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Full text of "Dictionnaire portatif des régles de la langue Françoise : contenant les principes nécessaires pour écrire et parler correctement le François en prose & en vers; les régles de la grammaire ... la rhétorique, la versification .."

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DICTIONNAIRE 

PORTATIF 

DES    REGLES 

DELA 

LANGUE  FRANÇOISE. 

TOME     SECOND. 


DICTIONNAIRE 

PORTATIF 

DES    MÉGI.ES 

DE  LA  LANGUE  FRANÇOISE, 

CONTENANT 

Les  Principes  nccefîaires  pour  écrire  &  parler 
corredemenr  le  François  en  Profe  &  en  Vers  ;  les 
Régies  de  la  Grammaire,  de  FOrrhographe,  de 
la  Ponduation  &  de  la  Prononciation ,  Se  géné- 
ralement tout  ce  qui  concerne  la  Logique ,  la 
Rhétorique  ,  la  Verfîiîcation  ,  ôcc,  le  tout  appuyé 
fur  les  autorités  des  meilleurs  Auteurs. 

TOME     SECOND, 


A      PARIS, 

Chez  J.  P.  COSTARD,  Libraire ,  rue  S.  Jcam 

de  Beauvais. 

^==         ■      ■  ■  4^ 

M.    DCC    LXX. 
^yec  Approbation  &  Privilège  du  Roi. 


''  ADAMS/Si.? 


DES   RÈGLES 
DE  LA  LANGUE  FRANÇOISE. 

M  ou  ME,  efl  unedesconronnes  del'alDfiah^». 
Alphabet,  Consonnes  &•  Prononc?  t,.  "^"-^'^ 
,    M  A ,  eft  le  féminin  de  l'adjeftif  poffemf  ° 
Adjectif.  J=""Po"eiur«ci/2:vo}'ea 

.  MADRIGAL.  Le  Madrigal  eft  un  de  no,  ni,- 
t.ts  Poèmes.  Il  peut  avoir  plus  de  vers  auM.  ?;      '^^^ 
8c  moins  que  le  Rondeau.  Ceft  une  pe^tïteP;"."' 
caraftere  galant,  fimple  ,  namïel  ."^couW     !.'' "'? 
doit  exprimer  une  jolie  penfëe.  '  ^  1"* 

Le  mélange  des  rimes  &  des  vers  v  déom^  ^-i-a 
t.ur.M.stouteerpecedelicenceyeâ2Sf^gl,^* 

Madrigal. 
Alcidon  contre  fa  Bergère 
Gagea  trois  baifers  ,  que  fon  chien 
Trouvcroit  plutôt  que  le  fien 
Un  flageolet  caché  fous  la  fougère. 
La  Bergère  perdit .  &  pour  ne  point  payer 

Elle  voulut  tout  employer. 
Aîais  comte  un  tendre  amant  c'cft  ewvain^itt'an  s'obftmff> 
Si  des  baifers  gagnés  par  Alcidon , 
Le  prcmiei  fut  une  rapin?  , 
Les  deux  autïtf  j  furent  m  don. 


s  MAU  MÈD 

MAIS  ,  eft  une  des  conjondions  adverïàtîrcg  f 
voy!r7  Conjonctions. 

MAJEURE  ou  PRINCIPE  :  voye^  Preuves  &•; 
Syllogisme. 

MALGRÉ ,  efl  une  des  prcpofîtions  /impies  :  voye^ 
Prépositions.   . 

MASCULIN  ,  voye-!;  Ge«re  (  Grammaire), 

MATIN  ,  eft  une  adverbe  de  temps ,  voye:[  Ad-- 

VERBE. 

MAUDIRE.  Verbe  adif  irrégulier  ,  de  la  qua^ 
trieme  conjugaifon  ,  compofé  de  dire ,  &  du  fubftan- 
f^f  njal  ï  au  plurier  maux  '■,  dire  des  maux  ,  des  im- 
précations ,  fouhaiter  des  maux.  Le  Chrifîianifms 
défend  de  maudire  fes perfécuteurs.  A  quoi  f en  de  mau- 
dire fa  dejiinée  ?  tâchei  plutôt  de  la  corriger  y  ou  defup^. 
porter  vos  maux  avec  courage. 

..  Ce  verbe  (e  conjugue  comme  le  verbe  ^zVe,  excepté 
à  la  féconde  perfonne  du  préfent  de  Lindicatif ,  où  il 
faut  dire  ,  vous  maudifle\.  Imparfait,  Je  maudifTois ,   | 
&c.   Préfent  du  fubjonàif.  Que  je  maudilTe ,  que  tu 
îîiaudifTes ,  qu'il  maudiffe  ,  &c.  L'imparfait  eft  fem--  ! 
blable,  excepté  la  troisième  perfonne  du  fîngulier,' 
qu';'/  maudit.  Parricipe  préfent.  Maudiffent,  indéclina-  , 
ile.  Participe  paffé.  Maudit ,  maudite  ,  qui  fe  prend 
quelquefois  fubftantivement ,  &  /îgnifie  alors  ,  mau-  ' 
vais ,  déteftable.  Quel  maudit  jeu  !  quel  maudit  métier  f 
Séjour  maudit  de  aifrorde  &-  de  guerre.  i 

JVlAUGRÉER.   Verbe  neutre,    de   la  première  | 
conjugaifon.  Il  eft  régulier.  Si  nous  en  faifons  men-* 
tion  ici ,  c'eft  pour  avertir  que  c'eft  un  mot  bas. 

Il  paroit  compofé  d'agréer  &  de  maux  ^  pluriel  de 
mat  ;  agréer  mal ,  faire  un  mauvais  accueil.  M.m^réer 
exprime  les  mauvaifès  manières ,  les  mauvai?  traite- 
ments ,  la  mauvaife  humeur  de  celui  qui  vous  reçoit. 
Cer.  homme  maugrée  toujours  ;  c'eft-à  dire,  eft  tou- 
jours de  mauvaife  humeur  ,    jure  touiours 

ME  ,  eft  un  des  pronoms  perfonneh  pour  la  pre- 
mière perfonne  du  fingulicr  :  voye"^   Pronoms.^ 

MÉDIRE.  Verbe  adif  irrégulier,  de  la  quatrième 
conjugaifon,  compofî^  de  dire  &  du  fubftantif /n«/.j 


MÉD  MES  I 

î^ïnfî  médire  fîgnifie  dire  du  mal.  //  ef}  prudent  ^  hu^ 
main  de  ne  médire  de  perfonne  ;  mais  cefi  une  hajfej[è. 
de  médire  de  fe s  bienfaiteurs. 

Si  le  mal  que  Ton  dit  fans  nécefïité  ,  eft  une  chofêf 
faufTc  ,  &  inventée  pour  nuire  à  celui  de  qui  l'on  par^i 
le  ,  ce  n'efl  plus  médire  ,  c'eil  calomnier  :  cependant 
l'ulage  ordinaire  ,  toujours  ennemi  de  la  précifion^ 
emploie  fouvent  l'un  pour  l'autre. 

Ce  verbe  fe  conjugue  fur  dire  ,  excepté  à  la  fê-^ 
conde  peribnne  du  pluriel  du  préfcnt  de  l'indicatif,' 
qui  fait,  vous  médife\.  Cette  exception  eft  commune 
à  tous  les  compofés  de  dire. 

MEILLEUR  ,  eft  le  comparatif  de  l'adjeaif  ^o/iî 
voye-^  Degrés  de  coMPARAisotr. 
MÉLODIE  :  voye:^  Harmonie. 
MÊiME  ,  efl  un  des  pronoms  indéfinis  :  voye^  cet 
article  aux  mots  Pronoms  &*  Licences  Poétiques. 
Il  figure  aufli  parmi  les  adverbes  :  voye"^  Adverbes. 
Il  efl  encore  du  nombre  des  conjondions  extenfiH 
ves  :  voye?  Conjonctions. 

MÉPRENDRE.  Verbe  réciproque  &  irrégulier  i 
de  la  quatrième  conjugaifbn ,  compofé  de  prendre  St 
de  l'adverbe  modificatif  mal  ou  mé ,  qui  revient  ail 
même  :  comme  fi  l'on  difoit ,  prendre  mai  ;  c'efl-à-^ 
dire  ^  fe  tromper.  Je  me  fuis  bien  mépris  ^  qu<ind  j  ie 
crus  fidèle»  Remarquez  que  fi  l'on  confêrve  l'adverbe 
mal  devant  le  verbe  prendre  ,  il  a  une  fignification  un 
peu  diilércnte  de  méprendre»  Il  s'y  eft  mal  pris ,  dans, 
cette  aff.ùre.  Il  s'ejl  mal  pris  d  cet  ouvrage» 

Il  fe  conjugue  comme  le  verbe  prendre,  en  obfer-! 
Vantles  différences  qu'exigent  les  verbes  réciproques* 
MÉSOFFRIR  Verbe  neutre  irrégulier  ,  de  la  fé- 
conde conjugaifbn  ,  compofé  d'offrir ,  fur  lequel  il  fè 
Conjugue  ,  &  de  'né  ,  qui  vient  de  l'adverbe  mal ,  8c 
qui  dénote  de  l'abus  &  de  la  diminution.  Méfoffrir  efl 
donc  comme  fi  l'on  difoit ,  offrir  mal  ,  ou  moins 
qu'il  ne  faut  ;  enfbrte  que  la  perfonne  à  qui  ou  vis*? 
à-vis  de  laquelle  on  méfoffre  ,  en  rcffentiroit  quel- 
que tort  ou  quelque  peine.  Ce  verbe  n'efl  en  ufag^ 
qu'eji  matière  d'achat  &  de  marché, 

Ai) 


^  MET- 

Vous  méfofre^  trop  de  ma  terre  y  four  que  je  vous  Ut 
vende- 

Participes,    Mcfcffrant  ,  méroffcrt ,  méfofFerte  : 
voye"^  Offrir. 

MESURE  :  vo^e7(  Nombre  Oratoire. 
.  MÉTALEPSE.  La  métalepfe  tH  une  efpece  de  mt- 
îonymie.  Ces  deux  mots  grecs  ,  qui  fîgnificnt  tous 
éeux  changement  ,  s'emploient  pour  dé/igner  un 
mot-,  une  chofeprife  pour  une  autre.  Quand  on  ex- 
prime ce  qui  fuit ,  pour  faire  entendre  ce  qui  pré- 
cède ,  ou  ce  qui  précède  pour  faire  entendre  ce  qui 
fuit ,  c'eft  une  métalepfe.  C'eft  l'antécédent  pour  le 
conféquent ,  ouïe  conféquent  pour  l'antécédent. 

On  croit ,  avant  que  d'énoncer  fa  croyance  :  ainfi 
il  y  a  une  métalepfe  , quand  on  le  fert  de  parler  ou  de 
{^ire  ,  pour  fignificr  croire»  Par  exemple,  dans  cette 
phrafe,  dire^-vous  après  cela  que  je  ne  fuis  pas  de  vos' 
lunis  ï  Ceft  comme  iî  l'on  difoit ,  croire-^-vous  ,  a«re^- 
i/ousfujet  de  dire  que  je  ne  fuis  pas  de  vos  amis  ? 

