N. K.) - (3) Rapprocher 
cette forme de bandonner. (n. b.) — (4) Il s'emploie encore pour un navire qu'on charge i couler bas. (N. k) — (5) Il vaut 
mieux lire bordies, poissons de bords ; on sait que le poisson a la chair plus ferme quand Teau est moins profonae. (N. ■.) 
(6) Le mot se trouve en ce sens dans la Chanson de Roland : c Sur tuz les altres bundist li olifant (v. 3119). » (n. b.) 



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« dre l'escu, iHe trouva si roide que, du bondisêe- 
« ment^ il fut advis à ceulx qui estoyent au palais, 
« que tout dust fondre en abisme, et que tout le 
« palais Iremblast (1). » (Perceforest. Vol. IV, fol. 52.) 

Bondonner, verbe. Etre mis en bouche : 

Qui lors oist tentir araines, 
Qu'en fait par les ij. oz sonner, 
Tabours croistre, corz bondonner^ 
Flagiez piper, et trompes braire. 

G. Guiarl, MS. fol. 813. V. 

Bon en point, subst. masc. Embonpoint. On 
lit dans Rabelais, T. III, p. 70, en ce sens : « Attendu 

• vostre bon en point. » 

Bonereté (2), sub&t. fém. Bonté. 

De larguece, et de bonereté. 

Fabl. MS. du R. d* 7218, fol. 180. R* col. 2. 

Bones, adj. fém. plur. Eloignées. Comme on 
dit une bonne lieue pour une lieue très longue : il 
est dit de plusieurs jeunes gens qui s*exercent à se 
surpasser les uns les autres à la course : 

Le cbamp trescourrent en po d*eure, 
Fossez ne combes ne 1* détient : 
Li dui paril à bone» vient ; 
Cil s'aresturent que V souvient, 
Dient : jamais mes consuir sient (3). 

Athis. MS. fol.iS.R* eol.3. 

Boneure (de), adv. Heureusement, sous une 
heureuse étoile. 

' De bon eure très hom naqui, 
Qui (4) si bon eura fu donez. 

Fabl. MS. de S. Germ. p. 236. 

• N'estoil de bonne heure né, qui ne venoil à les 
« voir. > (Hist. de Louis III, duc de Bourbon, p. 56.) 

VARIANTES *. 

BONEURE (DE), Bonbeure, Bonne heure. 

Boneval, subst. masc. Nom de lieu. Sarge de 
Bonevaly pour serge de Boneval, étoit passée en 
proverbe. 

Bonge, subst. fém. Bûche. « Le bonge (5) de 
« tilleul de longueur de dix pieds et de grosseur telle 

• que mariolets. » {Nouv. Coût. Gén. T. Il, p. 149.) 

Bon gré, subst. fém. Ce mot subsiste, mais il 
est masculin, au lieu gu*anciennement il étoit fémi- 
nin. On disoit autrefois par sa bon gré. 

Dex qui auroit si douce compaigniei 
Et baiseroit sa bouche savone, 
Par sa bon gréf trop glorieuse vie 
Li auroit Dex en cest siècle donée. 

Poës. Fr. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1574. 

On disoit aussi : 

•1^ Bon gré en ait Dieu, pour Dieu soit béni. (Le 
Jouvencel^ us. p. 256.) 



2* Bon gré ma vie, pour en dépit de moi. 

Mais il se faut bien contenir 
D'en approcher, bon gré iha vie, 
Car il viendroit une autre envie. 

Clém. Ifarot, p. 847. 

3' Bon gré S* Georges. C'étoit une espèce de jurei 
ment, comme par S' Georges. 

Boni et remanet. Mots latins qu'on a employés 
dans notre langue pour signifier le restant, le rêve- 
nant bon d*un compte. Ainsi on a dit, en parlant 
des tuteurs : « Sont tenus de rendre compte de la 
« dite administration et de remploi qu'ils font du 
« boni et remanet, outre les despens, debtes et 
« charges d'iceux mineurs d'ans. » (Nouv. Coût. 
Général, T. I, p. 290.) 

Bonier, subst. masc. Mesure de terre. (Voyez 
Du Gange, Gloss. lat. à Bonnarium et Bunnarium.) 
Phil. Mouskes, p. 253, parlant de 1^ géométrie, dit: 

. . . Par ceste, puet on traitier, 
Quant verges a el bonnier (G), 
Et quans pies en celé verge a. 

(Voy. une explication très détaillée sur cette me- 
sure, dansBouteiller, SommeRurale,p. 367.— Voy. 
aussi Laurière, Gloss. du Dr. Fr. au moi Bonnier e .) 

VARIANTES * 

BONIER. Coût. Gén. T. I, p. 1076.' 
Bonnier. Phil. Mouskes, MS. p. 253. 
BouNiER. Phil. Mouskes, MS. p. 213. 
BoNiERB, subst. fém. Dict. de Borel. 
BoNNiERB) subst. fétn. Laurière, Gloss. du Dr. fr. 
BouRNiEREf subst. fém. (Lisez Éonniere.) Froiss. 1. 1,p. 343. 
Bannières, subst. fém. plur. (Lisez Bonnieres.) Proissart, 
T. I, p. 383. 

Bonjour, subst. masc. Façon de parler. On 
disoit autrefois : « Dieu vous donne le bonjour. » 
Nous n'avons retenu de cette façon de parler que 
les deux derniers mots : « Sire bonjour vous doint 
« Dieu. » (Gérard de Nevers, 1" P. p. 73.) 11 parolt 

2u'on se servoit de cette expression au jeu des 
checs, quand on faisoit échec à quelque pièce 
principale. (Voy. Rabelais, T. V, p. 117.) 

Bonjour et bon an. Ancienne façon de saluer, 
de dire bonjour, sans égard au premier jour de 
Tan : « Quinquin estoit allé negotier par la ville, 
« Prudence gardant la boutique, maistre Tibère 
« passa pardevant, lequel la voyant seule, mettant 
« la main au bonnet, et pliant le genouil , luy dit : 
« Bonjour, madame, auquel gracieusement elle 
« respond : Bonjour et bon an. » (Nuits de Strapar. 
T. II, p. 223.) 

Bon Jour bon œuvre. Façon de parler sub- 
sistante, et qui étoit en usage du temps de Favin. 




survieDnent (subvenir, s'il s'employait au propre, serait mieux) et disent : il ne nous sied plus de poursuivre. » (N. e.) » 
(4) Ce mot a le sens du datif eut. (n. e.) - (5) Bonqe signifie botte. On lit aux Comptes manuscrits de S» Pierre de LiUe. 
(fiiMularum f), an. 1469: c Item pro novem bongiisi&iSLTum ad relatandum dictum pariétem, pro bongiOf va, soUdos. » (n.k.) 
— -ifi) Cette ancienne mesure agraire valait en certaines localités 1 hectare Î8 ares, et dans d'autres, comme en Flandre, 
1 hectare 40 ares ; le Glossaire du Froissart, de M. Kervyn, l'évalue à 110 ares. Le mot, d'aiUeurs, ne se montre guère avant 
Fh>i88art sous une forme française : c II faisoit si grant bniinne que on ne pooit veoir un demi bonnier de terre loing. » 
(Ed. Kervyu, m, Î56.) (N. «.) 



BO 



— 56 - 



BO 



Il s'en sert en rappelant Tépoque des Vêpres, sici- 
liennes, massacre qui se fit le jour de Pâques. 
(Voy. Favin, Théâtre d'Honneur, T. I, p. 816.) 

Bonnage, subst. masc. Bornage, droit d'établir 
des bornes. C'est un droit seigneurial par lequel le 
seigneur peut mettre des bornes sur les terres de 
ses vassaux, et exiger un tribut pour celles que 
les vassaux mettent dans leurs possessions. (Laur. 
Gloss. du Droit François, et Du Gange, Gloss. lat. 
au mot Bornagium.) « Nule personne ne doit faire 
« bonnage sans justice. » (Ordonn. des R. de Fr. 
T. I, p. 221.) « Li baillis n'a mie pooir de fere 
« bonyiaige^ ne divise, entre Thiretage son seigneur, 
« et Taulrui, se il n'a especial quemandement de 
« son seigneur de faire loi. » (Beaumanoir, p. 42.) 

VARFANTES I 

BONNAGE. Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. 
BoNNAiGE. Beaumanoir, p. 12. 
Bornage. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. 
BouRNAGE. Nouv. Cout. Géu. T. I, p. 386, col. 1. 

Bonnaire (1), adj. Bon. (Dict. de Rob. Estienne, 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bonnairement, adv. Bonnement. (Dict. de 
Rob. Estienne, d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bonnaireté, subst. fém. Bonté. (Dict. de Rob. 
Estienne, d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bonne, mbst. fém. Borne. — Fin. — Poste. — 
Repaire. — Terme. 

Au premier sens, de borne, ce mot signifie ce qui 
termine un héritage, une province. L'action finium 
regundorum est appelée : plet de bonnes, dans un 
vieux praticien cité dans les notes sur la Somme 
Rurale, de Bouteiller, p. 166. La borne, qui, par 
autorité de justice, a été plantée pour séparer les 
héritages, est appelée bonne jurée et bonne de loys, 
dans un vieux Praticien cité ibid. p. 368. 

Envie fet homme tuer, 
Et si fet bone remuer : 
Envie met ou siècle guerre, 
Envie fet rooignier teire. 

Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 295, R* col. 1. 

On disoit bosne dans le Nivernois. Froissarta 
confondu les significations de bonde (2) et de borne. 
Il écrit bondes pour bornes. Les bondes d'Angleterre, 
pour les bornes de l'Angleterre (T. III, p. 89.) Et 
il emploie souvent cette orthograpne. Au contraire 
il écrit bourne ci-après. 

Bonne a signifié figurément, le but, la fin que 
Ton se propose; ainsi Ton a dit : 

1 ar guerres, et par povretez, 
Dont il iert venuz a la bonne 
Avoit guerpie Carcassonne. 

G. Guitft. MS.fol. i48, R*. 

Nous placerons sous cette acception l'expression 
suivante : 

Mes je di que chevance est bonne, 
Ou ren garde, et pointe, et bonne. 

Gwfroy de Paris, à U Mate dn Ron. de FtamA, fol. 40. 



Dans un sens encore plus figuré, ce mot a 
signifié un lieu assigné à quelqu'un pour y rester, 
un poste. '^ 

Si très haut à tromper commencent, 
La endroit ou il ont leur bonne 
Que tout le païs en résonne. 

G.Guiart,llS.fol. 289,R*. 

Par une extension de cette dernière acception, 
le mot bonne s'est dit pour la retraite des bétes 
éroces, leur repaire. « On dit aussi que le loup en 
ses bonnes aime a jouer et plaisenter ; et desro- 
bant quelquefois quelque petit enfant qu'il ren- 
contre mal gardé, qu'il s'en joue et s*en donne 
du passe temps, assez longtemps; neantmoins 
en faisant comme le cbat de la souris, enfin après 
s'en être joué longuement, il le tue etle mange. » 
(Fouilloux, Vénerie, fol 112.) 

Enfin on employoit le mot bonne^ pour terme, 
temps auquel on devoit faire une chose: 

Li rois se laist, plus n'en parole, 
Fors tant qu'il li assigne bonne^ 
Qu'il soit selonc sa personne, 
X. jours dedanz may en esté 
Garni de gent, et apresté, 
Pour entrer en mer à Bouloingne. 

G. Goiarl, US. fol. 105, R*. 

VARIANTES I 
BONNE. Duchesne, Gén. des Chateigners, p. 27. 
BoENE. Gloss. sur les Cout. de Beauvoisis. 
Bonde. Froiss. Liv. III, p. 89 et passim. 
Bone. Gloss. de mist. de Paris. 
BooNNE. Du Gange, Gloss. lat. au mot Bonna, 
BosME. Du Gange, Gloss. lat. au mot Bosina. 
BosNE. Du Gange, Gloss. lat. au mot Bosina. 
BouNDE. Brilt. des Loix d'Anglet. fol. 32, V«. 
BouNE, BouRNE. Dict. de Borel. 
BousNE. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 131. 
BouNDS. subst. masc, plur. Littlet. Ten. fol. 10, Ro. 

Bon né, adj. Heureusement né, bienheureux. 

Je me tenroie à bon né 
Se ma Dame à moi venoit 
Pour moi besier... 

Poes. Ane. MS. du Vatk. n* 1522. fol. i&t. 

Bonneer, verbe. Borner. 

VARIANTES l 

BONNEER. Du Gange, Gloss. lat. au mot Bofina. 

BoNEER, BoNER. Àssises de Jérusalem, p. 179 et passim. 

BooNNER. Gloss. du P. Labbe. 

BosNER. Cout. Gén. T. I, p. 421. 

BouNDER. Britton, des Loix d'Anglet. foL 17, R*. 

BouNER. Beaumanoir. p. 127. 

BouRNER. Rabelais^ T. lll, proL p. 10. 

Bonnelx, subst. masc. plur. Les plaiz bonnelx 
semblent signifier les droits dus au seigneur pour 
le règlement des bornes. Parmi les droits de la 
terre de Montmor, on lit: « Item les plaiz bonnelx, 
« qui peuvent valoir à sa part environ u. sols tour- 
« nois. » (Dénombrement do la terre de Montmor, 
en 1396.) 

Bonnement, adv. EfTectivement, véritable- 
ment. — Avec simplicité. — Patiemment. — 
Vulgairement. — Heureusement. 

Ce mot est pris au premier sens dans les passages 



(1) Le mot subsiste comme nom de personne, (n. k.) — (2) On trouve bonne avec le sens actuel de bande, et 
réciproquement ; dans les deux cas, Tétymologie est bodina. (N. E.) 



BO 



- 57 ^ 



BO 



divans : «• N'est bonnement possible d*aymer, ou 
« d*estre aymé, si Ton ignore avec combien de 
« vérité l'amour est menée d'une part et d'autre. » 
(L'Amant ressuscité, p. 134.) « Sera obligé les por- 
« ter dans trois mois après, ou plus lost que bon- 

* nement il le pourra faire. » (Favin, Théâtre 
d'Honneur, Liv. I, p 631.) « Le roy promest qu'il 

< mettroit la monnoye qui estoit foeble en bon 
« estât, et convenable au mieulx bonnement qu'il 

• le pourroit faire. » (Chron. S»Den. T. II, fol. 137.) 

Si Tamoit il monlt honement, 

FÉbl. MS. du R. n* 7(M5. T. H, fol. 173, V col. t. 

Pour ce que m'en faciès plus certain bonnement • 
Veuilz que le confermiés Irestuit par serement. 

Ger. de houssillon. MS. p. 195. 

Nous trouvons le mot bonnement employé pour 
sans malice, avec simplicité. « C'est ce que beau- 
« coup de gens rusez trouvèrent fait plus bonne- 

< ment^ que cautement. » (Hém. de Du Bellay, 
Liv. V, fol. 148.) 

Bonnement est mis pour patiemment dans ce 
passage : 

Mes cors bonnement soufferra 
Itex tormens, com toi plaira. 

Viet des SS. MS. de Sorb. chiflT. LX, col. 52. 

De là, ce mot s'est dit d'une façon proverbiale, 
pour vulgairement. « Si m'accort bien à ce k'en 
« dit bonnement, que li boms qui mauvais seigneur 
« sert, mauvais loier atent. « (Chron. du xiu' siècle, 
MS. de Doubler, fol. 270.) 

Du mot bon, pris dans le sens de bien, profit, on 
a fait bonnement (1), pour signifier heureusement. 

CTest folie, et cas d*aveuture ; 
Qui vient a tart^ et petit dure, 
Car 8*a dis en vient bonnement^ 
Il en vient .X. mil malement. 
Geoffiroi de Parii, poés. à la fuiie du Rom. de FeuTel, fol. 49. 

VARIANTES : 
BONNEMENT. Mém. de Du Bellay, Liv. V, fol. 148, R». 
Honement. Fabl. MS. du R. n« 7615, T. IL toi. 473, V». 
BouNEMENT. Chaus. du XIII* siècle, MS. de B. foL 270, R«. 

Bonnes dames (2), subst. fém. plur, Arroche. 
Espèce de plante. (Dict. de Rob. Estienne, Monet, 
Colgrave.) 

Bonnet, subst. maso. Habillement de tête. — 
Terme de guerre. — Espèce de fortification. 

Ce mot subsiste dans la première acception ; mais 
il nous faut citer les diverses sortes de bonnets 
connus autrefois. On distinguoit : 

i* Les bonnets à quatre braguettes^ ou à quatre 

Soutières, G*étoient les bonnets carrés. (Pasquier, 
lecherch. p. 551, et Rabelais, T. V, p. 47.) On les 
appeloit aussi bonnets ronds, quoique, selon 
F^squier, ils fussent carrés. « M. Lescun qui avoit 
« laissé le bonnet rond, et estoit evesque de Thebes, 
« au commencement, mais il se sentit trop gentil 



« compagnon pour se mettre de Téglise. » (Hém. 
de R. de la Marck, seigneur de Fleuranges, us. 
p. 441.) 

2^ Bonnet d'acier. C'étoit la coiffe ou calotte d'acier 
qui se mettoit sous le casque. « Lors courut sus 
« au roy, et le flert au comble de Tescu, et le ferit 
« en parfont; le coup descend sur le heaulme, et 
« luy couppe le bonnet (T acier, et fendit le heaulme 
« dessoubz le coup. » (Perceforest, Vol. l, fol. 34.) 

3* Bonnet de fer. G*étoit le pot de fer ou salade, 
armure de tête. (Voy. le Dict. de Monet.) 

4'' Bonnets de diadesme. Cétoit le bonnet affecté 
aux nobles vénitiens. « Si vous ostez, a ces messieurs 
« les grandes manches, ou leurs bonnets de dia- 
« desme, vous leur esterez pareillement toute la 
• sagesse. > (Dialog. de Tahureau, fol. 106.) 

5*» Bonnet de Mante (3). C'étoit un tissu de grosse 
étoffe, à guise de mante velue. (Dict. do Monet.) 

6' Bonnet de tailloir, pour bonnet rond, en forme 
de tailloir, c'est-à-dire assiette. « Quiconque desi- 
« roit avoir un conseil de Gaton, alloit incontinent 
« trouver Tognazze;il portoit un bonnet, lequel 
« on appelle un bonnet de tailloir, du repli duquel 
« pendoient force papiers. C'est le propre à un 
« consul de porter quantité de tels petits billetz, 
« par le moyen desquels on s'asseure qu'il y a du 
« sçavoir, et de la prudence en la leste de celuy qui 
« les porte. » (Hisl. Macaronique, T. I, p. 96.) 

7* Bonnet quarré. L'éditeur du Petit Jehan de 
Saintré dit que la mode des chaperons ayant cessé» 
on n'en conserva que le bourrelet qui formoit un 
bonnet rond, et qu'un certain homme appelé 
Patrouillet ayant commencé à les faire quarrés, cette 
forme fut adoptée par tout le monde. (Voyez Petit 
Jehan de Saintré, p. 81» note a.) 

8» Bonnet rouge. On voit, dans Desrey, qu'un 
sophi% chrestien étoit appelé bonnet rouge, en 
l'année 1502 : « Le grand turc feit préparer grande 
« armée au pays de Angori, et manda à tous ceux 
« de la Pierre qu'ils se préparassent de prendre 
« armes contre sophiz chrestien, ou bonnet rouge. » 
(Pierre Desrey, à la suite de Monslrelet, fol. 106.) 
« Un nomme sophiz chrestienj ou bonnet rouge 
« d'Arménie. > (Ibid. fol. 105.) 

9^ Bonnet vert. C'étoit le bonnet qu'étoient obli- 
gés de porter ceux qui faisoient cession de leurs 
biens. (Laurière, Glossaire du Droit françois.) Il 
croit que c'étoit pour désigner la tète verte, ou peu 
mûre des gens qui se trouvoient dans ce cas. Je 
crois plutôt que c'étoit le bonnet qu'on donnoit aux 
fous. < Pasquier croit que la postérité luy façonnera 
« une couronne de laurier, et ce sera une branche 
« de chardons ; il croid que les siècles avenir luy 
« donneront un bonnet rouge, et ce sera un bonnet 



(1) Bonnement signifie, dans Froissart, facilement : c Et ne savoient bonnement à dire U raaronnier où U estoient. » (II, 68, 

encore 

. ^_ _ , ^_, , C7 -^ 1 I- - -- passage 

du Charoiê de Symes {>!, 1047, xii* siècle) : c 'Un chapel ot de 6oi)cî en 'sa teste »; et par cette jphrase de Guill. de Nangis 
sur S* Louis : c Ab Ulo tempore nuroquam induttis est squHileta Tel panno viridi sed bonneta. » on a fini par dire un bonet, 
pour UD chapeau de bonnet^ comme oo dit un castor pour un chapeau de castor, (n. e.) 

ui. 8 




BO 



^ fia— 



60 



« verd. » ^Garasse, Rech. des Recherches, p. 451.) 
14e vert étoil la couleur affectée aux fous, suivant 
le P. Ménestrier. (Représentations en musique^ p. 95.) 

10** On appelle aussi bonnets verts, à Bour^, les 
juges de la Sainte-Chapelle qui ont une justice 
pendant sept jours de 1 année. (La Thaumassière, 
Hist. de Berry, livre I, p. 56.) 

11'' Bonnets à la cocarde, à la croppiere, à la 
marabaise. Il y avoît des bonnets ainsi nommés, 
mais nous n'en pouvons dire rien de particulier. 

12** On disoit au figuré perdre son bonnet, pour 
signifler perdre sa fortune ou sa faveur. Brantôme, 
parlant de la mort de François I", dit: « Après Tan 
« mil cinq cens quarante-sept, il mourut à Ram- 
« bouiilet, et Traves y perdit son bonnet. » Traves 
estoit une fille de la reine. (Brantôme « Capitaines 
françois, T. l, p. 322.) 

Le mot bonnet (i) a aussi été employé en terme de 
guerre, pour une espèce de fortification, en 1668, à 
cause de sa figure ronde. (Pelisson, Hist. de Louis 
XIV, T. VIII, p. 125.) 

Bonnetade, subst. fém. Salut du bonnet. 
« Duels qui se font..... entre ceux qui sous le point 
« d'honneur fondé sur une bonn^^ad^ mal faite, etc. » 
(Favin, Théâtre d'honneur, T. I, p. 872.) 

VARIANTES : 

BONNETÂDE. Favln, Théâtre d'honneur, T. I, p. 872. 
BONNBTTADE. Dict. d'Oudln. 

Bonneter, verbe. Saluer du bonnet. (Voyez les 
Dict. d'Oudin, de Monet et de Cotgrave.) Pdsquier 
dit que, de son temps, on disoit ehapperonner pour 
bonneter. 

VARIANTES : 

BONNETER. Dict. d'Oudin. 

BoNNETTER. Pasquicr, Rech. livre VIII, p. 685. 

Bonneton, subst. masc. Petit bonnet. (Dict. 
d'Oudin, de Cotgrave et de Monet.) 

Bonnettl, subst. Bonnet. (Brantôme, Dames 
Illustres, p. 388.) 

Bonneval. Nom de famille passé en proverbe : 
« fay ouy dire à mon père, qui estoit vieux, et 
« autres plus anciens que luy, qu'il se disoit à la 
« cour, et par toute la France, du temps du roi 
« liOuis douzième : 

Chatillon, BourdiUon, 
Galliot, et BonnevcUf 
Gouvernent le sang royal. 

Mém. de Montloe, T. II. p. 541. 

Bonnier, subst. masc. Fermier. (Du Gange, 
Glossaire latin , à Bonnarij.) 

Bonnivent, subst. masc. Nom de lieu. C'est 
peut-être Bénévent. On a dit : Drap de Bonnivent (2). 
(Du Gange, Glossaire latin, au mot Beneventanum.) 



Bonqueran (3), subst. masc. Etoffe précieuie* 

De bonqueran, de porpre fine, 
Fu la robe que j'oi vestue ; 
Et si eatoit à or batue. 

fbU. MS. da R. nf 7218. bl. 3S6. K* e»l. t. 

Bonsbardes, subst. masc.plur. Arquebusiers.' 
C'est le sens que ce mot paroit avoir aupasssbge 
suivant: « Âpres viennent les archiers, et bonsbartw 
« de pied. » (Hist. de B. Du Guescl. parMén. p. 88.) 

Bontaule, adj. Bon, bienfaisant, favorable. 
L'auteur se plaint que l'amour protège plutôt les 
amans inndèles que les autres, et dit en parlant à 
l'amour des amans constans : 

Vers clans ne veus estre bontaule; 
Bien t'en doi tenir à muable, 
Quant vers tes voisins clos tes eus. 

Ane. Poës. fr. MS. du Vatican, n* 1490, fol. 430, V. 

Bonté, subst, fém. Bonté, grâce ou dispense. -— 
Garesse, faveur. — Service. — Largesse. — Produit. 
— Gbarité. — Avantage. 

Ge mot générique, qui, dans S' Bernard, [répond 
au latin bonttas et qui subsiste, a été employé pour 
désigner les diverses espèces de bonté que nous 
venons de rapporter. Nous en allons donner des 
exemples. 

Ge mot semble pris pour grâce, dispense, dans 
Ducbesne, Gén. de Bar-le-Dnc, p. 33. 

Bonté a été mis pour caresse, faveur, dans les 
vers suivans : 

Quant arrière me regardai, 
Et vie la beUe o le cors jai, 
Ki son ami ot acolé, 
Et si U Ust une bonté, 

Poêt. fr. MSS. traot 1300, T. H, p. 967. 

Quant dame lait bonté 

k son ami, che doit estre en secret. 

Ane. Poës. Or. US. du Vatican, n* 1490. fol. 75, V. 

Nous ti'ouvons le mot bonté, employé pour service, 
dans les passages suivans : « Quant il doit, et il Cet 
« tee dons, Ten doit croirre que il le fet pour ses 
« creanchiers erever, ou en esperancbe que cbis qui 
« recboit le don, li face aucune bonté pour les 
« choses données. » (Beaumanoir, p. 284.) 

Tu me fez bonté moult grant, 

Et je le te puis bien merir. 

Eslr. Fabl. MS. du R. n* 7996, p. 54. 

On a dit, en ce sens, proverbialement: « Une 
« bonté Vautre requiert, > c'est-à-dire une grâce 
en demande une autre. (Percef. Vol. V, fol. 107.) 

On disoit aussi bonté, pour largesse, libéralité : 

Doit on bien fiaire bonté 

De cou c'en ne voit ja usé 

Poët. fr. USS. avaal 1300. T. Ht, p. 1158. 

Bonté s'est dit pour produit, soit de l'argent, âôH 
des terres. Ce mot est employé, dans le passade 
suivant , pour signifier la rente d'un capital prête : 
« Les tuteurs et curateurs des mineurs, durant la 



(1} C'est le bonnet à prêtre^ pièce détacbée, dont la tète fiorme deu3( anf^les rentrants et trois angles saillants, (n. %,\ — 
0S) On Ut au Roman de Du Gueaclin : « Et getta-on sur lui un drap gle Bonmveni. 9 (Voir 1^ diss. de l3u Can(j|^e, sur Joinviw.) 
I,es peaux d'hermine, qu'on disait aussi peaux de Babyione, sont ainsi nommées dans un glossaire gréco 'latin: 
« SoëvXwMixov âéifiavos àlâoç. » (n. B ) — (3) C'est le bougran* toile forte et gommée pour doubler les vêtements. Déià#n 
Ul ao XII* siècle, dans Baoul de Cambrai (p. p. Leglay, iS4Q, p. 4) : c L'anfant a pris la dune au cors vaillant ; si renv^doppe 
ea un chier boguerant. > (n. s.) 



m 

< minorité d'iceux , peuvent bailler les deniers des 
« dits mineurs à fraiz et gaigoage, & pris raisonna- 

■ ble, au profit des dits mineurs : et y apposer [el 

• temps que bon leur semblera pour estre rem- 

• bourse, restitué, et remply du sort principal ; 

< ensemble des bontez, el courtoisies des ditx 

• deniers, pour les loiers d'iceux ; pourveu que le 

■ dit temps de remboursement soiLlimiiéen dedans 
•;)e temps de la minorilé des dits mineurs, que 

• l'on appelle vulgairement argent baillé k maiâtie. * 
(Goût. Gén. T. II, p 87'i.) Dans cet autre passage, 
hnUé semble désignerle produitdes terres : ■ Qu es 

• dîtes terres, qui sont en terrage, pour ce que la 

• dite terre de Voesmes est en maigre pays, et 

• qu'elle abonde assez en bestail a laine, les pre- 

< miers chaumes qui auront esté fumez es dites 

• terres de terrage sont seulement de garde, et y 

■ peut celuy qui les aura fumez, el emblavez ou son 

< commis, faire prise dedens, sans toutes fois les 

■ autres bontez, et années ensuivans; esquelles 

• autres années, les chaumes, mitlerines, et avene- 
> ris ne sont aucunemeuL de garde , sinon tant que 

■ te fruit est dedans les dites terres. > (Coutumier 
Général. T. II, p. 287.) 

Bonté a signiné charité. Ainsi, en parlant de la 
dureté des riches envers les pauvres, un de nos 
anciens poêles ajoute : 

Les JuiFa ne resanlent mie ; 
Car se il ont amis, n'amie, 
Ki soit keus en poureté, 
A relui Tont mou! grant bmtU, 
K'il le ralieveat par troia fois : 
Ed cou est moult bone laurs fois. 

Poéi. h. KSS. mot 1300, T. IV, p. I3i7. 

Enfin, on a dit bonté ponr avantage gralnilement 
accordé, argent donné par-dessus le prix convenu, 
Mr-dessus la légitime due, etc. Ainsi on lit, au sujet 
des droits des moulins à foulon: * Le drap antier 

• de.xx.aulnes, ne doit payer que .xïi. deniers, qui 

■ De voudra faire autre bonté. » (Ane. Coût, de 
Bretagne, fol. 137.) On le voit dans le même sens, 
fol. 141, en parlant de ce qui est donné au seigneur 
par son sujet, de plein gré, et au-delà de ce qui est 
afl. On a dit, dans le même sens: • Excepléque 

■ gens de basse condicion, pource que coustume 

■ est qui ne peut donner, ny faire bonté à l'un de 
V'Ieurs enfans quel à l'autre. • (Ane. Coût, de 
Bretagne, fol. 142.) 

Expressions remarquables : 

1* De bonté, pour heureusement : 

U qnens de Flandres Eogelrans 

Si moru donkes, h cel tsas : 

Ses fuis Odacres de bonté 
. ' . Si «t apriM lui U conté i 

U roi karlon homaRe en flat. 

Ph.lloukM,ltS.p.1IE. 

Sr De la bonté de luy. Par sa bonté, tant il étoit 
bon: • Adonc luy badla Passavant son heaulme, 

■ qui estoit plus cler, et plus brun que ung miroir, 

A) Botai a enCOTB la aens de valeur militaire dnna ta Chanson des Saxons, de Jean Bodcl (xn* siècle), et celui d'élite 
nan* «iècle) dans la Cbanaon d'Antiocho (II, 310). (u. K.) - (81 II Tient du grec SeioTijc. (s. k.J - (3» Dana le pare ém 
DwnbM, il a te sens de repas médiocre, (n. «.) - (4) C'est une corvée que le vassal dott faire avec sea bœnfa. (jt. n.) 



>- BO 

• âé la bonté de luy; et la roy le mût sur un 
« chef. . (Perceforest, Vol. H, fol. M.) 

^ Faire bonté, pour faire don, accorder (1) : 

Car peur aseeuré Je lUe tiens. 
Que vostrs très plaisant bMulté, 
De B'amour me ferait bonté, 
Malgré dangier, et tous les siens ! 

Li Cbtue *l dépulla d'/uaem. M. HO, cal. 1. 
VARIANTES : 
BONTÉ, BONTKlT. 

Bontlt, adj. Débonnaire. On trouve ce mot, 
employé en ce sens, djns le passage suivant, où il 
s'agit de Madame, sœur de Henri JV : -Je suis 

• infiniment marry qu'un peu de colère, mais 

• beaucoup plus les artifices, et persuasions d'es- 

• prit, non si bontifs, ni si sages qu'est le votre, 

■ vous ayent fait prendre toutes mes paroles a 
> contre sens. • (Hém. de Sully, T. UI, p. 65.) 

Bontlvement, Of^ti. Bonnement. > Jemepro- 
« mets qu'elles, qui a tousjours tenu ses actions en 

• une profonde innocence, qui a vescu en toute 

■ rondeur, et qui s'est bantivement trompée, 

• frappée d'un vif ressentiment de tant de douleu- 

• reux travaux que souffre, et souffrira ce pauvre 
<■ peuple, se laissera ployer. > (LettresdePasquier, 
T. 111, p. 601.) 

Bonzina, verbe. Bourdonner. Faire un bruit 
semblable aux taons et bourdons. C'est un mot 
languedocien. (Voy. le Dict. de Borel, à Bozine».) 

Booan. Nous croyons qu'il faut lire vo oan, dans 
le passage où nous trouvons ce mot, et le sens de 
la phrase demande qu'il signifie vos ordres, vos 
défenses : 

Sire, por ciel premief père, 

Et por la premeraine inere, 
Qui trespasserent booan. 



[Voyez Oan ci-après.) 

Boope, subst. Espèce de poisson. Ce mot est 
formé du grec, et signifie que le poisson qu'il 
désigne a des yeux de bœuf. (Voyez le Glossaire 
latin de Du Cange, au mot Bogua.) 

Bootes, subst. nuac. Le bouvier. Nom d'une 
constellation (2). (Dict. d'Oudin et de Colgrave.) 

Boquelle, mbst- Droit de gtte ou de procura- 
tion (3). (Gl. lat, dé Du Cange, au mot Boquetallum.) 

Boquespan, iubU. maso. C'est la même signi- 
fication que f)09U£//ë(4), selon Du Cange, au lieu cité 
dans l'article précédent, 

Boqulnes, adj. fétn. plur. Ce mot a servi pour 
désigner certaines étoiles. « L'armoise, la mandra- 
« gore, la mente, le safir etle rubis reçoivent vertu 
. des estoiles boquines. » (Diverses leçons de 
P. Messie, fol. 224.) 



BO 



— 60 — 



BO 



Borac, subst. tnasc. Nous trouvons ce mol, avec 
les noms de plusieurs autres drogues ou plantes, 
dans le passage suivant: « Sidrac, borac (1), mommie, 
« armoise, macis, rue, tiers d'once; myrabolans 
« indes, myrabolans belleris, myrabolans emplis, 
« demie once, de chacune; aloës cicolrin, un quart 
« d'once. » (Fouilloux, Fauconnerie, fol. 13.) 

Borbastre, subst. Nom d'une ville d'Afrique. 

Borhef subst. fém. Bourbe. (Celthel. de Léon 
Trippault.) 
Borbeux, a4j. Bourbeux. 

VARIANTES t 

BORBEUX. Celthel. de Léon Trippault. 
BouRBETEUX. Dlct. d'Oudiii. 

Borbier, subst. masc. Bourbier. (Celthel. de 
Léon Trippault.) 

Borbions. Nous citerons le passage où nous 
trouvons ce mot, dont nous ignorons la signi- 
fication : 

Lez dames, et les damoiselles, 
Enferent jusques es esselles. 
Puis amenèrent leurs gaignons, 
Ours enchainnez, et brohuns ^2), 
Qui leur traioient les cervelles, 
Et derompoient les mamelles : 
Ne lessicrenl Danoiz vivant, 
Homme, ne fénune, ni enfant. 

Rom. de Hoa, MS. p. ilS. 
VARIANTES : 

BORBIONS, Brohuns. Roman de Rou, MS. p. 178. 

Borbon, subst. masc. Nom de lieu. Bains de 
Borboii, passés en proverbe dès avant 1300. (Voyez 
les Poës. Mss. avant 1300, T. IV, p. 1652.) 

Borbote, subst. fém. Barbote. — Sorte de pois- 
son (3). Barbotes rf^ S' F/oren^in, passées en proverbe 
dès avant 1300. 

Carpes, barbeaux sont limoneux ; 
Tanches, anguilles et bourrées^ 
Sont au fons de l'eau bouttées. 

Poe». MSS. d'Biut. Dttch. fol. MA, ool. 4. 

VARIANTES * 
BORBOTE. Poës. MSS. avant 1300,* T. IV, p. 1653. 
BouRBBTE. Dict. de Cotgrave. 
BouRBETTB. Dict. d'Oudin. 
Bourrée. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 486, col. 1. 

Borde, subst. fém. Métairie. — Chaumière. — 
Mensonge, tromperie, fable. 

Ce mot est expliqué par métairie, maison rusti- 
que, dans Nicot, Borel et Ménage, et dans le Gloss. 
lat. de Du Cange, au mot Borda. Oudin Tinterprète 
par chaumière, cabane; c*est en ce sens qu'il paroit 
employé dans le passage suivant : « S'ilz Tavoient 
« blescyé, et la nuyt les y prenoil, mais qu'il soit 
« féru en bon lieu, ilz doivent reprendre leurs 
« chienz, et demourer le plus près qu'ilz pourront 
« d*illec en aucune borde, » (Chasse de Gaston 
Phébus, MS. p. 338.) 



Il n'a ne barde ne maUon 
Ne forteresse de cy au Quoire 
Ou vous vous puissiez retraire. 

MachMi. MS. fol. MO, R* ool. 3. 

Du Cange, sur Joinville, p« 63, dérive du mot 
borde celui de bardeau^ lieu de débauche ; je crois 
que c'est tout le contraire. De borde^ chaumière, 
mauvaise maison, on aura dit bardeau^ lieu de 
débauche, mauvais lieu. 

Bordiax signifie cabanes, maisons rustiques, dans 
ces vers : 

Iver faisoit ses tempestes, 
Et en la terre mal assez 
Ocioit bestes, et otsiax, 
Et crevantoit povres bordiaœ, 

Atbis,MS.fol.S8.V*eol. 1. 

Bordes est employé avec la signification de chau- 
mière, dans le passage suivant : « Bien leur estoit 
« permis de se tenir souz tentes et pavillons, ou 
« édifier maisons, tugurions, et bordes sans forte- 
• resses. » (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, livre III, 
page 327.) 

Bordes portables^ maisonnettes roulantes. « Lo- 
« gettes ou maisonnettes, qu'on appelle bordes par- 
« tables, qui sontdefust, assises sur quatre roues. » 
(J. Le Maire, lîluslr. des Gaules, livre I, p. 61.) 

Nous disons encore, dans le langage familier, 
bourde (4) pour mensonge. On lit dans les Lettres de 
Louis XII, T. II, p. 189: « C'estoient toutes bourdes 
et mensonges. » 

Bien est la dams aperçiie 
Que coars est, par naiure, 
Qui par sa borcCs la déçoit. 

Fabl. MS. da S. 6. p. 184. 

Cil ne s'ept pas aperceu 
De la borde «iQ*ele conta. 

Fabl. MS. du R. n* 7218. fol. 21t. R* cd. i . 

On disoit : 

1* Bourdes polies, pour mensonges polis. (Hist. 
de Bourg, o. 256.) 

2* Bourde jus mise^ pour raillerie cessante. 
(Villon, p. 43.) 

3* Bourdes vrayes ne plurent guères. (Machiav. 
sur Tile-Live, p. 381.) 

4* Le jour des bordes ou des bourdes. C'étoit en 
quelques lieux le premier dimanche de carême, 
appelé aussi le dimanche des brandons, jour auquel 
on faisoit des feux appelés feux de bordes. On dit 
encore en Bourgogne un feu de bordes, pour un 
grand feu. 

VARIANTES : 

BORDE. Du Gange, Gloss. lat. au mot Borda. 
Bordiax. Athis, MS. fol. 38, V» col. 1. 
Bourde. Gace de la Bigue, des Déduits, MS. fol. 133, R*. 
bORDELE. St Bern. Serm. Fr. MSS. p. 196. 

Bordeau (5), subst. masc. Lieu de débauche. 
(Yoy. Du Cange, Glpss. lat. au molGynœceum.) M. de 
Valois, dans son Valesiana, p. 17, dit que la plupart 
des rues de Paris prenoient leurs noms du métier 



(1) Ce doit être le borax, qu'on trouve sous la forme borrac dans Palissy. (N. K.) - (2) On lit au vers 2557 de la Chanson 
de Roland : c En dous chaeines si teneit un brohun, § ^n. e.) — (3) Ce doit être la loche franche qu'on nomme 
barboteau (n. E.) — (4) Z^orde a la môme origine que &ord, planche en haut allemand ; bourde^ au contraire, doit être le 
substantif verbal contracté de behourder, jouter à la lance, uvrer un combat simulé. (N. e.) — (5) C'était d'abord une petite 
maison ; le sens ne s'est dégradé qu*à partir de JolnviUe. (n. e.) 



BO 



- 61 — 



BO 



des artisans qui y demeoroient, et que par la même 
analogie on appelle bordeaux les maisons de 
débauche, qui toules étoienl dans les rues adjacen- 
tes à la rivière. {Voy. Iç Gr. Coût, de Fr. p. 95, et 
les remarques sur Tétym. de ce mot dans le Mercure 
de mai 1733, p. 868 et suiv.) 

L'ea ftOttloH moult de femmes, par maintes achaisons 
Mestre fors de la ville, c'estoit droiz, et raisons i 
Or est venus li tans, et or est la saisons, 
Plu» a partout bordeax que il n*i a maisons. 

Cbastie-MuMrt. IIS. de S. Gcnn. fol. 406. V* eol i. 

VARIANTES : 
BORDEAU. Dict. de Nicot. 
Bordel. Modus et Racio, fol. 4S, V*. 
BoRDiAU. Glossaire de l'Hist. de Paris. 
BouRDEAU. Gloss. de THist. de Paris. — Dict. de Monet. 
BouRDEL. Eust. Deschamps, Poês. MSS. foi. 5i4, col. 4. 
BoROBAX, plur, Chastie-Husart, MS. de S. Germ. fol. 106. 

Bordeaux, subst. masc. Nom de ville. Huma- 
nité de Bordeaux^ passé en proverbe, comme la 
rigueur de Toulouse^ la miséricorde de Rouen^ et 
\9L justice de Paris, (Contes de Desperriers, T. II, 
p. 119.) Ferj espée et dague de BourdeajiXy étoient 
en réputation pour Texcellence de leur trempe. 
(Do Gange, Gloss. lat. au moi Burdegalense ferrum.) 
On lit fers^ dagues de Bourdiaulx^ dans les Poês. 
Nss. d*Eust. Deschamps, fol. 385. Aloses de Bordiax^ 
passées en proverbe dès avant 1300 parmi les 
proverbes. 

VARIANTES : 

BORDEAUX. Ck)ntes de Desperriers, T. II, p. 119. 
BoRDiAX. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. Ifô3. 
BouRDEAUX. Froissart, Vol. I, p. 4%, etc. 
BouRDiAULX. Eust. Deschamps, Poês. MSS. fol. 385^ col. 3. 

Bordelage, su6s^ masc. Droit seigneurial. — 
Lieu de débauche. 

C'étoit proprement, au premier sens, un droit 
seigneurial (1) sur le revenu des bordes ou métairies. 
(Toy. le Dict. du Droit Franc.) H est appelé dans 

Îuelques pays coutume ou droit de bourgeoisie, 
lans d'autres pays, c'étoit le droit qui répondoit à 
la taille réelle. (Laurière, Gloss. du Droit Fr.) Enfin 
c'étoit un droit seigneurial sur les héritages tenus 
en roture, et qui se payoit en argent. 

Ce mot, dans la seconde acception, signifioit lieu 
de débauche. 

Por gaaigner, tenoit bordelage. 

Pabl. MS. du R. d* 7Si8. fol. 316. V* col. i. 

VARIANTES : 

BORDELAGE. La Thaumass. Goût, de Berri, p. 385. 
Bord AGE. Âne. Coût, de Norm. fol. 41, V<».^ 
BouRDBLAOB. Du Gange, Gloss. latin, au mot Bordegium, 
BuRDEL. Du Gange, Glossaire latin, au mot Bordatio, 

Bordelais, subst. masc. et adj. Qui est de Bor- 
deaux, Bordelois. Ce mot a été employé comme 
substantif, pour signifier une monnoie de Bordeaux. 
« A Paris un parisis, à Bordeax un bourdelais. » 
(Erberie, us. de S. Germ. fol. 90.) On a employé 
aussi ce mot comme adjectif. « Francs bordalles. 
• Livres bordeloises. » (Du Gange, Gloss. lat. au 
moi Francus.) « Deniers, solsetécusbotird^/otrs. » 



(Du Gan^e, Gloss. lat. an mot Monetœ argenteœ. — 
Voy. le Dict. de Borel, au mot Sols^ et Le Duchat, 
sur Rabelais, T. III, p. 269.) 

VARIANTES l 
BORDELAIS. Erberie. MS. de S. Germ. fol. 90, R« col i. 
BoRDALLÊs. Du Gange, Gloss. lat. au niot Francus, 
BouRDELASiBR. Dict. de Gotgrave. - Epith. de la Porte. 
BouRDELOiR. Du Gange, Gloss. lat. col. 963. 

Bordeler, verbe. Etre impudique. On lit en ce 
sens, dans Brantôme : « Aucuns bourdellent plus 
« avec leurs femmes, que non pas les rufOens avec 
« les p... de bourdeaux. » (Brant. Dames Gai. T. 1, 
p. 65.) Il est pris dans ce même sens au vers suivant : 

Son mestier fu de bordeler, 

Fabl. MS. du R. n* 7918. fol. 78. V ool. 2. 

VARIANTES ' 
BORDELER. Dict. de Gotgrave. 
BouRDELLER. Brantôme, Dames GaUantes. 

Bordelerie, subst, fém. Lieu de débauche. On 
trouve ce mot dans l'ancienne Cout. d'Orléans, 
p. 469 : « Cil qui fait des liaux assemblées, et borde- 
« leries, doivent perdre la ville, et leurs biens sont 
« au Roy. » 

Bordelet, subst, masc. Cabane. Petite maison 
aux champs. (Du Can^e, Gloss. lat. au mot Bordel- 
lum.) Ce mot est le diminutif de borde. 

Bordelier, subst. masc. Qui a droit ou est sujet 
au droit de bordelage. Bordiers, dans les lois Nor- 
mandes, est expliqué par le latin Bordarii. On lit 
seigneur bourdelier^ qui a droit de bordelage, dans 
le Dict. de Monet, et biens bourdeliers, sujets au 
bordelage, dans Laurière, Gloss. du Dr. Fr. 

VARIANTES I 
BORDELIER. Laurière, Gloss. du Droit Fr. 
BoRDiER. Loix Normandes, art. 18. 
BouRDELAGiER. Du Gange, Gloss. lat. au mot Bordu. 
BouRDELiER. Laurière, Gloss. du Dr. Franc. 

Bordel ier (2), ad>'. et subst. Homme de mauvaise 
vie. (Gloss. sur les Cout. de Beauvoisis ; Rabelais, 
T. III, p. 64 ; Apologie pour Hérodote, p. 353, et 
Du Gange, Glossaire latin, au mot Bordellum,) 

Femme de dissolucion, 
Vielle bourdetiere ait la hart, 
Ou le feu de confusion. 

Poés. HSS. d'Eittt. DeMb. fol. 437. col. i. 

Tesmoins parjurez, et bouliers, 
Foi menteur, et bordeliers. 
Plains de vice, et de luxure, etc. 

Fabl. MS. dn R. n* 7615, T. U, M. 339, R* col. i. 

VARIANTES * 
BORDELIER. Rabelais, T. III, p. 64. 
BOURDELIER. Eust. Deschamps, Poês. MSS. fol. 437, col. i. 

Bordelois, subst, masc Espèce de verjus ou 
de raisin. (Dict. d'Oudin, au moi Bordelois,) « Furent 
« les vignes qui estoient en vallées, les mares tous 
« gelez, et tous les bourdelays qui ez treilles des jar- 
« dins estoient, et tous les figuiers morts. » (Journ. 
de Paris, sous Charles VI et VII, p. 160, ann. 1434.) 



(i) Spécialemeqt en Nivernais, (n. k.) - (3) Où le trouve au vers 20964 de la Roso : c Li autre en seront diitanié, Ribaut 
et bcraeUer clamé. » (N. e.) 



BO, 



-6î - 



BO 



TARIAIITES : 
BORDELOIS. Dict. d'Oudin. 
BouRDELAYS. Journ. de Paris, sous Charles VI et VII, p. 160. 

Borderie, subst. fém. Métairie. Selon Monet, 
c'éioil propremenl la métairie annexée à la horde^ 
qui étoit la maison des champs du propriétaire. 
Dans (]uelques coutumes, ce mot désire une 
métairie, au labourage de laquelle deux bœufs 
suffisent. On peut voir, sur les diverses extensions 
de cette signification et les dispositions des coutumes 
sur les borderies , le Coût. Gén. T. II, p. 582 et 
suivantes. On lit bai'ie en ce sens, dans le Glossaire 
latin de Du Gange, au mot Boria^ i" édition. C*esl 
un mot auvergnat. On a écrit mal à propos boire^ 
dans la nouvelle édition. 

VARIANTES : 

BORDERTE. Laurière, Glossaire du Droit frangois. 
BoRiE, BoiRE. Du Gange, Glossaire latin, au mot Boria, 

Borders, subst. maso, plut, Badinages. Il est 
aisé de reconnoitre que ce mot n'est autre chose 
que le verbe barfif^r. employé substantivement. Nous 
trouvons borduis dans le même sens, et nous ne 
pouvons donner d*autre raison de sa terminaison 
irrégulière, que le besoin qu'a eu le poêle d'une 
rime en is dans son vers : 

Doce amie, et flors de lis, 
Biax alers, et biax venirs 
Biax jouers, et biax borduis, 
Biax parlers, et biax delis, 
Dox baisiers, et dox sentirs. 
Nus ne vous poroit haïr. 

Pabl. MS. du R. n* 7989. fol. 14, V ool. i. 

VARIANTFS * 

BORDERS. Fabl. MS. du R. n« 7980, fol. 74, R« col. i. 
BoRDUis. Fabl. MS. du R. n« 7989, fol. 71, V« col. 2. 

Bordeur, subst. masc. Brodeur. (Dict. de Rob. 
Estieune et de Monet.) 

Bordeyep,ver6e. Border, côtoyer (1). «La barque 
« bordeya quelque temps à notre vue, après quoy 
« elle reprit la mer. » (Mém. du Cardinal de Retz, 
T. III, p. 327.) 

Bordiau, subst. masc. Cabane, maison cham- 
pêtre. On lit dans Rabelais : « Force granges, forces 
« censés, force bordes^ et bordieux, force cassins. » 
(T. IV, nouv. Prol. p. 11.) Borda est un mot lan- 
guedocien qui a la même signification. Borio est 
aussi un mot languedocien qui est expliqué dans le 
même sens par Borel, au mot Grange. 

VARIANTES .' 
BORDIÂU. Test, du c. d'Alenç. à la suite de Joinr. p. 184. 
BoRDiEU. Rabelais, T. IV, nouv. Prol. p. 11. 
BoRDO. Du Gange, Glossaire latin, au mot Bordaria. 
Borio. Dict. de Borel. 

Bordier {% subst. masc. Métayer. Mot formé de 
bordes. (Voy. les Dict. de Monet et d'Oudin. — Voy. 
aussi le 01. lat. de Du Cange, au mot Summagium, 



sous Sagma, et TAnc. Coût, de Normandie, fol. 74)^ 
où Ton voit les services auxquels les bordiets 
étoient tenus. 

Bordieres, êubst. fém. plur. Terres limitrophes. 
Ce sont les terres les plus voisines d'une ville ot 
d*un village qui les bordent. (Voy. Du Gange, GIoss. 
latin, au mot Alagla.) 

Bordillande, subst. fém. C*est peut-être le 
nom d*un pays. « Merrien de Bordillande y le cent 
« quatorze deniers. » (Ord. des Rois de France, de 
1315, T. I, p. 600.) Ce pourroit aussi être le bois de 
Bourdaine, avec lequel on fait le charbon qui entre 
dans la composition de la poudre à canod, suivant 
Savari, Dict. du Commerce (3). 

Borel, subst. masc. Cautionneur. G*étoit le 
surnom d'Eudes qui succéda à Hugues, duc de 
Bourgogne, son frère, en 1093. Ce surnom ou 
sobriquet, mal entendu par plusieurs modernes, 
doit être expliqué par cautionneur. (Voyez TAbrégé 
de rilist. de Bourgogne, par Carreau, p. 77.) 

Borges, subst. fém. Nom de ville. Bourges. 
(Voyez le Proverbe sale sur les habitans de cette 
ville, dans des Proverbes à la suite des Poës. fr. 
Mss. avant 1300, T. IV, p. 1652.) 

Borgne (4), adj. Sombre, obscur, borgne. « Je bai 
« les prisons borgnes et les sombres cachots. » 
(Nuits de Straparoie, T. II, p. 158.) De là, on a dit 
fenestres borgnes, pour désigner « celles par 
« lesquelles on ne peut regarder qu'avec un œil, et 
« les aveugles sont celles desquelles on n*a aucun 
« aspect, si ce n*est du ciel dont on reçoit le jour 
« ainsi que des tor^n^s. » (Laurière, Glossaire du 
Droit françois. — Voy. le Coût. Gén. T. II, p. 1072.) 
On a dit aussi le borgne , dans un sens obscène. 
(Voyez le Dict. d'Oudin.) 

Borgner, verbe. Regarder d*un œil. Ce mot est 
employé avec cette signiflcation dans ces vers : 

Borgnoyant Phœbus de travers. 

Poèt. da JaeqoM Tihurtiii, p. f 16. 

VARIANTES : 
BORGNER. Dict. de Colgrave. 
BoRONOYER. Poës. de Jacques Tahoreati, p. 116. 

Borgnet, adjectif. Diminutif de borgne. (Dict. 
de Monet.) 

Borjols, subst. masc. Espèce de moonoie. 

Gel an, droit à la S^ Remy 
BorjoiSf qui .u. ans et demy 
Coururent, de lor pris chéoit. 

Hiftt. da France, à U sidle du Rom. de Fauvel, foL. 89. 

Bornus, subst. masc. Borgne. Sobriquet tiré du 
mot breton qui signifie borgne. (Glossaire de THist. 
de Bretagne.) 



(i) Le sens est courir d*un bord sur Tautre, louvoyer. Retz écrit encore au livre IV, p. 3t9 : c Nous borde^ameê tonte la 
nuit dans cette incertitude, (n. e.) — (2) Le mot se trouve au xi* siècle dans les lois de Guillaume le Conquérant, 18 : 
a Pur un diner que il donrat, si erent ai«ite si bordier. 9 (N. B.) — (8) C'est peut-être le bourdiUon, bois de chône refendu 
pour faire des futailles. (N. s.) ^ (4) L origine du mot est inconnue, mais le sens propre est celui du genevoia bornide, 
loucher. Au contraire, luacua, origine de louche, était um borgne en latin. (N.B.) 



I- BO 

■ quant il tous plaira des vins de la cilé, il tobs 
• en eiiYoyra, et du j)08e/i£/ (2) aussi, pour adoucir 

■ voslre cuer. ■> (Histoire de B. Du Guesclio, par 
Hénan], p. 82.) 

Bosgnlllaume , subit, masc. Nom de Heu. 
BoisguiTlauiue. ■ Je n'oseroys assaillir ung bibet 

■ s'il estoit armé, non pas le franc archier du 

■ Bosguiliaume (3). > (Fabri^Arl. de Rhétor. fol. 157.] 

Bosquel, subtit. maic. Bosquet — Bois. 

Ce mot, sous les différentes orthographes que 
nous venons de rapporter, signilloit ordinairemiont 
un petit bois, un bots taillis. 

JouBte un bott[uel, 

Truls paaLourel, 

SouB un arbre aombroie. 

Port. HBS. tnpt 1SO0, T. IV, f. lUO. 

Nous le trouvons, sous quelques-unes des ortho- 
graphes ci-dessous, pour bois, Torét. 

Tant va par plain, et p«r boschage, 
Que an oaroD S' jnqiie vint, eic. 

tM. HSS. du A. B* lus, M. lia. V- ool. I. 
Gom la lenva sauvalge, 
Kj, des leus du bo»kaige, ' 
Airait le pieur a li. 

p«. uss. iTBit i9o«, T. m, r- Mt 

VABIAKTES : 

BOSQUEL. Poês. MSS. avant 1300, T. IV, p. iWO. 

BoEKEL. Poêe. MSS. Valicao, n" 1490, fol. 110, R°. 

BosQUEZ, Bousquet. Dict. de Borel, an mot Botchea. 

fiouscuKL. PoëB. MSS avant 1300, T. IV. p. 1531. 

BocuEL. Lancetot du Lac, T. H, fol. 3Î. R° col. 1. 

BoscHBT. Estrub. Fabl. MSS. riu R. n* 7996. p. 64. 

BocHBT. fabl. MSS. du R. n' 7615, T. II, toi. 61, V col. 2. 

BocHEZ. ibid. T. 1, fol. 63, R' col. 1. 

Roquet. Brantôme, Capiiaioes trancois, T. I, p. 3?5. 

BocgUET. Honet, Dict. 

BoisGHET. Hist. de B. Du Gueaclia, par Hénaid, p. 3GS. 

BoiCUBE, ptur. Fabl. HSS. du R. n°761S, T. I, fol. 66. 

BOCHAI). Poëa. MSS. avant 1300. 

BoscHAOB. PeLl. MSS. du R. n" TtiS, toi. 349. R» col. 1. 

BosKAiBE. Poês. MSS. avanliaOO, T. "" 

BoQUAGE. Fabl. MSS. du R. d> 7615, 1 

B08CAQB. G. Guiart, HS. fol. 830, R>. 

BosquiUon, subst. maK. Bûcheron. — Petit 
bois. 

Nous trouvons ce mot employé avec la signitlcn- 
tion de bûcheron dans le passage suivant- ■ Tous 

> marchands de bois, ouvriers et bos^ui/Zonsseront 
. tenus, etc. (4} • (Nouv. Coul. Gén. T. H, p. 149.) 

■ Ne plus ne se mennenl pour aucun rencontre, 

> que fait une dure coignee, laquelle le charpentier 

■ ou boequilton exerce continuellement à couper 
•I bois. • (J. Le Maire, llluatr. des Gaules, Liv. il, 
p. 227.) 

Ce mot est employé, dans le Dict. d'Oudin, avec 
la signiflcation de petit bois. 

VARIANTES : 

BOSQUILLON, Bocquillon. J. le Moire, lUiut. des Gaulea. 

Bosse, $Hbst. fém. Espèce de tonneau où l'on 
meltoit le vin. [Voy. l'Ëxtr. de la Chron. Delphiuile, 

(t) C'est tétofle qu'on nominait aussi buriau», et qu'on nomme iturtcnia. (N. K^^ — (3) Voir & Bochei. — (3) H deTsit,«Toir 
Jl célébrité dsVernet, le tnnc archer de Beanolet.(N. E.) ~^) On « des exemples du xu* siècle: i Dire vous voal (d'un 
^imlier (AejswJMnt, et d'un escuier, Et df'un botkiHon incdt pieudomme, -Qui ert vuiua querre une «Mume Ue buActes 
'"""" " t,SS.)tK.*.} 



BO -' 

Borreaq, mUt- mate. Bourreau. 

T4IIIA1ITBS : 

BOBRUU. IKcL de Borel, f« additloRs. 
BoDitUABB. Fabl. HS. du R. o* T«8, fol. 78, R* col. 1. 

Borriaa, whst. mtuc. Peut-élre bas rembourré. 
Hdw ne donnons cette siguiOcation que comme 
«oieeturale , ear nous ne pouvons l'assurer. Voici 
le passage où nous trouvons le mot borriau : 

IHex MTt marcheana d'encombrier 
QMndellara, poUers, lormerie, 
fiwn|M>i^ defetooerifl. 
De Mtes, d'estriera, de poitraus, 
De duretés, et de bomoui (1). 

¥M. HS. di n. n- TUS. toi. «93, V col. 1 . 

Borriere, adj.au fém. Qui donne du beurre. 
On a dit, en ce sens, vache borriere. (Voy, le Goal. 
Cén. T. n, p. 4S2.) 

Borrols, $ubtt. masc. Sorte de marchandiBe. 
Peat-élre mine de plomb qu'on tiroil du Borrois : 

• Eneenz. azur, laque, et masUc blanc, mine, 

• iorr<tts. Inde de Baudas, yvoire, etc. • (Ord. des 
Rois de France, T. II, p. %«).) 

BorSt subst. masc. plur. Confins. 



Coqidllvl.p.l, 

Borsée, adj. au fém. Ridée, plissée comme une 
boorae. 

S'antrement ne pids s'araor avoir, 

Diex le jbice si vielle, et ai bortée, 

Ko toB li mons, fors mol, toa aeua, la bée 

Savùr se ja me porroit escbaoir. 

PoH. fr. HSS. mut 1300, T. U, p. OU. 
VAHlÂNTES : 

flORSfX. I^. tr. H^^ avant 1300, T. II, p. 964. 



XA^so. ir. aïoo. uvuui louv, i . ii, u. dq*. 

I. PoCs. fr. MSS. avant 1300, T. I, p. 3ffî. 

Bort, 0(0'. Bâtard. On Wiie bort de Rabastens, 
dans le Glossaire latin de Du Cange, au mot Bort. 
^ Cange, sur JcMnville, p. 63.) 

Bort, subit, masc. Bord, rebord. • Si le maitre 
* à qui est la dite muraille en laquelle on veut 

■ appuyer, a en icelle muraille fenestrages portant 

■ Iwr/, ferrures, ou yraigne, ou esgoute de tuille 

< par dehors, au dit cas, l'on ne pourra appuyer, 

■ n'autrement emppuyer, n'autrement empesL'ber 

< la veue des dite fenestrages. • (Coût. Gén. T. Il, 
p. 478.) De lit, on a dit entre bort, pour outre 
mesure : 

Saoulei outre bort. 

Lm Hvf . ds ta lUrf . M. Kï, R-. 

.Onqnes for moino vi 
Amer nul si tort, 
Ne si outre bort. 

Poil. fr. USB. Bivri 1800, T. IV. f- 1M3. 
VARIANTES : 

BUtT. ContuBûer Général, T. Il, p. 478. 
BoUBT. Le Jouimcel, MS. p. 369. 

Boscbet, mbtt. masc. Sorte de liqueur. • Et 



BO 



- 64 — 



BO 



rapporté par M. Lebeuf, dans les Hém. de TÂcad. 
des Belles-Lettres, T. XX, p. 243.) 

Bossete^ subst. fém. Diminutif de bosse. De 
bosse, pris dans le sens générique, on a fait bossete. 
Ce mot, dans le passage que nous citons, signifie 
les inégalités du terrain. 

Par terres dures, et par boes, 
Ront li pluseurs piquois. et hoes, 
A quoy les bocetcs esracnent, 
Li autre les buissons débâchent. 

G.Guitrt.MS.fol.76.V*. 

On a dit aussi que « le lièvre a le fond du pied 
« bosselé de petites bosselés. » (Modus et Racio, 
fol. 30 (1).) 

TARIANTES : 

BOSSETE. Modus et Racio, fol. 30, V». 
BossETTE. Dict. de R. Est. et d'Oudin. 
BocETE. Cbasse de Gast. Pbéb. MS. p. 84. 
BOCLETE. Modus et Racio, fol. 30, V<». 
BoucETTE. FouiUoux, Vénerie, fol. 108, V«. 

Bostar, subsL masc. Etable. Ce mot se trouve 
dans le poëmed*Abbon, intitulé Obsidio Luleliœ (2). 
Il est expliqué par slabulum dans la glose même 
de l'auteur. 

Bostelier, subsL maso, Boteleur. On lit bosle- 
lier de foing^ dans les sermons de Henot, cités par 
Du Gange, Gloss. lat. au mot Bostillalor (3). 

Bot, subsl. masc. But. — Bout. — Espace de 
terre. — Grappe. — Fossette. — Sabot. — Chaloupe. 
— Crapaud. 

On trouve bol pour but dans les contes d*Eutr. 
page 84. « Le bol frapit le palet, ou si le 
« palet frapit le bol. » 

On Mi bol pour bout, extrémité, dans la Thaumas- 
sière (Coût, de Berry, p. 294.) « Jusques au bol du 
« moys, » pour jusqu'au bout du mois. 11 a la 
même acception dans les vers suivans, où il est au 
pluriel : 

Son mantel pardevant desploie, 
Por ce qu'on voie sa corroie ; 
Se n*a mantel, lieve les 6os, 
Por ce qu'on voie, par desoz, 
C'eUe a bonne cote, ou pelice. 

Fabl. MS. du R. n* 7615, T. 1. fol. 107, V* ool. 8. 

De là, on dit de bol pour debout, en pied. 

Ailleurs quand i'en auroit loisir, 
Les irai de bot démentir. 

Parton. de Blois. MS. de S. G«in. fol. 144, V* ool. f . 

Selon Du Cange, boly dans le patois breton, dési- 
gnoit un espace de terre. (Voy. le Gloss. lat. au mot 
Bolaria.) 

En ce même patois, il signifie aussi une grappe^ 
selon le Gloss. de THist. de Bretagne. 

Borel dit que c'est le nom du irou ou fossette, 
dont les enfans se servent pour jouer avec des noix. 

Ce même mot désigne un sabol dans le patois 
poitevin. 



Il est mis pourchaloupe, bateau, dans ce passage: 
« Le trouva prest pour faire voile, et vint en un 
« petit bol, aborder au navire. » (Mém.d'Otiv.de la 
Marche, Liv. I, p. 274.) On se sert encore aux Indes 
orientales d'un petit bateau que Ton appelle bot. 
C'est peut-être de ce mot que l'on a forme celui de 
paquebot ou paquel-bol, qui est un vaisseau de 
passage. 

Enfin, dans notre ancienne langue, bo^signifioit 
un crapaud, selon Borel et Monet. 

Rabelais, T. III, p. 17, s'est servi du terme vrai 
bol, pour une espèce de jurement. (Voy. Bouns 
ci-après.) 

VARIANTES : 

BOT. Contes d'Eutrapel. 

Bos, auplur, Fabl. MS. du R. n» 7615, T. I, fol. 107, \: 

Bot, adj. Tronqué en rond, émoussé. D'où Ton 
a ÎSiiipied bol. (Voy. les Dict. de Nicot et de Monet.) 
L'on a dit, en termes de vénerie : « Pour y réussir, 
« il faut que le cerf que vous courez ait un pied 
« extraordinaire aux autres, comme d'estre un 
« grand pied long, ou un fort grant pied rond, ou 
« que ce soit un si vieux cerf dont le pied en soit 
« retressi, et extraordinairement petit, ou qu'il ait 
« un pied bol, ne donnant que du bout de la pince 
« en terre*. » (Salnove, Vénerie, p. 157.) 

Botage, subsl. masc. Droit seigneurial. C'étoit 
un droit sur chaque tonneau de vin qui se vendoit 
en détail. Le nom de bollage venoit de botte, qui 
en divers pays signifie tonneau. (Voy. Laurière, 
Gloss. du Dr. Fr. ; le Gloss. sur les Coût, de Beauv. 
et Du Cange, Gloss. lat. aux mots Boucellus et 
Veheria.) « Le droict de boutage, appelle en mot 
« commun, et gênerai, la veherie, qui est que le 
« seigneur des dictes terres de Chasteau Neuf, 
« Beauvoir, et S* Julien, qui n'étoient anciennement 
« qu'une même seigneurie, a droict de prendre, 
« pour iceluy droict de boutage, sçavoir que 
« chascun tonneau de vin qui se vend en détail, en 

< chascune taverne, quinze pintes, et chopine de 
« vin. » (LaThaumass. Coût, de Berry, p. 163.) 

VARIANTES ! 
BOTAGE. Laur. Gloss. du Dr. Fr. 
BoTAiGB. Dict. de Cotgrave. 
Boutage. Gloss. sur la Coût, de Beauvoisis. 
BouTAiGE. Beaumanoir, notes, p. 427 et 429. 

Botagler, subst. masc. Qui reçoit ou paye le 
bolage. (Voy. Botage ci-dessus.) 

Botanomantie, subsl. fém. Façon de prédire. 
C't^toit Tart de prédire l'avenir par le moyen des 
plantes, comme l'indique le mot même qui est tiré 
du grec (4). (Voy. les Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 
« La bolonomantie qu'elles font par le bruit et 

< cliquetis des feuilles de bruse, bouys, ou laurier 
« brisées entre les mains, ou jettées sur les cbar- 



(1) La même phrase décrit le pied de la loutre au fol. 12, verso, (n. b.) — (2) < Bostar^ écrit Papias, locus ubi comburebatur 
corpora boum, vei status boum. > Voici ce vers d^Abbon : c Efflcitur bostar Germani antistitisaula. > On le trouve encore 
dans Mathieu Paris et aux Gloss. mss. du f. lat. n«* 521, 7657, 7684. (N. E.) — (3) Voici le passage : < Voyre feust il fllz d'un 
savetier, ou sorti de la maison d*ung bostelier de foiog (fol. 93, verso). » (n. b.) - (4) Botàrri, plante, et fAtuntia, 
prédiction, (n. b.) 



BO -' 

:■ bons ardens, estoit jadis pratiquée par les 
,1 payens. ■ (Maladie d'Amour, p. 136.) 

Botargne,<u^3^/i^.So^tedemets(l].Nalbaniel 
'Sués dil que la boutargve est une sorte de viande 
'fkile d'œufs d'estur^ons salés et s^hés. (Voyez 
aussi les Dict. de I^icotj Ifouet, Oudin et Cotgrave.) 

TARIANTES : 

BOTABGUE. Dict. de Nicotet de Honet. 
BoOTARaoK. Oudin, Dict. 

Botasse, subst. fém. Augmentatif de botte. Il 
est employé par Rabelais, T. III, p. 265, pour dési- 

Ker une grosse et grande botte, dans le sens de 
lie pour monter a cheval. Eustache Deschamps 
l'a employé aussi pour augmentatif de botte, eu 
prenant botte pour tonneau. C'est en ce sens qu'il 
.appelle un ventre gros et pesant une botasse, 
dans une pièce de vers où le cul parle ainsi au 
Tenlre qu'il ne veut plus porter; 

Voaire coiroje et boiatte lairsy 

Cheoir du tout ne faites que souQer, 

Et en allant comine un pourceaulx ronfler. 

Ventre puans. 

i>Dn. USS. iTEiul. D«di. Col. IM, ooL 3. 

Bot-cam, subst. masc. Branche d'arbre recour- 
bée par l'extrémité. Mot breton (2). (Voy. le Gloss. 
ktt. de Du Gange, au mot Cambotta sous Cambuta.) 

[La forme latine se trouve en la vie de S' Gall. 
<AcI. ss. B. sec.ll, p.245.]] 

Bote, tubst. fèm. Botte. — Crapaud. 

Ce mot subsiste dans la première acception de 
botte. On le trouve quelquefois écrit bot, en ce 
même sens, dans nos anciens poètes. (Voy. le Rec. 
des Poêt. USS. avant 1300, T. IV, p. 1373.) 

Sous l'une et l'autre orthographe, ce mot a signi- 
fié crapaud ; de là, selon Fauchet, > enflé comme 

■ wmbotte, • signifioit enflé comme un crapaud, 
et non pas enflé comme un tonneau, quoique botte, 
signifie aussi tonneau, comme nous le dirons ci- 
Iprès. (Voy. BOTTB.) 

TABIAN1ZS : 

BOTE. Dict. de Borel et de Honet. 
Botte. Dict. de Borel et de Ménage. 

Boté, adj. Terme de chasse. On dit en parlant 
des fumées du cerf: • Se elles sont vaines, et legie- 
< res, et limoneuses, ou entées toutes commune- 

■ ment, ou le plus, ou de botées, ou aguillonnées 

■ aux deux bouts, ou à l'un, ce sont mauvais 

■ signes, et n'est point cerf chassable, ne de dix 

■ cors. ■ (Chasse de Gaston Phébus, us. p. 151.) 

Boteaux, subst. masc. plur. Barils. Voy. Du 
Cinge, Gloss. lat. au mot Boucellvs (3), où on lit cette 
citabon du cartulaire de S' Vandrille : > Comme 

■ autrefois les diz religieux fussent tenus de porter 
• deux boliaulx, ou barils pleins de vin, etc. • Il 
est écrit plus bas boteaux et botiaux. 



i- BO 

TARUHTES : 

BOTEAUX. Du Censé, Gloss. lat. au mot Boucetlut. 
Botiaux, Botiaulx. Cartulaire de S' VandriUe. 
BouTiAUX. Notice du Rom. d'Alex, fol. VA. 

Boter, verbe. Pousser, repousser. — Fatiguer, 
rebuter. — Etre poussif. 

Boter (i) est opposé fi tirer, dans les vers suivans, 
où, en parlant de la fortune, l'on dit : 
Les uns atret, les autres bote. 

Fibl. HS. du n. n- 7Bt5, T. I, fol. 65, R* csl. I. 

Ly on boutent, W autre sachent. 

Hlil. dei irait Unii», « nn, US. p. 370. 

Ce mot semble avoir été employé, en parlant de 
combat, pour frapper en poussant, ou pour repous- 
ser, par opposition au mot /"mr dans le sens absolu. 
11 ne me tlert, ne ne boule. 

Poô, Pr. KSS. iml 11D0, T. lU. p. 088. 



Bouter s'est appliqué, dans le sens de pousser, à 
la terre qui fait pousser des herbes. 

La terre arrosée 

D'une [raische, et douce rosée 
Commence à bouler, germer. 

B(rg«rist da R. Ik-Ugn, T. I, p. lE. 

Ce mot est pris pour fatiguer, rebuter, extension 
de l'acception repousser, dans le passage suivant: 
< Il estoit si bouté de sa femme, et des chevaliers 

> de son costé, qu'il ne s'en pouvoit retraire, ne 
• dissimuler. ■ (I-'roissart , livre I, p. 282 (5).) 

On a dil d'un faucon qui a grosse haleine, qui 
est poussif ou asthmatique : ■ Un faucon qui 

> bou^e, et a grosse alaine. • (Modus et Racio, ns. 
fol. 132.) 

VARIANTES : 

BOTER. Fabl. MS. du R. b' 7615, T. I, toi. 65, R» col. 8. 
Bouter. Rom. de Roii, US. fol. 3ft). 
BoL'TOVER. i. de Mcung, Cod. cité ci -après. 

Botereau, subst. masc. Crapaud. Corneille, 
dans son Dictionnaire, donne à ce mot l'acception 
de vautour, d'après Borel. Nous ne trouvons nulle 

§art ce mot, dans celte acception. On lit dans Lanc. 
u Lac, T. II, fol. 10: «Si legelta dedans.siyavoit 
. moult grant planté de botereaux, et de serpens. ■ 
Le mot boterel, dans le livre de la Somme des 
Vices et des Vertus, répond au mot provençal bufos. 
On lit dans les Fabl. tis. du R. n° 7615, T. II, fol. 189, 
où il est parlé de la pierre appelée crapaudine, 
ces vers : 

Hes celé qui entre les eus 

Du bolerel croist est plus flne, 

L'on se ut a peler crapaudine. 

Qui bien apartient à orgetl. , 

On lit dans le Test, de J. de Meung, parlant au 
sujet des tourmens que soulTriront les réprouvés : 
Cbault et rroit sans mesure, pueura intolérables 
Bnleraulx, et couleavres, et visions de diables. 

J.d«Mauii|[,Cod. tHa. 

On donnott le surnom de bolerel aux gens trapus 



. <1) On le prépare en Italie et au midi de la Frsi 
bvularffue*. r (N. K.) ~- (3) Cam signine boiteux, i 
duB là Cbanson de Roland : • 11 les a prises, en i 



■ens d'ébruiter : < 



u midi de la France. Rabelais (IV, 60) écrit : t D'entrée de Uble, ils lui oiftent caviaus, 
■ — ■ - ■ ^nw, boBEU. <N. E.) — (3) Sous bvita, 3. (N. e.) — (4) Le mot se trouva 

„ a prises, en ea hoese les bulet (Str. XLIX). » (N. E.) - (St U a euasi dans Froissait le 

U y commencèrent & bouler hori ce» dures et sogoisseusea nouveUes. > ijkl. Kerryn, ïï, ^.) (n. b.) 



10 -• 

et mal faits. L'auteur dn Stippl. au GIoss. du Rom. 
ûe la Roue croit que betterel, qn'oii Ift an vws 5*82 
de ce Roman, comme épithètea'nn avare qui enfouit 
seff'trésors, pourroil venir du verbe ancien bouttre 
p*sr mettre, c'est-i-dire qui bottttê, qui net, ^ui 
entasse deniers sur deniers ; mais je crois OM (X 
mot est une iajura odieuse empniDtée â l'idée que 
l'on attache aux crapaods. 

TUtlAKTeS ; 
BOTEIlEAtT. Lancelot du Lac, T. H, M. 10, V' col. 1. 
BoTEREi., BoTTBHra,. Do Cange, Glosa, lat. an mot Botta. 

Bothynes, subst. Fosse. (Voyez CellhelL de 
\4oa Trippaull.) 

Botlnes, subtt. fém. plvr. Ce mot subsiste, fit 
nous ne le citons qaepoorrapportw cette ancienne 
expression : traîner ses boîines. On la trouve dans 
ce passage de t'Amant rendu Cordelier, p. 590 : 

Estudierei les leçon» 

Qu'il Faudra chanter à matiDca, 
Ne n';rez, T«rs prés ne buissons 
Baver, ne (rainer nn botintê. 

Nous disons en langue popolaire : traîner la 
savate, dans le même sens (1). 

Botfneur, sub&t. ma$c. Hoine portant bottines. 
Oa s'est servi de ce mot pour désigner en général 
toute espèoe de moines chaussés , et dont ta chMs- 
wre couvroil une partie de leurs jambes. (Voyez 
Rab. T. H, p. 2M, et la note de l'éditeur ; id. T. IV.) 

Botoirs, subst. masc- Espace de terre. Ce mol, 
qoi se trouve dans une citation latine du Glossaire 
latin de Du Gange, au mot Castellatio, signifie 
territoire, flnage, espace de terre. On a vu ci-dessus 
bot, avec la même acception. 

Botrusses, subst. fém. plur. Sorte de viandes 
épicées. Voyez le Dict. de Borel, qui cite ce vers du 
Jivre de la Diablerie : 

BoudiQB, andouillee, et botrMieÊ. 

Botte, subst. fém. Terme de vénerie. — Chaus- 
sure. — Coup. — Tonneau. 

Au premier sens, en terme de vénerie, nous 
trouvons ce mot employé dans le passage suivant : 

• Comme les cerfs mettent leurs bottes au premier 

• an: aussi en tels temps ils portenlleurssaiseaux, 
< et broches. ■ (Fouilloux, Vénerie, fol. 99.) Je 
croirois que bottes, en ce passage, est une faute 
d'orthographe pour basses ; alors ce mot désigneroit 
une espèce de tumeur qui est sur le haut de la tête 
du cerf, et d'où sort sa ramure. 

Nous disons encore botte, pour désigner une 
sorte de chaussure dont on se sert pour monter à 
cheval. L'acception de oe mot étoit autrefois beau- 
coup plus étendue. Il signifloit : 

1* Les ehausses fourrées. Les religieux de S' 
Denis, par un acte de 1428, se contentent pour leur 



BO 

vestiaire , chacun d'sne cotte 4e bnmette et d'une 
robbe de brouelle p&r an -, et les oRtciers de l'abbaye, 
aussi bien que les religieux prostrés, couvieaaeat 
de ne plus [lorter ny pelices, ny bottes, c'esl-à-fUiv 
ni robes, m chausses fourrées. (Felibien, Hi^ de 
S' Denis, en 1428, p. 344.) C'est en ce seosqull 
lïiut l'entendre dans les vers suivans : 

Et vos graos botes cbaucetai, 
Et je ma robe tous leraî. 

Fibl.HS.iiuIt.n'1«B,IW. («I.VeoI. 1. 

Cette explication est confirmée par la citation 
soivante, tirée de la Chronique d'Ehnand, an itiU, 
où il est dit que Pierre, abbé de Clairveanx : BotiÊ 
nunquam usxa est. 

2" Pantoufles, on chaussure qui en tenoit lien : 

■ n n'avoH que sa robbe de nuit, et ses bottes. » 
(Hist. d'Ailus m, connest. de Fr. duc de Bret. p. 759.^ 

3> Les bottes fauves, ou couleur de citron. Céton 
une chaussure particulière aux amoureux du temps 
jadis. (Glossaire des Arrêts d'Amours, et Le Duchat, 
sur Rabelais, T. I, p. 100.) 

4' Perdre ses bottes, signifloit mourir: . Une 
< dissenterie me surprist, mon médecin pensa 
« perdre sa lecoo, et moj mes bottes (2). • 

I« mot botte ^ dit encore pour coup, en iermtt 
d'escrime. Il étoit autrefois d'usage dans le même 
sens, en parlant du jeu du mail: ■ Henry II jouoit 

• à la balle à emporter, ou au haton, ou au mailte, 
« qu'il avoit fort bien en main ; car il esloit fort, et 

• adroit, et en faisoit de très belles et longues bottes, 
« ou coups. • (Brantôme, Cap. fr. T. II, p. 46.) 

Enfin, hotte signifloit une sorte de tonneau ou de 
muids: « S'il se trouvoit encore quelque peu de 

• vin à vendre, il se vendoit à raison de cent 

■ quarante leus (T) la botte, parlant à la façon 
« romaine. • (Mem. de Villeroy, T. IV, p. 76.) 

Botté , part. Qui a des bottes. Ce mot subsiste, 
mais nous devons marquer le sens figuré de 
l'expression suivante : gens bottez de [oing , pour 
gens grossiers , comme les paysans qui , au défaut 
de bottes, s'en font avec du foin cordelé. (Le Duch. 
sur Rabelais, T. IV, p. 40; — Voyea les Contes 
d'Eutrapel, p. 205.) 

Botter, verbe. Boiter. On a dit au fîguré faire 
botter, pour faire boiter, rendre imparfait. 
C'est peut-être une faute d'impression. 

Botz , subst. masc. plur. Bouts , extrémités. 

■ Avoir deux botz. ■ Façon de parler qui semble 
s'être employée pour désigner les raisins et les blés 
coupés: ■ Seront tous fruictz, de vignes, et de 

■ bledz en terre, e»dictes heritaiges, jusques ils ont 

• deux botz qui, c'est-à-dire qu'ils ne sont meubles 

■ jusques ils sont cuillis. ■ (La Thaumassiêre , 
CouL de Berry, p. 288 ) 



(1^ On lit dans Desperiers (06* Conte) ; • Les souliers lui semblèrent bien venir à ses pieds, comma les bottines à ses 
■MSiDes. — Or combien qu'en ce joyeux devis U soit usé ds oe mot boUinai, tout^oîs it ne faut pas entendre des bcUmes 
à la façon des nôtres, puisqu'elles se mettent eu des souliers. > {s. E.) — <3) Cette citation est extraite des Mâmoèras 4b 



BO 



— « - 



BO 



Bou, tubst ma$c. Boulean» arbre. (.Dict. de 
Cbtgrave.) Oi dlsoit: Balais de bou. IJlm. Coût. 
(Twéans, p. 473.) 

Bouart (1) , wbsf . masc. Marteau de fer. (Dîct. 
di Monet.) 

Boubé, subst fM$c. Espèce de chien de chasse. 
(Dict d'Oudiû.) 

Bonbon , 8ub$t. ntasc. Bubon, tumeur. Espèce 
de cbarboQ. (De Gaage, Gloss. latin , au mot Bubo.) 

Bouc, $ub$t. masc. Outre. — Débauché. 

On appeloit bouc, une outre à mettre le vin, du 
nom de l'animal dont la peau servoit à faire cette 
sorte de vase. Bout est peut-être une faute d'ortho- 
graphe. Il est au féminin dans le passage suivant : 

Bon vin burent, et fort, et roit ; 
Ce m'est avis d^aucoirre estoit, 
Haine une bout de trois sistieni. 

FièL MS. do R. ne 7218, fot 978, R» eoL 1. 

Le mot bouc s'est employé» par métaphore, pour 
débauché. (Dict. d'Oudin.) 

VARIANTES t 
BOUC. GiOBsaire de THistoire de Parie, à Bouc. 
Bout. FabL MS. du R. n« 7SiS, fol. 27^ R* col. 1. 

Boucabu j adj. On dit à Angers qu'une fllle a 
été boucahu^ quand elle n'a pas dansé au bal. 
(Dict. étym. de Ménage.) 

Boncaner, verbe. Faire la grimace. Q^ict. 
drOudin.) 

Boucanier, adj. Vieux. Hors d'usage , qui a 
vieilli : 

Je suis boucanier (2) radoté, 

A qui trop mieulx affiert plorer que rire. 

CretÎB, page 179. 

ITARIANTES : 
BOUCANIER. Dict. d*Oudin. 
BouQUANiBR. Dict. de Monet. 

Boucau, subst. mase. Caque. (Glossaire de 
l'Histoire de Paris.) 

Boucaut, subst. maso. Bouche d'un fleuve. 
Mot bayonnois. (Du Gange , Gloss. lat. à Buxearia.) 

Bouccho, subst. masc. Sorte de cri. C'est celui 
dont on se sert en Languedoc pour appeler les 
chèvres. (Dict. de Borel.) 

VARIANTES : 
BOUCCHO. Dict. de BoreL 
BoacHOB. Dict. de Borel, au mot Bouque. 

Boucel, subst. masc. Engin à pécher. Après 
rénumération des instrumens servant à la pèche, 
on lit: « Que l'on n'y adjoigne boucel espés. » 
(Gr. Goût, de Fr. p. 73. — Yoy. Bougqellb ci-après.) 



Boucele» subst. fém. PeUte boucle : 

EUe a le cors bien fatV 
Et duretés mameles ; 
S'a le chief blonctelet, 
Con B ors en boucele, 
Sorcies en archiee. 

Pota. IISS. avttil iSûO, T. IV. f. im. 

Bouc-estain, subst. masc. Animal qui tient du 
chevreuil et du daim. Bouquetain est expliqué par 
bouc sauvage, dans le Dict. de Monet. 

VARIANTES * 
BOUC-ESTAIN. Le Duchat, sur Rabelais, T. IV, p. 138. 
BouQUK-TAiN. Dict. de Monet. 
Bouquetin. Rabelais, T. IV, p. 13S. 

BoHcete, subst. fém. Petite bouche : 

Sa douce boucete. 

Pois. MSS. dn VaCkan. a- 1400, M. lift, V* 

VARIANTES I 
BOUCETE. Poës. MSS. Vatican, n» 1490, fol. 112, V*. 
Bouchete. Dict. de Monet. 
BoucuETTB. J. Marot, p. 163. 
Boucuëlette. Rem. Belleau, Bergeries, p. 60. 

Bouchaille, subst. fém. Clôture : « Praerie aui 
« ne porte point de bouchaille. » (Nouv. Coul. Gea. 
T. III, p. 1214.) 

Bouehaiiy subst. masc. Nous citerons le pas- 
sage où ce mot est employé, sans en fixer la signi- 
fication (3). Dans TAnc. Coût. d'Orléans, à la suite de 
Beaumanoir» en parlant des droits dus au geôlier 
par les prisonniers, on lit : « Ceux qui gisent en 
« lit un denier, à terre, obole, sur le bouchau^ 
« riens, et doivent avoir ceus qui sunt bors, desus 

< le bouchiau^ feu et chandele. • 

VARIANTES l 
BOUCHAU. Ane. Coût. d'Orl. à la suite de Beauxn. p. 471. 
BouGHiAU. Id. ibid. 

Bouchaus(4],subsf. masc. plur. Outres. Vases 
de cuir à mettrele vin. « Deux paires de bouchau^xûe 

< cuir, l'un tenant un muy, et Tautre 24 sestiers. » 
(Citation dans le Glossaire lat. de Du Cange, au mot 
Hostis.) Ce passade prouve que la mesure de ce» 
vases n'étoit pas déterminée. 

VARIANTES l 
BOUCHAUS, BoucHiAUS, BouciAUS, 

Bouche, subst. fém. Bouche. Ce mot subsiste 
sous cette orthographe. On disoit bouque dans le 
patois de Cahors. 

Son douz reffart, et son cher vis, 
Sa bdle boiche (5). et son biault riz. 

Atbis, MS. fol. 4, V> eol. S. 

On s'est servi du mot bouche^ en parlant de la 
gueule d'un chien. « On doit prendre le chien, 
« quant il a demi an passé, et li tenir bien les 



(1) Le même que bouvard. Il servait dans les monnaies. La racine est peut-être bouvart, jeune bœuf. On appeUe encore 
mouUmSy les marteaux mécaniques, (n. e.) — (2) L'origine est le mot caraïbe boucan, daie. Les boucaniers cnassèrent et 
préparèrent le bœuf sauTage. (n. b.) — (3) Bouchau, comme sa variante bouchot, a le sens de bouchon ; c'est un dérivé de 
hmtche, qui anciennement signifiait faisceau de branchage , javeUe de chanvre , et dont l'étymologie est l'allemand 
Bimehe, Duisson. Coucher sur le bouchau est donc réquivalent de coucher sur la paiUe. (n. e.) — (4> Bouchant ou baucaul 
est le contenu d'une peau de bouc; on trouve aussi la forme boucel, avec le sens d'outre: c II establi les eves delà 
mer Ronse aussi comme en un boiu:el, si que mal ne firent au pueple cpii passoit. > (Psautier ms. fr., bib. MazariaOt 
ifWè, toi. 98. (N. B.) — (5) Boiche se trouve aussi au Roman de la Rose^ v. 57& : c Si m*a mes mestres deffendUt Que îa 
mot n'isse de ma boiche Qui de ribaudie s'aproiche. » (if . b.) 



BO 



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BO 



« quatre pieds, et li mettre un baston au travers de 
« la bouche, » (Chasse de Gaston Phébus, ms. p. 97.) 
On trouve dans Rabelais boucque du hault ventre ; 
c'est-à-dire Torifice de Testomac : « Au col eut une 
« chaîne d'or, et descendoit jusques à la boucque 
« du hault ventre. » (Rabelais, T. I, p. 46.) 

Bouque a signifié embouchure d'un fleuve : « A 
« la bouque du fleuve Boryslhenes. » (J. Le Maire, 
lUustr. des Gaules, livre l, p. 46.) « La feit aborder 
« à la bouque et entrée du fleuve Crinisus (1). » (Idem, 
livre I, p. 113.) 

Le mot bouche entroit, autrefois, dans quantité 
d'expressions que nous allons rapporter : 

!• Parler à bouche^ c'est-à-dire parler en personne 
ou parler bas. « Parlèrent au Roi a bouche. » 
(Journal de Paris, sous Charles VI et VU, p. 16.) 

On a aussi dit dans le même sens : deviser bouce 
à bouce : 

Par messaige ne doit, ne par escrit moustrer, 
Mais trestot^ bouce a bouce, li convient deviser. 

Vies des SS. MS. deSorb. cblf. xxvii. col. 8. 

2'' Bouche bonne ou mauvaise, pour bonne ou 
mauvaise réputation ou renommée. « La bonne 
« bouche que semez de moy. • (Lettr. de Pasquier, 
T. II, p. 179.) « Ay-je laissé quelque mauvaise 
« bouche de moy^ après ma mort. » (Pasquier, 
Recher. p. 905.) 

3' Parler à demi bouche, pour parler à mi-voîx. 
« Il parle bas et à demy bouche. > (Sagesse de 
Charron, p. 226.) 

4* Avoir bonne bouche, pour être discret ou parler 
conformément aux instructions que l'on a reçues. 
Le comte de Flandres, se sauvant des Gantois victo- 
rieux qui étoient dans Bruges (2), met les habits de 
son valetet lui dit: « Va t'en ton chemin, sauve-toy 
« (se tu peux), et ayes bonne bouche, se tu esches 
« es mains de mes ennemis, et se on te demande 
« nouvelles de moy, garde bien que tu n'en dies 
« rien (3). » (Froissart, livre II, p. 182.) Avoir bonne 
bouche signifloit, aussi, être bien instruit pour 
répondre. « Qu'elles eussent toutes bonne bouche, 
« quand d'avenlure le Roy se viendroit enquérir 
« d'elles qu'est devenu l'enfant. » (J. Le Maire, 
Illustr. des Gaules, livre l, p. 55.) 

5** Tenir bonne bouche de quelqu'un, c'étoit en 
dire du bien. « Ung autre François nommé Pierre 
« de Bavard, duquel j'ay souvent par ses bienfaits, 
« tenu bonne bouche. » (Jean d'Auton, Annales de 
Louis XII, MS. de 1503, fol. 11.) Nous lisons porter 
bonne bouche, en ce sens, dans les Fabl. ms. du R. 
n» 7218, fol. 260. 

6* Faire la petite bouche, c'étoit dissimuler. 
« Dites ce que vous semble que nous aions à faire 
« franchement, devant tous ces seigneurs icy ; et le 



« capitaine respondit : Monseigneur, il n'en faut 
« point faire la petite bouche, en leurs fortifications 
« vous leur mefferez jà,etc. » (Le Jouv. ms. p. 196.) 

7* Faire la bouche, c'éloit instruire. On dit encore 
aujourd'hui, faire le bec à quelqu'un. (Dictionnaire. 
d'Oudin.) « Ces galansluy ayans/iiiHâ bouche[A). » 
(Nuits de Straparole, T. II, p. 407.) 

8** Avoir la bouche fraische, signifloit éloquent, 
beau parleur. « Plusieurs jeunes leurons amoureux 
« frequentans la chasse des masques, apprenentà 
« deviser et bien parler, et avoir la bouclie fresche^ 
« deviennent serviteurs des dames, se façonnent 
« et acquièrent de l'esprit. » (Arrêts d'Amours, 
page 413.) 

9'' Mesus de bouche ou de main, pour injure ou 
mauvais traitement. « En la dite terre l'on ne peut 
« aulcune chose confisquer pour quelque mcsuz, 
« soit de bouche ou de main. » (Nouv. Coût. Gén. 
T. î, p. 442.) C'est dans le même sens qu'on lit : 
« fait de bouche. » (Ibid. p. 835.) 

iù" A bouche d^homme, c'esi'h'iire à la hauteur 
de la bouche. « Un censier peut copper bayes 

< d'espines ou autre bois faisant closture, à bouche 

< d'homme et espincher bois montans à six ans. « 
(Coût. Gén. T. Il, p. 914.) 

11* Hommage de bouche et de main. C'est : 
« Vliommage que doit faire le vassal lige, non seu- 
« lement de bouche et de parole, mais encore en 

< mettant ses mains entre les mains du seigneur. » 
La main et bouche , c'est faire le serment de 
fidélité (5). (Laur. Gloss. du Droit Fr.— Voy. le Dict. 
de Monet.) 

12** A jouîmes à bouche et à main, pour ajournés, 
pour rendre témoignage et faire serment, en levant 
la main. « Si plusieurs témoins sont adjournez à 
« bouche, au jour de première production. » (Grand 
Coût, de Fr. livre 111, p. 351.) 

Par devant nous à qui ce touche, 
Adjournez de main, et de bouche. 

Poès. (i*Bust. Desch. fol. 413, col. 8. 

13° Diteurs de bouche, pour joueurs d'instrumens 
à vent. « Y avoit grant multitude de menus gens, 
« comme ribaux en chemises, joueurs de dez et 
« gens qui font semblans d'estre malades d'aucun 
« mal de saint et autres gens, comme bossus, 
« monstres, contrefais, et heraux, et diteurs de 
« bouche, qui estoient là venus. Toutes ces gens 
« estoient vicieux de la partie au Roy des vices. » 
(Modus et Racio, ms. fol. 289.) On a aussi dit dans 
le même sens menestrier, ou ménestrel de bouche. 
(Voyez Froissart, Vol. IV, page 102, et Bouteiller, 
somme rurale, p. 717.) 

14* Entre la bouche et le verre, ou entre la bou- 
che et la cuillier, pour entre le projet et l'exécu- 



(i) < Troia Criniao conceptum flumine mater Quem genuit. » (Vijnrile.) (n. e.) — (2) Après la bataille de Beverhoutsveld 
<i3S2). (N. E.) — (3) Comparez Kervyn, t. X, p. 96. On Ut à la paffe 39 : c Or ne te esmaye, ne effrée de chose que tu voyes, 
ne oyes, et fav che que je te commanderay en portant bonne boucJie. » (n. e.) — (4) On lit aux Mémoires de Scepeaux 
(xvi* siècle^ II, 13) : « Ces espions estans au supplice chargeoient tout hault le mareschal du Biez ; et qu'il leur avoit ainsi 
fait la bouche. » On disait faire la bouche, comme on dit faire la langue, (n. b.) — (5) Cette expression, famiUère aux 
leudistes des xvii* et xvui* siècles, se trouve sous une forme plus développée dans Froissart (éa. Kervyn, XUI, 270); il 
s'agit du duc do Gueldre. qui a pour c naturel seigneur le roi d'Âllemaigne, car tout ce ay-je de serement envers luy, fait 
ûe bouche ouvrant et parlant et de main mise, > (N. B.) 



Ba 



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BO 



tiOD. « Il arrive, comme on dit» beaucoup de choses 
« entre la bouche et le verre, et le mariage n'est 

• pas si avancé qu'on le diroit bien. » (Rom. Boui^ 
geois, p. ffî.) « Il en arriva tout au rebours, comme 
« il survient bien des inconveniens entre bouche et 
< euillier (1). > (Contes d'Eutrapel, p. 185.) 

15* Bouches de feu et à feu. Armes à feu. 
« A voient chacun cinq ou six bouches à feu. • 
(Mém. du duc de Guise, p. 410.) 

16* Etre bouches^ se dit de Taccouplement des 
chèvres. « L^ bestes chevalines saillent, les asnes 

• baudouinent, les chiens couvrent, les pourceaux 
■ souillent, les chèvres sont bouches, les taureaux 
« vetillent. » (Moyen de Parvenir, p. 171.) 

On disoit en proverbes : 

. . . Vonlentiers recorde bouche 
Chose qui près du cueur luy touche. 

Rom. de la Rom, vers 7120 et 7230. 

Sentregetter les bouches. Guill. de Lorris, dans 
la description d'une danse formée entre des damoù 
ulles^ dit : 

Puis après si s*entregettoient 
Les bouches, et vous fust advls 
Qu*ilz s'eotrehaisassent au vis. 

Rom. de là Rose, Ters 774. 

C'est-à-dire qu'elles faisoient semblant de se 
baiser comme on a dit dans un sens contraire : se 
jeter les grouins. 

VARIANTES : 

BOUCHE. Orihos. suhsist. 

BoiCHB. Alhis, MS. 

Bouge. Fabl. MS. du R. n» 7969, fol. 50, V» col. 2. 

BoucQUE. Rabelais, T. I, p. 47. 

BouQUS. Dict. de Borel, au mot Glouper, 

BucHB. Harbodus, col. 1642-1662 et 1668. 

Boucheau, subst. maso. Pertuis de rivières. 

Bouchelle, subst. fém. En^n à pécher. — 
Sorte de nasse. 

Boucher, subst. masc. Boucher. Nous disons 
encore boucher, et nous remarquerons ici que ce 
fut un surnom donné à Olivier de Clisson (2), à cause 
de sa cruauté dans les combats. (Voy. THistoire de 
B. Duguesclin, par Ménard, p. 434.) Ce même sur- 
nom fut aussi donné par les Huguenots à François 
de Lorraine, duc de Guise. (Voy. les Recherches de 
Pasquier, p. 452.] C'est dans ce sens que Ton doit 
entendre ce que le Dante et Villon ont dit de Hugues 
Capet, quand Tun a dit qu'il étoit fils d!un boucher, 
et que l'autre l'a appelé extrait de boucherie, 
(H. de Mirabeau explique la raison de ce titre dans 
son Traité de. la population, 3* partie, p. 187.) 

Le mot boucher nous fournit une expression par- 
ticulière, que nous ne trouvons que dans le passage 
suivant : 



Ses amis U ont failli^ 

Dont secours aroit atendu ; 
Mes U 1 ont po entendu, 
Joé U ont de la cyviere, 
Et si Font lessié par derrière, 
 la queue de la charrete : 
Du jeu de boucher ot retrete^ 
Nul ni osa contralier. 

Hbloire de France, à la suite du Rom. de FauT. fol. 88. 

VARIANTES \ 
BOUCHER. Orthog. subsist. 
BoucHiBR. Labbe, Gloss. p. 493. 
BocHiER. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 410, col. 1. 
BoscHiER. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 56. 
BouciER. Phil. Mouskes, MS. p. 711. 
BouTHiER. (Usez Bouchier,) Geltlfell. de Léôn^Trippault. 

Boucherie (alans de), subst. masc. plur. 
Espèce de chiens. — Chiens de boucher. « Alan% 
« de boucherie sont lieulx comme vous povez veoir, 
« tousjours es bonnes villes, lesquiels les bouchiers 
« tiennent pour leur aidier à mener les bestes 
« qu*ils achètent « (Chasse de Gaston Phébns, ms. 
page 116.) 

Bouchesnave (3), subst.^ masc. Nom propre. 
Peut-être ce mot est-il formé Bu latin gnavus et du 
mot bouctie. « Lors ung autre sien frère nomme 
« Ursus Bouchesnaves, pour ce que tous ses parlers 
« sembloient estre auciorité, et par son sens et 
« beau langage estoit doyen du Capitole. » (Percef. 
Vol. V, fol. 13.) 

Bouchetons (a) (4), adv. Petits morceaux. (Dict. 
d'Oudin.) 

BoucheturCy subst. fém. Clôture. « Toute 
« personne qui a vigne, ou jardin, ou terre labou- 
« rable prez de Tissue de ville, ou de village, est 
« tenu de tenir son heritaige bouché, en telle 
« manière que les bestes ne puissent entrer, et se 
« elles y entrent, par faute ae boucheture, prinse 
« ne se doibtfaire, sinon que ce feust à garde faite. » 
(La Thaumassière, Coût, de Berri, p. 379.) 

VARIANTES : 
BOUCHETURE. La Thaumass. Coût, de Berry, p. 379. 
BouGHEUSE. La Thaumass. Coût, de Berry, p. SnO. 

Bouchon, sz^bs^ masc. Paquet. —Enseigne.— 
Terme de mépris. 

Dans le premier sens, on a dit bouchon de chan- 
vre pour paquet de chanvre. « Le bouchon de 
« chanvre, d'un cent, doit obole par terre et un 
« denier par écu. » (Ane. Coût. d'Orléans, à la suite 
de Beaumanoir, p. 472.) 

Nous disons encore bouchon pour enseigne. De 
là, Tancienne expression servir de bouchon, pour 
signifier être pendu. (Dict. d'Oudin.) 

Bouchon est un terme de mépris, dans le passage 



(1) Citons encore ce proverbe, çiu'on a gravé sur Fhôtel de Jacques Cœur, à Bourges : c En close bouclée n'entre 
moache. » (n. b.) — (2) Le mot, qui se trouve dans JoinviUe. a dû signifier d'abord le tueur de boucs. On lit à propos de 
Qisson, dans la Chronique de uuvelier (v. 6135) : « OUvier de Clisson par la bataiUe va, Il tenoit un martel au'à ses deux 
mains porta; Tout ainsi qu'un bouchier^ abati et versa. » A la prise de Benon, en 1372, il frappait d'une hacne les captifs 
anglais à mesure qu'ils sortaient d'une tour : s A XV cops de nache XV testes copoit. v L'expression a le même sens que 
à bouchon, étudiée plus loin. (n. e.) — (3) Il faut lire Bouche-suave^ qui n'a plus besoin d'explication. (N. e.) — (4) Les 
mèees de faïence creuse sont mises au four à boucheton, quand on les place rune sur l'autre par leurs bords : c Icellui 
Pyocart regarda par une des fenestres de la chambre, et, pour ce faire, monta sur iceUui Pommart, qui so mit à 
boucheion. » (JJ. 1)0, p. 239, an. 1418.) (n. b.) 



I- BO 

ce mot déstgaoït fumbo, réoaineace «xt^ri«ure du 

boaclier. 
Nous remarquerons les expressions suivantes : 
1° Ny boucle, ny hariUUon, pour absolument rien. 

■ Il ne lay mançiuoit nu boucle, ny hardiUan. > 
II ne lui manquoit rien, florès de Grèce, fol. 160.) 

2* La justice de la boucle. On appeloil ainsi, i 
Elampes, udb juridiction qui se tenoit en pleine rue, 
devant une maison sur le i)an de laquelleil y avoU 
une boucle (ou anneau) d'airain ou ae fer. (Voy. le 
Goût. Gën. T. I, p. 252.) On voit aux porches on. 
portiques des plus anciennes églises d'Italie, tffes 
anneaux de fer qui étoîent la marque de la juri- ' 
diction. Les accusés çiui dévoient faire preuve de 
leur innocence dévoient passer le bras dans cet 
anneau. Voyez une dissertation de M. Lebeuf sur 
ce sujet. 

3^ Tenir sous boucle. Cest-à-dire contenir, tenir 
en bride. (Voy. le Dict. de Cotgrave.) ■ Il est aisé à 

■ voir que ce qui aiguise en nous la douleur, et la 

■ volupté, c'est la pointe de noire esprit : les best«s 

• qui le tiennent sous boucle, laissent uux corps 

■ leurs seotimens libres et naïfs. ■ (Ess. de MonL 
T. 1, p. 417.) 

TABUATES : 

BOUCLE. Orth. subsisL - Laiac. du Lac, T. U, M. 1S9. 
Blouque. Monstrelet, Vol. III, fol. SS, R». 
BouQUE. Notes sur les asaiaes de JéruBBleni|P. SU. 
BossB. Doulainv. Ess. sur la NobL Table, p. «3. 

Bouclé, adj. Muselé, annelé. ■ Q»e personne 

■ ne laisse aller ses porcs sans colliers, et saas 
» eslre bouclez (4), en aucuns temps de l'année, a 

• peine de dix sols parisis de chacun porc. ■ 
(Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 831.) 

Boucler, verbe. Bloquer. — Fermer, terminer. 
Terme de chasse. 
Au premier sens de bloquer, on a dit : ■ Il lenoit 

■ la ville de Naples bottclée par mer. > (Mém. de 
Honlluc, T. 1, p. 49.) Cette acception du mot 
boucler justifle 1 élymologie que nous avons don- 
née au mot blocus, sous le mot bloquil. Il est il re- 
marquer que dans le temps ofl l'on disoit blouqué 

Êour boucle, on sa servoit du mot boucler pour 
loquer, faire un blocus ; à présent que le mot 
boucle est en usage, on emploie le mot bloquer au 
lieu de boucler dont on usoit autrefois (5). 

Le mot boucler avoil le sens de fermer, terminer, 
dans les expressions suivantes: boucler une affaire^ 
la terminer. (Voy. le Dict. de Monet.) Se boucler, 
se terminer, prendre fin. ■ En lui commencèrent 

■ de se boucler les grandes victoires auparavant 
« tant familières d ses devanciers. ■ (Recb. d6 
Pasquier, Liv. V, p. 440.) 

(1) On lit dans Desperiers (XXVII* Conte) '. i IL la vous bouchonne, it la tous estriUe, il la traite li bien, qu'il sembloit 
qn ellB fuat encore bonne beste. » (n. k.) - (Sn Sa dit encore de la soie qui a daa bouchons, des inégalités h sa aurl&ce. (N. K.) 
— ^) La boucle, diminutif de bacca, désigne la bosse centrale du bouclier, parce qu'on 7 daBSinait souvent une téta, une 
bouche d'homme ou d'animal. Depuis l'invasion barbare jusqu'au temps de S' Louis, cette boiicle eut la place de rumba 
romain ; elle correspondait 6 un trou où passait la main: aussi cherchaitHin toujours & la briser, pour y passer sa lance et 
aKelndre ainsi l'adversaire : • Toute lui freint la bucle de cristal. » (Roland, St. ^.> Celte manœuvre est peinte sur nn 
vitrail de S'-Denis, du tempa de Suger, représentant la bataille d'Ascaloo et reproduit dans HaoLTaucoo. (ft. s.) — (4) C'est 
percer te boutoir d un porc d'un anneau pour l'empôcher de fouiller la terre, (n. k.) — ^) Bloquer et bloctu ont été (aiU aur 
raliemand Block, tandis que boucler est dérivé de boucU, d'orifine latine, (n. b.) 



BO -' 

suivant : ■ Œole, comme estant le plus petit des ' 

■ dieux, et un bouchon seulemeatd'iceux a peur du 
a roy qui commande à la mer. • (Herlio Cocaie, 
T. I, p. 349.) 

On disoit aussi : 

i' Bouchon de cuisine, ionr torchMi. « Il n'eust 

■ fait cas, non plus que d un bouchon de cuisine. ■ 
(Contes d'Eutrapel, p. 169.) 

2° Bouchon de chenilles, pour cocon ou coque de 
Chenilles. (Dict. de Cotgrave.) 

3° Bouchon à fin veux. G'etoit une fapon de par- 
ler figurée dont le passage suivant fera sentir assez 
le sens: ■ Une femme belle, qu'est-ce? C'est un 
• bouchon à fen veux. » (Contes de Cholières, 
fot. 162.) 

*".* bouchon. Cest-à-dire le visage contre terre. 

■ De rechef le fit cheoir à botichon contre le 
< sablon. > (Mém. d'OI. de la Marche, p. 273.) 

Bouchonné^ otj;'. Mal habillé. TermequirépoDd 
à notre mot populaire fagoté. Brantôme, parlant de 
madame de Rendan, dit: < M. de Guise, dernier 

■ mort, ne l'appelloit jamais que Moine : car elle 
« s'habilloit, et esloit bouchonnée comme un reli- 
. gieux. - (Brantôme, Dames Gai. T. II, p. 155.) 

Bouchonner, verbe. Frotter. — Battre. Ti^^ 

Ce mot se dit encore dans le sens de frotter, en 
parlant des chevaux que l'on frotte avec un bou- 
chon de paille (1). (Dict. d'OudinO 

Au figuré, ce même mot signifioit frapper, battre. 
(Oudin, Curies. Francoises.) 

Bouchonnet, subst. masc. Torchon, ^ict. 
d'Oudin.) 

Bouchonneux (2), adj. Cordé comme les raves. 
Nous rapportons celte explication d'après Oudin, 
sans la garantir. 

Boucler, subst. mosc. Ofllcierd'échançonnerie. 
(Voy. Du Cange, Gloss. lut. à Boucellus.) 

Boucle, subst. fém. Anneau du bouclier. C'étoit 
commuoément l'anneau qui servoit à serrer les 
courroies avec lesquelles on tenolt le bouclier (3); 
insensiblement la forme de cet anneau a changé, 
mais le nom est resté, même lorsqu'on en a fait 
d'autres usages que pour le bouclier. ■ Au retirer 

■ que le lyon flst de sa pale, il rompit la boucle à 

■ quoy il tenoit son escu, et lui arracna du bras. > 
(Perceforest. Vol. Il, fol. 52.) 

Boulainvilliers, prétend que la boucle et la bosse 
du bouclier étoient la même chose. (Voy. Ess. sur 
la Nobl-, table, p. 62.) 

Cependant il parott plus naturel de croire que 



BO -'• 

Ed terme ôb cbasse Ton a dit, en parlant du 
notard qu'on attaque dans son terrier: > Depuis 

■ gatls -senleot les bassets goi les abboyent, ils 

■ fondent^ etsortent soudainement dehors, excepté 
< ea la saisoa que les femelles ont leurs petits, les- 

■ qneHee ils ne veulent abandonner. > (Fouilloux, 
Ténerie, fol. 73.) 

Boucler $a femme à la bergamasque, est une 

fiqvesaïMi qui ae trouve dans le Dict. de Cot^rave, 

et dans laquelle le mot toucSer est pris dans sa 

lignification propre et subsistante. 

, Bonclete, subst. fém. Fetite boucle. • Pateno- 

■ triers, ïaiseurs de bouciette», et de noyaux 

• (bontoos en olive) Â wbbe. > (Table des mesUers 
da Psrit, as. de Meniere, p. 14.) • Et doit avoir es 

■ deox DCRis de 1b rois (rets, filet) deux cordeaux, 

• environ de trois pies cbascun et en chascnn a 

• une endette faitte des cordiaux mesmes par ou 
« les deux cordeaux dessus et dessoubz sont 

> (Modus el Racio, us. fol. 169.) 



BLOUOiErtB, Bloquette. Dict. de Cotgrave. 

Bouclier, subst. masc. Bouclier. Ce mot sub- 
siste sous la première orthographe. Boucher semble 
une raute pour bouclier dans le passai suivant : 

■ Perdu avez celluy qui vous étoit père, et boucher 

■ à tous besoins. > (Laoceiot du Lac, T. V, Toi. 154.) 
On trouve plusieurs fois, dans les poês. nss. de 
Ptoissart, bouqveler pour bouclier. Nous y remar- 
querons surtout l'expression teste de bouqueler 
employée dans le même sens où nous disons leste 
de fer. (fol. 298.) Le passage que nous allons ciler 
donne quelque lieu de croire que l'on désignoit 
particulièrement par le nom de honclier la partie 
de l'écu où l'on mettoit la boucle (1). ■ fii laisse oourre 

• à ung des aullres si lost comme le cheval peult 
( aller, et s'entreflerent des escus en tiault dessus 
> le bouclier, et celluy rompt son glaive, et 

• Lancelot rompt l'escu: mais le baullbert de- 

• meure entier. > (Lancelot du Lac, T. I, fol. 133.) 
Expressions remarquables: 
V Jeu du bouclier. C'éloit une espèce de jeu dé- 

lenda comme les dés (^). ■ Qui apprenl les mauvais 

• mestiera, diascun s en doit mocquer, et les deve> 

■ roit on battre comme ceulx qui apprennent à 

■ mentir, et à celer la vérité, ou cas que besoing 

• n'est, etàjoueraujeudesdezetdubûucii^r. ■ 

(inc. Goût de Bret. Préface, p. S.) Ce jeu consistoil 
penMtre à jouer avec le bouclier comme à croix 
00 pile. 

<1) On dit d'nbord ««eu bouclier, comme on disEiit etcu bouclé; pnis le nom disparut, et l'épithëte reata seule. Bouclier tt 
toorM liiminaieiit d'abord bombés ou pourrint d'une boucit: < Tans coups a pns sur son esca bucUr. ■ {Roiaai, 
fltr. XXXlA.)(ii. K.) — et) Les exemples suivants montrcot que jouer au bouclier était jouer du couteau comme lea OatalaM: 

■ En eSli MMtmt laaala Lucas et Bmlé BBchierent deux espées batues qu'il avoient, dont l'enjouoit au touciûr. ■ (JJ. IIJL 
p. W, m. 1381) On Ut encore au teg. Jj. 158, p. 339, an. 1«Q : < Sacba icellui Frelon un petit coustel, .... et s'en priât i 
cacsmMDCber et démener contre ledit Bourdois, .... aussi que s'ils voulsissent jouer du boucler. > (n. k.) — (3j Colvim 
flostit., SJïï) emploie aussi cette expression : i Les hérétiques modernes font bouclier dTrenée et Terlollien. ■ (N. 20 ■* 
(I) SMSmaon amplafait encore ce mot: > D'Efâat se détourne, va à l'armoire, l'ouvre, jette son boucon, puis, entendant 
qadqn'nD, tmtM de l'autre pot d'eau commune. > (Chap. 9i, p. 343, éd. de 1843.) (n. e.) — (5) On a confondu boichtm, qui 
ttt pour botÎMon, et bouçon, qui, (Mimme le précédent, déiive de bouche, (n. e.) 



BO 

2* Faire boticîier, c'éloit se glorifier, tirer vanité, 
se targuer, mot familier qui est venu de large, 
bouclier. L'auteur, comparantlavertuderandenne 
noblesse avec les désordres delà nouvelle, dit: 

■ Si elle se fust acquise par 14, «t maintenue jus- 
• ques b notrs ea mn\ faisant, et par orgueils 

■ démesurés. &. vanités lyranniquCB de quov la 

> noblesse de nostre temps liait seulement ooû- 
eiier (3). • (Hontbourcher, Gages de Bat. foi. 4.) 

3° Faire bouclier de son escu, pour se couvrir 
de son écu, pour parer les coups. ■ Lors fitt Âott- 

■ clier de son escu et engin, du dextre bras jettans 

■ coups de l'espée tranchant si cruelz qu'il ne altiû- 

■ ^oit chevalier qu'il ne luy llsl le sang rayer 
« jusques à l'esperon. > (Percef. Vol. I, fol. 86.) 

4* Faire un grand bouclier. Cette expression 
répond à celle de faire levée de bouclier, que l'on 
trouve dans Pathelin, p. 69, et dans Clém. Marot, 
p. 138. Brantôme, parlant de la proposition faite 
par l'amiral de ChastîUon, d'aller faire la guerre 
en Espagne, dit: < Aucuns du conseil en furent si 

■ scandalisés, qu'ils commencèrent i crier sourde- 

> ment: toile, toile, cntcifige, blasphemavil, et en 

> firent un grand bouclier, et en levèrent la ban- 
« niere. - (Brant. Cap. Fr. T. III, p. 163.) 

TABIANTBS : 

BOUCLIER. Ortb. subsisl. 
BouCHEfl. Lanc. du Lac T. V, fol. 154, R*. 
Boucler. Œuv, de Joach. Du Bellay, lol. 160, V». 
Bouqueler. Froisa. poës. USS. p. 376, col. S. 

Bouclure, subst. fém. L'action de boucler. 
(Did. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Boucon, subst. maso. Poison. (Voy. les Dict. 
de Nicot, de Monet et de Cotgrave, au mot Boucon.) 
De là, on disort donner le boucon (1), empoisonner. 
(Gloss. des Arrêts d'Amour.) Les boucons des 
Lombards, c'étoitune sorte d'expression proverbiale. 

TABIAtlTES : 

BOUCON. I.e Duchat, sur Rabelais, T. V, p. 24, note 5. 
BOCCON. Gloas. des Arrêts d'Amour. 
Bacat4. GloBS. des Arrêts d'Amour. — Dict. d'Oodin. 
BououoN. Poës. MSS. d'Eust. Desch. fol. 15*. 

Boucon, subst. fém. Boisson, potion. On trouve 
ce mot employé avec cette signification dans ces vers: 

Et de movese boichon (5). 

Pc«. HSS. iTiDl 1300, T. IV, f. IMt. 

Le mot boichon est pris ici au figuré. On l'em- 
ployoit souvent ainsi, témoin cet autre passage ; 

Loiaulés est de fin boufon, 

Et traïson de trop vilain renom. 

liSS. du VulcB. n> 1100, loi. 178. B-. 



BO 



— 72 — 



BO 



Bouconner, verbe. Empoisonner. (Recherches 
de Pasquier, Liv. V, p. 419.) 

Elle soulage aussi un homme empoisonné, 
Que Favare héritier, las 1 aura houcoiMiéy 
Résistant au venin: desséchant elle tue 
Tous les vers formillans d'une chair corrompue (1). 

Du Fouilloux, Vénerie, fol. 94. R*. 

Bouconneur, adj. et subst. Qui empoisonne. 
Ce mot se disoit de la chose et de la personne. 
(Epilh. de la Porte, lesDict. d'Oudin et de Colgrave.) 

VARIANTES ! 
BOUCONNEUR, BoucoNNEUS, Bouconnikr. 

Boucquets, subst. masc. ptur. Gouttières (2). 
Suivant rédileur du Coût. Gén., c'est un terme d'ar- 
chitecture. « A Reims, nul habitant, ou ayant 
« maisons es dite cité, ville et fauxbourgs, ne peut 
« édifier et construire de nouvel, audevant de ses 
« ditesmaisons, aucunes saillies, goulots, boucgrue/s, 
« estaches,- ou autres entrepnnses sur rue. » 
(Coût. Gén. T. I, p. 527.) 

Boucquineux^ adj. Qui tient du bouquin. 
Terme d'injure. « La requeste des maris umbra- 
« geux, courbatus, boucquineux^ fâcheux, etc. » 
(Du Verdier, Biblioth. p. 1118.) 

Boud de. fer, subst. fém. Mâchefer, crasse de 
fer. Ce sont les petites lames ou paillettes qui 
sortent du fer quand on le forge: « Quand les 
« ongles se decharnent, et sont en péril de cheoir, 
« remets les doucement en leur lieu, après pulvérise 
« les de boud de fer, qui sont les esclats du fer 
« quand on le forge. » (Fouilloux, Fauconn. fol. 85.) 

Boudelier, subst. maso. Sans hasarder aucunes 
conjectures sur le sens de ce mot, nous rapporterons 
le passage où nous le trouvons. « Or te fault osier 
« le boudelier (3); et coupe depuis la gorge d'un costé 
« et d'autre, en venant par dessus la poitrine, par 
« entre les deux jambes devant, et eslarge la coupe 
« en venant par dessoubs le ventre d'un costé et 
« d'autre. » (Modus et Racio, fol. 27.) 

Boudendars, subst, masc, plur. Gens sujets 
au Soudan (4). (Joinville, Hist. de S* Louis, p. 56.) 

Bouderiz, subst, masc. Le nombril. (Gloss. de 
Labbe, et les Dict. de Borel et de Corneille.) 

VARIANTES * 
BOUDERIZ. Labbe, Gloss. 
Boutebil. Dict. de Borel. 



Boudin (5)^ subst. masc. Boyau. « Le cuisinier 
« s'en viendra chargé de plusieurs bons harnois de 
« gueule, comme jambons, langues de bœuf fumées, 
« groins, oreilles de pourceaux et autres menus 
« suffrages pour remplir le boudin, lesquels il met- 
« tra sur la nappe. » (Fouilloux, Vénerie, fol. 34.) 
Dans le style burlesque et comique, on dit encore 
boudin en ce sens, dans quelques provinces. 

Boudinal, adjectif. Qui est de4)oudin. (Dict. 
d'Oudin et de Colgrave.) 

Boudiné, subst. fém. Les entrailles, le ventre. 
— Sorte de canon. — Colique. ^ 

Toutes les orthographes citées ont été employées 
dans le premier sens. Froissart, parlant du roi 
de Navarre dont on avoit bassiné le lit avec une 
bf^cine d'airain, dit: « Flambe ardant se bouta en 
< ce lict entre ses linceux par telle manière qu'on 
« n'y peut oncques venir à temps, ne luy secourir, 
« qu'il ne fust tout ars jusques a la boudiné (6), luy 
« qui estoit la couché, et envelopé entre les linceux ; 
« ne cirurgien , ne médecin n'y purent oncques 
« remédier qu'il n'en mourust. Ce fut la fin du roy 
« de Navarre. » (Froissart, Vol. III, p. 275.) 

La forme de certains canons gros et courts leur a 
fait donner le nom de bedaine, et ce nom passa 
aussi aux boulets dont on les chargeoit. (Voyez 
Boulainvilliers, Essai sur la Noblesse, table.) 

Enfin, le ventre étant le siège de la colique, on 
donne à la colique même le nom de boudiné. (Voy. 
le Dict. de Borei), où l'on cite Despleigny qui, 
parlant des vertus de l'herbe appelée cuscute, dit : 

Et peut guérir délia boudiné. 

VARIANTES '. 
BOUDINE. Froissart , Vol. III, p. 275. 
Bedaine. Rabelais, T. IV. p. ioè. 
Bedondaine. Rabelais, T. il, p. 86. 
BoNDiNE. CoquiUart, p. 140. 
Butine. Perceforest, Vol. III, fol. 43, R» col. 2. 
Boud AINE. CoquiUart, p. 35. 
BouTiNE. Monstrelet, vol. I, fol. 213, R». 

Boudinée, subst. fém. Boudin. (Dict. d'Oudin.) 

Boudoutsou, subst. masc. Nain, ou autre chose 
fort petite. (Dict. de Borel, !'•• additions.) 

Boudoutsouna, verbe. Boucher de plusieurs 
bouchons. C'est un mot toulousain. 

Boue , subst. fém. Caves. Parlant de Louis-Ie- 
Hutin, on a dit : « Un jour qu'il avoit joué à la 



(1) La corne du cerf guérit ces maladies et bien d'autres énumérées par GuiUaume Bouchot, dans la Complainte du 
-^x«j X- A ». Tx.. ,.-.-i» — /Tr-i_Trx — .- xj w. *,,__. M^. .. «^ ^ «« -V .__ _v .^. ^ • >te a le sens de 

comme estaches 

boudelier est là 

minutieusement 

exposée dans Du FouiUoux (Vénerie, éd. citée, fol. 41, v«, et suiv.) (n. e.) - (4) C'est un nom propre : t Et autel fist 
Boudendars de cens qui avoient desconôt le roy de Hermenie ; car pour ce que ils cuidoient avoir Bien, ils descendirent à 




-ivriueiiie. ^n. e.; — yp) l.c moi esi aeja employé au xiii' siecie, aans le lAvre aes mecierSf p. i// : « vue nuiz au cu^ 
er ne puisse vendre boudins de sanc, à peine de la dite amende. » Faire un boudin^ signifiait marier un £[entilhomme 
riche roturière : le mari était la gaîne, et la richesse de la femme était la graisse servant à r entretenir, (n, b.) — 

^j\rl«M>i «;r*«>;AM ««,I..«A» M,n,«»«V«:i .n,^»».^^ ^^à. A. /XJ tr Tir OCUSV . - T ! T.'*_ï â. • A ^_ 1^ 12 



mestier 

&une 

(6) Boudiné signifie plutôt nombril, comme en cet autre passage (éd. Kervyn. IV, 3^) : < Li Frison entroient en là mer, li 

pluiseur jusques À la boudiné, j» La forme de la Suisse romande (rouchi) est boudène; le Picard dit boutaine, et le Messin 

houdetie. (n. e.) 



.'^ 



BO 



— 73 — 



BO 



€ paume et avoit bien chaud, si luy pris talens de 
« Boire . et alla tantost en une boue Dien froide et 
c beut aun vin aussi froid que glace sur la chaleur 
« qu'il avoit. > (Rec. des Pairs, p. 220, tiré de la 
Chronique de Flandres, donnée par Sauvage (i).) 

Boaet, subst. masc. Trou. On dit bouet dans 
l'Anjou et dans le Maine, et botiete en Basse- 
Normandie. 

variantes: 

BOUET. Dict. étym. de Ménage. 

BouBTB, êubst. fém, 0ict. étym. de Ménage. 

Bouette , mb$t. fém. Partie du cerf à dépecer : 
« Quand il aura coupé la char du ventre tout 
c entour, si la reverse sus la hampe , puis tyre a 
« 8oy la pance, et la bouette, et l'herbiere s'en 
c voudra avec la pance. > (Chasse de Gast. Phébus, 
■s. p. 193.) Dans le passade suivant, on lit bouette^ 
au pluriel et semble y signifier boyaux : « Quant 
c ils auront mengié la moitié de la cuîriée, ou 
c plus, il doit prendre les bouettes du cerf, un petit 
• loins de la curiée , el les tenir hauU en ça, afin 
c que les chiens ne li puissent ester. > (Chasse de 
Gaston Phébus^ ms. p. 497.) 

Boufage, mbst. masc. Gonflement. — Vanité, 
orgueil. — Rage qui fait bouffir ou effroi. 

Voyez, sur le premier sens qui est le sens propre 
et littéral, les Dict. d'Oudin, de Cotgrave, de 
Corneille, et Celthell. de Léon Trippault, etc. 

Au figuré^ ce mot signifioit vanité, orgueil : 

Par outraje, ne pas boufoi. 

Poêt. MS. do ValleaD, n* 1400, fol. 175, K*. 

Pour abatre orgueU, et boufoit, 

Ph. lloiukei, MS. p. 10t. 

Nous remarquerons que les trois premières 
orthographes ci-dessous citées se trouvent ordi- 
nairement employées au sens propre, et les autres 
au sens figuré. 

Ce mot a été pris dans le sens d*efinroi : 

Fonnent en fti en grant efifiroi (at. bouffoi)^ 
Ne sot que dire, ne que faire 
Car assez ot ire, et contraire. 

AtUs, MS. fol. 40. R«eol.l. 

variantes: 

BOUFAGE. Dict. de ComeUle. 

BouFFAOE. Dict. d'Oudin. 

BOUFFAIOB. Rabelais, T. III, p. iS5. 

BouFOiT. Ph. Mouskes, MS. p. lOS. 

BouFOT. Poês. MS. du Vatican, n« 1490, fol. 175, Ro. 

BOFOI. 

BoFFoi. Athis, MS. fol. 40. 

BuFPOi at BouFFOi. Athis, MS. fol. 47, V» col. 2. 

LOUFOI. (Lisez Boufoi.) 

Bonffard, adjectif. Gonflé, bouffi. — Terme 
injurieux. 
Ce mot se disoit particulièrement , au premier 




De cette vie suys bouffé^ 
Autant en emporte ly vens. 

VOlon. p. 9S. 

L'éditeur Texçligue par fâché. 

On s'est servi du mot bouffare, pour exprimer 
une personne qui a les joues enflées : « Bouffare^ 
« et trompette du jugement. » (Bouchet, Serées, 
livre in, page 61.) 

Bouffard est employé comme terme d'injure, 
dans ce passage : 

De vos. à lui, me clamerai ; 
Vous clamerèsl pute, boufarde, 
Puslente, ribaude, bastarae. 

Fabl. MS. du R. n* 7889. fol. 919. R* ooU 1 

VARIANTES ' 

BOUFFARD. Dict. d'Oudin. 

BouFARD, BouFARDB au fém, 

BouFEux, BouPHARD. Eplth. de Martin de la Porte. 



BouFFARE. Bouchet, Serées, Uvre III, p. 61. 

- - " - - -, p. 288. - vr 

BouvuTE, au fém. Epith. de Martin de la Porte. 



Bouffé. Merlin Gocaie, T. I, p. 288. - viUon, p. 26. 



Bouffe, subst. fém. Enflure, bouffissure, — 
Morgue. 

Ce mot est expliqué , selon le premier sens, dans 
les Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 

Au figuré, ce mot signifioit morgue. On le trouve, 
en ce sens , dans les Lettres de Sévigné : « Il n'a 
« point avec nous la bouffe de gouverneur. » 
(T. VI, p. 284.) 

Bouffée, subst. fém. Ondée de choses fluides. 
— Agitation passagère de Tair. 

On trouve Vacception de liquide, dans le Dict. de 
Monet, et Ton a dit : < Tiens Gobin, crocque ceste 
« pruue, et puys boyras une bouffée. • (Histoire du 
Théâtre françois, T. II, p. 392.) 

Ce mot est employé avec la signification d'agita- 
tion de Tair, dans le passage suivant : « Quant les 
« bouffées de vent viennent, l'en se doit sourdre et 
« prendre garde se la beste viande, et s'elle viande, 
« on la doit avecques la buffée de vent aprouchier. » 
(Modus et Racio, ms. fol. 81.) 

VARIANTES * 

BOUFFÉE. Uist. du Théâtre françois, T. U, p. 392. 

BouFÊE. Dict. de Monet. 

Buffée. Modus et Racio, MS. fol. 81, V«. 

Bouffement, subst. masc. Souffle violent. 
« Comme la roiie qui devant un bouffement ven- 
< tueux tourne de haut en bas, etc. > (Jean d'Auton, 
Annales de Louis XII, p. 82.) 

Gresles. esclairs, bruytz, inundattons, 
Grieus bouffements, et coruscations. 

Gralio. p. 233. 

VARIANTES : 

BOUFFEMENT. Dict. de Ck>tgTave. 
BouFEMBNT. Dict. d'Oudiu. 

Bouffer, verbe. Enfler les joues. — Se mettre 
en colère. — Souffler. 
Au premier sens, ce mot signifie enfler les joues. 

(1) On pourrait lire bove, comme dans AgolanjLjr. 369 : c Vit une bove de viel antiquité... Dedens se vit un grand serpent 
crèété. 1 De même au reg. JJ. 118, p. 467, an. 1380 : c Gomme Robert Fusden eust d'aventure trouvé une bove ou cave 
oaverte. > On trouve aussi au Gartulaire de S>'Martin-de-Pontoise, an. 1324, foL 39, v« : c Sauf et reservev audit Pierre 
FoCin et à ses hoirs le bovel qu'U a en sa bove par desous ledit courtel. i Au reg. JJ. 201, p. 107, bovelet est 'synonyme de 
mueke. Le mot sufraiit bouet est donc le diminutif du présent boue, et a dû d'abord se prononcer bovet. (n. b.) 
m. 10 



BO 



— 74 - 



BD 



On a aussi dit bouffer, en parlant d*une étoffe qui 
se soutient bien et qui fait un grand étalage. C'est en 
ce sens qu'il est employé dans le passage suivant : 
« JLa reyne vestue de satin blanc chiqueté et parmy 
«passoit le drap d'or bouffant. » (Mém. de Du 
Bellay, T. VI, p. 295.) 

Ce mot a été pris dans le sens de se mettre en 
colère. Froissart, parlant de Clisson, près d'être 
mis à mort par le duc de Bretagne, dit : « Il se 
« buffoit moult fort, et a bonne cause. * (Froissa rt. 
Vol. III, p. 197.). L'éditeur croit que le mot buffoit 
signifle se boufioit et enfloit de dépit et de colère. 
On lit dans Coquillarl, p. 87 : a Maislre Olivier se 
« boffume. » 

Je crois que c'est dans le même sens de bouffer 
de dépit, qu'il fout entendre bouffir, dans ces vers 
où il est parlé des maris qui, au lieu de faire leur 
métier, bc damnent à faire celui d'usurier ou 
autres encore pires pour fournir à la dépense de 
leurs femmes, en parures excessives qui ne con- 
viennent pas à des bourgeoises : 

EUes font mal du faire^ et eulx pis du soufTrir 
Car, quant de leur bon galng ce ne leur peut souffrir, 
Certes ains les devroient toutes lessier bouffir 
Que leur âmes, por eUes, as deables en offrir. 

J. de Heunif, God. 1281-1284. 

Par extension de ces deux premières acceptions, 
ce mot a signifié souffler : 

Quant U fevres se rassane 

Âus tenaiUes, et au martel. 
Si chaufe son fer bien et bel. 
Et soufle, et buffe et se regarde. 

Fabl. MSS. du R. n* 1248, fol. 197. V ool. 1. 
VARIANTES * 

BOUFFER. Dict. de Nicot et de Monet. - Gloss. de Marot. 

Bouffir. J. de Meung, Cod. 1383. 

Brouffer. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 

BoiFFER. Dict. de Cotgrave. 

ÈUFFER. Froissart, Vol. III, p. 187. 

BoFFUfifER. Dict. de Borel. 

Bouffiner, verbe. Manger goulûment. (Dict, 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bouffon , subst. masc. Touffe. Bouffon de che- 
veux, pour touffe de clieveux. (Dict. d'Oudin.) 

Bouffonesque, adj. Bouffon, burlesque. (Dict. 
dX)udin, et Pasquier, Recherches, p. 712.) 

Bouffoner, verbe. Faire le bouffon. (Dict. 
d'Oudin et les Œuv. de Joachim Du Bellay, p. 411.) 

Bouffonneur» subit, masc. Bouffon. (Dict. 
d'Oudin.) 

Bouffu al. Bofu, adj. Epithète de vert. Peut- 
être foncé. 

D'un drap de i^oie erent vesta 

Chances orent d'un vert bouffu (al. bofu). 

Atbii,ll8.lbl.a.R-«dl.l. 



{Bouflets. subÈt.'tnasc. plur. Terme de faucon- 
mrie. « Le nagart ne se doit mettre en la mue^ 
< mais se doit muer sur le poing : car il s'estrange> 
« roit trop des gens. Et s il battoit par le chant, 
« boutez lui le chapelet/ du lesboufletsi'ean froide, 
« et il se tiendra en paix. » (Arteloque, Fauccun. 
foLlW.) 

Boufron, subst. masc. Sèche. Sorte de poisson 
de mer. (Dict. d'Oudiii ôt de Cotgrave.) 

Boufu, subst. masc. Qui bouffe, epithète â*une 
espèce d'étoffe riche. 

Dedans un gracieux vergier 
Se fist le roy Villas logier : 
Là ot maint riche tref tendu, 
De muscaber, et de boufu. 

Rom. d*AUii8, HS. cité par Da Caoge, Gl. 1. au mot Treffa. 

Pbil. Mouskes, ms. p. 653, parlant de la magnifi- 
cence avec laquelle se fit le sacre de Louis Vltl, dît : 

Mainte reube i ot de boufu. 

Boug, subst. masc. Crapaud. Oudin explique ce 
mot par espèce de grenouille venimeuse. C'est 

filutôt un crapaud. On a vu le mot 6o^ employé <)ans 
e même sens. C'est aussi la signification des autres 
mots que nous joignons ici, et qui sont visiblement 
le même mot diversement écrit. 

TiRiAMTEs : 

BOUG. Dict. d'Oudin. 

Bots. Erberie, MS. de S> Germ. 

Bos. Gloss. du P. LAbbe. 

Bongcoupé, subst. masc. Tortue. (Dictionnaire 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bouge (1), subst. m>asc. et fém. Poste. — Con- 
vexité. — Bouse. 
Au premier sens, ce mot signifie lieu assigné 

Eour y demeurer et le défendre, d'où peut-être 
auges de sangliers, d'où ils ne bougent : 

Jointes se tiennent en leurs bofiges. 

G. Gaiart. fol. 311. R*. 

Dans le sens de convexité, on disoit le bouge d^un 
bouclier, c'est-à-dire l'élévation qui se trouve au 
milieu. (Dict. de Monet et de Nicot.) Ce mot, dans 
cette acception, s'est conservé comme substantif 
masculin, et comme adjectif en termes de mentti- 
serie. Une planche bouge est une planche, le bauge 
d^une planche est sa convexité. 

Bouge s'est employé aussi dans le sens de botoise. 
Bouge de vache, pour bouse ou fiente de vlacise. 
(Merlin Cocaie, T. I, p. 199.) Ce n'est cependant 
peut-être qu'une faute d'impression. 

Bouger, verbe. Remuer. — Sortir d'uH lîéu. — 
Terme de fauconnerie. 

Dans le premier sens de remuet, on disoit : • La 
« Reine sentit te jour la bouger son enfant. > {Uétù. 



. (1) Bouae a trois sens en français : 1« Bourse ; nous conservons encore le diminutif bmig^tte, dtsvenu en an^lalâ budg&: 
c Lesquels florins il afferma estre en unes bouqes. » (xrv* siècle, Bibl. de FEc. des Ch. 3* s., t. III^ p. 424.) U vient alors de 
hulaa^ bourse de cuir, mot gaulois au dire de Festus : c Buîgas GaiU sacculoa soprteos vocant. » 3» Réduit obscur €l 
lÉiamropre; du sens ae bourse, même étymologie, on a passé à celui de boite, par lec[aéL les ouvriers et les domestîfute 
dés^nent à Paris les mauvais ateUers et les mauvaises malsons : c Ily avoUgens oui beuvoient en une chamiure demev^i 
et un bouge devant où on feisoit la cuisine. » (JJ. 164, p. 1^ An. 1409.) d<^ dépendant boug(e a conservé dans u lanmi»- 
technique le sens imagé de bourse arrondie et gooAée. ueàt alors la partie la pais bomttée d^m tonneau, la courkure ae» 
baux suivant leur longueur, la partie dn botigeoir ^ui de la poiignêé deJM^d sur le pied en s^évasant. (n. b.) 



m 



w7t»^ 



BÛ 



de BassomirieiTe^ Tl n^ p. 265.) Glém. Marot, dans 
l^eantique de la déesse Santés pour le roi malade, 
s'exprime ainsi : 

Las 1 au beaoing tu Tas abandonnée, 
Et A'eat mon cuer malntea fois estonné 
Comment d'un corps de grâces tant orné 
Tu t'es bougée (1). 

Cl.Marot,p.353. 

Nous nous servons encore aujourd'hui du mot 
bouger en ce sens, lorsque nous disons à quelqu'un: 
ne bougée, demeurez. 

Le second sens de sortir d'ua lieu n'est qu'une 
extension du premier : « Puis que bougeâmes de 
• Rouen. • (Rabelais, T. II, p. 221.) 

Nous trouvons ce mot employé comme terme de 
fauconnerie en ce passage : « Tiens le faulcoaau 
« souleil, tant qu'il aye prestque toute sa gorçe 
« bougée aval et enduit; et il se manira au soleil, 
« et il pourvaudra. > (Hodus et Racio, fol. 63.) 

VARIANTES I « 

BOUGER, a. llarot, p. S5S. 
BOOKR. Rabelais, T. I, p. 173. 

Bongeron, sub^U masc. Sodomite« 

VAMANTES ! 
BOUGERON. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 
BouomoN. Dict. de Cctgrave. 
BOURGERON. Fabri, Art. de Rhét. livre I, fol. 68, R». 

Bougeronner, verbe. Sodomiser. (Dictionnaire 
de Cotgrave.) 

Bouges, subst. fém. plur. Soufflets de forge. 
(Dict. de Monet.) 

Beugler, verbe. Enduire de cire. (Dictionnaires 
de Monet, d'Oudin et de Cotgrave.) 

BougoD, subst. masc. Dard, flèche, trait d*arba- 
lèles. — Tronçon. —Barreau de grille. —Poinçon. 

Ce mot, au premier sens, signifie dard. Le Dict. de 
Borel, au mot Bougon^ explique ce mot par arc, mais 
sans fondement. Froissart, dans ses poésies, parlant 
d*Actéon, qui tua par malheur sa maitresuae à la 
chasse, dit : 

lâ damoiseaus entendi bien le son 

Son arc mist jus, autret vint du bùugon, 

Poet. JiSS. de Proiuari. p. ItT. 

Arc portoit, sajettes, et bouzaïu. 

Fabl. MS. de S* Germ. fol. S3, V. 

J. de Meung parle ainsi de Vénus qui s'arme 
contre les ennemis de sa loi : 

L'arc tend, et le boujean encoche. 



delaRoee, tenSlOOQ. 



Le même a dit : 



Trairoit ne boê^otty ne vin, 

IloiD.deUAoie, Ten 16106. 

Ce mot, SOUS l'orthographe de bougon^ a signifié 
one-partie détachée d*un tout, un tronçon, particu- 



lièrement en parlant des corps animés. « L'enpvent 

\ • une couleuvre, et est très oien batue d'une verge 

i « découdre, tant qu'elle est morte, puisestttocoirtf^ 

: c pée par bougons, etc. » (Hodus et Hacio, us. ^ 129.^) 

Nous trouvons l'orthographe bougeon employée^ 

pour désigner les barreaux d'une grille. « Si un- 

« propriétaire a le droit d'issue d'eaue procédant; 

« du ciel, comme de son héritage par embas, en 

« l'héritage de son voisin, iceluy voisin n'est tenu 

« de recevoir les dites eaues, en, et parmy son dit 

« héritage (si ce n'est, à moins que) ne soient' 

« qu*icelles eaues passent par un trou, et gril de^ 

« ler, qui soit de roisonnabîe ouverture, contre les> 

« bougeons de fer, si comme de respesseor de trois 

« grains de froment, en sorte que les dites eaues 

« puissent passer sans aucune ordure et immon- 

« dice. » (Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 1000.) 

Enfin boujon paroit avoir signifié aussi la marque 
ou le poinçon que les bougonneurs ou boujonneurs; 
inspecteurs de la draperie, mettoient aux pièces de: 
drap. La maison du Boujon (2) à Rouen, est le lieu o& 
Ton visite et où l'on marque les draps. {Voyez le 
Dict. du commerce de Savari, et le Reo. des Ord. 
des Rois de France, T. III, p. 494.) 

VARIANTEIS ' 

BOUGON. Froissart, Poës. MSS. p. 127. 

BûGEN. Dict. de Borel. 

BoiON. Fabl. MS. du R. n» 7989, fol. 61, R» col. 1. 

BosoN. Britt. des Loix d'Ânglet. fol. 164, R«. 

Bougeon. Dict. de Nicot. — Modus et Racio, fol. 89, R«. 

BouJEON. Roman de la Rose, 21701. 

Boujon. Dict. d'Oudin. — Modus et Racio, fol. 72, R«. 

Boulon. (Lisez Boujon.) Rom. d'Âudienier, MS. de S. Gorm. 

Bouzon. Fabl. MS. de S. Germ. fol. SS, V». 

Bougonneurs, subst. mase. plur. Inspecteurs 
de la draperie. 

VARIANTES I 

BOUGONNEURS. Ord. des R. de Fr. T. II. p. 398. 
BouJONNEURS. Gontred. de Soni^oreux, lol. 16, V«. 

Bougrain, subst. masc. Sorte d'étoffe. On lit : 
Jacques (casaques) de bougrain, dans le Glossaire 
de THist. ae Bret. ( voy. les auteurs cités). Caseneuve, 
Origine de la Langue fr. remarque que ce n'est pas 
une étoffe pareille à notre bougran, et que, dans 
beaucoup de romans anciens, il est employé pour* 
signifier une étoffe précieuse. C'est dans le sens 
d'une étoffe précieuse qu'on le voit, dans Atliis, us. 
fol. 55 et 107. Le P. Labbe, dans son Glossaire, 
traduit Bouquerant par Byssus. 

} VARIANTES l 

i BOUGRAIN. Gloss. de THist. de Bretagne. 
» BûQUERAN. Athis, MS. fol. 107, V» col. 1. 

BouGBREN. Hist. de B. du Guesclin, par Mônard, p. 376. 

BouQUERAN. Athis, MS. fol. 55, R<> col. 1. 

Bouquerant. Glosa, du P. Labbe. » 

BouQUESAN. Caseneuve, Orig. de la langue fr. 



(i) B9ti9«rpouTaH, en ancien français-, être actif et réfléchi; Molière disait encore à la scène 7 de Tacte Y du DêpU- 
amù mrm t x c c Et personne, moDsieuc, qui se veuiUe &ouoer, Pour retenir des gens qui se vont égorger. » On trouve dans 
GMT.de RossiUon, xiv* siècle, v. 1789 : c là. verseïs de Pierre qui dort ne ne se bouge ne que fait une pierre. » L^étymologie, 
pir comparaison avec le provençal bolegar, bojar, doit être un fréquentatif de bullire, (n. b.) — (2) Ces formes bougon, 
han^eon^ doivent être des variantes de boitons sorte de trait' à tôte mousse, que Diez tire de buUa^ & cause de- cette 
p^iiioaiaritè. Le boujon de Rôutttaura été ainsi nommé par ressemblance au boujon miUtaire. Le mot désigne encore un 
outU à plomber, (n. s.) 



BO 

Bougre (1), subst. masc. Nom d'hérétiques. On 
les appeloil Bulgares, en latin Bulgari. C'étoit de la 
Bulgarie qu'ils s'étoient répandus dans le pays des 
Albigeois; de Bulgare, on fit Bougre. (Voyez le 
Gloss. sur la Coût, de Beauvoisis; Du Gange, Gloss. 
lat. aux mots Bogri iiiquisitorei perfecti et Turlu- 
pitii ; les Ordonn. des Rois de France, T. 1. p. 175.) 
Ce aom de Bougre a aussi été donné aux usuriers. 
(Du Gange, sur les Etablissements de S' Louis, 
p. 181.} Nous trouvons souvent ce mot employé 

Sour berétique en général, dans les Fabliaux, mss. 
u Roy. Nous nous contenterons d'en donner un 
exemple : 

Gésir soloit en 1b Termine ; 

Or n'est nus bom qui ne 1 encline, 

Ne bien creans, 

Aias est bougres, et mescreans, etc. 

Fabl. US. du H. a* 7118, foL 314, R- oA. 1. 

Je ne sais si c'est dans le sens de bougeron ci- 
dessus, ou dans le sens d'hérétiques, qu'il Taut 
entendre le mot bougres, dans ces vers, où ils sont 
compris avec les usuriers, luxurieux, larrons, 
Simoniaques, elc. : 

S'il y a cbasteaux ne cltei 

Ou bougres soient récitez ; 
Mesmes s'ils estoient de Milan 
Car Buaai les en blasme l'en. 

Hom. d« il ItoM. m 1Ï445-1U48. 
VAHIANTES : 

BOUGRE. Du Gange, Gloss. lat. au mot B<mri. 
BOOLORK. Boulainv. E^s. sur la Nobl. p. 1^ et euiv. 
BOGRE. Fabl. MS. du R. n^ 7615, T. I, fol. 6*, R" col. 1. 
Bulgare. 

Bougrerie, subst. fém. Hérésie. (Voy. lé Gloss. 
de Du Gange, au mot Bulgari.) • Le Roy n'espargna 

■ pas son propre fils, ainçoys l'envoya par deux 

■ fois en Albigeois à grans osls pour destruire la 
« bougrerie du pays, et donna en sa vie, et en sa 

■ mortgrantsomme d'avoir, pour soustenir la force 

■ des bons llls de S" Eglise, contre les bougres 
. d'Albigeois. » (Chron. de S' Denis, T. II, fol. 45.) 
« Se aucuns est soupçonné de bougrerie, la justice 

■ le doit prendre, et l'envoier à l'Evesque, et se il 
• en estoit prouvez, l'on le doit ardotr. • (Etabliss. 
de S' Louis, cités par Du Gange, Gloss. lat. au mot 
Bulgari.) 

variantes : 
BOUGRERIE. Cbron. de S' Denis, T. Il, M 37, R'. 
BouQUERix. Ord. des R. de Fr. T. 1, n. 175. 
BouaRESiE. Fabl. HS. du R. n> 7318, loL 214, V* col. 2. 

Bouhourdich, subst. masc. L'éditeur de Math, 
de Goucy, croit que ce pouvoit être un des jours 
gras. ■ En ce même temps environ le premier bour 

■ hourdich, le duc d'Alençon arriva en la ville de 



- BO 

■ Toumay. ■ (Hath. de Goucy, Hist. de Charles vni, 
p. 664.) (Test peut-être le même que bouhourdi. 
[Voy. le mot Bbhodrd.) 

Bouhourean (2), subit. ma»c. Canard. 



VARIANTES : 

BOUHOUREAU. Po&). d'Alain Chartler. 

BouHAURAU. Gace de la Bigne, des Déd. HS. toL 137, V*. 

BuTHARiAO. Poës. HSS. d'Eust. Ûesch. fol. 314, coL 3. 

BouIllammeDt, adv. Ardemment. (Oudio et 
Cotgrave, Dict.) 

Bouillans, subst. masc. plur. Nous n'explique* 
rons point le sens de ce mot, dans l'expression 
pêcher aux bouillans, où il s'agit d'un homme qui, las 
du monde, veut se retirer à la campagne. ■ Pauvret, 

< combien avons nous vea de tels fols melancboli- 

■ ques se promettre, et ainsi forger une divinité 
« champêtre, s'en repentir aussitost qu'ils en 
« avoient senti les fumées, péché aux bouillans (3), 

■ et tenté aux incommoditez d'iceux. ■ (Gont^ 
d'Eulrapel, p. 553.) 

Bouillant, adj. Bouillant. — Sec, aride, 
brûlant. 
Nous lisons au premier sens de bouillant : 

Le bacin pris rudement. 

Et en la fontaine boillant (4), 
Corne [ois estordis, le boutai. 

Fibl. us. du R. n- TilS, roi. 3ST, V coL L 

De là nait la seconde acception : > L'espée entra 
■t dedans jusques aux fossés, là ou point d'eane 

< n'uvoit, ny ne peut avoir : car ils sont de sablon 
. bouillant. • [Froissart, Vol. II, p. 12.) . S' Martin 
• bouillant, » c'est-à-dire la S' Martin d'été. {Du 
Gange, Gloss. lat. au mot Festum S* Martini 
ftti/ftgnfis, et au moKMartinus buliians, où od lit 
S' Martin boulant.) 

Hé Diex que feras-tu decest chetis dolent 
De qui l'ame en ira en enfer le boillant (fi). 

Fibl. lis. du R. D- ma. fol. MI. R* toi. 1. 

On trouve le mot boullant pour épithète d'or dans 
les vers sùivans, où sans doute il signille la même 
chose que bouillonné : 

Portant en son col, par devise, 
Une couronne d'or boullant, 

Vlfil. de Chirin VU, T. II, p. 78. 
VARIANTES : 

BOUILLANT. Froissart, Vol. 11, p. 13. 
Boillant. Fabl. MS. du R. n« 7615, T. U, fol. 137, R», 
Boulant. Du Cange, Gloss. lat. à Martinus Butltens. 
Boullant. Joum. de Paris, sous Charles VI et VU, p. 141. 

(1) Bougre (Bulgare), Ougre (Hongrois), Vandale, sont devenus autant d'épithétes injurieuses. Mais il ne faut pas bire 
remonter la dépravation du sens aux invasions barbares ; les Ougrea et les Bougres partageaient au moyen-Aga les 
erreurs des Albigeoia, et leur mauvais renom; on les accusa comme eux de vices infâmes. Aussi n'est 'il employa qu'AU 
xiu* siècle : ■ Ha I luale gent, bougre desloial. dist 11 papes. ■ (Ghr. de Bains, p. 123.) Quant & Bandalisme, il fut crée par 
l'abbé Grégoire, pour un rapport à la Convention ; dans ses Hémoires, t. I"', p. 3iG de l'édition de 1837, il écrit: t le CTOfti 
le mot pour détruire la chose. ■ (N. E.) — (3) Il vaut mieux lire boukaureau. Un canard est encore bourd en picard et 
bourau en nonnand. (n. e.) — (3) Bouiilana a ici le sens de bouille; perche ayant pour tête un bloc de lx)is: elfe aart à 
taure feau pour la pécbe. (s. E.) — (4) On le trouve dàs le xu' aiècle dans une traduction du Hure de Job. édition 1841, 

{1.499: 1 Ja soit ce ka U »oit teiMoni d - - ~ 

I, 06. (ft. B.) 



n del céleste deseir. 1 1^. s.) - 



>) Le fabliau est de Butebeuf; voir édition Jubisal, 



BO 



— 77 — 



BO 



Bonllle (1), $ub$t.fém. Marque de plomb qu*on 
met aux draps. (Dict. de Borel, au mot Bulle^ d'où 
le mot Bouille s est formé.) 

BoalUement, subst.masc. Ardeur. (Oud. Dict.) 

BoulUer (2), verbe. Bouillir. — Faire bouillir. 

Ce mot, dans S' Bernard, répond au latin Œstuare. 

Ce mot, qui dans le sens propre signifle se 
gonfler, se raréfler, soit par la chaleur d*une fer- 
mentation naturelle, soit par celle occasionnée par 
le feu qu'on met sous un vase rempli de quelque 
liqueur, s*est dit figurément en ce passage : 

Sanc saut de cors, cerveles boillent 
Soudoiers eu la presse estraingnent. 

G.Gi£rt,MS.roL98«,V*. 

Sur la seconde acception de faire bouillir, voyez 
Rabelais, T. IV, p. 244, et le Dict. de Borel, au mot 
Bouler^ où il est pris pour bouillir et faire bouillir. 
De là, on a dit bouillir^ boullir^ boulii\ pour signifier 
faire mourir un criminel dans l'huile bouillante. 
« Haute justice, et seigneurie s'entend et comprend 
« de faire emprisonner, pilloriser, eschaifauder, 
« faire exécution par pendre, décapiter, mettre 
« sur roue, bouillir^ ardoir, enfouir, etc. » (Nouv. 
Coût. Gén. T. II, p. 145, col. 1.) Bouillir paroit 
employé en ce même sens dans ces vers : 

Ele a fait maint homme escelUer, 
Pendre, ardoir, boUHr, et noier. 

Pabl. MS. du R. n* 7818, fol. 225, R* col. 2. 

CONJUG. 

Boulle, au subi. prés. Bouille. (Fabl. ms. du R. 
fol. 45.) 

Bousist^ à l'imp. du subj. Bouillit. (Fabl. ms. 
du R. fol. 189.) 

Built^ pour bout, ind. présent. (Marb. col. 1650.) 

Buylle, au subj. prés. Bouille. (Voy. Lanc. du 
Lac^iol. 3, R'col.l.) 

VARIANTES : 

BOUILLER. Rabelais, T. IV, p. 244. 
Bonj^iR. Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 325. 
BoiLLONNBR. G. Guiart, MS. fol. 267, R». 
BouDRS. G. Guiart, MS. fol. 317, R». 
Bouler. Dict. de Borel. 

Bouillir. Nouv. Coût. Gén. T. Il, p. 145, col. 1. 
BouLLm. Coût. Gén. T. I, p. 815. 
BouLm. Ph. Mouskes, MS. p. 470. 
BuiLLiR. S» Bem. Serm. Fr. MSS. p. 107. 

Bouillonné, adj. Boursouflé, ampoulé. Mon- 
taigne a dit de TAretin : « Sauf une façon de parler 
« Itoufle, et bouillonnée de pointes ingénieuses, à la 
« vérité, mais recherchés de loin, et fantastiques, 
« et outre Féloquence enfln^ telle qu'elle puisse 
« estre ; je ne vois pas qu'il y ait rien au dessus des 
« communs auteurs de son siècle. > (Ess. de Mon- 
taigne, T. I, p. 522.) 



Bouillonneux, adj. Couvert de boue. « J'ar- 
« rivai bien bouillonneuXj et croté, gelé, et mor- 
* fondu. «.(Contes d'Eutrapel. p. 239.) 

Bouillons, subst. masc. plur. Bossettes de 
métal. Elles servoient d'ornement sur les pièces 
d'orfèvrerie, sur les habits, sur les livres et autres 
choses qu'on vouloit orner. On les employoit» 
quelquefois aussi, en broderie. Les Grecs, suivant 
Plutarque, au combat de Tescrime, « s'armoient 
« de manopoles, ou brassars garnis de courroyesde 
« cuir bien dures, ou de bouillons (3), et boussetes de 
« cuivre. » (La Colomb. Théâtre d Honneur, T. L 
p. 219.) 

VARIANTES l 

BOUILLONS. La Colomb. Théâtr. cTHonn. T. I, p. 219. 
BouLLONS. Du Gange, Gloss. lat. à Mazer. 
Boulons. VigU. de Charles VII, T. I, p. 227. 

BoulIIots (4), subst. masc. plur. Sorte de seaux. 
Ce sont des seaux sans anse dont on se sert sur les 
galères. (Oudin, Dict.) 

Bouts (5) , subst. masc. Buis. Dans le Dict. 
d'Oudin, au mot Bouis, on lit : 

L*escu ne fut naie de tremble,... 
Ne de boisson étoit-U mie; 
Ainz fu fait d'un os d'olifTant. 

BUnchand. MS. de S. G. fol. 191. 

« Pour ce qu'ilz ne trouvent rien vert en yver, 
« ilz menguent des pins et sapins, et un boys que 
« on appelle boix qui est tousjours vert. » (Chasse 
de Gaston Phébus, ms. p. 34.) 

YARIANTES * 

BOUIS. Dict. de Monet et d'Oudin. 
Boisson. Blanchandin, MS. de S' Germ. fol. 191, R«. 
Boix. Chasse de Gast. Phébus, MS. p. S4. 
Bouix. Mém. de Du BeUay, T. VI, p. 348. 

Bouis de asne, subst. masc. Chardon. (Cotgr. 
Dictionnaire.) 

Bouis poignant, subst. mmc. Myrtre sauvage. 
(Oudin, Dict.) 

Bouissé, adj. Garni de buis. (Oudin, Dict.) 

Boujotte, subst. fém. Panier pour faire nicher 
les pigeons. (Oudin et Cotgrave, Dict.) 

Boukimbarbe, subst. fém. Barbe de bouc. 
(Cotgr. Dict.) 

Bout (6), subst. rmisc. Bouleau. « Tes gluons doi- 
« vent bien estre déliés, et doivent estre de blanc 
« bouU et jeune, et qu'ils soient ung peu pelez; 
< car ceux de rouge bout ne vallent riens. > (Modus 
et Racio, fol. 90.) 



(i) C'étaient lee commis du boreaH des fermes qui marquaient ainsi chaque pièce déclarée, (n. e.) — (2) On lit déjà dans 
la Cbanson de Roland (Str. 164) : « Dessouz le front lui huitlit la cerveUe. > (n. b.) — (3) Ce mot a ici le sens de hoxUons. (n. b.) 
— (49 M. Lfttré récrit houilleau. et lui donne pour origine bouillir, (n. e.) — (5) Bouis (lat. buonw) est la forme du xvi« 
siècle ; au zin« siècle, le lAvre des Métiers écnvait : « Nus tabletier ne puet faire tables de quoi U uns fueUes soit de buis et 
li antre de fiinne (p. 173). » Au temps de Ménage, bouis était la prononciation de la Cour, buis ceUe de la province ; c'est 
maintenant FinTerse. (n. b.) - (6) La racine est le latin betula. On Ut au Cart. de Ph.-Aug.^ JJ. 34 bis, part. 2, foL 125 : 
€ Gonoessimiis monarchis Loci restauraU... 700 circules de bool ad magna doUa (an. 1215). » Au re«r. JJ. 56, P^433, an. 1317 : 
€ Et est à entendre mcnrt bois boult^ tremble, fou, marsaus, et genestres. » Au reg. JJ. 131, p. 155, an. 1387 : c Lesdites 
lèmmes garnies de verges de bomt. > (n. b.) 



BO 

TARIAKTE6 l 

BOUL. Gr. Coût, de Fr. Litr. II. p. 62. ' 
BioLLK. Meneatr. Om. dos Armoir. p, 484. 
BouLLiAu, Bouui.. lloduB et Racio, MS. foL 184, V. 

Boulaingler {l],subst. mate. Boulanger. On re- 
conooit aisément ce mot dans les trois premières 
orthographes. 11 est tronqué dans la quatrième qui 
36 trouve dans le Gloss. sur les Coût. deBeauvoisis, 
dans le Glossaire latin de Du Gange, au mot 

VARIANTES : 

BOULAJNGIER. Jonro. de Paris, sous Cb. VI et VII, p. 52. 
BoULENGiER. Dict. de Rob. Estienne. 
BOULKNGUIER. Fabl. MS. du R. n' 7218, fol. 175, R* col. 3. 
BoULENS. Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. 

Boulaye (2), suis/, fém. Baguette de bouleau. — 
Verges. 

Charles VI, s'étant déguisé, alla voir l'entrée de 
la reine sa femme à Pans, en 1389. 11 se mit dans 
la presse < oi^ estoient sergens de tous costez, 
c tenaus grosses boulayes, et en frappoient d'un 
- costé et d'autre bien fort, pour deffendre la 
« fouUe, et en eut le roy plusieurs coups, et horions 
( sur les espaules bien assis ; ce qui Tut seu le soir 

■ parmi les dames et damoiselles, et l'on en farça 

■ beaucoup. > (Juv. des Ursins, Hist. de Charles VI, 
page 72 } 

Boulayes signifie aussi verges de boulau dans le 
oaasage suivant, où un diable ordonne à un autre 
ats chSiÛer d'autres diables : 



it. du Thjtlr. Fr. T. I, p. 183. 

Boulcber, verbe. Fermer, boucher. (Rabelais, 
T. m, p. 49.) 

Bouldures, subst. fém. plur. Terme de mou- 
lip. Ce sont les fosses qui sont sous les roues et 
les bâtiments des moulins. (Laurière, Gloss. du Br. 
François.) On lit dans le Coutumier général, T. Il, 
p. 279: ■ Les fosses autrement appellëes les 
• bouldures des moulins. > 

'Boule, subst. fém. Boule. — Tromperie, four- 
berie. — Espèce de danse. 

Ce mot subsiste dans la première acception de 
boule, et nous ne le mettons que pour marquer 
plusieurs expressions singulières qu'on trouvera à 
lâfîn de cet article. 

Le mot boule a signifié tromperie, fourberie, et 
C'est dans ce sens qu'il eal employé dans les 
Images suivans : 



BO 

Famé set moult, et boula <3), et guile, 
Plus est tormana ne soit anguille. 
Et plus glaçans que pois (4) eor glac« : 

Cha.scun eslraint. cliaauD enlace. 

Fibl. us. du n. D- 7113. fot. m. R* col. 1. 

Le mot boule a aussi signifié danse, ainsi qu'il 
paroit par ces vers : 

Quant ele es lieve au matin 
In en roman , ne en latin. 
Ne quiert oïr que boule, et Teste : 
Du soir li relet mal In leste. 

Fdtl. us. di R. n* TUS, loi. Ml, V< nL 1. 

Expressions singulières du mot boule : 

1° La longue boule, pour le jeu du mail. (Contes 
de Des Perriers. T. II, p. 56.) 

2° La courte boule. Notre jeu de boule. (Dicl. 
d'Oudin.) 

3° La boule piate^ autre sorte de jeu. (Rabelais, 
T. I, page 146.) 

4" La boule de Ifoyon, pour fourberie. Cette façon 
de parler se trouve comme proverbe dans les Poës. 
fr. MBS. avant 1300, T. IV, p. 1651. 

5° La boule d'enlour. Expression dont le sens ne 
paroit pas clair ; elle pourroit désigner, selon le 
passage suivant, une marque distinctive de la 
noblesse : 

la boule d'enlour rien ne te sert i 

Noblesse donc sentant la vra^e bumlileste 
A bien mourir, mois le noble en appert 
Du temps qui court, ai dit a découvert : 
Noble je suis, noblesse a; recouvert. 

ConMd. d* SoogMnui, roi. IH , R*. 

6* Jouer à boule en corroie. Façon de parler 
rapportée dans ces vers : 

Laa dolent qu'ai-je fel 1 la clef de France avote ; 
N'estoit dus, ne conta, se rencontrai a se en voie, 
Se je ie saluaisse, qui n'en euat grant joie. 
Or ai ie ctaus iou^ à la boute en corroie. 

PM. H3. du R. D- 1116. fol US, H- ooL 1. 

T Jouer à la grosse boule. Sorte de jeu fort à la 
mode en 1502 : ■ Comment mon dit sieur d'Angou- 

• lesme et Ûonlmoreacy jouaient à la grosse bouUe, 

■ contre le jeune adventureux et Brion: qui est un 

• jeu d'Italie non accoustumé par deçà, qui est 
o aussi grosse que le fonds d'un tonneau, plaine 

> de vent, et se joue avec un brasselet d'estaing 
« bien feuUreux, avec des corroyés de cuir, et 

■ s' estend depuis le coude jusqu'au bout du brasart 

• avecq une poignée d'estaing qui se tient dedans 

> la main. > (Hém. de Rob. de la Uarck, seigneur 
de Fleuranges, us. p. 11.) 

VARIANTES : 
BOULE. Orth. Bubslst. 
BouLLE. Hém. de Rob. de la Harck. Saig. deF. HS. p. 11. 



„ iiL s ouao 1 ttu, u , _.._... 

loideciouJ^t. > Uaiaboulenaesl l'œuvre, non l'ouvrier. On lit au vers 4593 de Blonde et Jeban (xiii* siàcle) : 

de tout entremettre; Pain fiât venir ou boulengier. i En Berry, boulange est un mélange de foin et de paiUe pour la 
nourriture des bestiaux. Du Cango voit la racine dans te mot boule, (n. E.) — (9) On désignait ainsi la boule au jeu de 
croaaeB ; au compte da Robert de Serea {1330), Rçg. V, fol. 5, v» : « Uero pour .xvi. boulaies de cuir, deua sols ptec«- » A» 
rçg^. JJ. 132, p. 121, an. 1397 : ( Comme il2 joiiolent k an certain jeu, appelle choler de la crosse ; ... la boula^fe du ditjeii 
feust envoyée par l'on des compaignons en hault en l'air, i Boidaie dériva alors de boule; mais au reg. JJ. 16^ p. SUt 
an. 1412, il doit être fait sur betuleta : ( La femme d'icellui Philibert garnie d'une grosse bouloye ou massue de boie. > Oq > 
la Tonne boulaue à la Charte 358. Il subsiste comme nom de lieu : le Boulay (Nièvre), la Boulay (Eure), lea Boulimst 
(Seine-et-Marne), (n. e.) — (3>Nous avons expliqué sous boleor, comment bouler avait pu signifier tromper : bouier aura 
a abord eu le acns propre de rouler, puis le sens figuré qu'il a encore dans la langue populaire, et aura formé la aubstautit 
verbal boule. (Voir d'autres exemples dans Du Cange, sous boula, 2.) (H. e.) — (4) Foîmod. 



BO 



- 79 - 



Boolegna (se), verbe. Se tourner. Mot langue- 
docien. (Voy. le Dict. de Borel, au mot Endelonner,) 
où il cite ce vers : 

Aital, dedens un parc, lou lion «e boulegtte. 

'Bonlement, subst. masc. Le mouvement d'une 
boQle qui roule. (Oudin, Dict.) 

Boulenger, verbe. Faire cuire le pain. (Oudin, 
Dictionnaire.) 

Bonlenglerle, snbtt. fêm. Boulangerie. (Cot- 
grave, Dict.) 

Boulenois, adj. Qui est de Boulogne. On disoit : 

1* Jiaisin boulenois. Nom que l'on donne encore 
à Metz à une sorte de raisin. (Le Dnchat, sur 
Rabelais, T. I, p. 176.) 

2* Lettre boulenoise. On voit plusieurs ouvrages 
dont il est dit qu'ils sont écrits de lettre boule- 
noise (1), dans le Catalogue des Livres de Charles V, 
aux articles 91 et 94. (Voyez le Rec. des Dissert, de 
M. Lebeuf, T. 11. p. 261, et la note.) 

3* Le poignard boulonnois étoit une sorte d'arme, 
du temps de Henri IL (Brant. Cap. fr. T. l\, p. 14.) 

4* Habit et robbe à la boulonnoise (2). C'etoit un 
habillement de femme du temps de cSatlierine de 
Hédicis. (Voyez Brantôme, Dames illustres, p. 212.) 

TABUNTES : 

BOULENOIS. Le Duchat, sur Rabelais, T. I, p. 176. 
BouLONCNOis. Dict. d'Oudin. 

Boulonnois. BrantSme, Damea illa»tre«, p. SIS, etc. 
BoOLNisiKN. Monitrelet, VoL I, fol. 9(5. 

Boulens, subst. masc. Sorte de pain. 11 étoit 
fett avec de la farine telle qu'elle vient du moulin. 
[Glossaire latin de Du Gange, au mot Rebuletum (3).] 

Bonlër, verbe. Jouer à la boule ou au mail. -- 
IVomper. — Dissiper. — Marcher. 

On a dit, au sens propre de jouer à la boule : 
'< Quand on veut bouler, ou jouer à la longue 

• boule, avant 'que la jetter, on fait cinq ou six 

• pas. - (Bouchet, Serées, livre HI, p. 223.) 
Gomme de balon. nous avons fait baloter, pour 

jouer quelqu'un , de même de boule , l'on a fait 
MW^, pour tromper, doper : 

Por co UeDB-^e celui & fol, 

Qui }Tire son cbJeC, et son col. 

Que tame ne 1' porroit bouter. 

Et qu« bien s'en sauroit garder. 

Fibl. HS. £ R. H- T31B. M. «<. R* cal. 1. 

Au figuré, on a dit bouler, pour dissiper : 

Cil qui tôt le Sien boule, 
Osesmahu, o sa boule, 
Pnia vient ouirre son pain. 

ProT. da VlUn, US. 1> S. Gvm. liil. 14, V. 

On a dit aussi bouler, pour marcher, dans le 
ttSme sens que nous disons encore rouler : ■ Les 



BO 

■ seigneurs de tel et tel lieu et moy boulions eji 
. partie par les chemins. • (Contes d'Eutrap. p. 321.) 

VARIANTES : 

BOULER. FaW. MS. du R. n' 7318, foL Ml, V« col. 1. 
BouLLER. GIosBeire da Roman de la Roee. 

Boulerot, subst. masc. Espèce de goujon. 
(Oudin et Cotgrave, Dict.) 

Boulesche, subsl. fém. Sorte de filet à pécben 
(Oudin et Cotgrave, Dict.) 

Boulet, subst. masc. Potiron. — Balle. — 
Pilule. — Pailletle. 

Dans le patois languedocien, ce mot signifie 
potiron. 

Boulet signidoit communément balle d'arbalète, 
selon Cotgrave, ou de couleuvrine, comme dans le 
passage suivant: ■ Fut frappé d'une couleuvrine 

• laquelle perça son pavois et entra le boulet en_sa 

■ jambe. » (Al. Chartier, Hist. de Charles Vil, 
p. 254.) Ce mot est mis ici pour balle de roeil : 

■ D'un mousquet tira si a propos qu'il donna au 
. ditmarquisdu bouWfif [4)autraver3au cors, dontil 
. tomba mort sur le champ. » (Mém. de Du Bellay, 
livre Vllf, fol. 261.) 

De là, boulet s'est dit pour pilule, bol, espèce de 
médicament qu'on prend à sec , en forme de boule, 
de la grosseur à peu près d'une balle de fusil. Podr 
purger les faucons, • on se sert d'une herbe 
« appellée cacapuche , laquelle graine est mise en 
« ung petit boutlet, et donnée au faulcon a men- 
. ger. . (Modus et Bacio, fol. 68.) 

Enfin, nous trouvons boullets tTor, pour une 
sorte d'ornement. Peut-être de petits grains d'or 
ou d'argeal aplatis et percés , que l'on attache sur 
une broderie pour en relever l'éciat. A l'entrée de 
Charles-Quint dans Paris, en 1&39, • le grand 
. escuyer estoit vestu d'un manteau de drap d'or 

■ frisé, et saye de veloux cramoisy, tout couveride 
. boullets (Tor. . (Mém. de Du Bellay, T. VI, p. 486.) 

vABiASiïs : 
BOULET. Dict. de Borel. 
BouBLBT. ModuB et Racio, MS. fol. ISB, R<. 
B0UIJ.KT. Mém. de Du Beliaf , livre VlU, fol. 361, R*. 

Boulette, subst. fém. Petite boule. — Balle. 
Au sens propre, ce mot est le diminutif de boule. 
(Voyez les Poésies de Tahureau, p. 294.) 
De là, on nomme boulettes, les balles: ■ Ceux 

■ du pays qui les suyvoient a boulettes et a fondes 

• ysurvindJwnt. » ^Froîssart, Vol. I, p. 102.) 

Boulevarde, adj. au fém. Mines boulevardes. 
Ce qui ne peut guère signifier que des mines propfes 
à renverser les boulevards ou remparts. (Voyez les 
Vigiles de Charles VU, T. II, p. 120.) 



1} Comparez la ciiaitoa donnée plUs haut bous bi 



.- iBuperbei „ , 

U. Quicheral volt là une aorte debirçe. Les modee, comme la poUtiqiU, venaient alors d'Eipagne et d'Italie. <N: Ma — 
s bouleiigièr, d'après une Charte de la même conuéqs la suivante art taie 
ieSiVaaat d'Arras: « AdviserjnielâBditeamJcheBetadclietf aenmtjUMB 
la, uyui iB Buu 8oît et eera 6té ; et lef boulen* de pure Jarine, telle Qu'elle vient du mnwMn 
RDS y mêler aucun tercœul ou rebUfet. i (m. s.) — (i\ Comparei A. Paré (VIII, 33): ( llorts par coups d'barquebusu, don 
le boulet ne pouvoit e^tre plus gros que le bout du doigt. » (n. e.) 



BO 

Boulevars , subst, masc. Boulevard , sorte de 
fortiBcation. On les conslruisoit en terre, en bois 
ou autre matière, à la tête d'un pont ou dans 
l'extérieur d'une ville assiégée. On en metloit aussi 
8ur les tours en rorme de cavaliers ou de redoutes. 
Le passage suivant donne une idée suffisante de ce 
qu'on appeloit fcowi/ewers: - A chaque entrée que 

■ on arrive au dit val, le long de la dite trancliée, 
« y a des blocus de terre que nous appelions 

■ houUevers (1), dedans lesquels se retirent en seu- 

• reté les soldats de la garde d'iceux, estant bien 
« pourveus de grosse et menue artillerie pour garder 

■ les dits passages. ■ (Uém. de Du Bellay, livre II, 
folio 63.) 

VARIANTES : 

BOOLEVABS. Monstrelet, Vol. II, fol. 35, V». 
BoLEVERT. J. Le Haire, lllustr, des Gaules, livre II, p. 487. 
BOLLBVEHT. Glossaire de l'Hialoire de Pana. 
BoLVEB. J. LeFâvredeS<Remi,Hist. deCbarleBVI,p.l47. 
BOLWERCQ. Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 2ffl. 
BOOLBVBHT. Hist. d'Artus III, conn. ôe France, p. 777. 
BouLLEVEBT. Vigiles de Charles VII, T. II, p. 96. 
BouLLVBRT. Monstrelet, Vol. II, fol. 189, V'. 
BotTLOUAH. Le Jourencel, HS. p. 291. 

Bouleverseur, subtt. masc. Qui bouleverse. 
{Cotgrave, Dict.) 

Bouleveue, adv. Avec connoissance. Nous 
disons à la boulevue, dans un sens fort différent. 

< Jouer à la boulevue, ■ signiftoit autrefois agir it 
coup sûr, ou du moins avec connoissance: 

■ Attendes, ou que votre ennemi se lasse, ou qu'il 

• vous vienne combattre ; et ainsy vous jourés à la 

• bouleveue, comme on dit. » (Moniluc,T.I,p. 397.) 

VARIANTES : 
BOULEVEUE. Hontluc, T. I, p. 397. 
BouLEDEVBUE. Favin, Théâtre d'hoaneur, T. II, p. 1188. 

Boull (2), part. Bouilli. On a dit, dans le sens 
propre : • Les faut nourrir de bons potages, el de 
« chair de mouton boullue , avec quelque peu de 

• souffre, pour leur reschauffer le corps. > {Fouil- 
loux. Vénerie, fol. 82.) On disoit autrefois eau 
boulie, pour eau chaude: • Ont une coustume en 

• France de mettre les lansquenets en garnison es 

< lieux ou il y a force vins : car ils l'aiment mieux 

■ que Veaue boulie. * (Hém. de R. de la Harck, 
seigneur de Fleuranges, us. p. 18.) 

Boulé est mis au llguré, dans cet autre passage, 
pour brûlé : 

Sus toutes gens seront cil usurier boulé. 
Qui ont rmvoir aux pouves sorbi, et engoolâ. 

FibL^S. da H. a- lUi, T. U. M. I«, V «al. L 
VABUKTKS : 

BOULI. Fabl. H5. du R. n' 79B9, fol. StO, V col. 8. 
BouLt. Fabl. MS. du R. n" 7615, T. II, toi. 148, V* ooL 1 
BotiLLU. FouiUoiw, Vénerie, to\. 82, V'. 



UVUL.L.U, ruuiUULtA, TtSILBriB, lUl. ' 

BouLU. Froiasart, VoL I, p. 127. 



>- BO 

Boulie , subst. fém. Boisson préparée avec le 
feu, comme la bière : 

Li Audulns, a son meugler, 

Por le vin se feme (3) esparniîer. 

Doit boire un erant trait de Doulie. 

Psb. MSS. «Mt 1100, T. IV. p. IMO. 

Boalieres, subst. et adj. Trompeur. (Glossaire 
du Roman de la Rose.) 



Roua da b Rom, TUS «l 7IU. 

Boulleux, adj. Qui est de bouillie. (Oudin et 
Cotgrave, Dict.) 

Boalime (4), subst. fém. Grande fïtim. 

VARIANTES : 

BOULIME, Dict. de Cotgrave. 



BouLiMiB. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 

BouIIalne, subst. fém. Nom de lieu. Boulogne- 
sur-Mer. (Voy. Petit lean de Saintré, T. U, p. 78.) 

Boullis (bois). C'est une faute pour bois bru- 
leis. On trouve bois brûlez dans la Tbaumassière 
Coût, de Berry, p. 367.) On rencontre ailleurs, dans 
le même auteur, bots bruleis, ou arseis, ou arsins. 

Bouloire, subst. fém. Lieu pour jouer à la 
boule. (Oudin, Dict.) 

Boultades, subst. fém. plur. Volées de canon. 
Comme si l'on disoit bouletades, volées de boulets, 
t La estoient les boultades qui ruèrent, et mirent 

• à bas une barbacaoe et une partie du mur du 
. milieu. - (I. Chart. Hist. de Chartes Vil, p. 275.) 

Boulevarder, verbe. Terrasser. C'est fortifier 
des boulevards. (Voy. le Jouvencel, fol. 83.) « Quant 

< vous commencerez à approucher, et à batre, que 

■ vostre artillerie soit toute preste ; et quant vos 

• bombardes commenceront à tirer, faites que vos 

< voulgoires (espèce de canon comme coulevrine) 
> el la menue artillerie tirent, quant et quant, 

■ api-ès le coup de la bombarde, auln que ceubt de 

■ la place n'aient la puissance de riens boulevarder, 

■ ne d'amender le dommaige que la bombarde leur 

< fera. ■ (Le Jouv. us. p. 283. — Voy. Boulevars.) 

Boulture, subst. fém. L'action de bouillir. (Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

Booq, subst. masc. Bouc. (Voyez les Œuvres de 
Joacb. Du Bellay, page 401, et le Dict. de Borel.) En 
termes de blason, on a dit : ■ Le Hoy de Luxure 

■ estoit monté sur un grant destrier couvert de ses 

■ armes, qui estoient de vert, à .qj. testes de bow 

■ d'ai^nt. • (Mûdus et Racio, us. fol. 288.) 

(1) Le boulevctrt apparaît ft la fin du xv* sitele, avec l'artillerie A f«ii ; c'est un ouvrage de fortlâcatioa avancée qui 
remplaça les barbacaneê. Il lut d'abord fait de terre gazonnée «ppuyëe sur des aie, plancbea (en allemand Bokle) ; on le 
plaçait devant les vieux murs pour les renforcer, aux points faibles pour tonner saillant, (n. s.) — (9) On trouve bouilH 
oana te Ifinagier (t. II, p. 4) : t Quint mets : un bouilli lardé, ris engoulé, anguilles renveraéea. ■ (n. k,) — (3) Le vin de M 
lamme. — (4) Le mot venant du grec, ne se rencontre qu'à une époque où on l'a su : c Le duc de Savoye en avoit ausai {hIs 

pour le guérir de la ^-■'■~'- — -^— • — ■ ■-" -• —- ■ - '*•-■ "'—■--■- - "*^ > ■ . --■- ^ — - — . -?. 

btm. (N. m.) 



le 1b bouiimie et ^utonnie, mais il revomit tout. 



t.V^(. 



Ménippée, p. 10.) La racine est;9»pf, bcnuf, et Ufùt, 



BO 



- 81 — 



BO 



TAJUANTES I 

BOUQ. Joach. du BeUav, page 401. 

BouQUE. Dict. de BoreL 

Bosc. Modus et Racio, MS. fol. 288, R». 

Bous. Fabl. MS. du R. n* 7615, T. II, fol. 147, V col. 2. 

Bonquan, subst, masc. Mauvais lieu. On disoit 
nouvelle de bouquan (i), pour nouvelles fausses, sus- 
pectes. (Voy. les Lettres de Louis XII, T. IV.) 

Bougue d'ange, subs^ Conserve d*un tronc de 
laitue. (Dict. d*Oudin et de Cotgrave.) 

Bouqué, subst. masc. Bouquet. Ce mot subsiste 
sous l'orthographe de bouquet. On disoit, autrefois : 

1* Bouquet htstorial. C'étoit un bouquet qui pas- 
soit de main en main dans une assemblée; celui qui 
le recevoit étoit obligé de conter une histoire. (Voy. 
le Printemps d'Yver, fol. 105.) 
: 2* Bouquet de la barbe sous la lèvre. C'étoit un 
petit toupet qu'on laissoit au menton près de la 
lèvre. (Dict. d'Oudin.) 

VARIANTES : 
BOUQUÉ. 
BouQUBT. Orthog. subsùst. 

Bonqner (2), verbe. Baiser. (Dict. d'Oudin.) 

Booquet, subst. masc. Diminutif de bouc. 
I Paonne la chievre sauvaige , ainsi que fait une 
« bische, ou chevrele, ou daine; mais elle n'a nulle 
« fois fors que un bouquet. » (Chasse de Gaston 
Phébus, Ms. p. 30.) 

Booquette, subst. fém. Chèvre. Mot du patois 
d'Auvergne. (Glossaire latin de Du Cange, au mot 
Bulquetta.) 

Bouquin, adj. Qui appartient au bouc. (Diction- 
naire d'Oudin.) 

Bouquin, subst. masc. Instrument de musique 
rustique (3). Il étoit fait avec une corne de bouc. 

Pan fleuta le premier, et les faunes aprés^ 
Qui firent tressaillir les monts, et les forets, 
Au son de leur houquin, etc. 

BergoiM de Rem. Bell. T. I, p. 88 V. 

Bouquiner, verbe. Etre débauché. — Lire. 

Au premier sens d'être débauché, bouquiner dé- 
rive de bouc, le plus lascif de tous les animaux. 
De là, ce mot s'est employé au figuré pour être 
débauché. (Voy. le Dict. d'Oudin.) 

Pris dans la seconde acception de lire, bouquiner 
vient de bouquin^ qui s'est formé du mot allemand 
Buch^ livre. Nous nous servons même encore de 
ce mot pour signifier chercher de vieux livres, les 
feuilleter. Il signifle lire souvent, dans ce vers : 

Si je n'avois an peu bouquiné mon Homère. 

GouQ. Bibl. fr. T. XVJ, p. 233. 



Bour, subst. masc. Canard. Le mot bour est un 
mot picard; on dit en Normandie bouraud. 

variantes: 

BOUR. Du Cange, Gloss. lat. au mot Boureta. 

BouRARD. Dict. Etym. de Ménage. 

BouRRARD. Dictionnaire de Borel, au mot Bourrée. 

Bourach, subst. Bourrache. Sorte de plante. 
(Rabelais, T. V, p. 86 (4).) 

Bourache, subst. fém. Vase de cuir. 

VARIANTES ! 
BOURACHE. Le Duchat, sur Rabelais, T. V, p. 168, note 7. 
B0URA8SE, BORRASSB. Dict. d'Oudin. 
BouRACHON, 8. m. Dict. d*Oudin. 

Bouras (5), subst. masc. Grosse bourre. (Diction- 
naire d'Oudin.) 

Bourbe, subst. fém. Ce mot subsiste ; nous ne 
le citons que pour remarquer cette façon de parler, 
qui signifle de toutes parts : 

Par places netes, et par bourbes (6), 
Reviennent vers lui, a granz tourl)es. 

G. Goiart, MS. fol. 42. V*. 

Bourbeliëre, subst. fém. Poitrine de sanglier. 
On dit encore bourbelier, en parlant de la poitrine 
d*un sanglier, comme on dit hampe^ en parlant de 
celle du cerf. « Et puis oster Teschine des costez 
« que l'en doit appeller lés, et du cerf costez, et 
« aussi le bourbelier du sangler, ce que Ton doit 
« appeller la hampe du cerf. » (Chasse de Gaston 
Phébus, MS. p. 204.) 

VARIANTES .* 

BOURBELIÈRE. Dict. d'Oudin. 

BouRBLiER^ 8. m. Dict. de Nicot et de Monet. 

Bourbeter, verbe. Barboter. Ce mot a été pris 
dans ce sens, dans le vers suivant : 

Unz droitz marais pour bourbetter les cannes. 

Poés. MSS. d*East. Detch. fol. 21«. col. 4. 

VARIANTES I 
BOURBETER. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 
BouRBBTTER. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 212, col. 4. 

Bourbeteux, adj. Qui barbote. (Epith.de Hart. 
de la Porte.) 

Bourbière, subst. fém. Bourbier. « Cestuy 
messager estoit empesché de planté d*eaue, et de 
bourbière et buissons. » (Percef. Vol. I, fol. 30.) 

Bourbondir, verbe. Frapper. Un ancien poète 
dit, en parlant de la pénitence de Salomon : 

De verges, et bien le bourbondissent : 
De la quinte se bateroit, 
De ses pechiés se vengeroit. 

HUt. des Trois Maries, eo yen, MS. p. t5. 



« 
« 



(1) Boucan est le lieu où les Caraïbes fument leurs viandes ; le populaire remploie encore dans le sens de vacarme, i>ar 
allusion à la vie bruyante et désordonnée des boucanniers. (n. e.) — (2) Ou plutôt, bmser par force. De là le sens de faire 
bouqtter, obliger à une action qui déplaît : c II y a plus de braverie et de desdaing à battre son ennemy (m*à Tachever, et 
de le faire bouquer que de le faire mourir. » (Montaigne, III, 110.) (n. e.) — (3) Nous avons encore le cornet a bouquin, (n. e.) 
• (^ Le mot se rencontre au xiii* siècle : « Fleurs de bourracea. » (Aiebrant, B. N. fir. n» 7929, fol. 15.) L'origine est Tarabe 
abou rachy père de la sueur, (n. e.) — (5) C'est une grosse toile faite d'étoupes de chanvre. On lit au Roman de la Rose, 
▼. 1217 : c vestue ot une sorquanie, Qui ne fut mie de borraa; N*ot si belle jusqu'à Ârras. » (n. e.) — (6) Le radical de 
bourbe est celtique ; Borvo, Bortno était le nom gaulois de Boiu'bon FArchambault, où la boue fait bouiUonner les eaux. On 
le trouve dès le xu* siècle : c Car en la boe et en l'ordure Et en la borbe de luxure L'avomes nos tôt prové pris. » (Chron. 
Norm., t. m, p. 514.) (n. b.) 

UI. 11 



- BO 

tromper. Oudin l'expliqae par mentir. Dans le 
passage suivant : bourde àlalo)/, signifie tromper 
la loi, manquer à la loi : 
C'est droite folia , 

■•"iÊtt.M.iai.tfMi.l 
TARIAMTRl t 
BOUFtDER. FoSa. MSS. avant 1300, T. IV, p. iWS. 
BouRDiR. Œuvr. de Baïf, p. 167, R*. 

Bourdereau, wbat. musc. Bordereau. (DieL 

de Cotgrave.} 

Bonrderie, subst. fém. Mensonge, tromperie. 
Ce mol est pris en ce sens, dans le vers suivant : 

Pour Jangle, ne bourtjeri*. 

Poèi. HSS. rEoU. DeKta. (al. IM 

Bonrdete, subst. fém. Petite maison aux 
champs. Diminutif de borde. (Voy. Du Gange, Gloss. 
latin, au mot Bordeltum.) 

Bourdeur, adj. et sub$t. Menteur, trompeur. 
— Plaisant. — Jongleur, ménétrier. 

Bourdeur a la double signification du verbe 
bourder. Ainsi , on a employé bourdeur, pour 
trompeur, menteur. C'est le sens de ce mot dans 
les passages suivans: • Adonc prit la parole le 
« duc de Bretagne: Enire vous bourdeurs, et 

■ langayeurs du palais de Paris, vous mettez le 

■ royaume à voslre voulenté, etc. ■ (Frolssarl, 
livre II, p. 47.) 

Quir se toute voloie conter ma vie amers. 
Vous diriez entre tous, par toi, c'est un bôrdere, 

¥M. H3. (b R. »• 7ÏI8, loi. SU, V cal. I, 

On disoit au féminin bourderesse, dans le même 
sens: • Afin que vous ne me tenés pour fcoa»'dw«««, 

■ me voici a vostre voulenté. • (Peroeforest, Tol.II, 
fol. 30, R- col. 2.) 

Le 'même auteur se ser.t de ce même mot pour 
plaisante, facétieuse: > Et Lyriope qui très bonne 
• bourderesse {^) estoit, rioit si fort,qu'elles'as30ita 
. la terre de ris. ■ (Ibid Vol. I, p. 122.) 

De là, il est aisé de sentir comment ce mot a été 
regardé comme synonyme de jongleurs, ménétriers. 
On trouve bordeurs ou ménestrels, dans Joinville. 
(Voyez Du Cange, sur cet auteur.) Bordeors, jon- 
gleurs , menestriers , ces trois mots sont confondus 
ou employés indistinctement, dans le FabliSQ 
intitulé : De deux bordeors, ribauir. (us. de S' Gwm. 
foi. 69.) ii bordeor d'Arras est employé comme 

Çroverbe, à la suite des Poésies mss. avant 1300, 
.IV, p. 1651. 

VARIANTES : 

BOURDEUR. Froiasart, livre H, p. 47. 
Bordeors. Fabl. HS. de S' Gcrm. fol. e9, V*. 
B0RDERE3. Doctrinal, HS. de S' Germ. fol. lOa, R" col. S. 

(1) La bourdaine désiiine un arbrisseau dont le bois blanc fournit le charbon le plus propre à In fabrication de la pondre 
à canon. C'est cette sorte de nerprun (rhamnut frangula, L) que broOlait le corf de Du Fonilloux. (M. e.) - (2) Corapanu 
édition Favre, loi 64, v^. (N. K.) — (3) C'était, du temps de Richelet, le linge ouvré qu'on [ahriquait aux environs de Cken. 
Le même mot désigne un vase de nuit de forme oblongue, (N. e.) — (4) On lit en effet au vers 13990 da la Rose : ■ Face 
li les oreilles sordes ; Ne croie riens, que ce sunt bordes, i De behort, joute & la lance, on passe, pour le sens, k joute fc 
paroles, vanterre, mensonee. (n. e.) — (5) C'est pour Froissart un âvnonvmo de gengler. (Voir éâ. Kervyn, VI, 89S; 
Vn, IK.) (w. E.) - (6) Deiai pour déji- (n. E.) - (7) On lit au rea. JJ. 171, p. 27. an. 1419 : > Jehan de U Fontaine dirt 
publiquement à baulte voix que il y avoit aucuns boiirdeurg et bourderesiea en ia. ville, qui avoient bourde et rapports 
anx gêna d'armeB. > (n. b.) 



BO 

Bourbonnlen, adj. Qni est du Bourbonnois. 
On trouve dans Petit Jean de Saioiré : • Tartrm 
• bourbonmises. • C'étoit une espèce de pâtisserie. 
(T. II, p. 568.) 

TASlAItTES : 

B0UR60NNIEN, Sourbonnois. 

Bourdaine (1), subst. fém. Ce mot est employé 
dans ces vers : 

Tant cherainay par r<«^sts et bocoa^B, 
Que rencontra; du Cerf dans les gaignages, 
A la bourdait,e alors il viandoit, 
Lalette aussi dans la (aille erucott, 
Puis il s'en va, tout le long d'un chemin, 
Faisant sa rute à TesKail du malin. 

Du FouillMu. Vtsaria, 161,96(3), 

Bourdaloue, subst. fém. Espèce d'étoffe. — 
Tresse. 

Au premier sens d'espèce d'étoffe, ce mot signi- 
fioitune étoffe modeste dont les femmes s'habillè- 
rent pendant quelque temps, après les sermons du 
P. Bourdaloue contre le luxe (3). 

On nomme encore auiourdhui bourdaloue une 
tresse d'or, d'argent ou de soie, large environ d'un 
doigt, qui sert de cordon au cbapeau. 

Boarde, subst. fém. Sorte de bâton. — Instru- 
ment de musique. — Tromperie. 

On a dit bourde pour bourdon, bâton de pèlerin, 
bâton à grosse tête. (Voy. Bore). Dict.,etDu Cange, 
Gloss. lat. au mol Bohordicum (4), où il cite le baron 
deFœneste.)- 

On trouve bourde pour instrument de musique 
dans un de nos anciens poètes. 

EuHn, dans le Gloss. du P. Labbe, page 504, on lit 
bourde, gerra, tru/îe, c'est-à-dire tromperie. Ce mot 
--■ 5y(i pour railleries "" "" '" 

Roman de la Rose. 

Bonrdé, adj. Embourbé. ■ Haugreoit Dieu, 
« comme un chartier bovrdé. • {Contes d'Eutrapel, 
p. 80.) On dit encore, en Touraine, bourder pour 
s'embourber, au propre et au figuré. 

Bourder, verbe. Plaisanter, s'égayer, dire des 
sornettes (5). — Donner des bourdes, tromper. 

Voyez, sur le premier sens de plaisanter, les 
Met. de Borel et de Honet, et Du Cange, Gloss. lat. 
aux mots Bordiare et Burdare. Parmi les instruc- 
tions de S' Louis à son fils, on lit : ■ Par especial 
> à la messe, depuis que la consécration sera faite, 
« que tu sois sans bourder, ne caqueter à per- 
- sonne. » (Du Tiltet, Rec. des Rois de France.) Le 
Gloss. du P. Labbe explique bourder par le mot 
latin- ffafrirc, et par le mot frauçois jongler. 

On a dit aussi bourder pour donner des bourdes. 



80 

BORDEQR. Da Canm, nr lolaviU*, p. 181. 
BoiœiXHXS. PoSb, jâS. «Tant 1300, T. IV. p, IS3t. 
BonDlSHB. FaM. ioTÔa R. n* 7MS, toi. «4, T< coL S. 
BoDiiDmutK. Gacfl da U Bigne, dM DëduiU, HS. toi 4S. 
Boin)i.EUR, tmtepoarBouraeur.D\iCABm,Gl.\.kBurlare. 
BouRDBitS8SX d» fém. Percoforeet, Vol. i, fol. 118. 

BoDrdil. SHbtt. nuuc. Petite maison aux champs. 
(Du Gange, Gloss. laL au mot Bordile.) 

BourdUlon, eubst. masc. Nom propre. C'étoit 
on des ^voris ae Charles Vin qui donna occasioo 
à ce proverbe : * Chaslillon, BourdUlon et Bonneval 

< «Hivernent le san^ royal- > (Brantôme, Gap. fr. 
T. 1, p. 13J .] Ce proverbe avoit encore cours sous 
Louis XII. (Toy. les Hém. de Mootluc, T. 1, p. 131.} 

Boordlqae, tubtt. Boutique. Sorte de batean 
propre à conserver du poisson. (Voyez Du Gange, 
Glo^ire latin, au mot Burdiculum.) 

Bourdon, subst. masc. Bâton. — B&lon de 
pèlerin. — Bâton ferré. — Lance. — Flèche. — 
irmea. — Bftton d'escalade. -~ Instrument de 
Dusique et joueur de cet instrument. — Grain de 
ebapelet — Vieillard, barbon. — Mot obscène. 

Nous allons justifier toutes ces significations par 
des exemples : 

On a dit bourdon, pour bâton. (Voyez Du Gange, 
Gloss. latin, au mot Burdo.) ■ Le roy d'Angleterre 
> donne bien signe que U ne veult nul bien à son 
* cousin le conte d'Erby, quand il ne le rappelle 
« delès luy et sueffre que il relieve sa terre ; car ce 

■ seroitaveclesenffans ung membre grant et bel en 

■ ADglelerre et ung bourdon fort pour luy appeler ; 
« mais il fait tout le contraire : jà f'a-il en chassé en 
« sus de luy. » (Frois., livre IV, an 1398, p. 315 (1)) 

Bourdtm de fust, espèce de pléonasme pour 
biton de bois, signifie ici le bois de la croix : 

Cil qui par le bourdon de fuit, 
Devolt â'enter briser les porte* 
Pour lea amea de pechié mortes. 

Hoiuii da II HoB, 19680-19071. 

On a employé ce mot pour bftton de pèlerin , 
comme nous le disons encore aujourd'nui. Les 
bourdons éloient creux quelquefois, et on y mettoit 
de l'argent, comme on le voit par un passage des 
Sermons de Barlete. (!'■ partie, fol. 105.) J. de 
Neung dépeint ainsi Abstinence Contrainte, per- 
Bonna^ qui indique une secte de faux dévots gui 
couraient le monde : 

De larrecin eut un bourdon 
Qu'el récent de Barat par don 
De triste pensée ronssi ; 
Bacbarpe eut platne de sauscf 
Et Bvoll ceinte une ceinture 
Trssae de mBle-natnie. 

Romm M 1i Rom, tKOl-lWCn. 

Ce. mot a signifié bftton ferré : ■ S'il ftert de 

■ baston ferré, comme bourdon, dix livres; d'un 

< baston non ferré, trente sols. > (Nouv. Cont. 
Gén. T. I, p. 454.) 



'- BO 

On trouve ce mot aveo la BlgniQcalioe de IftKe. 
(Voyez le Dict. de Borel, au mot Lancea.) On doDBa 
aux lances le nom de bourdons et de bcurdonnasses, 
quand elles furent creuses. (Voyez Fauehet, des 
Origines, et Daniel, Mil.,fr. T. I, p. 429.) 

Haltei sus d«rd«, lanaes, picqnes, bourdon», 
artillerie, et tous autna Matons 
Pour debeller ces larroos inhumains. 



Bourdon est distingué de lance, dans le passage 
suivant, et parott signifier des lances qui n étoient 
point armées de fer, qu'on appeloit momées. An 
pas d'armes de l'arbre d'or, en 1468, * les deux 

• chevaliers coururent en celle demie heure, vingt 

• deux courses ; et furent rompues par le chevalier 

• à l'arbre d'or, onzeUnoes, et le dit seigneur de 

• Fiennes en rompit six, et après le cor sonné, 
> coururent une course de bourdons, dont il n'y 
< eut atteinte nulle, > (Mém. d'Oliv. de la Harcbe, 
livre II, p. 544.) 

Ce mot a été pris pour flèche, dansce passage (3): 

■ Si tôt comme il se peut ayder, son maistre luy 

■ llst un arc a sa mesure et bourdons legiers , et le 

■ feist traire avant au berceau et quand il s'en 

■ sceut entremettre , il le fist tirer aux petits 

■ oyseaulx de ta forest, si comme il alloit croissant, 

• et enforçant des membres et du corps, on luy en- 

• forçoit son arc, et ses sajettes. > 

Bourdon s'est dit pour toutes sortes d'armes, 
même les armes à feu. Le mot bftton, qui lui est 
synonyme, a été employé dans le m%me sens. 
Monthoucher propose a Henri IV de punir sévère- 
ment ceux qui, dans les combats particuliers, se 
servîroicnt des armes ■ deffendues, et indignes, 

■ comme petits pistolets courte pour mettre dans la 

■ poche, et cacher en peu de lieu, hallebardes 

■ retirées dans les champs, bourdons ^ ei toutes 

■ autres cachées, et couvertes qui se tirent à la 

■ dessoude ; poudre sourde , arquebuses qui tirent 
« sans faire nruit, et toutes telles inventions. ■ 
(Hontboucher, des Gages de bataille, fol. 23, R*.] 

On s'est servi du mot bourdon, pour bftton 
d'escalade que l'on passoit dans les anneaux d'une 
échelle de corde, et que l'on mettoit entre deux 
créneaux, pour la tenir fixe et l'arrêter: ■ Après 

• faudra faire finance d'un homme qui sache jouer 
« d'un bourdon, et d'une eschelle de corde, qui ne 

• rompt jamais. • (Le Jouvencel, fol. 25.) D4ns le 
passage suivant, tiré du même ouvrage, on lit: 
bastons au lieu de bourdon: < Quant vous serés 

■ amont, aiez de bons gros bastons, et fors, que 

■ vous mettrez au travers des anneaulx de voz 
« escheles de corde, et les ferés traverser, et 

■ prendre entre deux creneaulx, afin que vos 

■ eschelles soient plus fermes. • (Id. fol. 28.) C'est 
peut-être de là qu'est venue cette t&çoa de parler : 
sçavoir le tour du baston (3). 



(1) Compem KeiTTB, XVI, 13»-ltO. On lit encore an 1. VIU, p. 71 : i Car U sires de Pons 11 estclt uns anaa bourdoTtt en 
«on pan. * <n. s.) - n> Le pasaBRe est du xyp siècle ; nula miel an est Vauteor 1 S'agit-U ici d'Hercule ou d'un héros d» 
nnuD? <N. B.) - ^ Noos raTons expUqné wne ce ntot. (h. e.) 



.BO 



— 84-- 



BO 



Bourdon a désigné un instrument de musique, et 
celui qui en jouoit : 

Entrés s'en est en son palais, 
U on cantoit, et sons, et lais ; 
Dementres qu'el palais bourdon 
Fiert le signer.... 

Ph. lloiukes. IIS. p. 664. 

Tantost vêla Colin Suysse 
Qui en va faire une chanson : 
Quelque tabourin, ou bourdon. 

Coq*iilUirt, p. K. 

3îuseàgrant bourdon (l), ou à gros hordon, dési- 
gnoit une musette : 

leur cante, et kalemele, 

En la muse à grant bourdon, 

Adc Po«9. fr. MS. du Vatican, n* 1490» fol. 113, V. 

On appeloit bourdon^ une espèce de grains d'un 
chapelet. On lit dans l'Inventaire de Charlotte de 
Savoie: « Un collier à patenoslres, et bourdons^ 
« pesant un marc deux onces. » (Godefroy, Observ. 
sur Charles VIII, an 1483, p. 368.) 

On a désigné par bourdon^ un vieillard, un 
barbon : 

Ne vous tieng mie trop a sage, 
. Quant de fere, si fet message 
Aviez, seur toz, pris le baston : 
 dos vuelent cil viez bordon, 
Lor talent fere, et acomplir. 
^ Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 140. R* eol. !. 

EnAn, on trouve bourdon avec une signiflcation 
obscène, dans le Roman de la Rose, 22278 et 22529, 
et dans les Poésies mss. d'Eust. Desch. fol. 332. 

Expressions remarquables : 

!• Planter son bourdon ^ c'est-à-dire établir sa 
domination : « Du Bas Languedoc où il commençoit 
« à planter son bourdon ^ et à faire le roy. » (Mém. 
du duc de Rohan, T. I, p. 104.) 

2" A bourdon planté, c'est-à-dire de pied ferme. 
« Demeurer à bourdon planté, » se tenir ferme, 
s'arrêter en un lieu, y faire une ferme résidence. 
(Dict. et Curios. fr. dOudin.) Expression tirée de 
l'usage des pèlerins qui (ichoient leur bourdon en 
terre, lorsqu'ils s'arrétoient pour se reposer. 

VARIANTES : 

BOURDON, Bordon, Burdin. 

Bourdonnasse, subst. fém. Sorte de lance. 
Peut-être particulièrement celle qui étoit creuse. 
(Voy. les Dict. de Borel, au mot Lancea; de Cotgrave, 
de Ménage et d'Oudia.) Dans cette acception^ Ph. de 
Comines, parlant de la bataille de Fornoue, dit : 
« Se vindrent jetter en la grève, droit à nostre 
« queue, tous les hommes d*armés, bardez, bien 
« empanachez, belles bourdonnasses ^ très bien 
« accompagnez d*arbalestriers à cheval et d'estra^ 
« diots et de gens à pied. » (Mém. de Comines, 
p. 659.) « Fismes descendre les valets, et amasser 
« des lances par le champ, dont il y avoit assez par 
« especial de bourdonnasses qui ne valoientgueres, 



« et estoient creuses , et légères , ne pesans point 
« une javeline, mais bien peintes ; et fusmes mieux 
« fournis de lances que le matin. » (Mém. de 
Comines, p. 666.) 

Bourdonné, adj. Fait en forme de bourdon. — 
Qui a un bourdon. — Terme de poétique. 

Dans le premier sens de fait en forme de bourdon; 
ce mot signifie arrondi par le haut, comme un 
bâton de pèlerin. (Voyez Du Cange, Glossaire latin, 
au mot Bourdonatus) 

On disoit aussi bourdonné, pour signifier qui â 
un bourdon. C'est en ce sens que ce mot sert 
d'épithète à pèlerin, dans les Epithètes de Martin 
de la Porte. 

En termes de poétique, on disoit: Rime en 
ballade f bourdonnée ou bordonnée. La rime bour- 
donnée et enchaînée étoit celle qui reprenoit, au 
commencement de chaque vers, la dernière syllabe 
du mot qui finissoit le vers précédent : 

Fortune in*a trop rudement attaitict, 

Taint suis de noir, dont mon oueur 8*en compUiinct ; 

Plainct ne me vault, etc. 

ChasM et déjMrlit d'Amours, fol. 259. 

Balade unisonente bordonnée. 

Ibid. p. 387. 

Bourdonneau, subst. masc. Nous trouvons ce 
mot dans le passage suivant : « Desbouchoient son 
« bourdonneau. » (Bouchet, Serées, Liv. Ill, p: 148.) 

Bourdonnesque, adj. Qui bourdonne. (Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bourelle, adj. au fém. Cruelle. Proprement le 
féminin de bpurreau pris comme adjectif. Mère 
bourelle. (Des Accovis, Bigarrures, Liv. IV, p. 41.) 

Le scavoir n'est si non qu'une bourelle rage 
Qui tourmente le cœur. 

Dialof . de Tabnreau, p. 187. 

Bourellement, adv. Cruellement. A la manière 
des bourreaux. 

Desirans plus tost pour eux la mort élire 

Que si bourellement voir leur cher maistre occire. 

Poêt. de Jaeq. Tahoreaa, p. 73. 

Bourellement, subst. masc. Tourment, sup* 
plice, cruauté. 

Bourellep, verbe. Tourmenter, déchirer. On a 
dit de la conscience : « Elle nous fait notre procès, 
« nous condamne, nous exécute et bourelle. • 
(Sagesse de Charron, p. 38fr.) 

Ainsi fut bourrelé 
Action par ses chiens. 

G. Duraol à la raite de Bonnefons, p. tl5. 

VARIANTES : 
BOURELLER. Sagesse de Charon, d. 386. 
BouRRELER. G. Durant, à la suite de Bonnefons, p. 215. 

Bourellerie (2), subst. fém. Cruauté. « La san- 
« guinaire bourellerie du 24 a*aoust 1572. » (Mém. de 



(1) Cette musette, représentée dans des miniatures du xii* siècle (Voir Instr. du Comité hist. des Arts et Monom.; 
Musique), est aussi décrite par Ronsard : c Toy, Perrot, prends en don cette beUe chevrette ; Son ventre est fait de cerf ; 
son anche est de coudrette ; Son bourdon de prunier ; jamais ne perd le vent (p. 745). » Bourdon est donc proprement le 
fût percé de trous, (n. e.) — (2) Bourrelerie, dérivé de bourrel, tas dé bourre, se disait déjà au xiii* siècle : c Gcdiers à* 
cheval, doissieres de selles et toute autre matière de froureterie. » (/iv. des Arêtiers, 296.) (N. B.) 



BO 



— 85 — 



BO 



Snlly, T. V, p. 12.) « Vous appellerés la médecine 
« bourrelerie. » (Contes de Cholièrés, fol. 53.) 

VARIANTES : 
BOURELLERIE. Dict. d'Oudin. 
Bourrelerie. Dict. de Nicot. 

Boura (1), siibst. masc. Bourg, ville. Suivant 
Liutprand, collection de Duchesne, p. H99, le mot 
hurgus signifioit un assemblage de maisons qui 
H'étoit pas enfermé de murailles. Burg (at buft) est 
distingué de vite, dans les Loix.Norm. art. 43, et 
Ton trouve la distinction de bourc et ie franc bourc^ 
dans une même commune, suiv. Perard, Hist. de 
Bourg, p. 460, titre de. i'^46. Pasquier, dans ses 
Rech. p. 658, dit qu'anciennement il s'est pris pour 
ville, et que le mot bourgeois en a été. formé. Le 
commentateur de la Somme Rurale de Bouteiller' 
dit que : « Bourg vaut autant que ville, et a présent 
« signifle une ville non close de murs, et de fossez. » 
(Bouteiller, Somme Rut*ale, p. 495.) Le passage 
suivant peut appuyer cette opinion : 

Passent les vaus, et les mons, 

Et les viles, et les bora. 

 la mer vinrent au jor, etc. . 

Fabl. MS. du R. n- 7969. fol. 7G, R* col. 1. 

- Le mot bourg est pris pour une partie d'une ville, 
dans ce passage: < Par ceulx de la cité d'icelle ville 
« d'une part, et par ceulx des bour8\ etfaubours 
« d'îcelle ville d'autre part. • (Trésor des Chartres, 
Reg. 151, pièce52.) I! s'est pris aussi pour faubourg. 
(Toy. Valesianav p. 82.) Littleton* ait : « Chascun 
« burgh est une ville ... » (Tenures, fol. 39.) Burgt 
paroit synonyme de château, dans les Nouv. Coût. 
Gé.n. T. I, p. 1153. 

On disoit plaid$ du bourg ^ pour « les plains plaids 
■ généraux qui se tenoient, trois fois par an, par 
« devant les majeurs, et eschevins. » (Coût. Gen. 
T. II, p. 947.) 

variantes: 

BOURG. Orthog. subsist. 

BoRC. Duchesnes, Gén. des Chataigners, p. 27, tit. de 1220. 

BORS. Villehard. p. 1(55. 

Bourc. Perard, Hist. de Bourg, p. 460, tit. de 1246. 

BuRO. Borel, Dict. u** add. Burg at Burt. 

BuROH. Littl. de Tenures d'Angl. fol. 38, V«. 

Burgt. Nouv. Goût. Gén. T. I, p. 1153. 

Burt at Burg. Loix Norm. art. 43. 

Bourgage, %ubst. masc. Sorte de tenure. « En 
Normandie il y a trois sortes de tenures, par 
bornage, par parage, par aumosne, et par bour- 

gage. » (Coût. Gén. T. I, p. 1008.) « Bourgage 

sont les masures, manoirs et héritages qui sont 
es bourgs, et qui sont tenus sans fief du roy, ou 
d'autres seigneurs du bourg, et qui gardent, et 
payent les coutumes des bourgs, et les rentes 



« aux termes accoutumez, sans qu'ils doivent autre 
« service, ni redevance. » (Laurière, Gloss. du Dr. 
Franc.) Cet auteur ajoute que ce mot bourg vaut 
autant que ville. (Voy. les Ord. des Rois de France, 
T. I, p. 38, note.) On trouve dans Laurière, Gloss. 
du Dr. Fr. Privilège de bourgage. Relever le 
bourgage . 

VARIANTES : 

BOURGAGE. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. 
BouRGAiGE. Nouv. Cout. Gén. T. I, p. 291. 
. Burgagb. Britt. Loue d'AngL fol. 164, V». 

Bourgalois, subst. masc. Espèce de monnoie 
espagnole. Ainsi nommée de Burgos^ ville d*Espagne. 

TARÎAlNTES * 
BOURGALOIS. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 
Bourgaloise, subst, fém. Le Duch. siu* Rab. T. III, p. 269. 

Bourgamaistre, subst. masc. Bourgmestre. 
Les maîtres des bourgeois, et qui président au 
conseil public. (Laurière, Gloss. du Dr. Fr. au mot 
Bourgmaistre.) Dans la Coutume de Roussefare, 
c'étoit le premier des échevins qui étoit soumis au 
bailli et au prévostde burgrave (2). (Voy. le Nouv. 
Cout. Gén. T. I, p. 903.) En 1437, ceux de Bruges 
tuèrent deux de leurs bourgsmestres. (Hist. Croniq. 
depuis iiOO jusqu'à 1467, p. 341.) 

VARIANTES : 
BOURGAMAISTRE. Dict. de Cotgrave. 
BouRGMAisTjEiE. Gloss. du Dr. Fr. par Laurière. 

Bourge, subst. fém. Ville. « Fit commencer le 

« roy à faire fermer, et ediffler une bourge, tout à 

« Tentour du chastel (3). » (Joinville, p. 97.) « Les 

« auncienes villes appelle Burghes sont les plus 

« auncienes villes qui sont deins Engleterre ; car 

« ceux villes qui ne sont citiés, ou countiés, en 

« auncient temps, fuerent burghes^ et appelles 

« bôrchs (4). » 

VARIANTES : 

. BOURGE. JoinvUIe. p. 97. 
BuRGHE. Tenurea de Littieton, fol. 38, V». 

Bourgeaisie/ su6s^ fém. Bourgeoisie, assem- 
blée de bourgeois. — Droit seigneurial. 

Au premier sens de bourgeoisie, assemblée de 
bourgeois, on lit : 

NouveUeter luy print en fantaisie » 
Ung certain jour, devant la bouraeoisie 

Faifeu. p. 7i. 

Le droit de bourgeoisie étoit un droit exerce 
par le roi ou autre seigneur sur les bourgeois de 
sa ville ou autre lieu ayant une commune. 
(Laurière, Gloss. du Droit Fr.) C'est en ce sens 
qu'on disoit: « Court de bourgesie (5). » (Assises de 
Jérus. p. 217.) « On y distingue les seigneurs qui 





• Et establi à estre jages de la court de bourgesie. 9 (n. b.) 



aussi 

était 

191): 

les àvoient estabUs, enssi 

entour le chastel, aus chans, 

prist li ro^s à fermer un 

mainte foie porter la hôte 

Le passage compl'^t est: 



BO 

• OQt conrt de bourçesie, et justice, et celles qui 
a ont court, coias(l) etjustice. * 

Bourgoisage est pns pour l'état de bourgeois. On 
lit dans Duchesne, Gén. de Chastillon, p. 59, lit. de 
1268 : ■ Pucellea geotis f^mes et de bourgoiaages et 

• de vîlenage de mes terres, etc. ■ 

VARIANTES : 
BOURGEAISIE. FaiTeu, p. 73. 
BouRGESiE. Assises de Jérua. 
BouHOEOisiE. Orthoe;. aubslnt. 
DouROOisAOK. Ducbesne, GéD. de Chastillon, p. 59. 
BoHOOisiB, BoRJOisiz, BouROOiSAOK. DucheaDQ, GénéaL 
ds ChastUloQ, p. 58. 

Bourgeois, subst. masc. Bourgeois. Ce mol est 
pris pour toute espèce d'hommes dans les Fabl. hss. 
ceS'Cerm. fol. 50, etc. (2] Il est mis en opposition avec 
vilain, homme de village, dans les Romans de Rou, 
VB. p. 128. Il est synonyme de civis, citoyen, suivant 
La Roque, qui, à la p. 331 du Traité de la Noblesse, 
met en question si le tilre de bourgeois est compa- 
tible avec la noblesse. Sans rien décider là dessus, 
il rapporte les opinions de difTérens auteurs qui 
sont conlradicloires. L'ordonnance de 1413, pour 
l*arrlère-ban, semble décider la question, puisqu'elle 
oblige les nobles bourgeois et habitans des bonnes 
villes de se trouver à l'arrière-ban, à peine de con- 
fiscation de leur fier. (Voy. Monstrelet, Vol. I, 
fol. 196.) Dominici, dont La Roque, p. 344, Traité de 
la Noblesse, rapporte le sentiment, dit que bourgeois 
TOuloit dire homme de guerre. La Roque propose 
encore pour question : si ranoblissement fait perdre 
i l'annobli le^ privilèges des villes dont il éLoil 
bourgeois, ce n'en doit point 6tre une pour les 
villes dont il dit que les nobles qui en étoient bour- 

Seois, étoient, par cette dernière qualité, dispensés 
e l'arrière-ban. On voit, à la page 578 du même 
auteur, que le titre de noble homme leur étoit 

Sropre ; et dans l'IIist. des Grands Ofllciers de la 
ouronne, T. VI, p. 444, on trouve en 1466 les 
titres de noble homme, de damoiseau et de bourgeois 
réunis dans la même personne. On voit, dans le 
passage suivant, que les bourgeois d'snciennt race, 
qui avoieot vécu noblement, avoient la même au- 
torité, pour faire preuve en justice, que les nobles 
même : < Vitlainailles, ne femmes ne se doivent en- 

• Iremettre de droiz, ne de coutumes, ne estre en 

■ office, ne faire délivrances, ne ne doivent estre 

■ témoins d'expiés de court, ainczois doivent estre 

■ prouvées par nobles gens, ou par bourgoïs de 

■ noble ancesserie, qui ont accoustumé à vivre 

• honnestement, et tenir table franche comme 

■ geatilz hommes. ■ (Âne. Coût, de Bret. fol. 89.) 
Les francs bourgeois étoient ceux qui ne dévoient 
aucun droit de bourgeoisie. Les grands et les petits 
bourgeois étoient distingués, à cause des droits 
qu'ils payoient pins grands, ou moindres les uns 



BO 



que les autres. Les bourgeois sujets li one n_ _ _ ___ 

annuelle qui s'appeloient jures, étoient appaUi 
bourgeois de jurée. La Tbaumass. Coût, de Bern, 
p. 20 et 223, où l'on voit que. les firanes bwrgmi 
étoient obligés déjuger les criminels ft lean pro- 

ëres dépens. (Voy. Id. p. LO. — Vosr. aussi Du 
ange, Gloss. lat. au mot Burgenses) On troavt 
fjemme franche bourgeoise duroy, dans la Coût, de 
Vitry, cité par Laurière, Gloss. du Dr. Fr. Noos 
remarquerons encore les expressions suivantm : 

1* Les bourgeois fleffez, bourgeois fieffeu, du roy (3), 
et bourgeois du roy. C'étoient ceux qui n'étoienl 
sujets qu'à sa juridiction. (Voy. Laurière, Gloss. 
du Droit Fr., et Du Can^, Gloss. lat. an mot 
Burgenses.) Philippe le Bel, en 1302, ■ permit à tout 

> homme de s'avouer bourgeois du rt^, en Cbam- 

> pagne, et en Brie, en se présentant devant le 
■ jugeroyaldela villeoùildesiroitêtrebonrgeois. ■ 
(La Roque, sur la Noblesse, p. 199.) ■ Celuy quf se 

• faict bourgeois de Paris, s'advoue bourgeois du 
« roy, et sa majesté peut affranchir le serf au pré- 
« judice de son seigneur. ■ (Bouteiller, Somme 
rurale, tit. 21, notes, p. 109.) ■ Les bourgeois du 
' l'oy, se peuvent advouer bourgeois du roy, par 

• simple adveu, sans monstrer narescrit leur bour- 

> geoisie, excepté au comté de Joigny. > [Goût. 
Gén. T. I, p. 413.) 

2° Bourgeois de dedatis, internes ou inbabitans, 
étoient ceux qui faisoient résidence dans la ville. 
(Voy. le Nouv. Coût. Gén. T. 1, p. 1109.} Les borjois 
et manans, semblent distingues les uns des autres 
dans la Thaumass. (Coût. dOrl. p. 466, tit. dell78.) 

3* Bourgeois forains, externes ou dehaye. C'éloieni 
les habitans du dehors de la ville, ou qui demeu- 
roient à la campagne, et qui conservoîenl le droit 
de bourgeoisie. • Dans les villes d'Alorst, et de 

• Grandmont, il y a deux sortes de bourgeois; les 

• uns nommés bourgeois de dedans, les autres 
i bourgeois de dehors, ou forains. » (Nouv. Coût. 
Gén. T. I, p. 1190.) Parmi les peines portées par le 
duc de Bourgogne, contre les habitans de Bruges 
révoltés en 1437, on lit : • Nul ne sera plus bourgeois 
« forain d'icelle ville, s'il n'y demeure pas trois 

• fois quarante jours. > (Monstr, Vol. II, foi. 154.) 
4° Bourgeois de village. C'étoient les habitans de 

village qui avoientdroitdebourgeoisiedans quelque 
ville. (Eust. Desch. Poës. mss. fol. 496.) 

5° Pauvres bourgeois semble signifier les paa- 
vres habitans d'une ville, dans un testament par 
lequel le testateur ordonne que son corps soit 
accompagné à l'église par les pauvres bourgeois. 
(Voy. Bouteiller, Somme rurale, p. 874.) 

6° Pain bourgeois ou bourgois. C'étoit le pain 
d'ordinaire, que nous appelons pain de ménage. 
(Voy. le Dict. d'Oudin, et Du Gange, Gloss. latin, an 



- (S) On trouve le mot dans la Ctianson de Roland 



(t) Cdns de monnaie. ,_, 

(Sir. CXC) 1 ; et dana lea Lola de Gaïamme <p. lER : i U burgeû qui 
Taillant. > (n . b.) — @) Lu bowgeoii payaient an maître du bourg qulla 
tribut avait pour ori^e l'ancien titre ae propriétA du seignear, et, pour n 



Tontes lea mes ob tl bmgei» eafan» 

lin propre cbatd (eatalkm) demt iwmw 

habitaient un impOt annuel, dit bata-yage. Ce 

iaon d'être, la sécurité et fordr» que oêluind 

la dénomination de lenure en tocage, U ne M goAn 



BO 



— 83 — 



BO 



lis de Trussetj sous le moi Panis.) Dans une 
lé blé à Parisien 14i8, où Ton en régla le 
tal ordonné aux boulangers de faire « bon 
Uanc» pain bourgeois^ pain festiz (pour pain 
) a toute sa fleur, et de certain pnx dit ou 
» (Journ. de Paris, sous Charles VI et VU, 



i 



bourgeois, petits bourgeois^ double forts 
i$. C'étoit une sorte de monnoie. (Voyez le 
lor les Monnoies, p. 209; Du Gange, Gloss. 
mot Monetay p. 913.) 

in bourgeoise j pour main solvable. (Laurière, 
lu Dr. Fr.) 

isan bourgeoise étoit opposée à maison cri- 
• C*éloit la prison où 1 on mettoit les bour- 
IQi n*étoient coupables que de délits 
res. On pouvoit les forcer d'entrer dans la 
criminelle, quand ils refusoient d'entrer 
prison bourgeoise. (Voyez le Nouveau Coût. 
I,T. Il, p. lit».) 

<0 bourgeoise. Cette expression est employée 
la femme, dans le Testament de Pathelin^ 
4.) (i) 

VARIANTES : 

SEOIS. Orthog. sobsist. 

la. Mot du patois de Cognac. 

is. Duchesne, Gén. de Déthune, pr. p. 164. 

». La Tbaumas. Coût. d'Orl. p. 4o4. 

OIS. Duchegne, Gén. de Béthune, p. 164. 

GTS... 

B. Assises de Jénis. p. 14. 
318. Ordon des R. de Fr. T. I, p. 269. 
BSSE. Tenur. de Littl. fol. 36, V^. 
18. Loix Norm. art. 18. 

rgeoisette , subst. fém. Diminutif de 
>i8e. 

Ensemble ilz ont hanté souvent, 

kTecques^oainctes bourgeoiseltes, 
^omme font marchand à marchand, 
Touchant leurs petites chosettes. 

Coquillart, page 102. 

rpeonnement, subst. masc. L*état d'un 
ui bourgeonne. (Dict. d'Oudin et de Cotgr.) 

rgeonneux, adj. Plein de bourgeons. 
'Oudin et de Cotgrave.) 

rgesplne, subst. fém. Espèce d'épine. 
Oudin.) 

rgflde, subst. fém. Convention avec une 
bourg. (Du Cange, Glossaire latin, au mot 

da.) 

rgin, subst. masc. Sorte de fllet. On appelle 
Marseille, deux espèces de filets, dont Tun 
prendre les grands poissons, et Tautre les 



VARIANTES : 

BOURGIN, Bregin. Du Gange, Glosa. lat. au mot Broginus. 

Bourgi*ave, subst. masc. Titre de dignité. II 
signifle protecteur, et s'emploie en Allemagne pour 
commandant de place ou de château. Du Cange, 
Gloss. latin, au moi Burgi, cite ce passage de Frois* 
sart : « Si étoient de sa route les capitaines des 
« autres châteaux, comme le bourg Calart,le bourg 
« Anglois, le bourg de Champagne et Raymond do 
« Force. » C'étoit aussi un titre de dignité dans le 
comté d'Artois. (Voyez Hém. de Comines, T. fil» 
preuv. p. 267.) 

VARIANTES ! 

BOURGHâVE. Bassompierre, Mém. T. I, p. 5. 
BuRGHGRAYE. Nouv. Cout. Gén. T. I, p. 'feS, col. 1. 
BuRGRAVE. Mém. de Comines^ T. III, pr. p. 967. 
BuRGRAïP. Monstrelet, Vol. I, fol. 212, V«. 
BuRGiON. (Lisez Burgraïf.) Monstrelet, Vol. I, fol. 212. 

BOURGION. Id. 

Bourg. Du Gange, Gloss. lat. au mot Burgi, 

Bourguignei subst. fém. La Bourgogne. Nom 
d'une province de France. 

A. cel terme que je vous di, 
Li Roiz Robert amaladi ; 
Coronner flst son fiz Henri, 
De toute France le sessi, 
Et a Robert le jouvenour 
I>onna de Bourgu4gne Tonnour, 
Qui apartient à duchée. 

Rom* de Roo, IIS. p. (03. 

Toiles de Borgoigne et escuiés de Borgoigne (2) 
étoient passés en proverbe avant 1300. (Voy. des 
Prov. Ms. à la suite des Poës. Fr. mss. avant 1300, 
T. IV, p. 1652.) On trouve un de ces proverbes dans 
les vers suivans : 

JTescommeni, sans nule aloingne, 
De par S* Pierre de Gouloin^^ne, 

8ui premier planta eschalomgne, 
ui sa famé ne bat, et coingne 
Ausi com toile de Èourgoingne. 

Fabl. lis. du R. û* 7218. fol. 194, V* col. i. 

Borel dérive le mot Bourgogne de Bourç (3) qui, 
selon lui, signifle tour; parce que, dit-il, dans 
la Bourgogne, il y a une grande quantité de tours 
et de villages. Il ajoute que les Bourgui^ons furent 
appelés salés, à cause qu'une garnison de Bourgui- 
gnons fut tuée et salce à Aigues-Mortes, ville du 
Bas-Languedoc. (Voy. son Dict. au mot Bourg.) 

On nommoit bransle de Bourgogne, une espèce 
de danse comprise dans les livres de danseries de 
Jean Destrée (4), joueur de hautbois du roi. (Voyez la 
Biblioth. de Du Verdier, p. 688.) 

VARI^I^TES * 

BOURGUIGNE. Rom. de Hou, MS. p. 308. 
Borgoigne. Poës. MSS. avant 1300, T. IV. p. 1658. 
BouROOiNE, BouRGOiNNE. Perard, Hist. de Bourg, p. 316 ; 
tit. de 1215, et p. 471 ; tit. de 1250. 




i xviu* siècle, de nommer les valets Bourguignon, (n. k.) -* (3) Non, mais de Burgundi, ce peuple ([ermail^ qui 



lot4H fiu'il ne conquit le pays. (N. s.) — (4) Pourquoi ne pas citer le maitre à danter de Rameau, qui décrit (dt 
I sérieux du règne do Louis XIV 7 Le branle de Bourgogne devait plutôt rappeUr le bcU breton que la bourrée 
te. (N. E.) 



BO 



— 88 — 



BO 



Bourgogne. Orthogr. subsist. 
BouBGOiGNE. Perarcl, Hist. de Bourg, p. 492. 
BoRGOiNGNE. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 1M, V» col. 1. 
BuRGOiGNE. Perard, Hist. de Bourg, p. 519. 
BuRGOiNEN. Perard, Hist. de Bourg, p. 473. 
BuRGOiNNE. Perard. Hist. de Bourg, p. 500. 
BuRGONiEN (senescnaux de), pour senechalde Bourgogue, 
Perard, Hist. de Bourg, p. 500. 
BoRGOiNNE. Perard, Hist. de Bourg, p. 520. 

Bourguignon, subst. inasc. Qui est de Bour- 
gogne. — Nom de parti. — Terme d'injure. 

Au premier sens, ce mot subsiste sous sa pre- 
mière orthographe. Gérard de Rouss. ms. p. 29, 
en parle en ces termes : « Bourguignons loyaux 
« tout par usage. » Euslache Deschamps nomme 
aussi les habitans de la Bourgogne Bourguignons^ 
et les qualifie iejureurs et de buveurs. (Poës mss.) 

Pasquier, dans ses Recherches, p. 672, dit que 
dans sa jeunesse, on appeloit Bourguignons indis- 
tinctement tous les ennemis de la France, de quel- 
que nation qu'ils fussent, à cause des longues 
guerres que les ducs de Bourgogne avoient fomen- 
tées contre la France sous Charles VI, Charles VII 
et Louis XI. On lit les vers suivans dans les Poës. 
de Joachim Du Bellay, fol. 400 : 

Je hay rAnclois mutin , et le brave Esccssois, 
Le traistre Bourguignon ^ et Tindiscret François ; 
Le superbe Espagnol, et ryvroffne Tudesque (1). 

Voy. TEtym. du mot Bourguignon, dans Loogueruana, T. I, p. 103. 

Monstrelel appelle Bourgongnons ceux qui avoient 
pris le parti du duc de Bourgogne. L'éditeur se 
trompe en expliquant ce mot par celui de bourgeois. 
(Voy. Monstrelel, Vol. I, fol. 153.) C'est dans ce sens 

3ue Louis XI, dans Comines, abordant la duchesse 
e Savoie sa sœur, attachée au duc de Bourgogne, 
lui dit: « Madame de Bourgogne [alias la Bourgui- 
« notine ou la Bourguignone), soyés la très bien 
« venue. » (Mém. de Comines, p. 346.) 

Bourguignon étoit aussi un terme d'injure. 
Béranger, dans le Concile tenu à Rome, sous 
Nicolas II, en 1059 , ayant abjuré son hérésie, sui- 
vant une formule donnée par le cardinal Humbert, 
rétracta aussitôt l'acte qu'il venoit de passer, en 
accablant d'injures ce cardinal qu'il appela Bourgui- 
gnon, pour l'injurier; car ce cardinal u'étoit pas de 
Bourgogne, mais de Lorraine. (Voy. Mabillon, pré- 
face du vi« siècle de l'ordonnance de S* Benoist, 
p. 705.) On ne démêle pas le sens que doit avoir ce 
mot, dans le passage suivant, où l'auteur, parlant 
de gens qui avoient imaginé une fausseté, dit : 
« Ils meritoient d'être exposé à celles du Bourgui- 
• 0non qui injuria son injurieux deson invention. » 
(Mém. de Sully, T. XII, p. 268.) Il parott que c'est 
une allusion à quelque conte qui étoit alors connu 
et que nous ignorons. 
Expressions à remarquer : 
1* Bourguignons salés. Voy. les différentes étymo- 
logies de cette dénomination^ dans les Recherches 



de Pasquier, livre I, p. 27, dans la notice de Valois, 
p. 271, col. 2, et 497, col. 1. Dans le Dict. de Borel, 
au mot Bourg, et dans le Dict. de Ménage, la plus 
vraisemblable me paroit celle qui la dérive des 
guerres continuelles qu'ils avoient eues pour leurs 
salines. S* Julien, qui partage cette opinion, dit que, 
suivant quelques sens, l'épithètede sa/e^ étoit com- 
mune aux François et aux Bourguignons. (Mesl. 
hist. p. 182.) Cette aualiflcation, comme injurieuse, 
leur eloit donnée dès le temps où fut composé le 
Roman de Gérard de Roussillon : 

Et va crier à Fourque ie vengeray la honte 
Or, vils Bourgoings salés que fait avés au Roy. 

Ger. de EoussUloo, IIS. p. 40. 

2** Obstiné comme un Bourguignon. Façon de 

{varier proverbiale que nous avons prise des 
talions. (Voy. Polisson, Hist. de Louis XIV, de 16610 

VARIANTES : 
BOURGUIGNON. Orthogr. subsist. 
BouRGAiGNON. Fabl. MS. du R. n» 7615, T. IT, fol. 190. 
BouRGOiNG. Gér. de RoussiUon, MS. p. 23, 24 et 49. 
BouHGOiNGNON. Eust. Deschamps, Poês. MSS. fol. 421. 
BouRGONGNON. Monstrelet, VoL I, fol. 153, V». 
BuRGONDiON. Dict. de Monet. 
BouRGUiGNOTTE, 8. f. Dict. d*Oudin. 
BouRGUiNOTiNE^ 8. f. Mém. de Comines, page 346. 

Bourguignote, subst. fém. Armure de tête. 
(Voy. Borel, au mot Ueaulme; Ménage, Dict. Etym. 
Dict. d*Oudin, etc.] On lit dans les Mém. de Du 
Bellay, livre X, fol. 332 : « L'Empereur envoya 
« 7 ou SOO hommes, tous ayans casaques de velours, 
« et la bourguiguotte en teste, lesquels furent 
« soustenus comme les premiers , et renversez 
« dedans les fossez. » On croit que ce nom fut 
donné à cette armure, parce que les Bourguignons 
Favoient inventée, suivant Fauchet, ties Origines, 
livre II, p. 110; Favin, Théâtr. d'honneur, T. I, 
page 37, et Boullainv. Essais sur la Noblesse, table, 
p. 86 et 110. L'auteur des Contes d'Eutrapel fait 
entendre que les mots armets, bourguignoUes (2) et 
accoutremens de tête, étoient des mots nouveaux 
qu'on avoit substitués, de son temps, à l'ancien mot 
heaume. 

VARIANTES : 

BOURGUIGNOTE. Fauchet, des Orig. Uvre n, p. 110. 
BouRGUiGNOTTB. Mém. de Du BeUay, Uvre X, fol. 392, R*. 

Bouriaus, subst. wasc. Bourreau. 

Quant je parleray de Gautier, 
houriau8 fu^ n*ot autre mestier : 
Oreilles apnst à trenchier. 

Fabl. lis. da R. n* 7318. fol. 78. R* ool. t. 

Bouringue (3|, subst. /lém. Voile d'un vaisseau. 
La voile la plus près du hunier. (Dict. de Nicot.) 

Bourjon. suhst. masc. Bourgeon. — Flèche. 
Comme ce mot signifloit aussi tout le nouveau 
jet des arbres et des vignes, de là vraisemblablement, 
I il s'est employé pour flèche : « Tant aima rare, et 



(1) Un dicton satirique du temps de Louis XI, en français et en bas allemand, attaquait les conducteurs des peuples plus 
cnie les peuples conduits : c Benedicite : De la jeunesse de notre frère de Barry, De la saigesse du duc de Cafabre, De 
1 oultrecuidance de Bourbon, De Torgeul de cellui de Bry taiffne. De puissance de conte de Gharloys, Et de TorriblUté du comte 
d'Ârmyniak, Ubera no8^ Domine, » (n. b.) — (2) La hourguignotte était une salade garnie de larges oreillons, à Vusage des 

giquiers, vers 1550 ; sous Charles IX. elle se confonmt avec le morion ; eUe avait été mise à la mode par les bandes 
ourguignonnes : de là son nom. (n. b.) * (3) Il vaudrait mieux lire houlingue. (N. B.) 



BO 



- 89 — 



BO 



< le mestier de traire, qu'il en seut Tart, et la 
« manière , fut si ferme de la main que, à chacun 
t trait, il ostoit d*ung bourgeon, une pomme de 
« dessus ung baston de ixx pieds de longs. » 
(Hodus et Racio, fol. 39.) 

VARIANTES ! 
BOURJON. Crétin, p. 154. - Dict. de Cotgrave. 
Bourgeon. Orth. subsist. 

BORGON. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 246, V« coL 2. 
BouRRON. Dict. do Borel, au mot Glouper, 

Bourjonner, verhe. Bourgeonner. Au propre, 
ce mot signifie pousser des boutons, en parlant des 
arbres ; mais il est employé au figure, dans les 
passages suivans, pour pulluler, fructifier, four- 
miller ou être hérissé : 

Par le venin, et par Tordure, 
De ceste branche de luxure, 
Contre la foy habandonnée, 
lert leur créance bourjonnée, 
En pluseurs Ueus, par le royaume. 

G. Goiut. MS. fol. 15. V. 

Et il esgarda la navie. 

Ou Ten a les assauz donnez. 

De quarriaus veist bourjonnez 

Les iiaus mas, qui les nés devisent. 

G.Gttiart.llS.fol.32!,V. 

Boorlabaquin , subst. masc. Sorte de vase à 
boire. Il étoit fait en forme de canon. (Dict. d'Oudin 
et de Ménage.) 

VARIANTES : 

BOURLÂBAQUIN. Rabelais, T. III, p. 31. 
BouRRAQUiN. Rabelais, T. III, p. 124. 

Bourler, verbe. Nous ne le trouvons que dans 
l'expression bourler aux nois (1), qui désigne une 
espèce de jeu. Froissart, parlant des jeux de son 
enfance , dit : 

Et faisions fosselettes. 

Là ou nous bourlions aux nois, 

Poêt. MSS. de Froissart, p. 87. 

Bonriet, subst. masc. Morceau d'élofife tortillé* 
— Espèce de fouet. — Bonnet. — Rebord. 

Au premier sens de morceau d'étoffe tortillé, le 
bourlet étoit « un torti d'étoffe de soye, ou autre 
« étoffe qui servoit à amortir les coups qui portoient 
« sur l'armet. » (Le Laboureur, Hist. de la Pairie, 
p. 2«5.) Le Laboureur dit qu'on voyoit pendre de 
ce bourlet, un volet qui étoit une pièce d'étoffe en 
forme de bannière, découpée en pointe, qui des- 
cendoit sur les épaules. 

De là, on nommoit bourlet, un torti de cordes 
dont on se servoit en guise de fouet. Bassompierre, 
T. I, p. 161 et suivantes, dit que, dans une masca- 
rade, il se servit de bourlets qui « n'étoient point 



« torti de cordes, pour escarter les gens qui 
« auroient pu insulter sa troupe. » C'étoit alors 
une espèce de fouet. C'est dans ce dernier sens 
qu'il est cité dans les vers suivans : 

Va, dist cils, c(u'on te puist tuer ; 
Mes que ce soit à'wnebourlette. 

Po«s. MSS. de Froissart, p. 279. 

Le bourlet étoit aussi une sorte de coiffure. On 
disoit, en ce sens, docteur à bourlet, à cause du 
bourlet ou bonnet que les docteurs (2) portoient. (Le 
Duchat, sur Rabelais, T. III, Prolog, p. xvu.) On 
voit, dans le T. IV, p. 230, que Rabelais se sert 
ironiquement de cette façon de parler : « Cervaux 
« à triple bourlet, » faisant allusion aux bonnets 
ou chaperons des docteurs. 

Bourlée signifioit aussi une sorte de coiffure de 
femme, du temps de Charles VI (3). (Voyez Juv. des 
Ursins, Hist. de Charles VI, p. 336.) 

Nous disons encore bourlet, pour rebord, et c'est 
en ce sens qu'où a dit bourlet de canon, pour le 
rebord extérieur de la bouche du canon. (Voyez le 
Dict. d'Oudin.) 

VARIANTES I 

BOURLET. Mém. de Bassompierre, T. I, p. 161. 
BouRELET. Mém. d'Olivier de la Marche, livre I, p. 268. 
Bourrelet. Le Jouvencel, fol. 16, R». — Villon, p. 23. 
BouRLETTE, subst, fém. Poës. MSS. de Froiss. p. 279, col. 1. 
Bourlée, subst. fém. Juv. des Ursins, Hist. de Cn. VI, p. 336. 

Bournal, subst, masc. Rayon de miel. (Voy. les 
Dict. de Nicot, d'Oqdin et de Rob. Estienne, au mot 
Bournal, et une Dissertation du P. Tournemine, 
dansle Journ. de Trévoux, 1736, p. 1590.) « Nulle 
« abeille oisive en la ruche, ou en l'essein : car les 
« unes sortent hors pour combattre les autres en 
« plaine campagne; autres sont songneuses à 
« chercher la vie, autres contemplent le temps pour 
« voir s*il viendra des nuages ou des pluyes ; autres 
« font le boumail (4), ou rayon de miel, autres en 
« tirent la cire. » (Div. Leçons de P. Messie, fSSi.) 

varuntes : 

BOURNAL. Dict. de Nicot, de Monet et de Rob. Estienne. 
BoRNAL. Dict. d'Oudin. 

BouRNAiL. Div. Leçons de P. Messire, fol. 355^ H«. 
BouRNOis.Dict.deGotgrave.-Bouchet,Scrées, Uv. II, p.87. 

Bourne, subst. fém. Bonde, écluse. 

Bournerie, subst. fém. Droit d'établir des 
bornes. Droit seigneurial, le même que bornage 
expliqué ci-dessus. (Voyez les Ordonn. T. V, p. 294, 
et la note de Téditeur.) 

Bournhon (5), subst. masc. Essaim d'abeilles, 
a Se aucun trouve bonnion à miel d'espave en son 



(1) Burlare, dans Du Gange, correspond à Tespagnol burlar, jouer, plaisanter ; en Gascogne burlaze, en Provence bourlos, 
aont des noms de mômes sens et origine. Burlare a dû être fait sur burla, dérivé de bulla par rhotacisme. (n. b.) ~ (2) Au 
XVI* siècle, bonnet carré était le surnom des conseillers du parlement, bourlet celui des docteurs en Sorbonne : c II n'y a 
n'y bonnet quarré n*y bourlet que je ne fasse voler s*Us m'eschauffent trop les oreiUes. » (Sat. Mônip., p. 100, édition de 
Ratisbonne.) (n. e.) » (3^ Ge mot, diminutif de bourel (bouriaus), apparaît au xrv* siècle (cit. de Froissart) et surtout au 
siècle : « Dames a rebrassez coUetz, De quelconque condicion. Portant atours et bourrelets Mort saisit sans exception, v 



(Viflon, Gr. Testament.) Les bourrelets se nommaient plutôt atours (Voir la note à ce mot), (n. b.) — (4) Au reg. JJ. 194. 
p. 75, an. 1465, boumay a le sens d'essaim : c Le suppliant ala aider... à mettre à point ung exain ou boumay de mouches a 
miel, qui iceUui jour estoit ezainé du vergier d'iceUui charretier. » (n. b.) — fô) Ge mot peut être rapproché de boumail, La 
citation de Du Gange est tirée d'une énumération des biens de Tabbesse de Baigne : c Tous espauvyers sont à la dame 
«bbesse, et doivent estre révélez à ladite abbesse en toute la terre dans 24 heures, et tous boumhons et eyssans dans huit 
Jours. > (N. B.) 

m. 13 



BO 



— «0 — 



BO 



« héritage, il sera tenu le relever au seigneur haut 
« justicier, et s'il le recelé, il restituera le dit 
« bomiofiy et sera condamné en l'amende de lx 
sols. » (Coût. Gén. T. II, p. 460.) 

VARUNTES : 
BOURNHON. Du Csnge, Glossaire latin, au mot Spaviœ. 
BoRNiON. Dict. de Cotgrave. — Coût. Gén. T. II, p. 460. 

BORONON. 

Bouron (1), subst. masc. Cabane. (Dict. deBorel.) 
C'est plutôt un cabaret. (Voyez Buron ci-après.) 

Bourrabaqulnier, adj. Mot formé du précé- 
dent. On ne le trouve que dans Rabelais, T. IV, 
p. 168, où on lit : « Nauf bourrabaquinierey » pour 
désigner un navire qui portoit des vases à boire. 

Bourrache (2), mb%t. fém. Engin à pécher. Il en 
est mention, parmi les divers engins à pécher, dans 
le Grand Coût, de Fr. p. 28, et Ordonn. T. II, p. 12. 

VARIANTES : 
BOURRACHE. Ordonn. T. I, p. 794, et note. 
BouRHOUCHE. Ordonn. des Rois de France, T. II, p. 12. 

Bourrachers, subst. masc, plur. On appelle 
ainsi, à Amiens, les fabricans en laine. (Voy. Du 
Cange, Gl. lat. au mot Borratium.) 

VARIANTES l 

BOURRACHERS, Bourrachiers. Du Cange, Glossaire 
latin, au mol Borratium, 

Bourrachons , subst. masc. plur. Ivrognes. 

g^oyez le Dict. de Cotgrave, au moi Bourrachon.) 
omrachous^ suivant Le Duchat, sur Rabelais, T. I, 
p. 44, est une faute pour bourrachos, c'est-à-dire 
oouteillons, ivrognes; c*est une injure des Espagnols 
contre les François. 

VARIANTES l 
BOURRâCHONS. Dict. de Cotgrave. 
BouRRACOios, BouRRACHOUS. Le Duch. sur Rab. T. I, p. 44. 

Bourrade, subst. fém. Coup dégriffé. Coup de 
serre d'oiseau qui emporte la bourre, le poil du 
gibier. (Voyez le Dict. de Monet.) 

Bourras, subst. masc. Sorte d'étoffe. C'étoit, 
suivant le Gloss. du Roman de la Rose 6t le Suppl., 
une espèce d'étoffe grossière faite de bure, comme 
le drap dont s'habillent les capucins. On employoit 
communément ce mot pour désigner toute espèce 
d'étoffe ou de toile grossière. C'est dans le sens de 
toile grossière qu'il est employé dans ces vers : 

quant il doit porter la hôte, 

Ou'faire aucun labour de bras, 
Ait ung surpeUz de bourras. 
Qui sa robe honeste luy tiengne. 

PoM. MSS. d*Eusl. DeMh. fol. 5iS, col. 4. 

J. de Meung, pour exprimer une toile fine, a dit : 

La toiUe qui n'est pas de bourras. 

J. de HeiBg, God. USO. 

Le mot bourras semble cependant employé pour 



signifier une étoffe précieuse, dans le passage 
suivant : 

Gants parfumez, robbes et pianeUes f8), 
Garoels, bo^rras^ chamarres, capanelles. 

Œurr. de Jotcfa. Du Bell^Ti fol* d89. 

VARIANTES l 

BOURRAS. Dict. d*Oudin et de Borel. 

BoRRAis. Dict. de Cotgrave. 

BoaRAS. Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. 66, V* col. 8. 

Bourrasser, verbe. Travailler grossièrement. 
— Brusquer. 

Oudin explique ce mot dans le premier sens de 
travailler grossièrement, et le fait venir de bourras^ 
étoffe grossière. 

Ce mot venoit de bourasquCj lorsqu'il sigoifioit 
brusquer : 

Bourrassanty de teUe audace, 
L'orgueU du superbe Anglois, 
Qu'il ra fait, en peu d'espace, 
Proye du soldat francoys. 

Berger, de Rem. Bell. fol. 10. R*. 

Bourre, subst. fém. Cane. La femelle du 
canard. Nous avons vu que le canard se nommoit 
en Normandie bour et bouraud. Au féminin, on y 
dit bourre et bourette. (Voyez le Dict. étym. de 
Ménage.) Le mot bourette est un diminutif de bourre. 

Bourre, signifiant amas de poils, existe encore 
dans notre langue. Nous rapporterons les deux 
expressions suivantes : 

1** Bourre y ou laine. C'étoit une façon de parler 
pour dire soit une chose, soit une autre : 

Ce qui lui plaist. 

Faut qu'il soit faict ; 

Ribon ribaine, 

Soit bourre, ou laine^ 

Gand ou mitaine, 

De toutes choses s'entremet. 

S*» 50MS bourre j en secret, comme on dit encore 
sous cape : « Se mettoient à rire sous bourre. » 
(Brantôme, Dames Gallanles, T. I, p. 55.) 

VABUI^TES : 
BOURRE, BOURRETTE. 

Bourré , subst. masc. Espèce d'animal fantasti- 
que ainsi nommé à Paris , et qui étoil appelé À 
Orléans le mulet odet, à Blois et à Angers le 
lou garou, et à Tours le roy hu^uet, d*oùle nom 
hugmnot. 

VARUNTES : 

BOURRÉ. Etat de la France, sous François II, p. Hl. 
BouRRY. Dict. d*0udin. 
Bourru. Valois, Notice, p. 570. 

Bourreaulx , subst. plur. Bourre ou filasse de 
chanvre, suivant Topinion de l'auteur du Glossisiire 
sur le Roman de la Rose. Il a changé d'avis dam te 
Supplément, où il dit que c'est < la soyecru^^ coi 
« Tetouppe de celte mesme soye. » Il renyoke m^ 
vers suivans de J. de Meung, qui parle des moyens 



(i) Bu ron est employé par Chateaubriand, dans son JtniénUre,pom désigner les cbâlets de l'AnyerfpabB. FxoisaartXédUiAn 
Kervyn, II, 147} écrit : «Et sans ville trouver neiraaison ne buirmi. » GNn trouvera sous bur9n une citotlon du xv* fliàato, 
tirée de Pereelbrest. La raône €8t le haut aUomand hùr (aujourd'hui bauer). (n.s.) - (3) De nos jours. ou £gx4kàe 
concurremment l^ourrague. (n. b.) - (3) Au xv* siéde, on ôifuàtpenelles. (n. k.) 



BO 



euytoyâs par tes temnee pour se faire de faux 
CMveuK, au défaut de ceux qu'elles ont perdue : 



Face tant que l'en U apwts 
Cbeveus de quelque famé morte. 
On de Boie blonde borriauf. 

Ham. <k Ij Rom, IUBl-iU»5. 

Bourrées, subst. fém. plur. Jeunes plantes. — 
Sorte de jeu. 

Ce mot a été employé pour jeunes plantes, par le 
P. Garasse. Théophile, reprochant à cet auteur la 
bassesse de son style, dit : > 11 appelle les jeunes 
< gens fraischemenl sortis de son école , jeunes 

■ tendrons , germes , et bonrréea , et pare son stile 

■ pour les garçons d'une gentillesse plus que 

■ monachale. - (Œuv.deTh4ophile,3*part. p.235.) 
On nommoit aussi bourrées une espèce de jeu 

mis au nombre des jeux de Gargantua par Rabelais. 
(T. i, p. 152.) 
Bourrer, verbe. Rembourer. (Dict. de Honet.) 
Boarrenx, adj. Plein de bourre, cotonnenx. 
[Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bonrrter, subit, masc. Ordure. Ce mot se dit 
en Touraioe, en Anjou, en Bretagne (i), etc., pour 
tontes sortes d'ordures des maisons, et pour les 
nauvaises herbes, ronces, orties et autres qui 
croissent dans les champs. C'est ce qui vole en 
l'air quand on vanne le bié, suivant Henage, Dict. 
Etymologique, et c'est dans ce sens que Régnier 
remploie quand il dit à Dieu : 

Cependant tu vas dardant 

Dessus mo; ton courroux ardent, 
Qui ne suis qu'un bourrier qui toIs. 

KegniBt. Yen ipMtuiih, p. 199. 

Oudin, dans son Dictionnaire, l'explique par 
broussailles, chaume, etc. C'est en ce sens qu'il est 
employé dans ce passage : i C'est plaisir de leur 

• voir amasser le bourre, comme paille, fougères, 

• feuilles, et autres choses. » (Fouilloux, Vénerie, 
fol. 73, V-) 

UBUNTKS : 

BOUHRIER. Dict. d'Oudin. 
BouRiBR. Hoyea de Parvenir, p. 142. 
BouRHK. FouiUoux, Vénerie, loL 73, V°. 

Bourrique, BUbst. Cheval (2). Borel. dans son 
Dictionnaire, dit qu'autrefois ce mot s'est employé 
M ce sens. 

Bonrriquou, subst. masc. Bourrique. C'est un 
mot du patois du Languedoc.(Voy. le DiCt.de Borel, 
au mol Bourrique.) 

Bourry Bourry zou, subst. masc. Sorle de 
jeu. Dans ce jeu, lun des joueurs se cachoit, et 
étoit ohercbé par leeaulres qui souvent lelalssoient 
1& et s'en alloient. (Le Duchai, sur Rabelais, T. L 
M43.} 

ttoun, wtsf. mase. plur. Bords. L'Auteur 



BO 

du Petit Jean de Saintïé a employé ce nwt en 
ce sens dans le passage suivant: < Au départir 

■ donna ajarlierela première bouse de sondee- 

■ trier, qui estoit de cramoisy, chaîné d'orfaverie 

■ à grans bours de martes sebelines. • (Petit Jeaa 
de Saintré, p. 383.) Hachant disoit aussi bours pour 
bord, dans les vers suivans : 



Boursaus, subst. G'étoit un arbre de la famille 
des saules. 

TABI&NT8S : 



Bourse, subst. fém. Bourse. — Coffre. — Doo 
en argent. — Sorte de filet. 

Ce mot subsiste dans le premier sens de bourse 
et sous la première orthographe. 

PIhIh Dieu ches usuriers 

He rempliront me borehe qui est vuide. 

). Hvol. p. 65. 

Le mot bourse étoit regardé comme obscène dès 
le temps du Rom. de la Rose, suivant le vers 7^1. 

Le mot boursée est employé pour tiourse pleine 
d'argent par J. de Meung, suivant le Gloas. du 
Roman de la Rose: • Comme fit Judas qui portoit 

■ la bourse des «nmones qu'on faisoit à notre 

• seigneur J. C. son maistre, desquelles aumonw 

• il soustraioit et retenoit une partie en ses 
< boursaus, pournourrir lui, et sa famille. • (Les 
Triomphes de la Noble Dame, fol. 75.) 

Nous disons encore bougettes pour signifier les 
bourses de cuir qu'on met derrière un cheval. On a 
dit bouge (3) dans le même sens. (Voy. Du Gange, 
GIoss. lat. au mot Valon.) 

De là, bouge s'est dit pour coffre ; nous le irouvoDB 
employé, en ce sens, dans les Hém. de Du Bellay, 
Liv. I, fol. 16. 

Dans les provinces méridionales, ce mot est 
encore d'usage pour signifier garde-robe. 

Le mot bourse signifioit aussi une gralincation, 
un don en argent fait par le roi, qui pour l'ordi- 
naire étoit attaché à certains offices. Dans une 
ordonnance de Philippe de Valois, il est défendu 
que personne puisse • tenir deux bourses de luy. • 
(voy. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 100.) Ce don étoit 
distingué des gages dans un règlement pour les 
secrétaires et notaires du roi, en 1361. On lit dans 
ce règlement: • Penront gaiges el bourses. » (Ord. 
des R. de Fr. T. IIï, p. 532.) De même on nommoit 
bourse, la somme d'ai^ent qui se donnoit pour 
des écoliers et des religieux, par des seigneurs et 
autres : > A l'esgard de nos exécuteurs, les bourtes 

■ que nous avons donné à escoliers, et à convers, 
> nous voulons qu'elles cessent après nostre 

Xi) ftuitwe A Brest, lA tombereau qui recueille les détritus managers est dit (voiture aux boumers. > (n. b.) - (3) fiurieiu, 
du pec niSÇatot, fut ft l'origine lu petit cheval rouge. «Hannns quMUTUlgo buricum vocant, > écrit Isidore de SériUe. (k. e.> 
— (3) Voir U note A ce mot. 



BO 



-92 — 



BO 



« mort. » (Teslam. du comte d'Alençon, à la suite 
de Join ville, p. 181.) 

Enfin bourse est employé pour filet propre à 
prendre les sangliers. « Aussi puet on prendre san- 
« glers à hayes, à reiz, et à boursses, à fosses et en 
« autres guises, et engins que j'ay dit. » (Chasse de 
Gaston Phébus, ms. p. 278.) 

Expressions remarquables : 

!• Bourses sarrasinoises. C'étoient les bourses 

Sue les pèlerins portoient à leur ceinture. (Voy. Du 
ange, Gloss. lat. au mot Almonaria sous Eleemo- 
sina, où il cite les statuts mss. des Mestiers de Paris.) 
2° Avoir bourse, signifloit être heureux, avoir 
trouvé fortune. Dans un jeu parti où Ton propose 
lequel est le plus avantageux, de voir mourir sa 
maîtresse ou de la voir la femme d'un rival, celui 
qui défend la dernière opinion, dit : 

Quant se marie 

DamoiseUe, ses amis 

N'i pert rient, s'il n'est faintis, 

Et se ja plus n'en aviez 
K'espoir, et bonne pensée ; 
S'avez vous bourse trouvée. 

Ane. Poët. MS. do Vat. n* 1400, fol. 150. 

S* A la bourse du seigneur, c'est-à-dire ce qui 
doit revenir au seigneur. « Tous les biens de ceux 
« qui doivent à la bourse du seigneur, c'est-à-dire 
« les biens de ceux qui doivent au seigneur, des- 
« sous qui ils sont justiciables, sont obligez comme 
« gages, et se payent devant toulès autres dettes, p 
(Bouteiller, Somme Rurale, p. 587.) 

4" Clameur de bourse, ou démarche de bourse, 
est l'action de retirer l'héritage vendu par droit de 
lignage ou de seigneurie. (Laurière, Gloss. du Dr. 
Fr. ; Du Gange, Gloss. lat. aux mots Forum bursœ, 
Mercatum bursœ et Revocationem per bursam.) 

5» Ravoir par la bourse, c'étoit user de retrait. 
Demander par la bourse, c'étoit conclure par retrait. 
(Gloss. sur les Goût, de Beauvoisis.) 

6* Venir entre la bourse et les deniers. « C'est 
« lorsque un lignager plus prochain en degré de 
« lignage que celuy auquel le retrait a été connu, 
« se présente au jour assigné pour payer les deniers, 
« afin de prendre le retrait en payant les deniers. » 
(Laurière, Gloss. Dr. Fr.) 

T Bourse déliée, c'est quand il y a argent dé- 
boursé. (Laurière, Gloss. du Dr. Fr.) C'est l'apoint 
en argent donné pour surplus dans les échanges 
inégales. (Voy. Coût. Gén. T. II, p. 256.) 

8"* Bourse coutumiere. C'est, selon Laurière, quand 
un roturier acquiert héritage noble ou non. 
(Laurière, Gloss. du Dr. Fr.) 

9* Garnir le chastel de boursault, c'est piller, 
faire sa bourse. (Eust. Desch. Poës. mss. fol. 340.) 

lœ Bourse n'a point de suite. Nous disons encore 
argent n'a point de suite, (Voy. Laurière, Gloss. du 
Droit Fr.) 

On disoit proverbialement : 

Ou cbiet borse, si sort noise. 

ProY.du Vai.]IS.fol.7«.R*. 



Bources à cailler (i), sembleroit signifier gibecière 
à mettre des cailles, si nous n'avions par l'expres- 
sions subsistante appeau de caille dans le sens que 
nous présentent ces vers : 

Houseaulx froncis et larses bottes 
Qui resemblent bources a cailler 

Rom. de U Rote, 19664 et 19665. 

VARIANTES : 
BOURSE. OrUioff. subsist. 
BouRCE. Laur. Gloss. du Dr. Fr. 
BouRSSB. Chasse de Gaston Phébus, MS. p. 278. 
BuRSE. Ordon. des R. de Fr. T. I, p. 309. 
BoRCE. Fabl. MS. du R. n* 7615, T. I, fol. 106, R» col. 2. 
BoRCHE. J. Marot, p. 65. 
BoRSE. Fauchet, Lang. et Poës. Fr. p. 179. 
BoRSÉE. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 131, V» col. 1. 
Bouge. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1348. 
BouLGE. Favin, Théàt. d'Honn. T. I, p. 757. 
BouRsÊE. Gloss. du Roman de la Rose. 
BouRSELLE (diminutiO. Dict. de Cotgrave. 
BouRSELETTE (diminutif). Epith. de la Porte. 
BoURSETE (diminutif). Dict. de Monet. 
BouRSETTE (diminutif). Petit Jean de Saintré, p. 106. 
BouRGETTE (diminutif). Petit Jean de Saintré, p. 99. 
BouGETTE (diminutif). Froiss. Poës. MSS. fol. &3, col. 3. 
BouLGETTE (diminutif). Dict. d'Oudin et de Gotgrave. 
BoRZ, subst. masc. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 218, note. 
BouRSON, BouRSiLLON (dimin.) subst. masc. Dict. d'Oudin. 
BouRSERON (diminutiO. subst. ma^c. Dict. de Monet. 
BouRGERON (diminutif), subst. masc. Dict. de (>)tgrave. 
BouRSAU (dimin.) s. m. Triomph. de la Noble Dame, P> 75. 
BouRSiGAULT (dimin.) s. m. Chasse et Départ. d*Âm. p. 33. 
BouRSELOT (dimin.) s. m. Froissart^ Poës. MSS. p. W. 
BouRSET (diminutif), subst. masc. Dict. de Gotgrave. 
BouLGHET (dimin.) s. m. Mot breton. Du G. Gl. 1. à Bulga. 

Bourselier, subst, masc. Ouvrier en bourse. 
On dit aujourd'hui boursier. (Voy. Du Tillet, Rec. 
des R. de Fr. p. 299.) 

Bourser, verbe. Mettre en bourse, rassembler 
de l'argent ou autre chose. « Toutes femmes jouent 
« à bourser. » (Fauchet, Lang. et Poës. Fr. p. 150.) 
On dit encore populairement boursicoter. Ce mot 
est employé pour rembourser, qui se dit quelquefois 
familièrement pour empocher, dans ces vers : 

Qui donne bénéfice pour espargnier sa bourse 
Je dj que ceste paye est diverse et rebourse 
Et SI pert DieUf et s'ame qui tel avoir embourse : 
Gar le drap et la penne de dissention bourse, 

i. de UwDg, God. 581-584. 

VARIANTES * 
BOURSER. Fauchet, Lang. et Poës. Fr. p. 150. 
Boursicoté. Contes d'Eutrapel. 

Bourseteux, adj. Qui fait bourse, qui a une 
bourse. (Dict. de Gotgrave.) 

VARIANTES l 
BOURSETEUX. Cotgrave, Dict. 
BouRSEUX. Epith. de la Porte. 

Boursier, adj. Terme de coutume. — Nom 
d'office. 

Cet adjectif, formé du substantif bourse, est le plus 
communément épitbète de flef. Les fiefs bourcterz^ 
boursiers etc. sont les flefs dont les diverses por- 
tions sont possédées par différentes personnes dont 
un seul est tenu de faire hommage pour les autres. 
Celui-là est nommé Vaine vassal, et les autres 



(1) On lit au reg. JJ. 173, p. 964, an. 14S5 : c Ung cailUer à prendre oaUleB. » 



BO 



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BO 



puinez et boursaux. Dans la Coût, da Grand-Perche, 
les puinez s'appellent boursaux. (Voy. Du Gange, 
GIoss. lat. au mot Feudum bursœ, et Laurière, au 
mot Boursaux ; le Dict. de Cotgrave, aux mots 
Boursal et Boursaul.) On Wi fi^efs bursaux^ dans les 
Assises de Jérusalem. 

Quelquefois l'orthographe boursier étoit employée 
pour désigner certains offlces; ainsi on appeloit 
mayeurs boursiers, les offlciers du métier de la 
draperie, dans Ja Goutume de Valenciennes. A 
l'article de ceux de la drapperie , on lit que « les 
« dits prévôts, jurez et eschevins institueront, et 
« commettront chacun an un prevost^ mayeur 
« boursier^ et treize hommes lesquels auront la 
< cognoissance et regard sur le faict de la drap- 
« perie. » (Goût. Gén. T. Il, p. 958.) 

On nommoit aussi boursiers^ les notaires et 
secrétaires du roi qui étoient à la suite de la grande 
chancellerie; ils prenoienl part au revenu et 
émolument du sce/ ro|/a/, et à la distribution des 
bourses ordinaires, différens des gagiers qui n' 



II 



avoient aucune part. (Laurière, Gloss. du Droit 

VARIANTES : 

BOURSIER. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. p. 460. 
BouRdSR. Goût. Gén. T. II, p. 328. 
Boursal, Boursaul. GotgraTe, Dict. 

BoL~RSAUT... 

Bovrsaux, plur. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. 
BuBSXUX, pîur. Assises de Jérusalem, p. 256. 

Boursin, subst. masc. Terme de marine. G'est 
une petite corde pour amarrer le beaupré. (Voyez 
les Dict. de Nicotet de Gotgrave.) 

Boursouflade, subst, fém. L'action de bour- 
soufler. (Dict. de Gotgrave.) 

Boursoufler (1), verbe. Gonfler en soufflant. 
« Le cheval estoit d*Espagne , tenant les naseaux 
« ouverts, soufflant, et boursoufflant sen cesse. » 
(Hist. macaronique, T. I, p. 10.) 

VARIANTES ! 
BOURSOUFLER. Nicot, Dict. 
BouRSOUFFLBR. Hist. macarouique, T. I, p. 10. 

Bous, subst. masc. L'action de pousser. — 
Engin à pécher. 

Ce mot signifloit proprement l'action de pousser. 
De là, on a nommé spécialement boulis^ les trous 
qui sont sur terre, aux endroits où les sangliers 
ont fouillé. (Voyez Salnove, Vénerie, p. 297, et Du 
Fouilloux, pa^im,) 

Bous a aussi été pris pour engin à pécher. G'étoit 
une sorte de panier d'osier ou nasse, probablement 
le même quon nommoit aussi boissCj boissel, 
bousseau. (Voyez le Grand Goût, de France, p. 31.) 

variantes: 

BOUS. Rom. de Rou. 

Bouns. F^issart, Vol. III, p. 337. 



RouTEis. Rom. de Rou. 
BouLTEis. Dict. de Borel. 

Bouschement, subst, masc. Action de boucher. 

VARIANTES * 
BOUSCHEMENT. Oudin, Dict. 
BoucHEMENT. Gotgrave, Dict. 

Bouse, subst. fém. Panse, autrement Therbier 
ou le double ventre. En latin magnus venter. « Se 
« la beste est férue en la bouse^ c'est en la pance, 
« pou sayne, et vient^ avec le sang, de Terbe, et de 
« la viande que la beste aura viandée. > (Hodus et 
Racio, Ms. fol. 75, V^) 

Expression remarquable : 

Dire bouse. Gette façon de parler s*employoit 
pour exprimer le mépris et répondoit à notre 
expression dire fi : 

Mais nequedent dirai-je bouse 
De ces eskerins trestous douse. 

Pofis. MSS. «tanl 1300, T. IV, p. 1375. 

Nous trouvons dire beuse à peu près dans ce 
sens. G'est une façon de parler pour narguer : 

Par mon chief, je vous en dis heuèe (2). 

Fabl. MS. du R. n* 7S18. fol. 49. V col. i. 
VARIANTES : 

BOUSE. Modus et Racio, MS. fol. 75, V». 
BouzE. Modus et Racio, fol. 41, R«. 

Bousin, subst. masc. Trompette. (Voyez Gloss. 
de THist. de Bret. où ce mot est dérive de Buccina. 
■— Voyez BuisïNE ci- après.) 

Bousquine , subst. fém. Espèce de jeu. On le 
trouve parmi les jeux de Gargantua, dans Rabelais, 
T. I, p. 143. 

BoussetteSy subst. fém, plur. Bossettes. Les 
Grecs, suivant Plutarque, au combat de l'escrime ^ 
s'armoient « de manoples ou brassars garnis de 
« courroyes de cui? bien dures, ou de bouillons, et 
« touss^f^s de cuivre. » (La Golombière, Théâtre 
d'honneur, T. 1, p. 249.> 

VARIANTES : 
BOUSSETTES. La Colomb, théât. d'honn. T. I, p. 219. 
BoussBAUX, s, m. p. Du Gange, Gloss. lat. à Bacinetum. 

Boussin, subst, masc. Morceau, bouchée. Dans 
le patois gascon , boussin de pain signifie morceau 
de pain. (Voyez Rabelais, T. Il, p. 263.) 

Boussolr (3), subst. m>asc. Perche qui sert à 
battre l'eau. (Dict. d'Oudin.) 

Boustarin , subst. masc. Homme ventru 
(comme un tonneau qu'on appeloit buffe), 

VARIANTES : 

BOUSTARIN. Le Duchat, sur Rabelais, T. I, p. 177. 
BusTARiN. Goquillart, p. 132. 

Boust bou bou. Onomatopée imitant le bruit 
du canon. « Les pièces d'artillerie avec leur boust 
« bou bou. » (Merlin Gocaie, T. II, p. 366.) 




hisse et on amarre les ancres, (n. b.) 



Romancero 

les espines 

X sentir la 

manuscrit de 

lesquelles on 



BO 



— 94 — 



BO 



BoustoiSy subst. masc. Plante médicinale. « Se 
« vostre faulcon est cassé dedans le corps , prenés 
« gr2Line de boustois , et luy donnés a manger avec 
« sa chair, etc. » (Modus et Racio, fol. 70.) 

Bout , subst. masc. Extrémité. Ce mot subsiste 
sous la première orthographe. Du Gange croit qu'il 
s'est formé de botones, mottes de terre qui servoient 
à marquer les limites des héritages. (Voy . son Gloss. 
latin ^ au mot Botones.) Bout, mis en opposition 
avec côté, désienoit les extrémités dans la longueur, 
comme côté désigne celles de la largeur. (Voyez les 
Règlements de 1665, sur la Coût, de Normandie, 
dans le Nouv. Coût. Gén. T. IV, p. 159, col. 2.) 

Il signifloit aussi les extrémités d'une lice , dont 
chacune éloit occupée par Tun des deux assaillans, 
et Ton disoit en ce sens: « Présentations faictes, 
« chacun prit son bout, et les lances leur furent 
« baillées. » (Mém. d'Ol. de la Marche, liv. I, p. 195.) 

Il est employé figurément dans ces vers, en 
parlant de la cour : 

Longuement nulz homs ne s*l maintint 

Tant fast prodoms qui n'i eust mauves bout, 

Bust. Desch. Pois. MSS. fol. 353, col. 3. 

On disoit en ce même sens : < Jusques au bot du 
« moys. » (La Thaumassière, Coût, de Berry, p. 294.) 
Expressions à remarquer : 

1° Bou sus, boujus, pour sens dessus dessous, à 
rebours, à contre-sens : 

Vos respons, bou sus bou jus, 
Golart^ a'amour senefle, 
Quar n'en estes pas meus. 

Ane. Poés. MB. du Vatican, n* 1522, fol. 151. 

^ Bout [tout ô,) pour tout à fait, entièrement, 
d'un bout a l'autre, comme on dit de bout en bout : 

Maintes gens se merveiUent comment déshéritez 
Fut Girart tout à bout de ses grands héritez. 

Ger. de Rouaaillon, US. p. 7. 

3" Tout sur bout, pour sur-le-champ : « Sur quoy 
« le roy dist qu'il falloit praticquer la chose, et 
« demanda au conte de Parvenchieres et au chan- 
« celier tout sur bout, ^u'en dites- vous? > (Le 
Jouvencel, ms. p. 440.} 

4° Tos bous, pour a tout bout de champ. (Poës. 
MSS. avant 1300^ T. I. p. 464.) 

5' A bout, pour a demeure : « Les Anglols se 
« lôgei^ent devant aussi à bout, comme s'ils deussent 
« demeurer une saison, et envoyèrent dire à ceux 
« de dedans qu'ils se rendissent, ou, s'ils y estoient 
« prins par force, ils seroyent tous morts par 
« mercy. » (Froissart, liv. I, p. 122.) 

6** Avoir le bout^ pour venir à bout: « Guidant 
« tousjours persévérer, et avoir le bout d'iceulx 
« Bourguignons. » (Chr. scandai, de Louis XI, p. 41 .) 

ï" Bailler le bout ou donner le bout, pour aépla- 
6^r, coâime on dit populairement faire sauter d'une 
place : « La rôyùê a donné le bout au gênerai de 
« Beaune, et gouverne le roy très fort. » (Lettr. de 



Louis XII, T. I, p. 64.) Bout est peut-^ètre une faute 
pour bort. 

8"* De bout et de plain bout, pour de plein saut : 
« Le duc de Bourgogne en 1410 assembla gens 

< d'armes de toutes parts, entr'autres le duc de 

< Brabant, son frère, qui de plain bout se vint 
« fourrer dedans S' Denys, ou il pilla toutes les 

< bonnes gens de la ville. » (Javenal des Drsins, 
Hist. de Charles VI, p. 207.) On lit de bout, avee 
la même signification, dans Ph. Mouskes, ms. p. 38. 

9^ Mourir sur bout (1), pour mourir sur ses pieds: 

Je meurs sur bout, et en ce point me pors, 
€k>mme arbre sec qui sur le pié se seiche. 

Poës. d'Al. Chartier. p. 592. 

10' Se mettre sur le bon bout, pour se parer. 
(Dict. d'Oudin.) 

11" Sur le beau bout, pour sur le haut bout, à la 
place d'honneur (2) : 

Ces dames sont mises sur le beau bout. 

Gratin, p. 79. 

12** Tout de bout, pour tout franchement : 

 pou que ne di tout de bout, 
Fox est qui d'amer recroit. 

Poës. iir. MSS. avant 1300. T. I. p. 316. 

13" Bout et joute. En terme de pratique, c'étoient 
les confins des héritages. (Voyez Du Gange, GIoss. 
latin, au mot Collateration.) Joute vient ici de 
ju^ta ; ainsi cette expression signifie les bouts et 
joignans, les bornes. 

14** Sus bout, comme on dit populairement sur 
cul : « Scanderberch, prince de Tempire, suivant 
« un soldat des siens pour le tuer, et ce soldat 
« ayant essayé, par toute espèce d'humilité, et de 
« supplication, de Tappaiser, se résolut à toute 
• extrémité de l'attendre Tespée au poing: cette 

< sienne resolution arresta su^ bout la furie de son 
« maistre, qui pour luy avoir veu prendre un si 
« honorable party, le receut en grâce. » (Essais de 
Montaigne, T. I, p. 2.) 

45' Li un de bout autre, pour l'un contre l'autre, 
ou vis-à-vis l'un de l'autre pour être confrontés : 
« Se li dui escrits estoient veu, li un de bout 
« autre. » (Beaumanoir, p. 225.) 

16" Bout cy, bout là, pour sans ordre. (Dlct. 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

yâriântes : 

BOUT. Orthographe subsist. 

Bou. Poës. MSS. du Vatican, nr 1522, fol. 15. 

Bous. Poës. MSS. avant 1300, T. I, p. 46i. 

Bouz. Ane. Coût, de Bret. fol. 99, R». 

Bot. Contes d'Eutrapel, p. 84. 

BuET. Modus et Racio, MS. fol. 171, V». 

Boutadeux , adj. Gapricieux. Sujet à avoir dei 
boutades. (Dict. de Monet et d'Oudin.) 

Boutan (3) , subst, masù. Terme d'architecture. 
Montans d'un chambranle de chôminéé : « Les 

< boutans, lancieres, et jambage des dittes Ch6flii- 
« nées. » (Goût, de S' Mihiel, au Nouv. Goût. Gén. 



(1) Déjà Froissait éeiiTail sus boaijpôut debôttt (éd. Kefvjn, XI, 396) : c Tant quô la moitié de la tour s*en ala à terre et 
rautre demora sus bout. » (n. b.) — (2) Ne vaut-il pas mieux comprendre < en dépense i comme pour Texpreasion sut le 
bon bout : < Se mettant en despence, et, comme Ton diot, sur le bon bout, pour se faire valoir. » (Carloix, vif 9S.) (N. il.) *- 
(3) Nous ne remployons plus qu'au mot composé arc'boutant. (n. e.) 



BO 



^95- 



BO 



T. Il, p. 1067.) On lit boutans, dans la Coût, de 
Qone. (Ibid. p. 1090.) 

VARIANTES : 

BOUTâN. Gotgrave, Dict. 

Boutas. Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 1057. 

Boutard , subst. masc. Qui heurte, qui pousse. 

Bontarigue, mbst. fém. Vessie. Mot Langue- 
docien. 

VARIANTES I 

BOUTARIGUE, BounpLE. Dict. de Borel, au moi Bouteril, 

Bout chouque (rime de), locution. Mauvaise 
rime. « Est une autre fort basse rithme, que Ton 
« appelle rithme de goret ou de bout chouque, qui 
« garde mesure en syllabes, mais en la rithme à 
« peu^ ou point de convenance ; laquelle n'est 
« approuvée que entre ruraulx, et ignorans qui 
« en font les dicts pour aller à la moustarde, 
« comme cy. > 

Boute canaples. Espèce de proverbe en usage 
àla cour. Brantômedit, en parlant deM. de Canaples: 
« n a esté de son temps, le plus rude homme 
« d*armes qui fut en la chrestienté ; car il rompoit 
« une lance telle forte qu'elle feust comme une 
« canne, et peu tenoient devant luy : aussi, quand 
« il joustoit devant son roy, tant fut ilempesché, le 

< vouloit toujours voir ; dont vint le mot : boute 
« Canaples, le roy te regarde. » (Brant. Cap. Fr. 
T. I, p. 218.) 

Bonté cul, subst, masc. Moine laïque. (Voy. le 
Bict. d'Oudin.) « Luy conseillèrent de se rendre des 
t leurs en leur monastère, et luy feroienl obtenir 
« place selon sa qualité qui estoit de religieux laïc, 

< que nous appelions autrement boute cul. » (Lett. 
de Pasquier, T. IL) Nous disons aujourd'hui frère 
coupe chùux. On trouve dans Cotgrave : travailler 
en bautecul. 

Bonté, adJ. et part. Poussé, tourné. On disoit 
du vin bouté pour du vin gâté. « En toute celle 
« année ne fut trouvé, du cru d'icelle, vin qui de- 
« vint gras, ne bouté, ne puant. » (Journal de 
Paris, sous Charles VI et VU. p. 28.) 

Boutée^ subst. masc. Hotte. Mot breton. (Voy. 
Du Cange, Gioss. lat. au mot Butica, col. 1875.) 

Boutée, subst. fém. Action de pousser. — 
Secousse. — Bouffée. — Boutade, saillie. — Terme 
décriasse. 

Ce mot, dans le sens propre, signifie l'action de 
pousser, et on le trouve en ce sens, en parlant 
d'une é^, dans Petit Jean de Saintré, p. 874. 

De là, il s'eet employé pour secousse, mouvement 
inégal : « Comme le batteau poussé par le vent et les 
« avirons, qui branle et marche inegallement par 

< seeoosees, boutées^ et bouffées. > (Sagesse de 
Charron^ p. 248.) 



On disoit aussi boutée dans le même sens que 
nous disons bouffée, pour exprimer un mouvemaat 
subit, violent et passager. Boutée de larmes, pour 
effusion de larmes. « Finissant cestuy ci en propos, 
« par une soudaine boutée de larm^ jqui rut telle 
« qu'elle luy emplit tout le sein, p (L'Amant ressus- 
cité, p. 207.) 

Au figure, ce mot signifloit saillie. « Il y a bien 
« a dire entre les boutées et saillies de l'ame, ou 
« une résolue, et constante habitude. » (Essais de 
Montaigne, T. Il, p. 673.) 

On trouve ce mot employé comme terme de 
chasse dans les vers suivans : 

Tant ont cherché et questé, sans arrest^ 
En transversant la françoyse forest 
Qu'ils ont trouvé les boutées, et trasses, 
De lor sangler, en divers Ueux, et places. 

Hugue Salel, poës. MSS. de la Ghaflêe roy. du sanglier discord par François I*'. 

On disoit aussi : 

4' Tout d'une boutée, pour tout d'une traite. « Le 
« dit comte marcha, tout d'une boutée, sans donner 
« halaine à ses harchiers, et gens de pied. » (Méni. 
de Comines, p. 28.) 

2» A boutées, pour en foule. » De ces deux con- 
« trées, tous les ans à boutées, ces clergeaux icy 
« nous viennent, laissans pères et mères, touts 
« amis et touts parens. » (Rab. T. III, p. 43, note 4.) 

8* // a la boutée, pour il a la fortune, comme on 
dit le vent en poupe. (Voy. le Dict. d'Oudin.) 

VARIANTES I 

BOUTÉE. Essais de Montaigne, T. II, p. 28. 
BouTTÉE. Sagesse de Charron, p. 27. 

Boute en courroye, subst. masc. Avare (1). 

Je ne cuit que boule en corroie, 
Ne lechieres, tant soit hardiz 
Osast faire ce qu'il fit. 

Estnibert, M>1. MS. du R. n« 7996. p. i. 

De là, on a dit le jeu de boute en corroyé, pour 
exprimer Taclion de piller. (Poës. mss. d^Ëust. 
Desch. fol. 111.) 

VARUMTES : 

BOUTE EN COURROYE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. il|. 
Boute en corroyé. Hist. de Fr. à la s. du Rom. de Faiiv. 

Boute foire, subst. (Voy. le Dict. de Cotgrave, 
au mot Boutefoire.) Espèce de jeu compris parmi 
les jeux de Gargantua. (Rabelais, T. I, p. 143.) 
L'éditeur soupçonne que foyre vient de foras, 0t 
que ce jeu doit être une espèbe de boutehors qu'op 
verra ci-après. 

VARIANTES : 

BOUTE FOIRE. Dict. de Cotgrave. 
Boute fotre. Rabelais, T. I, p. 143' 

Boutehache, subst. fém. Espèce d'armes. « A 
lances, bagues, bien ferrées, que on appelle 
godendars (2), et boutehaches, les chevaliers, de 
chevalier en chevalier, faisoient tresbucher, et 
cheoif , aussi comme brebis, et les agravantoienft 
à terre. » (Chron. de S' Denis, T. II, fol. 1290 
Uxy fist sang d'une foyne de fèr à deux fourgons. 



(i) Qo. iaiitàt.e<minol0ar, au v^rs €882 de la Roee : « C'est le gieu de h<mie en courroie. » (N. s.) - (9) G<HTuption de 
guien Tag, bon jour. (n. b.) 



BO 

■ appelle bouteache. • (Leltres d'Henry, Roy de Fr. 
et d'Anglet. du mois de juin 1423.) 

TAHIANTES I 

BOUTEUACHE. Chron. USS. de Nangis, en 1303. 
BooTSHASTK. Chron. S» Denis, T. II. fol. 1S9, V». 
Bouteache. Trée. des Chart. Reg. 173, p. 316. 

Boutehors, subst. tnasc. Expulsion. — Faci- 
lité de s'exprimer. — Espèce de jeu. 

Le sens propre de ce mot est expulsion, du verbe 
bouter, mettre, et de l'adverbe hors. Ce mot est 
employé en ce sens, par Montaigne, Essais, T. Il, 
p. 437. DanslesPoës. Hss. d'Eust. Descb. fol. 449, 
on voit une ballade qui porte pour titre: < Des 
» vieulx serviteurs de la court, et de leurs boule- 

• hors. • (Voy. aussi Id. fol. 270.) 

De là, ce mot s'est appliqué à la facilité de mettre 
hors ses pensées, à la faculté de parler aisément. 
(Voy. les Dict. de Monet et d'Oudin.) • Les uns ont 
« la facilité, et la promptitude, et ce qu'on dit le 

• boufe/iors si aisé qu'à chaque bout de champ ils 

• sont prêts. » (Ess. de Hont. T. J, p. 52.) 
Boutehors étoit le nom d'une espèce de jeu. (Voy. 

Le Duchat, sur Rabelais, T. IV, p. 143, note 4.) 

On a dit : 

1° Jouer au boutehors, ou à boutehors, pour si- 
gnifier jouer à se supplanter, ou à s'expulser réci- 
proquement. ■ Quand Dieu voulut démembrer 

■ l'Empire de Rome, il suscita une infinité de 

■ nations, auparavant peu, ou point connues de 

■ nom, lesquelles jouèrent diversement à boute- 
« hors. • (Rech. de Pasquier, Liv. I, p. 25.) 

2° Droit de boutehors. C'est un droit de vente, ou 
aliénation. ■ Quand aucune personne foraine de la 

• dite ville, ayant héritage à luy appartenant, situé 

• en la dite ville, et eschevinage (d'Orchies) le 

• vend ou aliène, il est deu, au profit de la dite 

■ ville, pour le droit d'escarts et boutehors, de 

■ chacun, cent livres, à quoy portent les principaux 

■ deniers de la dite vente, nuit livres, lequel se 

■ doit payer par le vendeur. • (Nouv. Coût. Gén. 
T. II, p. 1001.) 

Bonteillage, subst. tnasc. Sorte de droit. C'est 
la redevance d'une bouteifie de vin due au seigneur 
par chaque tonneau devin. (Du Gange, Gloss. lat. 
au mot Botellagium, et Lauriere, Gloss. du Dr. Fr.) 
Ce droit se levoit en Bretagne sur toute espèce de 
boissons. • Le droit de bonteillage prétendu parles 

• mêmes seigneurs, étoit d'un grand revenu ; il se 

■ levoit sur la vente des vins, et des autres boissons 

■ tellesqu'éloientlabiere, rbydromelle, le piment, 

• el le cidre. » (Morice, Hiat. de Bret. préf. p. 15.) 

Bouteille, subst. fém. Bouteille. Bataille, dans 
S' Bernard, Serm. Fr. «ss. répond au latin uter, 
c'esl-à-dire une outre. Ce mot subsiste sous sa pre- 
mière orthographe. Nous citerons un passage par 
lequel on voit qu'on se servoil d'une bouteille pour 



i- BO 

chauffer un lit: > Le dit vieillard avoit plus grand 

> meslier d'une bouteille, et d'une bassinouere, 

< pour eschaufTer son lit, que de tous les biens 

• d'amours. > (Arresta amorum, p. 297.) 

TABIAKTES : 

BOUTEILLE. Orth. subsist. 
BOTAILLB. S' Bernard, Seim. Fr. HSS. p.S6. 
BOTELLE. Font. Guer. Très, de Ven. MS. p. 5t. 
BouTAtLLB. Eust. Desch. Poës. HSS. 
BirrEiLi.E. Brant. Cap. Fr. II, p. 308. 

Boatelllée, subst. fém. Ce que contient une 
bouteille. • Dne bouteillée de vin. ■ (Hém. de Du 
Bellay, Liv. I, fol. 24.) 

Bouteiller, subst. masc. Echanson. — Celui 
qui avoit la direction du vin. 
« Le nom degrandfiouieiHerestoitun office de la 

■ couronne, comme celuy de connestable: aujour- 

• d'hui non seulement la mémoire en est oubliée 

• en la cour du roy, mais il n'y a rien de si bas que 

• la charge de bouteiller; et pour ceste cause ceux 

■ qui sont aujourd'hui en telles charges, sont 

■ appellées sommeliers. > (Recherch. de Pasquier, 
Liv. VIII, p. 663.) Le même, parlant de l'office de 
premier président des comptes, dit : • Encores que 

• par les vieux registres de la chambre, il fust des- 

• tiné ordinairement pour tes seigneurs chevaliers, 

• si est ce qu'avecques le temps il se forma une 

> opinion de l'affecter au grand Bouteiller de 

• France. • (Recher. de Pasquier, Liv. II, p. 65.) 
Bouteiller, on peut voir le rang qu'il tenoil parmi 

les officiers de la cour dans la signature des 
Chartres, < en 1137, chambellant, bouleillier, con- 

• neslable et chancelier. • (La Thaumass. Coût. 
d'Orléans, p. 464.) • En 1147, chambellant, boteilUr, 

■ chamberier, connestable,évesque, abbé, témoins, 

> et chancelier. • (Ibid. p. 465.) > Enll68, senechal 

■ ou seneschal, bouteiller, chamberier et connes- 

■ tahle. ■ (Ibid. p. 465.) • En 1180, seneschal, 

■ boteiller, chamberier, connestable etchancelier. > 
(Ibid. p. 466.) • En 1183. Le Quens Thibaus, il étoit 

• senechal trois ans auparavant et peut-être fétoil- 
( il encore, boteiller, chamberier, connestable et 

< chancelier. > (Ibid. p. 466.) 

Les villes avoient aussi leur bouteiller (1). On Ut 
boutiller d'Auceurre {c'est Auxerre) et un maréchal 
appelé maréchaux. (Cartulaire ms. de la chambre 
des Comptes de Nevers, Vol. I, tit. de 1549.) C'étoit 

§eut-étre des offices ou dignités féodales, à l'instar 
e ceux de la cour de nos rois. Chez les seigneurs 
Sarticuliers, le bouteiller étoit celui qui avoit la 
irection du vin. Duguesclin fait apporter du via 
à l'assaut d'une ville pour fortifier le cœur des gens 
d'armes par son bouteiller. (Voyez Uist. de B. 
Duguesclin, par Hénard, p. 498.) 

K chascuD tref a despensier (al bouteiUers} 

Et CD cbascun a bou lif fier (ai senescaua et deepenaierB) 

Queus et cuisina en son domaine. 

Athl*. MS. M. », R* bdL 1. 



BO 



— 97 — 



BO 



Machaut a dit : 

Hebé déesse de Jouvente 

Qui des cieix estoit bouteilliere. 

lUchaut, MS. fol. 193, R* eol. i. 

VARIANTES : 
BOUTEILLER. Pasquier. Recherches. 
BouTEiLLiER. Poês. MSS. d'Eust. Desch. 
BOUTELLIER. Athis, MS. fol. 56, R« col. 2. 
BouTiER. Du Gange, Gloss. lat. au moi BatUarius. 
BouTiLLER. Du Gange, Gloss. lat. Buticularius franciœ, 
BouTiLUER. Athis, MS. fol. 56, R» col. 2. 
BuTBiLLER. Gloss. Ut. de Du Gange, à Buticulariits, 
BuTHER. Du Gange, Gloss. lat. à Sergentiœ. 
BuTUSR. Tenures de Littl. Edit. de Londres, 1629. 
BOUTEILLERIE, fém, Machaut, cité ci-après. 

Bouteillerie, subst. fém. Echansonnerie. (Dict. 
d*Oudin et de Cotgrave, au mot Bouteillerie.) 

VARIANTES I 

BOUTEILLERIE. Oudin et Gotgrave, Dict. 
BouTiLLBRiE. Gonf. de Vaudr. Très, des Ghartr. 

Bouteillette, subst. fém. Diminutif de bou- 
teille. (Dict. d'Oudin, Ordonn. des Rois de Fr. T, I, 
page 440.) 

Bonteilliere, subst, fém. Partie du ventre. 
Celle qui est près du nombril. (Dictionnaire d'Oudin 
et de Cotgrave.) 

Bouteillon, adj. Qui aime à boire. Epithète 
d'injure, donnée aux François. (Voyez Rabelais, 
T. V, page 172, et la noie 5, et Merlin Cocaie, T. II, 
page 404.) 

YÂRIANTES : 
BOUTEILLON, Rabelais, T. V, p. 472. 
BouTiLLON. Apologie pour Hérodote. 

Boutement, subst. masc. L*action de pousser. 
— L'action d'expulser. — L'action de mettre. 

Au premier sens de pousser, on a dit, en parlant 
d*un combat : « Là eut de grands boutemens et 
t poussemens des premiers venus. » (Froissart, 
Vol. II, p. 123.) 

Ce mot a été employé pour expulser. « Et boutè- 
« rent, de voye de fait, hors la ville par durs 
« termes, nonobstant lequel boutementy etc. » 
(Vieil, de Charles VII, T. II, p. 164.) 

On a pris ce mot, en général, pour l'action de 
mettre : « Boutement de feu. » (Dict. de Cotgrave.) 

VARIANTES ' 
BOUTEMENT. Dict. de Cotgrave. - Froiss. Vol. II, p. 123. 
BouTTBMBNT. La JalUs, du Champ de bataiUe. 

Boutener, verbe. Boutonner. Ce mot, dans 
S'Bern. Serm. fr. mss. répond au latin pullulare. 

Quant vol la flour boutener. 

Poëft. Fr. MSS. araot 1300, T. I. p. 402. 

VARIANTES * 

BOUTENER^ Bottoner. S* Bern. Serm. fr. MSS. p. 318. 

Bouter (1), verbe. Mettre. Ce mot, dansles Serm. 
fr. MSS. de S' Bernard, répond au latin expellere^ 



impellere et pellere. (Voy. le Glossaire de M arot, au 
mot Bouter ; Gloss. du P. Martèoe, et Glossaire de 
l'Hist. de Paris.) 

Je ne scavoye ou me bouter, 
Car je souffroye plusieurs maulx. 

CoqaiUvC. 

Ces useriers poians est arrière boité. 

Poés. Fr. MSS. av. 1300. T. IV. p. 1305. 

On disoit de là : 

1" Se bouter es biens. Cette expression s'employoit 
en parlant des gens mariés dont le survivant s'en- 
gage aux dettes de Tautre qui est décédé, pour 
s'assurer les avantages de la succession. « Qu'elle 
« ne se boute es dits bienSj comme dit est. » On a 
lu plus haut: « qu'elle ne se immisce aucunement es 
« dits biens. » (Nouv. Coût. Général, T. III, p. 373.) 

2° Bouter avant, pour ranger, mettre a part. 
Dans l'Ordonnance pour les tisserands, on y lit : 
« Qu'à la S* Remy, jusqu'à carême prenant, ils 
« doivent, après ce qu'il ont laissié l'euvre, ploier 
< et nouer draps, et pièces bouter (2) avant; tixtre les 
« estoupes et fausses traymes à la chandelle (3). » 
(Ord. des Rois de Fr. T. V, p. 596.) L'éditeur croit 
que c'est « arrêter et nouer les fllels de trames qui 
« sont au bout des pièces ; ploier ces pièces, les 
« nouer avec des cordes et les ranger. » 

3" Bouter avant a signifié aussi être mis en avant. 
« Une grosse tour qui boutoit avant le fossé. » (Le 
Jouvencel, fol. 25.) Ce mot est ancien dans notre 
langue. On lit au sujet d'une forteresse de Norman- 
die, élevée vers l'an 1200, qu'on nommoïi Botevant^ 
c'est-à-dire mise en avances, « quod sonat pulsus 
« in anteriora. » (Guill. Armorie, dans Du Chesne, 
page 81.) (4) 

A"* Bouter arrière. Exclure, rejeter, mettre dehors. 
(Voy. le Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.) 

5* Bouter aval. C'est proprement descendre et 
pris dans le sens spécial d'avaler. « S'il a bouté 
« aval sa viande et qu'il n'ait rien en gorge. » 
(Moduset Racio, Ms.fol. 126, \\) 

6* Bouter en hault, pour réclamer, mettre oppo- 
sition, dans des lettres d'octroi où l'auteur prend 
le style des ordonnances ou lettres patentes. 

Je gui suis Eustaces Moriaulx, 
Huissier d*armes du Roy no sire, 
Salut, mais que je l'ose dire, 
Saichent tuit, sans bouter en hault. 

P{»ëfl. MSS. d*Eust. D6Kh. fol. 411 « col. i. 

?• Bouter outre^ semble exprimer rester sur la 

[>lace. Froissart, parlant du siège de Lisbonne par 
es Castillans, en 1385, dit: « Messire Jehan Laurens 
« en fut féru d'une darde, par telle manière que le 
« fer luy percea ses plattes et sa cotte de maille et 
« un Jacques emply de soye retorse, et luy passa 
« tout parmy le corps, tant qu'il luy convint 
• cheoir et bouter oultre. » (Froissart, livre III, 
I page 97.) 



(1) Le mot est employé dès le xi* siècle : « En ses granz plaies les pans li ad butet. » (Chanson de Roland, éd. Léon 
Gautier^ v. 2173.) Uetymologie est le haut allemand boien. (n. e.) — (2) C'est le sens de l'expression familière < aller de 
TaTant. i (n. e.) — (3) Ne faut- il pas entendre à la Chandeleure, la fête de la Purification? (n. e.) — (4) Dans Froissart, 
te bouter avant a le sens de se produire : « Et eschéi que les nouvelles de ces promotions dou roi dlngleterre à la calenge 
de France se boutèrent avant. » (n. b.) 

m. 13 



BO -s 

%° Bouter rhuis, pour heurter, frapper à la porte. 
Et demanda qui l'Auû bouta. 

Fitil.llS.p. ss. 

I. de Heung a dit : 

N'est si mal sourt coin cil qui ne veu]t ouir goule : 
Ouvrons nos cueure à Dieu puisqu'il y heurte et boule. 
1. da liaiag. Cod. t&71 el 1571. 

9* Bouter te change , en terme de vénerie , 
signifioit prendre le change, dans la Vénerie de du 
Fouilloux, fol. 45. 

lO- Bouter est employé avec un 3eii3 obscène, 
dans les Poës. d'Eust. Deacli. fol. 515. 

VARIANTES : 

BOUTEK. Roro. de la Roee, 3093. 

BODTTER. Arresta amor. 

BoNTKH. (Liaei Bouter.) Poës. USS. av. 1300, T. IV, p. 1353. 

T.lI,')Si. 149,'V'>c< 
i. p. 46, etponîm. 

Bonterame, mbst. Tranche de pain. On appelle 
ainsi une tranche de pain sur laquelle on étend du 
beurre, des pommes cuites, du fromage et de la 
viande. C'est un mot flamand. (Voy. le Dict. Etym. 
de Ménage.} 

Boateril, sub&l. mase. Nombril. (Dict. de Borel 
et de Corneille.) 

Bouterre, subst. fém. Espèce de drogue. Elle 
servoit à blanchir, c'est-à-dire à donner la couleur 
aux métaux. < Elie étoit composée de lie de vin 

• sèche et esmiée avec du sel et de l'alun. ■ (Ord. 
des R. de Fr. T. 11, p. 77.) 

Boutesse, subst. fém. On s'est servi de ce mol 
pour désigner les ordures qui s'accumulent dans 
les intestins des oiseaux : . De telles ordures et 
■ boutesses leur advient un eschaulTement de 

• foye. " (Fouilloux, Fauconnerie, fol. 24.) » Si 

• ainsi étoit qu'il eut boulesse dans le corps, mieux 
. luivaudroyentlesautresmedecines. » (ibid. pag.) 

Bonteur, subst. masc. Oudin, dans son Dict. 
le rend par pascitore, qui signifie pasteur, 
nourricier. 

Boutevent, subst. masc. Dans le catalogue des 
livres de S" Victor, qui se trouve dans Rabelais, 
T. II, p. 76, on lit : • Le boutevent des alchymis- 

• les. • Le Duchat, ihid. note 100, croit que, par le 
iDOt boutevent, il faut entendre les premiers effets 
de la manie qui porte ces gens-là à souffler le 
Carbon ou les folles avances que font, de leurs 
moyens, ceux qui s'amusent à rechercher la pierre 
philosophale. 

Bouthique, subst. fém. Boutique. — Caverne. 
— Etude de notaire. 

Ce mot subsiste sous l'orthographe de boutique 
et dans le premier sens. On nomme aussi encore 
boutique une espècede bateau à mettre le poisson (I) 



BO 

et que l'on trouve appelé butique daas Du Gange, 
Gloss. lat. au mot Buticula (2}. 

Bouticque est mis pour caverne dans /. Marot. 

On trouve boutique, pour étude de notaire, dans 
le Nouv. Coût. Gén. Toutes ces acceptions sont des 
acceptions spéciales de la signiDcation générale da 
moi boutique pour lieu oïi l'on travaille, où l'on 
étale les marchandises ; par extension, on disoit la 
grande boutique, pour désigner le palais où l'on 
plaide. (Voy. Oudin, Dict. et Curios. franc.) Voyez 
aussi Bouchot, Serées, T. I, page 324, et livre II, 
p. iOi, où on lit : « Un suppôt ou un de la grande 

• boutique •, pour dire un avocat ou un procureur. 

ïARiAHTEs : 
BOUTHIQtm. Cotgrave, Dlcl. 

BouTicLE. Dict. de Borel. — Gloss. de l'Hiat. de Paris. 
BuTiCLE. Du Cange, Glosa, lat. au mot Baticula. 
Bouticque. J. Harot. 
BoirriQUB. Nouv. Coût. Gén. 

Boutlclier, subst. masc. Homme qui ticDt 
boutique. (Dict. de Rob. Estienne.) 

Boutiller, subst. masc. Faiseur de bouteilles. 
(Dict. de Rob. Estienne.) 

. Boutlllerle, subst. fém. Redevance en grain. 

• La boutiUerie du marchié qui peut valloir pour 
> an, il crois et a descrois, .y. muis et demi de 
■ grain. > (Déclaration des biens de l'évéché de 
Chillons, en 1383.) 

Boutls, subst. tnasc. Tonneau. Vaisseau à met- 
Ire du vin. De là, ce mot désignoit une espèce de 
tonneau destiné à porter la terre. * Et si portoient 

• tiere en paniers et en bous. • (Hist. de la Guerre 
sainte, Ks. cité par Du Gange, Glossaire latin, au 
mol Butta,3.] 

Les différentes orthographes de ce mot sont 
répétées sous d'autres articles, où il a différentes 
significations. (Voyez Bot, Bous et Bout.) 
VARIANTES : 

BOUTIS. Boullainv. Ess. Bur la NoW. table, p. 49. 
Bout. Du Cange, Gloaa. lat. au mot Buza soua Balla. 
Bous. Id. ibid. 
Boz. 

Boutoir, subst. masc. Engin à |:écher. (Du 
Gange, Gloss. lat. au mot Vassa.) 

Bouton, subst. masc. Bouton, bourgeon. — 
Sorte de fruit. — Chose de peu de valeur. — Moyeu 
de roue. 

Ce mot subsiste dans le premier sens, sous 
l'orthographe de bouton. On lit boutonnes et bou- 
tons &das Alhis, Ms. fol. 44, R'col. 1. 

Ce mot a été employé pour désigner une sorte de 
fruit. Voyez le Dict. de Borel qui cite les vers 
suivans : 



Framboises, trezes et ceneÛea. 

Il ajoute que c'est le fruit du rosier sauvage ou 



BO 



— 99 — 



BO 



églantier, on bien les mûres des ronces. On le voit 
expliqué dans ce dernier sens par Du Cange, Gloss. 
lat. au mot Rubum. Eustache Deschamps, parlant 
des bergers, dit : 

Pain bis» prunelles, et botUcns, 
Fromaige, et let est leur déduit. 

PoSi. MSS. d*Basl. Deichamps, fol. 2G5, col. 9. 

Vivre de boutons et de noix. 

VM. fol. S32, col. i. 

C'est probablement en ce sens qu'on trouve 
b^uton^ rendu en lalin par rubum, dans le Gloss. 
d« P. Labbe, p. 522. 

Bouton a servi pour désigner en général une 
chose de peu de valeur, c'est-à-dire rien : 

Certes je ne vaulx ung bouton 
Autrement ne vous cnastie. 

Rom. de la Rote, 8893. 

Il ne la prisa pas un bouton. 

On a donné le nom de bouton au moyeu d'une 
roue. « Quand on perce le noyau, moyeu ou bouton 
« d'une roue. » (Moyen de Parvenir, p. 197.) 

Bouton se trouve avec un sens obscène dans les 
Poës. d'Eust. Deschamps, fol. 438, col. 2. 

On a dit : 

!• Mettre le bouton haut (i), pour donner ou laisser 
une chose difficile à faire, ou un exemple difficile à 
imiter : « La dépense qu'il faisoit (dans cette pro- 
« vince), met le bouton bien haut (2) à son succes- 
seur. » (Lettres de MadamedeSévigné,T. V, p. 439.) 

3f Estre principal bouton, pour être le principal 
objet. Brantôme, parlant des amours de François I*' 
pour la duchesse d'Elampes, dit : « Il ne s'y arresta 
« pas tant qu'il n'en aymast d'autres, mais cela 
« estoit son principal bouton. » 

TARIÂNTES : 
BOUTON. Poës. MSS. d'Eust. Deschamps, fol. 265, col. 2. 
BODON. Dict. de Borel. 
BoTON. Ghaus. MSS. du Comte Thibaut. 
BouTONNBT (diminutif). Roman de la Rose, 22653. 

Boutonade, subst. fém. Collectif de bouton : 

Getnturete avoit de fueiUe, 

gui verdist quant li temps mueiUe : 
*or est boutonade, 
L'aumonlere estoit d*amor^ 
Li pendant erent de flor ; 
Par amours fu donade. 

Poêt. fr. MSS. avant 1300, T. IV. p. liU. 

Boutoncel, subst. masc. Diminutif de bouton. 
(Vojrez les Fabl. mss. du R. n- 7218, fol. 224.) On 
disoit au pluriel boutonceaux : « Voit les arbres 
« dons les boutons estoient si prins et si enflez, par 
« la (Valeur du soleil, et la moiste doulceur de la 
« terre, dont la sève se montoit à mont es vaines 
« des arbres, jusques aux boutonceaux. » (Percef. 
VoL II, fol. 59, V col. 2.) 

Boutonnement , subst. masc. L'action de 
boutonner. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 



Boutonnerie, subst, fém. Lieu où se fabriquent 
les boutons. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Boutonnet. Diminutif de bouton de rose, pris 
au figuré dans le Roman de la Rose, vers 22653 ; 
on laissera l'explication au jugement des lecteurs. 

Boutonneus, adj. Qui est garni de boulons. 
Epithète de soie, habit, dans les Epilhètes de Mart. 
de la Porte. 

Boutonnier, subst. masc. Ronce. Le Glossaire 
du P. Labbe l'explique par rubu^, p. 522. Ce mot 
est employé comme synonyme de buisson, dans le 
Glossaire latin de Du Cange, au mot Rubum. « Ils 
« s'embatirent sur ung claiz de boutomUers, et des 

< plantiers entremeslez, qui estoyent tous chargez 
« de roses de leur manière, qui gettoient si grande 
« odeur que c'estoit une senteur d'estre illec. » 
(Perceforest , Vol. Il, fol. 36.) 

VARIANTES ! 

BOUTONNIER. Glossaire de Labbe, p. 522. 

BOTONIER. 

Boutonures , subst. fém. plur. Boutonnières : 

Pour boutonures retenir. 

Poés. MSS. J'Eust. Desdi. fol. 335, col. 1. 

VARIANTES * 

BOUTONURES. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 335, coL 1. 
BouTONNiEURES. Hist. de Charles V, par Ghoisy, p. 524. 

Boutouers. Machine de guerre. On s'en servoit 
pour les sièges : « Le roy commanda aussitôt qu'on 

< dressât, devant la place , toutes les machines de 
« guerre dont on se servoit alors ; les mangoneaux, 
« les balistes et les dondaines, la truie, les béliers 
« et les boutouers (3). » (Histoire de Tabbé Suger, 
livrell, p. 156.) 

Bouts, subst. masc. Voix. Mot du patois de 
Cahors. (Voyez le Dict. de Borel, au mot Glouper.) 

Bouttavanty subst. masc. Ouvrier ou officier 
des salines: « Toutes personnes de Marsal, et de 
« la dite prevosté, franches, à cause de leurs 
« personnes, ou de leurs demeurances, seront 
« juridiciables à la justice ordinaire, excepté les 
« nobles, les prevost, receveur et les gouverneur, 
« Uûlleur, trilleur, et bouttavant (4) des sallinesdu 
« dit lieu. » (Nouv. Coul. Gén. T. Il, p. 1162.) 

Bouture, subst. fém. Terme d'architecture : 
« Un possesseur d'un héritage, ou de plusieurs, ne 
« peut faire bretecques, boutures, saillies ne autres 
« choses sur la rue , à l'endroit des dits héritages, 
« au préjudice de ses voisins. » (Goulumier Général, 
T. II, p. 871.) 

Boutz , subst. masc. Espèce de maladie. Peut- 
être l'asthme , la pousse : « Boutz, mal de dentz, 
« rongne, entrac, morve, toux viennent souvent. » 
(Crétin, p. 180.) 




•iiiipleiDont un bout (erré, (k* e.) — ("i^ U cangeaii peut-être les chargeurs de sel comme le baute^à-port range les naiares 
à Tarrivée. (n. fi.) 



BO 



On disoit aussi boul-encosté. On lit dans Eustache 
Deschamps : 

Bout-encotii ou autre maladie. 

Poê«.IIS3.r(.l. U9,«il.*. 
TAIUAKTES : 

BOUTZ. Crétin, p. 180. 

BouT-ENCOSTÉ. Eu8t. Deach. Poës. MSS. toi. 4B, col. 2. 

Bouvart, subst. masc. Jeune l^œuf : 
Les aigaeaux, les chevreauit, les jeunes bouveaux. 

Dei Accordi, Bigirrar». p. ID8. 
VARIANTES : 

BOUVART. Du Gange, Glossaire latin, au mot BoveUa. 
BOOVAU. CotgravB, Dict. 
BouvBAu. D<.-s Accords, Bigarrures, p. 106. 
BotivELBT. Borel, Dict. 

Bouverie , subst. fém. Métier de bouvier. — 
Qui appartient au bœuf. 

Dans le premier aens de métier de bouvier, on a 
dit : ■ Cliascun scavoit son fait, tant pour le regard 
» de la bouverie, que pour la bergerie. • (Bergeries 
de Rémi Belleau, fol. 131.) 

On a dit aussi bouverie, pour désigner ce qui 
appartient aux bœufs. Ainsi , dans les articles de la 
réparation que Hrenl les révoltés au duc de Bour- 
gogne, en 1437, on lit: • Item que la porte de la 
« bouverie seroit convertie en une chapelle. » 
(Honstrelet, Vol. Il, fol. 151.) 

Bonvine, &ub»t. fém. Race de bœufs et de 
vaches. (Ditit. de Uonet et de Cotgrave.) 

Bouzin, subst. masc. Croûte de pierre dure. 
(Voyez le Glossaire de l'Histoire de Paris.) 

Bove, subst. fém. Etendue de terre, telle qu'une 
paire de bœufs peut la labourer dans le cours d'une 
année. (Du Gange, Glossaire latin, au mol Bovala.] 
De là, peul-êlre, l'expression : payer tailles a boves, 
qui se trouve au Coot. Gén. T. III, p. 1187. 

Bovine, subst. fém. Nom collectif de bœuf. 
• Marché au bœufs, par ce qu'on y vendoit de la 
" bovine (1). » (Diverses Leçons de Du Verdier, 
p. 473.) 

Bovine, adj. au fém. Qui appartient au bœuf. 
On a dit coste bovine pour côte de bœuf. (Rabelais, 
T. II, p. 184.) 

Boy, subst. masc. Laboureur. C'est la significa- 
tion de ce mol dans le Forez, selon Du Gange, 
Glossaire latin, au mot Boivada [2).) 

Boye , subst. fnasc. Bourreau. Rabelais, parlant 
de l'ignominie que Frédéric Barberousse fit subir à 
unMilanois, dit: < Es aullres la craincle de mort' 



• - BR 

< domina sur telle honte: iceulz avoir k belles 
■ dents tiré la figue, la monstroient au boye apper- 
. temeatdisans : Ecco lofieco. • (Rab. T. IV, p. 188.) 

Boyre, verbe. Faire boire. — Avaler. 

Dans le premier sens de faire boire, on a dit : 
« Aoi/'*^, et desjeuner ses chiens, ■ pour faire boire 
et faire déjeuner ses chiens. (Chasse de Gaston 
Phébus, Ms. p. 257.) 

Boyre s'est pris aussi dans le sens générique 
d'avaler ; et de là, comme on a dit au figuré avaler 
un affront, on a dit dans le même sens: « Boyre 
' des coups, qui a les coups si les boyve. ■ (Le 
Jouvencel, ms. p. 200.) 

Boyture, subsl. fém. Boisson ; 

Pions y Feront maie chère 
Puisque boiirure ; est si chère. 

' Vlllai,p.«. 

Braallier'[3), subst. masc. On trouve braol/iers 
de (il, dans la Table des Mestiers de Paris, as. de 
Meinière, p. 13. 

Brabançons , subst. masc. plur. Ce nom étoif 
donné aux gens de guerre du Brabanl, que nos 
rois prenoient k leur solde. C'est ainsi que s'en 
explique Fauchet, dans le 2" livre de ses Origines, 

S. 11-i. Daniel, dans sa Milice françoise, T. 1, p. 140, 
it que Henri II, roi d'Angleterre, voulant punir la 
révolte de ses trois fils et de la plupart de ses sujets 
qui s'étoient ligués avec Louis -le- Jeune, forma une 
armée de certains aventuriers ou bandils qui cou- 
roient en bande les provinces de France et les ra- 
vageoient (4). Ces troupes éloient mêlées de peuples 
de diverses nations. On leur donne, dans l'histoire, 
divers noms. On les appelle indifféremment 
Cottereaux, Routiers ou Brabançons. Ce dernier 
nom, ajoute le P. Daniel à la p. 41, leurétoit donné 
sans doute , parce que le plus grand nombre ou les 
plus redoutables étoienl oeBrabant. (Voyez, sur ce 
mot, Boulainv. Essai sur la Noblesse, table, p. 78 ; 
Le Beuf, Ilist. civil. d'Auxerre, p. 91.)0n litdaos 
la Nef des Fols, fol. 8, dont l'original est allemand : 

> Tant plus vieillissent, plus sont folz, à la mode 
■ des Brabançotts ; • ce qui semble élre un proverbe. 

On trouve le nom de Brabançoris, donné aux 
sujets du prince de Castille, dans les Mémoires de 
Fleuranges, ms. p. 373, et h la suite des Mémoires 
de Du Bellay, T. Vil. p. 223. 

Brac , subst. masc. Espèce de chien de chasse : 

> Et si donra, porla ireveured'ostoir, ou de faucon, 

> deux besans; te fléau, un besant; et pour 

* l'espervier, un besant ; et pour lévrier, ou braeh, 

• un besant. • (Assises de Jérusalem, p. 211.) 



Cl) 0. de Serres (p. 250, éd. de ISB) écrit : f Par la bûuvine, sont entendues les béates à corne, o 



e bœufs et vacbes, 



mieux lire braeliiers, comme au livre I de l'Ordonnance sur les Mëliers de Paris do la Chambre des Comptes, !.. 

< Quiconqnee veull estre braeilier de 01 à Pariu, estre le puet. ■ Ces ouvriers confectionnaient des braeli, qui n'étaient plua 
des braies flottantes, mais un haut de chausses collant comme un caleçon, (n. b.) — (4) Gautier de Coinsi (Louanf^es de 
N. D., V. 314) disait d'eux au xm" siècle : t Cil colcrel, cil BrebançonB, ce sunt deables. » Philippe-AuBUHte n'avait pal 
ABËei des levées féodales pour résister à Henri 11 : il prit donc à sa solde ces petits nobles des bords du Rhin, à l'aida 
desquels il chassa les Auglais de Nomumdie -, l'un d'eux, Cadoc (Cadulfut), fut créé bailU de Gisara. Ces bandée réparaient 
dans ik croisade des Albigetris ; od les excommunia quand la guerre (ut achevée, et elles ne reparurent plus. (n. b.) 



BR 



— 101 — 



BR 



Suivant le Père Menestrier, auteur des Ornemens 
des Armoiries, p. 485, brace, brague, brochet, 
chiens de chasse, ont formé des noms de famille. 

VARIANTES *. 

BRAa Monet, Dict. 

Brach. Assises de Jérusalem. 

Bracb, Braque. Menestrier, Omemeos des Àrm. p. 485. 

Brakb. Athis, MS. fo). 40. V» col. 2. 

Braquet. Voy. du Chevalier errant, fol. 61. V». 

Bracqubt. Perceforest, Vol. VI, fol. 107, V» col. 4. 

Brachbt. Du Gange, Glossaire latin, au mot Bracelus, 

Brachies. Geofifr. de Paris, à la suite du R. de Fauv. (• 50. 

Brac, adj. Court. (Dict. d'Oudin.) 

Brace , subst. fém. Espèce de mesure. — Em- 
brassement. — Les deux bras. 

Comme mesure, c'est rétendue des deux bras : 
« Ou chemin devoil avoir seze braces (1) de lonc, et 
« oct braces de ample. » (La Thaumassière, Coût, 
de Berry, p. 97.) 

On a dit aussi brace et brassée, pour embrasse- 
ment: « L'accolée mon amy, iimoy\2i brassée. » 
(Rabelais, T. I, p. 246.) 

Brace s'employoit aussi pour désigner les deux 
bras : 

Quant tient la novele en sa brace, 

Partoa. de Bloii, MS. de 8. Germ. fol. i4i, V*. 

Que le reçoive entre sa brasce, 

Athis, MS. fol. 63, R« col. 2. 

De ces acceptions se sont formées les expressions 
suivantes : 
!• À pleine brace^ pour abondamment. 

Pour la très bonne ffrace 

Dont te voyoit comblée, à pleine brcLce. 

Grelin, p. 944. 

2* A grans bradées^ pour en abondance. 

Melaises ont a grans bradées, 

Uist. de S" Léocade. MS. de S* Germ. fol. 30. R*. 

3* Journée de brasse, pour corvée de bras. « Est 
« tenu, outre les dits charois, faire pour le dit 
« seigneur, et en ses affaires, trois journées de sa 
« brasse, aux ouvrages ou le dit seigneur les veut 
« employer. » (Nouv. Coût. Gén. T. III, p. 1187.) 

VARIANTES l 
BRACE. La Thaumassière , Coût, de Berry, p. 97. 
Brasce. Athis, MS. fol. 63, R» col. 2. 
Brasse. Nouv. Coût. Gén. T. III, p. 1187. 
Brache. Fabl. MS. du R. n» 7318, fol. 280, V« col. 2. 
Brabsêb. Rabelais. T. l, p. 246. 

Braciéb. Hist. de S^ Léocade, MS. de S* Germ. fol. 30, R». 
Bracib. g. Guiart, MS. fol. 316, V». 
Brachie. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 268, Rp col. 1. 

Brachy subst. masc. Bras. En latin Brachium, 
dans la Règle Lat. et Fr. de S' Benoist, hs. de 
Beauv. ch. 1. 



VARIANTES : 

BRACH. Régi. Fr. lat. de S» Ben. MS. de Beauv. ch. 1. 
Bracs, plur, Mém. de Du BeUay, Liv. VII, fol. 208, V<>. 

Bracher (2), subst, masc. Valet de chiens. Celui 
qui avoit soin des chiens de chasse. (Voy. Du Cange, 
Gloss. lat. au mot Braconarii.) 

Brachet(3), subst. masc. Ledevantde la poitrine, 
le bréchet. Dans Vanatomie des parties externes de 
Caresme Prenant, on lit: « Les coustes comme 
« ung rouet, le brachet comme un boldachin. » 
(Rabelais, T. IV, p. 133.) 

Brachialement, adv. Fortement. Prompte- 
ment, à tour de bras. (Voy. le Dict. de Cotgrave.) 
« Soliicitoit brachialement, et le plus qu'il pouvoit. » 
(Contes d'Eutrapel, p. 406.) 

Brachio, subst. masc. Le petit d'un ours. Ce 
mot est du patois d'Auvergne. (Voy. Du Cange, 
Gloss. lat. au mot Bracco,) 

Brachmonet, subst. masc. Le mois de juin. 
(Dict. de Borel, u" add.) 

Bracin (4), subst, musc. Brasserie. « Le roy a 
« acquis, de Tévéque de Tournay, le bracin des 
« Godales. » (Citation de Du Cange, Gloss. lat. au 
mot Celia,) 

Bracon, subst. masc. Pièce de bois. Il parolt 
qu'on désignoit, par ce mot, une pièce de bois 
scellée dans un mur ou dans un plancher, peut* 
être une solive. « L'héritier et propriétaire est tenu 
« livrer, à ses dépens, sevilles, estaux et gros pot- 
« teaux, entretoises, tous gitaires, pennes, poutres, 
« et bracons, baux montans, ventrières (5). » (Coût, 
de Douay, au Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 989.) 

S'a veu que entre deux bracons. 

Fabl. MS. de S. G. p. 167. 

Borel, dans son Dict. explique le mot bracon par 
appui, console ou potence. L'étymologie de ce mot, 
qu il dérive de branche d'arbre, parolt fort hasardée. 

Bpaconier, subst, masc. Borel, dans son Dict. 
dit qu'il ne sait ce que signifie ce mot; il croit que 
c'est un coupeur de bois, conformément à l'expli- 
cation qu'il a donnée au mot bracon. Il signifie 
chasseur, suivant le Dict. d'Oudin. 11 signifie aussi 
valet de chiens. « Fut faite une chassequi glatissoit 
« en manière de petits chiens, et à la fin en manière 
« de lévriers, et houoient valets de chiens, et 
« braconiers qui sonnoienl des trompes. » (Math, 
de Coucy, Ilist. de Charles Vil, p. 671.) Ce mot 
subsiste pour désigner un chasseur qui détruit for- 
tuitement le gibier. Il est employé à peu près en ce 



(1) Le mot est à la strophe 103, à la strophe 2S9 de la Chanson de Roland : < Li reis a pris Tierri entre sa brace. » (n. e.) 
— (^ Le mot se trouve, dit Du Cange, < in ordinatione hospitii régis, ann. 1285. » (n. e.) — (3) On trouve, au xiv* siècle, 
les formes brichet et baischet ; c Ce crue l'on dit la poitrine d'un bœuf, Fen dit le bricliei d'un mouton, i (Ménagier^ II, 4.) 
Et au reg. JJ. 128, p. 145, an. 1385: < La pointe du coustel lui entra en corps en la partie de son ventre, en lieii qu'on dit 
br%i9ehet ou environ, i Au temps de Ménage, les Parisiens disaient encore brichet. Le mot se retrouve en breton et en 
anfdais. (n. b.) — (4) Sous bratsina, Du Canée cite la forme féminine bressinnes, de 1287. (n. e.) — (5) C'est encore le nom 
delà poutre qui soutient les portes d'une écluse. Dans Texemple, gitaires est fait sur gîtey pris au sens du passage suivant : 
c£opiffQOD8 ou murs communs, pourra chacun rompre et percner, pour y massonner ou ancrer sommiers, gistes — 
autres Dois. » (Nouv. Coût, gén., A, 1008.) (n. e.) 



ou 



BR 



- 102 — 



BR 



sens dans Salnove : « Chasser dans le bel ordre et 
« non en bracconiers qui ne font que couper, et 
« essayer à trouver un chien ou deux pour dérober 
« un cerf, et que, tant que les chiens qu'ils ont 
« devant eux veulent chasser, ils les suivent, et la 
« plus part du temps, sans sonner, pour mieux 
« couvrir leurs finesses, etc. » (Salnove, Vénerie, 
p. 150.) Il est au contraire employé en bonne part 
pour chasseur, par Fontaine Guérin, Très, de 
Vénerie, ms. p. 13. 

Mais le sage braconnier 
Doit savoir c*nn bon coustumier, 
S*U a chien qui se pre^nie garde 
Du change, et celuy aime, et garde. 

VARIANTES * 
BRACONIER. Froissart, Liv. I (i)* p. 37. 
Braconnier. Monslrelet, Vol. III, roi. 96, V«. 
Bracconnier. Salnove, Vénerie /p. 150. 
Brakenier. Du Gange, Gloss. lal|au mot Brciconarii, 

Braconné, adj. Bien dressé. Epithètede chien. 
On trouve ce mot employé en ce sens dans ce pas- 
sage, où il s*agit de chiens qui ont acculé un san- 
glier: « Si quelqu'un trop jeune, ou trop peu 
« braconné se vient ruer dessus la besteeschauffée, 
« incontinent, par le crochet de la dent furiale, il 
« a les trippes ou venl et la vie en Tair. » (Alector, 
Rom. fol. 111.) 

Braconnerie, subst. Chasse avec les bi*aques, 
chiens courans. « Le très noble usage et exercice 
« de vénerie ou braconnerie, en chassant de che- 
ft vaux sauvages, comme de besles rousses et noires, 
« d'oiseaux de proye, de gibier et de poissons. » 
(J. Le Maire, Illuslr. des Gaules, Liv. III, p. 288.) 

Braconnerie a aussi signifié chenil, lieu où Ton 
lient les chiens de chasse. « De là, nous allasmes 
« aussi veoir la braconnerie, et les chiens de chasse 
« en grand nombre. » (Carleny, Voyage du Chev. 
errant, fol. 50.) 

Braconniere, subst, fém. Partie de Tarmure. 
Celle qui couvroit le corps, depuis la ceinture jus- 
qu'au genou (Gloss. de THist. de Bretagne.) 

VARUNTES : 
BRACONNIERE. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 504, col. 4. 
Braoonnierb. D. Morice, Hist. de Bret. préf. p. 16. 

Bracquéy adj. Braqué. (Dict. de Cotgrave.) 

Bracquemard (2), s^ib8^ masc. Espèce de coute- 
las. On Tappeloit ainsi parce qu'il s'attachoit aux 
bragues, haut de chausses. Il y a un Poëme de 
Nouvellet, intitulé: Le Braquemart. 

VARIANTES : 
BRACQUEMARD. Rabelais, T. IV, p. 85. 



Braquemard. Dom Florès de Grèce, fol. 111, Y*. 
Bracquemart. Dict. d'Oudin, de Nicot, de Monet. etc. 
Braquemar. Dict. de Nicot, de Monet, de Borel, de Gom. 
Brackmars. Savaron, contrôles Duels, p. 4. 
Bragmar, Bragmard. Rabelais, T. III, p. 227. 
Braguemart. Nout. Coût. Gèn. T. II, p. 6^ col. 1. 
Bracquet. Dict. d'Oudin. 

Bracquemarder, verbe. Ce mot se trouve, 
avec un sens obscène, dans Rabelais. (Dict. de 
Cotgrave.) 

VARIANTES : 
BRACQUEMARDER, Braguemarder. Rabelais. 

Bractanie. Nom de pays. Bactriane. 

VARIANTES * 
BRACTANIE. Marbodus, MS. de S» Victor. 
Bractenie. Marbodu8, imprimé, col. 1646. 

Bpadypepsie (3), subst. fém. Mycoction. (Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

Brael (4), subst. masc. Haut de chausses. 

Descira 

Sa chemise jusqu'au brael. 

Fabl. MS. de S. G. fol. 45. R« col. 3. 
VARIANTES ." 

BRAEL. Fabl. MS. de S* Germ. fol. 46, R« col. 3. 

Brai. Du Gange, Gloss. lat. à Bragœ. 

Braier. Assises de Jérusalem, 86. 

Braiex. Fabl. MS. de S» Germ. fol. 42, V» col. 2. 

Brayel. Du Gange, Gloss. lat. au mot Brayetta, 

Brayer. Dict. de Nicot et d'Oudin. 

Brayeul. Dict. de Cotcrave. 

Brayot. Perceforest, Vol. III, fol. 102, V» col. 2. 

Braioel. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 146, R« col. 1. 

Brioel. Ph. Mouskes, MS. p. 371. 

Bragardement, adv. Gaiement, bravement. 
(Dict. d'Oudin.) « Si luy fit fendre bi^agardement du 
« bois. » (Contes de Cholieres, fol. 446.) 

Brague, subst. fém. Haut de chausse. — Luxe. 
— Fanfaronnade. — Terme de charpenterie. 

Nous avons marqué ce mot comme une des 
orthographes de braies, et on a vu que son nom 
propre étoit haut de chausse. 

Comme cette partie du vêtement distinguoit au- 
trefois les gens riches, le mot brague fut employé 
pour désigner le luxe dans les habits: « Commençsi 
« a prescher combien les bragues et les pompes 
« estoient une chose détestable. » (Apologie pour 
Hérodote, p. 454.) 

Comme ce luxe annonce l'ostentation, ou souvent 
la fanfaronnade, les idées accessoires prirent la 
place de ridée principale ; ainsi Ton dit : 

Gens bragues ils faisoient, et Aère contenance ; 
Mais de sortir en place nully d'eux ne s'arancd. 

a. Marot, p. lis. 

L'ouverture antérieure des brayes, ou hauts de 



(1) On Ut en effet dans Froissart (éd. Kervyn, II, 140) : < Et presist encores chacuns ung pain et le trousaist derrière lui 

à guise de braconnier. t> Mais le mot était employé dès le Xii* siècle dans Garin (voir Du Gange sous bracco): c Braconier 

mestre en fist li rois Pépin, Les chiens li baiUe. cil volen tiers les prist. » Ce fut d'abord un valet de chiens braques, (n. b.) 

— (2) Le mot est employé dès 1392 au reg. JJ. 143, p. 136: c Ledit Camus geta un grant coustel, que Ten dit bragamas 

contre la teste dudit Huchon. » Au reg. JJ. 154, p. 38, an. 1398, la forme est bergaman. Enfin dans Martene (Anec. Ul, 
^-, ^..wv -_ .-.x_-rx..-. .._..-„. . ._-, r „ . ^ , _.,. xvu« siècle, 

mauvaise 



col. 1496), on lit: c Qui tenoient tous entre leurs mains Baaamars et grant gysarmes. i On employait encore, au xv 
ta forme brcLquet , que Grandgagnage retrouve en wallon et qu'il rapproche du bavarois brachten, serpe, ] 




débrailler, (n. s.) 



BR 



- 103 - 



BR 



chausses, a pu donner lien d'employer le mot 
brague, en terme de ctaarpenterie, pour mortaise. 
On le trouve en ce sens dans le Dict. d'Oudin. 

Braguer, verbe. Faire le brave. — Se parer. 
— Se glorifier. 

Sur le premier sens, voyez le Dicl. d'Oudin et le 
Gloss. de Harot, aux mots Braguer et Bragarder. 
Cette acception vient de brague, dans le sens de 
luxe. (Voy. Bbâgl'e ci-dessus.) 

Les bragties ou hauts de chausses étoient une pa- 
rure, comme nous l'avons dit ; de là braguer, bra- 
garder a signifié se parer. 

Davantaijfe qui ne se brague 

N'est poiDt prisé, au temps présent. 

CI. Marot, p. 431 et Itt. 

La parure recherchée désignant Tostentation, par 
une extension de l'acception de bragarder pris pour 
se parer, ce même mot a signifié se glorifier. 

Dont rignorance au palais se bragarde (1). 

Pocs. d'Amadis Jamin, fol. 228. V. 
VARIANTES * 

BRAGUER. Cl. Marot, p. 121 et 422. 
Bragarder. Poês. d'Âinadis Jamin, fol. 228, V<>. 

Braguerie, subst. fém. Bravade. — Bonne 
grâce, gentillesse. — Jeu, divertissement. 

Des diverses acceptions du mot brague, sont nées 
les acceptions du mot braguerie. Brague signifioit 
quelquefois fanfaronnade; de là braguerie a dû 
signifier bravade, et on le trouve en ce sens dans 
les Dict. dOudin et de Cotgrave, ainsi que 
bragardise. 

Brague, pris en bonne part, ne désignoit que la 

Sarure, dont la gentillesse, la bonne grâce est d'or- 
inaire ridée accessoire. De là braguerie, bragar- 
dise, ont exprimé la bonne grâce, la gentillesse. 
(Voy. Ibid.) 

Braguerie est expliqué par jeu, divertissement, 
dans le Gloss. des Arrêts d'amour : « Que defl*enses 
« fussent faicles ausdictz deffendeurs, et autres 
« compaignons de la masquerie, mommerie ou 
« braguerie de ne plus user de telles voyes de faict, 
« et commettre telz abus. » (Arresta amor. p. 409.) 
Ces sortes de divertissemens tenoient au luxe, à la 
parure et aux autres idées analogues attachées au 
mot Brague. (Voy. ce mot.) 

Braguerie en paroles, signifioit superfluité de 
paroles. « Par dicacité, on peult entendre irrision, 
« moquerie ou braguerie en paroles ; et par rusti- 



« cité, vilenie, rudesse, ineptUude et mal plaisance 
« en langage. » (J. Le Maire, Couronne Margariti- 
que, p. 47.) 

VARIANTES ! 

BRAGUERIE, Bragardise. Dict. d*Oudin et de Cotgrave. 

Braguette (2), subst. fém. La partie antérieure 
du baut de cbausse. Ce mot subsiste encore dans ce 
sens, même dans Tune et l'autre prononciation. 
Nous citerons les expressions suivantes : 

1° Compagnon de brayette. Expression obscène. 
(Nuits de Straparole, T. II, p. 27.) 

2" Bonnet à quatre braguettes. Dans cette expres- 
sion, le mot braguettes est donné à des espèces de 
gouttières qui tenoient lieu des cornes des bonnets 
carrés d'aujourd'hui, et qui sans doute avoient 
quelque ressemblance avec la braguette du haut de 
chausse (3). 

S» Brayette de balance, pour languette de 
balance. (Voy. les Dict. d'Oudin et de Rob. Est.) 

VARIANTES ! 
BRAGUETTE. Rabelais, T. V, p. 47. 
Brayette. Nuits de Straparole, T. II, p. 27. 

Bragueur, subst. masc. et adj. Paré, beau^ 
joli. — Brave, hardi. — Fier, présomptueux, — 
Arrogant, téméraire. 

Pour entendra les différentes signiflcations de ce 
mot, il suffit de se rappeler ce que nous avons indi- 
qué sur le mot brague ; qu'anciennement les gens' 
de l'état le plus commun ne portoient point de 
chausses, usage qui se continuoit encore, au moins 
dans quelques provinces, jusques vers l'an 1400, 
comme on peut s'en convaincre à l'inspection des 
miniatures de ce temps-là. Porter des bragues ou 
des hauts de chausses, étoit donc, aux yeux de ceux 
qui n'en avoient point, une espèce de distinction, 
la marque d'un état supérieur, une preuve d'opu- 
lence, une parure, et comme un motif de vanité et 
d'arrogance. Deux autres mots de notre langue qui, 
comme celui de bragues, en ont formé plusieurs 
autres, justifieront les explications précédentes. 
On verra ci-après gorglas, s'étant dit d'une fraise, 
d'un collet ou autre parure quisemettoit autour du 
col, avoir été aussi employé pour magnifique, fas- 
tueux, vain, glorieux ; on a dit se gorgiaser, pour 
se glorifier, se pavaner. On trouvera encore le mot 
rouge employé pareillement pour un homme fier, 
vain, insolent, parce que le rouge étoit une couleur 



(1) M. Quicherat (Histoire du Costume^ p. 343) écrit qu*au temps de Charles VIII et de Louis XII , on appelait bragards 
eeux qui laissaient* sortir la chemise entre le haut-de-chausses et le pourpoint. Ces élégants étaient déjà plus riches de 
surnoms que d'écus : gorriers, fringants, frisques. freluquets ; ils font apparaître à la fente du pourpoint un fin mouchoir 
cm! semble leur chemise ; mais, dit Coquiliart : c La chemise elle est souvent grosse comme un sac de mouUn. » (n. e.) — 
(z) M. Quicherat voit l'origine de ces inconvenantes braguettes, qu'ont immortalisées les peintres du xvi« siècle, dans la 
mention de chausses à braye et loijuets faite au statut des chaussetiers de Poitiers, en 1472: « Braye, au singulier, ne 
peut être confondu avçc les braies. Celles-ci, depuis Finvention des chausses longues, étaient devenues la pièce que 
nous appelons caleçoriy et n'adhéraient point aux chausses. Les loquets sont les pattes boutonnées qui retenaient la braye, 
au nom de laquelle, pour éviter la confusion, on aura substitué le diminutif brayette ou braguette. » L'histoire du mot donne 
d'ÉUleurs raison à M. Quicherat ; on ne le trouve pas avant Basselin : a C'est un chasseur sans sa trompe , sans braguette 
un lansquenet, i (n. b.) -* (3)) M. Quicherat cite ce passage d'Etienne Pasquier, à la page 367^ sous le rè^e de François I*': 
I A ces oonnets ronds (bonnets de laine tricotée et feutrée des gens de robe), on conunenca d*y apporter je ne 5«cny queUé 
Anme de quadrature grossière qui fut cause que, de mes premiers ans, i'ai veu qu*on les appeloit bonnet à quatre bràaaettes. 
Le premier qui y donna la façon fût ung nommé PatrouiUet, lequel se fist fort riche oonnetier aux despens de cette 
Bouvendé, et ea bastit une fort belle maison rue de la Savaterie. Le bonnet ayant changé de forme, luy est toujours 
demcMiré le nom de bonnet rond. » C'est donc là, malgré U contradiction des termes, une vaiiété du bonnet carré, m (n. e.) 



BR -1 

affectée, par un privilège spécial, à rhabillement 
des docteurs et des chevaliers, c'est-à-dire des per- 
sonnes du premier ordre, tant du clergé que de la 
noblesse ou de l'état militaire. Ennn.sironrefusoit 
de se rendre à ces preuves, nous ajouterions que 
notre langue nous fournit encore des mots qui 
semblent faire opposition à celui de bragard, et 
désigner les gens du plus bas état, par la manière 
dont ils étoient vêtus. Trumeau : ce mot, qui s'est 
encore conservé parmi les bouchers, se disoit 
autrefois pour la partie qui couvroil le haut de 
chausse, d'où l'on a dit frumelieres pour chausses, 
et eslrumelés ou gens nuds estntmetés pour 
désigner ceux qui n'iivoient point de haut de 
chausse, et ensuite frume/ie)' pour paysan, vilain, 
trompeur, fripon, gueux, brigand, coquin, lâche, 
etc. On sera moins étonné de ce que les mots 
bragard, gorgias et rouge aient été employés pour 
distinguer les gens du premier état, si on veut faire 
attention quequelques personnesdésignenlaujour- 
d'hui parmi nous les jeunes gens de la condition la 
plus brillante, par la distinction particulière de leur 
chaussure (1). 

Toutes ces remarques sembleroient confirmer 
l'opinion de Nicot, rapportée parMénage, qui a tiré 
de bragues l'étymologie du mot brave. 

On nous pardonnera si nous avons passé les 
bornes ordinaires de nos articles pour nous éten- 
dre sur la signification de ce mot. Tout ce que 
nous avons dit à ce sujet servira à faire connoitre 
la manière dont on a formé plusieurs mois de notre 
langue, et donnera plus d'autorité à quelques-unes 
de nos interprétations qui, sans de pareils exemples, 
auraient paru équivoques, suspectes ou hasardées. 
Quoique les acceptions que nous donnons à ce mot 
soient assez justifiées par celles du mot brague 
dont il est formé, nous ne laisserons pas de citer 
quelques autorités sur les orthographes les moins 
usitées du mot bragard. 

On a dit braguereau pour joli, paré. 

Com bragueraulx aux baa colletz. 

La Chu» st lUpirtle d'Anuion, p. If 5, col. I. 
VARIANTES : 
BBA.GUEUR. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 
Braouahd. 

Bragard. Rech. de Paaquier, p. 115. 
Braqart. Poës. MSS. d'EuBt. Deschampa. 
Braoas. Œuv. de Roger de ColIeryH, p. 77. 
Braoug. La Salade, Toi. 45, R° col. 2. 
Braquerai;. T^ Chaase et départie d'Amours, p. 115. 
Braqlibus. Rab. T. IV, p. 172. - Contes d'Eutrap. p. 220. 
BRAtEL. Dict. de Monet. 

Brai (2), subst. masc. Boue. Brai avoit cette signi- 
fication en langue gauloise. Monstrelet dit, en 
parlant des assassins du duc d'Orléans en 1411 : 
« Luy coupperent et cravanlerent la teste en 



. !:^> ^ 



4- BR 

> divers lieux, tellement que la cervelle en cheut 
" au brouet presque toute, ouquel brouet et boue 

> ils le travaillèrent et traiuerent, jusque» adonc 
■ qu'ils le veirent tout roide mort. > (Uonstrelet, 
Vol. I, fol. 119.) 

TABIAUTBS : 

BRAI. Rabelais, T. I, p. 207, note 1. 
Breant. Dict. deBorel. 
Brou. Valois, notice, p. 96. 
Brouet. Monstrelet, Vol. I, fol. 119, V». 

Bralbaat, subst. masc. Brabant. — Nom de 
pays. Pié du Jiraibant semble une espèce de danse. 

Ne danser au pié de Braibant. 

Poéi. 113S. de Fimtart, p. 1S3. 

> Le déclarant exempt de luy faire le petit genoil 

> en une basse danse, et le pas du Brebant, ainsi 
' que tous les autres. > (Arrest. amor. page 334.) 
• Moutons de Fiandres et de Brebant. • (Ord. des 
R. deFr. T. III, p. 551.) 



BRAIBANT. Froissart, Poës. MSS. p. 283. 
Brebant. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 5M. 



Braie, subst. fém. Terme de fortification. Ce 

mot est employé dans ce sens par Eust. Deschamps, 

aui vivoit dans le xiv* siècle. Il fait parler la ville 
e Fimes, qui se plaint du mauvais état de ses rem- 
parts, en ces lermes : 

Mes bi-aies sont et ma terrace usée. 

Po«t. HSS. rSiiM. Dncb. M. X. 

Ce passage, et le rapport de cette signincation 
avec le mot brayes, chausses, peut faire juger que 
braie étoit le revélissement d'un rempart ou d'une 
terrasse. Ce mot est employé avec le même sens dans 
l'inscription du château de Vincennca (3), rappo^ 
tée par Borel, 1"' add. de son Dictionnaire, au mot 
Braies. Le P. Daniel, dans sa Milice Françoise, T. 1, 
p. Oui, croit que c'est le même que baille el barba- 
cane. (Voy. Braca, 1, au Gl. lat. de Du Gange.) 

VARIANTES I 

BRAIE. Eust. Ueschamps, Poës. HSS. 
Braye. Dict. de Borel, i"* add. 

Braiement, subst. masc. Cri, l'action de crier. 
Braiz, dans les Serm. Fr. mss. de S' Bernard, 
répond au latin uiulatus. 

Braiement d'âne et d'enfant, se disoit pour cri 
de l'un el de l'autre. Bram est un mot celtique qui 
signifie grand cri, suivant le Dict. de Borel. 

L'auteur du Glossaire sur le Roman de la Rose et 
dans le suppl. de ce Gloss., dit que ce mot • signifie 
• l'appeau dont on se sert pour attirer les oyseaux 
' dans le piège qu'on leur a tendu. • Il a fondé 
cette explication sur ces vers : 
Tout ainsi comme l'oy scieur 
Prent l'ojsel comme couteleur 

,-, __J talons rmiget. P. -L. Courier (Lettre X) écrivait encore : i L« Tulipe, bomme de cour, a quitté son briquet pour se 
hire talon rouge. » (n. b.) — (9) On nomme ainsi le mélange de goudron et de résine qui sert a calfater lea navires. Dn 
Gange, bous brai u m, ci le un exemple du xni> siècle au sens de fange-: «Retraire le broj/deryau de'Somme. ■ L'étïmologie 
doit être le Scandinave brâk, goudron, (n. b.) - (3) Celle inscription est citée par Du Cange : • Oui parOst en brieves 
saisons, Tour, pona, braic$, fosseï, njaisons. > Des chartes bretonnes, de 11*0 â 1148, emploient ta forme latine braca. Nous 
employons encore faustea-braiea. C'est un ouvrage de défense, au front d'une forliÛcaUon, laUsanl entre la maraUle et la 
fossé un chamin de ronde. (N.B.) ^^ 



BR 



— 105 — 



BR 



Et rappelle par dovlx sonnetz, 
Musse dedans les bnissonneiz, 
Pour le faire a son bray venir 
Tant que prins le puisse tenir. 

lUMn. fte U Rose, 93415 et 92490. 

Examinez si bray(\)y dans ces vers, ne signifie pas 
glu, gluyaux, ou peut-être un trébuchet ou autre 
engin, et dans celui-ci : 

S*ainsi sommes pris au bray, 
C'est très grand lachetey. 

Ger. de Rotuafllon, MS. p. 106. 
TARIANTES : ^ 

BRAIEMENT. Dict. de Monet. 

Bratement. Dict. de Rob. Estienne et de Cctgrave. 

Bram. Dict. de Borel. 

Braft. Gloss. du Rom. de la Rose, sur le vers 15894. 

Braiz, pluriel. S* Bem. Serm. Fr. MSS. p. 183. 

Brayt. Dict. de Borel. 

Bret. Gloss. du Rom. de la Rose, suppl. au mot Brait, 

Brai. Perceforest, Vol. Il, fol. 61, V« col. 1. 

Bray. Dict. de Bord. 

Braier, subst. masc. L'anus. (Dict. de Monet.) 

Brall, subst. masc. Bois, forêt, buisson. Le mot 
breuil subsiste encore en Poitou, el signifie bois ou 
forêt. C'est proprement un bois-laillis ou gros 
buisson convenable à la retraite ou sûreté des 
grosses bêles. Il est pris pour gros buisson à faire 
la pipée dans l'ancienne traduction (2) de Pierre des 
Croissans, citée par Du Gange, Glossaire lat. au mot 
Brenexellm. 

variantes : 

BRâIL. Dict. de Monet, au mot Bois, 
Bbjbil. Duchesne, Gén. de Montmorency, p. 386. 
Broil. Chans. MSS. du Comte Thibault, p. 126. 
Breuil. Dict. de Monet, au mot Bois, 

Braillard, subsU et adj. Qui crie, criard. 
Martin braillard, ancien quolibet. Il existe une 
ancienne comédie intitulée : Trigaudin Martin 
hraillart, (Beaucbamps, Recher. des Théâtres, 
T. Il, p. 355. — Voy. Bruiller ci-après.) 

variantes : 

BRAILLARD. Beauchamps, Recher. du Théâtr. T. II, p. 355. 

Bellart. 

Becleur. Dict. d'Oudin. 

Brayeur. Poës. MSS. d'Eust. Desch. fol. 102, col. 1. 

Brasmeur. Epith. de la Porte. 

Br ayant. Dict. de Rob. Estienne et d'Oudin. 

Breant. Perceforest, Vol. II, fol. 1, V« col. 2. 

Brailler, verbe. Braire, crier, hennir. Ce mot 
subsiste sous sa première orthographe. Braimer, 
bramer^ etc., s'est dit particulièrement du cri du 
cerf en rut. Biauler se iisoli particulièrement des 
enfans. Nous disons encore braire(3)en parlant des 
ânes. Il se disoit autrefois pour tout cri en général. 
Pour le cri de Tenfant, dans le Gloss. de la Coût, de 
Beauvoisis ; pour celui de l'agneau, dans Percef. 



Vol. V, fol. 66 ; pour celui du lion, dans Parton. 
de Blois, MS. de S' Germ. fol. 145, et pour celui du 
cheval. 

Les destriers ot braire et hennir. 

Athis. MS. fol. 76, R* col. r. 

VARIANTES : 
BRAILLER. Rabelais, T. V, p. 189. 
Bailler. 
BiAULER. Des Accords, Bigarr. fol. 31, R». 

BRA AILLER. 

Braimer. Epith. de la Porte. 

Braire. Gloss. sur la Goût, de Beauvoisis. 

Brere. Fabl. MS. du R. n» 7615, T. II, fol. 145, R« col. 1. 

Braisler. Rabelais, T. I, p. 117. 

Braismer. Dict. de Ck)tgrave. 

Bramer. Dict. de Nicot et de Monet. 

Brasmer. Poës. MSS. de Froissart. 

Braver. Dict. d*Oudin. 

Bremer. 

Brester. Dict. de Borel. 

Braiol, subst. masc. Terme de marine. Le mor- 
ceau de toile ou de cuir qui enveloppe le pied du 
mât, et que Ton nomme encore braie. (Voyez Brais 
ci-dessous.) 

Brairie, subst. fém. Cris, l'action de crier. 

Si ce n'eust esté la brairie. 

Pr. Arch. de Baipiolet, à la sui«c de Villon, p. 41. 

Ouir des chiens les abois, et brairles, 

Glëm. Marot. p. 143. 

Brairie est une faute, pour prairie, dans cette 
expression : droit de brairie, (Voy. le procès-verbal 
de la Coût, de Nevers, au Nouv. Coût. Général, 
T. m, p. 1487.) On voit dans le Gloss. lat. de Du 
Gange, le mot Praeria, signifiant le droit de faire 
paître le bétail dans les prés, après que les foins 
ont été fauchés. Dans le passage de la Coût, de 
Nevers indiqué ci-dessus, c'étoit un droit payé au 
seigneur pour obtenir cette permission. 

VARIANTES : 
BRAIRIE. a.' Marot. 
Braiterie. g. Guiart, MS. fol. 332, R». 

Brais, subst, masc. Grain à faire la bière. — 
Haut de chausse. — Terme de marine. Ce mot étoit en 
usage parmi les Gaulois dès le temps de Pline. Voy. 
Du Gange, Gloss. lat. au moi Brace, où on lit encore 
brais qui, en Flandre, signifie toute espèce de blé 
servant à faire la bière. Il est dit encore que le 
braset^ dans le patois breton, est du froment mêlé 
avec de Forge (4). 

Ce mot subsiste encore dans le langage burlesque 
ou populaire. On disoit autrefois des femmes qui 
gouvernoient leurs maris, qu'elles « porloient les 
« bray es »», comme on dit aujourd'hui qu'elles 
portent la culotte. (Voy. Fauchet, Langue et Poës. 
Fr, p. 181.) 



(1) On a confondu braif variante de brail, piège aux oiseaux, avec brait, cri d'Ane ou d'autre béte. Brai était broi au 
XII* siècle : « Que si sont pris corne oiselet à broi. » (Gérard de Vienne, v. &93.) Brait se trouve dans Froissart (XI, 200) : 
c La truie jeta ung ^rant brait. » (n. e.) — (2) Voici la citation : a On peut aussi prendre oilseaux par autres manières, 
comme est au brail à une guvette, à quoi Ton prend les petits oiseaux. » (Comparez la note précédente.) (n. e.) — 
(3) Brailler a dû être fait sur braire, comme criailler sur crier, (n. e.) — (4) On lit au reg. JJ. 109, p. 70, an. 1376 : c Lesquelz 
lues et brais aient esté aprésagiez valoir en somme en revenue de terre la somme de .xx. livres de terre par an. i Le mot 
se trouve dès 1282 au Cartulaire de S*-Wandrille, I, 995 : « Et porron avoir main mole à moudre nostre gru et nostre braia 
en ladite masure... » Le brace (malt), de Pline, est déjà bracium dans Papias {bracium unde cervisia ftt). C'est de bracium 
qu'est venu brais. L'article le confond ensuite avec braie, d'origine gauloise comme lui; mais braca est un vêtement^ non 
une céréale. C'est surtout dans le dialecte de Léon qu'est employé le mot braset. (n. b.) 

III. 14 



BR 



— lOS — 



BR 



On nomme encore brais^ tn terme de marine, le 
morceau de cuir ou de toile dont on enveloppe le 

Sied du grand mât. Il est nommé brague et brayes, 
ans Rabelais, T. IV, p. 86 et 146. (Voy. Braiol 
ci-dessus.) 

VARIANTES ! 

BRAIS, Braset, Brace. Du Gange, Gl. lat. au mot Bracœ. 
Brais, ». f. pi. Girard de Vienne, MS. cité par Du G. Gl. 1. 
Brates, 8. f. pi. Rabelais, T. IV, o. 86. 
Braes, s. f. pi. Ovide de Arte, MS. de S» G. fol. 95, V*. 
Brages, s. f.pL Du G. Gl. lat. au mot Bragœ sous Braccp. 
BRAGUks, 8, f. pi. Dict. de Nicot, de Borel et Cl. Marot, 
Braguesques, s. f. pi. Dict. d'Oudin. 

Braische, subst. Miel en cire. Brax, dans Saint 
Bernard, Serm. Fr. mss. répond au latin Favu$. 
Bramhe de mielj pour rayon de miel. « Il sent en 
« soy une si grande qu il n'eut pas voulu avoir 
« le derrière en des braisches de miel, » (Merlin 
Cocaie, T. II, p. 191.) « La parole de Salomon est 
« vraye qui dit, branches de miel sont pareilles 
« bien ordonnées; car elles donnent doulceur à 
« rame, et santé au corps. » (Le chevalier de la 
Tour, Instructions à ses filles, fol. 75.) 

VARIANTES : 
BRAISGHE. MerUn Cocaie, T. U, p. 191. 
Branche. Le Chev. de la Tour, Instruct. à ses ÛUei, fol. 75. 
Braxe. s» Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 334. 
Bresca. Borel Dict. 

Brbsce. Prol. (lu Trésor de Brunet, lat. MS du R. n« 7963. 
Bresghe. Gloss. du P. Labbe. 
Bresgo, Bresque. Du Gange, Gloss. lat. à Bresca. 
Brista. Gloss. du P. Labbe, p. 561. 
Brusqusm. Du Gange, Gloss. lat. au mot Bresca. 
Bruesc. Du Gange, Gloss. lat. au mot Bniscus, • 

Braisier, subst, maso. Brasier. (Dict. d*Oudin 
et de Colgrave.) 

Braisillonner, verbe. Faire griller sur la 
braise. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Braismeaux, subst. masc. plur. Diminutif de 
brome. Sorte de poisson. (Le Coût. Gén. T. I, p. 813.) 

Braist, subst. masc. Bruit, renommée. Il est 
expliqué par réputation dans les vers suivans : 

En trouve t'on en France, au moingz : 
Âulx baulx tousjours a esté braist. 

Hi»i. du Théât. Fr. T. II. p. 819. 

Bralz, subst. masc. Bras. Le bras S^Jorge^ aliàs 
brni%. (Villebardouin, p. 48.) 

Bran, subst. masc. Chair sans graisse. En latin 
Pulpa^ selon le Gloss. du P. Labbe. Dans la descrip- 
tion de la jambe d'une femme, on lit : 

Ronde ganbete, 

Gros bran, basse quiUette. 

Ane Poêft. MS. do Vatic. n* 1480, fol. m. 

Un braon trancha de la cuisse ; 
Larder la Ast, et iist rostir, 
A son oncle la ûst ofMr. 

Rom. d» Bnit. US. lb|. 108. a\ 

On dit encore bran (i) pour merde dans le langage 



populaire. C est en oe sens que GniHatime Guiart, 
parlant d*une huche qu'on croyoit pleine d'or^ dit : 

Mais de bran rasée U ^rîreiit. 

G. G«ivt, MS. fol. 140. V. 

VARIANTES : 
BRAN. Poês. MSS. du Vat vfi 1490, foL 13S. 
Braon. Rom. de Brut, MS. fol. 105, R<>. 

Branc (2), subst. masc. Sorte d'arme. Ce mot dési- 
gne communément une épée. Oa voit par différens 
passages de nos auteurs que celte épée étoit tantôt 
longue, et tantôt courte. « Branc est une épée 
« courte, large et tranchante. » (La Colombière, 
Théàtr. d'Honn. T. ï, p. 42.) « Trayrent les brans 
« nuds, et se entreviennent ferir Tung sur Taotre 
« à la force des bras si grans coups que toute la 
• place en resonnoit. » (Perceforest, Vol. I, fol. 52.) 

Branc est une épée forte et tranchante dans ces 
vers: 

Seguins le fiert de son branc sur le yeanmê, 

Que du cercle rompist le large d'une paulme. 

Gér. de RoasaUlooi MS. p. 106. 

C'est un espadon dans ceux-ci : 

Cheval et chevalier a parmy tronçonné 

A son branc à deux mains tel coup ly a donné. 

Gér. de Housûlloo. MS. p. 170. 

Ce mot est pris, dans les passages suivans» pour la 
lame de répée : 

Uespée cinte o le bran dur. 

AthU.MS.fol.75, R«col. 1. 

Quant j'arai mon escu, et percié, et troé. 

Et mon hiaume en cent lens tranchié, et embaré, 

Et le branc de m'espée trestot ensanglanté. 

Notice du Rom. d'Alexandre^tfa). 2. 

Branc signifie épée dans ces vers : 

li rois a mis à branc la main : 
En irespassant, fiert si Glaucas. 

Athis. MS. fol. lli, R* col. 8. 

La oissiez moult fiere note 

Sur ces hiames, de branz cTespées. 

Athis. MS. M. i05, R* ooL i. 

Dans cet autre passage il est employé pour cui- 
rasse, selon Le Duchat, parlant de flèches : « Feust 
a le fer d'icelles tant grant, et poisant qu*il en 
« persoit brancs d*assier, boucliers espois, plastrons 
« asserez. » (Rabelais, T. IV, p. 147.) 

VARIANTES * 
BRANG. Lancelot du Lac, T. II, fol. 96, V<> col. 1 et 2. 
Brancq. Perceforest, Vol. 1, fol. 113^ R« col. i. 
Brand. Dict. d'Oudin. 

Brant. Chron. de S» Denis, T. I, fol. 941, V*. 
Bran. Savaron, de l'Epée Fr. 
Brans. Poês. MS. 
Brange. Fauchet, Lasg. et Poês. Fr. p. 87. 

Brancade, subsL fém. Bande, troupe. Bande 
de forçats. (Dict. d'Oudin.) 

Brancal, subst. masc. Brancard. 

VARIANTES : 

BRANGAL. Dict. d*Oudin et de (;k>tgrave. 
Brangas, Branquer. Dict. de Cot^ve. 



(i) On a ici confondu bran, primitivement bren, son de farine, avec &roti, pour braon, partie charnue de la cuisse : / La 
suppliant ferv Jehan Husson ung cop ou vif braon de la naf e. » (JJ. 173, p. 455, an. 1426.) Le mot se trouve dès le xm« siècle 
au Boman de Roncevaux, p. 58, dans Renart, v. 90023. L'origine de bras est Taccusatif de brâts, mollet en haut 
allemand, (n. e.) - (2) Le mot est sons la forme brant dans la Chanson de Roland : < Einz i ferrai de Durendid asez, Ma 
bone espée que ai ceinte à r costet; Tut en verrez le brant ensanglantet. » (Ed. L. Gautier, v. 1065-7.) L'origine serait 
l'allemand Brand, tison, (n. e.) 



BR -1 

$ub»t. mate. Partie d'un vaisseau. 

Point ne aanve la nef cdnr da fortunaîl 
Qoi court sur 1m branean (1), qui la sentine épnîM, 
Qal grtmps sur le mut, (ml la rombard a prise ; 
uîs le sage pitot qui Uém le gonreniail. 

Pas. da PvTio, M. 71. H*. 

< Tendoit la voile, monloit au matz, par les 

> traictz, couroit sur les branquars, adjustoit la 
< boussole. > (Habelais, T. I, p. 164.) Le Duchat, 
l'explique par grosse' branche. 

TABUSTBS : 

BBàNCUI. Poëa. de Perrin, bl. 71, H>. 
Brakquab. Le Dncbat, sur RabelaU, T. I, p. 164. 

Brancars(2],suist.maxc.p/ur. Poils, crins. Dans 
la descriptioo de la (jueue de la jument qui porta 
Garguntua ît Paris, on lit : • Maia sustout avoit la 

■ queue horrible; car elle estoit, poy plus, poy 

• moins grosse comme la pile Sainct Mars auprès 

> de Langres: et ainsi quarrée, avecques les fran- 

• car$ ny plus, ay moins ennicrochez que sont les 

• espicz au blé. ■ (Rabelais, T. 1, p. 99.) 

Brance, subst. Sorte de froment 1res pur. — 
Branche. — Espèce. — Appartenance. — Ilanches. 

— Nageoires. 
Au premier sens, ce mot signifie branche. 

.... H^e bntttee, maie flour ; 
Ce nos tlemognent U auctor. 

n. HoDita, US. p. eo3. 
Col a blan com noif sor brtmce assise. 

Poéi. VBB. *nak 130», T. UI. p. llfl. 

Ce mot "est employé pour espèce dans le vers 
suivant : 

Brartehe, on pectaiA contre nature. 

Poil. HSS. d'Eul. DMdi. M. SOT, col. *. 

Ce mot a été pris pour appartenances, dépen- 
dances. ■ I.es huit paroisses, leurs hameaux, el 

- branches. • (Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 6a4.) 
Brartchet a signifié hanches. Voyez le Dict. de 

Bore), qui cite le vers suivant : 

Petits tetins, branehet (3) charnues. 

Ce mot a été mis dans le sens de nageoires. 

• L'ange vint, et lui dit, prens le poissons par les 

■ branches. ■ (Hist. de la Toison d or, fol. 86.) 
On disoit aussi : 
f Branehet de cerf, pour bois de cerf. (Voy. le 

Dict. d'Oudin.) 

2* Droit de branche de cyprès. Droit que les 
Anglois, venant à Bordeaux, payent pour marque 
d'avoir été à Bordeaux. (Lauriere, Glossaire du 
Droit François.) 

3* Une branche d'armes. (Fabl. vs. du R. n* 7218, 
Ibl. 222, V> col. 2.) 

4* Branche de vallet. (Fabl. ics. du R. n* 7218, 
fol. 116, R- col. 2.) 

TARUHTGS : 



BR 



Branchage, subit, mate. Collectif de brandie. 
De là, ce mût s'est empToyé pour ligne de parenté, 
ou lignage. • Si aucun acheté héritage cheant ea 

■ retraict, et il les vend, dedans l'an, sans fraud^ 

< a aucun autre qui soit du lignage et branchage 

■ dont meut le dit héritage, il n'y a retraict. > 
(Coût. Gén. T. I, p. 144.) 