On  rapporte  a.  la  métalepfe  ces  façons  de  parler  : 
il  oublie  les  bienfaits  ;  c'ell-à-dire ,  il  n'eft  pas  recon- 
noiffant.  SouventT^-vous  de  notre  convention  ;  c'eft-à-^ 
dire  ,  obfervez  notre  convention.  Je  ne  vous  cannois 
paj;c'efi-à-dire,je  vousméprife;vous  êtes  à  mon  égard 
Comme  n'étant  point.  Mithridate  dans  Racine  dit  : 

Cen  eft  fait ,  Madame,  &  j'ai  vèca. 
cour  dire ,  Je  vais  ceffev  de  vivre.  Je  renonce  à  la  vie. 
La  métalepfe  fe  fait  donc  lorfqu'on  paffe  comme  par 
degrés  d'une  fîgnification  à  une  autre  ,  comme  quand 
tondit,  il  eft  mort  pendant  la  moifjon  ;  c'cft-à-dirc  » 
dans  le  temps  de  la  moiffon.  Ceft  du  vin  de  quatre 
feuilles  ,  pour  dire  >  c'cft  du  vin  de  auatre  ans.  La 
feuille  qui  croît  chaque  année  fe  prend  pour  l'année. 
■  MÉTAPHORE.Cc  mot  fignifie  en  grec  tranfport,En 
cffet,cettc  figure  tranfportc  lafignification  d^unnom  a 
ime  autre  lignification,quinclui  convient  qu'en  vertu 
d'une  comparaifon  qui  eft  dans  l'clprit.  Un  mot  pris 
ti\étaphoriquçment  perd  donc  fa  propre  /îgmficauon  , 


MET 

pour  CM  prendre  une  nouvelle  qui  ne  fe  prlfcnte  k  VtC 
rm  que  par  la  comparaifon  que  l'on  fait  entre  le  fcns 
propre  de  ce  mot ,  &  ce  qu'on  lui  compare.  Par  exem- 
ple, on  du ,  les  Sciences  chapent  les  ténèbre?  de  Vimo- 
rance.  Le  mot  Sciences  perd  ici  fa  %nification  propre 
&  primitive  de  connoifTances ,  pour  prendre  celle  de 
lumière  ;  &  cela  par  la  comparaifon  que  nous  faifons 
entre  les  Sciences qiii éclairent l'efprit,  &Ialumiere 
du  lûleil  qui  nous  fait  voir  les  objets,en  diiîipant  les 
ténèbres  de  la  nuit.  Le  mot  dont  on  fe  fertdans  la  mé- 
taphore eH  donc  pris  dans  un  autre  fens  que  dans  le 
icns  propre  :  il  eft ,  pour  ain/î  dire  ,  dans  une  demeure 
empruntée  ,    comme  dit  un  Anciau. 

Si  l'on  appelle  la  Grammaire  il  clef  des  Sciences , 
la  Logique  la  clef  de  la  Philofophie  ,  c'eft  par  corn' 
pai-anon  de  ces  Sciences  prélin^naires  qui  ouvrent 
1  entrée  aux  Sciences  plus  profondes ,  avec  une  clef 
qui  ouvre  les  portes  d'un  appartement. 

n  y  a  donc  toujours  une  forte  de  comparaifon  entre  le 
mot  auque  on  donne  un  fens  métaphorique ,  &  Tob^t 
auquel  on  rapplique.  Quand  les  métaphores  font  ré- 
gulieres,uefl  aife  de  fai/irje  rapport  de  comparaifo-, 

Cette  figure  jette  beaucoup  de  brillant  dans  le  lîy le- 
&c  eiUametaphorequifaitragrément  de  cettepenféc 
d  Horace  ,  lorfque  Mécène  lui  demandant  encore  des 
vers,  u  repond,  que  c'efl rappeller  au  combat  un  Soi- 
tiatqui  a  fait  fes  preuves ,  &  qui  a  reçu  fon  congé. 

Un  peut  appercevoir  toute  l'énergie  de  la  meta- 
phore  dans  l'exemple  fuivant.  ^  ^' 

Tu  joins  Ja  médifance  avec  la  uahifon  , 

Et  ta  bouche  fmpu;îente  eft  une  impure  fource  , 

<5ui  tache  tous  fes  bords  &  répand  fon  poifon 

Sur  les  plus  belles  fleurs  (qu'elle  trouve  en  fa  co«rfe, 

I-a  gloire  la  plus  vive  y  trouvefon  tombeau , 

Ton  haleine  inférée  en  éteint  le  flambeau  , 

Et  flétrit  fans  refpecft  la  vertu  la  plus  pure  : 

Elle  tue  en  riant ,  &  peut  bien  fans  horreur 

Xîeurtrir  même  fon  frère  .  outrager  la  nature , 

Et  faire  de  fâng-froid  un  ads  Je  furcuf . 

A  il] 


s  MET 

Les  métaphores  doivent  être  claires  ;  elles  ne  àoU 
Vent  point  être  forcées ,  ni  tirées  de  loin  ,  encore 
imoins  rouler  fur  des  idées  baiïes. 

Cette  métaphore  de  RoufTeau  eft  forcée  : 

£t  Aéja  les  zépWrs  de  hurs  chaudes  haleines 
Ont  fondu  Técorce  des  eaux. 

î^'idée  de  fondre  ne  s'allie  point  d'ailleurs  avec  celle 
d'écorce. 

Celle  de  Tertullien,qui,en  parlant  du  déluge  unlver- 

fel ,  dit  quilfut  la  lejjive  du  genre  humain  ,s^ éloigne 

tout-à-fait  du  bon  goût ,  parceque  l'idée  en  cft  baiTe, 

M.  de  Voltaire,  à.  l'occa/îon  de  ces  vers  de  Cor-s 

neille  dans  Polyeuâè ,  Ad.  IV  ,  Se.  III , 

Sa  faveur  me  couronne  entrant  dans  la  carrière  j 
Du  premier  coup  de  vent  il  me  conduit  au  port  » 
Et  fortant  du  Baptême  il  m'envoie  à  la  mort. 

fait  la  remarque  fuivante  : 

oîObfervez  que  voilà  trois  vers  qui  difent  tous  la 
î»>  même  chofe  ;  c'eft  une  carrière ,  c'eft  un  port ,  c'efl 
>î  la  mort.  Cette  fliperfluiLé  fait  quelquefois  languij 
&>  une  idée  ;  une  feule  image  la  fortifieroit.  Une  feule' 
2D  métaphore  Te  préfente  naturellem  ent  à  un  eC^i 
^>  rempli  de  fbn  objet  ;  mais  deux  ou  trois  métapho- 
3>  res  accumulées  fentent  le  Rhéteur.  Que  diroit-oi 
D>d'un  homme  qui  en  revenant  dans  fa  Patrie  diroit 
35  je  rentre  dans  mon  nid;  j'arrive  au  port  à  pleine 
55  voiles  ;  je  reviens  à  bride  abattue  ?  C'eft  une  regl( 
95  de  la  vrai  éloquence, qu'une  feule  métaphore  con 
83  vient  à  la  paffion. 

Qui  s'ofjnt  revêtir  de  ce  phantôraeaimé. 
Corneille  dans  Hcrjclius, 

r>^  Pciit-on  (e  revêtir  d'un  phantôme  ?  L'image  eft 
55  elle  affci  jufte  ?  Comment  pourroit-on  fe  mettre  ui 
»i  phantôme  fur  le  corps  i  Toute  métaphore  doit  ctr« 
aa  une  image  qu'on  puiffc  peindre. 

Ce  dc/Tein  avec  lui  Icroit  tombé  p3r  terre. 

ÇQrneille ,  Ibid.  ' 


MET  f 

fcOn  a  déjà  repris  ailleurs  ces  façons  de  parler  vî- 
iwcîeufes.  Toute  métaphore  qui  ne  forme  point  une 
»s  image  vraie  &  feniible  .  efî:  mauvaife  :  c  cil  une  re- 
95  gle  qui  ne  foufFre  point  d'exception.  Or  quel  Peintre 
y>  pourroit  repréfenter  une  idée  qui  tombe  par  terrée, 

Couvert  ou  de  louange  ou  d'opprobre  éternel. 
Corneille  ,  Ibid. 

■55  On  ne  peut  dire  couvert  àelouange^  comme  on  dît 
»»  couvert  de  gloire,  de  lauriers,  d'opprobre,  de  hon- 
»•>  te  :  pourquoi  l  C'eil  qu'en  effet ia  honte,  l'opprobre, 
9'  la  gloire  ,  les  lauriers  ,  femblent  environner  un 
33  homme,  le  couvrir.  La  gloire  couvre  de  les  rayons; 
s?  les  lauriers  couvrent  la  tête  ;  la  honte ,  la  rougeur 
M  couvrent  le  yifage  :  mais  la  louange  ne  couvre  piis« 

M.  de  Voltaire,  ^ 

Quand  il  y  a  plu/ieurs  métaphores  de  fuite ,  il  n'ed 
pas  nécefTaire  qu'elles  foient  tirées  du  même  fujct. 
On  diroit  fort  bien,  l'an  doit  erre,  pour  ainfi  dire,  enté 
fur  la  nature  :  la  nature foutient  l'art.  G-  luifert  de  bafe  ; 
G"  rart  einheUit  Cr»  perfeâlionne  la  nature  :  mais  il  ne 
faut  pas  les  tirer  de  fujets  oppofés  ;  ils  exciteroient 
4es  idées  qui  ne  s'allieroient  pas  enfemble.  On  a  eu 
raifon  de  reprocher  à  Malherbe  d'avoir  dit  : 

Prends  ta  foudre  >  Louis  ,  &  va  comme  un  lien. 

On  liCoit  dans  les  premières  éditions  du  Cid  : 

Malgré  des  feux  û  beaux  qui  rompant  ma  colcre. 

Feux:  &  rompent  ne  vont  point  enfemble.  le  mot  de 
troublent ,  qu'on  y  a  fubftituc  ,  ne  répare  pa.3  la  pre- 
mière faute.  ) 

Chaque  Langue  a  (es  métaphores  propres  S:conLa- 
çrécs  par  l'ufage  ;  c'efl  ce  qui  fait  qu'il  efl  fouvent 
impofiible  à  un  Traducteur  de  faire  pafTer  les  mé- 
taphores d'une  Langue  dans  une  autre  Langue. 

Comme  elles  font  quelquefois  tirées  des  mœurs  & 
4es  ufages  >  on  peut  dire  que  telle  métaphore  qui  cH 


8  MET 

reçue  chez  un  Peuple  ,  ne  l'ellpas  chez  un  autre  q\iî 
n'a  pas  les  mêmes  mœurs  ni  les  mêmes  ufages  ;  que 
tclJe  qui  étoit  noble  &  ufîtée  autrefois ,  eft  devenu» 
bafle  ,  parceque  les  mœurs  ont  changé. 

On  ne  doit  donc  pas  condamner  une  infinité  de 
métaphores  qu'on  trouve  dans  les  Anciens  ,  parce- 
qu'elles  ne  s'aliient  pas  à  nos  ufages. 

MÉTH  ODE.  L'efprit  humain  ne  pouvant  difcerner 
tout  d'un  coup  la  vérité  qui  eft  cachée  à  Tes  yeux  ,  a 
bcfbin  d'un  giûde  pour  le  conduire  dans  les  recher- 
ches :  c'eiî  la  méthode.  On  peut  la  définir  en  général , 
l'art  de  bien  difpofer  une  fuite  de  plufieurs  penfées , 
ou  pour  découvrir  la  vérité  que  l'on  cherche  ,  ou  pour 
la  démontrer  aux  autres  quand  on  l'a  trouvée. 

Delà  deux  fortes  de  méthodes  :  l'une  de  réfolution 
pour  découvrir  la  vérité  >  voyei[  Analyse. 

L'autre  de  doftrine  ,  pour  faire  entendre  aux  aur 
très  la  vérité  qu'on  a  trouvée  :  voye"^  Synthèse. 

La  méthode  eft  la  clef  des  Sciences  &  des  Arts; 
C'eil  elle  qui  met  de  l'ordre  dans  nos  idées,  &  qui 
nous  conduit  comme  par  la  main  de  connoifFances  en 
connoiiïances  :  elle  écarte  les  faux  jugements  ;  elle  ap- 
planit  les  difficultés  ;  elle  décompolc  les  propofitions 
trop  compliquées  ,  &  nous  découvre  ainfi  les  vérités 
les  plus  cachées.  Sans  méthode  on  ne  peut  faire  aucun 
progrès;on  marche  au  hazard  ;  on  s'égare,  &  l'on  fait 
beaucoup  de  chemin  fans  faire  un  pas  vers  le  but. 

MÉTONYMIE.  Ce  mot  tiré  du  grec  fignifie  change- 
ment de  nom.  Ce  changement  eft  commun  à  tous  les 
tropcs ,  puifque  jamais  un  nom  n'y  efl  pris  dans  le  fens 
propre  ;  mais  la  métonymie  diffère  des  autres  tropes  , 
en  ce  qu'elle  n'eft  point  fondée  ,  comme  les  autres , 
fur  un  rapport  de  reficmblance  ou  d'oppofition,  mais 
lur  un  rapport  de  relation ,  comme  de  la  caufe  à  l'ef- 
fet ;  de  l'cftét  à  la  caufe  ;  du  contenant  au  contenu  ; 
du  nom  du  lieu  où  la  chofc  fe  fait,  à  la  chofe  même  ; 
du  figne  à  la  chofe  lignifiée  ;  du  nom  abftrait  au  con- 
cret -,  des  parties  du  corps  où  l'on  place  les  palftons  & 
les  fcntlmcnts  ,  aux  fcrntiments  mêmes.  Nous  allons, 
«ionncr  des  exemples  de  ces  différentes  relations. 


MET  ^ 

^ors  fut  desvaifleaiixdéfcenduc 
Toute  la  Cerès  corrompue  : 
£n  langage  un  peu  plus  humain 
C'eft  ce  de  quoi  Ton  fait  du  pain. 

(  Scâron  ,  Virgile  crai/efii  ). 

Cérès ,  inventrice  de  bled  ,  eft  prife  ici  pour  1« 
bled  même  :  c'eft  la  caufe  pour  l'effet. 

C'eft  dans  le  même  fens  que  l'on  dit  :  V amour  lin* 
guitfans  Bacchus  ù"  Cérès, 

M.  Fléchier,  pariant  du  fage  &  vaillant  Machabéc  , 
auquel  il  compare  M.  de  Turcnne ,  dit  :  Cet  homme  gui 
réjouijjoit  Jacob  parfes  vertus  Çr  parfes  exploits,  Jacob  y 
père  des  liraëlitesjeft  pris  ici  pour  le  Peuple  d'Ilraël, 
Quand  on  dit  d'un  homme  qui  écrit  bien, qu'z/^u/ze 
belle  main  ,  c'eft  la  caufe  inftrumentale  pour  l'effet, 

3>  Aux  pieds  du  Trône  étoit  la  Mort  pâle  G'  dévo- 
9>  rame ,  avec  (a  fauix  tranchante  ,  qu'elle  éguifoit 
3>  fans  ecffe  ;  autour  d'elle  voloient  les  noirs  foucls  , 
les  cruelles  défiances  ,  les  vengeances ,  toutes  dégoà^ 
tames  de  fang ,  ^  couvertes  de  plaies* 

La  mort  n'eft  point  pâle  ,  les  fbucis  ne  font  point 
noirs,  ni  les  défiances  cruelles,  ni  les  vengeances  dé- 
goûtantes de  fang  &  couvertes  de  plaies;  mais  com- 
me elles  produifent  ces  effets ,  on  donne  à  la  caulc 
des  épithetes  qui  ne  conviennent  qu'à  l'effet, 

Lorfqu'on  dit  d'un  homme  ,  qu'i/  aime  la  bouteille  ^ 
au  lieu  de  dire  qu'il  aime  le  vin ,  on  prend  le  conte-^ 
liant  pour  le  contenu. 

On  prend  le  nom  du  lieu  où  une  chofe  (e  fait  , 
pour  la  chofe  même  ,  quand  on  dit  un  Caudebec , 
pour  un  chapeau  de  Caudebec,  Ville  de  Norman-» 
4ie  ;  une  Perfe-,  pour  une  toile  de  Perfe  ;  un  Pagnon  , 
pour  un  drap  de  la  fabrique  de  Pagnon. 

C'eft  par  la  même  raifon  qu'on  prend  le  Portique  , 
lieu  où  Zenon  enfeignoit  la  Philotbphie  ,  pour  fà 
Philclophie  même  ;  le  Lzceeoù  Arifiote  enfeignoit  u 
llodri^e  ,  pour  fa  dodrine  même. 

Cefl-Iàque  ce  Romain  ,  dont  l'éloquente  voix 
D'un  joug  prefqus  cereain  fa^vafa  Rcpubliq'.ie, 


10  MET 

Fortîfîoir  Ton  cœur  dans  l'étude  des  loîâ 
£t  du  Licée&c  du  Portique. 

(  Roujfeau  )„' 

On  prend  le  Sceptre  pour  la  Royauté  ;  le  Chapeau 
de  Cardinal  pour  le  Cardinalat;r£/7dV  pour  la  Profef^ 
iîon  milicaire:/aPt(jZ'e  pour  la  Magiftrature.  Dans  toutes 
ces  façons  de  parler,c'eft  le  figne  pour  la  chofe  fignifiée* 

Quand  on  dit  que  le  Royaume  de  France  ne  tombe 
point  en  quenouille^  pour  dire  que  le  Sceptre  ne  pafîe 
point  entre  les  mains  desfémmes,c'e{l  encore  le  hgnc 
pour  la  chofe  fignifiée  La  quenouille, dont  les  femmes 
feules  ie  fervent  pour  filer  ,  déiigne  ici  les  femmes.  : 

On  Drcnd  fouvent  le  nom  abftrait  pour  le  nom 
concret.  Par  exemple  ,  quand  le  Fabulifte  dit  que  U 
Cigogne  mit  la  Lonyueur  de  Ton  cou  dans  la  gueule  dit 
Loup  ,  au  lieu  de  dire  (on  long  cou ,  &c.  :  voye-^  Sens 

ABSTRAIT,    Sens  CONCRET. 

Nous  regardons  le  coeur  comme  le  fiége  du  cou^ 
rage ,  la  tête  comme  le  ,  liège  du  bon  fens ,.  &Cj| 
Ainfi  quand  on  dit,  cet  homme  a  da  cœur  ,  a  une 
bonne  lête  ,  c'eft  par  métonymie. 

C*bll  encore  par  métonymie  ,  quand  on  dit  deux 
cents  philippes  d'or ,  deux  cents  loui^d'or  ,  pour  deux 
cents  pièces  de  monnoie  portant  l'empreinte  de 
Louis,  de  Philippe. 

Dans  l'emploi  de  la  métonymie  ,  il  n'ed  point  per-i 
mis  de  prendre  indefféremment  un  nom  pour  un  au-j 
tre  ;  il  faut  que  les  cxprefTions  figurées  foicnt  autoJ 
rifées  par  l'ufage ,  &  que  ce  qu'on  veut  faire  enten-^ 
dre  fe  préfente   naturellement  à  l'efgrit. 

MÉTRÉ  :  voy-''^  Nombre  oratoire. 

METTRE.  Verbe  adif ,  réciproque  &  irrégulicr,de 
la  quatrième  conjugaifon.  Il  /ignifie  pofer  ,  placei 
quelqu'un  ou  quelque  chofe  en  certain  lieu.  Le  le- 
cond  régime  efi:  toujours  précédé  de  quelques  prépo- 
fitions  ou  particules  qui  marquent  le  lieu  :  fouvent 
c'cft  la  prépofition  fur ,  quelquefois  d  ,  aux  ;  d'au-^ 
trcfois  en  ou  dans  ou  devant ,  &c.  Exemples ,  metteil 
voire  chapeau  Jur  votre  re.'f. 

Le  verbe  mettre  tout  feul  délîgne  quelquefois'  le  lieu> 
comme  quand  on  dit  feulement,  mettez  votre  chape :iU9 


MET  11 

Mettei  la  main  i  la  -plume.  Le  fulminant  (  en  pariant 
d'un  vaifîeau) ,  a  mis  à  la  voile.  Il  a  mis  l'é^é-au poings 
Mettre  le  cafque  en  tête. 

Mais  la  pitié  ,  que  iVimable  nature 

Mit  de  fa  main  dans  le  fond  de  nos  cœurs 

Pour  adoucir  les  humaines  fureurs. 

Folt.iire. 

Mettre  vient  du  verbe  latin  mittere^  qui  fignifîc  en^ 
voyer.  Il  conferve  quelquefois  en  François  cetie  fi- 
gnification  ,  meure  fes  ^ens  en  campagne  ;  c'efl-à- 
dire  ,  les  envoyer  à  la  découverte. 

Ce  verbe  s'emploie  en  une  infinité  de  fîgnincations 
différentes.  Cela  viendroit-il  de  la  difette  de  la  Lan*- 
gue,  ou  de  la  reffemblance  des  chofes  qu'il  exprime  l 
Quoi  qu'il  en  fbit ,  fa  lignification  efl  fort  étendue. 
Nous  nous  contenterons  d'en  donner  quelques  exem- 
ples ;  car  il  feroit  trop  d'en  épuifer  i'énumération  , 
ou  d'en  développer  tous  les  fens  C'efl  au  grand  ufage 
qu*il  faut  avoir  recours  ;  lui  feul  peut  faire  connoître 
quel  fêns  prend  un  mot  dans  tant  de  phrafes  diffé- 
rentes. On  dk  au  figuré  ,  mettre  de  Veau  dansfon  vin» 
Mettre  la  charrue  devant  les  bœufs.  Mettre  la  doigt  def- 
fus.  Mettre  la  dernière  main  à  un  ouvrage.  Se  mettre 
enquatre-pour  quelqu'un.  Mettre  une  quejïionfur  le  tapis* 
Se  mettre  fur  f on  quant  d  moi.  Mettre  quelqu'un  aux 
abois  j  à  la  beface  ,  à  la  raifon.  Mettre  en  compromis  y 
en  colère ,  en  peine  ,  en  belle  humeur.  Mettre  une  psnfée 
en  vers  ,  en  profe.  Mettre  aux  mains.  Mettre  d'accord. 
Mettre  au  hasard  de, , ,  Mettre  au  fait  d'une  affaire. 
Se  mettre  d  tout.  Mettre  un  Livre  au  jour.  Se  mettre  d 
tous  les  jours  ,  &c.  Prefque  toutes  ces  façons  de  par-^ 
ler  font  proverbiales. 

Le  verbe  mettre  fe  confîruit  fouvent  avec  le  pro- 
nom perfonnel  &  un  autre  verbe  à  l'infinitif,  p'-écé- 
dé  de  la  particule  à  ;  alors  il  marque  un  commence- 
jnent  ou  une  continuation  d'adion  ou  d'application. 
//  fe  mit  à  parler  tout  bas,  Tout  le  monde  fe  mit  à 
crier.  Il  s'efl  mis  tout  de  bon  à  érudier» 
JLqs  compofés  du  verbe  mettre  Cont  démetive^remeîîrey 


12.  MIE  M(EU 

permettre  ycntr  émettre ,  omettre  ^j)r  omettre ,  commettre  , 
îY  an  [mettre  &  fcumettre  :  voyei  cej  verbes ,  chacun  i 
leur  articlem 

Indicatif.  PréCent.  Je  mets,  tu  mets,  il  met  ;  nous 
mettons,  vous  mettez,,  ils  mettent.  Imparfait,  Je 
mettois ,  &c.  Prttcrit.  Je  mis ,  &c.  Conditionel  préfent* 
Je  mettrois  ,  &:c.  Impératif.  Mets,  qu'il  mette  ; 
mettons ,  &c.  Subjonctif.  Préfent.  Que  je  mette  > 
&c.  imparfait.  Que  je  milTe.  Participe  préfent.  Met- 
tant, indéclinable.  P ir.nuipe  Vafjé.  Mis  ,  mife. 

l^ous  les  autres  temps  fe  forment  félon  les  règles 
communes. 
MIEN,  eflundesadjedifspofTeffifs  :vojye:j' Adjectif, 

MIEUX,  eil  un  des  adverbes  de  comparaifon: 
ypjer  Adverbe. 

MINEURE  :  ;^q)/£r  Preuves  ,  Syllogismes. 

MODES. Lesmodesfont  les  diverles  inflexions  des 
verbes,  qui  fervent  à  exprimer  les  manières  différen- 
tes dont  on  affirme;  à  diftinguer  les  affirmations  géné- 
rales ,  les  abfolues ,  les  défirées  &  les  conditionnelles. 
Delà  les  quatre  modes  ,  qui  font ,  rinfinitif  lindiccL- 
îif^   Vin.vératif  Se  le  fuhjon6lif:  voyez  ces  articles. 

MŒURS.  Nous  avons  dit  au  mot  Invention  ,  que 
les  mœurs  étoient  le  fécond  moyen  de  perfuader.  En. 
effet ,  le  but  de  l'Orateur  ne  doit  pas  être  feulement 
d'éclairer  l'Auditeur ,  il  doit  encore  l'intéreffcr.  Il 
n'eftpour  cela  que  les  moeurs. 