TAfliànTEs : 
BRANCHAGE. Branchaioe. Laniiëre, GIobb. du Dr. Fr. 
Bhanchrrb, DaANCHiEHE, »ub»i. fém. Laur. Gl. du Dr. Fr. 
Brancuurk, subet.fém. Oudin, Dict. 

Brancber, adj. Qui se branche. Ce mot se disoit 
des jeunes oiseaux. On les nommoit branchers, 
lorsqu'ils suivoient leur mère -de branche en 
branche, par opposition à ceux qui ne sortoient 
pas encore du nid. (Voy, Du Fouilloux, Fauc. !• Kï.) 

Branehet, tubst. masc. Espèce d'épervier (4). OU 
appeloit ainsi les éperviers pris hors au nid, seloii 
la signification de radjcctif brancher. 

VARIANTES : 

BR.4NCHET, Bdan-chish, Bhanchus. D. d'Oud. et de Cotgr. 

Branchette, subst. fém. Petite branche : 

BuiHsonB, et brancheltei, 
Rainceaulx, el roncettes. 

HgtlM. p. 13!. 
I vAniAnTEs : 

BRANCHETTE. Dict. de Rob. Estietine et d'Oudin. 
B RANCH BLETTE. Epithèles de Hartia de la P(»rt«. 
Bha\chei.lb. J. de l'Escur, & la suite du R. de Fanv. ^61. 
Bhanchine. Modus et Racio, MS. fol. GO, R*. 

Branchier, adj. Qui a des branches : 

Li tronson davinrent bos ; 

Si furent brancies, et foiUia toB. 

Ph. Hnikt». us. ^ IM. 

variantes: 
branchier. 

Bbakchu. Nuits de Sttaparolfl, T. II, p. 316, 
UiANCiâ. Ph. Houskes, MS. p. 132. 

Branchiez, subst. masc. Espèce de mesure: 
•I Les valets a piet doivent avoir un tronçon de 

• lance, de deux braiichiez de long. ■ (La Colomb. 
Théâtre d'honneur, T. l, p. 75.) 

Branchlllon , subst. mate. Petite branche. 
(Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Brancholer, verbe. Faire branche: ■ Sy 

• aulcun va de vie a trespas. sans hoirs descendans 

• de son corps, les heritaiges anciens, et biens 

• immeubles qui du dict deffunct n'ont esté acquis, 

■ ne conquestez, branchaient, fourchoient, et 

< viennent à celuy, ou ceulx, qui est son plus 

■ proche parent de l'estoc, et branche dont les 

■ dictsherïtaiges sont yssus et venus. >(LaThaum. 
Coût, de Berry, p. 386.) 

m Lea vergues, probablsment ; plus bas rombard, aujourd'hui rjmbaillière, est une partie du bordage. (s. s.) — 
(!) L'exemple montre crn'il but lire franeai'U, dont l'origine peut être frannr.. (s. E.) — (3) Il faut alors Is rapprocher de 
h_~. h__ ^-lu.... Ai— (i& /u = 1 _ /n n- lit j.«a Uodus (fol. 95, V) : i E*preTier branchier, c'est celuy qui est prins 



BR -^ 

Brancolion, subst. moic. Ane, béte de somme. 
(Borel, Oict. au mol Marelle.) 

Brandacler, sub$t. masc. Epée. (Voyez La 
Roque, de l'Arnëre-Ban, p. 42.) Nous avons vu 
bran dans œtte signification. (Voyez Brabc.) Ne fau- 
droit-il point lire, dans La Roque, bran-d'acier (1) f 

Brande, subst. tém. Bruyère. (Dict. d'Oudin et 
de Cotgrave.) On a ait . en parlant de la reirai te du 
roi de Navarre à S"-Foy, en 1586 : « Il prit son 
• chemin, tout ainsi que s'il eust voulu tirer de 

■ rechef vers Caslel-jaloux , marchant a travers 

■ des lièges, et des brandes , desquels l'exercice de 

■ la chasse luy avoit enseigné tous les sentiers, 
. tours et détours. ■ (Mém. de Sully, T. I, d. 223.) 
Ce mol est encore en usage, en ce sens, dans la 
Touraine. 

Brandebourg, subst. masc. Grosse casaque. 
L'usage et le nom de celle sorte de vêtement 
s'introduisirent en France, en 1674. Les gens de 
l'électeur de Brandebourg, qui passèrent alors en 
Alsace, étoient vêtus de celle espèce de casaque. 
Madame de Sévigné donne abusivement, en 1680, 
le nom de brandebourg à des cabinets qu'elle avoit 
rail taire au bout des allées de son jardin , pour se 
mettre à couvert de la pluie. (Lettres de Madame dâ 
Sévigné,T. V, p. 239.) 

Brandeler, verbe. Branler. C'est en ce sens 
que ce mot est pris dans les vers snivans : 

Targea, bannières, penonceaus, 
SeloDC ce que les nés brandelent. 



Ed mite partii! i Tretelent, 

ig tes voit on ondoier. 

- ' - rt, B. au R. LlpugM, MS. toi. 309, V. 



De loin g te 



Brandelle, subst. fém. Espèce de jeu. Il esl' 
nommé d:ins l'énumération des jeux de Gargantua. 
C'est l'escarDoleLle, suivant te Gloss.derHist.de 
Bretagne , où i! est encore expliqué par fronde. Ce 
mot, dans les deux passages auxquels il renvoie, 
doit être entendu par escarpolette. (Voy. Rabelais, 
T. I, p. i49.) 

VARIANTES : 



Brandif , adj. Brandi. ■ Il mangea un gigot de 
« mouton tout brandif. • (Dict. de Cotgrave. — 
Voyez Rabelais, T. IV, p. 75.) Cet auteur se sert 
ailleurs de ce mot pour épilhète d'un mot obscène. 

Brandillement, subst. masc. Balancement. 
(Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Brandir, verbe. Darder, lancer, agiter, secouer. 
(Voyez les Dicl. de fJicot, de Monel, de Ménage et 
d'Oudin.) 

Le Glossaire du Roman de la Rose l'explique aux 
mots Brandit et Brandyt, par remuer, branler ; 
l'explication est juste, mais je n'en pense pas autant 
de rélymologie ajoutée dans le Supplément. 



«- BR 

L'auteur le dérive du moi brand ^u'on a écrii brane 
et brance, pour épée. Ces derniers mots viennent 
eux-mêmes de brane, branche ou brin ^ acier, el 
je croisquefrran/ercommefjrandir ont été formés de 
branche (2), comme l'italien brancolari. (Voyez 
Brandon.) 

On disoit: Lance brandie, pour avec la \ance 
agitée, poussée en avant : 

Le cheval point lance brandie : 

Ja i fera Rranl estoutie. 

Albb. MS. fol. 103, R- col. t. 

• Voulez-vous voir la posture d'un archer, 
■ lorsque de toute sa force il veut brandir un 
> dard. • (Pasquier, Recherches, p. 625.) 
Faisoient brandir lances, et javelines. 

J. UirM, p. le. 

Brandoula est un mot gascon où languedocien, 
gui a la même signification. (Voyez le Dict. de 
Bore', au mol Brandir.) 

VARIANTES : 
BRANDIR. Paequier, Recherches. 
Brandodla. Dict. de Borel, au mot Brandir. 

Brandis, adj. Empressés, ardens, impétueux : 
Mais trop furent mautalentis. 
Et de bien fetir trop brandis. 

Rom. ds Bnil . K3. fol. M, H*. 

De là, on disoit cheval brnindis, pour cheval 
fougueux. (Fabl. us. de S' Germ. fol. 55.) 

VARIANTES : 

BRANDIS. Rom. de Brut, HS. toi. 96, R*. 
Braïdis. Fabl. HS. de S' Germ. loi. 55, V° col. 3. 

Brandissais , subst. masc. plur. Secousses. 
Mot languedocien. (Dict. de Borel, au mot Brandir.) 

Brandon, subst. masc. Torche, flambeau. — 
Feu de joie. — Terme féodal, — Enseigne de cabaret. 

Brandon, dans le sens de flambeau, est particu- 
lièrement pris au figuré pour l'ardeur de l amour, 
suivant l'auteur du Gloss. sur le Roman de la Rose. 
Le même, dans son supplément, ajoute que les 
torches, nappe, nefs brandons étoient faites de 
branches d'arbres, surtout de sapin; et par là, i) 
confirme l'étymologie du mot Brandir que nous 
avons opposée à la sienne, au mot Brandir. 

Ce mot, dans le premier sens , subsisle encore. 
On le trouve expliqué en latin par \es mots fax, 
tœda, dans le Glossaire du P. Lubbe. Voyez aussi 
les Dict. de Nicot. de Monel et de Borel, et le Gloss. 
de Marot, où il esl rendu par flambeau ardent, feu 
extérieur. De là, on appeloit le soleil brandon doré. 
(Oudin, Dicl.) 

On a nommé aussi brandon, un amas de matières 
combustibles destiné à faire un feu de joie. Charles 
VIII, passant à Lucques, fut prié par les seigneurs 
de la ville de mettre le feu à leur brandon. C'étoil la 
veille de la S' Jean, en 1495. < Il mit le feu avec 
< une torche dedans le bran^n. > (André De la 
Vigne, Voyage de Naples de Charles vlll, p. 154.) 
C'est de ce mot qu'est venu celui de dirmiruihe des 



BR -1 

brandons, pour dire le premier dimanche de 
carême , parce que ce jour-là on faisoil des feux, 
comme cela est encore en usage dans plusieurs 
villages de France. 

ApràB grafl jours, viennent brandcnt ; 
tfMt £pe d'avoir doubi guerdoDS 



Qui de 1 amer ne Uste, et gousle. 

KoHnl, p. lie. 

■ Le jour desbraitdOTU.Iedixièmejourde mars. ■ 
(Chron. de S' Denis, T. II, p. 257, sous l'an 1358. — 
Voyez Ord. des Rois de France, T. Il, p. 81.) (1) 

Brandon, en terme Tëodal, a signifié un signe, 
une marque élevée sur un bâton, que le seigneur 
foncier ou censier fait mettre aux héritages pour les 
arrérages qui lui sont dus. (Voyez les Dict. de Nicot 
et de Honet, et du Droit françois.) C'est aussi 
l'écussoa des armes du seigneur qu'on met 
porte d'une maison saisie. (Voyez u "' 



I- BR 

OU lames d'argent ou d'or qui se mettoient sur les 
habits. On s'en servoitaussi pour parer la tête des 
chevaux. (Voyez Petit Jean de Saintré, p. 211, et 
Mathieu de Coucy, Hist. de Chartes VII , p. 678 (2).) 
Cette espèce de parure, avec la même dénomination, 
s'est renouvelée de nos Jours, et les femmes s'en 
sont servies dansleur coiifure. (Voyez Tbdhblans et 

TONSELIHES.) 

Branle , subsL masc. Sorte de danse. — Sorte 
de poësie. — Mouvemens. — Incertitude. — Terme 
de fauconnerie. 

Daas le premier sens, ce mot semble signifier 
proprement le commencement de la danse, peut- 
être à cause que les danses commençoient ordinai- 
rement par celle qu'on nomme branle (3). Le congé 
en étoit la fin. 

Branle, et eongié Je fus, en toute humbleese. 

JualU»t.p. Ul. 

Le branle de la torche, ou du flambeaux, étoit 
une danse qui se faisoit en tenant un flambeau 
allumé dans la main. (Voy. Brant. Dames Illustres, 
p. 259.) Le branle du Poitou{i) est une autre danse 
qui se trouve nommée dans les contes de Choliëres, 
fol. 175. 

Branle étoit aussi une espèce de poësie, au chant 
de laquelle on dansoit. On voit des pièces appelées 
aubades, pavanes, branles, madrigals, etc., dans 
la Biblioth. Fr.de Goujet, T. XII, p. 338. 

Au sens propre, bransle désigne l'action de bran- 
ler, et de là ii a été employé pour mouvement en 
général. • Cesdeuxroisalloienttould'un dranste. • 
(Mém. de Du Bellay, Liv. IV, fol. 108.) 

De là, on a mis ce mot pour un mouvement indé- 
terminé, incertain. ■ Cette bataille fut en grand 
■ bransle, jusqu'à ce que le secours fut venu. • 
(Triomph. des IX Preux, p, 404.) 

En terme de fauconnerie, on disoit: • Laisser 
> aller le faucon au bransle. > (Budé, des Oiseaux, 
fol. 126.) 

TARIANTES I 

BRANLE. J, Marot, p. 247. 
Bransle. Du Verd. Bibl. p. 688. 

Branler, verbe. Pencher, incliner. ■ 
et peut-être bondir, retentir ou ébranler f5). 

Le sens propre de ce mot eut s'ébranler, et il 
subsiste. De là, on employoit ce mot pour pencher, 
incliner. 

Brantei du lei, dont tous povez sentir 
Qu'il voue pourra vatoir aucnnement. 

Poà. HSS. d'Eiul. DsKti. bl. Sli. 

(1) Brtmd&it avait aussi, au xvn< siècle, le sens de bouquet : • Ses canons (de Haacarille) semblaient n'être faits que 
pour serrir de cacbe aux entans qiU jouent à clisne -musette ; un brattdon de glands lui sortait de sa poche comme une 
Gome d'Abondance. > (Rëcit en prose et en vers de la farce des Précieuses ; Paris, 1660.) Dans ce sens et les précédents, 
brandon vient de breni^en, brûler. Mais brandnn, âana saisie-brandon, a pu être fait a\xr brander, brandeter, brandiller. (N. e.) 
— (S) C'Mait, au temps de CLiaiIes VII, des bouquets en graines d'épinards et feuilles de clinquant vacillantes, pour orner 
les Chapeaux ronds, ^uicherat, Histoire d\i Cosrume, p. ^.) (n. e,> ^ (3) Un ou deux danseurs conduisent tous les autres, 

Sripëteat ce qu'ont tait les premiers, (n. e.) — (4) La reine Margot nous parle des branles de Gascogne (XXVIII' Nouvelle). 
gmn^père et le colUlon sont des branles. Ceux que décrit le matlre à danser du sieur Rameau, d'après la cour de 
Loius XtV, étaient fort graves. <n, e.) — (ô) Branler ae trouve déjà dans la Chanson de Roland (str. 88) : c Quant l'oït 
Guenes, l'eâpée en a branlàe. > C'est peut-étro un dérivé de brandir, par l'intermédiaire brandeter, comme nous l'avons 
expliqué. Br^nder se trouve dans Jordan Fantosme (v. iB8> : « Tute la terre bi-ande, pensez del espleitier. i Brand.^ler est 
dans G. Gniart <t. II, p. %8) : ■ Tar^^es, banieres, penonceaux, selonc ce que les nés brandelent, en nul parties y freteknl. i 
MaltaeiireuBement, les formes transitoires sont moins anciennes que le mot branler lui-même. (n. b.) 



la 

Glossaii'e de 

Laurière.) • Un seigneur cènsûel peut procéder, 

■ par voye d'arrest, ou brandon, sur les fruits 

■ pendans par les racines, de l'héritage a lui 

■ redevable d'aucuns cens, pour les arrérages a 
> luy deuz. • (Coût. lien. T. 1, p. 286.) C'étoit 
i'écusson des armes du seigneur qui étoient sus- 
pendues pour marquer l'ouverture d'un marché. • 
(Voyez d'Argentré, Coiit. de Bretagne, p. 190.) 

Par une extension de cette acception, ce mot a 
été employé pour enseigne de cabaret, par Faifeu, 
p. 94 et 96. 

BrandoDDer, verbe. Se servir de briindons. Ce 
verbe est employé dans les divers sens du substantif 
brandon. De là, brandonner a signifié saisir un 
héritage par le signe d'i^n brandon. (Voyez le Dict. 
de Monet; Laurière, Glossaire du Droit îrant^ois; le 
Coût. Gén. T. I, p. 225.) 

Brandy, adj. Allumé, enflammé : < Et le feu soit 
« si brandy. > (D'Argentré, Coût, de Bret. p. 1051.) 
On dit dans le latin: et ita sœviat incendium. 

Branlans, or^'. Suspendu: ■ Le vendredy après 
• midy, la reine entra à Paris à grandes pompes 
- tant de lictieres, chariots frrflfltons, couverts de 

■ draps d'or. > (Juv. des Ursins, Hist. de Charles 
VI, p. 169. — Voyez Du Cange, Glossaire latin, au 
mot Birotum.] 

ÏARUHTES : 



Branlans, iubtt. mate. plur. Sorte de parure. 
C'étoienl des ornemens d'orfèvrerie, des clinquans 



m 



=-!*♦- 



m 



Ce mot sigDifioit aussi commencer à danser. 
« Bransler une danse, » tfesl-à-dire la commencer. 

Erato lors, de ferme contenance, 
Ainsi marcha, comme si une dance 
Voulsist bransler. 

CrtUii, page 63. 

Branler, verbe, semble encore exprimer le bruit 
du tambour ou l'ébranlement que cause le son 
qu'il rend. 

Cil tabor branlent et estonnent ; 
CSes buisines d*airain resonnent. 

Athit.BIS.fol. 55. Vool. 2. 

VARIANTES ! 
BRANLER. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 272. 
Bransler. Crétin, p. 63. 

Branner, verbe. Chier (i). Mot formé de bi^an, 
merde. (Voy. les Poës. mss. d'Eust. Desch. fol. 213.) 

Branscat, subst, masc. Contribution. Celle qui 
est exigée de force par des soldats. (Voy. les Dict. 
aOudin et de Colgrave. — Voy. aussi Bransqueter.) 

Bransqueter. verbe. Piller, mettre à contribu- 
tion. En parlant de l'armée du prince de Condé, 
qui se retira vers Chartres aux seconds troubles, 
on a dit : « Ainsi, avec cette bonne volonté, ceux 
« de la religion rebroussèrent chemin, ayans opi- 
c nion que l'armée ennemie les costoyeroit, tant 
€ pour les empescher de bransqueter plusieurs 
« petites villes foibles, quepourespier une occasion 
« d'attraper quelqu'un de leurs troupes. » (Discours 
politiq. et milit. de la Noue, p. 749.) Ce mot est 
expliqué dans les Dict. d'Oudin, par lever contri- 
bution d'une ville pour la racheter de l'incendie: 

VARIANTES * 
BRANSQUETER. Mém. de SuQy, T. VIII, p. 69. 
Branquetbr. Lett. de Pasquior, T. III, p. 689. 
Branstater. Lett. de Louis XII, T. IV, p. 135. 

BraolUer, verbe. Ce mot est employé avec un 
sens malhonnête, dans les Fabliaux ms. de S' Germ. 
fol. 79. 

Braque, subst. masc. Tripot. (Dict. de Borel.) 

Pras, subst. masc. et fém. plur. Embrassement. 
— Reliques. — Terme d'architecture. 

Un ancien poëte a employé le mot bras dans le 
sens d'embrassemens. Il dit, en parlant de son 
amour pour sa dame : 

Ne li quiers autre solas. 
Fors de baisiers, et de iras, 

PoSfl. MSS. aTant 1300, T. II, p. 897. 

Bras a été employé en général pour reliques 
des saints. * 

Fiertre (2), feras, et crucify 
De Teglise, ont sanz deify, 
AppUquô à leur demayne. 

Butt. Desch. Poet. MSS. fol. 195, col. 4. 



Ce mot semble un terme d'architecture dans C69 
vers : 

Por ce que tu ne t*i arrives 

Li bras, les las, et les soUves, 

Et les cheviUes, et li tré. 

Sont par Saint Blanchart devitré (3). 

FiO»!. MS. da R. n« 7C18, fol. StO. V* ool. 2. 

Nous rapporterons ici quelques expressions : 
!• Fête de bras, pour erabrassemens. 

Ostent aumuces, font inclinacions, 

Offrent le leur, et font feste de bras: 

Et. par derrière, pourcnacent touz d^as. 

Poës. MSS. «rSost. Desch. fol. 30. éd. 4. 

2* Prendre bras a bras, c'est-à-dire prendre quel- 
qu'un par la main pour le faire marcher avec soi, 
comme en usa le Dauphin à l'égard da duc de 
Bourgogne. (Honneurs ae la Cour, mss. p. 27.) 

3*» Bras de corps. On dit encore populairement 
à brasse corps. « Il marcha auprès d'iceluy Mahiot, 
« et le prit à bras de corps, tellement qu'il le rua, 
« et renversa par terre. » (Mathieu de Coucy, Hist. 
de Charles VII, p. 698.) 

4' En venir aux bras, pour saisir avec les bras, 
comme on dit se colleter. « Leurs espées reboutè- 
« rent es fourreaux, si en vinrent aux bras, dont 
« ils s'entreheurterent tant, l'ung l'autre, que tous 
« deux à terre s'abatirent ; mie heure Tung estoit 
« dessus, et l'autre estoit dessoubs. > (Gérard de 
Nevers, p. 78.) 

5» Bras saings, pour signe de la main de Dieu 
et de sa vengeance. 

Princes, selon les diz des sains, 
Pour leurs péchiez seront estains 
Les pécheurs, en place ordonnée ■ 
Prouchainement, de leur sang tains 
Seront les champs, c'est U brans saings, 
D'estre monarchie muée. 

Focs. MSS. (TEoBt. Desch. fol. 857. eol. 3. 

6** Bras de scorpiony pour pattes de scorpion. 
(Dict. d'Oudin.) 

7" Nasses de bras. C'étoit un instrument pour 
pécher. « Que nul ne tende nasses de bras, ne pa- 
« reniement bouchelles acquises de vers, sur la 
« dicte amende de soixante sols. » (Coût. Gén. 
T. I, p. 813.) 

8"* Bras S. Jasque, c'étoit une sorte de serment. 

Dieu, et le bras S. Jasque (4) jure. 

G. Goiart, MS. fol. t4, R«. 

Braser, verbe. Faire chauffer. — Brûler. 

Ce verbe, dans les deux sens, est formé du 
substantif brasier. Il signifioii quelauefois faire 
bouillir ou cuire sur la braise. (Dict. d Oudin et de 
Nicot.) C'est dans ce sens qu'on diibraserderargent, 
pour Je repasser sur la braise. 

Braser signifioit aussi brûler^ embraser. 

Ainsi fut la cité brasée, 
Et destruite, et essiUiée. 

RoB. do Bnit, IB. fol. 103. V*6»L 9. 



(1) En Bourguignon, brannai a le sens de branler, branne celui de branle, (n. e«) — (3) Ch4sse, reUquaire ; voir Du Ca 
ma flertra. (N. K.) - (3) C'est-à-dire polis comme le verre, (n. b.) - (4) On ht dans les Comptes de la Confrérie 



BOUS 



Canffe 
rie de 



5* Jacques aux pèlerins^ 4 Paris, en ISSg : < A. Jehan de Greus pour madame la royne Jehanne, x l. Recepte du don que U 
royne donna, le samedi ij* jours de may quant ele offri le joiau d'or et d'argent où il a un os du bras mans. S. Jacques. • 
Peut-être cet objet précieux provenait-u du trésor de la couronne de Navarre. (Mém. de la Soc. da THIst. de Paris, t. U, 
«76, p. 387.) (N. E.) 



BR 



-ni- 



BR 



VABIAKTES : 
BRASER. Dict. d'Oudio. 
Brasiller, Brasillonnbr. Dict. d'Oudinet de Nicot. 

Brassage, subsU masc. Travail des bras. (Yoy. 
les Dict. de Monet, d*Oudin et de Cotgrave.) 

On nommoit droit de brassage ou de brassaige, 
le droit qui revient au roi sur la fabrication des 
monnoies. C'est aussi le droit du maître de la 
monnoie, et le salaire des ouvriers qui y travaillent. 
(Voy. Lauriëre, Gloss. du Dr. Fr.) Celle expression 
naît de Tacception que nous avons marquée de 
brasMge^ travail des bras, fabrication. 

Brassidy sttbs^ masc. Armure de fer. On nom- 
moit ainsi celle qui couvroit le bras. L'auteur du 
Discours polit, et milit. propose de donner aux gens 
d'armes le demi brassai, c'est-à-dire une armure 
qui ne couvroit que la moitié du bras. « Je voudrois 
« qu'ils fussent accommodez, à sçavoir, de corcelets 
« noirs, assez légers, car les pesant accablent; 
« avec les cuissots, demi brassais, la bourguinote, 
« puis une bonne et longue pistole. » (Discours, 
polit, et milit. de la Noue, p. 283 (1).) On lit dans 
les Bigarrures de Des Accords, fol. 47: « Armilla, 
« mot latin qui signifie bressats, qui couvre les 

• épaules. » 

VARIANTES : 

BRASSâL. Le p. Daniel, MiUc. Franc. T. L p. 400. 
Braçal. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 
Brassart. Hiat. de la Popeliniôre, T. I, liv. II, fol. 50, V«. 
Brassât, faute pour Brtutaart. Dict. de Cotgrave. 
Bressats. Des Accords^ Bigarrures, fol. 47, V». 
Bracheres, subst.fém. Le P. Daniel, Mille. Fr. T. I, p. 394. 
Bragibrss, 9ubst, fém, La Colomb. Th. d*Hon. T. I^ p. 57. 

Brasser, verbe. Comploter, machiner. — Ap- 
prêter. — Fabriquer. — Agiter, remuer. — Mettre 
au nombre. 

Au premier sens, ce mot signifioit comploter, 
machiner. « Ce n'estoit point pour traiter de la paix, 
« mais plus tost pour orasser la détestable trahi- 
« eon. » (J. le Maire, Illustr. des Gaules, Liv. II, 
page 251.) 

< Si est trop outrecuydé de me brasser mainte- 

• nant une guerre. » (Lancelot du Lac, T. III, 
fol. 144.) Ce mot se prend aussi pour procurer en 
bonne part. (Yoy. Cl. Harot, p. 291.) 

Ce mot a signifié apprêter, préparer. « Lors bras- 

• êerenU ratre eulx deulx, ung venin. > (Percef. 
Vol. II, fol. 34.) « Brasser Viïï mauvais levain. > 
(Poes. d'Eust. Descb. fol. 453.) « Brasser un breu- 
« vage. » (Hist. de Boucicaut, in-4'', p. 401 . — Yoy. 
les Marguerites de la Marguerite, fol. 207.) « Brasser 
« un brouet », pour préparer un breuvage. (Dict. 
de Cotgrave.) « Le boire tel qu'on la brassée^ « 



c'étoit une façon de parler proverbiale pour dire, 
porter la peine du mal que Ton a fait. (Fauchet, 
Langue et Poës. Franc, p. 175.) 

Ce mot s'est dit pour composer, fabriquer. 
On lit dans Coquillart, parlant de THistoire de 
Narcisse : 

Notez enfans ; car comme la beaulté 

De la fleur est incontinent passée, 

L'honneur du monde, qui n^Est que vanité 

En un moment, est aussi abaissée ; 

Si a esté cette histoire brassée, 

Pour ceulx qui fiers et trop orgueilleux sont ; 

Dieu, et nature, sans cause, riens ne font. 

Coquillart, p. 178 et 179. 

Brasser des mariages, les fabriquer. (Arresta 
Amor, p. 413.) 
On a employé ce mot pour agiter, remuer. 

Voire, et Neptune le Roy, 
Qui brasse la mer cruelle. 

ŒnT.deBaïr,(ol.76,V. 

Enfin, ce mot s'est mis pour comprendre, mettre 
au nombre. On a dit, en parlant des mariages des 
princes de la maison royale, en 1405 : 

Et quant est du roy trespassé, 
A Teure n'avoit que troys ans, 
Parquoy n'y estoit point brassé; 
Aussi n estoit venu son temps. 

Vif. de Charles VII, T. I, p. 1. 

VARIANTES l 
BRASSER. Hist. de B. Duizuesclin, par Ménard, p. 55. 
Braser. Ph. Mouskes, MS. p. 565. 
Brassieh. Poës. MSS. d'Eust. Deschamps, fol. 79, col. 1. 

Brasseroles, subst. fém. plur. Brasselets de 
femme. 

Ses brassei^oles (2) magnifiques. 

(Euv. de Roger de Collerj», p. 80. 

Brasseur, subst. masc. Qui brasse. Ce mot 
subsiste sous sa première orthographe, mais il ne 
se dit plus que de la bière. On disoit aussi autrefois 
brasseur et brasseresse de miel (3). 

VARIANTES * 

BRASSEUR. Froissart, Vol. I, p. 38. 
Brasseux. Froissart, Vol. II, p. 186. 
Brassoir. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 331. 
Bracerbssb, $. f, Britt. des Loix d*AngIet. fol. 77, R». 
Bracereises, s. f. Britt. des Loix d'Anglet. fol. 76. V^ 
Brasseresse, s, f, Chron. de S> Denis, T. II, fol. 192, V«. 

Brasseure, subst. fém. Partie d'un harnois. 
C'est une partie du harnois d'un cheval de charrette, 
a Toutes manières de bourreliers... ne prendront 
« du collier des limons garni de brasseur es, d'aster 
« lets, douze sols. > (Ord. des Rois de Fr. T. n, 
page 37i .) 

Brassie, subst. fém. Botte de foin. (Du Gange, 
Gloss. lat. au mot Brosasta.) 



(1) On lit aux Mém. de Bussy-Rabutin, qu'en vertn d'une ordonnance royale rendue en 1553, à chaque compagnie de cent! 
hommes d'armes furent attachés cinquante arquebusiers à cheval « armez de corseletz^ morions, brassais ou manches de 
maille, avec la scopette ou arquebuse, propre a mesche ou à rouet. » (M. Quicherat, Histoire du Coi'tume. p. 389.) (n. e.) — 
A) On lit daaar le spécule deê pécheurs, écrit en 140B : < L'accouchée est dans son lit, plus parée qu'une épousée, coifTéie à 
kl coqoarde, faut que diriez que c'est la teste d'une marotte ou d'une idole. Au regara des brasseroles^ elles sont de satiit 




mées. j» (N. s.) 



BR 



— 112 - 



BR 



Brassier, adj. Homme de peine. (Dict. d'Oudin 
et de Cotgrave.) C'est proprement homme de bras, 
qui vit du travail de ses bras. (Dict. de Monet.) 

Brassier, subst. masc. Sorte d'armes. « Y vin- 
« drent avec leurs fondes et brassiers^ et les suivi- 
« rent à grands coups de pierre. » (Rabelais, T. I^ 
page 482.) 

Brasstn, subst. masc. Affaire. — Sorte de 
mesure. 

Au premier sens, brassin signifie affaire. Brasser 
un brassi7i^ c*est conduire une trame, une affaire. 

Loys, d*ung coup d'espée, 
Digne evesque, et duc grant, 
Eut la gorge coppée. 
Par un mauvais tyrant ; 
Mais Liège en fut punie, 
Par glaive et par arsin, 
Et la barbe honnye, 
Qui brassa ce brassin. 

Moliiiet. p. 169. 

Brassin s*est dit aussi du métier des draperies, ou 
peut-être des teinturiers. « Pour chacun brassin (1), 
« de chacun drap fait à Amiens, deux sols parisis. » 
(Ordonn. des R. de Fr. T. II, p. 440.) 

Brassu, adj. Qui a des bras. 

Quoy ! ne vois tu que le brassu lierre, 

De longs fùeillers son chesne aimé reserre. 

Œttv. de Buf, fol. 90, V*. 

Bpatep, verbe. Braquer. On disoit brater un 
char^ dans le sens où nous disons. Braquer le 
timon d'un char. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Bravache, adj, et subst. Hardi, fanfaron, or- 
gueilleux. (Voy. le Dict. de Monet, au mot Bravache,) 
« Il avoit esté, en son temps, un fort bravasche (3] 
« soldat à la Gasconne, mais a ce coup la bravete 
« luy passa. » (Brantôme, sur les Duels, p. 58.) Le 
mot bravache subsiste, mais il n'ôst plus employé 
qu'en mauvaise part pour fanfaron. On disoit aussi 
en ce sens, « un tas de bravigeurs pleins d'insolence 
« et de présomption. » (S* Jul. Mesl. Hist. p. 529.) 

VARIANTES l 
BRAVACHE, Bravasche. Brant. sur les Duels, p. 58 et 59. 
Bravigeur. s* Julien, Meslanges historiques, p. 5SE9. 

Bravacherie, subst, fém. Courage, valeur. — 
Fierté, bravade, fanfaronnade. — Honnêteté. — 
Occupation noble. — Pompe, parure. 

Selon les Dict. d'Oudin et de Cotgrave, le mot 
bravacherie se prenoit autrefois en bonne part. Il 
en étoil de même de bravade. « Les prouesses et 
« bravades faites par la cavalerie legerede Franceen 
« 1558. p (Biblioth. de la Croix du Maine, p. 419.) 
On disoit aussi « se piquer de courage et de 
« braverie. » (Sagesse deCharon, p. 26), « et braveté 
« de courage et de corps. » (Le prince de Machiavel, 
traduct. p. 59.) 



On dit encore bravoure en ce sens. Le P. Bouhours 
a soupçonné que le cardinal Mazarin avoit intro- 
duit ce mot dans la langue firançoise. (Voyez la 
réfutation de cette opinion dans les observations 
sur la langue françoise, par Ménage, T. II, p. 334.) 

Ces mêmes mots, excepté le dernier, se prenoieni 
aussi en mauvaise part ; nous disons encore en ce 
sens bravade^ expression nouvelle du temps de 
Tahureau. (Voyez ses Dialogues, p. 34.) Les Brava* 
chéries du capitaine Spavente étoit le titre d*une 
pièce qui se trouve dans la Recher. des Théât. de 
Beauchamps, T. II, p. 12. 

Nous ne trouvons la brave qu'en ce sens : « La 
« brave ne doit point amortir vos belliqueux cou- 
« rages. » (Machiav. Disc, sur Tite-Live, page 93.) 
On a dit aussi : « Il lui parloit de hautes paroles et 
« de grande braveté. • (Brant. Cap. Fr. T. III, 
p. 317.) On disoit aussi : « chassant toute vanité, 
« braverie de paroles. » (Sagesse deCharr. p. 441.) 

Le mot braverie avoit encore d'autres acceptions 
qui lui paroissent particulières. On Temployoit pour 
signifier l'honnêteté, la bonne conduite. « Vivre 
« dignement et avec braverie. » (L'Amant ressus- 
cité, p. 87.) 

Ce mot s'est dit pour occupation noble : « En 
« chassant, oyselant, maniant les armes ou faisant 
« autres braveries. » (Nuits de Straparole, T. I, 
page 19.) 

Ce mot s'est employé pour pompe, magnificence, 
parure, ornement. « Elle n'épargne rien, quand il 
« est question de ses habits, pompes et bi^averies. » 
(Tahureau,Dialog. p. 16.) On trouve bragatio (3) avec 
la même signification dans le Gl. 1. de Du Gange. 

VARIANTES ! 
BRAVACHERIE. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 
Bravade. Dialog. de Tahureau, p. 34. 
Brave (la). Machiavel, Discours sur Tite-Llve, p. 93. 
Braverie. Sagesse de Charron, p. 26. 
Braveté. Brant. Cap. Fr. T. III, p. 217. 
Bravoure. Ménage, Observ. sur la Langue Fr. T. II, p. 334. 

Brave, adj. Ce mot, qui, autrefois ainsi qu'à pré- 
sent, a signifié valeureux, courageux, avoit une 
acception plus étendue au-delà de la Loire, où Ton 
disoit un brave jyrédicateur. (Balzac, Socrate 
Chrétien, T. Il, p. 262.) On prétend avoir ouï dire 
à 1 abbé de Dangeau, que le cardinal Mazarin avoit 
introduit ce mot, c'est-à-dire qu'il lui avoit donné 
cette étendue abusive pour toutes sortes de choses 
ou de personnes, à la mode des Italiens. On trouve 
pourtant dans l'Amant ressuscité : un brave nom^ 
p. 88; un brave titre^ p. 384 ; une brave opinion, 
p. 170; le brave jour, p. 534. (Voyez Des Accords, 
Bigarr. avis au lecteur, p. 7; — Nuits de Straparole, 
T. Il, p. 428.) Brave s'est dit aussi pour paré : Brave 
comme le bâtard deLupé. Prov. (4) (Voy. Brant. Gap. 
Fr. T. m, p. 1D9.) 



(1) Le mot se trouve déjà au Livre des Métiers, p. 30 : < Et si seroit touz li hrassins qui seroit faiz de tex choses donez 
pour Dieu. » (n. e.) — (2) Montluc remployait déjà en mauvafse part : « Âsseurez-vous que je ne suis point un bravac?ie ni 
escervelé que vous me pensez. » (Voir au Dict. de Dochez.) (n. b.) — (3) C'est le passage d'un sermon de Menot, fol. 119^ 
col. 1 : c Ce sont les grandes pompes, les grandes bragues; hec sunt magne pompe et iprande bragationes. » Le français 
nous montre que le mot latin a mêmes origine et sens que bragart. (n. e.) — (4) Calvm, dont la manière d'écrire est à 
estimer, disait dans ses inst., p. 881 : c Tenir tables deUcates, estre braves en accoustrement. » (n. b.) 



BR 



— 113- 



BR 



TÀRIAIfTES : 
BRAVE. Orthog. subsist. 
Bratsux. Dict. de Gotgraye. 

Brave jQier, verbe. Faire le brave, être brave. — 
Briller, faire parade. 

Au premier sens de ce mot, un de nos anciens 
poètes, parlant de Concini, s'exprime ainsi : 

El qui lasche de cœur, eiplein d'ambition, 
Ne oratfoit qu'au combat de la sédition. 

6. Danat, à la nita da Boonefood, p. 212. 

De là, on disoit se braver, se panader, se glori- 
fier, s'enorgueillir. 

Veux dont amour se brave et se tient fort. 

6. Dwant. à la nita da Bonnef. p. i90. 

On disoit aussi braver pour briller, faire parade. 
« Engageoient tout ce qu'ils avoient, et celuy de 

• leurs voisins, pour acheter chevaux, et accous- 
« tremens, afin de braver, s'en vouloir faire croire 
« chez les estrangers. > (Contes d'Eutrapel, p. 43.) 
De là, se braver, selon les Dict. d'Oudin et de 
Cotgrave, a signifié faire le galant. 

VARIANTES *. 

BRâVEGER. Lee Marguerites de la Marguerite, fol. 385. 
Bravxr. Giies Durant, à la suite de Bonnefont, p. 212. 
Bravader. Mém. de Du Bellay, livre VII, fol. 224, V». 

Bravime, adj. Très brave. C'est proprement le 
superlatif de brave. Bravissime et par contraction 
bravime. 

Bravime esprit, sur tout excellentime. 

OSbt. de Joacfa. du BaU. fol. 506. V. 

Brayer, verbe. Frotter. — Broyer. 
Marbodus, à l'article de la pierre appelée agathe 
ou jayet, s'exprime ainsi, dans le sens de frotter : 

Kant um la fait alkes fireier, 
E el escbalfe dei breier (1) 
La paillie trait à sei e tient. 

On a dit broyer le pain, pour le pétrir. 

Broyer et brayer sont pns dans un sens obscène 
dans les Poës. mss. d'Eust. Desch. fol. 333^ et dans 
le Moyen de Parvenir, p. 219. 

On disoit proverbialement : Broyer de Veau dans 
un mortier, pour perdre son temps. (Dict. d'Oudin 
et de Cotgrave. — Voyez Brouer.) 

TARIANTES l 

BBATER. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 
Brebr. Lancelot du Iac, T. I, fol. 85, R« col. 2. 
Brsikr, Broisr. Du Gange, Gloss. lat. au mot Breiare. 
Brotbr. Eust. Desch. Poës. MSS. toi. 333, col. 1. 

Brayer^ subst. Haut de chausses. 

Brayes, subst. fém. plur. Ceinture. « Ses brayes 

« luy mit au col, et luy donna signe de la seigneu- 

€ rie, qui avenue luy estoit. >» (Chron. de S* Denis, 

' T. 1, fol. 36.) On lit bracile, dans le latin de 

Frédégaire. 

Broyer ou demy chausses, pour haut de chausses. 
« Voicy le très preux chevalier Hector, qui va saillir 
« de sa tente, tout nud, excepté tant seulement 

• d'un brayer (2) ou demy chausses qui lui couvroit le 



« ventre, les reins et le dessus des cuisses. » (J. Le 
Maire, lllustr. des Gaules, liv. I, p. 134.) 

Brayes-à-chauce, subst. Engin à pécher. 
Dans les défenses concernant la pèche, on lit : 
« Que Ton ne batte aux arches, ne aux herbes, et 
« que braye à chauce ne coure. » (Gr. Coût, de Fr. 
p. 28.) On lit Ibid. à la p. 31 et 73, vraye à chauce. 

VARIANTES : 
BRAYES-A-CHAUCE. Gr. Coût, de Fr. p. «. 
Vraye-a-chauce. Ord. T. I, p. 794. 

Brayeur, subst. masc. Qui broie. Dans l'Etat 
des officiers de la cuisine de Charles VI, on lit : 
« Brayeur de mortier en la sausserie. » (Godefroi, 
Annot. sur THist. de Charles VI, p. 712.) 

Brayeus, adj. Bourbeux. Ce mot est formé de 
brai. « Y avoit eauesen sources moult ftraj/^M«^«. » 
(Monslrelet, Vol. I, fol. 289.) 

VARIANTES ' 
BRAYEUS. Monstrelet, Vol. I, fol. 289. 
Breant. Dict. de Nicot. 

Braze, subst. fém. Braise. — Danger. 

Ce mot est employé avec la signiflea lion de braise, 
dans ce passage : « Feit un son tel que font les 
« chastaignes jeclées en la bra7:>e, sansestre entam- 
« mées, lorsque s'esclatenl. » (Rab. T. IV, p. 326.) 

Ce mot s*employoit au figuré pour danger : 

cUz est bien sur bre»e 

Qui a telz Cbûz a poursuir (3). 

Poés. MSS. d'Etttt. DMch. fol. 503, col. 8. 

VARIANTES : 
BRAZE. Rabelais, T. IV, p. 236. 
Brese. Eust. Desch. Poès. MSS. fol. 508, col. 3. 
Breze. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 134, col. 1. 

Brazerain, subst. masc. Brasier, réchaud. 
On trouve, dans Favin, Théât. d'honneur, T. I^ 
p. 281, « cassolette et brazerain. » 

Brazeux, adj. Embrasé, allumé : 

Par une noire nuit, levé un braseux tison. 

(Eov. de Baîf, fol. 7. 

Brazillant, adj. et part. Ardent, brûlant : 

D'un feu brazillant tout vif. 

Poés. de JaeqoM Tabumu, p. 937 et S38. 

Bré , subst. masc. De la poix. (Dict. de Borel el 
d'Oudin, et Le Duch. sur Rab. T. III, p. 198, note 1.) 

Brebiage, subst. masc. Droit sur les brebis. 
C*est le droit qu'on lève sur les brebis d'une ferme, 
de trois en trois ans. (Du Gange, Glossaire latin^ au 
mol Hercia), où il cite une charte françoise de 1310. 

Brebiail, subst. masc. Collectif de brebis. (Dict. 
de Cotgrave ; le Coutumier Général , T. Il, p. 59, et 
la Thaumassière, Coût, de Berry, p. 129.) 

VARIANTES : 
BREBIAJL. Gotsrave, Dict. 
Brebiaille, subst. fém. Oudin, Dict. 



(1) Brehier est là pour mortier, (n. b.) - (2) Brayer se trouve au xiv siècle, dans Roncisval, p. 73 : « Tout le pourfent de 
ci Unt qu'au braier. » (N. B.) - (3) Au Livre des Rois, p. 320 (xu* siècle) : c Et cil guardad et vit à sun chief un pain quit 
sw breze, et ewe en un vaissel. i (n. b.) 

Ui. i5 



éît 



.- I L — 

— «!| — 






Brebiaill65 st/bs^ /'em.BrébTs': 

pour trois ou quatre * 

Vieilz hrebiailles, ou moutons., m ■ » 

Faroo de PiUwlin, p. 05. . , 

Le mot brebis subsiste. Nous ne le citons ici que 
pour rapporter les façons de parler suivantes : 
. !• Faire la brebis , pour faire la grimace , 
rechigner : 

L'un fait lo veel, Vautre f(nit la brebis ; 
Onques ne vi gens ainsi requigner. 

Poës. MSS. (PEust. Desch. fol. 219. col. i. 

2' Courage de brebis^ pour lâcheté, poltronnerie. 
(Voyez le Dict. d'Oudin, et Rabelais, T. I, p. 31.) 

S» Brebis qui en bêlant pert un brin (Therbe. \ 
(Œuvr. de Théophile , 3* partie, p. 238 (I).) 

VARIANTES '. 
BREBIÂILLE. Cotgrave, Dict. 
Brebis. Orthographe subsist. 

Brebiette, subst. fém. Diminutif de brebis : 

Loups ravissans, et faux prophètes, 
Portent habits de brebiettes, \ 

Apologie pour Hérodote, p. 696. 

B^rbes^^^es est un diminutif de brebis : « Menant, 
« çaitre ses berbisettes, et ses chèvres. > (J. Le 
Maire, lUustr. des Gaules, liv. I, p. 85.) « Alentour: 
« du berger ses chèvres broutans les branchettes 
« des arbres, ses berbisettes et ses toreaux paissans 
« l'herbe. » (Id. livre I, p. 97.) 

On disoit contrefaiseur de brebiettes^ pour 
hypocrite: « Chatemitte, lequel dernier terme vaut 
« quasi autant que contrefaiseur de brebiettes. > 
(Apologie pour Hérodote , p. 626.) 

■ ■ . VARIANTES : 

BREBIETTE. Apologie pour Hérodote, p. 6â(5. 
Brebisette. Molinet, p. 133. 

ÎÉIreche , subst. fétn. Lacune. — Trouée. 

Ce mot subsiste sous la première orthographe ; 
mais on ne le dit plus dans les sens figurés que 
nous marquons. Il s'est employé au premier sens, 
ep parlant d'un livre. (Voy. les Morales de Plutarq. 
tràd. d'Amiot, T. II, p. 490.) 

On a dit aussi breichfi , en terme de chasse., pour 
trouée : « Les breicheSj qù les bestes peuvent mieulx 
« passer. » (Modus et Racio, us. fol. 84.^ 

:;.,o . . variantes: 

.giUSCHE. Orthographe subsist. 
Ëreichb. Modus et Racio, MS. foL 84, B9. 

* Brechéy part. Ebréché, dentelé. (Dict. d'Oud in.) 
n est employé dans le passage suivant, pour entamé, 
;qui a une brèche : « Si nos murailles sont ebrechéeSj 
-••il n'est forteresse que de gens vertueux. » (Jean 
d'AutoUy Annales de Louis XII, p. 77.) 

Bréchet (2), suJbst. masc. Sorte'de crucbiè. On 
donne ce nom, dans l'Auxerrois, ^, une espèce de 
cruche de terre qui a un petit goulot au-dessous de 
sa principale ouverture. Il semble venir des mots 



brocheta et bochetus^ qu'on voit dans le Glossaire 
latin de Du Gange , pour mesure de liquide. 

Brecheure, subst. fém. Brèche. <Dict. d'Otfdin 
et de Gotgrave.) 

iftrédàlllé, subSL Grand ventre, grande pai^, 

.,..., le mal de sainct Quentin, 
Parniy le bredale. te fiere. 

Fabri, Art. de Rbéu Ut. U, fol. 40. V«. 
VARIANTES : 

^HEDÀILtË. Cotgrave, Dict. 
Bredale, Bredalle. Nicot, Dict. 

Bredouillard, adj. Bredouilleur. (Dict. d'Oudin 
et de Gotgrave.) 

Bredouille, su&8^ fém. Différend, querelle(3). 

(Dict. de Monet.) 

.1 ■ 1. . 

Bref (en ou de), adv. Brièvement, tôt, dans 
peu de temps. 

Bregerois , adj. Qui appartient à la bergerfe. 

On ne vit bergiers si faitiis, 
Selon le bregerois usage. 

Froitsart, Po6t. lISS. p. S81. 

Bregier, subst. màsc. Pièce d'artillerie. 

Tirez canons, et bombardes, 
Bregiers, sounlars, et soufflardes. 

Molinet, p. 129. 

Brehaigneté , subst. fém. Stérilité. ^Glossaire 
du P. Labbe et le Dict. de Monet.) 

Brehaia, adj. rnasc. et fém. Stérile. Brehaing^ 
dans les Serni. Qr. usa. de S' Bernard , répond j|u 
latin infru€tuosus{A). Ce mot s'est dit des hommes^ 
des femmes, des animaux, des arbres et des terres : 

Et si refusoit on^^à plain, 
Si com il est en Levitique, 
L'offrande, en celle loy antiq^e, 
Que la femme brehaigne offroii. 

Pois. MàS. d*Ett8t. Deschampi , foL 488, col. 3. 

Variantes: 

BR£HAtN. Glossaire du Roman de la Rose. 
BaAHiN. Du Gange, Glossaire latin, au mot Brana, 
Brahaing. Dict. de Borel. 
Brehaino. s* Bernard. Serm. fir. Mf^S. p. 318. 
Brehaing. Glossaire au P. i^akke, p. 5^6. 
Brahaigne. Fabl. MSS. du R. n» 7989, foL MO. 
Brehaionb. Glossaire du Roman de la Rose. 
.Babhaingnb. Modus et Racip^ MS» fol. 96, R^ ^ - 
Brehbnonb. Poês. MSS. d'Eust. Desch. fol. 200, col. 3. 
Breheignb. 
Brbhainne. Ger. de Roossilfon, MS. p. 197. 

BjEUfiHAONB. 

Brahaone. Borel, Dict 

Brehans, subst. Espèce de tente ,^o\i 'kaite 
chose appartenant à un camp. On à dit, en puiflànt 
d'une armée qui campe : 

«TaoMapav^illons, pitres, 
A^cubea, et brefianê (5) fennes , 






Que covertes en sont les 



Blaodi. MS 



i plaignes. 
. 06 S* Gflnn 



Gflrm. fol. 185, V* ool. 3. 



(1) Voir Leroux de Lincy (livre des Proverbes français, 1859. 2 vol. in-lS) : de la page 151 à 153 du tome l", sont réuDis 

. des proverbes sur la brebis^ (v.b.) - (2) yoixMracheU,^,^ Coterave le Uadyit par l'anglais lurch. - (4) Oi^. Ut dans les 

cBow, p. 6 : « El il fameiUeus Ma^^agiez, pmsguQ la oofo»^ slusurs enfioitad. vOn Et eacore dan9 Bioniitiv<H^ p^ 12: 

c Franzois morront, s'en ert la France ûre^n^. » (n. b.) - (5J Ne laut-il pas lire bretanSf et entendre panneaux couverts de 

peaux de bote ? (n. b.) 



;«»5t- 



BB 



Brel, subit. Pipée, chasse aux pipe.9Uï. So^de 
caisse ot l'on p^end les oiseaux aTecran&ctiouette. 
(Dict. de Borel et de Cotgrave.] 

Breiller, verbe. Papilloter, brouiller. 

~ IiB veue me trouLle, et breiile. 

Poêt. M3S. d'Eiut. DsKh. fol. «9, col. \. 

Brelingant, subsl. moic. Mot obscèae, dans le 
Moyen de Parvenir, p. 343. 

Brelle-melle , pour pêle-mêle. C'eat peut-âtre 
une faute de copiste. 

" ÇuI; vendres se mirent avec eux brelle-melle 
Et toîiiourB e^ouTOlent pina espala ne Mt greele. 

' Ger.AiHMHlDin. Ua. p. il. 

Brelos, subit, ma&c. Noua né pouvons assigner 
la signification certaine de ce mot (1) que nous ne 
pouvons que dans ce passage, on il s'agit de la 
puissance de Dieu qui fait les années tantôt bonnes 
et tantôt mauvaises : 



Et ADÎtéa de brelôt: 

V veut, fait cair ses iob ; 

Anitëa bit de pauvellons. 

Poit. b. usa. nul 1300, T. IV, f. 131}. 

Bren, subst. ntasc. Boue, lange, timon. — Son. 
— Excrément. 

Bran et brau, dans S' Beraarct, répondent au 
latin, tutum, stereus. 

Au premier sens, ce mot signifie boue, range, 
limon. 

II est employé an second sens avec la signification 
^ son, écorce du blé moulu, dans ces vers : 

leur couetnme est, en ta boone ctiere, 

Vendre i l'enchère autant bren que farine. 

I. Urat, p. m. 

Bran signifie encore excrément , merde , dans le 
langage burlesque ou populaire. 

Nous citerons les expressions suivantes : 

1* Bran de Judoi, pour taches de rousseur. 
(Voyez le Dict. d'Oudin.) 

2r paire de l'asne pour avoir àu bran. (Prov. 
Dict. de Cotgrave.) 

3* Faire son brqn, pour faire tout son eSbi. 
(Percerorest, Vol. IFI, fol: 105.) 

4° Bren s'employoit comme exclamation ou tei^me 
d'ftnpatiencé', comme fl ! 

Bren, ma plume, n*en parlez plus. 

CHa.-Ittftil, p. HB. 

Bran. S; Bernard, Serm. fr. MSS. p. 62-90. 
BftAb. ff Bernard, Sènn. fr. US9. p. 60. 

Brenacier, subst. masc. Le cul. Mot formé de 
ftrijB, pris dans le sens d'excrément. 

ùaa.Dt l'on tous Toiot marcher jk pas d'oustarde, 
Ep ponnnenaiit Toritre Vieil btviaâer; 



Que dit-on ? q^ioy f wii est ceste coquarda 
Qui tant se brague, ainsi qu'un plurtacier? 

' ChHH el ilépir^ I 



p. 183, o 



l«t|. 



Brenage, subst. masc. Droit seigneurial. Rede- 
vance payée aux seigneurs pour la nourriture de 
leurs chiens; du mot bren, son, à cause du pain de 
son qu'on leur donnoil. (Du Gange, Glossaire latin, 
au mot Brenagium.) 

Y A RIANTES : 

BRENAGE. La Thaumass. Coût. d'Orl. p. 465, tit. de 1^68. 
— Du Cange, Glossaire latin, bu mot Brenagiam. 
Bbrnnaoe. BruBsel, sur tiis Fiefs, p. 374. 
Bhemennaoe. Mém. de SuUj, T. X, p. S38. 

Brenasserie, subst. fém. Terme de mépris. Il 
a signifié simagrée ridicule. * Ceste brenasserie 
• de révérences me fasche plus qu'un jeune 
. diable. ■ (Rabelais, T. IV, p. 44.) 

Brenes, subst. masc. Embrun. (Voyez la Chroa. 
de S' Denis, T. I, fol. 45.) On lit dans le latin 
Ebrodunensis. 

Brennin, adj. Fort. De làvientlemotËr^nniM, 
nom propre d'un chef des Gaulois, suivant Bochart, 
cité dans le Dict. de Borel. 

Brenous (1), adjectif. Qui donne le dévoiement, 
breneux. 



On lit brenous, dans Itabelais, T. I, p. 79. 

VARIANTES : 

BBENOUS. Rabelais, T, I, p. 79. 

Bbrneux. PoËa. HSS. d'Euat. Desch. fol. 31i. 

Breoul, subst. masc. Il semble que ce soit un 
nom de lieu dans le passage suivant, où il s'agit de 
l'équipage d'un champion, en 1309 : « Il aura 

■ chemisse de Chartres, et bragues de Breoul, 

■ garnis suf Usa m ment. ■ (Preuv. del'Hist. de BrtÂ. 
page 1639.) 

Bresagne, subst. Chouette (2). Oiseau de man- 
vais augure. (Dict. Etym. de Ménage.) 

Bresche, subst. Espèce d'armes, 
le ne te tue ic; de ceste breiehe. 

Bresche, adj. Lâche. Il fauL peut-être lire 
blesche (3) dans ce passage: ■ Les matois, les brechea, 
- les conlreporleurs, les gueux de l'hostière. » 
(Bouchot, Serées, livre II, p. 109.) 

Brescber, verbe. Faire brèche. Borel, dans sop 
Dict. dérive ce verbe, d'après Ménage, du mot firûp. 
rupture avec violence ; • Après que la muraille Tut 
> rasée et breschée suffisamment pour foncer 
• l'assaut. • (J. d'Auton, Annal, de Louis XII, 'de 
1499, p. 191.) 

Bresignels, subst. masc. plur. Sorte de ^ds 
de guerre. TrPfipes italiennes ainsi tiolipâi^ 



(1) En Ptrilou. brelog signifie le ver qu'on trouve dans les fruits. On donne aussi à ce mot le s<!ns de bélier, (n. B.} — (3) On 
UiRit^.'JJ. 119, p. lîS, an. 131111: > Ledit P^rrinet... dlst& Icelltit Heni'i' (de' Honatruel) plusieurs villaines et haufllriss 
WbW,'et leappeitssnnelant fn-e>i(»i.F, qui esta dire, coaxM [Mis. ■ De même au rag. if. 164, p. 385, an. 1419: '( LeqWSl 
BtÉMcbmMt le suppliant breneux, qui vaut autant h dire, selon le commua 'entendement du pa'is (Champagne) en inAutft 
Ve'intiireBdîttes A homme marié, comme s'il l'eust cUtbé 'Mttx. »(M. «.) — (3> Cest pini&t le nom de feflraie. (t*;*) 
*i (i) Bféteh» a. le sens de faible, dégarni, au reg. Jl. 9SI>,B, 182, an. 14S7: < Pour ce que feellni Starin ne povdit ratotMtbr 
1leiTwni(it'qtieleurparti(de pauiBe)estoit 6ivicAepar«âluiendroii. >(n.'B.) ' ' '"■" 



BR -1 

en 1508. ■ Sept ou buit mille hommes, qu'on 
« appelle en Italie bresignels, qui sont les meilleurs 

■ gens de pied qui soient en Italie, et fort hardis 
> a la guerre. • (Hisl. du Chevalier Bavard, p. 124.) 

■ Les bresignels avoienl livrée blancne et rouge, 

■ et estoieot au service des Vénitiens. ■ (Ibid. 
page 133.) 

Brésil, subst. masc. Bois de teinture. C'est une 
sorte de bois rouge propre à la teinture. Le P. Labbe 
a remarqué que ce mot étoit en usage avant la 
découvertedu Brésil (l],qui,suivantropinion la plus 
ordinaire, a donné le nom à cette espèce de bois 
qui est commun dans le pa^s ; mais ce mot se trouve 

Slusieurs foisdaus les anciennes ordonnances des 
ois de Fr. T. Il, p. 320, et même dans le passage 
suivant qui, avec les autorités précédentes, vient 
encore à l'appui du sentiment du P. Labbe, confirmé 
par Savari et par Ménage. < Qui maine mercerie, 

■ toute œuvre de soye dou grant coustume, aussi 

• comme dras, et mercerie dorée, et bresil, oille 

• d'olive, la chievre, doit deux deniers le cent. > 
(Ane. CouL d'Orléans, p. 474.) On lit dans Olivier 
de la Marche, parlant d'un festin : < Sur les tables 

■ avoit trente plats, lesquelz plats furent faitz 
« a manière de jardins, dont le pié des ditz jardins 

■ estoit fait de bresil, massonné d'argent, et la haye 
« d'argent estoit toute d'or. ■ (Mém. d'Olivier de la 
Harcbe, livre II, p. 583, — Voyez Du Gange, Gloss. 
jat. aux mots Brasile et Bresillum. On Ut brei,il 
dans Merlin Cocaie. On a dit dards du bresil. On lit 
dans Brantôme, Dames Gai. T. I, p. 415 : < Des 

■ petits dards du bresil, avec le fer doré en usage 

■ sous le règne d'Henri II. > 
Brésil a signilié chair de bœuf séchée et fumée. 

(Dict. de Monet.) Celte chair est ainsi appelée à 
cause qu'elle est rouge comme le bois de Br^il, 
suivant La Porte, dans ses épithètes. 

VARUHTES : 

BRESIL. Ordon. des R. de Pr. T. U, p. 330. 
Bhezil. Merlin Cocaie, T. I, p. 317. 

Bresillé. adj. Rouge. — Hâlé, brûlé. 

Ce mot est formé du substantif précédent I>resii. 
De là, dans le sens propre, il signitie rouge. 

Au figuré, il est mis pour hâlé, brûlé. H" de 
Sévigne demande à sa fille si elle n'est pas bresil- 
lée (2),8ielleale teint beau. (Let. de H-* de Sévigné, 
T. 111, p. 95.) 

VARIAHTES ; 

BRESILLÉ. Dict. d'Oudin. 

A. Atector, Roman, fol. 3S. 



S- BR 

Bresiller, verbe. Rompre, briser. Ce motsedit, 
dans la Champagne, du foin qui n'est pas boltelé, 
et qui est seulement attaché dans la charrette, par 
le moyen d'une longue corde. Ce verbe vient de 
briser, et non pas de bresil, comme l'adjectif pré- 
cédent. 

VARUNTES : 
BRESILLER. Dict. d'Oudin. 
RaEziLLER. Dict. de Cotgrave. 

Bresmol ^3], subst. masc. Engin à pécher. Il 
semble que ce soit un engin propre à pécha* 
l'anguille. Dans une déclaration touchant )a péctie 
du poisson, dans la rivière de Somme, de Philippe 
de Valois, roi de France en 1343, il est dit: • Qu'on 

• peut prendre sans meffait, des anguilles de la 
« value de un denier, les deux, au buquet de dix 
> paux, au carpel de nuef pau\, et au bretmol de 

• sept paux. • (Ordonn. desR. de Fr. T. Il, p. 207.) 
Bressaudes, subst. plur. En Bourgogne, ce 

sont < de petites crottes qui restent de l'oing d'un 
« porc quand il est fondu. • (Des Accords, Conte» 
de Gaulard, fol. 33.) 

Bressier, verbe. Ce mot semble signifier em- 
brasser, prendre entre les bras, dans ce passage où 
l'on parle de deux lutteurs : 

Les veiBBÎei bien souffler, 



Bouter, et eaicher, et empraindre, 
Lever, aous faclier, et reslraludre, 
BreMier, et dressier, et eamer. 

Roa. da Brut, US. fol. S, H*. 

Bressine, verbe. Terme de marine. • Hisser 
■ une vergue ou une voile : uretacque hau, cria le 

< piiot, uretacque la main a linsaîl, amené, ure- 

< lacque bressine (4\ uretacque quare la pane. ■ 
(Rabelais, T. IV, p. 9^.) 

Bresuch, tubst. masC- Nom de pays. Peut-être 
est-ce un mot corrompu. « François allèrent contre, 
• jusques es portes cfe Coulongne, d'.\iz en Alle- 
. magne, en Moravie, et en Breitu^h (5). • (Histoire 
de Loys 111, duc de Bourbon, p. 259.) 

Bret, subst. masc. Cri. — Lièvre. — Terme de 
chasse. 

Au premier sens, ce mot se prenoit dans la signi- 
flcation du verbe braire, pour cri. 
.... Cetera greignor bret, 
Cor ne feroient vingt sept, 

FM. imiia R. a* 711S, fit. 1», R- ooL 1. 

Dans le patois de Bordeaux, ce mot signiQott as 
lièvre. (Valois, notice, p. 272.) 

(1) Le mot aa trouve dana les voyagea de Marco Polo, citée dans les Emaux de H. de Laborde (p. 174) : < lia ont (dans 
lUe de Geylan) berii en grant habondance, do meillor dou monde, i Le Livre de$ Métier*, texte du ZIP siècle, comme le 

S recèdent, l'emploie aussi (p. 104) : i Li barillier pueent fere boria de tus de tamaris et de breiil. ■ L'étymolosie serait cdlfl 
ebraiie, c'eat-à-dire l'allemand bnuen.(N. s.) - (^) En d'autres passages, H" de Sëvlgné demande à sa âUe ■■ son t^t 
n'est pas en poudre, pulvérisé 1 BreêUlé parait donc aif nifler ici cretiaué, couvert de p^Iicules Anes comme ta poussière, 
Ainsi que le provençal brezillar, ce serait alors ou dénvé de t»iaer. (n. e.) - ^ C'est le poissou ^ipelé brime : - ° — " — 
bretmet et dorées. ■ (Fabliaux du xn* siéde^éd. Barbasan, IV, 94.) La [orme bre$mei, qui doit âtre ici la lactun , . . . _ _ 
ansai dans les Ordonnances, VII, 183, an. 1387. (n. b.) — (4) C'est la forme t6mioine de bretêin, cordage pour hisser at 
amener une vergue, (n. e.) ~ (5) M. Gbaïaiid, dans l'Mition publiée pour la Soc. de l'Hiat. de France (1970), imprime A la 



Br%ui*wiek. (n. ■■} 



bretmei, qui doit âtre ii 
" ■ ' - âa b\ 

, , 'HiBt „. _,.„ 

X courre îusques 4s portes de Coulongoe, d'Aiz au AllemaiRoe, eu Moravie, et en BretoU. i Le 
des noms os lieu ; sa (Orme, comme u plaça dans la pnniaa, permettant de reoouwitn 1* 



BR -1 

Eofin, noaa trouvons le mot bret employé dans 
un de nos anciens auteurs de vénerie, pour dési- 
{aer uq piéoe & prendre les oiseaux : < Qui veull 

• faire uog oref, il fault qu'il soit Tait de cucur de 

• chesne et de quartier sans nulz et qu'il soit fait 
I ao rabat (1). > (Modus et Racio. fol. 89.) 

variantes: 
BRET, BrsCT. Kodua et Racio, loi. 89, R>. 

Bret, adj. Breton. (Borel, Dict. au mot Bret.) 

• Uoe partie de Brabant s'appelle Wallon Brabant, 
t et une partie de Bretaigne, Bretons galotz, à la 

• différence des autres. • [i. Le Maire, Illustr. des 
Gaules, iivre I, p. 36.) 



Artus, se la geste ne ment, 



Encor y eet, Breton l'attendent, 
Sy coDUne il dient, et entendeat. 
De U fendra encor peur vivre. 

L'auteur ajoute que, suivant le prophète Merlin, 
la mort de cet Artus seroit toujours un problème, 
et qu'on mettroil en doute éternellement s'il étoii 
mort ou vif. (Rom. de Brut, us. fol. 101.) Parton. de 
Blois compare l'attente d'Artus (i) par les Bretons, 
à la venue du Messie par les Juifs. 

Di moi à mon Seignor, 

Si vain sotaet, et si espoir breton. 

M'ont deceu, car ce est à bon droit. 

Pab. H38. vut ISDO. T. It, p. SIS. 



Expressions à remarquer : 

1* Se faire Brete, pour faire la difficile, résister 
OD se faire attendre, par allusion à là patience de 
Breton. ' 

La blonde à qui tenoie. 

Ver» moy ne <b (ut Brete, 

En fit mes boue, et mes auiaux. 

PoM. HSS. mat IWO, T. IV, p. ISOt. 

2* Boire à la brete&que, c'est-à-dire boire à la 
bretonne. (Le Duchat, sur Rabelais, T. II, p. 233.) 

3* Brettes targes, pour boucliers bretons, suivant 
l'éditeur de Villon. 11 semble plutôt que ce soit une 
espèce de monnoie dont les deux faisoient un écu. 
C'etoit un demi-écu {i). 

Pourreu que tofljonrs baiiie en change. 

Pour trois escue, sis brellet larges. 

Pour deux ang^oti, ung cront anKe. 

vuh», pK> n. 
\' Breton, larron (S). Cette expression étoit passée 
en proverbe. (Voy. Bouchel, Serées, livre 1, p. 318.) 
5* Patience -ou attente de Breton. Le même 
qu'attente de Bretagne qu'on a vu ci-dessus au mot 
Bretaigne, ou attente, façon de parler qui fait 
allusion & la patience avec laquelle les Bretons 
aitendoient le retour d'Artus; plusieiirs auteurs 
rapportent cette façon de parler à propos du duc 
Artus, assassiné par Jean -sans- Terre, en lâOâ. Les 
témoignages de Guillaume de Malmesbury, fol . 64, et 
de Pierre de Blois, dans sa 3i> et dans sa 57* lettre, 
font juger que ce ne pouvoit être cet Artus, mais 
un autre qui lui étoit antérieur. C'est celui dont il 
est parlé dans le Roman de Brut, en ces termes, 
vers l'an 542 : 

(1> Raynonard cite la forme bret dans son Lexique : ■ Il eut peur d'estre prina su bret > ; le proveacAl a les variantes 
britt, bree, bret; l'espagnol, le portugais et l'italien emploient brete. Nous avons encore la torme breate. {tt. e.) — (9> ta 
Atrae est tue monnaie des dncs da Bretngne valant deux deniers ; etle portait au r«vers un bouclier, nommé non plus ieu, 
mais large: * Grana blancs de La valeur de .x. deniers de cours lapàce.... portans en caractère nostre propre nom et nos 
«nues en large, et tonte autre pareille hcon que la monnoye des larges que feu monseigneur et oncle le duc Jehan flst 
«Btnr. » œ/m de FtancolB U, an. 1469, t. D. Loblneau, 11, c. 1îl4.) (n. e.) - (?) Voir des proverbes tout aussi Oatteure au 
t. I, p. 390 du lÀore de» Projierb*» de Leroux de Uncy. (n. s.) — (4) Voir t. II, p. 21Q, rarticla Artua et la note 1. — (5) Un 
mtra proveriMi cité d'après H. de Lolncy, d'après un manuscrit du xv aièole, disait plus brièvement : ■ Le Breton menace 
çtana U a féru, » Qf. e.} — (6) Dana les Statuts de Cambra, on nomme Breton» ceux que PbiUi^e te Beau, dans un édlt 
KU le dnel, appelle ConnUani .- < Et premiers quant on est venu ou camp, U prouves et It eskievin mainnent lea campions 
■L tour enlour le parc pour hire prier & bolnnes gens pour ians, et doit alér cius lu a apelet devant et auvec lui ii prouvoa 
et tme mrtle des esUBrins, et aes Breton» ptxta son eacu devant lui ; et après cius ki est apeléa et U autre partie des 
flridems anvec loi, et ses BrOonë ki porte son escn devant lui. > (N. K -> 



6° Vin breton. * Lequel poînct ne croist en Bre- 
" taigne, mais en ce bon pays de Verrou. • (Rab. 
T. 1, p. 42.) ■ Ce pays de Verron est toute la 
« presqu'île depuis le confluent de la Loire et de la 

■ Vienne, jusqu'au territoire de Chinon inclusive- 
< ment. > (Le Duchat, sur Babelais, ibid. note 23.) 

7° Devenir Breton, pour perdre la raison. 

Toudia a le voirre en U main. 
Tant boit qu'il en devient Breton. 

Btut. DMduapt. Poët. HSS. M. «10, coL J . 

8* Faire de la tête de Breton , pour agir de sa 
tête, à la manière des Bretons, comme nous disons 
faire à sa tête : • Or ne scay-je s'il est vray que 

• vous soyez malade , et que ce soit ce qui vous en 

• a fait retourner, ou que vous ayez joué ce tour, 

■ et fait de la teste de Breton, et que vous vous en 

> soyez retourné, parce que Blanchefort et moy 

> vous en mandasmes. • (Duclos, Preuv. de THist. 
de Louis XI, p. 383.) 

9° Sault de Breton, pour méprise, erreur. (Dict, 
d'Oudin. — Voyez aussi Colgrave.) 

10* Sage après le coup receu , comme le Breton, 
proverbe. • Si j'eusse, comme le Breton, esté sage 

■ après le coup. = (Printemps d'Yver, fol. 148.) 

• Ces ducs dessus dits estoient sages après le coup, 
- comme l'on dit des Bretons (5). • (Mém. de 
Comines, page 87.) 

11° Hache des Bretons. C'étoit une espèce d'armes. 

Des piomméee, et hache» de» Bretons, 
Et des engins, et pierres c'on y lance. 

Eul. Dwh. Poù. HSS. M. lU, col. 4. 

12* Breton de feu, pour bluette. (Dict. de Honet.) 
Bret a été employé pour signifler bref. On a dit : 
fio-ler bret. (6) 



BR 



^^18- 



W 



VARIANTES : 
BRET. Rom. de Brut, MS. 
Bruz. Rom. de Rou, MS. 

Brbtesque. Le Duch. sûr Rabelais, T. II, p. 233. 
Bretans. Rom. de Brut, MS. 
Breton. La Colomb. Th. dlionii. T. I, p. 231. 

Bretagne de ctteminée. Pierre contre 
lai^lle s'allume le feu. » (Dict. de Mouet.) 

Bretaigne , subst. fém. La Bretagne. Ce nom 
s'est donné à divers pays. On dit encore la Grande- 
Bi^etagne, pour désigner VÀngleterre. On a nommé 
Petite-Bretagne, l'Ecosse. Petite ou seconde Bretai- 
gne j c'est-à-dire l'Ecosse, « ceste partie qui est 
« appellée par les Anglois Albanye , par Ptolomée 
« la petite Bretaigne^ par autres la seconde Bretai- 
« OTf^ W' » (Percer., Vol. I, fol. 2.) Majur Britaine, 
K)tll* la Grande-Bretagne (Marbodus, col. 1654), et 
' ntaine primeraine (Marbodus, col. 1654, dans le 
Itin Britmanïa.) Parmi les saints qu'on y révéroit, 
il Y en avoit sept qu'on honoroit d'un culte parlicu- 
Ifer. Les vers que nous allons citer en font mention, 
sans les nommer : 

Sainz Jaques qui maint en Galisce, 

Et S* Marc qui maint en Venise, 

Et messire b* Nicholas, 

Et S» Martins et S^ Bernars, 

Et tuit li sept saint de Bretaingne (2), 

Et cil qui sont en Alemaigne, etc. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 107, R* col. 1. 

Remarquons ces expressions : 

V Attendue ou patience de Bretaigne. (Voyez 
Patience ou Attente des Bretons, sous le mol Bret.) 

2» Tour de Bretaigne. C'étoit un croc-en-jambe. 
U semble que ce soit le sens de cette expression, 
dans ce passage: « Le roy d'Angleterre prit le 
€ roy de France par le collet, et luy dit: « mon frère, 
« Je veux luyter avec vous » ; et lui donna une 
« attrape, ou deux, et le roy de France qui est fort 
€ et bon lui donna un tour de Bretaigne, et le jetta 
« par terre. » (Uém. de Rob. de la Mark, seigneur de 
Flàirange^, ms. p. 386.) 

3* Le plus got home en Bretaigne, roncins de 
Bretaigne, proverbes. (Voyez Poës. mss. avant 1300, 
T. IV, p. 1652.) 

4* Les chiens de Bretaigne étoient connus pour 
leur bonté, comme il pareil par les vers §uivans : 

De ces saiges chiens d'Almaigne, 
Et de ces bons chiens de Bretaigne, 
Et de plusieurs autres pays, 
En y a, ce m*est bienaavis.' 

' Gaeo 4» la Bi^. de* Déduits, MS. fol. 101, V. 

C'étoit une espèce de lévriers. Le proverbe que 
nous citons semble le prouver : « Pays tire à trois 
« natures, à hommes, à bestesetà oysiaulx; et ainsi 
« comme on dit lévrier de Bretaigne, les alans, et 



« les chiens d*oysel viennent d'Espaigne. > (Chasse 
de Gaston Phébus, ms. p. 131.) 

VARIANTES " 

BRETAIGNE. Perceforest, Vol. I, fd. % V^ coL i. 
Bretaingne. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 107, R» coL 1. 
BkETAiNE. Borel, Dict. 

Bretanne. D. Morice, Hist. de Bretagne, Pr. coL 9d4. 
Britaine. Marbodus, col. 1654, et Rymer, T. I, p. 109. 

Breteaux d,u Rhosne. Iles du ÇhAqe, ainsi 
nommées par les Lyonnois. (Voy. Du Cange^ GIoss. 
latin, au mot Brotellus (3).) 

Bretecque, subst. fém. Halle. Lieu public où 
Ton faisoit les cris et les proclamations de justice. 
« Les dits statuts ainsy faits sont publiez à I9 
« bretecque , par le greffier qui en fait lecture. ■ 
(Nouv. Coût. Gén. T. 1, p. 236.) Nous verrons ci-après 
plusieurs desorthographes de ce mot employées pour 
palissade et toute enceinte fermée par des palissa- 
des. Il y a beaucoup d'apparence que , les baUes 
étant des enceintes de cette sorte , on leur ayoit 
donné le nom de bretesche, altéré en^uit^ d^ 
diverses façons (4). 

yariaistes : 

BRETECQUE. Du Gange, Glossaire latin , au mot BtHsegœ. 
Breteque, Laurière, ulossaire du Droit françois: 
BRETHEGQtJir. Du Gange , Glossaire latin, au mot Brisagœ. 
Bretesque. Goutumier Général. 
Bretesche. BouteiUer, Somme rurale. 

Bretele, subst. fém. Sorte d'attache. Ce mot 
subsiste sous la première orthographe ; il désigne, 
entre autres choses , le lien qui sert à suspendre la 
hotte aux épaules. (Dict. de Nicot et de Cotgrave. — 
Voyez Brethola, au Glossaire latin de Du Cange, au 
mot Testera.) Borel ne Ta pas entendu, lorsqu'il Ta 
expliqué par hotte. Il a signifté aussi les courroies 
de reçu. 

Si connois monseigneur Beg^, 
Qui porte un escu à breteles; 
Et sa lance de deux ateles, 
Au tournoiement à la baye. 

Fabl. HS. de S. Germ. fol. 70, V* col. i. 

VARIAI^TES : 
BRETELE. Orthograpbe subsist. 
Brethele. Cotgrave, Dict. 

Bretetep, verbe. Quereller, disputer. (Micot, 
Monet, Oudin et Cotgrave, Dict.) 

Breteleur» subst. maso. Querelleur. (Dict. de 
Monet, Oudin et Cotgrave.) 

Breter, verbe. Terme de chasse. Ce mot, sous 
ses différentes orthographes, désigne une manière 
de prendre les oiseaux a la pipée. On lit dans le ms. 
intitulé Modus et Bacio, fol. loi : « QuoAl.les autres 
) « vingnes sont vendengiées., et il ea demeure une 



(1) La Petite-Bretagne n*a jamais désigné que la province fr^çaise. (n. b.) — (3> Une rue de Brest porte ei^Qprp iQ. Q(Uû 
^'iTue des Sept Saints. Ce nom repose sut une légendeT rapportée par M. Levot, au X. I'! d^ son Histoire.de. Ul yille eiKi du 
>rt de Brest. (N. E.) - (Z) Un faubourg de Lyon porte le nom de les Broteaux / Du Gange y voit la même ri^^qe que da^s 
..tuilfbretiillet. Dans la Bresse et le Busei, le mot latin brotellus désigne des bois communs. (N. B.) — (4) c Dôe le xiv* siècle, 
Ifes bretèches ne furent pas seulement des ouvrages d'architecture militaire ; les maisons de viUe étaient, garnies, sur. la 
ftiçade du côté de la place publique, d'une bretèche de bois ou de maçonnerie, sorte de balcon d'où Ton faisait les criées, 
Où*on Usait les actes publics, les proclamations et condamnations judiciaires. On disait bretéqaer pour itroclan^er;, On 
voit encore, à TbôteVde-viUe d'Ârras, les restes d'une bretèche couverte qui était posée en Qncorpeltpment 4.uc.ld 
miUeu de la façade. La bretèche de rbôtel-de-ville de Luxeuil est encore entière. » (Dict. dlArcb. de y« le.Dpc» u« W*) 



BR -I 

Philipot, qui est oostre ainsnez, 
Et Cnu'lot nommé le Brelhoys (1). 

Bul. DbhJi. Pota. HSS. fol. 4». 

Bretole, subst. fém. On trouve ce mot dans le 
Dicl. de Borel, qui, sans l'expliquer, cite les deux 
vers suivans du Roman de la Rose : 



Breton , iubtt. masc. Sorte àe monnoie. Elle 
éloit de peu de valeur. < Il tira deux tfreton& de sa 

• bourse, et une plaque pour payer l'Aoglois. • 
(J. Chart. Histoire de Charles VII, an 1449, p. 139.) 

■ Le voiturier qui livra le Pont de l'Ârctie aux gens 
« du roy Charles VII avoit engagé le portier à luy 

■ ouvrir la porte de bon a^tin. et lira de sa bourse 
« deux bretons (3), et une plaque pour luy payer à 

• boire. • (Honstrelet, Vol. III, an 1448, fol. S.) 
Martial de Paris , rapportant le même fait dans les 
Vigiles de Charles VII, dit : 

Le Toiturier lors, de sa bourse, 
Tumba deux bretim», une pUcque, 
En les levant, d'une escousse. 
Tua le portier de fta dacque. 

VvD. da ChvlH VU, T. U, p. 8. 

Bretonnant, adj. Natif de Bretagne. Ce mot ne 
s'emploie que dans celle seule expression : Bretons 
bretonnant ou Bretaigne bretonnant, pour désigner 
■ la Bretagne francoise et les Bretons nés dans cette 
Bretagne , par opposition à Bretons galo% , qui 
étoienllesBretonsdela Grande-Bretagne (4) : .Tant 

• de Bretons galoz, que de Bretons bretonnans. • 
(La Colomb. Théât. d'hoon. T. I, p. 231.) . Breton 

• bretonnant natif de Quimperley. ■ (Jeand'Auton, 
Annales de Louis XII, p. 294.) > Ces Bretons bre- 
( tonnans étoient des Bretons de la Bretagne , 

• comme Du Guesclin. > [Ilist. de B. Du Guesclin, 
par Ménard, p. 188.) . Moult y avoit grant assero- 

• blée, tant de Bretons galots, comme de breton- 

• nans. > (Bist. de B. Du Guescl. parMén.p. 14.} 
« Messire Tanneguy du Chastel un moult renomme 
« chevalier natif de Bretaigne bretonnant. » (Mém. 
d'Olivier de la Marche, livre I, p. i'iO.) 

Bretonner, verbe. Bredouiller. Parler à mots 
entrecoupés et précipitamment: 
VARIANTES : 
BRETONNER. Oudiu, Colgrave, Uct. 
Brkdineh. Cotgrate, Dict. 

Bretoyse (loy de). Loi des limites, ou des 
provinces limitrophes. (Gloss. lat. de Du Gange (5\ 
au mot Bretoyse.) 

(1) Je crois qu'il est question là de Charles de Blois, prétendant au duché de firetoyne. ^. K.) - (3) Ce mot ponrralt avoir 

*- -■- brotellv», brevit, petit bois. (n. k.) - (3) Comparer les Preuves de VHM. de Bretagne, t. I, col. 1302. (N, E^ - 

glle breton bretonnant celui qui est né dans un des (niatre évécbés OÙ l'on parlait brstOB, Léon, ConxmalUes, 
[innés, Tré^uier. Les Bretons gaUots parlaient au contraire le Français et occupaî^t les éTécb^ de^aint-Malo, Rennes, 

cUon 

burgi mei de Panebrugge omnes libertates et libéras consueludines secundum legem de Breicyse nundinis farlls appurtïn, 
■ecuudum teuorem cbarts domini Ueniici régis quam habeo. > (n. k.) - (6> Le Roman de Brut. (n. e.) — (T> On lit an reg. 
JJ. 904, p. Stt, an. 1474 ; ■ Brève, est le nombre et quantité de deniers non monnovez, qui est baillé par pois et nombre 
certain a chacun monnoier pour chacun jour qu'il monnoye. i (n. e.) — (8) • Feuilletant ces petits breveta descousus (de* 
notes sur ses attaques de gravelle) comme des feuitles sibrUineB.Je... > (EseaU, IV, 273.) C'était pIulAt un talisman: 
< Montrant des breMd qu'il avoit, attachez au col et an bras, i (Id., 111, Sffî.) Corneille (iJItuion, I, 8)61 La Fontaine (Coupe> 
l'ODt emplojA dsu ce sens. Le talisman s'appelait ainsi, parce qu'il coosistaft en paroles éoritM rar un brevet ou br^. (h. ■■) 



0- BR 

Bretter, verbe. Jouer, ou faire des armes. 
(Dict. d'Oudin.) 

Bretus, subst. mate. Enfkatemeal. (Dict. de 
Borel, 1" add.) 

Breuch. Ce mot semble désigner le peuple 
anglois, la nation angloise, descendue de Brulus, 
suivant une ballade par manière de prophétie qui 
commence par ces vers : 

Or est le Bruth (6) concordant à Sd^ 
Es grans pains et es las des frominia 
Que breusch n'aroit plaine, reçoit, ne villa, 
Psr le lion, dont ili sont ennemis : 
Puisque le cerf volant les arra mis, 
Ains .XIV. ans, a grant confusion; 
L'asne pesant sauldra hors d'Albion, 
D'un des costez, courro la fourmiere : 
Combatre doit encontre le lion ) 
La doit Brutbus estaindre sa baolere. 

Bml. DeKli. fioët. MS9. toi. 389, oui. t. 

Brève, subst. fém. Terme de monnoie. • C'est 
• la quantité de marcs eo deniers, qui sont donnez 

> au monnoïers pour les marquer (7). ■ (Voy. Ord. 
des B. de Fr. T. Il, p. 329.) ■ Ordonné eslre payé, de 

■ chacun marc de deniers, tant en blanc comme eo 

■ noir, neuf deniers tournois; et aux monoyers, 

■ pour chacune brève de dix livres, seize doubles. > 
(Ibid. p. 490.) 

Brevet, subst. masc. Potion médicale (8). (Essais 
de Montaigne.) 

Breveté, subst. fém. Brièveté. — Terme de 
chasse. 

Brieteit, dans S' Bernard, répond an latin 
Brevitas. 

Sur le premier sens, brièveté, voyez le Dict 
d'Oudin. • Pour i&brieté du temps la besoigne a 

> besoin dedelay. > (Ord. desB. de Fr.T. I, p. 655.) 
Comme terme de coasse, ce mot s'est' employé en 

parlant du faucon. 

S'U est à la breveté. 

Et il s(dt de grant voulenté, 
Certainement, & tel foueon, 
Le trop revoter n'est pas bon. 

Gu d* la Digiw, dM DMmU, IC3. bl. S8, S*. 

TARI&HTES: 
BREVETÉ. Oudin, Dict. 



Breveter, verbe. Abréger, extraire. On lit dans 
S' Bernard, Brevitié parole, él dans le latin Yerbo 



M) On appelle Breton bretonnant celui qui est né dans 

Tannes, TréMuier. Les Bretons gallois psrlaienl au con , r— - — 

Nantes. De là les expressions équivalentes du Basse-Bretaene, Haute-Bretagne. Du Guesctin et Olivier de Clisson, 



BR -1 

ttbreviato. ■ Je prends plaisir de voir Brutus ayant 

• le ciel ei la terre conspirez à rencontre de luy et 

• de la lil)erté romaine, derolwr à ses rondes, 

• quelque Iieare de nuict, pour lire, et breveter 

• PoIyt>e en toute sécurité. • (Essais de Montaigne, 
T. lU, p. 595.) 

YARUITTES : 

BREVETER, Brkvisb. S. Bemurd, S«nii. Fr. MSS. p. 171. 

Bréviaire, subst. masc. Abrégé, sommaire. — 
Sorte de flacon. 

Sur le premier sens, voyez le Dict. de Monet. 

On nommoit aussi bréviaire une sorte de flacon 
i mettre du vin, fait en forme de bréviaire, inventé 
par les religieux mendians. (Voyez LeDucbat, sur 
Rabelais, T. I, p. 22.) 

Breviere, subst. masc. Bréviaire. Livre de 
prières. • Li breviere suer Agnès de Paris, cheut 

• en eaue tout ouvert, et fut du tout mouillé, 
I dedans et dehors, qu'il ne sembioit pas qu'il fust 

• jamais convenablealirelalettre." (Vie d'Isabelle, 
à la suite de Joinv. p. 180 (I).] 

Breull, subst. masc. Voici un passage où nous 
trouvons ce mot; il désigne une partie de l'épervier : 

• Quand les plumes traversaines sont grosses, vei^ 

■ meilles, et bien colorées, et les nouées grosses, 

■ et que celles de la poitrine ensuivent bon ordre, 

• et que le breuil soit meslé de même traversaine, 
« sera entre tous autres de bonne eslite. • (Budé, 
des Oiseaux, fol. Wi.) 

VABIAKTES : 

BREUIL. Budé, des Oiseaux, fol. 113, R". 
Bruel. Fouilloux, Faucon, fol. 61, R". 

Brenlet, subst. masc. Sorte de piège. Ce mot 
s'est formé de breuil, signifiant bois; il signifie 
pent-élre une baguette de deux morceaux réunis 
avec laquelle on prend les oiseaux à la pipée. Selon 
Monet, ce sont « deux bâtons dont l'un s'enchâsse 

■ dans l'autre, et arrête par le pied l'oiseau amusé 

■ par l'apast. > (Voyez le Dict. de Cotgrave.] Oudin 
dît que c est un filet à prendre les oiseaux ; mais le 
passage suivant semble contraire à son interpréta- 
tion : - Le baston où le breulel entre, doit estre 

• près d'aussi long^comme \ebreulet, et doit estre 
« si grosset que on y puisse faire un pertuis ou 

• twut, ou les deux verges du breulet entreront. ■ 
{Hodus et Racio, «s. fol. 182. — Voy. Bbet.) 

vahiahtH : 
BREULET. HodtH et Racio. HS. fol. 183, R>. 
BiULLKT. Hodus et Hocio, MS. 



Breancbe, tubst. fém. C'est ainsi qu'en Anjou 
et dans quelques autres provinces, on appelle la lie 
de l'huile. (Dict. de Gorel et de Ménage.) 

Breasse, subst. Vase ou tasae d'étain. (Dict. 
d'Oudia et de Cotgrave.) 



I- BR 

Breuvage, subst. masc. Ce mot subsiste. On 
s'en servoit autrefois pour désigner ce que nous 
nommons aujourd'hui le vin du marché, qui se 
nayoit par-dessus le prix du marché convenu. 
(Voy. Du Gange, Gloss. lat. au mot Biberagium.) 

BrIaDne, subst. On nommoit ainsi le droit ap- 
partenant aux échevins pour la conclusion d'un 
marché: ■ A raison desquelles ventes, donnations 
> et allienatioos lesdits éclievins ont à leurs profits 
• singuliers, et propre, à l'exclusion du seigneur, 
■ tous droict brianne à l'advenant du cinquième 
' denier. • (Nonv. Coût. Gén. T. I, p. 404.) 

Brlant, partie. Du verbe brier, qui n'est peut- 
être qu'une altérationdel'orthographe brailler, pris 
dans le sens de crier. Voici le passage où nous trou- 
vons ce mot : 

Et saciés que li aecretaios 

Fu eucore &or le patetroi, 

Par le uoiae, et par l'esdiiii 

Sue la gant aloient menant, 
enva vers le moustier briant. 

Fibl. H3S.duR.rr7ee9,M.9l,V col. I. 



Brlber, verbe. Manger. — Mendier. 

Babelais emploie ce mot au premier sens de 
manger : • J'ay nécessité bien urgente de repaistre 
« si me voulez mettre en œuvre, ce sera basme de 
• me voir briber (2). > (Rabelais, T. II. p. 103.) 

BriitËr est expliqué par mendier, dans les Dict. 
de Nicot, Monel, Oudin et Cotgrave. 

Bribeur, subst. masc. Mendiant. (Dict. de Nicot, 
au mot Bribeur.) Brivand, dans le patois gascon, 
se dit d'un gueux. 

VARIANTES : 



Bric, subst. masc. Piège. Broion est undiminu- 
lif. Le moL bric est expliqué par cage à prendre les 
oiseaux, dans le Gloss. de Marot. 

Tous ces mota aUechans 

Font souTeuir à l'oyseleur dee champs, 
Qui doucement fait chanter son aubfet 
Pour prendre au bric l'oyseau nice st forblat. 

Cl. lUrol, p. 3B. 

Plus m'a sorpris TOstre via, 
Qu'oisel qui est pris au broi. 

Po«. HSS. inM 1300. T. H. p. S38. 
VARIANTES : 
BRIC. Monet, Dict. 
Bhï. Vin. de Cliaries VII. 
Brick. Poès. HSS. avant 1300. 
BHOl. Chana. MSS. du Comte Thibaut. 
Broion. Fabl. MSS. du R. n* 7S18, fol. 140, R* cd. % 

Bric et à Brac (à) (3), adv. A tort et à travers. 

(Oudin, Cur. Fr.) 

Brlche, subst. fém. Ailiflce, ruse. — Espèce 
de jeu. (Voyez Briche ci-après.) 
Ce mot , au premier sens , semble tirer son 



(1) Cilé d'apré* le Dictionnairo de Docbei. (n. k.) ~ (2) Bribe, qui paraît £tre le 
xrr* siècle mhis U forme brimbe ; on lit dana Guigneville, manuscnt sur lea pèle 
■on wÂet, et tant y soDt Que ntorsiee dles dev ienent. i (x. m.) - (3) C'est — ~ 



verbal de brlber^ est employé dès le 
■ C'est celle qui brimbet repont tin 
de l'expression brie et broc. (s. B. 
16 



BR 



— 12Î - 



BR 



acception de la seconde, et s*employoit figurément 
pour artifice, ruse. 

Du mur résout hautes les eles 
Très bien garnies de toureles. 
Nul adsaut ne doutent la briche (i), 

G. Guiart. MS. fol. 63, R*. 

Il signifioit proprement une espèce de jeu (2). 

Chascuns parle de divers gieux jouer, 
De cliner l'œil, de porter maie honte, 
Et de la briche aux compagnons donner. 

Eust. Desdi. Poës. MSS. fol- SS5, col. 4. 

Ha dya 1 te joues lu ainsi? 

Je vueil jouer, tien cette briche. 

Ibid. fol. 380. col. i. 

Eur, et meseur est le gieu de la brique ; 
Qui est eureus, chascun lui donne et oftre. 

Ibid. fol. 35. col. 3. 

De là l'expression : Jouer de quelqu'un à la briche. 

Rimer m'estuet de Brichemer, 
Qui de moi joe à la bricJie; 
Endroi de moi je F doi aimer. 

Fabl. MSS. du R. n* 7615, T. I, fol. 79. R* col. i. 

VARIAI'iTES * 

BRICHE. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. I, fol. 72, R« col. 1. 
Brique. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 35. 

Briche, mbst. fém. Verge. Mot formé de bran- 
che, qu'on prononce brinche en Normandie. On 
nomme briche^ à Metz, la verge des enfants, selon 
Le Duchat, sur Rabelais, T. II, p. 198. On disoit 
au diminutif brichette. (Voyez Briche ci-dessus.) 

VARUNTES : 

BRICHE, Brichette. Le Duchat, sur Rabelais, T. II, p. 196. 
Bringete. Modus et Racio, MS. fol. 166, V«. 

Brichemel. C*est le surnom de Jehan, par qui 
Du Tillet commence la généalogie de la maison de 
Châlon. S* Julien, dans ses Hesl.historiq. page 305, 
dit qu'il n'a pas trouvé ailleurs ce mot. 

Brichet, subst. masc. Partie du cerf. On a dit, 
en termes de cbasse : « Pourfens par dessus la 
« joincte tout au long, depuis Ion ensisure jusques à 
* la bampe, que les bouchiers appellent brichet (3). » 
(Modus et Racio, fol. 14.) 

variantes : 

BRICHET. Modus et Racio, fol. 14, V». 
Bruchet. Modus et Racio, MS. fol. 28^ V». 

Bricole, subst. fém. Tromperie, fourberie, 
comme qui diroit le cbange. Ce mot subsiste encore 
en ce sens, pour exprimer l'action d'agir avec 



quelqu'un par des voies indirectes et obliques. 
Cette acception est flgurée. 

J'ay bon besoin de retourner à Vescole, 
Car en amours ne scay tours, ne bricole. 

Le Logf«r des Follet Amours, p. 311. 

De là^ on disoit donner la bricolle pour attraper, 
donner le change (4). A la bataille de Fornoue, plu- 
sieurs François prirent des chevaux et des habits 
pareils à ceux de Charles VIII, en 1495, pour donner 
la bricolle aux ennemis qui avoient envoyé le recon- 
naître dans le dessein de le tuer (5). (André De la 
Vigne, Voyage de Charles VIII à Naples, page 162.) 
On a dit dans le même sens, jouer d^une bricolle. 
(Dict. de Cotgrave.) 

VARIANTES ! 
BRICOLE. Le Loyer des FoUes Amours, p. 311. 
Bricolle. Cotgrave, Dict. 

Bricon, adj. Fripon, coquin, trompeur. •— Niais, 
nigaud. 

Sur le premier sens, voyez les Dict. de Borel, 
Corneille, Ménage et Du Cange, Gloss. lat. au mot 
Brica^ d'où il dérive bricon. Ce mot semble venir 
de Bric ou Briche ci-dessus. 

Plus plalst mençonge à bricon. 

Qu'a femeilleus char de paon. 

FaM. USS. do S. Gêna. fol. k, R* col. S. 

Moult est genglerres, et gloton, 
Et menterres, et mal bricon : 
De malvaitié, en sor que tôt, 
Vainqaoit il les autres par tôt. 

Ibid. fol. 13, R* col. 1, et pattim. 

Nous ne trouvons abricons que dans les chansons 
MSS. du Comte Thibaut, p. 68, et il faut peut-être lire 
a-bricons. 

On a dit aussi bricon pour sot, nigaud. Le séné* 
chai, se moguant de la générosité que Floire avoit 
eue de le laisser monter à cheval après ravoir ren* 
versé, lui dit : 

Yoz le felstes con enfant, 
Et ge vos en tieng por bricon. 

Floire et BUDch. MS. de S. G. foU 197, R* col. i. 

Cil ne fu pas fol, ne bricon; 
Ains le salua. 

VM. MSS. da R. n* 7218. fol. 111 , V« col. t. 

C*est un terme générique d'injure qui s'applique 
aux faibles, aux lâches, ingrats, durs, barbares, 
félons. (Voy. Athis, ms. fol. 49.) 

variantes * 
BRICON. Fabl. MS. du R. n« 7615.' T. Il, fol. 153, Ro col. 2. 
Abricon. Chans. MSS. du G** Thibaut, p. 68. 



(1) La briche, dans celte citation de G. Guiart, est une variante de brique, avec le sens de fragment, petit morceau ; 
eUe renforce la négative comme mie, pas. point. AiUeurs, le sens est projectile de terre cuite (v. 9680-16668) : c Et cens des 
hauz mas entremetre D*entre leur ennemis semer, Les gens le roi, clutilloz de mer Plus durs qu'acier, gros comme miches» 
Et ceux devers le Flamens briches. » La briche, dans ce cas, était le projectile de la bricole^ avec lamielle elle pandt se 
confondre dans le passage suivant (G. Guiart^ an. 1364) : « Garnis de quamaus et de briches, Pourgeter a chace et à fuites, y 
On trouve aussi au xiii* siècle briche, avec le sens de piège : « Ysengrin remest en la briche, » (Renart, v. 1200.) (N. B.) — 
(2) On lit au reg. JJ. 162^ p. 191, an. 1408 : c Âucimes jeunes bacbelettes jouant d'un jeu, appelé la briche, et ouant le 
suppliant et Mathieu Rurnel approucherent près d*eu]x Ândrieu d'Âzencourt print hors des mains d'une 



desdites 




ttes 



le baston, duquel bricher devoit. » Au reg. JJ. 165^ p. 306, an. 1411 : c Pluseurs gens qui jouoient au geu de briche et eesant 
à terre. » A ce jeu on s'asseoit, on se sert d'un bâton, on y lance des boules comme ferait une bricolle, et ces Boules 
rebondissent comme si au billard on jouait par la bricolle. C'est donc une sorte de crochet, de jeu de crosse. (N. B.) •*> 
(3) Voir Bréchet, — (4) Froissart emploie ce mot dans le sens de machine à lancer des pierres : a Li CaoLbrisien fisent en 
grant haste ouvrer et carpenter en^hiens et bricoles pour jeter au chastiel. > (Ed. Kervyn, III, 176.) Puis, dans la série des 




le tuer, » (n. b.) 



BR -1 

Brtconner, verbe. Tromper, duper. Du ancien 
poëte (\\t d'une fcmoie gui veut obtenir de celui 
([u'elle aime, des bijoux étalés par un mercier : 

Lora le cuide & briconner: 
Au col te giete mndoi ses braz, 
S U dit que tu U Bchu. 

(HUt d* Art. VB. da S. G. M. Bt, V cd. S. 
TAHIANTES : 
BfUCONNEH. Fauch. Lang. et Pota. fr. p. 140. 
ABUComn, Ehbmconer. Dict. de Borel et Corneille. 
Ekbiuconer. 

Bricose, subst. fém- Querelle. (Voyez le Pon«- 

Ê«i/e aulissiodorenns, cité par Du Cange[l), Gloss. 
itio. au mot Brisa.) 

Bricot, subst. masc. Petite pierre. (Dict. d'Oudin 
etdeCotgrave.) 

Bricoteau, subst. masc. Palet de pierre. Petite 
pierre plate. (Dict. d'Oudin.) Bricoteau éloit une 
espèce d'exercice. « Paris se metloit à luyter tout 

• nud avec les plus forts sur l'herbe verde, ou 

■ it tenir te cas qu'on appelle croc madame, ou 
c faisoit partie aux barres, au bricoteau et à la 

■ paulme. > (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, liv. I, 
page 60.) 

Brlcuel, subst. masc. Espèce d'arme. Son usage 
est assez incertain. Peut-être s'en servoit-on à jeter 
des pierres. (Voy. Bhingolle ci-après.) 

n priât un (auquillon qui fut an Lombardie 
Sin (?) la pria un brieuel qui Tut an Hougherie. 

Poâl. HSS.iTint 1300, T. [V, p. 1366. 

Bride, subst. fém. Sorte, de gan ce. Gance qui se 
mettoit aux babils. (Dict. d'Oudin.) On lit dans un 
compte de 1351 (2): ■ Cbapeaux garnis de brides, ou 

■ las de soye noire, et de deux gros boutons d'or 

• de Cbipre. • Ce compte est cité par Du Gange, 
Gloss. lai. au mot Capeltus. Le mot bride s'em- 
ptoyoit aussi dans la sigaificatioa qui subsiste 
encore, et l'on disoit en ce sens : 

1*^ j^rtite ava/Ie>, pour à bride abattue. < Ainsi 

• qu'il disoit cela, ils adviserent six cents soixante 
< chevaliers, montez à l'advantaige, sur chevaulx 

• legiers, qui accouroient la veoir quelle navire 

■ c'estoit qui estoit de nouveau abordée au port, 

• et couroient à bride avallée pour les prendre, 

• s'ils eussent peu. • (Rabelais, T. H, p. âl3.} Cette 
expression est figurée dans le passage suivant : 
> Decius le père, et Decius le flts à mde avalée 

■ coururent à une mort vollontaire. » (L'Amant 
ressuacp. 381.) 

3* Sou* bride, c'est-à-dire sous cape, dans le fond 
du cœur. ■ Enrageoit et se faschoit fort sous 

• bride. • (Brant. Dames Gall. T. II, p. 109.) 
S* Bride» ô veaux. (Voy. Rabelais, T. IV, p. 252.) 

L'éditeur l'explique par oea/tlles, bagatelles qu'on 
ne mange pas pour se rassasier. 



Brider, verbe. Ce mot subsiste dans le sens 
propre. Il est employé au figuré dans diverses 
anciennes expressions que nous allons rapporter : 

1* Se brider. Nous ne démêlons pas bien la signi- 
fication de ce mot dans le passage suivant; peut- 
être est-il employé pour s entêter, comme nous 
disons vulgairement se casser le nez à quelque 
chose, être la dupe. L'auteur, parlant de l'usage 
introduit de tirer de l'arquebuse en l'appuyant sur 
l'estomac, du temps qu'elle étoit grosse et longue, 
au lieu que depuis on l'a faite courte et aisée 
à manier, dit : ■ La façon espagnole estoit aussi 

• courte, mais s'y sont si bien appropriez que la 

• nostre, d'autant que cela donne mieux le coup, 

> et M. de Slrozze le trouva bon et s'en accomoda, 

■ car il s'y bridoil bien quelquefois, à cause des 

■ grosses charges, mais pourtant bien plus souvent, 
« car il estoit des meilleurs arquebusiers do 
« monde, et des plus asseurez, et tirant de la meil- 

• leure grâce. . (Brant. Cap. Fr. T. IV, p. 296.) 
2° Brider la potence, terme de la course de 

bague (3). C'estunefaule commise dans cet exercice. 
' On lui a dit que je me glorifiois, et même me 
•I mocquois de luy, lorsqu'il dansoit, ou couroit la 
« bague; et vous sçavez, s'il y eut moyen de 
« s'empêcherderire, une fois qu'il ftridfliapoïance, 

■ et une autre fols qu'il se laissa choir en faisant 
« manier un cheval. • (Mém. de Sully, T. I, p. 163.) 

3° Brider l'âne (-1), Espèce de jeu. • Ces jeux de 

■ mommerie Unis, on commença les danses des 
< bouffons avec les sonnettes, mattacins et divers 

■ petits jeux, comme escorcher l'anguille, brider 

> l'asne, prendre la grenouille et autres. ■ (Le 
Printemps d'Yver, fol. 164.) 

4' Se brider d'amour et de vin. C'dtoit s'enivrer 
d'amour et de vin. (Dict. d'Oudin et Cur. Fr.) 

5° Brider une affaire, pour la conclure. (Dict. 
d'Oudin.) 

6* Brider une personne, pour l'embrouiller, 
l'intriguer. (Dict. d'Oudin.) 

Brie, subst. fém. Nom de province. Fromage de 
Brie éloit passé en proverbe dès avant 1300. (Voyei 
Poës. Mss. avant 1300, T. IV, p. 1652.) 

VARIANTES : 
BRIE, Brye. P«rard, Hist. de Bourg, p. 401. 

Brief, adjectif. Bref, court, petit. — Léger, 
prompt à la course. 

Le premier sens se trouve dans le Glossaire du 
P. Laobe, aux mots Brief, Brevi$. 
La boucbe brief, les dons iogaos. 

AiU>, HS. W. t. ifai). I. 

De là, on disoit brief pour léger, prompt à la 
course, au féminin briève. 

(1) V<dd la citation : ( Tnnc episcopna det els (tonsuratia), aquam benedictam, et moneat eos, ne aint brigo$i, ne 
dimittant Mola», Hbenter ad ec«1ealani Tadant. > (n. k.) — (3) Le mot est déjà au Roman de la Rose (v. 6516) : t N'onc ne U 
flftfortuntf) pot tenir Cresug, Qu'ei ne l' tomast et jus et sus, Qui refU roi de tonte Ljde, Puis li mist l'an ou col la brute, 
Et (U par ordre an feus livrés. > > En nos plors n'ot ne Trains, ne brides. ■ (v. 10557.) (n. b.) — (3) C'est donner contre U 
poMnctf, «u lieu d'emporter U bague. <N. tL) - (4) Hontalgne écrit (1,72): c Faire brider i'wne parla queue, > o'e«t-A-dira. 
^jpnoinnai. > (n. b.) ' 



BR 



— 124 — 



BR 



De la proece Yolant vous dire! ; 

Tost à l'elme fermé, 

Sor Morel la briève, 

Prist l'escu : n'est ke guère. 

Poët. IfSS. avant 1300. T. 111. p. ii86. 

On disoii aussi adverbialement : 
!• Al lap d'un brieu, c'est-à-dire au bout d'un 
peu de temps. (Dict. de Borel, au mot Corée,) 
2* A briez mo%, c'est-à-dire en peu de mots. 

Moult les deust bien aloser 
A briez moz, ou à longue alaine. 

6. Guiart, MS. fol. 240, R*. 

On trouve en ce sens à bries paroles dans Eust. 
Desch. Poës nss. fol. 486, col. 1. 

3* Briefet court. Le même que ci-dessus. (Voyez 
Chasse de Gast. Phéb. ms. p. 4.) 

4* Bien brief, pour en peu de temps. < Leur feroit 
« impetrer trêve aux Anglois bien brief. » (J. le Fèv. 
de S» Remy, Hist. de Ch. VI, p. 440.) 

5» En brief. Le même que ci-dessus. « Si votre 
« voyage sera long, ou si retournerez en brief. » 
(Nuits de Strapar. T. Il, p. 200.) 

6" De brief, c'est-à-dire sans délai. 

S'U ne te plaist de brief nous secourir. 

i. Marol, p. 193. 

7* A brievey pour promptement. 

T acourent tuit à brieve. 

Fabl. MS. de S* Germ. p. 147. 

Briefet le court, pour conter en bref. 

La prist par force, et par maistrie 
Un chastel que on apçeloit Court : 
Si vous en diray le brtef et le court, 

Machaut, HS. fol. 214. V col. 2. 

VARIANTES : 
BRIEF. P. Labbe, Gloss. 
Brieu. Dict. de Borel^ au mot Corée. 
Bries, sing, S> Bern. Serm. Fr. MSS. p. 50. 
Bries, plur, Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 486. 
Briez, sing. S» Bern. Serm. Fr. MSS. p. 10. 
Briez, plur, G. Guiart, MS. fol. 240, K«. 

Briement, adv. Brièvement et promptement. 

g^oy. Beaumanoir, p. 1 et 7, et les Ordon. des R. de 
r. T. m, p. 250.) 

VARIANTES : 

BRIEMENT. Perard, Hist. de Bourg, p. 514. 
Brement. Machaut, MS. 

Briesche. Voici le passage où nous trouvons 
ce mot. Peut-être est-ce une faute pour griesche: 

Or est la vergoigne briesche : 

Tant a venu 
De la gent qu'ele a retenu; 
Sont tuit cil de sa coste nu, 

Et tuit deschaux. 
Et par les frois, et par les chaux : 
Ne ses plus mètres sénéchaux 

Nra robe entière. 

Fabl. MS. du R. n> 7615, T. I. fol. 01, R* col. 1. 

Briesmars, subst. masc. Espèce de boisson. Il 
semble que ce soit une corruption de bière de mars. 
On lit dans la Coût. Gén. T. I, p. 647 : « Cervoises, 
« briesmarSj et autres breuvages brassez de grain. >» 
(Voyez Bromars.) 



Brieufs, subst. masc. plur. Passe-port, congé. 
(Voyez Bref, dont ce mot est le pluriel.) Ce mot 
semble désigner la permission de naviguer, qu'il 
faut obtenir des juges de Tamirauté, avant de pou* 
voir sortir du port. On dit encore brieve, en ce 
sens, sur les côtes de Bretagne. Il paroit que pour 
avoir cette permission, il falloit payer quelques 
droits, car nous lisons dans rénumération des 
Revenus du Roi : « impots, et billiots, ports, bavres, 
« brieufSn ancrage, etc. » (Mém de Sully, T. X, 
page 230.) 

VARIANTES : 

BBIEUFS. Mém. de SuUy, T. X, p. 230. 
Bribux. Ihid. p. 9d4. 

Brievelete, subst. fém. Billet, libelle. « Corn* 
« mencerent ceux dTpre à murmurer, et feirenl 
« brieveletes, et les jetteront secrètement par toute 
« la ville, pour ses gens discorder. » (Chron. de 
Flandr. citée par Du Cange, Glossaire latin, au mot 
Breviculus.) 

Brifau, subst. masc. Enfant, jeune bomme. -- 
Grand mangeur. — - Nom d'un chien de chasse. 

Sur le premier sens d'enfant, jeune homme, 
voyez les Dict. de Nicot, Oudin et Celthell. de L. 
Trippault. Ce mot désigne un jeune homme amou* 
reux et sans expérience, dans les vers suivans, où 
l'auteur dit, en parlant des femmes galantes : 

Et qui pis vaut, 
S'aucun briffaut (1) 
Vient en leur game, 
Tantost U faut, 
Qu'il soit nigaut, 
En brief esnace. 

Le Blaaon des Faulcee Amoars, p. 273. 

Brifau s*est dit aussi pour signifier un grand 
mangeur ; mais en ce sens, il vient de briffer. (Voy. 
Briffer.) Nous trouvons ce mot employé dans cette 
signification sous presque toutes ses orthographes. 
(Voyez les Dict. de Monet, Ménage, Cotgrave, Oudin, 
et les Epi th. de Mart. de la Porte.) 

De là, ce mot a servi pour désigner un chien de 
chasse. Brifù^t, suivant Beneton de Perin, Eloge, 
Hist. de la Chasse, p. il, signifie le pilleur. 

VARIANTES : 

BRIFAU, Briffau, Brifeau , Briffaud , Brifaut, 
Briffaut, Briffault, Briphault. 

Briffault, subst. masc. Espèce de jeu. Il se 
trouve cité dans rénumération des jeux de Car* 
gantua. (Rab. T. I, p. 151.) 

Briffaulx, subst. masc. plur. Sorte de religieux. 
Rabelais se sert souvent de ce mot pour désigner 
les moines en général. (Voyez T. II, p. 71 ; T. III, 

t424 ; T. IV, p. 142, et T. V, p. 163.) Cependant, 
Duchat, ibid., remarque que ce sont les Frères 
Chapeaux, ainsi nommes parce qu'ils portent des 
chapeaux au lieu de frocs. « Ce sont, dit-il, des 
« frères lays fondés en bref du pape , et font la 
« quête pour les religieuses qui les nourrissent. » 



(1) On en trouve des exemples au xui* siècle : t Qu'est donc la treiUe devenue ? Brifaut, vous l'avez brifaudée. » (Nouv. 
Rec. de Fabl., I, 74.) (n. e.) 



BR -« 

Briffer, verbe. Manger eoulAment. Dans le style 

Kjpulaire, baffrer. (Dict. de Bore), Nicot, Monet, 
adin, Ménage et Cotgrave. — Voyez l'Hist. au 
Th. Fr. T. VU, p. 336.) 

TARIABTES: 

BRIFFER, Bbifkr. 

Briffeur, sutsf . mate. Gourmand. 



Brig, subst. Passage, pont. (Dict. de Borel, au 
mot Brig; ibid. 2" add. au mot Briva.) C'est un 
ancien mot gaulois qui signirioit pont, suivant le 
même. Voyez la préface de son Dict. p. 42, et Du 
Cange, GIoss. lat. aux mois Brighbot el Briva ; voy. 
encore le Dict. de Bore!, au raot Brive, d'où il pré- 
tend que s'est lormé Brive- la-gaillarde, et au mot 
Bruç, où, indépendamment de la signification de 
pont, il lui donne celle de donjon et de tour. 

VARIANTES : 

BRIG, Brdo, Biuoa, Brivb. Borel, Dict. 

Brigade , subst. fém. Compagnie , bande et 
Ironpe ou armée. • Puis, a chef de pièce, nous 

■ dansasmes ; et quand il fut temps de se retirer, 

• après avoir prins congé, et donné le bonsoir à 

• toute la brigadB, je fuz emmené par demoiselle 

• Volupté, etc. - (Carlheny, Voyage du Chevalier 
Errant, fol. 51.) 

.... Quant U boorgeoue est en galles, 
Une CWerre, une brigade 
Vient jouer aux sons des cimbaks. 
Au glic, ou & la condampoode. 

CoqiriUtrl. p. t3. 

Delà, on disoit en ftri^adË pour péle-méle, con- 
fnsémeat. Ainsi, on lit dans Perceuiresl, au sujet 
da repas donné le lendemain des noces du duc 
d'Orléans avec la duchesse de Clèves. nièce du duc 
de Boui^ogae, en 1440: • Quand aux deux ducs, 
« seigneurs angtois, et les comtes dessus nommez, 

■ et autre grande ctievalerie disnërent l'un avec 

• l'autre, comme en brigade, el furent tous les uns 

• corne les autres serviz , très abondameut de 
» plnsieurs riches et divers mets. • (Monstr.Yol.H, 
fol. 178.) . Les bei^erettes et pasteurs estoient assis, 
- auprès d'une fontaine, et avoient Uré leurs vian- 
« des hors de leur panelerie: adonc ilscommen- 
< cerent par accord a manger en brigade. ■ (Percef. 
Vol. V, toi. 73.) 

Le Prince et toute la brigade 
Grant et petit, sain et malade 
Montèrent OedenE lei aalÉea. 

Mmlmi, m. M. MS, V col. t. 



Brigader, verbe. Ranger par troupe. — Ban- 
queter. (Voyez, sur cee âenx sens, les Dict. d'Oudia 
et de Goyave.) 



« courant et apert, a pié. i 



Brigages, subst. mase. plur. Bavardages. 

Nous desvlBasmeB là de baves. 
Et des besODgnea dismea tant, 
Et delangaigea, et do brigage». 
De quoy brief pas ne m'en souTÎact, 
Pour nous, et nos adTantalgee. 

Cûldlkrl, p. IM. 

BrigalIIe, subsf. masc. Nom factice sous lequel 
est désigné un cuisinier, dans Rabelais, T. IV, 
page 171. Brigaille se dit encore, en Gascogne, des 
miettes de pain. 

VARIANTES ; 



Brigan, subst. masc. On appeloit brigands une 
sorte de troupes qu'on levoitcommunémenldans les 
villages (1). La Lombardie en fournissoit beaucoup. 
Ces soldats servoient à pied et portoient des bou- 
cliers ; comme ils faisoient beaucoup de voleriea et 
de brigandages, de là on donna leur nom aux 
voleurs de grand chemin. Cette acception est la 
seule qui subsiste. Les brigandiniers, sous Charles 
Vli, étoient payés à cent sols tournois par mois. 
Honet, dans son Dict , et Brantôme disent qu'on les 
nommoit brigands, parce qu'ils étoient armés de 
brigandines, armes fort usitées alors. Voyez les 
différentes élymologies de ce mot, proposées ijar 
Bouchet, dans ses Serées, Liv. Il, p. 95; Favin, 
Théât. d'Honn. Liv. I. p. 884. On trouve burgant, 
dans le GIoss. lat. de Du Cange, au mot Brigancii ; 
il semble que sa signification soit la même que celle 
de brigand. 

TARUNTBS : 

BRIGAN. Honet, Met. 

Bbioamd. Cbron. S< Denis, T. U, fol. 354, V°. 

Brisant. GIoss. du P. Lobbe, p. 533. 

BuROAiTT. Du Cange, GIoss. Ut. au mot Brigantii. 

Brioandinibr. Froiss. Uv. IV, p. 10, et Molinst, p. 193. 

Brigand, subst. masc. Voleur. Ce mot subsiste 
sous l'orthographede brigand, mais on ne s'en sert 

SIus au féminin. On lit Brigande du cœur d^autrui 
ans les Nuits de Strapar. T. I, p. 45.) 

VARIANTES : 

BRIGAND. Nuits de Strapar. T. I, p. 46. 
Brinoans, plur. Triompb. des IX Preux, p. 147. 

Brlgandeau, suAs^ masc. Diminutif de brigand . 
Ce mot se dit encore dans le style familier pour 
désigner un petit voleur. 

variantes : 

BRIGANDEAU. Epitb. de Hart. de la Porte. 

Brioandereau. Dict. de Cotgrave. 

Briganderie, subst. fém. Brigandage. 

VARIANTES : 

BRIGANDERIE. Nicot, Rob. Eatienne et Cotgrave, Dict. 
Bhiquanderie. Rabelais, T. I, p. S84. 

Brigandin, subst. masc. Brigantin. Ce mot 
subsiste sous l'orthographe de brigantin. Nicot le 
définit ainsi : < Espèce de vaisseau de basbord, à 
« bancs, et avirons, plus grand que la frégate. — 

■ Taies, bridant, c'est lute manière de 



BR 



-126 — 



-« On mit au premier chef, et entrant au Iiavre, une 
« manierede vaisseaux courans, lesquelson nomme 
« brigandins (1), el estoyenl pourveus de bricolles et 
« de canons. » (Froissart, Liv. IV, p. 79, an 1390.) 
Le P. Daniel, Mil. Fr. T. II, p. 636, croit que c'étoit 
4es vaisseaux légers propres à la course, qui précé- 
doient les galères ou grands vaisseaux. 

VARIANTES I 
BRIGâNDIN. Nicot, Dict. 

Brioantin. Du Gange, Gl. 1. à Brigantinus et Vergantinus, 
Briguantin. Rabelais, T. I, p. 100. 

Brigandine, suhst. fém. Cuirasse. — Malle, 
valise. 

Au premier sens de cuirasse, ce mot désignoit 
une armure de corps. Elle étoit faite de lames de 
fer, de la longueur et de la largeur d'un bon doigt, 
clouées les unes sur les autres (2). (Fauchet, des 
Orig. Liv. II, p- 105.) 

Nous ne trouvons ce mot pour malle, valise, que 
sous l'orthographe de brigandine; du moins, il 
semble qu'il faille l'entendre en ce sens, dans le 
passage suivant: « Avoient tousjours avec eulx 
« quatre cens mil escus que archers portoient en 
« brigandines^ et en bougettes. » (Mém. de Rob. de 
la Mark, seigneur de Fleurange, ms. p. 347.) 



VARIANTES I 



BRIGANDINE. Hist. de la Popel. T. I, Liv. II, fol. 43. 

Brinqandine. Molinet, p. 190. 

Brioantine. Etat des Onlc. des Dacs de Bourg, p. 287. 

Brigandine, adj. Armé. Du mot brigandine, 
espèce d'arme ou cuirasse. (Voyez D. Florès de 
Grèce, fol. 21.) 

Brigantes, subst. musc. plur. C'étoit le nom 
d'un peuple des Iles Britanniques. On a dit, en par- 
lant de l'Angleterre : « La troisième partie de ceste 
« ysle est du côté de Occident à l'opposite de l'isle 
« aYbernie ou Yrlande, où souloit estre ancienne- 
« ment ung peuple, ou nation nommé Brigantes. » 
(Percef. Vol. I, fol. 2.) 

Brigantins, subst. maso. plur. Nom d'un peu- 
ple. On appeloit ainsi certain peuple de l'Allemagne 
qui habitoit sur les rives du lac de Constance, et 
voloit publiquement ; de là, vraisemblablement, le 
nom brigantins que l'on a donné à des paysans 
armés, et occupés uniquement à piller et à dresser 
des embuscades. On les nommoit aussi piquiers. 
(Voyez Hist. de Charles YI, par le Moine de S' Denis, 
traduit par Le Labour, p. 776.) 

Brignon, subst. masc. Botte de foin. « Quant 
« aux corvées des chevaulx, ont confessé estre 
« tenus à ce faire en nature, mais en ce faisant le 
« cbarton doit avoir à desieuner, recbiner et ung 
« brignon pour les cbevaulx. » (Nouv. Coût. Gén. 
T. I, p. 407.) 



Brigue, subst. fém. Querelle, dispute. — Excès, 
violence. 

Sur le premier sens, voyez le Dict. de Borel, aux 
mots Brigands et Briche. Selon lui, brigne et brine 
signifient la même chose que riote^ formé du latin 
Bixa, querelle. Labbe explique en ce sens le mot 
brique, brica, tençon, dans son Gloss. p. 491 (3). ( Voy. 
aussi un Gloss. lat. et Fr. cité par Du Cange, Gloss. 
lat. au mot Brica.) 

Marthe qui n*oit brigue, ne noise 

Hist. det Trois Maries, en ten. MS. p. 211. 

De là, ce mot s'est pris pour violence, excès. 
« Incontinent, le jour couche, chascun chief d'hos- 
« tel, eut à mettre, devant sa fenestre sur la rue, 
« une torche, ou chandelle ardant jusques au jour, 
« afln que de nuict par les rues, n'y eust nulle 
« brigue. * TJean d'Auton, Ann. de Louis XII, de 
1506, p. 310.) Ce mot est aussi expliqué, en ce sens, 
dans le Gloss. de THist. de Bret. au mot Brigues . 

VARIANTES * 

BRIGUE. Ciont. de G. de Tyr, Martène, T. V, col. 747. 

Brique. Glo&s. du P. Labbe, p. 491. 

Bryche. Borel, Dict. 

Brigne, Brinb. Id. au mot BrigancU. 

Briguerie, subst. fém. Brigue, cabale. — Nom 
d'une guerre. 

Le premier sens est le sens propre. (Voyez Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave, au mot Brlguene.) On a 
dit, en parlant des Vénitiens qui entretenoient les 
factions Guelfe et Gibeline: « Si maintenoient 
« ils ces différens parmi eux à celle fin que leurs 
« sujets étans occupez à ces biHguerieSj n'eussent 
« le loisir de penser à se rebeller. » (Le Prince de 
Machiavel, p. 138.) 

De là, ce mot s'est employé avec une signification 
particulière pour désigner la guerre du Dauphin 
(depuis Louis Xî) contre le roi son père: « S'appella 
« cette guerre briguerie, ou praguerie (4). • (Mém. 
de Comines, p. 502. — Voy. Pragderie.) 

Briguets, adj. au plur. On nommoit ainsi les 
gens issus de pères nobles et de mères roturières. 
« L'empereur Sévère qui oncques ne souffrit au- 
« 1res officiers, et gens de commandement, qu'ils 
« ne fussent nobles d'ancienne race, laquelle 
« s'interprète tant du costé paternel que maternel : 
« car autrement clochans d'un costé, ilz sont appe- 
< lez metifs,et2)n^u^^s. » (Contes d'Eutrapel, p. 38.) 

Brigueur, subst. masc. Querelleur. — Brigand. 

Au premier sens, ce mot vient de brigus^ 
querelle. Nous lisons « homme brlgueuxei de mau- 
« vaise vie » dans le Très, des Gbart. Reg. 119, 
pièce 57. 

En étendant cette acception, brigueux s'est dit 
pour brigand. « Hercule de Grèce fut le premier 
« escumeur de mer et grant, brigueux^ remply de 



(1) Froissait offre aussi la variante bringantin: t Nous envorerons premiers nos petis vaisseaulx que on appelle 

bAnaanHns. > (Ed. Kervyn, XIV, 213.) '-' - ' '"^ '- *--• — ^^ ^*-^* --* ' ^- -' ** * — *- 

sur le corps d'archers et arbalétriers 

la B. N. (N. E.) - (3) Bercheure, ^ ___ ^ ,, ^_.. _ _. 

--'««ment de brigues; car li tribuns commandoient au peuple que il s'en alast, et U consulz ne le sooffroieat. » (n. B.) 
" -«- «discordes aux guerres des Hossites, qm avaient leur centre à Prague, (h. b.) 




BR 



- 127 — 



BR 



« tous vices. » (Cartheny, Voy. du Chevalier errant, 
fol. 21.) 

VARLàNTES : 

BRIGUEUR. Monet, Rob. Est. et Cotgr. Dict. 
Brigueux. Très, des Chart Reg. 119, pièce 57. 

BpU, subèt. masc. Etincelle. — Feuillage. 

Pris dans le sens propre, ce mot signifioît étin- 
celle, lueur éclatante. (Dict. de Monet, Oudin et 
Cotgrave.J On s'en est servi pour exprimer le feu 
qui sort au diamant, comme dans cette expression, 
Ml des diamans (1). (Charrier, sur les Fourrures, 
page 31 .) 

Bril s'est aussi employé pour feuillage; alors il 
semble tirer son étymologie de broil, bois. (Voyez 
Bboil.) On a dit en parlant du printemps : 

Qne diriez vous du froit mois de janvier, 
S*U se Youloit marier à avrU, 
Qui fait les fleurs et printemps verdoier, 
Arbres et prez, et chanter, soubz le bril, 
Le très plaisant rossignol. 

Eost. Deseh. Poés. MSS. fol. 891, col. 3. 

Brillant, subst. masc. ^Joyau. Ornement de 
diamans à l'usage des femmes. (Dict. d'Oudin, à 
Brillemant ; Monet, Dict.) 

Brlllement, subst. masc. Eclat, splendeur. 
Proprement l'action de briller. (Dict. de Monet 
et Oudin.) 

Briller, verbe. Chasser de nuit aux oiseaux à 
la lumière. 

YARiAMTEs : 

BRILLER, Brsllbr. Nicot, Monet et Oudin, Dict. 

Brlllonner, verbe. Briller. (Dict. de Cotgrave.) 
« L'or vient il à brillonner. » (Contes de Cholières, 
fol. 31.) 

Brimart, subst. masc. Balai. (Dict. d'Oudin.) 

Brimbale, subst. fém. Grelots, sonnettes. (Dict. 
de Cotgrave.) • Un mulet avec ses brimballes et 
« clochettes. » (Mém. de Sully, T. III, p. 17.) « Les 
« cbevaulx, et mulets de charge prainent plaisir 
< au son, et musique de ces brimballes. » (Bouchet, 
Serées, Liv. h p. 413.) 

Brimbaude s est pris flgurément et dans un sens 
obscène. (Poës. mss. d'Eust. Desch. fol. 212.) 

VARIANTES l 

BRIMBAL& Mém. de SnUv, T. ni, p. 17. 
Brimballk. Bouchot, ^rées, Liv. I, p. 48. 
Brimbaudb. £u6t. Deecb. Poês. MSS. fol. 313. 

Brimballement, subst. masc. Balancement. 
« Je ne pouvois dormir à cause du sempiternel 
« brimballement des cloches. (Rabelais, T. Y, p. 2.) 

Brimballer, verbe. Culbuter. Proprement, ce 
mot ne se disoit que des cloches qu'on sonne déme- 



surément, et de là au figuré pour tomber de haut 
en bas en culbutant (2). (Dict. de Nicot et de Monet.) 

VARIANTES : 

BRIMBâLLER, Brimbaler. 

Brlmballotler, subst. masc. Faiseur de jouets* 
d'enfant. Marchand de brimbelettesy de jouets 
d'enfant. 

VARIANTES : 

BRIMBALLOTIER. Cotgrave, Dict. 
Brimbelotier. Rabelais, T. II, p. 78, note 114. 
Brimblotier, Brimbeur. Cotgrave, Dict. 

Brimbelettesy subst. fém. plur. Jouets d'en- 
fant. Ainsi nommés parce que presque tous sont 
destinés à faire un bruit à peu près semblable à 
celui des brimbales. (Voyez Brimbale.) 

Brimber, verbe. Aller et venir. 11 semble que 
ce soit le sens de ce mot, dans ce passage : 

Je laisse aux joyeuses fillettes, 
Suy vans armées, fort enclines 
De humer les œufs de poullettes 
Et rostir grasses gellines ; 
Puisque cy-après seront dignes 
De brimberf en plusieurs quartiers ; 
Je feray tendre leurs gourdines. 
Aux gargottes de ces moustiers. 

llolinet. p. 193. 

Brimbetelley subst. fém. Sorte de ieu. Frois- 
sart en parle dans ses poésies, comme d'un jeu de 
son enfance : 

Puis juiens à un aultre jeu 

Qu'on dit à la keuue Ieu Ieu 

Et aussi à la biimbetelle. 

Froissart. Poës. USS. p. 83. 

Brimborions, subst. masc. plur. Prières dites 
sans attention, eii marmottant. Ce mot, qui subsiste 
dans un autre sens, dérive, selon Pasquier, de 
breviarium, dont on a fait brebiarium^ et de là 
notre mot brimborion. 

VARIANTES l 
BRIMBORIONS. Cotgrave et Oudin, Dict. 
Briborions. Oudin et Cotgrave, Dict. 
Breborions. Bouchet, Serées, Liv. III, p. 74. 
Brimborium, sing. Âpol. pour Hérodote. 

Brimboter, verbe. Marmotter. Nous trouvons 
dans le Dict. de Cotgrave, bribonner ses oraisons^ 
pour les dire avec précipitation. 

VARIANTES I 

BRIMBOTER, Brimbotter. Oudin et Cotgrave, Dict. 
Bribonner. Cotgrave, Dict. 

Brin (nul), adv. Point nullement. Nous nous 
servons encore quelquefois du mot brin, pour une 
négation. Nul brin signifie nullement, dans lesVig. 
de Charles Vil, T. I, p. 166 (3). On disoit aussi adver- 
bialement : « L'entreprise qu'il maintient ne m'est 
« un seul brin agréable. » (Dom. Flor. de Grèce, 
fol. 137.) « Luy qui n'estoit un seul bi'in beste. » 
(Pasquier, Monophile, p. 13.) 



« 

(1) C'est furobAblemeiit une contraction de beril {betyllus). (n. b.) — (2) On t^ve en picard brifnber (voir plus bas); aller 
et venir, hntnbettê, îeune flJQe légère, brimbeux, vagabond ; mais il vaut mieux les rapporter à bHmbe, forme primitive de 
bribê. (N. E.) — (3) Voici le passage de Martial de Paris auquel fait allusion La Cume : c Mais quand les Ân^loys l'avisèrent , 
Pour les François dedans navrer. Par tel party lors se tirèrent, Que nul brin ne s*osoit monstrer. > Du xii« au xiv« siècle. 
brin signifiait au contraire force, orgueil, bruit (Bat. d*AUeschans, v. 337) ; et dans la locution à un brin (id., v. 1644), il 
signifie à la fois. (n. b.) 



BR 



-128 — 



BR 



Brlnbaleux, adj. Aemuant. Qui s'agite. 

Un brinbaleiuc esvantoit. 

Des Ace. Bigw. Uy. IV, fol. 31, V. 

Brinde, subst. fém. Sorte d'invitation. — Vase 
à boire. 

Ce mot vient de Tallemand (1) ; il se dit au premier 
sens de Tinvitation faite à un autre de faire raison 
d'une santé qu'on lui porte. On y répliquoit par le 
mot de plaiger. (Voy. Brantôme, Dames Gai. T. I, 
p. 104.) Pelisson, parlant d'undiner fait en Allema- 
gne, dit : « Les brindes, les jambon^, les grillades, 
« etc. » (Peliss. Lettr. hist. T. l, p. 121.) 

De là, on s'est servi du mot brinde pour une sorte 
de vase à boire. « Brinde de fin orbrizé. » (Rabelais, 
T. IV9 p. 3.) Dans l'anatomie de Karesme Prenant, 
ibid. p. 130, on lit : « Il avoit... le colon comme une 
* brinde. » 

Brindelle, subst. fém. Diminutif de brin. 
Petit morceau, parcelle. (Dict. d'Oudin et de Cotgr.) 

Et comme on voit les epics tronçonnez 
Cassez, froissez, en brtndelles menues. 

de R. BeUMU. T. I, fui. 104, V*. 



BrindestoCy subst. masc. Grand bâton. —Sorte 
de pain. 

Au premier sens, on dippéloil brindestoc un grand 
bâton à sauter les fossés. (Dict. de Borel, au mot 
Estoc.) 

Ce mot s'est dit aussi pour le pain que mangent 
les soldats en Hollande. (Dict. d'Oudin.) 

Brineu, subst. fém. Ce mot semble corrompu : 
l'éditeur de Froissart ne l'a pas entendu ; peut-être 
signifle-t-il bruine. « Ils vindrent à quatre lieues 
« de Londres, et se logèrent sur une montaigne 
« qu'on appelle ou paisBlanquebude, c'est-à-dire en 
« françois la noire brineu (2). » (Frois., l. II, p. 135.) 

BrIngadeSy subst. fém. plut. Sauts de danseur. 

BaUades, fringades, bringades 
Passades, poussades, gambades 
Se font, pour acquérir ma grâce. 

ŒoY. de Roger de Cdlerye. p. 57. 

Bringolle (3), subst. fém. Machine de guerre. On 
lit Bricole^ ou Espringale, Balista, dans le Gloss. 
du P. Labbe. C'étoit une machine de guerre servant 
aux sièges pour jeter des pierres, la même que 
fsprin^a/e, suivant un Gloss. lat. et Fr. cité par Du 
Gange, Gloss. lat. au mot Spingarda. (Voy. la. ibid. 
au mot Bricola.) Borel, d'accord avec Fauchet, pré- 
tend que ce mot signifioit une fronde à main. (Voy. 
son Dict. au mot Fondelfes.) 

Nous lisons dans Tauteur de la Traduction de 
Tacite, Paris 1582, que dondaines et bricoles sont 
dCTieuxmots françois qui répondoient aux mots 
latins Catapulta et Fundabaltsta^ et que « les bri- 



« cotes et dondaines jettoient des grosses boules de 

< pierre d'un et deux piez de diamettre. » 
Froissarty parlant de l'attaque de la ville d'Afrique 

en Barbarie, assiégée par les chrétiens en 1390, 
dit : « Sur celle tour avoit une bricolle qui n'estoit 
« pas oyseuse, mais tiroit et gettoit carreaux entre 
« les naves des chresliens (4). » (Froissart, Vol. IV, 
page 79.) 

vâria!«tbs : 

BRINGOLLE, Brigolle. Monstrelet. 
Briquollb. Molioet. 

Bridolle. (Lisez Bricolle.) Gloss. de THist. de Bret. 
Brigolle. Gloss. da P. Labbe. 

Brlnguenel, subst. masc. Ce mot est employé 
en un sens obscène dans le Moyen de Parvenir, 
page 88. 

Brioch, subst. masc. Mot languedocien. Il est 
rendu par tire-braise, dans le Dict de Borel, au 
mot Roable. 

Brioel, subst. fém. Brayette. On a dit en parlant 
de la mort de Guillaume Lougue-Epée : 

Quant H dus fu despouiliiés, 

Uns cevaliers, ki fu ses niés, 
En sa braioel (5) une clavette 
Trouva d'argent, moult petitete. 

PL MooakM. MS. p. S7I. 

Briois, subst. masc. plur. On désignoit autre* 
fois les Normands sous ce nom : « Encores aujour- 

< d'huy, en quelques endroits de la France, mesme- 
« ment es frontières, on* appelle les Normands 
« Briois. » (Pithou, Coût, de Troyes.) 

Brion (6), subst. masc. Mousse de chêne. (Dict. 
de Borel.) 

Brionel, subst. maso. Sorte d'exercice. 

. . . . n veut c'on jut au brionel^ 
Et à la croce, par raison. 
Quant li gelée est en saison. 

^oSt. MSS. vimi IMO, T. IV. p. IS88. 

Brique, subst. fém. Brique. — Brin, morceau. 
— Pièœ d'or défectueuse. 

Nous trouvons ce mot, au premier sens, sous 
Tune et l'autre orthographes. Il subsiste encore 
sous la première : 

Les briches Çl) deviennent poudre. 

G. Guiart, MS. fol. 317, K«. 

On disoit autrefois en ce sens laver une brique^ 
pour perdre son temps. (Dict. d'Oudin et de Cotgr.) 

Ce mot, qui, dans son acception particulière, dé- 
signoit un morceau de terre rougeâtre façonnée en 
carreau, pris dans un sens plus étendu , signifioit 
généralement une partie d*un tout, brin, morceau, 
lopin. (Dict. de Borel, 2*' add. — Voy. Ibid. au mot 
Embriconner.) 

On trouve ce mot aussi employé pour désigner 



(1) Bringen, porter la santé de quelqu'un. (N. B.) — (S) U s*agit ici de Tinsurrection des Lollards. M. Kervyn imprime au 
t. XI de son édition, p. 391 : c Et cheminèrent tant qu'il vinrent à .nii. lieues de Londres, et se logierent sur une montugne 
que on appelle ou pais Blaquehede c'est-à-dire en françois la Noire-Bruière. » (N. s.) - (3) Voir Bricole. — (4) ka t. XlV, 
p. %il, M. iCervyn imprime : f Et 14 sus celle tour avoit un bricolle poinr traire et pour jetter grans quarreaubc. i Cette 
citation nous montre que le mot était indifléremment masculin ou féminin, (n. b.) — (5) (>n lit dans la Chronique des ducs 
de Normandie, p. 513, v. 12479 : c Une clef d'argent unt trovée A son braiol estreit noée. » (N. B.) - (6) L'origine est le 
grec fQvoy, mousse, (n. b.) — (7) Voir Briche. 



BR -ï 

une vieille inèce d'or déTectaeuse. (Voyes leDict. 
d'Oudin.) 

Bemarquons l'usage de ce mot pris comme excla- 
mation, ou comme terme d'impatience. 

Brigue, 

3'n une eepinKle qui me piqae t 

VARUKTB8 : 

BRIQUE. OrlhoB. BobsiM. 
Brichk. g. Guiart, US. fol. 3». 

Brlquemer, subit, mate. Ce Qom semble 
désigner le roi Charles VI, dans les Poës. mss. 
d'Eust. Desch. fot. 139. 

Nous avons une ancienne pièce de vers, soas le 
Dom de Briehemer, dans les Fabl. mss. de S' Germ. 
fol. 72. C'est une satyre contre un seigneur qui 
promet beaucoup et lient peu (i). 

Brlqner, verbe. Faire de la brique. — Tendre 
un piège. 

Au premiea* sens, ce mot vientde brigue pria dans 
le sens propre. (Dict. d'Oudin.) 

Nous ne trouvons ce motemployé sous la seconde 
acception qu'au participe actif : ■ Prendre en bri- 

• quant -, c'est-à-dire au piège, Ce verbe, en ce 
sens, est formé du mot bric, piège. (Voyez Dric et le 
Dict. d'Oudin.] 

Briquerie, subst. fera. Briqueterie. Lieu où se 
fait la brique. 

VAHIADTES: 

BRIQUERIE. Dict. d'Ondia. 
IKuQuœnE. HoDet, Dict. 

Briquet, $ubst. maso. On disoil : Deviser du 

• briquet et du marquet, » pour Lenir des propos 
libres. • Les suivantes des princesses caquelenl et 

• devisent avec ces jouvenceaux, ou damoyseaulx, 

• devisent de briquet et du marquet, non point de 
■ S' Jean ou de S' Luc, ains de choses illicites. • 
(Nef des Dames, fol. 55.) 

Brlquetler, subst. mate. Ouvrier en brique. 

TARIAItTES : 

BRIQUBTIEH, BRiQinxR. Oudin, Hcnet et CotgroTe, Dict. 
Briquettes, subst. fém. plur. Bagatelles. (Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave.j 
Brlqueux, adj. Propre ù faire la brique ou rem- 

Sli de briques. (Dict. d'Oudin et de Cotgr. et Epith. 
e Martin de la Porte.) 

Bris, subst. mate. L'action de briser, de rompre. 
— Débris. — Eclat de Lois. — Terme de praUque. 



»- BR 

Brisement, dans S' Bernard, répond au latin eon- 
tractio. Sur le premier sens, voyez les Dict. de 
Monet et d'Oudin. On Ut bris de fanus, dans 
Rabelais, T. m, p. 139. 

L& oiaaiez noiae, et cris, 
Et de Iaac«B graiii bniiiieit. 

Ron. M Roo, US. p. 3U. 

De là, ce mot a signifié les débris d'un vaisseau 
qui a fait naufrage. (Voyez Laur. Gloss. du Dr. FV. 
et Dict. de Golgrave.) Ainsi briswarech qui, dans le 
sens propre, exprime un débris maritime, s'est 
employé pour extension de cette acception, pour 
désigner le droit appartenant auroi ou au seigneur, 
sur ces sortes de débris : ■ i^es seigneurs preten- 
> dent avoir sni*ces bris des droits nommez en 

• françois, warech et briswarech, et en latin 

• Rasia ou Rasica. • (Ord. des R. de Fr. T. III, 
p. 579.] Dans le détail des droits appartenans au 
Roi, on lit : • Fnmcs alleus, corvées de bras et 
« charroy, droits de guet, arrière guet, garde de 
. porte et bris varech. • (Mém. de Sully, T. X, 
p. 227 (2).] Nous lisons : • Le droict de la mer, et 

■ du bris > dans la Sagesse de Charron, p. 195. 
Bris est mis figurément dans ces vers ; 

N'eat.«e pas là le bri» de ce colosse epars. 
Que Vulcsia va bnislimt en raiUe et mille pan. 

G. DunDt, k !■ ndU da Bunuribni, p. Ml. 

On disoit aussi faire bris, pour échouer, briser. 

Ma vie, au moins, en ce naufrage, 
Fera brù contre un bel écueil. 

Amoun de TrùUa, paja IS. 

De l'acception générale de débris, ce mot a 
passé à une signification plus particulière; il s'est 
dit pour éclaU de bois; nous lisons, en ce sens, 
dans les Mém. de Sully qu'un ours chassé « ayant 

■ six ou sept bris et tronçons de piques, et halle- 

• bardes, embrassa sept ou tiuict arquebusiers avec 
< lesquels il se précipita du haut d'une rocbe. ■ 
[Mém.deSully, "T. 1,0.125.1 

En termes de pratique, oris signifloit violence, 
l'action de baKre, elbriz de marché et de /"oj/rg sem- 
ble désigner une violence commise sur le chemin 
ou dans une foire, comme en ce passage. Bri% 
alors \'iendroît de briser ci-après, pris dans le sens 
Ilguré d'empêcher, interrompre : • En brizdemar- 

• ché et de foyre, comme qui bat autruy de simple 

■ batture, soit noble ou cousLumier, fait amende 
. arbitraire. » (Coût. Gén. T. II, p. 565. — Voyei 
chemin brisié, n° 6, au mot Brisé.) 

Bemai-quons cette expression : 

Bris d'an-est. C'étoit un terme de pratique pour 



(1) D'aprto les religieux de S'-Denls, Charles TI s'empara, daos la forât de Senlis, d'un cerf qui portait an coa cette 
tnscription : • CtEtay hoc tnihi donavit. ■ Comme d'alUaora on crojait que le cerf pouvait se rajeunir en mangeant des 
■arpents, Cbarles se hûa de le rel&cher. Depuis lors, on grava sur la Taisselle rojale un cerf volant portant une couronne 
pour collier. D'après Proissart (éd. Kervyn, t. X-, p. I!7-71), ce cerf apparut au roi en un songe qu'il raconte & 0. de Clisson 
■nnt da parUr pour l'expédition de Flandre. Ce cerf, d'aprëa quelque version de Renart, est nommé BrigMmer par 
IhMfftimrTi dan» une ballade p. p. TarM (Teabaner, 1849, II, p. 9>. En voici le débat i c 11 ot jadis, selon la Action, Guerre 
aortal, penUeua et doustAUe, Qui trop dure et Bat d'afliction. Entre Bornart l'arceprestre invocabte Et Brimiemer te cerf 
BOD deftenspUe. * <N. I.) — (3) Le droit de bru eM confondu par Sullv avec les droits de varech et d epauei qui Is 
iMtreigniraïl datks les temps modarnea ;Dieiaau u* siècle, aous le nom de droit de kigan, il s'étendoit non-seulement aux 
dttiris al aux msrofaaDdlsea, mmii aux naalTMéii auK-mémes, qui devaient payer rançon. Le Code Miehau (1520) supprime 
COB^éteuMot oe droit ; maia comme il ne fut exécuté qu'au milieu du xvui* siècle, H. Micbelet a pu rappeler en note da 
■on Histoire de France, des meurtres et pillages accomplia vers 1830, aux environs de Guissèny, sur la cdte N. da 
Fi&iatèrs. <n. e.) 

III. 17 



unifier enlèvement d'effets saisis par la jostice. 

• Quiconque commet bris d'arreet, ou qui trans- 

• porte, aliène ou dÏBlrait les effets saisis du lien 
> od l'arrest a esté fait, où de là où ils ont esté mis 

■ par la justice, sans le consentement de la justice 

■ ou de la partie, il sera en l'amende de 1 livre; el 

• outre cela réintégrera la main de la justice. > 
(Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 487 (1).) 

TARiAmes : 
BRIS. Amours ds TrisUn, p. 93. 
Briskment. S> Bern. Serm, rr. HSS. p. 140. 
Briz. Coût. Gén. T. II, p. 065. 
Btax. Le Labour. OriE- des Ann. p. S4S. 
Bruisxiz, plur. Rom. de Rou, US. p. StA. 

fotsable, adf. Fragile. Qtrfl'on peut briser. 
IDlct. d'Oudin.) 

Brise, subit, fém. Pièce de bois. — Penèb^, 
-ouverture. — Sorte d'instrument. — Soufflets. 

Le Laboureur, en donnant l'étymologie de ce 
mot. l'explique au premier sens: • Brisure en 

■ armoiries vient de brisées, qui comme brisett 

■ grosse pièce de bois, vient du gaulois brix, 
. rompre. ■ (Le Laboureur, Orn. des Armoiries, 
p. 245.] • TrebuschoienL aval grans pierres, et 

• brises dont ils (Irent brisier testes et bras à maint 

■ soudoyer. • (Hfst. deB. DuGuesclin, parHénard, 
p. 385.) • Ceulx de dedens feroient sur eulx et 

■ jetloient roges barreaux de fer, chaux vive, grans 

■ brises traversans et maint tonnel empry de 

> pierres. ■ [Hist. de B. Du Guesclin, par Hénard, 
p. 393.) On lit, ibid. p. 498 : • Grant boyses sur nos 

■ gens ; ■ c'est une faute pour grant brises (2). 

Ce mot s'est pris pour ouverture, fenêtre, dans 
ce paasage: < U est en la faculté d'un chacun, de 

■ pouvoir dresser veuë en sa maison , pourveu que 

• te regard soit sur soy, et n'y eut il héritage plus 

• que Te tour du ventillon enUer, ou brise; mais 

> aussi n'est, par ce, le voisin empeschë de pouvoir 

> bastir sur son héritage, au prâsdice de telle 
« veuë, laissant la place du dict loufubrt. » (Coût. 
Gén. T. Il, p. 1071.) 

Nous trouvons ce mot rendu en latin par rotabVr 
tum, que Labbe explique instrument a traire la 
braise du four. [Voyez id. Glossaire, p. 522.) 

Du Gange a marqué la dernière acception de ce 
mot, pris dans le sens de soufflet. (VofezsonGIoss. 
latin, au mot Cervica . qu'il dérive de cervix el fait 
synonyme de colaphus ou alapa, soufllet.) 

Brisé , part. Brisé, broyé. — Crochu, recoure. 
— Annulé, révoqué. 
Nous rapporterons, à la Bn de l'article, quelques 



expressioM, da&B lesquelles ce mot se troovA 
eniployé sous l'orthographe subsistante. 
6a a dit, au premier sens de brisé, broyé : 

galte, bien que obUëe 

Ne aoit. De briitie, ne traite. 

tM. HBS. m ILb- IMR, t. n, M. I«T, IL- col. 1. 

Labbe, dans son Glossaire, p. 507, rend brisie% 
par le mot latin fresus, coneusvx. 
De là, piwre orisié a signifié sucre en poudirè : 

■ La baie de poivre, six soulz ; la baie de ftur« 

• brisié, trois souh. • Plus bas on lit : < La balb 

■ de çucre entier, six soulz, > dans une Ordonnanôi 
de Philippe de Valois, en 1319, Ord. des Rois de 
France, T. II, p. 330. Cette ordonnance résout la 
question des savans qui ont agité si les cannes ft 
sucre sont originaii-es des Indes occidentales ou des 
Indes orientales (3). Savary, dans son Dictionnaire, 
dëdde la question, d'après le P. Labbat, en faveur 
des Indes occidentales ; il prétend que les Espagnols 
et les Portugais ont seulement appris des Orientaux 
à faire le sucre. L'ordonnance de Philippe de ValoU 
réfute cette opinion. L'Amérique n'étoit pas encore 
connue sous le règne de ce prince. 

Brisié, qui proprement âicnîfle rompu , s'est pris 
de là pour crochu , recourbe ; ■ Un esprivier qui à 

■ este pris hors du ny s'il a la leste petite, et rondeÛ 

■ par dessus , et le bec grosset, et nien brisié, etc., 
« il fait bien à prisier. » [Modus et Racio, is. t* 135.) 

Dans le sens d'annulé, révoqué, ce mot ne fait 
que changer sa signification propre dans uùe 
acception figurée. (Voyez Ord, des Rois de France, 
T. I, p. 279.) On y lit: • Longue tenue de vingt ans 
> de serfs contre seigneur, et meismement en 

< franchise, ne puet estre brisiée. > 
Expressions remarquables : 

1* Rime brisée. On dislinguoit: • Les rîmes 

■ battelée, fraternisée, enchaisnée, brisée (4), équi- 

• voque, senée, couronnée, emperiere. etc. • Eu« 
étoient en usage vers 1550. (Voy. Bibl. fr. de Gouîet, 
T. XI, p. 187.) 

2° Vers brisiez. Sorte de vers. On Ut dans l'Art 
de Rhétorique de J. Mol. us. du R. n* 7984 : « TCh 

■ sixains, septains. &fisJexhuytains. ■ 

3° Main brisée. C'étoituntermededroit-ViolencéF 
faite à la justice, plus criminelle que la main 
enfrainte; peut-être aussi enlèvement de chose» 
saisies par la main de la justice : ■ Main brisée, sit 
« maintenue, et garde exécutée reaument et oar 

■ «ffecl, avec deffences aocoustu'mées, ou en wu- 

< vegarde exécutée, et notifiée avec deffenses, esT 

■ punissable d'amende arbitraire. > (Coutumier . 
Général, T. I, p. 870.) 



(1) La CnrHe, loda pHiott, cite encore ce psetage des tUotierches d 

obUMl'— ■■'-'-'^ " — ■ ' 

mal&flt , --- - , 

du nonmie de même, dans les êcluBea, lea poutrea q 



r (IW; VI, p. 506) : i Je prend ft très granM' 
I je feme un brit de priton à tous meV' 
diaant encore briëH pour éclata de botoi' 

lue UQ iiujiuv, imuB icB c^4UB«3B. ■» |fuuu« uw >u|»|iurt«BB tvm m^miÙBt d'Ull pertvla. (H. E.) — W t^ maC'M^ 

'edëaLexn'BiëcledoDale CAMnlitfraw'van.-iEt deatrampeaniedemiel, «tneeieciwrsavoMiueafiel (t. UOB>i'> 

AAntiile, dauB la marche de S> Louia sur Sayetta (Sidon), écrit : ■ L'endem«in juat II oa en un lieu que on aniÉBr 
Pume-PoulalD, là ofi il a de mont betes eauaa de quoj l'on arrosa, ce dont li tuertê Vient. > (Bd. de Wailty, g S6T.> (n. m) »' 
,.,.__ j ._ , , ,. . ^1 __ ^_, . ., _ -'arémeal et de suiM.IW 



t) Lei rimet brUéea sont u 



MWiders 
JoUieli, d 



poésie où an briasat les vers, i 



'eat-ÎHlira an liaant aAjparéi 

, „ I nouveau, quelqÎKfaia oontralte à oelni que 

dons SB Gmmmatre, donne en exemple des vers d'EtiaDOe tabourot aur les jésuites, (n. b.) 



I les derniers bëmiatiches, on obteoait on wns^ 



(ma prééentait la tetKUM) 



1» 



l%- 



BR 



4* Saisine ou saisie brt^ee.C'estlorsque le vassal 
ou sujet, nonohsUnl la saisie ou main mise de son 
àeisoeur , exploite l'héritage saisi et enlève les 
(ruils. (Laurière, Glossaire du PtoU françois.) 

S* Lit brisé. Le passage suivant donne le sens de 
cette expression : « Si un vassal va de lit à trespas, 
■ et il délaisse» de son premier mariage, un enfant, 
« ou plusieurs , soient fils, ou filles, et du second 
« pareillement un, ou plusieurs, celuy ou ceux qui 
« sont du premier manage, a ou autant en héritage 
t de fief que tous les autres enfans du second 
< mariage, à cau^e du lict brisée et è contra. » 
(Coût. Gén. T. II, p. 1055) 

«• Chemin bristé semble s'être dit pour violence 
commise sur les chemins: « Se aucuns hom se 
• plaint d'hons à Vavassor en la cort au baron , li 
t Vavassor en aura la cort ; se ce n'est de chemin 
i Ifrisiéy ou de meffet de marchié, de ce il n'aura 
t pas la cort. » (Ordonn. des Rois de France, T. I, 
p. 137, parmi les Etablissemens de S' I^uis.) 

VARUNTES : 

BRISÉ. Orthographe subsist. 

i&iBiÊ. Fabl.liSS. du R. n» 7015, T. II, toL 467, R» col. 1. 

Brisiez. Glossaire de Labbe, p. 907. 

Brisée, subst. fém. Terme de chasse. Ce mot 
subsiste sous la première orthographe : « S'il 
« rencontre de l'embochier^ c'est comme il entre 
t(. au bois, giette une brisiée, de quoy la brisiée soit 
c devers le bois. » (Hodus et Racio, ms. fol. 15.) 
« On distingue les brisiées pendantes ou en terre. » 
(Yoyez Chasse de Gaston Phébus. ms. p. 209.) On 
appeloit aussi bacces, les brisées. (Voyez Pouilloux, 
Vénerie, fol. 37 (1).) Nous lisons ibid. « qu*il faut que 
« le bout rompu soit mis par où entre une beste. > 
C'est peut-être ce que Ton entend par brisées en 
terre ci-dessus. 

Remarquons cette expression : 

Le trac et brisés, c'est-à-dire le chemin. (Hist. de 
la Pbpelinière, T. I, livre II, fol. 43.) 

▼ARUNTES : 

BRISÉE. Ortbograpbe subsist. 
Brisiée. Modus et Racio, 118. fol. 15, R*. 
Brise. Modus et Racio, fol. 5, hf. 
BUSSE. Ibid. fol. 9, V« (S). 

^tisetoy, subst. masc. Parjure. (Du Cange, 
Glossaire latin , au mot Fide fragus.) 

■ 

ilris0inent , subst. masc. l4*action de briser. 
(Diot. d'Oudin.) 

l^trlsepaille (venue de). Nous trouvons cette 
euréssion, en parlant d'une vieille débauchée, dans 
Rabelais^ T. I^ p. 33, et la note. 



Briser (3), verbe. Détruire. — Empêcher, contre- 
dire. — Interrompre, cesser. — Plier, et au fl^ré 
fléchir, apaiser. — Terme de chasse. 

Ce mot subsiste sous l'orthographe de briser et 
au premier sens. Briser et détruire ne diffèrent que 
parce que celui-là renferme une idée plus générale 
que Vautre : « Li templiers chevauchierent la terre 
« de Césaire pour brisier la tor de Quaquo. » 
(Contin. de G. de Tyr, Martène, T. V, col. 745.) 

Ce mot a été employé pour plier, suivant le 
Glossaire du Roman oe la Rose, dans ces vers : 

Très bien scavoient diviser 

Et leurs corps , en dansant briser, 

Rom. db It Rom, 786 tt 787. 

Pris dans un sens flguré, ce mot signifloit 
empêcher, contredire. Du Guesclin refusant d accep- 
ter la charge de connétable, le roi lui dit: « Quil 
« estoil ainsi ordonné, et déterminé de tout le 
« conseil de France, lequel il ne vouloit mie 
« briser. » (Froissant, livre I, p. 403.) 

C'est en ce môme sens qu'on disoit : Briser son 
bon vouloir. (Froissart, livre l, p. 317.) Briser leur 
prof/it. (Id. ibid. p. 309.) Briser un mariage, c'étoit 
le rompre. (Id. livre III, p. 237.) 

Ce mot s'est pris aussi pour interrompre, cesser ; 
de là, briser un propos. (Froissart, livre III, p. M2.) 
Briser un siège, pour le lever : « Lors fut le roy 
« pensif: et eut une espèce d'imagination de briser 
« son siège, et aussy celuy de Renés, et retraire 
« devant Nantes. » (Froissart, livre I, p. 114.) 

Ce mot a signifié fléchir, apaiser : « Fut. Tun de 
« ceux, qui plus binsa le duc de Bretaigne, par ses 
« belles, douces, et amiables parolles. » (Froi^art, 
. livre III, p. 308 (4).) 

Enfin , comme terme de chasse , ce mot rentre 
dans son acception propre et subsistante ; il signifie 
encore aujourd'hui rompre des branches de bois, 
pour marquer le lieu qu'on veut retrouver. On 
disoit autrefois: Briser les chemins et buissons. 
(Modus et Racio, fol. 33.) Briser les buissons signi- 
lioit environner de filets un buisson, où l'on savoit 
que le sanglier s'étoit retiré. « Briser les buissons 
« pour les noires bétes est appelle déduit royal. » 
(Modus et Racio, fol. 32.) 

Remarquons ces expressions : 

!• Briser sacrement, c'étoit fausser la foi du 
mariage. (Poês. mss. d*Eust. Desch. fol. 523.) 

^Briser son mariage. Le même sens que ci- 
dessus. (Doctrin. de Sapience, fol. 37.) 

3* Se oriser le col, c étoit se rompre le col : « Si 
« chai de son cheval, et se bruisa le col. » (Contin. 
de G. de Tyr, Martène, T. V, col. 645.) 

4" Briser le fer aux dents , c'étoit entreprendre 
I une chose difficile. (Dict. de Cotgr. et Oudin, Cur. tr.) 



0) Qn lit dans Téditioa Favre, fol. S3, r*,: c Faut qu'il jet&e ses brUâeB, Tune haute, et Tautre basse, comme Vart le 
raqÎQiert. > Au fol. 91, x«, commence un glossaire de vénerie où Ton remarque : c Brissofis. Rameaux qu'on couppe et brise, 
^;^*Çtu Je^to ^^ <2<^^ ^ d'autre par où le cerf passe. » (n. b.) - (2) On lit brUée au fol. x : f Où tu en perdras la veue (du 
oérCL aetAe une brisée, quand tu t'en yras. » (n. b.) ^ (3) Le mot se trouve déjà dans la Chanson de Roland : c Tranche lé 
•*•* ^m brise les os (str, M). » t L'espée cruist. ne firoisse ne ne brise (str. 170). » (s. b.) - (4) Froissart, sous la forme 
jhîe, remploie encore au sens de se contenir : < Encor vaut-il trop mieuls que je me brise et dissimule un temps. » 
Eeirvyn, V, 155.) n signifie encore traverser, fendre une foule, envanir un pays : f Us estoient gens assés pour brisier 
— messire Jehan dé Halneau (III, 77). » (n. b.) 



BR 



- 182 - 



BR 



GONJUG. 

Brie, ind. prés. Brise. (Parlon. de Bl. fol, 171.) 
Brist, subj. prés. Se brise. (G. Guiarl, fol. 13.^ 
Bmaintj subj. prés. Brisent. (G. de Rouss. p. 205.) 

VARIANTES I 
BRISER. Orthographe siibsist. 

Brisier. Ck>Dtin. de G. de Tyr, Martône, T. Y, col. 745. 
Brinser. Dict. de Borel. 
Brizbr. S' Bernard, Serm. fr. MSS. p. 335. 
Bruiser. Ck>ntin. de G. de Tyr, Martène, T. V, col. 645. 
Bruisier. Ibid. col. 655. 
Bruissier. Ibid. col. 650. 
Bruser. Tenures de Uttleton. 

Brisevanty subst. masc. Double porte. Monet 
l'explique par porte de charpenterie mise au-devant 
d'une porte pour pa'Ver le vent. (Dict. de Monet.) 

Bristempogney subst. masc. Sorte de jeu. 
Dans le pays messin , c'est le même que pet en 
gueule, (Voyez Le Duchat, sur Rabelais, T. 1, p. 149, 
note 72.) 

Brisure y subst. fém. L'action de briser, de 
rompre. — Infraction. 
Le premier sens de briser est le sens propre : 

à rissir est briaerie. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 310, V col. 1. 

Au flguré,ce root signifioit infraction : « Amande- 
« rent offense, et la brisure (1) du mandement 
« royal. » (Chron. S* Denis, T. Il, fol. 28.) 

Brisure a aussi signifié défaite, déroute. (J. Le 
Maire, Légende des Vénitiens, p. 77.) 

VARIANTES ' 

BRISURE. Chron. de S» Denis, T. Il, fol. 28, R\ 
Briserie. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 310, V« col. 1. 

Brit, adj. Libre. (Dict. de Borel, 2** additions, 
au mot Prit.) 

Brito, adj. Peint. De là, le mot britannus^ parce 
que les peuples de ce nom se peignoient le corps, 
suivant le Dict. de Borel, 2*' adailions. 

Brlve, subst, fém. Bribes. Morceaux de pain 
que l'on donne aux pauvres. (Caseneuve, Orlg. fr.) 

Brlveté, subst. fém. Pauvreté. (Caseneuve, 
Orig. fr.) 

Bro, subst. masc. Région ou champ. — Bord. 

On trouve le premier sens de région, dans le 
Dict. de Borel , et Du Gange, Gl. lat. au mot Brooa. 

Bro se dit en Languedoc pour bord. (Voyez Dict. 
de Borel, au mot Brou^r.) 

Broc en bouc (de), locution. De broc en 
bouche. (Voy. Rabelais, T. III, p. 124 (2), et Broche en 
bouche, sous Broche.) 

Brocadel, subst. masc. Brocard (3). Etoffe pré- 



cieuse. On a dit, en parlant de Tamour de la 
courtisane Flora pour les gens du plus haut rang: 
< Certes les perles, et le brocadel y confèrent quel- 
« que chose, et les tiltres, et le train. » (Essais de 
Montaigne, T. III, p. 7L) 

Estes V0U8 si coquard? 

Pour ung habit de drap d'or à broquard. 

Coatred. de Songecreux, fol. iTS , V*. 

VARIANTES I 

BROCADEL. Essais de Montaigne, T. IH, p. 71. 

Brogat. Dict. de Monet. 

Brocart. Dict. de Borel. 

Broquard. Contred. de Songecreux, fol. 172, V*. 

Brocail, subst, masc. Blocage, blocaille. Menu 
moellon : « De pierre de brique^ brocail, moillon, 
« ou pailliz. » (Goût. Gén. T. I, p. 635.) 

Brocantear, subst. masc. Ce mot subsiste. 
Ménage, qui Tavoit vu naître, désespéroit de 
pouvoir jamais découvrir son étymologie (4). 
(Longuernana, T. I, p. 23.) 

Brocard, subst. masc. Axiome. — Raillerie. 

Ce mot subsiste sous la première orthographe. 
Brocard de droit signifie axiome de droit. « Mon 
« homme qui étoit légiste, preint à son profit le 
* brocard de droit ; qui tacet consentire videtur. » 
(Contes de Des Perriers, T. I, p. 167.) Il est vrai- 
semblable que ce mot s'est formé du nom propre 
Burchard (5), évéquede Worms, qui a fait une collec- 
tion de canons appelés brocardica. Cet ouvrage 
étoit plein de sentences, et on le citoit 1res souvent. 

De là, on appela brocards les bons mots , et 
ensuite les traits de raillerie. 

Luxure fut de rautre part, 
Qui entre gecta ce brocqiuirt. 

GMe de U Bigne, des Déduits. MS. fol. 96. R* 

VARIANTES : 
BROCARD. Orth. subsistante. 
Broquard. Nuits de Strapar. T. II, p. 424. 
Brogquart. Gace de la Bigne, des Dôd. MS. fol. 96, R*. 
Brocquars. CoquiUart, p. S7. 
Brougard. Le Loyer des FoUes Amours, p. 319. 

Brocardeur, subst. masc. Moqueur, railleur. 
(Brant. Cap. Estr. T. I. p. 11.) 

Brocatelle, subst. fém. Toile d'or. (Dict. d'Oud.) 
Nous appelons aujourd'hui brocatelle une petite 
étoffe de coton ou de soie (6), à Timitation du brocart. 

Brocca. Terme de pratique. On trouve parler 
de brocca dans le passage suivant, qui détermine 
le sens de cette expression : « Tournent autour du 
« pot, et ne viennent pas au pas, au poinct» ou pour 
« user des mots de practiciens, ne parlent pas de 
« brocca que j'interprète ne donner au blanc, ny à 
I « la broche. » (S' Jul. Mesl. Histor. p. 691.) 



(1) On Ut aux Assises de Jérusalem (1, 174) : « Qui yiaut apeler home de rap, ou de briseure de chemin, ou de force 
quefqu'elle soit. ^ (n. e.) — (2) c S*entresbattans à qui humera Tame de Raminagrobis, et qui premier, de broc en bouc^ 
la pourtera à messer Lucifer, i Rabelais yeut dire qu'on transvase le vin d'un broc en une outre da peau de bouc pour le 
transporter aussitôt, (n. b.) — (3) C'est une variante de brocatelle (voir plus bas), avec le même sens. (n. b.) — <4) On 
trouve dans un manuscrit des plaids d'Edouard III, cité par Th. Blount dans son Nomolexieon Anglicanum, le mot 
abbrocamentum, en anglais abrocnement, avec le sens d'achat en gros pour vendre au détail. Le français fa emprunté sans 
doute à ranglaia to broke, (N. B.) - (5) CSet évéque vivait au zi* siécb. (^. B.) — (6) C'était, pendant la jeunesse de 
Louis XIV, une soierie & petits bouquets d'or ou d'argent, (n. b.) 



BR 



— 133 - 



BR 



Brocelle, subst. fém. Bois taillis. Diminutif de 
broce. (Voyez Brosse, et Du Gange, Gloss. la t. au 
mot Brusda.) « L'arpent de bois en plessis vaut 
« dix sols, l'arpent de bois de haute futaye, cinq 
« sols ; l'arpent de bois taillables, et de brocelles, 
« et autres bois moindre que haute futaye, deux sols 
« six deniers tournois. » (Coût. Gén. T. II, p. 227.) 

Broceller, verbe. Chasser. Du mot brocelle. 
(Valois, notice, p. 411. — Voy. Brosseb.) 

Brocerreux, a^. Plein de broussailles. — 
Noueux. (Voyez leDict. d'Oudin, sur Tune et l'autre 
acception. — Voyez aussi Brossailleux.) 

Brochard, subst. masc. Jeune cerf d*un an. 
Nous disons aujourd'hui brocard on broquart (1). 

n sara bien mettre eir change 

Pour luy biche, ou brochart estrange. 

FmM. Gotf. Très, de Vén. HS. p. 58. 

VARIANTES : 

BROGHARD. 

Brochart. Font. Guer. Très, de Vénerie, p. 58. 

Brocart Ibid. p. 14. 

Broche, subst. fém. Broche. — Pointe. — 
Espèce de dard ou de javelot. — Pieu. — Cheville. 
— Terme de fauconnerie. — Touché d'un instru- 
ment — Dents du Cheval. — Terme de chasse. — 
Hémorrhoides (2). 

Ce mot subsiste au premier sens de broche, sous 
la première orthographe. On disoit figurément 
tenir la broche^ pour gouverner. 

Lafin 

De ce monde vient, et approche^ 
Mais ceids qui en tiennent la brochêy 
Ne yeolent leur or destrochier. 

BiMl. Deach. Poét. MSS. fol. 59S« col. 3. 

Comme dans ridée de broche se trouve naturel- 
lement renfermée celle de pointe, bi*oche s*est pris 
pour pointe en général. 

Vos beaux iex qui m'ont navré sans lance. 

Maies hroces les vous puissent sachier. 

Poês. MSS. t?aot 1800. T. H, p. 964. 

De là ce mot, en particularisant son acception, 
a désigné les pointes de fer que Ton mettoit aux 
écus, à la têtière du cheval, etc. (Voyez Assises de 
Jérusalem, p. 82, et Petit J. de Saintré, p. 253.) Les 
gantelets en étoient aussi garnis. « Luy donna de 
« son espoy sur le nez, et après des broches du 
« gantelet tant que le sanc, etc. » (Hist. de B. 
Duguesclin, par Hénard, p. 59.) On armoit de 
broches le devant, le derrière et les côtés d'un vais- 
seauy pour le défendre de rapproche de l'ennemi. 

De XXX. pies fat le dromont ;... 
Une htoche al el front devant. 
Et un autre en mi la chalant (3) ; 
La tierce Ai faite desriere, 
For deffendre la gent darriere. 

Bhach. MS. de S. G. fol. 185, R« eol. 1. 



Les pointes du hérisson, les aiguillons avec, 
lesquels il se défend, sont aussi appelés broches 
dans ces vers : 

Li leus besa le heriçon ; 
Et cil s'ahert à son grenon ; 
A ses lafres s*est atakiez, 
Et od ses brohes afichiez. 

Fabl. (4) MSS. àt S. (km. fol. 20. eol. S. 

Dans une signification plus déterminée, broche a - 
d&igné une espèce de dard ou de javelot. (Voyez 
Du Gange, Gloss. lat. au mot Veru.) On appelle : 
« Petit service, quant nous devons chevaucher en 
« hoste, mountant à demy marke, ou un broche^ 
« ou un boson, ou un ark sauns corde, ou deus 
« esporouns. » (Britt. Loix d'Ângl.Tol. 164.) 

François vont ordenant 

Leur batailles, en un tenant ; 
Gamiz d'espées, et de broches. 

G. Goiart. MS. fol. iU, V. 

Les broches éloient comprises parmi les armes 
défendues dans les gages de bataille. Voyez des 
Lettres d'Armes, de 1402, où nous lisons: « Ayant 
« basions accoustumez, c'est à sçavoir, lance, 
■ hache, espée, et dague : et chacun de tel adven- 
« tage comme mestier el besoing luy sera, pour 
« sa seureté, et pour son aj^der ; sans avoir aiesnes, 
« ne crocs, broches, poinsons, fers barbelez, 
« aiguilles à poincte envenimée, ne rasoirs. » 
(Monstr. Vol. 1, ch. ix, fol. 8.) 

Par une extension naturelle des acceptions pré- 
cédenles, ce mot s'est employé pour signifier un 
pieu. On*litâans Helinant, sous 1 an 1150: « Sudes 
« lignei parvuli quos vulgo broccas vocant. « Il le 
a porroit trouver en une prairie qui est enclose de 
« brokes. » (Hist. ms. de Merlin et Artur, par Robert 
Bourron.) 

De cette signification, ce mot a passé à celle 
de cheville. « Bahuts, coffres, châlits, dressoirs, 
« bancs, tables, images, cuves, chantiers, et autres 
« semblables paremens tenant à brocheSf qui se 
« peuvent desassembler. » (Nouv. Coût. Gén. T. II, 
p. 430.) 

Gomme terme de fauconnerie, c*étoit à peu près 
le même sens; il désignoit une espèce de petit 
bâton à Tusage des fauconniers. Eust. Deschamps 
s'en est servi dans un sens figuré el obscène ; poès. 
MSS. fol. 440, col. 2. (Voy. Brochete.) 

En restreignant Tidee générale du mot broche 
pour cheville, ce mot a désigné les touches d'un 
instrument de musique, « une guiterne à une teste 
< d^an^elot d'ivire, garnie d'argent; dont les 
« broches sont d*argent. » (Inv. de Liv. de Ch. V, 
art. 282.) 

On nommoit aussi broche, les dents ou crochets 
de la mâchoire inférieure d'un cheval. (Dict. d'Oud.) 

On disoit, en termes de vénerie : « Ainsi que les 



(1) U Mt ainsi nommé à omise des broeheè (comes> qui lui poussent déjà. (n. e.) — (2) C'est encore une monnaie de peu 
de Taleur. c Quand U ftit mort, Ton ne trouva rien qui soU en sa maison, sinon une petite broche de fer. » (Amyot, 
Fabiu»^ 54.) (N. ■.) -^(^ ùromoni et chalant désignent ici un môme navire. Chalant est évidemment un bateau nlat, comme 
de nos^urs: dromani doit tenir du sens de drome et désigner aussi un radeau fait à la hâte de vergues et de {pars. Le 
vers MB de U Chanson de Roland semble confirmer notre interprétation : < Pour passer Vewe de Sebre. on ne peut recourir 
à des navires de guerre, à des transports, mais à des baraes. des drodmund, des caland. i (n. s.) — (4) C'est une fable do 
Marie de France, (voir t. U, p. 964.) (n. b.) 



m 



— i84 — 



m 



« cerfs mettent leurs boces au premier an, ils por- 
« tent jà les fuisiaux et broches, aïncoys qu'ils 
* ayent leur an. > (Chasse de Gaston Phébus, 
Ms. p. 40.) 

Enfin, nous trouvons ce mot pour hemorrhoïdes, 
dans le Dict. de Monet. On dit encore broches, en 
ce sens, dans quelques endroits de la Normandie. 
Il semble désigner une autre maladie dans le passage 
suivant : 

ÂrateUe, broclies, menoisons, 
Amorroydes, aguillons, 
Goustume, et ûevre quartaine, 
Vous doint dieux, et sanglante estraine. 

Bast. Deiob. Pot*. USB. fol. 211, col. i. 

Expressions remarquables : 

!• Broche mautaillee ; façon de parler qui revient 
à l'expression vulgaire, cotte mal; taillée. « Il faut 
« de tout faire une fricassée, broclie mautaillee, et 
« ne rien aigrir. » (Contes d'Eutrap. p. 88.) 

2* Broche en bouche, c'est-à-dire de la broche' en 
la bouche. 

Que nostre souper soit prest 
De bonne heure, et ce qui y est 
Soit servi bien, et nettement 
De broche en bouche, chaudement. 

(Eut. de R. Belleau, T. H, fol. 140. 

a» Vendre le vin à broque, le vendre en détail. 
(Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 321.) 

4* Couper broche, comme on interrompt le cours 
du vin en coupant la broche d'un tonneau ; de là, 
cette expression proverbiale a signifié arrêter, in- 
terrompre le cours de quelque chose, y mettre fin. 

Tranche le ûl de vie, et couppe broche, 
A ce vaillant ohevaUer sans reproche. 

Crelio, pag«133. 

5* Rompre la bi*oche, s'est pris au même sens. 
« On luy rompit alors la broche, en luy remons- 
« Irant, etc. ».(Mém. Du Bellay, Liv. IV, fol. 117.) 

YAHIAKTES : 
BROCHE. Orthog. siibsist. 

Broque. Notes sur les Assises de Jérusalem, p. 344. 
Broke. Du Ganse, Gloss. lat. au mot Brocœ: 
Broce. Poës. MSS. avant 1300, T. II, p. 964. 
BaoïGHE. Hist. de B. Ouguesclin^ par Ménard, p. 55. 

Bj*ochenn, subst. masc. Palissade. Dans le 
patois breton, ce mot désigne un pieu, un bâton 
pointu, aiguisé (1). (Du Cange, Gloss. latin, au mot 
Bliroccœ.) 

Brocher, verbe. Eperonner, piquer des éperons. 
— Percer. — Terme de blason. 

Nous venons de voir le mot broche dans le sens 
de pointe en général, et c'est de cette signification 
que brocher, qui en est formé, tire ses deux premiè- 
res acceptions. Sur le premier sens, voyez les Dict. 
de Monet, Borel, et Gloss. de Marot, au mot Brocher. 



La comtesse de Champaigae briement . 
Vint, 8or im cheval d'EsMdgne, hrochàni O^. 

Pota. IISS. aTtflt ISOO. T. U, p. 1184. 

A esporon s'en yait broçant, 

Ph. lIoiMkM. M S. ^ 484. 

De là, il a signifié percer. < Le brochait, et frap- 
« poit de ses cornes. > (L'Am. Ressuso. p. 336.) 

Ce mot se dit encore, en termes de blason, des 
bandes, cotices, etc., qui traversent sur d'autres 
pièces. Le Laboureur remarque que c'est mal h 

Sropos que des modernes lui ont substitué celui de 
roncher. 

VARIANTES l 

BROCHER. Gace de la Bigne, des Déd. MS. foL ^, R«. 
Brochier. Fabl. MSS'. du R. n« 7218, fol. 248, R» col. 1. 
Broigher. Parton. de Blois, MS. de S' Germ. foL 159, R*. 
Brocer. Ph. Mouskes, MS. p. 449. 

Brochereux , subst. masc. plur. Sorte de 
poisson. Peut-être brocheton. ■ Dépendons bac en 
« toutes rivières, et que l'on prenne brochereux^ qui 
« ne vallent deux deniers, la vandoise et. le cb^oe- 
« vel, s*ils n*ont cinq pouces de long. » (OrdoD. des 
R. de Fr. T. I, p. 54.) 

Brocheron, subsL masc. Robinet, can^lle. 
« Pardedans, ce pillier avoit ung bon conduyt qui 
« venoit d'une moult belle fontaine, et autour de 
• ce pillier avoit douze brocheterons par lesquels. 
« on avoit eaue. » (Percef. Vol. II, fol. 120.) Au 
couronnement du duc de Lancastre eut, « celûy 
« jour et l'autre d'après, neuf brocherons de fon- 
« taine coulans par plusieurs conduits vin blanc, 
« et vermeil (3). . (Froissarl, an 1399, Liv. IV, p. 339.) 

VAKIANTRS * 

BROCHERON. Froîssart, Liv. IV, p. 3». 
Broghstgron. Percef. VoL II, fol. 120, R* col. 2. 

Brocheté, adj. Broché. 

Sur ung courcier estoit monté, 
Couvert de veloux cramoisy ; 
De feuiUage d'or brocheté. 

Vigiles de ChwlM VII. X. U, p. 188. 

Brochete, subst. fém. Instrument de faucon- 
nier. — Terme d'horlogerie. — Eperon. 

Comme diminutif de broche^ ce mot en tire ses 
acceptions ; broche ayant signifié un petit bâton à 
Tusage des fauconniers, il parott évident que bro- 
chette a le même sens dans ce passage : « Faut 
« avoir une petite brochette pendue à une petite 
« corde de laquelle soit manié souvent le ba- 
con (4). » (Bude, des Oiseaux, fol. 122.) 

On s'en est servi flgurément pour l'a verge d'un 
enfant. « De costé la pucelle estoit un jeune enfant 
« qui, par sa broquette, donnoité^u rose. * (Honst. 
Vol. m, fol. 55.) 

Au second sens, on appeloit brochettes les petits 
morceaux de fer ronds qui passent au travers de la 



F (1) Le mot dés^ne une aiguiUe à tricoter dans le dialecte de Gornouaille. (N. b.) — (3) Il a déjà ce sens dans la Chansop 
de Roland (v. 1197) : c Sun cheval brochet^ laisset curre ad esforz. » (n. e.) — ^ Le passage cité par La Gume, d'tj^reè 
r^dition do 1559, est ainsi imprimé au t. XVI de Téd. Kervyn, p. 305 : « Et y ot cedit jothr eC rendemain'tbute Jour noeat 




à une cordelette, de laquelle on doit manier, raplanier le faulcon. i (n. b.) 



Brode, $ubst. fém. Ventre. 

Je vous estoys cpint but la brode 
D'uDgbeaii baudrier riche, et plaisant : 
Tant B07 peu ne aentoia ma gode. 

ŒsT. ds Ilof. M CoUcrp, p. 48. 

Brode, adj. Ventru. — Enflé, boum. 
Nous venons de voir ce mot employé comme 
substantif pour ventre; comme adjectif, il semble 
signifier ventru, dans les vers snivans : 
GodefCro; d'arrachasae brodé (1), 
Escarer a ta vieille mode, 
Homme d'arme par toutas vofes, 
Aagé comme une vieille gode. 

CoqoUbrt, p. lis. 

Delà, nous le trouvons misflgurémeot pour enflé, 
bouffi, dans ce passage, où Montaigne dit, en par- 
lant du patois pérïgourdin : • C est tin langage 
• brode, traisnant, esfoiré. > (Essais de Montaigne, 
T. Il, p. 564.) 

Brodellle, adj. fém. Brodée. 



BR -ï 

Tirole d'an peson. On Ut dans le Dîttté de l'Orologe 

mmirettx : 

Enccves met U orologiers & ]K>bit 
Le foUot, qui ne eeaae point, 
Le tniselet, et toutes les brochttf. 
Et la roe qui toutes les dochetes. 
Dont tes beures qui ans ou dyal sont. 
De sonner très cert«ïne ordenance ont, 
Hé* que levée à point soit destente. 

FnltHrt, Pon. MSS. p. ST, oaL t. 

Entln, brochette s'est employée pour éperons, et 
tire alors la signification du mot broche, dans le 
seos générique de pointe. 

Vous eussiez chaussié trop tart 
Vm deux brofheUeë, en vos nies, 

ribLHS. p. 380. 

On trouve aussi ce mot dans le Gloss. du P. 
Labbé, qnl )*explique par le mot latin Traha, (Voy. 
Ibid. p. ^0.) 

vabiautes : 

BSOCHETE. HoduB et Racio, HS. 161. 110, V. 

Brocbettk. Hodus et Racio, toi. BQ, R«. 

Bboouktib. Froissait, Poês. USS. p. S9, col. 1. 

Brochlz, subBt. masc. Partie- brochée d'une 
étoffe. 

Le ponelle estolt d'un fin drap d'or 
Ôb'oD n'eust sceu du milleur requerre, 
Et le broehb tout fait h or. 

VlfllH da ClurlaVII, T. il. p. ITO. 

Broclfon (pot à), locution. Ustensile de mé- 
nage. [Noav. Coût. Gén. T. II, p. 258.) 

Brocqueter, verbe. Percer, mettre en perce. 
iCettre la oroclie à une pièce de bière ou de vin (1). 

■ Estdeffenduausditsboslelaiasn'assirenerecevoir, 

• ni brocqueter bierre, ni vin, k nul inhabitant de 

■ ce pays, durant le saint service divin. > [Nouv. 
Coût. Gén. T. 1, p. 310.) 

Brode, adj. Bis. On trouve pain brode, pour 

Sain bis, dans un règlement de police pour Paris, 
u 30 mars 1635, cite dans le Dict. de Trévoux, au 
mot Brode. On disoit aussi dans ce même sens : 
pain de bordre, pour pain bis. [Ord. des B. de Fr. 
T. V, p. 500.) Mons tisons : ■ Pain faltia que l'on dit 

• pain de brode (2) • dans les ri|;lements pour les 
boulangers, cités par Du Gange, Gloss. lat. au mot 
Pani» de trmet. Cette expression, pain faitis, est 
expliquée nar pftfn bis, dans les Ord. des B. dé Fr. 

De' li. on a dit flgurémenl femme brocto, pour 
désigner une femme dont le teint est un peu noir. 

Sict. d'Oudin^Cetgr. et Ménage.) On ïit oans des 
itL de Charles VI, du mois de décembre 1416 : 

• TaM brode, puantpunais, etc. > (Voyez Tréa. des 
Ctaarb-. Beg. 169, pièce 307 (3).) 

VABiANTÈS ; 

SBODB. Dn Cange, Glois. Ut. à Poni* 4e Tnuei. 
BoBDHi. OM. dee H. de Fr. T. V, p. GOO. 

ttt(n(ftt*w«l»B<IUKw. (h. t)-® On m aurM. U. «S, p. SM, ^ 

taf ji mëllâ du MSl^ avecqnes dessouyaulx du pain blanc, ainsi qu'il est accoustumâ d« fun en leur mestler d* 



Brodequin, subst. masc. Botte, bottine. — 
Espèce de soulier. — Cuir. 

(Voyez le Dict. de Monet.) Au premier sens, c'étoit 
une petite botte qui venoil jusqu'à mi-jambe. «Lé 

■ roy auquel on essnyoit fors des botines, qu'on 

■ surnommoit des brodequins, etc. • {Des Ace. 
Bigar. fol. 35.) ■ Sur iceux chevaux avoitdenxpageâ 

■ vestus de robes velours bleu et estoyent nous- 

■ sez de petils brodequins iauaesei sans espérons. ■ 
(Mém. d'ÔI. de la Marche, Liv. II, p. 534 j 

Ce mot semble signifier une espèce de soulier, 
dans l'anatomie de Gargantua, où nous lisons: • Le 
< nez, comme ung brodequin anté en escusson. > 
L'éditeur l'explique par: < Soulier à poulaine, ou 

■ avec un long bec recourbé par en haut. ■ (Babel. 
T. IV, p. 134, et la note 6.) 

De la, brodequin s'est pris pour le cuir même 
dont on faisoit celle sorte de chaussure. Il signifloit 
même cuir en général, comme on a va le mol 64t- 
DEQuiM, pour désigner l'étoffe dont on faisoit les 
baldakins. * Le roy Bichard de Bordeaux mort, il 

■ fut coDché sur une litière dedans un cbar tout 
. couvert de brodequin tout noir (5). • (Froissart, 
Liv. IV, p. 348.; 

VABUKTES : 



Brodequlné, adj. Grenu comihé le cuir. Du 
mot brodequin. ■ D'autres ont la cbair d'oison, ou 

• d'estouroeau plumé, barée, brodequinée, et plti;^ 

* Ddlre qu'un beau diable. > (firent. Dames Gdl. 
1. 1, p. 343.) 

Brodeqalner, verbe. Nous trouvons ce mot 

Ponr bSn da pain de brod* W 
une d« mn en leur mestler d* 
Lequel Symotmet diat à icetlul 

^ - , ,-, Jftuitleiapj— -■- 

Le Toj Ridiart de Boardauilz nort, i 



BR 



— 186 - 



BR 



employé dans un sens obscène. (Des Ace. Bigar. 
fol. 73.) 

Brodeur, subst, masc. Bourdeur, trompeur. Il 
semble qu'il faille l'entendre ainsi dans ce pro- 
verbe : « Autant pour le brodeur. » (Recli. de Pasq.- 
Liv. VIII, p. 753 (1).) 

Brodier, subst. masc. Cul. On dit encore bour- 
dier^ en ce sens, dans la Normandie etenTouraine. 
Ce mot semble pris dans un sens contraire, en par- 
lant d'une femme, dans les poës. mss. d*Eust. 
Desch. fol. 329. 

VARIANTES : 

BRODIER.Dict. d*Oudin et de Cotgrave. 
BoURDiER. Mot du patois normand. 

Brodure, subst. fém. Broderie. « Jean de 
« Montfort moult grandement boussé de soye, et de 
« bordure. » (Math, de Coucy, Hist. de Charles VII, 
p. 666 (2).) On lit à la marge^ alias broderie. 

VARIANTES : 
BRODURE. Monet, Dict. 
Broudure. Viff. de Charles VII, T. IL p. 75. 
Bordure. Math, de Coucy, Hist. de Ch. VII, p. 666. 

Broeslier, verbe. Oter les entrailles d'un pois- 
son. Ce mot vient de breuilles^ encore usité dans 
quelques provinces. « Que nuls ne nulles ne puist 
« gaschier, ni broeslier^ harens, maquerel, ne 
« morues, ne autres denrées salées, sur paine de 
« perdre les denrées. » (Ord. des R. de Fr. T. II, 
p. 577.) On lit ailleurs broeillere, suivant l'éditeur. 

VARIANTES : 
BROESLIER. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 577. 
Brœillsr, Brooueillier. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 581. 

Brog, subst. masc. Pays, territoire, canton. 
« Brog signifie agrum vel regionem^ terroir can- 
« ton. » (Nouv. Coût. Gén. T. IV, p. 413, note. — 
Voyez Du Cange, Gloss. lat. au mot Broga.) Borel 
dit que quelques auteurs expliquent ce mot par 
ville. 

VARIANTES ! 

BROG. Dict. de Borel, ii^ add. 
Brooa. Borel, au mot Bro. 

Brogar, subst. Terre stérile. De ce mot, qui est 
de l'ancien Celtique, s'est formé celui de bruyère. 

VARIANTES : 

BROGAR, Brougar, Brugar. 

Brohon, subst. masc. Branche. « Quiconque 
< abbatera un brohon^ soit de quesne, ou de fauth, 
« (hêtre) portant fruit, payera, pour la première 



« fois, six livres blanc. » (Nouv. Goût. Gén. T. II, 
p. 268.) 

Brohons, subst. masc. Sorte d'oiseau de proie (3). 

Tout ansement corn li brohons 
Desconfiroit mil esprohons, 
Trestout aussi U ciiens RoUans, 
Que de sa gent estoit dolans, 
Ses anemis oeit, et tue. 

Ph. MoQskM. MS. p. 906. 

Dans le récit des exercices auxquels dé jeunes 
seigneurs s'amusoient, on lit : 

Cil damisel vont escremir 
Traire, lancher, corre, saiUir^ * 
Et font beter ors et lions 
Et menus veatres. et brahons* 

Aibis, MS.foL56,V*col.2. 
VARIANTES : 

BROHONS, Brahons al Brohons. Athis MS. foL 56. 

Broie, participe. Grillé. Il semble que ce soit 
le sens de ce mot dans ces vers : 

D*itant me puis ge bien vanter. 
C'aine nul ne vist si fort dragié, 
Si ardant, ne si bien broie (4), 
Ne si deliiable à mengier. 

F^l. MSS. do R. n* 7615. T. H. fol. 188, V* col. i. 

Broie, subst. fém. Nous ne pouvons déterminer 
le sens de ce mot. Peut-être est-ce une faute pour 
proiCy prière. Voici le passage où nous le trouvons : 

Famé par tout aime, et honeure. 

Ainsi puet venir au deseure : 

M*amer, biaus dous, sans longue broie (5), 

Ne vous escondi, ne otroie ; 

Mes, selonc ce que vous ferez^ 

De ma part, chier tenus serez. 

Fabl. MS. du R. n* 7218, fol. »0, V* col. I. 

Peut-être aussi ce mot signifie-t-il : examen, 
discussion. (Voyez Broiier.) 

Broienuse, adj. fém. Ge mot signifie peut-être 
raboteuse. Marbodus, ayant parlé de trois espèces 
de pierres appelées oryte, s'explique ainsi sur la 
troisième : 

La tierce oryte en merveilluse. 

L'une mult a brotenuse 

L'altre pleine cum un altre gemme. 

On lit mieux dans le us. de S* Victor : 

L'une raeité a broconuse. 

VARIANTES : 
BROIENUSB. Marbodus, imp. coL 1670. 
Brogonuse. Marbodus, MS. de S* Victor. 

Broigne, subst. fém. Chemise de maille. 

Desoz la boucle bien dorée 
Li a la targe dequassée. 
La bone broine desclouee. 

Athis, US. fol. 50. V* Ml. i. 



(1) Voici la citation complète : c Bordeury que nous employons pour un insigne menteur, guand un homme nous ayant 
lyô d'une bourde, nous en souhaitons autant nour le brodeur. » Adrien d'Amboise, p. 48 du Discours ou Traité des Deutêes, 



payé 



fait remonter le proverbe à Agnès Sorel : c Or comme un joiu* on iuy enst achép'té quelque velours pour une robbe, lé 
brodeur Iuy demanda sa devise, d'autant que teUe estoit Tusance de ce siècle. Elle voyant que la brodure lui revenoit 
autant que Testoffe, y Ût resemer sur les manches : Autant pour le brodeur. > Cette deuxième origine est trop ingénieuse 

E:>ur être vraie ; le r déplacé dans bordeur doit tout expliquer, (n. e.) — (2) Froissart emploie le mot assez souvent (édition 
ervyn, II, 465 ; V, 419; VI, 113) ; Christine de Pisan en lait aussi usase dans Charles V (I, ch. W) ) Bayle Im-méme 
l'employait encore dans un article sur Marguerite de Navarre, (n. e.) — (3) Le mot se trouve déià dans la GhaoaoQ de 
Roland, st. 182, y. 3, et parait désigner un quadrupède, un ours : c En dous chaeines si teneit un orohun; Devers Ârdene 
veeit venir trente urs, Getscun paroiet altresi cume hum, Diseient li : Sire, rendez4e nus, U ne n'est dreiz que il aeit mais 
ad vos. 1 (N. B.) — (4) U s'affit là d'une bière faite avec la dragie : < Nus cervoisiers ne puet ne ne deit faire cenroise fors 
de yaue et de grain, c'est a savoir d'orge de mestuel et de dragie. » {Livre des Métiers, 'Jù.) Le grain a été bien brûlé, bien 
broyé, (n. b.) — (5) C'est le substantif verbal de broyer, pris dans le sens d'épreuve. (N. b.) 



BR 

Desous la bonde Doielée 
Li a la large dequ&saàe ; 
La brongne double declaviele 
GU A desous la forciele. 

Alhli.MS.ftd.SO.V'col.S. 
Brongne», et targee d'or listées. 

Alhl>,IIS.Ii>1.53,Veol.i 

De la large 

Perce la penne premerains : 
Tranche la panne, de l'eapée, 
Et la broime qui Ait sa^^e. 

AIUi,IIS.fiil.)0), Vcnl,9. 



Du Cange dérive ce mot de broti, poitrine dana ]e 
patois breton, parce que cette espèce de cuirasse 
couvroit l'estomac. Borel interprète mal le mot 
brugne par baudrier; il tombe dans la même erreur 
aa mot brunie. Oudin et Pauchet, qui l'expliquent 

Sar cuirasse, se sont aussi trompés, mais avec plus 
e vraisemblance. Suivant La Roque, de l'Arriere- 
bau, il signifie cote de maille. 



Broigne et auber ou auberjon, sont peut-être mis 
ensemble comme synonymes, plutôt que comme 
termes dllîérens, ou peut-être aussi que Yauber 
étoit le tissu complet des mailles qui, de la tête aux 
pieds, enveloppott tout le corps, et que la broigne 
8e disoit particulièrement de la partie qui, comme 
une chemisette ou camisole, couvroit la circonfé- 
reoce depuis le col jusqu'à la ceinture. 

Broigne* et aubeoions 7 oot moult depattls. 

Sw. da Ronnilloa. US. p. 66. 
Tant d'escus, tant de broignei ; 
Tant d'aubers, tant de taréesi 

ifid. p. 41S. 

Des bauben, et des brotngn», mainte roale fausse. 

Rmn. diRod, MS-p. lOt. 

Uns rlclie brmne ot yestuS, 
Tote faite d'œvre menue, 
Forsiée Tu, etenlaciée. 

NiBcli. HS. i* S. Gtrai. (A. 190, V col. 3. 

Il est pris au figuré, dans ces vers où 11 est parlé 
de Jésus-Christ et du salut du genre humain pro- 
curé par sa sainte Passion : 

Par tout lut trouvé sa brogne (1), 

Por noz ennemis refréner. 

J. lia Hnuic. Tal mel3SS. 
ViJUiKTES: 

BROIGNE. Athis, H8. fol. ICS, V col. S. 

Broinonb. Rom. de Bou, US. p. 10L 

Brcomk. Blancb. US. de & Genu. foL 188, V* col. 3. 

Broodk. Pb. Houskes, HS. p. 181. 

Brononk. B(ut Descta. Po6b. HSS. fol. 111, col. 1. 

BoiQNK. Du Canee, Glosa. lat. aux mots Boina et Boignia. 

BnOTint. GloBS. du Boraon de la Rose. 

BBDflNE. Oudin, DicL - Faoch. Orig. Itv. U, p. 105. 



T - BR 

Bbunie. La Roque, Ârriére-ban, cb. V. 
BuHNiE. Dict. de Colgrava. 

Broigne , iub&t. fém. Sorte de maladie. 
Peut-être la lèpre. 

Racaille, du mau S* Harliu, 
Et de tous maulx de plus en plus, 
Des broigtiea (2), et des mou fretin, 
Soit maistre Mahieu confondus. 

Eut. DcMb. PoCi. lias. fui. Ha, Ml. I. 

BrolgoOD, subst. masc. Ce mot est pris dans 
un sens obscène. (Poes. Mss.d'Eust. Desch. fol. 450.) 

BroUer, verbe. Contester, disputer. Peut-être 
ce mot n'est-il qu'une orthographe de brayer, pour 
broier, dans le sens propre, que l'on auroit ensuite 
employé figurément pour discuter, examiner, 
comme dans ce passage, où Mouskes dit, en parlant 
du conseil donné à Philippe- Auguste, avant la 
bataille de Bouvines : 

Très tout ensi fu otrolié, 

gu'onques n'i ot de rien broUi : 
ormir s'en vont, et reposer. 

Pta. HosdiM, HS. p. 519. 

Il faut lire proiier, au lieu de hroiier, dans ce 



Et tous les dons qu'il ot donnés, 
Coume rois poisans et sénés, 
Feet-il à son flis otroiier. 
Qui ne s'en fist gaires broîter ; 
Ains U otroia tout son don. 

PUI. HiHrakH, HS. p. 64. 

Broil, subit, maac. Bois, forêt. On dit encore 
breuil, en ce sens, dans le Poitou. En termes 
d'eaux et forêts, ce mot signifie un bois-laillis 
fermé de murs (3). 

Biaus m'est estes quant retentist la bruille. 
Que 11 oiBel chantent par le boschnge. 

fan. HSS. anm IWO, T, t. p. U. 

Chancon, va tout droit à Ravoul, noncier 
Qu'il serve amors, et faice bel acoel 
Et chant aorenl corn oiselet em broil. 

ChuH. MSS. Al Comt» ThDwBt, p. («. 

Fuient parmi le bnteil plessié (4). 

*Uu*,1l3. M. 48, V coL ï. 
VARIANTES : 

BROIL. Du Csnoe. Glossaire latin, au mot Srolium. 



_ I, 1. 11, lui. IÛO1 »' 

Bruiel. Chans. MSS. du comte Thibaut, p. 38. 

Brail, Breil. Dict. de Monel. 

Bril. Machaul, MS. fol. 175, R° col. 3. 

Brbuil. Boret, Oudin et Ménage. 

Brueil. Athis. MS. fol. 48, V° col. 3. 

Breuille, «. /. Du Cause, Gloes. lat. au mot Breil. 

Brubillb, s. f. Poes. MSS. avant 131», T. IV, p. 1684. 

Bruille, s. {. Ibld. T. I, p. 64. 

BniiELLE, ». f. Pb. Houakes, HS. p. 818. 

Broelle, s. f. Poës. HSS. avant m), T. II, p. 793. 



(1) L'oUet dérignA par le mot brogne, d'origine slave, étwt l'^ivalent d'une cuirasse portée entre les deux tuniques 
^ OonstitueDt l^aUBement franc an ix< aiâcle : * Les Slaves bisalent usage de corselets composés d'écaillés en corne 
M en inétal^ une eépuliore barbare du Calvados a fourni ua reste de gilet en toile garni de plaquettes de fer. 1 
"*"'"' * ). 114.) An XI* siècle, la brogne est formée de plaquettes carrées, triangulaires, rondes ou Imbriquées, 



vu vu mtnoA; uiw v 

fOotcberat, Cùttvme, 



at, Co*lf(me,p. 114.) An xi< l , , ^.., . ... „ , , 

■or une tnnunie qu'on passe par-dessus les autres vêtements. Au temps de Philippe-Auguste, brogne est devenu 
■ynonTlBe de Aotiberf densIlMbDlement chevaleresque décrit par les postes; mais dans larmée, la brogne habille encore 
!<■ l oldt i mereemlrH. (n. k.) -~ (9> 11 vaudrait mieux lire roi^e (rc^ne), qu'on trouve déjà au Roman de la Rose 
(r. UC8I). (H. %.) — (9) BrogOut, broilu» se trouve dans tes Capitulaires ; dans la Chanson de Roland (str. LIV), on lit : 
« E eo hd brmtl par som les jjuiz remenent. 1 Breuit est encore un nom de lieu dans l'Aisne, l'Indre, la Dordogne {te 
fipmlfA) ; enOn Dubreutl est un nom de personne fort répaadn. Qr. x.) — (4) Dérivé de pltxUium, pUuU. <n. k.) 
m. 18 



BR 



^i88--- 



BR 



Broillas, subst. masc. Brouillards. Vapeurs 
épaisses que le soleil élève de la terre. (Glossaire 
de Harot, au mot Broillat terriens,) 

Le grand ouvrier mit le ciel etherd, 

Qer, pur, sans pois, et qui ne tient en rien 

De Tespesseur, et broillat terrien. 

Clëm. Marot, p. 5tl. . 

Braillas est employé dans un sens flguré en ce 
passage : 

Voyla comme payx 

Miarent en l'aer, aoubz les broitlas espais, 
De trahison, qui leur tourna la bride 
Si lourdement. 

J. Marot. p. 195. 

VARIANTES : 
BROILLÂS. Mém. de Du Bellay, Uv. IX, fol. 299, V«. 
Brouillas. Essais de Montaigne, T. II, p. 596. 
Broullas. Gloss. du P. Labbe, p. 515. 
Brouas. Ciém. Marot, p. 511. 

Brolller, verbe. Barbouiller, f/est le sens pro- 
pre de ce mot. (J. Marot, p. 126.) 

Chascuns, comme veaux, 

A sa barbe, et sa main brouiUie. 

Eusl. Desch. Poct. MSS. fol. 360. 

Ce mot est pris flgurémeni en ce passage : « Je 
« ne sçai, ma sœur amie, quelle resveries me broil- 
« lent le cerveau, m'ostans le bien de dormir. » 
(L*Âmant ressuscité, p. t206.) 

VARIANTES : 
BROILLER. Villon, page 2. 
Brouillir. Eust. Descb. Poês. MSS. fol. 860. 

Broillerie, subst. fém. Mélange, confusion. — 
Bagatelles. 

On trouve Tune et Tautre acceptions dans le Dict. 
d'Oudin, au mot Brouillerie. 

Marot a dit au premier sens de mélange; confu- 
sion, en parlant des œuvres de Villon : ■ Tant y ay 
• trouvé de broillerie, en Tordre des coupletz et 
« des vers, etc. » (Clém. Marot, préf. de Vil. p. i.) 

Comme les choses dont on fait peu de cas sont 
ordinairement mal arrangées et confuses, et que le 
mol brouillerie servoil à désigner cette confusion, 
de là, il s'est employé pour signifier généralement 
toutes sortes de bagatelles. « Vous désireriez ache- 
« ter quelques bi*ouilleries. » (Mém. de Sully, T. 111, 
page i2.) 

VARIANTES I 

BROILLERIE. Qém. Marot, préf. de VU. n. 1. 
Brouillerie. Mém. de SuUy, T. III, p. 12. 

Broillis, subst. masc. Brouillerie. — Désordre. 
— Confusion. — Potion, médecine. 

Nous lisons au premier sens, pris au flguré, que 
« le prince doit soigner que la religion soit con- 
« servée en son entier, selon les anciennes céré- 
« monieâ, et loix du païs, et empescher toute 
< innovation, et brouillis en icelle. » (Sagesse de 
Charron, p. 396.) « 11 menoit un tel tempestis et 
« un tel ifrouillis^ qu*il sembloit, etc. » (Froissart, 
livre 111, p. 33.— Voy. Ess. de Mont. T. III, p. 410.) 

L'idée de brouillerie entraine celle de la confusion 
et du désordre. De là, brouillis a servi pour 
exprimer le désordre d*une armée en déroute. 

Misdrent Ângloys en grand brouilHtz. 

VigO. dt Charln VII, T. Il, p. 1». 



On se servoit aussi du même mot trauilliê^ pour 
signifler une potion, une médecine. Ce mot dési- 
gnant la confusion qui emporte l'idée de mélange, 
on appliquoit cette idée générale au mélange parti- 
culier des drogues , dont une potion médicinale est 
ordinairement composée. 

Ces phisiciens m'ont tué. 

De ces brouiUiz qu'ilz m'ont fait boire. 

Et toutes fois les tuoi il croire. 

Farce de Pithelin. p. 44. 

VARIAMTBS: 
BROILLIS. GléBL Marot, p. 1S7. 
Brouillis. Essais de Montaigne, T. m, p. 410. 
Brouillitz. Vigil. de Charles VII. T. II, p. 1», 
Brouilliz. Farce de Patbelin, p. 44, 
Broullis. MoUnet, p. 140. 
Broulliz. j. Marot, p. 135. 
Broullbubnt. Vig. de Charles VII, T. n, p. 53. 

Broillot, subst. masc. Petit bois. C'est le 
diminutif de broil, sous ses différentes orthographes. 
(Voyez Broil.) « S'en retourne le chevalier ae la 
« charrette, et vient à un petit bruillet qui estoit 
« hors de la ville. » (Lancelot du Lac, T. II, fol. 16.) 

S'en aUa prias de la cité, 
En un bruelet foiUu , ramé. 

Ph. lIoiMlL MS. p. 134. 

VARIANTES l 

BROILLOT, Broillet. Du Cange, Gloss. lat. à Brolium. 
Brsuillet. Id. ibid. au mot Breil. 
Bruelet. Ph. Mouskes, MS. p. 134. 
Bruellbt. Poës. MSS. avant IdÛÛ. 
Brullet. Lancelot du Lac, T. II, fol. 144. 
Bruillet. Id. T. II, fol. 16, R« col. 1. 

Broing, subst. masc. Lépreux. Homme attaqué 
de la broigne, sorte de maladie que nous conjectu- 
rons être la même que la lèpre. (Voyez Broigke.) 

Si donna de la crois al broina, 
Qui moult i avoit grant besomg. 

Ph. Ifouakes, MS. p. t94. 

Broingne , adj. fém. Brune. 

Bochiers dit, à Margot la broingne. 
Que l'en aloit au traictié à Bouloingne. 

But. DeKh. Poct. MSS. foL 113, col. 3. 

Broisfort, subst. masc. C'étoit le nom du pre- 
mier cheval que monloit Ogier. Peut-être fut-il 
ainsi nommé, parce qu'il s'ébrouoit fortement. 

Vaillant Ogier, preste moy tes chevaulx, 
Desquelz partout en court la renommée : 
Le bon Broisfort qui a veu tant d*assaulx, 
Ou le second nommé Marchevalée. 

ChasM et départie d'Amoan. p. ÎM. 

Broisse, subst. (ém. Sorte de vase. Ce mot» 
dans le patois d'Anjou , désigne un petit plat à 
mettre du brouet. (Voyez Le Duchat, sur Rabelais, 
T. II, p. 225, note 8.) 

Bromardiers, subst. masc. plur. Ce mot s'est 
formé de bromars. On appelle ainsi, en Picardie, 
les gens qui s'enivrent de vin et de bière. 

VARIANTES : 

BROMARDIERS, Bhumardiers. Du C. G1. 1. à BrumaHcL 

Bromars, subst. masc. Bière. Dans un compttr 
des domaines du comté de Boulogne, an 1402, on. 
Ut : < Recepte des dangiers de godales, de chenroi* 



BR -< 

• ses, de britmars, et de honppenliers amenées par 

• mer à Boulogne. * 

ftron, $ubst. moK. Poilriae, mamelle. En 
tBrmes de chasse, breon ou bron parolt avoir 
désigné les mamelles de la biche : ■ S'elle est 

• ft^ppée parmy le ptal des cuisses par les brons (1) 

• (ou hreons), morte est. > (Hodus et Racio,fol. 41.) 

TARUitris : 
BRON. Da Cuige, Gloftsaira latin, au 
Breon. Hodui et lUcio, tOL 41, V*. 

Broncbé , part. Renversé. Ce mot est employé 
au figuré, dans ces vers : 

Sage empeBclianl que cet Illustra ourrage, 
Baalr par voua, n'est bronché de l'orage. 

rofc. f Amtf. jB>k. M. U. V. 

Bronctaement, subst. masc. L'action de bron- 
dier. Trébuchement. 

^^ VADIANTGS : 

BftONCRCHErfr. Monet, Dict. 
BâuNCHEHENT. Dict. de Co^raTe. 

Broncber, verbe. Tomber, écrouler. — Se 
détourner. — Terme de blason. 

Ce mot subsiste sous la première orlbographe, 

avec une partie de son ancienne signification. H ne 

se dit plus que dans le sens de chanceler ; autrefois 

on l'employoïl pour tomber, s'écrouler. 

Et par là, bronche contre bas 

La plus dure espesseur dea auperbea murailles. 

Poe*. d'Aouil. JimiD, fol. 3t. 

De là, ce mot a reçu la signification de se détour- 
ner: ■ Lasepmainedes trois jeudis: car ilyeneut 

• trois, à cause des irréguliers bissexles, que le 

• soleil bruncha quelcque peu, cum debitoribus, 
( à gausche, et la lumière varia de son cours plus 
1 de cinq toises. > (Rabelais, T. U, p. 5.) 

Broncher se dit aujourd'hui, en termes de blason, 
pour brocher; Le Laboureur auroitvoulu conser\'er 
ce mot comme étant prérérable à broncher, que les 
modernes lui ont substitué. (Orig. des Armoiries , 
p. 178, et Brocbri.) 

VIHURTES : 
BRONCHER. Orthographe subslsUnte. 
Brdnghkr. Rabelais, T. U, p. 5. 

Bronzl,v£rIie. Faire grand bruit. Mot langue- 
docien. (Dict. de Borel, 2" additions.) 

Broquarder, verbe. Railler. (Dea Accords, 
Bigarrures, fol. 13.) 

Broqne, iubst. Brocoli . Petit rejeton que pousse 
le tronc d'un vieux chou, après l'hiver. C'est ainsi 
qae le mot brocoli est expliqué dans le Dictionnaire 
universel. Oudin, dans son Dict. frangois-italien , 
eipUque le mot braque, par cimetles de choux. 

Broquel, subst. masc. Espèce de bouclier. — 
Terme de chasse. 

Ad premier sens , c'étoit le bouclier ii l'usage de 
l'infanterie espagnole, dans le temps de sa grande 



»- BR 

réputation. (Dissert, prélim. sur l'Hist. de la Ligae 
de Cambray, p. 59.) 

Comme terme de chasse, nous ne pouvons 
déterminer la aigniflcation précise de ce mot. Peut- 
être désigne-t-il une sorte de petit bâton ou die- 
villc, sur lequel on met l'épervier • pour luy faire 

■ acoiistumer les chiens, et les chevaulx, tu le dois 

■ paistre entre eulx, et quant tu le mettras an 

■ soleil, mais qu'il ait voilé, si le metz à terre sur 
< ung broquel, et illec s'aisaera. ■ (Hodus et Baclo, 
fol. 75, V.) 

Broquerlex, aiibst. masc. plur. Ce mot semble 
formé de braque, orUiOgrapheie broche. Voici le 
passage où nous le trouvons : 

Les dens a iona com broqueriex. 

Et si vous dist qu'ele a les iax 

Au si gros comme uns corbLsons ; 

Et clera, ardans comme uns tisons, 

Et s'a bien de lonc une toise. 

Fibl. II3S. du R. B- TUS. M. 113. H- col. 1, 

Brosaille, subst. fém. Broussailles. De l'ancien 
mot gaulois bruccia, bois, foréL 

VARIANTES : 

BROSAILLE. Du Cange, Glossaire latin, h Brcgatia. 
Broussaillb. Valois, Notice, p. 411, col. 1. 

Brosat, subêt. moêc. Botte de foin. Mot langue- 
docien. 

Brose, subst. masc. plur. Nom collectif de pln- 
sieurs iles. C'est ainsi qu'on nomme, à Lyon, les 
îles du Rhdne. (Gioss. lat. de Du Gange, au mot 
Brotellus.) 

VARIAHTES : 
BROSE, BrOTSaUX. 

BrossalIIeux, adj. Plein de broussailles. (Dict. 
de Cotgrave. — Voyez ci-dessus Bbocebreui.) 

Brosse , $ubst. fém. Bois, forêt, broussaille et 
brosse, vergette. 

■ Chevaucha tant que la nuyt le surprint à 
« l'entrée de unes braces. > (Lancelot du Lac, "T. II, 
fol. 63.) Froissart, parlant de troupes qui chargent 
l'ennemi, se sert de l'expression : ■ Serrez comme 

■ une broce. ' On disoit aussi basse brasse, pour 
bois-taillis : < Yst de une haulte forest, et entre en 
•I une biisse brosse. • (Lanc. du Lac, T. I, fol. 163.) 
Ce mot est pris aussi pour berasse, vergette, sous 
l'orthographe broisse, dans ces vers : 

Conscience le foule ; conscienco le troiaae. 



Brousses éloit le nom d'un outil pour la peinture : 
• Là sont charbons, crayons, plumes, pinceaux, 
■ brousses à tas, coquilles par monceaux. ■ (J. Le 
Maire, Couronne margarilique, p. 69.) 

Remarquons ces expressions : 

1* Brosse (3) de joncs, ou de saules. On a dit, en 

Sarlant du cerf qui , lorsqu'on le poursuit, se cacÂe 
ans l'eau : • Pourroit souvent demeurer en quel- 

c Vas aérons en broei*ê 



BR 



— 140 ~ 



BR 



« que brosse de joncs ou de saules. » (Fouilloux, 
Yénerie, fol. 44.) 

2* Par terres vuides et par broces , c'est-à-dire 
partout. (G. Guiart, ms. fol. 270.) 

3' // n'y a ni bords, ny brosses, c'est-à-dire il n'y 
a rien du tout. (Dict. d'Oudin.) 

VARIANTES * 
BROSSE. Le Jouvencel, MS. p. 221. 
Brossa. Valois, Notice, p. 102, col. 2. 
Broisse. Dict. de Cotgrave. 
Broce. Glossaire du Roman de la Rose. 
Broche. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 49, V<» col. 4. 
Brousses. J. Le Maire , Couronne margaritique, p. 69. 

Brosser, verbe. Courir les broussailles. 

Le cerf brossant halliers et fortes hayes, 
Buzes et saultz, pour mettre chiens au change, 
Foumyt assez. 

Crétin, page 73. 

De là, on a dit : Brousser à r aveugle, c'est-à-dire 
se conduire en aveugle. (Hém. du Cardinal de Retz, 
T. III, D. 29.) 

On aisoit aussi : Brosser contre mont , pour 
rebrousser chemin. 

Si me jettay, par cault, à la mercv de Teau, 
Et soudain que je fus entré dans le basteau, 
Pour brosser contre mont, je voy chasque manœuvre 
S'affûter tout à coup diversement à l'œuvre. 

Pasf}. (&rt, mesl. p. 373. 

VARIANTES : 
BROSSER. Crétin, p. 74. 
Brocer. Valois, Notice, p. 411, col. 1. 
Brousser. Mém. du Card. de Retz, T. III, p. 29. 
Brousbr. Dict. de Cotgrave. 
Broiser. Œuv. de Théophile, l** partie, p. 200. 
Broisser. Contes de ChoUéres, fol. 57, v». 

Brossie, adj. Terme de fauconnerie. Voici le 

f massage où nous trouvons ce mot employé en par- 
ant du faucon : « Il doit avoir le bec brossie et 
« gi'osset et les narines grandes et ouvertes. » 
(Modus et Racio, fol. 58. — Voy. Budé, des Oiseaux, 
fol. 115.) 

Brot, subst. masc. Broc. 

variantes : 

BROT. Dict. de Cotgrave. 

Brose. Du Cange, Gloss. lat. à Broseus, 

Brotonne, subst. fém. Auronne. Sorte d*herbe. 
(Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Brou,8u&8^ majsc. Nom de lieu. « Le curé da 
« Brou^ lequel en d*autres endroits a été nommé 
« curé de Briosne (1). » (Contes de Des Perriers, T. I, 
p. 221.) 

Brouas, subst. masc. Brouhaha. Cri formé de 
celui des fauconniers après leurs oiseaux. On lit : 
« Devois-tu faire ce grand brouhala, » dans les 
Lettr. de Pasquier, T. III, p. 901. I 



VARIANTES : 

brouas. Dict. de Cotgrave. 
Brouhala. Lett. de Pasq. p. 301, T. m. 

Brouche, subst fém. Nageoire. Celle qui est 
près des oreilles : < Gesner escrit que Tan de salut 
1497, fut prins un brochet en un estang, près de 
Halyprun cité impériale de Sienne, lequel avoit 
un anneau de cuivre attaché à ses broux^lies, et 
oreilles, auquel estoit escrit en characteres grecs : 
je suis le premier poisson qui fut mis en cet 
estang, par les mains de Frédéric, second gou- 
verneur du monde, le 5* d*octobre 1230, de sorte 
qu*il apparoist que le brochet avoit vescu, en cet 
« estang, 267 ans. » (Bouch. Serées, Liv. I, p. 220.) 

Broudé, partie. Brodé. 

VARIANTES '. 

broudé. Vigil. de Charles VII, T. II, p. 70. 
Bordê. Dict. d'Oudin. 

Brouder-wez (2), subst. masc. Sorte d'oiseau. 
Le même, dans le patois breton, que le pivert. (Du 
Cange, Gloss. lat au mot Brodarwes.) 

Brouée, subst. fém. Brouillard. — Espièglerie,* 
niche (3). 

Sur le premier sens de brouillard, voyez le Dict. 
de Monet et Rob. Estienne. 

On disoit ngurémeat, sous la seconde acception 
d'espièglerie, niche, faire une brouée^ c'est-à-dire 
jouer un tour, faire pièce. 

Moult menace la vieille qu*e1Ie est tuée. 
Et sa flUe Bourse la bocerée, 
Por ce qu*ele h flst tele brouée. • 

Rom. d'Addif . VS. de S* Germ. fbl. 68, V* eol. 1. 

Brouelle, subst. fém. Sorte d'étoSè grossière. 
(Voyez Du Cange, Gloss. lat. à Broella.) Il cite le 
Cartulairefle S* Germ. des Prez, où il est fait men- 
tion d'un arrêt du Parlement de 1377 (4). Les reli- 
gieux de S* Denis, par un acte de 1428, se contentent 
« pour leur vestiaire, chacun d'une cotte de 
« nrunette, et d'une robbe de brouelle par an. » 
(Felib. Hist. de l'Abbé de S* Denis, p. 344.) 

Brouer, verbe. Bruiner. — Bouillir. — Dissiper, 
consommer. — Aller au bord. 

Le premier sens de bruiner est le sens propre. 
(Dict. d'Oudin.) 

Brouer ^ signifié bouillir, pêûl-être par allusion^ 
aux petites gouttes d'eau qui s'élèvent et tombent 
en forme de pluie, lorsque l'eau est vivement pous- 
sée par la chaleur du feu. (Dict. d'Oudin.) 

Comme ce mot, dans la signification propre, 
désigne un brouillard qui se résout en une petite 
pluie, et se dissipe, de là il s'est employé figuré- 
ment pour consommer, dépenser. 

Or n'aye plus, ne argent, ne chapeaux ; 
Tout est hroué. 

Le Lo|«r des FdUee Amonn, p. 996. 



(1) Brou est une ville de Beauce, Briosne est un bourg du département de TEure. M. LeroiLX de Liocy, dans ses Prwerbes 
français (p. 327-8), nous apprend que les gens de Briosne étaient dits c... torts de Briosne, et ceux de Brou, veaux de 
Brou. (N. E.) — (2) Ce mot correbpondrait au français pigue-ardre. (n. b.) — (3) Dans le Gloss. lat. fr. 7684 (B. N.), on Ut : 




BR 



— 141 - 



BR 



Enfin, hrouer s'est dit pour aller au bord. Borel 
le dérive en ce sens du mot languedocien bro, c*esl- 
â-dire bord. 

Brouet, subst. masc. Pot^e, bouillon, sauce. 
Ç)ict. Etym. de Ménage, au mol Brmiet (1). — Valois, 
notice, p. 95, et Du Gange, Gloss. lat. aux mots 
Mmusosaif Brodium et IH'Odium.) 

Ung peu de brouet, à humer 

Je 8U18 basi, se Dieu ne m*ayde. 

Test, de P«iheUn, p. 96. 

Ves quel humeor de brouet, 
Et quel Tuideur de hanas. 

FdM. MSS. dn R. n* 7S18. fol. 914, R* col. 3. 

Expressions remarquables : 

V Brasser un brouet; c'est-à-dire jouer d'un tour. 
(Dict. de Cotgrave.) 

2* A tel brouet telle sauee. Nous disons à la 
pareille. (Coquillart, p. 173.) 

VARIANTES l 
BROUET. Fabl. MS. du R. n» 72t8, fol. 214. R» col. 2. 
Brouês, piur. Eust. Desch. Poès. MSS. fol. 379, col. 2. 
Broet. Les Quinze Jqyes du Mariage, p. 42. 
Brubt. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 270^ col. 1. 

Broall, subst. masc. Brou. L*écorce verte de la 
noix. (Dict. d'Oudin.) 

Broaillage, subst. masc. Sorte de droit. Celui 
de mener paître son bétail dans un assec ou étang. 
(Laurière, Gloss. du Dr. Fr. au mot Assec.) 

Brouillard, subst. masc. Brouillon. 

Rymes, sortez de la poussière, 
Et vous découvrez eu lumière, 
En beau papier bien imprimé 

gui, n*a guieres, en brouillas (2) trassées, 
Isiez dans rordure lessées. 

CBttY. de Baîf. fol. 209. 
VARIANTES l 

BROUILLARD. Lett. de Pasquier. 
Brouillas. Œuv. de Raïf, fol. 209. 

Brouiller par/ic. Mêlé. — Fatigué, abattu. 

Au premier sens, on appeloit vin brouillé du vin 
sophistiqué. « Bernard, marchand genevois, vend 
du vin 5rouî/te'(3)etdemyd'eau. > (Nuits de Stiapar. 
T. II, p. 160.) 

On aisoit aussi brouillé pour fatigué, abattu. « Hz 
« estoient un petit brouillez de leurs armeures. » 
(Percef. Vol. III, fol. 121.) 

Brouiller, verbe. Ce mot subsiste. On disoit en 



termes de marines, brouiller les voiles^ pour les 
serrer : « Comme il brouilla sids voiles sur le soir, 
« nous jugeâmes qu'il craignoit la terre. » (Mém. 
du Gard, de Retz, T. III, p. 329.) 

BroulUifiquement, adv. D*une façon em- 
brouillée. (Voyez des Accords, Bigar. p. 33.) 

Broulne, subst. fém. Petite pluie. — Incendie. 

Ce mot subsiste sous la dernière orthographe, 
dont les autres sont des altérations très-légères. On 
a dit, au premier sens : « Fait vent et menue pluye, 
« ou broines. » (Chasse de Gast. Phébus, ms. p. 3&.) 

Froissart s'en est servi pour exprimer, dans un 
sens figuré, un orage qui se forme peu à peu: 
« Une brui7ie périlleuse se nourrit entre vous et le 
« duc de Lancastre, et si vient du costé de France. » 
(Froissart, Liv. III, p. 305 (4).) 

Bruyne semble signifier incendie, dans le passage 
suivant. Alors il prend sa signification du verbe 
ftrwtr, brûler : 

Milan, par ton messaige, affectes de bruine 
Mettre au dernier passaige et totale ruyne. 

Crétin, p. it6. 

VARIANTES ' 

BROUINE. Dict. de Ménage. 

t. P 



Bruine. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 335. 
Bruyne. Crétin, p. 126. 
Bruine. Orth. suosist. 



Broulr, verbe. Brûler (5). Il paroît que c'est là 
le sens générique de ce mot, quoique Oudin, dans 
son Dict. lui donne une signification moins éten- 
due. Il l'explique par bouillir légèrement. Alors 
brouir est une altération de l'orthographe brouer. 
(Voy. Brouer ci-dessus.) < Il est une manière de 
« faire, et composer certain feu, lequel aucuns 
« appellent grégeois, car trouvé fut par les Grecz 
« estant au siège devant Troies, ainsi que tiennent 
« aucuns : celuy feu art mesmemenl en eaue, pier- 
< res, fer, et toutes choses brouit. » (Le Jouvenc. 
fol. 89.) 

On U devroit les talons quire (al bruire). 

Athit.MS. fol.38. Vcol. 1. 
CONJUG. 

Broi, au prêter. Brûla. (Fauch. Lang. et Poës. 
Fr. fol. 95.) 
Broie, partie, fém. Brûlée. (Part, de Bl. fol. 159.) 
BrooiSy partie, passé. Brûlé. (Hist. de S" Léocade, 
I fol. 27.) 




(l)Le 
jointes. : 
JBbrauei 

la soupe blanche (zouben tre lez) des noces l)retonnes ; eUe a inspiré à Brizéux, dans la Ceinture de Noces, une chanson 
dont rnarmonie fait excuser le style précieux. La mariée. déshabiUée yers minuit, se couche, et son mari se place à ses 
côtés. Alors on sert cette soupe au latt, symbole des misères matrimoniales ; les tranches de pain sont liées par des fils et 
les cuiUers sont percées. (N. E.) — (2) Montaigne (IV, 342) écrit : c Ayant curieusement recueilli tout ce oue j'ay trouvé 
d'entier panny ses brouillars et papiers espars çà et là. (n. e.) — (3) Dans Basselin (XVIII), on lit aussi : » Meschant qui te 
brouille (qui môle le vin avec de Teau) ; je parle aux taverniers. » (n. e.) — (4) Du sens propre de brouillard, Froissart a 




est germmnMiûe et se reconnaît dans brnhen, enflammer. Le mot n*est plus employé qu*en parlant de la gelée blanche, 
brûlant les Jeunes pousses, (n. e.) 



BR 



— 14i — 



BR 



Brouysty à Tind. prés. Brûle. (Le Jouv. ms. p. 304.) 

Broyé, part, passé. Brûlé. (Gbron. scand. de 
Louis XI, p. 178.} 

Bruissent, à l'ind. présent. Brûlent. (G. Guiart, 
us. fol. 259.) 

Bruist, à l'ind. prés. Brûle. (G. Guiart, Ms.f222.) 

Bruix (al Bruys)^ pour brûlé, embrasé, part, passé. 
(Ger. de Roussillon, ms. p. 187.) 

Brutz, part, passé. Brûlé. (Fabl. mss. du R. 
n» 7615, T. II, fol. 120.) 

Bruy, partie, passé. Brûlé. [Ger. de Rouss. us. 
page 187.) 

Bruyant, part. prés. Brûlant. (Poës. de J. Tahur. 
fol. 113.) 

VARIANTES : 

BROUIR. Le Jouvenc. fol. 89, V«. 

Brouyr, Nicot et Borel. — J. Marot, p. 133. 

Bruire. Athis. MS. fol. 38. V« col. 1. 

Brûir. Dict. de Borel. - Gioss. du P. Martône, T. V. 

Bruyre. Rom. de la Rose. 

Bruyr. Monstrelet, Vol. I, fol. 251, Ro. 

Brouissement, subst. masc. Murmure, bour- 
donnement. 

vARUNTEs : 

BROUISSEMENT. Dict. d*Oudin et de Cotgrave. 
Bruiement. Dict. de Rob. Estienne. 
Bruiment. Cotgrave et Oudin. 

Broussin, subst. masc. Bosse, nœud d'arbre. 
— Bassin, plateau. 

On trouve le premier sens de bosse, dans les 
Dict. de Monet, Oudin et Cotgrave. Le broussin 
d'érable étoit très estimé chez les Romains. (Voy. 
Dict. de Trévoux.) 

Gomme on se servoit autrefois du broussin d'éra- 
ble, de lierre, etc., pour faire toutes sortes de 
Setits ouvrages, de là ce mot s'est employé pour 
ésigner ces ouvrages mêmes. Il signifle plateau 
dans les vers suivans : 

La table sist sor deux coissins, 
Desor la nape, ot deux brossins (1), 
Ou U avoit cierges d'argent. 

Fabl. MSS. de S* Germ. fol. 65, V col. 1. 

Broust, subst. masc. Buisson. —Bourgeon. — 
Nourriture. 

Sur le premier sens de buisson, voyez le Gloss. 
lat. de Du Gange, au mot Bru^cia, où Ton trouve 
que Broussei Broust (2), en patois breton, signiflent 
un buisson en général. 

De là, ce mot s'est pris pour désigner les bour- 
geons que poussent les jeunes taillis, au renouvel- 
lement de la saison. (Voyez Du Gançe, Gloss. latin, 
aux mots Bru^cia et Brustum.) G est en ce sens 

Ju'ori appeloit brot le bouton ae la vigne. (Dict. 
'Oudin et de Cotgrave.) 
Nous entendons encore aujourd'hui par brout, la 



pâture que les bêtes fauves prennent dans lés bois- 
taillis : anciennement ce mot se prenoit flgurément» 
en ce sens, pour nourriture en général. 

Si vient guerre, mort, ou famine, 

Dont Dieu nous gard ; quel train, quel mine 

Ferons -nous pour gaigner le braïut (3). 

VUl. Didoy. dt llaUe|My«. pas» 59. 

Remarquons cette expression : 
Perdre brout et bruit, pour perdre son temps et 
sa peine : 

Par trop luy taire, ou estro solitaire, 
Il est notaire (notoire), on pert bien bruyi et hr&ut. 

Molinet, pa^ 140. 

VARIANTES '. 

BROUST, Brouss. Gloss. lat. de Du Gange, à Brauseus, 
Brot. Coquillart, p. 63. 
Broult. Mém. Du BeU.'liv. VIII, fol. 242, V». 
Brout. MoUnet, p. 140. 

Brousteller, verbe. Brouter. — Manger. 
Le premier sens de brouter est le sens propre. 

Gabrioces kl brouaielle. 

Po&. USS. avant 1900. T. m. p. 1961. 

Le chevreau qui broutelle 
Dessus les flancs d*un rocher. 

Bergv. de Rémi BeUean. T. I. foL 10, V*. 

De là on a étendu Tacception propre et particu- 
lière de brouster à la signification générale de 
manger. (Dict. de Borel, 2" add.) 

Robins commença à brouster 
De ces poires, à grant esploit. 

Fabl. MSS. du R. n' 7218, fol. 116, R* col. 2. 

VARIANTES * 
BROUSTELLER. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1251. 
Brouteller. Berger, de Rem. BeU. T. I, fol. 10, V». 
Broster. g. Guiart, MS. fol. 75, V». 
Brouster. Dict. de Borel, 2** add. 

Broutement, subst. masc. L'action de brouter. 
(Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Brouteur, subst. masc. Qui broute. (Dict. de 
Cotgrave. ) 

Brouteure, subst. fém. Pâture. (Dict. d*Oudin. 
— Voyez Broust ci-dessus.) 

Broutillis, subst. masc. Bribes à manger. Du 
mot brouter. (Voyez Brousteller ci-dessus.) « Les 
« autres amassoient des broutillis (4), tous se sentant 
« de la queste, et de ce qu'il avoit amassé. » 
(Bouchet, Serées, livre III, p. 148.) 

Broutonner, verbe. Boutonner, boui^eonner. 
Du mot Broust. 

La saison novele 

Qui fait les bois verdir, et botoner. 

Pocs. MSS. ayant 1300. T. I, p. 887. 

VARIANTES I 
BROUTONNER. Dict. de Cotgrave. 
Bhotoner. Vies des SS. MS. de Sorb. chif. LX, col. 43. 
BOTONBR. Poës. MSS. avant 1300, T. I, p. i87. 



(i) Citons encore le passage suivant du reg. JJ. 182, p. 1^, an. 1154 : « Ung baston mouUu à plusieurs broz. « Il montre 

bien gue brossin est on diminutif de broc ou broz, autre forme de broche, (n. k.) — (2) On appelle, dans les colonies françaises 

d'Afirique (Bourbon) et d* Amérique (AntiUes). brousse, les taiUis et forôts vierges de Tinténeur qui servaient de refuge aux 

esclaves marrons : le langage créole est archaïque comme celui de nos provinces, et les marins de l'Etat disent au figuré 

courir la brousse, la campagne, pour être en bordée, manquer à rappel, (n. b.) — (3) Le mot se rencontre dés le xin* siècle 
^ — n_„^ y__ iTAov - _ Tî __. — 1 ..___ ^_ _3_ ^_ _, ^_ .._.-,_ w - .. desdaigne ^ la racine. » (n. e.) 

en Espagne avec la princessa 




BR 



— 143 — 



BR 



Broazer, verbe. Havir. Du mot brouée, pris 
duis le seos où nous disons prendre une brouée de 
feUy pour se chauflèr légèrement. Oudin, dans son 
Dictionnaire, l'explique : « Havir la viande, hâler 
« la peau, flamber la volaille. » 

Broyé, Biibst. fém. Terme d'armoiries. Le 
Laboureur a varié sur sa signification ; enfin il a 
rendu ce mot par benaele ou bemicle^ caveçon ou 
moraille dont il donne la figure. (Orig. des Arm. 
p. 243. — Voyez Berhagles ci-dessus.) 

Broyer, %ub%t. masc. Pilon. 

Item, laisse le mortier d'or (1), 
 Jehan l'espicier, de la garde, 
Et une potence à Sainct-Mor, 
Pour faire ung broyer à moustarde. 

VQlon, p. 9. 

Bru, subst. fém. Bru. Belle-fille. « Nous disons 
• la frni, et le brumen, au lieu de fiancée et de 
« fiancé, car bruth en flament, c'est fiancé, et man, 
« c'est homme en françois. > (Fabri, art. de Rhét. 
Uvre I, fol. 7.) « Oncques ne fut vainement dit, 

< entre la breu et grand mère n'y a amour, ne 

< convenance. » (Pérégr. d'Amour, foi. 56.) 

YAR1A!<TES : 
BRU. Orthog. subsist. 
Breu. Pérégr. d'Amour, fol. 56, V«. 
Brue. Naudé, Ck)ups d*£tat, T. III, p. 342. 
Brut. Du Gange, Gloss. lat. au mot Brut, 
Brus. Fabri, Art. de Rhét. liv. I, fol. 7, R«. 
Bruz. La Thaum. Goût, de Berry, p. 288. 

Bruchet, subst. masc. Tréteau. (Dictionnaire de 
Cotgrave, et Gloss. de rilist. de Bret.) 

Bruement, subst. Bruit, comme frémissement, 
bruissement. 

Le ciel s'esbahist tout du grand vantalement 
D'enseignes, de bannières, et du fier bruemeni, 

Ger. d« Roiusillon, MB. p. 194. 

Broerol, subst. masc. Bruyères, terres incultes. 
Brucroi est une faute dans ce passage : « 11 avoit 

< un grant brucroi d'erbe là ou nos crestiens 
« estoienl. » (Contin. de G. de Tyr, Martène, T. V, 
col. 606.) Le P. Hartène ne Ta point expliqué dans 
son Glossaire; il auroildûlire brueroU comme dans 
ce vers: 

 une part s'estut au chief d*un brueroi. 

Rom. de Rom, MS. p. 97. 

On disoit : par arée et par bruieroi, pour signi- 
fier partout. (G. Guiart, us. foL 99.) 

VARIANTES ' 
BRUEROI. Du Gange, Glose, lat. kBruariutn. 
Brucroi. (Corresp. Brueroi.) G. de G. de Tyr, Mart. T. V. 
Bruisroi. g. Guiart, MS. fol. 99, V«. 

Broesche, subst. fém. Sorcière, dans le patois 
de pays de Foix. (Voyez Dict. de Borel.) 

Bmge épine, subst. fém. Espèce d'épine. 
(Dict. de Cotgrave et d'Oudin.} 



Brugelins, subst. masc. plur. Habitans de 
Bruges. (Monstrelet, Vol. II, fol. 143.) 

Bruges, subst. Nom de ville. Bruges est une 
ville de Flandres » province du Pavs-Bas. On disoit 
proverbialement: < Avoir autant a Bruges oomm^ 
« à Gand •, pour n'avoir pas plus dans un lieu que 
dans un autre. (Le Chevalier de la Tour, Guid. des 
Cuer. fol. 91.) 

Les chausses de Bruges sont passées en proverbe» 
dans les Fabl. us. de S' Germ. fol. 4^ 

Vez quels soUers de Cordoao, 

Et com bêles chauces de Bruges (2). 

Fabl. MSS. du R. n* 1218, foL 113. V «ol. 1. 

On juroit par le sang de Bruges. (Voy. Poës. mss. 
d'Eust. Desch. fol. 32.) 

Bruhadas, subst. masc. Il semble que ce soit le 
nom d*un démon dans ces vers : 

Lucifer fu vostre père, et non pas homme, 
Et Bruhadas vous conçupt en la bœ. 

Eost. Desch. Pues. MSS. fol. fii, col, 3. 

Bruhier^ subst. masc. Oiseau de proie. Le 
brehan. Le même que brohons ci-dessus. Nicot dit 
que c'est un oiseau « qui vit aux champs de ver- 
« mine, et qu'on ne peut faire jamais au poing, ne 
« au leurre. » 

Mouskes, parlant de la bataille de Roncevaux, dit : 

Tout ainsi coume Taloe 

Fuit le mousket et Tesprevier 
Plus que Taubain et le bruhier... 
Tout ansement, al destraver, 
Fuien payen devant les Frans. 

Ph. Monskes, MS. p. 180. 

Grues, brehiers^ comailles et suettes. 

Eust. Deeob. Poét. MSS. fol. i08, eoL S. 

VARIAMES : 
BRUHIER. Ph. Mouskes, MS. p. 186 et 187. 
Brehibr. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 310, col. 2. 
Bruihier. Poës. MSS. du Vat. n* 1490, fol. 180, R«. 
Bruityer. Dict. de Nicot, et Pathelin, Farce, p. 52. 
Bruthier. Ménage, Oudin et Cotgrave, Dict. 

Bruidis, subst. masc. Nom d'un vent. Peut-être 
Borée. 

Car Bruidis souffle de tel alainne^ 
Que Leander ne poet Tells mouvoir ; 
La est péris. 

FrohMurt, Poct. MSS. p. 306, col. 1. 

Bruiere, subst. fém. Bruyère. — Espèce d'ar- 
brisseau. 

Ce mot subsiste au premier sens de bruyère. 
C'étoit, autrefois comme aujourd'hui, le nom général 
que Ton donnoit à plusieurs petits arbres qui 
croissent dans des terres incultes. On appeloit 
aussi bruieres ces terres mêmes. On pourroit déri* 
ver ce mot de Brouir ci-dessus, parce qu'on brûle 
les bruyères pour les défricher. L'abbé Le Bœuf le 
fait venir de rancien celtique brogar. « Vaine pas- 
< ture s'entend, et s'extend es chemins publics, 
« charrieres, voyes, sentiers communaux, bra^es9 
« landes, hayes, etc. » (Coût. Gén. T. II, page 1090.) 
On trouve ailleurs brayeres ou brières. 



(i) Le mortier paraK avoir été renseigne de répieier. (n. i.) - (2) M. de Lincv cite comme proverbe du xiii» siècle, 
éfèp de Bruges, d'après le dit de VApostoille ; on disait aussi saie de Bruges, et, aans ce pays, la fabrication et la vente du 
drtp est dite encore sayetterie. (n. b.) 



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— 144 - 



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Nous lisons bruiere vive, dans ce passage : « Où 
« il a foison d'aloeties tendez raiz à quatre gieilles 
« en une bruiere vive, et mêliez, etc. » (Modus et 
Racio, fol. 84.) On disoit proverbialement laisser le 
pré pour la bruiere. (Fabl. mss. du R. n" 7218.) 

Bruyère, sous la seconde acception, signifie peut- 
être la même chose que bruse ci-dessus, qu*Oudin 
dans son Dictionnaire explique par myrte sauvage. 
Il paroitroit même assez naturel de croire que cette 
espèce de myrte étoit Tarbrisseau que les amans 
portoient en signe d'un amour malheureux : 

Et aUons queUlir bruiere (1), 
Car moy n est pas joyeux : 
Je désir Ueux ténébreux. 

Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 176, col. 4. 

VARIA^'TES : 
BRUIERE. Fabl. MSS. du R. no 7218, fol. 338, V» col. 2. 
Bruyère. Du Gange, Gloss. lat. au mot Broca^^ia. 
Brieae. Journ. de Verd. septembre 1750. 
Bruere. Le Jouvencel, MS. p. 563. 
Brugere, Brugiere. Journ. de Verd. septembre 1750. 
Brates. Nouv. Ck>ut. Gén. T. II, p. 1095. 

Bruiné « adjectif. Saupoudré. On lit au figuré : 
« Friteaux bruine% de sucre candy. » (Dictionnaire 
de Cotgrave.) 

Bruinement , subst. masc. Petite pluie. (Dict. 
de Cotgrave.) 

Bruineux, adj. Pluvieux, nébuleux. Au figuré, 
sombre, obscur. (Dict. de Cotgrave.) 

Geis parmy bruyneuses (2) ténèbres. 

Cretifl, p. 201. 

VARIANTES : 
BRUINEUX. Cot^ave, Dict. 
Bruyneux. Cretm, p. 201. 

Bruire, verbe. Faire du bruit en criant ou 
autrement. — Retentir. — Parler. — Briller. 

Ce mot subsiste encore sous la première ortho- 
graphe , mais il ne se dit plus guère qu'à Tinfinitif . 

On lit, au premier sens de faire du bruit : 

Là oissiez avirons bruire. 

G. Guiart, MS. fol. 3i, V. 

.- Son ventre moult forment 11 bruit. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, foL 116, V* col. 1 . 

Pour^irier ou hurler, on a dit : 

Tiex gens ne vont pas seuls en enfer le puant, 

8ue leurs hoirs et leurs famés vont après eux bruant^ 
ù il ne trouveront qui les aiUe chuant, 
Ains seront tuit ensemble tormenté 11 truant. 

' ,. i. de Meung, Test. 198S. 

Les deux acceptions qui suivent immédiatement 
la première sont des modifications de l'idée générale 

3ue renferme le mot bruire. Il signifie retentir^ 
ans ce vers : 

Puisse tout l'univers bruire de votre estime. 

L'Uloiion, Comédie de P. Corneille, acte m, loène OC. 

De là, ce mot s'est dit pour parler, soit en bonne. 



soit en mauvaise part. Il est pris en bonne part, 
dans ce passage : « Il luy prend envie de voir ce 
« H. de Salvoison, dont l on bruyoit tant. > (Brant. 
Cap. fr. T. II, p. d50.) Nous lisons en mauvaise 
part : • Onen bruit fort par la ville. » (Caquet de 
l'Accouchée, p. 446.) 

Enfin , bruyre s*est employé pour briller, dans 
les passages suivans : 

Ceulx de la garde les suivoient, 
Abillez tous moult richement 
Et montez sur roussins qu'avoient 
Pour bruyre merveilleusement. 

Vigil. de Charles VH, T. I, p. 158. 

Qui brmit dessoubz son estendart 
U est à la bonne heure né. 

Mollnet, p, ISl. 

On disoit : 

1" Tournoyement brouissans. Peut-être cette 
expression doit-elle s*entendre des enquêtes par 
tourbe, auxquelles on avoit recours avant que les 
coutumes fussent rédigées par écrit. « L*on ne se 
« servira plus, d'ors en avant, pour Téviclion des 
« fiefs de tournoyement brouissans, avec somma- 
« tion, ny Ton n'en fera plus l'insinuation, mais il 
« y sera procédé par simples intimations. » (Nouv. 
Coût. Gén. T. I, p. 1128.) 

2r Faire bruire ses fuseaux, pour mettre en 
réputation. (Voyez le Festin de Pierre, Comédie de 
Molière, acte in, scène i (3).] 

VARUNTES : 

BRUIRE. Cotgrave , Monet , Rob. Est. et Gloss. de Karot. 
Brler. Roman de la Rose. 
Bruyrb. Petit Jean de Saintré, p. 224. 
Brouir. Dict. d*Oudin. 

BrulementtSt/bs^mosc. Embrasement (4). « La 
« compassion qu'il auroit du sang et mort de ses 
« sujets, et le gast et bruslement de son pays 
« l'esmouveroient tant, qu'il feroit partir ses navires 
« pour aller au secours. » (Mém. Du Bellay, liv. X, 
fol. 340.) 

VARIANTES : 

BRULEMENT. Monet, Dict. 

Bruslement. Mém. Du Bellay, livre X, fol. 340, B«. 

Bruleresse, adj. fém, Ardente. Qui brûle. 

Traîtresse, une autre fois, si tu veux m'embraser 
Je te supplie au moins, ne me point déguiser 
D'une femte fraischeur, ta brutereêse flamme. 

G. Dnnut, à h suite de BonoeCooe, p. 141 

Brûlez , subst. masc. plur. Sorte de monnoie. 
Elle valut deux deniers jus€|u*en 1343, puis elle fut 
réduite à une maille tournoise. (Voy. Ord. des Rois 
de France, T. II, p. 191, note a.) 

VAiUAMTES : 

BRULEZ. Du Gange, Glossaire latin, au mot Maneta. 
Bruslez. MoUnet, p. 187. 



(1) On lit déjà dans T?ioma8 le martyr, y. 164 : « Qui tute lur larreit en bandun la rivière, De porcs et de berbiz voldreient 
Ui bruiere. » (N. E.) - (2) Déjà dans Christine de Pisan, Charles V (II, 1) : « Âir bruineux et couvert. » (n. b.) — (3) Plutôt 
faire grand bruit dans le monde : et Vous voyez depuis un temps que le vin émétique fait bruire ses fuseaux. » (n. e.) - 
(4) Le mot est pris au figuré par d'Aubigné {Fœneste. IV, 6) : c La nuit, au diable la ffarde, bruloit le villase qui vouloit ; 
nos grands le bruloient, à la mode s'entend, c'est -à-aire qu'ils prenoient cent escus (Tune paroisse pour la laisser vuide au 
milieu du département. — Vous avez bien fait de m'ezpliquer ce brulement, je pensois que ce fust mettre le feu pour faire 
degasl. » (N. N.) 



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-Ï46- 



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Bndis, ttibtt. maie. L'action de brûler. — Ce 
tpù wl brûla. — L'odeur d'uae chose brûlée. 

Cest l'Dsage, daos certaines provinces, de brûler 
les bois qui ne peuvent être exploités k cause de 
leur peu de valeur, et l'on appelle, en termes de 
pratique , bruli% l'action de les brûler. ■ En boys, 

■ quels qu'ils soient, n'y a, et n'y escbiet prînse de 

> bestes, en quelque temps que ce soit, par la 

■ coutume, se il n'y s tailles, ou bruiiz, ou il n'y a 

• fraitz, ou poisson, ou garenne, car là ou il y a 
« taille, ou hruliz, durant trois ans accompliz et 

■ nng mois de may, après les diclz trois ans, à 

• compter du terni» de la coupe , ou bruliz. > [La 
Thaumass. Coût, de Berry, p. 328. — Voy. Arsol.) 

En termes de vénerie, ce mot sifcninolt aussi 
l'action de brûler, comme en ce passage : ■ Quant 
( il l'aura tué (le sanglier] il doit corner prise 

< eommed'uncerf,d'uaftruUei£,etdufouaill,etc. ■ 
(OUBse de Gaston Phébus, hs. p. 378.) 

De Û, oe mot a signifié la cbose brûlée. ■ Quand 

• M vint le lendemain que le feu fat estainct, le 

■ roy alla veoir le bruits qai avoit bien demie 

■ Uene de lé. > (Perceforest. Vol. II, fol. 4.) 
Bruit» se trouve aussi souvent employé, dans nos 

anciens auteurs de vénerie, pour désigner les 
boissons aaïquels on a mis le feu. ■ Il advient 

■ aucune fois que les cerfs passent au travers des 

■ brunit, là où les cbiens n'en peuvent avoir senti- 

< ment, parce que la senteur du feu est plus grande 

■ que celle du cerf. . (Fouilloux , Vénerie, fol. 43.) 
Par une extension de ces deux premières accep- 
tions, ce mot s'est employé pour signifier l'odeur 
même de brûlé. • Tout en chevaucbant prindrent 

> à flairer du rost et du brtillz. ■ [Percef. Vol. I, 
fol. 67, V col. a.) 

vAiuims: 
BBUUS. FonilkMB, TAnetto, toi. 4S, V>. 
Bmilix. La Thanmaaalèra, Coût, da Oenr, p. SB. 
BnDU.KZ. Chuw de Gaston Fbèlma, US. p. 978. 
' BnuBLEiz. Cba«M de GmUhi Pbéboa, HS. p. f3&. 
BainLus. Ibid. p. Mi. 

Bmlon (régiment de). Il fut créé en 1649. Ce 
régiment, composé de deux dragons et de quatre 
lamboars, donna lieu à un vaudeville et à cette 
bcon de parier : ■ II est comme le régiment de 

• Bruta». > (Voyez les Mém. do Cardinal de Retz, 
T. n, p.St.) 

Bmmal, a4i- Qni appartient à la brume. Du 
not Batms ci-après. [Dict. deNlcot, Monet, Oudin 
et Co^rave.) 

^mman. tubtt. mate. Gendre. Beau-fils. (Dicl. 
4e Cotgrave.) Ce mot vient da l'allemand. 
vAHuam : 

BRUIUN. IHcL de HoDot. 

Bunosf. FWbfl, AH de Rbéloriqaa, \tm I, fol. 7, R*. 

Brame, lubif. fém. Le plus court jour de 
1*b{ver. (Dict. de Nicot, Monet et Oudin.) •> Cela estoit 

• an temps de la brumes environ le quatorzième 

• décembre, an soIUsce byvernal. * (Alector, Rom. 



fol. 75.) < Sept jours devant et sept jours après 
■ brume , jamais n'y ha sur mer tempeste. > (Rab. 
T.V, p.îl.) 

Ce mot subsiste en terme de marine, mais dans 
un sens différent de celui que nous venons de 
marquer (1). 

Brumeste, ivbst. masc. Espèce de vent d'hiver. 
Vent qui apporte la brume. (Dict. d'Oud. etdeCotgr.) 



Brun, adj. Ce mot subsiste et signifie encore 
une couleur sombre et obscure, mais son usage 
aujourd'hui est beaucoup moins étendu. On appeloit 
autrefois armes brunes, des armes bruines , et c'est 
peul-étre de là que cette couleur tire son nom. 
C'est en ce sens que nous trouvons brun pour 
épithète de heaume et d'épieu, dans Blanchandin, 
Ms. de S' G. f 179, et Parlon. de Blois, ibid. f- 132. 

Ce mot semble aussi s'être employé substantive- 
ment pour signifler une espèce de pigeon. [Voyez 
Du Cange, Glossaire latin, au mot Toergni.){% mais 
il est aisé de voir que ce n'éloit qu'une façon de le 
désigner par son plumage, et que le mot pigeon 
étoil toujours sous-entendu. 

BruM désigne un personnage allégorique, dans 
ces vers : 

Panni rampoit Brunt mds pitié, 
Pour bien demoetrer félonie. 

Filil. HSS. da R. n- TUS, T. H, M. 190, A* col. 1. 



On disoit au figuré : 

Jîrun« face, pour mauvaise mine. Nous disons : 
grite mine. 

imoun bée I que t'a; Je meebiit ? 
Qui me montrée ta brune face. 

udUihi, p. m. 
Brune vie , pour mauvaise vie ou vie suspecte. 
Certes nennil ; voetre vie est trop brune. 
Vous tes tenex & to damonsclon. 

Bul. Dnrh. Poâ. USB. loL SET. csl. 3. 

Conscience brune, pour haine secrète, ressen- 
timent. 

Qui envers son proisme s rancune, 
Disx voit sa eotiêcienee brune. 
Et por ce, s'aumosne degele : 
S'sumosne ne vaut une prune. 

F^. M&. du R. B* TtlS, tDl. 109, V oo). i. 

Bruns airs, pour l'obscurité de la nuit. 

par la lune, 

Est II brun* airt éclaircis. 

Poéi. MSe. ViUcu. D* IW, kl. 1W,*K> »ol. t. 

Guill. Guiart employoit souvent les expressions 
brunes et blanches, brunes et tores, etc., pour dire 
tous, de toute espèce. 

Brune glace, pour glace de miroir, glace arlifl- 
cîelle. * S'y recréent et refocillent trop mieux 
■ qu'en regardant un miroir de brune glace. ■ 
(J. Le Maire, Couronne margaritique, p. 50.) 
Après veooient les communes, 
Ou sens avait blancbes et brunet. 

G. Cidvl, HS. M. IW. V*. 



e mot n'existe pu dans Du Csngs. (x. i.) 



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^i« — 



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Sur personnes brunes et 9ore$, 

Fist Diex naainz biaus miracles lores. 

ibU. fol. SU, R*. 

Jà s'arrouteni blanches, et bures (1). 

. Ibid. fol. 387. V. 

VARIANTES : 
BRUN. Orthographe subsist. 
Brung. Modus et Racio, fol. % Y«. 
Brus, plur, Fabl. MS. du R. n» 7969, fol. 57, Y» coL S. 
Bruniere, fém. Fauchet. Lang. et Poês. Ir. p. 91. 
Bures, fém, plur. G. Guiart, MS. fol. 287, V». 

Brunain , subst. fém. Ce mot sert à désigner 
une vachey dans ces vers : 

Li prestres commanda en oirre 
C*om face, por aprivoisier, 
Blerain avoec brunain lier, 
La seue grant vache domaine. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 929, R* col. 2. 

On donne encore, à la campagne, des noms à 
peu près semblables à ces sortes d'animaux; la 
couleur de leur poil les détermine. 

BruneaU) subst. masc. Ce mot s*appliquoit 
autrefois aux chemins, à une tour ou forteresse, 
dont il désignoit ordinairement la partie la plus 
forte et la plus solide. (Voyez Le Bœuf, Histoire 
d'Auxerre, p. 23.) Cet auteur soupçonne que c'est 

£ar corruption que Ton a donné autrefois, à une 
)ur d*Auxerre, le nom de Bruneau. On en peut 
dire autant des chaussées de Brunehault. « Un 
« chemin royal que Ton dit les chaussées de Brune- 
• hault qui dévoient avoir quarante pieds de 
« largeur. » (Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 342.) On 
trouve aussi chaussées bruneaux. (Voyez cette ex- 
pression et son étymologie, dans le Journ. de Verd. 
avril 1755, p. 288.) 

« Iceluy Brunehaut (2) , prince magnifique et de 
« ^and cœur feit faire les chaussées, dont on voit 
« lusques auiourdhuy les trasses en beaucoup de 
« lieux de la basse Aliemaigne, et de France : mes- 
« moment du costé d'Amiens en Picardie. > (J. I^ 
Maire, lUustr. des Gaules, livre III, p. 288.) 

vARUNTEs : 

BRUNEAU, Brunehaut. 

Brunéer, verbe. Faire brun. « Il y avoit un 
« pauvre chaudronnier qui cherchoit logis, mais 
« parce qu'il brunéoiU il ne pouvoit voir de chemin. 
« joint qu'il avoit negé. » (Moyen de Parv. p. 389.) 

Branel, subst. masc. Mesure de sel. Le passage 
suivant oflre une conjecture assez vraisemblable 
sur rorigine de ces mots : « L'on tire des fontaines 
« les eaux salées dans les lieux qui s'appellent 
« barnes(3), d'où sans doute les mots bruneau^ et en 
« latin brunellum qu'on trouve dans des titres de 
« la Bourgogne pour une mesure de sel (4). * (Peliss. 
Hist. de Louis XIV, T. U, livre VI, p. 239.) 



variantes: 

BRUNEL. Du Gange, Gloss. lat. au mot Brunelhu. 
Bruneau. Pelias-Hist. de Louis XIV, T. H, p. 389. 

Bmnelet, adi. Diminutif de brun. 

Louant, ou ta beDe fresse, 
Ou ta bouche baiseresse. 
Ores ton oeil brunelet, 
Ou ton beau teton de lait. 

6. Dumit. à la tuile de BeoBefoot, pi^ 128. 

Vos biaus sorcis, voutis, brunex. 
Et si sont plus biaus, et plus nez, 
Que safir en argent pendu. 

FabL USS. dttR. n* 7218, fol. 918, R* eoL S. 

On disoit trou bruneau ou bruneau tout simple- 
ment pour le trou du cul. (Oudin etCotsnrave, Dict.) 

VARIANTES * 

BRUNELET. G. Durant, à la suite' de Bonnef. p. 136. 
Brunbt. FabL MSS. du R. n« 7218, fol. S70, R» col. S. 
Brunez, plur. Ibid. fol. 218, R» coL 1. 
Bruneau. Nuits de Straparole, T. I, p. 374. 

Bruner^ verbe. Terme de chasse. — Contusion- 
ner^ meurtrir. 

Ce mot subsiste. Il se disoit, au premier sens, 
comme terme de chasse, en parlant des cerfs qui 
vont brunir leurs têtes aux charbonnières. (Voyez 
Chasse de Gast. Phéb. ms. p. 15^ et Bruni ci-dessous.) 

Dans le sens figuré, ce mot signifloit meurtrir, 
contusionner. L'auteur veut que celui qui a mal 
parlé des dames ne puisse pas se retirer de leurs 
mains armées de verges : 

Qu'Uz ne fust froiez, et brunis, 

Eost. Deschampt, Poês. MSS. fol. 561. eol. 9. 

VARIANTES l 
BRUNER. Eust. Descb.-Poês. MSS. foL 561, coL 2. 
Burnir. FabL MSS. du R. n<> 7615, T. II, fol. 168, R« col. 2. 

Brunete^ subst. fém. Brunette. Etoffe d'une 
certaine couleur ou d'une certaine qualité. J. de 
Heung, après avoir censuré les femmes qui, non 
contentes de la beauté que Dieu leur donne, la dé- 
guisent par les ornemens dififérens dont elles 
parent leur corps, ne ménage pas plus les hommes 
qui veulent également ajouter encore aux beautés 
que Dieu nous a données sur toutes les autres 
créatures. 

Mes deniers, ce me semble, pers, 
Quant j'ay, pour vous, robes de pers. 
De camelot ou de brunette. 
De vert, ou d'écarlatte acbietté 
Et de vair, et de gris la fourré. 

Roman de la Roie, 0400-8504. 

BrunettCf suivant le Glossaire du Roman de la 
Rose, étoit une étoffe fine de couleur presque 
noire. 

J. de Heung, dans rénumération des choses con- 
tradictoires et les plus opposées entre elles, pour 
exprimer Tuniversalilé des être soumis au pouvoir 
de Famour, et pour dire qu'il n'y a rien dont il ne 



(1) Le mot se trouve dans la Chanson de Roland (str. S79) : c Neirs les chevels U ot et auques bruns. » On Ut dans 
Perceforest (VI, fol. 76), ce proverbe : « Faulte de blanc pain fait aulcunes fois manger le brun. » (N. e.) — (2) Brunehaut^ 
comme on le sait, est la femme de ChUpéric. Elle essaya, au miUeu des Âustrasiens fidèles aux coutumes germaniques, de 
transporter la civilisation des Wisigotns ; U eut mieux valu pour eUe chanser de trône avec Frédégonde et régner sur les 
Neustriens, plus ouverts aux idées romaines, (n. b.) — (3) C'est l'endroit ou se fait le sel. (n. e.) — (4) Le mot se Ut au 
Cartulaire de Crisenou, à l'année 1181 : « Dedi in perpetuum et concessi Deo et ecclesias B. Mariœ de Crisenone et 
sanctimoniàlibus ibidem Deo servientibus .80. brunelhs saUs apud Autlssiodorum. » On trouve la forme firançaise au 
t. VIII des Ordonnances, p. 572, an. 1402. U valait alors un minot, c'est-à-dire cent Uvres en poids. (N . B.) 



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vienne à bout, opposoit les hureaulx, étoffe ou cou- 
leur grossière, à h pourpre et à la brunette. 

Les pourpres, et les buriaus use : 
Car auBBinc bien sud! amoretes 
Sons buriaus que sous brunettes. 

Le même a dit : 

Robes fSaictes par srant maîtrise 

De beaubc draps de soye, ou de leine ; 

D'écarlatte, de tyretaine, 

De verd, de pers, et de hrunette 

De couleur due fresche et nette. 

Ronu dt U Rom. 81856-ii860. 

De tous ces passages, on pourroit conclure que 
la brunette étoit non-seulement une étoffe, mais 
une étoffe d*un beau brun qui empruntoit les 
nuances de toutes les couleurs, comme nous avons 
le rouge et autres couleurs brunes foncées, le brun 
couleur de marron, le brun couleur de café^ le brun 
ardofsé, etc. 

On voit, par les vers qui suivent, qu'on fabrîquoit 
une espèce d*étoffe mêlée de burreauet de brunette : 

Cote ot nueye de burel, 

A roie de brunette. 

Poêt. II8S. Val. n* ilOO, foL liO, R*. 

n est parlé des brunettes deS" Lô^et des brunet- 
te$ fines de S" Ld, dans Petit Jean de Saintré, 
pages 100 et 116. 

On faisoit des blanchets ou chemisettes de cette 
étoffe. 

J*achateray ou gris ou vord, 

Et pour un blanchet, Guillemette, 

Me fault trois quartiers de brunette. 

Farw de PathaUn, page 7. 

Estanfort ou brunette. 

ChMlie-MotaK. MS. de S. Germ. fol. 106, V ool. %. 

« Houpelande de brunette , fourée de gris. » 
(Confess. de Vourdreton, Très, des Chart.) 

VARIANTES : 

BRUNETE, Brunectb. 

Brunette. Ghron. de S> Denis. T. II, fol. 5t44. 

BURNBTE. Poës. MSS. Vat. n» 1490, fol. 112, V«. 

Bruneur, subst. fétn. Couleur brune. Ou plutôt 
le vermeil, Tincarnat, suivant ce passage : « Il eut 
e le viaire enluminé de naturelle couleur vermeille, 
« si a mesure et à raison que meslément luy avojt 
« Dieu assise la blancheur et la bruneur. » (Lanc. 
du Lac, T. I, fol. 10.) 

Branl, partie. Bruni. — Bronzé. — Rougi. — 
Terme de chasse. 

Ce mot subsiste au premier sens de bruni (1). Nous 
lisons dorez Sur bruny, dans les pièces justiflcati- 
ves des Hém. de Du Bellay, T. VI, p. 353. 

De là est venu bronzé. 

Si avoit des elmes bumeis. 

Rom. d*Anbei7, BIS. 

Comme la couleur du sang est d*un rouge brun 



ou foncé, on a dit : « Alors qn'on verra le tout bien 
« bruny de sang, etc. » (Fouilloux, Faucon. P 55.) 

En termes de vénerie, ce mot subsiste encore. 
On s'en sert en parlant du cerf qui, après avoir 
frayé, va teindre son bois aux charbonnières (2) ; 
nous le trouvons souvent répété, en ce sens, dans 
nos anciens auteurs de vénerie : « S'il est froyé et 
« bruni, il le doit tuer le plustdt qu'il pourra. > 
(Chasse de Gaston Phébus, us. p. 943.) 

En parlant de l'or, on a dit : Or fin bruni, dans 
Athis, MS. fol. 67. 

latimes gemmes clers, et btuniê. 

Ibid.71.Veol. t. 

En parlant du fer, on a dit : fer bruniz, pour poli. 

Le fer tranchant qui fa bruniz. 

Alhii, MS. fd. TT. V col. 9. 

YARIAMTES : 
BRUNI. Orthoff. subslst. 
Brunt. Font. Gner. Très, de Vénerie, foL 55, R*. 
BuRNi. Parton. de Blois, MS. de S* Germ. fol. 153. 
BuRNEis, plur. Du Gange, Gloss. lat. à Brunua. 

Brunion, subst. mase. Espèce de chaloupe. 

« Nous volons et mandons que le capitaine Prévost 

« et autres officiers de la dite ville de Harefleu 

« donnent, et soient tenus de donner brainnes 

« (alias brunions\ vaisséaulx etbateaulx, pour ale- 

« gier les nefs et navire du dit royaume de 

« Castelle. » (Ord. des R. de Fr. T. IV, p 428.) 

VARIANTES ! 

BRUNION, Brainnb. Ûrd. des R. de Fr. T. IV, p. 438. 

Brunissement, subst, masc. Brunissage. (Dict. 
d'Oudin.) 

Brunisseur, subst. mase. Fourbisseur. « n 
« regarde l'espée, depuis la pongnée jusques à la 
« poincte, et voit qu elle estoit plus clere et plus 
« luysante que s'elfe venoit des mains du brunis- 
« seur. » (Percef. Vol. VI, fol. 51, R' col. 2.) 

Bruno-gallicus. C'étoit le nom d'une maladie 
de Moravie en 1577. (Histoire de M. de Thou, T. VII, 
page 591 .) 

Brus, adj. Ce mot étoit le surnom de Robert, 
roi d'Ecosse (3). (Froissart, Vol. I, avis aux lect. p.2.) 
Peut-être est-ce le même que Brun ci-dessus. Peut- 
être aussi signifie-t-il Breton. 

Bruse, subst. masc. Myrte sauvage. Brm, dans 
les vers suivans, semble avoir la même signification : 

Au veoir me deportoie, 

Les arbres tant chesnes, que brus^ 
Et les Ueus plaisans, et ombrus. 

Froissart, Po6s. MSS. p. 29. 

TARIAMTBS : 
BRUSE. Oudin, Gotgrave, Monet, Dict. 
Brus, plur. Froissart, Poës. MSS. p. 29, col. 1. 

Bruscambille (4), subst. masc. C'étoit le nom 
d'un comédien bouffon. 



(i) Le participe présent est à la strophe 123 de la Chanson de Roland (xi« siècle) ; le participe passé est à la page 141 d» 
RoiiciTal, mis en lumière par Bourdillon (1841) : « Toz vos images fis faire d'or bruni. » (n. e.) — QS) Du Fouilloux (édition 
Féfie, toi. dl, 3* col.) donne Texplication suivante : < Bruny d'un cerf. Quand après qu'a a laissé la peau de sa corne, elle 
demeure toute nette, comme brunie. » (n. e.) — (3) M. K. de Lettenhove (II, 15) imprime : c Car assés tost apries ce ou^U fù 
couronnés, li rois Robers de Brus, qui estoit rois d'Escoce.... » Il fut couronné à Scône en 13Q6. (n. e.) » (4) Voir son 
histoire au t. lY de YHist. du Th. fr., p. p. 137. (n. e.) 



Bit 



-itt- 



M 



Bmsiable, adj. Qui est & brûler. Qui mérite le 
reu. . Hérétique bruslable. - (Rab. T. III, p. 122.) 

Bruslebanc. Nom factice qui fut donné au 
connétable de Montmorency, qui se donna la peine 
d'aller à Popincourt faire brûler la chaire du 
ministre , et tous les bancs oti les auditeurs 
s'asseyoient. (Voyez Brant. Cap. Fr. T. 11, p. 68.) 

Bmsier, verbe. Brûler. — Tromper, échapper. 

Ce mot subsiste avec le sens de brûler. Nous 
remarquerons seulement ce proverbe : • Il se 
■ brusle pour m'écbauffer >, cest-à-dire il se fait 
un grand préjudice pour m'en faire un moindre. 
Pet. d'Oudin.) (1) 

Bruller semble s'être dit pour échapper, tromper, 
à peu près dans le sens où nous disons brûler une 
poste. 

Tuit cuident estrs enCantosmé 
Det prestrea qui les a brûliez : 
FoTTDBDt en est chascuna irez, 



Fabl. HSS. duR. n' 7918, fol. UT, H* col. S. 

Brusque, adj. Brut, rude, grossier. — Naturel, 
simple. ~ Brusque. — Vif, léger. — Apre, piquant. 

Ce mot subsiste sous la première orthographe. 
LeDuchat, d'après Erythr., Index sur Virgile (2), le 
dérive de ruscus , ruscum , myrte sauvage , et 
Borel, aumotRuc/i£,le fait venir du moi rusque {3} 

?|ui, en Languedoc, signifie écorce d'arbre dont on 
ait les niches à miel. 
Un a dit, dans le sens propre: ■ Le diamant 

< bruêque reçoit polisseure. > (Pasq. Recherches, 
livre m, p. 259.) 

Delà, au figuré, en parlant des muses: ■ Vous 

• premières, le monde estant encore brusque, 

< polîtes nos esprits. > (Pasq. Rech. p..241.) 

C'est dans la même signification que brusq semble 
employé substantivement, dans ce passage: • Le 

■ [^rler de ce ciècle heureux, passé par l'elaisoy et 

< polisseure des langues plus aiserles, et retirées 
« du brusq ancien. > (D. Florès de Grèce, Ëp. p. 4.) 

Pris eu bonne part, brusque signifloit simple, 
naturel. Pasquier, parlant de comédies, dit : > Il y 

■ en a une ou se trouve une harangue plus bmsque, 

• et naïfve que celte cy. ■ (Pasquier, Recherches, 
livre VIII, p. 750.) 

De l'idée de grossièreté, naît celle de brusquerie, 
et l'on peut, en quelque sorte, regarder cette 
acception comme une conséquence de la première. 
On lit en ce sens : < Âvoit une large dague, faisant 

■ bien le brusc, avec un grand pennache qui volti- 
« geoit sur son bonnet. •(Merl.Cocaie, T. I. p.l75.) 

Comme l'air brusque suppose presque toujours 
de la vivacité, brusque s'est pris pour vif, léger. 



■ Gens Msqaès, mignons, poopîos, iruêqam.'» 

{Contes de Des Perriers, T. I, p. 98.) 

Enfin, on a dit vin brusque et brutquet, pour 
signifier vin Âpre, piquant. Le Ducha^ sur Rabelais, 
l'explique par vin vert. 

VARIANTES : 
BRUSQUE. L'Amant rauuscitâ, p. US. 
Brusq. Rabelais, T. I, p. 10. 
Bnimc. Dict. de Coterave ; Oudin, Cur. Ir. 
Brusquiet. Oudin et Cotgrave, Dict. 

Brusquer, verbe. Ce mot subsiste. Il étoit non- 
vellement introduit dans notre langue, suivaqtle 
P. Bouhours. (Rem. sur la Lang. T. II, p. 335.) 

Brusse (la). Lisez l'Abruzze, dans André de la 
Vigne (Voyage de Naples, de Chartes VIU, p. 148.) 

BrusuDa, verbe. Contusionner. Mot du patois 
breton. (Du Cange, Glossaire lat. au mot Brus^ax) 

Brut, adjectif. Laid, vilain, dans le patois de 
Marseille. (Du Cange, Glossaire latin, au mot Brut.) 

Brute , adj. fém. Terme de marine. — Terme 
de fauconnerie. 

On a dit, en terme de marine, mer brute, pour 
mer couverte de corsaires : • Le capitaine de f'isle 

■ d'Tschie advertit par trois volées de canon , que 
« la mer étoit brute ; ils usent de ces mois poar 

■ dire qu'il y a des corsaires en mer. • (Brantôme, 
Capitaines estrangers, T. II, p. 62.) ■ 

Nous trouvons ce mot employé comme terme de 
fauconnerie, dans ce passage : • Autres donnent à 
< l'oiseau qui .a grosse haleine , et brute , de la 

■ poudre sur sa ^air, qui est faite du poulmon 

■ bnilé d'un renard. • (Fouill. Faucona. fol. 81.) 

Brutesse, subit, fém. Brutalité. [Dictionnaire 
de Cotgrave.) 

Brutb , subst. masc. Nom propre. Le même que 
Brutus, dont les Anglois se disent descendus ; de là, 
l'usage de les distinguer sous ce nom. 

A ceulx de Bruth en yisle d'Albion. 

Bot. DmUl Pou. usa. (01. IB, mL t. 



Bhutuus. Eost. Deech. Poës. VSS. toi. 139, col. 4. 

Brutif, adj. Brut, grossier. 

Te eupllant alors que le tempe TOye 
De prandra gouat en mon ceuvre inutiUe, 
EdiiSé de matière bmtUe ; 
Qu'excuaé sût mon Imbécilité. 

Sot. ia Rsf. itdiOmj*, f. SI 
Se mes esprits ont été trop brufû, 
Ou peu scavans, non expers, ne subtili. 

lbid.p.ieo. 

TAHIADTES ! 

' BRUTIF. Oudin, Eob. Estienne et Colgrave, Dict. 
BnuTis, plar. Œut. de Roger de CoUerye, p. iSÙ. 
Brutilk, fém. Œut. de Roger de CoUerfe, p. 39. 



(1) On lit an baron de FœneaU de d'Anbigné (III, 1) - c Nona bntlon» le Tilage, c'est & dire que noua bisons sesUmt 
d'eatre foniriera ; nous nous metton» de deux ou trois logis tout en un pour avoir aident des autrea. > Citons cet satn 
^overbe, d'apràs CotgraTe : i De trop prea se chauffe qui se hnute. i (N. S.) — (S) i Hodie quoque aliçrni Ruaeo. aU 
Brwco. * (N. K.) — 0) C'est bnuc, sorte ds brujâie, qui viendrait de ruteut, fragon épiiteux, comme bruit viendrait de 
rvçitv». > (N. K.) 



BR 



-i49 — 



BU 



Brutlvementy adv. Promptement^ brusque- 
ment, inconsidérément. (Dict. d*Oud. et de Gotgrave.) 

Bray, suhst. maso. Bruit, renommée. — Rut. 

Ce mot subsiste sous l'ortho^aphe de bruit, dans 
le sens figuré de renommée ; il a donné lieu aux 
deux proverbes suivans : 

Bon hruy yault plus que science d'autniy. 

Poës. d*AL Ghvtier, MS. dnR. n* 7373. 

« Qui a le bruict de se lever matin, peut dormir la 
« grâce matinée (i), » c*est-à-dire, continue Vautour, 

< que la bonne estime que l'on fait de vous ne soit 

< fondée sur le bruict^ ains sur la vérité. » (Lettres 
de Pasquier, T. III, p. 270.) (2) 

Bruche dans le patois de Cafaors, est le même que 
bruit. (Dict. de Borel, au mot Glouper,) 

Nous trouvons la seconde acception de rut , dans 
les vers suivans : 



amie nayt, 
i or 



Ou temps ^e les cers vont en oruif , 
Six sepmainnes devant Noël , etc. 

Froissari, Pote. MSS. p. 488, col. S. 

Le Duchat, sur Rabelais, T. I, p. 10, note 11, 
dérive le mot bruit derugitus (3), et cette étymologie 
snfllt pour indiquer le rapport qui se trouve entre 
l'une et l'autre signification. 
On disoit : 

Bruit taciturne, pour murmure, bruit sourd. 
^ Après avoir feminmement jette plusieurs excla- 
« mations piteuses, avec interjections confuses 
« (toutes voyes en bruit taciturne) flnablement raf- 
« lèrmerent leurs voix. » (J. Le Maire, suite de 
miustr. des Gaules, p. 377.) 

VARIANTES : 

BRUY. Poës. d'Âl. Qiartier, MS. du R. n« 7373. 
Brt. Vinl. de Charles VII, p. 56, T. I. 
Brugh. Dict. de Borel. au mot Glouper. 
Bruict. Bouchet, Serees, Uvre I, p. 319. 
Brutt. J. Marot, p. 25. 
Bruit. Orthograpne subsist. 

Broyant, adj. Qui fait du bruit. Le Glossaire du 
Roman de la Rose l'explique par fanfaron , qui fait 
beaucoup de bruit. Il renvoie à ces vers de Guill. 
de Lorris : 

Ne me tendrez pour recréant 
Nul n'y sera, tant soit bruyant (4). 

Rom. d0 U Rom, 3838-3839. 

Nous nommons encore aujourd'hui bruant (5), un 
petit oiseau gros comme un moineau. 

Le faisan bruant est le même que le coq de bois 
ou de bruyère. « Les faisants sont distinguez, en 
« faisant gentilz et faysants bruyants. » (S* Julien, 
Meslanges historiques, p. 593.) (6) 



VARIANTES : 

BRUYANT. Glossaire du Roman de la Rose. 
Bruant. Goût. Gén. T. II, p. 467. 

Bruyantement, adv. Avec bruit. 

Sus un Uct de gazons verdz, 
Endormy des eaux roulantes , 
Bruyantement doux coulantes. 

Poëi. do iacq. TdnrMB, foV M3>i 141. 

Brayantine, adj. au superl. Très bruyante. 

De scavantieurs la troupe hruyantine. 

Œavr. de ioacfa. Dn Bdlay, foL 508, V*. 

Bruyars, adjectif au pluriel. Qui font du bruit. 
Bourdonnans. 

l'avette mesnaffère, 

D'une aUe tremblante^ et légère 
VoUe en ses paviUons bruyars. 

BergeriM de Ron. BéU. T. I, p. 15. 

Bruyereux, adjectif. Rempli de bruyère. (Dict. 
d'Oudin et de Gotgrave.) 

Bruyers, subst. masc. plur. Sorte de soldats. 
Peut-être les mêmes que brigands. « Dn chevalier 
« qui fut chevetaine des bruyers de France, et 
« qu'on appelloit Burgant. » (Ghron. de Fi. citée 
par Du Gange, Glossaire latin, au mot Brigancii.) 
Il croit qu'il faudroit lire brigans. 

Bryié , j[)art. Brisé. Peut-être est-ce une faute 
pour brisie, dans ce passage : « Le tour du ventil- 
« Ion entier, ou bryie. » (Nouv. Goût. Gén. T. n, 
p. 421, col. 1.) 

Bryiïj subst. masc. Casque. Vieux mot saxon. 
(Dict. de Borel, au mot Brume.) 

Bryois, subst. masc. Qui est de Brie. (Poës. mss. 
d'Eust. Desch. fol. 232.) 

Bryonie , subst. fém. Pervenche. Du mot grec 
B(fvù}, pullule, sorte d'herbe qu'on appelle couTeu- 
vrée (7). (Dict. de Gotgrave et de Nicot.) 

Bryonnier, adj. Ce mot est formé de Brtonje 
ci-dessus. On s'en est servi pour épithète de vigne, 
parce que les feuilles de la bryonie ressemblent à 
celles de la vigne. (Voy. Epith. de M. de la Porte.) 

Bu, subst. masc. Le cor[)s, le tronc. De là, notre 
mot buste que Ménage dérive de Tallemand brust, 
poitrine. 

Le chief U a du bru seyré. 

Rom. d0 Roa, BIS. p. 56. 

Le chlef ly flst du bu voler. 

Rom. da Bnl, MS. fol. iOl, V. 

A leur espées ciu*il tenoient 
Li ont le chief ae bur sevrée. 

AtUt, MS. foL 14. R* ool. 1. 



^r* ^ 



(Xï On dit aiJûourdlrai : f Peut dormir jusqu'au soir. » (n. e.) — (2) Le mot se rencontre dans Roncisvals (xn* siècle). 

. d4 : c Grans fù li bruit de la gent paganie. » Citons aussi ce proverbe, tiré des Serée9 de Bouchot (1. I^ p. 499) : « Aussi 
dit (m que. la plus méchante roue du chÎBuriot est celle oui mené le plus grand bruit. » (n. e.) » (3) On trouve en bas -latin 
bruMuB. (N. s.) — (4) Dans un Psautier du xu« siècle (BibL Mazanne, n* 258, fol. 23), u a le sens de torrent : c Et U bruiant 
de felenie me troblerent ; ce furent U Jui, qui, comme aiguë rade, couroient entour. » (n. e.) * (5) On dit aussi bruyant, 

£11 s'agisse du verdier Jaune ou dn bruant commun, (k. b) — (S) Calvin le prend au sens de rugissant (Instit., 115) : « Le 
ible vostre ennemi circuit comme un Ivon bruucmt^ cerchant quelcun à dévorer. » (n. r.) — (7) C'est la bryona cUoica de 
linné, de la làmiUe des cucurbitacées, dite aussi vigne blanche, vigne vierge. L'étymologie est plutôt pqné^. (n. b.) 



BU 



— 150 — 



On trouve à plain bust, pour à plein buste, à 
ventre plein. (Voyez Le Duchat, sur Rabelais, T. III, 
p. 207, note f.) (i) 

Bu a eu aussi la signification de village. Ce mot 
vient de pagu$. Il a donné la terminaison à plusieurs 
villes de Normandie, suivant Ménage (Dict. Etym.] 
où il est dit que bu est un ancien mot normand 
qui signifie village (2). 

VARIANTES ! 
BU. Blanchandin, MS. de S* Germ. foL 178. 
BUR. Âthis, MS. fol. 114. 
Bus. FàTio, Théâtre d*honneur, T. II, p. 1755. 
Buse. Dict. d'Oudin. 

Busous. La Colombière , Théâtre d'honneur, T. II, p. 319. 
BUBT. Rabelais, T. III, p. 207. 
Bru. Rom. de Roa, MS. p. 56. 

Baandier, subst. masc. Qui lave la lessive. 
Mot formé de Buée, ci-après. (Dict. d'Oudin et de 
Cotgrave.) 

S'estolent buandières, 

Qui là estoient pour leur buée laver. 

Faifea, p. 66. 

Un évoque, faisant sa tournée, trouva un curé 
qui lavoit sa lessive, et lui dit: « Tu laves ta 
« lessive? es-tu devenu buandier? est-ce Testât 
« d*un prestre? » (Contes de Des Perriers, T. I, 
page 328.) 

VARIANTES : 

BUANDIER, êubat. tnasc. 
BUANDifcRK, êubst. fém. 

Bubaialler, verbe. Nous trouvons ce mot pris 
dans un sens obscène, par Rabelais, T. II, p. 171. 

Bnbarin, subst. masc. On trouve ce mot em- 

Îloyé pour le nom d*un cuisinier, dans Rabelais. 
.IV, p. 171. 

Bubatte, subst. fém. Petite élevure. Le mot 
bubette^ dans le Gloss. du Roman de la Rose, est 
explique par une espèce de cloche ou de ciron qui 
s*6lève sur la peau. 

J. de Heung donne ici des avis aux femmes pour 
réparer ou cacher les défauts ou les disgrâces de 
leur personne : 

Et 8'el n'a mains bêles et netes 
Ou de sirons ou de bubettes (É), 
Gart que lessier ne les i vueilie, 
Face les ester à l'agueiUe, 
Ou ses mains en ses g^s repoingne ; 
Si ni perra bube ne roingne. 

Rom. de la Rose, 14093-44008. 

C'est le diminutif de bube. Nous trouvons ce mot 
employé, en termes de fauconnerie. « Quant Tesmut 



« (fiente) est noirrastre, et entremeslë de blanc, et 
« qu*il ait petites bubettes pàrmy signifie teilto- 

« site. » (Artel. Faucon, fol. 94.) 

Ce mot est pris au figuré, dans ces vars, dans le 
récit de Tinstitution d*un ordre de chevalerie, poor 
devise, une épée d'argent en champ d'azur avec ces 
mots: « Pour loyauté maintenir. » Machaut en 
explique ainsi la signification : 

La blanche espée signifie 

Purté de cuer, et nette yie, 

Car cilz qui tniine vie pure, 

Sanz mal, sanz pechié, sanz ordure, 

Ara rame poUe et blanche 

Devant Dieu, plus que noif sur branclie. 

Et n'ara tache ne bubette; 

Ains sera dere, pure et nette. 

MMfaMt. MS. fÉl «14, R* col. I. 

VARIANTES : 
BUBATTE. Dict. de Cotgrave. 
Bubette. Artel. Faucon, fol. 94, R«. 
BuBELETTE. Rabelais, T. II, p. 9. 

Bue, subst. fém. Ruche à miel, dans le patois 
de Languedoc, (voyez Dict. de Borel, r add.) On ap- 

Selle ntsque, dans le même pays, l'écorcedes arbres 
ont on fait les ruches. 

Bue, subst. Bouc. « El sang del bue chiald. > On 
lit dans le latin Hircino calefacta cruore. (Marbodus, 
col. 1640.) 

Bucclnateur, subst. masc. Trompette. Qui 
sonne de la trompette. (Dict. d*Oudin et de Cotgrave.) 
On a dit flgurement, en parlant d*AchilIe et 
d'Homère: « bienheureux adolescent qui as 
« trouvé un tel buccinateur de tes louanges. » 
(Œuv. de Joach. du Bellay, fol. 28.) 

Buce, subst. fém. Sorte de vaisseau de mer. 

Fait appareiUer, et guerre 

Nefs^ et dromons, butes, et barges. 

RoB. d*A1«. dlé par D« Canfs. Gi. I. «i aot Afffs. 

Dans le détail des différens bâtimens de mer sur 
lesquels furent distribués les divers corps d'une 
armée, on lit : 

Ne remaint ne bu8ce(A), ne barge. 

TARIAMTES: 
BUCE, Bussz. Athis, MS. 

Bacentaure (5), subst. masc. C*étoit le nom du 
vaisseau dans lequel étoil Henri II, avec toute sa 
cour, à Lyon. (Voyez Brant. Cap. Fr. T. II, p. 18.) 

Bâcha, verbe. 3* pers. prêter, de l'indic. Cria. 
(Lises Hucha et voyez Hccher ci-après.) 



(i) On lit déjà au vers 3290 de Roland : c Desur le 6tK; la teste perdre en deit. • La forme est bta dans RondsTals (p. 80), 
6u dans Raoul de Cambrai (▼. 118). Au xiv« siècle, GuveUer écrit au vers 17007 : c Et puis après ares le chief du bu sevré, i 
Le commerce donne à buste (esp. et ital. busto) le sens de coffre. Mais le Roman de Rou cité par La Gume a bru, el il en 
est de même dans la Chr. de Normandie (IL p. 421) : c Qui mameUes, brus et costez Lor derompoient à dolor. • On a aussi 
— provençal bruc, brust, brut. (n. e.) — (2) La désinance bavium^ devenue en français beuf, but, 6u, bau^ hie. 6ye, eel le 







• f 



tars^ Roges et busses, et vissiers... • On lit dans Radulfus de Diceto: c Ricardus rex Anglorum habens m eomitafta sno 



•UH. magnas navesqiias buccM vocant, triplici velorum expansione. » Voir Jal, Antiq. Navales, II, 249 et soiv. nresseniMait 

e.) - (5) C'était aussi le nom du vaisseau de cérémonie qu^ moatali le doge 



peut-être au tonneau qu'on nomme busse, (s. s., 
3e Venise, lors de son mariage avec la mer. (n. e.) 



BU 



- 151 — 



BU 



Baelie, subst. fém. Bois propre à brûler. — 
Entraves. — Instrument de cordonnier. 

Ce mot subsiste sous l'orthograpbe de bûche. Il 
vient de Tallemand bosc ou de l'italien bosco^ bois. 
Baueh répond au mot latin trabem^ dans la règle 
de S* Benoit. On a dit au premier sens, en parlant 
du Phénix qui prépare lui-même son bûcher : 

lÀ Fenix quiert la buttée, le sarment 
Par qnoT il s'art, et giete hors de vie. 

ClMu. MSS. da G** Thib. p. 83. 

Dans le passage suivant, bûche signifie en géné- 
ral tout arbre propre à faire de la bûche : « Abatis- 
« sent arbres et noyers, pommiers, et tout ce 
« qu'ils trouveroient de bûche. > (Cbron. S* Denis, 
T. U, fol. 52.) 

De là, le droià de bûche qui se payoit pour l'entrée 
de cette sorte de bois dans la ville de Paris. « Le 
« droit de bmche, et de chauffage >, suivant Laur. 
Gloss. du Droit François, appartient aux officiers 
de la chambre des comptes. Le droit de bûche si- 
gnifioit aussi droit de chauffage. (Dict. de Cotgrave 
et Honet.) 

Il semble que ce même mot, dans le passage 
suivant, désigne une sorte d'entraves composées 
de deux morceaux de bois, dans lesquels on serroit 
les jambes d'un criminel : < Ne doit la femme estre 

■ emprisonnée, ne en fers, ne en bt^c/ie, ne de 

■ prison que son cors puisse affoler, ny blesser. • 
(Bouteiller, Somme Rurale, p. 871.) 

Enfin, Oudin, dans son Dict. Aéûnitbuschey bosco 
a calzolaiOy instrument de cordonnier. C'est le 
morceau de bouts dont ils se servent pour polir les 
talons des souliers. 

Expressions remarquables : 

1* Bûche de gloc. Je ne sais quelle espèce de bois. 
Nous lisons dans des lettres qui règlent les droits 
que les marchandises voiturées par eau, de Paris à 
la mer et de la mer à Paris, payoient en 1315 : 
« Bûche à mole le quarteron, treize deniers ; bûche 
« de gloc^ li millier huit sols quatre deniers ; bûche 
« de costerez, le millier, sept deniers. > (Ord. des 
B. de Fr. T. I, p. 600.) 

2* Souliers de bûche^ pour sabots. « Souliers de 
« bûche (alias des sabots), qu'ils disent en ce païs 
« là (à Toulouse) des esclops, si bien m'en souvient, 
« lesquels esclops ils font pointus par le bout pour 
« la braveté. » (Contes de Des Per. T. II, p. 108.) 

3* Bûche vestue. C'étoitun terme d'injure, comme 
qui diroit un fagot coiffé. 

L'antre dit : ce n'est c'nne monstre 
Et ainsis que bûche vestue; 
Or ne fait rien, et si se tne, 
Fors soy partout Caire eschanir. 

EDtt Daich. Pow. MSS. fol. M8, col. 8. 

4* Tirer à la courte bûche. Nous disons à la 
courte paille. « Le roy voulut faire tirer àla courte 
« bûche^ Vr de Schomberg et de Bassompierre, à 



« qui auroit la place de maréchal de France qui 
« vaquoit. > (Mém. de Bassompierre, T. III, p. 104.) 

YARIANTES ! 
BUCHE. Orth. subsist. 
BoiCHB. Hist. de Bourg, p. 460, tit. de iS41. 
BucHB. Fabl. MSS. du R. n» 7015. T. II, foL 213, R» col. 2. 
BuissE. Poês. MSS. avant 1300, T. L p. 91. 
Bug. Ou Gange, Gloss. lat. au mot Éuca, * 
Bauch. Règle de S* Benoit, ch. n. 

Bûchette, subst. fém. Petit Mton. — Terme 
d'investiture. 

Nous lisons au premier sens de petit bâton : 
« Faut quant le lièvre Tara passé, que tu faces au- 
« cune noise, comme rompre une ooisette, ou re- 
« muer le blé, sans mot dire. » (Hodus et Racio, 
Ms. fol. 101.) Boisette est encore usité en Normandie 
pour désigner le bois sec que les pauvres gens 
vont ramasser dans les forêts. 

On disoit autrefois traire à la busquette (1), pour 
tirer à la courte paille. (Froissarl, Poës. mss. p. 410.) 

La possession d'un héritage ne s'acquéroit ancien- 
nement que par l'investiture, et cette investiture 
se faisoit par la tradition d'un petit bâton, autre- 
ment buisset (2). « Se feront les dites desberi tances 
« et adhéritances par tradition d'un petit baston, 
« ou buisset de bois. » (Coût, de Ghymay, dans le 
Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 273.) On se servoit aussi 
de ce mot bûchette en ce sens : on la mettoit entre 
les mains de la justice en signe de déguerpissement 
d'un héritage ; 1 acheteur la remettoitau parent qui 
exerçoit le retrait. (Coût, de Bouillon, Nouv. Coût. 
Gén. T. II, p. 854.) (3) 

VARIANTES I 
BUCHEITE. Nuits de Straparole. 
Busquette. Froissart, Poés. MSS. p. 410, col. i. 
BuiSBTTE. Poës. MSS. avant idOO. 
Boisette. Modus et Racio, MS. fol. 101, H». 
Buisset, suhst, masc, Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 273. 

Buchier, subst. masc. Bûcher. Lieu propre à 
mettre le bois. (Dict. de Rob. Estienne.) 

Buchlere, subst. fém. Engin à pécher. « Les 
« buchieres que l'on dit cramai! à fouler. > (Ordon. 
des R. de Fr. T. II, p. 18.) 

Buchis, subst. masc. Cris. Lisez huchis^ du 
verbe hucher^ crier : « A donc les gardes de la 
« porte, qui mal Tavoyent gardée, quand ils oui- 
« rent Teffroy et le buchis (4), et gens parler et cbe- 
« vaux hennir, cognurent bien qu'ils estoient 
« deceus, et surpris. • (Froissart, Liv. III, p. 285.) 

Bucolic, adj. Pastoral. (Dict. d'Oudin.) 

Bucolique, subst. fém. Voici le passage où 
nous trouvons ce mot : « Amende pécuniaire appli- 
« cable à la bucolique^ et au mascaret. > (Bouchet, 
Serées, Liv. III, p. 48.) 



(1) On Ut dans La Fontaine (Fables^ m, 8) : « Tenez donc, voici deux bûchettes: Accommodez-vous et tirez, t (n. b.) — 
0) Cett la festuca des temps mérovingiens. (N. e.) — (3) On Ut dans G. Chastel, Expos, s. vérité mal prise : c Peut-estre 
inren autrui œU tu vois la huchette petite, mais au tien propre tu ne vois pas le sommier bien gros que tu y portes. » (n. s.) 
w Buchis pourrait être le substantif verbal de buchier^ frapper : c Tantost encommenchierent à buchier et à tempester 
tout ce quils trouvèrent parmy le cbastol. > (Froissart, Ed. Kervyn, XI, 193.) (n. e.) 



BU 



— 152 — 



BU 



Bues, subst. masc. plur. Sorte d'ajustement. 

N^avoit carquans, velours, ne chapperons, 
Qu'un couvrechef tout plié à grillons ; 
Ny buci encore de soye violette, 
Qu'un godilion de simple laine verte. 

Foufllou, VéoerU. fol. 88, R* (t). 

Bade, subst, fém. Nous ne pouvons déterminer 

Srécisément le sens de ce mot, en ce passage ; peut- 
tre y est-il mis pour bonde ; peut-être aussi pour 
but, terme : 

Et Equant il est jusqu'à la budê 
D'avoir bien, et estât mondain, 
Yoyla la mort d'ui à demain. 

Eust. Desch. PoM. M8S. fol. 509, col. 4. 

Buée subst. fém. Lessive. (Voy. les Dict. de 
Nicot et Monet.) « Se fit apporter un peu de buuée 
« qu'elle avoit estendu le jour précédent, et se mit à 
« ployer son linge (2). » (Moyen de Parvenir, p. 138.) 

VARIANTES I 

BUÉE. Les Quinze Joyes du Mar^. 97. 
BuuÊE. Moyen de Parvenir, p. 138. 

Buer (3), verbe. Faire la lessive. 

Femme scet bien buer, et cuire (4). 

Eut. DeMh. Poëfl. IISS. fol. 564, eol. 1. 
CONJUG. 

Bu, part, passé. Lessivé. (Eust. Descb. Poês.Mss.) 
Buray, au futur prés. Lessiverai. (Eust. Descb. 
Poës. Mss. fol. 411.) 

VARIAIf TES : 

BUER. Borel, Oudin et Cotgrave, Dict. 
BuANDBR. Dict. d'Oudin. 

Buerle, subst. fém. Lieu où se fait la lessive. 
Du Gange, Gloss. lat. fait venir buerie des mots 
saxons bor et borne, qui signiflent fontaine (5). 

VARIANTES : 

BUERIE. Gloss. l. de Du Gange, aux mots Bura et Buria. 
Buanderie. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 

Bues,S1lbs^ masc. plur. Ce mot semble le même 
que bues^ bœufs. (Voyez Beuf ci-dessus.) Il est mis en 
opposition avec oeilles, brebis, dans les vers sui- 
vans, pour désigner les réprouvés : 

Les oeilles^ li bon seront; 

Li buêê (6) à Dieu lor mal prendront ; 

Diex à icels se tomera, 

Qull à sa destre mis aura. 

Fabl. MSS. do R. n* 7S18. foL 114, R* ooL 1. 



Buese. n faut peut-être lire Buesemancel^ en 
un seul mot, dans les vers suivans, où il parottroit 
désigner un nom de lien : 

Un jor tindrent lor parlement, 
D*atruper lor acesmement, 
Por une ^rant place aramie. 
Qui fu cnée, et aatie. 
De Boudet, et de Jovmcel, 
En ces chans, yers Buese monc^ 

Fabl. MSS. en R. n* Til8, M. IM, T> flot I. 

Bufe, subst. fém. Coup de poing, soufflet. «— 
Terme de fauconnerie. — Raillerie. 

Ce mot, au premier sens de coup de poiog, semble 
venir de l'italien buffa, qui signifle la partie da 
casque par où Ton respire. 

La paume hauce, une grant huffe (7) 
Li donne, etc. 

Fabl. MSS. do R. n* 7615, T. 1, UL 119. V eoL t. 

On s'est servi de buffe, en termes de fauconnerie, 
pour signifler coup en général; alors c'est une 
extension de cette acception. 

8ui à Tun d*eulx donna buffe teUe, 
ue sur l'eauve lui rompit resle. 

Gaea de la Bigne. Daa DéduiU. MS. foi. IM. 

Pris dans le sens de raillerie, ce mot dérive de 
beffer^ tromper. (Voyez Beffer ci-dessus.) 

A tant s'en va, si les esbuffe, 
Par son maUce, et par sa buffe. 

FaU. MSS. daR.li* 7M8. fol. 1S6. R* eol. 1. 

On dit bufa dans le patois du Languedoc (8). 

VARIANTES .* 

BUFE. FabL MSS. du R. n« 7615, T. I, foL 106, R« coL i. 
BUFFB. Ibid. T. I, fol. 119, V» col. 1. 
BouFFLS. Choisy, vie de Charles VI, p. 906. 
Bufa. Gloss. latm de Du Gange, au mot Buffa. 
Busse. Fabl. MSS. du R. n« 7218, fol. 348, R« ctiL. % 

Buffa» verbe. Etre orgueilleux^ dans le patois 
Languedocien. (Dict. de Borel, au mot Buffe.) 

Bulfaires, subst. masc. plur. Fanfarons. Grands 
vanteurs, dans le patois de Rouergiie. (Voy. Favin, 
Th. d'Honn. T. I, p. 4'25, et Buffa ci-dessus.) 

Buffelln, subst. moac. Diminutif de buffle. Demi 
buffle. « Gastellane, major du régiment des gardée, 
« blessé au haut de la cuisse, en 1667 ; le coup Ait 
« si heureux que donnant dans son bufle, et son 
« buffletin^ et sa bourse, il en fut quitte pour une 



(1) Comparez édition Favre, fol. 65, v«. (n. b.) - (2> On Ut au t. IV, p. 1340 du RecueU des Poésies fir. mm. de La Gonie 
(xm* siècle) : c Ajut le buée à tordre. » On lit aussi dans Perceforest (xv« siècle, t. V, p. 58) : c Tantost «pm, tt ooyt 
femmes qui batoient luie buée. » Enfin, au xvi« siècle, Desperiers (96* Conte) écrit : c Mon curé de Brou w?oit m 
huée. » (N. B.) » (3) Il ne faut pas confondre le verbe buer, avec l'adverbe buer, bor, qui a le sens de tmir (tant «lar taÊi\ 
c*e8t-à-dire heureusement, bien : f Sire, fait cil vostre merci, Buer i passase-io les mers. » (Partonop., ▼. 7843.) On trouva 
encore dans Gérard de Vienne (v. 4012) : < Comme buer fuit neit qui en tal ost ira. » Enfin on lit au vers 2018 de la Chronlm 
de Jordan Fantosme: < Baruns, esveilliez-vus, bor vus ftist anuitié, Tele chose ai oïe, dont jo vus lirai haittt. » (ir. S.) — 
(4) On lit aussi dans ViUon (Epitaphe en ballade) : c La pluye nous a buez et lavez Et le soleU dessèches et iM^rolB. » {R. B.) 

— (5) Du Gange écrit à buria : < Miraaus in Orig. Ganonic. Regul, Ord. S. Aug. refert, Monasterium B. Marias ad Sept^mJ'imlm 
prcbe Bruxellas vulgo Sevenbor appellari. Et certe sevenbor, Belgice idem sonat quod septemfontes ; est enim êeven^&moàmÈf 
et Bor seu borne fons, saxonice Bum, fons, torrens, unde buria facile potuit derivari. • Mais buerie dérive de 6iitr. Ol. u 

— (6^ Cette forme bues est du xiu* siècle : c EX por ce dist ci Rustebues : Qui à bues bée, si a bues. • Çluteb., II, 188.) ÇK. b) 

les viUes de rOuest, se provoquent encore en disant : c Veox-ta ï9 t m w à k Mm 



— (7) Les enfants des rues, dans 

bouffe f » (N. E.) — (8) Buffe, comme l'italien buffa, était au xV* siècle la partie du casque couvrant les Jouet: c Âja 
deuxiesme course, le seigneur de Loiselench atteint Saintré à la buffe, tellement que a bien peu ne VmiàamÊL » 

L»(iB. N. 



provençal, buffet désigne d'ailleurs le visage : c Buffet, prov. sinciput. 



lat. 7697.) (N . s.) 



BU 



— m- 



BU 



« jusques à six sols », dans un reg. de la chambre 
des comptes. 

VARUNTES : 

BUFFETEUR. Dict. d*Oudin et de Gotgrave. 
BuFFETiER. Du Gange Gloss. lat. au mot Butta, 

Buffoi, subst. masc. Tromperie, moquerie. — 
Vanité, orgueil (1). 

Au premier sens de tromperie, ce mot vient de 
buffer ou be/fer, en italien beffare, tromper. 

Ne sai se par blancherie 

Me saluez, ou par oufoi. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 250. V* col. 1. 

Pris pour orgueil, vanité, bu foi dérivoitde buffer^ 
enfler les joues. (Voyez Bolffer ci-dessus.) 

N*ert plains d'ors^eil, ne de bufois^ 
Et à la dame, vraiement, 
Plesoit moult son acointement. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 183, R* eol. 2. 
VARIANTES * 

BUFFOI. Poës. MSS. avant 130), T. II, p. 964. 
BuFFOY. Borel et GorneiUe, Dict. 
BuFOi. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 250, W col. 1. 
BuFOis. Fabl. MSS. du R. n« 7218, fol. 163, R<> col. 2. 

Baffon, subst. masc. Crapaud. —Le mâle de la 
lionne. 

Nous croyons pouvoir interpréter ce mol au pre- 
mier sens de crapaud, dans ces vers, où il est 
employé flgurément pour désigner les ennemis de 
la France : 

Buffons enflez, trop usez de rapines, 
Veu que estre doibt, par don celestiel, 
La fleur de lys préservée entre espines. 

CreUOfp. 21. 

Ce mot semble employé sous la seconde acception 
du mâle de la lionne, dans ce passage : « Affln que 
« la lyonne treuve son buffon, et que la bigotte 
« treuve son bigot. » (Nef. des Fols, fol. 100.) 

Bufle, subst. masc. Buffle, animal. — Buffle, 
armure. — Pris adjectivement il signifie stupide, 
sot, imbécile. 

Au premier sens, on disoit : • Aller sur le bu/le, 
« ou faire du bufle sa monture. » Façon de parler 
qui semble signifier être berné, raillé, par allusion 
aux criminels qu'on promenoit sur des buffles. 
Du Bellay, parlant des François, suppose que leurs 
mœurs se sont corrompues depuis leur fréquenta- 
tion en Italie : 

n n*eust point esprouvé le mal qui £ait peler, 

n n*eu8t lait de son nom la v... appeler 

Et n*eu8t fait si souvent d'un bufle sa monture. 

Œuy. de Joachim du Bellay, loi. 406, V*. 

Je n'eu jamais dp tant de biens soucy ; 

Je demai^e, sans plus, que le mien on ne mange, 
Et que j*aye bien tost une lettre de change. 
Pour n aUer sur le bufle, au despartir d'icy. 

Ibid. fol. 407. 



Bugle est un ancien mot gaulois qui signifioit 
bœuf. (Dict. de Borel.) On le trouve pour bufle 
dans les Poës. mss. d'Eust. Oesch. (2) fol. 27, col. 4. 

Bufle se disoit aussi pour l'armure de peau de 
buffle. « A la deuiûème course, le seigneur de 
« Loiselench attaint Saintré à la buffe (3), tellement 
« que a bien peu l'endormit (peu s'en fallut qu'il 
« ne le fist évanouir.) » (Petit Jean de Saintré, 
p. 334^ « Chevaux armés de bardes, soit de cuir de 
« bouffre ou d'acier. > (La Jaille, du Champ de Bat) 

La stupidité apparente de cet animal, que Ton 
mène par le moyen d'un anneau passé dans ses 
narines, a fait donner son nom aux gens qu'on 
regardoit comme trop simples , pour dire sot , 
imbécile. 

J. de Meung, après avoir dit des curés sages^ 
sensés et de bon conseil, qu'ils se font chérir et 
considérer de leurs paroissiens, ajoute aussitôt : 

Mais s'ilz le sentent vil de science, ou de mours, 
Et il se monstre rude comme bugle, ou unff ours 
Il ne doit pas se plaindre, ne faire Qnrans clamours 
Si ses parrochiens ne Tayment par amours. 

i. de Meung. Cod. 701-704. 

Cors de bugle ^ pour cors , cornets faits de cornt 
de bœuf ou de buffle. 

Sonnent busines, et tabors, 
Grans cors de bugle (4), moniaus. 

Athis. MS. fol. 89, R- col. 8. 

VARIANTES I 
BUFLE. Œuv. de Joach. Du Bellay, foL 406, V». 
Beufle. D. Florès de Grèce. 
Bouffre. La Jaille, du Champ de Bat. fol. 47, R«. 
BouiFRE. FabL MSS. du R. n» 79689, fol. 66, V« col. 1. 
BuFFB. Gloss. de FHist. de Paris. 
Bugle. Gloss. du Roman de la Rose. 

Bufler, verbe. Beugler comme un buffle. Col- 
grave explique burler et buler par hurler. 

VARIANTES : 
BUFLER. Rom. de Rou, MS. p. S05. 
BuGLBR. Recherches de Pasquier, p. 671. 
Burler, Buler. Dict. de Gotgrave. 

Bufoise, adj. au fém. Vaine, orgueilleuse. 
(Voyez BuFoi ci-dessus.) 

Dame humiliiez la cortoise. 

Qui n'est vilaine, ne bufoise ; 

Mes douce, debonere, et finanche, etc. 

FabL MSS. du R. n- 7ti8, fol. 319, R* edi. I. 

Buge, subst. masc. Eunuque, dans le patois 
d* Auvergne. (Glossaire latin de Du Gange, au mot 
BugenSy où il renvoie à Bigens, c*cst-à-dire homme 
né de père et de mère de nations différentes.) 

Buglement, subst. masc. Beuglement. (Gotgr. 
Dict. et Essais de Montaigne, T. II, p. 700.) 

Buglesse, subst. fém. La femelle du buffle. 
(Parton. de Blois, fol. 164.) 




boffois, Ne le (loiseat apaier quatre rois. » Et 
chevaUers ne Anglois, Qui ne fùst esbahis de veoir 

^ ^ - ..j/e^, chamaulx et autres nourretures. » On lit dé}à 

daoïs Villehardbuin :' « Et gaaingnierent assez proies de lues et de vaches et de buflea. » (Ed. de Wailly, g 465.) Bufle vieot 
de bubalus ; mais buale a plutôt pour origine bubutcus, bouviUon. (N. e.) - (3) Voir la note à Buffe. — (4) On lit dans 
« . i_ , .i- - _ ^«ov- _ fn_%- * .._ .^ . . , Latrompetteà clefs porte encore ce nom dans 

a peut-être paru semblaUe au beuglement du 
,,, . , , Qui a du bu^ie et du sanicle £ût au chkargien 
la nique (Gotgrave). > (n. b.) 




BU 



- 188 — 



BU 



Buglenx, adj. Qui beugle. (Dict. de Ck)tgrave.) 

Bugne, subst. fém. Espèce de monnoie. On en 
voit la représentation dans le Voyage du Roi à Metz, 
parFabert, fol. 61. 

Bugrande , mbst. fém. Arréte-bœuf. Sotte de 
plante (1). 

YARIAMTCS : 

BUGRANDE. Oudin et Cotgrave, Dict. 
BuBORANDE. Dict. d*Oudin. 
BouGRANDB. Cotgrave et Borel, Dict. 
BuoiiUNDB. Dict. de Cotgnve. 
BURGRADB. Dict. d'Oudin. 
BUOBATB. Oudin et Cotgrave, Dict. 

Bogre» subst. masc. Titre de dignité. Le seigneur 
d'Avignon, oncle de Ferrand, comte de Flandres, 

Îiii entra dans la ligue formée contre le roi Philippe- 
uguste, en 1215, est appelé /e Bti^re d'Avignon, 
dans le Rom. de Baudoin, fol. 28. 

Bnbote , subst. fém. Sorte de plastron. Peut- 
être la quintaine, le laquin contre lequel on portoit 
des coups de lance ou autres coups, dans les jeux 
d'exercice. 

Tu es plus fausse que buhote (2) ; 
Car chascun qui à toy se flrote 
Se plaint, et tient pour engané. 

^ Poès. MSS. Vaticu, n- i480, fol. 19B, R*. 

Bnl, adv. Aujourd'hui. Lisez hui^ dans ces vers : 

Fils, dist-il, vous covient but 
Espouser famé, de par Dieu, 
Et demain Fautre, etc. 

Fabl. MSS. da R. n* 7218, fol. 185. V. 

Bulchten. Nous trouvons ce mot, rendu par le 
latin inflectebant, dans le Dictionnaire de Borel^ au 
mot Buychnete% p. 579. 

Bulllon, subsL masc. Bouillon. Il est employé 
flgurément, dans les vers suivans : 

Amors me prist en un tel point 
Que li amans deux fois se point 
S'il se veut dont vers lui deffendré ; 

Çuar pris sui au premier buillon^ 
out oroit en ta verde saison, etc« 

Fabl. MSS. dn R. n« 7S18, fot. S4fl, R* col. 1. 

BnlUoncIel , su6j^ masc. Jet d'eau. Bouillon 
d'eau. Froissart, parlant des jeux de son enfance, 
dit: 

Et s'ai souvent, par un busiel^ 
Fait voler d'aiguë un builloncteL 

FroisMTt, Poéi. MSS. p. 87. eot. i. 

Bairé , adj. Voici le passage où nous trouvons 
ce mot. Peut-être signifle-t-il grise ou qui est de 
Imre: 

ma chape buire 

AttfàlJilers.etc. 

m. MSS. dtf R. n* 7218. M. 989, V* «ol. 1. 

Bulse, subst. fém. Décharge d'une écluse. « Ne 



« seroit pas poisson tenu pour meuble , si la buise 
« de Tescluse avoit couru en celuy temps, ou 
• commencé à courre (3). » (Bout. Som. rur. p. 430.) 

Buisine, subst. fém. Trompette. Le Glossaire 
du Rom. de la Rose, sous buissine^ l'explique par 
espèce de trompette ou de flûte, et, sous busine, 
seulement par trompette. « Les cors, les busines(A), 
« les trompettes et les clairons , bondissans melo- 
« dieusement. > (J. Le Maire, Illustr. des Gaules, 
livre 11, p. 247.) « Trompettes, clairons, fluttes, 
« tym[)anes, bedons, cors, btisines^ et autres 
« manières d'instrumens divers du temps passé. « 
(Id. livre 1, p. 129.) 

Buisine et busine, dans S* Bernard^ répondent au 
latin tuba. Ce mot, suivant le Dict. universel, vient 
de bu^cca, bouche, parce que c'est de la bouche 
qu'on joue de cet instrument. Aussi, a-t-il signifié 
en général, relativement à cette étymologie, tous 
les instrumens qui s'embouchent. Ce mot est 
expliqué par sistre', dans le Catholicum Parvum, 
ancien dictionnaire. Oudin l'interprète par trom- 
pette de village. On lit en ce sens : « Se rigoularedt 
< ensemble au son de la belle bou%ine. » (Rabelais, 
T. I, p.482.)Froissart, parlant du jugement dernier, 
s'exprime ainsi t 

Sains Jehans, sains Mars et S* Lus, 
Et sains Mahieus droit là seront 
Qui leurs buisines sonneront^ 
Dont resusciteront les mors. 

Froissart. Poês. MSS. p. 350. 

Btissine est joint à cor et à trompe, ou comme 
synonyme, ou comme une espèce de trompette 
particulière : 

Trompes, cors et bussineê^ g[en8, chevaulx font tel noise, 
Qu*on les puet bien oir de vingt lieues francoiscto. 

Gét. de Romsillon, MS. p. 52 ; iUd. p. il5. 

Trompes, buisines et trompettes. 

Machmt. MS. fol. S45, R* O0I. 8. 

Buissine est pris pour flûte par J. de Heung, 

Sarlant de Minerve oui jeta dans Tèau la buissine 
ont elle avoit joué, lorsqu'elle vit que l'enflure de 
ses joues déflguroit sa l)eauté. (Roman de la Rose, 
11426-11443.) Ce mot est pris pour trompette, dans 
les vers suivans : 

Cil tabor branlent et estonnent : 
Ces buisines d'airain resonnent. 

Athit. MS. M. 55, V eol. fl. 

Sonnent tabors cors et buisines 
Fretias, flaieux, trompes, troines. 

AtUs. MS.fol.90,R*eol. I. 

VARIANTES : 

BUISINE. St Bernard. Serm. tr, MSS. p. 906. 

Bcrr^iNÈ. Cotgrave, Dict. 

BuissiNB. CotflnraTe : Glossaire de LaM>e, p.êSfk 

Busine. Petit Jean de Saintré, p. 9. 

BuziKfi. 

Bugsine. Hist. de B. Du GuescUn, par Mônard, p. 327. 

BussiNS. Gér. de Roussillon, MS. p. 52. 



(1) On emploie maintenant bugra^ie; c'est rononide des champs. (M. B.) - (3) La forme mascuUne a le sens de tuytfQ : 
€ En sa meson n'ot nule entrée. Fors un buiot, quant est fermée ; La ot tenduz laz por li prendre. » (Ren., 13748.) On lit au 




jiiigûA8«n pont de le Cauohie et vivier, aussi bas éânmie est le buisse aôii c^'éne se puiât essaver. » (n. è.) - (4) On lit 
4^4 dans la Chanson de Roland (v. 3523) : c Met à sa bûche une clere buisine, Sonet h cler; que si t>aîeh fôtfént. % (n. b.) 



BU • - «I 

BuciNB. Triomphe dea Neuf Preux, p. 371, coL i. 

Buccins. Clâm. Hkrot, p. 8 et 3». 

BuxutE. ', 

BoUBiNE. Ttom. de Brut, US. de Boiub. 

BouziNE. Oudin et Cotgreve, Dict. 

BOZINE. 

Butsineour, subst. masc. Trompette. Qui sonne 
de la trooipelte ; en latin tibicen. 

VARIANTES : 
BUISINEOUIt. Du CauRe, Glossaire lat. aulmot BtitUnare. 
BuissiNBun. Ph. Houskes, HS, p. 317. 
BuTsiNEOUH. Dict. de Bor«l. 
BusiNBun. Chron. S' Dénia, T. I, toi. 148, V°. 
Buccin A TBun. Dict. d'Oudin. 
BousmiEB. Dict. de Cctgrave. 

Bulsiner, verbe. Sonner de la trompette. (Dict. 
de fiorel, eL Du Gange, Gloss. lai. au mot Buttinare.) 
> Le septième ange commença à butiner. > (Voyez 
Bible tiislor. citée dans Gér. de Nevers, p. 101.) On 
trouve aussi buisiner, dans le sens où nous disons 
trompeter, pour publier, et dans la Clironique de 
S'Deiiis, T. I, fol. 32, V*. 

VARIANTES : 
BUISINER, Estr. Fabl. MSS. du R. a' 7996, p. 90. 
BusiNER. Gér. de Nevers, p. 101. — Gl. du R. de la Rose. 
'BU188INEH. Glossaire du Roman de la Rose. 

Bulsnart, $ub$t. masc. et adj. Insensé, sol, 
imbécile. 

Ricea prèsena li aportoient 
li fol buUnarl, 

Pb. HouikH, HS. p. <nl. 
Je ne le tieng pas A baùnari. 

Poâ. MSS. iwt lUO, T. tV, p. I36S. 

fluttnorl et fol si l'apîela. 



Bulsner, verbe. Nous trouvons ce mot dans le 
passage suivant, où il semble exprimer le mouve- 
ment d'un ctieval qu'on arrête par te frein et qui 
tiatà ta main : 

li cevaus buUnoit del ciel, 

Si qu'Otbe en estoit à mescier. 

Ph. KoaikH, HS. p. S93. 

Bulssoa,8utot. masc. Bois. — Sorte de fruit. 

Ce mot n'a conservé qu'une partie de son 
ancienne acception; il se prenoit autrefois pour 
bois, fofét(l). ■ Auprès d'illecest un Autison peuplé 
t de bestea rousses, à grand nombre. ■ (J. d'Àuton, 
Ann. de Louis XII, de 1502, p. 38.) La signification 
de buisson pour bois, en général, pourroit venir 
de ce qu'anciennement le huit étoit fort commua 
en France ; on en trouve encore beaucoup en quel- 
ques provinces. 

Ce mot semble aussi s'être employé pour désigner 
une sorte de n-uit : ■ Encore luy demande elle 
< souvent des prunelles, des buissons, des cerises 



i- BU 

■ ou des poires. > (liCs Quinze Joyes du Maringe, 

p. 126.)lfuiss(mestune faute dans les vers suivans: 

Secours, et aie, et force, 

DeroH avoir de ceulx d'Eacoce; 
Et ai grans fruiiiotu li creoçoit, 
£d Eacosse ae passerait. 

Roa. d« Bnil, MB. M. S», R- tri. (. 

On lit besoeing, besoin, nécessité, dans le us. de 
H. de Bombarde. 

Nous remarquerons l'usage de ce mot dans les 
expressions suivantes : 

1° Dame oyseus de buisson. C'est un nom factice; 
il est pris en mauvaise part dans Hodus et Racio, 
HS. fol. 297. Peut-être designc-t-il la paresse? 

^Buisson à con/im, c'est-à-dire garenne, bois où 
l'on élève des lapins. (Goût. Gén. T. 1, p. S7.) 

3* Battre le buisson. Cette expression subsiste. 
On la trouve dans Brantôme (Cap. Fr. T. IV, p. 120.) 

4* Battre les buissons, pour qu'un autre en ait le 
profit. C'est travailler pour un autre (2). (Garasse, 
Rech. des Rech. p. 377. — Voyez Rabelais, T. I, 
p. 66, etc.) Hachant avoit ditavant Rabelais : 

Et puis m'encontmenca à dire : » 

Amis, vous bâtez les buitioni', 
DoBt autres ont les oiEillons. 

HKtHt. HS. (si. «3, V Ml. 1. 

5* Faire buissons aux ars. C'est un terme de 
chasse. • Modus fait sept chapitres en son livre; le 

• premier si est de faire buisson aux arcs, 

• le second, etc. • (Hodus et Racio, hs. fol. 73.) 

> L'on faict les buissons aux arcs en deux 

■ manières; l'une si est aux chiens, l'autre se fait 

■ aux gens. > (Hodus et Racio, fol. 40.) 

6° Faire le buisson. ■ Le veneur doit aller en 

■ queste, et faire le buisson pour la chasse du 

• loup. > (Fouilloux, Vénerie, fol. 115.) 

7' Tendre le buisson, taillier le buisson. (Voyez 
Hodus et Racio, hs. fol. 65.) 
6' Briser le ôuisson, signifie peut-être le forcer. 

■ Avons démontré comment l'en brise les buissons 

• que l'en fait aux arcs, par chiens. > (Hodus el 
Racio, HS. fol. 76.) 

9°i^£ndre/e&utsson(3),sediten parlant des cerfs 
qui • quant ilz ont leurs testes dures, el qui ilz 

> sont froyez. ils demeurent es fors buissons. * 
(Hodus et Racio, fol. 6.) • Il y a une saison où les 
< cerfs muent, et prennent leur buisson. > (Fouit). 
Vénerie, fol. 17.) 

Ces cinq dernières façons de parler ne sont usi- 
tées qu'en termes de chasse ; on les trouve souvent 
répétées dans Hodus et Racio. Comme l'on ne peut 
guère déterminer leur signification précise que par 
la combinaison de plusieurs passages qu'il faudroil 
rapprocher, nous renvoyons aux citations que nous 
avons indiquées. 

VARIANTES : 

BUISSON. Orthographe subsist. 
BurasoN. Uodu* et Racio, toi. 33, V*. 



(1) Cependant, dès la Chanson de Roland, le sens est reatreint: i Hort il l'atut sur un boùnin petit (atr. M8). > (m. b.) 
— <S) Le Rom de Uncy cite comme proverbe du xv* aiàcle : < Buiêton & oreiUaa > ; on trouve auaai au DioUonDaire d'Oodin 
(zvi* nèeie) : > Q n'y a ai petit buiuon qui ne porta ombre. > <k. e.) — (3) Le biU$$on est alon nue pointe de bois o& I» . 
C«f, ui priatempe, te retire pendant le jour. <M. h.) 



i- BU 

BuiRE. DJct. de Nicot et Honet. 
BuiE. ŒuT. de Batr, fol. 85, R*. 
BuvE. Euith. de Hart. de U Porte. 
BuB. Orâ. des R. do Fr. T. Ht, p. 33. 

Bureau, subst. masc. Bure. Etoffe grossière. 
Biirate, outre cette signincation, en avoit encore 
une autre. Ce mot désignoit aussi < une étoffe 

> à mie soye, > suivant )e Gloss. de l'Histoire de 
Paris. < Le bureau, pourl'ordinaire.estoit traversé, 

■ et tracé de deux couleurs, l'une blanche ou grise, 

• et l'autre rousse ou noire-. ■ (Orig. des Arm. par 
Le Laboureur, p. 70.) On en dSstinguoit de plusieurs 
sortes : ■ Se vestit d'un bureau de gris bien povre- 

■ ment. > (Triompti. des Neuf Preux, p. 538.) Noas 
lisons (Ibid. p. 545.) : ■ Vestus de gros bureau de 
. frise. • (2) 

On disoit proverbialement ; 

Bureauvaut bienescarlatB(3). (La Croix du Maine. 
Bibl. p. 324.) L'auteur du Suppl. au Gloss. du Rom. 
de la Rose croit que c'est par allusion au nom de 
bureau, que Michel Bureau, évéque d'HéliopoIis,se 
servit de ce proverbe, en 1518, dans son démêlé 
avec le cardinal de Luxembourg. 

Remarquons cette expression : 

Diable bur. Peut-être le même que le moim 
bourru, espèce de lutin imaginaire connu parmi le 
peuple. Celte explication parolt plus naturelle que 
celle que Le Duchat lui donne. (Voyez Rabelais, 
T. III, p. 40, et la note 5. — Voyez Moines burs, 
Ibid. T. m, p. 166.) 

TARIAKTES : 

BUREAU. Triomph. des Neuf Preux, p. S38, Col. 1. 

BuRiAU. G. Guiarl, MS. fol. 77, R*. 

BuRioT. Dict. de Cctgrave. 

BtlHAiL. DÉct, d'Où d in. 

BuHEL. Fabl. MSS. du R. n" 7M8, fol. 66, V» ort. i. 

BumBL. Poës. MSS. du Vat. n* 1490, fol. 111, R*. 

Bun. Dict. de Nicot. 

BuRAT. Gloaa. de l'Hist. de Paris. 

BuHATiN. Dict. de Borel. 

BuRHEAU. Glosa, du Roman de la Roa«. 

BURATE, t. f. Dict. de Borel at de CoUrare. 

BuRETE, (. f. Dict. de Borel, au mot Bure. 

Bureau, 8u6s^ Mol subsistant. Table à écrire(4). 

• Luy fut baillé le héraut Tallhybius pour plus 

> grand couleur et approbation de la matière de 
< paix, mise sur le bureau. ■ (/. le Maire, lUustr. 
des Gaules, p. 251.) 

Burele, partie. Terme de blason. H se dit 
encore d'un ecu composé de diverses faces d'émail 
différent en nombre égal. Dans le sens propre, il 
signifie rayé, du mot buret ou bureau. Sorte d'étoffe 
rayée. 

Tôt armea longtieB, et léea. 
De blanc, et da sria burelA» ; 
Et tint un pel ~- ■"— ■*- ' — *" 
Fin. I 

(1) Le iDOt déjùgne encore va iDitrument pour agiter l'Indigo dans la cuve. L'ét^^notoffle efA le vartM bu^utr (tiauHar), 
VUiante picarde de bûcher, (n. e.) — (3) C'est le dimiDUlit de bore, en latin burra : c Nobllia kotribUi Jungatn* pnnMHt 
tmrrm. ■ (Epigramme attribuée à Eucériaa.) On Ut au Roman de la Rose (r. 4316) : c C'est taigM qui rlena ne ratoM, Lea 
porprea et les buriaut use. ■ Le nominalit ancien était burel (Froissart, XV, 37) : f Veatu d'une poVre CotU d« bvnt 
blano^. ■ (n. e.) - (3) Villon disait déjà: a Myeux vaut vivre sous gros bureaux. Pauvre qn'avob este seigiMiar, El IMNintr 
sona nobe* tombeaux- ■ (K. s.) — (i) Le drap qui oouvrut la table ne la désigna qu'an xv siècle: ( ^uouaaM.. _ 
ea retenue Et au Aura(uiv»tBiTeawiiMat,LMotaoier8 n'y font empaBcbement. » (Cli. d'OrtAiBi, raild«M.)<N. I:) 



BU -* 

< ceux de nos mestiers qu'il sont enclin à la paix, 

■ la où M. de Bourgongne voulsist tout pardonner, 

■ et nous tenir ens es francisses anciennes, dont 
- nous sommea chartré et bulle. » (Froissart, 
Vol. II, p. 306.) 

BuUete, subst. fém. Petite boule. Ornement qui 
se meltoitsur les habits, ou qui servoit de parure. 
(Dict. de Borel, 1™ add.) 

Builettes étoient de petites boules ou plaques 
rondes. < Tant de builettes pendantes à chaînes 

• d'or, tant de carquaus, tant d'affiquetz, tant de 

■ brasseletz, tant de bagues aux doigts, que c'est 

■ une chose infinie. < (J. Le Maire, lllustr. des 
Gaules, livre ï, p: 99.) 

Bullette d'or, étoit employée pour boule d'or. 

■ Âuroit pour le quatrième prys un taureau vif et 

• indompté, ayant les cornes d'argent massif, 

■ et une bullette d'or, pendant sur le front. > 
(J, Le Maire, lllustr. des Gaules, livre I. p. 130.] 

Bulettes, signifloit • boules ou plaques arondies, 

■ ferma iilets, chaînes, aneaux, bulettes, carquans, 

■ ceintures et lissuz. > (J. Le Maire, lllustr. des 
Gaules, livre 1, p. 108.) 

VARIANTES : 

BULLETE, Buu,ETTE. Dict de Borel. 
BULTFTE. i. Le Maire, 111. des G. livra I", p. 108. 

BulUtion, subst. fém. L'action de bouillir. 

Bullo, subst. fém. Ce mot, en patois languedo- 
cien, désigne une fille oi^ueilleuse et flère. (Dict. de 
Borel, au mot Bulle.) 

Bullot, subsf. masc. Espèce de grosse pomme. 
(Dict. d'Oudio et de Cotgrave.) 

Baquet (1), subst. mate. Trébuchet, balance. 

Vei cf nii frans, donlE amis. 
SoDt-iIi de poil ? je les a; mis, 
Par un foie, sur le baquet. 

Eut. D«di. Pota. HSS. loi. 373, col. t. 

Burdinaires, aàj. plur. Les Toulousains appe- 
llent ainsi les pèlerins ou Croisés qui s'armèrent 
contre eux, vers l'an 1209. Dumotburdm.[Mezerai, 
édit. In-I^ de Guillemot, T. I, page 504. — Voyez 
BotRDOH ci-dessus.) 

Bore, subst. fém. Bouteille, cruche. Ce mot 
s'est pris en général pour vase à mettre de l'eau, 
daviu, etc. ■ Doibvent fournir les dits sommeliers, 
a. de verres, bues et esinières (pour aiguières). ■ 
(Ord. des B. de Fr. T. III, p. 33.) • I<iou9 lisons que 
•-le fils de Galon, en l'âge de quinze ans, fut banny, 
• pour avoir rompu une buye de terre, entre les 
■ mains d'une flile qui alloit à l'eau. ■ (Bouchet, 
Serées, livre II, p. 53.) 



BU 



— 180 - 



BU 



« Boert, se vous scavez maison ou buron (1) près 
« d'ici. » (Lanc. du Lac, T. III. fol. 19.) 

VARIANTES : 
BURON. Année Liltér. 1758, p. 323. 
BuiRON. Fabl. MSS. du R. n« 7615, T. II, 161. 212, R». 
Beuron. Lanc. du Lac. 
BouRON. l»icl. de Borel. 
BuiON. Gloss. du P. Labbe, p. 395. 

Burque, subst. fém. Sorte d'armure. La même 
que Brigandinb ci-dessus, suivant La Roque, de 
1 Arrière ban, chap. v. Ce mot ne se trouve point 
ailleurs; peut-être est-ce une faute pour broi(^ne, 
c'est-à-dire chemise de maille. 

Burres. On disoit aussi dimanche des bures^ ou 
buires (2). C'est le même que \e dimanche des bran- ^ 
dons, ou le premier dimanche de carême, encore usité : 
en Lorraine, suivant un mémoire de M' Bonami, 
concernant Téreclion du comté de Bar en duché. 

VARIANTES : 

BURRESf BuRBS &B Jour des), Buires. Journ. de Verdun, 
février 1754, p. 113. 

Burrlchon, subst. masc. Le roitelet. Ce mot 
est einployé dans le patois du Mans et de l'Anjou. 
(Dict. Etym. de Ménage.) 

Busard, subst, masc. Buse. — Oiseau de proie 
qu'on ne peut dresser. Un proverbe dit: « On ne 
« pourroit faire d'une buse unépervier, » pour dire 
qu'il y a des personnes incapables de discipline. 
(Gloss. du Rom. de la Rose, au mot Buysart, dans 
le suppl.) Espèce d'aigle poltronne. (Dict. d*Oudin et 
Cotgrave.) 

On a dit proverbialement : 

Jà de buisart 

Ne fera l'en espervier; 

Ce dit li vilains. 

ProY. du VU. MS. de S. Germ. fol. 74. V. 

Je no vueil plus à vous, dame, muser, 
Ne plus n'espoir en vous mon temps user, 
Quant d'esprevier sçavez faire busart: 
Je ne vuel plus à vous dame muser. 

Euat. Desch. Poêt. IfSS. fol. 399. eol. i. 

Nous n'entendons pas le sens de cette expres- 
sion, connin busard, qui se trouve dans ces vers : 

Les mots villains des putains qu'on les arde. 
Ou d'autres dictz de malédiction ; 
Ou d'ung cheval qu*on chevauche sans barde, 
Ou d'un connin busard ou estendart 
Touchant le fait de ffénération. 

Contred. de Soogucreox, fol. 170, V*. 

VARIANTES : 
BUSARD. Oudin et Colji^rave. Dict. 
Busart. Modus et Racio, MS. fol. 160, V». 
BuzART, BuzARD. Oudiu et Cotgrave, Dict. 
BusEART. Eust. Desch. Poês. MbS. fol. 182, col. 2. 
Buisart. Prov. du Vil. MS. de S< Germ. foi. 74, V« col. i. 
BuYZART. Gloss. du Rom. de la Rose. 



Buscage, subst» masc. Droit d'entrée sur le bois. 

VARIANTES : 

BUSCÂ.GE, BUCHAXOK. Du Gange, GL lat. au mot Boscus. 

Buschaaty êubst. masc. Voici le passage àp. 
nous trouvons ce mot : 

En Belléem nasqui U Sire ; 
^ Mes onemies n'i ot drap de sire, 

" Ni ot conine, ne bnschaut, 

Qu'à Dame Dieu d'orgueil ne chaut. 

Fabl. MSS du R. n* 7818. fol. 105, R* ooL i. 

Biischer, subst. masc. Marchand de bois. — 
Sorte d'offlcier. 

On lit, au premier sens de marchand de bois : 
« Nul buscher, vendeur de busches, ou de charbon, 
« puisque la bûche, ou le charbon aura esté une 
« fois à prix, ou asseure ne le pourra renchérir. • 
(Ord. des Rois de France, T. II, p. 375.) 

Sans changer d*étymologie , bûcher désigne un 
officier de cuisine, dans le passage suivant: 
« Bûchers de cuisine fournissoient le bois, et le 
« charbon pour la cuisine. » (Etat des Offic. du 
duc de Bourgogne , p. (K).) 

VARIANTES ' 

BUSCHER. Ord. des R. de Fr. T. il, p. 375. 
Bûcher. Dict. de Monet. 
BucuiER. Ord. des R. de Fr. 

Buscheteur subst, masc. Bûcheron (3). (Voyez 
les autorités citées sur chacune des orthographes 
que nous rapportons. — Voy. aussi Bosquillon.) 

VARIANTES : 
BUSCHETEUR. Rabelais. Nouv. Prol. T. IV, p. ». 
Baucheron. Dict. d*Oudin. 

BoscHERON. Hist. de B. Du Guesclin, par Méattrd, p. 18. 
BcucHERON, BouscHERON. Dict. de Cetgrave. 
BosQUiLLON. Nouv. Cout. Gôu. T. II, p. 149. 
BoQUiLLON. Eust. Desch. Poês. MSS. loL ilS, ool. 1. 
BocQUiLLON. Favin^ Théâtre d'honneur, T. I, p. 116. 

Buschoier, verbe. Couper du bois. La variété 
des orthographes de ce mot naît des d^fférens subs- 
tantifs dont il tire son étymologie (4). (Voy. les auto- 
rités citées sur chacune d*elles, et les moti Bûche et 
BucmsTTB ci-dessus. — Voyez aussi bûcheron, sous 
busehetteur.) 

VARIANTES I 

BUSCHOIER. Dict. de Cotgrave. 
BB8CH0IER. Eust. Desch. i^oës. MSS. 
Bauchrr. Dict. d*Oudin et de Cotgrare. 
BuGiOBR. Contes d'Eutrapel. 
BusCHETTBR. Dict. de Cottfrave. 
BucHERONNER. Oudin et Cotgrave, Dict. 

Buse, subst. fém. BouchCi ouverture, tuyau. — 
Sorte d'instrument. 

Ce mot signifie, en général, ouverture, bouche. 
De là, il s'est employé pour désigner le tuyau d'une 



(1) On lit au t. II de Tédilion de Froissart de M. K. de L. : « Et sans viUe trouver ne maison ne bun*on Omiron f) » (n, B.) 
» (2) Bure devait se prononcer bourre et avoir le sens de bourrée. On lit au Cartulaire de S^-Pierre* ou-Mont, à Mets : 
« Datum anno Domini 1254, feria quinta post burcts, t Et dans une pièce de 1290 : c Doneies lou lundi devant les bure», i (m. B.) 
» (3) Citons les deux formes suivantes pour ie sens^ non pour leur place alphabétique : c Ung nommé Henry buchatier de 
la damoiseUe d'Orval. v (JJ. 204, p. 33, an. 1476.) Et au reg. Pater de la Ch. des Comptes (fol. 239, v») : < Marchans et Tendeurs 
de bûche et de merrien, soient buchiera ou autres, paieront. » (N. E.) — (4) Voici des exemples des xiv« et xv« siècles : 
c Et Bauduins li bers bûche encore une ûe. » (Baud. de Seb., II, 67.) Et au reg. JJ. 186, p. 78, an. 1449 : c Le suppliant estoii 
à ung bois^ appeUé le bois ChamaUlart, situé près la viUe de Nyort, où il buschoit et abatoit du bois. » (N. e.) 



^ ut eh ee tens: Bailet de vtltageoittii'twmét 
buttn, dans Deauoh. (Ro<^. desTti. T. 111. p.K^ 

Enfin, Ton trouve bullett pour croisières d*aDS 
tBtn«, dans le Did. d'Outlin. 

Bemarquoas ces expressions : 

1° Pesclierie à bonnes, et à Iwtifê. * Pmmtat 

• tenir, el faire ealangs, ;)c«di£nVsâ bowtes, età 

■ buttes, gareiiies, coleinDiers. ■ ifieaum. -0. 440.) 
2' T^ntr buHe, pour tenir ferme. [Mém. Du Bell. 

T. !, p. 84.) 

BUTE. HiHt. du Chevaltpr ttaysrd. p. 480. 
BuTTK. GIOHaain de l'BiBttwre de knilauaa. 
BUDR. Eust. Descb. Pues. US6. fol. &&, oal. '4. 

Butelétte, subst. fém Terme de chasse. Diminu- 
tif de Bute ci-dessus. > Lesesprainlesduloatre'MAit 

■ noues, plaintsd'arestesde poisson, et les le&sesur 

■ un petit iDOnceIeL, sus l'ourée de ta rïvi^e, sns 

■ aucune (wl£/«J(e. ■ (Hodusetftacio, «s. fol. 56.) 
Btiter, verbe. Alwutir. Peut-éfre signitle-til 

anssi se comporter, se conduire, ou peut-étl^ te 
pousser dans le monde, du molboutter. ItartKralds, 

Sartattt 3e la pierre d'aimant qu'il appelle nagMi»^ 
it qu'elle sert à éprouver la vertu des ffemBibs, 
et que le mari la doit melti-e sur sa tête lorsqu'elle 
dort, et que, si elle est ctiaste. elle cépondra^ iie 
caresses; si, au contraire, elle ne l'est pas, -ém 
cachera son visage et aura une oontenaace tionteoA. 

Cum BSil Imlôe laidemoMt. 

C'est-à-dire commes'étuutvilaineiBentooniponMe. 

S[)ict. de Monpt.) En Normandie, le» netaire&, iponr 
ésigner les tenana etlesaboulisaaind'Tinhérilage, 
disent que cet héritage j'ot'x^e^J fiutl^ celuiéeMtl 
autre personne. (Héui . deM. ElyedeBeautnOBt4).aS.) 
Butet, subst. masc. Hotte. C'est au terine Un 
pays Blesois. 

Bntler, subst. masc. Butor. Espèce de faêroD 
fainéant et poltron. On se servoit autreTeis daft 
mol, dans un sens flguré, pour désigner un sot. un 
imbécile. ■ 11 n'y a homme en ôe monde qui désire 

■ pluslost compagnie, mais qu'elle ne soit pas'de 

• ces gros butiers qui s'estiment sages. ■ (Dial. de 
Tabur. p. Wi.) 

VARUNTES : 

BUTIER. Dial. de Tihureau. p. 103. 

kUTTiBR. Meilin CoL-aie, T. I, p. U6. ^ 

Butoir. Mrwiui et Racio. MS. fol. 133, V». 

^BuTOvas. GtoM. du P. Labbe, p. Ml. 

JBaTOUR. Coce de la Bisne, des IMduitS, MB. M.M, V*. 

BuTon. Ibid. fjl. ii9, V', et 130, R«. 

(1) La botuiole était nommÉe marinelie ù^a AWH, par Guiot de Provins : t Icplle entoile ne sa muet. Un ut Costinâ 
mentir ne puet Par vertu de In marineti: Une pierre laide et notrelte, Où ii ter voloniiers se Joint. > liùumole, qu'etàfldS» 
RaLelBiB et Ronsard. vîent.parliUUen bevtoto, du iatin buxus, bnts. (n. K.) — (9) SoiiBCIiaries'IX,'im nimatllea^ltea tîlMÎk 
et on se lea procurait à l'eiiie d'un corpn piqué ; la bt(«c était une baleine cousue sur Le devant il»cat 'apptreU. 'CVMt 
presque un instrument de siip|ilice, car MotiUigne écrit : i Pour laire un co^p^ bien ■'Fpngnolé, quelle géhenne les femmM 
ne BouC^nt-eUespas. ^indéea el eaiiglées avec de groupes cocheB sur les cuates, jusqueb 6 lu cnairvtve? Oui, qiielauefa^ 
à en mourir, i Ennn, dit M. Qnichcmi, Ambr. l'ar^ avait vu sur lu talrie de drHeciion cea jolies persoi mes <i dnetaHla:^!! 
Mve-le ouïr et la chair, et nous rosntre < leurs costes chevtnicbaut les unes par dessus Ita autres. -t Dm échra»s 0»*ÛII 
«U'de mttat pmiTaient seulds faire si'betle besosni*. C'était nue recheri^he mal portée pour les hommes, car rt'Autrôné i^èW 
MredeHi>nri III, cottpjrBer'on fardée: c Pensez qut^l beau afmincle, ••1 comme llfit beau voir Ge pHnci- avec un Mri(L~4A 
■brM de aatinnoir Cuupéà i'espngnoile, o4 des âèchli|iioiun>a'S<>rtiiipni des psainncns et deMancHea tlmm.>|^.>%.ytk 

g C'était an droit «ut ■« vin vendu an «oKm, » ioiiih«ux. « Bontgivm Eiv« lt«ila'Vinl'*, dit One ébatte de tïffl (Ârthimh 
l'abbaye de Pibnc). (n. e.) - (t> C'wt une vaiianta de bout. (n. b.) 



HC -i 

Bussiers , wiftaf. maiC. ptar. Sorte d'officiers. 
Ceux qui marquoient te k^s ponr lesofttcli^rsde 
cuisine; ils sont compris dans l'Etat des Ufliciers 
dû duc àe Bourgogne, p. 60. 

Bussole, subst. fém. Boussole (1). 

■VARIAWTEB : 
BUSSOLE. Honet. Dict. 
BuxoLE. Nicot, Oudin ël CotgravB, tHct. 

Buste, subst. masc. Bma. Morceau de baleine 
en usage pour le corps des femmes. ;Ijict. de Monel .] 

■ K'ont point fait difficulté de porter des bî(Stes (9), 

• aux dépens du fruit qui estait en lear ventre. • 
(Atiologie pour Hérodote , p. 300.) 

SRt, subst. masc. Ce mot subsiste. Or dtsSR 
autrefois : Se donner le but, pour se donner rendez- 
vous ou fixer l'heure du départ. • Ceux de Bene^, 

■ <ei d'autant dévoient aller au marchédeBourgueuil, 

■ el quelques anss'étant donné le but, pour partir 

■ de bonne heure. ■ 

Bntoge, subst. masc. Sorte de droit. Le butage, 
au Senttuteiit de quelques-uns, éloil te droit qu'on 
«miellé forage ; d uuties croient que c'éloit celui de 
pUnler des vignes, appelé encore à présent, d*ns 

Îuelques provinces, boulage (3). (Hist. de Blois, par 
.Aerniflr.4 

Bute , subst. fém. Petite élévation. — Terme de 
chasse. — Bul. — Croisière d'une raine. 

Ce mot, au premier sens de petite élévation, vient 
du mot t)reton both [\), élévation. • Si vous voulez 

■ tendre aux aloes, tendez cesie raie à quatre 
< grilles, eu une bruière vive, et mettez ung hishe, 

• :au meilleu de vos deux raiz, en une fosse, sur 
( ting chambel qui est d'une verge fourehée, et 

■ 'lueUez vosire huon sur une bute assés haultes, 
. etc. • (Modus et Racio, fol. 84.) 

Delà, ce mot s'est employé en parlant des fumées 
du cerf. • Laisse le cerf des ftimés eu forme de 

■ dates, et mules, et ne s'entretiennent point; et si 

■ tu les treuvesd'iceiles formes, eterosses, et les 

■ butes sans pignons, et bien peu d'auties noires, 

■ et fermes, etc. > [Modus el'Racio, fol. 4 ) 

Pyr extension de la première acception , ce mot 
3'«stdit poor 6tit,'en,général, point marquéoit l'on 
doit arriver, où il faut viser. 
Plus on sSuie 
Près de la bâte, 
Hobn on vn drvMI. 

La BUuo in» Fwlcai Amoun. p. ne. 



BU 



Butin, mtlmt m^me. te moi subsiste, Héiuiire, 
■ttlherhe, p. 9A^ Anus ses remarques sur ta 
liiigtte, a observé <|ue ùh Bellay, dans sa Mussh 
gnîomachîe, a nsr^ de ce mot au ploriel. 

On disoil nutrefoîs: 

Etre à butiu^ pour le pariagQr. Le Jouvencel 
dit'^ c Noos serons tous à butin ^ aussi bien ceulx 
t de dehors, comme ceulx de dedans (i). « (LeJouv. 
IBS. p. 383.) 

Butlnement, subst. moêc. L'actien de buliser. 

Butiner (^ïy, verbe. 6e roo4 subsiste ; il si^rnifle 
Mruire ou envahir, dans une pièo^ intilulà^ le 
^NpiQpbe de TAgneau. 

BecoM cel»iy qp\ a saisi le forty 
Et miHfié Tempire de la mort. 

Lw Marg. de U Uarg. T. 1, ffil. iOt, R*. 

Bntlnenr, mbst. mase. Sorte d^ofHciers. On 
âppeloit butineurs tes officiers préposés à la garde 
et à la vente du butin. Luxembourg ayant été pris 
d*assault, par les gens du duc de Bourgogne, en 
1443: « Quant nu fait du butin, il fut erié que cha- 
M am (de quelque estât qu*il fust) se iirsdi devers 
^. lftfi|ngneur de Fernant et le signenrde Humieres 
« teui furent ordonnez 6u/iHt^r« (3) et avecquesenUc ; 
« Guillaume de Grevant el autres) et que tous As- 
< sent serment de rapporter es mains dMc-eux tout 

« le butin, fssL or, argent, elc Guillaunie de 

« Grevant fust butineur public, et vendoit le butin 
« sur un estai, et crioit une fois trois fots^ qui 
« mouH bien U»y seoit. » (Mém. d'Ol. de la Hardie, 

Liv.),p.9BM 

VARIANTES : 

BUTINEUR, BuTiKiER. Mém. d*Ol. de la Harch. L. I, p. SPl. 

Butineux^ âdj Qui fait butin. 

Si je ne mtisbutimèreà la pri$». 

J. fTAïaiia. Annal. 4* Uni» XU, ^f SOI. p. W. 

vAWAîrre*; : 
. DUMfWEUX, BuTiNiBB. J. d ÀiU. Aon. 4e Louis, XII, p. 328. 

Botoesne, mbst. fém. Belouane (4). Soiie de 
plante. (Dict. d*Oudin et de Cotgrave.) 

JS9va|>Ie, adj. Potable. 

Ym clair, sain et h^ivant, 

Corlois d*Art. 118. de S. Germ. fol. 8S. V* eol. f . 



VABiAffvs : 

BUVABLE. Dict. de Cotgrave. 

BuVAJirr. Cprtpis d^Àrtois, MB. de S» Germ. C6l. 83, ¥f. 

Buvande, mbst. fém. Vin de dépense, vin ie 
valets. Ce mot est expliqué par piquette^ enœre 
usité en Normandie. 

VARIANTES '. 

BUVANDE, Beuvande. Dict de Monet. 

Buveau, subst. masc. Buveur. « Li mieidre 
« buvedrent home sont en Englelerre » (Poës. vss. 
avant 1300, T. lY, p. 1652.) Oq lit buveors, éam un 
autre us. C'est la même leçon. 

On disoit proverbialement : Li hwêeor d'Auxmre 
et buveax de Barnei. (Yoyez Poës. vss. avant 1300, 
T. IV, p. 1651.) 

VARIANTES : 

BUVEAU. Dict. de Cotsrave. 

auTBAX, plur. Poêa. MSS. avant 1300, T. IV, p. iâSà. 

BuvBOR. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. i«iBl. 

BuvEORS. Poëa. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1631 

Bbvbrb. Ph. Mouskes, p. 4V5. 

Bkuvron. MoiiHt, Nicol et Bob. Est. 

Buvedrent, Bunbdrent. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1662. 

Bnver, verbe. Ce mot subsiste sous l'orthographe 
de boire. On a dît au figuré : « En corps et en oer- 
« velles son branc fait partout boivre(^). » (Ger. de 
Roussillon, ms. p. 56.) 

De la pueur a tant beu ; 
Tout en a le cuer esp^rdu. 

Batrubert. f«bl. MSS. do R. iT 7906. p. |9. 

Remarquons quelques expressions et façons de 
parler proverbiales auxquelles ce verbe a donné 
lieu (6) : 

!• Boire Sautant, pour s'enivrer. (Le Jouveac. 
fol. 59, V«.) 

2** A boire et à mangier, c'est-à-dire tout son 
saoul. (Eust. Desch. Poës. mss. fol. 439.) 

3» Botrê en drmofselle. C'est boire avec avidité. 
(Oudin, Dict. et Cur. Fr.) 

4" Boire en chantre, eu sonneur (7). Yoyez l'origine 
de ces façons de parler dans Du Tillot. (Hist. de la 
Fêle des Foulx, p. 31.) 

5" Boire sur le premier cuir qui viendra, pour 
boire d'avance sur un produit quon attend. (Apol. 
pour Hérodote.) 



(f ) Le mot se trouve dans Comminps (}{y. III, § 16) : c Geste nouvelle ouverture fut que le roy et eux retournassent en 
Ér pfeinv^re et ancienne aniit*é,.et qu'eux d'eux. A b¥iin, entropris^ent toute la conqueste d'Italie et à comnviin» d^>«pen«. » 




jfmoMt à b^^io et à moitié à eulx dfux, coiitm le suppUant. » (JJ. 164, p 258, an. 1410.) — (2) Le verbe se rencontre plus tdt 
qmele^Btiostaiitif^ dés le xiv* siècle : c Les biens, pnns par la maniéré que dîst est, furent là entre eulz botiné et distribué 
Mip duisciip sa portion; et ainsi comme il bptinoient losrlisMens. • (JJ. 101, p 9, an. 1363) (n. e.) — (3) On lit an rog. 
1/7406, p. 452, an 1470 : c Jeban le Bogue, escuier homme d'anmis, soub^ la charge de nostre armé et féal cousis ft 
ftniirillrr radmiral de France, et buUnier de sa dite conipaisnie, de la destrousçe qui fut fiite en Guv^nne. » (n. s.) — 
HP Le OK>t se rencontre dés le xiiP siècle : c Rue, vetoirw o teriuentine. » (.Vs. S* Jean; voir Littré, E, ^, col. 2 ) (N. SO 
70) On IH d^jà dans la Chanmon de Roland (str. 176): c Li mieux (i^ariz en ont boûd (a^ sont novét^) itant. i LHnAnMf 
ftotvrtf, que La Cnrne cite d'après Gérard de Roussillon, se trouve au Livre des Métiers (p. 202) et dans Joinville (édition de 
^' "1p %J^)' Dans la citation, boiwre signifie trem^r. (N. js.) * (|5) Voyez le liv. 1*>', chapitre V, de Rabelais, oji l'on trouve 
id nombre d*expre8si*ms proverbinlea relatives -«l'i Vin et aux buveur^. Cotnparez aussi le livre des Proverbe$ de 
, X. \fn-^. (ff . B ) - (7) Eudes Rigdud, archevemie dé Rouen (121$^-1275). donna à son église une grosse cUicM, 
suniomnia /a Rîgnude; c comme elle est Ci^rt difficile à ipottre en brnule, les sonneurs^ après avoir eu b^aiicottp & 
line, alloient boire d'autant. » On veut même que rarchevéque ait légné iipe somme d'argent spécialement 408tiaée g q$t 
usage. De là le proverbe : c Boire à tire la Bigaude. » (Mauuscrita de Gaiguiéres, Prov. Fr., 1. 1.) (N. B.) 




BU 



— 164 - 



BU 



6^ Faire boire en un toulier percée c'est-à-dire 
punir. ^Nuils de Str; par., T. I, p. 134 ) 

7* Qui a les covps^ si les ftotve. Nous disons, en ce 
sens, nui fait la faute la boive. (Le Jouv. fol. 59.) 

8* S*il fait folie^ si la boyve. (Roman de la 
Rose, 13397.) 

Conjugaison : 

Beit^inû. prés. Boit. (Marbodus.) 
Bera, futur. Boira. (Hodus et Racio, fol. 227.) 
Bevant^ part. Buvant. (Fabl. mss. du R.) 
Beue^ part Bu. (ïbid.) 
Beumes, prêt. (S* Bern. Serm. Fr.) 
Bevommes, ind. Buvons. (Fabl. mss. du R.) 
Beura, futur. Boira. (Apol. pour Hérod. p. 176.) 
Beuron, futur. Boirons. (Chron. S* Denis.) 
Beurons, futur. Boirons. (Rabelais.) 
Beurez^ futur. Boires. (Fabl. mss. du R.) 
Bewoyent^ imp. subj. Boiroient. (Apol. p' Hérod ) 
Beurront, futur. Boiront. (Chasse de Gast. Pbéb.) 
Boie^ subj. Boive. (Vœux du Paon.) 
BoivanU partie. Buvant. (Moyen de Parvenir.) 
Boty prêter. But. (Fabl. mss. au R.) 
Bueve^ subj. Boive. (Fabl. mss. du R.) 
Boverat, futur. Boira. (S* Bernard, Serm. Fr.) 
Bui, prêter. J'ai bu. (Dict. oeBorel.) 
BureZn futur. Boirez. (Rabelais.) 
Buront, futur. Boiion. (Gacede la Bigne.) 
Buvent, indic. Boivent. (Rob. Est. Gr. Fr.) 
Buveroit, imp. du subj. Boiroit. (Hist. deB. Dug.) 
Buvra, futur. Boira. (Gace de la Biçrne.) 
Buvroit, imp. du subj. Boiroit. (Fabl. msb. du R.) 

VARIANTES : 
BUVER. Rob. Est. Gramm Fr. 
Bbivrb. Mnrboiliis. col iOHieti670. 
Beuver. Sagesse de Charron. 
Bbevê (a), pour à boire. Marbodus, col. 1670. 
' Bhevbr Rreuver 

Brîvre Ffthl. MSS. du R. n* 7218, fol. 131, R» col. 2. 

BoYER. GloAs. lat. de Du Gange, au mot Panû fortia. 

BouiR. GiOHS. du P. Marlène. 

BouiRE. Contin. d»^ G. de Tyr, Martène, T. V, col. 587. 

BoiVRB. S« B»»rnard. S^^rin. Fr. MSS. p. 161. 

Boire. Orthogr. subsist. 

BovRE. S* Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 327. 

BOYRE Roman de la Rose, cité ci après. 

BOYVRB. S^ Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 119. 

Buvereaii, subst, masc.Peiil buveur. Diminulir 
de Bu VEAU ci -dessus. 

VARIANTES : 

BUVEREÂ.U, Beuverbau. Oudin et Cotgr. Dict. 

Buverle, subst. fém. L'action de boire. — 
Terme de jeu. 

Ce mol, au premier sens, si^niHe boire ; sans chan- 
ger d*acceplion, il désigne allégroriquement 11vro- 
gnerie, dans ce passage: « Eu ces caves, et celliers, 
« damoiseile Buverie y tenoit son règne. » (Le 
voyage du Chevalier Errant, fol. 42.) 



Comme en terme de jeu, bfweries^esVàit d'un dé 
qui, sur un éobiquier, touche également une caae 
fioire et une blanche, qui empièle du .noir sur le 
blanc. 

Ponr XX francs, gettez ; le vneil ; 
Vh, gahigiiez; va veaz vous à TeU 
Qu'il est ou blanc, sans burene (1). 

Eosi. UeMh. Poét. UàS, fol. 8TS. etl. 9. 

VARIANTES : 

BUVERIE Cotgrave, Oudin, Dict. 
Beuverie. .Nicot, Monet, Dict. 
Beuverye. Dict. de Cutgrave. 
Beuvetkrie. Enst. D«»8ch. Poë». MSS. 
-BoissoNNERiB. Oudio et Cotgrave, Dict. 

Buvetage, subst, masc. Sorte de droit sur les 
boissons Celui qui se perçoit sur le. vin que 1*00 
boit dans les cabarets. (Voyez Du Gange, Glosa, tat. 
k Bufetagium.) 

Buveter, verbe. Boire à petits coups. C*est le 
fréquentatif de Buver ci-dessus. 

VARIANTES 

BUVETER. Nicot et Cotgrave, Dict. 
Bbuvetbr. Dict. de Monet. 

Buvrage, subst. masc. Breuvage, boisson. 
« Fcronscharger des vivres en chais, et en char- 
« rettes, comme breuvages (2) , pain et chars. » 
(Modus et Racio, ms. fol. !294.) 

VARIANTES * 

BUVRâGE. Chron. de S^ Denis, T. I, fol. 41. 

Reuvrage. Mo<1us et Racio, MS. fol. 294, Y*. 

Beuvraige. Ibid. fol. 296, R«. 

Buvratge. Eu.«t. Dc^sch. Poës. MSS. fol. 448, col. 3. 

BoEVRAGE. Poes. MSS. avant 13U0, T. UI, p. i2A2. 

Beveraje. Poë8. MSS du Vatic. n» 1490, foi. 108, R«. 

BeVrage. Ord. des R. de Fr. T. lU. p. 436. 

BuvAiGE Journ. de Paris, sous Charles VI et VII, an i4S0. 

BuVAGB. Dict. de CoUçrave. 

Bruvaige. Vigil. de Chiu-les VII, T. II, p. 77. 

Bruvage. Monet, Oudin et Cotpxave, Dict. 

BoiVRE. S. Bernard. Serin. Fr. MSS p. 161. 

BoYVRE. S. Bemara, Sf>rnrï. Fr. MSS jp. 142, 162 etpasaim, 

Brovaige. s. Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 382. 

Buy (3), adj. Vide. (Dict. de Borel.) C'est vraisem- 
blahlement une faute pour Veut, que Ton verra ci- 
après. 

Buyaille, subs^ fém. Sorte de droit. On nommoit 
buyaille^ et cuisson de four^ une sorte de droit sur 
les fours banaux. Ce mot dérive de buvyd qui, en 
vieux breton, sigiiine nourriture, mungeaiUe. 
(Glossaire de l'Histoire de Bretagne.) 

Buyay, subst. m^isc. Peut-être faut-il lire 
d'aiguës. Ce mol semble désigner Thàtel-de-ville de 
Bourges, dans le Procès de Jacq. Cuer, ms. p. 157. 

Buyer, subst masc. Buis. (Nicot et Cotgrave.) 

Biiyser, verbe. Boucher. (D. d'Oud. et de Cotgr.) 

Buythen dragher, subst. masc. Nom d*un 
officier de justice. 11 est en usage dans le pays 



(1) Dès 1360 (JJ. 168, p. 148>, on lit : c Avoit accoustumé à faire en la paroisse de S. Nigaise de Rouen pliiseurs buvenea 




6t abouUssant à sa bonde (Eaux ei forêts), (n . B.) 



«HS -- 



CA 



Ça devant, pour ci-devant. (S» Athanase, Symbole, 
2* traduction.) 
CM et cha, pour çà^ei là. 

YARIANTEft : 
ÇA.. MS. dé S» Gelaifl^ p. 61. - Cymbalum mvndi^ p. 63. 
. GAT at Ça. Gér. de RouseiUnn, HS. p. 170. 
Gha. Dict. de Borol. - H. des Trois Maries^ ^^n ver% M8. pw 2M. 

Ça (I), adverbe de temps, ou de lieu. Ci et ici. 

Ça devant, pour ci-devaot. (S^ Âihaa. Symb. fr. 
2« traduction.) 

(fe ^ arrière, pour ci-après. (Duchesne, Gén. de 
Gliastinon, Pr. p. 56.) « Pour esohiverdescopt qui 
« poist estre ça en arrière mes enfans. » 

^ ert arriéres, pour ci-devant. (Gér. de Bouss. 

m. p. 17.) 

Çaien arreres, pour ci-devant. (Dacheane^ Gén^ 
d9€hasleigner, p. ^28.) 

Çai et cay en ariei^es , pour en arriëre. (Pérard, 
Hist. de Bour^. p. 478 ) 

Cay en arriéres, pour ci-devant. 

Ce n'est pas ce que dire cay en artHeres soloit. 

Gër. de Rjosailloa, HS. p. 96. 

Zaî ^nat, pour çà et là. (S* Bernnrd, Serm. fr. 
Mss. p. 122.) 

Za, %ai, et zay-en ayere, pour ci-devant. (S*Bern. 
Serm. fr. mss. p. 92.) Ces mots, dans S* Bernard, 
répondent :iu latin olim quondan. 

Zay davant, pour ci-devant. (S' Bernard, Serm. 
fr. MSS. p. D8, dans le latin aVquando.) 

Ça marquoit aussi le temps, et l*oa écrivoit çà et 
clia en arrière, peur ci-devant, autrefois. 

Comme je t*ai dit, par ça darrière, 

PaM. IIS. du R. H- luit, T. U. foL 168, W ctl. t. 

Qui ne vielt corechier Dieu, en nulA manière. 
Qui son servige fait^ et gui s*amor a chiere, 
Celui doit Diex oir, et faire se prière 
Si eom à ses deeiples pronrit cha en arriéré. 

\\m dm SB. MS. de Serb. ohif. ulvu. col. il. 

De là, ce mot, comme adverbe de temps, signifloit 
tantôt. 

S'à vostre mengier estes d'anowie gent sorpris, 
Qu'il viengnent sans viande, ça cinq, ça 9ept, ça dix. 
Ne devez sauibians fere que vous estes esb^ihis, etc. 

AM. MSS. 4a R. n* lilS, fol. 334. n* 12. 

Notis venons de dire quecto s'écrivoît pour ça. 
Les paysans prononcent encore ainsi en Normandie 
et dans quelques autres {M*oviiic8s ; par conséquent, 
le mot cha avoit les mêmes signiftcation^ que ça. 

Des lors encha, pour dorénavant. (Fauchet, Lang. 
et Pôës. fr. p. 197.) 