Si  celui  pour  lequel  il  parle  a  réellement  de  la  jufi 
tice  ,  de  la  religion  ,  de  la  probité  ;  s'il  eft  honnête- 
homme  &  vertueux  ,  c'eff  là  ce  qu'on  appelle  des 
mœurs  réelles.  L'Orateur  alors  n'a  befoin  que  de  le 
faire  fentir,  que  d'exprimer  ces  moeurs  par  quelque 
trait  délicat  &  vrai ,  qui  fera  d'autant  plus  d'impret^ 
Jion  qu'il  femblera  lui  être  échappé  fans  qu'il  y  pen- 
sât.  La  vertu  a  des  droits  certains  fur  tous  les  cœurs  ; 
l'homme  le  plus  vicieux  fe  plaît  à  rcconnoître  la 
vertu  dans  un  autre  ,  à  voir  qu'elle  eff  fou  guide  & 
le  principe  de  toutes  fes  adions.  Un  homme  vertueux 
intéreiîêra  toujours  tous  les  autres  hommes  en  fa 
faveur  j  mais  il  peut  n'être  pas  conclu  pour  ici  par 

ceux 


M  (E  U  ij 

Ceux  qui  doivent  le  juger.  Il  faut  que  l'Orateur  Tupplée 
à  ce  défaut  ;  il  doit  alors  lui  donner  des  mœurs  ,  &:  ce 
font  celles-là  qu'on  nomme  Mœurs  oratoires. 

Rofcius  d'Amerie  cft  accufé  d'avoir  lué  loa  père.  C'eft 
un  crime  affreux.  Les  Romams  dévoient  être  naturelle- 
ment prévenus  contre  un  homme  foupçonné  d'un  pareil 
forfait.  Un  Phiiofophe  ne  fe  feroit  pas  prévenu  j  mais 
le  Peuple  fe  livre  tout  entier  aux  préjugés.  Que  fait 
Ciceron  pour  écarter  un  pareil  foupçon  ?  Il  donne  des 
mœurs  à  Rofcius  j  il  le  peint  comme  un  homme  à  la 
fleur  de  fon  âge ,  &  qui  a  l'innocence  de  la  jeuncfTe.  Il 
n'a  jufqu'ici  commis  aucun  crime  5  au  contraire  il  a  été 
vertueux  :  d'ailleurs  un  fcélérat  ne  débute  pas  par  un 
parricide.  Il  lui  fait  dire  qu'il  confent  à  abandonner  à  fes 
accufateurs  fes  richeffes  ^  dont  ils  font  fî  avides ,  pourvu 
qu'ils  lui  lai{fent  fa  gloire.  Quel  homme  auroit  été  affez 
dur  pour  n'être  pas  touché  de  cette  vertu  &  de  cette  gé- 
nérofité  ?  Rofcius  fut  abfous. 

Qu'eft-ce  qui  ne  s'intéreife  pas  pour  ce  Payfan  de  la 
Coinédie  des  Fables  d'Efope  ?  On  lui  raconte  la  Fable  du 
J-oup  &  de  l'Agneau  j  aufli-tôt  il  s'écrie  : 

Eh  fi  !  le  loup  devroic  mourir  de  honte  î 
L'agneau  buvoit  à  pan  ,  ôc  ne  lui  difoit  mot. 

L'Orateur  doit  connoître  le  caradere  &  la  façon  de 
penfer  de  ceux  devant  lefquels  il  parle.  L'homme  a  tou- 
jours un  pré/ugé  pour  lui-même.  Flattez  ce  préjugé,vous 
Je  prenez  par  fon  foible  ;  vous  lui  plaifez. 

Sinon  étoit  Grec.  Les  Troyens  dévoient  donc  s'en  dé- 
fier. Que  fait-il  pour  gagner  leur  confiance  ?  Il  comble 
d'éloges  ceux  qui  aiment  les  Troyens  ;  il  maudit  les 
Grecs ,  &  fur-tout  Ulyffe  ,  qui  étoit  le  plus  odieux  aux 
Troyens.  Il  parle  comme  auroit  parlé  Priam  lui-même. 
Les  Troyens  font  féduits. 

Les  mœurs  varient  fuivant  l'âge  ,  la  condition  ,  les 
pafTions  ,  &  les  difpofîtions.  L'Orateur  doit  bien  prendre 
garde  à  ces  quatre  circonftances.  Qu'il  n'aille  pas  faire 
parler  un  jeune  homme  comme  un  vieillard  j  un  Magif^ 
trat  comme  un  Artifan.  Il  auroit  beau  être  éloquent,  il 
ne  feroit  plus  dans  la  Nature  5  il  ne  tçuçheroit  plus. 
Tome  IL  B 


14  M  (E  U  MOI 

Confervez  à  chacun  fou  propre  caraûcre  ; 
Des  fiecles ,  des  pays  ,  étudiez  les  mœurs  : 
Les  climats  font  fouvent  les  diverfes  humeurs. 
Gardez  donc  de  donner  ,  ainfî  que  dans  Clelic  , 
L'air  ,  ni  refprit  François  à  l'anrique  Italie  j 
Et  fous  des  noms  Romains  fefant  notre  poitrart , 
Peindre  Caton  galant ,  ôc  Brutusdamerec. 


:  '       Le  tems  qui  change  tout ,  change  auflî  nos  humeurs: 
«  '  •  '■  Chaque  âge  a  fes  plailîrs ,  fon  efprit  &  fes  moeurs. 
^         Un  jeu'te  homme,  toujours  bouillant  dans  fes  caprices  , 
Efl  prompt  à  recevoir  l'imprellion  des  vices  ; 
£ft  vain  dans  fes  difcours ,  volage  en  fes  delîrs^ 
Reiif  à  la  cenfure  ,  5c  fou  dans  les  plaifirs. 
L'âge  viril  plus  mur  infpire  un  air  plus  fage  , 
Se  poulie  auprès  des  grands ,  s'intrigue  ,  fe  ménage  j 
Contre  les  coups  du  fort  fonge  à  fe  maintenir  ; 
Et  loin  dans  le  préfent  regarde  l'avenir. 
La  vieillelle  chagrine  inceflamment  amafîe  , 
Garde  ,  non  pas  pour  foi  ,  les  tréfors  quelle  cnrafTe  > 
Marche  en  tous  fes  defleins  d'un  pas  lent  ôc  glacé  , 
Toujours  plaine  le  préfent ,  &  vante  le  paflé  j 
Inhabile  aux  plaifirs  dont  la  jcunefle  abufe, 
Blâmt  en  eux  les  douceurs  que  l'âge  lui  refufe. 
Ne  hiif<  s  point  parler  vos  Afteurs  au  liazard  , 
Un  vieillard  en  jeune  homme,  un  jeune  homme  en  vieillard. 
Etudiez  la  Cour  ,  &  connoiflez  la  Ville  : 
L'un  &c  l'autre  eft  toujours  en  modèles  fertile  ,  Sec. 

BoHeait ,  Arc  Foëtiquc. 

MOI ,  cft  un  des  pronoms  pcrfonncls  pour  la  première 
pcrfonnc  du  fmguiier  :  voye'^  Pronoms. 

MOINDRE  ,  eft  le  comparatif  de  l'adjeaif  i'cr/f  : 
i/oyc^  Degrés  De  comparaison. 


MOI  MOT  i^ 

MOINS ,  eft  un  des  adverbes  de  compaiaifon  :  voye:(^ 
'Advirbe. 

MON ,  eft  un  des  adjedifs  poiTefTifs  :  voyei  Adjec- 
tif. 

MON  DIEU  ,  eft  une  des  particules  exclamatiyes  t 
voyei  Particules,  Construction. 

MORBLEU  ,  eft  une  des  particules  imprécatives  î 
voyei  Particules  ,  Construction. 

MOUDRE.  Veibe  actif  irrc^.gulier  ,  de  la  quatrième 
conjugai{on.  II  fignifîe  prendre  ,  ferrer  quelque  choie 
avec  les  dents.  Ce  terrae  dans  fon  fens  propre  ne  con- 
vient guère  qu'aux  animaux  que  la  Nature  a  pourvus 
de  dents  pour  fe  défendre,  comme  les  chiens ,  les  loups  , 
&c.  Mais  la  métaphore  l'a  tranfporté  à  une  infinité  de 
chofes,  par  la  relTemblance  qu'elles  ont  avec  les  morfj- 
res  de  ces  animaux ,  &  les  déchirures  qu'elles  font.  Ainfî 
l'on  dit  ,  mordre  le  prochain  ;  c'eft-à-dire ,  déchirer  (k 
léputatioii  5  mordre  la  pouffiere ,  comme  pour  marquer  la 
rage  &  le  défefpoir  de  l'ennemi  terralTé  &  vaincu. 

Mordre  eft  quelquefois  neutre.  La  c en f are  n  a  point  cl 
mordre  fur  ma  conduite.  Son  efprit  ne  peut  mordre  a  telle. 
Science  y  c'eft-à-dire,  y  trouve  trop  de  difficultés.  Var-" 
îicipes.  Mordant,  mordu,  mordue.  Le  premier  eft  fou- 
vent  adjcdif.  EJprit  mordant.  Femme  mordante.  Impéra- 
tif. Mords,  qu'il  morde  ,  mordons,  &c.  Subjonctif» 
Préfent.  Que  je  morde,  &c.  Imparfait.  Que  je  mor- 
di/fe ,  &c. 

Les  temps  compofés  fuivent  les  règles  communes. 

MOTS.  Un  mot  eft  compofé  d'un  ou  de  plufieuis 
fons  réunis  ,  ne  faifant  qu'un  tout ,  &  propre  à  faire 
na'itre  une  idée.  Les  mots  ne  font  formés  que  des  fons 
que  l'on  fait  entendre  quand  on  parle. 

Quelquefois  un  feul  de  ces  fons  fufîit  pour  un  mot, 
comme  moi  ,  je  ,  vais  ^a^la^  m.ort.  Voilà  fîx  mots  de 
fuite  qui  ne  font  compofés  chacun  que  d'une  fyllabe  ou 
d'un  fon.  Souvent  il  faut  plufleurs  fons  ou  plulîeurs  fyl- 
labes  pour  un  mot ,  comme  entretenir ,  commerce  ^  avec  ^ 
l ennemi.  Voilà  quatre  mots  dont  le  premier  a  quatre 
fons  ou  fyllabcs  \  le  lecond  trois  3  le  troifieme  deux  ,  &: 
le  quatrième  trois. 

Quand  les  Langues  fe  font  formées ,  il  n'a  dépendit 

Bij 


îi  MOT 

que  (tu  caprice  &  de  l'oreille,  de  régler  combien  de  fôns 
&  quels  Tons  concourroicnt  pour  la  formation  d'un  mot  : 
mais  étant  une  fois  arrêté  que  tels  &  tels  fons  forme- 
roient  enfemblc  un  mot ,  ces  fons  ont  été  fixés  par-là  , 
&  n'ont  plus  fait  qu'un  tout,  qu'un  feul  mot.  L'ufage  & 
l'oieille  ont  également  réglé  quelles  idées  feroicnt  atta- 
chées à  chaque  mot ,  les  mots  n'ayant  été  mftitués  que 
comme  des  lignes  propres  à  repréfenrer  aux  autres  les 
penfées  qui  font  dans  notre  ame.  Ainfi  un  ou  pliilicuri 
fons  réunis  qui  ne  réveiileroient  aucune  idée ,  ne  feroient 
pas  un  mot. 

Les  mots  d'une  Langue  fe  divifent  en  plufieurs  claffes, 
dont  la  diiférence  porte  fur  celle  de  nos  idées  :  ces  claifes 
font  2^^Q\\éQspanies  d'orai/on  ,  c'ell-à- dire  parties  du  dif- 
cours.  Leurs  diftindions  pour  être  failîes,  demandent  une 
-vue  de  l'efprit  fine  &  métaphyfque.  Ce  peut  ctre  un  in- 
convénient pour  la  jeuneife  (ur-toutj  mais  c'efl  un  incon- 
vénient indifpenfabie.  Les  hommes  n'ont  d'abord  l'idée 
que  des  objets  qui  les  frappent  :  les  êtres  qui  nous  environ- 
nent font  donc  les  premières  chofes  que  nous  avons  dii 
chercher  à  défigner ,  comme  étant  les  plus  inrérelTantes 
pour  nous,  parcequ'clles  peuvent  nous  être  d'un  ufage 
ou  d'un  inconvénient  plus  prochains ,  plus  fenfibles  Se 
plus  grands.  Les  mots  deftinés  à  les  déiigner  font  les 
noms.  Ce  n'étoit  pas  alfez  pour  les  hommes  de  dchgner 
les  objets  phyfiques  qui  peuvent  les  intéreilcr  j  il  falloir 
pouvoir  marquer  le  degré  d'intérêt  qu'ils  y  prcnoient  , 
dire  ce  qu'ils  en  penfoient  ,  le  jugement  qu'ils  en  por- 
toient.  Les  mots  deftinés  à  défgner  ce  jugement  ont  été 
appelles  verbes. 