. Ça subsiste encore pour désigner une sorte de 
commandement; mais on n*écrft plus cha venez 
êone, pour ça venez donc. 

VARIANTES : 
ÇA., Cai, C*at, Gbai. 

Gaagete, subst, fém. Diminutif de cage. On lit, 
m parlant de la pipee: « C*«8l ta def du mestier 



« qfned^avoiFptQçons'Men apiienaas;, en la HfM^ 
< et es caagetes. » (Modus et RaciD^ Ma^ UAi iMi): ' 

vABiAicTBs : 

GAAGETE, Gaobte. Modus et Haclo, HS. fol. 1B6, V^. 

Gaaine , subst. fém. Chatne. « Priatrant le port 

« parforce, et rompirent la coain^, qui mult ère 
• fora, etc* » (Villebardouin, j^. 39.) 

VARIANTBS .' 
CAAINE. Villeh, p. 29. 
Chebne. Athis, MS. fol. 14, Tp cdL % 

Caasté, subst. fém. Chasteté. 

Amnrs demande caasté 
En fais, en dis, et en pensé. 

PiM. MSa. <b H. if INI, Ml 6fb 



ir«at. 



YARTAHreS 



CAASTÉ. Fabl. MSS. du R. n« 79â0. fol. 65»/«V«9USU 
Caste. Ghaasté. Modus et Hacio, MS. foL JSS 

Cababezacé. part. Ce mot est composé de 
cabas, panier, et de bezace. Nous le trouvons dans 
la Bibliothèque allégorique et burlesque de S* Victor; 
on y lit : « Le bontevent des alcbymistes, la nicque 
« nocque des questeurs, cababezacée par frère 
a Sarratis; les entraves de religion, etc. » (Rab. 
T. Il, p. 76.) 

Cabale , subst. fém. Ligue. — Secret , moyen 
particulier. — Culbute, chute. 

Les acceptions usitées de ce mol ae sont point 
de notre ressort. 

Comme il subsiste encore , pris dans le sens de 
ligue» nous ne remarquerons autre ciiose sur cette 
acception, sinon qu'elle est ancienne dans notre 
langue. Dès le temps de Grégoire de Tours, on dîsoK 
copulam fingere, pour former une ligue; ce qjui 
semble designer le mot latin copula (2) pour Tétymo* 
lo^ie de notre mot cabale^ pris dans ce sens. 
L*etymo1ogie n*est plus la même, lorsque ce mot 
est employé avec les significations suivantes. 

On s*est servi du mot cabale pour signifier du^ 
secret, un moyen particulier. Par allusion ausecr^ 
cabalistique, Brantôme, parlant de Sf. d^EpernoOi 
dit : « Celui-ci s*est avisé d'une cabale ffœcow^mle, 
« à laquelle les autres n'avoient jamais jette l'œil. ? 
(Cap. fr. T. IV, p. 323.) Alors il est évident que 
eabale vient de Thebreu, comme ce que mus 
nommons la cabale. 

La seule ressemblance de eulbtite avw eahtde a 
fait employer ce dernier mot dans le aeos 4t 
premier. De pareils fondemenssufflsoieataatrefob» 
du moins aux poètes, pour préte#* aux mots des 
significations fort différentes de leur mtA sens. 
Cabale est pris manifestement pour chute, culbute, 
dans ce passage du Blason des Faulces Amours, 
p. 251 : 

Voy la cabale 
Fort lamentable 



(i) Ce mot se trouve d^jà dans la Chanson tie Roland <str. 132> : a Terre major moult e^t loin ça devant. • L^ôtymologie 
serait ecce hac, voilà par ici. (N. E.) — (2) On lit au Cirtulaire de la commune de Ham : c Nullus famulus H^mensis 
domini^ neqne castellani, accipiat copulam. a ni f une m in foro •; ia traduction c^mi^mporaina donne: « .Vus ««woajM li 
•eignf'ur, ne \\ castellain de flam ne prenge couplet ne €i>rde au m^rquié. » Puisque copulam aat iruàm^ fiit ç^mpm, il A*a 
pu donner cabale. Ce mot ne se trouve qu*au xvi* siècle et viendrait de Thébreu. (n. e.) 



CA 



— tes — 



CÀ 



le tt. OB a dît cëbanet de papier^ pour mitre de 
p^ûer. Dîet. d'Oudiu et de Cotgrave.) 

▼AKIA!CTGS I 

CAi^ %^SCT. Hist. de la Popetiniére, T. I, fol. 50, V«. 






, sutef. maic. Trompeur, voleur. 

à tes gnns cnbiUMeurt^ 
d'amies ont cabasseï, 
crétins, et leurs cabassasseurs. 

^i»l. 



TAïuAims : 

GABEUAU. Ftbrû Art. de Rhét. Uyto H, fol. 57. 
Kabkuau. Da Gange, Gloes. lai. au mot Cabelgenêeê. 
Cabillao. MolineU p. 172. 
Kableau. Dq Cange, ti6t n^prà. 



CadMit, S!ftel. masc. Mesure de blé. (Dict. de 
Borei et Corneille.) 

Caban, subst. masc. Capital. Cabale en tangage 
toulousain, veul dire le fond d'un marchand, et il 
s*entend communément d*un capital qui produit 
prolil. C'est en ce sens qu'il est employé dans un 
règlement de 1672 , pour Monlauban. « Permet 
« S. M. d'imposer Tinduslrie, cabaux et meubles 
• lucratifs. > Nous disons encore le capital d*une 
rente. Il y a apparence que cest de là que viennent 
les mots' captais chaptal^ chetei; mais cela n*est 
pas certain, et c'est pourquoi nous ne les réunis- 
sons point sous celui-ci. L^ mot catel et ses 
orthographes appartiendroient plus prt>bablement 
à cabau, La signitîcation est la même. (Voy. ce mol.) 

VARIANTES : 
CABAU, Cabal, Caban. 

Gabeçon, subst. masc. Cavecon. vDictionnaire 
de Cotgi*ave.) 

Cabée, subst. fém. l/étymologie de ce mot 
semble venir du gascon cab^ tète; en effet, dans le 
patois du Béarn, on appelle : • Dimenge cabée^ le 
« premier dimanche de carême ;9NiisiîRrii/ii7^(l;. • 
(Yoy. Du Cange, au mol Dominica quinquageshnœ.'^ 

Cabeliau, subst. masc. Poisson, espèce de 
morue. — Nom de taictieux en Hollande. 

Ce mot est employé encore aujourd'hui pour 
désigner un poisson de mer qui est une espèce de 
morue, et Ton écrit cabetiau. 

Ce fui autrefois le nom que Ton donna à des fac- 
tieux en Hollande, vers Tan 1350. Un Cangeen parle 
dans son Glossaire, au mot Cabelgenses ^^)»et Moliuel 
dans le i>assage suivant : 

AigrPDiPnt en Hollande 

ll*'ua s«'S cu6i//uiix... ^ 

PiiuJreiit piir vuilkintise 

La ville de Dordrec. 

Molinl. f, 171 

(i> Dn Ongp emprunte celte explication à MarcQ, Hist. du Béem« liv. VI. ch. 24, n. 9 : le passage suivant, d'un Concile 
de Naibuuuf de 1164, tieniUe la coitiimer: « Donûnica prima, quse est «nte capui jeitmii. > (N. B.) — (S) Du Cange cite là 
Jean de Lfyde (l. ^, c. 16>. • Ânno D. irSOorts sunt, pro dolor ! m Hollandia duse factiones seu putialitates... hominea 
Tero unius factionis assunipsemnt nomen a quodnni pisce nMini;o« qui lU^ ittir asellns« i. e. cabbtfiyau^ ad denotandnoi, qiiod 
sicut piscis ille in mari e«i devorator alinniii! pi>cîum. sic et isti essent doniit«M-es stiorum adversarionim ; et isti dicuntur 
cab€lgen*e9. » Les autres au contraire : • Sun! htteckenses, trahentes voc»l>uluni ab hamo, quasi dicerent : hamns pisoem 
prendere solet. • De là dans un reg. de la Ch. des Con>pies de l.i!te (an. t4i8> : « Item est ordonné que nul d'un cosié ne 
d'autre.... ne reproiiche à austres aucunes choses pass*>es à t\>ccasion de cette jeuerre, ne ne parle diireseii'tTan de houCy 
ne de cabillou, sur peine d'en esire pugiiy. » (n. b.) — (3) On lit dans Knbelais : t Cabiroiades^ longes de reau. • {Pantagrud^ 
IV, 59 ) Montaigne ilV. 306) a aussi écrit * • Vous trouYerei qu'il n*y a rien si fade, entre tous les mels de vostre tabK qoft 
ce tel enlr*-tiHn de son ame, et que son discours et intention ne vaViit pas ▼ivslre c<jpiroia*fe. » il faut peut èlre remonter 
à l'espagnol eupirote^ chaperon, et entendre à lorigiiie le pl:«t au ihapen^n. (M. K.l — «4> C»» devait être un écoMme. ff^ 
Revue des Queiiiowa àiaiorîçaei (ig76» » tiacicttle), im> èUMte de IL G. BourfaoQsuroe pennanagn ai ^ ' ' '' 
églises. (N. B.) 



CUibessal, subst. masc. Espèce de coussin. Celui 
qu*on met sur la tète pour porter des fardeaux. 
(Dict. de Borel, au mot Cabasset.) 

Gabezzncco, a^;. Espèce de sobriquet. Les 
Italiens, qui haissoient Charles VIll, le nommoient 
ainsi. C'est à ce sujet que Brantôme dit : • Qu'ils 
« ne le regrettèrent guères, et par dépit Tappelle- 
« renl Cabezzucco^ qui est autant dire testu 
« et opiniaslre; mais plus tost faut-il dii'e qa*U 
« esloil résolu, courageux et déttfrminé en 860 
« entreprises. » ^Brant. Cap. Fr. T. 1, p. 23.) 

Cabirotade, subst. fém. Capilotade. Ce mot 
a peu changé et il a conservé ses mêmes acceptions, 
tant au propre qu'au figuré; il seroit superflu de 
les détailler. 

TÂRUÏfTES: 

CABIROTADE. Rabelais, T. I, p. i3t, et aiUears. 
Capirotade. Montaigne, Essais, T. III, p. 607 (3). 

Cabiscol, subst. masc. On dit encore Capiscol^ 
pour désigner le chef ou doyen dans plusieurs 
chapitres et églises cathédrales et collégiales de 
Provence et de Languedoc. (Gloss. lat. de Du Cange, 
aux mots Capischotus et Primice)ius{i). — Voy. 
Favin, Théàl. dhonn. T. H, p. 1151.) M. de Fleury, 
dans ses Inslit. au Droit ecclés. confond le Capiscol 
avec récolast.e. \J. I, p. 360.) Capiscos est expliqué 
ea ce dernier sens dans les Dict. de Borel et de 
Cotgrave. ;Voyez aussi Laur. Gloss. du Dr. Fr.) 

TARIATTES : 

CABISCOU Cabiscolb, Capiscos, Capiscol, Capisiblx, 
Capisouolk. 

Câbler, i^erbe. Terme d'argot. Pasquier reproche 
à Garasse deii avoir fait usage. Il semhie signifier 
tondre sur un œuf. ^Defeuse pour Est. Pasq. p. 89.) 

Gabloc, subst. masc. Espèce d'insecte. On voit, 
par le passage suivant, que cet Insecte se met 
dans le blé. 

S'ils cueillent de bon grain, en nos terres qpiils tiennent. 
Us en fiMit de Targent. ou c'est poar leur amas ; 
Si rœiU ou si la mouche, ou le coà^oc y Tiennent, 
Quand le sergent ira, ce s* ra tout le ^s 

■M. «^Wi T • 



GA 



— 169 - 



G A 



CSaboce. gubst. fém. Tête. On dit encore dans 
ce sens, caboche (1). « Les pucelettesavoient entour 
« leurs cavece^ estroites guimplettes, etc. » (Percef. 
Vol. Il, fol. 117.) 

VARUNTES : 

CABOCS. Poés. MSS. avant 1900, T. IV, p. 1399. 
Cabogbs. Eust. Desch. Poês. MSS. foi. 237, col. 2. 
Gavkcb. Perceforeat, Vol. Il, fol. 117^ V« col. 1. 
Gavkchs. Rabelaia, T. IV, p. 91. 

GaboclMtrd, adj. Tôtu, opiniâtre. (Voy. Caboche 
et GABOGomi ci-après.) 

VARUNTES : 
dàriOGKAtlD. Dict. d'Oudin. 
Cabocbbos. Dict. de Ck>tgrave. 
. Cabochbux. Dict. d*Oudin. 

Caboche, mbst. fém. Nous trouvons ce mot 



nployé comme adjectif dans les Chron. de S' Denis, 
T. 11, p. 66, R% en parlant de Conrard que Ton 
sumommoit, suivant la vie de S' Louis, en latin, 
p. 383, Conrard capuche. 

Caboche est aussi le nom d*un fou qui tira Tépée 
dans réglise contre Henri II, et fut condamna à 
mort, malgré sa folie. (Cherreana, T. II, p. ^9.) 

VARIANTES : 

CABOCHE. CherreaDa, T. II, p. 239. 
Capuche. Chron. de S* Denis, fol. 66, R». 

Gabochenu, adj. Têtu, opiniâtre. (Dictionnaire 
de Cotgrave. — Voyez Cabochard ci-dessus.) 

VARIANTE : 
Caboghx. Dict. de Borel, Cotgrave et de Ménage. 

Gabochlens, subst. masc. plur. Ce nom fut 
donné à des séditieux qui s'élevèrent dans Paris 
sous Charles VI. Ils furent ainsi appelés de leur 
chef Caboche j qui étoit un boucher. 

Gabon d*abelhas, subst, masc. Ruche à miel. 
(Voy. Laur. Gloss.duDr. Fr.) 

Cabot, subst. masc. Chabot, petit poisson. 

N'est pas graindres d*an cabot. 

Hbt. de S*« Léocade. MS. éb S. G€nii. fol. ffi. V col. 3. 

VARIANTES I 

CABOT. Hist. de S>* Léocade, MS.' de S» G. fol. 28, Vo. 
Cabote. Dict. de Cot^pneive. 

Gabouchine, adj. fém, Charles VI rendit, en 
1413, une ordonnance, sous le titre A^ordonnance 
caboucMne^ concernant la réformation du domaine; 
elle fut publiée an Parlement les 25, 26 et 27 do mois 
de mai. Elle est citée dans Tllist. des chanceliers 
de France, par Duchesne, à Tarticle du chancelier 
de Harle> page 421 . 



CBhonme{%subst. fém. Le Ducbat, sur Rabelais, 
T. II, p. 71, explique la caboume des briffaulx, par 
le morceau de drap fait en ovale que portent les 
capucins pendant leur noviciat, et qu'ils appellent 
le capron ou cabron. 

Gaboz, subst. masc. Espèce de sabots. Cabo% 
tomeiz semble désigner une espèce de sabot qu'on 
nomme toupie^ dans ces vers : 

X*ai beax mnseax à museler^ 
J'ai beax firesteax à fresteler, 
Caboi tomeiz (3), et pelotes. 

Fabl. IISS. de S* Germ. fol. 43, R* col. 1. 

Gabre, adj. Sombre, obscur, triste. 

Au temps de ver, qui est saison taciturne. 
Douce et paisible, gracieuse, nocturne. 
Que les étoiles cleres, ne sont point cabres. 

La CLasie et Départie d'Amour, p. 37, col. 1. 

Gabri (4), subst. masc. Chevreau. 



CabriaiLs ki brousteUe. 

Hue de S* QuenUo, Focs. MSS. avant 1300. T. m, p. iSi. 

On a dit cabriots, en Gascogne, et crabit, dans 
le patois languedocien. 

VARIANTES .* 

CABRI, Caprit. Du Cange, 61. lat. à Cabricias et Capritus. 
Crabit, Cabuil. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 116, col. 3. 
Cabirots. Dict. de Cotgrave. - Rabelais, T. IV, p. 850. 
Cabrois, Kaurois. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1252. 
Cabreaus, jp/ur. Ibid. 

Cabriaus. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1251. 
Chevriax. Fabl. MSS. de S» Germ. fol. 23, R« col. 3. 
Chbvrois. Du Cange, au mot Capriolus. 

Gabrote, subst. fém. Celle qui garde les 
chèvres. 

Diex U ait bergère 

gi en Terbois ; 
omment as nom? sans gabois. 
Dis le moi, à note : 
Pour itant que gart cabrois, 
L'apel on ciibrote. 

Hue de S* Quentin. Poèt. MSS. ayant 1300, T. III. p. 1959. 

Gabuceau, subst. masc. Couvercle (5). Mot du 
patois de Marseille. 

Gabuier, subst. ma«(;. Ce mot se trouve employé 
dans les vers suivans : 

Curez, chappelains, et chanoines, 
Dovens ruraux. maregli<Ts, moynes 
Cahuyers (0), clers, gens mariez 
Y son chacun jour tariez. 

Euit. Detch. Poea. MSS. fol. SS3, col. 2. 




(1) Od Ut au xu* siècle, dans la Chronique de Normandie (t. II, y. 22296) : c Qu'ainz perdreit chascon la cahoce, S'U en 
anwpo'-'' '*" ~^ "^ '^ — ' *^' i*— - — 1- 1-_:«^ -.w.^* 1 _x .- * « ... 

•oriout 

gras moutons, caùrits et agneaux. » Déjà on lit dans la loi saUque : c Si quis capriturriy sive capram furatus fuerit (tit. 5). » (n. e.) 
— (5) On Ut dans un ancien inventaire de S* Victor : « Item unam navicuUm argenteam pro thure tenendo habentem 
€Qbuê9eUum frechissum. » Dans le statut des selliers d'AbbeviUe; cabusser a le sens de bosse : c Que tous ouvriers de 
selles... feront seUes dont U archon seront cuirié de nœufve toiUe;... et n'en porront nulz curier quand il verront des 
eabuswen. i Encore aujoiurd'hui, dans l'Ouest, cabosser a le sens de bosseler : il faut remonter a caboche, (n. e.) — 
(8> Cabu/^ern signifiejpeut-étre coiffés de capuces; nous avons encore en français cabus^ chou à tête. Enfin on lit au reg. 

" : ff Et ainsi qu'U le tenoit à la chevessaille ou chabutz, i (n. b.) 



}J. 197, p. 88, an. 1409 : 

m. 



» 



CA 



- 170 — 



U^a. 



Gabasementy subst. masc. Artifice, imposture. 

C'est une grant forsennerie 
Trouvée du cdbusemetit (1) 
Au deable, qui contreuve, et ment^ 
Pour décevoir la simple gent. 

Modut et lUdo, MS. fol. K8, V. 

Gabusser, verbe. Faire la culbute. — Pommer 
comme un chou cabus. 

Nous avons vu cabas, ci-dessus, pour culbutte, 
de là cabusser, pour faire la culbute. (Du Gange, 
Gloss. lat. au mot Accabusarb.) 

On dit encore aujourdMiui chou cabus. C*est de 
ce moi que mbusser (2) tire sa signification propre 
et son étymologie. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Gacaber, verbe. Imiter le chant de la perdrix (3). 
(Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

CacahleySubst, fém Drogue médicinale. « Quand 
« Toiseau sera retourné à naturelle matière, luy 
« soit donné, avec le past, pulvis boliarmeni et 
« cacabie. » (Artel. Faucon, fol. 98, V".) 

Gacailler, verbe. Son imitatif du chant de la 
poule. 

Alors on volt aussi la poulie apprivoisée, 
Noble race des coqs, a une voix redoublée, 
Comme l'eau dessus Veau distille, cacailler. 

Berger, de Rom. Belleau. T. I, p. Ii2. 

Gacapuchc, subst. fém. Plante médicinale. On 
s'en sert pour purger les oiseaux de proie. « On 

< leur peut aucune fois donner un grain, ou deux 
« d'une herbe qui est appelée cacapu^he. » (Modus 
et Racio, ms. fol. 127.) 

VARIANTES ! 
CACAPUCHE, Cacapusse. Modus et Racio, MS. fol. 127. 
Gacapuciie, Accapuciie. Modus et Racio, fol. 68, V«. 

Cacassement, subst. masc. Son imitatif du 
chant de la poule. (Dict. de Cotgrave et d*Oudin.] 

Ca-ca-tahou-tahou. Cri de chasse. « L'un des 
« veneurs se doit mettre devant, en eulx appellant 
« en disant corca-tahou-tahouy et les autres li doi- 
a vent chuscier les chiens après^ en disant appelle, 
« appelle, et oultre, ail, oultre, ouitre. » (Chasse de 
Gaston Phébus, ms. p. 188.) 

Cacephaton, subst. masc. Terme de gram- 
maire. Il est tiré du grec xaxé<fatoy, et signifie le 
choc désagréable des mots rudes à prononcer: « H 

< est ung barbare de rude langaige à ouyr, qui 

< s'appelle cacephaton, ou chipsis, comme gros, 
« gris, gras, granl, et crocq, crie, crac, etc. » (Fab. 
Art. de Rhetor. fol. 57.) 

Cachan* subst. masc. C'est le nom d*un village 
près de Paris. On a dit, en faisant allusion à ce mot: 
aller à Cachan, pour se cacher dans la crainte des 



sereens. (Oudin. Cur. Fr. — Voyez l'expresaion 
ci-dessus, aller a Blangi.) 

Cache (4), subst. fém. Poursuite vive. —Action 
de conduire. — Jeu. — Terme d'achiteclure. 

Ce mot, dans la signification de poursuite, s'est 
appliqué : 

l" Aux hommes à la guerre: « La furent, que 
« morts, que pris, en icelle chasse, quelques 1^00 
« Anglois. » (J. Chart. Hist. de Charles VII, p. 193.) 

Lors les acuillent une chace, (al cache) 
Par estouvoir lor tolent place : 
Moult les fièrent, moult les ledengent. 

Athis.llS. fol l»,V*ooL9. 

2r Aux hommes en justice. De là, cette expres- 
sion, chasse à vue d'œil, ou chaude chasse^ pour 
exprimer les poursuites faites contre un criminel 
pris en flagrant délit. (Bouteiller, Somme Rurale, 
p. 830.) Ce motdésignoit aussi celles que font les 
sergens, pour le recouvrement des deniers d'une 
vente. « Pour quoy faire, ils doivent avoir pour 
< leur cache, quatre deniers de la livre. » (Coût. 
Gén. T. I, p. 769.) 

3° Aux hommes dans les tournois, pour signifier 
ravantage d*un parti sur l'autre: « Se nous les 
« pouvons deschevaucher, la chasse sera demou- 
« rée. » (Lanc. du Lac, T, II, fol. 112.) « Advisé- 
« ment tourna une chasse sur eux, qui par force 
« les feist départir. » (Perceforest, Vol. VI, fol. 36.) 

4"" Aux animaux. Nous le disons encore des ani- 
maux de la terre, ou de l'air. On le disoit aussi, au- 
trefois, de poissons. « Ce mot de chasse s'entend 
« de la pescherie, etc. > (Favin, Offlc. delaCouron. 
3* race, p. 182.) 

Bref, la chasse au poisson me seroit le plaisir, 
Sur tous autres plaisirs, que je ^oudrois choisir. 

Rem. Bell. T. I, p. 145. 

Voyez ci-dessous quelques expressions usitées 
dans nos anciens auteurs de vénerie, et qui ne sont 
plus d'usage. Toutes ces différentes applications du 
mot chusse, sont, comme l'on voit, des détermina- 
tions de Tacception générale poursuite, que pré- 
sente ce mot, dans les vers suivans : 

Tant jors, et nuiz ala, 

Par chevax que Ten U bailla, 
Qu'en Flandres fu en peu d*espace : 
Si demora de lui la chace. 

Hiat. de France, à la suite du Rom. de Faavd, MS. du R. fol. 18. 

On a dit chasser, pour conduire des bétes devant 
soi. C'est de là qu'on employoit le moi chasse, pour 
désigner l'action d'aller chercher le grain pour le 
conduire au moulin. « Le dit seigneur a droit de 
« chasse de musniers, qui est que nuls hommes ne 
« peuvent chasser, ne aller quérir le bled par sa 
« dite terre, pour mouldre hors son moulin, etc. » 
(Coût. Gén. T. Il, p. 59.) 



(1) On trouve au reg. JJ. 155, p. 75, an. 1400, la môme racine avec un autre suffixe : « Et pour ce que ce sentoit 
aucunement cabuzerie^ icellui exposant eust dit à Callemel qu'il faisoit mal. Et pour ce qu'il fu trouvé que cVstoit fait pv 
manière de cabusene et déception. <N. E.) • — (2) On lit au reg. JJ. 113. p. 245, an. 1378 : <r Et ce faisoit ledit Robert pour 
cabuser ledit exposant, qui est simples homs. » De là ctûmseur au reg. JJ. 100, p. 609, an. 1370: < Pierre Noblet encommança 
à dire plusieurs injures et paroles deshonnestes... en disant que il estoient cabuseurs^ hoqueleurs et trompeurs de 
gens. » <N. E.) — (3) Paré {Animaux, 25) écrit: « Ils cageollent comme les geais, ils cacabent comme perdris. • (N. s.) — 
(i) Chasser vient de captiare ; la forme cacher est picarde^ car ce dialecte donnait le son ch au c précédant a latin toniqne^ 
deranu e ; mais il gardait au c le son dur devant a initial, (n. e.) 



CA 



— 171 — 



CA 



On disoii autrefois, jeu de chasse. (Voyez Coul. 
de Bailleul.) « Jeu de chasse, ou de paulme, de 

< boules» ou autres semblables. » (Nouv. Coût. 
Gén. T. K p. 987.) Nous disons encore chasse en 
termes de joueurs de paume» pour marquer l'en- 
droit où tombe la balle ; cela se disoit aussi de la 
longue paume, qui est, je crois, le jeu désigné dans 
le passage cité, par Texpression jeu de chasse (1). 

C*est par allusion à ce terme du jeu de paume 
qu*on lit: « Elle étoit cause, parce meurtre du Teu 
« roi, qu*ils teuoient le rang qu'elle chasse, » 
(Brant. Dames Illustres, p. 342.) 

Comme terme d'architecture, on le trouve dans 
ce passage de la Coutume d*Ypres: «Là, où Ton 

< trouve en des murs, des jambages, des chasses^ 

< cessortesdemaniuesdenoltentlemurcommun. » 
(Côut. Gén. T. I, p. 895.) Ce sont des pierres qui 
sont poussées dune face du mur à Tautre. Chasser 
signifloit quelquefois pousser devant soi. 

Nous rapporterons maintenant quelques façons 
de parler et quelques proverbes : 

!• Voye en chace. C'est le lieu où sont les bêtes, 
l'endroit par où elles doivent passer. (Hodus et 
Racio, Ms. fol. 65.) 

2r Corner de chace. « On distingue cinq manières 
« de corner, la seconde manière de corner, si est 
« de chace^ quant les chiens chacent, etc. » (Modus 
etRacio, MS. fol. 27.) 

3» Corner chasse de vue. On lit, dans les vers 
suivans : 

Et 8*il avient que le cerf passe 
Par lieu ou le veneur le voye, 
U doit corner, si haut qu'on Toye 
Plainement, chasse de vue. 

Fout. Goér. Très, de Véo. MS. p. 40. 

4" Etre en chace pour quelqu'un^ c'est-à-dire se 
donner des mouvemens pour lui plaire. 

Si ai duel, et tristece, que U n'a U souvient 

De moi, qui sui en chace por li, quant me sovient 

De sa vermeille face, qui si bien li avient. 

Fabl. MSS. du R. n* 7it8, fol. S74. V* ool. 3. 

5" Venir de chasse^ pour venir de suite. Les 
paysans disent encore en Normandie, ioutdecache^ 

t^our tout de suile, toujours suivant sa route; de 
à on disoit: « Poissons venus de chasse^ sans s*ar- 
• réter. » (Ord. des R. de Fr. T. II, p. 360.) 

6* Chasse-pieds. Terme de chasse. « S'il est prins 
« en un las, ou en autres cordes, il coupera su btile- 
« ment avec ses dents, si on n*y est tantost pour le 
« tuer, aux fossez, aux aguilles, aux chasse-pieds^ 
« ou aux poudres venimeuses, etc. » (Pouilleux, 
Vénerie, fol. 102.) 

7» Chasse-mareCy se dit encore des gens qui ap- 
portent sur leurs chevaux le poisson de mer (2). Cette 
expression est tirée de la signification de chasser^ 



conduire devant eux leurs chevaux chargés de 
poisson ; de là huitres de chasse, cellesqui viennent 
sur les chevaux des chasse-marées, pour les distin- 
guer de celles qui viennent dans les bateaux. 
(Mém. de Sully, T. IX, p. 66.) 

8" Chasse-avant vient de la même signification 
du mot chasser, faire avancer devant soi ; ce mot 
s'applique, dans un sens figuré, à un homme chargé 
de hâter les ouvrages. « Je me suis résolu de te 
« mettre dans le conseil des affaires, pour servir 
« de chasse-avant aux autres. » (Mém. de Sully, 
T. III, p. 84.) 

9° Chasse de marche-pied. Sorte d'engin à pêcher. 
(Ord. des R. de Fr. T. 1, p. 793.) 

10" Chasse-biron. C'est le nom d'une pièce d'artil- 
lerie, au siège de Marans, en 4586. (Hisl. de Thou, 
trad. T. IX, p. 584.) 

!!• Franche chasse. C'étoit le droit de chasse 
exclusif. (Coût. Gén. T. I, p. 393 ) 

i^*" Chasse-pine. Il faut peut-être lire chasse^peine, 
c'est-à-dire qui chasse le chagrin. (Dicl. de Nicot, 
Oudin, Colgrave.) 

13'' La chasse mars, pour Notre-Dame de mars. 

< Depuis la chasse mars, jusqu'à la S* Michel. » 
(Thaumass. Coût, du Berry, p. 194.) 

H"" On disoit proverbialement : « Les uns ont la 
« chasse, et les auLres la prinse. » (Arr. Amor. 
page 113.) 

15" Chasse sans prinse, entreprise sans succès. 

< Besongne entreprinse sans parfaire, n'est que 
« chasse sans prinse. • (Percef. Vol. V, fol. 113.) 

16" Messe de chasse. C'étoit une messe dite à la 
hâte. (Crétin, p. 79.) (3) 

VARIANTES : 

CACHE. Rom. de Rou, MS. p. 20e. 
Chasse. Orth. subsist. 
• Chace. Viilehardouin, p. 149. - Roman d*Athis, MS. ^ 83. 
Chaice. Rom. de Brut, MS. de Bomb. foi. 91, V» col. 1. 

Caché, part. Foulé, pressé. « Le droit de mou- 
« lage que peuvent prendre les meusniers est tel, 

3ue, quand on leur baille bled net et curé, ils 
oivent rendre du boisseau de bled reez, 
« un boisseau comble de farine, et de deux bois- 
« seaux, l'un de la dite farine une fois empli, caché, 
« et pressé avec les deux mains mises en croix et 
« de rechef comblé. » (Coût, de Poitou, Coût. Gén. 
T. II, p. 573.) On dit en Bourgogne, « chouacher le 
a foin dans un fenil », pour l'entasser^ le fouler. 
En languedocien cacha, cauca, du latin calcare, 
d'où notre mot écacher. 

Cache bastard, subst. masc. Sorte d'ajuste- 
ment. C'est ainsi qu'on nommoit un vertugadin, 
lorsque les dames le portoient pour cacher leur 
grossesse. (Oudin, Cur. Fr.) 



(1) D*une manière plus précise, c'est le Heu où la baUe achève son premier bond ; delà les expressions chasse au pied^ pour 

chasse au pied de la muraille, chasse morte, pour coup perdu, (n. e.) — (2) On lit dans E. Descbamps (fol. 439): c Se chevaulx 

à chasse marée Estiei, qui chascun jour sont las, S'estable aviez bien aprestée, Coucheriez vous à tous le bas. (n. b.) — 
é^ r^L * «..î^..-j.u... I- ^u^-«^ A^ «^..^-^ — . — ^t^^ t^^A A^ ;a^^ ^*....:a^ ..^ t^ chasser. C'est ce qui 

aux déffenses. » (Mém. 

I chasse tnorte : e II ne 

nous advint jamais de parier des Jésuites, car alors c'estoit une chasse morte, ou, pour mieux dire, saincts qu*on ne festqit 
nuUement. » (Pasquier, Lettres, II, 609.) (n. e). 




CA -» 

Cachecol, sufis^ masc. Hausse-col. — Fraise, 
gopgerelte. 

Sur le premier sens de hausse-col, voyez les Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave. 

Au second sens de fraise, gorgerette, ce mot 
désignoit une parure de Temme, ce que l'on appelle 
fraise ou gorgerelle. • Les demoiselles de cesle 
« ville avoient trouvé, par insLigation du diable 

■ d'enfer, une manière ae collets ou cachecoulx 
> à la haulte façon. > (ttabetaia, T. II, p. 171.) 

TABUHTES : 
CACHECOL. Dict. d'Oaain et de Cotgrave. 
Cachbcoul, Rabelais, T. Il, p. 171. 

Cachelaid, subst. masc. Masque. C'est en ce 
seDS que Rabelais l'emploie, dans le passade 
suivant : « Ne plus ne moins que font nos damoi- 
• selles, quand c'est qu'elles ont leur cachelaid, 

■ que vous nommez touret de nez. -Les anciens 

■ le nommoient charelé, parce qu'il couvre en elles 

■ de péchez grande multitude. > (Rabelais, T. V, 
page 129.) 

VARIANTES : 



î- CA 

n'y reconnoisse pas noire mot chatser, qui n'en 
est proprement qu'une variation d'orthographe. - 
Choêer est une faute de copiste, et cliesser une 
faute de prononciation. On prononce encore, dans 
quelques provinces septentrionales de la France, 
cacher et la cache, pour chasser et la chasse. 
On écrivoit autrefois indifféremment cacher et 
chacer. On trouve ce mot avec cette deroière 
orthographe dans Eust. Descbamps. 



Cachemain, subsf. fém. Sorte de jeu. De là, 
jouer à la cache-main. Ce jeu, où l'on est obligé 
de cacher ses mains, est en usage en Lorraine, 
suivant Le Duchat, sur Rab. T. I, p. 153, note 90. 

Cachemcat, subst. masc. Action de cacher. 
(Rob. Est. et Co^rave, Dict.) 

Cachément, adv. Secrètement, en cachette. 
(Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) ■ Ce que cachément 
« l'Espagnol a tramé jusques icy contre la France, 

■ il l'exécutera dorénavant à huis ouvert. > [LeLtr. 
de Pasq. T. 111, p. 416.) 

Cachemouchct, subst. masc. Espèce de jeu. 
Peut-être le même que cligne-musette. Cupidon, 
dans un dialogue, dit à Mercure : • Je ne pense, 

■ sinon à mes petits yeux (pour jeux), menus 

■ plaisirs, et joyeux esbattemens, et enlrelenir les 

> jeunes dames è jouer au cachemouchet, au domi- 

> cile de leurs petits coeurs, où je pique, et laisse 

> souvent de mes légères flèches. > (Cymbalum 
Mundi, p. 111.) 

Cachenez, subst. masc. Masque de femme (1). 
(Dictionn. de Mcot, Monet, Cotgrave, etc. — Voyez 
Cachelaid ci-dessus. ) 

Cacher (2), verbe. Chasser, aller à la chasse. — 
Pêcher. — Poursuivre. — Chercher, pourchasser. 

— Partir. — Chasser, expulser. — Faire avancer, 
conduire. — Cracher. 

Le mot cacher, si diversement altéré par un 
nombre infini de façons de le prononcer et de 
l'écrire, -n'est jamais assez défiguré, pour qu'on 

(1) Au tempe de Henri II et François II, pour sortir par les temps rroids, les daines attachaient aux oreillettes du 
chaperon une pièce carrée qui couvrait le Tisase au-dessous des yeux, comme une barbe de masque. C'était 1& le 
lourel de nez. le eache-nei. Les mauvais plaisants disaient par dérisioD cofpn à rminei (Quicberat, Coilume, 996). (N. S.) 

— (S) On lit dana la Cbaniou de Roland (str. 133) : ( Par vive force les en cacerent Franc. > (m. b.) 



Nous disons encore chasser, pour aller à la 
chasse. Chasser à la grand bête est une expression 
ancienne. On trouve : Venari admagnam o£Sfiam, 
dans Du Cange, au mot Bestia. 

Chasser en rivière, signifloit voler le héron, etc., 
chasser avec le faucon, l'autour et autres oiseaux 
de proie. Nos anciens auteurs de vénerie disoient 
aussi chacer de cor et de boitche, pour à cornet à 
cri. (Modus et Racio, ms. fol. 23.) 

Chasser sur l'eau est la même chose que chasser 
atix poissons, pêcher. (Arr. Amor. p. 125.) 

Garni de Qlets, je vay chasier sur l'eau, 

A. la truite et & l'nmhre. 

D» Port. p. sn. 
Ce mot signifloit souvent poursuivre. 

Si sait chacer, si set Tuir. 

Piinoa.rt«Bbl>,MS. dsS. G«rm. fbl.lOl, R* oot. (. 
Livait caçant de rue en rue, 
De grans caillaux sovent le rue. 

Adus U D«. Po». 1138. aniit 1300, T. IV. p. I»0. 

On appliquoit aussi ce mot aux poursuites faites 
en justice : • Chasser, poursuyvtr, et demander 
> dettes dues. • (Bout. Somme rurale, p. 47.) 

De lit, sont venus les mois chercher, pourchasser. 
On lit en ce sens: • Sitost que les deux compagnons 
< veirent qu'ils chassaient à chevaucher parmi 
. eux, etc. ■ (Perceforest, Vol. I, fol. 82.) < Vous 
« chassez bien votre malheur. • [Percer. Vol. 1, 
fol. 67.) Nous disons aujourd'hui : courir à ton 
malheur. 

C'est pour noient qu'il la chace; 
Perdue en a la droite trace. 

Fibl. US3. du R. a* ItlB, M. 3», R* cal. I. 

Chasser de loin, se dîsoit en parlant de l'origioe 
de quelqu'un ; c'est partir d'une souche ancienne, 
chercher, tirer de loin son origine. 

Jeprelens ëlre noble, et qod pas, Dieu mercy, 
De ceux qtii seulement le sont cosi, cosi ; 
Je chcuse de plus loin. 

n. CanHJIla. D. Bt. da U[. tct, 4, te. I. 

Par une extension toute naturelle de la même 
acception, poursuivre, ce mot s'est pris pour 
chasser, cj;pM/ser, et c'est le sens qu'il asous les 
orthographes chaicer et chiacer, dans Marbodus. 

On a dit d'un pistolet : ■ Mettant l'un des deux 
' canons de son petit pistolet fi l'endroit du pertuis, 



CA 



— 173 — 



CA 



« le chassa la balle à travers de restomach de l'un 
« des trois compagnons. » (Nuits de Strapar. T. II, 
p. il3.) 

Si distrent qu*ils se combattront, 
Et du pais les cacheront, 

Rom. de Rou, MS. p. 184. 

On lit au même sens, dans la Coût, de Tournay : 
Quiconque en la dite ville, constitue quelqu'un 
es dessus dits périls, il est d'usage le cacher 
à son de cloche, combien que aucune n'en soit 
sonnée, pour lequel il doit à la ville un son de 
cloche vaillable cinq francs ; sans lequel son 
de cloche avoir payé, il ne peut jouyr de Thabi- 
tation de la dite ville. » (Coût. Gén. T. II, p. 945.) 
C'est-à-dire qu'il est censé expulsé par un son de 
cloche, et quoique cette formalité ne soit pas 
remplie, il est obligé de se racheter par une amende, 
sans quoi il ne pourroit demeurer dans la ville. 

On a dit aussi cacher, pour faire avancer, con- 
duire, mener devant soi. « Nul ne peut tenir bestes 
< à l'argent en sa maison, pour les cacher aux 
« maréts paistre. » (Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 435.) 
Chasser et mener paistre ses bêtes, se disoit pour 
conduire ses bestiaux au pâturage, les faire paitre. 
(Coût, de S' Vaast et de Billy, Nouv. Coul. Gén. T. I, 
p. 426.) En ce sens seulement, je le trouve écrit 
chaser dans Britton, Loix d'Angl. fol. 56. On disoit 
encore cacer la charue, pour conduire la charrue, 
(Fabl. Mss. du R. n*» 7989, fol. 75.) 

De là, ce mot chasser s'appliquoit aux meuniers, 
pour exprimer l'action de conduire devant eux 
leurs chevaux chargés de grain ou de farine. 
« Le moulin ne peut estre bannal, ny, sous 
« prétexte de ce, les mugniers voisins empescher 
* de chasser. » (Coût. Gén. T. I, p. 29.) 

On s'en servoit même en parlant de troupes. 
« Le noble comte de Charolois moult aigrement 
« chaçoit, enseignes, et gens d*armes, au secours 
« du Duc son père. >» (Mém. d'Ol. de la Marche, 
livre I, p. 403.) 

Cacer, pris pour cracher, semble n'être qu'une 
faute d*orthographe. 

Un morceuil boulant le puise 
Puis care sus qu'il ne le quise, 
Si com Robins sur le fer nst. 

Fabl. MSS. du R. n* 7989. fol. 45. V ool. 1. 

PROVERBES : 

Qui fuit toudis, trouve bien qui le chace. 

Eust. Detch. Pocs. MSS. fol. 235, col. 4. 

eu oui deux choses chacCf 

NuUe n'en prena. 

ProT. du Vilain, MS. de S. Germ. fol. 74. V*. 

Autant vault celui qui oyt (1), et riens n'entend, 
« comme celui qui chasse, et rien ne prent. » (Le 
Chevalier de la Tour, Instruc. à ses filles, fol. 3.) 

« Le proverbe est vray, qu'un chien chasse de 
• race. » (Salnove, Vénerie, p. 32.) 

Conjugaisons. 
Cac (je), indic. prés. Je chasse. (Fabl. mss. du R.) 



Cacoie (je), imparf. indic. Je conduisois. (Id. 
ibid. fol. 75, R- col. 2.) 
Cast, àrimparf. subj. Chassât. (Ibid. fol. 77.) 

VARIANTES : 
CACHER. Fabl. MS. du R. n» 7989, fol. 89, R« col. 1. 
Cachier. Athis, MS. fol. 66, V« col. 2. 
Qacher. Poës. MSS. du Vat. n» 1490. 

§ CACHER. Coût. Gén. T. I, p. 435, col. 2. 
ACER. Poës. MSS. av. 1300, T, IV, p. 1310. 
Kacer. Ph Mouskes, MS. 
Kachier. Poës. MSS. du Vat. n» ItôO. 
Quachier. Rom. de Hou, MS. 
Cacier. Fabl. MSS. du H. u« 7969, fol. 50, H« col. 1. 
Kacier. Ph. Mouskes, MS. 
Qacier. Poës. MSS. du Vat. n» 1490. 
Chacier. Ord. des H. de Fr. T. I, p. 591. 
Chacher. Parlon. de Blois, MS. de S. G. fol. 129, H* col. 2. 
Chacer. Du Cange, Gloss. lat. au mot Cticiare. 
Chaiger. Marbodus, col. 1654^ pour expulser. 
Chesser. Le Duchat, sur Rabelais, T. IV, anc. prol. p. 18. 
Chaser. Britt. Loix d'Angleterre. 
Chasser. Orthogr. subsistante. 
Chiacer. Marbodus^ foi. 1660. 
EscACHER. Bout. Som. Rurale, p. 378. 
Escachier. Poës. MSS. de Froissart. 
EscACiER. Ph. Mouskes. 
EscHAUciEfi. Dict. de BoreL - Gloss. de Martène, T. V. 

Cachet, subst masc. Lieu secret, cache, 
cachette. (Voyez Moyen de Parvenir, p. 21.) 

Cachetées, adj. au plur. On trouve ce mot, pris 

Bour épithèles d'armoiries^ dans les Epith. de 
[. de la Porte. 

Cachetement, adv. En secret, à la dérobée. 
(Ord. des R. de Fr. T. Il, p. 169.) 

Cachetés (à), expression adverbiale (2). En 
cachette. (Rabelais, T. III, p. 150. — Essais de 
Montaigne, T. I, p. 5.) On a dit à cachette de nous. 
(Cymbalum Mundi, p. 101.) 

Cachin, subst. masc. Ris immodéré. Du latin 
cachinnus. « Il ouyt jecler une grande risée, de 
* cachin coquetant, à gueule ouverte. » (Alector, 
Roman, fol. 93.) 

Cachinateur, subst. masc. Railleur, moqueur 
ou rieur immodéré. « Jeunes gens sont prompts à 
« parler, et à mentir, lascivieus en paroles, injureus, 
« cachinateurs, détracteurs. » (Les Triomphes de 
la Noble Dame, fol. 16.) 

Cachination, subst. fém. Raillerie ou ris 
excessif, immodéré. « Vos ris ne soient puériles, 
« c'est-à-dire qu'il n*i ait en eus aucune cachina- 
« tion, ne moqueries. > (Tri. de la Nob. Dame, f" 53.) 

Cachoire, subst. fém. Baguette. — Fouet. 

Selon Colgrave, cachoire est un terme d'autour- 
série, qui signifie la baguette que portent les 
autoursiers. 

C'est aussi un fouet à chasser les chevaux, selon 
Nicot ; il ajoute que les Picards disent cachoire. Ce 
mol dérive de cacher, pris dans le sens de conduire, 



(1) Le Roux de Lincy (II, 53) donne comme variante : c Celui qui Ht, » (n. e.) — (2) On la trouve au xiv* siècle dans un 
Traité cT Alchimie: f Nature... Tous jours robant sa procédure. Œuvrant en cachette de nous. » (n. b.) 



CA -' 

n avancer. (Voyez ce verbe.) On Ut, dans Eust. 
53cbamps : 

Pinces, ehauoiivB, grésillons, 
Fers es jsmbes, pour justicier. 
Et pour pugnir tnauvois garçons. 

"^ "^ Eut. l>BKh. ?oei. MSS. bl. «S. eol. 4. 

TAB14NTES : 

CACHOIRE. Dict. de Niuot Catgrara. 

Chassoihb. Eust. De«ch. Poëd. HSS. fol. X£, col. i. 

Cachot, êubst. mate. Cachette. • Sa femme 
« l'avoit cache , avec d'aulres besongnes, et lops il 

■ esloit impossible de l'avoir du cachot où il 
• esloit. ■ (Boiichet, Serées, livre II, p. 102.) 

Od employoit ce mot figurément, pour désigner 
le» replis cachés de notre âme. « C'est un fona 

■ d'otecurité plein de creux, et de cachots, un 

■ labirynthe, un abisme confus, et bien entortillé, 

■ que cet esprit humain. • (Sag. de Charron, p. 99.) 

VARtANTE : 

Cachotte, lubal. fim. (Dici. de Cotgrave.) 

Gachoté , adj. Ce mot s'est pris pour épithète 
de prisonnier, dans les Epith. de H. de la Porte. 
ÇDict. de Cotgrave.) 

Gacbry, subst. Sorte de plante. Espèce de 
romarin. 

VARIANTES : 

CACHRY, Cxcanva. 

Gacoigneres, adj. Querelleur. Les mots frou- 
bl0resdegBns,neeacoigneres, soni la traduction 
du latin non turbulenlus, non injuriosus. (Règle de 
S' Ben. lat. et fr. hs. de Beauvais, chap. xxxi.) 

' Gacoslnttieton, subst. masc. Terme de gram- 
maire. • Est ung vice de incongnue construction, 
« quant la sentence est confuse, ou imparfaicte, ou 
« trop de fois repliciiuée, ou les termes sont cou- 

■ tàiés improprement, en rude, et inutile langaige, 

■ et se appelle ligure de cacosintheton. ■ (Fabri, 
Art de Rnelorique, livre II, fol. 58.) C'est un mot 
purement grec qui doit s'écrire cacasyntheton. 

Cacoute, subst. fém. Secousse. Il semble que 
ce soit le sens de ce mot, dans ces vers : 

Rosiers, qui ne s'en prnnt garde, 

Sempree aura uoe gacouit (1) ; 
Le van qu'il tint empaint, et boute 



■ auront avallé leurs chausses, et relroosêé leurs 

■ chemises pour faire la cacque, voua sortirez 

• doucemeotdevoslre embuscade, etc. «(Des Ace. 
Bigarrures, fol. 23.) 

TARIAIfTES : 
CACQUB. Des Accorde, Bigarrures, fol. 33. ** 

Caque. Nuits de Straparole, T. I, p. 360. 

Cadallech, subst. Châlit. Mot languedocien. 
(Dict. de Nieot et Cotgrave,) 

Cadastre, subst. masc. On dit encore cadastre, 
pour désigner • le livre où on écrit ce que chacun 

• doit pour la taille en Provence, en Daupbiné, et 

• en Languedoc. ■ Borel dérive ce mol de cadun 

3ui, en Languedoc, signiOe chacun. Ragueau le 
érive de capUularium, Ménage de capilastrum. 
Ce mot s'emploie aussi pour terrier ou livre censier. 
(Laur. Glossaire du Droit fr, — Voyez Du Cange, 
aux mois Catastrum, Caternus, CapUularium et 
Capdastra (2).) 

TABIARTES : 

CADASTRE, Capdastrs, Catastre. 

Cadaver, subst. masc. Cadavre. (Dict.de Monel.) 

Cade, subst. masc. Sorte de mesure. — Chablis. 
— Sorte de fruit. 

Au premier sens, ce mot vient de cadus. Monet le 
définit • amphore, metrete, mesure gre&|ue, et 

• romaine de choses liquides, cinquième du mui 

■ gaulois, huit setiers de France à quatre setiers le 

• mui. > (Voyez son Dict. et celui de Colgrave.) Les 
Angloia disent encore cade, pour exprimer les barils 

3ui contiennent des harengs sales ou des sar- 
ines(3). (Voyez le Dict. de Trév. au mot Catiue.) 
Cade semble tirer sa seconde signidcation du 
latin cadere, tomber, et paroit désigner des bois 
abattus par le vent dans les forêts. De là, soccas de 
cade, dans une citation latine de Du Caiige, Gloss. 
latin , au mot Socca, pour caable, ou bois cfiaUys, 
qu'on verra ci-uprès à l'article Chabus. Peut-être 
cade est-il un mol languedocien. 

Enfin, ce mot désigne une sorte de fruit, dans le 
passage suivant: • Prenezdeuxliviesd'hiiiledenoix, 

■ poix ou geme, une livre d'huile de cade (4), etc. • 
(Fouilloux, Vénerie, fol. %i.) 

Cadeau, subst. masc. Traits de plume. — Choses 
inutiles. — Festin, fête. 

Le premier sens de traits de plume est le sens 
propre. Les cadeaux sont ces grands traits de 
plume forts et hardis, dont les maîtres écrivains 
ornent leurs écritures. Ce mot est employé pour 

(1} Cofoute doit avoir le sens d'effort, hernie, comme eaeheure nn passage suivant : t Icellui Tripet aida à descharger BD 
tooneau de vie k Fonlenay, ouquel il se cacha trâs -grandement, et diat qu'il cniJoit bien que par celte eaeheure, & 
moarroit, et que incontinent, ou peu après ceUe eaeheure il chut an lit, dont it morut. ■ (JJ. 119, p. w, an. 137T.> <n. b.) — 
{S) La rorme itidiennd eatoêium se trouve dsns des actes de Nicolas V et d'Eugâne IV ; Bodin écrit dans son UUemm 
«ur leM monnoyet: < Quant aux vins et bleds. Il est loul (-.artain qu'ils coustent [^us cher vingt fois qu'ils ne taisojent il 7 R 
cent ans, ce que je puis dire avoir veu au cadatire de TouTouie. » On propose e "H Ménage , comme étymolt^ie. 
eiipilasirum, registre de l'impAt partâte; maiadausDuCang*!, on ne trouve que capUtra-jium, en {mniAii cheve»'râge.(ti. K.) 
— <S) lie code s'emploie encore dans les salines. Ce Tut ausi^i le nom du tonneau de mer dans le système des mesure* 
établi par la loi du ^" août 17B3, modifiée le 19 ianvii>r 1794 (30 iiivAse an 11). (n. b.) — (4) C'est l'huile du genevriw 
oxyGMTe. Voici un autre exemple d'O. de Serres (p. 941) : i Dus aulx pilas est [ait cataplasme avec de l'hoUe de code, <[)» 
le vulgRln palsaa Irancoia appelle tal. 1 (m. e.) 



Cacque, subst. fém. Excréments. On disoit 
autrefois faire la caque, dans le sens de cette 
expression vulgaire et subsistante; faire son cas. 
« Quant vous verres les autres venir, et qu'ils 



CA 



- 176 -- 



ëtoit autrefois que les cadenette$ (1), et leur origine 
(oi ne remonte pas bien haut. 

EUe met sous la toilette, 
La dent, et la cadenette, 
Le fajrd, et la savonctte, etc. 

Poet. de Perrio, p. 310. 

Cadets subst. masc. Jeune homme. Il semble 
que ce mot, qui subsiste pour signifler ordinaire- 
ment le dernier des fils, se soit employé autrefois 
avec cette signification générique. « Je ne say quel 
« cadet des gens du Jouvencel qui les conauisoit 
« pour gaingner une hacquenée, et n'avoit seurté 
« que la leur. » (Le Jouvencel, ms. p. 397.) 

Cadets, subst. masc. plur. Troupes militaires. 
En 1682, on institua en France les compagnies de 
cadets (2). Cest ainsi qu*on nommoil de jeunes gen- 
tilshommes que le roi faisoit élever dans Tart 
militaire. Ce mot paroit avoir eu autrefois une 
signification différente de celle que nous lui donnons 
aujourd'hui. S'* Colombe, allant au dernier assaut 
de Rouen, avec cinquante des meilleurs soldats, 
y mêla « une vingtaine de goujats et cadets, que 
« ce n*estoit que feu, et bons harquebusiers. » 
(Brant. Cap. Fr. T. IV, p. 130.) 

On distinguoit les grands cadets. 

S*U ayme aucuns, il ayme les miUors 
Les grans cadets, que petit z rois disons. 

CiootrM. deSoogecreai, fol. 149, R*. 

VARIANTES ! 
CADETS. Brant. Cap. Fr. T. IV, p. 130. 
Gadetz. Contred. de Songecreux, fol. 10, R^. 

Gadin, subst, masc. Vase de faïence, de Titalien 
catino. (Dict. d*Oudin.) 

Gadis, subst. masc. Espèce d*étoiTe. Nous re- 
marquerons que ce mot, qui subsiste, étoit en usage 
du temps de Froissart. On lit dans ses poésies : 

Comment nous seoit sus un kalnse 
D*un kamoukas ou d*un cadiSf 
Comment se tailloit un abis 
Apres nos costes et nos cors. 

Froissart, Poès. MSS. p. 178. 

Nous ignorons si ce cadis étoit le même que le 
nôtre. 

Gadourne, subst. fém. On trouve ce mot, pris 
pour tadoume, dans quelques éditions de Rabelais. 
Le Duchat explique tadoume par une espèce d*oie. 
(Voyez Rabelais, T. IV, p. tiM, note 8.) 

Gadrant, subst. masc. Le globe terrestre. 
On a dit quadratus orbis^ en ce sens. (Glossaire de 
Du Gange.) 



S'an petit lien qiid Roinme 
Qui n*a8t, au point du cadratU 




. c'ime mie. 

llSS.fbl iM.eoLI. 

Cadre, subst. fém. Quartier. De là Texpression : 
« La derraine cadre de la lune », pour le dernier 
quartier de la lune. (Modus et Racio, ms. fol. 225.) 

Cadrille, subst. fém. Ge mot signifle encore, 
dans les fêtes galantes, une petite troupe de cava- 
lerie superbement montée, destinée à des joutes, 
carrousels, courses de bagues, etc. On Ta employé 
autrefois pour une grosse troupe d*infanterie : 

< Fut de plus de vingt mille arcquebusiers, non 
• pas que tout à coup ils s'escarmouchassent et 
« combatissent ; mais par bandes et grosses cadril- 

< les, dont la moindre esloil de cinq mille, et ainsi 
« que les uns venoient, les autres se reliroient. > 
(Brantôme, Gap. Fr. T. IV, p. 197.) 

Caduc, adj. Qui tombe. Ge mot est très ancien 
dans notre langue. S* Grégoire de Tours, parlant 
du mal caduCy dit : < Quod genus morbi, epilepti- 

< cum, peritorum medicorum vocitavit auctoritas, 
« rusticicadivTimdixere, pro causa quod caderet. » 
(Grég. de Tours, de mirac. sancti Martini, p. 104.) 
Cette étymologie paroit justifier Texplication que 
nous donnons au mot caduc. Voyez au même sens 
cadiva insania, caducus epileptîcus et caducariU 
dans le Gloss. lat. de Du Gange. 

Cadiicque, adj. Ge mot subsiste encore, mais 
on récrit communément caduc ; il vient du latin 
caducus^ et signifie proprement ce qui menace 
ruine. De là, on Ta employé pour les choses presque 
détruites, dans Percef. Vol. V, fol. 21. On y lit : 
« Les couleurs de son escu estoient caducques », 
c'est-à-dire effacées. Ge mot est pris dans le même 
sens par Eustache Deschamps. 

Je ne puis estudier, 

N'en mon code, n en ma digeste : 
Caduque sont ; je doi de reste 
De ma prevosté dix escus, 
Et ne treuve homme qui me preste. 

Eatt. Detch. Pom. MSS. fol. 4S4, eol. 4. 

On lit gutte chaive, dans Harbodus, col. 1644, et 
dans les Ghron. S* Den. T. I, fol. 132, goûte caduque. 
On a dit aussi des eatix caauques. 

VARIANTES * 

CADUCQUE. Perceforest, Vol. V, (ol. 81, R« col. %. 
Caduque. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 434, col. 4. 

Caelit, subst. masc. Espèce d'arme. 

De son errant caelit le vault escerveler. 

PoM. MSS. «rnt laOO, T. IV. p. tSSS. 



(1) Sous Louis XIII, on laissait pendre d'un côté une lonsue mèche do cheveux appelée moustache ; lorsque IL de 
Luynes devint connétable pour son talent à faire voler les pies-ffrièches, on flt marécnal de France son puîné. Honoré 
d*Albret, seigneur de Cadenet^ très recommandé par sa moustache. qu*U faisait nouer avec du ruban de couleur; cette 
mode prit le nom de cadenette, U y eut aussi des gants dits à la Caaenet, à cause d'une odeurpréférée par ce beau garçon. 
Voici comme la décrit le sieur Auvraj dans son Banquet des Muses, imprimé à Rouen en 1638: c Un long flocon de poil 
natté En petits anneaux frisottés Pns au bout de tresse vermeille Descendoit de sa gauche oreille. » Les cadenettest 
oubUéesjôendant le règne de Louis XIV, reprirent faveur sous la Régence, (n. b.) — (3) Le mot se trouve au xvp siècle 
dans la Cnr. de Louis Xl (p. 306, éd. in«4«) : f Après la dite desconfiture, ils se raiierent et vinrent devant une place 
noounée Blalaunoy, dedans laquelle estoit un capitaine gascon nommé le capdet Remounent. » C'est le même sens que 
captai^ c captai de Buch » ; Tétymologie serait capiteUuSf dont l final devient t, par une transformation dialectale propre aa 



gascon, (n.'b.) - (3) On trouve déjà' au Trésor àe J. de Meung, v. 1599 : f fu 
vision. » (N. B.) 



es le quadran et Tequerre de la difîna 



CA -1 

Cage, mbst. Jém. Hkbitation. — Prison. — 
Huneougabie. — Eiiginà pêcher. — Terme obscène. 
C'est proprement notre raotcage (1), qui se prend 
encore au iiguré dans la plupart de ces sens. 

Ëustache Deschamps a employé caige pour ha- 
bitation : 

D cbangier, s'il est eaux, 
«ula sont en liaulte catge. 



1^- CA 

propre. — Ueu de débauche. — Lieu sous les 

rnls de Parift. — Lieu exposé aa soleil. — Poêle 
mettre de la braise. — Gueux, paresseux, fai-' 
néant. — Surnom d'un prince breton. — Surnom 
des Albigeois. 

Toutes ces acceptions, si difTérenles entre 
elles, paroiâsent partir cependant de lu même 
élymologie, et s'être éloigaéi'>3, peu à peu, et comme 
de proche en proche, eu passant du sens propre 
à un sens Rguré. et de ce dernier sens à un autre 
encore plus détourué de la aignillcation priinit)T8. 
Tâchons de suivre ce tll, selon la mi'thode que noos 
employons le plus souvent qu'il nous est possible. 

Cflffuflrd s'est dît proprement d'un chenil. (Dicï. 
Univ.) Et en effet cagite signifioit chienne, comme 
nous le verrons â son article. 

Il étoit donc fort naturel d'employer le met 
cagnard, pour désigner un lieu malpropre, une 
maison pleine de saleté et de gueuserie, comme 
s'exprime Oudin. [Cur. Fr) 

Cette dernière idée rappelle aussi celle d'un lieu 
de débauche, et l'on trouve le mot cagnard, en ce 
sens, dans l'Hist. du Th. Fr. p. 20. 

Les deux dernières acceptions du mot cagnard 
convenoient fort bien à un lieu sous les ponts de 
Paris, où les gueux, tant hommes que femmes, 
avoient pris l'babitudede se retirer (3).Nou8 voyons, 
en effet, que ce lieu fut nommé cagnard. On en 
trouve la preuve dans Pasquier. (Recberch. Liv. VIU, 
p. 717.) Nais il donne de ce mot une mauvaise 
étymologie. 

Ces gueux s'y tenoient à rien faire, pour s'y chauf- 
fer au soleil ; et de là les coins de rue, carrefours, 
etc., où les gueux et lesfainéans venoient se chauf- 
fer au soleil, furent appelles cagnards, comme 
dans ce passage: «Do ce Giraud deBourneuil ne fait 
• que charlater dans un cagnard au soleil. ■ Eb 
Languedoc, on appelle encore cagnard le cdté delà 
rue où le soleil donne. (Ménage, Dict. Etym.) 

Au défaut du soleil, les gueux fainéans se chaut- 
foient, au moyen d'une poêle de fer dans laquelle 
ils mettoient de la braise (4; ; et les poêles k mettre de 
la braise furent appelléescaiffTiârtte. Elles conser- 
vent encore ce nom dans quelques provinces de 
France. 

Enlln, le nom de cagnard fut donné aux gueux 
et aux fainéans eux mêmes. (Dict. de Monel, d'Oud. 
et de Cotgrave, de Ménage, etc.) 

C'étoit peut-être à titre de fainéant qu'on donna 
le surnom de canhiart ou cagnart a Alain, fils 
. de Hoël, duc de Bretagne (5). (Voyez Gloss. Bret. de 
j Lobineau.) 
I On donna aussi le nom de cagnard* aux restes 

(1) Ce mot, qui vient de eavea, est déjà dans lolnvUle (éd. de Waillj, g 566) : t II flftb penre le calife et le fiit mettre a» 
une caige de fer, et le AbI jeûner tant comme l'on puet faire home sans mourir. » (n. b.) - (2) Noue disons baille don* 1« 
même een&. CVst le crow'ê-tiest (nid de pie) des eiraéditlona arctiques ; un tonneau 6 Tond mobile est hiasË 6 Is pomme da 
misaine et abrite le timonnier lice-maale^ qui siefiale les glaces en vue. i,n. e.) — (3) Dan? la marine, on désigne ainsi no 
abri contrit la ^iliiie et le froid, qu'on dresse sur la pont et qu'on couvre d'un prélart. Voici le passage de Paaquier auquel 
U est fait altiision ; t. Quant au mot de catgnard, cela dépend d'une histoire dont je pus e«tre témoin ; de tant qa'aD ■» 
grande }<!uneBse, ces fainéants avoient accoustumë au t«mps d'esté de se venir loRer eona les ponts de Puis... Ce Ub» 
esloit sppelé le caignard. i (n. e.) — (4) C'est ainsi que le cirîer déeipie son fsumeau. (N. K.) — t'S> C'est plnMI k NM' 
jambes eagneusea qu'il dut son surnom. <i). k.) 



Nous disons encore, par plaisanterie, cage, pour 
prison. Le duc de Nemours le disoit très sérieuse- 
ment, lorsqu'il datoik ainsi une lettre qu'il écrivoit 
à Louis VI, • écrit en la caige de la Bastille, le 
dernier janvier M78. • - 

Li quens d'Artois, après, retonme 

A S* Orner, son héritage: 

Met celui de Juliers en cage, etc. 

G.Giiivl.MS.(»l.Ml.n-. 

Ce qu'on nomme hune sur l'Océan, et gabie sur 
la Méditerranée, est une espèce de cage construite 
au haut des mâts de vaisseaux. On la nommoit 
cdtjje (2) autrefois, et c'étoit par là qu'on désignoit les 
plus gros navires. • Philippe de Bourgogne avoit 

■ bien assemblé 160G gros vaisseaux, tous à voile, 

■ dont il y avoit bien 900 nefs à caige, à' deux 
• voiles. ■ 

Cai^e signifie UD engin il pêcher, dans la cita- 
tion rapportée par Du Gange, Gloss. lat. au mot 
Vaagiarius. > Sont usagers d'y pouvoir pesuher à la 

■ main et à la caige. ■ 

Enfin ce mot est du nombre de ceux auxquels on 
a prêté un sens obscène. On en trouve un exemple 
dais les Poës. mss. d'Eust. Desch. fol. 334. 

VARIANTES : 

CAGE. Orthogr. subaist. 

Caioe. EiiBt. Deich. Poës. MSS. fol. 13, col. 1. 

Cayoe. Modus et Hacio, fol. 85, H». 

Cageots, adj. Villageois. — Grossier. 

Nicol dit que ce mot est mis pour casois, du mol 
latin casa, qui signifie chaumière 

Au figuré, on aemployé cflffcow pour signifier un 
homme ^ossier. (Voy. Oud. Dict. et Cage ci-dessus.) 

Cagette, subst. fém. Trébuchet. C'est le dimi- 
nutif de notre mot cage, employé dans l'acception 
subsistante: < Es quatre cagettes, doit avoir pin- 

■ sons, pour appeler les passans. > (Modus etRacio, 
foL 84.) • Racheta tous les oiseaux de leurs cajeti, 
« leur baillant liberté. » [Bonchet, Serées, Liv. III, 
page 140.) 

vARUnTEs : 



Cagnard, subit, masc. Chenil. — Lieu niai- 



CA 



— 180 — 



CA 



On disoit proverbialement : 

Oui paisi gaignon de pain, 
Tost est mors en la main. 

ProT. 4o va. MS. da S. G. 

VARIANTES : 
CA.GNOT, Caignot. Oudin, Cotgrave, Dict. 
Gagnon. Eusl. Dftsch. Poës. MSS. 
Gaignon. Borel, Dict. 
Guaignon. Eust. Desch. Poës. MSS. 
Kbnon. Ph. Mouskes, MS. 

Cagotaille, subst. fém. Cagols, hypocrites. 
(Voyez Rabelais, T. V, prol. p. 9.) 

Cagoule, subst. fém. Capuchon. (Dict. de 
Cotgrave.) « Il n'y ha rien si vray que le froc et la 
« cagoule tireà soy les opprobres, injures, et male- 
« dictions du monde. » (Rabelais, T. I, p. 254.) On 
disoit gents à cagoule, pour cagots, hypocrites. (Le 
Duchat, sur Rabelais, T. IT, p. 284, note 4.) 

VARIANTES : 
CAGOULE, Cagoulle. Rabelais, T. IV, p. 47. 

Cagoux, subst. masc. On dit encore, en quel- 
ques provinces septentrionales de la France (1), ca- 
goux pour un homme grossier et sauvage ; peut-être 
pour cageois, paysan. (Voyez ce mot.) « Estoit lieu- 
« tenant du prevost un gros villain comme un 
« cagoux, » (Journ. de Paris, sous Ch. VI et VII, 
page 166.) 

Caharie , subst. fém. Droit. Ce mot désigne un 
droit qui se percevoit sur certaines marchandises 
étalées sur les quais. « Une coustume est que l'en 
« appelle la caharie que, por une somme de œufs, 
« et de pouUaiges, et d'oyseaulx, de fourmaiges, et 
« d'aigneaux, et de quevreaulx, et de tiulx choses 
« venant par eaue à Rouen, Ten paie un denier. » 
(Glossaire latin de Du Cange, au mot Caharie.) 

Cahin-cahan, adv. Tant bien que mal. On dit 
encore cahin-caha^ dans le même sens. 

VARIANTES ' 
CAHIN-CAHAN. Cotp^ve, Dict. 
Cahy-caha. CoquiUart, p. 114. 
Qu'AHU-QU'AHA. Nicol , Dict. 

Cahourde, subst. fém. Courge. Nous disons 
encore courge (2), où il est facile de reconnoître 
l'ancien mot. Borel explique cahourde par citrouille, 
dans une citation au mot Bacelette. 

VARIANTES : 
Cahourde. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 411, col. 3. 
GouHOURDE. Nicot et Oudin, Dict. 

GOHORDE. 

GoHORDE. Glossaire de Labbe, p. 497. 
CooRDE. Borel et Corneille. 
CoHOURDB. Oudin, Dict. 
CouHOURDK. Nicot, Dict. 

COUGOURDB, COUCOURDE, COUCOURBB, COUCOURLE. 



Cahs, subst. Espèce de navire. (Du Cange, Gloss. 
latin , au mot Gatus.) Il y a encore une sorte de na- 
vires du Nord qu'on nomme cA/z^^8(«^, et Oudin fait 
mention de navires appelés cattes. (Voyez ce mot.) 

Cahu , subst. masc. Ce mot , dans les vers sui- 
vans, semble une altération du nom propre Caïn. 

Bien sera m'ame dévorée, 
Qu'an enfer sera demorée 
Auvec Cahu. 

Fabl. MSS. du R. n« 7818. fol. 902. R« col. 1. 

Cahuan, subst. masc. Chat-huant. Le peuple 
dit encore cahuant (4), pour chat-huant, dans quel- 
ques provinces de France. Cawen est un mot du 
patois breton. 

VARIANTES : 

cahuan, Cahuant. 

CuAHUANT. Budé. des Oiseaux, fol. 119, V«. 

Cawen. Dn Cange, Glossaire latin, au mot Cauanna. 

Cahuet, subst. masc. Capuchon. C*est propre- 
ment la partie oui couvre la tête. « Le cahuet (5) de 
« leurs capucnons estoit devant attaché, non 
« derrière, en ceste façon avoient le visage caché. » 
(Rabelais, T. V, p. 129.) 

Cahuette, subst. fém. Cahute, petite loge. (Dict. 
de Cotgrave, Ménage et Monet.) 

Cahutelle, subst. fém. Petite cahute. (Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

Gai, subst. masc. Quai. L'éditeur de Froissart 
explique gué par grève. (Voy. Froiss. Uv. I, p. 418.) 
Quay est proprement un rivage élevé et factice; 
grève est le rivage naturel, plat et uni. On lit, à la 
page 243 du V* volume des Ordonnances des Rois 
de France : « Nous avons ottroié, et otlroions aus 
« diz mnrchans que le pavement, et les ca/;s (6) de la 
« dite ville , et les issues soient adoubées, et leurs 
« gens puissent bonnement leurs biens et mar- 
« chandises chargier et deschargier, de nuit et de 
« jour, sans payer aucun caage, ne planeage. » 

VARIANTES I 
CAl. Du Cange, Glossaire latin, au mot Caya. 
Kai. Peler. d'Amour, p. 700 et 705. 
Caiz, pltir. Ord. des Rois de France, T. V, p. 243. 
Gué. Glossaire de THistoire de Paris. 

Calche, subst. fém. Mot obscène. On lit catse, 
dans une autre édition. (Rabelais, T. I, p. 247.) * 

Calchet, subst. masc. Cachette. 

Tant de caichetZy tant de pertuys. 

Gaoe de U Bigne. dos Déduits. MS. fol. lt>, R*. 

Calens (7), adverbe. Ici, dedans. 

Foi que iou doi à S* Herbert, 
Lais noms chaiens nuit ne gerra. 

Fabl. HSS. du R. n* 7989, fol. 210, R* col. f. 



(1) On les nommait encore, en Bretagne, cacous, caqueux, ccujuins. Les Statuts de Raoul, évoque de Tréguier (1436), 
▼oient en eux des Juifs (Martène, Anecd. Iv, col. 1142^ . c Item ouia cognovimus in dicta civitate et diocesi plures homines 
utriusque sexus, qui dicuntur esse de lege (Judaeorum), et in vulgari verbo cacosi nominantur. > (N. E.) — (3) On trouve en 
effet dans Alcbrant (xiii* siècle, fol. 56) : « [^Graines de pin] broies avoec semence de choourdes estent Tarsure et le doleur 
de rains. » On voit mieux la racine cucurhvta dans le Glossaire français latin dp 7684 (B. N.) : « Couhourde, cougourde, 
cucurbita. » (N. E.) - (3) Ou plutôt cayu^s ; c'est un petit bâtiment hoUandais pour la navigation des canaux, (n. e.) — 
(4) Il vaudrait mieux écrire cat-huant; c'est la prononciation picarde, (n. e^ — ^5) Ambr. Pare (I, 8) emploie aussi ce mot : 
c Aucuns sont en figure de capuchon ou cahuet de moine. » (n. b.) — (b) On trouve la forme caium au Cartulaire de 
Philippe- Auguste (part. I, fol. 91, r«, col. 2) : c In theloneo caii et in traverse xliuj. libr. » (n. e.) — (7) On pourrait écrire 
ça-en9f ecce hac intu». (n. b.) 



CA 



TAMANTES : 

Vmebardooin. p. 73. 

'■M. MSS. duïrn»7615.T. II,fol. 137, V'col. 1. 

F«bt. HSS. du R. a' 7969, toi. ÎIO, R° col. 2. 
. subst. tnasc. Feuilles de papier ou de 
a pliées. ~ Paquet. 

encore en usageen écrivant et prononçant 
isigaecommunémentdes feuilles de papier 
rcbemin plîëcs, et proprement la feuille 

quatre feuillets; il est formé du latin 
t(i}.(Vo^ezDuCange, Glossiiire latin, sous 
Les Italiens disent quademo, et pour le 
ier, ou la feuille pliée en deux feuillets, 
!>jct. d'Oudin.) On lit, dans la traduction 

de Végëce: > Contient dusques chi xm 
rgetTfeuillais. ■ 

uemment à cette étymologie, on s'est servi 
aier, pour exprimer un paquet contenant 
oses. • Le chancelier avoit livraison de 
Iles, un cinquain. deux quaiers, et une 
3 de menues chandelles. • [Hiraum. Cours 
I. 545.) 

quain éloit un paquet de cinq chandelles, 
lier un paquet de quatre. Godefr. Annot. 
L de Charles VI, p. 708, cite le passage 

■ Pour le v^rlet qui garde la chambre 
caiers de chandelle. • L'éditeur des Ord. 
de France , T. 111, p. 313, n'a pas entendu 
nation de ce mot. 

VARIANTES : 

jodefr. Annot. but l'Hist. de Charles VI, p. 708. 

Ilcot. Dict. 

Hiraum. Coura souv. p. 545. 

Paaquier, Recherches, p. 723. 

Gloasaire de l'Histoire ae Paria. 

u Art. mû. de Vegeu, MS. du R. 

Nouv. Coût. Gén. p. 2J3, etc. 

Du Gange , au mot Paginata. 
Orthographe su bai st. 

■e, subst fém. et masc. Siège. — Chaise, 
î. — Tribunal. — Trône. 
)graphe chaire est celle qui a prévalu; 
lis ne lui donnons pas aujourd'hui un 
li étendu qu'autrefois. Nousdisons la châtra 
le, la chaire d'un prédicateur, la chaire 
Lutrefuis chaire signiiioit tout siège, en 
On disoit même chaire percée. (Sagesse de 
, p. 199.) 
forte raison, ce mot signifloit-il ce que 
imons chaise On lit, dans Pertsefor. Vol. I, 
Chaere à dossier; dans Eust. Deschamps, 
Bettes chaieres et beaux bancs. 
inoit aussi ce nom aux chaires destinées ii 



nfraite da sage trover, 

it bien mettre fol en chaiere. 

GUk) <l VUI. Il yhkn, T. II, p. atS. 

rès H. Gaston Paris (Mém. de la Soc. de linguist., 

~ erJer, pour eiifum, et répond au prov. 

e-l*alf ■' -' " — -■- "■— 



i- CA 

On appeloit de même le tribunal oti le juge siégeoit. 

Et t'es asBiB, ponr mon refuge, 
En chaire comme juste juse. 

Ci£b. MvH, p. «90. 

Enfin, on employoit ce mot pour désigner le trône 
môme des rois. Villehardouin, p. 73, dit: ■ Si le 

■ veslent impérialement, et l'assistrent en la halte 

■ chaiere, et U obéirent corne lorseignor. > On a 
dit : Des deniers d'or à la chaiere, à la chiere, ou à 
la chère ; féio'il une monnoie ainsi nommée, parce 
que le roi y étoit représenté assis sur son trdne. 
[Ordonn. des Rois de France, T. 1, p. 77'2.) On a dit 
encore , par la même raison , /lorins à la chaire et 
à la chaise. On a vu, dans les citattoos précédentes, 
le mot chaiere ou chaire employé comme féminin. 
J'ai dit qu'il avoit été quelquefois employé comme 
masculin; en voici un exemple, du moins pour 
l'orthographe caifré: 

Là rut-eUe en le eaiere (.2), 
A Cambrai oana remuer. 

GriHilsr. Poti. KSS. Val. a> 1400. lai. SI, V. 

TABlAtCTES : 

CAIEHE. Poës. MSS. Vatican, n* 1480, toi. 84, V*. 

Cavehe. Paix d'Arraa, p. 96 et 99. 

Cahiere. Dict. de Corneille. 

Cbaiere. Eust. Desch. Poëa. MSS. fol. 4S7, col. 1. 

Chaybrb. Glossaire de Bret. 

Chaaire. GeaSr. de Paris, à la euite du R. de Fauv. fol. 5S. 

Chaere, Ord. dea Rois de France, T. 1, p. 550. 

Chabsre. Foifeu, p. 30. 

Chakr Fsifeu, p. 109. 

Chaïre. Le Jouvencel, HS. p. 433. 

Chaire. Orthographe subeistanie. 

Cheoihk. Rom. de Clovis et Loris. 

Chevere. Chron S' Denis. T. I, p^ 487. 

Chiehe. Ord. des R. de France, T. I, p. 779, notes.coLa. 

Cbëbhe. Ord. des Rois de France, T. Il, p. 479. 



Calehier, verbe. Jeter. Il semble que ce soil le 
sens de ce mot, dans le passage suivant : • Le roy 

• Amidas avoit un petit llls lequel avoit deu donner 

■ à entendre qu'il estoit mort, et qu'il l'avoit fait 

• calehier ea mer en loingtain pais. ■ (LeJouveac. 
MS.-P..590.) 

Cajeutes. subst. fém. plur. Cajutes. Ce mot, en 
termes de marine, désigne les lits de vaisseaux (3). 
[Dict. d'Oudin.) 

Calglers. Je cite un passage où ce mot se 
trouve; mais je soupçonne que c'est une faute 
d'impression et qu'il faut lire eagiers, le même mot 
que Eagie ci^après. < Si l'aisné, ou plus prochain 

■ hoir du trespaa|^avolt des frères , ou sœurs, qui 
« fussent moind'raP d'ans , iceluy hoir aisné , en 

■ faisant, etconbluantla paix, sera tenu de à ce 

• appeller des plus prochains parens caigiers de 
. i'oocis. . (Coul. Cén. T. I, p. 783.) 

:. I, SS5), cahier, qu'on devrait orlhof^raphier guaier, est pour 

_ . ^_ _ . , , . . . _^_. _ .._ , joiem, cat. cuem, eep. cuaderno , ita!. qaademo , du latin 

. Sainte- l'ai aye avait dono raison de s'en rapporter t Du Cange. Diei voyait là un dérive de eodicarium, et 
'reposait la lorme compliquée t/ualemarium. (n. e.) — (2) La forme caiere tient eux dialectes septentrionaux ; 
incore dans Froissart (éd. Kervyn, IX, 331). (n. k.) - (3) C'eat un lit en (orme d'ai 
Imjvit. (N. I.) 



tes septentrionaux ; on 
'e ; l'etymologiB est le 



Ck 



CÀ 



Claignetf subst. masc. Je crois qu*il fàudroit lire 
aignet^ dans cette citation de Du Cange, au mot 
Cotardia: « Pour fourrer une cotte hardie d'un 
« blanc caignet (i). » 

Gaignon , mbst, masc. Borel dit qu'il n*entend 
pas ce mot. A en juger par le passage de Villon, qn*il 
rapporte, caignon signifieroit le chignon du col, et, 
par extension, la tête même. 

Si jura il sur son caignon. 

Le passage suivant conflrme notre explication ; il 
y est pris pour cou (2). 

...... ... .^ Pendufi par le caignon. 

EaO. Dwchamps. Poét. MSS. fol. 450» col. 1. 

Gailanle, subst, fém. Droit de gué. Ce mot 
^ient de caslania (3), castellania. 

VARIANTES : 
CAILANIE. 
QuAiLANiE. Leur. Gloss. du Dr. fr. 

Cailboteus, adj. Raboteux. Nicot traduit lieu 
cailleboteux ^ par locu^ lapidibus confragrosus. 
M. de la Porte s*en est servi pour épithète de 
pierre. 

VARUNTES : 

GAILBOTEUS. EpHh. de la Porte. 
Gailleboteux. Nicot^ Dict. 

Caillai, subst, masc. Lait coagulé. Nous rappe- 
lons encore caillé, 

VARIANTES : 

GMLLâT. Gotgrave, Dict. 
Gajllê. Monet, Dict. 

Caillau-pepln, subst. masc. Espèce de poire. 
On lit : « Poires d'agoisses, ou de caillaurpepin 
« très grosses, pour 4 d. le quarteron. » (Journ. 
de Paris, sous Charles VT et Vil, sous Tan 1440.) 
C'est la même que la chaillouel (4) du Roman de la 
IRose, et la caillouel du Roman du Renard. Son nom 
est celui du lieu même, dans le Noyonnois, appelé 
Vaillouel. 

VARIANTES \ 

GâILLAU-PEPIN, Caillouet, Chaillouel. 

Caille, subst, fém. Ce mot, qui subsiste pour 
désigner un oiseau de passage, a donné lieu à quel- 

3ues expressions que nous allons rapporter. On 
isoit : 

!• Caille coiffée, pour femme de mauvaise vie. 
Quelquefois on Temployolt pour femme en général. 
(Oudin, Cur. Fr. — Rabelais, T. IV, p. 48.) 
^^ Jouer aux cailles. 

Jouer aux jeux qu'aux cailles on appelle, 
Aux ûlles est chose plaisante et belle. 

Voyea de parvenir, p. 494. 



3*" Prendre la caille. G'étoit une façon de parler 
flgurée qui semble empruntée un jeu des eaifteê. 

Pour Dieu, me soit houppelande donnée, 
Car ce n'est pas en yver grant déduit 
D'ainsi dancer, ne d y prendre la caille. 

But DeMh. Poét. MSS. M. Hli« col. ^. 

4* Caille lombarde^ pour excrément du corps 
humain. (Merlin Cocaie, T. I, p 186.) 

Caillé, subst, mmc. Courcaillet. Appeau à pren- 
dre les cailles. 

Le bec ouvert, FœU entaillé 
Pour bien chasser à la pipée, 
Et prendre quelqu'ung au caillé. 

GociiUUtfl, p. 106. 

Caillé, adj. Gras, ou blanc, frais. Si ce mot 
signifle gras, c'est par allusion à la graisse des 
cailles. « Le maistre de la maison qui estoit des 
« plus gras, et pour cette cause, on le nommoH 
« renfant caillé (h), » (Bouch. Serées, liv.III, p. 56.) 
« Un de ses voisins des plus gras et caillez de sa 
« rue. » Peut-être aussi a-t-on dit caillé^ pour 
blanc ou frais, comme du lait caillé (Dict. deCotgr.) 
« Se voyant ainsi belles, blanches, caillées, pou- 
« pines, et en bois peint. > (Brant. Dames Gall. 
T. I, page 282.) 

Caillebot, subst. masc. Nom d'un oiseau, d*où 
s*est formé un nom propre (6). (La Roque, Orig. des 
noms, p. 14.) 

Calllebote, subst, fém. Masse de lait caillé (7). 
C'est un mets particulier, dans quelques provinces. 
(Dict. étym. de Mén. Cotgr. Nicot, Monet, Oudia.) 

VARIANTES : 

CAILLEBOTE, Callebote. 

Calllebote, adj. Caillé. (Dict. d'Oudin et de 
Cotgrave.) 

VARIANTES '. 
CAILLEBOTE, Callebouté. 

Caillel, subst, masc. Caillou. Bouteiller a dit. 
Somme rurale : « Mettre en la fosse où on doit 
« asseoir la bourni, un caillel. « Molinet, se servant 
de ce mot au pluriel, écrit caillaux : 

Armé d'écalUe grande, 
Dure comme caiU'Htx. 

Molinet. p. 178. 

On trouve, dans un de nos plus anciens poètes, 
ce joli distique : 

Aiguë perce dur chaillou, 
Por qu'ades y fiere. 

Rob. du Chat. Poés. MSS. ayant i300, T. I. p. 46. 

Ces deux vers rappelleront à nos lecteurs cet 
autre distique si connu, auxquels ils sembleroient 



(1) Cette citalion est extraite du Compte d*Etienne de la Fontaine, à l'année 1351. (n. b.) — (2) Nous avons là un doublet : 
coîçnofi, chignon, chaînon viennent tous trois d'une forme catenionem, (n. e.) — (3) Voici un exemple tiré des preuves de 
l'Histoire du Languedoc (II, c. 514, an. 1146) : c Caslaniam arenaruni, et fevum qnod homiues tenant per caslaniam castri 
arenarum, domini Uzeticae de vicecomite habent. » (n. e.) — (i) On distingue encore le genre caillot-rosat, qui est pierreux 
et a un goût de rose. (N. b.) — <5) Le mot se trouve au xii* siècle : « Coailliez est, si cume lait, li cuers d*rcels. » {Uber 
Ma/m., p. 188 ) Et au xiii« siècle : c Pour ce apele il cel mont caillié et cras, qu'il est nlentcïs de grâce Dieu. » (Psautier, 
tel. 78.) On voit, parle premier exemple, l'étymologie coagulare. (n. e ) — (6) Le caiUehnt n'est plus pour nous un animal, 
mais un végétal, l'obier, espèce de viorne. (N. e.) - (7) « Soubdain, écrit Rabelais, vous verrez Teau prmse comme si fussent 
caillehottes. » Les caillehotes désignent encore, dans les constructions navales, des treiUis de lattes remplaçant les ponts 
et panneaux pleins, (n. e.) 



Cil 



CA 



avoir servi de modèle, si Tan pouvoil supffbser que 
Fancien poêle eut été connu du moderne : 

L*eau qui tombe goûte à goûte 
Peroe le plus dur rocher. 

11. semble qu'on ait dit cale et quaUle, comme le 
féminin de cailleu et qualleu : 

Oncques ne sorent 

Vers vous qui vausist xmequcùlle. 

0^id« de Art. US. de 8. G. 

Il acravande tout cheval et chevaUer ; 

Ne prisa homme vivant le vaillant d'un coullier. 

Gér. de RousMllon, MS. pw 97. 

On lit dans le Jouvencel, fol. 85 : « Hem quatre 
« coullars prêts, et garnis de toutes choses pour 
« jetter, chacun deux cales^ elc. » Les cotUlars ou 
eatrillars étoient des machines de guerre propres 
à- jeter des pierres; ainsi cales signifie en cet 
endroit pierres, cailloux. Oudin, Dictionn. Fr. Esp. 
appelle cales des morceaux de pierre, broca. 

VARUNTES : 
GAILLEL. Froissart, Poês. MSS. p. 342, col. 1. 
Cauxaux, plur. Molinet, p. 172. 
Gaillavb, plur. Poês. MSS. av. 1300. T. IV, p. iSlO. 
Gaillos, plur. Eust. Desch Poës. MSS. fol. 4S7, cok 4. 
Gailloz, plur, G. Guiart, MS. fol. 252, R». 
Cailleu. J. de Renti, Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. 1203. 
Callier. Gér. de Roussillon, MS. p. 27. 
Qualleu. Hist. de S»« Léocade, MS. de S* Germ. 
Kall%u. Les Mare, de la Mars. fol. 269, V». 
Chaillou. Poës. MSS. av. 1300, T. Lp. 46. 
Ghailloz, nlur. G. Guiart. MS. fol. 291, R«. 
Galb, 8, f. Le Jouv. fol. 85, R». 
Qu aille, #. f. Ovide de Art. MS. de S* Germ. 

Caillement, subst. masc. L'effet de la présure. 
La présure fait tourner le lait, et c'est cet effet que 
désigne le mot caillement^ dans les Dict. d*Oudia 
et de Cotgrave. 

Cailler, subst. masc. Vase à boire. On lit dans 
une citation du GIoss. latin de Du Cange, aux mots 
Haz-er et IHbler : « Caillers à boire vins nouveaux. » 
Cailler a la même étymologie que calate (i). Tous 
deux dérivent du latin calathus. 

variantes : 

CAILLER, Caillier. 

Cailler, verbe. Chasser aux cailles (2}. (Dictionn. 
de Borel.) 

VARUITTES : 

CAILLER. Dict. de Borel. 

QuAH^LBR. Poës. MSS. du Vat. n« 1522, fol. 164, V*. 

Cailletaux, subst. masc. plur. Petits cailloux. 
GTest la signification oropredece mot dont Rabelais 
s^est servi pour signifier une espèce de jeu auquel 
on jouoit avec de petits cailloux. (T. I, o. 144.) 
Peut-être est-ce le même que celui des cailles. 

Calllete, subst. fém. Présure. (Voy. les Dict. de 



Monet, de Ntcot et d*Oudin.) C'est le nom du 4* ven- 
tricule des animaux où se trouve la présure (3). G*est 
aussi le nom des parties naturelles de Thomme. 
(Voyez Contes de Cholières, fol. 104, et Bouchet, 
Serées, livre l, p. 312.) De lu, échauffer la caillette^ 
pour exciter au plaisir. (Oudin, Cur. fr.) 

Calllete, adj. Lâche, sans courage. — Sot, 
niais (4). 

Marot, se repentant des folies qu'il avoit faite» 
pour celle qu'il aimoit, dit : 

Mieux raudroit tirer à la chanie, 

Qa*aToir telle peine : ou servir un masson. 
BrieL ai jamais j'en tremble de firissonjt 
Je suis content qu'on m'apeUe cailletlé. 

CI. Ihrot, p. tt4. 

On trouve la seconde acception, sot, niais, dans 
les Dict. d'Oudin et de Cotgrave. Selon Oudin, 
caillete est l'attribut des enfans de Paris. Ménage, 
dans son Dict. étymologique, dit que cailletemaman 
désigne, à Paris, un enfant qui se tient toujours 
auprès de sa mère, au lieu aailer jouer avec les 
autres. De là, cette expression la caillete le tient ^ 
pour dire il est sot. (Oudin, Cur. fr ) Caillette étoit 
le nom d'un fou de la cour de Charles VIII ei de 
Louis XI [. (Satyre Menippée.) 

VARIANTES .* 
CAILLETE. Oudin, Cur. fr. 
Caillette. Cl. Marot, p. 2i4. 

CalUenr, subst. masc. Qui chasse aux cailles. 
Bourse à cailler, signifioit appeau pour les cailles. 

Dans le Roman delà Rose, Faux-semblant, parlant 
des béguins, faux dévols ou moines hypocrites, dit: 
faut bannir des cours des princes, les chevaliers et 
la noblesse. 

Qui robes ont gentes et ceintes, 
Mais béguins a grans chapperons 
Qui ont ces larges robes gnses, 
Houseaux froncis, et larges bottes 
Qui resemblent bource à cailler, 
A ceulx doivent princes baiUer 
A gouverner eulx, et leurs terres. 

Rom. de U Rom, liB5. 
VARIANTES : 

CAILLEUR. Roman de la Rose vers 22425. 
Cailler. Roman de la Rose, vers 22432. 

Callleux, subst. masc. Espèce d'oiseau. Cailler. 
CalUoeus, adj. Plein de cailloux. 

VARIANTES * 

CAILLOEUS. Dîet. de Monet. 

Cailloeux. 

Cailloueux. Epith. de Martin de la Porte. 

Cailloubus. Dict. de Cotgraive. 

Cailloté, adj. Caillé. (Dict. d'Oudin.) 



(i) Dès 1321, on lit dans un arrêt : c Item .m sçypbos de caillier pretii .xxx. soUd. > L'étymologie peut être cale, bois 
orvant à faire des coins, puis des tasses : c Lesdis prisonniers eussent mis une salnture d'argent et certains cailliers ou 




pOMsa «Iles boyaubB, lesquels les tripiers vendent tous nettoies. • (N. B.) — (4) c Ce s'est pe^s sans cause que les autres 
nSÉioiis nous appeUent caillettes^ puis que comme pauvres eaiUeseoittèeB^ si trop crédules, les prédicateurs et sorbounistss, 
par leurs caUlets (appeaux) enchsmteurs, nous ont fait donner dans les Mis des^tfnuHi. » (Sat, Ménippéei p. iHK) (N. s.) * 



CA 

Votre belle, et délicalte main, 

Et le lait caillotté qui vous btanchist le ee 

Œnt. d* Dm Puna, p. SÏI 



Callloter, verbe. Citiller. (Dict. d'OudiD.) 
Gallloteux, adj. Caillé. (Dict. d'Oudin.) 
Calllottn, subst. masc. Sorte de from.ige. Oa le 
fait fivecdu lait caillé. > Quand il deschilTroit ses 

■ plaints , pour les méchancetez de balde , il 

■ entremesloit souvent que sa vache avoit Tail un 

■ veau, et qu'il vouloit en donner un caillotin 
•t à monsieur le Podestat tout frais. > (Merlin 
Coaie, T. I,p. 147.) 

Fait prendre le lait, 

En eaillotons petits, sur le jonc verdelet. 

, .^ Bivfcr. ih Rmi. BsU. T. 1. p. 17. 

• J'ay trois vaches, une chèvre et une noire gode 

■ lesquelles en tout temps me font des caillotins, 

* et de leur laict je tirois tons les jours de bon 
. argent. . (Merlin Cocaie, T. I, p. 170.) 

VARIANTES : 

Cocaie, T. I, p. 
de Rem. B^lei 

Caillouel (poire de) callloa, subst. Nom 
d'une espèce de poire. (Rom. de la Rose, 12467.) 

Cailloux, subst. masc. Espèce d'insecte ou 
reptile. • t^es limasses, lesards, taupes, grenouiHes, 

• sauterelles, eiquelles. cailloux, avec tous ani- 
. maux terrestres, et aqualicques, estoient repre- 
« sentez si au vif, etc. » (Print. d'Yver, fol. 137.) 

Calmand, subst. masc. et adj. Mendiant, gueux. 
Oq lit: < les caymans (1) de l'IIâtel Dieu de Paris. • 
dans les Diulog. de Taliureau, p. 135. Il est adjectif 
dans la Salyre IV, de Régnier, qui l'emploie au 
féminin. 

Caymande on voit la poésie. 

(Voyez le verbe caimander.) 

VARIANTES : 
CàlMAND. Nicot, Oudin, Monel, Dict. 
Cavmand. Régnier. Saijre IV. 

gTHANT. Dial. de Tahur. p. 13S. 
HiMAN. Cabyhxn. 

8I7AYIIAN, QuAVHBN. Garasso, Rech. des Recb. p. 409. 
usHAND. CoiBrave, Dict. 
Caimander, verbe. Mendier, gueuser. On lit en 



CA 



I). 133, R'. 
VARIANTES : 

CAIMANDER. Nicot, Oudin. Dict. 

Cavmandkr. Rob. Estienne. — Gloss. de l'Hist. de Paris. 

QUEMANDER. Œuv. de Barr, fol. 133, R*. 

QOKVifANDKR. Cotgrave, Dict. 

QuBBHANDKB. Hénage, Dict. Etymologique. 

Calmanderie, subst. fém. Gueuserie. L'action 
de mendier. Substantif formé du verbe caimtutder, 
dont on a expliqué ci-dessus la signification. 

<i> Od ut su reg. JJ. 143, p. 397, an. 1393 : c Un homme querant et demandant l'aumosne, qui esloit vestut d'un manteau 
tout plain de palMeaulx, comme un coquin ou cainxant. ■ (,N. E.) — (3) Cest l'orthographe du XAV siècle : t He Des, ce diat 
U rois, qui goustas à la faine. > (Soswn*, XIX.) (n. s.) 



■ TARIANTBS : 

CAIMANDERIE, Cayhandbhie, Gavhandehik. 
Caihandibb. Moyen de Parvenir, p. 88. 

Gaine, subst. fém. Le jeudi saint. La comma- 
nion. Proprement, ce mot signiHe la Cèùe, du latla 
cCEtia, le dernier souper de J. C. avec ses apdtreB. 
On lit, au premier sens : 

Quant passée est la quarantaine. 

Et vendra le jour de la caine (3), 

Garis sera, etc. 

ribl. HSS. ds R. p> niS, m. m. K* coI. t. 

On disoit aussi caine, pour communion. 

Toi jors i la caine, par rente, 
Ne cuidiez pas que je vous mente 
Fesoit la dame un grant mandé, etc. 

F^. Mas. ôa R. D- TUS, toi. K8. V ai. 1. 

De là l'expression faire caine, pour communier. 
Quant venue lert te quarantaine, 
El premier jor faiiotent caine : 
Li abés les acumenoit. 

Vta ilM SS. KS. <k Sort. cbir. Lu, col. tS. 

Caine, subst. masc. Cheveux blancs. Ou latin 
canus, nous disons encore chenu, pour blanc de 
vieillesse. 

Ma dame m'a ramprosné. 
Et mal dit, ks je sui el tor ; 
Ke trop ai le cnief mellé 
De cames ; n'ai droit en aim^. 

GuL d'Arpi, Poèi. MSS. mS 1100. T. [Il, p. II». 
VARIANTES : 

CAINE. Gaut. d'Argis, Poës. HSS. a*. ISM, T. lit, p. 11S0. 
Chaîne. Fsbl. HSS. du R. n> 7318, fol. 77, R> col. 3. 
Chane. Rom. de la Rose. 

Calngner, verbe. Gagner. 11 faut peut-être lire 
gaingner, dans le passage suivant : > Qui sens con- 

> seiile, et sens ordonnance poursuilt l'ennemy, 
< il luy veult donner la victoire qu'il a caingnee. > 
(lostr. de Cbev. et exerc. de guerre, us. fol. 12.) 

Cains, subst. mate. Ceinture. — Baudrier. — 
Circonférence. 

Ce mot signifie une ceinture de femme, dans ce 
passage cite par Borel, au mot Fermai : 

Fermai, caina, aniax, aumônes. 
Guimpes, fUsndres, et tuiriax. 

Le ceint est pris pour baudrier de la Chevalerie 
de l'Ordre de S' Harc, dans l'ordonnance de 1588. 

■ Faisons, et créons chevalier le dit Aubert, luy 

■ ayant donné te ceint militaire et de notre main 

■ l'accolée. • 

Ce mot semble employé pour circonférence, dans 
les Chron. de S' Denys, T, I, fol. 126: « Charlema- 

■ gne six espans avoit de seint, sans ce qui peodoit 

> dehors la boucle de la ceinture. > 

VARIANTES 1 
CAINS. Borel, au mot Fermai, cite Onde, KS. 
Ceint. Onl. de 15SS, citée par Beauman. p. 415. 
Ceinet. Dict. de Rob. Estienne. 
Seint. Chron. de S< Den. T. I, toi. 135, V*. 
Chaint. Guilleville, Liv. IV. 

Cainse, subst. masc. et fém. Espèce de vête- 



CA 



- 186 — 



CA 



relroussent leurs habits pour agir plus librement. 
« Dieu éveilla fortune qui en soursaiilt se lev;i , el 
« mit les pans à la ceinture. » (Journ. de Paris, 
sous Charles VI el VII, p. 37.) 

2» Quitter la ceinture, pour abandonner. On lit, 
au sujet de M. de Joyeuse, capucin: « Se jetta de 
« rechef dans les grandeurs du monde, et puis 
« quitta la ceinture^ à toutes ces vaines folies, pour 
« reprendre cette mesme vie dans laquelle il est 
« mort à honneur. » (Lelt de Pasq. T. III, p. 259.) 

3" Bonne renommée vaut mieux que ceinture 
dorée [\). Pasquier el le P. Garasse attibuent l'ori- 
gine de ce proverbe à une défense qui fut faite an- 
ciennement aux femmes de mauvaise vie, de porter 
des ceintures d'or ou d'argent. Selon Pasquier, cette 
ordonnance est de 1420. (Recher. p. 678) ; Garasse, 
dans ses Hech. des Rech. la date de 1446 et 1449. 
On en publia une dans Paris, en 1446, contenant 
une pareille disposition, suivant le Journ. de Paris, 
sous Charles VI et VII, p. 202. Bouteiller attribue 
ce proverbe à Tusage où l'on étoit de donner, aux 
mariées, des ceintures garnies d'or ou d'argent. 
(Somme ru aie, p. 471.) 

Favin rapporte ce même proverbe, en ces termes : 

Bonne, et commune renommée, 
Vaut mieux que ceinture dorée. 

ThéAl. d'boDa. T. I, p. 5fi. 

Il s'accorde avec le P. Menestrier (Orig. des Orn. 
des Armoiries, p. 401), pour contredire les auteurs 
dont nous venons de parler. Ils semblent mieux 
fondés à faire venir ce proverbe de l'usage, où 
étoient nos rois de la première race, de donner des 
baudriers, ou ceintures d'or ou garnies d'or, aux 
seigneurs de leur cour, comme la récompense la 

1)1 us distinguée. Cet usage avoit depuis passé dans 
es cérémonies de la chevalerie. 

4* Se desceindre et jetter la ceinture , signifioit 
abandonner ses biens, par allusion à la formalité 

!pe remplissoient les débiteurs insolvables et les 
emmes qui renonçoient à la communauté (Laur. 
Glossaire du Droit françois.) 

5* Ceinture de la reine. Selon le Gloss. du Dr. fr. 
de Lau; ière, c'est un subside qui se lève à Paris, de 
trois en trois ans; il est de trois deniers pour 
chacun muid de vin, et de six deniers pour chacune 
queue. Ce même droit est appelé taille du pain et 
du vin, dans une citation rapportée par Du Gange, 
Glossaire latin, sous le mot Talliapanis (2). 

VARIANTES : 
CAINTURE. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. Il, fol. 143, V«. 
Chainture. Fabl. MSS. du R n» 7218, fol. 152, V» col. 2. 
Sbincture. Petit Jean de Saintré, p. 146 
Sainturk. Coquillart, p. 74. - Ord. T. III, p. 485. 
CiNC ruRB. Cotgrave, Dict. 
Cbimture. Orth. subsist. 



Caintarele, mbst. fém. Ceinture. 

Les wans, et la çainturele 
Douroumes à Beatris. 

Gileb. Poës. MSS. Vatican, n* 1490, fol. ii3, ▼«. 

Calon, subst. masc. Porc. « On iuoii àescayonê^ 
« ou pourceaux, et y faisoit on saucisses, andoillès^ 
« et boudins. » (Alector, Roman, fol. 126.) 

VARIANTES l 
CAION. Nicot, Oudin, Dict. 
Cayon. Alector, Roman, fol. 126, R«. 
Gayon. 

Caïque, subst. masc. Espèce de bateau turc. 
Nous disons aujourd'hui saique. Bassompierre en 
parle sous Tan 1603 et dit qu*on arme de ces bateaux 
sur le Danube. 

VARIANTES : 

CAIQUE. Du Ganse, Glossaire grec. 
CuAiQUE. Mém. de Bassompierre, T. I, p. 103. 

Caïr, subst. masc. Chariot. (Dict. de Borel, 
2" additions.) 

Caire, subst. masc. Nom de ville. C*est la capitale 
de TEgypte. On écrivoit autrefois Quayre (3), pour 
Caire qui subsiste encore. (Dict. de Cotgrave.) 

VARIANTES : 
CAIRE. Orthographe subsistante. 
OuAYRB. Cotgrave^ Dict. 

Calrefour, subst. masc. Carrefour. On pro- 
nonce ai^nsi dans le patois languedocien. (Dict. de 
Borel, au mot Glouper.) 

Cais, adverbe. Presque, quasi. 

Qu*ou bailliage de S<?nli8, 
Qu'occupe le dit suppliant, 
N*ait malfaicteurs, ne maise gent, 
Mais soit caUf (4) le païs paisible, 
Sanz faire chose non loy.<tible. 

Butt. DMch. Poës. MSS. fol. 481, «ol. I. 

Caisgne, interjection. Elle exprime^ la surprise 
et revient à notre vertu chou, ou vertubleu. Le 
Duchat, sur Rabelais, T. T, Prolog, p. 44, dérive ce 
mot de rinterjection italienne cagna. 

Caisi com, adverbe. Ainsi que. 

Caisi com nous faisons ore, etc. 

Fabl. MSS. do R. n« 7989, fol. 78, V Ml. i. 

Caisne, subst. masc. Chêne. (Glossaire de Da 
Cange,au mot Cavt/^.) Le paysan, dans les provinces 
septentrionales de France, dit encore quesne (5), 
pour chêne. 

VARIANTES I 
CAISNE, QUESNB. 

Caisoii, subst. fém. Saison. (Celth. deL.Tripp.) 

Caisse, subst. fém. Ce mot subsiste ; nous ne le 
citons que pour remarquer ses différentes orthogra- 



(1) On dit que Blanche de CastiUe, femme de Louis VIII, ayant reçu à la messe le baiser de pa^x, le rendit à une fiUe de 
mauvaise vie portant ceinture dorée; ayant appris sa méprise, elle obtint du roi une ordonnance qui défendait aux 
courtisanes de porter de telles ceintures. (N. E.) — (2) Un registre de la Cour des Comptes évalu<> à 600 Uvres la rentrée de 
cet impôt pour l'an 1389. L'impôt était en 1415, d'après le Registre des Métiers de Paris^ conforme aux indications de 
Laurière. IL paraît avoir eu pour objet l'entretien de la maison de la reine. La ceinture la reine fut encore peiçue en i7S5 
par le duc de Bourbon, à l'occasion du mariage de Louis XV et de Marie Leczinska. (n. b.) — (3) l^s auteurs des xui" et 
XIV* siècles rappellent souvent Babylone. (n. b.) — (4) Il vaut mieux lire çais pour ça. — (5> On retrouve là la forme 
primitive casnuSf employée dans les cbartes du ix« siècle. 



CA 



— 187 — 



CA 



pbes et pour rapporter Teipression proverbiale 
suivante: Bander sa caisse, c'est-à-dire 8*en aller. 
(Oudio, Dict. et Cur. fr.} 

VARIANTES : 
CAISSE. Dict. d*Oudin et de Nicot. 

8UAI88B. Dict. de Nicot. 
UB&SB. Nicot, Borei, 1*^ addilions. 

Gaitieux, adj. Misérable. Mot du patois gascon. 
(Dict. de Borel, au mot Chaitis.) 

Cialiit , adjectif . Captif. - Chélif, misérable. - 
Craintif. 

Chaitif et chaitis, dans S* Bernard, répondent au 
latin infelix et miser. 

Villehardouin a dit, p. 184 : « Por secoure les 
« chatis et les chatives qu*il emmenoit, etc. » 
Ainsi chatiSn en cet endroit, signifle des captifs, des 
prisonniers. A la page suivante, on Ht catis et 
eatives^ dans le même sens. Cest aussi dans cette 
signiHcatiOQ qu*il est employé dans le passage 
suivant : 

Cil ki sera est à son aYoir 
Ne peut mener grant vie oneste, 
Ains est caitis s il le cuide estre 
Et si larges, courtois, cuers buens, 
De cou k'il tient cuide estre un cuens^ 

Poês MSS. «tant 1300, T. IV. p. 1853. 

Dans ce même recueil, p. 173, on trouve caitif, 
pour misérable, méprisable. 

Qi caitif sert, caitif louer en sent. 

Caitif a été quelquefois employé pour craintif. 
(Glossaire sur les Coutumes de Beauvoisis.) 

Notre mot chetif, qui subsiste encore, s'est dit 
dans tous les sens que nous venons de rapporter. 

Chetif à tôt mestier, 

De tout prendre, ou noyer. 

Mare, et Sdem. MS. de S. Gcrm. fol. il6. V« col. 3. 

• Ce roy de Castille est un grand chetif. • (Proiss. 
livre 111, p. d57.) Chetive vie s*est dit pour vie 
misérable, méprisable. (Petit J. de Saintré, p. 638.) 
Dans ce sens, ou a appel*^ chétifs, les avares. « Tu 

• dois avoir en mémoire que Ten ne te clame 
< avaricieux, chetif. » (Le Chevalier de la Tour, 
Instruc. à ses lilles, fol. 82.) C'est ainsi que Ton a 
dit caitif louer , dans la citation que nous avons 
transcrite plus haut. « Celles qui renoncent au 
« service d amour sont tousjours malheureuses, et 

• cheptives. » (Arresta Am )ram, p. 241.) 

VARIANTES * 

CiOTIF. Poês. MSS. avant 1300, f. IV, p. 1353. 
Caitis. Ibid fol. 110. 

lUBTis. Eust. Desch. Poês. MSS. 

juesTiF. Horel, 1^ additions. 

•HAiTiF. S* Bernard, Serm. fr. MSS. p. 12. 
Chaitis. s* Bernard, Serm. fr. MSS. p. 29. 
Ghbitis. CSiron. tr. MS. de Nangi&« an 1250, p. 9. 
Chbitiz. Glossaire de Labbe. p. 403. 
Chbitip. Poês. MSS. avant 1300, T. IV, p. leM. 
Chatip. Villehardouin, p. 184. 
• Catif. 
Chetif. Orthographe subsistante. 
Chbtis. Glossaire du P. Labbe, p. 492. 
Cheptip. Arresta Amorum, p. 241. 

Galtls. Il faut lire castis, dans les Poës. mss. du 
Vatican, n* 1490, fol. ia4. 



Caitivel, adjectif. Chetif, misérable. 

Ce vilenel, si caitivel, 
N*il ot qui ne donoie. 

Por«. MSS. Vatican, n« 1400, fol. iiO, R% 

VA' ÏANTES : 
CAFTIVEL. Poës. MSS. du Vatican, n» 1490, fol. 110, R*. 
Caitis. Atbis, MS. fol. 00, R» col. 2. 
Chaitivel. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 146t. 
Chatis. S» Bern. Sehn. tr, MSS. p. 371 , dans le latin fteu f 
Chativbl. 

Chativb, fAm. S« Ber. S. fr. MSS. p.377, dans le lat. muera. 
Chattif. S^ Bern. Ser. fr. MSS. p. 375, dans le lat. miser. 

Caltivetéy subst. fém. Captivité. — Misère, 
infortune. 

Le sens propre de ce mot est captivité. Il étoit en 
usa^e, dans les plus anciens temps, avec cette 
signiticalion. 

tant sont fin amant avilie 

Que maint ^n la kaitivelé 

Plus volentiers, que ne sont preu, etc. 

Poëa. MSS. Vat. n« ilOO. 

Insensiblement, on n*a plus employé que le sens 
figuré, misère, infortune; et ce mot a longtemps 
subsisté, pris dans ce sens. « Chetive té, dit Nicot, 
« pauvreté j mésaise. > 

Faut besogner, 
Pour eslogner 
Oysiveté ; 
Car séjourner 
Fait retourner 
Chetiveté. 

Blason des Faolœt Amours, p. 28t. 

Brantôme s*est servi du mot chétiverie. « Leurs 
« hommes qu'elles avoient tires de la justice, et 
* du gibet, de la pauvreté, de la chétiverie, du 
« bordel, etc. > 

VARIANTES : 

CAITIVETÉ, KArriVETÉ. Poës. M.SS. Vat. n*i49n, fol. 150, R: 
CuAiTiVBTÊ. Fabl. MSS. du R. n« 7G15, T. Il, fol. 143, V*. 



UHAiTiVKTEiT. b» Bern. berm. ir. MSb. p. 4». 
Chetivbtê. Glossaire du P. Labbe, p. 492. 
Chestivbté. Nicot, Dict. 
Chétiverie. Oudin ; Brantôme , Dames gall. T. II, p. 909. 






Caitivisson, subst. Prison, captivité —Misère. 

Les acceptions de ce mot sont les mêmes que 
celles de caitiveté; Tun et Tautre siguiflent capH^ 
vite, dans le sens propre. 

Fit U rois occire, et défaire, 
Et mener en caiiiviBson 

Ph. MoMkM, MS. p. 130. 

On lit dans les Chron. S* Denis, T. II, fol. 57 : 
« Prindrent tous les Sarrasins, et les mirent en 
« chétivoison. » 

De là, ce mot a été employé pour signifier en 
général l'infortune, la misère Le (ilossaire sur les 
Coût, de Beauvoisis, dit : « Le terme àechetivoisofit 
« en ancien françois, signille s*asservir, nbbaisser, 
« appauvrir. » Il cite à ce sujet ces deux vers d*un 
de nos anciens poètes : 

Sans s*amen<1er, par achoison 
Il 8*est mis en cheiivoison 

VARIANTES : 
CAITIVISSON. Ph. Monskts, MS. p. IdO. 
Caitivoison. Gioss. sur les Coût, de Baaur. 



CA 



-188 — 



CA 



Caitivison. Fabl. MSS. du R. n« 7218, fol. 153, Y» col. 2. 
Chativoison. Gr. Coût, de Fr. T. I, p. 104. 

f «« A ITI POISON 

Chêtlvoison. Rom. de Brut, MS. fol. 9, R' col. 2. 
Chativoison Chron. de S* Denis, T. I, fol. 18, V». 
Chaitivaison. s* Bern. Serm. fr. MSS. p. 55. 
Chaitivison. s» Bern. Serra, fr. MSS. p. 275. 

Calabace, subst, fém. Calebasse, Courge; bou- 
teille de courge (Dicl. de Cotgrave et Monet.) On a 
dit proverbialement tromper la calebasse , pour 
tromper son compagnon, boire en son absence le 
vin de la calebasse. 

VARIANTES l 

CâLABACE, Calabasse, Canebasse. 

Calada. verbe. Paver. Ce mot, dans le patois de 
Montaubau, signifie paver (1). (Dict. de BoreK !'•• 
* add.) A Lyon, ce mot est employé substantivement 
pour désigner le parvis d*une église qui est pavé. 

Calage, subst, maso. Calade, descente, pente. 
(Dict. d'uudin.) On dit encore cale pour exprimer 
les rivages de la mer, disposés en talus, où Ton 
monte facilement, acclivitas. 

Calains, subst. masc. Fainéans^ indolens, 
paresseux. « Le vieux proverbe grec, parlant des 
« câlins et de ceux qui mandient sans besoing, 
« commande, pour le moins, de leur bailler du 
< pain, et pour toutes autres viandes, des coups de 
« poing, afin de leur faire laisser ceste façon 
« de vivre sans travailler. » (Bouchet, Serées, 
livre 111, p. 149 ) On dit ca/aîns (2). (Ibid. p. 147.) Le 
mot câlin est encore d*usage, dans ce môme sens 
et selon cette orthographe, mais d*un usage bas et 
populaire. 

On voit sur la Seine des bateaux de foin dont les 
conducteurs font, en se dandinant, une manœuvre 
aisée,ce qui peu t avoir donné lieu à répithète ca/a/n; 
peut-être aussi, ce mot n'est-il que la corruption 
de calan, aujourd'hui chaland, espèce de bateau (3). 

variantes : 

CALAINS, Câlins. 

Calaint, subst. Espèce de drogue. « Faites 
« bouillir du mastic et d*encens bien pouidré en 
« yaue et d'une chose qui s'appelle estoracis cala- 
« mita, et lapda de camamille, et de mellilot de 
« Anthos, de calaint^ de ni^ella, de rute, de mente, 
« et de sauge, et faites tenir les narines du chien 
« sus te pot ou cela boullira. > (Chasse de Gaston 
Phébus, Ms. p. 105.) 

Calais, subst. masc. Nom de ville. Borel le 



dérive de galets^ pierres plates. Cette ville (ot 
reprise par M. de Guise. C'est à ce sujet qu*on lit 
dans Brantôme : « Que nous avions tenu aupara« 
« vaut si forte et imprenable, que depuis deux cens 
« Bix ans, que les anciens François la perdirent, 
« jamais les autres, qui vinrent après nos roys, 
« n'osèrent pas songer seulement de Tattaqu^, 
« non pas de l'avoir : aussi les Anglois furent si 
« glorieux (car ils le sont assés de leur naturel) de 
« mettre sur les portes de la ville, que lorsque 
« les François assiégeront Calais (4), l'on verra le 
« plomb et le fer nager sur l'eau comme le liège. > 
(Branl. Cap. Fr. T. 111, p. 63.) 

Calaisiens, subst. masc. plur. Habitans de 
Calais. On trouve ce mot employé dans les vers 
suivans : 

Calaisiens, Normanz, HoUandois, 
Dont les .u. nés es fronz s*esgoutent, 
En TorgueUleuse nef se boutent, etc. 

G. Gviart, IIS. fol. 316. R«. 

Calamar, subst. masc. Ecritoire. C'est propre- 
ment un étui pour les plumes à écrire. Du latin 
calamus, plume. Ce mot cessoit d'être en usage du 
temps de Brantôme. Le Duchat, sur Rabelais, dit que 
c'est un mot d'Anjou, venu de calamarium (5). Les 
écoliers, à Angers, appellent encore galmar le cou- 
vercle de cet étui. On a employé quelquefois 
le mot françois et latin, dans un sens obscène. 

VARIANTES : 
CALAMAR. Nicot, Dict 
Calmar. Oudin, Dict. 

Calkmer. Gloss. lat. de Dn Cange, au mot Calamarium. 
Galbmar. Chasse et départ, d'amours, p. 167, col. % 
Gallbmard. Brantôme, Gap. Fr. T. I, p. 34. 
Gaumart. Rabelais, T. I, p. 87. 
GUALLIMART. Id. T. IV, p 139. 

Calame. On trouve ce mot dans le passase 
suivant, où il semble être employé pour signifier le 
nom d'une terre : « Quand le roi d'Angleterre 
« fu mort, Richart vint au roi de France, et li flst 
« homage de la terre Calame (6), et le roi li rendist 
« ce quMl en ot conquis sur son père. » (Contin. 
de G. de Tyr, Marlène, T. V, col. 629.) 

Calamistrer, verbe. Plisser, crêper, friser. 
(Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Calamité , stU)st. fém. Grenouille verte. — 
Espèce de plante. 

On trouve le premier sens de grenouille verte, 
dans le Dict. de Monet. On la nommoit ainsi du 
mot latin calamus, roseau, parce qu'elle vit parmi 



(1) Calade (italien calata) est au manège un terrain en pente comme une cale de construction : les chevaux le descendent 
au petit galop» pour assouplir leurs hanches. Calère est, sur les navires de poche, un grand carreau établi à rayant et 
manœuvré par un contre-poids, (n. e.) — (2) Comparez cet autre passage de Bouchet (p. 30) : c Quelqu'un de la serée nous 
contant c^ue les câlins ne laissent, pour estrc tous cousus de poux, de rire et de se moquer. » (N. s.) — (3) En picard. 




li roYS englès se parti de Wissan et s'en vint devant le forte viUe de Callais et Tasséga de tous poins, et dist qu'il ne s'en 
partiroit, par yvier, ne par esté, si Taroit à se voUenté, coni forte qu'elle fust. » (n. b.) — (5) Nous avons la forme vieUUe 
calmar, qui ne s'applique guère qu'à un genre de seiches. A.u xvi* siècle, Rabelais {Garg.. 1, 14) écrit * c Escritoire duquel 
le galeniard estoit aussi gros et grand que le gros pilier d'Eiiay. » Bonav. Desperiers (3* Conte) dit à son tour : c Le clerc 
ouvrant son escritoire pour signer, laissa tomber cleux dés sur la table, qui estoient dans le calemard. » (n. b.) — (6) D vaut 
mieux lire Calaine ; lej)ays de Caux correspond en effet au Vexin normand enlevé à Henri II par le traité d*Axai-8ur-Gber 
ou de la Golombière (28 juin 1189). 



CA -l 

iM roseaux, rana catamita. (Dictionnaire univ.) 
Où y trouvera aussi pourquoi Ton a appelé la bous- 
sole calamité (1). 
. Ce mot signilloit aussi un^ espèce de plante. 

■ Soit pris ysope, saulgu, pouliot, calamité, quart 
< d'once do chacun, etc. > (Fouilloux, Fauc. & 13.) 

Caïamlteusement, adverbe. Misérablement. 
(Dict. de Colgrave.) 

' Calamlteux, adj. Infortuné, misérable. (Dict. 
de Colgrave, el Gloss. de Marot.) • ma calamiteuse 

■ et précipitée jeunesse. ■ (L'Amant ressuscité, 
p. 495.) Ce mol est encore d'usage. On lit dans 
Mtacroix, un règne calatniteux. 

Calan, subst. masc. Chaland, bateau. Ce mot se 
dit encore pour désigner les bateaux plats de 
moyenne grandeur, qui portent les marcnandises 
sur les rivières, et il s'écrit chaland {% Autrefois ce 
mot étoit employé pour les navires en général : 

A tant a mandé soldoiere. 
Nés, et calunt, et msrouiiiere. 

Fh. Houiksa, US. p. MO. 
Puis si entra en un calan. 



Or emmainent paien reofant, 
Par baulte mer, en ua c/talani. 

BUuui. kIS. de Scrb. fot. ISl. R- ni. % 



>- CA, 

Au malade, à U [ots, par uMge 
Quant on i veut mort, et santé Irouvw ; 
Hais quant ne vent fon vin vers li tourner. 
Lors le jugent à mûrir li plus sage. 

GaUir. Pwi. MS8. £i ViUoia, ir 1«». M. SS. V. 
VARIANTES : 

ULANDE. aém. Harot, p. 383. 

Calandhs. Bat. de Quareame, HS. de & Gem. fol. 9S. 

LmUUlNDHK. 

KAI.ANORB. Rom. de Florence, HS. de S' Germ. 
QUALANDRB. Bat. de Quarpcme. HS. de S' Genn. fol. fit. 
Cai^nobe. Poés. MSS. 11' 1*90. fol. 56. V». 
Chaland HB. Cortoia d'Artois, US. deS^ Germ. fol. 8i,V*. 

Calandre, adj. Rabelais, T. III, p. 144, s'eet 

servi de ce mot dans un sens obscène. 

Calandre mant, tvbst. masc. L'acliOD de 
calandrer [4). (Dict. de Honet.) 

Calar, verbe. Se taire (5). Mot provençal. On dit 
encore en ce sens caler doux, dans le langage 
familier. Saint Cezari rapporte que Guillaume 
Durant > usoit de cesle sentence, bien souvent, 
■ aux conseils qu'il donnoit aux parties plaidante 
' ausquelles il cognoissoit que leur droit estoît 
• foible. » 

Hais val calar. 
Que fol parlar. 

t. (ta Nsln-Dma, Pocl. Pronac- p. W. 

Calate, sv,Ht. masc. Vaisseau à boire. (Dicl. de 
Cotgrave. — Voyez Rabelais, T. I, p. 306.) C'est le 
mot laUn calathus. 

VABIAHTES : 

CAIATE, Calathe. 

Calcable, adj. Borel, dans son Dictionnaire, 
ditquece mot, dans la Chronique de Hainaut, signi- 
fie difficile à passer, en parlant de rivières. C'est 
sans doute une méprise; il ne peut avoir cette signi- 
fication qu'avec la négative. 



Calland. Uict. de Nicot et de Coigr 
Chalon. Nicot, Oudin, Cotara 

. tIeS. G 

THiBt. d 

Calande, subst. fém. Ver qui ronge le blé. — 
Oiseau du genre des alouettes. Ce mot subsiste 
encore avec ces deux significations, et on l'écrit 
calandre, comme on peut le voir dans le Dict. de 
I^voux. Nous ne le cilonsdoncicique pour rapport 
ter ses anciennes orthographes et pour faire men- 
tion d'un usage qui a subsisté longtemps, parmi 
nous, quoique ce fût un reste des augures du 
paganisme. 

Quand on vouloit savoir le sort des malades, on 
leur présentoit une calandre (3). Si elle se tournoit 
vers le malade, c'étoit un signe de vie, et quand 
elle détournoit la tète, c'étoit l'annonce de la mort. 
Un ancien poète en fait l'application à la dame qu'il 
aime; ses regarda favorables doivent lui donner la 
vie; si elle les détourne, la mort de l'amant sera 
inévitable : 

Warir me pnet ; mais jou ne puis trouver 

Fors que ma mort, car calendre aauvage 

Eot ma dame ; qi bien i veut penser, 

Ce*t uns oisians c'on scut porter en cage 

H\ ■ Vorec, écrit Bahelaia, à la calamité de vostre boussole {IV, 18). > On mettait la calamiie daua un roseaa ou enr ma 
aailla pour la toirp flotter, (n. K.) - (S) On lit dans la Chanson de ItoLaiid (atr. 176) : t II n'i a barge ce dromond ne calant, t 
Le baj-latln présente les formes chetandrium. chelindru». caluridra, calannus. correspondant au baa-grec geXàiAor. (n. ■.) 
- (3) On lit dans ja Bibliothéqne de l'Ecole des Cbartes iM série. V, ?&i) : t Kalendre est uns oiciaus tous bUns : U slena 
ponmooa garist del obscurlé des iex, de qui la Bible détient que nus ae mangust. i La huppe de cet oiseau aurait inaptré 
son nom: ealiendrum, bonnet, xaÀXvtnfer, ornement, (n. e.) — <4) Faire passer une étoffe entre deux cvtindrea, pour la 
' Inatrar et la ta6ùer. \tt. K.) - (5) Caler une voile «.-st, au propre, la baisser : caler doux est, au figuré , rabattre de ses 
prétentions : i Par Hebain voy justice morte, Quant honneur veult voile ca(/er. i (Cta. d'Orléans, BaU.}<ti, c.) 



Calcinament, subst. masc. Calcination. (Dicl. 
de Cotgrave et d'Oudin. 



Calclnatolre, subst. fém. Four à cliaux. (Dict. 
d'Oudin.) 

Calcltrer, verbe. Ruer, regimber, résister. (Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave.) Cest le mot vulgaire 
récalcitrer. 

Calcofanos , subsf. Pierre précieuse ; en latia 
calcofanus. C'est peut-être katcoplione, pierre pré- 
cieuse dont parte Pline. 

variantes : 

CA.LCOF\NOS. Mart>odus , col. 1687. 
Kalcopane. HarboduB, col. 1674, art. 63. 



GA 



— 190 - 



CA 



Calculation, subst. fém. Action de calculer. 
(Dicl. d Oudia.) 

Calculeinent subst. masc. L'âclion de calculer. 
(Dict. de Colgrave.) 

Calculer, verbe. Ce mot subsiste encore au 
sens propre, supputer ; mnis on Temployoit autre- 
fois au figuré, examiner, discuter. « Pour conclure, 
« et mettre fin en ceste matière, que j'ay calculée, 
« et esclaircie au mieux qu'il m*a esté possible, etc. » 
(Olivier de la Marche, Gage de bataille, fol. 29 (1).) 

Calculeus, adj. M. de la Porte s'en est servi 
pour épithète de gravelle. On nomme encore calcur 
leux (2), les personnes qui ont la pierre, parce que 
Ton nomme calcul, la pierre qui se forme dans le 
corps; du latin calculus, petite pierre. 

CalcuUement, subst. mosc. Compte, calcul. 
(Dict. de Colgrave.) 

Calcun, pron. imp. Quelqu'un. On prononce 
ainsi, dans le patois de Cahors. (Dict. de Borel, au 
mot Glouper.) 

Caldeu, adj, Chaldéen. Langage caldeu signifie 
langue clialdéenne, en ce passage : « Virent lettres 
< escriptes en langaige dit caldeu, qui disoient une 
« moiilt espouveiitable parolle. » (Lancelot du Lac, 
T. m, fol. 102.) 

Quant U Juis orent Dieu pris,... 
Si metoient en lor ebneu, 
Lettres de caldieu^ et de grieu. 

tabl. MSS. du R. n« 1218, fol. it7, V col. 9. 

On a dit un Caldieu, pour un Chaldéen. (Dict. de 
Borel.) Terre a Caldeis, pour la Chaldée, dans 
Marbodus. 

VARIANTES : 

CALDEU. Lancelot du Lac, T. IIL fol. 102, R». 
Caldbis, plur, Marbodus, col. 1666. 
Caldibu. Dict. ds BoreL 

Cale, subst, fém. Calotte. — Sorte de coiffure. 
On lit au premier sens de calotte, en parlant de 
Jacques de Bourbon, mari de Jeanne, 2' reine de 
Sicile, qui se fil cordelier à Besançon, q?i'il éloit 
« vestu pour toute parure d*une longue robe de 
« gris, de petit prix, et estoit ceint d*une corde 
« nonée à la façon d'un cordelier, et en sa teste, 
« avec un gros bonnet blanc, que Ton appelle une 
« calle(S), et nous autres appelions calotte, ou bon- 
« nette blanche de laine nouée, ou bridée par 
« dessous le menton ; il ne luy eut fallu qu'une 



« plume de coq sur la bonnette, et voilà le galand 
« bien vestu. » (Brantôme, Dames illustres, p. 388.) 
Ce mot désignoit aussi une coiffure de femme. 
(Dict. d'Oudin.) Suivant le même, on appeloit 
calles (4), celles qui la portoient. 

VARIANTES ! 
. CALE. 
Galle. Brantôme, Dames illustres, p. 388 et 389. 

Caledy adj. Dur, raboteux (5). (D. de Borel, 
1'" add.) 

VARIANTES : 
CALED, Kalbd. 

Calefreter, verbe. Calfater. Terme de marine. 
(Rabelais, T. I, Prolog, p. 45, et la note.) 

Caleil, subst. masc. Lampe. — Œil. 

Dans le sens propre de lampe, Pavin dit, des 
babitans de Bigorre: « Leurs maisons enfumées, à 
« cause que leurs cheminées sont au milan d*icelles 
« noircies du feu de bois de pins dont ils font leurs 
« aslelles, au lieu de caleils et de chandelles. > 
(Théâtre d'honneur, T. I, p. 433.) Rabelais, parlant 
des maris qui ne sont plus d'aucune ressource pour 
leurs femmes: « N'y avoit plus d'olif en ly cal^l. » 
(Rabelais, T. II, p. 207, et la note.) 

Triors, dans ses Recherches tolosaines, appelU 
dans un sens tiguré les yeux, des caleils (6). 

VARIANTES : 

CÀLEIL, Calel, Calgu, Chalku, Chblu. 

Calendes, subst. fém. Ce mot subsiste souê la 
première orthographe et désigne le premier jour 
de chaque moischez les Romains. Comme de (;a/emte 
on a fait calendrier, table des mois et des jours, et 
que ce mot calendrier a servi à désigner les fastes 
où les églises écrivoient autrefois les noms des 
saints, on ti donné, en Auvergne, le nom de calendes 
au martyrologe. (Du Cange, Gloss. latin, aux mots 
Kalendarium et Festum Kalendarum, où l'on voit 
que le mot kalende a désigné la fête de Noël (7). — 
Voyez Calenes ci-après ) On lit: « Le 14* jour des 
« kalendes de janvier 1231, » dans Pérard, Hist. de 
Boui'g. p. 363. 

On a dit proverbialement : « Es prochaines (;a/^l^ 
« des grecques. • c'est-à-dire jamais, parce que les 
calendes n'étoient pas connues des Grecs. Cette 
expression subsiste encore. 

variantes : 

CALENDES. Orthographe suiisistante. 

Kalende. Du Cauge, Gloss. latin, à Festum ccLlendarûm, 



(i) On lit aufisi au fol. 28 : « Je quiers que, par mon récit, les jeunes et ceux qui ont expérimenté telles infortunes, 
pensent plus d'une fois et calculent ce que leur p^ut advenir. » (n. e.) j- (2) « Nous avons trouvé à un calculeux jusques à 
sept veines emulgentes, et autant d'artères. » (Paré, I, 25 ) — (3) C'était un petit béguin ou coiffe de soie que les hcimmes 
portaient 8ous le chaperon, au xvi' siècle, l^ cale ecclésiastique, dont parle ici Brantômef était de même forme, mais en 
'toile. Au XVII* biècle. le béguin fut piqué et abandonné aux filles de c^impagne ; les Picardes l'appellent encore 
calipette. (N. E.) — (4) TaUemant des Réaux (Historiette^i, 3* édition, III, 249) écrit : « Il entreprit de prouver que Gombaud, 
, qui se piquait de n'aimer qu'en bon lieu, cajolait une petite cale crasseuse. » Dans Lucain travesti, p. 73, le mot désigne 
encore une grisette : c Une cale, un bavolet Montrait au doigt ce grand homme, son cœur s^épanouissait. > (n. e.) — 
(5) C*est un mot bas-breton ; Brizeux remploie dans une chanson : c Ni zo bepreiz Vretoned, tud kaled : Nous sommes 
toujours les Bretons, race forte, i VN. e.) — (6) Caleil nous parait être caliculus, diminutif de colin, (n. e.) — (7) Il en est 
de môtne dans Proissart: « A ces longues nuis d*ivier, un mois devant Calandes ou environ. » (Ed. Kervyn. X, 130.) « Li rois 
de France tint sa feste de Calendes à Tournay. » (Ib., 191.) Cette signification de calendes est encore en usage dans le patois 
de Genève, (n. b.) 



1 - CA 

désigner, par ce nom, que les fêtes angloises 
prélendoient l'emportei' sur celles de Paris. 

Corneille, dans son Dictionnaire, rend le subs- 
tantif chalonge, par tromperie, barguignement. 11 
ne elle point d'autorité; mais il est certain que 
calanger, chalanger ont signillé barguigner, puis- 
que ces mots subsistent avec celte signification 
parmi le peuple de la patrie de Corneille, et que ce 
senties ancien nés signiricalions, comme les ancierls 
mots, qui constituent le langage populaire. 

VAniANTES : 

CALENGE. Alhie, MS. fol. 35. V» col. 1. 

Callengb. Du Caage, b Caltengia, Calumnia, Chalentiim. 

Calange. Calongr. 

Chalonoe. GIoss. sur les Qmt. de Braiivolela. 

Chaloone. Fabl. MSS. du R. n" 7218, roi. 341. V» col. %. 

Cmalange. DocIrJD. MS. de S< Germ. toi. 101, V° col. 1. 

Chalengb. Ixiix Dorm. art. l, dans le latin ciamor. 

Cballengr. 

EscALENQE Cout. Gén. T. t, p. 633. 

Calaignb. Ibid. p. 31t, col. i. 

CuALUNNHE. Gloss. sur les Coul. de Beauv. à Calenge. 

CaleDger, verbe. Réclamer, poursuivre en 
justice. — Revendiquer, maintenir sien. — Contes- 
ter, disputer, défier. — Accuser, calomnier. — 
Barguigner. 

Ce mol, absolument hors d'usage (4), si ce n'est 
parmi le peuple de quelques provinces, comme 
nous le dirons bienlôl, a été fort usité autrefois, et, 
ce qui en est presque toujours une suite, il a été 
appliqué â divers sens. Je crois qu'on peut réduire 
toutes ses significations il celles que je viens de 
marquer, quoiqu'on lui en prête communément 
plusieurs autres, comme on peut le voir dans le 
Dict. de Trévoux, au mot Calenge. 

La signification de ce mot qui pareil la plus 
ancienne, et par conséquent le sens propre, est 
réclamer, poursuivre en justice. C'est en ce sens 
q ue ce mot est loujou rs em ployé dans nos coutumes. 
• Confisqué au profitdu seigneur rayantf;a/t;nf^, > 
c'est-à-dire l'ayant poursuivi judiciairement. (Cout. 
de Hain.iut, Souv. Cout. Gén. T. H, p. 60, col. 2.) 

De là, ce mot a été employé pour revendiquer, en 
général, et maintenir sien. C'est encore dans ce 
sens qu'il faut entendre le passage de Froissaii, 
livre I, p. 149: • Je suis sur le droit héritage de 
■ madame ma mère, si le voudrai chalanger contre 
. mon adversaire. ' On lit, dans le Roman de Rou, 
us. p. 231 : 

allant Gui [ut sessi des cbasteaux, 
Dminença à s'enordeûillir, 
Et Normandie & chalangir. 

Chalangir, calanger^ etc.. un domaine, étoit le 
revendiquer, le faire et maintenir sien. (Math, de 
Coucy, Hisl. de Charles VI, p. 663.) 

Revendiquer, maintenir sien, entratnoit l'idée 

(1) Ro(|uerort donne à ce mot la significalioD de : Contradiction, dispute, contestation, apposition, empêchement. Selon 
Du Gange. Gl. Tt. alUr en caInngtMe se disait pour entreprendre sur autrui, c'eat-à-dire aller en maraude. Dans la chanson 
da Roland, calunge a pour sens : mjusiice. torl. (N. e.} — (2) Dans la procédure canonique, les parties prdlaient a[»^ la 
eontesUtton en cause, ai l'une d'elles le demandait, un serment dit de chalonge ou calonge (juraraentiim de calumnia 
Titanda). Elles B'engageuienl A ne pas faire emploi de la eatomtiie, k ne dire que la vérité, à nu pas pe^er sur la décision 
4a Juge par la corruption ou des preuves inutiles, (n. e.) — (3) Dans Froisaiirt, il vaut mieux lire calenge, qui le plus 
SOBvent est du genre masculin : * Et rtiraonstra quels droia U roin d'Eiigl: terre avoit au calenge de France, i (Us. de Rohm, 
éÙ. KuTjn, UI, 3U0.) (n. E.) - (4) L'anglais a gardé challenge, avec le sens de demander, prétendre. <n. b.) 



CA -i 

Galendrier.subsl.fflosc. Ce mot subsiste; nous 
ne le citeitins ici que comme terme de pratique 
synonyme à intendit. • Les parties auront delay de 

■ liait jours en liuit jouis, pour faire faire leur 

• calendrier, oa inlendit; de plus huit jours pour 

• faire ajourner leui-s témoins, les envoyer quérir, 

• ou les mander par escrit, et les faire eulendre, et 

■ de rapporter les lettres, ou titres.» (Cout.d'Ypres.) 

VA ni AH TEK : 



Galènes, subsl. fém. plur. Fête de Noël. Ce 
mot, en usage dans le paiois de Marseille, n'est 
qu'une altération de Calendes ci-dessus, dont on se 
servoit pour désigner les fêtes. 

Calengage, subst. masc. Nous trouvons ce 
mot employé dans les vers suivans (!) : 

Cet exemple nous monstre bien. 

Sue nus prestres. por nule rien, 
e devroil autrui fataf amer, 
N'enlor. li venir, ne aler, 
Quiconqiies lust en calengage, 
Que il n i lest ou c... ou gage. 

Pibl. HSS. di R. n- lilS, fol. 183, V eol. I. 

GaleDge, tubst. fém. Réclamation, poursuite 
judiciaire. — Contestation. — Joules solennelles en 
Angleterre. — Tromperie, barguignement (2). 
' Ce mot, fréquent dans les coutumes, nous parolt 
signifier toujours réclamation judiciaire, poursuites 
en justice j ainsi, en parlant des amendes pour 
bestiaux pris en dommage, la coutume de Langle 
dit; • La moitié des dites amendes applicable aux 
« officiers pour faire la poursuite, et calaigne. • 
(Nouv. Cout. Gén. T. 1, p. 31t.] Dans la coutume de 
Boavain, Nouv. Coul. Gén. T. I, p. 4W, on lit: 

■ Lesquels ont connoissance, et corrections de tous 
• cas c imes, et maléfices à la calenge du bailly. > 
Nos historiens ont employé ce terme, dans le même 
sens. On trouve, dans Froissart, livre III, p. 110: 
- Le duc de Lnnclastre demandoit par chalange (3), 

■ comme son bon droit, l'héritage de Castille. > 
On a pris, de là, occasion de l'employer pour 

toute contestation, en général, et l'on a dit : 

Met en sa mort chacun calenge 
Et qui miex puet son ami vnnge. 

Alhl>, MS. roi. IS, R-od.l. 

Ne se vange pas bien qui le mauvais blntenge 
Et s'en pri»e preudome, ià n'i inetez chalange. 

Doetrla. HS. te 3. GariB. fol. jD], V. 

Mettre chalange pour mettre obstacle, contester. 

Par une application plus détournée encore , on a 
nommé calenge ou fête de calenge, les joutes faites 
en Angleterre, en 1690. à l'envi de celles qui avoient 
été faites à Paris à l'entrée de la reine Isabelle. 
{Froissart, livre IV, p. 90.) Comme si l'on eût voulu 



CA 



^192 — 



CA 



de contestation, de déf)^ de défense même, et des 
efforts que Ton faisoit |>oiir résister. C*est ainsi 
qu'il faut expliquer le mot calenger, dans les pas- 
sages suivans : « Vous faisons savoir qu'il n'a esté 
n veu, devant ceste heure, que aucun ae nos nobles 
« progéutleurs rois, ait été ainsi calcngés (défiés]), 
« par aucune personne de moindre estât qu'il 
« n'estoit lui-même. » (Monstrelet, Vol. I, fol. 9.) 
« Se vous avés tel cueur de vous défendre, je vous 
« chalange la noble pucelle, « c*est-à-dire je vous 
défie. (Percef. Vol. III, fol. 9.) « Je vous calenge le 
« droit que vous y demandez », c'est-à-dire je vous 
le dispute. (Ibid. fol. 17.) « Calenger sa vie » se 
trouve pour vendre cher sa vie. (Hist. de Du Guescl. 
par Ménard, p. 108.) « Ceux de dedans leur calan- 
« geoient vigoureusement » , c'est-à-dire leur 
résistoient. (Hist. de J. Boucic. livie I, p. 87.) 

Poursuivre en justice et accuser, sont deux idées 
analogues, et calomnier est accuser injustement. 
Ainsi, de proche en proche, calenger est parvenu 
à signifier calomnier. A moins qu'on ne prétende 
que, dans ce sens, il vienne du latin calumniare, 
car un mot qui a divers sens peut avoir diverses 
étymoloçies(l). (Voyez Du Gange, Gloss. lat. aux mots 
Calumntare et Calendare.) Pour appuyer celte 
conjecture, nous remarquerons que le mot calange 
t'est écrit calunnhe, et que le mot calomnie s'est 
écrit calumpiie. Ainsi calange, pris dans le sens de 
calomnie, pourroit venir du latin calumnia, 
Quoiqu'il en soit, il est certain qu'on a dit caloigner^ 

Sour calomnier. On lit, dans Parton. de Biois, us. 
6S*Germ. fol. 145 : 

Mais certes ja cuit gu'à prand tort 
Voi chaloiÇf et médis si fort, etc. 

C'est-à-dire vous calomniez et médisez. 

Il faut bien que calanger ait signifié autrefois 
balancer, barguigner, hésiter. Je n'en trouve pas 
de preuves anciennes; mais parmi le peuple, où les 
anciennes acceptions des mots se conservent, on 
dit eificore dans quelques provinces septentrionales 
^e la France, ne calangez pas, pour n'hésitez pas. 

CONJUG. 

Par rapport à la conjugaison du verbe chaloignevy 
je remarquerai qu ou a dit voi chaloig^ pour vous 
çhaloigncz Voyez la cilaMon ci-dessus de Parton. 
de Blois. On trouve dans le ms. du Roman de Rou, 
que je cite d'ordinaire, fol. 83 : Je chalens^ pour je 
chalenge, mais c'est une faute de copiste qui est 
rectifiée dans le us. de M. de Bombarde. 

VARIANTES : 
CALENGER. Coût, de Hainaut, Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 60. 
Calanger. Les Triomphes de la Noble ûame, fol. 9i, 
Calangier. Roman de la Rose. 
Calbngier. Fabl. MS. du R. n» 7218, fol. 61, V« col. 2. 
Ghalenger. Loix norm. art. xLiii. 



Challenger. Hist. de Du Gnesclin, p. lOS. 
Chalanger. Percef. Vol III, fol. 9, R« col. 1. 
Chalangir. Rom. de Rou, MS. p. 231. 
Chalangier. 

Chalengikr. g. Guiart, MS. fol. 129. 
" Ghalongbr. s* Bern. Sf^rm (r. MSS. p. 284. 
Chalongier. FabL MSS. du R. n» 7615, T l, foL lOfr, V'col. |. 
Caloioner. Partou. de Blois, MS. de S^ G. fol. 145, V«. 
Carlengier. Hist. des Trois Maries, MS. en vers, p. 35. 

Calengeux, subst. masc. Celui qui poursuit en 
justice. — Demandeur, prétendant. « Quant le peu- 
« pie ouyt ceste chose, Taccusé fut quitte^ et le 
« calengeux, honteux et courus, se départit» etc. » 
(Hist. de la Toison d'Or, Vol. II, fol. 116.) 

VARIANTES I 
CALENGEUX. 

Chalengbours. Du Bouchet, Gén. de Goligny, p. 58. 
Chalengeur, Chaleieur. Loix Norm. art. 31, dans le 
latin Vxndicator. 
Cualangeur. Loix Norm. art. 45. 

Calent, adj. Tacite, caché. « Vendeur de chevaux 
« n'est tenu des vices, excepté de pousse, morve 
« ou corbature^ si donc il ne les a vendu sains et 
« nets : auquel cas le courtier, vendeur ou maqui- 
« guon sont tenus, jusques à huit jours après la 
« tradition, de tous vic^s calent et apparent. » 
(Coût, de Gorze, Nouv. Coût. Gén. T. n, p. 1061.) 

Calepin, subst. masc. On sait que c'est le nom 
de l'auteur d'un dictionnaire connu sous le même 
nom (2). Ce dictionnaire est latin et fort étendu; de 
là celte expression ancienne et oroverbiale être au 
bout de son calepin, pour signifier, comme on dit 
encore aujourd'hui, êlre au bout de son latin, 
ou à quia, Montaigne Ta employée dans ce sens: 
« Une pierre est un corps, mais qui presseroit, 
* et corps qu'est-ce? substance ; et substance, quoy? 
« ainsi de suite, acculeroit enfin le respondant 
« au bout de son calepin. » (Essais de Montaigne, 
T. m, p. 516.) 

Calepiner , verbe. Feuilleter le calepin , le 
consulter. (Dict. dOudin et de Cotgrave.) 

Caler, verbe. Baisser. — Incliner. — Se taire. 
Ce mot vient du grec /«A^^. Comme terme de 
marine, il est encore en usage dans ta première 
signification. On disoit autrefois caler le tref^ pour 
caler la voile : 

Et vint d« moi si près siglant, 
Qu'il m'oirent merci criant : 
Si fisl le tref aval caler. 
Et Idiicer un batel en mer : 
Lors me nagèrent à la nef, 
Et fis sus lever le tref. 

Parton. de Bl. MS. de 8. 6. fol. idS, V eol. t. 

On lit au second sens d'incliner : 

Callant ore à Tamour, ore à la jalousie. 

Det IHiiiM, f . MB. 

C'est-à-dire m'abandonnant, inclinant, etc. 



(1) Une orthographe différente n'indique pas un radical différent ; Toreille, bien plus que la grammaire, régla rorthogripiia 
an moyen âge ; l'èlymologie, au contraire, mène au sens propre du mot ; le sens métaphorique s'en sépare bk'ntèt, nais 
tous les deux peuvent être ro. igine de dérivations réffulieres. Ici, l'^ sens dérivé est fort ancien ; la Cbanson de Roland 
▼oit dans calenger et chalangefnent, non plus une calomnie, un dommage de rordre moral, mais une dévastation , iin 
dommage matériel : « A uiult gmnt tort niun païs me caletiges (v. 3592). » cE tûtes leres met en rhalengemenl{y.?M). » m. B.) 
— (2) Ambf Oise Calepin ou Calepino, savant italien de Tordre des Augustins (,1435-1511), composa un vocabulaire polyg^otle; 
son nom désigne maintenant un agenda. (N. s.) 



CA 



GA 



dit M caler pour se tenir coi, se taire. 

loi cependant de me caler, 
^ que sert preecher, et crier 
L ipentre qui n'a point d'oreiiles ? 

TARIANTES : 

,. Orth. subsistante. 
I. Des Portes, p. 909. 

isson, subst. masc, CaleQon (i).(Dictionnaire 
rave.) 

inres (2). 

U n'ai je mie cest mot dit 
te mal de clerc, ne par despit ; 
ïm il en est, parmi le mont, 
henté de sages, et s'en sont 
Lsses de fols, et de caleures, 
SI ensement est-il des feures : 
fais par la foi que dots Saint Pol, 
iB sont tuit sages, ne tuit fol. 

Jéil vas, du R. n* 7Si8, foL 196, V* col. S. 

ater, verbe. Le sens propre est boucher 
s étoupes, les petites ouvertures entre les 
'an navire. Calfater (3), pris en ce sens, est 
18 de marine qui subsiste encore. On a dit, 
jsion, montagnes calfatées de mousse, de 
d^ herbes f d'arbrisseaux. (Berg. de Rem. 
, T. 1, p. 67, V.) Rocher calfeutré de mousse 
. (Ibid. T. I, p. 29 ) Le même auteur, p. 30, 
feutrer un bondon de barrique, pour le 
d*étoupes. On lit dans Rabelais, T. V, p. 
mux mal calfretez, pou cerveaux éventres. 

VARUNTES : 
TER. Orth. subsistante. 

BTER. Le Diichat, sur Rabelais, T. I, prolog. p. 45. 
RBTER. Cotgrave, Dict. 
FRETER. Rabelais, T. II, p. 16 et note. 
UTRBR. Nicot, Dict. 

èutreur, subst. masc. Calfat, calfateur. 
e Cotgrave.) 

burchons(à) (4), express, adv. Acalifour- 
Dict. de Cotgrave et Oudin.) 

leter, verbe. Mot factice imaginé pour 
ir une manière de rire. (Maladie d*Amour, 

•) 

bistris, subst. masc. La partie naturelle 
mme et de la femme. 

YARIANTES : 

ISTRIS, Calibitrix. Dict. de Cotgrave. 
Bis&Ris. Rabelais, T. II,jp. 148 et 161. 
[6TRL Oudin, Dict. Ital. Espag. et Cur. Fr. 

Iborne, subst. C'est le nom de Tépée du 
ils, célèbre dans nos romans. 



On trouve dans Aventin, livre IV : gladius Cali- 
bumus. L*épée d*acier que donna Ricbard I, à Tan- 
crède, roi de Sicile en 1009, avoit le même nom. 
(Bened. abb. Petroburg. in vita Henr. II, reg. 
Angl., II, 642 (5).) 

VARIANTES : 

C\LIB0RN9. Rom. de Brut. MS. fol. 77, R« col. 9. 

Calibourne. 

Caliburnb. 

Chalibornb. Rom. de Brut, MS. fol. 71, R* col. 1. 

EscALiBOR. Ibid. MS. de Bombarde. 

Calibre, subst. masc. Ce mot subsiste sous la 
première orthographe. On a dit autrefois pièces 
hors de calibre, pour désigner les pièces d'artillerie 
qui n'ont aucun calibie déterminé (6). (Mém. de 
Sully, T. XI, p. 483.) 

VARIANTES : 

CALIBRE. Orth. subsistonte. 

QcJALiBRE. Cotgrave, Oudin, Dict. et Gur. fr. 

Calibrer, verbe. S'égaler, se comparer. 

VARIANTES ! 

CALIBRER. Nicot , Cotgrave et Oudin. 
QCJALIBRER (SE). Oudiu, Dict. 

Calice, subst. masc. Ce mot subsiste sous la 
première orthographe et dans le sens propre. 
Eust. Deschamps parott ravoir employé flgurément 
pour foi, religion, dans ce passage, dont les deux 
premiers vers présentent aussi sa signiflcation 
subsistante : 

Car par tels cas impropices, 

Li calices 
De douleur se met, es lices 
Du monde que nous veons ; 
Contre honneur, règne avarice. 

Li calices. 
Droit^ raisons, i)onnes espices, 
Ez Ceuz des gens ne trouvons. 

BusC. D6mIi. Poét. MSS. fol. 168, col. 4. 

On disoit proverbialement : 

l' Changer son calice, pour changer d'amant. 

Far leur calice changier 

Est leur beauté périe, et casse (lat. Cassa), 
Qui en aussi po d'eure passe 
Que la rose fresche et nouveUe. 

Buft. Descb. Poêt. USS. fol. 53i , «dl. 3. 

2* Boire le calice. Un ancien poëte, parlant de la 
mort, s*est servi de cette expression figurée : 

Tous les fait boire à son calice. 

HIst. des Troll Maries, oo t«n, MS. p. IM. 

VARIANTES : 
CALICE. Orth. subsisUnte. 
Calipcb. Hist. de la Toison d*0r, fol. 142. 
Galipse. Doctrin. de San. fol. 7, V». 
Kalisse. Ph. Mouskes, MS. p. 69. 
CuALiCE. Fabl. MSS. du R. n« 7218, foi. 206, V* col. 2. 




"es le manuscrit latin 7657 de la B. N., calvere signifie tromper. De là le sens de dissimulé pour calevres (Miracles 
ierge manuscrits, t. I) : « Que vaut qpianque dient mes lèvres. Puisque mes cuers est si calevres. Que toute jour 
ribant. Par le pais et regibant. > (n. e.) — ^ Il faut remonter au bas- grec xaXat^tsïy et à Tarabe kalafa. (n. s.) 
jrtne est le bas- latin calofurdum, gibet : c S'estaot avancé à cafourchons sur les gardes du pont... » (D*Aubigné, 
886.^ (N. E.) — (5) Voici le passage : c Rex An^li» dédit ei gladium optimum Arctnri, nobilis quondam régis 
n qupm Britones vocaverunt calibumum. b (m. b.) — (6) Le mot était pris au flguré dès le xvi* siècle : c Quant à 
li ne sommes pas de ce calibre, mais seulement gentilshommes. » (Carloix, IX, 40.) Des Accords (Bigarrures des 
-trois) a voulu créer un proverbe en disant : c On voit par le boulet le calibre de la pièce, i (n. b.) 

lu. S5 



CA 



— »* — 



CA 



Calicule, subst. Duvet. Ce mot est employé 
avec celte signification dans ce vers : 

De calicule, et plume peinturée, 

Poèt. de Parrin. fol. 88. R*. 

Calidité, subst. fétn. Chaleur. — Finesse. 

An premier sens de chaleur, c'est le mot latin 
caliditas, chaleur. (Dict. dOudin et de Cotgrave.) 

Ce mot a signifié aussi finesse, adresse, subtilité. 
« La calidité de AfTricque diffamée par tout le 
« monde fut alors périe, par la providence rom- 
« maine. » (La Salade, fol. 15.) Lorsqu'il a cette 
seconde signification, il devroit s'écrire callidité, 
du latin calliditas, finesse. 

Cali(flneas, adj. Obscur. (Dictionn. de Monet, 
Gotgrave ) C'est le mot latin caliginosus ; on a dit : 

Obscuritez toutes caligineuses. 

Crétin, page M9. 

Caliginosité y subst. fém. Obscurité. (Nicot, 
Oudin et Cotgrave, Dict.) 

Calimas, subst, masc. Chaleur. Mot du patois 
languedocien. (Dict. de Borel, au mot Gargaillol) 

Calinaire, subst, masc. et fém. Ribaud ou 
rlbaude. On trouve ce mot, avec le sens de concu- 
bine, dans Cotgrave, et pour ribaud, dans Bandel 
de Belle-Foresl. C'est un mot provençal. 

VARIANTES : 
CALINAIRE. GeltheU. de Léon Trippault. 
Galignaire. Bandel de Belle-Forest, T. VIII, p. 148. 

Caliornes , subst, plur. Sorte de canons. A la 
retraite des François à Gigeri, en 1664, il y avoit 
des pièces de canon que l'on nommoit palans, 
caliornes et francs funins(\), (Peliss. Hist. de Louis 
XIV, T. I, livre 11, p. 263.) 

Caller, verbe. Chatter. (Nicot, Rob. Estienne et 
Monet, Dict.) 

Callette-bleue. Ce sobriquet fut donné à Jean 
de Chalon. (Voy. Le Bœuf, Hist. civ. d'Auxerre (2), 
p. 180.) 

Callioot-niuster, subst, masc. Trésorier, 
receveur d'une ville. « Les bourg-maistre, et esche- 
« vins ont pareillement le pouvoir, et Tautorité 
« d'establir annuellement un trésorier, et receveur 
« que Ton nomme caUioot-muster, pour le recou- 
« vrement, et par ordonnance distribuer les revenus 
« de la ville. » (Coût, de Rousselaire, T. I, p. 903.) 

Callonné, adjectif. Caillé. 

Les chevaux écumeux trainent sur la poussfôre 
Leurs maistres par l'estrier dans la rouge carrière, 
Qui le sang callonné vont après vornissans. 

Poës. de Perrin, fol. 48, V*. 



^1) Gigeri, Gigelli, ou mieux Djijelli, est une ville d'Algérie, dans la province de Bougie. Le duc de Beaufort 
juillet 1o64, une garnison qui dut se rembarquer le 31 octobre, en abandonnant son canon. Caliome désigne non le canoÉif 



Calmage , subst. masc. Espèee de droit Oa le 

Eerçoit sur les boissons, suivant la coutume de 
angle. « Les hostelains sont tenus dto faire priser 
leurs bières, par ceux de la loy, chacun en son 
district, et de payer, de chacun tonneau, un lot 
de bière pour leur droit deprisé ; lesquels priseors 
sont tenus, outre leur dit lot de prisée, compren- 
dre en l'assiete, et tauxation, deux lois pour le 
calmarge (3) demy lot, pour le droit dit pinnebièrQ^ 
les impots entiers ce que se paye au brasseur, 
suivant le taux pour se apposité, et donné pcfur 
gainage ausdits hostelains, sur chacun tonneau 
vingt deux sols. » (Coût, de Laujgle, Nouv. Coût. 
Gén. T. I, p. 310.) Les bourgeois de la ville de 
Poperinghe « ont encore dans leur dite ville et 
« jurisdiction, plusieurs beaux droits, et franchises, 
« comme les droits de la halle, les droits d'estalage, 
« droit de lerrage, le droit des mesures, des poids, 
« de péage, de calmage, et d'assorage, sur les vins, 
« et les biens consumez dans les hôtelleries, ot 
« cabarets. » (Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 927.) 

VARIANTES : 
CALMAGE. Coût. Gén. T. L p. 9ffl. 
Calmarge. Ibid. Coût, de Langle, p. 310. 

Calmeté^ subst. fém. Calme. (Voyez Poës. de 
Loys le Caron, fol. 52.) 

Calmir, verbe. Faire calme. Les mariniers de 
quelques provinces de France, sur la Manche, disent 
encore calmir^ en ce sens. Garasse, parlant de ceux 
de Normandie, dit : « Quand ils viennent de Caude- 
« bec, ou de Dieppe à Paris, si leurs chevaux 
« trottent un peu trop rudement, vous les verrez, 
« par les chemins, courbez et attachez sur Tarçon 
« de la selle, criant, à reprises entrecouppées: 
« calme, calme, calme ; et quant le cheval se met 
« au pas, ils adoucissent aussi leur cholere, et 
« disent en souMant, comme s*i]s estoient à Tem- 
« boucheure d'Arqués, il calmitf il calmit. » 
(Garasse, Rech. des Rech. p. 776.) 

Calmois, subst. Partie d'une Jance, pour la 
poignée ou pour le fût. La tige de calamuSy tuyau. 

Sa lance voit en la poudrière ; 
Liés (4) est quant il le voit entière ; 
Par le calmois li bers Ta prise. 

Athis. MS. fol. 79. V edl. t. 

Calobre, subst. fém. Espèce de vêtement (5). 
(Dict. étym . de Ménage.) Le peuple emploie encoréee 
mot, en Normandie, en parlant d'une souqueniUe. 

Galoches, subst, fém. plur. Galoches. Souliers 
de bois. (Voyez Celthell. de Léon Trippault, et le 
Dict. de Cotgrave.) 



y mit/ le 91 



mais le cordage à poulies, le palan qui sert à le mettre en batterie. <N. E.) — (2) La Gume de Sainte- Palaye était lui-i 
d'Auxerre ; il a lu l'histoire de l'abbé Le Beuf, qu'il cite assez Créquenjment. (N. B.) — ^3) Il vaudrait mieux lire cambmft^ 
droit payé pour la fabrication et la vente de la oière. Dans le polyptyque d'Irminon, camba est une brasserie. (N. B.) — 
(êf Lœtwf, joyeux. (N. E.) — (5) C'est le colobium, la tunique sans manches dont parle Servius, commentant ce vers dS 
Virgile (Enéide, IX, 616) : c Et tunicœ manicas. et habent redimicuia mitra. » Il ajoute : « Nam colobiis utebantur antiqjiL > 
C'était comme un sac qui devint au moyen-Age un sarrau : c Un homme vestu d'une calobe de toile et un mrnrhant 
chaperon... Le suppliant advisa par latente du c<^et de la^diiie calobe de toUe. i (Â. N., JJ. 175^ p. 474, an. 14320 (H. s^ 



CA 



— 1« — 



CA 



Calodalinon, $ub$t. moêc. Génie fomilier. Bob 
l^iCv notre ange gardien. (Alector, Rom. fol. 31.) 

Galoffe, subst. fém. Enveloppe. Ce mol s'appli- 
ipoît, en ce sens, à la châtaigne, dont la première 
BQveloppe se nommoit caloffe. (Menestrier, Om. 
iOB Armoiries, p. 373.) 

On appeloit aussi caloffe, Tenveloppe ou la 
lillîcule qui couvre les fèves. « S*il eust eu la 
• eognoissance de ces prodigieuses nations qui se 
•Q aerveri de caloffes de fèves pour casques, de 
» feoilles de choux pour cuirasses, etc. » (Garasse, 
Rtcb. des Rech. p. 434.) 

Calomnie, subst. fém. Calomnie. — Mensonge. 
-* Serment. 

Noos citons les anciennes orthographes de 
« mot ; nous ne devons nous y arrêter que pour 
Mre mention des acceptions hors d'usage. Nous 
i*allé^erons donc pas d*exemp]es sur la première 
(Ipaiflcation de calomnie, qui subsiste encore. 

On disoit autrefois calomnie de vérité, pour 
nensonge» imposture. (J. Le Febvre de S* Rémi, 
lisi. de Charles VI, p. 39.) 

Oo disoit aussi serment de calomnie ({), pour ser- 
vent de dire la vérité en justice. On lit, dans le 
Botft. Gén. T. II, p. 687 : « Etre juré de calumnie, 
r et de dire vérité. » (Voyez, au mot Calomnieux, ce 
pie c*étoit que ce serment, que Ton nommoit 
lUBSi serment calomniel ou serment de calumpne. 

VARIANTES *. 
CALOMNIE. Orthographe subsistante. 
Galumnib. Coût. Gen. T. U, p. 687. 
CUlumpne. Ord. des ducs de Bretagne , fol. 212. 

Calomnier, verbe. Nous remarquerons^ sur 
l'orthographe subsistante, que Balzac prétendoit 
fftre servi le premier de ce verbe avec le pronom 
SOnjonctif , et que personne, avant lui, n'avoit dit 
te calomnier soi-même. (Voyez Ménage, sur la 
Langue françoise, p. 341.) 

Ce mot, sous sa seconde orthographe, nous 
buniit une expression qui mérite aussi d*étre 
raMortée. On disoit : Calompniser les dits de quel- 
juun^ pour interpréter mal ses discours* « Or 
» acavoit-il leur captieuseté estre telle, qu'ils 
> calompnisoient ses dits. » (Hist. de la Toison 
i'Or, Vol. II, fol. 189.) 

VAWANTES : 
CALOMNIER. Orthographe subsistante. 
C^àUWPNiSBR. Hist. de la Toison d'Or, Vol. II, fol. iS9, V«. 

Galomnienx, adj. Ce mot, qui subsiste sous la 
(minière orthographe, conserve aujourd'hui une 
i^priflcation bien différente de celle qu'il avoit 
lutrefois , dans cette expression : Serment calom- 
f^ux ou calomniel, c'est-à-dire serment de dire la 
infrité en justice. « Les parties sont tenues faire 
r ferment calomniel. « (Nouv. Coût. Gén. T I, 
}» 196.) Ailleurs, on trouve, daps Bouteiller, Somme 



rurale, p. 704, ce que c*étoit que ce serment : 
Sermons calomnieux ; si est le serment que doit 
faire chacun, en sa cause, qu'il a devant le juge, 
puis que requis en est ; c'est à sçavoir qu'il tient 
voir, juste, et loyale cause de faire la demande 

Su'il fait, et que ainsi le croit en bonne foy, et le 
éfendeur qu'il tient avoir juste et loyale cause 
de faire défense telle que l'en fait; et ainsi le tient 
en bonne foy, et sur sainctes évangiles de Dieu. » 

VARIANTES ' 

CALOMNIEUX. BouteiUer, Somme rurale, p. 704. 
Calomniel. Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 73o, col. 1. 

Galoniere , subst. fém. Canonnière. Caloniere 
est usité à Paris ; c'est un petit tuyau de sureau ou 
d'autre bois creux, en forme de sarbacane, dont 
se servent les en fans. (Dict. de Cotgr. et de Ménage. 
— Voyez Le Duchat, sur Rabelais, T. IV, p. 130, 
note 10, et Cufouie ci-après.) 

VARIANTES : 

CALONIERE, Calonniere. 

Galoper, verbe. Galoper. (Celthell. de L. Tripp.) 

Galorgne, adj. Louche. On a dit Calorgne de 
Lours, qui se trouve dans les Etablissemens de 
S' Louis, livre I, col. 168. 

Et ge tu as, en ton couvent, 
O'enfans un qui soit difforme, 
Jà ne seray de toy amé, 
S'U est bossu, ou s'U est borgne, 
Boiteus, contrefait ou calorgne, etc. 

Eut. Deioh. Poët. MSS. fid. 505, col. f . 

Galotier, subst. masc. Bonnetier. (D. d'Oudin.) 

Galou. Mot gascon. (Voyez Dict. de Borel, au 
mot Corée.) 

Calphate, subst. masc. C*est un surnom de 
i l'empereur Michel Palëologue. On le lui donna 
; parce que son père avoit été calfateur de navire. 
: (Voy. Burigny, Hist.deGonstaatinople,T.Il, p. 163.) 

Calvaire {% mibst. masc. Crâne. Le tât de Ki 
tête. (Nicol et Honet, Dict.) 

Galvanier, subst. masc. Ge mot, dans sa signi- 
flcation pionre, désigne celui qui, durant la moisson, 
est chargé d'enlever les gerbes du champ et de les 
entasser dans la grange. (Voyez Nicot, Mouet» 
Ménage, Oudiaet Cotgrave.) On dit encore ca/voî^i^r 
en ce sens, dans le Soissonnals (3). 

vABiAifTEs : 

GA.LVÂNIER, GALVAtStER. 

Calvardine, subst. fém. Perruque. Borel dérive 
ce mot du latin calvus, chauve (4). (Voyez Dict. de 
Corneille et de Borel.) 

Qui n'a pas vaiUant une pomme, 
Mais qu^il ait une calvaraine, 
Avec cela c'est un grant homme. 

Coqwllltrt , p. Vt. 



(f) crétftit la ehaUmge du droit canonise. (N. s.) - (2) Le Calvaire était ainsi nommé, parce qu'on y lai!>sait blanchir le» 
MMkients et les crânes {calvaria^ cahm») des condamnés. (N. K.) — (3) En Normandie, on dit calvinier. (N. b.) — (4) On lit 
NI M. JJ. 906, p. S44, an. 1482 : c Icellui de la Selle despouilla sa gavardUne, qu'U avoit sur loi, et se mit en prépoiat » 
Téftait donc une chape à pluie^ une sorte de pardessus, (n . e.) 



CA 



- 196 - 



GA 



VARIANTES : 
CÀLVAHDINE, GAI.VARDINE, GUALVARDINE, GALVERDINB, 

Galleverdine. 

Calve, adj. Chauve. On lit, en parlant de César: 
« Aucuns lui baillent ce surnom , pour ce qu'il fut 
« incisé du ventre de sa mère^et les autres pour ce 
« qu'il fut calve^ei sans cheveux devant:.... Valere 
« raconte que , quand il se defTuloit de la teste , il 
« rapportoil ses cheveux de derrière devant, pour 
« couvrir ce qui estoit calve ^ et sans poil. » 
(Triomphe des Neuf Preux , p. 290.) 

Calumniateur (le), subst. masc. Le diable 
Nous avons vu calomnie, pour mensonge. De là 
calumniateur^ pour désigner le démon que l'on 
appelle, en langage ascétique, le père du mensonge. 
« Ce sont hameçons, par lesquelz le calumniateur 
« tire les simples âmes à perdition éternelle. » 
(Rabelais, T. 111, p. 59.) 

Cam, adj. Courbé, plié, cambré. C'est la signi- 
fication de ce mot, dans le patois breton. (Du Cange, 
Gloss. lat. au mot Camba.) 



CÂM, Camm. 



VARIANTES 



Camahieu, subst. masc Ce nom subsiste encore, 
sous la dernière des orthographes ci-dessous. Je ne 
rapporte pas toutes les autres dont on compteroit 
plus de vingt On sait que Ton appelle camaieu, 
une espèce de pierre précieuse sur laquelle la 
nature a peint des tableaux, des paysages. On lit 
dans le Printemps d'Yver, fol. 118: Vncamoïeu 
d'ama^i^6(l), pour un camaieu d'améthyste (2). On a 
depuis donne le nom de camaïeux aux peintures 
d'une seule couleur. Autrefois, on appeloit aussi 
camaïeu un émail, écusson ou médaille que le roi 
d'armes ou autres portoient au col ; d'autres Tap- 
peloient aussi camaiL 

VARUNTES : 
CAMAHIEU, Camahu. Gloss. de Du Gange, à Camacus et 
Kamahutus, et le Gloss. de THist. de Bretaone. 
Camoyus. Le Printemps d'Yver, fol. 118, ¥•. 
Gamayeu. Inv. des Joyaux de Charles V, p. 533 et 534. 
Camaïeu. Orth. subsist. 

Camally subst. masc. Chaperon. — Armure. — 
Espèce de lambrequin. — Email. — Ecusson. 

Nous ne parlerons que des signiflcations ancien- 
nes. Ce mot est pris au premier sens, en ce passage : 

EzceUent Prince, à Jaquemin, demande 
Fait Eustace, devant vous demander 
Un bon camailj dont il lu y fait demande, 
Qu'U luy promist. 

Euftt. Desch. Poét. MSS. fol. 214, col. 1. 

11 paroit que ce mot désignoit, en général, un 
habillement de tète d*homme ou de femme, puis- 



qu*Oudin Texplique dans son Dict* par guimpe ou 
voile de femme. 

C'étoit aussi une espèce d'armure qui couvroit le 
cou, les épaules et la poitrine. Eustache Descbamps 
dit en parlant de Tarmure d*un chevalier : 

Hacbe, dague, camailf visière. 

« Le chevalier rabalit le coup: et getta le bout 
« d*an bas de sa hache, et de la dague, atteindit 
« Tescuyer au camail du haussecol, et le recula 
« loing de luy. » (Mém. d*01iv. de la Marche, Liv.I, 
p. ^5.) « Luy arrachoient le bacinet de la teste, à 
« tout le camal, et eust esté mort sans remède; 
« mais, etc. • (Froissart, Liv. 11, p. 9.) (3) 11 y avoit 
des bacinets à camaiL (Juven. de Urs. Hist. de 
Charles VI, p. 229.) On lit dans J. le Fèv. de 
S'Remi, Hist. de Charles VI, p. 92: BachineU de 
carvail. C'est une faute ; restituez bachinets de 
camail. 

Camail signifioit encore une espèce de lambre- 

Îuin qui coiffoit Técu. (Voyez Menestr. Orn. des 
rm. p. 41.) 

Enfln, ce mot désignoit quelquefois un émail, un 
écusson; mais camail, dans cette signification, 

[»aroit être le même que Camahieu ci-dessus. Dans 
'inventaire de CharlotedeSavoye, veuve de LouisXI, 
en 1483, on lit: « Collier à camai/,émaillé de rouge 
« et noir, etc. » (Godefr. Observ. sur Charles Vifl, 
p. 368.) Cependant, le collier à camail pouvroiipeuU 
être s'entendre aussi d'un collier qui se mettoitsur 
le camail au chaperon. (Voyez Camaillé.) 

VARIANTES : 

CAMAIL. Eust. Desch. Poês. MSS. foL 214, col. 1. 
Gamal. Du Gange, à Camals, Camelancum et Armatura. 

Camaillé, adj. Emaillé. « Les chevaliers du 
« croissant, par leurs statuts, portoient dessous le 
« bras dextre un croissant d'armes camaillé^ sur 

< lequel estoit escrit, en lettres bleues, los en 
« croissant. » (La Colomb. Th. d'Honn. T. 1, p. 107.) 

Camamllle, subst. fém. Camomille. « Si li 
« getez dedanz trois gouttes de huille rosat, avec 
« autres trois goûtes de huille de camamille tiedes, 

< meslez trestout ensemble. » (Chasse de Gaston 
Phébus, Ms. p. 104.) 

Camarades, subst. masc. plur. Soldats de 
chambrée. — Soldats de naissance distinguée. 

Sur la première acception, nous ne citerons que 
ce passage : « Monsieur de Langey, au livre qu'il a 
« escrit de la discipline militaire, parle des cama-^ 
« rades qu'il appelle en nostre langue françoise, 
« chambrée, et les fait de dix soldats, baillant à 
« Tun d'iceux quelque prééminence sur les autres. 



(i) Voici la citation complète ; eUe est du xvi* siècle : « Get anneau avoit pour sa pierre un Gupidon couronné fort 
miffnonnement, estant entaiUè en un camoïeu d'amatite. » (n. e.) — (2) On Ut aux Emaux de de Laborde (p. Ifô, xiv* siècle) : 
c un camahieu, dont le champ est vermeU et a deux figures dessus à une beste assise en une verge toute plaine. » Il faut 
remonter au bsus-latin camœus^ sardoine, onyx, (n s.) — (3) Au xiv* siècle, le heaume ne se pose plus sur la coiffe de 
mailles : il est mis à cru sur le chef ; la coiffe se réduit à une bande lacée sur les bords du bassmet ; eUe enveloppe le cou 
et prend le nom de camail {caput et maille) : « Et tant se avancha (Le sire de Laffurant au siège de Duras) que de sa vie il 
se mist en grant aventure ; car cbil de dedens par force li esrachierent son bachinet à tout le camail hors de la teete. » 
(Froissart, éd. Kervyn, IX, 21.) Le camail ecclésiastique ne se montre qu'au xv* siècle, (n. b.) 



CA ■ -fi 

« et le nomme chef de chambre (1). > (Disc, polit, et | 
milit. de la Noue, p. 352.) 

Ea Espagne, on déaignoit aussi sous le aom de 
^Mmaraaes, les soldats de naissance distinguée, 
^ue nous nommons en France cadets : • Parmi 

* rinfanterie espaenolle, il y a (à ce que j'ay peu 
« comprendre) de deux sortes ûecatnarades: la pre- 

* miere est de ceux que les officiers principaux 

■ des compagnies associent avec eux, lesquels ils 

■ défrayent, avecquefl leurs serviteurs et chevaux, 

■ leur paye leur demeurant franche ; et ordinaire- 

• ment un capitaine en aura cinq ou six, qu'il 

■ appelle ses camarades, et l'enseigne trois ou 

■ quatre. La pluspart de tels soldats sont gentils 
< hommes puisnez, et aucuns de bonne maison. La 

• seconde sorte de camarades est celle qui se pra- 

■ tique parmi les soldats, etc. > (Disc, polit, et 
milU. de la Noue, p. 354. — Voyez Oudin et Cotgr.) 

VARIANTES : 

CAH&RADES. Orth. aiibsist. 
CaÎiehades. Sagesse de Charron, p. 440. 

Gamarine, subst. fém. Lieu puant. C'étoit un 
marais de Sicile dont la puanteur causa la peste, et 
qne l'oracle défendit de remuer. On a dit depuis 
proverbialement, en grec, en lalin et en fran^^is, 
«muertocamarifw, pour réveiller les idées sales (2). 
(Garasse, Rech. des Rech. p. 330, et Rabelais, T. III, 
page 80.) 

Gamarre, subst. fém. Oudin l'explique par 
camarre, qui est traduit par cavessine, sorte de 
bride. 

VARIANTES : 



Gambage, subst. masc. Droit sur la bière. De 
Cahbe ci-dessous, pris pour brasserie, (Voyez Du 
Caoge, Gloss. lat. au mot Camba.) Il y avoit autre- 
fois les droits de ■ cambage, complaisance, pellage, 

■ chevage ou quevage, ostise ou ostisie, ou noslise, 
> remuage, gands, chambellage, relief, ou plaist, 
- etc. « (Voyez Mém. de Mezerai, T. I, p. 190.). 

Gambata, subst. fém. Enjambée. Dans le patois 
laogaedocien. (Du Gange, Gloss. lat. au mot Trans- 
eambata.) 

Gambe, subst. fém. Jambe. Dans le patois lan- 
guedocien. (Dict. de Dorel, au mot Enclmnbader.] 
Quant il a les eatibee veues, 
Ki n'estoient pas trop mnnues, etc. 

Fihl. 1^. duH. n*7ee9. foi. W.H'Ml. 1. 

Cambea aussi signifié brasserie. Du Gange, Gloss. 
lat. au mot Camba, cite le cartulaire de Corbie, où 
OD Ut : • Nus ne puet faire cambe, ne brasser cher- 

■ voise, ne goudale, (espèce de boisson) sans son 

■ congie. • On trouve, ibid, au mot Cambagium, 



ï- CA 

cette autre citation franvoise: ■ Leur ottroi ensi 
■ que quiconques d'iceux vourroit four, ou cambe, 

• ou moulin à maoouelle, faire le peust. * 

VARIANTES : 

CAMBE. Dict. de Borel, Glosa. lat. de Du Canga, à Camba. 
Canbk. Fabl MSS. du R- n' 7989, fol. 91, R" col. 1. 
Chaihbe. GIobb. lia l'Hiat. de Bret. 
Chambe, Fabl. MSS. du R. n- 7218. fol. 236. R» col. 1. 
Camiia. Borel, Dict. au mot Gambage. 

Gambergke, subst. C'est le nom du lieu où fut 
enterré, devant le grand aulel, un (ils dont l'archi- 
duchesse [3) accoucha en l-tôl. Ce fils se nommoit 
François et mourut âgé de quatre mois. (Mém. 
d'Oliv. de la Marche, Liv. H, p. 622.) L'éditeur croit 
que c'est plutdt • Cauwenberghe, qui est devant la 
« court de Bruxelles. ■ Ne seroit-ce pas aussi le 
lieu que Froissart appelle CoUeberq. 

Gambiadors, subst. masc. plur. Changeurs. 
(Voy. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 56.) 

Gambier, subst. masc. Brasseur. De Cambe ci- 
devant, brasserie. ■ Chacun cambier. pour chacun 

• jour que il brassera, deux solsparisis. • (Ord. des 
R. de Fr. T. II, p. 440. — Voyez Du Gange, Gloss. 
lat. au mol Cambarius.] II cite une charte de la 
ville d'Amiens. On voit Le Cambier, nom propre, 
dans l'Hist. de Cambray, par Carpentier, p. 31, 



tit. 



3 121 



Camblserie, subsl. fém. Echange. — Sodomie. 
Bouteiller, dans sa Somme Rurale, p. 245, dit : • Y 
■ a un larrecin qui est â punir sans déport très 
' capitalement, si comme aucuns qui emblent aa- 
. très enfans pour les mettre à cambiserie, ou 
• autre manière desordonnée. • L'éditeur explique 
ce mot par péché contre nature, et ajoute que son 
vieil praticien, qui vivoit sous Philippe-Auguste, 
nommoit ce pèche cambiserie. 

Cambol, subst. masc. Cambouis. Le vieil oint 
qui s'amasse au bout des essieux des voitures. 
variantes : 
CUfBOI. Dict. de Nicot. 
Camboï. Oudin, Dict. 

Catnbon, subst. masc. Champ fertile. Ce mot 
signifie un champ bien cultivé, dans le patois de 
Bombes. (Du Cange, lat. au mot Cambo.) 

Gambos, subst. masc. Espèce de jeu. Rabelais le 
met au nombre des jeux de Gargantua. 

Gambrade, subst. fém. Chambrée. (Dict. de 
Monet.) 

Gambrai, subst. masc. Nom de ville. Nous ne 
citons ce mot que pour rapporter les proverbes 
suivans : 

l' Servoise (bière) de Cambrai. (Poës. use. avant 
1300, T. IV, p, 1651.) 

(1) C'est U l'élymologie, caméra, chambre ; mais le mot nous est venu par l'espagnol camarada. (n. K.J ~ (3) Cette ville 
de Sicile fut ruinée par les Syracusaina, qui la surprirent en traversant un marais deasÉchë par Isa habitants , malgré la 
défense ds l'oracle ; « ( 'iimoriiiam ne moveas ; fK xiyei Kaftégtyay, dxiirr,zot yàç d/M^yair. t Ce devait é're une ville aussi 
Dsn poétique qu'embaumée ; cependant, André Chënier envoie sa jeune Tarettlijie aux bords de Camarina. <n. |.) ~- 
^ Mufoerite, aile de Charles -1»-Tëroéraire, mourut le 37 mare 1483. (s. s.) 



CA 



- m — 



CA 



8- Camelin de Ccmbray (1). (Poës. mss. avant 1300, 
T. IV, p. i652.) 

3» On disoil: « Tenir bon jusqu'à la dernière 
« pièce, commeiexaniCambray (2). » (Contes d'Eutr. 
pages.) 

TARIANTES : 

GAMBRAJ, Kambrai. Carpentier, Uist. de Gambray, p. i8. 

Cambre, adj. Courbe, courbé. (Nicot, Monet, 
Rob. Eslienne et Cotgrave. — Voyez aussi Rob. 
l&t. Gramm. Fr.) « Iceluy escuyer, sans arrester, 

< prist un costel cambre, tranchant moult raide- 
« ment, et en trancha la teste à Piètre, en la pre- 

< sence de tout le peuple » (Ilist. de B. Ouguescl. 
jpar Mén. p. 376.) 

Cambriersy subst, masc. plur. Termes de coutu- 
mes, ou plutôt lerme de flef qui désigne les sujets 
d'un seigneur qui ont étages et maisons dans sa 
mouvance, qui y sont demeurans et domiciliés. 
fLaur. Gloss. du Dr. Fr.) Ils sont aussi appelés 
koêtes, cottiers, estagiers^ ou etagiers. (Du Gange, 
Gtoss. lat. à Hospes) ;i«^ 

Gambrisien, adj. Qui est de Cambrai. On di- 
soit sols cambresis, pour sols de Cambrai. Cambri- 
sien a le même sens dans Erberic, us. de S' Germ. 
fol. 90 (3). On trouve aussi, livre cambrisienne^ pour 
livre de la monnoie de Cambrai. 

vAiUAimss : 

C&MBRISIEN. Cout. de Botssy. Nouv. Goût. Gén. T. I, p. 404* 
&AHBR018IKN. Du CaM^e, Gl. tat. à Àrgentum Album. 
CAUBhssts, Goût, de Buissy, Nouv. Cout. Gén. T. I, p. 404. 

Gambrois» subst. masc. Latrines. Mot usité 
dans le langage breton. (Du Gange, Gloss. latin à 
Privata.) 

Game, subst. fém. Bière. (Ord. des Rois de Fr. 
T. Il, p. 421.) 

Gameau (4), subst. masc. Chameau. (Monet, 
Nicot, Cotgrave et Oudin, Dict.) 

Gameldon. subst. masc. Ne seroit-ce pas une 
faute d*impression pour caméléon^ dans ce passage ? 



« Cameldon est un autre oiseau auquel nulle oou* 
« leur défaut. » (Sicile, Blas. des Coul. foi. 31.) 

Gaméleonne, adj. au fém. Qui prend diver- 

ses couleurs. — Souple, adroite, déliée. 

On a dit, dans le sens propre, en fiaisant allusion 
au caméléon: « Eevbes caméléontides qui prenueni 
< les couleurs du terroir où elles sont plantée. « 
(Mém. de Villeroy, T. V, p. 212.) 

De là ce mot, au flguré, s*est pris pour souple, 
adroite, déliée. C*est en ce sens qu'un valet, parlant 
d'une suivante donl Tesprit et le caractère SQA^oienl 
se prêter à Thumeur et à la façon de penser de 
tous ceux qui lui parloient, dit : 

Je n'en connus jamais de si caméléonne : 
Chaque objet lui fait prendre un jeu tout différent. 

L*anioar k la moda, Cmê. de Tb. Oori. act. tw, weèm t. 



VARIANTES : 
CAMÉLÉONNE. L'Amour à la mode, Coméd. act. iv, fic. I. 
Camélêontide. Mém. de ViUeroy, T. V, p. 212. 

Camelin, subst. mase. Sorte d'étoffe. C'est en 
ce sens que Favin interprète ce mot par miostades 
(Th. dHonn. T. I, p. 519.) Du Gange, sur Joinville, 
p. 8, l'explique par camelot. Il parottroit, par les 
passages suivans,^ que le camelin tiroit son nom 
d'une espèce de couleur, peut-être la couleur vert^ 
de-mer, qui est celle de Therbe que Ton nomme 
cameline ou myagrum. On lit que Saint-LonîB 

< ne voulut plus vestir de robbe de carlaten 
« (écarlattej ne de brunette, ne de vert, ne de cou- 
« leur qui lust apparissante, ainçois vestoit robbe 

< decamelin{5)y do brun, ou depers; en latin, nigri 
« coloris vel camelini, seu persei. «» (Chron. S* &en. 
T. 11, fol. 64.) 

Huit aunes de camelin pris 
Brunet, et sors, de povre pris. 

Fia»i.iiss.a«R. 

Cependant, je crois qu'il seroit plus naturel de 
dire que cette étoffe se nommoit camelin, parée 
qu'elle se faisoit avec le poil de chameau, autreloia 
cameauy d'où camelin. Outre que cette étymologie 
est beaucoup plus simple que la première, elle pa- 
roit aussi plus générale, car on lit dans Du Cange, 
au mol Cambellinus, qu'il y avoitdu camelin blanc. 
On trouve, ibid. au mot Cotardia, dans une cita- 
tion françoise, « coite hardie de camslin à bois. « 



(1) On nomme aujounThui cette étoffe cambritine. (n. B.) — (2> M. de La Borderie, dans ses recherches sur Noël du Fail 

giibL de l'Ecole des Chartes^ 1875, p. 558), écrit : c Au chap. !•% Eutrapel reproche à Lupolde de dire aux plai<ieurs pour 
s empêcher de s'accorder : « Il faut tenir jusques à la dernière pièce comme devant Cambray. i (Ed. de 1585, fbl. 9, r*.) 
Le dernier siège de Cambrai, antérieur à la publication des Conten^ auquel je puisse rapporter cette allusion, est de 1553; 
cette partie du chapitre a donc été écrite en un temps où l'histoire de ce siège était encore présente à tous kea esprits, 
c'est-à-dire dans les cinq ou six ans qui l'ont suivi, soit de 1553 à 1560. (N. B.) - (3) On peut voir deux types de ces 
monnaies à la planche XXIII du livre de D. G. (éd. Henschel), n» 45 et n» 46. La première porte au droit : « G^iillé^lmuê) 
êpiêcopus » ; et au revers : t Cameracensis. » On lit sur la deuxième, d'un côté : « Petrus Deiprovidenc{ia) episcopus et cornes » ; 
êl au revers : « XPG Jhe8(u) filiim) Dei vivi miserere nobis. » (n. r.) — (4) C'est une forme archaîc[ue. L.e c est dur comme 
dans la Chanson de Roland : c Set cenz camelz et mU autours muez (str. II D. n Froissart écrit aussi : « Us estoienl 
lafireschis souvent de nouvelles pourveances, car on leur amenoit à sommes et a cameaux. • (n. e.) — (5^ Le cametin^ écrit 
M. Quicherat (Costume^ 202), était alors un drap de laine fauve sans t*'inture. Au même tenips, les cameltns pour robes de 
dames devaient être d'une fabrication plus soignée ; Joinville en fait don à la reine Marguerite (éd. de Wailly, § 601), qui les 
prit pour des reliques. Il y eut là matière à un charmant fabliau que S* Louis aurait pu lire : c Derechief, je envolai à 
madame la royne quatre camelins. Li chevaliers qui les luy présenta, les porta eniorteilliés en uue touaille blanche. Quant 
ift royne le vit entrer en la chambre où elle estolt, si s'agenoilla c mire li, et li chevaliers se ragenoilla contre li aussi ; et la 
foyne dist: c Levez sus, sire chevaliers ; vous ne devez pas agenoillier, qui portés les reliques. » Mais li chevaliers diat: 
r Dame, ce ne sont p»s reliques, ains sont camelin que mes sires vous envoie. » Quant la royne oy ce, et ses damaiselles, 
8t eommencierent à rire ; et la roine dist à mon chevalier : c Dites à vostre signour que maus jours li soit donnas, qaaaà 
il m'a fait agenoillier contre ses camelin$. » (n. b.) 



CJi 



^m- 



CA 



J. de Meung a^dil da personnage bypocrile qu'il ap- 
pelle Abstinence Contrainte : 

Vest une robe cameline 

El 8'aounie comme begnine. 

Rom. 4o b Rom, IfHO. 

On disoit cameline au féminin. 

Robe de diverte manière, 
Et drap de soie alezandrine, 
Deroiee. ou de cameline, 

FaU. MSS. dn R. d* 7615» T. II. fol. 148, R* ool. 2. 

On disoit proverbialement : 
Camelin de Cambrai (1). (Poës. mss. avant 1300, 
T. IV. p. 1652.) 

VARIANTES l 

CAMELIN. Poêe. MSS. avant 1300, T. iV, p. 1652. 
Cemeune, s. f, Fabl. MSS. du R. n« 7615, T. Il, fol. 148. 

Camelin. Qui appartient au chameau. — Epi- 
thète de sauce. 

Au premier sens, ce mot vient de cameau, 
cbameau. On disoit: aller le cawslin^ pour aller 
te pas du cbameau. (Le Duchat, .sur Rabelais, T. 1, 
page 69.) 

Comme épithëte de sauce, ce mot se forme de 
cameline, plante dont on faisoit usage dans les 
sauces; de là, cette expression saulce cameline. 
Dans lesstatutsdesépiciersdeParis, onlit: « Saulce 
< cameline (2), saulce à composte, saulce mous- 
« tarde, etc. » (Du Cange, Gloss. lat. à Salsa.) 

Soit verd, ou cameiline ou Jaune. 

Rom. de U Rose, yen 14186. 

Quel ouvrier? quel maistre brasseur, 
Quel-hume brouet, quel dresseur 
De saulce vert, et cameline, 

Œnv. de Roger de CoUerjt , p. 79. 

VARIANTES : 

GAMEUN, Camelline, fém, Gloss. du Rom. de la Rose. 

Cameline, subst. fém. Plante. On la nomme 
aussi myagrum (3). 

Cameloter, verbe. Faire du camelot. — Rider, 
faire des plis. — Gueuser. 

Le premier sens de faire du camelot est le sens 
propre. (Dict. d'Oudin.) 

De là, par allusion aux plis que fait le camelot, 
lorsqu'il a été mouillé, on a dit: « Quand une 
« femme est grosse, le ventre s'enfle, et roidit plus 
« que de coustume ; mais estant accoucbée, les 
« peaux devenants vuides se lâchent, dont advient 
« que le ventre se camelote, et ride. (Bouchot, 
Serées, Liv. II, p. 252.) 

Selon Oudin, le mot cameloter signifloit aussi, au 
figruré, gueuser, faire le métier de coquin. (Voyez 

GAMEbOTUSR.) 



Gamelotier, êubst. moêfi. Gueux^ firipOD, 
coquin. (Dict. d*Oudin.) 

Camériste, subst masc. Pasquier, parlant des 
écoliers, dit: « Nous appellons^pensionnaires ceux 
« qui sont à la pension du principal, et cameri$te$ 
< les autres qui sont nourris par leurs pédago- 
« gués (4). » (Rech. Liv. ÏX, p. 792.) 

Camichon, subst. masc. Au retour du feu do 
la SUean, on faisoit une collation où Ton servait 
des « dragées musquées, confltures sèches^ masse- 
« pins, camichons, etc. » (Journal de Verdun, 
août 1751.) 

CamlUy subst, masc. Chemin. Camin et quemin, 
sont usités dans le patois picard. « J'y recogneu le 
« vieulx qu^min de Perone à S' Quentin. • (Rabel. 
T. V, p. 124.) 

variantes: 

CAMIN. Celthell de L. Trippault. 

Cemin. Fabl. MSS. du R. n» 7969, fol. 45, R« col. 1. 

Cbsmin. Borel, Dict. n** add. 

Kemin. Du Cange, Gloss. lat. au mot Keminuê. 

QuEMiN. Id. ibid. au mot Queminum. 

Gamine, subst. fém. Toile claire, gaze. Elle est 
commune chez les Turcs. (Dict. de Borel.) 

Camlnée, subst fém. Cheminée. (Dict. deCotgr.) 
Le peuple en Normandie dit encore queminée. 

Caminer, verbe. Cheminer. C'est le sens propre 
de ce mot. De là, caminer s'est dit pour avoir 
cours, en l'appliquant aux monnoies : « Si que nous 
^ puissions faire caminer forte monnoye. » (Le 
Blanc, p. 262.) 

Gamio, subst. masc. Chemise. Dans le patois 
de Cabors. (Dict. de Borel.) 

Camion, subst. masc. Brouette. Petite épingle. 

Au premier sens, c'est une espèce de petit chaript 
à Tusage des vinaigriers de Pans. On nomme ainsi 
en Normandie une voiture à deux roues sur laquelle 
on transporte les tonneaux (5). 

Camion signifle aussi une petite épinsle (6). Peut- 
être est-ce à cause de la ressemblance ae ces épin- 
gles avec un brin de chemise ou camise de maille. 

VARIANTES : 

CAMION, Chamion. Dict. de Nicot et Monet. 

Camionné, adj. Attaché avec des camions. 
(Voyez Camion.) 

Camisade, subst. fém. Chemise. — Attaque 
nocturne. 
Au premier sens, de chemise, ce mot désignoit la 



0) BapHete Cambrai, dont la statue se voit à Cambrai, était un paysan, qui inventa les procédés pour fabriquer la baHste 
oa toile de CanUtrai. On croit qu*U habitait, au xiu* siècle, le village de Osintany en Cambrésis. (N. K.) — (2) On lit dans lap 
Statuts de Vannée 1994 pour les artisans de Paris (Ch. aes Comptes, fol. 327, r«) : c Quiconques s'entremettra de faire 
smnsse appellée cameline^ que il la face de bonne cannelle, bon gingembre, de bons doux de girofle , de bonne graine de 
Muradis, oe bon pain et de bon vinaigre. » (b. e.) — (3) Ou plutôt myagrum eativum (Linné) ; c'est une plante crucifiàre, 
dont la semence fournit une huile grasse, bonne à brûler, et dite improprement huile de camomille. (N. E.) — <4) On liftjwc 
Coales de Desperiers ^73) : « Ils se mirent avec d'autres patries (compatriotes) cameristes prés du Bœuf couronné. » 
Caêtterisie signifie là camarade de chambre, (n. b.) — (5^ Camion^ au sens de charrette, peut être rapproché de chamuleiu, 
qui, dians Am. Marcellin, désigne une voiture basse comme un traîneau. (N. B.) — (6) tbiboust, dans une comédie iUim 
tmaUreêêe bien agréable, se. lOX écrit encore : c Eh non 1 monsieur, je vous dis une grosse épingle, et vous me présentas 
un camion. • (n. e.) — 



CA 



- aoo — 



CA 



chemise que Ton portoit sur son armure, dans une 
altaq*je de nuit. « Nous donnasmes l'escalade tous 
« en camisades (i). » (Hém. de Hontluc, T. I, 
p. 591 .] « Au siège de Vulpain, en 1555, le baron de 
« Chipy flt mettre en camisade ses soldats, et à 
« coup perdu se jeta dans le fossé. » (Id. ibid., 
p. 535.) 

De là, le mot camisade a signiflé une attaque 
faite de nuit. (Voyez Montluc,T. l, p. 240.) Le même 
auteur dit, p. 62, T. II: « Donner une chemise blan- 
« che pour donner une camisade. » 

VARIANTES : 
CAMISADE. Orth. subsist. 
Gamissade. Nicot, Dict. 
Camizade. Dial. de Tahur. p. 146. 

Camisardes, subst. masc. plur. On a donné ce 
nom aux rebelles qui désolèrent les Cévennes (2), au 
commencement de ce siècle, parce que les premiers 

aui se soulevèrent avoicnt mis des chemises par 
essus leurs habits pour se déguiser. (Hém. du 
Maréchal de Berwick, T. II, p. 4.) 

Camise, subst. fém. Chemise. — Scapulaire. 

On dit camise, au premier sens, dans le patois 
languedocien. Ce mot est écrit quemise, dans une 
pièce d'un de nos anciens Poët. mss. du Vat. mais 
on lit chemise dans la même pièce attribuée à Adan 
Li Boçus, Ms. de la Bibl. du R. n"* 7218. Nous trou- 
vons Torlhographe chimis dans ce vers : 



n perdra la cot, la brai, et la chimie. 

Fabl. MSS. da R. n* 7il8, fol 190. V* ool. 9. 



On a dit aussi son chimis au masculin. (Ibid.) 
Dans les Sermons de Barlete (2* partie, fol. 27], 
Camisia, qui se traduit naturellement par camise, 
est employé pour le scapulaire des chanoines régu- 
liers et des dominicains. 

On verra camise ci-après, pour toile. Camise a la 
même signification dans ce passage : « Dames 
« et damoiselleSy aussi ne cessoient de appareiller 
« draps de soye, et de camises, et faire ouvrer 
« chapeaux d*or et couronnes. » (Percef. Vol. Il, 
fol. 48.) Voyez Cainse et les mots Camise et Chemise.) 

variantes : 

CAMISE. Vies des SS. MS de Sorb. chif. xxvn, col. 90. 
QuEMiSE. Poês. MSS. du Vat. n» 1490, fol. 133, V«. 
Cbmise. Fabl. MSS. du R. n* 79B9, fol. 61, R« col. 2. 
CmMis. Fabl. MSS. du R. n« 7218, fol. 190, V« col. 2. 
Gemise. Fabl. MSS. du R. n« 79S9, fol. 49, R« col. 1. 
Chemise. Orth. subsist. 

Camisot, subst. masc. Camisole. — Religieux. 

S Voyez le Dict. d*Oudin sur ces deux acceptions si 
lifTerentes.) 

Camocas, subst. masc. Espèce d'étoffe. Elle est 
distinguée du camelot, dans ces vers : * 



Si ont ceulx qui de camelos 
Soat Testuz, et de camocas. 

Patbello. FvM. page U 

C'étoit une étoffe de soie ; peut-être de la moire. 
(Voyez Camoissié.) On lit dans les citations que rap- 
porte Du Cange : « Velvel camocas », oe qui pour- 
roit bien être une faute pour : « Welvelei camocas. » 
A rentrée de TEmpereur dans Paris, en 1377, « les 
« escuyers du corps, et d'escurie du roy Charles V, 
< estoient vêtus de camocas bleu, les huissiers 
« d'armes de deux camocas^ partis de bien et de 
« rouge. » (Chron. S* Denis, T. Ill, fol. 35.) 

Les paysans d'Angleterre, révoltés, reprochoieiit 
aux nobles qu'ils étoient « vestus de veloux, et 
« de camocas, fourrés de vairs et de gris. » (Froiss. 
livre II, p. 133.) 

L'éditeur de Froissart, après des efforts inutiles 
pour déflnirce mot (3), finit par ne le pas expliquer. 
Nous rapporterons seulement ici les aifférens 
usages du camocas. On s'en servoit pour couvrir 
les livres. On Temployoit aussi pour olasonner les 
armoiries. On couvroit môme les voitures de drap 
de camocas, comme on peut le voir dans les vers 
suivans : 

Dedenz, et dehors painturé, 
Couvert de drap de camocas. 

Ettftt. Detch. Poêt. MSS. fol. 486, eol. 3. 

Ou lit ramacas dans une citation françoise rap- 
portée par Du Cange, au mot Miles, m^is c'est 
évidemment une faute pour kamocas. 

VARIANTES * 
CAMOCAS. Chron. S* Denis, T. Ill\ fol. 35. V«. 
Camoucas. Invent, des Liv. de Charles V, art. 221. 
Kamoucas. Froissart, Poës. MSS. passim. 
Ramacas. (Lisez Kamocas.) Du Cange, Gloss. lat. à Miles. 

Camoiard, subst. masc. Etoffe de poil de 
chèvre. (Dict. Etym. de Ménage.) 

Gamois, subst. mmc. plur. Mailles d'une cotte 
d'armes. (Voyez Parton. de Blois, fol. 162.) 

Camoissié, adj. Meurtri, contusionné. Ce mot 
est employé dans sa signiflcation propre au passage 
suivant : 

Li cox est auques camoissiez 

Là ou des maïUes fu tochiez, 

Par les devises des camois,... 

Et no rcsl pas trop camoistnez, 

Quar de nouvel estoit baigniez ; > 

Fors que, de vestir son liauberc 

Il parut un petit le merc, 

Et li font au col la beauté 

De blanc ivoire reparé. 

Parton. de Blois. IIS. da S. G«rm. fol. 162. V* ool. 1. 

Camoisié signiHe donc proprement meurtri par 
les mailles d*un cam^is. Comme Timpression de ces 
mailles sur la peau est assez bien imitée par les 
ondulations de la moire, nous avons conjecturé 



(i) Cette citation de Montluc nous montre les assaiUants, la chemise sur leurs habits pour se reconnaître, plutôt que les 
.... . . ,, > V .^v ^_.._ , ,__ ^-,..- -- ...M»-. Amnc, f^^ „^ instant apaisée par 

par l'abbé de 

v...«j.o, «wE<».^. »^.E«<»..«^ «. « x^.......»^», ,v,« ...»^.e^», «w... *.v.—. .« « ., «.«.^... habits de blouses 

blanches pour se reconnaître, (n. e.) - (3) C'était une étoffe fine, de poil de chameau ou de chèvre sauvage, c II sont vestn 
de velours et de camocas. n (Froissart, éd. Kervjn, IK, 38d ) Ce devait être une étoffe gaufrée, car on Ut aux Ordonnances 
(t. VII, p. 565^ a. 10, an. 1390) : « Que nulz ne puist canioisier basane. » (N. E.) 




CA 



— aoi - 



CA 



que le mot camocas^ en le dérivant de camois^ 
fturoit pu signifier moire. (Voy. Camocas.) 

On a étendu l'acceplion particulière de camomt^, 
et on lui a fait signifier meurtri, contusionné, à 
raccejption générique de contusion, comme on en 

S eut juger par la citation suivante. On lit au sujet 
a jeune roi Philippe, fils de Louis VI, qu'un porc 
8*étant jeté dans les jambes du cheval de ce prince, 
« le fist trébucher et sus le pavement en telle 
« . manière que sa teste fu toute debrisiée et camois- 
« siée^ et mourust tantost. » (Chron. Fr. ms. de 
Nangis, an 1131. — Voy. Camosé.) 

Houli le vit bel a desarmer 
Fors que le vis ot camoissié. 

Atbis, lis. toi. 117. R* col. 1. 

La veist on maint chevalier 



Taint don haubert et camoissié, 

AthU, IIS. fol. 116, R' col. 2. 

Çamon, interj. Oui da ! (1) M"* Jourdain, dans le 
Bourgeois gentilhomme, dit à son mari : « Canton 
c vrayment, il y a fort à gagner à fréquenter vos 
t nobles. > (Comédie de Molière, act. 3, se. 3.) 
Dans le Malade imaginaire , comédie du même 
auteur (act. 1, se. 2), Toinette, feignant de s'être 
blessée, répond à son maître qui lui ordonne de se 
taire : « Çamon ma foy, j'en suis d'avis, après ce 
< que je me suis fait. « 

Camosé, adj. Emaillé (2). On a dit: « Tasse d'or 
« hachée et camosée », pour ciselée et émaillée, 
suivant les Preuves de THist. de Bretagne, T. II, 
col. 1260. 

Camote, subst. fém. Racine des Indes. Espèce 
de chervis. (Oudin, Dict.) 

Camouard, subst. masc. Nez camard. (Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

Camp , subst. Campagne. — Champ , terre 
labourable. — Camp. 

Ce mot ne subsiste plus au premier sens. Ancien- 
nement on écrivoit camp et champ, sans aucune 
distinction. On disoit mettre en camp, pour mettre 
en campagne. (Rabelais, T. I, p. 220.) Du temps de 
Louis Xly les pionniers s*appeloient, dans le même 
sens : gens du camp. (Comines, T. I, p. 481.) 

On a dit aussi, prendre les champs, pour se 
mettre en campagne. (Hist. d'Arlus III, Connest. de 
France, p. 761.) 

Cette première acception est l'acception générale; 
elle devenoit plus particulière en l'appliquant à la 
signification àe champ, de terre labourable On lit 
dans le Coût. Général, T. I, p. 406 : « Quant est des 
« héritages cottiers, mis à usage de jardin, ou pré, 
« qui par ci devant ont été à labour, et se nomment 
« vulgairement terre de camp. » 

Ce mot, sous la première orthographe, signifie 
encore aujourd'hui le terrain où une armée s'arrête 



et plante ses tentes ; mais on ne dit plus rompre le 
camp pour lever le camp, (Bouchet, Serées, liv.III, 
p. 43), camp de bataille, pour champ de bataille. 
(Mesl. de S* Gelais, p. 7], camp clos, pour champ 
clos. (Brant. sur les Duels, p. 1, etc.) 

Si ' l'orthographe champ étoit anciennement 
exclue des expressions où nous l'employons aujour- 
d'hui, elle en est dédommagée par l'usage qu'on en 
faisoit dans les occasions où nous disons toujours 
camp : « Estendit devant les murailles un champ 
« pour faire le siège. » (Ileliod. Ath. page 254.) On 
écrivoit aussi quelquefois chant, pour camp, dans 
ces vers : 

les autres Tassaut maintient : 
Ne pense pas à lever chant, 
Ça et là va, les sens cerchant. 

C. Gttlart, MS. fol. 77, V. 

Avant de passer aux expressions que nous four- 
nit ce mot sous ses deux orthographes subsistan- 
tes, nous remarqueronsque Marot, faisant équivoque 
du mot champ avec chant, dit dans le passade 
qui suit : «- » 




C'est que je n'ay cuisse, jambe, ne grève/ 
Qui sur plain champ puisse faire teneur. 

J. Marot. p. 248. 

Expressions à citer : 

1' Champ besiale. (Voyez Besiale.) 

2' Avoir le champ commun, poui* avoir le terrain 
égal, sans avantage ni désavantage, par opposition 
à pour prendre le champ. 

Ferroient dessus, et dessouz, 
Et moult estoient andui prouz ; 
S'il eussent le champ commun 
Tost fust faite la fin de l'un. 

Rom. de Brul, MS. fol. 98, R* col. 8. 

3* Pour prendre le champ, pour gagner Tavan- 
tage du terrain. 

Et le champ oultre luy pour prendre. 

Rom. de Brut. MS. fol. 08, R* col. 3. 

4- Tourner champ, pour prendre la fuite. « Sire, 
« disrent-ils, chevauchez seurement, car nous 
« n'avons garde de tourner champ, pour tous ceux 
« que nous voyons là. » (Lancelot du Lac, T. III, 
fol. 38.) De là tourné du champ, pour mis en fuite. 
(Ibid. foU 42.) 

5' Sur le champ du combat. Expression d'où 
dérive notre façon de parler sur /^c/iamp. « Comme 
« son ennemi avoit tiré son épée pour luy coupper 
« la teste, il luy fourra la sienne dans le ventre, de 
« sorte que tous deux moururent sur le champ du 
« combat. » (Savaron, contre les Duels, p. 23.) 

6* Ou champ, semble avoir la même signification 
que l'expression ci-dessus. « Haulça Tespée, et le 
« ferit sur Tespaule dextre ung si grand coup, et si 
« démesuré, que le bras, avecques l'espaule, luy 



CA 



-m- 



CA 



« abatit par terre ou champ. » (Ger. de Nevers, 
page 85.) 

'7' A toute heure de champ, pour à tout bout de 
champ. « Une vefve, venant à mourir son npiary, 
« fit, respace d'un an, des lamentations si désespé- 
« rées, qu'on la pensoit voir morte à toute heure 
« de champ, etc. » (Brantôme, Dames Gall. T. II, 
page 188.) 

8" Estre aux champs, mettre aux champs, pour 
être en colère, mettre en colère. Ces façons de 
parler semblent empruntées de la guerre, soit des 
chefs qui se mettoient en campagne, soit des troupes 
mutinées qui abandonnoient le camp; d*où peut- 
être s'est formé le mot languedocien campis (c'est 
le français ehampi) qui, selon Borel, se dit d'un 
homme brusque, qui 36 met en colère pour néant. 
On trouve estre aux champs, dans THist. de 
J. Boucic. p. 91 et 92. Cette expression est employée 
figurément dans les Annales ce Louis XI. 

9" Mettre aux champs, se dit aussi pour rendre 
éveillé, évertuer. « Plusieurs ne mettent leurs 
« enfans à Testude pour estudier, mais pour leur 
« éveiller Tesprit, pour les mettre un peu aux 
« champs, comme on dit par manière de proverbe, 
« et leur donner la première trempe de méchan- 
« ceté. » (Apol. pour Hérodote, p. 90.) 

lO» Aller aux champs. On lit en termes dechasse: 
« Si te diray les quatre manières dealer en queste : 
« la première est d'aller à veue, la seconde d^aller 
« aux champs, etc. » (Modus et Racio, us. fol. il.) 

il* Aller champ et voye, aller champ droit. On a 
dit, en termes de coutumes : « A illéjgitime ne peut 
« riens eschoir, ne de luy ne peut riens eschoir à 
« autre, fors au seigneur à qui, et dessous qui ce 
« est trouvé, à cause de son droict seigneurial : 
< s'ainsi n'est que le illégitime donnast aucun en 
« son vivant allant champ et voie, et à ce empor- 
« ter promplement. » (Bout. Som. Rurale, p. 243.) 
On disoit aller le champ droit, pour aller droit : 
« Vont le champ droit en Paradis. » (Hist. du Th. 
Fr. T. Il, p. 552.) 

12* Champ de romarin, c'est-à-dire place jonchée 
de romarin, plantée de romarin. On lit dans l'Amant 
faitcordelier: 

Ung champ de romarin tout vert. 

L'Amant Cordalier, p. 594. 

121" Champ comptai. Nous trouvons cette expres- 
giOD, dans le Gloss. lat. de Du Gange, au mot 
Parceria Elle semble signifier la même chose que 
parciere ou champier, c'est-à-dire champ dont on 
doit partager le revenu avec un autre. On auroit 
dit, en ce sens, cMmp complal, pour champ du 
revenu duquel on est obligé de compter avec le 
propriétaire. 

14* Desrompre le chant. « Les chevaulx fièrent 
« en la presse que ne se povoient retenir, et vont 
« par force desrompre leur chant qu'ilz avoient 
« sur le gentilhomme qui plus ne se povoit ayder. » 
(Percef. Vol. I, fol. 87.) On lit au même endroit 
fendre le camp pour ouvrir le passage. (Ibid. P. 88.) 

lô** Champ de mars, champ de mai. C'est ainsi 



qu'on désigne les assemblées solennelles des Francs, 
sous nos premiers rois, qui se tenoient d'abord le 

Sremier de mars, et ensuite au premier de ipâi, 
)u Cange, aux mots Campus martiiet madii.) 

16** Champ de bataille, champ mortel, pour cour- 
bât, duel. « Combat à outrance, fut fait un champ 
« de bataille à S' Ouyn, d'un Breton et d'un 
« Portugal. » (Journ. de Paris, sous Charle? VI et^GJ^ 
p. 24.) On disoit aussi faire un champ, dans Iç 
même sens. (Gérard de Nevers, u* part. p. 87.) 
Selon Fauchet, « donner affranchissement cbamp9 
« de balaille » signifie donner duels, combats en 
champs clos. 

\T On appeloit champ mortel, un combat dans 
lequel Tun des deux combattansdevoit rester mort 
ou s'avouer vaincu. (Voyez Gérard de Nevers, 
H* part. p. 110. — Froissart, Liv. III, p. 151.) On dis- 
tinguoit le champ à cheval et le champ à piedi 
(Bout. Somme Rurale, p. 882.) 

18** Champ, pris daiis le sens de combat, duel^ 
s'employoit dans plusieurs expressions. On disoif: 
achever son champ, pour achever le combat qu'on 
avoit entrepris. (Hist. deB. Duguesclin, par Ménard^ 
page 56.) 

19^ Appeller de champ, pour proposer le combat. 
« Je vous en appelle de champ, et veés là mon 
« gage. » (Froissart, Liv. Il, p. 47.) 

20* Donner le camp, pour donner le cliamp. 
C'étoit assigner le lieu du tournoy. (Bassomp. ifém. 
T. I, p. 320,) et au figuré, dans ce passage des 
Contes de la R. de Navarre, T. I, p. 310 : « N'estoit 
« il pas assés fort pour la forcer, puisqu'elle tai 
« avoit donné camp. • 

21° Exceptions à fin de champ. Ce sont celles qi)e 
proposoit le demandeur du combat en champ clos, 
afin de l'obtenir. Le défendeur, pour être dispensé 
du combat, proposoit les exceptions à fin de non 
champ. (Bout. Somme Rurale, p. 882 ) 

22* Camp arresté, pour champ arrêté. (Dicl. ide 
Colgrave.) Camp ouvei*t, pour champ ouvert, op- 
posé à champ clos, dans Bass. (Mém. T. I, p. 164.) 

23» Champ clos ou fermé. On disoit aussi caViP 
clos. (Bran t. sur les Duels, p. 1.) C'est le lieu ou 
les champions soutenoient le gage de bataille (fol. 
28, et Bout. Som. Rur. p. 881.) 

24° Champ plainier. Cette expression, qui paroit 
signifier proprement une plaine, semble employée 
par allusion à champ clos, dans le passage suivant: 

DU Tung des saiges, je conseili 
Que Macaire et le lévrier 
Soient mis en uns champ plainier, 
Et se combatent bien et fort. 

GaoQ de la Bigne, des Dëdoito. MS. fd. 16, R*. 

25*' Champ estroit est mis pour champ clos dans 
ces vers, où cette expression est figurée : 



Vous serez batus, et plaiez 

iguea 
Et proposer tant de cas 



D'un coup de langue d'avocat ; 



Contre vous, à tort et de droit, 
Que nous serons en champ estroit. 

Etiit. Desch. Pfiet. MSS. fol, i$B, col. t. 

26* Journées de camp, pour campemefts. « Quant 
« au roy, partant seulement de sa frontière, loy 



CA 



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• ftdloit, ponr le moins, sept Journées de camp, 
r l'aller et retour compris, car il y avoit de Steaay 
« JBsques à Uixembourg, trois journées, et autant 

• de retour, et une poui' descharaer. > (BTém. Bu 
Bellay, Liv. X, fol. 309.) 

VÀBIANTRS ; 

CàMP. Orthographe aubsist. 
Cmi. Assises de JéruMlem, p. 3S. 
CRAirr. G. Guisrt, HS. fol. 77, V°. 
Cbahp. Orthog. Bubaisl. 
CuiAUS. MbHxkIus, col. 16S6. 
Ckiamb. Harbodua, HS. de S< Victor. 

Campalgne (Ij, subst. fém. Nom de pays. — 
Oiamp, campagne. — Champ de l'écu. 

Ot) connoit la province de France qui porte ce 
nom. On a nommé aussi Champaigne un canton du 
Berry, ab ubertate campi. {Bourgoing, Orig. Voc. 
Vulg. fol. 76.) Un canton de la Touraine et un de 
la Normandie s'appellent de même Champagne. Ce 
même nom a été donné à l'ancienne Campante, et 
k la campagne de Rome, qui n'enestqu'une partie. 
La Champagne s'est aussi appelée Campaigne. 

Cit kl tient Campaigne, et Brie 
N'est mie droïs avoes. 

Hwa dB U rtrté. Poû. HSS. iTinl 1300, T. HI, p. tlSt. 

On sl écnl champaigne, pour champ, campagne. 
(Bicl. de Cotgrave et Oudin, Cur. Fr.) ■ Si veirent la 

■ champaigne couverte de chevaliers, qui de la 

■ ville estoientyssus. < (Lanc. du Lac. T. III, Toi. 44.) 

Les lioDB T07, ours, et lleppars premiers, 
Loups, et ligreB courir par la champaigne. 

Eut. Dacli. Poil. MSS. loi. S31, m1. 4. 

Ce mot est pris en ce sens, mais flgurëmenl, 
dans le passage suivant: • Bette sœur, disl Zelan- 

■ din, bien scay qu'il est de bault honneur, et de 

■ grant prouesse ; en luy ne fault autre chow fors 

■ qu'il aymast par amours : sire, disl la pucelle, ne 
< vous doutez: ce ctievaiier a la champaigne de 

■ son cueur toute tournée, et labourée à celle se- 
- ■ mence recevoir ; s'il feuat qui luy semast, or luy 

■ envoyé Dieu semence amoureuse, car le champ 
. en est hatiille. • {Percef. Vol. Il, fol, 106.) 

On a dit aussi champaigne, pour le fonds, ou 
le champ d'un écu en armoiries: ■ Adonc des- 

■ cendit de son cheval, et prinl son escu qui esloit 
« couvert du verde housse, et le descouvrit, si 

• l'appuya à ung arbre; puis print à le regarder et 

■ veist que la champaigne eatoit d'azur très (in, à 
. neuf lettres de fin or. > (Percef, Vol. II, fol. 112.) 

Campania, d'où dérive notre mot campagne, s'est 
employé pour désigner le fonds d'une étoffe. (Ou 
Gange, Gloss. lat.) 

Voici quelques expressions que nous devons 
marquer : 

i' Branle de Champaigne. C'éloit une espèce de 
dsnw. (Du Verdier, Bibl. p. 688.) 

2* Collège de Champagne, autrement dit de 
Pravarre, dans l'Dniversité de Paris. (La Croix du 
■aine, Bibl. p, 294.) . 



3- Droit de Champagne ■ qui appartient aux geiu 
> des comptes, à savoir des fermes de mille liVr^ 

■ et au dessous, vingt sols ; et des fermes excedaiis ' 
. mille livres, quarante sols. • (tauh Gloss. do 
Dr. Fp.) 

PROVERBES : 

1* Chevaliers de Champaigne. (Prov. à la suite 
des Poës. Ks avant 1300, T. IV, p. 1052.) 

2* Bibaux de Champaingne. Nous trouvons od 
proverbe dans les vers suivans : 

Houlîera, et ribaui de Champaingne, 
Qui sont si liez, et si gaillart. 

G.Giil>1,IIS.ri)1.3SS,V. 

CAHPAIGNE. HuoD de la Ferté, PoSs. HSS ayant 1900. 
Campbonb. Fabt- HSS. du R. a- 7969, fol. 77, V« col. 1. 
CEiAHPAiaNE. Bourg. Orig. Voc. Vulg. fol. 76, H*. 
CHAMPAiNaNB. G. Guiart, US. M. 119, V*. 
Crampaonk. Orth. aubsist. 
CEAMPEtOHE. Perard, Hist. de Bourg, p. 48t. 

Campai, adj- Qui est en plein champ. On a dit 
bataille campale, campée ou campeus, estour 
champal, bataille champel, pour balaille en rase 
campagne, bataille rangée. On trouve bataille 
campée, pour bataille rangée, dans les Div. Le^. de 
P. Messie. Philippe Houskes, parlant de Philippe 
Auguste et du Comte de Flandre qui étoient eo 
prince, dit : 

Si qu'entr'BUB deux 

Dut eetre batalle campeui ; 
Si gue 11 rois moult s'uvanci ; 
HaiB li quens vint & sa mercT. 

Pt. litwkH, HS. p. SIO. 

On lit dans le Roman de Vace, cité par Du Gange, 
au mot Bellum campale : ■ Mainte rataille fïst, et' 
. maint estour champal. » 

Ne j&, por bataille ehampel, 
N'istroDt, b'U pueent, de l'ostel. 

PwtmvdeBl. HS. daS. G«nii.rol. ItS, V-cst. 3. 

C'est en ce même sens qu'on a dit champaux, 
champeaujc, au pluriel, en parlant des hauts prés, 
de prés en haute campagne, appelés ailleurs che-' 
chillons, comme qui diroit prés secs. Lauriëre leff 
nomme scellerons. On les oppose à prez guille- 
maux (qui portent regain), prés en fonds de rivière, 
que nous appelons bas-prez. Ces diverses significa- 
tions sont très clairement désignées dans le pas* 
sage suivant: > Prez en toutes saisons, sont 

■ prohibez à porceaux, et oyes et à toutes' beslcs 

• les prez champeaux, dès le premier jour de 

■ février, et lès prez en fonds de rivière, dès le pre- 
« mierjour de mars, mais si les dits prez cham- 

• peaux, ou chechillons sont clos, sont defensablés- 

• en tout temps; aussi les gueymaux anciens, et* 

• clos, sont prohibez en tout temps. < (Coût, de' 
Xaimonge, au Coût. Géo. T. II, p. 652.) 

VAHU^TES : 

CAHPAL. Dict. d'Oudin. 
CrAhpal. Du Cange, an mot Bellum Campale. 
Cahpbl. Pebi HSS. du R. d> 7989, fol. 77, V> cd. S. 
Chaupel. Partoa. de Bl. foL 133, V' col. 3. 



(1) Ciunpagne, comme camp, sont de prononciation picarde. Le eh se Irouve déjà dans la Ctunson de Roland et au Une 
dw Rois. (N. B.) 



GA 



-aM- 



Qhampaux, plur. Coût. Gén. T. Il, p. 652. 
Champeaux, plur. Du Gange, Gloss. lat. & Campellum. 
Campé. Div. Lee. <le P. Messie, p. 904. 
Campbus. Ph. Mouskes, MS. p. 510. 

Campane (1), subst. fém. Cloche. C'est le sens 

Ïénériqne de ce mot. (Voyez Nicot, Monet, Dict. ; Du 
ange, Gloss. lat au mot Campana, et Bourg. Orig. 
Voc. Vulg.) « Le lendemain matin on sonna la cam- 
« pane du concitoire. » (Froissart, Liv. IV, p. 308 (2).) 
Cette signiflcation générale est appliquée aux diné- 
rentes espèces de cloches. Campagne signifioit son- 
nette, clochette, même un grelot. 

Ce mot est mis pour clochette en ce passage : 
« Avoit gens devant, avec des campanes, lesquelles 
« sonnoient, et crioit, le bon roy Louis père du 
« peu Die est mort. » (Mém. de Rob. de la Harck, 
Seig. ae Fleuranges, ms. p. 236.) 

On appeloit aussi campanes, les sonnettes dont 
on chargeoit les habits pour ornement : « Estoient 
les housses chargées fort épaissement de cloches 
d'argent, en manière de campanes à brebis. » 
(Math, de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 666.) 
Venoit le chevalier sur un cheval couvert d'une 
courte couverte, en manière de harmacheure, de 
satin cramoisi, frangé de franges, et fut la dite 
couverte toute chargée de grosses campanes 
d'argent, à façon ùe campanes de vache. » (Mém. 
d'OHv. de la Marche, Liv. Il, p. 557.) « Le comte 
Charolois vint sur les rangs moult pompeusement, 
a campanes d'or, et de soye. » (Id. Liv. I, p465.)i 
Nous désignons encore sous ce mot les festons 
qu'on met aux étoffes et aux dentelles ; ces festons 
sont une imitation des anciennes campagnes prises 
pour ornemens. 

Campane s'est mis pour grelot dans cette expres- 
sion proverbiale: mettre la campane au chat, 
(Dict. de Cotgr. — Voyez Contes d'Eutrap. p. 556.) 

Campanelle, subst. fém. Cloche, clochette. — 
Sorte de mors. 

Au premier sens, ce mot signifle cloche. On lit 
dans Rabelais (T. IV, p. 53): « Le portier sonnera la 
« campanelle (3). » 

Ou trouve, dans Oudin, le mot de campanelle 
expliqué par une sorte de mors. On distinguoit 
« campanelle à cul de bassin, ou à cul plat. » 
(Id. ibid.) Le passage suivant semble justifier cette 
acception. Du Cange le cite au mot Scala. 

Frains seurorez, et compenellea, 
Et eschelettes, et Icrains ilora). etc. 

6. Golirt. MS. 



TABIAHTBS : 
CAMPANELLE. Fald. MSS. de S* Garm. foL 18, T« «oL t. 
Caiipbnbllb. Fabl. IISS. du R. n* 79!&, T. H, f6L i90| B^. 
Campanettb. Oudin, Dict. 
CoMPENBLLB. Du Cauge, Gloss. Ut. à Scaia. 
Champenilb. Fald. MSS. du R. n« 7318, foL 198» ¥» col. i. 

Campanier, subst. masc. Clocher. « Pu veu m 
« Acre un signe cler comme espée, du lonc d-une 
« lance, et large d'une lune, qui vint devers Orient, 
« et se feri par semblant u campanier(A)de Sainte- 
« Crois. » (Contin. de G. de Tyr, Martene, 
T. V, col. 739.) 

Campéer, verbe. Camper. 

Compaier semble n*étre qu'une faute d'orlho- 
graphe> pour campaier^ dans ce passage: « U des- 
« logea de Chevas (5), en intention d'aller compaier 
« sur la Grande Doaire (6). » (Mém. Du Bellay, Liv. V, 
fol. 443.) 

variantes: 

CAMPÉER, Campeier. 

Campater. Mém. Du Bellay, Liv. X, fol. 315, V*. 
Campaier. Mém. Du BeUay, Liv. Vit fol. 905. R«. 
Compaier. Mém. Du BeUay, Uv. V, fol. 143, v«w 
Campeoer. Mém. Du Bellay, Liv. II. fol. 39, V*. 
Campioer. Mém. Du BeUay, Liv. II, fol. 66, R*. 

Campestre, subst. masc. Champ, campagne. 
On a dit : 

En maison, ou en campestre (7). 

Coat. da Nonn. en Tara. MS. foL Oi, V*. 

On lit, au môme sens, en maison ou en champ^ 
dans le Grand Coût, de Normandie. Ce passage sert 
d'explication au vers que nous venons de citer. 
Champestre a la même signification en cet autre 
endroit: « Adofiques soient vendus deux galons de 
« cervoyse, à un denier, en cités et en burges, 
« et trois galons de cervoyse, à un denier, en 
« champestre. • (Britt. Loix d'Anglet. fol. 75.) 

VARUNTES : 

Campestre. Coût, de Norm. en vers, MS. fol. 62, V*. 
Champestre. Britt. Loix d'Anglet fol. 15, V«. 

Campestre, adj. Champêtre, grossier. — Qui 
est en plein champ. 

On a dit: paroles champestres, pour langage 
grossier : 

..... Parole campestre 
Dites assés. 

' PùH. MSS. du Vatican, n* 1480, foL 156, V*. 

Champestre signifle en plein champ, sans en être 
séparé par des murs, comme en ce passage: « Les 
« villes, et cités, si elles estoient fermées de murs 



(1) On Ut aux Emaux de De Laborde (p. 193, xrv* siècle) : i Les cloches furent premiers trouvées en la région éè 
Campanie, en firançois nommée Champaigne, en la cité de Noie, et pour ce aulcuns les claiment campanes. » Martial 

gHp. aIV, 163) parle déjà de clochettes qui, dans les bains publics, annonçaient que l'eau était chaude (œs thermanum). 
ans d'anciennes peintures représentant des bains, on les voit suspendues aux fenêtres (Bianchini, Instrument, Mus. FsC, 
tav. VII, n« 8) On les fabriauaen Campanie. à Noie, d'où Avianus (7* fable, v. 7) a pu dire: « Hune dominus, ne qoev 

. » Il ne faut donc pas, avec les liturgistes du moyen-âge 



probitas simulata lateret, Jusserat in rabido gutture ferre nolam 
en attribuer l'invention à S* PauUn de Noie, qui n'eut pas manq 



nqué d'en parler dans les nombreuses descriptions de & 




— AU confluent du Pô et de rOrco. (n. e.) - (6) La Dora Baltea, affluent du Pô (N. E.) - (7) On trouve f 
*-«*<^ aussi ancien en prose que la Chanson de Roland en vers : « Qui ad aver campestre. > (N. 



CÀ 



- a»- 



GA 



« ou champe$tres(l). > (Hist. de la Toison d'Or, Vol. 
TI, fol. 183.) 

Plus souvent, ce mot si$rnifloit seulement des 
Heux situés dans des plaines, comme dans les pas- 
sages suivans: « Un grand village champestre, » 
(Hist. de J. BoucicauU, p. 125.) « Les gardes des 
« forteresses champestres. » (Ord. des R. de Fr. 
T. III, p. 145.) « Grand chemin champestre^ » qui 
traverse le champ ou les plaines. (Coût. Gén. T. I, 
p. 340.) 

Dans la citation suivante, champaistre peut être 
également pris pour le substantif campestre^ ou 
pour l'adjectif: 

Avecques ce, es bourgs, vUIes, champaistres, 
L'on n*eut ûné, ne de clercs, ne de preslres. 

Vigâ. de Charles VII, T. II. p. 19. 

Ce mot est même évidemment substantif, si nous 
suivons la ponctuation (2) du ms. 

Ce mot, qui n'est plus d'usage sous ses deux ac- 
ceptions, conserve encore sa signiPication propre, 
à laquelle nous rapporterons les deux expressions 
suivantes. On disoit en termes de chasse : 

!• Oyseaux champestres, pour désigner les 
oiseaux qui volent dans les champs, par opposition 
aux oiseaux marins. « Aucuns oiseaux sont qui se 
« vivent de fruits de la terre, comme coulons, cor- 
« neilles, oiseaux champestres, et oyseaux marins, 
« qui tous se vivent des fruits de la terre. » (Modus 
et Jlacio, us. fol. 198.) 

2* Faucons champestres. Ces oiseaux sont déflnis 
en ce passage : « Les faucons sauvages qui hantent 
« les rivières, et en prennent les oyseaux, sont 
« nommez rivereaux. Ceux qui se nourrissent 
« d'estourneaux, merles, corneilles, et mauvissont 
« nommez champestres. » (Budé, des Oiceaux, 
foLli3.) 

VARIANTES : 

CAMPESTRE. Poës. MSS. du Val. n« 1490, fol. 156, V». 
Champestbr, Champestre. Loix Norm. art. 18. 
Ghampaistrb. 

Gampidol, suhst, masc. Capilole. De l'Italien 
campidoglio. « La statue de Scipion surnommé 
« l'Africain, fut portée au Campidol, et celle de 
« Caton au Sénat. » (Beloy, Orig. de laChev. p. 81.) 

Campié, subst, masc, Messier. Mot du patois 
provençal. On s'en sert pour désigner celui qui 
garde les champs. (Du Cange, Gloss. lat. au mot 
Camper ius (3).) 



Gampis. adj. Brusque, oolère. — Qui à la 
crampe. 

Campis, au premier sens, est un mot languedo- 
cien qui désigne un homme brusqué, qui se met 
en oolère pour rien. (Dict. de Borel.) Voyez l'ex- 
pression estre aux champs, sous 1 article Camp^ 
(Voyez aussi Chajipis et Champisteaux.) 



qu 



[]e mot, sous la seconde acception, paroit n'être 
'une faute d'orthographe ; il faut lire crampis, 
proprement qui a la crampe. De là, on a dit au 
figuré, en parlant de ceux qui n'aiment pas à ren- 
dre, qu'ils ont les doigts crampis. 

Li prestre dient bien : pour Dieu, seigneur, donez, 
Mes U dient petit aus povres gens, tenez : 
Ainz ont les doiz au prendre ouvers et desnoez ; 
Et au rendre les ont campis (4), et engluez. 

Fabl. MSS. dtt R. d* 7218, fol. 337, R* col. 9. 

Campos, subst. masc. Avoir campos, se dit 
encore au congé donné aux écoliers pour aller se 
promener. (Gloss. de THist. de Pans.) Prendre 
campos signiHe décamper, s'en aller, dans Rabel. 
T. II, p. 35 (5) 

Campont, subst. musc. Mot factice pour dési- 
gner les suffragans de Sens par les initiales de leur 
nom : « Sçavoir, Chartres, Auxerre, Meaux, Paris, 
« Orléans, Nevers et Troye en Champagne. » (Fav. 
Th. d'Honn. T. I, p. 419.) 

Camus, adj. Obtus. — Sot, honteux. 

Ce mot subsiste. Rorel et Rob. Estienne (Gram- 
maire françoise) le dérivent de camurv^ (6). C'est 
piir extension de son acception subsistante qu'il 
a signifié obtus, comme on peut le voir dans le pas- 
sage suivant: « Il avient que une forest est plus 
« dure, et plus perreuse que une autre, par quoy 
« les cerfs ont plus courtes traches, et plus camu- 
« ses, et les espondes du pies plus rondes. > 
(Hodus et Racio, us. fol. 13.) 

Au figuré, ce mot se disoit pour sot, honteux. 
Le peuple s'en sert encore dans cette signification : 

Amour est de ceste manière, 

§u*il esveiUe les esprits muts, 
t les plus sages rend camus (7). 

Recr. dm Devis Amour . p. 33. 

Les prestres chantoient en réglise, 

De cueur, Te Deum laudamus 

Dont Ângloys estoient bien canttis. 

Vigil. de Charles VU, T. Il, p. T7. 

On a donné le sobriquet de duc camus, au duc 
de Berry, oncle de Charles Vi (8), mort en 1415. (Voy . 
Choisy, Vie de Charles VI, p. 475.) 



<1) Beaumanoir (XXIV, %) écrit dans le môme sens : c Aucun uzage sunt es bones vUes de mesonner et de plusors 
antres cozes, qui ne sunt j>as es vUes campestres. » (n. b.) — ^2) On sait que la ponctuation est toute arbitraire dans les 

semble que c'était une manière pour 
"~ là une charte des archives de 
lire banqarios, et voir là des 
gardes-champétres, des banaarda, comme on dit en Alsace', (n. b.) — (4) On Ut au vers 1373 de Renart : c L'un pré cranpi 
et Tautre droit. > (n. e.) — (5) De même dans Marot (éd. de 1731, II, 139) : « Et demande au petit Roger, si ceux que ron 
fit desloser hors des villes, croyoient campos. » (n. b.) - (6) On Ut en effet dans Virgile (CSeorg., lu, 55) : c Et camuris 
hirtœ sub comibus aures. "» Servius commente ainsi ce mot : « Camura comua dicuntur quae introrsimi conversa sunt et 
In se redeuntia ; et camuri boves qui hujusmodi comua habent. » Macrobe lit comme Servius ; c*est pour lui un mot 





c Trop grans mamieles font les enfans camus devenir, quant par deseur le nés les metent. » (n. e.) — (8) On a dit aussi de 
Dn Guesclin (Cuvelier, v. 55) : c Je croi n'ot si laid de Resnes à Disnant ; Camus estoit et noir, malostru et nuisant. > (n. b.) 



»- CA 

faut-il lire cavatn, dans les anciennes éditions Ht 
Rabelais? (Le Duchal, sur Rabelais, T. V, p. 177.) 

Canaples. Ce nom propre a donné lien à uv 
proverbe que l'on trouve dans Brant. Cap. Fr. T. I, 
p. 213. (Voy. Boute canaples.) 

Canapsa, subst. masc. Sac. Celui que portent 
les pauvres voyageurs, attaché sur leur dos aveo 
des bretelles , et dans lequel sont toutes leaiV 
bardes. On dit encore: il a porté te canapta(Vi, pouf 
siKaifler qu'il a été dans un état bas et misérable. 
(Uictionn. de Trévoux.} Ménage dérive ce mot de 
l'allemand (7). 

Canard, subst. masc. Ce mot parolt ancien 
dans notre langue. On trouve un nom propre de 
Canardus. dans la 194* épitre d'Yve de Chartre. On 
a dil proverbialement : • Vendre ou donner 

• un canard à moitié ■, pour mentir, tromper, en 
imposer. [Oudin, Dict,} De là, vendeur ou donneur 
de canard à moitié, pour trompeur. (Id. ibid.JOn 
lit nu même sens : • Ce sont les routes que tien- 

• nent oes maîtres donneurs de canars à moitié, 

• qui promettent montaignes d'or, et à peine scau- 

■ roient nantir une poignée de sable. > (Contes de 
Cho1iÈres,rol. 96.) 

TAntANTES : 

C&NARD. Onhotn;. subeiat. 

Canart. Nicol, Dict. 

QUANARD. ilabelais, T. Ilf, p. 133. 

Canaries (les), sub&t. fém. plur. Espèce de 
danse. (Voyez Oudin, et Le Duchat sur Rabelais, 
T. V, p. 217.) Brantôme dit, en parlant du comte de 
Brissac : • N'estoit le dit comte propre pour une 

• seule danse, comme j'en ay veu aucuns, nez, et 
. adroits, les uns pour l'une, les autres pour l'au- 
> tre; mais ce comte estoit universel en tout, fût 

■ pour tes bransles, pour la gaillarde, pour la 
< pavanne d'Espagne, pour les Canaries; bref pour 

• toutes. ■ [Branl. >np. Fr. T. 111, p. «6.) On voit 
plus bas que le roi lui fit danser cette danse qui 
étoit fort à la mode, et que H. de Strozze en jouoit 
l'air sur le luth (8). 

Canari n, subsl, masc. Serin. Oiseau de Ganarie. 
(DicL de Monel.) 

Canatiers, subst. masc. plur. Bnissel, de 
l'Usage des Fiefs. T. I, page 536, cité par Du Cange, 
rapporte un tili'e dans lequel on voit le mot do 
canatores qu'il explique par canatiers. Les uou< 
veaux éditeurs de Du Cange, au mot Cuiuttor, 

(1) Oa dit plutôt 1m bo*êut d'Orlëann. Tout le monde a présent à l'esprit la boutade de La Fontaiae voulant expliauer. 
oommeat Ut Beauce s'eat aplanie, s'est égalée, est devenue i un terroir uni comme glaces. * (N. E.) - (3) Sein. — (3) It but 
Bra encontre!, au contraire. ■ (N. K.) -- (4) On lit aussi dans Du Belia; (Vil, 4^, v>) : < Lee beràlers, afec leurs musettee, 
Gardant leurs brebis eamuaette*. > (n. e.) - (5) Un canabatêeur On lit en eflet au reg. JJ. 185, p. 17S, an. 1451 : « Pierr» 
L»Qri marchant canahaaaear, demourant en la WUe de Besiere. > (N. e.) - (6) • M. de Canaples, brave et vaillant seigneii^ 
«esté de son temps un rude homme d'armes qtil fust en la chrestienté. car il rompoit une lance telU forte qu'cUe fu» 
gomme une canne, et peu tenoient devant la;. Quand ii joustoit devant son roy, tant fust -il empeschâ, le vouloit loujourr 
vcrir, dont vint le mot ; Boatte, Canaplis. le roy te regarde, t (k. B.) — rn II vient en effet de Sehitapptatk, de tchfiappen, 
reoberchar, et Saek, sac. On lit dans d Aubignè (Fseneste, III, 3) : c un canapsa, un petit pat casse daini-pleln de twunra' 
fort. ■ (N. E.> — (8f Cette danse était, dit-on, empruntée aux sauvages des Canaries. Le cavalier et la^ame, après s'etrs' 
•Aparés. dansaient tour & tour l'un devant l'autre, ea affectant des poses étranges et des gestes tiizarrea. On lit aussi danT 
d'Auhir' lé (Cont, i, 6) : < Et puis M" de la Qiastre, après avoir dansé une canarie sur le sang, et chanté, {e sula vangée, 
«De nu\:i à tralsner le corps mort au retrait. ■ (k. k.) 



CA -S 

Pbovehbe : 
Camus d'Orléans (i). (Voyez Prov. à la suite des 
Poës. Bss. avant 1300, T. IV, p. 1652.) 

Camnser, verbe. Rendre camus. Oudin, fDiet. 
Esp.) l'explique par quebrantar las naiuis. (Voyez 
Hicot, Monet et Cotgrave, Dict.) 

Gamnserie, subst. fém. Qualité de camus. 
(Dict. de Cotgrave.) • Entre les Mores, la camuserie, 

■ et la couleur noire, et avoir les cbeveux reco- 

■ quillez, et frisez, leur est d'autant d'estime et de 
* beauté, que nostre grand nez, nostre couleur 
< blanche, et nos cheveux longs. ■ (Bonchet, Serées, 
Liv. m, p. 130.) 

Camuset, adj. Diminutif de camus. (Nicot, 
Cotgrave, Oudin etHonet, Dict.) 
Puis la gorgete, en avalant 
Tout premier, au pis <2) camtuet (3). 

Poil. HGà. diVMku, n- tUO, M. 1», V. 

GamussoD, subsf. masc. Cavecon.(Dict.d'Oud.) 

Can, subst. masc. Ce mot est employé dans les 
vers suivans: 

D'amer n'a soin, ne rien n'en sel : 
Dames en can, très (4) fuit, et faeL 

TM. HSS. du B. a- 7e80, M. 59, H* ml. 1. 

Canabassement, subit, masc. Examen, révi- 
sion, discussion. (Dict. de Cotgrave et d'Oudin.) 

Canabasser, verbe. Examiner avec soin, re- 
voir, discuter. (Dict. de Cotgrave et d'Oudin.) Le 
Duchat, sur Rabelais, T. 11, p. 108, explique cana- 
basser un procès, en revoir toutes les pièces, avec 
la même exactitude qu'une ouvrière en tapisserie 
compte les flis de son canevas (5). 

Ganabasserle, subst. fém. (Voyez Rabelais, 
T. Il, p. 135 ) Le passage où ce mot est employé, 
ne donne aucunes lumières sur sa signilication ; 
mais Rabelais emploie, ailleurs, le verbe canabasser, 
pour examiner. 

Canadelle, subst. fém. Espèce de coquille de 
mer. (Oudin, Dict. Esp.) 

Canage, subst. masc. Terme collectif. Ce mot 
est forme de cane ou canard; il signifle générale- 
ment ce qui appartient à cette sorte d'oiseau, ce 
qui le concerne. (Dict. de Honet et Oudin.) 

Ganaln, subst. masc. Lieu creux. Peut-être 



CA 



— ap7 — 



CA 



Pl^roisseot tn^ bien fondés à lire ianatores, qui 
signifient tanoeurs (1). 

Cancan* On a dit : F(iire un grand cancan. On 
trouve l'origine de cette expression dans le Journal 
de Verdun (î) (septembre 1750.) 

ÇancellaresiC[ue, adj. On nommoit « lettres 
« çancellaresques^ récriture dont on se servoit 
« dans les expéditions de la chancellerie du pape, 
« ce qui revient assés à la lettre que nous appelions 
« italique. » (Le Duchat, sur Rabelais, T.I, p. 5.) 

Gaaelie, subst. Terme de coutume. C'est un ban 
à vin. (Laur. Gloss. du Dr. fr.) Ce mot se trouve 
dans les coutumiers. 

Ganchies, adv. Avant que. Le même qu^ainçois 
que. (Dict. deBorel.) 

Gancionnaire, subst. masc. Livre de chant ou 
de cantiques. (Gloss. de Marot.] Cet auteur, exhor- 
tant les dames à lire sa traduction en vers des 
pseaumes, leur dit : 

Commencez, dames^ commencez : 
Le Biecle doré avancez, 
En chantant, d'un cueur débonnaire, 
Dedans le saint cancionnaire. 

Clém. Uarot. p. 615. 

Cancre, sub$t, fém. Chancre. — Maladie des 
oiseaux. 

Ce mot subsiste au premier sens, sous l'orthogra- 
phe de chancre. C'est une imprécation dans Rabe- 
laiSy T. III, p. 82, et ailleurs. Les deux vers suivans 
nous en fournissent un exemple. 

Chancre les deux iex de la teste 
Vous menjust et le cuer dedens 

Fabl. ESS. du R. jf 7918, fol. 115, V. 

On appelle aussi chancre^ une espèce de maladie 
à laquelle les oiseaux sont sujets. Il y a un chapitre 
intitulé : « Du mal de chancre, ae ses causes, 
« signes, et des remèdes pour les guérir », dans 
Du Fouilloux, Fauconnerie, fol. 20. 

Arinche est une faute de copiste dans ce passage : 
« Se un faucon, ou un autre oisel a arinche dedens 
« le bec, prenés du miel et du vin blanc, et faites 
« tout boulir ensemble, et lui en lavez la bouche et le 
« mal. » (Hodus et Racio,ifs. fol. i30.)0nlitailleurs 
chancre, alias cranche. 

Remarquons cette expression : Boire en chancre. 



c'étoit boire avec excès. On trouve Torigine de cette 
façon de parler dans Du Tillet, Hist. de la Fête des 
Foux, p. 31. 

VARIANTES : 

CANCRE, Chancre. Modus et Racio, MS. 

Cranchs. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 115, Y* col. 1. 

Aringub. Modut et Racio, MS. 

Candale, subsL masc. Nom propre. On a dit : 
« Chaudes 4 to Candale (3). » fRom. Bourgeois, liv. I, 
p. 66.) Gloire de Candale semble un proverbe dans 
les Mém. de Sully, T. IX, p. 322. 

Candaries salomoniques. Termes usités 
dans la Nécromancie. (Voy. Dialog. de Tahureau.) 

• 

Candélabre, subst. masc. Chandelier, lampe. 
Du latin candelabrum. Ce mot semble employé 
pour lampe, en ce passage : 

Je ne di pas s'il fust à point 
Que (Haias li chandelàbres (4) fust 
Ou 11 grans cbandeUers de fust. 

^ Fabl. MSS. du R. n* 7218. fol. 295, V* col. 1. 

Ce mot signifie chandelier dans cet autre passage : 

Quant se volt aler coucfaier, 

Le chandeîabre voit drecier 
Qu'U font jusqu'à son lit venir. 

Partoo. de Blois. MS. de S Germ. fol. 130. R* col. d. 

VARIANTES : 
CANDELABRE. Fabl. MSS. du R. n« 7989, fol. ifâ, R« col. î. 
Ghanpelabre. Ibid. n« 7218^ fol. 295, V« col. 1. 

Candelier, subst, masc. La Chandeleur. 

Le jour purificationis 
Esloit, beatœ virginis, 
Con apele le dandelier, 

Destrjic. de Troy«. MS. du Roy. n* 0987. fol. 119. 

On a dit : « Le jor devant la veille Madame 
« sainte Marie Chandelor. » (Villehard. p. 170.) 

variantes : 
GANDELIER. Destnic. de Troye, MS. du R. n» 0987, ^ 119. 
Candblor. ViUehard. p. 92. 
Chandelor. ViUehard. p. 170. 
Chandellor. ViUehard. p. 167. 
Chandeler. Coût. Gôn. T. II, p. 913. 
Chandeleur. Ord. des R. de Fr. T. 11^ p. 239. 
Chandeleuse, fém. Du Cange, Glosa, lat. à Candelaria. 
Chandelier. J. le Fèv. ac S* Remy, Hist. de Charles VU. 
Chandeixieii. 
Ch andeliere, fém. 

Chandelgur. D. Morice, Hist. de Bret. col. 987. 
Chandelouse. Perard, Hi&t. de Bourg, p. ^. 



(1) D. Carpentier veut lire conreatorum, conratiers ; le premier a se change en o, et Vabrôviation re a été omise. La charW 
est dans Brussel (I, 536, an. 1160) : c Concessimus ex nunc in posterum Theci uxori Yvoni la Choe et ejus heredibus 
magisterium Canatorum, baudreorum, sueoriun^ meageycorum et burseriorum. » Conratier signifie corroyeur et s'accorde 
bien avec les métiers énumérés ensuite (n. e.) > (2) L'étymologie traditionnelle est quanquam y ce mot souleva de grandes 

auérelles dans les écoles du moyen-âge ; les uns disaient han-kan^ les autres étaient partisans d'une nouvelle moda 
evenue la nôtre, kouan'koua'm. Mais on trouve aussi, dans les provmces du Nord, caquenatif taquehan. tacfan, au sens 
de tumulte, tapi|ge : « Les dits habitants se pourront assembler pour eux conseiller et taillier, sans qu'il puisse estre dk 
amuehan. » (Ji. 76, P- 320, an. 1347.) c Pour eschiver touz penlz, conspirations et taquehanz^ qui en pourroient ensuir. » 
(Jj. 58, fol. ^ an. 1320.) « Par manière de tacaan et venans contre leurs sermena et contre l'utilité publique. » (iJ. 138, 
p. 06, an. 1389.) (n. e.) — (3) Gaston de Nogaret, duc de Candale, était un beau blond, comme son grandHoére, |e due 
éISpemon ; c'eut été un lion en Angleterre ; on ne le cite même pas au nombre des Importants de 1643, ni des Petits-Mattrea 
de 1651. Pour être un Alcibiade, il faut autre chose que des manières exquises ; mais lui^ comme écrit Retz, c n'avait é% 
mmd qup les canon9. » Cette figurine de modes anticipées mourut à trente ans He 28 janvier 1656), du double chagrin 
g'^voir été battu par les Espagnols et d'avoir perdu le cœur d'une adorée. Il avait baissé la ceinture du haut de chaussa^ 
Dppr laisser voir un flot de Hnge autour du corps. On aurait dit qu'à chaque paa cet indispensable vêtement allait glisser à 
{erre, e^ les enfants des rues allaient criant : « Monsieur, vous perdez vos chausse» ! » (n. e.) - (4) On lit déjà aux Roit 
(f. ^44)) ^i' siècle : « E dunad le peis de la merveilleuse vaiaiisle que de or que de argent, e dliss cAoïuifeia^re» e d9» 
lommaries e des tables. > (n. e.) 



CA 



— 208 — 



CA 



Candet, subst. masc. Mesuredeoent pieds. C'est 
le seus de oe mot usité dans le patois breton. 

VARIANTES : 
CANDET, Cantet. Du Gange, GIoss. lai. à Candetum. 

Candide, adj. Blanc. Du latin candidus. (Honet, 
Oudin et Cotgrave.] Ce mot ne subsite plus que dans 
le sens figuré pour franc, sincère. 

Candidement, adv. En blanc. (Oudin et Cotgr. 
Dictionnaire.) 

CruBj subst. fém, La femelle du canard. (Nicot, 
Oudin, et le Gloss. du P. Labbe.)Ondit encore cane 
dans ce sens. De là, faire la canne^ pour faire le 
plongeon comme les canes, se cacher. (Rabelais, 
T. 1, p. 266.) On disoit : estre de Vhumeur des 
cannes. (Défense pour Est. Pasq. p. 58), et peut-être 
de là, tourner la cane, pour tourner le dos, s'enfuir. 

Si li tourne chascun la cane, 

Hist. de S" Léocade, MS. de S. Germ. fèl. 90, V* ool. 1. 

Le mot Cane avait aussi la signification de dent: 

Le front, le visage, et les canes (1) 
Avoit aussi noirs com couanes ; 
Le col qu'il soloit avoir gros, 
Ot lonc, et gresle jusqu'à l'os. 

Fabl. MSS. du R. n* 7918, fol. 4. R* col. 2. 

VARIANTES I 
CANE. Orth. subsistante. 
Canne. Rabelais, T. I, p. 266. 

Caneliëre, subst, fém. Lieu planté de cannes. 
(Oudin, Dict. Espag.) 

Caneliu (2), subst. masc. 

Por ce qu'U ont le cuer au siècle trop anclin. 

Et piour vie mainent que Giu ou Sarrazin, 
Ne si ort ne sont mie caneliu Barbarin, 
Por ce, les sueffre Dex venir à maie fin. 

Vies des SS. MS. de Sorb. chif. xxvn. col. 11. 

Ck^LTkeW^f subst. fém. Cannelle. Bois odoriférant, 
épicerie. On a dit proverbialement : « Il est comme 
« canelle (3) dont le meilleur est Técorce. » (Des Ace. 
Bigar. p. 29.) 

VARIANTES .* 

CANELLE. Des Ace. Bigarr. p. 29. 
Quenelle. Fabl. MS. de S^ uerm. 

Canelline, subst. fém. Diminutif de canne, 
petit roseau. (Dict. d'Oudin.) 

Ganepetière, subst. fém. Sorte d'oiseau. — 
Poltron, sot, niais. 
Ce mot, au premier sens, est encore en usage 

Jour signifier un oiseau bon à manger, semblable 
l'outarde (4), mais moins gros. Dans le Berry, on 
dit en ce sens canepetrolle. Rabelais écrit toujours 
canne pettèrCj comme s'il distinguoit deux mots 
dans ce nom. 

Faire de la canepetière signifioit se tapir comme 
la cane. (Dict. de Cotgrave.) 



De là ce mot s'est employé, dans le sens figuré» 
pour poltron, sot, niais. (Dicl. d'Oudia.) 

VARIANTES .' 
CANEPETIÈRE. Orth. subsistante. 
Cannepetière. Hab. T. I, p. 239, T. II, p. 245. 
Canepetrolle. Ménage, Dict. Etym. à Canepetière. 

Canepin, subst. masc. C'est la pelure bien 
déliée qu on prend au-dedansde l'écorce du tilleul» 
ou bien celle qui se trouve sur l'écorce du bouleau. 
C'est aussi la peau déliée qu'on lève de dessus la 
peau du mouton, après qu'elle a été quelque peu 
dans la cbaux. (Nicot , Cotgrave , Oudin , Rob. 
Estienne, Ménage.) 

Ganepineux, adjectif. Qui a l'écorce tendre, 
déliée. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Caner, verbe. Foirer. (Monet et Oudin, Dict.) 

Canesteau, subst. masc. Echaudé. Il est en 
usage, en ce sens, dans quelques endroits de la 
Flandre. 

VARIANTES : 

CANESTEAU. Du Cange. Gloss. lat. à Chenetrelltts. 
Canestiaux^ plur. Id. ibid. 

Ganet, subst. masc. Petit canard. — Gannetille. 

On trouve le premier sens dans le Dict. d'Oudin. 

Canet paroit employé pour canetillCf dans le pas- 
sage suivant : « Un livre d'or de Chipre en canet^ 
« pour faire rubans aux cloches (5) frobbes ou man- 
« teaux) nosseigneurs. » (Reg. de la Chambre des 
comptes, cité par Du Cange, Glossaire lat. au mot 
Cloca.) On appeloit cannetille (6) , du fil d'or ou 
d'argent trait. (Voy. Nicot, Dict. au mot Cannetille.) 
On verra ci-après qu'on disoit, dans le même sens, 
canettes de fil d'or. 

Caneter, verbe. Faire la cane, faire le plongeon. 

— Marcher comme les canes. 

Ce mol, au premier sens, est pris dans unesigni- 
fication propre. (Dict. d'Oudin.) De là, caneter 
signifioit. au figure, esquiver. « Us ne faisoient plus 
« que parer aux coups, et ainsi gaulchissans, et 
« canetans vindrent finablementà moi. » (D. Florès 
deGrèce, fol. 31.) 

On employoit aussi ce mot proprement, pour 
signifier marcher comme les canes : « Ceux qui 
« habitent les pays montueux se foulent les nerfs 
« des jambes, (rautanl qu'ils marchenlen canetant, 
« allongent plus un nerf que l'autre. » (Boucbet, 
Serées, livre 11, p. 146.) 

Canetler, adjectif. Qui appartient au canard. 
(Cotgrave et Oudin, Dict.) 

Canette, subst. fém. Petite cruche. — Mesure 
de liquide. — Cannetille. 
On dit encore en Normandie, parmi le peuple, 



(1) Les dents canines, (n. e.) — (2) On trouve canelius dans la Chanson de Roland. Eiymologie très incertaine. C'était m| 
peuple païen. M. F. Michel voit là c les sens du pays où croit la caneUe. n Le ms. de Cambridge porte Qua^ielleux oa 
Quenelhms. (N. E.) — (3) Le mot se trouve déjà dans Rutebeuf et au Livre des Métiers d'Et. Boileau. (n. e.) — (4) C'est l'outarde 
tétrax, dite aupsi outarde naine. (N. E.) — (5) La cloche fut, sous les trois premiers Valois, un pardessus ouvert par devant 
et à l'usage des cavahers. (n. e.) — (6) C'étaient des fils d'or mis en trame. On employait aussi la forme canel : c Pour 
lesquelz ouvrans sa femme faisoit des canelz ou tremes. » (JJ. 170, p. 233, an. 1418.) (n. e.) 



CA -9 

Eiidn Ton disoit cange et change, en termes de 
chasse et de fauconnerie. (Voyez Chasse de Gaston 
Pbéb. us. cité ci-après, Budé, des Oiseaux, fol. 124, 
et Hodus et Racio, us. fol. 21.) Ce mot subsiste 
^core en ce sens uu» l'orlliograplie change, mais 
avec quelque différence, par rapport à la construc- 
tion grammaticale. On ne diroit plus, comme en ce 
passage : • S'il avient que son droit fuye avec le 

■ change , il le pourra cognoistre à ses saiges 
« diiens; car si son droit est deraouré là où le 
<■ i^ange leur failli, ou est refuit sur soy, et le 

■ change s'en est allé oullre, les bons chiens 
« retourneront arrière et si le droit fuit avec 

■ le chaiige, les bons chiens demeureront touz 

• coyz. > (Chasse de Cast. Phéb. ms. p. 233.) • Faire 
« voiler, et hayr le change à un faucon nouveau. » 
(Budé, des Ois. fol. 12<i,] > Se ton faulcon va au 

■ change, et il prent coulon ou cornaille, ou autre 

• oysei de change, etc. • (Modus et Racio, fol. 64.) 
De là, cette expression figurée : bailler te change. 

Nous disons encore donner le change. (Disc. Polit, 
et Mil. de la Noue, p. 118. — Voy. Oud. Cur. fr.) 

VARIANTES : 

Canoë. Cortois d'Artois, MS. de S. Germ. toi. 84, R°col. 3. 
Ghaanos, Perard, Hist. de Bourg, p. 450. 



Gangler, verbe. Changer. — Echanger. 
On lit, au premier sens de changer : 
Non pae pour cou ke j'aie cusr volaige 

Car tos jors aime, et sers de cuer entier 
Et ornerai tos jors en mon caige. 

Giln Uvinlm. Po«. USS. ■nul 1300, T. UI, p. Wi. 

De là, ce mol s'esL dit pour échanger. 

Sa robe à la aoe chanja, 
Et son palefroi li douna. 

Etlr. Fabl. HSS. duR. n'TOM, P.-I1. 
CONJUGAISOSS. 

Chanja, prêter. Echangea. (Estrubert, Fabl. «s. 
du R. n' 7996, p. 74.) 

Chanjassent, imp. subj. Changeassent. (Ord. des 
R. de Fr. T. 1, p. 232.) 

Chanjoit, imp. ind. Chaugeoit. (Fabl. hss. du R. 
n* 7218, fol. 358, R° col. 2.) 

VARIANTES : 

CANGIER. Gloas. sur les Coût, de Beauvoisis. 
Cbainobr et Chaincieh. S' Bern. Serm. fr. p. 74. 
Chanoier. Ueauraanoir, p. 3. 
CANiBR. Aihio, MS. fol. 91, V col. 2. 



Canichon, subst. masc. Petit canard. (Dictionn. 
d'Oudin.) Dans quelques provinces, le peuple se 
sert de ce mot pour désigner un petit cbiea barbet ; 
caniche, une petite chienne. 

Ganiculler, adj. Caniculaire. Jours caniculiers. 
(Garasse, Rech. des Rech. p. 214.) 



>- CA 

Csoilnil), adj. Qui tient du chien. (Oodin, Co^. 
et Bouchet, Serées, livre 1, p. 348.) 

Canise, subst. fém. Toile. — Sorte de vêlement. 
— Cotte d'armes. — Sorte de vêtement religieux. 

Canise signifie toile, dans le passage suivant: 

■ Dames et damoiselles leurs corps vestir, et parer 

< de nobles, et riches parures, les unes decamtes, 
« et de blancs samis, les autres de sandales, et de 
1 draps pourpres. • (Percef. Vol. II, fol. 116.) 

Elle est restue en ital guise 
De canin blaoc, et de cemise. 

Filil. MSS. da H. ■■ 7W», loi. WJ.V etL». 

Le vêlement qu'on mettoit par dessus les habits, 
ou les armes, et qui étoit souvent de toile, se nomma 
canise, ■ et si tes suivoient douze demoiselles ve». 

< tues de canises seinlcs de couroyettes estroites. ■ 
(Percef. Vol. 11, fol. 117.) 

Ce nom fut aussi appliquéaux cottes d'armes que 
les princes et les chevaliers portoient, soit à la 
guerre, soit dans les tournois, quoique ces habil- 
lemensfussent non pas simplement de toile, mais 
d'étoffes précieuses et rictiement brodées: ■ Elle 

■ lui demanda un blanc canise dont le roy Porms 

■ étoit orné ; c'estoit une riche cotte d'armes toute 

■ parseméed'escussonsvolansqui jettoient grande 
• clarté au soleil. » (La Colomb. Th. d'Uonn. T. I, 
page 289.) 

Enfin, on voit dans le Gloss. lat. de Du Gange, 
le mot Scanusia, employé pour un vêtement 
monastique. 

Le mot canise semble originairement le même 
que ceux de camise et de cainse. On peut compa- 
rer ces articles (2). [Voyez aussi celui de chainsit.) 

VARIANTES I 

CANISE. Percef. Vol. H, fol. 117, V- coL 1. 
Canibsb. Id. Vol. VI, fol. 73, V" col. 1. 

QUANISE. 

QuENiE. Dict. de Borel, 1'" add. 

QUANIE. * 

Canisse, subsl. fém. Sorte de panier. (Oudin, 
Dict. Fr. Esp.) 

Canivet, subst. masc. Diminutif de canif. On 
disoit proverbialement : Ceux du canivet, les pour- 
suivans du canivet, pour écrivains, gens de plume. 
(Eust. Desch. Poës. hss fol. 416.) 

Henry Etienne, écrivain prolestanl, apjielle Saint 
Cauivel, celui dont un juif perça une sainte hostie 
à Paris, et dont il dit qu'on a fait une relique dans 
une des églises de cette ville. (Voyez Apol. pour 
Hérodote, p. 611.) 

variantes : 

CANIVET. Eust. Deacb. Poës. USS. fol. 416, col. S. 

Kanivbt. Ph. Houskes, MS. p. 537. 

Ganivbt, Ouanitbt. Oudin, Dict. Fr. Esp. 

ÔUANtVEZ. Fabl. MS. de S. Germ. 

. Partoa. de Blois, MS. de S> Germ. fol. 143, It'. 



Cann, subst. masc. Bâton blanc. Mot du patois 
breton. (Voyez sur sa significatioa le Gloss. d« 



exemples cités, le point est mal placé ; il f( 
poirteot les dominicaini. (n. s.) 



CA -9 

lUist. de Bret. au mot Canhiart, et le Gloss. lat. de 
Da Cange, au mot Cannus.] 

Canna, verbe. Battre. Ce mût appartient au 
patuis breton. (Gloss. de l'Hist. de Bret. a Canhiart.) 

Gannamelle. $ubtt. fém. Canne h sucre. Pro- 
prement roseaux mielleux. (Oudin, Colgr.) 

Clanne, subst. fém. Roseau. — Mesure. — 
Grucbe. 

Ce mot se trouve presque dans toutes les lances. 
Sa si^iflcation propre y paroit être toujours 
roseau. On a dit canne de palvâ, pour roseau de 
jnarais. (Gloss. du P. Labbe, p. 493.) 

De ce qu'on portoit à la mam certaines espèces de 
roseaux, on a appelé canne» les bâtons qu'on porte 
ii la main en marchant. On a donné ce même nom 
k des bâtons à peu près semblables qui servent de 
mesures eu divers pays. On en peut voir l'énumé- 
ration dans le Dict. Univ. > La canne estime mesure 
> en usage en Guyenne, et en Languedoc : elle est 
• composée de huit pams ou palmes et chaque 
■ pams contient les 2/3 d'un pied de roy. * (Ordon. 
des B. de Fr. T. lil, p. 457, noie de l'Éditeur.] La 
note n'est pas exacte. Cette mesure varie dans ces 
provinces, selon les cantons (t). (Voy. Cabo ci-aprèa.)' 

Ce même mot a si°:niné un vase long, étroit, selon 
Du Cange, Gloss. lat. aux mots Canna et Karma. 
Le peuple, en Normandie, appelle encore can/w une 
cruche. Ce mot, en Anjou, est aussi usité pour signi- 
fler une espèce de petite pompe de fer blanc avec 
laquelle on pompe le vin par la bonde d'un ton- 
neau. Cette pompe forme un petit cylindre d'à peu 
près la grosseur d'un roseau, ce qui me feroit 
croire que c'est par similitude que les Angevins la 
nomment canne. 

VARIANTES : 



Canneajux, subst. masc. Canal. On a dit le 
canneau du col, pour le canal de la respiration. 
(Dict. d'Oudin et de Colgrave.) 

Cannée, subst. fém. Mesure. C'est la même 
^ose que le mot canne, pris dans la si^niUcation 
de mesure. On trouve le mot cannée, en ce sens, 
dans les Assises de Jérusalem, p. 82. • Champs de 
• quarante cannées de careure. ■ (Voy. ci-dessua 
Canne.) 

Cannoulle, subst. fém. Quenouille. 



Comme la quenouille est à l'usage des femmes, 
on a dit hoirs de quenoille, pour héritiers par fem- 
mes. (Coul. Gén. T. II, p. 284.) Et contes de la 
quenoille, pour contes de vieilles. (Bourg, de Orig. 
Vûc. Vulg.) 



i- CA 

VAHIASTKS : 

C&NOULLE. Eurt. DeBcb. PoSb. HSS. M. 314, coL 8. 

KRneule. Froiisart, Poëa. USS. 

QUKNOiLLE. Du Cange, au mot Fuiv*. 

QUBLOiONK. Eust. Deech. Poée. MSS. 

OCKLONONE. Du Cange, GIohb. lat. 6 CtmaeulatiCutueuta. 

Cano, subst. Mesure (2). Mot languedocien, le 
même que canne ci- dessus par rapport à cette si- 
gnillcation. (Voyez Du Cange, Gloss. lat. au mot 
Canna.) 

Ganognilole, subst. Sorte d'outil à l'usage des 
tisserands. 

VARIANTES : 



VMymologie eat dlffârent». (n. e.) 



Canometre, subst. masc. Instrument. Duver- 
dier, à l'article de Guillaume des Bordes, s'exprime 
ainsi dans sa Bibl. p. 471 : > Déclaration, et usage 
« de l'instrument nommé canometre, enrichi de 

• facilitez pour la commodité d'iceluy instrument, 

■ par maistre Benoist forfaict, compassier. ■ 
Canon, subst. masc. Règle, mesure. — Arré- 
rages de rentes. — Serment. — Armes à feu. — 
Partie de l'armure. — Tuyau. — Façon d'enter. 

J'ai dit quelquefois que le même mot (3) pouvoit 
avoir diverses étymologies, relalivement aux divers 
sens dont il est susceptible. Le mot canon peut 
servir d'exemple. Deux élymologies difîérentes ont 
produit les sept signi filiations que nous venons de 
marquer, et qui étoient usitées autrefois. Du grec 
xaycày il signifie règle, et de l'italien cannone il 
signifie un tuyau creux comme un roseau. 

De la première de ces étymologies, dérive celte 
expression de Rabelais, T. I, p. 135: • A boire 

■ n'avoit point fin, ny canon. • L'on buvoit sans 
fin et sans mesure. 

Selon cette même étymologie, on a appelé ca- 
nons les arrérages d'une renie, parce que ce sont 
des payemens réguliers, des payeme'ns de règle. 
(Voyez Du Cange, Gloss. lat. au mot canon.) La 
coutume de Gorze dit : • Le détenteur de l'immeuble 

■ censable ayanl manqué par trois ans de payer le 

• cens, canon, ou pension, elc. ■ (Nouv. Coût. Gén. 
T. il, p. 1089.) Ce mot est pris souvent en ce sens 
dans les coutumes. 

On dit encore le canon dé Za messe;on sait que 
celte expression dérive du grec xavcôv. De là, on a 
dit canon pour serment, parce que le serment se 
faisoit quelquefois sur le canon de la messe. (Voy. 
Brillon, Loix d'Anglet. fol. 134.) 

Les trois autres significations dérivent de la 
seconde étymologie. Alors nous devrions écrire 
cannon par deux nn, ix l'imitation des Italiens qui 
n'y manquent pas. Quoi qu'il en soit, les canon« de 
mousquet sont ainsi appelés, parce que ce sont des 
tuyaux creux comme un roseau, dont le nom 

Aêsiseï de Jénualem <I, 171) : ■ Et deit estre le champ de quarante canet de careure et dos de fossés 
.) - (S) En Itelie, cette mesure est encore employée ; à Naplea, elle vaut 2" 29. (N. k.) - ^> Il 7 a 
même orthographe, parfois due & des sonbes ignorants; mais il y a un mot différent, pnlsjpie 



CA -s 

italien est cannone, mais de Ifi ce motsembleavoir 
été appliqué, non seulement à toutes sortes d'armes 
à feu, comme on le voit dans la Mil. Fr. du P. 
Daniel, T. !, p. 441, mais même aux traits d'arba- 
lètes, car on lit dans Froissart, Liv. Ili, p. 165: 
■• S'appareilleirent les arbalestriers pour traire, et 

• ietter canons. > Dès 1338, on nommoitcanonxtes 

fiièces d'artillerie qui se chargeoient â poudre. 
Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 441.) On comprenoit alors 
beaucoup de pièces différentes sous ce nom géné- 
ral de canon, toutes distinguées par des noms par- 
ticuliers. 

Nous allons entrer dans quelques détails; ils 
tiennent à nos anciens usages, qui sont du ressort 
de ce Glossaire à divers égards. Le nom général de 
canon s'appliquoit également à la mousqueterie et 
à l'artillerie. Les pièces de mousqueterie se nom- 
moient canons à main. Il en est Tail mention dans 
Juven. des Urs. Hist. de Charles VI, p. 282. • Il y 

■ avoit de bonnes arbalestres, archers et canons a 

• tnain, pour les recevoir. • C'est peul-être ce que 
Monstrelet entend par cequ'il nomme pe/i(8 canons. 
(Vol. I, fol. 267.) 

Les pièces d'artillerie se divisoient en : simples 
canons, doubles canons, camus renforcés, canons 
jumelles, triples canons, demi canons, quarts de 
canons. 

■ Le canon simple se disoit de celui qui avoit 

■ six pouces de diamètre. • (Dict. de Monet.) 

• Le double canon, de celui qui en avoil deux 

■ fois autant. • (Ibld.) Rabelais parle plusieurs fois 
de doubles canons. Il en est aussi mention dans 
I. Marot, p. 207. 

■ Les canons renforcés sont grosses pièces d'ar- 
« tiilerie. • (Mém. Rob. delà Marck, Seig. de Fleur. 
Ms. p. 37.) 

Le canon jumelle et le triple canon, étoient des 
pièces composées, le premier de deux et l'autre de 
trois canons réunis. (Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 451.) 
Ces canons, selon Boullainvilliers, s'appeloient 
bombardes. (Ess. sur. la Nobl. p. 115.) 

On peut aisément se figurer ce que c'éloit que les 
demi canons et quarts de canon, par la définition du 
canon simple el par le passage suivant: • Il fut 

■ pris sur les François (en i0i2) sept pièces d'artil- 

■ lerie, savoir quatre dejni canons et trois çnaî'ïs de 

■ canons, qui éloit tout ce que M' de Chatillon en 

• avoit; ayant auparavant envoyé les trois plus 

■ grosses pièces dansRhetel. > (Mém. de Monlresor, 
T. II, p. 317.) 

Je ne finirai point celte espèce de digression, 
sans parler du maître des canons. Nous n'en pou- 
vons rien dire que par conjectures. Il paroit que 
c*éloil le commandant de rartillerie, du moins H en 



î- CA 

juger par ce passage de Froissart, Lit. II, p. 380: 
> Si fut le sire de C1ary, qui estoil maiitre âm 

■ canons du seigneur de Coucy, frappé de ceox de 

■ dedans d'un carreau, dont il mourut. ■ 
Revenons aux autres significations du mot canon. 
La partie supérieure du garde-bras, dans l'aa- 

cienne armure, se nommoit canon (1). C'étoiten eflfet 
une espèce de tuyau. C'est dans ce sens que j'entends 
cet endroit de i'Hist. du Chevalier Bavard, p. 48 : 

• Faussa le garde bras à l'endroit au canon. ■ 
(Voyez aussi la Colomb. Th. d'Honn. p. 342.) 

On a dit, parla même raison: canon de plume, 
pour signifier le tuyau : ■ Si un oiseau ne veut lier, 

■ mettez un canon de plume d'oye à la maîtresse 

■ serre, et il ira le pied ouvert, el il liera, el quand 
. il commencera h lier, ostez luy le dit canon, et il 
« liera toujours. ■ (Artel. Faucon, fol. 92.) 

Enfin, on appeloitcnfc en canon, celte ente qui 
se fait en substituant un tuyau d'écorce, à la place 
d'un pareil tuyau enlevé du sujet. Cette expression 
n'est pas même absolument hors d'usage ; mais Ton 
dit plus communément ente en flûte. 

Canonade, subst. fém. Coups de canon. — 
Embrasure. 

Ce mot se dit encore dans le premier sens. 
Brantéme, parlant de ceux qui se serventde termes 
imprppres, s'exprime ainsi : « D'autres disent un 

■ coup d'arquebusades, un coup de canonnades, ce 

• qui est très improprement parlé, car le coup de 

• canon s'appelle canonnade, et le coup d'arque- 
. buse, arquebusade. • (Brant. Cap. Fr. T. IV, 
p. 228. — Voyez CANONNEniK ci-après) 

On disoit autrefois canonade, pour exprimer les 
ouvertures par où l'on tire les canons, et que l'on 
nomme mamtenant embrasures ou canonnières : 

• Passa toute la teste et le sein par un créneau, 
. faisant semblant de vouloir tirer contre les Turcs 

• par ceste canonade (2). > [Printemps d'Yver, fol. 
51. — Voyez CANOs.MÉnE ci-dessous.) - 

VARIANTES : 



Canonement, adv. Canooiquement Conformé- 
ment aux canons. [Gloss. sur les Coût. deBeauvois. 
— Voyez les Assis, de Jérus. p. 190 (3).) 

Canones, subst. masc. Chanoines. Ph. Houskes, 
en parlant de la fondation de Fécamp par Richard, 

duc de Normandie, dit : 

Premièrement i ot nounaina. 
Hais Hou les destruit et HastsiDS : 
Et puis i ot cannonea (1) mis. 

Pli. Hnuka. US. p. 393. 

(1) C'est, par une même analogie, qu*: les tailleurs nommaient canona les deux tuvaux de chausses où l'en metlftit les 
cuisses. (N. E.) — (3) Canonnade signifiait aussi portée do canon : ( Ils se scavent très bien rallier, comme par avantars 
Us potirroyent faire à deux canonnades de là. » (LanciutS, 428.) (n, e.) - (3) On lit encore aux Assiaes de Jérusalem (éditioil 
Beugniot, I, 29): t Je promet à tei, mon seigiior tel, patriarciie de Jérusalem et à tes successors canriniaument 
eDtrant. (n. h.) — (4) La forme canonne est toute septentrionale : « Gerart d'Aisne chevaUer, seigneur de Uarque, detoeoranl 
à Cambra; en la rue des Canonnei. i (il. 138, p. 100, au. 1389.) (n. e.) 



CA 



- 213 — 



CA 



Le même auteur écrit kanonnes riulés (i), pour 
dianoines réguliers. 

Les Languedociens disent en leur patois, ca- 
nonge (2). 

Nous oisons encore chanoine. Cette dignité, qui 
est proprement ecclésiastique, a été donnée à des 
laïques ; on voit, dans Godefroy, que « le Pape 
Sixte IV concéda au roy Louys XI, et à ses succes- 
seurs roys de France, a'étre chanoines de Nostre- 
Dame-de-Clery, de siéger dans le chœur d'icelle 
église, et au chapitre, au dessus du doyen, et de 
porter le surplis, la chappe, etromus(3], et accorda 
que les dits roys chanoines seroient doresnavant 
appeliez Frotocanonici, en considération de ce 
que le prince avoit éleu sa sépulture dans la dite 
eçlise. » (Godefr. Observ. sur Charles VIII, p. 351.] 
Froissart, liv. IV, p. 345, an 1400, parled'un nomme 
Robersac Anglois (4), comme d*un brave cham- 
pion, et le qualifie ae chanoine. Peut-être Tavoit-il 
été auparavant. On pourroit tirer une semblable 
conjecture sur le titre d'archi prêtre donné par le 
même auteur à un autre guerrier. Du Cange fait 
mention des chanoines de la pauvreté, canonici paur 
pertatis. (Voyez son Gloss. au mot Canoîiiciy etc.) 

Proverbes : Li cha7ioines de Paris est une façon 
de parler citée comme proverbe, dans le Recueil 
des Poës. Mss. av. 1300, T. IV, p. 1651 . Dès le temps 
d'Eustache Deschamps, on disoit comme proverbe : 
« Aujourd'huy n'est vie que de chanoingne. » 

VARIANTES I 
CANONES. 

Gannones. Ph. Mouskes, MS. p. 393, 32 et 33. 
Cannonnes. Grelin, p. 226. 
Canonne. Duchesne, Gén. de Béthune, p. i37. 
Ranones, Kannone, Kanonnes. Ph. Mouskes, passim, 
Canonqe. Le Duchat, sur Elab. T. IV, p. 217, note 6. 
Chanonne. Molinet, p. 194. 
Chanoyn. Britt. Loix d'Anglet. fol. 279. 
Chanoingne. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 368, col. 4. 
Chanoine. Orth. subsistante. 

Canonet, subst, masc. Petit canon. (Voy. Mém. 
de Bassompierre, T. IV, p. 374.) 

Ganonier, suhst. masc. On trouve ce mot, avec 
l'acception subsistante, dans Juven. des Ursins, 
Hist. de Charles YI, p. 31, sous l'an 1412. On l'em- 

Sloyoit aussi pour tireur d'arquebuse. (Voy. Moyen 
e Parvenir, p. 20.) 

Canoniesse, subst. fém. Chanoinesse. « En 
« icelle ville il y a un beau couvent de canoniesses 
« gentifemmes, lesquelles ne font aucun veu de 
« religion, et se peuvent marier à leur volonté. » 
(Mém. Du Bellay, livre X, fol. 30 i.) 



Canoniser, verbe. Vanter. — Rendre cher. — 
Prédire. 

Ce mot subsiste dans sa signification propre, mais 
on ne dit plus, comme autrefois, canoniser ses 
prouesses (5). (Percef. Vol. I, fol. 144.) 

De là, canoniser signifioit rendre cher, faire 
aimer. « Les maulx que leur ont fait endurer les 
< Espagnols, y (à Milan) ont canonisé le nom des 
François. » (Mém. du Bellay, livre IV, fol. 95.) 

On employoit aussi ce mot pour prédire, prophé- 
tiser. Cette acception, de même que les deux précé- 
dentes, dérive de l'acception primitive de ce mot : 
« Regardoient aux estoilles, et les considéroient 
« et comptoient les mois, et circuloient, et gettoient 
« pour sçavoir le temps afin qu ilz canonizassent 
« les choses qui estoient advenir, ce dist Dieux par 
« son prophète. » (Eust. Desch. Poës. mss. fol. 382.) 

VARIANTES ! 
CANONISEE. Orth. subsistante. 
Canonizer. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 382, col. i . 
Canonizier, pour canoniser. Gér. de Rouss. MS. p. 203. 

Canonizable, adj. Digne d*élre canonisé. C'est 
en ce sens qu'on lit : « Louable, méritoire et cano- 
« ni%able. » (Sag. de Charron, p. 312.) 

Ganonnage, subst. masc. Espèce de papier. 
C'est le beau et grand papier appelé charta grandis. 
(Voy. Le Duchat, sur Rabelais, T. IV, p. 217, note 6.) 

VARIANTES I 
CA.NONNAGE, CanonGe. Le Duch. sur Rab. T. IV, p. 217. 

Canonnerie, subst. fém. Canonnade. (Voyez 
Rabelais, T. IV, p. 261.) 

Canonnler, adj. On disoit autrefois trous 
canonniers, pour embrasures à placer des canoîis. 
« Aux deux coingz de l'autre bout de la grand 
« salle Basilicane, esloientconjoinctes deux grosses 
« tours de pierre dure, baslies à la rustique, fortes 
« et espesses, poinct fenestrées, et peu pertuisées 
« de trouz canoniers estroictz, barrez de fer et 
« barbacanes à peu de jour. » (Alect. Rom. f* 131.) 

On nommoit aussi poudre canonnière, la poudre 
à canon. (Merlin Cocaie, T. II, p. 411.) 

Canonnière, subst. fém. Embrasure. — Eglise 
de chanoine. 

Ce mot ne se dit plus, dans l'un ni dans l'autre 
de ces sens. Il est employé assez souvent pour 
embrasure par nos anciens historiens, l'ouverture 
par où l'on tire les canons. « Je priay le capitaine 
« Ynard de m'amener trois cens arquebuziers, des 
« meilleurs de sa trouppe : lesquels arrivez, nous 
« despartismes pour estre mis dix à chaque can^n- 
« nière (6), qui tiroient comme quand on tire au 



(i) Riulé vient de regiUatus^ comme rietiîe vient de régula ; c'était la forme ancienne, qu'on trouve dans Thomas le 
Martyr (xii* siècle, éd. Bekker, 1838) : « Cist forainz habiz fu de chanoine riulé. » Dans Roland, la forme est canonie 
(str. 209 et 266), mais il vaut mieux écrire canonie, puisqu'elle ne compte que pour deux syllabes, (n. e.) — (2) Us ont 
même dit canorgue. (n. e.) - (3) Aumusse. - (4) Jean de Robersart, dont il est ici parlé (comparez éd. Kervyn, XVI, 224), 
hérita du surnom de son père Thierri, mort la i9« année du règne de Richard II. D'après les généalogistes anglais, Cannon 
serait une corruption d'EscaUlon, une de leurs seigneuries. C'est douteux ; il a pti être chanoine comme Arnaud de 
Cervelles était archiprétre : celui-ci détenait le fief ecclésiastique de Vélines (Dordogne), résidence d'un des archiprôlres du 
diocèse de Périgueux. (n. e.) — (5) Voici la citation complétée* t Adonc peussiez veoir les Escossois monter en orgueil et 
eulx reparer de nouveaux paremens pour eulx monstrer et leurs prouesses plus canoniser, t ^n. E ) — (6) De môme dans 
Marot (v^ 155): c Deffenses, avantmurs, lucarnes, canonnières^ L'ont faict voler en l'aer, avec noires fumieres. » (n. e ) 



CA 



- 214 



CA 



« blaac, Tun après l'autre, bI tous au descouverl. » 
(Mém. de Montluc, T. I, p. 289.) 

On nommoit petites canonnières , celles qui 
étoieni faites pour arquebuses. (Ibid.) 

Il est rare de trouver le mot canom^re pour église 
de chanoine. Voici pourtant un exemple de cette 
acception : < Charlon, le fils de Robert de Bethune, 
« fut enterré en la canonnière de S* Bertrand. » 
(Rom. de Baudoin, fol. 62.) Nous avons vu ci-dessus 
qu'on nommoit alors les chanoines^ canonnes. 

VARIANTES * 

CANONNIERE. Mém. de MonUuc," T. I, p. 289. 
Canonieke. Mém. Du Bellay, Uvre I, fol. 26, R«. 

Ganore, adj. Sonore. Qui résonne. (Cotgrave, 
Oudin, Dict.) 

Canoûe, subst. fém. Petite barque. Nous disons 
canot, en parlant du petit bateau destiné au service 
d'un navire. On nommoit autrefois canoës les 
bateaux d'un seul tronc d'arbre dont se servent les 
Indiens. (Dict. Univ.) On prononce maintenant et 
l'on écrit canot. Baïf écrivoit canoûe (1). 

Les Néréides ainsi prés la canoûe s^amasserent. 

(Euv. de Baîf. fol. 37, V*. 

Canouele, suhst. fém. Canelle. 

Aumosniere U done qu*a Tor fou brodellie, 
Il ot ens skitoual, canouele, dragie. 

Poet. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1367. 

Canques, subst. Bouche. J. de Meung, faisant 
l'éloge de la S** Vierge, a dit : 

Canques (2) qui oncques ne mentis. 

Canty subst. masc. Chant. — Cent. — Cercle. — 
Côté. Diverses étymologies ont donné à ce même 
mot des significations différentes. 

Il signifie chant, du latin cantm. Le cri de la 
maison de Prie estcaw/ d'oiseaux^ c'est-à-dire chant 
d'oiseaux. (Menestr. Ornem. des Arm. p. 218.) 

Ce mot désigne le nombre cent, dans le patois 
breton. (Du Cange, Gloss. lat. au mo\ Cantredus) 
J'y crois reconnoître le mot cent, en prononçant 
le c comme un k. Dans quelques provinces septen- 
trionales de France, le peuple le prononce souvent 
comme ch, et dit chant au lieu de cent. 

Dans le m^me patois breton, ennt signifie quel- 
quefois cercle. (Voyez Du Cange, Gloss. lat. au mot 
Cantellus.) 

Enfin cant a signifié côté. Les Italiens et les Espa- 
gnols disent encore canto^ dans ce sens. On disoit 
autrefois de cant, pour de côté, opposé à de plat. 

Ou de plat faudra, ou de cant (3). 

Fabri, Art. de Rhëtor. livra U, fui. 30, V*. 

Être assis de cant, pour être assis de côté. (Du 
Cange, au mot Cantm. — Voy. ci-dessus Chant.) 

Gant, adv. de camp. Autant. On disoit cant et 
tant, dans le sens du quantum tantum des latins. 



Cant sent j^ns de mal Tte. 

iBran, 



Jehan 



Poêf. MSS. rmt 1900. T. m, p. 190. 



Cantadour, subst. masc. Chantres, chanteurs. 
Nom que les Provençaux donnent aux jongleurs et 
meneslriers. (Glossaire latin de Du Cange, au mot 
Cantares.) Il faut lire cantadours^ au lieu decata- 
dours (4), dans les Chron. de S' Den. T. Il, fol, 5. 

VARIANTES : 

CANTADOUR. Fauch. Orig. livre I, p. 79. 
Kantadour. Dict. de Borel. 
Gantadous. 

Cantat, subst. m^isc. Annuel. Ce mot, dans le 
patois provençal, désigne la messe qui se célèbre 
tous les ans au jour des Morts. 

Gante-fable, subst. Conte en vers que Vm 
pouvoit chanter. Il paroît que c'est le sens de«Ge 
mot, dans le passage suivant, où le poète, après. 
avoir fait Thistoire des amours d'Aucassin et de 
Nicolette, unis enHn par un heureux hyménée, 
ajoute : 

Or a sa joie Aucasins, 
Et Nicholete autresi ; 
No cante- fable (5) prent fin, 
N'en sai plus dire. 

Fabl. liSS. do R. B« 7989, fol. 80, V« o«L S. 

Gantelette, subst. fém. Petite fenêtre d*ime 

galère. (Oudin, Dict.) 

Cantet, partie. Centuplé. Mot du patois breton. 
(Du Cange, Gloss. lat. au mot Candetum. -^ Voyez 
ci-dessus Cant pour Cent, d'où candet est formé.) 

Cantharidise, subst. fém. Confection de can- 
tharides. (Dict. de Cotgrave et Oudin.) 

Canticque, subst. masc. et fém. Chanson. 
Cantike, dans S* Bernard, répond au latin Canticum. 

De PatheUn n*oyez plus les canticques. 

Faifeu, p. f . 

Ce mot subsiste, mais on ne remploie que pour 
les chansons pieuses. (Voyez, sur cette Poésie, la 
Poëtiq. de Boissière, p. 252 ; et celle de Sibilet, 
Liv. II, p. 107.) Can^t^u^ est ordinairement masculin. 
Il est mis au féminin, dans la Chron. Fr. mss. de 
Nangis, sous Tan 1214, p. 5. 

VARIANTES : 

CANTICQUE. Faifeu, p. 1. 

Cantike (la). S> Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 109. 

Cantique. Orth. subsist. 

Gantlcquer, verbe. Faire des chansons, 
chanter. 

Croyez qiie c'est la fureur poêticque 
Du non Bacchus ; ce bon vin eclipticque 
Ainsi fait sens, et le fait cantUquer. 

Riràais, T. V, p. il«. 



(1) Le mot nous serait venu par l'espagnol canoa; il est américain d'après Colomb et les premiers Toyageurs. (n. m^ «*• 
(2) La correction langues est facUe à imaginer. (N. E.) - (3) On dit encore de cant en normand, can en wallon. Ce« te 
.môme racine que pour canton : nous avons tort d'écrire de champ, en parlant de briques posées sur leur étroit côté. (n. m.) 
(4) On lisait dans un manuscrit de la Bibl. Memmiana (Du Cange), fol. i99 : t Ils [les Cotereaux] ardoient les monastères 
et les egUses, où le peuple se retraioit. et tourmentoient les prestres et les reUgieux, les appelloient cantatours, par 
dérision, et leur disoient quand Us les battoient : Cantatours, cantez.» (n. e.) - (5) U vaudrait mieux lire conte-fable, (n. b.) 



CA 



— 2«if — 



CA 



Cantillé, adj. Brodé, orné de cannetille. Il paroi t 
que c'est le sens propre de ce mot employé figuré- 
ment en ce passage : 

Lee blaiios moHchoirs, cantillet d'espérance. 

Poés. de Loyt le Ceron, fol. 14, R*. 

Gantinler, subst. masc. Qui porte les cantines. 
On trouve cantinatiM, au même sens, dans le 
Gloss. lat. de Du Gange. 

Cantique, adj. Qui se chante. C'est en ce sens 
que ce mot est mis pour épithëte de louange, dans 
les Epithëtes de M. de la Porte. 

Canton, subst. masc. Coin. On pourroit tirer 
rétymologie de ce mot de la division des cités de la 
Germanie, dont chaque canton fournissoit cent 
soldats, et avoit un chef ou prince auquel étoit 
joint cent assesseurs. (La Bleterie, Trad. des Mœurs 
des Germ. notes, p. 148.) Peut-être aussi pourroit-on 
faire venir rétymologie de Cant ci- dessus, pris 
pour côté. Quoi qu'il en soit, canton signifloit coin 
en général (!). (Voyez Monet, Dict. et Brant. Cap. Fr. 
T. III, p. 401.) On disoit canton desmes^ pour coin 
des rues. (Id. sur les Duels, p. 81.) < Le banc doit 
« estre crié tel à quatre cantons dou champ. » 
(Assises de Jérusalem, p. 81.) On trouve aussi les 
cantons des lices^ avec la même signification, dans 
La Jaille. (Champ de Bat. fol. 54.) Le canton de la 
tour, dans Montiuc, (T. I, p. 652.) 

VARIANTES : 



CANTON. Assises de Jérusalem, p. 81. 
QUANTON. Mém. de Montiuc, T. 1, p. 43. 
Cbanton. Nicot, Dict. 



Cantonné, adj. Accompagné. Proprement flan- 
qué. De Cant ci-dessus, pris pour côté. Molière, 
voulant ridiculiser quelques façons de parler nou- 
velles et affectées, fait dire au Bourgeois Gentil- 
homme : « Une soupe à bouillon perié, soustenue 
« d'un jeune gros aïnion, cantonné (2) depigeon- 
« neaux, et couronnée d'oignons blans, mariés avec 
« la chicorée. » (Act. iv, se. i.) 

Cantonnier, adj. Qui est dans un coin. On a 
dit, en ce sens : pierre cantonniere, pour pierre du 
coin des rues. (Dict. de Monet.) 

Variantes * 
CANTONNIER. Monet, Dict. 
Chantonnier. Nicot, Dict. 

Cantonnlere, subt. fém. Sorte de rideau. — 
Femme publique. 

Au premier sens, cantonniere de carosse, signifie 
le rideau à mettre au coin d'un carrosse. (Dict. 
d'Oudin.) G'étoit, selon le Dict. Universel, un petit 



rideau destiné à empêcher l'entrée du Tent par 
Touverture des grands rideaux aux pieds d'un lit. 

Par allusion à son élymologie, ce mot a servi à 
désigner une femme de mauvaise vie, qui se tient 
au coin des rues. (Monet, Nicot et Epitb. de M. de 
la Porte.) 

Son père bastard, quoi qu'on die, 
Fils (3) d'une vilaine barbière, 
Laouelle fut, toute sa vie. 
De Valence grant cantonniere. 

Cantorbile, subst. Cantorbery. Ville d'An« 
gleterre. * 

En Féveschée de Cantorbile. 

Fabl. MSS. dtt R. o« 7318, fol. S33. R* col. 1 . 

Cantred, subst. masc. Grand flef. Selon le 
P. Menestrier, « les cantreds estoient comme 
« des terres à bannière, ou de grands fiefs dont 
« relevoient plusieurs autres chevaliers, avec 
« Tobligation du service militaire. » (Menestr. de 
la Cheval, p. 202.) C'est la traduction du mot can» 
tredunij tiré d'une charte latin ecitée par cet auteur. 
Cantredus, dans Du Cange, Gloss. lat. désigne un 
canton composé de cent villages (4). 

Caon, subst. masc. Partie du corps d'un loup. 

Caorcin, Nom de province. (Le Quercy). subst. 
masc. et adj. Usurier. — Nom du Querçy. Ces deux 
significations, différentes en apparence, pour- 
roient bien se réduire à la même et ne signifier 
autre chose que ce qui appartient à Cahors, un 
homme de Cahors, le pays de Cahors. 

On a donné le nom de caorcins à des usuriers 
étrangers, établis en France. On a tiré ce nom de 
celui d'une famille de Florence ; mais d'autres au- 
teurs ont pensé, avec plus de probabilité, qu'il 
désignoit ceux de ce pays qui s étoient établis à 
Cahors. On lit: « Lombardi, Caorcinique, ac etiam 
« quam plures alii alienigenœ usurarii. » (Ordon. 
des R. de Fr. T. I, p. 92.) Ce qui semble confirmer 
que le nom de Caorcin étoit tiré du lieu que ces 
usuriers habitoient. 

Il est certain, d'ailleurs, que Ton désignoit le pays 
de Cahors par ce même nom Caorcin. 

Caours, et tout U caourcin, 

Eust. Desch. Poès. MSS. fol. 576. col. 2. 

Ce mot est employé, dans le même sens, dans des 
lettres de 1283. (Ordon. des R. de Fr. T. I, p. 311.) 
Ainsi le mot Caorcin a pu signifier, non seulement le 

eays de Cahors, mais les habitans de Cahors. Ces 
abitans, ou peut-être ces usuriers établis à Cahors, 
et désignés par le nom de Caorcins, avoient fort 
mauvaise réputation du côté des mœurs. « Caorsini 
« capti propterbulgariam, » dit Du Cange (5), au mot 



(1) L'étymologie est controversée, mais non le sens : c L'exposant bouta icelui Regnart contre le cornet ou canton de la 
pCHle. » (JJ. 115, p. 179, an. 1379.) (N. B.) - (2) Les gourmets actuels diraient flanqué, (n. e.) — (3) Il est parlé, là, à% 
Ferdinand I*'^ roi de Naples, d'après un poème manuscrit de maître GuiUoche, composé sous Charles ViII. (n. b.) — 
<4) Voici le passage de Du Can^e, qui cite là Silvester Giraldus (Itin. de Cambrie, L II, c. 7) : t Habet autem hsec insula 
H Qoœ (man) trecentas quadragmta villas (fermes), et pro tribus cantredis reputatur. IHcitur autem cantredu9 composito 
Tocabulo, tam Britannica quam Hibemica lingua, tanta terras portio, quanta centum villas oontinere solet. » (n. e.) — 
@ Voyez F. Bourquelot, de l'origine du mot Caorsin ^Revue des Sociétés Savantes, 1858). Comme on joint Lombardi à 
ikkorcini, on a voulu les faire venir de Caorsa, en Piémont ; mais ces banquiers étant souvent juifs ou hérétiques, purent 
s'établir à Cahors ; la tolérance était grande^ au Midi de la France, avant la croisade albigeoise, (n. £.) 



CA -s 

Bulgari. Le Danle les damne avec les Sodomites, 
Cap. Il, §17. de son Enfer. Gomme on les empri- 
sonnoit souvent pour les punir de leurs désordres, 
c'est de là qu'est venu notre proverbe : Enlever 
comme vn corps saint, p;ir altération de enlever 
comme un caorsin, ou comme un corsin. (Voyez Du 
Gange, Gloss. lat. au mot Caorsini.) 

VARIANTRS : 

CAORCEN, Caorsin, Corsin. Dicl. Univ. 

Caoursin. Fabl. MSS. du R. n" 7Gi5, T. II, fol. 190, V", 

Caorsin, Catohsin. Rymer, T. I, p. 45, m. de 1259. 

Caouen, subst. masc. Chat-huant. Mol du patois 
breton. (Voy. Du Gange, Gloss. lat. au mo'. Cavanna.) 
Le peuple prononceencore en Normandie cahoaan, 
pour chat-huant. 

Caours, subst. masc. Cahors. 

VARIANTES : 

CA.DORS. Rvmer, T. 1, p. 50, lit. de 1259. 
CATUR8. BïTner, T. 1, p. 45, tit. de 1259. 

Cap, subst. masc. Tête. — Chef. — L'avant d'un 
vaisseau. — Armure de tête. — Aventure. 

Les Gascons disent cap pour tête, du latin caput. 
Nous disons encore de pied en cap. On disoit autre- 
fois cap à cap, pour télé à tête : » Vuider leurs dif- 
■ férens cap à cap, de prince à prince, et de 
<■ général à général. > (Montboucher, Gages de 
Bataille, fol. 33, V.) 

De ce que ce mot signifioit têle, il a signiné chef, 
commandant; on a dit cap d'escoade, pour chef 
d'escouade. N. du Fail prétend que c'étoit de son 
temps un mot nouveau, substitue h celui de cin- 
quanleniers. ° Je luy dressai toute sacompagnieen 
• Guyenne, et lui fis ses centeniers, cap d'escoiuies, 
« et enseignes. • (Monlluc, T. 1, p. 66.) On disoit 
aussi caps d'escardre ; il y en avoil 40 dans chaque 
bande de six mille hommes ou légion. (Voyez 
Daniel, Mi!. Fr. T. Il, p. 70.) 

Delà encore on a dit le ca^, pour l'avanl d'un vais- 
seau, sa proue qui est comme sa tête. On dit encore 
le cap à l'ouest, pour proue il l'ouest. Dans Rabel. 
T. IV, p. 92, cape en houle signille la proue vers 
la vague. 

L'armure de mailles qui garantissoit la tête se 
nommoU cap cJ£imai7/.£(l),commeronauroil dit télé 
de mailles. (Du Gange, Gloss. lat. au mot Camelau- 
cum.) Peut-être faut-il rapporter à cette étymologie 
nos mots camail et chamailler. 

L'étymologie de mauvais cap, pour mauvaise 
aventure, est tout à fait naturelle. Cap signille chef, 
comme on Va vu, et l'on a dit mauvais cap, comme 
l'on a dit méchef. On se sert encore de cette der- 
nière expression, en style marotique. On trouve 
mauvais cap, dans le même sens, au passage 
suivant : 



«- CA 

Haie s'il eut scn (comme toat sera dit) 
Son tnauvai» eap, premier ee fust desdtt. 
Ftftn,ii,IOf. 

Capable, adj. Responsable. — Qui peut coate- 
nir. — Informé. — Persuadé. 

Il n'est ici question que des acceptions qni ne 
sont plus en usage. Capable signifie souvent res- 
ponsable, dans nos Coutumes. • Si la femme, peo- 

■ dant quarante jours, n'a renoncé solenellement, 

< elle est capable, et poursuivable des debtes de 

• son mari. . (Coût. Gén. T. I, p. 751.) 

On a dit être capable, pour exprimer qui peut 
contenir. Bassompierre, dans ses Hém. dit, en pai^ 
tant des tranchées: ■ Il y avoit de petites placée 

• d'armes capables de 15 mousquetaires. » ÇT. H, 
p. 389.) 

Renai'e capable ou être capable, se disoit pour 
informer et être informé, comme les Italiens disent 
rendere capace. Choisnyn, parlant des négociations 
de l'évêque de Valence, en Pologne, pour l'élection 
du duc d'Anjou, s'exprime ainsi : ■ Il print résolu- 

• tion de faire cappables, tous les gentilshommes, 

• de grand, et de moyen estât, de ses raysons. . {fol. 
42.) • QeaucoupdeCastellans, cappitaines, et gentils 

> hommes de marque, estoyent bien cappables de ses 

• raisons.» (Choisnyn, Elect. du Roy de Polog.f* 42.) 
Enfin, rendre capable, se rendre capable, a aussi 

signifié persuader t^t être persuadé. • Nous adjous- 

• ferons maintenant la conduite, et l'ordre que 

■ nous estimons devoir estre tenu pour empescher 

• les divisions, et surmonter toutes les difficultés : 

• c'est premièrement de rendre capable H. le prince 

• Hauj'ice qu'il ne se doit point montrer si estoigné 
« de la paix, etc. ■ (Nég. de Jeann. T. I, page 139.) 

■ Encore que toutes les églises de France conseil- 

> lassent de se contenter de cet expédient, jamais 

> le peuple ne s'en peut rendre capable. • (Hém. 
du D. de Rohan, T. I, p. 78.) 

VARIANTES : 

C&PARLE. Orth. subsist. 

Cappable. ChoisDyD,Elect. duRoideFolog. fol. 31,T'. 

Capnblemant, adv. Avec capacité. Ce motétoil 

familier à H- de Feuquièrcs(2).0nlit dans sesMém. 
(T. II, p. 263] : ' Le projeten avoit été capablement 
t fait par M. de Vendôme. » [Ibid. p. 311.) . Cette 
» longue marche avoit été si capablement et si 

< secrètement préparée par M. de Turenne, etc. • 
(Voyez Ibid. T. III, p. 171.) 

VARIANTES : 
CAPABLEMANT. Monet, Dict. 
Capablemsnt. Mém. de Feuquièrea, T. III, p. 3U. 

Capage, subst. masc. Capilation. Propi^ment, 
ce mot signifie ■ des tributs imposés sur les per- 

■ sonnes et par testes : cependant, en Provence, 

> les ca;(a{;e8(3)sontde3tributsimposés sur chaque 



(t) Voyez la note aoua Camail. (n. b.) — (!) Antoine de FeuquiËrea (1648-1711) aervit dana la guerre de Hollande ; «n 
Piémont (1690), il tut rigoureux à l'ègarâ des Vaudoie ; Lienlenanl -général en 1693, il se distingua à Nerwinden. Se* 
Mémoires furent publiés en 1731, en 4 vol. in-13. U" de Sévigné, sa contemporaine, disoit comme lui : i EUe mena la 

Birule si caipabletnent qu'il en fut ravi. > (Ed. de 1731, p. 4^.) (K, s.) — (3) La forme septentrionale est plutAt chevagt; OD 
auve BUBEi cavage dans Pb. Motiekes : g A Carlemegne s'accorda, De cai-oge qu'il leur manda. S'il ne venoient  lai li. » 
En Dauphiné, le capage était la capitation ; en Provence, il dëeigiiait l'impAt par fen. (h. B.) 



CA 



— 217 — 



CA 



« maison ou sur chaque famille. » (Laur. GIoss. du 
Dr. fr. — Voyez Gloss. lat. de Du Gange, aux mots 
Capagium et Capitatio.) 

Gapane, subst. fém. Cabane. Borel le dérive de 
eapanna (1), vieux mot latin. 

Gaparasson, suto/. masc. Ce mot, substitué à 
oelui de housse, s'appliquoit également aux hommes 
et aux chevaux. « Housses (que nous appelions 
« caparasions) d'un mot italien (qui, à mon advis, 
« signifle grande chape) dont les chevaux et cheva- 
« tiers estoient couverts et parez. > (Fauch. des 
Orig. liv. I, p. 92.) « Caparassons mortifiez signirie 
« laperons en guise de mortiers > , suivant Le 
Duchat, sur Rab. T. V, p. 47. 

VARIANTES * 
CAPARASSON. Fauch. Orig. ifv. i, p. 92. 
Gaparbnson, Gaparançon. Nicot^ Dict. 

Gaparelles, subst. fém. plur. Ce mot, dans le 
passage suivant , semble désigner une espèce 
d'ornement : 

Gants parfumez, robbes, et pianeUes 
Ganiels, bourras, chamarres, caparelles (2). 

éaw, d6 Joteh. do BeU. fol. 499, R« et V*. 

Gapayrou , subst. masc. Chaperon. Mot du 
patois languedocien. (Du Gange, au mot Caparo.) 

Gapcastel, 8ub$t. nmc. Terme de coutume. Il 
signifie le lieu où le principal manoir, le château 
du seigneur est assis. C'est le sens littéral de ce mot, 
composé de cap chef, et de castel château. (Voyez 
ci-après Chef de Bourg, sous l'art. Chef.) 

Gapcion, subst. fém. Taxation. On a dit, en ce 
sens, a la capcion déjuge. (Ord. des R. de Fr. T. I, 
p. 158.) On ht, dans crautres mss. : « Par le tanse- 
« ment du juge, à la tauxation du juge, aux taux 
« du juge. » (Voyez Ibid. note d.) 

Capdel(3), subst.masc. Cadet. Diminutif de cap 
ci-dessus, dans le sens de chef. « Comme qui diroit 
• petit chef, ou la seconde personne de la maison. > 
(Dict. de Borel. — Voy. Du Gange, au mot Capdets.) 

Gapdeul, subst. masc. Manoir seigneurial. 
C'est en ce sens que Lauriëre explique ce mot : 
« L'hôtel noble, le château et maison principale qui 
« appartient à l'aîné par préçiput. » (Gloss. du Dr. 
fr.) « En succession de biens nobles, l'aisné du pre- 
< mier mariage doit avoir la maison principale 
« appellée vulgairement capdeulhy par préçiput. » 
(Coût, de S' Sever., T. 12, art. 26. Coût. Gén. T. II, 
p. 693.) 



variantes: 

GAPDEUL. Du Gange, Gloss. lat. au mot Capdolium. 
Gapdbubh. Goût. Gén. p. 674. 
Cap-drulh. Dict. de Trévoux. 

Gapdhoml, subst. masc. Etat, qualité. « Dans 
« le for général de Béarn, c'est l'état et la condition 
« des personnes. » (Laur. Gloss. du Dr. fr.) 

Cape, subst. fém. et masc. Sorte de manteau. 
— Terme de jeu. — Prise. — Saisie. 

Au premier sens, c'est un court manteau avec un 
capuchon. 

De triste cuer molt bien 8*atome, 
Se cape porte sus s'espée. 

Fabl. MSS. da R. n* 7989, fol. 77, R« col. i. 

On disoit cape chevaucheresse (4), pour manteau 
qu'on portoit à cheval. 

Cape ne fault^ étoit une façon de parler usitée au 
jeu des escafottes (5). Froissart, pariant des amuse- 
ments de son enfance, dit : 

Je leur disoie hociés hault, ' 
Gar vraiment cape ne fault, 

FroisMrt, Poès. MSS. p. 86, col. 1. 

Cape a signifié prise. 

Bien en peut faire cape^ 
Par cou qu'il est capes. 

Poês. MSS. arant 1800, T. IV, p. 1340. 

On a dit graund et petit cape^ peut-être pour 
grande et petite saisie. « Mes si en nule manere ne 
« se purra mettre en seisine, adonques lui vaudra 

< nostre brefe de convenaunt, que scira pledé par 

< le graunt cape , et par petit , si come accion 
« reale. » (Briit. Loix d'Angl. fol. 95.) On lit (Ibid.) 

< serra pledé par le graunde cape^ et par le petyt 
« solonc accion reable. » (fol. 132.) « Prise en 
• nostre meyn par le cape, par defaute. » (Ibid. 
fol. 222.) « Répons par le graunt cape, et par le 
« petyt. » (Ibia. fol. 162.)«« Piedable par graunt 
« cape, eipdivlepetyt. » (Ibid. foi. 183.) « Pleyntif 
« par le graund cape, et par \e petit. » (Ibid. ^ 190.) 
« Procès de petit cape. » (Ibid. fol. 198.) Il se pour- 
roit que cape, dans ces passages et en général 
lorsqu'il est employé au masculin, fût la même 
chose que cap et signifiât chef. Ainsi on auroit dit 
par grand cap, comme nous disons au premier chef. 

VARIANTES * 
GAPE. Fabl. MSS. du R. n« 7989, fol. 77, R*» col. 2. 
Gappe. Nicot, Dict. 

Gapé, adj. Couvert, enfoncé; Proprement ce mot 
signifie couvert d'un capuchon. De là, on a dit, au 
figuré, des yeux capes pour enfoncés. (Modus et 
Racio, Ms. fol. 135.) « L'epervier doit avoir le bec 

< brossie et grosset, grandes narines et ouvertes, 

(1) On Ut dans Isidore de Séville : c Tugurium parva casa est : hoc rustici eapanna vocant. t (n. b.) — (2) Les pianelles, 
conune lee mules de Venise, sont des chaussures à Titalienne ; gameU esl peut-ôtre Tancienne robe nommée gamache 
(it. gamacca) ; les bourras^ comme les bourrelets, sont des épaulettes au-dessus ou au-dessous de la manche ; la chamarre 
est une veste longue, très ample, formée de bandes (soie ou velours) réunies par des galons ; caparelle a dû être fait sur le 
bas-latin caparo, chaperon. (N. E.) — (3) Voir la note sous Cadet, (n. e.) — (4) La cave se montre sous le règne de Henri II, 
comme un petit manteau à coUet rabattu ; sous Gharles IX, on distingue la cape à Vespagnole , conservée au thè&tre , la 
cape à coUet droit ou rabattu, la cape à capichon, la cape de Beam, empruntée par le gentilhomme gascon aux paysans de 
sa province, (n. b.) — (5) Vescafe est un coup de pied donné au ballon pour le renvoyer. Cape ne faut signifierait donc : 
c II ne faut pas frappper en tète pour rabattre, mais le renvoyer. » Mais Vescafotte ne parait pas semblable au ballon: 
c PiUb juiens aux papelottes, Â faire voler aval vent Une phune, et s'ai moult souvent Tamisié en une escafotte La poudrette 
de ma cotte. (Firoissart.) i (n. e.) 

m. 28 



CA -8 

■ et doit avoir les soDrcils un peu haut et ^os, les 

■ yeux grands et cappé», la teste un peu voultissée 

• et rondelle par le dessus. » (Budé, des-Oiseaux, 
fol. 115.) C'est en ce même sens qu'on lit, faire une 
«M capée, pour regarder en froaçanL letouroil ; 

AudefixtiB U nst jft uoa Tue capée, 

De son Rraiil caelit le vent esceryeler. 

PoM. HSS. iTuii 1300, T. IV, f. 1333. 

On dit encore, dans quelques provinces, une vue 
capée, avec la mâme signillcation que nous disons 
ttîgarder sous cape. 

TABUNTGS : 

CA.PË. Modus et Racin, MS. fol. 135, R*. 
CiU<p£. Budé, des Oie. fol. 115, R*. 
COPË. UoduH et Racio, US. 

Capelier, subst. masc. Chapelaia. 

QuMit ICaqiieBi^ revint, b1 prist à porpeoMr; 
Il ^t de capelier linte croe mander, 
Et le cor Domini avoec Luis aporter ; 
Haquesai se vaura ses pekié confesser. 

Poil. 1198. «. 1900, T. IV, p. ISGfl. 

Capeline, subst. fém. Sorte de cbapeau. — 
Vétemenl. 

Au premier sens, on entendoit communément par 
capeline, - un chapeau à ronde et basse têtière, 

• et large rebras comme ceus des cardinaus. • 
Cest, en Languedoc, une espèce de parure de tête 
que portentles femmes pour se garantir du soleil (1). 
ntict. de Honet.) La capeline étoitaussi une armure 
at tête, unB espèce de casque. (Ibid.) • Il rencontra 
k deux soldats armez de capelines et brigandines, 
» qui gardoient la'î)0Pte et s'adressant à ces deux 

■ gardes, donna si grand coup d'espée àceluyqu'il 
« peult altaindre, qu'il luy avalla sa capeline, et 

■ une carbonade de la joue quant, et quant. > 
(D. Flor. de Grèce, fol. 90.) < Les gens de guerre 

• usoient anciennement de la capeline, \a portant 
« de fer, dont est venue cette façon de parler, il est 

■ homme de capeline, pour il est homme d'entre- 
« prise, d'effet et brave. » [Dict. de Mcot.) J. Le 
F%vre de S- Rémi. Hist. de Charles VI, page 93, dit 
qu'il y avoit des capelines de cuir bouilli. Rabelais 
et Ronsard ont nommé capeline, le petit chapeau 
de Mercure, et c'étoit, selon Nicot • la droite 

• forme de la capeline. • 

On troure aussi une espèce de vêtement désigné 
sous le nom de capeline; c'étoit peut-être la cape. 
fi semble que ce soit le sens de ce mot, âans ces 
vers : 

Le bicoqnet, la capeKne, 
Qu'on Hotte vray religieux ; 
Se vous en voulez veoir le signe, 
Regardez l'haljit de chartreux. 

CoquUkrl, f. M. 

Nicot cite le passage suivant, au mot chapeline : 



i- CA 

■ Les carâinaux couverts de teare chapelimet dt 
• pourpre, earichies de cordons, boutons et ïrangil 

■ de même, etc. ■ 

VAHUHTBS : 

CAPELINE. D. Flor. de Grâce, fol. 13S, T>. 

Capblune. 

Cappelunb. 

CuAPBLiNB. Honet, Nicot, Colgrave. 

GapeUe, Bubst. fém. Chapelle. 

A l'entrée fii U eapeU <M. 

WM. MSâTii R. D* 7WB. M. «L V* mL L 
VAKUNTES: 
CAPELLE. Vie d'Isabelle, à la suite de joinv. s. 171. 
Capele. Fabl. MSS. du R. n- 71369, loi. 49, V» coL 1. 
Kapiele. Ph. Houskes, H^^. p. 68. 

Capeluchon, subst. masc. Coqueluchon. (Dîct. 

de Cotgrave.) 

Capendn, subst. masc. Sorte de pomme. On 
connolt encore une pomme sons ce nom, sa Nor- 
mandie. On la nomme Aassi court-pendu (H), k courte 
queue. Tournefort en parle, classe Si, genre 5. 
TARunns : 

CAPENDU. OudiD, Nicot, Diot. 

Carpendu. Gotgrftve, Honet, Ondiit, Dîct. 

Caper, verhe. Prendre, saisir. Un de nos anùeos 
poètes a dit, au figuré : 

Amours, tu m'aa si fort eapi, 
Que ne puis avoir eskapé 
Le cuer qi m'a pris et lou6t. 
VtU. d'AaiBt li Ncmra, Poi*. USS. Val. •• I4W, bL IM. V. 

Caperot, subst. masc. Câpre. ■ Re^rda t'eifr- 

■ piastre que la vieille avoit mis sus, si appercent 
< qu'il esloit contraire à laplaye, et veit qu'il catoit 

■ chault, et ardant comme ctwerot. ■ iPercet 
Vol. lï, fol. 55.) 

Capes. Nom de liea. Capoue. (Atbis. ms. fol. 4&, 
R" col. 1. - Rymer, T. I, p. !16, Ut. de 1270.) On 
lit dans le latin Capua. 

Capes nègres, $ubst. mate. plur. La fMthn 
des bourgeois de la ville de Naples, dans la révo- 
lution de 1&47, avoit pris ce nom par opposition A 
celui de Lazares (4), qui étoil celui au mena peuple. 
(Voyez Mém. de Guise, p. 276.) 

Capesolde, subtt. fém. Paye du soldat (K). Pro- 
prement, ce qu'on leur paye k cbacua par tête. 
(Oudin et Cotgr. Dict.) 



Capet, subsf.fTtasc. Surnom. Celui de Bu£hmT", 
roi de la 3' race. On peut consul ter. sur l'originefle 
ce nom. la Chronique d'Alberic desTrois-Fontaines, 
p. 256 et 291 ; Du Gange, aux mats Capatia «t 



<1) CélaJt, K» xvir siècle, va cbapeau de chasse peur dames : i Elles firent partie d'aller à la ctene | 



1 biUt di 



. , d'après nichelet.) tu. K.) — (3) C'est la forme employée dans Roland (atr. IV) : f Cbarles sera ad Ais à sa ccnsk. i 
Elle subsiste comme nom de lieu, en Flandre, Nonnanaie, Auverizne, Languedoc: La Capfille-en-Tlriérache (iusncA, 
Capel/e-lea-GrandB (Eure), La Capelle-ViB^camp (Cantal), La CopeUe-et-Hasmolène (Gard). (N. E.) - (3) Ceat La QntntmB 
qai leB nomme Hinsi. Copendu est encore le nom d'un cheNiea de canton de rAude(arrondtS8ement deCarcBSBonn^. (H.lQ 
— (4) Les /«lurwti. (n. E.) — (5) Ce«t aussi le captoo J, )e cap«DU (capisoiidum), droit dft au seigneur sur la Tente dé ce ijA 
rdève de lui. (n. e.) 



CA -2 

communémenl un officier de guerre, éloit nouveau 
du temps de l'auteur des Contes d'Eutrape), si nous 
croyons ce qu'il en dit p. 479. On s'étoit servi aupa- 
ravant du mo[gueytaine,chevetaine, et leurs autres 
orthographes. [Voyez ci-après ces mol3.)Ils viennent 
do françoiscfe/", au lieu que captlame vient dulatin 
eaput. qui au reste signifie la même chose; mais le 
mol de capitaine, malgré la remarque de l'auteur 
des Contes d'Eutrapel, étoit ancien dans notre 
langue, et »voit formé le mot lalin catapanus que 
l'on voit dans le Glossaire latin de Du Cange. Il se 
trouve dans Rymer, T. 1, p. 116, tit. de 1^70. On lit 
dans le latin capitaneus et dans les Chron. de S' 
Denis, T. H, fol. 86; dans La Salade, fol. 2. 

Conneat^le convient, marchaux 

Capitaines, et omiraulx. 

Bul. DMcb. Poêi. HSS. M. 113, «1. ^. 

Frolssart se sert des mots capitaine et meneur, 
pour désigner un chef de troupe de gens de guerre. 
(Liv. I, p. 417, an 1372.) On a aussi désigné sous le 
nom de capitaine celui qui commandoit les sei- 
gneurs chevaliers et écuyers armés préposés à la 
garde du champ clos. (La Jaille, Ctiamp de Batail. 
fol. 43.) 

Avant François premier, le nom de capitaine 
étoit le seul qu'on donnât aux principaux ofliciers 
de l'infanterie; on y substitua ceux de mestre de 
camp et de colonel. {Voyez Brant. Cap. Fr. T. IV, 
p. 48, et le P. Daniel, Mil. Fr. T. I. p. 255.) Dans la 
légion instituée par François premier, qui étoit 
composée de six mille hommes, il y avoit six capi- 
taines.àoal l'un éloit comme le colonel, et comman- 
doit toute la légion. Le roi s'étoit cependant réservé 
de nommer un colonel différent de ces six capi- 
taines. (Voyez le P. Daniel, Mil. Fr. T. I, p. 259.) 
Montluc dit, dans ses mémoires, en parlant du lui : 

■ Du temps que je commencay à porter les armes, 
« le titre de capitaine esioil tillre d'honneur, et des 
- gentilshommes de bonne maison ne se desdai- 

■ gnoient de le porter : je n'ai pas appelle d'autre 

■ tiltre mes enians: à présent le moindre picque 

■ bœuf se fait appeller ainsi, s'il a eu quelque 
•I commandement. » (T. II, p. 516. — V. Chevetain.) 

Ce mot, accompagné de quelques qualifications 
particulières, servoit à désigner différens grades 
militaires que l'on trouve dans les expressions 
suivantes : 

i° Maistre capitaine. C'est ainsi qu'on désignoit 
les principaux commandans d'une armée. (Laac. 
duLac, T. m, fol. 45.) 

2'' Capitaine mestre. C'étoil le premier capitaine 
après le mestre de camp. (Mémoire de Ftohan, T. II, 
page 158.) 

3- Capitaine enseigne. C'étoit un officier espagnol 
portant l'enseigne colonelle et qualifié capitaine 
enseigne, dans Brantôme, Cap. fr. T. II. page 188. 
Capitaine est employé comme synonyme à chef 
d'enseigne, dans l'Hist. du Chev Bayard, p. 323. 



ï- CA 

4* Capitaine appointé. Ce titre se trouve souvent 
répète dans les anciens comptes de l'Eitraorâinaire 
des Guerres. (Le P. Daniel, Mit. Fr. T. II, p. 198.) 

5* Capitaine ordonné. Ce nom s'est donné atn 
chefs des compagnies d'hommes d'armes ou de 
gendarmerie, dans une Ordon. de Charles Y, de l'an 
1373, citée par le P. Daniel, Mil. Fr. T. I. p. 216. 

6" Capitaine général signifioit général d'armée. 
Il paroitroit, par le passage suivant, que cette 
expression vient des Espagnols : • M' le prince de 

■ Piedmont estoit capitaine général (les Espagnols 

■ usent de ce mot de capitan gênerai). > (V. Bruat. 
Cap. Fr. T. Il, p. 25.) 1^ cardinal Hazarin, en 1656, 
donna à des lieutenans généraux le litre de capi' 
taities généraux, afin qu'ils pussent commaDoer 
les lieutenans généraux qui etoient plus anciens 
qu'eux (1). Ce titre nedura pas longtemps; cependant 
il a été quelquefois renouvelé depuis. (Mil. Fr. da 
P. Daniel, T. Il, p. 25.) 

7° Capitaines généraux des francs archiers. Ils 
étoient au nombre de quatre, qui commandoient 
chacun quatre millearchers, ayant sous leurs ordres 
sept capitaines, qui avoient chacun la conduite de 
cinq cents hommes; et les cinq cents hommes 
restant pour compléter le nombre de quatre mille, 
étoient commandés par chacun des quatre capi- 
taines généraux. (Milice Franc, du P. Daniel, T. I, 
page 241.) 

8° Capitaine du champ. Il semble que ce soit le 
titre d'un officier général qui, sous le règne de 
Louis XII, étoit préposé au campement de l'armée. 
Dans rénumération des troupes qui composoient 
l'armée du roi, au siège de Saulces en Boussillon, 
sous le commandement de Jehan de Rieux, maré- 
chal de Bretagne , on lit : « Françoys d'Orléans, 

■ seigneur de Dunoys, avoit la conduite des pen- 

■ cyonnaires et gentilshommes de la maison du 
« Roy, où pouvoit avoir trois cens hommes d'ar- 
« mes: messire Pierre Durse, grant escuyer de 

■ France, estoit là maistre de l'arlillerie; messire 
< Guilledela Marche.capitainedesAllemans; mes- 

• sire Françoys de Rochechouart, capitaine du 

• champ ; Françoys d'Azay, mareschal des logis de 

• l'ost, etc. > (J. d'Auton, Ann. de Louis XII, mss. 
1503, fol. 31.) 

9° Capitaine de cent hommes d'armes. Braatdme 
dit, en parlant de Monsieur de Conti, qu'il a été 

• un très bon et vaillant capitaine; et il faloit bien 

• qu'il le fust, car il estoit capitaine en chef de cent 

• hommes d'armes; telles compagnies, de ce temp^ 

• ne se donnoient ny par faveur, ny par le grand 

■ rang des maisons qu'ils avoient. > (Brant. Cap. 
Fr. T. I, p. 133.) 

10* Capitaine des cent gentilshommes. Cette 
charge, en 1575 et 1587, étoit supérieure à celle 
des capitaines des gardes du corps. (Le P. Daniel, 
Mil. Fr. T. II, p. 106.) Le capitaine des pensionnaires 
et gentilshommes de la maison du roi, et le capi- 



CA -1 

• gnoistre !e Seigneur. » (Gr. Coût, de Fr. livre IV, 
page 529.) 

Capital, adj. Ce mol est employé comme adjec- 
tif, dans cette expression, tailles capitales, et il 
désigne rimposiUon par télé ou capitation, que les 
villa s'imposoieat sur elles-mâmes- • Les diles 

■ villes et commuaautez, pour subvenir à leur 

■ nécessité, pourront asseoir tailles cëpitates sur 

■ eux, pourveu que tous en général soient consen- 
« tans. > (Cout. deUainaut,Nouv.Cout.Gén.T. II, 
page 81.) 

CapItansoJCapltlans, pour capital, principe. 
Parlant d'une personne évanouie, sans mouvement 
et sans oonnoissance : 

Li |>o)is li est trestoz fkiltiz, 
Entor li cuer li pii bvidii ; 
Une des vainea orguenans. 
Qui du cner estoil capitans, 
Li tru on cors un pou bâtant. 

Alfali, KS. bil. 90. R' coL 1. 

Capitau, subKt. masc. Capital. Le capital d'une 
somme d'argent, le prixcapital d'une chose. Chastail 
est la somme à laquelle a été évalué le bétail entre le 
bsilleur et le preneur, en fait de commande, selon 
Ldur. Glossaire du Dr. fr. (Voyez CnAaTEiL, Chaptbl 
et Catel.) 

VARIANTES : 
CAPITA.U. GlosB. de Du Gange, au mot Capitale. 
Captel. Du Cbdb&i ibid. 
Chateil. GLobs. du P. Labbe, p. 536. 
Cbastail. Laur. Glosa, du Dr. tt. 

CapUe, subst. fétn. Terme de marine. Loge ou 
lit dans un vaisseau. (Dict. de Cotgr. et d'Oudin.) 

Capitele, subst. masc. Chapitre. Lieu où s'as- 
semblenl les moines ou les chanoines. Du Cange, 
au mot Capitulum, rapporte la citation suivante : 

■ Basson qui est ensevelis en eapitele des frères 
( mineurs à Liège. ■ 

Capitoîle est pris pour chapitre, dans ce passage : 
Scavoit divin, cbef d'uug hault capUolle, 
Tint imprimer ce volume excellent, etc. 

Cnlla, Vf 1- 
VABrAMTES : 
CAPITEI.E. Du Cange, Glosa. )at. à Ca^tnlum. 
KAPrTELE. Ph. Mouskea, JUS. 
Capitollb. Crétin, p. 7. 

Capltotre, suhst. masc. Capitole. (Voyez Fal- 
aonnet.) 

Capitole (1), subst. masc. Il désignoit le lieu oti 
serendoit la justice, d'où vient le mot capitouls, 
selon Le Duchat, sur Rabelais, T. 1, p. 1S2. 

Capltollers, subst. masc. Capitouls. (Voyez Du 
Gange, au mol Capitulares.) • Les capitoliers de 
« Tholouse lesqueulx, durant leur oHIce, portent 



ï- CA 

• les armes de la ville. ■ (L'Arbre des Bat. w. 
fol. 191. — Voy. Ord. des R. de Fr. T. H, p. 280.) 
Capitolles, subst. masc. Grégoire IX, ayant 

quitte Avignon, fut siéger à Rome : ■ LesRomaiiu 

< furent moult joyeux de sa venue, et moDterent 

■ tous les capitolles de Homme sur cbevaux covr 

< vers : et l'ammenerent en grand triomphe k 

■ Romme. • (Proissart, livre U, p. 19.] Suivant la 
note qui est en marge, il faudroit lire eapitaines ou 
capitouls, ou consuls. On trouve capitouls dans 
le même auteur, p. 20. 

Capltous, subst. masc. plur. Capitouls, écbe< 
vins de ville. On les nomme ainsi à Toulonse ^ 
(Laur. Glossaire do Dr. tr. — Voyez Dict. Etym. dn 
Ménage.) On disoit aussi capitouls iOrléoiM. (Met 
de Cotgrave.) 

vahiantes : 

CAPITOUS, CAPrtoui. 

Capitre, subst. masc. Chapitre. Ce mot désigne, 
dans Te passage suivant, l'assemblée qui compose 
le chapitre : <^nsi s'en alla li marchis al capitre I 
> Cistials, qui est à la sainte Crois en septembre. > 
(Villehard. p. 17.) Il signilloit aussi le lieu méaie 
où se tenoit le chapitre, comme dans ces vers : 

Si lor mostrera son dortoir, 

Son capitre, et son reEroitoIr. 



Fikl. HSS. do R 



I- T9W, M. 47, V Ml. I. 



Capitulé, participe. Arrêté, convenu. — Qui 
a capitulé. 
On lit. au premier sens : « Nous ferons toutes les 

< dépêches nécessaires pour l' accomplissement et 

< exécution de ce qui aura été traité et capitulé. ■ 
(Méra. de Sully, T. IX, p. 397.) 

Hontluc a employé capitulé, selon la secoade 
acception : • Tint la place pour perdue ou eoft- 
. tulée. - (Mém. de Montluc, T. I, p. 325.) (3) 

Capituler, verbe. Arranger, terminer, concinre. 
— Capituler (4). 

On disoit au premier sens, qui est le sens géné- 
rique : ■ Trailter et capituler affaires d'i■lpo^ 
• tance. > (Bouchot, Serées, livre IH, p. 95.) 

Dans une signification plus particulière, qui 
dérive de la précédente, capituler signifie encore 
conclure une capitulation, convenir des arrêtés; 
mais on nedit plus, comme autrefois, eapffui«r une 
ville. Aujourd'hui ce verbe est toujours neutre. 
Nons lisons dans les Hém. de Du Bellay (livre U, 
fol. *i) : « Estant devant Cremonne, il ne pouvoit 
. aller * Gennes, mais ayant capitulé la dite ville, 
« il avoil moyen d'aller faire son entreprise, eic. • 

Capituleur, subst. masc. Homme qui ca[»tule. 
(Oudin, Dict.) 



r«Mploie au sens 4e chapitrée : < 



« prauiaz psa que guère oBoque» femme fut miemc ot^iuilèe qu'elle fut i, l'heni*, v 



4* l'un, puia de loutre. • On appelait KHRi rteimanta raptfu^. \bh troupes s .._.... ... 

nnoRTme, BU Tcw siècle, d'enibanchar, d'enrUer: ■ Lausac avoit esta envoyé pour haater le marquis de Bade qm antt 
tapi'.' ■■ Hvec le Roi pour 40UO chevaux. > (D'AulNgné, Hist., I, 918.) (n. b.) - {*) Oreeme (E«th., «) hd dotma le a«M «B 
récri.iiuler:cEt de ces clusaajfcaoïia SB partons maintenant en flgwast en «spitNl«NtgroMem«at. >(n. s.) 



CA 



- 224 - 



CA 



querons aussi qu'on a dit au pluriel caporals pour 
caporaux (1). (Rab. T. V, p. 479.) 

Capot, subst, masc. Oudin Texplique ainsi : 
« Feultre» c*esl aussi un gaban pour la pluye. » 

Gapparassonné) partie. On a dit capparas- 
sonnez de leurs marmitons, pour ayant en tête 
leurs écolierSf suivant Le Duchat, sur Rabelais, 
T. IV, Nouv. prolog. p. 36. 

Cappe (^2)ySub8t. fém. Sorte d'habillement, en 
usageenBéarn, pour les hommeset les remmes.(Dict. 
Etym. de Ménage.) C'étoit une espèce de manteau. 
(Gloss. de Marot.) Voj^ez aussi dans Du Gange, au 
mot Miles, une citation qu'il rapporte. Ce mot 
subsiste encore dans quelques provinces, pour dési- 
gner cette longue mante que les femmes mettent 
par dessus leurs habits, et qu'on appelle communé- 
ment capotes. 

On disoit autrefois cappe chevaucheresse , pour 
capote à monter à cheval. < Quant Sarra qui che- 
« vauchoit devant, en la compaignie d'une autre 

< damoyselle, entendit le chevalier, elle devestit sa 
« cappe chevau^heresse ; lors demeure en une che- 

< mise plus blapche que neygesur branche, et avoit 
« son chef aorné, à la guise de ce temps là, si 
« noblement que c'estoit belle chose à regarder. » 
(Percef. vol. I, fol. 75.) 

La cape espagnolle servoit au même usage, 
comme on peut le voir par le passage suivant : 

< Monta à cheval sans estre houze avec une cappe 
« à VespagnollCn et vint devers le roy d'Angleterre, 
« au château de Ghenes. » (Mém. de Rob. de la 
Harck. seig. de Fleur, ms. p. 380.) 

Cappiettement, adv. Adroitement. On lit en ce 
sens : « Cappiettement (3) happé en tapinois à belles 
« moufles d'un bas de chausses, pour pris adroi- 
« tement avec le pié d'un bas chaussé en guise de 
« moufle. » (Voyez Rabelais, T. IV, page 287.) Le 
Duchat, dans sa note sur cet endroit, n'explique 
point ce terme. 

Capponné, adj. Bordé. Capponées de soye, 
c'est-à-dire dont la bordure étoit de soie, suivant 
l'éditeur de Petit Jean de Saintré, p. 240. 

Cappres, subst. fém. Sorte de fruit. (Voyez le 
Dict. de Nicot.) Nous écrivons Câpres (4). 



Gappuleur, subst. masc. Bouffon. « H est de* 
« fendu à tout clerc d'estre jongleur, <^p/m/^r (5), 
« gouliard, joueur de dez, yvrogne, bordelier. » 
(Bout. Som. Rurale, p. 717.) Cappuleur, suivant II 
note en marge, signifie qui fait du badin, pour 
plaisanter. 

Caprice, subst. masc. Ce mot est marqué comme 
nouveau dans la préface dés Dict. de Borel, p. 48. 

< Nos nouveaux François italianisez disent qu^ 
« caprice (6). > (Voyez Gelth. de Trippault, au mot 
Fantaisie.) 

Capricier (se), verbe. S'entêter. « C'estoit 
« rhomme du monde qui se capricioit le plus de 
« ces nouveaux arrêts (7). » (Hem. du cardin. de 
Retz, T. III, Liv. IV, p. 267.) 

Capricorne, subst. masc. On a dit^ en faisant 
allusion au signe de ce nom : « Vous laisse à penser 

< qui étoit aux gemini, ou au capricorne^ du mary 
« ou de la femme. > (Bouchet, Serées, Liv. m, 
page 202.) 

Gaprlëre (8), subst. fém. Lieu planté de câ- 
priers. (Dict. d'Gudin.) 

Caprif ice, subst. musc. Figuier sauvage. Oudin, 
dans son Dict. Fr. Ëspag. traduit cabrihigo sans 
doute pour cabrahigo, figuier sauvage, du latin 
capri ficus. 

Caprifole, subst. fém. Sorte d'herbe. Nicot dit 
que c'est cette herbe que nous nommons autrement 
sanguinaire (9). 

VARIANTES : 

CAPRIFOLE. Borel. Dict. 
Gapriole. OudiD, Nicot, Dict. 

Caprin, adj. Convulsif (10). Proprement sauta'nt 
comme un cabri. Thomas Diaphorus,tatant le poolx 
de M' Argant, dit au figuré : « Qu'il est repoussant 
« et même un peu caprisant. » (Halad. Imag. Gom. 
de Mol. act. 2, se. 6.) 

Capse, subst. fém. Petite boite, coffret (11). (Voy. 
le Dict. de Cotgrave.) « Tira le diamant et le jelta 
« dans une capse a'argedt à ce expressément 
ordonnée. » (Rab. T. V, p. 179.) 

Capsieusetéy subst. fém. Chicane, finesse. 
Captieux subsiste encore, mais le substantif n'est 



(1) On Ut aux Mémoires de Scepeaux (IV, 13) : a Le gentilhomme francois qui suit les bandes, desdaigne la halebarde, 
c'est-à-dire faire Testât de sergent, encore moins d'estre appelé capporal, alléguant que ce sont charges mécaniques. > lA 
mot nous est venu par Fitalien caporale de capo. tète, et non de corps-de-^arde par corporal, forme corrompue (joe 
H. Estienne défend nien à tort ; les caporaux corses, par exemple, n'ont jamais eu oe galons sur leurs habits, c Vers ian 
de grâce 1100, dit P. Mérimée dans Ùolomha^ quelques communes s'étant révoltées contre la tyrannie des seigneurs 
montagnards, se choisirent des chefs qu*eUes nommèrent capora\jLx. » (n. e.) — (2) Voir la note à Cape. (N. B.) — 
(3) Cappiettement a été fait sur l'italien cappietto, diminutif de cappio^ nœud ; le sens est done pris (happé) conune au ncsad, 
au 

chape, 
S»Pier 

gubernacula. 
employait 
caprice de , 

assavoir par maillots ou crossettes, s'enracinâns dans terre les branchés des câpres de mesmes que les sarments de 
▼ifii •. » (O. de Serres, 548.) (n. e.) — (9) La famille des caprifoliacces a pour type le chèvrefeulUe. (N. E.) — (10) Caprin est 
aïK^ïi substantif dans 0. de Serres (99): c Le parc où tel bestail et le caprin couche durant la nuit. > (N. ■•) — <li) CéUit 
aussi la boite de métal. Tume, où les docteurs de Sorbonne déposaient leurs suffrages. (N. s.) 




CA -a 

plus d'usage. Od disoit autrefois capsiemeté (1) d'un 
ai^umenl. (Hist. de la Tois. d'Or, vol. II, fol. 114.) 

Capsool, tubst. masc. Terme de coulumes. 
Suivant Laurîère, ce mot signiHe certains droits 
seigneuriaux. (Gloss. du Dr. Fr.) Boulainvilliers 
l'explique en ce sens, lorsqu'il dit que ce sont des 
noms latins donnés aux lods et ventes. (Ess. sur 
la Noblesse, Tab. p. 86. — Voyez Du Canee, aux 
mois Capsou, Caput solidum, sous Caput?) Selon 
Bocel, c'est une sorte de rente en matière de flef. 
(Dict. 1™ add.) 

TABUNTES : 



Captai, subst. mast. Capitaine. Nom de dignité. 
On lit, au premier sens : < Comtes, capitaux. 

• vicomtes, barons et autres nobles. » (Coul. Géa. 
T. II, p. 668.) A la marge est celle ii.lerprétation du 
mot capitaux : > Alias captaux, qui sont comme 
■ capitaines. • (Voyez le P. Honoré de S" Marie, sur 
la Chevalerie, p. 7, et La Roque, sur la Nobl. p. 7.) 

C'étoit un nom de dignité en Gascogne, selon 
Laurière et Du Gange ci-dessus cités. Le P. Daniel, 
Hist. de Fr. sous l'an 1364, en parlant de Jean de 
Grailly, captai de Buch ^), rend ce root par celui de 
seigneur. 

TARIAHTES : 

CAPTAL. Du Caoge, Gloss. lat. aa mot Capitalit. 
Capdal. Dict. Etnn. de Ménage. 
Castal. Valois, Notice, p. 329. col. 3. 
Captau. Lanr. GIosb. du Dr. Fr. 
Capitau. Coût. Gén. T. U, p. 668. 

Captaller, subst. masc. Chetolier. (Du Cange, 
an mot Captalarii.) 

CaptelD, subst. masc. Protection, défense. De 
là ce mot, usité eu ce sens dans le patois languedo- 
cien, s'est aussi employé pour signifier le droit qui 
ae paye au seigneur, pour la défense et la protec- 
liOD qu'il accorde. ILaur. Gloss. du Dr. Fr. — Voy. 
Do Cange, au mot Captenium.) 

Capter, verbe. Prendre, choisir. — Examiner, 
reconnaître. 
On a dit, au premier sens : < Le jour et le lieu 

• sont capte% pour se battre. » (Savaron, contre les 
Duels, p. 33.) Cette acception semble naître de la 
seconde, puisque le cboix suppose toujours l'examen 
qui le détermine. 

Ainsi capter si^niBe proprement examiner; de là. 



S- CA 

reconriottre, en termes de guerre, ■ Se tenoient an ; 
■> telle ordonnance, que bomme né de mère ne 

■ povoit entrer en eulx. Bien les vit le captai, 

• et assez les capta (3), mais il deffendi à ses gens 

■ qu'ils n'assemblassent point à eulx. • (Histoire 
de B. du Guescl. par Men. p. 263.) 

Captfon,'su{is{. fém. Artifice. — Capture. 

La première signification de ce mot se conserve 
encore dans notre adjectif captieux. On lit, dans ce 
passage : • Desquelles offres et discours, quoique 
« grandement spécieuses, et pleines d'artillces, la 

■ capiion (4), et la malice ne me furent pas fort diffl- 

• ciles à découvrir. • (Mém. de Sully, T. VI, p. 367. 
— Voyez Capsieuseté.) 

On employoit aussi ce mot, dans le sens de notre 
mot capture, suivant le Gloss. de l'Hist. de Paris. 

Gaptionner, verbe. Saisir, arrêter, mettre en 
prison. (Voyez Du Cange. au mot Captio.) • Ne peu- 

■ vent procéder par adjournement personnel, ne 

■ capitonner aucun, si ce n'est en crime flagrant. ■ 
(Coût. Gén. T. Il, p. 679.) 

Captivement, subst. masc. Captivité. 

Le tiers âge ensement 

David le quart, et su captivement. 
Le sixième, de Babilojrne fu. 

Eut. Dodi. Po». HSS. fui. tSC, col. t. 

Capucbe, subst. masc. Capet. C'est le surnom 
de Hugues I", roi de la 3- race. On le nommoit 
ainsi, parce qu'il étoit têtu et obstiné. (Voy. Favin, 
Th. d'honn. T. I, p. 550.) 

Capuchlnement, adverbe. A la façon des 
capucins. On disoit, en ce sens, vivre capuchine- 
ment, pour vivre en mendiant. • Le bon homme 

• Guyon, à l'aage de cent ans, se mit à vivre capa- 
« chinement : il avoit esté page de chez le Boy, puis 
> il estudia. fut à la guerre, se Ht cordelier, se 
< retira pour estre huguenot, se lit sçavant, devint 

■ ministre, mangea tout, puis se mit à demander 
« sa vie. - (Moyen de Parvenir, p. 26.) 

Capncbons, subst. masc.plur. On appelasecte 
des capuchons, l'association faite au Puy, en 1182, 

BDur le rétablissement de la paix. (D. Vaisselle, 
ist. du Lang. T. Itl, p. 64.]Lecnef decettesectese 
nommoit Durant Capuis, c'est-à-dire charpentier (5). 
(Du Cange, au mot Caputiatus.] 

C&pucin, subst. masc. Ce mot. qui subsiste,nous 
fournit l'occasion de remarquer qu'on appeloit 



H) Voici U (Station ; i Or ecavoit-il leur eapiieuteti eatre telle qu'ils calompnisoient ses dits, t (m. b.) — &) Froissait 
(M. Kerrjn) emploie U [orme captai (V, 339) et lararionte caplauztVl, S6), ft propos de ce même Jean de GrAÏli;. (n. e.} — 
OTJo». de» UrwoB dit de Charles VI, à la dr— •'-■'*»■ - =" — — -» — •"— ■ '■■■• -j- -■ >- 



.a date de 1388 : ( Et toustefois tous les pays v 



s viendront capter la benevolence 



I par captù 
lfoultfus< 



. . , , « et TBinea sophisteriea. » <N. E,) — $) Hugues de Bersi, moine de S' Gennain de Paris, écrit 

dans u Bible : ■ Hoult fu soutis et soudeans Durant Capuis, et bon truaus, Qui les blancs chapperont trova. Et les sî((nana 
au pis dfHina : Donna, non fit, il les vendoit, Mestrement la gent decevoit. Il en conquist or et argent. Moult pensot bien 
(olUM' la gent. Il en giùUa bien deus cens mille, i Cette association voulait défendre le pajs contre les brabançons et les 
'-'Treaux. Le cbarpentier Durand allaprËcher que la Vierge lui était apparue et lui avait commande d'oi^aniser uns ligua 
T l'ext^mlnatioD des pillards. L'évèque du Pur en Velej se joignit a lui avec douze de ses administrés et donna dea 



atatata à calte associatioa. qui lut aidée de quelques troupes de 



7,000 aventuriers, le «Juillet 1183. (n. k.) 



tion, qui 
Juillet 11 



joignit 
PhUipi 



ipe- Auguste, t 



; put exterminer, prés de Ch&teaudun, 
2» 



CÀ 



— 286- 



CA 



atf(réfois capucins noirs les Augustlns réformés et 
déchaussés (1). (Mém. du card. de Retz, T. I, p. 48.) 

Capuclnage, subst. masc. Etat de capucin. 
(Dict. d'Oudin et de Cotgrave-) 

Capucine (à la), expression adverbiale. On 
disoit d'un livre qu'il étoit relié à la capucine^ 
lorsque la reliure en étoit noire, avec des bords 
roux. (Dict. de Colgrave.) 

Capulalre, subsL masc. Cercueil. — Scapulaire. 

Ce mot signifie cercueil, suivant Le Duchat, qui 
le dérive de capulus, qu'on trouve pour le lieu où 
Ton porte les morts (2). Il est pris pour cimetière, 
dans Du Cange, Gloss. lat. col. 287 (3). 

Quoi qu'il en soit, on a dit mettre au capulaire, 
pour mettre à mort. (Le Duchat, sur Rabelais, T. I, 
page 316.) 

Ce mot est mis pour scapulaire, dans les Chron. 
de S' Den. T. Il, fol. 6. On lit dans le latin scapulare 
monachorum alborum. 

Capusslon, subst, masc. Capuchon. De là, 
cette expression gens à capiitions, pour moines. 
(Rab. T. IV, nouv. prolog. p. 38, etc.) 

VARIANTES : 

CAPUSSION. Cotgrave, Dict. 

Capution. Rab. T. V, prolog. p. 9 et p. 134. 

Capy, participe. Tapi, caché. Le comte de Flan- 
dres s étant dérobé à la fureur des Gantois maîtres 
de Bruges, « s'en vint dessous un buisson, pour 
« savoir quel chemin il tiendroit et ainsy qu'il 
« estoit dessous ce buisson là capy^ il entendit, et 
« ouit parler un homme, et d'aventure c'estoit un 
« chien (sien) chevalier. » (Froissart , livre II , 
p. 184. — Voy. Capir (4).) 

Caque, subst. fém.^ Futaille. Elle contient le 

Îuartd'un muid. (voy. Dict. deNicotet de Ménage.) 
utrefois caque signifloit tantôt le muid, tantôt la 
queue, quelquefois la feuillette. Ce mot est pris 
pour muid dans ce passage : « Les vignes aportërent 
« si pou que le plus n'aportèrent que ung caque àe 
« vin, en l'arpent, et encore moins, tels y avoit 
« moult se tenoit heureux qui en avoit en l'arpent 
• un muy, ou une queue. » (Journ. de Paris, sous 
Charles VI et VII, an 1427, p. 113.) Quaque et queue 
sont employés l'un pour l'autre, sans aucune dis- 
tinction, dans l'Hist. de Bertr. du Guescl. par Mén. 
!). 80. On disoit aussi caques ou feuillettes de vin. 
Bouch. Serées, livre I, p. 9.) 



On trouve caque de poudre^ pourbaril de poudre, 
dans les Mém. die Du Bellay, livre YI, p. 184. Nous 
disons encore, en ce sens, caqus de hareng. Ôi)ict. 
universel.) 

VARIANTES : 

CAQUE. Orthographe subsistante. 

Quaque. Ord. des Rois de France. T. II, p. 319. 

QUEGCE. Ord. des R. de France, T. Y, p. 253, note c. 

Caqué, participe. Mis dans la caque. De U, 
hareng caquet pour hareng salé. (Poës. mss. d*Eust. 
Desch. f^ 324, etc.) On dit encore caquer du hareng (5). 

Caquehans, subst. masc. Société de gens de 
journée. « Il ala en un autre lieu, en une terverne, 
« et escoula laboureurs de terres qui estoient a 
grand débat, et toutes voies il oy comme ils acco^ 
dent les uns aux autres qu'ils ne loueroient point 
au terme, que pour certains pris, lequel estoit 
dit, et accordé par entr'eulx, et prendent les fois 
les uns des aultres de tenir ce que avoient 
accordé, et ainsi tenoient leur taquehans (6). » 
(Mod. et Racio, us. fol. 223.) 

VARIANTES : 

CAQUEHANS, QuAQUEHANs,' Taquehans. 

Caquerel, subst. masc. 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

Caquerollère, subst. fém, Limaçonnière, si 
l'on peut se servir de ce terme. Rabelais parolt 
employer caquerolière plusieurs fois en ce sens, 
notamment dans ce passage : « J'aime mieux leur 
< donner toute ma caquer ollière^ ensemble ma han- 
« netonnière. » (T. Ili, p. 33.) Cacquerolle signifie 
limaçon de mer. 

VARIANTES : 
CAQUEROLIÈRE. 

Gaqurrollière. Rabelais, T. III, p. 33. 
Cacquerollj ère. 

Caquerolle , subst. fém. Sorte de pot. — 
Ecaille. — Limaçon de mer. 

Au premier sens^ c'est un pot de cuivre à trois 
pieds, avec une queue, une espèce de casserole^, 
selon la déflnition rapportée d'après le Dictionnaire 
de Corneille. 

Ce mot est employé pour écailles, dans ce pas- 
sage de Rabelais, T. IV, p. 77 : « Eschylus fut tué 
* par la cheute d'une caquerolle de tortue. » 

Oudin, dans son Dict. Fr. Esp. traduit caqueroleSy 
par caracoles de mer, limaçons de mer; mais il 



Hareng salé. (Dict. 



(1) En revenant de S<-Cloud, le cardinal de Retz, accompagné de Turenne. de révoque de Lisieux, de M"* de Vendôme, 
prit ces religieux pour des fantômes : c Les pauvres Augustins réformés et déchaussés, oue Ton appeUe capucins noirs, qpi 
étaient nos diables d'imagination, voyant venir à eux deux hommes qm avaient Tépée à la main (Turenne et le cardinal), 
eurent grand peur, et Tun d'eux, se détachant de la troupe, nous cria : c Messieurs, nous sommes de pauvres reUgieuz^ 
qui ne faisons de mal à personne, et qui venons nous rafraîchir un peu dans La rivière pour notre santé. i Les capueins, 
morme de S^Francois (1525), furent reçus en France sous le règne de Charles IX, à la recommandation du cardinal de 
Lorraine, (n. e.) — (2) Lucilius le prend au sens de bière qu'on portait sur les épaules {scapulua) ou sur la tête (capui^i 
c Quem quum vidissent Hortensiu* Postumiusque Geteri item, incapulo non esse, aUumque cubare. » (An. Nonium, 1, 13.) (N.B.) 




c Sur chascun pignon de harenc, oict deniers; et sur chascun tonne! de Caque^harenc, oict deniers. » Caque a bien là le 
sens étymologique ; ce n'est pas un tonneau comme dans le proverbe : c La caque sent toujours le hareng. » (n. b.) — 
(6) Voir la note à Cancan, (n. e.) 



CA 



^ 227 — 



CA 



semble distinguer oe mot de eagarole, quMl dit signi- 
fier une sorte de coquille ou d'écaillé. 

VARIANTES '. 
CAQUEROLLE. Rabelais, T. IV, p. 77. 
Cacquerolle. Rabelais, T. II, p. 120. 
ÔUAQUEROLLE. Cotgrave, Die t. 
Caoarole. OudiD, Dict. 

Gaquerotler, subst. masc. Défonceur de caques 
de hareng. (Rabelais, T. IV, p. 125.) 

YARIAIITBS : 
CâQUEROTIER, Gacqubrotibr. 

Caquet, subst. masc. Conversation, babil. — 
Bruit public. — Ramage d*oiseaux. 

Sur le premier sens, voy. Gloss. deMarot, Rech. 
de Pasquier, p. 671, etc. Ce mot subsiste encore 
dans la signification de babil. 

J. Harot a employé ce mot pour bruit public. 

Icy court un caquet (1). 

1. Harot, p. 909. 

VARIANTES : 
CAQUET. Orth. subsist. 

Gacquet. Faifeu, p. 28. — Salaove, Vénerie, p. 59. 
QuAQUET. Rob. Estienne, Dict. — Crétin, p. 79. 

Gaquelement, subst. masc. Jaserie, babil. 

VARIANTES * 
CAQUETEMENT. Oudin, Dict. 
Gaquettement^ Quaquetement. Cotgr. Dict. 

Caqueter, verbe. Babiller, jaser. On a dit : « Tel 
caquette des autres qui, s'ily estoit, se trouveroit 
bien empesché. » (Mém. deMontluc, T. I, p. 189.) 
Pasquier dit, en parlant des poules : coquetans et 
caquetans. (Letl. T. I, p. 606.) 

On a dit aussi caquetter^ pour aboyer, dans Pouil- 
leux, Vénerie, fol. 29. 

variantes : 

caqueter. Nicot. Oudin. 

Caquetter. FouUloux, Vénerie, fol. S9, V«. 

8UAQUETER. Gotgrave, Dict. 
UACQUETTER. FaifCU, p. 21. 

Gaquetereau, adj. Causeur, babillard. C*est un 
* diminutif de {^gue/^Mr. (Dict. de Cotgrave.) 

Tay toy, ton chant me rompt la teste, 
Ca^uetereau rossi|;nolet; 
Faut-il qu'une petite beste 
Jargonne d*un si haut caquet ? 

Les Touches de Dm Aec fol. 18, R*. 

On a dit au féminin caqueteressCy comme dans 
"' ce passage : « La ocienoe est caqueteressCj envieuse 
« ae se monstrer. » (Sag. de Charron, p. 530.) 

Gaqueteur, subst. masc. et adj. Grand causeur, 
babillard. On a dit au féminin caqueteuse. 

De très beau parler tient Ton chères 
<Ce dit-on) Neàpolitaines ; 
Aussi sont bonnes caquetières 
Allemandes et Pruoiennes. 

vnk», p. 73. 

,. , VARIAHTES: 

î ClQUETrEUR. Dict. d'Oudin et de CotgraTo. 
Caquetibr. Villon, p. 73. 



« 
« 



»t< 



Gaquetotr, adj. Causeur, babillard. 

Ma femme caquetoire 

Si me veut, par son consistoire, 

Faire devenir hermite. 

Hht. da Th. ff. T. n. p. U6. 

Ce mot s'appliquoit aussi au ramage des oiseaux. 
Pasquier, parlant de Louis XI, dit < qu'il se feit 
« apporter tous les-oyseaux caquetoirs àe Paris, en 
4 sa chambre, pour se donner plaisir de leur 
« jargon. » (Letl. T. I, page 155. — Voyez Défease 
d'Et. Pasq. p. 192.) 

Caquetoire, subst. Petit fauteuil, ainsi nommé 

f)arce qu'il étoit commode pour causer (2) auprès du 
eu. « Ceux qui se sont trouvés quelquefois au 
caquet des femmes, quand elles ont les pieds 
chauds, pourroient faire conjecture quel est leur 
bec, alors qu'elles se baignent chaudement ense^n- 
ble au bain d'une gisante (femme en couch^, qui 
est aussi une circonstance à noter ; et de fait il 
n'y a pas d'apparence qu'elles ayent alors le ttec 
gelé; pour le moins j'en répons pour celles de 
Paris qui ne se sont pu tenir d'apeler des caqus- 
toires leurs sièges. » (Apol. pour Hérodote, p. 64.) 

VARIANTES : 
CAOUETOIRE. Oudin, Qir. fr. 
QuAQUETOiRE. Borel, Dict., !'•• add. 

Car, conjonct. etadv. Pourquoi. — Parce que. 
— Que. — Or ça. Car^ dans S* Bernard, répond «au 
latin quoniam, quia et quidem. 

Ce mot a été employé dans ces acx^eptions diffé- 
rentes. Il semble quelquefois une interrogation 
qui suppose un dialogue dans lequel on fait la ques- 
tion car : le quare, le pourquoi des latins. 

Ce mot est pris pour parce que^ dans ce passage : 
« Met trois causes pour lesquelles l'homme se peult 

< obstiner à retenir les biens d'autruy, la première 

< est car chascun communémentdésire estre riche ; 

< la seconde, car^ par richesse, on a ses désirs, et 
« sesvoluptez, que les hommes communément, 
« appetlent. La tierce est pour l'honneur mondain. » 
(Hist. de la Toison d'Or, Vol. Il, fol. 157.) 

Ce mot tient la place de que^ dans le Cod. de J. 
de Meung, 1122^ et dans la citation suivante : 

En songeant ce m'estoit, 
Car je veoie vis à vis 
Folie qui le sens tençoit, 
Et d'aller devant s'efrorcoit. 

Eoit. Desdi. Poêt. MSS. fol. S65, col. 4. 

Nous rapporterons à cette môme acception car^ 
pris pour qus^ suivi d'un verbe au subjonctif, 
comme dans ces vers : 

Pour ce qu*ii eust achoisson 
Car il peust le vilain batre. 

Fabl. MSS. dn R. a* 7615. T. I, fol. 119, V col. 1. 

Bt tant ot d*occi8, des morts et des navrés 

Car par mov, ne par autre le nombre n'en soaurés. 

Gét. à» RootsillM, MS. p. 152. 

J'ai dit que le mot car a signiné quelquefois or ça. 
Le passage suivant en fournit un exemple. « Càra- 
«- din le nls au Soudan vint à son père , et li dist 



" (i) Ot) ut déjà dans Villon (l^* Repue) : t Puis, sans faire plus long quaquet. Les voalat tout incontineût, Remettre^4^ns 
le Daquet. » (n. e.) — (2) C'est ce que nous nommons maintenant causeuse, (n. e.) 



CA 



— 228 — 



CA 



« Sires» ear descendes aval/ si nous combatons 
« as crestiens. > (Contin. de 6. de Tyr, Martène, 
T. V, col. 681.) 

Dame, car tous taisiez 

Gër. de RouMfllon, MS. p. 37. 
Boz commence à crier ; car nous allons combatre. 

Ibid. p. 133. — Voy. encore ibid. p. 109. 

Ce mot a môme été alors regardé comme une 
particule explétive (i), et mis souvent au commen- 
cement du discours : 

Amors puissans, car prenez en baillie 
Celé que j'aim, si m'en faites joir. 

ËsUoe de Rains, Poês. MSS. avant 1300. T. II, p. 594. 
Dame en qui j'ai ma fiance, 
Car aies merci de moi. 

If Gaftse. Poês. MSS. avant 1300, T. II. p. 796. 

Car^ dans le sens de orça, semble être une réu- 
nion des deux mois fa, or, en supprimant Yo; 
comme l'on a fait cor, pris dans le même sens , en 
supprimant Va (2). (Voyez ce mot.) On a cependant 
employé, avec celte même acception, Torthographe 
quar : 

Et li dit, quar m'ensei^ez 
Le charme que vos faisiez. 

Fabl. MSS. de S* Germ. fol. 11. R* col. 3 et Y' col. 1. 

On a aussi écrit ça pour car : 

Ça du pis k'amours envoie^ 
C'est c on désire merci. 

Adans li Bocua. Poés. MSS. avant 1300. T. lY, p. 1381. 

Enfin (3), on a écrit char pour car, en ces vers de 
Andrieus, Poës. mss. avant 1300, T. III, p. 1115 : 

Char loiautés doit bien aler avant ; 
On en est plus cortois, et plus hardis. 

VARIANTES l 

CAR. Orth. subsist. - S» Bem. Serm. fr. p. 36. 
Kaer, pour car. Carpentier, Hist. de Camoray, p. 18. 
Kah. S> Athanase» symbol. fr., l^* ir&d, passim, 
Ker, pour car. Mabodus, col. 1678. 

8UAR. Borel, Dict. — Gloss. de l'Hist. de Bretagne. 
UER. Ord. des R. de France, T. I, p. 706, art. ©. 
Ca. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 381. 
Char. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1115. 

Gara, subst. Le visage. On a dit, dans le patois 
provençal : Bella cara (4), pour beau visage, bonne 
mine. 

VARIANTES I 

CARA. Du Cange> Glossaire latin, au mot Cara. 
Kara. Borel, Dictionnaire. 

Garabas, subst. masc. Grand carosse (5). Peut- 
être ce mot est-il formé de carabus^ que Ton trouve 



dans Du Gange, pour cymbula. Nons disons gon- 
dole, en ce sens. 

Garabasse, subst. fém. Galebasse. (Dict. de 
Gotgrave.) 

Garabate, subst. fém. Gravate. (Dict. de Borel, 

au mot Riste.) 

Garabin, subst. masc. Les carabins étoient 
autrefois une espèce de milice. Ce nom paroit avoir 
pris son origine en Espagne. Les Espagnols étoient 
les seuls auteurs de cette milice. G'étoient les mêmes 
qui, sous le règne de Henri second, étoient appel- 
lés argoulets. Ils prirent le nom de carabins^ sous 
le règne dHenri III. On voit que du temps d'Henri 
IV, cette milice étoit attachée à la compagnie des 
chevau-légers , quelquefois jusqu'au nombre de 
cinquante. Ils n*avoient d'autre capitaine, ni d'aru- 
tre cornette, que ceux de cette compagnie, mais ils 
avoient un lieutenant, un maréchal des logis et 
deux caporaux. Leurs armes défensives étoient une 
cuirasse éch ancrée à l'épaule droite, afin de mieux 
coucher en joue ; un gantelet à coude, pour la main 
de la bride ; un cabasset en tète ; pour armes offen- 
sives, ils avoient une longue escopette de trois 
pieds et demi, pour le moins, et un pistolet. Leur 
manière de combattre étoit de former un petit 
escadron plus profond que large , à la gauche de 
l'escadron de la compagnie des chevau-légers ; 
d'avancer au signal du capitaine jusqu'à deux cents 
pas d'un escadron des lances de l'ennemi , et à 
cent, si c'étoit un escadron de cuirassiers ; de faire 
leur décharge, rang à rang, l'un après l'autre , et 
puis de se retirer à la queue de leur escadron. Si 
les ennemis avoient aussi des carabins, ils dévoient 
les aller attaquer, en escarmouchant seulement, 

f)Our les empêcher de faire feu sur les chevau- 
égers, dans le temps que ceux-ci marchoient pour 
charger. Ils étoient institués essentiellement pour en- 
tamer le combat, pour les escarmouches et pour les 
retraites. Cette milice subsistoit sous Louis XIII (6), 
et elle formoit alors des régiments entiers. Il y avoit 
une charge de général des carabins. Elle subsista 
même depuis la suppression des carabins , qui ne 
se fit que plusieurs années après la paix des Pyré- 
nées. (Le P. Daniel, Mil. fr. T. I. — Voyez pages 
232 eipassim.) 



(1) Il en est de môme dans la Chanson de Roland : c Franc chevalier, car m*eslisez baron (str. 19). i (n. e.) — (S) Le sens 
de car peut différer, mais Tétymologie est toujours le latin quare : quant au changement de au en c, il est plus ancien que 
les langues romanes et remonte au m* siècle de notre ère ; dans le Probi Appendtx (ms. de vienne, lat. 17 ; Grammairieos 
lat., éd. Keil, IV, 197), il est recommandé de prononcer coqus, non cocus ; coquens, non cocens; en français, ce n'est pins un 
Tice de prononciation, mais une règle phonétique } quassare donne casser, quadraria^ carrière, etc. (n. E.) — ($ Pour 
achever rhistorioue de la conjonction car^ il faut ajouter que rA.cadémie et Thôtel de RambouiUet voulurent la mettre ea 
interdit. Voiture la défendit par une lettre (53) à mademoiseUe de Rambouillet ; eUe se terminait par cette phrase : c Je ne 
sais pour quel intérêt Us tâchent d*ôter à car ce qui lui appartient, pour le donner à pour ce que, ni pourquoi Us veulent 
dire avec trois mots ce qu'ils peuvent dire avec trois lettres. » lit lutte avait été chaude, et La Bruyère s'en sonvenail 
encore (1687) : f Quelle persécution le car n'a-t-U pas essuyée ? et. s'U n'eût trouvé de la protection parmi les gens polis. 
n*était-U pas banni honteusement d'une langue à qui il a rendu de si longs services, sans qu'on sût qu^ mot Im 
siù)stituer. t (n. e.) — (4) La forme est la même en itsuien et en espagnol. Ck)mme le français chère, eUe vient du mot latio 
eara (visage), employé pour la première fois par Corippus, poète du vi" siècle : c Postquam venere verendam Gœsaris ante 
earam. » Cette forme elle-même doit être sœur plutôt que fille de TéoUen nàqay remarqué par Eustathe dans l'Odyssée de 
Théophane . « 'AnsTSfÂBy zrjy avTov xàçay. » (n. e.) — 0>) Il faut remonter ici au vieux conte rajeuni par Perrault, et au 
marquis de Carabas, ce fils de meunier protégé par le Cnat-Botté. La voiture aura pris le nom du marquis, parce que sa 
vieillesse et son ampleur la rendaient digne de Im. (N. e.) — (6) Les mousquetaires du roi créés en 1623 étaient auparavant 
les carabins du roi, (n. e.) 



• - CA 

■ et un carocol pour reprendre le cbeminl'cle la 

• retraite, etc. • (Hém. de Sully, T. Il, p. 406.) 
De là, faire te caracoi, se diaoit pour charger 

l'ennemi en caracolant. (Monet et Cotgrave, DictO 

Garacon, subst. masc. Espèce de gros vaisseau. 
— Nom particulier d'un vaisseau. 

Au premier sens, c'étoit le nom qu'on donna à 
une sorte de gros navires, vers i545. 

Ce nom géuérique devint le nom particulier d'un 
vaisseau de François I", suivantDu Bellay. Cevais- 
seau étoit de cent pièces de gros canons de bronze. 
Henry VIII, roi d'Angleterre, fit construire un sem- 
blable navire auquel, par émulation, il donna aussi 
le nom de carafion (8). (Voyez Le P. Daniel, Milice Pr. 
T. II, p. 637.) 

VARIANTES : 

CARACON. Daniel, Mil. fr. T. II. p. 638. 
Cahacquon. Merlin Cocaie, T. II, p. 374. 
Carracon. Hontluc, T. I, p. SO. 
Carhaquon. Mém. Du Bellay, Uv. X, loi. 338. 

Caractère, subsl. masc. et fém. Ecriture. — 
Empreinte d'un sceau. 

Ce mot subsiste au premier sens, sous la première 
orthographe. Aulretois on écrivoit aussi kara- 
taire (9). (Voyez Cahate.) 

On a dit, sous la seconde acception, caractère 
d'un scel, pour l'empreinte, la figure imprimée 
dans un sceau, distinguée des mots qui sont autour. 
(Ord. des R. de Fr. T. V, p. 513,) Ce mot est employé 
au féminin, dans le passage suivant, où on lit : > De 
. l'auctorilé de nostre scel et de la caractère 

• cy dedans annotée. » (Hist. de Beauvais par un 
bénédicLin, page 279, titre de 1182.) On lit dans le 
latin , sigilli nostri auctoritate et regni noslH 
caractère (10) inferius annotato. 

TAmA^TES : 
CARACTÈRE. Orth. subsistante. 
KARATAtHE. Chron. S' Den. T. II, foL 17, V». 
Karatherb. ChroD. S' Den. T. II, fol. 33, R°. 

Caractérer, verbe. Faire des caractères. (Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave.) 
Caramane, adj. au fém. Où a dit setle à la 

(1) Le nom de carabin passa de soldats qui combattaient k cheval au frater, gargon chirurgien ou apolhicaii'e qui opérait 
k genou. De Û leurs surnoms de cariûnna à genou, carabin» de Saint-Cime (l'école de chirurgie, à Paria), (n. X.) — 
(3) D'Autiigné emploie encore les variantes earraoinade, carabiTterie. {n. b.) — <3) Autrement dit, en tirailleur, qui lAche son 
coup et se retire, (n. e.) — (4) C'est le joueur qui hasarde quelque argent et se retire après le coup. (n. B,> — (5) La earacalle 
était une tunique collante qui, du haut des cuisses, descendit bientât aux genoux ; puis on La fendit par devant et on en fit 
une redingote sans boutons ni coUet. Antoninus Bassianua, fils de Sept. Sëvève. imagina de prolonger la caracalle jusqu'au 
bas des jambes, et, se trouvant un tailleur inventif, St de ce vêtement un uniforme pour les prolétaires romains ; on les 
Uvratt comme cotigiarium, et il fallait en être affublé pour paraître au palais. Le surnom de Caracalla en resta à l'empereur, 
0t le vêtement, fort commode, se rËpandil dans l'empire. Dioclétien le cite dans son tarif de 301 , et la chape ecclésiastique 
nt Is caracoi^ modifiée, (n. e.) — (0) Casaque vient de l'italien caaacca (fait sur le latin caaa) , robe de chambre, (n. e.J — 



CA -» 

On a dit proverbialement : Carabin de la comète, 
pour filou, voleur {i). (Oudin, Cur. fr.) 

Carablnage, iubst. masc. Attaques légères, 
escarmouches. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) ■ Ce 

• séjour de trois, ou quatre jours se passa en légè- 

■ Tes escarmouches, deflts particuliers , el carabi- 

• na(ïM(2)de peu de fruit, ny d'un costé,ny d'autre. » 
{Mémoires de Sully, T. I, p. 362.) 

Garabiner, verbe. Se battre comme les cara- 
bina (3). — Terme de jeu. — Attaquer. 

Se nattre comme les carabins, c'étoit tirer son 
coup et se retirer. C'est ce qu'on appelloit carabi- 
ner. [Dict. d'Oudin.) 

On a appliqué au jeu ce mot carabiner, et parti- 
calièrement au lansquenet. Carabiner au jeu, c'est 
faire, par rapport à ceux qui tiennent le fond du 

{'eu, à peu près la même chose que les carabins 
aisoient à la guerre , lorsque, mêlés aux cbevau- 
lég^rs, ils alloient attaquer les escadrons des lances 
de l'ennemi (4). (Voyez CAnAsm.) 

On a dit aussi carabiner, pour attaquer en géné- 
ral. Au figuré, carabiner le cœur, se disoit pour 
attaquer le cœur, tacher d'inspirer de l'amour. 
(Oudin, Cur. fr.) 

Caracalla, subst. masc. Sorte d'habillement. 

■ C'est un mot gaulois, suivant Suétone, signifiant 

■ un habillement de gendarme (5) , vulgairement 

■ nommé casaque ou caraque, selon la prononcia- 
« tion des Parisiens, qui changent Vr en g et i's en 

• er(6). . (Favin,Th. d'honn. T. 1, p. 355.) 

Caracoi, subst. masc. Caracolle (7). On lit, en ce 
sens : ■ Peraée revole en haut sur son cheval aisié, 

■ et après avoir fait un caracoi admirable au milieu 
« de I air, il tire du mesme costé qu'on a veu dis- 

• paroistre la princesse. ■ (Andromède, Trag. de 
P. Corn.) Ce mot est employé comme terme de 
guerre, en ce passage : « Monsieur de Bouillon 
< n'ayant fait qu'une fausse charge (comme il dit 

■ depuis n'avoir dît autre chose à H. de Villars, et 
. non une furieuse charge comme nous l'assurions), 



^ L'Mymologie est l'espagnol caracoi, limaçon : les cavahera tournent et retournent comme l'hélice de la coquille. <N. K.) 

— ^ appeaux (éd. Carloix, V, 37) emplc-~' '--' - " — ■ -~'" — '~ '-■ ' 

oni menaçait le cieL et faiaoit fuir, par t>< 
fe«,ii'ar ■ 



, 37) emploie la variante carragon : « Nous y perdîmes, par le feu, ce monstrueux carragotï 

.. .. . fuir, par pon horrible grandeur, IBH balaines. » (N. B.) — (9) Caractère , calqué sur le latin 

^ n'apparaît qu'au XV siècle, avec le sens de sortilège : t Faisant invocation de caraclerei, sorcelferies, charmes. 
■t^mUllons et maléfices (Monslrelet, I. 39). > Mais aux siècles précédents, on maintenait l'accent latin sur a, et l'on aTaii 
les formes eorocfe, earnux, charei, charau», charoya. Benoit de S'-Uore, au su* siècle (Chr., 1, 709): (L'aveit iHsi apariUies, 
D'an enchanté e primaeigniei, E sur lui tant caractea (ait, Que jà d'armes n'en fust sanc trait. > Les registres du Trésor 
des Oisrtes nous fournissent de nombreuses variantes : ■ Raymon mis certains sorceries, charoti et taitures soubz le 
Sueil de l'uys de l'ostel. ■ (JJ. 109, p. 39, an, 1370.) i Ladite femme.... fait faire par une Juifve pluseurs poudres et 
cAorayei pour hii donner. > {U. 106. p. 370, an. 1374.) ( Ledit Camus usoit et ouvrait de mauvais art, comme de sorceries et 
tnrwtx. > (JJ. 111, p. 315, an, 1377.) Là forme caracle ae retnuTO au xvi* siècle dans rAristmétiijue d'Et. de la Roche (fol. 
ti): iLe premier chapitre traicte des termes et coi'oclM de ceste règle.! (n.e.) — (10)CaroclerdésignelemonogTamme.(N.E.} 



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— 230 — 



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caramane , pour signifier une selle à cheval , 
à Tusage des peuples de la Caramanie : « Que les 
« dits chevaux soient fournis des dites selles, spéci- 
« fiant que le dit genest (espèce de cheval) ait 
« d'avantage une selle à la genetteetune à la cara- 
« mane et le Turc une selle à laturquesque, et une 
« selle à la françoise, avec deux doigts d'arçon der- 
« rière, et l'arçon bas devant. » (La Colomb. Th. 
^'honn. T. II, p. 425.) 

Caramaras, subst, masc. plur. Bohémiens. La 
chiromancie a été condamnée par Sixte V. On lit, à 
ce sujet : « Aussi personne ne fait publiquement 
« profession de cet art fallacieux, que les bohémiens, 
« Egyptiens ou caramaras, venus en Europe dès 
« Tan 1417 , selon G. Dupreau , etc. » (Maladie 
d'Amour, p. 134. — Voy. Carimaras.) 

Caraminl. C'est une faute pour catamini, dans 
Bouchet, Serées, liv. I, p. 415. (Voy. Catamini.) 

Caramoussat, subst. masc. Sorte de vaisseau 
turc. (Dict. d'Oudin.) 

VARIANTES : 

CARAMOUSSAT. Dict. d*Oudin. 
Caramoussal. 

Carap, subst. masc. Sorte de bateau. On lit, au 
sujet du passage du Rhin par l'armée du Roi, que 
« M. «le prince campé à Emmeric, observa que le 
« passage de Schenkse pouvoit tenter, parce qu'on 
a n'y voyait plus que des caraps tous vuides. • 
(Pelisson, Lett. hist. T. I, p. 135.) Peut-être ce mot 
a-t-il formé celui de caraffe (1) ? comme on dit gon- 
dole pour signifler une espèce de vase à boire. 

Caraque, subst. fém. Sorte de gros vaisseau. 
Voyez les Dict. de Monet, de Cotgrave, et le Gloss. 
e Marot.) 

Les caraques étoient des vaisseaux marchands 
que l'on armoit aussi en guerre. « Grands navires 
« venoient tant d'Espagne, que Gennes, et y avoit de 
« grands vaisseaux nommez caraques (2). » (Juven. 
des Drs. hist. de Charles VI, p. 333.) « Il voit en ce 
< port une grande caraque qui portoit six mille 
« bottes ; icelle se préparoit pour aller en Turquie. 
« Ce grand vaisseau lequel ne sembloit point un 
« navire; mais un fort château dedans la mer. » 
(Merlin Cocaie, T. I, page 321.) Les Portugais appe- 
loient Caracas (3) cette sorte de vaisseaux. 



s 



VARIANTES : 

CARAQUE. Juven. des Urs. hist. de Charles VI, p. 33S. 
Garraque. Mém. de Du BeUay, livre X^^ fol. 3BB. 

8UARRACQUB. MoDstrelet, Vol. I, fol. 13, Y*. 
UARRAOUE. 

Carrbgque. J. Le Fèvre de S^ Rémi, hist. de Ch. VI, p. 108. 
Carrachb. Du Gange, Gloss. lat. au mot Carraca, 

Carat, subst. masc. Ce mot subsiste sous l'or- 
thographe de carat (4). (Voyez les autorités citées.) 

VARIANTES ! 
CARAT. Orthographe subsistante. 
Caract. Monet, Dict. 

Karat. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 322, note d. 
QuARRE. Du Gange, au mot Multones. 

Carate, subst. masc. Caractère. (Dict. de Borel.) 

Carathement, subst. masc. Sortilège. « AànêfA 
« aucune fois, par aucunes choses que ron ditt que 
« ce ne sont qu'envoutemens , carathemem 6a 
< maléfices, que la femme ne Taymeroit jamais. » 
(Les Quinze Joyes du Mariage, p. 139.) 

Garaude (5), subst. masc. Sortilège, maléfice « 
enchantement. Du Cange, au mot Carauto, explique 
Carauda par sortilegii species, et cite ce passage : 
Il doivent jurer k*il n'ont uve (eau) neaafere 
herbe beue, ne mangié ne n'ont herbes, ne 
brief, ne caraudeSj seur aus (sur eux) ne fait eor, 
ne sorcherie, ne art, ne caraudes^ par coi il 
puissent estre aidiez. » (Voy. Gloss. sur les Coût, 
de Beauvoisis, et Du Cange, au mot Brevia.) 

Si nous en croyions le Dict. de Borel, copié par 
Corneille, il y auroit eu un verbe carauder (6) qui 
auroit signifié réjouir ; mais Borel paroit avoir mal 
lu les vers qu'il cite. Caraude et karaude y sont 
substantifs, et signifient, comme nous venons de 
le dire, enchantement, sortilège. Il ajoute, après 
carauder, que caraudes a signifié réjouissances, et 
Corneille le rend par joie ; il faut le rendre encore 
par enchantement. 

Il a en son cuer fort caraude. 
Puisqu'on amours y fiert, et touche... 
Nul ne porroit dire de bouche 
Tel karaude pour cuer creTer. 



(Voyez Carault.) 



VARIANTES 



GA.RAUDE, Carraude. Du Cange, Glosa, lat. à Caraula, 
Karaude. Dict. de Borel, au mot Caraude. 
Garuerie. Modus et Racio, MS. fol. 88. 

Carauderesse, subst. fém. Magiciennef sor- 
cière. « Il a, en cest pays, mauvaises femnEies 




i 

s- 



. 0stè portée à Amiens ou voyage que le roi a fait au dit Ueu pour le traittié de paix, i» Caraque est synonyme de Bel en-cet 
exemple : « La nef, dit M. de Lasteyrie {Histoire de VOr^évreriey Hachette, 1875, in -19, p. leO), était une des prinolMles 
pièces dé la vaisselle des princes à cette époaue. On aonelait de ce nom un vase allouKé en forme de Taisseau et;d'ime 
grande capacité, qui renfermait 
placé sur la table devant lui, i 
répandu la crainte de se voir 




comme en argent, les draffmes, caras, demi-dragmes. > Bouchet, dans ses Serées (III, 890), écrit déjà au figuré : c Etant 
défendu à toute personne de se dire ladre, s*il ne Testoit à vingt-quatre carats, à poix de marc. > (n. e.) — (5) Voir, oomme 
pour carate, la note sous Caractère. (N. e.) - (6) D y a confusion avec caroler. (n. b.) 



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- 231 — 



CA 



« sorcières et (îaraMdere8ses(i),qui tant m'engingne- 
« rent qu'ils me menèrent où le deable les tient à 
« Vescole de sorceries, et de toutes mauvaises 
« sciences. » (Modus et Racio, ms. fol. 224. — Voy. 
Garaulde.) 

▼ariantes : 

CARâUDERESSE. Modus et Racio, MS. fol. 224, Y*. 
Garraudbrbssb. Modus et Racio, MS. 
Garmbrbsbe. Modus et Racio, MS. 

Caravelle (2), subst.fém. Espèce de vaisseau de 
mer. — Caravanes. 

C'est encore le nom d*an vaisseau équipé en 
forme de galère, ayant la poupe carrée. (Voy. Cotgr. 
et Ménage, Dict. et le Gloss. latin de Du Cange, au 
mot Carabm.) « Le Roy d*Espagne avoit envoyé 
« quelques caravelles en Cécile, mais peu de gens 
« dessus. > (Hém. de Comines, p. 627.) On trouve 
caravelle portugalleze^ dans J. d'Aulon, Ann. de 
Louis XII, fol. 33.) 

On a dit aussi caravelles^ pour caravanes. Peut- 
être ont-elles tiré ce nom de celui du vaisseau 
appelé de môme. Favin, parlant de Tordre S* Etienne 
à Florence, dit : « Ces pensions sont données seu- 
« lement à ceux là qui ont faict, trois ans durant, 
« leurs caravelles^ c'est-à-dire actuellement servy 
« sur les galères de Florence, pour nettoyer la mer 
« des Turcs et des corsaires. » (Favin, Théâtre 
d'honneur, T. II, p. 1506.) 

VARIANTES : 
CARAVELLE. Orthographe subsistante. 
Carvellb. J. d'Auton, Aonal. de Louis XII, fol. 33. 
Garayelle. Dict. de Gotgrave. 

Caravellon , suhst. masc. Petite caravelle. 
(Oudin, Dict. Fr. Espag.) 

Caravene, subs^ /'m. Espèce débarque. Oudin 
appelle ainsi une petite barque toute d'une pièce. 

Garaulde, subst. fém. Sorcière (3). De là, ce mot 
s'est dit de quelqu'un dont le visage étoit dénguré. 
(Dict. de Borel et de Corneille.) C*est à peu près, en 
ce sens, qu'il a signifié gens masqués, suivant une 
note sur les Assis, de Jérus. p. 243. (Voyez Caraude- 
RESSE et Caraude.) 

Garault, subst. masc. Tour de passe-passe. — 
Sortilège. 

Ce mot, au premier sens, a signifié jeux où il 
paroit du sortilège. « Avoit aucunes habilités tou- 
« chant jeux de passe- passe ou caraulU jouoyt 
« devant les folz, mectoit plein sa bouche d'aguilles 
« et faisoit semblant de les menger. » (Nef des 
Fols, fol. 99.) 

On a dit au pluriel carraux^ careaux et caraz^ 
pour sortilèges. « Morgain, la seur au roy Artus, 
c sceut de enchantemens et de carraux plus que 
« nulle femme. » (Lancelot du Lac, T. 1, fol. 152.) 
« Sont toutes mauvaises sciences, c'est assavmr de 
m mraux sorceries, etc. » (Modus et Racio, us. 



fol. 319.) On lit sm*s et caraz. (Ord. des Roîs de Fr. 
T. I, page 75.) 

VARIANTES I 

CARAULT. Nef des Fols, fol. 99, R«. 
Carraux, plur. Modus et Racio, fol. 48, R<». 
Careaux, plur, Modus et Racio, MS. fol. ^, R«. 
Caraz, plur. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 75, coL 2. 

Carayeur, subst. masc. Carrier. 

VARIANTES * 

CARAYEUR. Vie de Du PI Mornay, p. 20. 
Carroybur. Mém. de SuUy, T. II, p. 48. 

Carbases, subst, masc. plur. Voiles. (Dictionn. 
de Borel et de Corneille.) 

Carbasse, subst. fém. Crabe. (Dict. d'Oudin.) 

Carbau, subst. masc. Espèce de poisson. Oudin 
appelle ainsi le poisson nommé autrement chabot. 

Carbon, subst. masc. Charbon. 




Couvert, c'est U plus ardent. 

Poëfl. MSS. avant 1300. T. m, p. 1836. 

On a dit : « Être dur à quelqu'un comme char- 
« bons, » pour être inflexible, sans pitié à son 
égard. (Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel.) 

Un proverbe disoit : « Petits charbons allument 
« de grands feux. > (Molinet, p. 119.) 

VARIANTES l 
CARBON. Poës. MSS. avant 1300, T. UI, p. 1236. 
Charbon. Orlh. subsist. 

Carboncle, subst. masc. Escarboucle. Pierre 

f)récieuse, ainsi nommée à cause de sa couleur; du 
atin carbunculu^ (4), charbon. « En signe de ceste 
foy promise, je vous donne et laisse cest aneau 
d'or^ empalé d*un très fin carboncle flamboyant, et 
lumineux en ténèbres. » (Alector, Rom. fol. 58.) 
Estoient toutes de pierres bien précieuses; Tune 
d'améthyste, Tautre de carboucle libyen, etc. » 
(Rabelais, T. V, p. 192.) 

variantes: 

CARBONCLE. Alector, Roman, fol. 58, V*. 
Carboucle. Rabelais, p. 192, T. V. 
Charbogle. Dict. de borel. 

Carbonnade, subst. fém. Ce mot subsiste 
encore, pour signifier un morceau de chair que Ton 
met sur les charbons. Autrefois, on écrivoit aussi 
carbonnée, en ce sens. On a dit < grosses lèvres 

< plus rouges d'une carbonnée. • (Fabl. mss. du R. 
fol. 75.) De là, nous trouvons ce mot sous l'ortho- 
graphe carbonnade, seulement, pris au fieuré, pour 
un morceau de chair mince, enlevé d'un coup 
d'épée, par allusion aux morceaux de chair qu*oa 
faisoit griller : « Donna un si grand coup d'espée 

< à celuy qu'il peult attaindre, qu'il luy avala sa 
« capeline et une carbonnade de la joue quant et 
« quant. > (D. Florès de Grèce, fol. 90.) 



(l)On 
ou charrieresse 




CA 



- 232 — 



CÂ 



VARIANTES I 
CARBONNADE. Fouilloux, Vénerie, fol. 54, R*. 
Garbonnêe. Fabl. MSS. du R. uo 7969, fol. 75, R« col. 1. 
Carbonée. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 90, V« col. 1. 

GarbouneL ddj. On a appelé past (1) carbonnel 
les choses que l'on faisoit cuire sur les charbons, j 

Quant ne mangiemes no paignon (2), 
Si faisiemes past carbounel. 

Poês. MSS. cvanl 1300, T. IV. p. 1354. 

Carcaillat (3) , subst. masc. Chant de la caille, 
ou sifflet qui Timite. Nous disons encore cotircat//er. 
« Il y avoit, au plus près de la maison de sa dame, 
« une paillarde caille qui commençoit à crier et 
« chanter carcaillat, comme si c'eusl esté chose 
• jurée, et qu'elle le voulsisl accuser. » (Arr. Amor. 
p. 195.) Rabelais a entendu courqualles, par le sifflet 
qui imite le chant de la caille, (t. IV, p. 130.) 

VARIANTES : 
CARCAILLAT. Ait. Amor. d. 196. 
CouRQUAiLLET. Oudin et Cotgrave. Dict. 
CouRQUALLET. Rabelais, T. lY, p. 190. 

Garcamousse, subst. masc. Machine de guerre, 
autrement nommée bélier. (Dicl.de Borel, aux mots 
Mouton eiFoutouers,2*' add.) Selon Abbon(4): « Mou- 
« ton pour abatre les murailles, étoit appellée, du 
« temps de Charles le Simple, carcamousse et bel- 
« liers, vulgairement appeliez carcamousses, au- 
« jourd'hui foutouers. » (Fauch. Orig. Liv. II , 
page 117.) 

VARIANTES : 
CARCAMOUSSE. Fauchet, Orig. Liv. Il, p. 117. 
Carcamuse. Caseneuve, Orig. de la Lang. fr. 

Carcan, subst. masc. Collier de fer. — Collier 
d'ornement. — Espèce d'armure. — Nous disons 
encore carcan dans les deux premiers sens. 

Le supplice du carcan est ancien (5) ; on le trouve 
dans le Rom. d'Aubery, cité par Du Cange, au mot 
Carcannum. 

Qui mult le fait laidement justicier. 
Un grant charchant li fait el col lacier. 

Dans Blanchardin, fol. 186, on lit : 

Il ot les grans buis es piez, 
Et de cordes les poinz Upz, 
Masses de fer, et grans charcfiana. 



Dans le Rom. de la Prise de Jérusalem^ par Titus, 
cité par Du Cange, au mot Boia^ nous trouvons ces 
vers : 

Aux deux pertuis 11 botent les dous plez malnteDant 
Une buis U ferment, et el col un chargant. 

On donnoit autrefois le nom de carcan à une 
chaîne tissue à petits anneaux plats dont les femmes 
se paroient le cou. (Dict. de Monet.) On a donné ce 
nom depuis à diverses sortes de colliers. Ce mot, 
après avoir été quelque temps hors d*usage dans 
cette acception , a reparu dans la langue pour 
désigner de nouveau certains colliers de femmes (6). 
(Dict. Univ.) 

Enfln, ce mot désignoit une espèce d'armure : 

< Donner Tassant aux gros tessons et vulpins en 
« leur fort, et rompre leurs chamastes, plocu» 

< paraspels, et les avoir par mine, et contre-mine, 
« jusques au centre de la terre, pour en avoir les 

< peaux à faire des carcans pour les arbalestiers 
• de Gascogne. » fFouilloux, Vénerie, fol. 75, R* (7).) 

On a dit proverbialement : « Mettre un carcan au 
« col de quelqu'un, » pour signifler l'étrangler ou 
en général attenter à sa vie. « Durant la vie du dit 

< duc de Brabant, y eut un nommé Jean Chevalier, 
« qui voulut mettre à icelui duc un carquant au col, 
« à la requeste, comme si l'on disoit de la comtesse 
« douairière de Hainault. » (Monstr. Vol. II, fol.33.) 

VARIANTES l 
CARCAN. Orth. subsist. 
Carquan. Nicot, Dict. 
Karkan. Ph. Mouskes, MS. pasHm. 
QuARQUAN. Id. ibid. 

Charchant. Du Cange^ au mot Carcannum. 
Chargant. Id. au mot Boy a. 

Carcas (8), subst. masc. Carquois. 

Quant amours ot oy mon cas, 
Et vi qu'à bonne fin tendi. 
Il remit sa flesche au carcan. 

Al. Chart. Bzattttkm Poêt. p. 530. 

VARIANTES : 
CARCAS. Dict. de Borel et de ComelUe. 
Calquas. Fauchet, Orig. Liv. U, p. 106. 
Carcois. Du Cange, au mot Carcaisaum. 

Carche, subst. fém. Charge, fardeau. —Charge, 
commission. — Commandement, gouvernement. — 



(1) Latin pastua^ nourriture, (n. e.) — (2) Diminutif de pain. (n. e.) - (3) Carcaillot est encore l'un des noms vulgaires de 
la caiUe. (n. e.) — (4) On lit en effet dans Abbon (de obsid. Paris, lin. II, v. 427) : c Arietes, vulgo carcamuaas resonatos, 
Dimisere duos. » L'armature du bélier ressemble autant à unnezcamiis qu'à une tête de moutor^; on disait même marmouUm, 
par une sorte de redoublement semblable à carcamusa. (Voir Borel.) (n. e.) — (5) On lit au xn* siècle, dans Raoul de 
Cambrai (v. 907) : « Un grant cherchant M ont au col lanciet ; Li enfes pleure ne se set consiUier. > Dans Thomas Ifà 
Martyr (v. 73), la forme est carcan : c'est aussi celle des lois de Kanut (ch. 56) : « In prima accusatione ponatur in 
carcanno, et ibi sustineat, donec ad Del judicium eat. » C'était le collare des Latins (Lucilius, sat. XXIX, 15, édition 
Gerlacb.) (N. e.) — (0) Le carcan d'orfèvrerie, dès le règne de Charles VI, s'étalait sur le collet, pèlerine montante lacée au 
haut de la houppelande. La mode en persistait au xv* siècle, car on lit au Spécule des pécheurs écrit en 1468 : c Elle 
(l'accouchée) a carcans autour du col, bracelets d'or, et est plus parée qu'idole ni reine de cartes. > M. de Laborde (EmatiâP, 

§. i9S) cite pour le xvi* siècle : c Un carcan, esmeraudé de perles et de rubis. » Hs persistèrent au xvn* siècle, et voltaire, 
ans sa 28* Epitre, écrit encore : c Cïes riches carcans, ces colliers. Et cette pompe enchanteresse. Ne valent Mts un dee 
baisers Que tu donnais dans ta jeunesse. » (N. b.) — (7) (k>mparez édition Favre, fol. 56, V. (n. e j - (8) Les .Turcs, fort 
habiles au maniement de l'arc avaient perfectionné cette arme et fleirent imités par les croisés : c Traiez des ars turcais », 
est-il dit dans Roncisvals (xii* siècle, p. 74). Au même temps se montre le targuais, du bas-grec taçxàiKoy CturkoMch, ^ 
turc), étui à flèches : c Car li pecheor tendus ont lor arc et apparilliet Vont, Lor sajettés et lor targuais, Por saîter les 
homes vrais. » (Liber psalmorum, xiiP s, p. 268.) Au xv* siècle, dans Perceforest (t. VI^ ch. 53), on lit encore : < Plusieurs 
sagettes toutes en son turguois. » Quant a charguois, qu'on trouve dans le Ménaaier (xrv* siècle, t. II, p. 170 et 306), U se 
dit des carcasses d'écrevisse et de poulet, et doit avoir même origine que ce mot. Enfin, au xvu* siècle, carguois est le latin 
carchesium, hune, c Carguois est le haut bout du mast où il y a certains pelions propres pour tirer la coitle attachée à la 
verge. » (Le P. René François, Essay des merveilles de nature, 16S0, p. 106, dans /ai.) (N. e.) 



CA 



— 238 — 



CA 



Charge, impôt. — Hypothèque, caution. — Rede- 
vance. — Multitude. — Troupe. — Cortège. — 
Attaque. — Cartouche, — Accusation. — Calamité, 
malheur. 

On dit encore charge^ avec plusieurs de ces 
acceptions ; celles qui ne sont plus d*usage dérivent 
pour la plupart de la signification propre charge, 
fardeau. Quoique Torthographe subsistante nous 
offre quelques acceptions qu'elle ne partage point 
avec les autres, cependant nous n*en faisons qu'un 
article, puisque les acceptions propres sont com- 
munes aux unes et aux autres. 

Charge, pour signifier poids, quantité, a été em- 
ployé dans bien des sens : 

!• « Charge de cheval doit être de 300 livres 
« pesant. » (Coût, de Xaintonge, au Coût. Gén. 
T. II, page 660.) 

2° « Mesure de Paris, à raison de trente deux 
« pots (de vin), pour charge. * (Coût. d'Auvergne, 
Coût. Gén. T. II, page 498.) 

3** « Deux naniers de cire font une charge. » 
(Ane. Coût. d'Orl. à la suite de Beauman. p. 474.) 

4' • Charge d'avoine à double mesure, xv sols 
« tournois. » (Coût. d'Anjou, Coût. Gén. T. Il, p. 105.) 

5' « Chacune sexterée, prinse pour charge de 
« cheval. » (Coût, de Poitou, Coût. Gén. p. 592. — 
Voyez Du Cange, au mot Sexquartaria.) 

é' « Charge de cuivre est de 6, ou 700 livres, 
« péage d'Arboise. » (Falcon.) 

T « Charge de figues emmiellées, de 300. » (Falc.) 

On disoit aussi carchie, avec la signification de 
quantité, comme dans ce proverbe : 

Mainte fois petite coignie 
Abat de busche grant carchie. 

Rom. de Florim, dté par Dn Gange, an mot Bu$ea, 

CarchCy au figuré, se prenoit dans le sens de 
commission. 

.... De ce fait que je vous recarcbe, 
Et dont je vous baiUe la carche^ etc. 

Enst. Desch. Poés. MSS. fol. 484, col. i. 

« La Charge et créance donnée au père Mathieu 
« Aquarius, » dans les Mém de Villeroi, T. IV, page 
289, est une commission. 

Un gouvernement est une espèce de commission 
particulière. De là, on a dit : la charge de Basse- 
Normandie^ pour le gouvernement de la Basse- Nor- 
mandie. (Hist. d'Artus III, duc de Bret. p. 789.) On 
disoit à peu près dans le même sens : La charge de 
cent lances y pour le commandement de cent 
lances (1). (Hist. de Ch. VIII, par Jaligny, page 19.) La 



charge d^une armée signifie le commandement d'une 
armée, dans les Mém. de Du Bellay, Liv. VIII, f>260. 

Charges, au pluriel, s'emploie figurément encore 
aujourd'hui pour impôts. On écrivoit charches au- 
trefois dans le même sens: « Tailles, ceuillettes» 
« et autres charches communes. » (Ordon. des R. 
de Fr. T. I, p. 73.) 

Ce mot est mis pour hypothèque, caution, dans 
cette phrase : « Demeurèrent la ville de Douay et 
« celle de l'Isle, à luy (comte de Flandres) en grant 
« argent de charge, et furent ces villes attribuées 
< à Flandres , pour cause de gage. » (Froissart, 
Liv. I, page 357.) 

De là, rent, charge, semble signifier rente, hypo- 
thèque, dans les Tenur. de Liltleton, fol. 47, où il 
distingue trois sortes de rentes : rent service, qui 
paroit la rente féodale ; rent charge, qui paroit la 
rente hypothèque en vertu de contrat par force de 
la scripture; et rente secke. 

On dit encore charge pour redevance. Nous ne 
citons cette acception que pour remarquer qu'on 
écrivoit cherche. Dans l'Ordonn. de Paris on lit : 
« Cherches, et servitudes que doit un fié, » et cette 
expression à la charge, encore en usage, mais qu'on 
écrivoit quelquefois à la chierge. (Goût, de Sens, 
Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 326.) 

En appliquant au mot charge Tidée de quantité 
numérique, il s'est pris pour nombre, multitude : 

Car trop en i mourut grant charche. 

G. Guiart, US. fol. iiG, V«. 

On a particularisé cette acception. De là cluirge 
de gens d'armes, d'archers, désigne une troupe de 
gens d'armes, d'archers, dans Froissart, Liv. I, 
p. 108 (2). On lit dans le même historien. Vol. III, 
ch. 4 : Charge de compagnons, dans le même sens. 

Carche semble mis pour cortège^ dans les vers 
suivans. Alors cette signification pourroit dériver 
de celle qui précède : 

Nul ne te suit, ne te fait carche, 
Va t'en de cy, fuy toy^ desmarche. 

Eust. Dwch. Poêt. MSS. fol. 378. 

Nous disons encore charge pour attaque, dans 
cette expression : Sonner la charge, et autres sem- 
blables. On lit donner une charge sur mer, pour 
attaquer, livrer combat sur mer. (Froissart, T. I, 
p. 9.) Nous trouvons cargue, au même sens, dans 
cette façon de parler, faire cargue, c'estrà-dire 
charger l'ennemi. (Montluc, T. I, p. 137.) 

Il paroit qu'originairement les cartouches s'ap- 
peloient charges de bandoliers , qui sans doute en 



(1) VUlehardouin l'emploie déjà dans ce sens (éd. de WaiUy, § 322): c Et ot mult grant ost ensemble, et le charja 
Costentin son frère. » Henri de Valenciennes (id., § 549) écrit de môme : c Et si U carga wistasse son firere o deus batailles 
de se gent. > JoinvUle étend le sens du mot ; ce ne sont plus des armées, mais des conseils que ron charge^ que l'on 
confie : c Us respondirent tuit que U avoient chargié à monsignoMr Guion Mal voisin le conseil que il vouloient donner au 
roy. 1 (Ed. de Wailly, § 422.) H prend enfin le mot absolument pour donner un ordre (§ 2èi) : c Dont il estoit ainsi que 
goant li soudans vouloit o/iargier, il envoioit querre le maistre de la Haulequa et U fesoit son commandement. > Froissart 
écrit dans ce sens (éd. Kervyn, XIV, 171) : c II lui est chargié que U vous délivre aucune chose » ; et aussi dans le sens de 
confier (II, 900) : c MiUe merchis de le grant honneur que vous me faittes, que vous, si noble et si grant cose et tel trésor, 
me cargiés et recommandés. » (n. b.) — (2) C'est plutôt une troupe de soldats réunis sous un même commandement : c Là 
entra en mer et touttes ses gens ossi, dont il y avoit belle cargp. et pooient estre quatre mille hommes d'armes et dix mille 
arcbiers. > (Ed. Kervyn, IV, 377.) Â la page 51, on Ut de même : c Quant messires Loeïs d'Espagne et toute se carge furent 
Tena en Tost monseigneur Charle de Blois. » De là vient l'expression avoir de sa carge, avoir sous son commandement : c E 
et de 9a carge trois cens lances et deus mille archiero. (IV, 12.) > (n. b.) 

m. 80 



CA 



— 284 — 



CA 



avoient introduit Tusage. « N'usions point encore 
« de charges de bandoliers, mais de nos fournimens 
« seulement (1> » ^Brani. Cap. Fr. T. IV, p. 300.) 

Comines et Froissart employent cliarge pour 
accusation (2). Ce mot se dit encore, en ce sens, en 
langage de procédure criminelle. Froissart, Liv. II, 
p* 167, dit : « Donner la charge, » pour imputer la 
faute. 

Enfin on dit encore, au figuré, le poids des mal- 
heurs. C*est en ce même sens que charge s'est pris 
pour malheur, catastrophe. 

Adongues, guanqu'en cest monta, 
Tout fut noié, par celé charchef 
Fors Noé, qui remest en Farche 
Ses fUz, ses ilUes et ses choses. 

G. Guiart, MS. fol. 93, R*. 

Il faut remarquer qu^autrefois on nommoit la 
grand charge celle de receveur général de Langue- 
doc qu'avoit Jean Sapin, sous François I". (Nobil. 
de Turin, p. 26. — Voyez Kerre.) 

VARIANTES * 

CARCHE. Percef. Vol. II, fol. 84, V* col. 1. 
Charche. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 73. 
Cargue. Contes de Cholière, fol. loi, V<>. 
Carcuie. Du Gange, au mot Busca. 
QuERCiiE. Eust. Desch. Poës. MSS. 
' Cherche. Cherge. 

Ghierge. Coût, de Sens, Nouv. Coût. gén. T. I, p. 326. 
Charge. Orth. subsist. 

Capchedoyne, subst. fém, Chalcédoine (3). 
Espèce d*agathe. Elle est propre à être gravée. (Voy. 
Poes. de Rem. Belleau, T. I, fol. 43.) 

Carchep, verbe. Charger. — Confier. — Grever, 
être à charge. — Porter, être chargé. — Prendre, 
saisir (4). 

Ce mot subsiste encore sous Torthographe de 
charger. On a dit carguer au premier sens : « Il a 
« esté deffendu, por ce qu'il carquoient si lor 
« mesons et lor héritages de tix choses... qu'on 
« lessoit après les mesons, porce que eles esloient 
« trop carquies, » (Beauman., XXIV, 20.) De là : 
Carchier une pénitence^ pour imposer une péni- 
tence. (Vies des SS. ms. de Sorb. ch. 27.) 

Charger se prend encore, au figuré, pour confier ; 
mais on ne diroit plus : < Chargea la première 
« bataille à son frère, chargea la seconde à son 
• cousin. » (Hist. de B. Du Guescl. par Mén.p.257.) 
C'est-à-dire il confia le commandement de la 
première ligne, etc., etc. 

A Vescole velt envoyer,.... 
 un bon mestre le charja, 

Flotre et Blanch. MS. de S. 6. foL 104, R* eoL 1. 

On lit carcher, au même sens, dans ces vers : 



Sain, et en bon point le vous earehe ; 
Envers Dieu, et vous m'en detcarche. 

Eu»t. Deccli. Poéi. MSS. fol. 5S8, eoL t. 

On trouve quarquer dans le sens de grever, 
fatiguer, peiner. 

An col ly mirent un cruarqoant^ 
Qui moult ly va le col quarquant. 

ilitt. des Troui Maries, eo t«s, M8. 

Eust. Deschamps s*est servi de charger , avec celte 
signification, pour être à charge : 

Ai servi Royal Lignie, 

Sanz charger, sans estre marchans, etc. 

Bust. Desch. PeCs. MSS. foL Stt.ooL i. 

Cargier signifioit aussi porter, être chargé : 

.... Tous les maux me fait cargier 

Aiâwios Poës. MSS. avant i3()0, T. III. p. i013. - 

Nous aurons quanque terre carche. 

Cort. d'Art. MS. de S. G. fol. 83. V coL S. 

Enfin, charger désigne évidemment prendre , 
saisir, dans cette phrase: « Se tira arrière, tant 
« pour prendre sa course que pour charger Tune 
« des lances du Centaure, et de fait, en choisit une 
« telle que ceux qui la virent faisoient doute qu'il 
« n'en peust jouir aisément. » (D. Flor. de Grèce, 
fol. 156.) On disoit,dans ce sens, charger les armes 
pour prendre les armes. (Pasq. Leltr.) Charger la 
croix pour prendre la croix. (Ibid.) Charger une 
maladie, prendre une maladie, tomber malade. 
(Chirac, Coût, de la Mer, p. 25.) 

CONJUGAISONS : 

Carga, prêter. Chargea. (P'* de Corbie, Poës. mss. 
avant 1300, T. III, p. 1060.) 

Cargierent, prêter. Se chargèrent. (Oict. de Bor.) 

Chargant , partie, prés. Chargeant , à charge. 
(Eust. Desch. Poës. mss. fol. 16.) 

Chargearent, au prêter. Chargèrent. (Rab. T. I.) 

Chargent, participe présent. Chargeant, à charge. 
(Font. Guer. Très, ae vén. ms. p. 42.) 

Chargismes, prétérit. Chargeâmes. (Contes de 
Cholières, fol.221, R».) 

Charja, prêter. Chargea. (Fabl. mss. du R. fol. A.) 

variantes : 

CARCHER. Beaumanoir, p. 1SS6. 

Carchibr. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 140, Y* col. 2. 

Quarquer. Hist. des Trois Maries, en vers. 

Garouer. Cotgrave et Oudin, Dict. 

Cherjier. Duchesne, Gén. de Bar-le-Duc, p. 30. 

Cherjer. Ouchesne, Gén. de Bar-le-Duc. p. 3S. 

Garjer. Fabl. MSS. du R. n« 7989, foL 241, R* col. S. 

Carger. Bore), Dict. 

Charcher. g. Guiart, MS. fol. 131jjl«. 

Cherger. Petit J. de Saintré, p. 327. 

Ghargier. J. Le Fèvre de S< R. Hist. de Ch. VI, p. & 

Gharjer. Floire et Blanchefl. MS. de S. G. toL ld4, R«. 

Gharger. Orth. subsist 



(1) M. Quicherat {Histoire du Costume, p. 414) éclaircit ce passage de Brantôme : c L'usage du mousquet a donné l'idée 
des charges de bandoulière. A cause de la grande quantité de poudre qu'il faUait brûler pour chaque coup, on imagina 
d'attacher au baudrier du soldat plusieurs capsules toutes remplies à la mesure de l'arme, outre ce qu'U y avait dans son 
fourniment pendu au bout du même baudrier. » Les aiguiUettes d'épaule rappellent la forme de ces chargea et leur doivent 
peut -être leur origine. (N. e.) — (2) Gommines (1. 1) écrit : < Et Vavoit fait emprisonner, lui donnant charge qu'il eatoit 1& 
venu pour... » Gharles d'Orléans (Songe en complainte) le prend au sens de reproche : « Sans avoir charge aucune, i (n. lO 

— (3) Palissy , au xvi* siècle, écrit : c Quant est du calctdoine, » Aux Emaux de de Laborde (xv* siècle, p. SOO), èette 
pierre est nommée cassidoitte; le Romancero de M. P. Paris (xiu* siècle, p. 59) la nomme ainsi que nous, calcédoine, (H. B.) 

— (4) Louis XI (6* Nouv.) le prend encore au sens de soûler : c Geux qui avoient esté présents où nostre ivrogne s'ostoit 
chargé, » Au xvi* siècle, Montaitme écrit au sens de se gasner (1, 101) : « Les maladies qui se charaent de l'un à l'autre »; 
et aussi au sens d'attribuer (II, ^/3) : c Le degousté charge là fadeur au vin ; l'altéré, la friandise. » (N. B.) 



CA 



CA 



Garchlofe, subst. mase. Artichaut (1). 

YABIANTES : 
CARCHIOFE. Monet, Dict. 
CA.RCHIOPHE. Nicot, Dict. 
CiBCHiOPE. Ottdin, Dict. 

Gardacle, subst. fém. Sorte de carde (2). (Did. 
d'Oudin.) 

Cardamome, subst. fém. Graine de paradis C3). 
(Dict. d'Oudin.) 

Garde, subst. Il n*est pas aisé de déterminer le 
sens de ce mot, dans le passage suivant : « Quant 
« il sera en son lict, pendant le temps (en attendant 
« qu'il soit réveillé) de son réveillier , il sera 
« amendé, c'est assavoir avec ung couvertoji d*or, 
« appelle sigleton, et ce sera lure du carde. » (Le 
P. Daniel, Milice Fr. T. I, p. 102.) Cet auteur cite : 
« L'ordonnance et manière de créer, et faire nou- 
» veaulx chevaliers du Baing au temps de paix, 
« selon la coustume d'Angleterre. » 

Cette même ordonnance est rapportée par Du 
Cange, au moi Miles (4). Peut-être faut-il entendre par 
lure du carde une heure de la nuit, comme quatre 
heures du matin, ou Theure de veiller, de faire son 
quart, comme on dit encore en termes de marine. 

Gardiaque, adj. On dit encore passion cardia- 
ue, pour cardialgie^ en termes de médecine. (Dict. 
•Oudin.) 

Gardier , subst. masc. Marchand de cardes. 
(Dict. d'Oudin.) 

Gardinal, subst. masc. Ce mot subsiste sous 
cette orthographe. Nous ne la citons que pour 
rapporter ses acceptions anciennes devenues hors 
d'usage ; on disoit : 

1* Faire cardinal pour décapiter. (Oudin, Cur. 
Fr.) < Menot mesmement se plaind que de son 
« temps, quand il y avoit des prescheurs qui vou- 
« loient mener la vérité en la chaire avec eux, on 
« les menaçoit de les faire cardinaux^ sans aller 
« jusques à Romme, et leur faire porter le chap- 
« peau rouge ; ne plus ne moins que S* Jean ayant 
« amené la vérité en la cour d'Hérode y laissa la 
« teste. » (Apol. p' Hérodote, p. 76. — Voy. Rab. 
T. î, p. 215.) De là rexpression cardinal en grevé (5), 
pour «signifier un décapité. (Dict. d*Oudin et de Got.) 

2» Le ris d'un cardinal semble une façon de 
parler proverbiale, pour exprimer un rire ridicule. 

rit si très orriblement 

Qu'il semble folz ; tant li siet son ris znal. 
Que ce semble le ris d'un cardinal. 

Etttl. Deich. Poes. MSS. fol. 218. 

Quant à ce qui regarde les autres orthographes 
de ce mot, nous n'avons rien à ajouter aux auto- 



î 



rites alléguées sur chacune d'elles. Nous citeroos, 
cependant, les passages suivans sur l'une des plus 
singulières de ces orthographes , c'est oelle de 
cardonall : 

L'apostoile, 11 cardonail, 
Et li prélat qui gouvernail 
De Sainte Yglise doivent estre. 

HUt. de S** Léocade, MS. de S. 6. fol. S9. V* . 

Nousremarqueroas aussi les pluriels(^r(tonatiit(6) 
et cardonas, cardonials et cardinials, et nous trans- 
crirons l'endroit suivant où il y a un jeu de mots 
de fort mauvais goût, mais fort singulier, au sujet 
de chardon et de cardinal^ écrit dans cette pièce 
chardonal : 

En chardonal (7) de cor n*a point, 
Que chardonax^ con chardon point : 
Ôl qui ne done as chardonax 
Poignant truevent con chardons ax : 
Li chardonal tôt eschardonent 
Les eschars qui donc chardonent ; 
Mais preudom ont enchardonè 
Chardonal son enchardoné, 
Por ce peignent comme chardon 
Gax qm lor donent eschardon ; 
Qui tel chardon vient empoigner, 
Si U emple bien le peigner, 
Ou li anplisse au ij les polnz : 
Des chardonax n'est mie poinz 
Qui sovent done granz poigniées : 
Li chardonal, sous li sont coigniées 
Dont asomée est seint Eglise. 

Hist. de s** Léoc. MS. de S. G. fol. 29, V col. l. 

VARIANTES l 
CARDINAL. Orthog. subsist. 
Cardinial. ViUehardouin, p. 155. 
Kardenal. Pb. Mouskes, MS. 
Chardenal. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1662. 

QUARDENAUL. 

Chardonal. Dict. de Borel. 

Cardonal. Fabl. MSS. du R. n» 7615, foL 103, R» col. 1. 

Cardonnal. Geofr. de Paris, MS. du R. n* 6812, fol. 55. 

Cardonial. 

Gardonail. Hist. de S<» Léocade, MS. de S. G. fol. 29, \: 

Cardinale, subst. fém. Pièce d'artillerie. (Dict. 
Etym. de Ménage, et le Dict. d'Oudin.) 

Cardinale, adj. au fém. On a employé ce mot 

i)Our épilhète de vérole. (Sauvai, Amours des R. de 
^r. T. ni de THist. de Paris, p. 40.) 

Cardinalicule, subst. masc. Diminutif de car- 
dinal. (Lett. de Rab. p. 39.) 

Cardlnalin, subst. masc. Jeune cardinal. (Dîct. 
d'Oudin.) « Vous me faites souvenir du pape Jules 
« de Monte qui donna le chapeau de cardinal à un 
« jeune enfant, qui à celte cause fut nommé cardi- 
« nalin. » (Bouchet, Serées, Liv. III, p. 221.) 

Cardinaliser, verbe. Faire rouge. (Dict. d'Ou- 
din.) Ce même auteur dit que ce mot signifloit aussi 
faire cuire des écrevisses. On lit cardituiliser^ pris 



(X) C'est ritalien carcioffo, dérivé de Tarabe alkorchouf, aUharchaf, d*après Dozy et M. Devic. (n. e.) — (2) La cadosne 




06 par l'apostoUe de Rome. » (n. b.) 



CA -S 

en ce sens, dans ses Curiosités françoises, mats 
c'est une faute. 

Cardlnalité, subst. fém. Cardinalat. Dignité 
de cardinal. Le pape accorda à Philippe-Auguste, 
que • Jacques et Pierre frères, jadis cardinaux de 

■ la coulopne , lesquels le pape Boniface avoit 

■ dégradez de leur cardinalite (1)> Qu'ils fussent en 

■ leur premier état restitués. > (Chroa. S' Denis, 
T. II. fol. 137.) 

On lit dans Comines, au sujet de l'évéqne de 
Verdun, sous Louis XI : ■ Cest évesque, d'autre 

■ costé, promit plus qu'il ne pouvoit au Roy, et 

■ espéroit par là de venir à la cardinauté, mais 

■ n'ayant pas pu faire ce qu'il avuil promis auprès 

• du frère du Roy, il fut fort mesprisé à la cour, 
« qui mesure ordinairement les hommes par l'avan- 

■ tage qu'ils en espèrent tirer. * (Hém. de Comines, 
T. m, Preuv. p. 74.) 

TAHiÀMTEB : 

CARDINALrrÉ. P. Desrer, h U suite de Honst. fol. 96. 
CAnDiNAUTÈ. Hém. de ComineB, T. UI, PreuTCa, p. 74. 

Cardonnay, subst. masc. Lieu plein de char- 
dons. C'est en ce sens qu'on lit: > Tendes aux 

■ chardonneureuxenungcfuir(ionnay(2),etoslezle3 

• chardons d'emmy, la raiz, etc. > (Modus et Racio.) 

TARUKTEs : 
C4RD0NNAY. Modus et Racio, HS. foL 174, R*. 
CiuiU>ONNAY. UodUB et Racio, fol. 84, V*. 

Gare, subst. fém. et masc. Visage (3). — Mine , 
contenance. 

On trouve ce mot, au premier sens, dans Du 
Gange, au mot Accaratio, (V. le Dict. dé Cotgrave, 
etLaar. Gloss. du Dr. Fr.) C'est la même chose que 
le mot provençal Cara, dont nous avons parlé. De 
I& on a dit aller care levée, pour aller tête levée. 

Cave signifie mine, contenance, dans les passages 
SUivans : 

Hon frère Lazare 
Tient baulte care. 

KUt. dD Th. Fr. T. I, p. IH. 

L'éditeur explique care par train, équipage, 
habillement; mais il se trompe vraisemhlahlement. 

Le baron d'Oppede, dans sa Trad. des Triomphes 
de Pétrarque, fol. 69, dit: < Qui bien montroilquel 

• carre d'homme avoit. > Ce mot semble masculin 
en cet endroit, il est féminin dans le passage pré- 
cédent. On Ut dans Brantôme, Cap. Pr. T. IV, page 
325, en parlant d'une troupe de guerre : ■ Dieu sait 

■ quels nommes, tous carres de princes, etc. ■ 

Aprèa tuX mis, par mer, en terré 
Un gros sl^e, par devaDt Bourg, 
Qui est forte place de carre. 

Vig. da Ch. VU. 



î- CA 

variantes; 
CARE. Hiat. du Th. Fr. T. I, p. 353. 
Carre. Vig. de Charles VU. 

Garée, subst. fém. Charretée. (Du Cange, aux 
mots Carra et Carrada.) « Peuvent aller qumr lea 

■ dits fumiers, après que le censiw a prins uoe 

■ carée. ■ (Coût, de Hamblain, Nouv. Goût. Gin. 
T. Il, page 412.) 

On en aurait une carée, 

Voire quatre, pour deux loyanx. 

VnïwBt, Pool. usa. [4) 

Les paysans disent encore carée, en Normandie, 
dans ce même sens, parce qu'ils disent uncorpour 
un chariot. (Voy. Carrado et Cartée.) 

VARIANTES : 

CARËE. Nouv. Coût. GéD. T. II, p. 413. 
Charrëe. Coût. Gén. T. I, p. ait. 

Garemesse, subst. fém. Fêle bachique. Ces 
sortesdefélessontconnuesen Flandres. Le passée 
suivant est une peinture des excès qui les accom- 
pagnent: ■ Je les trouvay l'un endormv, le nez sur 

■ son assiette, l'autre renversé sur le nanc, Sydias 

■ couché tout plat sur les carreaux, la moitié des 

< escuelles à terre, presque un muid de vin, ou 

■ vomy, ou renversé, une musique de ronflements, 

■ une odeur de tabac, des chandelles allumées, 

> comme devant des morts, bref, tout cela m'appa- 

■ roissoit d'un visage esLranger, cela tenoit des 

■ caretnesses des Pays-Bas. * ((Euv. de Théopli. 
2, Preuv. page 34.) 

VARIANTES : 

- - ..34. 

u,p. 1 

Carence, subst. fém. Omission. (Dict. d'Oudin 
et de Coterave] ■ Le péché n'est riens, fors ea- 

■ rence (5) de bien. > (Lett. de Pasq. T. III, p. 583.) 

Carène, subst. fém. Le fond ou le corps d'un 
vaisseau. — Le vaisseau entier. 

Du Gange, dans son Gloss. latin, au mol Caréna, 
prend ce terme pour la carcasse du vaisseau. • J'ay 

■ bien veu aussi souvent de belles galères, et navi- 

< res se baslir et se refaire sur de vieux corps; et 

■ vieilles carennes qui valolent bien autant que 

■ celle qu'on batissoit et charpentoit tout à neuf, 

> et de bois neuf, venant de la forest. * [Brant 
Dames Galantes, T. II, p. 268.) Ce mot signifie le 
fond même du vaisseau, dans ce vers ; 



Ce mot est pris pour le vaisseau entier, dans le 
passage suivant : 

Les scavantes Serenes, 

Pour attirer d'Ulisae les earene», 
Lut prometlorent, etc. 

Poe». d'Am. JoqIb, p. IM. 



_, je Benedic hors de leur papalité et tous les cardbaulz ht ,, _ , 

dans le même sens : ■ La ehardonniere sera sarclée curieusement. ( Chardonnay aubsiste comme nom dÀ Uea M 
Saàne- et -Loire, Cardontiou dans la Seine-Intérieure, (n. e.) — (3) C'est le mot chère que nous employons encore. (N. K.) — 

(4) On lit ausei dans lea Chroniques (t. IX, p. 358) : ■ Si envoyèrent en l'oost vi tarées de pajna et otant de vioa. > (n. S.) - 

(5) On Ut dans Cliastel (Eloge du bon duc nûlippe) ; • Pitié aerolt si l'itme «a avait carence par abus en ce nwod*. » 
Carence a ici le sens du laUn carere, manque absolu, (n. x.) 



CA 



— 237 — 



CA 



TARUNTES I 
CARENE. Du Gange, Gloss. latin, au mot Caréna, 
Carine (1). Rob. Est. — Oudin, Gotgrave, Dict. 

Carenty adj. Exempt. On a dit, en ce sens : 
• Carents d'iofamie publique. » (Coût. Gén. T. IL 
— Coût, de Berry, p. 343.) 

Carerage, subst. masc. Charroi. « Ce sont les 
droits de la bouteillerie en la ville d'Orliens, 
sçeu et baillé par Jehan le Cordier. — Premiè- 
rement, la jurisdiction sur les buffetiers, et 
Tamende jusques à six sols, et aussi sur tous les 
crieurs de vin, et donne les criages dont il a 
quatre crieurs. — Item, tous ceux qui ont 
carerage^ donnent vingt huit deniers au bou- 
teiller, et aussi du plus ou du moins » (d*après le 
P. Anselme). 

Garesme, subst. masc. et fém. Carême. Qua- 
rame^ quaramme et quaranme(2), dans S* Bernard, 
Serm. fr., répond au latin jejunium et qtmdraga- 
9ifna. M. de la Porte, dans ses Epithètes , a fait ce 
mot des deux genres. On disoit autrefois: Alonger 
le caresme de quelqu'un, pour prolonger sa peiiie. 

Oui m*a mon caresme alongié. 

FabL MSS. do R. n* 7218, foL 61» V* col. 2. 

Nous citons quelques proverbes : 

lo Le caresme des veuves s*est dit proverbiale- 
ment pour les quarante jours qu'une veuve a droit 
de passer dans la maison de son mari mort, et pen- 
dant lesquels elle est nourrie, jusqu'à ce que sa dot 
lui soit rendue. (Du Gange, au mot Quarentena (3).) 

2* Un saint de caresme est une personne qui 
mène une vie cachée, parce qu'en carôme on 
couvre les statues des saints dans les églises. (Dict, 
d'Oudin.) 

3** Bien et beau s'en va caresme , c'est-à- dire : 
« Le Carême s'en va tout bellement ; tout douce- 
« ment, à la bonne heure. » (Le Duchat sur Rabe^ 
lais, T. IV. - Nouv. prolog. p. 28.) (4) 



TARIANTES: 

CARESME. Epithètes de M. de la Porte. 
Carenb. Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. 
Karesme. Les Marg. de la Marg. fol 299« R<». 
QUARAME, Quaramme et Quaranme. S* Bern. Serm. fr. 
QuARESME. Borel, Dict. \^ add. — VUlehardouin, p. 190. 
Quaresmel. Jean Herars. Poês. MSS. 
QuARREMEL. Ibid. autre MS. 

Caresmeau, subst. masc. Le chrême (5). Le saint- 
chrême servant dans Tadminislration de plusieurs 
sacremens, comme le baptême, etc., c*étoitla sage- 
femme qui le portoit. (Y. les Honn. de la Cour, ns.) 

Caresmeaux, subst. masc. plur. Le mardi- 
gras. — Deniers jours gras (6). 

Ce mot signifie le mardi-gras, dans ce passage : 
« Après le lundi 10 février, le 11* jour des cares- 
« meaux, le Duc retourna à Bruges. » (Chron. 1400- 
1476, au !¥• T. de Louis Xï, de Godefroy, p. 379.) 

Quaresmaux (7) se dit pour les derniersjours gras, 
dans le Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 151 ; car dans la 
note, on interprète ce mot : « Les 3 derniers jours. 
« avant le caresme. > 

VABIA14TES : 

CARESMEAUX. Math, de Coucy, Charles Vl, p. 567. 

8UAREMIAUX. Froissart, Poës. MSS. 
UARESMAUX. Nouv. Cout. Géu. T. II, p. 151. 
QuARESMEAUX. CotgT. Dict. — MoUuet, p. 196. 

Garesme-entrant (8), subst. masc. Le carnaval. 
Le jour qui précède le carême. (Dict. de Monet, au 
mot Carneval, et Du Cange , aux mots Quadrage- 
simorintrans et quaresmentrannus.) Ce mot, com- 
posé de deux autres, signifie que le carême est sur 
le point d'entrer ou de prendre commencement. 

On a dit proverbialement : 

!• Trancher du caresme-prenant, pour faire du 
fanfaron. Peut-être se divertir ou se parer magni- 
fiquement. 

La belle eaue rose a laver les mains, 
Tranchée" du caresme-prenant (9), 



(1) Paré (IV, 16) emploie aussi la forme carine : « Uespine est comme siège et fondement de tout Tassemblaoe et liaison 
du corps, comme la carine est le fondement de tout le navire. » Plus anciennement, la carène eut été nommée colombe, 
columba (Contract. navigii Reg. Franc, cum Venet. an. 1268, B. N., l. 8106, folio 199, v«) : « Navis, quse vocatur sancta Maria, 
est longa pedibus .cvm., quse longitude est de pedibus xxx. in columba. > (n. e.) — (2) « Nous entrons hui (hodiè\'chiet 
firere, el teno del saint quaramme, » (S* Bernara, à la suite du Livre des Rois, p. p. Leroux de Lincy, 1841, p. Soi.) (n. b.) — 
<3) Ed. Henschel, t. V, p. 543, col. 3. (n. e.) — (4) Au xiv* siècle, mars en carême était déjà un dicton : c Je congnois 
monseigneur à tel que vous Tarez ; Ne que mars en karesme faiUir vous n'y povez. » (Cuvelier, v. 18118.) Louis XI, dans ses 
Nouvelles (88*), joue avec ce mot : c II sembloit qu'ils (les sergents) voulsissent tuer un caresme, si fiers estoient. » U faut 
entendre caresme^prenant (voir plus bas Texpression tuer un caresme-preruint). Enfin Le Roux de Lincy (Proverbe, I, 95) 
cite ces proverbes du xvi' siècle : c L'eau gaste moult le vin, Une charrette le chemin, le quaresme le corps humain. » 
c Caresme ou jeune n'ennuient pas Qui fait grand chère à tous repas. » (n. e.) — (5) Il faut lire ici chrémeau: c'est le petit 
bonnet de linge fin, dont est coiffé Teufant baptisé après l'onction : c La chambrière ayant son surcot sur la teste A la 
mode du pays, oui est Cait comme un chrémeau, mais il couvre tout le corps et les espaules par derrière).... > (69* Nbuv. 
de Marguerite.) i^'étymologie, d'ailleurs, est chrême, (n. e.) — (6) On Ut aux NouveUes de Louis XI (33«) : c Mais je voue à 
lieu Qu'il a pris ses caresmaux, » Les jours gras sont passés: il faut jeûner et . -- - 



Dieu qu'il a pris ses caresmaux, » Les jours gras sont passés: il faut jeûner et se repentir. M. Littré, à tort selon nous, 
place cette citation sous carême, (N. E.) — (7) Plus anciennement on disait quaremiel : c Environ le quaremiel. > (Froissart, 
éd. Kervyn, VIII, 383.) Gachet (Recherches sur les noms des mois et les grandes fêtes chrétiennes, Bruxelles, 1865, p. 113 
et suivantes) se demande si le quaremiel désigne le mardi gras ; mais il incline pour le mercredi des cendres. Le pluriel 
était quaremiaux : c Et quatre chandeliers anuex. Et quatre qttaresmiaux prenans. » (Barbasan, Fabl., éd. Méon, IV, 179.) (N. s.) 
— (8) C'est surtout au midi qu'on disait caram entrant; au nord, on préférait dire avec Join ville : c Le fil au seio, que il 
aToient oerdu, en la bataille le jour de quaresme^^rîtant (§ 261). » Cette forme est déjà dans la Version française de Girard 
de Rossulon (p. 368) : « De ci ou'à une reste quarem pemant, » (n. b.) — (;9) On mettait alors tous les plats sur la table et 
^aea plus beaux vêtements sur le dos : « Â carême-prenant chacun a besoin de sa poêle. » (Matinées sénonaises, p. 218) De 
là cette réflexion de Marguerite de Navarre (35* Nouv.) : < En lieu d'amaigrir pour le jeune de caresme, elle estoit plus belle 
el plus flraische qu'à caresme-prenant, » La liberté de boire amenait la licence de tout dii^ (Â cat^esme-prenant et en 
yeodange Tout propos sont de licence), non de tout faire : c n faut faire carêmc'prenant avec sa femme et Pâques arec 
son cure* > (n. b.) 



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Cornette fourrée du moins, 
Cela est bien goutte prenant. 

Goquniart, p. 107. 

2* Tuer caresm^'pretiant. C/étoît une façon de 

{larler usitée, en parlant d'un fanfaron qui fait le 
aux-brave : « Usera de tant d'autres sots, et vail- 
« lans propos que tu dirois , à Touir parler, qu'il 
« doit aller tuer Car^swe-jwenan^, pour en avoir 
« la vessie. » (Dial. de Tahureau, fol. 30.) 

3' Caresme-prenant avec sa vessie, désignoit un 
homme mal fait. (Oudin, Cur. fr.) Dans les masca- 
rades populaires (1), les derniersjours de carnaval, 
Caresme-prenant est un personnage ridiculement 
habillé, et qui porte, pour attribut , une vessie de 
cochon enflée au bout d'un bâton (2). 

VARIANTES ! 
CARESME-ENTRANT. Du vêrdîer, Lect. div. p. 123. 
COARESME «ENTRANT. Du Cauge, à Caremetitrannus, 
Carimentrant. Des Ace. Bigarr. fol. 45, V». 
Carmentrant. Du Gange, à Caretnentrannus. 
Karesmb-entrans. Des Ace. Bigarr. fol. 45, V*. 
Karesme- PRENANT. Nef des Fols, fol. 47, V®. 
QuARESME-ENTRANT. Apol. pour Hérodoto, D. 347. 
^UARESME-PRENANT. Froi^sart, Liv. I, p. 435. 

Caresmel, adj. Qui est de carême. 

En pain, et en vin, et en sel, 
Et en viande caresmel. 

Fibl. MS. de s* Gtfm. 

Caresse, subst. fém. Ce mot s'employoit autre- 
fois comme terme d'amitié d'un mari a une femme. 

Et bien, ou voulôs-vous aller? 

Mon miel, ma douceur, ma caresse (3). 

(Binr. de Rem. Belleeu, T. H, p. 130. 

VARIANTES : 
CARESSE. Rem. Belleau, T. II, p. 130. 
Charesse. h. Estienne, conform. du fr. avec le grec. 

Caressement, subst. masc. Caresse, action de 
caresser. (Apol. pour Hérodote, préf. p. 25.) 

Caresseus, adj. Epilhète d'accueil. (Voy. Epith. 
de M. de la Porte.) 

Caret, subst. masc. Filet. — Carré de terre. 

On reconnoît aisément , sous ces orthographes, 
radjectifcarr^ (4), employé substantivement pourdé- 
signer une chose carrée en général. De là ce mot 
s'est pris pour une espèce de « filet quatre attaché 
« au bont d*un bâton , pour pécher les ables, ou 
« petits poissons. » (Laur. Gloss. du Dr. fr.) C'est le 
môme qn'ableret. 

Au second sens, ce mot signifloit une pièce de 
terre en carré. On trouve karet, avec cette acception, 
dans Du Cange, au mot Carretum. 



VARUNTES : 
CARET. Oudin, Dict. 
Karet. Du Cange, au mot Carrctum, 
Caré. Coût. Gén. T. II, p. 279. 

Carfour, subst. masc. Carrefour. 

Comment, de ce carfour, j'ay veu venir Philandre. 

Mefite, eonédie de P. Gora. act. 8. le. 6. 

Gargade, subst. fém. Cargaison. (Gotgrave et 
Oudin, Dict.) 

Cargousse, subst. fém. Cartouche. 

variantes : 

CARGOUSSE. Oudin, Dict. 
Gargousse. Orth. subsist. 
Gargouchb. Dict. Universel. 

Cariage, subst. masc. Charroi. — Embarras. 

Monet traduit charriage par chariot; proprement, 
c'est charroi : « Firent celle nuict secrettement pons 
« sur la rivière de Saine, pour passer à l'eDoroit 
« de S' Denis; ainsi se partirent; mais tout leur 
« cariage (5), et la pluspart de leurs bagages demou- 
« rerent. » (j. Le Fèvre de S* Rémi , Histoire de 
Charles YI, page 18.) 

' Ce mot est pris quelquefois, au figuré, poor eia- 
barras, suites fâcheuses. (Voyez Chariage-.) 

Fy de Vamour, et de son cariage. 
Qui rompt la foy de loial mariage. 

Les TriompbM de U Noble Danoe, fol. 135. 

VARIANTES .' 
CARIAGE. Les Triomphes de la Noble Dame, fol. 135. 
QuARiAOE. Faifeu, p. 33 et 99. 
Carriage. Oudin, Dict. 



Chariage. Du Gange, à Cariagium, Carria^um, 
Charriage. Id. à Charragium, Chadrigarium. 
Chêriage. Gr. Coût, de Fr. Liv. III, p. 397. 
Quériage. Eust. Desch. Poës. MSS. 
Querriage. Eust. Desch. Poës. MSS. 
Caréage. Oudin, Dict. Fr. Esp. 

Caribaudaille. Je crois qu*il faut lire ça ribaur 
daillCy dans ce passage : « Le conuestable reit mar- 

< cher sa bataille, et aller avant pour assembler à 

< eux, et leur escria caribaudaille (6) ; me vecy que 
« vous querez : venez à moy. » (Monstrelet, Vol. 
I, fol. 246.) 

Caribde, subst. fém. Oudin nomme ainsi une 
espèce de poivre (7). Selon le Dict, Universel, on a 
dit caribe pour Caraïbe, nom de peuple. 

variantes : 

CARIBDE, Caribe. Suppl. au Gloss. du Rom. de la Rose. 

Garibdis (8). Nom d'un écueil. 

Carieux, adj. Carié, pourri, rongé des vers (9). 
(Dict. d'Oudin.) 



(1} Carême prenant s'entendait aussi d'une personne masquée : c Vous voulez donner votre fille à un carême -prenant, > 
(Molière, Bourg, gent.y^V, 7.) «Au secours, au secours ; votre fille, on l'emporte; Des carêmes-prenants lui font passer la 




ji sert d'ordinaire à fabriquer les cordages. Le sens primitif est dévidoir : c Laquelle femme filoit au tour ou charret. » 
\J. 207, p. 134, an 1482.) On assimile le dévidoir à une charrette, à un chariot, (n. e.) — (5) Froissart (éd. Kenryn, X, 879) 
crit dans ce sens : c Si en estoit gardiens et capitaine Guillaumes de Luscebourne, liquels avoit là dedeas sa fomme et ses 
enfans et tout son cariage. » Au tome IV, 119, cest plutôt un transport: « Tout estoit remis à cariage et voiture. > (N. B.) — 
(6) On connaît le mot de Philippe VI à Crécy : c Or tos, or tos tués toute ceste ribaudaille : ils nous ensonnlent et tiennent 
le voie sans raison. » (Froissart, éd. Sira. Luce, III, 177.) (n. e.) — (7) Ne faut-il pas lire cari, assaisonnement composé 
d'épices en poudre, comme le piment et le curcuma ? On dit même manger un cari, pour manger un mets au cari. (N. s.) 
- (8) Charybde; comparez Virgile, Enéide, III, 429; Tibulle, IV, 1, 73; Properce, III, 10, 28; Manilius, IV, 803. {Jtf. B.) - 
(9) Paré (VIII, 10) écrit : c Lorsque Tos est carieux et pourri. » (n. e.) 



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Gariges, subst. masc. plur. Nom d'ua peuple. 
En 1636 , on re^ardoit les Cariges et les Cafres 
comme deux nations sans humanité. 

Carillaine. Mot limousin employé dans la Farce 
de Pathelin, p. 58. Peut-être faut-il lire calignaire ? 

Carillon (1), subst. masc. Ce mot subsiste, en 
parlant des cloches, dont il exprime le son. On Tap- 
pliquoit aussi au bruit du tambour. 

Sur leurs labours doublent à carillon. ' 

J. Marol. p. S4. 

On dit encore familièrement faire carillon^ pour 
se divertir. Celte façon de parler semble tirer son 
origine de l'ancien usage où Ton étoit, en 1594, de 
sonner la cloche dans une maison lorsqu^il arrivoit 
quelqu'un qu'on étoitbien aise de voir (2). On disoit 
autrefois dans le même sens : « Faire branler la 
« sonnette. » 

Garlmara. Selon Le Duchat, ce mot désigne 
les cris confus et les murmures d'une nombreuse 
canaille rassemblée de divers pays et de diverses 
contrées. C'est notre mot charivari (3). 

Les libraires se servent du mot carimara, pour 
un amas confus de livres et d'autres marchandises. 
(Le Duchat, sur Rab. T. I, p. 104.) 

Dans la Picardie, on appelle les bohémiens cari- 
mara. (Dict. Etym. de Ménage. — Voyez Dictionn. 
de Cotgrave.) 

VARIANTES : 

CÂRIMÀRÂ, CuiTMARA, Karimara, Carimari, Cartmary. 

Carln, subst. masc. Ghartil. Charrois, équi- 
pages (4). 

Au premier sens, ce mot est employé pour le lieu 
où Ton serre les charretles et équipages , dans le 

{massage suivant tiré de la Goût, de la Salle et hall- 
age de Lisle : « Quand père ou mère termine vie 
par mort, délaissant plusieurs enfans^et un lieu, 
manoir, et héritage cotlier (pour roturier) venant 
de sou patrimoine, au fils maisné (pour aisné) 
appartient droict de maisnelé, audit lieu et héri- 
tage, pour lequel il peut prendre jusques à un 
quart d'héritage seulement, ou moins, se tant ne 
contient le dit lieu : avec la maîtresse chambre, 
deux couples (pour travées ou fermes de char- 
pente) en la maison, la {)orte sur quatre esteux 
(pour poteaux), les porchil (toit à cochons), caririy 
rournil (four) et colombier, s'ils sont séparez, le 
burg du puich (pour roue à tirer l'eau du puits) 
et tous arbres portans fruicts et renforcez. » 
(Coût. Gén. T. II, p. 908.) 



Ce mot s'est pris aussi pour désigner les équi- 
pages mêmes, les charrois et bagages. Ph. Mouskes^ 
dans le récit de la guerre de Ph. Auguste, allié avec 
Artus contre le roi d'Angleterre, dit ; 

Âdont ot pris li Roi Gomai, 
Et cil Artus, sans nul délai. 
Si asambla ses Poitevins : 
A Mirabiel traist ses earins (5), 
U la reine estoit ses cors. 
Celé ki fu Alienors. 

Ph. Moiuket, HS. p. 550. 

VARIANTES l 
CARIN. Coût. Gén. T. II, p. 908 et 900. 
Karin. Ph. Mouskes, MS. p. 550. 

Cariol, subst. Carriole. (Dict. de Cotgrave.) 

Carion, subst. masc. La dixme de la dixme. 
« Si tenoit le carion (6), c'est-à-dire le disme de le 
« dlsme, et il le doit acarier (voiturer, charroyer) 
« et doit avoir le jour qu'il carie (charroye) une 
« garbe de past. » (Du Cange, au mot Cario. Il 
cite une charte de l'abbaye de Corbie de l'année 1339.) 

Carisé, subst. masc. Carisel ou créseau. Grosse 
toile propre à travailler en tapisserie, selon le Dict 
universel; maisOudin dit que le cresé ou carizé 
étoit « un drap ou sarge bien déliée qui se faisoit 
« en Angleterre, • ce qui revient au sens du pas- 
sage suivant : « Tous vendans draps en détail les 
« aulneront par le fest, sur peine d'amende arbi- 
« traire, fors les rouleaux et carisis d'Angleterre. » 
(Coût- Gén. T. Il, p. 6.) 

VARIANTES : 

CARISÉ, Carizé. Oudin, Dict. 

Carisi, Carisis. Cotgrave, et Coût. Gén. T. II, p. 6. 

Cresé. Oudin, Dict. 

Carlsiio, subst. fém. Cherté. Mot du patois 
languedocien. (Du Cange, au mot Caristia.) 

Carltade , subst. fém. Zèle , affection. < La 
« cause qu'ils se veullent faire fort, sous umbre de 
« caritade, esdittes forteresses et chasteaux, n'est 
« si non ù leur point, et comme ils verront le temps, 
« qui est assés facile à présumer, en faire ung bon 
« amy comme du bon roy de France. » (Lettres de 
Louis XII, T. IV, p. 249.) 

Carltatif, adjectif. Charitable. J. de Meung, par- 
lant de l'amour de Jésus-Christ pour l'espèce 
humaine, a dit : 

S*amour fut si caritative 
Et sa mort si amerative. 

i. de Meuiiff' Cod. 420. 



— (1) Le mot carillon J que Ménage écrit carrillon^ suppose une forme qwidrilionem, sonnerie faite avec quatre cloches ; au 
xm^ siècle, on employait carcnon (qiialemionem) : c £t les cordes corut saisir, Les sains («iona) sone de grant aïr A glaz^ à 
treble, à carenon. » (Renard, v. 3341.) (s. e.) - (2) Carillon est pris là pour tapage. (N. B.) - (3) Du Gange, sous caria (2), écrit : 
c Nostri Bononienses seu Morini, ubi contra injusta vectigalia reclamant, aut pubUcanos conviciis insectantur, etiamnum 
cary, cary^ inclamare soient , quasi ad seditionem contra istiusmodi praedalores plebem excitare velint. » (n. e.) — 
(4) Enfin le sens est peut-être celui de caraïur (sortilège) aux vers suivants (Enfants Haymon, v. 646) : c Du pavillon issy^ 
■et trois tours... tourna, Il a fait un carin, et puis un sort getta. i (n. e.) — (5) On Ut au Roman de Renart (y. 913) : 
€ Lors alarmèrent tout ce que miex mius, Lor earins et lor soumiers font Devant eaus aler. » (n. e.) — (6) On lit dans 
une charte de 1236 (Du C^nge, add*»» de D. Carpentier) : c Je Jehans sire de Cison fos asavore à tous cilz ki sont et ki 




là un charroi. (N. e.) 



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Caritats, subst. Charité. Mot languedocien. 
(Voy. les Dict. de Borel, au mot Detriez.) 

Garlté, subst. fém. Présent. — Aumône, vin de 
jnarché. — Hospitalité. — Bonne œuvre.— Société 
jieuse. — Hôpital. 

Toutes ces significations dérivent de cette vertu 
morale que nous nommons charité, et dont ces di- 
verses acceptions désignent toutes des effets. (Voyez 
d'ailleurs quelques autres acceptions aux mots 
CiiARiTÉ et Guérite.) 

Ce mot est pris pour don, présent, dans les vers 
suivans : 

Se de chesti mon cuer avoie hosté, 
Je proie à Dieu ki U doint carité 
O'uQ si loial ami com je aeroie. 

Httffa. d« Bregi. Poés. MSS. avaot 1300, T. ni, p. 1001. 

Comme le vin du marché étoit une sorte de pré- 
sent, et souvent d'aumône, que Ton nomme encore 
quelquefois denier à Dieu, le mot carité a signifié 
le vin d'un marché. « Pour quelque vente verbal le, 
« que rhéritier face de maisons, fiefz et héritages, 
« n'est tenu soy en deshériter, si bon ne luy sem- 
« ble ; ains est quicte en rendant les deniers à Dieu, 
« carité et ce qu'il en a receu, etc. » (Coût. Gén. 
T. H, p. 911.) « Après le pris du marché faict, la 
« carité s'assiet à Tavenant d*un franc d'héritage, 
« portant trente-trois groz quatre deniers, ou cent 
« de livres; si avant que le dit marché ne excède 
« la somme de trois cent livres, etc. > (1) (Ibid. 
p. 918. — Voyez Nouv. Coul. Gén. T. Il, p. 977.) 

Carité est employée pour hospitalité, par Phil. 
Mouskes, en cet endroit où, parlant de Guillaume 
Longue-Epée, duc de Normandie, il dit : 

Li duc ala une foia 

Kacier, à son vivant, el bois : 
Se trouva deux moines sortans, 
Et leur demanda, coume frans, 
De quel ordene, et de quel afaire 
U ierent, et kil vorent faire ; 
Cil l'eu disent la vérité, 
Et offrirent leur carité. 

Ph. Monskes, MS. p. 3T7. 

Guillaume Longue-Epée étant allé à l'abbaye de 
Jumièges, le Père Abbé, 

11 proia assés que un petit menjast, 

Preist la charité, un petit se dinast. 

Rom. àe Roo, US. p. 05. 

On trou\e charité^ pour bonne œuvre en général, 
dans ce passage : « Qui le pourroit occire,je vous 
« dyvrayement que oncques homme ne flsl aussi 
« grant aumosne, ou aussi belle charité. » (Lanc. 
duLac, T.II, fol. 117.) 

Enfin le mot carité signifioit, comme aujourd'hui, 



charité, des sociétés de personnes pieuses qui pra- 
tiquoient en commun desœuvres de charité, etpre- 
noient pour patron quelque saint dont leur sodété 
porloit le nom. Ainsi on lit, dans un ancien iioëta : 

Signor U sains reeorde, et si est méritée, 
Qu'U a en oeste vile diverses carité» : 
L'une est de S* Anthone, U autre de S* lùdo, 
Car ]*en oe le service sovent, et soir et main, 
Li tierce S' Mahieu, U quarte S*Ticton, 
Mais nule carité a tele ne tient on 
Ck)nune de S* Oison, U frère S< Gourdin. 

Po6t. MSS. «Tant 1300, T. IV. p. 1331. 

Il y avoit un ordre militaire de soldats de la cha* 
rite chrétienne, institué par Henri III en faveur 
des soldats estropiés. Favm, Th. d'honneur, T. Il, 
p. 1849, dit, en parlant des funérailles d'Henri IV : 
« Suivoient les soldats estropiés de la charité chtâ' 
« tienne, etc. » 

Comme cette charité chrétienne, exercée en com- 
mun, ne se pratiquoit nulle part mieux que dans les 
hôpitaux, on les nommoit charités, et il y a lieu de 
croire que l'hôpital général est désigné dans ce pas- 
sage de la Coutume de Bruxelles, sous le nom de 
charité suprême. < 11 tombera dans l'amende, dont 
« un tiers pour le seigneur, l'autre pour la ville, et 
« le troisième pour la charité suprême. » (Nouveau 
Coût. Gén. T. 1, p. 1262.) 

Dans cette même coutume, on donne le titre de 
maîtres de ta charité aux administrateurs des 
hôpitaux. (Ibid. p. 1230). C'est le nom que ^rtoit, 
dans l'abbaye de S* Denis, le religieux qui avoit 
l'administration des aumônes faites au monastère. 
(Du Cange, au mot Caritas.) 

YARUNTES : 

CARrrÊ. Cout. Gén. T. I, p. 768. 
Charité. Orthogr. subsist. 

Garlatten, subst. Ecarlate. « Il ne voulut plus 

< vestir de robbe carlatten. > (Ghron. S' Denis, 
T. II, P 69.) On lit dans le latin : numquam induius 
est squateto. 

Carleple, subst. fém. Terme collectif de car- 
reau. Nous trouvons ce mot, dans le passage sui- 
vant : « Les bourgeois de Binch, de quel sexequ*ils 

< soient, sont exempts et quittes des tonlieux 
« (impôts) et maltote, appeliez les tonlieux, et 
« maltole des femmes, que l'on a accoutumé de 
« prendre, et lever sur aiverses menues parties, 
« de victuailles et autres denrées, comme laictages 
« burre, fromage, fruicts, toiiles, carlerie, cellerie, 
« charbons de terre, etc., en payant de rente» 

< chacun an, la sommede vingt-cinq livres blancs. » 



(1) On lit au reg. JJ. 99, p. 106, an. 1368: c Lesquelx marchandanz de loage d'une maison, ordonnèrent que la charité 
dudit marché seroit beue et despensée en Tostel du suppliant. » De même au reg. JJ. 170^ p. 12, an. 1417 : c Âpres ce que 
iceUui escuier, qui avoit acheté un cheval du sei^^eur de BruyeUe,... eurent disné ensemble et beu la carité ou vin de la 
vendue dudit cheval en la ville de Tournai. » Canté désignait ce qu'on boit, et aussi ce qu*on mange : c Je t'ai veu carité 
prendre. Deux fois sans aler au mosticr. » (Renart. v. 20610.) Enfîn, charité désigna la fête d*un Ueu, la foire, parce qu'on y 
boit et qu'on y mange : « Comme les paroissiens de la paroisse BaiUeu-le-Pin et des autres paroisses voisines oa baflliafle 
de Chartres, aient acoustumé faire très grant feste et eulx esbatre chascun an le Dymenche devant la Penthecoete, laquelle 
fèste est appeUée la charité à Vablel, et à yceUe feste aient accoustumé venir et mener joie et esbatement les jenoes 
hommes et uUes à marier. » (JJ. 152, p. 218, an. 1387.) La pièce 53 du méipe registre explique l'expression charité à VaMel 
(ablaiSy bté) : « Le Dimenche jour précédant dudit jour de Lundi, que la feste de la ville dudit lieu de Lam, que ren nomme 
ut charité des btés, avoit esté. > (n. b.) 



CA -3 

(Cont. d« Binch, Nouv. Coût. Gén. T. n, p. 209. — 
vojrez Carus et CAiwELERie.) 

Garller, subBt. masc. Charron. C'est en ce sens 
que ce mot, employé dans la Coul. de Hayoaull, est 
expliqué en marge du Nouveau Coût. Cén. T. II, 
p. 110, < Loyers et salaires de valets, et mescliines 

• (servantes) de maresctiaux et carliers (i), pour 

■ l'année courante, sont prïvilégez, elsont apréfé- 

■ reravant toute liypotecque.aprèslademie année 

■ courante des louanges des maisons. > (Coût, de 
Douay, Nouv. Coul. Gén. T. II, p. 987.) 

Carlin, subat. masc. Monnoie d'Italie. On disoit 
ducats de carlin, pour ducats au titre de carlin ou 
earoluê. Jean Rabot, que Charles VIII commit à 
l'office de protonotaireouchefdelajusticeàNapleSj 
avoil pour gages ■ ane once d'or ctîascun jour, qui 

• vaut six ducats de carlins (2) ou cinq ducats d or 

■ larges (amples). > (God. Observ. sur Charles VIII, 
p. 717.) Le carlin d'argent valoit deux livres quatre 
sols, selon l'Ordonnance d'Orléans, en 1516. (Voyez 

CiROLtJS.) 

VARIAnTES : 



Carllne, subst. fém. Sorte de plante. Elle est 
ainsi nommée, parce qu'on dit qu'elle fut indiquée 
à Charlemagne (3) par un ange, pour guérir son 
armée de la peste. Ce nom subsiste encore. On peut 
voir la description de la plante chez les botanistes. 

Carlingue, su&sf. masc. Mot anciennement em- 

Sloyé pour désigner la race de Charlemagne. Nous 
isons Carlovingien. Carlingue étoit nouveau du 
tem ps de l'auteur queje vais citer:* Les Hérovingues 

• et Car/indues, je me suis contraint user deces mots 
■ maugré moy, puisqu'ils ont gaigné cours, et pas- 

• sent pour monnoye de bon alloy. > (S' Jul. Mesl. 
bistor. p. 693.) 

Carlis, mbtt. masc. Carrelage. < Est tenu de 



t Cbarles I" d'Anjou ; Amari (^Guerre des Vêpres sicilienneB, p. 501), écrit : 



CA 

soustenir et entretenir la couverture, et autres 
édifices qui sont souz icelle. jusques au dit pre- 
mier plancher, ensemble le carlis d'iceluy plaa- 
-u.- ir> à r,i- -. . _ ,.,.. _Voy. Carlewk.) 



« cher. • (Coût. Gén, T.l, p. 9 

VARIANTBS : 
CARLIS. Cont. Gén. T. I, p. 88i. 
CutRKLis. Ibid. T. II, p, 795. 

CarmagnoUe, subst. fém. Abricot. (Voyez le 
Dict. d'Oudm.) 

VARIANTES : 

CARHAGNOLLE. Oudin, Dict. 
Carhaignolle. Id. ibid. 

Carme, adj. Calme. Nous trouvons cette ortho- 
graphe, souvent répétée(4], dansle Roman de Perce- 
forest : • Celle tourmente cessa assez tost, et devint 
« la mer carme, et paisible. ■ (Percet. Vol. III, {• 73.) 
De tous T02 Tocarmea, 
Sont les venti pht» carmeê. 
Que BoutQati de cannes, 

Cnliii,p. lioom. 

Carme, subst. masc. Charme, arbre. — Enchan- 
tement. — Vers, — Ordre religieux. On a prononcé 
carme ^) pour charme, et en conséquence on a sup* 
primé 1 h en écrivant. De là, carme a signifié ce que 
signifie charme. (Voyez ce mot.) 

Ainsi on a dit carme, pour désigner l'arbre que 
nous nommons charme. Suivant Oudin, on écrivoit 
aussi cherme. Nous ne le trouvons qu'au premier 
sens, sous cette orthographe (6). 

Oa a dit de même carme (7), pour désigner le 
cbarme magique. (Oudin, Dict. Fr. Espag.) 

Quant au mot carme, employé pour vers, il est 
évidentqu'il vient dulalin carmen. On lit carmes (8) 
telins pour vers lalins, dans les Mém. de Du Bellay, 
T. VI, page 349. Toutes ces acceptions sont hors 
d'usage. (Voy. ci-après faire came, sous Carhb, 
angle, côté.) 

La signification du mot carme, pour désigner ud 
ordre religieux, subsiste. Par conséquent nous n'en 
parlerons que pour remarquer la fondation des 

(1) On ut dans Froissait (éd. S. Luce, t. 1«), au récit d'une émeute b'York, earlier, au lieu de carlicr adopté par Kerryn 
(II, 1%) Carlier est encore en usage dans In Hninaut et la Flandre Irançaise. (tr. e.) ~ (S) Les cariina doivent leur origiiw 
" — ■ ■ ,<- j_. «* :-i,; ^n.- A.^. . . ■■■, Carlo I coniare in NhuoIî, in luoKO deaii 



BDttuhi agostali, carlini e mezzi cariini, con vocabiilo preso dsl 
ces carlins au t. IV de Du Cange, planche XXII, b> 9. Il porte d' 
srénetis, que borde la légeode ; • f Karolus cornes » ; le centre du re 
le contourne; la légende eet : t f Andegavensia t. C'ept là une irait 
Provence, les dauphins de Viennois frappèrent aussi des carlins, et le ly 
Usons nous au testament de Charles le-Mauvais (an. 1376, B. N. anc. 842 
peveni valoir et monter i la somme de... cent sept livres, dix sols de carli 
wUgnrit (Linné) est un sudoriSque : ( Carline, ce nom vient du roj Charlet 
tut giieri de la pestera (0. de Se_rre8, 6ï5.) (n._B_) - (4)"- ' ' - 



calé, BU centre, une croix psttée entourée d'ua 

s est une clé accostée de Heurs de lis: un grenetla 

faite par les papes d'Avignon. Les comtes de 

r s'étendit jusqu'à (3iypre et à Rhodes. Austi 
3, fol. 109, i*) : t Lesquelles rentes et revenu* 
loirs. t (N. B.) - (3) La racine de la tartina 
[iDDiuiigne. parce que de cesie herhe son exercite 

..._..,_ _, ,_ _.._ tome I, fol. 3: lEldist Solinquecestemerqoiest 

les dictes deux isles de Bretaigne et Hibernie. n'est point paisible ne carme, mais pleine de vagues. > (n. e.) — 
w \j est encore la prononciation picarde. La prononciation cherme est possible, mais il vaut mieux écrire chairme ; Im 
nroie berrichonne est chame, la forme saintongeaise et poitevine (Favre, Glossaire du Poitou, 1868, in-8°, p. 79) charprû 
nous amène en latin earpinua ^Columelle et Pline). Carpmus a donné régulièrement chame ; n s'est altéré en m dânt 
charme, ce qui est presque unique ; le second r de charpre vient du n de carpn'um : ainsi pampinum {pampu'um) a donné 
pampre- (n. e.) — (6) On lit au xni* siècle (v, 524 du Roman de la Rose) : ■ Le guichet qui estoit de charme. • Au xv< siècle, 
nous trouvons la forme charps (comparez l'espagnol carpe et le berrichon charpe) : t Les supplians sioient de leur bois, 
c'est assavoir des charpes, autrement appelez charmes, i (JJ. 207, p. 245, an. 1481.) - (7) M. Kervyn de Lettenhove (XV, 353i 
imprime : t Les aucuns de ces anales (harinfui) atermoient .. que le roy estoit démené par sors et par charme» t : mais il 
donne en variante carmes. (N. E.) — (8) 0. Basselin (Vire, 1811, p, 1) écrit aussi : t A l'amour ne suys adonné. Et j'sme 
flitcore moins tes armes. Hais le vin, dès que je fus né ; C'est pourquoi j'en fai tous mes carme». * Pour la note précédente 
comme pour celle-ci, la racine est carmen. (n. B.) 

ni. 3t 



CA 



— 242 — 



CA 



Garmes(i) de la place Haubert, établie daDs la maison 
d'un fameux traiteur. De là, peut-être, ces anciens 
proverbes : Carmes en cuisine , Andouilles des 
carmes. On en trouvera plusieurs autres qui 
avoient rapport à la vie que ces religieux menoient 
autrefois, dansTApol. p' Hérodote, p. 626. 

VARIANTES : 
CARME. Nicot, Oudln, Dict. 
CUiERME. Oudin, Dict. 

Carmelin, subst, masc. Carme. Jean de Venete, 
l'auteur de THist. des Trois Maries, parlant des 
religieux de son ordre (Voy. Cabmeliste.), dit : 

Entre nous frère carmelin 

Qui portons, blanc sur carmelin, etc. 

Hist. des Trois Maries, en vers, IIS. p. 196. 

VARIANTES : 

CARMELIN. Hist. des Trois Maries, en vers, MS. p. 196. 
Qarmelitain. 

Carmeline, suhst. fém. Carmélite. (Voy. Gloss. 
de THist. de Paris.) • La déesse Cérès, est sur 
« TEglise des Carmelines (2). » (Caq. de TAccouchée.) 

Carmellste (3), sMbs^ mosc. Carme. (Voy. Gloss. 
dé THist. de Paris, THist. des Trois Maries, en vers, 
MS. p. 170 ; les Dict. d'Oudin et de Cotgrave, etc.) 

VARIANTES I 

GARMELISTE. Carmeustee. Carmelitre. 

Carmignole, subst. Espèce de bonnet. « Les 
« pages, et le varlet avoyent pourpoints de velours 
« noir, et dessus manlelines de velours; toutes 
« couvertes d'orfaverie, à fusils: et avoyent, sur 
« leurs testes, carmignoles (4) de velours bleu, avec 
< plumes d'autruches blanches. > (Hém. d'Ol. de la 
Marche, page 578.) 

Carminiricateur, subst. masc. Versiflcateur. 
(Dict. de Cotgrave.) 

Carnable, adj. Charnel. Par opposition à espé- 
ritable, spirituel. (Hist. des Trois Maries, en vers, 
Mss. page 297.) 

Carnage, subst. masc. Charnage (5). — Régal, 
action de manger de la viande. — Chair, viande. 

Carnage fut en usage en Picardie, dans le premier 
sens, selon Nicot. Nous trouvons l'orthographe 



subsistante, avec cette signiflcation, <}ans;on ancieBi 
fabliau : (Voy. Carnalage.) 

Chascun jor en la cruarehtaine, 
Et une fois en la semaine, 
Le batoient, ce vous redi ; 
En charnage (6), le vendredi. 
Ainsi ne souffroit ceste moleste : 
Devant gent fesoit joie, et feste. 

Fabl. MSS. da R. n* 7Si8. foL S81, R* col. 1. 

Ce mot est employé, dans le second sens de régal, 
par un de nos anciens poètes : 

Bien en doit faire son carnage, 

Fabl.lfSS.deS. G. fol. 53. 

Enfin ce mot a signifié chair, viande en général. 
Fouilloux s*en est servi très fréquemment dans ce. 
sens. « Ils en sont plus friands que toutes autres 
« chairs: car si on passe un carnage de porceaû. 
« par dessus leurs terriers, ils ne faudront jamais de 
« sortir pour y aller. » (Fouilloux, Vénerie, ^ 73(7).) 
On lit dans THist. de Loys III, duc de Bourbon, 
page 352 : « Il y a besoin foison d*argent, pour 
< achepter autres choses que camaiges^ épices. » 

VARIANTES ! 
CARNAGE. FouUloux, Vénerie, fol. 113, R*. 
Carnaige. Hist. de Loys III , duc de Bourb. p. 352. 
Charnage. Orth. subsist. 

Carnagier, subst. masc. Carnassier. (Dict. Cet.) 
Carnal (8), subst. masc. Chair. 

Femme qui vent à deniers son chamal. 

ChMti6 Mus. MSS. de S.. G. (oL i06, R* eoL 1. 

VARIANTES : 
CARNAL. Borel, Dict. 
Charnal. Chastie Musart, MS. de S. G. fol. 106. 

Garnalado, subst. masc. Terme de coutume. 
On le trouve, dans la Coût, de Béarn,pour désigner 
celui qui doit le droit de carnalage. (Du Cange, au 
mot Camale.) 

Carnalage, subst. masc. Droit de tuer une 
bête. — Droit de dime sur les animaux. En 
général, le mot carnalage ou churnagef comme 
nous le disons encore, signifie droit sur la chair^ et 
de là a été appliqué au droit de tuer les animaux 

5 ris en dommage, et au droit d'en percevoir la 
Ime. 
Dans le premier sens, on lit dans le Coût. Gén^ 



(1) L'ordre des Carmes, fondé au xiv siècle, en Orient, fut introduit en France par S* Louis (JoinviUe. éd. de WaiUy, S 7S7): 
c lÀ rovs amoit toutes gens qui se metoient à Dieu servir et qui portoient habit de religion, ne nulz ne venoit à li qui. 
fdUist a avoir chevance de vivre, n pourveut les frères dou Carme et lour acheté une place sus Seinne devers Gharentài, 
et Âst faire une lour maison, et lour acheta vestemens. calices et tiex choses comme U apartient à faire le servite. 
Nostre- Seigneur. » Les cai^nea déchaux^ réformés par S^* Tnérèse, furent autorisés en France par lettres de mars IGll. (n. k.) 
— (2) Les carmélites furent instituées au milieu au xv* siècle par le Normand Jean Soreth, XXVI* général de l'ordre des" 
Carmes. Les carmélites déchaussées^ réforme de S** Thérèse, furent introduites en France par le cardinal de BéniUe (168% 
et établies au prieuré de Notre-Dame des Champs, (n. e.) — (3) Cette forme est plus ancienne oue carme : c Feirent tîm' 
une proposition devant le rov par un carmeliste nommé urere Eustache. » (Monstrelet, 1. 1, ch. 109, p. 16S.) (n. b.) — (4) Oi|,' 
lit dans les addit. ad Monstrelet, fol. 16, v«> (Du Cange sous crammale) : c Tous lesquels vingt hommes d'armes avoient... ^ 
leurs testes cramignolles de veloux noir à grosses houppes de fil d'or de Chipnre dessus. > c Dés Tavônem^t de' 
(àiarles-le-Téméraire^ nous dit M. Quicherat (Costume, p. â96), la toque fit son apparition comme coiffure de la jeunesMk' 
sous le nom de cramtgnolle, » Il ne faut donc pas confondre cette coiffure avec la cai^magnole de la Révolution, qui était 

une veste de matelot, — '^^ -"-' — -* — ' *'*- -" ' :-u..- — .• ^ -.^.^ a^^ «m-.- /^. -x 

(5) Charnage est le 

c Cette dorure (de . 

ce n'est que des œufs de brochet détrempés avec'un peu d'eau.» (n. e.) — (6) Comparez le Livré clés Métierg (48): c Nvs ût, 

puet ne ne doit ouvrer en charnage puis vespres sonans au dit mestier, ne en guaresme puis compile sonant. » (n» b.) «^ 

CO Comparez édition Favre, fol. 5^ v®. (n. e.) — (8) On disait aussi camail : < Od le camau trence foreille. » (Paitono|itB« 

V. 9873.) (N. E.) 




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- 243 - 



CA 



T. n, p. 68S: « Le seigneur, peut faire la prince, ou 
« camalage du dit beistail de son autorité, etc. » 
On verra ci-dessous, au mot Gabnaler, que ce droit 
eonsistoit à pouvoir tuer le bétail ; aussi dit-on 
dans la même Coût. p. 687 : « Boeufs aratoires, et 
« chevaux domptés n*ont point de camalage mais 
« doivent amende, etc. » fVoy. Carnau.) 

Ce mot est pris pour le droit de dîme sur la vente 
des viandes, et même sur les animaux vivans, dans 
Dq Gange, au mot Camaticum. Nous disons encore, 
en ce sens, clmrnage. On disoit en Gascogne char- 
natgU et chamalatge en Languedoc. « La dixme 
« des lanages, et chômages, etc. » C'est-à-dire de 
la laine et des agneaux et cochons. (Goût, de Berry^ 
Coût. Géu. T. II, p. 362.) 

VARIANTES : 

CâRNALAGE. Ck)ut. Gén. T. II, d. 682. 
Carnalatgb. Du Gange, Gloss. lat. au mot Camaticum. 
Charnatgi. Id. ibid. 
Chabnage. Orth. subst. 

Oarnaler, verbe. Terme de coutume. Carnaler, 
dans sa vraie signification, désigne le droit « de 
« tuer le beslail et de le convertir en ses usages ; 
« mais tuer est Toccire, sans en faire son proffit, 
« et demeure le dit bestail tué au seigneur a qui il 
« estoit auparavant. » (Coût. Gén. T. Il, p. 682.) Ce 
droit de tuer le bétail ne doit s'entendre que des 
bétes prises en dommage. (Voy. Laur. Gloss. du Dr. 
Fr.,et Du Gange, au mot Carnale.) On dit carnalar, 
au même sens, dans le patois gascon. (Ibid. au mot 
Caro,) 

VARIANTES ! 

CARNALER. Goût. Gén. T. II, p. 682. 
Carnalar. Ou Ganse, Gloss. lat. au mot Caro, 
Carnarer. Goût. Gén. T. II, p. 687. 

Garnasserie, subst. fém. Abondance de cbair. 
(Oudin et Cotgrave, Dict.) 

Carnau, subst. masc. Terme de coutume. Le 
même que camalage ci-dessus. Dans la Goût, de 
Béarn, c'est le droit de tuer une bête prise en dom- 
mage. (Du Gange, à Camale, et Laur. Glos. Dr. Pr.) 

Carnaus, adj, au pluriel. Attaché par les liens 
de la chair. — Charnel, terrestre, profane. 

On a dit chair^ caryt^è, etc. pour parenté. De là, 
eamex, formé de cafifie, s'est pris pour désigner les 
liens du sang. On disoit amis camex pour parens : 

Chacun pleure sa terre, et son pals, 
Quant se départ de ses camex amis. 

Pois. MSS. avaat 1300, T. m, p. 907. 

Chamaus a la même signification, dans ces vers : 

Ne n*ài6 garde de nus d*aus, 
Nb de iius ânemis chamaus. 

Fdl)l. HSS. du R. n* 7248, fol. 800, V col. 9. 



C'est-à-dire puissé-je n'avoir jamais à 'me Ôëfler 
d'ennemis qui me soient parens. (V. Ghatr, Cbarnél.) 

Carnaus, pris dans le sens de charnels, terrestres, 
tire encore son acception du mot chair ou càrrie, 
employé pour concupiscence , attachement aux 
choses de ce monde. 

Àincois me lairoie partir 

Les membres, et traire à chevaus,... 

K'amasse nule riens carnaus. 

Poc8. MSS. Vatican, n» 1400. fol. 30, V*. 

On a dit aussi escrips charnel (1) , profanes, par 
opposition aux escrips esperites, c est-à-dire divins : 

Les fils qui n'eûtnent leurs parens, 
Selonc les escrips apçarenz, 
Ou chamés, ou espetntes, etc. 

Géofr. de Paris. MSS. da R. o* 6812. fol. 46. 

VARIANTES : 

CARNAUS. Poës. MSS. du Vat. n» 1490, fol. 30, Vo. 
Carnex (2). Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 997. 
Charnex. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 315, art. 3. 
Charnes. Géofr. de Par. MS. du R. n» 6812, fol. 46. 
Charnaus. Du Gange, Gloss. lat. au mot Camalis. 
Charneus. Géofr. do Par. MS. du R. n« 6812, fol. 46. 

Carne, subst. masc. Angle, côté (3). Nous disons 
encore ce mot en ce sens, mais il est du genre 
féminin. Du Gange, au mot Quarnellus, prétend que 
ce mot étoit en usage en Languedoc, en parlant 
d'une chose carrée (4). Nous lisons dans les Vigiles 
de Charles VU, T. Il, p. 129 : 

En frappant au dos, et au carne (5). 

Cela veut-il dire côté, ou carn^ signifie-t-il la face 
en le dérivant du mot carne qui signifie chair ? Mais 
en ce cas il devroit être au féminin. 

Came, dans Texpression suivante faire carne^ 
semble une faute d'orthographe pour carme, vers. 
Nous imaginons donc que la signiflcation propre de 
faire came est faire un poëme ; de là on s en seroît 
servi dans le sens où nous disons chanter la pali- 
nodie : 

Femme ne te va esmaiant 
Ke jou ferai tantost tel carne, 
Ke je t'oslerai de cest blasme. 

Fabl. MSS. du R. n« 7089. fol. 91. R* col. 2. 

La rime blasme peut encore appuyer notre con- 
jecture, aussi bien que le mot carnin, pris pour 
charme. 

VARIANTES : 

CARNE. Du Canffe, Gloss. lat. au mot Quamellus, 
Quarne. Id. ibid. 

Carné, adjectif. Carré, anguleux, qui a des 
carnes, des angles. C'est en ce sens que Martin de 
la Porte, dans ses Epithètes, s*est servi de ce mot 
pour épithète d*échaias. 



(1) La forme est can^el dans la Chanson de Roland (str. 158). On trouve charné dans Roncisvals (p. 91), ainsi que 
^nmaus (p. 149). (n. e.) — (2) Camel, dans Roland, a le sens de fosse, cimetière : c En un carnel comandez qu'on les 
port (str. 308). » Carnet est à la str. 209. (N. B.) — (3) On lit au Uber psalmorum (p. 235) : ^ A.I segiior sunt li came de 
terre. • (l^. s.) — (4) Au temps de Ménage, les joueurs de trictrac disaient came et non carme, pour désigner le quaterne, 
le ocAip de quatre. Les Provençaux ont donc pu désif^ner par came une figure à quatre cotés {quamellus). (n; e.) — 
^9) Game, dans Froissart ^IX, 329), est la Tisière du bcissinet : c Armé au vray de toutes pièces et le came dou bacinet abatu 
et aresté. i Carne peut être comparé au bas-aUemand kam, entaiUe, ouverture, puis le couvercle de cette ouverture, (n. 8.) 



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— i44 - 



CA 



Garnean, subst. mate. Créneau (1). Quesnel sem- 
ble une faute pour quemel, dans le Roman de Rou, 
us. Les carneatix d'une muraille. (Nicol.) Cet auteur 
ajoute : « Semble être mieux dit créneaux^ de ce 
« nom crenaj crenœ, car les créneaux sont comme 
« les crens faits à la muraille. » Ainsi, du temps de 
Nicot, on commença à employer le mot créneau qui 
a subsisté. 

Sous les murs ot grant hourdeis, 
Et aux cameaux larges alées, 
Fors baiUes, fors tours qarnelées. 

Fabl. MSS. du R. d*7615, T. II, fd. 488, R* eol. I. 

VARIANTES .* 
CARNEAU. Du Gange, à Chamelli, Kameus et Quameîîus. 
QuARNEAU. Cotgrave, Dict. 
Garnel. Roman de la Rose, 7698. 
QuANEL. Parton. de Blois, MS. de S» G. fol. 127, R» col. 1. 

8UESNEL. Rom. de Rou, MS. 
UERNEAU. Borel, l"^» add. 
fUERNAU. Du Gange, Gioss. lat. au mot Quàmellus. 
lUERNiAU. Rom. de Brut, MS. 
iuARNiAX, plur. Du Gange, au mot Archeria, 

Carnelé, adj. Crénelé. « Muraille camelée, ou 
« il y a des carneaux. » (Nicot, Dict.) « Chasteax 
« ou fortelels , ou meson ae piere chamelés (2) et 
« defensables. » (Britt. Loix d'Anglet. fol. 31, R% 
— Voyez Carneau.) 

VARIANTES ! 

CARNELÉ, QuARNELÉ. Du Gange, au mot Quàmellus. 

8ARNELÉ. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. U, ^ 188, R* col. 1. 
UERNELÊ. Du Gange, Gloss. lat. au mot Quamellue. 
GuERNELÉ. Rom. de Rou, MS. 
Charnelé. Britt. Loix d'Anglet. fol. 31, R«. 

Carnes, suhst. masc. Carmes (3). Termede jeu de 
trictrac. (Dict. Etym. de Ménage.) Cames devroit 
être le vrai mol, dérivé de quatemi, quadernes. 
C'est par abus que Ton a dit carmes ; mais l'abus a 
prévalu. 

Carnet (1), subst, masc. Cahier ou petit livre. 
C'étoit autrefois la signification générale. On ne 
remploie plus aujourd'hui que pour désigner le 
livre que les marchands tiennent de leurs dettes 
passives. (Du Verdier, Bibl. p. 24.) 

Carnette, subst. fém. Diminutif de carne au 
sens vulgaire de chair {carnem). Caimette semble 
signifier chair délicate, dans ces vers : 

Sire, par chaste chainturette 
Est entendu que vo carnette^ 
Vos rains, vo cors entirément, 
Devés tenir tout fermement, 
Ausi corn, en virginité, 
Vo cors tenir en neteté 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. i5S, V col. 2. 



Gameaement, adverbe. CbarneUement: (6IO06. 

sur les Coût, de Beauvoisis.) 

Garnevaly subst. masc. Carnaval. (Dictionn. 
de Honet.) 

Camlcler, suhst. masc. Bourreau. Du latin 
carnifex. On lit, en C3 sens, dans les vers qui 
suivent : 

Oui camicier dist liement, 
Amis, si te vient à plaisir^ 
Or ûer, que bien en as loisir. 

Martyre de S** Marguer. MS. eo vcn fr. 

Carniere, subst. fém. Charnière (5). (Voyez 
Percef. Vol. I, fol. 153.) 

CarniDy subst. masc. Charme, sortilège. C'est 
en ce sens qu*on lit : 

Ses camine, et ses sors. 

FroiMari, Poés. MSS. p. 179, col. I. 

Par camin, faic erbe paistre 
A ceuls ki amer ne voeiUent. 

Poêa. MSS. du Vatican, n* 1490, fol. iil, V. 

CarnoDy subst. masc. Espèce d'arme. Les 
François s'en servoient autrefois, selon Borel, qui 
cite Bochart. 

Carnosité, subst. fém. Ce mot subsiste sous 
l'orthographe carnosité (6), que nous trouvons dans 
un ancien auteur de vénerie, intitulé : Modus et 
Racio, MS. fol. 21, V'. On écrivoit aussi charnosité. 
« Il demeure sur le cuir une charnosité tendre. » 
Chasse de Gast. Phéb. ms. p. 191.) 

VARIANTES : 
CARNOSITÉ. Orth. subsist. 
Charnosité. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 191. 

Carnu, adj. Charnu (7). 

VARIANTES : 
CARNU. Cotgrave, Dict. 

8UARNU. Parton. de Blois, MS. de S. Germ. 
UERNU. Du Cange, au mot Armigeri. 

Caro, subst. masc. Le visage. C'est la significa- 
tion de ce mot, dans le patois de Cahors. 

Caro semble employé par Brantôme, dans la signi- 
fication de carnau ; nom que donnent les matelots 
à Tangle de la voile latine qui est vers la proue. H 
dit, en parlant de la bataille navale de Lépante : 
« Il fit monter le caro à Tarbre et la flamme à la 
« pêne, qui estoient tous signais de battaille. • 
(Cap. Estr. T. II, p. 124.) Je crois que c'est une faute, 
et qu'on doit lire carnau. 



(1) Le mot désigne encore le trou fait à la voûte d*un fourneau de porcelaine. La forme du xn* siôcle est crenel : c Eb 
haute tour se siet bêle Isabel, Son beau chef blon mist fors par un crenel. » (Romancero, p. 70.) JoinviUe (§ 516) emploie la 
forme cantiaus en parlant de Jaffa : f Car à chascun des carniaus (dont il avoit bien cinq cens), avoit une targe de ses 
armes et un panoncel. » C'est aussi la forme du Roman de la Rose (v. 12753). Crenel est au vers 7358. La racine est-elto 
dans un cas le mot cran et dans l'autre un dérivé de quatemus f Au xiv« siècle, on rencontre crestiaux, qui nous m^ie à 
crista: « Corne pour la présente guerre.... nous eussions ledite ville enforchié, si comme des murs eiaescresHaux de 
ledite ville refaire. » (Martène, I, col. 1410, an. 1303.) (n. e.) — (2) On lit au Roman de Vace ms. (Du Cange sous mtorneUuêy. 
f  breteches montèrent, et au mur quenieléii\ plus bas: « Entourent breteches levées Bien planchiés et quertmees, > (N. B.i 
--^ (3) Voir la note sous Came. (n. e.) — (4) Carnet^ dans Froissart, est le diminutif de carne au sens de visiôre : c ^ 
estreingnirent leurs plates et avalèrent les carnets de leurs bacinets et restreignirent les sangles de leurs cheTauz* i 
(Ed. Kervyn, XIII, 174.) — (5) On lit déjà dans un Compta du xiii* siècle, fol. 13 : c Ces sept estoiles apelent U sage boaie 
rune des camierett du firmament ù il torne. » (N. E.) — (6) f Encise si qu'il demeure dessus le cuir une camosUé tenue, f (n. b.) 
— Ç) On lit dans Alebrant (fol. 10) : c Et sera bien camus et bruns. » (N. E.) 



CA 



— 845 — 



CA 



Garoanne, 9ubst. fera. Convoi de vivres. De 
nialien cafovana{i)^ qui signifie « caravane, convoi 
« de bétes chargées et de mulets. > C'est en ce sens 
qa*on lit : « Us avoient des caroannes, bref rien ne 
« leur défaiUoit pour vivre. » (Contes de Cholières.) 

Garobe, subst. fém. Carouge (2). Le fruit du 
caroubier. 

variantes: 

CAROBE, Carrobe. Oudin, Dict. 
Karobbb, Karoblb. Nicot^ et Gotgr. Dict. 
Garroubb, Carrube. Oudin, Dict. ibid. 

Garobinadure, subst. fém. Toupet. Touffe de 
dieveux sur le front. Ce mot languedocien, selon 
Borel, au moiCherubirij signifie garcette ou cheveux 
du front (3). 

Caroblnat, adj. Qui a le toupet bien fait. Borel, 
dans son Dictionnaire au mot Cherêj explique ce 
mot languedocien par enjolivé, à qui on a coupé les 
cheveux sur le front. (Voyez Carobinadure.) 

Garoblra, subst. Air furieux. Mot languedocien, 
formé de caro, visage, et de bira^ tourner. (Dict. de 
Borel, au mot Chère,) 

Carolngne, subst. fém. Carogne. On employoit 
ce mot comme terme d injure. 

Qui fera-ce ? respon, sote caroingne : 
Paix n*arez-jà s'us ne rendent Calays. 

Eust Desch. Pues. MSS. fol. 413. 

Garole, subst. fém. Danse en rond. — Balus- 
trade. — Hymnes, chansons. — Courroies. Ces 
diverses significations, qui toutes ont rapport à la 
figure circulaire, me donnent lieu de croire que 
carole (4) vient, non pas de cliareola^ comme le dit 
Nicot, mais ùecorolla. 

Carole signifioit proprement, danse en rond. 
(Oudin. — La Crusca provenzale,elc.) « Se prinrent à 
« la carolle : Les chevaliers et menestriers se mis- 
« rent en la carolle moult gentement , etc. » 
(Percef. Vol. VI, fol. 95.) C'est-à-dire qu'on forma 
une danse en rond, au milieu de laquelle se mirent 
les joueurs d*inslrumens. 

Par métonymie, on a appelé carole les balustra- 
des autour desquelles on faisoit des processions, 
car ces processions tournantes se nommèrent aussi 
caroles. (Goujet, Bibl. Fr. T. IX, p. 266.) C'est ainsi 
qu'on peut entendre ce vers dEust. Deschamps : 

Mis es temples comme carole. 

Po«s. MSS. fol. 453, ool. 3. 

De là, ce nom passa aux chansons et aux hymnes 
qu'on chantoit, soit dans ces processions, soit dans 
ces danses. Goujet, au lieu que nous venons de 



citer, en allègue des preuves, et fait mention de 
chansons appelées caro/es. 

Enfin, Froissart nous apprend qu'on nommoit 
carollCy une courroie qu'on attachoit autour d'une 
espèce de ballon appelé balle bellinière^ dont nous 
avons parlé. 

Juiens nous au Rov qui ne ment,... 
Puis à la coulée belée, 
Qu*on fait d'une carole lée. 

Froissart. Pocs. MSS. fol. 86, col. «t 87. col. i . 

VARIANTES : ''^.* . 
CAROLE. Du Gange, Gloss. lat. au mot Caroîa. 
Carolle. Nicot, Oudin. — Gloss. du Rom. de la Rose. 
Karole. Rom. de Brut, MS. - 

Karolle. Froissart, livre I, p. 266. 
QuAROLE. Borel, Dict. 
QuEROLE. Rom. de Brut, MS. de Bombarde. 
Kerole. s. Bernard, Serm. fr. MSS. p. 305. 

GUEROLE. 

Charolle. Du Congé, au mot Charolare. 

Capolep, verbe. Danser en rond. « Les Anglois 
« souloyent (avoient coutume de) dire que nous sa- 
« vous mieuxdanceretcaro/^r(5),quemenerguerre, 
« or le tems est retourné, etc. » (Froissart, liv. III, 
p. 257.) « Une belle fontaine environnée de dames 
« et demoiselles caroloyans, etc. » (Percef. Vol. V.) 

variantes : 

CAR0LER. Froissart, liv. III, p. 257. 
Caroller. Gloss. du Rom. de la Rose. 
Karoler. Borel, Dict. 
Karoller. Fauch. Orig. liv. II, p. 120. 
GuAROLER. Jacq. Hesdin, Poês. MS. 
Caroloyer. Percef. Vol. V, fol. 63. V* col. 2. 

8UER0LER. Ovid. de Ârte, MS. de S. Germ. 
UEROLLER. Borel, Dict. !"• add. 

Caroleur, subst. Danseur. 



Les caroleurs y demainent. 

Roman de la Rose, 21289. 

VARIANTES : 
CAROLEUR. 
Carclleur. Gloss. du Rom. de la Rose. 

Carolus, subst. masc. Monnoie. C'étoit une 
pièce d^argent qui empruntoit son nom de celui de 
Charles VIII, qui Tavoit fait frapper ; elle valoit dix 
deniers et elle étoit marquée de la lettre k accostée 
de deux fleurs de lis. 

On payoit, pour les lods et ventes des biens sujets 
au cens, le douzième ou 6' de l'acquisition. (Bourg, 
de Orig. Voc. Vulgar. fol. 85.) On lit, en marge: 
« Deux, ou quatre carolus pour livre. » 

On disoit proverbialement : « Il seroit bien marry de 
« donner un sol pour un carolus (6) ; aussi y regarde 
« il de bien près. » (Caquet deTAccouchée, p. 91.) 
On distingue les carolus de Bezancon et les carolus 



(1) L'étymologie est le persan harouan, troupe de voyageurs. Voir plus loin Carvane. (n. e.) * (2) On lit dans 0. de 
Serres (p. 556) : c A la beauté de ses feuilles donnent grand lustre les garrohies^ fruit de cette plante, enfermées dans des 
longues gousses colorées d'incarnat cramoisi. » A la môme page, il ajoute : c Au rang des plantes toujours verdoiantes, 
nous logerons le garrolner, ainsi appeUé en Provence, par d*aucuns silique. » (n. e.) — (3) Ménage attribue à Anne 
d'Autriche la mode des garcettes, mais on le trouve déjà au baron de Fcsneste. C'était un rang de cheveux pris à la racine 
et couché à plat sur le front. Le mot est d'origine espagnole et veut dire aigrette de héron ; il désigne encore, dans la 
marine, une tresse plate de fil caret, (n. e.) * (4) On lit dans Froissart (II, 193) : c Et moult y eult de rices atours, de biaux 
et de grans paremens, de joustes et de behours pour Tamour d'eUes, de dansses et de carottes. » Dans le II* volume des 
Miracle» de la Vierge (xv* siècle), on lit aussi : c Qui miex aiment vaines paroles, Espringeries et caroles. » (n. e.) — 
(5) Comparez édition Kervyn (XIV, 42) : c Si dansoit et caroloU (Charles VI) aveuc ces frisques dames de Montpellier toute 
la nuit... » (N. E.) — (6) BasseUn écrit : « Le cidre ne vaut plus qu'un carolus. » (n. e.) 



CA 



- 246 - 



CA 



de Flandres (i). (Dict. de Cotgrave.) Il y a eu aussi 
des carolus d^or^ inonnoie d'Angleterre valant 13 
livres 15 sous. 

On a dit livre toumoiSy pour livre en monnoie 
de Tours ; de même, livre carolv.z , pour livre en 
monnoie que Ton nommoit carolus, « Si le prix 
« porte, enlre cinquante livres de gros, et xxv livres 
« de gros, ils payeront six livres carolus ; et de xxv 
« livres de gros, ils payeront vi livres carolus ; et 
« de xxv liv. de gros, et au dessous, ni liv. carolus 
« pour le droit du bailly des hommes, et du gref- 
« fier. » (Coût. d'Ypres, Nouv. Coût. Gén. T. I, 
p. 864.) On trouve florins carolus, (Ibid. p. 848. — 
Voyez Carlin et Charle.) 

VARIANTES : 

CAROLUS. Oudin, Nicot, Dict. - Dict. Etym. de Ménage. 
Karolus. Le Blanc, sur les Monnoies, p. 313. 

Caroselle, suhst. fém. Balle parfumée. C'est en 
ce sens que le Dict. Toscan , cité par La Colom- 
bière, Théàt. d*Honn. T. I, p. 528, appelle des balles 
de lerre légère remplies d'eau de senteur ou de 
poudres odoriférantes, que Ton se jetoit les uns 
aux autres par galanterie, dans les tournois et 
autres jeux. 11 ajoute que quelques-uns en ont dérivé 
le moi carroseU can*ousel (2). 

Carosse, suhst. Ce mot, qui subsiste, étoit 
autrefois employé indifféremment au masculin et 
au féminin, mais plus souvent au féminin (3). Le mas- 
culin a prévalu et est aujourd'hui seul en usage. 
flDu Cange, au mot Carrocium, l'explique par cha- 
riot.) L'éditeur de la Somme Rurale de Bouteiller 
dit indistinctement, coche ou carrosse (4). 



Qu'un homme de trois jours, de soye, et d'or se ocfwnep 
Du bruit de sa carosse importune le Louvre. 

OSoT. de Tbéoph. 1** pnt. p. 90). 

VARIANTES : 
C.VROSSE. Œuv. de Théop. i^ part. p. 203. 
Carrosse. Dict. de Borel, au mot char. 

C ARROGE. 

Carouble, subst. masc. Ce mot semble pris 
pour part, portion, dans le passage suivant, ou il 
est parlé des rentes du royaume de Jérusalem , qui 
auront été apautées (affermées) : « Le senesebau les 
a doit livrer par son offlce, par le commandement 
« du roy, ou de celuy qui tendra son leuc (lieu) de 
« tous les propres apaus (fermes) dou roy, que l'on 
« ne puisse eslre de trop engigné (trompé), et que 
« il sache lor value, de tout le gaing que les apaa- 
« teors gaigneront ; en chascun apau , le sénecbal 
« doit avoir deux caroubles franchement. » (Assises 
de Jérusalem, p. 192.) « Se la dette est plus que 
« monnoye, le seignor la doit payer caruble (5), à 
« chacun son avenant. » (Assis, de Jérus. p. 133, 
ch. 195.) 

VARIANTES : 

CA.ROURLE. Assises de Jérusalem, p. 192. 

Caruble. Ibid. p. 135 et 136. 

Cahruble. Ibid. p. 133. 

Varouble. Laur. Gloss. du Dr. (r. Assises, ch. 199. 

Carous, subst, masc. L'action de boire à Tenvi. 
De là, on disoit faire carous, pour boire à la ma- 
nière des Allemands ; au sens propre, boire à l'envî, 
se porter mutuellement des santés. Ce mot est 
formé de l'allemand garaus (6). Charles-Quint 
défendit aux Allemands de faire carous ou de ca- 
rouser{l), Brantôme nous apprend la manière dont 
ils éludoienl cette défense. (Cap. Estr. T. I, p. 16.) 



(1) Le type des fcaroîu«, dans les pays du Nord-Est, remonte à Charles -le-Chauve ou à Charles -le-Simple: c'est alors 
que ces deux provinces se détachèrent du royaume de France } la monnaie du prince eut autorité où il n*en avait plus 
lui-même, parce que les monnayeurs étaient incapables d'inventions nouvcUes ou respectueux des traditions anciennes. 
Le type primitif est au monogramme de Karolus^ et les éléments sont disposés comme dans un diplôme. Au centre, un 
losange évidé vaut dans son entier 0. dans chacune de ses deux moitiés A et V ; les quatre diagonales se prolongent en 
branches portant K, H, S, L. Dans le Maçonnais, postérieurement, le losange central s'est épaissi, les branches ont disparu, et 
les quatre lettres forment pattes aux sommets du losange. Au revers était une croix avec le nom de la cité en l^ende. Quant 
aux carolus de Besançon, ils sont frappés à Teffigie de Charles -Quint. (N. E.) — (2) Carrousel viendrait de l'italien qarosellOt 
primitivement tumulte, (n. e.) — (3) Carrozza étant féminin en italien, ce fut d'abord le genre de carrosse en français : 
« Toujours d'un valet la carrosse est suivie. » (Régnier, El. II.) (n. li.) — (h) Voici comme M. Quicherat {Histoire du Cosiume^ 
p. 471-472) résume avec esprit et netteté l'histoire du carrosse: « La voiture de luxe au moyen-âge fut le char, autrement 
dit la charrette enjolivée d'une belle peinture et couverte d'une tonnelle en tapisserie. Au xiv« siècle fut inventé le chat 
hranlant, ou suspendu, qui fut, aux oripeaux et à la dorure près, le parfait modèle des maisons roulantes dans lesquelles 
nous voyons les saltimbanques transporter leur famille et leurs curiosités. Le cocfie (ou la coche)^ qui devint plus tard le 
carrosse, parut sous François \*^. On peut 66 le figurer comme une tapissière à quatre roues, très-basse sur ses essieux et 
richement adoubée. Selon Sauvai, la femme d'un apothicaire de la rue S*-Antoine imagina la première de faire ajouter un 
appareil de suspension au coche, lorsque déjà le cocJie avait pris le nom italien de carrosse. C'était après la Ligue, et dès 
lors on \it les hommes monter dans cette voiture, qui jusque là n'avait été qu'à l'usage des femmes. Henri III fut nûd noté 

Sour s'en être servi. Le nombre des carrosses s'accrut dès qu'on fut revenu de ce préjugé. D'année en année, le goût des 
ens riches s'y attacha davantage. On ne les comptait plus après la régence de Marie de Médicis. C'étaient de loordesel 

de drap ou 

résidait dans le prix 

se tenaient accrochés derrière. De même qu'aujourd'liiii, on va, le soir, faire son tour au bois de Boulogne en équipa ge, <m 

au 

eurent 

bout à Vautre du royaume ; car la fin suprême de la promenade en carrosse était de montrer comment l'on était mis. » (ir. K.) 
— (5) C'est payer au marc la livre, (n. e.) » (6) Dans cette locution garaus machen, en finir, combler la mesure. (N. B.) '* 
(7) On lit dans les Mémoires de Scepeanx (VI, ffî): f Faisant boire à la mode du pays (de Metz), que ron appelle corroMlL 
tous les passans. » Une chambre nommée poisle, du poêle qui la chauffait, abritait les buveurs ; on s'enivrait 1à on plus tari 
Descartes devait s'entretenir de ses pensées : c Ce maistre eschevin, qui ne mist jamais le nez qu'en ung potsle pour 
boire carroux. » (Scepeaux, IV, 14.) < Cfu'ils iroient jusques dedans leurs poi«^, et faire carroux, c'est-à-dire boire d'antant 
avec eux. > (Id. IX, 24.) (n. e.) 





CA -2 

Od trouve aua^i toire à caroux , daas les Contes 
d'Butrapel, p. 91. [Voyez Carousse.) 

VARIANTES : 

CAROUS. Oudin, Dict. 

Caboux. CoDles dXutraiiel, p. 91. 

Cahroux. 

Carousse, iubst. fém. L'action deboireàl'eovi. 
— Fêle. 

Ce mot, au premier sens, signifie action de boire 
à l'eDvi. 

Au second sens, ce mot désigne une fête qui se 
fïiisoit avec grand appareil. (Voyez Journ. de Ver* 
duo 1750, May, p. 357.) 

VARIANTES : 
CAROUSSE. Oudin, Dict. 
Cahrousse. 

Garousser, verbe. Boire à l'envi, trinquer. 
Porter des sant^. Nous avons vu laire carous, 
boire carous, au même sens. (Dict. de Cotgrave et 
d'Oudin. ~ Voy. Brantôme, Cap. Estr. T. I, p. 16.) 

• Nos nouveaux François ont engendré carousser, 

■ voulantuserdu mestier des Allemands. > [Celtliell. 
de L. Tripp., au mot Carous.) 

Garouzat, subst. masc. Mot factice. Les joueurs 
i& gobelets s'en servoieot anciennement. Brantôme, 
parlant des exactions du maréchal de Matignon dans 
son gouvernement de Guienne, dit: • Qu'ayant 

• manié les deniers du roy, il les a ménagez si 
■. bien, et les a fait passer si bien par invisibilium, 

■ avec la faveur de son petit esprit, farfadet, ou 

■ astarot, que très subtilement en disant, favorisât, 

• carouiat (1), comme dit maistre Gunin, en son 

■ passe-passe, il les afaitsauter dans ses coffres, au 

■ lieu de sauter dans ceux du roy. • (Brantâme, 
Cap. Fr. T. 111, p. 383.) 

variantes : 
CAROUSSER. CeUheU. de L. Tripp. au mot Carous. 
C^JUioussKR, Cahouser. 

Carpase, subit, fém. Sorte de plante. (Oudin, 
Dictionnaire.) 

Garpel, subst. masc. Petite carpe (2). (Ord. des 
R. de France, T. I, p. 541.) 

Carpentage, subst. maac. Charpente. Ce mot, 
dans le passage suivant , désigne plusieurs pièces 

(1) Ualtre Géniu peiiBait alors à carrousel 



f- CA 

de bois assemblées: • Carpenlages et édifices adiré- 
' rans an fonds, sortissent nature d'heritagesi » 
(Coût. Gén. T. II, p. 925.) Ce mot signifloit aussi 
bois de charpente ; de là, on a dit sçavoir le c/iar- 
pentaZt pour se connoitre en bois de charpente, 
comme dans ces vers : 

N'a bomroe, jusqu'à MonpeUier, 

Oui tant en sache com je fas 

Par saint Tliiebaut de eharpentas. 

Eilr. rM. US. du R. D- lOOft, p. 17. 
VARIANTES : 
CARPENTAGE. Coût. Gén. T. IL p. 925. 
Charpentaoe. Eust. Desch. Co«s. MSS. fol. 304, col. 3. 
Charpentaz. Fabl. MSS. du lï:'us,7906, p, 17 <3), 

Carpenter (4), verbe. Nousdisens encore cAar- 
penter. On prenoit ce mot, autrefois^au figuré (5), 
pour travailler. • Le roy Charles de France, qui 
« estoit sage et subtil, avoit charpenté et œuvré, 
■ entour ses traités, trois ans devant, et bien savoit 
t qu'il avoit de bons amis en Hainaut. > (Froissarl, 
Liv. I, p. 356 (6). — Voyez Du Gange, au mot 
Carpenlare.) 

variantes : 



Garpentier, subst. masc. On disoit, autrefois, 
carpentier. 

U carpentiers est Tais, qui est descoofis d'uevre, 
Qui lie va là manoir por carpenter maciiea. 

Pm. liSS. iiBt 1300. T. IV, p. 11S0. 

Nous disons encore charpentier, mais son accep- 
tion étoit autrefois plus étendue (7), On trouve 
charpentier de huches, pour l'ouvrier qui faisoit les 
huches. (Ord, des R. de Fr. T. II, p. 379.) Charpen- 
tier de tonneaux , pour tonnelier. (Ibid. p. 368.) 
Ceux que nous nommons aujourd'hui proprement 
Charpentiers, s'appeloientc/iarpenliersa la grande 
coignée. (Hist. du Th. Fr. T. II, p. 249.) 

Voici un ancien proverbe: ■ Vous verres les 
■ grands abbateurs de bois n'avoir que des filles, 
• et peu d'enfans masles ; car on ail qu'un bon 
<■ charpentier ne fait jamais d'éclats. > (Bouchot, 
Serées, Liv. II, p, 259.) Equivoque grossière d'éclat, 
pour fente (8). 

VARIANTES I 



) — (2) On lit dans la Bibliothèque de VEcole de» Chartét, 

_ ._,,__,_ , _ine carpel dont les deux no veillent sept deniers, i La 

jAunei euerpiaut, au Livre i/et Meher», p. 265. (n. e.) ~ (3) Il faudrait intercaler ici le mot carpentement ; t L'estraiure du 
attiora et dedens du mollin, l'arbre, roeue, rouet,... et toutes aultres cosea de carpentement eatans oiidit mollin. i (Cart. dB 
Corbie signé EtA:kiet, an. UH, fol. 177, r>.) (n. B.) - (4) Charpenter se trouve dés le XII* siècle dans la Charrette (v. 30U> : 
tHravaiBement est faiz et joini cist poni, et mal fïi charpenlei. > Au xiii' siècle, on lit dans la Chr. de Rains (5) : ( Et li 
raUnielimwe(al80itc(irp«nrerengiensdechàmeràgreDtplentë. ■ Rulebeuf (II, 96) écrit au figuré : • Ma char cAarpenteronl 
lilelOD cuipentier. » En picard, carpenter signifie encore faire du bruit, (n. e.) — (5) Carpenter a dans FroissaTt (édiUon 
Ear*nl,IX^, »9) un avbatantit verbal carpent, au sens de macbinalions, menées : t Les capitaines des blans capprons n 
donfaUreat iiue che ne tust sus leur carpent. > (n. k.) - (6) M. Kervyn de Lettenbove imprune (VII, 316) : k Li rois CbarlM 
de Wtwoo», qui eat<Ht sases et soutieue, avoit earpenté et ouvra tous ces trettiës m ans en devant, et bien savoit que... > 
Ob lit encon au figuré (Xlll, 969) : < Et turent entour Iny plus de six jours, charpentans sur cel estât et tous les jours ea 
COnsaiL > Ad t. Ilf, p. U, Is mot est pris au propre : « fl flsl Taire et carpenter unes beiUe. » (n, e.) — (7) Le carpentariv 
éUit nn cbarron <eaf7)snlu>n); i Carpentarius spéciale noraen est, carpentum enim solum tacit. i (laid., lib. 19.) Le sens 
S"**! étandn dans toutes les luignes romanes. (N. k.) — (8) Signalons ausei, dans Beaumanoir (cb. XXXIS, 11), l'expression. 
d»rM>jr«c(H'i)en(*erapour lefeu: t Une femme do Ville nue va en Hei si dit auabourgois :... Vous me tolez ma terra et 
— ••- 'a Toetre graocne chèque je deusse avoir, et vous n'en goirés jà-, car je vous envoierai ea vostre graocbe.les tvu^M 
'—>. Si ne demouia pas pui demi an, que le fu fu boutés dedens celle grancbe. > (n. z.) 



(1) Ualtre Génin pensait alors à carrousel ou à carroutte. (n. e.) — 
3> série, t. IT, p. 53 (Ord. de Philippe- le-Bel) : > Que l'on ne presne < 
^uriel euerpiaut, au Livre îles Métier», p. 265. (n. e.) ~ (3) II faudrait 



CA -9 

Garper, verbe. Pincer. (Dicl. de Borel, i'" add.) 
Proprement preaâre, cueillir, du lalin carpere. 

CarpI, subst. Nom d'une ville de l'Italie septen- 
trionale. Nou3 remarquerons, au sujet du comte 
de Carpi, une pratique pieuse qui subsista dans le 
christianisme jusqu'au xv* siècle. Beaucoup de 
fidèles, même des plus qualifiés, demandoient 
avant leur mort à être enterrés avec l'tiabit de 
quelque ordre monastique. Les guerres de religion 
rendirent peu à peu cet usage moins fréquent, et 
le comte de Carpi, qui voulut être enterré avec 
UQ tiabit de cordelier, est le dernier qui pratiqua 
cet acte de dévotion. Marot dit, en parlant de lut : 

Le comte de Carpy 

Qui se fait moyne après sa mort. 

Clém. Harot, p. 173. 

Henry Estienne, écrivain protestant, en parle en 
ces termes: « Le comte de Carpi ayant esté des 
« derniers qui ont joué ce beau jeu, est demeuré 
« seul en proverbe et en risée. • {Apol. pour Héro- 
dote, p. 61i.] Ce comte de Carpi est te même qu'Al- 
bert Pio, prince souverain de Carpi, de la maison 
de Savoie. Il est célèbre par ses démêlés avec 
Erasme et par les écrits qu'il fit contre lui. (Vie 
d'Erasme, par M. deBurigni.) 

VARIANTES ! 

CARPI. Orth. Bubsist. 
Cahfv. Clém. Harot, p. 173. 

Carple, suUl. fém. Charpie. — Espèce de ra- 
goût. Le pjemier sens, charpie, est le sens propre. 
[Dict. d'Oudin.) 

Ce mot semble s'être pris pour une espèce de 
ragoût, dans les vers suivans : 
DebebuB flst appareiUier 



Unu 






Après faud monnoiers en roet, 
Deux Taus jugeurs & la carpie (1), 
Et UQ craa moine à la aaucie. 
Et estaccbiez fui d'avocas, 
Ud entremee que flsl baras. 

FAI. HSS. du R. n* 7«S, roi. ta. V toi. 1. 

Carpions, suHt. masc. Petite truite. Celte 
espèce de truite ne se trouve que dans le lac de 
Garde (2). (U Duchat, sur Itabelais, T. II, p. 226.) 

Carpir, subst. masc. Charme. Espèce d'arbre. 
(Dict. de Monet.) 

Cl 
ter.- 

(1) C'eal proprement un hachis de carpe: le reg. II. 07, p. 89, an. 1366, donne la variante carpant: i Ledit Colait priât 
un plancon en disant audit Nicaise, que a il en diEoit plus mot ne demi, il le especeroit dudit plancon, ainsi comme un 
earpanf. > Quant au mot charpif dans le sens actuel, il a été fait sur le latin carpere, eflUer, délirer de la laine ; la tonne 
française ne semootrequ'auxiv' siècle: iDecouppez les membres par morceaux et niaàtacAarpte. >(Méiiagier,Il, 5.) (N.B.) 
— (S) Cette truite poinlillée est fort commuiie dans toutes les eaux douces des Alpes, (n. k.) -(3) Oa lit an Roman de la 
Rose (v. 90429} : > Charpir la laine. > G. Cbostelain {Expot. sur léritê mal prise) écrit : ( Ils desmembrent et eharp ùien t. > 
Le mot s'est conservé dans le Bcrrj et dans les pays wallons ; enfin au ma. 28 du t. S' Victor, Toi. 33S, v*, col. 9, on Ironn 
le dérivé charpiner : i La feme l'empereur manda k Naraes cesle injure, qtie ele le feroit fUer o ses esclaves et charpintr 
la laine. ■ On dit encore, dans L'Ouest, écharpigner. (n. S.) — (i) Carpite a le sens du français carpetta, et ds l'angUia 
earpite. On Lt d'ailleurs au t. VII des Ilist. de la Fr., p. U3 (xiii* siècle) : • Quant tuil turent assemblé, ureUt et antiw 
''tMreonDes, et il furent rcvestu des aornemeni de sainte Eglise, et tapiz et carpiiei turent eslendu. > Il fant tonjoura 



S- • CÂ 

Le premier sens. Taira de la charpie, est la sigiA' 
fication propre de ce mot. On a dit caijftr de la 
laine, pour la carder (3). 

De la, au figuré, pour mallraiter, on a dit :- 
Tu m'as ai bien charpi ma pluroe. 

C'est-à-dire tu m'as tellement maltraité, dans le 
Mystère de Job, Hist. du Th. Fr. T. U, p. 535; 11 
s'agit d'un personnage qui se plaint d'avoir élë 
assommé à coups de bâton. 

Charpir une guerre signifloit aussi flgurémeof 
tramer une guerre, livrer la guerre. 

Hais la chair vint grosse guerre charpir, 
Dresser, brasser, et prés moi se tanir. 
En m'assaillant par bataille . 
Um Triomphe! de 
VARIANTES : 
CARPIR. Oudin, Monet, Nicol, etc., Dict. 
Charpir. Dict. Universel. 

Carplte, subst. Grande quantité. • Il n'estoit 
> plus de richesses que des draps d'or et des ear- 

• 7Jifes(4)decou5ins, etdesoreillyesqueonportoit 

■ aux hourdis, et aux feuillées, pour les dames, et 

■ les damoyselles seoir à leur ayse, pour veoir le 
- tournoy. - (Percef. Vol. I, fol. 134.) 

Carpobalsame, subst. masc. Baume. Propre- 
ment le fruit de l'arbrisseau qu'on appelle baume 
ou plutôt beaumier de la Mecque. 

Carpot, subst. masc. Le quart de la vendange. 
Espèce de champart réservé par le propriétaire des 
vignes, (Laur. Gloss. du Dr. Fr. et Poquet, notes 
HSS. sur Lauriëre.) Carpot est la traduction du latin 
vinex quartanœ, et ce mot guartanœ nous indique 
son étymologie. • L'on ne peut appliquer terres 

• baillées, n'en icelles bastir aucun édifice, sans le 
« vouloir, et congé du seigneur à qui la parciere, 

■ ou carpot appartient. * (Coût, de Bourbon, Coût, 
tien. T. If, p. 394.) Borel et Ménage, dans leurs dic- 
tionnaires, expliquent ce mot par impôt sur le via (5). 
Il désigne un droit seigneurial dans les Hém. de 
Sully, T. X, page 228. 

VARIAKTES : 

CARPOT. Laur. Glose, du Dr. Fr. 

QUARPOT. 

Carquenal, subst. masc. Gibet. 

Noiez fusses tu en un flum, 
Qu pendus à un carquenal. 



terres latiourables, c'est-A-dire le droit de prélever unn partiedeîarécoLte, le quart delà vendange. La parciere se percevait 
sur la récolte des fruits produits par lea héritages ; elle ressemblait au champart ou & une dlme inléoaée ; éUa était anaii 
en usage dans le Bourbonnais et l'Auveigne. (n. s.) 



CA 



— 249 — 



CA 



Carquoise, adj. au fém. Nous trouvons ce mol 

Sour épithète de sagette, flèche, dans les Epitb. de 
[artin de la Porte. 11 s'est formé de carquois. 

Carrado, subst. Charretée. Mol languedocien. 
(Du Gange, au mot Cairada. — Voy. Garée.) 

Carraire, subst. masc. Ghemin. Gelui par lequel 
on mène les bétes à Tabreuvoir et au pâturage. 
C'est le sens de ce mot provençal, selon Du Gange, 
au mot Carreria. 

Garralrol, subst. maso. Sentier. Chemin étroit. 
Ce mot, usité dans le patois provençal et langue- 
docien, semble être le diminutif de Carraire ci- 
dessus. (Du Gange, au mot Carreria.) 

VARIANTES : 

CARRÀIROL. Carrairou. Carreirou. 

Carrât, subst, masc. Charretée. Charge d'un 
ebariot. (Dicl. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Carre, subst, fém. Angle. ~ Face carrée. 
. Ce mot peut s'expliquer par angr/^, dans la cita- 
tion qui suit, où l'on parle du convoi de Charles VII : 

Des chevaux, en petite carrCf 
' Car estoient couverts en tous lieux. 

Vigiles de Charles VU. T. U, p. 71. 

Il siçnifle face carrée, au passage suivant, où il 
s*agit d'un arc de triomphe : 

Cent couldez eut, et trente de largeur ; 
Chascune carre, et chascune carreur 
Avoit cinq ares, figurez de couleur, 
 mode antique. 

i. Marot, p. 167 {{). 
VARIANTES : 

CARRE. J. Marot, p. 167. 

QUARRE. 

Carre, subst. masc. Chariot. — Constellation. 

Ce mot est usité, au premier sens de chariot, 
dans le natois languedocien. Les habitans du pays 
de Foix aisent : « Lou carre du roy Artus, » pour 
le ebariot du roy Artus. (Dict. de Borel, à charroye.) 

Selon le même auteur, can^e désignoit aussi la 
constellation de l'Ourse. (Borel, au mot Carrus,) 
Nous disons encore chariot en ce sens. 

Carré, adj. Ce mot subsiste. On appeloit champ 
royal carré, dix, onze ou douze vers de forme 
égale, arrangés d'une façon régulière. « Champ 
« royal, se faictdedix, ou unze lignes, autant que 
« contient de sillabes le palinod, à celle fin qu'il 
« soit carrée combien que Ton en trouve de bons 
« qui sont de douze lignes, et plus : mais il ne sont 

f>oint si magistraulx (supérieurs, excellents] que 
es carre%. » (Fabri. Art. de Rhétor. L. II, f« 48.) 



Carreau, subst. masc. Flèche, dard. — Balles. 
— Briquet. — Pierre. — La foudre. — Pavé. — 
Coussin, siège. — Maladie. 

Au premier sens, ce motsignifioit, ordinairement, 
ces dards ou flèches dont la pointe étoit carrée, ce 
qui leur faisoit donner ce nom. « Celui arbalestrier 
« tira un carreau et assena le portier droit en la 
« teste. » (Froissart, Liv. II, p. 51 J On disoit : « Des 
« carreaux empennés de fer, » (Froissart, Liv. II, 
p. 208.) A'airain. (Rab. T. IV, p. 168 (2).) 

De là, on a donné ce nom aux balles carrées, ou 
lingots de fer, dont on chargeoit les pistolets : 
« Vous aviés deux grands pistolets, que l'un de 
« vous avoit chargés de carreaux: d'acier. » (Mém. 
de Sully, T. I, page 309.) 

On appliqua ce mot à la partie du fusil, ou bri- 
quet, où est l'acier, qui sans doute étoit carrée : 
« Un fusil avec lequel frappant du caireau d'acier, 
« il fait tomber quelques étincelles. » (Merl. Cocaie, 
T. II, page 59.) 

De ce que ce mot signinoit les dards, les balles 
de pistolets, on l'employa pour signifier toutes les 
pierres qui se lançoient avec des machines de 
guerre, ou, peut-être, parce que ces pierres étoient 
des pavés qu'on appeloit aussi carr^awo;. « Ceux du 
« Quesnoy decliquerent canons, et bombardes, 
« qui jettoient grands quarreaux. » (Froissart, 
Liv. I, p. 6J.) 

Parce que la foudre ressemble, par la rapidité 
avec laquelle elle tombe, aux carreaux lances par 
les machines de guerre, on appela la foudre, car- 
reaux. De là, ce mot carrel, dans le Test, de J. de 
Meung, expliqué par tonnerre dans le Gloss. On se 
sert encore poétiquement de cette expression. 

On a nommé carreau le pavé de la rue, et même 
les pavés des chambres, parce qu'ils étoient carrés. 
De là, celte expression encore en usage, sur le 
carreau, pour signifier sur la place; on disoit 
autrefois sur les carreaux (3). 

Qui tuoient gens sur les careatix. 

Vijples de Charles VII, T. I, p. 29. 

On a dit aussi coulonnes de carreaux, pour des 
pierres carrées (4) qui servoient de bornes. « Ont été 
« apposées deux coulonnes de carreau pour mercs 
« et devises. » 

Comme les coussins étoient carrés, on les a 
nommés carreaux, et nous le faisons encore, mais 
nous ne disons plus juger sur les carreaux pour 
juger sur le tribunal. On trouve cette expression 
dans les Ord. des R. de Fr. T. II, p. 586 : « Fait par 
« M. le Prévost en jugement, sur les caireaux (5). » 



(1) On lit encore dans CoquUlart (Droits nouveaux) : c Ceux aussi qui n'ont pas de aoy Ne peuvent tels grans despens 
faire ; Pour ce c'est le pis que je voy, Quant un homme est mince de cairc (carrure, du latin quadrum). > (ViUon (Test. 
Legs à Perinet) écrit aussi : a De rechef donne à Perinet... Pour ce qu'il est beau filz et net En son escu, en lieu de barre, 
Trois detz plombez de bonne carre, n On dit encore la carre d'un soulier, d'un habit, (n. b.) — (2) On lit dans la Chanson de 
Roland (str. 165) : c D'une arbaleste ne peut traire un quarrel. » Il vaut mieux (dans Froissart) écrire au pluriel quariaus : 
c Canons et bombardes qui jettoient grans quariaus (III, 152) » ; et au t. V, 262 : c Ârbalestiers qui traioient quariaus de 
fors arbalestres. > (n. s.) — (3) On Ht en ce sens dans Froissart : c Au cheoir qu'U fist, Bomrace reversa contre les 
guarreauU de la chaussie et eut la teste toute espautrée. » (Ed. Kervyn, XVI, 114.) Dès le xu« siècle, on lit dans Th. le 
ICartyr (p. 153): «... Du saint martyr novel Qui giseit au mustier ocis sur le quarrel. lê (n. e.) — (4) On Ut dans Roncisvals 
(p. 149, xn* siècle) : c Touz ses mostiers ert (erit) refais de quurraus. » (N. E.) — (5) Le mot n'a pas ce sens avant le xiv siècle : 
f Luy estant apporté un quarreau, U commanda au plus vieil d'entre eulx qu'il le prist pour se seoir. » (Amyot, A lex., 96.) (n. b.) 

III. 32 



CA 



— 250 — 



CA 



On lit aussi dans une citation de Borel : 



De l'argent sur un carel, 
Ou un tapis. 



Borèl, Dict. !'«• add. 



Enfln, on a donné ce nom à une maladie com- 
mune aux enfans, qui est une sorte d*opiIation qui 
leur presse Testomac et la poitrine, et rend ces 
parties dures ; c*est appaiemment cette dureté , 
comparée à celle des pavés, qui a fait donner à ce 
mal le nom de carreau (1). (Oudin, Dict. — Voyez ci- 
après Gabrel.) (2) 

VARIANTES : 

CARREAU. Orlh. subsist. 

8UARREAU. Borel, Dict. !•• add. 
UARRAULX, plur. 

Carriau. Eust Desch. Poës. MSS. 

Carriax, plur. Du Plessis, Hist. de Meaux, p. 127. 

QuARRiAU. Villehard. p. 56. 

Cairsl. Eust. Desch. Foês. MSS. fol. 70, col. 2. 

Garkel. Gloss. du R. de la Rose. 

QuAREL. Fauch. Lang. et Poës. Fr. p. 125. 

Garro. Le P. Daniel, MU. Fr. T. I, p. 412. 

Garot. Du Gange, à Carrotus, Garrotus et Quadrum, 

Garrot. Perard, Hist. de Bourg, p. 432. 

Garraux, plur. Borel, Dict. 

GuARROT. Hist. de la Pue. d'Orléans, p. 502. 

Garriau. 

Cairou. Borel, Dict. 

8UARUIAUX. Duchesne, Gén. de Châtillon, p. 15. 
UADRELLE, aubst. fém. Fauch. Lang. et Poës. Fr. p. 125. 

Clappefoup, subst. masc. Lieu où se croisent 
Plusieurs chemins. — L'endroit où se croise une 
broderie. 

La première signification subsiste, sous Tortho- 
graphe carrefour. On disoit autrefois carrefous de 
chemin, de quatre fourcs, c'est-à-dire quatre em- 
branchemens. (Chron. de S. Den. T. II, fol. 161.) 
Voyez ci-après Fourc, d'où Ton pouroit dériver 
l'étymologie de carrefour. Cependant, de Fauce- 
magne pense que ce mot vient du latin carrorum 
conftnia. 

De là, on a nommé carrefours les endroits où la 
broderie se croisoit sur les harnois des chevaux. 
« Là furent les dix fringans coursiers, tous enhar- 
« nacbés de niesmes draps dont leurs robbes 
« estoient, qui au bout des pendans, ou meilleu, et 
« par les cairefours estoient semées de visières 
« d'argent dorées, pour les chevaliers, et blanches 
« pour les escuyers. » 

VARIANTES : 

CARREFOUR. Orth. subsist. 
Carrefouro. Froissart, T. IV, p. 142. 
Carrefours. 

8UAIREF0R. Duchesne, Gén. de Chataigners, p. 27. 
UARREFOURC. Dict. de CorneiUe, au mot Fourc, 
QuARREFOUR. Nicot, Monet, Dict. 
Quart fort. N. Coût. Gén. T. II, p. 1092. 

Carrelgnon, subst. masc. Coin, angle. C'est 



la signiflcation de ce mot^ dans les deux passages 
suivans : 

Puis Yient à rautre quarreignon, 
La voit les chans amples, et lez, 
Bien gaaigniez, et bien semez. 

ParUuopex de Blois, MS. de S. G. 

Blanchardin ûst un brief escrire, 
Puis mist le carreigiion en cire. 

C'est-à-dire cacheta la lettre sur le coin , sur 
l'angle (3). 

VARIANTES : 

CARRËIGNON. Blanchardin, MS. de S. G. p. 185, V«. 

Carrignon. 

QuARREiGNON. Partouop. de Blois, MS. de S. G. 

Carrinon. Quarrinon. 

Carrel (4), subst, masc. Billet. — Brique. Ce mot, 
dans sa signification propre, désigne une chose 
carrée ; c'est de là que dérivent les deux acceptioûs 
suivantes : 

Au premier sens, ce mot signifîe un billet, pro- 
prement une lettre pliée en carré. « Veitung carre/ 
« sur la poictrine au damoisel qui estoit sellé de 
« cire jaulne, et d'une pierre d'Israël, et avoit 
« dessus une main qu'il sembloit qu'elle voulsîst 
• dire : madame, ouvrez et regardez ; si ouvrit la 
« dame le carrel, et veit ce que dedans avoit, en 
« imaginant ce que le tout pouvoit signifier sans 
« lyre : car point de lettre n'y avoit. » (Perceforest, 
Vol. IV, fol. 105.) 

On appliquoit aussi ce mot à une brique (5), à 
cause de sa forme carrée. 

Il li devise une meson, 

Tout sanz carreL et sanz moulon. 

Fabl. MS. du R. n* 7996. p. 96. 

VARIANTES : 

CARREL. Perceforest, Vol. IV, fol. 106, R* col. 1. 
QUARREL. Ibid. col. 2. 

Garrelerle, subst, fém. Carrelage. 

VARIANTES ! 
CARRELERIE. Dict. de Monet. 
Carreleure. Oudin, Nicot, Dict. 

8UARRELEURE. Oudin, Cur. Fr. 
UARRELURE. 

Carrenguez, subst. Espèce de plante. Elle 
croit sur les bords de la mer, comme il parott par 
ce passage : « Nous avons ordonné que nul mar> 
« chant, ne autre ne puisse apporter harens, ne 
« poissons de deux mois, ne mettre chenone, rayez, 
« leurre, varet, sèches, ne carrenguez, ne denrées 
« embouchées, avec franche pescaille. sur peine de 
« surfaire (pour forfaire, confisquer) les denrées 
« qui ainsi seront trouvées. » (Ord. des R. de Fr. 
T. V, page 253.) 

Carrera, subst. Chemin. Mot du patois dn 
Béarn. (Du Cange, au mot Carreria.) 



(1) C'est une affection des gangUons mésentériques : le Tentre se tuméfie et devient dur comme un carreau, (n. s.) -> 
(2) Quarriau désigne enfin une mesure : « Quarriau de toUe sunt pièces de toile qui tiennent quatre aunes et demi* de 
toUe. f {JÀvre des MétierSy 3430 (N. e.) — (3) On ne cachetait pas les lettres à Tangle; on le peut voir par la lettre doee de 
JoinviUe à Louis X le Hutin (Fac-similé dïians de WaiUy. p. 453). Carreigyian est le carré de cire sur leriuel on imprimait le 
cachet, (n. e.)— (4) On récrivait plus souvent quarrel; c'est le cas régime de quarreU {quadreUxM) '^ l s'est plus tard 
vocalisé en quariau, carreau, (n. e.) — (5) C'est plutôt une pierre de taule; de nos jours, carreau désigne une pierre peu 
profonde^ qui forme parement en se reliant à des boutisses ou parpaings, (n. e.) 



CA 



— 251 - 



CA 



Carrerié (1), adj. Un ancien interprète françois 
traduit le mot latin paritaderiU par juges carreriéSj 
c'est-à-dire sergens, huissiers, selon Du Cange, au 
mot Paritaderiij qu'il interprète apparitores. (Voy. 
ci-après Juges cartulaires, pour notaires, au mot 
Cartulaires.) 

Carreton (2), suhst, masc. Charretier. 

VARIANTES : 
CARRETON. 
Carbton. Duchesne, Gén. de Guiaes, p. 284. 

Carreur, subst. fém. Face. Jean Marot, p. 167, 
parlant d'un arc de triomphe, dit : 

Chascune carre, et chascune carreur 
Avoit cinq ares figurez de couleur. 

Nous avons vu le mot carre pris dans le môme 
sens. 

Carreupe, subst. fém. Carré. — Pièce d'étoffe 
carrée. 

On lit au premier sens : « Quarante toises en 
« carreure », pour en carré (3). (Nouveau Coût. 
Gén. T. III, p. 1224.) 

Dans une signiflcalion particulière, ce mot dési- 

Ïnoit un ornement pour les enfans, une pièce 
'étoffe carrée. C'est en ce sens qu'on lit : carreure 
dépassement devant V estomac. (Oudin, Dict.) 

VARIANTES : 

CARREURE. Nouv. Coût. Gén. ci-après. 
Carurb. Mém. de R. de la March. seig. de Fleur, p. 375. 
Carrure. Lancelot du Lac, T. I, fol. â, V® col. 2. 
QuARREURE. Perceforest» Vol. I, fol. 4, V«. 
QuARRURE. Monstrelet^ Vol. I, fol. 74, V». 

Cappeys, subst. masc. Charroi. C'est le sens 
propre de ce mot. Il est pris pour corvée ou rede- 
vance en charroi, dans la Coût, de Soûles, citée par 
Du Cange, au mot Caireium sous Carreda (4). 

Gappible. Mol du patois limousin. Voici le pas- 
sage où nous le trouvons : 

Ventre de Dion : zen dIct gigone (5) ; 
Cestuy carriblBy et res ne donne. 

Pathelio, Farce, p. 58. 



Gappiegre, subst. fém. Rue. Mot languedocien. 

VARIANTES l 
CARRIEGRE. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 158. 
Carribire. Bore], au mot Charriere. 

Câprier (6) , verbe. Causer, babiller. Du latin 
garrire. 

VARIANTES : 
CARRIER. Glosa, du P. Labbe. 
QUARIRER. Rob. Est. Monet, Dict. 

Capplepe, subst. fém. Chemin. — Champ des- 
tiné aux courses. — Droit de voirie. — Bac. — 
Danse. — Lieu d'où Ton tire des pierres. 

Ce mot, pris pour chemin, s'est écrit de toutes 
les façons marquées aux variantes. Il désigne 
proprement un chemin à passer les charrettes. 
« La seconde manière de voie qui fust fête, si fu 
« de huit pies de largue, et TapeFon cariere. » 
(Beaumanoir, p. 129.) Cette largeur a varié (7). On a 
même pris C3 mot pour chemin^ en général. 

Narcissus venoit derrière 

Toz sens (8) parmi une charriere. 

Rom. de Narcis, MS. de S. Germ. fol. 48, V*. 

Comme carrière signifloit un chemin par où pas- 
soient les chariots, on s'en servoil pour exprimer 
le lieu où se faisoientles courses de chars, et même 
tous les autres exercices. Nous disons encore 
carrière, dans ce sens; de là naquirent diverses 
expressions où le mot carrière (9) fut pris dans un 
sens détourné de sa signification primitive. « Se 
« mettre hors de la carrière, » pour quitter le 
champ, s'écarter de la compagnie, suivant l'édi- 
teur des Quinze Joyes du Mariage. « Faire passer 
« cairiere, » pour obliger quelqu'un à faire quelque 
chose. « Il espère leur faire passer cairiere, pour 
« la révocation de la dite imposition de trente pour 
« cent. » (Mém. de Sully, T. VII, p. 168.) « Recom- 
« mença à frapper, et ruer coups à l'enragé, et 
« faire carrière autour de lui », c'est-à-dire écarter 
les combattans, de sorte qu'ils laissoient autour de 
lui une espèce de champ q\x carrière. (Jean d'Auton, 
Ann. de Louis XII, p. 172.) 



(1) Henscbel imprime carrière ; le traducteur a vu la racine paries, paroi, paret en provençal, dans paritaderii. Le mot 
se trouve dans les Conventions entre Louis II, roi de Sicile, comte de Provence, et la ville d'Arles (1385, art. 16.) (n. e.) 

(2) Le mot se rencontre dès le xii* siècle dans la Charrette (v. 346) : c Après la charrette s'avance. Et voit un nain sor les 
limons, Qui tenoit comme charretonê Une longue verge en sa main. » Le Roux de Lincy (II, 161) cite ce proverbe commun 
du XV* siècle : c Bon charton tourne en petit lieu. » Enûn La Fontaine (Fables, YIII, 12) écrivait encore : s Le charton 
n'avait pas dessein De les mener voir Tabarin. » Froissart donne concurremment carton et charreton : c A l'endemain 
atelèrent carton leur hamois. » (Kervyn, II, 184.) Et au t. X, p. 8: c S'engenillèrent à rencontre et joindirent leurs mains 
▼ers les marcheans et les charetona. » (N. e.) 

(5) On lit au Roman de la Rose (v. 1332): <c Li vergiers par compasseiire Si fu de droite çuarrôtire, S'ot de lonc autant cum 
deiarge. » On trouve de même slxik Assises de Jérusalem (1, 174) : t Et doit estre le champ de quarante canes de careùre. » (N. E.) 

U) Kaynouard cite Gaimar {Haveloc, v. 500) : c La quistrent somers et carrei. » On lit aussi au Roman de Rou (v. 15964) : 
t Od granz tonels, od grand charrei Fet les deniers porter sei. > Dans Partonopex (ms. fol. Ifô), charroi signifie manière 
d'agir: c Porqoi murdristes cel soupir? Que ne l'iaissastes fors issir? Geler vos en guidiez vers moi ; Mais ge sai trop de 
cast charroi, » G. Guiart (an. 1304) écrit : c Artillerie est le charroi qui... est chargé des quarriaus en guerre. » Enfin Marot 
(II, 278) le prend pour chemin : c Et ainsi triste, en haste s'en aloit Par maint carroi, par main canton et place. » (n. b.) 

ë) Le waUon dit gigoner pour ^gotter, et giaonè pour bateleur. Dangeau (I, 173, 16 mai 1685) écrivait encore : c On y 
dansa même, et M"« de Nantes finit le bal par y danser une dame gigonne, le plus joliment du monde. » (n. e.) 

(6) Aux Ordonnances (IX, p. 307, art. 21), carier parait signifier carder : c Que aucun ne aucune ne fasse à Paris ne en la 
banlieue, carier soye, là où il ait parmi la soye autre chose que la soye, sur peine de perdre la soye. » (n. E.) 

Çl) On lit encore dans un Digeste du xiii* siècle (fol. 105) : c il a différence entre erre et charriere ; quar erre est par quoi 
Ton puet aler à pié et cheval sanz pluz * charriere est par quoi l'en puet amener char et charrette. » Et dans li livre de 
jostice du même temps (p. p. Rappeti, 1850, in-4*, p. 142) on trouve encore : c Lesse (largeur) de chariere donéo tient en 
atendue onze niez. » (n. e.) 

(8) Tout seul. 

(9) L'étymologie est alors le latin carrus. (n. e.) 



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On trouve carrière dans Bouleiller, pour un des 
droits de voirie. (Somme Rurale, p. 497.) 

CharrièrBy dans quelques provinces, l'Anjou, la 
Touraine , signifie encore les petits ponts sur 
lesquels les voitures traversent les ruisseaux, elles 
bacs sur lesquels elles passent les rivières, entr'- 
autres la Saône. On lit dans les Mém. d'Ol. de la 
Marche, p. 365 : « Si renvoya les charrierez (1) et 
« les battiaux où il étoit passé, ils avoienl quatre 
• grandes cliarrieres et d'autres battiaux à passer 
» gens de pié. » (Ibid. p. 366. — Voy. Bachiere.) 

Je ne puis rendre raison du nom de carrière, 
donné à une danse ; je rapporterai un passage où 
Ton trouvera aussi le nom de quelques autres dan- 
ses anciennes : 

S'on joue peut eslre la Carrière, 
Petit Rouen, le grand Tourin, 
La Gorgiase, la Bergiere. 
Ils se courroucent au tabourin ; 
TeUes dances ne sont plus en train 
 noz mignons du commun cours. 

Coquillart, p. 40. 

Je ne citerai la signification de lieu d*où Ton tire 
des pierres, donnée au mot carrière, qu'afin de 
marquer l'époque où cette acception, qui subsiste, 
paroit avoir commencé. Du temps de Pasquier, 
catrière, pris en ce sens, n'étoitpas du bon usage. 
« Paris, dit-il, est environné de toutes parts de 
« pierrieres, que le peuple appelé par corruption 
« carrières. » (Rech. T. XVII, page 761.) Pasquier 
n'auroit dû se récrier que sur Torthographe, car 
carrières, dans cette signification, vient de quadra- 
riOBy parce que les blocs qu'on en lire sont ordinai- 
rement carrés (2). Il falloildonc écrire quenneres, et 
c'est ainsi qu'on écrivoit efl'ectivement autrefois. 

g^oyez Nicot, Dict. aux mots Carriers et Querriere) 
icot rejette cependant aussi le terme carrière, et 
y substitue celui de pierrière. 

VARIANTES I 
CARRIERE. Du Gange, Gloss. lat. au mot Via, 
Cariere at Charière. Athis, MS. fol. 60, R<> col. 2. 
Kariere. Du Gange, au mot CatTeria, 
Charriere. Athis, MS. fol. 60, R» col. 2. 
Charière. Beaumanoir, p. 129. 
Quarriere. Du Gange, au mot Quarriera. 
Querrieres. Journ. de Paris, sous Gb. VI et VII, p. 156. 

Carriero, subst. masc. Chemin. Mot langue- 
docien. 

Carrochier, subst. masc. Cocber. On lit, dans 
les Mém. de Sully, T. III, page 17, carossier, pour 
oocber, et cependant on lit aussi cocher au même 
endroit; ainsi ces deux mots étoient employés alors 
indifféremment (3). 



VARIANTES l 

CARROCHIER. Garossier. Dict. de Gotgrave et de Monet. 
Garrocier. Pèlerin d'Amour, T. I, p. 106. 

Carron (4), subst. masc. Carreau de brique. — 
Pierre. 

Au premier sens, ce mot signifie carreau de bri- 
que. (Dict. Etym. de Ménage.) 

Carron signifie quartier de pierre ou de rocher, 
dans le passage suivant : 

Polyphemus, tue moy d'ung carron, 
De quoy les gens UUsses fis noyer. 

La Chtsse et départie d'Amours, p. 849, col. i. 

Carronné, adj. Carrelé. (Dictionnaire Etym. de 
Ménage.) Ce mot nous offre une signification plus 
claire dans Texpression gin^embrerie carronnée, 
employée au passage suivant. Il s*agitd'uD docteur 
« maitre es ars de sa profession qui estoient magie, 
« cabale , billonnage , happelourderie , faulse 
« monnoie, safrannerie, brezillée, gingembrerie 
« carronnée, empoisement, empuisement, empoi- 
« sonnement. » (Alector, Rom. fol. 35.) 

CarroS) subst, masc. Grand étepdard (5). (La 
Cont. de Guill. de Tyr. Marlène, T. V, col. 718.) 

Carrouge , subst. masc. Fruit du caroubier. 
Espèce d'arbre (6). (Dict. de Monet et de Ménage.) 

Carrousel^ subst. masc. Nous nous contente- 
rons, sur ce mot, de la définition du P. Menestrier. 
Selon cet auteur, « les carrousels sont des courses 
« accompagnées de cbariots, de machines, de récits 
« et de danses des chevaux. » (Des Tournois, p. 7.) 
Il appelle aussi « cairousels sur feau^ les courses 
« et autres exercices qui s'y font. » (Ibid. page 18.) 
Voyez dans ses représentations en musique, p. 232, 
la description d*un ballet à cheval, en forme de 
carroMS(3/, joué devant le roi. 

Carpouselle, subst. fém. Petite roue. C'est le 
sens propre de ce mot expliqué par ruota a gireUa 
piccola, dans le Dict. d'Oudin. GireUa, qu'il inter- 
prète girouette, poulie, moulinet, est traduit en 
espdiSnoX rueda pequena, petite roue. (Id. Dictionn. 
français-espagnol.) 

Cappoy (7) , subst. masc. Carrefour, place 
publique. — Char de triomphe. — Courroie. 

Le sens propre de ce mot est carrefour, quadri- 
vium, et l'orthographe primitive est, par consé- 
quent, quarroi. On dit encore carrai , pour carre- 
four, en Touraine et dans quelques provinces 



(1) On lit au reg. JJ. 114, p. 317, an. 1379 : « Comme Bouchart de Lisle, seigneur de l'isle Bouchart et de Rochefort siir 
Loire, eust fait faire un grant et notable bac ou charriere en la rivière de Loire pour passer charroiz. » Et aussi au reg. 137, 
an. 1^ : « Les uns passèrent la rivière d*AilUer ou (en) le batel ou charriere du port de Varennes. > (N. B.) 

(2) La forme quarriere se trouve au xii* siècle (Rois, 423) : <c As charpentiers et as masons, mairien achetassent, et pierre 
feissent de la quarriere venir, a D'Aubigné (Hist., III, 181) écrit aussi c carrières de Vau^irart. » (N. E.) 

(3) Quand le carrosse succéda au coche^ le cocher devint un carrossier : c Le carrossier de M. de Varat me donna du 
pommeau dans Festomac. » (D'Âubiffné, Fœneste, I, 7.) On lit encore au Pèlerin d'amour (l, 106) : c EUe fit commander à 
son carrossier de les mener le plus lentement qu'il pourroit. » (N. E.) 

(4) Carro^x signifiait charron dans une charte de 1340, au Cartulaire de Corbie. La forme picarde est encore canm, (N. B.) 

(5) C'est le caroccio, le chariot qui portait le principal étendard de l'armée, (n. e.) 

(6) C'est la ceratonia silica de Lmne. (N. E.) 

(7) Voir la note sous Carreys. (N. E.) 



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voisines. On trouve ce mot dans Clément Marot , 
page 500. 

En haste s'en alloit 

Par maint carroy^ par maint canton, et place. 

Dans Monstrelet, Vol. I, fol. J50, on lit mal à 
propos convoy^ pour carroy. « Les jeunes filles bien 
« fardées, et velues de leurs belles cottes blanches 
« se rangent an quan*oi, » (Merlin Cocaie, T. I, 
page 236.) 

Comme les marchés se tiennent sur les places 
publiques ou carrois, on a dit jour de carroues , 
pour jour de mardié. « Pouvoient les dits bour- 
« geois prêter leurs dites mesures, si ce n'estoienl 
« les mesures à bled , à jour de carroues dudit 
« lieu. » (La Thaumass. Coût, de Berri, p. 138.) Les 
paysans de Touraine prononcent encore carroues, 
pour carroi. 

On trouve carroy, pour char de triomphe , dans 
le Gloss. de Marot, et ce mot alors vient évidemment 
du latin carrum, chariot. 

Ce mot dérive de corium, cuir, lorsqu'il signifie 
courroie, comme en ce passage, où Ton trouve en 
même temps Tétymologie du mot Wincester : 

Wencastre son nom de cuir prent ; 
S'y peut Yen nommer autrement 
Chastel de corroie, en comans : 
Kaer carroy enbraçans, 
Pour ce que il fu mesurez 
la corroie, et compassez. 

Rom. de Brut, MS. fol. 53, V* col. S. 

VARIANTES .* 

CARROY. Clém. Marot, p. 50. - Dict. Etym. de Ménage. 
QuARROi. Merlin Cocaïe, T. I, p. 296. 
Caubouer. La Thaumass. Coût, de Berri, p. 138. 

Garruée, subst. fém. Etendue de terre. Celle 
qui peut être labourée, dans une année, avec une 
charrue (i). (Du Cange, aux mots Cairucaùa et Car- 
rucagium.) 

VARIANTES ! 

CARRUËE, Charuée, Carue. 

Carruga, suist, fém. Charrue. Telle est Texpli- 
cation que Borel donne de ce mot, qu'il regarde 
comme un mot François, dans son Dict. 2" add. Les 



notes manuscrites de Falconnet disent que carruga 
est le mot latin qui signifie charrue (2). 

Garrutage, subst. masc. Droit sur les charrues. 
Espèce de tribut, peut-être le même que charruage 
ci-après. (Voy. ce mot.) Du Cange, au mot Reporta- 
gium, cite un passage du Carlulaire de S* Denis, où 
on lit : « Ratione cujusdam consuetudinis quœ 
« reportagium^ sive carrutagium vulgariter nun- 
« cupatur. » 

Cars, subst. plur. masc. Char, chariot. On lit , 
en ce sens: « Firent marcher cinq cars de foing, 
« conduits chacun de quatre beufs. » (Mém. de Du 
Bellay, Liv. IX, fol. 299.) 

A grans carottes, et à cars (3). 

Vignes de Charles VIT, T. H, p. 18. 

En Normandie, les paysans disent encore un 
car, pour un char ou un chariot. 

Garsldoine, subst. fém Chalcédoine. Nom de 
ville. « Le manche esloit composé des os de diverses 
« bestes. La première étoit d'une manière de ser- 
« pens qui conversent (fréquentent) en la Carsi- 
« doine (4), et sont plus petits que en nulle autre 
« terre. » (Lanc. du Lac, T. III, fol. 102.) 

Garsistes, subst. masc. Nom forgé pour désigner 
ceux de la faction de Gaspard de Pontevez , comte 
de Carcès, vers l'an 1575. Ceux de la faction qui 
leur étoit opposée, s'appeîoient Razats (5). (Hist. de 
Thou, T. Vil, Liv. lx, p. 267.) 

Cart, subst. masc. Espèce de mesure de grain. 
— QuarL Dans ces deux significations, ce mot 
dérive du latin quartus. 

Au premier sens, ce mot signifie une espèce de 
mesure de grain. 

On écrit cart, au lieu de quart. Ainsi, on trouve 
car^ d^/iei/€, pour quart de lieue, dans THist. de 
Bertrand Du Guesclin, par Ménard, p. 525. 

Cartable, subst. masc. Registre. Proprement un 
registre sur lequel on n'a point écrit (6). (Dict. de 
Monet.) Nous le désignons aujourd'hui par le mot 
1 latin album. 



(1) Carnée de terre se lit aux Tenures de Littleton, sect. 262^ au t. II du Monasticon AngUc, p. 214; enfin, dit Du Cange, 
c in resesto feodor. franc. . fol. 73 » : c Othon de Encre homme tient charuée de terre à Grosseforest. » On disait au même 
sens charruage. (Coust. gén., 1, 456.) (n. e.) 

(2) Carruga est provençal ; la forme latine et italienne est carruca^ voiture ornée de sculptures en bronze et en ivoire, 
m6me de ciselures en argent et en or. Les premières mentions se trouvent dans Pline, dans Suétone, dans Martial 
ÇPl, 62. 5) : c Âurea quod fundi pretio carruca paratur. » Le mot prit un sens spécial et désigna par analogie la machine à 
roues dite charrue, (n. e.) 

(3) On lit dans Beaumanoir (XXV, 18) : c Se cars ou caretes ou sommiers ou gens carquiés entrencontrent en destrois 
(juemins. » On trouvait de même au Cart. 23 de Corbie (an. 1362) : c Porront aUer, passer et rapasser par ledit bac à pié, à 
qaeval^ à car, à carettée, à wit et à carques paisiblement. » (n. e.) 

(4) On trouve dans Villehardouin , pour ce nom de lieu, les variantes Calchidoine, Calcidoine, Calcédoine, Calcedones, 
Calcedounes, Cacidoines, Callidones. (n. e.) 

(5) Carcès fut érigé en comté en faveur de François de Pontevez, par lettres de mai 1571. Les Carsistes étaient catholiques 
et 86 reconnaissaient à leurs longues barbes. Leurs adversaires portaient au contraire la barbe rase, d'où leur nom de 
razais. (n. b.) 

(6) M. Littré n*a pas donné place à ce mot dans son Dictionnaire ; il est fort employé cependant par nos contemporains 
âevés sur les bords du Rhône. Â. Daudet^ parlant de l'entrée du Petit Chose au coUëge de Lyon (Hetzel, 1872, p. 23), écrit : 
« Ce n'était pas seulement ma blouse qui me distinguait des autres enfants ; les autres avaient de beaux cartables en cuir 
jaune, des encriers do buis qui sentaient bon, des cahiers cartonnés, des uvres neufs avec beaucoup de notes dans le 
bas. » (N. E.) 



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Gartage (1), subst. masc. Sorte d*impôt. « Ne 
« seront contraints doresnavant les dits manans, et 
« habitans des dits pays de Guienne, et de Bordeiois 
« de payer aucunes tailles, impositions, gabelles, 
« (ou2igeSj cartages ^ ne autres subsides quelcon- 
« ques. » (J. Chartier, Hist. de Charles VII, p. 240. 

— Du Gange, au mot Quartagium.) 

Cartains^ subst. plur. masc. Espèce de mon- 
noie. Peut-être faut-il dériver ce mot de l'italien 
quadrini ? G'est peut-être aussi le même que char- 
trains (2), dans les vers suivants. (Voyez ci-après 
Ghartein) : 

Un palefroi ot boin et bel : 

Ses (rains, sa sele, et ses loraias 

Valoit mil Uvres de cnrtains. 

Fabl. MSS. du R. n" 7980, fol. 69, R* col. 2. 

Gartame, subst. masc. Safran sauvage. (Dict. 
d'Oudin.) Le mot carthame (3) est encore d'usage. 

Carte, subst. fém. Mesure de grain ou de vin. 

— Acte d'un marché. — Plan, image, tableau. 

Ce mol, encore d'usage, a conservé beaucoup de 
signiflcations différentes. J'ai marqué celles qui ne 
s'emploient plus. 

J'aurois pu omettre la première signification, 
car on dit encore en Normandie une carte (A), pour 
désignei: la mesure du quart d'un boisseau et celle 
d'un pot de vin ou autre liqueur. Ge mot a aussi 
cette dernière signification dans le Bas-Poitou, Il 
faut écrire quarte, puisqu'il est évident qu'il vient 
du latin quarta. (Gloss. latin de Du Gange, ci-dessus 
cité.) On disoit aussi, en ce sens, quarte eiquartée. 

Les autres significations du mot carte dérivent 
de charta, papier. On disoit aussi charte. (Voyez cet 
article en son lieu.) Ainsi, de ce que charta signi- 
fioit papier, on a donné le nom de carte aux actes 



de conventions que ce papier contenoit : < Anra 
« deux tabellions tant seulement qui pourront faire 
« cartes des centraux. Lesquelles cartes^ et instru- 
« mens ne seront pas mis à exécution. » (Ordonn. 
des Rois de Fr. T. I, p. S02.) De même , on disoit 
carte-partie, jionr charte-partie. (Bassomp. Ambass. 
T. I, p. 228.) C'étoit un acte double qui se parlageoit 
de façon que Ton pût, en en rapprochant les deux 
parties l'une contre l'autre, reconnoîlre si c*étoient 
effectivement les originaux. On en trouve des 
exemples dans la Diplom.de Dom Tassin (5). (Voyez 
ci-après Gharte-partie.) Dn ancien poète appelle en 
ce sens, l'Ecriture Sainte, la quarte divine , c'est- 
à-dire l'acte sacré où sont contenues les promesses 
que Dieu a faites aux hommes et l'hommage au'il 
leur a prescrit. (Eust. Desch. Poës. mss. fol. 481.) 

Nous disons bien la carte d'une province, mais 
nous disons le pian et non la carte d'une bataille. 
Gette dernière expression étoit usitée autrefois. 
« En cette carte que j'ai ci-devant dit, où est por- 
« traite la dite bataille. » (Brant. Gap. Fr. T. II, 
p. 217.) On écrivoit quarte autrefois , dans le sens 
subsistant. On lit quarte-marine, dans Eust. Desch. 
Poës. MSS. fol. 470(6). 

Le plan d'une bataille est une espèce de tableau ; 
de là carte, qui s'est pris en ce sens , a signiflé 
généralement tableau, image. (Invent, des Liv. de 

Ch. VI, Ms. an. 198.) 

Je n'ai pas besoin de marquer l'acception de 
cartes, pour cartes à jouer (7); mais je dois marquer 

Suelques expressions proverbiales, anciennement 
usaee, où ce terme est employé dans cette 
signification. On disoit: 

1** Mesler dans les cartes, pour • mesler dans les 
« caquets. Et encore qui pis est, on m'a meslé dans 



(1) C'est la guar/c, redevance du ouart des fruits de la terre et surtout des vignes ; tantôt obligatoire, tantôt conventionnelle, 
eUe se payait au maître du fonds dominant. C'est une sorte de champart, parfois usurj^ée, parfois grossie par le seigneur ; 
mais le plus couvent on observe exactement le contrat qui a réglé Tabanaon des terrains. L'origine de ce droit remonte à 
ces empnytéoses par lesqueUes les possesseurs de grands domaines donnaient à défricher des forôts et des plaines 
incultes, avec réserve d'une part des produits , quand la terre serait de plein rapport. Cette prestation en nature se 
transforma en redevance pécuniaire, (n. e.) 

(2) On aurait plutôt écrit chariins. (N. B ) 
^3) L'étymologie est l'arabe kirthim. (n. e.) 

(4^ On trouve encore au même sens, avec le c initial, les formes carton et cartarenche. Donnons des exemples de 
cartarenchet que n'a pas rencontrés Sainte-Palaye : « Ilem en froment huit sextiers, une cartarenche eiiiers de ponbardiere.. 
Item en seigle quatre soxtiers, six qnartons quartarenchc de ponhardiere. » (JJ. 499, p. 418, an. 1464.) Dés 1305 (JJ. 1*^, p. 41), 
on lit aussi : c One mine et une quarterenge de blé. » (n. e.) 

(5) Les chartes-parties {cartœ partitœ) sont encore appelées chirographes, du mot cirographum ix^^Q» main , yçéç^tr, 
écrire), que le ciseau entaiUait en séparant les deux actes. La division était aussi faite par l'alphabet , ou même par un 
Christ en croix, (n. e.) 

(6) « Par la auarte qu'ils ont marine, Scet chacuns d'eulx où il chemine. » La table de Peutinger (Table ThéodosienneY 1« 

Ïilus précieux des monuments cartographiques anciens, n'est qu'un immense itinéraire illustré de Tempire Romain. (Voir 
'éd. de M. Ern. Desjardins, Paris, Hachette, 1S74.) Les premiers essais de cartes ne remontent qu'au xiii* siècle et sont 




et surtout pendant le xy« et le xvi« siècle que la cartographie a fait des progrès réels. De cartes mss. dites Portulans se 
multiplièrent alors en vue d'aider aux relations commerciales de Gênes et de Venise, avec les villes littorales et mar- 
chandes de l'Europe et de l'Afrique. Ces portulans, remarquables par le dessin et la variété des caractères, le coloris, 
l'enluminure, sont d'une inexactitude absolue pour Tintérieur des continents ; mais les côtes et les lignes de navigation 
sont tracées avec soin ; ce sont des itinéraires maritimes aux mains de touS les gens de mer qui les corrigeaient et les 
augmentaient de nouveaux détails, par les observations de leurs traversées. Les portulans de la Bibl. Nat., de la Bibl. do 
l'Ecole de Médecine de Montpellier et des grandes bibl. du midi de la France ressemblent en général aux cartes marines et 
terrestres dessinées en Italie après le voyage de Magellan. (N. E.). 

(7) Le mot a le sens de cartes à jouer dans le Héttagier (I, 4), composé à la fin du xiv« siècle : c Les autres jouans aux 
cartes et aux autres esbatements. » (n. e.) 



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« Icè cartes de l'accouchée. » (Caquets de TAccou- 
cbée, p. 166.) 
2* Avoir les cartes en main. Expression employée 

Gr Brantôme, dans le sens où nous disons : avoir 
aujeu. (Cap. Etr. T. II, p. 247.) 
3" Carte virade désigne une sorte de jeu que 
nous appelons la carte retournée. (Contes d'Eu tra p. 

E. 356.) On lit charte virade^ au même sens, dans 
abelais, T. I, p. 137 (i). 

VARIANTES t 
CARTE. Du Ganse, Gloss. latin, au mot Quarta. 
Quarte. Id. ibia. 
QuARTÉE. Id. ibid. 

Cariée, svbst. fém. Charretée. On prononce 
encore cartée dans quelques provinces. (Du Cange, 
Gloss. latin, au mot Cartea (2).) 

Cartel, subst. masc. Billet. Ce mot a aussi 
signifié feuillet d'un livre et couvercle d'un plat. 
C'est le diminutif de carte, employé ci-dessus dans 
le sens de charte. On dit encore cartel, pour défl. 
Ce mot semble signifier, dans le passage suivant, 
ce que nous appelons aujourd'hui lettres de cachet : 
« Le nom du prisonnier est écrit dans un cartel 
« bien cacheté. » (Rech. de Pasq. Liv. IX, p. 868.) 

Le cartel de sûreté étoit une espèce de sauf- 
conduit réciproque. « Et leur fit un cartel de seu- 
« reté. » (Mém. de Rob. de la Mark. Seign. de 
Fleuranges, ms. p. 436.) 

On appeloit aussi ;î/re' d^ carf^/, un officier de 
justice. « Les dits prévôts, jurez, et échevins seront 
« tenus de faire, par nostre mayeur, en présence 
« d'un juré de cartel, la dite signification, pour la 
« dite huicliesme. » (Coust. de Valenciennes , au 
Coust. Gén. T. II, p. 959.) 

Ce mot a été pris pour feuillet ou pour couvercle 
d*uQ plat : 

Conscience est la guecte oui guecte le chastel : 
Ja si pou n*y ferra pechié ae son martel 
Qu'elle ne tourne a Dieu plus tost que imc^ cartel (3) 
V Et racuse^ et descueuvre quanqu'il a au pTatel. 

J. de lleung, Cod. 1539. 
VARIANTES I 

CARTEL. J. de Meung, Cod. 1539- 
QuARTEL. Dictionnaire de Nicot. 

Captelette, suhst. fém. Espèce de mesure. 
Diminutif de carte ci-dessus, pris en ce sens. « Les 
« dits brasseurs ne seront obligés à recevoir demy 
« tonneaux aux tiers , ou cartelettes , sans estre 



« jaugé à Tadvenant des dits quarante quatre lots. » 
(Nouv. Coût. Gén, T. I, p. 310.) 

Carteron, subst. masc. Quart. De là, on disoit 
carteron de terre, pour le quart d'un arpent de 
terre. « Quant aux cottieres, chaqu'un peut licite- 
« ment, et valablement enclorre jusques à une 
« mesure, ou cinq carierons de tenx coltiere (rotu- 
« riere) soit labourable, ou autre , sur chemin ou 
« flegar, ou en bouts, et yssues de villes. • (Coût. 
Gén. T. I, p. 695.) ' • : . 

VARUNTES : 

CARTERON. Coût. Gén. T. I, p. 695. 
Quarteron. 

Gartibe. On a dit cartibe (4) d'un moulinet. 

* 

Cartier, subst. masc. Quartier. — Cantonne- 
ment. — Artilleur. 

Ce mot doit s'écrire quartier, dans les deux pre- 
mières significations. 

On a dit un cartier de la nuit, pour une partie 
indéterminée de la nuit, suivant ce passage : « Ils 
« se mirent en chemin, et chevauchèrent toute une 
« journée, et de la nuytung car^i^r. » (Perceforest, 
Vol. m, fol. 138.) 

Nous disons encore quartier, pour cantonnement 
de troupes pendant Thiver. On écrivoit autrefois 
cartiers. « M. le Maréchal avoil faict faire halle à 
« tout le camp^ à un mil de là, attendant quand le 
« seigneur Francisco et mol porterions les cartiers, 
« où falloit que le camp se logea. M. le Mareschal 
•( estoit malcontant, et fort fasché ne sachant où 
« loger, ny où les cartiers eloient faicts. » (Mém. 
de Montluc, T. I, p. 355. — Voy. Quartier ci-après.) 

Je ne sais quelle étymologie donner au mot Car- 
tier, pris autrefois pour désigner un artilleur dont 
le service n'est pas expliqué dans le passage où ce 
terme est employé dans ce sens. Il s'agit de l'artil- 
lerie de Charles V III , qui passa les Alpes à son 
retour de Naples, en 1495 : • Plusieurs compagnons 
« d'icelle artillerie, comme canoniers, chargeurs, 
« cartiers {b)n aydes,l)outefeux,arbalestriers,gensà 
« pied suivant la dite artillerie, pionniers, maçons, 
« mareschaux, serruriers et autres. » (André de la 
Vigne, Voyages de Charles VIII à Naples, p. 156.) (6) 

Cartiere, subst. fém. Sorte de mesure. On dis- 
tinguoit « la charge, le cestier, la cartier e et le 
< civadier, » dans une citation rapportée par Du 
Cange, au mot Quarteria (7). 



i 




de cartes que 
semences , la 
poncée, les marques ae lomte sorte, i aurape, la npousse, te couae, le tour ou peut aoigt, la mancne, le chappeau, Vauge 
et le miraU. » Les proverbes qu'eUes ont fait naître sont encore en usage : c Tous y commandez absolument en rois de 
carte. » (Sat. Ménip. 75.) (N. B.) 

(2) Cest la prononciation beige, d'après Du Cange. (n. e.) 

(3) On emplojoit encore le diminxiin car telle t : c Le suppliant leur bailla ou ût baiUer à un chascun un cartellet ou rescrit 
contenant. » (JJ. 192, p. 71, an. 1460.) Au sens de défi, on unissait les deux mots, cartel de defft : « Xerces escrivit un cartel 
de deffi au mont Âthos. » (Montaigne, I, 22.) (n. e.) 

(4) On appeUe cartelle d*un moulin, la grosse planche qui porte les meules, (s. E.) 

(5) Cartier est lÀ pour charretier. Ce sont les conducteurs du train d'artiUene. (Voir p. 241, note 1.) (n. e.) 

(6) Cartier, dans S*-Stmon, signifie fabricant ou marchand de cartes : c Le roi nt arrêter sans bruit le garçon bleu qui 
tenait le panier de cartes et le cartier. (Ch. LVIII, p. 168.) (n. e.) 

ci) Voici le passage de Du Cange : « In auodam mstrumento utis ann. 1564 monachos inter et incolas Montis-meyani 
mensurœ recensentur hoc ordine : < La charge, le cestier, la cartiere et le civadier, » (n. b.) 



CA 



— 256 — 



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Cartiger, verbe. Lever des plans. Proprement 
faire des cartes. On a dit du maréchal de Biron : 
o Entre toutes ses perfections de guerre, c'étoit un 
« homme qui reconnoissoit le mieux une assiette^ 
« et logement de camp, et place de bataille: il 
« s'entendoit très bien à cartiger, et à en faire lui- 
« même des cartes, et les deviser à d'autres. » 
(Brant. Capit. Fr. T. 111, p. 364.) 

Cartlsanier, subst. masc. Ouvrier en fil d'or. 
Ouvrier en cartisane (1). (Dict. d*Oudin et de Cotgr.) 

• 

Captoche, subst. fém. Cartouche, ornement de 
sculpture (2J. On lit dans Nicot : « Une cartoche 
« en laquelle se pouvoient lire des vers. Une car- 
« toche qu'on met dans un mortier. » Nous disons 
cartouche, dans ces deux sens. 

VARFANTES : 
CARTOCHE. Dict. de Nicot. 
Cartuche (3). Dict. de Cotgrave. 

Carton, subst. masc. Mesure de grain. Ce mot 
est employé, en ce sens, dans les passages suivans : 
« Qui assit froment, l'en baille le carton, mesure 
« de Clermont, pour douze deniers, et par ainsi 
« baille huit cartons pour septier, qui vaut huit 
« sols en assiette de terre. » (Procès verbal des 
Coût, de Bourbonnois, auNouv. Coût. Gén. T. 111, 
p. 1227.) « En tout le dit bas pays d'Auvergne, tous 
« grains se mesure à la mesure de la ville et cité 
« de Clermont, et ceux du dit haut pays, à la 
« mesure de la ville, et cité de Sainct-Flour ; et ceux 
« des prevostages de Brivadois, et Langhadois, à la 
« mesure brivadoise, c'est a scavoir à raison de 
« huict cartons des dites mesures, faisant le septier 
« de bled, et le carton quatre couppes. » (Procès 
verbal des Coût. d'Auvergne, au Coût. Gén. T. I.) (4) 

VARIANTES : 
CARTON. Du Cange, au mot Quarta. 
QuARGNON. Citation dans Du Cange, ibid. (5) 
QuARTON. Coût. Gén. T. II, p. 498. 

Cartouche, subst. fém. Terme d'architecture. 
Pierre de taille creusée pour recevoir et porter la 
filière d'une charpente. Ce mot, encore fort en 
usage dans plusieurs sens, ne Test plus du tout 
dans celui que nous venons d'exposer, et qu'on lui 



a donné autrefois ; par exemple dans ce passage : 
« Si Tune des parties voudroit hausser son basti- 
« ment dans la muraille commune, dIus haut que 
« l'autre partie, elle sera obligée de hausser la 
« muraille à ses propres frais, et de racourcir les 
« chevrons de la maison de l'autre partie, et les 
« retenir dans le fllier avec des cartouches de 
« pierre par en bas dans la muraille commune. » 
(Coût, de Brusselles, au Nouv. Coût. Gén. T. I, page 
1268.) On lit plus bas cartouches de pierre de taille. 

Cartouche, adj. Terme d'architecture. Sans 
autre explication, dans le Dict. d'Oudin. 

Cartoufle, subst. fém. Mousseron. (Diction- 
naires d'Oudin et de Cotgrave.) 

Cartre, subst. fém. Charte, titres. — Prison. 

On a dit cartre, par corruption de carte, ou 
charte, du latin char ta (6), et alors il a signifié titre; 
ainsi on lit : Cartres pendans pour chartes^ ou 
patentes scellées. Ce mot est employé dans ce sens 
au passage suivant : « Sur ces six, si mistrenl lor 
« affaire entièrement, en tel manière que il lor 
« bailleroient bones car/r^s (7) pendans que il tien- 
« droient ferme ce que cil six feroient. » (Villehar- 
douin, page 6.) 

On a ait cartre par dérivation du latin carcer (8), et 
alors il a signifié chartre ou prison. Les passages 
suivans l'ont pris dans cette seconde acception : 

Si est la cartre, je V vos di, 
U Dieux fu mis en la prison. 

Ph. Mouskes. MS. p. S78 et 979. 

Dans une pièce adressée à la Vierge : 

Respité soumes par vous, roine de biauté^ 
De la cartre filenesse et oscure. 

Anciens Poët. Dr. MSS. du Vatican, n* 4490, fol. 185. 

Cartulaires (9), subst. plur. masc. Registres.— 
Commis. — Notaires. 

On a donné le nom de cartulaires aux registres 
ou papiers terriers sur lesquels on copioit les titres 
nommés chartes ou cartes (10). (Voyez le Gloss. de la 
Coût, de Beauv.) 

De là ce nom a passé aux commis qui tenoient 
des registres d'entrée et de sortie. « Sont ordennés 
« et establis, de par nous, à certains gages, cartu- 



(1) La cartisane est im petit morceau de parchemin sur lequel s'enroule un ûl de soie^ d'or ou d'argent, et qui s'introduit 
dans les denteUes et broderies, (n. e.) 

(2) Cartouche avait aussi le sens de cartouchier : c Puis une bonne et longue pistole, avec le cartouche plein de charges, i 
(La Noue, 237.) (N. k.) 

(3) Cartuche se lit encore aux Mémoires de Scepeaux (VI, 15) : « Ses 70 mousquetaires n'avaient que pour tirer cimi 
coups, tous apprestez en cartuches. n (n. e.) 

(4) Carton, pour charreton, se trouve dans Froissart (éd. Kervyn, IL 184) : c A l'endemain atelerent carton leur hamois. i 



Au XV* siècle, U est encore employé dans les Ordonnances des Kois de France (IX, p. 553, an. 1410) ; enfin , à la date de 
1515, le reg. de Cîorbie. signé Habacuc (fol. 247, v«), inscrivait : c Vin pour le carton de réglise de Corbie. » (n. b^ 

(5) On ht en effet dans un Contrat de 1320, entre PhiUppe-le-Long et Tévêque de Tournay (B. N., Colbert, 2591) : c Au 
Noël demi chapon, un ^u^rgnon de froument, trois deniers. » (n. e.) 

(6) Cartre vient du diminutif cartula {cartUa) ; de môme cartulanum a fait chartrier, capitulum, chapitre, (n. s.) 

(7) M. de WaiUy imprime Chartres. (N. e.) 

(8) On lit au xii* siècle, dans Thomas le Martyr (p. 31) : c Que, se li clers forfait à perdre sun mestier, Face le sis prelas 
en sa chartre lancier. » (N. E.) 



f9) Cartulaire est le doublet de chartrier ; U a été fait sur cartulariunij par les yeux, non par l'oreille, (n. b.) 
(10) Ces recueils, encore nombreux, nous permettent de rendre plus précise l'histoire morale, poUtique et legi 



slative ; ils 



ont rendu possibles la topographie et la géographie anciennes. M. Léon. Delisle a donné, dans un Annuaire de la Soc. de 
THist. de France, la Uste comj^ète des car/u/atres publiés jusqu'à 1868 environ ; Timprimerie nationale a dressé , en 1818, 
le catalogue complet des cartulaires déposés à la B. N. et aux archives départementales, (n. e.) 



CA 



— 257 — 



CA 



« laires qui les dites laines doivent peser (1). » (Ord. 
des R. de Fr. T. III, p. 254.) 

On donnoit, à plus juste titre encore, le nom de 
cartulairesei garde-notes auxnotairesqui gardoient 
les cartes ou titres. (La Roque, sur la Noblesse, 
p. 514.) Ils ont été nommés aussi juges cartulaires^ 
suivant le môme auteur, page 522. Il paroît qu'on 
donnoit lenom de chartulaire aux juges qui étoient 
chargés de pareils dépôts. Nous lisons, dans une 
ordonnance concernant les abus que commettoient 
les juges en changeant le style et observance de la 
cour : « Pour y remédier, attendu que le dit juge est 
« chartulaire, avons ordonné que les causes, et 
« procès de ladite cour doresnavant seront termi- 
« nez, et vuidez selon le stile, rigueur et obser- 
« vance de la dite cour, et ne aura l'en regard aux 
« dits rescripts, sinon tel que de droit. » (Ordonn. 
des Rois de Fr. T. II, p. 43i.) 

VARIANTES : 

GAi\TULAIRES, Ghartulaires. 

Gartule, subst, fém. Lettre, billet. 

En escripvant epistres, et cartulles. 

Crétin, p. S06. 

Garur , subst. Espèce d*arbre. « Quiconque 
« abbattera, ou emportera au dit bois soit aulne, 
« carur^ blanc bois, ou autre de semblable nature, 
« seront punis en Tamende de xx sols blancs. > 
(GouL de Landrecbies, au Nouv. Coût. Gén. T. II, 
p. 268.) Voyez ibid. page 269, où on lit : « Douze 
« foyaux (pour hêtres) verds abattus, et un carur. » 

Carvane, subst. Caravane (2). 

VARIANTES : 
CARVANE. G1088. Lat. de Du Gange, au mot Carvana. 
Karvane. Du Gange, Gioss. latin, au mot Carvana. 

Carver, subst. masc. Ecuyer tranchant. C'est le 
sens de ce mot purement anglois, formé de carve^ 
couper, tailler. On trouve aussi buther dans le 
même passage, qui signifie, en anglois, sommelier. 
« Tenure per graund serjeanty est lou (là où) un 
« home tient ses terres, ou tenemens de nostre 
« Seignior le roy, per tiels services que il doit en son 



« propre person faire al roy, come de porter 
« banner nostre seignior le roy, ou sa lance, ou 
« d'amesner son hoste, ou d*estre son marshal 
« ou de porter son espée devant luy, a son corone- 
« ment, ou d'estre son sewer, à son coronement, 
« ou son carver, ou son buther, ou d'estre un des 
« chamberlaines de le resceit de son eschequer, ou 
« de faire autres tiel services, etc. » (Tenures de 
Littleton, fol. 34.) Cette citation se trouve dans Du 
Cange, Gloss. lat. au mot Magnœ sergentiœ (3). 

Capy-cary (4). C'est un cri dont se sert la popu- 
lace de Boulogne, quand elle s'ameute contre les 
maltotiers. (Du Cange, au mot Caria.) 

Cas, subst. masc. Chute. — Fracture. — Chose. 

Ce mot, qui a encore un grand nombre de signifi- 
cations restées en usage, n'a pas conservé celle de 
chute qu'il avoit autrefois et qu'il tiroitdu latin Co^us. 

Si Ta contre son pis (poitrine) levé, 
A un desruban (précipice) l'a porté 
Entre ses bras trestout pasmé, 
Ouvrir ses mains, lascba ses bras ; 
GU fu pesans, si prist tel ccts 
Aval la faloise el rochier^ 
N'i remest os à despechier. 

Rom. de Brat, MS. fd. 0. 

Mes il ot pris si .i. dur ccm, 
Que sostenir ne se pooit. 

Alliis. MS. fol. 106. Vcol.4. 

On lit quas dans le us. de M' de Bombarde. On 
disoit aussi cause au féminin ; alors ces deux mots 
ont la même étymologie. « Sire, ta grâce et ta 
« miséricorde sont alez devant moy, délivrant moy 
« de touz maulx,rompanz leslaz des péchés devant 
« moy, estant les occasions des causes^ etc. » 
(Chasse de Gast. Phéb. ms. p. 406.) 

Dérivé du verbe casser, cas signifloit rupture, 
fracture. 

Dont vinrent à lances percier : 
Les hantes donnoient grant cm (5), 
Bien hault voloient les esclas. 

Rom. de F«uy. MS. du R. n* 6818, fol. 96. R' ool. i . 

Cas estoit, d'ailleurs, un terme générique, à peu 
près comme notre mot chose (6). (Voy. Cause ci-après, 



(1) Cartulaire jesi aussi le droit payé pour Tenregistrement des marchandises : c Ja çoit ce que pour le droit de la rêve 
nous appartiegnent douze deniers pour livre d'imposition et cartulaire. » (JJ. 129, p. 49, an. i3m.) Comme il arrive souvent 
au uioyen-ftge, le même nom désigna Tofflce et Tofiicier : « A mestre Jehan, dit Maubourt, de Lymoges est outroié roffice 
de estre cartulaire et registreur des emolumens des draps de la cité d'Albigois. » (Gh. des Gomptes, ree. A 2, fol. 41, r», 
an. 1321.) L'enregistrement se nommoit encore cÂarte/Zato6(carfu{attcuni): « Le poix de la lame .i. lib ; le chartellaige 
.mi». » (B. N., L 8406, fol. 180.) (N. E.) 

(S) Voici, d'après un historien des croisades du xin* siècle, cité par Du Gange, sous cai^ana^ la description d'une 
caravane ; « Or vos dirai k'est carvane. Li marcheant Sarazin quant il voelent aler en marcheandise en lointaines tieres, si 
parolent ensemble pour faire carvane et si sunt par avanture u vint, u trente, u ouarante, et a cascun cameus u soumiers, 
selon con k'il est sires et rices hom, et tous cargiez de marcheandises et si se ralient ensemble, et portent avoec aus lor 
marrheandise et lor tentes, k'il ne se herbergent mie en nule vUe devant çou k'il viennent à la vile, u il doivent aler et u il 
doiv nt descargier lor marcheandise ; ains se herbergent dehors les viles, quant il ont fait lor jornées ; et tendent lor tentes, 
doi>: les fttit garder li sires en qui tiere il sont par nuit et par jour, et conduire fors de sa tiere, pour le traviers k'il en a; 
et ensi font tout li seignor, parmi qui tiere il passent. » (n. e.) 

f3) Edition Henschel, t. Vï, p. 211, col. 1. (n. e.) 

(4) Voir à Carivari, (N. e.) 

(5^ On lit, en ce sens, au Recueil de Farces publié en 1859 chez Delahays (p. 412) : c Banquet : Helas que dit-on démon fait ? 

— Glistere : Vostre cas sonne fort le cas, » (n. e.) 

(6; Au XIV* siècle et dans Froissart, cas avait le sens : i^ de raison : a Qui en ceste besoingne le poelt moult aidier et par 
pluisieurs ^"" " " — . ^ . .. « , . . P. __.-.r_. _.. x ,„, «K. v 

9* de 

adverbiales 

c de cas de fortune (IV, 26)'», par accident'; cc7)u cas que », puisque, vu que, pour lê cas que! Au même sens, il employait 

c ens ou cas que. » (n. e.) 

III. 33 




CA 



— 258 - 



CA 



en ce sens.) Les significalions particulières de ce 
mot étoient déterminées par les autres mots qui 
raccompagnoient. Voici des exemples des princi- 
pales acceptions : « C'est Mercure, voila quelque 
« cas qu'il apporte des cieux. » (Cymbalum mundi, 
p. 65.) « Qu'on lui trouve cheval armé, et tout son 
« cas, » (Hist. du chev. Bayard, p. 75.) 

Nous n'avons pas grand cas, 

Nous n'avons que notre ordinaire. 

Rem. Bdl. T. H, p. 139. 

Molt fu esbahis, et confus 
De ce que U qu(M M avint. 

Fabliaux. MSS. de S. G. 

Toutes ces acceptions n'ont pas besoin d'expli- 
cation, et sont indiquées par le sens de la phrase. 
On employoit quelquefois ce mot dans un sens 
obscène. (Oudin, Dict. — Brant. Dames Gall. T. I, 
page 14.) 

Voici encore quelques acceptions inusitées au- 
jourd'hui : 

V Cas rompu ^ pour affaire manquée. « S'en 
« retournèrent, et fut leur cas rompu pour l'heure. » 
(Mém. de Rob. de la March. seig. de Fleuranges, 
MSS. page 400.) 

2° Etre au derrenier caSy semble mis pour être 
débouté, dans ces vers, où il s'agit de Nogaret, accu- 
sateur du pape Boniface : 

Cil si bien se maintint, 

A la cour du pape, et soutint 
Contre Boniface maint cas. 
Dont il fu au derrenier cas 
Et cassé par droite sentence. 

Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Fauvel, fol. 75. 

3' Cas brief, pour sommaire, récit abrégé. « Le 
« cas brief de ceste présente histoire de poeterie 
« est comprins es xvi vers ensuivans cy après. » 
(Poës. MSS. d'Eusl. Desch. fol. 455.) 

4" Cas privilégiez. C'étoit un terme de barreau 
encore usité. « Si aucun est prins prisonniers pour 
« l'un des trois cas privilégiez, c'est à scavoir pour 
« faulse monnoye, pour falsification de seaux, et 
« crime de leze majesté. » (Grand Coustu. de Fr. 
T. IV, page 511.) 

5* En cas darmes se disoit pour en fait d'armes. 
(Voy. Lancelot du Lac, T. III, fol. 18.) 

6' Cas â^ aventure ou de fortune^ pour hasard. 
(Rom. de Fauvel, fol. 49.) De là, on oisoit : De cas 
de fortune, pour fortuitement, par hasard. (Mém. 
de Fauv. ms. page 432.) 

T Avoir son cas prest, pour avoir fait ses dispo- 
sitions. (Mém. de Rob. de la March. seig. de Fleur. 
Ms. page 424.) 

8' Préparer son cas signiOe faire ses dispositions. 
(Id. MS. p. 419.) « Etant arrivé à Jsimeiz prépara son 
« cas, et ce qui estoit besoin à la place, comme 
« celui qui attendoit le siège. » On a dit, au même 
sens : accoustrer son cas, (Ibid. p. 353.) 

9' Faire son cas, pour faire ses conditions. 
« Firent tellement leur cas, qu'ils eurent chacun 
« l'un, portant l'autre, plus de 30 florins d'or. » 
(Mém. de Rob. delà March. seigneur de Fleur, ms. 
page 314.) « Le Roy ne les François à ces lettres 



« n*ajoustent pas ferme foy, et n'y meclent aucon 
« fondement, pensant que ce n'est que pour les en- 
« trelenir pendant qu'il fera son cas avec le Pape, 
« et les Venissiens. » (Lettres de Louis XII, T. m, 
pareils.) 

lO' Faire le cas pareil, pour rendre la pareille. 
(Mém. de Rob. de la March. seigneur de Fleur, ms. 
page 387.) 

11' Férir en cas de haine, s'est dit en termes de 
chevalerie, pour jouter à outrance. « Tant fut 
« vostre père de grant renom, à ce que j'ay ouy 
« racompter à ma mère, que ennuy auroye à ferir 
« contre vous, en cas de hayne, » (Perceforesl, 
Vol. IV, fol. 121.) 

12" i4w cas pareil, en cas pareil, pour à propor- 
tion, également, pareillement. « Coustoit le bled 
« secle 4 francs parisis, ou plus, et l'autre en cas 
• pareil. » (Journal de Paris, sous Charles VI et VII, 
an 1433, page 155.) « On avoit, à la S' Aiidrey, le 
« meilleur froment pour 22 sols parisis, et autre 
« grain à bon marché, au cas pareil, > (Ibid. an 
« 1433, p. 159.) » Le Roy fera son mandement pour 
« aller à rencontre des Angloys ses anciens enne- 
« mys, et mandera mondit seigneur roy le Dalphin, 
« lequel y venra. ou envolera, et en cas pareil mon 
« dit seigneur de Bourgoingne. » (Preuves sur le 
meurtre du duc de Bourgogne, à la suite du Journal 
de Paris, sous Charles VI et VII, p. 249.) 

13° Faire à main cas est une expression qui 
semble répondre à la nôtre : frapper à droite et à 
gauche, d estoc et de taille. Voici le passage où nous 
trouvons cette expression : 

Et il est plantez corne tours 
Sur le destrier en mi le tas ; 
Si fiert de Tespée a main cas, 
Car on Tassant de toutes pars, 
Et il se deffent comme lieupars. 

Fabl. MSS. du R. o* 7615, T. U, fol. 164. V ool. 1. 

14** Cas OU non, pour à droitouà tort. « Encores, 
< sire, chevaliers, me dictes vous, n'a pas trois 
« jours qu'elle vous manda, par une sienne damoi- 
> selle, cas ou non, d'une amende que vous luy 
« devez de l'espée vermeille mettre, afin que feis- 
« siez tant que sceussiez certainement qui celle 
« avanture acheveroit et luy venissiez dire. » (Per- 
ceforest. Vol. V, fol. 53.) 

15** Cas sur cas n'a point de lieu, c'est-&-dire, en 
termes de droit, que si une chose a été sa&îe pour 
une cause, elle ne peut l'être une seconde fois 
pour une autre, jusques à ce que la première saisie 
ait été jugée et décidée. (Lauriere, Gloss. du Dr. Fr.) 

VAWANTES: 

CAS. Orth. subsistante. 

QuAS. Fabl. MSS. de S. G. p. 906. 

Cause, subst. fém. Chasse de Gast. Phéb. MS. p. 406. 

Cas, adj. Privé, déchu. — Cassé, las. 
Ce mot, dérivé de l'adjectif latin cossus ou du 
verbe cadere, signifie privé, déchu. 

Preudoms aussi des biens mondains sont cm : 
Justice fault, loy, et honneur à plain. 

Poës. MSS. d*Biiit. DeMb. fol. 954, ool. I. 



CA 



— 25» — 



CA 



Du mol françois cassé on a fait cas (1), comme de 
lassé on. a fait tos. Ainsi on a Ait parler cas, au lieu 
de parler d'une voix cassée. (Nicot el Oudin. — 
▼oy. ci-après le verbe Casser et son participe Cas.) 

VARIANTES I 
' CAS. Glossaire de Marot, au mot Cas. 
QUAS. Li viez et U nouy. Test, en vers, MSS. (2) 

Casai, subst. masc. Bourg, village. — Maison. 

Casai est employé pour bourg , village , par 
Yillehardouin (3). (voyez le Gloss. et le trad. de 
Villeh. page 157.) 

Ce mot étoit plus communément en usage pour 
maison, habitation, cabane. (Dict. de Borel et celui 
de Ménage.) « Qui veaut fié requerre, et avoir dou 
« seignor saisine de fié qui est en caseauj ou en 
« terre, ou en autre leue qu'en besans. » (Assises 
de Jérus. p. 120.) « Il les mena jusaues à ung caseau 
c ou maisoiinette qui estoit asses près aillée. » 
(Perceforest, Vol. IV, fol. 70.) « Marion et moy nous 
« sommes trop tenus d'avoir daigné venir un mau- 
€ vais disner prendre en ce pauvre cazot. » (Bou- 
chet, Serées, T. II, p. 111. — Voyez Assis, de Jérus. 
page 186.) 

VARIANTES : 

CASAL. Du Gange, aux mots Casale, Casala, CMalagium, 
Cosa/tRum. 
Gazal, Caseau, Gazeau, Kasau, Gazol (ViUehardouin). 
Cassiaus. Gasiaus. Goût, de G. de Tyr. Martene, T. V. 
Gaseaux. Ph. Mouskes, MS. p. 693. 
Caseax. Part, de Blois, fol. 148, R« col. i, MS. de S< Germ. 

Casalées, subsL masc. plur. Serfs (4). Propre- 
ment les esclaves qu'on mettoit sur les biens de cam- 
pagne, pour travailler à la terre. On appeloit casalées 



naturaus^ en Béarn, ceux qui naissoiënt sur ces 
mêmes biens. (Du Gange, au mot Casatu) 

Casaque, subst. fém. Sorte de manteau. — 
Troupes. 

Borel dérive ce mot de Cosaque. Echard dit que 
Caracalla, au retour de son expédition dans les 
Gaules, apporta des caracalles (5) qui étoient une 
espèce de casaques en usage parmi les Gaulois. 
Selon ce même auteur, du mot caracalla, on a 
formé celui de casaque. (Voyez Echard, Hist. Rom. 
T. VI, page 89, et Du Gange, au moi Caracalla.) Les 
hoquetons ou casaques furent ôtés par Louis XIII 
à la gendarmerie, suivant le père Daniel, Milice 
Franc. T. I, p. 220 et 221. Nous disons encore casa- 
que, en parlant de divers habillemens (6). 

On appelle casaques blanches, certain corps de 
troupes, à en juger par le passage suivant : « Mon- 
« sieur de Mouy, un très brave et vaillant capitaine, 
« il le montra à la bataille de Dreux ; car ce fust luy 
« qui fit la première décharge avec les cinquante 
« ou soixante casaques blanches eslevées. » (Brant. 
Capit. Franc. T. III, p. 231.) « On disoit, en vieux 
« proverbe, d'un homme qui avoit un grand cœur 
« dans une fortune médiocre, qu'il couvroit un 
« estomac d'or sous une casaque burelée (de 
• bure). » (Menestrier, Orn. des Arm. p. 397.) 

On dit encore tourner casaque, pour changer de 
parti. Voyez Torigine donnée à cette façon de parler, 
dans le Laboureur, Orig. des Arm. p. 8 (7). 

Casaqui, subst. masc. Justaucorps. C'est un 
mot languedocien, ainsi traduit par Borel au mot 
Béguines. 



(1) Les Romans ont confondu sous la forme cas, les deux mots latin cassxis, vide, inutUe , et quassus , endommagé, 
affaibli. C'est le premier sens qu*U a dans Thomas le Martyr (xn« siècle, p. 87) : c A ses clers prist conseil qui ne V degurent 
I>as : li({uels direit sa cause ; il s'en firent tout quas. » Us s'y rendirent inutiles ; ils s'y refusèrent. Au Roman de la Rose, 
▼. G996, c'est encore le sens : « A soutenir nature humaine, Qui sans eus fust et casse et vaine. » Enfin au xv* siècle , 
Goquiliart, dans son Droit Nouveau, écrit : a Gloez Foeil de, je hay telz fais ; Les paupières de , je m'en tais ; L'oreiUe de , 
tout sonne cas. » (n. e.) 

(2) Cas était aussi le pluriel de cal, chat, machine de guerre : c II feroient quatre grans cas fiers et haulx. » (Froissart, 
éd. Kervyn, IV, 360. » (n. e.) 

(3} On lit, en effet, dans Tédition de M. de WaiUy (§ 383) : c Et tornerent altressi con por venir à Rodestoc, et vindrent 
por herbergier à Gortacoole, un casai où Henris li frères l'empereor Baudouin ère herberpez. » Henri de Valenciennes , le 
continuateur de ViUehardouin, écrit aussi (g 528) : c Et endementiers k'U parloient ensi, h marescaux de nostre ost esgarda 
par desoz un casai. » Ce môme continuateur dit, au g 624 : c S'esparsent chà et là par les casiaus », ou encore c por les 
ccwoua gaster et destruire (g 627.) » Ce mot a aussi le sens de manse (Ch. d>' 1303, citée par Du Cange) : c Un chasal (manse), 
qui fu Oudart Jouvenet,... o toutes ses appartenances, soit en vergiers, hoches, chasaus ^cabanes), mesons, aubraies, bois, 
Douidsons. » Le mot a persisté, comme nom de lieu, dans la France méridionale. Casai (Aude) ; les Casais (Aveyron) ; 
Cazaux (Ariége) ; Caxeaux (Hautes-Pyrénées.) » (N. E.) 

(4) Ce sont des hommes de casalatgcy personnes de condition libre tenant des terres serviles. Ce mot se transforme en 
cheseolage, dans la Ck)utume de Valiançay en Berry : c Quand une personne tenant feu et cheseolage dans les fins et limites 
d'aucune dismerce... » (n. e.) 

^) Voir U note sous Caracalle. (n. e.) 

(6) La casaque se montre dès 1530 ; c'était, comme la chamarre, une veste longue et très ample ; elle était de pleine 
étoffe, particulièrement de velours, et garnie de manches volantes qui pouvaienl s'assujettir sur le bras par des boutons. 
Le bon ton, à un moment donné, fut de n'avoir qu'une manche & sa casaque. (Quicherat, Costume , p. 364.) Ces casaques , 
dans le costume militaire, devaient être de la couleur de l'enseigne, c'est-à-dire du capitaine. La ccisaquey sous Charles IX, 
est une cape avec des fentes où passent les bras, tandis que les manches volantes sont ajustées sur les bords de 
l'ouverture. La casaque des laquais prend le nom de mandilCs, et les robes des dames, sous le nom de bernes . sont des 
casaques traînantes. Henri IV supprime la casaque pour sa gendarmerie ; mais elle redevient à la mode pendant la jeunesse 
de Louis Xill, sous le nom de caldbres ou roupxlles ; les mousquetaires l'endossent en 1622 , et Louis XIV la transforme 
pour eux en soubreveste. (p. e.) 

(7) Charles-Emmanuel l", duc de Savoie, aurait donné lieu au proverbe . pour avoir changé plusieurs fois de parti 
pendant la Ligue. Il avait une casaque blanche d'un côté, pour le service de la France, et rouge de l'autre pour suivre les 
Espagnols. Ce prince bossu, spirituel et sans foi, inspira le quatrain suivant : c Si le bossu mal à propos Quitte la France 

S our l'Espagne, On ne lui laissera de montagne Que celle qu'il a sur le dos. » Mais le proverbe est au moins contemporain 
e Brantôme, oui, dans la vie d'André Doria, écrit : c n y a eu trois tournures de casaques en France qui ont bien porté 
dommage, M. ae Bourbon, Moron et André Doria. » (n. s.) 



CA 



- 260 — 



CA 



Casan, suhst. masc. Jardin. Cemot est du patois 
de Béarn et a cette signification, suivant Laurière, 
Gloss. du Dr. Fr. ; la Coutume de Labourd. dans le 
passage suivant, le prend au même sens : « Si les 

• terres, vergers ou autres biens immeubles du 
« debleur suffisent à faire le payement, iceluy 

• décret ne doit estre interposé sur la maison, et 
« jardin, vulgairement appelle casaM(l). » (Coût, de 
Labourd. au Coût. Gén. T. Il, p. 730.) 

Cascaret, suhst. masc. Terme de mépris. Ce 
mot est employé dans ces vers, contre Diogène : 

Ce vieux cynique estoit un vray falot, 
Cousin germain de sa dive lanterne, 
Un cascaret, ou bien un sibilot 

Rech. des Rech. ëpitre au lecteur, p. 9. 

Cascaveanx, subst. Grelot, sonnette, casta- 
gnettes. C'est un mot provençal (2). On dit en espa- 
gnol cascaveles. (Voy. Menestr., Orn. des Arm. p. 9, 
et Du Cange, au mot Ca^caveWus.) Ménage, dans son 
Dict. Etym. explique ce mot par castagnettes. 

Cascina, subst, fém. Cassine. — Petite maison. 
C'est un mot provençal (3). (Voy. Du Cange, Gloss. 
lat. au mot Cascina,) 

Cascun, pronom masc. Chacun. Ce mot vient 
de l'italien ciascuno ou de l'espagnol caduno (4), qui 
ont la même signification. 

VARIANTES * 

CilSCUN. Villehard. p. 17 et 38. 

Kakun. Carpentier, H. de Cambray, p. 18. 

Kasgun. Dictionn. de Borel. 

Gadun, Quadun. Mot languedocien. Dict. de Borel. 

Chescon. Loix Norm. art. 31. 

Chescun. Rymer, T. I, p. 45, titre de 1259. 

Jascun. Duchesne, Gén. de ChastiUon, p. 58. 

Case, subst. fém. Maison, cabane. (Dictionn. de 
Nicot et de Monet.) Jean d'Auton emploie ce mot en 
ce sens, dans le passage suivant, p. 298 : « Chascun 
« feut illec aussi bien couché ou mieulx, par adven- 

• ture, qu'il n'eut esté en sa propre case. » Ce mol 
est pris au même sens dans ces vers : 



En leur case se retrairent, 
Voulans le chemin rebrousser. 

Vigil. de GharlM VII, T. I. p. 1». 

Ce mot subsiste encore en ce sens, dans quelques 
expressions familières (5). 

Case, subst. masc. Cas. Britt. des Loix d'Ânglet. 
a dit en tous ceux caseSy pour en tous ces cas. 

Casele, subst. fém. Petite case. — Petite maison. 
De casale, village. 

Puis va chascun en sa casele. 

Hist. des Trois Maries, en Tert, MSS. p. S5f . 

En bour, n*en ville, n'en caselle 
N'orrez de tel nuUe chancon. 

Ibid. page 887. 

Casemate, subst. fém. Espèce de fortification. 
— Creux, gouffre. 

Dans le premier sens, ce mot signifie fortifica- 
tion. « Menèrent la casematte (6) du dit château de 
« Millau et la fisrent tomber par terre, mais elle 
« retomba presque aussi forte qu'elle estoit aupa- 
« ravant; la casemate ainsy minée, et les deffenses 
« rompues, etc. » (Mém.de Fleuranges, us. p. ^2.) 
« Ordonnoient plattes formes, vuidoient chasma- 
« tes, rembarroient faulses brayes, érigeoient ca- 
valiers. » (Rabelais, T. IIl, prol. p. V.) 

Rabelais emploie ce mot au T. ÏV, p. tifti, pour 
creux, gouffre, évidemment du grecxà<rfia. « La terre 
« fondoit en chasmates et en abysme. » L'ortho- 
graphe de Rabelais est bonne en ce sens, mais 
comme terme de fortification, casemate vient de 
case (7), et doit s'écrire sans h. Ce mot conserve 
encore aujourd'hui cette dernière signification avec 
l'orthographe qui lui est propre. 

Variantes : 

CASEMATE. Orth. subsistante. 
Casmate. Fouilloux, Vénerie, fol. 75. 
Chasmate. Rabelais, T. III, prol. p. V. 

Casenier, subst. masc. Domicilié. Parlant des 
étrangers établis dans le royaume (8). (Voyez Ord. 
des R. de Fr. T. ï, p. 532.) 



(1) Casai est un terrain vague où Ton peut bâtir une maison ou planter un jardin, c Laouelle Katherine eut derechief 
certaines paroUes avec la suppUant en ung vergier ou cassai, assis au dit lieu d'Âgen. » (JJ. 199, p. 144, an 1463.) Le diminutif 
casalet a le sens de bassines : « Guillelmus abbas recognovit se habuisse et récépissé... septem cathinos seu casàlets. > 
(Charte de 1352, Cart. de Montolieu.) (n. e.) 

(2) On lit dans un Glossaire provençal latin (B. N., 1. 7657) : c Casavel, Prov. nola. » (n. s.) 

(3) Ce mot, ajoute D. Carpentier, n'est pas provenfal ; les Italiens remploient, mais au sens de fromagerie. De là, dans, 
une Charte de MontpeUier, en 1189 : c Mitto in pignore totum castrum ae Lupiano , cum pasturalibus, cascinis , âeTûàSy 
garricis. » Le mot étant placé à côté de pâturage, le sens n'en est plus douteux, (n. e.) 

(4) On voit le latin quisque unus devenu cascunus. Dans le Serment de Strasbourg, nous avons : c Et in cadhuna cœa. • 
Mais dans les Lois de Guillaume (6), on Ut : c Pur chascun xm dener », et dans Roland (str. 4) : Quant cascuns ert à son 
meiUor repaire. » (n. e.) 

(5) Case est dans Rutebeuf (196) : a Renars fist en Constantinoble Bien ses aviaus, Et en cases et en caviaus ; n'i laissa 
vaiUant deux naviaus. » Rabelais (Pant., lUj 17.) dit, au sens populaire : <c La case chaulmine », mais Montaigne écrivait: 
a Mon Dieu, Quelle case, de laquelle il n'est lamais sorti acte que d'homme de bien. » (Lett., 5.) Le mot a subsisté oomme 
nom de lieu dans Caze (Lozère) ; les Cazes (Aveyron). (n. E.) 

(6) Les casemates du xvi^' siècle n'étaient pas des souterrains voûtés à l'épreuve de la bombe , mais des bastions ronds 
relies par des fausses braies, pour protéger les anciens fironts et recevoir de l'artillerie. Machiavel , dans le procès verbal 
sur les fortifications de Florence, écrit : c L'avis du capitaine fut ou'il serait utile d'élever sur ce point (angle rentrant, 
après la route de San-Giorgio) ou une casetnate, ou un bastion rond, qui battit les deux flancs. » (n. s.) 

(7) De ritalien casa, maison ; matta, folle (?) (N. e.) 

(8) On y lit en effet : c Ck)mme li caseniers ythalien demourans en nostre royaume aient ou temps passé chascun an 
acoustuméement fine selon leurs facultez à nous, pour faire leurs marchandises en nostre royaume. » On lit au xvi* sièclSi 
dans Yver (564) : « Si vous me laissiez ici, j'estime la condition des casanières de village meilleure que la mieane« » La 
Sat. Ménippi e rVertu du C^thol., 3) le prend au sens contemporain : c Qu'un roy casannier s'amuse à affiner ceste drogue, 
en son Escurial. » (n. e.) 



CÂ 



- 261 - 



CA 



VARIàNTESS ' 
CASENIER. Ord. des R. de Fr. T.* I, p. 532. 
Cassenier. Ibid. T. II, p. 60. 
Cazenier. 

Gaseret, subst. masc. Chaseret. Ce mot, qui 
subsiste sous l'orthographe de chaseret (1), désigne 
un petit châssis de bois dont on se sert pour faire le 
fromage. Chasier paroît avoir la méme*signiflcation 
dans ce passage : 

Le chasier sur le banc, 
 fromages garder. 

Fabl. mS. da R. n- 7615, T. II. fol. 8i9, V col. 2. 

VARIANTES * 
CASERET. Nicot, Oudin, Dict. 
Chaseret. Orth. subsistante. 
Chasier, Casier. Nicot, Oudin, Dict. 
QuASERETE, subst. fém, Borel, i«« add. 

Gasette, subst. fém. Pauvre petite maison. 

VARIANTES I 

CASETTE. Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 

Cazette. Hist. de la PopeUnière, T. I, livre II, fol. 52. 

Gasois, adj. Villageois. (Voyez ci-dessus Cageois 
dont ce mot Casois n'est qu'une altération.) Ce mot 
est employé dans les Epith. de Martin de la Porte 
comme épith. de rustique, pris substantivement. 

Gasole (2), subst. fém. Cassolette. (Dict. d'Oudin 
et de Cotgrave.) 

variantes : 

GASOLE, Cassole, Cazole. 

Gasqnes, subst. Espèce de coiffures de femme. 
On lit, dans les Lettres choisies, imprimées en 175i, 
p. 431 : « Casques, fonlanges, rayons, bourgogne 
« (peut-être Bourguignoltes), et jardinières, espèces 
« de coeffures de femmes, ou parures de leurs 
« testes, réformées en f69i (3). » 

Gasqnet, subst. masc. Casque. Voyez les Dict. 
de Nicot et de Monet ; l'auteur des Contes d'Eutra- 
pel, page 479, remarque que le mot morion fut 
substitué à celui de casquet. 



Ses espieus, et ses casguetSj 
Et ses Doucliers bien espais. 

Poët. d'Amadis Jamyn, fol. 57, V*. 

Voyez les Discours politiques et militaires de la 
Noue (4), p. 319. Il désiroit de les voir rétablir, aussi 
bien que les corselets, dans l'infanterie. Rabelais, 
T. IV, p. 126, faisant allusion de toutes les espèces 
d'armures de tête, avec les mets dont se nournssoit 
Quaresme Prenant, semble avoir employé ce mot 
pour coquillage. 

Gassa, verbe. Chasser. On emploie ce mot dans 
ce sens, en Languedoc. (Dict. de Boret, !'•• add. au 
mot Quasler.) 

Gassable, adj. Fragile. (Dict. d'Oudin.) 

Gassade, subst, fém. Ruse, feinte, tromperie, 
bourde. — Terme du jeu de la prime. 

Voyez la prétendue origine de ce mot dans le 
Dict. Univ. ; voyez aussi les Dict. de Nicot, de Monet, 
d'Oudin et de Cotgrave (5). Des Accords dit : « Luy 
« donnoit fort souvent des cassades et luy ra- 
« comptoit, pour vrayes, des nouvelles qu'il venoit 
« promptement d'inventer. » (Contes de Gaulard, 
fol. 55.) On a dit de là, avoir la cassade, pour être 
dupe. « Il est bien vray qu'il fut fort bien compris 
« dans le traité de Madrid, comme nous lisons ; 
« mais le Roy le rompit tout à trac, quand il fut de 
« retour en France, si bien que M' de Bourbon fut 
« du guet et eut la cassade. » (Brant. Cap. Estr. 
T. I, p. 212.) 

Cassade étoit aussi un terme du jeu de la prime. 
(Voyez le Dict. et les Curios. Fr. d'Oudin.) Ce mot 
s'est conservé au brelan. 

Gassandre, subst. fém. Sorte de danse. Elle 
étoit en vogue, du temps de Ronsard, et tiroit scm 
nom de celui de la maîtresse de ce poëte. (Diction. 
Etym. de Ménage.) 

Gassandriser, verbe. Ce verbe étoit formé du 
nom de Cassandre, maîtresse de Ronsard, et employé 



(1) On emploie plutôt caserel ou caserette. Au xiv* siècle, on employait aussi la forme ctisier (JJ. 152 , p. 331, an. 1397) : 
c Le suppUant print furtivement en un casier, en la maison de GuiUaume Demoulin... un fromage dure, d (n. e.) 

(2) Il vaudrait mieux lire cassole : « Battez-les^ puis les mettez dedans une cassole sur le feu. » (Paré, XaV, 44.) AiUeurs, 
cassole a le sens de boîte. G*est alors le diminutif de casse (caisse), gu'on trouve au xiv* siècle , dans Modus et Racio 
(fol. 63) : « La casse qui soutient la lunette du miroir. » Dans le premier cas, il faut remonter à casse , lèchefrite : « OUes 
chauderons, casses de cuivre. » (Ch. de 1543, Du Cange. sous Cassa.) (n. e.) 




de 

boucles 

aTec un bouquet de denteUes, transformé lui-môme en un bonnet qu'on garnit d'une haute passe. Les rayons étaient la 
passe elle-même, façonnée en rayons qui dardaient le ciel. La bourgogne, dit l'anglais Fop dans un dictionnaire à l'usage de 
ses compatriotes élégantes, imprimé en 1G94, est c le premier ajustement de la coiffure qui se posait sur les cheveux. » 
Cette définition est obscure ; faut-U voir là un casque, une bourquignotte, une salade aux larges oreillons? lAjardinière est 
définie par Boursault. dans sa comédie des Mots a la mode : c Une longue cornette, ainsi qu on nous en voit. D'une dentelle 
fine et d'environ un aoigt Est une jardinière. » Valtière fontange, malgré la lettre de M"« ae Sévigné , ne redevint ruban 
que vers 1694 ou 1696. — Dans le sens actuel, calque n'a remplacé heaume qu'au xv* siècle : c II vaut bienmieux cacher son 
nez dans un grand verre ; Il est mieux assuré qu en un casque de guerre. » (Basselin, XIX.) Diez le tire de l'espagnol casco, 
dérivé de cascar (quassicare, quassare.) (N. E.) 

[4) On lit dans Féd. de Bàle (1587), p. 267 : c Et s'ils vouloyent 



% 



) Cassade vient de l'italien cacdata (cacciare, chasser 



iloyent avoir un casquet et un rondache à preuve. » (n. e.) 

, pousser) ; c'est au orelan, à la prime, un renvoi , une deuxième 




VieilleviUe ce commandement, b Au t. II, p. 35, il est pris par le môme auteur au figuré : « Ce que M. 
escoutes de Vevenement de sa cassade, vint incontinent faire enj^^ndre à M. de Saint-André. » (N. s.) 



de Vieilleville , aux 



CA -a 

daas les vers suivants, où Von parle à ce poëte de 
ceux qu'il avoit Taits pour sa maltresse : 

Elle est eo tof celle divinisé 

Qui toD esprit cassandriae en eagesae. 

Port, ie Juq. Tifauniu, p. 188. 

Le poëte veut dire sans doule à Ronsard qu'il a 
une maîtresse Tort sage, et qu'elle l'a rendu aussi 
sage qu'elle-même. 

Casse, subsl. fém. Coffre, caisse. — Châsse. — 
Poêlon. — Bateau. — Partie du haubert. — Chêne. 

Ce mot signilie proprementcaisse. (Dict. d'Oudin, 
de Mooet, de Nicot et de Rob. Estienne.) . Toute 

■ nuict dura entre eulx l'escarmouche, ou le trict 

■ îfut si grand que de la galée du mareschal furent 

■ iiif^s sept grosses casses de viretons. • (Hist. de 
J.ïfbucicaut, in-i% Paris, 1620, T. III, p. 349.) 

■Dé là, on a employé ce mot pour désigner ces 
sortes de cassettes, ces châsses, où nous enfermons 
des reliques : > Li cosse, ou li saiotuaire, erl, rendi 

■ si grant odor que il sembla à tous que Paradis 

• fut ouvers. ■ (Rom, de Turpin, su* siècle cité 
par Du Cange, au mol Capsa.) 

Casse est une sorte de caisse comme une poêle 
ou poêlon, et l'on a nommé casse une sorte de 

Soëlon à longue queue, servant à puiser de l'eau, 
ans l'Anjou, la Bourgogne et le Lyonnois. (Dict. 
d'Oudin et de Du Cange, au mot Cassa.) Ce mot se 

Prend pour lèchefrite dans la Normandie, le Maine, 
Anjou, le Beauvoisis et le Poitou. [Dict. Etym. de 
Ménage, et Duchat sur Rab. T. Il, p. 248.) Il signifie 
encore mare d'eau dans le Poitou [Moyen de Par- 
venir, page 260.), parce que l'eau d'une mare est 
contenue dans une sorte d'encaissement (1). 

Casse est pris pour bateau , dans ces vers de 
Baïf, fol.37: 

It la casse, au gré des tlols, 

Vaguoit dessus l'onde ealés. 

Dans Perceforest, on lit cosses de bois pour 

bateaux. > Moult en furent esjouyz, et en grant 

« resveil en casses de bois, ou bateaulx, en rivières, 

« en joustes et en behourdis. ■ [Perceforest, Vol. I.) 

La partiecreuse duhaubertqui emboltoit l'épaule 

se Aommoit casse, parce que c'étoit une sorte de 

caisse ou boite qui enfermoit cette partie du corps. 

• Le coup lui descendit sur le heaulme, et lui va 
« trancher, et la casse du haubert aussi, » (Perce- 
forest, Vol. I, fol. 53.) 

L'étymologie du mot casse, lorsqu'il signifie 
chêne, n'est pas la même que lorsqu'il a quelqu'une 
des significations précédentes, car il vient alors de 
casnu. (Du Cange, au mot Casnus.) Ce mot, avec 
cette dernière signification, appartient au Langue- 
doc et est peut-être du masculin, quoiqu'il soit du 
féminin dans toutes les autres (2). 

Cassetlstule, subst. fém. Il n'est pas aisé de 
donner l'explication précise de ce mot, qui est une 



2- CA 

espèce de plante médicinale, suivant ce passage 

■ Soit prise casse/lstule, et la faites battre avçc 
< l'écorce, puis la passez par une estamine, avec 

■ le blanc d'un œuf mesié ensemble. > (Fouilloux, 
Faucon, fol. 17.) 

CassegnenIles,su&s{.7nasc.Espècede gâteaux, 
(Voyez Cassemuseau ci-après.) 

Cassemant, subst. maso. L'action de casser. 

— Réforme, suppression. 

Le premier sens de ce mot est le sens propre. Ce 
mot, suivant le Dict. de Monet, signifie rupture, 
fracture. 

De là, on l'a employé flgurément pour réforme. 
« Vingt francs par mois, pour Testât de la personne 

• du dit messire Couvain, outre et par dessus ses 

• gages ordinaires, jusques à son cassement, par 

• lettres du Roy données au bois de Vincennes, le 
« 15 aoust 1380. • (Godefr. Annot. sur l'ffist. de 
Charles VI, p. 781.) 

On a dit, à peu près dans le même sens : Casse- 
ment de taverne, pour suppression de cabaret. 

■ Touthommequisenva sur cassement de taverne 

• est amendable. • (La Thaum. Coût, de Berry, 
page 339.) 

VARIANTES : 

CA.5SEMA.NT. Dict. de Honet. 



Cassemottes, subsl. mosc. Lourdaut, c'est-à- 
dire un paysan dont l'occupation est de briser, de 
casser des mottes (3). (Dict, d'Oudin.) 

Cassemuseau, subst. masc. Coup de poing^ — 
Sorte de gâteau, 

Oudin rapporte ces deux significations. La pre- 
mière est clairement désignée par le mot même. 

La seconde, par antiphrase, a désigné de "petits 
gâteaux, et en particulier ceux que les clercs se 
jetoient au visage, dans l'église, a certaines fêtes, 
comme celle des fous. (Du Tillot, Hist. de la Fesle 
des foux, page 31.) 

VARIANTES : 
CASSEMUSEAU. Oudin. Dict. 
Cassshussau. Monel. Dict. 
Cassbmuzau. Rab, T. IV, p, 131. 
Gachehuseau, Borel, Cotgrave, Dict. 

Cassenats, subst. masc. plur. Chênes. (Du 
Cange, aux mots Casnus, Cossenate.) C'est un mot 
languedocien. 

Casse-pot, subst. masc. Jeu d'enfant. Le même 
que pot-cassé. (V. Le Duchat sur Rab. T. I, p. 146.) 



Casser, verbe. Se tourmenter. 
Tendre. 

Ce mot subsiste sous la première des orthogra- 
phes rapportées, et il conserve diverses sigainca- 



(1) Voir 90U9 Casolle. (n, R.) 

(2) Du Cance écrit seulement ; i Casui, , , _ 

""^-.a(*. (N H.) 

C est encore un cylindre qui sert i. écraser les mottM. (s. k.) 



(3) 



falloF, Bunt quercus, noslna chesnes , Picardie quesnes, Occitauis caiiet at 



CA 



-263 — 



CA 



tiODS ; entre celles qui sont devenues hors d'usage, 
on trouve se tourmenter. 

Trop se quaisse, 

Qi d'amie est eslongies, 

Et son anemi i laisse. 

Jeoptfti, MS. dn Vat. n* 4490. 

On a employé ce mot pour manger, parce qu'il 
signifle briser, et qu'en mangeant on brise les 
morceaux avec les dents. « Oui-dà, dit-il, mes- 
« sieurs, je le ferai, mais que Taye disné; et 
« cassait tousiours. » (Conte 105* de Des Perriers, 
T. II, p. 189.) (1) 

Ce mot signifie tendre , dans cette ancienne 
expression de marine^ casser tescotte. (Oudin, 
Dicl.) On dit aujourd'hui : border l'écoute. 

On a dit proverbialement casser du grais, pour 
tenir peu de compte de quelqu'un (2) (Oudin, Cur. 
Fr.)»^t ^^ ^^Soi casser les hannes^ pour couper la 
bourse. 

Conjugaisons. 

Cas, partie. Cassé. (Blanch. ms. de S. G.) 
Ques, subj. prés. Casse, brise. (Parlon. de Bl.) 

VARIANTES : 
CASSER. Orth. subsistante. 
Kasser. Poës. MSS. du Vat. n» 1490. 
QuASSER. Cotgrave, Oud. Rob. Est. Dict. 
QuASsiER. Poës. MSS. Vat. n« 1522, fol. 157. 
QuAissER. Jeuparti, MS. du Vat. n» 1490. 

QUAISER. 

QuAisiER. Jeuparti, MS. du Vat. n» 1490. 

Casseret, subst, masc. Diminutif de chasseur. 
(Epith. de Mart. de la Porte.) 

Casserie^ subst. fétn. Rupture. — Réforme, 
suppression. 

Ce mot, au premier sens, signifie rupture. 

On a dit aussi casserie, pour réforme de gens de 
guerre, ou de valets: « La casserie de gens de 
« guerre que le Roy a ordonnée, etc. » (Brant. Cap. 
Fr. T. IV, p. 104.) Ce même auteur, parlant de la 
suppression de quelques domestiques du maréchal 
de Biron, dit : « Qu'il estoit très- magnifique, splen- 
« dide, libéral; et grant dépensier fut en paix, fut 
« en guerre, si bien qu'un jour un sien maistre 
« d*hostel luy remoustra le grand débordement des 



« dépenses qui se faisoient en sa maison, et la 

• grande superfluité de serviteurs et valets, dont il 
« s'en passeroit bien, et pour ce y faloit faire un ré- 
« glement et casserie. Monsieur de Biron luy dit : 
« scachez donc premièrement d'eux s'ils peuvent 

• se passer de moy, car s'ils le peuvent, ou le 

• veulent, je le veux bien, monsieur le maistre. » 
(Brant. Cap. Fr. T. IIl, p. 360.) 

Casseron , subst. masc. Espèce de poisson de 
mer (3). — Casserole. 

La première signification, de ce mot se trouve 
dans les Dictionnaires dé NiCfot; Oudin et Ménage. 
\oyez aussi Du Cange, Gloss. lat. au mot Toutena (4); 
Rabelais, T. IV, p. /254^' et la note de Le Duchat, qui 
veut que ce soit la ffioindrè espèce du calmar (5). Le 
Dict. de Trévoux dit que c'est une sorte de poisson 
volant. 

Ce même mot, dans un autre endroit de Rabelais, 
paroît signifier une casserole ou poêlon, car il dit, 
en parlant de poires : « Si on les cuisoit en casserons, 
« par quartiers, avec un peu de vin et de sucre, ie 
« pense que ce seroit viande très salutaire. » (Rab. 
T. IV, p. 229.) 

On lit aussi dans les Serées de Bouchef, livre I, 
page 235 : « Aussi noir que les casserons », ce qui 
annonce la même signification. 

Cassetin, subst. masc. Coffret. (Oudin et Cotgr. 
Dictionnaire.) 

Casseur, subst. masc. Nous disons encore pro- 
verbialement et ironiquement un grand casseur de 
raquettes. On disoit autrefois un casseur d'acier, 
mais ce n'étoit pas dans le sens ironique. Cette 
expression signinoit un homme fort vigoureux, qui 
briseroit Tacier. « Brief, il en prenoit là où il en 
« trovoit, et frappoit souz luy comme un casseur 
« d:acier (6). » (Conte 10* défies Perr. T. I, p. 64.) 
Casseur de nannes étoit un terme d'argot, pour cou- 
peur de bourse. iVoyez ci-dessus Casser.) 

Cassier, subst. masc. Caissier. (Dict. d'Oudin.) 

CsLSslgnon, subst. masc. Ce mot, dansCotgrave, 
est une faute pour caffignon, selon M. Falconnet. 



(1) Cassusj vide, s'est confondu avec quasstiSf brisé, dans le français casser, dont le sens s'est rapidement étendu par 
figure et métaphore. Roland (st. 152) donne au propre : c Quaaset son haume, si Tont navret au chef. » Mais déjà , dans 
Honcisvals (xii* siècle, p. 19), il a le sens de déchu : c De tous royaumes devez estre cassé. » Au xin* siècle, U se construit 
avec parole et ses synonymes, et a le sens de cossus : c Bien seroit sa jangle (caquet) quassée. » (Rose, v. 7432.) c Mostrant 
raisons et semblances de dreit por cel dit casser et varier, s (Assises de Jér., 118.) Au xïv* siècle, il se prend au sens de 
causer aux gages j et Froissart écrit même avec plus de logique que nos contemporains : c Se mettoient au chemin petit à 
petit ceuU qui estoient cassés de leurs gaiges et tous traveilliés de la guerre. » L'expression se trouve encore dans un 
mandement de LouiF d'Anjou au trésorier des guerres (13 octobre 1380, B. N., 1. Clairembault, v. 23, p. 1665) : < Savoir vous 
faisons... que... nous avons au jour d'ui cassé e\ cassons par ces présentes des gaiges de mon dit seigneur (Charles VI) 
toutes les gens d'armes qui estoient... à la poursuite des Anglais. » Machault, au même temps, écrit absolument : c Et ne 
me cassez ces trois... » Casser ne signifie pas destituer avec ignominie avant Montaigne et Amyot. (n. e.) 

(2) Fr. Michel {Dict. d'argot) cite le passage de II livres de Chansons (1627): « Cette petite arrogante Qui me tient sous 
sa merci,... C'est trop faire de regrets ; Je veux lui casser du grès. » D'Assouci (Rimes redoublées, 1671, in-12. p. 183) écrit 
encore : < Nous lui faisons la nique et ne la craignons guère. Et pour le sieur Câuron nous lui cassons du grès. » De nos 
Jours, on repousse une demande, en disant : < Si c'est du grès, on vous en casse, i (n. e.) 

(3) C'est encore le nom du calmar, dans llle de Ré (Charente-Inférieure). On lit d'folleurs , dans un traité ms. des 
Poissons (B. N., 1. 68%, C, ch. LVI) : « Loligo parva Gallis^ praesertun santonibus, casseron, a nostris glaugiou , corrupta 
voce, ut opiner, ex gladiolo, quamquam Monspolitœ nostn calamar et glaugiol saepe confundunt. » (n. e.) 

(4) C'est le nom italien totena ; toutena est aux statuts de Marseille, (n. e.) 

Çp) Amyot (Thémistocle, 21), écrit : c Dea, fault il que vous autres parliez aussi de la guerre, qui ressemblez proprement 
aux casserons : car vous avez bien un Cousteau, mais vous n'avez pomt de cueur. » (N. E.) 
(6) C'est par corruption qu^on dit, de nos jours, casseur d'assiettes. (N. e.) 



CA 



— 26i — 



CA 



Gassine, subst, fém. Chaumière. Petite maison. 
(Oudin, Cotgr. et Ménage. — Du Gange, à Cassina.) 

Or voila le trésor de ma pauvre eassine. 

Berger, do Rem. Bell. T. I, fol. 70, V*. 

(Voyez J. Marot, p. 126; Rab. T. II, p. 274; T. IV, 
Nouv. Prolog, p. 5i, elc. ; Pasq. Rech. iiv. V, p. 358, 
et Moyen deParven. p. 73 (l).)On i\i encore eassine 
dans ce sens (2). (Voyez ci-après Gazette.) 

VARIANTES : 
GASSINE. Orth. subsisfc. 
Casine. Epith. de La Porte, au mot Casa. 

Casso, subst. masc. Chêne. Ce mot est employé, 
en ce sens, dans la Coût, de Navarre. (Voyez Laur. 
Gloss. du Dr. Fr.) 

Cassolite, subst. fém. Cassolette. « La damoi- 
« selle commença à asperger Teau qu'elle tenoiten 
« la cassolite, puis leur en jetta dans les narines, 
« et ainsi se reveillèrent ceux qui avoient dormy 
« desjà plus de deux grosses heures. » (D. Flor. de 
Grèce, fol. 91.) 

Casson (3), subst. masc. Caisson. On a dit, en ter- 
mes de guerre : « Cassons à porter pain en camp, 
« et autres tels équipages. » (Mém. Du Bellay, 
livre IX, fol. 280.) 

Cassuelles, adj. au fém. plur. On disoit autre- 
fois les cassuelles (4) du roy^ pour les parties 
casuelles. (Laur. Gloss. du Dr. Fr.) (5) 

Castadou, subst. masc. Pionnier. (Voy. Oudin, 
Cotgr. Nicot, Monet et Celthell. de L. Tripp.) « Le 
a seigneur Prosper, avec un nombre incroyable de 
« castadours, releva les remparts des lieux les plus 
« ruinez. » (Mém. Du Bellay, livre II, fol. 53.) 

VARIANTES : 

castadou, Castadoue, Castadour, Gastadour. 



Castagneax, subst. masc. Petit plongeon (6). 
(Oudin, Nicot, Dict.) 

Castagnole, subst. Espèce de poisson (7). 
(Oudin, Dictionnaire.) 

Castagnon, subst. masc. Oudin dit seulement 
que c'est un certain oiseau qui fait son nid sur Itt 

eaux (8). 

Castalogne, subst. fém. Catalogne. — Sorlede 
couverture de laine. 

Il est aisé de reconnaître le pays que nous nom- 
mons Catalogne, dans les orthographes citées. 
(Gloss. de THist. de Paris et Dict. de Nicot.) 

Oudin nous apprend qu'il y avoit des couvertures 
de laine blanche qui portoient ce nom, pam 
qu'elles venoient de Catalogne. 

VARIANTES : 
castalogne. Oudin, Dict. 
Castaloigne. 
Catalongne. Nicot, Dict. 
Catelogne. Oudin, Dict. (9) 

Caste, adjectif. Ce mot subsiste sous Vorthogra* 
phe de chaste, mais on ne dit plus chaste de 
bouche (10), pour sobre. (Joinv. p. 4.) 

VARIANTES I 

caste, s» Bernard, Serm. Fr. MSS. p. 86. 
Chaiste. s» Bern. Serm. Fr. MSS. p. 1T7. 
Chaste. Orth. subsist. 
Chiaste. Mcurbodus, MS. de S. Victor. 

Caste, subst. fém. Chasteté. On Aisoit chaste v^ 
contraction de Torthographe subsistante (H), Borel, 
sur ce mot, cite ces vers du Roman de la Rose : 

en nul né, 

Beauté n'ot paix avec chaté. 

Dict. de Borel, aa mot Tencon. 

S*orrez comment dame chaste^ 
Qui tant est fine, et nete, et pure^ 
A vaincue dame Luxure. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 3i7. R* col. 1. 



(I) Voici la citation du Moyen de Parvenir : c J'ai là-bas une petite eassine au bout de vostre grande prôe qui est sur U 
rive. » Le passage suivant de Rabelais montre oue le mot est venu d'Italie et ne date cnie du xvi* siècle : c Et là trouvai IflS 
plus beaux lieux du monde, belles ffaieries, belles prairies, force vignes, et une infinité de cassines à la mode itaticnie. • 
{Pantagruel, II, 32.) Cependant l'italien n'a jflus que casino^ dans ce sens. Cassina se retrouve dans une charte ituioiill 
de 1079 (voir Du Gange), et dans la loi Lombarde ^Uv. I, tit. 19, § 25): a Si quis cassinanif vel tectum aUeniun foris in curte, 
ubi vin non habitant^ aeturpaverit... » (n. e.) 

r2) M°>* de Sévigné désigne, par ce mot, une bastide, une petite maison, comme on disait au temps de Sainte^Palaye : 
a M. de Villars l'est allé recevoir dans sa eassine. n (Eait. de 1735, p. 307.) (n. e.) 

(3) Casson désignait, surtout en Poitou, le quart d'un arpent. On lit, au reg. des fiefs du comté de Poitou (ch. des Comptes 
de Paris, fol. 22, v<>, ann. 1405) : « Item mon casson de pré^ contenant quart de journal de faucheur ou environ, i Casson, su 
reg. 194 du Trésor des Ch., p. 149, an. 1466, est une motte : c Le suppliant getta ung casson de terre ou pierre à ioâlni 
Micheu. b De nos jours encore, le même mot désigne les rognures ae verre, les pains de sucre informes et les noyaux âè 
cacao brisés, (n. e.) 

(4) Cependant Amyot (Sertorius, I) et 0. de Serres (787) écrivent casuelles. (n. e.) 

(5) Intercalons ici cassot, lépreux, au reg. JJ. 165, p. 265, p. 267, an. 1411 : « VU cassot , qui vault autant à dire comme 
mézel, et venu et extrait de lignée mezelle ou ladre. » (n. e.) 

(6) Ou petit grèbe. < Sa grosseur est d'une petite sarcelle, de la couleur d'une chastaignette, dont il semble que la cause 
pourquoy on l'a nommé castaigneux est venue. » (Belon, Hist. de la Nal. des Oyseaux, 1555, in-fol.) (N. B.) 

(7) Castagnolla est le nom italien du castagneauy type du genre chromis (Cuvier), très commun dans toute le 
Méditerranée, (n. e.) 

(8) C'est une variante de castagneux. (n. e.) 

(9) Littré donne la forme castehgne. (n. e.) 

(10) M. de WaiUy (g 22) imprime : c De la bouche fu-U si sobres que onques jour de ma vie je ne U oy devisier nuUee 
viandes, aussi comme maint riche home font. » On Ut au même temps, dans la Rose (v. 8749) : c Se tu trueves chaste 
moiUier. » (n. b.) 

(II) Castitatem a donné régulièrement chastôe: c Vous portiez le pris de beauté Et l'enseigne de chastée. » (xu* siècle , 
Romancero, p. 60.) Au xiii« siècle, on lit dans la Rose (v. 2858) : « Chastâe, qui dame doit estreEtdes roses et des boutons. » 
Chasteté ne se montre qu'au xiv* siècle, dans la traduction de Tite-Live, par Bercheure (fol. 2C , a**) : « La beauté et U 
chasteté de Lucrèce. » C'est aussi la forme du Ménagier et de Froissart. (n. e.) 



CA 



- 285 - 



CA 



Mgnoit quelquefois à ce mot Tadjectif sobre, 

I dans ce passage où nous lisons : « Le roy 
patience, et le roy de chaste sobre, le roy 
itioence. » (Modus et Racio, ms. fol. ^1.) 

VARIANTES : 

Ë. Modus et Racio, MS. fol. 301, H«. 

rÊ. Ph. Mouskes, MS. 

I. Rom. de La Rose. 

rtB. Poês. MSS. avant 1900, T. II, p. 535. 

rÉ. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 209, V« col. 1. 

telage, subst. masc. Droit sur les prison- 

II paroît, par le passage suivant, que ce droit 
a'une exaction que les monnoyeurs de Tou- 
lommettoient à l'égard de ceux qu'ils consti- 
t prisonniers. « Les mènent par leur force 
lissance en prison esdits lieux, et quand ils 
»nt, leur font payer plusieurs servitudes, 
aie, prisonage, castelage (1), et autres 
es, en faisant contre les dits privilèges et 
missions. » (Ord. des R. de F. T. II, p. 230.) 

>tele, subst. fém. La Castille. La citation sui- 
semble dire que le royaume de Castille étoit 
)is renommé pour la beauté des femmes. 

Ne el realme de Castele 

Où les plus bêles dames sont, 

Qui soient en trestot le mont. 

Fabl. MS. de S. Germ. fol. 60. V* eol. 1. 

anciens auteurs parlent aussi des draps de 
?, et des chevaux castillans qu'ils nomment 
vrs de Castele. Ils étoient passés en proverbe 
1800 (2). (Voy, Poës. fr. mss. T. IV, p. 1653.) 

Elle ot gonele (3) 
De drap de Castele 
Qui vantanule. 

Colin Muset. Poes. USS. aTuit 1300. T. II. p. 710. 

;tellan, subst. masc. Châtelain (4). Propre- 
ouverneur dechûteau. « Je vous prie contentez 
le comte et le castellan, et ne plaingnez 
it à leur écrire de bonnes lettres. » (Duclos. 
. de Louis XI, p. 4'25.] « Dom Sanche d*Avila 
il castellan du chasteau de Pavie. » (Brant. 
Istr. T. II, p. 198. — Voy. Chastelain.) 

(ti, subst. masc. Peine, tourment. — Châti- 

réprimande, avis. 

premier sens, on a dit castoiy pour peine, 

eut: 

'raite ai pour lui mainte nuit douloureuse 
It trespassé maint douloureux caatoi. 

Adus li Bocas. Pocs. MSS. avaat 1300, T. IV. p. 1401. 



On lit au second sens : 

.... amours n'a cure de chasii. 

Chans. du Comte Thibuit. p. 31. 

« 

« A peine de chastoy. » (Charles de Hainault, 
Nouv. Coût. Gén. T. II, page 101.) Il faut lire castis, 
au lieu de caitis^ dans les vers suivans : 

ne que esplucher 

Puet on la mer d*un tamis 
Ne vous vauroit mais caitis 
(7on ne puet musart castoier. 

Poês. MSS. dtt Vatican.ii* 1490, fol. 134, R* col. 9. 

On disoit chastoy corporel, pour punition corpo- 
relle. (Coût. Gén. T. II, page 1058.) C/jos^oj/d^ père, 
pour correction paternelle. (Perceforest, Vol. II, 
page 148.) 

On disoit proverbialement : Beauchastois est par 
autrui, c'est-à-dire il fait bon se corriger sur 
l'exemple d'autrui. (Eust. Desch. Poës. mss. f 538.) 

VARIANTES : 

CASTI. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 970. 

Chasti. Hugues de Orégi, ibid. T. lit, p. 9i^. 

Chastiemenz. s. B. Ser. tr. MSS. p. 73, en latin CorrecHo. 

Chastois. Eust. Deschamps, Poês. MSS. fol. 538, col. 3. 

Chastoy. Percef. Vol. Il, fol. 5, V* col. 2. 

Chatoy. Ibid. fol. 321, col. 1. 

Castoi. Poës. fr. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1407. 

Castice, subst. fém. Edifice. C'est l'acception 
générique. (Du Cange, Gloss. grec; Id. Gloss. latin, 
au mot Casticia. — Voyez Castichement ci -après.) 
On appelle castiches, en Picardie, des chaussées 
revêtues de pieux pour arrêter les eaux d'une ri- 
vière ou d'un étang (5). (Voy. Id. au moi Castitiator.) 

VARUNTES : 

CàSTIGE. Du Gange, Gloss. lat. au mot Casticia. 

Gastichb. 

Gatiche. Du Gange, Gloss. lat. au mot Castitiator, 

Castichement, subst. masc. Ediflce, bâtiment. 
Nous trouvons ce mot dans une citation de Du Gange, 
au mot Casticiare. « Aucun ne doit mettre, ne 
« asseoir seuil, ne castichement sur rue, sans le 
« congé du dit evesque (6). » (Gloss. lat.) 

Casticheur, subst. masc. Architecte. (Du Gange, 
au mot Castitiator (7).) 

Castier, verbe. Châtier, réformer, corriger. — 
Maltraiter. — Enseigner, instruire. — Avertir. — 
Exhorter, recommander. 



a lit au chap. XII, du Concile de Bourges (1336) : c Et nihilominus compelhmt judices ecclesiasticos ad satisfaciendum 

custodia, carcerario, castellagio^ seu geolagio. b Geolagium lui-même est synonyme de carcerarium , dans un édit 

Is XII le Hulin, du 1»' avril 1315. (N. e) 

i dit de VAposioile (xin* siècle) parle des chevaux de combat du royaume de Castille. (n. e.) 

inique aux manches et corps étroits, (n. e.) 

istellan^ au sens de poignard, doit dériver de castille plutôt que de castellum : c Un coustel ou castellan , que l'en 

au païs (Languedoc) puinhal. » (.IJ. 169^ p. 396, an. 14 16.) (n. e.) 

utiche désigne encore les trous où se cachent les loutr^^s, au bord des rivières et des étangs. Castice est la forme du 

cle : « Sera tenu le dit fermier de retenir bien et suffisamment les castices de la rivière , depuis Bonnay juscnies 

e. • (Cartulaire Ezéchiel de Gorbie, an. 1416, fol. 24, v»). Mais, au xiii* siècle (1296), on lit aux Mon. inéd. de THist. 

"S -Etat, t. I, p. 240: <c Li maires et li esquevin d'Amiens pueent et porront dès ores en avant castichier ou faire 

'er et refaire le castiche dès l'entrée du pont du Kay. » (n. e.) 

italien extraite d'un hommage de l'évéque d'Amiens, en 1301, éd. Henschel, II, p. 225, coL 3. (n. s.) 

*n lit, en effet, dans une Charte d'Amiens de 1317 : ce S'il a débat de closture entre aucun voisin , ou d'aucun 

i, li maires envolera les casticheurs qui sont sermentez à le vile, et verront les lieux dont est débat. » (N. e.) 

m. 34 



CA 



— 266 - 



CA 



Ce mot est pris au premier sens (1), dans les pas- 
sages qui suivent : 

Vous qui voulez le monde cJia$iier. 

Euftt. Detch. Poés. MSS. fol. 275, col. 8. 

Si dois ta langue caatoier. 

Pois. MSS. du Val. n* 1480. foL 71. V% 

Car sage dame, de legier, 
Se puet pour autrui caslier. 

Po«f. MSS. du Vaticui, n* 1490, foL 71, V. 

Ce verbe, comme on vient de voir, étoit quelque- 
fois réciproque. De là on disoit : se chastieroit de 
f aimer. (Contes de la Reine de Navar. p. 4.) 

Por ce, dis-je souvent, 
Et faiz sermonement. 
Que U fol 9*en chastient, 

Fabl. MSS. du R. n* 7015. T. U, fol. 213. V col. 1. 

Par extension, on a dit chastier pour maltraiter. 

Quant 11 jalos mi bat plus et castoie. 

Poés. MSS. «Tant 1300. T. HI, p. 1051. 

Se la chair est trop gaye 
Si Testuet à chastxer, 

Fabl. MSS. du R. n« 7615, T. U. fol. 144, R« col. 9. 

C'est en ce sens qu*on lit chastier sa ehair^ la 
mortifier, dans le Ch*' de la Tour, Inst. à ses tilles, 
fol. 5. Cette façon de parler est encore d*usag6. 

Chastier^ pris dans le sens de corriger, emporte 
avec lui ridée d'instruction ; de là castier, pour 
enseigner, instruire (2). 

A dies ses fiUes enseignoit;, 
Et tous SCS nus moult caatioit. 

Ph. Mouskes, MS. p. 101. 

Por ce chasti toute gent. 
Qui cest fablel vient conter. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218. M. 118, V col. 9. 

« Filles jeunes doit l'en chastier Courtoisement, 
« par bonnes exemples et par doctrine. » (Le Ch" 
de la Tour, Instr. à ses filles, prol. fol. 1.) 

De là, aussi, ce mot a été pris pour avertir. 

Ave Maria, 

Dearatia Dei plcna ; 
Li S^ Esprit venra en toi, 
Ne Vesmaiie, jou t'en castoi. 

Ph. Mouskes, MS. p. 272. 

Donner un avis, c'est proprement exhorter à faire 
une chose ; ainsi chastier a passé de la signification 
d'avertir, à celle d'exhorter, recommander. 

Tant le chastoie (3), tant le prie, 
Quaveuc sa privée mesnie, 
Qui d'armes se va atoumant, 
Part de la ville à Tajoumant. 

G. Guiart, MS. fol. 250^ R% 



Amis, dlt-ele, or voub coêti^ 

Si vos commande, et si voua nci. 

FaM. MSS. da R. rlM^ M. », R* «L I. 

Proverbss : 
l"* On cite ice proverbe dans Ovide de Arte : 

Saige est qui se chastie. 

Ce dit Ten, par autrui folie (4). 

On le retrouve dansPercef. Vol. II, fol. 147; dans 
Gilles de Mesons, Poës. mss. av. 1300, T. II, p« TOt, 
et dans l'Hist. des Trois Maries, page 311. CTest le 
vers latin d'Ovide : 

Félix quem fadunt aliéna pericula cautuni. 

2' L'en dit qui bien chastie^ bien trueve. (FaU. 
MSS. du R. n- 7615, T. I, fol. 120, Y* col. 1.) 

3"* Moût à baer le vergant qui son ami ehoêti^ 
(Rom. de Rou, hs. page 54 ; voyez Prov. du Vilaiii, 
MS. de S* Germ. fol. 75.) 

4*' Cil sert bien son seignour qui chastie. (Poês. 
MSS. avant 1300, T. I, p. 456.) (5) 

CONJUGAISONS. 

CastiiCy partie, fém. Châtiée. 
Chasti, à l'indic. prés. Châtie. (Fauchet, Lang. 
et Poës. Fr. p. 112.) 

VARIANTES * 

CASTIER, Castuer. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1305. 
ÔASTiER. Poës. MSS. Vat. n» 1490. 
Castoiier. Du Cange, Gloss. lat. au mot Pastua. 
Chatoikr. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 118, V» coL % 
Chastoyer. Fabl. MSS. de S« Germ. fol. 5, R» col. 3. 
CuASTOiiER. Froissart, Poês. MSS. p.- 361, col. 2. 
Chaitier. Fabl. MSS. du R. n« 7615, T. I, f> 118, V» col. % 
Chastiibr. Adans U Bocus, Poês. MSS. av. 1300, T. IV. 
Chastier. Fabl. MSS. duR. n« 7615, T. II, ^. 138, V« coL 1. 
Châtier. S. Bern. Serm. fr. MSS. p. 316. 

Castlenr, subst. masc. Qui châtie, qui répri- 
mande. Nous disons censeur au même sens. 

Maismement no caatieur 
Sont, a le ûé, li pleur. 

Poés. MSS. atant 4300, T. IV. p. 133S. 

« En tous tiex cas est il bien mestiers que U 
« maris soit chastierres de sa famé resnablement. » 
(Beaumanoir, p. 292.) (6) 

variantes : 

CASTIEUR. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1335. 
Chastieur. Nicot, Oudin, Dict. 
Chatieur. Dict. de Monet. 
Chastierres. Beaumanoir, p. 292. 

Castilavlsée, subst. fém. Voici le passage où 
nous trouvons ce mot; on y lit : « Un Espagnol 



(1) n Ta déjà dans la Ch. de Roland (str. 130) : c Vint tresqu'à els si's prist à castier, » Un Bestiaire ms. cité par Du 
Cùige, sous Castigatus (éd. Henschel, II, 226, col. 1), donne la variante castiaés : « Que jà n'en seront casHjéa Duscni*il8 
chient es dens renart. » Il vaudrait mieux lire castixéa. Dans ce même bestiaire, rinflnitif est pris substantivement : c âaonc 
vient 11 castiers tart. » (n. e.) 

(2) Il a encore le sens d'exhorter, instruire : « Tout se furent assis sor Terbe verdie ; L'apostoles se dresce en {dés , si 
les chasiie. x> (Ch. d'Antioche, I, 802.) 

(3) Chastoier est employé au xiv* siècle, dans les registres du Tr. des Chartes et dans Froissart : c Afin que eUe feost 
meue de soy en chastoier et que elle en preist vergogne. » (JJ. 107, p. 327, an. 1375.) Froissart dit aussi (éd. Kervyn,XV, ID : 
c Le connestable dont je parle osta les mailets de Pans et qu'il en chastoia du corps et de leur chevance les plusieurs. » (N. l.) 

(4) Génin, dans ses Récréations philologiques, cite ce proverbe du xvi* siècle (II, ^): < BeUe doctrine prend en lay,qii] 
se chasiie par autruy. ]> (N. s.) 

(5) Citons encore ce proveroe de la Sat. de Ménippée (p. 212) : c Vous serez chastiez : les enfans et les fous, s*ils ne sont 
chastiez, jamais ne se corrigent. » (N. B.) 

(6) Beugnot (1B42, 1. VII, 6) imprime : « Et en tel cas et en sanblavles est-il bien mestiers que li maris soit castiertt de 
sa feme resnablement. ]» Castieres est le cas sujet, castigator ; castieur est le cas régime, castigatorem. La forme fémimni 
castieresse est dans Guigneville, cité par Du Cange, sous Castigatus ; il dit de la Pénitence : < Des grans escoltee sai 
maistresse Et des enlans castieretse, Je corrige les malfaisans. » (N. e.) 



CA 



— Î67 — 



CA 



« pris à S* Jean â*Angely, et décapité à Xaintes, 
« atteint et convaincu de plusieurs castilavisées 
« assez impertinentes au profit de la République. » 
(Journ. de Louise de Savoye, Mém. Du Bellay, T. VI, 
page 192.) 

Castillane (à la), express, adv. « Dégorger 
« soupirs à la castillane, » semble répondre à notre 
façon de parler : faire Tamoureux transi. Nous 
lisons dans le passage suivant : « Il racontera 
« pareillement les grans plaisirs qu'on a eu en la 
c poursuite amoureuse, tesmoings les chevaliers 
« qui muguetoyent (faire Tamour à une grille) une 
« grille toute altérée de sanglots, et soupirs dégor- 
« gés à la castillane. » (Dial. de Tahur. fol. 36. •— 
Voy. Castillâniser ci-après.) 

Gastillaniser, verbe. Faire le Castillan. (Dict. 
d*Oudin et de Cotgrave.) Feindre un amour qu'on 
ne sent pas. De là, ce mot s'est employé dans le 
sens général de flatter, tromper : 

Mais qu'il n*j avt en vous rien que redire, 
Et que sachiez bien parler et escrire, 
S'on le vous dit, c'est castillanisé : 

En bonne foy ; 
Vous estes laide ; on le vous peut bien dire. 

Bel. de S. Gelab, p. 87. 

Gastille, subst. fém. Querelle, dispute. C'est 
une altération du mot castine ou cassine, qui signi- 
floit autrefois la même chose (1). (Voy. le mot Castine 
ci-après.) On dit encore populairement castille 
dans le même sens. Dès le temps du Roman de 
Perceforest, on disoit : « Commencèrent à ferir 
« l'ung sur l'autre si vivement que les regardans 
« en estoient esbabis; quant heraulx veirentla cas- 
« tille des deux plus preux chevaliers du tournoy, 
« ils prindrent à dire tout hault: seigneurs qui pre- 
« tendez à honneur, regardez le tournoy de ces 
« deux chevaliers. » (Percef. Vol. IIl, fol. 9 (2).) 

Le Roy s'en vint à Monlferrant, 
Et puis fit faire une bastille. 
Auprès de Lormont accourant, 
Pour à fiourdeaux faire castille (3). 

Vigil. de Charles VIT, T. H. p. 151. 

Gastiller, verbe. Disputer, combattre, inquié- 
ter. Au siège de Dinant, en 1466, « le connestable 
« de France, qui se fut logé sur la rivière au des- 






« soubs de la montaigne, feit abatre des engins une 
« tour cornière, qui forment les castilloient (4). » 
(Monstrel. Vol. III, fol. 126.) 

Castine (5), subst. fém. Querelle. (Dict. deBorel.) 

VARIANTES : 
CASTINE. Dict. de Borel. 
Gassinb. 

Gastle garde, subst. fém. Terme de coutume. 
Castle^ en anglois, signifie château, et Ton dit 
guard, pour garde. De là, castle garde qui désigne 
une sorte de mouvance. Le vassal étoit tenu de 
garder une tour et de la fournir d'hommes et de mu* 
nitions pour la défense de son seigneur suzerain (6). 

Castoie, adj. au fém. Châtiée. Langue bien 
castoie, se prenoit dans le sens où nous disons 
style châtié. 

Cuers plain de sens, et cors de srant biauté, 
Del amoureus regart bien acerte, 
Et langue bien castote, 
Qi vous auroit & amie, etc. 

Gaston (7), subst. masc. Chaton. Le chaton d'une 
bague. (Oudin, Cotgrave et Borel, Dict.) 

Gastorei, subst. masc. Drogue médicinale. Ce 
mot semble latin ; il est au génitif sous la première 
orthographe; sous la seconde, c*est Tablatif de cas- 
toreum. « On lui donne poudre de gomme bal- 
« sami, et castorei^ avec iusde mentastre. » (Fouil- 
loux, Fauconn. fol. 75.) Nous lisons dans Arleloq. 
Faucon, fol. 95 : « Pillule faicte de gomme balsami 
« et castoreo, cum succo mentrasti. » 

VARIANTES : 
GASTOREI. Fouilloux, Faucon, fol. 75, V». 
Castoreo. Artelog. Faucon, fol. 95, R«. 

Gastral, adj. Qui appartient à un château. De 
là chapelle castrale, pour la chapelle d'un château. 
« Le frère aisné, ou son représentant en ligne 
• directe prendra, par préciput, le chasteau, ou 
< maison forte, basse court, parc fermé de murail- 
« les, jardin, et pour prix contigus, avec le droict 
« du guet, de bois de maison, et patronnage, et col- 
« lation de chapelle castrale, et de la cure du 
« village ou il a maison, s'il y a droit de collation. » 



(i) La racine serait l'espagnol castillOj petit château, toiMr, qu'on attaquait dans les tournois ; de là , il a été conservé 
pour débat, querelle. Carrcm^e/ a suivi une marche parallèle, mais inverse; il signifie d'abord quereUe, pour désigner 
ensuite un tournoi, (n. e.) 

(2) La mot se retrouve encore au t. III, fol. 142, au t. IV, fol. 88. (N. E.) 

(3) Louis XI (Nonv. 23) écrit aussi : c Si vous requiers que vous me laisiez paisible, ou, par la morbieu ! je vous livrerai 
castille. » Au même temps (1478)^ on lit au reg. JJ. 1095, p. 1016 : c Robin Paumier et iceUui Thierry eurent grosse castille 
ensemble. » (n. e.) 

(4) On lit au même vol., fol. 44, r« (an. 1452) : « Les Gantois avoient malement fortifié (ce village) de trenchez et bouUevers, 
et s'estoient là retraits une grosse compaignie pour castillier les Picards d'Âudenode. » On lit, dans Ebradics in Grœcismo : 
c Sed catulus latrat ; bine murilegusque catillat. » Catiller signifiant miauler, a pu former castille et castiller. (n. e.) 

g) Cest une pierre calcaire mêlée au minerai de fer pour en aider la fusion. Ménage cite rHist. du Nivernais de Coqume. 
Vmologie est TaUemand kalkstein (pierre à chaux.) (n. e.) 

(6) Du Canc[e rapporte là un passage des Tenures de Littleton (sect. III) : c Divers tenants teignent de leur seigniors ner 
service de chivaler, et uncore ils ne teignent per escuage^ corne ceux qui teignent de leurs seigniors per castle-garae : 
c'est à sçavoire, à garder un tower del cast le leur seignior, ou un huis , ou un autre lieu del castle per reasonable 
gamishment, quant leur seigniors oiont que ennemies voUent vener, ou sont venus en Engleterre. v (Ed. Henschel , VI, 
p. 901, col. 3.) (N. E.) 

C7) C^'est la forme du xiii* siècle (lai de Melion) : t J*ai en ma main un tel anel ; Deux pieres a en sel caston, » Au xiv* 
siècle, le Compte de Robert de Serres (JJ. 5, fol. 3, ro) donne: c Les entrechamps de grosses pelles (perles) fines et de 
hastons cenchastonnez en fin or. » La racine est TaUemand kasten, coffre, (n. e.) 



CA 



— 268 - 



CA 



(Cout. Gén. T. II, page 1081. — Voyez Coût, de S* 
Michel, au Nouv. Cout. Gén. T. Il, p. 1053.) On lit 
dans la Cout. de Halnault, ibid. page 137 : chapelle 
castrale ou permanente . 

Castuy. Mot du patois limousin; on le trouve 
dans ce vers : 

Castuy (1), carrible, et res ne donne. 

Pathelin, Farce, pago 58. 

(Voyez Carrible ci-dessus.) 

Catache (la), subst. fém. C'est un sobriquet 
qui semble avoir eu quelque signification particu- 
lière. Nous le trouvons dans THist. civile d'Auxerre, 
par Le Bœuf, page 409. 

Cataclisme, subst. masc. Déluge. On lit en ce 
sens: « Avant le général cataclisme advenu du 
« temps de Noé. » (Des Ace. Bigarr., Invention des 
Lettres, fol. 2.) 

Catadours, subst. masc. plur. Chanteurs. Il 
faut lire cantadours, dans la Chronique de S* Den. 
T. II, fol. 5, V°. Ce mot répond au latin Cantatores. 

Cataglotlsep (2), verbe. Baiser amoureusement. 

VARIANTES l 
CATAGLOTISER. Dict. dOudin. 
Catglottiser. 

Catamini. En catimini, secrètement, en tapi- 
nois ; comme un chat, qu'on prononçoit cat. On use 
encore populairement de ce mot. (Voyez le Dict. 
univ. au mot Catimini. Ménage, Cotgrave.) 

Catamini s'est dit aussi des règles des femmes, 
comme on peut le voirdans Cotgrave et Oudin, Dict. 
Id. Cur. Fr. (Voyez Bouchet, Serées, livre II, p. 42.) 
On Wicaramini, (Ibid. livre I, p. 415.) (3) 

VARIANTES \ 

CATAMINI, Cataminy, Catimini. 

Cataphryglens, subst. masc. plur. Nom d'an- 
ciens hérétiques dont parle S. Epiphane(4),etquifut 
ensuite donné aux Albigeois. (Boullainvill. sur la 
Noblesse, page 163.) 



Gataplamer, verbe. Terme de chirurgie. Faire 
un cataplasme. « Lors y faudroit appliquer, et catOr 
« jptom^r TonguenL » (Fouilloux, Faucon, fol. 48.) 

Gatapnce» subst. fém. Nom de plante. Selon 
Oudin, la même que palma christi (5). 

Catapultes subst. fém. Machine de guerre. Le 
P. Daniel, après avoir défini la catapulte, la dis- 
tingue d'une autre machine de guerre nommée 
balliste. Il parle aussi d'une espèce de catapulte 
dont l'usage fut introduit du temps de Philippe- 
Auguste (6). (Voy. Mil. Fr.T. I, p. 59,etvoy. aussi la 
catapulte restituée par le chev*' Folard, dans ses 
commentaires sur Polybe.) 

Cataracte, subst. fém. Portes grillées. EefSés 
qu'on fait tomber par des coulisses, au devant des 
portes des places fortes. fDu Cange, à Cataractœ.) 
Rabelais, parlant des apprêts d'un siège, dit : « En- 
« clavoient barbacanes , asseroient machicolis » 
« renouoient herses et cataractes, asseoient senti- 
« nelles, fornissoient patrouilles. » (T. III, Prolog, 
p. G.) Ce mot n'est plus guère en usage dans cette 
signification (7). 

Catatois (8), subst. masc. Espèce de perroquet. 
(Ménage, Rem. sur la langue, p. 447.) 

Cataverne, subst. Cahier ou portefeuille. (On 
verra ci- après Cateune pour registre.) 

A ce coup cy n*ay robe, ne pourpoint, 
Resne, ne bride, calavemcj ne Uvre. 

Balade d'André de la Vigne. 

Caie, subst. fém. Chatte, animal. — Servitude. 
— Drogue médicinale. 

Selon la première signification, c*est le mot chate 
écrit cate, comme le prononce encore le peuple 
dans quelques provinces septentrionales de France. 

Soit ele plus gloute d'une cats^ 

Si Tain je miex ke feme ki soit née, 
Ne ia ne puis ke mon cuer en esbatte. 

Kievre do Rains. Poës. MSS. avant 1300. T. Hl. p. 1167. 

On prononçoit de même cat pour chat. (Voyez ci- 
après Chat.) On a dit proverbialement faire la cate 



(1) Il faut lire cestuy, celui-ci. (N. K.) 

(2) KatayXœzuafÀoç signifie seulement emploi de mots recherchés, (n. e.) 

(3) Le mot vient du grec xatafÀTjyia, menstrue * « Les femmes ayant leur catamini peuvent obfusquer et éblouir la clarté 
du miroir. » (Bouchet, Serées, liv. III, p. 213) 11 écrit encore au liv. II, p. 42 : « Les larrons sont en horreur aux abeiUes , 
aussi bien que les femmes qui ont leur cataminy, » Comme ou cachait cet état, le mot a pris le sens de mystère : c Et si 
ouelqu'un des plus espagnolisez a quelques doublons, et reçoit quelque pension du légat à catamini. » (Sat. Ménippée. S2.) 
Froissart, d'après Bucnon, aurait employé cette expression au liv. II, p. &; mais M. Kervyn(IX, p. 94) imprime : «: il venroit 
à le couverte. » (N. E.) 

(4) Ces hérétiques du w siècle rejetaient les anciens prophètes et disaient que TEsp rit- Saint avait été donné à eux, non 
aux apôtres. Leur siège était la Phrygie. (n. e.) 

(5) C'est l'euphorbe épurge. (n. e.) 

(6) La catapulte, chez les anciens, désignait le trait comme la machine qui le lançait. Ainsi, dans Plaute (Fers., I, 1, 28) : 
< Vide modo, ulmeac catapultœ tuum ne transflgant latus. » C'est en ce sens que le mot fut pris au moyen-ftge (Gloss. lat. 
fr., an. 1348, B. N., 1. 4120) : d Cafapu/^a, gallicesaete barbelée; et dicitur a cata quod est valde, et pello, quia yalde 
impclîit. j> Les machines elles-mêmes portaient plutôt le nom de perrieresy caables, mangonneaux, trebucliets. Les dessins 
de M. V. Le Duc {Engin, Dict. d'Ârchit.) sont seuls à examiner ; Perrault et Folard lui-même n'ont imaginé que des jouets 
d'enfants. Sainte-Palaye introduit -le mot dans son Dictionnaire, parce qu'il a été employé par Abbon (de Bell., Paris. I, 
V. 156) : 9 Tune centena quium pepulit cum sanguine vitam Centeno catapulta nimis de corpore pernix. » (N. B.) 

(7) Le sens premier de l'étymologie grecque xaraçoxrr? est vanne, écluse (Pline, Ep. X, ^ ; Rutilius, I, 481), conservé 
par le provençal cataracta. De là ce passage du Roman a'Alector (xvi« siècle) : « Un jour élevant mon luminaire, j'aperçus 
les cataractes du ciel ouvertes. j> Il aésigne une herse, dans Tite-Live (XXVII, 28), dans Végèce (Mil. IV, 4. (N. s.) 

(8) Il vaut mieux lire cacatois. (N. e.) 



CA -2 

eatie, imiter une chale qui est tapie sur son ventre ; 
au figuré, faire la malade, comme dans ces vers ; 

Faictes bien la cale catie, 
Et que vous eetea deshaltie, 
Et Bouspirei parTondenieat. 

Euil. D«ch. Poti. HSS. fol. EtS, u1. 1. 

Cate est pris pour le mot captivité, servitude, 
dans celte expression : Homme de oale, c'est-à-dire 
serf, dans le même sens qu'on a û\l homme dépote. 

• Ils se voloient efforcier de Taire paier ch;iuciëe, 

■ ou rouées (fouages) à aoslwmes de cate (1). • [Du 
Cange, au mot Focata.) PeaUétre ce mot vienl-il du 
latin homines de capite. (Ibid. au mot Capitale.) 

Ce mot, dans le passage suivant, désigne une 
espèce de drogue médicinale : • Prenez cinq grains 
« de cate, pusse autrement appellée, et les pillez, 

• et destrempez à lait de chievre. > (Chasse de Gast. 
Pbéb. Ms. page 109.) 

Catégide , subst. Vent impétueux. Du grec 
jHRoT;, tempête. C'est en ce sens qu'on lit, dans 
Rabelais, T. IV, p. 83: ■ Soubdaiu la mer commença 
« à s'enfler, et tumultuer du bas abysme, le ciel 

• tonner du hault, fouldroyer, esclairer les cate- 

■ gides, tbielles, celapes, et presteres enflamber 

• tout au tour de nous, par les psoloentes, arges, 
« elicies, et autres ejaculations elhérces. • Tous 
ces mots sont tirés du grec. 

Catele, subs^ fém. Javelot, pique. Ce mot est 
originairement teuton, ou plutôt celtique. (Voyez 
Vass. Elym.) (2) 

L'escu ELU bras, et portant sa caleie. 

D'un Eauil léger il vole d'autre part. 

(Voy. Borel, au mot Cateies, et id. 'i" add.) 
Catel, subst. masc- Terme de coutume. Ce mot 
sert plus ordinairement à désigner les meubles et 
biens mobiliers qui ne sont pas réputés héritages; 
il s'est pris aussi, quelquefois, pour immeubles ; on 
l'a même employé pour toute espèce de biens, de 

Suelque nature qu'ils fussent, (Voyez Laur. Gloss. 
u Dr. Fr. ; Du Cange, au mot CatatUim ; Ibid. aux 
mots Levantes el Cubantes.) 
Selon Bouteiller, . Ca/eu/a: comprend, les meu- 

■ blés , immeubles , et tout ce qui n'est point 

• héritage. • [Som. Rur. p. 43i.) « Bleds vends, et 

• autres aventures jusques au mymaysont reputez 
« héritages; et après sont reputez cailieux. • (Coût. 
Gén. T. 1, page 750.) 

l.eur oITrent tous leur eateiilx, 

Et leur service, et leur hoatieuU. 

HiH.duTrolilUrtn. Mnn, HS.p 380. 

Ce mot semble être pris en général pour toutes 



ï- CA 

sortes de biens, comme le patrimoine, dans Duchesne 
Gén. deBéthune, p. 373, tit. de 1221, et p. IGi.til. 
de 1240, el Idem. Gén. de Guines, page 291, til. de 
1266, oîi on lit cateux. 

On a dit: cateux verds et secs, pour bois et fruits 
sur pied, et coupés. - Quoyqae les cateux qui sont 

■ snr les terres verds, ou secs, au temps du décès 

< de l'un ou de l'autre des conjoints, soient sujets 

• au partage, néanmoins le propriétaire de la terre 

• où ils sont, a la faculté de les retenir par devers 

■ soy, pour telle estimation que s'ils gissoienl par 

• terre. ■• (Coût, de Berghes Winox, Nouv. Coût. 
Gén. T. I, p. 527.) ■ Appartiennent au survivant en 

• propriété tous catheux verds el secs, sous le nom 

■ desdits catheux sont compris toutes sortes de 

• bois monlans de tous édifices , etc. > (Coût. 
d'Arras. ibid. T. Il, p. 1013.) 

On appeloit • Droit de meilleur cattei, un droit 

■ dû au seigneur, au trépas de quelqu'un, ou pour 

< la condition de sa personne, ou pour la condition 

• du lieu, et peut procéder de rachat de servage. • 
(Coul. Gén. T. I, p. 801.1 • Le meilleur cattei, c'est 

• la meilleure pièce que le seigneur a droit de 
> choisir dans les habits, meubles, ou bestiaux du 
. delTunl (3). ■ [Nouv. Coût. Gén. T. Il, p. 47.) 

Les jurés de cattei étoient les jurés estimateurs 
de meubles, peut-être comme nos huissiers pri- 
seurs : ■ Quant aucun héritier , ou possesseur 

■ d'héritage est en faute de payer les rentes dont 

• tel héritage est chargé, par trois termes faisans 

■ une année, le rentier peut, parluy,ou son pro- 

• cureur à ce estably, aller, avec un juré de cattei, 

< sur le dit héritage chargé de la dite rente, et 

• illec, en la présence du dit juré de cattei, adjour- 

■ ner, en mettant sa main au dit héritage, disant : 
( je adjourne sur cest héritage, à duy de main, et à 
« tiers de main, pour avoir payement de tels arré- 
« rages. • (Coût, de Valenciennes, Coût, Gén. T. II, 
page 961 .) 

un disoil proverbialement : 

En Poitou, si cen nous diaoQ, 
Ferme chaiel da traison. 

Fibl. MSS. du H. n- 76IS, T. I, toi. 118, R* col. ï. 

Hoult est de cbier chaCel, 
Li dëfl de luxure. 

¥M. USS. do n. 0- 701S. T. U, toi. 1M, V col. 1. 

(Voyez ci-dessus Caban et ci-après les articles 
CiiAPTEiL et Capitau, et les mots Contanz, Contens, 
Contenu, employés pour Cateux.) 

VARIAMES : 
CATEL. Du Gange, Gtoss. lat. à Calallum. 
Catebl. Coût. Gén. T. I, p. 804, 
Chatel. Loix Nom. art. 4 et paasim. 
Chaptel, Chateil, CHETKt.. 



(1) Henschel (III, 331, col, 3) imprime catel. Hais D. Carpenlîer, aous l'expreasion ad calallum tenere (II, 333, col. 3), cite 
ce poasage du ren. JJ. 118, p. SU, an. 13^ : i Laquelle vache icelui Gerart tenoit en ckaie ou moison de Huguenin Gierroy, 
bourgeois de Grav sur Soone, > La tenure d chate , à chaiel , était le métayage appliqué k l'engrais, à la garde des 
troupeaux. (N. K.J 

(2) Casleia, écrit Isidore de Séville (1. XVIII, c. 7), genus est gaUici teli ex materia quam maxime lenta, quaa jaclu quidem 
non longe çropter graviiatem evolat, aed quo pervemt, vi nimia periringit. Quod si ob artifice mittatur, rursum redit ad 
eum qui misit. » Afibon emploie au 1. I, V. ^4: ■ Pila dabat rupesque simuî celeresque B^ittaa. i La calei , d'après la 
deacnplion d'Isidore, devait ressembler au boomerang des A.UBtrahens. (n. e.) 

{3) Voir sous cale l'explicatioD de (eriir à chaiel. En voici un autre exemple : t Le suppliant demoiirant en la chastellerie 
d« ChateaurouU en Uerry flst tuer un buef gros, qu'il tenoit à chatel d'un prestre. i (J). 156, p. 343, au. IWO.) (N. E.) 



CA -» 

CUASTEL. nist. de Fr. en vers, à la b. du R. de Fan. f 86. 

Chkte, FabI, MSS. du R. n» TMB, T. I. toi. 68, V* col. 1. 

Chate. Fabl. MSS. dw R. n- 7fli5, T. I, fol. 100, R» col. S. 

ClUTË. Fabl. MSS. du R. □• 7H8, [Ol. 3£, R> ool. S. 

Catbud, Catikx. 

Catbux, piur. Ducbesne, Gén. deGuines, p. !9t. 

Catbuls. Hiat. des Trois Maries, en vers, p. 38S. 

CATHEira. Poës. MSS. Vat, n' 1490, p. 135, fv. 

Cathbaus, plur. 

CuATE^t. Hist. de Fr, en vers, à la s. du R. de Fau¥. ^ 79. 

Gateloa. C'est une corruption du nom Cattie- 
rine. M' de Boqueiaure, parlant du mariage de 
Catherine de Bourbon, sœur de Henry IV, dit au 
Roi : ■ Ha ! pardiu, sire, cela ne va pas bien : car il 

■ est temps (au moins selon mon opinion) que 

• votre sœur Ca/c/OTt commence à tâter des dou- 
« ceurs de cette vie, et ne crois pas que dorénavant 
< elle en puisse mourir par trop grande jeu- 
nesse (1). • [Mém, de Sully, T. IV, p. 8.) 

Catenas, subst. masc. Cadenas, verrou. Barre 
de fer pour fermer une porte. (Du Gange, au mot 
Catenatium.) • Les deux parties esloientd'arin, et 

■ estoient ensemble joinctes, et refermées esgale- 

* ment en leur mortaise, sans clavier, et sans 

■ C(if£nas,san3liaisonaulcune(2).> (Rabelais, T. V, 
page 178.) 

TAntANTGS : 

CATENAS. Ralliais, T. V, p. 178. 

Catenat. Du Gange, Glose. lat. au mot Catenatium. 

Cathenat. Rabelais, T. IV, p. 130. 

Gatene, subst. fém. Chaîne. Du latin Catena. 
On disoit proverbialement mat de catene, pour 
signifier un fol â enchaîner. < Allons, laissons ici 

■ ce fol enragé, mat de catene. rêvasser tout son 

■ saoul avecq ses diablez privez (3). • (Rabelais, 
T. ni, page 138.) 

Catepleure, subst. /e'/n. Voile latine. (Nicot et 
Oudin.) Ce mot signifie chenille, parmi le peuple, 
en Normandie. (Voyez ci-après Chatepeleuse.) 

Catere, subst. masc. Catarrhe. — Ruine. — 
Coup violent. 

Le premier sens, catarrhe, est le sens propre. 

■ 11 est s»in,sinonqu3nd son caf£r£(4) le harcelle. > 
(Essais de Montaigne, T. Il, p. 280.) 

Au Qgurc, ce mot a signille ruine. 
CeUe je suis qui en mortel eartere 
La gent trojeone, et la grecque je mis, 
Et leur eHort aoubs mon povoii submis. 

U« Tri. 4a P«lr. Tnd. do bw. d'Opvàc. M. t». R-. 

Dans cet autre passage, ce mot est pris pour coup 
violent : 



rot, p. 113 (t). 



>- CA 

Il n'yapasIongtempsqu'oaaMBsédepnnuMCCT 
catene (6). 

VAWAITTES: 

CA.TERE. Oudin, Dict. 

Caterrb. J. Harot, p. 193. 

Cathehb. Crétin, p. 181. 

Cateikhre. Hist. de la Popeliniëre, T. I, toL 70, T*. 

Caterne, sabst. masc. et fém. Registre, terrier. 
On emploie encore ce mol en Anjou avec cette 
signincation. On lit, dans une citation rapportée 
par Du Cange, Gloss. lat. au mot Catemus , sous 
Quaternio: * Copie de l'original du eatême ponr 

> le fait du martellaige de la comté da Haine. ■ En 
Dauphiné et en Provence, cadastre ae dit au m6me 
sens. 

Caterne semble employé pour les règles et statotB 
d'une société de buveurs, ou pour la pancarte qid 
les contenoil, ou pour le tarif des santés portées, 
auxquelles on devoit faire raison, dans le passage 
suivant; remarquez que dans' ce sens il est au 
féminin : > Balade de H' d'Orliens, et autres sei- 

> gneurs estant avec luv ou chastel de Boissy, et 

• comment ils buvoientd'autant selon la caterrie.' 
C'est le litred'une ballade dans les Poës. iiss. d'Epst 
Desch. fol. 365. . Autres lettres sur le fait de boire, 

• et de la caterne. » (Ibid. fol. 421. — Voy. ci-après 
Lampes catehvales.) Je croirois volontiers que co- 
teme, en ce lieu, vieodroit de caterve ; et comme 
l'on disoit fampfs catervalles pour verres à boire, 
on disoit aussi boire à la caterne, selon l'usage de 
la caterne ou caterve. On confondoit ces deux mois. 
Je remarquerai une confusion semblable ci-dessous 
au mot Caterve. 

Catervales, aij. au fém. plur. Les lampes 
catervales semblent désigner une espèce de verres 
à boire dans ce titre : • Lettres envoyées à Paris 
« par Eustaces, avecques pluseurs voirres et tom- 
■ pes catervales, et non tufales. • (Eust. Descb. 
Poës. N5S. fol. 430] On lit, ibid. fol. 314, le mot 
catervaument mis seul, au bas d'une page, comme 
signature. [Voy. ci-dessus Caterne.) 

Caterve, subst. fém. Bande, troupe, du lalin 
eaterva. 

Toute la eatitrve céleste 
Turbe Infernale, et val terrestre 
Fleacbit soubz ce nom vigoureux. 
Tant il est doulx, et savoureux. 

CreUn. p. W;Ibil.i>.S1S. 

On Vilcaterge d'archiers, pour troupe d'arcbers, 
dans les Oth. d'Iletiod. p. 197. 

Caterve est une faute dans le passage suivant; il 
s'agil de plusieurs seigneurs qui avoient eu des 



(1) Il y a là une allusion au proverbe coiffer aaitite Catherine. (N. s.) 

H) Auxvii'siécle.cadenafàésigneuacoffret d'or ou de vermeil renfermant le couvert du roi: < La roi était aenl an 
milieu (des tables), dans son fauteuil, avec eon cadenas. > (S< Simon, cli. 370, p. 257.) (N. K.) 

(3) On lit aussi dans Scepeaux (l, 4) : ■ Qu'il seroit mis t la cailiene en danger d'y user le reste de ses jours. > D 'Aul)igDi 
(Fceiieale, IV 2U) le prend au sens de bande de captifs : « Les mareacbaux de camp qui trainent cette cadene sont Ragot et 



àuHulde. if^N. I... 

(i) Commines <VII1, SO) écrit déjà : t Le mal du roy (Cb. Vil) fut un caterre ou epoplex 
ft) Ailleurs, il écrit encore (v. 29) : t Ceuic du chaateau si lourdement tiroieiil, Quil n' 

« Lors Genevoys, doublans que ce quaterre Tumbaal sur eulx, tindreiit leur c 
(Si Chifaet, au xvu* siècle, en tait la remarque espresaa. (n. k.) 



..C»f. E.) 



ir qui ne Tensist par tene : 



I- CA 

sieurs ornemens, ■ dalmatiques, tuniques et la 

■ couverture d'une chaire cathédrale de soye 

• brodez. > {S. Chart. Hist. de Cbarles vn, an i435, 
page 84.) 

VAHIARTES : 

CATHËDRAL. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 52B, col. 1. 
Cathedraulx, plur. Id. ibid. fol. 406, col. 3. 
Catkedrax, plur. Modus et Hacio, fol. M, V>. 
Catbdheaulx, plur. Modus el Rscio, fol. 50, V°. 

Cathedratique, subst. masc. Droit épiscopal. 
Ce droit éloit attribué aux évéques, pour leur droit 
de bienvenue (4), Pasquier dit en parlant « des coutu- 

• mes que le clergé appelle louables, pour quelque- 

■ fois couvrir la pudeur de son avarice du masque 

■ de ces louables coustumes, prirent leur i^ource les 

• décimes, les annales de la cour de Rome, les 
- déports des archidiacres, les proficiats et catke- 

• dratigues que les evesques prenoient pour leurs 

• bienvenues. • (Pasq. Rech. liv. 111, p. 252.) 
C&thellne, aubst. masc. Catilina. Nom propre. 

(Voyez Petit Jean de Sainlré, p. 154.) 

Kallierïne Qst la conjuroison 

Dont maint Rommain mourut, c'est chose voire. 

Eut. DMch. Pdci. IISS. 
VARIANTES : 

CATHELINE. Petit Jean de Saiutrâ, p. 15i. 
Katrerink. Eual. Deach. Poèa. 

Gathenas, subsl. masc. Satan. Il faut suppléer 
une cédille sous le c, et le prononcer comme s dans 
ces vers : 

Secourex m'ame, ainçois, que Cathenas l'enclosa. 
Ne que du Païadîa II soit la porta close. 

F>bl. US8. do R. n- 7»!, T. II, fol. tH. R- col. 1. 

Catherine, subst. fém. Nom propre subsis- 
tant. Nous ne le rapportons que pour avoir occasion 
de remarquer que Montaigne, le même qui fut 
décollé en 1412 < donna à l'église de Notre-Dame 

• de Paris celle grande cloche, laquelle il fait nom- 

• mer Catherine, comme il appert par ses armes, 

■ el son tymbre qui sont autour icelie. • (Monstre- 
let. Vol. I, fol. 156.) 

Catherinettes, su&sf . fém. Petites fleurs, sem- 
blables à ces œillets que nous appelons mignar- 
dises [5). (Oud. Dict. Fr. Esp.) 

Catholic ligué. Cathollc politique. C'é- 
toient les noms de différens partis qui divisoient le 
royaume : ■ Ait division entre nous autres catho- 

■ liques, sous mots damnables et partiaux de 
' catholic ligué et catholic politique (6). * (Lett. de 
Pasq. T. 1, p. 808.) 

<1) On lit, dans d'Aubigné {Faneste, IV, 18) : f Un maçon le voyant A table et ayant bien caieckiti sa mémoire pour le 
reconooiatie. » (n. e.) 
<$) Ou sont li catliedral chanoine. (G. Guiait, 1, 3*4.) (n. B.) 

(3) Compares éd. Kervyn, XIV, 281. (tt. e.) 

(4) Le calhedraticum était parfoia payé par te nouvel évêque, A celui qui l'avait ordonné, aux clercs et aux notaires qui 
avaient assisté à son inauguratton; mais, le pluB souvent, c'était une pension pajrée par les éBliees de son diocèse, en 
signe de sujétion (signiim eubjectionis) ou de respect pour U chaire (pro honore calhedrae, in respeclu sedie). (N. s.) 

(5) Ceat un des noiiis vulgaires de l'épurge. (N. B.J 

(6) Les catholiquta liijué) ont d'autres noms aans la Sat. Ménippée (61) : t Pourveu que comme bons catholiques vous 
vous soumettiez aux aychi-catholii]ui:s princes lorrains, et lupercalholiqtiei Espagnols * ; et A la psge 83 : < Catholici»simei 
et zelatisËimes. x Les politiques, au contraire, étaient attachés au parti du roi, el voulaient la tolérance religieuse et la 

Jaix. En 1575, ils signèrent â Nîmes un traité d'union avec les protestants, et Turent dans la smte le plus ferme appui 
•Henri IV. (n. e.) 



CA -a 

dignités an royaume de Naples : ■ Si ne puis-je 
■ trouver desquelz roys ils furent faictz comtes, ou 

> iHirons, ne par les livres, et caterves de l'arcbil, 
« ne de la secne de Naples, oti se souloient trouver 

> tous les faictz du ait royaume. > (La Salade, 
fol. 45.) il est évident qu'il faut lire catemes, au 
lieu de caterves, c'est-à-dire registres. [Voyez 
Catehmb ci-dessus.) 

VARIANTES : 



Cathares, subst. masc. plur. Anciens héréti- 

Înes dont parle S' Epipbane. Ce même nom fut 
onné aux Albigeois et aux Vaudois. (Du Cange, 
Etabliss. de S' Louis, p. 181 ; Histoire de Langued. 
T. III.) Ce mot est grec, xaBaçai, purs. Ainsi les cal- 
vinistes ont une secte qu'ils appellent puritains. 

Cathecizer, verbe. Catéchiser (1). 

Cathédral, adj. Ecclésiastique. — Qui appa^ 
tient à une cathédrale. — Pontincal, épiscopal. — 
De dignité. 

Le premier sens d'ecclésiastique est le sens géné- 
rique, et paroit être une extension des acceptions 
suivantes ; ainsi l'on a dit : ■ Advocas de court 
■ d'église, et de court laye sont parfais en la siance 

• Renart, en lisent tous les jours en ordinaire, et 

• combien que offices royaulx et calhedrax, ayent 

• esté gouvernées par la doctrine Renart, ne vont 

• ilz oncques accepter nulle office que une. ■ 
(Hodus et Racio, us. fol. 94.) 

On disoit au second sens, chamine cathédral (2), 
pour chanoine d'une cathédrale. 

Pourra prandre Testât du cloistre, 
Estre chanoine réguler, 
Ou cathédral sëcnler. 

Euil. Dochupi, Poà. MSS. fol. S6S. eol. *. 



Ibid. p. MS, ml. ■. 

On a dit siège cathédral, pour siège pontifical. 

■ Destruisez cest antipape [Boniface], que les 
« Rommains ont de force, et par erreur, créé, et 

■ mis au siège cathédral de S' Pierre. > (Froiss. (3), 
liv. IV, page 99, an. 1390.) 

Chaire cathédrale ne signifie cependant pas le 
siège pontifical, dans le passage suivant, mais seu- 
lement une chaire de dignité, soit un fauteuil ser- 
vant aux cérémonies de l'église pour asseoir le 
célébrant, soit une chaire de prédicateur. La reine 
Isabelle, veuve de Charles VI, laissa à S' Denis plu- 



CA 

CathoUcoD, subst. maac. C'est un des pre- 
miers dictionnaires latins, imprimés dès les com- 
mencemens de l'imprimerie, sous le titre de ; 
« Somma quœ vocatur catholicon Edita a fralre 
« Johanne de Januâ ordinis fratrum prœdicntorum 
• (dominicain de Gênes.) • On lit, dans un compte 
de 1386, que frère Philippe Fromoiit, évéque de 
Kevers -ifit achepler un catholicon (\) pour la cha- 
■ pelle du duc, lequel coula 100 francs. • (Etats 
des oftîciers du duc de Bourgogne, p. 2.) 

Catholicon d'Espagne. On sait que ce nom 
fut donné du temps de la Ligue, dans la fameuse 
satyre Menippée, aux intrigues de lu cour d'Espa- 
gne, qui, sous un prétexte de relision et de bien 
pnblic, entretenoil en France fanimosité des 
ligueurs (2). Le cardinal de Retz faisoil encore usage 
de ce mol en 1649, dans ses Mémoires (3). (T. I, 
liv. II, page 352.) 

Catholique, subsl. adj. Ce surnom, affecté 
aujourd'hui au roi d'Espagne, a été donné ancien- 
nement aux rois de France [4), et mêraeàRobert-le- 
Jeune, comte de Flandres, a la date de 1081. (Du 
Gange, Gloss. latin, au mot Catholicus) (5). 

J'observerai encore, sur le mot catholique, envi- 
sagé comme surnom (6), qu'il fut dans son origine 
un nom de parti donné aux partisans de l'église 
romaine, aux ennemis des Huguenots. [De Tnou, 
T. IV, liv, 29, p. 199; Pasq. Rech. liv. VIII, p. 739.) 

On distinguoit catholiques associez et catholiques 
mal contens. (Pasq. Rech. liv. VIII, p. 739.) (7) 

Nous trouvons ce mot comme aajectif, employé 
avec chrétien, dans les vers suivans : 
L'Emperere JuBlinien 
De cathotiiiue cretien, 
De droiz que nous lesea escripz. 

Pou. usa. t la luiis du Rom. da Fut. US. da K. n- CRIS. loi. 40. 

Cathollser, verbe. Faire le catholique. (Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave.) 



CatlUna, subst. masc. Nom propre. On appeloit 
quelquefois le cardinal de Retz, le petit Catilina{%). 
(Hém. de madame de Nemours, p. 47.) 



2- CA 

Catlllant, adj. Qui chatouille. Cest le sens pro- 
pre de ce mot. De là on a dit, au Qgaré : < regards 

• atraihans, catillans et frians. • (Chaos, fr. us. 
deBouh. ch.349,roI. 280.) 

Catillement, subst. masc. ChatooillemeiiL 
(Gloss. du P. Labbe, p. 530.) 

Catiller, verbe. Chatouiller. — Agacer, tâler. 

Dans le premier sens de chatouiller, nous lisons: 
Travail qui plaist ne doit on, par raison, 

CoDier pour hascbie : 
L) mal d'amoureuse vie 
Ne me font, (ors catiller 
De joie, et de désirer. 

PoM. usa. dn vu. B- t4B0, U. SO. R'. 

On retrouve ces mêmes vers sous le nom d'Adans 
li Bocus, dans les Poês. mss. avant 1300, T. IV, 
p. 1384, et on y lit chatillier, pour catiller. 
Ce plaisaDt dard est venu esveiller 
Mon povre cueur, dont presque m'en reajoye, 
Et tellement m'est venu caUnlter 
Taeter, saisir, bouter, et tatrtnUer, 
Que j'ay senty que trop veu de joje. 

Chi»M M Dtipirt. d'Amiwn, f. 1t, aol. S. «t V. ool. I. 

Dans le Cymbalum Mundi, p. 112, on lit : > Leur 

< chatoiller leurs tendres moûelles et délicates 
« entrailles. • (Voyez Prov. du Villain.Ms. de S' G.) 

Catillier s'est dit aussi pour agacer, tâter. 

> Quand le duc approcha de Wassele, doutant, se 
■ les Gantois veoient toute sa puissance ensemble, 

• qu'ils ne voulsisseut point issir de leur fort, 

> envoya une bonne compai^nie devant, pour 
' regarder le maintien des ennemis, el pour les 

< catillier, afin de les tirer aux champs. • (Honstr. 
Vol. m, fol. 44. — Voy. Dict. de Ménage.) 

On prononce encore, dans quelques provinces, 
parmi le peuple, catouiller pour chatouiller (9). 

VARIANTES : 

CATILLER. Poës. HSS. Vat. a' 1490, fol. 50, R°. 
Catillier. Monstrelel, Vol. III, fol. i\, R: 
Catoiller. Poës. MSS. V«t. n' 1490, toi. 50, R' coL 3. 
Catouiller. Dict. de Cotgrave. 
Chatillier. Poëa MSS. av. 1300, T. iV, p. 1384. 
Chatoillbr. Cvmbal. mundi, p. 112. 
Chatouiller. Orth. subsistante. 

Catin, suhst. masc. Plat. Voyez Borel et Cor- 
neille, qui ne citent aucune autorité. C'est le mot 
latin catinus. 

(i) On lit aussi dans Du Gange : < Necrolog. Laureshsin. in Vindem. litter. Friderïci Schannati pag. 39: ■ Qui etiam 
comparavit librum catholicon pro quinque florenis. * An Glossarium Johennia de Janua, quod catltoheon appellavit ? > (M. S.) 

(3; Celle satire (ut ainsi nommée, parce que le roi d'Espagne j est représenté comme un cbarlatan qui vend du eatholiam, 
electuaire de séné et de rliubarbe qui passait pour une panacée. « On donnera le lenitif ou le calhoUeon double de 
rhetibarbo. • <Parè, XX, II.) (n. e.) 

(3) • Quoique je sentisse en moi-mâme beaucoup de peine à élre le premier qui eût mis dans nos aSaires le grain de 
catholicon d'Etpagne [l'influence espagholel je m'y résolus par la nécesaité. » (n. e.) 

(4) A Philippe IV, an 1286 ; à Pépin, en 767. (n. e.) 

ë) C'était le nom du préfet d'Afrique, l'officier chargé de lever les impôts dans l'Empire Grec : « 4 «rfuJutoc ^ytmf * 

nçocmàiityo! xai fçoytt^tay imy frjfiomaiiiôr nçaj/fÀizioy. ■ (TI)éodor. Hermopol., dernier livre.) En Asie, C'est le titre dM 

primats. (Procop., Gverre de Perse, II, 25.j (N. e.) 

(6) C'est déjà une épithéte au Trésor de i. de Meiing (p. 84) ; « Tu chez, se tu ne tiens foy catholiqae. » (N. ï.) 

çn KaeoXixos signifiant universel, catholiquement est pria au sens étymologique par Lanoue (555) : ( Hais oenx qui fimnt 

mis ce jour là hors de la ville plorerent catholiquement, pour avoir esté despossedez da l'estape des plus délicieux vins de 

France. > (n. b.) 

" " "3'2, à rA)ie de 18 ans, il avait publié la Conjuration tfc!/'iâ«ïue et, en 1638, il était entra dans U conspiration on 



catulire, changé en caiuliare, être en chaleur en pariant des chiennes, (n. k.) 



CA 



— 278 — 



CA 



Catir, verbe. Tapir. — Frapper. 

Ce mot est encore en usage comme terme d'art, 
et alors il signifie presser, lustrer, rendre unies 
les étoffes. (Dict. de Nicot.) 

Autrefois on disoits^ ca^fr, pour se tapir (1), peut- 
être comme un chat qu'on prononçoit cat. (Dict. de 
Colgrave.) 

S*en trenve ^nme, U faut aler 

Deux ou trois seuls, prendre leur voye ; 

Les autres bien en sus troter, 

A euJx catir c'on ne les voye. 

Kart. Detch. Pota. MSS. fol. 211, ool. *. 

Se qatist lés Faube espine. 

Poët. MSS. Vat. n* 1490. 

(V. ci-après Chatonne», marcher comme un chat.) 
Catir signifloit aussi frapper. Alors il dérive du 
latin quatere. 

Que par cops roidement catir. 

G. Gttiart, MS. fol. 356, R*. 

TARIANTES : 
CATIR. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 214, col. 4. 
'>ATra. Poës. MSS. Vat. n« 1490. 

fUATm. Nicot et Cotgr. — Hist. de B. du Guesc. par Mén. 

fUATRE. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 132^ col. 2. 

Gatoblepe, subst. masc. Sorte d*animal. Nous 
trouvons ce mot employé dans Rabelais, T. IV, page 
274. I^s anciens en ont parlé ; c*est le catoblepas 
de Pline (2). 

Gatonien, adj. Sévère. (Oudin, Dict.) Visage 
catonietiy pour visage sévère. (Dict. de Nicot.) (3) 

Catopromantie, subst, fém. Devination. Elle 
se faisoit par l'inspection du miroir (4). (Dict. d'Oudin 
et de Colgrave.) La vraie orthographe est catoptro- 
manciey déngurée dans les mots que je cite. 

VARIANTES : 

CATOPROMANTIE, Catoptomantib, Captetromancb. 

Catres, subst. masc. Espèce d*éloffe. « Dessus 
« avoit une courte houppelande, d'une serge, ou 
« catres pers, et une cote de camelin blanc, unes 
« chausses d'un tanné, et solers à la pelume. » (Du 
Cange, au mot Spatharii (5).) 



Cals, subst. masc. Mot obscène formé de l'italien. 
(Le Duchat, sur Rabelais, T. I, p. 248. — Essais de 
Montaigne, T. I, p. 508.) 

VARIANTES *. 
CATS, Catse. 

Cauy subst. masc. Peut-être est-ce une faute 
pour cou. On trouve l'une et l'autre orthographe 
dans le passage suivant, où ce mot paroit signifier 
couverture de lit, une courte-pointe : 

Oste la cou, et cer les dras... 
Or U eau es trop lassiés (6). 

Fabl. MSS. du R. n« 7969. fol. 59. V col. 2. 

Gance, subst. masc. Chaussée. On lit cauces 
debrusés, pour chaussée brisée, rompue, dans le 
titre suivant: « De pountz et de caiLces debrusés^ et 
« qui les doit repariler. » (Brit. Loix d'Angl. f» 72.) (7) 

Gancemente, subst. fém. Chausse. On lit, en 
parlant de Charlemagne (voir ci-après Cauchesiente): 

Et caucemente (8) de manières, 
Plaine de précieuses pieres. 

Pb. Mootkas. liS. p. 81. 

Gancer, verbe. Chausser. — Ganter. 

Au premier sens, caucer Véperon à quelqu'un 
signifloit Tobliger à fuir, le poursuivre vivement ; 
proprement le forcer à se servir de ses éperons. On 
dit encore chausser les éperons. (Voyez Chausser.) 
« Si avertie roi d'Angleterre bien huit mille Irlan- 
« dois dont la plus grande partie alloient à pied, 
« l'un estoit chauchié, et Tautre nud. » (J. Le Fèvre 
de S* Rémi, Hist. de Charles VI, p. 127.) (9) 

Je voil mes cordouans cauchier, 
Et s*aura chapel de pronier, 
Et ma cote laudée, etc. 

J. Erars. Poés. MSS. aTant 4300. T. II. p. 935. 

On a dit caucier^ non-seulement en parlant des 
piedSy mais des mains ; ainsi ce mot s'est pris quel- 
quefois pour ganter (10) : 

n a caucié se moufle. 

Poés. MSS. avant 1300, T. IV. p. 1360. 

Le peuple, dans quelques provinces, dit encore 
chausser des gants. 



(1) Le mot est dans R. de Cambrai (xii* siècle^). 247) : c Se tant poit faire et Bemier et Geris Que il se dissent en cel 
bruellet quaitis. » Froissart remploie aussi (IX, 38; : » Si se quatirent et esconserent dessous quesnes et grans arbres tant 
que li jours fust venus. » L*orthographe de ces deux citations, le provençal quait, l'italien quatto , nous mène au latin 
coaciuSy pressé, qui fait aussi le fond du verbe cacher, (n. b) 

(2) On lit au Glossaire latin de la B. N., 7615 : « Catoblepa, bestia quœdam, cujus aspectus vitam aufert. » (n. e.) 

$) On lit dans Âmyot (Caton d'Utique, 90) : « Aussi appeUoit on commandement par manière de mocquerie, CaUmê, 
. ceolx que Ton voyoit graves et sévères en paroles et en faict desordonnez et vicieux. > (n. b.) 
(A) En grec xaxontçoy. (n. e.) 

(5) Du Gange décrit le costume des cbevaliers de S* Jacques de la Spada, fondé en Espagne vers 1158. (n. e.) 

(6) Lisez au premier vers : c Oste la couete et ten les dras » ; au second : < Or U coittes (couetes) trop lassiés. » n s'agit là 
d'une couette, aun Ut de plumes, (n. e.) 

. (7) Cauce désigne, dans Partonopex de Blois, Tarraure de la jambe (v. 2957) : « Cauces de fer a puis cauciés De las de soie 
bien laciés. » L'étymologie est ici caicêus ; dans l'exemple de La Cume, il faut renipnter à calx ; quant aux causses de 
rUérault et de Rouergue, eUes sont ainsi nommées, parce que le calcaire s'y montre à nu. (n. e.) 

(8) On lit au Reclus de Morliens : « De s'alesne son œil quassa, Dont il cousoit sa caucemente. » (n. e.) 

(9) On lit dans la Ghr. de Rains (p. 56) : « Li rois estoit li plus larges chevaliers qui onques cauçast esperon. i Dans 
Roland (str. 282), la forme est calcez : « Lur espérons ont en leur piez catcez. » Dans Beaumanoir (XXX, 103)^ on acauchant: 
c Si comme s'il sunt trové vestant ou cauc/ianf du lit où il estoient coucié. » Caucha est aussi dans Roncisvals (p. 29, 
xii* siècle.) Le Roman de la Rose (v. 830) donne chaudes : c Chaudes refu par grant mestriese D'uns solers décopés 
à las. » (N. E.) 

(10) On lit déjà dans Roland (str. 189; : « Au destre poing si lui faites calder [le gant.j » Froissârt (t. FV, p. 154 de l'éd. citée 

Sar La Curne), écrit : « Et chaussant son espée, et la levant contre mont pour ferir et donner un coup, b Oudin a même 
it : < Chausser ses lunettes. » (n. e.) 

IIL 35 



CA 



— 274 - 



VARIANTES ! 
CâUCER. Gontiers, Poês. MSS. ayant 1300, T. III, p. 1086. 
Caucier. Ibid. T. IV, p. 1360. 
Gaucher (1). Fabl. MSS. du R. n» 7969, fol. 211, V* col. 1. 



Caucier. Ibid. T. IV. p. 1360. 

(i). 
Gauchier. J. Erors, Poës. MSS. av. 1300, T. IL p. 935. 



Ghaucuier. J. Le FèvredeS» Remi,HisL dedi. VI, p. 127. 
Ghaucier. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. Il, ^ 143, V» col. 1. 

Gauche (2), subst. masc. Voici le passage où 
nous trouvons ce mot : 

li Borgois ne tarda pluS; 

^ En 8a canbre entra par un wise, 
' A toute une masse quarrée. 

La cauche fu et grant, et lée, 

Et il se mist en recoi, 

Entre le lit et le paroi. 

Fabi: MSS. du R. n* 7969. fol. 89, R* col. 1 

Cauchemente, subst. fém. Chaussure. 

Après li a cauches cauchiés. 
De saies brunes et déliés ; 
Et li dit : Sire, sans faillanche , 
Par chete cauchemente noire 
Aiez tout adés en mémoire 
La mort et la terre où girez. 

Ordeoe de Chevalerie, MS. da R. n* 7S18, fol. 159, V coL 2. 

(Voyez ci-après Chalxement.j (Jhawc^m^n^^ est une 
faute pour chaucemenie (3), aans une citation rap- 
portée dans les deux éditions de Du Cange, au mot 
Tabardum. 

VARIANTES I 

CAUCHEMENTE. Fabl. MSS. du R. no 7218, f» 152, V*» col. 2. 

Gausemente. Fabl. MSS. du R. n» 7218. fol. 48. R« col. 2. 

Ghaucemente. Fabl. MSS. du R. n» 7218, ^ ^, R« col. 2. 

Ghaussemente. 

Ghancehbnte. Gloss. de Du Gange, au mot Tabardum, 

Caucheiz, subst, masc, plur. Cauchois. Qui 
habitent le pays de Caux : 

GiUeaume semont Caucheiz, 

Geuls de Roem, et de Romeiz, 
Et la gent d*Auge, et de Levin. 

Rom. de Rou, IIS. p. 236. 

Cauchevieille, subst, fém. Cauchemar. Ce mot 
est encore usité, en ce sens, dans le Lyonnois (4). 
(Ménage, Rem. sur la Langue, p. 368. — Voyez le 
Dict. de Cotgrave et Cauquemare ci-après.) 

Gauchie, subst. fém. Chaussée, levée, chemin 
pavé. — Droit de péage. Pasquier croit que ce mot, 
dans son origine, est la même chose que levée de 



terre ; haussée pour 
l'aspiration de \h (5). 



CA 

chaussée, en forçant hh peu 



Ce mot est employé au premier sens, dans ces 
passages : < Au bout de la cauchie <le la dite ville. • 
(Math, de Coucy, Hist. de Charles VII, page 6i7.) On 
trouve chausseurs, dans le Coût. Gén. T. I, p. ÎS88. 
« Nul ne peut faire entreprinse sur la ctiauisêmt 
« d'icelle ville. » 

Nous disons encore chaussée^ mais nous ne nous 
servons plus de ce mol, comme autrefois, pour les 
rues de Paris (6). On disoit aussi chaucie^ dans le 
même sens. 

De là, on a appliqué à ce mot la signiflcation du 
droit de péage pour l'entretien des chaussées (T): 

Aler ne puis par maladie ; 

Tu ne dois donc point de chattcie. 

Ettst. Descli. Poët. MSS. toL 339, col. 4. 

(Voyez Cauciace ci-après.) 

variantes: 

GAUGHIE. Laur. Gloss. du Dr. Fr. (8) 
Ghaucie. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 97. 
Ghaussie. Beaumanoir, p. 156. 
Ghausseure. Goût. Gén. T. I, p. 528. 
Ghaussée. Borel, Dict. 
Gaucée. Du Gange, à Calcea^ Caiiseaj Causica. 

Gauchie, subst. masc. Levée, chaussée, chemin 
pavé. — Droit de péage. 

La première signification de ce mot lui est com- 
mune avec le mot précédent. (Voyez Borel, au mot 
Chaussé.) Cet auteur cite ce passage des Chron. de 
Hainaut où, parlant des chaussées de Brunehaut, 
on dit : « Les tuèrent tous inhumainement sur le 
< chaude. > Nous trouvons causeys au pluriel, en 
ce sens, dans Britt. Loix d'Anglet. fol. 31 : « Adon- 
« ques soit enquis de pounts et de causeys. » 

Ce mot signifioit aussi le droit de péage pour 
Tentretien des chaussées. Du Cange,au moi Focata, 
cite ce passage : « Chest le manière coment on 
« culle le cauchié (9) à fouée de Corbie. » (Voyez 
Caucuiers et Chaussié.) 

YARLLNTES l 

GAUGHIÉ. Le Fè\Te de S. Rémi, Hist. de Gh. VI, p. 124. 
Gauseys, plur. Britt. Loix d*Anglet. foL 31, R». 
Chaussé. Borel, Dict. 



(1) Gaucher avait aussi le sens de calcare, fouler, presser : « Mesure, dist-U, aemplie et chaucheie et sorussant (dans va 
Serm. de S^ Bernard ; en lat.: mensuram, inquit, confertam et coagitatam et supereffluentem.) i On Ut aussi au reg. 113, 
an. 1378, p. 172 : « IceUui suppliant et Marguerite de Taage de .xim. ans, estans ensemble avec autres personnes en la 
granche, là où il cauchoient un tas de foing. » (n. b.) 

(2) Lisez couche : « Le bourgeois monte par un escalier à vis, avec (à) un marteau : le lit étant haut et large , il pot se 
cacher dans la ruelle. ^ Cauche n'est que la prononciation picarde de chausse ; voyez la citation suivante et le Glosa, lat 
fr. (B. N., 7679), où ocrea est traduit par : « House de fer, vel cauche de fer. » (n. e.) 

(3) La citation est de Baudouin de Gondé ; Henschel (VI, 476, c. 3) imprime : « Et ooin tabart, si que Be mente, Bons dras, 
liniges et chaucemente. i> (N. E.) 




(5) G'est la forme employée par Froissart (éd. Kervyn, IV, 17) : « Et faisoit les fournies de la viUe, dames et autres, dethire 
les cauchiés et porter les pierres as cretiaux. » Uétymologie est calciata (via), route dont la terre a été foulée. (Voir 
Cauchier.) (N. E.) 

(6) On ht aux Ordonnances (II, 380, xiv* siècle) : « Ghacuns en droit soy facent refaire les chaussées [de Paris], qoant 
eUes ne seront suffisantes. » (n. e.) 

(7) < Chaude est une coustume assise et establie anciennement seur chars^ seur charretes , seur somiers chargés. > 
(Hist. des Métiers, 275.) (n. e.) 

(8) Beaumanoir (XXI, 27) donne caucie et cauchie (XXV, 12) ; Joinville donne chauciée (§ 192 , § 210), mais M. de Wailly 
imbrime chaude, (n. e.) 

(9) Henschel imprime cauchie (lU, p. 331, c. 3.) (n. b.) 



CA -a 

Gaachlers (1), subtt. masc. Chaussure. — 
CbauSsée. — Droit de péage. 

On se sert de ce mot, au premier sens, en parlant 
de la chaussure de la S" Vierge qu'on montre au 
Puy en Auvergne, et à Soissons, dans l'Hist. des 
Trois Maries, en vers, ms. p. 320. On écrivoit aussi 
ehauciers avec la même signification : 
Puis prist sa robe, et les deniers, 
Na li laissa nés (3) les chattcier». 

F*b]. MSS. <b S' Gerni. bl. 18, V col. 3. 

Ce même mot est aussi mis quelquefois pour 
cbaussëeF>, levées faites pour retenir les eaux : 

• Après les dits jours passez, le dit bailly, avec tous 

■ les dits esctievins, va visiter les dites rivières et 
> cours d'eaux, et chemins et cauchiers. * (Coût. 
de Richebûurg, au Nouv. Coût. Gén. T. I, page 392.) 
On lit plus haut chaucies. 

Enfin ce mot est employé pour le droit de péage 
sur les chaussées. • La ferme de cauchiers appar- 
« tient à la dite ville dont le fermier doit avoir, de 
« chacuns chariots deux deniers, une charrette un 

■ denier, et de chacune beste chevaline une obole. * 
(Coût, de Pernes, au Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 389. 
— Voyez ci-après Caucuge.) 

VARIANTES : 

CAUCfilËRS. Hist. des Trois Uaries, en vers, HS. p. 3S0. 
Chaucikhs. Fabl. USS. de S. Germ. fol. 78, V* col. 3. 

Cauchois, subst. masc. Le patois du pays de 
Caux. • Quand quelques uns de sa nation l'eurent 

■ ouï parler son cauchois, ils se prindrent à l'arrai- 

■ sonner. • (Contes de Des Perriers, T. 1, p. 54.) 
Gauclage, tubst. masc. Droit de péage. Ce 

droit est dû sur les chaussties. (Laur. Gloss. du Dr. 
Fr. et Du Gange, au mot Calcagium.) ■ Chevalier 

■ ou (Ils de chevalier, sousl'aagede vmglcinq ans, 

■ sera francq et exempt, en ensuivant la coustume 

• généralle, de payer tailles, subsides ou tonlieux 

■ eauciage (3), forage, assis, et maltotes de vin. > 
(Coût. Gén. T. I, p. 815.) La même disposition 
se trouve au Nouv. Coût. Gén. T. II, page 53, 
et on y lit chauciages. On lit aussi (Ibid. page 81.) 
« He pourront mettre de maltole, vinage, ponte- 

■ nage, chauciage, etc. • 

VARIANTES l 
CàUaAGE. Cout. Gân. T, I, p. 615. 
Cauceaok, Coauciaoe. Nouv. Cout. Gén. T. II, p. 93. 



*- CA 

Caucigar, verbe. Fouler aux pieds. (Du Gange, 
au mot Caucia.) 

Gaudaire, adjectif. On appeloit rime eattdaire, 
suivant Fabri, Art.de Rhétor. fol. 16, • pour ce que 
« une seule et dernière syllabe convient avec 
• l'autre, aucunes fois toute entière, aucunes fois 

■ depuis le vocal, et aucunes fois en seule termi- 

■ aaison. > Exemple : 

Pour l'amour de mon amy, 
Le jour de la 8. Remy, 
Je vueil dire une cbanaon ; 
Il est tant gent et mignon : 
Pleust Dieu que fusse avec luy. 

Vibti. Art. de Rhitor. W. 1*. V*. 

Caudelée, subat. fém. Espèce de bouillie. On se 
sert de ce mot, dans la Beauce, pour désigner ce 
qu'on nomme ailleurs chaudeau. ■ C'est une viande 

■ qu'ils font, en ce pays là, de farine, et de quelques 

> moyeux d'œufs, mais à la vérité je ne sçaurois 

■ pas dire de quoy elle se fait par le menu, tant y 

■ a que c'est une façon de bouillie et l'ay oui lUMn- 

■ mer de la caudelée (4). • (Contes de Des Perr. T. n, 
page 76.) 

Caudiere, subst. fém. Chaudière. En Norman- 
die et en Picardie, le peuple dit encore caudiere 
pour chaudière, et en général, dans ces provinces, 
on ne prononce que le c dans le ch. • Tout ce qui 
« tient à doux, fer, ou chiment, en quelque heri- 

■ tage. est tenu et réputé du fons, en ce réservé, 

■ les caudieres (5) et autres vaisseaux, et ustensile 

■ appropriés, et servans à quelque cuisine que ce 

> soit. > (Cout. Gén. T. II, p. 955.) 

VARIANTES : 

CHALDIERE. Uubodus, col. 16SI. 
Chaldere. Harbodus, MS. de S. Victor. 
Caudièrb. Cout. Gén. T. II, p. 956. 
Chauldibrx. J. Marot, p. 36. 

Caudrelac, subst. masc. Chaudron. Houskes, 
parlant de la prise d'Avignon par S' Louis, ajoute : 
. . . . Li Rois Tot as povres gens 
Partir les plus tIus garnimens : 
Cavdnlac (fi), paieles et pos. 

Pb. lloiiÂM,tlS.p.7U. 

CaOe, subst. fém. Chouette. Mot picard (7). (Siicot, 
Dict. au mot Chouea.) 



li rinflnitif caucAter, pris substODtivemeiit. (h. i 



n) Ce mot m été tait sur ealeeariut. Ce peut dire ai 

m Pour mit. (s. b.> 

(3) La forme calciai^ est dans une Charte de 1313 (ap. Hineum, I, 736, c. 1.)(n. e.) 

(4) f Brasier un chaudeau • est une métaphore fréquente en ancien françaîa. Dans Berte (str. 75) : « Qui a fait à ma fille 
iratier si tait chavdei f i Au xiv* siècle, on lit dans Cuvelier (v. 30554) : ( Se cel aigle tenoie qui brassa ce chaudel En tel 
cage serait mis. > Enfin Prolssart (XV, SS) n'a pas écrit cordei, comme l'imprime Buchon, mais camtel : t Et disoient là les 
aucuns que le duc de Bretaigne avoit fait et brassé tout ce caùdet. i La racine est un diminutif de calduni (calidum). (h. I.) 

(5) Caudiere est déjA dans la Chanson d'Antioche (VII, 899) : > Qui donc veist cel ane ocire et destrencbier. Et mètre en 
lacoHifiereet sorlegrant brasier • Auxii* siècle, dans le lib. Pealm p. 167;, on lit: t Moab est catdere de la Bieie 



Mperance. ■ Ckauiterei est dans Aliacana (v. tDsi.) (n. 
(6) Ou lit dans une Charte ' '""' ' " 



i) 



* Nous avons donnei à loial censé... no toniiu delà blaverie, des dras... dou caudrelach. ■ , 

*n. 1318 : • Viez caudrelas, le poise doit. iiii. ob. et le noeuf. ii. don. i Eniln, au reg. U. 143 : an. 13E6 , p. iVl : t Buniân 
Broiart marchant de chaudrela) demeurant A Amiens, se efforça de vendre un aerans à aersncier Un. > On le voit , cette 
forme est toute septentrionale, (n. e.) 

Ç) On lit, dans Marie de France <fable 48)) : t D'un vilain dist. Ici nurrisiteît Une kauuie qua mult ameit i ; dans Berte 
(XXXIU) : • Sa colors n'estoit pas en semblance de choe. > On dit encore en français choue, en vrallon chaue, en namurois 
chauwe. (N. E.) 



CA 



- 276 — 



CA 



Cauf, adj. Chauve. — Surnom. 

On employoit autrefois l'expression li cauf et H 
kievelu, pour signifier tons{i). Ph. Mouskes, parlant 
de la bataille de Bouvines, dit que ceux qui ne fui- 
rent pas : 

Furent pris, ça dui, ça troi , 

Goume 11 oisillons au broi : 
Et li cauf et U kievelut 
I furent englué sans glut. 

Ph. tfoatkes, IIS. p. 588. 

On donna ce surnom à celui de nos rois que nous 
appelons encore le Chauve. 

S*ot à nom Caries 11 caus. 

Ph. Mouftkes. MS. p. 321 et ailiean. 

VARIANTES ! 
CAUF. Ph. Mouskes, p. 223. 
Caus. Ibid. p. 3*21. 
Chauf. Borel, Dict. 

Caufaire, subst. Chauffage. (Duchesne, Gén. 
de Montmorency, p. 386.) 

Caufer (2), verbe. Chauffer. 

Puis se coucha sire Gombers, 
Quant fu cauf es au fu d'estuele. 

F«bl. MSS. du R. n« 7969, fol. 2M. R* col. 1. 

Le peuple prononce encore, en Normandie, cavr 
fer. Il dit aussi caufous, pour chauffez-vous, 
comme votiVous^ pour voulez-vous, et ainsi des 
autres expressions analogues. Fabri a remarqué ce 
terme chnufous ou coffous. (Art de Rhétor. fol. 59.) (3) 

Cauffoire (4), subst. (Voy. Tlnv. des Joyaux de 
Ch. V, à la suite de son Hist. par Choisy, p. 541.) 

CautouT,8ubst.fna8C.Fo\ivkch^ux(S\.On\i{caur 
fours et briquetries. (Nouv. C. G. T. II, p. 269, col. 1 .) 

VARIANTES : 
CAUFOUR. Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 269, col. 4. 
Chaulfour. Percef. Vol. 1, fol. 413. B« col. 2. 
Chautfour. Ibid. fol. 440, V® col. 1. 
Chaulxfours, plur, Ibid. fol. 90, R» col. 4. 



Canhare, subst. Espèce d'animal. (Rabelais, 
T. IV, p. 274.) 

Cauhe, subst. fém. Queue. On lit, dans une note 
sur la page 80 des Assises de Jérusalem, où il s*agit 
de Tarmure des sergens à pied dans les Gages à% 
bataille, qu'ils avoient « les gambes astelées (gar- 
« nies d'eclisse) et garnies de cauhe de baleine (6), ou 
« defust. » 

Caule, subst. Chou (7). — Tige (8). 

On lit, au premier sens de chou, caules amVoUL 
pour choux à Thuile, dans Rabelais, T. IV, p. 128. 
(Voy. Cotgrave, Dict.) 

Oudin et Nicot disent caule éCherbe, pour Uge (9). 

Caulette, subst. fém. Espèce de mesure. Dans 
TArtois, la caulette îeau de vie signifie la moitié 
du demi-septier appelé potée. On dit chaulet et 
chauveau, dans quelques endroits delà Bourgogne, 
pour une très petite mesure^ qui peut répondre à 
la roquille. 

Caulifrori, subst. masc. Choux-fleurs. Il faut 
lire caulifiori (10), dans les Contes d*Eutrap. p. 213. 

Caulx, subst. masc. Peut- être a-t-on voulu 
désigner, par ce mot, les écoliers du collège des 
Cholets, dans le passage suivant: 

Soubs quel docteur U a ouy 
Des grands couUeurs rethoricaulx : 
Par foy, syre, soubs Pirtouy 
Qui régente les petits caulx. 

Fabri, Art. de Rhëlor. Livra H, lui. 45, V*. 

Caupclon (11), subst. fém. Caution. (Ordonn. des 
Ducs de Bret. fol. 312.) 

Caupetrape, subst. Chaussetrappe. Espèce de 
chardon (12). 

Je voy caupeirapÇy et chardon. 

JSust. Deacfa. Pofts. MSS. fol. Si*, col. 4. 



(1) C'était une locution fréquente chez les poètes du moyen-ftge, pour dire : âme qui vive. Au xu* siècle , on Ut dans 
Roncisvals (p. 149) : « Il n'i flst joie ne cheveluz ne chauz. » Au xiii* siècle, on trouve dans Berte (str. 137) : c Ne remest en 
la viUe ne chauf ne chevelu, » Il en est de même dans la Ghr. de Rains (203> : « Si vous aviés passé le flum Jordain , voufi 
n'i atenderiés ni cauf ni kevelu. » Et aussi dans Renart (v. 12672) : c Hastivement se départirent, Qu*il n'i remis t ne bons 
ne maux^ Fors eulx, ne chevelox ne eaux. » (N. E.) 
^ La racine est calefacere^ qu'on a dû prononcer calefare; autrement, le verbe actuel serait chauffaire, non chauffer. (N. B.) 
(3) Les chauffeurs étaient connus au xv* siècle : < Pour ce que le suppliant ne se povoit mettre à si grant et grosse 
rançon^ lui chauffèrent si fort et appreinffnirent les plantes des pies que les sols d'iceulx lui en sont cheutes. » (jj. 171, 



p. 452« an. 1421). On lit dès 1338, au reg. JJ. 71^ p. 3^ : < Solas pèdum eorumdem cum oleo et igné comburisse. > (n. b.) 
(4) Le mot a le sens de chaufour^ au reg. 105, p. 74, an. 1372 : c Dedens lesquelx bos a un cauffoir à faire eaux. » (n. k.) 




^ . . , chauffour, en la cbasteUenio de S. Jean de Bevron en la viconté d'Avranches. » De là le verbe cau/fc 

(Gart. Ezeciel de Corbie, an. 1419, fol. 74, v«) : a Porront braser, fauder et cauffourer sans empirier lesdis bos, et ne poiront 
riens copper de gros mairleng. » (n. e.) 

(6) Vers la fin du xui* siècle, les gants et jambières de baleine firent partie de Tarmure de plattes : c Que Ten ne puisse 
brochier gantelés de haleiney fors sur teiles sueues, et qu'il seront de bone baU^ne. » {Uvre des Métiers. 371.) C'était Tarmiire 
propre aux sergents, puisque Guil. Gulart dit en les mettant en scène : < Les mains couvertes de haleine Et de gants de 
plates clouées. » (Voir dans M. Quicherat la gravure de la p. 217.) (n. e.) 

^7) Caulet, dans le Nord, est le nom du chou à longue tige qu'on donne aux bestiaux. (N. e.) 

(8) Caule est un impôt mis peut-être sur la circulation (calUs) : c Lidit maires et eskevms aient le court, le connisSftnclM, 
le jugement et le exécution des tonlieus, des cambages, des caulesj des fours, i (n. e.) 

(9) Intercalez ici caulandise^ variante de calandise, au sens de relations, commerce : « Nous vous disons * pour le mieux 
que vous n'ayés nulle aquintance ne caulandise à ceux de Flandre. » (Froissart, éd. Kervyn, X^ 101.) (n. e.) 

^10) On dit aujourd'hui, en Italien : cavolifiori. (n. e.) 

(11) L'orthographe, dans Beaiunanoir ^), est caution ; au Livre de Justice (61), elle est caucian. (n. e.) 

(12) C'est la centaurea calcitrapa, de Lmné. On Ut encore dans la Ballade du Jardinier de Deschamps : c Mais d'orties et 
ronces y a tant, caupetrappes et lierre qui pourpralnt , Qu'à l'essarber sa chevance gasta. » de Serres (611) écrit : 
« Chausse trape, autrement carduus stellatus, est plante peu délicate. » (N. e.) 



CA 



— 277 — 



CA 



VARIANTES : 
CAUPETRAPE. Eust Desch. Poës. MSS. fol. 2U, col. 4. 
Gauppetrapk. Ibid. fol. 66, col. 1. 
Gauppetrbpe. Ibid. fol. 1, col. 2. 

Gaapresser, verbe. Comprimer, oppresser. 
Cest peut-être une faute pour compresser. 

Car Vanemi c^ai nos caupresse. 
Ne het tant nen corne confesse. 

Poêf. MSS. avant 1300. T. IV, p. 1318. 

Cauquemare, subst. Cauchemar. — Incube , 
sorcière. 

Ce mot étoit autrefois féminin, il est maintenant 
masculin. Nous remployons encore pour désigner 
cette oppression que sentent quelquefois ceux qui 
dorment couchés sur le dos. 

Autrefois, on atlribuoil cette oppression à des 
incubes, qui pressoient la poitrine et arrétoient la 
respiration. C'est en ce sens qu'il est pris, au pas- 
sage suivant : 

Griffons hideux qui mangent gens, 
Barbares, et fiers lougaroups 
VeUles, et laides cauquemares (i), 

L'Amant Vert, dté par Borel. 

C'est aussi en ce sens qu'il faut l'entendre, dans 
les divers passages où Rabelais remploie. Il n'y 
signifie autre chose que ces êtres imaginaires 
auxquels on attribuoit de donner le cauchemar. 
Borel appelle cette mahidie pesart, ce qui a donné 
lieu à une plaisante méprise dans le Dict. Univ. On 
s'est imaginé que p^sar^ éloit le nom de l'auteur 
des vers que nous venons de citer, et que Borel 
rapporte en ce même endroit. 

VARIANTES T 
CAUQUEMARE. Oudin, Nicot, Dict. 
Gauquemarre. Rabelais, T. IV, Ane. Prol. p. 19. 
CoQUEMARE. Oudin, Dict. Fr.-Esp. 
CoQUEMARRE. Malad. d'Amour, p. 159. 
Cauchemare. Nicot, Monet, Dict. 
Chauchemarre. Oudin, Dict. Fr.-Esp. 
Chassemare. Dict. de Borel et de Corneille. 
Chaugemare. Nicot, Dict. 
Ghaucemarre, Chauchement. 

Cauque ren , subst. Quelque chose. C'est un 
mot languedocien. (Dict. de Borel.) 

Caure, subst. Chaleur. On lit, en ce sens : 

De qui caure ne fu ains sentie. 

Haistre WUl. Poës. MSS. Vat. n* 4490. fol. 36, R*. 

Un ancien poëte s'exprime ainsi, dans une invo- 
cation à la S'* Vierge : 



Rivière en cui s'esnetie, et 8*e8cure 
Gis ors siècles, souUiés de vanité (2), 
Caurre en froiaour, refroidemens d'ardure, etc. 

Poca. MSS. Vat. n- 1400, ool. 185, R*. 

VARIANTEIS * 

CAURE. Poës. MSS. Vat. n« 1490, fol. 36, R». 
Gaurrb. Ibid. fol. 125, R» {?), 

Caure tte, subst. fém. Espèce d'ari>ri$seau. Dans 
le Cambresis, caure (4), caurette, se dit pour coudre, 
coudrier. (Voyez ci-dessus Caur.) 

Foeilles de caurettes, 
S'envollent au vent. 

J. Molinel. p. 13S et 133. 

Caus, adj. Ardent, empressé. Proprement chaud. 
On a dit au figuré : 

De clore ne solez si caus (5). 

Poêt. MSS. ayant 1300, T. IV, p. 1355. 

Causa (6), subst, fém. Chose. Mot béarnois. (Dict. 
de Borel.) De là causa sagrada, pour chose sacrée, 
dans le For de Béarn. (Laur. Gloss. du Dr. Fr.) 

Causaian, subst. masc. Terme de pratique. 
Achepteur de causaian(l), signifie celui qui achète le 
droit de se mettre au lieu et place d'un plaideur 
ayant cause. « Un notable xichepteur de causaians 
« et choses litigieuses. » (Contes d'Eutrap. p. 14.) 

Causaires, subst, masc. On s'est servi de ce 
mot pour désigner une espèce de protestans, dans la 
trad. fr. de l'Hist. de M. de Thou, T. VI. (V. Cause.) 

Cause, subst. fém. Cause, mot subsistant. — 
Chose. 

Dans le premier. sens de cause, ce mol se trouve 
dans S* Bern. Serm. fr. mss. p. 3. 

C'est un mol du patois languedocien (8). (Nicot, 
Dict. et Le Duchal, sur Rab. T. Il, p. 133.) 

Je ne marquerai, sur ce mot très en usage (9), que 
quelques acceptions anciennes : 

1** La cause fut un nom que les Huguenots don- 
nèrent à leur association en 1568. C'est à ce sujet 
que Pasquier dit : « Combien qu'ils prennent les 
« armes sous le prétexte de religion, si ont ils donné 
« à leur entreprise nouveau tiltre, Tappellant la 
« causCy mot qui s'est insinué entr'eux, par une 
« forme de république populaire, pour monstrer 
« qu'en ceste querelle chacun devoit contribuer, 
« comme y ayant le petit, en son droit, pareille 
« part que le plus grand, et à peu dire que c'est la 
« cause commune d'eux tous, tant en général 



(1) Comparez Caucevieille. (n. e.) ^ 

(2) Trad. : Se nettoie et se cure cet ord siècle souiUé... (N. E.) 

<3) On lit encore dans Partonopex (v. 7457) : < Elle a une gipe porprine, Bien faite à oevre sarasine, Saingle est por le 
caure d'esté. » ^N. B.) 

(4) C'est aussi le nom vulgaire du noisetier sauvage. (N. B.) 

(5) On lit au xii* siècle, dans Roncisvals (p. 194) : c Icel jour fit moût caut^ et li ciel fu serin, i C'est le cas régime ; le cas 
svget est dans la Chanson de Roland, calz (str. 266). 

(6) Le mot est aussi toulousain ; dans une Charte de 1160 (A. N. J. 320, n» 85 ; P. Meyer, Textes Provençaux, p. 165, n* 47), 
on lit : < Conoguda causa sia a toz homes que aquesta veiran ni [a]uziran ligir que eu R. GuUabert de Sant Félix. » (n. e.) 

(7) Il vaudrait mieux écrire cause aiant ou ayant, (s, e.) 

(8) On trouve cause au xv* siècle, dans une copie des Fors de Béarn : « Conegude cause sia que Mossen Gaston besconte 
de Bearn. i (P. Meyer, n» 58, p. 181, l. 22.) 




ensegnast rostel uuiiiaume parce gu'ii le creoit a non et por 
Ethique (21) : < Félicité est de Dieu principalement causée qui est généralement cause de toutes choses. » (n. e.) 



CA 



— 278 — 



CA 



« qu'en particulier. » (Lett. T. I, pages 295 et 296.) 
Charles IX, la nuit de la S' Barthélémy, « voulut 
« voir mourir le bonhomme M. de Briquemaut et 
« Cabagnes chancelier de la cause, et d*autant qu*il 
« estoit nuit à l'heure de l'exécution, il fit allumer 
« des flambeaux. » (Brant. Cap. Fr. T. IV, p. il.) 

2o Came motive, se disoit pour cause détermi- 
nante. On lit au sujel de Davia : 

n pescha ayec Betsabée, 
Ce fut défàult de sa pensée, 
CeUe n*en fut cause motive, 

Bttst. Descii. Poëf. MSS. fol. S52, col. 3. 

S*" Causes des jeudis et des samedis. On appeloit 
ainsi les causes dont Tobjet de la demande etoit de 
trois livres parisis et au-dessous. (Coût. d'Oude- 
narde, Coût. Gén. T. I, p. 1060.) 

4** Cause gaye ou grasse. Cause dont le sujet étoit 
plaisant et que les clercs de la Basoche plaidoient 
autrefois, pour se divertir le jour du mardi gras. 
Du Tillet, dans THist. de la fête desFoux, p. 90, fait 
allusion à cet usage, lorsqu'il parle « des tribunaux 
« où Ton plaidoit sur la fin du carnaval une cause 
« choisie exprès, et appellée cause gaye ou grasse. • 

5* On disoit à sa cause, pour à cause de lui. « La 
« peine et le traveil que à sa cause, et par sa des- 
« loyale trahison que j'ay souffert. » (Gér. de 
Nevers, 2* part. p. 97.) 

6* A cause de conseil, pour en manière de con- 
seil. « Le conte d'Ostrevan, aux paroles et remons- 
« trances de Fier-à-Bras bastard de Vertaing, se 
« enclina du tout, car advis luy fut que il le con- 
« seilloit loyaulment. Et quant il en parla au 
< seigneur de Gommegnies, il luy en dist, à cause 
« de (\) conseil, autretant, et aussi firent tous ceulx 
« qui 1 amoient. » » (Froiss. livre IV, p. 222.) 

7' Avoir la cause pour soy, pour avoir raison. 
(Percef. Vol. VI, fol. 82.) On lit (Ibid. Vol. V, fol. 58) 
avoir bonne cause, au même sens. De là, cette 
expression pour cause que, c'est à dire par la rai- 
son que, parce que. « Je m'arrestey au lieu de Luc, 
« pour caus^gue (2) j'avoie longuement travaillié, et 
« avoie besoin de repos. » (Le Jouv. ms. p. 17.) (3) 

Causer, verbe. Parler, traiter. — Occasionner. 
— Alléguer. — Prétexter. — - Citer en justice, accu- 
ser, reprocher. — Engager (4). 

On lit au premier sens de parler : 



Car U est tems de reposer, 
Ne veut plus à nuUuy choser, 

Hisl. des Trob Maries, m Ten, V8. p. tfO. 

Nous disons encore causer, dans ce même sens; 
cependant son usage est beaucoup moins étendu. 
On ne diroit plus comme dans ces vers : 

D*autre part ton épitre cause 
Des robes qu'il leur fault avoir. 

Buat. DeMh. PoM. MSS. M. S5t. ooL 3. 

On a même appliqué ce mot figurément aa 
ramage des oiseaux. « Les oyseaulx, par la doul- 
< ceur de leur voix causent leur son doux et mélo- 
« dieux parmjr les prez, etc. » (Le Jouv. ms. p. i5.) 

Causer signifie encore occasionner, être cause. 
On trouve causare, au même sens, dans Du Can^. 
Autrefois on le construisoit, pris dans cette signifi- 
cation, avec l'infinitif. 

Causent larmes espandre. 

Crétin, page 963. 

On employoit aussi ce mot pour alléguer. 

Ouy son playdoyé, je cause 
Chose qui sert à mon office. 

Coqonhrt, p. 18. 

De là^ ce mot a été mis pour prétexter. « Combien 
« que le désir d'entendre la charge de l'ambassa- 
« oeur de l'Empereur m'eust mené à la Cour, tou- 
« tesfois /ay causé mon voyage sur ce que, etc. » 
(Mém. Du Bellay, T. III, p. 411.) 

Enfin ce mot a signifié citer en justice, accuser. 
On disoit : causer criminellement. fBout. Somm. 
Rur. p. ^67 .) Causer de trahison. (Ibid. add. p. 881.) 

Plaist lor à faire mainte chose 
Dont on les menace, et chose. 

Pyr. et Thiibé, MS. de S. Germ. fol. 96, R* ool. 2. 

Tex darriers Ten chose (5) 
Qui devant parler n*ose. 

Gacei brûlés. Poés. MSS. avant 1900, T. I, p. SOI. 

Ce mot a aussi été pris pour engager. (Voyez 
Lenglet, Hist. de la Pucelle, T. II, p. 96.) 

VARIANTES : 
CAUSER. Orth. subsist. 
Ck)SER. Ph. Mouskes, MS. p. 641. 
CozER. Ph. Mouskes, MS. p. 243. 
Choser. Fabl. MSS. de S» Germ. fol. 8, R« col. 3. 
Chozier. Parton. de Blois, fol. 173; R« col. 3. 

Causerie, subst. fém. Jaserie, babil (6). (Cotgr. 
et Monet, Dict.) 

Causmient, subst. masc. Il faut lire causiment, 



(1) En cause cte a le sens de à titre de, comme au passage suivant : c Et luy prie en présence de vous tous ^e U preado 
le ceptre en cause de possession. » (VI, 202.) La citation a été modifiée d'après réd. Kervyn (KV, 229). (N. B.) 

(2) On peut aussi employer à cause que. Montaigne a dit aussi (I, 30) : « A cette cause. » Froissart écrit oour la cause de 
ce que, au sens de parce que (111; 29), et o^ême pour la cause de ce pour avoir la mise (IX, 286). Au sens de afin de (V. 02); 
il écrira : < Il envoverent devers le roy en cause que d*avoir âge. » a Pour le cause des montaignes », signifie a cause des... 
(II, 138.) (N. E.) ' 

(3) Ajoutons ces deux proverbes du xv* siècle, d'après Le Roux de Lincy : s Nul ne doit estre tesmoing en sa cause » 
(II. 357) ; « Tel a bonne cause qui est condamné. » (U, 419.) (n. e.) 




chosent. » (Fabliaux, Barbazan. 1, 160.) Il en est de môme dans le Myst. de la Resurr. (xv« siècle) : c Envie qui accuse et 
cause Maintes personnes tout a tort, m (n. e.) 

yf» . r\1 » ,,l-î-___ Jt /»¥• A TTT CWV^\ ± ' A. TT*» ■ .A3 *• 'â.AJ'AA.% ' Tl _ . 



(6) D'Âubigné (Hist., III, 293) écrit: < Vi^i, en sortant du mesme conseil en jurant et despitant la causerie: U vaut 
bien mieux, dit-il, servir le brave huguenot. » (n. e.) 



CA -a 

le Ters ci-après. Ce mot signifie choix dans le 
9 proveaçal. 

En «us BteQt son eautmient, 

U Diii MtrkiBl. Fait. KSS. arint ISOO, T. It. f. DM. 

lasoir, iubst. masc. Parloir. Lieu où l'on 
î. Oa disoit une salle ou causoir. (Histoire de 
lan et d'Ârbolea, p. lOS.) 
insn, adj. Prudent. Qui est en garde. Du latin 
tu. (Voyez Cadt ci-après.) 
Fenune foie est fosse parfonde, 



lat, adj. Prudent. — Fin, subtil, trompeur. 
1 premier sens, ce mot se prenoit un bonne 
, et signifloit prudent : * Il n est homme marié, 
at sottilsage,(;aut(l)ou malicieux qui n'ait une 
s joyes pour le moins, ou plusieurs d'icelles. > 
Quinze Joyes du Mariage, p. 202.) 
•i francs, si parfaîK, 



Si B 



_je faiz. 

M. i 11 HiiU di VQlDii, p. il. 



<- CA 

H« favole eaute de mot gsrder 
D'amors. qui or m'est ai dure. 

H» Kidun ds Funiir, PoM. HSS. nul 1300. T. U, p. IM. 

Gaatele, svbst. fêm. Ruse. — Prétexte. — Pré- 
caution. — Caution. — Trahison. 

Le sens le plus ordinaire de ce mot est ruse, 
finesse. • Par cauteles et ruses de guerre. ■ (Etabe- 
lais, T. I, p. 202.) 

Quelquefois (4) ce mot signifle un prétexte. • Que- 

< roit tousjours occasion elcautelle comment il peust 

• avoir la guerre. ■ (Froissart, livre III, p. 265.) 
Ufauteotendreàcaufef/e, par précaution, comme 

exprès, à dessein, duiis le passage suivant : < Ils 
> boulèrent le feu par tous les endroits de la Soude, 
« là où toutes leurs marchandises de prix.,,, étoient, 
- qu'ils firent brûler à cautelle de paeurs que nous 
■ en fussions aucunement avancés. > (Joinv.p. 31.) 

Ce mot a aussi signifié cautionnement. [Dict. du 
Dr. Fr. — Voy. Cautellage ci-après.) 

Enfin ce mot est pris pour trahison (5), dans les 
Observations de Du Cange, sur Joinv. p. 97. 

VARIANTES : 
CAUTELE. Du CanKC, à Caulela. - Rab. T. I, p. SOS. 
Cautelle. Nicot, Oudin, Dict. - FroisB. liv. F, p. 316. 
Cauthklb. Ord. des B. de France , T. Il, p, SI. 
Cauteler, verbe. Tromper. — Avoir soin. 
Oudin et Cotgrave interprètent ce mot par trom- 
per. Mais il n'avoit pas toujours cette signification 
odieuse; II signifloit aussi quelquefois avoir soin, 

§ rendre les mesures nécessaires pour venir à bout 
e quelque chose (6). C'est en ce sens qu'on lit: -Et 

• aussi ne suis pas d'avis que nous quérions ou 

• cautelions quelque incidence. • (Froissart, liv. II, 
page 62.) 

TARURTES : 

C&UTELER. FroisBBrt, Lvre U, p. 03. 

Cauteller. Oudin, Cotgrave, iHct. 

Caateleur, adjectif. Cauteleux, rusé. On lit : 

« Usuriers cauteleurs et malicieux, » dans les Ord. 

des R. de Fr. T. 11, p. 60. > Par les mutineries d'au- 

< cuns malicieux, caulilleuxll) de notre royaume, 
. etc. • (Ibid. p. 84.) 

VARIANTES : 



1 disoit en mauvaise part, chaudes machina- 
s, pour manœuvres trompeuses. {Ord. des 8. de 
r. 1, p. 73.) Le latin parle de callidis machina- 
ibus. 

est chaude pratique. Oudin interprète cette fa- 
de parler adverbiale de cette manière : • Il n'y 
rien à gagner avec lui. » c'est-à-dire c'est un 
me rusé. Ce mol a signifié aussi chaud, ar- 
, (2). (Voyez Cuaud ci-après.) 

VARIAMES : 

UT. Nicol, Monet, Oudin, Rob. Egtienne, Dict. 
ULT. Gloss, de Marot. — J. Marot, p. 7S, 
UX, plur. Eust Descb. Poea. MSS. loi. 338, col. 3. 
AUD. Ord. des Rois de France, T. I, p. 73, col. S. 

autaire, subst. masc. Cautère. ■ Jacob de 
estrette plumoit l'espervier sur le cropion, et, 
rec un cautaire (3), cuissoit ou destruisoitle petit 
-ain qui est en celle pari, et disoil que jamais 
B s'escarleleroit. » (Arleloq. Fauconn, fol. 92.) 
aute, subst. fém. Attention, précaution. 

On lit au reg. JJ. 173, p. 512, an. 112G : < Icellui Hôte, qui est cault et eubtil. > Déjà au xui* siècle, on lit au Tr. de 
I Heung (933) : < La flst si 1res ferme et si caule > (N. B.) 
I Mais il vient alors de catidiis, non de callidus. (n. k.) ... 

On lit dans Oresme (Eth. 1641 : • Et en médecine C'est leraere chose da Bavoir ce que il est dit du miel et du vin et 
lebore et de eavierei et de incision. > (N. E.) 