Voilà  la  première  &  la  principale  divilîon  des  mots. 
Un  jugement  elt  une  alTertion  de  convenance  ou  de  dit- 
convenance  entre  deux  ou  plufieurs  idées.  Je  vois  du 
pain  y  j'en  ai  mangé  5  il  m'a  fortifié  &  m'a  procuré  une 
fenfation  de  plailir.  Je  juge  ,  j'alllire  que  ce  pain  qÛ 
bon.  Ce  pain  efi  bon:  voilà  mon  jugement,  qui  a  {Jout 
terme  les  idées  de  pain  3  &  de  bon  :  pain  Se  bon  Côht  dci 
noms  y  le  mot  e/i  qui  exprime  mon  allertion  cft  le- 
verbe. 

Si  l'on  n'avoir  eu  que  ces  deux  fortes  de  mots,  on  au- 
roit  éré  fouvc;ic  fort  gcné  dans  ce  qu'on  vouloit  iaii'^ 
cutcndrCi- 


MOT  17 

Les  iugemens  mêmes  que  nous  pqi'tôus  fui  les 
objets  pbylicjues  ,  nous  fourniiTent  des  idées  de  compa- 
railon  ,  des  rapports  de  convenance  ou  de  difconvenan- 
ce  entre  plufîeurs  objets  ,  des  idées  de  colledion  ou  gé- 
nérales ,  qui  font  comme  le  réfumé  ,  le  total  de  plu- 
ifîeurs  idées  particulières  ;  d'où  font  venus  les  noms  ab- 
flraits  tels  que  la  bonté ,  la  douleur ,  la  beauté ,  la.  fraî- 
cheur ^  d^c.  Les  mots  employés  à  les  défigner  dévoient 
être  compris  dans  la  clafle  des  noms  ,  puiique  ces  idée? 
quoiqu'abftraires  appartiennent  à  des  oôjets  que  nous 
concevons  comme  s'ils  exiiloient  réellement. 

Ces  noms  ablaaits  font  formés  d'autres  noms  dont 
les  idées  rcpréfentent  des  cliofcs  réelles  qui  ne  font 
point  des  objets  ,  mais  des  qualités  appcrçues  dans  les 
objets  5  ainfi  bonté  vient  de  bon  ,  beauté  de  beau  5  fraî- 
cheur de  frais  ,  &c.  Bon  ,  beau  ,  frais  ,  font  des  quali- 
tés attribuées  à  des  objets  réels  $  qualités  réelles  elles- 
mêmes  ,  au  moins  par  rapport  a  l'intérêt  que  nous  pre- 
nons à  CCS  objets.  Ces  mots  font  donc  des  noms  5  mais 
d'une  forte  différente  des  premiers  :  ceux-là  peignant  un 
objet  réel  ou  fuppofée  réel ,  ne  peuvent  convenir  qu'à 
cet  objet  même  ,  on  les  nomme,  fubjlant ifs  :  ceux-ci  dès 
qu'ils  rcpréfentent  non  pas  un  objet  ,  mais  une  quali- 
té ,  peuvent  convenir  à  tous  les  objets  dans  le(quels 
cette  qualité  fe  peut  trouver  5  on  les  appelle  adjectifs. 

On  a  eu  le  fecret  de  trouver  des  mots  qui  renfer-. 
malfent  en  même-tems  l'idée  qui  ePc  jointe  à  l'affirma- 
tion dans  les  verbes  ,  mais  dépouillée  de  cette  a£irma- 
tion  ,  ^  qui  eulfent  les  prérogatives  &  l'ufage  des  noms 
adje(^ifs  \  par  conféquent  des  m.cts  qui  participalfeni  de 
la  nature  du  nom  &  du  verbe  ,  on  les  a  nommés  par- 
ticipes. 

Souvent  dans  un  difcours  fuivi  un  même  nom  de- 
vroit  revenir  très  fouvent ,  &  ce  n'eft  pas  affez  pour 
une  langue  de  fufnre  à  nos  idées,  nous  devons  encore 
y  ménager  autant  d'agrément  qu'il  e(l  pofuble  ;  de  pe- 
tits motsdeflinés  à  remplacer  ces  noms  dévoient  avoir 
le  double  avantage  ,  de  varier  le  difcours,  &c  de  l'abré- 
ger ;  ces  petits  mots  ont  çté  nommés  pronoms. 

Il  y  a  dans  la  naturç  qua^nté  d'objets  qui  fe  reiîem- 
yr^.î*,^??  EQUï  ^x^ir,  â4  jiçius  .çoivp^is,  fous  une  i^içins, 

Biij 


\î  MOT 

dénomination  5  ce  font  les  noms  d'crpeccs  :  Comme  » 
homme  .,  femme  3  cheval ^  arbre  ^  maifon  ^  Sec.  Lorfqu'on 
aura  voulu  pai'Ier  d'un  de  ces  objets  pris  en  particulier 
&  individuellement  ,  le  nom  fubftantif  qui  le  repré- 
fente  n'aura  pas  eu  affez  de  précifîon  pour  le  défigner  à 
refprit  comme  on  l'aura  fouhaité  :  pour  fuppléer  à  ce 
défaut ,  on  a  inftitué  de  petits  mots  qu'on  appelle  ar^ 
ticles. 

Souvent  nous  voyons  entre  plulîeurs  objets  bien  des 
rapports  que  les  verbes  ne  peuvent  indiquer  feuls  :  on  a 
inftitué  d'autres  mots  ,  qui  placés  entre  les  noms  de  ces 
objets  fîxoient  ces  rapports  apperçus  ;  &  les  mots  de 
cette  dernière  clafTe  font  hs  prépo/itions. 

Il  y  a  des  occafions  où  l'on  a  trouvé  le  moyen  de 
marquer  ce  rapport  ,  &  le  mot  fuivant  par  un  fcul  met 
qui  fupplée  au  fécond  fubftantif  &  à  la  prépolîtion  3  ce? 
jmots  font  les  adverbes. 

Dans  un  difcours  fuivi  nous  avons  non-feulement  a 
exprimer  difFérens  rapports  entre  les  mots  ,  mais  auflfi 
entre  les  phrafes  ou  les  jugemens  :  les  mots  propres  à 
marquer  ces  liaifons,  ces  rapports  de  phrafe  ,  font  les 
4onjoncîions. 

Enfin  il  eft  des  mouvemens  particuliers  de  l'ame  que 
l'on  a  voulu  marquer  ,  &  qui  ne  fe  trouvant  point  ren- 
dus par  les  mots  des  efpeces  précédentes  ,  en  ont  exigé 
une  claife  à  part  que  nous  nommons  interjeciions. 

Voilà  les  différentes  fortes  de  mots  qui  fe  trouvent 
dans  la  Langue  françoife.  Les  détails  qui  les  concer- 
nent fe  trouveront  à  leurs  articles  refpeâiifs  :  l'ordre 
dans  lequel  on  doit  les  ranger  fe  voit  au  mot  Cons- 
truction. 

Plufieurs  de  ces  fortes  de  mots  font  invariables^ 
c'eft-à-dirc  ,  reftent  toujours  les  mêmes ,  parceque  les 
idées  ,  qu'ils  font  dcftinés  à  faire  naître,  ne  demandent 
aucune  variation  ,  n'en  fouffrant  point  elles  mêmes  ; 
telles  font  les  interjetions,  les  conjonélions,  les  pxépo- 
iîtions.  Les  autres  en  admettent  qui  fervent  fingulierc- 
ment  à  abréger  le  dilcours.  Ces  petites  différences  ,  qui 
fe  trouvent  dans  les  fons  j  ou  dans  les  lettres  des  mots, 
s'appellent  accidents.  Ces  mots  ne  doivent  prendre  l'un 
pu  r^utre  de   leurs  accidents  que  félon  les  occafion$ 


MOT  î9 

convenables,  C'eft  au  mot  Syntaxe  ,  que  Ton  dévelop- 
pe touc  ce  qui  efV  néccfîaire  pour  cet  objet. 

Il  y  a  deux  chofes  à  diftinguer  dans  les  mots  en  géné- 
ral i  les  Tons,  &  le  fens  ;  tout  ce  qui  regarde  les  Tons 
fe  trouve  dans  les  articles  Prosodie-6' Prononcia- 
tion. 

Pour  ce  qui  eft  de  réci-iiure  des  mots  :  voye^  les  arti- 
cles Orthographe  ,  Voyelles  ,  Consonnes  , 
Diphtongues  ,  &c. 

Quant  au  (ens  ,  on  peut  faire  bien  des  divifîons  des 
mots  ,  outre  celles  que  nous  avons  données  :  quelque- 
fois plufieurs  mots  bien  différents  quant  aux  Ions  , 
femblent  cependant  fîgnifîer  une  même  chofe  :  on  les 
appelle  fynonimes.  En  eft-il  de  cette  clafTe  dans  la  Lan- 
gue françoife  ?  voye"^  Synonimes. 

Quelquefois  un  mot  reftant  toujours  le  m^cme  prend 
diverfcs  fignifîcations  :  ceux  de  cette  forte  fe  nomment 
homoîiimes  :  voyez  cet  article. 

Comme  rien  n'eft  auifi  capricieux  &  aufîi  inco  nftoic 
que  l'ufage  ,  il  arrive  que  tels  mots  dont  on  fe  fervanc 
autrefois  fréquemment  ne  font  plus  employés  aujour- 
d'hui que  très  rarement  &  dans  certaines  circonftan- 
ces  y  de-là  les  mots  vieux  :  que  tels  mots  ,  qui  d'ailleurs 
ne  fignifîent  rien  de  moins  décent  que  bien  d'autres  qui 
n'ont  pas  eu  le  même  malheur  ,  font  cependant  tombés 
dans  le  m.épris;  de-là  les  mots  has  :  que  tels  mots  ayant 
eu  un  ufage  très  fréquent,  &  concernant  des  objets  qui 
touchent  aux  mœurs ,  à  l'honnêteté  ,  à  la  décence  ,  Se 
à  la  pudeur  ,  ont  acquis  par  leur  ufage  même  une  force 
d'exprefîion  &  une  clarté  qui  déplaît  toujours  en  pareil 
cas  ;  de-là  les  mots  grojfters  :  que  tels  mots  n'ayant  été 
employés  que  rarement ,  &  dans  certaines  occalîons  of- 
fenfent ,  &  femblent  accufer  d'affeclation  ceux  qui  s'en 
fervent  trop  fouvent  ,  ou  dans  le  commerce  ordinaire; 
de-là  les  mots  extraordinaires  :  que  tels  mots  qu'on  n'a 
coutume  de  voir  que  dans  des  poéiîes  d'un  certain  ftyle, 
nous  paroîtroient  ridicules  s'ils  étoient  placés  ailleurs  , 
comme  dans  la  profed'un  ftyle  familier  j  de-là  les  mots 
foetiques  :  que  tels  mots  n'ayant  jamais  été  employés 
^u'cn  traitant  certaine  matière,  ne  fe  foufFrent  que  là  5 

B  iv 


20  MOU 

delà  les  mots  confacrês  :  que  tels  mots  ayant  obtenu  de 
Tufage  un  air  de  familiarité  ,  ne  doivent  être  udtés  que 
dans  un  langage  libre  ,  de-là  les  mots  familiers.  On 
peut  juger  de  mcme  des  mots  naïfs  ,  nobles  ,  plaifans  y 
Slc.  Nous  ne  parlons  pas  des  mots  harmonieux  ;  ils  ne 
Je  font  que  par  la  nature  même  de  leurs  fons  ,  &  c'eilà 
l'oreille  à  les  indiquer.  On  yerra  les  principaux  mots 
poétiques  au  mot  Licences.  Pour  les  autres  efpeces  de 
mots  que  nous  venons  d'indiquer  5  les  unes  fourniroient 
des  énumérations  trop  longues  ;  &  la  bienCéance  ne 
permet  pas  de  donner  la  lifte  des  autres.  D'ailleurs  c'eft 
par  Tufage  du  monde  &  par  la  ledlure  des  bons  Ecri- 
vains en  tous  genres  ,  qu'on  doit  apprendre  à  connoîtrc 
toutes  les  différentes  nuances  des  mots  &  des  idées  q\i'ils 
tepréfentent. 

MOUDivE.  Verbe  adif  irrégulier ,  de  la  quatrième 
conjugaifon.  Il  {Igniiie  mettre  en  poudre  par  le  moyen 
d'une  meule.  Il  fe  dit  de  coûtes  les  graines  ,  mais  fur- 
tout  du  bled.  Avant  l'invention  des  moulins  a  eau  &  a 
v£nt  y  on  étoit  obligé  de  moudre  le  grain  dans  des  mor- 
tiers. 