U vaudrait mieux dire souvent ; voyez l'édition Kervyn, t. U, 477 ; t. III, 333 ; t. V, US, S3S. (N. E.) 
I Le sens de trahison est dans Jean de Meung (Test,, IS^) : • Car trop scet li traiatres d'agaiz et de cauteles por les 

fors Bervaincre. > Mais coulcle n'est pas eroplovë par Joinville et ne se Irouve pas eu Glossaire de M. de Wailty. Voici 
leurs comme il édite le passage cité (§ 164) : t Mal apertement se partirent li Turc de Damiete, quant il ne firent coper 
int qui estoit de neis, qui grant destourbier nous eust fait ; et grant dommaige nous firent au partir, de ce que il 
erent le feu en la (onde, là où toutes les marcheandises estoient et touz li avoirs de poids. Ausai avint de ceste chosa 
me qui averoit demain boutei le feu (dont Diex le gart X) à Petit-Pont de Paris. * A cautelle eet une expression propre 
LVP BJëcle : • Les cardinaulx d'Avignon à rautelle l'avoient là envolé pour eulx exaulchier. > (Froiaaart, XV, 133). Au t. 
106), on lit encore : t Li rois de France fit porter ces lettres ft sa chancellerie et mettre en garde avec ses pins 
ciauls coses a le coietle de l'avenir. * (n. e.) 

I Le verbe est cependant priB !& en msuvoise part (éd. Eeryyn, n, 174, 175): ■ Bien dlaoit Jehana Lion par jgrant 
lence : t Je ne dy mies que nous aroiblîssons, ne amenrisBons l'iretage de monsigneur de Flandres, et, se laire le 
ms, se ne porions-nous ; car raisons, ne justice ne le poroient BouOVir, ne osai que nous querons , ne cauteloti» nnll* 
lense par quoi nous Boions mal de li, ne en se indination, ï (n. e.) 

I tMas FrofBsart, il signifie dangereux, peu sûr : i Li dus de Bretaigne est ua^cautelvux boms et divicrs. i (IX, 9^) 
. XIV, 394j on lit encore : < Il est cruel «t cauteilew et ne povons Bcavoir à quo; il pense. > <m. K.) 



CA 



— 2S0 — 



CA 



Canteleasement, adv. ArtiOcieusement. — 
Prudemment (1). 

On trouve ce mot, pris en mauvaise part, dans le 
Dict. de Nicot. C'est l'adverbe latin cautelo^e^ em- 
ployé avec cette signification dans Du Gange. 

Efn bonne part, cautelleusement signifloit ofvec 
prudence, avec précaution. « Le roy, assez saige- 
« ment, et assez cautelleusement regardoit à la fin 
« de ses besoignes. » (Chron. S* Denis, T. Il, fol. 8. 
— Voyez ci-après Cautement.) 

VARIANTES .' 
CAUTELEUSEMENT. Molinet, p. 191, et JoinT. p. 70. 
Cautelleusement. Chron. S» Den. T. II, fol. 8, V». 
Cautilleusebient (2). G. Guiart, MS. fol. 73, V». 

Cautellage, subst. masc. Cautionnement. On 
a VU cautelle en ce sens, et cautellage semble venir 
de ce moi.o Nostre cour souveraine de Mons aura 
< cognoissance de toutes matières privilégiées, si 
« comme de biens admortis, dismcs, cautellaiges, 
« obligations, retenues de chancheaux d*église, de 
« corps et biens des nobles, de purge d'homicides, 
« des testamens et autres. » (Coût, de Haynault, 
Coût. Gén. T. I, p. 780.) Laurière, qui cite ce même 
passage dans son Gloss. du Dr. Franc., croit que 
c*esl autre chose que coxilelage, mais il n'en donne 

S oint d'explication. Peut-être est-ce le même que 
ortillage et Courtillage ci-après. 

variantes : 
cautellage, Cautellaige. Goût. Gén. T. I, p. 780. 

Cautelleté, subst. fém. Ruse, tromperie. On a 
dit, en ce sens : « Mensonge, ou bien cautelleté. • 
(Tri. de Pétrarq. par le baron d'Opp. fol. 2.) 

Cautement, adv. Habilement , prudemment. 
(Nicot et Oudin, Dict.) (3) 

Cautère (i\SM6s/./*nw. Brûlure. « ïcellui arsenic 
« de sa nature est si corrosif que, en la partie où il 
« se adherdroit, ou asserroil, dedans le corps d'une 
« personne, il feroit tantost une cautère^ ou ble- 
• ceure, tout ainsi que l'en feroit d'un fer bien 
« chaut que Ten feroit toucher un pou à la char nue 
« d'aucune personne. ■ (Confess. ae Vaudrelon (5), 
Très, des Chartes, layette 5, de Nav. pièce n, p. i5.) 

Cautérisé, partie. On a dit, au figuré, esprit 
cautérisé, pour désigner un homme de mauvaise 



conscience. (Oud. Cur. Fr.) « Une ame, oo 
« cience cautherisée de quelque grand ièrbiL ■ 
(Brant. Cap. Estr. T. I, page 168.) Cette expram 
n'est pas encore absolument hors d'usage» miboi 
écrit cautérisée (6). 

variantes : 

CAUTÉRISÉ. Orlh. subsist. 

Cauthérisé. Brant. Cap. Estr. T. I, p. iOB. 

Cautionage» subst. mase. GaatioimemeoL 

varuktes : 

CAUTIONAGE, Cautionnage. Dict. de Gotgr. et dlHrih. 

Cautionnaire, adj. On a dit villes etmiimh 
naires, pour signifier celles qu'on donne en garantie 
de l'exécution d*un traité. « Prenez gardeàiootas 
< ces choses, comme à ce qu'ils feront des vUks 
« cautionnaires, en cas de paix. » (Négociations de 
Jeann. T. l, p. 1G2.) 

Cauvelaus, subst. mase. Marchand de cbevanx. 

On lit en ce sens : 

Jou ne sui mie cauvelau9 
Aine ;ie voil mon ceval vendre. 
Or, ne argent, ne denier prendre; 
Voirs est que je vous le aooai. 

Pon. IISS. «raal f SOO. T. IV, p. 13M. 

Cauvcnely subst. niasc. Chat-huant. 

Cauvet, subst. masc. Chat-huant. (Oudin, DicL) 
De ce mot, se sont formés plusieurs noms propres 
suivant La Roque, Orig. des noms, page 14. (^ojei 

ci-après Calvette.) 

VARIANTES : 
CAUVET, Cauvain. 

Cauvette, subst. fém. Chouette (7). La femelleda 
chat-huant. (Uict. de Cotgrave, et La Roque, Orig. 

des noms, page 14.) 

Cavain, subst. masc. Creux, fossé, concavité, 
caveau. Baïf, parlant des animaux, dit : 

Ceux qui ont leur repaire aux caveins des montagnef. 

BaiT, IbL 4, V. 

VARIANTES \ 
CAVAIN. Oudin Dict., Rabelais, T. V, p. 177. 
Caveix. Baïf, fol. 4, V». 

Cavain, ^dy. Creux, profond. Monstrelet, parlant 
de la bataille d'Estampes contre les Gantois, dit 
que : « Aucuns picards s'advancerent pour les roer 



(i) Cet adverbe, dans Froissart. signifie par fraude, sans raisons. Ainsi, au t. XVI, p. 2, le duc de Glocester s'écrie: c Les 
Français ne nous en ont tenu nulles [trêves], mais ont, teUement quellement . frauduleusement et cauteleusefneni reCoQa 
les héritages de la duchié d'Aquitaine. > A la page 3, il se répète : < [Héritage], lequel on luy aostâet reioUn cauieleutement 
et sans.nul title de raison. > (n. r.) 

(2) 11 -est encore au reg. JJ. 115, p. 250, an. 1379: « Par pluseurs cautilleuscment et pour avoir le sien, si comme le croit 
Texposant, li fust dit que il seroit en grantperil. > (N. E.) 

(3) On lit aux Olim du Pariement, an. 1309 : « I^ plus sagement et cautement que vous pourrez. » Eust. Deschamps 
(lustr. pour la Cour) écrit aussi : « Car il (la fourmi) se pourvoit cautement, Et porte en son trou le froment. » (K. s.) 

(4) Comparez cautaire, employé plus haut. (N. E.) 

(5) Le lundi 20 mars 1384(^5) fut interrogé, par devant le connétable 0. de Clisson. TAnglais Robert de Wourdreton, chargé 
par Charles II le Mauvais, roi de Navarre, d empoisonner le roi de France, le duc qp berry et le duc de Bourgogne. (Voir 
Secousse, llist. de Charles IJ, t. Il, p. 228, ou Toriginal aux A. N , carton J. 619, p. 11.) (N. E.) 

(6) Calvin (Dict. de Dochez) écrit : < Ils ont bu toutes leurs hontes et monstrcnt avoir leurs consciences cauteritêes. • 
Bossuet (Hist. des Variations, 11) disait : c Des hommes dont la conscience est cautérisée, b Enfin, S* Simon (ch. 385, 
p. 192) remploie encore : c Voysin était dans la plus intime confiance des chefs de ce redoutable parti et avait r&me aussi 
cautérisée qu'eux. » (N. E.) 

(T) C'est aussi le nom vulgaire du choucas, (s. E.) 



CA -! 

m jusfjetterï bas), mais ils trouvèrent uncavain (1) 
.,« diemin, malaisé à descendre et lescouviatplaner 
' « du long du chemin. > 

TARIAIfTBS : 

C&TAIN. Uonrtrelet, Vol. III, fol. 49, V*, an. ItfS. 
C&viM. HJst, de la Popelinière, T. I, Iît. 1, [ol. 41, R'. 

Cavajas. C'est une faute dans le passage suivant, 
Où il faut lire cavains (creux) : • Environnées de 
a valons, cavajvs, montagnes, et collines. > (Hém. 
^ Sully, T. I, p. 439.) 

Caval, 8ub$t. masc. Cheval. Voyez les autorités 
•ilâes. Nous trouvons l'orthographe cavor dans les 
vers suivans : 

Si apela son eaculer ; 

Diat 11 c'amaint son cavor (9), 

Se Mie mete, et tôt l'ator. 

Fibl. MSS. da n. a- 7880, bl. W, V' m1. 1 . 
TARIAHTES 1 

CAVAL. L. Tripp. CeltlieU. 

Katal. Borel, Dict. 

Cavor. Fabl. MSS. du R. a* 7989, fol. 66, V» col. i. 

Cavalava. Voici le passagte oIï nous trouvons 
oemot: 

Alei veoir A io>tr« chose, 
PécbW (et qui de néant chose. 
Tant la mena eavatana; 
li chevaliera reoir i va. 
Ne trueve qu'il ait rienjoerdu. 

Vdd. 1133. ilB h! n- THS. M. «18, R- ni. (. 

Gavalcate , subst. fém. Cavalcade. (André 
Belavigne, Voyage de Charles VUI à Naples, p. i27.) 

Gavaler, verbe. Poursuivre, épier, observer. 
On lit, au sujet de H' d'Epernon : ■ Il y a plusieurs 
• gens qui out opinion qu'il soit fée, ou qu'il ait un 
« aémou,ou esprit fàmilier qui le guide, car estant 
« hai en France plus qu'homme qui fut jamais 
« favory du Boy (si crois-je), il a esté guetté, 
« eavaié, vendu, conjuré, et attenté en toutes 

■ façons et blessé, et pourtant eschappé jusquea 

■ icy. ' (Brant. Cap. Fr. T. IV, page 319.] < Après 
« l'avoir longtemps guetté, et eavallé, ne le pouvant 
> attraper aux champs, etc. > (id. sur les Duels, 
p. 128 ) On lit, en ce sens : « Armée cavalléepsr 

■ de la cavalerie. • (Uist. de la Popelinière, T. I, 
liv.2, fol. 55.)(3} 

VARIAHTES : 



1- CA 

Pasquier, dans ses Recherches, liv. VIII, p. 662, se 
plaint de ce que ■ nous avons quitté plusieurs mots 

• franchis qui nous estoient très naturels, pour 

■ enter dessus des bastards. • IL cite pour exemple: 
Cavalerie et cavalier, que nous avons substitué à 
chevalier et chevalm,e ; il ajoute encore ailleure : 

• A mon grand regret diray cavallerie (4), infaû- 

■ terie, enseigne, colonelle, esquadrons,aulieu de 

■ chevallerie, i iétons, enseigne coronale, bataîl- 

• Ions; mais pourtant si en useiay je, puisque 
> l'usage commun l'a gaigné, contre lequel je ne 
« seray jamais d'avis que l'on se heurte. • (Lett. 
T. I. p. 105.) 

On appeloit anciennement cavalerie légère, celle 

Soi n'étoit pas aussi pesamment armée que la gen- 
armerie. Ce nom distinctif a été conservé depuis, 
auoiqu'improprement, à notre cavalerie distinguée 
es dragons et des troupes légères. (Voyez dans 
Milice Française, T. I, p. 3S7, poisim.) 

On disoit en proverbe : • Cavalerie francoise, 
< fanterie (sic) espagnolle (5). > (Fav. Ofllc. de la cou- 
ronne de Fr. 1" race, p. 6.) 

VAHiAMTBs ; 
CAVALERIE. Orth. subst. 
Cavallbrie. Pasq. Lett. T. I, p, lOC. 

Cavalertsse , iubst. masc. Ecuyer. Homme 
habile à dresser des chevaux. > Desirez vous rendre 

■ bons cavalerisses, et avoir la pratique de bien 

• dresser tes chevaux. • (Lett. de Pasq. T. III, page 
322.) On lit : . Cavalerisses, et escuyers d'Acadé- 
« mie, • dans Menestr. des Tourn. p. J87. Oudin 
écrit cavallerice, et en fait un substantif féminin 
pour cavalière. 

TAAIAIfTBS : 



Cavalet, sabst. masc. Chevalet. Bfot du patois 
de Marseille, selon Oudin. Du Cange, à CavaUetus, 
dit que c'est la montre où les marchands étalent 
leurs marchandises. 

Cavalette, subst. fém. Sauterelle. (Dict. d'Où- 
din et de Colgrave.) De l'italien Cavalletla. 

Cavalbairion, subst. masc. Chevalerie, fief de 
chevalier (0). (Du Cange, au moiCaballaria. —Voyez 
ci-après Cavarkru.) 

Cavalier, adj. Ce mot étoit nouvellement intro- 
duit dans notre langue, du temps de Balzac, qui 
n'en approuvoit pas l'usage (7). On commeoçoit à en 
abuser du temps du P. Bouhours. (Voyez ses Rem. 



Cavalerie, suhst. fém. Nous remarquerons ici 
le temps oili ce mot a commencé d'être en nsage. 

(1) Du Cange, bous cava. Imprime caoain de, chemin ; c'est 
an Kg- li. 165, p. 361, an. 1311 : t Le suppliant espia iceUui M 
une aigniflcation peu commune, au passage suivant (JJ. 13B, 
pour eulz eabatra , 
Drandoiis. > (N. E.) 

J» L anal tend à se transformer en r; ainsi malum a donné mar, dans rezpresslon : < tant mar fust. i (N. K.) 
3) L'argot des bagnes em[jloie la forma rëDéchie, k catiater, pour s'enfuir. (S. e.) 
i) La naissance de ce doublet nous montre, à cAté du tnitei qui se croit sans peur et sans reproche, la relire , qui crie 
— le temps et la aolde : Vive le Roi 1 Vive la IJgue 1 <n. k.) 
"■~*"~iteria eepaa 

,,, _n mot deQ.__. . . ,. 

(7i Du moins dans las expressions i 
ffélèg»nU,d'hr .- -^-.- 



CA -« 

sur la langue, page 214.) De là vraisemblablement 
celte expression proverbiale, Messe à la cavalière, 
pour messe courte, dite k la hâte (1). (Du Gange, au 
mot Ruleri. — Voyez ci-après Cavaliërehent.) 

Cavalier, subit, masc. Ornement d'architecture. 
C'est en ce sens qu'Oudin explique l'expression 
cavaliers à cheval, par < sorte de cavaliers que l'on 

■ fail sur les voûtes des portes, • Ce n'est peut-ëtre 
que noire cavalier, sorte de fortification. On disoit 
aussi chevalier à cheval. (Voyez ce mot.) 

Cavalln, subst. masc. Espèce de cheval. On 
nommoit ainsi, du temps de François I", ■ les 

■ chevaux de taille légère. • (Branldme, Cap. Esir. 
T. Il, p. 287.) Nous lisons, dans l'Hist. de la Popeli- 
niëre, T. 1, liv. I, fol. 30 : < Que les cavallins sont 

■ les mêmes que ceux que l'on appelle doubles 

■ courtaux, ou chevaux de légère taille. > 



Gavalot, subst. masc. Petit cheval. — Monnoie. 

Oudin et Honet expliquent le mot cavalot par 
celui de petit cheval. 

Oudin ajoute que cavalot étoit le nom d'une 
monnoie de Piémont. C'étoit aussi celui d'une 
monnoie que Louis XII ftt frapper, et à qui on 
donna ce nom à cause que S' Geoi^e y étoit repré- 
senté à cheval (2). (Le Blanc, sur les Monn. p. 321. — 
Voyez Cotgrave et Ménage, Dict. Etym.) 

Cavarerla, mbst. fém. Chevalerie, Retàeche- 
valier. C'est le sens de ce mot dans le patois gascon. 
(Du Cange, au mot Caballaria.) 

Cavame , subst. fém. C'est une faute pour 
caverne, dans les Marg. de la Marg. fol. 265. Au 
reste, les paysans de plusieurs provinces pronon- 
cent cavarne, pour caverne, et ces prononciations 
conservées dans les campagnes sont des traces de 
l'ancienne langue particulière à la province (3). 

Çavate, subst. /em.Savate. C'est le sens propre. 
De là, on disoit llgurément à çavates, pour a coups 
de pied. 

Msia U ribaut, et li bouvier, 
Vâllet, gercon et cavetisr 



A çavatea (4), et & pouinona. 



Cavayoles, subst. Espèces de troupes. C'est 
ainsi qu on nomma les troupes de confiance au 



'- CA 

service du duc deGuise, en la Bévoluttoo de Naples, 
en 1647, p. 167. Ce sont peut-être les mêmes qoe 
les mille de la cave dont il est parlé. (Ibid. p tSS.) 
Elles pourroient tirer leur uom de celui de cave, 
que l'on trouve ibid. p. 458. 

Cave, subst. fém. Cavité, creux. — Fosse. — 
Souterrain. — Vallée. 

Je ne rappellerai la signiflcalion ordinaire du 
mot cave, pour le lieu où l'on serre le via, que pour 
citer quelques proverbes où ce mot est pris dans 
ce sens: 

1* En basse cave le bon vin. (Reer. des Deris 
Amour, p. 49.) 

2° Favin, parlant des gens de la cour et de leur 
penchant à la médisance, dit que ce sont gens qui 
ont bonne cave et mauvais cellier. (Tbéat. (THonn. 
T. Il, p. 1040.) (5) 

Ce mot, au premier sens, signidoit cavité, creux; 
c'est de cette signiiicalion primitive et générale que 
dérivent les acceptions particulières que nous avons 
marquées. Nous lisons que, ■ comme l'ource a 

• conceu ou se sent grosse, elle se met en unecow 

• de roche, et demeure dedans iusques à tant 

■ qu'elle ait faonné. • (Fouilloux, vénerie, f^ 106.) 

■ Les chats sauvages portent et sont en amour 

■ comme un autre chat, mais ils ne font de leurs 

> chalons fors que deux, ils demeurent es caves 

* des arbres, etc. ■ (Chasse de Gaston Pttébus, us. 
p. 82.) • On cognoist au d^ors de la jambe devant 

> de la lièvre, quant elle a passé un an. Si fait on 
( du chien à un petit os qu ils ont en l'os qui est 

■ près des nerfs, où il a une cave entre deux. ■ 
(Chasse de Gast. Ph. hs. p. 45.) 

Dans un sens plus particulier, on disoit cave pour 
fosse. (Voy. Nouv. Coul. Gén. T. 1, p. 1272.) 

De la, ce mot s'est pris pour souterrain, comme 
il parolt par le passage suivant : • 11 avoit en Jeta- 

■ salem, en trois lieux, caves de marbre enoelées 

■ en masieres, et si avoit en chascune des trois 

< caves deux bacins, et les faisoit tousjors tenir 
« pleins d'eve. » (Cont. de G. de Tyr, Martène, 
T. V, col. 587.) 

Enfin, on s'est servi de cave pour désigner ua 
vallon, un chemin creux. « Un chasseur doit pstiv 

* à ses chiens, du plus bel et plus gracieux langaige 

■ qu'il puet, quant ilz sont laz, ou ils chascent, par 

■ mauvais pays, sec, ou cru, comme sont forets, 

< garez ou gaschieres, frecbes, chemins cave», ou 

< semblables choses. > (Chasse de Gast. I%éb. «. 
p. 223. — Voyez ci-après Gavée.) 



(1) Du Cnnge cite cette expreasion k proikos d'uQ passage du Chronicon Windeeemense (U, HQ : 
ritterorum, sed benè deTOtonim a fratribus suis e:tegit. i (N. e.) 

(S> Le cavalot était une monnaie de billoii valant six deniers, ainsi nommée du cbeval lijjre qu'elle représentait ; eDe fU 
d'abord frappée par Ferdinand II, dans le royaume de Naples. Charles VIII et Louis XII en firent fabriquer dans ploaieiin 
villes italiennes. On appelait aussi pièce k cnvalot, un canon de fer battu, qui tirait une livre de balles de plomb. (M. K.) 

(3) Le Bourguignon dit caivarne et le Berrichon chavarMe. (n. K.) 

(4) On lit au XIII' siècle (Hist. Litt. de la Fr., XXIII, p. IZâ) : a Si com Escos gui porte sa cavate, De palesUaua sa chnpe 
ramendÉe, Deschaus, nue pies, affublés d'une oate. i Baudouin de Sebourc (XII, 173) nous donne la forme picarde : « Tut 
qu'à un chavetier Bauduins s'arresta. Qui chatiaies cousoit. i L'ètjmologie serait le basque sapata. (N. B.) 

(5) Harot ^v. 5t) écrit, en manière de senteace : i Dame j'estois, maintenant suis esclave. Du solier (seuil) suis deBcendu 
«n la cave. > Rabelais désigne le vin par celte péripbraae asses irrévérencieuse : ( Après s'estrs bien antidote l'estomac de 
condjgna de font (pain) et d'eau benile de cave. > (n. k.) 



CA 



— 288 — 



CA 



Cave, adj. et part. Creusé. Ce mot subsiste dans 
le sens propre ; mais on ne diroit plus au figuré. 
par allusion à la marque, à la tache que le péché 
imprime en quelque sorte à notre âme : 

D*or8 péchiez est mon cors cunchiec et eavê, 

FtbU MSS. éa R. n* 7M8, fol. 978. V col. 9. 

GaTearot (1), subst. masc. Caveau. Diminutif 
de cave. 

Ânnoise de Lautrec recluse, 
La gîBt dans cy cavearot cluse. 

Amiq. de Gittrw, Did. de Bord, w mot Bêban. 

VARIANTES : 
.GA.VEAROT. Borel, Diot. 
Gavereau. Le Vray et Parf. Am. fol. 163, V«. 

Gavech {2\y gubst. masc. Chevet du lit. Mot formé 
de oaveche^ tête. (Voyez ci-dessus Caboce.) 

A tant vers le cavech se traita 
Sou cïàet mist sur le cavechuel, 
Puis traist ariere le linchuel ; 
Diex ! fait-il, je voi miracles. 

PiM. MSS. da R. n* 7980, fol. f 11, V« eol. 1. 

(Voyez ci-après Cavechubl.) 

Gavecheure, subst. fém. Licol. (Dict. de Monet, 
et Borel, 2** add.) Nicot dit que c*est un mot picard 
employé pour chevestre ou licol (3). 

variantes : 

GAVECHEURE. Oudin, Dict. 
Gayechurb. Monet, Nicot, etc. Dict. 

Gavechuel, subst. masc. Oreiller, traversin. Ce 
mot a la même étymologie que Cayegh ci-dessus. 

Son chief mist sur le cavechuel. 

Pabl. MSS. da R. n> 7989, fol. 211, V col. 1. 

Gavée, subst. fém. Creux, fosse, vallée. (Du 
Cange, au mot Cava, et le Dict. d'Oudin.) On dit 
encore cavée (4) en Normandie. 

Gavel, subst. masc. sing. Cheveu et cheveux. Ce 
mot est remarquable par la multitude de ses ortho- 
graphes et de ses variations, tant au singulier qu'au 
pluriel. Je ne citerai d'exemples que sur les ortho- 
graphes les plus éloignées de celle qui subsiste (5)v 

Un anonyme^ dans le recueil des Poês. Fr. avant 
13M), T. IV, fol 1807, dit en parlant des extrava- 
gances d'un homme ivre : 

S*il voit tenir à son sorciel 
Un cavely lors a engaigne : 
Il cuide ce soit ime araigne. 



Ph. Mouskes, page 46, dit de Thierri et de son 
maire du palais, qui revinrent de leur exil aprèe 
avoir laissé croître leurs cheveux : 

Et furent lor ceviel cru. 

Le même poète, parlant de la désolation de 
Charlemagne après la bataille de Roncevaux, page 
232, dit : 

Et derompit barbe et ceuicuis. 

Moniot de Paris, Poës. mss. avant 1300, T. Il, page 
642, trace dans ces vers, le portrait d'une bergère : 

.... Bele est la pastorale, 
Car blons avoit les cheviauXf 
Et dureté la mamele. 

Th. Hériers, ibid. T. III, page liOO, a dit : 

Chavex blons, Ions, et delgiés. 

Borel et Corneille, dans leurs dictionnaires, pré- 
tendent qu'on a dit ciez pour cheveux. Je crois 
cependant qu'ils se trompent, et que ce mot signifie 
chefs, têtes. (Voyez Chef.) C'est ainsi qu'il faut 
entendre ce mot dans un passage du Roman de 
Bertrain, cité par Fauchet, p. 37. On trouve l'ortho- 
graphe cheveles^ dans le passage suivant : 

Me fit baiser le chapelet. 
Puis le balsa, et puis le met 
Sur mes cheveles, demi Ions, etc. 

FroisMit, Poët. MSS. p. f7, col. 1. 

Nous citerons les façons de parler suivantes : 

1* Cheveux de fil d'or et d'argent^ pour désigner 
ce qu'on nomme aujourd'hui traita en termes d'art. 
De là, vraisemblablement s'est formé le mot éche- 
veau. < Bracelets faits de beaux cheveux de fil d!or 
« et ^argent. » (Hist. du Chev Bayard. p 291.) 

2^ Cheveux de Venus, pour capillaire, espèce de 
plante ; en latin adiantfim (6). fDict. d'Oudin.) 

^Cheveux d^Absalon, pour beaux cheveux. (Co- 
quillart et Monolog. des Perruques, p. 167.) 

4* Jusqu'au dernier cheveu, signifie jusqu'à la 
plus petite portion, dans ces vers : 

Li résumes dut venir, 

Jusques au dernier cheveu, 
A Tenfant Artus son neveu. 

G. Gttiart, MS. fol. 53, Rv 

5* Avoir mal aux cheveux se disoit, en parlant 
des jaloux, pour avoir mal à la tête. 

Plusieurs sans cause ont mal à leurs cheveulx. 

Ettst. Desch. Poès. MSS. fol. 445, eol. 3. 



(1) Scepeanx (III, 1^) donne la forme cavereau, conservée en Berry : « U y a en ce logis dedans un cavereau que j'ai fait 
murer. » Le genevois a cavot. (n. b.) 

(2) Chevece, en anciea français, est le coUet de la cotte, Touvcrture où Ton passe le chef : < Et del peliçon se merveiUoift, 
Que la chevesce i ert en travers. Et si Tavoit vestu envers, Estrois estoit par chevesce. » (Roman du Renart, Du Cange» sous 
Ùapiiium, 1.) Et aiUeurs : c Dant Ysengrin en pié se drece, S'ahiert Renard par la cheoece, Del point U donne tel buffet. » 
Du Gange cite encore un ms. de S< Victor (an. 1396) : < Trois couleuvres lui montèrent au long de son ventre , et yssirent 
par la ehavesse de sa cotte. » Enfin, le Gloss. lat.-fr. 7692, traduit capitium par chevessaUle. (n. b.) 

(S^ On aurait pu traduire par chevêtre, caveçon. Déjà aux Lois de GuiUaume (22) on Ut : « Les altres quatre [chevaux] 
chaceûrs e paleireiz à ft'eins et à chevestrea. i C'est le latin capistrum. Le dérivé caveceûre est dans Fi. et Blanchefleur 
(1197) : « La caveçure estoit d'or. Les pieres valent un trésor. Qui à blanc esmeil sont assises De lius en lius par 
entremises. » (n. e.) 




La Cihanson de Rolanddonne chevœl (str. 76) et chevels (str. 184). (n. e.) 
t6) C'est radiante de Montpellier, (n. b.) 



CÀ 



- 284 — 



CA 



6^ Chevel mort (1) signifie faux-cheveux, dans ces 
vers: 

N'i aura chevel mon. 
Ne autre chose aposte ; 
L*eQ porra tout veoir, 
Et devant, et en coste. 

Fabl. MSS. du R. n* 7615, T. n, fol. iiS, V eoL t. 

VARIANTES ! 
CAVEL. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, fol. 1307. 
Chbvel. Fabl. MSS. du R. n*» 7615, T. II, fol. 143, V» coL 2. 
Cbvibl. Ph. Mouskes, MS. p. 46. 
Chevbil. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fol. 148, V» col. 1. 
Chevol. Borel, Dict. 

Chavols, plur. S. Bern. Serm. Fr. MSS. p. 293 (2). 
Chbvouil. Fauch. Lang. et Poës. Fr. p. 74. 
Cheveul. Monet, Rob. Est (3). 
Cheveu. G. Guiarl, MS. fol. 53, R». 
CiEZ. subat. masc.piur. Borel et Corn. Dict. 
Caivaus, 8. m. p. Fabl. MSS. du R. n» 7989. fol. 72, R«. 
Caviaus, 8. m. p. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, fol 99, V». 
Caviax, 8. m, p. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 63, R» col. 2. 
Caveus, 8, m. p. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, fol. 1354. 
toAVEUS, 8. m. p. Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 152, \; 
Chavex, 8. m. p. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1100. 
Ceviaus, 8, m. p. Ph. Mouskes, MS. p. 232. 
Cevaus, 8. m. p, Borel, Dict. 
Cevals, 8, m. p. Borel, Dict. Ph. Mousk. MS. p. 96. 
Ghevelles, 8. m. p. Froissart, p. 27, col. 1. Poës. MSS. 
Chevols, «. m. p. Fabl. MSS. du R. n« 7218, fol. 291, R». 
Chevoz, 8. m. p. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 150. 
Chevox, 8. m. p. Gaces Brûlés, Poës. MSS. av. 130O, T. II. 
Cheviaux, 8. m. p. Poës. MSS. av. 1300, T. II, p. 642. 
Cheviaus, «. m. p. Ph. Mouskes, MS. p. 277. 
Cheveulx, 8. m. p. Eust Desch. Poës. MSS. f» 122, coL 1. 

Cavelade, subst. fém. Sorte de poisson. Selon 
Oudin, c*esl une des espèces de raies. 

Cavement, subst. masc. L'action de caver, de 
creuser. (Cotgrave et Oudin, Dict.) Un (j^and nombre 
d'Indiens s'étant fait baptiser, « les Espagnols furent 
« contraints de présenter requestes aux magistrats 
« de l'empereur, que les prestres, et moynes n'eus- 
« sent plus à tant baptiser de personnes, d'autant 
« qu'ils ne pouvoient plus trouver d'esclaves pour 
« fournir au travail, et cavement des mines (4). » 
(Brantôme, Cap. Estr. T. I, p. 32.) 

Cavenir, verbe. C'est une faute; il faut lire con- 
venir dans le Rom. de Brut, ms. fol. 48, comme dans 
celui de M. de Bombarde. (Voyez ci-après Convenir.) 

Cavenney subst. fém. Cabanne, cahute. (Dict. 
de Nicot, Monet, Cotgrave et Oudin.) La différence 
principale de ce mot consiste dans le changement 



de i; en 6, qui sont lettres de même organe, car 
on prononce encore cabenne^ dans plusletirs en- 
droits de la Normandie. 

Caver, subst. masc. Ce mot, sous ses trois ortho- 
graphes, signifie proprement « un vassal qui doit 
« à son seigneur service de cheval. » (Laur. Glosa, 
du Dr. Fr.) Mais il y avoit aussi des seigneurs . 
cavers ou caviers^ comme on le voit par ce passage: 
« En Béarn il y a trois ordres de noblesse : les 

< barons q.ui sont les grands seigneurs de la noblesse 
« titrée ; les cavers^ qui sont les chevaliers armés ; 
« et les domangiers, qui sont les escuyers, bacbe- 
« liers, damoiseaux, et autres non encore cheva- 
« liers. » (Menestr. de la Cheval, nage 106 (5). — Du 
Cange, au mot Domicellus.) Lauriere, Gloss. du Dr. 
Fr. définit ainsi le seigneur cavier : « C'est celui 
« auquel les cens, rentes, et devoirs fonciers sont 
« dus par les tenanciers. Il a justice basse , et 

< foncière entre ses hommes; et leurs héritages. • 
Il est distingué du seigneur haut justicier, dans cet 
endroit de la Coût. d'Acs: « Esquels lieux les tenan- 

< ciers du seigneur haut justicier vendeurs ne font 
« aucune prestation, mais esdits lieux les tenanciers 
« des seigneurs caviers, sont tenus faire présenta* 
« tion aux dits seigneurs caviers. » (Coût. Gén. 
T. Il, page 678.) 

VARIANTES : 

CAVER, Cavier, Cavié. 

Caverneau, subst. masc. Cavité. C*est le dimi- 
nutif de caverne. Oudin l'explique par cavité, petite 
caverne. (Voyez Bouch. Serees, Liv. I, p. 24 (6).) 

Caverneux, adj. Rempli de cavernes (7). (Oudin 
et Cotgrave, Dict.) 

Cavessane, subst. fém. Caveçon (8). (Oudin et 
Cotgrave, Dict.) 

VARIANTES : 

CAVESSANE, Cavesannb, Cavessinb. 

Gavetler, subst. masc. Savetier. (Voyez Table 
des Mestiers, us. deMesnière, page 36 (9).) Mouskes, 
parlant du comte Thibaut qui abandonna Louis VIII 
au siège d'Avignon, dit : 

..... Lendemain si s'en alerent 
L\ cevalier, ki dolant erent, 



(1) Vers 1280, les cheveux des dames devaient former sur les oreiUes deux grosses touffes et sur le dos deux grosses 
nattes. « Si la nature ne fournissait pas de quoi les faire assez grosses, on y mettait des cheveux d'emprunt, c des cheveux 
de morte8 », dit avec effroi le bon prédicateur GiUes d'Orléans, < et peut-être de personnes qui gémissent au fin fond de 
Fenfer. » Cela fait voir que Fexploitation des têtes vivantes, pratiquée dans l'antiquité , n'avait pas encore été rétabUe. i 
(Quicherat, Co8tume, 1^.) 




son col jurent. » (n. k.) 
, , , _ . de leur peine, parce 

que les navires du roi auraient manaué de rameurs. — Les Indiens étant tous baptisés ou morts , il fallut recourir aux 
nègres d'Afrique : ce fut l'origine de la traite, (n. e.) 

(5) Cette observation est de Marca {Hi8t. du Bcam^ L VI. ch. XXIV.) (n. b.) 

(6) Caverne n'apparaît pas avant le xv* siècle : c Et moult de nobles faits verras Par celle fontaine et caverne , Qui tous 
les sept metaulx gouverne. » (La Fontaine des Amoureux, v. 397, au Roman de la Rose, 1. IV.) (n. b.) 

(7) Paré emploie fréquemment cet adjectif (VIII, 32) : c Les playes profondes, augustes et caverneuses. » (N. B.) 

(8) L'italien a encore les formes cavezzine^ rênes, et cavezza, licou. (N. E.) 

(9) On lit en effet au lÀvre des Métiers (233) : c Nus ne puet estre cavatier à Paris, se il n'achate le mestier du roy. » 
En 1363, on lit au reg. JJ. 94, p. 56 : c Les mestiers desdis chavetiers et carreleurs estoient toute une même chose. » Le 
picard prononce encore chavetiers et Chavoutier est un nom propre de la Savoie, (n. s.) 



5- CA 

Cavlllance, subtt. fém. Tr6mperie, pi^. 
Traité fraaduleux. [Voy. Gloas. âd VHist. de Pxns.) 

Gavillateur, subst. mate. Trompeur. (Oudia et 
Colgrave, Dict.) 

Gavlllatoire , adj. Frauduleux, artificieux. 
(Colgrave el Oudio, Dict.) 

Caviller, verbe. Tromper, fi-auder, chicaner. 
(Nicot, Monet, Cotgr»ve et Oudin, Dict.) 

Gavilleux, adj. Trooipeur, artiticieux. Oo a 
dit : - Caveilleuses, et miilicieuses gens. ■ (Ordona. 
desR. deFr. T. li, p. 179.) . Moût estoit t)elle 
> famé la Roine Prede^onde, en conseil sage, et 

■ cavilleuse ; en tricherie et malice a'avoit pareille, 

■ forsBrunehaust lantsenleroenl. • (Chron. de S' 
Denis, T. I, fol. 54. — Voy. les Triomphe» de la 
Noble Dame, fol. 218.) 

TABIANTB.^ ; 

GAVILLEUX. Epithéte de M. de la Porte. 
Cavkillgdx. Ordonn. des R. de Fr. T. II, p. 179. 

Cavirte, subit, fém. Selon Oudia, c'est la partie 
delà bouche où commence la racine de la langue (3). 
Cavtssant, ;}ar/. prés. Du verbe cavir; peut- 
être le même qtie GiiEvm ci-après [4), qui signifie 
proprement venir à chef, venir à bout. On a dit: 
Se va mieulx eavissant, pour se conduit mieux, ae 
gouverne mieux: 

L'autre se va mieulx eaviieatU, 

Qu; ia d'aimer a congé sour&aaat 

Là ou il luy plaist, et bien luy conjoys. 

Pmtl. Vol. VI, fol. 83, V col, 1. 

Gavos envole. Nous trouvons celte expression 
employée dans les vers suivans : 
Les avugles vit aprochant, 
Car graot ambleure leaoit ; 
Si vit que nus ne les menoit 
Lors ae pensa cavoi en voie (5) 
Cornant alassent il la voie ; 
Pus dit : ançois me âere goûte, 
Se je ne sai cil volent goûte. 

Fibl. HSS. du Et. <•• 7615, T. I. M. lOU. R* a>l, I. 

Caxaa, $ubst. masc. Mot briarnois. C'est une 
dent molaire nui est réputée membre, suivant Laur. 
Gloss. du Dr, Fr. 

Caxhenx, subst. masc. Souche oa tronc. ■ Pen- 
< daot le temps de retraite, que l'acheteur ne 

• pourra démolir, déplanter, rendre, ni alienner 

• bricques, caxheux yersny aecs (fi). -(Nouv. Coul. 
GéQ. T. I, page 305.) 

(1) Il est déjà au Rom. de la Rose (v. 1831<) : t Bien eûst excusacions Par quiexque cavîUacioni. t On le trouve encore 
dans Beaumanoir (XXXV, S9), dans Omame {Ethiguet, 162). dans Froissart : ( Son frère le duc de Gloceatre y estoit assËS 
pins fort que il ne fuist, et resaoingnoit les cavillations et oeceptioos des paroles coulourëna et entoulUés dra François, * 
(Ed. Kervjn.XV, ISO) 

(S) Le Rmnan du Jouuencel est l'œuvre de Jean de BeuL chevalier qui guerroya bous Charles VI st Charies VII. Si^-Palaye 
la cite' souvent : il amâme composé un Hémoire sur ce Roman, inséré au t. XXV des Mém, de Vkc. des Inscriptions et 
Bellea-Leitres. (n. e.) 

Q) C'est le pharynx, (n. ■.) 

W Dans Froissart, on trouve de mdmciiauance et chaiiance, pour cheuancâ ; f Par détBOte de mise et da'chavanct. i 
<II, 8.) < ka voir dire, eavance aide cassés tant que pour aler et venir par le monde. • (II, 13). Le sens de ehevir eat plutôt 
profiter. (N. B.) 

Œ) Il faut peut-être lire t ça voi envoie. • (N. s.) 

(B) Le cacheux est un morceau de bois dont sa sert te rafOneur de sucre pour sonder les formes ; il sert à cacher, à 
écraser, (n. k.) 



C\ -a 

Hais U ribani, et li bonder, ' 
VaUet, garçon, et eaveller 
Les ont de tost aler semons, 
A cavates, et à poumons. 

Pta.llaiiA«,IIS.p.in. 

Gavette, lubsl. fém. Diminutif de cave. (Nicot, 
Oudin et Colgrave, Dict.) 

Caveare, subst. fém. Excavation. (Dict. d'Oud. 
et de Gotgrave.) 

Gavense, adj. au fém. Périlleuse. Peut-être 
fitut-il lire cruaae pour cruelle, dans ce passage : 

■ Les demoiselles viiidrent sur le mont, et elles 

■ veirent la bataille si caverne, et si felle, et mal 

■ partie pour ceulx d'Angleterre, etc. > (Percef. 
Vol. I, fol. 85.) 

Gaveax, adj. • Chievrel (chevreuil) est de telle 

■ nature que il ne demeure pas voulentiers en pays 

■ où il ait fourmis, el aussi bel (baiLl à demeurer 

■ en pays verreux (où il y a des vers), et demeure 

■ voulentiers en pays sec. • (Dans Modus et Racio, 
tts. fol. 39, on lit alias caveux.) 

Cavlal, subst. masc. Sorte de mets. Il est fort 
commun dans les pays du Nord. On en trouvera la 
préparation dans le Dict, Univ., au mot Cavial. 
Borel explique mal cavial, par boutargues. On lit, 
dans Rabelais : • Feit jecter en leur nauf soixante 

■ et dix huict douzaines de jambons , nombre de 
• caviarts, dizaine de cervelats centaines de bou- 
. targues, etc. • (Rabelais, T. IV, p. 82.) - D'entrée 

■ de table, ils luy offrent cavial, boutargues, beurre 
. frais. . (Ibid. p. 25.1.) 

VARIANTES ; 
CàVlAL. Dict, Univ. - Ménage, Dict. Etym, 
Catiart. Rabelais. T. IV, p. ffil, 
Caviat. Ibid. p, 353, 

Gavier, subst. masc. On a nommé : • Cavier de 
« l'église, celui qui a la charge de recevoir le vin 
« affecté aux chanoines. ■ [Favin, Théâtre d'Honn. 
T. Il, page 954.) 

Cavillaclon, subst. fém. Ruse, artidce, subti- 
lité. C'est le mot latin cat;i//alio (1). «Gensdeguerre 

■ sont loyaulx, et vont le plein chemin, commune- 

■ ment n ont point leurs pensées à dissimulations, 

■ fraudes, et cavillaciotts , comme ont gens de 
- court. ■ (Le Jouvenc. (2) fol.l5. — Voyez ci-après 
Cavillance.) 

vahiahtes : 



CE -2 

Cay(l), subst. masc.Qaai. (Cotgr. etOudm,Dict. 
— Voyez Du Gange, aux mois Càïa et Caugiuh.] 
GayeUer, subst. masc. Tourneur. Proprement 

■ un faiseur de chaires pour s'asseoir. ■ (Dict. de 
Borel, 1"* add. au mot Queslier.) 

TAHIAKTES : 

CàTEUEFt. Dict. de Bor. l'« add. au mot Queflier. 

Chklibh. 

QuKSLiBR. Borel, Dict. (2) 

Cayellée, subst. fém. Portée d'une louve. Du 
oiot rat/au, petit chien (3). dont on a étendu la si^i- 
flcation propre aux petits d'une louve. «Lelouvier, 

* pour la prtnse aun loup, ou d'une cayellée, 

■ devant la Saint-Remy ne pourra pourchasser 

■ qu'une lieue à ta ronde du lieu de la dite prinse, 

■ et ne prendra, au plus prochain trouppeau, qu'un 

• seul mouton. ■ (Coût, de Haynant, Nouv. Coût. 
Géri. T. II, pageiW.) 

GM'S-Petas. Ces mots, expliqués littéralement, 
signifient chéLif haillon, de cayliu chélif, eipeta», 
haillon, dans le patois de Languedoc, selon le Dict. 
Toulousain. On les a employés flgurément pour ce 

Sue nous appelons cheville, dans les vers. Gratian 
H Pont, dans son livre de l'Art et science de rétho- 
rique métriflée , cite le livre intitulé Les Leys 
d'amort, dans lequel il est Tait mention d'un vice 
désigné, dans le langage de Toulouse, sous cette 
expression cays pelas. Petas s'employoit aussi seul 
au même sens, et signifloit des mots vides de sens, 
mis dans un vers, à cause de la rime. Voici un 
exemple : 

Je m'en vais acheter de l'orae. 

Je <rouB le Jure, par Sainct George. 

D* Voiler. Mbl. p. 8S3. 

Gazées. Nous trouvons ce mot dans uile pièce 
satirique oii l'on fait allusion à une Ordonnance {<) 
de Louis IX, roi de France, au sujet des jeux ; elle 
commence ainsi : 



S- CE 

leur origine de la variété des prononciations diffé- 
rentes auxquelles les auteurs de chaque pays s'as- 
sujettirent dans la maniëie d'écrire oe pronom. 
Quant à ce qui regarde sa signiflcatJon, e4Ie est 
aujourd'hui beaucoup moins étendue. On ae dit 
plu9C£, pour celui,celui'là, comme dans ce pssïagA: 

> Madame, vous souviendroil-il du cheralier, que 

■ mon cher sire le Roy veit issir de la brest de 

■ DarmantesT par ma foy, sire chevalier, dist 11 
< Beine, bien m'en souvient : mais or me dictes, 

■ fusles vous ce ? par ma foy, ma chère dame, dist 

■ le chevalier, ouy. > (Percef. Vol. Il, fol. 135.) Oa 
trouve aussi cen, pour celui, dans ces vers: 

Sire, diat'il, iestes toz cen 

Que madame aime tant toz ion ? 

Bluch. us. fc s* Cam. M. HO. R' mL t. 

Ce, pris dans le sens subsistant, s'écrivoit qn^- 
quefois che, cm, eeu, cen, etc. On disoit après cen, 
pour après ce, après cela. (La Colomb. Th. d'Honn. 
T. II, page M9.) • Si vaille ceu qui le dort valoir. ■ 
(Oril. T. I, p. 89.) Ceo que pour ce que. [Britt. Loix 
d'Anglet. fol . 1 .) Che, devant un mot qui commencoit 
par une voyelle, faisoit élision de \e comme dans 
ce vers : 

CA'iert à mon nuisement. 

Ai» M Gwy«iid, Poii. HSS. nul 1300, T. m. p. KSI. 

C'est-à-dire cela tourneroit à mon désavantage. 
(Voyez ci-après Cil.) Il différoit encore par sa cons- 
truction grammaticale, dont on trouvera plusieurs 
exemples à la lin de cet article. Nous remarquerons 
seulement, en cet endroit, que les mots ce ^i, 
toujours unis à présent dans le langage, étoient 
autrefois séput'és par d'.iutres mots intermédiaires. 
( Luy couppe la tête, et Irenche tout ce des ongles 
. qui lenoient Ji l'escu. . (Lanc. du Lac, T. II, t 54.) 
«. Leur dist ce tout ^«'(7 vouloit faire. • (Tri. des 
Neuf Preux, p. 178.) 

Cette figure, appelée tmèse en grec, étoit usitée 
par les Grecs et les Latins. Nos anciens auteurs l'ont 
pratiquée ; ainsi Villehardouin dit : • Se moult poi 

> non, ' pour ■ sinon moult pas. * Nous en citerions 
quantité d'exemples, mais ils sont du ressort de 
noti'e syntaxe ancienne. 

Comme adverbe, ce signifloit ci, ici. On lit, dans 
Beaumanoir, p. 18 : • Bepaire une eure che, une 
• eure là. • De là, ces expressions : ce en arriéres, 
pour ci-devant. (Ord. T. Il, p. 88.) Ce avant, pour 
ci-après, comme en ce passage : • Ices (ces) deux 

■ salies qui s'enfuirent a Barutb firent grantdomage 

> a nos Crestiens, si com vos oirés ce avant- ■ 
[Cont. de G. de Tyr, Marlen. T. V, col. 623.) 



Et si ni a fora que cazéeê : 

Lea coaea août trop deBaitisAes; 

Si m'aist Dieus, li Rois de France, 

Par son granl sens, et par souQrtmce, 

A toua les jus abandonnés, 

K'il veut c'on jut aleRrieBné, etc. 

Poil. USS. imU 1300, T. IV, p. 1388. 

Ce, pron. prépos. et adv. Ce, celui. — Ci, ici. — 
Si. — Ainsi. —Que (5). 

Ce mot subsiste sous la première orthographe, 
dont toutes les autres sont des altérations qui tirent 

(1) Le mol serait d'orlEÎne celtique et Tiendrait du breton kaë ; Isidore de SéTÎIle donne kaii , pour glose k canetlH ; le 
mot désignait donc, k l'origine^, ces quais sur pilotis ei tréquents dans la Manche, (n, B.) 

(2) Intercaler ici cayenne, qui désigne encore k Brest U caaerne dea marins. Le mot se tr 
p. 911 : ( Iceulx Flamena marchans ne poToil venir «u hable, qui estoient closes (sic) i 
eatolt aur les murs et sur les caeiiiwt. > (N. E.) 

(3]) On eTcite les chiens nsr le cri laiatil, Uais cayellée est plutùt le participe de caicller, pour cadetler, conduire, mener. 
On lit au Rom. du Renart (v. 325G) : ■ De la quinte (eskiele) ne me doi taire ; Celi U rois caielle et gnië. > La loure eit 
considërëe l comme un chef de bande, (tt. e.) 

(4) Cette Ordonnance, de iS5l, défendit de jouer aux dés et aux échecs ; elle interdit même la fabrication des dés. (N. E.) 

(5) Ce est pris substantivement, au sens de autant, telle quantité, dans Froiss.irt : * Que â cel bcsoing le Tanist aeconrir 
atout ce de boimea gens d'armes qu'il poroit avoir b (I[, 119) ; si prisent ce de bon que dedans avoient et l'emporlerenl 
Bvoecques euls. b lil, ta.) (n. e.) 



CE -2 

L'analogie des sona de l's et du t; a fait employer 
souvent ces deux lettres l'une pour l'autre. De là, 
ce pour se, préposition autrefois en usa^, au lieu 
de st. • Car ce ils faisoient porter leurs dites armes 
■ par aucuns autres ; ce leur porteroit tel préjudice, 
« etc. . (Ord. T. I, p. 436.) 

Ce II Diex d'amors daignoit 

Escouter leur traîson, 

Lea meadiBaiiz deetruiroit. 

I>w(. USS. KBil 130O, T. IV, p. ISll. 

Ce signifie ainsi, dans cette expression : Ce m'aist 
Dieu. G est, selon Pasquier, ■ une abbréviatioa, de 
> ce que nos anciens disoient : ainsi m'aide Dieu. > 
(Rech. Liv. VIII, p. 705.) Che parolt avoir le même 
sens, en ce passage : • Che %ta alla. > (Villebard. 
p. 42) On a dit ce c'om, pour ainsi qu'on : 

Et ce c'om a le bis tenu 

Longuement en l'eane mouiUé, 

Et puis au Bouleil deeechié. 

Buil. DmcIi. Pom. HSS. b1. 6K, col. S. 

Enfin OQ écrivoit ce pour que, conforméoient à 
l'ancienne prononciation du c, dont on articuloitle 
son comme celui du g (1). 

Et un iMtit mes yex ouvri, 

FroiiBtH, Poct. HSS. p. 4. ml. 1 
VARIANTES : 

CE. Orth. subaiat. 

Ceu. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 89. 

Cbb. Beaumanoir, p. 10. 

Cbit. Ord. dos R. de Fr. T. III, p. 296. 

Chou. Notice des vceui du Paon, fol. 160. 

Cho. Ghana. Fr. du xm* eiècie, US. de Boutt. fol. SM. 

Cko. Brilt. Loix d'Anglet. fol. 1. 

Co (UE). Loix Nonxi. art. 38. 

CoK. Bible, en vers, MS. du R. n* 7368, fol. 1. 

Cou. Rom. de Rou, MS. p. 303. 

Cen. Blanch. US. de S. G. fol. 190. R> col. S. 

Ces, plur. Font. guer. Très, de Vénerie, US. p. 49. 

Chbb, piur. Idem. 

Ce, conjoncl. Que. • Por ce seit ferme el stable. ■ 
C'est-a-dire pour que cela soit ferme et stable. 
{Hénage, Uisl. de Sablé, p. 220, tit. de 1265.) 

Ce ara pour que aura. (Ductiesne, Gén. de Guines, 
p. 286, tit. de ]244.] 

Cil, pour que ils, qu'ils. (S' Bero. Serm. fr. iiss. 
page 351.) 

Ce que. Ce mot et cette orthographe subsistent. 

Cœhe (2) (Marbodus, col. 1644.) 

Ce que, pour à ce que, allnque. Cette expression 
répond au latin ut, dans la charte latine. (La Thau- 
massière. Coût. d'Orléans, p. 466, tit. de 1180.) 

Ce que (sans), pqur sans que. (D. Morice, Hist. de 
Bret. p. 934, Ut. de 1248.; 

Ce, pris dans le sens qu'il conserve aujourd'hui, 
nous fournit plusieurs exeoioles de construction 
grammaticale tout à fait hors d'usage. On disoit : 



1- CE 

1° Ce fu ce que, etc. pour ce fut la cause que, etc. 
(Hist. de Fr. à la suite du Rotn. de Fauv. M. 84.) 

a- Ce en temps même, pour en ce même temps. 
(Chron. S'Den. T.ll.) 

3' Ce non pourtant signifie littéralement, no- 
nobstant ce, néanmoins, cependant. < Ce nonpouf- 

■ tani le Roy faisait toujours marcher son camp. • 
(P. Desrey, la la suite de Monslr. fol. 120.) 

4* Ce neantmoint a la même signiQcation que 
ci-dessus. < Ce neantmoins fut entr'ëux conclu 
> passer outre. ■ (Pasquier, Honoph. p, 9.) 

5° Ce ne quoi signifle mot à mot, ne ce, ne quoi, 
ni ceci ne cela. (Fabl. mss. du It. d" 7218, fol. 3.) Une 
dame, parlant à son amant, lui dit : 

Ailés vraie obeiaMoce, 

Et loyale persévérance. 
Sans demander ne ce, ne quoi. 

ITsiMKt, PoH. use. p. K, (ol. 3. 

6* Ce se Tion éloit une expression adverbiale pour 
sinon, autrement. ■ Quant Enguerraat vit qu'il luy 

• convenoit rendre compte, ou ce se non tr^ 

■ grant honte en avenroit, etc. ■ (Chron. Fr. hs. de 
Nangis, sous l'an 1314.] 

7* Ce seray je était pris dans le sens où nous di- 
sons ce sera moi. (Froissart, livre III, page 66.) Ce 
sommes nous, pour c'est nous. (Ibid. liv. I, p. ^.) 
C'este$vous, pour c'est vous. (J. Ghartier, Hist. de 
Chartes VII, page 19, an 1439.) Ces façons de parler 
sont plus régulières que celles que l'usage y a 
substituées. 

S* Ce soit est mis pour soit, ou soit que ce soit, 
dans ce passage : • Leur remonstranl que ce soit 

■ en païs, ou en guerre, c'est une belle vertu que 

• d'estre secret. » (Le Jouv. ms. p. 61.) 

9° Cest signifloit si ce n'est que, dans les vers 
suivans : 

Contre ces deux n'a nule confort, 
C'est repentir isnellement. 

F*l>l. MS. dsR. a-7SI5, T. I, fol. tW, V mil. 1. 

10* Ce temps durant, ce temps pendant, se disoit 
adverbialement, pour pendant ce temps, cependant. 
(B. Estien. Gram. fr. p. 87.) 

11' Ce lot est mis pour tout ce, en ce [ 



Biau sire, je li ai osté 
Ctlotél mettoit tel fierté. 

FiU. KSS. du H. ■!• TOtï, T. H, tnl. 1TI. R- col. i. 

G'est-à-dire ce qui la rendoil si fière. 
i^ On disoit ce qu'il, pour ce qui, littéralement 
ce que il : alors il est explétif, dans ces vers : 

. . , . D leur plaist k defTaire 

Ce qu'il leur peult eetre contraire. 

C« la ■■ BlfH. dH Mdtfti, HS. M. 16, H-, 

13* Ce que, pour que. C'étoit un pléonasme fr,é- 
quent dans nos anciens auteurs. ■ Nous diroas 



(1) Les lances ronunes ont traité d'une manière originale les pronoms démonstratifs latins (Aie, ille, Ute, ip*e), qui sont 
cbàcun l'origine de trois pronoms romans. Hoc est devenu, par lui-même, l'afOrmation au Uidi delaFrance (oc, prononcé 0). 
Au Nord, il s'est uni t iltud, pour foriiier oil. En composition avec ecce, hoc est l'origine de la forme dauphinoise 1:0 et des 
formep méridionales ezo, so, :o. Dans la ContilËne de S** Eulalle, on rencontre la forme {o (fkvgment de Valenciennes, çoïf, 
et enfin ce, qu'on fait venir de ecce hoc. Déjà leacomiiiues latins emplovaient«cn«râ,eccu«, ecca, eccum: iSed «ceam, opinor. 
accessit iPlaute, Cruina, III, 3, II) ; certé eccittam viaes (Cu^u, V, 2, 17). ■ Quant à hoc , composé avec hac , il existe en 
provençal (aco), non en français, (n. b.) 

<^ Ou plutôt ceo ke. (N. E.) 



CE 



■ commenl l'en doit relessier au cerf ce que l'en 

■ chace. > (Modus et Racio, fol. 24.] 



Ce que, dans le passage suivant, a la même signi- 
flcation, mais sa construction singulière mérite 
d'être remarquée : < Alexandre ce que le roi Daire 

■ te demande de pais, c'est jà la tierce fois. » (Tri. 
des Neuf Preux, page i4S.) C'est-à-dire ; Alexandre, 
c'est pour la troisième fois que Darius, etc. 

On a dit aussi ce que pour à cause que, parce que. 

■ Ne savoit sur qui sa lance employer, ceauen\i\ 

■ n'estoitgaruyoe lance. • (Percef.Vol. V, fol. 10.) 
14* Ce qui est employé au même sens, dans les 

vers qui suivent. Peut-elre faudroit-il lire avec une 
apostrophe ce qui pour ce qu'il, à cause qu'il : 
Richart, dJBt il, vous mande qu'à li avez Failli, 
Ne 1' Terrez mez oeu (1) de vos duels ex (3) ce qui 
Ne remaint mie en voub que ne l'avez trai ; 
Par VOUB l'euBseot mort ai mortel snemi. 

RwD. de Rou, US. p. 11*. 

15° Ce qui, se trouve encore pour ce qu'il, dans 
cet autre passage ; peutrétre est-ce la même faute 
que ci -dessus 



Or a mon cuer ci 



16* Ce que est que signifte ce que, dans ces vers : 



I ce que ei 



ribl. USS. du R ■>■ 7969, loi. M, R- al. I. 



17° Ce que non, ce qui n'est pas. • Quant aulre- 
• ment en seroît ce que non, si ne lui serat-il 

■ jamais possible de tant rencontrer de bestes qu'il 
« lui en faudroit. ■ {Mém.DuBellay.liv. VII,f206.) 

18* On disoit après ces, pour après cela. 

Et apréi ce» l'eBCorcheréefl. 

Font. Gair. Trte. ât Vte. US. p. «9. 

Ce, pron. Cela. ■ Leur demanda pourquoy elles 

■ faisoient ce. • (Vie d'Isab. à la s. de Joiov. p. 170.) 

Céans, at/tp. Céans 13). L'étymologiedecemotse 
sent aisément dans 1 orthographe chaintz, pour 
chà-im; chà signifie ici, et inz dedans. Les autres 
orthographes uesoutévidemmenlque des variations 
de celle-ci : 



8- CE 

VAHIAMTES : 
CEANS. Orthographe BuhsiBtaii(«. 
Ceenz. Fabl. lîSS: du R. n* 7996, p. 90. 
Chkanb. Gloas. de l'Hist. de Paria. 
Cheens. Dict. de Sorel et de Corneille. 
CiBNS. Poës. HSS. d'Eual. Desch. foL 385. 
Ctrns. ModuB et Hacio, HS. fol. 313, V*. 
Saiens, Sa^t. 

Chiens. Hodus et Racio, foL 148, R*. 
Chain 8. Sorel, Dict. 
Chainz. Rom. de Rou, HS. p. S7. 

Ceaselle. Ce mot se Iroave dans les vers 
suivans : 

Un oignement avoit ilequea 
De via argent et da vies oint. 
Dont aon viaire et ses maina oint. 
Four le eoleil qui ne l'escaude, 
Et ae Boulott une belaude; 
Aine estolt laide et conlretaite. 
Ceanelle s'adoube, et alaite 
Pour cou qu'encore veut aiecler (S). 

Fibl. HSS. da R. ■!• 10». fol. W, VmI- 1. 

Ceau, subst.masc. Ciel. Borel,qui cite ce mot, a 
été copié dans le Dict. de Corneille, où I'od trouve 
ces vers du Boman de la Rose : 



Cebo (7), subit, masc. Bossu. (Dict. de Cotgrave.] 

• Parce qu'on vouloit marier notre petitcebo, il fut 

• mis en avant si la bosse estoit une chose bérédi- 

• taire, et si les parens succèdent â leurs par^s à 

• la bosse. > (Bouchet, Serées, livre II, p. 203.) (8) 

Cécile, subst, fém. Sicile (9). (Glossaire du P. 
Martène.) 

TAHIAHTBS: 

CECILE. 

Ckziu. llaibodiu. Col. 1640. 

Ccclllanc, subst. fém. Chaînette an mors. Ce 
mot est cité par Oudin et Cotgrave soua cette dou- 
ble orthographe. 

VARIANTES : 

CEaLI&NE, StciLtANB. Oudin, Cotgrera, Dict 

Cécité, subst. fém. Aveuglement (10). Du latin 
cœcitas. On a dit au figuré : cécité de cuer, pour 
aveuglement du cceur. (Chasse de Gast. Phébus, u. 
page 359 ; voyez Oudin et Cotgrave, Dict. ; CréUo, 
p. 124, et les Harg. de la Marg. fol. 10.) 



(1) Vous ne le verret jamais d'id en avant, 

^) Deux yeux. 

ra) L'étvmologie cBt ecce iniu». (n. e.) 

(4) HaiBsent. 

ffi) Il s'agit U d'nne vieille coquette qui se frotte Ibb mains et le visage d'une pommade mercurielle contre l'eidenr da 
soleil : ( Elle se croit beliotte (belovdé), mais elle est laide et contrefaite ; cependant elle s'adoube et affecte (des prétentianBl 
parce qu'elle veut encore mener la vie du Giècle. > Il faut donc lire reaiis e/ie...;» est abrégé par un trait suâcritlt l'a. (n. K.) 

l6) MéOQ imprime (v. 1640) : ■ Des roses 1 ot un grans monciaus ; Si boles ne vit homes sous ciavt. > Dans Rutdieuf (59), 
on lit encore : t Li cuers le conte est à Ciliaux, Et l'arme 16 sus en saine ciavj:, Et li cors en gist outre mer. > — Caou a le 
sens de suif, au t. VI des Ordonn., p. 130, art. tt, an. 137a. <N. E.) 

(7) Cebo désigne plutôt un Binge, du grec x^floc. (n. e.) 

(8) Intercalez ici ceberon, sorte de bois pliant : < Un baeton ft façon d'un pieu de ceheron, qu'il avoit cuillv, pour tendre 
ether lesdiz eschalB2 sus son chariot. ■ (A. N., IJ. 195. p. 218, an. 1ie9.)(N. E.) 

<9) Dana JoinvUle, on Ut Cezile (§ lOB; et Sezile (g 641). Ilana U Chanson de Holand, < 
d'après H. Gautier et le bon sens, devrait désigner Séville ; mais le mol forme u 



lutte a' ,. . 

(10) On Ut encore dam 
( Souventes foiz nous m 



I. Holand et d'Héricault, chez Jannet, 1866, 1, S] 



CE 



— 889 - 



CE 



Gecoll. Nous trouvons ce mot dans les vers 
snivans : 



Veez vous la eecoU (i) 

Sui gitt en celé eerre, 
r i voit cil ferir 
Oui plus sara de guerre. 

riM. MSS. d« R. n* 7M5. T. II, fol. ilS. V eol. I. 



Gecondy adjectif, de Mmb. Second. 

Con atendolt tierce ou ceconde. 

Fabl. USB. dn R. a- 1815, T. I. fol. 103, V eol. 1. 

Geddiclon, subst. fém. Cession. « Pour entrer 
^en la jouissance de telz heritaiges à tillre de don^ 
i^ivente, ceddicion, ou transnort, est rec|uis de les 
« appréhender par la justice desditz de Saint Vaast. > 
<Cout. de S' Vaasl, Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 408.) 

Cedet, participe. Cédé. (Carpentier, Histoire de 
Cambray, p. 31, Ht. de 1269.) 

Ce dessoubz dessus. On a exprimé, de toutes 
les façons suivantes, ce que nous entendons par 
sens dessus dessous. 

VARIANTES : 

CE 0ESSOUBZ DESSUS. Percef. VoL I, fol. lU. 

Ce desouz desore. Fabl. MSS. du R. n« 7015, T. I, ^ lOi. 

Ce dessus desseure , Cb dessus dessous. 

Ce dessus desore. 

Cen dessus dessous. Rabelais, T. I, p. 67. 

8ê^ dessus dessous. Straparole, Nuits, T. U, p. 15. 

Ce que dessous dessus. Eust. Desch. Poês. MSS. I^ 292 (2). 

Ce devant derrière. Nous disons aujourd'hui 
iM8 devant derrière (3). 

VARIANTES l 
a$ DEVANT DERRIERE. Poës. MSS. Vat. n« 1522, ^ 163. 
Gbn devant DERRIERE. Coquillail, p. 179. 
.ftB« DEVANT DERRIERE. Rabelais, T. I, p. 67. 
Ce QUE DEVANT DERRIERE. Eust. Desch. Poês MSS. ^ 49. 



Ce dit, proposition elliptique. Ce dit-on. Marbo- 
dus, parlant, art. 8, delaSardoiDe,flnit par ces vers : 

D* Arabe e dinde vieût, ee dit. 

Cedltleux, adj. Séditieux. (Faifeu, p. 4.) 

Cedo, $ubst. Soie (4). Mot dn patois languedocieB. 

variantes: 

CEDO, Sbdo. Du Gange, au mot Cederia. 

Gedon, subst. masc. Séton. Terme de chirurgie. 

variantes : 

GEDON, Sedon. Oudin et Gotgrave, Dict. 

Cedos, subst. masc. Espèce de jeu. Jeu d'enfant 
dans le Languedoc. 

Gedretale, subst. masc. Grand cèdre. (Dictionn. 
d'Oudin.) 

Gedriac , subst. masc. Le fruit du cèdre (5). 
(Oudin, Dictionnaire.) 

Cedrie (6), subst. fém. Résine. Celle qui sort du 
cèdre. Ce mot est encore en usage. 

Cedrin (7), subst. masc. Serin de Canarie. Oudin 
l'explique ainsi dans son Dict. Fr. Esp. 

Cedule, subst. fém. Placard, afflche (6). Je ne 
parle point des autres significations hors d'usage. 
Or Ht savoir adonc messireLouisdeSancerrema- 
resctial de France l'ordonnance, et Testât des 
Anglois à Paris, au roy, et aux chevaliers qui là 
se tenoyent ; et fit mettre, et attacher cedulles au 
palais, et ailleurs. » (Froissart, Liv. I, p. 389.) 

. VARIANTES .* 

CEDULE. Orth. subst. 
Sedule. Gloss. de Marot. 



êatiB dessui ni dessous; maie 
vMnt^Msiu »» «a^miage, aapres ^asquier. recommanoaieni sens aesstis aessous, cesi-a-Gure le sens qui doit être dessus est 
dessous. Au xiii* siècle, Joinville (§ 644) écrit : t Li rojs fist tourner les neis ce devant deriere. » Le Ménagier de Paris 
a, 5), donne : c Retournez la lamproie ce dessus dessouoz. > ErÛh on lit dans Froissart (XVI, 161) : « Pour retourner en 
Angleterre ce dessus deshoubs. > on entendait donc : ce qui est dessus est mis dessous, uringoire, au xv« siècle (Farce A 
la suite du Jeu du Prince des Sots), écrit : c Renversez c'en dessus dessous La terre... » La locution est encore comprise: 
fie qui est en dessus est mis... Au xvi* siècle, on prononce bien, mais on ne sait pltls écrire. Rabelais {Garg., L M) écrira: 
c Ce petit paillard tastonnoyt ses gouvernantes cen dessus dcssoubz > ; mais Amyot annonce Vaugelas : sans,.. (Fabius, III) ; 
Paré et 0. de Serres knagiDeDl même s^en dessus dessoubs. U teut écrire c'en dessus dessous ou sens dessus dessous, qui en 
est l'équivalent, (h. b.) 

(3) L/histoire de ee devant derrière se confond avec ceUe de la locution précédente ; eUe est cependant plus ancienne, on 
la rencontre dés le xiu* siècle, dans Joinville, dans Rutebeuf (229): « Si vuelent estre pledeeur, et pensent baras et cauteles, 
Dont il bestoment les querelles. Et metent ce devant derrière, » (n. e.) 

(4) Cederie a le sens de soieries, au reg. JJ. 160, p. 146, an. 1406 : « Pour éprendre de exercer le mestier de mai'cbant de 
: mercerie, cederie et drapperie, le suppliant se transporta en la ville de Bordeaux. > Il vaut mieux écrire sedo , sederie , à 
cause du latin seta. (N. E.) 

(6) Cest plutôt une sorte de limon. On lit dans 0. de Senres (711) : c Par sus tous ses compagnons , le cedriac ainsi 
Jippelé en Provence, est le plus propre à recevoir les escussions des autres. » (n. e.) 

W) Du grec xséçla. (n. e.) 

m L'étymologie est citrinuSy couleur de citron. Mais on lit dans Marot (I, 217) : f Ou pas à pas le long des buissonetz 

Allois cbercbant les nids des cbardonnetz, ou des sereins, des pinsons ou lynotes. » Il s'agit ici du verdier décrit au xiv* 

. siècle dans un Glossaire Provençal (B. N., 1. 9667) : c Serena. prov. apistra, avis vindis coloris, apes edens. » Plus tard, on 

jùit dans une même cage cedrins des Canaries et tarins de Provence ; Ton confondit leurs noms aussi facilement qu'Us 

S'accouplent, (n. e.) 

(8) Les virements de fonds étaient connus et condamnés au xiv* siècle; le faire était tourner cedulle: f Que sur les 
trésoriers de nos guerres, ne soient par nostre dit trésor tournées aucunes cedulles ou descbarges ; attendu que le Uli 
d'iceux trésoriers, est ordenné pour la guerre, et ne doit estre convertie ailleurs : et peut estre que par tels tour[ne]mens 
que le fait de la guerre est souvent demeuré. » La comptabilité du xiv* siècle est savante et complète : le mandement de 
paver, dit encore cedulle, a la valeur d'une lettre de change ; aussi se termine t-il par une formule telle que la suivante : 
c £t nous voulons que par rapport ont ces présentes [le mandement] ou le transcript d'icelles sonbs seel auctentiqués , 
jtveques quittance cle nostre dit cousin, ce que paie en sera soit alloué es comptes de cellui ou ceulx à qui il appartendra 
par vous noz dites Gens des Comptes. » (B. N., cab. des titrer, mandement du 22 avril 1396.) L*étymologie est le latin 
sehedula, diminutif de scheda, feuille, du grec ^i^» planche {éxl5siy, scindere). (^. E.) 

III. 37 



CE -ï 

ScEDULE. Nicot, Oudin. Dict. 
ScHEDVLE. Laur. Gloss. du Dr. Fr. 
ScEDE. Oudin et Colgrave, Dict 
SCHEDE. Celthell. de L. Tripp. 

Cées, adj. au plur. Les piètres sées, ou cée$ 
étoient ainsi appelées -peut-élre Petrœ casœ H) qui 
* se trouvenl dans plusieurs provinces, d'une lon- 

■ gueur extraordinaire , et qui pourroient esLre 

■ d'anciennes sêpullures. > (Longueruana, T. I, 
page 101.) 

VARIANTES : 
CÉES. Longuero&na, T. I, p. 101. 
SÉES. Ibid. 

CegnatI, sttbst. masc- Cellier, offîce. Garde- 
manger; peiil-élredu \alin cœnaculum. 

lÀ vileins monte en son ceignait: 
Par où velB tu que ge t'en tail? 
Sire, par Ik où bon vos ert. 

FM. HS3. de 9. Gmn. M. 38. V col. 3. 

Du Cange,gui cilele môme passage, écritce^nai/, 
au lieu de ceignail. 

VARIANTES : 

CEGNAIL. Fabl. MS. de S. G. fol, 38, V» col. 3. 
Ceignail. Du Canee, Glose, lat. au mot Cellarium. 

Ceil, pron. Ce. On lit en ceil cas, pour en ce 
cas, dans les Ord. T. I, p. 283. 



Ceillaite, sttbst. fém. C'est une faute pour cuil- 
taite, ou cueillette. (Voy. Cueillette ci-après.) 

Ceindre, verbe. Prendre, empoigner. — Lier, 
attacher (2), — Revêtir, envelopper. ' 

Nous ne parlons point des autres significations 
en usage. Celle? que nous venons d'indiquer déri- 
vent de l'acception générique de notre mot ceindre. 

On a dit au premier sens : cindre son épée, la 
prendre, l'empoigner. . Aucasin ne le mescoisi mée 

• (méprit pas) ; a cint l'espée à la main, si le fiert 
> parmi le liiaume si qui H en baie el cief, et il fu 

• si estonés qu'il caï (tomba) à terre. > (Fabl. nss. 
duR. n- 7989, fol. 71,) 

Ce mot paroit signifier attacher, lier, daps ces 
vers : 

Les eschallarts alloye avaindre. 
Les provins relier, el ceindre, 

Vig. M Ch. VU, T. I, p. 78. 

Borel explique ce mot par revêtir, dans une 
citation au mot Grobis. 11 rapporte aussi cette autre 
citation au mot Cape : 

Sur sa cbape se fit chaindre. 

Et d'une cnaiature estraindre. 



CE 

CoNJUGAISOH : 

Caitts, partie. Ceint. (Kust. Descb. Poës. iiss.Mtl.) 
Cainsissoiz, imp. subj. Ceignissiez, (Part, de Bl.j 
Cainstst, imp. subj, Ceignit. (Fabl. hss. du R.) 
Cainsistes, imp. subj. Ceignîtes (Part, de Bl. ks.) 
Cainst, partie. Ceinl. (Pli. Mouskes, us. p. lAiJ 
Caint, partie. Ceint. (Poës. mss. av. 1300, T. IV.) 
Ceindit, prêter. Ceignit. (Ger. de Nev. 1" part.) 
ChaiQ, partie. Ceinl. (Fabl. nss. du R. T. I, [• 115.J 
Chaingnit, partie. Ceignit. [Tri. des Neuf Preux.) 
Cbaiiiynoit, impar. Ceignoit. (Tr. des Neuf Preux.) 
Chains, part. Ceint- (Froissart, Poës. nss. p. 332.) 
Chainte, partie, fém. Ceinte, (j. le Fèvre de S' R.) 
Cint, partie. Ceint. (Fabl. nss. du R. n' 7989, ^ 7t.) 
Seyndrent, prêter. Ceignirent. (Percef. Vol. VI.) 



CEINDRE. Orth. suhaist. 

CiNDRE. Fabl. MSS. du R. q" 7899, fol. 71, R' coL 1. 

Seindre. Borel, Dict. 

Seyndhe. Percef. Vol. VI. fol. M3, V- cd. 1. 

Chaindre. Borel, Dict. i™ add. 

Celngnée, subst. fém. Partie du bras. Celle ofi 
l'on fait Ta saignée. Il semble que ce soit le sens de 
ce mot, dans le passage suivant : • Commença le 

■ seigneur de Temant k charger, et à quérir son 

• compaignon de la pointe de l'espée, par le dessous 

■ de l'arract, tirant £i la gorge, sous les essaies, il 

■ t'enlour du croisant de la cuirace, par dessous la 

■ ceingnée du bras, à la main de la bride. > (Uém. 
d'Ol. de la Marche, p. 253.) 

Ceinturer, verbe. Ceindre, environner (3). Ce 
verbe est neutre, dans ce passage ; - Ceinturoient 

• comme une ceinture. ■ (Drant. Dames Gall. T. I, 
page 169.) Quelt^uefois il étoit actif: > Une petite 

• rivière qui ceinturait la ville. » (J. d'Auton. Ann. 
de Louis Xll, de 1502, p. 24.) 

VARIANTES : 

CEINTURER Monel, Dict. 
Cein'ctureh. Cotgrave, Dict. 

Celnturete, subst. fém. Diminutif de ceinture. 

Si j'aycoe bien les blanches ceinluretlea (4), 
J'avme encore mieux dames qui sont brîmettea. 
Cl. IbnH, p. II). 
VARIANTES : 

CEINTURETE. Monet, Epith. de U Porte. 
Cbinctubkttb. CotgtBve, R. Est. Dict. 
Chainturette. Fabl. MSS. du R. o* 7218, r* 13S, V» colî. 
Cainturele. Chans. fr. du xiii< siècle, HS, de Bouli. 

CeisaDj subst. masc. Vassal. Celui qui ne doit 
qu'un simple cens. On pourrott dériver ce mot 



(1) L'ëtïtnoU 
Tarn, com. de 
Pierrefiche. (N. _., 

(2) Le mot est déjà dana ta Cbanson de Boland (v. S8B9) : • Lacet si 
Roncievals (p. 111) : i Ceinte ot Joyeuse, onqoes ne tut sa pair. > (n. e) 

(3) Le mot ne se rencontre^^uère aïaot le svi< siècle : ■ Environnée de ses Grâces et de 



ad ceinte Joiuse. i On lit i 



,-, ^s Cupidone, qui la coiSt^eot 

et ceincltiroienl de Heiirs. > (Vver, 696.) 

i4) La ceinture était d'importance dans la toilette d'une dame, au moyeii'Age. On Ut dans Partonopex de Blois (*. 10061) : 
)evant toment les overtures Et les pendans de lor çainture». t Le roroao coDtinue en mettant la dame et la camériaia 
: La grande aiTaire est de l'attacher, ComiDe ceci elle est trop haute, comme cela trop plate. Voilà trop d* 
. .._ ..■_.,. ,__»_... ._■__ " --,( trop lâche, il est trop serré. Donne moi le miroir. Regarde par derrière, 



CE 



— 291 — 



CE 



béarnois du latin censuûlis, (Laurière, Gloss. du 
Dr. Fr. au mol Guesteau.) 

YARIANTES : 
CEISAN, Ceisau. 

Cel, subst. masc. Sel. Nous avons déjà vu plu- 
sieurs exemples du c mis pour s. 

Por les delis, pain d'orge et de cel (\\ à mesure. 

Vios des SS. MS. de Sorb. cbif. xxvii, col. i9. 

Gela, pron. On disoit autrefois tîe/a est que, pour 
c'est que : « Les aisles sont bien mouchetées par 
« dessous, mais cela est que (2) les plumes ont les 
« taches sur les costez par intervalles, ne touchant 
« point au milieu. • (Budé^ des Oiseaux, fol. 117.) 

Celade, subst. Armure de tète. — Nom de 
troupes. 
On croit que ce mot vient du latin celare^ cacher (3), 

Ï^arce que la salade étoit une armure qui cachoit 
e visage. Les Espagnols Tout appelée celada, « De- 
« puis quand ces heaulmes ont mieux représenté 
« la teste d'un homme, ilz furent nommez Bourgui- 
« gnottes, possible à cause des Bourguignons 
« inventeurs: par les Italiens SLvmeis, salades ou 
« celâtes, » (Fauch. des Orig. Liv. iï. p. HO.) (4) 

On dislinguoit la salade du casque. Brantôme, 
parlant du duel de Lisle Marivailt et de Marolles, 
raconte que « le seigneur de Marolles demanda 
« comment son ennemy étoit armé à la teste, fust 
« ou de casque, ou d'une sallade. 11 luy dist que 
« c'estoil d'un casque seulement: «Tant mieux (dist- 

< il) monsieur , reputez moy le plus meschant 

< homme du monde, si je ne luy donne de ma lance 
« droict au mitan de la teste, et si je ne le tue ; » à 
• quov il ne faillit pas. « (Brant. sur les Duels, 
page 63.) 

Il paroi t, par TEtat des officiers des ducs de 
Bourgogne, page 287, qu'il y avoit des salades sans 
visières (5). 

Ce mot vieillissoil du temps de l'auteur des 
Contes d'Eutrapel (6); on y avoit substitué celui de 
morion. (Contes d'Eutrap. p. 479. — Voyez Gloss. 
de THist. de Bret. ; le Dict. de Monet ; Menestr. 
Ornements des armoiries, page 28.) Le mot salade^ 
dont s'est servi Monstrelel, Vol. III, fol. 21, est 
expliqué harnois de tête dans l'Hist. de Ch. VI et 
VU, par Al. Chartier, qui a employé cette expression 



dans la même phrase que celle qu'on trouve dans 
Monstrelet. (Du Cange, Gloss. lat. au mot Celata, — 
Voyez aussi les Dict. de Nicot, Ménage, Borel, etc.) 

On a, par la suite, donné le nom de salades aux 
soldats qui portoient cette armure. On lit dans 
Montluc, T. I, p. 120 : « Ils étoient passez plus bas, 
« estans quatorze sallades, tous porte-lances, et 
« huict arquebuziers à cheval (7). » 

Proverbe : Salade de Gascogne, désignoit prover- 
bialement un licol ou chevêtre, (Oudin, Dictionnaire, 
etCur. Fr.) 

VARIANTES : 

CELADE. Oudin, Cotgrave, Dict. 
Celate. Borel, t)ict. au mot Heaumes. 
Salla.de. Brant. sur les Duels, p. 63. 
Salade. Orth. subsist. 

Celadementy adv. En cachette, en secret. 

Mais un baiser celadement 
Erooul, la vielle de Gastin. PoSs. MSS. avant 1300, T. II, p. 901 . 

Celant, adj. Secret, discret. « Cil qui veulent 
« d'amors joir Doivent de cuer souffrir Les dous 
« maus Que bone amour leur fait sentir. Et estre 
« courtois, et bien celant. Large, et à toute gent 
• bien parlant. » (Chans. Fr. du xiir siècle, ms. de 
Bouh. fol. 366.) 

variantes : 

CELANT. Borel, Dict. 

Celans. Chans. Fr. du xin« siècle, MS. de Bouh. f« 29i. 

Celarier, subst, masc. C'est le titre d'un office 
de magistrature, à Périgueux. (Voyez Ord. T. IV, 
p. 276.) On y lit: « Curia vocata del celarier (8). » 

Gele, subst, fém. Lieu secret. Du latin cella. On 
a dit au figuré : 

II D*est riens, tant soit seré 
En repot, n'en celé, 
. Qui ne soit, à tel jour, 
Et seu, et révélé. 

Fabl. MSS. du R. n- 7615, T. II, fol. 143, V col. 4. 

Ce mot semble employé au propre pour lieu de 
réserve, peut-être garenne, dans ces vers : 

.... Amena contremont Saine 
Plenté de bestes à L'estraine ; 
Petiz cers, et dains, et chevrer : 
Ces mist on en celé au fuer. 

G. GuUui, MS. fol. n, R*. 

(Voyez ci-après Celle.) 



(1) Il vaudrait peut-être mieux lire et de seigle, (n. e.) 

(2) Dans cette locution, cela annonce ce qui va être dit. On la retrouve dans Pascal (Provinciales, 14) * « Cela est faux, 
que, la défense étant permise, le meurtre soit aussi permis » ; elle est même dans Fontenelle {Les Mondes^ 1" soir.) : c Cela 
même est assez plaisant, que ce système fût alors une occasion de péché. » {s. e.) 

(3) Celade est plus près que salade, de l'espagnol celada ou de l'italien celata , fait sur le latin cœlata (s. ent. cassis), 
casque ciselé. Ils étaient bien nommés, car les perles, les rubis y étaient enchâssés à profusion. 0. de la Marche cite une 
salade estimée cent mille écus d'or. (n. e.) 

(4) Le mot venant de l'espagnol ou de l'italien, ne se rencontre pas avant le xv* siècle, et Commines (II, 12) : « A grant 
peine peusmes mettre audit duc sa ouvrasse sur luy et une sallade en la teste. » (n. e.) 

(5) La salade, au temps de Charles VIL remplaça le bassinet; c'était un casque pointu à couvre-nuque. « Il y avait six 
cena ans qu'on avait perdu l'idée de protéger le derrière du cou en prolongeant le casque au-dessous du cervelet. On 
adapta & la 8a/a(/e une visière mobile ou 9arc?^-vti« qui ne servit plus qu'à couvrir les yeux, parce que la pièce qui était 
auparavant la mentonnière, avait été élevée jusqu'au-dessus des narines, avec une projection sufflsante en avant et des 
ouvertures, pour qu'il fût possible de respirer à Taise. C'est ce qu'on a appelé la bavière. » (Quicherat, Costume, p. 268.) (n. e.) 

(6) Les gendarmes de Louis XIII se coiffèrent encore de la salade. (N. E.) 

(j) On ht aussi dans d'Aubigné (Hist. I, 152) : < Joyeuse envoya pour secours le gouverneur de Pezenas avec 700 
harquebusiers et 100 salades. » (n. e.) 
(8) S'agit'il du cellerier f II jouait un rôle fort important en Dauphiné. (Voir Du Cange, sous Cellerarius, (n. e.) 



CE 



CE 



Celé, adjectif. Secret, caché (i\. — Clos ferme. 
On lit au premier sens : « Lieux obscurs et c^te^ > 
(Ofd. T. m, p. 149.) 
De là, ce mot a signifié clos, bien fermé. 

.... Serez en chambre celée^ 
Et au boa feu de cheminée. 

FaU. MSS. du R. n* 7218, foU IM, V eoL t» 

On a dit aussi chambre celée à l ambre (2) , pour 
chambre parfumée, peut-être par allusion a l'usage 
de fermer la porte de Tappartement où Ton brûle 
des parfums, afin que Todeur s'y conserve plus 
longtemps. 

Si Fenmena dedans la chambre. 
Qui toute estoit celée à Vambre. 

Fabl. MSS. da R. H* 7218, foL 2T7, Bf oO» 8. 

VARIANTES : 
ŒLÉ. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 140. 
Chelê. Modus et Racio, MS. fol. 99. V«. 
Ghiellé. Modus et Racio, MS. fol. 178, V«. 

Celebrable, adjectif. Digne d*étre célébré. 

Artus, Charlemaine, Âlixandre 
Et maint autre, qui sont en cendre. 
Dont leur renoms est celebrables. 
Leur sens et prouesses louables. 

Etwt. DMcb. Poe». MSS. fol. 581. eol. I. 

Celebrateur, subst. masc. Panégyriste. Qui 
célèbre, qui loue. (Monet, Dict.) 

Gelebremant, adv. Avec célébrité. 

V AR IANTES * 

GELEBREMANT. Monet, Dict. 

Gelebrembnt. Ck)ut. de Norm. en vers, MS. fol. 80, V*. 

Celebrement, subêt. masc. Célébration. (Dict. 
d'Oudin.] « Approcha le terme que le bon célèbre- 
« ment de la Passion Nostre Seigneur estoit entré. > 
(Lanc. du Lac, T. III, fol. 2.) 

Célébrer, verbe subsist. 

Conjugaison. 

Celebremes, indicatif présent. Nous célébrons. 
(S* Bern. Serm. fr. mss. p. 97.) (3) 

Selebeiroit, condit. présent. Célébreroit. (S. Bern. 
Serm. fr. mss. p. 2.) 

Celebron, mbst. masc. On a iXicelebron tribu- 
laris, pour désigner le lieu où les sorciers tiennent 
sabbat. « Hz me menèrent où le deable les tient à 
< Tescole de sorceries; c'est un lieu qui est appelle 
« celebron tribularis^ et est ce lieu en une forest 
« entre rocbes où il a trop belle place. » (Modus et 
Racio, MS. fol. 225.) 

VARIANTES ". 

CELEBRON. Modus et Racio, MS. fol. 225, R«. 
Selebron, Cerebron, Salebron. 



Celée, sutet. fém. Feinte, dissimolation. On lit 
en ce sens : 

Veuls oïr, dist elle, poorouoir 
Gentilz homme et courtois te voy: 
N*y a vers toy nulle celée. 

Rmd. 4lB Brec. HS/IIbL 81. IC ML i. 

N'i a meatier celée. 

ftkl. MSS. da R. d* 7818. Uà. I7«. R* nol. 1. 

De là^ cette expression adverbiale à celée ^ pcfur 
en secret, discrètement. 

Tu seras molt â celées 

En une chambre dessomée, 
Où jà ame ne te saura. 

FaU. MSS. de s. Gotb. foL 81, Rf Ml. I. 

Je prie Deu qu*il vos face savoir 

Quel mal cil sent qui bien aime à celée (4). 

ChMis. lfS8.dBC^TIiib.p.H. 

VARUNTES : 
CSLÉE. Rom. de Rou, MS. p. 233 et 234. 
Sbléb, Chelée: 

Celéement, adv. En cachette, secrètement, 
discrètement. (Voyez les Dict. de Borel et de Cotgr. ; 
Gloss. du P. Marteoe, T. V; Chron. S. Den. T. II, 
fol. 69, et H'« Gautiers dArgies, Poês. mss. av. laM, 
T. III, p. 1141.) 

Chéléement, sans blâme, et sans foUe. 

Poêt. MSS. Valiew. a* 1490. fol. 75, V. 

J'ai apris a bien amer, 

Sans vUonie^ et sans fausser. 
Bêlement, et celéetnent (5), 
Sagement, et cortoisement. 

Fabl. MSS. da R. n* 7218. fol. 170. R* ooL 1. 
V AR IANTES ' 

CELËEMENT. Fabl. MSS. du R. no'72t8, fol. 179, R* O0I. i. 
CÉLEMENT. Fabl. MSS. du I\. n» 7615, T. I, fol. 117. 
Ghéléehent. Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. 

Geleques. Faire celeques^ pour faire cela, 
paroit avoir une signiflcation ooscène, dans 1% 
Moyen de Parvenir, p. 61. 

Celer, verbe. Déguiser. Ce mot subsiste soos 
Torthographe de celer, mais on ne diroit plus celer 
r amertume d'une racine, pour la corriger, l'sKloa- 
cir, la déguiser. (Fouilloux, Fauconnerie, fol. 66.) 

Nous remarquerons aussi rusas:e que l'on a (ut 
deTinfinitif dece verbe, au lieu de Fimpératif, en 
sous-entendant quelque chose. 

Di moi. famé ; ne celer mie : 
Dont viens tu ? etc. 

Fabl. les. du R. n* 7818, fol. 258. R« crt. I. 

VARIANTES .* 
ŒLER. Orth. subsist. 
Ceiler. Marbodus, col. 1673. 
Choiler. Vies des SS. MS. de Sorb. Lx, col. 14. 

Celestial, adjectif Céleste. « Il faut les dioses 
« du monde lessier, les celestiennes désirer. • 



ovree 



(1) On lit déjà dans la Chanson de Roland (str. 111) : « La traïson ne puet estre celée. » ^N. E.) 

^ Celée f^st pour cœlata, incrustée, car Renart donne au vers 22164 : c Et est entrez deaenz sa chambre, Qui tote estoit 
ie à lambre » IL faut aussi lire lambre, lambris : « Tout li arvol et tout li lambre. > (Gui de Cambrai , Bariam ti 
Josaphat, p. 293.) (n. e.) 

(3) Le mot est dans les Machabées (II, 10) : c E establirent que, chascun an, cest jor fussent célébré hautement. > H est 
aussi dans Thomas le Martyr (80) : « Êrranment li verrez la messe célébrer. » (n. e.) 

(4) On lit encore au Lai de Mélion : « Tantost se sont el bois aie Tôt coiement et à celé. » Comparez Parton. de Uoii, 
V. 227 Pt 268 ; Âgolant (Raynouard, Lex., Rom. II, 172, col. 2) emploie faire celée, (n. e.) 

(5) On lisait au cartulaire 21 de Corbie (fol. 105, an. 1457) : « Se sont par plusieurs fois boutté absconséement et eeléêment 
ea nosdits bos de Morseul. > (n. b.) 



CE -s 

(Oiasse de Gast. Phéb. us. p. 371.) Od a dit ■ court 
■ celesliatle de puTùàis. > (J. Le Pèvre,'deS'Beniy, 
Hiat. de Charles VI.) (i) 

Hous remarquerons, sur les octboer^phe&eheles- 
tre et eelestre, qu'on a souvent inséré ainsi des r 
inutiles. On a dit tristre pour triste, chartre pour 
ctiarte. L'insertion de cette lettre est Tréquentedans 
le langage populaire de quelques provinces de 
France, par exemple de la Touraine (2). 

VAIliAKTES : 

CELERTIAL. J. Le Ferre de S. Rem. hist. de Charles VI. 
CsLESTiBL. Borel, Corn, et Coigra**, Dict. 



CELKSTn.LB. 

Cklbstirux, plur. 
Cklbstien. s. Bem. Senn.-tr. l 
Celbstre Fabl. MSS. da R. n> ._ 
Chklkstrs. PoëB. MSS. du Vat. n 



p. ». et p. 



W. et pautm. 
.__. J. II, foL 183, V". 
\' iiOO, fol. 15^ V«. 

Celestiaument, adv. D'une manière céleste. 
(Voy. Poës. MSS. d'Eust. Desch. fol. 82.) 

Gelestin, adj. Céleste. — Bleu céleste. 

Au premier sens, ce mot signifie céleste. (Voyez 
sur celte première signification, qui est au propre, 
J. Marot, p. 29 et 185 ; Crétin, p. 257, et le Gloss. 
dftHarot.) 

On a dit, dans un sens figuré, célestin pour dési- 
gBerce qui est de la couleur du bleu céleste. On 
trouve dans l'Invent. des livres de Charles V, p. 1 74 : 
• Livre couvert de vetuyau céleste. » (Voy. ci-dessus 

CBLE.STIAL.) 

Celet, subst. masc. Bénitier portatif. (Du Gange, 
aux mots Cedellus et Seilîetum. — Voyez Seillet 
cNiprès.) 

Celeume, subst. masc. Ce mot, employé par 
Rabelais, T. IV, page 99, vient du grec. ■ Celui 

■ celeume n'est hors de propous. > Il faut lire 
celeusme, comme dans ralpnat>et qui est à la fin du 
V' Tome, et non celeume. Les latins s'éloient aussi 
appropiiés ce mot. On trouve celeutma, dans 
Martial (3). 

Celibe, adj. Qui appartient au célibat. (Dictionn. 
d'Oudin et de Cotgrave.) On disoit autrefois vie 
célibe, pour célibat. < Je seray tousjours pour le 

■ mariage contre la vie celibe. ■ (Lett. de Pasquier, 
T. I, p. 28.) 

Cellf (verer de). Voici le passage où nous 
trouvons ces mots : 

JD Céleste est dans la Chanson de Roland (str. 161) : t Hoi te coman au gtoriena celei 
•ttiex BU cas sujet (29) et celesiM au cas obJique. Celestiaut, qiii dérive de ceie*tiali*, a 
dus Renaît (v, 8TÎ3), et celestien dans Beaumanoir (XLIX, 6.) (N. k.) 

(5) Le latin populaire a employé les formes tiistinua, cœleatinus, qui persiste comme nom propre ; l'i étant bref, an a 
prononcé Iriatne. ceiegine, puis tristre, ceteilre; comparez ordinem, onSfiyne, ordre ; pampinum, pamp(fi)iie, pampre. On lit 
(Udb la Rose (v. 90631 : • Dont ge jure Dieu le roi eêtettre. i Pour chartre, TOjez Cartre. {s. k.) 

(3) C'est le cri par lequel le chef des rameurs règle les mouvements des autres : • Quem neo rumpere nauUcum ceJeiisma. » 
(Martial, IV, 64,21, Id, 111,67,4.) 11 est aussi dans RutiUus (I, 379): i Dum resonat vaHis vile celeusma modis. > (N. E,} 
a) n faut pour la mesure et peut-être pour le sens : ( Verge d'olif ot sur la teste. > (n. b.) 

(6) La cetta ou tttla était l'habitation bjtie sur le manae tnhntaira, avec ses écuries, gransea et dépendances néceosaiies 
wn travaux des champs. Cella. signine chambre d'eaclave dans Cicéron, qui emploie ce terme (II* Phit , il) é 
DTopos des serviteurs d'Antoine couchés sur les tapia rte pourpre de Pompée. D'après ColumeUe, eella désignait ausai U 
dnuenre des bouviers et des bergers, et a pu qualiOer, sous les Carolingiens, l'habitation du tenander d'un monse. On Bl 
«n xn' siècle, dans Thomas le Martyr (99) : ( Ne sufferront ou'il soient en si grant perte mis , Qu'il perdent leur catels et 
celle» et païa. » Le mot Bubaiste comme nom de lieu : Ia CeJÎe-Saint-Cloud (Seine-et-Oise) , La CeHe-Salnt-Cyr (Yonne) , La 
Celle (Aisne, Allier, Nièvre, Puy-de-Dûme, Var) ; Cette* (Deiu-Sévres) ; CelleUei (.Qtannte), qui est un dlininatu. (>«. s.) 



»- CE 

En l'espeaie d'un grant buisson 
Voit une bisse o son faon : 
Toute estoit blance celé beste, 
Verer de celif ot sur U teste (4) : 

Far l'abai des bries sailli. 

Fabl use. du R. n- TOW. M. 48. V toi. 1. 

GeUque, adj. Céleste. (Dict. de Gotgrave, Clém. 
Harot, p. 40, etc.) 

VARIANTES : 

CELIQUE, CblicQUK. 

Cellande, subst. fém. Drogue, herbe médici- 
nale. • Si me prenez un poi de cellande du diaton 
* et panele, et manjue le, et comal, et tormat, et 

■ de l'erbe Rol)ert, et si meteiz un pié de reine 

■ (rana,grenouille)derombredurossedd Draine. • 
(Ërber. us. de S. Germ. fol. 89.) 

CeHe, subst. fém. Maison. — Hermitage. — 
Case. — Siège. — Selle. 

(Dict. de Borel et fiaur. Gloss. du Dr. fr.) Ce mot, 
formé du latin C£/fa,qui dans la basse latinité dési- 
gQOit une maison religieuse, un monastère, s'est 
pris au premier sens pour maison en général. De 
là on disoit, en termes de droit, enfant en celle, 
pour désigner un enfant qui est dans la maison de 
son père, qui y est nourri. ■ L'enfant hors de 

■ celle, > est celui qui a son domicile séparé de ses 

S ère et mère. (Loysel, Inslit. Coût. ; Pitbou, Coat. 
e Troyes, p. 289; Coût. Gén. T. I, p. 412.) 
Celle a la même étymologiedans le sens d'hermi- 
tage. > Les moindres monastères appeliez cellM, 

■ prieurés ou obediances. • (Plenry, Instit. au Dr. 
Eccl. T. I. p. 240.) (5) 

On a donné te nom de celle aux cases qui reuf^- 
ment quelqu'un des noms, dans l'arbre généalogi- 
que d'une famille. (Bout. Somme Rurale, p. 464.) 

On a nommé celle, un siège que l'on devoitécrire 
telle. De là ce proverbe. 

Hais il chut, en chéaat sur elle, 
De deux celtes le cul A terre. 

Elut. De«ti. Pste. usa. lui. 3M, col. 1. 

Enfin on a écrit de, même celle, pour selle à 
cheval. 

Tout meintenant li priât A dire. 
Sire cens, où va vostre sires, 
Oui est descenduz de la celle T 
II Ta vcoir sa damoiselle, 



Celle vinereste, pour cave ou autre^ bâtiment à 



CE 



- 294 - 



CE 



mettre le vin, que nous appelons cellier. (S. Bern. 
Serm. fr. mss. p. 278.) Dans le latin cella vinaria. 

Celléy partie. Scellé. C'est le sens propre. Delà, 
ce mot signifioit attaché, comme dans ce passage : 
« Est le latz celle contre la branche, à croches de 
a fer ou de bois bien fors. » (Modus et Racio, f® 81.) 

Cellerage, suhst, iwasc. Droit seigneurial. Celui 
qui se perçoit sur le vin dans le cellier (i).(Laurière, 
Gloss. du Dr. Fr. ; Voyez Monet et Cotgrave, Dict. 
et les Ord. T. 1, p. 744 ) Oudin explique ce mot par 
loyer d'un cellier. 

VARIANTES I 
CELLERAGE, Gblerage. 

Cellerie, subst. fém. « Les bourgeois et ma- 
« nans de Blnch sont exempts , et quittes de 

• tonlieux (impôts], et maltole des femmes que Ton 
« a acconstumé ae prendre et lever sur diverses 
« menues parties, victuailles, et autres denrées, 
« comme laictages, burre, fromage, fruicts, toilles, 

• carlerie, cellerie (2), charbons de terre, etc. » (Coût, 
de Binch, Nouv. Coût. Gén. T. H, p. 209.) 

Celliner, subst. masc. Peut-être celerier{S) et le 
pidancier, offices monastiques. 

Celoce, subst. masc. Chaloupe. Ce mot a été 
forgé par Rabelais, du latin celox, qui signifie un 
petit bâtiment à une seule rame. Il est souvent 
mention, dans Plante, de ces bAtimens nommés 
celoces en latin. Voici le passage de Rabelais : 
« Pantagruel se tourne vers le havre, et veoit que 
« c'estoit ung des celoces de son père Gargantua, 
« nommé la chelidoine. » (Rab. T. IV, p. 11.) « Le 
« celoce voguant à rames, et à voiles (4). (Ibid. p. 12.) 
Les noms extraordinaires, si fréquensdans Rabe- 
lais, sont d'ordinaires des noms purement grecs ou 
latins. 

Celoteup, subst, masc. Astronome. Proprement 
qui contemple le ciel. Du Veçdier, Bibl. page 1214, 
cite un livre de Jacques de Molan, intitulé : « Cartel 
« aux judicieurs, et c^/of^wrs astrologues. » 

Celsitude , subst. fém. Hauteur , grandeur. 



(Nicot, Monet, Cotgr. et Oudin, Dict.) C'est le mol 
latin celsitudo. 

Celui, pronom. Nous nous servons encore de ce 
pronom démonstratif, mais il est toujours masca- 
lin; anciennement, il étoit quelquefois féminin, 
comme dans ces vers où l'on dit, en parlant des 
sodomites : 

T^ letre dit,, ou gc ce cui : 
GiL gui celui lait pour celui 
A Dieu fait honte, et à nature. 

Hitt. de S** Lëocade, MS. de S. G. fol. 30. V ool. 3. 

On Temployoit aussi pour ce^ et on disoil « celuy 
« fleuve » pour ce fleuve. (Joinv. page 341 (5).) Celuy 
Dieu, pour ce Dieu. (Hém. S* Gelais, p. 181.) 

VARIANTES : 
CELUI. Orth. subsist. 
Celuy. M. S* Gelais, p. 181. 

Geluy-là, pron. Celui-ci. Pasquier, parlant de 
deux personnes, emploie celui-là, en parlant de la 
dernière. (Rech. Liv. IX, p. 834.) 

Cembel, subst. masc. Concert. — Danse. — 
Fête, tournoi. — Joute, combat. 

Borel fait venir ce mot de cymbalum. (G). On dit 
encore cimboul, en Languedoc, pour une sonnette, 
un grelot ; de là, on a pu donner effectivement le 
nom de cembel aux concerts. On disoit le cembel 
des oiseaux, pour le concert des oiseaux. 

En un lieu délectable, et bel, 
Moult Y menoicnt grant cembel 
Li oiseillon, par chans divers. 

Froi»Mrt, Pofit. MSS. p. 367, ool. i el 2. 

Ensuite, on a appliqué ce mot aux danses, soit 
au son des instrumens, soit peut-être avec des 
grelots, et enlln aux danses en général. 

En un pré vert de nouvel, 
Les truis menant lor cenbel ; 



Moult Y ot dou païs, etc. 
J. Erar», Po«s. MSS. 



arant 1300. T. 111. p. i068. «t IV, 148. 

Des danses étoient des fêtes , et cembel fat 
appliqué aux fêles que Ton nommoit tournois : . 

Devant la porte du chastel 

Vait Blancnar Jin faire un coibel ; 

lui .XL. chevaliers, 

Li autres sont remés arriers. 

Blanch. MS. de S. 6. fol. 183, V* oot S. 

Les tournois consistoient principalement en joû- 



(1) Celerage est un droit sur le vin : c Jehan de Pacy bourgeois de Paris a certaine quantité de rente ;... c*est assavoir 
sur les rentes du paleire (parloir) aus bourgois de Paris, appellées les celerages. » (JJ. 71, p. 326, an. 1339.) On lit encore aa 
reg. JJ. 170, p. 1, an. 1425 : « Item nul ne fera taverne ou vendra vin à détail en la ville de Paris sans mettre cerceau , afin 
crue ladite ville ne puisse estre fraudée de ses droits, tant de cellui dessusdit, et de criages et rcleragesy comme d'autres. > 
C'est à tort que les Ordonnances (t. IX, p. 70^, an. 1405) écrivent scellerage et môme cellerage^ pour stellerage ou zcetteroge^ 
que nous étudierons en son lieu. (N. E.) 

(2) Il vaudra.t mieux écrire seUei^ie. (n. k.) 

(3) On lit dans la Bataille d^Alesehans (xiF siècle, v. 3027) : c II prist un pot, si Ta dedans boulé , Mist à sa bouche , en 
son cors l'a coulé ; Le cenelier en a forment pesé. » Au xiii* siècle, on Ut dans Renart (v. 14418) : « Tu me deis que d'un 
cellier T'en avoit en fet celerier. » Dans JoinviUe (de W., § 319) : « Lors dist uns mians sceleriers (corr. celericrs), qui estoit 
nés de Doulevens. » (N. E.) 

(4) On lit dans Varron (apud Non., 13, 1) : « Nantie remivagam mov«;nt celocem. » De même dans Plante (Capt. IV, 2, 94) : 
« Vidi in publica celoce ibidem illum adolescentcm. » C'est le navire grec xcAt;; (Thucydide , IV, 9), mot que Pline 
(H. N., VI, 57) et Âulu Celle (X, 25) transportent en latin. Ces baniues non pontées étaient employées par les pirates pour 
leur rapidité et avaient parfois un mât ; mais le plus souvent elles ôtai(MU manœuvrées par des rameurs munis chacun d'un 
aviron ; ce qui n'est pas le cas des bacs, ni des galères. (Voir la colonne Trajane ) (N. E.) 

(5) JoinviUe dit encore dans son Credo (§ 822) : « Mais à cekû jour que il vanra dou ciel pour jugi^r les vis et les mors. > 
Oa lit aussi dans Berte (V) : c Tout droit à celui temps que je ci vous devis. » (n. e.) 

(6) Cl/ m&a/um a donné ci/m^/e: « Loez lui en cymbles bien sonanz , loez lui en cymbJes de ledece. » (Lib. psalm., 
XII» siècle, p. 231. (n. e.) 



i- CE 

• sols d'amende, et te harnas (enjnn, la rame du 

• pescheur) perdu; ne aussi pesquentauhanzidn de 

■ une amorse de rispe [pour Irippes) ou de saveurs, 
' qui feront à ce ment, sur la dite peine. ■ (Coiit. 
de Haynault, Coût. Cén. T. I, p. 813.) 

Ceo, iub&t. masc. Sens, sagesse. 
Fore seul plaine bource de cen. 

Fibl. MSS. du R. n- 7615, T. II. fol. l«l, R- cal. i. 

Cénacle, subst. masc. Réfectoire. — Eta^. On 
dit encore cénacle, mais ce mot n'est reste, dans 
notre langue, que pour y désigner lé lieu où Notre 
Seigneur fit ta cène avec ses disciples.. . 

La signification propre de ce mot est réfectoire, 
lieu où l'on mange, du latin cœna, d'où l'on avoit 
fait cœnaculum. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Les anciens mangeoient dans la partie supérieure 
de leurs maisons, et de là, dit Festus, il vint en 
usage de nommer en général cénacles l'étage supé- 
rieur d'une maison. Ce mot est pris en ce sens, 
dans les passages suivans : • Quand une maison est 

■ édifiée, et assise sur héritages tenus de diverses 

• personnes, et que icelle maison n'est séparée par 

■ diverses demourances; cénacles, huisseries, et 

■ entrées: il est loisible à chacun des seigneurs 

■ fonciers, et directs des dits héritages, où est 
< située la dite maison, ou départie d'iceuj, entrer 

■ en icelle maison, et sur les biens qui sont trouvez, 

• procéder, ou faire procéder par voye d'exécution, 

• pour les arrérages de la rente foncière , ou 

• loyers. » (Coût. d'Orléans, Coût. Gén, T. I, page 
973.) ■ S'il y a plusieurs estages, ou cénacles. • 
(Ibid. page 201 .] 

tin ancien poète dit allégoriquement, en parlant 
des femmes infidèles, qu'il compare à un oiseau de 
proie qui prend le change : 

Oui a droit en voirait ovrer, 
Pour een vol faire recovrer. 
Si le meaist en un cencùUe, 
En anglet, et en repounaille, 
Tant que ses cuers fust à point mie. 

Poil. MSS. tTidl ISM. T. IV, p. ISK. 
VARIANTES : 
CENACLE. Orth. aubsist. 
Senacle. Coût. GëD. T. I, p. 931. 
Cen A ILE. 
CENAII.LK. Poêa. MSS. avant 130O, T. IV, p. 1315. 

Cenage, su&s/. masc. Terme de coutume. Lau- 
riëre, dans son Gloss. du Dr. Fr , déllnit ce mot, 

■ droit qui se payeàcausedelapesche(3)accûrdéeà 

• quelqu'un sur une rivière. ■ On trouve cen^^tum, 
au même sens, dans le Gloss. lat. de Du Gange. 

Gencer, verbe. Bailler à cens. (Oudin, diction- 
naire français-espagnol.) 

Gencbrynes, subst. masc. Serpent. Mol tiré du 
grec et employé par Rabelais, T. IV, p. â74. Il falloit 
écrire cenchTtne, nom d'une espèce de serpent (4.) 

<1) IL eet à remarquer que les proflateurs du Ttui* siècle, Villehardouin et JoinviUe, ne l'ont pu emtiojé. (n. e,) 

(2) OnUtcemti«idanHRenarHt. IV, p. 160. v. 9S1.)(N. K,) 

(3) Aioutez : pèche i la cène ou ceaiie (Seine) : • La pria et lea cenagea des poiaaona & Chinon, VII, Ut. Tournois. » (Reg. 
la Ch. des Comptes, fol. 144, r, an. 1310). (n. b.) 

(4) La tonna grecque est xeyxqit ; on lit dans Lucain : t Et semper recto Ispsnrus limite cenrArit. > (n. s.) 



CE -2i 

les, et ces joutes étoient des combats. On employa 
le mot cembel pour signilier en général des joutes, 
des débats, des combats: 

D'ornes font et de Famés moult douloureux maîsel: 
N'i a tiui lor ost Tere assaut, ne cetibel. 

HoD. rl«Raa.)IS. p. m. 

Ce mot est extrêmement fréquent dans nos anciens 
auteurs; on le trouve surtout, cuire les auteurs 

3ue j'ai cités, dans les Poës. d'Eusl Deschamps, 
ans Ph. Houskes, Parlon. de Blois, Chastie Husart, 
Fabl. MSS. de S. G., etc.. etc. (1) 

VARIANTES : 

CENBEL. Rom. de Ron, MS. p. 128. 
Cembel. Blanch. MS. de S. G. fol 183, V> col. 2. 
CuBHBEL. Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. 1088. 
Chen'bel. Du Gange, Glosa, lai. au mot Cembellum. 

CEXB&LX, CEMBIAULX, CEMBEAX, CHBNBIAUS,p(ur. 

CïMBKAOX, ptur. fabl. MSS. du R, n- 1615. T. II, fol. 139. 
Cehbiaub, plur. Fabl. MSS. du R, n" 7218. f 3*4, R" col. 2. 
Cenbeax, plur. Rom dAudig. US. de S. G. fol. 09, R' <2). 

Cembeier, verbe. Jouter. — Vanler. 
Nous venons de voir cembel, chenbel, etc. employé 
pour joute, combat ; de là, chenbeler pour jouter : 

Ne tournoie, ne ne chenbele. 

Le Hom. dn UIrtc. da cher. âlA car Du Canffl. 

Si l'on peut dériver cembel de cymbalum, son- 
nette; cembeier, considéré relativement à l'étymo- 
logie du substantif dont il est formé, signifieroit 
proprement sonner, et au figuré vanter, faire 
sonner haut, comme on dit encore quelquefois; il 
paroit que c'est le sens de ce mot dans ces vers : 
Se li mondes bien nous cembele. 
Et noua monstre aucune rien bêle. 
Dont il nous vueitle faire envie, 
Maintenant la char se deslesee, 
Et ne repose, ne ne cesse, 
Dusqu'au convoitier noua enuie. 

FM. NSS. duR. D- 7118, toi. 181, R> col. i. 
VARIANTES : 
CEMBELER. Fabl. MSS. du R. n° 7218, foL 187, R> col. 3. 
Chenbeler. Du Cange, Gloss. lat. au mot Cetnbelfum. 

Cemblllier, verbe. Clignoter. Ce mot semble 
être un fréquentatif de cem6e/er; ils ont tous deux 
la même étymologie. Or, si cembel, dansla signiQ- 
cation de danse, exprimoit des mouvemcns vifs et 
légers, cembiller, formé de ce substantif, a pu 
s'appliquer au remuement précipité des paupières, 
comme en ce passage où l'on dit, en parlant des 
femmes dont les yeux annoncent le désir de plaire: 

Quant li dame est en son orguel, 

Adonc vait cembiilaiil de l'oel, 

Et regardant k mont et & val, etc. 

Pui. USS. ivinl 1300, T. IV, p. IS13. 

Cernent (à). 11 faut lire à ce ment pour à ce 
fflfsmewenf, pHreillement, dans ce passage: ■ Ceux 
■ qui pesquent au hanzain, ne rivelette, ne pour- 
- ront pesquier (pescher) ne riveler en rivière de 

• censé, si ce n'est par le gré du seigneur à qui est 

• la rivière, et du censierqui le tient ; sur soixante 



CE 



— 390 — 



CE 



Gendail, subst. masc. Espèce d'étofife. Nos au- 
teurs varient sur l'élymolo^rie de ce mol et sur la 
:qualité de cetle espèce d^éloffe. La plupart cependant 
iS'aocordent à dire que c*étoit du taffetas. C'est 
Topinion d'Oudin, de Du Gange, de Faucbet, du P. 
Daniel, de Favin et de Le Duchat. Il paroit en effet 
que c'éloit une espèce d'étoffe précieuse, commu- 
nément une et légère, tissue de soie, et dont le 
nom venoit vraisemblablement du mot seta^ soie, 
^eomme le dit Du Gange dans son Glossaire latin au 
mot Cendalum^ où il propose néanmoins d'autres 
étymologies. 

Mous allons citer divers passages où ce mot est 
employé et qui nous paroissent les plus propres à 
^en déterminer le sens. Du Gange, Gloss. lat. au mot 
Armatura^ cite un inventaire d'armures où Ton 
trouve « une cote gamboisée de cendal blanc. » 

Or dit qu'eUe a Un de saison 
Pour ÛÛer, et chanvre moult fine ; 
Or a potaige pour cuisine, 
Or a flUé, or a serans, 
Desvidoirs, et petiz, et grans : 
C^ a toiUe, or a bon cendal. 

BiMt. DtMh. Poft. MSS. fol. M3, eol. a. 

G'éloit une étoffe fine, précieuse et légère, comme 
00 le voit par les passages suivans : « Sitost que le 
roy Perceforest fut entré dedans la porte , il 
regarde que toutes les rues estoient au-dessus 
couvertes de toiles blanches : car adonc il estoit 
peu d'autres draps, et estoit, en ce temps, moult 
grant noblesse d'en avoir, car adonc estoientpeu de 
draps de soye, et de cendalz (i) au pays. » (Percef. 
Vol. I, fol. 96.) Entre autres présens que flt le calife 
à Gharlemagne, se trouvoient des pièces d'étoffes : 

.... Si U tramist, com amis, 
Cendaus, et pales, et aamis, 
Et moult rices omemens. 

Pb. MotttkM. MS. p. 70 et 71. 

Sont vestu d'un cendal venneU^ 
Qui de&taint contre le soleU. 

FaU. MSS. dtt R. n* 7218. fol. 310. V col. I. 

llz leur faut robes 



.... De fin cendal, pour esté. 

Ewi. DeMh. Poét. MSS. fol. 508. col. 4. 

Gomme le mot sandal s'est dit d'un bois de trois 
espèces, savoir le rouge, le blanc et le citrin ; Borel, 
suivi par d'autres auteurs, prétend que le mot 
cendal a été employé pour une sorte de couleur. 
Les mots paile de cendal^ tirés de Perceval qu'il 
cite, en preuve de son explication, signifioient sim- 
plement une pièce d'étoffe de soie. Nous trouvons le 
mot cendal^ avec les épitbètesde blanc, noir, jaune, 
et plus communément avec celles de vermeil ou de 



rouge. Indépendamment de ces raiscms, nous pou- 
vons appuyer notre explication par l'usage que nos 
auteurs ont fait des mots ceiidal oxkundal ^samii, 

8ui tantôt ont été distingués et tantôt coofbndas. 
es mots sont employés, comme synonymes de 
soie, par les divers auteurs qui ont spécifié l'étoflè 
dont etoit l'oriflamme. Voyez les autorités que Bord 
dte lui*méme au mot Oriflamme. L'éditeur 4e 
Villon fait une méprise encore plus grossière ^ue 
celle de Borel, en expliquant cendal par vehMm, 
comme on peut le voir à la paçe60. L'éditeur de 
Gérard de Nevers (!'• P. p. 74) dit que c'étoit une 
espèce de camelot. 

Ardre et Luques ont été des lienx célèbres par 
la fabrique de l'étoffe appelée cenial. De lài on 
disoit proverbialement : 

1' Cendal d! Ardre. (Parton. de Blois, us. de 8. 6. 
fol. 192, V' col. 3.) 

2* Cendax de Luques. (Prov. à la suite des Poës. 
MSS. avant 1300, T. IV, p. 1652 (2)0 

VARUIITES : 
CENDâIL. Du Gange, GIoss. lat. au mot Cendalum. 
Cendal. Du Gange, 6loss. lat. au mot Armaturm. 
Sbndai«. Oudin, Dict. 

Sandal. La Colomb. Th. d'homi. T. I, p. SS4. 
Santal. Oudin, Cotgrave, Dict. 
Cendel, Cendbux, plur. 
Gbndbaux, plur. Nicot, Dict. 
Sandbaux, plur. Rabelais, T. V, p. 44. 
Sendaux, plur. J. Ghartier, Hist. de Ch. VII, p. 319. 
Cenda us, p/ur. Ph. Mouskes, MS. p. 71. 
Cendax, plur. Poës. MSS. avant 1900, T. IV, p. 166i. 

Cendre, subst. fém. Ce mot subsiste rs); maison 
ne dit plus : cendre d'orge, pour farine d'orge. 
(Fouilloux, Faucon, fol. 82.) « Cendre de romma* 
« rin, > pour poudre de romarin. (Ibid. fol. 29.) n 
paroit, par ces deux exemples, que le mot cendres 
eu une signification génériaue,et qu'on remplovoit 
pour toute chose pulvérisée (4). On diaoitauasi autre* 
lois le jour de la cendre^ pour le mercredi des 
Cendres. « Le message vint à Constantinople leiour 
• de la cendre^ ainsi com Tempereur issoit de 
« sa chapelle. » (Contin. de G. ae Tyr, Marlène, 
T. V, col. 668.) 

Cendré, a4;. Nous n'employonscemotqnepoar 
désigner la couleur de cendre. On disoit antrafois 
wau cenduYe^ pour l'eau de cendres, l'eaa boa^ 
beuse qui a coulé dans les cendres de la lessive. On 
lit, au sujet d'une femme qui préfère son amant ï 
son mari : 

guant eUe puet, à lui (& l'amant) Tient aobesmôe, 
t au mari wau cendrée (5). 

iw PwU. US. VA n* IMO. 



(i) Le mot est dans Joinville (§ 
donnez pour Dieu, et eust fait ses 
de vêtement de blancq cendal (VII 




(2) Comparez le dit de VApoeloile. (n. b.) 

(3) n est dès le xn« siècle dans Th. le Martyr (44) : « D'ire devint vc rmeUz plus que carbuns mr cendre, > Au m* twcie, 
on disait comme proverbe : « Mielx vaut la cendre divine Que du monde la farine. » (Le Roux de Lincy, I, 6.) (N. s.) 



(4) Cendre a été employé par Corneille, au sens de restes (M. de Pompée, 1, 2): « De son vain orgueil les cendres rallumées 
Poussent déjà dans l'air de nouveUes fumées. » Dans la cbimie et les arts, le mot désigne des résidvi de oombnstion : 
cendre bleue, verte, rouge, noire ; cendres du Levant, espèce de soude ; cendre gravelée, lie de vin dessécbëe et iackiérée. 
Au livre des Èiétierg (.284), on lit : « De toute teinture, fors de graine en charrete un denier, neis se il i a cemdre ckmelee 
qui appartient à teinture. » Le clavel est encore le nom d'une soude grossière. (N. s.) 

^) Il vaut in|ei¥x ]ix% : Yia»t cendrée ; elle ne s'o^anie (fmusi) paa, Biais elle est de couleur eeiMlr^ et livide. <N. ■.) 



CE 



— 297 - 



CE 



Cendrée, subst. fém. Amas de cendre (1). Cou- 
pelle. 

Au premier sens, ce mot a désigné un amas de 
cendres. 

Or est U clapoire (S) effondrée, 
Dont Aras est en le cendrée, 

Poes. MSS. tvant 1300, T. IV. p. 4375. 

. C'est en ce sens qu'on disoit proverbialement, 
pour courir risque de se brûler, mettre le doigt 
dans la cendre : 

.... Cil a bouté en le cendrée^ 
Qi tout jours sert sans atendre louer (loyer). 

Poët. MSS. dtt Vatiein, n* 1490. 

Cendrée est encore un terme de monnoie, pour 
désigner les coupelles d'affînage. De là, on lit : 
argent cendrée^ argent de cendrée, argent passé à 
Vessay de la cendrée. (Ord. des R. de Fr. T. V, 

p. 301.) (3) 

tlendrée sauvage, subst. fém. La sarriette, 
herbe. (Dict. de Rob. Eslienne.) Nous disons aujour- 
d'hui sadrée (4). 

Cendreux, adj. Lâche, fainéant. C'est en ce sens 
qu'on a dit ûgurément, en parlant d'une croisade : 

Or s*en iront cU vaiUant bacheler. 

Ki aiment Dieu et l'onour de cest mont ; 

Ki sagement voelent à Dieu aler, 

Et li morveus, U cendreus demourront. 

Chant. MSS. du comte Thib. p. 27. 

On lit : Li morvoux^ li cendrox, dans la même 
pièce rapportée parmi les Poës. mss. avant 1300, 
T. I, page 47i (5). 

VARIANTES : 

CENDREUX. Chans. MSS. du O* Thib. p. 97. 
Cendkox. Poës. MSS. av. 1300, T. I, p. 471. • 

Cendrier, subst. masc. Charrier. — Lange. — 
Linceul, suaire. — Titre d'un office. 

La première signification est le sens propre. On 
a nommé cendrier, la toile ou canevas qu*on met 
sur le cuvier de lessive, parce qu'elle soutient les 
cendres. On rappelle, en Anjou, encherroir. « Elle 
« estendit sur la terre un gros cendrier. » (Cartheny, 
Voyage du chev. Errant, fol. 98. — Eust. Descn. 
fol. 539.) (6) 

Dans la Coût, de Valenciennes, le cendrier est 
mis au rang des ustensiles de ménage. (Coût. Gén. 
T. Il, nage 258.) 

De la, ce mot fut pris en général pour toute toile 
grosse et forte. Ainsi on le voit employé pour 
fanges, dans le passage suivant : 

Alors ron cognoistra que, sortant du cendrier ^ 
Où des maux infinis luy forgeoit son enfance. 



Tant plus il devient grant, plus contraire est la chance ; 
Plus se pense affranchir, plus U se va Uer. 

Centur. de Perr. AttlnnoM, fol. 33, R*. 

Dans un autre endroit du même ouvrage, ce mot 
est employé pour suaire, linceul : 

Las I quelle fin prendra de ma vie le cours ? 

Disoit le roy sacré (David) 

Bon Dieu, que deviendra cette charongne sale ? 
Faut-il point qu'au sercueil poudreux eUe dévale, 
Pour estre le repas des animaux abjects ? 
Où sera, pauvre corps, or ta gloire divine, 
Quand tu seras mangé parmi cette vermine 
Dans le mesme cendrier qui couvre tes subjects T - 

Gentnr. de Perr. Aaton. fol. 30, R*. 

Il y avoit autrefois des officiers dans la maison 
du roi qui portoient le titre de cendriers Dans une 
liste des officiers de la maison du roi (en 1359), on 
voit un Raolet Golu et un Renier de Gennes, cen^ 
driers. (Ord. T. lll, page 392.) 

Je ne parle pas de quelques autres significations 
encore en usage de ce mot cendrier comme sub- 
stantif. 

Cendrier, adjectif. Ce mot est employé pour 
épithète de pigeon, dans les Epith. de H. de la Porte. 

Cendrin, subst. masc. Espèce de pigeon. (Du 
Gange, au mot Saxaroli (7).) 

Cendroyement, subst. masc. Embrasement. 
Proprement Taclion de réduire en cendres. De là, 
on a dit, au figuré : « Vous verres la butte où se 
« fraperont tous les coups de la colère du roy, 
« lequel vous fera porter la malenchere (folle 
« enchère au figuré) du funeste cendroyement de 
« son royaume. » (Let. de Pasq. T. III, p. 680.) 

Cendroyer, vet^be. Réduire en cendres. (Dict. 
de Gotgr.) On lit, au figuré : « En la mort de votre 
« mary vous avez esté combatue de tant de mor- 
« telles angoisses , que , si soudain les larmes 
« n*eussent détrempé, et ses soupirs esvanté ceste 
« vive et ardente fournaise, en bref, vous eussiez 
« esté cendroyée. » (Pasq. Lett. T. III, p. 602.) 

Tout éblouy de la flame, 
De la flame. et du tison 
Qui va cenaroyant mon ame, 
Je perdz toute ma raison. 

Poes. de Jacq. Taharean, p. 901, 

Cené, adj. Sensé, sage. On a dit en ce sens : 
« Ne fil pas que cené, » pour il fit bien, il fit sage- 
ment, ((jface de la Bigne, des Déd. fol. 35.) 

VARIANTES ! 
CENÉ. Gace de la Bigne des Déd. fol. 35. 
Séné. 

Cenechal, subst. masc. Sénéchal. (Cellbell. de 
L. Trippault.) 



(i) C'est encore Técume de plomb, le menu plomb de chasse, (n: e.) 
Q) Clapier a encore le sens de mauvais lieu. (N. e.) 

0) On lit dans Tahureau (Dialogues, p. 140) : « Ils rendoyent le venus (argent) en lune (plomb), voire à tenir jusqu'à 
ressay de la copeUe ou cendrée. » (n. b.) 

(4) Sadrée est dans 0. de Serres (566) : « La sarriete par d'aucuns appeUée sadrée, est fort approchante du thym. > Sadrée 
oomme sarriette dérivent du latin satureia. (N. E.) 

(5) On lit aussi dans un Bestiaire ms. cité par Du Cange : « Li un vermeil, l'autre cendrous , Li un sont noir, 11 autre 
TOUS. » (N. E.) 

(6) On lit en effet dans E. Deschamps : c L'eaue est à la cendre meslée, Mais elle est par avant coulée Sur le cendier, si 
que ne passe. » Il en est de même dans Baud. de Seb. (XII, 155) : c Un povre auqueton, aussi noir que chendrier. » (n. e.) 

(7) SaxaroU est ainsi rendu par un vieux traducteur firangais de Pierre de Crescentiis (de Agricultura, IX, 88). (n. e.) 

m. 38 



CE -« 

CenechaLUssée,aub8lant. fém. Sénéchaussée. 
(Cellhell. de L, Trippault.) 

Cenele, mbsl. fém. Cenelle, fruit du houx 
C'est ainsi que l'expliquent la plupart des dictiou- 
naires ; mais c'est plutôt le fruit du senelier. épine 
blanche, aubépine, espèce de néflier. Oudin, Dict. 
Esp. interprète seneltes par fruit de l'aubépine (i). 
On a dit nèfle pour chose de peu de valeur, et 
l'on a de mâme dit cenele (2). 

Cit est assez plus beax qui vieat; 
Ne le m BU roT de Tudele 
Ne valt, vers lui, une cenele. 

Bluc^. MS. da S. G. fol. 171, H- ool. 1. 

J'observerai que le Dict. univ. distingue mal à 

SropDs cenelle et sene/Je, donnant l'un pour le fruit 
a houx, et l'autre pour le fruit du prunier sauvage. 

VARIANTES : 

CENELE. Fabl. MSS. du R. a' 731», fol. 333, V* col. 1. 
Cehellb. Modus et Racio, MS. 
Senelle. Percer. Vol. VI. fol. M. V< col. 1. 
Chenelle Modue el Racio, MS. fol. 184, B.'. 
Ceniele. Pb. Uouekes, MS. p. 193 et ^. 

CiNELE. 

SiNELLE. Oudin, Dict. 
SiNALLB. Id. ibid. 

Ceneliere, zubst. fém. 11 paroit qu'il faut lire 
célériere dans ces vers (3) : 

Si veut estre abesse, tost pour celé ocoisoD, 
Une autre Binecvele, 11 Diece Saiat-Oison. 
Veit estre ceneliere, qui qu'en doie peser. 

Poli. MSS. n. 131», T. IV, p. 1333. 

Cenement, suhst. masc. Signe. Proprement 
l'action de faire signe pour appeler quelqu'un. 
(Voyez ci-dessus Assenehent.) 
A8 gas, as ris, as cciicmeiw 
Et as saluB, et as presens, 
Se senti bien li quoua-coux et sot. 
Que li roye sa rooiUier amoit. 

RoDi. do Bnil, us. fol. K>. V- col. 1. 



i- CE 

Cener, verbe. Briser, déchirer. — Appeler, faire 
signe. 

Ce mot est pris au premier sens car B<rel, Dicl. 
et Cclthell. de L. Trippault. La vraie orthi^rapbe 
alors est sener. On a oit uner pour châlrer, et on 
le dit encore en quelques provinces. (Du Gange, aux 
mots Sinare el Sennare.) 

Cener signifie aussi faire signe à quelqu'un, la 
même chose qu'amener, dans le passage suivant : 



us. da s. Gn. tul. «U, «4. ■ V (t). 

Cengle, zuHt. fém. Sangle. — Enceinte. — 
Fortifications extérieures. 

Ce mot, au premier sens, est interprété sangle, 
en latin cingula ou cingulum; ventrsil, en latin 
ventrale, dans le Gloss. du P. Labbe, p. 523 (^). 

Cengle est pris pour enceinted'une pliice, aansle 
passage qui suit : ■ Revenons au siège de la Riole, . 

< et du chaste! ou le comte d'Erby fut plus d'onie 

• semaines : tant ouvrèrent [travaillèrent) ses 

> mineurs, qu'ils vindrenl sous le cbastel, si avant 
■ qu'ils abbatirent une basse court ; es cengles du 

> (Pastel : au dongeon ne pouvoienl ils mal faire, 

< carilestoitmassonésuruneroche(6]. ■ (Froissart, 
livre 1, p. 128.) 

On lit, dans un sens à peu près semblable : chan- 
Qleel banliew[T). (Souv.Cout. Gén. T. 1, page289.) 

> Les biens situés en la banlieue hors ae la dite 
- changle. • {Ibid. p. 291.) 

Mais chaingle signifie enceinte fortifiée, dans les 
phrases suivantes : ■ Chastellain, ouvrés cette 

> seconde porte ; le chastellain ouvrit seulement le 

> guichet, çt fit messire Guillaume passer outre, 
« pourmonslrerlescfiairi{;/esduc»sle1(8). » (Frois-, 
liv. I, p. 205.) • Un bon cbastel, avec d'une bonne 

* tour à changles tout autour (9). > (Ibid. p. 217.) 



(1) Senelle n'bst qu'une variante orthographique de cenelle, coolractlon de coccinella, dérivé de coccum. kennès: le tniit 
deraubépinecommelefruit du houx est rouge, et on trouve réunis au vers 8416 de la Ruse;, i Framboises, treses et 
cenellei. * Le normand dit encore chenelle eLIe bourguiguon cinelle. Au xvi< siècle, Paré (XXI, 18) écrivait : f Le suc de 
sérielles vertes délayé en oitycrat est un lemede singulier, i (n. k.^ 

(2) Ce mol, con)ii:e pas et point, rentorvait la négation : i II ne 1 prise or une cenelle. » (Renart, v. 110G6.) Les Fabliaux 
de Meon (1, 1^) donnent une forme différente : i Gigue, ne harpe, ne viele. Ne vauciesent une cynele. i On lit encore au 
Xv< siècle (Mir..cles de la Vierge, mas,, t. I) : o Jou ne pris mie deux ceiietei Vos siaumcs, ne vos miserelee. > (N. E.) 

^> Le cetiefiei', dans un cloître, était chargé des proviaions :< Ci est, je cuic, maistres de l'ordre Des omecides, des 
murdriers, Abés en est u cenc/icrs. t (Roi Guillaume, p. 78.) C'est aussi la forme delà Bat.d'AleEchans. (Voir sous Celteher.) 
Dans des manuscrits et cartulaircs de Coibie, au xvi> siècle, on a lu cevelier de la cuisine , ceoeticr des eaues. (Voir Dd 
Cange, sous Celtarius, II, p. 268, col. 1.) (n. b.) 

(4) Cener avait uussi le sens du latin cœnare : t De soi aisier moult ee pena Cbis hom qui richemeot cena. i (Le Boml 
du Riche homme et du Ladre, dans Du Cange, sous Ccenaticum, II, 415, col. 3.) (N. E.) 

(5) L'orthographe cc'ifffiï est plus conforme à l'étymologie que sangle. On lit dans la Chanson de Roland (s(r. MO): 
( Rumpent ces cengles. et selea versèrent, t (n. E.) 

(6) M. Kervyn (IV, 2!IS-9) imprime : t Tant ouvrèrent cil mineur que li contes Derbi avoit mis en leur mine , qu'il Tinrent 
desous le chastiel et ei avant qu'il obatirenl une basse tour (var. court) des chainglea dou dongnon ; mes à le mestre tour 
dou dongnon ne pooicnt-il nul mal faire, car elle esLoit mâchonnée sus une roce, dont on ne pooit trouver te fons. > (N. k.) 

(7) Froissart donne aussi ^ ce mot le sens do zone, région : i De toutes les circuitee et changiea dou royaume de France 
(X, 104) : par toutes les mettes et cbainglcs dou royaume (X, 359). » Plus auciennement (1283) on Ut au reg. JJ, 61, p. 190 : 
1 Tout chil ont leur ghylde et à ychele appartiennent el dedens te chyngle de leur vile mainent. > (n. B.) 

(8) C'est extrait de la prise du citAteau d'Evreux par Guillaume de Gauville. M. Kervyn (VI , %) impnme : i Adont dist 
messires Guillaumes : ■ Chastellains, ouvrée ceste aultre porte, vous le poéa bien ouvrir eans péril. * Li cbastellâins outtI 
tant seulement le guicet et flst le chevalier passer oultre , peur monstrer les chaingles dou chastiel ; et ils meismee 
passa ossi, i (n. e.) 

(9) C'est le château de Qermont en Beauvaisis (éd. Kervyn, VI, 111) ; « [Le captai de Buch] vint à Clermont en Riauvoiain, 
une grosse ville nient fermée et bon chastiel, voire de une trés-OTOSse tour que il y a et chaingles environ, i Coingle. ilans 
cette citation et la précédente, désigne spécialement : à la base a'un donjon, la cbemlse ; à la base des murailles, fesbrai», 
chemin de ronde crénelé ou palissade : ce mode de défense se développa au xiv' siècle pour emptelier les ascidades de 
Duguesclin et de ses imitateurs, (n. b.) 



CE 



— 899 — 



CE 



VARIANTES '. 
CaSNGLE. Monet, Oudin. Dict. - Labbe, GAoBS, 
Gbingle. GI088. du P. Labbe, p. 522. 
Ghanolb. FroiasMt, liv. I, p. 217. 
Chainolb. Id. p. 205. 

Cengle, adj. Simple. On trouve ce mot, en ce 
sens, dans un us. du Roman de la Rose : 

De cbose cenglCy sembler double. 

Cengle vient ici de singultiSj et il est clair qu*il 
falloit écrire single (1). 

Gengler, subst. masc. Sanglier. (Dict. d'Oudin. 
Du Gange, au mot Cenglaris.) 

.... Le cuer a fier comme un cengler (2). 

Ettst. DMchampB, Pom. MSS. fol. S8à, ool. 2. 

VARIANTES ! 
CENGLER. Otidin, Dict. 
Sbngler. Borel, Dict. 

Gengler, verbe. Sangler. Au propre, on a dit 
dans le sens figuré : 

Les bourdes de quoi ils vous cenglent (S). 

Froissart, Po^. MSS. p. 40^, col. S. 

Genler, subst, masc. Office claustral. Cenier 
signifie proprement celui qui avoit soin du souper 
pendant Tété ; en latin cœnarius et cœnator, dans 
le Gloss. latin de Du Cange (4). 

Genne, adj. au fém. Ce mot semble une faute 
pour cetive^ chétive, dans les vers suivans : 

Se clamoit cenne, et lasse, 

Et me prioit que je l'aimasse. 

Fabl. MSS. du R. d* 7989, fol. 68, V col. 3. 

Genne, subst. fém. Cène. La cérémonie de la 
Cène (5). 11 semble que ce soit le sens de ce mot, 
dans le passage qui suit : 

La, grant pièce, tint U prison, 

Mes que tant que, le samedi 

Après le terme que je di, 

Mené au boys de Vincianne, 

Vousist ou non, com prestre an cenne (6), 

Fu il ; après lui mainte gent. 

Qui touz l'aloient agrègent. 

Hist. do France, à II suite du Rom. de Fantel, fol. 87. 



Genobe, subst. masc. Abbaye. « Abbé comment* 
« dalaire du cenobe^ ou abbaye du Perrayneuf, de 
« Tordre de Prémontré d'Anjou. » (Faifeu, p. 13.) 

Genon, prépos. Sinon, hormis. « Valloit la 
« molle (le moule) de bûche neuf sols parisis, et le 
« cotteret, et le charbon ainsi cher ou plus, et tout- 
« tes choses, dont on povoit vivre, cemn pommes, 
« dont les povres gens avoient tant seulement 
« adraendement. — Subsistance , nourriture. » 
(Journ. de Paris, sous Charles VI et VU, an 1429, 
page 129.) 

Gens, subst. masc. Droit seigneurial (7). — Sens. 
—Sentiment. — Sens, ville. 

Selon la première signification, ce mot vient du 
latin census. Il subsiste et signifie un droit connu 
encore aujourd'hui ; on Ta divisé en plusieurs espè- 
ces, comme chef cens, cher cens, collier, double cens^ 
menucens, cens hérédital, ou héréditable, cens 
mort, ou stérile, rogo; droit et truant ont été mis 
comme synonymes à cens mort et à cens réquéra- 
blCf ou à queste, ou à cherchage, et à cens rendable 
à la maison du Seigneur. 

Sur les différentes espèces de cens, on peut voir 
les définitions qu'en donne la Somme Rurale de 
Bouteiller, page 490 (8) ; leGr. Coût, de Fr. livre lY, 
p. 528; Laurière, Gloss. du Dr. fr. (Voy. Seneschal 
DES CENS et Greffieh des cens ci-après.) 

Cens, employé pour sentiment, sens, n'est qu'une 
altération d*orthographe, et ce mot vient alors du 
latin sensus. « Homme, or regarde comme, par ta 

< deffaulte, doye (lu dois) dire que chien, qui est 
« beste reprouvée, ait plus de cens, de bonté, que 

< tu n'as. » (Modus et Racio, fol. 18.) On a dit, par 
une assez froide équivoque du mot cens, pris dans 
cette signification, avec le nombre cent : 

De mes cinq cens de nature. 

Franc Archier de Bagnolet, ii la suite de Villon, p. 47. 

On a aussi écrit cens, par une altération sembla- 



(1) L*orthographe sengle est plus près de Tétymologie singula. Cette épithète qualifiait aussi des robes sans doi 
Elle a une juge porprine Bien faite à oevre sarasine : Saingle est por le caure d'esté. » (Parton.^ v. 7459.) G. 



doublure : 
, ^ - . - . , , , G. GuiavI 

Çiif 159. V. 4104) : c Prennent les robes aus bourioises Unes fourées, autres sangles, » (n. e.) 

(2) Qn lit aussi dans un ms. de la Gonsol. de Boèce (Du Cange, sous Cenglaris) : « Layons, tingres, cenglers et ours la 
dans en ocient plusours. > Sengler est plus en rapport avec singularis (porcus), solitaire. (N. e.) 

(3) Cette orthograpbe fautive est encore dans Montaigne (I, SuB) : « Pour faire un corps bien espagnole, quelle jebenne ne 
souffrent elles^ guindées et cenglées. à tout de grosses cocbes sur les costez, jusques à la chair vifve? » (N. e.) 

(4) On Ut dans FeUbien (Hist. de S* Denis^ p. 581): < Cy git religieuse et honneste personne frère Guillaume Rayer, 
rdigieux et cenier de céans. » (n. e.) 

(ô) Cène a, dés le xii* siècle, le sens liturgique (Saxons, str. XXX) ; mais au xiv* siècle , dans Girart de Hossillon 
(v. 1999), il signifie repas : c Chiés un bermite vinrent le soir ou bois d'Àrdene ; Li sains bons flst bon feu, mais povre fu la 
eene, » En Bourguignon, souper se dit encore faire la cène. (n. e.) 

(6) On trouve dans Merlin (B. N. fr. 7170, fol. 53, v») une forme qui s*en rapproche : ce Vos devez croire que nostres sires 
vint en terre por sauver lou pucple, et que U sisl à la cienne. » (N. E ) 

(7) Le cens est l'ancien chevage {cajntaliiiumj capitagium\ l't^nsemble des redevances dues au maître par le serf ; mais 
il a une signification plus large et moins exacte : c est à la fois le fermage et l'aveu de la dépendance. U servit même à 
reconnaître' 
déterres 
été si peu 
obtinrent un sursis de deux ans et en vinrent même à encourager la Fronde plutôt que dé payer, (n. ê.) 

(8) On distinguait le cens principal, payé une fois pour toute, et les cens périodiques ou plutôt annuels. Le chef cens ou 
premier cens, le sur-cens ou cré-senSf s'ajoutaient à la redevance déjà due ; le menu-cens se payait à l'origine en oublies, en 
œufs, en volaille, et plus tard en menue monnaie. Le sur cens est souvent nommé dans les actes : il permettait au seigneur 
de doubler, même de tripler I0 premier cens devenu insuffisant. On appelait dernier cens , second cens , rente arrière ou 
aurfoncière, la redevance que aevait payer le détenteur d'un fonds pour le céder à un tiers. (N. e.) 




CE 



— 300 - 



CE 



ble, au lieu de Sens, nom d'une ville de France, du 
latin senones. 

Quant Engerrant vist oeste afaire, 
Et que tous ii furent contraire, 
Adonc l'archevesque de Cens, 
En fu aussi corne nors de sens. 

UUt. de Fr. en vers, à U tuile du Rom. de FanTel, fol. 87. 

VARIANTES : 

CENS. 

Censé. Loix Norm. art. 33, dans le latin census. 

Censé (la), fém. Perard, Hist. de Bourg, p. 460. 

Ceasable, adj. A qui le cens est dû. — Qui doit 
le cens. 

On a dit au premier sens : Seigneur cen$able. 
(Laurière, Gloss. du Dr. Fr.) 

La seconde acception se remarque dans ces mots : 
héritage censable. (Id. ibid. — Voy. Dict. d'Oudin.) (i) 

Censage, subst. maso. Censé. Métairie. (Lance- 
lot, Coût, de Bret. fol. 93.) On dit encore censey au 
même sens, dans quelques provinces. (Voyez ce mot 
ci-après.) 

Censal, subst, masc. Courtier (2). Mot provençal. 
(Du Cange, au mot Sensalis.) 

Censaument, adverbe. Ce mot signifîe censi- 
Vement, à cens. (Perard, Ilisl. de Bourg, page 486, 
titre de 1257.) 

Censaux, subst. masc. plur. Censiers. Ceux 
auxquels est dû le droit de cens, comme il paroit 
par ce passage : « Parce que, au moyen des guerres 
« passées, et aussi par la négligence des propriétai- 
« res des maisons de ceste dite ville, censaux, et 
« autres y ayans droict, plusieurs des dites maisons 
« sont ruinées et prestes de tomber en décadence 
« et ruine, etc. » (Ordonn. de Metz, au Coût. Gén. 
T. I, p. 1135.) 

Censé (3), subst, fém. Métairie. — Bail. — Vente. 

Ce mot signifie quelquefois une métairie ou 
ferme que Ton donne à bail. (Dict. d'Oudin et de 
Nicot.) On emploie ce mol, encore en ce sens, dans 

Juelques provinces, et c'est l'ancienne signification 
e ce mot, dans Duchesne, Gén. de Chastillon, 
S. 14, til. de 1231, et dans Carpentier, Histoire de 
ambrai, tit. de 1237 (4). 

Quelquefois ce mot a signifié le bail même. « Ne 
« pourront peschier en rivière de censé, si ce n'est 



« par permission du seigneur et du oensier qui la 
« tient. » (Coût. Gén. T. I, p. 813.) 

En fin de censé avoit pour signification à la fin du 
bail, au figuré : 

u Cault, en fin de censé, 

Rendre compte de tous fourfais. 

FroiAMrt, Poëi. MS8. p. 418. col. 8. 

Quelquefois ce mot signifie la rente même qui 
provient du bail. « Lïsvè à censé et à rentière. » 
(Ordonn. des R. de Fr. T. I, p. 740.) On a Appren- 
dre à censé, pour prendre à rente. 

Prendre à compagnie 

A change, à censé, 

Joach. Da Bellay, fol. 409, V. 

(Gloss. de Du Cange, aux mots Assentia, Censa, 
Censale.) Quant à l'expression censé bastarde, nous 
en avons parlé au mot Bastarde (5). 

VARIANTES : 
CENSE. Orth. subsist. 
Sensé. Voyez Censé ci-dessus. 

Censeable, adj. Qui doit cens. (Laurière, Gloss. 
du Dr. Fr. — Du Cange, au mot Censalis (6).) 

Gensel, subst. masc. Censive. — Censitaire. 

Ce mot signifie censive, dans les deux passages 
suivans : « Par la dite coustume, peut le seigneur 
« saisir Thérilage de luy tenu en censive, si le pro- 
« priétaire et possesseur d'iceluy censel a machiné 
« la mort de son seigneur ou le saura, ou battu 
« sans cause raisonnable, et tenir en sa main 
« la dite censelle, comme a luy confisquée. » (Coût, 
de Péroné, au Nouv. Coût. Gén. T. Il, page 602.) 
« Tous li trefons de le ville, et de le banlieue sont 
« mons. Tabbé, ou tenu de lui en fief, ou chensel, > 
(Ane. Coût, locales d'Amiens, mss. citées par Du 
Cange, au mot Censile. — Voy. Censelle ci-après.) 

Censel est mis pour censitaire, dans une citation 
des Ane. Coût, locales d'Amiens. (Glossaire de Du 
Cange, au mot Censile.) « En la terre de l'évêque, 
« nul ne peut justicier son censel, fors par le prévôt 
« l'Evêque (7). » 

VARIANTES I 

GENSEL. Coût, de Perrone, Goût. Gén. T. II, p. 602. 
Chensel. Du Gange, au mot Censile. 

Censelle, subst. fém. Censive. C'est le féminin 
de censel, pris au premier sens. « Peut le seigneur 
< saisir l'héritage de luy tenu en censive, et tenir 
« en sa main la dite censelle, commet à lui confis* 



(1) Censabilis a donné censaule ou plutôt censavîe, au Gart. 21 de Corbie, fol. 296, v», an. 1292 : c Ils disoient qoê 
ce que je tenoie d'eulx à Hamelet estoient censaulesy et je disoie que je le tenoye en fief d*eulx et de ledite égUse. »'(n. k.) 

(2) Censalz équivaut à cens (JJ. 187^ p. 252, an. 1493) : « Pour ce que ledit molin estoit trop chargé de censalz, » Censalis 
est devenu plus régulièremeni censel, au Gart. 21 de Gorbie (an. 1317) : c Avons vendu... toute la terre que nous aviemes 
et Doiemes avoir à Belle,... soif en fief ou en censel. » (n. e.) 

(§) La censé ou le cerisaige était une prestation payée par les vassaux et tenanciers aux seigneurs dominants, au Ueu et 
place de toutes autres tailles. (N. e.) 

(4) Cerise est synonyme de cens, aux Lois de Guillaume (33) : c Cil qui custivent la terre ne deit Fum travailer, se de loor 
droite censé non. » Il ne signifie métairie qu'au xv* siècle : « Comqie d'avoir bruslé maintz beaulx villages et maintes belles 
censés. » (Comm., V, 14.) Cette signification est conservée par S^ Simon (ch GXII, p. 118) : « Le roi à la tête de son armés 
couvrait Monsieur, qui assiégeait Boucbain, et s'avança jusqu'à la censé d'Hurtebise. » ^N. E.) 

(5) Voyez plutôt Bastardagium et BaslarduSy dans Du Gan^e, car bastarde n'est pas au dictionnaire. C'est le droit de 
bâtardise ; à la mort du bâtard non marié, les biens retombaient dans le domaine du seigneur. (N. E.) 

(6) D*aprè8 la Coutume de Bourgogne, art. 64 et 65. (n. e.) 

Çl) Voici la citation exacte : « En le terre l'evesaue, la u U a bal, justiche et toute seigneurie, nus ne puet justicier seiv 
eensel fors par le prevost l'evesque, et est Tamende sienne. > (n. b.) 



CE 



- 301 — 



CE 



« quée, » (Coût, de Péroné, au Nouv. Coût. Gén. 
T. 11, p. 602. — Voy. ci-dessus Cbnsel.) 

Genser, verbe. Affermer. Ce mot est employé 
en ce sens, dans le passage suivant : « Occirent le 
« chastelain qui estoit au roy, et tous les imposi- 
« leurs, et gabelleurs qui ses aydes avoyent prises 
« et censiées (1). • (Froissart, liv. U, p. 154.) 

Censeur; subst. mase. Fermier. « Soit déclaré 
« le nom du eenseur^ ou laboureur de qui on vou- 
« dra avoir la carrée, et la cause pourquoy ce 
< escherra a faire, sur en cheoir en Tamende de dix 
« livres tournois (2). » (Coût, de Haynault, au Coût. 
Gén. T. 1, p. 812.) 

Gensezy subst. masc. Solde. 11 paroit que ce 
mot désigne la solde des troupes suisses, dans le 
passage suivant : « Plus, pour ce qui est dû aux 
4 cantons de Suisse, tant pour lès censez et servi- 
« ces rendus que pour les pensions. > (Mém. de 
Sully, T. VlU, p. 116.) 

Gensle, subst. fém. Cens, censive. « Le conve- 
« nant, o.udomainecongeable(3) tient quelque chose 
« de la censie^ ou afféagement roturier, de sorte 
« qu'à lexceplion de Brouerec les seigneurs, qui 
« ont justice, Texercent sur leurs hommes de con- 
« venant, comme sur leurs hommes de flef. » (Coût. 
de Bret. au Nouv. Coût. Gén. T. IV, p. 417.) 

Gensler, subst. masc. Seigneur. — Fermier. Ce 
mot possède ces deux significations contraires, parce 
qu'il a dans chacune une élymologie différente. 

De cenSy droit seigneurial, on a fait censier, et 
ce mot a signifié le seigneur à qui est dû le cens (4). 
(Laurière, Gloss. du Dr. Fr.) 

De censé, ferme ou bail, on a fait aussi censier, 
et alors il signifie le fermier (5). Ce mot censier est 
expliqué par fermier des aumônes, que Ton a aussi 
nommé assenseur et assensier, dans le Gloss. de 
THist. de Paris. « Les censierSy sans adjonction de 
« leurs maistres, ne seront recevables à soutenir 
« procès sur la propriété de disme, ou lerrage. » 
(Coût, de Hainaut, au Nouv. Coût. Gén. T. 11, p. 50.) 



Ce mot est pris, dans sa deuxième signiQcation, 
dans les vers suivans : 

J*ay veu homme de guerre 
Sur cheval bon et fier, 
En haste venir quenre 
Unff très riche censier. 
Le bon sainct de Tabaye, 
Acquaire, s'en vengea : 
Le cheval enrabie, 
Et son maistre enraigea. 

MoUnel, p. les. 

» . • • • ^ ' ■' 

Genslr, verbe. Censer. Donner à cens ou à 
ferme. « Recevoir, ordonner, lever,* vendre, censir 
« ou bailler à ferme. » (Bouteiller^ Somme Rurale, 
page 68.) On lit à la marge : « Au livre escrit à la 
« main y a censer, qui signifie bailler à cens. » Les 
offices censiSy pour les offices donnés à ferme, dans 
lesOrdon. desR. de Fr. T. V, p. 135 (6). La correction 
de réditeur, qui met censiers pour censis, paroît 
inutile. Ce mot est pris au figuré, dans le passage 
suivant, pour engager : 

J*ai mon coer mis, et censi 
A. bel, et bon, et parfait ; 
Amours, je vous regrasei. 

Pocs. MSS. de Froistart, p. 370, ool. 2. 

Censissement, subst, masc. Ferme, louage. 
On lit, en ce sens : « Si les dits divorsez nes'accor- 
« doient sur la maniance, perception, censissement, 
« ou louage des dits acquêts, ils seront duement 
« passez à recours, à censé, ou louage, à ferme 
« ordinaire leallement, et sans fraude. » (Coût, de 
Hainaut, au Nouv. Coût. Gén. T. 11, p. 196.) 

Censive, subst, fém. Ce mot se dit encore pour 
terre sujette au cens; mais il a été employé autrefois 
pour exprimer un droit levé sur les juifs. On leur 
permet, par une ordonnance de 1360, de demeurer 
dans le royaume, pendant vingt ans, moyennant 
une certaine somme de finance ; le juif qui étoit 
commis à la perception de ce droit « sur les sept 
« florins de la censive, et demeure cbascun an » en 
retenoit un pour lui, en vertu de la même ordon* 
nance. (Ord. des R. de Fr. T. 111, p. 469.) (7) 



(1) Le texte est fautif à cet endroit, car on Ut dans Téd. de Kervyn (IX, 446; : c Li commun s*esmurent et s'armèrent et 
ocnirent tous ceulx qui avoient ceusi ces gabelles et débites. » Les variantes donnent asenset , cuesi ; U faut Ure censi, 
participe passé de cennir, (Voir ci-après.) (N. e.) 

(2) On ht au C^art. I de la Cb. des Comptes de Lille, p. 263, an. 1274 : f Nous avons donné à loial censé... tous nos 
moulins de Val encbiennes,... et si doivent avoirnos mortes mains de no estaple, ensi come U dure, et comme U autre 
censeur de Valenchienes Vont tenu devant eaus. » (n. b.) 

(3) Le domaine congéable, tenure propre à la Bretagne, est ainsi nommé parce que le propriétaire peut à toute époque 
congédier le fermier. Le domanier se croyait cependant propriétaire incommutable, parce qu'il possédait son héritage de 
temps Immémorial et que Fancien seigneur^ maintenant mort ou ruiné, ne l'en aurait jamais banni ; aujourd'hui le nouveau 
mai&e, tombé parfois de la queue d'un carrosse {koet doc'h lost ar c*harr), vient expulser la veuve du fermier au nom du 
Gode CivU ; c'est que les traditions de la famiUe et du pays ne lui ont pas encore appris la maxime bretonne : c Qui n'est 
que juste est dur. > (n. b.) 

(4) U n'a pas ce sens avant Loysel (xvi^ siècle) : c Lo seigneur censier neut tenir, en sa main, les terres vacantes, et en 
faire les fruits siens jusqu'à ce qu'il en soit reconnu. » Dans Carloix (II, 18), il parait signifier soldés et justifier la citation 
de Sully donnée plus haut sous censez : « Tous les valets de chambre, et officiers censiers^ tant de son capitaine que des 
autres seigneurs. » (n. e.) 

(5) C'est le sens au reg. JJ. 138, p. 231, an. 1390 : c Aprés^voir ou\Té et battu en la grange de Jean le Clerc censier de 
Tremonvilliers. » De même dans Monstrelet (IL 6) : f Et melmement prirent et emmenèrent plusieurs charrues aux censiers 
du mont S* Eloi eraprés Ârras. » (n. e.) 

(6) On Ut en effet dans ce volume des Ordonnances (an. 1368): f Tant les censis présentement, comme les vendus à vie. > 
Le mot est plus ancien et se lit dès 1138, au Cart. Hannon. de la Ch. des Ck)mptes de Lille, p. 15 : « Et s'il avenoit queije 
acensesisse men winage, cil à qui je censiroie fineroit audit gret doudit Bouchart des devant dis trois cent livres. » (N. B.) 

(7) Censive a peut-être le sens de servante, au reg. JJ. 166, p. 313, an. 1412 : « Ck)mme le suppliant feust aie aux nopces 
de la censive de son voisin et d'un jeune compaignon. » (n. e.) 



CE 



- 302 — 



CE 



Censlvement , adv, (Preuves de THist. de 
Beauvais, par un bénédictin, p. 273, Ut. de 1167.) 

Censlvier, adj. On a dit seigneur censivier, 
pour seigneur censier, droit censivier pour celui 
qui appartient à ce seigneur. Le retrait censivier 
est le retrait qu'il peut exercer, à cause de sa mou- 
vance, le retrait féodal (i). (La Thaumass. Coût, de 
Berri, p. 15 L) Le seigneur censivier, selon ce même 
auteur, n'a que le droit de cens; il le distingue de 
celui qui avoit la justice. (Voy. ibid. page 220.) On 
disoit aussi ten^e censiviere, pour censive, terre 
sujette au cens, ou roturière. « Quant es terres 
« féodales, que le donataire soit receu en foy et 
« hommage es choses tenues en fief, et des censi- 
« vieres, qu'il soit investy par le seigneur censivier 
« des allodiales. » (Coût, de Bourbonnois, au Coût. 
Gén. T. II, p. 384.— Du Cange,au mot Censivaterra.) 

Gensorlen, adj. Sévère, rigide. Ce mot, formé 
du nom de Caton le Censeur, est pris pourépithète 
de correction dans les Epith. de M. de la Porte. 
< Ces dames qui contrefaisoient leurs dames sages, 
« prudes et censoriennes, estoienl très débordées, 
« et vénériennes quand elles venoient là. » (Brant. 
Dames Gai. T. II, p. 278.) 

Gensualre, subst. masc. Fermier. Celui gui 
tient à cens. « Le fermier, ou censuaire qui vérifie 
« avoir payé au seigneur direct les cens ou rentes 
« des trois dernières années, est présumé avoir 
« payé les précédentes. » (Coût, de Bouillon, au 
Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 855.) On lit (ibid.) quel- 
ques lignes plus bas : « Advenant que les héritages 
« donnez à censé fussent occupez par les ennemis, 
« ou abandonnez par l'infection de Tair, ou pesti- 
« lence demeurez en friche, le censuaire, pour le 
« temps que durera tel calamité , n'en payera 
« aucune chose. » 

Censuel, adj. A qui le cens est dû. — Qui doit 
le cens. 

On lit, au premier sens : « Celuy qui tient heri- 
« tage en cen^ive doit, au jour et lieu accoustumé, 
« payer le droit de cens au seigneur censuel. » 
(Coût. Gén. T. I, p. 106.) 

Ce mot signifie qui doit le cens, dans cet autre 
passage : « De l'héritage censuel et roturier, l'ac- 
« questeur peut prendre saisine, et possession, sans 
« le consentement du seigneur censier et justi- 
« cier. » (Ibid. page 106.) Le retrait censuel est le 
même que retrait censivier, ci-dessus (Diction, de 
Cotgrave. — Voyez Censable et Censivier, qui sont 
employés dans le même sens.) 

Censuel, adj. Ce qui concerne le cens. — Ce 
qui doit le cens. 



Dans la première signification, on a dit : Justice 
censuelle, pour basse justice, proprement celle qui 
ne concerne que le cens. « Ne oncques puis n*east 
« haulte, ni moyenne justice, fors censuelle. » (Gr, 
Coût, de Fr.Liv. IV, p. 525.) « Ont jtAStice censuelle^ 
« c'est ù savoir que, des héritages mouvans de 
« leurs cens, ils envestent les acheteurs, et prea- 
« nent les los et ventes, et les vestemens, et amendes 
« telles comme elles y appartiennent. » (Dénom- 
brement, us. de Montmor, an 1M6. — Voy. le Dicl. 
de Cotgrave.) 

On a dit aussi terre censuelle, pour une terre 
sujette au cens, une terre roturière. « Que des 
« terres, les uns fussent seigneuriales, et féodales, 
« les autres allodiales, qui vouloit dire censuelles. • 
(Pasquier, Rech. Liv. IV, p. 338. — Voyez CsnsniES, 
ci-dessus.) 

Cent. Nom de nombre. Cent. Ce mot subsiste 
sous cette orthographe, et le peuple dit encore 
chent, pour cent 12) , dans quelques provinces. 
On se servoit autrefois de ce terme numéral d'une 
façon différente de celle qui est en usage aujourd'hui. 

1*" Dans le calcul, on disoit vint deux cens francs^ 
pour deux mille deux cent livres. (Froissart, Liv. 
III, an 1387, p. 280.) Trente cens mille francs^ pour 
trois millions. (Id. Liv. IV, an 1389, p. 15.) 

2*" Dans les estimations des maisons, on comptoit 
la maçonnerie et les toits par verges, les pierres 
de taille par pieds, et le bois par cent. (Coût, de 
Brusselles, au Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 1273.) Cet 
usage subsiste encore parmi les marchands de bois 
carré. 

3*" On disoit aussi cent double que pour cent fois 
plus que. « Us en trouvèrent à cent double que. > 
fChron. de S» Denis, T. II, fol. 7.) On lit, dans le latin, 
Centuplum. 

4° Cest cent contre un^ pour il y a cent contre un 
à parier. « Cest cent contf^e un que nous venissions 
« a la paix (3). » C'est-à-dire il y a cent contre un à 

Earier que nous n'y viendrons pas. (Froissart, 
iv. II, p. 66.) 

5* On disoit les cent, comme nous dirions cent 
autres. 

De tout en font si folement, 

Qu*U n'ont en vous, dame, pensée, 

Qui plus bêle estes que les cent. 

Adans 1i Bocus. Poes. fr. MSS. tt. 1309, T. IV. p. 1413. 

6' Cent pour cent, c'est-à-dire pour chaque cen- 
taine. « Et ont les dicts gentils hommes, cent pour 
« cent un chef et un cappitaine. > (Hém. de Rob. 
de la Marck. seig. de Fleuranges, ms. p. 26.) Cela 
veutdire que chaque centaine de ces gentilshommes 
a un chef et un capitaine qui la commande. 



(i) A la fin du xiv<^ siècle, le vassal put aliéner son ôef ; mai/le seigneur eut le privilège de se substituer à l'acheteur ea 
lui remboursant le prix d'acquisition. C'est ee qu'on appelé retrait /(^oda^ ou seigneurial: retrait, parce qu'on retirait un 
droit acquis : seigneurial, parce qu'il ne s'appliquait qu à la matière des fiefs. Le retrait censuel était analogue ; seulement 
U s'agissait a une tenure roturière, d'une concession laite à charge de cens, d'une redevance pécuniaire. (N. s.) 

(2) Les Picards prononcent chint. (n. e.) 
. &) Ainsi parle Jehans Lions aux bourgeois de Gand (éd. Kervyn, IX, 186> : a S'est cent contre un gue venons à pais. Si 
seroit bon que nous regardissions en nous-meismes, se nous avons guerre, de qui nous nos aiderions. » (N. K.) 



CE 



— 303 — 



CE 



VARIANTES : 
CENT. Orth. subsist. 

Ganz« piur. D. Morice, Hist. de Bret. Pr. p. 983. 
Chent. Vies des SS. MS. de Sorb. cbiff. Lx, col. 2. 
Chans, pour cent. Ducbesne, Gén. de Guines, p. 2^. 
Cens, plur, Pérard, Hist. de Bourg, p. 478. 

Cent, subst. masc. Sorte de mesure de terre. — 
Espèce de jeu. 

Comme mesure de terre, ce mol désignoit environ 
le cinquième et un tiers de la mencaudée^ laquelle 
étoil une mesure de cent verbes, suivant du Gange, 
au mot Mencaldata. « On doit pour relief, ou droit 
« seigneurial d'icelle vente, don, ou transport, ou 
« succession, buict sols tournois de chascun bon- 
« nier à la dite église ; et contient le bonnier, trois 
« mencaudées , qui font seize cent , et est par 
« chacun cent un gros monnoye de Flandre. » 
(Coût, de Mons en Puele, au Nouv. Coût. Gén. T. I, 
p. 430J « Si les dits conjoincts avoient enfans, au 
« jour du Irespas du premier mourant, en ce cas, 
« le survivant ne peut vendre, charger, ny alliener 
« les héritages dont ils auroient possessez (été 
« possesseurs) pendant leur dite conjonction ; sauf 
« que si le dit dernier vivant auroit grande néces- 
« site jurée, et approuvée, il luy soit, et est permis, 
« un cent de terre, à une fois ou plusieurs si la 
« dite nécessité luy estoit, soit des héritages du 
« costé du premier mourant des siens, ou d'acquetz. » 
(Ib.) La même disposition est répétée. (Ib. p. 355.) (i) 

Cent désigne une espèce de jeu, dans les passages 
suivans : « Hem, ha semblé estre bon, ethonneste 
au dict conseil d'amours que les dicls masqués, 
arrivés avec tabourin, en compaignie ou il y ha 
damoyselles qui jouent au cent, ou autre jeu, 
icellesdamoyselles estre par boneur tenues laisser 
le jeu pour dancer, et deviser avec iceulx mas- 
qués; et ou (au cas où) les dictz masqués ne 
ameroyent tabourin, de ce- qu'elles doibvent faire 
leur ha esté remis à leur aiscretion, nonobstant 
que, si elles estoyent en perte, et les ditz masqués 



« les voulsissent (voulussent) rembourser elles 
« seront tenues de laisser le dict jeu, et, si elles 
« gaignoyent, et qu'elles voulsissent deviser avec 
« les dictz masqués elles ne seront réputées avoir 
< couppé la queue. » (Ordon. sur les masques, à la 
suite des Arrêts d'amour, p. 428.) 

On trouve jouer au cent, jouer à trois cens^ dans 
Rab. T. I, p. 136 ; jouer aux cens, dans les Contes 
de la Royne de Navarre, T. II, p. 314 ; jouer à cent, 
dans les Mém. de Bassompierre, T. I, p. 62 (2). 

D'autant que n'ay aucuns deniers contens, 
S'il ne m*en vient au cent (3), au triquetrac, 
N'au gUc aussi, ny au jeu de la flac, 
Plus ne jourray, qui m'est grifve fortune. 

Œav. de Roger de Collerye, p. 43 et 44. 

Centaine, subst. fém. District.— Banlieue (4). La 
Thaumassière, dans son Glossaire sur les Coût, de 
Beauvoisis, prétend que centaine est le même que 
septaine, qu'il explique par district, territoire d'une 
ville, dans ses commentaires sur les Coût, de Berry, 
p. 72. (Du Gange, au mot Centena 3. — Voy. le mot 
Sentaine ci- après.) 

Centenaire. Millénaire et centenaire omis 
dans les dates, dans le passage suivant, en parlant 
de la croisade : « Vesnue etoit le mois d*aust en 
« Tan 96, ou 95. » (Triomphe des IX Preux, p. 459.) 

CentenaSy subst. Le poids de cent livres. J. 
Chartier, Hist. de Charles VII, ann. 1453, page 272, 
emploie ce mot, dans ce sens : « Les bombardes 
« tirans huit, dix, douze centenas, douze cent, ou 
« dix huict cent livres. » 

Centenler, subst. masc (5). Officier de justice. 
— Officier de guerre. — Centaine (6). 

On verra, dans les passages qui suivent, ce que 
c'étoil que centenier, comme officier de justice : 
« Les Ducs ayant soubs eux une province, ou plu- 
« sieurs comtez, soit quatre, douze, ou autre nom- 
a bre, les comtes tenoient bien souvent le territoire 
« d'une seule ville, en leur gouvernement, qui 




(1) On ut au ms. fr. anc. 8448. 2. 2. fol. 95, y^ (an. 1320) : « Item sur cinq quartiers et un cent,., deux denier maaiUe et 
abenghe... Une pièce de terre... contenant deux bonniers et demi, et trois cens. i> — Gantée ou centée désigne aussi une 
mesure au reg. JJ. 143, p. 253, an. 1392 : « Jehan Nicbolau se assit à une fenestre, qui n'avoit pas plus d'un cantée de bault 
jusques à terre. > (N. e,) 

(2) On disait au xvi*' siècle, jou^ aux cens, pour jouer au piquet : ce U lui dit qu'il n'en savoit point de meilleur que de 

Îouer aux cents. » (Marguerite, 59« Nouv.) — « L'après-dinée fut passée à jouer sMcent. » (D'Aubigné, Conf., II, 6.) Comparez 
'expression actueUe : un cent de piquet, un cent de dominos, (n. e.) 

(3) Le Mercure de France (l»' juin 1738) cite cet autre vers du même auteur : « Au flux, au cent, au gUc, au triquetrac. (n. e.) 

(4) On Ut au reg. de la Cbambre des ^ *— j^t^h^ _:_x i , n^. #^i «o -. — m^.^^ _ ,, . 

fa Spies] U cuens trois lies l'an, à trois 
a quels plais to li homme et dou comte 
Tacite {Germania, XII) : c Eliguntur in i 
ex plèbe comités, consilium simul et anctoritas adsunt. »\n. e.) 

(5) On a donné à la centaine et au centenier des temps mérovmgiens , une origine romaine : le centenier commandait 
cent hommes dans la cohorte de l'armée impériale. Lorsque les empereurs essayèrent de transformer leurs soldats en 
colons mUitaires, ceux-ci se fixèrent dans la subdivision territoriale qu'ils devaient défendre ; et les barbares laissèrent 
subsister une organisation devenue en quelque sorte civile. Lieutenant du comte (grafiOy graf) , le centenier présidait à 
Tadministration militaire de la centaine i assisté de douze notables, il y jugeait les causes mineures, avec les attributions 
réunies d'un juge de paix et d'un commissaire de police. Mais la Loi Salique (t. XLVI, § 1) écrit : « Tunginus aut centenarius 
maUum indicent. » Centenarius est là pour traduire, non pour identifier. La centaine existait déjà chez les Germains 
contemporains de Tacite : « Centeni ex singulis pagis sunt, idque ipsum inter suos vocantur, et, quod primo numerus fuit, 
jam nomen et honor est. » (Germ., VI.) Centaine est synonyme de pagus; centenier a un sens honorifique, comme decewvir 
ou centumvir à Rome, et peut-êlre ne faut-il pas lire centum pagos en deux mots, dans César (de Bello Gallico, IV, 1), mais : 
f Hi (Suevi) centumpaaos nabere dicuntur. » (n. e.) 

(6) On lit déjà dans Froissart (éd. Kervyn, IX, 178) : c [Jean Yoens] ordonna secrètement à tous les cappitaines des blans 
capprons, à centenier s, chienquanteniers et diseniers. b (n. e.) 



CE -a 

> estûit appellëe comlée. et aux comtes d'icellea, et 

■ avoient des lieutenants particuliers qu'ils appel- 

• loienl vicaires, ou viguiers, et des centeniers 

■ pour conseilleurs et assesseurs, et encore 

« des dixeniers, collecteurs et quarleniers, pour 

• assembler le peuple, quand l'occasion se presen- 

< toit. • (Mém. des comtes de Champagne, à la 
suite de la Coût, de Troyes, p. 538 ) • Chacun pro- 

• priétaire peut aussy gager ceux qui font domma- 

■ ges, et sont trouvez en mesus sur son Tond, à 

> condition de raporter les gages incontinent à la 

• justice, ou au cenlenier, ou au lien pour ce 

• accoustumé. • (Coût- de Luxembourg, au Nouv, 
Coût. Gén. T. II, page 351.) Les centeniers sou? la 

Sremière race, commandoicnt les lroa(>es et ren- 
oient la justice, sous les comtes, suivant le P. 
Daniel, T, I, p. 17. 

Le nom de centenier Tut donné aux offlciers 
subalternes qui commandoient cent hommes, lors- 
que François I" institua ta légion. 11 la divisa en 60 
compagnies, dont chacune etoit commandée par 
un cenlenier. [le P. Daniel, Milice Fr, T. I, p. 259 ; 
Hëm. de Monlluc, T. I, p. 66.) Le nom de centenier 
fût donné aussi aux olilciers de la milice bourgeoise 
de Paris (1). Pasquier, dans une de ses lettres, écrit: 

• Le Roy a constitué des centeniers dans la ville 

• de Paris, ce sont capitaines généraux de chaque 

■ quartier, tirez du corps des bourgeois. > (Lettres 
de Pasquier, T. I, page 271 ,) Les centeniers avoient 
sous eux, des vice-centeniers , ou sous-centeniers, 
lieutenans de centenier. (Dicl. de Monet.) 

On trouve aussi centenier, employé pourcentaine, 
■dans le Rec. des Ordonn. des R. de Fr. T. lll,p. 54, 
où il est dit : < Qui tendra oultre cent livres de 

< rentes, il payera pour l'autre plus au feur de 
" quarante solz pour cent livres de rente, c'est 
« assavoir pour le centenier quarante solz, pour 

< quatre vingt livres, trente deux solz, etc. > 

Centidolne, subst. fém. Oudin l'explique par 
cm-riyiole, plante. 

Centter, &uhst. masc. Sentier. < Et doit aller 



I- CE 

> les centiers couvers. parmy la forest, ob il cuide 

■ mieulx trouver les bestea. ■• (Hodus et flacio.) 
Centler, verbe. Ce mot semble une fauta poor 

confier, conter, dire des contes ou fables : 
Chanter nous vueil, sana centier, 
D'une moult debonere, 
Que j'ame de cuer entier : 

HoDbrt it Pnii. Pdô. fr. HSS. n. ISW, T. D. p. IH. 

Nos anciens auteurs se faisoient un jeu d'équÎTO- 
quer entre les mots conter et cbaater, comme oi 
peut le voir dans le Rom. d'Aucassia et de Nicolette, 
page 42 . 

Cantine, subst. fém. L'endroit de la roneob 
passe l'essieu (2). (Dict. d'Oudin et de Colffrave.)(3) 

Centinelle (4), subst. fém. Sentinelle. On a dit 
autrefois faire une centinelle. (Dialog. de Tabnr. 
page 144.) 

Centisme. Mot de compte. Centième. (S. Sera. 
S. Fr. Hss. p. 9, où il répond au mot Centesimus.) 

Centolre, subst. fém. Centaurée. Plante mMi- 
cinale. (Dict. de Borel et d'Oudin.) (5) 

Centurion, subst. masc. OHlcier. Proprement 
celui qui a le commandement de cent hommes. 
Centurion à'arbaleslriers Genevois (6). (Froissart, 
livre IV, p. 83.) On donnoit aussi ce titre aux ofli* 
ciers nobles de la milice des villes, en Bretagpe. 
Au litre de In :4oblesse des Hefs, on lit : > Dans lé 

• second ordre de la Noblesse, on voit des offlces, 

• tels que sont ceux de scabins, ou ecberina.de 

■ maires, et de centurions : les deux deroien 

• paroissent appartenir à la guerre (7). * 
Centyme, subst. masc. Centième. La centième 

partie d'une chose. 

Ne nulï ne diroit la centyme, 
En prose, par bouche, n'eu ryme. 

Poâ. HSS. d'EBl. DaMh. fol. 40S. cd. I. 

Ceoingnole, subst. fém. (8). 
Ceou, subst. masc. Ciel. Hot languedocien. 
(Dict. de Borel, au mot Ceou.) 



sqni 



D officier de police au xvii< siècle ; il disparut sous Louis XIV, quand La ReTiiie réo^aniu 
t, doit-il être rapproché de l'italien cenlina, cintre, et du frojicais centaine , Mo 



la police <N. B,, 

<^) Centine en ce sens, occhio detla r. 
qui relie tous lea flls d'un ëcheveau T (n. l.; 

(3) Cenlitie est aussi une sorte de bateau en usage sur ta Loire : f Hz pescherent environ cinquante enguiUes , qulli 
mirent dedans une centine, qui eatoit estach^e audit clialan, et icelle emmenèrent jusques aux fuennes prés de la porte de 
la foulcrie dudit Bloys, • (JJ. 16t, p. 57, an. 1409). Le mol est orthoEpivphié $entaine au reg. JJ. 105, p. 100, an. 13J3: 
« Comme lesdiz povres pescheurs eussent mené en une leur ae.ilaine ou naceUe, amont ladite riviera de Loire en la viÛl 
d'Orliens, certaine quantité de poissons. ■ Commines (IX, 9) l'emploie aussi : t En la rivière y avoit seullement une tentbte 
OÙ il y avoii deux hommes pour passer ceulx qui vouldroienl aller d'ung costé k l'autre. ■ On lit encore dans an Arrit ds 
Ctmieil (33 juin IBlvl) : i Deux sols tournois pour chacun chaland, bateau, sentine, chargés da marchandises. > (M. K.) 

(4) C'est l'orthographe espagnole ceiiiinela. (a. e.) 

(5) f Centaurée, dit 0. de Serres (6(K)), cesle herbe a prins Bon nom de Chyron centaure... Elle est auaai appeU6e tM. da 
terre, pour sa grande amertume. « Chiron était rangé parmi les habiles médecins, (n. b.1 

(6) Il ne Taut pas oublier que Denis Sauvage, t'édileur du Froissart, cité par Sainte -Palaye, t se réserve le aoin de paibln 
le sens, quand il est imparfait » ; il ajoute qu'il a laissé aux compositeurs typographes le soin d'orthographier à leur moda 
et de supprimer les lettres superO'ues. Il doit y avoir au paasage cité coneslabie; c est te titre officiel donné par les niontna 
et revues contemporaines, (n. e^ 

(T) Centurion n est guère employé que par les traducteurs des Livres Saints et des auteurs latins : < E après. Judas estabS 
conestables sor le ponle e tribuns et ceniunotis. > (Machab., I, 3, xii' siècle.) J, de Meung, dans sa traduction de T^éoé 
(I, 25), écrit aussi : c Le centurion, c'est-à'dire le centenier qui est si^igneuT de cent hommes.'i (n. K.) 

(8) Nous intercalons ceoingnole, tiaqueoaid (Henart, II, p. 331, v. 18312) : c II garde et voit soi dm Iwie Un« caoù'OMit 
tendue. i (n. e.) 



CE 



-80» — 



CE 



Cep, subst, mase. Prison. Fers de prisonniers. 
— Etalon. Mesure. — Souche, tronc. 

Ce mot, sous les orthographes cepj chep, sep^ 
signine prison et fers de pnsonniers. Les Latins 
disoient cippus. (Gloss. du P. Labbe.) On a même 
pris ces mots pour carcan et pour instrumens de 
question. Ou va en voir les preuves, dans les cita- 
lions suivantes : « Pour aller querre un bergier 
« nommé Philipot, qui avoit demeuré en Thotel 
« du dit chevalier (de Giles Malet) a saisy et rompu 
« ses prisons, et emporté uns ceps appelle robi- 
« nés. » (Trésor des Chartes, reg. 146, pièce 413.) 
« Le haut iusticier doit avoir, en sa ditte justice, 
« Brisons Donnes, seures, et raisonnables, basties 
« a rez de chaussée, sans user de fer, ceps^ gril- 

• Ions, grue ou autres instrumens semblables. » 

S tout. Gén. T. I, p. 101.) Ce mot est écrit chep dans 
Coût, de Valenciennes (T. II, page 969\ où il 
I^arott pris pour carcan. On lit tenir aux ceps^ dans 
a Sagesse de Charron, p. 183. « Tantôt aux ceps^ 
« tantôt en liberté. » (la.) 

(Du Cange, aux mots Cippus^ Cheppus, — Lau- 
rière. Glossaire du Dr. fr. » Dictionnaire de Rob. 
Estienne, etc., etc ) Ce mot a été pris aussi pour un 
instrument servant à la question ou torture : « Les 

• ceps sont une espèce de question qu'aucuns ont 
« estimé estre ceque les Latins dientma/aman^fod) 
« ou cippus (2). » (Dans les notes de Téditeur, Ibid. 
page 505.) 

Nous trouvons ce mot, avec l'orthographe de 
cepj sep, scets, employé pour étalon, mesure publi- 
que qui sert de règle pour les autres : « Seront 
tenus ceux qui ont droit, et usent de droit decep, 
à poix et mesures, de présenter leur dit cep à la 
justice du seigneur qui a celuy droit, à ce qu'ils 
ne puissent estre creuz ou diminuez. » (Coût, de 
Tours, au Coût. Gén T. II, p. 41.) « Les seigneurs 
chastellains d'icelle baronnie, comme S' Julitte, 
la Roche dePouzay, sont tenus, une fois à la vie 
du seigneur baron, ou du seigneur chastellain, 
quand il mue armes pour mettre en son cep, de 
venir adjuster, aux ceps du seigneur baron, luers 
mesures à bled, vin, huilles, aulnes, toises, 

Eoids, balances, avant que de adjuster, et distri- 
uer mesure à ses subjets. » (Coût, de Tours, au 



Goût. Gén. T. II, page 55.) Dans la Coût, de Poitou, 
ibid. page 576, on lit : « Seront tenuz les seigneurs 
« avoir, et tenir en leurs maisons, leur cep et me- 
« sure, sans le pouvoir changer, n'immuer, et aussi 
« faire peser la quantité de grain entrant au àîicep 
« et boisseau, et du dit poix, et mesure en faire 
• registre en leur greffe. » 

Sous Torlhographe de cep, sep, scets, il signifie 
aussi souche , soit souche d'arbre , soit souche 
généalogique. Ronsard écrit : cep de vigne, et cette 
expression subsiste pour désigner, ou la souche de 
la vigne ou même ses rameaux. De là on a dit, et 
l'on dit encore sep^ pour haie, dans quelques pro- 
vinces, par la ressemblance des ceps de vigne aux 
branchages qui forment les haies. « Héritages 
« clos, et fermés de fossés, ou seps. • (Coût. Gén. 
T. II, page 687.) On a dit de même, en parlant de 
généalogie : « Trestous ceux oui descendent del 
« commun cep de grée en denrée, par droit Une, 
« jesques a sans fin soient droitz hoirs et vrayes. • 
(Britton, des Loix d'Ahglet. fol. 269.) (3) 

VARIANTES : 
CEP. Cout. Gén. T. I. p. 101. 
Chep. Ibid. T. II, p. 969. 
Sep. Nouv. Cout. Gén. T. III, p. 275. 
SCETS, plur. Cout. Gén. T. I, p. 864. — Gotgrave. 
Ces, plur. Fabl. MSS. du R. n« 7615, T. I, ^ 106, R« col. 1 . (4) 

Cépage, subst. masc. Branchage. Il s'est dit 

Sarticulièrement des vignes, comme on peut le voir 
ans ces vers de Baïf, fol. 62 : 

Voyez quand le soleil sur nos testes remonte 
Et que tout le pais de verdure est couvert, 
Si la vigne n'a rien où son pampre elle monte 
Pour dessus appuier son beau cépage vert, 
Ni du jardin m d'elle on ne fait point de conte, 
Et son ombre et son fruit toute sa grâce perd. 

Cepdre, subst. masc. Sceptre. — Cèdre. 

Au premier sens, c'est le mot latin sceptrum. On 
disoil cepdre royal. (Chroniq. de S' Denis, T. I, 
fol. 69.) « Ils le couronnèrent de ceptres et decou- 
« ronnes. » (Ibid. fol. 203.) 

Et aumaire (5) de Sapience, 
Et ysopes d'umilité. 
Et II ceptres ^6) de Providence, 
Et li lis de virginité. 

Fabl. MSS. du R. n* 7918, fol. 180, R* ool. i. 

On écrivoit aussi ceptre, pour cèdre, espèce de 



(i) Malamansio désigne plutôt le pilori (co/i/ni;ia) auquel fût attaché le poète Nœvius nour avoir médit des Métellus. (n. e.) 
m Le sens premier est dans César (B. G. VII^ 73) : c Truncis arborum aut admodum nrmis ramis abscissis, atque horum 

delibratls atque prœacutis cacuminibus... hos cippo«4tppeUabant. » Plus tard, le mot désigna une borne d'héritage , um 

monument funéraire, (n. e.) 

(3) Cep fut primitivement un genre de torture : « Jehan seigneur de Montcavrel tu mis en un cep voulant , auquel le dit 
chevalier fu pendu par longtemps en Tair. » (JJ. 141, p. 2, an. 1990.) Au reg. 129, p. 183, an. 1386, cep désigne les supports 
du soc dans la charrue : « Lequel exposant apperceu deux charues demeurées aux champs,... desqueUes cbarues il arracha, 
print et emporta les cep«, la jauge, deux chevilles de fer et la tune. » JoinviUe dit, au sens de pied de vigne (§ 038): 
c Oliviers, nguiers, sepes de vingnes et autres arbres y avoit. » Cest Tcrthographe admise par M. de WaiUy, qui doit yoir 
là le latin aepes. (N. E.) 

(4) Cep se trouve au Livre des Métiers (27) : c Se li crieurs mesprent es choses de leur mestier, le prevost des marchanz 
le fet mettre el cep tant qu'il oit le meffet bien espeni. » (N. e.) 

(5) Aumaire a le sens d'armoire : c Ne laissa crois, ne chasse, ne calice en aumaire. » (Roman de Rou, ms.) Au Roman 
d'Alexandre, il désisne une bibliothèque : c Ole estoire trouvons escrite. Que vous vueil raconter et ratraire , En un des 
livres de Tamatre, Monseigneur S. Père à Biauvès, De la fust cist livres retrais. » Enfin , on Ut au Gloss. français-latin 
(B. N., 1. 7684) : c Armamentum, aumaire, locus ubi arma reponuntur. » (n. e.) 

(6) L'orthographe ceptre est au xiii* siècle dans Edouard le Confesseur (v. 4396) : « Atant 11 rois portant curune et ceptre. » 
Yi^ay, dans ses Esches Moralises (B. N. fr. 2148, foL 8, v», xrv* siècle), écrit encore : c II tient en sa main destre le ceptre 
roial qui signifie droiture et seigneurie. » (n. b.) 

m. 39 



ce 



— 3(W — 



CE 



bois. < La croix N. S. fui de quatre bois, de pal- 
« mes, de ceptre^ de cyprès et d'olive. » (Doctrinal 
de Sapience, fol. 7.) 

TÀRiÀNTEs : 

GEPDRE. Chroniq. de S. Denis, T. I, fol. 09, Y*. 
Geptre. Ibid. fol. 203, R«. 

Cepée, subst. fém. Sorte de joubarbe. Cette 
plante est ainsi nommée parce qu'elle pousse quim- 
tité de ceps ou petites branches (1). (Dict. d'Oudin.) 

Cependant que» conjonct. Tandis que, pen- 
dant que.(Rabel. T. I, p. 197, et Joinville (2), p. 61.) 

Cependant que Félix donne ordre au sacriûce. 

Pierre Corneille, tragéd. de Polyeucte. II. 1. 

Malherbe avoit aussi usé de cette expression, 
dans le même sens, et Ménage observe qu'elle étoit 
devenue hors d'usage (3). (Voyez ses remarques sur 
Malherbe, p. 370.) L'expression cependant que^ dont 
nous avons formé noire cependant, s'écrivoit autre- 
fois ce pendant gue. (Clém. Marot, page 52.) (4) Cette 
expression avoit elle-même été formée de ces 
anciennes façons de parler en ce pendante pour 
pendant le temps (Œuv. de Des Portes, p. 469) (5). 
« Le temps perce pem/aw^ que. (Rab. T. V, p. 65.) Ce 
terme pendant que. » (Froissart, livre I, p. 261.) (6) 

Cepep, verbe. Saper. (Dict. de Nicot, d'Oudin 
et de Cotgrave.) 

Céphalée, subst. fém. Mal de tête. Tel est le sens 
que Monet donne à ce mot, dans son Dictionnaire 
où il l'explique : « Rude et enracinée douleur de 
« tête. » C'est un mot purement grec auquel on a 
donné une terminaison françoise. 

Ccphalité, subst. fém. Ce mot, conformément 
à son élymologie, peut s'expliquer, dans le passage 
suivant, pour lieu principal, chef-lieu, comme on 
le dit encore aujourd'hui. « Les autres disent que 



« le siège apostolique, scavoir la cephalité (7), fut 
« premièrement ec Jérusalem et puis en Anlioche, 
« et puis à Rome. » (Godefroy, Annot. sur Charles 
VI, page 626.) 

Cepiely subst. masc. Prison. — Ceps de vigne. 
Ce mot est le même que Cep ci-dessus. 
On lit au premier sens : 

Les .n. enrans, sans nnl aior, 

Mist en prisson, en une tor. 

En uns cepiel (8), cascun d'un pié. 

Ph. Mooik. p. 536. Voy. Ibid. p. 540. 

Du Cange, au mot Cippus, cite les mêmes vers. 
Dans la seconde signification, ce mot est employé 
dans les vers suivans : 

Les ccpiaulx es vignes accroist. 

Etut. DeM:h. Poét. MSS. fol. 533, ool. i. 

VARIANTES l 
CEPIEL. Ph. Mouskes, p. 536. 
Cepiaulx, plur, Poês. MSS. d'Eust. Oesch. foL 533, coL 4. 

Cepier, subst, masc. Geôlier. < Les gardes des 
« prisons sont communément appelles geôliers ou 
« touriers , ou chepiers. * (Bouteiller , Somme 
Rurale, p. 710.) On trouve dans les Arch. du Coût 
d'Artois, I, Reg. f 76 : « Placcard touchant lecfceuj^îer, 
« ou geôlier, et ses sallaires du 14 octobre 15dS, 
« donné à Bruxelles. » (9) 

VARIANTES I 

CEPESR. Oudin, Dictionnaire. 

GiiEUPiER. Archiv. du Coût. d'Artois, I, reg. fol. 76, V«. 

Chipier. 

Chepier. Bouteiller, Somme Rurale, p. 710. 

Cepollaine. Ce mot se trouve dans le passage 
suivant : « Ce bon docteur étoit nommé Pseudo- 
« manthanon, très savant maistre es ars de sa pro- 
« fession, qui estoient magie, cabale, thalmud, 
« hypocrisie, féerie, cautelle, cepollaine (\0), pillati- 
« que^banquerie^ usure, etc. » (Àlect., Rom. fol. 35.) 



(1) C'est ueut-être le champignon nommé ceps ou cèpe. (N. B.) 

(2) Dans Joinville (§ 580), ce pendant n'est pas une locution conjonctive : « Nous en irons, fist-U, tout ce pendant aussi 
comme se nous deviens aler vers Damas, s M. de WaUly traduit : < Nous nous en irons , fit-U , tout le long de cette 
peyUe... » (n. e.) 

(3) On lit dans Malherbe (I, 4, éd. de 166G) : < Sa lumière [du soleil] pâUt, sa couronne se cache, Aussi n'en veut-U pas, 
cependant qu'on attache^ A celui [Jésus] qui l'a Tait, des épmes au front. » La Fontaine a dit aussi : c Cependant que mon 
front au Caucase pareil Brave Teiiort de la tempête. » (n. e.) 

(4) On lit déjà dans Froissart (III, 442) : « En che pendant que li roys venoit vers Ewruich. » Commines abrège (III, 10) : 
c Ce pendant que ledit duc mist à venir. » (n. e.) 

(5) Froissart avait écrit (VII, 423) : « En ce temps pendant^ fu le roy de France advertis. > Louis XI (XIV* NouveUe) 1« 




(6) Comparez éd. Kervyii (II, 37) : « Si flst puis tout le terme pendant par ses messages. » Froissart dit aussi en manièrt 
d'ablatif absolu (III, 308) : c On doit savoir que, ce siège pendant » (N. E.) 

(7) liossuet. dans ce sens, a employé primauté : « Le Fils de Dieu ayant voulu que son EgUse fût une et soUdement bâlîe« 
sur l'unité, a établi et institué la primauté de Saint Pierre, ppur l'entretenir et la cimenter. » (Expos, de la doct. cathol., H.) 
Déjà Calvin avait écrit (Inst., 859) : c Je ne leur permettray point d'inférer de là qu'il [i'évéque de Rome] ait primauté par 
dessus les autres. » (n. e.) 

(8) Renart (v. 8602) donne une variante : c El bois n'avoit sente ne triege Où U n'eiist cepel ou piège. > Cepel a le mâme 
sens que cippusy au livre Vil (ch. LXXIII) de la Guerre des Gaules, (n. e.) 

(9) Cepier se trouve aux reg. du Trésor des Chartes, dans la deuxième moitié du xiv» siècle : c Guillaume de Rumegny 
cepxer et garde du belTroy et des prisons en la ville d'Amiens. » (JJ. 91, p. 479, an. 1363.) De même au reg. 108. p. m. 
an. 1376 : « Jehan de Sains, dit Bontemps, cepier on seolier et n'a guerres garde des prisons de nostre cbastel de Monstreol 




de son droit héritage,... duquel cépage ledit suppliant est houjme du roy. » (JJ. 71, p. 59, an. 1331.) (N. E.) 
(10) Lisez plutôt apollaine, artifices d'Apollon ou Apolliny qui dans la Chanson de Roismd est le dieu des Musulmans. (N. I.) 



CE 



— 807 - 



GE 



Cep te, subst. fém. Souche, tige. « Jean, fils de 
« Louis Hutain, roy de France, n'ayant vécu que 
« 7 jours, lors failly cette cepte des roys, et vint la 
« couronne, par collatéraux, à Monseigneur Phi- 
« lippe de Valois. » (La Salade, fol. 37.) 

Ceptre (1), subst. masc. Sceptre. (S. Bern. Serm^ 
Fr. Mss. p. 42, dans le latin Sceptrum.) 

Gequin, subst. masc. Sequin. (Dict. d'Oudin.) 

Gérant, subst. masc. Petite monnoie (2). C'étoit 
une monnoie de peu de valeur. De là on s'est servi 
de ce mot, pour signifier toute chose de peu de prix. 
(Dict. de Borel, qui cite le Rom. de la Rose.) 

Geraphin, subst. masc. Séraphin. 

Et cerubin, et ceraphin^ 

Qui ont les cuers leaus, et fia. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218. fol. 58, V ool. 1. 

Geraseron, subst. Grillon , cigale. Les vers 
SQivans autorisent cette explication : 

Us ont à court deux gens équipolé, 
L*un à founni, et l'autre à ceraseron : 

Le cercLseron, par le temps de Testé, 

Ne fera ja nulle provision ; 

n vit aux champs, et quant s'est aosté, 

Il se retrait en aucune maison, 

Et au four communément 

Et es foyers chante doubteusement, 

 grant dangier quiert illec sa substance. 

Po«s. MSS. d'Ettst. Deschainps, fol. 37, col. i. 

Geraste, subst. Espèce de serpent. Ce mot vient 
d'un mot grec qui veut dire corne ; c'est pourquoi 
Oudin et Cotgrave l'expliquent par serpent cornu. 
Selon Rabelais, il peut s'appliquer à toute sorte de 
serpens et autres bêtes venimeuses (3). (Rabelais, 
T. IV, page 74.) 

Geraunie, subst. fém. Sorte de pierre pré- 
cieuse. Ce mol, grec d'origine, est rendu par ceraur 
nia dans Pline [Falconet (4)] d'où vient ceraunie. On 
croyoit que cette pierre préservoit de la foudre. 
(Voy. Marbodus, de Gemmis, p. 1662.) 

VARIANTES : 

CERAUNIE, Ceraunus. Marbodus, col. 1662. 

Gerbacane, subst. fém. Sarbacane. « Personne 
« ne peut jouer dans Teglise ou dans le cimetière 



« quelque jeu que ce soit, ny rien jetter, ny tirer 
« avec des cerbacanes, ou autre instrument, a peine 
« de l'amende de m livres parisis. » (Coût. deBail- 
leul, au Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 987.) 

VARIANTES : 
CERBACANE. Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 987, col. î. 
Sarbatane. Oud. Balzac. Anstippe, T. II, p. 124. 
Sarbatanne. Essais de Bfontaigne, T. I, p. 147 (5). 
Sarbataine. Rabelais, T. II, p. 113. 
Serbataine. Dict. de Cotgrave. 
Sbrbatane. Dict. d'Oudin. 

Gerbep, verb. act. Couper. Gomme qui diroit 
couper avec la serpe. 

Onques ne vy mauvais hussel de fil 
Pis desvuider ; maudite en soit la layne^ 
Ne tant laissier de fauce herbe ou coutil 
Sanz le cerber, etc. 

Poes. MSS. d*East. Desch. fol. 306, ool. 8. 

Gepcel, subst. mxisc. Cercle (6). C'est le sens propre 
et générique de ce mot, dont nous rapportons les 
différentes orthographes. On prononce encore cer- 
ciau dans quelques provinces. On appliquoit quel- 
quefois sa signification générique à la signification 
particulière du cercle que Ton appeloit cercle de 
taverne. C'étoit autrefois renseigne des cabaretiers. 
Du Gange, dans son Gloss. lat. au mot Serchellum^ 
rapporte une citation où charssel est employé dans 

ce sens: « Avoit et a mis ou fais mettre ledit an 

« devant et au dehors du lieu et maison, là où il a 
« fait vendre les dits vins fœulle, et verdure, ou 
« charssel: parquoy estoit deub aux dits deman- 
« deurs, pour leur dit droit de cherssel^ deux 
sols (7). » (Voy. ci-après cercle de taverne, sous 
Tari. Cercle.) 

On a dit, au figuré : recommencer le cercel^ pour 
avoir son tour. Un de nos anciens poètes, parlant 
d'une femme qui étant jeune avoit épousé un vieux 
mari, et devenue vieille en avoit épousé un jeune, 
dit : 

Lors recommence le cercelf 
Erraument prent un jouvencel. 

Pocs. MSS. anmt 1300, T. IV, p. 13iS. 

VARIANTES : 

CERCEL. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1312. 

Sercel. 

Serssel. Du Gange, au mot Serchellum. 



i\) Voir plus haut cepdre. (n. e.) 

(2) Ne faut-il pas lire céraste ou ceraiesl Isidore de Séville (lib. 16, Origin., Gap. 24) écrit : « Cerates. Oboli pars média, 
MUquam habens unam semis ; hune latinitas semibolum vocat. Cerates autem grecè, latine cornuum interpretatur. j» (n. b.) 

(3) G'est une vipère venimeuse de l'Egypte et de l'Afrique Septentrionale. On lit dans Pantagruel (IV, 74) : « Pour tout ce 
jour d'huy seront en seureté de ma salive, aspicz, cérastes, crocodiles. La racine est le grec xeçàtnrjÇ de xéçaç, corne, (n. b.) 

(4) Ge mot de Falconet correspond à une addition de D. Garpentier à Du Gange, sous Cerauneus : < D. Falconet nos monet 
longe aliter censere recentiores de eo lapide, qui iis ceraunias dicitur. Vide Lapid. hist. Anselm. Boot edit. ab. Adr. TolLis. » 
Les anciens voyaient là des pierres vitrifiées par la foudre ou des fragments d aérolithe ; comme ils disent ces gemmes 
semblables à des haches, ce peut être les armes de Tâge de pierre. (Voyez Pline TAnc, XXX. VII, 9.) (n. e.) 

(5) La forme correcte est sarbatane (Montaigne, I, IIi) : « Il est des peuples, où, sauf sa femme et ses enfants, aulcun ns 

S rie au roi que par sarbatane. » Le mot a le sens a'interprète, d'intermédiaire, comme dans Balzac (De la Gour, 7* dise.), 
ns S» Simon (ch. GGXXXVIII, p. 162.) (n. e.) 

(6) On lit dans la Ghanson des Saxons, de Jean Bodel (xn* siècle, p. p. Fr. Michel, 1839, str. IX) : « Il 1 ont mis du feu 
tout rasé un tonnel ; Les douves sont emprises, si rompent U cercel. » La racine est le diminutif circellus , qui a donné 
cercely puis par vocalisation de l, cerceau. ~ Au reg. JJ. 176, p. 624, an. 1448, chercel doit désigner une houe : c Le suppUuit 
qui tenoit ung chercel à ouvrer es vignes. » (N. e.) 

(7) Ge passage est extrait d'un acte de 1451 au Ghartrier de Gorbie ; il est plus complet dans Du Gange. Gomparez le 
Cartul. 23 de la môme abbaye (an. 1448) : c En possession et saisine de coeulur, et estre paies par les personnes vendans 
du vin pour renseigne, que on dit chersel, mis au dehors des moissons ou lieux là pu ils avoient vendu ledit vin, deux sols 
tournois. » (N. E.) 






CE -! 

Serchiil. Id. ibid. et au mot CircutagUtm. 

Sbrcbai.. 

Chehssbl, Charbsel. Du Cange, Glosa, lat. & Serchellvm. 

Ckrciau. FabL MSS. du R. »• fliS, toi. 8«, V» col. 2. 

Cepceler, verbe act. Garnir de cercles. — Plier 
en cercle (1). 

On dit encore cercler, au premier sens, dans 
quelques provinces. 

Ce mot est employé sous la seconde acception, en 
ces vers : 

enl'erboie 

U'asis, chapei 

■'■ ter, 

li blancboie. 

'nie», n- IMO, bl. 110, B*. 

ViBIAFITES : 

CERCELER. Oudin, Cotgrave, Dict. 

Crrcleh. GloBS. de Uarot, et Cl. Harot, p. 496. 

Cercelle, subst. fém. Crécerelle, oiseau de 
proie. — Cigale. 

Ce nom, quoique le même que celui dont nous 
nous servons encore pour désigner un oiseau 
aquatique ressemblant au canard, et plus petit, ne 
desi^uoit point, autrefois, ce même oiseau. On l'ap- 
peloil alors ciercelle et sarcelle. [Glossaire de Du 
Cange, au mot Cricella.) 

Chez nos anciens auteurs, cercclez et cercelle 
étoient proprement la même chose que cresselle ou 
escrecerelle, oiseau de proie, espèce de faucon 
bâtard que nous nommons encore crécerelle. Eust. 
Descliamps associe toujours ces oiseaux avec les 
oiseaux de proie : 

S'amours volDÏent aussy bien 
Comme Taucons et cercellei. 

Eut. Deuh. PciËt. H3S. fol. UO, col. t. 

Ostoirs, faucone et espreviers, 
GerTaux, saieres, butors, lanniers, 
Aiglea, voul loirs, hob«s, rreiiellea, 
EsmenlloQB, huas, cerce'fes <3). 

Ibid. (ol. 488, col, 1. 

Dans la chasse du Renard Pasquin, on lit : • Ne 

■ paroissent non plus que des escrecerelles ou 

■ esmerillons entre des aigles. > 
Cercelle est mis dans Perceforest, pour un papil- 
lon, peut-être pour une espèce de cigale dont le cri 
aigu a pu faire nommer cresselle, l'instrument 
bruyant connu encore sous ce nom. Le Roman de 
Perceforest dit donc, Vol. V, fol. 32 : • Tandis qu'elle 
« disoit ces mois, elle percent que une cercelle 

■ voleloit à l'entour du visage de Nero, elle qui la 

■ veut destourner, print le gand de sa main 

(1) Le participe passé est pris au sens de frisé ou crêpé : ( La forme de saint Marc fu tel« : lonc nés, sourcil ToutÎB , 
biaua par iex, les cht^veux cercelêi, longe barbe, de très bêle composition de cors, de moien eaige. > (B. N. , mas. fonda 
S' Victor, n= 28, fol. 100 v°, col. 2.) (N- k.) 

(2) Cerceiie et crcBïef/c dÈsignent-Lls tous deux la cr&ereiiet Richelet écrit cresse/Ie; Furetière donne le nom do crécelle 
k l'instrument liturgique du jeudi eaint et à l'oiseau. — Méoage le fait venir de xp^f , Saumaise de crepitacella (crepitaculum), 
Scaliger de qiierqxtcdala, iiom de la sarcelle. Au xiu* siècle , on trouve pour celle espèce de canard la forme etrttlU 
^elisle, Agr. Norm. au moyen-âge, p. 58) ; au Xiv siècle, cerceailei (id., id.) ; le liégeois dit cerchetle. (n. E.) 

(3) On lii en ce aens, au reg, M3, p, 152, en. 1378 : t Lesdits bons preudommes Orent leur cerche par ta nlle , comme il 
esvil acouslumè pour ledit guet, i De même au reg. 161, p. 381, an. 1407 : ■ Iceulx messiere pour plustot avoir foit leur 
cerche, se feiissent divisez en deux parties. ■ (n. e.) 

(4) Montaigne ;1I, Uâ] écrit encore : t Qui sera en cherche de science, si la pesche où eQe se loge. > Cherche, subst. verbftl 
de chercher, se dit encore dans l'expression être en cherche d'une peraonae ; c'est auîsi un terme de construction, (n. E.) 

(5) La monture d'un crible se dit encore cerce ; ce mot désigne aussi ia menuiserie entourant la meule d'un moulin , oa 
un ustensile d'encastage pour les poteries, (n. e.) 



«- CE 

■ senestre, car elle avoit esgaré cellay de la dezlrt; 

• si en chassa la cercelle. ■ 

VARiAims : 
CERCELLE. Poës MSS. d'Euat. Desch. fol. 440, col. !. 
QuERCELLE. Oudin. Cotgrave. Dict. 
Cercerblle, Cercbheullk. Oudin. Dictionii. 
QuERCBRELLE. Oudin, Catgrave, Dict 
Cresselle. Eust. Descb. foL 488, col. 1. 
Escrecerelle. Cbasse de Renard, Pasguin. 
Cercelbz, *. m. p. Eust. Deach. fol. 440, col. 2. 

Cerchas, subtt. masc. Espèce d'officier. Cet 
officier, chez les Turcs, avoit l'inspection sur mille 
esclaves. ■ Batus, etdespouillezfeusmesrendDzen 

< servitude à ung cerchas et cappitaine. lequd, 

■ soulz le souldan, soustenoit la cbarge de mille 
« autres esclaves. » (Peregrin. d'Amour, fol. 71.) 
Peut-être ce mot s'est-il formé de Cshche ci-après, 
dans le sens de visite, ronde. (Voyez Cebcbier 
ci-dessous.) 

Cerche , subst. fém. Pèlerinage. — Visite. 
Ronde. — Recherche. Quête. 

Ce mot signifie en générât visite qui se fait en 
parcourant quelque lieu que ce soit. 

Ce mot s'est, de là, mis pour pèlerinage ûu visite 
aux lieux de la Terre Sainte : • Si alla en Hierusa- 

• lem,au pélerinagedu SainctSepuIchrequeil visita 

■ très dévotement, et aussi fut par tous les saincts 

• lieux accouslumez, et lorsqu'il faisoit la dicte 

■ cerche, il ouit nouvellesque le comte d'Eu, lequel 

< venoit au dit saiact pèlerinage, avoit esté arresté 

■ à Damas, de par le souldan de Babilone. • (Hist. 
de Jean Boucicaut, liv. I, p. 56.) 

Ce mol a été aussi employé pour les rondes (3) ou 
visites que l'on fait de nuit pour la sûreté des villes. 
(Gloss. de Du Cange, au mot Cercha.) 

Enfin on a dit cherche pour quête, recherche. 
« Nous étions en cherche d une vertu. > (Essais de 
Mont. T. m, p. 517(4). — Voy. ci-après CeBCHEHEiiT.) 

VARIANTES : 
CERCHE, Hist. de Boucicaut. 
Cherche. Essais de Montaigne, T. III, p. 517. 

Cerche, subst. masc. Cercle, cerceau (5). — 
Partie supérieure du heaume. 
Ce mot est pris pour cercle, dans ce passage : 

■ La charreté de peeles, de minos, de cerchet, 

• d'accuelles (écuel]es), de auges, de godez doit un 

■ denier. • (Ane. Coût. d'Orléans, La Ttiaumassière, 
p. 473.) 

Dans cet autre endroit, ce mot signifie le cercle 



CE 



— 309 — 



CE 



qui se mettoit au-dessus du heaume ou casque, 
pour parer les coups, ou pour ornemenl (1). 

Li cerches nlere pas mauves, 
Ainz valoit d'autre plus d'un fés : 
Li pomeax, et U aigle en son 
Furent de Toevre Salemon (2), 
Bien neelé et soltiment, 
Et fait par grand enchantement. 

BUnchardin. MS. da S. G. fol. 190, V* ool. 3. 

Cerchef t subs^ masc. Salsifis. (Dictionnaire de 
Cotgrave.) 

Gerchement, Stt6s^ miisc. Quête, recherche. 
« Geste queste n*est pas de choses terriennes, ains 
« doit estre le cerchement des grands secretz, et 
. « des grâces de nostre seigneur. » (Lancelot du 
Lac, T. III, fol. 169.) Ce mol signifie proprement 
l'action de chercher. (Voy. ci^après Cherchage.) 

VARIANTES ! 
CERCHEMENT. Lanc. du Lac, T. ill, fol. 169, R» col. 1. 
, CuERCHEMENT. Dict. de Rob. Est. 

Cepchep, verbe. Chercher. — Quêter. — Exa- 
miner, prendre en détail. — Découvrir, connoltre (3). 

Ce mot, sous toutes ses orthographes, a eu tou- 
jours la même signification qu'il a actuellement 
sous Torthographe subsistante. « Nature a disposé 
« toutes choses, et leur a donné le premier mouve- 
« ment, à la fin qu'elles doivent cercher. » (Sagesse 
de Charron, Liv. H, p. 251.) 

Et autres philosophes grans 
Qui de cerchier furent angrans 
Les secrez de toute nature. 

Focs. MSS. d'Eust. Desch. fol. &48, col. 1. 

Le cerquerai par étrange contrée. 

Kievre de Rains, Poés MSS. avant 1300, T. III, p. 1167. 

On a dit chercher^ pour quêter. « Des demoiselles 
« qui cherchoient pour le prédicateur. » (Des Ac- 
cords, Contes de Gaul. fol. 49.) 

On a employé aussi ce mot pour examiner , 

Prendre en détail. « Et l'ai bien cherchée, » dans le 
etitJeande Sainlré, p. 198, signifie selon l'éditeur : 
je rai bien examinée en détail, retournée de toutes 
façons pour avoir son secret. Ce sens est ici employé 
au figuré. Il est piis au sens propre, dans cette 

Shrase où il s'agit d'un apologue tiré de Valère 
[axime : « 11 fit venir deux chevaulx, Tung très- 
« puissant et fort, et l'autre foible, et après prit 
a ung foible viellard, et lui commande qu'il cher* 
« chat la queue du cheval fort et puissant, tout 
« bellement, poil à poil Tung après l'autre, et puis 
« commande à ung jeune homme fort, et vigoureux 



« qu'il arrachast, au foible cheval, la queue tout 
« ensemble. » (La Salade, fol. 5.) C/i^rcft r signifie^ 
en ce lieu, prendre en détail, choisir les poils les 
uns après les autres pour les arracher. 

Qui n'en a si en cherche. On trouve ce proverbe 
dans les œuvres de Roger de Collerye, p. 187. 

Car aujourd'huy riches ambitieux, 
Aux indigène, ce dictum vicieux 
Gettent au bec : gui n'en a ai en cherche. 

Ce mot a le sens de découvrir, dans le passage 
suivant : « Abysmes est vraiement qui cerchie% ne 
« puet estre (dans le latin imperscrutabilis) li sacre- 
« menz de l'Incarnation nostre Signer et abysmes 
« est qui tresperciez ne puet estre (dans le latin 
« imperscrutabilis). » (S. Bern. S. fr. mss. p. 383.) 

VARIANTES : 
CERCHER. Oudin, Nicot. Du Cange, au mot Circare, 
Sbrcher. Coquillart, p. 33, Villon, Rep. tr. p. 7. 
Cerker. Dict. de Cotgrave. 

Cerquer. Kievre de Rains. Poës. fr. MSS. p. 1167, T. III. 
KiERKiER. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 4324. 
QuiERCHiER. Eust Desch. fol. 228, col. 4. 
Gherghibr. Id. fol. 5V6, col. 1. 
Chercher. Orth. subst. 

Cerchier, subst. masc. Titre d'un office. Ce 
mot dérive de cerche, pris pour visite, ronde. Dans 
les couvens, le cerchier éloit un religieux choisi 
pour veiller à ce que les autres ne fissent rien 
contre la règle. Pour cet effet, il faisoit pendant la 
nuit sa ronde dans les dortoirs. Le jour, il obser- 
voit les fautes qui se commettoient contre la Joi du 
silence, et les autres devoirs de la vie religieuse. 

Il y avoit aussi un cerchier dans plusieurs églises 
cathédrales (4). On trouvera quel etoit son emploi 
dans Du Gange, à Circator. (Voy. ci-dessus Cerchas.) 

Cerchuely subst. masc. Peut-être le môme que 
cercelle, auquel il faudroit, en ce cas, le réunir. 

Je di qu'amours de puceUe 
Quant lins cuers i est entieus, 
Sur toutes amors, est gentieus, 
Corn est li faucon au cerchuel, 

Fabl. MSS. du R. n* 7969, fol. 240, V ool. 9. 

Cercle, subst. masc. Partie du heaume. — Partie 
de couronne. — Couronne. — Ceinture. — Assem- 
blée. — Espèce de jeu. 

Ce mot subsiste dans notre langue, sous Tortho- 
graphe de cercle, et on prononce encore chercle, 
dans quelques provinces. Les acceptions que nous 
venons de marquer ne sont plus d'usage ; mais il 
est aisé d'apercevoir qu'elles ne sont que des appli- 



(1) Ce cercle, incrusté d'or ou de pierreries , contournait le bord du heaume : « Luisent elle elme as pierres d'or 
gemmées. » (Roland, r. 1452.) (n. e.) 

(2) Les églises conservaient dans leurs trésors des pièces d'orfèvrerie ciselée , incrustées de pierres taillées : eUes 
provenaient peut-être du pillage des viUes impériales, au v* siècle ; on en avait aussi trouvé en terre qui remontaient aw» 
Romains ou aux royaumes barbares, comme le trésor de Guarrazar. Des lois spéciales attribuaient aux églises les produits 
de ces fouiUes, et des prières spéciales purifiaient les vases païens consacrés ensuite au service des autels. C'est là ce 
qu'on nommait V œuvre Salotnon, par une aUusion aux richesses du temple de Jérusalem. (N. e.) 

(3) L'étymologie est le latin circare, dérivé de circà. Le sens premier est donc faire le tour de (ms. des Croisades , dans 
Du Gange, II, 3;:^, col. 1) : « Li fius du marchis cierca la cité, pour voir se ele estoit bien garnie de vitaille ; et, si com il 
cerchoit, il trouva les bannières de Salehadi. » Ce sens est déjà dans la Chanson de Roland (str. CLX)|: c Cerce les valz, et si 
cerce les monz. > De même dans Froissart (III, 324) : c Jou sire, Jehan Froissart, ai je aie et cherchiet le plus grant partie 
de Bretaigne. v 11 écrit aussi seixhier (anglais search) : < Ens es mains des routes qui les maisons serchoient (X, 36) ; » mais 



ici le sens est fouiller, (n. e.) 
(4) A Metz, par exemple. (Du 



Cange^ éd. Henschel, II, 358, col. 3.) (n. £.) 



CE -8 

cations spéciales de la signification générique et 
subsistante. 

Au premier sens, cercle désignoit cette partie 
supérieure du heaume, ou casque fait en forme de 
cercle, et qui servoit ou d'ornement ou ù parer 
les coups. [Voy. Ccrciie ci-dessus, dans le même 
sens.) 

Ce cercle étoit aussi destiné à soutenir la cou- 
ronne que le roi portoit ; il étoit nommé, pour cette 
raison, soustenail. (V. Lancelot du Lac, T. I, ^ 15.) 

Et a lacié un halme brun ; 

Ainz ne veistes meillor un. 

Li cercles en fu merreillos. 

D'or, et de pierres precioB. 

Blindunliii, HS. de S- Gan. fol. lit. R- ml. 0. 

(Voyez Du Cange.aumot ffe/muallj.etBIanchar- 
din, Ms. de S. G. roi. 192.) 

Ce mot signifloit quelquefois la couronne même. 
le bandeau royal. La couronne desducsde Bretagne 
étoit appelée cercle royal. (Gloss. de l'Hist. de Bret.) 
( La esloit la reyne au devant du roy, et de l'em- 

■ pereur, à un très riche cercle en sa teste, et bien 
« accompagné de grans dames. • (Chpon. fr. ms. de 
Nangis, an 1377.^ Les premiers orilciers de la cou- 
ronne, sous la troisième race, avoient le titre de 
comtes; ils portoient < la couronne à boutons, 

• qu'on appelloitcwcie. » Les ducs portoient • le 

■ chappeau, c'est-â-dire la couronne à fleurons, et 

■ les marquiz, gouverneurs des limites et fron- 

■ tieres, portoient le cercle chappelté. c'est-à-dire 

• relevé de fleurs espanouies et de boutons. » 
(Pavin, des ornciers de la couronne, sous la troi- 
sième race, p. 289.) (3) 

Cercle étoit aussi employé pour ceinture. • Cercle 
« d'or et d'argent pour aaindre sur leurs robbes. • 
(PetilJehan de Sainlré, p. 531. — Voyez Poës. mss. 
d'Eust. Desch. fol. 424.) 

On nomme cercle une assemblée de cinq pro- 
vinces des réformés tenue en 1612. (Hém. du duc 
de Rohan, T. I, p. 29,) Ce mot, pris en ce sens, est 



>- CE 

aujourd'hui affecté aux Etats d'Allemagne^). Comme 
le mol circulus, cercle s'est dit, selon Du Gange, 

§our hominum cœtus, de même nous disons aujonr- 
'hui cercle, pour assemblée en général. 
Enfin cercle etoit le nom d'un jeu dont parle 
Rabelais, T. I, p. 145. Oudisoit ■ jouer au tricorî, 
au cercle (4), à la trige. ■ 
Expressions à remarquer : 
1* On disoit en demi cercle, dans le seas o(t l'on 
dit aujourd'hui en fers de cheval. (Hist. de La Pope- 
linière, T, I, liv. 2, fol. 54.) 

2° Cercle à feu, pour une espèce d'artifice en 
usage à la guerre, surtout dans les sièges. • Les 
< ennemis parurent au dessus , et aux flancs 

■ jettans pois à feu, grenades et cercles sur nos 

■ gens, et tirant incessamment sur eux. ■ (Hém. 
de Bassompierre, T. il, page :i35.} Montluc, pariant 
du siège de Uontcassin en 1555, dit : ■ J'altoi la nuit 
> reconnoïtre le fossé jusques sous le pont ievis, 

■ tout contre ta muraille, pour voir s'il y avoit pas 

■ de flanc qui deffendoit la porte, et trouvay qu'il 
« y avoit un bac qui hastoit au long du fossé; ils 
• me jetterent des cercles à feu, et m'y blessèrent 
« un sergent. • [Mém. de Montluc, T. I, page 539.) 
On lit pots, cercles (5), et lances à feu, dans Rabelais, 
T. m, Prolog, p. 7. 

3' Le cercle de taverne étoit une espèce d'enseigne 
qui se metloit aux cabarets. ■ Nuls ne peuvent, ne 
« doivent metlre.au dehors de leurs maisons,quel- 
« conque enseigne, cercle de taverne (6) ne autres 
« choses semblables, aussi picquier (piocher) n'y 
. haver ffouiller avec le boyau) sur le fiegard, ne 
« muer nournes, sans pour ce prendre, et avoir 
« grâce, ou licence. • [Coût, du Mont-Saint-Eloy, 
au Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 465. — Voy. ci-dessus 
Cercel.) 

Il ne nous reste plus qu'à rapporter un proverbe 
où le mot cerSle est pris, dans son sens propre, 
pour cercle de tonneau : ■ On ne connolt pas le vin 
« aux cercles. » {Dict. de Colgrave.) 



(1) On lit au Roraan d'Athis (Du Caïute, souh Ileltnu)) : t O les eapées se requerent , Es heaumes peins grana «»■ 
fièrent, Trencheat les cercles ormier, Et par dessus trenchent l'acier. ■ Plus bas on lit : < Sur le heaume fiert le ro; : Da 
cop le mist en grand eflroy, L'acier en taulse, briae et ronl, El le cercle d'or tout en conront. » — Cercle a le aena actuel an 
XII* siècle : t Ardent ces sales et fondent cel plauchier ; Tonnel eeprenent , li cercle sont trenchié. * (RauuI da 
CmuIii-iù, 5D.} (N. e.) 

(2) Au xrv' siècle, le heaume fut surélevé par des ornementa, des acheminements fixés si 
un cercle couronnait ce heaume, et c'était une mode, non une distinction. Aussi appelait-oi 

fii était une lance garnie en 13B0. I«3 seigneurs Allemands promettaient alors aux envoyés d'Edouard III i cpie caacuDS 
faus le eervirOLt A un certain nombre de gêna d'armes à hyaumea couronnés. En ce temps parloit-on de hyautnes couronné*, 
*' -,e faisoient le signeur nul compte d'aultres gens d'armes s'il n'estoient à hyat. "' ■'—"■■— • — --■ -«- 



ir une calotte de ci 



r, le (jinbre; 



estas mués maintenant, on parolle de tances ou de giaves ou de jakes, • (Froissart, éd. Kervyn , 11, 384-385.) Le tortil 
n'était pas l'emblème spécial des barons ; c'était un turban de soie ou d'étoile précieuse oui bordait le timbre. Les traités 
d'bèralaigue moderne ont déclaré que la couronne n'appartenait qu'aux comtes ; mais, h l'origine , elle n'était posée qat 
sur les cimiers de grands seigneurs commandants h des provinces entières. A la (in du xv< siècle, les possesseurs de peuta 
(omtés ne l'employaient pas encore; c'est au xvi> siècle que commence l'usage des couronnes héraldiques; c'est as 
XVII* siècle que les simples gentilshommes en abusent, (n. e.) 

(3) • Les Huguenots , dit Voltaire (Louis XIV , 36} , avaient déjà établi < 
Allemands, i (n. e.) 

(4> C'est le jeu du cerceau. (N. E.) 

(S) On lit dans d'Aubigné (Kist., 1, 238) ' t Un gué que les Italiens du prince de Nevers avaient empli de planches cIcniAsa 
de cercles et de chausses-trapes. * Scepeauit (V, 39) écrit auasi : * Boulets , grenades , cercles et tous aultres artifices 
à feu. > {N. E ) 

(S) Voir cercel et la note. Ajoutons cette Oi'donnance de 1415 (JJ. 170, p. 1) : « Item nul ne fera taverne ou vendra rin ft 
détail en la ville de Paris sans mettre cerceau, afin que laditte ville ne puisse estre fraudée de ses droits , tant de celui 
dessusdit, et des criagea et celerages, comme d'auiree. i (n. e.) 



I France des cercle», à limitation dea 



Vol. IV, toi. 59.) 



CE -i 

VARIANTES : 

CERCLE. Ortb. subeist. 

Cherclb. Vies des SS. MSS. de Sorb. cbi(. LX, col. 50- 

Cerclé , partie. On disoil proverbialement : 

■ Revenez : demain vous serez cerclé. > (Dialog. de 
Tataureau, fol. 23.) 

Cercler, verbe. Sarcler. • La mort le rencon- 

> trant avec son dail (raulx) l'eust Taulché, et cerclé 
• de ce monde. • (Rabelais. T. IV, Nouv. prolog. 
page 33.) ■ Il y eut avant midy plus de dix mille 

■ ouvriers qui ne cessèrent tant que le boys fut 

> cerclé (1), et la place unie. > (Perceforest , 
■ , fol -" ' 

tahiantes 

CERCLER. RabelaÎB, T. IV, Nouv. ProloK. p. 33. 
Sarqueleh. Nouv. Coût. GÉn. T. 1, p. fâ8, coL 1. 
SEitcLER. Dict. d'Oudin. 

Gercquer, verbe. Voici le pnssage oii nous 
trouvons ce mot (2): • Il y en a toujours àqui ils font 
- faire quelques cuUebultes, venans à eux les 

■ cercquer, et leur passer entre les jambes, ce qui 

■ fait rire les dames. • (Salnove, Vénerie, p. 312.) 

Cercueil, subst. masc. Cercueil. Ce mot n'a de 
remarquable que la multitude de ses orthographes. 

Tombes, cercueul: (3), sepullures, et lanies. 
Ou gTsent corps évacuez des âmes. 

Ftika, p. 11. 

VARIANTES : 

CERCUEIL. Faifeu, p. 17, 

SERCCEIL. M. de S. Gelais, p. 130. - Q. Morot. p. 302. 

Rarcueil. Borel, l'" add. - Monet, Nicot, OudiD. 

Sarqueil. Du Cange, GloBS, lat, au mot SarcKa. 

Sarquel. Rotn. de Rou, MS. 

Sahqubu. Du Cange, au mot Sarcophagus. 

Sarqeu, Id. ibid, 

Sarcobus, Dict, de Borel, 2" add. 

Sahgus. Preuï. sur le meurtre du D. de Bourg, p. 311. 

Sarkus. Notice des vœux du Paon, MS. 

Sarku. Phil. Uouskes, MS. 

Sahqu. Du Gange, au mot Sarcophagus. 

Sarqu. Phil. Mouskea, MS. 

Sarquiou. Dict. de Borel. 

Sercus. MonstreLet, Vol. 1, fol. 156, R°. 

CHEHCue. Borel, !"• additions (4). 

Sabtu. Gautier d'Eptnais, Poës. HS. 

Cercun. Il semble que ce soit une faute pour 
cescun (chacun), dans ces vers : 

Cercun boit bien, en droit If, 
Au vin qui eurent toudiz sevré. 

Poéi. USS. d'Enil. DtMb. fgl. 33, V. 



i- CE 

Cerde moy Dten. Espèce de serment , le . 
même que certe Dieu ci-après. (Voyez des Accords 
Bigarrures, fol. 30.) 

Tlntercalez ici cerdon, au vers 445 d'Agolanl: 

■ Grosse out la jambe coin l'anste d'un cerdon. • 
Il faut peut-être lire cardon, et entendre la tige 
d'un chardon.] (s, e.) 

Cere, subst. fém. Cire. C'est le mot latin Cent. 
On lit dans Rabelais, T. I, p. 5 : ■ Lettres cancel- 

• laresques, non en papier, non en parchemin, non 

■ en cere; mais en escorced'ulmeau. ■• 

Céré, adi- Acéré. On a dit en ce sens : 
SaiouvarE signiés clerc 11 brans, il tu ceri .- 
Quant il saque de loutc plos jeté de clartés 
Que ne fait de solier quant illoiat en estes. 

Piv). HSS. v. 1300, T. IT, p, (361. 

(Voyez Cehin ci-aprës.) 

Cerebelle, subst. fém. Cervelle, selon Col- 
grave , ou plutôt le cervelet , selon le passage 
suivant : « Si vous parlez aux médecins, ils vous 

■ diront que nostre cerveau est composé de trois 

• ventricules, dont le premier, siège de l'imagina- 

■ tion, occupe la partie devancière ; au second, qui 
» estceluy du milieu, se loge le jugement; etceluy 

*. qui est au derrière, qu'ils appellent la cerebelle, 

• estriiebergementde nostre mémoire (5). • (Pasq., 
Rech. Liv. 8, p. 674.) 

Cérébral, adjectif. Qui appartient au cerveau. . 
< L'opinion ancienne a esté qu'en la partie céré- 

■ brale y avoit trois sièges que nous appelons ven- 
« Iricules, distincts et séparez l'un de l'autre. » 
(Lelt. de Pasquier, T. Il, p. 789. — Voy. Cerebrin.) 

CerebrlD, adj. Qui appartient au cerveau, 
(Dict. de Cotgrave.) . Je neveux point vous racon- 

■ ter les mescontentemens que nous apporte cesie 
« raison cerebrine. » {Lettres de Pasquier, T. I, 
p, 548, — Voy. Cerebbal.) 

Cerencler, verbe. Serancer. Séparer, avec le 
seran, la chènevotte du chanvre d'avec la filasse. 
Maint en a là, preuz et viranz, 
Qui ne sont pas ai desirans 
De veoir temmes cerencier (S), 
Comme de guerre commencier. 

G. Gnlvt, Br. HS. M. 994, R*. 

Cererlen, adj. Abondant en grains. Mot formé 



(1> Cette DrlbO)iraphe 

I Le suppliant ae baiBEB pour nre 
(3) C'est le verbe chercher ; le ] 

(3) La Chanson de Roland a ta ! 
trouve dans Froissart, d'après l!i: 
ou larcii (III, 83). Diez veul taire 
(arr. de Lisieux, Calvados), est di 
en latin de sarcophagU, (n. e.) 

(4) Cercus, au reg. JJ. 99, p. i5, 
un viei c«>-cin. . (N- E.) 

(5) La mémoire , au contraire 
XQOuvements. (n. b.) 

<6) Le participe cerancié est dai 
son lin en gros, par poingnëes, p 
eoil preet à tUler... i Le picard di 
prononcé iranisen. (N. E.) 



. . , . _ l'origine est aarculare. Cerclcuere, pour sarcloir, est au reg. 178, p. 162, an. 1446 : 
iidre par tei re ung marrochon ou cerctouere qu'il trouva d'aventure, i (n. b.) 
provençal a la tonne aerquar. (n. e.) 

Forme «arcoiu (str. CCLXIX) ; la Chanson d'Antioche (IV, 446) donne sarcut; enfin, on 
ichon, les formes chercur, eorcueui, aarcueil ; mais M. Kervyn imprime sarcu* (XIV, 334) 
venir le mot de l'allemand aarg fane, sarc) ; mais une localité dite aujourd'hui Cerqueux 
uns un pouillë du xiv< siècle, eccleria de sarcophagis. On trouve encore dans l'Oise Sarctu, 

an, 1367, aurait Le sens de aurcot : i Le suppliant prinst en l'hostel de Agnes une pelé, 

, a pour aiége la partie frontale, taudis que le cervelet met de l'ordre dans nos 

is Du Cange, sous Pénale (Statuts de 1299) : ■ Quiconques est iinier, il peut et doit vendre 
ar pessiaus, par quartiers et botelleitea de Itetbiay, et lin cerancié, bon et loyal, pour qu'il 
.t encore cheraincher. L'étymologie , d'après Diez , serait le haut-{Ulemand Khrcn:en, 



CE 



— 312 — 



CE 



du nom de Cérès ; nous le trouvons dans les vers 
suivans : 

AinsY que la terre a la semence enclose' 

Des oleds, un an entier et l'autre an se repose, 

Oysive, sans produire, ou bien, s'elle produit 

Ce ne sont que chardons, et que ronces sans fruit 

Attendant que Tautre an, pour concevoir revienne, 

Afin d'estre plus grasse, et plus cererienne. 

Elégie de R. BeUean, T. III, p. 4. 

Cerf, subst, masc. Cerf. On prononce encore 
cherf^ parmi le peuple, dans quelques provinces du 
nord de la France, et on lit dans les Poês. mss. du 
C. Thibault, p. 9 (1) : 

Le cherff qui tant set fuir. 

On trouve aussi dans les Poës. mss. de Froissart, 
p. 372, col. 2 : 

Un jour alla aux chers chacier. 

On lit ciers^ dans Phii. Mouskes, ms. cité par Du 
Gange, Gloss. lat. au mot Salvaticus, col. 919. 

Ciers y ont, et bisses, et dains. 

Aujourd'hui on écrit cerf et l'on prononce cer. 

Ce mot entre dans quelques expressions de notre 
ancien langage que je ne dois pas omettre : 

i"" Cerfs legie ou cerfs-volants (2) sont deux dénomi- 
nations sous lesquelles Eustache Deschamps dési- 
gne Charles VI, roi de France, qui avoit des cerfs 
volants pour support de ses armes. Ce mot est 
opposé à Brulh ou Brulhus, roi d'Angleterre, ou 
des Bretons, dans les Poës. mss. d'Eust. Deschamps, 
fol. 368, col. 3. Les vers suivans font allusion au 
support des armes de Charles VU, lorsque ce prince 
lit son entrée dans Paris, en 1437 : 

Après Tescuier d'escuierie. 
A quatre courciers bien allans 
"Venoit couvert d'orfaverie, 
Et ses chevaulx de cerfs volans. 

Vigil. de Charles VII. T. I, p. 158. 

2* Cerf brun, couleur de châtaigne, ou châtain, 
selon le Dictionnaire d'Oudin. 

3** Poil de cerf se disoit, en parlant des chevaux, 
pour exprimer certaine couleur de leur poil. « De 
« bail brun, d'alezan, de gris pommelé, de poil rat, 
« de cerf, de rouen (3). » (Rab. T. I, p. 70.) 

4* Chien cerf étoit une espèce de chien, un 
lévrier, suivant le Dict. d'Oudin. 

5** Cerfs baus mu%y espèce de chiens. « Cerfs 
« s'apelent, parce qu'ils ne chassent auire beste, 
« fors que le cerf; bam s'appellent, pour ce qu'ils 
« sont baus, bons, et saiges, pour le cerf : muz 
« s'appellent, pour ce que, si un cerf vient au 
« change, ilz iront après; mais ils ne diront mot, 
« tant comme il sera avec le change. » (Chasse de 
Gast. Phéb. ms. p. 126.) 



6* Cerfs baus restifs. Ces chiens ne diffèrent des 
précédons qu'en ce que « si un cerf vient enmy 
« le change, ilz s'arresteront, et demourront tout 
« coiz. » (Chasse de Gast. Phéb. ms. p. 126.) 

T Cerf ramage signiGoit un cerf dont le boisa 
plusieurs branches ou rameaux. (Du Gange, au mot 
Cervus ramagius.) 

8® Herbe de cerf. C'étoit peut-être Therbe qu'on 
nomme corne de cerf, et qui peut se manger. « En 
« ce pré y avoit deux damoiselles qui mangeoient 
« herbes de cerf, à l'ombre de deux arbres surqaoy 
« la fontaine sourdoit. » (Lanc. du Lac, T. IIl.) 

9" On disoit proverbialement faire le cerfj pour 
passer légèrement sur une affaire. (Oudin, Gur. fr.) 

10** Se faire cerf, se disoit pour se hâter, se 
dépécher. 

Et lors qu'on voit noer le cerL 
Le veneur se doit faire cerf (4), 
De corner Teau, ne sans attendre. 

Fontaines Gnerin, Trée. de VéiMrie, MS. p. 48. 

11*" Appeller un cerf veau. Cette expression sem- 
ble signifier faire une méprise, une balourdise : 

Et s'il scait bien appeller un cerf veau, 

S'U met tous ceulx qui font abbuz en ce^, etc. 

Craliii, p. 9i3a 

12* Au cerf la bierre, et au sanglier le barbier (5), 
c'est-à-dire que la blessure faite par le bois du cerf 
donne la mort, et que celle de la défense du sanglier 
se peut guérir par l'art du chirurgien. (Fouilloux, 
Vénerie, fol. 52.) 

13* Cerf bien donné aux chiens est à demi pris. 
(Salnove, Vénerie, fol. 127.) 

VARIAUTES : 
CERF. Orth. subsist. 
Cer Ser . 

Ciers. MS. du Vat. n» 1490, fol. 157, V». 
Cherf. Cbaus. MSS. du C. Thibault, p. 9. 

Cerganty subst. masc. Serviteur. Valet. — 
Sergent. 

Ce mot, dans Tun et Taulre sens^ dérive du latin 
serviens, qui sert. De là, Tacception générique de 
cergant, pour serviteur, valet, dans ces vers tirés 
d'une traduction ms. d'Ovide, que Borel cite dans 
son Dictionnaire : 

J'ay ccrgans, et laboureurs, 
Ouvrans en divers ouvreours. 

On lit, dans les Poètes fr. mss. avant 1300, T. IV, 
page ia68 : 

Diex com sont a mal aise or endroit no cergant. 

On a particularisé cette acception, et on a dit 
cergens, pour sergens, huissiers, officiers de justice 



(1) La forme cers est dans Roland (str. CXXXIX) : c Si com 11 cers s'en va devant les chiens. » (N. B.) 

(2) Charles VI, entre 1381 et 1382^ eut un songe que nous raconte Froissart (éd. KervVn, X, 68 à 71) ; 



compagnie du connétable 0. de Clisson ; leur faucon « pèlerin moult gent et moult biel » les devance en volant vers 
Flandre, abat les hérons comme neige, et bientôt est hors de vue. Le roi craint de ne pouvoir atteindre Foiseau. c En c 



le roi chasse 

la 
pouvoir atteinare loiseau. c iso che 
souci que li rois avoit ; ly estoit vis que uns trop biauz chers douse, et à elles, apparoit à yaus... Montoit U jones rois de 
grant volenté sus che cerf-volant et s'en aloit à Taventure après sen faucon , et ehils ctiers , comme bien doctrinôs et 
avissés de faire lou plaisir dou roy, le portoit par-desus les grans bois... » (Comparez la note à Briquemer,) (n. b.) 

(3) Pour rouan, (n. e.) 

(4) Comparez ce proverbe (de Lincy, 1, 153) : <r Sers comme serf, ou fuy comme cerf, » (n. b.) 

(5) U vaudrait mieux, pour la rime, a au sangUer le miere. » (n. b.) 



CE -! 

subordonnés à des orflciers supérieurs pour mettre 
leurs sentences à exécution. 

Cergena, prenei moy ce Urron. 

r»i. MSS. d'BBil. Siwti. toi. 136, col. I. 
VAHIANTES ; 

CERGANT. Poê*. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1388. 
C^exNT. Poës. HSS. d'Eust. DeBch. fol. 938, col. 3. 

Cerle, subsf. fém. (1) 

Cerllle, iubst. masc. Cédille. Virgule que nous 
mettons sous le c (2), pour lui donner la valeur de 
l's devant l'a et Vo. 

Gerimonial, subst. masc. Rituel. Livre traitant 
des cérémonies. (Dict. de Honet.) 

Gerimonle, lubst. fém. Cérémonie {S). (Dict. de 
nicot, de Rob. Estienne, de Monet et de Cotgr.) 

Gerimonieux , adjectif. Cérémonieux (4). 

Gerln, adj. Acéré ou d'acier. 

n s Binle MD flpede qui n'est pas rubrin ; 
Ains hi celé clere, dont le bran Tu cerin. 

Anonj», pvnl 1« P«i. Dr. HSS. niM 1300. T. IV, p. I30T. 

(Voyez ci-des3ua Acebin.) 

Ceris, subst. masc. (5) 

Cerise, subst. fém. Cerise, Truit. Nous disons 
eocore cerise, et on le disoit autrefois, comme on 
le verra par les proverbes que je citerai, mais on 
écrivoit quelquefois cherises, et les paysans de 
Normandie prononcent encore ainsi. 

Chavex a blons, et via riant, et cler, 
Fréa et novel, plus ke une cherise (6). 

PoM. fr. MSS. iTinl 1300, T. UI, p. 11*7. 

On a dit proverbialement /aire deux ou trois mor- 
ceaux (Tune cerise, pour faire la sobre, la prude, la 
modeste, la délicate. (Dict. et Curios. fr. d'Oudin], 
comme nous dirions faire la petite bouche. // ferott 
^une cerise trois morceaux. (Rab. T. V, page 143.) 
Je crois que cerise est une faute dans le passage 
suivant, et qu'il faut y lire ceruse (7). 

Ojant cee mots, toua les forgeiira 

Reprennent force dans leurs cœurs ; 

L'un trempe en cerise le fer. 



CE 



Cerlsée, subst. fém. Récolte de cerises. — Lieu 
planté de cerisiers. 

Oudin cite ce mot, avec le sens de récolte de 
cerises. 

On trouve ce mot, avecla seconde signincalion, 
dans la grammaire francoise de Robert Estienne, 
p. 104. Nous disons encore en ce sens cerisaye (9). 

Cerlslé, subst. masc. Ceriser. 

Et levés [reachea, et pesus, 
Et ceHsié, et saliez lus (10). 

n«m. d'Alhii, us. dt j pv Du CH|g. m mol Puait. 

Cerlte, subst. masc. Fou, furieux. Du nom latin 
ceritvs, par contracUou de cererilus fFalc] Nicolas 
Gloteletest auteur d'un livr& intitule : • Apologie 
> pour Ciement Marot absent, contre lecoupd'essay 
< fait par un cerile, ou Malhelineux nomme Sagon. ■ 
(Du Verdier, Bibliolh. p. 923.) 

CermoDlere, subst. fém. La tête. Cette signi- 
fication, attribuée, selon Oudin, àcemotburlesque, 
vient apparemment de ce que l'on fait les saints de 
la tête. 

Cerne, subst. masc. Cercle. — Circuit. Ceintre. 
Contour. — Lignes, retrancliemens. — Ouverture 
ronde (H). 

Ce mot se dit encore dans plusieurs de ces sens, 
en quelques occasions. On nomme cernes, les cer- 
cles que les magiciens décrivent avec leurs baguel- 
tes (12). On appelle cernes, les enceintes qu'on fait à 
la chasse. Cerne signifie aussi le trait en forme de 
cercle qui est au-dessus de l'œil. On écrivoit antre- 
fois cheme, en parlant des yeux d'un épervier. 
• S'il a la teste rondelle par de.ssus, et le bec gros- 
i set, et bien prisé, et les yeux ung peu capes 
« et le cherne d'entre la prunelle et l'œil de couleur 
■ entre vert, et blanc. • (Modus et Racio, fol. 72.) 

Nos anciens auteurs ont employé ce mot pour 



, n atrrum. i (N. a.) 

(3) Cédille vient de l'italien ledigtia. 



R.) 



t-A-dire petit léla; pour donner à i 



le £ 



i l'écrivait CI .- leann , pour 



^ Ce root ne se montre pas avant le xiv< siècle, où l'on connut mieux la latin classique : t Lesquelles serimoniet royales 
n'accomplisBoit mie tant eu goust de sa plaisance, comme pour Rarder, maintenir et donner exemple ù ses succeaaeura. » 
(Oir. de Piaan, ch. V, 1, 18.) (n. e.) 

(4) Ce mot ne se montrai qu'au xvi' siècle : t Que s'il est question d'eatre ai cérémonieux pour le choix deadits mataux. Je 
trouva le Fer plus propre à telle opération qu'aucun autre. > (Paré, XV, 16.) (N. £.) 

(5) Intercalez cent, d'aprèa le reg. JJ, lia, p. 238, an. 1393 ; > Deux aarpes, un ceri&... pour copper espines. * Faut-il voir 
li un dérivé du baa-latin terra, faucille ? {n. e.) 

(6) Au XII* aiâcle, on lit dana la Chanson dea (taxons (str. XXIIl) : i D'iré et de mautat'^nl rougit come ceme. > (n. e.) 
Çl) Lieez peut-être > trempé au cerite, * c'est-ft-dire au rouge cerise, qui indique une tréa haute température, (n. B,) 

§) Voir dans 0. de Serres (éd. de 13)5, p. Ii82) les noms et surnoma des différentes espèces de cerixes. (n. E.) 
) Le mot s'est conservé comme nom île lieu : Cerité (Orne) ; CeHtay et Cerizay (Deux-Sévres) ; on trouve auaai , dans 
Pans, la rue de la Cerinaie. (n. e.) 

(10) Le sens est ; fèves et poiarraia.ceriie*, et brochets ((ucii) salés. Certner se trouve au 
« Liement s'en vet et joiant Tant qu'il trova en un pendant Un cemter trop bien chargié. ■ ,_.. _., 

(11) On lit encore au reg. 81 du Tréaor des Chartes, p. 711, an. 1333 1 t En faiaant le cerne et les cerne* tietz cooune cy 
dessous sont devises... 1 Cerne, aux Chr. de S' Denis Qiv. III, cb. XV), est synonynae de cirque. L'étymologie aerail 
eircinu3. (N. ï.) 

(13) Ainsi dang Uonstrâlet (1, 39) : « Premièrement fit un cerne, plusiAura oar&cletes et autres choses superstitieuaea. * (n. e.) 



rs 35m de Renart (xiii* siËcle) : 



CE 



■ «4 - 



CE 



cercle. [Gloss. de l'Hist. de Bretagne, au mot Cerne- 
Uere, et Glosa, de Marot.) ' 

En droit ta vite d'Andeli, 
Droit eami Sainne, S une illete, 
Qui comme un cente eet recondete. 

G. Gnkrl,IIS. tol.M.V-. 
C'est 1a sainte exortacion. 
Que tu n'aies eotencion 
De toy bouter dedanz le «me, 

Eatt.Oadi.tai. tOS.oA.i. 

II est question de mariage en cet endroit, ut cerne 
y est mis pour cercle ; m<iis au tlgurë, il est encore 
employé pour cercle, au passage qui suit : « le 

• maréchal, le quel, comme celui qui tenoit sa vie 
« pour perdue el cher la vouloit vendre, avoit faict 

- entour lui à force de coups si gi-and cerne de 

■ morts et d'abatus que nul ne l'osoit approcher 

■ pour le prendre. » [Boucicaut, liv, I, p. 100, 
in-4', Paris, 16-20.) 

Ce mot est pris pour circuit, dans les passages 
suivans : • Celuy qui doit faire la monstrée, et 

■ veue est tenu de monstrer la chose demandée 

■ clairement, par lenans, et aboutissans, et si mes- 

- lier est et faire ce peut, par cerne, et circuit des 
. Keux. . (Coût, de Bret. au Coût. Cén. T. Il, 
p. 763.) > Et sans qu'il fallut que nostre cavalerie 
■' flst un grand cerne, pous passer les fossez nous 

■ les eussions combattus et peut eslre defTaits. > 
(Hém. de Monlluc, T. 1, p. 174.) C'est-ù-dire ût un 
grand circuit. 

Comme les retranchemens Tormoient une espèce 
de circuit autour des lieux reirancbés, on a nommé 
Came les retranchemens, les lignes. ■ La s'arres- 

■ terent les Havarrois pour refreschir eux, et leurs 

■ chevaux, et se combattre leur convenoit, ils 
. • estoient au cerne ; si avoient bon advantage d'al- 

• tendre. ■ (Proissart, vol. I, ch. 194.) Sauvage, 
dans ses Annotations sur Froissart, p. 81, dit qu'il 
sait bien que cerne est une ligne tirée en rond et 
en forme de cercle; mais il avoue qu'il n'entend 
rien au passage cité. Il signilie cependant bien 
clairement que les Navarrois étoient en dedans du 
circuit, derrière leurs lignes, et par conséquent 
dans un poste avantageux (1) ; c'est aussi ce que 
signifie ce mot dans les vei'S suivans : 

' Lee Angloys Ik avoient fait faire 

nn^ pont, par dessus l'eaue de Harno, 
Pour passer, aUer, et reitaiie 
De la au Eiege, et en leur cerne. 

Vlgilu di QuriM VII, p. 131. 

L'ouverture ronde d'une caverne a été nommée 
cerne, par un ancien poëte. C'est ainsi que nous 

{1} Cette citation a été prise dans Du Cange, 



Dopmoiis cerne l'espèce d'enfoncement circulaire 
qui etit autour de l'œil ('i). 

Gcta qui regarde le cerne, 

El le pertuU dç )a caveme. 

Dit qu'U ne onet plus dêinoiirer. 

taîL ySS. d-Eut. PKb. loL «a, ad. f . 

VABUKTES : 
CERNE. Marbodas, col. 1650. - Eust. Descb. t> 4%, ut.4. 
Cehn Marliodus. col. lâSU. i >. 

Chkbnb. Hodus et Racio, M. 7S, Y^ 

Cemeliere, sub$t. fém. C'est une faute pour 
cerveliere, armure àe téte.i^V.ci-dessousCKRviujBii:) 
L'auteur du Gloss. del'Uist. de Bretagne amal lu {S]; 
par conséquent, la définition qu'il donne de ce 
mot, ainsi que son élymologie, sont entièrem^ni 
fausses. Selon lui, • les cerneliera étoient de lo3^ 

• de coton de soie pour garnir le baoinet, leur é^ 

• garniture. Ce terme peut venir de cer^s, yie»x 

• mol qui signifie cercle. > 

Cerner, verbe. Arracher, déraciner. Proprement 
faire un cerclé autour du pied d'un arbre, pour le 
déraciner. Ccmcr subsiste encore en ce sens. (Dict. 
univ.) Nous le trouvons avec celle acception dabs 
la passage suivant: • Hous, quand l'en li lot (prend) 

• le sien, ou en chemin, ou en boez (bois) soil de 
■ jour, soit de nuit, c'est apelé eschapelerie, et tous 

• ceux qui font tel mefat, si doivent estre pendi, 

• trainé, et tuit li mueble est au baron ; et se il ont 
< terre, ou raesons en la terre au baron, li Bersléfi 

• doit ardoir, et les prés arcir, et les vignes estre- 
« per, et les arbres cerner (4). ■ (Ordon.des R.dePr. 
T. I, p. 127.) De là, l'expression cerner les yeux, 
pour arracher les yeux. • Sedechias eut les yeux 

• cer?i^ hors de la tète. > [AI. Chart. p. 296.). 
Cernolr.sufrst. ntase P^tit couteau. Instrumeot 

propre à cerner les noix (5). (Dict.d'Oudin.)On adît 
proverbialement: • Faire le manche d'un CfriMiir' 
' de l'arbre d'un pressoir. • C'est-à-dire faire d'une 
grande chose une petite. (Oudin, Curios. fr. et Dici; 
de Coigrave.) 

Cerot, subst. masc. Gérât, onguent. (Diction, de 
Cotgrave et de Rob. Est.) 

Cerquemage, subst. mojc. Terme de coutuu^ 
La plupart de nos auteurs expliquent ce mot par, 
abornage ou bornage. C'est proprement l'enquaii 
ou la visite des lieux où doivent être mises les 
bornes entre les propriétés de deux personnes qt)|^ 
' sont en contestations sur cet objet. (Laurière, Qtfft. 
du Dr. Fr. — Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis^ — 
Du Gange, aux mois Circamanaria et Cirtnangium.) 



s Ceniea. Denis Sauvage, qui ault la S* lédaction de la Chronique de 

) : • Si se avisèrent [Philippe de Navarre et Robert Snolles] que il ^ 

airesteToient \S et se rafraischiroient un peu el leurs cbevans oasi, et, se combatre les oonveuoit , il esuiient ou ttr^ 

(var. tertre), si aïoient bon avantage d'attendre leurs ennemis, > On lit encore au t. IX de l'éd. Keirvn, p. 363 : <' K 

cbevauchierent à le couverte pour veoir les Gantoia, et tant alerent que il les veirent avaler un (terne, i Ce mot est eikdon 

Mnplotë en Hainaut : M. Scheler ^GIobh. des Poésies de Froissart) ne présente, sur son origine, que des conjeolureB. (H. %.y 

(S) Ou plutôt le cercle livide qui entoure les yeux battus et les plaies en mauvais état. (N. a.) ' 

l^S Voici le passage de l'Hist. de Bretagne (Preuves, I, col. 1323) : • Sera garni le bacim de cemeliere souffesante. * (M. S.) 

(4) Cerner un arhre, c'est l'enlever avec ses racines, (n. b.) 

(5) On lit au reg. JJ. 141, p. 122, an. 1391}: a Le suppliant prist un cemoer qu'il avoit, qui avoit le manctae d'un ceii«t 
bien aigu, i Comparez la ulece 'è du reg. 153, an. Iît97 : • Un appelle Pierrenin se efforça de prendre au suppliant — — ^' 
,__. . — .-iii — jgiloi] ou cemouer à cemei nota, i fM. c^ ■ ■! 



Inatrum^nt, appelle gruelîon <i^cernmteri, cçrnei no^. >^, i^ 



C6 



-m- 



èfi 



Par Te dit asage, quand un hefitier entend son 
voisin héritier avoir emprins sur son héritage, 
qu'il édifie autrement qu il n'appartient, il peut 
requérir cerquèmandge^ ou: Visitation estre faite 
des deux héritages, et pour ce faire^ doit faire 
convenir (ajourner) pàrdevant eschevins , en 
balle, et à orief jour, sa partie pour consentir, 
ou dissentir le dit cerquemanage, ou Visitation* 
et que lors on ordonne sommairement que tel 
ôerquemage, ou Visitation, se fera, à. tels. dépens 
qu'il appartiendra. » (Coût. Gén. T. I, page 779.) 
Cerammanemens si est mettre, et faire enseigne 
de différence de terre, d*entre un voisin à autre, 
qu'on appelle bourne. » (Bout. Somme Rurale, 

page 366.) « J'ay noté cy-dessus, que les bornages 
estoient appeliez anciennement c^rgu^man^m^ns 
ou cerquemages. » (Ibid. notes, p. 368.) « L'ancien 
terme cerquement qui Signifie bornage, duquel 
on usoit quelquefois en faisant vue. » (Ibid. notes, 

Dagte2il. — Coût. Gén. T. I, page 788. — Voyez 

mioRi^EMEKt ci-après.) (i) 

VARIANTES : 
CERQUEMAGE. Bout. Somme rurale, p. 366. 
Cerquemanage. Coût. Géfv T. I, p. 77. 
Gerquemannagb, Gerkemanagb, Chbrkemanerie. . 
Cherquemmage. Coût. Gén. T. II, p. 855, T. I, p. 743. 
Gherquemanage. Ibid. 

Cerquemaneuent. Bout. Sommé rurale, p. 368, Net. 
Cerquement. Ibid. Not. p. 211. 

Gerqaemaner, verbe. Terme de coutume. Nos 
àùlpurs expliquent ce mot par borner. (Laurière, 
Gloss. du Dr. fr. — Glos. sur les Coût, de Beauvoisis. 
— Dict. de Cotgrave,et Du Gange, au mot Circama- 
naria.) C'est proprement faire une descente ou 
visite sur les lieux, pour y placer des bornes entre 
deux contendants. (Coût. Gén. T. I, p. 812.) 

Cerquemaneor, subst. masc. Terme de cou- 
tume. Il désigne un |Uge ou expert, nomme pour 
glfinter ou fixer des bornes. (Laurière, Glôss. du 
r. Fr.) • Les mesureurs qui faisoient les divisions, 
« etlimites des héritages, et plantoient les bornes, 
• étoient appelles cerquemanettrs. » (BputeiUer , 
Somme rurale, noies, p. 368. — Du Cangëi aù'b'ot 
Circamanaria.) 

YARIAi^tES : 
CERQUEMAT^EUR. Du Gange, au mot Circamanaria. 

CSHKÈMAKANT. Id. U)id. 

Cerre, subst. masc. Espèce de chêne. ,-7:^ Pois 
diicbe. Ces deux significations sont dônnéeis'à'.ce, 
mot par Nicot, Oudin, etc. Dans le second sens, ce 
mot est toujours employé au pluriel (2). « Lentilles 
« cerres et forraaiit: » (FaM. m^s. dû R. n^Tif 8, f»32f .) 



Cérrés, subsi. fém.i)lur. (3)âèrrêisi.— Brancnes 
du mors d'un cheval. . 

Oudin écrit cerres le mot que. nous nommons 
serres, griffea d'un oiseau de proie. (Dict. Fr. Esp.) 




« comme il ensui4;. Il aura une selle couverte de 
« cuir noir, ... le frain de noir ^ longues cerres^ à la 
« guise d'Espaigne, et une croii:. ps«tée au front. » 
(Gitation dé Du Gange, sous le mot Miles (4).) 

Cers, adj. Certain, assuré (5). 

U rois n*en est seurs, ne cera 
Ke ce ne soit moult gran^ mengoigne. . . / 

Poet. fr. MSS. vrant 1300. T. IV, p. 137S. 

J'Xeres vostre unie 
N*en doutez vos mie ; 
De moi ferez vos volentez, 
Tout cert (6) en soiez. 

Idem. T. IV, p. 1477. 

VARIANTES : 

CÉïiS. Poës. tt. MS. avant 130). T. IV, p. 1372. 

CiERS. Ph. Mouskes, MS, p. 20. 

Gert. Poës fr. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1477. 

Cert. Il semble que ce soit une faute pour perd, 
dans leâ vers su i vans : 

Qi n*a c*un œil, souvent le cert; 
Pour koi ne garde bien, et sert 
Boine dame, k'il a atainte. 

Aidan li Bocus d'Ams, «ne. Poës. Dr. MSS. da Vatic. n* liOO, f* Itt. 

Certain. Ge mot subsiste encore. On l'employoit 
comme adjectif explétif. Ori disoit certains pQur 
Tarticle des: « Y firent asseoir certains canonsi » 
(Hist. de la Pucelle d'Orléans, page 497.) On a dit 
depuis certain, pour un. On voit le mot Certup^ 
dans Du Catigé, avec le même sens où nous disons : 
un certain homme. On le trouve même dans la 
bonne latinité. Cicéron a dit : Cert'a vitid. 

Certain, adj. Fixe, constant. — Instruit. — 
Assuré (7). 

Dans le premier sens, on lit certe foi^ dans S' 
Bernard, Serm. |r. mss. p. 212 ; dans le latin certa 
fides. On a dit de propos cerlaii), pour de propos 
fixe, délibéré. « Donnèns, et octroyons de la pùîs^. 
« sance, et auctorité royaulx" dont nous usons, et 
« àç c^rtflin propûSy propre mouvement^ et de 
« gràcçi.espécial, etc. » (Ordon. des R.de Fr. T. lit,. 
pajge 36i.) L'éditeur explique mal ce mot par ferm6 
résolution. • Qui mesprendroit, de certain propos, 
« (de propos délibéré) doit estre plus puny que qui 
« blesseroit, ou mesprendroit ignoramment. » (6r. 



(1) Du Gange, sous Circamanaria et Cerchemanare^ cite surtout les manuscrits perdue (jie Gorbie. (N. B.) 

(2) On Ut au reg. JJ. 145, p. 4, an. 1393 : « Deux bpisseaulx fèves > deux bpis9e<^uU pois, blaas et deux boisseaulx de: 
eerresy tout à la mesure de Lodun. » Cerre est le latin cicer. Le singuUer est employé a^u xn*. siècle comme traduction de 
frixum cicer (Rois, 185) : c E fèves e lentilles et ceire quite. » Le |^ovençal,A les formes ceter^ sezer. 9 (n. e.) 

(3) U vaut mieux lire serre, car Vétymologie estje latin sera, barre pour fermer une porte, serrure, (n. e.) 
' Ed. Henschel, t. IV, p. 396. col. 3. (n. e.) 

Cers est aussi le nom provençal du vent Cir^cius^ du mistral. (N. E.) 
(6) Cers correspond k^certus; cert, à certum. (s. e.) 



(7) Certain se trouve dès le xn* siècle dans les Ghçmçonsjde Goucy CUV) avep le ^m^de cef^tU8.;..%, Xant ai d*amor mon 
fin cuer esprouvè, One Jà sans lili n*aiirai Joie certain}.' > lolKil n'a pâ^^ 



avant le xvn* siècle le sens de quidam, (n. e.) 



CE 



— 316 — 



CE 



Goui. de Fr. p. 536.) Ce mot signifie constant^ qui 
ne change pas, dans ces vers : 

Ja nus homme ne t'aura certaine: 
Plus es muable que la mer. 

Fabl. MSS du H. n* 7918. fol. 138. A* col. i. 

Dans le second sens, on disoii faire certain, 
pour rendre instruit. « Si voulons que Tarcevesque 
« nous fasse certain troys fois en l'an par lettres, 
« des besongnes, et de l'état du royaulme. » (Chr. 
S» Denis, T. II, fol. 17.) 

Le mot certain s'est pris aussi pour hardi, assuré, 
dans ces vers : 

Moult fut hardi, moult fut certains 
Gilz qui fit nefs premièrement. 

Rom. de Brut, MS. do Bombarde. 

On a quelquefois employé cet adjectif, pris dans 
sa signification subsistante, avec la terminaison 
féminine, nuoiqu'il ne paroisse régi par aucun 
substantif féminin. Aussi Von a dit : il est certaine^ 
pour il est certain. (Tenur. de Liltl. fol. 68.) Nous 
remarquerons aussi l'usage de certain, dans une 
expression familière à un de nos anciens poètes. 

!• Se H certains ne ment, pour s'il est vrai, 
comme le disent certaines personnes. 

L'an M. , se li certains ne ment, 

ce. XIIIJ. droitement, 

En aoust est la gent preste. 

G. Gttiart, MS. fol. 114. V. 

2*" On disoit par certain, pour certainement. « De 
« moy meismes, par certain, quant je regarde dili- 
« gemment tous mes péchiez, je suis en despéra- 
« tion. * (Chasse de Gast. Phéb. ms. p. 379.) (i) 

VARIANTES : 
CERTAIN. Orth. subsistante. 
Cert. s. Bern. Serm. fr. p. 62, en latin Certus, 
Cerz. s. Bern. Serm. fr. p. 106, en latin Certus, 
Certe. s. Bern. fr. MSS. p. 212. 
Certein. Ord. des H. de Fr. T. I. p. 72. 
Certeyn. Rymer, T. I^ p. 114, col. 2, tit. de 127a 
Chertain. Beaumanoir, p. 12. 

Certainement (2), subst. masc. Assurance, 
promesse. 

Ne demora pas longuement 
Qu'U oublia le serement, 
Et trespessa le certainement 
Qui, à Guillaume, ont fait avant. 

Rom. de Ron, MS. p. 825. 

Certatner, verbe. Faire savoir, rendre certain. 
(Closs. de THist. de Bretagne.) 

Certainepie, subst. fém. [Intercalez Certaine- 
rie (Ch. des Comptes de Paris, reg. Bel, fol. H4, 
r): « Sus la taille de la certainerie de Chinon, .xx. 



c livres tournois. » Du Cange (II, 294, col. 2) 9% 
demande si c'est là un quartier de Chîoon ou un 
droit sur la soie (corr. cettuinerie). Ne serail-ce pas 
une fabrique de papier, cartamerie?] (n. e.) 

Ceriainetér subst, fém. Certitude. — Nouvelles 

certaines (3), 

Ce mot est pris dans le premier sens de certitude, 
par Honet, Cotgrave, Oudin, Gloss. de THist. de 
Paris, et Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis : « Pour 
« qull en sceust plainement la certaineté. » (Cbr. 
S*Denis, T. II, fol.21.) 

Certaineté le nous espent. 

G. Giiiart,llS.fol.968,1l*. 

Si con la certaineté tinte. 

QMd. M. «m, R*. 

C*est-à-dire : si la chose est comme on rassure. 
(Voy. Fauch. Lang. et Poës. Fr. ç. 8i.) 

Ce mot, au second sens, signifie nouvelles cer- 
taines, dans ce passage : « Tousjours estoyent les 
« Anglois costoyés par aucuns apports (habiles^ 
« vigilants] chevaliers de France et de Bourgogne 
« qui tousjours mandoyent au roy la certaineté 
« d'eux. » (Froissart, Liv. I, p. 185.) (4) 

variantes : 

CERTAINETÉ. Chron. S» Den. T. II, fol. M. 
Certeneté, Chertenetâ, Chertainbté. 
Certanité. Cout. Gén. T. III, p. 367. 
Certeinneté. Duchesne, Gén. de Chasteigners, p. 9B. 
Certeit. s. Bern. Serm. fr. p. 271, en latin Certitudo. 

Certaintié, subst. fém. Partie déterminée. 11 

Saroit que c*est le sens de ce mot, dans ce passage 
e Littleton, où il s'agit du douaire que le mari est 
obligé de fixer à son épouse , par contrat de 
mariage : « La, après afnance entres eux fait, il 
« endowe la femede la entier terre, ou de la moitié, 
« ou d'autre meindre parcel et la ouvertement 
« déclare la quanlitié ou la certaintié de la terre 
« que el avéra pour sa dovver. » (Tenur. de LitU.) 

Cepte(5), adj. Certain, véritable. (Dict.de Borel.) 

Gerteau, subst. masc. Espèce de poire d'au- 
tomne. (Oudin, Dict. — La Quintinie.) Ce nom est 
encore en usage (6). 

Certe Dieu (par la). C'est une espèce de 
jurement. « Par la certe Dieu, ainsi que jurent les 
« voleurs qui sont de la religion. » (Moyen de Par- 
venir, p. 23.) 

Certes (7). Ce mot a été employé en divers sens, 
dans les phrases suivantes : 



(1) Pour certain (Froissart, II, 146) signifie sans faute : c Car pour certain on se combateroit à rendemain. > De certain 
signifie assurément : c De certain et parjure vérité. > (Id. III, 453.) (N. E.) 

(2) Certainement , dans Froissart , signifie sérieusement (IV, 84) : « Gautiers de Mauni dist certainement à ses 
compaignons. » (N. E.) 

(3) On lit au reg. 147, p. 68, an. 1994 : « Le suppUant fust envoyé par son maiatre pour savoir en quelle manière ses 
besongnes se portoient, et de lui en rapporter de toutes ces choses la certaineté. » (n. e.^ 

Ù) Au t. IX, p. 286 de Téd. Kervyn, la certaineté don roy signifie : au sujet du roi. (n. e.) 

(p) Rarement on a écrit certe pour certes au sens adveroial ; voici cependant un exemple de Marot : c J'ai trouYé certe 
«ne chose bien rare Au cabinet de mon père Marot. 9 Molière écrit aussi dans Tartufe (IV, 5> : c Cela certe est fâcheux. — 
Oui, plus qu'on ne peut dire. » (n. e.) 

(6) On lit dans Paré (i, 9) : c La vessie du fiel est de magnitude et figure d'une bien petite poire ^ Tulgairement nommée 
de certeau. » (n. e.) 

(7) Certes est dans la Chanson de Roland (str. XVIII) : c N'en ferez certes, dist U quens OUviers. » (N. s.) 



CE -3 

!• A certes, c'est-à-dire tout de boa (i). (Diclionn. 
deBorel eld'Oudia.) 

Oui Diés vos done, k'a chertés le vos die. 

Poil. Bss. i™ii 13». T. !ii. p. ero. 
On a dît aussi simplement chertés, pour certain 
nement, comme nous disons encore certes. (Poës. 
Hss. Vut. n* 1490. fol. 5.) 

2' A bonnes certes, pour à toute épreuve. " Là 
• est la fleur de toute la chevalerie du monde, el lit 
■ trouvères durs, et sages, combattans, eld bonnes 
. certes 12}. . [Froissarl, liv. I, p. 319.) 

3* Certes semble mis pour un certain homme, 
dans ces vers : 

lu'un bomme de bien, et 



ÔDt rendu di 



le bien, et qu'i 
villes deeenes 



ŒaT. ik Kaa. Ml. fol. 151, V. 



VARIANTES : 

CERTES. Crétin, p. 30!. - Sagesse de Charron, p. 336. 
Chertés. Poëa. MSS. avant 1300, T. XllI, p. 979. 

Certiflance, subst.fém. Assurance, avis. L'ar- 
mée chrétienne ayant été levée en 1391, pour mar- 
cher contre les Turcs, le roi de Hongrie • écrivit 
« toutes ces nouvelles, et certi/ianees au grand 

■ maistre de Pruce, et aux seigneurs de Rodes : 

■ afin qu'ils eussent avis, et se pourveussenl contre 
« la venue de Jrfian de Bourgongne (3). • (Froissart. 
livre IV, p. 219.) 

Certin, 3m6s(. masc. Je crois qu'il faut lire cre- 
fîn(4), panier, dans le passage suivant, où des bergers 

fipojettent d'aller aux noces du C" de Blois, avec la 
ille du duc de Berri, el disent : 

On aura lA, et pain, et vin, 

Gros moutone, cabrils, et agneaus ; 

Se noua y portons un carlin, 

Noua aurons de bons glouB morseaus. 

FroiiHit, Ptwi. HSS. f. 3H, cul. 3. 

Gertiorer, verbe. Rendre certain. Notifier ; du 
\a.lin certior are. ■ Detempteursd'héritages chargez 

■ de censive ou rente, sont tenus personnellement 
• de payer les dittes censives ou rentes, les arréra- 

■ ges qui escheront après, et depuis le temps qu'ils 

■ estes sommez et duement certiorez par le Sei- 

■ gneur des dittes rentes ou censives. • {Coût, de 
Troyes, Coût. Gén. T. I, page 417.— Voyez le Bict. 
de Colgrave.) 

GertHude, subst. fém. Ce mot subsiste, mais 
on ne diroil plus de certitude. Cette expression 



CB 



étoit encore usitée du temps de Molière, et sigai- 
floit cerlainemeiit : -' 



Certum quld. Ces deux mots latins ont passé 
comme en proverbe, dans le langage populaire, 
pour désigner certaines sommes d'argent. On les 
trouve employés, en ce sens, dans une citation 
rapportée par Du Gange, au mot Liberatio (5). 

Gerubin, subst. masc. Chérubin. (Bes Accords, 
Escr. dijonn. p. 37.) 



Céruglen, subst. masc. Chirurgien. L'altération 
de ce mot dans son orthographe vient d'une mau- 
vaise prononciation encore usitée dans quelques 
provinces. (Du Cange, au mot Cerugia.) (7) 

Gerulé, adj. Noir ou brun. • Les médecins por- 
< teront une couleur cérulée qui est une couleur 

■ funeste, parce qu'ils en font plus mourir qu'ils 
. n'en sauvent. » (Edit d'Henri II, cité par les chi- 
ruiçiens, dans leur querelle avec les médecins.) 

Cerveau.subst. masc. Mot en usage,maisquine 
l'est plus dans les expressions suivantes : 

1- Cerveau à bourlet, pour ignorant. (Oud. Cur. 
Fr. et Cotgp. Dict.l 
2° Cerveau enfroqué, pour moine. (Id. ibid.) 
3* Cerveau gaillard, pour à d^mi fou. (Id. ibid.) 
4° Être en cerveau, pour remetire sa tête, repren- 
dre ses sens. • Soye% en cerveau, et de toute 

■ frayeur vous despouillez. » [Rab, T. V, p. 106.) 

Cerve! (8), subst. masc. Cerveau. (Voyez Les 
Quinze Joyes du Mariage, p. 47.) On a dit cierviel, 
pour la tète, en parlant du martyre de S' Denis, 
expression poétique, moins hardie cependant que 
celle qu'offre le même passage, torsqu on y appelle 
l'instrument dont on se servit pour trancher la tête 
du saint, une soie (9) d'acier. 

Prendre le Ht, et le cierviel : 
D'une soie ki fust d'acier, 
Li lit trencier. 

Ph. HiKukM, US. p. 13. 
VARUHTES: 

CERVEL, SsnvKL. 

Cierviel. Ph. Houalcea, US, p. 13. 



s de sérieu sèment, est employé par Quesnee de Bethune (Romancero, 9*) 

r.... ..,, rt.. qui à cerie» ert preus. i Dans JoinviUe, à cerie» sûniSa très 



avoua ealA 



Charles percbupt 



(1) A certet, w , ^—j- ■•— « v , --/ ■ - 

Îireus par [per] buiaeuse [oisiveté] ; Or leira on qui à cerlea ert preus. i Dans JoinviUe, à cerle» t 
éd. de WaïUy. g S) : « Me pria si a certes comme elle pot. i On lit aussi dans Froiseart (IV, f~ 
et veï bien que c'estoit à certes, i (k. k.) 
(S) Guil. Guiart écrit à droites certes <t. II, p. 772, v. 7901. (N. K.) 

&) H. Kennrn (XV, p. 3!1) imprime : t Et rescripvj toutes ces bonnes nonveUes et certepances au grant maistre de Pruase 
cl aux seigneuM de Rodes, & la fin que ils euissent advis et se pourreissent contre la venue du conte de Nevers Jehan de 
BoorgoinffDe. > (n. B.) 

(4) On ut en elTet dans les Chroniques du même Froissart (II, 183) : i Grane creiin» pins, li où cea femmes qui vont an 
marcbiat mettent bureii, oefs et Trumages. i Le rouchi a conservé la tonne kertin (haut-aliemaud cretto). (n, s.) 

(5) L'expreasion est au milieu d'une citation latine (éd. Henschel, IV, 96, col. A), (n. K.) 
1) Chérubin est déjA dans Roland (str. CLXXIII) : • Deua j tramist son ange cherxibin. > (n. K.) 



Frofsi 






le en eit rompant. ■ (n. b,} 



CE 



— 318 - 



CE 



Gervelin, adj. Télu, opiniâtre, fantasque. M. de 
la Porte, dans ses Epith. s*est servi de ce mol 
pour épithële de mulet. 

Cervelle, subst. fém. Ce mot, qui subsiste, nous 
fournit quelques acceptions qui ont vieilli : 

!• On dïsoii cervelle pour génie (1). « Si arrivèrent 
« ils à terre, en ung pais où babitoient gens que 
« on nommoit Flammens, pour les souldaines cer- 
« velles qu*ilz avoient pour la marine, sur quoy ilz 
« demouroient ; mais povres gens estoient,. etc. » 
(Percef. Vol. IV, fol. 54.) 

Î2** Etre en cervelle, pour être actif, vigilant (2). On 
lit, au sujet du duc d'Orléans, fils de François !•' : 
« Le naturel du vrajr François porte qu'il soit 
€ prompt, gaillard, actif, et toujours en cei^velle. » 
(Brant. Cap. Fr. T. I, p. a42.) 

S" Tenir en cervelle, pour rendre attentif, tenir 
alerte. « Je veux escrire icy un mot pour tenir en 
« cervelle (3) les capitaines, et pour leur montrer 
« qu'ils doivent penser en tous les inconvénients 
c qui leur peuvent advenir, et de même, aux 
« remèdes. » (Mém. de Moatluc, T. I, p. 167.) 

4' Demeurer en cervelle, pour être de sens froid, 
de sens rassis. « Poltrot jusques là estoil demeuré 
« en cervelle; mais, soudain qu'il eut fait le coup, 
« se trouva tellement esperdu, etc. » (Lett. de Pasq. 
T. 1, p. 243.) 

. 5* Faire trotter la cervelle, pour écbauflfer la 
tête, la troubler. « Tantost les Engloiz firent des- 
« charger les dites charrettes drecier le vin sur 
« bout, et puis deffoncer au bout d'en hai\t, et en 
« burent si largement qu'il leur faisait la cervelle 
« trotter, et en buvant menaçoient François de 
« mettre à mort. » (Hist. de B. du Guescl. par Hén. 
page 524.) 

6" Cheoir en sarvelle, prendre de l'inquiétude, 
être dans l'agitation. Un père, exhortant son fils à 
ne pas fréquenter les méchants, lui dit : 

Ne pren garde de son plaider, 
Ne de son mauvais losanger, 
Qu*U feroit tost, par sa favele, 
Que tu cherras en sarvelle (4). 

Fabl. MSS. do S. G. 

T Cervelle à double rebraSj signifloit obstiné, sot, 
impertinent. (Oudin, Cur. Fr. — Dicl. de Cotgrave.) 

VARIANTES : 
CERVELLE. Orth. subsistante; 
Sarvelle. Fabl. MSS. de S* Germ. 
Chervelle. Tri. des IX Preux, p. 449, col. 2. 



Cervelllere^ subst. fém. Espèce de casque on 
plutôt partie de Tarmure qui couvre le crâne, calotte 
de fer, ou pot en tète (5^. (Dict. d*0uin.)0n lit dans le 
Dict. Univ. que cette armure fut inventée par Michel 
Scotus, astrologue célèbre, fort aimé de rempereur 
Frédéric II (6). 

Aucuns d'entr'eus testes desnnent 
De hyaumes, et de cerveiieres, 
Et plantent alenas es chieres. 

G.Gaiart,lfS.M.9U,V. 

YARIANTES: 

ŒRVELLIERE. Du Cange.aux mots Cervellerium, Ùufa. 
Cerveuere. g. Guiart, MS. foL 210, V«. 

Cerviax, subst. maso. plur. Cervelle. 

} Tel cop sor le teste li done, 

^ Ke toute esniie la coronne, 

Si que tôt U cerviax espant. 

Fdbl. MSS. do R. a* 7969, fol. 89, V eol. I: 

Cervis, subst, fém. La tête. Cerviz, dans S' 
Bern. répond au \2iUn vertex et cervix. Proprement 
le col, le chignon du col, du latin cervix. 

Puis traist Tespée^ qui aine bien ne volt : 
Le heaume fent, et la cervia ; 
Es denz li est li brans croisis : 
Ne V pot garir Teaume de fer, 
L*ame s'en vait droit en anfer. 

Partoa. do Bl. MS. de S. 6. fol. 131, R* col. S. 

VARIANTES : 

GERVIS. Parton. de Blois, MS. de S. G. foL 133, R« col. 1 
Gerviz. n)id. fol. 142, V» coL 1. 

Cervolse, subst, fém. Bière. (Dict. de Borel, att 
mot Cervisia (7). — Voyez Monet, Corneille, Ménage, 
Gloss. de Marol, Gloss. lat. de Du Gange, atix mots 
Cambagium, Celia et Cerevisia.) On peut voir les 
règlements pour le prix de cette boisson, dans 
Britlon, Loix d*Anglet. fol. 75. On estimoit beaucoup 
autrefois la cervolse de Cambrai. (Prov. à la suite 
des Poës. MSS. avant 1300.) Nous lisons dans uff 
' ancien fabliau : « Il y a bonne cervolse en Angle- 
« terre. » (Fabl. mss. du R. n*^72i8, fol. 175.) 

VARIANTES : 

GERVOISE. Orth. subsisUnte. 
Gervoyse, Cbrvoissb, Chervoisb. 
Sbrvoise. Hist. des Trois Maries^n vers, p. 118. 
CiERvoisE. Ph. Mouskes, MS. p. 33. 

Cervoisier, subst, masc. Brasseur de cervotae. 
Du Gange, au mot Buticuiarius, cite un rè^strè de 
la Ghambre des comptes (8), où Ton trouve ce mot. 



(1) Cervele est déjà dans Roland (str. CLXV) : <r Par les oreiUes fors se ist la cervcte. b Comparez str. CIV. (n. b.) 
li) Etre en cervelle signifie aussi être inquiet : « M. le mareschal d'AnviUe m*a dit aussi avoir esté en armes et en cervele 
bonne partie de la nuyt. » (Lanoue, 569.) {s. e.) 

(3) Scepeaux (IX, 7) écrit au môme sens : a Affin que le soldat ne devint pouUron, et pour le tenir toujours en defOîr et 
cervelle^ il faisoit donner souvent des allarmes. » (n. e.) 

(4) Sarvelle est encore la forme bourguignonne. (N. e.) > 

(5) La cervelière pouvait être une calotte de cuir, comme rapprend un procès-verbal d'une revue des hommes de TabbsfS 
de Saint-Maur-lès-Fossés en 1274. (n. e.) 

(6) .On lit en effet au Chrmnccm Nonantulanum : c Per hsec tempera Mîchael Scotus astrologus Federici impertttoris 
_f.:__. . .. . . .., ,. . .^ Cerf^lenunt, H, 




cervetse ne viH px 
boivre. » ^Renart, v. 13018.) (n. e.) 

(8) On lit en effet dans Téd. Henschel (I, 826, col. 1) : c [Le bouteiller] si est maistre des cervoisiers par tout le rotftmne 
de France. » (n. s.) 



CE 



— 819 - 



CE 



(Yoyez la Table des mesliers dQ Paris ^ us. de 
Meinière, p. 4 (I).) 

Gervolson, subst. fém. La saison pour la chasse 
d9 cerf. 

Ed la saison que le joly verdure, 
Qu'arbres ont prins feuilliage de verdure... 
Que tous veneurs, en haulle cervoison (2), 
vont destourner biches, cerfz à foison. 

Cretio, page 7). 

(Voye^ la réponse des Oracles d'Apollon, révélée 
par la SybilIeCumée, sur les Trois enfans de France, 
p. 4 et 5, BIS.) 

Ce temps de la çhusse du cerf duroit un mois, et 
commençoit au mois d*aoûl, dans le duché de 
Bavière, en fM6, suivant les Mém. de Bassom pierre, 
T. I, p. 40. 

VARUNTES : 

ŒRVOISON. Crétin, p. 72. 
GsRVAisoN, forme actuelle. 

Ces, subst. masc. Cessation. — Cession. — 
laterdit. 

Micot prend ce mot dans le premier sens de ces- 
sation. On lit sans ces^ pour sans cesse, dans le 
Blason des Faulces Amours, p. 283. Faire le ces, 
ppur cesser, dans les Poës. mss. de Froissart, p. 28. 
' Ces signifie cession, selon Oudin. Cez et dece% se 
disent des bénéfices vacants par la cession ou par 
la mort du possesseur. (Du Cange, aux mots Cessus 
et Deces^us.) 

Ce mot signifie interdit, selon Monet et Laur. 
Dict du Dr. fr. « 11 se fit une assemblée à Gray, 
ft pour le fait du ces du comté de Bourgogne contre 
« l'archevêque, et chapitre de Bezançon (3). p (Etat 
des Offic. du D. de Bourgogne, p. 30.) 

VARIAMTBl^: 
CES. Dict. de Nicot ei Ou^in. 
Ceis. Laur. Gloss. du Dr. tr, 
Cbz. 

Ces, pron, poss. plur. Ses. 

Un vilain qui vint de charue 
(Li senescnaus celé part rue) 
Ces iaux là choisi le vUain, 
Que moult estoit de lait plain : 
Deslavez fu, et ot chief beu ; 
fiien àvoit léaiis vescu 
Qu'U n*avoit eu coiffe en teste. 

F«bL MSS. du R. o* 7615, T. I. fol. 119, R« col. 2. 

Gesalre^ subst. fém. Cesarée. Nom de ville^ 

Suant j*es0^ sçn menton, sa bouche, et son viaire, 
oi semble n'est si bêle jusqu'aus pors de Cesaire : 
Diiex t est Û dus paingniere qui la scust portrairo ? 

Fabl MSS. du R. n- 7318, fol 346» R* cok SU 



Cesaires, subst. masc. plur. Césars. On disoit : 
les douze cesaires ou cesariens, pour les dou^e 
Césars. 

VARIANTES : 

CESàIRES. Peut Jean de Saintré, p. 154. 
Cesariens. Id. ibid. 

César, subst. musc. (4) Louise de Savoie appeloit 
souvent wwn César, François I" son fils. (Mem. du 
Bellay, T. VI, p. 174.) 

Cesarée, adj. au fém. Léon X, en couronnant 
Cbarles-Quint, le qualifia de Majesté cesarée, sur 
quoi Brantôme ajoute : « C^étoit un grand mot celui 
« là du pape. * (Brant. Cap. Eslr. p. 30.) 

Cescle, subst. masc. Cercle. (Dict de Borel.) 

Ceses, subst. masc. plur. Ce mot, purement 
lang^uedocien, paroit désigner les vassaux sujets à 
un droit de cens, dans une citation en patois lan- 
guedocien, rapportée par Du Cange, au mot Rétro- 
accapitum, sous le mot Accaptare (5). Peut-être 
estK^e le même que casez, chasez ou cherez. 

Cesly pron. Ceci. « Quant li hoarzemens sorent 
« cesi, se lindrent mult à enti^epris, et desoglés. » 
(Contin. de G. de Tyr, Martène, T. V, col. 730.) 

Cesmance, subst. fém. Semence. 

La cesmance, en toi, forsUgna, 
Dist li Rois, quant congû la : 
Et difit li rois, c*avient sovent. 
Que vesce croist en bon forment. 

Fabl. IISS. d« S* Gonn. fol. 4, R* col. i. 

Cessans, partie, prés. Cédans, quittans. Terme 
de pratique. (Gloss. de THist. de Paris.) 

Cesme, subst. fém. [Intercalez ici Cesme, suite, 
cortège , qui a la même racine que acesmer et 
acesmes: « Droit à Tenter de mi-quaresme. Si com 
« Tester al voir aesme. Revint cis empereres mesme^ 
« Bauduins de Rome, et sa c^sm^ (P. Mousk.). »](n. e.) 

Cesse, subst. fém. Voici le passage où nous 
trouvons ce mot : « Les joyaux qui s'ensuivent, 
« c'est à scavoir le grand oalay, le diamant in la 
« cesse, le grand collier, un autre moyen balay. > 
(Mém. de Comines, T. III.) Il faut lire lesse. Un 
aiamant à la lesse étoit celui qui se pendoit au ool 
avec une lesse, un cordon. 

Cessementf s. m. Cessation. (Oudin et Cotgr;) 

Cesser, verbe. Finir, discontinuer. — Céder. — 
Cesser de payer. — Abstenir» — Fléchir (6). 



(1) On lil^ en eflèt, à la page 29 de l'édition de 1837 : «Nus carvoisiers ne.pfiet ne ne doit faire cerroiae fors de yaoe et é» 
grain. » (n. e.) 

(Sy Comparez le Ménasier (II. 5) : c A la nostre dame de mars commencent les apnareils des cerwdsona. » (k, b.) 

(3) On Ut au reg. JJ. 9ljj). 325, an. 1361 : « L'evesque de Noyon avoit fait cez en la terre du conte do DampinartiB. » 
Comparez le reg. 109, p. 302, an. 1376 ; le reg. 110, p. 104 ; le reg. 138, p. 188, an. 1390. Ce doit être, comme cesse, une fome^ 
veAiale de cesser, (v. s.) 

(i)^ On lit dans 0. Bf^sseUn (V. de Vire, 19) : « Hardy comme un César je svys à cette guerre Où Ton combat armé dtui' 
gran^ pot et d'un Terre. » (n. b.) 

^) Voici le passage de Du Cange (éd. Henschel, I^ 40, col. 3) : « Cbarta occltanica ann. 1244 in regesto Tolosmo fol. 79: 
c Terras h^emas et condrezelas, et albres domestgues, et salvaidies, e bosc, e bartas, eprats, elaigas, e<»Ti9', et' 




plus avant » (n. s.) 



CE 



— 320 - 



CE 



Ce mot se dit encore pour finir, discontinuer. On 
écrivoit quelquefois chesser, cieser (1), etc. a Pour ce 
« que toute usure y puisse cessier. » (Ord. des R. 
de Fr. T. I, p. 445.) 

.... Feroit mon mal chesBcr, 

Poes. IISS. Val. n" 1490, fol. 09, V. 

Et pour les cors, et pour les trompes, 
Dont les Turcs ne ciesoient oncques. 

Ph. llottskes. IIS. p. 16i. 

Cesser pourroit bien avoir été pris pour cesser de 
..^ faire Toffice divin, garder rinterail, rester en inter- 
'"(fliit. Le duc de Bourgogne, dans les privilèges et 
franchises de la ville de Saux, promet aux habitans 
de la commune par son serment de leur faire 
justice s'il leur faisoit quelque tort, et dit s'il y 
manquoit : « Je prie et requiert le doyen de Saulx 
« gui que il soit, que il cessait en la ville de Saulx, 
« jusque tant que 11 sires eusl adrecié le tort (2). • 
(Péraid, Hist. de Bourg, p. 461, tit. de 1246.) 

On trouve cesser i^ouv céder (3), dans le Gloss. de 
THist. de Paris. 

Ce mot est mis pour cesser de payer, dans les 
vers suivans : 

Gaiges, estât que ron lui ceaset 
C'est de bien servir povre exemple. 

Eust. Desch. Poes. MSS. fol. 386, col. 4. 

On disoit se cesser ou cesser de, pour s'abstenir (4). 
« Moyse et Aaron voyant ce desroy, se prosternèrent 
« en terre, priant le peuple qu'ils cessassent de 
« leur murmure. » (Hist. de la Toison d'Or, V. II, 
p. 133.) « Le roy luy manda par lettres, et par mes- 
« sagiers, qu'il se cessast des griefs qu'il faysoit 
« aux églises. » (Chr. S* Denis, T. Il,' fol. 33.) 

Enfin on trouve cesser pour fléchir, faire cesser 
d'être cruelle, dans ces vers : 

Tout a en lui nature enté : 
Il ne li fault el que pité : 
La voeil cesser (5). 

Froiftsart, Poës. lISS. p. 46, col. 1 et 9. 

Remarquons cette expression : Cesser du voir, 
c'est-à-dire mentir, cesser de dire vrai. 

Ot leur gent, se du Toir ne cesse, 
Entour lx. piez d'espesse. 

G.Goiart.MS. fol. 830, R*. 



On disoit fere cessanz, pour faire cesser. (D. 
Morice, Hist. de Bret. col. 980, tit. de 1261.) (6) 

CONJUGAISON : 

Cessissiés, à l'imparf. subj. cessassiez. [Eost. 
Desch. Poës. mss. fol. 482.) 

CessissionSj imparf. subj. Cédassions. (Chr. S*D.) 

Cessait, prés .subj. cesse. (Pérard, Hist.de Bourg, 
p. 461.) 

Ceste, prés. subj. Cesse. (Parton. de Bl. fol. 164.) 

VARIANTES I 

CESSER. Orth. subsistante. 

Cesseir. s. Bern. Serm. fr. p. 906, en latin Ceêsare, 
Cessier. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 445. ^ 
Chesser. Poës. MSS. n» 1490, fol. «B, V«. ** 
Cieser. Ph. Mouskes, MS. p. 161. 

C'est. Façon de parler subsistante. Ce mot, dans 
S. Bern. Serm. fr. mss. page 94, répond au latin 
scilicet, hoc est et id est. 

Cest (7), pron. Ce, celui, cet, cette, celle. On trouve 
ste pour iste.eista^OMvista, dans Du Cange(8),aax 
mots ste et sta, d où se sont formés stete^ eest, 
ceste, etc. qu'on prononce en quelques provinces 
cliettè et cheste. Ceste semble mis au masculin dans 
ces vers : 

Perdroit cesle (9), ne cis, 

Si cist estoit mors, et ocis. 

Fabl. lISS. du R. n- 7218. fol. iS8. col. i. 

(Voyez ci-dessus l'article Ce, et les articles Cesti 
et Cil ci- après.) 

VARIANTES : 

CEST. Borel, Rob. Est. etc. Dict. 

Chest. Borel, CorneiUe, Dict. 

Chist. Âubuins, Poës. MSS. avant 1300, T. m, p. 1014. 

Cist. Fabl. MSS. du R. n<» 7218, fol. 128. 

KiST. 

Cit. Fauch. Lang. et Poës. fr. p. 97. 

Sette, Chette, Stete, fém. Beaumanoir^ p. 9. 

Geste, subst. masc. Ceinture. On a appliqué ce 
mot particulièrement à la ceinture de Vénus, et de 
là^ en générai, à celle des nouvelles mariées. (Dict 
d'Oudin el de Ménage. — V. Mesl. S. Gelais, p. 50. 



(1) La forme cesser est dans la Chanson de Roland (str. CLXXXVII) : « Gent paienor ue veulent cesser on(][ue. » (n. b.) 

(2) Voici comme ce passage est édité dans Du Gange, sous Cessatto^ d'après une Chrirte de Jacques , seigneur de Saoi 
en vidimus, an reg. JJ. 93, p. 291, an. 1246 : c Et se sorsaiUoie de ces choses dessus nommées,... ge pri et riquier lou doian 
de Sauz, qui que u soit, que il cessait en la viUe de Sauz, jusqu'à tant que li sires eust adrecié lou tort^ que u feroit à ceulx 
de la franchise. » (n. e.) 

(3) Ainsi Du Gange, sous Cessus % cite aux preuves du t. II de l'Histoire de Bourgogne (p. 122, col. 2, an. 1305) : c Nos la 
moitié des donations dessus dites... baillons et cessons à nostre amé filloul et nevoul Robert. » (n. b.) 

(4) Comparez Froissart (éd. Kervyn, XII. 245) : a Ceux qui vous [Richard II] conseillent, se cessent de le vous dire, pour 
le grand prouffît que ils y prendent. » La forme réfléchie signifiait encore : 1« Ne plus s'en occuper (id. XI, 252) : c Quant Ift 
cognoissance vint au roy Charles de France du différent de ces papes , il s'en cessa et s'en rapporta à son clergié. » 
2« S'arrêter (id. IV, 109) : < Ensi se cessa li escarmuche. » 3^ Se cesser de équivalait à cesser ^ employé activement (id. IV, 2B9) : 
c Quant il vei que li Englois ne se cesseraient de lors assaus. » (N. e.) 

ÇiS El est pour en elle, in illâ, (n. e.) 

(6) D'après Chifflet (Grammaire française), vers 1700, cesser commençait à être employé activement : c Vous avex cetêé 
vos désordres, mois vous ne les avez pas expiés. » (Massillon, Car., Petit nombre des Elus.) Marguerite de Navane 
(20* let ) avait déjà écrit : « Le très fort a conunandé à la mer cesser ses ondes. » Amyot (Romulus, ti) dit de même : 
c Encore seroit-il raisonnable que vous cessissiez le combat pour l'amour de nous. » (N. E.) 

(7) Cest a pour racine ecce iste^ et l'on trouve môme la forme icest, (n. e.) 

(8) Voici rart. de Du Gange : « Sta, pro ista, in Pactu Leg. Salie, edit. Eccardi cap. 42, pag. 130 , ni ste j pro iate , 81^ 
occurrit apud Scriptores œvi medii, unde scte primum, exmdè Gallicum cet efTormatimi observât cl. editor. » La note eit 
d'un Bénédictin, (n. e.) 

(9) Cest est aussi pronom dans Froissart (V, 241) : « Il osta ces banieres et mlst cestes dou roy d'Engleterre. » (n. b.) 



CE 



- »i — 



CE 



— Printemps dTfver, fol. 74.) (i) Ménage s'est encore 
servi de ce mot. 

Plus de charmes divers que Venus dans son cette, 

Poêi. de lléoage. 

Cesterée, subst. fém. Ce mot, dans la généralité 
de Montauban, désigne une certaine mesure de 
terre. (Règlem. mss. du 26 août 1666, concernant 
cette généralité. — Voyez Cestier ci-après.) 

Gestl, pron. Celui, celui-ci. On disoit « cestuy, 
« ou, comme aucuns escrivent cesti. » (Rob. Est. 
Qram. fr. p. 29. — Voy. Cest ci-dessus.) (2) 

Ni avoit ceste, ne cesUf 
De répons, et de Tespousée, 
Qui ne fust tendrç com rousée. 

FroiMart, Poét. MSS. p. 31, ool. 2. 

Se de chesH mon cuer avoit bosté. 

W Hugues de Brë^, PoCs. MSS. aTUt 1900, T. H, p. 1001. 

On ne disoit plus cettuU dès le temps de Vau- 
gelas (3). (Voy. Mém. sur Malh. p. 341.) 

VARIANTES : 

CESTI. Froissart, Poës. MSS. p. 16 et 31. 

Cbti. Geofr. de Paris à la suite du R. de Fauv. fol. 53. 

Chesti. Poes. MSS. avant 1300, T. Il, p. 1001. 

Ghestui. 

Gestut. Rob. Est. Gram. fr. p. 29. 

Cbstui. Villehard. Joinv. Rab. etc. 

Cbttui. Mém. sur. Malh. p. 341. 

Gestler, subsL masc. Seplier. Sorte de mesure. 
(Du Gange, au mot Quarteria.) (4) 

Cestrin, subst. masc. Sorte de bois. Peut-être 
le cèdre. (Dict. Etym. de Ménage, et le Dict. de Cot.) 

Cet, subst. masc. Ce mot semble une faute pour 
estéf dans ce passage : 

N'avoit Borgois en li cet 
Qui U eust avoir preste 
Qu'il ne U doinst, et face bonor, 
Tant qu'il le tienent a segnor. 

Fabl. MSS. du R. n' 7989, fol. 61, V col. t. 

Cetacé, adj. 11 se dit des monstres marins. 
« Les orkes, souffleurs, pristeres etc. » sont des 
poissons cétacés. Ce mol est employé comme épi- 
thète de bjleine, dans les Epith. de M. de la Porte. 

Getos. Borel explique ce mot par celui de 
Laissés. C'est le mot qui, en langue gauloise, cor- 
respond au latin dimitte (5). 

Cetra« subst. masc. Bouclier de peau, de cuir. 



Le mot cetra est de la langue africaine, on de 
Tancienne Ibérique. 

Ceudre, subst. masc. Coudrier. Mot du patois 
picard. (Labour. Orig. des Arm. p. 127.) (6) 

Ceue, subst. fém. Pierre à aiguiser. Ce mot vient 
du latin cos, qui signifle la même chose. On troute 
encore daus le Dict. de Trev. le mot queux^ dans 
ce même sens, comme mot d'usage (7). 

VARIANTES I 
CEUE. CeltheU. de L. Tripp. 
QUBUE. Borel, Dict. 

Ceulllette, subst. fém. Récolte. (Voy. Ord. des 
R. de Fr. T. II, p. 277.) Ce mot avoit une significa- 
tion générique. De là, il s'appliquoit à une coupe 
de bois : « S*il n*y a que bois taillis , en Thommage 

< lige, ou plain, qui court en rachat, les dits bois 
« taillis seront prisez et estimez ce qu'ils peuvent 

< valoir pour une fois, et ceuillette, par quatre 
« preud-hommes. » (Coût. Gén. T. II, p. 583.) 

Ceulx. C'est une faute, dans le passage suivant : 
■ Pourra l'en tixtre, et ouvrer la dicte draperie à 
« moindre ceulx^ et en meileur marchié. » (Ord. 
des R. de Fr. T. V, p. 597.) Selon Téditeur, il faut 
lire : coust^ à moindres frais. 

Ceunrey. Il faut lire counrey. (Voyez ce mot 
ci-aprés.) 

Ceur, adj. Sur, aigre. (Bourg. Orig. voc. vulgar.) 

Ceup, subst. fém. Cour, assise, justice. — Loi, 

ordonnance, statut. 
Dans le premier sens de cour, assise et justice, 

on a dit : < De la justice, et de la jurisdiction des 
instructions, et procédures qui y sont faites, tant 
par devant les eschevins du haut banc, que Ton 
nomme de la heure, que devant ceux du second 
banc, que Ton nomme perchons. > On lit, ibid. 

note (a) : « Keure est le nom vulgaire en Thiois, ou 
flamen, qui se dit en françois choix, élection ; et 
comme Tusage a esté, dans la Gaule- Belgique, de 
composer en chacun lieu une compagnie de 
personnes choisies pour rendre la justice, et 
dont le magistrat a esté formé pour estre la loy 
vivante, et la seule; ces peuples n'ayant point de 
loy escrite, ny mesme d*usage qui fussent en 
quelque façon certains, cela a fait qu'ils ont 
facilement confondu les idées de la loy, et de 



(i) Uétymologie est le grec xttnàç, piqné (s.-ent. luaç, courroieVJ!)n lit dans Yver (SOI) : c Estimant que ce fust le vrai 
cette tant célèbre dont Venus conjoint les amants. » Ronsard (p. 277) écrit aussi : < Gythere entroit au bain , et te voyant 
près d'eUe. Son cette eUe te baille afin de le garder. » (n. b.) 

(3) Cett faisait citt au nomiii. sing. etplur., cet au cas régime du pluriel. Au xiv* siècle, cctt s'emploie au nom. sing., cet 
au nom. plur. Cetti ou cettui s'employait au singuUer pour le cas régime : c Vechi cetti qui est trop grans mestres 
(Froissart, 2* réd., IV, 315) ; si demoura ainsi la cose cetti jour (id. id., v, 190. » (N. s.) 

(3) Cependant La Fontame a dit au Conte de Papefiguière : « Cettui me semble, à le voir, papimane. » Voltaire écriTait 
aussi au Conte du Bourbier : « Cettui pays n'est pays de cocagne, i (N. e.) 

(4) Voyez la citation sous Cartare. (n. b.) 

(JS) Servius, sur le xi« siècle (Enéide), nous apprend que dans un combat de cavalerie qui précéda le blocus d'Alésia, 
Céisar fut enlevé par un cavaÛer Arverne ; un autre guerrier le reconnaît et crie à son camarade avec un geste dédaigneux : 
c Cecot Cœaary lâche César. » Et le premier là-dessus le lâche. Le dictateur avait consigné le fait dans ses Ephémérides en 
•'applaudissant de son bonheur, (n. e.) 

Le berrichon emploie cœudre, le bourgui(pon queudre et le normand dit la coudre, (n. b.) 

Le berrichon emploie coti«, le saintongeais coue et le waUon keût. On lit dans Blonde et Jehan (xni* siècle , v. 4686) : 
c Kùeus (cuisiniers) Avoient aiguisié à keut leurs coutiaux. i (n. b.) 

UI. 44 



1- CE 

Keur. Nouv. Coul. GéD. T. I, p. 1113, col. 1. 

CUER. 

CuEHE. Nouv. Gèn. T. I, p. S99, coll. 
Ceure. Nout. Coût. Gén. T. I, p. 309. 
KEunE. Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 9K. 
COBUHK. NouT. Coût. Géo. T. I, p. 289. 
CuEHiKGHB. Ibid. p. 30e et 8t3. 

CUERINOUE, GUEBIENOHE. Ibid. p. 309. 

CUEHBGHE DVNOHE. Ibid. p. 39S, coL 1 et SU 

Ceur, subst. masc. Oflîcier municipal. Peut- 
être le même Queceux qui, dans d'à titres contnmes, 
s'&itpeUeal jurez, jurait ou pairs. • Bailly, francs 
« hommes, eschevins, et ceurs de ce pays ont, par 
- nouvelle ceure. statué, et ordonné. • (Coût, de 
Langle, Xouv. Coût. Gén. T. 1, p. 304.) - Les francs 

■ hommes, eschevins, et eeurhe^v represenlant 

• les trois collèges du dit pnys. > (Ibid. page 309.) 

• Que nulles cliairs ne se vendent, ni parellIemeDi 
. poissons, ne autres vivres sans premier eslre 
« visitez par les coeuvriers de la ville, sur soisanlc 

■ sols pai'isis, que nul ne jurira les coeuriersett 

■ excercant leur oflîoe, sur cent sols parisis d'à- 

• mende, ou aultrement amende arbitraire, selon 

• que le cas le désirera. • (Coût, de Tournehem. 
ibid. p. 457.) Par la coutume de Langle, • y a buil 
( cuerheers, qui seniblablement se renouvellent, 

■ chascun an, parles dits commissaires; lesquels 

• ont accouslume de cogiioislre de tous cas, de 
<■ crime, d'injures, delicts, maléfices, et faicts éDO^ 

■ mes, sauf des cas privilégiez, en les déterminant 

■ à la conjure du dit bourch^rave , selon leur 

■ keures, et statuts anciens, et si est on accoustumé 

< de tenir plaids pour les dits cas, de trois en trois 
. jours. • (Nouv. Coût. Gén. T. 1, p. 299.) 

VARIANTES : 

CEUR. Nou». Coul. Gén. T. I, p. 304. 
Ceurheer. Ibid. p. 305, elc. 
Ceuhieh. Du Cango, Gtoas. lalin, au mot Cora. 
COEuniER, CoEUvniEH. Nouv. Cout. Gén. p. tSl. 

COMER, QUOERIER. 

Ceur-broeder, subst. masc. Confrère. Broeder, 
en allemand, signifie frère. Ceur est pris ici pour 
juridiction. Ainsi le mot comiKisé de ces noms, 
signifie frère de juridiction, vivant sous la même 
juridiction. • L'on deffend, et interdit expressé- 

• ment à tous ceur broàers, ceorseurs, et mhabi- 

■ tans de ce paj's, voulans se retirer, avec leur 

• menace, en autre place, ou chastellenie, de 

• préablement, et paravani son portement, de 

• constituer en bon, et suffisant panibuys pour un 
« an, afin d'estrecité à droit contre tous' créditeurs 

< et y fournir. • (Cout. de Langle, Nouv. Cout. 
Gén. T. I, page 308.) De là, on a opposé ce mot à 
étranger. (Voy. ibid. p. 302. — Voyez aussi CraR- 
FHEBE ci-dessous.) 

Cenr-frere, subst. masc. Confrère el consœur. 
Proprement hommes et femmes vivants sous la 

(1) Du Cange cite sous ce mot une cbarte du comte de Flandre, de 1274 : ( Comine lui eschevia, luj goerien et 

Gommunilé de notre terre de Fumes nous rcquississent, que nous oulcuns points, qui sont au brief de leur cuere, knr 
amendisbiens el amoienEsieiia,... leur otlroiont et amoiinons ainsi que cbi dessoubs est oscrit. C'est à scavoir (pie c<HliBa 
en leur ceure soit contenu quiconque fsicbe et auttrui ireepassuit ; que on dîst dorghinghe ou afoluere d'oel... i On le tcU 
eora en latio, mère ou ceure en rrancais est la coutume. (M. b.) 



CE -w 

■ règlement, de la dénomination des éleus dont cette 
. compagnie esloil formée, sous le seul nom de la 
« heure. ' (Cout. de Gand, Nouv. Coul. Gén. T. I, 
p. 992.) < Toutes les paroisses, tant delà chastellenie 

• appellée keure, ou jurisdiction, que des vasse- 
< lages, etc. • ICout. de Bourbourg, ibid. page 503.) 

Keur signifie, dans le passage suivant, les assem- 
blées de la commune : " L'on est accoustumé, 

• d'ancienneté, de tenir, par chascun an, dans la 

■ ville et l'eschevinage d'Alost, par les bourgmais- 

■ tre, el eschevins, la keur de l'année; comme 
« aussi une keur de mars, et d'aoust, et chacun 

■ demy-mars, et demy-aousl, et de les faire publier, 

• à chacun dimanche, avant la my-mars: comme 

> aussi la keuràe f année, au dimanche avant la 
( S' Baron, et de la lenir en tel jour qu'il est 

■ désigné par la publication ; là où l'on est ajourné, 
« et où toutes les personnes masles estant agcz de 
« quinze ans, el au dessus, sont obligez de compa- 

• roistre, quoy qu'ils fusHcnt même du dessus de 
» soixante ans. ■> (Cout. d'Alost, au Nouv. Coul. 
Gén. T. 1, p. tll3.) On appeloit la may keure, ta 
visite que les eschevins et le maire faisoient pour 
vérifier si les propriétaires des terres avoienl exé- 
cuté le mandement du seigneur de Henaïx, publié 
au 1" de mai, par lequel il étoit ordonné, à ceux 
qui avoient des terres le long des chemins de cette 
seigneurie, de les réparer • comme aussi tous les 

• courans d'eau, el de clore, ou boucher tous les 

• fruits, ou grains qui sont croissans sur la terre, 

■ et d'osier tous les empeschemens, ou embarras 

■ qui sont dans les chemins, ou dans les passages; 

■ et cela dans les 1.5 jours après ledit mandement. > 
(Cout. de Renaix, Cout. Gén. T. 1, p. 1144.) On lit 
aussi, dans la coutume de Langle : • En viers- 

■ chare , et grand plaidz nommés vulgairement 

• cuereghe dynghe. • (ibid. p. 299.) 

Ccure signifie statuts, rëgfemcns qui se faisoient 
dans les ceures ou assises. • Les dix jurez ordonnez 

• au dicl an, au renouvellement de la loi pour la 
« communaulté, oui accoustumé, et poeuvent , 

■ quand bon leur semble, pour le bien, et utililô 

• ae la dicte ville, faire coeures, esdicts, ordon- 

■ nances, et statuts par escript, qui se publient el 

■ dont ils ont accoustumé user. > (Cout. de Saint- 
Omer.— Nouv. Cout. Gén. T. 1, p. 289.) • Par raison 

■ que, par les cettres, passé deux cens ans, et à 

• chaque fois l'on trouve ordonné, à un chacun, 
« d'avoir mesures au pain de la marque el gauge 

> de ce pays. • (Cout. de Langle, au Nouv. Cout. 
Gén. T. I, p. 309.) . A été par, cette nouvelle ceurc, 

• el statut, ordonné, etc. - (Ibid. p. 305.) On trouve 
ceures politiques, pour édiù politiques. (Ibid. page 
378.) Ce sont les ordonnances de police. 



CE 



- 823- 



CH 



même juridiction, suivant Tétymologie que nous 
avons donnée de ce mot, sour iBriicle ceur-broeder 
d-dessus.'C'est en ce sens que cuer-frere, employé 
comme synonyme à confrère, dans la Coût, de 
Langle, Nouv. Coût. Gén. T. I, page 300, répond à 
celte expression frère de loy, qu'on trouve dans la 
Coût, de Bourbourg, ibid. p. 482. 

VARIANTES t 

CEUR-FRERE. ^^ 

GUER -FRERE. 9ubst. masc. Nouv. Coût. Géu. T. I, p. 300. 
Gbur-seur, subst, fém. Nouv. Goût. Gén. T. I, p. 806. 

Ceus, adj. Seul. 

Dire vous voel d*un baceler, 
Qui chevauchoit parmi un bois : 
Tous ceus aîoit, à celé fois, 
Li baceler, dont je vous conte. 

?M. MSS. du R. n* 7989. fol. 239. R* col. ^. 

Ceus, adj. Aveugle. Du latin eœcm. 

Et droiz. et torz, ceusy et voiens. 

Pnrlon. de Blois. MS. de S. Gtrm. fol. 158, R* col. i. 

On a dit, au figuré : 

De bonnes gens n'estoit pas cex 
Le roy de Navarre Loys. 
Hist. de Fr. à la suite du Ron. de PutbI. MS. du R. d* 0812, fol. 84. 

C'est-à-dire qu'il savoit distinguer, apercevoir le 
mérite. 

VARIANTES ! 

CEUS. Parlon. de Bl. MS. de S. G. fol. 158, R» col. i, 

Ceu. Ibid. fol. 155, Vo. 

Cex. Ilist. de Fr. à la suite du R. de Fauv. fol. 84. 

Ceut, subst. masc. On a dit : fil de cent, pour fil 
à coudre, suivant le Glos. de THisloire de Bretagne. 

Cevadere, subst. fém. Voile du màt de beaupré. 
(Oudin, Nicol, Diclionn.) Nous disons aujourd'hui 
civadière (1). 

Cevecaille, subst. fém. Chevelure (2). 

Li moines saut, celi cor sor. 
Si le prent par le cevecaille : 
Et tel cop sor le col li baille, 
Que li borgois cuide estre mors. 

Fabl. MS. du R. n- 7989. fol. 89. V* col. 1. 

Cevechel, subst. masc. [Intercalez Cevechel, 
cbevet, oreiller, an Roman de la Rose: « Il out en 
« lieu de cevechel^ Sous son chief, d*herbe un grant 
« tncnccl. » Comparez le reg. JJ. 109, p. 382, an. 



1376 : « En laquelle prison avoit un lit et un chevecel 
« et certains draps à lit pour eulx coucher. »] (n. b.) 

[Cevelet (Test, de la reine Jeanne, an. 1329, 
Martène, Anec. I, col. 1377) doit désigner un 
ruban, un ornement pour la coiffure: » Item à 
« Marie ma fille quatre de mes plus belles cou- 
« ronnes empuées, et six de mes plus beaux 
• cevelets. »] (n. e.) 

Cévérité, subst. fém. Sévérité. Nous avons 
déjà remarqué ce changement de Vs en c. (Voyez 
Montbourcher, Gag. de Bat. fol. 4.) 

Ghaable, subst. masc. Bois chablis. — Câble, 
cordage. — Havre. — Machine de guerre. — Arme. 
— Blessure. 

En termes de jurisprudence, caable et cable sont 
les bois versés et abattus par le vent, qu'on appelle 
encore bois chablis (S). (Laur. Gloss. du Dr. Fr. — 
Monet, Dict. et le Gr. Coût, de Fr. Liv. I, p. 54.) 

Nous nommons encore câbles les gros cordages 
Nicol écrit et prononce chable. (Voyez aussi Monet* 
Rob. Est. Gloss. de THist. de Pans, et Du Cange, 
aux mots Cabulus, Caplum, Caybla, Chaablis, Cha* 
bluSj Jaable et Huna.) « Il est plus aisé qu'un 

< chable passe par le çertuis d'une aiguille, qu'un 

< riche entre en Paradis. » (La Noue, Dict. polit, 
etmilit. p. 210.) (4) 

On a donné le nom de chaable ou chable à 
certains ports ou havres. On trouve le chaable de 
VEure (Ord. T. V,jp. 244), le chable de rEure et 
de Harfleu (Ibid. T. III, p. 573), pour le port de 
l'Eure et de Harfleur , lieux situés à l'embouchure 
de la Seine, près du Havre-de-Grâce. De là, sans 
doute, avec une aspiration moins forte, on a dit 
hable pour port, et c'est ainsi que le Havre-de- 
Grâce est encore actuellement appelé par les matelots 
de ce port même. 

Chaable étoit aussi autrefois une machine de 
guerre propre à lancer des pierres; peut-être 
portoit-elle ce nom à cause du cable (5) qui servoit à 
la tendre et à la détendre. (Du Cange, à Cabalus.) 

Chable étoit une espèce d'arme ou de faux pour 
les combats de mer. « Leur fait besoin d'ung fort 
« chable^ fait comme une faucille bien, bien trao- 
« chant, bien attaché, dont ils Irencheronl les 



(1) Cotte voile est aujoiird*hui presque abandonnée. D*Aubigné (Hist., II, 50) emploie civii(ii>re : n II abat et amure 




ladite Heloys par la chevesaillc de sa cote, pour la mener par force hors dudit hostel. » (n. e.) 

(3) On lit aux Ordonnances (t. VIII, p. 527, art. 21, an, 1402) : c Que soubz ombre de caoble ou aultrement , Ton ne face 
vente des chesnes ne d'aultres arbres en estant » ; et à Tart. 27 : « Aulcuns cables ou arbres abbattus ou secz. » La forine 
chablis est dans 0. de Serres (807). L'étymologie est le latin capulare^ frapper, cogner, (n. e.) 

(4) Cable, corde, vient du latin capHlum, caplum, dans Isidore de Séville. La forme chable désigne encore la corde passée 
éins une poulie pour soulever im fardeau. Le diminutif chableau désigne un câble de hâlage ; le chableur était préparé au 
chabîage, c'est-à-dire au départ des coches dVau, à leur passage sous les ponts : « A Meleun aura un chableur, appelé le 
chableur du pont de Meleun... Icellui chableur aura un kûndart (guindeau) assis sur la mots de Tisle ; et icellui hindart 
soustendra en estât pour y attacher les fUlez et tourner à force de ffens, quand les eaues seront si fortes qu'il en sera 
nécessité pour iceulx bateaubc passer oultre. » (JJ. 170, p. 1, an. 1415). Par suite, chable a pu désigner un chemin de hàlage, 
uo pont d attache ; mais comme nom de lieu, il vient plutôt do catabulum, parc à bestiaux dans Pappias. (n. b.) 

(5) Chaable vient alors de quadabalum, chadabula, ^UîL^^^ '® grec «otraf^oA^ et auquel se rattache accabler ; le mot est 
déjà dans la Chanson de Roland (éd. Léon Gautier, v. 337) : < Od vos caables avez fruiset ses murs. » Au vers 98, on a une 
variante : < Od ses cadables les turs en abatied. » Ces caables devaient être des balisies ou pierrières , car on lit dans 
Goibert de Nogent (liv. VU) : t Une grande periere, que l'on claime chaùble, si grosse... » (n. b.) 



CH 



1ARUHTSS : 
CHA\LIT. Lanc. dn Lac, T. U, fol. 69, Vv 
Cbaelit, Fabl. MSS. du H. n* 7318, fol. 311, R« col. i. 
Chaalis. Fabl. MSS. du R. n« 7615, fol. 913, R* coL a. 
Crallict. Rabelais, T. 111, p. lU. 
Crahust. Petit Jean de Saiotré, p. 373. 

Chaalons, subst. Cbâlons. Nom de ville. On 
disoit proverbialement : 

l' Luz (brochel) de Chaalons (i). (Proverbe à la 
suite desPoës. mss. av. 1300, T. iv, p. 1653.) 

2* La nietice de Chaalons (rainéanlise). (Prov. ibid. 
page 1651.) Il faut peul-étre lire la vieuté pour la 
vilainie (5). 

3° Chaalon chasse, autres dieni, pour l'énergie de 
la suite. 

Chalonchie, boitzes de Chalon. (Des Accords, des 
Allus. fol. 9*.) C'est le vrai uoin de ChSIons-sur- 
Marne qu'on écrit avec l'a pour suppléer aux deux 
a, à la difTérence de Challon-sur-SaAne, avec un 
simple a, deux II et sans s à la fln (6). 

Gtaaane, subst. fém. Cbalne. (Glossaire du P. 
Martène, T. V.) On trouve «fiaarrei, pour chaînes, 
dans Joinville, maiail faut lirechaane [7).(0u Cange. 
sur Joinville, p. 255.) 



CH -î 

. cordes qui servent à la nef. ■ (Le Jouv. fol. 89.) 
Peut-être ce mot, avec cette acception, vient-il de 
chapler, copier ou chabler, qui signifioienl haclier en 
pièces (I). (V. ci-dessus Capler et ses orthographes.) 
Par la même raison, les raolschabie, chaable, etc., 
ont dû signifier blessure. 

Le coup de paulme v sols vaille ; 
Coup de paing xii deniers baille, 
Caahie xviii Bola paie, 
XXXVI le SBDg, et la plaie. 

Au. C«l. ie Nonn. en nri. MS. fol. VJ, V. 

Il faut cependant remarquer que chable ou cable, 
comme blessure, ne désignoit qu'une contusion, 
meurtrissure. • S'il y a pring, sans sang, chable, 

■ ou taillure, sans rompre, ou entamer la peau, est 
. equipollée à sang, il y a une amende de 60 sols. ■ 
(Coût, de Chaum. en Bass. Nouv. Coût. Gén. T. III, 
page 377.) • Quand il y a poing garni, et sang, ou 

■ chable qui équipole à sang. > ICout. de Troyes, 
ibid. p. 274.) 

TARIAI^TBS ; 
CHAA.BLE. Du Canine, GlosB. Ut. au mot Cabului. 
Chablb, Id. ibid. Dict. de Monet. 
Caabls, Cable. Laur. Gloss. du Dr. Fr. 

Ghaalgnon, subst. masc. Cbatnon, crochet. 

A cil meimes chaaignon (2), 
Dont U bacons Tu despendus. 
Ont le moine pendu lassus. 

Fabl. USi. du H. d- 76IE, T. Il, fol IW, R- ul. 1. 

Ghaailt, subst. masc. Brancard, civière (3). C'est 
en ce sens qu'on a dit : • Si ensepvelirent mconti- 
> nent le corps du Seigneur, et le misrent en ung 

■ cbaalit couvert d'ung poille royé, si l'apporte- 

■ rent au palays, et le veillèrent toute nuyt. > 
(Lanc. du Lac, T. II, î* 62.) Nous disons cftà/((, pour 
bois de lit, châssis de lit. Rabelais écrit challict. On 
b-ouve charlislz, dans Petit J. deSaintré. • Esquelles 

■ maisons avoit gentes salles, chambres, garde- 
» robes, charlislz, etc. • 

Chaalis à gesir. 

Pilil. HSS. lia H. a» IBIS, T. H, bil. «), H- <M. I. 

(f> Ici chabU est le BubstantiT verbal de chapeler ou chapler (capulare). C'esl l'arme et aussi U blessure que fait cette 
arme : < Dur eunt li colps et li caplet est greta. » (Roland, t. 197B.) <n. e.) 

(2) Le fabliau cité a été paraphrasé Liar H. Louandre au premier volume de ses Conteurt/ranfai* (Charpentier, 1B73,in-lS}r 
■ous le titre du Moine tiacrulatn (p. lU-lS). On lit dans Renart (IV p. 349, v. 3095) : t Car bien matin fu traînés Dusqb'sB 
fourcee et Tu montes Amont l'eskiele au caaignon, Ni faloit se 1 eskiele non A tourner, k'il ne fust pendus. > C'est dODG la 
corde qui sert de cravate au nendu. On lit encore au t. III de Renart, p. 78. v. 21907 : • Que moult 70S sietbion cest estole 
Qui le voatre bel cot école... Qu'ele resemble chaagnon A quoi l'en ait pendu Isron. * (n, K.') 

(3) La forme picarde est caîit ; en Saintonge, c'est ehaloise, chalut ; en itatien, cataletto ^bas-li 
pairade. On lit déjà dans Th. Le Martyr (lOi, xii' siècle) : » Qaant veneit que I ' 
Thomas esteit apareil lez. Dessus un chaelil qui tôt esteit quiriei. ■ (N. t..) 

(*) Chalon-sur-Saône (tabiilo). (n. k.) 

<p) Lisez iiiceié, niaiserie. On dit encore que quatre-vingt-dix-neuf moutons et un Champenois (ChAlonfl-sttr-Muiie} bnt 
cent bâtes, (N. K.) 

(6) On lit dans une Charte de 1S90. au Cart. de S< Vincent de Laon (Du Gange, IV, 531, col. S) : c Item onte parisia sur la 
vigne Watin Chardon devers Buct. Item deux Chttalona et une maille Chaalon» sus la maison Gilon le Bouchn'. > Cest la 
monnaie des évéques de ChAions-aur-Uame. (Du Cange, IV, pi. 33, type liô.) (n. e.) 

(7> La forme chaaines est dans Roncîsvals (113, Xlf siècle) ; i En deux ehaaine* tenoit un grsnt lion, i De mfime dans la 
Chanson des Saxons (XIX) : < Ou il l'en amaint pris en chaa\ne OU en hart. * CAanne est dans ta Rose (v. 16068) ; t La balle 
ehaane dorée Qui tes quatre elemens enlace. ■ (s. E.) 

(B) Clioê désigne, en Franche-Comté, l'espace d'une poutre A l'autre, dans une grange ou un hangar. Dans les refpstres 
du Trésor des Charles, il a le sens de cuisme : ( A Jehan Cossart donnons un chas de maison avec la placo derriarea. j 
(Jl. 98. p. 165, an. 1301.) Au reg. 206, p. BS, sn. 1478: f Le suppliant qui se sentoit mal disposé de Croit, fist hlr« A Bon dhu 
oA cuisme très bon fou. > (n. E.) 

(9) C/taoi«atesensdechasteté. OnlitauRamBncero(xii*siècl«,p.flO): « Vousportieilepris de beauté et L*ensatgM 
lie châtiée, t Au xiu* siècle, on Ut au vers 2S(R de U Rose ; i Châtiée, qui <foai« doit estre et des roaea et on 
boutons. * (n. e.) 

(Il)) On Ut au reg. 163, p. 316, an. HOt: « Ic«Uui laqoet ala ven nue loge on choient, qui estoH don* Uditte vigns. • (R. >.) 



Ghaas, subst. masc. Travée (8). 



Chaastré, subst. masc. Eunuque. (D. de Borel.) 

Chaaté. subsl. fém. Cbarité. Ne seroil-(% poini 
une faute dans ces vers î 

Oiz ne seront, n'escoulé, 

Quar aordea sont de chaaté (9). 

Pulon. ie Bl. US. ds S. G. toi. 153, V- efH. 1. 

Chabanne (10), subst. fém. Cabane. Du latin ca- 
panna. H' de Poncemagne, dans ses Extr. pour la 
3* race, p. 309, cite Chabannes et Confolens,caaimt 



s-latin cadelatut') est un Ut da 



CH 



— 336 - 



CH 



des mots françois, d'où plusieurs lieux onl tiré leur 
nom, suivant Valois, notice, p. 124 (1). 

VAfUAKTES : 
CHABANNE. Valois, notice, p. 1Î4, col. 1, 
Chabàne. Foncemagne. 

ChableaOy subst. masc. Diminutif de chable. 
(Voyez CïiAABLE ci-dessus.) Nous disons encore en ce 
sens tableau (2). 

Chablis, subst. masc. Ce mot subsiste encore 
sous la première orthographe, en termes de juris- 
prudence, pour signifier les bois versés et abattus 
par le vent. (Monet, Cotgrave.) On disoil autrefois : 
« Bois de chablis (3) et versis. > 

VARIANTES : 
CHABLIS. Du Gange, Gloss. lat. au mot Cablecia. 
Caablis. Laur. Gloss. du Dr. fr. 
Cablis. Skinner voc. forens. Exp. au mot Cablis. 

Chabot» subst. masc. Ce mot désigne une bran- 
che de sarment que Ton coupe du cep, pour la 
planter, et que Ton appelle chapon (4). « Les vigne- 
« rons ne feront feu dedans les vignes, n*emporte- 
« ront en leurs maisons, ou feront emporter 
« aucuns bois d*icelles, soit des dites perches, 
« pesseaux, charniers paux, pallis ou bouchelures, 
« moessines (pacquets de bled, de raisin, ou autres 
« fruits) n'autres fruits en quantité notable, ne 
« vendront ou donneront cheveluz (chevelées en 
« bourg) ny chabots^ etc. » (Coût, de Berry, Coût. 
Gén. T. II, p. 341.) En effet on nomme encore cha- 
pon, en Bourgogne, les branches de vignes que Ton 
coupe à dessein de s'en servir pour planter. Peut- 
être le mot latin cepones a-t-il servi à désigner ces 
rejetons ; soit qu'il ait servi à former les mots cha- 

Son et chabot, soit qu'il en ait été formé lui-même. 
le là, il est aisé de voir pourquoi ce mot cepones a 
signifié infantes Juniores, acceptions dont Du Cange 
dit ne pouvoir démêler la raison ; au reste il paroît 
que tous ces mots viennent originairement de sep, 
cep, cépage^ etc. 

Chabre, subst. masc. Crabe. (Dict. d'Oudin.) 

Chabriot, subst. masc. [Intercalez chabriot, 
chevron de charpente, en 1463 (JJ. 178, p. 199): 
« Lequel varlel de guerre print icellui chabriot, et 
« en le portant devant son cheval. »] (a. e.) 



Chabroulller, verbe. Charbonner, barbouil- 
ler (5). On lit en ce sens : * Crayon rouge, ou blanc» 
« ou noir, dont il chabrouille une muraille. » (Les 
Touches de Des Ace. fol. 13.) 

VARIANTES : 

CHABROUILLER. Les Touch. de Des Aec. fol. 13, Y*. 
Charboiller. Verger d'bonn. p. 206. 

Chabrun, subst. masc. Air refrogné. Mot usité 
à Metz. (Le Duchat, sur Rab. T. II, p. 59.) 

Chaçable, adj. Bon à chasser. « A plus grant 
« talion, et la solle du pié plus large cerf qui doit 
« porter x cors, que celluy qui est jeune, et qui 
« n'est mie chassable. • (Moduset Racio, iis. f* 9.) 

Chaçant, part. prés. Qui poursuit, qui donne 
la chasse. Ce mot est employé substantivement 
dans ces vers : 

Gestes besoingnes acomplies, 
Sanz ce que plus faire i a fiere, 
Li chaçant retournent arrière. 

G. Guiart. IfS. fol. 230, V. 

Chace, subst. fém. Chasse. — Cercueil. 

Ce mot subsiste encore dans le premier sensllde 
chasse. On Ta ensuite employé, dans un sens géné- 
rique, pour ce qui servoit à renfermer quelque 
chose (6). 

Ainsi chace ou chasse ont signiHé cercueil. 

Les autres vont portant la grande chasse, 
Triste service, etc. 

Juach. du Bellay, p. 263. 

On a aussi employé ce mot pour coquille. 

Que Valor soit avant boutée, 

Qui, vaine, et quasse (7), est reculée 

Comme en sa chasse Umaçon. 

Fabl. MSS. da R. n* 7218, fol. 197, V* ool. 2. 

TARIANTES : 

CHACE. Du Cangc, Gloss. lat. au mot Cacia. 
Chasse. Orth. subsist. 

Chaceleu (8), subst. masc. Louvetier. Qui chasse 
le loup. Du Cange dit avoir lu une charte originale 
de Tan 1331, dans laquelle Nicolas Choiseul est 
qualiflé : « Chaceleu nostre sire le Roy, en sa 
« forest de Breval. » (Gloss. lat. au mot Luparius.) 
Aujourd'hui, le grand louvetier est un offlcier depa 
couronne* 



(1) Le bas-latin capanna a en efTet donné Chabannes (Lozère), Chaban (Deux-Sèvres) , Chavannes (Drôme) , C?iet^annes 
(Nièvre)^ Chavannac (Corrèze); on trouve même Cabane (Landes) et Cabannes (Tarn). (N. B.) 
(î) Voyez Chaable. (N. E.) 

(3) Chablis subsiste comme nom de lieu dans FYonne. (n. s.) 

(4) Il vaudrait mieux écrire chapot, car les potiers conservent le verbe chapoter et le dérivé chapotin, qui doivent remonter 
à caponem, coq châtré. Quant à Chabot, nom de famiUes saintongeaises (Ue de Ré) et d'une branche des Rohan, il désigne 
proprement le poisson appelé encore meunier ou lotte ffoujon. C'est alors un dérivé de caput , comme capito , et au 
xrv« siècle on a la forme chaveiot : c Loches et chaveloz, à la sause verte. » (Bibl. de rEcole des Chartes , 5* s&ie, I, 333.) 
*'. Littré cite comme étant du xui* siècle un passage des Miracles de la Vierge, recueil de mystères du xv* siècle : c Avoirs 

it bien d'un petit page. D'une frouchine, d'un rabot, ki n'est pas graindres d'un cabot. » Enfin , Marot joue sur le sens : 



ire, il te plaist trois poissons bien aymer ; Premièrement, le bienheureux dauphin : Et le chabot qui noue en la grand 
\ jt (IIL iO.) Ce Chabot est l'amiral de Brion, mort en 1543. (N. B.) 



c Sire, 
mer. 

(5) Charbouxller désigne encore Faction de la nieUe sur le blé ; c'est un dérivé de carbuncul\As : la nieUe s'interpose 
comme un charbon entre les grains, (n. b.) 

(6) On lit déjà au Coronemens Loys (v. 450, xii* siècle) : « Je vous dorrai tôt le trésor de Farche ; Ne demorra ne galice ne 
chasce. » On ht à la même époque, aux Emaux de de Laborde (p. 909) : < Li casse où 11 saintuaire ert^ rend! si grant odor, 
que il sembla à tous que paradis fut ouvers. > L'origine est le latin capsa. ^N. B.) 

(7) En latin cassa. (N. E.) 

(8) Le mot subsiste comme nom propre : Chaueloup-Laïubat. (n. b.) 



CH 



— »6 



CH 



Chace lièvre, subst, masc. Sorte de jeu. Frois- 
sart dit, en parlant des jeux de son enfance : 

Jttiens au Roy qui ne ment,... 
Au chace lièvre, à la clingnelte. 

Fruissart, Pofis. MSS. p. 8G. col. 9. et 87, ool. i. 

Chacelle, subst, fém. Fauteuil. — Chaise à 
dossier. « Hz regardent vers la fueillye qui estoit 
« faicte pour Thermite dont nous avons parlé, et 
« voyent appertement qu'il estoit dedans la feuillye 
« assis sur une haulte chacelle. » (Percef. Vol. 1, 
fol. 131.) On lit plus haut, fol. 124, que le même 
vieillard étoit assis dans une chaere à dossier , et 
au fol. 132, on voit que c*est une chaise ayant 
qpatre anneaux, portée par quatre chevaliers. 

Chacemets, subst. masc Venaison. En latin 
venatuSy selon le Gloss. du P. Labbe, p. 522. 

Chaceor, subst. masc. Cheval de chasse (1). Le 
cheval de Partonopex, qui se perdit à la chasse, est 
toujours nommé chaceor, dans Parton. de Blois. 

Dans Lancelot du Lac, T. 1, fol. 30, monta sur son 
chasseur^ signifle monta sur son cheval de chasse. 
Un nain sur un chasseur, est un nain sur un cheval 
de chasse. (Ibid. fol. 103.) 

VARIANTES : 
CHACEOR. Du Cange, Gloss. lat. au mot Caçor, 
Chacegur. Du Cange, ubi sujprà, 
Chaceur. Id. Ibid. — Loix Norm. art. 22 et 23. 
Chasseur. Orth. subsistante. 
QuAGHEOR. Dict. de Borel. 

Chacepol, subst. masc. [Intercalez chacepol, 
qu'on trouve déjà au milieu d une charte latine de 
1232 (Du Cange, 11, p. 12, col. 1): « Quod in villa 
« Bisyaci nullum debemus habere chacepol^ nisi 
« tantum prsepositum. > On le trouve aussi dans 
les actes français (JJ. 127, page 135, an. 1385): 
« Comme ledit Guillaume feust lors chacepol et sur 
« le gouvernement de la juridiction de la chas- 
a tellenie dud. lieu de Toussey pour et au nom de 
« nostre amé et féal chevalier le sire de Beaujeu. » 
On trouve aux actes de la même châtellenie, à 
l'année 1486: « Sur ce que le prevost de Lymas a 
« accoutumé d'aller dîner à Pomiers le jour de 
« S. Barthélémy, avec lui son chassipole sergent, 
« au presbytère dudit lieu. » Ce peul être le 
cacftere//MS. anglais (Voir Du Cange).] (n. e.) 

Chacefeau, subst. masc. Cartulaire. « En 
« matière de dixmes ou terrage, pour obtenir 
« sentence sur la possessoire, il suffit produire 
« un cartulaire, ou cachereau authentique, ou 
« autre titre en forme probante, etc. » (Coût. Gén. 
T. I, p. 862.) Dans le Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 85, 



il est dit, en note, que < c*est une espèce d« 
« journal de père de famille, ou de cueilloir. • Ce 
mot, dans la Coût, de Cambrai, est écrit chacereau, 
par rapport à son origine charta. 

VARIANTES : 
CHACEREAU. Coût, de Cambray. 
Cacheheau. Coût. Gén. T. I, p. 8G2. 

Chaceret, adj. En latin venaticus^ suivant le 
Gloss. du P. Labbe. 

Chacerie, subst. fém. Chasse. Le lieu où est le 
gibier, où Ton chasse: « Je ne puis de ce bos... arbre 
« tranchier, fors que por faire haie à ma chacerte, 
« de bonne foy (2). • (Du Cange rapporte cette cita- 
tion au mot Chaceria, sous Caciare.) 

Chache avant, subst. masc. Poursuite, en 
termes de procédure (3). Proprement c'est l'action 
d'aller en avant. « Pour toutes actions réelles et 
personnelles, dont l'on voudra poursuivir terres, 
et seigneuries de payerie^ il sera requis, tant à la 
plainte faire, comme au jugement defllnilif du 
procez, y avoir deux pers ; et quand au surplus 
des autres besoin^nemens de chache avant des 
prouz, se pourra besoingnersans pers. » (Goût, 
de Haynault, Coût. Gén. T. I, p. 804.) 

Chache, subst. fém. [Intercalez clmche, au sens 
de cognée (JJ. 108, p. 360, an. 1376): < Ledit Bou- 
« teille considérant qu'il estoit en péril de mort..., 
« pour obvier à icelluy péril flst tant qu'il eitf 
« la chache ou coi^ngnée de Tun de ses a4ver- 
a saires. »] (n. e.) 

Chachep, verbe (4). Se cacher. En latin latere, 
que Labbe, dans son Gloss. page 510, explique par 
atapir. 

Chacierres,sub8f.masc.(5) Chasseur. « Ge vous 
« di que ge ne sui, ne mires (médecin) ne herbiers, 
« ainçois vos dis que je sui uns venerres , nos 
« chacienes de bois. » (Chans. mss. du C" Tbib.) 

VARIANTES : 
CHACIERRES. Chans. MSS. du C»« Thibaut, p. ». 
Kachierre. Jeu parti, MSS. du Vat. n« 1490. 

Chacpe, subst. fém. C'osl sans '^oule une faute 
pour cliaere. La chaere doi' semble une sorte de 
monnoie, peut-être la même que le florin à la 
cMere ou chaiere. (Voy. ci-dessus Caiere, et Coaisb 
ci-après.) On trouve cinquante mil chacres (ter 
exprimées, et plusieurs fois répétées dans un titre 
de 1357 en faveur de Lorris. (Voyez les Recueils de 
Secousse, Portefeuille des noms propres, art. Robert 
de Lorris.) 



(1) Od ut déjà aux Lois de GuUlaume (22, xi* siècle) : < Li altres quatre chacexirs e palefreiz. » Au xn* siècle , on Ui au 
Uoi GuiUaume (p. 145) : c Enseler fait ses caceoura Et atorner ses veneours. » (n. e.) 

(2) La citation est tirée d'une lettre de Robert de Basoches, en 1427. C'est un droit de chasse dans Martène (Anecd. I, 
col. 1228, an. 1287) : < Sauf à men dit signeur et à se hoirs contes de Haynaut ôs Uus devant nommeis le caeheriê dw 
biestes. » (n. b.) 

(3) C'est encore dans les grands ateliers le nom des surveillants. On lit dans d'Aubigné (Hist., II, 968) : < Gela 9*execilU 
tellement quellement par les mains des soldats, qui avoient pour chcuife^avant les canonades. » (n. s.) 

f4) Le bourguignon conserve encore la forme cnauché. (N. e.) 

(5) C'est là un nominatif, répondant, comme le provençal casBayre, au latin ccLcciaior. (N. B.) 



t 



CH 



- 387 - 



CH 



Chacun^ pf'onom. Chaque. — Chacun. 

On disoit autrefois chacun jour, pour chaque 
jour. (Joinv. p. 90.) (1) Dne chacune chose, pour 
chaque chose (2). (Clem. Marot, p. 584.) 

On disoit aussi chacun et chacune, dans la même 
signiricalion qu'aujourd'hui; mais voici quelques 
tours particuliers qui ne sont plus d*usage : 

!• Messire cha^cun, pour dire un chacun, tout le 
monde (Chasse et Départie d'amours, p. 166.) 

2«> Chacun à par lui, chacun parsoy, pour chacun 
en son particulier. (Monstre!. Vol. I, fol. 269.) 

3- Chacun choisit, pour danser , sa chacune (3). 
(Crétin, page 158.) S'en retournant chacun à sa 
chacune (4). (Pasq. Rech. Liv. V, p. 423.) 

4* Chascun à son tour. Ce proverbe, selon le P. 
Menestrier, art. des Devises, p. 6, tire son orjgine 
du chiffre de M. de Guise, où Ton yoyoit un A dans 
un cercle. De là on a dit : a La devise de W de 
• Guise, chacun à son tour. » 

Chacun est probablement une faute , dans le 
passage suivant : « En ligne droite descend le nés 
« traictis, et aiilé, non aquilin, bien assis eu son 
« lieu, non chacun, non enflé, non bas, mais de la 
« mesuie laquelle est requise à un beau visage. » 
(Nature d'Amour, fol. 26.) 

Chascunes (unes) se disoit pour quelconque. 
« Toutes les choses et unes chascunes, » (Pérard, 
Hist. de Bourg, p. 500, tit. de 1260.) 

Chaske jornal [pain), pour pain de chaque jour. 
(S. Bern. Serm. fr. mss. p. 132.) Dans le latin, panis 
quotidianus (5). 

VARIANTES *. . 

CHACUN. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 575. 
Cascun. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 137. 
Chascun. Loix Norm. art. 44 (6). 
Chacuns. Beaumanoir, p. 12. 
Chaske. S. Bern. Serm. Fr. MSS. p. 132 et 231. 
Chaucun. Ord. des R. de Fr. T. Il, p. 54 (7). 
CuECUN. Marbodus, col. 1G66. 
Chescun. Faifeu, p. 36. 

Ghacunlere, suhst, fém. Ce mot, expliqué lit- 
téralement, signifie la propre maison de chacun. 
« Les filles de la Heine s'en vont chacune en sa 
« chacunierCy » pour dire chacune dans leur maison 
particulière. (Let. de M- de Sévigné,T. II, p. 281 (8). 
— Voy. Dict. de Colgrave, Contes d'Eutrapel, p. 90.) 



VARIANTES .* 
CHACUNIERE. Let. de M- de Sévigné, T. U, p. 281. 
Chascunjiere, Chascunerie. 

Chadel, subst.masc. Guide, arbitre (9). Du verbe 
CiiADELER ci- après. 

Et duc, et aumaçor s*assiéent el prael, 

Au conseil au Soudan qui d'ex fait son chadel. 

Parton. dt Bl. MS. de S. G. fol. 180, V- col. 2. 

On trouve chael pour chadel, conducteur, dans 
Garin de Loherain. (Falcon.) 

Chadeler, verbe (10). Gouverner, dominer, 
guider. 

Li dus Girbert les conduit, et chadele. 

Du Cango, Gloss. lat. au mot Capdelare. 

Vers Tost des Turs, la suée gent chasdele. 

Rom. de Garin (Da Caogej. 

Et la viez loi, et la noveUe, 

Qui tous les sens du mont chadele. 

rarton. de Bl. MS. de S. G. fol. Ui, R* col. 3. 

VARIANTES * 
CHADELER. Parton. de Bi. MS. dé S. G. fol. 141, R« col. 3. 
Chasdeler. Rom. de Garin, MS. 

Chaden, subst. masc. Chaîne. Mot du patois 
breton. (Du Gange, au mot Catenatium,) 

Chadenet, adj. Enchaîné. Mot du patois breton. 
(Du Gange, au mot Catenatium.) 

Chadoine, subst, masc. Ghef, capitaine (il). Il 
semble que ce soit le sens de ce mot, dans les vers 
suivans : 

Et tuit li roi, et li chadoine 
Et tuit li petit, et li grant. 

Blaochardin. 115. da S. G. fol. 191, R* col. 3. 

Chaël, subst. masc. Petits des animaux. Gomme 
d'un chien, d'un renard et autres, du latin catulus. 
Jacques de Vitri, parlant des désordres des croisés, 
et particulièrement des évéques et des prêtres, se 
sert du mot catulos, pour dire leurs enfants : « De 
« cibis delicâtis pascebant catulos suos quos de 
« turpibusconcubinis, ipsi turpiores procrearant. » 
On lit dans la fable de faigleet du renard, nui pour 
se venger de ce que Taigle lui avoit enlevé un de 
ses petits, mit le feu au pied de l'arbre où l'aigle 
avoit son nid : 

Li aigle vit le feu espris, 
Au GorpU prie, et dit : amis 



<1) Ainsi on lit au § 726 (éd. de Wailly) : a Ne lessoit-il pas à faire grans despens en son hostel, chascun joyr. (n. b.) 

(2) On lit encore dans Marot (fV, 297): « Aussi un chacun et chacune, o Roy, t'honorera. » (N. E.) 

(3) On disait aussi : « Voicy le cameval, menons chascun la sienne, Allons baUer en masque, aUons nous pourmener. » 
(Du Bellay, VI, 32, r«.) (n. e.) 

(4) A sa chacune indique plutôt le lieu qu*on gagne que la personne qui vous accompagne : « Et sur ce , s'en allèrent 
tous, chacun en sa chacune. » (Louis XL 91' Nouv!) (N. E.) 

(5) La forme la plus ancienne est : « Et in cadhuna cosa. » (Serm. de Strasbourg , ix« siècle.) Au xii* siècle (Liv. des 
Psaumes, p. 178) on lit : « Chesquns buem est mençungiers. » Cette forme, comme cescuns^ dans les mss. de Froissart, est 
plus proche de l'origine quisque unus. (N. E.) 

(^ On lit encore aux Lois de Guillaume (jS) : c Pur chascun un dener. » (N. E.) 

(7) La Chanson de Roland présente aussi cette forme : « Chaucuns portent une branche d'olive. » (Str. XIV.) (n. e. 

(8) Comparez le sens de chacune dans Louis XL Rabelais (Pant., II, 14) écrit aussi : c Toute la ville bnisle, ainsi chascun 
s'en va à sa chascumere. d De même Montaigne (I, 257) : < Usage ancien, que Je trouve bon à refreschir, chascun en sa 
chascuniere. > (N. E.) 

(9) Chadel est aussi dans la Chr. des Ducs de Norm. (1, 170, v. 2536) : c Kar jeo me vant bien , oianz tuz , Que j'iere à 
dreit prince e chadel. » L'étymologie est capitellus. (n. e.) 

(10) On trouve chaeler pour chadeler^ comme chael pour chadel : « Jà Deus ne doinst, qui tôt chaele, Que trop caste feme 
soit nele. » (Parlon. de Blois, v. 6247.) On trouve même caieller ; l'étymologie est capitellare. (N. E.) 

(11) On trouve chudaine qui, comme catainCf vient de capitaneus : c Chascun prince, chascim chadainc En recunduit ses 
genz enmaine. » (Chr. des Ducs de Norm., I, 206, v. 3533.) (n. s.) 



CH 



— 828 — 



CH 



Estain le fu, pran ton chael : 
Ja seront mort tuit mi oisel. 

Fabl. MS. de S. G. 

Coc, chapon, ne guelinne, ne viel chien, ne chael, 

Rom. de Rou, US. p. 1S8. 

On a aussi écrit kaël, et on lit keel dans le roman 
du Renard. 

Et li cheal Tabaieront. 

Fabl. MSS. du R. n* 7645. T. II. fol. 167, R* col. 8. 

Nus kiens n*a si lié talent 
De courre, que li caiaus. 

Poée. MSS. Val n* 1480, fol. 170, R*. 

Amours, aussi con li kaiaus^ 
Gi jue volentiers à chiaus. 

Nievelos aznios, Poet. USS. da Veiican. n* 1490. 
VARIANTES : 

CHAEL. Rom. de Rou, MS. p. 128. 

Chaeles. Fabl. MSS. de S. G. fol 21, V» col. 1. 

Chaiel (1). Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 341, col. 1. 

Kael, Keel. Falconnet. 

Cheal. Fabl. MSS. du R. n* 7615, T. II, foi. 167, R» col. 2. 

Cheau. Bdré), Nicot, Monet, Dict. 

Chiau. Borel, l^" add. au mot Cheau, 

Chiot. Geltheil. de L. Trippault. 

Chiaulx, Cheaulx, Cheaus, plur, 

Cheaux, plur. Fabl. MSS. du R. n* 7615, T. II, fol. 165, V<>. 

Chaiaux, plur. Poës. MSS. du Vat. n« 1490, fol. 155. 

Caiaus, plur. Ibid. fol. 170, R«. 

Cayaux, plur. Etat des Offîc. du D. de Bourg, p. 246. 

Kaiaus, plur. Poês. MSS. Vat. n» 1490. 

Chaele, subst. masc. Ce mol, outre sa signifi- 
cation commune avec chael, se trouve employé 
fonr chadel (2), conducteur, dans Garin le Loherain. 
Falcon.] 

Chaeler, verbe. Faire ses petits. 

D'une lisse vous vueil conter, 
Qui près estoit de chaeler (3). 

Fabl. MSS. de S. Germ. fol. 15, V col. S. 

Chaelons, subst. masc. Un charlatan, racontant 
un combat qu'il avoit soutenu, se sert d'équivoques 
pour exprimer les différons moyens qu'il avoit 
employés pour repousser les attaques de son adver- 
saire. Ces équivoques contrastent les unes avec les 
autres. « Il me vint, et ge li trente, et il me saut, 
« et ge li lance, il me prist par les rains, et ge li 
« par les chaelons (4), il me prist par les temples, et 
« ge lui par les hospitax, il me flst trois tors et ge 
« lui trois chasteax. » (Erberie, ms. de S. G. fol. 90.) 



Chaenete, subst. fém. Petite chaîne (5). 

Chaens (6), subst. masc. On disoit chaens de lim, 

Sour le petit d'un lion, en latin catulus teonis. (n. 
u Bestiaire de la Bibl. de Boubier, u* E 140.) 

Chafaud, subst. masc. Echafaud. — Machine 
de guerre (7). 

Voyez, sur le premier sens d'échafaud, les DicL 
de Monet, Nicot, Oudin et Du Gange, aux motsCfea- 
falluSf Cata, Chaaffellus et Pseudocastellum. Nous 
appelons encore echafaud un ouvrage de charpeo- 
terie construit en forme d'amphithéâtre, pour voir 
plus commodément une fête publique, des réjouis- 
sances, etc. On disoit autrefois chafaud^ dans le 
même sens, pour echafaud destiné aux spectateurs 
dans les tournois et combats en champ clos. (Voyei 
Poës. dEust. Desch. mss. fol. 298. — La Jaille, da 
Champ de bat., Oliv. de la Marche, etc.) 

Les chafaudSj pris pour machines de guerre, 
éloient des espèces d'echafauds qu'on approchoit 
des murs, d'où l'on combattoit les assises sur 
leurs murailles, ainsi qu'on en peut juger par le 
passage suivant. On y lit, en parlant du sié^ 
d'Aiguillon : « Le landemain, deux maistres engi- 
« gneurs au duc de Normandie, dirent que, s'en 
« leur vouloit livrer bois, et oifvriers, ils feroyeni 
« quatre chauffaux, qu'on meneroit aux murs du 
« chastel ; et seroient si baux, qu'ils surmonteroient 
• les murs ; le duc commanda qu'ils les feissent. Si 
« furent faits ces quatre chauffaux , en quatre 
« grosses nefs, si y fît on les gens entrer, qui à 
« ceux du chastel deyoyent combattre. » (Froissart. 
Liv. I, an 1346, p. 139.) On lit ailleurs chats, comme 
il est dit en marge ^8). Ainsi le mot chat, que je croit 
formé de chatel, designoit une espèce de château, 
une galerie couverte, en usage dans les sièges, et 
chafaud, d'où nous avons fait echafaud, paroit être 
un mot composé, comme qui diroit fatix chat, un 
faux château. Le pseudocastellum de Du Gange, 
cité ci-dessus, justifie cette conjecture ; si elle est 
admise, elle pourra justifier en même temps le/ata 
destrier, fauteuil, qu'on expliqueroit destrier faux^ 
c'est-à-dire cbeval artificiel (9). Il résulteroit aussi,de 
ce nous venons dire, que cette seconde acception 



(1) On Ut au Gloss. fr.-lat. (B. N. 7G84) : c Chaiel catulus, chaielle, catula. » (N. B.) 

(2) Voir à ce mot. (n. k.) 

(3) Il dérive alors de calullare. Voir à Chadeler. (n. e.) 

(4) Il y a là une équivoque entre reins et Reims^ ville de Champagne, comme Chàlons. (n. e.) 

(5) Chaenete est dans Partonopex de Blois (v. 10025) : « Od chaenetea d'or delgies Bien ovrées et bien taiUies Furent atachié 
li mantel. » Au Livre des Métiers (223) on lit la variante chenetes. Machaut (p. 46) emploie la forme chainnette : c Et si tenoil 
une herminette Trop gracieuse et trop doucette à une chainnette d'or fin. » (n. e.) 

(6) Il vaut mieux lire chaeus. La confusion continue entre les dérivés de catulus et de capul. Ainsi dans Partonopex, 
V. 7UG1, on lit : < Li empereres d'Alemaingne Est dedens chaeus et cataingne. • (N. E.) 

(7) Chaffaut a le sens d'appentis au reg. JJ. 126, p. 64, an. 1384 : « Pluseurs maisons, chaffaut, cave et les appartenances 
de ce. » La variante chauffaul^ qu'on conserve à S* Servan (lUe-et- Vilaine), a le sens actuel au reg. JJ. 195 , p. 1583 , an. 
1476 : f Lesquelz charpentiers n'avoient cAau^atit que d'un bout, parce qu'ils > n'avoient de quoy chaafiCauder. > (Voyet 
encore E. Deschamps ms. fol. 298. (n. e.) 

(8) Qo»lit à la seconde rédaction, dans rédition Kenryn (IV, 367) : « A Tendemain vinrent doi mestre engigneour au doch 
de Nonnéndie et as signeurs de son conseil, et dirent que, se en les voloit croire et livrer bois et ouvriers à fùison , fl 
feroient .iiii. grans kas fors et haus sus .iiii. grandes fortes nefs, et seroient si hault qu'il sourmonteroient les murs , par 
quoi cil qui dedens les dis chas se tenroient, se combateroient main à main à chiaus qui seroient sus les mors don 
chastiel. » Le chat proprement dit était une ffalerie basse comme le musculus des Romains ; la tour mobile ici décrite esl 
plutôt un chat-chatel. (Viollet le Duc, Arch. V, 264.) L*échafaud servait aussi dans les assauts : c On flst lever et carpentcr 
unff grant escaufaut et amener à roes jusques as murs dou castiel. » (Froissart, V, 375.) (n. b.) ^ 

(9) La racine é*échafaud est encore douteuse, mais faud doit remonter au germain et non au latin fal$u9. (x • M.) 



CH -3 

est racceptîon primitive, dont la première seroit 
une extension très naturelle. 

VARIANTES ; 

CHAFAUD, ChafaulT, Chafaut. 

Cbaffault, Chapfaut, Chauffaut, Cbanffaut. 

Chafauder, verbe (1). Echafauder, garnir d'é- 
cbafauds. Ce mot est pris aussi dans un sens dé> 
tourné, lorsqu'on parlant d'un temple on dit : » Le 

■ plan aussi estoit tout au tour cliafaudé de sièges, 

• et bancs. • (Alector, Rom. fol. 113.) 

CHAFAUDER. Alector, Rom*, fol. 113, R'. 
Chaffauder. Oudin, Dict. 

Chaffourer , verbe. Barbouiller , griffonner. 
(Oudin et Cotgrave, Dict.) On lit, dans Rab. T. I, 
p. 61 : > Chalfouroit le parchemin, sans m'amuser 
« à chaffourer le papier. ■ [Brant. Cap. Fr. T. IV, 
p. 40.) ■ Lucain (Liv. 1") peint leurs dieux supposés 
< (des Gaulois) de .sang humain, au lieu de cinabre, 

■ et de vermillon, couleur dont les Romains cha- 
' fovTTOient leurs idoles aux jours des bonnes 

■ fesles, comme nous appiend Pline. > (Fav. Th. 
d'Honn. T. I, p. 376.) • Tousjours se chauffounoit 

■ le visage ; • se barbouilloit le visage. (Rab. T. I, 
p. 64.) On disoit tlguiément, se barbouiller de vin, 
pour s'enivrer, dans les Serées de Bouchet, Liv. 1, 

il. 29. Je i rois que ce mot s'est formé de chaperons 
ourrés [ou plutôt de c/ia/s fourrés, (n. e.)j, expres- 
sion dont on se servoit pour désigner les gens de 
plume, soit de robe, soil de finance. (Voy. ci-après 

CHAPFERO^S FOCRBÈS, à l'art. CllAPEHONS.) 
VABIAKTRS : 

CHAFFOURER. Brant. Cap. Fr. T. IV, p. «. 
Chaffourheh, Favin, Tb. d'Hon. T. I. p. 376. 
Chafouhkr, Chafourrbr, Chafoher, Chaforrer. 
Cbauf FOURRER. Rail. T. 1, p. et. 
Cbaffoureux, adjectif. Qui barbouille. On lit 
chaffourevx de parchemin, pour barbouilleur de 
parcbemin, dans Rab. T. V, Pronostic, p. 11. 
Chaffre, aubst. masc. Sobriquet. Nom de saint. 
Ce mot puroit pris i our sobriquet, dans Hontluo, 
qui dit, en parlant de trois enfuns qu'il avoit perdus 
au service : * Marc Antoine mon aisnri; Bertrand, 

• auquel, par chaffre, je donnay le nom de Peyrot, 

■ qui est un mot de nostre Gascongne, parce que 

• ce nom là de Berlraiid me desplaisoit, et Fabiaa 

■ seigneur de Montesquieu. • (Uontluo,T.il, p. 537.) 

(1) On trouve encore chafauder en Salntocgeais, chaufautU-T on Beiry ; cette dernière forme ae trouve dès 1476 (JJ. 196, 
p. 15Kt) : ( Lesquelz cfaarpentîprs n'avoient chauffavl que d'un bout, parce qu'ili n'avoient de quoy chauffauder ; et l«iir 
convint d'eachaiittauder ledit bout chauffaudé. i (n. k.) 

(3) Saint-Chatfre (HautS'Loire) rëpoiia & Sanctut Theofridua ; on a d'aboid lu S. Eofridu», et prononcé S'eofr, qui devint 
Saiclus S'eofr. {}. Quicberat, noms de lieu, p. 68.) (n. e.) 

(3) L'histoire est aussi compJiciuëe que t'éivinologie. L'abbaye tut établie au Beplième siècle sur une propriété appelAe 
Villare. Lit nom du rundaleiir deviut alors celui du monastère : ■ Caenobium, quod dicitur CaimUnu, * dans un diplôme da 
Pépin d'Aquilaine (845) ; au xi* siècle, les chartes le nomment CaImiii«i(Mmiina(iterium;auxii*fliëcte, c'est le monotteritmi 
tancti Theofredi, le Uonatlier Saml-Chaffre ; le nom en usage est le Honaëlier. (n b.) 

(4) Le mot ne se montre qu'au xv* siècle, dans 01. Baaselin (XL) : f ]1 Tuut laisser le chalgrin importun à. tout le moins k 
U table buvant. » Dans la pièce XXXI X, i' -■ '■--'- -•'- -• — ■- -* =-'-- '- > 

(5) On lit au reg. 195, p. 53" — •'" 
commnnement vielles gens, > ,... _., 

(6) M"' de SéviRDè écrit aussi : < Je passe la vie & Paris chagrinmient quelquefois , et quelquefois en espérance et ea 

amusement, i (niqt. de Poitevin.) Dès le xvi' siècle, de Brach (t. I, p. 46) disait; ■ A divers jours , Sat) ■-- "' ' 

Chagrinemcnt nos esprits tiranmse. i (n. E.) 

(7) Lisez peut-être chaoueiie, car en wallon on dit encore chaméle, en normand eaimeile. (n. B.) 



9- CH 

On appelle, dans le Velay, S. Chaffre, Tbeofre- 
dus (2), "2' abbé du monastère de Connery, qui porta 
depuis son nom (Hagiol. de Cbâtelain) (3). 

Chaflert. Il faut écrire ch'afiert, pour ce afiert. 
Cela convient, il sied, il faut. 

Sire, il n'est blonde, ne brune 
Qui s'amour n'otroit enuis ; 
Et chafiert bien à chascune. 

Po». MS3. ViiLcu, n- (SU. fDl. 166, R- col. 1. 

On lit i'afiert, dans la même pièce, rapportée 
ibid. n» 1490, fol. 152, R-. 

Chafresner, verbe. [Intercalez Chafre$ner. An 
ms. de S' Victor, 28 (ïtil. 12, v, col. 2), on lit: 
• Par amor il (S. Etienne) les (Juifs) chafresnat. ■ 
La racine est comme pour chanfrein, camo 
fresnare, arrêter par la barre du mors.] (it. e.) 
Chagrain, subst. masc. Chagrin (4). (Dict. Borel.) 
Chagrlgneur, adj. Triste, fâcheux, revéche. 
(Cellliell. de L. Trippault, au mot Chagrin; les 
EpiLh. de H. de la Porte, et le Dict. de Col^rave.) 
Quand je boy la tasse pleine, 
'Tout travail, et toute peine. 
Et tous chagrigtieux (5) deepis, 
En moy dorment assoupis. 

(Ebt. du n». BdlMB, T. II. f ». 
VAHtANTES : 
CHAGRIGNEUR, ChaQRIONBUs, CHAORiNEint. 

ChagrlD, subst. masc. Ce mot, qui subsiste, 
s'est souvent employé avec dangier ou danger, 
pour désigner les maris, dans les Ar. Amor. Danger, 
qui signifie refus, obstacle, empêchement, fait allu- 
sion aux diniciiltés que les époux font naître à 
chaque instant. Leur humeur capricieuse et jalouse 
est exprimée par le mot chagrin. (Voy. 17" Arrest, 
page 172.) 

Chagrtnétneat, adv. Avec chagrin, tristement. 
(Dict. d'Uudin et de Cotgrave.) Sarrazin s'est servi 
de ce mot dans la pompe funèbre de Voilure (6). 
(Goujet, Bibl. Kr. T. XVI, p. 98.) 

C3iaharotes, subst. fém. ptur. Il faudroit peut- 
être lire tahorotes, espèce d'oiseau de proie. 

.... Oncqiies plus grant hardîté 

Ne vit homme ne tel vistelé 

Oue les deux ehaharotei (7) firent. 

Gu d* Il HfiM. lia DnliiiU, IIS. fol. IM, V. 



. li71; 1 



, Saturne , plein d'emoi. 



43 



CH 



— 380 — 



HC 



VARIANTES l 
CHÀHÂROTES. Gftce de la Big. des Béd. MS. fol. 126, V*. 
Chaharolles. Ibid. 
Chahortes. Ibid. fol. 128, R«, 

Chahute, subst, fém. Cahute, cabane. 

De joins, et et de feuchiere 
Estoit couverte sa chahute, 

Ërnous Caupains. poès. USS. avant 1300, T. Il, p. 919. 

Chaie , suhst. masc. Cave, cellier à mellre le 
vin. L'église de S. Crespln en Chaie ou en Chaye, à 
Soissons (i), a été ainsi nommée deTendroitoù elle 
a été bâtie. (Valois, Notice, page 58, col. 1.) On dit 
encore chaiZy en Gascogne, pour cellier à mettre le 
vin, et on lit ce mot, pris en ce sens, dans la Coût. 
deBayonne, Coul. Gén. T. II, p. 707. « Pour raison 
« du vin, mis en aucune maison, chaiz, ou caves. » 
(Voyez ci-après Chaiere.) 

VARIANTES : 
chaie. Valois, Notice, p. 58, col. 1. 
Chaye. Du Cange, Glosa, lat. au mot Cavea. 
Chaiz. Id. ibid. au mot Caya. 
Chay. Id. ibid. au mot Chaia, 

Chaiementy subst. masc. Chute. L'action de 
tomber. 

Traist, et empaint, et cil chey : 
Escbausiçant, si tist un cry ; 
Tel escrois fit au chaiement 
Comme chesnes qui chiet par vent. 

Rom. de Brut , MS. fol. 88, R' col. 1. 

Chaiere, subst, fém. Prison, captivité. Ce mot, 
dans le sens propre, pareil être le même que chaie 
ci-dessus, et signifier une prison, un cachot sou- 
terrain. 

Or tost certes, font U, que ele 
Sçavoit corne vos avez mespris, 
U vos venroit miex estre pns 
As Turcs, et menez en chaiere (2). 

Fabl. MSS. de S. Germ. fol. 86, R« col. 3. 

Chaigne, subst, fém. Le chignon du col. Ce 
mot justifie Tétymologie du mot chignon^ donnée 
par Fauchet, où il dit être la chaîne et liaison qui 
rend le col mobile. (Fauchet, Orig. Liv. II, p. 109.) 

Il a plus noir du chief la chaigne, 
Que n'est un Mor de Moretaigne. 

Blanch. US. de S. Germ. fol. 18G, R* col. 2. 

Chaignoingnial, adj. Canonial. 

Primes mist à Fescamp ordre chaignoingnial, 
Mez sez ûz i fist puiz mettre ordre monnial. 

Rom. de Rou, MS. p. 141. 



Chalgnon, subst. masc. Le chignon du col, la 
tète (3). 

Grinberge le tient au chaengnon. 

Rom. d'Aediff. MS. de S. Gêna. M. 68. V* eut t. 

De là, ce mot se prenoit quelquefois pour la tête. 

.... En amours mourut martir, 
Ce jura il sur son ckaignon. 

Villoo, page 91. 

VARIANTES : 
CHAIGNON. Villon, p. 91. 

Chaengnon. Rom. d'Audig. MS. de S. G. fol.^68, V« col. 1 
Chaînon, Chaisnon, Chingn. Oudin et Cotgràve, Dict. 

Chaillou, subst, masc. Caillou. 

Aiguë perce dur chaillou, 
Por qu adès i fiere. 

Robins dou Chastel. Poêa. MSS.avnt 1300. T. I, p. 4d. 

On appeloit autrefois une espèce de poires. Poires 
de Chaillou. [Cailleau est dans la Rose , caiUote 
dans les patois. Ce sont les caillot-rosat. (n. e.)] 

Poires de Chaillou, et nois fresches. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 246. R* C9l. 2. 
VARIANTES * 

CHAILLOU. PoGs. MS. av. 1300, T. I, p. 46. 
Rallau. Ph. Mouskes^ MS. 

Chailly, subst. masc. Il paroit que c*est un nom 
de lieu, et qu'il faudroit entendre ptir pain de ChaiUy 
le pain qu*on faisoit dans ce même endroit. « La 
« paste an pain de Chailly (4), d'un denier, pesé cinq 
« onces; et cuit, quatre onces cinq estellins. » 
(Ord. des R. de Fr. T. II, p. 354.) On lit (ibid. p. 52.) 
qu'il doit peser six onces et demie. (Du Cange, au 
mot Panis.) 

Chaim, subst. masc. Caïn. — Kam. 
On sent aisément que ce mot est le nom de Caïn, 
dans les vers suivans : 

Plus traislre sont que Chaim. 

Hist. de S" Lëoc. MS. de S. 6. fol. M , R« éd. f . 

Au second sens, c'est le Kam (5) des Tartares,dans 
les Chron. de S* Denis, T. II, fol. 66. 

Chalmbes, subst. fém. [Intercalez Chaimhes, 
dans les preuves de THist. de Bretagne (I, col. 1228, 
an. 1309): « Aura pour ses chaimbes, stivelez de 
« plates garnis de teles et de fer et d'acier.] (5. e.) 

Chaîne, subst. masc. Chêne, arbre (6). Borel,au 
mot cheoir^ cite ce vers où l'on trouve cesne : 

Li cesne chiet, en son cheoir. 

Ovide. MS. 

Dans les Preuv. du meurtre du D. de Bourgogne, 



(1) Cavca désigne les bancs qui entourent un amphithéâtre, et S* Crespin en Chaye a donc été bâtie sur l'emplmceiiient 
d*un cirque {UaUr. Valesius in suâ Gall. notitia, p. 08) ; mais cavea peut désigner aussi la crypte d*une égUse rasée par les 
Normands, (n. s.) 

(2) Il faut lire chaiele, pour rimer avec ele. C'est alors un diminutif de chai, au sens de cave. (n. e.) 

col. » Renart (v. 
de Jean de Meung 
chagnon. C'est un 

(4^ Dans un registre de la Ch. des Comptes, an. 1372, fol. 11, v*. on Ut : « Ce pain blanc, appelle |>am de Chailèy, de 

deniers de taille, pèsera 18. onc es. » C'était peut-être le pain de Gonesse du xiv* siècle ; les Frondeurs , en 1649 , aimèrent 
mieux la paix de Rueil que la disette de ce pain blanc et massif, (n. e.) 

(5) On ht dans Marco Folo (xm* siècle, p. 465) : « Il sont ydres (idolâtres), et font ardoir les corps mors, et sont au mnt 
kaan. » Basselin (33) écrit au xv* siècle chan, (n. e.) 

(6) On lit au xii* siècle (Rois, 186) : < Cume li muls vint suz un grand chaigne e ki mult out branches, une des branoM 
aerst Absalon par la tresce. » Le saintongeais emploie encore châgne et le berrichon chaigne. (N. B.) 



CH 



— 331 - 



CH 



p. 311, on lit : « Croûtes (pour écorces) de channe 
« mis, et employés à faire escamiaux (bancs) pour 
« seoir lui. » 
On a dit proverbialement : 

Au premier coup 

Ne chiet mie li chaînes (1). 

ProT. du Vil. MS. da S. Gorm. fol. 75, R* col. 1. 

Nous trouvons ce même proverbe, un peu autre- 
ment exprimé, dans Ovide, ms. fol. 95, et Ane. Poës. 
fr. Vatican, n* !522, fol. 159 (2). 

Le chesne fourchu étoit un jeu d'enfant, ainsi 
nommé parce qu'on y imiloit par des attitudes un 
chêne fourchu. On verra la description de ce jeu 
dans Le Duchal, sur Rabelais, T. 1, p. 149 (3). 

VARIANTES : 
CHAINE. Prov. de ViU. MS. de S. G. fol. 75, R* col. 1. 
GuANNE. Preuv. sur le meurt, du D. de Bourg, p. 311. 
Cesne. Ovide, MS. Dict. de Borel. 
Kesne. Ph. Mouskes, MS. p. 94. 
Keyne. 

QuESNE. Du Gange, au mot Casnus. 
Gheusnes. J. le Fèvre, S* Rem. Hist. de Gh. VII. 

Chaineus, adj. De chêne. M. de la Porte dit 
nœud chaineus, glan- chaisneus. Oudin et Cotgr. 
appellent chesneux un lieu planté de chênes. 

VARIANTES : 

CHAINEUS, Ghesneus. Epith. de M. de la Porte. 
Chesneux. Oudin, Cotgrave, Dict. 

Chainge. subst. fém. On trouve ce mot dans 
le passage suivant : « Le 15 juin fut faict le jeu de 
« la vie saincle Catherine en chainge. » (Beauch. 
Rech. du Théâtre, T. l, p. 2H.) L'éditeur, prenant 
ce mot pour change, déguisement, infère de là que 
des hommes jouoient des rôies de femmes, sous les 
habits de femme. 11 faut peut-être lire chaie, au lieu 
de chainge^ dans le passage suivant, au lieu de 
chanci : « L'an 1425, le I" jour du mois d'aoust fut 
« fait le jeu de S* Victour, et fut M* Didier Gerbin, 
« mailre des Escholles de S' Vie, S* Victour, et 
« duroitle dit jeu trois jours, et fut fait un c/iawct. » 
(Chron. de Metz, ms. citée par Beauchamps.) (4) 

Chainsce, subst. fém. Terme de coutume. 
« Quant le contredit sera passé, il doit estre clos, 
« et scellé du scel du seigneur de celui qui a fait le 



« jugement, en présence des parties, et sera rendu, 
« et porté au prochain seigneur ; et, s'il est trouvé, 
« par la court de celuy seigneur, que ce soit bien 
« jugié, ou mal jugié, il doit estre escript, et clos 
« de celui qui fera jugement, qui povoir y aura, et 
« sera rendu; poiant (payant; xu deniers, et plus 
« n'en poira, par la coustumé, au seigneur, ou à 
« son aloué qui le porta ; et adonc ajournera celui 
« seigneuries parties devant lui, à oir la chainsce^ 
« ou la levée, et le desclorra en présence des par- 
« ties, ou de leurs alloués, adonc leur sera leu. » 
(Ane. Coût, de Bret. fol. 87.) 

Cbainsll, subst. masc. Toile de chanvre ou de 
lin. On trouve, sur ce mot, plusieurs citations dans 
le Gloss. lat. de Du Gange, au mot Campsilis (5). En 
voici quelques autres : 

La coûte est par division 
Faite de soye, et de coton ; 
De brun paile li cheveux. 
Et de blanc chainail les lenceus. 

BUnchardin, MS. de S* Germ. fol. 180, V* col. i. 

Et sont li bras, et lonc, et droit, 
Vestue de blanc cainsil estroit. 

PartOD. de Blois, MS. de S Genn. fol. 151, V* col. S. 

Ghemises, braies de chaînais^ 
Plus blanche que n*est flor de lis. 

Blanchardin, MS. de S. Germ. fol. 175, R* col. 3. 

Ghemises, et brayes de chancil, 
Et chausses teintes en bresil. 

Percef. cité par Borel. 

(Voyez le Nouveau Du Gange, au mot Camsile (6).) 

VARIANTES : 

GH.UNSIL. Blanchardin, MS. de S. G. fol. 180, V». 

Ghainsis. Blanchardin, MS. de S. G. fol. 175, R« col. 3. 

Gheinsil. 

Ghancil. Dict. de Borel (7). 

Chaintuairey subs^ masc. Relique. « Voulurent 
« il mettre le chaintuaire en plus riche paile 
« (étoffe). » (Tri. des IX Preux, p. 435.) 

Chair, subst. fém. Chair. — Parenté. — Viande. 

Ce mot, avec Torthographe chair, est encore en 
usage dans ces trois sens (8). 

On appliquoit ce mot, dans un sens détourné, à 
-la concupiscence charnelle (9); ainsi Ton a dit de 



(1) Gitons une variante de Baud. de Sebourc (v. 666, xiv« siècle) : a L'amour d'une puceUe n*est pas si tost gaingnie ; Au 
premier cop li kaisnes^ che dist-on, ne kiet mie. » (n. e.) 

(2) Ajoutons deux proverbes d'après Leroux de Lincy (I, 62) : « D'un petit gland sourd ung grand cliêne (Mimes de Baïf, 
fol. 9, f) ; Petit homme abat grand chêne. (Oudin, Gur. franc) » (N. E.) 

(3) C'est ce qu'on appeUe faire l'arbre fourchu ; on se renverse la tête en bas , les pieds en haut et écartés. V arbre 
fourchu désigne aussi une période de grands vers alternant avec une période de petits vers. (N. e.) 

(4) Ne faul-ii pas lire dans le premier exemple chaingle, enceinte, comme au ms. anc. fr. 8148. 2. 2. fol. 90, v<> : « Item en 
viviers et en chaingles, sept bonniers pou plus, pou moins. » Au deuxième exemple, on corrigerait chancel ou chanciel. (n. e.) 

(5) Chainsil a encore le sens d'étoffe dans le Roman de Garin : « Qui plus est blanche que nul pans de cheinsil ;... Dras 
de cheinsil li ont fet endosser, Ghemise, et braies, chances de pailles cler » G'est aussi un vêtement (Mir. de la Vierge, I) : 
f ... Une demoiselle En un rhainsil moult ach^smée Acourut toute eschavelée. » (N. e.) 

^) Sous Camisa, t. II, p. 58, col. 4. (N. E.) 

(7) On trotive concurremment la forme chainse ; Du Gange, sous Campsilis (t. II, p. 58, col. 1), cite un vieux poète , ma.: 
c Trayés-vous arrier, N'atouchiés pas à mon chainse. Sire chevalier. » Et plus bas : « Un chainse grant et délié Ot vestu la 
prns, la cortoise. Qui trainoit plus d'une toise. » Voyez pour la description du vêtement la note sous Cninse. (n. e.) 

(8) La Ghanson de Roland emploie les formes char {carn) et charn {carnem) : « En deit hom perdre du sang et de la char, » 
(Str. LXXXVI.) - « L'haubert lui rompt entresques à la charn. • (Str. 94.) Roncisvals , au xii« siècle (p. 52) donne car : 
« De mautalent à la car trossuée. » Car est aussi dans Roland (str. GLVII et GGVII). (n. e.) 

(9) En ce sens, Quesmes de Réthune (Romancero, 96) a dit : « Ghascuns se doit enforcier De dieu servir, jà n'i soit li 
talens, Bt la char vaincre ot plagier. » (n. e.) 



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Mâugier, archevêque de Rouen, que 6uillaume-Ie- 
Bâtard flt déposer : 

Et de came que il ama, 

Et des enfans qu'il engendra, etc. 

Rom. de Roa, MS. p. 854. 

De là, Tex pression trouver la char jumelle em- 
ployée dans une signification obscène, au passage 
suivant : 

Tant la guesta, et tant Tespie, 
Que il trouva la char jumelé. 

Fabl. MSS. du R. a* 7218. fol. 184, V. 

Ce mot est mis pour parenté, dans ce passage : 
« Hélas vrayment ay je trop vescu, quant je vois 
« ma chair occise. » (Lanc. du Lac, T. 111, f* 138.) 

En devoir d'hoirs de sa chier, 

Vi|^l. de Charles VII, p. 208. 

Ce mot est employé pour viande (i), pour salaison, 
viande salée, par Villehardouin (2). « Se Tavoient poi 
« et de char fresche, nulle chose » (p. 63.) Ondisoit 
laveure de chiar, pour eau dans laquelle on a mis 
tremper de la viande. (Marb. col. 1658.) 

Ce mot se doit prendre aussi pour viande, dans 
le passage suivant, où il est employé sous l'ortho- 
graphe chire : 

De legier me puet la belle desconfire, 
Quant IL pains de son païs me semble chire. 

Poei. MSS. avant 1300, T. UI, p. 1045. 

C'est-à-dire que les pains du pays de sa maîtresse 
lui sembloient de la viande (3). C'étoit une façon 
d'exprimer combien sa maîtresse avoit d'empire 
sur lui. 

Voici d'ailleurs quelques façons de parler hors 
d'usage où ce mot est employé : 

!• On disoit sa chair, pour sa personne, son 
corps. (Rom. de Brut, ms. p. 73.) On y lit, en parlant 
de Louis, roi de France, qui retint prisonnier le 
jeune duc Richard : 

Celle nuit tint sa chart, qu*aler ne Yen lessa. 

Un ancien poëte dit, en parlant de J. Ch. : 

Si soit benoit le car de pechié pure, 
Qui souffri mort, pour humaine nature. 

vies des SS. MS. de Sorb. chif. LU, col. 38. 

Vuniverse char humaine se prenoit pour tous les 
hommes. (Chron. S» Den. T. Il, fol. 145.) 

En la bonne quarantaine, 

Ou rachepter voult Dieux carne humaine. 

Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 116, col. A. 

2* Faire marché de chair crue est pris dans un 
^ens déshonnéte, par Kievre de Bains, Poës. mss. 
av. 1300, T. m, p. 1167 (4). 



3* Amis de char^ pour parens. (Beaumanoir, 
p. 35.) Nous avons vu dans le même sens amis car- 
neXy au mot carnaus. 

4* On trouve ce mol pour homme en général, 
dans ces vers : 

pis ont fait que ne font Sarrazins : 

Saint Germain ont assaiUi les soiars (5), 
Destruis les biens et gourmendés les vins, 
Maisons fraictes, mortes ygnoscens chars, 

Eust. Desch. Pues. MSS. fol. itS.eoL 1 

J. Ch. est désigné en ce sens par Diu et char. 
C'est-à-dire Dieu et homme dans ce vers : 

lÂîixDiuet char mort souffri <6). 

VU» des SS. MS. de Sorb. chif. LX, col. 17. 

5" AuroiS'tu la char si hardie, etc., c'est-à-dire 
ta personne seroit-elle assez hardie, etc. (Hist. de 
B. du Guescl. par Mén. page 232.) On ancien poète 
a dit, dans le même sens : 

Trop a cil la chair hardie. 

Poés. MSS. Vat. n* 1400, fol. 168, V*. 

6" Avoir la char, et la toison, c'est-à-dire avoir 
tout le proHt sans la peine. Un pape, consolant les 
moines des injustices que leur faisoient les prélats, 
dit en ce sens : 

Il ont la char et la toison : 
A vous défaut il la foison. 

Hbt. de Fr. à la suile do Rom. de Fanr. foL 67. 

?• Por la char Dieu. Nous trouvons cette espèce 
de jurement, dans le vers suivant : 

Por la char Dieu, com suy honni, 
Quant cis vilains gist delez mi. 

Fabl. MSS. du R. a- 7218. fol. 116, V col. S. 

8' On nommoit la venaison noble chair, chairs 
gentils, viande réservée aux nobles. (Percef. Vol. 1.) 

d"* Mettre à la char se disoit autrefois, en termes 
de vénerie, en parlant des chiens, pour les acharner. 
(Fouilloux. Vénerie, fol. 55.) 

10" On disoit battre à la char, en termes de fau- 
connerie. (Modus et Racio, ms. fol. H3.) 

Il semble que ce soient deux proverbes, que les 
deux vers suivans : 

11« ... Plus prés m'est char que n'est chemise. 

Hist. de Fr. à la suite de Rom. de Fnnr. feL ff. 

12o ... Char à espée ne vault rien. 

Eust. Deidi. Poés. MSS. fol. 345. 

Pour dire chose happée, chose acquise par la 
force, etc. 

13" Un autre proverbe plus connu est celui-ci, 
qu'on trouve dans le Mystère de S* Dominique : 

Jeune chair, et vieil poisson. 

Hist. du Th. fr. T. H. p. 548 (T), 



(1) Aussi disait-on pour un jour gras : «c A un jour de char. (Bibliothèque de rEcole des Chartes, 4* série, t. IV, p. 373, 
XY« siècle.) {s. e.) 

(2) M. de WaiUy (§ 165) imprime : « Et il en avoient mult poi, se de farine non et de bacons ; et de cel avoient poi, et de 
char fresche nulle chose, se il ne Tavoient des chevaus que on lor ocioit. » Ce sens est aussi aans Bo-te (36) : € Ne pain, ne 
char, ne vin, ne gastiaux, ne biscuit. » (n. e.) 

^ Chire est là pour cire, avec le sens de miel. (n. e.) 

(4) C'est en ce sens qu*on lit dans la Rose (v. 4580) : « Nus homs ne se devroit jà prendre A famé qui sa char veut 
Tendre. > (n. e.) 

(5) Ce peut être la portion ordinaire servie à un religieux, comme solain. (n. e.) 

(6) Il vaudrait mieux lire en ou es thar. (n. eO 

(7) On lit encore dans Leroux de Lincy (II, 192) : « Toute chair n*est pas Tenaison. — Jamais ne demeure chair à la 
boucherie, s — Ajoutons encore ce trait d G. Basselin (V. de Vire, 36) : « Mon mari a, que je croy, Par ma foy I Le gosier de 
chair salée, Car U ne peut respirer Ne durer Se sa gorge n'est mouilée. » (N. B.) 



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VARIANTES * 
CHAIR. Nuicls de Strapar. T. H, p. 419. 
Char et Chars. S. Âthanase, Syinbol. fr. 
Char. Beaumanoir, p. 35. 
Chart, Quarne. 
Chiar. Marb. col. 1658. 
Chire. Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. 1045. 
Chier. Vig. de Charles VII, p. 208. 
Cher. Clém. Marot, p. 389. 
Kar. Ph. Moiiskes, MS. 
Carn. Laur. Gloss. du Dr. fr. 
Carne. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 116, col. 4 (1). 

Chaircuiter (2), verbe. Couper la chair par mor- 
ceaux. C'est le sens propre. Au figuré, ce mot s'est 
dit d'une personne mise en pièces. « Hachée comme 
• chair à pâté. » (Oud.Dict. et Cur. fr.) 

VARIANTES : 
CHAIRCUITER, Chaircuitier. Oudin, Dict. 

Chaise, subst. /em. Ce mot subsiste sous l'ortho- 
graphe chaise ; autrefois on écrivoit aussi cheize (3). 

Chascune estoit en une cheize assise. 

J. Marol, p. 31. 

Chaise, pris dans le sens générique de siège, a pu 
signifier trône, comme caiere et chaiere ci-dessus. 
Aussi disoit-on deniers d'or à la chaise^ pour dési- 
gner une espèce de monnoie sur laquelle le roi 
etoit représenté sur son trône. (Voyez Le Blanc, sur 
les Monnoies, page 173. — Voyez deniers dor à la 
chaiere^ article Caiere ci-dessus.) (4) 

VARIANTES \ 

CHAINE. Orthographe subsistante. 

Cheize. J. Marot, p. 31. 

Chiere. s. Bern. Serm. fr. p. 160, en latin Cathedra, 

Chaison, subst. fém. 11 faut lire l'achaison 
(l'occasion) au lieu de la chaison^ dans ce i)assage : 

Toute perdrai Ja chaison de chanter 
Se merci n'est là où je rai requise. 

Gil de Kerneville, Poës. MSS. avant 1300, T II, p. 570. 

Chaisteron, subst. masc. [Intercalez Chaiste- 
ron, chélron, tiroir adapté sur le côté d*un coffre et 
dans le haut: « Dedens lequel coffre avoit un 
« chaisteron fermé à clefs. » (JJ. 167, p. 143, 
an. 1413.) Au reg. 151, p. 501, an. 1399, on lit: 
« Ledit piestre lui dist que son argent estoient en 
« un gand ou chartron de son coffre. » Chartron 
est un dérivé de carta ; mais d'où vient chaisteron? 
Au reg. loi, p. 735, on a la forme cheston.^ (n. e.) 



Chaitiver (se), verbe. Se plaindre, s'affliger. 
Proprement devenir chétif. « Ch^^tver signifie s'as- 
« servir, s'abbaisser, appauvrir. » (Gr. Coût, de Fr. 
T. I, p. 104.) 

Or se chaitive, or se conforte. 
Et puis si vorroit estre morte. 

Rom. de Narc. MS. de S. Germ. fol. 118, R' col. 3. 

Chetiver étoit quelquefois un verbe neutre, et 
signifloit épargner. Comme Ton dit encore aujour- 
d'hui plaindre la dépense. 

Desduit ne veult chetyver. 

Gaco de la Digne, des Déduits, MS. fol. 7, V*. 

C'est-à-dire le plaisir de la chasse exige de la 
dépense (5). 

VARIANTES : 

CHAITIVER (SE). Rom. de Narc. MS. de S. G. fol. 118. 
Chetiver. Cotgrave» Dict. - Gr. Coût, de Fr. T. I, p. 104. 
Chetyver. Gace de la Bigne, des Déd. MS. fol. 7, V«. 

Chaitiveté, subst. fém. [Intercalez Chaitiveté, 
chetivoison, captivité, faiblesse, objet sans valeur. 
On lit aux Chr. de S*-Denis (dom Bouquet, III, 
p. 180): « Deux jones famés nées de la terre de 
« Manzonie, qui avoient esté prises et emmenées 
« en chetlvoissons. » A la page 246, on a ctietivoi- 
sons. Au reg. JJ. 100, p. 315, an. 1369. on lit: 
« Les signiflans ont prins six bardées de lui,... un 
« forgier où n*avoitque chetivetez. » Enfin dans 
un Bestiaire cité par Du Cange (II, p. 158, col. 3): 
• Que Jhesus Crist en haut montant, Mena nostre 
« chaitiveté. »] (n. e.) 

Chaitreux, adj. En latin maie calceatus (Voy. 
Bourg. Orig. Voc. Vulg. fol. 47.) 

VARIANTES : 

CHAITREUX, Chaytreux, Guaitreux. 

Chaizé, subst. masc. Terme de coutumes. C'est 
rétendue de deux arpens de terre, autour du châ- 
teau, suivant Ménage, Dict. Etym. La même chose 
que le chesé^ car le chesé, suivant quelques cou- 
tumes, est de deux arpens de terres situées aux 
environs du château ou principal manoir; suivant 
d'autres coutumes, le che^é est de quatre arpens. 
On rappelle aussi le vol d'un chapon. Le che%é se 
donne en titre d'avantage à l'aîné (6). (Laur. Gloss. du 
Dr. fr. — Du Cange, au mot Casa, etc.) On lit choisé 



(1) Char est encore pris au sens de race (Du Cange, sous Caro, 6, an. 1280) : c L*en puet bien avoir ou dit mestier un 
apprentiz de sa char, ou de la char sa famé. » Char est aussi pris pour chère (cara), visage : « Gentil rei d'Engleterre à la 
char très hardie. » (Jord. Fantasme^ V, 5.) (N. E.) 

(S') Chaircutier^ pour charcutier, est dans 0. de Serres (838). (n. e.) 

(3) Chaizey dans la bouche des Parisiens du xvi« siècle, s'est altéré en chaise. Ils disaient encore , d'après Th. de Bèze, 
Théodoze, Mazie, pèze, mèze, pour Théodore, Marie, père, mère. Palsgrave (1530) remaroue que les courtisans prononçaient 
Pazis pour Paris. En Champa^ine, la permutation se continue : écuzie, fréze. Au xvii* siècle, on confondait encore les deux 
formes : une chaise de droit, de théologie. Molière écrivait (Fem. Sav., V, 3) : c Les savants ne sont bons que pour prêcher 
en chaise. > Montaigne remploie déjà au sens actuel (IIL io%) : f EUe passa un lacet de sa robbe dans run des bras de 
sa cha'ne. » (n. E ) -«r 

(k) Du C^nge (IV, pi. 8, type 9) reproduit un denier à la chaise de Philippe VI de Valois, (n. e.) 

(5) 11 est employé comme substantif dans la Chr. des ducs de Normandie (II, v. 17480) : < Ck)ment de si fait chaitiver. Qu'à 
sa gent fait iiaol sofrir. » Ce sens de misère se retrouve au vers 38573 : < Qu'en Chartres vifs e en liens Les tindrent en 
frant chaitiver. » (N. E.) 

(6) Chaise vient de casa, chaizé vient de casata. Le mot se retrouve, comme nom de lieu, sous la forme Chaise (Indre, 
Aube), Cfiez (Creuse), Cheze (Côtes-du-Nord). M. littré, malgré Tétymologie différente, met ce terme de fief à la suite de 
chaise, au sens de siège. — Le vol du chapon était, à Paris et à Clermont, de 72 verges (à 22 pieds la verge, et 11 pouces le 
pied); en Anjou, il comprenait 300 pas : cette étendue paraissait limiter le coup d'aile des voIaiUes et des chapons. Le 13 
mars 17^, à Riom, la noblesse de Basse-Auvergne, en abandonnant ses privilèges pécuniaires, fit une réserve pour « la 
firanchise du manoir de chaque gentilhomme, cour et jardin, vulgairement appelé vol du chapon. » (n. b.) 



CH -! 

et cheisé, dans l'Ane. Coul. d'Anjou glosée, art. 17. 
On disoil aussi chois, pour dioisé. iOrd. des R. de 
Pr. T. I, p. 166.) 

ÏARrANTBS : 

CHAIZÉ. Ménage, DJct. Elym. 

UiiEisË. Ane. Cout, d'Anjou, art 17, 

Chbzè. Ou Cange, Glosa, lat. au mot Caïa. 

Croisé. Ane, Cout. d'Anjou, art. 17. 

Chois. Ortonn. dea R. de Fr. T, I, p. 116, et la note. 

Chai, subst. masc. Chevalier. (Dict. de Borel et de 
Corneille.) Bore! dérive de ce molceluidesenescha/. 

Chalun, adj. On disoitpaîH chalan ou chaland, 
pour exprimer une sorte de paiu d'une pâte forte, 

que Ton nommoit ainsi, peut-être parce qu'elle 
venoit dans des bateaux appelés c/ia/ans {!). (Voy. 
Dict. Univ au mot Chalan.) C'est ainsi qu'il faut 
entendre le passage suivant : 

Mais retournons à tatile, où l'esclanche en cervelle, 
Des dents et du chalan separoit la querelle. 

nego. Satjrr. 10, T«n 310. 

Nous avons parlé de ces baieaux nommés cha!ans 
ou calans, au mot calan (2). 

Chalandas , subst. [Intercalez Chalandas , 
qui se trouve au reg. JJ. 18.~), p. 80, an. U50: • Le 

• jeu de la soûle ou boulle de chalandas, qui est 

• uDg jeu acousiumé de faire le jour de Noël entre 

• les coinpaignotis du lieu de Coriat en Auvergne, 

• et se diversilie et divise ioellui jeu en telle 
« manière, que les gens mariez sont d'une part, et 
" les non mariez d'autre, et se porte laditte soulle 

• ou boulle d'un lieu ii antre, et la se estent l'un h 
■ l'autre pour gaingner le pris, et qui miculx la 

• porle a le pris dudit jour. ■ Comparez les Fa- 
bliaux de Méon (I, 27) : • (Jiiiconques fust en calan- 
- gage Qu'il n'i lesl tosjors quelque gage. ■] (s. e.) 

Chainnder, verbe. Aclialander. Attirer les 
adieleurs. (Uict. de Monel.) 

Chalandes, subst. fém. plur. (3) Femmes ga- 
lantes. Femmesde mauvaise vie. ■ Outrecellesquils 

• entrelenoient en leurs maisons, ils avoient leurs 

• chalandes p:ir tous les endroits de la ville. > 
(H. Estienne. Apol. pour Hérod. page 58.) C'est un 



^- CH 

sens tiré de la signification aacienae du mot 
chalandise pour fréquentation. 

Chalandise, âubst. fém. Commerce, habitude, 
fréquentation. Ce mot subsiste pour désigoer le 
concours d'acheteurs, dans une même boutique. 

On l'employoit autrefois pour habitude, fréquei- 
tation, commerce, comme en ce passage : ■ Les 

• commissaires dirent ù ceux de Tournay, qui 
. demandoyentconseildecesbesongoes; seigneurs, 

• no.is vous disons, pour le mieux, que voas 

• n'ayez nulle accointance, ne chalandise à ceux 
. de Flandres. • (Froissart, livreU, p. 200.) (4) -Au 

■ lieu que les marchands prient les plus belles, 

■ celles-cy laides prient les marchands de prendre, 

• et achepicr de leurs denrées, qu'elles leur lais- 

• sent pour rien, et à vil prix ; car le plus souvent 

• leur donnent de l'argent pour s'accoster de leurs 

■ chalandises. • (5) (Brant. DamesCall. T. I, p. 320.] 
Clialante. subst. Failière. C'est une tuile creuse, 

suivant le Dict- de Borel, qui s'appuie de l'autorité 
d'un ancien Dict. intitulé Catholicum parvum, oii 
ce mot est rendu en latin par imbricium, imbrex{6y 

Chalbanon. suhsl. masc. Galbanon, plante. 
(Celtbell. deL. Trippault.) 

Chulblnder, verbe. [Intercalez Chalbinder, 
tccmc obscène. (Voir Du Cange sous cathares, ll,&, 

col, 3.)][N. F..) 

Chalcis, subst. masc. Calcis. Espèce d'oiseaa 
dont la vue est trop foible pour soutenir le jour, et 
qui ne vole que la nuit II y a dix espèces de ces 
oiseaux de nuit : • l.e grand duc, le moyen duc, ou 

• hibou cornu, hibou sans cornes, ou cliabuaot, 
' chevêche, huelte, l'effraye, ou fresaye, corbeau 

• de nuici, faucon de nuict, ou chalcis, et souris 
. chauve. • (Budé, des Oiseaux, fol. 119.) 

Chaldeal, subst. masc. Câble. (Dict. de Borel.) 

■ Quant les nés (navires) furent chargiés d'armes 

• et de viandes, et de chevaliers, et de serjanz, et 
« li escu furent portendu (e§tendusj environ de 
> borz, et des chaldeals des nés, et les bannières 

■ dont il livoit tant de belles. ■ (Villehard. p. 28. — 
Dans Du Cange, sous ckatcidium.) (7) 



e celui de Goncsse. 6tait nommé chaland , parce qu'il élut le pain ordinaire 

on P3l dans 0. de Serrea (82t). (N. E.) 

(3) Cftataiiii désignait encore un vivier, un rôservoir pour le poisson, I Hz furent d'acord ensemble d'aler prandre 

poisson en la bouticle appellée au pais (de Bloia) chainn > (JJ. 164, p. 57, an. 1409.) Chaland a le sens d'associA aèi le i 

siècli!, dans riiomas le Martyr (30) : « Deis, se lu es cnuinz (inunciua), curune d'or partant, Ne dei<( estre en orguiàl , n 

en bien reluisant, A lun peuple deit estre chiefs e lur chalc.nt. > (n. b,) 

(3) La forme masculine est au reg. JJ. 1SB, p. S6. an. 14U4 : • Gautiiïr le Camus , qui estoit accompaigné de dix 
compaignons acoïntës et chaloi\» de lailitte 'Tussine, couru sus audit Jehan. ~ ~ 



LN. 'kT 



Finalement li c 

', nous vous diESons pour le mieu 

si ce mot dans ses poésies (Buisi 

I mis en la marchandise. » (n. k.) 

: • Ainsi taisof ent aulcuns chirurgiens do Grèce les opérations de leur art sur de* 

icquerir plus de pratique et de chalandise. > I^ Fontaine dit au in4me sens 



et jurés de Tournay, qui di 

|ue vous n'ayés nulle aquintanco , ne caulantUtm 

dejoiiei-e) : • Or me cuidii trop bien parraire Poor 



(4) M, Kervyn imprime (X, IIM) 
conseil de ces besongnes : < Sign< 
à ceux de Flandres, i II emploie i 
prendre aitlonrs ma calauditc. Si 

(5) Montaigne (IV, 173) écrit auj 
eschafTsuds i la vue des passants 
(Fahl. vu, 15) ' I L'enseigne Tait la ehalaiidi 

(6) A Loudéac (râtes-du-Nord), les chéneaujt se nomment chakmdf, 

(7) M. de Wailiy (5 75) imprime : I Quant les nés turent chargiea d'( _ 

li escu furent portendu environ des bords et des chantiala des nés , et les banieres dont il avait tant de belles, 
chfUeaux de poupe et de proue étaient bien plus élevés au-dessus du lillac que la dunetto du gaillard d'arrière ; on le peut 
voir dans les anciens modèles et dans les marines du xvir* et du xviii' siècle ; c'était 11 qu'on appliquait les sculpluraa da 
Puget, qu'on multipliait les dorures et les ornements polychroineB. (M, E.) 



CH 



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CH 



Chaldées, sulst. masc. Chaldëens. (Pontus de 
Thiart, dise, du Tems, fol. 14.) 

Chaleil, subst. masc. [Intercalez Chaleil, avec 
le sens de lampion : « Le baston à quoy Ton pend 
« le chaleil ou crassel les soirs, pour alumer en la 
« maison. » (JJ. 195, p. 1356, an. 1475.)] (n. e.) 

Chaleiiiastl*e, subst. masc. Terme d'injure. 
Chalemastre se trouve dans le Dict. de Borel, qui 
cite ce vers de Paihelin : 

Ce marchand vilain chalemastre. 

Nous lisons dans notre édition : 

Le méchant villain challemastre. 

Pathelin, Farce, i^e iC. 

Ce mot vient vraisemblablement de chalemeler ci- 
après, dans la signification de publier, pour nuire 
à quelqu'un. (Falconn.) (1) 

VARIANTES : 
CHALEMASTRE. Borel, Dict. 
Ghallemastre. Pathel. Farce, p. 26. 

Chalcmeau, subst. masc. Chalumeau. Instru- 
ment de musique champêtre. On Temploycit aussi 
dans les armées. « Adonc veist noblement armer, 
« et aprester François, sonner trompettes, et jouer 
« chalemies, etc. » (Hist. de B. Du Guescl. par Mén. 
p. 444.) Froissart, livre IV, p. 57, se sert de ce mot, 
dans le même sens (2). 

Mais ce mot étoit plus ordinairement employé 

Eour désigner un instrument champêtre, celui des 
ergers. 

La remplissant de vent sa douce chaiemie, 
Va jouer sa chanson de l'amour de sa mie. 

B«jf, fol. 5, V. 

Froissart avoit dit auparavant : 

Mainte faitice pastourelle 
Dont au son d une canemcUe 
Cascun et cascune dansoit. 

Poés. MSS. p. 276, col. 3. 

El encore avant lui, Jean Erars (3) : 

Feront grant joye. 

Et si averont frestel, 
Pipe, muse, chalcniel. 

Po€8. MSS. arant 1300, T. lU, p. 1087. 

Il y avoit beaucoup d'espèces de chalumeaux. 
Froissart parle de canimeaux à trois busettes, à 
trois tuyaux : 

C'estoient pipes, et musettes 
Et canimeaux à trois busettes. 

Poea. MSS. fol. 353, col. !. 

On voit par là qu'il ne faut pas confondre les cha- 
lumeaux avec les musettes. II ne faut pas non plus 
les confondre avec les flageolets, bourdons, corne- 
muses, pipeaux. Ces instrumens sont distingués 
dans le passage suivant : 



Pipes, canemeaux, et flagos, 
Et musettes à bourdons gros. 

Froiâsart, Poés. MSS. p. 382. col. 1. 

CannebeauXj avec la signilîcalion de chalu- 
meaux, est pris dans un sens obscène par Enstache 
Desch. Poës. mss. fol. 333. On peut voir Du Cange, 
Gloss. lat. aux mots Zalamelîa et Ceramella^ sur 
rétymologie de chalumeau. 

VARIANTES : 
CHALEMEAU. Du Gange, Gloss. lat. au mot Calamella. 

CUALEUMEAU, ChaLEUMIAU. 

Chalemel Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1087. 
Canemeau. Froissart, Poës. MSS. p. 282. 
Canembaus, plur, Froissart, Poës. MSS. p. 282, col. i. 
Cannebaux, pliir. Eust. Desch. Poës MSS. f» 333, col. 2. 
Canimeaus, plur. Froissart, Poës. MSS. p. 353. 
Chalemiaus, plur. 

Chalemelle, s. f. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1523. 
Chalemele, «. f. Fabl. MSS. du R. n» 7218, fo 278, V» col. 2. 
Chalemie, *•. f. Nicot, Oudin, Dict. - Baïf, fol. 5. 
Chalemye, Challemie, Chalemise, 8. f. 
Chalemine, Kalemele, Qalemele, 8. f. 
Canemelle, s. f. Froissart, Poës. MSS. p. 276, col. 2. 
SGHAI.MAYB, 8. f. Mém. d'Ol. de la Marche, liv. II, p. 551. 

Chalemeler, verbe. Jouer du chalumeau. — 
Publier, trompetter. 

Le premier sens de jouer du chalumeau est le 
sens propre, et le plus ordinaire. 

Leur muse, et chalemele y 

De la muse au gros bordon. 

Poës. MSS. atanl 1300. T. IV. p. 1523. 

Lors si chamelle Dorenlot ; 
Aé Perrins, li fiex dant Ilourde, 
D'autre part fretelle. 

Aubuins, Poês. MSS. avmt 1300, MSS. T. lll. p. 1015. 

Ce mot a cependant été pris quelquefois en mau- 
vaise part, pour publier une nouvelle dans le des- 
sein de nuire (4). 

VARIANTES : 

CHALEMELER. Borel, Oudin, Cotgrave, CorneUle, Dict. 
Kalemelea, Qalemeler. Gilbert, Poês. MSS. du Vat. 
Chameller. Poës. MSS. av. 1300, p. 1015. 
Ch ALUMER. Oudin, Dict. 

Chalemelloin, subst. masc. [Intercalez Cita- 
lemelloinj en latin calamaularius, joueur de 
chalumeau, au Gloss. lat.-fr. (B. N., 769ti.)] (n. e.) 

Chalemine, S2i6s^ fém. [Intercalez Chalemine^ 
calamine, oxyde de zinc carbonate natif: « Le cent 
« ùt chalemine ioû .un. den.; le cent d'alun doit 
« .lui den. » (Du Cange, Statuts de Mézières mss., 
sous calammaris.) Au Gloss lat.-fr., B. N., 521, on 
lit: « Calammaris... calamine. Por mal des euz 
« prenez de cette pierre un petit, e raez entor, e 
« fêtes poudre, e aestrempez en vin blanc, e puis 
« si le colez parmi une toalle doublée qu'il n'i aille 
« point de grosse sustance de la pierre, puis en 



(1) On lit au reg. JJ. 195, p. 1276, an. 1474 : « VUlain plus que clialemaslH. » C'est peut-être un dérivé de coUanius, roseau 




trompes, de nacaires, de chalemies et de muses. » (V. 217.) 




(t. II, XV* siècle) il est dit d'Orphée : c Touz diz aloit chalemelant La douceur de ses cbalemeaus. » (n. e.) 



CH 



— 336 - 



CH 



« porrez dégoûter es euz o une panne ou o autre 
« chose. »] (n. e.) 

Chalence, subst, fém, La charge d'un chalan. 
Le chalan est une sorte de baleau marchand. Delà, 
on a dit : chalence de bois, pour batelée de bois. 
(Monel el Oudin, Dicl.) 

Chalendeler, verbe. [Intercalez Chalendeler^ 
glaner. On lit dans Du Cange sous calamizare : 
« Calamizare, chalendeler, vel glaner. » Le glos- 
saire cilé doit être le numéro 7692 du fonds 
latin (B. N.).] (n. e.) 

Chalendement, subst. masc. Chalandise. 
Concours d'acheteurs dans une même boutique. 

Chalener, verbe, [Intercalez Chalener, draguer 
ou conduire un chalon au reg. JJ. 195, p. 524, 
an. 1471 : « Icellui de Fauldiz s'en ala vers Laurens 
« Roquart, qui chalenoit et tiroit Tautre bout de 
« la seine pour pescher. »] (n. e.) 

Chalenge, subst. masc. Délateur. Poursuivant 
en justice pour Futilité publique (1). C'est manifeste- 
ment dans ce sens que ce mot est pris, dans le 
passage suivant : « Qui veullestre bon juge, il ne 
« doit avoir regard, ne désir à quelque prouffit qui 
« luy puisse venir de la chose dont il est juge, ou 
« chalenge, et doit seullement à ceste fin contendre 
« que bonne justice soit faite. » (Ilist. de la Tois. 
d'Or, Vol. II, fol. 111.) Ce mot vient de chalenger, 
calanger, etc., dont on trouvera les diverses signi- 
fications, art. Calanger. 

Chalengeable, adjectif. Qu'on peut contester. 
On trouve atorné chalengeable, pour procureur à 

3ui l'on peut contester ses qualités. (Britton, Loix 
'Angl. fol. 287.) 

Chaler, verbe, « Glorier, chaler, assorber, ou 
« endiner, » suivant le Gloss. du P. Labbe, p. 495. 

Chales, subst. masc, (2) Charles. (Dict. de Borel.) 
On a dit Chatte li chaux, pour Charles-le-Chauve. 
n^'auchet, Lang. et Poës. fr. p. 114. — Voy. ci-après 
Charle.) 

variantes : 

CHALES. 

Challe. Faucb. Lang. et Poës. fr. p. 114. 

Ghalesses, subst, fém, ptur. 11 semble qu'il 
faudroit lire chausses, dans le passage suivant; 
cependant ce mot se trouve dans d'autres éditions : 
« Plusieuis eurent telle frayeur qu'ils avisèrent à 
« se sauver par les marais, et aucuns s'y enfuirent, 



« qui furent après reconnus par la boue qui eu 
« estoit empreinte en leurs cto/^sses. »(Brant.Cap. 
Fr. T. IV, p. 280.) 

Chaleur, subst. fém. Nous ne citerons ce mol 
que pour rapporter ce proverbe : « Le cardinal de 
« Bourbon disoit qu'il n'y a c/ui/eur (3) que déjeune 
« prestre. » (Mém. de Bellier eldeSillery, p. 202.) 

Chaleyme, subs^ masc. Forgeage. Ce motet 
celui qui lui sert d'interprétation sont usités en Dom- 
bes pour signifler le métier de forgeron. (Du Cange, 
au mot /lis de chaleyme,) 

Chalibaude, subst. fém. Feu vif el de peu de 
durée. On prononce encore en Normandie calle- 
baude, dans le même sens. En Anjou, ce sont les 
feux de la S' Jean. 

Challgourny. (Voyez Caquets de rAccouchée, 
page 108.) 

Chaline , subst. fém. Suivant l'auteur cité 
ci-après, on appelle ainsi, en Poitou, un petit ton- 
nerre commençant à grumeler aux approches des 
deux contraires qualités conçues en l'air. (Prin- 
temps d^Yver, fol. 182.) On dit encore dans quel- 
ques provinces câline, pour exprimer cet air cbaud 
qu'on respire aux approches de l'orage (4). 

Ce jour fust-U si grant chaline, 

Que ii plus puissant s'en plaingnoient. 

G. Gaiart, MS. foL KO, V. 

Challer, verbe. Gauler. — Mettre bas, faire ses 

petits. 

Dans le premier sens de gauler, Rabelais a dit : 
« Les mestaiers, qui là auprès estoient challoient 
« les noix. » (Rab. T. I, p. 18.) Le sens est déter- 
miné par la suite du discours, où l'on dit que les 
métayers accoururent avec leurs grandes gaules. 
Ainsi ce mot est pris ici pour abattre les noix avec 
des gaules. 

Le sens le plus ordinaire de ce mot, est mettre 
bas, faire ses petits, de chael et chaiel qu'on a vus 
ci-dessus, pour les petits des animaux. Challer se 
dit d'une lice, dans Charles IX, de la Chasse, p. 49. 

Challevary, subst. masc. Charivari, bruit. 

.... Quant vint à renterrement, 
Ângloys, en grant challevary^ 
Cryerent sur le monument, 
Noël, vive le roy Henry. 

VigQes de Chartes VIT. T. I. p. 47. 

Dans la basse Bretagne, on dit chelevalet f^)w\it 
charivari: (Morice, Hist. de Bret. préf. p. ixv.) On 
lit, dans une pièce du Trésor des Chartes, Reg. 80, 



(1) Chalenge signifie demande comme demandeur : a Ge ai otroiet que tuit cil, qui vouront moure au moUn de Henapes, 
i venront ojoure sans contredit et sans chalenge de mi et de mes oirs. & (Uharle de 1240, dans Du Cange , sous 
Calumnia, 1.) ^N. K.) 

(2) U vaut mieux écrire ChallcB. Dans Carolus, r s'est trouvé en présence de / par la chute de o bref et 8*est transformé 
en /; de même camarlingua a donné chambellan^ et parabolarCy palier^ pour parler, (n. e.) 

(3) Chaleur correspond au cas régime calorem ; le nominatif était caure (Ch. d'Antioche, I, 316, xii« siècle) : c U jon ftl 
biaus et clairs, et la caure est levée. » D'après M. Litlré, ce serait peut-être le seul dissyllabe en or^ dont l'ancien français 
ait retenu les deux cas. Mais nous avons encore maire (major) et majeur (majorem) : autrefois en disait pire (pejor) et 
pieur (pejorem) \sœur (soror) et sorur (sororem). (V. 1720 de la Ch. de Roland.) (n. e.) 

/i\ />..«♦ «« ,. xàiAi A^ i> c. ,- .. ^ ^ ... ... . . çj^ ^^g j^^g ^^ Normandie, 




CH -3 

pièce 53, an. 1350: < Cum Beniadus de Honasterio 

• domicellus in quodam catervanario , gallice 

■ chalivali,... in villa Lexoviensi Tacto, ocasione 

■ cujusdam mellayse,... • On disoil aussi carivari. 
Froissarl en parle en ces termes: - Les aucuns 
<■ estoJent armés» de cuir, et les autres de hau- 

■ berçons tous enrouillez, el sembloit proprement 
" qu'ils deussent Taire un caribary (1). > (Liv. JV, 
page 243. — Voyez Du Gange, au mol Cariai. ~ 
Voyez aussi ci-aessns Cahodira el Cabihara.) 

VARIANTES ; 
CHALLEVAHY. Vig. de Charles VK, p. 47. T. I, 
Chalivali. Très, des Chart. Reg. 80, p. 53(2). 
Cahibahi. FroieeaH, I.iv IV, p. 343. 
Crelevalbt. Du Cange, Gloss. lat. au mot Chatvaricum. 

Challier, subst. masc. [Corrigez ChelUer [Chap. 
Baud.deSeboure,978) avecle sens de cellier.] (n.e.) 
Par celi raeismea sentier, 
Par le jardin, jiar le chotlier. 
Par la poterne doiil issi, 
Le molli c raporte lot issi. 

Fibl. MSS. du R. n- TClS, T. II. Fol. KB. 

GhallOD, subst. Nom de ville. Nous ne le citons 
que pour remarquer celle expression proverbiale : 

■ Ressembler à Margot de Cfiatlon qui vouloil avoir 

• l'argent et la marchandise ■ Le Beuf donne 
l'origine de ce proverbe, {Journ. du Verdun, année 
1753, page 272.) 

Chaînez, adj. On trouve Pasques chaînez, dans 
un titre de Montbard, de 1325. C'est-fi-dire Pâques, 
temps où l'on mange de la chair. 

Cbalolr, verbe. Importer, se soucier. La signi- 
flcalion de ce verbe, qui a vieilli, est connue; on dit 
encore populairementpeu m'en chaut (3), pour peu 
m'importe ; myis sa conjugaison est fort remarqua- 
ble â cause de son extrême irrégularité. Avant d'y 
passer, nous remarquerons qu'on disoit autrefois: 
Mettre à non chaloir une chose, pour la mettre au 
□ombre de celles dont on ne se soucie point. (Arr. 
Amor. p. 135, et Crétin, p. 69.) S' Bernard disoit, 
dans ses Serm. mss. p. 356, viist à non cltalor [4), 
dans le latin contemneret. 



Cal, indic. prés. Importe. (Patois de 
Caxsist, imparf. Importoit. (Villehardouin, p. 97.) 
Causist, indic. prés. Importe. (Pocs. hss. f" 146.) 
Caut, ind. pr. Importe. (Poës. mss. T.lll, p. 1040.) 
Cent, indic. prés. Importe. fPoës. mss. fol. 39.) 
Chalisl, ind. pr. Importe. (Quinze Joyes du Mar.) 
Cliallist, imparf. Importoit. (Villehard. p. 97.) 



'- CH 

Chalt, ind. prés. Importe. (Fabl. de S. G. fol. 11.) 
Chalut, imp subj. ImporlAt. (Gloss. de Mnrot) 
Chault, indic. prés. Importe. (Beaum. p. 9.) 
Chaurra, futur. Importera. (Eust. Desch. fol. 430.) 
Chnuiroit, cond. prés Importeroit. (id. f« 172.) 
Chausisl, ind. p. Importe. (Poës. xss. T. II, p. 6.) 
Chaussisl, imp. subj. Importai. {Fabl. mss. fol. 7.) 
Chaut, ind. prés. Importe. (R. de Brut, fol. 36) 
Quaille, prés subj. Importe. (Trois Maries.) 

VARIANTES : 
CHALOIR. Nicot, Oudin, Dict. 
Challoir. L'amant ressusc. p. 314. 
Cbalor. K. Bera. Serm. fr. MSS. p. 356. 
Caloir. Vies des SS. MSS. de Sorb. chit. xxvii, col. Ï9. 
Chsitoir,verbe. Souper. (Gl. du P. Mai-tène, T. V.) 
Clinloti , subst. masc [lalercalez Chaton , 
traduction du latin carabiis, canot, dans le Gloss. 
!al..fr. 7681. On lit aussi au reg. JJ. 149, p. 73, 
an. 1395: "CommePerrotHeeretPerroldes Noes... 

• se feiissent mis en un chaton ou bateau, lequel il 

• trouvèrent en la rivière de Mayne. ■ M. Littré 
rapproche ce mot du latin calories. • barques 
portant le bois aux soldats •; mais calones ne se 
prend que pour valets d'armée, garçons d'écurie : 

• Plures ca/oHPS atque caballi Pascendi; ducenda 
■ petoiritii. - (Horace, Sat. I, 6, 103) Chalon 
désigne encore un filet qu'on traîne dans les 
rivières entre deux bateaux.] (n. e.) 

Chalonge, subst. [Ajoutez Chalonge, mot 
français d'après le Glossaire français de Du Cange ; 
sous chalongia, on ne le trouve que dansdos textes 
latins: • De dicta domo singulis aiinis debcmus 
< domino Laudunensi episcopo... demi corvée, 

• valuris unius cbatoinge. •> (Cartul. de Thenailles, 
B. N. lat. .5659, fol. 98, r.) Ce peutêlre la monnaie 
de Châlons-aur-Marne.] (a. E.) 

Chaloppe, subst. fétn. Chaloupe. Petit bâtiment 
de mer. Les matelots, dans quelques poj'ts, disent 
encore chatoppes. Borel dérive ce mot de clialan, 
mais Ménage donne une autre élymologie i< ce mol, 
el quiparoit élrela vraie (6). Il est mention, dans les 
Mém. d'Angouîème, p. 117, d'une ■ double chaloupe 
' armée de 12 ramos, • dans laquelle se mil lleiiry 
IV, pour aller voir la flotte angloise. 
VAI11A.NTES : 

CHALOPPE. SCHALUPE. Cotgrave, Dict. 

Chaloupe. Orlb. eubsist. 

Chalor, subst. fém. chaleur. 

VARIANTES : 
CHALOR. S Bern. Serm. fr. MSS, p. 11. 
CuiALUR. Marbodus, col. 1644. 

(1) H. Kervyn (XV. 290) imprime : • Et sembloit proprement que ils voulsissenl faire ung carivary les plusieurs, t 
SauvaEe aura confondu au ma. v elb; cependaat, en Picardie, les enfanta crient encore caribari, cari/iara. (n. e.) 

(3) Bercheure (fol. 2) a cru pouvoir employer ce mot en traauisant Tito-Live : t L.e3 femmes et les enlaus couroient par 
les villes à bacins et à sonnetcs, si corne Ten tet orendroit aua clialivati:, > (n. &.) 

(3) Pascal (Provinciales, 9) écrit : i Soit de bond soit de volée, que nous en chiul-i\, pourvu que nous prenions la ViUe de 
^oire. t La Fontaine, dans la Gageure, l'emploie au Bubjonctif : • J'i^n suis d'avis, non pourtant qu'il m'en chaille. t 

(4) On lit dans Rutebeuf, U, 127 ; i Por l'arme de moi miex valoir Ai mis mon cors en .lo» cJtaJoir. . " " " ' 
du comte d'Anjou (Laborde, p. l^^i) ; > Et à tout ce me met à "O" i-haloir. > (s e.) 

<5) On lit dans la Cantilénu de S» Eulalle : i Dont lei nonque chiell. > La Chanson de Roland oITre caU et chnlt. (n. e.) 
(6) C'est ranglais (Joo^ et le boUandsis sJofp. On lit dans d Aubigné (Hist., 1, 1S9): (LesassiegexenTojerenluaecAaluppe 



t Et dans la Chanson 



les convier lie terrir. 
m. 



tloop et k 



t- CH 

Dans le Dict. Universel, od prélend que chamarre 
signifloil autrefois « un lioqueton, ou habil de 
■ berger fait de peaux de mouton, ou dechewe, 

• sur les coutures duquel il y avoit plusieurs bandes 

• enKuisedepassement(7).»Ontrouvecettecitation 
dans?4icot: ■ Des courtiers devin veslus de eftn- 

• marrefi de damas noir, à la grande figure, sur 

• pourpoint de satin blanc. • Il faut conclure de 
tout cela que chamarre étoit un nom génériqoe 
donné à beaucoup de vêtemens différens. Enfin 
nous en avons peut-être fait notre mot siinarre, 
qui désigne des habillemens encore différens de 
ceux que nos pères appeloient chamarres. 

Chaniarrier, su()5^ Moac. C'est le nom delà 

Ercmière dignité dans !e chapitre de S' Paul de 
yon. (Falcon.) 

Chamaux, subst. C'est le nom d'une maison 
donnée au fils de Charles V, par Charles IV, em- 
pereur. (Choisy, Vie de Charles V, p. 421.) 

Chambel (8), subst. masc. Ce mot semble 
désigner une partie d'un engin propre à prendre les 
oiseaux: • Doit joindre le bout du chambel, k la 
■ grosse giesie , à pied et demy du gros bout, « 
(Modus et Racio, fol. 83.) 

Chambellage, subst. masc. Droit seigneurial. 
C'éloit le droit que payoit le vassal, quand il entroil 
en possession d'une terre ou qu'il rendoit hommage 
it son seigneur féodal. Ce droit varioit selon les 
coutumes, selon le revenu de la terre, et d'autres 
cii'constances, (Du Cange, aux mots CambelUmus, 
Chamberlagium — Dict. de Monet, Dorel 1'" add. 
I Ménage, Laur. Gloss. du Dr. Fr, etc.) (9) « Quant le 

n défaveur au xvtii* siècle, puisque Sainte-Palaye le relève dans son 

. _. . . , , , [>e chaleur vient c/taieurtiix ou cAa/oureui; il SB passe, bien que cB (M 

e richesse pour la langue, i On lit au sens de Monlaigne, paroles chaleureuses, au reg, JJ. 153, p, 367, an. 1398, Ou trouve 
aussi l'adverbe chaloui-euseiiieni, avec vivacité ; » En ladite melîëc , qui estoit meue chaloMrciiamtjent et aaua aguel , 
Bvenlureu s entent se hurta l<!dit Itonvslet à la poinle du coustel du suppliant, g (JJ. 88, p, 78, an. 1360.) 

01) 11 vaut mieux lire chain, car Du Cange imprime, sous Pedica, 1, a'après un Glossaire du f. S' Germ. : ( Pedica, pies», 
c'est las à prendre Leste, ou cÂniiie, • (N, e.) 

(8) On lit en elti^t dans Sercuus Sammonicua, médecin de Seplime Sévère, auteur d'un poème Bur les msladies et leun 
i'emédes : * Nccte adipes vetiiloK et tritam chamœcisaon. i |,V. 798.) Il faut remonter au grec Jifo/Jaùuaffac, (n. e.) 

(il On lit aussi dans don Flores de Grèce (fol, 157, xvi* siècle) i • Recommencans leurs chamaiUe», tant plus le centaura 
B'efforçoit de rrnperccluy du dragon, et tant plus se sçavoit dextrement desmarcher et éviter ges pesans et horrible* 
coups, » M. Maury lire ce mot de dxmutvt, uieu de la guerre chez les Gaulois ; c'est plutdt un dérivé de camail, coifle du 
casque, pris pour le casque lui-même. Nous savons, par Froissarl, que les hommes d armes du xiv siècle raisaicnt autant 
de bruit que les forgerous, (Voir la citation sous Bacinel.) (n. e,) 

^) Z«ficfut;juin est le neutre de l'adjectir, désignant tout ce qui était orné de la large bande appelée claxtis latui, jwr 
eotemple une serviette (Pelrono, Satiricon, 32) ; une tunique : • Puerum annulo, lusulaque aurea et tunica laliclatna... 
donaluni. * (Val. Max,, V, 1, 7). D'une manière absolue, laticlavitia désigne une personne oyant le droit de porter cet 
ornement. (Suct,, Nei-o, S6.) I^es monuments De reproduisent pas le laliclave, qui n'était qu'une teinte diUérente dans U 
tissu de la toge, - Quant à VanguslMs claviis des chevaliers (Palerculus, 11, 68. 3), il était formé de deux bandes élroitu 
et parallèles, sur le devant de là tunique. Aussi Quintilien les désire par le pluriel purpurœ. (XI, 3, 13S). (N, E.) 

(6) On lit aussi dans Palsgrave (p. MB) ; = Vostre espée use les plies do vostre chamarre. » (s. E.l 

(7) I.a chamarre était une longue et ample veste, formée de bandes de s< 
vient la comparaison du latidaie à une criamarre' elle n'est qu'à moitié ju 
toge, mais teint dans rétolTc. On veut faire venir ie mot de l'espagnol inar 
Dictionnaire Universel, (s. e.) 

(8) On lit au reg. JJ. 188, p. 151, an. 1(50: < Le suppliant print ung chambalon ou courge à porter eau. i Chambaltm M 
mieux c/iuinbelon, signiQe bâton à porter les seaux d'eau. C'est le cas régime de chambel, qui désigne peut-être un ressort 
courbé en arc. (n. e.) 

(9) La principale fonction du chambellan était de recevoir l'hommage des vassaux en l'absence du suzerain, son roattre. 
Le manteuu du vassol restait entre ses mains comme prix du service rendu. Celle prestation en nature se transforma t» 
une redevance pécuniaire, le chambetlage. Une Ordonnance de 1272 établit les clesses suivantes ; Pour les plus pauvres, 
30 s. pat lïis ; pour les propriélaireB de lUU livrées de terre, 50 s. parieis ; pour 500 livrées, 100 sous ; pour un baron ou as 
évéquB, lU livres, (n. e.) 



CH -35 

Chaloiireux, adj. Ardent, échauffé (I). (Essais 
de Montaigne, T. Il, p. 6iO.) 

'Chaluc, subst. innsc, pnteicalez Chaluc, sorte 
de poisson, d'après un traité ms, IB.N. latin 6838 c., 
chapitre 116) : = Labeo , noslris chaluc, labia 

■ crassa, spissa, prominentia habet undè labeonis 

■ nonien. »] (n. e.) 

Chalumeus, adj. Qui est de roseau. M. de la 
Porte s'en est servi pour épithète de tuyau. 

Cham, su&s^ masc. • La rois (rets, Tilet) qui se 
- tire d'elle-même, quant aucun oisel tire au 
« cham (ï), c'est un engin subtil, et où il a bon 
. déduit, ■ (Modus et Racio, us. fol. 169.) 

Cbamaeclsse, subst. masc. -Lierre lerreslre. 
Du latin cUamœcissus (3). 

Chamaille, subst. masc. Chamaillis, combat. 

< Fout eiitreux un horrible cfiamatZ/e (4). • (Merl. 
Cocaie, T. il, p. 405.) 

Chamarre, subst. masc. et fém. Vêtement, 
robe. Ce mot est masculin, dans le passage suivant, 
où il s'agit des chevaliers romains : » On les appel- 

■ loit gens d'armes, ou chevalliers, et dont ils 

■ étoient distinguez des sénateurs, .'t cause que 
« <xuK cy portoient un cliamaire broché de pour- 

< pre, sous leur tunique, sans ceinture, qu'ils appel- 

■ loient laliclavium (5): avec les(|uets ils n'avoient 

■ pasioujoursdesanneauxd'or. >(Besloy,Orig. delà 
Cheval., p. 77.) (0) Dans le passage qui suit, cha- 
marre esl féminin, et signilie une robe de chambre : 

Bonnet pourl a chambre vestoit, 
Une chamarre qui estoit 
De peau de loup, etc. 

(Env. do Joub. du Btllty, p. t1i. 



e ou de velours , réunies par des galons. De U 
te, puisque le laliclave n'était pas cousu sur U 
>, peau de mouton, ce qu'explique le sens 4d 



CH - 3 

• flet vient, par succession de ligne directe à fils, 

• fille, ou autre descendans, n'est deu, au seigneur 
■ fôodal, droit de rachapt, ou relier, pour celle 

• inuLaLion ; mais luy est deu le droit de chambel- 
' lage, qui est d'un escu au soleil, si le fief vaut 

• cinquanle livres tournois de revenu et plus ; ef 

• s'il vaut moins, il luy est deu seulement la Toy et 

• hommage, sans aucun droit de cliambellage. • 
{Coût. Gén. T. I. p. 28i ) 

Le chambellage éloil aussi un droit payé à l'huis- 
sier de la Chambre des comptes par ceux qui 
faisoient hommage des licfs relevant du roy. (Voy. 
Hiraum. Cours souver. p. 152.) 

ÏABIANTES : 

CHAMBELLAGE. CHAMBBLLAmE, Chambellenaoe. 
Chahberlagb, Chaubrblaqe, Cambellaige. 

Cbambellalne, subst- fém. Chambrière. C'est 
le féminin de Chambellan ci-dessous. (Voy. ci-après 

CilAMBRRIRnE.) 

Amors estoit sa chambellaine, 
Qui D'estoit folle, ne vilaine, 

Fibl. U3S. du R. d- 73IS, toi. 3<a, V col. i. 

Chambellan, subst. iriasc. Officier de la cham- 
bre. Celui qui étoit attaché au service de la chambre 
des rois et des seigneurs. I,a fonction des cham- 
bellansdu roi et des seigneurs de fief, étoit d'assister 
auprès d'eux, lorsqu'ils recevoieut l'hommage des 
nouve;iux vassaux des ducs de Bourgogne, dans un 
litre de 1213. • Par la main de mon chapelain 
. pardevant seneschaut mon mareschal et mon 
« ehamberlanc. • (Pérard, Hist. de Bourg, p. 300.) 

11 étoit dâ au chambellan un manteau pour celte 
assistance. Ils avoient aussi la garde du trésor et 
portoient le sceau secret du roy. L'oftice de cham- 
bellan étoit distingué de celui àechambrier, auquel 
il étoit subordonné. (Du Cange, à Cambellamis; 
Fauchet, Orig. des Dign. de Vr. Liv. I, chap. il) 
Cependant le mot de chambrier a quelquefois été 
employé pour chambellan. (Voy. ci-après Chambrier.) 
On trouve dans les Ord. des R. de Fr. T. I, p. 296, 
un rë:;lement, de l'an 1272, concernant les droits 
des chambellans (Voyez l'Etat des offlc. des D. de 
Bourgogne, p. MS».)\x chambellan de B. Duguesclin 
étoit thargé de faire distribuer le Tin et l'argent de 
son maiire. (Hist. de B. Duguesclin, par Mén. page 
288.) Le passage suivant confirme ceque l'on trouve 
dans 1 Hist. de Duguesclin : 

le suis chambetlei\c Anlecrist, 
El gart aon or, et son argcnL 

?M. USS. du It. n- IfllG, T. Il, M. 187, V col. 3. 

hçi chambellanc {\), en 1137 et 1147, lenoitle pre- 
mier rang entre les principaux ofilciers qui signotent 



'- CH 

ou scelloient les chartes. (La Thaumass. Coût. d'Orl. 
p. .161.) Il n'est point nommé dans celles de 1180 et 
de 1183. Dans un titre de f213, leducde Bourgogne 
termine une charte en nommant son seaechal, son 
maréchal et son chambellan. 

Ou lit dans l'ordre suivant, les noms des officiers 
du roi qui signoient ou scelloient les chartes : 

En H37, chambellanc (21, bouleiller, connestable 
et chancellier, saivBnlLu Thaumassière, Coût. d'Or- 
léans, p. 461. 

En H47, chambellan^ boteiller, chamberier, con- 
nestable, un évêgue et un abbé et le chancelier. 
(Idem. Ibid. p. 466.) 

En UG», senechal, bouleiller, chamberier, con- 
nestable. fid. Ibid. p. 465.) 

En 1180, seneschal, boteiller, chamberier, con- 
nestable et chancellier. (Id. Ibid, p. 466.) 

En 1183, le quens T/u6a((8 (le même que le senes- 
chal) le boteiller , le chamberier , le connestable et 
le chancelier. {\à. Ibid. p 467.) 

Les chambellans et les connétables avoient aussi 
le soin de la table : 

De napes, qui n'estoient pas sales, 

VeUsiez ces Ubles covrir. 

Et veissicz colTres ouvrir. 

As chambellana, as connestables. 

FM. HSS, du R. n- 7GIS, T. Il, roi. ISS, A- cdt. 3. 

Il y avoit un chambellan du royaume, comme il 
paroit par ce passage : • Li baillis de la ville, avoit 

• nom Renaut de Cayphas chamberlens da 

• roiaume. ■ (Contin. de G. de Tyr, Martèoe, T. V.) 
Il paroltroit aussi que ce mot auroit servi à dési- 
gner les gens oisifs qui, nés pour le métier de la 
guerre, préféroient vivre tranciuîlles chez eux et 
sans gloire. « Sire, dist la royne (en parlant de son 

• fils) ce poyse (fasche) nioy que vous déistes ces 
> parolles ; il est jeune, et peu saige, el les adven- 
. tures sont périlleuses (3). Madame, dist le roy, qui 
« croyre vous vouldroit, vous en feriez ung bon 

■ chambellan (4). laissez leallei', caraussi bien peut 

■ il chercher adventurcs que GadifTer son cousin. > 
(Percef. Vol. II, fol. 151.) 

ÏAHIASTES : 

CHAMBELLAN. Fabl. MSS. du R. n' 7615, T. Il, toi. 188. 
Chamberlanc. Pérard, [lisL de Bourg, p. 300. 
Chambelan, CHAMBELJ.AIN, Chahbrelan, Cambrelrnc. 
Chambeli-enc. FnhL MSS du It. n" 7615, T II, fot, 187. 
Chaubeblan. CoDUn. de G. de Tyr, Marténe, T. V, c. 70t. 
Chamberlknc. Contin. de G. de Tyr, Martène, T. V, c. 684. 
CSANBERL.AN. G. Gutaft, MS. fol. lS-2, V*. 
Chambllan. Test, du C" d'Alengon, A la suite de Joinv. 
CuAMERLAiN. Glos. BiiT Ifis Cout. lie Beauvoisis. 
Chamerlin. Assis de Jérusalem, p. 183. 
Kahber[..\n. Fauch. Dign. de Fr. Liv. I, p. 33. 



des grands officiers de la 

■ " que la 

rojate; 



n déposait la 



(t) La Thaumassière confond le grand chambellan avec le grand chambrier. Ce dernier 
couronne, signe aux cliartes et disparaît en 1536, tandis que Te chambellan, oflicier de la 
monarchie. L'étymologie mfimo est différente : chambrier vient de caméra, salle volllée o 
chambelian vient de l^llemand kammerling. (n. k,) 

(3> Il s'agit là du ctiambricr. Chambellan n'apparstt pas avant le xiu* siècle : < On requeneu Girarl di Nivelé ' 
Dervj, chambellanc lo roi de Navarre, que il ont acensi, por ele et por lors oirs do roi de Navarre , A toujors 
\o roi qui sont A Bar sor Aube. • (Ch. de 134i au cart. de Champagne, Du Gange, sous Accensare.) (n. e.) 

(3) On lit dans Joinville (§ G7) ; ■ Et lors il dist A Jehan Sarraiio, 30:i •■.hatahi-rtain, que il li baillast la lettre que 



Comuiandëa. i C'est S' Loi ^ , 

(4) Cesl un synonyme de page, qui 
sea prouesses, (n. b.) 



t es c/mmbrei des dames f, comme dit Joinville (S 2H), au lieu d'y ' 



il li avçit 
conter 



CH -3 

Cambrelanc. Fahl MSS. du R. n" 7989, toi. 52, R> col. 1. 
Canbrelkns. Fabl. MSS. du B. n' 7889, fol 52. V col. 3. 
Canbrbses (lisez peut-être Catibrelea.) Ibiil. fol. 65. 

Chambelle, siibst. fém. Voici le passage où 
nous trouvons ce mot. C'est une vieille courtisane 
qui parle : 

Quant au meslier. dont il faull que je ïive, 
Cedt de flter, ou Uver ta lessive. 
Faire traOlq de quelques vieux drappeaux. 
Composer nirds, contrersire des eaux, 
Vendre des Iniicts, des herbes, des chandelles 
Aux jours de feste, et crier des chambelles : 
Voylal'estat ou je cnignemon pain. 

duv. d« JoKli. du Belbjr. IDI. Ml, R' <t V. 

Chambellenie, stihit. fém. Oflice, dignité de 
chambellan (I) . On lit: • chambellenie perpétuelle 

■ du duiïhié de Bourgogne. • (Pilhou, Coût, de 
Troyea, page 35.) 

Aussi je lui promets une chambellanie. 

Le tieûlier ds soi-mfiDe, corn. d« Tb. Com. «d. t, u. t. 

(Voy. ci-après Cuambrerie.) 

VARIANTES : 

CHAtlDELLENIE Pithou, Cout. de Troyes, p. 35. 
CUAHUELLANiË. T. Corn. Coin, du Geôlier de soi-même. 

Chambereche , mhst. masc. [Intercalez 
Chambereche, sorte decliambellagepayé parla terre 
elle-même : • Encor i a li cuens rente de terre k'on 
apielte de chambereche, dont li boniers doit par an 
.Ti. den. • (Chambre des Comptes de Lille, revenus 
delà comté de Aamur, l"i89, Reg. sign. le papier 
aux aysselles, fol. 37, r*.)] (n.e.) 

Chambertere, suVst. fém. Chambrière, scr- 
vante. — Femme de chambre , demoiselle de 
compagnie. 

Ce mot dans S. Beni . répond au latin pedisequa (2). 

Nous disons encore chambrière, en parlant aes 
servantes des prêtres ou de petits ménages. Il y a 
déjà longtemps que celle acception est reçue. On 
lit, dans le Moyen de Parvenir, p. 30 : • Servantes 
« sont celles qui demeurent avec les gens de bien, 

• d'autant qu'à ce qu'ellesdisenl, cham/^rteVessont 

• celles qui demeurent avec les prestres (3), ou cha- 

■ noines, pour survenir à toutes leurs nécessités. • 
Pasquier se plaint que de son temps les demoi- 
selles appeloient servantes les filles qui étoient 
destinées à les suivre, et donnoienl le nom de 
chambrières à celles qui servoient à la cuisine. 
(Rech. p. tiC3.) 



)- CH 

Autrefois le nom de chambrière avoit été donné 
aux filles qui servoient h la chambre, à celles qui 
remplissoient, auprès de leurs maitres&es, les 
fonctions les plus honnêtes; elles sont comparées 
aux écuyers duns ces vers : 

Escuier (suit, et chambcriere (i), 
Qui voiaent devant et derrière. 

But. Unch. Poêi. les. M. Kfl, tal. I. 

Chilpéric épousa Frédégonde. C'est en parlant 
d'elle que Mouskes a dit : 

Ki de moult lonc tans en ariere, 

Avoit esté a&eamberiere <5). 

PK. HmukH, MS. p. H. 

Dans Perceforest [Vol. III, fol. 691, la chambriert 
est appelée secrette demoyselie. (Voyez ci-dessos 
Cetahbellaine.) 

vaiuantes : 
CHAMBERIERE. Eust. Descb.Poés.USS. ^497, col. 1. 
Chambereire. s. Barn. Serai, fr. MSS. p. 370. 
Chambehriere. Pab). USS. du R. n*72f8, [• 347, R>col. 1. 
Chambrierb. s. Gern. Serm. fr, HSS. p, 370. 
Cambbriere. K.\NBORitRE (6). Pb. Houskes, MS. p. 93. 

Chambert, subst. masc. [Intercalez Cluimbert, 
partie du cou que Bossuel nommait chignon el 
qu'au liv- siècle on appelait coupet (JJ. t205, p. 43, 
an. 1478) : > Les supplians frappèrent icellui 

• Guillaume Lienart de la hante de leurs espieulx, 
. tant sur les espaules, comme sur le chambert da 
. col. . (Id., p. 105, an. U78.)] (n. e.) 

Ghambes, iubst. Nom de famille. On disoit pro- 
verbialement : 

Chatnbc», P&ulte, el Tison 

Sont d'AngouiDois les grandes maisons (7). 

Hdm. pour la iiurq. ia S' Uura. enolredu Bnn-eii, « HIS, p. 3§. 

Chambton, subst. masc. Jambon : • Toutes les 
> ventes, tous les chambrons des porqz, el toutes 

• les langues des grosses besles, que on tue i 
' Tournus. • (Hisl. de Tournus, preuves, p. 243, 
an. 1328.) 

Chambll, subst. Nom de ville. Cette petite ville 
de Picardie ëtoil autrefois célèbre pour la fabriqua 
des armes. De là, nous tisons : • HauLes gorgieres 
■ doubles de Chambli, • dans un inventaire d'armo- 
res à la Chambre des comptes (8), cité par Du Gange, 
au mot Ârmatuiti. Plus bas (Ibid.) ■ une barbiere 
•■ de tiautecloueure de f/iambft. • 

Chambre, subst. fém. Partie d'un logis. — 
Chambre du roi. — Etable. — Meubles. — Dépense 



(1) Voltaire l'emploie dans ime lettre à Albei^ati (l" oct. 1767) par plaisanter 
TOUS me Taisiez part de votre cliambellaiiie. (N. E). 
itt\ 1 a n.ni ..ot .I,.,., laa Unis (loj^ xii. siècle) : i La dame a| 



(Jeu 



i point reçu la lettre par laqucHt 



après muDtad, e cinc 
. , « Icelle basse ou chambenerc dudit preslro disl entendiblernent ; ïeei là cy 
(4) I-e utssculin chamberier est dans Agolant, v. llOe : i Sachez, cil est aerjanz ou ckamberier, 



.(N.E.) 



chambereres od sei menad. > <n. e.) 
venir. • (l). 185. d. 39. an. 1490.) (N. B.) 
aucuns bous qui sert 



<5) La Tonne tr 

eniermer en un^ bel caeliel c 

(6) Cambouriere est dan" " 



:s U jovenes roys fisl medame se mén 



dans Le Boux de Lincy (Prov., 1, 351) : • Haub«Ts do ChamMin. > Chambly e 
rile-de- France. On j fabrique er""""" ''"" •"■'»>"» hi«in-vi=o ai Aaa n»i:i> /« » \ 



si dans Froissart (II, 24i) : i Et puis tantosl ai 

vra dames et camberieres assez pour elle garder. ■ i,n. k.i 

s Renart (IV, 193, v. 1774) ' i Vint dame Ëmme, car les novieles Li ot dit une cambourtére. ■ (h. b.) 
t;f j (J esi une maison uc l'Angoumois d'où sont sortis les seigneurs de Faitqjiernon et de Montsoreau. Armes : d uur, 
aemë de (leurs de- lis d'argent au lion de gueules brochans, couronné, lampassé, (Vov. PalaU d'Honneur du P. Aneelme.) 
Le P. Menesirier (Rechercbes du Blason, p. 68) donne une variante : ■ Pautes, Chmnbe» et Tisons, Sont d'Angoulesme IM 
ancienn<>s maisons, b (N. E,) 
(8) C'est l'inventaire des armes de Louis le Hutin, roi de France, rédieé en 1316. (Ed. Henschel, I, p. 398, cal. 3.) On lit 

■ " " — -.-.--.- . ~^j . , Haubws do Chambelin. • Chambly est dans '' -"— -' ' -•- '■"--- - — - 

e des armes blanches et des outils. (N. i 



e département de l'Oise et dans 



CH 



— 341 - 



CH 



pour le service de la chambre. — Terme d'artillerie. 
— Tombeau. — Retraite de bêtes. — Juridiction. 

Ce mol, qui subsiste encore, a été employé de 
bien des façons ; nous ne devons marquer que 
celles qui cessent d'être en usage. 

On entendoit autrefois, comme aujourd'hui, parle 
mot chambre (1), une partie d'un logis. Nous n'avons 
pas besoin de confirmer, par des citations, une 
acception encore usitée. 

On désignoit par le mot chambre, la chambre du 
roi. (Voyez Froissarl, livre III, page 154.) Ce même 
auteur, parlant du roi d'Angleterre, appelle son 
chambellan celitij de sa chambre. (Livre IV, p. 100.) 

On donnoit, en même temps, le nom de chambre 
aux étables. C'est en ce sens qu'on lil, en parlant 
des granges, maison superbe du duc de Milan : 
« Es bergeries il y avoit, de chambre en chambre, 
« le nombre environ de quatorze mille bestes à 
« pied fourché. » (Pierre Desrey, Voy. de Charles Vil 
à Naples, p. 200.) 

Ce même mot a aussi signifié les meubles dont 
une chambre est garnie (2). A la prise du château de 
Poitiers, en 1383 « entra le premier messire Gui- 
« chard de Chastelmorand, où il gaigna de belles 
« chambres angloises, et les seaulx de la duché de 
« Guienne qu'il bailla au duc de Bourbon, son 
« seigneur. » (Hist. de Louis 111, duc de Bourbon, 
page 108 (3).) 

La dépense pour le service de la chambre étoit 
aussi désignée par le simple mot chambre, Nous 
lisons, dans les négociations pour le mariage du 
roi de Castille avec la fille du duc de Lancastre, 
en 1388 (4), que « le duc de Lancastre leur donnoit 
« plus grande espérance de venir à leur entente, 
« ou cas qu'il auroit sa demande, qui estoit à avoir, 
« dedans trois ans, six cens mille francs, et douze 



« mille francs par an de revenue, tout son vivant, 
« et le vivant de la duchesse sa femme, et douze 
« mille francs que la duchesse auroit de revenue, 
a par an, pour sa chambre (5). » (Froissart, livre III, 
page 326.) 

Peut-être pourroit-on aussi expliquer ce mot par 
dot. On trouve caméra, en ce sens, dans le Gloss. 
lat. de Du Cange(6). (Voy. ci-aprùs Chambrée.) 

Le mot chambre est employé comme terme d'ar- 
tillerie, dans ce passage : « Emmenèrent avecques 
« eux de bien belle artillerie, comme deux des 
- chambres des bombardes qui avoient batu et 
a getté en bas la muraille de la dicte ville. Lesquel- 
« les chambres, pour cause de hastiveté, ils gette- 
« rent dedans les fossez. » (Chronique scand. de 
Louis XI. par Jean de Troyes, p. 186, an. 1472.) On 
diroil, par ce passage, que les bombardes ou canons 
étoient de deux pièces, et que celle qui étoit destinée 
à recevoir la poudre, étoit appelée la chambi'e (7). 
Ce qui suit semble servir à confirmer celte conjec- 
ture. Il s'agit d'une bombarde qui fut essayée à la 
Bastille, en 1478: « Laquelle fut chargée, pour la 
« première fois, et tira 1res bien, et porta la pierre 
« d'icelle, de volée, jusques ù la justice (gibet) du 
« pont de Charenton, et pour ce qu'il sembla aux 
« dessus dits qu'elle ne s estoit pas bien deschargée 
« de toute la pouldre qui mise et boutée avoit esté 
« dedens la c/iam6re d'icelle bombarde, fut ordonné 
« que encores seroit chargée de nouveau, et que, 
« avant, elle seroit nettoyée dedens la chambre 
« d'icelle, avant que d'y meltre la poudre. » (Ibid. 
p. 305, an. 1478.) 

On s'est servi du mot chambre, pour tombeau, 
a Lors vint à la chambre ou la dame estoit, si en 
« rompit toutes les joinctures qui estoient faites de 
« plomb, puis la leva incontinent en hault, et la 



(i) Caméra, élym. de chambre, est le mot grec xafià^a, adopté parles Latins avec déplacement de Taccent. (Cic, Quœst. 
Fam., III, 1, 1.) Les architectes latins dénomment ainsi le plafond voûté, fait de bois et de plâtre : c^est là la diflérence 
entre caméra et fomix, qui désigne un arc de briques ou de maçonnerie aux voussoirs et intrados réguliers. Caméra 
désigna ensuite une chambre voûtée, puis une chambre çiuelconque. (n. e.) 

(3) Chambre a là le sens plus précis de tentures ou tapisseries ornées de broderies : c Et estoient ouvrier trop grandement 
ensonny et parmi Paris de faire banieres, pennons, cambres, courdines et toutes coses qui apnrtiennent d armoierio en 
Tordenance d'un signeur. i» (Froissart, éd. Kervyn, III, 376.) — c U avoit toute la vaisselle d*or et d'argent au conte de 
FlADdre et tous les joyaux, cambres et sommiers qui avoient esté trouvés en rostel dou conte à Rrugcs. » (X, 51.) Les 
Glossaires n*ont jamais relevé cette acception du mot chambi*e, qu'éclaircissent les Comptes des Archives de Lille (La Borde, 
Ducs de Bourgogne, I, 237) : « Pour une cambre de sarges de Caen, sur couleur de vert herbeux , à plain chiel dossier, 
couverture pour le lit et pour le couche, aveuc le dossier de ladite couche, tous brodez de cynes blancs , et est ladicte 
chambre garnie de trois courtines autour dudit lit et de .vi. pièces de sarges de quatre royes de semblable couleur pour 
faire muraiUe autour do ladicte chambre. » Ce sens doit être attribué au passage suivant de Grégoire de Tours (Hist., II, 
c. 14) : « Et quoiiiam caméra cellulse iUius prions eleganti opère fuerat labricata , indignuin duxit sacerdos , ut opéra 
ejus dépérirent , sod in honore beatorum Apostolorum Pétri et PauU aliam construxit basilicam , in qua cameram 
iUam afuxit. > Le sens n'est pas douteux dans un inventaire ms. de 1295 (Du Gange, 11^ 49, col. 3) : c Item unam cameram 
seu cortinam ex tribus partibu s lineam, et ex quarta sericam ad tenendum super et circa lectum. » On le retrouve dans 
un Testament de 1373 (Baluze, Hist. d'Auvergne, II, 183) : < Item, cardinali Gebenneiisi nepoti meo do et lego cameram meam 
novam, quam dédit mini Dominus Guido de Campo-diverso, et unam aliam cameram cum liliis. j» (n. e.) 

(3) Comparez éd. de la Soc. de l'Hist. de France, p. p. Qiazaud, 1876, p. 90. (N. E.) 

(4) Catherine de Lancastre, fille de Jean duc de Lancastre et de Constance do CasUile, épousa le roi Henri III , en 1393, 
et mourut le 27 juin 1418. (n. e.) 

(5) M. Kervyn (XIII, 94) imprime : c Mais tant y avoit que le duc de Lancastre leur donnoit plus grant espérance de venir 
à leur intention, ou cas que il auroit sa demande (c'estoit à avoir dedens trois ans six cens mille u*ans et quarante mUle 
frans de revenue par an tout son vivant et le vivant de la duchesse sa femme, et douze mUle frans que la duchesse auroit 
par an de revenue pour sa chambre), que il ne fesist au dit messire Hélyon de Lignach. » (N. E.) 

(6) Dans Froissart et dans Du Cangc (caméra, 8), ce sont plutôt les meubles donnés à la femme, après la mort du mari : 
c Nec non redditus annuos et auascumaue villas, loca, et castra pro statu camerœ, seu dotalitio ipsius Yolandse. » (Contrat 
de Yolande d'Aragon, femme ae Louis II, roi de Sicile, 1399.) (N. E.) 

(!) La, chambre d'un mortier, d'un obusier, d'une mine, est ut cavité où se met la charge. (^^ E.) 



CH -3 

• gecla devant l'autel. Lors regarda dedans la fosse, 
« elveit dedans ung corps tout erisepvelv. ■ (Lanc. 
du Lac, T. III, fol. 1.) 

On a employé le mot chambre, pour lit, lieu où 
se retirent les bêles rousses : •> Ainsi les rivières 

• procèdent, et se retirent dans l'Océan, comme à 
n leur rcndez-voiis : ainsi le lièvre, sans comparai- 

• son, revient au gislc, la beste noire, à la bauge, 

■ la rousse, au lict.àla reposée ou la cliambi-e{l). • 
[Peler. d'.\mour, T. Il, p. 472. — Voyez Fouilloux, 
Vénerie, fol. 37.} 

Enfin chambre a signifié juridiclion, celle qui 
jugeoit en dernier ressort, dans les cours munici- 

Salcs, et pour le lieu où elle se tcnoit. (Coût. d'Ypres, 
ouv. Cont. Gdn. T. 1, p. 8ifl ; Coût, de Itousselar, 
ibid. p. 917.) ■ De la loy d'une ville, fault adjourner 

• baîHlf, hommes, majeur, et eselievins, selon ce 

• que les villes sont ordonnées de loy, et faire 
« assembler en halle, ou en chamhre, c'est-à-dire 

■ au lieu où ils ont accouslnmii à tenir leurs 

■ sièges. » [Bout. Somme Rurale, p. 13,} C'est en 
ce sens, qu'en parlant du Parlement cl de la Cham- 
bre des comptes, on lit : » Cesdeux coUé<îes furent 

■ du commencement, appeliez cliambres, mot de 
« très grande dignité envers nos anciens dans 

■ l'Europe, comme nous pouvons recueillir, tant 
> de \ii chambre consisloi'iale de Rome, que de la 

• c/iflindre impériale d'Allemagne. ■ (Pasq. Rech. 
livre II, p. 03,) On disoit autrefois Chambre des 
Pairs ou Cour des Pairs. (Choisy, Vie de Charles V, 
page 210.) 

Remarquons ici quelques expressions : 
i° Cliambi'e du roy ou chambre royale, semble dé- 
signer les provinces et les villes qui appartcnoient au 
roiimmédialemenl, et qui étoient de son domaine (2). 
(Du Cange, au mot Caméra 3,) La qualificalion 
de chambre duroy est donnée^ la ville de Lomboise 
ou Lombroise, en 1451, par J, Cliarlicr [Histoire de 
Charles VII. page 251), et au château de Fronsac, en 
1451, par Monstrel. Vol. III, fo!, 37. Ce même tilro 
a été attribué à la ville de Paris, suivant les Cbron. 
S' Denis, T. II, fol. 146. Le loy Charles VI, en 1436, 
dans des lettres par lesquelles il joint Montargis à 
son domaine, dit dans le préambule : • Attendu que 
< la dite ville est l'une ue nos chambres et pour 
« chambre du Roy a es'é tenue par nos prédeces- 



2- CH 

• seurs. • (La Thaumass.Cout.deBerry, page4(Kt.) 
L'Angleterre étoit appelée la chambre de CharUtna- 
gne, dans le même sens. ;i,a Bruêre, Ilist. de Cbar- 
lema};ne, sous l'an 808, T. Il, p. 200.) La CourOD- 
narle, dans la plaine de la l'ouilie, dtoit nommée 
en 15U2 : » la chambre du roy de Piaplcs. >Ilyavoit 
un bois peuplé de bètcs rousses, ce qui semble 
désigner que la couronnade éloit un lieu de plai- 
sance.. [J. d'Auton, Ann. de Louis XH, 'de I5tô, 
page 38.) Celle même expression sembloit signifier 
aussi ressort immédiat â la justice royale. Lilleen 
Flandre éloil au i-oi vers 1380 ; et on appeloit, de la 
salle de celle ville, à la chambre du roy. (Voyez 
Bout, Som. Rur. page 500,) • La gouvernance de 

• Perone est chambre royale ressortissante, sans 
< moyen, en la cour du Parlement. ■ (Coût, de 
Péronne, Nouv. Coul. Gén. T. II, p. 594.) 

2° Chambre celée parolt avoir la même significa- 
tion que chambre royale, dans les vers suivans, où 
cette fafon de parler semble employée pour signi- 
fier domaine particulier : 

Et Angleterre, et tous les ports 
Qu'il peust passer ens, et fora, 
Et France la terre honorée. 
Qu'à ce fusl sa ehambre celée. 

?M. MS9. ia B, o' 7815. T. H, fol. 138. V «1. S. 

(Voyez ci-dessus Celé.) 

3* Chambre des orplielins désigne la chambre ou 
juridiction, où se régloient les affaires qui regar- 
dotent les orphelins. (Voy. Coût, de S' Orner, Nouv. 
Coût. Gén. T. I, p, 290.) 

4* Chambre aux deniers se disoit pour trésor par- 
ticulicrdes princes (Dn Cange, au mot Caméra detta- 
l'iorum.] • Ph. Darlevelle, chef des Gantois victo- 

• rieux, en 1382, avoit sa chambre aux deniers où 
" on payoitainsy comme le comte de Flandre. (3)i 
(Froissart, liv. I), p. 187.) On disoit aussi chambre, 
au même sens, selon ce même auteur, qui rapporte 
que les gens des compagnies qui pilloient le 
royaume de France en 1364 et 1367, l'appeloienl 
leur chambre. [Liv. I, p. 293.) (i) La ville de Niort,qui 
ne s'étoit pas encore rendue aux François vere 
1380, • fus! chambi-e , et recept des Anglois qui 
' passcroieut mer, et aussi des pactis (contribo- 
. tiens), » (llisl.de Ix)y3 HI, d. de Bourbon, p. 88(5).) 

C'est fi cause du trésor appelé chambre, que le» 
chambellans avoienl la g;udc et la distribution de» 



fi) Comparez O. de Serred (993) : t II observera les tieetes, leurs repaires et gistea, licts, chambres, reposées, bauges et 
tanières, i (N. E.) 

(2» On Iroavc dans Boland {str. 169) : > Et Angleterre que il teneit sa cambre. > De môme dans Garin (Du Caose, BOM 
Caméra, 3) : « Langres est chambre de t'empereres Pépin > ; dans Girnrd de Vienne : € Et t^mbardie que L'on claima ■> 
chambre. > Ce sens est conservé par Froissart (III, 370) : ' Au Susetiiol qui est uns biaus cliasliaus et cambre des dos dt 
Etrelagne. * Enfin, il se retrouve encore au reg. JJ. 182. p. 43, an. 1453: • Tray présThoiiars ou les religieux, abbé et coaTCDt 
d'Ervau orit ung prieur/' ou rhnmbre d'abbê deppendanl de ladite abbayn. • (n. R.) 

(3) En variante de l'èd. Kervyn. t. X, 5i, on lit ; < Ou des plus chieres lourures que on povoït avoir pour or, ne pMi 
argent, ainsi comme le roy de France lesist, et avoit sa chambre qk.t deniers leur on p.iioil ainsi comme le conte fesist. Et 
donnoit aux dames et aux damoiselles de Gand disnors, soupers , banquets , et el se donnoit bain temps en amer su 
amours ainsi comme le cotite avait Tait duu temps passé, i — La chumbre atur tleniert était , en France , la juridictMNi 
chargée de la comptabilité de la maison du roi et des princes. On en trouve déjù la mention dans deux comptes (1317) di 



n de Pbilippe-ie-I-çng. (Du Cange, II, 49, col, i.') Celui qui 

maître, (n. e.) 

(4) On lit en effet dans l'éd. Kervyn (VII, 81): <r Et tous leurs recours esloit eu France, et appelloienl 
rovaulme de France leur cambre. ■ C'est le sens indiqué en note sous chambro royale, (n, e.) 

(5) (emparez éd. Cliazaud, p. 74. (n. e.) 



le ciicf (ou le trésorier) portait le titre ï» 
compagnes ie 



CH 



— 313 — 



HC 



deniers du roi ou de leur seigneur, et que ce mot 
a signifié trésorier. 

5* Chambre des généraux; elle est distinguée de 
la Chambre des comptes, el semble désigner la Cour 
des Aides. (Ord. de 1373, parmi les Ord. T. V, 

p.(;-i7.)(i) 

6* Grand chambre du plaidoye s'est dit pour la 
grand chambre i'2). « Depuis le Parlement arresté à 
« Paris fui appellée la grand chambre du plaidoijé^ 
« à la différence de celle des enquêtes où seju- 
« gcoienljles procez parescrit (3). » (Miraum. Cours 
Souvcr. p. 17.) 

7' Chambre du Roy et des Pers pareil désigner la 
Cour des pairs, le Parlement. Elle confirma les pri- 
vilèges que Charles V avoil accordés aux Rochelois, 
en 137^2; - et quand leurs députés furent retournés 
« à la Rochelle, ils monslrèrent leurs Chartres, 
« scellées du Roy, et confermées de la chambre du 
« roy et des pers. » (Froissart, liv. ï, p. 430.) (4) 

8o On disoit pension ou rente de chambre, proba- 
blement pour les gages des chambellans ou officiers 
de la chambre. « Come ascun doit faire homage 
por pension de chambre, si come serjaunt fait ù 
son seigniour, et nient (non pas) come home, 
adonques soient les paroles telles, sauns plus : 
jeu deveigne lustre home, et foy vous porteray, 
oustre toute gent, taunt come fhomage dure, 
sauve la foy que je doy au Roy, et a mes autres 
seignurages, et ceux homages pourrount eslre 
rendus pour le gayner des pensions, et por le 
rendre des obligals. » (Brilt. Loix d'Anglet. f** 171.) 
Ne soit nul homage, por nulle terre tenue par 

Î^raund serjaunty, tout soit il fait (quoiqu'il soit 
ait), si la serjaunty ne soit tenue de nous, nient 
plus que homage fait par 7*ente de chambre ; ne 
plus que homage de champion, ou de autre ser- 
jaunt. » (Ibid. fol. 175 bis.) 
9' Chambre de domaine. On donna ce nom en 
1543 à la 4* chambre des enquêtes, lors de sa 
création. (Voy. Miraum. Cours Souver. p. 26.) (5) 

lO** Chambre du conseil. C'est ainsi qu'on appela 
une des chambres du Parlement érigée en 1544, 



pour Tabrévialion des procès. (Voy. Miraum. Cours 
Souver. p. 26.) 

11' Chambre de parement, pour chambre de 
parade. Celle du duc de Bourgogne étoit appelée la 
chambre d'Utrecht, parce que les habitans de cette 
ville lui en avoient donné l'ameublement. On trouve 
la description de cette chambre, dans les Honn. de 
la Cour, Ms. p. 38 et 44. Il y avoit un grand lit et un 
grand buffet chargé do vaisselle, d'or et d'argent, 
el des drageoirs. C'est apparemment ce qui fit don- 
ner aux dragées, ou aux confitures qu'on appeloit 
épiceries, le nom d'épicerie de chambre, comme 
l'on voit dans ce passage : « Si y avoit plusieurs 
« autres drageouers louts pleins d*espiceries de 
« c/iamftr^, et belles confitures. » (Chron. scandai, 
de Louis XI, p. 116.) 

12* Chambre aux chevaliers. Peut-être celle où 
les chevaliers avoient coutume de s'assembler, où 
ils se tenoient ordinairement. (Voyez Poës. mss. 
d'Eusl. Deschamps, fol. 214.) 

13» Chef de chambre. On dit encore, en termes de 
guerre, chef de chambrée. « Monsieur de Langey, 
« au livre qu'il a escrit de la discipline militaire, 
« parle des camarades qu'il appelle, en nostre lan- 
« gue françoise, chambrées, et les fait de dix sol- 
« dais ; baillant à fun d'iceux quelque prééminence 
• sur les autres, et le nomme chef de chambre. » 
(Disc. Polit, et Milit. de la Noue, page 352.j Voyez 
rOrdon. du duc de Bourgogne de 1470, « touchant 
« la conduite, et gouvernement des condutiers, 
« dizeniers, chefs de chambres, et autres gens de 
« guerre. » (Etat des Offic. du D. de Bourg, p. 293.) 

14* Chambre de retrait signifie cabinet, chambre 
particulière, dans ce passage : « Un jour estoitle 
« prince de Galles levé de son disner, et entré en 
« chambre de retrait, avec(|ues ses barons, lesquelz 
« avoient esté serviz de vin, et d'espices. » (Hisl. 
de Bertr. du Guescl. par Mén. p. 297.) 

15** Chambre très chrétienne. (Voy. TiCnglel, Hist. 
de la Pucelle, T. II, p. 95.) 

16" Chambre aiséelij); chambre basse (7) ; chambre 
coie (8), ou quoie; chambre courtoise^ dorée, privée ^ 



(1) Ce sont les gétiéraux des aides qui^ sous Charles V, remplacèrent les commissions de neuf membres par diocèse 
étabUes aux Etats de 1355, pour surveiUer les élus : Us étaient au nombre de trois, un en Langue d*oc, un en Langue d'oil, 
un outre Seine. Ils jugeaient en dernier ressort les contestations nées des impôts. — Trois autres généraux sédentaires 
à Paris s'occupèrent du contentieux et constituèrent la Cour des aides. Le nombre des généraux s*accrut ; leurs 
circonscriptions, de plus en plus restreintes, orirent le nom de généralités vers 1500. (N. E.) 

(2) Ce nom lui fut donné au xiv« siècle. On l'appelait avant chambre des plaids, caméra placitoi^m. (n. e.) 

(3) Il ne faut pas confondre les jugés de la Chambre des Enquêtes avec les a)*rêts de la Grand Cluxmbre. Le parlement 
comprit encore jusqu'à l'institution du parlement de Toulouse par Charles VII , ^auditoire de droit écrit ou de droit 
romain, (n. E.) 

(4) On lit dans l'éd. Kervyn (VIII, 193) : « Adont douze bourgois de la Rochelle vindrent à Paris devers le roy, qui leur 
accorda tout ce que dit est^ et moult les festoia et leur donna leurs Chartres séeUées dou roy et confermées de la chambre 
dou roy et des pers. » (N. E.) 

(5) 11 y a confusion entre le trésor ou épargne et le domaine. Il est question là du Grand Conseil institué le 12 août 1407. 
François P<^ l'opposa au Parlement, après le concordat de 1516, dans les affaires bénéticiales. La fcestion du domaine royal 
était surveillée par la Chambre des Comptes. Depuis 1542, les recettes du domaine , comme le produit des impôts , sont 
centralisées aux recettes générales, (n. e.) 

(6) « Les chambres privées ou aisées seront et pourront estre vuidées. » (Cart. de S» Magloire, p. 99, an. 1314, Du Cange, 
1, 156, col. 2.) (N. E.) 

(7> « Pour ce que grande nécessité est d'avoir plus d'ouvriers es chambres basses , que Ten dit courtoises. » (Ord., II, 
p. 377, an. 1350.) (n. e.) 
(8) Ledit Jaque fust detenuz inhumainement et longuement mis en unes chambre caye , et chut en l'ordure. » (JJ. 77, 

&412, an. 1349.) On lit aussi, dans un registre d'AbbeviUe, en 1268 (Du Cange, II, 50, col. 1) : « Il fut ordené... que nus ne 
che cambre coie seur iaue là u navUe passe. » (N. E.) 



CH -3 

secvellc. chambre des comptes. Toutes ces expres- 
sions ont été emptoyées pour signifier un lieu de 
cominodité, des latrines. (Voyez Oudin, Dicl. et Cnr. 
Fr. et Du Cange, au mot Cvoiculum.)" Si l'un des 
« voisins a, en son heritiige, un puits, et l'autre 
- voisin veut faire au sien latrines, ou chambre 
" aisée, sera tenu de faire, entre le dit puils, et 
. latrines, un contremur. . (Coul. Cén. T. I, 
p. 112.) On trouve chambre courtoise, dans le 
passage suivant : 

La bannière au duc d'OEteriche, 

si vilainement tira, 

Qu'en plusenrs lieua la descira. 
Puis fu par lui mise, à grant noise, 
Dedans une chamhre emirloise. 

G.Cui«il, MS.ful. 31,Vv 

On dit encore chambre, en ce se[is,dans queli|ues 
endroits de ta Normandie. 

17° De là, cette expression : aller à la chambre, 
porter à chambre ;t), pour aller îi la garde-robe. 
(Chi-on.S'Denis, T. I, fol.l3.) 

Porta la nuit aix fois à chambre (2), 

Fabl. MSS. du K. »• 7SI8. fol. Ï9I. V col. 3. 

Provetihes : 
Vuides chambres font les dames folles. (Dicl. de 
Cotgrave.) C'est-ù-dire que sans l'aljondance, les 
femmes sont tristes, et font des folies pour se la 

Erocurer(3). Nous trouvonsce proverbe répété dans 
i passage suivant : < Mon amy, dist Lyonnet, tu ne 

■ ailz pas grant merveilles, car j'ay vuydire aulres- 
• fois que les cliambres vuydes font les sottes 

■ dames, mais dis moi qui te a desnué de ton 
. avoir. ■ (Percef. Vol. IV, fol. 28.) 

VAniANTF.S : 

CHAMBRE, Orth. subsist. 

Cambrk. Fabl. MSS. du R. n« 7989, fol. 47, V" col. 1. 

Canbhe. Ibid. fol. 57, R' col. 2. 

Chambrée, subsl.fém. Ce molsubsiste encore, 
en termes de guerre, pour désigner un certain 
nombre de soldats qui vivent ensemble sous un 
même chef. (Voyez Disc. Polît, et Hilit. de la Noue, 
p. 35i, et che/'(/i3Chamfcrc ci-dessus, n- 13 de l'art. 
Chahube.) (4) Il signilie aussi, en Normandie, les ba- 
gues, joyaux et meubles que les maris donnent h 
feurs femmes (5); c'est ce qu'on appelle ailleurs 
aagment ouelage, peut-être occelage, en latin oscii- 
lagiiim. (Voyez une lettre insérée dans le Mercure 
d'aoùll733, p. 1707.) 

Chanibi'clan, suhst. masc. Qui loue des cham- 
bres garnies. On a dit, en ce sens, chambrclans et 



i- CH 

chefs (fhôtel, suivant le Gioss. de l'Hist. de Paria. 
(Voy. ci-après CiiAMBRiER.) 

Nous nommons aujourd'hui chambrelans, les 
ouvriers qui travaillent en chambre, parce qu'ils ne 
sont pasre(;usmaitres(G). On a employé antrefoisie 
nom chambrelan, pour celui de chambellan. (Voy. 
ci-dessus Chambellan.) 

Chambrerie, subst. fém. Office de chambrier. 
Honet et Oudin expliquent ce mol, par office de 
chambellan ou de chambrier (7). (Voyez ci-après 

CiiAiiuitiE el CiiAMOELLEME ci-dessus.) 

TABIANTES : 
CHAMIillERIE. Monet et Ondin. Diot. 
Chamberie. Du Cange, à Carneraria, sona Catnerorivit ^. 

Chambrle, subst. fém. Chambrière. —Office 
de chambrier. 

Su r le premier sens de chambrière, voy. Bouchel, 
Serées, livre 1, p. 43. 

On a dit, au second sens : > La grande chambrie 
■ est fiefù vie. -(Du Tillet, Rec.desR.de Fr. p. 295.) 

Chambrier, sufis^. mase. Officier du palais des 
rois. — Officier des juridictions ecclésiastiques. — 
Loueur de chambres garnies. 

L'officier du palais des rois, àé^né par le nom 
6e chambrier, étoit celui qui avorrla garde delà 
chambre royale , c'est-ù-dire du trésor et des meu- 
bles. On peut voir les droitsattachés à cette dignité, 
dans les mémoriaux de la Chambre des comptes 
cités par Du Can^e, aux mots Camerarius [9], 
Cnmberarius, Camlieriiis et Cvbicularius. 

Voici l'ordre des dignités dont les noms sont 
apposés au bas de nos plus anciennes cliartes fran- 
toises : 

En 1147, chambe.llant, boteiller, chamberier, 
connestable, un evesque et un abbé, et eliancetier. 
(La Thaumass. Coût. d'Orl. p. 45G.) 

Kn 1108, senechal, bouteiller, chamberier et con- 
nestable. (Id. ibid. p. .cri.) 

En 1180 el \\^3,seneschal,boleiUer, chamberier, 
connestable el chancelier. (Id. ibid. page 466 et 467.) 

il semble i|no nos auteurs aientconfondu quelque- 
fois le chamifrier avec le chambellan. (Fauch. Orip. 
des Dign. de Fr. liv. I, page 11.) Cependant, on voit 
que ie chambellan étoil subordonné au chambrier 
deFraiicc,en 1-272. (Voy, Ord. T. I, p. 297.) 

Ces deux charges peuvent avoir été quelquetoiï, 
dans la suite, réunies dans la même personne; 
de lu, ces deux mots peuvent avoir été pris indis- 



(1) Et au reg. il. 182, 



*; 



.1. 1453 : I Certaines poudres laxalives... pour le faire .iler It chambre. ) 

;) On lit aussi dans Joinville (§ 306) : t Le soir, se pasma pnrplusours foiz ; et poiir la tort r 

couvint coper le tonl de ses braies, toutes les foiz qi)e il descenaoit pour aler tt chumbi-e. > (n. k.) 

(3) Comparez Le Roux de Lincy, II, 159. (n. e.) 

(4) On lit dans Amyot (LucuUus, 17) : ■ Il l'interroeuB premjcreraent combien ils estoient loges ensemble par chaaqoc 
cUamhrie. » (n. E.) 

(5) Ce sont les gains nuptiaux el de survie, désignés aussi par le mot chambre. <Voir l'article précédent et Du Cwge, 
Cctmera, 8.) (N. E.) 

(6) C'est aussi un locataire qui n occupe qii une chambre, (n. E.) 

(7) On lit aussi eu CoufoinicrffêiiRfnf, I,!SO'xvi' siècle): « Frère Jehan de la Noue, c/iaHi(>W«i' de l'abbaye de S' Denoiit 
sur Loyre. procureur de la justice de la chambrerie du dit saint Benoist. » C'était un office d'économe, (n. k.) 

<8) Ed. Henscbel, II, 51, col 3 : ■ Premièrement. ïe chamberier à cause de sa chambcri'- , o. plusieurs cens et renlel 
assis... > (Mémorial c de la Ch. des Comptes, fol. 137.) (n. e.) 
(9) II, 51, col. 2, éd. Henacliel. (N. E.) 



CH 



— 345 — 



CH 



tincleraent pour signifier la même chose. Le cham- 
brier de Tempereur d'Orient, dans Villeh. p. 73 (1), 
est rendu par chambellan; dans la traduction de Du 
Cange, Loyslll, duc de Bourbon, est qualifié (pagesl 
et 200 de son Histoire), grand chambrier, grand 
chambrier de France et chamhellan de France^ à la 
page i45. Favin, dans son Th. d'Honn. T. II, p. 1700, 
dit que l'office de chambrier fut supprimé, et Bou- 
lainvilliers, Ess. sur la Noblesse, fixe cette suppres- 
sion an temps de François I", qui mit à la place du 
chambellan deux premiers gentilshommes de sa 
chambre. Brussel, sur les Fiefs dit « que le cham- 
« berier gardoit le trésor du roi, les titres et les 
« chartes. » 11 ajoute que « de sa decadance, s'est 
« fait le grand chambellan, qui a succédé en une 
« partie de ses fonctions. » (Brussel, sur les Fiefs, 
p. 6*28.) Il dit encore, page 372, que « le chambrier 
« avoitjurisdiction sur les officiers de la chambre, 
« et par suite, sur tous les métiers qui vont rapport 
« comme tapissiers, etc. » (Voyez ci-dessus Cham- 
bellan.) (2) 

Chambrier lay se disoit du bailly des églises 
cathédrales. (Voy. Coût. Gén. T. I, p. 59.) 

Enfin on nommoit chambrier ou chambrelan, 
celui qui tenoit chambre garnie et la donnoit à 
louage. (Glo$aide THist. de Paris. — Voy. ci-dessus 
Chambrëlan.) 

VARIANTES * 
CHAMBRIER. Villehard. p. 73. 
Chambi-rier. La Thaum. Coût. d'Orl. p. 465. 
Chamberiez, plur, Ord. des R. de Fr. T. II, p. 654. 

Chambrière, subst. fém. On a AU chambrières 
de bois, pour les barres de bois qui soutiennent la 
paillasse du lit (3). (Dict. d'Oudin.) 

Chambrlete, subsL fém. Petite chambre. Dimi- 
nutif de chambre ci-dessus. (V. ci-après Chambrillon.) 

Ardent toute Fille de Ré, 

Ni lessent chambriete. n'estage. 

G. Gularl, MS. To\, 217. V. 

C4hambrillon, subst. masc. Petite servante. — 
Petite chambre. 



Oudin, et La Porte, dans ses Epilhèles, expliquent 
ce mot au premier sens de petite servante ; alors 
c'est un diminutif de chambrière (4). 

Ce mot signifioit aussi petite chambre, suivant 
Monet et Co^rave. 

ChambrlIIour, subst. masc. [Intercalez Chamr 
brillour, compagnon de chambrée: « Ëstienne 
Barré chambrillour de Jehan Bacheyron » (JJ. 159, 
p. 318, an. 1404.)] (n. e.) 

Chameau, subst. masc. Nuage épais. C'est en 
ce sens qu'on emploie ce mot, dans le langage 
champenois, pour signifier une nuée très-épaisse 
qui fond tout-à-coup sur une grande étendue de 
pays. On rappelle balin aux environs de Cosne. 

Charnel, subst. masc. Escabelle (5). Le poète, 
dans les vers suivans, remploie par opposition à 
eschames (6), signifiant banc. 

Ce nos raconte Salemons,... 
Qu'il seroit un siècles divers 
Qui tôt torneroit à envers ; 
Les eschames abaisseroient, 
Et li charnel relevcroient (7), 
Et si verroit on' les corbeax 
Monter desor les colonbeax. 

Fabl. USS. de S. G. fol. 3«, R* col. 3. 

Chaïuelon (8), subst. masc. Espèce d*arbrisseau. 
« Soit pris chamelon surmontain, dit en latin siler 
« montanus, basilicon, demie once de chacun, etc. » 
(Fouilloux, Fauconn. fol. 13.) Siler tout seul désigne 
un arbrisseau qui croit dans l'eau (9); montanm^ 
ajouté à ce mot, prouve qu'il y en a deux espèces; 
chamelon signifie celle qui croit sur les hauteurs. 

Chaîner (se), verbe. Se plaindre. — Se tour- 
menter, se fatiguer. 
Ce mot vient de l'italien scemare. 
Dans le premier sens de se plaindre, on a dit : 

Par Dieu, si aveax la pucelo 
Que ge trovai hier mam si bêle 
Qui se chamoit (10) chaitive lasse, 
Et me prioit '.lue je ramasse, etc. 

I. de Narc. MS. de S. Gorm. fol. 120. V* col. !. 



1\ 



om. 



(1^ Dans le ms. fr. 4972 (anc. 9644), que Du Cange a seul connu, on Ut cher avec abréviation ; les autres donnent chancelier^ 
et M. de Wailly (§ 186) imprime : c [^Uemperenr] n*enmena avec lui que Tempereris, et son chancelier ^ et son druguemant, 
e les quatre messages. > Le mot d'ailleurs est du xiii* siècle : c Et le vent de par lou roy ii mestre chamberier dou^roy. » 
(LitT*' des Métiers, 195.) (n. e.) 

(2) Le chambrier est déjà au nombre des ministri dans la cour carolingienne, d'après Hincmar. A la cour capétienne, 
c'est un intendant intérieur du palais, mais non de la cuisine placée sous les ordres du sénéchal. Il assiste aux hommages 

aue les vassaux viennent prêter au roi, et même il les reçoit. Au xiii* siècle, il perçoit, lors des cérémonies d'hommage, 
es droits proportionnés à la valeur du fief pour lequel on le rendait. Lorsque les aveux lui furent retirés, ils passèrent 
à la Chambre des Comptes. Ce grand dignitaire, qui sic[nait les diplômes, possédait Ûef et justice foncière avec cens, rentes 
et droits seigneuriaux dans la viUc de Paris ; de plus, il avait jundiction sur différents corps de métiers, fripiers, pelletiers, 
cordonniers. Cette fonction fut supprimée en 154o (9 sept.), à la mort de Charles, duc d'Orléans; les attributions en passèrent 
au grand chambellan, (n. e.) 

(3) Ou plutôt les cordes qui soutiennent cette paillasse ; chambrière est encore le nom du cordage qui serre les voiles 
d'étai et d'artimon, (n. e.) 

(4) On lit encore dans l'Histoire Comique de Francion^ par Charles Sorel (1622), au liv. II, p. 60 de Tédition de 1858 : 
c Souffriras-tu toujours que je ne paraisse qu'un torchon au prix d'elle, et qu'étant en sa compagnie l'on me prenne pour 
sa chambrillon. » (N. E.) 

(5) Charnel signifie montagne, puisque chamelon signifie osier poussant sur les montagnes, (n. e.) 
(i\) Chammes (Meurthe) vient de Scamnis. (N. e.) 

(7) On lit à la quatrième antienne des vêpres du m* dimanche de TAvent : c Montes et omnes colles humiliabuntur, et 
erunt prava in directa, et aspera in vias planas. » (n. e.) 

(8) Le bas-latin calma^ bruyères , a pu former charnel et chamelon , comme Calmels (Â.veyron , Tarn), La Chaume 
(Charente-Inférieure). (N. e.) 

(9) L*osier. (n. e.) 

(10) Il faut lire clamoity au sens de s^écriait, s'exclamait, (s» e.) 

III. M 



CH -3^ 

Ce mot est pris pour se lourinenter, dans ces 
vers : 

Avoir doit noble diadème, 
Oui à bien taire ainsi se cheme. 

».U. de> Troi* Miiv-i. 113. p. »0. 

C'est-à-dire celui qui se lourmeiite, qui se faligue 
ainsi ù bien faire, est diurne d'une couronne. On 
lit, mal à propos, s'acliesme(i) pour se Wicin^, dans 
quelques autres hss. ; c'est une faute. 

VARIANTES : 

CHAMER (813). Rom. de Narcisse, fol. 120. 

Chemeh, CHKSMEEt. OudiD, Colgrsve, Monel, Nicot, Dict. 

Chënër. Borel, Dict. 

Sener. 

Ctaamerande, subst. fém. [Intercalez Chante- 
rande, ctiambranle dans le Carlulaiie de Corbie 
signé Kzécliiel (an. U±i, fol. 'ilO, r): • Lequel 
« manlel sera rcvestu d'une cliameratide de pen- 
« nacle, et avéra sur ledit manlel deux angles de 

* piei're,qui lenroiit un escu ouquel seront armoiés 

• les armes de Corbie. ■] (». ë.) 

Chameul, subst. masc. Cliameau. — Cliamois. 

En parlant de coux qui perdent tout par leur 
convoitise, ou lit ces vers où se liouve, au pi-emier 
sens, le nom de chameau écrit cliamol{i) eldiamuel: 

Li chamuel aonl d'aiilre nalure, 
QuRr ils sont de plus granl mesure ; 
Et quant en lor donc |)rovt;nde, 
J'a n'i aura nul qui n'ulende 
Dcsque il l-.iit comniunalmont 
Meiijtiuenl, mais que fussent cent : 
£t, dist li Illz, bono nature 
Ont li (7iamui, etc. 

VM. HS. de S. Qurm. lol.P, V col. I. 

Chameui pareil pris pour chamois, dans les vers 
suivans : 

Marlres, et gris achalez volunUera, 
Grans chaperons, et iiornelte à visiera, 
l'eaulx do ihaïuculx, et draps fors, et entiers ; 
Garnissez vous, avant qu'iver vous lîere. 

Eutl. DckIi. PM). MSS. fol. 331. col. 4. 

11 paroit qu'on a souvent confondu ces deux 
animaux, chameau et chamois. (Voyez ce dernier 

mot ci -après.) 

VARIANTES (3) '. 
CHAHËUL. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 134, col. 4. 
Chahuel. Fobl. MSS. de S. G, !ol. 9, V'. 



Chainlon, subsl. masc. [Intercalez Chamion, 
baquet, camion; on liLau Gloss. lat.-fr.411'i[B, N.), 
an. 135'2: > Campolus, chamion. • Au reg. JJ. 191, 
p. I'2I, an. 1455, on lit gamion: • Le suppliant 
• churgoit liidite terre en ung gamion, que le filz de 
« Pierre Pageon faisoit mener à son cheval. »] (n. k.] 

Chanimue, subsl. fém. Ce mot, dans le passage 
suivant, désigne une partie d'un engin ù prendre 
les oiseaux: » Qui veult tendre cesle raiz (rets. 



CH 

filets^ aux pinssons passans, la saison est depuis 
la Saincl Michel, jusques à la Toiissains, etdoit 
estre tendue à ung mencril par la charnue qui ; 
eslconrle.etles pinssonss'iassient vouleuliers. • 

(Modus et Racio, fol. 84.) 
Chamnador (4), svbst. masc. Changeur. (Gloss. 

sur les Coul. de Beauvoisis.) 
ChauiDer, verbe. Chamailler. Combattre en 

champ clos. On lit, en ce sens : • Es cas, esquels 

■ les deux champions se offrent d'euls mesmes ï 

■ chainiier, l'ung appellunt, l'autre acceptant, et 

■ levant le gaige, il ne pevenl estre dits innocens. • 
(Hist. de la Tois. d'Or, vol. 1, f° 39.) . Qu'ils laissent 

• tous autres moyens de droit, et par lesquels ils 
( pourroyent aucunement parvenir à leur justice, 

• ou qu'ils n'attendent qu'ils soient contrains à 

■ chfunner, par la sentence, ou jugement du juge 
< i*) qui il apparlienl. • (Ibid.) 

Chamois, subst. masc. Chameau. — Blé bruiné. 
On paroit avoir ici confondu chamois avec 
chameau : 

Très ci qu'en Digenois, 

Ont gastù le païB : 

N'i Icssent, ce m'est vis. 

Orge, froment, ni pois: 

Chargiez set vint chamm» * 

En ont devers au\ mis, 

Sani les bues viennois. 

rœi. USS. •lut 1300, T. I. p. 177. 

On appelle cliamois le blé pourri ou hruinéqui 
se réduit en poussière noire. (Journ. du Verd. 
octobre 1739, page 'lU.) 

Chamoisi, ailj. Satiné. On a dit gat/echamoitiê, 
pour suie salinée. Cette expression est employée 
flguréinenl, dans ce passage : • S'il parloil, c'esloit 

• gros bureau d'Auvergne, tant s'en failloil que 

• feust saye chamoisie, de laquelle vouloit Parisatia 
> estre les paroles tissiies de cenlx qui parloienti 
. son fils Cyrus loy des Perses. ■ (Rabelais, T. IV, 
p. 137. — Voyez Camocas ci-dessus.) 

Chamoissié, verbe. [Intercalez Chamoistii, 
meurtri dans la Chr. des ducs de Normandie, t. Il, 
p. 131, V. 19192: • Del osberc fu tôt chamoiaie%. ■ 
La variante camosée (Preuvesde l'Ilist. de Bretagne, 
II, col. l'iOO, an. 1433) signifie repoussée: ■une 
< coupe d'argent dorée, hachée et camosee. > Enfin 
camoisset'Xa. basane, c'est la battre pour l'assouplir: 

• Que nulz ne puist camoisser basane. ■ (Ord. VJI, 
p. 565, art. 10, an. 1330.)] (.i. e.) 

Chamon, subst. masc. [Ajoutez Oiamon, qu'il 
faut peut-être rapprocher de charnel et chameion: 
' Ilem parvumpratumcumchamoria^Jo incircuitu 

• diclLC terra; existente... Item, queindam chamt- 

• tiem, situm desuper dictum sauzaium, qui 
- continet circa uiiam boissellatam terrse:... Itea 



(1) Il Tant lire a'achesme o' 
(î) Ou plutôt Chamvl. (N. K 
èl) I-1 forme de la Chana 



s de 9'ajusto. <N. E.) 



n lie Roland est catnelt (str. III) : • Set ceni camelz et mil autours 
(Sf)': < Uuls et chevaux, et chatnela. ■ Job (4D5) donne chaînai. <N. E.) 
(4 On trouve dang Du Cange catnbiaior, en provençal cart^ador ; mais la forme française est i 



Dana Roncivrals 

(N.B.) 



CH 



— 347 - 



CH 



« unum chamonerriy qui est de domanio, vocato 
« gallice le chaînon de prelaites. » (JJ. 112, p. !21'2, 
an. 1377.) Voyez la note sous c/mme/on, et comparez 
Chaumot (Nièvre, Yonne), Chaumoux (Cher), 
Chaumoy (Saône-et-Loire), Chalmoux(\à.), Chamon 
peut venir de calma et signifier bruyères.] (n. e.) 

Champ, subst. masc. Fond (1). Champ se dit 
encore, en termes de blason, pour le fond d'un écu 
armorié. On Tappliquoit, autrefois, au fond d'une 
étoffe: « Damas noir, dont l'ouvrage est tout pour 
« fiUé de fil d'argent, et le champt (2) tout empli de 
« houlpes. » (Petit J. de Sainlré, page 189.) On 
trouve campania^ pris en ce sens, dans le Gloss. 
lat. de Du Gange. 

On a dit aussi, en parlant d'une voûte, qu'elle 
étoit blanche de champ, pour signifier que le fond 
étoit de couleur blanche. « Sur ce fond y avoit une 
« belle croix blanche de champ, de terre vermeille. » 
(Joinv. p. 115) (3) Du Cange observe que, dans 
l'édition de Poitiers, on lit: Blanche de chaux; 
c'est peut-être le véritable sens. (Voyez ci-dessus 
Campaigne.) (4) 

variantes : 

CHAMP. Orth. subsistante. 

Champt. Petit Jean de Saintré, p. 189. 

Champagne, subst. fém, [Intercalez Cham- 
pagne: 1' Plaine, espace qui occupe le tiers de 
l'écu vers la pointe: « Et estoit la devise de une 
« baise dor assise sur une champaigne de gueules. » 
(Froissarl, éd. Kervyn, XIV, 22-i.) 2* Fond d'étoffe: 
« Item deux napes d'autel, un aube et amit parés 
• de six ymages en Champagne, » (Inv. de Cambrai, 



1371, Du Cange, II, 62, col. 3.) 3" Fonds de terre : 
« Le suppliant entra sur aucuns héritaiges de son 
« père environ une champaigne, nommée le Loup 
« pendu. » (JJ. 186, p. 35, an. 1450.) 

Tant voit U ost le pui et la champaine 
Qa*Aspremunt voient et la large Champaiqne. 

Agolant, V ^. 

En la forest ad une plaine, 

Envirun est grant la chatnpainc] (n. k.) 

Champagnols, subsl. masc. plur. Potirons. 
Campairols, selon Borel, au mot Champagnols, est 
du palois languedocien (5). 

VARIANTES : 
CHAMPAGNOLS, Campairols. Dict. de Borel. 

Champaige, subst. masc. [Intercalez Cham- 
paige, pâturage: « Le suppliant afferma pour ung 
« an certains champaiges joignant à son pastural, 
« nommé le pastural long. » (JJ. 187, p. 183, 

an. 1456.)] (n. e.) 

Champar, subst. masc. Droit de partager les 
fruits d'un champ. — Droit de partage. 

Ce mot, dans le sens propre, signifie le droit qui 
appartient au seigneur de la terre, de prendre sur 
le champ une portion des fruits avant que le labou- 
reur enlève sa récolle. (Du Cange, aux mois Campi 
partores, Campipares, Campipartagium et Cham- 
pipars. — Le Gr. Coût, de Fr. Liv. II, p. 17i.;(6) 

De là, ce mot s'est quelquefois appliqué à pareil 
droit de partage sur autres choses que les fruits de 
la terre; par exemple, sur les abeilles trouvées sur 
un arbre. « Si le seigniour del arbre preigne autry 
« éés (abeilles) en son arbre, et il sache à qui ilz. 



(1) On disait encore en système métrique (Et. de La Roche, xvi* siècle; Arismetiqiie , fol. 42) : € Nombre superficiel 
quarré qui peut estre appelé champ ; quarré de quarré, que nous appelons champ de champ. » (N. E.) 

(2) Je DUS, dit-il, mes armoiries. — Et bien, Monsieur, quel en est le camp. » (D'Aubigné, Fœneste, IV, 7.) (n. e.) 

(3> M. de Wailly (§ 638) imprime : « Li roys et nous alames jeusques au cnief dou courtil, et trouvâmes un oratour, en la 
première voûte» blanchi de chausy et une croiz vermeiUe de terre. » (N. E.) 

(4) Champ a aussi le sens de camp, qui en est la prononciation picarde : « Perrin le Gros jeune compaignon... archier de 
nostre champ. » (JJ. 206, p. 692, an. 1480.) — < L*un des archiers de nostre ordonnance poui* la garde de nostre champ, i 
(Ibid.. p. 736.) Champ signifie encore champ de bataiUe : < Li quens Roians au champ est repaire. » (Roland^ str. CXXXlX.) 
ff Se de ce champ traient païen à fin jamais en France n*orra messe à malin. » (Agolant, p. 171, col. 2.) C'est un champ clos 
dans Roncisvals (192) : < vous jurerez premiers de ce camp arrami. » Voici comme il ♦•st décrit aux Assises de Jérusalem 
(Du Cange, II, p. 72, col. 3) : « Et ains que la quarantaine soit, le setgnor doit avoir fait faire le champ de .XL. cannes de 
carcure, et bien ygales et clos de fossé et de palis, qui sont entour passé et lassé d'? cordes, si que aucun des chevaus ne 
porte son seJgnor hors de champ, ou qu'il n'en soit gettéj tant que pais en soit faite. » Il a enfin le sens de duel au reg. 61, 
p. 123, an. 1321 : « De champ formé, se on en fait paiz, qumze sols d amende au seigneur ; se on en est armez et couz en 
est feruz, et pais en est faite, soissanle soulz d'amende au seigneur ; se li champs est outrez, cil qui sera vaincuz sera en 
la volunté du seigneur de corps et d'avoir. » Dans un traité ms. sur la noblesse de Jacques Valere (Du Cange , II , p. 72, 
col. 3), champs à articles signifie duel dont 1t>s conditions sont déterminées. Enfin Froissart écrit, au lieu de provoquer en 
duel : « Je vous en appelle de camp, et en voilà mon gage. » (IX , 127.) — Citons encore l'expression prisent les camps 
(id. III, 297). pour s'enfuir ; se mettre s^is les camps, pour se mettre en campagne (II, 197) ; tenir les champs , pour tenir la 
campagne (III, 233). Sur le champ signifiait, au xvi* siècle, sur les lieux, sur place : c En ce qui concerne les combats , les 
conseils se prenent ordinairement snr le champ. » (Lanoue, 436). — a La fortune luy favorisa en ce combat , de manière 
qu'il desfict le Gaulois, et le dospouilla aur te champ. » (Amyot, Num., 22.) U a aussi notre sens actuel : c Fabius s'en prit 
à rire, et lui rcspondit sur le champ. » (Id., Fab., 47.) Enfin on disait en manière de proverbe (Le Roux de Lincy, I, 61, o2): 
« En petit champ croit bien blé. — L'eu ne doigt pas semer toute la semence en un champ. » Mieux vaut un bon temps 
qu'un bon champ, b Cotgrave ajoute : « Bois ont oreilles, et champs œillets. » (N. B ) 

(5) Campagnol est encore le nom du rat des champs. (Linné, mus arvalis ) Campagnoule est le nom vulgaire de plusieurs 
espèces d agarics et semble une variante de champignon, (n. e.) 

(6) Le champart se nommait aussi terrage, açrer (agrarium) au Midi, agrier au Nord, agriculture dans d'autres provinces: 
on le confond même avec la tasque qui se levait sur les gerbes de blé. Le champart était dit cinquain ou vingtain , quand 
il s'élevait au cinquième, au vingtième de la récolte. En Normandie, le champart se payait avant la dtme. Le tenancier 
devait le plus souvent conduire à ses frais le produit du champart dans la grange seigneuriale. Avant la Révolution, ce droit 
se rencontre encore fréquemment et compte parmi les droits domaniaux de la couronne. Le terrage se distingue du 
champart en ce qu'il doit toujours ré-^ulter d'un titre, même en pays coufumier. Il est foncier et se prescrit par trente ans, 
ou il est seigneurial et imprescriptible. Enfin on ne peut hypothéquer la terre sujette au tei^aqe sans le consentement 
du seigneur. Le cfwmpart parait être l'origine du métayage ou colonat partiaire, en usage dans le Midi. (n. e.) 



CH 



— 348 - 



CH 



« sount, il est tenue de les rendre, on garder les à 
« champart, pur 'a moytié des issues (du produit 
« qu'elles rendront), taûnt corne eus dorrount. » 
fBritl. Loix d^Anglel fol. 85. — Voyez ci-après 
Champartage et Champier.) De lu, on dlsoit : prendre 
play à clianmpert, &es['k'à\ e à moitié perte ou 
prolit. (C rla Magna, fol. 89.) On lit à champarte 
(ibid. fol. 89.) 

VARIANTES : 

CHAMPAR. Laur. Gloss. du Dr. Fr. (1) 
Champart. Monet, Oudin, Nicot, etc.. Dict. 
Campart. Du Gange, à AgraHam el Agrirolatio. 
GuAUMPERT. Caria Magna, fol. 89, V". 

Champarer, verbe, [Intercalez Champarer, 
lever le champart: « Le suppliant ala devers le 
« sergent de la justice, que à Valecourt Yvonet 
« Du Boys escuyer, et lui requist... que il lui 
« voulsist champarer une pièce de terre,... laquelle 
« estoit et est du c/ia/wpar^ dudit escuyer. » (JJ.145, 
p. 211, an. 1393.)] (n. e.) 

Champartage, subst. masc. Terme féodal. Il 
paroit synonyme de champar ci-dessus. On lit : 
« Saisines, amende, champart, et champartages, 
« mesurages, et bourages, et les courses qui appar- 
« tiennent au dit champarl, » dans une citation 
rapportée par Du Gange, au mot Campartagiuml^I). 

Champar tel, adj. Sujet au champart. On disoil 
en ce sens : terres chumparties ou chainpartelles^ 
suivant le Gloss. sur les Goût, de Beauvoisis. 

Champar ter, verbe. Donner ù champart. — 
Lever un champart. (Voyez Laur. Gloss. du Dr. Fr. 
— Le Gloss. sur les Goût, de Beauvoisis, Monet, 
Cotgrave, Oudin, Beaumanoir, p. 151 (3). — Du 
Gange, aux mois Cambipartia et Campipartiri,) 

Cest fait si fort les espo vente, 
Que chascun dieus guerpir sa tente ; 
Comme gent à guerre rebourse, 
S'en vont entreus fuïant la course, 
N'ont ore soing qui la cfiampartent, 

G.Guiarl.MS. fol. 212. R*. 

VARIANTES * 

CHAMPARTER. Oudin, Nicot, etc., Dict. * 
Chanparter. g. Guiart, MS. fol. 212. 

CUAMPERTER, CUAMPERTIR. CHAMPARTIR. 



Champarteresse, adj. au fém On a dit grange 
champ rtei'esse pour désigner « celle où Ton met 
« les gerbes dues pour le droit de champart, » 
(Laur. Gloss. du Dr. Fr. et Dict. de Cotgrave.) 

Champarteur, subst. masc. Celui qui lève le 
champarl (Uicliounaires de Monet, Cotgrave, Oudin 
et Nicot, etc.) 

Champayage, subs^ masc. Terme de coutume. 
Ce mot signilie le droit de faire paitre ses bêtes 
dans un terrain vague (4) : « Pasturage et champéage 
« de bosles, en héritage d*autruy qui n'est clos, ne 
• deCfensable, n'acquiert droit de possession, ne 
« prescription, sans titre vallable. » (Goût, de Blois, 
Goût. Gén. T. Il, p. 263.) 

VARIANTES I 
CHAMPAYAGE. 
Champéage. Goût. Gén. T. II, p. 263. 

Champayer, verbe. Terme de coutumes. — 
Terme de chasse. 

Ce mot, en termes de coutumes, signifioit mener 
paitre ses bêtes dans un champ (5). (Dict de Gotgr. 
el de Ménage.) « Les habilans des villes et villages 
« peuvent mener, et faire mener leurs bestes, 
« grosses et menues, champayery et pasturer, es 
« lieux de vaine pasUire, es fenages et patoisses i 
« eux contiguz. » (Goût. d'Auxerre, Coût. Gén. T. I, 
page 21 0.) 

Comme lerme de chasse, ce mot s'employoil pour 
mener, dresser un chien en plaine. « Lorsque les 
« chiens ont passé deux ans, on \es peut champayer, 
< et mener à la chasse trois fois la sepmaine. » 
(Fouilloux, Vénerie, fol. 68.) (6) 

VARIANTES I 
CHAMPAYER. Omt. d'Auxerre, Coût. Gén. T. I, p. 910. 
Champaier. Du Cange, au mot Camparius, 
Champoier. 

Champoyer. Coût. Gén. T. I, p. 85. 
Champier. Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 51. 

Champe, subst. fém. Partie du cerf. « Il ie 

« convient lever la champe^ mes ton coustel plaîn 

« pousse sur le bout de la champe, par devers le 

« col, ensise la champe en venant vers le ventre. » 

I (Modus et Racio, fol. 15.) (7) 



(i) Le mot est dans Beaumanoir (XXVII, 24) : « Ventes de vilenages de cans à campart poent bien qeoir en pris éè 
terre. > (n. e.) 

(2) On lit dans une charte de 1411 (Du Cange, II, 70, col. 3): c C'est ce que Jehan DalonviUe aveue à tenir de R. P. «a 
Dieu Mflr Tevesques de Charlros... Item toutes les rentes de la my-aoust^ que l'en appelle champar taiges. > (n. b.) 

(3) On lit dans Renart (v. 5042) : « Bertoult qui fu en sa meson, Saut por veoir que ce estoit Qui ses gelines chatnpartQlt, > 
Beaumanoir (XXX, 29) donne une variante : « Cil ne fet pas de son campart ce qu'il doit, qui emporte ses garlies, ancbois 
qu'eles soient campartéea. » (N. E.) 

(4) Quelques communes conservent encore ce droit, (n. e.) 

(5) On nomme encore dans les Dombes c/mmpaye, des bois ruinés par le pâturage du bétail , ou des champs qui , par 
suite d'inculture, se couvrent de bouleaux, d'aulnes, de genêts ou de bruyères. ((!nron. agricole, févr. 1869.) 

(6) lo Champoier est plutôt employé dans ce sens : « Voulons... que nostreliomme et habitant de nostre chastel et Tille 
de (îrancey et leurs hoirs, puissent champoier et mener à tousjours mais toutes leiu's bestes (|;rosses et menues, exoeptey 
chievres en tous noz bois et forez de Grancey. » (Ord., IX, p. 160, art. 5, an. 1348.) 2<> Champoier, orner le champ, le fond 




audit 



iidit Jehaunin, qui estoit en grand péril de mort. » (JJ. 161, p. 247, an. 1407.) (N. E.) 

(7) On lit dans le MéiiaaierXll. 4) : « Quant Ten parle d'un cerf, Tos de la poictriue est nommé la hampe. » Compare! Bu 
Fouilloux (Vénerie, fol. 42, v», éd. Favre) : c Cela tait, faut lever la hampe, qui appartient au grand veneur, puis les fouis 
qui se prennent au bout de la hampe sur la poitrine du costé du col. > (n. e.) 



CH 



- 349 — 



CH 



Ghampé, par/û;. Terme de blason. On a dit : 
ECU champé da%ur^ pour écu à champ d'azur. Dict.) 
d'Oudin et de Colgrave.) 

Champeignon (1), subU. masc. Champignon. 
(Voy. Habelais,!. IV, p. 209.) Labbe, dans son Gloss. 
p. 491, explique ce motpar 6o/(^^ms, bolay, anseron, 

Champelct, subst masc. [Intercalez Champelet, 
petit champ: « Item un petit champelet à la 
« Coinche, qui fut monsignour Josier. » (Cart. de 
Thenailles, B. N. fr. anc. 5649, fol. il4, r, an. 
1301.) On trouvait dans un reg. de Corbie, sous 
Tannée 1511, la forme Campelet (Du Gange, II, 63, 
col. 3.)] (n. e.) 

Champ-estroit , subst. masc. [Intercalez 
Chajnp'estroit, sorte de jeu : « Lesquelz compai- 
« gnons se prindrent à jouer Tun à Tautre à ung 
« jeu, que on dit champ-estroit. » (JJ. 195, p. 56, 
an. 1446.) C'est peut-être le jeu de quatre coins.] (n. e.) 

Champicerie, subst. fém. (2) Vilenie, indélica- 
tesse. On lit : tour de champicerie, dans Bouchet, 
Serées, Liv. II, p. 147. (Voyez Dict. de Cotgrave.) 

Champier, subst. masc. Champart. C'étoit un 
droit seigneurial compris dans Tenuméralion de 
ceux du roy. (Voyez Mém. de Sully, T. X, p. 228.) 
On y lit : « Terres labourables, terrages, champiers^ 
« dîmes inféodées, etc. » 

Champier (se), verbe. Terme de blason. Il 
signifioit prendre tel champ dans ses armoiries : 

Le champ est d'or, c*est uns beaus draps ; 
Mais d'Ârrogon U se champie. 
Car il ea descent de lignie. 

Froissart, Poes. MSS. p. 285, col. 1. 

Champion, subst. musc. Ce mot subsiste encore 



f)Our désigner un homme de guerre courageux et 
ôrt (H). Nous le trouvons, employé en ce sens, dans 
le passage suivant: «Si demeurèrent illec encore 
« huyt jours pour Tamour du gentil champion^ qui 
« n'avoit veu sa femme puis troys moys. ■ (Percef. 
Vol. IV, fol. 24.) 

Cette acception générique est une extension de 
Tacceplion propre et particulière de ce root. Cham- 
pion signifioit combattant à pied ou ù cheval, soit 
pour sa propre querelle, soit pour celle d'un autre. 
(Borel, Monet, Laurière, Gloss. du Dr. Fr , et Du 
Cange, au mot Campiones.) Ces combats se faisoienl 
en champ clos, et c'est de là que Ménage déiive 
i*étymologie de champion (4). 

On distinguoit chevalier champion, et serjan 
champion. (Voy. Assis, de Jérus. p. 167; ibid. p. 59.) 

Vhommage de champion semble être Thommage 
qu'un vassal étoit obligé de faire au seigneur, par 
lequel il s'obligeoit de défendre sa querelle. « Ne 
« soit nul bornage par nul terre tenue pour graund 
« serjaunty, tout soit il fait (quand bien seroitfail), 
« si la serjaunty ne soit tenue de nous, nient (plus 
« que non plus que) plus (lue homnge de champion, 
« ou de autre serjaunt. » {Brilton, Loix d'Angl. 
f 175 bis.) (5) 

De Foncemagne observe que missu^ et campio 
sont deux mots latins synonymes, d'où Ton peut 
inférer, suivant le même académicien, que les 
commissaires du roi {missi dominici) étoient ainsi 
nommés de Tobligalion de défendre par le duel 
les jugemens de leurs justices. (Foncera. Extr. pour 
la 3* race, p. 292.) 

Champion vaincu se disoit pour Tamendedue par 
celui dont le champion avoit été vaincu. (Duchesne, 
Gén. de Chastiilon, p. 14, til. de 1231.) (6) 

On disoit proverbialement : champion golu. On 



(1) c Campaigncus sont de maintes manières, et U en a qui font les gens soudainement morir. » (A.Iebrant , fol. 61, xiii* 
siècle). La racine est ici campinoUus ; la forme champignon est au Èiénaaier, (II, 5.) (n. e.) 

(2) La racine peut être champiê, qu'on trouve plus bas : action digne d'un champis. (n. e.) 




armes 

de 

juridiques.) Les champions étaient exigés pour les femmes et les clercs, permis aux malades et aux sexagénaires, (n. e.) 

(4) Le mot est dans la Chanson de Roland (stance CLXIII, v. 21) : « Par granz batailles e par mult bel sermuns Cuntre 
païens fut tuz tens campiuns. » Cfiampiuns est dans Thomas le Martyr (38) : c Le rei i ad trové od ses privez druguns , 
Èresques, e abez, e cuntes, e baruns ; Tuz sulz entra en champ cumme bons champiuns. » Voyez dins Du Cange 
(II, 67, col. 3 à 70, col. 1) le long règlement établi pour les champions par la Coutume d'Amiens. Il faut en rapprocher le 
ch. LXVIII de la vieille (Coutume de Normandie, le ch. 61 des Coutumes de Beauvoisis par Beaumanoir. Vovez encore dans 
Froissart (éd. Kervyn, XII, p. 29 à 39) le duel de Jean de Carrouge et de Jacques Legris (21 décembre iS&S). M. Kervyn a 
reproduit en note le récit latin de Jean le Cocq, jurisconsulte du xiv* siècle, avec des extraits des registres criminels du 
Parlement. Il y ajoute un règlement des gages de bataille au temps de Philippe le Bel, d'après une copie incorrecte du 
reg. S* Just (1254-1317) ; enfin il analyse le manuscrit firancais 8364 (B. N.), qui expose les règles du duel judiciaire à la 
lin dti xrv» siècle. (Id., p. 366-373.) (N. e.) 

(5) U faut encore expDquer le sens de champion du roi. C'est, en Angleterre, un homme armé de toutes pièces gui , au 
jour du couronnement, entre à cheval dans la grande salle de Westmmster et défie par la bouche du héraut quiconque 
oserait contester le droit du roi à la couronne, voici comme Froissart décrit cette cérémonie à l'avènement de Henri Iv de 
Lancastre, 13 octobre 1399 (éd.- Kervyn, XVI, 208-209) : < Et à la moienne de ce disner vint ung chevallier qui se nommoit 
Dimorch [ou plutôt Daimadok, issu des anciens princes de Galles], tout armé sus ung cheval monté , tout couvert de 
mailles et de vermeil, chevalier et cheval, et en point pour gaige ae bataille ; et avoit un chevallier devant luy, qui portoit 
sa lance, et avoit ledit chevallier à son costé l'espée toute nue et la dague à l'austre costé. Et bailla ledit chevallier une 
balle au roy, laquelle fut lutte, et disoit : c S*il estoit chevallier, escuier ou gentil honune, qui voulsist dire , ne maintenir 
que le roy ne fuist droit roy de ce droit, il estoit tout prest de le combattre , présent le roy ou quant il plairoit au rov 
assigner journée. > Et le ôst le roy crier par ung hérault d'armes (lar les lieux de la salle, à quoy nuls ne s'aparut. » (N. s.) 

(6) Le lèiDpslateur étant prévenu contre le champion , la peine qui lui était appliquée était toujours rigoureuse. Quand elle 
n'était pas la mort, elle entraînait la perte du poing, quelquefois même du pied, sans préjudice d'amendes : c Mais déboutés 
seroit de son tesmoynagc et li campions aroit le poing copé, se le bataille estoit par campion. » (Beaumanoir, VI, 16.) (n. r. 



CH 



— 350 — 



CH 



trouve ce proverbe à la suite des Poës. mss. av. i300, 
T. IV, p. i052. (1) 

Champîs, .si/te/. n2as(!. Enfaivt naturel. Enfant 
né d'une mère qui n'éloit point mariée lorsqu'elle 
en devint enceinte, suivant Le Duchat, sur Rab. 
T. III, p. 79. On dit encore campi, au même sens, 
dans la Saintonge. (Diction. Etymol. de Ménage, au 
mot Champignon )('2) Le passage suivant sert encore 
mieux à justifier notre définition : « Aux champis, 
« qui sont nez et faits hors mariage, à cause que 
« l'éducation et institution en est négligée, il y a 
« tbusjours plus de méchanceté qu'aux autres. » 
(Bouchet, Serées, liv. I, p. 301. — Voy. une citation 
de TApolog. pour llérodole, sous l'expression met- 
tre aux champs.) 

VAIUANTES : 

CHAMPIS. Bouchet, Serées, liv. I, p. 301. 
Chamfi. Le Duchat, sur Rabelais, T. III, p. 79. 

Champis, ady. Impudent, éventé (3). Montaigne 
dit, en parlant des repas des Romains : « Ils pre- 
« noient haleine en beuvant; ils baptisoienl le vin, 
« et ces champisses contenances de nos laquais y 
« estoient aussi. » (Essais, T. I, p. 511.) 

Champisteau, adj. Colère, brusque. Caractère 
facile à se mettre en colère. Borel et Corneille 
citent ce vers de TAmonreux transi : 

Ou bien nourrir un tas de ckampisteaux, 

(Voy. Campis ci-dessus.) 

Champisteric, subsL fém. Brusquerie, effron- 
terie. Thomy, bouffon du connétable de Montmo- 
rency « estoit un petit idiot, niais et fat, mais il fut 
« si bien appris, passé et repassé, dressé, alembiqué, 
« raffiné et quintessenlié par îes natretez (4) (pour 
« subtililez ou souplesses) postiqueries(5)(pourfour- 
« beries) chamjjisteries de la cour, et instructions 
« de ses gouverneurs, la farce, et Guy, qui s'est 
« fait appcller le premier fol du nom. » (Brantôme, 
Capitaines Français, T. Il, p. 126.) 

Champ malé, subst masc. Combat, duel ou 
champ clos. Voici le passage où nous trouvons ce 
mot : 

Entre le gentil Genté 

Et le Mal, avoit inaltalent ; 

Sont esté mis en champ tnalé (6), 

Et combatu par jugement. 

M*'* Richars de Furnioul. Pocs. MSS. p. 975. 



Chanlpnlapt,s^/As^mfl5C.ChampdeMa^s(7).Ce 
nom vient de la lanjrue latine. Il subsiste encore à 
Besançon sous la 2- ortho^^raphe. (Voy. Peliss. Hist. 
de Louis XIV, T. Il, liv. VI, p. 32i, et Chauiius, ci- 
après.) « Futensevely à Romme en Champ Mari, 
• moult plain de tous les Rommains. •(LeJouveuc. 
Ms. page 556.) 

VARIANTES I 

CHAMPMART. Le Jouv. MS. p. 556. 

Chaumars. PeUss. Hist. de Louis XIV, T. II, L VI, p. 321. 

Chamsions, subst. masc. plur. Danois. (Chron. 
S* Denis, T. I, fol. 104.) 

Chanal, subst. masc, [Intercalez Chanal, qui, 
dans les Dombes et les pays voisins, signifierait 
bois, forêt (Du Cange sous Canale). C'est plutôt une 
oseraie, comme il doit en exister beaucoup dans ce 
pays couvert d'étangs et de marécages.] (n. e.) 

Chanatz, subst. masc. plur. « Norweghe est 
« une grande région assise dessoubz le pol artio- 
« que, aulcuns astrologues ont une partie de ceste 
« région mise hors des chanatz, à cause des très 
« après, et longues froidures qui y sont. • (La 
Salade, fol. 28.) Ce même auteur, fol. 29, dit, en 
parlant du même pays : « Ont mis partye de ceste 
« région hors des clymax ù cause des 1res âpres 
« frois. » Il résulte de ce dernier passage que chanatz 
est une faute pour clymax. 

Chance, subst. fém. Fortune. — Lot. — Terme 
de jeu. 

Ce mot signifie fortune, bonne ou mauvaise, 
dans les passages suivans; et on remploie encore 
quelquefois en ce sens. 

Espérans que Ftieur, de bonne chance^ 

Les gettast hors de leur mide meschance. 

Crétin, pa^ 455. 

Borel explique cheance par profit, utilité. C'est 
dans ce sens que Ton a dit : 

Oncques ne fu mes de meilleure chéance, 

Thiéb. de Navarre. Pœs. MSS. vt. 1300. T. I, p. 148. 

Ne eur, ne chéance ; nous disons ni heur, ni 
malheur. Ainsi chéance paroit ici pris en mauvaise 
part, doù chanceux qui ne se dit guères que dans 
le sens de malheureux. (Poës. mss. av. 1300, T. lY, 
page 1588.) 



(1) Gomme les athlètes antiques, ils se donnaient, en mangeant bien, du cœur pour leurs combats présents et futurs. (N. K.) 

(2) Ce mot existe aussi dans r Angoumois, le Poitou (Favre, Glossaire, p. 77) et le Berry. George Sand Ta entendu prononcer 
par les paysans de Nohant et a donné pour titre à un roman et à un orame : François le Champi. Ce mot , rendu à la 
littérature, se trouve dès 1390 (JJ. 139, p. 75): c Lequel Dousset respondit... injurieusement audit Remea qu'U a^dt 
faussement menti, comme mauvais cAampis, ulz de moine. » La form*» champilz est au reg. JJ. 187, p. 332, an. 1457: 
< Lesquelx vindrent contre les filz et varlets du suppliant, en les appelant champih. » Le reg. 146, p. 117, an. 1^4, donne le 
féminm : « Jehan de Saint Disier appeUa ledit Jordanet filz de champisse^ et maillet , traistre et plusieurs autres parotos 
injurieuses. » Le Saintongeais et le Poitevin ont aussi le féminin champise. L'étymologie est le latm campus : enfant troofé 
dans les champs. Le wallon dit encore champi. pour mener paître, (n. e.) 

^) Ce n'est qu'un sens dérivé du mot précédent. Au xvi* sièle, d*Â.ubigné dit au propre : a Qu'eust-il dit de Yoir son fils 
de chainpis capitaine, de capitaine, prince souverain. » (Confessions, 1, 10.) (N. e.) 
(4) En italien natrice, signifie serpent d'eau. (N. E.) 

Î5) Comparez postiche, (n. e.) 
6) Il faut pour la rime champ maté ; mater signifiant réduire à l'extrémité, champ maté signifie champ clos où Ton lutta 
A outrance. (N. e.) 
(7) Mars a aussi donné Faman (Nord), Fanum Martia ; Templemars (Nord), Templum Martis, etc. (N. s.) 



CH 



— 35i - 



CH 



Au contraire, il est pris en bonne pari dans les 
vers suivans : 

Homs qui est seulz, et il se marie, 
L'en dit qu'il est foulz et péri sa chance ; 
Et se femme a, cliasoun cnetif l'escrie. 
Et dit qu'il a toute maie meschauce. 

Eusl. Dcschanips, Poùs. MSS fol. 452, col. i. 

Chance a signifié, quelquefois, le loi qui échoit à 
quelqu'un, dans le partage d'une succession. « En 
« ceo cas (dans ce cas) covient chescun de eux luy 
« tener (sen tenir, se contenter) à sa chance, et 
« ailotement. » (ïenur. de Lilll. fol. 54.) Le mot 
chéances est traduit par épaves, aubaines, dans le 
Gloss. de THist. de Paris. 

L'usage de ce mot subsiste encore comme terme 
de jeu. Il s'est formé de cheance, chute (1), lequel 
substantif dérive à son tour du verbe cheoir, tom- 
ber. De là, on a dit ; choisse la chance. (Al. Chart. 
Espér. p. 365.) On lit couché la chance, dans Eust. 
Desch. (Poës. mss. fol.:i07); Eplucher la chance, 
dans le Dial. de Mallepaye, à la suite de Villon, 

K. bd\Jelte7' la chance, dans l'Elégie Zclolipique de 
egnier; Chance couverte, dans Eust. Desch. (l*oës. 
Mss. fol. 374); Cheance mal partie, dans les Fabl. 
MSS. du R. n» 76i5 (T. II, fol. 170.) 

L'un a les dez, rautre la chance. 

Coquillart, page 5i. 

Ce mot est employé figurément dans les passages 
suivans; dans le premier ils'agit d'un mari etd'une 
femme : 

A celle sole caatwe 

Ai mis tost, et haut, et bas. 

Sire Adans. Poët. MSS. av. 1300. 

La dolors, et li contraire, 
Sont de la millor chaancr, 
Ki bien saroit son prou faire. 

Kievre de Rains, Foes. MSS. avant 1300, T. III. p. 4166. 

On lit dans les Ord. des R. de Fr. T. I, p. 793, où 
il est question de pèche, l'expression vraye chance; 
c'esl une grosse faute. Il faut lire braye à chance, 
sorte d*engin à pécher, dont nous parlerons au mot 
CoACCE. La pieùve de celte méprise se tire de la 
même loi qui se trouve ù la p. 28 du Gr. Coût, de 
France, où on lit braye à chauce. Le sens de la 

f)hrase suffiroit d'ailleurs pour indiquer cette 
eçon (2). 

VARIANTES : 

CHANGE. Orth. subsist. 



Chansse. Sagesse de Charron, p. 502. 

Chaance. Poës. MSS. Vat. n» 1490, MOS, V». 

Cheance. Dict. de Bor. - G. Guiart, MS. fol. 360, R«. 

Caanck. Sire Adans, Poës. MSS. av. 1300. 

Kaance. M" Quenes, Ibid. 

Kanche. Poës. MSS. Vat. n» 1490. 

Kaanghe. 

Eskeance. Jean de Renli, Poës. MSS. av. 1300. 

Chanceau, suhst. masc. Grille, grillage. — 
Balustrade. — Chœur d'une église. — Frette. 

Le sens propre est un grillage, une balustrade en 
général ; même les traits de plume en forme de 
grille (3). De là, le mol canceï 1er ou chanceller,po\}r 
ruyer, barrer, comme on verra ci-après. 

On a ensuite appliqué en particulier le mot cAan- 
ceau, chancel, etc., aux balustrades du chœur des 
églises, et même au chœur renfermé entre ces 
balustrades. Celte acception est devenue la plus 
ordinaire. On lit dans la Coût, de Hainaut: « Les 
• collateurs sont tenus à l'entrelenemenldu chœur 
« et chanccaux des églises parrochiales. » Chan- 
ceaux sont lu distingués du chœur dont ils forment 
la séparation. (Nouv. Coût. Cén. T. Il, p. 49.) 

Ce mot est pris pour le chœur même, en cet autre 
endroit : « Il appartient à celui qui doit entretenir 
« le cœur, ou chancel, etc. » (Coût. Gén. T. I, 
p. 1012.) Ph. Mouskes dit, dans le même sens : 

Droit en la vote (voûtée del canciel, 

Fist li rois asir à pinciel (avec le pinceau) 

Laitres de (in or, etc. 

Uouskcs, IIS. p. 172. 

Dedenz le chancel entré sont. 

Fabl. MSS. du H. n- 7015, T. I, fol. 100, R' col. i. 

C'est dans ce même sens qu'il faut entendre le 
mot de caucheaux, qu'il faut peut-être lire can- 
cheaux, dans la Coût, de Hainaut (Coût. Gén. T. I, 
p. 816.) Laurière, Gloss. du Dr. Fr. cite la même 
coutume (chap. 7et 63, art. 10, elBouteilIer, Somme 
Rurale, livre II,tii. 9, p. 738.) Sur ces mots chevau- 
cheau d'églises^ il seroit assez naturel de penser 
que chevaucheau n'est qu'une altération de l'ortho- 
graphe chanceau. 

Enfin ce mot est pris pour frette, en termes de 
blason , par Le Laboureur. (Orig. des Armoir. 
p. 218 et 219.) 

VARIANTES : 
CHANCEAU. Labonr. Orig. des Arm. p. 218. 



(1) L'étTinologie est en effet le pluriel neutre cade^itia. (n. e.) 

(2) La Cume, au mot dé, cite l'Histoire de France en veis à la suite du Roman de Fauvel (ms., n« 6812, fol. 72) : « Tomôe 
lor est la cheance Du dé en perte et mes cheance. » Voici, d'après la Rose (6592), la parenté de chance : « Fors que Gentillesce 
•a fille, Ck>u8ine a prochaine cheance, Tant la tient fortune en balance. » — Livrer la chance, dans Montaigne (III, 47), dans 
d'Aubiffné (Hist., II, 393), c'est engager l'affaire, donner le signal. (N. E.) 

(3) Cancelli, dans le latin classique, désigne une barrière de treillage ou une grille protégeant la tribune des juges dans 
une cour de justice ou les rostres dans le Forum. (Cicéron, Sext., 58). Ovide (Amor, lll, % 64) nous les montre au sommet 




carré du transept, et, par exception, déborde dans la nef. Dans les églises gothiques, le chancel ne désigne plus que l« 
chœur, la partie au-delà du transept ouvert aux fidèles. La poutre tnotnphale dominait la clôture antérieure, les ambnna la 
précédaient : c'est là l'origine du jubé sur lequel on ptaça dans la suite le crucifix de la poutre de gloire , ainsi que les deux 
atnbans. La forme française se trouve dans les Rois (249, xii* siècle) : c Celé partie devers le west fud cum 11 chanceUt del 
temple et U sacraries. » (n. e.) 



CH - 352 



CÎI 



Chanseau. Mém. du Bellay, liv. IX, fol. '281, V« (i). 

Chancel. Coul. Gén. T. I^ p*. 1012 (2). 

Canchel. Rom. de Rou, MS. p 150. 

Cancel. Du Cange, Gloss. lat. an mot Cancellut (3). 

Canciel. Ph. Mouskes, MS. p. 172. 

Caucheaux, plvr. Laur. Gloss. du Dr. Fr. 

Chevaucheau. Laur. Gloss. du Dr. Fr. 

Chancelé, adj. Signé, confirmé. —Rayé, annulé. 

Ces deux significations si contraires dérivent 
cependant de la même étymologie. Chancel ow can- 
cel signifioit grille. Le seing s'appeloit grille, et de 
là on nommoit lettres cliancelées, celles où on 
avoit mis la grille, le seing propre à les confirmer. 
« Quand le duc de Lancaslre vint en Aquitaine il 

* y vint pourvu de lettres grossoyées, et scellées 
« du grand scel du roy d'Angleterre, chancelées, 
« et passées par le décret et accord des prélats et 
« barons, etc. » (Froissait, liv. IV, p. 193.) (4) 

D'un autre côté, des grilles ou barres tirées sur 
un acte, le rayoient et Tannuloient. De là, on a 
nommé des lettres annulées, « des lettres faulses, 

* et cancellées, » et nos jurisconsultes usent sou- 
vent de ce mot. (Fav. Offic. de la Cour de Fr. !'• race, 
page 54.) 

variantes : 

CHANCELÉ. Froissart, Uv. IV, p. 193. 
Cancellé. Favln, Offic. de la Cour, p. 54. 
Can&elê. Arr. Amor. p. 357. 

Chanceler, vei'be. Barrer, annuler. — Vaciller. 

Nous ne trouvons pas d'exemples que le mot 

chancelier, canceler ait élé pris dans les deux sens 



contraires dont j'ai parlé à Ta/ticle précédent ; il pa- 
rolt n'avoir jamais signifi43r signer (5). Il est employé 
pour annuler, dans. le passage qui suit: «Ne 
« feroient jà, chose qui peust briser, n'entamer, ne 
« chanceler, par quelque voye que ce soit, les 
« alliances qjJi estoient jurées, escrites, et scellées 
« entre France et Castille. » (Froissart, Liv. lll, 
p. 3170 ^ 

Chanceler un acte étoit en ébranler la validité, 
le rendre caduc; c'est peut-être de là qu'on lit dans 
S. Bern. Scrjn. fr. mss. p. 119, chancillant^ dans le 
latin litubans, et qu'on a dit chanceler pour vaciller, 
acception qui subsiste encore dans le sens géné- 
ral (6). Qn a dit autrefois, iau figuré : " 

S'au voir (verum) ne chancelé (7). ^ 

G. Goiart. IIS. fol. 33S. V. 

C'est-à-dire, si je ne me trompe, si je suis assuré 
de la vérité jdu fait. Ce mot a été pris quelquefois 
dans un sens obscène, avec ta signiflcation d'agiter, 
ébranler. (Pabl. mss. de Ç. G. fol. 64.) 

variantes : . 

CHA,NCELER. Froissart,. Uv. III, p. 5o7. ' ' 

ChaNGELLtER. 

Canceler. Oudin. Nicot, etc. Dict. " • - 

Canceller. Ou Cange, au mot Cancellare. 
ChanciLler. s. Bern. Sermi fr. MSS. p. 119. 
Chaunceller. Rymer,.T. I, p. 109, tit. de 1268. ^ 

Chancelier, subst. masc, (8) Ce mot subsiste sous 
Torthographe de chancelier. C'étoit ifi dernier de^ 
quatre ou cinq officiers (9) dont le nom se trouve 
au bas des bbartes de 1137, 1147 et 1183, dans ta 



(1) On lit dans Du Bellay (p. 496, éd. de 1569 ; La Cume cite celle de 1592) : < Vray est qu'en cest endroit U poorroit dire 
que si bien il est sorti des c7ian«6aux es quels il estoit enclos par sa dite protestation. » «Le sens est cQloi de^^ornes, 
limites. (N. E.) 

(2) La forme chancel est aussi au Roman du Renart (v. 2129B) : « Ovrez les huis de cest chancel ; Nos i verrons encor 
bien cler. » (n. e.) . i * 

(3) La forme chancel est dans la Coutume de Normandie , art. 212. Hugues Plagon , traducteur de Guillaume de T^ 
(Du Cange, II. 86, col. 1) écrit aussi : « Le patriarche prit le califre, et remmena el cuer et el chandcl , pour bien voir 
aperteinent la sacrement. » Dans une charte de Cambrai, de Tannée 1378, on a la variante canchel; on ne trouve pas 
cancel. (N. E.) \ 

(4) M. Kervyn (XV, 148) imprime : « Quand le duc de Lancastre vint premièrement en Acquitaine pourveu de lettres 

S rossées et seellées du grand séel du roy d'Angleterre, chanceliées et passées par le décret et accord des prélats et baroiis 
'Angleterre. » Voir la note sous chanceler, (n. e.) 

(5) Le verbe canceler a, dans Froissart, trois sens différents : 1<> Le sens de trébucher, au propre : a De la force du cpop 
que ils se donnèrent sur les larges , les chevaulx furent eslevés sur les pies devant , et chancellerent tous les deux 
cnevaliiers (XIV, 137) » ; au figuré : a Ses revenues en estoient esconsées et cancelloient tous les jours (II, 392)..» ^ Le sens 
de rayer, annuler; Fexemple est édité par M. Kervyn (XIII, 296) comme il suit : «c Car ils n'auroient jà, ne ne feroient, 
ne avoient fait au roj d'Angleterre chose qui peust romjpre ne entamer ne chancelier, par nuUe voie quelconque, les 
aUia nces qui estoient jurées et oscriptes entre France et Castille » | de même au t. XIV (55) : < Se riens de ooltrageux 
avoiMtk la ditte emprise, on le ca?ire//6roir et amenderoit. » 3« Celui de conArmer* relevé déjà dans Froissart à l'arucle 
précédent : « Par quoi rien ne se passoit de l'un costé ne d'autre qu'il ne fust bien specefyet et justement cancelé. » 
(VI, 280.) Buchon avait lu cautelé. On lit encore au t. VIII (191) : « Et convint que il leur acordast toutes peurs demandes], 
sëeiast, cancelast et confermast pour tenir à perpétuité. » La dernière acception contredit la seconde , mais ne peut étit 
repoussée. La 2« acception se retrouve au xv« siècle : « Je vous promect que je feray rompre et canceller ^*autrë s6eUé. i 
(Lettre de Louis XI, llibl. de l'Ec. des Chartes, 4" série, 1, 16.) La première est déjà dans Roland : « Son petit pas s*en tome 
caytcekint (str. CLXlII) » ; Job (475) donne l'orthographe scancelhievent, pour indiquer un c adouci. Quant à la troisième, 
elle disparait au ;cv« siècle, mais elle peut être dans Partonopex (v. 4591) : « Puis apris de divinité Si que j'en seue à grant 
planté, Et la vies loi et la noveie Qui tôt le sens del mont cancele. » D. Carpentier propose de corriger conceler. (N. B.) 

(6) L'origine est cancellare, marcher en traçant des raies, des zigzags. (N. e.) 
Ch Comparez Rutebeuf (233) : « Et vérités cancellé, et loiautés décline. » (N. E.) 

(8) Le chancelier était, à l'origine, un greffier cancellarius qui se tenait ad cancellos (Cic, Sexlus, 56) , au treillage qui 
séparait les juges de l'assistance. (N E.^ 

(9) Dans les diplômes des deux prenuéres races, la mention des grands officiers est constante : c Astantibns in pakCio 
nostro quorum nomina subtitulata sunt et signa. » On trouve quelquefois : c Astantibus de palatio nostro. » Cette formdle 
est plus exacte, car il est certain que ces grands officiers ne sont pas toujours présents. Astantibus signifie donc c étant 
en charge. » Les diplômes royaux .rendus en France pendant la troisième croisade mentionnent les grands officiers qui ont 
souscrit des diplômes royaux à la fois en Sicile, en Terre Sainte, en France. Depuis 1106, le nombre des grands ofnciers 
-est fixé à cinq. Les quatre premiers sont nommés ensemble : le sénéchal tient la tête, le chambrier, le oouteiller et le 
-connétable suivent sans ordre défini. Le nom du chancelier est toujours en vedette et à la fin. (N. e.) 



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CH 



Tbaumass. Coût. d'Orléans, p. 464 et 466. C'est le 
titre que porte encore le premier officier de la cou- 
ronne en ce qui regarde la justice. Il se nommoit 
autrefois- fl^rand chancelier. Le dernier qui ait eu ce 
titre fut Gervais, archevêque de Reims sous Phil.- 
▲uguste. Les autres ont été depuis appelés simple- 
ment c/uince/t^rs. (Miraum. Traité de la Châncel.) (1) 

On^a donné le nom iechûncelier à celui qui éloit 
ftépôsé à la conservation des privilèges et à la 

S)Iice des foires de Champagne» de Brie et de Troyes. 
n Ht en ce sens : « Garde, et chancelier des dites 
« foires de Champagne ^«t de Brie. > (Godefr. Obser. 

Ïar Ch. YIII, an i486, p. 526 ) Il s*agh des foires de 
royes, dans le passage suivant, touchant la juri- 
diction des dites foires: « Le ûii chancelier ei garde 
« Texercerà, ainsi qu'il a fait par cy-devant, durant 
« lès dites anciennes (oires; et pour décider des 
« différends qui pourcoient advenir entre les dits 
« marchands, il appellera les officiers du Roy au dit 
« lieu. de Troyes, et deux notables marchands 
« experts et connoissans è^-marehandises dont il 
« sera grande iqiportance. >(Ibid.p.529.)(2] C'étoit 
ce chancelier qui instiluoit Jes sefgens des foires. 

Chancelier étoit aussi un titre de dignité de 
réglise de Chartres. Pour les doyen, chanoines et 
chapitre de T^otre-Dame de Chartres, « comparurent 
« maîtres Esprit de Harville soûs doyen, Michel 
«Hauterne c/iance//ter y Jean Pigeart, tous cha- 
'•. noines de la dite église de Chartres. • (Proc. verb. 
àe la Coût, de Chartres, Coût. Gén. T. Il, page 243.) 
G'étoit de même une dignité du chapitre de Remi- 
remont. « Antoine d6 Lenoncourt, prieur et seigneur 
« de Lay, et grand cftance/ier, de Remiremont (3). » 
(Prbc. verb. de la Coul. de S* Mihiel.) 

II est mention du chancelier des fumetuc, comme 
officier principal de Tordre burlesque des fumeurs, 
dans Eust. Desch. Poës. mss. fol. 2i3. 

Nous avons vu ci-dessus l'expression chancelier 
de la cause^ au mot Cause, nombre 1*^ de cet article. 



VARIANTES (4) : 
CHANCE;.IER. Orth. subsisUnte. 
Chanceler. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 672, art. 34. 
Canselibr. Gontin. de G. de Tyr, Martène, T. V, col. 743« 

Ghancelerie, subst. fém. Ce mot subsiste, mais 
on rie dit plus chancelerie grosse et menue, pour 
grande et petite chancellerie (5). (Miraum. Traité de 
la Chancel. fol. i.) 

Chancelle, subst. fém. [Intercalez Chancelle^ 
chambre (voir ce mol) de la femme : « Item que se 
« homs d'Aigueperse, qui ait femme ou enffans, 
« estoit ataint vers nous pour cas de crime, la 
« femme ne doit perdre sa chancelle, ne son 
« doale. » (Coût. d'Aigueperse. JJ. 198, p. 360.) (n. e.) 

Chancer, verbe. [Intercalez Chancer, jouer au 
hasard des dés: « Jehanin le clerc, et Wibelet 
« demandèrent aux autres compaignons se ils 
« vouloient chancer à eulx pour demi pot de vin. » 
(JJ. 160, p. 222, an. 1405.)] (n. e.) 

Chancere, subst. fém. Dot. Ce mot, dans le 
patois de la Basse- Auvergne , désigne le fonds 
assigné pour la dot d'une femme ou la dot même. 
(Du Cange, au mot Vercheria.) (6) 

Chancber, verbe. Cacher. En latin obdere ; 
mucer, selon le Gloss. du P. Labbe, p. 516. 

Chanel» subst. musc. Peut-être faut-il lire c/iaif, 
au lieu de chanci, dans le passage suivant : • L'an 
« 1425, le 1*' jour du mois d'aoï^t, fut fait le jeu de 
« S' Victour, et fut M* Didier Gerbin, maître des 
« Echelles de S' Vie, S' Victour, et duroit le dit jeu 
« trois jours et fu faitunc/ianct(7). » (Chron.de Metz, 
Ms. citée par Beauch. — Voyez ci-dessus Chainge.) 

Chançon, subst. fém. Air de chant. — Pièce ùê 
vers. — Discours, propos, nouvelles. 

Chanson est proprement une composition de 
musique ; on prenoit autrefois ce mot en ce sens : 
« Jouèrent trois tabourins ensemble une très joyeuse 




BigiiUfert nqilH custos^ garde defr4sceaux. (N. B ) ^ 

(2) Consulter les Foires de Champagne, par M. Bourquelot, 2 vol. pet. in-4*, Impr. Imp. (1865-1866). (N. B.) 

(3) Le prévôt de régUse de Bruges était de droit c cancellarius Flandrise. > (N. E.) 



(4) Le mot est dans Thomas le Martyr (33, xii* siècle) : c Ne volt uncore pas li reis à tant suffrir, A.ins volt de lui, ço dit, 
568 acuntes oîr, Quant sis chanceliers fu, de quanque ot à baiUir. » La Chanson d*Antioche (VII, 1^) nous donne , au xin* 
siècle^ la variante canceter. (n. e.) 

!• 
son 



tele. la variante canceler. (n. e.) 

(5) La grande chancellerie était ceUe où s'expédiaient les lettres sceUées du grand sceau , et qui était présidée par 

lauceiier ou le garde des sceaux, quelcpiefois par le roi en personne : on écrivait alors dans l'acte, c le roi estant en a 




autoriser ou défendre les poiu-suites des juifs contre leurs débiteurs, (n. b.) 

(6) Vercheria, AUobrogibus, dos, fundus in dotem feminis concessus : Arvemi snperiores eadem notione valcheire , 
inferiores chancere dicunt » Comparez chancelle, (n. e.) 

(7) Lisez chancel. On aura, au ms., abrégé el en barrant l. (n. b.) 

m. 45 



CH 



^354 — 



CH 



« chanson. > (Matb. de Coucy, Hist. de Ch.TII, page 
167.) C'est aussi en ce sens qu'on disoit se prAdre 
à chamoji, pour se melti e à chanter. 
' On donna ensuite le nom ôe chanson à de petites 
pièces de vers qui se chantoient, et cette acception 

JU))siste encore. On trouve ce mot, avec cette signi- 
Ication, dans le passage suivant : 

Canchony à Benti te présent, 
A Andrieu chevalier vaillant ; 
Di li k'il ait cuer désirant 
D'amour servir, etc 

Jeu de Renti, Poét. IISS. rrani 1800. T. UI. p. 907. 

Nous trouvons divers noms de chansons de nos 
anciens poètes; la chanson de Montelimart^ du 
Ricochet, de Robin. (Y. Oudin, Cur. Fr.) La chanson 
Riqueraque éloit une chanson ainsi nommée par 
les Picards, dont les vers étoient de cinq ou de six 
syllabes, et les rimes croisées, suivant Fabri, Art 
de Rhét. Liv. II, fol. 47, qui cite cet exemple : 

Vous oirez chose estrange, 
D'ung folastre bien faict, 
Qui se disoit estre angç ; 
Mais, quant ce vint au fait, 
Voulut monter en gloire, 
Volant comme un pluvier, 
Il mit tout bas son loyre (leurre), 
Si cheut en ung vivier. 

Le nom de chanson fut employé par la suite 
poétiquement pour désigner toute sorte de poésies, 
mais il fut plus parliculièrement affecté à ces pièces 

Ju'on nommoii chants royaux ou chansons royales^ 
ont nous parlerons à l'art. Chant, et aux batadeSy 
chansons baladées ou virelais. (Voyez les Poës. 
d'Eust. Desch. fol. 111.) Les anciens appeloient 
chansons de geste, les ballades historiques où Ton 
c^lébroit les gestes ou faits importans des guerriers: 

Or remainent chansons de geste. 

Fabl. IISS. du R. n* 7615, T. I. fol. 0i, V» eol. I. 

Il n'est pas aisé de déterminer ce qu'ils enten- 
doient par chançons de toile (ij, dont il est mention 
dans ce passage, où Ton dit de la maîtresse d'Alexan- 
dre qui vouloit rendre Aristote amoureux d'elle : 

Vint vers la fenestre chantant. 
Un vers d'une cfmnçon de tùiie. 

Alex, et Aristola, 113. àt S. 6. fol. 73. R* eol. 3. 

Enfln le mot de chançon s'employa pour discours, 
propos, nouvelle. Nous avons retenu cette accep- 
tion, mais seulement quand il s'agit de discours 
vains et frivoles. Les anciens lui dotinoient un sens 



plus sérieux ; ils disoient chanter banne et mauvam 
chançofi. pour tenir bon ou mauvais propos : 

Beau très doulz fils, bonne ckançan 
Ne fut onqœs, ne n'iert cbi^it^ 
De femme qui fut enfermée. 

But. DmcIi. Poët. Mas. M. 8^. «^ I. 

Une femme percée de coups embrasse' le cons 
mort de son mari « et à piourouse cht^nç&n m 
« commence à rendre les obsèques, en telle ma- 
« niere : mon cbier ami, mon cnier époux, etc. > 
(Cb. S' Den. T. I, f* 298.) |1 y a dans le latin de Soger 
lugubri cantilenû cçLntat. Ce mot çst employé 
dans le sens d^ bruit, nouvelle» en cq j)assag€ : 

A très grant ost qu'il assembla^ 
Assist le chastel d'Alençon ; 
PheUppe en entent la chonçon-i 

a. 6«i0t. IB. M. •% V^ 

On a aussi dit autrefois chanson, pour propos 
galans, cajolerie. (Oudin, Dicl.) (2) 

vARUNTss (^ : 

es» HSo. 



CHANÇON. Eust. Desch. Poes. HSS. foL 500, ooi 1. 
Chanson. Matb. de Coucy, Hiat. de Ch. VIL p. 671. 
Canguon. Poês. MSS. av. 1300, T. m, p. 1207. 



Chançonnelle , subst. fém. Petite cbanson. 
C'est notre mot chansonnette (4) : 

Bien me poroit avancier 
Ha douce dame bêle, 
S'ele me voloit aidier 
A ceste chançonnele, 

Thiëb de Nivarre. Poët.USS. imrt 4300. T. I, p. S. 

Chancre, sxibst. masc. (5) Ulcère. Espèce d'aï- 
cère malin qui ronge les chairs. Ce mot est encore 
d'usage. « Sa playese pourisoit de c/iamr^. > (Nuits 
de Strapar. T. II, p. 28.) On disoit par imprécation : 
« Te vienne le chancre. » (Apol. pour Her. p. 129.) 

Chandée, subst. fém. C'étoit le nom d'une 
ancienne maison en Bresse, elle avoit pour devise: 
ja ne sera chandée. (Menestr. Orn. des Arm. p. 240. 

Chandeille, subst. fém. [Intercalez Chandeille, 
division du temps durant la nuit: « L'exposant s'en 
« aloit en sa maison environ heure d'une chandeille 
« de nuyt. » (JJ. 129, p. 186, an. 1386.) C'est une 
variante de chandelle, car on lit au reg. JJ. 169, 
p. 134, an. 1376: « Pour ce aue il estoit environ 
« trois chandelles de nuit, rexposant jprint un 
« planchon en sa main pour la seurte de son 
« corps. » De même au re^. JJ. 163, p. 52, an. IMA: 
« En ce faisant le suppliant mist et vacqua toot 



(i) Ce sont les chansons des fUeuses assises à leurs rouets dans les veiUées d'hiver : c Les rouets et les fuseaux lounleiit 
«t sont en fête. Pour exciter ici le zèle et la gaîté, Il n'était pas besoin de ruban argenté ; Car Tréguier, le payé des 
maltresses fileuées^ Sans mentir est aussi le pays des chanteuses : De la Bonne Duchesse au premier roi Gonan, Elles 
pourraient trouver une chanson par an. » (Brizeux, les Bretons, ch. xxi.) (n. e.) 

(2) Remarquons l'expression chançon de siècle, au rcg. JJ. 15b, p. 262, an. 1401 : « Les compaignons de la parroiase sainls 
Marguerite en la viUe de S. Quentin, signifièrent que ilz donroient un chapel de fleurs au mieulx chantant une ekançm àe 
siècle. » C'est ce que Marot (IV, 204) nommera : c Chansons mondaines et sales. > (N. E ) 

(3) Le mot est clans la Chanson de Roland (str. LXXVII) : c Cançun mauvaise de nous ne seit chantée. » Le sens actuel 
est dans les trouvères du xii* siècle, comme Couci : « Nule chanç&ti ne m'agrée. » Enfin chanson de geete 8*est dit au 
XIII* siècle : « Seignor, oïavez mainte conte Que maint conteres vos aconte , Coment Paris ravi Helàyne,.* E^ fatUfiS et 
chançons de geste. » (Renard, 7). (n. e.) 

(4) La forme cançonneVes est 
bêles et douces canter. » Dans 1: 
On lit au xiv» siècle, dans Arthur 
orffueil. Ne Vanité de chançonncttes, Ci comme est en nos pucelettes Et en nos Jolis damoisiaup. » (N. s.) 

(5) Le mot est déjà dans Modus et Racio (fol. 92, v«, j^ siècle^ : c Si ung faulcon a cencre dedeoa le bec » (H* mO 




CH -* 

• ledil joTir et bien jûsqaes i deux chandelles de i 

• nuit. > En droit ecclésiastique et civil, oa 
calculait encore, au inn* siècle, le temps qu'une 
cMniielle met à se consamer ; ou excommuniait à 
t^ndellei éteintes, lorsqu'on donnait au pécheur 
U durée d'une chandelle pour se refientir ; on 
donnait k chandelle éteinte une adjudication, 
parce qu'on pouvait aurenchërir tant que brûlait la 
chandelle.'] ^v. e.) 

Chandelier, subit, masc. Chandelier, lustre. 
— Terme de forliflcation. — Moulin & vent (1). 

Ce moWsubsiate ; il désigne un lustre à plusieurs 
branches, en ce passage : ■ Le roy s'en alla vers le 
t trer (la lente) et tant flst qu'il vint à l'entrée, et 

• apperceut que au milieu avoit un granl chandelier 

• garni de plusieurs chandelles ardans. ■ (Percef. 
Vol. m. fol. 147.) 

Chandelier, en termes de fortification, est une 

■ espèce de pieu porté sur une croisée de bois de 

• 5 pieds (2), auquel l'on attache des fascines pour 
< couvrir les sofdaLi, et pionniers qui travaillent 

• aux tranchées; quelques uns les nomment sauU 

• cisses. > (Maximes pour le manimentde la guerre, 
IIS. parle maréchaldeBiron, Bibl du R. a°71t4.)(3) 

On appeloit chandeliers à l'épreuve , certains 
chandeliers, • qui furent depuis nommés valobres, 
« du nom de celui quLles Ht faire. > Ce fut pour un 
siège, en 1621, qu'ils furent inventés. (Voyez Mém. 
de Bassomp. T. Il, p. 305.) 

C'étoit aussi ■ un moulin à vent posé sur la 

■ âuperllcie de la terre, à la différence de ceux qui 

• sont bâtis (4). » (Laur. Gloss. du Dr. Fr. — Voyez 
cira près Ciiandelueii.) 

Chaodellere, subst. fém. Ce mot semble avoir 
eu autrefois une signification particulière; Il désigne 

■ une femme vendant de petits cierges ■ suivant le 
Gloss. de l'Hist. de Paris (5). 

Chandelle, tubst. fém. Chandelle. — Cierge. — 



S- GH 

Lampe. Ce mot, dans S' Bernard, répond au latin 
candeia (6). 

Le mot chandelle subsiste, mais sa signiflcation 
est moins générique qu'autrefois. Nous disons. 
chandelle pour bougie; on disoit autrefois chandelle 
de bougie. (Duclos, Preuves de l'Hist. de Louis XI, 
p. ^.)Chandelle de C(rfi.(Fabl.iiss,du R. n* 721S.) (7) 

On disoit chandelle, pour cierge. Cesl en ce sens 
qu'on lit que • lés Parisiens offrirent à N. Dame 
> unechande/I^ qui avoit la longueur du lourde 
. Paris. . (Chrort. S- Denis, T. Il, fol. 237.) 

On dit encore chanrfeWe* pour cierges de dévo- 
tion, dans le même sens qu'on le disoit il y a cinq 
ou six siècles, sinon qu'on écrivoit alors chandoile. 

Alei Tdoine ft l'ubaie 
Pioler le Dis S» Marie, 
De quoi réalise étoit Tondée : 
Une chan^iile » aliimte. 

Pibl. ■rSS.dsS. G. M. M.V. 

Chandelle de noix désigne les lampes dans les- 
quelles on brftioit de l'huile de noix, Rabelais se 
sert plusieurs fois de cette expression (T. II!, p. 135. 
— Voyez aussi la note de Le Duchat ) Il suit de là 
que cnartdelle signifloit, autrefois, tout ce qui ser- 
voit à éclairer; ausSt disoil-on, d'unfc façon géné- 
rale, pour exprimer qu'un lieu ne powvoit éti'e 
éclairé la nuit d'aucune façon, ce qui obligeoit d'y 
manger le jour : 

11 7 convient de jour mengler, 

Ke candote n'i peut durer. 

Pd«. liSS. inol 1300, T. IV. p. IStl. 

Il faut remarquer d'ailleurs plusieurs anciennes 
façons de parler où le mot chandelle est employé et 
dont quelques-unes tiennent à d'anciens usriges : 

1* un faisoit des adjudications au feu, comme 
encore aujourd'hui, elces adjudications s'appeloient 
â la chandelle, au pouche, ou pouehe de chandelle, 
à chandelle éteinte, à chandelle allumée, à la chan- 
delle ardente (8). (Laur. Gloss. du Dr. Fr. et les 
Coulumiers.) 

2* tendy et chandelles (9) • étoit le salaire que les 



SI) Chandelier est synonyme de paravent dans le langage de la mlante 
entoit preat comme un chandetiKr. i (B. Deaperie», Contes, XXIV.) U 



u de trancbèe et o 



tes plante dans des madriers. Les marin» ont 
bois, k une ou deux branches. (N. E.) 



, e cuivre ne noient faiz de piecet 

sondées ponr metfe sus table. > (n. b.) 

(4) On iKHume encore dans la Loire-Inférieure (sur la Grttnde Briére, entre S' Nazsire, Guérande , la Roche-Qernard et 
Pont-U)Aieau) ehmideiier», les pyramides de tourbe, qnl de loin ressemblent aux grande candAlabres des ésiises. |,N. B.) 

0!f L* citation suivante donne uns ahtre acception ft ce nnt : c Guillaume Ton fermier d'une branche «e la ferme du 
grani imria de Rouen, nommée la chandeliere. > (]J. 13S, p. 168, an. 1383.) <n. E.) 

(6> Dans le latin eondela, elong est devenu, selon tes dialectes, ti ouoi; d'où les deux tarmea chandeille 
I Ëinsi fu saJQte igUse honnie et violée ; Ne matines, ne vesM^s, messe ni fut chantée, Ne Deus 
slluroée. » iThomaa le Martyr, 163j- t. Et les chaïutoifle* mises Es - - 



Is chandeliera, toutes esprises. 



:ha»dmlei : 
n'i fu servi, ne chandeillif 
(U Charrette, 907.) (t*. E.) 



distingue t ia chandelle de buef à vi 



(Û, 3@3, var.) écrit charuteilles de sîeu. Siea, en latin temtm, pour *ebum, e>t euco 

(8) Voir la note sous ctiandeilte. (N. s.) 

(9) Nous lisons dans l'Histoire de Sainte Barbe, de H. J. Quicherat (1, 77) : (L« 



nuict >, ou de <ui^, et ta cband^e de cire. (Laborde, Emaux, 3Û3.) Froissait' 
usité en rouchL (N. K.) 



,-, - , - . .-.--- -.jarélrlbniioocru"il8[le8professenrs] tiraient 

de leurs élèves forma jusque-lft [vers 15151 leurs seuls iippointements, et cet argent leur était payé à eux-mêmes , sonh 
passer par main tierce. A deux termes de rannée les écouÉrs le leur apportaient et en recevaient quittance dans t'tiffuslon 
d'un grand dtner, dont les maîtres avalent fsit non-seulement la dépense, mais encore les apprêta. On voyait ceux-ci sr 
mettre en mesure plnsietira jours & l'avance :lea uns allaient au marché, les autres se partaseaient edlre eux les fonctions' 
desomm^iwa, de Doulaagers, de cuisiniers, et pour que le régal fût co0u>let, des harpes m des '" 
symphonies pendant le repas. Ces fêtes, qui avaient touiours lieu un lundi, s'appâtaient les j 



l des flfUes exécutaient des 



desomm^iwa, de Mulangers, de cuisiniers, et pour ., , „ 

*■"■ i— > «—«.„ ^ai avaient touiours lieu un lundi, s'appâtaient les ^nmift («mni; on leur dontui 

* Le dîner du grw>d lundi d'éU bq doonait é la Ibfre dn Lenéit (hutûtum), lé fl 



au seizième ^écle le nom de Xinervalia. > 



CH 



- 356 — 



CH 



« écoliers payoient à leurs maîtres dans les églises 
« de Tuiiiversité; d'où croque lendy et croque chan- 
« dellCy » (suivant Ménage, cité dans les notes de 
TAnlicoton, p. 145.) 

3* On disoit à candeille éteinte, pour en secret, 
en cachette : 

On soloit amer en apert, 

Or aime- on à candeille estainte. 

Poés. IISS. Vaticu). n* 1460, fol. 1«. R«. 

On disoit proverbialement : Porter au moustier 
la chandelle, pour faire sa cour (1) : 

Puisqu*ainsi est, ma gent damoiselle, 
Adieu vous dy ; car je n'ai pas bien Tari 
De vous porter au motistier la chandelle. 

J. Marot. p. i4e. 

Brûler une chandelle d'un douzain pour chercher 
un pewn qui vaut bien maille (2), est un proverbe 
qu'on Ut dans les Contes d'Eutrapel, p. 101 (3). On en 
trouvera d'autres dans Oudin, Cur. Fr. et dans 
Cotgrave (4). 

VARIANTES l 

CHANDELLE. Orth. subsistante. 

Chandeille. FabL MSS. du R. n« 7218, foL 104, V coL A, 
Chandoile. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 262. 
Chandoille. Fabl. MSS. du R. noTôlB. T. I, foL 102, coL2. 
Candeille. Poës. MSS. du Vat. n» 1490, foL 128, R». 
Candelle. Froissart, Poës. MS^. p 315, Ord. T. III, p. 313. 
Candole. Poës. MSS. av. 1300 T. IV, p. 1337. 

Cbandellier, subst. masc. Chandelier. — Titre 
d'un office (5). 

Ce mot subsiste encore pour signifier un ouvrier 
en chandelle, mais on ne dit plus chandelier de 



suif. (Voyez la Table des Hestiers de Paris, vs. 
Heinière, p.23.)(6) 

On appeloit, autrefois, chandellier, un oflieier 
prépose pour avoir soin du •uminaire des apparte- 
mens. On lit dans Tordonnance , et manière de 
faire les chevaliers du bain, au temps de paix, 
selon la coustume d*Angleterre : « Le chandellier 
« prendra, pour son fiés, tous4es garnemeDS, avec 
« tout Tarroy, et necessaries en quoy Tescuier 
« estoil attournez, et vestuez le jour qu*il entra en 
« la court pour prendre Tordre : ensemble le lit en 
« qui il coucha premièrement après le baiag, aussi 
« bien avec lesingleton, que des autres nécessitez; 
« pour lesquels fiefs le dit chandelier trouvera à 
« ses despens la coiffe, les gans la ceinture et le 
« las. » (Du Cange, GIoss lat. sous le mot Miles.) 

variantes : 

CHANDELLIER. Du Cange, Gloss. lat. au mot Mileâ (7). 
Chandelier. Orth. subsist. 

Chandiere, subst. fém. C*est une faute pour 
chaudière, terme de blason. (V. ci-après Chaudière.) 

Chandrelière, adj. au fém On a designé sous 
ce nom la ville de Dinant, peut-être à cause du com- 
merce qu*elle faisoit en suifs ou en cire : 

J'ay veii la chandreliere (8) 
OrgueiUeuse Dinant, 
Ville assez singulière. 
Mais tousioiirs huttinant, etc. 

IIoUmI, p. 150. 

Chanel, subst. masc. et fém. fjD) Lit d'une rivière, 
canal. Ce mot s'est dit du lit aes rivières : « Le 




surlendemain, les écoliers achevaient de vider leur bourse pour rendre au professeur la poUtesse reçue de lui. Malherbe, 
dans sa traduction de Sénèque (Traité des Bienfaits, VI, 15), écrit encore : c Vous me direz qu'à ce compte là vous ne 
devez rien, ni à votre médecin qui a eu sa pièce d'argent quand U vous est venu voir, ni à votre précepteur, à qui vous 
avez payé son tendit. » (n. e.) 

(1) Comme la demoiselle a d'amants sa suffisance, le nouveau venu se retire : ce serait porter Veau à la rivière. Ce 
proverbe peut être encore l'origine de Texpression tenir la chandelle, éclairer le larron d'amour ou d'argent, (n. b.) 

(2) On (lisait aussi : « Brûler une chandelle de trois sous à chercher une épingle dont le quarteron ne vaut qu'un 
sou. » (N. E.) 

(3> Oh lit encore dans les Contes d'Eutrapel : c La chandelle qui va devant éclaire mieux que ceUe qui va derrière. > Il 
vaut mieux faire des aumônes pendant sa vie que des legs par testament, (n. e.) 

(4) Remarquons encore ce proverbe du Roman de la Rose (7448) : « Moult est fou qui tel chose espeme, Cest la ciMMdtU 
en la lanterne. » On a beau fermer la vitre, elle continue de fondre. — CoquUlart (xv« siècle, Enq. de la simple et de la 
rusée) avait dit avant La Fontaine (Diable) se brûler la chandelle : c Et puis quant on a resguillon Et qu'on se sent de 
l'estincelle, On fait comme le papiUon Qui se brusle à la chandelle. » — Le proverbe brusler la chandelle par les deux bouts, 

est dans Scepeaux '^ '^ " ^ " '"■ ' * - -*" ' ""* ^' '—' '- -*- -*- — »-"— " » — * »- -i..— — ^-.â-- irrA -* 

1611, dates de la vi 
rendre au trésorier 
en proverbe, (s. e.) 

(5) I^s candeliers étaient aussi des serfs, en latin cerani, cerocensuales^ luminarii : c Les autres redevables chacun an dt 
deux deniers, de .un. de .vi., de .viii. et de .xii. qui ne doivent autre chose et sur amende, et sont les aucuns appeltei 
les candeliers Saint-Demis ; et de cette condition en a aucuns, qui sont sers de mortemain et formariage. » (Mémorial de 
19^, cité par Du Cange, II, 88, col. 3.) Ces chandeliers, cerarii, d'après le cartulaire de S* Rémi, payaient une redevance de 
quatre deniers en argent ou en cire. Ce sont donc des colliberts, des servi quatuor denariorum. (N. s.) 

(6) Les chandeliers ou fabricants de chandelles formaient, dès le xiii« siècle, une communauté sous le patronage de saint 
Nicolas. Leurs statuts, souvent modifiés, furent confirmés par lettres patentes de juillet 1392. A.u xv* siècle , ils furent 
réunis aux épiciers. On en comptait 171 en 1777. (n. e.) 

(7) Ed. Ilenschel» IV, 398, col. 3. (n. e.) 

(8) Lisez chandreliere, au sens de chaudronnière. Comparez le dit de TApostoUe (xiii* siècle) : c Coivre [cuivre] de 
Dinant. > Le Roux de Lincy (L 343) a confondu Dinant en Belj^ique, où l'on faorique de la chaudronnerie comme à Liège, 
avec Dinan en Bretagne, où l'on tisse la toile et où l'on tord les cordages. (N. B.) 

(9) Chanel est dans Garin (1, 19) : « Les eves douces repairent es chanels. » On Ut aussi dans une charte de 1)99 (Du 
Cange, II, 304, col. 3) : « Le baillif de Senlis avoit mis hommes de par le roi pour veoir mesurer le cours et le chanel de 
l'iaue, et doit avoir ledit chanel cinq toises et piè et demi de lé. i (n. b.) 




CH 



- 357 - 



CH 



fleuve de Sâyue issit de son chainel. » (Chron. 
S. Den. T. Il, fol. 108.) « Quant il ot cessé à 
« plouvoir, et les yaues furent retraites, et revenues 
« à leur chainel. » (Ibid. T. I, fol. 47.) « Les yaues 
« des flueves issirent hors des chaînes. » (Ibid. 
T. I, fol. 63.) (1) 
On a dit aussi des rivages de la mer : 

De sa chenel la mer istra. 

SigoM da Jngom. MS. de S* Genn. fol. 25, R* col. 2. 

Ce passage est d'autant plus remarquable que 
chenet y est au féminin. 

Je crois que chinée s*est dit pour canal, en cet 
endroit : « Servitudes tant d'égoust d'eaux, chinées^ 
« vues, et chemins, etc. » (Nouv. Coût. Gén. T. II, 
page 4:tô.) 

On nomme encore chenal, en termes de marine, 
un canal dans lequel un vaisseau peut entrer. 

On a dit proverbialement : « Nulle rivière ne dure 
« longuement hors de son canel. » (Al. Chart. TEsp. 
page 390.) (2) 

VARIANTES (3) I 

CHANEÏ.. Rom. de Brut, MS. fol. 105, R° col. 1. 

AcHANAU, AcHENEAU. Carp. 8uppl.aU Gl. de Du Gange (4). 

Chanele. Britt. fol 86, Ro des Loix d'.Vngleterre. 

Chenel. Sijpes du Jugem. M S. de S. G. P 26, R» col. 2. 

Channal. Gloss. du P. Labbe, p. 492. 

Chainel. Chroniq. S. Denis, T. II, fol. 106, V^ 

Chaîne. Ibid. T. I, fol. 63, R». 

Canel. Bouteiller, Somme Rurale, p. 23.- 

Kanel. Phil. Mouskes. MS. 

Chinée. Nouv. Cout. Gén. T. II, p. 433, col. 2. 

Canals, p/tir. Rabelais, T. V, p. 200. 

Chanesy suhst. Espèce de plante. Camomille 
sauvage, suivant le Dict. de Cotgrave. A Lyon, 
même à Paris, on appelle chanes les fleurs ou peti- 
tes bulles qui se forment au-dessus du vin dans une 
bouteille mal bouchée (5). 

Chanesie, subst. fém. Canonicat. —Collectif de 
chanoines. 

Nous trouvons ce mot, au premier sens, dans un 
jeu parli. L'auteur veut prouver qu'un amant que 
l'espérance anime est plus aimable, et fait de plus 
jolies chansons qu'un amant favorisé; pour cet effet, 
il emploie les deux comparaisons suivantes : 

Le rousseignol, ce set bien tous li mous, 

Chante jolis en espoir d'abiter, 

Après se taist : et sachiez c*uns clerçons. 



Oui à avoir pronvende vait baant, 
Sert miex enlise, et de lire, et de chant, 
Et plus U 8*1 estudie 
Que sil qui a chanesie, 

Poés. MSS. Vil. n* IStt. fol. 164. V* ool. i. 

Il faut lire canesie^ au lieu de cane/le^ dans cet 
autre jeu parti, où le poète compare l'amant discret 
à un hypocrite, et lui préfère ramant pressant et' 
hardi, comme plus sincère et plus amoureux : 

Cil qi devant sa dame est anois 
Ert comparés, puisque faire le dois^ 
Au clerc couvert de fausse ypocrisie^ 
Tant qu'il vient à cane fie. 

Focs. MSS, Vatican, n* 1490, fol. 179, V. 

Canefie s'est pris aussi pour le chapitre, les cha- 
noines en général, comme dans ces vers : 

Ses sires sovent le castie. 
Et tout cil de la canefie. 

Vies des SS. MS. de Sorb. chif. XLIX. col. 1 . 



VARIANTES 
CHANESIE. Poës. MSS. Vat. n» fôî2, fol. 164, V" coL 1. 
Canesie. Vies des SS. MS. de Sorb. chif. xlix, col. 1. 
Canefie. Poës. MSS. Vatican, n« 1490, fol. 179, V*. 



1522,' 



Cbanette, subst. fém. [Intercalez Chanette, 
vase muni peut-être d'une cannelle : « Obiit Dame 
« Henriette de Vienne Tan 1451, le jour S. Valentin, 
« abbesse de ce lieu [S. Andoched'Autunl, a donné 
« au couvent une esguierre d*argenl, deux cha- 
« netteSy une salière d'argent, tout pesant deux 
« mars et demy. » (Du Cange, II, 98, col. i.) 
Chaneiier, au reg. 84, p. 153, an. 1355, doit avoir 
le même sens : « Item unesarge, un chanetier, trois 
« custodes. »] (n. e.) 

Chanevacerie, subst, fém. Terme collectif. On 
a employé ce mot pour signifier tous les instrumens 
nécessaires au métier de tisserand. (Glossaire de Du 
Cange, au mot Canavaciumj sous Canava.) (7) 

Chaaevacier, subst. masc. Tisserand. Mar- 
chand ou fabricant de toile (8). (Voy. Chanevas 
ci-après.) 

VARIANTES : 

CHANEV ACIER, Canev acier. Table des Mestiers de Paris, 
MS. Meinière, p. 21. 

Chanevas, subst, masc. Canevas. On appeloit 

ainsi la grosse toile en général, du latin cannabis. 

I « Trois sacs de fort, et puissant canevat. » (Strap. 



(1) Ces citations sont reproduites par Du Cange (II, 304, col. 3). (n. e.) 

(2) Chanel est aussi une mesure dans le Terrier ae Châtillon «sur-Seine (B. N. fr. anc. 9898. 2.) : « La moitié de la pinte, 
est le Chanel à quoy Ton vend vin. » (n. e.) 

(3) Chenex est dans la Bible Guiot (toi. 106) : < Que la chenex retient la pluie, Et Teue giete fors et ruie. » Le sens est 
gouttière comme pour la variante du reg. JJ. 150, p. 382 : c Icelle Agnès se leva et par une fenestre monta sur un eschenê 
ou goutiere entre deux maisons, pour eschever miil ne la trouvassent. » (n. e.) 

(4) On lit en effet au reg. JJ. 190, p. 190, an. 1460: « Ladite ocfuinauj qui est faicte et tenue en point pour recevoir les 
eaues,... qui par cbacun an decourent par ledit achenau à la mer qui est près d'iUec. (N. e.) 

fô) Ce sont des mycodermes. Canillée est encore le nom vulgaire de la lentiUe d'eau, (n. e.) 

(6) On lit encore au reg. 106, p. 55, an. 1374 : « Comme des cnanesies et provendes de Téglise collégial de S. Florent d% 
Rove en Verroandois sommes patrons et collateurs. » Dans une charte de 1247 (Du Cange, II, 105, col. 2), on a une variante : 
c Furent présens li abbez de Fromont Aimars,... Climens chappellains de la canoisie de Qermont. > Dans Froissart , on lit 
chanonneries (V, 2) et canonneries (V, 351). (N. E.) 

(7) On lit dans Du Cange (^11, 78), col. 1): c Sub appeUatione vero canevaceriae ((ie la c^nevocerie) comprehenditur 
mtuversa Untearia supeUox, m compas Stephani de la Fontaine argentarii regii ann. 1351. » (N. E.) 

(H) Chanevacier est au poème intitulé : le dit du lendit. (Le Beuf, Hist. de Paris, III, 261). On le retrouve aussi au reg. 
Pater de la Ch. des Comptes (fol. 256, r^; : « Chanevassiers de chascune pièce de toilez , de napes, de touailles , etc .i. 
denier. > (Du Clange, II, 75, coi. 2 ) On lit encore au Livre des Métiers (149) : c Qulconques est chanevaciera à Pans, il doit 
de chacune doile qu'il vent ou acheté en gros obole de coustume. » (N. B.) 



ttKA 



GH 



T. I, p. 59.) Dans les Assises de Jérusalem (mbs. à la 

S. 101), il semble que chanevas désigne un sarrau 
e grosse toile. « Toutes manières de gens, autres 
« que chevaliers, pour quelque querelle que ce 
« soit, se doivent combattre a pi^ en bleaut, ou 
« en cotes rouges, et chauoes àestrier, et braies, et 
• braier, tel com est use, que champion à pié les 
« ont, et estre rongnés a la reonde, et avoir 
« chanevaSy et bastons de chamnions. » (Du Gange, 
éd. Henschel, II, 66, col. 2.) vestir chanevas est 
mis pour prendre un habit grossier. Il semble que 
chanevas^ dans les vers suivans, désigne Tétoffe ou 
toile grossière dont on faisoitces habits : 

Il y a marchaas de dras, 
Et de toile, et de chanevas. 

Fabl. MSS. do R. n* 7918. fol. 183, R* eol. I. 

Maintenant canevas ne se prend que pour cette 
toile claire qui sert à faire de la tapisserie ; et comme 
on trace sur ce canevas le dessin que l'aiguille 
doit suivre, on a employé le mot de canevas pour 
un modèle, un plan (1). On dit encore un canevas 
de chanson, pour désigner un air sur lequel on fait 
une chanson. M. Bertaud est le premier qui se soit 
servi de cetle expression. (Ménage, Rem. sur la 
lang. p. 341.) On a dit, dans le même sens : souf- 
fleur de canevaSy pour signifier celui qui souffle à 
Un juge ignorant Tarrétqu'il doit prononcer. (Rom. 
Bourg livre II, p. 82.) 

[Enfln chanvenas, oans Eust. Deschamps [Atour 
des Dames), a le sens de bourrelets, d'atours (voir 
la note sous ce mot) destinés à gonfler la chevelure 
des dames : 

Et si desplait à tout communément 

Tel chief fourré d'estrange chanvenas.] (n. b.) 

YARUNTBS I 
GHàNEVAS. Assis, de Jérus. p. S6. 
Kanevas. Poës. MSS. av. 1300, p. 1324. 
Canevars. Monet, Dict. 
Ganevat. Nuits de Straparole, T. I, p. 59. 
Gane'vach. Triomphe des IX Preux, p. 547, col. 2. 
Canbvets Nicot, Dict. 
Chanvenas. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 320,. col. 2. 

Chànevean, subst, masc. Echeveau (2). n semble 
que ce soit le sens de ce mot, dans le passage sui- 
vant; peut-être aussi pourroit-on Texpliquer par 
paquet de chanvre. Le tarif des droits sur les mar- 
chandises voiturées par eau, de Paris, Mantes et 
TArche, jusqu'à la mer, portoit qu*il seroit payé 
pour : « la semelle de paelles, de pos, et de chau- 



« dieres d*arain, sept deniers ; arcbal, et fli d*ait4iil« 
« le cent, deux sols dix deniers ; chanevaux, lé 
« cent alués vingt deniers. Toilles blaadies, les 
« cent, quarante deniers. » (Ord. des R. de Fr. T. I, 
page QOO.) 

Chaneviere, subst. fém. Chenevi^ (S). 

Par chaneviere», et par pre2 

Fdbl. MSS. do R. a* TM8.M. t». V* col. 1. 

Chanevis, subst. masc. [Intercalez Chanevis, 
chënevis au Roman du Renart (v. 1983S): « Sire 
« Renart, mien escient, Moult drue chanvre i 
« croistroit. Qui [cui] chanevis i semeroit. » La 
forme channevy se retrouve dans Paré (XXV , 

21)] (N. E.) 

Chanevotte, subst. fém. Ghenevotte. Bois de 
chanvre. (Villon, p. 31.) (4) 

CSbianfraln, subst. masc. Espèce d*armure. — 
Terme d'architecture. Nous disons encore cham- 
frain, dans ces deux sens. 

Au premier sens, c*étoit une armure de fer ou 
d*acier qui garantissoit le devant de la tête du ciie- 
val. HDu Gange, au mot Chamfrenum.) Le P. Daniel, 
Mil. Fr. T. I, p. 405, donne la description de cette 
armure. Le comte de S' Pol, accompagnant le roi à 
Rouen, en 1449, « avoit un chanfrain à son cheval 
« prisé trente mille ecus. » (Monstrelel, Vol. Hi, 
fol. 24.) Le comte de Foix, à son entrée dans 
Rayonne, en 1451, « avoit au cheval qu'il montoit 
« un chanfrain d'acier garni d'or, et de pierres 
« précieuses prisées quinze mille écus. • (J. Chart. 
Hist. de Gharles VII, page 256.) Monstrelet ( Vol. III, 
fol. 39) confirme la même chose (5). 

Comme le chanfrain étoit une pièce creuse, il 
s'est dit pour canal ou gouttière (Dict. d'Oudin), et de 
là, en termes d^architecture, pour demi-creux, can- 
nelure (6). (Id. ibid.)Nous disons encore ehamfrain 
dans ce sens. G'est ainsi qu^il faut l'entendre, dans 
le passage rapporté parle Gloss. deTHist. de Paris: 
« Auront les rabas de la dite huisserie (porte) pié 
« et demi de lé, entre le vierre (verre) et le chan- 
< fraint jusques au bâtant de l'huys. » 

VARIANTES * 
CHANFRAIN. Gér. de Nevers, l^*' part. p. OS. 

GhAMFFHAIN, ChAHFRAIN, CHAMFREIN, CHAMPFRAnr. 

Chanfraint. Gloss. de THist. de Paris. 
Chauffrain. Etat des OfAc. du duc. de Bours. p. 387. 
Chauffrin. Nicot. - Petit J. de Saintré, p. Ml. 



(1) Déjà d'Aubigné avait dit, d'après le dictionnaire de Doohei : c Je retournai sur le champ à rassemblée à laqnefle Je 
l^sentai mon canevas, qui, ayant été examiné par la compagnie, fut approuvé en tout. » (s. B.) 
(^ Aujourd'hui le caneveau est une espèce de toile à Toue ; le chèneveau est un ftlet de poche. (N. B.) 
0) Dans TArcher de Bamolet on lit : < Et ce n'est... Qu'un espoventaU de cheneviere Que le vent a cy abatu. » ChenemJktês 
se retrouve comme nom de lieu dans la Bfarne et dans la Meurthe. (n. b.) 

(4) Cest le brin de chanvre dépouiUé de son écorce. On lit dans Basselin (44) : c D'estrain et de chenêvoUe Se ehanflbît 
tous les yvers. » ViUon écrit aussi dans les Regrets de la belle Heaulmeyre ; c À petit fèu de ehenevoitss Tost mUumAea, iost 
estaintes. » (N. e.) 

(5) Le cfianfrein fut introduit dans l'armement du cheval au temps de Philipçe-le-Bel ; aussi se trouvM^il dana Ift 
Chronique de Cuvelier (8828) : c La seUe estoit si noble et si dorée, De pierres précieuses entour avironnée. Et U chanÉhrains 
estoit de teUe ouvre estorée. » Voici une description du xv* siècle : c Ung chanfrain de cheval sur velours noir, de tU d*or 
de brodure, garny de huit grans tables de balays et d'un gros cabochon de balay et cent et douze perles branlans. i 
(Laborde, Emaux, 904). Les chanfreins étaient aussi surmontés de plumets : c Et sur leurs testes chacun ung ires bel 
chanffrin d'acier bien garny de très beUes plumes d'ostrusse. » Les chevaux des maheutres de Henri IV ne ^ortalant phu 
de chanfreins à la batadle d'Ivry. (1590.) (n. b.) 

(S) Le chanfrein est un bandeau biais, formé en abattant une aréle. (n. b.) 



CH 



CH 



Ghaageable, adj. Changeant, léger. (Dict. de 

Monet.)(») 

Changeant» adjectif. Ondoyant. On a dit, en 
ce sens : drap de changeans^ pour désigner une 
étoffe dont la couleur varie suivant les différens 
jours sous lesquels on In regarde. 

Très noblement et bien parées. 

£n drapa de changeanê (S), et de soie. 

ProitMit, Poé». MSS. p. iS5. col. I. 

On trouve cangium, avec la même signiflcation, 
dans le Gloss. lai. de Du Cange (3). 

Changer. Ce mot subsiste, on disoit autrefois : 

!• Changer son cœur, pour se consoler, passer de 
la tristesse à la joie. (Percef. Vol. V, fol. 89.) 

2* Changer le dé, pour donner le change, trom- 
per. « Cressoualle vous a bien changé le dé, qui 
« vous devoit rendre la ville ; car il n'y a que les 
« murs et les fossez. » (Hist. de B. du Guescl. par 
Ménard, p. 436.) (4) 

[Change tourner équivaut à changer une pièce, 
en donner la monnaie: « Laquelle femme pour 
« avoir un pain d'un denier voulsist que l'en lui 
« tonmast change d'un grant blanc. » (JJ. 160, 

E. 367, au. 1406.) Cange, au pluriel, a le sens de 
ureaux de change (Froissart, 11, 103).] (n« e.) 

VARIANTES : 
CHANGER (5). 
Kanker, d'où le participe kanket, changé. 

Changeresse, adj. aufém. Légère, inconstante. 



Fortune la changeresse, 

(Eut. de Baïf, fol. 286, R*. 

Changeur, subst, masc. Ce mot subsiste sous 
Torlhographe de changeur. On écrivoil aussi 
changière (6). 

N'estoit useriers, ne changicre. 

FaM. M3S. do R. n* 7818, fol. 342, V* col. 8. 



On appetoft changeur du threser, le receveur 
général au domaine. (Pasquier, Rech. p. 83 ) (7) Cette 
expression désignoit aussi le trésorier du domaine^ 
suivant Laur. Gloss. du Dr. îv. (8) 

• On disoit proverbialement : plus renversé (9) qu*un 
paulce de changeur, pour exprimer la contenance 
de quelqu'un qui marche la tôte haute. On snppo- 
soit que le pouce d'un changeur, qui comptoit sou- 
vent de l'argent, devoit être extrêmement renversé 
par ce continuel exercice. De là, pour exprimer lH 
contenance flère des Suisses qui passoient en revue 
devant le roi à Milan, on a dit : 

Font révérence au roy, leur vray seigneur; 
Voyre ; et Dieu scet, quant passoient par devant, 
S'iiz se marchoient, fiers comme ung pouisuyvant, 
Plus renversez qu*ung poulce de changeur. 

J. Marot, p. 93. 



,<'"^; 



VARIANTES 

CHANGEUR. Laur. Gloss. du Dr. 
Changeour. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 771. 
Ghangierb. Fabl. MSS. du R. n» 7218, f» 24â, V» coL 9. 

Ghangledicq, subst. maso. Banlieue, district. 
Proprement la juridiction ànchangle (1 1 ) oupourpris^ 
c*est-à-dire l'enceinte d'une ville. « Par la coutume 
« de la ville et banlieue de Tournehem, aucun 
« relief n'est deub, dedens le pourpris du chatiglê^ 
« dicq de la dite ville, pour succession d'aucun 
« hentaige féodal, ou cottier (roturier); ains le 
« mort saisit le vif son plus prochain hentier habite 
• à luy succéder. » (Coût, de Tournehem, Coût. 
Gén. T. I, p. 454.) 

Changoint, stl^s^ masc. [Intercalez Changoint, 
sorte de mesure pour le sel : « Icelfui Laurens 
« demourast exempt et sans rien paier pour 
« l'espace de onze ans, excepté deux changoints de 
« sel par chacun an. » (JJ. 188,p.lli,an.l45&.)](i».E.) 



(1) On lit dans un comput du xiii* siècle (fol. 4) B. N. fr. 7929: « Li cens a non réguliers por ce qu'il mainne l'omme 
droit comme li mile, ne n'est onques canjable. » (n. e.) 

(2) Oa Ut aussi dans les Chroniques (11^ 464) : « Vestis de drap de soie cangant, » (n. e.) 

(3) Du Can^e (II, 92, col. 2) est loin d'être aussi affîrmatif : « Cangium , pannus forte unius quidem coloris ; sed aUo 
minus intensiore intermixtus^ ita ut pro divèrso aspectu subintè mutetur, quomodo taffetas changeant dicimus. Necrologium 
ecclesiae Parisiensis 17. kl. juUi : e Dédit... duas cappas de cangio viridi. » (N. B.) 

(4) L'expression est dans Renart (v. 3229) : « Je cuit et croi vos dites voir ; jà por ce n'ert U dez changiez, i EUe «st aussi 
aux Fabl. mss. n» 2718, fol. 299: cBien me seront U dé chan^. Quand por ce que j'aurai maiigie, M'aura Diex isai 
estrangié De sa meson. » Le sens est : la chance, la fortune ne sera plus là même. (n. e.) 

(5) On lit dans Roncisvals (xji* siècle, 91) : c Au deuil qu'il ot, a la color changée. » Le mot n'est pas dans Roland (v.44iy: 
c Li reis Marsilies ad la culur muée, » (n. e.) 

(6) C'est le cas sujet, (n. e.) 

(7) Jusqu'au règne de Jeanie-Bon, le roi, comme un seigneur, trouve dans ses domaines les principales sources àm 
revenus. L'histoire de l'administration des finances est alors celle de Tadministration du domaine. Les sommes recueillie 
par les baillis, les sénéchaux et, depuis le xrv« siècle, par les receveurs, sont versées au Trésor du Temple ou à celui an 
Louvre ; ce Trésor^st une caisse, aont le changeur est le caissier. Depuis le règne de Charles V, le changeur ne manie 

Cl les recettes des impôts extraordinaires ; les finances sont constituées à côté du domaine et le receveur général des 
nces encaisse le produit des tailles et des aides. En 1542, le Trésor comprend encore un changeur pour le domaine^ un 
receveur général des finances, un trésQrier de l'épargne (depuis 1522). Biais François V^ remplace les deux premiero db 
ces fonctionnaires par seize trésoriers généraux des finances , administrateurs et ordonnateurs d'autant de recettes 
générales, (n. e.) 

(B) Du xui* siècle à Jean-le-Bon, U ne faut pas confondre les trésoriers avec le changeur^ leur subordonné ; la confbsion 
n'est plus possible au xvi* siècle, puismie le changeur disparaît avec la distincUon entre le domaine et les finances, (n.e.)^ 

(9) lietiversé signifie là cambré. (N. E.) 

(10) Le mot est au livre de justice et de plait (xiu* siècle, p. 70) : « Encor i a que U baiUis doit garder les changeors ei les 
autres marcheanz, qu'il soient en bone manière. » On lit dans une vie ms. de Jésus-Christ (Du Cange , II, 4o , col. 9f: 
c Là vint nostre Signour un jour, Et a veu un cangeour, Qui Mahieus estoit apelés. » (N. B.) 

(il) Cette forme est dans Froissart : « De toutes les circuites et changles dou royaulme de France. » (X, 104). L'enceints 
d'un château est dite chaingles dou chastiei. » (VI, 30.) Quant à dicq ou diiCy dick. en bas-latin diccus (llart., Anecd., III, 
col. 414, an. 1321) ou dika (Cart. de S. Quentin de Lille, an. 1323 ; Du Cange, II, 841, col. 3), c'est la français digue : des 
evées protègent les villes flamandes contre las eaux de la mer et des fleuves. (N. B.) 



CH 



— 360 — 



HC 



Changon, subst. masc. [Intercalez Changon, 
entrevue avant la noce des parents et amis de deux 
conjoints: « Lequel suppliant esloiten la ville de 
« Souspes avec sa flancée, ses mère et autres 
« parents et amis avec les parents et amis aussi 
« aicellui suppliant pour assembler entre eulz 
« pour le jour des changons^ qui se fait en tel cas, 
« selon la coustume du pays. > (JJ. 169, p. 205, 
an. 1415.) Nous sommes lu en Gâtinais. A Paris, 
cette entrevue se nommait [este du regart: 
« Comme le jour de NostreDame mi-aoust derre- 
« nierement passée sur Tanuitler, le suppliant 
« feust aler veoir la (este du regart qui se faisait 
« en rbostel du prévost des marchands d'une sienne 
« fille. » (JJ. 106, p. 207, an. 1374.) Il devait en être 
de même en Picardie : « Laquelle Jehannette 
« requist à icelle femme que elle feust le dimanche 
« ensuiant à la grant feste dMcelle Jehannette, 
« ainsi que l'en a acoustumé de faire en la ville de 
« S. Quentin les Dimenches avant que on espousse. » 
Dans le pays de Léon (Finistère), cette entrevue est 
dite ar veladen. Changon était encore un terme 
injurieux: « Icellui Tirant en soy courrouçant 
« appella le suppliant c/mn(/on;... lequel respondi 
« qu il n'estoit point changon. » (JJ. 173, p. 599, 
an. 1426.)] (n. e.) 

Changote, subst, fém. Nous trouvons ce mot 
employé dans les vers suivans : 

Vesti une poure robe 

Ou il ot maint changote, 

Fabl. MSS. dul\. n* 7615, T. II. fol. 196, R* col. 1. 

Changoula, verhe. Crier. Proprement crier 
comme un chien que Ton bat. C'est le sens de ce 
mot languedocien. (Borel, Dict. au mot Jungle.) 

. Chanille, suhst. fém. (1) Chenillle. On lit « qu*à 
un mardy 12* jour d'avril. Tan 1445 ; en la sep- 
maine peneuse, entre la mynuit, et prime du jour, 
gela si très fort que loutles les vignes furent 
touttes perdues, et tous les noyers cuits de la 
gelée, et après vint tant de hannetons, et de cha- 
nilleSj et d'autre orde vermine, que toute celle 
année n'y ot, ne vin, ne verjus, ne fruit, par toute 
la France. » (Journ. de Paris, sous Charles VI 

et VII, p. 200.) De là, peut-être le mot populaire de 

eaniller. 

Chanir, verbe. Blanchir. « Le flegme qui est 
« froit et moiste, fait chanir les cheveux. » (Le Tri. 
de la Noble Dame, fol. 109.) 

Chanlete, subst. fém. Chanlate. Ce mot est em- 
ployé comme terme de couvreur, dans le passage 



suivant : « Si sur un mur maitoyen, ou parsonier 
« (commun) sont posez eschenets (canal, gouttières) 
« et chanlettes communes k recevoir les eauesde 
« deux maisons joingnantes, et il advient que Ton 
« des voisins vueille hausser le mur, sera l'aotre 
« tenu de retirer la chanlette sur luy, pour le port 
« des eaues de son bastiment ; si toutes fois, par 
« après, bon luy semble rebastir à l'égard de son 
« voisin, faire le pourra, et là raporterla dite^^tofi- 
« lette sur le mur qui ser^ commua comme aopa- 
« ravant. » (Coût, de Lormine, Coût. Gén. T. n, 
page 1072.) On trouve la même disposition (Coût. 
d'Epinal, Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 4137.) (2) 
D'autres entendent par le mot chanlete ^ une 

Setite tuile de bois ou canal (3), selon le Dictionnaire 
it Catholicum parvum. (Dict. de Borel et de Cor- 
neille. — Voyez EscHAULETTEs ci-après.) 

VARIANTES : 
CHANLETE. Dict. de BoreL 
Chanlette. Coût. Gén. T. II, p. 1073. 

Channée, subst. fém. [Intercalez Channie, 
mesure, contenance d*une canne: « Et quand il 
« viennent [les habitants de Guerreville] ausdiz 
« pressoers ou Tun d\ceus, le seigneur en prent 
« une channée de vin franchement, et le remanant 
« de tout le vin du marc, moitié à moitié. » (JJ. 69, 
p. 331, an. 1335.)] (n. e.) 

Cbannetell» subst. masc. [Intercalez Channe- 
teiU cannetille. On lit au Gloss. lat-fr. B. N. 4120 
(an. 1352) : « Sidelia, channeteil. • Au Gloss. 7693, 
on lit: « Sidère, chanter, vel rechigner, vel 
« resplendir. »] (n. e.) 

Ctlanoinerie»su&s^ fém. Chanoinie (4). Titredu 
bénéfice de celui qui est chanoine. (Dict. de Cotgr. 
et d'Oudin. — Voyez Caquets de TAccouchée, p. 54.) 
On voit canonicaria (5), au même sens , dans le 
Gloss. lat. de Du Cange. 

Cbanoinie, su6s^ fém. Canonicat. (Cotgrave, 
Monet, Lettr. de Racine et Boileau, p. 209.) 

Que, de votre bénignité, 
C?iann(mie ait, ou dignité. 

Eofti. DeMh. roët. IISS. IbL t73. cél. 4. 

VARIANTES : 
CHANOINIE. Du Cange, au mot Catumiea (6). 
Canoisie. h. de Beauvais, citée ci-aprés. 
Channonie. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. S73, coL 4. 

Cbanolle, subst. fém. [^Intercalez CkanoUe, 
trachée artère: « Le suppliant saicba un petit 
« coustel,... et en feri ledit Rogier un seul copen 
« chanollCj du coul. » (JJ. 146, p. 161, an. 13M.) 
De même au reg. 153. p. 385, an. 1398 : « Lequel le 



de la: cendre 
ne, eotfieiila; 



aut 



(i) La forme du xiv* siècle est chenilleB ; c Se les chenilles menguent tes choulx^ quant U plouvera. semé \ 
par dessus les choulx, et les chenilles mourront. » {Ménagier. II, 2.) Lac^ient/{6a été comparée a une petite chien 
en Normandie, on la compare à une chatte poilue, chatte pelouse, (n. e.) 

(2) Cet exemple est du xvi* siècle ; on trouve au xiv* siècle, dans le Ménagier (III^ 2) : c La mue [pour réperrier] 
une chanlaite coulant où Ten lui doiira sa viande. > (n. e.) 

(3) La chanlatte n*est pas Tégoût \ elle le soutient. Dans les barrages, ce sont des perches verticales formant nna grifli 
plus ou moins serrée : on passe facilement au sens d'écheUe, que lui donnent les pécheurs de harengs. (N. B.) 

(4) La forme canonerie ou chanonnerie est dans Froissart (Y, 2, 251), comme nous l'avons indiqué plus haut. (N. B.) 

(5) Voir éd. Henschel, 11, 99, col. 1. ôl- e) 

(6) Le mot est dans une charte de 1277 (Preuves de THist. de Savoie de Gulchenoa, p. 84). (n. b.) 



CH -a 

• refirapa du pié par la poitrine eatre la mamelle et 

> la chanolle du col. ■] {s. e.) 

Chanonlal, adj. Canonial. Od disoit heures 
chanoniales. (Chron. S. Denis, T. Il, f- 37^ Ea latin 
horas canonicas. (Voyez le latin de Rigora.) 

Chanoyer, verbe. [Intercalez Chaaoyer, danse 
da Bassigny (Haule-Mame): • Gommes les sup- 

■ pliants reussentpassezparlavilledeMonlcbarvot 

• [com. de Bourbonne-les-Bains, arr, de Langres] 

• ou il avoil feste, et illec eussent trouvé pluseurs 

■ personnes de laditte ville et autres, qui dançoient 

■ a une dan'ce, que on appelle au pays chanoyer, à 

> laquelle dence l'en joue du croichet des jambes, 

■ par telle manière que souvent l'en cliiet à 
« terre. • (JJ. 91, p. 98, an. 1361.)] (n. e.) 

Cbanper, verbe. Attaquer, charger. Proprement 
combattre en pleine campagne. Ce mot «ignifle 
attaquer, dans ces vers, oii il s'agit de Partonppex 
qui courut sur l'Empereur, à l'instant où il alloit 
prendre le roi de France qu'il avait renverse de son 
cheval : 

Li rois sait bien qui le rnoota, 
Et qui de l'estor 1 eomena ) 
Et qui chanpa (1) l'empereor 
Eomi laprte, por s'amor: 
A. lui vient, si l'en inprcie, 
Et moull se loe dn s'aie, 

Pinon. ta Bloii, US. da 9. Cmi. bd. 1S6, H* col. S. 



Cbans, subst. masc. [Intercalez Chans, dans 
l'espression famés de chatis, extraite d'une coutume 
de l-i82 (Du Cange, II, 324, col. 1.) On disait aussi 
femme et fille de chemin au sens où nous disons 
fllle des rues. Comparez champis.] (n. e.) 

Cbansonet, subst. masc. Pasquinade. On liten 
ce sens : • 11 a fait, depuis n'agueres, un chanaonet 
■ auquel il dit, etc. • (LeLt. de Rabelais, p. 34.) (2) 

ChansonDeus, adjectif. Chansonnier. Ce mot 
est employé comme épittiete de menestrier, dans 
les Epilh. de M. de la Porte. 

ChansoDDiere, adj. au fétn. Danse chanson- 
nière signille danse aux chansons, danse au son de 
la voix, dans les Epitb. de H. de la Porte. 

Cbanstié, subst. masc. Chantier. (Dictiono. de 
Cotgrave.) 



1 - CH 

Cbant, subst. masc. Air de musique. — Pièce de 
poésie. — Charme, enchantement. 

On a aussi écrit cant. Voyez ce mot qui s'est pris 
souvent dans des sens diflérens de chant. 

On disoit autrefois, comme l'on dit encore, chant 
pour air de musique : 

Li chastelains de Couci ama tant (3), 
Ou'ooc, por amor nus n'en ot doior praindre ; 
Por ce Terai ma comptainte en son cAanl(4), 
Car je ne cuit que la moie soit maindre. 

PoM. USS. lï. 1300. T. IV, r- tw. 

li Hait, fol.' 145, V. 

Le mol chant étoit surtout employé pourdésigner 
diverses sortes de poésie qu'on nommoit chants 
pastoureaux, nuptiaux, dejoye, de folie, et autres 
semblables. (V. Art. Poët. de Sibilet, liv. Il, p. 106.) 

tlne des plus considérables de ces poésies étoit le 
chant royal, ou chançon royale, ou champ royal, 
car on a employé ces divers noms. Le chant royal 
est encore en usage dans les jeux floraux à Tou- 
louse. Il dilTëre de la ballade, en ce qu'il a un plus 
grand nombre de couplets (5). 

On l'avoit nommé clianl royal, parce qu'il avoil 
pour objet, dans son origine, de célébrer les rois, les 
princes, ou quelque sujet important. Suivant quel- 

3ues-uns, l'envoi du chant royal, ou chançon royale, 
evoit commencer par le mot prince, et devoit 
contenir cinq vers, au lieu que l'envoi de la ballade 
n'en contenoit que trois. Ces distinctions n'ont pas 
toujours été exactement observées, et les ballades se 
trouvent souvent confonduesavecleschflrttsrovaiw:. 

Il y avoitdes poésies appelées chants rovaux car- 
res ; et d'autres nommées bastards de champ royal, 
ou demy champ royal. [Voyez, pour ce qui regar(^ 
ces espèces de poésie, l'Art de Rhétor. de J. MolineïT 
Ms. du Roy, n° 7984 ; la Poës. de Boissière, p. 250; 
l'Art. Poët. de Sibilet, liv. 11, p, 101, etc.) 

Le mot chant a été mis pour charme, enchante- 
ment. C'est le Carmen des latins, qui signifloit aussi 
pièce de poésie. 

Voici des expressions hors d'usage : 

1* Chant de coq, ou heure de la nuit que l'en dit 
coqs chantants. (Gloss. du P. Labbe, p. 503.) 

2* Chant de roisel qui parole aux îitariez, dési- 
gne le chant du coucou (6), dans ces vers : 



(1) Coniparei champoier, (n. S.) 

(5) C'est une forma maaculine de ehantonneite. SuuoDn«t se prononce parToia ehanstninet , qui ui est peut-ëtr* 
rètjinologie. (n. e.) 

(3) C'est une clutnson aoonrnie. (Laborde, p. 306.) 1^ rhanaon du ch&lelain, que le poSte imita, se lit p. 300. (n. i.) 

(4) CAanf aie senade mélodie, de rhfthrae, comme dans la ChansoD d'*s Saxons (1V>: ( Or commence cbansons motilt 
bone & enrorcier. Qui bien en sait led vi rs et le chtmt desrainier. > (N. B.) 

<5] Le chant royal se composait de cinq strophes de onze vers -, l'envoi en comptait de cinq à buit , et ces six parties 
HniHsaient par un même vers servant de refrain, (n. b.) 

(6) Passent (1534-1609) commence ainsi aa métamorphose d'un bourgeois de Corialtae en coucou, un dea rarea contes es 
vera du XVI* ^ecle : t Mars est passé ; voici le premier jour Du moia sacré à la mare d'amour: Dites, oiseaux de divers* 
peinture. Sentez vous point rajeunir la nature? Sus 1 mes mignons, recommencei vos cbants ; RéjouisBei las forests et les 
obampa : En récompense, ici gisant à l'ombre. Je chanterai quelqu'un de votre nombre, Qui Butrelois entre noue a vécu : 
Ore est oiseau, et s appelle c...; Fameux oiseau, dti qui prit la scmblance Le roi du ciel, qui û tempeste lance, Pour asHiu-cr 
le courage peureux De sa Junon, au combat amoureux. > Ce chef-d'œuvre, digne de La Fontaine , finit comme il suit : 
( ... S'envole au bois, au bois se tient cacbë, Honteux d'avoir sa femme tant cnarché ; Et néanmoins quand le printemps 
renOamme Nos coeurs d'amour, il chercbe encore sa femme, Parle aux passans, et ne peut dira qu'oàf Rien que ce mot 
ne retient le coucou D'humain parler ; mais, par œuvres, il montre Qn'onc en oubli ne rait sa malencontre. Se aouvenant 
qu'on vint pondre cbex hu, Venge ce tort, et pond an nia d'autrui. Voilà comment sa douleur il allëse. Beureux ceuz-li oui 
ont M priTiiége 1 i (N. ï.) 



CH -I 

Le ehtml de l'oieel qui parole 
Aus msTiei, ou tempa qu'il vole. 

Sut. DtÊct. Pdh. HSS. m. Kl, col. %. 

3* Tenir chant semble employé, au figuré, dans 
le sens où nous disons chanter victoire. Le passage 
DÙ nous trouvons celle expi-ession noua offre une 
figure empruntée à la musique, qui caractérise le 
goût de nos anciens poètes : 

Il avoient teou Iodc chant, 

Mes t'en lor a Tet .i. descbant. 

Qui à ce premier chant ne s'accorde : 

Car rompue est lor mestrs corde, 

Et trespssaëe outre mesure ; 

Pot ce, de lor chant n'a l'en cure : 

Lor chant est tomËe par muance 

En dévalant, sans accordance. 

Hi». do Fr. « iNi. i b iilt* do R. da FnYd, loi. 71. 

4° On disoit aussi figurément appareiller bon 
chant à quelqu'un, pour lui préparer de l'embarras : 

Li mineur pas ne soumeillent 
Un chant bon, et fort appareillent : 
Tant euvrent deaouz, el tant cavent, 
Cune grant part du mur destravent. 

G. Gobrl, MS. fui. M, R-. 
TAAUHTES : 

CHANT. Orth. substst. 

Champ. Poëa. de Boissiére, p. 250. 

Chantarel , subst. masc. Espèce de poësie, 
chanson. Girard de Bourneil, morten 1278, a passé 
pour être l'inventeur de cette espèce de poësie. 
(Voyez J. de Noslre Dame, Poëa. Provenc. p. 14.) 

Cl]aDte,8utsf./£rH. Espèce de monnoie. — Jante. 

Citante pareil être une faute pour chaire ou 
cfuii^re, dans ce passage: < Ou temps passé, souloit 
« courir monnoye blanche forte, moutons, chantes, 
• francs à cheval, francs à pié, écus de soixante au 
■ marc, et n'en y avoit anciennement point d'autres 
* monnoyesqut eussent de présent cours. > (Duc)os 
Preuv. de Louis XI. p. 293.) (1) 

Au second sens oe jante, ce mot vient probable- 
ment de chanteau, portion d'un corps rond, espèce 
de segment de cercle, ce qui convient parfaitement 
à ce qu'on nommoit chante, et que nous appelons 
aujourd'hui jante. (Gloss. du P. Labbe, p. 493.) H 
traduit chante de roe, de charette, par le mot lalin 
cantus (2). 



*- €fl 

Cbanteaa, tubet. masc. Part, portion, quartier. 
— Morceau de pain. — Côté, travers. — Terme de 
tonnelier. 

Nous disons encore chameau, dans le premier 
sens de part, quartier, et l'expression de Pasquier, 
Lelt T. 11, p. 602 : > Une sienne soeur qui en eut 

> le plus grand chanteau, • n'a point vieilli. On dit 
canteau, en Picardie, selon Nicot; et cantel, en 
Languedoc, selon Borel. J'ajouterai que le peuple 
dit encore cfiantei, en fiorm-dnàie (3). Chanteau s' t^ 
pliquoit plus particulièrement aux morceaux d'un 
corps rond. On disoit : • Le dernier chanteau de l> 

■ lune, > pour eon dernier quartier, (Rabelais, Ane. 
Prologue, T. IV, p. 26 (4)), et les chanteaux, pour les 
portions coupées d'un bouclier (5). (Percef. Vol. H, 
fol. 126.) Joinville, p. 14, dil, en parlant des sceaox 
du roi qui éloienl rompus : • Il n'en restoit que le 

• chaniel sur quoi le roi avoil les pieds (6). • 

On dit bien encore un chanteau àe pain (7), mais 
autrefois. c/iun/eau seul signifloit un morceau de 
pain. Ce mol est pris souvent, en ce sens, dans lei 
coutu mes. Le chanteau part te vilain (8), c'est-à-dire : 

• Quand hommes tenans héritages serfs, ou mor- 
< taillables, qui paravanl estoienl communs, font 

■ pain séparé, par manière de déclaration de vod- 
« loir partir [partager, séparer) leurs meubles, ils 

> sont réputés divis, el séparés. • (Coût. Géo. T. II. 
p. 509.) Dans le Gloss. de l'Hist. de Paris, un quar- 
teron de chansteaux est interprété yingt-cinq pièces 
de pain. 

On a dit en chantel et en cantiel, pour en calé, 
en travers : 

Bien sal corre un cheval isna), 
Et un escu mètre en chantel. 

Hneh. MB. da S. G. td. IBS, R* cU. i. 

Afuble ton manM (9), 

Et si le me met ea chantel. 

FrviHvl, fett. MS3. p. tU, cdL I. 

La lance, et l'escat en eantiel 



Pfc, lioukH. MS. r. «7. 

Chanteau^ comme terme de tonnelier, est encore 
d'usage et signifie la dernière pièce du Tond d'an 
muld faite en^demi cercle (1 1) ; ce qui revient à la {»«■ 
mière signification exposée dans cet article, selon 
laquelle ce mot est employé parlicalièrement pour 

(1) Lea chaise», cadira ou meute», étaient des monoates d'or représentant le roi assis ; frappées depuis Philippe-le-Bel 
jusque sous Charles Vil, elles disparaissent sous Louis XI rïWl-1t83). (n. b.) 

(2) La forme chante se trouve dans un tarif de péage an 1375 (Du Cange , II, 107, col. 3.) Au Glosa, latin -français 7G7S 
(xiT" siècle) on lit : ï Cantes, Qustrea des grés, ou gantes de roe & cbaresie. * On emploie encore en Bwry la forme ehâm, 
en pava wallon chame. (n. k.) 

(3) Le picard emploie maintenant les formes cante et continu. Le Berrichon dit le chantiau de la liUM et le Poftevta 
chanlià. (Favre, Gloss. du Poitou, p. 78.) (s. x.) 

(4) I Vous adjugez tous les vieux quartiers de lune aux caphards... que tous ajent k ae pendre dedans le donier 
chanteau de ceste lune, je les fourniray de licoh. i (n. e.) 

(5) On lit dans Du Gange (II, lit, col. 1): f /to6eri Bourron inHerlino: t li douna si grant cop bot bod aaoa qu'il <a 
alùt un cantel. * (N. B.) 

(6} H. de WùUy (| S6) imprime : ■ Li seaus de la lettre estoit briaiei, si que il n'i avoit de remenant fora qna U moHié 

des jambes de î'ifmaise dou aeel le roy, et Veichamel (escabeau) sur quoy u roys tenoit ses piez. i (n..k.> 
(7) Au Glose, lat. B. N., 521, on lit : f Tameratum, chantel de pain. > - f Le suppliant print un chanteau d« pain qaH 

renceoire. * (JJ. 1S5, p. 166, an. 1151 ) (M. a.l 
fBi Loyael, 93 ) dés que le vilain fait pain & part, il est cenaé à part pour tous les biens, (n. k.) 

(0) On lit déjà au t. S74 du lai de l'ombre (s iii' siècle) : t Li sire avoit devant ton vis Tome Bonmantel en cAAMtel. *Qi. s.) 
(10) On lit suiui* siècle, dans Roncisvals (191): cUestsaillii en piez, tent escu en canl«(. i Celait une paasa de l'eacriM* 

i cette époque, (n. k.) 

(U) On lit en ce sens, au registre des Féages de Paria, dté au lÀvre de» Métier» (300) • < Il loiwit A toaa cm» qd 1* 

olianteUge paient, é oster le chantel de letir lonniau et la lie vuidier. » (n. X.) 



CH 



- 868 — 



CH 



désigner une portion d'un corps rond, un segment 
de cercle. Il y a longtemps que chanteau s'emploie 
comme terme de tonnellerie. (Du Gange, au mot 
Ckantelagium, et plus loin Chantelage.) 

VARIANTES : 
CHANTEAU. Pasq. liv. III, p. 149. 
Ghansteau. GloBS. de THist. de Paris. 
C^ANTEL. Percef. vol 1, fol. 113, V« col. 1. 
Cantel. Borel, Dict. au mot ChimteL 
Cantibl, Kantiel. Ph. Mouskes, MS. p. 194. 
Cantbau. Ck)tgrave, Nicot, Bict. 

Ghantecler, subst* mase. [Intercalez Chante- 
cler^ nom du coq dans le Roman du Renard. Ce 
mot est passé en anglais : chanticler.'] (n. e.) 

Ghanteis, subst. masc. plur. Chants. (V. Chant.) 

Si commencent leur chanteia. 

Fabl. IISS. da R. o* 7il8, fol. 358, R*. 

Ghantel, subst. tnasc. [Intercalez Chantely dos 
de la main : « Lequel Guillaume feri du chantel ou 
c du dos de sa main Texposant, çt lui bailla un 
« arrière main au dessoubz du menton. » (JJ. 156, 
p. H3, an. 1404.)] (n.e.) 

Chantelage, subst. maso. Droit seigneurial. 
C'est le droit que perçoit un seigneur sur le vin de 
ses vassaux. On pourroit dériver ce mot de chantier, 
ou de chanteU chanteau, pièce du fond d*un tonneau. 
Laurière, dans le Gloss. du Droit françois, dit ({ue 
c c'est un droit que Ton prend pour les chantiers 
« qui sont assis sur les fonds du seigneur. » Cette 
dénnition est conforme à celle du Gr. Coût, de 
France, où Ton trouve aussi la distinction de ce 
droit, d'avec ceux de forage ou afforage et de 
rouage, (Voyez T. IV, p. 529, et Du Cange, au mot 
Chantelagium (1).) 

variantes ' 

GH/INTELAGE. Nicot, Oudin, Dict. 

Chantrllage. 

Ghastbllaob. Gr. Coût, de Fr. Uv. IV, p. 525. 

Chanteler, verbe. Diviser en chanteaux. (Dict. 
de Honet. — Voyez ci-après Ghatelé.) 

Chantelet, subst. ma&c. rinterçalez Chantelet, 
petite chanson , dans Gilbert de Berueville 
(Wackern, p. 55) : 

Amoftf, Je vos cri merci; 

Ke me ooneis tel {>enBeir, 

CTaucun chantelet joU 

Li puisse faire à son grei.] (n. e.) 



Ghantelle» subst. fém. Taille personnelle. Cette 
taille éloit de quatre deniers par tête; elle se levoit 
au profit du seigneur sur les hommes de serv€| 
conaition. « Il y a plusieurs serfs, dont en y a les 
« aucuns qui doivent quatre deniers, à cause de 
« servitude, et s'appellent les quatre deniers de 
« chantelU, et par la coustume, n'eschoitent (suc- 
« cèdent, héritent] point les uns aux autres, ne 
« leurs enfansy pourveu qu'ils soit partis, et sepa- 
« rez : autre chose est aux eslans communs. > 
(Coût, de Bourbon, Coût. Gén. T. Il, page 383.) 
ChantellCj en ce passage, est le féminin de chantel. 
Les quatre deniers de chantelle n*étoient dus que 
par ceux que les coutumes ont dés^igné par cet 
axiome : Le chanteau part le vilain. (Voy. ci-dessus 
Chanteau.) « Les habilans deschastellenies de Murât, 
« Hérisson, Hontluçon et Chantelle, étoient sujets 
« à ce droit. » (Coût. Gén.) Ce droit se percevoit 
aussi en 1279 sur ceux de S* Palais, en Berri, sui- 
vant Du Gange, au mot Chantellum. (Voyez Laur. 
Gloss. du Dr. Fr. — Coût. Gén. T. Il, p. 383.) (2) 

On appeloit arbalestres de chantelle, peut-être 
celles qui étoient comprises dans la grosse artil- 
lerie, qui ne pouvoient être portées ai a pied, ni à 
cheval, et qu'on ne pouvoit bander aux rains, 
comme dit J. Chartier, dans THist. de Charles VU, 
p. 233. (Voyez ci-dessus Arbaleste.) On pourroit 
conjecturer qu'elles auroient été ainsi nommées^ à 
cause de leur forme, qui peut-être représentoit un 
quart ou segment de cercle ; alors chantelle seroit 
le même que chantel ci-dessus, pris au premier 
sens. (Voyez Chanteau.) « Feist le duc de Bourbon, 
« mettre avant les grosses arbalestres de chantelle^ 
« au devant de la bataille des Anglois ; lesquelles 
« estoient moult belles, et feirent grand bien. » 
(Hist. de Loys III, duc de Bourbon, p. 96.) 

Cbaateloubade, subst. fém. Monsieur, frère 
du roi, appeloit l'assassinat de H' de Puylaurent, à 
Bruxelles, la chanteloubade, parce qu'il croyoit que 
l'assassin avoit été aposté par le père Chanteloup. 
(Voyez Hém. d'Orléans (1608) p. 247.) 

Chaatement, subst. masc. L'action de chan- 
ter (3). (Cotgrave et R. Estienne, Dict.) 

Chanteor, subst. masc. Chanteur. — Prêtre (4). 
On a dit mssicantadours, dans le sens de chan- 



(t) On lit au reg. des Péages de Paris (Du Gange, sous Chantelagium) : < Se uns boursoys de Paris acheté vin à Paris 
dedans la ville, et U le vend dedans la ville, comme que U le vende en gros ou en broche , il doit de chascun muid on 
éenier de efHmtêfage.,. Chantelage est une coustume asside apciehnément, par laquelle il fu estabU. que il loisoit à tous cens 
qui le chantelage miient, à ester le chantel de leur tonnôàv, et la lie vuider ; et parce que il senibloit que cil qui dedans la 
ville de Buis eatoiiaiit demourans, n'achetassent pas vin, q\ie il ne le voulsîssent revendre , et quant il l'eussent vendu , 
oster le chantel de leur tonneau, et leur liés ester, pour ce fu mis li chantellage sur les demourans, et sur les bourgois de 
Paris. » A.U t. III des Ordonnances (p. 313, art. 3, an. 135^ on lit : c Le chantelage du vin, c'est assavoir de chacun tonneau 
de vin vendus esdits hostels et en chacun d'eux, quatre deniers parîsis. > (n. e^ 

(i) On Ut dans Du Gange (II, 305, col. 2) : c In consuetud. Burbonensi art. 193 et 203. quatuor denarii , quo servi seu 
hamines de capite de annuo censu exsolvere tenentur^ de chantelle ippeUantur, quadratione foci ac mansiouis d^)eantor. 
-▼ Consule dé LtMHefe in glossar. jur. Gall. ad'v. chantelle. » H vaut mieux lire chandelle : ce sont des chandelierê (voir la 
BOte à ce mot) : < Des colhherts, des servi quatuor denariorum. > (N. E.) 

^ On Ut aux statuU deVEgUse de Tours, an. 1396, ch. LXXVIII, au ms. lat. B. N. 1237 : c Si peçcaverint ad fascinum vel 
giuilescumque precationes, excepte symbole et oratione dominica. > Lp passage est ainsi traduit : c Si aucun chante à 
leane aucuns ehantemens, fors le credo et le pater noater. » (n. e.) 

J4) C'est le cas régime çantatorem ; le nominatif cantator a donné chanterre (xni* siècle) : c Quant uns chanterre» vient 
ire gent honorées > (Raynouard, au mot Cantaire de son Glossaire Roman.) Chantre correspond à cantor^ et cantorem 
donnerait emtLwr; CMitoiir, nom chanteor. (n. b.) 



CH 



- 364 - 



CH 



teur : Li chantour de sens, ont passé en proverbe. 
(Voyez Poës. mss. avant 1300, T. IV, p. 1651.) 

Chanteor est pris pour prêtre, daus un ancien 
fabliau qui a pour titre ' Le Prêtre et la Dame. 

Et puis après se retravaiUe 
De répondre le chanteor 
Qui de soi avoit grant paor. 

Fabl. MSS. de S. G. fol. 65. R* col. 2. 

VARIANTES * 
CHANTEOR. Fabl. MSS. de S. G. fol. 65, R» col. 2. 
Chantour. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1651. 
Chanterre. Dict. de Cotgrave. 

Chantepleure, subst. maso, et fém. Espèce 
d'entonnoir. — Arrosoir. — Robinet. — Canal, 
tuyau. — Personnage comique. 

• Au premier sens, ce mot désignoit un entonnoir 
à longue et ëtroile queue, et percé à petits trous 

Sar le fond (1). Cette première signification est bien 
écri e dans ce passage: « Arme, et housse d*azur 
« à trois chantepleures d'or qui sont faittes comme 
« des bouteilles plattes percées par le bas Q2), > (La 
Colomb. Th. d'honn. T. I, p. 98.) 

Cette forme diffère peu de celle d'un arrosoir, et 
nous voyons chantepleure^ pour arrosoir, dans cet 
autre endroit: « Une quasi semblable devise portoit 
« jadis madame Valentine de Milan, duchesse d*Or- 
« leans, après la mort de son mary tué à Paris, dont 
« elle eut un si grant regret que, pour tout soûlas, 
« et confort en gémissement, elle prit une chante- 

• pleure, ou arrosoir, pour sa devise, sur le haut de 
« laquelle esloit une S. en signe, ainsi qu'on dit, que 
« seule souvent se soucioit, et seuspiroit; et autour 
« du dit chantepleure estoient escrits ces mots : 

Rien ne m'est plus 
Plus ne m'est rien. 

Brant., Damet Ulust., p. 52. 

On voit encore celle devise dans l'église des 
Cordeliers, à Blois, en sa ch;i pelle. 

On dit encore, en Normandie et ailleurs, chante- 
pleure, et plus communément champlure (3), pour 
le robinet d'un tonneau. 

On pouvoit regarder comme des espèces de robi- 
nets les tuyaux ou canaux pratiques pour faire 
écouler les eaux ou en recevoir, et ils furent 
appelés chantepleures et cliampleures, « Nulle per- 
« sonne, de quelque estât, ou condition que ce soit» 
« i)e peut faire, ou avoir chantepleure, ou fossé 



« qui boive (pour tire son eau) en rivière. > (6r. 
Coût, de Fr. Liv. 1, p. 92.) La môme disposition se 
trouve répétée, sans autre différence que celle de 
l'orthographe champleure^ dans les Ord. des R. de 
Fr. T. I, p. 794. Nous lisons, dans une Ordonn. de 
Ph.-le-Bel concernant la pèche : « Qu'on n'ait mare à 
• fossez qui boivent en rivière, ne chantepleure (4). > 
(Ord. T. I, p. 541.) 

Enfin, on nommoit chantepleure ou chanteplore 
une espèce de chanteur qui entonnoît les chansons 
dans les comédies. Au Mystère du bien et du mal 
advisé, on lit : « Adonc font une dance, et com- 
« mence, et dit le chantepleure^ et les autres disent 
« comme lui. » (Hist. du Th. Fr. T. II, p. 132.) 

C'est par allusion au rôle de cet acteur, que Ton 
a dit : faire la chantepleure, être chantepleure (5), 
pour pleurer et chanter alternativement, ou pleurer 
après avoir chanté : 

A la court suis noblement ordonné, 
Je n'y fais «rien, fors que la chantepleure : 
L'en si restraint, quant Dieu m'y a mainé, 
Lors va trestout ce que dessoubz desseure. 

Eust. DesGh. Pow. MSS. fol. S80. col. i. 

Chanteplore sui sovent, 
Sovant plore, et sovant chant. 

Gaces Brûla, Pocs. MSS. «t. 1300. T. I. p. iW. 

On lit, dans une pièce morale intitulée la chantt^ 
pleure : 

Molt valt mielz plore chante, que ne fait chanteplore. 

MS. do s. G. fol. 103. R* col. i. 

Trouver la chantepleure (6), signifie passer de la 
joie à la tristesse, dans ces vers : 

Aussi sont tous templiers aie, 
Qui sont a .i. cop dévalé ; 
A .1. seul point, et à une heure, 
Ont il trouvé la chantepleure. 

Hist. de Fr. à la suite do Roa. de Faov. fol. 76. 

On trouve apeler chantepleure dans cet autre 
passage : 

Encor vendra tout à tens l'eure 
Que li maufé, noir comme meure, 
Les tendront en lor descipUnes ; 
Gels apeler mit chantepleure. 
Et sans sejor lor corront seure. 

Fabl. MSS. do R. n* 7il8. fi>l. 310. V* toi. I. 
VARIANTEIS (7^ * 

CHANTEPLEURE. Oudin, Monet, etc. Dict. 
Chandepleure. Nicot, Dict. 
Chanteplore. Poës. MSS. av. IdÛO, T. I, p. 196. 
Champleurb. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 794 (8). 



(1) Cet entonnoir est ainsi décrit par 0. de Serres (769) : c Par Tinstrument appelle chante-pleure , Teau ramont* taat 
qiron veut... La chante- pleure n'est autre chose que deux tuiaux d'esgale longueur et grosseur, joints ensemble faisans 
deux branches de telle figure, que ceste lettre grecque A. » L'instrument ici décrit me parait être un siphon, (n. k.) 

(2) Le mot se trouve au xiii« siècle, dans Laborde (Emaux, p. 204) : c Vesci une cantepleure qu'on puel Cadre eo uêl 
hanap. » Au xrv* siècle, on lit encore : « Une chantepleure d'argent verre, esm^lUé par la panse^ et a, au bout dessus , ur 
esmail. » (Id.. id., 204.) (n. e.) 

(3) Ou plutôt champelurcy en picard champleuse. (n. k.) 

(4) C'est une rigole pratiquée dans la berée d'une rivière, (n. s ) 

(5) On Ut dans Rabelais (Pantagruel, IV, 31) : « Quaresmeprenant avoyt les temples, comme une chantepleure, las joues; 
comme deux sabbots. » (n. e.) 

(6) On lit dans J. de Meung (Trésor, v. 1353) : « Car le ju^e de vérité Pimira nostre iniquité Par la balance d'equîlé, 
Qui ou val de la chantepleure Nous boute en ^rand adversité. » (n. b ) 

(7) L'ét^mologie est chanter et pleurer. Le liquide tombe goutte à goutte de rentonnoir et les parois du vase r^iœuteBt 
le son plaintif de l'eau tombant dans Teau. (n. e.) 

(8) Sainte- Palaye a développé cet article parce qu'au xvii* siècle on s'était fort occupé de l'étymologie de chanieplemft. 
Une épic^ramme du chevalier Jacques de Cailly, connu sous le nom &Aceilly^ anagramme de sa signature, en est la preiiTS 
(div. pentes poésies du chevalier d'AceiUy, 16d7, in-12, rare) : « Depuis deux jours on m'entretient Pour savoir d'où Tiesl 
chantepleure ; Du chagrin que j'en ai, Je meure : Si je savais d'où ce mot vient, Je Ty renverrais tout à llieure. • (N. s.) 



CH 



— 365 - 



CH 



Chante poulet, subst. masc. Espèce de cen- 1 
taurée. (Uudm, Dict. Fr. Esp.) 

Chante puces, subst. masc. plur. On a désigné 
sous ce mot les poètes qui chantèrent la puce de 
M"- Des Roches (1). (Goujel, Bibl. fr. T. XIII, p. 261.) 

Chanter, verbe. Chanter. — Dire la messe. — 
Dire, parler. — Siffler. — Crier. 

Ce mot, qui subsiste sous Torthographe de chan- 
ter, nous fournit quelques différences qui se trou- 
vent entre son ancien usage et celui qu'on en fait 
aujourd'hui. Nous les remarquerons à la fin de 
rarticle. On disoit aussi canter au premier sens : 

Li anemis, le démon, en cante. 

Poës. liSS. avant 1300. T. IV. p. 1306. 

Chanter a signifié par excellence chanter, dire la 
messe. Il paroit qu*il se disoit des messes basses, 
comme des autres. Le chevalier de la Tour, parlant 
d'une dame qui entendoit trois messes chaque jour, 
se sert partout de l'expression chanter la messe, et 
même àe chanter tout seul (2|. (Instruct. à ses filles, 
fol. 18.) De là, on a dit pain a chanter, qui se disoit 
anciennement oistes à chanter. (Duchesne, Gén. de 
Guines, p. 291, tit. de 1270.) On Irouve missas can- 
tare (3), au même sens, dans le Gl. làt. de Du Gange. 
C/mnfers'appliquoit aussi aux services que l'on a 
coutume de faire pour les morts. « Alla a S* Denis 
« faire chanter pour sa sœur dame Marie de 
« Poissy. » (Journ. de Paris, sous Charles VI et VII, 
an 1438, p. 182.) 

On employoit ce mot, pour dire, parler, annon- 
cer, dans le sens où le peuple dit encore : voyons 
ce que cette lettre c/ian^^. (Oud. Cur. fr.) Son usage, 
autrefois, s'étendoit au slyle sérieux. « Demandè- 
rent les ungs aux autres que ces lettres pouvoient 
chanter. » (Chron. S* Denis, T. ï, fol. 128.) « Fut 
monstrée une grande quantité de lettres, et <le 
complaintes : lesquelles avoient esté apportées à 
Besiers, et données au Roy, par manière de sup- 

f)licalions, qui toutes parloient, et chantoyent du 
ôl gouvernement de Betisach. » (4) (Froiss. liv. IV, 
page 22.] « Comme divinement nous chantent les 
« dives aecretales. » (Rabelais, T. IV, p. 204.) Cette 
acception est ancienne, puisqu'on trouve, dans une 
vie de Xharlemagne ms., composée par l'ordre de 



Frédéric Barberousse, quid cartœ canerenty en par- 
lant de lettres écrites à ce prince (5). (Liv. Il, ch. vn.) 

On s'est aussi servi du mot chanter, en parlant 
des animaux. Il désigne le sifflement du serpent, 
dans le passage suivant : « Le serpent qui trop en 
« son recept (trou, retraite) s'estoit tenu, resaillit 
« de son creux, puis se print à nager tout chantant^ 
« selon sa voix, parmy t'eaue qui estoit planiere. > 
(Percef. Vol. V, fol. 25.) 

Enfin, on appliquoit ce mot au cri de difTérens 
autres animaux, comme du chien, du chevreuil, du 
bouc, etc. « Doit appeller et uller en telle guise 
« comme fait un chien, quant il se reclame, et 
« chante, et ulle. » (Ch<isse de Gaston Phébus, ms. 
page 284.) « Quand les chevreuils sont en ruit, ils 
« chantent de trop laide chanson. » (Ibid. page 39.) 
« Lors que les boucs sont hors d'avec les chèvres, 
« attendans que le temps de leur rut soit venu, ils 
« courent sus aux gens et bestes, et se combattent 
« entr'eux, ainsi que les cerfs, mais non de 

• telle manière, car ils chantent plus laidement. » 
(Fouilloux, Vénerie, fol. 98 (6).) « Aucuns sont qui 
« chantent comme loups. » (Fouill. Vénerie, f' 103.) 

Expressions à remarquer : 

1° Chanter de la bouche, par opposition à chanter 
de la harpe, de la vielle, du flageol ou flageolet. 
Ainsi chanter se disoit également de la voix et des 
instrumens. « Quand Paustonnet eust le lay harpe, 
« et chanté de la bouche (7), vous ne pourriez croire 
« comment il fut voulentiers ouy et entendu des 
« dames, et des daraoyselles. » (Percef. Vol. V, 
fol. 113.) « Commença a chanter de la bouche, et 

• sur la harpe le lay, tant mélodieusement, que 
« tous ceulx qui l'oyrent le prisèrent moult. » 
(Percef. Vol. III, fol. 33.) On disoit aussi chanter en 
la harpe. (Ibid. Vol. 11, fol. 93.) « Chantent en leurs 
« flageolz ung touret. » (Ibid. fol. 116.) 

Fy de ce may qu'on clame si courtois, 
Fy de Venus, et de la beauté d'elle, 
Fy d'esperviers, de faulcons, et pivois, 
Fy de harper, de chanter de vielle. 

Al. Chartier, Poes. p. 805. 

2" Chanter de geste, chanter les héros, célébrer 
leurs hauts faits et gestes. (Fabl. mss. de S. Germ. 
fol. 2. — Voy. Chanson de geste ci-dessus, et ci-après 

Geste.) 



d) Catherine Desroches, fille de Madeleine Neveu, dame Desroches. Ces deux femmes étaient poètes et moururent de la 
peste à Poitiers, en 1587. Elles y tenaient bureau d'esprit et furent en relations avec Pasquier, Scaliger, Rapin, Harlay. 
Leurs poésies ont été publiées en 1579 in-i», et 1604 in-12. (n. e.) 




nostre sire. » (Laborde, Emaux, 179.) On Uivain à chanter à la p. 168. (N. E.) 

8) On lit dans Martène, t. VII, col. 1 : f NuUus cantet nisi jejunus ; nullus cantetaxii non conmiunicet. » (N. s.) 
) Comparez éd. Kervyn, XIV, 61. On lit encore au t. XIV de l'éd. Kervyn, n. 187: « Tout ainsi et sur une meismes 
fourme, comme les lettres du roy d'Angleterre parloient, chantoient ceUes du duc de Lancastre. » n y a une nuance au 
|>a8sage suivant (XIV, 25) : « Et chat^ latent ainsi les paroles qui en la chartre estoient contenues. » On va donner le sens, 
non le texte de la charte. Rutebeuf (II, 156), au xni« siècle, écrivait déjà : c En Van de Tinc. .M. et .GC. et .1111. et .XXX^ 
Sicom Vescripture le chante. » (n. e.) Vk 

(5) On lit aussi dans Teutgaud (Htst. de Louis-le-Débonnaire. ch. XXVIII, t. II de D. Bouquet) : f Etih, qui erat timidus 
auber omnes homines. Sic enim cecinerunt ei domestici sui, ut aliquando pedem foris sepe ponere ausus non fuisset. » (N. E.) 

(g) Comparez éd. Favre, fol 73, recto et verso, (n. s.) 

C7) On dit encore dans TOuest : « Danser au son des l 



bouchée. » Voir plus haut danse chansonnière, (s. E.) 



CH -î 

Z* Chanter mauvais citant, pour crier, se plaiadre. 

Li combaUnt s'entre semonent 
De ferir plua souvent k chaiiche (1) 
Cops dont li uns l'autre chevauche 
Qui font chanler maint mauves c^nt (3)- 

a.Gnitn,!!». M.ISl.H-. 

4° Chanter une note semble mis pour doaner un 
ordre, dans cet autre passage : 

Hes l'en leur chantera tel nota, 
Ainz que checun celé part tiengoe, 
Nul homme qui leur aparliengne ; 
Que tuit cil qui les ameront, 
En pleurant, les réclamèrent. 

G. Goiirl, MB. bA. «I, R*. 

5° Chanter (3) et enchanter réunis ensemble pa- 
roiasenl employés pour signifier faire des sortilèges, 
des enchantemens. • Monseigneur laissez chanter 
f et enchanter, car je ne la crains riens, et n'ay 
■ point paour que telles enctianteries ne sceusaeat 
( faire desplaisir : car j'ay bien crainte en Dieu. ■ 
Ifj» Jouvenc, us. p. 503 ) 

6* Chanter (f autre martin sembleroit une expres- 
sion proverbiale dans ces vers : 

Moull très volentiers Teist, 

Ja soit ce que riens n'en deist, 
Flameus chanter d'autre martin (4). 

G. GuUrt, US. fol. SIS, V. 

Provcrbbs : 

1. C'étoit une espèce de proverbe que ce que 
disent dans Percef. Vol. IV. fol. 81. R° col. 1, des 
sens de guerre qui s'attendent â périr : chantons, 
jouons, demain mourrons, cher nous vendrons. 

2. On disoil proverbialement, par allusion aux 
RLénestriers, qui, suivant te poëte cité ci-dessous, 
ne doivent pasreslerplusde deux ou trois jours dans 
une cour, maiss'ea aller avant qu'on les en chasse: 

Quar beau chanler annule (5). 

Proi. du Vil. MB. de S. C. toi. 75, V ad. S. 

Colgrave cite ce proverbe avec plusieurs autres ; 
nous le trouvons repété dans un ancien 'fabliau : 
L'en dit que biau ehanier anuie. 

FkU. KSS. dD n. »• 7H8, b1. lU. V «ol.S. 

Chaniei A l'aane il vous Tera des peti (6). 

CONJUGAISON : 

Cane, indic. prés. Je cbante. (Poês. kss. av. 1300, 
9.f 



T. m. p. 1000. J 



6- Ch 

Cftantaisse, imparf. subj. Cbanleroig. « Je ehan- 

■ laisse volentiers liement. • (Huon de U Ferté, 
Poës. Hss. avant 1300, T. 111, p. 1153.) 

Chanteivent, imparf. ind. CbanloienL (S. Bern. 
Serm. fr. mss. p. 382.) 
Chanlet, ind. prés. Chanta. {S. Bern. Serin, fr.) 
Chantât, imparf. Cbantoit. (Hue de S. Qoentia.) 

VARIANTES : 

CHANTER. Orth. subsistante. 
Chaunter. Tenur de Littl. fol. 10t. 
Ganter. Poës. MS$. avant 1300, T. tV, p. 1906. 
Chiaktkr. Marb. col. 165i. 

Chanterel, subst. masc. [Intercalez Cbanterel, 
graduel, au reg. JJ. 189, p. 456, an. 1460: ...Le 

■ suppliant print ung petit livre, que l'en dit 

■ chanterel, qu'il rendist prestement aux marre- 

■ gliers de l'église. ■] (n. e.) 

Cbanterelle, subst. (ém. Grillon. Sorte d'in- 
secte. • Les chanterelles sont petites bestes qni 

■ chantent par nuit es murs, ou feu a esté (oil il ; 

■ a eu du feu) comme es contre murs de la cbemi- 
• née, ou es pays chaulx, es concavités des arbres, 

■ quand elles sentent la chaleur du soleil. ■ [Hist. 
de la Tois. d'Or, Vol. II.) Nous omettons les signi- 
fications en usage du mot chanterelle. 

Gbanteresse, subst. fém. Chanteuse, muù- 
cienne. (Oudin, Cotgrave el Monet, Dict.) (7) 



Cbanterle, subst. fém. Chant, musique, con- 
cert. — Office de chantre. (8) 

Voyez, sur la première signification de chant, de 
musique, les Dict d'Oudin et de Rob. Estienne. On 
lit aussi dans nos anciens auteurs : 
Je vueil que la tourbe dampnée, 
Icy devant mon tribunal, 
Me dfe un motet infernal 
En chanterie dyabolicque. 

IDM. da Th.>r. T. Il, p. «W «t tH. 

■ Il avoit si grande chanterie par places, que 
« c'esteit merveilles. » (Percef. Vol. I, fol. 101.) 
■ Voulant empescherleurchanferie, ete. ■ (J- d'Ant. 
Ann.de Louis Xll, de 1499.) 

<1) Coroftarez édition Bucbon, 1. 1 p. 303, v. 6879 (7710) ; l'expresBion est encore inexpliquée , connu (enir reaen m 
cantél, rencontrée plus haut. (n. k.> 

d) Chanler mauves chant Aie sens de «mole cAnruon n'en deit estre canUe i dans Roland (Str. CXI). Ces satireB rvUeutei 
étaient la peine des t&ches : le comte Ebles tuit devant Rollon, auati nous dit la Ôir. de Normandie (D, SSOi) ; ■ Vitra m 
firent e eatralxn, Ci ont assex de vilaint moU. i De mime dans U Chanson d'Aotiocbe (III 3» - * Anqoi iuhu gaberemt 
Bsjvier et Alamant. • '- - ' 



) Voyez plua haut chantetnent. <k. e.) 
\») Eat-ce une allusion au proverbe relevé 
tpiit ensemble. ■ (N 



par Oudin (Cur., p. 334): * H ressemUe le prestre ifartiii, a ehani* at répoal 

ffi) On Ut encore au Cailoienumt de» Dames (v. fôt, xin> siècle) ; i Biaus chanler anuit sovent. * Ce provwto , qn'oa 
retrouve dans Renart (v. 5466), est encore cité dans une Chanson contra Hugues â.ubriot (xivaiéclQ): cCoîuoueiéMdslM 
{dseaux Qu'oir ne pues chanter en caige -, mais bien pues taire les appeaulx Four chanler en ton geolaig». Ta KB pada tOB 
poil volûee Par trop estre A vent et à pluie ; Et dial l'ea : Beau cJ^titer ennuve. > <N. E > 

(6) Ou lit encore dans le dit Don lou et de l'Oue (Fabliaux et Contes, éd. Héon, lU, 64) : « En reprorlar • dk IL km : 
md^cAanter tet devant mengier. > (n. e.) 

Ci) Chanlereaae est une tormo du xit< siècle (Rois, 196) : < Ne quer mois oïr ckantereue ne ohanleur, m 1m altraa dadnii 
de la curt > Les exeraples sont plus nombreux au xri* siècle : > Et sur la harpe chanleresêe ConteaMrai qa*U n'eat BiM 
tel— * iMarot, IV, 396.) - c Ils font vewr les chaiOeretteê at femmes dtasfriues. > (La Boétie, 8S4.) (n. b.> 

'(8) Chanierte ou chantrerie Bignille encore < service solIen>pnsl i pour un mort , dans des dtartea da IabIb U pev 
TteUse de Clerj : i A la charue... de tUre par chacun an après nostre décès, à tel jour ou'il aoia esté, nae e k a m t rthé m 
trSs grans messes, i <IJ. ia£ p. «tS, an. flll.) (M. «,) 



ce 



— 367 - 



CH 



Onques d'amours ne parla en folie j 
ilins a esté en touz ses diz courtois ; 
Aussi a moult pieu sa chanterie 
Aux grands seigneurs, à dames, à bourgois. 

EuBt. Desch. Poès. MSS. roH 28, col. 3. 

Cil qui trouva le quallier tout errant 
En perdit la ctusnterie, 

Poét. MSS. Vat. n* 1522, fol. 164. V* col. i. 

11 semble que chanterie soit pris, dans le passage 
suivant, qui cependant est fort obscur, pour office 
de chantre. « Item si soit un perpétuai chanterie 
« dont Tordinarie n'ad rien à medler (demesler), 
« ne à faire, quare (car) si le patron del chantery 
« et le chapelein et de même le chauntrie poient 
« (payent) charge la chaunterie ove (avec^ un rent 
« charge en perpetuitié. > (Tenur. de Litti. f^ 121.) 
Nicot, dans son Dictionnaire, dit positivement 
que l'office de chantre (1) se nomme la chanterie. 

Chanterresy subst. masc, [Intercalez Chan- 
terreSj chanteur ; c'est un cas sujet correspondant 
au latin cantator. On lit dans Du Gange (II, 111, 
col. 2), d'après Hugues de Villeneuve: 

Quant uns chanterrea vient entre gent henorée 

Il cite ensuite d*après Borel, un « autre vieux 
poète » : 

A son hostel se sied, si lit joyaux et liez ; 

Un chanterre U dit d'Alexandre à ses piez.] (N. B.) 

Chanteur, subst. masc. Le concierge du palais 
à Paris, en 1358, « doit avoir, à cause de la dite 
conciergerie, toutes fois que l'on fait un nouvel 
boucher en la boucherie de Paris devant le châ- 
telet, trente livres et demie, la moitié d'un quar- 
teron, et la moitié de demi quarteron pesant de 
chair, moitié beuf, et moitié porc : la moitié d'un 
chapon plumé, demi septier de vin, et deux gas- 
teaux : et doit donner celuy qui les va querre, au 
chanteur j qui est en la salle aux bouchers, deux 
deniers. » (Ord. des R. de Fr. T. III, p. 314.) 

Ghanttée, subst. fém. [Intercalez Chantiée^ 
variante de chantelage, droit sur le vin vendu au 
détail (Ordonnances des rois de France, t. lil, 
p. 361, art. 2, an. 1359).] (n. e.) 

Chantier, subst. masc. Chevalet. — Echalas. — 
Quai, levée. — Cellier (2). 

(i) n vaut mieux, en ce cas, écrire chantrerie. (N. s.) 

(2) Chantier a pour origine le latin canterius (Vitruve, IV, 2. 1 et 3), l'arbalétrier, dans la charpente d'un toit : le aernû 
pnmitif est donc pièce de bois inclinée, ensemble de pièces de bois couchées , comme on en trouve dans les celliers ; 
c Sathan, plus de sept anz ai tenu ton sentier ; Maus chans m*ont fet chanter h vin de mon chantier. » (Rutebeuf, II, 96.) 
Le sbéroe sens se retrouve au xiv« siècle sous une orthographe différente : « Le sire de S* VaUery aura le vin au prix qa*u 
douste au bourgeois sur les gantiers, » (Charte de commune de S* Valéry, an. 1376.) Il en est de môme dans Christine de 
Pisan, au dit de Poissy : « Et par erans cours où grans chantiers de buscne furent sours. » Il en est encore de même dans 
Amyot ([Othon, 24) : « Àins l'ayant nonnestement ensepvely, et basty un chantier de bois, le convoyèrent en armes au feu 
de ses funérailles. » Enfin Paré (XVI, 7) dit comme nous : « Souvent le bois est demeuré en c?uintier au bord de la mer, 
dont Tescorce se sera altérée et pourrie. » ^n. e.) 

(3) C'est aussi le bloc de pierre sur lequel travaiUe le magon, l'ensemble de poutres qui portent la quiUe d'un vaisseau en 
construction ou au radoub, ([n. B.) 

(4) En Berry, chantier désigne plutôt le bord de la rivière ; ce sont aussi, dans les parcs d'huîtres, les levées en terre sur 
deçqueUes circulent les amareilleurs. (n. e.) 

(5) Ce sens est fréquent dans d'Aubigné : c Quoique la rivière Aist lors très grande et à borde chantier (Hist., IL 451). — 
Anrivant sur le chantier au point du jour, tout cela passa la rivière (id, III, 31). — Joieuse sauta du chantier dans le Tar et 
STy noia (id., III, 270). — Il se cachèrent derrière le chantier du canal (id.. III, 440). » (N. B.) 

(6) Chantier a aussi le sens de chantier d'équarrissage, place où ron aoat, où ron équarrit les chevaux : c Que loutes 
ttksnieres de boéB, gravoiz... feubsent ostées et mises hors des voiries et chantiers. » (T. III des Ord., p. 90, an. 13te.) (n. b.) 



Ce mot conserve plusieurs significations. Nous 
ne parlerons que de celles qui sont bors cl*usage. 

On appelle encore chantier une grosse pièce dp 
bois sur lequel les charpentiers élèvent celle qu'ils 
veulent scier ou façonner. Autrefois ce motsigni- 
fioit un cbevalet àscierdu bois, suivant le Diclionn. 
de Monet (3). 

On se servoit aussi de ce mot pour écbalas. Cette 
seconde acception est employée par Nicot et Oudin. 

On désigne encore dans quelques provinces, sur- 
tout le long de la Loire, par le mot chantier^ les 
levées faites le long de cette rivière (4), 

On y dit, quoiqu'improprement : « Les rivières 
« ne s'en trouvent point plus enflées, et eu leur 
« emboucheure sont tousjoursen mesme cAon/i^r, » 
c'est-à-dire que leurs eaux sont toujours au même 
degré du chantier^ à la même hauteur le long de 
leurs rives. (Vrai et Parf. amour, f" 317.) De même : 
« Les rivières quand elles sont grosses à plein 
« chantier (5), » c'est-à-dire lorsqu'elles remplissent 
le canal jusqu'à monter au niveau ^\x cnantier. 
(Morales de Plut. trad. d'Amyot, T. II, p. 474.) (6) 

Chantier est encore usité pour exprimer les mor- 
ceaux de bois ^ur lesquels sont portes les tonneaux. 
On se servoit autrefois de ce mol pour le cellier 
même. Ce mot est mis figurément dans ces vers 
pour avoir commerce, société : 

Ne vont pas après Dieu 
Tel gent le droit sentier ; 
Ains Diex ne volt avoir 
Tonel en son chantier 
Ne dus Tun sor l'autre. 

Fabl. MSS. du R. n* 7615, T. I, foL 64, R* edl. 9. 

Nous remarquerons cette expression figurée, 
gésir sur le cliantier^ pour demeurer oisif, rester à 
ne rien faire. 

Ma famé r*a anfant eu 
Qu'un mois entier, 
Me r'a geii sur le chantier, 
Et je gisoie en dementier 

En rautre Ut, 
Ou i'avoie pou de deUt. 

Rotebeuf. MSS. du R. n* 7615, T. H, fol. 131. V col. i. 

Chantille, subst. fém. Terme d'architecture. 
« En mur mitoyen, le premier qui assied ses chemt- 
« nées, ne peut estre contraint, par l'autre, les 
« ester, ne reculer, pourveu que le premier assié- 



CH 



- 888 — 



CH 



« géant (qui a assis, placé) laisse la moitié du mur, 
« et une chantille (i) pour contrefeu de son côté. » 
(Coût Gén. T. I, p. i?Oi.) On trouve la môme dispo- 
sition, à peu près dans les mômes termes (Ibid. 
page 921.) 

VARIANTES ', 

CHANTILLE. Coût. Gén. T. I. p. 201. 
E^^CHANTILLE. Ibid. T. II, p. 272. 
EsGHANTELLE. LauF. Gloss. du Dr. fr. 

Chantillonner, verbe. Chanter bas. Chanton- 
ner, suivant les Dict. d'Oudin et de Cotgrave. 

^'l'îthantoceau, subst. masc C'est le nom d'un 
château dans le diocèse de Nantes. Il a donné lieu 
à <îette espèce de proverbe : 

Qui voudroit Chantoceau (2) prendre, 
Il faudroit du ciel descendre. 

Dict. Etym. de Ménage. 

VARIANTES (S) l 

CHANTOCEAU. Menace, Dict. Etym. 
Chantocé. Titres de Bretagne. (Falconnet.) 

Chantoire, adj, au fém. On appeloit, en termes 
d'horlogerie, roe chantoire la roue qui fait aller la 
sonnerie. Froissart, comparant un amant h une 
horloge, a dit, au figuré : 

Et poet (peut) moult bien ceste roe première 
Qui d'amours est la sonnerie entière, 
Très proprement estre en amour nommée 
Discrétion, qui tant est renommée ; 
Et ceUe Tait, par droit rieule mouvoir 
Et par point la roue chantoire (4) voir 
Qui doulx parler proprement segneAe 
Selonc Testât de ramoureuse vie. 

Froissart, Pocs. MSS. (Ci loge amoareux). p. 6i, coL i. 

Chantre, subst, masc. Musicien. Ce mot est 
employé par opposition à facteur, poëte, dans une 
épitre de J. Le Blond, citée par Goujet. (Bibl. Fr. 
T. XI, p. iJO.) 

Nous trouvons chantre (5), employé avec Tac- 
ception subsistante, dans cette expression : Boire en 
chantre et sonneur, (Du Tillol, Hist. de la Feste 
des foux, p. 31.) On dit encore familièrement : Boire 
comme un sonneur. 

Chanu, adj. (G) Blanc de vieillesse. Nous disons 
encore chenu. Ce mot est employé dans le style 
familier, ou figurément et poétiquement. On dit 
encore des montagnes chenues (7) pour exprimer les 






neiges dont elles sont couvertes sur leur sommet, 
comme si leurs têtes étoient couveiles de cheveux 
blancs. Encore cette exception vieillit-elle beaucoup. 
On disoit autrefois un bomme chenuj comme dans 
ces vers : 

Tu rejoiUs vieulz, jeunes et chanus. 

Bust. Descfa. Po«s. MSS. fol. i03, eol. f. 

Et U vieil, et U kenu, 

Hm de la Ferté, Poêa. MSS. araBl 1800. 

Et ly blonde, et Ij chanuiz. 

Gaoe de la Bigne, Des Déduta. MS. fol. 120, V% 

Josep d*Egipte i fù venus, 
Ki tous estoit vious et cenus. 

Ph. Moukee, MS. p. 21B. 

On disoit aussi des cheveux chanus, (Tri. de la 
Noble Dame, fol. 109.) La barbe chanûe. (Epith. de 
M. de la Porte.) « Les eunuques ne deviennent point 
« chauves, mais ils deviennent chenus^ parce que 
« rhumeur passant par bien longtems au cuir 
« auquel sont les poils chenus^ ayans attiré Thumeur 
« beaucoup plus blanc qu'au précédent, deviennent 
■ encore plus blancs qu'en un autre. » (Du Verd. 
Bibl. p. 476.) 

On a même dit flgurément les flots chenus^ parce 
qu'ils sont comme des cheveux chenus (Gilles Dur. 
à la suite de Bonnef. p. 97), et dans le même sens 
on trouve noir et chenu, pour noir et blanc. 

D'un sebelin (gibeline) noir, et chenu, 
Fu U manteax au col coulez 

FaU. MSS. de S< Gorm. fol. 60, V eol. i. 

VARIANTES (8) .* 
CHÂNU. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 103. 
Chenu. Qém. Marot, p. 391. 
Chesnu, Canu, Canutz. 
Kenu Hue de la Ferté, Poës. MSS. avant 1900. 
QUENUS. Poës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1304. 
Sanut. Cotgrave, Dict. 
Cenu. Vies des SS. MS. de Sorb. chif. LXi. col. 22. 

Chanvenas, subst, masc. Ce mot, dans une 
ballade intitulée : Sur Vestrangeté de VatQur et au 
chief que pluseurs Dames font à présent, désigne 
le flocon de chanvre que les femmes mettoient dans 
leurs cheveux pour paroître en avoir davantage. 

Onques ne fut si lourde afuMeinent, 
Ne si cornus visaiges fait de chas, 
Et si desplaist à tout communément 
Tel chief fouiré d*estrange chanvenas. 

Ettst. Desch. Poës. MSS. fol. 387. eol. 4. 



(1) On lit au reg . JJ. 141, p. 101, an. 1391 : « Certaine quantité de chantilles pour mettre en euvre en une sienne mai8<Hi 
[fournies par] un ouvrier de tieuUerie et de chaux. > Chantille a le sens de cnantignole , brique moins épaisse de moiàé 
que la brique commune, avec la môme longueur et la même largeur, (n. b.) 

(2) Ce ch&teau, aujourd'hui cheMieu de canton du département de Maine-et-Loire, fût à la fin du xrv* siècle le gage d'uni 
dette contractée par la comtesse d'Anjou, veuve de Louis I*>^, envers le connétable Olivier de Ciisson. (n. b.) 

0) Il ne faut pas confondre le canton de Champtoceaux^ dans Tarrondissement de Cholet, avec la commune de ChoMiptocL 
dans Tarrondissement d'Angers. C'est dans cette dernière commune du canton de Saint- Georges-aur^Loire que se voieat 
les ruines du ch&teau de Gilles de Retz. (N. E.) 

(4) C'est une roue de champ, qui a ses dents perpendiculaires au plan. (n. b.) 

(5) On lit encore dans les Mimes de Baïf (fol. 67, r») : c Chantre toussist qui perd sa note. » (n. e.) 

(6) Voyez canu. (n» e.) 

(7) Chenu n*a été synonyme de neigeux qu'à la fin du xvi* siècle et au commencement du xvn* : c Non autremeiit qu'on 
" . . -V ,. ' Dans MaUierbe (H, SO on lit 

lus rare: c [Leandre dedans 




(8) La forme chanut est dans Thomas le Martyr (38) : c Assez i ad trovô e joeuenes et chanu%. » Au xiii* sièole , on lit 
dans Renart (v. 1955) : c Et 'Tybert... si ot toz les grenons chanut. Et les denz trenchanz et aguz , Et les ongles grima por 

S rater. » Joinville écrit aussi C§ 337) : c Et amendent avec aus un home de grant vieillesce , tout chanu , liqaex nous VUX 
emapder sa^c'estoit veoirs que nous créions en un Dieu qui avoit estei pris pour nous. » Enfin on lit dans Rabelais (Pamt,. 
n, 8) : » Je repdz grâces à Dieu de ce quil m'a donné pouvoir veoir mon anticquité chanue reflourir en ta jeimesse. > (N. ■.) 



CH 



— 369 -- 



CH 



Chanvre, subst. fém. Chanvre. Ce mot subsiste, 
comme masculin, sous la première orthographe (i) ; 
il étoit féminin autrefois. 

Or fault du lin, et de la chanvre. 

EuBt. Desch. Pocs. MSS. fol. 500, col. 4. 

On dit qu^elle a lin de saison 
Pour filler, et chanvre moult fine. 

Ibid. fol. 513, col. 4. 

On écrivoil chesnvre, dont la prononciation est 
presque la même que chanvre, « L'on ne pourra 
« mettre lin, ni chesnvre royr (rouir) esdites riviè- 
« res. » (Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 150.) 

La suppression de Vr fait toute la différence des 
orthographes chauve (2) et chenve (3). Nous trouvons 
la dernière dans le passage suivant, où elle parolt 
avoir la même signification q\xe chanvre: « Peut 
« mettre chascun, en ses couvertures de fer d*en- 
« tour, chenve si lonc comme il vodra, pour les 
« jarés, et les jambes de son cheval couvrir et 
« garder. » (Assis, de Jérus. page 82.) On disoit 
cheveno^ dans le patois de Lyon. (Du Cange, au 
mot Corderia (4).) 

VARIANTES : 

CHANVRE. Orth. subsistante. 

Chesnvre. Nouv. Coût. Gén. T. 11, p. 150, col. 2. 

Chanve. Modus et Racio, fol. 83, V». 

Chenve. Assis, de Jérus. p. 82. 

Cheneve. Monet, Dict. 

Cherve. Borel, Dict. et Du Cange, à Cheverderia. 

Cheyeno. Du Cange, Gloss. lat. au mot Corderia, 

Chanvreux, adj. Qui est de chanvre. (Dict. de 
Colgrave.) 

Là d'une chanvreuse fllace, 

Tissant le lien qui m'enlace. 

Pocs. d'Amadis Jamin. fol. 823. V. 

Chanvpiep, subst, masc. Chenevière. 

variantes : 

CHANVRIER, subst. masc. Oudin, Dict. 
Chanvrière. subst. fém. Monet Dict. 

Chaon, subst. masc. Viande grillée. Char arse^ 
en latin Cremium, suivant le Gloss. du P. Labbe, 
page 496. 



Ghaor (5), verbe. Tomber. — Echoir, arriver. — 
descendre. 

Ce mot est encore en usage avec l'orthographe 
cfto/r, selon la première signification. Villeharàouin, 
p. 45, dit : « Quant ils virent, lor amis chaoir à lor 
« piez. » On lit au même sens dans les fabliaux 
MSS. cités : « Que el puis se lairroit chair (6). » 

On trouve choir pour échoir, dans le passage 
suivant : ^ Lui fit choir une fille dans la ville, de 
« Taage de 18 à 19 ans. » (Contes de la R. de 
Navarre, p. 454, T. L) On a dit de même en parlant 
de la Vierge : 

Or or4s con i lor en chait. 

Blanch. MS. de S. G. fol. 474, R« ool. 2. 

C*esl-à-dire comme il leur échut, ce qui leur en 
arriva. 
Enfin on a dit chair pour descendre : 

Por ce si la devons requcrre • 

Qu'avant qu'eUe chaist sor terre 
Mist Diex en U humilité 
Piliez, doucors et charitez. 

Fabl. MSS. du R. n* 7615, T. I, fol. 73, R* ool. i. 

Voici quelques expressions peu usitées : 

!• Près se laissa cheoir de lui, pour se jeta à ses 
pieds. (Chron. S» Denis, T. I, fol. !214.) 

2* Lui cheut au cœur, pour lui vint dans Tesprit. 
(Percefor. vol. I, fol. 72.) 

3" Cheoir tout droit en leurs mains, pour arriver 
au milieu d'eux. (Froissart, L. IV, p. 117.) (7) 

4* Cheoir en volonté ^ pour consentir. (Péria 
d'Agecourt, Poës. fr. mss. av. 1300, T. I, p. 243.) 

5* Ne cherra ta bannière, pour dire tu ne seras 
déconfit, hors de combat, défait, vaincu. (Fabl. mss, 
du R. n° 7615, T. II, fol. 178.) 

6° Cheut, pour s'évanouit. (Gloss. de Marot.) 

7* Cheent en accord , pour tombent d'accord. 
(Gace de la Bigne, Poës. des Déd. ms. fol. 101.) 

Qui plus haut monte qu'il ne doit 
De plus haut chiet qu'il ne voudroit. 

Fabl. MSS. du R. o* 7218. fol. 220. R* col. i. 

On trouvera, dans le Dict. de Cotgrave, quelques 
autres proverbes sur ce mot (8). 



(1) La Fontaine écrit encore dans la fable de THirondelle et des Petits Oiseaux (I, 8) ; c U arriva ou'au temps que la 
chanvre se sème. » En Berry, on dit encore la chanbe, la chanvre, la charbc; en Picardie , la canve. on a pu prononcer 
chergue, cherwe, enfin cherve ; nous avons la mutation paraUèle, mais de sens contraire, dans le w germanique devenu gu 
en français, (n. e.) 

(^) Il vaut mieux écrire chauncy qui nous permet de remonter à cavene , forme du xm« siècle dans le recueil de 
Xailliar (p. 21). (n. e.) 

(3) On peut corriger cherve, comme dans d'Aubigné (Fœneste, III, 15) : « C'est le propre de ce que nous appelons ici el 
vers vous la cherve, d'estre e^agée entre des fers serrez et pointus. » On lit encore au même ouvrage (III, 16) : c J'ai 
choisi vostre païs pour y avour plus de cherves qu'ailleure, mais non pas plus de larrons. > La forme Saintongeaise est 
charve, fort rapprochée du provençal carbe. Cherves subsiste comme nom de Ueu dans la Charente et dans la Vienne. La 
forme s'explique par la chute de a bref dans cannabem ; n devant b (v) s'est transformé en r, ce qui n'a lieu d'ordinaire q«e 
devant une gutturale et dans le Midi de la France : canonicus, canorgue. (n. b.) 

(4) On lit dans Du Cange, sous ce mot : f Charta Lugdunens. ann. 1306 : Item 12. denar. Vienn. pro corderia ûeVec?ierveno 
super ponthem Rodani. Cheveno cannabim appellant rustici Lugdunenses. » (n. e.) 

(5) On trouve dans Roland (str. XLII) Tinfimtif cadeir, qui, comme cheoir, suppose l'infinitif cadere avec le premier e 
lonf . (N. E.) 

(6) Notons ici un vers vigoureux dans Berte (XXXIII) : c Quant de si haute honor sui cheùe en la boe. » Ce mot rappelle 
le vers du Cid : f Précipice élevé d'où tombe mon honneur. » (n. e.) 

(7) Ceoir, cheoir, est souvent employé par Froissart comme verbe impersonnel : c Se li c?ieî si bien (V, 258), et tant en 
efiêi à referrer que li fers faiUi (II, i82). » — Il y signifie aussi être opportun : c Or parlerons un petit de Testât d'Angleterre, 
oer il en chiet à parler. » (VIII, 18.) Enfin il se dit de l'embouchure des rivières : < La rivière dou Humbre qui va ceoir en 
là mer. » (IL 112). (n. e ) 

j^ On lit dans les Fabliaux (éd. Jubinai, 311) : c Do peu de pluie chiet ^ant vent. » Un autre est dans la Rose (v. 803^ : 
« Kiens ne puet tant hemme grever, Ck>mme cheoir en povrete. » Un troisième au vers 3365: c Or sui cheû, ce m'est avis, ue 
grant enfer en paradis. » (N. s.) 

IH. 47 



CH 



— 870 - 



CH 



Ce qui nous reste à remarquer sur ce verbe, se 
réduit h plusieurs mots de sa conjugaison, qui est 
forlirré«:ulière. Ménage (Remarques sur Malherbe, 
p. 324), dit que ce verbe, hors l'infinitif, est désa- 

I^réabledans ses autres modes, surtout dans Timpar- 
àit et le futur. 

CONJUGAISONS '. 

ChaceSy dans le latin Cadas. (S. Bern. Sarm. fr.) 
Chacet, dans le latin Cadaty bicidat et Labrater. 

{S. Bern. Serm. fr. mss. p. 132 eipassim,) 
Chiarra, pour tombera. (Marbodus, col. -1666.) 
Chiejit, pour tombent. (L'Oisel, Ilist. deBeauvaîs, 

page 266, tit. de 1122.) 
Chiet, cadit. (S. B. Serm. fr. mss. p. 137.) « Chiet 

« en Tamende, *• pour tomber dans le cas de payer 

l'amende. (Pérard, H. de Bourg, p. 460, tit. de 1246.) 
Chel et chet (Marbodus, col. 1652.); chet. (Id. us. 

de S^ Victor.) 
Chaue, pour tombée. (S. B. Serm. fr. mss. p. 59.) 
Chaiit, pour tombas. (S. B. Serm. fr. mss. p. 326.) 
Chaut et c1iau%, pour tombé. {S. Bern. Serm. fr. 

mss. page 6 et passim,) 
Chet, pour lombe. (Marb. col. 1662.) 
Chiaetes de lunelsuns, (Marb. col. 1660) peut-être 

ceux qui sont sujets à tomber dans la maladie des 

lunatiques, dans le latin Caducit ; peut-être est-il 

aussi substantif pour chute. 
Chieent. (S. Bern. Serm. fr. mss. p. 227.) 
Chaurent. (S. Bern. Serm. fr. mss. page 339), en 

latin Ceciderunt, 
Chaut, pour tombe et tomba. (S. Bern. Serm. fr. 

MSS. page 416.) 
Chau%, pour tombé, g. B. Ser. fr. mss. p. 156 et 167.) 
Cai, pour tomba. (Fabl. ms. du R. n' 7989, f 48.) 
Caoit, tomboit. (Idem. fol. 78.) 
CaMy peut-être dieu, avalé, tombé. 

Li ventre 11 estoit caoit 
Petit de dépense i nietoit. 

Vies des SS. MS. de Sorb. chiff. LXi, col. 15. 

Carai (je), pour je tomberai. (Fabl. ms. du R. f*61.) 
Cas, pour tombe. « Espagne en petit d'heure 

« cas, » (Poës. MSS. d'Eusl. Desch^ 
Caue, pour tombée. (Vies des SS. ms. de Sorb.) 
Ceue, pour cheue, tombée. (Fabl. ms. du R. 

n- 7989, fol. 53.) 
Ceus, pour cheu, tombé. (Id. fol. 90.) 
Chaest, pour tombe. (Rom. de Rou, ms. fol. 66.) 
Chaete, pour tombée. (Rom. de Brut, ms. f* 15.) 
Chais, pour tombe. (Gloss. de THist. de Bret.) 
Chaissiojis, pour tombassions. (Glossaire de 

rflist. de Bretagne.) 
Chaist, pour tombât, descendit. (Fabl. ms. du R. 

n* 7615, T. I, fol. 73.) 
Chaistes, pour tombiés. (Ane. Coul. de Bret.) 
Chait, pour tomba. (Villehard. p. 127.) 
CtuLoiz, pour tombé. (Rom. de Brut, ms. f 59.) 
Châtra, pour tombera, échoira. (Fabl. ms. du R. 

Il*7218, fol.112.) 
Chantas, pour tomberas. (Id. fol. 174.) 
Charrion, pour tomberions. (Gace de la Bigne, 

Poës. des Déd. ms. fol. 21, R*.) 



Chau, pour tombé. (Dict. de Corneille.) 
Chaues, pour cbeues, tombées. (Fabl. ms. duR. 

n* 7615, T. I, fol. 114.) 
Chaura, pour chOM*a, tombera. (Id. T. I, f* 107.^ 
Chaus, pour tombé. (Floire et Blanchefl. P 2Ô1.) 
Chauz, pour tombé. (Fabl. ms. de S. G. f* 38.) 
Chay (je), je tombai. (Gloss. de THist. de Bret.) 
Chayt, tombé. (L'Amant ressuscité, p. 104.) 
Ché, pour tomba. (Coul. deG.de Tyr, Marlene.) 
Cheans, pour tombans. (Geofroi de Paris, Poës. à 

la suite du Rom. de Fauvei, fol. 49.) 
Cheant, pour tombant. (Gl. du P. Labbe, p. 442.) 
Cheege, pour tombe, au subj. « Se il y a aucune 

« plainte laquelle cheege en crime, etc. » (Aoc. 

Coût, de Bret. fol. 50.) 
Cheeis, pour cheu, tombé. (Fabl. ms. du R. 

n* 7615, T. II, fol. 129.) 
Cheent, pour tombent. « Cheent en accord, • 

Eour tombent d'aCcord. (Gace de la Bigne, Poës. des 
éduits, MS. fol. 101.) 

Chefe, pour tombe. (Britton, des Loix d'Anglet. 
fol. 133.) On lit au f" 128 cheu, dans le même sens. 

Cheirent à certaines fins, pour tombèrent d'ac- 
cord. (Gace de la Bigne, Poës. des Déduits, ms.) 

Cheismcs, pour tombâmes. (Fabl. ms. du R. 
n- 7218, fol. 104.) 

Cheoirs, pour tomber. (Joinville, p. 29.) C'est une 
faute, lisez cheoir, 
Cheois, pour tombé. (Fabl. Mss.de S. G. f* 38.) 
Cheoit, pour tomboit. (Ilist. de Fr. en vers fr. ù 
la suite du Rom. de Fauvel, fol. 82.) 

Cheois, pour tombés. « Sont cheoiten trop foible 
« attendance. » (Chans mss. du C* Thib. p. 27.) 
Cheoite, pour tombée. (Rom. de Brut, ms. fol. 15.) 
Cheoiz, pour tombé. (Fabl. mss. de S. G. fol. 38.) 
Cheoye (je), pour je tombois. (Rob. Est. Gram. Fr.) 
Cherra, pour tomoera. (Fabl. ms. du R n* 7615.) 
Cherras, pour tomberas. (Gloss. de Marot.) 
Cherrait, pour tomberoit, échoiroit. (Ord. des R. 
deFr. T. III, p. 681.) 
Chet, pour tombe. (Pasq. Lettres, T. III, p. 273.) 
Cheu, pour échu, avenu, tombé. jfVilleh. p. 188.) 
Cheu (je), pour je tombai. (Rob. Est. Gramm. Fr.) 
Cheue, pour tombe (Modus et Racio, ms. f* i(&,) 
Cheus, pour tombés. (Preuv. sur le meurtre du 
duc de Bourg, p. 248.) 
Cheut, pour tombé. (Perceforest, Vol. V, ^ 10*.) 
Cheuz, peut-être pour venus. (Gace de la Bigne, 
Poës. des Déduits, ms. fol. 113.) 
Cheu% (je), pour je tombai. (Gloss. de Maroi.) 
Chey, pour tomba. (Rom. de Brut, ms. fol. 69.) 
Cheyant. (Aresta. amor. p. 127.) 
Chez, pour tombez. (Lanc. du Lac, T. III, ^ 870 
Chie, pour tombe. (Fabl. ms. du R. n* 7615, T. u.) 
Chiece (je), pour je tombe, au subj. (Fabl. «s. du 
R. n» 7218, fol. 280.) 

Chiée, pour tombe. (Chasse de Gast. Phébus, m.) 
Chieent^ pour tombent. (Poës. mss. d*Eust. Desch.) 
Chiessent, pour tombent. (Lanc. da Lac, T. 1.) 
Chiessûit, pour tomboit. (Id. T. Il, fol. 20.) 
Chiet, pour tombe. (Fabl. ms. du R. n* TStS.) 



CH 



— 371 - 



CH 



CWs, pour tombés. « En servitude chis. » (Poës. 

Mss. d*Eust. Desch. fol. 58.) 
CMse, pour tombée. (Id. fol. 58.) 
Choir (au), pour en tombant. (Joinville, p. 181.) 
Choirroint^ pour tomberoient. (Faifeu, p. 97.) 
Choué, pour tombé. (D. de Borel, au mot Chaus,) 
Chut, pour tombé. (Vigil. de Charles VII, p. 155.) 
Ciei, pour tombe. • Li Ciet as pies por moi. » 

(Chans. du G" Thib.) 
Kaanty pour cheant. (Poës. anc. mss. Vatican, 

n* 1490, fol. 138.) 
Kaés, pour tombés. (Id. fol. 50.] 
Kai (je)y pour je tombai. (Id. fol. 128.) 
Keue, pour cheue, tombée. (Id. fol. 149.) 
Meures (vous), pour vous tomberez. (Id. fol. 93.) 
Keus, pour tombé. (Poës. anc. mss. av. 1300.) 
KU pour tombe. 

Kiant. pour tombant. (Poës. mss. av. 1300, T. IV.) 
Kie, pour tombe. (Id. T. IV, p. 1300.) 
Kieche^ pour tombe. (Poës. anc. mss. du Vatican, 

nM490, fol. 140.) 
Kiie, peut-être pour cheue, tombée. (Poës. mss. 

av. 1300, T. IV, p. 1363.) 
Qarrai, pour tomberai. (Poës. anc. mss. Vatican, 

n* 1490, fol. 39.) 
Qiet, pourcheoit, tombe. (Id, fol. 132.) 
Qiete, pour tombe. (Id. fol. 128.) 
Quiet, pour cheoit, tomboit. (Poës. mss. av. 1300.) 
Querroit, pour cheoirroit, tomberoil (Beaum.) 
Queyoient, pour cheoienl, tomboient. (Loysel, 

Hist. de Beauvais, p. 266.) 

variantes : 

CHAOR. s. Bem. Serm. fr. p. 3, en latin Cadere, 

Cheor. s. Bern. Serm. fr. p. 356^ en latin Indicere. 

Chaoir. ViUehard. p. 45. 

CHEAom. Beaumanoir. 

Chaer. Chans. MSS. du comte Thib. p. 3. 

Chier. Gautier d'Argis, Poës. fr. MS. av. 1300, T. U, p. 557. 

Choer, Qair. 

CiER. Fabl. MS. du R. n» 7989, fol. 56, R« col. 2. 

Chair. Fahl. MS. de S. G. fol. 7, R<> col. 1. 

Cair. Fabl. MS. du R. n« 7989, fol. 48, V<> col. 2. 

KAm. Dict. de Borel. - Poës. MSS. du Vat. n» 1490, ^ 34. 

Quair. Borel, Dict. 2r* add. 

Cheir. MS. du Vat. n» 1522, fol. 161, V». 

Cheyr. Gace de la Bigne, Poës. des Déd. MS. Ibl. 126, V«. 

Cheoir. Orth. subsist. — Gace de la Bigne, fol. 146. 

Choir. Mém. sur Malherbe, p. 328. 

Chaorse, subst. fém. Cabors. Yille du Langue- 



doc. On disoît proverbialement : « usurier de 
« Chaorse, • (Prov. à la suite des Poës. mss. avant 
1300, T. IV, p. 1652 ) (1) 

Chaounez. [Intercalez Chaounez on eliaonnez 
et comparez à Chaon, qui, plus haut, a le sens du 
latin c/?ms; « Comme Jehan Foullot eust dit an 
« suppliant pluseurs injures et villenies, et appelle 
« coupereau chaounez de asseuerre de c... » (JJ. 127, 
p. 50, an. 1385.)] (w. e.) 

Chap, subst, masc, Capitation. « C'est un droit 
« qui s*impose en la ville de Hende au cadastresur 
« toutes sortes de personnes, même nobles, outre 
« l'imposition des biens ruraux. « (Laur. Gloss. du 
Dr. fr.) Ce mot vient du latin caput. Comme Ton 
prononçoit autrefois eh comme c, chap paroit 
n'être qu'une orlhogaphe decap,ièie, chef, dont on 
s'est servi pour désigner un droit. 

Chapadlere, subst. Nous trouvons ce mot 
dans le passage suivant, où il paroit signifier salut 
du chapeau. Peut-être un signe de tête pouf 
appeler quelqu'un. 

Quant Guiot vit que Marioa 
Fesoit si maie chiëre, 
Avant Sacha son chaperon 
Si est tornez arrière : 
Robin, qui s'estoit embuschié 
Souz une chataif;nière, 
Por Marion sailli en piez, 
S'a fait un chapadière : 
Marion contre luy ala, 
Et Robin deux fois la baisa. 

Jehtn Erars, Poés. MSS. avant i300. T. II, p. 669. 

Chape, subst, fém. Habit d*hon)me et de femme. 
— Chapelle. — Prison. — Chaperon d'un mur. 

Il y a peu de mots ayant eu une signification plui 
générale que celui-là, pris comme vêtement. Il a 
signifié, en général, toutes sortes de robes et de 
manteaux d'homme et de femme. (Du Congé, aux 
mots Chapa et Capa.) (2) Les paysannes porloient des 
chapes grises. 

Pastourelle, si t'es bel, 
Dame seras d*un chastel : 
Desfuble chape griaetle 
S'afuble ce vair mantel. 

HoM de s. ÛMeoUn, Poes. MSS. sw. 4800, T. III. p. IS68. 

On appeloit les manteaux fourrés, des chapes 
forrées. (Fabl. mss. de S. Germ. fol. 58.) Les mao- 





m, 

Chaoursiere 

CShampagne, au xiil* siècte. (Voir Tltaiie aux foires de Champagne, du même Bourgnelot, môme recueil, iS58.) (n. e.) 

(t) La«aj " 

VIP siècle, 
S* Apollinaire ... «,.v.«»^, . x«».^^.<^. \vv».^^u^.»v. ^x,^,^...^^ ^. ^^^., , «.e^w...««<, a^w^.^»», v.»... «. ..« ^^ .^ ».«......., v.»« w^.^^...». 

à la signaler : c Vestis cilieina de caprarum pius, quee in modum caracallse, quam nunc capam vocamus, persévérât usqu/e 
ittliodie, apud nos est. » An temps de Cbarlemagne, les femmes endossèient ce pardessus clérical qui fut même broché 
éT^. Au xif* «ièele, moines, prêtres, laïques, tous portaient la chape, c Les unes étaient ouvertes dans leur lenteur, Im 
autres fermées à Tencolure ; celles-ci 
id.^ p. 161.) Les chmpes à pluie (v^At 
an Midi, «fies se nommaient halcméroB^ 
(FoMes, VI, 8) : c 8ous son bmtanénM hii qu'il sue. » E&es 'protégeaient donc la chape ordinaire : c Une chape à pluie 
afubla. De sus la chape se ûst ceindre. » (Wace, Rou. v. 7180). On les mettait aussi pour monter à cheval : c En une ohmpe 
à piufe qvfil soleit <lbevalcMer. i (Thomas ie Ifartyr, 160.) Les chapes sans manches (sous Louis Vjl) je taient daa gamcuimÊS 
(voir Du OBuikfQ ; foocrftes, eues praioietit le nom 4e cM&H, (Tdr P tL t î O û ûpex de Blois, tr. 10(114, 103s.) (N. ft,) 




CH 



- 372 — 



CH 



teaux pour se mettre à l'abri de la pluie, se nom- 
moient chappes à pluye. (Rom. de Rou, ms. p. 191.) 
Les manleaux qu'on portoit à cheval s'appeloienf 
chapes ou capes chevamheresses (1). (Percef. Vol. II.) 
On nommoit chape, le manteau ou la robe du 
docteur : 

C'est un maistre Remon, 

Grand dommaige est que la chappe ne porte. 

Eust- Desch. Poës. MSS. fol. 268. col. 4. 

Chape se dit encore aujourd'hui d'un ornement 
d'église que portent les chantres (2) ; mais nous de- 
vons remarquer ici que le même ornement servoit 
autrefois de chape et de chasuble, selon la note de 
l'éditeur sur ce passage de Petit J. de Saintré, 
p. 556. « Quant madame eut les reliques baisées, 
« et donné une chape, et les deux tuniques, etc. (3)» 

On a dit quelquefois chape pour chapelle; au 
moins, c'est le sens que présente ce passage de 
Froissarl : « Adonc me tira en un angletde la chape 
• du chastel (4). » (Liv. III, p. 64.) 

Ce mot signifie prison ou cachot, dans cet endroit 
du Rom. de Baudoin, fol. 4 : « Fit tantost le Roi 
« faire une chape de plomb espesse, et fut Ferrand 
« le comte de Flandres bouté dedans, et lui fust 
« baillé lict, linge, table, et Ireteaulx, et si eut 
« dedens sa chappe de plomb, une chambre aisiée 
« faite moult subtilement. » Il est parlé de cette 
chape de plomb (5) dans une ancienne chronique 
publiée par Le Bœuf, dans les Mém. de l'Acad. des 
B. L. Chape paroit dit en ce lieu, comme le 
peuple dit encore un surtout de pierre, pour expri- 



mer un cachot. Il ne faut pas interpréter de même 
la chape de plomb dont Jean-sans-Terre fit revêtir 
l'archidiacre de Norwich. C'étoit un vrai vêtement, 
sous lequel le pauvre archidiacre expira, selon De 
S" Foix. (Ess. Hist. 3- part. p. 72.) 

On disoit autrefois la chape d'un mur, pour 
exprimer ce que nous nommons aujourd'hui le 
chaperon : « Personne ne pourra hausser une 
« muraille de séparation, plus de dix pieds, y com- 
« prenant aussi la chappe. » (Coût. deBruss. Nouv. 
Coût. Gén. T. I, p. 1268.) 

Rapportons maintenant quelques expressions : 

1" Chape-au-cul-tailler, (Fabl. mss. de S. Germ. 
fol. 70.) Un jongleur se vante de savoir bien la 
chape-au-cul-tailler (6). On voit dans l'historien 
Helgault que la robe du roi Robert éloit souvent 
coupée par les pauvres que ce roi laissoit approcher 
jusques sous sa table. 

2» Crieur de chapes. C'étoit le marchand fripier. 
Eust. Deschamps, parlant des cris de Paris, dit : 

J'ai été de plusieurs etas. 

Et oy crier plusieurs cris, 

La cote, la chappe, vieulz draps. 

Poës. IBS. fol. 554. col. 11. 

3* Chappe du ciel, comme on dit populairement 
la calotte des cieux. 

Na gueres meiUor terre (7) sous la chape du ciel. 

Rom. de Rou. HS. p. 48. 

4" Chappe de S' Martin. C'étoit le pavillon sous 
lequel nos premiers rois faisoient porter à l'armée 
les reliques des saints. Il se nommoit chappe de 



(1) La chape fut, jusqu'en 1340, le vêtement des hommes et des femmes ; seuleiuent les dames en changèrent souvent le 
nom et la coupe ; on rappelait huque, quand elle n'avait plus de capuchon, quand une bride traversant la poitrine retenait 
aux épaules ce manteau tombant droit par derrière. « L'auteur du Roman de la Violette [ou plutôt de Gérard de Neversl, dit 
M. Quicherat {Costume, 186), décrit une chape qui était d'étoffe verte doublée d'hermine et ornée d'une broderie singulière. 
C'étaient des rosaces en clinquant et fil d'or d'un fort relief, et dans le calice de chaque fleur était caché un grelot d'argent, 
gi bien que lorsque le vent agitait le manteau, on entendait une musique plus agréahle que ceUe d'aucun instrument. » 
Cette bordure de sonnettes rappeUe le costume des grands prêtres Hébreux et se retrouve dans les chapes sacerdotales du 
XI» siècle : « Tune misit rex domno nbbati et sacro conventui capcan paenè aurcàm totam, in qua vix nisi aurum apparat, 
Tel electrum, vel margaritarum textus, et gemmarum séries : infernis autem undique tintinnabula resonantia , ipsaqut 
aurea pendent. » (Anonyme sur les Miracles de S* Hugues, abbé de Cluny, entre 1049 et 1109.) (n. e.) 

(2) De là rexpression suivante dans les actes du chapitre de Lyon, en 1341 (Du Gange, II, 119, col. 3) : « Duobus aliis qui 
facient capas ad missam dominicam, cuilibet xii. den. dare teneatur. » (n. e.) 

(3) Il faut distinguer deux espèces de chapes : ceUe des ecclésiastiques aurait dû passer la première, puisqu'elle apparaît 
quatre siècles avant la chape laïque. Le clergé réguUer Tadopta au ix« siècle, après la réforme de S» Benoit d Aniane (817) ; 




cfiape et en surpUs remis!. » (Thomas le Martyr, 37.) Au xiii« siècle, la chape des cérémonies religieuses s'attachait par une 




moyen de se draper ni d'affecter des airs mondains. U était considéré comme le manteau le plus convenable à la profession 
ecclésiastique;... Les ordres religieux qui l'adoptèrent à la place de la vaste chape bénédictine, donnèrent par là uim 
preuve de leur austérité. » Cette chape noire recouvrait deux robes blanches, et Rutebeuf a pu écrire : « Jacobins sont 
venus au monde Vestus de robes blanche et noire. » L'université n'a jamais aimé les ordres religieux qui voulaient 
enseigner comme elle , et Rutebeuf dit encore (152) : « Mes orguex qui toz biens esmonde , I a tant mis iniquité, 
Que par lor grant chape roonde Ont versé l'université. » Encore au temps de Charles V, le manteau de cardinal était une 
chaiye close (^ e ^ 

(4) C'est au début de l'Esprit familier du sire de Ck)rasse ; M. Kervyn (XI, 191) imprime : « Adont me traist il en ung anglet 
de la chajypelle du chastel à Orthais, et puis commença à faiie son compte. » Mais les églises ne sont pas des salons de 
conversation ; il faut peut-être lire chapel, au sens de hangar (Fabliaux, II, 292) : « Droit au chapel, ou li bacons , Estoit 
pendus sur les basions. » (n. e^ 

(5) On lit au reç^. JJ. 111, p. 222, an. 1377 : « Oudin Saudrin desmenti ledit Gebart et lui dist qu'il estoit sanglant coux , le 
bâti, feri et injuria de injure de fait à tort et senz cause raisonnable, et avecques ce lui dist encor que se nostre saint i>er8 
le Pape savait l'estat et la vie dont il vivoit, il le feroit mourir en la chappe de plonc. » On sait que Dante revêt les hypocrites 
aux enfers d'une chape de plomb. (N. e.) 

'(6) Il s'agit ici d'un voleur qui prend pour lui la moitié d'un manteau. On coupait de même la robe des prostituées. (N. i.) 
Cette expression ûgurée est déjà (Uina la Chanson de Roland (str. XL) : t N'a tel Tassai sous la cape du ciel, s (n. k.) 



CH 



- 373 — 



CH 



S" Martin^ quoique d'autres saints y eussent aussi 
leurs reliques; mais on sait les préférences qu'obte- 
noit alors S* Martin (1). 

5" Cliappe de l'abbé. C'étoil une espèce de taille 
imposée sur les sujets d'une abbaye, à cbaque mu- 
tation ; elle étoit due à Tavénement de Tabbé de 
S* Denys. (Voy. THist. de cette abbaye, p. 284.) (2) 

6* Chappe a prélat. (Voyez Invent, des joyaux et 
meubles de Charles Y, à la suite de son Histoire, 
par Choisy, p. 518.) 

7° On clisoit mettre sotis sa chape, pour mettre 
sous la tombe : 

C'est tout certain que nul n'eschape, 
Qu'eUe ne mette sous la chaj)e : 
Nulz ne peut tant la mort fuir 
Qu'eUe ne puist aconsûir. 

Hi»t. des Trois Maries, HS. p. 142. 

Ce mot, dans un autre sens, signifloit prendre 
sous sa protection : 

Si tu pues par tous eschaper, 
Diex Vaura donée sa chape. 

Fabl. MSS. de S. Gcrin. fol. 77. V col. 3. 

8° Huera chape fol , pour crier après quelqu'un, 
comme font les enfans après un fou qu'ils rencon- 
trent dans les rues (3) : 

Je di c'on doit tel homme huer à chape fol (4). 

Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 340, R* col. 1. 

Proverbes. 
i. A propos d'un château de Bretagne nommé 
Jugon (5), et l'un des plus forts de celte province, on 
disoit : 

Qui a Bretagne sans Jugon, 
il a chappe sans diaperon. 

2. Disputer de la chape à Vévêque, est un pro- 
verbe encore en usage (6). Pierre Lizet, avocat du roi, 
dans le procès du connétable de Bourbon, l'employa, 
suivant Pasquier. (Rech. liv. VI, p. 49'i.) On trouve 



ce proverbe en latin, dans Du Gange, au mot Capa: 
De capâ ordinarii litigare (7). 

variantes * 
CHAPE. Hues de S. Quentin, Poës. MSS. av. 1300, T. III. 
Chappe. Parton. do Blois, MS. de S. G. fol. 143. 

Chape chaete, subst, fém. Hasard, fortune. 
Nous employons encore ce mot en ce sens : 

A Lungeville aveit un villan païsant, 

Qui aveit sis bels boefs e sa charrue avant ; 

Famé aveit espusée, ne sai s'ont nul enfant ; 

Mez la famé esteit auques de ses mains aerdant [voleuse]; 

Chape chaete prist, s'il n'eûst bon garant (8) ; 

Tant ala cel mestier comme foie menant, 

Que la fin en fu maie et co fu avenant. 

Wace. Rom. de Rou, ▼. 1904. 

Le cardinal de Tournon « sortant- de la maison 
« d'une dame, avoit failli d'estre maltraité par 
« certains ruffians qui cberchent volontiers des 
« chapes cheutes à Tentour de telles personnes. » 
(Etat de la Fr. sous François 1", par Régnier de la 
Planche, page 28.) On disoit chercher clmpe cheute^ 
pour chercher à attraper. (Cotgr. et Oudin, Dict.) 
Trouver chape cheute, pour trouver aventure (9). 
(D. d'Oudin.) 

VARIANTES I 

CHAPE CHAETE. Rom. de Rou, MS. p. 51. 
Chappe Gueute. La Fr. sous François II, p. 28. 

Ghapé, partie. Revêtu d'une chasuble. Il paroît 
que c'est le sens de ce mol, dans le passage suivant. 
Nous avons vu que chappe, dont il est formé, avoit 
signifié chasuble. « Le preslre voyant qu'il n'y avoit 
« point de feu pria son maislre d'aller quérir du 
« feu pour allumer un cierge, pour ce qu'il estoit 
« revestu : ce que son maistre refusa disant, je ne 
« vous serviray pas, puisque je vous paye : dont le 
« chappelain fut contrainct tout chappe qu'il estoit 
« etc. » (Bouch. Serées, liv. I, p. 251.) 



(1) La capella de S^ Martin est l'origine de chapelle, paviUon qui l'abritait, corps d'ecclésiastiques qui la gardaient. Puis 
ce fut le lieu où on la déposa, Aix la-Chapelle; enfin, tout édifice qui recouvrait des reliques. On lit déjà dans un placitum 
du roi Thierry (Mabiilon, de re diplom., 4/0) : «c In oratorio nostro super capella domim Martini ubi reliqua Sacramentm 

Sercurribant, haec dibiret conjurare. )» Ce vêtement de S< Martin, d'après le moine de S^ Gall (II, 27), ressemblait au roccua 
e Charlemagne. Enfin, dans un recistre de la Chambre des Comptes, intitulé : « Dénombrement des baiUiages d'Amiens et 
DouUens », on Ut : « Les estohiers d'Amiens doivent à Tevesque, a la S. Martin d'iver, une penne grant d'aigneaux^ appeUé 
le mantel b. Martin, i» ^Du Cange, II, 123, col. 3.) (n. e.) 

(2) Capam solvere^ c'était payer la bienvenue, pour un nouveau chanoine : a Dom. decanus et capitulum receperunt in 
canonicum et fratrem PhUippum de Briort,... et subsequenter idem Philippus fecit et prsestitit juramentum consuetum^ et 
promisit capam suam solvere inira annum. » (Du Cange, 11^ 120, col. 1, d après les actes du chapitre de Lyon, 1340.) (N. e.) 

0) Remarquons encore Texpression suivante : c Vous faites de moi chape à pluie , Quant orendroit lés vous m'apuie. » 
(Renart, 8549.) C'est-à-dire, je vous sers de boucUer, de plastron, (n. e.) 

(4) Voir capifol, (n. e.) 

(5) Le château de Jugon, chef-Ueu de canton des Côtes-du-Nord, fut aux mains d'Olivier de Clisson , à la fin du xiv* 
siècle ; ce UA une des causes de sa longue lutte avec les ducs de Bretagne, (n. e.) 




plusto8t à veoir hors de saison quelque dispute de la chappe à Vevesque. » C'est se disputer 
auquel on ne saurait prétendre. Au moment oii l'archevêque de Bourges entrait pour la première fois dans sa cathédrale, 
le peuple se jetait, dit-on, sur sa chape et s'en arrachait les lambeaux. {Tuet, Matinées Senonaises, p. 1^ ; Méry, Hist. des 
ProveAes, II, 184.) (n. e.) 

g) On trouve aussi (Du Cange, II, 120, col. 1) : c De capà regià contendere. » (JJ. 59, p. 357, an. 1319.) (n. e.) 
) Le sens est que cette femme aurait ramassé une chape tombée, qui n'eCit pas eu son réclamant. Les voleurs, nousTavons 
vu dans l'article précédent, taillaient les chapes au c..., comme ils coupaient les t>ourses. Ils préféraient les ramasser guand 
elles tombaient (chuté) ; c'était autant de profit et moins de peine. On a donc pu dire de Renard, le maître larron (y. 9576) : 
c Cil s'enfuient, Renart eschape, Dès or gart bien chascun sa chape. » ^n. e.) 




(quelque chape^chute. » Elle pensait 
doute à la fable de La Fontaine et a été trompée par la mésaventure du loup ; mais le poète n'en veut pas moms dire que 
son loup attend une bonne aubaine, (n. e.) 



CH - i 

vAnuNTEs : 
CHAPE. 
CuKPPk. Boucb. Serées, Liv. I, p. Î51. 

Cbapeau, subst. masc. Chapeau. — Chaperon. 

— Couronne, guirlande (l), — Dot. — Armure. 

On employoit auLretois ce mot, dans le sens 
propre, et comme nous l'employons aujourd'hui. 

■ Au lieu d'un lortil, ou bourlet, il portoit un petit 

■ ctiapeau rebrassé de sable, et au dessus un faucon 
• au naturel. • (La Colomb. Th. d'honn. T. I. p. 95.) 
ProJssarl, liv. III, p. 82, dit que • les cardinaux ne 
" pouvoient avoir les gages qu'on leur devoit de 

■ leurs chapeaux (2). • Nicot dit : « €apel, que nous 

■ disons maintenant chapeau. • (Du Cange, aux 
mots Caparo et Capelletttm.) (3) 

Originairement ce mot d&signoit une espèce de 
bonnet, autrement chaperon, en forme de domino, 

<1> 11 but distinguer, dans le costuoke, le ehapeau d'homme, le chapeau de femme, de miriée, de fleure , le chapeau de 
ter. 1(> chapeau de cardinal, (n. t:.) 

(S) H. Kervjn imprime <XI, 310) : i Car la chambre estoit ai vuydëe d'or et d'argent que les cardinauU ne povoient avoir 
leurs Baiges qui leur patoient deus de leurs chappea\ils. » Chappea\ilg ne désigne point le chapeau rouge porté depuis le 
pqntiCcat d'Innocent IV (12*6, 1Ï50 ou 1252), mais di's gagns qu'on devait i. feurs tondions comme au portefeuille d'un 
ministre. Les armateurs appellent encore chiipeau la gratidcation comptée au capitaine qui remet son fret a bon pûrt. {v. e.) 

(3) Des soldais du IV" siècle portent un bonnet fourré qu'on suppose, d'après Végece , être le cAnpeou Pannonien. 
Cbarlemagne, d'après la mosaïque de Saint'Jean de Latran (Quicherat, Costume. t08), portail un béret rappelant cette 
COiiTure. Les (iallo-Homains portaient au contraire un pi'cun de forme pointue, comme le cAigautiï de laine noire du pays 
de Léon (Finistère). Au temps du roi Robert, les miniaiurea (B. N. lat. 8878) coiffent les soldats de r " ■ " 



4- CH 

Ïui a été en usage jusqu'aux environs du règne de 
harles VI. l^ mot chapeau est mis comme syno- 
nyme de chaperon, dans plusieurs endroits de nos 
anciens historiens. Dsns les Preuves sur le meurtre 
du duc de Bourgogne, p. 285, on lit : ■ Le duc otâ 
• son chapperon, en lui faisant la révérence, ■ et à 
la page 288, en partant de ce même duc : ■ Hou dit 
< seigneur osta son cf)a;j;)eatj,enlessaluant(4]. 'Du 
Cange, au mot Cai}elletum, explique ce mot par 
chap;)Ë/, qu'il emploie comniesynonymedec/uiperon. 
On a appelé chappeau, chapel, une guirlande, 
une couronne de fleurs (5], ou même une couronne 
de métal, quoiqu'on ait aussi quelquefois distingué 
ces couronnes, de ce qu'on nommoit proprement 
chapeatt[6). 

Chapel fis, uns cercle. 
De la fleur qui blanchoie. 

PoM. IB3. nul IMO, T. IV. p. 1 tét- 









aient à Y 



WOO se montre le chapeau, proprement dit de feutre, 
contre la forme : le premier signe distinclif qu'on ait mi 
403, B. N., p. IM, dans Quicberat.) En hiver, ils ètaipni 
chapeaux de paon^i, ainsi nommés parce qu'on couchait 
ehapeau ne posait pas sur les cheveux, mais sur les chnper 
hord retroussé comme celui du chapeau alsacien. Vers 135.', 

e calotte ou forme ronde, rebrassée de fourrure, de bouillons d'i 



prouve la figure allégorique de la Superbe d .. __ 

jmbes badoises en 1870. (Voir Quicherat, id.lffi.) Vers 

laine DU de coton. Les bords âlaient saillants et se relevaient 

iposë aux Jnifs est un cAapenu pointu. (Voir miniature du ms. fr. 

garnis de fourrure. Les prélats el les grands seigneurs usaient de 

— '- forme des plumes de paon, SouWes trois premiers Valois, le 

s : il était petit et de forma ronA , ou large et pointu , an 

m ina nniB de pprles. Sous Charles VI, ■ ce chapeau consista 

tissu làcbe, appelé Iripe, ou d'un bourrelet de 



velours. > (Quicberat, 155.) Sous Charles VII, ils furi-nt pointus, hauts et presque sans Dord , ou cylindrique 
chapeau tromhlon, ou ronds comme un melon On les agrémentait de louuillcs, de hranlanla et daf figues. Voici comme 
H. Quicberat traduit la garniture d'nn chapeau de Charles VII, en 145S : • Deux gros canons de fli d'or de Florence (ganae 
d'or) pour faire deux boutons garnis de grosses houppes, pour metlro et attacher A une chaînette d'or pendant A un cordon 
on ceinture d'or, faite à charnières, pour mettre A l'ontr.ur d'un chapeau couvert de tripes de soie verte. » Le chapeau A 
bonne vierge de plomb de Louis XI est devenu légendairp ; il rpfsemhlait A nos chapeaux mous et convenait mieux an 
rni, malgré son pauvre aspect, que les coilTiires du t^mps , qui étaient celle de Polichinelle. Le chapeau ducal de 
Charles -le -Téméraire, pris A Grandson (1476), était en vplours jaune, surmonté d'un rubis, entouré d'un cercle de perlea et 
de saphirs, uvec un porte-aigrette en diamants. Sous Louis XII, le chupeau n'est qu'une grande caaquett^ 6. bords relevé*, 
Kfec plumet couché sur le devant. Le plumet, qui est une forêt à l'entrevue du Camp du Drap d'or (juin 1!>S0) , se 
tWnsforme, vers 1510, en un simple marabout. Le ch.oi'.au albaiiaù (voir plus bas n»8) fut porté sous Henri II avM 
de larges bords encadrant un melon allongé. Sous Henri 111, on eut des opinions et des chapeaux espagnols, des totnbrerot. 
A la fin du xvi* siècle, les chapeaux français copiaient les chapeaux albanais. Brantâme les déteste et les traite k de grands 
Uts de chapeaux, garnis de plus de plumes en l'air qu'une aualruche peut en fournir en chascun. ■ Après tflOO, on prit ■■ 
castor à b!i£sd forme et à larges bords; pour le x vu* et le x vu i' siècle, il n'est plus besoin de description: les comiqueati 
estampes y suppléent, (n. b,J 

(4) Le chaperon était loin de ressembler au chapeau, comme on le verra plus bas : d'ailleur.i, presque tous lea portraill 
deJean-sans-Peur le représentent avec une bnrretJe noire pointue ( (Quicberat, id, 3^>< C'était sa coiffure de prédilection; 
il la portait dans ses courses aussi bien qu'au logis. It l'avait lorsqu'il fut assassiné. L histoire nous apprend qn'll fut ntl 
an terre tel qu'on le releva de dessus le pavé, c'est & saviûr en pourpoint, bousseauz et barrette, i Cette barrette enclal b 
etiapeau et le chaperon, (n. k.) 

(5) Entre 1190 et 1540, hommes et femmes portaient des chapeaux de Oeuri, couronnes de fleurs en été, de feoillacea « 
hiver. Il r eut ainsi des chapeaux de violettes, de roses, de bluels, de lierre, de gaion. (Voir Jeanne de Boulogne , sur oa 
TilraildeChartres, d'environ 1240; J. Quicberat, p, 18A.1 II s'éUit mémo formé ft Paris une corporation de « ctaapolien 
flenristes. > Etablis d'abord pour la coquetterie des nobles, ces jardiniers fleuristes jouissaient de grande* immu nité» : 
■ Nul chapelier de Ûeurs ne peut ne ne doit cueillir ou fuire cueillir au jour de dimanche en ses courtils nulles h<wbel, 
milles fleurs & chappeaulx faire, t (De Laborde, Emaux. SUS, xiii' siècle.) — s Quiconque veut estre ch^peHen de fleurt a 
I^is estre le puet franchement. > (Litre de» Mélieri, Ï46,) (K, K,) 

(B) On lit au xiii* siècle (Lai du trot) : ( Hais chapeaux de roses avoient En lor cbiés mis et d'aiglentim . ■ An XIV* siéde, 
on trouve dans les Emaux (206): < Je n'ai cure de :iii1 esmav, je vueil cueillir la rose en may El porte cAuieoua; rfe /fouratlM, 
De flpurs d'amour et de violettes. * Froissart écrit ,iu!<si au %uré du comte de Oerbr, frère de Wcbard II : < Cest la plH 

belle flour de son cAapet. I (XVI, 108.) Ce provert>e était auM" "^ ' ~ "" — ' -.•—■. — . ,j..., . — 

favori, le comte deDammartin :* Haï comte, vous perdei eu u 
Uartinienne, dans les Cent Nouvelles Nouvelles : Paris, Paulio, 1 
a, 5», col. 1.) (s. K.) 



{ure ou comte ae ueroj, irere oe nicnara ii : ■ o est la pna 
connu de Charles VII , qui disait en mourant (14fl1) à Ml 
mov la plus belle rose de vostre chapeau. ■ n^ronltrat 
1, 18M, 3 vol. is-lS, t. I, p. 68.) U le lit encors tUoB LtiM 



CH -»■ 

D« Ters iODS [ioncB Teris] faisions capiaux. 

PoH. US3. 1101 1300, T. fV. p. 131» (I). 

On trouve efiapet d'espine, pour couron ne d'épine, 
dans Adans li Bocus. (Poës. mss. av. 1300, T. IV, 
p. 14t5). ■ Doit éire le dur. enchapeDé d'un très 
• riche chappel à' or, etde pierres précieiiEe3(2). ■ 
(La Salade, fol. 53.) Beaucliamp (Rech. des Tli. T. I, 

E. 489) parle d'un chapeau d'argent donné à Douay, 
1 jour de l'Assomption, pour prix du meilleur 
chant royal. Dans le T. Il des Ord. du R. de Fr. 
p. 320, on laxe le prix que doivent payer les orfè- 
vres pour les couronnes, ciiafteaux, anneaux, elo. 
Le cba/iel étoil un orneineiil dont les femmes se 
paroienl ordinairement; aussi, en parlant de la 
simplicité de la parure des Trois Maries, on dit : 
Sans point porter chappel, ne gimples (3). 

ViU. itt Tnii atrio. US. p. 3J7. 

On disoit aussi eiwppet de plumes; c'étoit un 
chappel où étoient trois belles plPimes[4).(Voy. Petit 
J. de Saintré, page 213.) En général, ce nom de 
chapeau s'est donné & presque tout ce qui servoit à 
couvrir la tête ; aussi dérive-l-il du nom latin de 
tête, caput. 

Un père, danscerLainescoutun)es(5), n'est obligé ë 
donner aucune dot à ses Pilles; de là, l'expression 
de les marier pour un cliapel de roses, et de là 
aussi 00 a nommé chapel de roses, d'or, d'argent, la 
dot que le père faisoit à ses filles, en les mariant (C). 
(I^aur. Gloss. du Dr. Fr., Cotgruve et Coût. Gén. 
T. Il, pag« 479.) 11 est souvent mention de ces 
chapeaux dans nos coutumes. 

Enfin chapeau a désigné une espèce de casque 
plus léger que le heaume. Joinville, parlant de S' 
Louis, dit, page 47 : • Lui levai son heaulme de la 
■ leste, et lui baillai mon chappel de fer, qui étoit 



'- CH 

' beaucoup plus légier. ■ (7) Il y avoit le chappel de 
fer !i visière, d'où l'on doit conclure que le ckapel 
de fer ordinaire étoit sans visière. {Beaumanoir, 
Coût, de Beauvoisis, p. 316 {%).) C'éloit l'armure de 
ceux qui n'étoient pas chevaliers: ■ Ils estoient 

> armes, non pas en guise de chevaliers, car ils 

■ n'avoient ne heaulme, ne haulberl, mais sans 

• nulle faille, ils avoient bons chappeaux de fer. » 
(Lanc. du Lac, Vol. III. loi 19.) Le chapeau de fer 
est mis pour synonyme à salade, dans les Mem. 
d'Angoulesme, page 73. » Je n'eus pas le temps de 

> prendre ma salladc, et j'allai au combat sans 

• chappeau. ■• (Voyez Daniel, Mil. Kr. T. I, p. 178. 
— Du Gange, au mot Capale.) Dans un inventaire 
d'armure, au mol Arma tura. on trouve cinq chap- 
peaux roons, dont deuK sont dorés. Hontauban 
étoit renommé, sans doute, pour la fabrique de ces 
chappeaux. • En sa télé portoit un chapeau de 

• Monlauban fort bien forge. • (D. FlorÈo de Grèce, 
fol. 153.) Kroissart, liv. I, page 153, et Honstrelet, 
vol. I, fol. "iSi, font aussi mention de ces chapeaux 
de Monlauban (9). On lit shapelle de fer (Carta Magna, 
fol. 83), et capel d'infer, dans ce<= vers ; 

Un bon l'Ope' d'infer a sor se kief armé. 

Pofi. USS. ■«)( 1300, T. IV, p. ixs. 

Il faut maintenant citer quelques fa(;ons de parler 
autrefois en usage : 

1° Faire le chapeau, c'éloit saluer. (Du Cange, au 
mot Pileum facerc.) (10) 

2- Femme épousée au chapeau , c'est • à - dire 

■ jeune fille survivant à son mari, emporle, par 

> son droit csdils acquêts, la moitié d'iceux en 

■ usufruit. • (Coût, de révêclié de Metz , Nouv. 
Coût. Gén. T. il, p. 415, et diverses autres Coût.) 



li roys de Nai 



1 cote et en mentel de samit . biea 



(3) De la fin du xii* au milieu du xin* siècle, les chapeaux de femme, (juand ils n'étaient pas de Qeurs, ëiaientfoati 
un mortier el recouverts de velours, <le satin, de talTetss, avec broderies en pertes ou en ganse d'or. Ils loiiil>èreiit ve>B 
1380. Sous Charles VI, on lea admettait, mais en négligé - sous Henri II et François II , Ll£ ressemblaient à ceux des 
hommes, mus la lorme était moins large et moins haute. (N. E.) 

(4) Les plumes étaient droites ou couchées: nous avons décrit plue haut les cAapeawr d'homme au temps de CharleaVII. 
Dé)à AU temps de S' Louis, on citait les cAapenux (te paon.- ( Je le vl aucune folz, en este!, %iie pour délivrer aa genl U 
venoit ou jardin de Paris, une cote de chamelol vestue, un ssorcot de tyreteinne sanz mancbes, un mantel de cendal noir 
antour son col, moût bien pignicz et sans coife, eliiaehapel de paon blatte sua sa teste. > (Joinv,, p. bBO.) Le roi était parfoia 






,- „ -- , - — , - - ,-- , , , it parli _ 

fé (S 93) : f Li roys avait vestu une cotte de samit yade , et seurcot et mantel de asmit vermeil lourrel 
d'bermines, et nn chapel de coton en sa teste, qui moult mal li seoit pour ce qu'il esLoit lors joennee hom. i (n. k.) 
(5) Dans la Coutume de Normandie, par exemple, (n. k.) 

JS) Cem chapeaux leasemblaienl sacis doute & celui de mademoisello de BIols, qui épousa le prince de Conti le lundi gras 
IffiO : ■ Et cmnme c'est la coustume dps mariées de mettre derrière leur tête une manière de petite couronne de fleurs, 
qu'on appelle le chapeau, cette princesse en avoit un de cinq rangs de perles bu lieu de Qeurs ; et ce tuK le roy qui luy fli 
I bonneur de les attacher. i> {Mercure, dans Quicherat, 534.) (n. e.) 
(7) < Le chapeau de fer {Joinville, éd. de Wailly, Eclaircissements, p. 464) était un caaqije léger, consistant en une colotta 

■_ j,.. . .. ._. ... ..._. ......g j Qj^ pgyj voir ainsi coiflè, ft la page 477, un juré de la commune de Ftmee en 

u de Jean PayebÎFn, seigneur du pays d'Artois, en 1256 (p. 478). Le " " 

.*- — :ir. ^..^ ^^^i^-Y^^ ¥*-,i -- .^ ^ j_l„J„„:|,« *\-»iAJ:*A„, 



18 jugulaire 



ecoilTure, aux croisades. Delà 
;, je h fis oster 



■.e. De là ce passage de Joinville, amsî édité par U. de WaÛly 
hyaume, e( U baulai mon ckapel de fer pour avoir le vent. > 



samie d'un bord rabattu si 
Champagne. On le retrouvi 
lequel on étouffait, fut remplacé par ci 

(S 935) : « Eiidementieres que nous en ' . . . , , . , . . _ 

Les Suisses à la solde de u, France, au sv* siècle, portaient encore le chapeau de fer. (n. e.) 

(8) < Esciiiers pot avoir, quant il se combat , capel de fer à visière et les autres arme 
(Beaumanoir, LXJ,63.)(N. e.) 

t9) On lit encore au reg. JJ- 181, p. 17, an. 1451 : < Le auppliant print ung cAappeou de M<mlaub«n, qui estoit sur la Eeneatn 
de Margot forbisseur. 1 On lit encore BU testament de Thomas de Failly (Du Canga, II, 133, CoL 1, an. 1473): < Item a 



I que noua avons dites. 



cum. Ut obvios aalutarent, identilem urgerent : Faitei le chapeau. » (n. z.) 



CH 



- 376 — 



CH 



3' Le chapeau de triumphe semble désigner une 
espèce d'écusson où éloient représentées des armoi- 
ries ornées d'une couronne, appelé chapeau de 
triomphe. Quand Charles Quint fit son entrée à 
Poitiers, en 1539, on voyoit « les armes de Tempe- 
« reur, et du roy couronnées et leurs couronnes 
« ansées, (pour réunies, jointes) en ung chappeau 
« de triumphe, » (Mém. du Bellay, T. VI, p. 352.) 

4*» Chapeau de prophète. C*éloit un chapeau pointu, 
suivant l'éditeur de l'Hist. du Th. fr. T. I, p. 275. 

5" Chapeau de Provence, c'est-à-dire chapeau en 
usage dans cette province. « Le géant estoit vestu 
« d'une longue robe, d'un drap d'or d'estrange 
« façon : et n'avoit rien en sa teste qu'un petit 
« chapeau de Provence. » (01. de la Marche, liv. II, 
page 533.) 

' 6" Chapeau pelé désigne un chapeau usé dans ces 
s vers : 

Vielz lambeaiilx, et haiUonnerie, 
Chappeaulx pelez^ et bonnetz gras, 
Seront pour nostre seigneurie. 

GoquQUurt, p. 45. 

7* Chapeau pointu, y r2i\s>eïnh\Bb\emeni le même 

Îue le chapeau albanols. (Voyez ci-dessus au mot 
LBANois.) Il y a lieu de croire que l'on appela chu- 
p^aua; pointus, les cavaliers étrangers qui vinrent 
faire la guerre en France, au commencement des 
troubles de la religion, parce qu'ils portoient des 
chapeaux de cette forme. C'étoient haults bonnets 
comme Albanois, (Rabelais, T. V, p. 163.) 

8* Chapeau à prunes succéeSy peut-être ainsi 
nommé de ce qu'il étoit serré par les côtés et 
allongé en forme de noyau de prune. « Groingnet, 
« cuidant tailler une cappe, tailloit la forme d'une 
« braguette : en lieu d'un sayon, tailloit ung chap- 
« peau à prunes succées (i). » (Rabelais, T. IV, p. 217.) 

9* Deniers que Von met au chapel, rappellent un 
ancien usage de la juridiction des Eaux et Forêts. 
On lit, dans une Ordonn. de Charles V, en 1376, 



art. de la délivrance des panages et des droits qui 
reviennent aux officiers : « Chascun des sergans 
« qui y sera présent, douze deniers : et avec ce, 
« porront prendre en despence, pour legièrement 
« marchander, avecques les marchans, quarante 
« solz seront prins des deniers que ten met au 
« chapelj en la manière accoustumée. » (Ord. T. VI, 
page 234.) La même disposition est répétée au Gr. 
Coût, de Fr. sous différentes dates; elle est attri- 
buée à Charles VI, page 49. 

lœ Frères au chapeau. Espèce d'ordre régulier. 
(Laroque, Origine des noms, p. 251.) (2| 

11" A'Uoir un mauvais chapeau^ c étoit avoir 
mauvaise réputation. (Oudin, Dict. et Cur. fr.) 

12» Faire porter un chapeau rouge^ c'étoil déca- 
piter. (Oudin, Dict. et Cur. fr.) 

13» Porter chapeau de soussie, au figuré c'étoit 
avoir des peines, des chagrins. 

Aucuns qui ne vont, ne viennent ; 
Mes aus chanz leur charrue tiennent, 
Et partout le temps de leur vie, 
Le chapiau portent de soussie. 

Geofroy de Paris, à U suite dn Rom. de Femrol, fol. 49. 

14" Jouer sous chapiau de (autre. Expression 
proverbiale et figurée. 

L'en jouet sous chapiau de fautre. 

Geofroy de Paris, à U suite du Rom. de Fairrel, fol. 5S. 

15' On juroit autrefois par son chapeau, comme 
l'on voit par ces vers : 

Dist U vUains, par moji chapel. 

Fabl. MSS. du R. a* 7Si8. fol. 249, R* col. 3. 

Voici un proverbe commun en France vers Tan 
1572. On disoit, pour exprimer une chose dont on 
devoit se défier : « Dieu nous préserve du chapelet 
« du connétable de Montmorenci, de la messe du 
« chancelier de THopital , du chapeau rouge du 
« cardinal de Chatillon, et du curedent de l'amiral 
« de Coligny. » (Voy. Corr. de THist. de M"^ de Thou, 
trad. T. VI, page 724.) (3) 



(1) Cest-à-dire un chapeau fait non pour une tête humaine, mais pour im noyau de prune, (n. b.) 

(2) Le frère au chapeau est le chaperon du moine qu'il accompagne, un vers oiseux fait pour la rime ; déjà on lit dans 
Froissart (V, 168) : a Là avoit un chevaUer de Hainnau^ qui se nommoit sires Henris d'Uffalise , moult vaillant et apert 
chevaUer, et estoit retenus au capiel et au frain(s) le signeur de Montmorensi. » On Ut aussi dans S* Simon (eh. DXXTV, 
p. 229) : c Tallard ne fut jamais que le frère au chapeau du maréchal de ViUeroy et le valet des Rohan. » (n. e.) 

(3) Noël du Fail (Contes d'Eutrapcl, fol 107, r*) rapporte ainsi ce proveroe : c D% quatre choses Dieu nous gard : Des 

Satenostres du vieiUard, De la pand'main du cardinal, Du cure-dent de Famiral Et la messe de THospital. » Aune de 
[ontmorency avait été aussi pieux que cruel, lors de la révolte de Guyenne (octobre 1548) : c Ne manquant jamais à ses 
dévotions ny à ses prières, écrit Brantôme, car tous les matins il ne faiUoit de dire et entretenir ses patenostres, fust qu'il 
ne bougeast du logis^ ou fust qu'il montast à cheval et aUast par les champs, aux armées, parmy lesquelles on disoit qu*il 
falloit se garder des patenostres de M. le connestable , car en les disant ou marmottant , lorsque les occasions se 
presentoient, comme force desbordement et désordre y arrivent maintenant, il disoit : « Allez-moi prendre un tel : attachei 
celui-là à cet arbre ; taillez-moi en pièces tous ces marauds qui ont voulu tenir ce clocher contre le roy ; brualex-moi ot 
village... et ainsi tels ou tels semblables mots de justice et police de guerre, sans se débaucher nullement de ses Pater, 
jusqu'à ce qu'il les eust parachevez. » — Odet de Ck>ligny, dit le cardinal de Chatillon , était cardinal et évôque-comte de 
Beauvais quand il embrassa la réforme : il porta la pourpre malgré l'interdiction de Pie IV, se maria et se battit à Saint-Denis 
(10 nov. i5G7). Si ses opinions étaient légères, sa main était lourde et serrait bien l'épée. — Prosper Mérimée , dans sa 




pour huguenot encore qu'il allas t à la messe. Ce çrui faisoit dire le proverbe : Dieu nous gard... » Il fallait aussi se défier 
c de la douce façon et gentilln du prince de Condé » qui riait même en punissant : < Ce petit homme tant jolir, 
Tousjours cause et tousjours rit. Et tousjours baise sa mignonne. Dieu garde oe mal le petit honune. » Ces sortes oe 
dictons ne sont pas sans exemples au temps de Louis XI : « De la jeunesse de notre frers de Barry, De la saigesse du doc 
de Calabre, De l'oultrecuidance de Bourbon, De l'orgeul de cellui de Brytaigne, De puissance de conte de Charioys , Et de 
rorribilitô du conte d'Armynlak^ lAbera nos Domine, » (n. s.) 



CH 



— 377 — 



CH 



VARIANTES (1) ! 
CHAPEAU. La Colomb. Th. d'honn. T. i, p. 95. 
Chappeau. Etat des Offic. du D. de Bourg, p. 32. 
Chapiau. J. Erars, Poës. MSS. av. 1300, T. IL p. 664. 
Chapeax. Part, de Bl. MS. He S. G. fol. 136, Ro col. 1. 
Chapel. Villehardouin, p. 26. 

Chapell. Aubuins, Poes. MSS. av. 1300, T. III, p. 1015. 
Ch APPEL. Du Cange, Gloss. lat. au mot Capelletum. 

SCHAPELLE. 

Shapellb. Carta Magna, fol. 83, \\ 

Capel. Nicot, Dict. 

€appel. VilloD,_p. 95. 

Gapiaux, plur, Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1365. 

Chapel, subst. masc. (2) Lieu obscur ou secret. 
Chapelj en ce sens, sembleroit ôtre le diminutif de 
Chape ci-dessus, mis pour prison. 

Li prestres entre en un cfuipel. 
Si se quastist que on ne Ttruist. 

Fabl. MS. du R. u* 7218. fol. 147. R* col. 2 (3). 

Tant a alez qu*il est venuz 

Droit au chapel ou li bacons 

Estoit pendus sus les basions. 

Ibid. fol. 147. V col. 1 (4). 

Ghapelaine, subst. fém. Ce mot parolt être une 
faute pour chmtelaine^ dans les vers suivans, qui 
semblent faire allusion à quelque dame fameuse 
dans les romans : 

Ki vauroit or loial ampr trover, 

Si viegne à moi pour coisir. 

Mais bien se doit boine dame garder 

K'ele ne m'aint pour trair, 

K'ele feroit ke foie, et ke vilaine : 

Si l'em porroit maus venir^ 

Ausi com fist la fausse chapelaine, 

Cui tos U mons doit bair. 

M*'* Quesnes PoM. MSS. atant 1300, t. II!, p. 981. 

Chapellainle, subst. fém- Chapellenie. Dans 
les Ord. de R. de Fr., l. III, p. 584, chuspellenie 
signifle la partie d*une église où il y a un autel ; 
c'est aussi une des significations de notre mot 
chapellenie. 

VARIANTES : 

CHAPELLAINIE, Oudin, Cotgrave, Dict. 
Chaspellenie. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 584. 
Chapelerie. Du Cbesne, Gén. de Bétbune, p. 138. 
Chapellerie. Du Plessis. Hist. de Meaux. T. n, p. 151. 

Chapelerie, su&s^ fém. [Intercalez Chapelerie, 
bénéfice d'un chapelain, dans les provinces du 
Nord : « Le kele capelerie devant aile je nome 
• comme fonderesse. » (Charte d'Abbeville de lti77. 
Du Cange, U, 131, col. 1) — Quinze livres tournois 



« deues chascun an à Tabbaie de S. Wandrille pour 
« la chapelerie du manoir de Chambrai. » (1307, 
Ch. des Comptes, id., id.) — « Patrons de plusieurs 
« cures, chappelleries, personages et autres béné- 
« flces. •> (1399, Cart. de Corble, id.)] (n. e) 

Chapelet, subst. masc. (5) Espèce de chapeau, 
couverture de tète (6). — Armure. — Couronne, 
guirlande. — Chaperon. — Marque seigneuriale. — 
Ornement de ceinture. — Cercle à soutenir les 
plats. — Sorte de poésie. — Sorte de danse. Cha- 
pelet est le diminutif de chapeau, et tire de là, par 
conséquent, la plupart de ses significations. 

Au premier sens, c'étoit un petit chapeau pour 
garantir du vent, selon l'éditeur de Jean de Saintré 
et dans ces vers d'Eust. Desch. : 

Un pigne aiez toudis à raventure. 
Et chapelet pour le vent. 

Poës. MSS. fol. 226, col. S. 

C'étoit aussi une légère armure de tête (Daniel, 

Mil. Fr. T. I, p. 389). Comme il y avoit des cha^ 

peaux de Montauban (au mot chapeau), il y avoit 

aussi des chapelets de Montauban. (Froissart, 

Liv. iV, p. 153.) 

. . . . cis de France ont durs chailloz 
Dont à escerveler les pensent 
N'ont espoir que de ce les tensent, 
Coifes de fer, ne chapelez. 

G. Guiart. MS. fol.Sll.R*. 

Ce mot signifioit une petite couronne, ou guir- 
lande de fleurs, d'or, d'argent, de perles. (Du Cange 
au mot Capitulum.) • Le chapelet de fleurs que le 
« connestable avoit sur la télé en servant à la table 
« duroy. »(Bout. Som.Rur.p.897.)(7)Lechancelier, 
dans certaines cérémonies, portoit aussi le chapelet 
ou guirlande sur la tête. (Voyez : Hommage rendu 
au roy par le duc de Bourbon en 1380. — Choisy, 
Vie de Ch. V, p. 474.) Froissnrt parle d'un clmpelet 
de perles (Liv. I, p. 174), et Thist. du chev. Bayard 
d'un chapelet de plumes (p. 48). 

Les couronnes qui se donnoient par les dames à 
ceux qui avoient remporlé le prix dans les tour- 
nois se nommoïeni chapelets dhonneur (Petit, J. de 
Saintré, Avertiss. p. 30), et celles qui se donnoient 
pour prix de la valeur dans les combats s'appe- 
loient chapelets de prouesses (8). (La Colomb. Th. 
d*honn. T. 1, p. 2!25. — Froissart, Liv. I, p. 197.) 

On nommoit chapelet la couronne ou guirlande 



(1) Les formes les plus anciennes sont chapel dans la Chanson des Saxons (xii* siècle, IX), et capel dans Thomas le 
Martyr (108). (N. E.) 




chapel. doivent être ici les diminutifs de capa et de chape. (N. E.) 
{S) Voir Méon (II, 288). (N. E.) 

(4) Voir Meon (U, 202). (N. E.) 

(5) Le sens primitif est diadème, ruban de soie orné de perles et de bijoux ; tressoir pourrait en être le synonyme 
(Blonde et Jehan, y. 4712) : c Uns cape/é« ses cheveuz tient, Qui ert de fin or reluisant. » On lit dans Du Cange, sous 
Circulus (II, 962, col. 3) : t El fu vestu d'un paille Alexandrin Et en son chef un chapelet d'or fin. » Dans Froissart , on lit 
encore (éd. Kervyn, XV, 40) : t Un chapelet de grans gros perles. » (n. e.) 

(6> Chapelet pouvait être aussi le diminutif de chapeau : c Laquelle jeune femme à marier... avoit un chappelet de fleurs 
sur la teste ; lequel chapel. » (JJ. 100, p. 690, an. 1371.) (N. B.) 

M. de Laborde reproduit cette citation dans ses Emaux (xiv* siècle, p. 207.) (n. e.) 

(^ Xe mot était parfois ironique : « Mais sus tous en portoit le huée et le chapelet messires Gautiers de Mauni. » 
(Froissart, IV, 94.) Mais c'est toujours le sens primitif de tressoirs, rubans, faveun, (N. B.) 

ui. 48 



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Su'on présenloit à celui qui, à son tour, devoil 
onner une fête. En ce sens, donner le chapelet 
étoit ce que nous entendons aujourd'huy par don- 
ner le bouquet. « En cette nuit fut présente le cha- 
« pelet au comte d'Estampes pour faire le second 
« banquet. »» (Math, de Coucy, Hist. de Ch. VII, 
p. 665.) On trouve, en cet endroit, un détail fort 
curieux des cérémonies qui se firent pour présenter 
le chapelet au duc de Bourgogne. 

En terme de fauconnerie, c^étoit le morceau de 
cuir dont on couvre le tète des oiseaux de leurre, 
ce qu'on appelle le chaperon. « Le soir, au jour 
« failly, levez luy le chappelet entre tens, à la chan- 
« délie, jusques à tant qu'il s'estonne et qu'il s'es- 
« mutisne. » (Artel. Fauc. fol. 90.) « Le chapelet 
« doublé d'escarlatte est moult profltuble pour le 
« caterre. » (Ibid. fol. 95.) Le cautère est une 
maladie des faucons ; on leur met « un chappelet 
« à bourse en la teste, afin qu'il ne puisse gratter 
• le lieu. - (Fol. 100.) 

Le chapelet étoit aussi une espèce de marque 
seigneuriale afTectée aux fourches patibulaires des 
baronnies. « Le seigneur chastellain est aussi fondé 
« par la coutume d*avoir chastel et chastellenie, 
« naute justice, moyenne et basse, scels à contracts 
« et fourches patibulaires à quatre pilliers; mais, en 
« icelles fourches, le seigneur chastellain ne peut 
« avoir chappellet, ce que toutes fois peut avoir le 
« baron. » (Coût. d'Angoulmois, Coût. Gén. T. Il, 
p. 626.) 

Le cmpelet étoit encore une espèce d'ornement 

3u*on portoit à la ceinture. On lit dans la complainte 
e Luzindaro, page 239 : • Ceinture accompagnée 
« de cliapelets riches au possible; car c'étoient 
« Ans diamans taillés en forme de clochette. < 
*Cet ornement étoit sans doute à peu près dans la 
forme de ce que nous appelons aujourd'hui chape- 
letSy et qu'on porte à la ceinture en signe de 
dévotion. 

MonetetMicot appellent c/uzpe/^/(i) une espèce de 
cercle « pour soutenir un plat sur une table et 
« garantir la nappe >. Nicot dit: « Esclisse ou chor 
« pelet à mettre le plat sur table • et traduit en 
latin coronula catinaria, 

Monet donne à ce chapelet le nom de trépied, 
parce que sans doute il étoit ordinairement sou- 
tenu sur trois pieds (2). 



Nous avions autrefois des pièces de vers nom- 
mées chapelets, Fabri (Art. de Reth., fol. 35; dit que 
« ce sont proprement comme rondeaux clos et 
« ouverts; mais ils ue doublent en toutes façons, 
• ou se renversent, qui est le plus magistralement 
« faict, et en peult l'on faire comme de rondeaulx 
« et de telle taille que l'on veut; mais que le tout 
« soit doulcement assouvy (exécuté, accompli). • 
(Voyez, ibid. fol. 36 et suiv., les différentes espèces 
de cette poésie ; voyez aussi la Chasse et Départie 
d'amours, p. 233.) % 

Enfin il y avoit la danse au chapelet (3), où celui 
qui menoit la danse portoit un chapelet ou guirlande. 
Chacun menoit la danse ù son tour et embrassoit la 
dame qu'il tenoit par la main. « En saisine^et pos- 
session qu'il ne doit point dancer aux nopces, n'y 
autre part, avec sa dicte dame, ne la prendre au 
chapelet. » (Arr. Amor. p. 09.) « Quand vint dere- 
chef à danser au chapellet, le dict galland se 
mejt à danser, et après ce qu'il eust le chapelle! 
à son tour, se vint présenter à elle, laquelle le 
receut ; mais quand vint que le dict galland ten- 
doit la bouche pour la baiser, elle tourna la tesle 
de l'autre coslé, en le refusant tout court. » 
(Ibid. p. 316.) 

Item s'on dance au chapellet, 
Trois à trois, ou à danse ronde, 
Mettez à vos yeulx nng volet, 
Pour fouyr ceste joye du monde. 

L'Amant reoda oordelier, p. 591 et S9S. 

Puis quant venoit au chappellet. 
Qu'est une dance que Ton oayse. 

Ibid. p. 535. 

Nous ne parlerons de nos chapelets d'aujourd'hui 
(inventés dans le xu* siècle par Pierre l'Hermite, 
selon Viret) que pour rapporter les proverbes sui- 
vans (4) : 

1" Dieu nous préserve du clmpelet du connétable 
de MontmorencU de la messe du chancelier de 
VHèpitalj du chapeau rouge du cardinal de Chatil- 
Ion et du curedent de l'amiral de Coligny. (Voyez 
Reslit. et Corr. de Thist. de M. de Thou, Trail. 
T. VI, p. 724.) 

^ Ne pas dire son chapelet, dans le sens de ee 
dicton attribué à Balde : Scholasticus loquens cum 
puellâ non solet dicere pater noster. (Contes d'En- 
trap. p. 337.) 



(1) c Asseoir les cbauderons et bassines pointues sur des borlets , torces ou chappelets , pour les garder de toucbei 
l>ave. » (0. de Serres, 882.; (n. e.) 

(3) Chapelet était aussi une sorte d*étrier : < Là ne pouvans plus durer sans estriers, U nous feit acheter à chacaa un 
chappelet. » (D'Âubispé, Fosnesle^ I, 3.) (N. E.) 

(3) De là rexpression suivante dans Yver (576) : c Puis , estant lassés de cbanter en chapelet. » Remarquons encore 
l'expression suivante du xv* siècle (JJ. 164, p. 54, an. 1409) : c Lesquelx compaignons avolent disnez et fait nonne cbiere 
ensemble par manière de chapelet l'un aprez l'autre, ainsi que autrefoiz les bonnes gens du pais l'ont accoustomé de 
faire. > (n. e.) 

(4) Les chapelets ue se montrent qu'au xiii* siècle et furent d'abord connus sous le nom de patenoêtreê : c Une femme 

Sui tenoit unes vatemostres en sa main. » (Miracles S* Loys, p. 131.) Le conrnmn des fidèles se contentait de patenôtres 
'os, de corne, d'ivoire, de corail, de nacre , d'ambre , de jais. Mais les opulents avaient des chapelets d'or : c Unes 
patenostres esmaillées, pendans a une croix où il y a pierres et perles. » (De Laborde . Emaux, p. 433, xiv* siècle.) Louis 
XJ ne laissait pendre à sa robe grise que des chapelets à gros grains de bois, mais 01. de la Marche (Parement des dames) 
attache au nœud de la ceinture des dames un chapelet en perles de cassidoines. Il en était de même a TaUMiTe de ThèlèiDet: 
de Rabelais. Cependant les financières, au temps de^ Charles IX, portaient de clonipies patennof tes blanches, fuctes de jMtites 
rouelles de raves. » (Quicherat, 410.) Dès le xiv« siècle, il y avait trois corporations de patenàtriers ; en Juillet iS05, il*= 
furent confondus avec les boutonnlers d'émail ; en 1718, on les réunit aux plumassiers. (n. b.) 



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VARIANTES * 
CHAPELET. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 226. 
Chapellet. UAmaot rendu cordelier, p. 591. 
Chappelet. Froissart, liv. It P- 197. 
Chappellet. L'Am. rendu cordelier, p. 355. 
Kapelet. Mounios, Poês. MSS. du Vat. n* 1490. 

Chapelier, subst. masc. Ce mot subsiste. On 
distinguoit autrefois plusieurs sortes ie chapeliers : 
cimpelier de fleurs, chapelier de feutre, de coton^ 
et chapelier de paon. (Voyez la Table des métiers 
de Paris. MS. Meinière, p. 41.) (1) 

Chapelier, adj. On a dit fleur chapeliere et 
lierre chapelier, pour fleur et lierre propres à faire 
des couronnes et guirlandes. (Epith. de M. de la 
Porte. ' — Voyez ci-dessus Cuapeau.) 

VARIANTES * 

CHAPELIER. Epith. de M. de la Porte. 

CHAPPELIER'Ibld. 

Chapelier. [Intercalez Chapelier, qui dans 
Agolant (y. 1033) paraît synonyme de chape et 
amené par la rime : 

Trenchie son hiaume desi qu*el chapelier 
Sor les espàules en gisent li quartier.] (N. E.) 

Chapelin, subst. masc. Chapelain. — Prêtre. 
— Curé. 

Nous ne disons plus chapelain que pour désigner 
celui qui dessert une chapelle ; mais ce mot se pre- 
noit autrefois dans une acception plus étendue. 
Par exemple, il désigne, dans le passage suivant, 
un officier de la justice d'un évéque : 

Fêtes le savoir, de par moi, 
A dant Pépin le chapelain, 
Qu'il face venir le vilain : 
L'en le fait maintenant savoir 
A dant Pépin qu'il face aUoir 
Celui à cort. et il si fait. 

Fabf. MSS. du R.n« 7615. T. H. fol. 181, V col. 2. 