On  dit  au  iiguré ,  moudre  quelqu'un  de  coups  _.,  pour 
dire  l'accabler  d'une  multitude  de  coups. 

Ses  compofés  font  émoudre  ,  rémoudre  8c  vermouler. 

Indicatif.  Fréfent.  Je  mouds  ,  tu  mouds  :,  il  moud  ; 
nous  moulons  ,  vous  mouler ,  ils  moulent.  Imparfait, 
Je  moulois  ^  &c.  Prétérit.  Je  moulus.  Futur.  Je  moa-r 
drai  j  &c.  Conditionnel  pré fent.  Jemoudrois.  Impératif. 
Mouds  j  qu'il  moule,  &c.  Subjonctif  préfent.  Que  je 
moule.  Imparf.  Que  je  mouIuiTe  ,  &c.  Part.  Moulant , 
moulu  ,  moulue. 

Les  temps  compofés  font  réguliers. 

MOURIR.  Verbe  neutre  ,  réciproque  ,  &  irrcgulier  ," 
de  la  féconde  conjugaifon.  Il  vient  du  verbe  latin  mori  ^ 
qui  lignifie  ccifcr  de  vivre ,  celler  d'être  dans  l'énat  qu'on 
occupoïc  dans  la  Nature.  11  fe  prend  figurément  pour 
peindre  toutes  les  chofcs  qui  ont  de  l'analogie  avec  cette 
çcifation  d'être.  On  dit  d'un  avhrcquilefi  more  j  quand  il 
cc/fc  de  pouiîer  des  feuilles  &:  des  branches  ,  parcequ'il 
paroit  alois  privé  de  ce  principe  de  vie  qui  le  faiioit 
croître  Zc  lui  faifoit  fournir  des  feuilles ,  des  fleurs  Se 
dçs  f/uiis. 


MOU  21 

On  <îit  mourir  de  peur  ,  de  plaifir  y  de  honte ,  parcecjue 
CCS  fentimcnts  trop  violents  occafionnent  en  nous  une 
furpen/îon  momentanée  de  toutes  les  facultés  de  Tamc 
ou  du  corps.  L'exprefTion  eft  néanmoins  toujours  hy- 
perbolique. 

Quand  ce  verbe  eft  réciproque  ,  on  ne  l'emploie  que 
pour  le  préfent  &  l'imparfait.  Il  fe  meurt  ^  il [e  mourait. 
Participes.  Mourant ,  mort,  morte.  Mort  eft  aulTi  fub- 
ftantif-  féminin, 

Indicatip.  Fréfent.  Je  meurs  ,  tu  meurs,  il  meurt  ; 
nous  mourons  ,  vous  mourez  ,  ils  meurent.  Imparfait. 
Je  mourois  ,  ézc.  Prétérit.  Je  mourus  ,  tu  mourus  ,  il 
mourut  5  nous  mourûmes  j  vous  mourûtes ,  ils  mouru- 
rent. Prétérit  indéfini.  Je  fuis  mort  ou  morte.  Prétérit 
antérieur.  Je  fus  m.ort  ou  morte  ,  &c.  Prétérit  antérieur 
indéfini.  J'ai  été  mort  ou  morte  ,  &c.  Plufqueparfait, 
J'étois  mort  ou  morte.  Futur.  Je  mourrai ,  tu  mourras  , 
il  mourra  ;  nous  mourrons  ,  vous  mourrez  ,  ils  mour- 
ront. Futur pajfé.  Je  ferai  mort  ou  morte,  &c.  Condition- 
nel préfent.  Je  mourrois,  tu  mourrois,  il  mourroit  ;  nous 
mourrions  ,  vous  mourriez  :,  ils  mcurroient.  Condition^ 
nel  pajfé.  Je  ferois  ou  je  fuife  mort ,  &:c.  Iz-iPÉRATiF. 
Meurs,  qu'il  meure  5  miourons  ,  mourez  ,  qu'ils  meu- 
rent. Subjonctif  p-//ê«f.  Que  je  meure  ^  que  tu  meu-? 
res  ,  qu'il  meure  5  que  nous  mourions  5  que  vous  mou- 
riez ,  qu'ils  meurent.  Imparfait.  Que  je  mouruffe  ,  qu& 
tu  mourufles ,  qu'il  mourût;  que  nous  m.ouru  (lions  , 
que  vous  mouruiliez  ,  qu'ils  mouruffent.  Prétérit.  Que 
je  fois  mort  ou  morte  ,  &c.  Plufqueparfdit.  Que  je  fiilTe 
mort  ou  morte.  Infinitif.  Préfent.  Mourir.  Prétérit. 
Etre  mort.  Participe  préfent.  Mourant.  Pajfié.  Étant  mort 
ou  morte.  Gérondif.  En  mourant  ou  mourant. 

formez  félon  les  règles  communes  les  perfonnes  que 
nous  n'avons  pas  indiquées.  On  pourroit  encore  formée 
quelques  temps  fjr-corapofés  avec  le  participe  mon  Se 
les  temps  compofés  du  verbe  être.  Pavois  été  mort,  j'ù-^-^ 
rois  été  mort.  J'eujfe  été  mort  ,  &c. 

MOUVOIR.  Verbe  adif,  réciproque  ,  irrégulier  & 
défeclif ,  de  la  troideme  conjugaifon.  Il  vient  du  vç.):- 
hz  lâim  movere  ^  qui  lîgniiie  mettre  en  mouvcnieuc,. 
en  a(5tioii ,  agiter  j  porter  à,  .  .  .  Exemple.  //  c(l  fiijpcilc 


11  MOU 

a  mouvoir  ,  c*eft-à-dirc  ,  a  mettre  en  aci'ion.  Il  fe  prend 
rarement  dans  un  Cens  figuré  ,  parcequ'alors  on  fe  fert 
de  Ton  compofé  émouvoir.  On  dit  cependant /û/Ve  mou^ 
voir  tous  Us  rejforts  de  la  politique  ^  de  la  finefje  ^  de  la 
fourberie  ^  de  la  fuperckerie  ,  &c.  On  dit  aufTi ,  la  volonté 
fait  mouvoir  lis  autres  facultés  ^  &cc.  Mouvoir  une  que^ 
relie  ,  c'eft-à-dire  la  fufciter.  En  ftyle  de  Palais  &  de 
Chancellerie  j  tous  procès  mus  &  a  mouvoir.  A  ces  caufes  6? 
autres  a  ce  nous  mouvant ,  c'eft-à-dire  ^  portant  ^  excitant. 

Indicatif.  Préfent.  Je  meus  ,  tu  meus  j  il  meut  j 
nous  mouvons  ,  vous  mouvez  ,  ils  meuvent.  Imparfait. 
Je  mouvois,  tu  mouvois,  il  mouvoit^  nous  mouvions, 
vous  mouviez  ,  ils  mouvoient.  Prétérit.  Je  mus  >  tu 
mus,  il  mut;  nous  mûmes,  vous  mûtes  ,  ils  murent. 
Futur.  Je  mouvrai  ,  tu  mouvras  ,  il  mouvra  ;  nous 
mouvrons,  vous  mouvrez  ,  ils  mouvront.  Conditionnel 
préfent.  Je  mouvrois  ,  tu  mouvrois  ,  il  mouvroit;  nous 
mouvrions  ,  vous  mouvriez  ,  ils  mouvroient.  Impéra- 
tif. Meus  ,  qu'il  meuve  ;  mouvons  ,  mouvez  ,  qu'ils 
meuvent.  Subjonctif.  Préfent.  Que  je  meuve,  que  tu 
meuves  ,  qu'il  meuve  ;  que  nous  mouvions  ,  que  vous 
mouviez  ,  qu'ils  meuvent.  Imparfait.  Que  je  mufTe  , 
que  tu  mufle  ,  qu'il  mût  ;  que  nous  muflions,  que  vous 
muflTiez  ,  qu'ils  mulfent.  On  évite  ce  tems  auflibien  que 
le  conditionnel  préfent^  le  prétérit  ^  &  le  futur  de  l'in- 
dicatif :  en  général  ceux  qui  font  trop  durs  doivent  fe 
remplacer  par  des  périphrafes. 

Tous  les  tems  compofés  fe  forment  du  participe  mu  , 
&  du  verbe  auxiliaire  avoir  y  comme  dans  les  verbes 
adifs  &  réguliers  de  la  troifieme  conjugaifon. 

Prétérit  indéfini.  J'ai  mu,  &c.  Prétérit  antérieur.  J'eus 
mvi  ,  &c.  Prétérit  antérieur  indéfini.  J'ai  eu  mu  ,  &c. 
Plufqueparfait.  J'avois  mu,&c.  Futur pajfé .Y ivlizx  mu, 
è:ic.  Conditionnel pajfé.  J'aurois  ou  j'eufle  mu  ,  &c.  Pré- 
térit du  fubjonciif  y  que  j'aie  mu  ,  &c.  Plufqueparfait  ^ 
que  j'eufle  mu  ,  &c.  Infinitif.  Préfent,  Mouvoir.  Pré- 
térit, Avoir  mu.  Participe  préfent.  Mouvant.  Participe 
prétérit.  Ayant  mu.  Gérondif.  En  mouvant. 

Le  paflif  fc  conjugue  entièrement  comme  les  paflifs 
réguliers.  Ce  verbe  cft  mis  au  nombre  des  verbes  dé^cc^ 
tifs ,  non  pas  qu'il  ne  puifle  abfolumcnt  avoir  tous  fes 


MOU  M  O  Y  ij 

tcmSj  puifque  nous  les  avons  tous  formés  ;  maisparce- 
c]ue  plufieurs  de  fes  tems  étant  trop  défagréables  ,  ne 
font  jamais  d'ufage.  Il  en  efl:  de  même  de  plufieurs  au- 
tres verbes  irréguliers.  Nous  formons  ici  tous  les  tems 
&  toutes  les  perfonnes  auxquels  les  verbes  peuvent  fe 
fréter  :  nous  ne  confidérons  que  le  poUlble.  Mais  dans 
î'ufage  ,  il  ne  faut  confiderer  que  î'ufage  lui-mcme  &: 
l'oreille. 

MOYENNANT.  Ce  mot  eft  placé  au  nombre  des  pré- 
pofîtions  fimples  ,  quoiqu'on  puiiïele  regarder  comme 
le  participe  préfent  du  verbe  ;woyf/z;zer  ;  voye^lpRÉvosi» 

TIONS. 

MOYENS  oa PREUVES,  rc^ye^  Preuves,  Dispo- 
sition. 


i4 


N 


N  A  I  N  A  R 


OU  NE ,  efl:  une  des  conromiescîe  l'alphabet  :  voye-:(^ 
>\lfhabet  ,  Consonnes  6f  Prononciation. 

NAÎTRE.  Verbe  neutre,  irrégulier ,  de  la  quatrième 
conjugaifon.  Il  fe  dit  de  tout  ce  qui  ,  dans  le  phyiîquc 
comme  dans  le  moral ,  fort  de  la  caufe  produ(^rice  pour 
parcître  à  la  lumière.  Les  enfans  qui  naîtront  de  cet  heu- 
reux.mariage  feront  Us  délices  de  leurs  père  &  mère.  Les 
feurs  naijjent  au  Printems,  Ce  tremblemera  de  terre  fit 
naître  des  Ifles  ou  il  rCy  en  avoit  point  auparavara.  Le 
jour  commence  a  naître.  V Empire  Romain  naquit  au  fcin 
du  brigandage'  L'ordre,  naît  du  défordre. 

Indicatif.  Prcfent.  Je  nais ,  tu  nais  ,  il  naît  ;  nous 
iiaifTons  ,  vous  naiiîez  ,  ils  naiffent.  Imparfait.  Je  naif- 
fois  ,  Sic.  Prétérit.  Je  naquis  ^  Sec.  Futur.  Je  naîtrai ,  Sec. 
Cc::dicionnel préfcnt.  Je  naîtrois  ,&c  Impératif.  Nais  , 
qu'il  naiffc.  Sic.  Subt.Quc  je  nailTc,  Sic.  ImparfQ\ic]c 
naquifTe.  Part,  préf  Nailtant ,  naiflap.te.  Pajfé  :  né  ,  née. 