On le dérive, ainsi que le mot chapelle, de la 
chape deSaint-Mariîn(2),quisegardoitdanslé palais 
de nos rois, et qu'ils laisoient porter à la tête de 
leurs armées. (Voyez Mabillon, Diplom.)On trouve, 
en 1348, un Denys-le-Grant « premier chappelain 



« du roy », dans une citation de Du Gange, au mot 
Capellani (3) : « L'abbé Wallafridu8,dans la compa- 
« raison qu'il fait des ducs avec les métropolitains 
« et des comtes avec les évéques, dit que ce 
« que les François appellent grands chapelains^ 

< sont entre les ecclésiastiques ce que sont les 
« comtes palatins, ou du palais (qu'il appelle aussi 
« préteurs), entre les dignités séculières : car tout 
« ainsi (dit-il) que Testât de ceux-cy est d'examiner, 
« et juger les causes des séculiers, aussi ceux-là sont 
« juges entre les clercs; puis il adjouste : que les 
« petits chapelains sont semblables à ceux qu'eux 

< appellent du nom, et à la manière des Gaulois 
« vassos dominicos. Ges deux sortes de chapelains 
« ont pris leur nom de la chappe de Saint-Martin. » 
(Pithou, des comtes de Ghampagne, Goût. deTroyes, 
p. 556.) 

Le mot chapelain^ capellan, dans nos anciens 
auteurs, désigne souvent en général un prêtre : 

Voudroye moult estre confès; 
Je sçay un chapelain cy-près. 

PeroeTal, dië par Borel. 

G'est en ce sens qu'on lit : 

De tous les capellans 
S'estimera le plus haut en degré. 

Crétin, p. 184. 

En patois languedocien, tout prêtre séculier se 
nomme capelas (4) ou capelo. (Borel et Du Gange, au 
mot Capellani.) 

Enfin chapellainei, en langage limousin, chapelo 
ont quelquefois signifié curé. « La solennité du 
« testament est requis, et suffist qu'il soit fait, et 
« passé en la main d'un notaire, avec deux tes- 
« moings, ou aussi es présence de deux notaires, 
a ou que le testament '«oit escrit, ou signé de la 
« main du testateur, ou passé par devant le rec- 
« teur, ou chapellain de la cure où est fait le dit 
« testament, presens deux tesmoings. » (Goût. 
d'Auxerre, Goût. Gén. T. I, p. 230.) « On leur fait 
« faire testament qui procède trop plus de la vo- 
« lonlé du chappelain, ou curé, ou d'autre suggé- 



ri) Voir les notes sous chapeau, chapeau de fleurs, etc. Le féminin est dans le Ménagier de Paria (11,4) : c Une chappeliere 
qui livrera chappeaulx le jour des nopces. i (N. E.) 

(2) Voir plus haut sous chape, (n. ï.) 

(3) A l'origine) les chapelains gardaient la chape de S* Martin et les châsses aux reUoues, dans le palais des rois comm« 
dans les camps. (Voir walafdde Strabon , Honorius Augustus.) C'est qu'alors on aousait du serment : Tentrevue de 
GuiUaume et de Harold en est une preuve^ et la renommée des reliques mtimidait seule les parjures. Restes sacrés et 
chapclainh étaient nomades comme les rois eux-mêmes, et la châsse aux reliques servit souvent d'autel ; aussi Charlemagne 
ne leur appliqua pas le capitulaire de 769, qui défend aux ecclésiastiques de paraître dans les armées, et cette disposition 
s'est conservée jusqu'aux temps modernes ; Yarchichapelain de l'empereur était Yapocrisiaire , c quem , écrit Hincmar 
(de Ord. Palatii, 16), nostrates capellanum, vel palatii custodem appellant. » Il ajoute que cette dignité se confondait avec 
celle de chancelier c sociaretur suminus cancellanus i» ; cette confusion durait encore au xi" siècle, et Bauduin, dans une 
charte de 4047, est nommé tour-à-tour chancelier et archichapelain du roi Henri. (CZartul. de S» Fére de Chartres.) Ces 
chapelains eurent un rôle important auprès des rois, dont ils furent les conseillers au spirituel et peut-être les directeurs 
au temporel. Au xiv* siècle, ils avaient la surveillance spéciale des reliques de la Sainte-Chapelle , comme le prouve la 
charte suivante (Du Cange, II, 127, col. 2) : c Sçachent ion^ que je Denys le Grant, premier chappelain du Roy nostre Sire, 
cognois avoir eu et resceii de honor. sages et pourveu les Trésoriers du rov n. d. seigneur à Paris .xxtui. livres paris, 
pour venir de Bourbel sur Saine à Paris pour quérir les saintes reUques de la Sainte-Chapelle du Palais à Paris , pour les 
conduire à l'Abbaye du Lys, où le roy n. d. S. sera à ceste sainte prochaine feste de Pasques, pour les ramener et conduire 
ariere du Lys à Paris, pour moy retourner au lieu, où le roy nostre dit seigneur sera, pour paier les xviu escoliers , qui y 
ont accoustumé à venir, et pour faire toutes les autres choses, qui y ont esté accoustumées à faire, En tesmoin de laquela 
chose je ay sellée ceete présente cedule de mon propre seel le mardy .vii. jour d'avril l'an .mcccxlviii. i Ce chapelain 
reçut, sous Charles VIIi, le titre de grand aumônier du Roy. Une ordonnance de François I*' (154S) en fii le grand 
aumônier de France. (N, s.) 

(4) La forme catalane est aujourd'hui ofpe/tô ; les Provençaux disent a^pelan. (n. b.) 



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« rant estant près des dits malades, que la leur. » 
(Coût, de Troyes, au Coût. Gén. T. I, p. 432.) 

On trouve le titre de chapelain de la Canoisie de 
Clermont [peut-être pour chapelain ou prêtre du 
chapitre des chanoines] dans les Pr. de THist. de 
Beauvais par un bénédictin, p. 273, tit. de 1167. 

Le chapelain^ dans la maison des seigneurs, ser- 
voit de secrétaire et peut-être de chancelier. Odes 
duc de Bourg, dit : « Par la main de. . . . mon 
« chapelain, pardevant. . . . mon seneschaut. . . . 
« mon mareschaut et mon chambulant. » (Perard, 
Hist. de Bourgogne, p. 300, lit. de 1213.) (1) 

VARIANTES : 

CHAPELIN. Percev. dans Borel. 

Ghappelain (2). Goût, de Troyes, Goût. Gén. T. I. p. 432. 

Ghapelain. Pithou. Goût, de Troyes, p. 556. 

Ghaple'ine. Litlleton. fol. 143. 

Gapellën. Gloss. de Marot. 

Gapellan, Crétin, p. 184. 

Gapelan. Nicot, Oudin, Dict. 

Gapelas. Du Gange au mot Capellani, 

Gapelo. Borel, Dict. au mot Chapelain, 

Ghapelo. Apol. Hérodote, p . 535. 

Ghapbl. Fabl. MSS. du R. n<» 7218, fol. 235. 

Chapelle, subst, fém. Lieu consacré à Dieu. — 
Chambre du trésor des archives. — Musique. — 
Ornemens d'église. — Petite chape, habillement. 
— Alambic. (3) 

Ce mot, qui, suivant Mabillon, Du Gange, Galand, 
Fauchet, Pithou, Daniel et tous nos auteurs, tire 
son origine de la chape Saint-Martin^ conservée 
dans le palais de nos rois sous la garde de leurs 
chapelains, et qu'on portoit à la tète des armées, 
s'est dit communément et se dit encore pour un 
lieu consacré à Dieu. Nous avons parlé des cha- 
pelles castrâtes (ci-dessus au mot Castral). 

On a aussi nommé chapelle la chambre, ou 
trésor, où Ton gardoit les registres et les actes pu- 
blics, les archives de la couronne. (Voyez l'Hist. des 
contestations sur la diplom. p. 65, et une Disserta- 
tion sur les primaties d'Allemagne, dans le journal 
de Trévoux, juin 1730, p. 1085.) 

Le mot chapelle a été employé pour la musique 
même de la chapelle du roi : 

G*est un déduict d*oyr teUe chapelle (4). 

Cretio, page 00. 

Cet auteur compare, en cet endroit, le plaisir que 
fait aux chasseurs la voix des chiens à celui de la 
musique de la chapelle du roi ; comparaison pro- 
fane dont il avoit pris le modèle dans les auteurs 
delà chasse qui Tavoient précédé. 

On appelle encore aujourd'hui chapelle tous les 
ornemens, vases, etc , que les rois ou les grands 



seigneurs ont pour le service de leurs chapelles, 
(Voyez Capella, pris dans le même sens, au Gloss. 
lat. de Du Gange, et Jie Testam. de Louis duc 
d'Anjou en 1383, rapporte par Godefroi. Anaot. sur 
l'Hist. de Charles VI, p. 764). 

Nous avons dit que chapelle venoit de chnpe^ et 
nous trouvons aussi chapelle, comme diminutif de 
chape, habillement. Froissart, parlant de Telepbus 
dont les moutons furent changés en oiseaux, dit : 

Meismes les oiseaux Tonnourent (llionorèrent), 
£t au son de sa vois akeurent (accoururent), 
Il les escliCTe (siffle)^ il les appelle 
Il lor est courtine (rideau) et chapelle^ 
A la pluie, au vent, à Torage. 

Froi«s«ri, Pom. MSS. p. 35i. col. 2. 

On nomme encore cliapelle le couvercle d'un 
alambic. On prenoit autrefois ce mot pourTalambic 
même. Nicot dit : « Eaux distillées en chapelle, » 
pour à l'alambic ; et Le Duchat, sur Rabelais, T. lY, 
p. 108, cite ce vers de Marot : 

La chappelle où se lont eaux odoriférentes. 

Rabelais, au lieu cilé, dit chapelle d'eau ro$c 
pour alambic à distiller l'eau rose (5). 

Nous finirons cet article en remarquant celle 
expression figurée que rapporte Oudin dans ses 
Dictionn. et dans ses Gur. franc.: chapelle noire^ 
jeu de paume. 

VARIANTES : 

CHAPELLE. Orth. subsistante (6>. 

Ch APPELE. Loix Norni. art. 1. Dans la trad. lat. capella, 

Chappelle. Marot cité par Le Duch. sur Rab. T. IV, p. i06. 

Chapelier (se), verbe. Se couronner. De 
Chapel ci-dessus, pour couronne. (Bouchet, Serées, 
iiv. 1, p. 31, et l'art. Chapeau.) 

Chapellote, subst. fém. Petite chapelle. 

Icy sers Dieu en ceste chapellote. 

Crétin, p. tlO. 

Pour ce qu'il fait faire une c/iappelete 
En son hostel. 

Eosl. Desch. Poét. MSS. fol. i06. col. i. 

(Voyez CiuPETTE ci-après.) 

VARIANTES : 

CHAPELLOTE. CreUn, p. 210. 

CuAPPELBTE. Eust. Desch. Poês. MSS. foL 908, col. 2. 

Ghaperez. [Intercalez Chaperez^ qui au le- 
gistre 34 bis du Trésor des Chartes, part, i, fol. 60. 

Sarait signifler équarri; il s'agit de la forêt 
^Orléans: « Homines sanctse Crucis de Trine.... 
« sumunt... in vivo furcatn, et festam, et tignuro 
« chaperez, et palum pugilarem. »] (n. b.) 



(1) Citons ce proverbe du xvi" siècle (Gabr. Meurier, Trésor des Sentences) : < Conune chante le chapelain. Ainsi répoml 
le sacristain. » (N. e.) 

(2) La forme est dans les Saxons (XXV) et dans Thomas le Martyr (108). (N. E.) 

(3) Enfin chapelle a aussi le sens de chapeUenie ou bénéfice de cnapelain : c Pour Tame dlcellui prestre, Loys Baille doit 
fonder de sa rente une vicairie ou chapelle. » (JJ. 138, p. 154, an. 1389.) (n. e.^ 

(4) Au xvni" siècle , une des trois divisions du service religieux , dans la maison royale , se nommott chapelle 
musique. (N. E.} 

(5) Au XIV* siècle, le Ménagier écrivait : f pour faire eaue rose sans chappelle. i (II, 5). On lit au xv* siècle (JJ. 181 j p. KK, 
an. 1452) : < Une chapelle de plomb à faire eau rose, laquelle povoit valoir six solz .vm. deniers. » Et eacore an xvr 
(Paré, XXV, 24) : c La vapeur par réfrigération du sommet de la chapelle et alembic descend au receptoire. i (M. B.) 

(6) Le mot est déjà dans Roland (str. IV) : c Charles sera ad Aie à sa capelle. i (n. k.) 



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Chaperon (i), subst. masc^ Habillement de léte. 
— Marque dislinclive. — Marque de deuil. — Nom 
de faclion.-Nous ne parlerons point des acceptions 
que ce mot conserve encore aujourd'hui. 

Le chaperon étoit, autrefois, un habillement de 
télé que Ton portoit communémenlet dont Tusage, 
après avoir éprouvé quantité de changemens, 
s'est presque entièrement aboli. Il n'en reste plus 
que de foibles traces dans les chaperons des aoc- 
teurs et de quelques religieux. (Voyez, sur l'usage 
des chaperons, Pasquier, Rech. page 685 ; Garasse, 
Rech. des Rech. p. 252 et 256 ; Gloss. de Du Gange, 
aux mots Caparo, Capelletum, Caputium, Chaparo^ 
etc., etc ) On disoit autrefois caperon. 

EmbroDchies (enfoncé) mon caperon. 

Thieb. de Blason, Poés. IISS. avant 1300, T. UI. p. 1011. 

Il y avoit quantité de sortes de cliaperons : 

V Chaperon ou bourlet descarlatte, (Oliv. de la 
Marche, liv. I, p. 268; La Colomb. T. II, p. 326.) 

2** Chaperon à aureilles de lièvre. (Rab. T. III, 
page 132.) 

3* Chaperon fait en poupée{2). {Clém.MsiroU p. 17.) 

A" Chaperon à courtes cornettes. (Vigil. de 
Charles VII, T. II, p. 168.) 



5* Chaperon de Pontoise. (Coquillart, p. 7.) 
6" Chaperon fourré. (Voyez ci-après.) 
Dès le temps de Nicot, le chaperon n'étoit plus 
d*usage pour les hommes : « Les seuls qui sont de 
« robe longue, et aucuns magistrats politiques en 
« usent, le portant sur l'épaule, là ou anciennement 
« tous François leportoient différemment (3) » mais 
il étoit encore en usage pour les femmes. « C'étoit 
« l'atour, et habillement de teste des femmes de 
« France, que les damoiselles portent de velours, à 
« queue pendant, touret levé, et oreillettes atour- 
« nées de dorures, autrement appelle coquille; et 
« les bourgeoises de drap, toute la cornette quar- 
« rée, hormis les nourrices des enfans du Roy, 
« lesquelles le portent de velours à la dite façon 
« bourgeoise. * (Nicot, Dict.) 

Selon ce qu'on vient de voir, le chaperon étoit 
devenu, pour les hommes, une marque de dignité. 
Lorsque l'usage des chaperons étoit général, la 
marque de dignité étoit le chaperon fourré : 

J*ai veslu ma chappe d'honneur, 
Mon chapyeroii fourré pour lire. 

Coquillart, p. 3. 

Comme les gens d'église et de robe gouvernoient 
les finances sous Charles V et VI, on les désignoit 



(1) Les chroniques françaises appellent chaperon le capuchon blanc de la confrérie du Puy, en 1182 (dont nous avons 
commencé Thistoire au t. III, p. 22d, note 5). Cette confrérie voulut réprimer la tyrannie des seigneurs , comme eUe avait 
réprimé les excès des soudards. Le clergé et le roi se tournèrent alors contre elle, a Les frères encapuchonnés se virent 
traqués à leur tour. Leur coiffure fut proscrite comme un emblème séditieux. Toutefois il en resta quelque chose. Des 
personnes de condition, qui Tavaient portée et s*en étaient trouvées bien, partirent de là pour se faire faire des capuchons 
plus petits et qui n'étaient plus de toile blanche, mais de drap, et de toutes les couleurs, j» (Quicherat , Costume , 160-161.) 
'^'était un chaperon, une chape à capuchon : il ressemblait au scapulaire des chartreux. Au xiii* siècle, le chaperon prend 



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p. 297, note 3, ce que devinrent les autres pièces dans cette métamorphose du domino en casquette. Sous les trois premiers 
Valois, la cornette s'allongea encore et vint battre les jambes comme une queue de bête, auand elle ne fournissait pas un 
tour de tête bien étoffé. Bientôt eUe retomba sur uneépaule et de là jusqu à la ceinture, dans laquelle elle fut engagée. Au 
XY* siècle, les dames surmontaient leurs atours (II, 29v, note 2) d'un chaperon. Sous Charles VII, c le chaperon se portait 
aussi souvent sur Tépaule que sur le chef. FaUait-il s'en couvrir, c'était toute une affaire que de chercher l'ouverture, d'en 
relever les bords, d'arranger les plis de la patte [l'ancien guleron\ et de la cornette. Afin de s'épargner ce travail , on 
adopta des chaperons tout bâtis pour Teffet au'ils avaient à produire. Une coiffe entourée d'un bourrelet eut pour appendices 
deux pièces d'étoffe représentant la patte et la cornette. Dès lors rien de plus facile que de mettre et d'ôter son chaperon. 
Lorsqu'il était ôté, on raccrochait à une agrafe ou à un bouton cousu sur l'épaule de Vhabit, la cornette pendant par devant. 
(Quicherat, Costume, 281.^ Sous Charles VII, le chaperon est délaissé par les nommes et Tatour des dames ne veut j^usétra 
couronné par lui. Cependant une favorite du vieux roi porta le nom ae madame des Chaperons. Enfin les bourgeoises, sous 
Louis XI, prenn<^nt son parti et en font une sortie de bal retroussée sur le front , et tombant le lon^ des oreilles pour 
recouvrir la nuque. Sous Charles YIII et Louis XII, la capeline se transforme en une pièce de drap, satin, damas ou velours; 
noir pour les dames nobles, il est écarlate pour les bourgeoises et s'attache sur la coiffe avec des épingles. On le retrousse 
pour dégager le front et un tour de visage nommé templette par 0. de la Marche. (Parement des Dames?) Sous François P^, 
l'accoutrement à la française comporte un chaperon de velours à queue pendante. A Dax , il avait même une corne par 
devant c pour prendre les folz », aisait une dame du pays. Sous Henri II et François II, le chaperon fut ajusté. Montaigne 
parle encore de c cette longue queue de veloux plissé qui prend aux testes des femmes. » Les campagnes furent toujours 
en retard sur la ville ; au xv« siècle, on portait le chaperon à cornes latérales et longue queue de 1340 ; le chaperon en 
forme de capeline s'est maintenu jusqu'à ces derniers temps dans les villages de la France centrale. Pendant la minorité 
de Louis Xltl, le chaperon se plia aux convenances de la perruque des dames, c On en allongea la pointe sur le front et 
l'on retroussa la queue, qu'on attachait par des épingles sur le derrière de la tête. » On coupa cette queue entre 1612 et 
1620, ce qui fut le coup de grâce de cette antique coiffure. Les marchandes des rues, les petites bourgeoises de certaines 
provinces en firent une bande de velours entourant leur bonnet blanc. Les veuves de naute volée le portèrent encore 
sous le nom de pointe, mais il disparut avec Anne d'Autriche. (N. E.) 




Les cheveux en passe-fillon, Et l'œil gay en esmenllon. Souple, droicte comme une gaule. » (N. E.) 




appendices. » (Quicherat, id. 322.) (N. B.) 



CH 



— 882 — 



CH 



par chapperons fourrés (I). Du Guesclin, recevant 
Tordre du roi de casser les soudoyers, faute d'argent 
pour les payer, en fait des plaintes amères, en ces 
termes : « Mais foy que je doy à Dieu, se il me vou- 
« loit croire, il feroil visiter les chapperons fourrez^ 
• dont il deust estre aidié, qui reçoivent le sien, 
« dont le menu peuple est tellement grevé. « (Hist. 
de B. Du Guescl. par Mén. p. 452.) Il continue ainsi, 
en s'adressant au roi, en ces termes : « Que ne 
« faites vous saillir ces grans sommes de deniers 
« que Ten cueille par le royaume sur marchans, et 
« pouvres gens: tant d'impositions, treizième et 
« quatorzième, comme fouages, et gabelles, le 
« dixième ne vient à vostre prouffit, et puisque 
« ainsi est, faites tout abatre, afin que le peuple se 
« resjoysse, et faites venir avant les chapperons 
« fourrez; c'est assavoir prelaz, et advocaz qui 
« mengent les gens : à tels gens doit on faire ouvrir 
« leurs coffres. » (Ibid. p. 458.) 

Eustache Deschamps, déclamant contre les prélats 
de son temps, s'exprime ainsi : 

En acquitant aucune debte 
Aux bons chevaUers de la terre, 
Pour la frontière, et pour la guerre 
Ou pour le prince du pays, 
Ou*a telz chaperons esoanys^ 
Quant ilz voient œuvre de fait. 

Eust. Desch. Pocs. IISS. fol. 522, ool. 4. 

Il les désigne par chaperons fourrez. (Ibid. f. 520.) 

Une fille de chambre à chaperon étoit une demoi- 
selie au service d'une dame, et dont la naissance 
étoit désignée par le chaperon (2). On lit dans la 
69* nouvelle intitulée : « Un gentilhomme pensant 
« accoUer en secret une des damoiselles de sa 
< femme, et par elle surpris, s'apperceut qu'il 
« faisoit fort bonne chère à une femme de chambre 
« à chapperon, qu'elle avoit. » (Contes de la Royne 
de Navarre, p. 311.) 

Les confrères de la confrérie de S* Andry, établie 
dans la paroisse S* Eustache en 1418, prirent, pour 
marque distinctive un chaperon de roses {S). (Journ. 
de Paris, sous Charles VI et VII, p. 39.) 

Il y avoit des chaperons de deuil que l'on porloit 
dans les grands deuils seulement, et qui cacnoient 
tout le visage (4). (Vovez les Uonn. de la Cour, us. 
p. 68; Le Duchat, sur Rab. T. II, p. 69.) 



Enfin, chaperon fut un nom de faction. Il y en eut 
deux qui furent désignées par ce mot. La première, 
des clmperons mi-partis de rougei et de bleu^ sous le 
roi Jean en 1357 (5) ; la seconde, des chaperom 
blancs, sous Charles VI, en 1413 (6). 

Voici quelques expressions particulières : 

1* Le moule du chaperon , c'est-à-dire la tète. 
< Le boureau lui trancha la moitié, et le moule de 
son chaperon. » (J. Charlier, Hist. de Charles VII, 
page 284.) 

2» Donner chaperon, pour battre. « Après que sa 
« femme lui eut bien crié mercy, ce luy fut force 
« de demeurer là : mais pensez que ce ne fut pas 
« sans lui donner dronos et chaperon de mesme. • 
(Contes de Des Perr. T. II, p. 26.) 

30 Oster la plume du chaperon, c'étoit flatter, 
ôter une plume, un duvet qui se seroit attaché sur 
le chaperon, rendre avec affectation de bons services. 
C'est en ce sens qu'il est pris, en ce passage, où 
l'auteur, soutenant l'indépendance de la couronne 
de France contre les prétentions chimériques de 
l'Empereur, s'exprime ainsi : « Et ne dy cecy 
« pour nule flaterie, ne pour oster la plume du 
« chaperon du roy de France, mais je le dy, car 
» je croy que ce soit pure vérité. » (L'Arbre des 
Bat. Ms. fol. 150.) 

4" On a dit : sentir le vent du chaperon, en par- 
lant des gens qui, passant de l'ordre particulier aux 
dignilés de l'Etat, prennent un esprit et des senti- 
mens informes à leur place, et souvent entière- 
ment opposés à ceux qu'ils avoient auparavant. 
« Ceux qui les avoyent ouï parler, avant qu'ils fus- 
« sent en Testât, et voyoyent leur parole changée, 
« n'estimoient pas que ceste diversité leur vint de 
« cognoissance plus parfaite, mais d^avoir senti le 
« vent du chapperon (7), et esté converti par les 
« autres. » (DisGOurs de Machiavel sur Tite-Live, 
page 193.) 

On trouvera dans le Dict. de Cotgrave, et dans 
les Rech. de Pasquier, p. 685, divers proverbes sur 
le mot chapperon; nous nous contenterons à% 
rapporter les suivans : 

I*' Qui n'a teste ^ n'a besoin de chaperon. (Dict. 
de Borel .) 



(1) On disait aussi chats fourrés (voir, sur chats, rhistorique et les exemples), (n. b.) 

[^ Il y a ici un contre-sens ; le ffentilnomme prit pour une soubrette accorte, un vieux chaperon^ une duègne, (n. b.) 

ÎB) Voir, en ce cas, chapeau de fleurs, (n. e.) 
4) Il ne faut pas confondre les chaperons de deuil avec les chaperons embrouchés, qu*on portait sous Charles YI dans les 
travestissements et qui couvraient entièrement la figure, f Les vauriens s*emparèrent de cette mode pour faire de mauvais 
coups sans être reconnus. Elle fut défendue par un ëdit de 1399. 1 (n. e.) 

^) En 1357, Etienne Marcel coiffa le futur Charles V de ce chapero7iAe jour où furent assassinés, sous ses yeux, Robert 
de Glermont, le maréchal de Champagne et le chanoine Simon de Bussi : c On 11 donna un des capperons à porter. > 
(Froissart, VI, 38.) (n. e.) 

(6) Le chaperon coiCTa les compi^nons de Jacques d*Artevelde au xiv« siècle, comme la coalition d'Armagnacs et dt 
Bourguignons, victorieuse en 1413 des Cabochiens qui, en 1411, avaient fait prendre aux Parisiens le ehaperon bteu. La 
division des partis persista sous le chaperon blanc. Les Bourguignons portaient la cornette à droite, et les Armagnacs à 
|Auche. Cela donna lieu à une scène que raconte ainsi Juvenal des Ursins : c Hors estoit monseigneur le Daulphin à UM 
fenestre tout droit, qui avoit son chaperon blanc sur sa teste, la patte du costé dextre et la cornette du costé senestre, et 
menoit la ditte cornette ei\ venant dessous lo costé dextre, en façon de bande : laquelle chose apperceurent ancuns des 
bouchers et autres de leur Ugue. Dont y eut aucuns qui dirent alors : c Regardez ce bon enfant de Daulphin, qu i met sa 
cornette en forme que les Armagnacs le font. Il nous courroucera une fois'f i Le chaperon sauva le dauphin de 1367 elfûUtt 
perdre celui de 1413. (n. b.) 

(!) Chaperon a ici le sens de conseUler^ qui vous souffle, vous chapitre, vous chaperonne. (N. b.) 



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î- 



Car il avcient li larron 

Trois testes dans un chaperon (1). 

Froisiwi, Poêc. MSS. page 378, eol. i. 



Nous disons encore : deux têtes dans un bonjiet. 
Les vers suivans, sur le concordai de Léon X (2), font 
allusion à cette façon de parler. Je les tiens de 
M. de Fontenelle qui m'a dit les avoir entendu 
réciter à son père : 

PopulSf clereque /k, 
Tout ce que tu as est raflé : 
Bex noster, et papa 
Sunt «u6 eadern capâ; 
Et dicuntf do ut des^ 
Catpha et Herodes, 

YARUNTES : 

CHàPERON. Oudin, Dict. 

Chapperon. Ck>quillart, p. 3. 

Caperon. Poës. MSS. av. 4300, T. III, p. IMi. 

Chaperonnée, subst fém. [Intercalez Chape- 
ronnée, mesure de la contenance d'un chaperon 
pour le sel et les fruits: « Item à prendre... deux 
« ou trois chaperonnées de sel... Item environ 
« plain chaperon de raisins. » (JJ. 120, p. 248, an. 
1382.)] (N. E.) 

Chaperonner, verbe^ Saluer du chaperon. — 
Avoir des égards. 

Ce mot, au sens propre, signifie saluer du chape- 
ron. (Oudin, Nicot ; voy. Lelt. de Pasq. T. l, p. 164 ; 
Id. Rech. p. 685.) 

De là, on a employé ce mot pour signifier, en 
général, toute marque d'égards et de respect. 
« Puisqu'icelle n'avoit plus ny père, ny mère, qu'il 
« fallut chapronner, et qu'elle, estant maîtresse a 
« présent de soy et de ses biens, elle pourroit se 
< condescendre à ses prières. » (Vrai et parfait 
amour, fol. 117.) 

VARIANTES : 

CHAPERONNER. Nicot, Oudin, Dict. 

Chappsronner. 

Chapromner. Vrai et part, amour, fol. 118, R*. 

Ghaperonnette , subst. fém. Bourgeoise (3). 
(Dict. dOudin.) 

Ghaperonnense , subst. fém. [Intercalez 
Chaperonneuse dans l'expression chaperonneuse 
f Anjou, sorte de chaperon : « Le suppliant de- 
« manda à uns compaignon s'il n'avoit point veu 
« une jeune fille, qui portast chaperonneuse 
« d'Anjou;.,, lequel lui dist... qu'il avoit veu une 
« jeune fille,... qui avoist une robe de bureau 
« jusques à my cuisses et ung meschant chapeau. » 
(JJ. 205, p. 53, an. 1478.)] (n. e.) 



Chaperonnier, subst. masc. Marchand ou fai- 
seur de chaperons. On disoit au féminin chappe- 
ronnière. (Voy. Caquets de l'Accouchée, p. 57. — 
Villon, p. 32.) 

VARIANTES ! 

CHAPERONNIER. Ord. des R. de Fr. T. UI, p. 585. 
Chapperonnier. Oudin, Nicot, etc., Dictionnaire. 

Chapete, subst. fém. Manteau. Diminutif de 
chape, habillement. 

Pour le froit, en sa chapete 
Se tapist, lès un buisson ; 
En sa flehute regrete, 
Garinet et Robegon. 
Huetde S. Quentin, Poés. MSS. av. 1300. T. III, p. li&8. 

Le bonhomme à la chappette noire, désigne le 
chapelain de Vénus, dans Percef. (Vol. VI, ^ 25.) 

VARIANTES : 

CHAPETE. Poës. MSS. av. 4300, T. III, p. 1253. 
Chappette. Percefor. Vol. VI, fol. 25, fi«. 

Chapeto, subst. masc. Espiègle, badin. Mot du 
patois d'Auvergne usité en ce sens, suivant Du 
Gange, au mot Capetus (4). 

Chapier (5), subst. masc. Clapier. — Lieu de 
débauche. 

Nicot explique au premier sens : « clapier, tan- 
« niere, tas de pierre où les conils font leur 
« retraite, » et Du Gange atteste que Ton dit ei 
provençal clapié de pexjre, pour tas de pierre. Les 
oreilles servent aux chats « quand ils entrent 
« dans les chapiers, à empescher que la terre n'en- 
« tre dans le conduit de Touie. » (Bouch. Serées, 
liv. II, p. 47.) 

On a employé ce mot, pour désigner un lieu de 
débauche. (Du Gange, au mot Gynœceum-) Il semble 
avoir cette signiHcation dans les deux passages sui- 
vans : « Il y voyoil aussi plusieurs madames , 
« femmes de nobles personnes, et autres, sortans 
« de dessous de grands chappiers, vrayes montures 
« de Satan, se prostituer aux diables. > (Herlin 
Gocaie, T. II, p. 270.) 

S'une fois vous trouvés en mue, 
C'est à savoir en leur clapier j 
Fussies-vous cent fois épervier, 
Us vous feront devenir grue. 

Le BU», det FanlcM amovrt, p. 265. 

variantes: 

CHAPIER. Bouch. Serées, Uv. II, p. 47. 
Chappier. MerUn Cocaie, T. II, p. 270. 
Clapié. Du Gange, Gloss. lat. au mot Claperius. 
Clapibr. Blason des Faulces Amours, p. 265. 
Clappyer. J. d'Auton, Ann. de Louis XII, fol. 90, V«. 
Clappier. Oudin, Dict. 
Glapier. 



(1) Le sens est le même dans Froissart, racontant la mort de Jacques d'Artevelde (IV, 315) : c Si.toat cm'U le veirent, il 
oommencièrent à murmurer et à bouter .m. tieatea en un caperon. » rïous dirions aujourd'hui : Ils firent chorus et crièrent 
à l'unisson. 11 y a une nuance dans la Rose (v. 12268) : c Et par si grant devocion Faisoient leur confession Que deux testes 
avoient ensembles En ung chaperon. Ce me semble. » (n. e.) 

(2) Il s'agit là du Concordat de 1516, fort mal accueilU par le Parlement (Voir Rivalité de François I'' et Charles Quint, 
par Miffnet, 1, 1)9, Paris, Didier, 1876, 2 vol. in-12.) (n. b.) 

(3) Nous avons vu que les bourgeoises, au temps de Louis XI, imitèrent Madame des chaperons, cette maîtresse du vieux 
:Gharle8 VU, et firent partager au chaperon le crédit dont eUes jouissaient alors, (n. e.) 

(4) c Arvemis chapeto etiamnum dicitur, qui alios lepidè vexât. » (D. C. II, 134, col. 3.) (n. e.) 

(5) Chapier ne se. trouve que dans des textes imprimés, et doit être une faute du compositeur, (n. b.) 



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Chapigner, verbe. [Intercalez Chapigner. 
frapper (Roman de Renarl, t. II, p. 292, v. 17547): 

Parmi le col le ho\isepij.'ne 
Durement le mort et chapigne.] (n. e.) 

Chapin, subst. masc. Borel explique ce mol 
par chapeau, et cite ce vers de Villon : 

Aller sans chausses, et chapin (i). 

Selon Corneille, qui cite le même vers, chapin 
signifie soulier. C'est une espèce de patin à l'usage 
des femmes, dans le Dict. de Cotgrave. Oudin Tin- 
terprète dans le sens le plus général de patin, 
galoche, sandale. Je pense que ce mot répond à 
celui d'escarpin. 

VARIANTES *. 

CHAPIN. Dict. de Borel. 
Chappin. Dict. de Cotgrave. 

Chapions, subst. masc. plur. Champions. Il 
semble que ce soit le sens de ce mot dans le pro- 
verbe suivant : 

Gloutenie de chapiwxs (2), 
Famine de poures clers. 
ProY. à la suite des Poct. MSS. avant 1300. T. IV, p. 165i. 

Chapitalement, adv. Capitulairement. « Les 
« autres disent en concluant chapitalement contre 
« luy, qu*il n'entend pas le tu autem. » (Moyen de 
Parv. p. 230.) 

Chapiteau, subst. masc. Auvent. (Gloss. de 
niist. de Paris.) 

Chapltel, subst. masc. Chapiteau. — Terme de 
chasse. 

On trouve, dans le Dict. de Borel, ce mol au 
premier sens de chapiteau (3). 

On employoit aussi ce mot, en termes de chasse, 
comme il paroit par le passage suivant : « Tendes 
« aux chardonnereux en unç chardonnay, et ostés 
tt les chardons d'cmmy la raiz (rets, filet), et aurés 
« es cage des chardonneltes pour appeller au cha- 
« pitel. » (Modus et Racio, fol. 81.) (4) 



Chapitoire, subst. masc. Chapitre. 

Onques plus coar (poltron) hom, ce dit Testoire, 
N'entra en abaie, n*en chapitoire. 

Rom. d'Aitdig. MS de S. 6. fol, 87, V*. col. i 

VARIANTES : 

CHAPITOIRE. Rom. d'Audig. MS. de S. G. foLOT.V», coLi 
Chapitle. Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 242, V» col. 1 

Chapitre, subst. masc. Correction, réprimande. 
— Espèce de poésie. — Article. 

Chapitre est pris pour correction, réprimande, 
dans ce passage : « Tous les bons frères soupirèrent 
« de deuil o^ant la bêtise de cet enfant, lequel foi 
< condamne d*avoir le petit chapitre (5), pour se sou- 
« venir qu*une autre fois il eut à prendre sa robbe à 
« belles dens. » (Moyen de Parven. p. 237.) On dit 
encore chapitrer y en ce sens, pour corriger. 

Il y avoit une sorte de poésie qu'on nommoit 
chapitre, et qui tiroit probablement ce nom de 
Tacception du mot chapitre, pour réprimande. 
C'est le sentiment de M. Goujet (Bibl. fr. T. D, 
p. 178), en parlant d'une pièce de Jodelle intitulée: 
Chapitre à sa muse^ et dans laquelle le poète que- 
relle sa muse. 

Le poète Heroet (6), qui vivoit sous François I", 
nomme, dans une de ses pièces, les diverses 
espèces de poésies usitées alors, et on y trouve le 
nom de chapitres : 

.... chansons, ballades, trioletz, 
Mottez, rondeaux, servantz, et virelaitz, 
Sonnetz, strambotz, barzeloltes, chapitre». 
Lyriques vers, chants royaux, et épistres 
Où consoler mes maux jadis souloye. 

Gooj. Bibl. fr. T. XI, p. i47 eC 148. 

Cliapitre signifioit, autrefois, ce qu'aujourd'hui 
nous nommons articles (7). On disoit chapitre, soit 
des lettres du roi, ou ordonnances, soit d'un traité 
depaix,soitdesconditionsd'unpasd'armes(8].(0rd. 
des R. de Fr. T. I, p. 436. — Lettres de Louis XII, 
t. II, p. 185. — Mém. d'Ol. de la Marche, liv. I, 
p. 201.) De là l'expression tenir chapitre dune 
chose, pour en faire mention, en faire un article. 
(Gacede la Bigne, des Déd. MS. fol. 32.) (9) 



(i) On Ut dans Tédition Jannet (1867, in-12^ p. 61), au Grand testament: a Aller sans chausses et chajmin, Tons les matins, 
quand il se Uève, Au liou de la roi^iûc de pin. d Chappin nous semble là, comme à Borel, un diminutif de chape. (N. B.) 

(2) On a oubUë la barre suscrite* à m, et il faut lire champion, comme au dit de Vapoêtoile. {xnv siècle, B. N., «ne. 
S* Germain, 1830.) Voir la note sous champion, (n. e.) 

(3) Le sens architectonique est dans Christine de Pisan (Dit de Poissy) : c Et ces dorures sur chapiteaux, et pommeaoz 
à pointures D'or et d'azur. » (n. e.) 

(4) Chapitele avait aussi le sens liturgique de chapitre : « Al terz jour en chapitele entrad. » (Vie de S> Thomas de 
Cantorbéry, ou Thomas le Martyr, p. 6&, col. 2.) (N. E.) 

(5) Ce sens est dans la satire Menippé (72) : c Ayant en plusieurs fois le chapitre, et le fouet diflàmatoire pour ses 
larcmz et meschancetez. » (n. e.) 

(6) Hérouet Antoine, évêque de Vigne en 1551, mourut en 1568. (N. E.) 

(7) C'est le sens de l'étymologie capitulum, d'où vient le latin capitulare et le français camtulaire. On le trouve «a 
XIV siècle : c Or oez les capitles qui h reis enveiat al baillis del pais. » (Th. le Martyr, 67.) — c Tel erent U capitel des leis 
le rei Henri. » (Id. 63.) (N. E.) 

(8) Capitulum a d'abord signifié les divisions des canons ecclésiastiques, qui faisaient article de foi. (Chroniques d*Anjoa, 
année 858.) Puis il a désigné une courte leçon qui, dans les offices, prenait la place de la leçon proprement dite. (D. C Ui 
150, col. 3.) Enfin ce fut le lieu où se réunissaient les religieux, parce qu'on y bsait la règle divisée par chapitres, c qood 
capitula ibi exiK>nantur. » écrit Papias. Bientôt le mot désigna la reunion des moines eux-môme^. Ce sens est français 
depuis le xii* siècle : c Neis en plain chapitle li oï um gehir; Ci sui venuz, fait-il, entre vuos mort suCErir. » (Th. le Martyr, 
145.) (N. E.) 

(9) Chapitre a, dans l'exemple, le sens de réunion comme dans le Testament de J. de Meung (115) : c De ce tiennent ai 
ciel sainz et saintes chapitre. » 11 est aussi dans La Fontaine : c J'ai maints chapitres vus qui pour néant se sont ainsi tennSt 
Chapitres, non de rats, mais chapitre» de moines, Voire chapitres de chanoines, i (Fables, II, 21.) (N. B«) 



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Pain de chapitre (1) est, à Rouen et dans quelques 
autres lieux, le nom d'un pain qu'on donne à 
chaque chanoine (Du Cange, au mot Panis cano- 
fiicus). Ce pain, selon Cotgrave, étoit très blanc, 
d'une pâte ferme et pesoit environ seize onces. 

On disoit proverbialement : 

MeUée de ribaus, 
Descort (discorde) de chapitre (2), 
Riote (batterie) de jugleor. 
ProT. à U tuite des Poét. MSS. av. 1300. T. IV, p. 1651. 

Ghaple» subst, masc. [Intercalez Chaple, combat, 
dérivé de capulare^ variante de caples^ qui est dans 
la Chanson de Roland (v. 1678, éd. L. Gautier) : 

Durs sunt li colps et U caplea est grefs. 

On lit dans G. Guiart à l'année 1264 : 

Le chaple commence aux espées. 

A l'année 1298: 

Le chaple as>és longuement dure. 

Le Roman de Wace (Du Cange, II, 150, col. 2) 
donne aussi : 

Au chaple des espées les feront enverses. 

Enfin on lit aux Etablissements de S* Louis (II, 
ch. 38): « Il doit montrer sanc ou plaie ou 
« descireure ou chaple, »] (n. e.) 

Ghaplecho, subst. masc. [Intercalez Chaplecho^ 
instrument de musique dans le Lyonnais : a Ung 
« nommé Copin jouoit du chaplecho par manière 
« d'esbatement en Taisant une aubade. » (JJ. 194, 
p. 343, an. 1471.)] (n. e.) 

Ghapleison^ subst. masc. [intercalez Cha- 
pleison^ dérivé de chaple, carnage, dans Aubri, 
p. 175, col. 1 : 

Là veisiés des Tiurii grant capliso^i. 

Dans la Chr. des ducs de Normandie (I, 122, 
V. 1171) : 

En la fuie ont iprant chapleison 
E si mortel occision.] (n. e.) 



Chaplement (3), subst. masc. Combat. L'action 
àechapler, combattre. 

Tous cens qu'à Ck)cherel furent au chaplement. 

Chron. de B. Du Guoscl. MS. 

(Du Cange, au mot Capulatura (4).) 

Chapon, subst. masc. Nous ne citons ce mot 
que pour remarquer son ancien usage, et quelques 
expressions auxquelles il a donné lieu. On nom- 
moit chapons,]es billets doux, dans le sens où nous 
disons encore aujourd'hui poulet. (Goujet, Bibl. fr. 
T. XIII. p. 302.) 

Faire chiere de chapon, signifioit avoir Tair 
timide, mal assuré, comme dans ces vers : 

Estrubert fu, et grans, et fort, 
Ne fist pas chiere de chapon ; 
Du regard resamble le lion. 

Esirub. Fabl. IISS. du R. n* 7996. p. 60. 

On àx^oiise coucher en chapon (5), pour se coucher 
de bonne heure. (Voyez Arr. Amor. p. 403. — Débat 
de folie et d'amour, fol. 99, V*. — Colgrave, Oudin, 
Dict. et Cur. fr.) 

Les chapons au blanc manger étoient une espèce 
de mets de notre ancienne cuisine dont on trouvera 
la description dans Le Duchat sur Rab. T, IV, 
p. 250 (6). 

Chappon de herbegaige, désigne un droit seigneu- 
rial payé par les vassaux d'une seigneurie, comme, 
dans quelques autres coutumes, on paye la poule 
de bourgeoisie (7) : - Les chapons de h£rbegaigesonl 
« prisez, les deux, pour un chappon de rente; et 
« doit avoir le chappon de rente couteaulx (plumes 
« de Taile) suffisans, et sin'estoyent suffisons (8), on 
« rabat de chacun cousteau deux deniers tournois, 
« si c'est des souverains (grands) couteaulx ; et si 
« c'est des petits, lors en rabat on, pour le couteau, 
« un denier tournois; et si le cMppon avoit esté 
« moins suffisant chappoué on en rabat trois 
« deniers tournois. » (Bout. Som. Rur. p. 504.) (9) 



(1) On ut dans TApologie pour Hérodote (Ch. XXII) : c II ne nous faut que considérer ce qu'on appelle vin théologal et ce 




pain... ne ram-u pas venir au pain aucahpiti^ef j» Rose~(Sat. Ménippé) dit dans sa harangue 
« Pourveu qu'U vous laisse le pain du chapitre. » C est ce qu'on appelait du pain de miséricorde ; les chanoines de 
Maffuelonne s*en faisaient servir aux fêtes de Noël. (Revue des Sociétés savantes, 1^73, tome 2«, p. 413.) (n. e.) 

(2) Les chapitres étaient loin de s'entendre, même au xvii* siècle, comme le prouve le Lutrin de Boileau : les livres 
n'y servent plus d'arguments, mais de projectiles. Dom Félibien rapporte même que les chanoines de Notre-Dame et ceux 
de la Sainte -Cliapelle en seraient venus au pugUat. (n. e.) 

(3) Chaploir est encore une sorte d'enclume, (n. e.) 

(4) Edition Henschel. II, 160, col. 2. (n. e.) 

(5) On lit dans Rabelais (d'après Leroux, Dict. Comique) : « Il mangea très bien ce soir et s'en alla coucher en chapon^ 
de la table au lit, ayant encore le morceau au bec. j» (n. e.) 

(6) On lit dans Rabelais {Pantagruel ^ lY, 69) : c Chappmxs roustiz avecques leur degoust, pouUes bouUlies et graz 
chajopoyis ou blanc manger, i (n. e.) 

Çt) Le chapon est estimé douze deniers au Livre des Métiers (9) : < n devra à chascuno fois, qui le perdra, un chapon ou 
douze deniers por le chapon à celui qui la coustume lou roy guardera de par le roi. » Beaumanoir en diminue la valeur 




en parlant 
chapons de 
rente. » ^n. e.) 

(9) Les proverbes et dictons sont assez nombreux : c Les mains faites en chapon rostis (Oudin, Cur. fir. 83) », c'est-à-dire 
les mains crochues ou ridées, c Qui mange chapon^ perdrix lui vient (Oudin, id.) », c'est-à-dire Teau va toujours à la rivière. 
Cotgrave ajoute : c Si tu te trouves sans chapon^ sois content de pain et d'oignons. » Enfin Le Roux de Lincy (1, 155) : 
c Jamais geline n'aipia cAafxm. » (N. s.) 

m. 49 



î- GH 

• ses haults faits pour y ponidre vaine gloire. > 
[Hist. de la Toison d'Or, vol. I, fol. 11.; « Par cape- 
<■ ronnées, et par humililé feinte, au peuple de 

■ Londres dont il éloit moult aimé. • (Hém. ifOl. 
de la Marche, liv. II, p. 501. — Voyez ci-dessus 
Chaperonner.) 

VARliHTBs; 

CHAPPERONNÉE. Hist. de la Tois. d'Or, vol. 1, fol. », W 
Capedon'nèe. Mém. d'Ol. de la Marche. L. II, p. 501. 

Chapperonnet, sitbst. masc. Petit ctiaperon. 
Nous trouvons ce diminutif, dans le passage sui- 
vant : ' He bailla un chapperonnet que je mis sur 

■ ma leste. » (Joinv. p. til.) (4) 
Chapperons rouges, subst. masc. pliti: 

[Intercalez Chapperons rouges, chanoines de la 
congrégation de S' Maurice en Velay, au testament 
de Ctiarles V (1374): < Item aux chapperoti& rougei 

• à Senlis, .x.ti. livres pareillement. • (Du Gange, 
II, 122,C011.)](k. E.) 

Ctaapplanx, subst. masc. plur. Il faul peut- 
être lire Champiaux, lieu de la ville de Pans où 
sont les halles. [Ordonn. des R. de Fr. de 1378, l. V,) 

Cliappin, subst. masc. [Intercalez Chappiii, 
conteau au reg. JJ, 97, p. 356, an. 1366: ■ Lequel 

■ Morissesacha un petit coustel, appelle f/iap;)i», 
t qu'il pendoit à sa courroie. ■] (n. e.) 

Chapt, subst. masc. [inlercalez Chapi, mol 
injurieux en Duuphiné, d'après le reg. il. ^, 
p. 245, an. 1479: > Le suppliant courroucé des 

• injures que ieellui Taverne lui avoit ditles, en 

• l'appellant chapt. •] (h. e.) 
Chaptel (5), subst. masc. Terme decoutuœe.Ce 

mot signifie bail de bestiaux à mi croist. (Dict. de 
Borel. Colgrave et Ménage. — Du Gange, au mot 
Capitale.) ■ Toutes manières de bestes se peuvent 

■ bailler à croist, et chaptel est estimé par le bitjl 

- pour tel pris qu'il sera convenu estre entre les 

> parties. > (Coût. Cén. T. I, p. 888.) Nous disons 
encore bail à chepteil. 

VAHUNTBS : 
CHAPTEL. Coat. Gèn. T. I, p. M8. 
Capitaux. Laur. Gloaa. du Or. Or. 

Cbapter, subst. mase. Chapitre. Ce mot est 
purement anglois, ainsi que deane, doyen qui 
s'écrit aujourd hui dean, suivant la nouvelle ortho- 
graphe. 

Chapucter, verbe. [Intercalez Chapucùr, 
tailler, variante de cMpuiser: ■ Le suppliant en 

• buvant prist par sa merencolie à chapuciêr et 

> dolcr de son coustel la table, qui estoit devant la 

- compaignie. ■ (JJ. 151, p. 65^ an. 1396.)] (s. s.) 

<1) On lit déjà BU XII' siècle, dana thomas de Cantorbery (ISO) : < Ne remiat buef ne vactie ne cAopuna ne geliue, cbenl, 
porc ne brebiz, ne de blé plainne mine. > (n. b,) 
<2> Voyez plus bas chapuiser ; chapoter est encore un terme de potier, (n. e.) 

(3) Aux arrâls de la Chandeleur, reg. B du Parlement, fol. 88, an. 13S0. (D. C. Il, 306, COl. 1.) Voir uissi Baynoaud, Gtou- 
Roman, sous chapolciAs. e.) 

(4) U. de WaillT (§ 333) imprime : < Li autres m'aporta une courroie blanche, et Je ma ceigny sur mon couvertonr, oaqotl 
je Bvoie fait un pertuls, et l'avaie veatu ; et li autres m'aportft un chapeton, que le mia en ma teste, (h. b.) 

(5) Voyez catet et chatel. (N. B.) 



CH -3 

VARIANTES (1) : 

CH.\PON. Orth. subaielanle. 
Chappon. Bout. Sonim. Rurale, p. 504. 
Chiapcn. Marbodus, col. 642. 

Chaponet, subst. masc. Diminulif de chapon. 
C'étJit le poulet nouvellement chaponné. (Dict. de 
Uonet.) 

Chapoter, verbe. Hacher (2). (Oudin et Cotgr. 
Diot.) 

Chapotois. subst. masc. Espèce de monnoie. La 
même que chats de l'oilou ci-après. File avoit cours 
dans celle province. On tiouve tibrœ de chapotois 
dans une citation de Du Gange, au mot Chapoten- 
sis moneta (3). 

Chappai-t, subst. masc. Fuyard. Ce mot, forgé 
par Rabelais, signifie la même cliose q\x'échapart, 
qui échappe, selon Le Duchat sur Rab. p. 79, note 14. 

Ghappelats, subst. masc. plur. Ce mot semble 
le même qne chapelains. (Voyez ci-dessus Chape- 
lain.) Nous avons un livre composé par un Augus- 
tin, abbé de Livry, qui a pour titre : le Trésor des 
chapelals. [Bibl. de Du Verd. p. 1186.) 

Chappellain fermier, subst. masc. [inter- 
calez Chapellain fermier, vicaire à gages, suppléant 
d'un cure, en latin capellanus firmarius, merce- 
narius. (Du Cunge, II, 130, col. 3.) ■ Goustant 

• prestre chappellain mercenaire de la ville de 

■ Chavones, etc. > (JJ. 12i , p. Cl, an. 1396.) 
- Pierre Duplesseiz chappellain fermier de l'église 

■ de la paroisse de Leure. > (JJ. 151, p. 109, 
an. 13%.)] (N. E.) 

Gfaappenus,EuI)sf. niasc.ftntercalez CAa/fe//us, 
clou à grosse tête : • Les suppliaiis prindrent en 

■ un batel certains cioz, appelez chappellus. > 
(JJ. 115, p. 239, an. 1379.)] (^. e.) 

Chappefounaige, subst. masc. Collectif de 
chaperon. Panurge, dans les questions qu'il fait au 
frère Fredon sur la manière dont se mettoieot les 
femmes, lui demande ; • Que portent elles aulx 

■ mains? Cands. — De quel drap lesvestez vous? 

■ Neuf. — De quelle couleur est il? Pers. — Leur 

• Cbapperonnaige quel î Bleu. ■ (Rab. T. V, p. 138.) 

Cliapperonnée, subst. fém. Révérence, salut. 
Proprement coup de cliaperon, dans le sens où l'on 
dit aujourd'hui coup de chapeau pour salut, i Le 
€ magnanime aussi fait, et hait adulation, et ambi- 

■ lion, pour ce ne quiert la communion (société, 
« compagnie) des hommes, pour ouyr leurs flale- 
« ries, ne pour avoir d'euix les grandes chapperon- 
« nées, et révérences, ne pour ouyr recitations de 



CH 



-- 387 — 



CH 



Chapuis, subst. masc. Charpentier. — Billot. 

Sur le premier sens de charpentier, voyez les 
Dict. de Borel, Corneille, Nicot, Cotgrave, Oudin, 
Bfennjc,Du Cange, au mot ChapuisiuseiCaputiatus, 
Guillaume Cliapuis (1) fu l le fond ateur de la confrairie 
de N. Dame du Puy en Auvergne en 1281. (Fauchet, 
Orig. Liv. I, p. 79.J C*est le même que d'autres ont 
appelé Guillaume Durand Charpentier. 

Est Tun chapuis (2), ou maçon, 
L*UD feure et aulre vigneront, 
L'un cousturier estre faUloit. 

Eust. Desch. P<»m. MSS. fol. S48, col. 4. 

Chapuis et chappus ont quelquefois été employés 
pour billot (3). Nous lisons, au sujet de Démétri Jus- 
linia Génois, décollé par Tordre de Louis XII, aue 
« le bourreau luy banda les yeulx, puis de luy 
« mesmes se meist à genouils, et estendit le col sur 
« le chappvs. » (Jean d-Auton Ann. de Louis XII de 
i306, p. 230.) 

Princesse las ! selon ce contenu, ' 
Mourir m*en vois, le chief sur le chapuis (4), 
Les yeulx bandez, à force détenu, 
Puisque de vous approcher je ne puis. 

Al. Uiirtier Poës. p. 803. 
VARIANTES : 

CHAPUIS. Nicot, Oudin, etc., Dict. 

Chappuis. 

Chappus. J. d'Auton. Ann. de Louis XII, p. 230. 

Capuis. Du Cange, Gloss. lat. au mot Caputiatus. 

Ghapuiser, verbe. Charpenler. — Tailler en 
pièces. Du Cange (5), au mot Chapuisius, remarque 
qu'on dit capusa, en patois languedocien, pour 
réduire en copeaux (6). 

On a dit, au premier sens de charpenter : • flsent 
« (flrent) engins chapuisier de mainte mainiere. > 
(Vniehard. p. 145.) (7) 

Dans le sens figuré, ce mot signifloit tailler en 
pièces. 

Tant fiert (frappe), tant chaple (taille), tant ehaptisej 
Que les Persans enfin reuse (repousse). 

rwton. de Bl. HS. de S. G. fol. i56, V. 

VARIANTES * 
CHAPUISER. Nicot, Oudin, etc., Dict. 
. Ghapuisier. Villehardouin, p. 145. 
Chapusbr. Parton.'de Bl. MS. de S. G. fol. 156, Y«, col 2. 
Capusa. Du Cange au mot Chapuisius. 

Chapuiseilr, subst, masc. Charpettlier. (Voyez 
•la Table des Héliersde Paris, ms: Meinière, p. 33.) (8) 



Char. [Intercalez Char (carnem): l** Chair, 
commedansce passage de Froissart: « Les milleures 
« cervoises et les plus nourrissans chars et pois- 
« sons (II, 3i). » 2* Race, famille : « L'en puet bien 
« avoir oudit mestier un apprentiz de sa cliar ou 
« de la char sa famé. » (Statuts de 1280 pour les 
tisserands, Du Cange, II, 192, col. 3.)] (n. e.) 

Char. [Intercalez Char^ chère, visage, du latin 
car a: 

GentU rei d'Engleterre à la char très hardie. 

Ghroo. de Jordan Faoto8in<t, V, 5.] (N. B.) 

Char, subst. masc. Chariot, char. — Constella- 
tion. — Machine de guerre. — Berceau de vignes. 

On a souvent écrit cher ei chers (9), pour char ou 
chariot. On trouve dans les Ord. T. III, p. 657, cher 
et charettes, pour chariots et charrettes. On disoit 
aussi char d'armes, pour chariot d'armes servant 
à porter le drapeau général dans uue armée. « A 
« Taie de Dieu, fu desconHz Fempereor Morchuflex, 
« et dut estre pris ses ^ftars d'armes, et pardi son 
« gonfanon impérial. » (Villehard. p. 92.) 

Cher, dans un sens plus général, désignoit une 
espèce de voiture à l'usage des guerriers. 

Descendoit du chastel aval, 
' Sans demander cher, ne cheval. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 287, V- col. 1. 

On appeloit aussi char à dames , une voiture de 
distinction à leur usage. (Voy. Tart. Chariot.) (10) 

C'est parce gue char signiHe chariot qu'on a 
donné ce nom à la constellation que les astronomes 
appellent la Grande Ourse, connue parmi le peuple 
sous celui de chariot du roi David. 

North est un vent qui vient de septentrionné 
C'est là que ren trouve char en ciel estelé. 

Rom. de Roa, MS. p. 31. 

North est un vent qui sourt, et vient 
De là, où le ciel le char tient. 

Ibid. p. 443. 

Un ancien poëte françois s*est servi de l'expres- 
sion populaire char David, pour chariot de David. 

Haute valors c'est en vos mise, 
Plus en y a qu'au char David d'avoir. 

Poês. IfSS. aTani 1300, T. l, p. 41. et T. IV, p. 1547. 

Le char étoit aussi une machine de guerre.' On 
appeloit ainsi « des engins de bois pour approcher 
« des murs tellement que ceux de dedans ne les 



1) Voyez les notes sous chaperon et capuchon, (s. s.) 

2) Aissel de chavuiséésiane Therminette ou la doloire, au reg. 160, p. 213, an. 1405. (N. E.) 



couppa ledit pain sur le chappuiz ou jointiier 



'» 



î. 

. f3) C'est encore le billot Se bois pour équarrir les ardoises. (N. E.) 

(4) On lit aussi au reg. 177, p. 16&, an 1445': a Jehan le Ikmier d'icelle hache 
dudit relieur [de pipes]. » C'est le tronchet ou trouchet des tonaeUers. (n. e.) 

(5) Du Cange s'en réfère à Borel (II, 306, col. 2}. (N. e.) 

(6) On lit dans G. Guiart (Du Cause, II, 306, col. 2) : « Serjans au logier se déduisent ; Engigneours. eAgins chapuisent. i 
Chapuser a le môme sens au reg. 19i, p. 169, an. 1466. (n. B.) 

g) Comparez éd. de Waillv (§ 353). (N. E.) 
) On lit, en effet, au Uv. I" du Livre des Métiers (Du Gange, II, 306, col. 2) : c Quiconques veult estre x;Aaputsaur à Paris, 
c'est assavoir faiseur d'arçons et d'aunes à seUes et de fust à somme, estre le peut... 'Nul ^hapnxseur ne* peut, no ne jdoit 
' tfhcpuiser, ne mettre main en merrien. j» (N. E.) 

(9) La forme cher est dans Joinville (§ 250) : € [Les Bédouins] lour.mesniea, lour femmes, lour .snfans fichent le soir ..de 
nuit, ou de jours quand il fait mal tens, en unos manières de herberses que il font de cercles de tonniaus loiés À pecqhJBs, 
aussi comme li cher [ms. les chers] à ces dames sont. » Au § 4S7, on lit ancore ; « 14 peuples À ceorince crestiens roatoH si 
f^prans, que li meesagier le roy nous contèrent que il avoient en lour ost buis cens «hapehes su^^ahers. » Villehardouin, au 
't5<mtraire, (J 446) écrit chars. (N. E.) 
> (10) Citons ce provethe^ extrait des Mimes de Baïf : f Du char la plus meichantejcoue Est céUaqui crie^^ujours. ji.(k. b.) 



cil 



- 388 - 



CH 



« eussent pu aggrever. » (Juveii. des Ursins, Hist. 
de Charles \ I, p. 50.) « Eu tout siège est expédient 
« avoir certains engins, c*est assavoir ung(;/iar (i), 
« et ung beffroy qui aura de huit a neuf toises de 
« long, et deux et demie de large. » (Le Jouvencel, 
fol. 86. — Voyez Chat et Chareloies.) 

Enfin on disoit vignes en char, pour vignes en 
berceau. 

Quand je vois vallées, et monts. 

Et vignes en char (2), et en trelles (treiUes). 

Fruissart, Pocs. MSS. fol. 315, cul. 2. 

VARIANTES (3) .* 

CHAR. Orth. subsistante. 

Chair. Chron. Fr. de Nangis, sous Tan 1357. 

Charrat. s. Bern. Serm. fr. p. 299, en latin cun^s. 

Cher. Gloss. du P. Labbe, p. 495. 

Chers. Ibid. p. 497 et 518. 

Ker. Poës. MSS. avant 1300, T. III, p. 1286. 

ChavHy 9 subst, Caroctère magique. Ce mot, dans 
un sens particulier, désignoit tout moyen de sor- 
cellerie (font il étoit défendu de faire usage dans les 
duels ou gages de bataille. On le trouve souvent ré- 
pété dans les défenses, avec les mots herbes, pierres. 

En général, ce mot signifioit enchantement, sor- 
tilège. (Glossaire sur les Coul. de Beauvoisis; Du 
Gange, au mot Caraula. — Voy. ci-dessus Garaude.) 
« Pour ce loyaument faire par les sermens que j'ay 
« faits, je n'ay, ne entens porter sur moy, ne sur 
« mon cheval, paroles, pierres, herbes, charmes, 
« charois, conjurations de compactions, invoca- 
« lions d'ennemys. » (4) (Ord. dePhilippe-le-Bel, sur 
les Duels. — Banage sur les Duels, p. 197.) « Par 
« mauvais art, et brefs, c/mroys (5), fors(l. sors) ou 
« inventions d'ennemys (démons) » (Ibid. p. 187.) 



Fille fastes Circé Tenchanteresse, 

Car de charois et de sors estes doubtease 

Pythonique vous tist enhorteresse. 

EdsI. Doieh. PoM. MSS. fol. S», mL 3. 
VARIANTES : 

CHARAY. Eust. Desch. Poes MSS. f^ 501, col. 1. 

Charei. Assis, de Jerus. p. 81, et notes 243 et 244. 

Charoi. Eust. Deech. Poes. MSS. loi. 501, col. 1. 

CuARROY. La JaiUe, du Champ de bat. fol. 48. 

Charrois. 

Carraies. Le Bœuf, dissert. T. I, p. 297 et 907 (6). 

CuAUTRE. Assis, de Jérus. p. 81. 

Charbieu. Ce mot désigne une espèce de jure- 
ment; on disoit : 

La charbieu saincte et beniste ! 
Vous eussiez eu Tassault bien viste, 
Se j'eusse sceu vostr») prouesse. 

Franc Archier de Bagm^et. à la suite de Villoo, p. 40 ^7). 
VARIANTES * 

CHARBIEU. Arch. de Bagnolet à la suite de VUIon, p. 49. 
Chardieu. Eust. Desch. Poes. MSS. foL 296, coL 4. 

Charbon, subst. Charbon. Vis chiarbon, dans 
Marbodus, col. i656, pour ebarbon ardent (8). 

VARLANTES : 
CHARBON, Chiarbon. 

Charbonage, subst. masc. Droit sur ]e char- 
bon. On lit dans une citation de Du Gange, au mot 
Carbonagium (9) : • Le charbonage et le fournage 
« deus illec le jour de S. Thomas, es tories (foires) de 
« Noël, c*est à savoir, chascun feure de la chastel- 
« lerie, 3 deniers ; et celuy, ou ceux qui coupent à 
« sarpe, pour faire charbon, chascun 3 deniers 
« obol. » (Coût, de Haynaut.) « Toutes pierres, 

< charbons, mines de fer, et autres métaux estans 

< en terre, seront reputez pour héritage, et séparez 




pluiseur un cafet Ifaultrb un atournement d'assaut i (V, 376). Chat peut donc être synonyme de beffroi : t Ils feroient 
. quatre grans cas fort et haulx » (IV, 360). H est aussi parlé d'une chatte, gata^ dans la Cnanson de Croisade des Albigeois 
or. 8326, v. 8327). (N. e.) 
^2) Voyez plus haut Textrait de Joinville. (n. e.) 

(3) On trouve dans Roland (str. III) la forme pluriel carre, répondant au neutre carra : f Ginq[uante carre qu*en fera 
charier. » Char est du xii" siècle : < Clinquante chars lui faites charoier. j» (Roncis^, 3.) — « Sur un char ûst om mettre 
Tarche Deu e covrir. » (Th. le Martyr, 75.) (n. e.) 

(4) Un serment analogue est dans la Coutume d'Amiens (Du (^ge, II, 171, col. 1) : c II [les champions] doivent jurer kil 
n'ont uve ne autre herbe beuë^ ne man^é, ne n'ont herbes, ne brief, ne caraudes seur aus, ne fait sor, ne sorcherie, ne art, 

'Ue caraudes, por coi il puissent estre aidiez. » Voir les notes sous champion et le t. XII du Froissart de M. Kervyn, 
(p. 371-373). (N. E.) 

(5) Charoiz est aussi au reg. JJ. 109, p. 39, an. 1370 : a Raymon mis certains sorceries, charoiz et faitures soubz le saeil 
de Tuys de Vostel, qui trouvées y furent depuis. Pour lesc^eUes choses ledit Pierre CaiUon et ceulx de Tostel furent moult 
malades par grant espaco de temps et aucunes bestes, qm estoient à rosteU mortes. » (n. b.) 

(6) La forme charaies est dans un sermon de Maurice de SuUy, loué par Le Beuf (Mém. de l'Acad. des Inscrip. XVII, 
72à) : « A icest jor suelent 11 malvais crestien, solonc le costume aes paiens, faire sorceries et cAaroies: et por lor 
Borcerieb, et por lor caraies suelent experementer les aventures qui sont avenir. » La forme se retrouve au reg. IJ. 106, 
p. 370, an. 1374 : < Ladite fenmie désirant avoir Tamour et la grâce de son mary... fait faire par une Juifve pluseurs poudres 
et charayea pour lui donner. » ^N. E.) 

SÇh Comparez éd. Jannet, p. 162. On lit plus haut : c Par le corps bien ! c'est une robe Plaine de quoy ? charbieu ! de 
aille ! » Charbteu doit être pour chair de Dieu, comme corps bieu est pour corps de Dieu. On lit au xni* siècle, dans le lai 
Iffnaurès : « Par le carbiu ! mar i fut fait. » De môme dans Renart (v.^349) : c Por la char bieu^ ne savez-vous Conques 
nui bien ne sot li rous? » (n. e.) 

(8) On lit aussi dans Renart (v. 1022) : f Les os lor gictent li gargon. Qui plus sont sec que vif charbon. » Le mot existe 
au xir siècle (Thomas de Cantorbéry^ 44) : f Quant ilunt fait al rei ceste parole entendre. D'ire devint vermeils plus que 
carbuns sur cendre, s — Comparez le passage suivant à la citation sous carbon (III, 231) : « Se vous saveiz raison entendre, 
C'est li charbons desoz la cendre. Qui est plus chaud que cil qui flame. » (Rutebeuf, II, 75.) (n. e.) 

(9) Ed. Henschel, II, 171, col. 3. C'est un droit payé pour faire du charbon; au passage smvant, c'est plotôt le bois cro'oa 
entasse en meules pour le carboniser : f Donnons à nostre très-cher .et tres-amé filz Philippe d Artois... son nsnc 
maisonner de chesne^ son ardoir emprès terre, son carhonnage^ et ce qu'il lui en faudra, i (JJ. 115, p. 348, an. 1979.) (N. B.) 



CH -s 

• de terre, seront tenus pour meubles ; droit de 
« cliarbonnage généralement sera tenu pour heri- 

< tage; neantoioins y succéderont les eiifans ù 

• égale portion, autant la fille que le fils. • (Nouv. 
Coût. Gén. T. Il, p. 138.) 

VARUNTES : 
CHARBONAGE. Dt) Gange, au mot Carbanagium. 
Charbonnage. Coût, de Hafnaut, N. C. G. T. II, p. 138. 

Charbon de pierre, subst. masc. [Intercalez 
Charbon de pierre, au sens de charbon de terre au 
ree. JJ. 187, p. 138, an. 1455: • Pour ce qu'il 

< faisoit froit ledit de la Vernade faisoit bailler du 
« feu avec du cliarbon de pierre au dit prisonnier. • 
Ivca Allemands disent aussi steinlcohlen. Ce charbon 
fut découvert en 1198 dans l'^véché de Liège (Du 
Gange, 171, col. a), il porla successivement les 
noms de carbones maris, fossiles, terrestres, 
ferrei (id.)] (n. e.) 

Charbonée, subst. fém. Ce mot se dit encore 
de la viande grillée; mais on ne diroit plus figuré- 
ment, comme dans ces vers : 

Chetive getit et de pieiaiUe (vilain), 
Des DostreB ont leva la taille ; 
De maie eure fu l'eure née, 
Quant ils pristrent tel airbome (t), 
À créance aanz rien paier. 

Hiil. de FniKC, à Ja nUa du nom. d* FfUtd, ta]. 60. 

On a aussi applii)ué ce mot aux excès où se por- 
tèrent des compagnies de brigands qui désoloient le 
Bourbonnois et autres provinces. Ils Taisoient brû- 
lerCi) lesprisonniersqui ne pouvoient passe rançon- 
ner ;LouisdeSancerre les tailla en pièces, à plusieurs 
reprises, en 1364. ■ Si aigrement combattit mes.'-.ii\) 
« Loys, à l'aide des siens, celle place (3), que à foi'i li 

■ elle fut prinse; et là. messire Loys fit faire 

■ de belles charbonnées, car il en estoit bon 

■ maistre. • (Histoire de Loys III, duc de Bourbon, 
p. 32.) Les Anglois pris dans la Bruyère, vers 1383, 
furent livrés • suit communes qui en firent de 
« grosses charbonnées. • (Ibid. p. 91.) (4) 

VARIANTES : 

CUARBONËE. 

CharbonnÈe. Hist. de Loys Itl, duc de Bourbon, p. 3S. 

Ctaarbonnerie, subst. fém. Oudia explique ce 
mot par noircissure de charbon et amas de char- 



>- CH 

bon. (Dict. Fr. Esp.) Nicol dit qu'on appeloil ainsi 
une cbarbaanière, le lieu où l'on fait le charbon. 

Charbonneux, adj. Plein de cbaibon. (Dicl. de 
Cotgrave et d'Oudin.) 

Charbonnier, subst. masc. (5) Ce mot subsiste 
sous la première orthographe. On a dit proverbia- 
lement : • Charbonnier est maître chez soi. » Ce 
Sroverbe peut tirer son origine du fait rapporté 
ans le pass^ige suivant, Montluc dit, un jour, par- 
lant à Charles IX : . Chascun est roy en sa maison 

• comme respondit le charbonnier ^ vostre ayeul. ■ 
(Mém. de Montluc, T. Il, p. ,V2I.) (C) 

VARIANTES : 

CIIARBOXNIER. Mém. de Montluc, T. II, p. 521. 
Karbonnieh, Ph. Mouskes, MS. p. 51 et 53. 

Charbonnière, subst. fém. Ce mot, qui subsiste 
en termes d'eaux et forêts, pour désigner la place 
qu'on marque dans un bois pour faire le charbon, 
signifie, dans le passage suivant, le lieu même où 
on l'a fait : • Les cerfs, après avoir frayé, se bru- 
( nissent leurs testes, les uns aux charbonnières, 
( les autres en l'argille, en terre rouge. • (Fouill. 
Vénerie, fol. 18.) 

Charbonnière, adj. au fém. On appeloit ainsi 
une espèce de poésie, connue aussi sous le nom de 
vers septains. • On faicl des clauses septaines qui 

• sont sans proverbe, ou auctorité (sentence) et 
■ sont appellees charbonnières, pour ce qu'ils sont 
« les unes après les autres, comme chevaulx à char- 
« bonnier. ou je ne scay pouniuoy. ■ (Fabri, Art. 
de Rhélor. liv. II, fol. 44,) C'est peut-être aussi par 
allusion à cet ani:ien proverbe : Charbonniers se 
noircissent l'un l'autre. {Oudin et Cotgrave, Dict.) 

Charbot , subst. masc. Escarbot, — Tas , 
monceau. 

On trouve le premier sens d'esearbot, dans le 
Dicl. d'Oudin. 

Ce mot, selon Le Duchat, signiRe un tas de choses 
mêlées confusément el sans ordre. (Le Duchat, sur 
Rab. T. 1, p. 198.) 

En Dauphiné, cliaràot a une signification parti- 
culière; on l'applique ù un tas de marrons qui 
cuisent sous la cendre. 



(1) Ckarbontiée correspond au latin aasaChra et frûca, dans le gl. fr. lit. 7684. Ceat encore ce 
dans UD poète cité par Du Gange (II, 172, col. 2) : • Je croi bien se nos eusson Cliarboxnée d'u! 
beuasion moult miels. > (FaliUaux, mss. de La Cume, p. 66.) (N. E.) 

(3) n y a là un contre-sena : les brigands furent les brilles, (n. e.) 

(3) La Fertë Sainte-Fosse, aujourd'hui la Fertë Saiot-Cyr ou Saint-Aignao, ou Beauhsrnais, canton de Heung-sur-Beuvron, 
arrondiBsement de Romorantin (Loir-et-Cher). Comparez éd. Chazaud. p. 29. La prise de ce cbAteau suivit la bataille de 
Pontvsllain (1370), (n. e.) 

(41 Comparez éd, Chazaud, p. 77. La Bruyëre-l'Aubespin, château rainé, près Cirillé (Allier) fut pris en 136B, non 
en 1383. (N. E.) 

(5) U SI eniHe encore magasin de charbon: t Entre deux mursot si gront cAorbonier; Les nonains ardent; trop I ol grant 
brasier. • (Raoul de Cambrai, 60.) Le sens actuel est dans Gérard de HoasiUon (xii* siècle, p. 361) et dans Berte 
(str. 107). (N. E.) 

(6) On lit dans Fleury de BelUn^en (Etym. des Prov. franc, p. 31): i L« roi François I",B'estant laissé emporter A l'ardeur 
de la chasse, fut surpris de la nuit, et obligé, estant seul, d'entrer dans la. loge d'un charbonnier qm ne le connaissant 
point, le pria à souper. Lorsqu'il (ut question de se mettre A table, Il prit la première place, et il ne donna qiie la seconde 
au roy, en luy disant : Cliacan est maitre chez soy. Ensuite il liiy dit de prendre luy-mesme à manger par on il voudroit. 
Mais il ne faut pas, ajouta-t-il, dire au Grand-Nez que je vous ai fait manger de la venaison. Le roy mangea fort bien, et le 
matin estant venu, il sonna du cor pour faire entendre où il estoit A l'arrivëe de ses courtisans, le cAarbonnùecreustestre 
perdu; mais le roy le rassura en luy frappant sur l'épaule, et entre autres récompenses octroya à sa considération qoe le 
traflc du charbon serait exempt de tuus impôts, > (n. i.) 



CH 



- 390 ~ 



CH 



Gharboucle, subst, masc. Escnrboucle. Sorte 
de pierre précieuse. « T^y donna sa riche table d'or, 
« avec le charboucle dont le prince luy en sceut 
« bon gré. » (Tri. des IX Preux, p. 523.) (4) 

VARIANTES ', 
CHARDOUCLE. 

Charbuncle. Marbodus, col. 1686. 
ScERBUNCLES. Marbodus, col. 1658, en lat. Carbunculus, 
Sgherbuncles. Marbodus, col. 1658. 

Gharbouillé, adjectif. Ce mot est employé 
comme épilhète d'un mol obscène, dans Rabelais, 
T. 111, p. 154. 

Charchant, subst.masc. [Intercalez Charchant, 
carcan, au Roman d'Aubery (Du Cange, II, 173, 
col. 1) : 

Qui mult le fait laidement justicier, 

Un grant charchant Li fait el col lacier.] (n. e.) 

Charche. [Intercalez Charche : i" Embarras qui 
vous pèse, dans G. Guiarl: 

Firent contre lui (S. Louis) aliance 
Pierre Mauclerc quens de Bretaigne, 
Et Thibaut li quens de Ghampaigne» 
eux, pour estre plus grant charche^ 
Hue le comte de la Marche. 

a*» Nombre, masse (Id., I, p. 269, v. 6538) : 

Car trop en i mourut grant charche.^ (n. e.) 

Charche. [Intercalez Charche dont le sens est 
peu sûr: « In velt. reg. capit. Aurel. ubi annolalur 
« a quolibet canonico .xx. lib. solvidebere pro jure 
« capparum, et .x. pro eo, quod charches ibi 
« appellatur. » (Du Cange, II, 287, col. 3.)] (n. e.) 

Gharcher, verbe. Chercher. On lit en ce sens : 

En tel ennuy, pour me cuyder rétraire, 
Charche chemin, etc. 

Faifeu. p. 16. 

On a dit aussi en parlant des astres qU*ils se char- 
chent, pour signifier qu'ils se joignent, s'éclipsent. 

Pour Vordure de cel pechié, 

Fu soleil, et lune chargié : 

Et celle ordure devinèrent, 

Quant celle année se charcherent (2). 

Geofr. de Piris, à la suite du Rom. de Pautel, fol. 54. 

Chapchere, subst. masc. [Intercalez Charchere, 
prison (Enfants Haymon, v. 372) : 

Trestous les riches hommes que truevent environ, 
Amènent en le tour, en le charchere, en prison.] (N. e.) 

Charcloie, subst. Char couvert. Machine de 

Juerre dont on se servoil pour approcher des murs 
'une ville qu'on assiège. (Vôy. ci-dessus Char.) 



Dedenz out berfroiz (beffrois), et charcknes (3) 
Bien atomez de cuir, de cloies : 
Encontre les Derrières, metent 
Les hauz berfroiz, quant eles getent. 

Blaochardin. MS. de S. G. fol. 189, H* cel. S. 

Gharcois, subst. masc. Le corps. Ce mot sem- 
ble avoir cette signiflcation , dans le passage 
suivant : 

Si croi, si Diex me beneie, 
Que famé qui ainsi se lie. 

Et se déguise, 
Et son charcois tant aime et prise. 
N'est pas de grant honte esprise, 

Dedens le cuer. 

Fabl. MSS. du R. n* 7«i8. fol. 237. V col. 1. 

Charcutis, subst. masc. Massacre, carnage. On 
a employé ce mot, en parlant d'un combat. (Did. 
de Corneille.) 

Chardeys. « Un hostelier de ces gros chardey$ 
delà Franchiconla. >» (Des Ace. Bigarr. p. 8.) 

Chardon, subst. masc. Charançon. Espèce d'in- 
secte qui se met dans le blé. (Arr. amor.) 

VARIANTES ' 
CHARDONEREUS. Fbbl. MSS. du R. n« 7218, f» 359, ¥•. 
Chardonneureux. Modus et Racio, Ï!S. fol. 84, ¥•. 
Chardonnereau. Jeh. de l'Et^cur. Rom. de Fauv. f^ 61. 
Chardonneriau, Ghardonnerbl. 
Caadoneruel. Froissart, Poës. MS.S. p. 414, col. %. 
Chardrier. Dict. de Cotgrave. 

Chardonereus, subst. masc. Chardonneret. 
Espèce d'oiseau. On trouve, dans Du Cange, au mot 
i4rmafMra(4), une citation françoiseoùon lit: « C6te 
« gamboisée à arboisiaus d'or, broudée à chardo- 
« nereus (5). ■ 

CardenerttclSy merles, et rosegnos, 
Et tous oiseauls amourous, et mignos. 

Froissart. Poës. MSS. p. 414. ool. i. 

Ghardonnerelle, subst. fém. Espèce d*oiseau. 
La femelle du chardonneret. On les pretid aux rets. 
« Tendes aux cardonnetes, en un cardonnay, et 
« ostés les chardons d'enmi la rois {rete)^ élc. » 
(Modus et Racio, MS. fol. 174.) 

Entre lesquels, touz diz chantoieht, 
ChardonneretleSf et tarins. 

Al. Chartter Poêt. p. 096. 

VARIANTES * 

CHARDONNERELLE. Al. Chartier, p. 696. 
Cardonnereule. Modus et Racio, MS. fol. 172, R*. 
Cardonnetb. Modus ef Racio, MS. fol. 174, R«. 

Chardonnerette* subst. fém. Artichaut sau- 
vage (6}. On Temployoit autrefois, comme encore 
aujourd'hui dans l'Anjou, pour cailler le laii. De là, 



(1> Voyez Raynouard, Lexique Roman, II, 332, col. % au mot Carbunrle. La nielle du blé se nomibe aussi eharh%tele. {if. i.) 
(2) Charche a le sens de confier, dans G. Guiart (1, 346, y. 8016) : < Au roi fait-on leur faiz entendre Qui à son tùAnafAol 
' gent charche Et le tramet vers celé marche. » De môme dans Gérard de Vienne (▼. 1211) : c Chargeroit moi'TiAgt mil ^mes 
armeiz. » (n. e.) 
f3) La charcloie est une claie posée en demi-cercle et montée sur trois roues (Viollet-le-Duc, V, 268.) (N. S.) 

(4) Ed. Henschel, I, p. 399, col. 1. (n. e.) 

(5) On lit dana Modus et Racio, fol. 226 (xiv* siècle) : < Piochons, cardonneriez, tarins. » Marot écrit \ c On pas à 'i^ le 
lonff des buissonnetz AUois cherchant les nidz de chardonnetz. » (I, 217.) D'après Ménage, chardonnet se disall à la ^o^ 

. et chardonneret à la ville ; les ouvriers du quartier S^ Victor disent encore : S« Nicolas ùnchardonnèrety et non an thofdùifMt 
(champ de chardons). Chardonnet^ la forme provinciale, est conservée en Normandie et en Rerry. Le Gédevois dit éMUi- 
noletf qui suppose un rapprochement entre le chapeau rouge des cardinaux et la tête rouge des oiseaux. (n.'B.) 

(6) On lit dans 0. de Serres (285): c A faute de quoi se sert-on, pour presurer et caUlerle laict, ddla nént dU dUiWlMf pr1t>é, 
de la graine du chardon bénit [centaurca benedicta], » (Paré, V, &.) (n. e.) 



CH 



— 391 — 



CH 



on a dil: fromage à la chardonnette, pour fromage 
fait de lait caillé avec cette espèce d*artichaut. 
(Dict. de Cotgrave.) On s'en servoit aussi pour 
assaisonner les viandes. « Ce diner quadragésimal 
« estoit de chevreaux et autres viandes à la char- 
« donnerette, aux us cl coutumes de Romme. » 
(Apol. par Hérodote, p. 662.) 

Mais Rome tandis bouftera 

Des chevreaux à la chardonnettc, 

Clém. Marot, p. 171. 

C'est vraisemblablement de cette espèce de ragoût 

3ue nait Tallusion satirique que Rabelais a faite 
e ce mot avec celui de cardinaux (1). (Voy . Le Duchat, 
sur Rab. T. Il, p. 59.) 

VARIANTES * 

CHARDONNERETTE. Apol. par Hérodote, p. 662. 
Chardonnette. CHém. Marot, p. 171. 

Gharée, subst. fém. Charretée. Ce que peut 
contenir ou porter une charrette. (Du Cange, au 
mot Carea (2).^ On dit ce mot encore en Normandie 
et en Anjou (3). 

Chareil , suhst. masc, [Intercalez Chareil , 
lampe, croissel (voir Du Cange à crucibulum): 
« Après que ioelle Marguerite eut alumé ung 
« chareil ou croissieu. » (JJ. 185, p. 3i0. an. 1456.) 
On dit encore , en Poitou , chaleuil , charail , 
ehareuil (Favre, Glossaire, p. 76, 78, 79).] (n. e.) 

Charein, subst. masc. Haie, clôture. « Lors- 
« qu'il y a quelque manquement aux chareins^ 

• bayes, murailles, parois et autres séparations 
« (communes, les parties, auxquelles appartiennent 
« les biens contigus, les repareront, aux fr.tis 
« communs. » (Coût, de Bruxelles, Nouv. Coût. Gén. 
T. I, p. 1272.) 

Charente, subst. fém. Nos auteurs ont ainsi 
nommé un vaisseau fameux construit sous le règne 
de Louis XII (4). « Ce vaisseau portoit douze cents sol- 
« datSy sans les matelots, et deux cents canons; 
« mais il n'y ^n avoil que quatorze de gros ; le 

• reste étoit de fort petites pièces, et n'étoient pas 
« plus grosse que de petits fauconnaux. » (Daniel, 
Mil. Fr. T. II, p. 637. - Voyez Rob. de la Marck, 
Seign. de Fleuranges.) 

Charenton, subst. masc. Charençon. Ver. 
insecte qui mange le blé. (Ménage, Rem. sur la 
lang. p. 416.) 



Charentonniers, subst, masc. plur. On appe- 
loit ainsi les prétendus réformés du temple de 
Charenton (5). (Rom. Bourg. Liv. II, p. 52.) 

Gharesser, verbe. Caresser. (Dict. de Nicot, de 
Cotgrave.) 

Charetéy subst. fém. Masque. Du mot Care ci- 
dessus, ou chere^ visage, suivant Le Duchat. Rabe- 
lais, en employant chareté dans ce sens, équivoque 
avec le mot charité. (Le Duchat, sur Rabelais, t. V, 
p. 129.) CaretOy en languedocien, signifie masque. 
(Borel, Dict. au mot Carauldes.) 

VARIANTES I 
CHARETÉ. Le Duchat, sur Rabel. T. V, p. 129. 
Gareto. Borel, au mot Carauldes. 

Charetée. Mot corrompu. Peut-être faudroit-il 
lire cKarette pour qui arrête ; voici le passage (6) : 

Dame, gardez vous de la bée : 
En mains Icus, par la contrée, 
Charetéey et fait les gens muser. 

Fabl. MSS. du R. n» iéib, t. U, fol. 135, V, col- 1. 

Gharetée, subst. fém. [Intercalez Charetée^ 
tonneau, mesure pour le vin, dans les Arrêts du 
Parlement (vol. il, 12 mai 1414]: « Pro tonneilo, 
« appellato dmr^^^'^, septem solides turon. » On 
lit encore au reg. 170, p. 1, an. 1415: « Item aucun 
« vendeur... ne vendra à laditte estappe que une 
« charretée ou chariotée de vin à une foiz. »] (n. e.) 

Chareti, subst. masc. Chartil. — Charrette. 

Au premier sens, c'est le lieu pour mettre à cou- 
vert les chariots ou charrettes (7). fDict. de Borel.) 

Ce mot signifioit aussi le corps de la charrette, ou 
même une charrette grande et longue. 

Puis a veu, en un cortU, 
Gésir un grant vieil charetil (8) ; 
Encontre la maison le drece. 

' Fabl. MSS. de S. G. fol. 88. V* col. 3. 

VARIANTES (9): 
CHàRETI. 

Charetil. Fabl. MSS. de S. G. fol. 38, V« col. 2. 
Charti. Ménage et Du Cange (10), au mot Charterius. 
Karetil. Phil. Mouskes. 
Karetius. Phil. Mouskes, MS. p. 233. 

Charette, subst. fém. Charrette. Char. Chariot. 
— Jeu. 

On disoit autrefois carete. T^e peuple prononce 
encore ainsi en Normandie et en Picardie. En 
Touraine et ailleurs, il prononce une charate. (Du 
Cange, aux mots Carrecta eiQuairetum.) 



(1) La Satire Ménippée écrit encore (7) : t II ne vous faudra d'autre absolution ny d'autre chardonnerette qu'une demi- 
drsgme de cathoUcon. » (n. e.) 

(2) Ed. Henschel, II, 177, col. 2. (n. e.) 

^3) Comparez carée qui se trouve, en 1416, dans un cartulaire de Gorbie. (Du Cange, id.) (N. E.) 
(4) Sous ce règne, le plus grand vaisseau fut Marie la Cordelière^ qui, le 10 août 1512, sous le commandement d'Hervé 




(6) Les deux derniers vers se rapportent à bée^ curiosité ; mais ils sont faux, corrigez : c Qui en mains leus par la contrée 
Gharetée, fait les gens muser. » On a là le participe passif du verbe charreter. (n. b.) 

(7) Le sens est dans Renart, v. 4167 : a Cu saiUirent au charretil Où il cuidierent Kenart prendre, Mais il ne voulut p|8 
tant atendre. » (n. s.) 

(8) On Ut encore, au Livre des Métiers (323) : f Fourches, fleaus, restiaus, fauches, ne doivent rien de tonlieu, ne charetil j 
ne chevron dolé. i (n. s ) 

f9) On dil encore en Berry chartil. en Saintonge chartis. en Picardie carti. (n. s.) 
(10) Ed. Henschel, U, 316, col. 3. (n. s.) 



CH 



- 392 - 



CH 



Avant rinvenlion des carrosses, les charrettes en 
tenoient lieu. Gui comte de Blois « ne pouvoit plus 
« chevaucher, mais se faisoit mener dans une char- 
« rette. » (Froissart,liv. II, p. 130.)(i) C'étoit, ancien- 
nement pour un î^uerrier, une voiture deshono- 
rante. Lancelot, pour avoir été voiture dans une 
charrette, est appelé plusieurs fois Chevalier Char- 
rette (2). a Sire, dictes nous qui vous estes? —Dame, 
« disl-il, ung Chevalier Charrette suis je. — CeriùSj 
« dist elle, c'est grant dommage à vostre corps. » 
(Lancelot du Lac, T. II, fol. 4 ) Les femmes avoient 
leur charrette, comme aujourd'hui leur carrosse (3). 
« Se li remaindroil sa robe, joiaux avenans, se ele 
« les avoit, et son lit, et sa charette, » (Ord. des R. 
de Fr. T. I, p. 156.) Dans le Testament du comte de 
Guines, il dit en détaillant les legs qu'il fait : « A mes 
« filles tottes mes carettes à tôt les kevaux, etc. » 
(Duchesne, Gén. de Guines, p. 284, tit. de 1241.) 
joach. du Bellay, p. 195, a dit la charette de Nep- 
tune, pour le char ou plutôt la conque qui lui sert 
de voiture. 

Charette Michaut étoil une espèce de jeu. Frois- 
sart, parlant des jeux de son enfance, dit : 

A mulet, au saillir plus hault, 
Et à la charette MichauU (4). 

Poës. MSS. de Froiftsart, p. 86 et 87. 

Marquons l'expression singulière : rimer en cha- 
rette^ ou en clos. C'est, sans doute, une allusion à 
deux espèces de rimes dont il est fait mention dans 
les troubadours. L'une étoit appelée rima clama et 
l'autre rima cara^ peut-être à cause de sa difficulté 
et parce qu*il en coûtoit cher au poète pour la 
trouver. Ou lit dans une ancienne ballade adressée 
à un poète françois : 

Car, pour rimer en clos, ou en charette^ 
N'est aujourd'hui, bien le puis soutenu:, 
Si grant faiseur, ne si noble pouete. 

Poes. MSS. d'Eust. Desch. fol. 925. ool. 4. 

Proverbes ; 

1» Manger des char et tes ferrées, pour faire le 
brave. (Brant. Cap. fr. T. II, p. 179.) 

2* On disoit, en parlant des bienfaits dont le sou- 
venir excite la reconnoissance : 

Sonent bontiez à ma charrete 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 61. V col. i. 

Peut-être, par allusion aux petites sonnettes que 
Ton attache aux harnois des chevaux. 

VARIANTES (5) I 
aiARETTE. Du BeUay, fol. 195. 
Gharatte. La Thaumass. Coût. d'Orléans, p. 466. 
Charrette. Orthog. subsistante. 



Chariete. La Thaumass. Coût. d'Orl. p. 466. 
Charrietb. Beaum. à la suite de la Coût. d'Oïl, p. 466. 
Carete. Poës. fir. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1340. 
Careste. Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis. 
Carettes. Duchesne, Gén. de Guines, cité ci-aprés. 
Cherrette. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 6^. 
Charate. Coût. d*Orl. à la suite de Beauman. p. 466. 

Charevastre, subst, fém. Etoffe cendrée. De 
couleur de cendre, suivant Cotgrave. De là on 
a dit : 

Le rasteau de vos dents est crasseux, et jaunastre : 
Vostre sein est temy comme une charewisire. 

Dm Aeeords, Bififr. fol (30. 

Charezy subst. masc. plur. On trouve ce mot 
dans les vers suivans, où il désigne peut-être une 
espèce de raisin : 

Moulte furent servi richement 
De plusors mes, et de bons vins, 
De fors morez (6), de charez fins. 

Fabl. MSS. du R. n- 7615, T. II, fol. 176. R* ool. S. 

Chargage, chargaige. [Intercalez Chargage, 
chargaige, droit de charger et de transporter des 
tonneaux sur un chariot: « Nos dittes gens... ont 
« assigné... au roi de Boeme... à Filayns le 
« chargage et barrage. » (Ch. de 1339, Du Gange 
sous chargiaginm.) On lit encore au reg. 206, 
p. 1144, an. 1477: « Icellui Louvin, qui tient la 
« ferme du chargaige à Compiegne. »] (n. e.) 

Chargant. [Intercalez Chargans , épitbèle 
d'arbre, avec le sens de fruitier au reg. 109, p. 64 : 
« Donnons... terres, vignes, bois, haies, arbres 
« chargans et non chargans, comme quelconques 
« autres choses. » Le sens est plus clair dans la 
Rose (v. 1334) : ^ Nus arbre qui soit qui fruit 
« charge. > Le plus ordinairement, il signifle 
pesant, pénible : 

Là del biec en Velme feni 
Un colp si dur et si cargant 
Ou*à paines remaint en estant. 

Parlooopex de Blob. v. 3198. 

« Por ce que moult seroit lonçue cose et 
« carquans as homes qui font les jugemens. • 
(Beaumanoir, 33.) Ce participe présent, rapproché 
clés diverses orthographes données sous carcan, ne 
mène-t-il pas à Tétymologie mieux que le haut 
allemand de Diez ?] (n. e.) 

Chargé, participe. Ce mot subsiste sous l'or- 
thographe chargé. Nous remarquerons seulement 
les deux expressions suivantes : 

lo En termes de procédures : chargé de ses faits, 
ou chargé de ses Tneffaits signifle, suivant l'éditeur, 



(1) Ck)mparez éd. Kervyn (X, p. 245). Gui II, comte de Blois, étant malade pendant l'expédition de Bourboura (1383), c De 
pobit nuUement souflrir le chevauchier, mais il se mist en littere et se partit de son hostel et prist coDgiet a madame sa 
femme et à Lois son ifU. i (n. e.) 

(2) il avait été traîné sur la charette comme un supplicié, pour crime de félonie ou de Iftcheté ; ce fût le traitement 
d'Olivier de Clisson, père du connétable (2 août 1343) : c Fu par jugement du roy donné à Orliens traynez du GhasteUet de 
Paris es Ilales en Champiaus. et là ot sur un escbafaut la teste coppée. Et puis d^ileuc fu le corps trayné au gibet de Paris. > 
(\. N. sect. jud. X« a 4, fol. 186.) (N. E.) 

(3) Voyez p. 246, la note sous caro««e. (n. E.) 

(4) On lit au Recueil de Proverbes de uruther (Le Roux de Lincy, II, 57) : c La mesgnie de maistre Michaulty tant plu on 
y a et moins dure, s (N. E ) 

(5) On lit dans la Chanson de Roland (y, 2^2) : f En treis carettes les guiez à Tcbemin. » (N. E.) 

(6) Le morez (lat. inoratum) est un mélange de miel et d'eau. Charez est une faute pour clarez : c Moult ont bons mes et 
bon viez vins, Et bons morez et clarez fins, i (Du Cange, IV, 544, col. 8.) (N. s.) 



CH 



-► 893 — 



CH 



qu*en livrant un criminel, on doit livrer aussi les 
pièces de son procès ou de sa condamnation, ou le 
procès verbal de saisie faite chez lui ou sur lui. 
(Voy. Ordonn. des Rois de France, T. III, p. 311.) 

2* On disoit chargé yvre, pour chargé de vin. 
(Oudin, Dict. et Curios. fr.) (1) 

VARIANTES l 

CHARGÉ. Orthographe subsistante. 
Chargiâ. Beauman, p. 13; ViUehardouin, p. 60. 

Charge, subst. Charge. C^étoit une espèce de 
mesure de sel. (Perard, Hisl. de Bourg, p. 474.) 

Cherge signifloit charge, faix. (S. Bern. Serra, fr. 
Mss. p. '11%,) En latin Onus (2). 

VARIANTES : 

CHARGE, Cherge. 

Chargeable, adj. Onéreux. — Responsable. 

Au premier sens d'onéreux, ce mot avoit une 
signification active. On disoit « au plus profitable, 
« et moins chargeable ». (Gloss. de l'Hist. de Paris.) 

Cette même signification devient passive, dans le 
sens de responsable, c'est-à-dire qui est chargé, 
comme Ton voit par le passage suivant : « La 
« femme est tenue, et chargeable de payer la moitié 

• des debtes. » (Coût. Gén. T.l, p. 632.) 

Chargée. [Intercalez Chargée^ au sens de 
bêle de somme : « Une chargée de gerbes de blé. » 
(JJ. 144, p. 438, an. 1393.)] (n. e.) 

Chargeoir, subst. masc. C^mot, suivant Monet 
et Oudin, signifioil« un lieu destiné à charger al'a- 
« vantage chariots, charretes, vaisseau de mer (3) ». 

Ghargeolre, subst. fém. Sorte de piège. On a 
dit, au figuré : « Ne s'en fallut gueres qu'il fust 
« attrapé en sa char^^otr^ comme un vieil renard. » 
(Merlin Cocaie, T. Il, p. 85.) 

Ghargeours, subst, (4) Espèce devaisselle. Nous 
trouvons ce mot dans une citation latine rapportée 
par Du Cange, au mot Peutreum (5). 

Chargeur, subst, masc. Délateur. Qui accuse, 
qui charge quelqu'un d'un crime. 

Chargeurs^ envieux, arrogans 
Sans cause triste, autniy moquans. 

Poés. MSS. (TEust. Detch. fol. 405» eol. 4. 

Chargeus» adj. Onéreux. En latin onerosus. 

• Les excès des Sarrazins qui, selon la loy de 



« Mahomet, luy sont plus chargeux que les jousnes 
« des chrestiens ne leur sont dommageables. » (Al. 
Chartier, l'Espérance, p. 358.) 

VARIANTES ' 
CHARGEUS. Eust. IXesch. Poës. MSS. fol. 255, coU 1. 
Chargeux. Gloss. du P. Labbe, p. 517. 

Chargne. [Intercalez Chargne, p. e. boucher, 
p. e. collecteur du charnage pour son seigneur : 
« Jehan le Cuisinier gendre au chargne de Savigny. » 
(JJ. 161, p. 175, an. 1406.)] (n. e.) 

Chariable, adj. Terme de coutumes. Ce mot 
désigne un vassal obligé envers son seigneur à four- 
nir des charrois. (Du Cange, au mot Carroperarii.) 
« Et sont chariableSy a la raison dessus dite, ceux qui 
« ont etc. » (Coul. d'Auvergne, au Coût. Gén. T. II, 
p. 460.) « L'homme serf, ou serfve tenant feu et 
« lieu est encore chan^oyable s'il tient les harnois 
« de bœufs, ou chevaux. » (La Thaumass. Coût, de 
Berry, p. 161. — Voyez le Dict. de Cotgrave.) 

VARIANTES : 

CHARIABLE. Goût. d'Auvergne au Coût. Gén. T. II, p. 460. 
Charriable. Ibid. 

Charroi AELE. Du Gange, II, 203, coL 1. 
Charroyable. La Thaumass. Coût, de Berry, p. 161. 

Ghariage, subst. masc. Terme de coutume (6). 
Ce mot signifie proprement le droit de passage, avec 
une charrette, sur la terre d'un autre : « Il a esté 
« en bonne possession d^avoir chariage parmi le 
« champ et terre deColarddu Vivier; luy, ses gens 
« et maisnies de y aller, et venir à pied et à cheval, 
« et à char, et a charette, • (Bouteiller, Somm. 
Rurale, p. 111.) 

Ghariéy adj. Carié, vermoulu. C'est le sens 

gropre. (Voy. le Gloss. de Marot.) De là, on a dit au 
guré : vieil charié, pour cassé de vieillesse. 

Si 8aj|;cment vivre souloit, 
Que jamais estre ne vouloit, 
Combien qu'il fust vieil charié, 
Prestre, ne mort, ne marié. 

Ci. Marot. p. 4SI. 

VARIANTES I 
CHARIÉ. Cl. Marot, p. 421. 
Charrié. 

Chariery verbe. Charger. C'est le sens propre. 
De là, on a employé ce mot dans le passage suivant, 
pour charger ae tailles ou autres droits. Je croi- 



(1) Il a, dans Froissart, deux autres acceptions : 1« Tourmenté : « Car gens d'ostel qui se tiennent à cargiet de vous 
seront tout resjouy de vostre département (II. 47). — Li bourgois de Rennes se tenoient à moult cargiet dou dommaige. » 
(IV, 14.) ; 2» ordonné : « Il lui est chargiéq^Q il vous délivre aucune chose, i (XIV, 174.) (n. e.) 

(2) Au XII* siècle on lit dans les Rois (177) : c E David li dist : Si tu t*en viens od mei, tu m'iers à charge, i (n. e.) 

(3) C'est aussi le support de la hotte ou la hotte eUe-méme : c Jehan Colin laboureur qui portoit ung chargeoir à 
fiéns,... tira Tun des bastons qui soustenoient ledit chargeoir. i (JJ. 170. p. 60, an. 1417.) (N. s.) 

(4) Le mot est anglais. On lit au Testament de Raoul de Nevii aux tormul. Angl. de Madox, p. 432 (Du Cange, II, 908, 
col. 1) : c Item do... cum optimo cipho meo auri, cum VI chargetmrs^ XIV discis argenteis. » A la page 427 de Madox 
(Id. col. 2), on a la forme chargeras^ ^SIH^ ^^^ charger; c'est un dressoir^ un surtout, (n. e.) 

(5) Voici la citation (Ed. Henschel, V, 231, col. 2) : c Nec non certa vasa de peutreo [étain], videUcet sex chargeours 
magnas, viffinti et quatuor paropsides, viginti et quatuor discos, viginti et quatuor fauceria de magna forma, i (Rymer, VII, 
p. 357, an. 1382.) (n. e.) 

(6) Ca mot signifie encore : \9 Voiture, transport : c Tout estoit remis à cariaae et voiture. > (Froissart, IV, 419); 2» bagages : 
€ Si en estoit gardiens et capitaine Guillaume de Lusceboume, lequels avoit là dedens sa femme et ses enfans et tout son 
mariage, » (Froissart. X, 379.) Ces deux acceptions se retrouvent au xvi« siècle : < Monsieur de Sainct Pol feit passer 
*artiuerie et tout le bagage et carriage pour marcher droit à Pavie. i (Du Bellay, 156.) — «. Le vin vaut bien le charriage 
}q'U y a à Tabbaye du Broc. » (J. Le tioux, I.) 



1 
On 



m. 



50 



CH -8 

nis qu'il faudroit écrire charje, si la rime ne déter- 
minoit la leçon (1). Ou a vu charge ci-dessus pour 
impôt, 

Uni niUr H ....u..— .. - - 

iB homes diarie, 
Hes HUeB en marie. 

Pm. dn VUlalo. HS. de S. G. (aL 7S, V eol. 1. 

Ctaarler, verbe. Charrier. Ce mot, qui BubsisLe 
aous la seconde orthographe, conserve aujourd'hui 
plusieurs acceptions. Il se dit encore, en termes de 
uiuconnerie. lorsque l'oiseau s'enfuit avec sa proie 
«t ne revient pas quand on le réclame. Sa signifi- 
cation n'est peut-être pas tout à fait la même, dans 
ee passage où l'on enseigne à dresser un faucon : 

• Ayant trouvé le hairon séant, faut que tu le 

■ mettes avec Ion faucon nouveau, en haut lieu au 

• dessus du vent, et que celui qui a le faucon hai- 
« ronnier face ciiarier le hairon ; et quand il aura 
> laissé aller son faucon au hairon, qu'il regarde si 

• le hairon qui volera prendra sa monstre, car 

■ alors ne laisse pas aller ton faucon après, et ne 

■ luy este pas le chapperon. i> (Budé, des Oiseaux, 
fol. 126.) 

VARIANTES (2) I 

CHARIER. Budë, des Oiseaux, fol. 126, R*. 
Charrier. Orlh. eubeiBUnte. 

Chariere, subst. fém. [Intercalez Chariere, 
route où peut passer une charrette, une voiture, 
en provençal carreria, en espagnol carrera. 
(Comparez carrière.) 

llusdant aqueut une chariere ; 
De la rote molt s'esbaudit. 

Triitm, *. I4SS. 

On lit aussi au Boman de Renarl, I, p. 26, v. 664 : 
Il voit qu'aie est en U chariere. 

La forme est un peu différente dans la Ctironique 
de Normandie (1, p. 287, v. 5879) : 

Trej par mi l'ost fuat la charrere.] (n. e.) 

Chapiges, s«bs(. Sorted'impôt(3).En latin telo- 
neum, que le P. Labbe rend françois par le mot 
treus, dans son Gloss., p. 529. Peut-être est-ce un 



i - CH 

droit de voirie sur les charrettes f On a pris dans 
le môme sens le mot cturiers. (Voyez cet article.) 

Charlaer, verbe. Railler, rire (4). En latin caciâ- 
nari, selon le Gloss. du P. Labbe, p. 4l9i. [Voyez Du 
Gange, au mot Carina,.) 

CharioIIe, subst. fém. (5) Chariot. > Chariot i 

• faire marcher les enfans, ■ suivant le Dictioao. 
d'Oudin. (Voyez ci-dessous Cbariot.) 

Chariot, subst. masc. Chariot. — Berceau. 
Ce mot subsiste au premier sens de cbariot ; mais 
il est de notre ressort de marquer ce qu'on enten- 
doit autrefois par ce mol : 

1* Une sorte de machine roulante pour faire mar- 
cher les enfans (6). En parlant d'un enfant, on dit : 
Apprête mo; le chariot. 
Pour apprendra a aller mou fiaa. 

KiM. iiiTh.b-. T. I, p.t6t. 
3° Une espèce de voiture de distinction qu'on 
nommoit chariatt à dames, dans les Chroniques de 
Saint-Denis, tome II, fol. 240. En parlant de la 
pompe funèbre de quelques seigneurs, • furent mis 
■ en trois chariots à datnes,aour esire conduits au 

• lieu de leur sépulture >. On lit chars à dames, 
dans le MS. de Nangis (7). C'étoit peul-élre ce qu'on 
nomme ailleurs chariots branlans, voilures suspen- 
dues, en usage sous les rois Charles V, VI et vil. 
[DuCange,auxmotsCarrociumetCan-uca.)Juv. des 
Ursins, Ili^t. de Charles VI, p. 169, dit : < La royne 

• entra à Paris en grandes pompes tant de litières, 
« chariots branlans couverts de drap d'or et 
1 hacquenées, que d'autres divers paremens. > Le 
corps de Charles Vil fut mis, à son convoi, dans 
un chariot branlant, selon Math, de Coucy, Hisl. 
de Charies VII, p. 732. C'étoit, selon le même histo- 
rien, un chariot de cuir bouilli. 

3* Le chariot d'armure étoit peui-ôtre le même 
que char d'armes (8). (Voyez ci-dessus l'articIeCuAi.) 
Au convoi de François I", son corps fut mis dans 
un chariot d^armures irainé par six grands cour- 
siers. (Voyez Mém. de Du Bellay, tome VI, p. 139.) 



(1) u Taut lire chaiie, du verbe châtier; entendez : < Le Seigneur fait de son bomme (tenancier) une mauraise marche à 
Bon esCBlior : il charrie sur ses honmies (comme le faucon but la proie) ; (du profit) il marie see mies, a (N. K.) 

(3) Le mot est dans lu ChaoBon de Roland (v. 33) : Cinquante c-anes qu'on ferat carier. > Littré dérive ce mot de carrieart 
^i Cange, 11, p. 900, col. 3) ; U. Léon Gautier (Roland, U, 300) prÉTArs carrtdare, (orme active n'existant pas dana Du 
Canffe. Au zui' Biècle, le continuateur de Viliehardouin, Henri de Valenciennea terit : t Car ou trova l'aighe ai durraztent 
engielée ke on pooet bien cariier bus. i (Ed. de Waillj, § ^66.) Joinville fait de l'inliniliT un substantif verbal : f Quant 
pechië tirent cil qui li loerent l'alée, i la grant fcblesce là od ses cors eetoit ; car il ne pooit souflrir ne le charter, ne le 
chevaucher i (^ 7ï7), Charier et charoyer sont deux formée dialectales d'un même mot. (n. e.) 

(3) On trouve dane Du Canne la Tonne laUne charica : t Oblatio, ut videtur, quw ex dùtritaie aeu Rratuito fit, Cbarts Rob. 
vicecom, Blés, ex Cbartul. Hiciac,. p. 455: a Tertiam partem reddituum eocleaite S. Aviti valliB Hac«ri*rum, lam in 
offerandis quam in sepulluris, seu decimis slve charicis. i Dana une charte de 1168, au même C^rluÙre de Htcj (Ou CaoBB. 
Caritaa, 10), je crois q^u'il fnut lire charicat at non charitaa : c Duaa partes babetie... in omnibua oblaUonlbua, qubcumque 
modo fiant, tam pro vivis quam pro mortuis, exceptis nummis de dominica di" — " '^ — '' " — ' — ' '" - " 

(4) On trouve plus souvent eichamir que chariner, dans lâs glossairea. (n. i 

(5) Comparez le français actuel carriole, (n, E.) 
(6j JJ. Rousseau (Emile, II) écrit encore en ce sens : i Emile n'aura ni charriott, ni lisièrea. i (N. K.) 

(7) On les nommait encore currei, d'aprÉs Guil. de Nangia, et on Ut dana Du (Unge, U, 90i, col. 3 : ( Car pour repos j'aj 
eu enfoullure. Pour le beau temps j'a? engresleure. Pour provision des pometna, Pour chario* bramtattt, brouettât. > 
(Voir Carosse.) (N. E.) 

(8) Char d'arme» ne peut être attribué à Villebardouin, mais à Du (^nge ; H. de Waillf replace au texte une leçon donnée 
par tous les mss. moins un qui l'omet (g 928) : t A l'aie de Dieu, fu desconflz l'emperere Morchuflex, et dut aatr« pris mi 
CM-i domaines' et pardi son gonfanon empcrial. > Ce chariot iTarmure est un carroccio qui servait surtout dans lea pompât 
funUires, car S' Simon (VUl, 103) écrit encore de Louis XIII : < Le roi ordonna jiuqu'a l'attelace q*i deiatt mener soa 
chariot, > (n. E.) 



i, qui chariia* appellantur. * 



CH 



— 385 — 



CH 



4* On appeloil chariot du Roy Artus un prétendu 
chariot du diable^ qu'on croyoit passer la nuit en 
Tair, avec grand bruit. Voy. ce qu'en dit le Dictionn. 
de Borel au mot Charroye (1). 

Nous avons vu que char sisnifloit quelquefois un 
berceau de verdure. Chariot etoit pris aussi dans le 
même sens : • Les branches venoient ensemble au 
« dessus en manière de chariot. » (Percefor. vol. IV, 
fol. 2.) 

On trouve ce proverbe dans un de nos anciens 
romans : 

Compoing par voye, bien parlant, 
Vault bien un chariot branslant, 

Alector. Ron. fol. iB, V*. 

C'est une bonne traduction* du proverbe latin : 
Facundui cornes pro véhicule (2). (Falc.) 

Charlotage, subst. masc. Ghariage. Voiture. 
(Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Charlote, subst. fém. Petit chariot. On lit dans 
les Essais de Montaigne, tome I, p. 911 : « Chariottes 
« pleines de bruyère tirées par des bœufs. » 

VARIANTES : 
CHARIOTE. Moyen de parvenir, p. 59; Dict. de Monet. 
Chariotte. Dict. d'Oudin. 

Charioter, verbe. Charrier. « L'hiver passé 
que la Seine chariote. • 

Chariottée, subst. fém. Charge d'un chariot (3). 
« N'eust esté dix ou douze chariottées de bardes de 
« fer que etc. < (J. î>e Fevre de Saint-Remy, Hisl. de 
Charles VI, p. 112.) On dit encore chanottée^ en 
Normandie. 

Charir, verbe. Charrier. C'est probablement le 
sens de ce mot, d'où Ton a fait charissent pour 
charrient. « A l'entrée du mois d'aoust, le mayeur 
« fait commandement à tous les habitans, Qu'ils ne 
« soit nuls ny nulles qui charisseitt après le 
« soleil, sur peine et amende de soixante sols. » 
(Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 436.) 

. Charitable, adj. (4) Nous remarquerons que ce 
mot, qui subsiste, a été autrefois employé substan- 
tivement pour désigner les Minimes, à cause de leur 
devise Charitas. (La Roque, Origine des noms, 
p. 259.) On a aussi nommé, dans quelques cou- 



tumes, charitables des pauvres, les administrateurs 
du bien des pauvres. « Au seigneur appartient de 
« créer, et instituer marguilliers, et charitables des 
« pauvres^ les déporter etc. » (Coût, de Douay, aa 
Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 972 (5).) 

Charltate, subst. fém. Charité. (Voyez Chron. 
de Saint-Denis, tome II, fol. 32) 

VARIANTES .* 
CHAIUTATE. 

Ghariteit. s. Bem. Serm. tt. p. 15. En latin earitoê. 
Charitks. s. Bern. p. 428, en latin cariias et œmukitiB, 

Charltatlf, adj. Charitable. On disoit repre- 
hension charitative, pour correction charitable. 
(Hist. de la Toison d'Or, vol II, fol. 13.) « Le pape 
« levoit des subsides par voye charitative, » c est- 
à-dire par forme d'aumône, de charité, d'œuvre 
pieuse. (Monslrelet, vol. I, fol. 105.) C'est en ce sens 
que l'on a appelé don caritatif (6) une levée de de- 
niers faite sur le clergé, en 1415, pour tes besoins 
du pape. (Choisy, Vie de Charles VI, p. 463.) 

VARIANTES * 

CHAR1TATIF. Diction. d'Oudin. 

Caritatif. Dict. de Corneille, Dict. de Borel. 

Charité, subst. fém. Tendresse. — Pain béni. 
— Fausse imputation. Nous ne marquons ici que 
ces ^gnifications. Nous avons indiqué, à l'article 
Carité, celles qui lui paroissent communes avec cet 
autre mot (7). 

Charité signifle souvent amour, tendresse pater- 
nelle, dans Percef. vol. I, fol. 124. Nous ne trou- 
vons ce mot que dans ce sens, lorsqu'il est écrit : 
chérité. On lit, dans les Ord. des R. de Fr. T. IH, 
p. 148 : « Par amistié et chérité. » On a dit aussi : 

Jalousie vient de fine chierté. 

Ane. PoëB. fr. IfSS. d« Val. n* ISM. fol. 150, V eol. i. 

On disoit avoir^ ou tenir en chierté (8), pour 
chérir. (Eust. Desch. Poës. mss. fol. 111.) 

On a dit la cliarité, pour le pain béni (9). « Nostre 
« pain benist, qu'encore aujourd'hui, plusieurs vil- 
« lageois, mesme en Poitou, appellent vulgaire- 
« ment la charité. » (Discours sur les Serées de 
Bouchet, liv. I, p. 2.) 

On appeloit les fausses imputations, les discours 
calomnieux de mauvaises charités. « Les combats 



(1) On a confondu le car (T Arthur avec le chariot de la mort. Arthur sonne parfois du cor à travers les forôts bretonnes 
et annonce ainsi qu'il doit revenir ; le c?iariot de la mort, Carrik-an-Ankou, roule la nuit près des chaumières où un malade 
est à Tagonie. (n. e.) 

(2) C'est une sentence de Publias Sjrus qui écrit : c Cornes facundus in via pro véhicule est. » Citons encore ce proverbe 
du XVI* siècle (Gabriel Meurier, Trésor des sentences) : « Chariot engraissé et oingt A. charier est mieux en poinct. » (n. £.] 

(3) Chariotée est encore une espèce de tonneau ou ce qu'il contient : f Item aucun vendeur ne vendra à laditte eetaiM 
que une charretée ou chariotée de vins à une fois, i (JJ, 170, p. 1, an. 1415.) Chariottée est au t. IX des Ordonnances, p. 713, 
art 1, an. 1407. L'exemple qui suit assure le sens (Arrêts du Parlement, II, 12 mai 1414) : c Pro tonnelle, appellato charetée, 
septem solides turon. » (n. e.) 

(4) Le mot se trouve sous la forme actuelle au v. 52S^ de la Rose ; Rutebeuf (280) donne une variante : c En paradis 
Tesperitable Ont grant part lagent charitable. » (N. e.) 

(d) On lit encore à la pose 900 : c Instituer clerc parrochial, mhiistres margUseurs et charitables des pauvres, v Voyez Dn 
Cange sous Caritaderius. (n. e.) 

(6) Cest ce qu'on a encore appelé un dtm gratuit. (N. E.) 

(7) Aux sens indiqués en note, ajoutez celui de biens donnés à une église ou à un monastère, à charges de prières, 
aumônes et repas extraordinaires le jour de l'anniversaire du donateur. (Voyez Du Cange, Caritas, 2 et 3.) (n. e.) 

(8) Charité est une forme savante qui se trouve cependant dès le xn* siècle : < Ne tieng, fait Saint-Thomas de loi fins, 
n^eritez, ne rien en baruiiie: mais tut est c^aH^ez. » Chômas de Cantorbéry, 45.) Li 



(d) Voyez la note à chdjntre, sous pain de chapitre. (N. E.) 



La forme populaire est cherté, chierté. (n. s.) 



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encore des provinces, par exemple la Touraine, où 
le peuple ajoute ainsi des r superflus. 

Gharlater, vei'be. Charlalaner. Faire le balc- 
leur. (Dictionn. de Monet, de Cotgrave et d*Oudin.] 
« Le Houge de Hontmajour dict que ce Gir^tud de 
« Bourneil ne faict que charlater en ung cagnurd 
« au soleil. » (J. de Nostre-Dame des Poës. Provenc. 
page 146.) 

Gharlaterle, subst. fém. Charlatanerie. Bord 
interprèle chan*eterie , par charlaterie , et cite 
Villon. 

TARIANTES I 

CHARLATERIE. Monet, Oudin, Dict. 
Charreterie. Borel, Dict. 

Gharle, subst. masc. Nous avons eu» comme on 
sait, plusieurs rois de ce nom. De là, cette espèce 
de monnoie qu'on appeloit florin de Charle^ ou 
carolus (4). • Payant annuellement un florin de 
« Cliarle, au profit de la ville. » (Coût, de Brussetles, 
au Nouv. Coût. Cén. T. I, p. 1231.) On a dit, par une 
espèce d'équivoque assez singulière, Charle qui 
tnche, pour Charles d'Autriche. (Brant. Gap. Eslr. 
T. II, page 1.) C'est sans doute par allusion à cette 
expression Charle qui triche^ que Charles s'est pris 
pour signifier un fourbe, selon Oudin(5). (Dictionn. 
et Curios. franc, p. 84) 

Charlemague. [Intercalez Cliarlemagnen dans 
la locution « autant que Charlemague en Espagne • : 
l'empereur, d'après les Chansons de geste, y 
séjourna longtemps, mais n'y réussit guères. « Et 
« quant est de l'aymer, il y seroit avant aulanl 
• que Charlemagne es Espagnes. » (Martial de 
Paris, XV siècle, Arresls d'Amour, arrest XXIII.) 
C'est une jeune dame qui refuse d'aimer un 
vieillard.] (n. e,) 

Charlerle. [Intercalez Ctiarlerie^ métier du 
charlierj fabricant de charrues: « Les mareschaux, 
« charrons, charliers et autres eulx entremettant 
« de négotialion de chevaulx et charrues... 1^ 
« mestier de charlerie. » (JJ. 195, p. 721, an. 
1472.) Le mot est aussi dans Froissart, d'après 
l'édition Luce.] (n. e.) 

Charlist, subst. masc. Châlit. « Esquelles 
< maisons avoit gentes salles, chambres garde- 
« robes, charlistSy dressouerz, buffets, bancs, 
« tables, et autres choses nécessaires. » (Petit Jean 
de Sainlré, p. 373.) 

Charme, subst. masc. Vers. — Enchautemenl. 
— Chaume. 

(1) Voici le passage de Pasquier : c C'est une charité que Ton luy preste quand on Taccuse de cruauté. » Le passage 
suivant, de Carloix ou Scepeaux (VIII, 7), explique cette acception : f Cela advenu, on Teust pu calompnier d*e8tre adherens 
aux rebelles (car les gens ae bien et d'honneur ne manquent jamais de presteurs de charité), » On la retrouve aux Mémoires 
de Condé (551) : c II me confirma en l'opinion que j'avoye que MaUgny et d'autres ses compaignons lui avoyent preste ceste 
charité (d'être complice de la conjuration d'Âmboise). » (N. e.) 

(2) Charron (Sagesse, p. 468) ajoute, <( comme disent les Hébreux » : ce serait un proverbe de juifs non de chrétiens. (N. s.) 
(S) On lit encore dans Le Roux de Lincy (I, 7): < Charité oingt, péché poingt. » (n. e.) 

(4) Voyez ce mot et les notes (p. 245 et 246). (N. e.) 

($) C'est une manière abrégée et polie de faire allusion à charlatan : « Vous êtes un Charles, » L'aUusion est plus 
détournée dans la locution faire Charlemagne, Citons encore le proverbe : f II a fait plus que Charles en France. » (Le 
Roux de Lincy. II, 32.) C'est Charles VU le bien servi : A. de Ricnemont, Jeanne d'Arc, Jacques Cœur, les Mres Bureau, 
lui permirent de s'occuper plus des fantaisies d'Agnès Sorel que des besoins de ses sigets. (n. b«) 



« de nuict sont fort dangereux, et subjects à de 
« mauvaises cluiritez. » (Brantôme, sur les Duels, 
p. 202.) Presler une charité se disoil pour rendre 
un mauvais offlce (Oud. Curios. franc.) et jeter un 
soupçon sur quelqu'un. (Voy. Pasquier, RecJherches, 
liv. V, p. 427(1); et Montluc, tome l, p. 144.) 

C'est encore un proverbe en usage que celui-ci : 
Charité bien ordonnée (2) commence par soi-même; 
mais il n'en est pas moins ancien. Je pourrois citer 
quantité de nos anciens auteurs où on le trouve; 
mais il me suffira de marquer qu'il est dans le 
préambule d'un mandement de Philippe-le-Bel, en 
i304. « Ordinala charitas rite in quosdam a se ipsis 
« incipit. » (Ord. des R. de P>. T. I, p. 422.) Voici 
un autre proverbe (3) qui a vieilli : N'est charité que 
de pur don. 

Plusieurs gens envoyent à Homme, 
Qui, à leur huys, ont le pardon. 
Il n'est loyer que de povre homme, 
Ne charité que de pur don. 

L'Amant rendu Cordelier, p. 588. 

VARIANTES : 
CHARITÉ. Orthog. subsistante. 
Chérité. Ordonn. des R. de Fr. T. III, p. 148. 
CuiERTË. Ane. Poës. fr. av. 4300, tome II, p. 727. 

Charités, subst. fém, plur. Ce mot est pure- 
ment grec. On s'en servoit autrefois en poésie 
C)ur désigner les trois Grâces. (Voyez le Gloss. de 
arot.) 

Charlaide, adj. Mot ridiculement formé du 
nom de Charles. On trouve race charlaide, pour 
épithète de Charles IX, dans les Epi th. de M. de La 
Porte. 

Charlaniser, verbe. Charlalaner. « Richeome 
« charlanisant, a hypocritement soustenu que, par 
« leur obéissance, etc. » (Lettres de Pasquier, T. II, 
page 687.) 

Charlans, subst. masc. plur. Nous disons 
encore chaland, dans le sens de fréquentation par- 
ticulière, d'attachement marqué pour une maison. 
C'est dans ce sens que charlans paroit pris, dans 
une ballade où l'auteur demande le payement de 
ses gages : 

Se délivrez n'est en ceste sepmaine, 
Luy retourné, sera de vos charlans : 
Corps et chevaulx avez à bonne estraine, 
Car il n'a plus de quoy faire despens. 

Po«s. MSS. d'EoBt. Deschamps. fol. 224, col. 2. 

On disoil charlans, pour chalans, comme on a 
dit cliarlisls pour châlits. (Voyez Ciiarlit.) Il y a 



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On disoit charme et carme, pour vers, du latin 
carmen. (Voy. Carme ci-dessus.) 

n croit que c'est tout un qu'un charme, ou qu'une rime. 

(EuY. de Tbéoph. i** part. p. 192. 

On trouve rorlhographe charmez, au même sens 
que Labbe rend par le mot latin carmin, qu'il 
explique chant, diUié. 

Nous disons encore charmes, au pluriel, pour 
enchantemens. On trouve ce mot, en ce sens, dans 
une Ordonnance de Philippe-le-Bel sur les Duels. 
• Mauvais engin, charmes et charoys. » (Bassom- 
pierre,surles Duels, p. 189.) 

On disoit aussi carmes, dans la même acception, 
et cette signification vient encore du latin carmen. 
(Voy. Carme.) 

On a écrit charmes, pour chaumes. Il y a assez 
d'apparence que ce n'est qu'u ne faute d'orthographe, 
dans ce passage : « Vains pasturage est en terres, 
« et prez despoiiillez, en pleines c/iarmes, et autres 
« héritages. » (Pithou, Coût, de Troyes, page 343.) 
L'éditeur observe « qu'il y a charmes au cayer du 
« greffe de la cour al chaumes, et non comme il 
« estoit imprimé cy devant et pleines charrues, • 
(Voy. Ane. Coût, de Troyes, au Nouv. Coût. Gén. 
T. III, page 276.) On lit charnies dans le Coût. Gén. 
T. I, p. 423. C'est une faute (1). 

VARIANTES : 

CHARME. Orth. subsistante. 
Charmez. Gloss. du P. Labbe, p. 493. 

Charmé, participe. On a dit au figuré : laide- 
ment charmé, pour malmené, dans ces vers : 

Ja seront laidement charmez y 

Car poi (peu) d*eus ont les chiés armez. 

Ne n*ont comme point de pictaiUe (infanterie) : 

Or est-il tens c*on les assaille. 

G. Guiart, MS. fol. 356. V. 

Charmé à mort, est mis pour tué, dans cet autre 
passage : 

* Maint homme i est a mort charmé ; 
En péril sont U desarmé, 
Qui Teur (oram) du fossé contretiennent 

G. Gaivi, MS. fol. 351, R* (2). 

Charmeau, subst. masc. Diminutif de charme. 
Espèce d*arbre ; petit charme, suivant le Dictionn. 
d'Oudin. 

Charmegneresse , subst. fém. [Intercalez 
Charmegneresse, sorcière: « Ledit Henry appella 
« ladite femme p. .., larronesse et charmegneresse. » 
(JJ. 157, p. 254, an. 1402.)] (n. e.) 



Charmer, verbe. Ce mot subsiste (3). On a dit 
proverbialemen t charmer les puces (4), pour s*enivrer 
le soir, parce que Tivresseesl une espèce de charme 
qui nous prive de sentiment. (Oudin, Dictionnaire 
et Curios. franc.) 

Ctiarineresse, adj, fém. Qui charme, enchan- 
teresse. (Dict. d'Oudin.) « Selon Platon, il ne faut 
« pas moins de force et de courage pour supporter 
« la douleur, que pour combattre a rencontre des 
« immodérées, et charmeresses blandices de la 
« volupté. » (Essais de Montaigne, T. III, p. 600.) 

Et les douceurs charmeresses, 
De tes lèvres baiseresses. 

G. Durant, à U suite de Bonnefons, pig« iOO. 

Charmeur, subst. masc. et adj. Enchanteur. 
Ce mot, comme substantif, se prend presque tou- 
jours en mauvaise part, et signifie sorcier, magi- 
cien, enchanteur (5). (Dict. de Monet.) 

Il est adjectif dans ces vers, et pris en bonne part: 

Je ne plains point mes pensers arrestez 
Au son charmeur de ta voix étendue. 

Giles Durant, à la suite de Boonefons, p. 446. 

Charmeuse, subst. fém. Celle qui charme^.. 
Corneille s'est encore servi de ce mot : 

Juge un peu quel désordre aux yeux de ma charmeuse. 

L*IlluaioD do P. CornoUle, act. 3. ac. 4. 

Charmez, participe. Ce mot, employé substan- 
tivement, désignoit les ai bres auxquels on a fait 
malicieusement quelque chose pour les faire tomber 
et les faire mourir. (Laurière, Gloss. du Dr. Fr.) 

Charmie, subst. fém. Chemise. C'est ainsi que 
Borel interprète ce mot dans son dictionnaire; il 
cite les vers du Rom. de la Rose où le moi charmie 
se trouve employé en deux sens différens, comme 
substantif, pour chemise, et comme adjectif: 

Lors void qu'elle est vive, et charmie 

Si U debailîe sa cliarmie^ 

Et void les beaux brins blandoyans. 

Je crois qu'il faut lire chaimûe dans le premier 
vers, et char nue dans le second. 

Charmin, subst. masc. Espèce de chien. Il est 
propre à chasser le loup. C'est ce qu'on peut con* 
jecturer d'une pièce intitulée « c'est la comission 
« des loups d'Espargnay (6) sur la rivière de Marne. » 

Y ont ilz mangié plusieurs chars, 
Sans que charmins ne volons 

Y osassent mettre les dens, 

Ne les autres chiens des bouchiers. 

Poês. MSS. d'Eust. Deach. fol. HO, col. 1. 



(1) Charme est encore une sorte de redevance, dans un registre de la Chambre des Comptes : f Item la coustume des 
charmes, dont chascun fuys doit par an une pou. » (Du Gange, II, 309.) Guiart lui donne aussi le sens de gémissement 
(v. 9^) : f Trex cris et si doulereus charmes. » (n. e.) 

(2) Charmé avait aussi le sens de soigné par incantalions inagiques : « Le supoliant fery ledit Nepveu un seul coup... et 
leait coup charmé de paroles seulement^ sanz autre médecine ou garison, ledit Nepveu ala de vie à trespassement. • 
<J J, 131, p. 142, an. laft.) (n. e.) 

(3) Nous retrouvons pour le verbe le sens indiqué au participe : c Tous guérirent exceplé iceUui Estienne, qui ûst 
charmer sa plaie qu'il avoit sur la teste sans autre remède y quérir. » (JJ, 176, p. 233, an. 1444.) « Lequel Ajiglois se flst, 
comme Ten dit, charmer par un ftranc archier. » (JJ, 189, p. lOT, an. 1457.) (n. e.) 

(4) De là ce passage des contes de Cholières dans le Dict. Comique de Roux : « Platon fait inhibition à ceux qui ont 
charmé les puces. » Les ivrognes dorment lourdement, et « qui nien dort pulce ne sent. » (Gabr. Meurier, Trésor des 
Sentences.) (n. b.) 

(5) On lit au Miracle de S<* Geneviève (xv« siècle) : f Les grans tempestes pardurables, Qu*en enfer souftirentles pécheurs, 
Charmeurs, devins, sorciers^ sorcières. » (n. e.) 

(6) Epemay. (n. b.) 



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Gharmoye, subst. fém. Lieu planté de char- 
mes (1). 

VARIANTES : 

CHâRMOYE, Nicot, DicUonn. 

Charmaye, Chermaye. Oudin, Dictionnaire. 

Charmoyer, verbe. Enchanter, user d*6nfthan- 
temens. 

Qui por amor charroie, et fet 

Por retenir amor et veraie, 

Ne ne porte herbe, ne charmoie, 

Orida (W Aria, Ane MS. d« S. Germ. fol. 06, 1l\ 

Gharttage, sub^t. masc. Carnage. On trouve 
carnallage (2), en ce sens, dansleDict. de Cotgrave. 
Pasquier dit, en parlant de la chasse, « qu'elle 
« attire quand à soy un charriage que TEglise 
« abhorre. » (Lettres, T. II, p. 697. — Voy. cî-dessus 
Carnage et Carnalage.) 

varianteis ' 
CHARNAGE. Pasquier, Lett. T. II, p. 697. 
Carnallage. Dict. de Getgrave. 

Charnaigre, sub%U masc. Espèce de lévrier. 
(Voy. le Dict. univ.) On trouve dans ce mot l'origine 
de ce proverbe : courir comme un chat maigre. Il 
faudroit prononcer charnaigre. 

Gtaarnallté, subst. fém. Incontinence. Partante. 

Au premier sens, ce mot signifle incontinence. On 
disoit : < De faict et de semblant le mareschal est 
« net du vice de chamalité (3) , et de toute 
« superfluité », qui est parfait signe de continence. 
(Hist. de J. Boucicaut, p. 381.) Nous avons vu le 
mot chair employé ci-dessus, avec cette acception, 
sous différentes orthographes. 

Ce mot signifloit aussi parenté, et c'est en ce sens 
qu'il est pris dans ces vers où le poëte se plaint de 
ce que, sans égard au mérite personnel : 

Charnaliîez^ vislniter. (voisinage) 
Ont aujourd'hui le dignitez. 

Hist. de Fr. ea vers, à U suite do Rob. ée FauTsl. fol. 72. 

CharnatSy subst. m>asc. plur. Ustensiles. — 
Equipages. 



C'est peut-être une faute pour hamois, dans ce 
passage : « Est icelle veuve tenuedecoatribueraox 
« réparations^ et entretenemens des moulins^ et de 
« tous engins, et clmmats mouvants, et travail- 
« lans. » (Cout. de Perron ne, au Nouv. Coût. Gén. 
T. II, p. 618.) 

Charnau, subst. masc. Charnage.Leteiûpsofail 
est permis de man^erde la chair, par opposition ao 
temps de carême (i). (Les Touches de Des Accords.) 

Charnéement, adv. Cbarnellement (5). Ea 
latin camaliier. 

VARIANTES I 

CHARKËEMENT. Glose, du P. Labbe, p. liS. 
Charnieument. Beaumanoir, p. 98. 

Charnel, adj. Attaché par les liens de la chatr (6). 
Nous usons encore de ce mot en ce sens, im 
disoit, autrefois, charnel de leity dans S' Bernard, 
Serm. françols mss. page 61. Ce mot répond an latin 
voluptates, 

1' Frère charnel, pour fr^re utérin. (Voyei 
Camalis, dans Du Cange.) Brant. Damed illust. 
p. 394, dit : « René, duc de Lorraine, frère charnel 
« du duc Louis, etc. » 

2* Ami charnel, se disoit pour parent (7).(Lancelot 
du Lac, T. I, fol. 68.) 

3* Ciel charnel, pour attachement aux biens et 
aux charmes de ce monde, dont on fait coffimeson 
paradis (8). 

Charner, verbe. Terme de fauconnerie. Il 
signifle acharner un oiseau, le mettre en curée. 
« Si vous voulez enoyseler un oiseau agart, 
« (farouche) ne le chamez point de jeune proye. • 
(Artel. Faucon, fol. 92.) 

VARIANTES : 

CHAHNEt^. Fouîlloux, Fauconnerie, fol. 72. 
Charneer. Modus et Racio, MS. foi. 128, R«. 

Charnerie, subst. fém. Charnière. Peut-être 
faudroit-il lire charnière, dans Froissart, livre IV, 



(i) Lé mot subsiste comme nom de lieu : Charmoy (Nièvre, Aube); Charmois (Meurthe, Haut -Rhin, VoâgéiOî npptodben 
C^armoi^e (Marne); Charmoille CDoubs, Haute-Saône^; Charmoilles (Haute-Marne). (N. e.) 

(2) Camalage^ chamaget carnage, est le devoir de fournir aux charrois du seigneur et de transporter sa maison, ses 
denrées. Ce dîroit était aussi désigné par deux mots dont Tudage remonte aux Romains : paraveredi, chevaux de somme 
fournis pour la guerre (roncins) ; angariœ, fournitures pour les transports. « Tant que U dis Girars retient en celle dicie 
viUe et appendances son charrfage et autres refîtes. • (Ord. V, p. 391, an. 1264.) (N. e.) 

(3) Ce sens se retrouve dans les lettres de rémission du xrr siècle (JJ, 108, p. 12, an. 1375) : c Qbtaahe Jehan éeè 
Planques, qui estoit homme marié, eust plusieurs fois reguis et continuelement poursui par longtemps pour vilener de soi 
corps par chamalité une bonne jeune preude femme manée. » On Ut encore au reg. 206, p. 418, an. 1478 : c LaqueUe femme 
a toujours persévéré en sa plaisance et chamalité au grant esclandre et deshonneur du suppliant son mary. • Mais ce mot 
avait encore le sens de chair, en bonne part : a Gomment Diex prist camalilé En la virge Sainte Mai*ie. » (Du Cange, H, 
188, col. 3.) (N. B.) 

(4) Voyez carnage (p. 242, note 5). (N. %,) 

(^ On lit dans un bestiaire manuscrit du xiii* siècle (Du Gange, II, 188> col. 3) : < A chascun qui vit chameumeni Se fSHft 
tout mort chertainement. » On lit aussi dans la Chronique de Rains (p. 13) : c Li desloiaus rois Henris ala tant entour la 
damoiaiele qull fu camehnent à li. » On Ut encore dans Froissart (éd. Kenryn, X, 373) : « Si traita [la reiae de Hongrie] et 
baiUa sa fille au marquis de Blancquebourc [Sigismond de Brandebourg], qui tantos l'espousa, et fut avoeqaes ïj 
camellement. » Il ne s'agit pas, dans ce dernier exemple, d*un mariage iUégal. (N. e.) 

(6) Le mot est déjà au sens de mortel, dans Roland (v. ^153) : c Jà n'ert vaincut par nul home carnel, » Au vers 2lM, il 
signifie charnier. Ce sens se retrouve au xn* siècle : c Sire, fait ele, por noient en parlez ; Je vos aim plus gue nul hoiM 
charnel. » (Raoul de Cambrai, 228.) (N. B.) 

(7) Ce sens est déjà dans Roncisvals (p. 149) : « Et Olivier et ses amis camaus. » De môme dans Oreame (Eth. 26) : c Et 
comme telles fortunes qui peuvent avemr as amis charnels ou autres soient de moult manières. » Oa Ht aussi dans 
Froissart : c Le rov aime et crient tous ses charnels amts et par espëcial ses oncles. » (XV, 1S8.) (N. b.) 

(8) Ce sens de charnel date du xiii* siècle : a Femme efforcier, si est quant aucuns prent à foroo camelê compaigae à 
feme contre le volcnté de le femme. » (Beaumanoir, XXX, 7.) (N. B.) 



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p. 25, où nous voyons qu'on ouvrit par une char^ 
nêrie le collier avec lequel on attacha Belisac au 
p^eau où il fut brûlé (1). 

Charneax, adj. On a dit PasqueschameuxÇt), 
pour Pâques où l'on mange de la viande. (Ou 
Cange, au mot Pascha camosum.) 

Gharnle, aubst. fém. Ecbalas. — Chiourme. 

Peut-être ce mot signifle-t-il chiourme dans ce 
passage : < xxtiii galies des Vénitiens sousprirent 
« une partie des galies des Genevois qui s'en cuidie- 
« rent retourner, et retindrentcinq galies, avec lor 
« charnies, et assez en i ot que mort que pris. » 
(Cont. de G. de Tyr. Marten. T. XV, col. 742.) 

Charnier, subst. masc. Lieu à garder les chairs. 
— Echalas. — Cimetière. — Fosse. 

Nous disons encore charnier dans le premier 
sens. (Dict. de Monet, de Ménage et Du Gange, au 
mot Camarium.) Ce mot est employé, selon cette 
acception, dans les proverbes suivans : 

1* Bacons mal sales 

En cha^miet* empire 
A dist li vilains. 

ProY. du Vil. MS. de S. Gorm. fol. 76. V* col. %. 

2' Faire trembler le lard au charnier se disoit 
ironiquement de quelqu'un qui veut, par ses rodo- 
montades, inspirer de la terreur, et que Ton ne 
craint pas. (Dictionn. de Cotgrave. — Voy. Rabelais, 
T. II, Prol. p. IV, et tome 111, p. 130.) 

S** On trouve aussi, comme expression prrver- 
biale, dans le Dict. de Cotgrave : plus rouille (j'f^ la 
claveure d^ung vieil charnier (3). 

On nomme encore les échalas des charniei 5, en 
Touraine et dans quelques autres provinces voi- 
sines. On trouve ce mot, avec cette signification, 
dans les Dict. de Borel, de Ménage et d'Oudin. (Voy. 
Celthell. de Léon Trippault, Epith. de M. de La 
Porte et Vigiles de Charles VII, T. I, p. 202.) On lit 
dans le Coût. Gén. T. II, p. 341 : « Perches, pesseaux, 
« chamierSy paux, pallis, etc. » Bastille à char- 
niers. dans les Vigiles de Charles VII, T. I, p. 110, 
signifie peut-être tour à palissades, ou peut-être 
tour à créneaux. 

Les charniers étoient autrefois des lieux où Ton 
entassoit les os décharnés des morts (4). Ce mot est 
pris, dans le passage qui suit, pour la fosse même 



où on les enterre. « Après que les tuez eurent esté 
« mis en terre, en de grands charniers^ etc. » 
(Mathieu de Coucy, Hist. de Charles VII, p. 600.) Il 
s'agit, dans le passage que nous venons de citer, de 
la bataille de Formigny, en 1450 (18 avril). 

Charnière, subst, fém. Partie d'une armure. 
C'est sans doute la charnière qui assembloit deux 
pièces. « Haussa la hache, et le feril tel coup au 
« dessus de la charnière (5), que tout le fit chan- 
celer. » (Petit Jean de Saintré,p. 273.) Charnière e^ 
une faute pour charriere, dans la Cont. de Gorze, 
Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 1095. 

Charniez, subs. musc. Terme de fauconnerie. 

Pied de butor a, ce me semble, 
Longue et bien coulorée sangle, 
£t le talon, et le chantiez : 
Le petit doit soit bien croisez. 

Gaco de U Bigne. dos DéduiU. MS. fol. il9, V. 

Charnu, adj. Ce mot subsiste, mais on ne dit 
plus vin chumuy pour vin qui a du corps, comme 
dans ces vers : 

Le corps me rompt, le cuer me crie, 
Quand je pense au pais de Brie : 
Durs vins y a, néant charnus^ 
Aspres de goust, de liqueurs nus. 

Pu«f. MSS. d'Eust. DeMb. fol. 488, col. i. 

Charogneux, adj. Qui est de charogne (6). (Dict. 
d'Oudin et de Cotgrave. — Voyez Epith. de M. d^ 
La Porte.) 

VARIANTES I 
CHAROGNEUX. Charongneux. 

Gbarognier, adj. Qui se nourrit de charognes. 
(Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Les milans charwigni^s, et les goulus corbeaux, 
SouiUent leurs hauts becs, dans tes maudits boyaux. 

Œuv. de Baïf. fol. 73, V. 

VARIANTES : 
CHÀROGNIER. 
Çharononier. Œuv. de Baïf. fol. 73, V«. 

Charolgne, subst. fém. Charogne (7). Cadavre 
infect et corrompu. « Elle n'y trouva fors la eha- 
« rongne d'une vieille feme morte. » (Perceforesl, 
Vol. V, fol. 36. — Voy. Test, du C«* d'Alençon, à la 
suite de Joinville, p. 185 ; Chron. de S* Denis, T. I, 
fol. 221 ; T. Il, fol. 87.) Carrogne (8) signifie charogne. 



(1) On lit dans Védition Kervyn (t. XIV, p. 70) : c On avoit fait lever en la place unes fourches [patibulaire] et dessoubs 




(Ordonn. FV, 81.) (n. e.) 

0) On Ut de même au reg. JJ. 160, p. 174, an. 1405: c Le suppliant rompit ou leva la claveure ou fremurede certain coffre 
ou chamiêTy où estoient lesdiz lars. » (n. e.) 

(4) On Ut déjà dans Roland (v. 2954) : c Ad un camer sempres les ont portet. ]> Au xii* siècle U se retrouve dans Roncisvals 
(p. 156) : f A pieuz agus font les charners ouvrir. » Enûn on lit au Grand Testament de ViUon : « Quand je considère ces 
testes Entassées en ces charniers. Tous furent maistres des requestes, Au moins de la chambre aux deniers. » (n. e.) 

(5) Voyez la note sous carnet ; c'est un dérivé de came, au sens de visière, (n. e.) 

(6) On lit dans du Bellay (VII, 51, r«) : c Tous oiseaux funèbres, Ghaz-huans amis des ténèbres, Avec maint charoaneuœ 
corbeau ; » de même dans Paré (IX, 15): f Lorsque Tair est infecté par des vapeurs putredineuses et charo^euseê. » (n. k.) 

(7) Ce mot se trouve dans les Rois (379, xii* siècle) : < E la charuigne Jezabel girrat corne feins el champ de Jesrael. » On 
lit au Testament de Jean de Meung (909) : « Chascuns scet que cniant l'ame de sa charongne part, De cest monde n'emporte 
avec soi point de part. » Au vers 340 on lit encore : < Li ver ont la charongne et U parent la terre ; Mauvais fait pour tiex 
hoirs mauvaisement acquerre. » (N. E.) " 

(8) Carongne, carone est la forme picarde ; caronha est provençal ; cheiv^ugne eat salnlcgigaaliii (n. &) 



N 



CH 



- 400 — 



CH 



en patois de Cahors, selon Borel, au mot Glouper. 
On disoit aussi : « Emplir les champs de chhrO'' 
• gneSf » pour les couvrir de morts. 

VARIANTES .* 
CHAROIGNE. 

Charoinone. g. Guiart, MS. fol. 129, V*. 
Charongne. Perceforest. 
CaARONNE. Celthell. de Léon Tripp. 
Carrogne. Borel, au mot Glouper. 

Cliaronier, subst, masc, [Intercalez Charonier, 
conducteur de charrues: • Et aussi en firent aler 
« et fouir les cftflromers des terres du dit quartier;... 
« et a convenu que le labourage en soit demeurez 
« à faire. » (JJ. 146, p. 293, an. 1394.)] (n. e.) 

Charontidey subst, fém. Espèce de poésie. Du 
Yerdier,dans sa Biblioth. p. !285, Tattribue à Jodelle, 
et dit : * Qu'on a veu de luy plusieurs sonnets, odes, 
« chûronlides. « 

Charopier, adj. Carnassier. Ménage, ainsi que 
I^ Duchat, dérivent ce mol de caropecuarius, et 
citent la Bible de Genève, qui traduit feris avibus 
par oiseaux charopiers. De là, on a dit : 

Ours charopiers bœufs et veaux houspilloient. 

Crétin, page 234. 

(Voyez ci-après Charostier.) 

Charostier, adj. Carnassier. C'est ainsi que 
Texpliquent Borel et Corneille sans aucune preuve. 
Peut-être est-ce le même que charopier ci dessus. 

Charpagne, stibst. fém. Engin à pêcher. • Les 
« habilans des villes, ou villages, privilegez de 
« pescher en rivières d'autruy, ne peuvent y pes- 
« cher qu'à la ligne, sans plomb, à la charpagne (1), 
< à la petite trouille (pour truble), et au suplot, et 
« pour leur defruil (pour usage} seulement. » (Coût, 
de Lorraine, au Coût. Gén. T. II, p. 1075. — Voyez 
Coût, de Gorze, au Nouv. Coul. Gén. T. II, p. 1097.) 

Charpe, subst. fém, [Intercalez Charpe, ser- 
pette : « D'une charpe que le suppliant tenoit, et de 
« laquelle il besoignoit en sa vigne, couppa en ung 
« buisson ung gros baston. > (JJ. 195, p. 35, 
an. 1467.) « Une charpe ou ferrement, dont il se 
« efforsoil escorser ledit bois. » (JJ. 201, p. 77, 
an. 1476.)] (n. e.) 

Charpentailler, verbe. Charpenter, hacher, 
tailler en pièces. (Dict. d*Oudin et de Cotgr.) 

Charpentaire, subst. fém Herbe au charpen- 
tier. Cette herbe tire son nom de la vertu qu'elle a 
de consolider promptement les coupures que les 
charpentiers sont sujets à se faire (2). 

Charpente, subst. fém. Je ne cite ce mot, d'o- 
rigine moderne, que pour marquer son époque (3). 



Brantôme semble l'employer comme nouveau dans 
le passage suivant : • La troisième belle chose aussi 
« fut cette belle naumachie, ou combat de galères, 
« tout à rantique, et pour la façon encore, et enri- 
« chissement des dites galères, de leurs poupes, &. 
« proues, tant pour l'art de la hasche, que Ton 
« appelle la charpente en Levant, que* pour la 
« menuiserie. » (Brant. Cap. Fr. T. II, p. 17.) 

Charpenter, verbe. [Intercalez Charpenter^ 
frapper comme un charpenlier: 

L*ocision là recommance ; 

FlaroenSf sus qui François charpenient. 

Maint bon destrier i ensanglantent. 

G. Goiart. II, p. 270. t. 6966 fl5918). 

Rutebeuf (II, 96) écrit au même sens: 

Mult felonesse rente m'en rendront mi rentier; 
Ma char charpenteront U félon charpentier. 

Cette acception se conservait encore au xvi« siècle: 
« Olivier de Mauny charpentoit partout avec sa 
« hache. » (Mém. sur Du Guesclin, XIII.) • Et 
« combien qu*ilz fussent plusieurs à Tentour de lui 
« à le charpenter^ si ne pouvoient ilz trouver 
« moyen de le tuer, tant il estoit fort armé.* 
(Amyot, Aristide^ 34)] (n. e.) 

Charpentlère, adj, au fém. On trouve mesure 
charpentiere dans les Epith. de H. de La Porte. 

Charpes, subst. fém. Harpe, instrument de 
musique. On lit aussi charpes dans le us. de M. de 
Bombarde, au lieu de harpe qui se trouve dans 
mon MS. de Rom. de Brut. 

De harpe sot, et de chorum. 

Rom. de Brat, US. fol. 38, V* coL 8. 

CharplIIe, subst. fém. Ce mot exprime la 
manière singulière dont on fait quelquefois la 
moisson à Villefranche en Beaujolais. (Voy. Année 
Littér.l775,T. IV, p.iOS.) 

Charplner, verbe. [Intercalez Charpiner^ 
carder, écharpiller : « La feme Tempereur par nom 
« Josaphat manda à Narses ceste injure, que ele le 
« feroit filer o ses esclaves et charpiner la laine. > 
(B. N., fonds S* Victor, 28, fol. 332, v% col. 2.)](n. b.) 

Charpont, subst. masc. Sorte de machine. 
Espèce de char servant de pont, dont on lit usage 
en 1603, au siège d'Ostende (4). On en voit la des- 
cription dans FHist. de Thou, trad. L. 130, T. XIV, 
p. 197. 

Charral, subst. masc. Charretée. On a dit, en 
ce sens, cliairal de vin, pour la charge ou quantité 
de vin que peut voiturer un chariot. (Du Gange, au 
mot Carrale (5). — Coût, du pays messin, au Coût. 
Gén. T. I, p. 1159.) 



(1) D*après la Gazette des Tribunatix des 10 et 11 juiUet 1871, le charpagne est encore une sorte de panier dans la 
département de la Meuse. (N. E.^ 

(2) C'est la sciUe blanche (scilla tnaritima, L.) ou panerais maritime, (n. k.) 

(3) En 1422, au cartulaire Ezéchiel de Gorbie, on Ut : c L'estraiure de dehors et dedens du molUn, Farbre, roeue, rouet,... 
et toutes aultres coses de carpentement estans oudit naollin. » Froissart emploie la forme verbale carpent, mais au figuré : 
« Les capitaines des blans capprons se douhtèrent que che ne fust sus [contre] leur carpent [menéos]. » (IX, 219.) (n. k.) 

(4) Ce siège héroïque fut soutenu du S» juiUet 1601 au 22 décembre 1604, contre Ambroise Spinola, commandant Tanaée 
espagnole. (i«. e.) 

(^ Ed. Henachel^ sous carreda (II, 199, ool. 1). (n. b.) 



CH 



- 401 — 



CH 



Charron, subst. masc. Chemin de charroi. On 
a vu Charière ci-dessus dans le même sens. « Sepa- 
« rez par diemin, ou charran, et publicque rivière 
« navigable. » (Coût, de Poitou, au Coût. Gén. T. II, 
p. 632.) Du Cange^ au mot Carreria, dit que cliar- 
ran, dans le patois de Béarn, signifie simplement 
chemin. 

Charrasson, sub$t, masc. [Intercalez C/tar- 
rasson, échalas pour les ceps de vigne en Limousin 
(JJ. i97, p. 75, an. 1469): • Le suppliant ç'estoit 
« blessé la main en faisant des charrassons, pour 
« mettre es vins. > Dans le Gloss. du Poitou 
(Favre, p. 78), charas est la paille de certains 
légumes.] (n. e.) 

Gharre, subst. fém. Charretée. Voy. une citation 
françoise au Gloss. Lat. de Du Gange, au mot For- 
nilia (1). On dit encore, en Touraine, une charre^ 
pour une charrette et pour une charretée. 

Gharrée, subst. fém. [Intercalez Cliarrée, 
cendre déposée au fond du cuvier, après la lessive: 

Près d'eus fu le fossé à Teve, 
Qui celi jour iert aussi trouble 
Comme châtrée, ou plus au double. 

G &uUrt. II. p. 457. t. 11863 (90866). 

Au XIV siècle, on lit dans le Ménagier: « Pren de 
« bonnes cendres et met avec de Teaue et fais 
« comme changée (11, 5). » On lit encore aux 
Ordonnances (II, 383) : « Leur deffend icelle chambre 
« jetler de leurs maisons, par les fenestres, ordures, 
> urines, charrées, infections. » Dans le Glossaire 
du Poitou, charria désigne les débris de cuisine 
donnés aux animaux (p. 79).] (n. e.) 

Gharreour, subst. masc. Charretier. L'Ane. 
Coût, de Bret. fol. 209, « alloue pour chaque journée 
« de charreour^ et de charette, ou sa charrue, ou 
« charette, vi s. vm dj. » 

Gharret, subst. masc. [Intercalez Charret^ 
rouet (JJ. 207, p. 134, an. 1482] : « Laquelle femme 
« filoit au tour ou charret. »] (n. e.) 

Gharretée, subst, fém. Charretée. On trouve 
charréité dans les Ord. des R. de Fr. Charretée 
subsiste, et je ne Tai citée que pour rapporter cette 
expression populaire : Charretée (Tinjures^ et pour 
en marquer l'origine ; elle l'a tirée des injures que 
vomissoient les masques montés sur les chariots 
que Ton promenoit pendant le carnaval, à des fêtes 
bouffonnes dont parle le P. Menestrier (Représent, 
en musique, p. 52), où il ajoute que cet usage nous 
venoit des anciens, et que leurs ooufTons n'avoient 
pour théâtres que des chariots qu'ils appeloient 



plaustra injuriarum. Ces sortes de fêtes se celé- 
broient alors dans le temps des vendanges, comme 
il paroit par ce passage : « A l'imitation des ven- 
« danges de l'antiquité, où l'on débitoit des char- 
« retees dlnjures. » Du Tillot, Hist. de la Fête des 
Fous, p. 97.) (2) 

VARIANTES ! 

CHARRETÉE. Orth. subsist. 

Charréité. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 576. 

Gharrete, subst. fém. Ce mot subsiste. On a dit 
proverbialement : Trebucheis (renvei^sement) de 
charretes. (Proverbe, à la suite des Poës. Fr. us. 
av.4300,T. IV, p. 1651.) 

Charretier, subst. masc. Cocher. Conducteur 
de char. On ne le dit plus que des conducteurs de 
charrettes, chariots, etc. Autrefois, l'acception de 
ce mot étoil olus noble. Clém. Marot, p. 461, Tap- 

Slique à phaeton. Chartier est mis pour conducteur 
'un chariot qui voituroit des personnes de distinc- 
tion, dans Perceforest (Vol IV, fol. 34). 

On a dit proverbialement : Fheure du chartier, 
comme on dit à présent : l'heure du berger. 

Vivre, et mourir, pour une dame, en transe, 
En bien aimant, espérer jouissance, 
Cest exercer un folastre mestier ; 
n n'y faut rien que Vheure du chartier. 

Pasq. ŒuT. Med. p. 886. 

Le mot charretier paroît une faute dans le pas- 
sage suivant : « Li prevost, et li charretier ne 
• pregnent charette dedens la banlieue. • (Ordonn. 
des R. de Fr. T. I, p. 16.) Lisez forestiers, car il y a 
dans le lat. ibid. Forestarii non capiant quadrigas 
infra banlivam. 

VARIANTES : 

CHARRETIER. Qém. Marot. p. 461. 
Chartier. Pasq. Œuv. Mesl. p. 386. 

Charretière, subst. fém. Charretée. — Petite 
charrette. 

Villon a employé ce mot, au premier sens, selon 
l'interprétation de l'éditeur. 

On dit, et c'est vérité; 
Que charretière se boit tout. 

VUloD, ptge 79. 

C'est-à-dire tout le vin de la charretée, quel qu'il 
soit. 

Charretière semble mis pour diminutif de char- 
rette, dans ces vers, peut-être aussi pour partie 
d'une charrette : 

Charrete, et charretière (3), 
Et fourrel, et dossiere, 
Traiz, et avaloire. 

Frf»I. IISS. da R. n- 7M6, T. H, fo!. 212, R- col. 2. 



(1) < Item le four de Ghambay, Uquel a chascun an cent charretées de foumilles prises en la forest de Gonffer. » (Charte 
de Pierre de Chambly, reg. JJ. 44, p. 87, an. 1307; Du Gange, III, 372, col. 1.) En Foitou, charre était l'ancien bac pour 
transporter les charrettes, c'est encore les ornières, les ouvertures des haies pour laisser passer une charrette (Farre 
Gloss. 79.) - Charrée a le sens de charretée au t. VlII des Ord. (p. 379. art. 19, an. 1400.) (n. e.) • v , 

(2) Je ne crois pas que la locution descende comme la comédie du chariot de Susarion ; c'est là une origine tron élevée 
et trop savante ; on lit d'aiUeurs dans Du BeUay (IV, 83, r«) : t MUle bourdes qu'U a en France rapportées. Assez oour en 
c/iarga^ quatre grandes chartées. » Montaigne, faisant allusion à Chartes-le-Téméraire en lutte avec les Suisses écrit ce 
curieux passage : t Combien encourut de ruyne nostre dernier duc de Bourgoigne, pour la quereUe d'une charretée de 
peaux de mouton. » (TV, 467.) (n. e.) 

(3) Peut-être chartil, (n. b.) 

m. 51 



CH 



— 402 - 



CB 



Charretin, subst. mase. [Intercalez Charretin^ 
aujourd'hui charrette sans riaelles, autrefois corps 
de la charrette : « Ledit Colin avoit prins la char- 
« felle ferrée dudit Coleau,... et avoit mis le. 
• eharretin à une part, et les roes à une autre. » 
(JJ. 98, p. 755, an. 1365.) Comparez charetiL'} (n. k.) 

Charrety, subst, masc. [Intercalez Clmrretyf 
variante de chareiil : « Comme les ex|)osans 
« estassent les roes d'un tumberel... pour icelles 
« roes remettre ou charrety d'une charrette. > 
(JJ. 105, p. 416, an. 1865.)] (h. e.) 

Charrier, subst. masc. Grosse toile. — Charrée. 
Ce mot, qui subsiste en termes de blanchisseuse 

Îour désigner le canevas sur lequel on met la cen- 
re, quand on coule la lessive (1), a été employé, dans 
un sens moins déterminé, pour une espèce de grosse 
foile, par Favin qui dit, en parlant des Mexicains : 
« Le commun populaire n usoit de chaussure, et 
« n'avoit à son usage, et service que des vaisseaux 
« de terre, et ne se pouvoit habiller que de nequen, 
« c'est-à-dire de bourras, de charrier^ et d'es- 
< toupes. > (Favin, Th. d'Honneur, T. II, p. 1680.) 
On l'appelle , en quelques provinces , toile de 
charroi. 

On a dit aussi charrier, pour charrée^ cendre de 
lessive, suivant les Dict. ae Nicot et de Rob. Est. 

Gharriëre, subst. masc. [Intercalez CharrièrCy 
bac pour les charrettes: « Comme Bouchart de 
« Lisle, seigneur de l'isle Bouchart et de Rochefort 
« sur Loire, eust fait faire un grant et notable bac 
« ou charriere en la rivière de Loire pour passer 
« charroiz. » (JJ. 114, p. 317, an. 1879.) On lit 
encore au registre 437, an. 1389: « Les vins 
« passèrent la rivière d'Allier ou [en] batel ou 
« charriere du port de Varennes. » Ces bateaux se 
nomment en Poitou chaire ou charrère. (Favre, 
Glossaire, p. 79.)] (n. e.) 

Charriu, subst. masc. Berceau. On a vu char 
6t chariot ci-dessus, dans le même sens. On lit, en 
parlant des palais enchantés : 

Li palais sont trestuit tnarbrin, 
Li un sont balt, li nn charrin ; 
Li un sont vert, li autre ner, 
Qui dedenz est, ne crient yver. 

Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. 187, R* col. i. 

Charroi, subst. masc. (2) Chariot, voiture. — 
Charge d'une voilure. — Equipage, train, suite. 
Ce mot signifioit aussi enchantement, avec l'ortho- 
graphe charroi. (Voyez Charai.) 

Charroi est mis pour voiture, dans ce passage : 



t Ils avoient de petits canons sur ehartulê. • (l^« de 
Fenin, Mém. de Charles VI4 p. 448.) « Piiyer mMé 
« denief au Roy, pour chacun charrott miî panoit 
« sur le pont. » (Mëm. de Sully, T. X, p. 98.} 

Ce mot signifloit aussi la chai^ d'une voitttnii tf 
on lit, €(n ce sens : 

La trouva marchans de Bloies, 

8ui achetèrent son charroi : 
uant vendu ot, si pris! conroi 
IneUement, et sans targier {promp^ÊBleù'i^ 
De ces charrettes rechargier. 

Fabl. IISS. do R. B* WIS. T. n. fid. f S«» R* ciL 1 

On dit encore charroi^ pour condoite de diaiioty 
et au figuré il 8*employoii pour art de se cooduiit, 
manœuvre. 

Mais je sai trop de cest chand. 
Geler vos en cuidiés vats moL 

PattMi. de BMs. MS. de S (kta. feL f 40. V ttL t (▼. M^. 

C'6st*à-dire je connois trop cette manœuvre. 
Ce mot est souvent pris, dans les anciens auteus, 

8our bagage, équipage, traiu, suite d'une année. 
. Harot, page 21 (3) ; Clém. Harot, page f ; Tigfla 
de Charles Vil, T. Il, p. 36, etc.) 

On disoit proverbialement, li charroy d^Arras. 
(Eust. Desch. fol. 332.) Il semble faire allusion aune 
ancienne pièce de vers qui avoit ce titre. 

VARIANTES I 

CHARROI. Parton. de Blois, fol. 148, V« coL a. 

C^ARROT. 

Charroir. Ifém. de SuUy, T. X, p. 99. 

Charrolable. [Intercalez Charroiable^ celui 
qui doit à son seigneur la corvée des charrois^ dans 
la coutume locale de Chàteauneuf en Berry, art. 5, 
10. (Du Cange, II, 203, col. i.)] (w. a.) 

Charroier, verbe. Voiturer. -^ Être voitaré. — 
Conduire, agir, manœuvrer (4). 

Ce mot s'emploie encore pour voiturer. « Il fut 
« chan*oyé à Lyon ou il demeura. » (P. Dœrey, i 
la suite de Honstrelet, fol. liO.) 

Ce mot s*employoit aussi dans le dens passif di 
être voiture : « La comtesse de Boulogne cbevaudia, 
• ou cAarrof/a tous jours jusqu'à Lyon. » (Froiss. 
T. V, p. 362.) 

Enfin on s'est servi de ce mot avec la signification 
d'agir^ de manœuvrer, dans les vers auivans : 

Amors est qui retenir fait 
Se U est deceus entre set 
Que por amor charroie et fet. 

Ovide de Arte, MS. de S. Germ. M. 96, R* eot. 3. 

VARIANTES * 

CHARROIER. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 505 (5>. 
Charroter. Froissart, Liv. III, p. 965. 
Chbrier. Gr. Coût, de Fr. liv. ÔI, p. 397. 



(1) On lit dans Paré (XXV, 32) : « Puis faut passer les dites choses par dedans un chai*rier double ou autre toUe... Puis 
coulerez le tout au travers d'une grosso nappe ou charrier. » (n. e.) 

(2) Voyez carreys et la note 4 de la paye 251. Ajoutons que charreUf dans le pays de Béziers, a le Sens de corvôe Cdte par 
efaarroi : a Habebunt... unum servientem... liberum et absohitum ab omni consuetudine et exactioae, videlicet ab omni 
tallia seu touta de charrey. » (Cartulaire de l'archevâché, Du Cange, U, 310, col. 3.) (N. E.) 

(3) On lit, en effet, dans J. Marot (V, 135) : < L*artiUerie et leur charroy [Us] saignèrent. » De monte au t. V. p. 145 : c Le 
lendemain le roy flst mettre sus Son ost et camp, carroy, pouldres, bahus. » ^. e.) 

(4) Il avait aussi le sens familier de marcher droit : < ïceUui Montfaucon dist au ait Grisart qu'il avoit bien besoing de 
charroier droit ; à qr.oy le dit Grisart li respondit que c'estoient menaces, et qu'il se feroit essegurer de \x&. i (JJ. 100, 
p. 427, an. 1369.) (n. e.) 

(5) Dans Roncisvals (p. 3) on a caroier : « Cinquante chars lui faites caroier. » Mais RGnart Qr. 7968) dDttne : c Né vos 
estovra charroier^ Ne ça ne là porter nul fais ; A toz jors méz vivrez en pais. 9 (k. b.) 



CH -* 

Charros, subst. imue. plwr. Les petits d'un 
UOD. ■ Les charros aux lyons seront mués en 

• poissons. > (CbroDiq. de S. Denis, T. I, fol. 336.) 
On lit dans le latin de Suger : * Catuli leonis in 
eeçttoreaspitces transformabuntur. > (Voy. ci-dessus 
Chael, où il faudra peut-être placer cette orUio- 
graphe.) 

Ctaarrotte , subst. fém. On trouve ce mot 
employé dans des lettres de rémission accordées 
par Charles VI, au mois de Tévrier 1419, adressées 
an bailti de Sens, d'Auxerre, etc., et qui sont au 
trésor des Chartrà, Reg. 172, pièce 6., On y lit: 
« Donna au dit Jehannot d'un tison de feu, ou delà 
■ ronche (ou rouche) d'une eharrottet un grand' 

• cop demere l'oreille (1). ■ 
Charrou, subet. muse. Nom de lieu. 
L'abbaye de Charroux (2), en Poitou, étoit célèbre 

pir ses reliques et par les pèlerinages et les vœux 
qn'on y faisoit. On lit, dans ces vers de Dom de 
Nanteuil, cité par Fauchet : 

Par U foy que ia doy la couronne et 11 clou 



CH 



r. M fdû. ir. p. ut. 

On iuroit par le digne vœu de Charrou. (Voyez 
Rabelais, T. IV, p. 28.} 

Charronssée, sub$t. fém. pntercalei Chor- 
roussée, charretée au reg. JJ. 126, p. 64, an. 1384: 

• Item une pièce de pré contenant environ .xn. 
« charroussies de foin. *] (n. e ) 

Charruage, subst. masc. Terres labourables. 
(Voy. Laurière, Gloss. du Dr. Fr. — Du Cange, au 
mot Carrucagium.) ■ Coustume du dit bailtage, en 

■ succession de comte, ou baronnie, l'aisné tlls 

■ emporte, par droit d'aisnesse, contre les frères 

■ puisnez, le chastel, ou forte maison, tel que bon 

■ luy semble, avec l'adventage (prœciput) des 

■ fossez, la basse cour, si aucune en y a, les char- 
« ruages, prez, vignes, eslangs, eaues qui sont 

• dedans la paroisse du dit chastel, avec les flefs 

■ qui en dépendent. ■ (Coût, de Yitry, au Coût. 
Gén.T. I.p. 456.) 

Le droit de charruage étoit un tribut imposé sur 
les charrues (4). Quelquefois on a pris ce mot pour 
l'exi^mption de ce tribut. [Du Cange, au mot Carru- 
cagium, et Dict. de Cotgr.) (5) 



Charrue, aubst. masc. Charrue. Ce motsubsiste 
sous l'orthographe de c/iarrti£; il s'est toujours pris 
dans le même sens qu'aujourd'hui. Nous remarque- 
rons seulement les façons de parler suivantes : 

1° La charrue mené les bœufs. Celte expression 
se trouve expliquée par le passage suivant, oh nous 
lisons: • Les chefs furentconlraints d'obtempérer, 
« car aux guerres civiles, quelques fois la charrue 
« mené les bœufs. • (Disc. Poht.etMilit.de la Houe, 
page 810.) 

2* Tournant à chaque propos la charrue contre 
les bœufs, s'est dit ngnrément, en parlant d'un 
mari oui ne répond aux avances de sa femme 
qu'en lui tournant le dos. [Ârrest. Amor. p. 484.) 
C'est, selon Cotgrave, faire une chose à contretems. 
3* La charrue devant les bœufs (6). Celle expres- 
sion, qui subsiste, a été appliquée par allusion aux 
§rélatsqui,pourseconserverleurs biens, refusèrent 
'obéir au pape, et se soumirent à la puissance 
séculière. G est en parlant d'eux qu'un ancien 
poëte a dit : 

Le Crain leaaierent, ooiir l'escorce', 
A ranoAtoile oontredirent, 
Au Rof treatoni obéirent 
ifi charrue clevani lu beu*, 
Com de Dieu et de Leur fay crena, 
Et au temporal se retlndnnt ; 
L'eapf rituel déguerpirent. 

Uiil. d> Fr. an fen. à l( nHa du Ram. d* Pur. M. SI. 

4° On a dit : Perdre cors et cierues, dans le sens 
où nous disons encore aujourd'hui perdre corps et 
biens, sa fortune et la vie. 

.... Seront quoit, et en doleur. 
Or n'oaeront isalr dea meB, 
Qu'il ne pergenl cors, et cieruei ; 
Quar li Rois FeliDpaB, et cis, 
Lea orent ostés ae mercis. 

n. VmAat, MS. p. TU. 

5* Charrue de chien ne vaut rien. Ce proverbe 
parolt désigner une affaire dont le succès ne peat 
dédommager des peines qu'on se donne pour la 
faire réussir. {Dict. de Cotgrave.) (7) 

6° On disoit encore : Le Seigneur peut retrairê à 
sa table et charrue , c'est-à-dire réunir à son 
domaine. (Bout. Somme Rurale, p. 501.) 

(1) Du Caoge indique d'autres sources d'exemples sous rhariolum (11, 311, col. 1). (n. e.) 

Çt) Vienne, cut. de Civrav, en latio Carrofum .- prâs de cette abbate de BénédicUne se tinrent troia conciles, le 1" juin 
m. en 1037 ou lOSB, en 1186. (N. B.) 

(3) Est-ce à causa <U cea reliques, que l'égliae abbatiale de Charroux vit, au xii* siècle, sa net ae terminer par une 
iBuuense rotonde avec triple basH^té, comme les Saints Sépulcres de Neuvy, près OiAtaauroux, et de Saint Bénigne A 
Dijon? (N.B.) 

(4) C'était un droit particulier A la Champagne. En Angleterre il paraît avoir un sens différent : c Caruage, boc est, 

Suietum eBBe, si donunue rex taltiaverit totam terraro suam per caruat. Nota quod un carue de terre est un Titmelaud. Vide 
[onast. Angtic. t. I. p. 933. i (Du Cange, U, 304, col. 1.) Plowtawl ou plintgAlond signiOe terre labourable. (N. K.) 

(5) Charruaige désignait encore le terrain qu'une charrue peut retourner par an : c Les terres appaitanana A U grange 
4es Aiesars pueivent contenir environ trois charruaige*. i (Charte de 1349, inv. du château de Jaocourt ; Du CanBêril. 
«a. coi. 3.) (N. ï.) , w^ . 

I§i On Ut au Roman de Triatan (xiu* siècle), t propoe de l'iiSAge de Notre-Dame: on salua bien, dit la poète, un aUid : 
( et celi n'inclinerons ms? Ce seroit certes grans esohars : Devant le» buefi irait tt cAari. » On disait encore au XVi' aiècle 
(La Rou:t de Lincy, I, ^ : ■ A l'ombre d'une charrue j'ay trouvé un nid de bcauts. » (M. ■.) 

(7) Ajoutons, d'après Le Houx de Lincv (1, 156), cet autre proverbe: t Charrue de jeunes veaux, Chaese d« iaunes 
cbavaux, Et de ^unea faulcons la volée Pont rarement boone jouméa. > Eofia, Rutebeut ^63) toiit ; c Sa mors le Tel de vie 
nu, Voisent lai dont ils sont venu : Si voist chascun à la charrue, i (n. r.) 



CH 



— 404 — 



CH 



Oa lit dans un manuscrit intitulé TEsbatement 
de Géomancie, composé de demandes et de réponses : 

D'armes ? au chevalier ; 

D'amour ? au rossignol. 

De religion 7^ aux moines. 

De pensée? au serpent. 

De discord ? à la charrue de chien. 

MS. duR. n*7e5l,fol.2. R*. 

VARIANTES Tl) * 
CHARRUE. Disc. Polit, et Milit. de la Noue, p. 810. 
Karue. Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. 1167. 
Kerue. Poês. MSS. du Vat. n« 1490, ^ 149, V«. 
CiBRUB. Ph. Mouskes, MS. p. 74i. 

Charmer, verbe. Labourer à la charrue. On lit, 
en ce sens : 

Uautre jour vi un charruier, 
Bien prez du pont de Charenton, 
CharruianL etc. 

Poés. MSS. d'Bott. Desch. fol. iil. col. 4. 

Une brebis, une chievre, un cheval, 
Qui charruoient en une grant arée. 

Ibid. fol. 103, col. 4. 

VARIANTES ' 
CHARRUER. Dict. de Cotgrave. 
Gharruier. Poës. MSS. (TEust. Desch. fol. 111, col. 4. 

Cbarruier, subst. masc. Valet de charrue. Celui 
qui mène la charrue. (Voyez la Nef des Fous, f» 62, 
et les Mém. d'Oi. de la filarche, p. 645.) 

Mais en querrant, me dist un charruier (S), 
Que querez vous ? vous perdez vostre peine. 

Poés. MSS. d'Eust. DoMh. ^ 118. col. 2. — Voy. Ibid. t" 111. 

variantes : 

CHARRUIER. Fabl. MSS. du R. n« 7218, fol 214, V» col. 2. 

Charruyer. 

Charuanier. Contred. de Songecreux, fol. 103, R«. 

Charruière, verbe. C'esl une faute pour char- 
ruier^ labourer, dans les vers suivans : 

Jamais ne deust entrer en ce chemin, 
Ne charruièrey en si parfont ourniere. 

Pues. mSS. d*Eust Desch. fol. 112, col. 2. 

Charrurle. [Intercalez Charrurie, bois merrain 
pour faire des charrues : « Restituer arrérages aux 
« usageurs, qui rien n'en avoient eu, chauffages, 

• charruries, et en choses semblables. » (Ord. VI, 
p. 283, art. 5.)] (n. e.) 

Charry, subst. masc. [Intercalez Chairy, au 
sens de chartil : « Laquelle poule s*envoula au 
« charrUy qui est devant Tostel de Jehan Baudrot, 

• auquel cha)ry les supplians la prindrent. > 
(JJ. 206, p. 500, an. 1480.)] (n. e.) 

Charte, subst. fém. Alphabet. — Carte à jouer. 
— Feuille de parchemin. — Diplôme. — Titre. — 
Prison. 

Ce mot est dit, au premier sens, pour Talphabet, 



Ta, b, c, collé sur un carton, pour apprendre à lire 
aux entants. (Voy. Rabelais, T. I, p. 85.) 

On a nommé chartes^ les cartes à joner. « Pas- 
« soit temps aussi plaisantement qa'il souloit en 
« dez, et es cliartes. » (Rabelais, T. I, p. 160.) 

Ung jour advint qu*iU jouèrent aux jcharte*. 

FaifM, p. 80. 

On disoit aussi, en termes de jeu : Charte tiraà^ 
pour carte retournée. (Rabelais, T. I, p. 137. — 
Voy. ci-dessus Carte tirade.) 

Charte est pris pour feuille de parchemin, dans 
le passage suivant : « Prenanslapiece d'une charte 
• escripvirent. » (Percef. Vol. VI, fol. 124.) On lit 
parchemin. (Ibid fol.l 25.) 

On a appelé charte ou chartre (3), et lettres de 
chartre^ les lettres les plus authentiques du roi ou 
de sa chancellerie. Ce nom s'est appliqué depuis à 
toute sorte de titres, et enfln à toute espèce de let- 
tres ou autre écrit. Voyez sur les différentes espèces 
de Chartres, ou lettres données en chartre. (Bou- 
teiller, Somme Rurale, page 635.) Il semble que la 
charte ou chartre, pour mériter ce nom, devoit 
renfermer une adresse générale. Le privilège de 
Philippe-le-Bel, donné en 1288 en faveur de Gui, 
comte de Flandres, est attaqué, parce qu*il n'étoit 
pas en forme de charte, mais adressé seulement au 
bailli de Vermandois. (Voy. les Lettres de Louis XII, 
T. I, p. 19.) On disoit lettres de Chartre^ Ordonn. de 
l'Echiquier, à la suite de l'Ane. Coût, de Normandie, 
fol. 35. (Voy. Laurière, Gloss. du Droit Franc. — 
Ord. des R. de Fr. T. I, p. 3 ; et Du Cange, au mot 
Charta.) Remarquez que la ressemblance du mot 
charte avec celui de chartre a fait souvent coq- 
fondre ces deux mots, au point de leur attribuer 
réciproquement les significations l'un de l'autre, 
quoique leurs étymologies soient différentes; car 
charte vient de carta, et chartre vient de carcer, 
comme on le verra sous cet autre article (4). De U, 
nous trouvons charte ou chartre pendant. C*étoit 
celle à laquelle les sceaux ou les buUes étoient 
attachés par des lacets ou cordons. Chartres penr 
dans bulliés ior. (Villehardoin, p. 74.) (5) 

On appeloit chartes preadvisées les anciennes 
coutumes de Hainaut. On ditdu Recueil des Chartres 
et coutumes : on lui avait donné le nom de chartes 
preadvisées. (Coût, de Hainaut, dans le Nouv. Coût. 
Gén. T. II, p. 41.) Ce nom leur fut conservé jusqu'eû 
1619, temps auquel les archiducs ordonnèrent qu'il 
fût supprimé et qu'on leur donnât celui de charte 
nouvelle de nostre pays de Haynaut. (Ibid. p. 153.) 

Les Anglois entendoient par chartes communes 



un charruier Oa 



(i) Le mot est, au xii* siècle^ dans Roncisvals : c Ne la métissent U buef d'une chesrue. • (p. 105.) (N, E.) 

(2) On lit encore au Roman de la Rose (v. 18793) : < Car lor cors ne vault une pomme Oultre le cors du 
d'un clerc ou d'ung escuer. » (n. e.) 

(3) « La charte peut être considérée comme un document de genre narratif dont le style exige surtout la clarté. Les 
prétentions à Téloquence que l'on trouve dans les chartes du xi« biècle, font exception ; en général, dans les chartes, on s'est 
attaché à dire toujours les mêmes choses dans les mêmes termes, selon des formules, ^t^yi. de Mas Latrie, Diploiiiaticiue.)(N. l.) 

(4) Chartre vient aussi de cartula au sens de charte : Ce n'est pas une assimilation fautive À chartre, prison, comme le 
dit M. Littré ; cart'la a donné chartre, comme aposVlum a fait apostre. (N. s.) 

(5) M. de WaiUy, § 189, imprime : c par sairemens et par chartes pendanz buUées d'or. » Ces chartes munies d'un sceau 
pendant restaient toujours ouvertes : C'étaient des lettres patentes. Compares la Chanson des Saxons (XXI) : c Vous 
porterez ma chartre ou U secLx cTor pend. » (n. e.) 



CH 



— 405 — 



CH 



odles que nous appelons endentures. (Voy. Traité 
de Diplomatique, T. I, p. 361 .) 

Charte a aussi signifié prison ; mais on a dit plus 
communément chavire^ et c'est la vraie ortho- 
graphe. (Voy. ce mot et aussi le mot Carte.) 

Le mot Chartres^ dans le sens de titres, a donné 
lieu à ce proverbe : Autant vaut fours qui ne cuitj 
comme cmrtre qui n'est uzée le contraire. (Beau- 
manoir, p. 268.) 

Charte est mis, par une ridicule équivoque, pour 
charrette, dans ces vers : 

Le cas qui est cy dessus récité 

En une charte^ ou en uiig tombereau. 

Faifeu, pige 34. 

VARIANTES : 
CHARTE. 

Carte. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 131 ; tit. de 1243. 
Cartrb. Voy. Loix Norm. art. 32. 



Charta. Du Bouchet, Gén. dn Coligny, pr. p. 58. 

:. S. Bem. Ser m. fir. MSS. p. 7, en laUn Carcer. 



Chartre. 



Charte, adj. Chartré. Muni d*un titre ou char- 
tre. On céda l'Aquitaine aux An^lois, par le traité 
de Bretigny, en 1360, et les seigneurs de ce pays, 
dédaignant la domination angloise, « s*emerveii- 
loyent fort du ressort dont le roy de France les 
quittoiU et disoit aucuns qu'il ne luy appartenoit 
point à les quitter, et que, par droit, il ne le 
pouvoit faire ; car ils estoycnt en la Gascogne 
trop anciennement chartes, et privilégiés du 
grand Charlemaigne (qui fusl roy de France), qu'il 
ne pouvoit mettre le ressort en autre court qu'en 
la sienne. » (Froissarl, L. l, p. 253.) (1) On lit (Ibid. 
L. II, p. 306) : « Nos franchises anciennes dont nous 
« sommes Chartres, et bulles, etc. » (Voy. aussi Coût. 
de S* Mihiel, au Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 1406 ) 

Charte, subst. fém. Cherté, haut prix. — Estime, 
considération. — Rareté. Ce mot subsiste sous 
l'orthographe de cherté. (Voyez Du Cange, aux mots 
Caristia et Caritudo.) (2) 

On employoit ce mot, au premier sens, non-seu- 
lement pour les denrées, comme -dans ce passage : 

Ce nonobstant qu'il fusl charte de vin. 

Faifen. p. 50. 

mais aussi pour marquer le çrand cas qu'on faisoit 
des choses. « Us retiendrentVespée à grant cherté, 
« tant que je la conquis ouan, (pour aujourd'hui) à 
« moult grant peine. » (Lanc. du Lac. T. II, fol. 46.) 
En l'appliquant aux personnes, ce mot signifloit 



au flguré : estime, considération. C'est en ce sen3 
qu'on lit dans ce vers : 

Moult le trevent en grant cierté. 

Fabl. MSS. du R. n- 7969. fol. 50. V- col. i. 

On s'est servi du mot cherté pour rareté, par 
extension de l'acception propre : on paye cher les 
choses rares. « Gentilshommes chevaliers dontétoit 
« adoncçiues grand cherté, car, contre 20 pucelles, 
« n'estoient pas 7 chevaliers, etc. » (Percef. Vol. IV, 
fol. 129.) 

VARIANTES l 

CHARTE. Gotgrave, Rob. Est. - Gloss. de l'Hist. de Paris. 

Cherté. Orth. subsistante. 

Chiereté. 

Chierté (3). Gloss. du P. Labbe. 

Cierté. Fabl. MSS. du R. n« 7989, fol. 50, V«, col. 1. 

QuiERTÉ. Gloss. sur les C. de Beauv. — Beauman. p. 19B. 

Chartée, subst. fém. Page. Le P. Labbe, dans 
son Gloss. p. 518, traduit ce mot en latin pagella. 

Chartein, adj. Qui est de Chartres ; qui a été 
fait à Chartres. On a dit couteaux charteins, pour 
couteaux faits à Chartres. Il paroit, par les vers sui- 
vans, qu'ils étoient recherchés : 

J*ai couteax charteins, et à pointes, 
Dont cU bacheler se font comtes. 

Fabl. MSS. de S. Germ. fol. M, V^ col. 3. 

Cet adjectif étoit aussi Tépithète d*nne espèce de 
sauce, comme en ce vers : 

Flacis (4) trempés à la sauce cfiartaine. 

Fabl. MSS. da R. n- 7615, T. II. fol. 188. V* Ml. 1 . 

Quelquefois, Ton a dit, par ellipse, chartin, pour 
pays. 

VARIANTES ! 

CHARTEIN. Fabl. MSS. de S. G. fol. 42, V». col. 3. 
Chartain. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 188. 
Chartin. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 371. 

Ghartelaige, subst. masc. [Intercalez Charte- 
laige, droit payé pour Tenregistreroent des mar- 
chandises, en latin cartularium : « Le poix de la 
« laine .l. lib.; le chartellaige .mi«*. » (Ch. des 
Comptes, ms. 8406, fol. 180, v«; Du Cange, 11, 209, 
col. 2.)] (n. e.) 

Ghartenier, subst. masc. Qui a soin des 
chartes (5). — Geôlier. 

Ce mot, formé de charte ci-dessus, se trouve, au 
premier sens, dans le Gloss. de THist. de Paris. On 
a souvent confondu charte, titre, avec chartre, 
prison, en les prenant Tun pour Tautre. C*est de 



(1) M. Kervyn (VI, 325) imprime : « Et s*esmerveilloient trop dou ressort dont U rois de France les qutttolt, et disoient il 
aucun que il n'anertenoit mies à lui à quitter et que par droit il ne le pooit faire, car il estoient en le Gascoogne trop 
ancyennement chnrtret et privilegiet dou grant Cnarlemainne, qui fût rois de France et d*Alemagne et empereres de Romme, 

3ue nuls rois de France ne pooit mettre le ressort en aultre court qu*en le sienne, et pour ce ne veurent mies cU signeur 
e premiers légièrement obéir. » On Ut encore au t. VIII (191) : c Et se partirent content dou roy de France bien content, 
chartré y burlé et séélé, tout ensi comme il le veurent avoir et deviser. • De même au t. X (415) : c Ens es franchises 
anciennes dont nous sommes chartré et buUé. » (n. e.) 

(2) On Ut en effet au glossaire 7G8i : « Caritudo, chierté de temps, caritia, caristia. » (n. e.) 

(3) Chierté,, la forme la plus ancienne, est dans Thomiis de Gantorbéry (54) au sens de tendresse : c E quan il li conquist 
casteals e hérité, Tant le deiist il plus tenir en grant chierté. » L'acception de prix excessif est dans JoinviUe i^§ 293) : « Par 
ce avint si grant chiertés en l'ost, que tantost que la Pasque fu venue, uns bues valoit en Tost quatre-vins Uvres, et uns 
moutons trente livres, et uns pors trente livres, et un oes douze deniers, et uns muis de vin dix Uvres. » (N. E.) 

(4) Lisez plutôt flaons (flans). (N. E.) 
») Ou plutôt Chartres (carcéres). (n. E.) 



^, 



CH 



- 406 — 



CH 



cette confusion que natt l'acception de ehartenier(i), 
pour geôlier. « Elles vinrent toutes déconfortées au 
< chartenier qui gardoit les prisons. » (Hist. de la 
Toison d*Or, Vol. II, fol. 29. — Voyez Chartrenier 
ci-après.) 

Chartl, subst. masc. Prisonnier. Nous venons 
de voir charte^ pour prison. De là, on a dit : « Les 
« aultres tenoient prison en leurs maisons par 
« leurs sermons, en aussi grand chetivoison (cap- 
« tivilé) comme cAar/ts sont en cftar/r^. » (Chron. 
de S* Denis, T. Il, fol. 4.) 

Chartie, subst. fém. Charte. Du Gange, au mot 
Charta, rapporte une citation où Ton trouve ce 
mot, dans ce sens : « Item de toutes les choses qui 
u ne sont contenues en ceste chartie (2). » 

Chartier, subst. masc. Infirme, impotent. — 
Geôlier (3). 

Etre infirme au point de ne pouvoir agir, être 
impotent, c'est en quelque façon être en prison, ou, 
comme on.disoit autrefois, être en chartre ou 
charte. G'est pour cela que Ton a dit chartier^ pour 
infirme, impoftnt. On lit dans Perceforest (Vol. VI, 
fol. 128), en parlant du paralytique de TEvangile : 
« A donc il dist (le paralytique), j'ai esté chartier^ 
« l'espace de trente et huyt ans^ en grans angoisses, 
« et douleurs. » 

Chartier, dérivé du même mot charte ou chartre, 
a aussi signifié geôlier. (Voyez Chartrenier et Ches- 
TRBux ci-après.) 

Chartin, subst. masc. Gharretin. Espèce de 
charrette sans ridelle. (Ordonn. des R. de Fr. T. II, 
p. 371.) 

Charton, subst. masc. Cocher, chartier. — La 
constellation du Chariot. 

On trouve la première signification dans les Dict. 
de Borel, de Corneille, de Cotgrave et d*Oudin. 
(Voyez le Gloss. de Du Gange, aux mots Charreto, 
Qu/irto, Carraterius, Caronia et Caro. « Que nuls 
« chartons ne se avancent de prendre, etc. > (Goût. 
Gén. T. I, p. 814.) « On prit deux chars chargez de 
«« pourveances, a (avec) tout quatre charretons, 
« vestus de grises cottes, et armés dessous qui 



< esloient hardis varlets, et entreprenants, ta 
« charretons, et leurs chars s'en vindre&t eh0^ 

< royant tout devant Oudenarde. » (Froiswt, 
Liv. II, p. 269.) (4) 

On trouve ce proverbe dans Cotgrave : Bm ekar 
ton tourne en petit lieu (5). 

Charton a aussi désigné la cooitellation appdée 
vulgairement le chariot du roi David. 

Puis s'il te plaît de voir la flamme qui réside 
BeUe dedans le ciel du c/iarf on porte tNride, 
Du charton estoUé ; pour bien la conceTCHr, 
De la Chèvre il te faut la souvenance avoir. 

Tnduci. d*Antiit dans Im P«ët. d* R. B^Uom, IdI. 180. V«. 
VARIANTES (6) : 

CHARTON. Eust. Desch. Poês. MSS. foL 40, R% coL 1. 
Charreton. Coût. Gén. T. I, p. 424. 
Charron. Dict. de Cotgrave. 

Chartrain, subst. masc. Espèce de aioiuioie(7). 

« Monnoie du pa^s chartrain. Dng deoier dit 
« chartin, valoit huit deniers parisis » (Ord. des R. 
de Fr. T. m, p. 551) « et Ton donne un blanc, dit 

< chartin, pour seize deniers, ou pour dix huit 
« deniers, qui ne vaut pas dix deniers tournois. » 
(Ibid. p. 551.) Nous trouvons aussi chartein, dans 
ces vers de Perceval, cités par Borel : 

Sor son cheval, donc U loreins 
Valoit, cent Uvre de charteins. 

Borel, av roof Loreimi. 

On voit de plus, par le passage suivant, que 
cY'ioit une monnoie oe peu de valeur : 

Tu ne dorroies un chartein^ 
' Ou t'ame voist au derrain. 

Pabl. MSS. de S. Gflrm. f ol. Si, R>€ol.l 

VARIANTES ' 

CHARTRAIN. Ord. des R. de Fr. T. II, p. 371. 
Chartein. Ord. des R. de Fr. T. III, p. 551. 
Chartin. Fabl. MSS. de S. G. fol. 35. 
Chartrein. Fabl. MSS. du R. n* 7996, p. 8. 

Chartre, subst. fém. Prison. — Maladie. - 
Lettres, papiers, titres. — Enchantemens. 

Le vrai nom est chartre, du latin career. (Voyez 
Ménage.) Charte s*est dit par corruption, et la res- 
semblance de ces deux noms les a fait souvent 
confondre Tun avec l'autre. (Voy. aussi les Dict. de 
Borel, de Rob. Estienne et de Corneille, le Gloss. 
de Villehardoin, celui de THistoire de Bretagne, et 



(1) On Ut plutôt dans Du Gange (II, 174, col. 1), chartreniers : c Magon apele, qui ert ses chartrenierB, Garde cestoi, et 
80it forment loiez. » (Rom. de Garin.) On trouve aussi charterier (Jordain de Blays) : f Dont les assaillent seijant et 
charteritr; En une chiartre font Renier tresbuchier. • Philippe Mouskes écrit à son tour : c Un jour U enfant mult plorerait, 
En celé prison u U erent, Quar U carteriers leur gehi. Que toujours seroient ensi. » (n. b,) 

(5) La citation, datée de 1263 (II, 311. col. 3), est extraite dun ms. de Gommercy, qui appelle U coatimie locale da 
Mesnil : < Charties du Mesnil. » (N. E.) 

(3) Chartiers a aussi le sens de hâtier, dans la première rédaction de Froissart (éd. Kenryn, II, 176) : c Plus de mil 
chartiers plains de pièches de char pour rostir. » CSe serait un dérivé de chaVf viande, (n. e.) 

(4) Il s'agit de la surprise d'Oudenarde par le sire d'Escornay, le 25 mai 1384 (éd. Reivyn. X, 301): c On prist .n. chin 
cargiés de pourveances atout .un. caretons vestis de jjprises cotes et armés dessous ; et estcnent hardit ralei et enlreprea- 
dant. Chil careton et leurs cars s'en vinrent tout acanant vers Âudenarde, et segnefyèrent as gardes que il amenoitiit 
pourveances de Haynnau pour avitaillier la viUe. » DnguescUn , on le voit, tenait écele parmi les capitaines de sen 
temps. (N. E.) 

^5) Comparez Le Roux de Lincy, II, 161. (n. e.) 

(6) Dans la Charrette (xii* siècle, v. 346) on a la former charreton ; au xin* siècle on lit dans Renart : c G'est un bareng, 
ce dit Renart, Gar je trovai un charreton Qu'en portoit une charretée. » (v. 4124.) Au xrv* siècle, dans une oharte de 1339 
(Du C!ange, II, 197, col. 3), on lit : < Les gens desdiz reUgieux avoient prins charretons qui charioient par dessus l^esduae 
de leur estanc. » (n. b.) 

(7) (^tte monnaie fut répandue dans les xi*, xn* et xiii* siècles ; mais elle subit de nombreuses altérations, et il serait 
difficUe de reconnaître le profll d'un empereur dans le denier placé aux armoiries de Cîhartres : on a yoolii y TOir U ohsmise 
de la Vierge noire qu'on conserve dans la cathédrale. (Voir Du Gange, t. V, pL 23, n»* 50 et 51.) (N. B.) 



CH -4 

Laurière, Gloss. du Droit Franc.) Chartre est expli- 

Îuée par toute prison sansclarlé.ou lieu ténébreux, 
ans Bonteiiler, Somme Rurale, p.7!l. .Lac/iartre 

■ dans le Maine est aussi appelléecarcer. •(Valois, 
Notice, p. 127.) Maison de chartre. (S. Bern. Serin. 
fr. Hss, p. 140, dans le lalin Domus careeris.) 

S«ijana qui ■ Londres estoient. 
Qui la chartre gnrder dévoient, 
De la longae garde amie 
Et dettnmwaMs «doucie, 
Oru iilz ËDguist délivrèrent. 
Et de la chartre le jelterent. 

non. d* &«, Hs. fsi. n, n*, bi. t. 
Chartre a été pris pour maladie (1) qui détenoil, 
ainsi que ta prison, et empéchoit d'agir, d'où cette 
«xpreftsion estre en chartre, pour être infirme, être 
malade. (Du Cange, au mot Carcerarii.) (2) > Devient 
< toute sèche et en chartre. • [Arrest. Amor. 
1^. 390.) Nicot prétend que cette Taçon de parler 
vient de ce que les prisonniers deviennent secs et 
maigres, mais on dit aussi : Etre en la chartre nostre 
Seigneur, pourfitreimbécile, être tombé en enfance, 
e'esl-à-dire se trouver hors d'état d'agir. 11 n'est ici 
((ueslion d'aucune maladie du corps : ■ Il est en la 

• chartre nostre Seigneur, et comment Juy est il 

■ advenu? par ma foy, fera elle, i) est comme un 

■ innocent, et du tout tourné en enfance pièce 

• a (depuis longtemps). ■ (Les Quinze Joies du 
Mariage, p. 136.) 

Comme on a employé ctiarle pour prison, par 
confusion de nom, on a aussi employé (^'larfre dans 
le sens de titres, papiers et autres écrits. [Voyez 
Charte ci-dessus; voyez aussi les mots Carte et 
Castre.) 

On a dit aussi chartre, pour enchantemens, carao- 
tires magiques. (Voy. Cuarat.) 

VAB1ASTE3 : 

CHARTRE. S. Bern. Serm. b. MSS. p. 7^. 
Charte. Essais de Hontaigae, T. II, p. 3ÊS. 

Chartrenter, subst. masc. Geôlier. Tous ces 
mots viennent de chartre, prison, que l'on a aussi 
prononcé charte et carte. (Voyez ces mois.) 



'- CH 

Un jour li eniant moult idorerent 
En cele prison u il erent, 
Quar li carleriert lewr gehi 
Que tousjora aéraient enai. 

Pb. HnukM, MS. v 1^- 

• ï£ menèrent k Aix prisonnier, oCi il demeura 
• trois semaines; ses amis tant adoulcireut le 
« chartier qu'il lui feist ouverture. • (J. d'Auton. 
Ann. de Louis XII, p. 365.) 

VAR1A11TR& : 

CHARTGENIER. Gloss. Ist. de Du Cause, à Carceranui (4). 
Chartrannier. HiHt. du Théàt. fr. T. il, p. 7. 
Chartrier. Jean d'Auton, Aun. de Louis XII, p. 365. 



Chartrannier. HiHt. du ThéAt. fr. T. I 
Chartrier. Jean d'Auton, Aun. de Lou . 
Crartrin. Les Quinze Joies du Uariago, p. i 
Chabtbhier. Glose, lat. de Du Cange, k Cart 
Chartier. Eust. Desch. fol. 311, col. a 
Charte». Gloas. lat. de Du Cange, à AdUgiare {6). 
Cartbribr. PblL Houakee, p. 537 (7). 

Chartres, subst. Nom de ville. La capitale du 

Says chartrain. Son nom, qui subsiste, a servi à 
ésigner différentes cboses qui se faisoient dans 
cette ville : 

!■ On appeloit chemises de Chartres, des chemi- 
ses à vélir a nu, distinguées des chemises de maille. 
(Voyez Gloas. de Bretagne.) 

2- Dez de Chartres. C'étoit une espèce de dé à 
jouer. (FsbI. ISS. de S. Germ. fol. 45.) 

3* Les flaotis de Chartres étoient une sorte de 
g&l£aux m. (Ibid. {>. 1653.| 

4* On disoil aussi proverbialement : Li Cler Rostre 
Dame de Chartres. (Prov. à la suite des Poës. mss. 
T. IV, p. 1651.) (9) 

Cbartreuse, subst. fém. On a dit, par allusion 
à la retraite dans laquelle vivent les chartreu» ; 
. Avant ses jours elle deviendra chartreuse^ et 
■ eslongnée, et privée de toute joyense compagnie. * 
(Arr. Amor. p. 245.) 

Chartrier, subtt. masc. et adj. Gedlier. — 

Prisonnier (10). 

Ce mot a été pris pour geâlier. (Voy. CHARTfiE.NiER.) 

Ce mot a aussi été employé pour prisonnier, 

non-seulement avec la signification substantive, 

comme le mot chartier ci-dessus, mais aussi avec 

<1) C'est l'atrophie mesentérique oa carreau, qui retarde le développement et tient l'enfant comme en priaon. i Si on en 
recbappe, le malade tombe en ffevre becligne, ou en chartre, ou en mal caduc, i (Paré, XXIII, 44.) (s. e.) 

<S) Du Cange aoua career t (II, 173, col. 3) cita une vie ma. de J. C. : ( El siècle n'ot si boine ouvrière De (Uls à femiM 
emrferiert... La pucelle s'en vait courant A ea niere qu'ele ot moult cbiere, Ja eait chon qu'aie lu cartiere. i La situation de 
Itnfirme explique le mot : c La dame eatoit moult mehaiguiée. Et de grant dolour enlacbiée... Toute estoit en un clôt 
ftroe... 1 (N. E.) 

(3) An xii* aiècle, on lit dans Th. le Martyr ; c Que, ee li clers forbit A perdre aun mestier, Face le sis prpinz pn oa 
eharire lancier (31). i Au xv* aiëcle, Juv. des Ursina écrit : • Et par sentence fu privé de tous see bcneficee et mené en un 
toêobereau, mitre et condamné en chartre perpétuelle et au pain. > (Cbarlea VI, 14160 (N. e.) 

(4) Du Cange (H, 174, çol. 2) cite G. Guiart: i Tantost son ehartrenier ajpféle (J'en pot voir emini les sales, Iteis 
prisonnière de France pales, i (n. e.) 

(5) C'est une citation de Jordain de Blajs (II, 174, col. 1) : ( Dont les assaiUent serjent et charlerier Ea une ^uulro font 



Berner tresbucher. > 



I. B.) 



t de Ricbard II d'Angle! ei 



■ Et si charter de mort d'homme soit allégé devant quiconque 



t Du Cange, II, 174, c< 
(S) Ce Bont des flans. Les pàléa de Chartres aont encore renommés, (n. e.) 

(9) On disait au xvi' siècle (Lincy, I, ^3) : < Le chanoine de Chartres Peut jouer aux deti et aux cortea. > (n. e.) 

(10) On lit en ce sens au reg. il. 1G0. p. 37, an, 1406 : • Les proviseurs et adïnlnistralpura des povres et chartrier» de ville 
M dté de Reims. > On lit aussi aux Chronioues de Flandre (cb. 6G) ; i Et encores le détiennent en priaon fermée, en tussnt 
chartrier de leur propre aeigneur. ■ EnHn, dans une vie ms. de Jésus-Cbriat (Du Cange, II, 174, col. 1) on trouve : ■ Saint 
Ptianuiaus fu moult preudon. Et de moult^grant relegion. Les cartriera aloit viaiter Et les maladea remidor. ■ Un lit encore 
dans la Oa. des duce de Normandie (v. 39571) : t Prrierent por l«s cAorirsi qui estoieat emprisonas. > (n. e.) 



CH 



— 408 - 






la signincation adjective. II est substantif dans ce 
passage, où Téglise personnifiée dit, en parlant de 
ses malheurs : 

Et mes enfans 

Mors, et noyez, et pourris par les champs 
Ou sont chartriers. 

Mëm. d*01. de U Marche, Ut, I. p. 415. 

Ce mot est adjectif dans ce passage : « Ma poure, 
« ma malade, ma chartriere, ma misérable ame. » 
(Parlement de Tbomme contemplatif à son ame, us. 
du R. n° 8181, fol. 2.) 

Chartron, subst, masc, [Intercalez Chartron, 
chétron, tiroir sur le côté d'un coffre: •» Ledit 
« prestre lui dist que son argent et ses escus 
« estoient en un gand ou chartron de son coffre..., 
« elle ouvrit ledit coffre, et ala ou chartron où 
« ledit argent estoit en un gand. (JJ. 154, p. 501, 
an. 1399.) On lit encore clieston, ou mieux chestron, 
à la pièce 735 du même registre : • Le suppliant 
« trouva une huche ou huchel, et ou cheston de 
« ladite huche ou huchel... unes patenostres de 
« S. Nicolas. > Enfin au reg. JJ. 167, p. 143, 
an. 1413, on lit: « Dedens lequel coffre avoit un 
« chaisteron fermé ù clef; lequel chaisteron la 
« suppliante ouvry... »](n. e.) 

Chartrouffains, subst. masc. plur. Chartreux. 
Comme on diroit prisonniers, à cause de la grande 
retraite où ils vivent. (Dict. de Borel.) 

Chartryme, subst. masc. Celui qui visite et 
ajuste les mesures. (GIoss. sur les Coût, de Beau- 
voisis.) Ce mot est pris en ce sens, dans le passage 
suivant : « En la terre et chastellenie de Nancay, y 
« a poids just, et mesures, etchascun qui en tient 
« en sa maison, sont tenus, chascun, au lundy de 
« caresme prenant, les apporter au voyeur, ou 
« chartrymCy pour iceux visiter. » (La Thaumass. 
Coût, de Berry, p. 226 (1).) 

Charuble, sub&t. fém. [Intercalez Charuble^ 
chasuble: « Une charuble de satin violet. » (JJ.209, 
p. 141, an. 1841.)] (n.e.) 

Charvi, subst. masc. Chervis. Plante ombelli- 
fère. (Oudin, Bob. Est. et Cotgrave.) On en trouve 
une description détaillée dans le Dict. Univ. (2) 

Chapyer, v^rfte. Charrier, voiturer. « Touscha- 
« riots et charrettes charuuns par faux chemins, 
« etc. » (Coût. Gén. T. 1, p. 404.) « Bateaux chargés 
« de sel passans et charians sur la rivière de Seine, 
• près Poissy. » (Duchesne, Gén. de Montmorency, 
p. 394, tit. de 1200.) 



VARIANTES : 
CHARTER. Faifeu, p. 34. 

Charibr. Duchesne, Gén. de Montmorency, p. 301. 
Charuer. Coût. Gén. T. I, p. 404. 

Chas, subst. masc. Travée. — Engin à pécher. 
— Machine de guerre. — Pertuis, trou. 

Sur le premier sens de travée, qui est un terme 
d'architecture, voyez Chaas (3). 

Chas signifie aussi une sorte d*engin à pécher, ce 
qui est justifié par le passage suivant : « Licour- 

< gnon des chas, que Ten dit bourriche, ne courra 
« point, en nulles saisons. » (Voy. une Ordonn. de 
1328, concernant les instrumens servans à la 
pêche, au Bec. des Ordonn. des Bois de Fr. T. IT, 
page 12.) 

Chas étoit aussi le nom d*une machine de guerre 
propre à assiéger les places : « Quand lesgalies 
« furent depeciés, les Sarrazins firent du merieo, 
« et des tables, chas (4), et manteaus, et des arbres 
« firent engins por geter dans le chastel. > (Cont 
de G. de Tyr, Martène, T. V, col. 732.) 

Ce mot chas a aussi signifié un trou, un pertuis: 
« L'aiguille doit estre carrée vers la pointe, et 

< ronde depuis le milieu, jusques au cAos, ou 
« pertuis. » (Fouilloux, Vénerie, fol. 84 (5).) 

Chasal. [Intercalez Chasal : 1* Masure : « Le 
• s!ippliant et ses variés se mirent en une vieille 
« • asure ou chasal, près dudit hostel. » (JJ. 144, 
p. ' 0, an. 1392.) 2* Manse; voir la note 5 sous 
Cû^al (p. 259). La forme subsiste comme nom de 
lieu : Chassai (Jura).] (n. e.) 

Ghasblquel, subst. masc. [Intercalez Chasbi- 
quel, chevecier : « llng nommé Jehan, bastard de 
« maistre Jehan de Clermont chanoine et chasbiquel 
« de réglise de Mende. > (JJ. 209, page 87, an. 

1481.)] (N. E.) 

Ghasçable , adj. Chassable. C'est-à-dire de 
bonne chasse, propre à être chassé, bon à chasser. 
« S'il encontre d*un tel cerf qui aie les signes des- 
« suz diz, et on H demande quel cerf ce est, il peat 
« dire que c'est certchasçable (6) de dix cors, ou il n'a 
« point de refus. > (Chasse de Gast. Ph. us. p. 149.) 

Chasce, subst. C'est peut être Faction de chas- 
ser, d'aller en avant, outrepasser, excéder, l'excès. 
L'auteur des vers suivans, donnant des préceptes 
pour tenir en tout un juste milieu, sans faire trop, 
ni trop peu, s'exprime ainsi : 

L*un et rautre doit chasce craindre, 
Et le moyen entretenir ; 
Qui veult son estât soustenir, 
En seurté durant sa vie. 

Poês. MSB. dlSiiit. DMch. foL SS6. 



8) Pour D. Carpentier (Du Gange, II, 210, col. i) chartrime est synonyme de cartulaire (voir ce mot). (N. É9 
) Cest le sium sisaimm de Linné. (N. E.) 

(3) Voyez aussi la note. C?ms désigne encore, en Franche-Comté, Tespace entre deux poutres dans une gniage on tin 
hangar, (n. e.) 

(4) Cest le pluriel de chat, machine, dont nous avons parlé sous char. (n. e.) 

^) Comparez éd. Favre, fol. 63, r«. Ce sens est aussi dans d*Aubigné : < fLe puissant du monde] Rare (semple de Dieu, 
quand par le chas estroit D'une aiguiUe, il enfile un cable qui va droit. » (Tragiques, IV, les Foux.) (N. B.) 

(6) On lit encore au xiv* siècle, dans Moduê et Racio (foi. 7, verso) : c Tu congnoistras le jeune cerf de im biche par les 
traces, et aussi le grand cerf du Jeune, et 8*il est chaçahle ou non. » (n. e.) 



CH -* 

Ghasceor, mbst. ma$c. [Intercalez Chasceor, 
cheval de chasse; on lit dans Du Caag:e (11, 301, 
col. 1), sous chaçàator: 

De son chaaceor descendi. 

Et 11 heriDites entendi 

A lui servir de can qu'il pot. 

Quant son cheval atoumé OL.. 

Ce sens est déjà aux lois de Guillaume le Conqué- 
rant (2^) : ■ Les altresquutrecftuceûrs et palefreîz. • 
Od le retrouve dans Berte (CVllI): . Sur un bon 

■ chaceour le cerf il parsuivi ; • et dans le lai iel 
désiré: • Si s'ert vestuz e aturnez. Sur son chaceûr 

■ est muntez. >] (m. e.] 

Ghasé, partie. Casé, domicilié. — Terme de 
tortiftcation. Ce mot dérive de casa, maison. (Voyez 
Casb ci-dessus (1).) 

Ce mot s'est dit, au premier sens de casé, domi- 
tilié, en terme de fief, de tout homme qui a casa; 
par conséquent, il s'est employé pour vassal, pro- 
priétaire, fendataire, homme fieffé, investi, et même 
seigneur dominant. (Du Gange, au mot Casattis.) 

Si nomma jour de bod service; 

Ses demaines, et ses chaêet, 

A. loue semons, et tous mandés. 

Rom. ds Bnit, MS. fol. S3, V. 

Ce mot est très souvent employé, dans Partonopex 
de Blois, avec la même signilication : 

Ge sui de terre richu assez, 
Quar vinst rois ai de moi chaaez. 

PuH». <ki Blcdi, US. da S. G<rm. toi. IW, H- toi. I. 

Ph. Mouskes semble avoir employé casés, pour 
paysans, par opposition aux nobles et aux bour- 
geois. Une case étoit, en effet, proprement, une 
maison au village. 

Ceraliers, bonreois et caii* (2). 

Pb. MoiukM, 118. p. WS. 

iVoy. ci-après Chasier.) 
tous avous vu, ci-dessus, casemate pris pour 
une espèce de fortification, c/ûwe qui devroit s'écrire 
sans h, ainsi que ce mot, et qui semble avoir la 
même étymologie, paroit mis pour fortifié, dans les 
vers suivans : 

François vont Gournai assegier, 
Oui petit doute leur affaire. 
Car fors murs ot entour .m. paires. 
De boDues tours, très bien chatet. 

a. GniwI. NS. M. 7S, H: 

(1) Voyez aussi chaiae et la note. (N. ■.) 

<S) Le mol se trouve aussi dans les Chartes (Pérard, 4SI, an. iVS) : c Je U ai prié que il aidoie à mes ehatet lor droit i 
maintenir, tant cum il voudront droit faire'. ■ Celaient ceux qui tenaient un flef, une maison en ehaêement. (n. b.) 

<3) La forme chtÈtcé est dans Gérard de Vienne (v. 3866). (k. bO__ 

(4> Vovez aussi la Chronique des ducs de Nonnandie, v. 38332 ; Renart, t. rv, v. 19, donne eaiâ, qu'on retrouve dans 
Partonopex (v. 1333, 4566) et dans BlancheOeur (v. 18(m. <N. s.) 

(5) La forme subsiste comme nom de lieu : Chaué (Sarltie) (n. k.) 

(6) Voyez aussi Guërard (Prolégomènes au cartulaire de S* Pare de Chartres, $ SS) ; il range les casait dans la basse 
noblesse, au nombre de ces vassaux ou Tavasseurs qui n'avalent pas de juridiction territoriale; par suite t le auemeni 
était une tenure taisant partie d'un flef, et occupée soit par un libre, soit par un non Ubre : c'est ce que l'on a appelé 
l'arrière-flef. ■ (H.x.) 

(7) D. Carpentier admet cette théorie dans ses additions à Du Csnge (II, S13, col. S), et combat l'opinion de Bnisod 
(Usage des nefs) qui ne distingue pas le chasemcnt du fiel. (N. B.) 

^) Catemmt n'a ta que le sens Kënéral de demeure, (n. b.) 

(9) Aux preuves de THist. de Bourgogne (II, 5, col. 1), on Ut : i .xii. livres de terre qu'il teooit de moi en flef et en 
ehattement dans ma terre de Bar. * (n. b.) 
(fÔ} Page Sei, même volume. (N. B.) 



I- CH 

TABIANTES (3) : 

CHASË. Parton. de Blois, HS. de S. G. fol. 199, R* (4). 
Chasbt, plur. Pérard, Hiat. de Boui^. p. 4G0. 

Chasez, plur. Pérard. Hist. de Bourg, p. 4S0. 

Casé. Ph. Houskes, MS. n 365. 

Chasse. Rom. de Brut, MS. fol. 78, V'col. 1 (5). 

Cbasemeat, subst. mase. Maison, domicile, 
manoir seigneurial. Proprement, ce mot signifle un 
domicile, ou maison tenue à cens, par un serf ou 
autre vassal. De là, on l'a employé, en général, 
pour héritage, domaine, même pour héritage noble. 
Voy. Du Gange, aux mots (Casamentum, Schesalia 
et Casale.) Brussel, sur les flefs, a fait un chapitre 

Ïarticulier qui a pour titre des casemens et det 
ommes casés. (Ch. VIII, livre 111.) Voyez aussi 
Laurière, Gloss. du Dr. Ff. ; Dict. de Colgrave ; mais 
surtout Caseneuve, Franc-Alleu, livre I, ch. II (6],qui 
dit que cftosË est proprement le vassal d'une église, 
l'avoué, vidame (71 ; et que chasementç&K le flef qu'il 
lient de cette église, d'où ces mots ont passé à tou- 
tes sortes de vassaux et de fiefs. (Falc.) 

Lors, si a pris congiet al roi. 

Et fist repairier son conroi : 

Par tout 11 Iwron, an sèment, 

Cascuns traist à son auement (B). 

Pb. Mont», MS. p. 761. 
Se II homs a grant terre, ou rente, ou chatement, 
U est droii; et raison, par droit enseignement, 
Qu'il aint Dieu et sa mère, et bonort hautement. 

Dodr. HS. ia S. G«rb. bil. IM, H- col. S. 
Fils est d'un chevalier qui tient grant chatement. 

FM. lias, du R. o- 73lg, IbL 317, V* col. 3. 

Ha seigneurie, et ma chartei, 
lia druerie, et ma bonlez. 
Mes consets, mes afermemeni. 
Ha rice^e, et me a chaeemenz 
ToE mes giex, et m'envoiseure. 

Pvton. de Bh», US.iéSf Garai. U. M, V ad. ». 
VARIANTES (9) : 

CHASEHENT. Pb. Houslies, HS. p. 476, etc. 

Chasehant, Pérard, Hist. de Bourg, p. 467. 

Cabehent. Poës. HSS. av. 1300, T. IV, p. 136*. 

Cbbsal. 

Ghezal. Du Cange, au mot Buisellala temx. 

Chbseau. Thaumaasiére, Cout. de Berri, p. 229. 

Chbseolaoe. Coat. Gén. T. Il, p. 380. 

Ghasereux, adi. Nous avons ci-dessus chaseret, 
sous l'art, caseret (10), pour éclisse à faire des fro- 
mages; dé là fromage cfiasereux, dans les Epith. de 
H. de la Porte. 



CH —t 

Ch&sgnon, subst.masc. Chaînon (1). (Voy. Lett. 
de Charles VI, du mois de mars 13^, adressées au 
bailli d'Orléans, Très, des Charl. Reg. 132.) 

Cbasier, adj. Casé, domicilié. Le même que 
Chasë ci-dessus. Ce mot désigne, en terme de fief, 
un vassal ; alors il est employé substantivement, 
comme dans cette citation : < Les chasiers, aulre- 

• ment dits féodaux du dit Chastillon. ' (Voyez Du 
Caage, au mot Casalus.) (2) 

Cbasnalsses. flntercalez Chasnaisses, bran- 
ches, fagots de ctiehe: • De cltartée de bûches, 

• .1. den.; de chartée de chamaisses, maille. > 

Ï libertés d'Aigueperse , JJ. 196, page 360, an. 
874.)] (..E.) 

Cliasptaus, subst. mate. plur. Nous trouvons 
se mot employé dans les vers suivans : 
Brebù entea, sans Tilonie, 
En est belin, chisTre, chievriaue, 
Connina, lièvres, et de chaapiawi (3): 
L'en eBcrit bien en Teelin, 
Certes miex sur parchemlii. 
Que le tiens, etc. 

Fibl. KSS. du H. n* 111S, fiil. 960, K' col. S. 

Chasque, pronom. Chaque. On a dit chasgues 
U7I8, pourchacun, dans le Moyen de Parvenir, p. 16, 
On trouve dans le Dict. de Cotgrave, ce proverbe : 
à chasque mercier son panier. 

CfaassaiD. riatercalez Chassain, peut-être bois 
de chêne: • Pierre Minau... tenant une barre de 

■ chassain en sa main, t.iquelle il avoit prinse ou 
. tet au pors. • (JJ. 124, p. 301 , an. 1384.)] (s. e.) 

Gbasse. [Iniercalez Chatse: 1° Amende ou 
poursuite: • Nul qui pour villain cas soit en la 

■ chasse de seigneur. > (Hist. de Leyde, t. II, p. 415, 
charte de 1331 ,) 2° Instrument de péclie, peut-être 
pour chausse dans une ordonnance de 1388, t. VII, 
p. 779, art. 47. 3- Le droit de laver une châsse aux 
reliques, d'après une charte de 1410 (Du Gange, 
sous chassa, d'après la Pancarte de 1 Evéché de 
Chartres) : ■ Je Pierre le Drouay, eseuyer, seigneur 

■ de Tachaînville,... aveue à tenir a une foy et 
> homage... le droit de laver, la veille des grans 
•1 Pasques, la chasse de l'église Nostre Dame de 
« Chartres; et pour ce me doit mondit seigneur 

■ livrer et bailler ung pot de vin blanc et ung pot 
. de vin vermeil pour ladite chasse laver, et le 
- chevecier de ladite église me doit une touaille 

• ouvrée pour icelle chasse essuyer ; et nul autre 



»- CH 

• mettre la main que moy ; et s'il y eschiet aucunes 

■ pierres, elles sont miennes. >] in. e.) 
Chasser, verbe. [Intercalez Chasser, au sens de 

pêcher : ■ Et n'aura rien ledit preneur es pescheries 

• desdiz maretz et douvres, sinon qu'il y pourra 
« chasser à la caige [nasse] seullement. » (Cari, 
de Lagny, fol. 209, an. 1428 ; Du Cange, II, 319, 
col. 1.} voyez aussi cacher [même volume, p. 172, 

col. 2).] (s. E.) 

Cbasseranderie, subsi. fém. Terme de cou- 
tume. Ce mot désigne, en Poitou, ■ le droit que les 

< meuniers pavent à un seigneur qui a droit de 

< moulin banal, pour avoir la permission de chas- 

• ser (4) (pour mener ses bestes) dans l'étendue de sa 
- terre. » (Gl. du Dr. Fr. — Voy. ci-dessus Cacbb.) 

Cfaasseret, subst. tnasc. Petit chasseur. (Oudio 
et Cotgrave, Dict. — Voy. ci-après Chassebot.) 

Chasserle, subst. fém. Chasse. [Dict. de Colgr.) 

■ Lft demeurèrent, par l'espace de six jours, Taisant 
' grand joye, et grand liesse, les uns avçcques les 
« autres, en boire, et raangiers, cftasserifis, dances, 

■ et autres esbatemens de plusieurs et diverses 

• manières. » (Monstrelet, Vol. II, fol. 25; Voyez 
Conl. Gén. T. I, page 814; et Font. Guér. Très, de 
Vénerie, us. p. 30.) 

Chasserot, adj. Ce mot est pris pour épithèle 
de veneur, dans les Epith. de H. de la Porte. 

Chassete. [Intercalez Chassete, chaton, ce qui 
enchâsse: < Aus qualre chlés de celé croiz sont 

< scelées et encloses souliment précieuses reliques 

< de cors sains en chassetes soutiment ovréâ. > 
(Chr. de S' Denys, D. Bouquet, t. VIII, p. 151.)] (n. e.) 

Chasseur, subst. masc. Ce mot subsiste pour 
signilïer un homme qui chasse. Nous avons marqué 
ailleurs, à l'article Chaceor, qu'il signifioit autrefois 
un cheval de chasse. (Voyez Chaœoh.) On a dit en 
chasseur, pour à la hâte. • Il dépescbe sa messe, 

< laquelle il dit en c}iasseur, ayant le oœur à la 

< mangerie. • (Contes de Des Perr. T. II, page 80.) 
Nous avons vu sous le mot Cache, messe de chassf, 
pour messe dite à la hâte (5). 

Chasseure. [Intercalez Chasseure ou chas- 
sonere, chassoire, fouet: ■ Icellui petit Jacobia 

■ ferist ledit Régnant, fllz dudit exposant d'une 

■ chasseure, autrement dit foueL ■ (JJ. 105, p. 48f, 
an. 1374.) On lit encore au re^. JJ. 110, p. 158, 



(1) Chasgnon. comme dérivé de cosnti», aignifle échelle de charrae, trarerse de cA£n« reliant la ]ange ,_.. 

' les deux poignées entre elles : a Le suppliant a emblé un soicb, un ckaagnon, une jauge el une hense de Ter à la charroe 
de certaine personne qu'il ne congnoisl. > (JJ. 132. p. 220, an. 13H8.) Le seua est assuro par ]» passage soivant du registre 
IBO, p. 13G, an. 14tjO : a Le suppliant se print a trancner une cMtoaia ou cheene pour uire des eschelles pour sa 
ctumrue. ■ (n. b.) 

n 1306. ChruierA aussi le sens de co«ier (voir sons ctueneO. Du» un 



,J) Ne faut-il pas séparer et lire chas piau$ pour peaux de chats, (n. l., 

(i) Voyez ce eenâ de ch<u9er sous cacher (môme vol. p. 173, col. 1). On Ut encore, d'après une déclaration de franc-fleli 
Cambrai (Du Cange, II, 13, col. 3^ : ï Ils sont tenus eux deux cacher le mmitonnaige, moiennant tontes fMs que on iM iMt 
enceuvrc... Et pareiUement est l'un des moutonniers avec le uii* frans ÛelvAs, et eux deux ensemtdes sont tamu de i»«h«r 
le moutonnage. > (n. B.) 

(5) Chaiaeur, dans Bassehn (50), est un outil de tonnelier pour chasioir : t Comme moi, tout bon Inmnr, An maillet et n 
_. .... ,._ j ! a vergongneet s'emploie de bon cueur à relier ses tonneaux. > (n. s.) 



ehatseur Met les deux a 



CH 



- 411 - 



CE 



an. 1476: « Icellui Façon qui menoit le second 

< chariot, feri ledit cheval de sa chassouere. » Chas- 
soire est aussi la baguette des autoursiers.] (n. b.) 

Chasse -vilain, subst. mase. [Intercalez 
Cha^e-vilain j oiseau pour porter le mortier: 
« Le suppliant print ung instrument appelle 

< oyseau ou chasse-vilain,., et portoit sur son col 
« de la terre sur ledit chasse- vilain. » (JJ. 186, 
p. 45-, an. 1450.) Chasser est là pour cacher^ 
meurtrir.] (n. b.) 

Chassies, suhst. fêm. plur. Chausses, cuissards. 
(Gloss. sur les Coût, de Beauvoisis.) « Doivent avoir 
« les chassies de fer chaucées. » (As. de Jérus. p. 82.) 

Chassieux, adj. Aveugle. (Serées de Bouchot, 
Lav. H, p. 155.) < Nostre oil si estoient chacevols et 
« obscur. » (1) (S. Bern. Serm. fr. p. 10, dans le latin 
Caligabant occuli nostri.) 

VARIANTfiS : 
CHASSIEUX. 
Chacevols. S. Bern. Serm. fr. MSS. f . 10. 

Chassin, subst, masc. Assassin. (Dict. deBorel, 
qui a vraisemblablement mal lu chassinsj pour 
ahamns.) 

Ghassipot, subst. masc. Concierge. Ce mot a 
cette signification en Bresse (2). (Voy. Laur. Gloss. 
du Dr. fr.) 

Ghassipolerie, subst. fém. Sorte de droit 
Celui que doivent des vassaux à leur seigneur, 
pour avoir permission, en temps de guerre, de se 
retirer avec leurs effets en son château. (Du Cange, 
au mot ChacipoUus, col. 15 (3).) 

Châssis, subst. masc. Chambranle. « Les fenes- 
« ires, et les huysdu palais de Tempereur ont mené 
« si très grant batement, à rencontre des murailles 
« et des châssis (4), que plus de la moytié en gisent 
« sur la chaussée. » (Percef. Vol. V, fol. 14.) On 
trouve cassa (5), pour chassiSy dans le Gloss. lat. de 
Du Cange. 

Chassot, subsL masc. Sorte de poisson; (Gloss. 
du P. Labbe, p. 49. — Dict. d'Oudin.) 



Chastagne, subst. f4m. Ce mot subsiste sous 
rorthographe de châtaigne (6). Nous ne citons ce mol 
que pour rapporter quelques expressions anciennes 
et quelques proverbes où il entre. On disoil : 

1* En cueilleurs de chastaignes{7)y pour le bâton 
à la main. 

Âdvanturlers, en cueilleurs de chastaignes, 
Furent transmis ung baston blanc au poing. 

J. Marot, p. v9. 

2r Cela n'est pas peler chasteignes, pour signifier 
ce n'est pas là s'amuser de choses frivoles. (Hisl. 
duThéât. fr. p. 161.) 

3* Souffler la châtaigne y c-est-à-dire attendre 
qu'un autre Tait pelée pour la prendre et la man* 
ger (8). Nous disons: Souffler le pion à quelqu'un^ 
pour lui enlever une affaire qu'il croyoit faite. 

La cité a perdu sans nulle recouvraigne; 

Li Grieux qui sont devant lui soufflent la châtaigne. 

Maudit le roy de Grèce, et sa gent qu'est mehagne. 

Not. da Rom. d'Alex. foL 53. 

4» Voir à châtaigne trouve son explication dans 
les vers su i vans : 

Et quant il fut à couvert de paille d'entresaigne, 
Dui Besans remportèrent, ce virent à châtaigne. 

Rom. d'Alex, fol. 107. 

5* Chateigne de Lombardie. (Voyez les Prov. à la 
suite des Poës.Mss. avant 1300, T. IV, p. 1652.) (9) 

6» Ne fist force de soi meffairef 

Plus que de cuire une chastaingne (10). 

6. Guiart, MS. fol. 128, R*. 

VARIANTES : 
CHASTAGNE. 

Chastaigne. Nicot, Oudin, Dict. 
Chastaingne. G. Guiart, MS. fol. 23, R». 
Chasteigne, Chastaine, Chatagne. 
Chateigne. Dict. Univ. 
Châtaigne. Orth. subsistante. 

Chastaigne, adj. Châtain. De couleur de châ- 
taigne. (Dict. d'Oudin.) 

Sa blonde chevelure, entre blonde et chasteigne. 

Amoun de Tristan, p. 203. 

La tresse 

De ce poil chastaigner^ qui me tient en ses las. 

(Eut. de Rem. BeUani, T. U, p. 89. 



(1) H. Le Roux da Lincy, k la suite des Rois (p. 536), imprime : c Dous choses nous encombrevent, nostre oil si estoient- 
chaceuols et escur, et cil nabiteveit en une lumière où om ne puet aprochier. » Littré^ au xiii* siècle, cite le ms. S^ Jean (?) : 
ff La celidoine me prenez Od let de femme la meUez ; Ceo garist les oilz chacius. » Ménage, en indiquant l'espagnol cegajoêOf 
mis de remonter au latin fictif cœcutiosus. (n. b;) 

De là le nom propre actuel Chassepot. Voyez chacepolCy môme volume, p. 326. (n. e.) 

Sous cacepollus (édition Henschel, II, 12, col. 1) on lit : c Feodum de chassipolerie de Dompmartin in probat hist. 
Bressensis pag. 52, species seraenterive. » (N. e.) 
(é) On lit au petit Testament de ViUon : « Item je laisse aux hospitaux Mes châssis tissus d'iraignée. » (N. E.) 

(5) Cassay 11, signifie châssis, mais châssis de métier (II, 218, col. 2). (N. E.) 

(6) Pallssy (280) appelle les oursins chastaignes de mer. (n. e.) 

(7) Rapprocnez les deux passages suivants : c A cui parés vous oee chastaignes. » (La Rose, v. 8547.) c Li roi ne tcova pas 
qui U parast chastaignes. » (Girart de Rossillon, v. 11671.) (N. E.) 

(8> d'est là ToBuvre de Bertrand : mais Raton tire auparavant les marrons du feu. c Us lui disoient que les huguenots 
Tonloient tirer la chastaane du feu avec la patte du lévrier. » (D'Aubigné, Hist, II, 4â5.) (s. B.) 

(9) c Les meiUeures chastaignes frances sont les Sardones (Sardaigne) et Tuscanes (Toscanes), ainsi dittes des païs d'où 
les vaces nous en sont veniies de par deçà. Les sardonnes sont celles qu'on appelle à Uon marrons, cogneCies par toute la 
Fktmce pour le trafflque de tel fruit. » (0. de Serres, 691.) On pourrait dire aussi châtaignes de Bretagne : c Pour nous ce 
sont des châtaignes qui font notre ornement, j'en avais l'autre jour trois ou quatre pamers autour de moi ; j'en fis bouillir ; 
j'en fis rôtir; yennàa dans ma poohe; on en sert dans les plats, on marche dessus ; c'est la Bretagne dans son triomphée » 
(II"** de Sévigné, octobre 1671.) (N. B.) 

(10) Déjà) au xn« siècle, on lit dans les Saxons (XXX) : c Ne prisent vos menaces le pris d'une chastaitie. » On lit enoora 
dans la Rose (t. 14112) : c Si cni'ii cuit que celé en gré prengne, Ce qu'el ne prise une chatengne. » Enfin dans Bauduin de 
Sebourc (VII, 184) : « u sambfe que Gauiirois ne donne une castaigne De townoatra^oolr^ m\ui Bi> 



CH 



— 412 — 



CH 



On a dit aussi chevaux chastains (1). (Voyez le P. 
Ifenestr. des Tourn. p. 275.) 

VARIANTES ' 
CHASTAIGNÉ. Oudin, Dict. 
Chastaigner. Rem. Belleau, T. II, p. 89. 
Chasteigne. Amours de Tristan, p. 902. 
Chastain. Menestr. des Tourn. p. 275. 

Chastaigneux, adj. Plein de châtaignes. (Dict. 
d'Oudin.) 

Ghasteau, subst. masc. Château, maison, place 
forte. — Partie d'un navire. — Défense, défenseur. 

Nous disons encore château ; c'est dans ce même 
sens qu'est employé castiely en ce passage : 

Mit en prison en uns castiel, 

Ph. Mouakes. MS. p. 49. 

. . . d*amors et U chastiaua courtoisie. 

Gillfts de MeMNis, Poès. MSS. avant 1300, T. H, p. 700. 

Le chastel S. Antoine, où l'on mettoit les prison- 
niers, à Paris, étoit sans doute la Bastille. (Frois- 
sart, Liv. IV, p. 38) (2). 

La signiflcation du mot chasteau, ou cliastel, 
n'étoit pas tellement bornée à une place forte qu'elle 
ne signifiât aussi les domaines des seigneurs : 
« Es cités, chastiatuCy et es lieus nobles. » (Ord. des 
R. de Fr. T. I, p, 523.) Même quelquefois les mai- 
sons, dans les villes. La maison de Jacques d'Arte- 
velle est nommée indifféremment hôtel et cho^/e/ (3) 
par Froissart. (Liv. I, p. 132. ) 

C'est dans ce sens qu'on a désigné le paradis, par 
le nom de chastel de DieUy c'est-à-dire maison de 
Dieu. 

Proies Diex qu'au chastel me mette. 

Fabl. MSS. de S. G. fol. 43. R*. ool. S. 

On prononce encore châtias (4), au pluriel, dans 
la Normandie. 

On disoit château de la nef, ou du navire, pour 
désigner ce que nous nommons dans un vaisseau le 
château de poupe ou le château d'arrière. C'est 
toute rélévation qui règne sur la poupe, au-dessus 



du dernier pont, où sont les chambres du conseil et 
du capitaine. « Quand les prebstres, et clercs furent 
« entrez, il les flst tous monter ou chasteau de la 
« nef. » (Joinv. p. 24.) (5) « Furent drecies les 
« banières, et li confanon, es chastials des nés. » 
(Villehardoin, p. 50.) (6) 

On disoit aussi une nave garnie de chastel devant 
et derrière (Chron. fr. ms. de Nangis, an. 1377); 
mais le château d'avant se nommoit particulière- 
ment le châtel du mast (7). (Eust. Descn. Poës. mss. 
fol. 356. — Voyez ci-après Chastelez.^ Au figuré, on 
employoil le mot château pour défenseur et pour 
défense. « Troylusprint l'enfant^en plorant,et en le 
« baisant luy dist ; Beau nepveu, vous avez tost 
« perdu le chasteau et garde de père et de 
« mère, etc. » (Percef. Vol. IV, fol. 27.) Eust. Des- 
champs, parlant des apôtres, dit : 

De Jehucrist furent les advocas. 

Et de la foy furent cAa«(eau2x et pons. 

Étisl. Deadiampa, Poét. MSS. fol. 124, ool. 1. 

On lit dans le même auteur : 

Cest de Teglise li chasteaux et la tours. 

niid.fol. 192, eol.4. 

Voici quelques expressions anciennes : 

V Faire chastel d'église, pour se retrancher en 

une église, s'y défendre à main armée. 
2^ On disoit aussi : Faire chasteaux en Asie (8), 

pour rêver. Borel, sur cette expression proverbiale, 

cite ces vers du livre des Menus Propos de Pierre 

Gringoire : 

Et le songer (ait chasteaux en Asie^ 
Le grand désir la chair ne rassasie. 

Edifier chasteaux en Espagne (9). (Percef. Vol. II, 
foL 39, et ailleurs, Coquillart, Montaigne, Pas- 

3uier, etc.) Nous disons dans le même sens : Bâtir 
es châteaux en Espagne. 
Citons quelques proverbes : 
!• Ville gagnéCf chasteaurendu(lO). Nous trouvons 
ce proverbe dans le passage suivant : « Croyez mon 



(1) On Ut aussi dans Christine de Pisan, d'après le dictionnaire de Dochez : c Chasteins en couleur. » (n. e.) 

(2) M. Kervyn imprime (XIV, 104) : « Dont fut mandé le seneschal d'Auvergne : il vint : on lui deUvra les deux Bretons 
dessus dis, et cils les emmena en France à Paris, et furent mis en prison ou chastel de Saint-Anthoine en la garde du 
vicomte d'Ascy qui gardien et chastelain dudit chastel estoit pour le temps. > Les deux Bretons sont Alain et Pierre Rous, 
cousins de Geofiroi Téte-Noire ; chefs de srandes compagnies et capitaines de Ventadour, ils furent exécutés à Paris en 
1389. La BastiUe avait été commencée en 1369, et Hugues Aubriot Favait presque achevée, (n. b.) 

(3) M. Kervyn ne donne pas cette variante (t. II à IV). (n. e.) 

(4) Cette forme est, au xii« siècle, dans la Chanson des Saxons (XV) : c Allemagne ont destruite et tous les c?uistiax frais. » 
La forme bourguignonne est chaxtéa. (n. e.) 

(5) M. de WaiUy (§ 126) imprime : « Quant U cheval furent ens, nostres maistres notonniers escria à ses notonniers, qui 
estoient ou bec de la nef et lour dist : « Est arée vostre besoigne? » Et il respondirent : c OU sire ; vieingnent avant U clerc 
et U provere. > Mais au § 619, on lit : c Quant je oy ce, je me levai de mon ht, là où je gisoie, et alai ou chastel avec les 
mariniers. » (n. e.) 

(6) Comparez édition de Waiîly. § 132. (n. e^ 

(7) Voyez encore G. Guiart, t. Il, v. 9085 (18066), v. 9878 (18358), v. 9453 (18358), v. 10048 (19028). Voyez en outre les expUcaUons 
de Jal, Archéologie Navale (I, 438). (n. e.) 

(8) On disait aussi chasteaux en Albanie : c Je vags. Je viens, le trot et puis le pas, Je dis ung mot, puis après je le nje, 
Et bi bastis sans reigle ne compas Tout fln seullet les chasteaux d'Albanye. » (Le Veiî^er d'honneur, xv* siècle, folio E, UI> 
dans Ducatiana, U, 479.) (N. E.) 

(9) On lit déjà dans la Rose (v. 2452) : « Hors feras chastiaux en Espaigne, Et auras joie de noient. Tant cum tu iras 
foloiant En la pensée delitable, Où il n'a fors mençonge ne fable. » Le proverbe n'est pas encore expliqué; Pasquier prétend 
(VIII, ch. 17) qu'on construisait rarement des châteaux en Espagne ; Us auraient pn être surpris par les Mores. Fleury de 
Bellingen (Etymoloç^ie des Proverbes, 271) fait remonter au consul (ïecilius Metellus Torigine de ce proverbe. On doit plutôt 
le rapprocher du dicton «c Autant qiie Charlemagne en Espagne » ; rempereur, d'après les Chansons de Geste et rhistoire, 
fut malheureux en ce pays ; les Francs n'y construisirent donc des châteaux pour le ^der qu'en imagiBation. (n. e.) 

(10) On employait encore deux autres proverbes qui se contredisent : « Chasteau pns n'est plus secourable. ji (Ifimes de 
Bim) ; — « Chasteau abbatu demi reffaict. » (n. e.) 



CH 



— 413 - 



CH 



< advis, et tous faites fort, qui si la mare vous 
« aime, et estime, la fille est voire : comme on dit 
« ville gagnée^ chasteaurendu, » (Printemps d'Yver, 
foL 112.) J. Harot a employé ce proverbe en ren- 
versant la phrase : 

De chasteau prins viUe est preste de rendre (1). 

J. Uarot, p. 8&. 

^ Fille qui escoute, et chasteau qui parle^ selon 
le proverbe, sont de facile composition, (Printemps 
d'Yver, fol. 70. — Voyez d'autres proverbes dans le 
Dict. de Cotgrave.) 

3* Chatel volant. Nous trouvons cette expres- 
sion dans les vers suivans qui renferment une 
espèce de proverbe : 

Le vUain dit en renrouver, 

Que chatel volant (2) n'a que chier, 

Pour ce que U n*a point (Tarest. 

Modus et Racio, MSS. fol. 148. R*. 

VARIANTES (3): 
CAASTEâU. Hist. de Loys III. D. de Bourb. p. 285. 
Castiaus, sing. Duchesne, Gen. de Guines, p. 286. 
Chastiau. Poes. MSS. av. 1300, T. Il, p. 700. 
Chastial. Ibid. T. IV. p. 1660. 
Chastel. Cartulaire ae Nevers, MSS. Vol. III, fol. 15. 
Chatel. Fabl. MSS. de S. G. fol. 43, R», col. 2. 
Castel. Duchesne, Gén. de Beth. p. 137. 
Castiel. Ph. Mouskes, MS. p. 49. 
Chastes, plur. Perard, Hist. de Bourg, p. 460. 
Chasteus. Rymer, T. I, p. 109, litre de 1268. 
Chastez, plur. Perard, Hist. de Bourg, n. 460. 
Chastial. Perard, Hist. de Bourg, p. 3Û0. 
Chastiau. Perard, Hist. de Bourg, p. 486. 
Chastiauls, sing. Duchesne, Gen. de Bar-le-Duc^ p. 33. 
Chatial. Voy. Chastial ci -dessus. 
Chistel. Rymer, T. I, p. 13, col. 2, tit. de 1256. 
Castiaus, p/ur. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1326. 
Chastiex, plur. Fabl. MSS. de S. G. fol. 48. 
Chatiax, plur. Gloss. du P. Martène, T. V. 
Châtias, plur. 

Chasteax, plur. Blanch. MS de S. G. fol. 186, R» 
Chasteaulx, plur, 

CUSTEL. 

Kastiel, plur. Carpentier, Hist. de Cambrai, p. 29. 

Ghasteaubrlant, subst. masc. On a dit pro- 
verbialement : « Milan a fait Mevillan, ti Chasteau- 
• briant, a défait et perdu Milan, » pour signifier, 
suivant Tauteur, que : « des gains et profits que fit 

< monsieur le grand mailre de Cbaumont (4), quand 
« il en estoit gouverneur, en fit faire le chasteauxet 
« la maison de Mevillan en Bourbonnais, qui est 
« Tune des belles, et superbes que Ton sçauroit 
« voir; et les fautes que fit monsieur de Laulrec, 
« estant gouverneur du dit Milan, rabatues par 
« madame de Cbasteaubriant(5). à fendroit du roy. 



« défirent et perdirent Milan. » (Branl. Cap. Fr. 
T. I, p. 162.) 

Chasteau-de-noix, subst. masc. Jeu d'en- 
fant (6). (Dict. d'Oudin. — Voyez ci-après Chatelet.) 

Chasteau-guaillard, subst. m^c. Terme de 
marine. Le gaillard d'avant, ou le théâtre (7). « Frère 
« Jean ou chasteau-guaillard monta guallant, et 
« bien délibéré avecques les bombardiers. » (Rabe- 
lais, T. IV, p. 144.) 

Chasteau-rocher, subst. masc. « Il ne reste 
« plus rien à prendre en Bourgongne que trois ou 
« qusiire chasteaux-rochers , comme Jeu (8) et au* 
très. » (Mém. de Gomines, an. 1478, p. 465.) 

Chasteé. [Intercalez Chasteé, chasteté, de casti-^ 
tatem^ dans un bestiaire cité par Du Gange (II, 226, 
col. 2) et corrigez chastée en chasteé (n. 11, p. 264) : 

D'omme et de femme m*emerveil 

Qui chasteé à Dieu proumet 

Et puis après son veu mau met. 

On lit aussi dans une pastourelle (Laborde.. 
p. 152) : 

BeUe, douce mère, 

Hé, gardez moi ma chasteé.] (N. E.) 

Chasteigne, subst. masc. Il faudroit peut-être 
lirec/iai^ain^, capital ne (9), dans le passage suivant: 

Jostent li par et li chasteigne. 
Et tuit U roij et U chadoine. 
Et tuit li petit, et U grant. 

Blaocb. MS. de S. Gemu fol. 191. R* eol. 3. 

Chasteigniere , subst. fém. Ghâtaignerâie. 
Lieu planté de châtaigniers. 

Robin qui s'estoit embusohié, 
Sous une chasteigniere, etc. 

Jehan Erars. Poes. MSS. avant 1300, T. H, p. 059. 

Chasteilf subst. masc. Prix. Dépense(lO). Ge mot» 
qui a de grandes relations avec ceux de catel, 
capitau, et qui probablement est originairement le 
même, a cependant reçu diverses interprétations 
qui nous ont porté à en faire un article séparé. 

Dans la coutume de Ghartres, c'est le prix d'une 
chose vendue. (Laur. Gloss. du Dr. Fr.) 

Ge mot est expliqué par coust, dépense, dans les 
Quinze Joyes du Mariage, p. 63, et il est employé, 
dans ce même sens, par Eust. Deschamps, Poes. 
MSS. fol. 313. (Voyez aussi catel, capitau, clmptel.) 
On a dit au pluriel chastielx, dans la seconde signi- 
fication. « Pesons rendre dommages, et chatielx. » 
(Ord. des R. de Fr. T. I, p. 559, art. xi.) 



SMarot (V. 46) écrit encore : c Car chasteUain n*est point du chasteau sire, S'U n*a les clefs de derrière et de derant. » (n. e.) 
Chatel vient eîors de capitale^ au sens de biens mobiliers ; on lit encore dans Le Roux de lincy (U, 161) : « Chastel va 
et vient. > (n. e.) 

(3) Le mot est dans la Cbanson de Roland (v. 4) : « N'i ad castels qui devant lui remagnet ! » (n. e.) 

(4) Charles d'Amboise, neveu du cardinal, (n. e.) 

(5) Françoise de Foix, comtesse de Chateaubriand, était sœur de Lautrec et maîtresse de François I«r. (n. e.) 

(6) Ce sont des noix ou des marrons disposés en pyramide, (n. e.) 

cl) Ce n'est qu'une variante de l'expression chasteau de poupe, chasteau de proue. Gaillard est une épithète appliquée 
même aux châteaux proprement dits^ avec le sens de fort ; c'est le cas du château construit par Richju'd Cœur de Lion, 
au-dessus du Petit Andely. (n. e.) 

(8) Jeux-les-Bards, Côte-d'Or, canton de Semur. (n. e.) 

(9) Voyez la note 5 de la page 219, qui confirme ce sens. (N. E.) 

(10) On lit encore au reg. JJ. 204, p. B7, an. 1474 : « Ung ouvrier (de serrurerie) mettroit bien quinze jours ou plus à faire 
une serrure, ou autre chef d'œuvre et d'ouvrage de menuiserie dudit mestier, dont à peine auroit-il ung escu ; ainsi la main 
et le labeur de l'ouvrier passe et excède le chastel et proufOt. > (n. e.) 



CH 



— 414 — 



CH 



VARIANTES : 
CHASTEIL. 

Chastel. Laur. Gloss. du Dr. Fr. 
Chattkl Du Gange, au mot Thep^ote (i). 
Chastielx, plur. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 559, art. xi. 

Chasteillon, subst. masc. Petit château (2). (Du 
Câoge, au mot Castellio.] 

De toutes pars manda sa gent, 

De fossez, et de herichon. 

Et de pels (pieux, palis), fist un chasteillonf 

Au pié du teltre (tertre), en la vallée 

Qui garde toute la contrée. 

Rom. de Roo, MS. p. 837. 

VARIANTES : 
CHâSTEILLON. Du Clange, Gloss. lat. au mot CasteUio. 
Ghastillon. Id. U)id. 

Ghasteii. S. Bern. Serm. fr. mss. page 333^ en 
latin castUas. 

Chastel, subst, masc. Il semble que ce soit une 
faute pour cheval, dans un endroit des Chron. S. 
Denis, où il est dit que Clovis fut obligé de donner 
à réglise S' Martin cent sols, et puis encore cent 
autres sols pour raimbre son chastel, (Chron. S. 
Den. T. 1, fol. 14.) (3) 

Chastelain, subst, masc. Seigneur, comman- 
dant d*un château. C*esl le sens propre de ce mot. 
Nous avons vu que castellan éloit simplement un 
homme préposé pour la garde d'un château, un 
concierge (4). Laur. Gloss. du Dr. Fr. prétend que 
c*étoit aussi ce que signiPioit chastelain. II ajoute 
que nos rois, pour récompenser la fidélité de ces 
concierges, leur donnoient quelquefois en flef les 
châteaux dont ils n'avoient auparavant que la 
garde, et qu'ainsi nos rois faisoient, de ces concier- 
ges, des seigneurs châtelains. Le^P. Daniel dit tout 
le contraire. Suivant lui, les châtelains « étoient 
€ ceux dont les flefsestoient appeliez chastellenies, 
« et qui avoient droit de château ou de forteresse, 

< et de haute justice, et qu'on donna depuis ce nom 

< aux capitaines des forts situez sur les frontières, 
« et encore à ceux que les grands seigneurs établis- 



f. 



« soient dans leurs châteaux pour les deffendre. • 
(Le P. Daniel, Mil. Fr. T. I, page 70.) Il parolt plus 
naturel de croire que le châtelain avoit commencé 
ar être gouverneur d'un château, avant d'en étm 
e seigneur. On voit communément, dans les OrtL 
de nos rois, que les châtelains étoient ceux à qui 
on confloit la garde des châteaux (5): « Ils étoient 
« chargez de la garde des chasteaux, et ils connois- 
9 soient, en première instance, des meffaits des 
« sergentset soldats auxquels ils commandoient. » 
(Ord. des R. de Fr. T. III, p. 32 ; Voy. les Poës. usa. 
d'Eust. Descb. fol. 287.) 

Chastelain n*est pas du chaâteau sire. 

J. Maroc, p. 41. 

On voit, par le passage suivant, que le châtelain 
étoit inférieur au baron. « J'ay autrefois veu un 
« vieil cahier où il étoit dit qu'un Roy avoit deux 
« palrices; un patrice, quatre ducs; le duc quatre 
« comtes : un autre adjoustoit un comte quatre 
« barons; le baron quatre chastellains : \e chastel" 
« lain quatre vassaux. » (Fauchet^ Orig. des Dign. 
de Fr. liv. II, p. 47.) (6) Cette opinion est confirmée 
par l'éditeur de Bouteiller, Somme Rurale, page 86. 
Voyez aussi une Ord. rapportée, Ord. des R. de Fr. 
T. I, p. 277. Les chastelains differoient des advouez, 
selon Duchesne, Généalogie de Béthune(liv.I, ch.iv, 
p. 13.) On diso'ii chastelain hérédital,^o}xvchà{e\2Àn 
héréditaire. (Coût. Gén. T. I, p. 408.) Enfin, voyez sur 
ce m( t et sur la dignité de ehàtelain, La Roque sur la 
Noblesse, p. 61; d'Argentré, Coût, de Bret. p. 2188; 
La Colomb. Th. d'honn. T. II, p. 522; Le P. Honoré 
de S*' Marie, sur la Chevalerie, p. 11, etc., etc. 

On disoit aussi au féminin chastelaine et chastel- 
laine, pour désigner la dame d'un château. (Dict. 
de Borel.) Du Gange, au mob Castellum, cite ces 
vers de S" Léocade, Rom. ms. : 

Qui la requiert de cuer fla 
Par ses proieres ii aquiert 
Ce que justement U requiert, 
Chastelaine (7) est et avoée 
Du chastel et de la contrée. 



(i) On Ut, au t. VI (p. 576, col. 2.) : c Thefbote est quant home prist c/tattelde larone de lui faveurer et maintener, et na my 
^mment. » (n. e.) 

(9) La forme subsiste comme nom de Ueu dans Ilndre, les Vosges ; on trouve aussi les variantes Castillan (Slniie- 
Inférieure^, Catillon (Oise), (n. b.) 




angnste. Il envoia cent soûls pour racheter son cheval, que il avoit envoie pour offrande à la flerte Saint Martin, avec mains 
autres dons. Ceus qui là furent envoies ne purent le cheval mouvoir de la place. Quant le roy sut ce, ii commanda q«0 Von 
offreist autres cent soûls. Ce fu fait, et le cheval en ramenèrent legierement ; dont le roy dit une parole ainsi comme par 
moquerie : « Saint Martin, dit-il, est un bon aideur au besoing, mais il veult estre bien paie. > (N. E.) 

(A) n n*v a rien de semblable & castellan^ p. 965. (n. b.) 

{^) Le cn&telain, à Forigine de la féodaUté, est le feudataire possesseur d*un château fortifié, rendabls le plo» aouvent ao 
suzerain en temps de guerre, à la première réquisition à granae et petite force. Le mot rAd/e/atn établit une elaseedistiBCle 
des nobles qui fortiflaient leurs manoirs et des bourgeois méridionaux qui possédaient des tours ou maison» fortee. Sur le 
domaine royal, les châtelains n'étaient que les gardes ou concierges des châteaux où le roi ne pcmvait résider : Us se 
confondaient même avec les prévôts et avaient comme eux des attributions financières et judiciaires. Us se kùsa^reot 
entraîner à des abus, et Philippe-le-Bel, par ordonnance de 1310 confirmée en 1316, les plaça sous les ordres des aènécfaanx, 
baiUis et prévôts. (N. s.) 

(€) On ut dans U livre de Jostice et de Fiait (p. 67) : c Duc est le première dignité, et puis contes et puis viseontas, et 
puis barons, et puis chastelains ^ et puis vavassor, et puis citaen, et puis vilain. » (n. e.) 




(t. 3465) : « 11 n'est dame ne cnasteiatne gue ge tenisse a vuaine, S'eie ne rdaegnioit aesîer u avou* un^ 

L'exemple le plus ancien est dans la Chanson des Saxons : c Aussi corne en la mer est puissanz la balame, Sur Uhu aatcea 

poissons est dame et chastelaine. » (n. b.) 



CH 



— 445 - 



CH 



C'éloit aussi un nom d'honneur.Eust. Deschamps 
qualifie la sainte Vierge de chastellaine (1). (Poës. 
Mss. fol. 160.) Il est employé pour reine dans Blan- 
ebardin, ms. de S. G. fol. 479. 

Remarquons les expressions suivantes : 

!• Assise de cimstellain, pour cour de justice, 
juridiction du châtelain. (Coût. Gén. T. II, p. 611.) 

2" Chemin chastellain. ■ Le chemin chastellain 
« doit contenir de largeur vingt pieds. » (Coût. Gén. 
T. I, p. 696. — Voyez ci-après Chemin Châtelain.) 

3^* Jugey bailli, prevost, chastelain. C'est le juge 
d'un seigneur justicier qui a droit de châtellenie. 
(Laur. Gioss. du Dr. Fr.) 

VARIANTES * 
CHASTELAIN. Coût. Gén. T. I, p.' 408. 
Gastellains. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 162. 
Chasteleyns. Rymer, T. I, p. 1i4, coL 2. 
Chastbllain. Fauch. Orig. des Dign. de Fr. Uv. II, p. 47. 
Châtelain. Duchesne, Gén. de Bélhune, p. 13. 

Chastelain, adj. Brave. C*est la signification 
de ce mot, dans ce vers : 

Li bons chevaux chastelains, 

Blanchardin, MS. de S. Germ. fol. 181, V* col. 8. 

Sans doute parce que les seigneurs étoient 
curieux de bons et braves chevaux. 

Chastelalnerie, subst. fém. Châtellenie. Sei- 
gneurie d'un seigneur châtelain. « Pour faire cha- 
« tellenie, il faut qu'il y ait abbaye ou prioré 
« conventuel, four bannier. » (Fauch. Orig. des 
Dign. de Fr. liv. II, p. 61.) « L'on ne peut dire, et 

< maintenir avoir droit de chastellenie^ si Ton n'a, 

< en ^ seigneurie, séel auxcontracts authentiques, 
« prioré, ou maladerie, foire, ou marchez, ou es 
« dites cinq choses les trois, dont nécessairement 
« faut que le seel authentique ensoitun. » (2) fCout. 
de Nivernois; Coût. Gén. T. I, p. 871 ; Voyez Gloss. 
du Dr. Fr. sous le mot chastelain, p. 231 ; le Dict. 
de Colgrave ; Valois, Not. p. 556, et Du Cange, aux 
mots Cas/^/arm, Chaslania eiCastellaria.) On disoit 
fere forjurer sa chastellerie à quelqu'un, pour lui 
faire abandonner le territoire de son seigneur, ou 
lui faire décliner sa justice. « Nus vavassor ne puet 
« relaschier larron sans Tassentement (consente- 
« ment) du baron, ne ne puet à homme lere forju- 
« rers a chastellerie. » (Ord. des R. de Fr. T. I, p. 284.) 



VARIANTES I 
CHASTELAINERIE. 

Chastelarie. Ménage, Hist. de Sablé, p. 220. 
Chastelenie. Coût. Gén. T. I, p. 871. 
Chastelerie. Rom. de Brut. MS. foL 80 (3). 
Chastellerie. Ord. des R. de Fr. T. I, p. 284. 

Chastelet, $?t/;$/. masc. Château. 

Saint Lambert, le chastelet Coucv 
La Fere, Oysy, Gercies, Saint Gombain, 
Marie, plom'ez, et le chastel d*Âcy (4), 
Le bon seigneur qui vous tint en sa main. 

Eust. Dtisch. Poës. MSS. foL 383, eoL 2. 

Chastellaias, subst, masc. plur. Castillans. 
(Chron. S. Den. T. TU, fol. 10.) 

Chastellenage , subst, masc. Châtellenie. 
(Brussel, sur les Fiefs, p. 712.) 

Chastellet, subst, masc. Diminutif de château. 

— Partie d'un navire. — Le Châtelel de Paris. 

— Jeu. 

Chastellet étoit autrefois le nom des forteresses 
des seigneurs châtelains. (Laur. Gloss. du Dr. fr.) 

Nous avons vu ci-dessus château, employé comme 
terme de marine, pour château d'airiere; chastelet 
a eu la même signiflcation. On écrivoit au pluriel 
chastelez. 

Tost sont saisi li aviron ; 

Et sarnies à Tenviron 

De nardiz serjanz les costieres, 

Et les chastelez des pontieres (5). 

G. Guiart. MS. fol. 320, V-. 

Le nom de chastelet est resté particulièrement 
affecté au Châtelet de Paris (6). On trouve ce nom 
écrit chastelet, dans les Ord. des R. de Fr. T. I, p. 51 7. 
Dans une autre ordonnance qui contient un règle- 
ment pour le guet de Paris, on lit : « Tous lesquels 
« mesliers, ainsi ordonnez et mis, comme dit est, 
« se tenoienl, et esloient tenus de tenir toute la 
* nuit, jusques au jour et guette du dit chastellet 
« cornant, faisans garde et guet es diz lieux, armés 
« de telz armes qu'ils povoient avoir. » (Ord. des 
R. de Fr. T. III, p. G69.) L'éditeur explique guette 
du dit chastellet cornant, par jusqu'à l'heure où 
celui qui faisoit sentinelle dans le châtelet sonnoit 
de la trompette (7). 

Le chastelet étoit aussi une espèce de jeu que les 
enfans jouent avec des noix. (Le Duchat, sur Rab. 



(1) On lit encore dans E. Deschamps, f> 287 : « Sur ces piUiers fut cette tour estable Par très longtemps; or la voi 
eslochier ; Pourquoi? pour ce que j*ay veû clochier Le chastelain, » (n. e.) 

(2) Henri 111, par ordonnance de 1578, modifia les règles suivies au xiv« siècle : R soumit les châtelains à des conditions 





comme 

castellerie dévandite, en toutes issues et en tous pourûs, qui issir et qui escbair et venir y poent. » (Cârt. de Corbie, Du 

Cange, II, 223, col. 3.) (n. e.) 

(3) On - 
Guillaume 
Le duc voulut 
la fit reparer. » (n. e.) 

(4) Coucy, La Fère, Oisy, Gercy, Saint-Gobain, Marie, Àcv, sont dans le département de FÂisnd. EUes formaient la 
châtellenie de Marie et appartenaient aux sires de Coucy. En 1413, elles formèrent un comté érigé en faveur de Robert de 
Bar, comte de Soissons. (n. e.) 

(5) Voyez Jal (Archéologie Navale, II, 426). (n. e.) 

(6) Voyez Gérard Constantin (Histoire du Châtelet de Paris, 1847, in-4*). (N. E.) 

(7) On lit, en effet, à la page 147 du même volume : c Chastellet et guette dudit chastelet cornant, c*est-à-dire jusqu'à 
llieure où celuy qui faisoit sentineUe dans le chastelet sonoit de la trompette. > (n. e.) 



CH 



— 416 — 



CH 



T. I, p. i 57. — Voyez ci-dessus chasteau de noix, 
sous l'art. Coasteau.) 

VARIANTES ' 
CHASTELLET. Ord. des R. de Fr.T. III, p. 03^. 
Chastelet. Laur. Gloss. du Dr. Fr. 
Chasteleit. Ord des R. de Fr. T. I, p. 517. 
Chastelez, plur. G. Guiart, MS. fol. 320, V». 
Chatelet. Du Gange, au mot Castelletum. 

Chastellet, adjectif. Diminutif de chaste. 

Quoy S" Angelette, 
Grâce chastellette^ 
Tu menace, à tort, 
Mon cœur de la mort. 

Poês. de Loys le Caroo, fol. 05, V*. 

Cbastiable, adj. Punissable. (Oudin et Cotgr. 
Dicl.) « Geste erreur fut c/ias/iaW^, pour son imper- 
• tinence. » (Pontus de Tyard, Disc, du Temps.) 

Chastiement, subst. masc. Châtiment, correc- 
tion. Ce mot s'est dit aussi pour instruction, ensei- 
gnement, leçon. « Tant que ce soit aux autres 
« ehastieinent, et exemple. • (Ord. des R. de Fr. 
T. m, pag:e 527.) « Des chastiemens que les mères 
« donnent aux maris de leurs filles, pour les duire 
« (instruire ou induire) à ce que leurs femmes voi- 
« sent villoter (courir la ville) » (Eust. Desch. Poës. 
Mss. fol. 510 ; Voyez Pontus de Tyard, Disc, du 
Temps, fol. 30.) 

Chastignier, subst. masc. Châtaignier. (Dict. 
de Rob. Estienne.) 

Chastlllon, subst. masc. Nom d'homme et de 
ville. Ces deux noms ont donné lieu chacun à un 
proverbe. 

1. Brantôme, parlant de Jacques Cliastillon, dit : 
« II avoit esté l'un des grands favoris, et mignons 
« du roy Charles VIII, et mesme au voyage du 
« royaume de Naples : aussi disoit-on alors, Chas- 
« tillon, Bourdillon et Bonneval gouvernent le 
« sang royal. » (Brant. Cap. Fr. T. I, page 131.) Et 
dans les Mém. de Montluc, T. Il, p. 54, nous trou- 
vons les vers suivans : 

Chatillon, Bourdillon 
Galliot, et Bonneval, 
Gouvernent le sang royal. 

2. Des Accords dit, au sujet du nom de la ville 
de Châtillon, CluisHllon chatouille. (Bigarr. P» 9i.) 

Chastoires. [Intercalez Chastoires , ruches 
d'abeilles dans Renart (V, p. 65, v. 1285) : 

Âsses i ot pomes et poires 

Et d'autre part sunt les chastoires. 

On lit aussi au Glossaire latin-français 4120' de 
la B. N.: « Alveare, chétoire. » {s. e.) 

Chastoy. [Intercalez Chastoy, chastroy, cor- 
rection, châtiment, substantif verbal de châtier: 



« Le di père feri son (ilz comme par manière de 
« chastoy et comme père doit chastier son fllz. » 
(JJ. 95, p. 47, an. 1363.) Au reg. JJ. 144, p. 33, 
an. 1392, on a unevarianle: < Le suppliant vouU 
« batre sa feme par manière de chastroy. • On 
trouve même chaisti dans la Chanson de Richard 
deFurnival (Ed. Wackernkœnig,p. 59): 

France prise pou et crient 
Chaisti de gent paipeiairde.] (n. e.) 

Chastre. [Intercalez Chastre, manteau de 
cheminée: ■ Jehannin Perrin embrassa ledit 
« Thomas et le getta ou bouta contre la chartre 
« de la cheminée dudit moulin en droit le feu. > 
(JJ. 126, p. 50, an. 1384.)] (n. e.) 

Ghastré, adj. Ce mot subsiste et se trouve sous 
l'orthographe chiastrez, dans Marbodus, col. 1642. 
Nous le trouvons pour épithète d'arrêt et de super- 
fluité, dans les épithètes de M. de la Porte (I). 

VARIANTES : 
CHASTRÉ. 
CmASTREZ, sirtg. 

Ghastrel, subst. m^isc. Nous trouvons ce mot 
employé dans les vers suivans : 

Proesce qui 11 aiue (aide) 

Li fait fere, d'un hiaume, enclume 

Et de Tespée, le martel, 

Et U fet de Tescu, chastret (2). 

Fabl. lASS. du R. n* 76i5, T. II. fol. 161, V* ooL i. 

Cliastrement, subst. masc. Castration. L'ac- 
tion (le châtrer. (Gotgrave, Oud. Rob. Est. Dict. — 
Voyez Apol. pour Hérodote, page 198, et Chastrcre 
ci-après.) 

ChastriSy subst. masc. Mouton. Proprement, 
bélier châtré. Du Gange cite ces vers du Rom. de 
Garin, ns. 

La veissiez tant grant buef accueillir, 
Tante vache, et tant riche castris. 

« Chièvres on boucs ; s*ilz sont trouvez en lande, 
« ou en genestais (lieu rempli de genêts) chascune 
« doit un denier, les brebis, ou chastriz, les quatre, 
« autant comme une beste d'aumaille pour chascune 
« fois. » (Goût, de Bret. fol. 154. — Voyez ci-après 
Ghastron.) (3) 

variantes : 

CHASTRIS. Nicot, Oudin, Dict. 
Chastrix. Âne. Coût, de Bret. fol. 154. 
Chastriz. D'Argentré, Coût, de Bret. p. 1547. 
Castres. Du Cange, à Castor et Castrtlius, 

Ghastron, subst. masc. Ce mot, suivant Tédi- 
teur des Ord. des R. de Fr. T. Ill, p. 659, se dit, en 
Bourgogne, d'un jeune veau châtré (4) ; cependant 
ritalien dit castrone, pour agneau châtré ou mou- 
ton, et le passage suivant semble indiquer que 



(1) On disait truie chastrce. au sens de truie bouclée, stérile : « Le suppliant embla une truie chastrée d'entonr un an* > 
(JJ. 155, p. 181, an. 1400.) (n. b.) 

(2) Corrigez chastel. (n. e.) 

(3) On lit encore dans Joinville (§ ."102) : c Quant ce vint contre la Saint-Remy, je fesoie acheter ma porcherie de pors et 
ma berserie de mes chastris. » Comparez le reg. JJ. 77, p. 438, an. 1349 : « Ledit Jehannot entra en Testable de U sunme 
GUe le DOS de Fresnoy et y prist six chastrix. » (n. b.) 

(4) Dans une charte de Frédéric, duc de Lorraine (1285), au cartulaire de Remiremont (ch. 34, Du Gange, n^ S96, cot 2)i 
on lit : < Ubussiens pris et fait panre bleiz, bues, pors et chaatronSf et plusours aultres bestes. » Il s'agit ]k de moulons. (N. B.^ 



CH ~* 

chastron a la même signification : ■ Babere, vel 
• tenere oves, moUones, castrones, vel agnellos. » 
^us Vicentin. Liv. I. Cité par Du Caoge au mot 
CastroTies.) 



Voyez des Lettres de Charles VI, du mois de mars 
1387, où l'on trouve troupeau de châtrons. (Très, 
des Chartes, Reg. 132, p. 164.) 

Chastrure, $ubst. fém. CasU-alion. (Voyez les 
Dict. de Cotgrave et de Honet.) < L'on est obligé de 

■ mesurer, et de priser, scavoir, la vieille garance 

■ conjoinctement au pied, par le bas de tous uostez, 
« et la jeune garance, à la chastrure aussy de touz 
. costez. » (Nouv. Coût. dén. T. I.) 



CHASTRURE. Nonv. Coût. Gén. T. I, p. 625. 

Chasthbuhe. Oudio, Dict. 

Chatreure. 

Chat, subst. maso, pris quelquefois adjective- 
ment. Chat. — Gourmand, friand, libertin. — 
Machine de guerre (i). 

Ce mot subsiste sous l'orthographe chat, dans la 
première signification, qui est le sens propre. On 
disoil autiefois un cat,et on prononce encore ainsi 
dans plusieurs provinces septentrionales de la 
France. On écrivoit indifféremment : 



et au pluriel : 

Cat en sac si est 



acaa (emplette). 



Comme on a affecté la friandise et le libertinage 
particulièrement aux chats, on a àii chat ei cbate, 
pour friand et friande. (Voyez Des Ace. Bigarr. 
fol. 7.) Eust. Deschamps dit, sur la friandise des 
chats : 

Elle est plus glotte (gloutonne) que la chaie (3) , 

Qui boute partout Bon musel. 

Fii4bllS8.b1.H4, col. S. 

Oudin, dans son Dict. dit qu'on a employé le mot 
ehate pour désigner une femme libertine. 

On avoit donné le nom de chat et de cat à une 
ancienne machine de guerre qui servoil aux sièges: 
■ Purent dressés quatre engins, c'est à scavoir deux 

(1J Chat était encore une sorte de n 

traduit par Hugues Plagon : • En celle navire, si comme je v< , _ 

ainsi come galiea, mais eUe sont greigneurs, et chascune a deux gouvei 
Navale, I,4Î1. (N.B.) 

(2) Louis XJ (61* Nouvelle) écrit : i Je croie, dit le mari qui la voit à genoux pleurant et gémissant, qu'elle Bail bien faire 
la chatte mouillée, et qui ia voudroit croire elle sauroit bien abuser les gens. > A la 40* Nouvelle il dit ; < Plus simple qu'un 
chat baigné, ■ où nous dirions : < Nu comme uu mur d'église, i (N. e.) 

(3) 11 est à remarquer que presque toutes les machines portaient, chez les anciens, des noms d'animaux : atie$, cuniculug, 
corvut, mutcula», onagcr, scorpio... ^n. K.) 

(4) Teitudo, vinea et tnusculus désignent un abri dons les travaux d'approche ou de défensa. Teifucio estle terme général: 
la vinea ou berceau ( ]if^l<^eiéyi] des Grecs), haute de huit pieda sur neuf de large, longue de seize picda , porte sur 
quatre poutres au moins un toit aplati, couvert de sacs et de matelas mouilles (ceniones). Le soldat, en s'abritant, la 
pouBSC devunt lui (uijieas agere, proferre). Le mutculiu Ij;ciâiy7; ;|fa)aTp(ï) , cache sous son avant-toit le travailleur qui 
creuse et déblaye le fossé. Ailleurs elle aide à ouvrir une mine sous la muraille (cutiicvliti). Ce n'est parfois qu'un plan 
incliné, appuyé à la muraille et monté sur des roues (jfiiûitTj Aoçuxift). On connaissait aussi la leitudo arielana [jrtXiôrt] 
xoio^oçof) qui abritait sous sa voûte un bélier long de GO à IdO pieds. Au moyen-ftge, les tortues se métamorphosèrent en 
chats, rnais se nominërent aussi rata (musculi) ou vigne» (vineœ). Christine de PJsan (cb. XXXV) donne de la vigne uoa 
descripliun traduite de Végèce (IV. 15). (n. e.) 

(5) On lit au Liyre de» Hetieri 036) : « Piaus de chaz privex que l'en appelé chai de [eu ou de faner. > (n. ■■) 



J- CH 

■ cas, et deux grues, par le moyen desquels les 
« François pussent approcher leurs ennemis. » 
(Malh. de Coucy, Hist. de Ch. VIH, p. 605.) • Jevous 

■ prie que j'aye demain les chats, el les manteaux 

> qui sont prests. ■ (Duclos, Preuves de l'Hist. de 
Louis XI, p. 397.) 

Le chat étoit la même chose que le muscutus des 
anciens (3), selon Daniel (Mil. de Pr. T. 1, p. 57J, on 
que la testudo, selon Fauch. (Des Oiig. p. 119), la 
vinea, selon leGloss. du P. Labbe (Ij ; mais on verra, 
par l'article chauffaux, que les chats étoient des 
espèces de châleaux ; le nom de chat ou cat étoit 
une contraction de caf£/ ou chatel. L'auteur delà 
Table sur l'Essai delà Noblesse, parBoulainvilliers,^ 
se trompe lorsqu'il assure que les chats cessèrent 
d'être en usage dans les sièges, sous Charles VII, 
puisqu'on vient de voir qu'ils servoient encore sous 
Louis XL On en parle dans 0!, de la Marche, p. 79, 
et dans Froissart, Liv. I, p. 87. 

Voici maintenant diverses façons de parler remar- 
quables, dans lesquelles le mot chat ou cat est pris 
en son sens propre comme animal : 

l°On a distingué diverses espèces de chats. Le 
chat garanier, celui qui détruit les garennes. (Cot- 
grave.nabel.T. V,p. 51,etlaNotedeLeDuchat.) Le 
chat de feu ou de foyer, chat privé, par opposition 
aux chats sauvages (.5). (Du Gange, au mot Catlinœ 
peliesA Le chat de mars est la martre, dans Rabe- 
lais, i. l, p. 77. On distinguoit aussi différentes 
espèces de chats sauvages. ■ En y a uns qui sont 

• grans comme lyepars, et ceux appellent aucuns 

> loups cerviers, et les autres chaz loups, et c'est 

> mau dit (mal dit) car ilz ne sont, ne loups cer- 

• viers, ne chaz loups, on les pourroit mielx 
« appeller chaz liepars que autrement; car ilz 

■ trayent (ressemblent) plus à lyepars que à autre 

■ beste. • (Cbasse de Gast. Pbeb. hs. p. 81.) 
2° On disoil maille, florin au chat, ou au cat. 

(Voy. pour mailles au cal, la Coût, de Normandie, 
en vers, «ss. fol. 17, V-, etuneOrii. des B. de Fr, du 
1" janvier 1473, où on lit mailles au cat, pour 
XV sols. (Ibid.) C'éloit une espèce de monnoie qui 
portoit l'empreinte d'un chat. (Voyez Du Gange, au 
molChatus.) 11 y en avoit en or. < Au regard de 

• l'or, on n'en fait point en ecus, mais ont 

■6 XH, chan. 23. Voici comment ce passage est 

""'■■ """ l on claime chai, qui ont Dec devant 

t naageurs. i Voyez lal, Archéologie 



CB 



— 41S-- 



CH 



% leurs mailles au chat^ etc. » (Duclos, 

Preuves de i'Hist. de Louis XI, p. 294.) Les florins au 
chat étoient de la même valeur que mailles au 
chat, el c'étoil probablement la même chose. « Les 
« florins au chat pour xviii grands blancs, vallants 
« XY sols tournois. » (Coût, de Norm. en vers mss. 
fol. 17.) (1) 

S*" Les chats de Poitou étoient aussi une espèce 
de monnoie (2) marquée au chat. De là, selon Du 
Cange, on a dit livre chapotois, pour livre, en mon- 
qoie appelée cliats de Poitou. (Gloss. lat. aux mots 
Chapotensis moneta et Chipoteuses.) Si c'est de là, 
comme il y a apparence, qu'est venu notre mot 
chipoter, il falloit que cette monnoie fût de peu 
de valeur (Voyez ci- dessus Guapotois.) 

4** Visaiges fait de chas se disoit probablement 

B3ur coiffure garnie de poil de chat. Dans une 
allade sur rétrangeté de Vatour (coiffure) et du 
chief que plusieurs dames faisoient du temps, 
d'Eust. Deschamps, on lit : 

Onques ne fut si lourde affublemeat 
Ne si cornu viaaige* fait de chas. 

Eufit. Decch. Poct. IISS. fol. 327, col. 4. 

S*" Ce même poète semble attribuer aux officiers 
de la chambre des comptes, allégoriquement, le 
nom de chats. Dans une pièce sur le mauvais gou- 
vernement du Royaume, il dit : 

Fit pour ses comptes une chambre^ 
Où il ot nu chas soubtils etc. 

Fol. 466, col. 1. 

et ailleurs, dans des lettres envoyées aux seigneurs 
de la chambre des comptes, dînant en Thôtel de sire 
Guillaume Brunel, trésorier de France : 

.... Je presche tous les matins, 
Aux ouailles, et aux chas cornus (3). 

Fol. 439, col. 1. 

Citons quelques proverbes sur le mot chat: 

1* Nous avons déjà rapporté celui de chat au 
sac. Nous disons aujourd'hui : chat en poche. 

2» Oster chat à poésie, pour forcer le naturel (4). 
(Percef. Vol. VI, fol. 73.) 

3* ras été au trépassement d'un cliat. Vas la vue 
trouble. (Festin de Pierre, de Molière, acte II, se. 1".) 

4" Ou chat n'a, rat règne^ pour exprimer que 
dans un pays sans chef les fols et les jeunes gens 

Î}nt plus enclins à mal faire, comme on lit dans 
erceî. (Vol. VT, fol. 79.) (5) 
S'' Croire le chat qui veult lait boire^ c*étoit 
preuve d*aveugle crédulité. 

On ne le doit certes plus croire, 
Qu'on croit un chat qui veult lait boire. 

Hist. des Trob Maries, eo vers, MS. p. S1Ô. 



On disoit au môme sens : croire qmlqu'un comme 
chat au frès frommage. 

.... La croi autant, com chat au très fix>mmage. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. SOI. V* opl. S. 

G** Croire quelqu'un comme ehat quand il monte 
au bâton, c'est s en défier. 

. . . , , Bien croire lea doit on, 

Tout ausai oom le chat, quant il monte au bâton. 

Fabl. MSS. du R. n* 7615, T. I. fal. 99. R* ooL t. 

T On disoit des gens difficiles à manier : 

On ne prend point en court telz chats sans moufOe. 

Glëni.llBret.p. 161. 

8" Pour dire que les prétextes ne manquent 
jamais : 

Oocoiaon a, qui son chat bat. 
Gmliers d'Arfies, PoBs. MSS. annt 1300, T. m. p. IIH (6). 

9** Contrefaire le chat borgne, pour dissimuler. 
(Hist. du Théât. fr. T. II, p. 42.) 

10" Les chats sont pris. Ce proverbe s*appliquoil 
à celui qui^ voulant attraper les autres, se laissoit 
attraper lui-même. (Voy. Du Verdier, Bibl. p. 185.) 

il** il mau chat, mau rat. (Fabri, Art de Rhét 
Liv. II, fol. 46.) Nous disons aujourd'hui : à bon 
chat, bon rat. La maison des Lechat Kersaint avoit 
pour devise : A mauvais chat, mauvais rat (7). 

12" Eschaudez craint yaue (8). Ce proveroe foit 
allusion, dans le passage suivant, à notre proverbe : 
chat échaudé craint leau froide : 

On dit : chat eschaudez yaue craint ; 

Poissons batu fuit le fiUé (filet), 

Et cerf qui a esté empaint (chassé), 

Et chaz qui a le cul brûlé. 

Eoit. Oeteh. Poët. MSS. fol. m, col. 2. 

IS** Amours de chiens et de chats signifioit haine, 
inimitié réciproques. (Eust. Desch. Poës. mss. 
fol. 264.) (9) 

14' Aller courir comme un chat maigre. (Voyez 
Rab. T. II, p. 138, et J. Marot, p. 36.) Cette façon de 
parler encore usitée s'est formée par corruption de 
chamaigre, espèce de lévrier angiois, dont le nom 
n'étoit plus ett usage du temps de ces deux auteurs. 
(Voyez ci-dessus Charnaigre.) 

15^ Chat volé. On dit encore populairement chat 
brûlé, dans ce sens, pour désigner quelqu'un qui 
vaut plus qu'il ne se prise. 

Vous ressamblé le chat volé 
Qu'il a en vous plus de bonté, 
Et de courtoisie, et de sens, 
Que ne ouident le plus des gens. 

Fal>LMSS. dBR.li* 7218, foL 900, R* coLi. 

i6* Miauleis de chats. (Voyez Prov. à la suite des 
Poës. Mss. avant 1300, T. VI, p. 1661.) 




roÊT que plus estraint plus gelle. Et que là où kas n*est U souris se reveUe. » (N. B.) 

(j6) Comparez Hist. Litt. de la France, t. XXIII, p. 573. (n. e.) 

(7) Villon emploie ce proverbe dans une Ballade. Les Caquets de TAccoucbée (8* Joiurnée) disent an contnur« : c A bon 
chat bon rat : il n'appartient qu'au savetier de parler de sa serpette, à Tyvrogne de sa bouteille » (n. b.) 

(%) On lit déjà dans le ms. latin 608 (xni< siôcle) : c Chat escnaudez iaue craint. » (N. B.) - 

(9) Eust. Deschamps écrit encore (la souris et le chat) : c Prince on conseiUe bien souvent, Ifala on puei dkd eom te rat, 
Du conaeU qui «a fin ne prant : Qui pendra la sonqottfr au ekatf > Compares Ckastellain (Espoa. s. véril^ ^. b>) 



CH 



- 4» — 



GH 



On trouve d'autres proverbes et façons de parler 
dans Oudin, Gur. Fr. et dans le Dict. de Coigf. (1 ) 

TARIARTin : 
CHAT. Orth. subsistante. 
Cat. Du Cange, Glosa, lat. au mot Chatus, 
Kkt. Phil. Mousltes, MS. p. 767, 768 et 770. 
Cast. Percef. Vol. VI, fol. 79, V». 
Cas, plur. Poês. MSS. Vatican. n« 1522, fol. 165, R«. 
Kas, plur. Ibîd. n<» 1490, fol. lÔ, V». 
Chaas, vlw\ Dict. de Borel. 
Chaz, plur. 
Chas, plur. JoinviUe, p. 37 et 39. 

Ghatalongne, subat. fém. Catalogne. On 
trouve mante chatalongne dans les Epilhètes de 
M. de La Porte. Probablement, il s'est servi de 
ce mot comme adjectif, ^ar marquer que les 
mantes dont il parle venoient de Catalogne. Ainsi 
avons-nous vu (2) qu'on a désigné des couvertures 
de lit par le nom de castalogne. 

Chat-cbatelly subst. masc. Machine de guerre. 
JoinviUe en parle p. 37. Il parottquec'étoit la même 
chose que le chat^ dont nous venons de parler dans 
rarticle précédent (3). Peut-être étoit-ce une espèce 
particulière de ces machines, laquelle étoit plus 
élevée et formoit une sorte de château. Ce qui fai- 
soit qu'on ajoutoit au nom qui lui étoit propre celui 
de chateil ou chastel (4). 

VARTAWTES (5) ! 
CHAT-CHATEL. Joinv. p. 37 et 39. 
Chat-Chastel. 

Ghate, subst. fém. Engin à pécher. — Sorte de 
navire (6). 

On lit au premier sens d'engin à pécher, dans 
une Ordonnance sur les eaux et forêts, qui défend 
ditrérens engins à pécher, entre autres : « la 
< trouble à bois, le chiffre garnis de vallois, ki 
« bourache, la chaleM marchepied, le cliquet, etc. » 
(Gr. Coût, de Fr. p. 28.) Cette même disposition se 
trouve répétée (Ibid. p. 31) dans une autre Ordon- 
nance, où Ton trouve chasse au lieu de ehate, ainsi 



que dans cet autre passage : « Le truble, l'allois, 
« l'ourose, la chassa de marchepied, le eliquet, etc. » 
(Ord. des R. de Fr. T. I, p. 794.) 

Chatte se trouve expliquée par navire, dans Oudin, 
Dict. Dans le Dict. de Trévoux, on voit qu'il y a 
encore de gros navires du Nord qu'on appelle chati. 
Il paroit qu'autrefois on les nommoUcaha (7). (Voyes 
ce mot.) 

Il faut lire en un seul mot n'ac/mte, au lieu de 
n*a chate, dans ce vers : 

kmon n*a chate. ne vend. 

Poes. MSS. ayant 1300. T. IH. p. 975. 

VARIANTES ! 
CHATE. Gr. Coût, de Fr. p. Ml. 
Chassb. Ord. des H. de Fr. T. I, p. 794. 

Chateau-Landon, subst, masc. Nom de lieu. 
On a dit proverbialement : « La moquerie de Château* 
« Landon (8). » (Prov. à la suite des Poës. mss. av. 
1300, T. IV, p. 1652 (9).) 

Chatel, subst. mase. [Intercalez Chatel, homme 
de corps devant le cens capital (Du Cange, capitales 
homines): « Thevenln Galiffart homme serf et 
« chatel de Hotenin de Monlagu. » (JJ. 156, p. 226, 
an. 1401.)] (fï. E.) 

Chatelé, par^/^;. Ecartelé(10]. Nous avons vad- 
dessus chanteler^ pour diviser. Chatelé semble une 
altération de cette orthographe. On a dit, en terme 
de blason : « Lambel chatelé de 9 pieus. Brisure 
« des comtes d'Artois de la maison de France. » 
(Choisy, Vie de Charles V, p. 476.) 

Chate levant, subst. Terme de droit. Ce mot^ 
composé de chate^ qui semble une altération de 
charte et du participe levant ou prenant, désignoit 
« une clause qui se mettoit anciennement dans les 
< contrats, au pays Messin, par laquelle on don- 
« noit pouvoir a ceux qui prenoient des fonds à 
« gagiere, ou à mort gage, d*en prendre et per- 
« cevoir tous les fruits (11). » (Laur. Gloss. du Dr. fr.) 



(I) Ou M encore au Roman de Hara (p. 314, Ugne 18, CkronknieB des ducs de N^ormaftdie) : c De caaftiler col ({tii est Tieus 
Ne puet nus hom venir à cief. » Aux Fabliaux de Méon (III, 2%) on Kt : c Li Tilains reproche du chat QvtH set bien qoi 
barbes il lèche. » Ce dernier se retrouve dans Marie de France j^fol. 20). On disait encore : c Chat mioUeur ne fut oncques 
bon chasseur Non plus que saige homme grand caqneteur. » (G-. Ifenrier.) (n. b.) * 

Qf Voir même volusne p. S64. (n. b.) 

(3) Au J 192 de Tôdition de VSTailly, on lit : c Li roys ot conseil que il feroit faire une chaucie par mi la rivière pour pasfMT 
vers les Sarrazins. Pour garder ceus qui ouvreroient à la chaucie, fist faire U roys dous beffrois que Ton appelle chas" 
chastiaus : car il avoit dous chastiaus devant les chas et dous massons darrieres les chastiaus^ pour couvrir ceus qui 

gaieteroient, pour les cos dee engins aus Sarrazins. » Au $ 194, il dit seulement : c BfainteiMait que H dhai furent fajt. » 
'était donc toujours une galerie couverte pour cheminer à l'abri, (n. e.) 

(4) Dans Ogier l'Ardenois, poème du xii* siècle (v. 8138)-, le chcft- chastel est nommé cùstêl de fuêt : c'est une tour ou 
beffroi avec une galerie reliée à la base ; les mineurs travaillent sous le chat (vinea) : les gardes sont dans le château d'avant 
et la maison d'arrière. [Voyez encore les observations de Du Ganse dans son édition de Jotnvilie (16S8>, p. fB.} (n. b.) 

(5) M. de WaiUy donne comme ré^me singulier chat^chastel, § 208; comme sujet ptuviel, ehctt^hoêki ^ ms. ckm'* 
chastiaus) § 212 ; comme régime pluriel chas-chastiaue § 192 (au ms. chaê^chastelz^ § 205)^ (N. S.) 

(Q Châtie désigne eneore une sorte de dra^e à grappin ; c*est aussi un chasse-marâe armé pour la pdelle. (vr. i^.> 

(7) Voyez chat (note). C'est dans Albert d'Aix, liv. IX, chap. IX, qu'on Ut : c Gum galeis .xx. et carinis .xni. qnas mlgs 
appellent cah^ occurrerent. » (n. b.) 

(8) On lit encore dans un mystère de S** (}eneviéve du xv* sièele, p. p^ Jnbinal (I, 283): c II M né è Chaiêtêêm'lanéM^ 
Sire, pour Dieu ne vous desplaise. Jamais il ne dormiroSt aise. S'il ne tn&quoU, c^est sa nature. %- (Test ûitis loeallté de Séide- 
etrMarne (ancien («AtinaisV (n. b.) 

m Dit de TApostoile ; B. N. anc. fir. 7218. fol. 925, v» col. % (N. B.) 

110) Chdêêlê dérive de chastel et se dVt d une bordure, d'un lambel chargé de châteaux, (if. B.) 

(II) Chate est mis là pour chat^ et se retrouve dans l'expressioa tenir à chate: tf Laqnetts' mélte ieéKfl Grerairt tstuMm 
chate ou moisen de Hugvenin Giefroy, bourgois de Gray sur Scène;. » (JJ. 148, p. 2t1, ma. 1395.) Ob partageait le pHfM atM 
le bailleur^ sauf le capital, (n. b.) 



CH 



-420 — 



CH 



VARIANTES : 
CHATE LEVANT. Laur. Gloss. du Dr. fr. 
Chate prenant. Id. Ibid. 

Chateller, verbe. Gouverner. Comme de chatel, 
château, on a fait châtelain, qui, dans le sens 
propre, siç^nifle gouverneur d'un château, de môme 
on a dit cha^eZ/er, dans une signiflcation générique, 
pour gouverner. 

Ne va devant tout Vapostelle (Le pape) 
Qui en Ueu de Dieu tout chateller 

G«oflr. de Paris, à la auita du Rom. de FaoTeL 

Chatemite, subst. fém. Hypocrite, dissimulé. 
— Hypocrisie, dissimulation. 

Nous disons encore chatemite, avec la première 
signification (1). On trouve ce mot dans Monet, Nicot, 
Oudin, etc. « Son chat ne laissant a venir comme 
« paravant, je le prins un soir, et qu'il faisoit si 
« bien la chatemite, je n'eu le cœur de le tuer. > 
(Bouchet, Serées, Liv. II, p. 47.) 

Si voulez donc que désormais 
Je face de la chatemite j 
Papelardant comme un hermite. 

Le Blason des Paoloes Amours, p. 940. 

On disoit aussi catemite. 

Chattemitte signifloit aussi hypocrisie, dissimu- 
lation. On lit dans les Contes d*Eutrapel, en parlant 
de Févéque de Montpellier : « Aux banquets qu'il 
« faisoit, il servoit luy mesme les conviez, ne se 
« seoil que sur le dernier aport (service) surpassant 
« en humilitez, chatemites, et pâtes pelues tous 
« les moynes du mont Âthos. » (Contes d'Eutrapel, 
p. 230.) « Les huguenots de Condom qui estoient 
• demeurez sous l'édil du roy, ayans fait tou- 
te jours la chattemitte de ne vouloir prendre les 
« armes, etc. » (Mém. de Montluc, T. II, p. 397.) 

VARIANTES (2) ! 
CHATEMITE. Pasq. Lett. T. II, p. 573 (3). 
Ghatemitte, Chatemvte. 
Chattemitte. Montluc, T. II, p. 397. 
Chatemite. Orih. subsistante. 
Catemite. Des Ace. Bigarr. p. 19. 

Chattemiterie, Sfibs^ fém. Hypocrisie, dissi- 
mulation. (Dict. de Cograve.) « D'autres aussi font 
« 1q9 scrupuleux, par une vrayecha/Z^mi^m^, aOn 
« sembler plus saincts. » Disc. Pol. et Mil. de La 
Noue, p. 93.) 



variantes : 

CHATEMrrERŒ, Chatemitterie, Chattemiterie. 

Chatemitiquement, adv. Avec byprocrisie. 
D*une manière dissimulée, à la façon d une cha- 
temite. (Dict. de Cotgrave. — Voy. A pol. pour Héro- 
dote, p. 571 .) 

Chatepeleuse, subst. fém. Charençon. Insecte 
qui mange le blé. Il signifle aussi chenille (4), e& 
Normandie; mais on prononce communémentCAat0> 
pleure et. le peuple, catepleure (5). (Colgr., Oudia, 
Ménage et Rob. Estienne.) On a dit aussi patepelue. 
C'est le charençon. (Falconnet.) 

variantes : 
CHATEPELEUSE, Chatepleure, Chatbpleusk. 

Cbat fourré, sutol. Juge paresseux. — Docteor. 

On trouve Tune et l'autre acception dans Oudin, 

Cur. Fr. Selon lui, ce mot signifie » un docteur, 

< par dérision de la fourure qu'il porte (6). » Le chat 
fourré des procureurs, dans Rabelais, est expliqué 
par Le Ducnat : « L*art qu'ont ces gens là d'amassé 
« de l'argent à force de chafTourrer, ou de bar- 

< bouiller du papier. » ^Rabelais, T. II, p. 61, et la 
note 48. — Voyez ci-dessus Chaffourrer.) 

Chatien, subst. masc. [Intercalez Chatien, 
soutien, secours, dans la Chron. des ducs de 
Normandie (II, 499. v. 29746) : 

E des jpovres n*ert oblianz, 
Merveules lor faiseit granz biens, 
C'est lor refui et lor chatiens. 

On lit encore au t. III, p. 24, v. 32467 : 

Del rei de France prist chatien, 

Si garait un chastel moult bien.] (n. e.) 

Ghatillon. [Intercalez Chatillon^ lamprillon à 
Toulouse, d*après le Glossaire français de Du 
Cange (Henschel, VII, 577, col. 3); il renvoie à 
lampetra, où on ne trouve aucune citation,] (n. e.) 

Chatoire, subst. fém. Ruche (7). « Le miel se fait 
« en la chatoire par les mouchettes. » (Hist. de la 
Toison d'Or, \ol. I, fol. 29.) 

Chaton, subst. masc. Ce mot, qui subsiste sous 
la première orthographe, conserve encore ses 
anciennes acceptions. On écrivoit chazion^ pour 
signifler Tendroit où Ton enchâsse une pierre pré- 
cieuse dans un anneau. (Dict. d'Oudin.) Il semble 



(i) c Un chat faisant la chattemite. Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras. » (La Fontaine, Fables, 
Uv. Vu, 16.) (N. E.) 

(2) Au XIII* siècle, on lit dans Renart (144) : c Si Tune est chate^ Vautre est mite. » L'étymologie serait catuê miUs : 
c Notre maître mitis Blanchit sa robe et s'enfarine. » C'est conmie si Ton appelait le lion noble le lion. (n. b.) 

ÇS) Voici la citation de Pasquier : « Malheureux nostre siècle en ce desastre né, Sous lequel nous voyons tant d'âmes 
c?iatemite8, (Zarnassières des rois, avoir esté produites. > Dans Vaçologio d'Hérodote d*Estienne (p. 696) on lit : c Chatemiites, 
leouel dernier terme vaut quasi autant que contrefàiseur de brebiettes. » 

(4) Nous comparons la cneniUe à une petite chienne, canicula; en Normandie on la compare à une chatte poilue, chatte 
pelouse, (s. e.) 

(5) On lit au Glossaire 7692 : < Eruca. escalongne. vel chatepeloae. » Au cartulaire de Lagny (Du Cange, III, 75, coL 3) : 
c La somme d'eschalongpes, obole. > C'était donc le nom populaire de Téchalotte ou de la roquette. (N. B.) 

(6) On donna aux magistrats et aux lettrés du xv* siècle le nom de chaperons fourrés, parce que seuls ils en cons e rv è rcal 

Fusage : «c Maintenant a trois ans ou environ, qu'une assez bonne aventure advint à un chaperon fourré du Parlement de 
«__._ xT .„._ VT ^T — -r»«v . ,, . ^ , . ,.^., ,_ *__,. , _. ' ré. Pascal, dans ses pensées 

La Fontaine (VII, 16) dédouble 
traite la Sorbonne (Sat. VII) 
c d'escadron fourré de pédants. > La Bruyère abrège et dit des' magistrats : c II traite les fourrures de bourgeoisie (XI). » (N. B.) 

(7) Voyez plus haut chastoire. (N. B.) 




CH -i 

être pris en nn antre sens dans ce passage : ■ Va 

■ cordon de chapeau enrichi de chalton (I) de dia- 

■ maas. > (Uém. de Sully, T. VI, p. 283.) 

TAHIANTES (2): 

CHATON. Orlli. subaistante. 
CHATTaN. Hém. de Sully, T: VI, p. 3^. 
Chaston. Oudin, Dict. 

Chatonner, verbe. Faire de petits chats. — 
Marcher comme un chat. 

On trouve le premier sens de faire de petits chats 
Sans le Dict. d'Oudin. 

La seconde acception se remarque dans les vers 
suivans. Elle peut servir à justifier notre conjecture 
sur l'étymologie de Catih (3J ci-dessus, que nous 
croyons dériver de chat. On (il, au sujet d'Aristote, 
à qui la maîtresse d'Alexandre lit mettre une selle 
sur le dos pour monter dessus : 

Bien tait (tmoni, d'un vieil radOB, 
PIiu que nature le semont, 
Quant tôt le meiUor cler du mont 
n eoMltor 



Et puis, « quatre piez aller. 

Tôt chatonani (4) par desor l'herbe. 

Ain. al Ar&UM, M3. d* 3. G. fo). 73. V, ceL 1 . 
VARIANTES : 

CHATONNER. Alex, et Arist. MSS. de S. G. toi. 73. 

Chatonner. Dict. d'Oudiu. 

Chatonate, subst. fém. Espièglerie, fripon- 
nerie. Ce mot s'est pris en ce sens, par allusion 
aux tours de souplesse d'un jeune chat qui se 
joue. Des Periers, daas une édition de ses Contes, 
antérieure à celle que je vais citer, l'a erruiloyé 
su lieu de singerie, que l'on trouve dans v- .ras- 
sage : • Le jeune fils s'appeloit Fouquel, d> uge 

■ de 16 à 17 ans, qui étoit bien afTetté et L.isoit 

• toujours quelque singerie. ■ (Contes de Des Per- 
riers. T. I, p. 77.) 

Delà, ce mot semble être employé pour fripon- 
nerie, dans ce passage : • En l'université de Paris 

■ y avoit deux jeunes escoliers qui estoient bons 

■ fripons et faisoient toujours quelque chatonnie, 

■ pnncipallement en cas de remuement de beson* 

- gnes. . (Id. T. Il, p. 123.) 
Chatonnlëre, iubst. fém. Chatlière. > Estant 

■ entré, d'aventure, un jeune chat dans la chambre, 

■ elle le prit avec ses compagnes, le fourra et 

• poussa par la chatonnière, en la chambre de sa 

- maltresse. • (Brantôme, D" Gall. T. Il, p. 28,) 

e enchAssèe. Eu 1363 oi 



l- CH 

Chatouille, $ubst. Sortede poisson (5). [Rabelais 
en parie, T. IV, p. 255.) 

Chatouilleur, subst. masc. Qui chatouille. 
(Dict. de Monet.) 

Chatouilleux, subst. masc. (6) Ce mot subiste au 
propre et dans le sens figuré ; mais on ne dit plus : 

• Combien qu'ayez la parole plus chatouilleuse, et 

■ plaisante aux oreilles des auditeurs. ■ (Nuicts de 
Slraparole. T. II, p. 235.) 

Chatouilleux se dit encore d'une affaire difficile ft 
manier (7); maison ne pourroit pas l'appliquer à la 
difficulté de voyager dans un pays, comme en ce 
passage : • Je m'acheminay à un voyage, par pays 
étrangement chatouilleux. > (Essais de Montaigne, 
T. 111, p. 503.) On disoit proverbialement, en par- 
lant de quelqu'un qui avoit mérité la corde, qu'il 
étoit chatouilleux de la gorge (8). (Oudin, Diclionn. et 
Cur. fr.) 
Cbatoulllure, subst. fém. Chatouillement. 
Elle me vient reereiller. 
Par petites chalmnllureê. 

QOu Dandd, k la idla de BonnalaB», p. lOS. 

Châtre, subst. fém. Prison. (Gloss. du P. Har- 
tène, T. V.) Le vrai nom est chartre. On a aussi 
écrit charte. (Voyez Chartre.) 

Chatsmolnes, subxt. masc. plur. Chanoines. 

■ Du Moulin tourne nos mots latins, en termes 

< françois très-impertinents, et ridicules, comme 

> quand il traduit doclores canonici, les docteurs 

• chanoines (9], et de la, les docteurs chatsmoynes. ■ 
(Garasse, Rech, des Rech. p. 812.) 

Chatter, verbe. Etre friand. Manger des frian- 
dises. (Oudin, Dict. et Cur. fr.) 

Chatterie, subst. (ém. Espièglerie. On trouve 
ce mot dans une ancienne édition des Contes de 
Des Periers. Il est remplacé par celui de charité, 
en ce passage: «S'avisa de jouer un tourdecfiartf^ 

> à son homme (10). • (Contes de Des Per. T. I, p. 78.) 

Chattl, adj. Le florin chatti étoit une espèce de 
monnoie. {Voy.à l'article Chat : mailles et florins 
au chat.) • Trois escus un florin de pape, et un 

• florin chatti valoient 8 ff. 1 s. • (Gitatio* de Du 
Gange, au motChatus.) 



[' siècle dans le Lai de HéUon : • J'ai en n 



. . Rob. de Seirea, id ) (n. i 

(5) Le mot se rencontre déjà s' 
cation. ■ (N. ■.) 

fVoyei mËme volume, p. 273. (N. E.) 
Chatonant HigniQe faisant le gentil comme un jeune chtU, (N. B.) 
C'est comme le châtillon, une petits lamprois. (N. K.) 

(6) Il est déjà dans Commines (VI> 7) : < H luf sembloit davantage que ses subgecti estoient ung pen chasIoMlleux k 
entreprendre auctorité quand ili en veiroient temps. > (n. K.> 

(7) • De pesché aux plus chaiouilleuae* négociations. > <D'Aubignâ, Hist. prêt. 8.) — t Ils s'y logèrent, encore qu'il y fist 
fort chatomIUux. > (Carloix, IX, 38.) (n. e.) 

(8) llontaigtie (I, 39G) donne peut-être l'origine de ce dicton : f Un aultre disoit ou bourreau, qu'il ne le toucbsat pas k la 
goi^. de peur de le faire tressaillir de rire, tant il estoit cAatouilteux. i (N. s.) 

m Ou plutôt docteurs en droit canon, (n. k.) 

(lu) I Fouquet lui alla ouvrir et en allant s'avisa de jouer un tour de ehtUterie à son h 



n un td anel ; Deux pïerss s ens el 



> (Conta xn.) (N, I.) 



CH 



.432 — 



CH 



Ghattonneus, adj. Qui tient du chat Ce mot 
est mis pour épithète de miaulement^ dans les 
Epith. de M. de La Porte. 

Ghau, subst. masc. « Pris souvent en Bour- 
« goene pour caulis. » (Meneslr. Orn. des Arm. 
p. 469.) 

VARIANTES I 

CHAU. Menestrier, Orn. des Arm. p. 469. 
Chaul. Id. Ibid. 

Ghauber, subst. masc. Nous trouvons ce mot 
employé dans les vers suivans : 

Amtant font espée et hauber 
A nos François comme chattber 
Puet labourer en terre mole. 

Hiit. de Fr. à U toile do Rom. de FaoT. fol. 70. 

Ghaubouiller, verbe. Brûler. 

De ton mouchoir, piqué de gent ouvrage, 
Par ces chemins, je m'alloys éventant. 
Un feu plus vif de ce mouchoir sortant 
Me chaubouilloit col, et sein, et visage. 

Poée. de Jaeq. Talioren, f. 199. 

ChauQade, partie, aufém. Chaussée. Mot gas- 
con. Nous le trouvons dans ces vers d*un ancien 
poète ft*ançois : 

Chemisete avoit de lin. 

Et blanc peliçon de hermin (hermine>, 

Et bliaut (blouse) de soye... 

Chances avoit de jaglolai 

Et soUers (souliers) de flor de mai 

Estroitement chauçade. 

Poet. M8S. avant «300, T. IV. p. 1444. 

Ghauceau, subst. masc. [Intercalez Chauceau^ 
houppelande au reg. JJ. 168, p. 365, an. 1415: 
« Lequel prestre gut dedens l'église tout vestu et 
« tout chaussié, gelté sur un lit, couvert d'une 
« hoppellande ou chauceau. »] (n. e.) 

Ghaucement, subst. masc. Chaussure. (Dict. 
de Honet et de Borel ; Gloss. de Du Cange, au mot 
Sotulares, sous Subtalares (1).) 

Chaussenumt te fault, et solers 
Pour les venues, pour les alers. 

EMt.Deicli.Poee. MSS. M. m, cA. t. 

(Voyez ci-dessus Cauchemente.) 

VARIANTES (2): 
GRAUCEMENT. 

Chalgbmbnt. s. Bem. Serm. fir. MSS. p. 199. 
Ghausmuiant. 
Chausseuent. Goût. d'Art. MS. de S. G. fol. 84. 

Ghaucerie. [Intercalez Chaucerie^ métier de 
clWMCier ou plutôt de chaussetier: « Marchans 
< et vendeurs de tout ce qui pnet appartenir 
« au mestier de chaucerie^ soient chauciers ou 



« autres, paieront pour chasoan drap... .mi. dM. 
« Paris. » j (n. e.) 

Ghauce-trape, subst. fém. Chausse- trape. 
Nous n'avons cité l'orthographe subsistante que 
pour rapporter cet ancien prorerbe dans lequel 
elle se trouve employée : < Chose aussi bien aave- 
« nante que mettre chausse trapes en un sac, » 
c'est-à-dire chose extravagante, contre toute raison. 
(Nef des Fols, fol. 63.) 

On disoit aussi chauldes trappes. « Quatre ton- 
« neaux de chauldes trappes^ à deux lances. » 
(Hist. de Louis III, duc de Bourbon, p. 96 (S).) 

VARUNTES (4) : 

GHAUGE-TRAPE. Du Gange, lat. an nkot Calcatrepa (5). 
Ghausse-traps. Orth. subsistante. 
Ghauldb-trappb. Hist. de Louis III, duc de Bouib. p. 96. 
Ghaude-trappe. Ibid. p. 97. Tri. des Preux, p. 'àik. 

Ghauchage, subst. masc. Entretien de chaus- 
sure. La dernière orthographe subsiste ; car ce 
mot, qui vieillit, n'est pas encore absolument hors 
d'usage. 

VARIANTES : 

GHAUCHAGE. Monet, Gotgrave, Dict. 
Ghaussaor. Oudin, Dict. 

Ghauche, subst. fém. Ce mot est employé dans 
les vers suivans : / 

Li combatant s*entresemonnent 
De ferir plus souvent à chauche, 
Gops, dont li uns Taulre chevauche, 
Qm font chanter maint mauves chant. 

6. Gvtart, HS. fbl. 131, R* (0). 

Ghaucher, verbe. Fouler, presser. Il semble- 
roit, par le passage suivant, que fouler soit racoep* 
tion propre et générique de ce mot : « De l'aveyne, 
« il y a seize boisseaux en l'esmine, que l'on 
« mesure au comble, et chauche l'on une fois. » 
(Coût, de Bourgogne, Coût. Gén. T. I, p. 857.) 

De là, on employoit ce mot pour désigner Taete 
du coq avec la poule. « Le coq qui amquoit les 
« poulies, à petit semblant. » Il faut lire chauehoit 
en bon françois. (Beroald. de Yerv., Moyen de 
Parvenir, p, 221.) 

Le mot cauquier désignoit aussi le même acte 
des dilTérens oiseaux (7). Par exemple, on rapplique 
au rossignol dans le passage suivant : 

Sa femelle, et puis errant, 
Q'il a amquiéy sauvage 
S*en va, et si va sifflant. 

Jea perti. Poee. MSS. da Vilk», n* ilOO. 

VARUVTBS: 

GHAUCHER. S. Bem. Serm. fir. p. 196. En kit CMamfi^ 
Chaucee (for). S. Bem. Serm. fr. IfSS. p. iS. 



CO Edition Henschel, tome VI, p. 418, col. 1. (n. e.) 

(2) On trouve la variante chaucemente au testament d'Enguerrand de Goucy (JJ. 62, p. 190, an. ISO) : c Je lasse pour tâea 
et en aumosne huit vins Uvres parisis de rente chascun an à touzjours, pour acheter draps et chaucementeê pour Tsstir et 
chaucier les povres de ma terre de Brie. » (n. e.) 



(emparez édition Chazaud, p. 81. (N. bO 
(4) Voyez encore même volume, jp. 276 et CT. (N. B.) 
Ge mot n'existe pas dans réoition Henschel. ttf. s.) 
Comparez l'édition au t. I, p. 302, v. 6879 (7710). (N. B.) 



(7) On Ht encore dans Renart (v. 5351) : < Qar je ramoie durement [le coq]. Par ce que 
chauehoit l'une après Tautre. » (n. e.) 
fS) Le texte latm de S* Bernard nous donne rétymologie calcare. (n. b.) 



menu et sovent Les [poulesl flis 



CH 



— 423 — 



CH 



Chauchier. (1) Poês. MSS. Vat. n» i589, foL 168. 

Ghaucier. Labbe, Gloss. p. 494. 

Gaucher. Nicot, Dict. 

Gauquer. Moyen de Parvenir, p. 381. 

Gauqudbr. Gotgrave, Dict. 

Cauqisr. Poês. MSS. Vatican, u« 1490. 

Ghaucbiere. [Intercalez Chauchiere^ four à 
chaux (JJ. 466, p. 272, an. 1412) : « Un petit ort, 
« qui souloit estre chauchiere. »J (n. e.) 

Ghaucie, subst. fém. Ce mot est employé 
dans les vers suivans : 

De lai firent, le jor, chaude (2) 

Li autre ; quant au tomoi vint 

Par ivreece dormir convint 

En la place tout adentez (le visage contre terre) 

Le jor, fu bien vint fois ou trente 

As piez des chevaz defoulie. 

F«bL MSS. do R. n* 7615, T. U, fol. 199, V eol. I. 

Ghauciez, partie. Chaussée. En latin soccattiSf 
suivant le Gloss. de Labbe, p. 525. 

Chauçon, subst. masc. Sorte de chaussure. En 
latin ealceus, c'est-à-dire soulier, suivant le 
Gloss. de Labbe, p. 492. Cauchon semble pris au 
même sens dans ce passade : « La cule, la cote, li 
« cauchon, les cauces, h fnmulaires (lat. femo- 
« ralia), etc. » (Règle de S' Ben. lat. et fr. mss. de 
Beauv. chap. 55.) 

Ce mot, dans un inventaire d'armures cité par 
Du Cange au mot Artnatura, i)aroit désigner une 
espèce de soulier faisant partie de Tarmure des 
jambes. On y lit : « 3 paires de chances dt; fer, 
« item 8 paires de chauçons et un chuuçon (3) par 
« dessus. » 

variantes : 

GEUUÇON. Gloss. de Labbe, p. 492. 

Cauchon. Règ. de S. Ben. MSS. de Beauv. Gh. 55. 

Ghaud^ adj. Chaud. — Impatient, prompt, vif. 
— Piquant, agréable, — Luxurieux. — Trompeur. 
On se sert encore de ce mot sous cette orthographe 
et dans les trois premières signincations que nous 
venons de lui assigner. 

Nous disons encore, comme du temps de Frois- 
gart : < Couroient ses gens tout le païs d'environ, 
« et ne laissoient rien à prendre s il n'estoit trop 
• chaude trop froid ou trop pesant, » pour exprimer 
trouver tout bon. (Froissart, Liv. I, p. 291. — 
Hontbourcher (4), Gay Débat, fol. 3.) 

Nous trouvons au même sens : 

Si ne li font ne froit, ne chaut, 

Fabl. MSS. du R. n* 7218, fol. 293. R* col. 2. 

C'est-à-dire lui font peu d*impression, ne le tou- 



chent guère. On a dit le caut et le cault^ pour le 
temps chaud ; c*est une ellipse fréquente dans 
notre langue qui semble faire un substantif d'un 
adjectif. « L'afebloye moult par le caut. » (Phil. 
Mouskes, MSS. p. 190.) 

Comme l'ardeur, l'impatience, réveillent l'idée de 
chaleur, on a employé le mot chaud (5) pour 
impatient, vif, ardent. « Messire Enguerrant estant 
« chaulty non sentant le meschief qu*il avoit, cuyda 
« hausser sa hache. » (Petit J. de Saintré, p. 274.) 

En armes vauU plus advis, et prudence, 
Que foui hardi qui veut être chaulz homs. 

Eust. Deadi. Pom. MSS. fol. 58, col. 4. 

De même, on a dit : 

Nus clers d'apranre n*est mes chaiz. 

Hist. de S"* Léoc. MS. de S. 6. fol. 30. R* col. 2. 

C'est-à-dire n'a d'ardeur pour l'étude. 

De là, cette acception figurée s'est appliquée à 
rimpression vive qu'excite en nous un plaisir qui 
nous flatte. « C'est si bon déduit, et si chault que 
« c'est merveille. » (Modus et Racio, fol. 89, R*.) 
C'est-à-dire c'est un plaisir si vif si piquant, etc. 
Oudin explique aussi le mot chaud par luxurieux. 
(Curios. franc.) On s'en sert encore en parlant des 
chiennes, de quelques autres animaux femelles, 
lorsqu'elles sont en chaleur. 

Chaud a signiflé quelquefois trompeur ; alors il 
vient du latin callidus^ non de calidtis. (Voyez ci- 
dessus Caut.) 

Voici quelques expressions anciennes : 

1** Terres chaudes, pour terres reposées. « Le 
« tenancier est obligé d'ensemencer, et labourer^ 
« chacune.année, le tiers des terres chaudes de sa 
« tenue, etc. » (Coût, de Bret. Nouv. Coût. Gén. 
T. IV, p. 413.) 

2* A la chaude, pour chaudement, promptement. 
« On en fait plus à un homme à la chaude qu'on 
« ne fait à quatre quant la chose est refroidie. » (Le 
Jouvenc. hs. p. 499.) a A la chaude vint saisir, etc. » 
c'est-à-dire promptement, subitement. (Contes de 
DesPer. T. II, p. H2(6).) 

3** Procéder chault se disoit aussi adverbiale- 
ment, pour expédier vivement. « La guerre est telle 
« qu'il faut besongner selon le loisir qu'on a, et 
• fault procéder aucunes fois froit, aucunes fois 
« chault, » (Le Jouvenc. fol. 29. — Voyez Coadt,) 

A* A la chaude cote. (Voy. Cholb.) 

5'' Rage chnude. Espèce de rage, « laquelle ne se 
< peut guérir, parce qu'elle est tant ennemie du 
« sang, qu'incontinent que le venin est medé 



(1) On trouve aussi cette ortho^apbe dans G. Guiart, au sens de cbasser, repousser (I, p. 228, v. 5456 (5782) : c Mau|n-é 
tous les Ârragonnois, Qui en deflenaant sont chauchié Ont là le roi deschevaucnié. > On lit encore à la page 291, v. ^4 
(7414) : c Et tresperte en autel manière Ses ennemis, au bien chauchier, Gom ot fait le comte Gauchier. » (n. s.) 

(2) Entendez : Ils firent route (voyez cauchie) pendant le jour : cha'ude vient plutôt de caldatiu, foulé aux pieds, que de 
ealx, comme le propose Bursuv. (n. e.) 

(3) Voyez éd. Henschel, I, 398, col. 3. Le sens est édairci par le Livre des Métiers (139) : « Quiconques est chauciers à 
Pans, il puet fere chances de soie et de toile, sanz chaux (calcei) et sanz chauçons, » On lit au xvi* siècle, dans FAmaRt 
rvndu cordelier : c S'ils n*ont garde que leurs chaussons Passent par dessus leurs souliers. » (n. b.^ 

(4) On y lit : c Ck)rame la chaleur de leur aage les pousse qui ne doute de rien et qui ne trouve rien de trop chaud ni trop 
firoia, sinon au toucher. » (n. e.) 

(5) C'est plutôt chaud de l'ardeur de la bataiUe. (n. e.) 

(6) On Ut au conte 82 : c U ne savoit à qui s'en prendre ; Biais» à la chaude^ vint saisir un gentUbomme le plus prochain 
ëe hd. » (N. E.) 



CH 



— 424 — 



CH 



« parmi, il le brûle et infecte soudainement. » 
(Fouill. Vénerie, fol. 78.) 

60 Chaude suite, chaude chasse. C'éloit une pour- 
suite prompte (1) ; en termes de droit, poursuite de 
prisonnier. (Laur. Gloss. du Dr. fr. — Coût. Gén. 
T. II, p. 500.) 

7* Chaud personnage. Oudin interprèle cette 
expression dans le sens ironique d'homme de peu 
de considération. (Dictionn.) 

8* Caude mellée, chaude mesléCy pour querelle 
vive. « Quant caudes menées (2) sourdent entre 
« gentilshommes d'une part et d'autre. > (Du Gange, 
sur Joinv. p. 332. — Voy. ci après le substantif 
Mellée chaudemelle, formé de ces ceux mots réunis ; 
vovez aussi, n" 11% voua aurez une chaude.) 

9* Chaud mal, pour fièvre ardente (3). On em- 
ployoit aussi chaud comme substantif, en ce même 
sens. (Dict. d'Oudin.) 

10* Si chaut n*est, ni si frois, c'est-à-dire il n'est 
personne. 

Apprenez donc : si chaut n'est, ni si frais, 
Que en tout temps ne doive bien aprendre. 

Eust. Desch. fol. 963, col. 1. 

11° On a dit, en menaçant quelqu'un : 

Vous en aurés ià une chaude. 

Fabt. ifes. du R. n* 7il8. fol. 178, V ool. i. 

C'est-à-dire vous serez querellé, vous serez répri- 
mandé. 

Nous recueillerons quelques proverbes : 

1° J'ai déjà cité celui-ci Ne trouver rien, ni trop 
chaudf ny trop froid, pour trouver tout bon. 

2** On a dit aussi : Sire, dist la dame, sauf vostre 
grâce ; car vos paroles ne font ne chault, ne froitj 
c'est-à-dire ne servent à rien. (Percef. Vol. IV, ^48.) 

3** On disoit autrefois : 

Chaude yaue craint cilz qui a été ars. 

Eust. Desch. Poés. MSS. fol. 188, col. 8. 

Nous disons aujourd'hui : Chat échaudé craint 
Veau froide. 

On trouvera plusieurs autres proverbes dans les 
Curios. franc. d'Oudin. 

VARIANTES (4): 
CHAUD. Orth. subsistante. 
Chald, Chalde. Marbodus, col. 1668. 



CuAULD. Oudin, Joum. de Paris sous Ch.VI et VU. 

Chault. Eust. Desch. Poês. MSS. fol. 319, col. S. 

Chaut. Nicot, Dict. S. Gelais, p. i43. 

Chiald. Marbodus, col. 1640 et 1662. 

Chialt. Marbodus, col. 1644. 

Chialz. Marbodus. col. 1640. 

Caud. Fabl. MSS. du R. n« 79S9, foL 91, R« col. 1. 

Cault. Dict. de Cotgrave. 

Caut. Ph. Mouskes, MS. p. 190. 

Cax, plur. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol. 45, R. col. 1. 

Chalz, plur. Hist. de S** Léoc. MS. de S. G. foL 30. 

Caaulz, plur. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 58, coL 4. 

Chaulx, plur. Le Jouvencel, MSS.jp. 124. 

Chaus, plur. G. Guiart, MSS. fol. 1©. 

Chaudasse, adj. au fém. Chaude. Fiffurément, 
signifie de complexion amoureuse. On lit, en ce 
sens : « Celui estoit froid, ressembloit au père, et 
« Tautre qui estoit chaud, ressembloit àla mère, qui 
« esioii chaudasse. » (Brant. D" Gall., T. I,p. 199.) 

Chaude, subst. fém. Terme d*art (5). Il signifie, 
suivant Monet, une pièce de métal sortant de la 
fonte ou de la forge. Calda, d*où Ton peut dériver 
chaude, se dit, en italien, pour une forgée. (Dict 
d'Oudin.) 

Chaudel, subst. masc. Sorte de mets. — 
Affaire, embarras (6). 

Sur le premier sens de mets, voyez le Gloss. de 
Labbe, p. 52G. 

Il li font un chaudel d'oes (œufs) ooaveiz, 
Enprès (après) si U donnèrent oignons porriz. 

Rom. d*Aadig. MS. da S. G. IbL Vt, R* eol. i. 

On appeloit chaudel d'amande un bouillon au 
lait d'amande. (Ger. de Nev. !'• part. p. 90.) 

Le chaudeau (7;, en Normandie, est une sorte de 
bouillie avec du lait, des œufs, de la farine de fro- 
ment et du sucre. 

On a employé ce mot, au figuré, pour affaire que 
Ton suscite, embarras. « Un tel chaudel vous apa- 
- reille, » c'est-à-dire je vous prépare un tel coup. 
(Ger. de Nev. 2* part, page 121.) « Tel chaudel luy 
• brasseroit, parquoy grant mal etennuy luy pour- 
« roitadveniriS). » (Ibid. 1^'part.p. 22.) L'éditeur se 
trompe en croyant que c'est une métaphore emprun- 
tée de la fonte des métaux, qu'on appelle cAaucte (9). 

On a dit proverbialement : Après mort^ lors fatt 



(1) On lit au reg. JJ. 155, p. 31, an. 1400 : c Lequel Jehan de chaude chace suivv icellui suppliant. » Au reg. JJ. 137, p. 43, 
an. 1389, on a une forme dinérente : c Guillaume Champeaul fust fera dudit coustel par cop de meschief et de chaude cote, t 
Chaude suite est dans la Coutume de March [iennes] art. 12 (Du Gange, II, 301, col. 2). Chaude cole est dans la Coutume de 
Senlis, art. 96 et 110. (n. e.) 

&) Du Gange (IV, 379, col. 2, cite Beaumanoir, ch. 59). (n. e.) 

{3) On dit encore tomber de pis en chaud mal. (N. E.) 

(4) Le mot est dans la Ghanson de Roland (v. 1011) : « E endurer e granz chalz et granz fireiz. • Dans Roncisrals 
(xii« siècle) : « Gar li sans et li chais Tavoit forment grevé (p. 195). » (n. e.) 

(5) G'est ce qu'on nomme chaufTe : chaude grasse, chaude suante. On remploie pour le verro comme pour le fer. Les 
monnayeurs battaient la chaude^ quand ils battaient le lingot sur Tenclume au sortir du moule, (n. s.) 

(6) On appelait chaudel ou chaudeau la soupe blanche qu'on sert aux nouveaux mariés de Basse-Bretagne, la première 
nuit de leurs noces : ils la mangent au lit, avec des cuillers percées ; les tranches de pain sont liées par un fil des plus 
incommodes. Les invités rient aux éclats ; le biniou et la bombarde nazillent à l'unisson, et parfois pour clore la cérémonie, 
on remplit la couche nuptiale de petits enfants : c Après le soupper d'icelles noces pour faire le chaudeau ou esbatement, 
qui se fait aux noces d'espousée communément, entrèrent en la maison de Jehan Ghevalier, où ilz firent boulir ledit 
chaudel » (JJ. 150, p. 183, an. 1396.) On lit encore au reg. 195, page 1503, an. 1475: c Lesquels compaignons requirent & 
aucuns des parents et amis des mariés... que on leur voulsist donner le chaudeau, comme Ton a coustume donner aux 
nonces. » (n. e.) 

(7) Otï dit aussi un chaudelait. (N. s.) 



(S) Voyez page 275 (même volume), note 4. (n. e.) 
(9) On lit encore dans Agolant (p. 186, col. 1) : c U 



en jura Mahon et Jupitel que il fera crestiens mau chaudel. • (n. b.) 



CH 



- 425 — 



CH 



on le chaudeau. (Contred. de Songecreux, fol. 152.) 
Nous disons au même sens : après la mort, le 
médecin. 

TARUNTES (1) : 

GHAUDEL. Rom. d'Aadig. MSS de S. G. fol. 67, R« col. i. 

Chaudeau. Oudin et Nicot, Dict. 

Chaudiau. Fabl. MSS. da R. n» 7318, fol. S40, Y« col. 2. 

Ghaudelet, adj. Diminutif de chaud (2). On 
disoit eau chaudette ou tiède. (Fouilloux, Faucon. 
fol. 6) Le peuple s*en sert encore en ce sens, dans 
plusieurs endroits de la Normandie. Nous trouvons 
chaudelet dans ces vers : 

Vous trouviei-Tons point chaudelet^ 
Ayant les fièvres en la teste? 

L'Amant rendu Cordelicr, page 53S. 

VARIANTES : 
CHAUDELET. L'Amant rendu CordeUer, p. 535. 
Gbaudet. Fouilloux, Fauconnerie, fol. o, V». 

Ghaudemelle, subst. fém. Emportement. Ce 
mot désigne proprement le premier feu de la colère ; 
en latin calor^ iracundia. (Du Cange, T. IV, col. 
f05i, dans une citation au mot murdrum (3). — 
Idem, sur les établissements de S* Louis, p. 166. — 
Voyez aussi chaude meslée sous l'article Chaude.) 

Chaudement, adv. Promptement. (Oudin, 
Cur. franc.) Nous trouvons ce mot, avec celte accep- 
tion figurée, dans ce passage : « Puis fu conseillié 
« au roy Henry que chaudement il envoyast en la 
« cité, etc. » (Hist. de Bert. du Guescl. par Hén. (4) 
page 376.) 

Ghauderette, subst. fém. Petite chaudière. On 
lit, dans la fondation de la chartreuse de Dijon, 
p. 367, que les religieux « prendront et auront, par 
« chacun an, sur nos droicts, et rentes de sel, qui 
« nous appartient à Salins sur les chaudrettes. » 

Ghauderonnaille, subst. fém. Chaudronne- 
rie. (Voyez Ord. T. V, p. 147,) 

Ghaudesorris , subst. fém. Chauve-souris. 
(Dict. de Borel.) 

Ghaudet, subst. masc. Ce mot est pris dans un 
sens obscène, dans les Contes d'Eutrap. p. 464. 

Chaudier» verbe. Animer, échauffer (5]. « Ainsy 
« se queroyônt les deux chevaliers chevaleureuse- 
« ment, et tant chaudierent leur bataille, que les 



« quinze coups, contenuz par les chapitres, furent 
« accomplis. » (Hém. d'Ol. de la Marche, livre I, 
page 184.) On lit dans la note : « le continuèrent si 
« chaudement. » 

VARIANTES : 

GHAUDIER. Mém. d'Ol. de la Marche, Uv. I, p. 184. 
Chaudoyea. ïbid. p. 319, 937 et 333. 

Chaudière, verbe. Terme de blason. On a dit 
autrefois, noblesse de chaudière^ chevaliers de chau- 
dière, nobles de chaudière et de pennon. (Voyez sur 
l'origine de ces anciennes qualiflcatiohs, La Roque, 
sur la Noblesse, p. 533 ; Le P. Menestr. de la Che- 
valer.p.li5, 1 70 et suivantes.) La c/iaudf^Vd, suivant 
ceà deux auteurs, étoit, en Espagne, la plus grande 
marque de noblesse. 

La chaudière désignoit aussi les bannerets qui 
avoient une chaudière ou marmite, suffisante à la 
nourriture d*un certain nombre d*hommes d'armes 
qui les suivoient à la guerre. 

Froissart fait mention d*un nommé Jean Par- 
ceck (6), chevalier de Portugal : « Il avoit un escu dont 
« le champ estoit d*argent aune endenture de gueul- 
« les, à deux chaudières, de sable. » (Froissart, 
liv. III, page 131 (7).) Chaudières est une faute ; il 
faut lire chaudières. 

Pour chaudière, pris au sens propre, on disoit 
autrefois caudiere (Voyez ce mot.) 

Chaudrelage (8), subst. masc. Chaudronnerie. 
« Après le trépas du lépreux, le seigneur haut jus- 
« ticier du lieu, fera brûler la maison, avec les 
« biens qui auront servis à son corps, reservans 
« estain, plomb, fer, chaudrelage, elaulresscmbla- 
« blés biens non infectez. » {Coût, de Hainaut, 
Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 151.) 

Chaudun, subst. masc. Sorte de boyau (9). Ce 
mot semble avoir cette signification, dans une ordon- 
nance où nous lisons que « nuls, ne nulle, ne peut 
« vendre boyaux, ne chaudun de nulle beste, sur 
« les pierres aux poissonniers et aux bourgeois de 
« Pans, ne escorcher aigneaux. » (Ordonn. T. II, 

S. 585.) On trouve chaudun de porc, dans le Viaa- 
ier de Taillevent. C'est peut-être le boyau dont on 
se sert pour faire les saucisses ou les andouilles. 

.... C'est c?iaudunSf ou c'est andoiUe, 
Corn i ait mis por essuer. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218. fol. U7, V col. 2. 



(i) Froissart donne la forme féminine chaudeille : c Si se pourvoient moult grandement de chavdeilles, car on ne les en 
povoit assouvir. » (Xllî, 62, éd. Kervyn.) (n. k.) 

(2) Chaudelet est aussi substantif et diminutif de chaudeau : c Lecniel enfant laditte baisseUe print et leva et U fist du 
chaudelet ou bouUe qu'il manga, et puis le recoucha en son biers. » (Jj. 1S5, p. 123, an. 13S8.) (n. b.) 

(3) Du Cange (t. Iv, p. ^9, col. 2 et p. 554, col. 2), dit que ce mot se trouve dans une ordonnance de Robert II, roi 
d'Ecosse, ch. 3 et 6. (n. b.) 

^1) Cuvelier avait déjà écrit (v. 16836) : < Et puis ont à conseil que Henri chaudement k Sébile s'en voisi faire aux bourjoia 
présent. » (n. b.) 
^) On lit encore dans G. Chastelain (III, 7) : < A cause de cest amour, en quoy l'ung chaudioit. » (n. b.) 

(6) Pacheco. (N. b.) 

(7) Comparez édition Kervyn, t. IX, p. 391. (n. e.) 

(8) Voyez Caudrelach, p. î75 et la note 6. (n. e.) 

(9) Ce sont les issues, les extrémités (cauda) des animaux ; on Ut au registre 13 de Corbie, an. 1511. fol. 111 ÇDu Cange, 
U, ^1, col. 3) : < Fut baillié et Uvré à Jennet Dupreer, dit Panchet, les caudtms de la boucherie de 1 égUse,... à la charge 
que autant de cauduns ou hamas de moutons qu'il fauldjra pour le chambre de monsieur, on n'en paiera que .vni. deniers. » 
A l'année 1513, fol. 205, v«, on lit : « Les cauduna ou trippes. » (n. b.) 

m. 54 



CH -* 

On appelle encore escliaudoir (1) , le lieu oCi se 
lavent toutes les tripaiUes des boucheries de Paris. 

Chaue, subst. Ce mol est employé dans les vers 
suivans : 

Je ne dout privé, ne estrange. 



Qnurit je t sui jai ^i, et trambîe. 

Fidjl. HSS. du H. D-7ftlS, T. II, toi. 13D, V- eol. I. 

Ghaufecire, subst. masc. [Intercalez Chauje- 
cire, officier de ta grande chancellerie qui chaunait 
la cire et en scellait les actes. Voyez Du Cange à 
càlefactor cerœ. D'après un reg de la Chambre des 
Comptes signé noster (1285, 1317), il tenait à la 
fruiterie royale.] (n. e.} 

Chaufecon, subst. masc. Espèce de cheminée. 
On lit, dans le passage suivant : > Si aucun veult 

- faire cheminée, astres, cbauffrettes, ou chauffe- 

• con, à l'eiiconlre du mur moitoyen, il y doit faire 

■ GOnlremur de luilleaux, ou de piastre, de demi 
« pied d'espesseur. • (Gr, Coût, de Fr. liv, II, 

S. 252.) Du Cange, au mot Chaufecon, cite un article 
'un compte de Jean Loncle, de l'an 1333, conçu en 
ces termes : • Pro duobus caminis, gallice, chaufe- 

■ cons, in caméra reginœ factis, etc. (3) n (Voyez 
ci-après Ciiaufrdos, Cimi'fei'anse, Ciiaufefied el 

Cli&UFETE.) 

VARIANTES : 

CHAUFECON. Du Omee, Gloss. lal. au mot Chaufecon. 

Chauffecon. Gr. Coût, de Fr. liv. II, p. 25!. 

Chaufedos, subst. masc. Espèce de cheminée. 

Cheminée basse et sans manteau. <■ Supposé que 

> l'un des voisins a^l soutTert l'autre, par aucun 

■ temps, quelque soit, qu'il ait, au dicl mur moi- 

• loyen. faict chauffedos, ou cheminée, il les peut 

• faire oster, et relraire et reparer le mur. » (Gr. 
Coul. de Fr. liv. 11, pa{;e 25â.] Plus haut, on lit 
eschaufledos. (Voyez les DicLiohn. deMonet, Niootet 
Cotgrave.) 

VARIANTES : 
CHAUFEDOS. 
CUAUPPEDOS. Gr. Coût, de Fr. liv. U, p. 253. 

Chaufeiit, subsl. masc. Ustensile de ménage. 
Ce qui sert à chauffer un lit, suivant Monel, Dict. 
On le dit encore dans les provinces méridionales. 
C'est ce qu'on appelle bassinoire à Paris. 

Chaufemant, subst. masc. Chauffage. (Dict. de 
Monet.) 

Chaufe-panse, subst. masc. Sorte de chemi- 
née. (Voyez les articles Chaufecon, Ciiauffedos el 

ClIALTEPIEI).) 

Chaufe-pled, subst. masc. Sorle de cheminée. 

— Chaufferette. 



8- qH 

Nicot l'explique, au premier sdQs, par sorte de 
cheminée ;' c'est le même que chaufecon. ci-dessus. 
(Voyez ce mot). 

Suivant Cotgrave, c'est ce que nous appelons une 
chaufferette, dont on sç sert pour tenir les pieds 
chauds. 

VABIAHTKS: 



Chaufete, subst. fém. Réchaud. — Sorle de 
cheminée. — Chaudron. — Cassolette. 

On trouve le premier sens de réchaud dans les 
Poës. Mss. d'Eusl.Desch. fol.44*i(4). La Colombière, 
parlant du roi René en Sicile, dit: ■ qu'il prinl, pour 

■ sa devise, des rechauds, ou pour user des termes 

■ de ce tems la, des chauffrettes, etc. > (Tb. d'Hoan. 
p. 127.) 

C'étoit aussi une sorle de cheminée basse, la 
même que le chaufecon ci-dessus. > Si aucun veut 

■ faire cheminées, astres ou cbauffrettes, ou chau> 

• feçon à rencontre du mur moitoyen, il y doit 

• faire contre mur de thuileaux ou dejilaslrede 
- demi pied d'espesseur. » (Gr. Coul. de Fr. Liv. Il, 
ch. 38, p. 252.) 

On trouve chofferetle, pour une sorte de chau- 
dron, dans le passage suivant : 

Et B'CD alla fi une chofferetle. 

Sur ung londier, qui n'eatott guère nette. 

Piifea, p. 37. 

Ce mol semble pi'is pour cassolette, dans cet autre 

Sassage, où le prieur instruit l'Amant rendu cor- 
elier delà manière dont il doit être à table, ea 
compagnie : 

. . . Quand ci^ viendra au lever, 
Que l'on met dedans ces choffretles 
Pour en amours cueurs eslever. 
Armoises, senteurs, violettes. 
Le signe la croix lors Taictes, 
Frappant la main contre le pis, 

L'Amml nodn CatiiUat. p. S7t. 
VARIANTES (5) : 

CHAUFETE. Dict. de Monet et de Ménage. 
Chauffgte. Dict. de Nicoi (6). 
Chaufpbette. La Colomb. Th. d'Honn. p. 117. 
Chauffeietb. Gr. Coût, de Fr. liv. [[, p. 353. 
Choffrbttb. L'Amant rendu Cordalier, p. 575. 
Choffebette. Faiteu, p. 37 et 38. 

Chauffauder, verbe. [Intercalez Chauffauder, 
échafauder, au reg. JJ. 195, p. 1583, an. 1476: 
» Lesquelz charpentiers n'avoient chauffant que 
« d'un bout, parce qu'ilz n'avoient de quoy 

• chauffauder ; Q\. leur convinl deschauffauder ledit 
« bout cfiau/fawdé. ■](n. E.) 

Chauf faut . [Intercalez Chauffaut : 1* Echafaud ; 
voyez le précédent et les preuves de l'Hist. de - 



n de rhaiidun. (n. b 
20, col. 3. (N. K.) 



(1) Érhaudoii- dérive d'échauder, r 

(2) Lisez chaîne ou chestie. (N, E.^ 

(3) Voyfii éd. Henschel, t. Il, p. S__ 

(4) On lit en e(Tet, au Ménage des n 
Paetette à Taire le pain, c (n. e.) 

(5) On lit aux Emaux de De la Borde (210, itrv' siècle) : « A Guillaume Arode, orfèvre demeurant à Paris, pour 8ï«t 
rannareillé et mis à point le bacin et la chaufferette d'argent blanc. i> (N. E.) 

(S) 0. de Serrea (909) donne la forme eichauffelle. (n. e.) 



mariés : < Pour enfans fault bers et drapiaux, Nourrice, chaufele et bacin, 



CH -* 

Bourgoene (t. m, p. 43, col. 1, an. 1377): ■ Nous 

■ déclairons et disons lesdiz chauffault et porte 

■ estre édifiés ou Tons, territoire et jnridicion de 
.« mens, le Duc. - St* Mantelet, chat (voir ce fflotj, 
exprès le Proissart de Denis Sauvage (liv l", 
Cfa. 121); mais M. Kervyn imprime eai, même dans 
la deuxième réaction suivie au sti* siècle.] (h. e.] 

Chauffe-doux, suHt. masc. Eluve. (Voy^ 
Çboisy, Viede Ch. VI, p. 110.) 

Chauffer, verbe. (1) Réchauffer. — Terme de 
fuérre. 

On lit. au premier sens : • Bouquets de roiAarin, 
« et genièvre dont on Favoit chauffé. « (Arr. 
Anor. p. 850 

Le sens figuré de chauffer , pour faire grand 
feu sur l'ennemi , est encore en usage aujour- 
d'hui, en termes de guerre. On l'employolt dès le 
temps de Louis XL Ce prince, écrivant au comte de 
Daumartin, s'exprime ainsi : • Monsieur d'Albret 

• dissimulera tant qu'il voudra de prendre Avesnes, 
c et semble qu'il le fasse pour épargner la place ; 

■ mais je vous assure que, s'il attent (jue je m'en 
•■ approche, que je la lui chaufferai si bien, d'un 

• bout jusques a l'autre, qu'il n'y faudra point 

• retourner (2). > (Duclos, Preuv. de Louis XI, p. 446 
et 447.) 

On a dit proverbialement : 

!• Se cltaulfer à retpagmle, pour se chauffer au 
soleil. (Oudin, Dict. et Curios. fr.) 

2* De tropprè$ se chauffe qui se bi-usle. (Colgr. 
Diction n.) 

3" Tel se cuide chauffer qui se brttsle. (Gotgr. 
Dictionn.) 

4* Trop chauffer cuit, trop parlernuit. (J. d'Aut. 
Ann. de Louis XII ras., p. 119.) (3} 

Chauffetier, subst. masc. (4) On lit dans l'état 
desoriiciersduducde Bourgogne, p. 226 : < Jaques 

• Pichet, valet de chambre, • et, à la note, chauffe- 
tier du duc. 

Ghauffrlte, subst. fém. [Intercalez Chauffrite, 
chaufferette au reg. tJ. 150, p. 100, an. 13%: 

• Une chauffrite qui avait este prise en la Ville 

■ l'Evesque. -](n. e.) 

Chaufourrée, subst. fém. Embrouillement. 
(Dict. d'Oudin.) 
Chaulcée,(5)3U&8f. fém. Ecluse. (DicLdeBorel.) 

Chaule. [Intercalez Cftati/£, bille, soûle: ■ Les 
< supplians sioient de leur bois... à biloter, comme 

• ^ mr& chaule. * (JJ. 207, p. 245, an, 1481.) Au 
reg. 89, p. 126, an. 1357, on a choie: « Comme les 



1- CH 

> suppUans et plusieurs d'autres genz du pals 

• fussent alez esbatre à un geu appelé choie. > Au 
reg. JJ. 176, p. 683, an. 1448, on lit enfln : > Estant 

• en icelle choie ou soûle, ainsi que l'en emperlolt 

• l'estouef ou cholet. > C'est le jeu de la soul^, bien 
connu dans le pays de Vannes (Voir E. Souvestre, 
les Derniers Bretons, t. I", p. 125 à 132). Le» 
enfants poussent la soûle, non à coups de pied, 
mais à coups de crosse ; elle était le prix des ba- 
tailles que dirigea Du Guesclin dans son premier 
âge (Voir Cuvelier, v. 170 à 176). On se servait 
aussi de la crosse ait xiv siècle : > Comme il2 
« jouaient à un certain jeu, appeler choler de la 
■ crosse... la boulaye dudil jeu feust envoyée... ■ 
(JJ. 132, p. 121, an. 1387.)] (n. e.) 

Chaulmage, subst. masc. La coupe du chaume. 
(Dict. d'Oudin.; 

Ghaulme, subst. masc. et fém. Chaume. — 
Palissades. 

Ce mot, qui subsiste, ne s'emploie plus qu'au 
masculin. Autrefois, il étoit féminin, comme dans 
ces vers : 



Deux coûtes œetoit desua soi. 

F^l. HSS. du R. n* TÏI8 (Rutcbauf). M. ÏM, n< eot.l. 

On disoit proverbialement : couvrir de chaume, 
pour dissimuler ou se moquer. 

II ne faut point couvrir de chaume 
Ici, ne bailler cee brocarda. 

PutiaUn, Fan», p 37 (6). 

Sur la seconde acception de pieu, palis, palis- 
sades, nous rapporterons le passage suivant : < Je 
< vous vueil bien advertir d'une chose, qui est aussi 

■ bien nécessaire à ung chief de guerre, soit ep 

• logis, en champ, ou à mettre sièges, ce sont une 

• manière de chaulmes, où il y a pieux qui sont 
1 ferrez, affin qu'on les puisse congner avecques 

• un maillet de fer; les chaulmes doivent estre si 

• fortes que on ne les puisse couper d'un voulge 

■ (espèce de hache), d'une haiche, ne d'une coignée 

■ a fendre bois. > (Le Jouvenc. fol. 82 et 83.) 

VARIANTES : 
CHAULME. Borel, Nicot, Dict. 
Chaume. Orth. subsislaute. 

Gliaulmer, verbe. Couper le chaume. (Dict. 
d'Oudin.) (7) 

Chaulmeur, subit, tnasc. Qui coupele chaume. 
(Dict. d'Oudin et de Colgrave.) 

Chaulinlne, adj. au fém. Couverte de chaume. 
Rabelais a dit, T. III, p. 90 : ■ Sans difOculté ils 



_ it 3. (V. E.) 

,_, ^ nl477. (N, R.) 

(3) On lit encore dans tes lettres de Pasquier <l, 18)' ■ Que raîcles-vous? que dites y 
chauffcz^'ovs • . (N. K.) 
H) Corrigez chausêetier. (n. e.) 

(5) Dans nie de Bé, chawiser un marais salant, c'est en refaire les levées, (n. e.) 

(6) On lit encore dans Jean de Heung (Testament, Wà) : •: Bien dire sans bien faire est 
esteint de lefier du pié ou de la paume. > (n. e.) 

<T) On lit dhjk au leg. JJ. 144, P-. 17, an. 1368: • Lg< 



? brlef do quel bois vous 



feu de chaume Qu'on 
iditBourgoisvenoit des champs de cueillir ou cAatim«r du chaume. >(N.S.t 



CH 



— 428 - 



CH 



« enlrenl en la case chaulmine mal bastie, mal 
« meublée, toute enfumée. * On en a fait depuis un 
synonyme de chaumière. La Fontaine a dit : sa 
cnaumine enfumée (1). 

Chault. [Intercalez Chault^ dans l'expression 
mal chault: « La femme du suppliant fut surprinse 
« de la maladie de fièvres, et aussi de certaine 
a maladie, que on appelle ou païs [d'Auvergne] le 
« mal chaut. » (JJ. 188, p. 160, an. 1459.)] (n. e.) 

Chaumei. [Intercalez Chaumeiy champ où le 
chaume n'a pas été chaume: 

Furent U champ e U erbei 
E U garait e U chaumei 

Si plein 

Chr. des ducs de Norm. f[I, p. il. v. 1G498).] (R. l.) 

Chaumeni, adj. Plein de chaume. Le Duchat 
explique ainsi \e pain chaumeni. (Voyez Rabelais, 
T. II, p. 251, note 27 ; et le Dict. Etym. de Ménage.) 
Il signifie moisi, selon Cotgrave. C'est Tépithète 
d'un mot obscène, dans Rabelais, T. III, p. 154. 

VARIANTES : 
CHAUMENI. Le Duchat. sur Rab. T. II, p. 251, note 27. 
Ghaumeny. Id. Ibid. 

Chaumette^subs/. fém. [Intercalez Chaumette, 
faucille à couper la chaume: « En haussant une 
« chaumette qu'il tenoil, qui esl un baston long à 
« manche ouquel a au bout un fer, qui est fait en 
« manière de fauxille. » (JJ. 144, p. 17, an. 
1393.)] (n. e.) 

Chaumier, adj. Plein de chaume. (Dictionn. 
d'Oudin.) 

Chaumier, subst. masc. Tas de chaume (2). Peut- 
être paillasse. 11 paroit que, de ce mot chaumier^ 
pris dans ce sens, nos tapissiers ont fait le mot 
sommier (3). On lit dans Merlin Gocaïe: « Il romp sa 
« lance contre la muraille, ou la fiche dans le 
« ventre d'un chaumier. » (T. I, p. 57.) 

Chaumoufflet (4), subst. masc. Camouflet. 
(Dict.d'Oudin.) 

Chaumois, subst. masc. Champ couvert de 
chaumes. 

Rommain les suivrent à desroy, 
Que par chemin, que par chaumoy. 

Rom. éo Brut. MSS. fol. 89, V col. 3. 

On lit aunot/y dans le ms. de M. de Bombarde. 



Ghaamus (5), subst, masc. Champ des Muses. 
Nom d'un lieu. Nous avons vu de même i^uxumars, 
sous champ mart, pour Champ de Mars. Ces noms, 
comme nous avons déjà dit, venus de la langue 
latine, subsistent encore à Besançon, comme Tes 
rues de Venus, le mont des Grâces et la colline ie 
Diane. (Voyez Pelisson, Hist. de Louis XIV, T. H, 
p. 324.) 

Chauny, subst. masc. (6) Nom de lieu. On a dit 
proverbialement : 

1*" Singes de Chauny. (Lettre adressée au Hercur. 
deFév.1735, p. 262(7).) 

2* Chauny le bien nommé (8). (Id. Ibid.) 

Chaus, adj. au plur. Chauves. On disoit autre* 
fois : les velus et les chaus, pour signifier tous en 
général. 

Partent les velu: et les chaus, 

G.Giii«t,llS.f»LSOI,V. 

Et par opposition, on disoit : ne chevelue, ne 
chaU;Sf pour signifier personne (9). 

. . . Ja ne cheveluz, ne chauz, 
N*l ert trestomé, etc 

Pocft. MSS. du R. n* 7015, T. H. fol. 148. H* col. 2. 

Chausoir. [Intercalez Cliausoir^ entrave pour 

les pieds des prisonniers; on lit au Glossaire 

latin-français 7692: « Pedana, cheanne , vel 

« chausoir. »] (n. e.) 

Chausse, subst. fém. Chausse, bas. — Armure. 
— Fourreau, housse. — Engin à pécher. — Tuyau. 

Ce mot est encore en usage, au premier sens de 
chausse, bas. « Se mit ù tirer sa chausse, et rabiller 
« sa jarretière. »> (Brant. D. Gall. T. I, p. 399.) 

Désormais les iartières 

Demeureront sur nos chaulses entières. 

Crelia. p. iTJ. 

On désignoit aussi par ce mot une armure de lu 
jambe. « Les chausses de /i^r environnant les jambes 
« et les pieds, etc. » (Percef. Vol. II, fol. 119.) 

Chevaliers ont haubers et brans, 
Gauches de fer, heaumes luisans. 

Rom. de Roa, MS. p. 317. 

DansleTeslamentdeBeaudoin,comlede Flandres, 
on lit : « A Robert d'Achiel mon grant palefroi e mon 
« haubergh et mes cauches de loclenet (10) (peut* 
« être faut-il tonelet) e unes couvertures de fer. * 
(Duchesne, Gén. de Guines, p. 283, tit. de 1244.) 

On se servoit encore de ce mot pour housse ou 



(i) Livre !<', fable 16. D'après Furetière, chanmine serait plus ancien que chaumière. (N. E.) 

(2) C'est encore celui qui coupe le chaume. (N. E.) 

'3) Sommier a signifié d'abord béte de somme, pms poutre ou matelas portant une charge animée ou inanimée, (n. b.) 



(4) On lit dans un Mystère du xv« siècle (Bibl. âe TËcole des Chartres, i^* série, t. III. p. 459) : <t Qui dormira, qu'on le 
resveille, Ou qu'on lui donne un chault moufflety Ou hardiement ung grant soufflet. » Ce passage montre que camouflet est 
un diminutif de soufflet ; on prendra d'abord des gants (moufles) pour réveiUer le dormeur, (n. e.) 

(5) Ce nom de lieu se retrouve dans le Jura : La Chaumusse; Chaumussay (Indre-et-Loire), Chanmuzy (Marne) en sont 
dérivés ; l'origine est le bas latin calmœ, bruyères, qu'on retrouve dans Chaumoux (Cher), Chaumoy (Saône-et-Loire). ^N. E.) 

(6) Chauny (Aisne) a donné naissance à d'autres proverbes : < C'est comme les enfants de CAatttty, il a plus d'espnt que 
père et mère. — Tout le monde, vacher de Chaunu. » Ce dernier proverbe et celui des Singes de Chauny est expliqué par 
Gorblet, dans ses proverbes picards (voir encore Le Roux de Lincy, I, ^5-337). (N. E.) 

(7) Voyez encore le Mercure du mois de mai (même année). (N. b.) 

(8) Ou encore Chauny'le'Bien-aimé. (n. e.) 

(9) (emparez cauf, même volume, p. 276 et la note i. (N. e.) 

(10) Lisez plutôt toelenet ; on lit en effet au Livre des Métiers (139) : c Quiconques est chauciers à Parts, iljpuet fere chauees 
de soie et de toile, sans chaux et chauçons. t ^n. e.) 



CH 



— 489 - 



CH 



fourreau qui servoit à couvrir l'écu. « Il découvrit 
« son escu» qu'il avoit couvert d*une noire chaulse. » 
(Percef. Vol. 111, fol. 50.) 

Ce mot a désigné un engin à pêcher (il « Quant 
« est aux c/iauc^s de quoy Ton peut pescher, etc. » 
(Gr. Coul. de Fr. Liv. I, p. 74.) On disoit aussi, dans 
ce sens, braye à ehauce. (Voyez les Ord. T. I, p. 793.) 
Les chances à pécher (2) dévoient être faites de façon 
qu'on pût « y Douter les quatre doigts, en passant 
« les quatre premières jointures sans force. » (Gr. 
Coût. Ibid ) 

Enfin, ce mot a signifié tuyau. On disoit causse 
ou chausse d'aisément^ pour le tuyau, le canal des 
aisances ou latrines. (Voy. Coût. Gén. T. I, p. 289.) (3) 

Il y avoit beaucoup d'espèces de chausses : 

1* La chausse entière étoit une chaussure tout 
d'une pièce qui couvroit le corps, depuis la ceinture 
jusqu'en bas, comme la chaussure que nous appe- 
lons un pantalon. Des soldats coupen t leurs ctouss^s 
au genoux, pour passer l'eau du fossé de la ville 
d'Y voy qu'ils veulent attaquer, en 1552, et marchent 
ayant les jambes nues. « Car, en ce temps là, toutes 
qualitez degens, j'enlens de gentilshommes (4), de 
gens de guerre, et de honncstes hommes, et d'eslat 
des villes portoient les chausses entières, le haut 
tenant au bas; et ne parloit on lors de gregues 
ny de provensalles (5], qui ne sont venues en usage 
que depuis que les bas de soye raz de Milan, et 
d'estame (6), ont eu le cours et la vogue, en ce 
royaume. » (Mém. du Maréchal de Vieilleville, 
rédigés par son secrétaire Carloix, T. II, p. 32:. ) 

2*" Chausse à la Caudale. C'étoit une sorte de 
haut-de-chausses plissé, dont M. de Caudale avoit 
peut-être introduit la mode (7). Un marquis dit, en 
parlant de l'examen que fît une femme de l'ajuste- 
ment d'un sot de qualité : « Après que le rabat fut 
« bien examiné, on descendit sur les chausses à 
« la Caudale ; on regarda si elles étoient trop pli- 
« cées en devant, ou en arrière, et ce fut encore 
« un sujet sur lequel les opinions furent parta- 
« gées. » (Rom. Bourgeois, Liv. I, p. 66.) 

3** Les cliausses à la martingalle ou à pont-levis 
étoient une autre espèce de haut-de-chausses(8). 



Brantôme a dit du chevalier d'Imbercourt qu' « il 
avoit une complexion en luy, que toutes les fois 
qu'il vouloit venir au combat, il falloit qu'il allast 
à ses afiTaires, et descendist de cheval pour les 
faire; et pour ce porloit ordinairement des 
chausses à la martingalle, autrement à pont 
levis, ainsi que j'en ay veu autrefois porter aux 
soldats espagnols, afin que marchant, ils eussent 
plus tost fait, sans s'amuser tant, à défaire leurs 
aiguilettes, et s'attacher, car en rien, cela estoit 
fait. ^ (Brant. Cap. Fr. T. I, p. 108.) 
4* Chausses grises à jambe de chien, C'étoit une 
espèce de chaussure à l'usage des joueurs de paume. 
« Le roy joua, tout du long du jour, à la paume, 
« dans le jeu de la sphère; il estoit tout en che* 
« mise, encore estoit elle déchirée sur le dos, et 
« avoit des chausses grises, à jambe de chien, 
* qu'on appelle. » (Journ. du Règne d'Henri IV, par 
P. de l'Estoile, T. I, p. 48, an. 1594.) 

S*" Chausses de haulbert signifie chausses de 
maille, dans le passage suivant : « Après ce, il 
« trouva une chausse de haulbert, dont les mailles(9) 
« estoient defin argent, etc. » (Percef. Vol. IV, f» 37.) 
6* Chausses à houser. C'étoient des bottines. 
Charles VI, se préparant à descendre en Angleterre, 
fit provision « de souliés, chausses à houser, baci- 
« nets (chapeaux de fer), espérons, etc. ■ (Froissart, 
Liv. m, p. 121 (10).) 

7' Chausses foncées. C'étoit un haut-de-chausses, 
ou culottes. (Voy. Rabelais, T. II, p. 162, et la 
note 22.) On lit : « chausse, pour ce qu'on trouve 
« au cul-chaut-ce », dans Des Ace. Allusions, fol. 89. 
8" Chausses Iroussées (11), pour haut-de-chausses, 
brayes; en italien, braconi. (Dict. d'Oudiu.) 

9* Chausses à homme, pour culottes. « Ces 
« chausses, comme vous voyez, sont chausses à 
« homme, » (Nuits de Slrapar. T. Il, p. 139.) 

10* Voici les noms de plusieurs autres sortes de 
chausses : 

Chausses à la bigotte^ chausses à la bougrine^ 
chausses à la garguesque, chausses à la gigotte, 
chausses en poincte, chausses à queue de merlus, 
chausses à tabourin. 



(1) C'était aussi une poche pour chasser : < Ck>mme le suppUant feust aie pour tendre à lièvres et porter chausses, et eust 
mis et tendu icelles chausses, » (JJ, 152, p. 192, an. 1397.) (n. e.) 

(2) On lit en ce sens aux Ordonnances (VIII, p. 536, an. 1402) : « Quant est aux chausses de mioy Ten peut pescher. » (n. e.) 
, (3) On y lit au sens de chausse d'aisance : « Que la chausse de l'aisement soit distante de dix pieds du puys du voisin. » 
Ce tuyau a la forme conique de la chausse ou filtre de laine : c Les apothicaires usent de manche de drap faite en pointe 
qu'on appeUe chausse d^ippocras )» (Paré, XXVI, 10). « Il fu six sepmaines prisonnier dans un engein de Bois pointu par le 
bas, que les questionnaires appeUent chausse dhypocras, » D'Aubigné (Hist. I, 75) désigne là une sorte de cul de basse 
fosse. (N. E.) 

(4) Les gens d'armes avaient une bonne tenue ; mais les aventuriers, d'après la description de Brantôme, traînaient la 

âueniUe ; voyez la description de leurs cliausses dans rHistoire du Ck>stume de M. Quicherat, p. 371, ou au tome V' de ce 
ictionnaire, p. 137-138. (N. E.) 

(5) On les appelait aussi chausses à la marine ou marinesques ; eUes étaient à pont-levis comme naguères le pantalon 
d'ordonnance oe la marine, (n. e.) 

(6) Voyez sur les bas de tricot la discussion de M. Quicherat (p. 384). Estante désignait le fll de laine employé « à Paris 
emportoié chaume, busche et estain, » (Berte, 73.) (N. e.) 

(7) Voyez même volume, p. 207, note 3. (n. e.) 

(8) Voyez la note sur les chausses provençales, (n. b.) 

(9) Ces chausses de maille apparaissent vers 1050 (voir la tapisserie de Bayeux). Au xiv* siècle, eUes disparaissent sous 
les poulains et les irumeliéres ou grèves, (n. e.) 

(10) M. Kervyn (XI, 360) imprime : « Houseauls, soulUers, chausses à houser et aultres, bacinets, haches, espérons, etc.» (n. e.) 

(11) Ce sont des chausses bouffantes avec bas d'attache ; les pages et les Gérontes de la bourgeoisie les portaient encore au 
temps de Louis XIV sous le nom de grègues ou trousses, (n. b.) 



CH 



— 480 - 



€H 



On se servoit aussi des expressions suivantes : 

1" Cent reauxd'or, pour ses chausses (i), c'esl-à- 
dire pour pol-de-vin. (Gloss. de l'Hist. de Bret.) 

2* Faire coudre ses chausses, pris dans un sens 
obscène. (Favin, Th. d'Honn. T. II, p. 1818 ) 

3* Courtes chausses, La femme est désignée sous 

ce nom, dans un conte de Des Accords, ou le mari, 

-enfermé dans un coffre, crie merci aux courtes 

chausses, c'est-à-dire à sa femme. (Bscr. Dijon. 

fol. 41.) 

4* Porter les chausses (2) se disoit d'une femme 

2ui est maltresse. Nous disons porter la culotte, 
ette expression semble faire allusion à un conte de 
Straparole (Nuits, T. II, p. 139), où un homme pro- 
pose à sa femme de débattre à coups de h&ion à qui 
aura les chausses, promettant de la reconnoltre 
pour dame et maîtresse si c'est elle à qui elles 
restent. Ce conte a été emprunté du Roman des 
Brayes, qu'on voit parmi les fabliaux mss. On a dit 
aussi, dans le môme sens, porter les braies. (Voy. 
Fauchet, Langue et Poës. fr. p. 181.) 

5*" Chaulse coupée signifloit jambe nue, par allu- 
sion à l'usage pratiqué par les soldats, qui, lors- 
qu'ils vouloient passer une rivière, coupoient leurs 
chausses entières. On lit, au sujet du mariage du 
roi de Danemark avec Isabeau d'Autriche, épousée 
par ambassadeur : « Alla l'on coucher la dame des 
< nopces, et le dit procureur et ambassadeur espé- 
« cial, la chaulse couppée, comme il est accoustumé 
« faire entre grands princes, etc. » (Lettres de 
Louis XII, T. IV, p. 326.) 

On disoit proverbialement : l^* Ses amours sont 
en Bretagne, ses chausses sont à la vallée, en par- 
lant d'un homme dont les chausses étoient mal 
tirées, étoient à-val, en bas. On lit, dans les Contes 
de Gaulard de Des Accords, fol. 10, une expression 
qui achève de donner le sens de ce proverbe : 
Chausses qui tiroient par le bas, comme aux amou- 
reux de Bretagne (3). 

2** A courtes chauces, longues lanières. (Prov. 
Du Villain (4), ms. de S. G. fol. 75.) 

VARIANTES : 
CHAUSSE. Orth. subsistante. 
Chaulse. Crétin, p. 177. 
Chauce. Gloss. de THist. de Bret. 
Chaucue. Gloss. de Du Gange, au mot Calcia. 
Gauche. Rom. de Rou, MS. p. 317. 
Caussb. Coût. GéQ. T. I, p. 289. 

Chaussé, partie. Nous ne citons ce mol, qui 



subsiste, que pour remarquer cette expression : bêle 
chaussée, pour désigner un sot, un imbécile. (Des 
Ace. Bigar. p. 69.) Le peuple, dans certains endroits 
de la Normandie, dit encore, en ce sens, bite 
baptisée. 

Chaussée. [Intercalez Chaussée^ droit pour 
l'entretien des routes : « Chaussée est une coustume, 
« assise et establie anciennement, sur cbars, sur 
« charettesy sur sommes chargées, auquel li 
« chausseurs prennent leurs chaussées, h l'un plus, 
« à l'autre moins, lesquelles chaussées prinses et 
« demandéies... par la raison de faire appareiller 
« les chaussées, les pons, et les passages dedans; la 
« banlieue de Paris. > (Registre des péages de 
Paris; Du Gange sous calcagium, II, 25, col.) On lit 
aussi aux statuts de Maizières-sur-Heuse: « ya 
« manière comment se doit cueillir la chaussée en 
« la ville de Haizières. Primo tous chartons et 
« voiturons forains, soit pour marcliaos ou pour 
« eux, qui amèneront vins et toutes denrées quel- 
« conques,... doient pour le droit de chau^ie, pour 
« chacun char .ii. den. « (Du Gange, p. 25, col. 3'.) 
Voyez aussi Tarlicle suivant.] (w. e.) 

Chaussementage y subst. musc. Droit de 
péage. Gelui qui se paie pour Tentretien des chaus- 
sées. Il est employé dans rénumération des droits 
des seigneurs de Bretagne sur leurs vassaux, spé- 
cifiés dans la préface des Preuves de THist. de Bret. 
(D. Morice, p. 15.) 