Les  tems  compofcs  de  ce  verbe  fe  conjuguent  avec 
l'auxiliaire  être.  Je  fuis  né,  &c.  Je  fus  nç ,  &c.  J'étois 
né  ,  Sec.  Il  a  pourcompcfcr^/zaZ/re  ;  voyez  cevei'be. 

On  dit  en  parlant  d'un  homme  ,  a  la  nai (lance  ou  à 
Ja  charge  duquel  un  droit  efi:  arracha,  qu'il  eft  Con- 
fà lier  o\i  Préf  dent  ou  Légat  ^  né.  Et  par  ajlufipn  en  par- 
lant de  quelqu'un  qui  a  la  liberté  de  venir  manp;cr  chez 
un  aufre  qu;:nd  il  lui  plaît  ,  on  dit  qu'il  t{iné prié. 

NARRATION.  Ce  mot  vient  du  verbe  latin  narrare  , 
qui  /ignifie  narrer  ,  raconter. 

La  narration  eft  la  féconde  partie  du  difcours  ora- 
toire. 

On  entend  par  narration  en  Rhétorique  le  récit  d'un 
fait  ou  vrai  ou  fabuleux. 

Cette  partie  du  difcours  cH:  ennemie  des  longues  ré- 
llexioîis ,  des  orncmens  trop  marqués  ,  des  figures  har- 
dies. Elle  doit  paroître  lîmple  ,  fans  parure  &  fans  fard. 
Il  ne  faut  pas  croire  pour  cela  qu'elle  rejette  les  beautés 
&  les  grâces  du  difco'.'.rs. 

Elle  aime  la  brièveté  &  la  pré.-.ifion ,  qui  ccnfiftent  à 


N  A  R  N  E  U  1$ 

ne  rien  omettre  de  ce  qui  peut  éclaircir  la  matière  dont 
on  parle,  &  à  éviter  les  détails  qui  y  font  étrangers  j 
c'eft  le  précepte  de  Boileau  : 

Soyez  vif  5c  preflé  dans  vos  narrations. 

Tout  récit  efl;  la  peinture  d'une  adion  ^  ainfî  cette  pein- 
ture doit  être  animée.  Il  faut  fur-tout  que  la  narration 
ait  un  air  de  probabilité  &  de  vraifemblance.  C'eft  dans 
cette  partie  du  difcours,  que  l'Orateur  doit  fe  donner 
des  mœurs  &  à  ceux  pour  lefquels  il  parle.  Mais  le 
grand  art,  c'ell  de  favoir  jetter  dans  la  narration  les 
fondemens  de  toutes  hs  preuves  qu'on  a  deilein  d'em- 
ployer dans  la  fuite  du  difcours. 

Le  ftyle  de  la  narration  doit  varier  félon  les  diiFé- 
rèntsfujets.Une  Fable,  une  Epigramrae,  une  Lettre,  3c 
un  récit  de  Tragédie  ,  ne  doivent  pas  être  écrits  du  me* 
meftylt  :  Voyé:^  Elocution. 

Nous  ne  donnerons  point  ici  d'exemples  de  narra- 
tion ,  nous  renverrons  les  leéleurs  aux  Lettres  de  Mada- 
me de  Sévigné  ,  aux  fameux  Plaidoyers  des  le  Patru  , 
le  Maître  ,  Cochin  ,  aux  Fables  de  l'inimitable  la  Fon- 
taine, &  fur-tout  à  M.  de  Fenelon  ,  8cc. 

NE  ,  eft  une  des  particules  alTcriives  par  voie  de  né- 
gation :  roy^;^  Particules.  ^  '■'■: 

NÉANMOINS,  eft  une  des  conjonélions adverfati-- 
Tes  :  voye-^  Conjonctions. 

NEUTRE.  Neutre  lignifie  ,  qui  nefl  ni  l'un  ni  l'autre  } 
ce  mot  dans  notre  Grammaire  ne  s'applique  qu'aux  ver- 
bes. 

Un  verbe  neutre  eft  celui  qui  n'eft  ni  acîif^  ni  pajf.f; 
c*eft-à-dire  ,  dont  i'adion  ne  peut  fe  rapporter  qu'à 
l'objet  qui  en  eft  h  fuhjeciif  ou.  nominatif:  ainfi  les  ver- 
bes neutres  n'ont  point  à' objectif  ou  régime  ;  ils  iiè 
peuvent  avoir  d'autres  régimes  que  des  terminatifs  : 
voyei  ces  mors.  Tels  foht  les  verbes  dormir  ^  'veitlèr  ^ 
aller  ^  venir ,  régner ,  croître  ,  rèfler  ,  tomber ^^  demeurer', 
pajfer  ^  languir ,  exceller  ,  partir  ^  arriver  ^  triompher , 
&c.  Quand  on  dit  ,  je  dors ,  tu  veilles  ^  il  refle  »  nous 
languijfons  ,  vous  excelle:^  ^  ils  croijjent  ^  Sec.  Lûà  arg- 
uons de  dormir  ,  àsvsillerj  &c.  ne  (è  peir/enr  r??ppor- 


a^  N  E  U  ■ 

ter  ,  qu'à  mol  »  à  toi  y  en  un  mot  à  celui  qui  eft  {tfuh' 
jeciifdvL  verbe  :  voilà  pourquoi  on  ne  peut  dire  ,  dormir 
quelqu'un  ,  triompher  un  Roi  ,  &cc. 

Quant  à  la  conjugaifon  ,  les  verbes  neutres  fe  divi- 
fent  en  trois  cla/Tes  :  l'une,  de  ceux  qui  dans  leurs  temps 
compofés  prennent  l'auxiliaire  avoir  y  l'autre  de  ceux  qui 
prennent  l'auxiliaire  êcre  y  &  la  troiileme  de  ceux  qui 
quelquefois  prennent  l'un  ,  &  quelquefois  prennent  l'au- 
tre de  ces  auxiliaires. 

Ceux  de  la  première  clalTe  fe  conjuguent  comme  les 
verbes  adifs  de  la  conjugaifon  à  laquelle  ils  appartien- 
nent,  à  moins  qu'ils  ne  foient  irréguliers  :  ainfi  voye:j^ 
Conjugaison  ,  Irréguliers.  Ceux  de  la  féconde 
claffe  fe  conjuguent  Comme  celui  que  nous  donnerons 
en  exemple  dans  cet  article  :  &  ceux  de  la  troifîeme  fui- 
vent  ceux  de  l'une  ou  de  l'autre  des  deux  premières  claf- 
les  ,  félon  qu'ils  ont  l'un  ou  l'autre  des  deux  auxiliaires. 

On  peut  dire  en  général  que  tous  les  verbes  neutres 
dont  le  participe  palîé  peut  être  employé  comme  adjec- 
tif, c'eft-à-dire  ,  fans  auxiliaire  ,  doivent  fe  conjuguer 
avec  le  verbe  éire  ,  &  que  la  plupart  des  autres  pren- 
nent le  verbe  avoir.  Mais  le  plus  fur  à  cet  égard  eft  de 
s'en  rapporter  à  l'ufrge  ,  qui  n'cft  pas  toujours  familier 
aux  plus  grands  Littérateurs  eux-mêmes  ,  comme  le 
prouve  un  trait  rapporté  par  M.  l'Abbé  d'OIivet  au  fu- 
jet  du  verbe  tomber.  :>■>  Feu  M.  de  Fontenelle  apporta  à 
»j  l'Académie  un  de  fes  ouvrages  ,  qu'il  venoit  de  pu- 
as blier.  Quelqu'un  des  préfents  ,  à  l'ouverture  du  livre  , 
M  ayant  lu  ces  mots  ,  la  pluie  avoit  tombé  ,  feignit  que 
35  des  femmes  l'avoient  prié  de  mettre  en  quefticn  ,  ii  , 
33  j'ai  tombé  y  ne  pouvoir  pas  aulli  bien  fe  dire  que  ,  jt 
^:>  fuis  tombé.  On  alla  aux  voix,  &  M.  de  Fontenelle 
35  prenant  la  parole  ,  fronda  mervcilleufement  ces  for- 
as tes  d'innovations.  A  peine  finilfoit-il  ,  qu'on  lui  iîc 
3j  voir  la  page  &  la  ligne  oii  étoit  la  phrafe  que  j'ai  râp- 
as portée,  Pomt  de  réponfe  à  cela  ,  fi  ce  n'cll  celle  d'un 
33  galant  homme  ,  qui  l'cconnoît  fes  fautes  fans  biaifer  33. 

Pour  les  verbes  qui  varient ,  comme  les  plus  ulîtés  ne 
font  pas  en  grand  nombre  ,  nous  pouvons  la  marquer  , 
ce  font  : 

i",  Aller ^  qui  prend  toujours  l'auxjJiairc  étreawt^c  le 


N  E  U  27 

participe  allé-^  ]tfuis  allé  ^  y  étais  allé  ^  &c.  &  qui  prend 
le  participe  été  avec  l'auxiliaire  avoir ,  j'ai  été ,'/ avais 
été  y  &c.  //  e[i  allé  a  Paris  ,  lignifie  qu'il  y  eft  encore 
ou  fur  le  chemin  :  il  a  été  a  Paris  ,  lignifie  qu'il  a  fait 
le  voyage  de  Paris  ,  &:  qu'il  en  eft  revenu. 

1  ".  Demeurer  avec  l'auxiliaire  être^  marque  qu'on  refte 
encore  dans  l'endroit^  &  avec  l'auxiliaire  avoir  il  marque 
qu'on  en  eft  enfuite  forti  :  il  efi  demeuré  _,•  il  a  demeuré^ 

Ma  langue  embarafîée 
Daus  ma  bouche  vingt  fois  a  demeuré  glacée. 
Racine  dans  Bérénice. 

Demeurer  ne  fauroit  être  pris  ici  eue  dans  le  fens  de 
rejier.  Ainfi ,  dit  M.  l'Abbé  à'Olivet  ^  ma  langue  ejl  de- 
meurée glacée  dans  ma  bouche,  étoit  la  feule  bonne  fa- 
çon de  parler^  &  il  ajoute  qu'un  moment  d'inattention 
luffit  pour  faire  qu'on  fe  trompe  à  ces  verbes  neutres  , 
qui  fe  conjuguent  avec  nos  deux  auxiliaires  ,  mais  tou^ 
jours  en  des  fens  différents.  Boilcau  ,  a  dit  aufîî  : 

Çrand  Roi ,  fi  jufqu'ici ,  par  un  trait  de  prudence. 
J'ai  demeuré  pour  coi  dans  un  humble  filence. 

3**.  Monter  &  defcendre  prennent  l'auxiliaire  avoir 
quand  ils  font  adifs,  &  l'auxiliaire  être  quand  ils  font 
neutres. 

4^.  Pajfer  &  /ôrrir  peuvent  quelquefois  auffi  prendre 
l'auxiliaire  avoir  ^  &  alors  s'employer  adivement  & 
avoir  un  objectif  ou  régime ,  comme  5  Alexandre  a  pajfé 
l'Euphrate  j  ori  vous  a  Jorîi  d'une  mauvaijè  affaire.  On 
dit  aulîl ,  a  pa/fé  Cans  objedif ,  mais  il  y  a  un  termina- 
tif  ;  la  Province  de  Franche-  Comté  a  pajfé  de  la  Couronne 
d'Efpagne  a  celle  de  France. 

....  Si  leur  fang  tout  pur  j  ainfî  que  leur  nobleffe  , 
£/l  paffé  jufqu'à  vous ,  de  Lucrèce  en  Lucrèce. 

(  Defpréatix  ). 

'  .»  Je  crois,  dit  M.  l'Abbé  à'Olivet  y  c^n'apajfé v^Wit 
ii"  mieux  33.  En  effet  il  paroît  que  l'ufage  eft  que  pajfer  Cz 
conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir  ^  quand  il  efl  fuivi  d'un 
régime  dired  ou  indired  ,  ou  même  d'une  prépolition. 


28  N  E  U 

On  dit  a  fini ,  pour  faire  entendre  qu'on  eftrentri 
cnfuice  5  il  a  fini  ce  matin  y  on  comprend  qu'il  y  eft 
aduellemenc  :  au  lieu  que  dans  cette  phrafe  ,  il  efl  fini 
ce  matin  y  on  comprend  qu'il  n'y  eft  pas. 

j*'.  Convenir  doit  fe  conjuguer  avec  l'auxiliaire  être  ," 
lorfqu'il  exprime  accord  ou  convention  ;  ]e  ne  fiis 
jamais  convenu  de  cela.  Des  qiConfût  convenu  d'une  fifi 
■penfion  d'armes.  Mais  lorfqu'il  /îgniiîe  rapport  ou  con- 
venance ,  il  fe  conjugue  avec  le  verbe  avoir.  Cette -place 
mauroit  bien  convenu.  Le  caraéiere  de  cette  femme  vous 
a-t-il  convenu. 