Chausse-pied, subst. masc. Terme de chasse. 
Cette expression désigna un engin à prendre les 
lièvres, dans ce passage : « Aussi les prent on aux 
« rivières, à cordelettes, comme on fait les lièvres, 
< aux filets, aux chausse pieds^ et autres engins. * 
(Fouilloux, Vénerie, fol. 408.) 

Chausse-poyn, subst. masc. Ce mot semble 
signifier manipule, dans cette citation du Gloss. 
lat. de Du Gange (5) : « Item calix argenteus,... 
« unum missale pretii 20 soi. unum chausse-payn 
« pretii 30. solid ; 2. corporalia benedlcta in uno 
« casso... » 

Chausser, verbe. Hausser. Nous omettons les 
signincations en usage. Ge verbe paroit le même 
que celui de caucer. On dit cbausser les éperons, 
comme on a vu caucer respei'on. (Montaigne, Essais, 
T. I, p. 479 (6).) Nous aurions donc réuni chausser aux 



(1) On lit encore en ce sens au rpg. JJ. 158, p. 5, an. 1403 : m Comme le çrevost fermier de Bar-sur-Âube eust fait 
adjourner par devant lui tous les habitans de Puteviile... à laquelle journée il dit ausdiz habitans qu'il venoit quérir ses 
chausses... ledit prcvost condempna le suppliant envers lui en dix huit solz P. d'amende. > Voyez encore Du Gange sous 
Calcadariqum. (N. E.) 

(2) On disait encore (Le Roux de Lincy, II, 312) : < Il ne fait pas ce qu*U veut, qui fait des chausses de sa femme un 
chaperon. » (n. e.) 

^) C'est que dit le proverbe : < Â cadet de la Bretagne, Ge que son industrie gagne. » (n. b.) 

(4) On vous disait encore (Oudin, p. 89) de ne point c porter vos chausses » dans un endroit pérUleux de peur de les y 

laisser », d'y mourir. — a Va te promener, tu auras des chausses. » (Gaignières, ms. prov. t. IL) Les FeoiUants étalent 



pieds nuds et en sabots 



»ts dans la vule, tandis qu'en voyage ils portaient bas et souli 
irôe d'une visite au trésor de S* Paul à Londres, en 1295. (Ed. 



souliers. (N. E.) 



(5) La citation est tirée d'une visite au trésor de S* Paul à Londres, en 1295. (Ed. Henschel, II, 321, col. 1.) (N. s) 

(6) Cette citation n'a pas été donné à caucer ; la voici : « Pompeius ne sceut vaincre: et César lui chatissa bien aultrement 
les esperoyis quand ce feut à son tour. » On lit encore dans la déposition de Perot de Warthy, sur le connétable de Bouiboa 
(ms. Dupuy, fol. 33, t^, cité par Mignet, François I*r... I, 404) : c Monsieur de Warthy, vous me chaussez le» éperons de biea 
près. - Monseigneur, vous les avez meiUeurs que je ne croyais. » (n. e.) 



Cfl -« 

o(Ui(^apbes de eaucer, si ce n'est qu'il aous parolt 
69 différer totalement, dans sa signification de 
htnsser. Ce mot semble, alors, n'être que le verbe 
hausser, dont Yh est plus fortement aspiré, comme 
nODS l'avons dit du mot chaussée. (Voyez Cauchib.) 
On trouve chaulant, pour levant, en ce passage ou 
Froissarl (liv. IV, p. 154) reprâsente Charles VI au 
premier accès de sa démence : • Chatoyant son 
•r épée et la levant contremont, pour -ferir, et 

• donner un coup, etc. [1) • 

Ghansseterie, subst. fém. L'art, le métier de 
chaussetier. (Voy. Cootred. de Songecreux, fol. 7.) 

Chaassetier, subst. masc. Ouvrier en bas. 
Celui qui fait et vend des bas. Nous avons une 
ancienne ordonnance, imprimée dans le Recueil 
des Ord. T. II, p. 372, coocernant le salaire des 
cbaussejiers [2]. Elle leur accorde, ■ pour la façon 

■ d'une paire de chausses à bomme, six deniers. ■ 
Montaigne, faisant allusion â la conduite de ceux 
qui sont d'une profession, et qui né^lig:ent d'en 
laire usage pour eux-mêmes, dit a ce sujet : • Quand 

• nous voyons un homme mal chaussé, nous disons 

■ que ce n'est pas merveille s'il est cfiauisetier, de 

■ mesme il me semble que nous voyons souvent 

■ un médecin plus mal médecine, un théologien 

• moins reformé, et coustumierement un sçavant 

■ moins suHisant qu'un autre. <• Ce qui revient à 
notre proverbe: ■ Les cordonniers sont les ;>lus 

■ mal chaussés (3). • 

V&niAMTES : 

CHAUSSETIER. Orlh. «ubsistante. 

CHA.UBSIER. 

Chaucier. Métiers de Paris, MSS. de Heiniére, p. 30. 

Chausseur, subst. masc. On a désigné, sous ce 
nom, le receveur des péages pour l'entrelien des 
chaussées. • Chaussée est une coutume assise, et 

• establie anciennement sur chars, sur charrettes, 

■ sur sommes chargées, auquel li chausseurs pren- 

■ nent leurs chaussées, prinses..., etdemandées. • 
On trouve cette citation dans Du Gange, au mot 
Calcagium (4). 

Chaut, adv. Ce mot paroit être employé pour 
cependant, en ce passage : 

Cbascun le voit qaerra por soi : 
Tant ODt coru que luit sont las. 
Qui chaut (5), por ce a'Ll truevent pas. 

Pirton. de Bloii, US. ds S. Gcnn. fol. lïG, R- col. 1. 



i- CH 

C'est-à-dire qui cependant ne le trouvent pas 
pour cela, quoiqu'ils soient las de courir. 

Chauve, adj. Blanc. Fouilloux s'est servi de ce 
mol en parlant d'une herbe qu'on nomme herbe 
à coton, en latin siligo, pour désigner la cou- 
leur de ses feuilles, qui sont blanches et coton- 
neuse. < Si ton oiseau a mal aux yeux, de coup, ou 

■ de taye, prens une herbe qui s'appelle siligo; 

■ elle croit près de terre, et est chauve et crespue 
» de fueille. • (Faucon, fol. 76. — Voyez ci-après 
CuAUTiR, pour devenir blanc.) 

Ghauveau, subst. masc. Sorte de mesure. Ce 
mot est dn patois de Beaune ; il signifie une petite 
mesure de vin. 

Ghauver, verbe. Chauvir. Dresser les oreilles, 
eu parlant des animaux qui ont les oreilles longues 
et pointues. Ce n'est que pnr comparaison que 
Rabelais applique ce mot aux hommes, lorsqu'il 
dit : « Ils baislent aux mousches comme veaulx de 

■ disme, chauvent des oreilles, comme asnes d'Ar- 
• cadie, au chant des musiciens. • (T. III, Prol. 
p. 11. - Voy. Id. T. V, p. 7, et la note (6). — 
Contes d'Eulrap. page 203. — Dict. de Cotgrave, 
Pasquier (7), etc.) 

Chauvessc, subst. fém. Ce mot, sous ses trois 
orthographes, désigne l'état d'une tétâ chauve. 
Chauvele est employé comme subsistant, dans le 
Dict. Univ. Celui de 1 Académie l'a omis ou rejeté. 
(Voyez lesDict.de Cotgrave, Rob. Estienne, Ménage, 
Ouain, Des Ace. Bigarr. p. 3; et Du Verdier, Bibl. 
p. 81 (S).) Le P. Lubbe traduit chaveté et chauveté 
par canities, el cbauvesse parcalvitia. (Ibid. p. 40r>). 

VARIANTES : 
CHAUVESSE. Gloss. du P. Labbe, p. 49S, 
Chavetê. Id. Ibid, 
Chauveté. Cotgrave, Roh. Est. Ménage, Dict. etc. 

Chauvir, verbe. Devenir chauve. — Devenir ■ 
blanc. 

La première signiOcatton, devenir chauve, est 
d'Oudin. (Dict.) 

La seconde est du P. Labbe (Gioss. p. 4921, où 
il traduit ce mot par canere. Nous ne disons 
cAauuir (9) que dans le sens de Ceiauveb ci-dessus. 

Chaux, sufis^ fém. Mot d'usage, que nouscitons 
pour rapporter cet ancien proverbe, qui lui-même 
se dit encore quelquefois : ^'e tenir à chaux, ne 



(1) H. Kerryn de Lettenhove (XV, 41) imprime ; • Et hoMlchant 
coup ou plusieurs. > (n. e.) 

(S) Je crois que c'est Le statut des chautaetier» de Poitiers en 1472 
cliauaielier, ayant grand crédit avec le peuple, a (Comm. VI, 1.) (n. s.) 

(3) On disait encore : i Ne vous moquez j^asdesinaJcAniutëi,) et on sous-entendait : ■ Vos souliers aerontperués. 



espée et levant contremont pour terir et donner ua 
Coupe Noie, clerc des eschevins, qui estoit 



(6) On y Lt r' ( Plaine mangeoire d'avoyne, laquelle qu^ud tes guarsoub d'estable cribloyent, il l«ur chauvo\)t les aureiUes, 
UT Bigi^iflant que il ne ie mangeroit que trop sans cribler. > (n. e.) 

(7) Ce passage est dans ses Œuvres Mesiées, p. 418 : c Tout ainsi ^ue l'on voit en un plaiiwat festin Le compaignon 



leur 

(7) Ce passage 

gaillard qui se gorge de .— , , 

rë) On y lit : 1 Oraison de Synese à la louange de la chauueti. • <,„. c, 

(9) ( Je chauvi» dj l'oreille et demeurant peosif. i (Régnier, satire VIU.) L'origine 

l'oreille comme la cbouette ou le cbat. (n. e.) 



. >:hoe (chouette), et le sens agiter 



CH -i 

à sablon (I). c'est-à-dire ne tenir à rien, n'être point 
appuyé sur un fondement solide. 

Hais sa conséquence, et sa preuve 

Ne tiennent & ehaulx, ne A sablon. 

CoqiOlvt, PUdajrtr lia l« ilnpla at da )■ raije. pip QO. 

Cbanzitia, subêt. Choix. On trouve ce mot dans 
l'Alph. de Riom, que cite le Gloss. sur les Coût, de 
Beauvoisis. 

Chavaigne, sufjst. fém. [Intercalez C/uivai0ne, 
corvée ou redevance pécuniaire, propre à la 
Champagne : ■ Li home d'autre qui doient la 

• chavaigne à Busanci en k;iresme, paieront 

■ chascun an pour la chevaigue .xviii. deniers sans 

■ ovrer. » (Cari, de Champagne, an. 1246, Du 
Cange, II, 139, col. 2.) Le tome IV des Ordonnances 
(p. 371, art. 9, an. 1357) assure le seiis : < Chascuu 

■ bourgois et bourgoiae paiera chacun an en 

• ouaresme... dix-wit deniers parisis à la fermeté 
> ae Busency, ou une sepmuiue d'ouvrage, lequel 

• que le sires vouldra prenre. ■] (n. e.) 
Cliavaler, verbe. [Intercalez Chavaler, tomber 

k la renverse : • l^aquelle femme printdeux pierres 

• et les getta contre icellui iiuppliant, tant qu'elle 

• l'en allaigny de l'une parmi la leste si giant cop, 

■ qu'elle fist chavaler. • (JJ. f58, page 383 bis, 
an. 1404.)] {n. e.) 

Cbavate, subst. fém. Savate. Le peuple pro- 
nonce encore chavate, en Normandie (2), 

Si com EicOB (Ecossais) ki porte sa chavate, 
De palestlaus sk cbape (capote) ramendèe. 

Klam ia Riliii, Poil. HSS ituI I3«I, T. Ul. p. tlGT. 

Ghavenyz, subst. masc. Chénevis. Une ancienne 
Ordonn. fixoit le prix de > l'huille de noix, de 
t pavot et de chavemjz, à vingl deniers. » (Ord, 
T. Il, p. 600.) Peut-être faut-il lirecAanc«y{3). (Falc.) 
On disoit aussi chenevé. (Voyez ce mol.) 

Chaver, verbe. [Intercalez Chaver, caver, 
creuser : ■ Adonc li lions commença à chaver et fist 
« convenable fossé. » {ViedesSaintsms.f. S' Victor, 
28, fol. 91, V, col. 2, sur S" Marie l'Egyptienne.) 
Ad tome VI de dom Bouquet, p. 155, on trouve une 
variante: • La goutle d'iaue, qui clnet continue- 

■ ment, chieve la pierre dure. ■ C'est ce qu'on lit 
encore dans Renarl (v. 16860) : ■ Je trovai un 

■ cliesne chevé Près de terre où je me repos. • 
Ckever se lit en 1407 , au Carlulaire de S' Jean de 
Laon (Du Gange, II, 247, col. 3): . Nulz ne poet, ne 
« ne doit aler chever, baver, faire pierres, ne autre 

■ quelque chose en une cerlaine quarriere. ■] [n. e.) 



a- CH 

Chavessatlle. [Intercalez Chaveêsaille, collet 
de l'habit : - Après ledit Roussel priât ledit Chaucial 

• par la chavessaîlle. • (JJ. 183, p. 181, an. 1383 ) 
Ou lit encore au reg. 108, p. 2. an. 1375 : . Lequel 
< varlet, dit Cotele,... pnnt ladite Heloys par ta 
■ chevesiaille de sa cote, pour la mener par force 

• hors dudit bostel. ■ Il en est de même au reg. 
JJ. 185, p. 33, an. 1450; • Lequel prieur empoigna 

• le suppliant à la chevessaille ou collet de sa 
« robe. • Le mot est au xnr siècle dans le Roman 
de la Rose (Du Gange, II, 327, col. 1) : 

Rictaesse out d'une propre robe,... 
A nouiax d'or bu cot fermée, 
D'une bende d'or nonelAe 
Fu richement la cheoechaille.] (n. K.) 

Cbavesse. [Intercalez Chavetxe, au sens de 
chavessaille : > Trois couleuvres lui montèrent au 

• long de son ventre, et vssirent parla chavesteie 

• sa cotte. ■ [Du Gange, II, 146. col. 2, d'après un 
ms. de S' Victor, an. i39G.) On lit encore au Roman 
du Renard (id. id.): 

Et del pélican se merreiilolt 
Que la chevetce \ ert en travers, 
Et si l'avoit vettu enfers , 
Estrois estoit par cheiie»ee.\ (fi. x.) 

Chavestrage, subst. masc. En Dauphiné, c'est 
le droit du valet de celui qui vend des chevaux, ce 
qu'on lui donne par dessus le marché. (Du Gange, 
au mot Chavestragium (4).] Proprement le prix du 
chevcitre ou licol. 

Chavestriaux, subst. masc. plur. On a dit 
estre à chaveslriaux (5), peut-être dans le sens où 
nous disons être à couteaux tirés, pour êh^e en 
querelle, en grande inimitié. Voici le passage où 
nous trouvons cette expression : 

Toi jors erent à ehaocitriau», 
Entre lui, et dsme Anieuse 
Qui n'estoit pas trop volenteuse 
De lui servir, à son voloir. 

Fibl. HSS. dB R. n* 7118, toi. 40. B* «L t. 

Cbavetonnler, subst. masc. Les chavetonnien 
de petits soulers de bazetuie formoient autr^ois 
un corps de métier. On les appeloit aussi bateti' 
niers. (Table des Métiers de Paris, hs. Heinière, 
page 36 (6).) 

Ctiavcz, subst. masc. Tête. — Chevet. — Terme 
d'architecture. — Pièce d'un moulin. 

Sur la première signification de tête, voyez Borel 
qui cite ces vers de la vie de S. J. Baptiste [7): 
Que Herodes fit marturer 
U chevet à glaive trencher. 



(t) On lit encore dans Fabre (Eludes sur la Basoche, p. 273) : < Si très fort a esté cassi [le fondement de Is justice] Qu'il 
ne tient ne à chninr ne k sable, i (n. f..) 

Jl) Voyez p. S8S (roênie volume) et la note i. (n. b.) 
i) Au Glossaire laliii français IlifKi, i-ambis pour cannabU (chanvre) eet traduit par cltaveii-ei. Quant & l'ordonnance de 
5, citée dans l'article, elle est aussi corrigée dans Du Gange SOUs cana, 4 (II, 74, col. 3). (K. K.) 

(4) Ed. Henschel, II, p. 3-20, col. 3. Voyez aussi capiitragium, II, 138, col. S. (N. K.) 

(5) Enchevêlrc a encore le sens d'enibroiiillé. (n. b.) 

(6) On lisait, en efTet, au ms. de la Chambre des Comptes, fol. 18, r« : < Nuls ne puet estre chmietonniert à Paris, c'est 
assavoir faiseurs de pelits soulliers de bazenne, se il ne paie seize sols pour le meslier au rof... Quiconqnas est 
chovelonnifr A Paris, il peut estre cordouennier, ae U a de quoy. * On y lit encore cavetonnier oi saoetonnier. (M. k.) 

(7} Cette citation est extraite d'une Vie de Sainte Marie, et Du Cange (II, liO, col. 3) imprime : t Qu'ttoode fist nu ' 
lÀ chevet k une gleve trencher. » (n, e.) 



CH 



- 438 - 



CH 



Nous disons encore chevet^ pour désigner celle 
parlie du lit où repose la télé. On le disoit de même 
autrefois : « Et veit le plus riche licl que oncques 
« veit ; si avoit au cheve une couronne d*or. » 
(Lanc. du Lac, fol. 102.) 

Alez donc, fait ele, or en droit (dès à présent) 

En ma chambre, sans demorer, 

Et faites semblant de plorer, 

Androit (auprès) le chavez (i> mon seignor. 

Fabl. MSS. de S. G. fol. itt. V* col. 3. 

Comme le chevet du lit se disoit de la partie 
antérieure du lit, et qu'on dit encore le chevet d'une 
église (% pour sa partie antérieure, on a dit de même, 
en parlant de la partie antérieure d'une fosse : 
< Elle sera tenue de mettre au bout du chevet de 
« la dite fosse, une croix. » (Arrest. Amor. p. 215.) 

Du chevet qui sert à reposer la tète, on a lire le 
sens figuré qu'on donne au mot chevet, lorsqu'en 
termes d'architeclure on l'emploie pour désigner 
une pièce de bois ou pierre scellée dans un mur, 
dont le bout est saillant : « N'est loisible à aucun, 
de mettre ou faire mettre les poullres, et trabes 
(solives) de sa maison, dedans le mur mitoyen 
a'entre luy et son voisin que jusques à l'épesseur 
de la moitié du dit mur, et au point du milieu, 
en y faisant, et mettant jimbes pardaignes (pour 
parpaigns) pilliers, chevets ^ et corbeaux de 
pierres dures, suffisantes pour porter les dittes 
poullres. » (Coût, de Sedan, Coût. Gén. T. Il, 
page 1028.) 

Par une application particulière de cette dernière 
acception , chevez signifie la pièce de bois sur 
laquelle porte la roue d'un moulin (3), dans une cita- 
tion latine deDu Cange,au mol ArcheuraMolendini^ 
où on m (4) : « Pro duobus bordellis, et pro chevez, 
« et pro archeura molendi de Alhies .iiii. 1. .xn. 
« d. minus. » Les charpentiers disent cheveteau. 
(Voyez ci -après Cheveciel.) 

On a aussi employé le mot chevet dans quelques 
expressions que nous allons marquer. 

!• Hausser le chevet^ signifioil hausser le courage, 
relever les espérances, ranimer la confiance. (Dict. 
de Colgrave.) C'est en ce sens qu'on lit : • Pour ne 
• hausser davantage le chevet aux huguenots (5), 
« etc. » (Mém. de Bassompierre, T. II, p. 377.) 

2o On s'est aussi servi de celte même façon de 
parler, pour enchérir. Montluc, à qui Ton avoit 
offert trente mille éi^us pour le corrompre, dit à ce 



sujet : « Le capitaine Sandat m'en vint encore 
« parler, haussant le chevet^ car il m'offrit quarante 
« mil écus. 9 (Voyez ses Mém. T. Il, page 14.) 
« Seroit-ce pas Venus mesme, qui eust ainsi fine- 
« ment haussé le chevet à sa marchandise, par le 
< maquerelage des loix, connoissant combien c'est 
« un sot déduit, qui ne le feroit valoir par fantaisie, 
« et par cherté? • (Ess. de Mont. T. III, p. 151.) 

3'' On disoit avoU\ ou mettre sa tête à chevet, ou 
sur le chevety pour tomber malade de sa dernière 
maladie. • Si un au bain s'accouche malade en une 
« justice, et il se face transporter, avant qu'il soit 
« guary d'icelle maladie, et voize (aille) mourir en 
« autre justice, le seigneur, souz qui il avoit mis 
« teste à chevet, aura ses biens, tant héritages 
« d'acquêts, comme meubles. » (Coul. de Haynaut, 
Coût. Gén. T. I, p. 807.) - Celuy possédant fiet liège, 
« ayant mis teste à chevet par maladie, ne pourra 
« vendre, etc., au préjudice du Seigneur, en cas 
« que de la dite maladie la mort s'ensuive. » (Ibid. 
Nouv. Coul. Gén. T. 11, page 126.) On lit, au même 
sens, ait la tête sur le chevet, dans la Coul. de 
Verdun, Nouv. Coul. Gén. T. H, p. 428. 

A" On a dit, en parlant de quelqu'un, que son- 
irrésolution empêche de prendre un parti, qu'il est 
« tournoyant, ainsy qu'un chien qui ne scait où 
« trouver le chevet à se reposer la lesle. « (Mém. 
du Bellay, livre IX, fol. 280.) 

VARIANTES (6) : 

CHAVEZ. Fabl. MSS. de S. G. fol. 422, V col. 3. 
Chaviet, Chayibx. Dict. de Borel et de Corneille. 
Chevais. Du Cange, au mot Cavitium. 
Chevez. Du Cange, au mot Arcneura Molendini, 
Chevê. Lanc. du Lac, fol. 102, R« col. 2. 
Chevès. Modus et Racio, MS. fol. 138, V«. 
Chevet. Orth. subsistante. 

Chavignon. [Intercalez Chavignon, mot fran- 
çais au milieu d'une charte latine de i-210 (JJ. 66, 
p. 122): « In nemoribus nostris poterit quilibet 
« homo de tallia villse de Marchais accipere hades 
« et chavignon, et quidquid necesse fueril pro 
« carruca sua. » (Voyez plus haut Chasgnon.] (n. e.) 

Chavretage, suhst, masc. Impôt sur les chè- 
vres. (Du Gange, au mol Caprinum CI).) 

Chazuble, subst. masc. Chasuble. On lit dans 
le Fevre de S* Remy (Hist. de Charles VI, p. 165} : 
« Evesques veslus de cassulles pontificaux », et Du 
Cange explique par chasuble, casula, le mot casure, 



(1) On lit dans Alebranl (fol. 7) : < Et soit II caves du lit haut et biens couvers de dras. > (n. e.) 

(2) Le Rosier de S* Denys (Du Cange, II, 146, col. 3) nous donne ce sens : c Monte ou chevais à destre main, Ou gist le 
corps de S. Romain ; En celui premier oratoire L'os de Tespaule du baptiste Saint Jean, dont ne dois estre triste, Y est mis 
*eD belle mémoire. » On lit encore au Livre des Métiers (132) : < Et se il ne pueent concorder, li vallés puet aler en la place 
au chevet Saint -Gervais, devant la meson la converce. » (n. e.) 

1) Ou plutôt sur laquelle tourne le tourillon de Tarbre. (n. eO 



r4) D'après l'Usage des fiefs, de Brussel, (t. II. p. 153, an. 120^). (n. e.) 
rS) On lit encore dans d'Àubigné (Hist. 1, 142) : c Le triui 



demandes. » (n. e.) 



triumvirat estant de retour au camp, haussa le chevet à leurs 



CH 



— 4*4 - 



CH 



dans les vers suivans du Roman de Charité mss. qu'il 
dte au mot Alba{\): 

S'il puet, ta casure (2) perdras, 
Et après seras désaubes. 

On reconnoit aisément notre mot chasuble dans 
les autres orthographes citées. 

VARIANTES I 
CHâZUBLE. Bourff. Orig. voc. vulg. fol. 40^ V«. 
GHA88UBLE. Id. ibid. 

CUASULE. 

Chasible. Joinv. p. 125 (3). 

GHAiisiBLE. Joinv. Ibid. 

Gassulle. s. Rémi, Hist. de Charles VI, p. 165. 

Casure. Du Gange, au mot Alba. 

Cheable» adj. Qui tombe. (Borel et Corneille, 
Dict.) Le P. Labbe, dans son Glossaire, p. 492, le 
traduit par le mot latin Caducus (4). 

Cheaiit, partie. Tombant. Ce mot, formé de 
chaïVf cheoir, a été employé dans les significations 
suivantes : 

l** Bien cheatis, pour heureux, chanceux, en style 
populaire. 

Li bourjois estoit marcheans. 
Et de foires moult bieti cheans. 

Fabl. MSS. du R. n« 7615, T. Il.fol. 133, V col. 8. 

De là, mieux cheant, pour plus heureux : une 
autre fois seray je mieulx cheant. (Percef. Vol. I, 
fol- 150.) 

2° Cheanty levant^ pour nuit et jour, matin et 
soir, soit en se couchant, soit en se levant : 

Cheant levant remandrai vis, 
Ne suis pas dignes de morir, 
Ainz doi toz jorz morant languir. 

Parlim. de Blois. MS. de S. G. fol. 143, V col. 2. 

VARIANTES ! 
CHEANT. Parton. de Bl. MS. de S. G. fol. 143, V*», col 2. 
Cheans. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 123, V» col. 2. 

Cheante. subst. fém. Chute. Corneille, dans son 
Dictionnaire, a copié celui de Borel, qui cite ces 
vers du Roman de la Rose : 

Menace tous jours trébuscbante, 
Preste de recevoir cheante. 

Cheau. [Intercalez Cheau: V Petit du loup, du 
renard, du chien ; la forme la plus rapprochée de 
catellus (Cap. de Villis, ch. 58) est chaiel (B. N., 
Glossaire 7684). 2° Injure adressée à l'enfant d'une 
courtisane : « La femme de Brenouf appella la mère 
« du suppliant lisse et ses enfants cheaulx. » (JJ. 



204, p. 100, an. 1474.) 3- Rejeton: « Caprioli, cheans 
« d'arbres, ainsi comme de coudre ou d'autre 
« arbre. » (B. N., Gloss. 521.)] (n. e.) 

Ghechal. [Intercalez Chechal^ ordonnateur 
d'une fête: < En faisant laquelle feste [de Thery^ 
« en Forée] a tousjours accoustumé avoir quatre 
« maistres d'icelle Teste, qui se appellent chechaulXy 
« desquetx quatre seschautx. » (JJ. 201, p. 29, 
an . 1417.) On y lit encore chessaulx et séchaux!] (n. e.) 

Chechillon, subst. masc. Terme de coutume. On 
trouve prezchampauxou chêchillonSt danslaCouL 
de Saintonge, Coût. Gén. T. II, p. 652. Leschechil- 
Ions signinent donc la môme chose que pre% chant- 
pauXy ou « haut prez à la différence des prez qui 
« sont en fond de rivière, ou bas prez. » (Laur. 
Gloss. du Dr. fr. — Voyez Oudin et Cotgrave, Dict.) 

VARIANTES : 

CHBCHILLON. Coût, de Saintonge, Goût. Gén. T. II, p. 652. 
Secheron. Ibid. p. 283. 
Seiciieron. Ibid. p. 290. 

Gheder, verbe. Céder. (Voy. Carpentier, Hist. de 
Cambrai, T. Il, p. 28, tit. de 1237 et 1255.) 

Chef, subst. masc. Tête. — Pièce. — Total. — 
Cap. — Dépositaire. — Commandant. — Capital. 
— Mari. — Commencement. — Extrémité. 

Nous disons chef pour télé ; mais ce n'est pies 
guère qu'en poésie. Cemotétoit autrefois de l'usage 
le plus commun. « Une playe qu'il ot el chief{S). • 
(Villehard. p, 26.) « Quand on a maladie ou c/i^/; 
« tous les membres s'en sentent. * (Froissart, 
Liv. III, p. 225 (6).) On a même dit chef d^aux^ pour 
tête d'aulx (pluriel d*ail). (Journ. de Paris sous 
Charles VI et Vil, p. 51.) 

On dit encore chef de bestail (7), chef de volailles, 
au figuré, pour pièce de bétail ou de volailles, une 
volaille, une béte à corne. « Quand oyes seront 
« prinses aux prés, permis en tuer un chef, * c'esl- 
à aire permis de tuer une des oies. (La Thaumass. 
Coût, de Berry, p. 380. — Du Cange, au moiCaput.) 
« Mille chefs ae bestail. « (Hist. de Louis III, duc de 
Bourbon, p. 378.) C*esten ce sens qu'il faut prendre 
ce mot dans cette phrase : « Robe, chaperon, collet 
« et tous autres chefs d'accoutrement. * (Contes de 
Des Perr. T. I, p. 129.) 

On a dit aussi chef^ dans une signification abso- 



SI 



ri) Edition Henschel, 1, 164, col. 2. (n. e.) 

(2) C'est la forme de la Chronique de Rains (xiii« siècle), p. 104 : c Et par deseure tous les vestementz li viesU on la 
coMure, qui doit iestre de pourpre vennelle, qui seneûe carité. b (n. e.) 

(3) La forme < le chasible j> est au § 732. mais M. de Wailly corrige chasuble; au § 731 on a c?te8uble. L'origine est le latin 
casula; d'après Habanus Maurus, archevêque de Mayence, mort en 856 (de Ordine Antiphonarii, cap. 21) : t Casula dicitor 
Yulgo planeta presbyteri, quià instar parvoe casœ totum tegit, et signât caritatem. » La chasuble n'était pas alors fendue 
sur les côtés ; elle formait des pUs laides et majestueux lorsque les bras la relevaient. (Voyez Quicherat, Costume, p. 123.) 
Quant au b épenthétique de chasuble, il s'explique par une forme casubula, qu'on trouve dans la vie S* Severin, abbé 
d'Âgaune. p. 6, et de S» Poppon, p. 58- (N. B.) 

(4) On lit dans Du Cange (VI, 599, col. 2) d'après un glossaire du fonds S* Germain : c Toda^ un oiseau, verdière. Jodere, 
trambler. Todinus, tramblables, cheables. » La toda passait pour n'avoir point d'os aux jambes. (N. E.) 

(5) Ce sens est déjà dans la Cantilène de S** EulaUe : « A.a ime sçede h roveret toUr lo chief. » (n. b.) 

(6) C'est un proverbe : « Vous avés trop de foys ouy dire et retraire ung vocable : ce Quant l'on a maladie ou chief ^ tons 
les membres s en sentent et convient que la maladie se purge par où que soit. » (Kervyn, XII, 255.) (N. E.) 

(7) Voyez la Coutume de Bayonne (titre 2. art. 2), la Coutume de Dax (titre 11, art. 25) ; on lit dans la Coutume de 
S* Sever (titre 10. art. 6) : « Chefs de vacho, de brebis, de pors. » On trouve encore : c .xvi. chefs d'AumaiUe (JJ, 125, p. 12i, 
an. 1382) > ; « trois chefs de pouiaiUe (JJ. 120, p. 248). » (n. e.) 



ÇH 



-4?5 - 



GQ 



lument opposée, pour totalité. « Voulons que leurs 
« possessions, maisons, biens, terres, vignes, bois, 
« ea chief ou en nombres, etc. » (Ordonn. T. III, 
p. 364.) 

,Les caps forment des espèces de têtes qui s'avan- 
eent dans la mer, et on les a nommés chefs (i). 
(Bprel, Dict ) 

Chef a signifié maître, non qui a droit de com- 
mander, mais simple dépositaire, dans cette phrase: 
« Je suis un chefàe cest argent et à moy en appar- 
« tient la garde pour vous. » (Froissart, Liv. III, 
p. 30 (2).) 

Chef^ pour commandant, se dit encore en parlant 
d'une troupe, d'une faction. Il se disoit anssi autre- 
fo^en parlant d'une place : « Si demeura capitaine 
« d'Ardre M'* Guill. Desbordes ; tiercement en fut 
« chef le sire de Saimpy (3). » (Froissart, Liv. Il, 
p. 3i4.) Parlant d'un pays : « Païs sans chef n'&si 
a que nef (navire) de voirre pleine de jeunes gens 
« en mer, sans voile, et saqs gouvernail. » (Percef. 
Vol. IV, foH58.) 

On a dïichef pour capitale. « Alexandrie qui étoit le 
« chief de tout le royaume d'Egypte (4), etc. » (Joinv. 
p. 35.) • Arras chef d'Artois. » (Gomines, p. 376.) 

Chef est employé pour mari par le même auteur. 
(Ibid. fol. 152.) « Soyés bon chef à ma fille, car je 
« vous la donne. » 

Selon le sens propre de chef, tête, ce mot doit 
signifier, au figuré, commencement. Il a été employé 
souvent en ce sens. « Le jour de feste S' Remy chief 
« d'octobre », pour au commencement d'octobre. 
(Nouv. Coût. Gén. T. III, p. 276.) 

Cependant, ce même mot est souvent employé 
dans le sens contraire, pour extrémité. « Dous chiés 
• de dous corrois. » (S. Bern. Serm. fr. biss. p. 220.) 
Dans le latin quarum capita corrigianim. 

Au chief de la foire signifie à la fin de la foire, 
dans les Ord. T. I, p. 586. « Au cfti^/" d'autres deux 
« mois, encore lui escripvit », pour dire au bout de 
deux autres mois. 

^ Au puis une corde pendoit 

Au deux chiés deux seaux pend avoit. 

Pabl. MSS. de S. Germ. fol. 11. R* col. 8. 

C*est-ù-dire avoit deux seaux pendus à ses deux 
extrémités. Il faut remarquer qu'on disoit chet, pour 
la fin, le bout, la conclusion. Voyez ce mot, dont 
peut-être la signification aura pu passer à celui de 
chefy à cause de leur ressemblance. 



De là, on a dit eschef pour issue; on l'a dit aussi 
ironiquement pour chef-d^œuvre. (Bassom. Ambaaa. 
T. I, p. 89.) 

Rapportons maintenant les expressions parti« 
lières, qui sont en grand nombre: 

l' Par mon chef. C'étoit une espèce de jurement 
que Froissart met souvent à la boucnedeD. Denis (5)| 
roi de Portugal, c'est-à-dire « par ma tête. » (Voyez 
Froissart, Liv. III, p. 52.) (6) On s'en servoit pour 
affirmer, comme dans ce vers : 

ou, par le mien chief, 

Fabl. M3S. du R. n* 7615. T. Il, fol. 243, R*co1. 2. 

2o Au premier chef, pour à la tête. « Soyez au prç? 
« mier chef des nôtres », c'est-à-dire à la tête des 
nôtres. (Froissart, Liv. IV, p. 86.) Nous disons encore 
au premier chefj mais en d'autres sens qu'il est 
inutile de rapporter. 

3* Celte expres8ion usitée, parler de son chef, est 
ancienne. Le premier continuateur de Nangis aisoit 
en latin : quœ dico, non dico de capite meo. 
(Fol. 414.) 

4» En pur chef, en chef, pour tête nue. Le comte? 
de Flandres exigeoit que les Gantois révoltés vins* 
sent le trouver « en chef^ et en chemises, la bars 
« au col. » (Froissart, Liv. II, p. 175.) (7) Le duc de 
Lancastre, allant de Londres a Westminster, pour, 
son couronnement, en 1398, « estoit en pur chef (S), 
« et avoit à son col la devise du roy de France. » 
(Froissart, Liv. IV, p. 338.) 

5* Chef de lignage, ou simplement chef, père, 
auteur, chef d'une famille, sa tige. « Engendra en 
« la belle Priande ung beau filz qui fut chef du sage 
« Merlin. » (Percef. Vol. III, fol. 138.) « Quand le 
« sage Merlin encommença à régner, qui sera chef 
« du lignaige au preux comte Estonne. » (Id. Vol. VI, 
fol. 61.) 

6' On a dit femmes qui sont chief, par opposition 
à veuves. (Ord. T. III, p. 24.) L'éditeur explique 
cette expression par les filles qui viennent en 
quelque sorte mères de famille lorsqu'elles n'ont 
plus ni père ni mère. 

T Chiefe plegge est mis pour caution principale 
dans ce passage : « En veuves de frank plegge, 
« soient les chiefe plegges amercies, etc. » (Britt. 
Loix d'Anglet. fol. 73.) 

8** Chiefe ville, pour ville principale, capitale. 
(Ibid. fol 20.) 



(i> n a déjà le sens de bout dans JoinviUe (§ 391) : « Quant U se retournoit et U veoit que 11 Turc estoient entrci par Tautre 
chief f il lour recouroit sus. » Par là on est passé au sens de cap, qui est dans Montaigne (U, 135) : t Xantippus feit enterrer 
son chien sur un chef en la coste de la mer qui en a depuis retenu le nom. » (n. e.) 

(2) M. Kervyn imprime (XI, 91), dans la mort de Gaston de Foix : c Je suis chief de cest argent, et à moy pour vous en 
appartient la garde. » (n. e.) 

(3) M. Kervyn (VIII, 415) imprime : «c Si demoura ca()itaine d'Ardre messires Guillaumes des Bordes ; puis en fu ung temps 
gardien 11 vicontes de Meaulx ; et tiercement en fu chief ii sires de Sempi. » (N. E.) 

(4) M. de WaUly (§ 183) imprime : « Babilonie, pour ce que c*estoit ii chiés de tout le royaume d*£gypte. » On lit aussi 
dans Froissart : «c Pour venit droit à Londres^ qui est Ii chiés d*Engleterre (H, 85). » (n. e.) 

ŒX Jean I", « maistre de Vis, » ou plutôt de l'ordre d'Avis, qui régna de 1383 à 1433. (n. e.) 

(6) Comparez édition Kervyn (XI, 457> : « Par mon chief, dlst le roy, vous dittes vérité, j» (n. e.) 

(7) On ht encore, lors de la reddition de Calais (Kervyn, V, 201) : < Que il se partent de la ville de Calais .vi. des plus 
notables bourgois, en purs les chics, et tous deschaus, les bars ou col, les clés de la ville et dou chastiel on leurs 
mains. » (n. e.) 

(8),M. Kervyn (XVI, 205) imprime : en pur le chief. On disoit aussi en pure la chemise Çf, 202). Pur a donc le sens de 
simple et de nu, comme le laUn rmdus (nudis verbis) et l'allemand bloss (mit blossen Worten). (n. s.) 



CH 



- 486 - 



CH 



9' Chef-bourg 9 chef-mes, chef-mois ^ chef (Thé-, 
ritage (1 ). 

Les coutumes désignent, sous ces termes, le lieu 
où le principal manoir du seigneur est assis. Le 
lieu principal du flef, ou seigneurie du seigneur 
feudal, ou justicier. Par la coutume de Saintonge, 
un seigneur ayant basse juridiction, ou « chef de 
« bourg (2) peut contraindre ses hommes roturiers, 
« demeuians en maisons roturières, ou chef de 
« bourg, à cuire leurs pastes à son four à ban. » 
(Coût. Gén. T. II, p. 651.) On trouve chef-mets^ chef- 
mes, dans le Coût. Gén. T. I, p. 699. Cotgrave 
explique chef-mois dans le sens de cl^efde bourg. 
C'est, suivant le Dict. Univ., le principal manoir 
d'une succession. (Voyez Laur. Gloss. du Dr. fr. et 
Du Gange, aux mots Caput burgi, Caput castri, 
Caput mansi et Caput villœ (3). — Voyez aussi 
ci-dessus Cap; Castel et Chevel ci-après.) 

10° Chef-lieu se dit encore du lieu dominant 
d'une seigneurie. Dans plusieurs coutumes du 
Pays-Bas, il signifie banlieue, quelquefois la ville 

Brincipale, la capitale du pays. (Laur. Gloss. du 
r. fr.) Le chapitre xxxiii de la Coutume de Valen- 
ciennes est intitulé: du chef-lieu de la dite ville ;çX 
on lit plus bas: « En nostre dite ville de Valencien- 
« nés, banlieue, eschevinage, et chef-lieu d'icelle, • 
(Coût. Gén. T. 11, p. 255.) # Salaires des chefs-lieiix 
« se devront recevoir par l'un des serjens de 
« nostre dite cour. » (Coût, de Haynaut, Coût. Gén. 
T. I, p. 785.) Chef-lieu est employé comme syno- 
nyme à estoc, dans la Coût, de Luxembourg. (Nouv. 
Coût. Gén. T. II, p. 342. —Voyez ci-après Estoc (4).) 

11. Tenir en chiefe signifioit, en terme de cou- 
tumes, posséder comme vassal direct, ou immédiat, 
par opposition à tenir en méen, c'est-à-dire en 
arrière-fief comme arrière-vassal. (Britt. de Droit 
le Roy, fol. 28.^ 

12* Chef de sens semble désigner la justice, ou 
juridiction principale, à laquelle les juridictions 
subalternes éloient obligées de recourir pour avoir 
son avis, son opinion ou son sentiment sur les 
questions difficiles à résoudre. « Nostre ditte ville 
« de Valencienne aura auctorité, et prééminence 
« du chef de sens; à scavoir de donner avis par 
« forme de chef de sens; en plusieurs bonnes villes 
« et villages. • (Coût, de Valenciennes, Coût. Gén. 
T. 11, p. 969.) « Les dits bailly, et son office, comme 



« aussi les dits eschevins, ne seront soumis d'aller 
< à chef de sens; mais pour leur appaisement, et 
« décharge, pourrontdemanderadvisae gens, etc. » 
(Coût, de Lessines, Nouv. Coût. Gén. T. 11, p. 219.) 

13* Chefd^ostel.onchiefd'ostiely a signifié chef 
de famille. (Du Gange, au mot Caput mansi.) 
« Chascun juyfs, chief d^osteU et marié qui entrera 
« pour demourer en notre dit royaume, nous 
« payera, etc. » (Ord. T. III, p. 468 (5).) 

14'* On disoit chascun chief de feu d'osteU pour 
chaque maison. ' Ils nous donront pour chascun 
« chief de feu d^ostel, chascun an, 3 sols parisis. > 
(Ord. T. V, p. 94.) 

15' Chef seigneur. C'étoit un terme de coutume 
qui signifie seigneur feudal, suzerain, ou censier, 
ou foncier. (Laur. Gloss. du Dr. fr.) (6) On trouve chef 
seigneur, c'est-à-dire seigneur foncier, dans le 
Grand Coût, de Fr. Liv. 11, p. 174. L'éditeur fait 
cette observation au sujet de ce mot : « Quand à ce 
« qu'il traicte icy du seigneur censier, qu'il appelle 
« chef seigneur, convient répéter, que le seigneur 
« censier est le direct, et le principal seigneur de 
* l'héritage par lui baillé à cens, à la charge des 
« lots ventes, desaisine, et saisine ; parce que tel 
« cens appelle chef cens est retenu par le seigneur, 
« en signe de recognoissance, et, comme dient les 
« vieux praticiens, remembrance de seigneurie. » 
(Ibid. p. 249.) 

16' Fief en chef, ou fief chevel, est le principal 
flef, le fief dominant. (Du Gange, au mot Feudum 
capitale (71) 

17*» Chef cens. C'est le premier sens dû sur un 
héritage, par opposition à surcens; le cens gros, ou 
premier, suivant Laurière. (Gloss. dû Dr. fr.) Monet 
l'explique par premier, droit cens, gros ou menu. 
fDict. — Voy. Beaum. Notes, p. 405 ; Gr. Coût, de 
Fr. p. 528; et Du Gange, au moi Census capitalis.) 

18o Chef héritier désigne le principal héritier, le 
possesseur de Vestoc, ou cheMieu, dans la Coût de 
Luxembourg, au Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 342. 

19® Chief de guerre est mis pour général, dans 
Coquillart, p. 26. 

20<> Chef d'enseigne est mis pour capitaine (8). On 
compte, au nombre des officiers espagnols tués à la 
bataille de Ravennes, « plus de trente capitaines, 
« ou chefs d'enseignes, et bien huict cens nommes 
« d'armes. » (Hist. du Chevalier Bayard, p. 323 ) 



(1) On disait encore chevel manage. (Ane. Coutume de Normandie, part. 1^*.) (n. e.) 

(2) On lit aussi dans la Coutume de Poitou (art. 4): «Où ledit seigneur ait ville, bourg ou chef de bourg. » (n. e.) 
ç3) Edition Henschel, t. II, 163, col. 3. (N. s.) 

(4) C'est un droit de relief, (n. e.) 

(5) Voyez encore une charte de 1 an 1300, au registre 54, de Philippe-le-Bel. (n. e.) 

(6i C'est le seigneur du fief chevel^ le détenteur du fief principal ou dominant ; au Midi il portait le nom de captai : captai 
de Buch. (n. e.) 

(7) On lit dans la VieiUe coutume de Normandie (partie I, sect. 3, chap. 23) : « Les fiemens chevels, sont icels, lesquiex 
sont tenus en chef, si comme comtées, baronnies, et fleus de hauberc, sergenteries franches, et tous autres ûemens, qui 
sont tenus en chief , qui ne sont pas sousmis au Ûeus de hauberc : et as seigneurs de tels fiemens doivent paier leurs 
hommes trois aides cnevels selon la coustume de Normandie. Les fiemens par dessous sont appeliez tous iceux fiemens, 
qui descendent des chevels fiemens, et sont soumis à iceux seingneurs, si comme sont vavassouries, qui sont tenues par 
nommages et par services, si comme ou par service de chevel masle et autres fiemens, qui sont tenus par les acres de 
terre de leurs chiefs seingnors. » (n. e.) 

(8) Sous Louis XI, rorganisation de l'infanterie picarde fut fondée sur Venseiçne, équivalent du bataillon actuel ; deux ou 
plusieurs enseignes réunies formaient une bande. Cette organisation fut apphquée aux mercenaires étrangers et môme à 
toutes les troupes sous François 1*^. (n. b.) 



CH -1 

2l»Chie/"(te cftamitre signifie sergent. • Onfairoit 

■ sciivoir à tous les capitaines, etchiefs de chant' 
« bres, (|ue secretlemenl, ils s'a près lussent eulx, et 
« leurs gens. » (J. le Fevre de S' Remy, Hist. de 
Charles VI, p. 17.) 

•m,' Chef d'église (l). On trouve cette expression 
dans les Ord. T. m, p. 24. L'éditeur l'explique par 
archevêques, évéques, abbës, ceux qui sont a la télé 
des et) a pitres. 

23" Chef président se disoit pour président eo 
chef. • Si donnons en mandement à nos très chers 
- et Teaux les chef présidents, et gens de nos privé 

■ et grand consaux, chancelier, etc. • Ce fut en 
ces termes que les archiducs adressèrent leur édit 
perpétuel de l'an 1611 [2}.(N. Coût. Gén. T. I, p. 463.) 

24" Chef eschevin. Peut-être esl-ce un titre du 
grand bailli, chef des éuhevins. > Permettons, par 
« ces présentes, au grand bailly, chef eschevins du 
< pays de Waes, etc. ■ ICout. de Wacs, au Nouv. 
Coût Gën.T. 1, p. 1109.) 

25" Chief d^office. On Ut : ■ Trésoriers de guerre, 

• ou autres chiefs d'office » (dans les Ord. T. V, 
p. 647). L'éditeur croit que chiels d'office peut signi- 
fier : > Ceux qui sont charges du payement des 

■ gages des officiers d'un certain genre, tel qu'étoit 

■ le trésorier des guerres dans le déparlement de 
« la guerre. » (Voy. Ibid. p. 538 ) 

26" Cheff foreyn. Voyez Garta Magna, fol. 82. 
27° Chef manant, ou mannen, semble un officier 
de justice municipale, peut-être échevin. • Qui- 

• conque dit quelque injure, ou fait quelque blâme 

• à aucun officier, ou aux sergensdu seigneur, aux 

• chefs manant, ammans (greffiers ou secrétaires) 

■ asseeurs, impositeurs connestable. il encoure 

• l'amende de n livres. » [Coût, de Bergh. S. Winox, 
Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 507.) Ce même mot semble 
pris, dans le passage suivant, pour principal habi- 
tant : ■ En présence de deux chefs inannen ou 

■ notables personnes de la paroisse. > (Ibjd. p. 615.] 
28° Hommes de cors et de chief s& disoit de ceux 

qui dévoient le cens ou capilation, et qui les 
payoient par léle (3). (Du Cunge. au mot Capitales 
homines ) Il cile les établissemens de S. Louis, 
liv. Il, ch. 31. 

29* Chief de bois. C'étoit un terme de marine. Ce 
qu'on nomme aujourd'hui bossoir. (Dict. de la 
marine)' Feit lever l'ancre, et, ce faict, tirèrent à 

• chief de bois, à voisle tendue. • (J. d'Auion, Ann. 
de Louis XII, p. 347.) 

30° Larrecin en chief. On lit dans une ordon- 



7- CH 

nance touchant les gages de bataille : • Cil qui sera 
> vaincus ne perdra jà ne vie ne membre, pour ce 
< qu'ils ne s'entr'appellent pas de traison ne de 
• lairecin en chief (A). • {Ord. T. I, p. 183.) 

31° Chief de la playderie. C'étoit le sujet prin- 
cipal, la matière du procès; le fait, en termes de 
pratique. 



32° Chief respons semble désigner le sujet sur 
lequel l'accuse doit répondre, dans le passage sui- 
vant : ■ Coustume est que qui defTault en ce qu'il 
- eslatourné decfiie/'respoHS, ou de le faire, ou de 
. le prendre, doit élre vamcu de la querelle. » 
(Ane. Coul. de Bret. fol. 102.) 

33* Du chief se disoit adverbialement pour 
d'abord. 

Da chief, de son braier (5) uoe clet dérermèreot, 
Et cote, et estamine, et ud Troc en ostërent. 

Itom. daRuu, us. p. 11. 

34° De Chef en chief (6) signifioit d'un bout à 
l'aulre, de bout en bout. 

Estans es chemins de rechief, 

Le [ait lire de chef en chief. 

Fkbl.ilSS. duR. n-TflS, fDl.ei. Vcol. 1. 
Des piecà i'éveaque 
A plusieurs villes, t . ,. ... _ _ 
El visitant s'en va, de ehié e\ 
Ed sa ciLË touz jours ne remaint mie. 

Geofr»; do Parii, i la tufw du Hum. di Fauval. kl. ÏS. 

35° A chief enclin se disoit pour humblement, la 
tête baissée. ■ A Robin trove qui li prie, à chief 
« enclin. Bêle alons en ce vert pré. ■ (Chans. fr. 
du xni' siècle, uss. de Bouhier, fol. 254.) 

36° Au chief de pièce, pour au bout de quelque 
temps. Enfin, avec le temps, à la longue. • Se 

• trouva à chef de pièce, avec le temps, à la longue 

• (choisissez), le plus fascheux, intolérable et diffi- 

■ cile. ■ (Contes d'Eutrap. p. 186.) * Le roy Ferdi- 

• nand envoyantdespenpladesaux Indes, ne voulut 

• qu'on y menas! aucun jurisconsulte qui eussent, 

■ a chef de pièce, produit mille contrastes et 
. débats. - (Lelt. de Pasq. T. III, p. 74.) On a dit 
pièce, pour un temps ; de là cette façon de parler(7). 
(Voyez ci-après A chef de temps.) Cette même 
expression signifie aussi d'abord, au commence- 
ment. ■ Après ce que chacun d'eux auront fait 

■ leurs sermens, ainsi que dit est, au chef de 

• pièce >, c'est-à-dire comme nous l'avons exposé 
d'abord. (Edit de Philippe-le-BelsurlesDue1s, cite par 



!t partout aei^neL 



,_, it publié en Franctie-Comlè, lors de la lutte entre l'enipereur Rodolphe II et son père l'archiduc Hathiat (N. B.) 

t3) On lit encore au cartulaire de S' ELienoe d'Auxerre (an. ISSl, Du Caoge, VI, 231, col. 3) : « I^equel flumbert en 
eschange de ce, haille audit chapitre tous les hommes et les temmes, que luf et sa femme havoieot ou pouvoieat avoir, ou 
dévoient bavoir A Ezligny, A Qierltiy, à Purrein et à Espoign;, sera et serves de chef» et de corps... avec ta progeuiâe et 1« 
sigaoce de tous les nommes et de toutes les femmes. > (n. e.) 
(4j En chief signifie au premier chef. (n. e.) 

(5) Ceinture bu dessus des braies ; on lit dans la Chronique des ducs de Normandie (v. 13479) : c Une clef d'argent uot 
trovée A son braiol estreit noée. i (N. e.) 

(6) On Ut dans Itoncisvale (xii* siècle, p. 58) : * D'un chiffen aulie lui a Traite [la targe] et croiaie. i <K. X.) 

il) Cette expression esl déjà an Roman de la Rose (v. 2301). On Ut aussi dans la 1" NouveUe de Louis XI: ■: A chef de 
pièce, ce d6aire jour fut assigné, t ~ Au chief seul signifie au commencement : < Ce fu par un lundi, au chief de la » 
(Berte, 50). > Ou à la fin: cju cAie^ des deux jours. » (Froissart, II, 01.) (n. k.) 



CH -■* 

Du Can^, au mol DuetluiH.) - Il sembloit au chef 
• pièce que )a lance rendil flamme loul ardenl ., 
c'est-à-dire au premier coup d'œil. (Chron. S. Denis, 
T. l, fol. 128.) 

37* A chef de temps s'est dit pour à la fln du 
temps, enfin. (Gloss. de Marol. — Voyez Clém. 
Marol, p. 548.) 

38« Âu chef du tor, ou dou tor, s'est mis pour 
k la flo. 

Il ftvenroit, au ehief au tor, 
Que de devant iruit derriers. 

OiU* <le Aita. fol. S4. R' sol. i. 

la ne dis pas qn'amors ne face bien 
Au chief dou tor, foloier li plus sue (1). 

„ u ^.u..,_,„ "-!,.ift9.„,t300,T.U,p.T" 



39° A chief de fois a signifié de temps en temps, 
parfois. 

... Se d chief de foii ioupire, 
Ne m'en devrait gaireB peser. 

Pirlon. ia BloU. US. du S. G. Ibl. 141, If cul. t. 

A chief de fois signifioit enHn, à la (in, dans cet 
autre passage : 

... On ne doit pas, ce me semble, 

Avoir, put nule poureté. 

Son petit parenl en viiité. 

S'il n'est, ou trabilres, ou lerres. 

Que s'il eBt loi», aa trsiueterea 

Il9'enrelretaiicA.e/de^i.. 

FM. MSS. du R. a- 1118. rsl. U, R- cal. S. 

40*. De chief encore, pour de recher. • Si vous 

• pri, chiers amis; ancois qui soit noient veu», 
( ne escandel isiés, que vous le voeiitiés lire de 

• chief encoT (2), et paifettement examiner. • 
(Froissarl, Poës. mss. p. 'iîl.) 

41° Venir, Praire à chief, traire à bon chef, 
signinoit venir à bout, terminer. (Dicl. d'Oudin. — 
Du Gange, au mot Ad caput venire, venir à cliier. 
— 6. fiern. Serm. fr. hss. p. 43.) Dans le latin ope- 
rare, • Il est forcé de faire justice en petites choses, 

• qui veutwenir à c/ie/de faire justice es grandes. » 
(Essais de Montaigne, T. III, p. 520.) ■ Nous trou- 
■ verons un si bon moyen entre ces choses, que les 
« besongnes se trairont à bon chef. (Froissart, 
Liv. III, p. 307.) (3) 

Bon est d'enpranre à faire. 
Dont l'en puiit à chief traire. 

tforconl K Silem. 119,. ie S. G. fol, 111, col. 1. 

42* Mettre à chef, pour flair, achever, terminer, 
mettre à exécution (4i. (Oudin, Cur. fr.) .Cel œuvre 
« estant mis à chef aportern aux lecteurs du 

• plaisir. > (Apol. pour Hérodote, p. 28. — Mont. 
Essais, T. Il, p. 649.) (5) 

Ht mettre à chef cet avis. 
p. iU. 



8- CH 

43* Tourner à un chief, pour prendre un parti. 
Il semble que ce soit le sens de cette expression, 
dans un ancien fabliau ms. Un mari, excédé par les 
emporlemens et l'opiniâtreté de sa femme, lui pro- 
prose un défl dont te succès décidera qui des aeux 
sera le maître : 

n m'est avis, et si me aamble. 

Que j& ne serons bien eniamble, 

Si nous ne tomona à un ehief, 

VM. usa. du n. B- ni8. m. u. v mi. i. 
44" On disoit au xiii* siècle : rite sans ehief, pour 
exprimer ce que nous appelons un cul-de-sac, sui- 
vant Le Beuf, Hist. du Dioc. de Paris, T. I, p. 602. 
45° Chef d^ottvraige est mis pour chef-d'œuvre, 
dans .ces vers : 

/m devant rencontrèrent 

L'arc triumphal, lequel ili estimèrent 
Ung chef tCouvraige. 

t. HUM. p. m m- 
46° Chef de merveille est mis au même sens, daus 
ce passage : 

.... La faisant nature sans pareille, 

Sur son beau corps feit un chef de merveille ; 

Puis, l'avant tait, le modèle en rompit. 

Ptq. iteBOtbat. p. 1H> 

47* Chef-iTœuvre. que nous disons sojourd'hui 
pour ce qu'on nommoil .lulrefois chef d'ouvrage (7) 
ou de merveille, a signil!éuneespè{%d'impât.un lit 
dans les lettres pour les libraires de TOniversité de 
Paris : • Déclarons de rechef les dictz livres, soient 

■ en latin ou eo françois. reliez ou non reliez, 

■ eslre exempts de tous péages, chef d'œuvre, 

■ cti.'inssée, imposition foraine ou privée, etc. * 
(Aiic Coul. de Normandie, fol. '134.) 

4H. Le pied saisit le chef est un axiome de 
droit. ■ Par la coustume de Chaalons, le pied saisit 

■ le chef, c'est h dire qu'on peut lever son édifice 

■ sur la place tout droict, à plomb, et à ligne, si 
* haut que bon luy semble, et contraindre son 
X voisin de retirer chevrons, et tout^ autres choses 

< portant sur sa place, par quelque temps que les 

< choses ayent esté en cest estaù et fust de cent 

■ ans. > [Coût, de Cha.ilons, Coût. Gén. T. f, p. 499. 
— Voyez Laur. Gloss-) (8) 

On disoit proverbialement: 

?ui le chief duelt (dolel), 
uit li membre ii duelent. 

Pnn. da VII. KS. da 3. 6. fol. 14. V. 
VARIANTES : 

CHEF. Onb. subsistanie. 

Chefs. Loix Norm. art. II. 

Chipp. Carte Magna, fol. 83. V". 

Chbp. Ducbesne, Gén. des Chastaigniera, p. 27. 



(1) Le sena est plutâl après tout : < A chief de tour, foloient les plus sages. ■ (Quesnes, Romancero, p. S6.) (n. b.) 

(2) il faut lire de rhief en ror et entendre d'un bout à Tautre comme le prouvent les exemples suivants tirés des 
Chroniques : « Il boutèrent 1e fou et 4'arclireiit de chief en cor (IlI, 101). s — t. Quant cbil seigneur eurent cberuictalet dt 
chief en cor (id. 248). » - » Et cierquiÉrent tout le jour les campa de chitf en cor (V, 74). » (N. E.) 

(3) Compare! édition Keryyn, Xlll, 135 (n. k.) 

(4) On ht aussi dans Froisaart (111, 211) ; ■ Elaideroient le ro; d'Englelerre à nKlre  cAîe^de saguarre. > (K. K.) 

(5) Âmyot dit (Epite) : ( Finablement, ayant conduit l'œuvre totale A ctwf. > (N. B.) 

(6) Mais il dit aussi (t. V, 281) ; t Françoisea sont chefs d'o-uiire de nature. » (s. k.) 

(7) C'e^l l'ouvrage que faisait un aspirant pour passer maître dans le métier qu'il avait appris : i Se 11 apprentis Ml îùn 
tin chief d'oevre tout sus. s (Liv. des Met. 2l6.) (n. E.) 

(B) Notons encore l'expression suivante relevée dans Froissnrl : ■ Et ne trouvèrent naUui des seigneurs ns dM bonnea 
TiÙes qui [lel leur detournaat ne qui chief l'n fatist (VI, 94, 95). > c'est-A-dire leur fit opposition, leur tint tAte. — ■ Ftif 
chief et partie d'une guerre, > c'est y détendre un parti (VU, 66). (M. b.) ' " - 



CH 



- 439 — 



CH 



» » 



EscHEF. Bassomp. Ambass. T. I, p. 89. 

EscHiEF. Floire et Blancbefl. MS. de S. G. 

Chief. s. beni. Serm. fr. MSS. p. 12. 

Chiefe. BriltoD de Droit le Roy, foi. 28, ll«. 

Chief. Viilehardouin, p. 26. 

Chiè. Rom. de Fauvel, MS. fol. 55, V« col. 1. 

Chiès. Chans. MSS. du comte Thib. p. 3. 

Chieu. Marbodus, col. 1644. 

Chiez. Fabl. MSS. du R. n«> 7218, fol. 34i, V* col. 1. 

Chif. Fabl. MSS. du R. no 7989, fol. 57, V» col. 2. 



ÇiEF. Poës. MSS. av. 1300, T. IV, p. 1339 et 1363. 

.p. 70 et 475. 
KiEF, QuiEF. Duchesne, Gén. de Béthune, p. 164. 



CiÉs. Ph. Mouskes, MS. p. 70 



Chef, subst. fém. Clef. On lit : « L'hoslellerie 
■ de la chef dans la ville d'Arras. » (Mém. d'Ol. de 
la Marche, Liv. I, p. 244.) Cette orthographe se 
trouve dans les diverses éditions, et il n*est pas 
surprenant que Ton ait àiichef pour clef. Voyez des 
exemples analogues, aux mots de choses pour 
closes^ et de choche pour cloche^ où la lettre h a 
pris la place de la lettre /. 

Chefau. [Intercalez Chefau, maison, principale 
demeure: « Ledit Guilhon venoit comme devant ou 
« chefau de laditte Katherine et de sondit mary. » 
(JJ. 438, p. 24, an. 4389.)J (n. e.) 

Ghefcier^ subst. masc. C^étoit un nom de 
dignité dans les églises. (Cotgr. et Oudin, Dict. — 
Yoy. Du Gange, aux mots Chavecius ei Capicerius.) 
Furetière dit chevecier. On ne s'accorde pas sur 
cette ancienne dignité. On trouvera les trois opi- 
nions à ce sujet, dans le Dict. Univ. au mot 
Chefcier (i). 

VARIANTES *. 

CHEFCIER^ Chefecier. 

Chefgrosy subst. masc. Ligneul.Gros fil dont se 
servent les cordonniers. (Monet, Cotgrave et Oudin, 
Dict.) « On poisse de poix un chegros pour coudre 
« souliers. » (Fouilloux, Vénerie, fol. 421.) 

VARIANTES ! 
CHEFGROS. Oudin, Dict. 
Chegros. Id. ibid. 
Chigro. Âpol. pour Hérodote, p. 599. 
Chigros. Dict. de Cotgrave. 

Chefpitaine, subst. masc. Capitaine. Cette 
orthographe naît d'une prononciation affectée. 
(Voyez des Accords, Bigarr. fol. 89.) 

Chefvetain, subst. masc. Capitaine, chef. — 
Magistrat. — Chef de justice. Chefvetain et ses 
orthographes viennent de notre mot françois chef, 
en latin caput; d'où déiive capitaine. (Voyez ce 
mot.) Labbe traduit chevetaine p2ir centurio.[G\oss. 
p. 494.) Nicot explique chevetain par chef, sei- 
gneur et conducteur. 

On a appliqué ce mot générique aux chefs de gens 
de guerre. « Johans de Neele, chastelains de Bruges 



« ère (estoit) chevetaines de cel ost. » (Villehard. 
p. 39.) On avoit dit autrefois queytaine, par cor- 
ruption; mais ce mot avoit vieilli, dès le temps de 
l'auteur des Contes d'Eutrap. p. 479. » 

On disoit aussi chevetaine^ en parlant des magis- 
trats, chefs de justice, qu'on appelle chevetaines ei 
Jurés de la courte dans les Assis, de Jérus. p. i5. 
(Voyez du Gange, au mot Cheuptanus. — Gloss. de 
Martene, T. V. — Fauchet, des Orig. Liv. II, p. 144.) 

variantes : 

CHEFVETAIN. 

Chevetain. Nicot, Oudin^ Joiiiv. p. 37. 

Chbvetin. Chron. S. Denis, T. I, p. 28. 

Chibfvetain. 

Cievetain. Beaum. cité par du Gange, au mot Assecurare, 

Chevetaine. Joinv. p. 15; Eust. Desch. fol. 550. 

Chevet AiGNB. ViUehardouin, p. 19. 

Chevetaingne. G. Guiart, MS. fol. 340, R». 

Chavetaigne. Id. ibid. fol. 281, R». 

Chiefvetaine. Ord. T. III, p. 32 et 35. 

KiEVETAiNE. Poës. MS. du Vat. n<» 1490. 

Quievetaine. Du Gange, sur Joinv. p. 333. 

QuEYTAiNE. Contes d'Eutrap. p. 479. 

Cheine, subst. fém. Espèce d*insecte. Le dimi- 
nutif est chenille. 

Quand la cheine brûlante 

Marque, en esté, le bourgeon de la plante ; 
Le vigneron trompé de son labeur, etc. 

Pocle cit« par Govijel, Bibl. T. XII, p. 3i8. 

Cheiromantiens, subst. masc. pi. Devins (2). 
Geux qui, à Tinspection des mains, prédisent les 
choses futures. (Gelthell. de L. Trippault.) 

Cheite, subst. fém. Chute. — Ce qui échoit, 
succession. 

Ge mot, qui vient de cheir, choir, signifle chute, 
dans le sens propre. 

Au figuré, cheite signifie ce qui échoit, succes- 
sion (3). Au titre du partage des enfans, et des fiefs 
nobles, on lit: « Attendroit chaiscun son advenant 
« de la cheitCy etc. » (Ane. Goût, de Bret. fol. i08.) 

Chelant, subst. masc. Des Perriers, parlant 
d'un aumônierqu'on nppeloii saint Chelant {A)y iii : 
« Je ne sçai si c^estoit son nom, ou si on luy avoit 
« donné ce soubriquet, ou si c'estoit quelque béné- 
« fice qu'il eust eu de son maître. » (Gontes, T. I, 
p. 184.) 

Cheles. Voici le passage où parle une femme 
amoureuse : 

Anplaire pas ne s'obUoit, 
Qui de jor en jor empiroit 
Et me chaoit as piez sovent. 
Quand il me veoit seulement, 
Il en ploroit au cuer crever, 
Tant gull me vainquoit par proier : 
Et qui cheles ne fust conquis (5), 
Encore certes m'en est pris. 

Partoa. de Bl. US. de S. G. fol. i67, R* ool. 1 . 



(1) G*est le capitiarius qui avait soin du capitium, du chevet de Véglise ; ayant la direction de l'abside U eut aussi ceUe 
du gatophylacium, ancien secretarium, du trésor de l'église ; chefcier a donc été synonyme de trésorier. <N. E.) 

(2) On lit dans Paré (XIX, 31) : « Autres sont nommés cheir omandens^ parce qu'us devinent par certains lim 



sont es mains. » Montaigne (I, 247) emploie chiromantiena. (s.e.) 



lineamens qui 



(3) G'est aussi la perte d'un procès. On lit dans une charte de 1425: c Cheite de <iuereUe. » (Du Cahge II, 15, col. i.) (n. e.) 

(4) Chelant est pour celant, participe de celer, en patois picard chéler. (n. b.) 

(5) Voir pour corrections l'édition de Partonopex de Blois, p. p. Grapelet, 1834, 2 vol. in-8>. (n. b.) 



CH 



— 440 — 



CH 



Chelidoine, subst, fém. L'éclairé, espèce de 
plante. — Pierre précieuse. 

Chelidoijie, au sens propre, est une sorte de 
plante. « Prenez du jus d'une herbe qui s'appelle 
clere, et autrement célidoinen etc. (1) ^ (Chasse de 
Gast. Phéb. ms. p. 103.) 

C'est aussi une pierre précieuse, dans Marbodus, 
deGemmis, art. 17, p. 1654. La chalcedoine f2), la 
cassidoine [S) àe nos vieux romans (Falc); peut-être 
aussi la même que cheline ci-après. (Voy. ce mot.) 

VARIANTES : 
CHELIDOINE. Marbod. de Gemmis. art. 17, p. 1654. 
Ceddoinb. Marb. p. 1685 ; Ch. de Gast. Pbeb. MSS. p. 108. 

Chelier, subst, masc. Cellier. « La ville fut arsse, 
« et plusieurs hommes, femmes et enfans qui se 
« étoient muchiez (cachés), et retrais es cheliers. » 
(J. le Fevre de S* Rémi, Hisl. de Ch. VI, p. 16.) Le 
peuple, en Normandie, prononce encore ainsi. 

Cheline, suhst. fém. Pierre précieuse. « Pline 
• estiraoit sur toutes les pierres, la cîieline, pour 
« faire bien songer. » (Bouchet, Serées, Liv. Il, 
p. 121. — Voyez ci -dessus Ciielidoine.) 

Chelite, subst, Traineau. « Le grand prieur de 
a Caslille et le prince Thomas accompagnez de 
« trente chevaliers des principaux de la cour, vin- 
« drent en clielites^ ou traineaux. » (La Colomb. 
Th.d'honn. T. I, p. 304.) 

Chelme, subst. masc. Fanfaron. Ménage, dans 
ses Origines, écrit schelme, de l'allemand schelm (4). 
On a attaché à ce mot, usité parmi les gens de 

Îuerre, les idées de lâcheté et de fourberie. (Peliss. 
list. de Louis XIV, T. II Liv. IV, p. 55-70.) « Il les 
« tance bien fort, les appellans chelmes et poul- 
« trons. » (Bouchet, Serées, Liv. Ill, p. 42. — Voy. 
le Dicl. d'Oudin et de Cotgr.) On trouve chelm^ 
dans Du Tilliot, ubi suprà. 

VARIANTES : 
CHELME. Bouchet, Serées, Liv. III, p. 42. 
Chelm. Du Tilliot, Hist. de la Fête des Fous^ p. 117. 

Chelonite, subst. fém. Pierre précieuse. On en 
dislingue de deux sortes. ^Dict. Univ.) Marbodus, 
dans son livre intitulé de Gemmis, art. 39, p. 1667, 
nous donne une définition de la chelonite, qui ne 
peut s'appliquer qu'à celle qui se trouve aux tortues 
des Indes, Il dit que : 

De fou, ne flamme ele ne craint ; 
En Inde naist, e de la vient : 
Mult est beie et de bel aire, 
Si est tote porpre, et vaire. 



Quelaues-uns la confondent avec la crapaudine, 
pierre oe couleur grise« tendant sur le rouge. 

Chelydre, subst. Espèce de serpent. Il est très- 
venimeux et la gueule exhale une odeur infecte. 
Ses écailles sont rudes et mal arrangées, brunies 
en divers endroits, et dans d'autres de couleur jau- 
nâtre. (Dict. de Cotgrave.) Rabelais Ta compris dans 
rénumération de ses animaux fantastiques. (Voyez 
ci-après Chersydre.) 

VARIANTES I 
CHELYDRE. Dict. de Cotgrave. 
Chelsydre. Id. ibid. 
Chelhydrb. Rabelais, T. IV, p. 274. 

Chemage, subst. m^asc. Droit de péage. « Ce 
« droit se paye, à raison des charettes qui passent 
« dans les bois. » (Laur. Gloss. du Dr. fr.) « Il se 
« paye à Sens, pour le chemin et passage. » (Id. 
ibid. — Voyez le Dict. de Cotgrave.) 

VARIANTES l 
CHEMâGE. Laur. Gloss. du Dr. fr. 
CuiNAGE. Id. ibid. 

Chemainer, verbe. Cheminer. « Hz chemainent 
« tant qu'ilz viennent à ung hault tertre. » (Lanc. 
du Lac, T. II, fol. 9. — Voyez ci-après Chemlner ) 

Chemardy adj. Mélancolique (5).(0udin et Cotgr. 
Dict.) 

Chembre, subst. masc. Toile de chanvre. Il 
semble que ce soit le sens do ce mot, dans ces vers: 

En pleurant, semblant très grant despit, 
Me direz mort, couché en une chambre 
En vostre hostel, ensepvely de chembre. 

Faifeu, p. 81. 

Chemerage, subst. masc. (6) (Voyez le commen- 
taire de Valin, sur la Coût, de la Rochelle, 1756.) 

Chemier, subst. masc. Terme de coutume. Il 
désigne le fils aîné d'entre tous les frères cohéritiers, 
ou celui qui le représente ou tient son lieu, soit 
fils, soit fille. C'est probablement le chef de la suc- 
cession, quand il s'agit de fiefs. Les puinés sont 
appelés para^i/^rs, parce qu'ils partagent également 
entre eux. « Est le dit aisné, ou qui le représente 
« appelle cliemier, et les puisnez, ou qui les repré- 
« sentent paraguers. » (Coût, de Poitou, au Coût. 
Gén. T. II, p. 580.) Laurière, Gloss. du Dr. fr. ajoute 
qu'il faut corriger ce mot dans toutes les coutumes, 
et lire chemiez, en latin caput mansi. (Voyez aussi 
les Dict. de Borel, de Corneille, de Cotgrave, et Du 
Cange, Gloss. lat. au mol CapM^ marwi (7). — Id. sur 



(i) On lit au ms. S* Jean (xiii* siècle) : c Se vus avez as oilz manjere (démangeaisons), Dune prenez celidoine et rœ. » 
L'etymologie est x^^^ôycoy, de^cXiâêyy hirondeUe qui passait pour renare la vue à ses petits à l'aide de cette plante, (n. e.) 

(2) Cette pierre précieuse, en latin calccdonius lapis, se trouvait près de KaXxr^âcoy, viUe de Bithyuie. On Ut au xn« siècle 
dans le Romancero de P. Paris (.59) : « Jagonces, saphirs, calcédoines. » (n. e.) 

(3) Caasidoine est aux Emaux de De Laoorde (p. 209, xiv* siècle) : « Un signet d'or à un cassidoinCj où est tailUe la teste 
d'une femme. » (n. e.) 

(4) Ce mot avait été introduit au xvi* siècle par les lansquenets et les reîtres allemands : c Seroient réputés comme 
sc/ie/»2es, s'ils les avoient abandonnez. » (Lanoue, 354.) Le cardinal de Retz (III, 368) écrit encore: c Que faisons-nous? 
nous allons faire égorger M. le Prince et M. le Coadjuteur ; schehnCf qui ne remettra Tépée dans son fourreau ! » (N. E.) 

(5) Ce mot a été Tait sur chêmer, maigrir, qu'on lit au xiii* siècle, dans les Quatre fUs Aymon (v. 5(X)) : c Mais Je feroye à 



Karie Tame du cors semer. » Cette orthograpne nous mène au bas latin semus, mutilé. (n,'e.) 
(6) C'est un droit d'aînesse en vertu duquel les puinés tenaient de l'alné leur 



(7) Edition Henschel, 11, 163, col. 3. (n. b.) 



portion de ûef en hommage* (n. e.) 



CH -4 

Joinv. p. 150, où il dit (répète ou avoit dit) qu'il faut 
restituer chemiez, c'est-à-dire chef de me%, caput 
mansi.) 

Chemin, subst. masc. Voie, — Traite, marche. 

Ce mol, usité dès le temps des Loix Norm. art. 30, 
subsiste sous celle orthographe. J'ai marqué les 
anciennes (1) à l'article Camin ci-dessus. Il me resle à 
rapporter les anciennes expressions où enlroit le 
mot subsistant chemin. 

Je commencerai pnr la définition que donnent les 
inrisconsultes dans la signiiicalion de voie. ■ Le 
« chemin contient trente deux pieds de largeur, à 

■ la différence du sentier, qui n'en porte que 

■ quatre ; de la carrière, qui en a huit ; de la voie 

■ qui en contient seize, el du grand chemin royal 
> qui en contient soixante quatre (21. > (Luurière, 
Clois. du Dr. fr. — Voyez du Caiige, aux mots 
Caminus, Chaminus et Gueminum, Kaminus, Que- 
tninum.) Mais on dislinguoil beaucoup d'espèces de 
chemins qui difTéroient en largeur. 

1* Chemin châtelain. C'éloit - un chemin que 
- l'on dit chastellain doit contenir de largeur vingt 

• pieds. » (Coût, du BouUenois, au Coût. Cén. 
T. I, p. 696.) 

2° Chemin commun » La largeur d'un chemin 

■ commun, ou du pas de l'homme, qui est au moins 
« de trois pieds, pour le moindre chemin. ■ (Coul. 
d'Oudenarde, au Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 1081.) 

3° Chemin commun à l'église. Sa largeur est de 
cinq pieds. (Coût. d'Oudenarde, au Nouv. Goût. Gén, 
T. I, p. tt)81.) 

\° Chemin de conduite a» marché. Sa hirgeur est 
de cinq pieds. (Coût. d'Oudenarde, au Nouv. Coul. 
Gén. T. l, p. 1084.) 

5" Chemin de conduite pour une vache qu'on 
mène en lesse, ou pour un cheval de selle. Sa 
largeur est de dix pieds. (Coût. d'Oudenarde, au 
Nouv. Coût. Gén. T. I. p. 1084.) 

6' Faux chemins, pour chemins faits dans des 
héritnges dans des temps défendus. (Perard, Hist. 
deB.ijr^', p. 460, lit. de 1246) 

7° Chemin (inerot. • Contient six pas de large, 

■ revenant ï dix-huit pieds. > [Coût, de Bourgogne, 
au Coul. Gén. T. I, p. 800.) 

8' Chemin royal ou real, de même que le grand 
chemin ci-après. Sa largeur varie suivant les diffé- 
rentes coutumes; il doit avoir 64 pieds de laige, 
selon Beaumanoir (p. 64 ; voy. id. p. 130, et Laur. 
Gloss. du Dr. fr.). La Coul. de Clermont donne à ce 
chemin la même largeur de 64 pieds, et • porte 

• chacun pied par la dilte coullume uiize poulces. > 



1- CH 

(Coul. Gén. T. 1, p. 370.) Par la Coul. de Boulle- 
noys, • un chemin real, qui est communément le 

< grand chemin par lequel on va d'un piiys, ou 

• d'une ville à autre, doit contenir de largeur 

• soixante pieds •. (Coul. Gén, T. III, p. 696.) La 
Coût, du duché de Valois lui assigne • trente pieds 

• de largeur, en terre lahourahle. et en bois, qua- 

■ rante pieds de douze poulces par pieds -. (Coût. 
Général, T. I. p. 403.) Suivant celle de Hesdin, le 
chemin royal est le même que • les chaussées de 

• Brunehault (3), el autres chemins de semblable 
« longueur, qui doivent avoir de large quarante 

■ pieds, au pied de roi - . (S. Coul. Gén. T. 1, p. 34*2.) 
9° Chemin sentier doit contenir cinq pieds de 

large. ■ Un chemin sentier, appelle sente, se peut 
« cloire, et ouvrir d'une herse: il doit contenir 

• cinq pieds, sur lequel l'on peut seulement aller 

• à cheval, el à pied, et mener et ramener ses 

■ bestes. sans amendes. • (Coul. de Boullenoys, au 
Coul. Gén. T. 1. p, 097.) 

10° Chemin Viscomtier doit être de trente pieds 
de largeur. (Voyez Coul. Gén. T. 1, p. 691'..) 

H° Chemin voisinai ou voisin. Le chemin voi- 
sinai doit avoir huit pieds de large, suivant les Coût, 
de Tours el de Bayonne, citées par Du Gange (4), 
au mol Via, vel semita convicinalis. On lit, dans 
celle de Bayonne, que • si ponts, ou fossez, dits 

• vulgairement estez, ou autre chemins voisinaux 
' a plusieurs gens qui ont héritage, ausquels héri- 
' tage les voisins onl accoustumés aller, par les 

< dits ponts, fossez, ou chemins, ont besoin estre 

■ reparez, un, ou plusieurs seigneurs des dicte 

■ héritages peuvent requérir les seigneurs des 

■ autres héritages qui ont passage par les dits 

■ lieux, qu'ils contribuent à la dicte réparation, 

• pour leur colle part, et portion •. (Coul. Gén. 
T. II, p. 717.) On trouve, au même sens, chemin 
voisin, dans le Coût. T. 11, p. 571 .j 

12« Chemin de visite. On appeloil ainsi les che- 
mins qui ëtoient sujets ù la visite. • Chacun tiendra 
« ses lerres les long des chemins sujets à la visite, 

• que l'on appelle chemins de visite, soit fiefs ou 
« héritages bordez de rossez larges de quatorze 

• pouces par le haut, de dix pouces j):ir le bus, et 

■ de douze pouces de profondeur, ou à la discré- 

■ tion de la loi, il cause de la diversité des héri- 

• tages, selon les besoins, des lieux et du temps, 
" sans fraude. • (Coût, de Gassel, au Nouv. CouL 
Gén. T. !, p. 726) ■ Tous chemins de traverses, 

• rues et chemins de qualre pieds, par ou l'on a 

• marché à pied, ù cheval, el ou l'on a fait visite, 



(1) I,â romne chemin est dans la Chanson de Roland (v. 1950) : i Pleine sa hanete l'abat mort el' chemin. > <n. e.) 

(2) Ou lil dans Beaumanoir (XXV, ?l) : ■ Ouo on gart ee che doil estre sentiers ou quariere ou voie ou çuamiits plus Krana 
ap^lés qtiemitii royal. > Comparez le Coutumier général (II, 876) : < Les chcminf ellens de bonnes Tille» à autres doiTent 
avoir soixante pieds, et \f a chemins des vieconlies estant es villages et allsna de Tua k l'autre doivent avoir trente 
pieds. > (N. E.) 

(3) La reine Brunehault, d'après Windelin, n'aurait pas donné son nom à ses roules; • AU eUm, Bavnci In NerviU 
etiamnum exslere coUimnam milliarem, a qua via militares octo in omnem quaqua versum Galliam ac Gennaniaro : quarum 
prima el longissima Coloniam Agrippinam tendit, liodieque vocatur la haute chaussée, et quoniam medio fermé iliner» 
inter Kagacum etTongroa vicunt stringil Bi^nallum, nomen inde reliiiuit, la chaussée de Brunaxtl, quod iiiaum aliis quoqaA 
Tiis factu:n est commune. > (Du Gange, VI, 7%, col. 3.) <n. B.) 

(4) Edition Henscbel, VI, p. 706, câ. 2. (M. x.) 

m. 56 



CH -* 

■ et que l'on est accoustumé de visiter, depuis 

■ soixante ans, seront repuiez chemins sujets à 
« visites. • (Ibid. p, m.) 

13* Grand chemin. La largeur des grands chemins 
avarié suivant les diFTérentes coutumes. Dans la 
Coût. d'Oudenarde, le grand chemin avoit qua- 
rante-deux pieds. (Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 1084.) 
Dans la Coût. d'Alorst, il avoit qnaranle pieds. 
{Voy. ibid. p. HI5.) Dans la Coût, de Bourgogne, 

■ jrcoulient dix pas de large, revenant à trente 

■ pieds •.(Coul. Gén. T. I, p. 860.] Dans la Cout.de 
Tours. • doivent les dicts gramls chemins avoir 
< seize pieds de large •. (Coût. Gén. T. II, p. 5.) La 
même disposition se trouve dans la Coût, de Lou- 
dunois. (Ibid. p. 544.) 

U" Chemin forain. Suivant la Coût, de Boulle- 
noys, • un chemin forain doit contenir quinze 
- pieds .. (Coût. Gén. T. 1, p. 69G.) 

15° Chemin kerdal semble désigner un chemin 
pour conduire aux pâturiiRcs les troupeaux de 
bétes, que l'on appeioit auli-cfois hardes. On lit, 
dans la Coût, de Gorze : • Héritages assis sur 

■ chemin herûal, pasquis, et autres aisances de 

■ ville, et commodité, sont tenus de cloison, depuis 

• la sainct George. jus(|ues à ce que les fruits, et 
« chasiels soient enlevés. » (Nouv. Coût. Gén. T. II, 
p. 1091.) 

16" Chemin levé. Le même que chemin ferré. 
(Voyez Née. Hisl. du Nivernois, p. 351.1 

il" Chemin paageré. Chemin où l'on doit le 
péage. (Du Cange, au mot Via pedagiaria.) 

18° Le grand chemin peageau doit avoir qua- 
torze pieds de large pour le moins. (Coût. d'Anjou, 
■uCout. Gen. T. U, p. 66.) 

19° Chemin voieré signifioit chemin passant. 
(Du Caiige, au mot Via viaria.) 

20° Chemin volontaire. Suivant la Coût, de Hes- 
din, < un chemin volontaire, deu à issue de ville, 

• doit avoii', de large, douze pieds ■. (Nouv. Coût. 
Gén. T. I, p 312.) (I) 

Chemiti ne signitioit pas toujours une voie, il 
Signifloit quelquefois traite, marche. > Pour te pre- 

■ niier chemin que le roy lit, il vint devers sa dame 
« de mers la princesse. > (Froissarl, Liv. II, p. 143.) 
Bn 138'i, les Gantois, poursuivant vivement leurs 
ennemis, enlrerent en ta ville de Bruges, avec 



i- CH 

ceux de la ville promptement, et • le premier che- 

■ min qu'ils firent, sans tourner ça, ne la, ils s'e» 
« allèrent tout droit dedans le marché (2). . (Ibid. 
p. 181.) • Incontinent je m'en retournai à ma 

< troupe, el m'en allai avec deux chemins iusques 

< auprès de la Madeleine. > (Uém. de Hontluc, 
T. I, p. 53.) 

On disoit : tout d'un cliemin, pour tout d'une 
traite, tout de suite. (Oudin, Curios. franc.) 

Nous remarquerons ici quelques expressions 
hors d'usage : 

1° Les chemins enrompent{Z), pour exprimerque 
tout en est plein, (Brant. Cap. Fr. T. 3, p. 172.) 

2° Etre sur le chemin, pour être sur le point 
d'arriver. (Perceforest, Vol. VI, fol. 117.) 

3° Etre bien au chemin, pour être en train . ■ Dois 
> tu querre, et regarder les avantages à ton faucon, 
• tant qu'il soit bien au chemin de voler. • (Uodus 
etRacio, ms. fol. 119.) 

4' Faits du chemin, pour forfails commis sur 
les chemins. (Perard, llist. de Bourg, p. 48C, tit. 
de 1257.) 

5* Fuir le chemin se disoit, en termes de chasse, 
lorsque le cerf quitte la voie el gagne ta plaine. 
« Quand il fuit le chemin, le soleil ijui llert (frappe, 
« tombe) dessus, hasle toutes les routes, et arl, 

■ etchauffe la terre, cLoste l'humeur, que les chiens 
' n'en pevent bien assentir. • [Chasse de Gasl. Phéb. 
MS. p. 224.) 

6" Cornure de chemin désignoit une espèce de 
fanfare : 

Ceste cornure de ehemin 
Povez, ail Boir, el au malin, 
Quant aleE chevauchant corner 
Pour vous esliatement donner. 
Se D'estea au Ixiys pour cliasscïer. 

FoaUiiui Gnerin, ttit. da VtMtie.tlS. p. 10. 

Voici quelques proverl>es sur le mot ehemin : 

i" Bon chemin finit à bon port. (Vigil. de Ch. VII, 
p. 99.) 

2° Aussi vieux que le chemin de Castille (4). (Voyez 
Défense pour Etienne P:isquier, p. 794.) 

3° Chemin jonchu, pour chemin jonché, a donné 
lieu à un proverbe obscène, dans Branl. (Dame 
Gai. T. I, p. 344.) 

On trouve d'autres proverbes et façons de parler 
dans Oudin (^Curios. franc.) (5) 



n de chemini ferrés : « A tant tel et à tant erre Qu'il entre en un chemin 
>i] ee aresta sur un chemin levei. t G. Guiari (Branche des rojanx 
ders Rissi pour aJer ence'e erre Le comte de BIois de sa terre. > (Du 



(1) Les anciennfa voiea romaines portaient le noi 
^rré. » (Renan. 76t.) Joinviile (g 2Î8) écrit : • [Le ro 
Usnagea) dit enfin : • Parmi les grans chemins plén 
Onge, Vi, 799, col \.) (n. e.) 

(3) H. Kervyn (X., 3^) imprime : t Lî Gantois entrèrent dans la ville de Biirges en poursievant aaprement leurs ennemis. 
Le premier chemin que fisent sans tourner ctià, ne là, il s'en alerent tout droit sua le œarcbô. > Froissarl lui donne aussi le 
sens de voyage : t Je rompis mon chemin (XIII, 314). t Aler par le clitmin a le sens de voyager '. o U se mist en bon arroi el 
riche enei comme à lui aparlenoit et que tout dis il aloil par le chemin. > (V, 163.) Au figure, il signifie voie, moyens : «Le 
duc de Glocesire quéroit voyee el chemins comment il peuist mettre ung grant tourble en Angleterre. > (XVI, 2.) (n. b.) 

0) • Combien avons-nous reu depuis force huguenots s'estre convertis et faits bons catholiques t Les chemins en 
rompent. » (n, e.) 

(4) Ne vaut-il pas mieux lire chemin de Galice, chemin de S' Jacques, la voie lactée? (n. e.) 

(5) Chemin a fe sens de travers au Cartulaire de Corbie (ch. de 12%, ds. Du Gange, II, 323, col. 3) : < Item tous vins de 
France et de Bourgoingne allans deadits lieux en Flandres doivent chemin a Péronne. ■ — Remarquons encore Vexpressian 
t demander chemin royul, » demander d'y passer sans être airélé par la jiislîctt : ( Pendant que le suppliant estoit en 
franchise l'en procéda contre lui par bannissement... Après ces choses demanda ledit suppliant chemin royal à ItidiUC 



CH 



-4i8- 



CH 



Gheminaae, subst. masc. Droit de péage. Ce 
droit se pa^oit pour les voiture et les bétes char- 
gées de bois. (Du Gange, au mot Cheminagium (1).) 

Chemine de fer* Cette expression semble 
désigner un ustensile de ménage, peut-être le même 
que c/^^mmon, dans unecitation latine deDuCange, 
où on lit : < Una securis, et quidam tripes, et trois 
« chemines de fer, et unes tenales, et duo treflfus. » 
(Du Cange, au mot Tenales (2). — Voyez Cheminon 
ci-après.) 

Cheminée, subst. fém. Chambre à feu, cui- 
sine (3). — Fourneau. 

Ce mot subsiste; on Ta employé, en termes de 
coutume, pour signifier chambre à feu, cuisine. On 
lit, dans le passage suivant : « Si les bastimens 
c n'estoient pas entourez d*eau la meilleure che- 
« minée, ou manoir seulement, suivroit le fief, 
« c'est-à-dire la chambre, ou la cuisine, au choix 
du vassal. » (Coût. d'Alost. au Nouv. Coût. Gén. 
T. I, p. H28.) 

On a dit aussi : place à cheminée, dans le même 
sens, en ce passage : « Ou il n*y a, ny motte, ny 
« fossez, ou remçarts, Taisné prend la meilleure 
« place à cheminée, la porte, le fournil, le colom- 
« hier, comme aussi le meilleur arbre pour Tom- 
« bre. » (Coût, de Termonde, ibid. p. 1180.) 

On disoit autrefois cheminée, pour ce que nous 
nommons fourneau, lieu où Ton fait le feu. « Comme 
< dit Jésus le fllz Sirach, en son Ecclésiastique, l'or 
« et Targenl sont prouvez au feu, et lors sont 
« reputez bons, ainsi est agréable a chascun, et 
« réputé bon, et louable Thomme qui est affiné en 
« la cheminée de Thumilité. » (Hist. de la Toison 
d'Ôr, fol. 69.) (4) 

En prenant ce mot dans le sens qu'il possède 
actuellement, on disoit : avoir haut et bas la che- 
minée, pour être le maître absolu, par allusion à 
ce que celui qui est maître de la cheminée haut et 
bas, est maître de la maison, depuis le rez-de- 
chaussée jusqu'au toit. (Voyez ci-après CHeyAUER (5).) 



Cheminer, verbe. Ce mot subsiste (6), maison ne 
dit plus : cheminer à s'en aller, pour se disposer à 
partir, faire des mouvemens pour se retirer. « La 
« duc Baudoin cheminoit à s'en aller, et tantost 
« tire aux champs, luy, et toute sa puissance. » (Le 
Jouvencel, ms. p. 219.) 

Cheminer, subst. masc. Démarche. (Gloss. de 
Marot.) 

Ne soit la femme en son cheminer grave, 
Et d'eau de fard son visage ne lave. 

Clém. Marot. p. 487. 

Chemine!, subst. masc. [Intercalez Cheminet^ 
pelit chemin, au Cartulaire de Champagne, an. 
1240 (Du Cange, II, 323, col, i): « Et d'icelle venant, 
« suivant ung petit cheminet cheant sur le grand 
« chemin. »] (n. e.) 

Chemineur, subst. masc. Passant, voyageur. 
Cheminer pareil pouvoir s'interpréter en ce sens, 
dans ce passage : « Deiïendons semblablement aux 
« cheminers voisins de notre dit pays d'y pouvoir 
« venir pour faire despens ou dommage aux dites 
c maisons d'églises, n'y a autres nourrissansbestes 
« blanches; et a tous veneurs, louviers, loutriers, 
* braconniers, perdisseurs, chevaucheurs, messa- 
« gers, soient nôtres ou autres, d'y aller boire, 
« manger, ny faire quelques despens sur semblable 
■ amende. » (Coût, de Ilainaut, au Nouv. Gôut. 
Gén. T. Il, p. 147.) 

VARIANTES * 

CHEMINEUR. Dict. dOudin. 

Cheminer. Nouv. Coût. Géu. T. Il, p. 147, col. 1. 

Chemineux, adj. Qui aime à marcher. — - Qui 
appartient au chemin. — Qui appartient à la che- 
minée. Ce mot, sous ses deux acceptions de chemù 
neujCf chemtneus, dérive de chemin ; il tire sa troi- 
sième acception, cheminier, de cheminée. 

On a dit, au premier sens, i)arlant d'une femme 
qui se plaît à marcher, qui marche beaucou(^ 
qu'elle étoit chemineuse. (Dict. d'Oudin.) Chemi- 
neux a la même signification dans le Dictionnaire 
de Cotgrave. 



lui fut aucunement bailUé lettre de seureté de sa personne, ne osa tf*nir le chemin à lui baillié. » (JJ. 183, p. 4, an. 1455.) L4 
pièct^ 290 du reg. 167, an. 1413, complète la précédente : « Pour ce que le suppliant fu hastivement poursuivi de justice, 86 
DOuta en franchise en l'église de la parroisse, où il fu bien un mois ou environ. Âpres requist voye de droit lui estro 
ouverte selon la coustume et usaige du pays. Pourquoy il eust esté délivré et rois hors de Teglise par quatre chev»*liers {>av 
l'ordonnance de justice et eust esté banni de nostre duchié de Normandie. » — Enfin on disait femme et fille de chemin^ 
au sens de femme de chana (voir ce mot) : « Pour cause d'une fillette commune ou femme de chemin et de dissolue vie. » 

8J. 153, p. 492, an. 1398.) — « Les supplians qui aucunement se doubtoient que icelle fille fust femme ou fille de chemin, » 
I. 187, p. 280, an. 14570 (n. e.) 

(1) Sous cheminus 1 (U, 323, col. 2.) (n. e.) 

(2) Henschel, VI, 533, col. 1. Ce sont des chenets. La citation est répétée, d'après le cart. de Compiègne, au t. II, 328, coL 2. 
On lit encore au reg. JJ. 84, p. 678, an. 1355 : « Ycils de Crepy prisl un c/ieminel de fer et en frappa et en navra en la teste 
le suppliant, v Le sens est précisé au reg. JJ. 170^ p. 280, an. 1418: < Pierre Labbé print en la cheminée illec un chiennet cm 
chemtf»ei tout ardant. » Froissart emploie au pluriel la variante ceminiaus (II, 182) : « Et tant en chéi à referrer que 11 flan 
îêili'i, et se convint aidier de ceminiaus, de bandes de chars et de hastiers de fier et de quievilles. » (N. B.) 

(3) Ce mot se trouve au xiii* siècle dans Berte, dans Flore et Blanchefieur : il a pour origine la forme camminata dum 
un texte latin de 584. (S. E.) 

(4) Comme proverbes, citons celui du Ménagier (I, 7) : < Trois choses sont qui chassent le preudhommê hors de M 
maison, c'est assavoir maison descouverte, cheminée fumeuse et femme rioteuse. » Le Roux de Lmcy ^11, 163) ajoute que : 
c Nouvelle cheminée est bientôt enfumée, » et d'après Cotgrave : c En petite cheminée fait on bien ^rand feu. » (N. s.) 

(5) On surnommait les chambellans cfievaliers de cheminée : < Icellui Gautier dist de grans, injurieuses et hautaines 
faroles de Régnant de Trie, chevalier, chambellans de Pierre de Navarre, en disant qu'il estoit un chevalier de chefninitf 

|ul se tenoit à la court et servoit son maistre. » (JJ. 140. p. 119, an. 1389.) Thibaut de Champagne les qualifiait de fnorveue^ 
e cendreu9 (II, 133). Voyez enfin Perceforest (t. V, fol. 18). (N. E.) 

(6) On le trouve déjà au Livre des Rois (289) : c Cheminant i passèrent e virent le cors Jesir à terre. > (if. B.) 



t 



CH 



— 444 - 



CH 



Chemineux et cheminier signinoient aussi qui 
appartient au chemin, suivant les mêmes Dictionn. 
M. de La Porte en fait, en ce sens, une épithète de 
passoire. 

Ce mot, en le d»^rivanl de cheminée^ désignoit ce 

Îui appartient à la cheminée. (Dict. d*Oudin et de 
olgrave.) De là, on trouve cheminière, pour épi- 
thètes de suie, dans les Epith. de M. de la Porte. 

VARIANTES I 

CHEMINEUX. Dict. de Cotcrave. 
Chbminbus. Epith. de M. de la Porte. 
Cheminier. Dict. d'Oudin. 

Cheminon, subst, masc. Ustensile de ménage. 
Diminutif de cheminée ci-dessus, pris dans le sens 
de fourneau, et qui paroîl désigner un petit four- 
neau, une espèce de réchaud, dans ces vers : 

Lardouere fault, et cheminons 
Petail, mortier, aulx, et oignons, 
Estaniine, paelie trouée, 
Pour piustot faire la purée. 

Poës. MSS. d'Eust. Desch. fol. 407, col. 2. 

Chemise^ subsi, fém. Espèce de vêtement, de 
fourreau. — Couverture. Ce mot subsiste. Son 
usage (i), dans le sens qu'il conserve aujourd'hui, 
est très-ancien dans noire lanjcue, comme on le 
peut voir dans les vers suivons et par deux pro- 
verbes placés à la fin de rarticle : 

S*o lui (avec lui) estoient en ma diemise^ 
Ne criendroie (jo fio craindrois) ne vent, ne bise, 
Ne rien qui me pooist (pust) mal faire, 
Tant est cortois, et débonnaire. 

Blanchardin. MS. de S. G. fol. 189, R* col. 1 cl 2. 

Avarice, et convoitise 

Sont tous deux en même chetnise. 

Gaœ de la Digue. Des DéduiU, MS. fol. 96. V. 

On disoit plus communément camise. (Voyez ce 
mot; voy. aussi Du Cange, au mois Camis, Caiîiisa, 
Camisia, Camiscia, Carnisaneus.) On voit que c'est 
la première chose qu'une dame met en s'habillant, 
dans la complainte de Luzindaro, p. 238, à la suite 
de Flores et de Blancheflor (2). 

Chemise se disoit aussi autrefois pour ce qu'on 
appeloit autrement canise ou cainse. (Voyez ce 
dernier mot et ses orthographes.) C'éloit un four- 
reau qu'on mettoit par dessus les autres vétemens. 
« Quand Sarra, qui chevauchoit devant en la com- 
« paignie d'Enée autre damoyselle, entendit le 
« chevalier, elle devestit sa cappe chevaucheresse, 



« et la chargea à ung jeune garson : lors demeui*e 
« en une chemise plus blanche que neyge. • (Per- 
ceforest. Vol. I, fol. 75.) 

Olivier de la Marche, parlant de Thabillemenldes 
femmes, fait mention d'une chemise de si fine toile 
qu'on voyait à travers la couleur de la cotte^ ce qui 
prouve que ces chemises se mettoient par dessus 
d'autres vétemens. (Liv. I, p. 432.) 

Dans un passage pareil de Mathieu de Coucy, ou 
lit rocket, au lieu de chemise. (Mathieu de Coucy, 
Hist. de Ch. VII, p. 678.) On voit aussi roquet^ au 
lieu de chemise, dans Perceforest. (Vol. V, fol. 73.) 
Ces deux derniers passages cités prouvent que 
c'éloit un vêlement pareil à celui du rochet de nos 
prélats. (Voyez aussi Partonopex de Blois, fol. 162.) 

Quand on faisoit un chevalier, on lui donnoit « la 
« chemise brodée d'or, et de soye, par les bouts, cl 
« paremens, et se metoient par dessus son hoque- 
« ton, ou ganbeson •. (Favin, Th. d'honn. T. I, 
p. 91.) 

Chemise est employé comme synonyme de cotte, 
dans Beaumanoir, p. 328. 

De ce que la chemise se mettoit par dessus les 
autres habits, on appeloit chemise (3) la couverture 
d'un livre, le sac ou l'étui dans lequel on le renfer- 
moit. « Vie de saint Louis ù une chemise blanche, 
« et fermoir d'argent. » (Inventaires des livres de 
Charles V, art. 156.) - Messel romain couvert d'une 
« chemise de soye à queue. » (Ibid. art. 550.) 
« Livret à chemise blanche, à queue (4), à deux fer- 
• moirs d'argent. • (Ibid. art. 653.) « Bible couverte 
« de. soye, a chemise. • (Ibid. art. 797.) « Bréviaire 
« couvert d'une chemise de salain , a queue, et 
« doublé de cendal. » (Ibid. arl. 841.) « Livred'orai- 
« sons couvert de drap d'or, a une chemise hlm- > 
« che. » (Ibid. art. 896.) 

Remarquons ici quelques expressions : 

1» La chemise de maille (5) étoit proprement une 
cotte de maille. (Du Cange, au mot Clamucium.) 

2* Chemise blanche se disoit pour camisade. 
« Donner ou porter une chemise blanche à l'en- 
« nemi », c'étoitluidonner une camisade (6). »(Héin. 
de Montluc, T. II, p. 62.) L'usage éloil, lorsqu'on 
donnoit des camisades, de mettre sur ses armes des 
chemises pour être confondus avec les ennemis 
qu'on alloit surprendre la nuit dans leurs lits.(Mém. 
de Montluc, T. I, p. 240.) 

3* On nommoit chemise de nécessité une chemise 
faite de lin filé au nom du diable, la nuit de Noël, 



(1) Le mot est dans Roncisvals (p. 160) : « EUe ot chemise de soie d'Aumarie. » Dans Raoul de Cambrai (149) on lit encore : 
f Dame Mais corut apariUier Chemise et braies et espérons d'or mier. » (N. E.) 

(2) De là cet adage (Quicherat, 182) : c On vest ains sa chemise qu'on ne fait peligon. » Joinville écrit aussi (§ 456) : 
c Aussi conrnie la chemise est plus près du cors que nus autres vestemens, aussi veut li viex tenir ie roy plus près à amour 
que nul autre roy. » (n. e.) 

(3) Ce sens n'apparaît pas avant le xiv« siècle (Laborde, Emaux, p. 213) : « Ung bon messel, couvert d*une chemise de 
drap de damas blanc semé de marguerites. » (N. E.) 

(4) On lit encore dans de Laborde (p. ^) : c Unes chroniques de France, à deux fermoirs d'argent dorez, et ont une 
chemise de soye à queue. » (N. E.) 

(5) Aux Preuves de l'Hist. de Bretagne (t. I*', col. 1222) les chevaliers, dans les duels, endossaient des chemises de Chartres. 
Mais ce ne sont pas des chemises de mailles, car on lit aux Assises de Jérusalem (ch. %) : c Se il ne veaut g ambison, il 
peut mettre devant son ventre une contrecuirée de tele^ ou de coton, ou de boure de sec tèle, et si fort conmie U 
Toudra. » (n. e.) 

(6) Voyez ce mot. (n. e.) 



CH -4 

par des filles chasles. (Boucbet, Serées(l), Liv. 11, 
p. 291.) 

4' On appeloit chemise de feu cette espèce d'ar- 
tifice dont 011 se servoit pour mettre le l'eu à des 
vaisseaux. « Des chemises de feu (2) que j'avois fait 
« préparer pour faire tenter le bruiemenl dequel- 
« ques vaisseaux. • (Mém.du duc de Guise, p. 168.) 

On a dit proverbialement (3) : 

i" Plus près est la chemise que la robbe (4). 
[Lettres de Louis Xll, T. VI. p. 252.) 

2°_ On D dit au même sens : Plus près m'est char 
que m'est chemise, (ilist. de Fr. (5) à lu suite du Rom. 
de Fauv. fol. 66.} (6) 

Chemlsot, subst. masc. fclite chemise. (Dict. 
deBorel, l'"add.) 

Chemlttère, subst. masc. Cimetière. 

Dont voeibsiez Anglciz fuir, 

Bestes cachier, messons (maisons) guerpir (abandoDaer), 

A chemitieres tout alratenl (emmeDer), 

Et SDCore la Torment s'eamaient (se troublent^ 

Rom. de Hoa, US. p. iS3 al 294. 

Chenarde, subst. masc. Safran bâtard (7). 
(Qudin, Dict. Fr. Esp.) 

Chenal], subst. masc. [Intercalez Chenail, 
grenier, au reg. JJ. 138, p. 171, an. 1390: . Perrinet 

• Duval ayant charié des gerbes de blé ù Colete 
■ Hue, il les entassa en un cltenail, estant en 

• l'ostel d'icele Colete. ■] (n, e ) 

Chenaye, subsl. fém. Lieu planté de chêies. 
On dit encore chesnaije, en ce sens. Les Pio.uds 
prononcent gueitaie (8). 

VARIANTES : 
CHENAYE. Monet, Dict. ru mot Chesneia. 
Chbsnave. Ocdin, Nicot, Dict. à <}uea>ictum. 
QvBHSÈs. Du Cange, au mot Bnuicia (9). 
Chesnov. tubst. masc. Glosa, du P. Labbe. 
QuESNOY, subit, masc. Ou Cange, au mol Caanetum (10). 

Ghendre, subst. fém. Cendre. (Voyez Poës. hss. 

(1) On 7 lit : f Et si les garentiroit de tous dangern bellîques qui peuvent survenir au corps, en lui baillant la chemise lUi 
n^eanlê qu'on a accoustumé vesiir quand on va b la guerre, laquelle est taitle de lin Blé la nuit de Noël par des lUIea 
chastes au nom du diable. ■ (n. s.) 

8) Ce sont des pièces de toile, enduites de pétrole et de camphre, qu'on atlacbait enflammées aux vaisseaux ennemis. (S. E.) 
) Gabriel Meurier, au Trésor des Sentences, ajoule ; c Oncques d'ealoupes bonne clmmiie. n D'Oudin (Gur. Ir. p. 92) dit 
encore : • Il m'en souvient aussi peu que de ma première chemiae. > Enfin on lit au Recueil de Gruthor : t Ta chemiie De 
■acbe ta guise. • {u. e.) 

(4) Voyez plus haut. On lit encore dan» Cuvelier (v, 172S7) : i Mais ma chemne m'est plus prez certainement Que ma cote 
ne tait, ■ (n. e.) 

(5) G'p.st la Chronique de Godefroy de Paris (éd. Buchon, p. 23). 'n. e.) 

(6) Remarquons encore les expressions suivantes ; 1" • Il fait toujours le brave au commencement, et puis se covëfe de 
»A chemise (d'Aubigné, Fœn. 111,6). i - 2< ■ La pluepart eeloignez de sa présence, après y avoir mangé jusques àlacAeniiSf^ 
(id. Kist. III, 391). > Un lit enfin dans la Satire Ménippée (Harangue de d'Aubray) : a Le roi Froncois ne faillit point. Quand 
a prédit que ceux de Guise Uettroient ses entants en pourpoint Et tous ses sujets en chemise, • (n, e.) 

(7) Chenay se retrouve comme nom de lieu dans l'Eure, la Marne, la Sarthe, la Seine- Inférieure, les Deux-Sèvres, l« 
SaÀne-et-Loire ; Çuesvay subsiste dans l'Eure, la Seine-inférieure et le Calvados, (n. E.) 

(8) On lit (tans Ronsard (747) : ■ Au lieu du bon froment est aorty la nielle, Chardons pour artichaux, cAenarde pour 
safran. > M. Littré voit là un nom vulgaire du chenevia. {n. e.) 

(9) On y lit d'après un ms. de S> Wandritle (I, 7S9, col. 2) : < Item, une autre pièce de bois dite ta fieCTëe de S* Louis, ou 
la panite et petite quesnée, y compris une petite brosse. • <n. e.) 

(40) t Galli dicebant Qvesnoyi, unde urbi in Hannonia nomen. > (Du Cange, II, 317, col. 3.} (n. B.) 

(H) Chenet a le sens de landier au xiv siècle : . Un laiidier ou chienet, et un greil de fer. * (JJ. 124, p. 348, an. 13M.) On 

lit encore en 1309 au reg. 138, p. 98 : • Audoin a receu dampnablement un chiennei pour mettre en cheminée, d'un des 

commissaires du Chastelet. ■ Les poignées des chenets étaient des têtes de chiens; par une métaphore analogue, les 

Allemands lea nomment Feuerboi-k, boucs de feu. (N. e.) 
(12) On lit encore au reg. JJ. 93, p. 131. an. 1363 : ■ La suppliante avoitavee elle un sien petit ckiennet;... lequel chieniiet 

GoiUemin... fcri d'une pierre par telle manière qu'icellui chiennet (U tué. > <N. E.) 



i- CH 

avant 1300. T. II, p. 906.) Le peuple, en Normandie, 
prononce encore chendre, pour cendre. 

Chenelée ou Chevelée. [Intercalez Chenelée 
ou Chevelée, provins, au re^;. JJ. loi, p. 12. 
an. 1398: ■ Ladilte femme avoit fait laissier en 

■ icetles vignes... jiisques au nombre de quatre 

■ cent ceps ou environ, et iceulx enterrer pour 

■ faire chenelées de pinos, pour les faire planter 

■ en sesdites vignes. •] (n. ë.) 
Chenet,SMis. m(MC. Pelitchien (II). On adit d'un 

complaisant : * Se rend a ctiascun subgect, comme 
' un petitc/i<fne(il2)i)ui secouclieauxpiedsdeson 
' maître. ■ (Hist. do la Toison d'Or, Vol. I. fol. 11.) 

VARIANTES : 

CHENET, Oict. de Monet. 

Chienez. plur. Fabl. MSS. du R. n" 7613, T. II. fol, 149. 

Cribnet. Hist. (le la Toison d'Or, vol. I, fol. 11, V*. - 

Chiennet. 

Chenetayne. Il faut lire chevetaine, capitaine, 
dans i'Hist. de B. Duguescl. par Ménard, p. .387. 

Chenetton. subst. masc. Corde, licol. Le même 
que cheveslre ci-apri's. • Kn furent jugez, et dëcta- 

■ rez vaincus, et atteints, el condamnez es de- 

• mandes et conclusions de nostre dit procureur. 
' et quedevoientestreforba unis, selon lacoustume 
> du pays, et les chenetto}is mis aux quatre portes 

• de nostre dite ville de Nantes, en manière accous- 

■ tumée. ■ (Godefroy, Annot. sur I'Hist. de Gh. VI. 
p. 693.) 

Chenevas, subst. masc. Corbeille. L'éditeur 
explique ainsi ce mot dansce passage: • Le maistre 
. d'holel print les chenevas du pain, la serviette, 
« et sur l'espaulle Jehan de Saintré la mist. • 
(Petit Jean de Sainlré, p. 139.) 

Cheuevé, subst. masc. Chënevis. ■ Sextier 

• d'orge, trois sols, se.'itier de mixture, trois sols; 

■ sextier de febves, au prix du seigle, vi sols; 



CH -i 

> se?[tier de poix, ou prix Ae froment, vm aols ; 

• sexiier de ehenevé n aols, • (Coût. Gén. T. 11, 

ft. 46'i.) On disoit aussi chavemj, penl-étre ehanevy. 
Voyez CuiVENï ci-dessus.) 

VARIANTES ! 
CHENEVÉ, Coût. Gén. T. Il, p- 465. 
Cheneveuk. Ane. Coût. dOrléana, p, iTS. 

Chenevel. [Intercalez Chetievel, peut-étw le 
fliet que noua nommons chéneveau. (Ordonnances, 

l,p.5-il,)](f<. E.) 

Gheneveux. [Intercalez Cheneveux, chénevis 
aureg. JJ. 168, p. 145, an. 1414: • Le suppliant 
a quiportoitducAermcr^ttxsur son cheval...'] (s. E.) 

Chenevotte. [Intercalez Chenevotte, brin de 
chanvre écorcé : 

D'eBtrain et de ehen^iiotle 
Se cbauffoit tous les y vers. 

BuMlin. U. 

Villon écrit à son tour dans les Regrets de la 
belle Heaulmyere: 

A petit teu do ckenevottai, 
Tost allumées, toet eataintes. 
Au même temps(l478), on lit au reg. 206, p. 82: 

• Le suppliiint pour y veoir cler, getla des chene- 

• votes ou lumettes en son feu , qui tantost Turent 

■ aluméea. ■] (n. e.) 

Chenevrau , CheDevreau , Chenevrll , 
Chenewis. [Intercalez ces quatre formes au sens 
de chenevtëre : " Au bout de l'aunay eichetievrau 

• Hacé Vaugoin. • [Cens d'Eslilly en 1430, Du 
Gange, II, 324, col. 3;. > Le suppliant s'en ala enung 
" chenevreau près la ville de Poictiers avec autres 

> compaignons ; estans audit chenevreau ils 

• jouèrent aux quilles. » (JJ. 201. p. J97, an. 1478.) 

• Sur un chenctini joignant au Doet au Chat d'une 

• partie, et au chenevril Colas Layllier de l'autre 
. partie. • (Reg. C, p. 36, an. 13;«.) . H alla aussi 
< coucher au chenewis aux champs. ■ [JJ. 138, 
p. 168, an. 1390.)] (n. e.) 

Chenil, subit, masc. Lieu où on loge les chiens. 
( 11 n'appartient à nul de nommer chenil le lieu où 

■ il met ses chiens, qu'a celui qui a meute de chiens 

• royale, qui peuvent prendre le cerfs en tout 

■ temps, sans autre ayde que de leurs chiens. > 
{Charles IX, de la Chasse, p. 62.) On pourroit croire 
que le mot chenin étoit abandonné aux logemens 
des chiens, en moindre nombre, ou d'autres espèces 
que ceux qu'on vient de désigner. Hais nos lexico- 
graphes anciens ne font aucune distinction entre 
chenil et chenin. Le passage suivant n'indique 
aucune différence réelle entre ces deux mots: ■ Est 

■ bfôoin, si quelque chien a ses maladies en un 

■ chenin, d'oster tous les autres, et les remuer en 
« un autre lieu. » Fouilloux, (Vénerie, fol. 79.) De 
ces deux mots, chenil est resté seul en usage, s'ap- 
pliquant à tout logemeut de chiens en général. 



ï- ÇH 

vAniAxiï!! : 
CHENIL. Djct. d'Oudin, de Nicot, etc. 
Chknin, Fouilloux, Vénerie, fol. 79, V*. 

Cbeniller, subst. masc. Nom d'un peuple. 

D'autre part viennent cil de Trace ; 
Et Coramin (1), et Chenitler, 
tlavanront pisr tôt eealller. 

Filil. H3S. <b R. D- mi. T. I. loi. 60, R* «1. 1. 

Ghenlllere, subst. fém. Amaa de chtniltes. 
Comme qui diroit fourmillière. On a dit au Oeuré : 
< En ce peu de mots il y a une chenillere d igno- 
■ rances, et d'impertinences. > (Garasse, Recb.-des 
Rech. p. 618.) 

TAillAnTES : 



Chenilles. [Intercalez Chenilies, âSins l'exprès* 
sion suivante: • On a accoustumé, quant aucnns 

• robent lea roisins es vignes^ pour appeller lea 

• vigniers de crier aux chenilles. ■ [JJ. 157, p. 263, 
an. 1402.)] (s. e.) 

Chenllller, subst, masc. Instrument de jardi- 
nier. On s'en sert pour faire tomber tes chenilles des 
arbres et lea détruire. (Dicl. d'Oudin et de Colgr.) 

Chenin, adj. Caniculaire. — Qui est propre au 
cbien. 

On a dit, au premier sens de caniculaire, joitn 
chienins, pour les jours caniculaires. •> Le jus de la 

• grappe verte, et aigre doit être mis au soleil, 

■ avant les jours chienins. • [Prouss. Champ, et 
Rur. deCrescens. fol. 1486) 

De là, peut-être, raisi^is chieniTts, dans Rabelais, 
T. I, p. 182, pour raisins mûris dans le tempa de la 
canicule. 

On a dit aussi manière ehiennine, p|0ur à la 
manière des chiens, ■ Nous n'avons pas fait marctié 
> en nous mariant de noua tenir continuellement 
- accouésruneàrautre.d'unemûtiwrecftiennifw.t 
(Essais de Montaigne, T. III, p. 345.) Une dent ehien- 
nine est une dent de chien, dans les Dialogues dt 
Tahur. p. 191. Lait chenin signifie lait de chienne, 
dansBa'if, fol. 58. 

On s'est servi de ce mot pour désigner une espte* 
de blaireau qui a le nez fait comme celui du chien. 

■ 11 y a deux espèces de tessons savoir est des te»- 
« sons de porchins, et de chenins. » (Fouilloux, 
Vén. fol. 72.) 

VARIANTES '. 

CHENIN. Fouillouit, Vénerie, loi. 78, V-. 

CuiENiN. ProuBB. Champ, et Rur. de Cresceiu. IbL 1486. 

Chiennin. Essais de Montaigne, T. 111, p. 3fô. 

Chennetler, subst. masc. Valel des chiea». 
Celui qui mène les chieoa, qui a soin de leçr no^^ 
riture. (Dict. d'Oudin.) 

Chenueco, subst. fém. Cheveux blancs. 

lloultli Bvient la chenuece (3), 
PJain eat de sens, et de proace. 

PuiMUpu d» Mo», lia dsS. G.fOLlH.V cri. I. 



r- CH 

€ capitaines qu'ils noinineDt(;A«9un[4). • (Pelisson, 
Hist. de Louis XIV, T. I, liv. Il, p. 208.) 

Cher, adj. Clair. On dit encore en musique son 
clair, pour son aigre. Cher, qui paraît une faute, 
est pris en ce sens, dans ces vers : 

Les cors ss roches commPDceiit a charier. 
Sonnent cil greille, et cU otirant cher. 

Da CBi(g. m mot EUphn (t.. 

Clair signifie aussi qui n'est pas seTé, qui n'est 

Sas épais. De même, on disoit autrefois, en termes 
e chasse, pays cler, par opposition au mot fort, 
pays couvert de bois. {Modus et Racio, fol. 37.) On 
lit plus bas au cher, pour en pays cler; mais je 
crois que c'est une faute pour cler, ancienne ortho- 
graphe de noire mot clair. Ainsi verrons-nous ci- 
après chers, pour cleres, par une méprise à peu 
près semblable. 

Cher, adj. Précieux, cher*. Nous disons encore 
cher, et Marbodos, col. 1662, employoit l'épithète 
de chère, pour dire une pierre précieuse (6). On a 
autrefois écrit char, comme le prouve la devise du 
chardon, signiîlant cher don, que prit la maison de 
Bourbon, depuis le mariage de Pierre de Bourbon 
avec Anne ae France, fille de Louis XI, qu'elle 
regarda comme un cher don. (Le P. Menestrier, des 
Tournois, p. 236 ) Le peuple prononce char, en 
Touraine et en quelques autres provinces voisines. 
On disoit aussi chier, pour cher, même au féminin. 
Chier sœur. (Test, du comte d'Alençon, ît la suile 
de Joinville, p. 182.) (7) Avoir chier, pour chérir. . 
(Monstreiel, Vol. II, fol. 31 .) Avoir hier. (Itob. de la 
Piere, Pces. mss du Vat. n" HSO.) Tenir chier. 
(Fabl. Mss. du R. n" 7218, fol. 288.) > L'onditque 
« l'homme, ne la femme ne font pas du tout ce que 
. besoing seroit de leurs cueurs, et leurs voulentez, 

< au temps de jeunesse, especiallemcnt en amours ; 

• ainçois les couchent souvent la ou ilz ne sont 
( gueres aimez, et chers tenuz, mais déceuz en la 
. fin. • (Perceforest, Vol. V. fol. 83.) 

Voici quelques expressions qui renferment les 
principales acceptions anciennes de ce mot (8) : 

1" Cher fruit, dans le passage qui suit, paroit 
signifier un fruit imaginaire, mais précieux, i 
cause des effets que les fées lui attribuoient : > Luy 

< envoyé ceste bourse plaine d'air oriental, prins 

• en l'ysle de vie, et plain ce vaissel d'eau de vie, 

• avec trois pommes de cher fruit. » (Perceforest, 
Vol. IV, foL 139.) 

0) On Ut en elTet au livre rouge d'AbbevitIo (13Q8) : • L'office de geolage et cépage des prisons et garde de l'escbevinage 
d'icelle ville. ■ (N. ■£.) 

(9) On lit BU registre JJ. 71, p. 59, sn. 1337 : t Item dit li supplians que li cépages de louz les prisonniers prios en ladite 
chaslEllerie [de Lille] ta cardn appartient A lui de son droit héritage.,, duquel cépage Itdit suppliant est homme du roy, • 
(Comparez même vofume. p. 300.) (n. k.) 

<3) Edition Kenschel, VI, 7ce, col. 3 : ( Du tourage et chepage de Heedin (1475). > (N. K.) 

(4) C'est un scbeick. Joinville écrit (g 196) ; t II avoient fait chievetain d'un SarTBzin qui avoit à non Scecedin le Cà au 
•etc. 1 (N. E.) _ 

(5) Ilenachel (III, 38, col. 1) imprime : c Les cors as roches commencent A churier, Sonnent cil greille, et cil olifant cler. 
Cil mPiiuel prennent ù rechigner. > (n. E.) 

(6) Le mot est au\ Lois de Guillaume (II) : « E li plaiei jurra sur sains que pur mes ne I' pot taire, ne pur haiir si chUr 
_. .. «_. .._,_. j j ._ r 1 __ ..TE., if->j_ etc.), leâaasonnaaces indiquent la correction chier. 



CH -* 

VARIANTES : 

CHENUECE. Parton. de BL MSS. de S. G. ^ 1«, V» col. 1. 
ChknurE- Dict. de Monet. 
Chep. [Intercalez Cfiep, bout d'un champ; «Et 

■ se commencet ladite pièce de terre d un des 
- cheps. • (JJ. 52, p. 155, an. 1313.)] (h. e.) 

Chepage, subst. masc. Geôle, prison. — 
Geôlage. 

Ce mot, au premier sens de geôle, est le môme 
que chep, dont il est formé. (Voyez Cip ci-dessus.) 

■ On ancien praticien nomme ta geôle cftepaffe{l), le 
« quel mot vient de cipçws.etsetrouveaox anciens 

■ romans, et vieux poètes. » (Grand Coul. de Fr, 
Liv. IV, p. 542, à la marge.) 

C'étoit aussi le droit qui se payoil au chepter (2), 
geôlier, pour l'entrée et la sortie de chaque prison- 
nier. ■ Le geolage, ou profit de la geôle deue au 

• concierge, ou garde de la prison ■, comme on lit 
en marge du Coût. Gén. T, I, p. 784. Voyez dans 
Du Gange, au mot Turagium, une citation fran- 
çoise, où chepage est synonyme de tourage (3). Ce 
droit étoit de huit deniers parjour, suivant la Coût, 
de Lens, où nous lisons que • tous prisonniers cri- 

■ minels, ou calenges (accusez) criminellempnt, 

■ soient qu'ils soient condamnez, ou absous, ne 

■ doivent chepaige, depuis la calenge (plainte, 

• accusation) contre eux fait; mais s'ils estoient 

■ despesdiez auparavant conclusion criminelle, ou 

■ qu'ils fussent détenus civilement, en ce cr.s ils 

• doivent huit deniers par jour. • (Coût, de l.cos, 
au Nouv. Coût. Gén. T. 1, p. 326.) 

TARTAN TES : 
CHEPPAGE. Grand Coût, p. 552. 
Chepaige. Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 326. 

Chepiée, stibst. fém. Emprisonnement. Il y a 
un chapitre particulier sur le fait des chepieet, 
dans le Coût. Gén. T. I, p. 595. 

Chepullns, adj. plur. Cbebuies. On trouve 
myrabolans chepulains, dans les Epith. de M. de 
La Porte, pour myroholans chebules, espèce de 
fruit qui vient des Indes. 

Chèque, auhst. masc. Prince. Ce mot, qu'on 
écrit cheq, suivant le Dict. Univ. est un titre affecté 
su prince de la Mecque, au Grand-Prétre de la Hec- 

2ue. Il paroilroit, cependant, que Ton auroil 
tendu sa signification. On lit, au sujet de l'expédi- 
tion de Gigery. en ità&i, que les adouars ou habita- 
tions des Maures, • obéissent fi divers princes, ou 



eV Û8t. • Roland doi 

isi substantif a 



, forme cher (753, 3i 
èrainin est corn, (n. _., 
sens de char. (Ordonn. t. VII, an. 1347, p. 33, art. 18.) <N. E.) 



CH -* 

"î" Cher temps s'est dit pour disette. Les Anfrlois 
f]ui ne pouvoient pas recevoir de convois « eurent 

• grand defaule, et citer temps. • (Froissarl. liv. !, 
pape 90.) (1) On dit encore chère année, en ce sens, 
en latin tempus fûrww. (Voy, Foncemagne, extraits 
pour la 3* race, p. 302.) 

S" Faire chier enfant, ou cher fils, s'est dit pour 
le traiter avec prédilection, avec préférence. 

• Quand père, ou mere, ou l'unp; d'euix, durant 

• leur conjonction, ou aullrement, faict, ou font 

• testament, ou testamens. ilz ne poeuvent faire 

• liefkindt, qui esta dire chier en/fant, pour donner 
1 plus à l'ungque a l'autre. ■ (Cotil. de S'Orner, 
au Nouv. Coût. Gén. T. I, p. 292.) 

4* Avoircher, pour avoir à cœur (2). Je n'ay rien 
cher, se disoit pour rien ne me louctic, ne m'inté- 
resse. <■ /e n'ay rifn f/ifr que lesoucy, et la peine, 

• et ne chei-clie qu'à m'anonchalir et avachir. ■ 
(Essais de Montaigne, T. ill, p. 302.) 

S'elle me het, et n cier. 

Aduu U Bocm. IVo. tr. US. aniil I30D. T. IV, p. I3S5. 

r." Avoir aussi cher, pour aimer- autant. « Les 
<■ Sarrazins qui là esloyent, et qui point le pais ne 

• cogiioissoyent, avaient aussi c'ier qu'ils fussent 
' morts, que longuement chacës. Si se rendoyent, 
« et aussi les autres merveilleusement. ■ (Froiss. 
liv. I, p. 338.) On disoil de môme, aimer plus cher, 
pour aimer mieux, préférer. - Aima plus cher de 

• mourir qu'estrears. ■ (Froissarl, liv. Il, p. 123.1(3) 
Avoir plus chier amour, est au même sens, en ce 
passage : • Plus chier avaient amour la ou Crist 

■ soffni mor por eux. » (Conlin. de G. do Tyr, 
Martène, T. V, col. (iH.) 

6° Garder cher signifioit faire attenlion. ■ Com- 

• mandons estroittement que ces lettres vueues, 
« vous faciez faire les dits gros deniers des dits 

• poix, et loy, comme dit est, et ce mandez hastive- 
« ment, pur loutes nos monnoyes, que ainsi soient 

■ faiz, et gardez si cAer comnie vous nous doublez, 
> que en ce n'ayt aucun deffault. > (Oïd. des R. de 
Fr. T. m, p. 18.) 

On a dit y faut chose nule chlere, ne vile, pour il 
n'y manijue rien. (G. Guiart, hs. fol. 33.) 

T Se tenir chiere, en parlant d'une femme, signi- 
fioit se faire valoir, faire acheter ses faveurs. Nous 
disons faire la renchérie : 

l'ius chicnt te lenoit ; 

En mon ciier, plus croistre fesoit 
Amor, et de air. et talent. 

Fiibl. USS. du n. D- 13IH, fol. m, V coi. I (41. 
VARIANTES : 
CHER. Orih. subsistante. 

Chehe, masc. Kymer, T. I, p. 105, col. 2, til. de 1360. 
Char, Menest. des Tournois, p. S36. 

(1) On Ul au t. V[ de l'édition Kervyn <p. 104) : i Dont UDS si chiera tamps en vint en France que on vendoit un tonelet de 
berens trente escus. > (N. B,) 

S 2) On lit en ce sens dans Froisssrt (II, 61) : Ossi fhier avait il à prendre le mort a?oecques celle noble dame, se mourir 
levoit, que autre pari. * {s. a.) 

(3) On lit au i. Il, p. 63 : i Je aroie plu» chier à renonchier à tout che que j'ai vaillant, que la dame fust partie de no» 
sans confort, » On supprimait mime la préposition (IV, 183): « Si avoient plus cAter atendre l'aventure honoiirableateiil 
qut^ faire cose dont il euissent reproce. > (n. e.) 

(4) Ajoutons encore l'expression clier sent pour chef cens : « Pour treize sols de bons toumola chascun an tant de ehiir 
reng comme de croi« de cens. ■ (Ch. de 1314, an cart. de S> Hagloire de Parts, Du Cange, II, 375, coL 1.) (n. s.) 



i- CH 

Cheir. Rymer, T. I, p. 109. col. 1, til. de 1968. 

Chieii. Rom. de Brut. fol. .W, V". 

CiERS, sing Perard, Hist. de Bourg, p. 47Iî. 

KlKR. Ducbesne, Gèn. de fiuines. p. 291. - 

KiERS, f'rm. Chère. Carpentier. Hist. de Cambray, p. 18. 

CtEB. l'oës. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1385- 

Chereel. [Intercalez Cliercel, houe, bêche ou 
pioche: ■> Le suppliant qui tenoit ung chercel i 

• ouvrer es vignes. • (JJ. i7G, p. 624, an i448.](ii. b.) 
Cherchage, suhst. masc. Quête. Recherche. 

(Dict d'Oudin et de Monet ) Proprement l'ai^tioa de 
quérir. De là, celte expression cens à cherchage, 
pour cens qui ne se payequelorsqu'on je demande, 
et qu'on vient le chercher. On disoil cens à cher- 
chage, pour cens requérable ou à quête, par oppo- 
silion au cens rendable à la maison du seigneur. 

Cherche. [Intercalez Cherche, religieuse qui 
fait la ronde: • Ordonnons qu'il y aura deux 

• cherches, lesquelles on prendra pour un an, et 
« seront anciennes et meures de mœurs, lesquelles 
< iront par sepmaines circuir les ofUcines da 

• monastère, pour voir si on ne trouvera point 

■ aucunes caquetant ou faisant aultres choses 

• illicites. •(SlatutsdeBénédictinesdans Du Cange, 
II, 358, col. i.)](s. B.) 

Cherchât. [Intercalez Cherche!, mesure pour 
les grains: • Dédit etiam illam mensuram,frumeDt), 

■ qufE vocalur cherchet, de omnibus maneriis 

• suis, ■ (Charte d'Henri 11, roi d'Angleterre, 1126. 
Gall. Christ., t. II, col. 235.)] [n. e.) 

Chercheur, subst. masc. Ce mot, encore en 
usage, est bas et se prend toujours en mauvaise 
part. De là ces expressions proverhiales : 
1' Chercheur de barbets, pour niou. (D. d'Oudin.) 
2" On avoit intitulé cherclieurs de midi à quatoru 
heures, un ballet dansé au Louvre, le 29 janvier 
1620, et sous ce titre étoient désignés : • Le joueur 

■ de gobelets, le batteur de fusil, l'Espagnol, la 

■ vieille, le procureur, le ramoneur, le charlatan, 
> le vendeur de lunettes. ■ (Beaucbamps, Ret^. 
des Théâtres, T. Ill, p. 80.) 

Chercle de tonnel. [Intercalez Chercîe é» 
tonnel, rendu par le latin amphiteatrum (B. H. 
Gloss. lat. 76fl2j. Un aulre de 1352 (B. N. H20) 
traduit: • Amphiteatrum, t^^fiaiu à vin. >] (h. i.) 
Chercout. C'est l'impersonnel cherchait. Ce 
mot vient de circare. Voyez les vers suivans : 
SoTcnt coroit par Costenlin, 
Et ckercoul tout Avrencein. 

Rwn. da H«, HS. r- 40Ï. 

Chercuitier, subsl. masc- Charcutier. (Rabe- 
lais, T. V, Pronostic, p. 12.) 



CH 



— 449 — 



CH 



Gherdenernes. [Intercalez Cherdenemes , 
rendu par florentins au Gloss. lat. 4120 ; or, sous 
florerJia, on lit dans Du Gange : « Species liliorum 
« in candelabro. »] (n. e.) 

Chère, subst. fém. Visage. — Mine, accueil. — 
Démonstration, — Divertissement. — Festins. 

Nous avons vu ci-dessus, à Tarticle care, le mot 
gascon cara signifier visage. Celui de chire se prend 
aussi dans la même acception. (Du Gange, au mot 
Cara.) L. Trippaultdit, dans ses Geltbellen., que les 
Français italianisés usoient du mot de cherôj pour 
face et visage, de Fitalien chiera. 

Et vous (voilà) les dames de contrées, 
Toutes, Duz piez, eschevelées, 
Et leurs chieres esgratignées. 

Rom. de Brut, MS. fol. 72, R* col. 1. 

L'expression (aire bonne chère, pour avoir bon 
visage, avoir Tair de se bien porter, se trouve dans 
une lettre de Charles YIII, sur la naissance de son 
fils en 1492. (Godefroy, Observ. sur Charles VIII, 
p. 627.) « Environ quatre heures du matin, la Reyne 
« eut un très beau fils, et vous assure qu'ils font 
• tous deux bonne chère, etc. » 

Rien n'est si commun que ce mot, pris en ce sens 
dans nos anciens auteurs, en prose et en vers. On 
disoil chère sade, pour mine malade. (Borel, Dict. 
au mot Chère.) On lit chère marrye, pour visage 
triste, dans J. Harot, p. 90; chère morne, dans les 
Poes. Mss. d'Eust. Desch. fol. 514, pour visage 
morne (4). Perceforest a employé le moi chère, pour 
la face du cheval. (Vol. II, fol. 45.) 

Nous disons faire bonne mine, bon visage. On a 
dit dans le même sens faire belle chère (2). (Quinze 
Joyes du Mariage, page 170.) Faire grant chiere. 
(Joinv. page 118} et simplement faire chère, pour 
accueillir favorablement, caresser. 

Quant in*apperçut, son escabeau en chaesre 
Il laissa-là, et me vint faire chère. 

Faifea, pago 99. 

Chère s'est dit aussi pour démonstration, comme 
nous disons faire mine. * Si en est moult dolente, 
« mais chiere n'en ose faire. » (Lanc. du Lac, T. II.) 

Ce mot a signifié aussi se divertir. On trouve, en 
ce sens : faire grandissime chère (3), dans les Nuits 
de Straparole, T. I, p. 80. Mener grant chère, dans 
Percefor. Vol. IV, fol. 72. 

Cette expression a été particulièrement appliquée 
aux festins, et nous disons encore faire bonne chère 
ou grande chère et dans cette signification : « Aller 
« aux grandes chères, comme sont banquets et 
« noces. • (Arrest Amor. p. 311.) 

Des différentes acceptions que nous venons 
d'exposer sont tirées diverses façons de parler que 
nous allons rapporter : 






1* Avoir chierre pour ressembler. « N'a pas 
« chierre de larron. » (Fabl. mss. du R. n* 7218.) 

2* Répondre de chère, pour répondre du visage. 
(Percef. Vol. V, fol. 126.) 

3* Encliner la chiere, semble un signe de dépit 
ou de crainte dans ces vers : 

Li deable qui se tiennent, etc. 

Quant il venir voient 

Le prélat (noult grant paor orent , 
For ce que en vérité sorent, 
Que U prelas moult preudom iere, 
Chascuns en enclina la chiere. 

Fabl. MSS. da R. n* 7218. fol. 298. R* col. S. 

C'est-à-dire chacun en frémit, chacun en trem- 
bla (4). 

4° Chère de bras, pour accueil de bras^ embras- 
sades. (Froissart, liv. I, p. 420.) 

5' Briser sa chiere, se disoit pour se tourmenter, 
renoncer aux divertissemens. Eust Desch. fol. dês^ 
en parlant aux courtisans des grands, leur dit : 

Vo temps perdez, et brisez voatre chiere. 

6* En grant chiere, pour en grande pompe. 

C3ievauchoit SeciUe en grant chiere. 

Vigil. de CharlM VU, p. 73, T. H. 

On disoit aussi en grans chères, au pluriel. (Ibid. 
T. I, p. 7.) Ce mot semble désigner en général des 
ornemens, dans ces vers de Part, de Blois, f» 128: 

Bien est orlè (bordée) U covertox (couverture) 
De beax chereh, en tor (autour) les ors (bords.) 

7* A bonne chiere, sans rancune, de bon cœur, 
dans le sens de chère, pour caresse, accueil. (Rabe- 
lais, T. IV, page 74.) On disoit aussi à la chiere^ 
gaiement, d*un air gracieux et ouvert. 

Lors U vint devant, a la chiere 
Un viaus marcbans de galice. 

Fabl. MSS. du R. n* 7015. T. U, fol. 124, \\ col- 1. 

Chère est pris pour accueil, mine, dans les pro- 
verbes suivans, cités par Du Cange au mot Cara. 

1* Belle chère et li cœur arrière (5). 

2* Belle chère vaut bien un mets. On trouvera 
d'autres proverbes dans Cotgrave, et dans les Cur. 
Fr. d'Oudin. 

VARIANTES (6) .' 
CHERE. Ârrest. Amor. p. 66, et passim. 
Chiere. Rom. de Brut, MS. fol. 72. R* col. 1. 
ClHiEHRB. Fabl. MSS. du R. n» 7218. fol. 233, V» col. 1. 
Chire. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 514, col. 4. 
Qere. Fabl. MSS. du R. n« 7989, fol. 72, V* col. 2. 

Chèrement, adi;. A haut prix. — Précieusement, 
avec soin. — Avec instance. 

Nous employons encore ce mot dans le premier 
sens, mais cette expression, se tenir chierement, 
pour faire la rencbérie, n'est plus en usage : 

. . . , Je Tamoie plus que mi ; 
Si se tint vers moi chisrement. 

Fabl. MSS. da R. n* 7218, fol. 251. V col. 1. 



(1) Froissart nous donne encore chiere lie. (s. b.) 

(2) Froissart (II, 54) écrit : « La royne leur aist que la bonne chiere et lie que layens on U avoit fet, ungs tamps venroit 
qae grandement Ten souvenroit. » Au t. XVI (169) on trouTe : c Faites le venir à grant chiere. > (N. B.) 

(3) Ce sens est aussi dans Froissart (XIII, 63) : c Mais beuvoient et mengoient en leurs chambres et menaient très grant 
chtere. > (n. e.) 



(4) On lit cependant dans Pb. Mouskes (an. 1270) : « Les saluent les chieres basses. » (N. b.) 
~>) Voir H. Estienne, Précellence. 216 et 217 ; il en est de môme pour ïex. suivant, (n. e.) 

Le mot est dans la Gbansou de Roland (v. 3645) : « Pluret des oUz, tute sa chère embrunchet. » L*origine est le latin 
cara {xàça) qu'on lit dans Corippus, poète du vi* siècle : c Postqoam renere tremendam Goesaris ante caram. » (n. b.) 



i 



m. 



57 



CH 



-450 - 



m 



De là ce mot a siguiné précieusement, avec soin. 
Les dames, pendant leur sommeil, se couvroiçnt 
autrefois le visage d'un masque appelé ^our<e^ pour 
n'être point incommodées du grand air. Fôuilloux 
seoible faire allusion à cet usage^ lorsqu'il dit^ en 
parlant d'une bergère qui néglige ce soin : 

Point de tourets n'avoit à son 3ommeil, 
Fors seulement la clarté du soleil; 
Elle n'estoit point cfierement enfermée ; 
Âins aux fureurs des vents abandonné^. 

FouUloHX. Véoeri0, toi. 87, V* (i). 

On disoit aussi prier chèrement^ pour prier avec 
instance ('2). « En le priant chèrement qu'a ce grand 
« besoing ille voulsist conforter, et conseiller. » 
(Froissart, liv. I, p. 281.) 

VARIANTES I 
CHEREMENT. Orth. subsist. et Joinv. p. 96. 
Ohierbmbnt. Froissart. liv. I, p. 281. 
CiEREMKNT. Cbans. £r. du xin* siècle, MS. Bouh. f> SS^ 

Cheren, subst. maso. Ce mot semble le même 

3ue séran, instrument avec des dents de fer ou 
'acier, dont on se sert pour apprêter le lin ou le 
chanvre. Le vers suivant semble appuyer cette 
conjecture : 

; . . . . Proserpine 

Qui des dens d'un chierenc se pine. 

FmiMit. PoéB. JtSS. p. 430, col. S (3). 

Le même a dit ironiquement : 

Son corps est aussi doux qu'un chierens, 

Ibid. p. 800, eol.-S. 

On lit chirins dans un autre ms. n*" 7915. Ce mot, 
jdans la Coutume de Valenciennes, désigne. vraisem- 
blablement un instrument de cette espèce. On y 
trouve : « Un benoistier, un mortier et pestrelin 
« (pilon) un cheren, un couloir de buée. » (Nouv. 
Coût. Gén. T. II, p. 258.) 

Ce mot paroitroit aussi s'être employé pour 
instrument propre à prendre les anguilles : 

Et les ains a penre merlens, 
Et les ceronSf et les estrilles, 
. Et foines dont Ten prent anguiUes. 

Fabl. IdSS. du R. n* 7âl8. fol. 106, V col. S. 

On a dit dans le Roman delà Rose, cherant(A)j pour 
désigner une chose de peu de valeur. Quelques-uns 
ont cru que cherant étoit le nom d'une monnoie. 
Le Blanc avoit bien raison de dire qu'il ne la con- 
noissoit pas. (Voyez son livre sur les monnoyes, 
page 224.) 

VARIANTES I 

CHEREN. Nouv. Coût. Gén. T. II, p. 258, col. i. 

Gherans, Cierins. 

Ghisrenc. Froissart, Poes. MSS. p. 180, col. 2. 

Chierens. Ibid. p. 300, col. 2. 

Ceren. Fabl. MSS. du R. n<» 7218, fol. 198, V* col. 2. 

Cheresse, subst. férn. Sécheresse. On lit, en 



ce sens : « Quant il fait cheresse^ et oyseaulx ne 
f peuvent trouver d'ea\i^. » (Uodus et Iiàcio,^89.] 

Gherfoir. [Intercalez Cherfoir, serfouir, rende 
par excodicare au Gloss. lat.-fr. 521.] (w. e.) 

Gherge. « Zif, zaf, zef, croc, crac, maiHe, et 
« chergCy particules imitans le bruit des fouâs 
« agitez dans les actes des apôtres. » (Hist. du Tb. 
Fr.T. II, p. 427.) • ' 

Gherir, verbe. Chérir. — Caresser, faire boi 
ficcueil. 

Notre mot chérir vient de là ; mais nous ïe^» 
ployons seulement pour aimer avec tendresse. Il 
est pris dans ce sens, par Faifeu, page 36 : « Il fat 
« chaery de chascun, oe chascune. » 

Hais plus ordinairement on remployoit autrefois 
avec la signification de faire bon accueil, bonne 
mine, faire caresse (5). Du mot chère pris dans i» 
sens. (Voyez Borel, Monet, Glossaire de Marot, etc.) 
On lit cherant leurs peres^ pour caressant leoB 
pères, dans Léon Tripp. p. 299. 

Tout du lonc du chemin, venoyent chérir la belle, 
Les loups, et les lyons, à la face crueUe. 

Biir. toL 167. n: 

Si vint en France^ et en Bretaigne : 

Grant pièce i a esté chierie, 

Fabl. MSS. du R. a* 7tl8, foi. 9ÊS, V ooL i. 

Cherer signifioit quelquefois accueillir, en gé- 
néral. 

loye me fuit : couroux me suyt et chère, 

RofH'deGoDaiTi.p.iS. 

Je ne parle pas de la signification de chérir j pour 
chercher ; elle appartient au mot quérir ^ auquel je 
renvoie. 

CONJUGAISON : 

Cere^ ind. prés. Chérit. «Hout lecere et honere. » 
(Fabl. MSS. du R. no 7889, fol. 65.) 

Ceri, prêter. Caressa. « Hout lesceri. et honera. • 
(Ibid.) 

VARIANTES .* 

GHERIR. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 366, coL 1 (6). 

Ghierir. Poes. fr. MSS. av. 1900, T. m, p. 1083. 

Ghabrir. Faifeu, jp. 96. 

Gherer. Léon Tnppault, GeltheU. p^ 899. 

Gerir. Fabl. MSS. du R. n« 7W,,fol M, R» cqI. 3. 

GiERiR. Ph. Mouskes, MS. p. 58. 

KiERiR. Jehan Bretel, Poês. MSS. du Vat. 1490. 

Chéris. Ce mot semble mis pour cherise^ dans 
les Poës. MSS d'Eust. Deschamps, fol. 210. 

Gherissable, adj. Aimable (7). (Dicl. de Coterave 
et d'Oudin.) 

Gheriste, subst. masc. Qui fait bonne chère. 
Selon Borel, premières additions, qui ne s'appuje 
sur aucune autorité. 



(1) Gomparez édition Farre, fol. 65, recto. (N. E.) 

(2) On ht encore à Fédition Kervvn (IV, 99) : «Je voua en pri chierement. » (n. b.) 

(3) On lit dans Baudouin de Coudé (I, i27) : « Tant i erent [les épines] espessement Drues et poignans com cerem. t (h>B-) 

(4) On lit au Testament de J. de Meung (1576) : t Goascieace le point plu que aerans ne broiaae. » (ICB.) 

(5) Ainsi dans Perceforest (t. II, fol. 4) on lit : c S'avança le roy, et embrassa (tarifer le jeune, et le baisa par moultri^ 
foys ; si flst-il Nestor ; et quant U eut les enfants assez chéri, » (n. e.) 

(6) Dans le vers de Descnamps, le sens est caresser : c Se je vous ay en mes dittez cf^eri. » (N.s.) 

(7) Au XV* siècle, le C^onv. de S^ Denis donne unck^ variante : « Mais muniere plus convenable» Pins ckniftible ei reagnsiible 
Ne saroit nulz ymaginer. » (n. s.) 



GH 



- 451 — 



CH 



Cherkemanant. [Intetëalez bhetkemanant y 
Juge d'un bornage ou partage de terres, dans une 
diarte de Raoul, abbé de Corbie pour la ville 
d'Anmes (ou Ham, 1248) : « Et si est à sçavoir ke 

nous avons en Tan en la ville d'Anmes, trois 

Xlais généraux, là où tous les cherkemanant 
oivent estre.... Et doivent li cherkemanant de 
iç vile d*Anmes faire serment de warandir bien 
çt loiaument les droitures de notre Eglise, et 
angier loiaument de cbou qui est sur aus selonc 
les us et coustumes de la ville d'Anmes. >.] (n. £.) 

Cfaerkemanerie, subst, fém. Terme de cou- 
tumes. Ce mot 'signifie prbpremëni une information 
çjûje pour contioiiriB les bornes d'un héritage, s\ii- 
yànt réditeur des Ordonn. des R. de France, T. HT, 
|âges 293 et id4, ah. 1291. (Voyez Ge^ouciiiÀNA'GE 

ci-€ë$ëus.) 

CShermer, verbe. Charmer, enchanter. (Dict. 
Se Cotgrave et Borel, 2*" add.) I-iO peuple, en Nor- 
mandie, prononce encore charmer, pour charAner, 
substituant le son de Ve à celui de l'a, non-seule- 
ixfent dans cette occasion, mais dans beaucoup 
d^utres qu'il seroît superflu d'indiquer. Paifeu 
écrivoit, selon cette prononciation : 

Feîgnoit cfternt^ la chambre on tous endroiz, 
Se pourmenant devant boytteu^.ou droitz. 

Faifeo, p. 59 et 60. 

Gfaermlnç, subst. fém. Le fruit du charme. 
(Dict. d^Oudîn.) 

<!2hero1gne, poijr chanoine. (Titre de 1266, des 
Charles de S.Martin des Champs, communiquées 
par D. Chamou à M. de Foncfemagne.) 



/• 



^eheppélelXi^SMS*^ niasc. Vol. Ce iridt "se trouve 
plpAployé dans le manuscrit de M. le Chancelier, au 
(péme sens que celui ^'eschapelerie^ dans ce pas- 
sage : « lions, quand l'en li tôt le sien, bu en che- 
« min, ou en boez, soit de jour, soit de huit, c'est 
« apelé eschapélerie. »(Ord. des R. de Fr. T. I, 
p. 127, an. 12700 On a dit eschapélerie d'écharpe, 
comme de robe Ton a fait dérober. (Voyez ibid. 
note 6.) (1) 

VARIANTES .' 

*C:HERPE;1,EI&. CoUet, Pratlq. MSS.de M. le €hanoeUer. 
Ghbrpeleiz. Id. ibid. 

*Glïérpe\léte9 subst. fém. Sérpillièpe(2). Gfo^e 
doile );)ropre ^ux' emballages. Borel àii skrpeliere. 

. Oherqueler, t;er&^. Borner. Fixer les bornes 
d'un héri tage contentieux (3). Les paysan&d'Artois se 
serventieHeore de^ mot dans ce sens.. (Du Cange, 
au inot eircamanaria.) 

TARUNTES : 
CHERQUELER. Bu Ganse, au mot Circamanaria. 
. Deqherqueler. Id. ibid. 



Gherqnek*. [Intercalez Cberquer, errer, du 
latin ctrcare : 

Uns philosophes fu jadis, 
Qui mainte terre et maint pays 
Pour apprendre «ou vent cherqua, 
Et ataint loin livre reversa. 

SItppemoide mt.. eh. 90 fDo Cange, V, 756, col. t). 

On lit encore aux Enfants Haymon, v. 992: 

Or diray de Regnault. s'il vous plest et agrée» 

Qui par grant povreté cherqua mainte contrée.] (N. e.) 

iChef()ui)er. [ïnlercalez CherqaljBr ou dliBr- 
qiiiierj fréquenlatiîdu précédent: 

Nus ne devôs faire passer^ 
Se son fardel ne veut monstrer.; 
Les pelceurs devée cherqviier 
Et faire leurs fais desquerquier. 
Guignevule, Pèlerinage du genre hum. (Du Cange. II, 287, col. S.)] (N. l. 

CShef rée> subst. fém. Gharrée. La cendre qui a 
servi à la lessive. (Dict. Etym. de Ménage.) 

Chers, subst. masc. Clerc. 

Li chevB a dit, et pleure après, 
et maudit le conseil. 

rartenopex deBloft. iliS. deS. 6. fol. i34. R* col. 1. 

On Ht plus haut : 

Il mande tm cXerc de 8<m -conseil. 

Ibid. col. i. 

•Et plus bas : 

Li clers li fait, et si l'enporte. 

Ibid. col. 3. 

, ^ersydre, subst. Couleuvre, suivant le Dtet. 
de iSdtgrave (4). Ce serpent se trouve compris flat» 
l'éhumératlon des animaux fatttastiques de *Itebe- 
lais, t. IV, p. Îiï4. (Voyez ci dessus Chelïdre.) 

Chérubin, subslmMC. Sommet de la tète. C'est 
le sens de ce mot-dans « une farce ancienne, d'où 
« vient ôarobiiïâdilire, mot de Languedoc, qui si- 
« ^ifle la ^gareete, ou cheveux du front. » ,(Dict. 
de BoreL) On appelle encore chérubin, en terme 
d'architecture, la tête d'un enfant avec des ailes. 

Cherue. [Intercalez therue: !• Navette à 
encens: « Item une cherue et unelouchette'd'ar- 
« gens, pour TeiiCheus. » (Inv. ms. de la cathédrale 
de Cambrai en 1371; Du Cange, II, 219, col. 2.) 
2^' Charrue: « Sep ée cherue. » (Glossaire iàt^^fr. 
7692.)] (N/te.) 

Gherve.^; [Intercalez Cherve^ chanvre, dans.un 
reg. des 'fléfs du com(!ë de Poitiers en i41i,n)u 
Cange, tl, 326, col. 2) : « La dixme ou desmerie oes 
« blez,... lins, cherves. »] (n. e.) 

CheSfi pronom. Ces. — Ceux. 
' Ce faôt est mîs^pour ces dans ' les vers sutvans : 

. . . Emoùf et Herlbin tes trafstres creoit 
1^ le cdnseU^le cAea deux-iM» enfant traiaaoit. 

Rem.' de Rou.VS. p: t)0. 

Ce mot est mis pour ceux dans ce passage: 
« Toutes nos detes4uenous avons fait d'emprunt 



, (1) Voyez Du CanM sous Serpeilleria (VI, SM; col. -Shi <k. ».) 

*»ï2ft«fif GfflèvôirfflBent «nCOre-uMirputére, cherMliire. (N/ E.^ 
r3) Pardevant le seigneur, ou son conn&ettent,' ajMrte^DuCafn|;a(II/'360, col. l)i<N^)a.) 
[4) La racine est /cf <rof, terre, et vâcoç, eau : ce nom a été donné à un serpent de rarcbipel iadiooa^lf.il) 



CH -* 

■ ches, et à qui que dous sommes tenus, etc. ■ 
(Testament du comte d'Alen^on, ù la suite de Join- 
Tille, p. 185.) 

Cbeseau. [Intercalez Ckeseau: 1° Celui qui 
Uenl un fief en chèrement (voyez ce mot) ; 2* p. e. 
botte, ragot : • Le millier de mesrien à via en 
* cheseaus, .xti. den. ■ (1314, Du Gange, II, 336, 
co1.1.)]{n.eO 

Ghesneau, subst. masc. (]) Diminutirde chéae. 
Petit chêne. On Ut en ce sens : 

La mère louve affomâe 

Qui oubliru ees louTcteaux 

Allamez, dans les chesneleaux (S), 

Et sa queste accoustumëe. 

(Em.daBûf.lol. lgO,V. 
VARIANTES I 

GHESNEAU. Dlclloa. d'Oudln ; £piUi. de U. de La Porte. 
Chbsnereau. Dict. de Cotgrave. 
Chbbneteau. Oudin; (£u?. de Baït, fol. 180, V*. 

Chesnée, subst. fém. Espèce de mesure. En 
Touraine, les arpenteurs appellent encore chaîne, 
qu'on écrivoit autrefois chesne, une mesure com- 
posée de fil de laiton dont ils se servent pour 
arpenter les terres. De là, chesnée de terre, pour 
signiOer une certaine mesure de terre (3), dans un 
titre de Touraine du 13 avril 1608, au Recueil, 
c. p. 200. 

Cbesoette, subst. fém. Petite chaîne. Dimi- 
nutif de cftesfW, pour chaîne. (Dict. de Colgrave.) 
Ixs ehesnettes à /Teurs éloient autrefois uue sorte 
de parure. Le prieur de l'Amant cordelier, exhor- 
tant son novice à renoncer au monde, lui défend : 
Item mouchouers deliei, 
Chetnettea à fleure d'oubliance. 

L'ÀnuM nodu ConbUs, p. ST7 <l SIS. 

Cbesne yeose, subst. Espèce de chêne (4). (Dict. 
d'Oudin.) Le chêne vert, suivant Falconnet. 

Cbesnln. [Intercalez Chesnin, de chêne dans le 
Roman de Gann : 



Cbesnotlère, sub&t. fém. Jeune planl de 
chêne. • Pépinière, chesnotieres, haistrieres, oul- 

■ mieres, et autres jeunes arbres provenus de 

■ plant, ou de semence, et tenus en réservoir, pour 
- estre transplantez, suyvent le fonds. » {Coût, de 
Normandie, T. I, p. 1025.) Ce mot est encore en 
usage dans celte province. 

CtaessioD, subst. fém. Cession. On lil chessîon 
et abandonttement. (Ord. T. I, p. 742.) 

Cheste, subst. masc. Ce mot semble une faute, 
dans ce passage, pour geste, fait, action : 

(1) Od lit dans Amyot (Romulus, 9S) : t HomuluB couppa uq beau, grsnt et droit cftetnea», et l'ac 
trophée. I Voyei aussi 0. de Serres (657). C'eat un nom de Ueu dans le Nord, ITonne et l'Aiane. (N. L., 

et) On lit aussi dans Ronsard (745) : ■ Deaur deux ehetneuaux je gravay. > (M. s.) 

(3) C'est laperchede vingt-cioq^ pieds carrés; on lit au cartulaire de (liiasé en touralno, année 1588: € Uoe piec* i» 
terre contenant trois Quartiers moins deux chetnies. > (Du Cause, II, S43, col. 1.) (n. k.) 
*) Le chêne vat <ihat). (h. ■.) yr- -^ , ,—^ ,y , 



ca 



On lil ailleurs geste. 

Chestiz. [Intercalez Chestiz, dans l'expression 
maire des chestiz, roi de la basoche et prince des 
so/8, ou chef des truands et ffraTidCoesre; directeur 
de \a chétivelé, il portail des sentences grotesques 
contre les nouveaux mariés et les George Dandin : 

■ jeban Halin... et auscuns autres compaignons de 

• la ville de Beaurrieu en Laonnois, pour ce qu'il 

• avoient entendu que Geraumin Marrin avoiteslé 

■ battu par sa femme, s'en fussent alez vers son 

■ hostel et eussent dit audit Geraumin par maniera 

■ d'esbatemenl : le maire de la chestiveté a ordené 

■ que tu soies chariez ; car tu l'as desservi pour ce 

■ quêta femme t'a batu. * (JJ. 110, p.SO^, an. 1377.) 
C'est quelque sentence de cette espèce qui aura 
inspiré la farce du Cuvier. Au reg. JJ. 195, p. 359. 
an. 1469, on lit encore : • Le Dimenche Gras ung 

■ nommé Simoonet... demourant en la ville de 

■ Avise en Champaigne... printl'abitdemeschaDce, 

• qui est une chose acoustumée ledit jour en ladite 

■ ville, et se représente le seigneur de la graot 
' leru {le grand Coesre !), qui se nomme et appelle 

• le maire des chestiz;... lequel faisait contraindre 

■ les nouveaulz venus ou autres estans à marier à 

< payer (^acun une somme au dessoubz de cinq 
- aolz. ■ Une charte de 1472, pièce 808 du même 
rMfislre, ajoute à la précédente : • En la ville de 
« Sueil sur Ayne et autres villes circumvoisines, 

■ ont accoustumé par forme de récréation eulx 
( assembler le jour de Caresme prenant, disner 

■ ensemble, et les nouveaulz mariez d'icelle ano^ 

■ payer leur bienvenue, et faire obéissance à l'uu 

• d'eulx, qui se dît et nomme par force d'esbatemenl 

< le seigneur des chetifz ou de la grant terre. > On 
le nomme encore seigneur de grant et on l'entoure 
d'assesseurs (JJ. 189, p. 426, an. 1460): • De toute 
« ancienneté l'en a acoustumé à Ermenonville te 

• Jour de la my-karesme que les jeunes gens 

< nouveaulx mariez en l'année prouchainemeal 

■ précédent font certaine feste et eslisent l'un 

< d'entre eulx, qu'ilz appellent le Seigneur de 

• Grant, lequel fait par coascun an certains pro- 

■ cureurs pour refformer et corriger par esbatement 

> tous ceulx dudil lieu qui se sont mal gouvernez 

> ou portez en leur mariage durant ladite année. > 
A Reims, une foire portail le nom des chetis: 

• Comme les exposans estoieot alez... en la ville 

■ de Reins à la foire, qui est appellée de cheti%, 

■ qui est chascun an en icelle ville de Reins le jour 

• de la mikaresme. > (JJ. 135, p. 136, an. 1388.) 
Les lettres de rémission cilé^ prouvent que U 



CH -*■■ 

justice était peu endurante pour ces juges de 
reoconlre et ces faux chats fourrés.'] (h. e.) 

Chestreux, adj. Pauvre misérable. [Dict. de 
Cotgrave et Ceithell. de L. Tripp.) Ne seroit-ce pas 
une altération du mol chartreux, qui signifie pro- 
■ prement qui est en chartre, en prison. De ià cheS' 
' treua:, pour mallieureux, misérable, par allusion à 
l'état d'un prisonnier. (Voyez ci-dessus Gbabtikb.) 
Ctaet, subit, masc. Bout, fla, conclusion. • Pour 

■ aucunement contenter les dits nobles, fut dit que 

■ chacune partie bailleroit, si bon luy sembloit, 

■ par écrit ce qu'il voudroit dire, pour le chetàa 
• dit cahier, alln d'y avoir, par vous messieurs, tel 

■ avis que de raison. • (Coût, de Troyea, ou Nouv. 
Coût. Gén. T. m, p. 292.) Nous avons dit que chef 
se prenoit aussi quelquefois pour l'extrémité, la Un. 
La ressemblance de ces deux mots a pu faire attri- 
buer à l'un la signiflcation de l'autre. Chet, pour 
fin, peut venir de cheoir, pris dans un sens figuré. 
(Voyez ci-après Chétb.) 

Chet chet, interj. Chut, chut. On s'en servoit 
pour imposer silence. (Mém. de Sully, T. IV, p. 138.) 

Chete, subst. fém. Terme de marine. (I)ictionn. 
d*Oudin.)C'est la profondeurd'unvaisseau mesurée 
par la distance du lillac à la quille, c*est>à-dire par 
ses deux extrémités, du haut en bas. (Dict. de Cot- 
grave et d'Oudin.) Suivant ce dernier, chete àési' 
gnoit aussi la profondeur d'un vase, sa capacité, 

Chetl-nez,su/isl.miis<;. Enfant. Proprement, un 
nouveau-né. 

AinsT pieca (depuis longtemps) l'ont destiné li sort, 
Et la Tertn des climas souveraine. 
Cous eheti-nei doit estre en tout cooTott 
TssuB de toT. 

INita.lISS. (TEul. DoduBi», roi. MS, col. 1. 

Chetron, subit, masc. (1) Espèce de layette. 
Manière de tiroir que l'on met à un des cdtés d'un 
cof^. (Dict. de Corneille, de Nicot, de Ménage, de 
Cotgmve et d'Oudin.) 

TAaUMTES: 
CUETAON, Chsstron. 
Chenmer. • Estant le mur metoyen, il pourra 

■ alors estre percé, pour y asseoir poutres, som- 

■ miers, cheumer, pennes, tendures, ou consoles, 
• etc. . (Coût, de Gorze, Nouv. Coût. Gén. T. U, 
page 1090.) 

Cheusson, subst. masc. Espèce {d'insecte. Le 
même que te cousin. On le nomme ainsi en Anjou 
«t en Touraine. (Le Duchat, sur Rabelais, pronostic, 
p. 18, note 8.) 11 le dérive de culicis. (Dict de 
Cotgrave.) • 

vAHiABTEs : 



Chente, subst. fém. Coupe de bois. — Perte de 
cause. 
Le mot chute subsiste pour l'action de tomber, 

(1) Tojec ehetion. (n. e.) 



8- CH 

ou de décheoir. Il a eu cette signification sous 
les orthographes cheoiste et cheoite. Voyez les 
autorités ci-dessous rapportées. Dans le premier de 
ces deux sens, on l'atlribuoit aux coupes de bois. 
< Vignes, et garennes à conoils, et bois de serpe 
' nouvellement coupé, iusques à quatre ans âpres 
> la coupe, sont prohibez à toutes bestes, et en 

■ toutes saisons, el le bois taillis aux cheales, jus- 

* ques à cinq ans après la coupe. > (Coût, de Xain- 
tonge. Coût. Gén. T. 11, p. 652.] Choisie se lit poui* 
chute d'arbre (Ibid. p. 591] et, aans le sens fl^ruré, 
pour la chute, rabaissement des grands, dans AI. 
Chartier (i'Esper. p. 365). Le même auteur, dans son 
Quadril. invec. p. 404, dit, en parlant de Rome, qui 
succomba sous le poids énorme de sa puissance: 

■ Les troppesans faiz, fonlles plus grietvescfteots- 

• tes.' (Voyez ci-dessus Cheite.) 

Dans le second sens de perle de cause, en le déri- 
vant de cheoir, pour décheoir, on disoil ckeute de 
cause, choiste de cause, pour perle de cause. • En 

■ cheute de cause, en appleigemens(pourcaution- 
nemens) simples, y a amende de loy. • (Coût, du 
Haine, Coût. Gén. T. H, p. 133.) • En choiste de 
•I cause. * (Coût. d'Anjou, Ibid. p. 75.) • Choiste de 

■ querelle. • (Ibid. p. 5C4.) 

VARIANTES : 

CHEUTE. Coul. Gén. T. 11. p. S52. 
Chsoitb. HeueBtr. de la CIieT. p. 187 et 188. 
Cheoiste. AI. CbartiT, Quadril. Invect. p. 404. 
Choiste. Coul. Gén. T. II, p. 591. 

Chenx, prépos. Chez. — Dans, en. Ce mot, au 
premier sens, n'a rien de remarquable, si n'est la 
variété de ses orthographes. On écrivoit autrefois 
gentilhomme de cheuix le roi. (J. d'Auton, Ann. de 
Louis Xil, fol. 118.) Le peuple prononce encore 
ainsi, dans plusieurs endroits de la Normandie. On 
trouve ciés li forestier, dans Pb. Mouskes, us, p. 56. 

Cette même préposition a signifié dans, en, 
comme le prouve le passage suivant: • Donnez 

■ che% noslre cbaslel, r.in de grâce 1440. ■ Ce n'est 
que sous l'orthographe subsistante que nous la 
trouvons employée avec cette signification. 

VARIANTES : 

CHEUX. Borel, Dict. 

Cbbuz. Path. Farce, p. 53. 

Cheulx. Joinville, p. 31. 

Chieulx. Coquillart, p. 71. 

Chieux. Hist. de Duguesclin, par Uénard, p. 31. 

Chœuie. Ord. T. II, p. 534. 

CiBCX. ModuB et Racio, HS. fol. ftl3, R>. 



Chiep. Blancb. HS. de S. G. fol. 179, V* coL i. 
CmÉs. Borel, Met. Modus et Rado, US. foL M?. 
CbieZ. Modus el Racio, HS. fol. itS, B*. 
Chbz. Orth. snbsistante. 

Cbevage, subst. mate. Capitation. Cet impôt 
étoitd'un dénier dans quelques lieux. ■ Au prieur 

• de Doncbery, au lieu de Sapogne, les droits de 
■ chevaçe du dit lieu compétent el appartiennent; 

• c'est assavoir que chacun bouni:eois dn dit lieu 



CH -' 

• sont tenus envers te prieur, chacun an, le lende- 

■ main de Noël, d'un deaier dç recogaoissance. ■ 
(bù Gange, Gloas, lat. au mot Chevagium (1}.) Pur les 
\f>\\ d'Angleterre, un seigneur ne pouvoil traiter 
soii vassal comme esclave, mais il l'a^rancbissoit à 
là cliarge de services, el ■ d'un dener par an de 

• chevage. • (Brilton, des Loix d'Angleterre, ^ 79,) 
» Franq origine, sainteur, et phéfvage », dans là 

_Ç^out. de Hayn,aul,,au Nouv. Coût. Gén. page li-z, 
signillent la môme chose. C'est le môme droit sous 
digérantes dénominations, selon Beaumanoir 
notes, page 405. C'est aussi le même que cKefcens 
(Voy, Ibid. un titre de 1343, p. 429.) 

Chevage étoit quelquefois un droit de douze 
deniers dû par chaque chef, marié ou veuf, qui iétoit 
bâtard, épave oii aubain (2). ■ Bastards, espaves.et 

■ aulbains sont tenus de payer, par chacun an, au 

• 'sieur, ou a son receveur ordinaire de Verman- 

• dois, douze deniers parisis, au jour Saint Remy : 

■ laquelle redevance est communément appellée 

• droit de chevaige. • (Coul. de Laon, au Coiil. Gén. 
T. I. p. 561.) Ce droit apparlenoil au roi [Laurière, 
Clpss. du br. îr.) 

On nommoit quelquefois cet impôt cavetiche, 
pour cfwtt que ch'est pour te kief, comme dit un 
ancien auteur (3) cité par nu Cange, Gloss. lat. au mpt 
Cavelicium. Ainsi cemotvenoil de cAc/, etjépon- 
dûit préciséfljeot, en son sens propre, à notre mot 
capilation. (Voy. Du Cange, Gloss. latin aux mots 
Cavagium, Chavagium, Cavaticarii, Kavaticum, 
Quevagium, Cavelicium et Chevescium, Warectum. 
— Gloss. sur les Coût, de BeauvQisis. — Les Dict. 
de Cotgravo, de Borel, de Corneille.) (4) 

VARIANTES : 

Chevage. Du Canse, Oloas. Ut. au mot Chmiagium. 
Obevaioe. CouV Gén. T. I, p. 561. 
{^EFTAOK. Nour. Cont. GËn.p. 143. ' ' 
Cavaok. Kavaoe. Phil. Mouakes, HS. p. 35S. 
Chavaiqe. Du Cange, Glosa, lat. au mot Cheoagi^m. , 
QusTAGE. Proc. vera). des Coût, de Peronne, etc. p. lit. 
<:HEVEi.AOt. Mém. da Hâxerais, T. I, p. MO. 
lÔUEVAJSB. Uorica, Hiat, de Bret. Prâi.pl7. 

[. Coût, de Bret, au N. Coul. Gén. T, IV, p. 412. 



Tït 



CH 



p. 580.) (5) 



VARIANTES : 

CHEVAGIEH. Lauriére, Gloss. du Dr. tr. 
QuEVAisiER. Uorica, Hist. d6 Bret. prêt. p. 17. 

Cheval, su&sl. masc. Cheval. Ce mot, don|'t 
l'orthographe suBsiste, a éprouvé d^ altératioas 
singulières dans tt) manière de l'écrire. Nous nom 
contenterons d'en jusUIlër une des plas extraordi- 
naires, par ce passage : ■ Monta a ch^ia et s'en- 
foi^yt. • (Chron.deS-Denis, T.I,fol. 53.)[6)Qn^l 
aux autres orthographes , iaoys renvoyons aux 
autorités rapportées. 

. L^ mot clievâl est un terme gâQërîqiie , sdôs 
lequel on comprenoil différentes espfecAS, (iomine le 
destrier, le coursier ou courant, et Te. Toncin; its 
sont distingués dans le passage suivant par lear 
dérinîtion : 

Trois manières trais de eheoaul»; qui sont 
Pour la jouste, lea uns nommei destriers (7) : 
HauU, et puissans, et qui très, gnnt ffirce ont ; 
Et les mojens sont appellei coursi«rs ; ,. . 
Ceuls vont plus loi pour Ruerre, et sont leigÎQn, 
fit les derreins sont roncins -et plus.bu, 
Chevaulx communs qui trop liant dedeltu. 
Ceux labours vont, c est de geadre viltain ffi). 

Poà. HSS. iTEul. DaKh. fol. ttf, eol. I. 



, Telle étoit la distinction la plus ordinaire dEâ 

chevaux. On trouve cheval courant, pour coorsifir, 

dans l'Hist. de B. du Guesclin, par Ménard, p. 430. 

Lo -.lue l'Empereur vint vcdr en 1377. le roi 

Cha! ■ ^ V à Paris, ce prince lui envoya on destriM- 

etu'i .'.jursier. (Chron. de. S.' Denis.) ■ I^ sraos 

« chuaux moyens, plus hauts que les ronciiè ■, 

sur lesquels montèrent les seignfiÙrâ, pfmr "adrom- 

pagner le roy, lorsqu'il alla au devant de l'Bm- 

pereur pour le recevoir^ sont désim^ par 

GOiirsiërs, dans là Chron. rr,. ï^ dg n^gi^.,.]} 

semble qu'on ait confondu qûelqi^'efpiste destrjâ' 

àvet le coursier. L'autéi/r de la Cfecônique, q^ 

nous venons de citer, parlant de l'bnlre observé 

dans cette marche, àît iitie f^, piilefrenier du roi 

étoit sur les destriers; cependEfUt tiotih Iisah^m'il 

, ... étoit sur un grand courtier, âuivant la Throifutiie 

Chevagier, su6s^ masc. Teri^'c(e 'ct^il^f^e. deS' Denis [T. m, fol. 35.) 

. Celui qui doit le chevage. • (Laurière, Gloss. du Nous croyons devoir placer ici les noms dcs>R#- 

(1) Edition Henschel, II, 141, col. 3. Dit Caagftcitaant^e un registre de la Ch. des Comptes où l'on dit '^lu '\if(^ fh 



j., Et de chcvoiar quatre 40DiN»da(ii& «X». «0 

(3) L'auteur est, le Grsna Uirtulaire da Corbl«: ( Le-(leiantdis a 

"OBiéi.et du 001 



plus aasëSf lesquels 



1 puent nai^r sa^a aan codgjjâ, e 

L.r mariage, casouQO peraoafi- - 
cavelich'e, pour chou que cb'et 






, i On Ut au reg. 56, p. 2M, an. 1317 
•n. ISaO : • Item sur ceriainea peisonnea d' 
.On. deti-, et la bme -u. den. > (n. e.) . . , 

(^ Il y a au ma. une abrâvialion oubliée^ oi 

OUCle le duc de Borry. i (n. 

(B) Le cheTal de somme ae nommait lumier, (Roland, 481} palefreit, p 
an. 13M)j porteur de mallei, cheval de êervice (Coutume d'&njou. art. l 
montait un palefroi ; en ligne un destrier, au tournoi un couraier. (n. b.) 



. , ,. .Ad oes seint Père en cuiupiist^ efteunn^t tjif^^.y^ «t - 
Saa hommes et a^a bmes qui sont ai chevagier... » Ou lit encore au r^,^Ljg.JT, 
'''"" linàge de la Ville de BeauTort, cheoagieri, qui doivent par chascun an, ranma 

■imprimé. (N. E.) jiwJ« 

Loyade Blet, varlet des grattt ckeoaulx delHiSin 



pi? 



:1^" 



CH 



vaux vantés dans l'histoire ou daos les romans. 
Marèhepin éloil le cheval de Galieri. Bucifal, qu'on 
&rilBwce/'a/e.étoit celui d'Alexandre: Boyard cielui 
d'un ies qvalcB Ris Ay mon i\). Le cheval du Toy da- 
tion n'est pas moins célèbre. Ogier avoil deux 
chevaux, l'un s'appe!oitBroie/'or((2) et l'autre Jfflr- 
ehevalée (3). Le cheval de Pacolet (A) éioilaaciiewAl 
de bois fabuleux, qui alloit dans les airs et qui se 
conduisoit avec des chevilles. (Voyez La Chasse et 
Départie d'amours, p. 241.) (5) 

un distinguoit, outre cela : 

i* Le cheval de parage ou cheval ^e parade. 
Charles vu étant à ChAlons en 1444, ■ de plus en 

> plus croissoit la feste, la jouste et la pompe, et 

■ lut en ce temps que chevaux de para^ se vendi- 

• rent si cher en France, et ne parloit on de vendre 

■ un cheval de nom que de cinq cens, mille ou 

■ douze cent reaux. • (Mém. d'Ol. de la Marche, 
livre I, p. 239.) 

2* Le cheval tTkonneur semble le même que le 
précédent. Au convoi de la reine Anne de Bretagne, 

■ il y avoit un cheval d'honneur, et haquenée ac- 

■ coustrée de même. ■> (Brant. Dames 111. p. 12.) 

3° Cheval de lance étoit un cheval propre à jou- 
ter. . Commanda à ses varletz qu'ilz leur appres- 

> tassent deux des meilleurs chevaulx de lance qui 

■ fussent a son séjour. ■ (Lanc. du Lac, T. 1, f 95.) 
4* Cheval de trais, désigne un cheval propre à 

tirer les voitures. Noua le nommons encore cheval 
de trait. Il est mentionné dans Eust. Desch. Poës. 
Nss. fol. 363, col. 4. 
5* Cheval du règne, c'est-à-dire cheval de Naples. 

■ Autrefois, à la Cour, ceux qui italianiâoient en 

■ françois appeloient les coursiers de Naples, les 

• chevaux du règne (6). • Balzac, Socrate Chrest. 
T. II, p. 429. (Voy. Brant. Cap. Fr. T. IV, p. 150.) 

6° cheval nain signifioit peut-être un cheval de 
batse taille, selon le Dict. de Monei. 

7* Double cheval s'est pris dans le sens où nous 
disons double bidet, suivant l'éditeur de Petit Jeban 
deSaintré, p. 141. 

8* Cheval de service semble mis pour cheval de 
bataille, dans le passage suivant : < Les capitaines, 

■ avec leurs lieutenans, et enseignes, me menèrent 

■ cent, ou sixy'iagis chevaux de service qui avoieni 



• esté gaignez en ceste faction (affaire, action de 
« guerre) outre les courtaux et mulets. • (Mém. de 
Monlluc, T. !, p. 599.] En termes de coutume; 
c étoit ' celui qui est du par le vassal au seigneot 

■ feudal, et est, par les coutumes de Hontargis et 

■ d'Orléans, estimé à soixante sols, et est levé paf 

■ le seigneur, une fois en sa vie, et n'est dû, si le 

• flel ne vaut, par an, en revenu, la somme de dix 

• livres tournois et au dessus. » (Laurière, Gtoss'. 
du Dr. fr, — Voy Dictionn. de Monet et Du Cangë, 
Gloss. lai. au mot Servitium de roncino.] • Le vas>> 

■ sal qui fait à son seigneur les foy et hommage de 

■ son fief ne luy doit droit de chambeilage, ne che* 

• val de service. • (Coût, de Heaux, au Coût Gëa. 
T. 1, p. 83.) • Cheval de service, en quelque pays 

• que ce soit eu Poictou, ou cheval de service-k 

■ lieu, monte pour mesure de terre i.i sols : pour 

■ borderie, trente sols : pour quarteron xv sols-: 

■ pour retatl tu sots vi deniers, soyeiit herbergées, 
< ou non, et s'il y avoit cent borderies on plus, 
« sous un hommage, si n'y aura il pour cheval de 

• service que soixante sols. • (Coût, de Poictou, an 
Coût. Gén. T. n, p. 584.) On distinguoit le Oieval 
de service du service de cheval. (Voy. cette expres- 
sion ci-après.) 

9° Le service de cheval obligeoit le vassal de se 
trouver armé, au premier commandement , pour 
défendre son seigneur ; au contraire, le vassal 
exempt du service militaire dounoit un roncin, «e 
qui s appeloit cheval de service. (Voyez Laurière, 
Gloss. du Dr. fr. p. 243. — todonn. des R. de Fr. 
T. I, p. 217.) (7) 

10' Cheval de rencontre. On nommoit ainsi le 
cheval de service dû au seigneur féodal, par les 
héritiers du vassal, lorsque la mort du vassal s'étrtt 
rencontrée dans la même année que celle du sei- 
gneur. C'étoit cette rencontre ou concurrence qui 
faisoit donner, en ce cas, au cheval de BerTice,le 
nom de cheval de rencontre, qui alors tenoit lieu 
de deux (^evaux ; car il en étoit dû un par la mort 
du Seigneur, et un par la mort du vastfU ; maic4a 
concurrence des deux morts, dans la même année, 
faisoit que le vassal en étoit quitte pour un seul 
cheval. (Voy. Coût, de Poitou, au Coût. Géu. T. 'H. 
page 585.) 



Comparez la Chanson de Roland de M. Léon Gautier (t. II, p. 19S à 197). (n. e.) 

Voyez le roman de chevalerie du cycle des demie pairs, Valentin et Orson. (A. %i 

LacAeia^de Roland se nomme yeiJfanii/(T. l^^^l ^*ilda Guieloo, T^A«frr>m (v, 3i6); T«ncen(lo)-{T. 399^ est peut- 



être celui de Charlemegne. Hais le cheval et le chevalier ne s'aiment pas comme aux siècles auiranta. Aubri le BourMing 
ÏB. N. 7327, fol. 173) pleure son coursier : « Âh 1 Blancbart tant tous sveie cbier, Por ceste dame ai perdu mon deslner. i 
L'aSeclion est réciproque : i S'a veû aon seigneur Renaut, le fil Aimon, H le conust plus tost que femme son iMÛron,' * 

afRenauB de Hontauban, F. Lavallière, 39, loi. 23.) Beaucent comprend de même Guillanme au Court Nez (Âliscana, B. H. 
ir, 753, fol. 212) : i Beaucent l'oî, si a &onchié le nés, Ausi l'entent com s'il fiut hom eanex : La teste croUe, si a des plei 
.hoez, Eeprent s'alaioe. loBt est revigorez. Cuer li revint sL est toz recovrez... Ausi hentst corne s'il hist gites For« de 
stable et de nouvel lerei. > Virgile avait déjà montra un taureau pleurant son frère (Géorgique, III, 518) : < Hcerentoa 
jiingens [ratema morte juvencum s ; un cheval pleurant son mahro (Enéide, XI, 89) : t Fost bel^tor equus, positis 
inaignibus, Œthon It lacrimans guttisque bumectat grandibus ora. i (N. E.) 
■ (g Comparez Du Gange (Kegiium, 2). (n. k.) 

(7) Le service de cheval ne clilTâre pas du rheval de tervice (voyez Du Cange soua Seridtiwn equi). On disait ansti «ervice 
deronchin (Cattulslre de S' Wandrille, Du Cange, Vl, 220, col. 1): t Raoul le Prévost de Darigny saint eiïN. S. Sacbent tous 

Sresens et à venir que comme je fusae tenu è nommes religieux mons. l'abbé et le conTent de S. Vandiille en «n service 
a roDcbi[n]ï taire chacun an pour les flës et ponr les terres que Je tiens de enx...> {N.B.) .. 



CH 



- 45« — 



CH 



11" Cheval traversant eslle cheval dû au seigneur 
suzerain pour un flef qu*il tient à droit de rachat, 
quoiqu'il ne jouisse que pendant un an de ce flef; 
les casualités qui viennent à échoir au profit de ce 
fief, devant cette année de jouissance, appartien- 
nent à ce suzerain. « Si donc, devant cet an, il est 
< dû au dit fief un cheval de service, il appartient 
« au suzerain. Il n*est pas appelle cheval de service, 
« il est appelle cheval traversant. * (Coût, de 
Poictou, au Coût. Gén. T. II, p. 585.) 

42' Cheval couvert ou cheval couvert etensellé{\) 
signifioit un cheval équipé, et peut-être bardé de 
fer; il étoit distingué du cheval non couvert, et 
récuyer servant à cheval couvert gagnoit 7 livres 
6 deniers de gages, tandis que celui dont le cheval 
n'étoit pas couvert ne gagnoit que cinq sols. On 
avoit coutume d'offrir aux funérailles des nobles un 
cheval couvert. (Du Cange, au mot Equus vestitus.) 

13** Cheval blanc, C'éloit un cheval affecté parti- 
culièrement aux souverains dans les cérémonies. 
(Du Cange, au mot Equus Albus (2).) 

44' Cheval de pris ou de prix étoit un cheval dont 
le prix avoit été fixé avant la guerre (3), et dont la 
valeur devoit être rendue à celui qui Tavoit fourni 
et qui le montoit, lorsqu'il venoit à la perdre à la 
guerre. (Du Gange, au mot Equi appretiati.) 

Marquons ici quelques expressions singulières et 
anciennes : 

4" On di^^AoW, chevaulx legiers, des troupes ainsi 
nommées, par opposition aux hommes d*armes. 
« Les gents estoient quinze mille hommes d*armes, 
« trente deux millec/iat;af//a;/^{/t^r8(4), quatre vingts 
« neuf mille harquebousiers. » (Rabelais, T. I, 
p. 289. — Voy. Brant. Cap. Fr. T. IV, page 344, et 
ci-après Faire le cheval léger.) 

2* Les chevaux- frust sont des hommes qui font 
marcher et danser ridiculement des chevaux de 
carton à la procession qui se fait tous les ans à Aix, 
le jour de la Fête-Dieu. (Lelt. de M— de Sévigné, 
T. VI, p. 204.) 






3* Le cheval à perdrix^ dans le passage suivant, 
signifie un cheval de bois peint que les chasseurs 
poussent devant eux vers les perdrix, pour les faire 
entrer dans la tonnelle. « Si se cnevre Ten d*an 
« cheval à perdris. » (Modus et Racio, fol. 179.) 

i"" On a désigné, par grans chevaux, une espèce 
de chaussure élevée à l'usage des femmes. De là, 
peut être l'expression monter sur ses grands che^ 
vaux. • Petits escarpins sont pour les grandes, et 
« hautes femmes, car ils ne sont propres pour les 
« courtaudes, et nabottes^ qui ont leurs grands ehe' 
« vaux, et patins liégez de deux piedz. > (Brant. 
Dames Gall. T. I, p. 405.) Le même auteur, s adres- 
sant aux femmes jalouses d'avoir la jambe belle, 
dit qu'elles « en gastent le lustre par ces patins si 
a hauts, et grands chevaux (5). • (Ibid. p. 424.) 

5* On disoitviandadecA^va/, pour avoine (comme 
l'orge étoit pour les juments.) « S* Basile vint par 
devers iceluy Julien TApostat, et luy fait la révé- 
rence, et luy présenta trois pains d*orge : lequel 
présent il print en très grand indignation, et, 
dit-il, m*a il envoyé viande de jument, et je lai 
envoyerai viande de cheval, c'est a sçavoir trois 
boisseaux d*avoine. » (Monslrelet, Vol. l, ^37.) 

6* Donner son cheval étoit une punition de l'an- 
cienne chevalerie. Loi*squ*un chevalier se présen- 
toit au tournoi et qu'il étoit convaincu d'avoir mal 
parlé des dames^ manqué à sa parole d'honneur, 
ou qu'il étoit reconnu pour usurier public, voici 
quelle étoit la punition qu'on lui faisoit subir : 
« Tons autres seigneurs chevaliers, et escuyers du 
« tournoy, qui le tiennent en tournoyant, se doi- 
« vent arrester sur luy, et tant le batre qu'ils luy 
« facent dire qu*il donne cheval, qui vaut autant 
a dire, en substance, comme je me rens, et lorsqu'il 
« aura donné son cheval, les autres tournoyeurs 
« doivent faire couper les sangles de la selle par 
« leurs gens, tant a pied comme a cheval, et faire 
« porter le malfaiteur à toute selle, et le mettre à 
« cheval sur les barres des lices. « Il y restoit ju$- 



(1) D'après Villehardouin (§ 155). Du Cange cite im compte de 1394 (III, 60, col. S) : c Compte du voyage de Gascoîgne qld 
fu rail 1^ et 1296 ; Pour les gages M. Bertran Massole... Et estoit luy et autre à chevaus couvera^ et un autre sans cheval 
couvert, f Les Chroniques de Flandre nous expUquent ce terme (Du (^nge, id.) : «A celu^ temps des werres, et encore par 
l'espasse de dix ans après les pais faites, tos chevaliers et ebcuiers d'honneur soy debatoient sor destriers, ou sor corsiers 
de tel bonteit, qu'il soy pouvissent sus assegureir, et estoient for hautes seUes de toumoy sans satoir, tes covien de 
covertures overées d'œvres de brosdure de leurs blazons armoiez et estoient armiez de plates de bons hamas de meimt fer, 
et hiet sor les plattes bons riches wardecors d'armes armoiez de leurs blazons... al desos de lor covertures avoient lors 
destriers armeis de covertures de menues mailhea de fier, t (n. s.) 

(2) On lit dans le Continuateur de Nangis, à propos de l'entrée de Charles IV de Luxembourg à Paris : < Et fut mis sur 
un cheval sur le destrier oue le roy lui avoit envoie à S. Denys, lequel estoit morel : et semblabjement monta le roy des 
Romains sur celui que le Koy lui avoit envolé, lequel estoit pareillement morel. Et à pensement le roi de France les leur 
donna de celui poil, qui est plus loin et opposite du blanCf pour ce qu'es coustumes de rEmpire, les Empereurs ont 
accoustumé entrer es bonnes viUes de leur Empire, et qui sont de leur seigneurie, sur un c?ieval blanc; si ne vouloit pas le 
Roy que en son royaume le feit ainsi, afin qu'il ne peust estre noté aucun signe de domination : et ce temps partit le Roy 
de son palais, monté sur un grand palefroi blanc, richement enseUé tout aux armes de France. » (N. s.) 

(3) Voyez des Quittances manuscrites de la B. N. attestant le payement de Tindemnité. On Ut dans un compte de idSO: 
ff L en a compté par jour pour chevalier banneret 90 s. t. ; pour chevaUer bachelier 15 s. t. ; pour escuier monté au prii 
7 s. 6 d. t. ; pour escuier monté à non pris 5 s. t. 9 Les chevaux ainsi prisés étaient des chevaux de choix, de lÀ au Roman 
de Roncevaux (Roncisvals) : c Et sui monté el bon cheval de pris. 9 (n. b.) 

(4) On dit encore chevau-légcrs : < Il perce un grand païs de Beausse tout semé de chevaux légers. » (D'Aubigné, ffist. n, 
188.) (n. K.) 

(5) Comparez Quicherat, Hist. du Costume^ p. 396. Pour monter sur ses grands chevaux^ voyez plus haut à valet àearandi 
chevaux ; c*e.8i monter son destrier ou son coursier, pour prendre part à un majestueux tournoi ou à combat dimcite: 
c Ne trouvant dedans autres garnisons que quelque peu de soldats pour garder les grands chevaux de Joîease (D'Aulûgoéy 
Hist. II, 58). f (N. s.) 



CH -i 

qu'à la fin du lournoy, et son cheval appartenoit 
aux trompeUes et musiciens. (La Colomo. Tliéât. 
(THonn, T. I, p. 6+.) 

1° Sonner à cheval s'est dit pour donner l'ordre 
de monter à cheval. ' Il se leva de table, et fit ses 

• trompettes sonner à cheval, et tous ses gens, le 

• plus losl que faire se peut. • [Hist. d'Artus III, 
connestable de Fr. duc de Bret. p. 766.) 

8" Cheval de deux selles étoit une façon de parler 
figurée qui répond à celle d'homme it deux mains. 

• La reine soupçonnant que l'escuyer de soa fila 

< etoit une fille, le Ht venir dans sa chambre ou 
■ elle lui dit, je me double que vous soyez cheval 

• de deux selles. » [Peicef. Vol. III, fol. Hi.) 

9° On disoil adverbialement à cheval, pour 
étant à cheval. (Voy. Lanc. du Lac.T. III, M33.) 

lif A cheval pour cavalièrement, légèrement : 
Luy départi, dit qu'il aime à cheval. 
Et qu'il en s de toulee les meilloura : 
Vanier s'en auelt 

FaH. MSS. d'EuH. Deuh. fal. NS, col. 1. 

11° De là, l'expression parler de quelqu'un à 
cheval, pour en parler cavalièrement, sans égards, 
sans ménagemens. Nous disons écrire une lettre à 
cheval (I). 

Me fait parler de vous si à cheval. 

Ane. I>o«>. Ir. US. du Viticu,D- Iteo.lnl. 0,R-. 

• Comment, dit Mandragor, vous parlez à cheval, 
» et fort gloriensemenl, pour une femme; par 

• Dieu, si vous ne fussiez aussi bien au pouvoir de 
. la roynevostre maistresse qu'elle mesme esl en 

• celuy du roy mon maistre, je vous ferois bien 

• abaisser vostre caquet. » (D. Flores de Grèce, 
fol. 36.) 

12* Mettre quelqu'un à cheval semble pris flgu- 
rément pour h rétablir, le relever. 

. . . Que iDOult vous aai bon greï 
De la bonté, et de l'amour, 
Que vos feites A ntonseignor : 
Vos le tneiilei a cheval. 

EUnib. F*bl. HSS. du D. n* 1996. p. 73. 

13» Faire du mauvais cheval signifioit faire le 
méchant. Le connétable de Bourbon, résolu de 
faire la guerre à l'arcliiduc Maximilien, en 1486, 
refusoit crécouter . les gens envoyez de par le roy, 
' et mon dit seiçneur et dame de Beaujeu pour 

< le retarder; mais toujours il faisoit du mauvais 
. cheval Ci). <• (Jaligny, Hist. de Charles Vlll, p. 7.) 

14' Faire du cheval léger, c'étoil faire le carabin, 
le brave. • Quand un roy fait tanldu hazardeux, et 
■ du cheval léger, il n'est pas possible qu'il ne luy 



'- CH 

■ arrive, une fois en sa vie, quelque fautle, ou 

> disgrâce, de fuille ou d'autre erreur de laquelle, 

• s'il esl une fois taché tant soit peu, il ne s'en 
« peut jamais bien lavé. ■ (Brant. Cap, Eslr. T. Il, 
p. 85.) M. de Sully, remontrant à Henri IV qu'il 
s'exposoit (rop témérairement, lui dit : ■ Hé quoi ! 

• n'avez vous pas acquis assez de gloire et d'iion- 

■ neur, en tant de combals, et batailles, où vous 
I vous estes trouvé plus que raille autres de ce 

• royaume sans vouloir toujours foire ainsi le 
« cheval léger (3)? ■ ^Mém. de Sully, T. I, p. 382.) 

15" On a dit proverbialement, parlant d'une femme 
qui n'aime que pou rie plaisir: «Ne venoitque pour 

• te cheval et le hamois, c'est assavoir pour faire 

■ et accomplir son delict. • (Le Chevalier de la 
Tour. Instruct. à ses Filles, fol. 31 ,) 

16" Fermer l'estable quant on a emblé le cheval, 
ou quand le cheval est perdu, c'est prendre des 

Çrécaulions quand le mal est arrivé. (Perceforest, 
ol. III. fol. 88). (4) 

il' Etre comme le cheval au pié blanc se disoit 
pour manquer au besoin. ■ Ils luy furent comme le 

• cheval au pié blanc, car ils luy r^illirent au 

> besoin. • (Jaligny, Hist. de Charles Vlll, p. 8.j 
18° Hevenir des ânes aux chevaux, pour faire 

des coq-à-l'àne. (Bouchel, Serées, Liv. I, p. 425.) 
19* Avoir le cheval Sejan se disoit de • celui qui 

• esloit tombé â fin misérable, et infortuné, comme 

• on disoitautrement, ilal'or deTtio]ose(â). »(Div. 
Levons, Du Verdier, p. 185, d'après Aul. Celle, 
T. m, cap. 9.) 

Citons quelques proverbes : 
1' Oui. 

(Voyez Ovide de Arte, is. de S. G. fol. 97.) 
2" On demande, dans un jeu parti, lequel vaut 
mieux de jouir souvent des faveurs de sa dame, mais 
avec difficulté, ou d'en jouir rarement, mais sans 
aucune inquiétude. L'interlocuteur, qui tient pour 
la première proposition, dit : 

Hiex vault le cheval Bertran, 

Qui souvent menjiie (man^e) avaine. 

Que cil qui tait la crevaina (crevaille). 

Ak. Po«t. tt. HSS. du VfticM. a- KM, (ni. 148, V. 
A eheoal donné 

Co^un, p. M. 

Nous disons aujourd'hui : à cheval donné, on ne 
regarde point dans la bouche. 



(1) On lit ei 



X Areeta Amorvm (p. i 



Iteuvenl ilz parvenir. ■JN. E.) 

(3) Od lit aussi à la 33* Nouvelle de Louis XI ; c Se l'autre son compagnon avoit bien fait du m tuvaU cheval et en 
maintien et en paroles, encore en fit il plus. ■ (n. B.) 

(3) Au combat d'Aumale (février lQ92j, Alexandre rarnèse, duc de Parme, pensait avoir eu affoire k un caro&irt. Il y avait 
une compacnia de carobini par escadrons de cheoait-légerii. 

(4) Voici la citation plus complète : * En vérité il m'est mescheu ; dont je suis dolent, mais c'est sur le tsrJ, et me puis 
comparer à celluy gui ferme.... > (n. e.) 

(5) Toulouse, capitale des Volcan Tectotagct., posséd.iit un sanctuaire célèbre dédié au dieu Bélen. De toute U Gaule on y 
entassait le butin des expéditions les plus lontaines et le temple de Delphes (379) avait enrichi la divinité gauloise. Pendant 
la guerre des Cimbrea <\w) Q. Servilius Cëpion envoya ce trésor a Marseille, sur l'ordre tlu sénat. Mais les conducteurs du 
convoi lurent assassinés ; le trésor disparut, et Cëpion accusé d'avoir ordouoé le meurtre et repns l'argent tut banni. De là 
le proverbe : i II a de l'or de Tolosa. i (Comparez Rabelais, IV, 15.) (N. s.) 

m. ^^^ 



QH 



CH 



. 49 II a bel airu pie, qui mené son cheval par te 
ïfùfe. (Essais de Montaigne, T. UI, p. 72.) 

5* Jamais un bon cheval ne se rend. (Mém. de 
lontluc, T. II, p. 134.) 

6** Jamais bon cheval ne devient rûsse. (Braat. 
Daj». Gall. T. Il, p. 275.) Nous disons : jamais bon 
cbeval ne bronche. 

7** On doit estre maistre de son cheval^ compas 
gnon de son chien, et valet de son oiseau. (Favân, 
Théâtre d'honn. T. II, p. 1807.) 

8' Homme, cheval, oysel, ne chien, 

S'il ne travaille, il ne vaut rien. 

Gace de U IKgne, Poëme des Déduits. US. foL 10, R*. 

9" Cheval sans bridef a tous coups, se fourvoyé, 

i. Jtarot, p. 44. 

10* Cheval lassé encore va bien loing, 

> J. JUarot. p. il7. 

14" Le clieval courant porte le sépulcre ouvert à 
son maître. (Bouchât, Serées, Liv. I, p. 428.] Nous 
difions : courir à tombeau ouvert. 

12^ Cheval dor se trouve dans ce proverbe : 

Nulz ne tendy onques a cheval d'or. 
Qu'il n'en eust lal)ride a son vivant, 
Se du quérir fnst sage et diligent. 

Pocs. MSS. d'Eust. DesciL fol. 188, eel. 4. 

Ce proverbe est répété (Ibid. fol. 399] pour dire 
qu*& force d'entreprendre, on approche du but 
qu'on se propose. Ce proverbe étoit particulière- 
ment appliqué aux jeunes guerriers qui entroient 
dans la carrière de la chevalerie. Il faisoit allusion 
aux mors dorés dont on faisoit présent à ceux qui 
étoient armés chevaliers. 

Quand li chevax est perdu, 
Ci ferme l'en Testable. 

Prov. du Villain. MSS. de S. G. fol. 76. 

Voyez d'autres proverbes où ce mot est employé, 
dans Cotgrave et Oudin, Dict. etCurios. franc, (l) 

VA.*Î1ANTES (2) : 
CHEVAL. Orth. subsistante. 
Chival. Loix Norm. art. 6. iO et passim, 
Chivals. s. Bern. Serm. fr. p. 180, en latin Equus. 
Cheva. g. Guiart, MS. fol. 346, V». 
Chevau. Pérard, Hist. de Bourg, p. 342, tit. de 1229. 
Ceval. Poës. fr. MS. av. 1300, T. IV, p. 1350. 
QuEVAL. Borel, Dict. au mot (Juevage, 
Keval. Poës. anc. MS. 
Caval. Léon Trinpault, Celthell. 
Kaval, Kabal. Dictionn. de Borel. 
Kevaus, ptur. Duchesne, Gén. de Guines, p. 283. 
Chevals, plur. Villehardcuin, p. 146. 
Chevax, plur. Marconi et Sul. MS. de S. G. fol. 116, R®. 
Cevas, p/«r..Fabl. MSS. du R. no 7989, fol. 70, R* col. 1. 
Cevaus, plur. Fabl. MSS. du R. n» 7989, fol 78, Ro coL i. 
CiVAUX, plur. Voy. ce mot ci-après au figuré. 
Chivaus, plur. Britton, des Loix d'Anglet. fol. 137, R*. 
Cheus, plur. Chron. de S» Denis, T. I, fol. 53. 

Chevalcep, verbe. Aller à cheval. — Suivre à 
cheval. — E^^ier, observer. — Poursuivre, harceler. 



-- PersécDter. — Dompter. — Croiser. — Toiïfter 
dessus. 

Nous disons encore chevaucher, maïs seulement 
dans le premier sens, comme en ce passage : « Bien 
M savoit que les nobles d*Ang1eterre ne chevauche- 
« roient (3) point, se Targent n'alloitdevant. • (Frois- 
sart, Liv. il,p. 235.) 

1er main (hier matin) pcnsis chevalçai 
hba (le long de) une sauçoie. 

Emous CaupÛM, PoM. MSS. «v. laOO. T. UI. p. 1S57. 

De là, ou disoiten termes de chasse : chevaucher 
les chiens, pour les suivre de près. « Le vieil loup 
« ne double point les chiens, ains les atant, et futi 
« à son aise, et les chiens lé doupieat, et pour ce 
« les fsiuM jchevauclier, et tenir de près, et relaisser 

• (pour relayer) souvent. > (Fouilloux, Vénerie, 
fol. 105.) 

Suivre quelqu'un de près, c'est l'épier, observer 
ses démarches. Chevaucher est pris en ce sens, 
dans ce passage : « Alexandre qui les estoit venu 
« chevaucher, et de loingz les avoit conjeclurez, 
« ne povoit concepvoir, etc. » (Tri. des IX Preux, 
fol. 143.] Chevaler avoit la même signiflcatiou. On 
lit : « chevalez, et conduits à Toeil par un Lorrain 

• qui servoit d*espion. > (Hist. de la Popelinière, 
T. 1, Liv. Il, fol. 43.) 

En étendant un peu ces dernières acceptions, 
chevaucher s*employoit pour exprimer une pour- 
suite vive (4), de même que chevaler^ cavaler, etc. 
(Le Duchat, sur Rabelais, T. V, p. 140.) C'est ce qui 
npus a fait réunir ces deux mots et leurs ortho- 
graphes, quoique nous ne trouvions point ce der- 
nier dans le sens de chevaucher, pour aller à 
cheval. Il signifie poursuivre, harceler, dans ce 
passage : « Les Suisses esliroient leur artillerie au 
« col, à faulte de chevaulx, et les François les 
« chevauchoient tousjours. » (Mém. de Rob. de la 
Marck. Seig. de Fleur, us. p. 260.) Cei'fs chevalés 
sont cerfs chassés, poursuivis vivement. (Charles IX, 
de la Chasse, p. 31 .) 

Ce mot, au figuré, s'employoit pour persécuter. 
« Se voyant à toute force cnevaté, piqué, espe- 
« ronné. » (Pasquier, Lett. T. II, p. 38.) « L'aversilé 
a le chevaloit. » (D. Florès de Grèce, fol. 12.) 

Clievaler signifie aussi dompter, par allusion au 
cheval que Ton conduit avec le mors. « Ce pauvre 
« esprit, de celte façon chevalé, se laisse aller à la 
« volonté, et discrétion, etc. » (Pasq. Rech. Liv. 111, 
p. 298.) Chevalier les esprits se trouve, dans le 
même sens, à la page 113, du Prince de Machiavel. 
Tahureau, parlant de Tamour, dit : 

Le Un pipenr, m'endonnant de son esle, 
Me chevala, par les yeux de la belle. 

Dial.f. 191. 



(1) Voyez aussi Le Roux de Lincy (1, 159, et II, 284). (n. e.) 

(2) On lit aux lois de Guillaume (6) : « Cil ki aveir escut u chivalz u buefs. » Il est aussi dans Roland (▼. 1153) : t Ert 
passez Rollanz Sur VeilLantif, sun bon cheval curant. » (n. b.) 

(3) Le mot signifie faire une expédition comme au t. III (p. 380) de Tédition Kervyn : f Le pays de Bretasne li estoit une 
belle entrée pour cevauchier en France. » U dit encore au sens de parcourir : « Il chevauchoient le pays (III, 20) ; » — t Et 
chevaucha tous les bos (id. 228). » Il signifie encore monter à cheval: « Chils Crokars cfievauçoit une fois un jone coursier 
fort en bride. » (V, 226.) (n. e.) 

(4) On lit dans la Rose (v. 5238) : c Mais U vaiUant homme FassaiUent Et la chevauchera [la richesse] et porsaUlent, Et 
tant as espérons la battent. Qu'il s'en aisent et esbatent. » (n. e.) 



CH 



- 4BB - 



CH 



De même oaadit figu rément chevaucher^ poup 
croiser, passer par dessus, par allusion à sa signi*- 
flcalion propre monter sur un cheval. « Les deux 
« pans doivent chevaucher l'ung sus l'autre, quant 
« ilz sont lies plus de demy pié. • (Modus et Racio, 
Ms. fol. 126, V.) 

Enfin, on a appliqué cette acception figurée aux 
soldats qui, dans un combat, se croisent, pour ainsi 
dire, en se renversant les uns sur les autres : 

Li combatant s'entrcsemonent (se défient) 
De ferir plus souvent à chauche 
Cops dont li uns l'autre chevaucha, 

6. Gttiart, MS. fol. iU. R*. 

Remarquons cette expression : chevaucher sans 
selles; elle s'est employée figurément et duns un 
sens obscène. (Voy. Contred. de Songecreux, fol. 47.) 

VARIANTES (1) : 

CHEVALCER. Poës. MSS. av. 1300, T. III, p. 1257. 
Chevalcher. Villèhard. p. i4, i32, etc. 
Chbyacher. g. Guiart, MS. fol. 268, R». 
Chevachier. Pabl. MSS. du R. n« 7615, T. II, fol. 149. 
CmvACBER. Hist. de la S^ Croix. MS. p. 18. 
Cevaucer. Fabl. MSS. du R. n» 7989, foL 57, V» col. 1. 
Ghevaucbr. YiUehardouin, p. 113. 
Chevaulcher. RabelaiS) T. I, p. 216; T. V, p. 140. 
Chevaucher. Proissart, Liv. II, p. 285; Joinv. p. 41, etc. 
Chevocher Le Roman de Gérard d'Eutrate, dans Borel. 
CiiEVAUCiiER. Villèhard. p. 6; Modus et Racio, MS.fol.52. 
Chevaulchier. 

Chevai^r. Pasq. Lett. T. II, p. 38 (2). 
Chevaller. Charles IX, de la Chasse, p. 31. 
Cavaller. Brantôme, sur les Duels, p. 128. 
Cavaler. Id. Cap. Fr. IV, p. 319. 

Chevalement, adv. Comme à cheval. A la 
manière des chevaliers qui s asseyoîent à cheval. 
Les sièges dont on se servoit autrefois pour se 
mettre à table étoient des espèces de traverses de 
bois garnies de carreaux ou de coussins sur les- 
quels on étoil assis comme à cheval. Chevalement 
semble faire allusion à cette forme de sièges : 

Fist roys Ârtus la ronde table. 
Dont Breton dient mainte fable ; 
Iluec (en ce lieu) seoient ly vassal 
ïuit chevalement^ et tuit égal, 
A la table également seoient. 

Rom. de Brut, MS. fol. 74, V« col. 1 el 2. 

On lit ohevawnent, dans le ms. de M. de Bom- 
barde. 

Chevaleresse, subst. fém. Femme de cheva- 
lier, chevalière. (Cotgrave el Oudin, Dict.) « Nous 
« trouvons, dans les histoires et les épitaphes de 
« trois siècles, la qualité de chevaleresse. » (Le P. 
Menestr. de la Chev. p. 62.) Il n'étoit pas toujours 
nécessaire d*êlre femme de chevalier pour prendre 



ce titra. Nous lisons, au sujet des flefs masculinsî 
que « auand quelques-uns de ces flefs furent, par 
« privilège, concédez à des filles, et à des femmes, 

• elles prirent la qualité de chevaler esses. >» (Le P. 
Menestr. de la Chev. p. 113.) 

Qn distinguoit autrefois « les princesses grandes; 
« et moyennes, les duchesses grandes et petites, 
« les marquises, les marquisottes, les comtesses, 
« les comtinnes, les baronnesses, les chevaleresses, 

• et autres dames de grand rang, et de grande 
« étoffe. • (Brant. B- Gall. T. II, p. 282.) 

Chevaleresse, adj. au fém. Be chevalier. On 
appeloit bierre chevaleresse la bière destinée à 
porter les chevaliers morts. « Il veit entrer en 
« Tabbaye ung chevalier occis qui estoit en une 
« biè7*e chevaleresse. » (Lanc. du Lac, T. Il, fol. 127.) 
« Le roy commanda que on flst une bière chevale- 
« resse pour porter monseigneur Gauvain, car s'il 
« raouroit, il le vouloit veoir devant luy, » (Id. 
ibid. T. III,fol.l52.) 

La litière chevaleresse, ou chevaucher esse, étoit 
la litière, le brancard servant à voiturer ou à porter 
les chevaliers blessés. (Percef. Vol. I, fol. 59.) 

C'étoit un usage parmi les chevaliers de décider 
. leurs querelles par la voie des armes; de là, l'ex- 
pression justice chevaleresse^ pour signifier là 
ustice ainsi rendue. (Mém. de Bu Bellay, Liv. IX, 
W. 278.) 

VARTANTES ! 

CHEVALERESSE. Une. du Lac. T. II, fol. 427, V« col. 2. 
Chevaucheresse. Id. T. II, fol. 6, V» col. 1. 
Ghevaucherresse. Percef. VoL II, fol. 133, V» col. 1. 

Chevalereux, subst. et adj. Guerrier, vaillant, 
(dict. de Cotgrave, Honet, Oudin, Nicot, et leGloss, 
ae Marot.) 

Soient clercs, ou chevaleureux. 

Eutt. Deiich. fol. 444, col. 3, Pncs. MSS. 

S'il est hardy, chevalcuretix (3), 
Et eust il petite puissance, 
Je Teslieve jusqiues aux cieulx : 
Tout vient à son obéissance. 

Coquilltrt, p. 127. 

On lit chevaleureuses armes^ dans Petit Jean de 
Saintré, p. 258, pour généreux faits d*armes (4). 

VARIANTES ! 

CHEVALEREUX. Eust. Desch. Poës. MSS. p. 444, col. 3. 
Chevalbreus. Fabl. MSS. du R. n« 7218, fol. 355, R» col. 1. 
Chevallerecx. J. Marot, p. 83 : Molinet, p. 170. 
Chevaleureux. Coc^uillart^ p. 127. 
Chevalleursux. Joinville, p. 104. 

Chevalerie, suhst. fém. Métier des armes. — 
Joutes, faits d'armes. — Ordre des chevaliers de la 



(1) On lit dans la Chanson de Roland (v. 9695) : c Caries cevalchet e les vais et les mnnz. » Chevalchet est aux vers 906, 
766. 1189, etc. Pour la conjugaison voir le Glossaire de l'édition L. Gautier (II, 902, 904). (n. b.) 

(2) Chevaler signifie : 1» monter à cheval : « Lequel Robin dist à Jehan de Logie qu'il avoit fait prendre sa jument, et 
Vavoit fait chevaler par ses gens. j> (JJ. 158, p. 355, an. 1404.) 2* Char^^er un cheval : « Le suppliant apercent... auprès de 
S. Mor des foussez des oultardes, esquelles il se adressa pour y tirer... il dessella son cheval, pour chevaler lesdites 
oultardes ; et lui chevalant lesdites oultardes. » (JJ. 205, p. 95. an. 1478.) 3<> Poursuivre (voir plus haut). (N. R.) 

(9) On lit encore au Roman de Robert le Diable (Du Cange, II, 4, col. 2) : « De sa plaie iert si dolereux, Chilz qui tant est 
chevalereux, Que de Taugoisse se plaint fort. » (N. E.) 

(4) Dans Proissart (X, d67), au sens de femmes de chevaliers: < Ils y fissent entrer les dames cevalereuses qui là estotenil^ 
madame de Douzelles... » (x. e.) 



CH -i 

noblesse. ~ Cavalerie. — Bravoure, valear. — 
Secvilude de fief (4). 

La chevalerie éloit propremect le métier des 
iirmes, milUia. (Utoss. du P. Labbe.) > Il te faudra 

■ issir de cesie iranquillité, et repos d'estude, et 
• apprendre la chevalerie, elles armes. ■ (Rabelais. 
T. H. p. 94.) 

Chevalerie amors reaanble. 
Si out pris compaignie ensemble; 
Ilardis covient eatre ameor (amant), 
Ausi con le combsleor. 

OvUa de Arle. IIS. de S. Gsn. fid. BT, R- coL S. 

De là, l'expression avoir chevalerie par mer, pour 
faire la guerre, proprement exercer le métier des 
armes sur mer. 

HoDseignor Rogier de Lorie 
Ot (.eut), par mer, la chevalerie ; 
En son temj)», si bien il le Ost, 
Que, par lui, furent deaconflst 
Ceulz par mer à qui se prenoit. 

IIUI. deFr. lli nlteiynoDi.dePuml, 1)1. 65. 

Faire cevalerie répond au latin militare, com- 
battre, pris dnns un sens moral et flguré. (Règle de 
S'Ben.lat. fr. ch. E)8.) 

De là aussi, on appeloit chevalerie les hauts faits 
d'armes, les joules mémorables, etc. En ce sens, 
Joinville dit, p. 3, que la seconde partie de son 
Hist. deS' Louis parle • de sesgrans chevatleries (2], 
- et faits d'armes •. Lancelot du Lac, T. I, fol. 5, 
dit : « Gardez que s'ils veulent chevalerie, qu'ils ne 

■ s'en voyssent (aillent) esconduits. • 11 s'agit de 
joules en cet endroit. 

On a même abusé de ce mot, en l'appliquant h 
l'ardeur d'un faucon qui, après avoir abattu sa 
proie, reprend son vol pour fondre sur une autre : 

Mais grand chevalerie fit 

Le beau Taulcon ; qu'il emptist (entreprit) 

A monter le second bairon. 

Uuad* U Bl(iu. dii DA^ulti, HS. fol. ij3, V. 

Le métier des armes se nommoit chevalerie, 
comme nous l'avons dit. Ceux qui exerçoient parti- 
culièrement ce métier étoient les chevaliers, et 
leur ordre portoit ùa^i\enomàG chevalerie {S). Or, 
comme la noblesse de France étoit autrefois cssen- 



ï- CH 

tiellement destinée anx armes, le nomâadievalerie 
désignoit l'ordre de la noblesse. Ainsi, les daœea«t 
demoiselles nobles étoient comprises quelquelïiis 
sousce nom de chevalerie. ■ La grande s^neurie et 

• chevalerie des François étoit lors assemâée, etc. • 
(J. Chart. Hist de Charles VII, p. 161.) 6nuU, H 
noble chevalerie de chevalerie désigne la haute 
noblesse, dans la Chron. fr. us. de Nangis, an fSli. 

On trouve, dans Perceforest : ■ La chevalerie des 
■ damesetdamoisellesti'enalloienljliàlareuillée. • 
(Vol. IV, fol. 5.) 

Enfin, on employoit ce mot chevalerie, même 
pour désigner la noblesse étrangère. On lit, dans 
J. Marot, p. 75 : • De Venise la grant chevalerie. • 

On a dit longtemps chevalerie, pour désigner la 
cavalerie ; car la chevalerie éloit la noblesse, et il 
n'y eut longtemps que la noblesse qui combattit à 
cheval dans nos armées. C'est en ce sens qu'on lit, 
dans le Prince de Uachiavel, p. 170 : < Les fopa> 

• gnols n'ontpu soustenir anechevalerie françoise. 
> et les Suisses ont été rompus d'une infanterie 

• espagnole. • Le terme de cavalerie fut substitué à 
celui de chevalerie, du temps de Pasquier, qui s'en 
plaint beaucoup. (Voyez l'article Cavalebie (4).) 

Ce mot chevalerie, consacré pour désigner l'or- 
dre des chevaliers, servit aussi à exprimer les qua- 
lités qui les rendoient dignes de ce litre, surtout la 
bravoure et le courage : 

Vous estes de grant hardement. 
Et plains de grant chevalerie $). 

FM. I13S. dy n. B- me. roi. i», n- oi. i. 

En Dieu ot (ent) dont son bon eiiMÛr. . . . 
Humblement 11 requiert s'aïe (aide) 
Et [orce, et se chevalerie. 

ViHdM SS. Ha da Soi*. dd(. u, eti. IS. 

Il y avoit des servitudes qu'on nommoit cheva- 
lerie. Nous avons franchi (affranchi) les devants 
< dits de toutes autres servitudes, spécialement de 
« tout hoat, de chevauchée, chevalerie, etc. ■ (Tilre 
de 1313, dans les notes sur les Coût, de Beauvoisis, 
p. 429.) C'étoit un droit que le vassal payoit quand 
le tlls aine de son seigneur étoit fait chevalier(6). De 

<1) Les MémoireB de S» Palsye tur l'ancienne clieoalcrie doivent être consulté s pour les citaliona, non pour le texte. Q n'a 
pas tenu compte des chansons de geste, mais des romans et des fabliaux ; sea don Quichotte sont aea Amadis et ne 
conservent rien de Roland. On voit mieux la chevalerie se transformer et se dégrader A travers le mofen-fige dans hs 
deux volumes de M. Delècluze ; Holand et la chevalerie, (Paris, 18fâ, in-S"). Rapprochei-en aussi les lostitutiona Militaires, 
de M. lioiiUric, <18I-'18G). (n. e.) 

(3) On lit dans l'édition de WaiUy (^ 6) : « Li secoua livres vous parlera de ses Erani! chevaleries et de ses grani 
hardemens, liquel sont tel que je li vi quatre foiz mettre son cors en avanture de mort. * 11 s'agit là de prouesses ftccompties 
dans les combats et non dans tes tournais ; nous ne sommes pas au xiv* siècle. (N. E.) 

(3) C'est d'abord la réunion des vassaux montés, des clievatiers ; puis l'Eglise iniagiuo d'imposer à la noblesse laïque 
quelques-unes des régies militaires et religieuses qu'avaient acceptées les Hospitaliers et les Templiers; ce devient alors 
un bonneur d'échanger le titre d'écuyer contre celui de cheBalia; comme à Rome d'abandonner la toge prétexte, pour 
revêtir la toge virile. Malgré tous ses eftorts, l'Eglise ne put foire oublier à ces guerriers l'immoralité des temps 
mérovingiens: Philippe 1", en 1092, enleva a Foulques d'Anjou sa femme, Bertrade de Montfart ; le comte trompé se 
radoucit sprès une courte fâcherie, et reçut à sa table l'amant adultère ; pendant ce repas extra illégal, Bertrade fil Ifl 
service. Dans le Lai de Graelent (xui> siècle), un chevalier surprend une demoiselle au bain, et non content de la regarder 
comme aurait tait Acléon, il l'entraîne dans un bois. Au xiv siècle, nous vovons dans les montres et rettiea le litre àa 
eheaalier pris par des roturiers, chefs de bandes. Alors le courage religieux de Roland fait place A une galanterie mystique 
et cynique, à une Fùrocité disne du aladlateur plus que du soldat, (n. e.) 

(4) Même volume, page 281, {s. e.) 

(5) C'est là le sens le plus ancien ; < DuDc avrez faite gente cheualerie. ■ (Roland, v. 5M.) Au xii* siècle, il { 



dans les chansons de geste et les trouvères ; le mot signi 
< Si faisons asembler noatre chevalerie, b (n. e.) 

(6) C'est une des aides aux quatre cas. Lbysel (lîOû) écrit 
du seigneur ou de son nis atnë. ■ (n. e.) 






i conilnae 



i (le chevaliers jans U Cbanson des Saxons (XXXII)- 
: Loyaux aides sont coutumierement dus pour chaialerîe 



CH 



— 461 — 



CH 



Ut, on disoil tenure en chivalry. (Du Gange, au mot 
Secagium.) 

On disoii : Privilège de civis et de chevalerie (1), 
c*est-à-dire privilège pour l'entreprise d*une croi- 
sade et autre expédition de chevalerie. (Baluze, 
Maison d* Auvergne, p. 92, tit. de i25iB.) 
' Le mol chevalerie fournit quelques anciens pro- 
vi^bes : 

l** Le bon roy clîeU fait la bonne clievalerie. 
(Percef. Vol. II, fol. 96.) 

2* Pour amitiés, et pour amies, 

Font chevaliers chevaleries, 

Rom. de Brut, MS. fol. 8S. R*. col. i . 

On lit années, au lieu d*amies, dans le ms. C*est 
une faute. 

VARIANTES : 

CHEVALERIE. S. Bero. S. (r. MSS. p. 142. En lat. militia. 
Chevalbirib. s. Bern. Serm. fr. MSS. p. 103. 
Chbvallerie. JoinviUe, p. 3. 
CsvALBRUS. R^. de S. Ben. MS. de Beauvais, ch. 58. 
Chivalry. Du Cange; Gloss. lat. au mot Socagium, 

Chevalerot, subst. masc. [Intercalez Cheva- 
lerot^ homme à cbevnl : « Item un pot ki desus le 
« couvercle a un chevalerot. • (Inventaire des 
Joyaux d'Edouard I*' en 1297, Du Gange, II, 4, 
COI. %)'] (n. e.) 

Chevalet, subst, masc. Pelit cheval, poulain. — 
Sorte d'affût. — Danse. — Mon noie. 

On lit, au premier sens de petit cheval : « Char- 
» gèrent douze petits chevalets.ie douze sacs, etc. » 
(Froissart, Liv. I, p. 71 (2) ; Du Gange, aux mots 
Cavalletus ei Cavillerius (3).) 

On appeloit, en termes de chasse, chevalet à per- 
drix, une espèce de cheval de bois peint qu*on 
pousse devant soi vers les perdrix pour les faire 
entrer dans la tonnelle. (Modus et Racio, ms. fol. 44. 
— Voyez Gheval ci-dessus.) 

Il y avoit des coulevrinesà chevalet{A), et ce che- 
valet étoil une sorte d'affût. « Âvint que les Âle- 
« mans avoyent afusté une coulevrine à chevalet. » 
(Mém. d'Ol. de la Marche, Liv. I, p. 232.) 

La danse du chevalet étoit une cérémonie qui se 
faisoit tous les ans à Montpellier. (Voyez l'Hist. de 
cette ville, par M. d'Aigrefèuille.) 

La signilication de monnoie ne convient qu'à 
l'orthographe chevalot. (Oudin, Dict.) (5) 

variantes : 

CHEVALET, Oudin et Nicol, Dictionn. 

Chevallet. Fabl. MSS. du R. n* 7C15, T. II, fol. 150, V». 

CiiEVALOT. Dict. d'Oudin. 

Chevalin. Coût. Gén. T. II, p. 482. 

Chevaleureusement, adv. Bravement. Se 



comporter en digne chevalier. (Nicot et Oudin, 
Dictionn.) 

Chevalier, subst. masc. Homme de guerre. — 
Titre de dignité militaire et de noblesse. — Soutien, 
défenseur. — Terme de confiance et de civilité. — 
Espèce de monnoie. — Espèce de poisson. — Levée 
de terre. — Terme de fortification. 

* On a dit chevalerie, pour le métier de la guerre ; 
de même chevalier s'est souvent pris pour tout 
homme de guerre, en général G est aans cette 
signification générique que Labbe, Gloss. p. 543, 
traduit en latin clievalier par miles, et page 514 : 
« Faire seigneur ou chevalier, militare. » Un tes- 
tament est nul « s'il n'est escrit, et signé de la 
« propre main du testateur, sinon qu'il soit cheva- 
« lier, et qu'il soit en cas périlleux, comme au 

• conflit de la guerre ». (Gr. Goût, de Fr. Liv. II, 
p. 258.) L'éditeur remarque que chevaliers peut 
s'entendre ici de tout gueiTier. Eusl. Deschamps 
disoit : 

Bon sont les chevaliers de terre 
Bon sont les chevaliers de mer, 
Bon ouvrier sont qui font le voirre (le verre). 

Voi^. MSS. fol. 35C. col. 3. 

Perceforest donne le nom de chevaliers aux sol- 
dats juifs qui gardoient le tombeau de Jésus-Ghrist. 
(Vol. VI, fol. 124.) 

Chevalier, dans le sens d'homme de guerre en 
général, devoit naturellement signifier cavalier. 
Aussi lisons-nous : « Li Soudan fist appareiller cinq 
« cens chevaliers bien montés.^» (Gontin. de G. de 
Tyr, Marten. T. V, col. 687. — Voy. Dict. de Monet.) 
Mais, dans l'usage le plus ordinaire, le mot cheva- 
lier désignoit un titre de dignité militaire ou de 
noblesse. (Du Gange, aux mots Cavallerus, Chevaler 
miles-, les Dict. de Nicot, Borel; Laurière, Gloss. du 
Dr. fr. Le Labour, de la Pairie, p. 58.) On peut voir 
aussi nos Mémoires sur l'ancienne chevalerie (6). 

Nos vieux romanciers opposent souvent les ser- 
gens aux chevaliers : 

Par les grands cops qu'aucuns deslacent (déchargent) 
Chevaliers et serjanz crabacent (crèvent, éventrent). 

G. Gttitft.HS. foi.SSi.R-. 

Encontre les paiennes gens^ 
Chevaliers tramist (envoya), et serjens. 

Hist. de Fr. à la suite du Rom. âa Fauv. fol. 75. 

G'est ce qui a fait dire à Fauchet (Orig. des Dign. 
de Fr. p. 38) que ces sergents étoient roturiers. 



vientes, dont sergents tire son étymologie. (Favin, 
Th. d'honneur, p. 24.) 



vi) C'est une de ces clauses finales, qu'on trouve aux chartes à la suite du dispositif, (n. r.) 

(2) Comparez édition Kervyn, III, 238. (n. e.; 

(3) Sous ces deux mots il a le sens actuel de tréteau, (n. e.) 

(4) Il y avait aussi des arquebuses à chevalet : c II fist desmonter environ 70 harquebuzes à croq de dessus leurs chevalets ^ 
et les fist porter par ses gardes. » (Carloix, VI, 45.) (n. e.) 

(5) Notons enfin Texpression suivante : « Si devez savoir que tantost il monta sur son chevalet, car il avoit la teste chaude 
et fumeuse. » (Louis XI, 5« Nouvelle.) (n. e.) 

(6) Voyez notre appréciation en note sous chevalerie. Ces Mémoires ont été publiés de 1759 à 1781, en 3 volumes in-li et 
réédités en 1826 (2 vol. in-8*). Consultez aussi à la B. N. le Dictionnaire des antiquités françaises, ms. inédit corc»;^^^^^^ 
présent glossaire. (N. e.) 



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— 462 — 



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On distinguoit deux sortes de sergens : les uns 
servoient à pied et d'autres à cheval. Les premiers 
n'étoient peut-être pas nobles ; mais ceux qui ser- 
voient à cheval étoienl nobles ou réputé? tels. 

On disoit proverbialement : 

por le chevalier, 

Baise la dame Tescuier. 

Hist. de Fr. à la suite du Rom. de Piuvol, fol. 00. 

Le titre de chevalier étoit inférieur à noble 
homme, suivant La Thaumassière, Coul. de Berri, 
p. 45. Le même auteur assure que les vilains ne 
pou voient pas être chevaliers On trouve cependant 
un exemple d'un fils de vilain et vilain lui-môme 
fait chevalier en épousant la fille d'un châtelain. Il 
est vrai que cet exemple est emprunté de la Lom- 
bardie et qu'il se trouve dans un fabliau. 

Li chevaUers, sans demorer, 

Fit sa fille bien atorner (ajuster), 

Si la maria au vilain 

Si r flst (si le fît) chevalier de sa main. 

Febl. MSS. do S. 6. fol. 54. R* col. 8. 

Il y avoit plusieurs sortes de chevaliers, die 
grands et de petits : 

i<> Les premiers s'appeloient chevaliers banne- 
rets. (Voyez ci-dessus Banneret et Batinerel, che- 
va lier.) 

ti» On appeloit les autres chevaliers bacheliers. 
(Voyez ci-dessus Bachelier (i) ) 

3» Chevalier preudome étoit supérieur au cheva- 
lier bachelier, qui devoit faire ses preuves pour 
mériter ce titre. On trouve, dans un fabliau intitulé 
le bacheler d'armes^ le détail des qualités : 

Qu'il convient par fin estovoir 
A chevalier preudome avoir : 
Haus est li nons, et plus li falz. 

Fâbl. MSS. du R. n* 7(H5, fol. 1G5, R< col. 2. 

On lit plus bas chevalier parfait, dans le môme 
sens. Cependant, il seroit naturel de croire que ce 
titre ajoutoit encore au premier, si nous ne lisions 
pas tout à la fin du fabliau : 

Tant convient le bacheler fere, 
Avant qu'il soit de tel afaire, 
Qu'il soit à droit preudom nommer. 

4° Les chevaliers dorez liroient leur nom de 
leurs dorures. « Ces dorures étoient des ceintures, 
« des chaînes d'or, des colliers, des éperons 
« dorez, etc. » ;Voyez Méncslr. de la Cheval, p. 62.) 

5" Ôii désigiioit par chevaliers au drappeaii 

Î marre les ban n ère ts qui n^étoient pas en état de 
ôurnir le nombre d'hommes nécessaires pour avoir 
bannière. « Un banneret devoit entretenir, ù ses 



« dépens, vingt quatre gentils hommes bien montes, 
« ayant chacun un 8iergenl{escuyer)(2) » (Pavin,.Th. 
d'bonn. p. 24), « et ceux qui s*ingéroient de lever 
« bannière, sans avoir ce nombre de vassaux, oa 
« se moquoit d'eux, et les appelloit on les cheva- 
« liers au drappeau quarré. • (Ibid.) 

6" Les chevaliers d^armes étoient ceux qui, par 
leurs hauts faits d*armes, avoienl mérité d'être faita^ 
chevaliers. « Lorsque nos roys vouloient semondre 
« quelques gentils hommes, ou braves soldats î 
« bien faire, lejourd*une bataille, les caressoienf 
« d'une accolée, et en ce faisant avec quelques 
« autres petites cérémonies, ils estoient reputez 
« chevaliers. » (Pasquier, Rech. p. 122.) Les gens de 
robe ayant voulu participer à cette faveur, « on fit 
a une double dislinclion de chevaliei*s : les aucuns 
« estant chevaliers des armes et les autres cheva- 
« liers des loix. » (Ibid.) 

T Chevalier de l'honneur semble le môme que 
chevalier d^armes, dans ce passage ; « Le roy 
« François premier voulut estre fait chevalier de la 
« main du brave monsieur de Bayard, après la 
« bataille des Suisses, comme de nosire temps ftit 
9 fiait monsieur de Chavanes chevalier, tant de 
« t honneur, que de Tordre du roy Henry, après la* 
« bataille de Renty. » (Brant. Cap. Fr. T. I, p. 16-) 

Le chevalier d honneur avoit encore une autre 
signification. C'étoit celui qui, dans les tournois, 
étoit désigné par les dames pour porter le couvre- 
chef (drapeau) qui étoit la marque de la protection 
qu'elles accordoienl à ceux qui étoient vaincus. Ce 
chevalier d^hojineiir portoit le couvre-chef au bout 
d'une lance. Il étoit chargé de rappliquer sur le 
timbre dû vaincu, pour empêcher qu'il ne fût trop 
maltraité par le vainqueur, qui se retiroit sitôt que 
le chevalier d'honneur Paisoit sa fonction. On appe- 
loit ce couvre-chef la merci des dames. (La Colomb. 
Th. d'honn. T. l, p. 68. — Du Cange, au mot Milites 
honorarii (3).) 

8" Chevalier d!honneuT du roy et de la reine se 
disoit des chevaliers qui étoient particulièrement 
attachés à leur personne. (Le P. Honoré de S" 
Marie, page 172.) Lorsque Charles VI tomba en 
démence, en 1392, « furent ordonnés, de par les 
« oncles du Roy, a demeurer delez le Roy, pour le 
« garder , et aussi aministrcr souverainement , 
« quatre c/i^va//^rs dlionneur{A). » (Froiss., liv. IV, 
p. 155. — Voy. ci-après Cheyalier du boy.) 

9" Le chevalier de chevalerie désignoit celui qui 



(1) Voyez t. II, p. 35 i, ces bacheliers. Voyez aussi les rôles recueiUis par Tabbé Decamps, B. N. mss. Decamps, vol. 63 et 
G4. Le bachelier n ornait sa lance que du pennon, languette triangulaire ou demi-bannière, (n. e.) 

(2) Il ne faut pas voir là une règle générale ; des écuyers commandent à des chevaliers au xiv» siècle : « La reveue de 
Jehan de Noal escuicr de Bretaigne, de lui, cinq chevaliers et .xix. autres escuiers de sa compaignie, receue par Nous 
Ilttgue de Fraideville, chevalier, mareschal d'Auvergne, commis par le Roy nostre sire à veoir et recevoir la monstre et 
reveiie de cinquante lances ourdenées par le Uoy nostre dit seigneur es frontières de la conté de Venthedeur, faicte en la 
ville d'Ermenl en Auvergne le premier jour de mars mil CCCLXXI (1372). » (B. N. fr. 25764, n. 496.) - Un banneret pouvait 
avoir plus de vingt -quatre escuiers en sa compagnie : c La reveiie de Monsa»" Olyvier, sire de Giisson et de BeUevilUi, 
connestable de France, chevalier banneret, de un cficvalier bachelier et trente-troys escuiers de son hostel et comp«dgnie 
receue à Corenzich en Alemagne le premier jour d'ottobre, Tan mil CCClIIIx«et huit. » (B. N.Cab. des Tit. Doss. blancs.)(N. E.V 

(3) Le titre de chevalier d'honneur est donné au sire de Bailleul dans un compte do Jean Luissier (1367). Voyez aussi 
Hemiicourt, de Bell. Leodiensibus, cap. 41. (n. e.) 

(4) C'étaient Regnault de Roye, Reguault de Trie, le sire de Garensières et Guillaume Martel. (Comparez édition Mervyn, 
XV, 46.) (N. E.) 



CH 



- 463 — 



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flevoH ce titre à la faveur qui Tavoit fait chevalier 
d'Dn ordre particulier de chevalerie. Brantôme, sur 
tesBuels, p. W2, le distingue du chevalier d'armes^ 
(Test-à-dire de celui qui rcloil par les armes. 

10' On appeloit autrefois chevaliers de Vwdre du 
roy^ les chevaliers de l'Ordre de S' Michel. Gérard 
de Vienne avoit été quatre fois chevalier : « Cheva- 
lier de r ordre dii roy, c'est-à-dire de S* Michel, 
chevalier d'honneur de la reine^ chevalier en la 
souveraine Cour du Parlement de Bourgogne, et 
avant tout chevalier darmet, ou comme quelques- 
uns parlent chevalier de la cornette. (S* Julien, 
Mesl. Histor. p. 334.) 

!!• On a nommé chevaliers du roy^ chevaliers le 
roy, ou chevaliers de tostel le roy, les chevaliers 
de la maison du roi qui avoient des appointemens 
pour le servir. « Messire Yvain demeura delez le 
« Roy, et fut retenu des chevaliers du roy, et de sa 
« chambre, à douze chevaux, et tous bien délivrés. » 
(Froissart, liv. IV, page 170.) On trouve : « Jean de 

• Soisi, chevalier le roy de France (sous Tan 1271 .) 
« Hugues de la Celle, chevalier nostre Seigneur le 
« roy de France, garde, pour icelui Seigneur, des 
« comlez de la Marche et d*Angoulesme, » dans des 
citations rapportées par Du Gange, au mot Milites 
regis(i), Onlil, Ibid: « En Tabregementdesdespens 
« faits en la voie d'Arragon, pour les gaiges des 
« clievaliers de Vostel le roy 170,341 livres 19 sols, 
« pour les gaiges des chevaliers qui n'estoient pas 
« de Tostel 190,254 livres 15 sols, et eslciiMit 
« treslous les dits chevaliers a retenues, et non a 

• gaiges. » (Voy. ci-après Ciievauer du corps.) 

12° Chevalier du corps. C'étoit celui qui accompa- 
gnoit un souverain ou autre seigneur pour défenare 
sa personne, soit à la guerre ou ailleurs. » Sous 
« les ducs de la dernière race, plusieurs comptes 
« nous font connoistre que les ducs avoient plu- 
■ sieurs chevaliers qui esloient de qualité, et qu'ils 

• qualifient chevaliers du corps du duc. » (Etal des 
Offic. des ducs de Bourg, page 44.) Le prince de 
Galles, à la bataille de Poitiers, en 1356, avoit avec 
lui les chevaliers de son corps et ceux de sa chant- 
bre, (Froissart, liv. I, p. 195 (2).) 

13' Chevalier souveraiii^ peut être le premier des 
chevaliers du corps du roy. On trouve dans Froiss. 
livre III, p. 361 (3j: « Messire Bureau soî/veratu che- 



• valier, maistre d^hoslel et chambellan de Char- 
■ les VI. » Ne seroit-ce pas ce que nous appelons 
aujourd'hui chevalier dhonneur ? 

14o Chevalier mercenaire peut être ainsi nommé 
de ce qu'il étoit aux gages ou appointemens du roi. 
En ce cas, ce seroit le même que chevalier le roy 
ci-dessus. Charles de Montmorency et plusieurs 
officiers françois, entr autres un chevalier merce- 
naire (A)^ furent faits prisonniers au Pont àTressin, 
en 1340. (Froiss. liv. I, p. 77.) 

15'' Les chevaliers d'outre mer désignoient ceux 
qui alloient visiter le S* Sépulcre. (Brant. Cap. Fr. 
T. IV, p. 146.) 

16* Le chevalier dunécu^ en latin miles simplex^ 
marchoit seul ù la guerre, sans avoir de vassaux 
qui l'accompagnasseut. (Du Cange, au mol Miles 
unius scuti (5).) a Dcssoubz les barons, doivent estre 

• chevaliers dung escu{(j). » (Ord. de la Chev. fol. 5.) 
On trouve dans Beaumanoir, page 237, la taxe des 
dépens accordés à ceux qui avoient été cautions. On 
donnoit à « l'escuyer à cheval 2 sols, au chevalier 
« de un escu 5 sols, au chevalier banneret 10 sols. » 

17" Chevalier sans reproche, en latin in militiâ 
approbatus. (Du Cange, sous le mot Miles (7).) On 
donnoit ce titre à ceux dont les mœurs et le courage 
étoient ù l'abri de tout reproche. « On appeloit 
« communément, Messieurs de Bayard, de la Crotte 
« elle capitaine Frontailles chevaliers sans peur 
« et sans reproche^ qualité certes très belle, et des 
« plus belles du monde à qui Ta mérité porter, 
« voire plus que tous les noms des seigneuries du 
« monde. » (Brant. Cap. Fr. T. l, p. 126.) M. d'Au- 
bigny mérita aussi ce titie. (Id. Cap. Estr. T. I, p. 96.) 

18® On distinguoit le chevalier lay d'avec le che- 
valier clerc. On trouve : « Richarz de Montmorot 
« chevaliers lay, en arriéres bailly de Dijon, » dans 
une citation deDu Cange, au mol Miles laicus{^). Le 
P. Menestrier, qui cite ce même passade, ajoute 
qu'il fut « qualifié chevalier lay, à la différencedes 
« templiers, et autres chevaliers réguliers. » (De la 
Chev. p. 285.) 

19* Chevalier en loix ou es loix, chevalier de 
robbe longue, chevalier es lettres, ou de leclures (9), 
autrement chevalier clerc sont les titres sous les- 

Suels on a compris ceux qui avoient mérité cette 
ignité, comme la récompense de leur mérite, et 



(1) Edition Henscbel, t. IV, 405, col. 2. Le comte d'Etienne de la Fontaine, 1249^ est encore à citer : c Jean Perccval pour 
cinq aulnes et demie d'escarlatte vermeiUe de Brucelle baiUée à Gautier Pignot tailleur madame la Roine, pour faire cote et 
mantel pour la veiUe de la chevalerie de monsieur Jean Houce maistre d'hostel de ladite dame, lequel a esté en ce terme 
nouveau chevalier du roy par son mandement donné au Bois le .ii. jour de Février... » (n. e.) 

^2) « Tantost furent si chevalier apparilliet (cil de son corps et cil de sa cambre). » (Ed. Kervyn, V, 435o,) (N. E.) 

(3) Comparez édition Kervvn, t. Xlil, p. 306 ; c'est le sire de la Rivière. (N. E.) 

(4) Ce chevalier allemand était ennemi des Français ; loin d*étre pris, il se signala par son courage. On lit dans la ['• 
rédaction (t. III, p. 285) : a Messires Henris de Kenkeren, ungs missenaires, » Dans la 2« rédaction (id. p. 2B9) : « Uns 
chevaliers miersenaires. » (N. e.) 

(5) Edition Hensthel, IV, 403, col. i. (N. E.> 

(6) Dans une chronique ms. finissant en 1380. on lit sur la bataille de Courtrai : a Et tant d'autres, que sans les princes 
i eust mors 60 chevalici^s bannerets, et onze cens chevaliers d\in escu. ]> Celte expression est synonyme de bachelier. Jn. e.) 

(7) Edition Henschel, IV, 406, col. 2. On trouve ce titre dans les Statuts des Ordres militaires, comme celui de la Toison 
d'Or. (N. E.) 

(8) Ed. Henschel, IV, 404, col. 2, d'après Perard, p. 343. Philippe Mouskes parle d'un cevaliers non clers, « A s*armee»'^s«» 
sens et fers. En ans refiert, et crie Valence, Del branc lor carge grief penence. » (n. e.) 

(9) On lit au Roman de la Rose : « Ou s'il veut pour la foy défendre Quelque chevalier emprendre Ou soit d'armes.» ^^ 
lectures. » (n. e.) 



^^Sfc. 



CH 



— 464 - 



CH 



de rapplicalion qu'ils avoient donnée aux sciences, 
à rétude des lois, et qui s'éloient distingués dans la 
magistrature. (Voyez leur institution dans le P. 
Menestrier, de la Cheval, page 56; Rech. de Pasq. 
p. 122 ; d'Argentré, Coût, de Bret. p. 2192, etc., etc.) 
« Le Roy, par sa souveraineté, puet à ses ofliciers 
« donner nom excellent, comme chevalier^ prési- 
« dent, etc. » (Gr. Coût, de Fr. livre I, p. 16.) Les 
seigneurs particuliers étoient privés de ce droit. (Ib.) 

Nous avons des lettres de 1364, contenant Ténu- 
mération des officiers du Parlement. Ceux (|ui ne 
sont pas qualifiés clerici, sont qualifiés milites, 
(Ord. T. IV, p. 418.) 

(J/mcisignifioit peut è[ve\es chevaliers en loix[\), 
qui n'étoient pns chevaliers en armes. Quelques-uns 
réunissoient ces deux qualités. (Du Cange, au mot 
Miles literaixis.) Philberl Darces, gentilhomme du 
Dauphiné, est désigné dans son épitaphe, sous le titre 
de chevalier en armes et en loix. (Beau man. 2* averl. 
avant les Coût, de Beauv. p. 2. — Voy. Froiss.,liv.IV, 
p. 131. — Monstrelol, Vol. 111, fol. 104, V% etc., etc.) 

Ce litre fut longtemps alfecté aux chanceliers et 
aux premiers présidents du Parlement de Paris. On 
rétendit à ceux des provinces. « Le chancellier 
« d'Aquitaine, messire Jean de Néelle étoit qualifié 
« chevalier licentié en loix. » (Monstrel. an 1112, 
fol. 153.) On appela même les avocats chevaliers de 
loix. Selon Bouleiller, « ils peuvent, et doivent 
« porter d'or, comme les chevaliers tous sont 
« comptez d'une condition en chevalerie et advo- 
« cacerie. » (Somme Rurale, p. 671.) 

20" Les chevaliers de Vanneau à la Romaine 
sont les mêmes que les sages en droit, autrement 
chevaliers es loix. Ils otoient annoblis par lettres. 
(Voyez S' Jul. Mesl. llistor. p. 596.) 

21* Chevaliers du conseil, ils étoient deux. Sui- 
vant la Coût, de Hainaut, ils dévoient « estre d'an- 
« cienne noblesse, féodaux en fond de nostre dille 
« cour, qualifiez d'entrer aux Estais de nostre dit 
« pays, exprimentez au fait de la justice, etporte- 
« ront titre de chevaliers du dit conseil, » (Coul. 
Gén. T. Il, p. 42.) 



Entre les divers ordres de chevalerie, noos ne 
parlerons pas de ceux donl les noms subsistent. Oo 
sait que le nom de chevaliers de Rhodes est Pancien 
nom donné à ceux qu'on appelle aujourd'hni cA^va- 
liers de Malte, (Div. leç. de Du Verd. p. 110 et soi?.} 

22* Chevaliers de Vétoile, Ces chevaliers furent 
créés en 1351, sous le roi Jean (2). Cet ordre, suiyaDt 
quelques-uns. fut dans la suite abandonné aux ch^ 
valiers du guet. (Du Cange, au mot Milites stellœ.) (S) 

23* Chevalier du guet, celui qui commande les 
archers qui font la garde de nuit à Paris. Le gnet 
doit être composé « de vingt sergens à cheval et 
« vingt et six sergens de pied, tous armés, en la 
« compagnie d'un chevalier dit le chevalier du 

• guet. . (Ord. T. IIl, p. 668.) 

Le commandant du guet, dans la ville de Tenre- 
monde, en Flandres, avoit aussi, en 1379, le titre de 
chevalier du guet, (Froiss. liv. II, p. 71.) (4) 

24* Chevalier de cheminée. Nous disons aujoui^ 
d'hui gentilhomme à lièvre, • Parlons coyement 
« (bas, à basse voix) pour le chevalier qui dort : 
« certes, dist la pucelle, c'est bien raison pour ung 

• tel chevalier de cheminée {p);i\ deustjàavoirche- 
« vauché trois ou quatre lieues pour trouver aucune 
« adventure. » (Percef. Vol. V, fol. 18.) 

25* H y avoit autrefois la confrérie des chevaliers 
gentilshommes à l'honneur de la S'* Vierge el de la 
Nativité. Voyez ce qu'en dit le P. Menestr. (De la 
Chevalerie, p. 299.) 

26*" J. l^larot semble avoir voulu faire allusion à 
cette confrérie, loi*sque, dans un chant royal, en 
rhonneur de la conception de la S** Vierge, il dési- 
gne un dominicain sous le titre de chevalier armé 
de blanc et noir. 

Unff chevallier errant, sans inlenraUe, 

De blanc et noir, armé à la legiere 

Se lieve sus, et d'un» façon maUe, 

Va profferer ; c'est chose mensongiére 

Qu'ung corps produict par nature, et ses germes 

Naisse tout pour 

J. Marot, p. 219. 

27* Chevalier en Voffice de marchandises (6). Ou 
trouve, à la suite de rUist. de Tulle, dans une des 



(1) On lit dans Froissart (éd. Kervyn, VI, 38) : « El convint que il pardonnaist là celle mort do ces trois chevaliers, les !!. 
d'armes, et l'autre de lois ;.... le canonne monseigneur Simon de Bussi. » On lit encore au t. XIV, p. 370: < Or estoit advenu 
que ung vaillant homme et de grant prudence, chevallier en loix et en armes et bailly de Blois, lequel «e nommoit messire 
Regnault de Sens... » Voyez aussi Du Cange, IV. 4(4, col. 3. (n. b.) 

(2) Voir la Noble Maison de Saint-Ouen, la Villa Clippiacum et l'Ordre de VEioile d'après les documents originaux parle 
regretté Léopold Pannier (Paris, Wieweg, 1872, in-S®). Le six novembre 4351, à Saint-thristophle en Halate, Jean le Bon 
adressa aux princes du eang une circulaire où il expose les statuts de la nouvelle institution. (Voir I. c. p. 88; d'Achery, 
Spicilège, 111, 730 ; Ord. des Rois, 11. 4(>5 ; Félibien, Hist. de Paris, HI, 437.) Du Cange cite sous sfeUaCfl, 367, c<4. 2) un 
compte de l'argentier Etienne de la Fontaine ; il y énumère les sommes dépensées à la fête de janvier 1352. (N. E.) 

(3) D*après liranlôme, celle dislincUon tomba en discrédit pour avoir été trop prodiguée sous Charles V et sous Charles 
VI ; aussi Charles VII en décora par mépris le chevalier du guet en 1455. Cepenaant le gendre de (Parles VII, Gaston de 
FoiXj la recevait au mémo temps. D'après Sauvai, Charles VIII Tabolit, parce qu'elle faisait double emploi avec Tordre ëe 
S» Michel institué par Louis XI. (N. K.) 

(4) a Les gardes des portes recordèrent tout che au chevaliet^ don gait, qui s*appelloit messires Théris de Brederode, de 
Hollande. » (Ed. Kervyn, IX, 201.) (N. E.) 

(5) Voir ci-dessus cheminée et les notes. (N. E.) 

(0) <i Qui merceriis prœerat rex merceriorum appellabatur : unde altos merceries ex jure instituebat, quos militum 
merceiiorum nomenclalura donabat, ut discimus ex notis Guill. Fage notar, fol. 6, v« : f Anno Domtni 1360 et die ultima 
mensis Aprilis,... universis et singulis notum flal, quod nos Jonannes de Gaudiaco de S. Saturnine de portu, Bex 
merceriorum in tota Ulicensi diocesL... ut est moris et consuetudinis, fecimus, creavimus et consiituimus ac ordinavimos 
Baymundum Rocelli de ChastiUono Sulhan archiepiscopatus Sauxiensis, prsesentem et recipientem , militem tnerccriorum 
seu in ofôcio merceriae ipsum inscripsimus militiœ militari , cui concessimos... plenariam facultatem dictam officium 
merceriae ubique excercendi... » (n. e.) 



CH 



— 465 — 



CH 



pièces frdnç. qui servent de preuves à cette histoire, 
lettres de chevalier en loffice de marchandise. 
(Voy. Baluze, Acta vetust. Hislor. Tutel. p. 787.) 

Deux chevaliers, dool Tun est qualifié sire et 
Tautre est nommé sans qualification, sont nommés 
î'uo devant et Tautre après un officiai de Langres, 
qualifié de maistre. On lit : 

« Nos Jehans sires de Trichastel, maistres Thie- 
• baux offlciaux de Langres et Symons de Mudent, 
« dievaliers, fasons sçavoir, etc. » (Perard, Hisl. 
de Bourg, p. 478.) D'autres chevaliers sont qualifiés 
roessires avec le seignor de Gourtivron qui est 
qualifié monseigneur. (Id. Ibid.) 
Façons de parler : 

Dict de chevaliers (à\ pour au dire, au témoi- 
gnage, au jugement de chevaliers. « Toute ly autre 
« terre sera départie en trois parts à dict de cheva- 
« liers que il mettront », c est-à-dire prendront 
pour juges et arbitres. (D. Morice, Hist. de Bret. 
p. 934, tit. de 1248.) 

La bonne foi des chevaliers semble exprimée par 
cette close : « Ainsi fu faiz li dons, et ansi receuz 
« en bonne foi et entre chevaliers, si cumme laie 
« gent funt ii un a Tautre ou païs. > (Duchesne, 
Gen. de Bur-le-Duc, p. 32, titre sans date, à la suite 
de lett. de 1249.) 

Taille des chevaliers. Je ne démêle pas le sens de 
ces mois, à moins qu'ils ne soient pris dans un sens 
figuré, dans le passage suivant du testament de 
Guy VU, seigneur de Laval, fils de Mathieu de Mont- 
morency,, dit le Grand : « A cestes chouses faire et 
accomplir, si comme il est par dessus je prens 
ma taille des chevaliers (l)de la terre de Laval, et 
ma provouté si comme elle est accoustumée à 
bailler emprès le terme de la baillée que j'ay 
baillée à Thomas Lorgie et seiz arpens de ma 
forest de Concise. » (Duchesne, Gén. de Montmo- 
rency, p. 387, tit. de 1265.) (2) 

Nous placerons, à la fin de l'article, quelques 
façons de parler ou proverbes auxquels a donné 
lieu le mot chevalier^ pris pour titre de dignité 
militaire. 

Un chevalier, lors de sa réception, faisoit serment 
de défendre la religion et de protéger les malheu- 
reux. De là, ce mot signifioit protecteur, soutien, 
défenseur. C'est dans ce sens qu'un prince promet 
à un champion qui entreprend pour lui un gage de 
bataille, d'être à jamais son chevalier. (Perceforest, 
Vol. m, fol. 104.) Dans Lanc. du Lac, T. Ill, f» 82, 
un chevalier, priant un écuyer de lui prêter son 



cheval, lui jure d'être son chevalier, au fn*em%er 
service quHl luy requerra. 

On employoit aussi le mot chevalier, comme 
terme de confiance et de civilité. Un ancien poëte a 
dit, s'adressant à Dieu : 

Biaus chevaliers, sire, de vous avon 
Et ame et cors, bien le savon ; 
Et toz les biens de ceste vie. 

Fabl. IfSS. du R. n* 7218, fol. 121, V col. 1 . 

On s'en servoit par honneur ou respect, en par- 
lant à un abbé, comme dans ces vers : 

Foi que je doi S» Pol l'apostre, 

Dist li soucretains (sacristain), chevaliers, 

De parler estes trop legiers. 

Fabl. MSS. da R. n* 7218. fol. 297, V col. 2. 

Même à un marchand, comme terme de civilité : 

Nous ne nous i acordons mie : 
Non seignor, non sire, par foi. 
Et comment donc ? dites le moi. 
Moult volentiers, biaus sire chevalier. 

Fabl. Il SS. du R. n* 7218. fol. 150, V col. 2. 

Chevalier se prenoil aussi pour une espèce de 
monnoie. « Les chevaliers de Guillaume sont à 
« 11 den. ob. ; ai gent le Hoy, » dans une citation 
de Du Gange, au mot Arg en tum Régis (3). 

On appeloit chevalier de mer un poisson fabu- 
leux dont on lit la description dans le passage sui- 
vant : « Alexandre avoit veu ung poisson que on 
« appelle chevalier de mer (4), qui ont les testes 
« fassonnées en manière de heaulmes , et au 
« dessoubz tirant une espée par le pommel, et par 
« dessus le dos ung escu. » (Percef. Vol. I, fol. 23.) 

En terme de vigneron, chevalier esi la terre d'une 
fosse à provins relevée sur les bords de la fosse (5). 
(Dict. de Monet.) 

En termes de fortification, le chevalier ou che- 
valier à cheval est une levée, une terrasse sur un 
rempart. (Dict. d'Oudin). De là, Texpression battre 
en chevalier, dans ce passage : « Gommencerent à 
« plonger dedans le boullevert, et courut un bruit 
« en la ville qu'ils dressoient une platle forme pour 
< battre en chevalier , et plonger au dedans du 
« bastion. » (Mém. Du Bellay, livre VI, fol. 187.) 
Nous disons aujourd'hui cavalier (6). 

Recueillons quelques proverbes sur le mot 
chevalier. 



1. 



.... Ne sont pas luit (tous) chevalier 
Qui a cheval montent. 

Prov. da VU. MS. de S. Germ. fol. 74, R« eol. 2. 



2. On a dit, au même sens : « Tousceulx ne sont 
« pas clercs, qui emportent le semblant, ne cheva* 
« liers qui portent les espérons. • (Percef. Vol. IV.) 



(1) On lit au ms. de la B. N. 1. 4189, fol. 11, r« : « Debetis affectare ut tallia mUiium persolvatur, per quos stratanim 
custodia diligenter exerceatur. » Taille a là le sens de solde. (N. E.) 

(2) Ajoutons l'expression suivante, d'après le registre JJ. 136, p. 463, an. 4389 : « Le jour de la saint Pierre aux chevaliers 
desrainement passe. » (n. b.) 

(3) Ed. Henschel, I, 389, col. 2. l\ en est aussi fait mention au re^. de la Qi. des Comptes, B. N. lat. 8406, fol. 447. Le 
peuple nommait ces monnaies, ridde, ride^ riddre, de l'allemand Reiter, en latin milites rotundi. (D. C, IV, 408, col. 3.) (n. k.) 

'est Vombre-chevaliery poisson du genre salmone. (n. e.) 



Bupie 1 



La jeune vigne sera labourée de cette sorte d'œuvre appelée bouer ou fousser à c/ievaiier; ce mot de chevalier 
Tient de ce que le travailleur assemble la terre entre ses jambes, se faisant un relèvement sur lequel il se treuve comme 
à cbeval ; plus belle et plus utUe œuvre est le donble-chevaiiery qui .. » (0. de Serres, 1G9.) (N. e.) 

(6) Chevalier signifie encore cavalier d'échec ; Froissart nous montre Edouard III jouant avec la comtesse de Salisbury, 
et c quant li roys veoit que elle s'estoit fourfaite d'un rock, d'un chevalier ou de quoy que fuist, il se fourfaisoit ossi pour 
remettre la dame en son jeu. » (III, 458.) S* Gelais (80) l'emploie encore en ce sens. (n. e.) 

lu. 59 



CH 



— 460 "-" 



CH 



8 



3. « Chevalier sanz armes, n'est que menasses 
« sanz faict. » (Ibid. fol. 106.) 

4. « Chevalier sans espée n*est que femme sans 
. quenoille. • (Percef. Vol. IV, fol. ?57.) (l) 

5. « Le chevalier qui n'aide point, le laboureur 
« qui ne travaille point, le juif qui ne prête point, 
« et le prélre qui ne donne point en ce monae, ne 
• servent point. • (Tiran le Blanc, T. II, p. 320.) 

6. « Un brave chevalier doit avoir Famé, et 1 es- 
« pée nettes. » (Le P. Honoré de S"* Marie, sur la 
Chev. p. 401.) 

7. « Chevalier commence de s'armer par les 
« espérons et se racheve par Tescu. » (Favin, Th. 
d*honn. T. Il, p. 1413.) 

8. On trouve chevalier de Champaigne dans les 
Prov. à la suite des Poës. nss. avant idOO, T. IV, 
p. 1652.) 

9. On disoit proverbialement : «Mener quelqu'un, 
« comme un chevalier errant mené son varlet «^ 
c'est-à-dire reconnoitre ses services sans trop les 

ayer, le louer sans trop flatter son amour-propre. 
Percef. Vol. Il, fol. 101.) 

10. Messe de chevalier, pour messe courte (2). 
(Doctrine de Sapience, fol. 46.) 

Voyez d'autres proverbes et façons de parler, 
dans Oudin, Curios. fr. et le Dict. de Cotgrave (3). 

VARIANTES : 
CHEVALIER. Orth. subsistante. 
Gbvalier. Phil. Mouskes, p. 76. 
CuEVALER. Duchesne, Gén. des Chasteigniers, p. 28. 
Chevaliers, sing. Carpentier, Hist. de Cambray, T. II. 
Chievaliers, sing, et plur. Id. T. II, p. 23. 
Ghivalbrs, plur. Rymer^ T. I, p. 105. 
CiiiVALiERS. Rymer, T. I^ p. 50. 

KiKVALiERs, sing. Chevalier. Carpent. Hist. de Cambray. 
Chivaler. Tenur de Littl. fol. 21, V». 

Chevalier, subst. masc. Qui appartient au 
cheval — Brave. — Honnête, poli. 

On a dit, au premier sens, une selle chevalière, 
pour une selle de cheval. Le comte Renaud de 
Chalons, après la perte de son château de Denal- 
monde (4), ne pouvant plus tenir contre Richard, 
fils de Richard il, duc de Normandie^ « prist une 
« selle chevalière (5) sur ses épaules, et s'en vint 
t devant Tenfant Richart en lui priant merci de 
« son meffait. » (Chron. S. Denis, T. I,fol. 216.) 

La bravoure et la galanterie faisoient le caractère 
essentiel de nos anciens chevaliers. De là, ce mot 
s'est employé, comme adjectif, pour brave, coura- 



mr. On lit, en parls^nt des signes du jugement 
>rnier : 

Le disme (dixième) signe est moult fiers (crael), 
Qu'U n'est nus sains, qui tant eoit chevalier» 
El ciel, vers Dieu son creator. 
Qui de cest signe n'ait paor. 

Fabl. nss. dn R. n» 7ti8, foL 413. R» col. 1 

Ce mot a été mis pour honnôte, poli, dans cet 
autre passage : 

. . . moult en est tenus plus chevaliers 
eu qui salue volontiers. 

FtU. nss. du R. n* TtlS^fd. 130, R« col. 9l 

Chevalière, subst. fém. Demoiselle. On don- 
noit ce titre à des flUes et à des femmes exclusive- 
ment à leurs maris. (Le P. Honoré de S'* Marie, sur 
la Ghev. Liv. I, p. 268.) 

Chevalin, adj. On a dit beste chevaline^ eo 
latin cavallina bestia. (Du Gange, Gloss. lat.) Che- 
valin cristal a signifié Teau d'Hippocrène, par allu- 
sion au cheval Pégase (6) qui fit jaillir celte fontaine. 
(Opusc. de P. Enoc, p. 55.) 

VARIANTES : 

CHEVALIN. Oudin, Cotgrave, Dict. 

QUEVALIN. 

Chevaline, subst. fém. L'espèce des chevaux. 
— Jument. 

On a dit trafiquer en chevaline (7), pour faire trafic 
de chevaux. (Dict. Dniv. Monet et Cotgrave, Dict.) 

Chevaline signifioit aussi jument. Ou lit cheval 
au chevaline^ dans la Thaumass. Coût, de Berri, 
p. 163. 

Chevallée, subst. fém. Charge d'un cheval. 
« Portèrent les harnois des morts en leur logis par 
« chevallées. » (J. le Fevre de S. Rémi, Hist. de 
Charles YI, p. 95. — Voy. Monstr. Vol. I, fol. 305.) (8) 

Cheval Saint-Martin, subst. masc. Espèce 
d*insecte. (Oudin, Dict. fr. esp.) Genero di savandija. 
Il nomme cet insecte, en italien, selerocefalo. (Dict. 
franc, ital.) 

Chevance, subst. fém. (9) Fortune^ biens. - 
Argent. — Terres. — Bijoux. — Occasion favo- 
rable. 

Chevance est pris pour biens en général, dans 
les passages suivans: « Stilpon, estant eschappé de 
« Tembrasement de sa ville, où il avoit perdu 



(i) On lit au t. II, fol. 101 : « Si elle te eust mené aina^ qiie doit mener cftevalier errant son vartet, lequel il ne doit trop 
plaindre de ses travaulx, ne trop louer de ses bons services, ne trop enrichir devant la fin. » (n. s.) 
^2) On disait encore en ce sens messe de chasseur, (n. s.) 

(3) On disait encore au xin« siècle (Le Houx de Lincy, II, 74) : c Grant chcvaliet^s ne va mie seus. t Au xvi* siècle, ils 
ont perdu leur réputation : « Cfievaliers et gendarmes , brigands. » Faveurs, femmes et deniers , Font de vachiers 
chevaliers. » (n. e.) 

(4) M. P. Paris imprime Milmande; Wace donne Mismande^ et G. de Jumiéges Milinandum ou Milbiandum. (n. b.) 
n>) M. P. Paris (IIi, 466) imprime clievaleresse. (N. E.) 

(6) On Ut aussi dans Du BeUay (V, iO. v<*) : «... Et la chevaline soiut^e De sa course Avoit arrestô les pas. » Paré et 
01. de Serres ont usé souvent de cet adjectif. (N. E.) 

(7) « Le naturel de la chevaline et de la muletaiUe est, qu'estans bien traictées an soir et repaissans à la disnée, 
d'employer le reste du jour au labourage, comme en voiageant. » (0. de Serres, S5.) — f Par la chevaline sont entendus les 
chevaux', iuments, asnes, asnesses, mulets, mules. » (Id., 259.) (N. B.) 

(8) « Et lors de la monnoie dessus dite valoit une chevalée de blé sept ou huit firancs. » (Monstrelet, éd. de 1572,1, 247.) (N. B.) 

(9) Ce mot a comme chevir, chef pour radical : c'est ce dont on est venu à chef, ce qui sert, ce qu'on possède. De là le 
sens rare de convenance, utilité: « Il regarda volontiers le convenant et le chavance de ce bacqaet. » (Frotse., X, 123.) (n.e.) 



J- CH 

De là, l'expression savoir de la chevance, cour 
savoir profiler des instants pour se tirer d'affaire : 
Ainsi s'est celle délivrée, 
Qui moult Hacoil de la chenanee. 

FM. usa. 4a R. a- ms, loi. SU, V- od. 1. 
TARIANTeS (2) : 
CHBVUfCE. Eaaaï» de Hoataigne, T. I, p. 377. 
Cbvancb. Poës. USS. Vst. n- {4B0, fol. m, V*. 
Chavenck. Ord. T. I[l, p. 373. 
Chetissancr. Rorel, Diol. au mot Cheanee. 
Chbvibsanghe. Beaumanoir, p. 237 et X77. 

Cbevancer, verbe. Financer. (Dicl, d'Oudin.) 
Dans Vjllehardooin, p. iOO, c'est une faute pour 
chevaucher. 

Chevanton, subst. masc. Tison. Mot usité en 
Bourgogne. Borei. ^" add. cite, k propos de ce 
mot, les vers suivans : 

Espancbei, c& et là par quantona, 
Atusent au four chevanton». 

Sujn* dmitlaïu. 

Voyez aussi Satyres papales, 3> sal. p. 27. 

Cbevauchable, adj. Propre à être chevauché. 
— Propre pour chevaucher. 

On trouve le premier sens dans le Dict. d'Oodîn. 

On 3 dit, au second sens, temps chevauchable, 
pour temps propre * monter à cheval. tMétn. d'OI. 
de la Marche, Livre I, p. 385. — Voyez ci-après 
Chevaclchaht.) 

Chevauchée, subst. fém. Visite juridique à 
cheval. — Droit de flef. — Droit royal. — Course à 
cheval. — Course sur mer. — Troupe de gens à 
cheval. — Cavalerie. On peut consulter Borel, Lau< 
rière, Gloss-. dti Dr. Tr. Du Gange, aux mots Caval' 
chia, Chavalcata, ChevalcMa et Chevaucheia (3), et 
les notes, à la p. 152 du T. I des Ord. des R. de Fr. 

Nous disons encore chevauchée, et nous enten- 
dons par là les visites que sont obligés de faird, 
dans l'étendue de leur ressort, certains officiers, 
par exemple lestrésoriers de France, les élus (4), etc. 
Ces visites se nomment ainsi, parce qu'elles se font 
d'ordinaire à cheval. Les chevauchées se faisoient 
autrefois par les généraux ou receveurs-généraux 
des finances. ■ Enjoint aux généraux de faire, tes 

■ uns après les autres, leurs chevauchées p;ir les 
« provinces, pnur voir le bon ou mauvais ménage 

■ des eslus, receveurs, etc. ■ (Pasq. Rech. p. 82.) 
Dans les Assis, de Jérus. p. 192, on lit sevauchies, 
dans le même sens. 

La chevauchée, comme droit de llef, étoil un 
droit du seigneur féodal de faire marcher ses vas> 
saux pour ses querelles particulières. • Se aucuns 
> defailloit de mon ost ou de ma chevauchiée, cal qui 

■ defouroitlo m'amanderoit, et se promet us bor- 

(1) On lit dans Joinville li 737) : f U roys amoit toutra gen« qui se metoient à Dieu servir et qui portoieut habit èa 
religion; ne nulz ne venoit a U qui taitlist k avoir chevance de Tine. i (n. e.) 

(fi Froissart donne tes Tariantes cavanceel chavance: < ]'ai eu si grant pité de la bonne dame que je neli porroie fktUir 
pour mettre toute ma cavanre. • (II, 57.) — t Onques de citavanee ne m'eabÂbi ne ne m'eelMhirai. ■ (V, 467.) (N. B.) 

(3) Sous caballus {ïi,&, col.3) et même exerctft». On Ut au Glossaire rr.-latin7684^ ■ Exercitus, ekevauchee, ou assemblée, 
OU ost. > (N, E.) 

ii) joutons les maîtres des requêtes, les prévôts, les maréchaux, les mattree des eaux et forêts. (Vojei les ordonnancea 
irlëans, Uoulins et Blois.) Par auite on appela chevouchée d'une juëtiee les procès-verbanx dreesés sur les lieux pour 
constater retendue d'une juridiction, (h. e.) 



CH -* 

• femme, enfans, et chevance, etc. ■ (Ess. de Mont. 
T. I, p. 377.) 

Toutes les plus baultes lignées 
Du noble sans rojral de France, 
En ont esté diminuées. 
Tant en personnes, qu'en chenance. 

Vlflle* da ChKlM VH, p. 11. 

Btchesse sans vertu 
Les hommes point n'avance, 
Et vertu sans chevance 
Ne leur sert d'un feslu. 

OpdK. do P. toBt, p. 108. 

On a pris cwanee, dans le même sens, en cet 
endroit : 

S'en m'escondiat, c'est bien seneflance. 
Qu'en autre lieu voise gerre cevance. 

Poti. IIS9. Val. n* ^IO0, tilt, lit, V. 

On disoit quelquefois chevance, en parlant d'ar- 
fent, comme au passage qui suit : ■ Caniui fut 

• tant embrasé d'avoir ce jardin, qu'il conclut de 

■ l'acheter, quelque chevance (i ) que luy deust cous- 
. ter. - (Hiat. de la Toison d'Or, Vol. II, fol. 122.) 

On appliquoit aussi ce nom auxbiens immeubles, 
aux terres. • Eut pour sa part la chevance de Mur- 
« sault, près de Beaune. » (S. ;ul. Mesl. Histor. 
p. 457.) 

Quelquefois chevance désigiioit les robes et 
bijoux d'une femme, par opposition aux autres 
biens; sa chevance proprement dite, les choses 
dont elle avoit plus particulièrement besoin. > Le 
> mary ne peut, par testament, ou ordonnance de 

■ dernière volonté, disposer que de la moitié des 
- meubles, et acquêts communs entre luy et sa 
. femme, en vertu de leur traité de mariage, et de 

• la moitié des acquêts, où elle est dénommée 

■ acquesteresSfe, le mary en peut disposer de lous 

■ les dits meubles, debtes actives, et acquêts, à sa 

■ volonté, réservé de la chevance ; c'est a dire des 
« bagues, habits, et joyaux de sa femme. ■ (Coût. 
de Copzc, Nouv. Coût. Gén. T. 11, p. 1084,) 

Chevance, toujours dans la signillcation de jouis- 
sance, désignoit l'heure, le moment de jouir, l'ins- 
tant favorable, l'occasion : 

Tant arrestal en ce séjour. 

Que ma pensée vintàjour. 

Et que je vi heure, et chevance : 

Adoncques au parler m'avance. 

Fia>9Bi, Poû. USS. roi. M7. 

Ce mot paroit avoir le même sens, dans ces vers : 

Avoir Guidions b l'estrainne 

L'amo de ton roi Kallemainne : 

De prendre estoit nostregent preste; 

liais un Galicien, sani teste, 

Yest, pour deSendre, avolé; 

lui, un trancois décelé.' 

Por ceus, avons perdu ckeannce. 

a.Gulvt, US. r»). Its.v. 



CH 



-468 — 



CH 



« jois à bonne foi aue gîe nés semourai ne an 06t 
« ne an chevauchiée por aux aquoisoner, fors qiie 
« por OKI propre besoigne. » (Duchesne, Gén. de 
Gbastillon, p. 15, lit. de 1231.) 

Dans raffranchi^sement des habitans de Pontar- 
lier et leurs coulumes, on lit : « Et me doibvent 
« Tost el la chevauchie quatorze jors ou Tan [ou 
« est pour en le]. » (Perard, Hist. de Bourg, 
p. 486, litre de 1257.) 

Dans raccord entre le duc de Bourgogne et Tabbé 
de Molesmes pour le prieuré de S. Bercin, on lit : 
« Li dux ne ses hoirs au prieux ne au prioré, ne es 
« homes de la terre, ne puet demander ost, gist, ne 
« past, ne chevauchie^ ne gruerie es tiois dou 
« prioré, ne servisce sur les homes, fors que sole- 
« menllabonegarde.»(Perard,Hist.deBourg.p.502, 
titre de 1261.) Le devoir de chevauchée, selon Téty- 
mologie du mol, sembloit être de monter à cheval 
pour la défense de son seignenr ; mais on donnoit 
aussi le nom de chevauchée au service h pied. 
« Fixa ce droit de chevauchée à dix hommes de 
« pied armés. » (Chorier, Hist. du Dauphiné, T. II, 
p. 148.) On a quelquefois confondu Vost et la che- 
vauchée. 

Lors me fist prendre vigour, 

Et chalour, 

Sanz retour, 
De prandre ont et chevauchée. 

Eust. Desch. Poci. MSS. fol. iOO, col. 8. 

Mais, proprement, Vost étoit pour défendre le 
pays, et la chevauchée pour défendre le seigneur (1). 
« Li bons coustumier des chnstelleries si doivent 
« aux barons leurs chevauchiées, et li prevos aus 
« vavasors, si les doivent mener el cors du chastel, 
« au commandement au baron. » (Ord. T. I, p. 152.) 

Voyez dans Jurain, Hist. du C*' d'Aussonne, p. 27, 
titre de 1229, passim. une distinction entre ces deux 
droits, os et chevauchie, dus au seigneur. 

Les rois faisoient aussi leurs chevauchées, et « le 
« commun peuple les aidoitde chevanlx, etcharois 
« pour la passade d'une journée qui estoil appelle 
« droit de chevauchée (2). » (Miraum. Cours Souver. 
p. 545.) 

On a dit chevauchée, pour course à cheval. 

A chevauchiée grant, et drue, 
Va Prélat, quant U se remue. 

Mudus et Rado, MS. fol. 214. V. 



« Le dievalier... lye (gay) et joyeolz de sa bonne 
« chevauchée, etc. » (Percer. Vol. I, fol. 116.) Voyex 
dans les Ord. T. I, p. 289, « le chap. de chevau- 
• chiée fere à armes. » Nous disons en ce sens 
cavalcade. 

Le nom de chevauchée fut insensiblement appli- 
qué à toute course de guerre en général. Nous 
avons vu qu'on le disoit du service de gens de pied. 
On le disoit aussi des courses sur mer. « Attendant 
« ses cens qui croyent faite la chevauchée sur la 
« marine. » (Froissart, Liv. I, p. 142.) 

On entendoit aussi par chevauchée {S^ une troupe 
de gens à cheval, hommes ou femmes. « Il lui fut 
« advis que une grande chevauchée passast par 
« devant luy, et que en la compaignée y avoit dames 
« et damoiselles, et pucelles qui gentement che- 
« vauchoient. » (Percef. Vol. 6, fol. 56.) On lit dans 
le même sens : 

Biea parut à la clievauchie 

Qui, jusqu'au chief de la chaude. 

Péri lot TEglise à val. 

Fabl. MSS. da R. a* 7M5, T. I, fol. ii8, R* col. 1. 

De là, on s'est servi de ce mot pour désigner un 
corps de cavalerie. 

Li quens d'Artois est à main destre 
Qui de la chevauchiée est mestre. 

G. Golirt, US. fol. 2S4. V. 

VARIANTES (4) : 

CHEVAUCHÉE. Orth. subsistante. 

Chevauchiée. Ord. T. I, p. 152. 

Chevauchie. Villehard. p. 83 et 207 (5;. 

Sbvaughib. Assis, de Jérus. p. 192. 

CEvAuaE. Ph. Mouskes, IfS. p. 46. 

Chevache. Du Cange, Gloss. lat. au mot Chevachia, 

Chevauchement, subst. mate. L'action de 
monter à cheval, course à cheval. (Dict. d*Oudia.;^n 
a dil, en ce sens: « On se deffend de nous faire inar- 
«cher, on se dissimule de nostre chevauchement, 
« on ne veut point que nous chevauchons, à celte 
« fln, que nous n*ayons point cause de demander 
« argent. » (Froissart, Liv. Il, p. 164.) (6) 

Chevaucherie, subst. fém. L'action â*aller ù 
cheval, course à cheval. (Dict. de Cotgrave.) Les 
Gabochiens commirent des excès à Paris, en 14J3. 
On les réprima, et le duc de Berry, nouveau capi- 
taine de la ville, « y chevaucha, et le voyoit on très 



(1) L'ost n'est pas, comme Ta pensé Guérard (Cartul. de S* Père de Chartres, prolégomènes , $ 1^), la guerre du rot, 
tandis que la chevauchée est la guerre privée entre seigneurs. L'ost est aussi une guerre privée, mais elle est importante 
et faite pour ie suzerain. Un passage des coutumes données en 1314 aux habitants de Belvoir en Franche-Comté (Perreciot, 
Etat des Personnes, Preuves, III, 185), prouve que l'ost est dû à d'autres qu*au roi. Les non nobles dépendant de Tévéque 
de Nantes devaient l'ost au duc de Bretagne, et la chevauc?iée ou harelle à leur évéque. (D. Morice, Preuves de THist. de 
Bretagne, I, coi. 801.) (n. b.) 

(S) Ce droit de chevauchée était la corvée des chevaux et charrois pour le service du roi : c'était rune des plus lourdes 
de l ancienne monarchie, et S* Louis en 1254 (Ord., I, 64) recommandait aux baillis d'indemniser les propriétaires. Il ne 
fut guère écouté, car en 1256 il leur défend d'imposer des chevauchées pour les fidre racheter à prix d'arsent : c Ne si ne 
semoingnent que 1 on face chevauchie pour avoir de leur argent ; car nous voulons que nus qui doive chevauchie ne soit 
semons d'aier en ost sanz cause nécessaire ; et cil qui voudront aler en ost en propres persones ne soient fms contraint 
à racheter leur voie par argent. » (JoinviUe. § 712.) S^ Palaye ne paraitpas se douter que la chevauchée existait encore de 
son temps. (Voyez Tocqueville, TÂncien Régime et la Révolution, p. 193, et les notes, p. 409 à 41S.) Qf. B.) 

(3) Le mot est même synonyme d'armée : « Encorres ordonna messires Robert d'Artois, comme cniés et souverains de 
ceste chevauchie et armée de par le roy englés. » (Froiss.. IV, 154.) (N. s.) 

(4) On lit déjà dans la Chanson des Saxons (XVIII) : « Service et chevauchie nous requiert tantes fois. » (N. B.) 

(5) On lit au § 226 : « Lors fist une chevauchie Henris , li frères le conte Baudoin. > Au $ 997 on Ut enoore : c Et firent 



chisvauchiéett vers le Dimot. » (N. E.J 
{G) Ck)mparez édition Buchon, II, II, 



139. (N. K.) 



CH 



— 469 — 



CH 



• volontiers» et disoient que c*estoii bien autre 
« chevaucherie que celle de Jaqueville et des Cabo- 
« chiens ». (Juvén^. des Urs. Hist. deCh. VI, p. 263.) 
Ce mot est pris dans un sens obscène au passage 
suivant : 

. . . font plusieurs mainte gourmanderle : 
De faire, en bref, trop grant chevaucherie^ 
Ou bas mestier fréquenter est engrans (encUu), 
Boire à chascun comme font les Normans : 
Ce fait adonc fièvre et mal concepvoir. 

Ettst. Desch. Poîs. MSS. fol. 3S5. col. 4. 

Chevaucheur, subst. masc. Cavalier. — Cava- 
lier, homme de guerre. — Batteur d'estrade. — 
Poursuivant d'armes. — Maitre de poste. — Cour- 
rier. (Voyez, sur ce mot, le Dict. de Monet, le Gioss. 
de Harot, celui de THist. de Bretagne, et Du Cange, 
aux mots Chivachirs (1) et Prosecutores armorum.) 

On a dit, au premier sens de cavalier, chevau- 
cheur, pour cavalier, homme qui monte à cheval. 
« Puis, affin que toute sa vie feust bon chevaul- 
« cheur, on luy feit ungbeau grand cheval de bois. » 
(Rabelais, T. I, p. 69.) 

Ce mot a été pris pour cavalier, homme de 
guerre. « Il m'a semblé que, à ceste esté prou- 
« chaîne vous vous entendez de servir de chevau- 
« cheurs de par deçà, j'ay retenu trois mil cinq 
« cent chevaulx à huit Philippus par mois. » (Lett. 
de Louis Xlî, T. IV, p. 218.) 

Chevaticheur a signillé batteur d'estrade dans ce 
passage : « Tantost vindrent là un chevaucheu)\ et 
« un coureur qui dirent à Piètre, que de prez ver- 
« roit deux cens hommes d'armes des gens de 
« Henry qui lesvenoit espier. » (Hist. deB.Dugues- 
clin, par Mén. p. 334.) On lit, en ce sens, chevaur 
clwurs et découvreurs^ dans les Mém. d'Ol. de la 
Marche, Liv. I, p. 368. 

On a dit chevaucheur^ pour poursuivant d'armes : 

Louez ses clairins, et trompettes, 
Ses chevaucheurs, et beraulx d*armes. 

Vigil. deCbaries VII, T. II, p. 202. 

« Les chevaliers et seigneurs particuliers avaient 
« des poursuivans pour les servir en fait de cheva- 
%, lerie. Ils sont nommés assez souvent du nom de 
« chevaucheurs dans nos chroniques. » (Le P. 
Menestr. de la Chev. p. 210.) 

Bon paintre pour faire bannière, 
Bon armurier fault que l'en quierre, 
Chevaucheur qui va main et tart (matin et soir). 

East. Descb. Poét. MSS. fol. 356. col. 2. 

Ce mot a été employé pour maitre de poste. On 
trouve : « Simon le Long chevaucheur tenant la 



« poste pour le roy à Estampes ; Henry le Long 

• aussi chevaucheur d'escurie. » (Coût. Gén. T. I, 
p. 249.) 

Enfin, le courrier du roi ou de seigneurs a été 
appelé chevaucheur {^). « Envoyèrent promptement 
« un chevaucheur devers le roy. » (J.Chart. Hist. de 
Charles Vil, p. 1429.) « Le troisième jour du mois 

• de février, un chevaucheur d'escurie, nommé 
« Patris Kalenda, Escossois, dedans la ville de 
« Blois, feut déposé de son office; et sur un 
« echafault par un des autres chevaucheurs luy 
« feut arraché Tesmail royal, et luy banny du 
« royaume de France, pour avoir falsifié les lettres 
« du roy. » (J. d'Aulon, Ann. de Louis XH, 1499- 
1501, p. 147.) « Un chevaucheur venant de Paris 
« entra en la dite ville de Saumur^ lequel se vint 
« agenouiller devant Dertran, et le salua, de par le 
« roy Charles de France. • (Hist. deB. Duguesclin, 
par Mén. p. 451.) L'éditeur des Rec. des Ord. T. 111, 
p. \^y explique chevaucheur parëcuyer. 

Le duc de Bretagne avoit des chevaucheurs 
(Fécurie qui portoient un émail aux armes du duc. 
(Voyez Sabin, Hist. de Bret. T. H, p. 1471. — Voyez 
aussi Estais des Offic. du duc de Bourg, p. 63.) 

Les courriers du cabinet se nommoient aussi 
chevaucheurs du roy, (Ord. T. I, p. 680.) 

Expressions particulières : 

1" On disoit chevaucheur de coussinet^ pour 
désigner les gens de cabinet, qui sont plus souvent 
sur leur siège qu'à cheval. On s'étonnoit que le 
maréchal de Biron, < qui n*avoit jamais traité 
« grandes affaires avec pais estrangers, ny moins 
« esté ambassadeur, pour le mieux entendre, 
« comme un monsieur de Lansac, de Bamljouillel, 
« et le mareschal de Rets et autres chevaucheurs de 
« coussinets^ il en sçavoit plus que tous eux. » 
(Brant. Cap. Fr. T. lU, p. 357.) 

2* Chevaucheur d'escovetCy chevaucheur de bal" 
lay (3), pour sorcier (4). 

Mais que ce jeune bacheUer, 
Laissast ces jeunes bacheiettes ; 
Non 1 et le deust on vif brusler, 
Ck>mme ung chevaucheur d'escovetteSj 
Plus doulces luy sont que civettes ; 
Mais toutes fois fol s'y fia ; 
Soient blanches, soient brunettes, 
Bien heureux est qui rien n*y a ! 

ViUoo, pafo 37. 

VARIANTES (5) I 

CHEVAUCHEUR. Orth. subsistante. 
Chevaulcheur. Rabelais, T. I, p. 69. 
Chevauchsux. Le Jouvencel, MS. p. 635. 



(1) Voir éd. Henschel, t. II, p. 332, col. 1. (n. e.) 

(3) On lit en ce sens dans rroissart (III, 17) : c Adont ordonna li 



rois un de ses chevauceours et dist 



Va à Paris et 




n 



C'est rexpression employée au reg. JJ. 206, p. 72, an. 1478 : c Sorcier et chevaucheur de balay. » (N. E.) 

4) Il ne faut pas confonare les deux expressions chevaucher le balai et i^tir le balai. Les sorcières se rendent au sabbat 

sur un manche à balai ; mais jamais eUes n'ont joué les quatrièmes rôles, et brûlé le balai faute de bois : <c La duchesse 

de la Ferté avait une fille qui avait un peu rôti le balai, et qui commençait à monter en graine. » (Ch. LIX, p. 234.) EUes ue 

le rôtissaient qu'au figuré, en menant une vie désordonnée où Ton finit par rôtir le balat. (N. E.) 

(5) Le mot est dansla Chronique de Rains (119) : « Et moult i a de boins chevaucheowSf et moult savent de guerre, (n. e. ) 



m 



-470- 



CH 



Chevaucheure , subst. fém. Monture (1). Soit 
chevaux, mulets ou ânes. (Borel et Oudin, Dict.) 
o En vintbienavantcinq(2)censmil mars d'argent^ 
a et bien dix mil chevaucheuves^ que unes, que 
« autres. » (Villehard. p. 105.) « Fist appareiller 
« chevauchuve pour la pucelle. » (Percef. Vol VI, 
toi. 81.) 

Cascuns à cevattçeure noble 
S'est venus de Gonstantinople. 

Ph. HoQikei, M8. p. 987. 

VARIANTES * 
CHEVAUCHEURE. ViUebard. p. 105. 
Chevauchurb. Assis, de Jérus. p. 211; Ord. T. n, p. 310. 
Cevauçure. Ph. Mouskes, MS. p. 267. 

Chevauchoire. [Intercalez Chevauchoire , 
chevauchée dans Froissart (IX, 95) : « Et entrèrent 
« en chevauchoire. »] (n. k.) 

Chevauchons, adv. Califourchon. Jambe deçà, 
jambe delù. (Monet et Cotgrave, Dict.) • Pust 
« trouvé à chevauchons (3) sur un baston, se jouant 
«« avec ses enfans. » (Sag. de Charron, p. 549.) 

Chevau fondu, subst. masc. Espèce de jeu. 
(Rabelais, T. 1, p. 149 el note 71.) 

Chevaulchant, partie. Propre pour chevau- 
cher. On a dit, en changeant la signiflcation active 
de ce mot, diemin chevaulcMnt^ pour chemin où 
Ton peut aller à cheval. (Rabelais, T. V, p. 123. — 
Voyez ci-dessus Cuevauchable.) 

Chevé, adj. Profond. — Escarpé (4). On Ut, au 
premier sens, dans Parlonopex de Blois, au sujet 
de la rivière d'Oire qui baignoit le château d'une 
fée: 

Cire sort ci entre fossez. 

Fors de cez grant tranctiers chevez. 

MSS. d« s. G«no. fol. 130, V* eol. 1. 

La profondeur du lit d^une rivière est la mesure 
de rélévation de ses bords : c'est le rapport de la 
cause à TeiTet. Ainsi, chevé^ qui signifie propre- 
ment creux, profond, a pu se dire aussi pour 
escarpé comme dans ce vers : 

Estroite est, et parfonde, la rive en est cheaèe, 

Ibid.fol.17i, R*€ol.i. 

Chevecagne, 3ub</. fém. Cavalerie. Borel, sur 
ce mot, cite Perceval. 

Cheveçallle, subst. fém. Col, collet, gorge (5). 
Borel interprète tresse de cheveux ; il se trompe, 
et prend à faux les deux passages du Roman de la 
Rose qu'il cite : 

Mes si ne li seoit pas mal 
Que sa cheveçallle est ouverte. 

On lit ailleurs : 

Et pour tenir la cheveçaille 
Un fermeil d'or au col li baille. 



On a dit, au même sens : < Le print par la che- 
« vaissele delà robbe. » (Très, dés Chart. Reg. 172, 
pièce 181.) 

Le col ou collet du haubert se nommoit la cliep^ 
chaîne du haubert. « Avecques lui Thibaut du Pont, 
« un hardy escuyer, lequel vint à herdre à deux le 

< dit Captai par \vl chevechaille in haubert. > (Hist. 
de B. Duguescl. par Mén. p. 1;I6.) « Leroy regarde le 
« chevalier, et luy semble de moult grant aage, les 

< poilz de la barbe lui gisoient sur la chevetaille. > 
(Lanc. du Lac, T. I, fol. 117.) « Olivier l'approcha 
« de près, et le herdy à Veschsvesaille. > (Ibid. 
p. 424.) 

On nommoit aussi le col d'un ehewBM^i chevetaille 
d'un cheval. Il faut peut-être lire par couver t^ au 
lieu de par conment, dans ce vers : 

Par conment jusqu'à la chevetaille. 

Blaoch. MS. de S. 6. loi. 190, R*. 

(Voyez ci-après Chevece.) 

VARIANTES : 

CHEVEÇAILLE. Roman de la Rose ; BoreL 

Ghevbpaillb. Hist. de DiijniescUn, p. 100. 

Chevaisselb. Très, des Chart. Reg. 172, pièce 181. 

Chevbchaillb. Hist. de B. Duguescl. par Mén. p. 116. 

Chevecualle. 

Chevetaille. Lanc. du Lac, T. I, fol. 117, V» col. 2. 

Esghevesaille. Hist. de B. DuguescL par Mén. p. 1^. 

Ohevece 1, subst. fém. Col, tête. — Collet. - 
Capuchon. — Têtière. — Bijoux. — Gapitation. 

Du Gange, sur le premier sens, cite ces vers, au 
mot Capitium : 

Dant Ysengrin en pié se drecei, 
S'ahiert Renard par la chevece. 

Rom. du Renard. 

Alors ce mot tire sa signiflcation du latin cervix, 
dont il paroit s'être formé (6). 

De là, on s*est servi improprement de ce mot 
pour collet, la partie de rhabillement qui joint le 
cou : 

Mabile prist la chei>ece, 

Si qu*U la déront (rompe) par détrece : 

Tant est la robe derompue 

Que dusqu*au (jusqu'à) cul en remest (reste) nûe. 

Pi£l. MSS. da R. B* 7216, fol. 68. R* ool. % 

Chevece a la même signiflcation, dans ce vers du 
Roman du Renard, cité par Du Gange, au mot 
Capitium : 

Estrois estoit par cheveaçe. 

Ce mot signifloit aussi capuchon, en latin capi- 
tium, chevestem^nt , suivant le Gloss. de Laboe, 
p. 492. Cette acception et les suivantes dérivent 
de celle de chevece, pris pour tête. 

Nous interpréterons ce mot par têtière, partie de 
la bride d'un cheval, dans une ordonnance concer- 
nant les éperonniers. Il leur est défendu de « mettre 



(1) On a ce sens au Livre des Rois (358, xii« sij&cle) : « Prist sa chevalchure et un servant. » (n. e.) 

(2) Quatre d'après de Wailly (§ 255), huit d'après P. Paris (1838, in-8»). Ce dernier, suivi par Liltré , yoit lA é» 
harnachements ; M. de WaiUy traduit : c II en fut bien rapporté quatre cent miUe marcs d*argent , et tnea dix xtm 
montures. » (N. e.) 

(3) On lit dans la vie de Boucicaut ÇL, 6) : « A. un grant homme monté sur un grant cheval, saiUoit de ten^ d chev^màm 
sur ses espaules. » (n. e.) 

(4) Voyez chavei\'\ii racine est cavata. (n. e.) 
(5S Voyez môme volume, p. 323, note 2. (N. E). 

(6) Non, il a été fait sur le féminin capitia, comme chavais a $té fait sur le neutre çapiHum. (Voir Chevet.) (m. s.) 



CH 



- 471 - 



CH 



« neavea^ ehevesses en viez ferreures redorées, ne 
4 ^eblarichiés ». (Ord. T. 111, p. 186.) L'éditeur dit 
que personne n'a pu lui expliquer ce mot, proba- 
blement le même que cheveciere ci-après (1). 

ChevecCf pris dans une signification stricte, 
sMnble pouvoir désigner les bijoux qui servent à 
Mf parure et Tornement de la tête d'une femme ; 
Aais on à étendu cette signiflcation dans ce pas- 
sage : * Une veuve, ou dans le cas où il y ait 
« enfans, ne peut rien prétendre es meuoles, 
« qu'autant que l'un d'iceux, hormis, par précipul, 
« sa chevesse, c'est a dire ses habits bagues, et 
• joyaux, et un lit garny. » (Coût, de Metz, Nouv. 
Coût Gén. T. ÎI, p. 415. — Voyez ci-dessus Chevance, 
au même sens, dont chevesse n'est peut-être qu'une 
variation d'orthographe.) 

Enfin, ce mol s'est employé pour une espèce de 
droit seigneurial, le même que chevage ci-dessus. 
Voyez ce mot; c*étoil une capitation, une imposition 
par tête, selon Du Cange, au mot Chevescium (2). 

VARIANTES '. 

CHEVECE 1. Du Cange, Gloss. lat. au mot Capitium, 
Chetescb. Id. ibid. col. 260. 
Chevesse. Labbe, Gloss. p. 492. 

Chevece % subst. masc. Chevecier. Le chef, 
le premier dignitaire d'une église collégiale, d'un 
(Âiapitre ou monastère. 

VARIANTES l 

CHEVECE 2. Du Canee^ à Copaian'M^, sous Capitium (3). 
Chevecher. Oudin, Nicot, Dict. 
CuEVECHiEH. Rabelais, T. V, p. 39, note 9. 

Chevecerie. [Intercalez Chevecerie^ inlcw prêté 
« oslel du trésorier » dans un inventaire lîe la 
S" Chapelle (Du Cange, II, 135, coV. 2) : a Uem, en 
« la chevecerie de ladite chapelle fu trouvé ce qui 

« s'ensuit. »] (n. e.) 

» 

Cheveceupe, suhst, fém. Chevelure. 

descira 

Sa chemise jusqu'au brael (ta. brayette) ; 
Or n*ot il oncques mais tel duel (chagrin) 
Quant il voit sa cheveeeure 
Passer jus contre sat^einture. 

Fabl. MSS. de S* Gemi. fol. 46, K* col. 3. 

Chevêche (4), subst. fém. Espèce de jeu. — 
Chouette. 



Sur le premier sens de jeu, voyez Rabelais, T. I, 
p. 142 et 152. 

C'étoit aussi une des orthographes de chouette. 
(Voyez GiiiiETTE.) Il paroitroil, par le passage sui- 
vant, qu*on en dislinguoit de plusieurs espèces. 
Budé compte dix sortes d'oiseaux nocturnes : « Le 
« grand duc, le moyen duc, ou hibou cornu, hibou 
« sans cornes, ou chahuanl, chevêche (5), huette, Tef- 
« fraye ou fresaye, etc. » (Budé, des Ois. fol. 119.) 

VARIANTES : 
CHEVECHE. Budé, des Oiseaux, fol. 119. 
Chevesche. 

Chevecherle, subst. fém. Chevecerie. Dignité 
de chevecier. (iNicot et Cotgrave, Dict.) 

Ghevechier. [Intercalez Cheveohier^ pendard, 
digue de la corde, du chevestre: • Icellui Cochon 
« appella le suppliant chevechier; et lors lui dit 
« telles paroles ou semblables: Veulz-tu dire que 
« je soye chevechier? Et il lui respondit: Autres te 
: « le diront bien. »] (JJ. 180, p. 147, an. 1450.) (n. e.) 

Cheveclel, subst. masc. Traversin, chevet. 
(Dict. de Borel et de Corneille.) Borel cite ces vers 
: du Roman de la Rose : 

n ot (eut), en Ueu de chevecel (6). 

Sous son chiet, d'herbe un grand moncel. 

Ce mot est distingué de Toreiller dans le passage 
qui suit : 

La coûte ert par de vision 
Faite de soie, et de coton ; 
Dé brun paHe U chevecex, 
Et U bouton de ToreiUier 
Furent moult preciex, et chier. 

BUnch. IIS. de S Genn. fol. i80, V col. 1. 

On trouve : « courte pointe, ciel, et cheveciel (7) de 
« la dite chambre «, dans une citation de Du Cange, 
au mot Stella (8), etdans une autre citation, au mot 
Philaierium, sous Filaterium, « Pour la chambre 
c de M. le Dauphin, ou il a grant couste pointe et 
« un cheveciel qui fait demy ciel, ouvré de mesme 
« la couste pointe (9). » 

Chevecier a la même signification (Ibid. au mot 
Miles.) 

Les charpentiers, dans quelques provinces, appel- 
lent cheveceau la pièce de bois sur laquelle porte, 
comme sur un chevet, Tarbre de la roue d'un mou- 
lin. (Voyez CiiEvESsEUR et Chavez.) 



^1) Rapprochez-le de chevcire^ Ucou qu*on trouve déjà aux Lois de GuiUaume (22) : c Les altres quatre chaceiirs e 
paleflreiz a freins et à chevcstres. is» (n. e.) 

(2) Le mot se trouve dans le formulaire anglais de Madox ^. 55) : c Concessi etiam eisdem monachis et confirmavi ies 
chevesces omnium terrarum suarum quas babent in campis de Burle. > Voyez encore ce même auteur, p. 134 : « Ita quod 
dicti abbas et conventus intégré percipient dictes decem croppos de terra arabili et cheveaces , quas reciperunt ad 
warectum, et quolibet anno intérim vesturam dicti prati. > C'est peut-être un dérivé de chew , mâcber, ruminer, au sens 
dep&turage. (n. e.) 

(3) Voy. éd. Henscbel, II, 147, col. 1. (n. e.) 

(4) Le mot s'emploie en Poitou sous la forme chavèche et chevêche. (Favre, Glossaire, p. 82 et 86) ; en Saintonge on n'a 
que chavèche. (N. e.) 

(5) Hz leur engraverent sur le front des chevesches, pour ce que la chevesche est la marque de la monnoie d'Âthénes. » 
(Amyot, Périclès, 51.) (N. e.) 

(6) Henschel (IL 188) imprime cevechel ; mais au reg. JJ. 109, p. 382, an. 1376, on Ut : k En laqueUe prison avoit un lit et 
un chevecel et certains draps à lit pour eulx coucher. > (N. e.) 

(7) C'est plutôt une tête de lit : « Ung aes comme ung cheverseul de chaslit. > (JJ. 207, p. 159, an. 1382.) (n. e.) 

(8) On lit (t. VI, p. 367, col. 2) : « Pour faire et ouvrer les .m. esloilles de broudeure qui furent mis et asi*ises eu la 
courte pointe, ciel et cheveciel de la dite chambre, n Comparez Pannier (La Noble Maison de S* Ouen, p. 100, note \.) (ne) 

(9) C^st un compte de 1362. (Du Cange, III, 291, col. 2.) (n. e) 



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VARIANTES (i) I 

CHEVEQEL. Gloss. du P. Ubbe, p. 519. 

Gbevecel. Roman de la Rose. 

Chevecex. Blanch. MS. de S. G. fol. 80, V» col. 1. 

Chevbcier. Du Gange, Gloss. lat. au mot Miles ^ col. 741. 

Cheveclere, subst. févi. Têtière. 

Desor un palefroi norrois (de Norvège), 

Dont les règnes erent d'orfrois, 

La cfieveciere ert bien ovrée (travaillée) ; 

Un fevre i mist une jornée, 

Qui flst les faces, et les serres. 

Blmch. MS. de S. Germ. fol. iTI. 

VARIANTES : 

CHEVECIERE. Blanch. MS. de S. G. fol. 177. 
Cheveliere. Preuv. de THist. de Bretagne, p. C75. 
Chevetiere. Gloss. de THist. de Bretagne. 

Chevecloe, subst. fém. Chevélre, licou. (Dict. 
de Borel et de Corneille.) 

Chevedage^ subst. masc. Terme de cou lu me. 
On trouve feu et chevedage, dans Laur. Gloss. du 
Dr. Fr. C'est le chezal ou chezeau, en latin casale^ 
domus, maison, ménage. 

Chevely adj. Terme de coutumes. Ondisoit : 

i" Aide chevel. (Voyez ce mol.) (2) 

2" Fief chevel, ou en chef, pour fief indépendant, 
qui ne relève ni du roi ni d'aucun souverain (Du 
Cange, au mot Feudum.) (3) « Les flefz en chef ne sont 
« submis à aulcun fief et haubert ; et aux seigneurs 
« de lelz fiefz sont deubz trois clievelz aides de 
« Normendie. Les fiefz de par dessoubz sont qui 
« descendent des /lefz chevelz, et sont soubzmis à 
• eulx. » (Ane. Coût, de Norm. fol. ^1.) Fiefs chues, 
dans la Coût, de Norm. en versMs. fol. 46, signifient 
la même chose que fiefs en chef, dans le Gr. Coût, 
de Normandie, fol. 57. 

3* De lu, rentes chevel, pour rentes dues aux 
seigneurs ayant fief chevel. On lit dans des lettres 
portant confirmation des privilèges des habitans 
de la Normandie : « Doresenavant, par nous, ou par 
« nos successeurs en la dite duchie, es personnes, 
« ou es biens, outre rentes chevels, et services dus 
« à nous, tailles, impositions, faire ne puissions, 
« ne doions (devions) sur iceux qui y demeurent, 
« si nécessité grand ne le requiert. » (Ord. T. î, 
p. 593, art. 22.) 

4" Lieu chevel, pour chef-lieu, lieu principal 
d'une seigneurie. (Du Cange, au mot Caput mansi.) 



« L'aisné, faisant partage à ses frères puisnez, en 
« succession directe de père, ou de mete, ayeul, ou 

< ayeule, peut retenir, par précipu, le lieu cheveU^ 
« anciennement appelle hébergement. > (Coût. Géo. 
T. I, p. 1035.) 

b^ Manage clievel, le même que lieu chevel, la 
maison principale qui appartient à Tainé, dans 
laquelle demeure le chef de famille. Du Cange, au 
mot Caput mansi (4), cite ce passage de rancienne 
Coût, de Normandie : . < El chevel manage, ne 
• poent (peuvent) les seurs rien reclamer, se il a*i 
« a iDanages autretant come de frères. > 

VARIANTES : 
CHEVEL. Orth. subsisUnte. 
Chues, plur. Coût, de Norm. en vers MS. foL 46, V*. 

Chevelep, verbe. Tirer par les cheveux (5). On 
lit en ce sens : 

Tant Voytt batu, et chevelé. 

Fabl. MSS. de S. Genn. fol. 46, V col. 3. 

Chevelise. [Intercalez Chevelise, territoire où 
Ton peut exiger le sens capiUil: « La querelle... 
« sus les cas des mortemains et formariages, que 
« li diz maistre Raouls demandoit as personnes de 
« son chevelise, nées et ù neslre. » (JJ. 56, p. 177. 
an. 1317.) Au Cartulaire de Corbie(Du Cange, 11, 
141, col. 3), on trouve la variante caveliche: « Le 
« devant dis mesire li abbés a en ledile vile bien 
« mile personnes, ou plus assés, lesquels ne se 
« puent marier sans sen congié; et du congié 
« donné il en a sa droiture accoustumée, et tant 
« come il sont ensamle par mariage, cascune 
« personne paie à Mons. l'abbé deux parisis de son 

< kief, et appele-on tele condition en nom vulgal 
« cavelichCy pour chou que c'est pour le kief. »] 

(N. E ) 

Chevelu, adj. Ce mot subsiste sous la première 
orthographe, qui «si très-ancienne (6). Nous la trou- 
verons dans ce vers : 

Vont s'en cheveluz, et cbauvez (chauves). 

G. Guiart. MS. fol. 40. R*. 

C'est-à-dire tous s'en vont. « Ne chevelo% ne 
« chaux [1) signine personne dans un fabliau ms. du 
R. n- 7615, T. U, fol. 148.) 

Nous disons aujourd'hui comète chevelue, pour 
estoile chevellée^ en latin Stella comètes, dans la 
Chron. Fr. ms. de Nangis, an 4337 (8). 



(1) On lit encore dans un inventaire de la Maison-Dieu de Gommercy (Du Cange, II. 138, col. 3) : Cincq lictz telz quelx, 
cinq coulties telles quelles et quatre chevesseux. » (N. E.) 

(2) Au t. I•^ p. ?68, col. 2. (N. E.) 

(3) Voyez les notes sous chef. La citation suivante est une addition des Bénédictins à Du Cange (III, 382, col. 3.) EUe est 
empruntée à un commcnlaire sur la Coutume de Normandie tendant à prouver qu'un fief chevel peut relever d'un autre 
seigneur que le roi. Voici le passage à commenter : « Les autres fiefs qui sont tenus en chief ne sont pas soumis à doI 
fief de haubert. » Voici maintenant le commentaire: a Ce texte entend de soumission de vUain fier, et non pas de 
soumission de noble fiet. Et ne veut pas dire que se ung noble fief étoit tenu d'un fief de haubert , qu'il ne fust pour ce 
fief en chief : car les fiefs de haubert memement sont soumis aux autres, et les baronies et les comtez ; mais veut le texte 
dire qu'ils ne sont pas tenus ù aucun fief de haubert comme vilain fief. Et est rentente de ce texte, comme U peut apparoir 
parce qu'il met après : les fiefs par dessoubs sont qui descendent do /<e/« chevels et sont soumis àeux, sicooune vavassouries, 
qui sont tenues par sommage et par service de cheval, et les autres fiefs qui sont tenus par autres services. • (n. k.) 

(4) Ed. Henschel, II, 163, col. 3. (N. E.) 

(5) On lit au Glossaire lat.-fr. 7692 : « Depilare, cheveler. » Le mot est peut-être pour decheveler ou écheveler. (n. b.) 

(6) On lit au xii" siècle, dans Roncisvals (p. 149) : c II n'i fist joie ne cneveluz ne chauz. » (N. E.) 

(7) Voyez ce mot. (n. e.) 

(8) Richelet accentue le premier e de chevelu ; on prononçait chevelu; aujourd'hui nous renforçons Ye muet : cheunelu, (N.B.) 



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VARIANTES : 
CHEVELU. Orth. subsistante. 

Chavelu. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. I, fol. 114, V» col. 1. 
Chevellé. Chron. fr. MS. de Nantais, an 1337. 
Ghbveloz. Fabl. MSS. du R. n» 7615, T. II, fol. 148, R«. 

Gheveneau, subst. masc, [Tnlercalez Cheve- 
neauy sorte de poisson : « Un bon cheveneau, des 
c barbillons, filardeaux et autre menu poisson. • 
(W. 143, p. 328, an. 1392.)] (n. e.) 

Cheveneri. [Intercalez Cheveneri, chenevière 
au Gart. de Langres (an. 1278, B. N. lat. 5188, 
fol. 224): « îtem pvo \e clieveneri àe Raaul, .ii. den. 
« Curatus de dicto Gurgeyo, pro son cheveneri 
« dou Tertre .xvi. denarios. •»] (n. e.) 

Chevenoir. [Intercalez ChevenoU% chenevis 
(Jl. i92, p. 10, an. 1460): « Le suppliant demanda 
« si elle lui bailleroil du chevenoir, qu'elle lui 
« avoit autreffois promis. »] (n. e.) 

Chevep, verbe. Creuser. —Terme de coutumes. 
On lit au premier sens de creuser : 

Quant la fosse fu bien chevée (1). 

Fabl. MSS. du R. n- 7218, fol. 323. Veol. 8. 

On dit encore, en termes de joailler, chever, 
creuser une pierre pour affaiblir sa couleur lors- 
qu elle est trop forte. 

En termes de coutumes, ce mot signifioit entre- 
prendre, empiéter sur une chaussée, sur un che- 
min. « Nul ne puet chever, ne faire entreprinse 

• sur la chausseure d'icelle ville, sans l'exprès 
« congé, etc. » (Coût. Gén. T. l, p. 528.) 

Chevepseul, subst. masc. [Intercalez Chever- 
seul, dossier, tête de lit: «" Lîng aes comme 
« un cheverseul de chaslil. » (.IJ. 207, p. 159, 

an. 1482.)] (n. E.) 

Chevesne, sMôs/. masc. Sorte de poisson. (Dict. 
d'Oudin.) 

Chevessep, verbe. Affubler d*un capuchon. En 
latin capiciare, selon le Gloss. du P. Labbe, p. 493. 

Clievesseup, subst. masc. Cale. Ce mol, par 
son étymologie, signifie chevet, ce qui sert à 
hausser la télé. Voyez, au mot chavez, les diffé- 
rentes orthographes de chevet. Le mol chevesseur, 
dans un sens figuré, a été employé pour signifier 
une cale qui sert à rehausser un objet. « Nul ne 

• peut faire marché au port de Mibray (2), qu'il ne 
«doive quatre deniers d'un chable, prendre huit 



« deniers, d'une tortue, huit deniers, de mettre un 
« arbre, et d'autre ôter seize deniers, de mettre un 
« chevesseur àewevs la roue huitdoniers. i\. 308. 
« c. 6. » (Gloss. de THist. de Paris.) On dit cheve- 
ceau, au même sens, dans quelques provinces (3). 

Ghevestemeut, subst. masc. Capuchon. Le 
même que chevesce (4), en latin capitium, selon le 
Gloss. du P. Labbe. 

Chevestrage, subst. masc. Espèce de droit. 
Celui que les écuyers du roi prenoient à Paris pour 
le foin qui venoit par eau. (Laur. Gloss. du Dr. fr.) 
C'étoit aussi un droit annuel payé aux officiers de 
la maison du roi pour les licols, (bu Gange, au mot 
Capistragium.) 

Chevestre, subst. masc. Licol. — Lacs. — 
Ornement d'armoiries (5). 

Ce mol s'est dit de tout lien de corde ou de cuir 
qui servoit à attacher par le col hommes ou ani- 
maux. Tl subsiste encore comme terme de char- 
pentier (61. Sur les anciennes acceptions, voyez les 
Dict. de Sicot, Cotgrave, Ménage, Monet, Robert 
Estienne, le Gloss. de Marot, et Du Cange, aux mois 
Capistrium et Chavestragium. 

Le Gloss. de l'Hist. de Bretagne explique ce mot 
pour licou ou collet, pour pendre les effigies des 
contumaces. Suivant Tancienne Coût, de Bretagne, 
- quand homme, ou femme sont mis à fourban, 
« par jugement, l'en doit prendre quattre cheves- 
« ^res,etles mettre à quatre portes de la ville et sera 
« appelle par ban, et bannira l'en le malfaicteur. » 
(Fol. 60.) « Doivent estre punis capitalement, selon 
« les cas, et estre forbannis, selon la coustume de 
« nostre pays, et les chevetes estre mis es portes 
« de nos villesde Rennes, de Nantes, et de Venues. » 
(Godefr. Annot. sur l'Hist. de Charles Vî, p. 694.) 
On lit cheveton, dans le Gloss. de l'Hist. de Bret. 

Aux desloyaulx doit le chevestre, 
Sanz espargner l'autre, ne Tun. 

Eusl. Dcsdi. Tocs. MSS. fol. 90, col. i. 

Froissart, parlant des six bourgeois de Calais qui 
se présentèrent au roi d'AnjcIeterre avec la corde 
au cou (7), dit que « la reine les emmena en sa cham- 
« bre, si leur ftst oster les chevcstres, d'autour le 
« col : et les fit revestir, etdisnertout à leur aise. » 
(Liv. L p. 169 ) 

On a dit par comparaison : « Les menoient deux 
« à deux accouplez de très fort chevestres, tout 



(1) On Ut au xin« siècle, dans Renart (v. 16860) : « Quant trovai un chesne chevez. Près de terre où je me repos. Il en est 
de m^me an v. 7408 : «c Prestre Martin se porpensa, 0"'wne grant fosse chevera. > (n. e.) 

{i) Aux environs de la place Maubert était la rue de la Planche Mi Bray, ainsi nommée d'une passerelle jetée sur la vase 
pour aller puiser Teau dans la Seine. (N. E.) 

(3) Le cheveteau est une solive d'enchevêtrure, ou la pièce de bois sur laquelle tourne le touriUon de Tarbre dan» vol 
moulin (N. E.) 

(4) On trouve aussi les variantes chevcsse, chevessaille. (n. e.) 

(5) Chevestre avait aussi le sens de chevechier. de pendard : c Le suppliant dit à Guerard des Potes qu'il estoit mauvais 
homs ou chevestre, de batre ainsi sa femme. » (JJ. 149, p. 94, an. 1395.) » On lit aussi au rec. (JJ. 175, p. 115 , an. 1432 : 
a Comme icellui Guerard eust injurié ou vitupéré le suppliant de pluseurs paroles, comme de l'appeUer cavestre, coquin. • 
L'italien emploie avec cette acception cavezzone, caveçon qui a le sens et fa racine de chevestre. (N. E.) 

(6) C'est la pièce dans laquelle on emboîte les soliveaux d'un plancher. En serrurerie , c'est une barre de fer formant 
soutien, (n e.) 

(7) C'est plutôt un carcan. On lit dpn$ l'éd. Kervyn (V, 205) : c Lors se leva la royne et fist lever les sis bourgois et leur 
iist oster les chevestres d'entours es cols. <N B.) 

m. 60 



CH 



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CH 



« ainsy comme on mené, chiens h la chasse. > 
(Journ. de Paris, sous Charles VI el VU, p. 19f .) 

Marot dit, en parlant dlo, dont la garde etoit 
confiée à Argus : 

L'enferme et clost : et du rude chevestrCy 
Lye son col. qui n'ha mérité d'estre 
Amsi traie te. 

Glém. Marol. p. 5S9. 

Chevestre, en termes de chasse, signifloit aussi 
un lacs ù prendre les cerfs. « Si peut on faire haies 
« parmi le fort, où Ten peut tendre les las, ou 
« chevestres, qui mieux valent pour prendre les 
« cerfs. » (Modus et Racio, ms. fol. 69.) 

C*étoit aussi un lacet à prendre les blaireaux, 
lièvres, etc. • Vueil aprendre à lascier toutes ma- 
« nieres de laz, comme sont roiz (retz, fllets] pour 
•^ grosses bestes, ou pour menues, pouches et 
« bourses, penniaux, laz, chevestres^ laz qui s'ap- 
« pelle de lune, chevestre croisiez laz commun ae 
« poure gent, etc. » (Ch. de Gast. Pheb. ms. p. 139.) 

Enfin, ce mot s*est dit pour le feuillage qui se met 
autour des armoiries, si nous en croyons le Dict. 
d'Oudin. 

VARIANTES : 

CHEVESTRE. Orth. subsistante. CeUe orthographe étoit 
employée dès le temps des Loix Norm. art. 22 (f). 
Sevestre. 

Chevkste. Godefr. Annot. sur l'Hist. de Gh. VI, p. 6d4. 
Cheveton. Gloss. de THist. de Bretagne. 

Ghevestreux, adj. On a dit licol chevestreiix Ci). 
(Voyez les autorités ci-dessus citées.) 

VARIANTES I 

GHEVESTREUX. Dict. de Gotcrave. 
Ghbvestreus. Epith. de M. de La Porto. 

Gheveialnie, subst. fém. Capitainerie, com-' 
mandement. (Voyez Gloss. sur les Coût, de Beau- 
voisis ) « Leconestable doit, et peutestrecbevetaine 
de tous les gens de Tost qui vivent d*armesy peut 
ferir, ou pousser de masse, ou de baston tous 
ceux qui sont de la chevetenairie^ sauf les che- 
valiers, homes liges, mais à ceaus peut il ferir 
les chevaus, et occire de honte ceaus des cheva- 
liers, ou d'autres gens que le roy, ou celui qui 
sera en son leuc, li commandera à semondre de 
tel service, comme se fera, il les peut semon- 
dre, etc. » (Assis, de Jérus. p. il)3, en. 290.) 

VARIANTES : 
CHEVET AINIE. 
Chevetenairie. Assis, de Jérus. p. 193. 

Cheveteau. [Intercalez Cheveteau au Gloss. 
lat.-fr. 7679 : « CucuUus, gall. cheveteau. » Voyez 
la note sous chevesseur.] (n. e.) 



Cheveulet, subst. masc. Biminutif de cheveux. 
Eust. Deschamps dit, en parlant des soitis qa*il faut 
avoir auprès des enfans : 

Que leur cheveulet soit hkmt, 
Qu'ils ne voisent ou feu veoir^ 
Et qu'Us ne s'y laissent cbeoir, 

Pocf. 1I8S. kA. 510, ooL t. 

Chevillage, subst. niasc. L*actioa de cheviller. 
(Dict. de Cotgrave et dOudin.) 

Cheville, $ub$È. fém. Piquet de tente. Ce mot 
subsiste, et j'omets les aoceptionsen usage. On a dit, 
en parlant d*un combat h outrance : « Et ce fait, 
« pavillon et clievilles se jetteront entre les deux 
« lices. • (La Jaille, du Champ, de Bat. fol. 53.) 

Expressions à remarquer : 

1* Cheville de la selle (3) semble pris abusivement 
pour les sangles, dans ce passage : « S'entredonne- 
« rent telz coups que toute la vallée en retentist; 
« maisàLyonnel mal en prit, tellement que les che- 
« villes de la selle sompireni; si fut renversé par 
« terre, la selle entre ses cuisses. » (Percef. Vol. lîl.) 

2* Faire postez et clievilles d'une chose étoit une 
façon de parler ancienne, pour exprimer faire dune 
chose ce que Ton voudra, en faire des choux et des 
raves, comme on dit encore aujourd'hui. (Brant. 
Dames Gall. T. Il, p. 491.)(i) 

Nous ferons observer* en finissant cet article, que 
le mot cheville, encore en usage en parlant devers, 
pour désigner un mot utile seulement pour la 
mesure, étoit nouvellement introduit dans noire 
langue, du temps de Gratian du Pont, dont il est 
parié dans Du Verdier, Bibl. p. 833 (5). 

Cheviller , verbe. Fermer. — Attacher. — 
Nouer Taiguillelte. 

Ce mot subsiste, mais on ne dit plus cheviller 
une portCf pour la fermer ; proprement mettre me 
cheville pour empêcher de l'ouvrir. 

Et puet ses nois brisier. 
Et son huis cheviUier (6). 

VttA. MSS. da Roy, n* 7«18, fol. SS9, V* col. I. 

De là, on a dit, au figuré^ se clievillier, pour 
s'attacher : 

Por Dieu c'est si avilUez, 

Qu'au blanc ordre c'est chevilliez. 

Fabl. MSS. du R. n* 7015, T. I, fol. 104. R* col. 3. 

On peut dériver de cette acception, celle de 
cheviller^ pris dans le sens où nous disons nouer 
l'aiguillette; muléflce prétendu qui, selon le peuple, 
empêche la consommation du mariage. Pour en 
prévenir Teffet, Bouchet conseille aux nouveaux 
mariés « de prendre un pain, ou deux sur la 
« fournée, avant que d'espouser : on ne les sçau- 



(1) Voyez chaveslre. (N. K.) 

(^ Cavecheul, au cart. de Corbie, an. 1348, est pris au sens de cheval mené au Ucou. (Du Gange, II, 253, col. 3.) (n. s.> 

(3) On Ut déjà au Livre des Métiers (109) : « Nus seUer ne puet mètre sele à fenestre, bas ne haut , seur voie, se n*est à 
cheville. » Le cheval est chevillé, qiiand il a les épaules trop serrées. Cheville doit donc être la sous- ventrière, (n. k.) 

(4) On lit encore aux Nuits de Straparole (II, 228) : « Faire compter les chevilles , » pour faire attendre dans une 
antichambre. On Ut aussi dans un rondeau de Ch. d'Orléaus : c Vous cuidez bien par vos engins, A tous pertuis troufer 
chevilles. 9 (N. E.) 

(5) Voyez encore bemicle (t. II, p. 464.) (N. B.) 

(6) On Ut encore au Petit Chaperon rouge : « Tire la c?i€villettey et la bobinette cherra. » (N. e.) 



CH 

« roit lier, garotter, ne cheviller (1), etc. • (Serées, 
liv. I, p. 17r.) 

VARIANTES (2) : 

CHEVILLER. Orthograiibe subsistante, 

CHETO-LtEH. Fatal. fiSS. du R. n- 7218, fol. 250, V» ool. 1. 

Chevillete, subs2. fém. Diminutif de cheville (3) 
du pied. 



'Chevtnenl*, sabgt. masc. Espèce de sorcier. 
Celai qui sait nouer l'aiguillette. « Pierre Massé, du 

• Mans, advocal, a escril, de l'impostare et trom- 

■ perie des diables, devins, cncli ailleurs, sorciers, 

• aoueursâ'é%m\\eUei,chevilleurs, iiecroman tiens, 

■ ... et autres qui par art diabolique, arts magiques 

• et superstitions abusent le peuple. » (Du Veraier, 
Bibl. p. 1025. - Voy. Contes d'Eutrap. p. 316.) 

• IjCS noueurs ou lieuis d'esguilleltes de Poictou, 

• qu'on appelle autrement c/tevilte»r,s. ■ (Police de 
médecine d'André du fireil, Parïs 1560, p. 61.) 

Chevllleure, subsl. fém. Terme de vénerie. 
11 se dit des cornichons qui sortent des perches du 
cerf. « Ce qui porte le^andouilliers, ehevilleures, ci 

• espois se doit noaimer perche. • (Fouilloux, 
Vénerie, fol. 20 (-1).) 

Chevir, verbe. Venir à bout. — Jouir. — Faire 
fortune. — Traiter, disposer. 

Venir à bout d'une chose ou d'une personne, au 
point de la conduire, d'en user, d'en disposer à sa 
fantaisie, étoit le sens propre du mot chevir. 
Rranldme, en parlant desreistres, dontles chevaux 
étoient épouvantés, dit • qu'ils ne pouvoientc/ietitr 

■ de leurs chevaux. » (Cap. Fi. T. III. p. 50). Ainsi 
chevir sÀ^aiVioW. gouverner, conduire. 

On disoit aussi se chevir, dans le même sens. 

• Les pilotes ne savent comment leur chevir du 

• gouvernail ; » comment en être les maîtres. 
(Merlin Cocaie, T. Il, p. 381.) C'est aussi le sens 
d'un passage de Froissart, liv. III, page 103 (5), où, 
en parlant du siège mis devant Lisuonne, il dit: 

- Dont pour avoir conseil comment on te chevi- 

- roit, • c'esl-à-dire pour avoir conseil comment 
on s'en rendrait maître. 



5- CH 

Froissart (8), pour exprimer que le comte d'Es- 
tampes ne put venir à bout d'amener le duc de 
Bretagne où il vouloit, dit ■ qu'il n'en put citevir, 
■ ny venir à chef. » (7) Cette dernière expivs^iou, 
ainsi rapprochée, nous met sous les yeux l'étymo- 
logie de chevir, qu'on écrivoit aussi chefvir, venir 
a chef, venir à bout. Pour dire qu'on venoit à bout 
d'une assez grande affaire, on disoit : 



Venir à bout d'une chose, au point d'en disposer, 
étoil en faire usage, en jouir. De là, le mot chevir 
s'est employé pour jouir. > Si les choses se rendent 
< à nostre mercy, pourquoy n'en chevirom-noM, 
« elc. ■ (Ess. de irfontaigne, p. 402.) « Lui donra 
• terre dont il se pourra chevir, • dont il pourra 
s'éjouir. (Hisl.deBertr. du Guescl.parMén. p. 368.) 
Cmvir signiile, en cet endroit, posséder en toute 

Propriété (8), ainsi que dans le passage suivant, oii 
on parie de Dieu : 



Chevir est employé pour posséder, dans cette 
phrase : • L'on ne pouvoit plus chevir de chanvre 
■ pour faire cordes, • c'est-à-dire on ne possédoit, 
on n'avoit plus de chanvre. (Brant. Dames fiait. 
T. Il, p. 376.) 

Venir à chef entraîooil l'idée de réussir. Le mot 
chevir y gagna une nouvelle acception ; pour expri- 
mer qu'on ne pouvoit faire fortune en son paya, 
y réussir, on dit ■ qu'on ne pouvoit chevir en son 
. pays. > (Chron. S- Denis, T. I, fol. 220.) 11 faut 
l'expliquer de même, dans ces vers : 
Ansois nous en irons en France ; 



EnOn chevir signilloit disposer ; de là, dans les 
transactions, l'ancienne clause : ■ Les parties on 
« ont chevi, composé, transigé, etc. > De là, aus^i 
le terme de chevir employé pour transiger, traiter, 
conclure. » 11 chevil (10) avec les desjà menlionnés 
- Lombards, etc. . (S' Jul. Mesl. Hisl. p. 408.) D'où 
s'est formé le mot chevissanee, pour traité. (Voyez 
ce mot ci-après.) 

le, ce qu'ils oppellent <-/im»er. » (Paré, 



(1) ( Il V on a Idea sorciers] qni eropeachent qw l'homme n'a rendu son 
XIX. 38.XN. E.) 

(ï) Cheviller àéaigne aussi le cheval limonier. (JJ. 1Xi, p. 1616, an. 1473.) Comparez notre expruaion atteler en 
rbevilli. {n. e,) 

(3) On lit dans Froissart (II, ISi) : ■ En le boarbe Jusques as queuvilles. » (n. e.) 

(i) Compares éd. Faïre, fol. 15, verso. (N. K.} 

(;5) Voyez éd. Kervyn, t. XI. vers la page 29i. Au même sens, On lit au reg. JI. 138, p. 194, an. 1390 : « Des gens d'armes 
lui offrirent de l'en vanger. Monstres le nous ou faites monstrer, et nous en eheviron» bien. » (N. K.) 

(O) Froissart donne aussi la Tonne txvir : t Adont demanda li rois au conte d'Arondiel coment il se poroit cevii* de cesta 
avenue, r, (II, 74). (n. s.) 

(7) Edilioii Kervyn, Xlll, p. 100 : ■ Vous avez peut ouyr comment le comte d'Estampes fut de par le duc de Bcrry envoie 
en Bretagne Jevers te duo, lequel il cuida moult bien par ses paroles amener et attraire à raiaon, nuis il n'en pot chevir, 
ne a chiet venir, t (N. E.) 

^) Le sens est plutât tenu i chef que venir à chef. $<; eh^r aigaiOe aii^si se défairA ; • Les supplions priment 
diiarement ledit Bemart pour ce qu'il ae congnoissoit en toiles cho8<>s, qu'il leur voulsist aidier à eulx cheoir audit 
termail. et il lui en feraient sa part de tel gaing comme il f auroit. > (JJ. 137, p. 90, an. 13B9.) (it. k.) 

(fl) On a ce sen» dana Thomafl de Canterbery (133) : i Et nus et nostre cause contre li maintiendra , Et , s'en vue aa 
remaint, très-bien la efievira. t (n. e.) 

(10) t Jaquemart a ckevy et fait paix aux «mis cbamels dudit Robert. > (JJ. 138, p. 990, ma. 1390.) (n. b.) 



CH 



— 476 - 



CH 



1i nous reste à rapporter le proverlie suivant : 

On dit souvent, au reprocher, 
Un proverbe que j'ai moult cher, 
Car véritable est, bien le say ; 
Que mettez un foi à par soy. 
Il pensera de se chevir (4). 
Messire Jehan de lleung. MS. de la Bibl. du R. n* 7901, r &2. 

f^Voy. AcfiEviR SOUS Achever.) 

VARIANTES : 
CHEVIR. Eust. Desch. Poës. MSS. fol. 257, coL 1. 
Gbefvir. Borel, Dict. 

Cevir. Poës. MSS. du Vat. n» 1552, f» 162, R» col. 2. 
Chevier. Mehun au Coiiicille, cité par Borel, à Dévie. 
GiEVER. Ph. Mouskes, MS. p. 730. 

Chevissable, adj. Facile. Dont on peut venir à 
bout. (Dict. de Borel, au mot Chefvir,) ' 

Chevissance, subst. fétn. Traité, transaction (2). 
(Dict. de Nicot, Corneille et Cotgrave ; Gloss. sur les 
Coût, de Beauv. ; Du Cange, au mot Chevisantia.) 

Ceulx du chastel vouldrent tenir. 
Mais quand ilz virent la puissance. 
Et Tartillerie là venir, 
Requisrent avoir chevissance. 

Vigiles de Charles VU. T. I. p. 155. 

Beaumanoir a employé quelquefois ce mot pour 
chevance. (Voy. Laur. Gloss. du Dr. Fr.) 

VARIANTES ! 
CHEVISSANCE. Vig. de Charles VU, T. I, p. 155. 
Ghevisance. 

Chevlté, subst. fém. Borel n'a point expliqué 
ce mot; il cite seulement ces vers du Roman de la 
Rose : 

Tantost la chevitc se laisse, 

Et prend une autre, ou moût s'abaisse. 

Chèvre, subst. fém. Chèvre. — Chevrelle. — 
Outre 

Ce mot a été pris autrefois pour chèvre et che- 
vrette. Nous disons encore chèvre dans le premier 
sens. On écrivoit autrefois chievre, kevre^ ou kievre. 
On prononce encore ainsi dans quelques provinces 
septentrionales de France. En languedocien, on dit 
cabre, ei crabe en gascon. Nous îivons ci té ci-dessous 
les lieux où Ton trouvera le mot chèvre^ selon 
toutes ses orthographes, employé dans le même 
sens où nous le prenons encore aujourd'hui. 

On a dit chèvre autrefois pour la femelle du 
chevreuil, aujourd'hui chevrette. (Percef. Vol. IV.] 

On a dit aussi chèvre et chievre pour la peau ae 
chèvre ; l'outre qui servoit à renfermer l'huile 
d'olive. « La chievre d'oille (d'olive) doit '2 den. le 
« cent » (Ane. Coût. d'Orl. p. 474. — Voy. aussi 
Ord. des R. de Fr. T. Il, p. 320.) Ce sont ces peaux 
dont il est fait mention dans ces vers des Vigiles de 
Charles VII, T. II, p. 107 : 



Il ÛBt par dedens, et hors euvre. 
Les couvrir de chèvres d'olive. 

On trouve le mot c/terre employé dans le passage 
suivant, de façon qu'on pourroit croire que ce 
seroit une sorte d'outil : 

Quant l'en couppe un comiUer, 

Un if, un chesne« ou arbre bon. 

Es fourests, en lieu d'eulx, trou von 

Cilz fols naissans; n*y est pourcel, 

Chievre, cognie, ny coustel 

Qui en puist acerl)er (entamer) les bos. 

Eul. DeMh. Poës. MSS. UA. 118, ool. 1. 

Hais il est plus naturel d'entendre qu'il n'est 
cochon, ni chèvre^ hache ni couteau qui puisse en 
endommager le bois. On cite deux animaux et deux 
outils, les uns et les autres propres à endommager 
le bois. 

Façons de parler : 

i" Reprendre la chevi*e à la barbe, pour revenir 
à son premier propos. (Contes d'Eutrap. page l;iS.j 
Nous disons revenir à nos moutons. 

2" Prendre la chèvre aux cornes, pour saisir 
l'occasion. (Recr. des Devis amour, p. 55.) Nous 
disons prendre la balle au bond (3). 

3* Sonner la chèvre morte semble indiquer un air 
de musique, dans ce passage : « Balde leur corn- 
« manda de dire joyeuses chansons, mais Cingar 
« chanta un tel motet, puisque nous sommes hors 
« de cette obscure prison, chantons turelure, 
« sonnons la chèvre morte. » (Merlin Cocaie, T. Il, 
page 252.) 

4* Tenir quelqu'un pour chèvre, c'étoit le regar- 
der comme un sot. Ëustache Deschamps a dit en ce 
sens : « Si qu'on ne me tiengnepour chievre. « 
(Poës. MSS. fol. 222.) 

Un seul d'eux touz ne s'est meu, 

Et si estes jà touz es fièvres. 

Bien vous doit on tenir pour chievres. 

g; Gaiart,llS. fol. 282. V. 

Nous employons le nom d'àne aujourd'hui dans 
le même sens, mais familièrement ou par mépris, 
au lieu que celui de chèvre avoit lieu dans le style 
sérieux et d'instruction : 

Si te reprens, ne te desplaise : 

Toy, et tes gens n'estes que chievres. 

Gmo de U BigM.det Dëd. IfS. fol. 37. R*. 

5* Les Languedociens disent en leur patois : 
* Porter à la cabre morte (4), pour porter sur ses 
« épaules, à la chèvre morte ; en Bourgogne, ou 
« dit à la biche corne. » (Voy. Rab. T. III, p. 426. 

6** On trouve dans Rabelais un serment, sang de 
les cabres, pour le sang des chèvres. (T. l, p. 31) 

PROVERBES : 

1. Tant grate chievre à la fois que mal gist. 

Poës. MSS. Vatican, n* fStt. fol. 160, V* col. S. 



(1) C'est-à-dire se tirer d'embarras : a Dist 11 sires : encor ne say com faitement m'en cheviray. » (Le Qiàtelain rfe 
Coucy, V. 4773.) (n. e.) 

(3) Chevissant a le même sens au cart. de S* Germain des Prés (Du Cange, II, 327 , col. 2) : « Qu'il ne facent point Ue 
chevissant à partie, sans le faire scavoir à justice (an. 1415). » — « C'est le rec^istre des chevissana , compositions et 
pavemens pour les droits de pressouers banniers ae la terre et seigneurie d'Anthoigny. » (Id., an. 1532.) (N. s.) 

(3) Prendre la chèvre^ c'est s'irriter facilement : « J'en ay veu prendre la chèvre , de ce qu'on leur trouvoit le visage 
trez. B (Montaigne. IV, p. 142.) (n. e.) 

(4) On lit dans Montaigne (II, 269) : « L'aigle est représenté emportant à la chèvre morte vers le ciel ces amea deiAôea. (N. £.) 



'- CH 

Chbvkgul. Oudin, Rab. T. Il, p. 217. 
Chkvbeux, plur Coût. Gén. T. I, p. OK. 
Chbvrot. Percer. Vol. I, fol. 1S5, V- col. 3. 
Chevriz. Du Gange, au mot Capriolus. 
Caprit. Du Can^e, ou mot Capritm. 
Cavrel. Valois, not. p. M6, col. S. 
Chevrecorae, subst.masc. Capricorne. Nous 
citerons le passage suivant tout entier, à cause ûu 
sens allégorique qu'il renrerme : 

. . . QuHDd du Scorpion courant eu Sagittaire, 
Vers le cercle hyvernal Phebus s'adressera, 
Amour, de mille peurs, mon e3|K>ir glacera, 
Ayont pour mon hyver, vostre nguaur contraire. 
Passant le clwvfecoriie, et l'enfant de Phrygie, 
S'il va (l'un mesme cours les Poissons traverser, 
Quel tropique assez froid lors pourroy je passer. 
Amour, pour rendre en moi ta chaleur amortie? 
ŒuT. it De. l'on», p. 137. 

Chevrele, subsl. fém. Clievrelle. La femelle du 
chevreuil . 

Les puceles ont etpcriee (éveillées), 
Et con cltci'i-elea trossailiies, 
Les uns çà, les autres \tt. 
Si con la poors les mena. 

Pvloa. da DIail, H3. <ta S. tiana. tôt. U9. V col. I. 
VARIANTES 1 

CHEVRELE. Parton. de Bl. MS. Je S. G. toL 149, V>, coll. 

Chbvrelle. 

Chevrelette, subst. fém, Diminutirde chèvre. 
(Epith. de M. de ta Porle.) 

Chevrepled, adj. Qui a dtis pieds de chèvre. 
C'est en ce sens qu'on .s'en esl servi pour épithèle 
de satyre [ti). (Nicot el Monet, Dict.) 

Chevrete, snbst. fém. Muselle, cornemuse (7!. 
On appelle encore chèvre, dans quelques provinces, 
une espèce d'instrument de musique champêtre. 

■ Celluy fol à qui la tybie ou chevretle seulement 
< donne soiilas, et n'a cure de la harpe, ne des 

■ touches de la lyre. • (Nef des Fols, fol. M. 
A la chevivU, et au frestel, 
Et à la muse au grand forel. 
Fera la rabaudie. 

lun Enn, Poêa. MSS. iwii 1300, T. U, p. 6Î4. 

On a dit chevj-ie, au même sens. (Voyez ce mol.) 
Chevrette a une signification obscène et llgurëe, 
dans Eust. Desch. Poës. hsï;. fol. 310.) [9] 

(i) On lit aussi dans Villon : ■ Tant giale chèvre, que mal gist. » Voyei aussi la Cbron. de Rsins , chap. XXV : t Puis 
avient une pieche après que li quens de la Marce qui prendroit des deniers le roi cascun an trois miles livres de tournois 
pour garder les roarces devers Rordiaux... si avint que U ([UBDS refusK à prendre les deniers le roi Et on dint por clm : 
« Tant grete kicvre que mal gist. ■ (N. K.) 

(2) Voyeï Le Roux de Uncy (I, 164, 165.) (n. e.) 

(3) C'est la forme la plus ancienne (Tb. le Martyr, p. 108) : E aspre baire aveit de piel de chievtv gros. ■ (n. e.) 

(4) Le provençal a la forme cabret. (n. £,) 

(5) Joinville écrit (§ ôG7) : * La seconde juelice fu teix, que li cbevalier de nostre bataille cbassoienl une béate sauvaige 
— - "n appelle gHi«1. qui est aussi comme uns cAeurctu. • (s. e.) 



CH -* 

Ce proverbe esl répété dans Fit. Moushes (1), us. 
page 68-i. 

I. Qui son ami déçoit, 

tjn autre engigneroit (tromperoil), 
S'il en venoit en leu (ueu), 
Et cil qui le reçoit. 
Tel fin y trouveroil, 
Corn fist la ckievre el leu. 

Ptdv. do C- d> BrM. US. il>> S. C. Ebl. IIS, V col. 3 iH 
VARIANTES I 

CHEVRE. Orth. subsistante. 

Chibvbe. Eust Desch. Poës. MSS. toi. 5H, col. 2 (3). 

CiEvitE. Pb. Mouskes, MS. p. 683. 

Kevre. Pb. Mouskes. US. 

KiEVHE. Poës. MSS. Vat. n° 1490. 

Cabre. Borel, Dict. i'" add. 

Crabe. Ibid. ot Laur. Gloss. du Dr. fr. 

Chevreau, subst. masc. Chevreuil, chevreau. 
On a employé cabri, que nous avons vu ci-dessus, 
et chevrel, dans les deux sens de chevreuil et che- 
vreau ; car lîorel a interprété chevrel, chevreau. 
La signification de ce dernier mot paroit détermi- 
née dans le passage suivant: •- Avec deux lévriers, 
•■ et huitchienscourans, me trouveray à la chasse 
- du renard, chevreau, ou lièvre. » {Contes d'Eutr. 
p. 550 ; voyez Percef. Vol. IV, fol. 132; Du Gange, 
au mot Capritus.) Valois, notice, p. 316, col. % dit 
que l'on prononce en Picardie cavrel (4), pour 
chevrel. Chevreuil a eu aussi les deux acceptions. 
(OudinelRab. T. II, p. 217.) 

On appeloilc'iei>ro( (fe presse la viandedechevreuil 
que l'on pressoil entre deux pierres pour la morti- 
fier, et qui servuitcommuuémentde nouniture aux 
chevaliers errans. • On les servit de chevrolz de 
< presse, c'est ung mander le plus noble de ce temps; 

■ et parce que ne scavezquel viande c'estoil, je vous 
> le diray. On prenoit,ence temps, jeûnez c/i£rfoM, 
' et les deparloil on par quartiers, et puis les mettoit 

■ on en presse si très fort que tout le sang, el les 
• humeurs en yssoient. Lors demouroieul les chairs 

■ plus blanches que chapons, et puis on les confl- 
. soit en espices. • (Percef. Vol. 1, fol. 126.) 



■ C'éUit [le fils de H" d'Hendicourl] une manière de chètrc-pied, i 



li mécbant et 



(6) On lit' dans'S'-Sim'on (Ïl8, ifÔ) ; 

élus laid que son père » (n. k.) 
itole prenl, trompe et chievrele, si citole, trompe et chievrtte. i (La Rose, v. 213(B.) On Ut au rea. JJ. 157, p. 193, 
1. 1402: t Aucuns de In ville de S. Mard vouldrent que le menestrier, qui cornait d'unecAeTirefte.comBst la haute dance... 
Il tient £ pou qui^ je ne crieve la cheorette. » Le reg. JJ. 133, p. US, an. 1388, nous montre lA une cornemuse : • Jeban de 

tfAnln^miar v^r.hn*. la ..al Aa \a /.hi^tm-^alu Loniialla Hommira Bii.1it »ni,niAi. AvtA^ ^g CbalemeaUlX. » — € Mais quand partout 



tfonlpomier rouipy la pel de la chiewvrete, laquelle demeura audit n 

lèvent ' ' "" ' ' '" ' .-«.... -. 

(8) L 



(i« la lanlé, quod aigris plurimiim soleant apponere , a Parisiensibus chevrelle. a Rotbomagensibus saleco<iue. • (B. N. lat. 
GH38 C, c. 13i.) I-a chevrelle était encore une sorte de vinea ,■ ■ Et aussi taire dedans les bois grant nombre de ihecreies et 
tanldis de bois avecqnes des eschelles à assainir villes et forteresses. • (J. de Troves. Chr. an 1477). ■ Les Genevois 
commencèrent à sonner leur assault de troinpetes et gros tabourins, fk grant bruit de cris et tumulte de peuple, et avec 

S rend nombre d'eechelles, pavois, manteaulx, chevreliei et autres choses necesssbres pour donner ssiaults. ■ (îean 
'Auton, Annales de Louis xll, p. 121.) (n. b.) 



CH -* 

TABrANTES : 
GHEVACTE. PoSb. MSS. av. 1300, T. It, p. 66i. 
ÔHBvnRTTE. Nef des Fols, fol. 40, V°. 

Chevl*eter, verbe. Paire de petits chevreaux. 
— Se mettre en colère. — Jouer de la chevrette. 

Voyez, sur le premier sens, le Dict. de Honet. 

On trouve le second sens dans le Dict. d'Oudin. 
(Voyez aussi Rabelais, T. 111, prol. p. xv, et Merlin 
Cocaie, T. 1, p. 188.) Nous disons encore : jtrendre 
ta chèvre. 

On a dit ehevretter, pour jouer de la chevrette. 
{Voyez ce mot.) 

QuBDd je daoH à la musette 
Du Wau Robin qui chevrette, ' " 



Eml. DbhA. Fom. h 



i. m. 199, CDl. 1. 



TABIANTES : 

CHEVRETER. Oudin, Dicl. 

Chevretter. Eusl. Uesch. Poès. MSS. toi. 1 



I, Ml. S. 



Cbevrie, subtt. fétn. Muselle. Instrument de 
musique champêtre. [Borel, (Corneille et Cotgrave, 
Dict.) « Quand on veut dire yu'un homme n'est 

• gueres sage, et que c'est nn esventé, on dit : il 
< seroit bon à jouer à la chevrie[i], car il a bien du 

• vent. • (Bouchet, Serëes, Liv. III, ». 252.) Comme 
on Si fkil chevreler de chevrette ci-aessus, ainsi de 
chevrie s'est formé le verbe cheviier ci-après. 

Chevrier. verbe. Jouer de la musette. Jouer de 
la chevrie. 

Il ne vendra (viendra), bêle seur, enoor mie, 
It est de lA le bois, ou it chevrie. 

Rieli. de SnmilU, Pom. HSS. (yuI iZM. T. H, p. 6t j. 

Ghevrin, adj. Qui tient de la chèvre. De la 
nature des chèvres. De là, bête cJievrune a signiOé 
une chèvre ou un bouc. ■ Pour chacune brebis et 
■ mouton, deux sols tournois ; pour chascun beste 

• ehevrune, tant femelle, que masle, deux sols 

• tournois. » [Coût, de Forcalquier, Coût. Gën. 
T. II, p. H2i.) 

ÏAHIASTKS : 



Cbevrol, subst. Chevreau ou chevreuil. (Mar- 
bodus, col, IG60.) Dans le latin capreoli. Il parolt 
pris pour chevreuil dans cet art. 27, ibid.oùilesldit 
de la pierre appelée gagatromée: c'est une pierre 
tachetée. > Cume pel de chevrol s'en faille. • [Id. 
ibid.) ^ 

Ghevronnean, stibst. masc. Petit chevreau. 
Diminutif de chevreau ci-des-sus. (Cotarave et 
Oudin, Dict.) 

. Chevronneuse. [Intercalez Chevronneuse . 
espace entre les clievrons d'une toiture ; « Iceulx 
< supplians montèrent sur la maison et descou- 

• vnrent et rompirent une ou deux des chevron- 

• neitses d'icelle maison. • (JJ. 147, p. 334, 
an. 4295.)] (h. r.) 

(1) C'est encore 

ft) On trouve col . , 

Chevreuil iVoRges), Chevrej/ (Ssaae-et- Loire), Ci 



8- CH 

Chevrotage, subst. masc. Droit seifrneurial. 
Celui que nayent ï leur seigneur les habitina qui 
ont des chèvres. (Laur. Gloss. du Dr. fr.) 

Chcvrotln, subst. De peau de chevreau. Le 
peuple de Paris, naturellement enclin à la révolte 
et aux séditions, eut pour gouverneur U. de Mont- 
morency, qui • le rendit souple, et maniablecomme 

■ un gand chevrolin de Veudosme >. [Brant. Cap. 
Fr. T. Il, p. 140.) On lit grand, au lieu de gand, 
mais c'est une faute. (Voyez Ord. T. III, p. 370.) 

Les peaux de chèvre servent, dans quelques paya, 
à renfermer les liqueurs. (Voyez Chèvre ci-dessi^.) 
De là, on a dit : tirer au chevrotin, pour boire. Le 
Duchat, sur Itabelais, T. II. p. iO, note 3, ajoute que 
cette façon de parler vient du Dauphiné et des 
autres provinces où l'on met le vin dans des peaux 
de chèvre. Oudin l'explique par vomir. Apparem- 
ment qu'il l'entend par allusion à l'expression 
écarter la dragée. Il y a une sorte de plomb à 
chasser qu'on appelle dragée, et qui se nomma 
aussi chevrotine, parce qu'il sert à la chasse du 
chevreuil. Tirer au ciievrotin s'est dit aussi pour 
donner de l'argent, par allusion aux bourses faites 
de peaux de chèvre. (Le Duchat, ubi suprà.) 

Ghevrottement, subst. masc. Cri du che- 
vreau. (Dict. d'Oudin et de Cotgrave.) 

Cbevrotler, verbe. Crier comme le chevreau. 
(Dict. d'Oudin.) 

Ghcvroye, subst. fém. Ce mot semble un terme 
factice, dans cette expression : fontaine de ta eke- 
vroye [2], peut être ainsi nommée de ce qu'on y faisoit 
boire les chèvres. (Voyez Percef. Vol. IV, fot. III.} 

Cbez, verbe, 2" pers. de l'ind. prés. Tombes, 
cheoia. ■ Garde toy doresnavant, car se tu chez une 

■ aulreffois, tu ne trouveras pas que si tost te 
. relieve. • (Lanc. du Lac, T. ni, fol. 81. 

Chlabrea, subst. masc. Chieur. (Le Duchat, sur 
Rabelais, Liv. Il, p. 69.) 

Le cUsoiple ae prent • rire 
Des oysons qui disent k. k.. 
Car c'est le parler pour vous dire 
De chiabren, etc. 

■Urot Alpli. te (MF* pMMM. 
VARIANTES : 

CHIAGREA, Chiabekn. 

Chtabrenn, subst. masc. Enfantillage, niai- 
serie. Simagrées, minauderies, suivant Le Duchat, 
sur Itabelais, T. li, p. tiS, note 70. * Tu fabuseroi» 
•> bien, si tu pensois que je t'y allasse recenser eta 
• petits ehiahrena, et badineries de l'aoïoor. • 
(Dial. de Tahur. fol. 107.) 

Gbiabrener, vei-be. Minauder, niaiser. Faire 
des simagrées, du mot chiabrena. 

Gbiasse, subst. fém. Ecume de métal. (Dictionn. 
d'Oudin.) 



(Ain), etc. (n. b.) 



CH 



— 479 — 



CH 



Ghiastenicnt, adv. Chastement. (NTarbodus, 
col. 1644.) 

Gbiazer, verbe. Ce mot signifie être par trop 
curieux, suivant Léon TrippauU. C'est une signifi- 
cation forgée par cet auteur sur celle du mot grec 

Chibala. Ce mot se trouve employé dans ce 
refrain de chanson : 

Chibala la duriaus, durias (1), 

Chibala la durie. 

Jetn Eran, Poës. MSS. avant 1300. T. II, p. GC4. 

Chiberala. C*étoit aussi le refrain d'une chan- 
son, de même que chibala. 

Chiberala^ chibele, 

Soies jolis. 

Poés. MSS. avant 1300, T. IV. p. 15U. 

Chic à chic (2), adv. Peu à peu. Comme qui 
diroit d'une manière avare. (Bouch. Serées, liv. 111, 
p. 6. — Voy. le mot chiche sou§ Cuichard.) 

Chicane, subst. fém. (3) Oudin l'explique par 
certain cercle fiché en terre par où Ton p:jsse une 
boule. (Dict. et Cur. fr.) C'est une espèce de jeu 
dont l'usage et le nom sont encore connus en 
Languedoc(4),etqu'on appelle, dansd'autres provin- 
ces, le jeu du mail, suivant Du Cange (Dissert, sur 
Fexerc. de la Chicane, à la suite de Joinv.p.i88(5).) 
On y trouve ses conjectures sur Télymologie de ce 
mot et sur celle de chicaner. 

Chicannerie, subst. fém. Chicane (6). (Voyez les 
autorités ci-dessus rapportées.) 

VARIANTES * 
CHICANNERIE. Mém. du duc d'Orléans, p. 151. 
CuiQUANERiE. Sag. de Charron, p. 397. 

Chicanourois, adj. Propre à la chicane. On a 
dit, en ce sens : langage chicanourois, pour le 
langage, le style de la chicane. (Rom. Bourg, liv. Il, 
page 71.) 



Ghicaaoux, subst. mo^c. Chicaneur. — Sergent, 
huissier. 

Sur le premier sens de chicaneur, voyez le Dict. 
de Cotgrave. 

Sur le second, de sergent, huissier, voy. Le Duchal, 
sur Rab. T. IV, page 50, note 4. « Si, pour les en 
« divertir, vous leur envoyez un petit sergent 
« à verge, jamais, jamais chicanoux ne fut mieux 
« frotté qu'il sera. » (Disc. Polit, et Mil. de la Noue^ 
p. 427.) On prononçoit anciennement chiche a 
nous (7). (Bouchet, Serées, liv. III, p. 6.) 

VARIANTES *. 

CHICANOUX. U Noue, Disc. PoUt. et Milil. p. 127. 
Chicquanous. Rab. T. IV, p. 50. 
Chicaneux. ïlog. de CoUerye, p. 164. 

CiCANEUX. 

Chtcliard, adj. et subst. masc. Avare. Ce mot 
nous fournit quelques proverbes sous Torthographe 
subsistante : 

4. Celuy est pauvre qui est chiche (8). (Touch. de 
Des Ace. fol. i.) 

2. Autant dépend chiche comme large, c'est-à-dire 
qu'une épargne faite mal à propos nuit souvent 
autant qu'une prodigalité mal placée. (Contes 
d'Entrap. p. 465.) (9) 

VARIANTES (10) '. 

CHIGHARD. Cotffrave, et Rob. Est. 
Chiciiart. Rabelais, T. I, p. 316. 
Chiche. Contes d'Eutrap. p. 465. 
CiGHE. Opusc. de P. Enoc, p. 106. 

Chiche, subst. masc. Pois-chiche, espèce de 
légume. Ce mot subsiste comme adjectif, sous 
Forthographe c/ucfte. Labbe, dans son Gloss. p. 495, 
Ta traduit en latin cicer comme substantif : 
« Ciceron desdiant un présent à ses Dieux, y ayant 
« fait graver dessus ces lettres M Tul. y adjousla 
« un chique, au lieu de Ciceron; scachant bien que 
« le c/itçu^ estant appelle dcer (U), feroit sçavoir 



(1) C'étaient les refrains plaintifs des chansons de Galères aux derniers siècles ; on les retrouve aujourd'hui sur le 
gaillard d'avant des vaisseaux de guerre comme dans les préaux des prisons, (n. e.) 

(2) On lit dans la Henriade travestie (ch. V, p. 68) : a La discorde oui sait le chie , En fait faire un décret public. » Ce 
doit être une abréviation comique de chicane. Notre mot chic actuel peut remonter à l'allemand schiek. En France il est 
un nom de famille. Pour rexpression présente, il vaut mieux écrire chique ; Oudin écrit chiquet à chiquet. La racine est 
alors celle de chicher, (n. e.) 

(3) On lit dans Des Accords (Bigarr. Epitaphes) : « Du plus grand chicaneur qu'on pourra jamais voir, En ce tombeau 
glacé gist la despouille morte, Piuton hoste commun , ne le veut recevoir, De peur qu'en son pays la chicane il ne 
porte. » (N. e.) 

(4) Ce jeu languedocien est dit chuauer. « Comme iceulx jouassent à un jeu nommé au pays chuquer. » (JJ. 162. p. 233.) 
La forme latine était chuca : « Bernaraus de Castronovo et nonnulli alii in studio Tholosano studentes ad ludum lignibolini 
sive c7iucart<m luderunt pro vino et volema, qui ludus est quasi ludus billaroi... Unus consociorum cepit maUhetum ac 
biUardum, cum quo luserunt, et volens ludere dédit ictum de dicto mailheto bolœ et chuquse. d (JJ. 160, p. ^, an. 1416.) 
Mais chicane remonte par le bas grec tÇvxàyioy, jeu du mail, t^vxaylÇeiy (Du Cange, VU, 2« partie, p. 37, col. 1), au persan 
tchaugan (même sens), (n. e.) 

(5) Voyez Henschel, t. VII, 2« partie, p. 35. (n. e.) 

(6) <r Détestant merencolie Et chiquancrie, Qui puisse estre forbanie De nos maisons. » rBasselin, XXXIIL) (N. b.) 

(7) C'est un calembours par à peu près, car on lit ailleurs dans Bouchet (Serées, IX) : « G'estoit afin que les chicanneus 
fussent retenus d'approcher d'un terrain si dangereux. » Rappelons ici Chicanoux qui, dans Racme , correspond à 
Blédycléon dans Aristophane. (N. E.) 

(8) Par contre, on lit dans Bruijant {Afénagier^ II , 25) : « Ne soies pas larges mais chiches ; Ainsi seras-tu tanlost 
riches. » (n. e.) 

(9) On lit aussi dans Génin (Récréations philolog., II, 234) : « Amitiés de chiches gens à deux boulets ressemble bien, o 
Us ne se touchent en effet que par un point, (n. e.) 

(10) L'étymologie est le latin ciccum. On lit déjà dans Quesnes de Béthune (Romancero, p. 86) : c Et au pauvre [la dame] 
se fait chiche et morne. » (n. e.) 

(14) c Cicer, en langage latin, signifie un poy chiche. > (Amyot, Ciceron, I.) (N. E.) 



CH 



— 480 - 



CH 



• son nom. » (Faucb. des Orig. liv. I, p. 91 ; voy. 
Rab. T. î, p. 147, et le Dict. de Colgrave.) 

VARIANTES (I) : 
CHICHE. Orth. subsistante. 
Chique. Fanch. Orig. Uv. I, p. 91. 
CiCES. Oudin et Rob. Est. 

Chiche-face, locution. Avare. — Squelette. — 
Fantôme. — Poupée. 

Voy. sur le premier sens d'avare, Oud. Cur. Fr. 
et le Dict. de Cotgrave. La Noue, parlant d'un soldat 
trop avare de son san^, et qui ménage sa vie, dit 

• qu'onrestimeunef/iîc/i^/a(î^('2). >» (Disc. Polit, et 
Miiit. p. 358.). 

On joint ordinairement à Tidée d*avarice, celle 
de maigreur. De là, ehicheface s'est dit d'une per- 
sonne maigre et décharnée, dans le. sens où nous 
disons squelette. Selon Pline, « les gens gras sont 
^ de lourd esprit, mais aussi, ils sont plus apperls 
« (ouverts, francs) el moins simulez que les chiche- 
«* faces, el chie IVoitlure de mingrelius, etc. » 
(Bouch. Serées, livre 111, p 52. — Voyez Dictionn. 
d'Oudin.) On pourroit expliquer de même le titre 
d'un fabliau ms. du roi, inlitulé chyticht^ fâche. On 
y lit : 

• Laide estoit^ de cors, et de fâche : 
L'en Tapeloit la chinchc'facfie. 

Fabl. MSS. du R. n* 7218. fol. 923. 

On appeloit aussi cliiche face, une espèce de fan- 
tôme décharné, dont on raisoit peur aux petits 
enfans. (Oudin, Dict. esp. fr. au mot Hotnia,) Dans 
son Dict. Fr. liai. , il explique ce mot par certo 
animal finto. C'étoit une sorte de symbole de la 
gloutonnerie et de l'avarice (3). 

On vendoit autrefois au Palais des espèces de 
figures ou poupées longues et sans corps. Co- 
quillart les a designées par le mot chiches faces, 
lorsqu'il dit, dans un sens ironique: 

Nourrices aux grandes pendasses, 
Gros sain ouvers remplis de laictz, 
Sont pensues comme chiches facf*8 Ç\\ 
Qu'on vent tous les jours au Falays. 

Coquillart, p. 13. 

VARIANTES ! 
CHICHEFACE. J. Marot, p. 2t). - Coqnill. p. 112. 
Ghincub-pache. Fabi. MSS. du R. n« 7218, foi. 223. 

ChYNCIIE FACHE. Ibld. 

Chichemallle, subst. masc. Avare. (Dictionn. 
d'Oudin et de Cotgrave.) 

Chichement, adv. Rarement. Cotgrave, Oudin 



et Rob. Estienne Texpliquent dans le sens subsis- 
tant. On ne remploie plus au figuré, pour raremeU. 
Cliarîon, parlant des princes, ajoute : •• qn'îl faut 
< qu*ils se feignent souvent, non seulement en 
« guerre, aux estrangers et ennemis ; mais encores 
« en paix, et à leurs subjccts, combien que plus 
« chichement. • (Sag. de Charron, p. 400.) 

Ghicheron, subst. m. Le bon t de la mamelle (ô). 

Sur- vos tetins flétris, les chicherons tous noirs 
Représentent les bouts de deux vieux entonnoirs. 

Des Accords. Bigarr u re s , fol. 139. 

C:;hlchesse, subst. fém. Avarice. (Oudin, Cotgr. 
et Rob. Estienne. — Voy. Epilh. de M. de la Porte.) 

Les dames en privaulté (particuUèreaient) 

Ayment bagues, habis, richesse. 
Et ont en hayne la chichetse. 

chasse et départie d'Arnoors . p. 128. col. 2. 

Oudin disoit le diable soit chicheté, pour faisons 
bonne chère. (Oud. Cur. fr.) 

VAniANTES : 
GHICHESSE. Chasse et départ, d'amours, p. 128, col. i. 
Chicheté. CoquiU. p. 12 (6). — Arr. Amor. p. 411. 

Chicot, suhst. masc. Vétilleur, mauvais plai- 
sant. 11 semble que ce soit le sens de ce mot, 
employé figurément, dans le passage suivant : ^ Sa 
« cour estoit pleine de bons esprits, et de gens de 
« sçavoir, au lieu de fols, de chicots, de flatteurs, 
« et d'harlequins. » (Div. lec. de Du Verd. p. 487. 
— \ oy. ci-après Chicoter.) 

l^hicoter, verbe. Vétiller. Contester sur des 
choses de peu de conséquence. (Oudin, Monet, Dict.) 
Proprement découper en petits morceaux; de 
chicot, pris dans Tacception propre et subsistante. 
« Ce ne sera jamais fait, qui \ondrà chiquoter tous 
« les mois, ce que Ciceron anpelle verha aucupari. * 
(Des Ace. Bigar., Les entenas- trois, fol. 40.) 

VARIANTES : 

CHICOTER. Monet, Oud. Dict. 
Chiquoter. Des Ace. Bigar. fol. 40, V«. 

jChl^ iieté, adj. Déchiqueté, découpé (7). Pro- 
premeiil mis en chicots, en pièces : 

On verra bien par fringuerie 
Porter maintz nabilz chicquetei. 

CoquiUvi, p. 16. 

VARIANTES I 
CHICQUETÉ. CoquiUart, p. 16. 
Chiqueté. Mém. du Bell. T. VI, p. 295. 



(1) Aux Rois (xii* siècle, 1B5), fiixiim cicer est ainsi rendu : « E fèves e lentUles et ceire quite. » (N. B.) 

(2) « Celui, qui pour espargner, f^it le retenu, on Testime un ehicheface. » (N. B.) 

(3) On lit au M ystère de S»« Geneviève (xv« siècle) : « Gardez vous de la chiche-facc ; Il vous mordra s'il vous rencontre. (N . K.) 

(4) Dans son Lnquôte entre la simple et la rusée, il écrit encore : « Laurence, la grant chiche face. » (n. k.) 
(5^ Dérivé de <*i(Nv' cic^ris. (a. E.) 

(6) On Ut dans lesWoits Nouveaux de Coauillart : c Son mari est si fort donné A chicheté et avarice, Qu*il est du tout 
délibéré Ne lui quérir point do nourrisse. » Commines (II, 9) écrit aussi : c S'en mocquoient et disoient que c'estoit por 
chicheté. » (N. E.) 

(7) Le picard emploie encore chiketer au sens de couper par petits morceaux. La racine est chiqttet, diminutif de chùjue, 
our chiche. (N. e.) 



V.> 



Niort. — Typographie de L. Fatrb. 



-j.^