6".  Périr  prend  indifféremment  l'un  ou  l'autre  des 
deux  auxiliaires  :  Une  partie  de  l'armée  eji  périe  dans  les 
combats  j  &  le  rcjle  ,  de  maladie  ou  de  mijére.  Tous  ceux 
qui  étoient  fir  ce  vaijfeau  ,  ont  péri  ^  ou  fint  péris.  Il 
paroît  néanmoins  que  l'auxiliaire  ^zvoir  s'emploie  plutôt 
quand  ce  verbe  a  une  lignification  générale  &  indéter- 
minée ',  &  qu'on  doit  plutôt  prendre  l'auxiliaire  être  , 
lorfque  le  verbe  eft  accompagné  de  quelques  circonf- 
tances  particulières  ,  comme  :  Ces  enfants  ont  tous  péri 
miférablement.  L'armée  de  Pharaon  eJi  périe  dans  les  eaux 
de  la  mer  Rouge. 

Verbe  neutre  conjugué  avec  l'auxiliaire  être. 

Indicatif.  Préfent.  J'arrive  ,  tu  arrives  ,  &c.  Imparf, 
J'arrivois  ,  tu  arrivois  ,  &c.  Prétérit.  J'arrivai ,  tu  arri- 
vas ,  &c.  Prétérit  indéfini.  Je  fuis  arrivé  ou  arrivée,  tu  es 
arrivé  ou  arrivée  5  il  eft  arrivé  ou  elle  eft  arrivée  ;  nous 
fommes  arrivés  ou  arrivées ,  vous  êtes  arrivés  ou  arri- 
vées ,  ils  font  arrivés  ,  elles  font  arrivées.  Prétérit  anté^ 
rieur.  Je  fus  arrivé  ou  arrivée  ;  tu  fus  arrivé  ou  arrivée  ^ 
tiz.  Prétérit  antérieur  indéfini.  J'ai  été  arrivé  ou  arrivée  ; 
tu  as  été  arrivé  ou  arrivée  ,  &c.  Plufqueparfait.  J'étois 
arrivé  ou  arrivée  3  tu  écois  arrivé  ou  arrivée  ,  &c.  Futur. 
J'arriverai ,  tu  arriveras ,  &c.  Futur  pajfé.  Je  ferai  arrivé 
ow  arrivée;  tu  feras  arrivé  o;^  arrivée,  &c.  Conditionnel 
préfent,  J'ahiverois  ,  &c.  Conditionnel pajfé.  Je  ferois  ou 
je  fuife  arrivé  ou  arrivée  j  tu  ierois  ou  tu  fuifes  arrivé  ou 
arrivée  ,  il  fcroit  ou  il  fut  arrivé  ,  elle  feroit  ou  elle  fut 
arrivée  ,  &:c.  Impératif.  Préfent  ovi  futur.  Arrive,  qu'il 
arrive,  ikc.   SuBièiNfcTiF.  Préfent.  Que  j'arrive,  &c. 

Imparfait, 


NOM  ^ 

Imparfait.  Que  j'ariivafle  ,  &c.  Prétérit.  Que  Je  foi? 

arrivé  ou  anivée  ,  que  tu  fois  arrivé  ou  arrivée ,  &c 
Fh:fqueparfait.  Que  je  fufTe  arrivé  ou  arrivée  ,  que  tu 
fulles  arrivé  ow anivée,  &c.  Infinitif.  P ré fent.  Arriver^ 
Prétérit.  Etre  arrivé  ou  arrivée.  Participe  préfent.  Arri- 
vant :  pajfé ,  arrivé  ou  arrivée  ^  &c.  Gérondif.  En  arri- 
vant ,  &c. 

NI ,  eft  une  des  conjondions  copulatives  :  voye:^ 
Conjonctions. 

NOMBRE.  En  général  on  appelle  nombre  l'afTembla- 

fe  ,  la  réunion  de  plufieurs  chotes  ,  de  plufieurs  unités, 
Jous  avons  ici  à  confîdérer  les  différentes  fortes  de 
iîorr.s  qui  l'exprime ,  les  variations  qu'il  apporte  dans 
les  noms  &  dans  les  verbes ,  &  les  beautés  qu'il  peut 
donner  à  l'Eloquence.  Sous  le  premier  point  de  vue  ,  ce 
font  les  noms  de  nombre  5  fous  le  deuxième  ^  c'eft  le 
nombre  dans  les  mots  5  &  fous  le  troifleme,  c'elt  le 
ISfombre  oratoire» 

Noms  de  Nombre. 

Les  noms  de  nombre  font  ceux  dont  on  fe  fen  pour 
exprimer  les  rapports  numériques  que  l'on  conçoit  dang 
îes  chofes.  Ces  noms  peuvent  fe  divifer  en  deux  claffes» 
en  adjedifs  &  en  fubftantifs. 

Les  noms  de  nombre  adjeBifs  font  des  adjeélifs  qui 
{îgnifient  le  nombre  ,  la  quantité  des  chofes  dont  on 
parle  5  comme  y  vingt ,  vingtième  y  &c.  Ces  noms  s'ap- 
pellent nombres  cardinaux  y  quand  ils  n'expriment  point 
de  rapports  d'ordre  entre  les  chofes  que  l'on  compte:  ce 
font  ceux  par  lefquels  on  répond  à  cette  queftion ,  par 
exemple  ,  combien  y  en  a-t-il?  Un  ou  une  y  deux  y  trois  , 
quatre  y  cinq  yfix  y  fept  y  huit  y  neuf  y  dix  y  on^e  y  dou^e, 
treize  y  quatorze  ,  quinze  y  feiie  y  dix-fept ,  dix-huit  y  dix^ 
neuf ,  vingt  y  trente  ,  quarante  y  cinquante  y  joixante  y  foi-^ 
xante  &  dix  y  quatre-vingt ,  quatre-vingt-dix ,  cent ,  deux 
cents  ,  mille  y  deux  mille  y  un  million  y  un  milliard  y  &cc. 
Nous  avons  fuivi  l'ordre  des  unités  jufqu'à  vingt  3  delà 
celui  des  dixâines  5  après  chacune  defquelles  on  répète 
les  unités  jufqu'à  neuf  inclulivement.  Il  en  eft  de  même 
pour  les  centaines ,  les  mille ,  les  millions  ,  &c.  On  ap- 
pelle ces  noms  de  nombre  cardinaux ,  parcequ'ils  font 
Tome  II.  Ç 


1^  NOM 

comme  l'origine  des  autres  cfpeces,  &  qu'ils  fervent  à  les 
former. 

Les  noms  de  nombre  adjedifs  fe  nomment  ordinaux  , 
quand  ils  expriment  Tordre  des  chofes  relativement  à 
leur  quantité.  C'eft  par  ceux-ci  que  l'on  peut  répondre 
à  cette  queftion  ,  par  exemple  ,  efl-il  le  premier  ou  ta 
première  j  le  fécond  :,  ou  la  féconde  ,  ou  le  deuxième  ou  la 
deuxième  ;  le  troifieme  ou  la  troifieme  ,  quatrième  ,  çin^ 
quieme  ,  fixieme  ,  feptieme  ,  huitième  y  neuvième  ,  dixie^ 
jne  y  &c.  ?  Ils  fe  forment  des  cardinaux ,  en  ajoutant 
ieme  à. ceux  qui  finifTent  par  une  confonne,  &:  en  chan- 
geant dans  les  autres  1'^  muet  final  en  ieme  ;  comme 
iix-ieme  ,  Cciz-ieme  y  &c.  Si  la  confonne  finale  eft  un  /*, 
elle  fe  change  en  v ,  comme  neuf  y  neuvième. 

Les  noms  de  nombre  fubjlardif s  font  de  trois  fortes  ; 
les  uns  s'appellent  collectifs  ou  d'ajfemblage  y  les  autres 
de  difiribution  ou  de  partition  _,*  les  troiliemes  d'accroijfe- 
ment  ou  d'augmentation. 

Les  noms  de  nombre  colleciifs  ou  d" ajfemblage  font 
ceux  qui  expriment  une  quantité  déterminée  de  chofes, 
comme  réunies  &:  ne  faifant  qu'un  tout  :  tels  font  une 
dixaine  ,  une  doun^aine  ,  une  demi-douzaine  y  une  ving^ 
zaine  y  une  centaine  y  un  millier ,  un  million  y  un  qua^ 
train  pour  une  Stance  de  quatre  vers  ,  un  fixain  ^  m\ 
huitain  ,  un  dixain  y  pour  des  Stances  de  fîx  ,  huit  &  dix 
vers ,  &c. 

Les  noms  de  nombre  de  difiribution  ou  de  partition  fonc 
ceux  qui  expriment  ce  que  la  partie  d'un  nombre  eft  par 
rapport  au  nombre  entier  ;  tels  font  la  moitié  y  un  tiers  , 
un  quart  y  un  cinquième  j  un  fixieme  y  8cc.  Ain(î  li  l'on  de- 
mande ce  que  trois  eft  par  rapport  a  neuf  ou  par  rapport 
a  douze ,  on  répond  qu'il  eft  le  tiers  par  rapport  à  neuf, 
&  le  quart  par  rapport  à  douze  ,  &cc. 

Les  noms  de  nombre  d'àccroifiement  ou  d'augmentation 
font  ceux  qui  font  connoître  par  un  fcul  mot  combien 
de  fois  un  même  nombre  ou  une  même  quantité  eft  ré- 
pétée :  tels  font  le  double  ,  le  triple  ,  le  quadruple  y  le 
quintuple  y  le  fextuple  y  décuple  y  centuple. 

Nombre  dans  les  mots. 

Le  nombre  daus  les  mots ,  foit  dans  les  noms  ^  foie 


oa 

icr,oil 


NOM  51 

jans  les  verbes ,  Te  didingue  znfingulier  Se  en  pîurleL  Le 
Cnc^ulier  fert  à  exprimer  une  feule  choie  ,  la  maijon  :  Iq 
pluriel  fert  à  en  exprimer  plus  d'une  ,  comme  ks  mai-- 
fons.  Ces  deux  nombres  fe  trouvent  dans  les  fubftantifs 
ou  adjedifs  ,  &  dans  les  verbes,  ^ 

Pour  voir  quand  un  fubftantif  ou  adjedif  efl  au  fîn^ 
gulicr  ou  au  pluriel,  il  ne  faut  qu'examiner  s'il  eft 
s'il  peut  être  précédé  de  l'article  le  ou  la  du  (ingulie 
de  l'article  les  ,  des  ,  du  plu  lier  ^  ainfi  le  fleuve  ,  la  mer  j, 
font  au  fingulier  j  les  fleuves  ^  les  mers  ,  font  au  pluriel. 
Dans  la  pliipart  des  noms,  tant  fabftantifs  qu'adjedifs, 
les  tcrininaifons  ou  lettres  finales  du  f  ngulier  font  dif- 
férentes de  celles  du  pluriel.  La  règle  générale  à  cec 
égard  eft  que  ,  quand  un  nom  n  eft  pas  terminé  pair  un 
s  au  iingulier  ,  il  en  prend  un  au  pluriel  ,  comme  ^  la. 
faifon  j  les  faifons  ;  l'amour  ^  les  amours  j  la  bonté ,  les 
ijontés  ;  la  manière  ,  les  manières  ,  Sec.  Cette  règle  foufFre 
des  exceptions  qu'on  peut  voir  aux  mots  Substantifs, 
Adjectifs  ,  Pronoms  ,  Article  ,  &c. 

Le  nombre  dans  les  verbes  fait  connoître  fi  ce  que 
l'on  affirme  fe  rapporte  à  une  ou  à  pluiîeurs  chofes.  Là 
le  iingulier  &  le  pluriel  fe  diftinguent  par  les  noms  oa 
pronoms  ,  qui  font  les  nominatifs  ou  plutôt  les  fub^ 
jeciifs  du  verbe  ,  &  par  les  termmaifons  différentes  que 
le  verbe  prend.  Ainfi  je  lis  ,  tu  dictes  ,  Pierre  admire  |^ 
nous  lifons  ^  vous  dicle^  ^  les.Jots  admirent.  Je  y  tu  ,  Pier- 
7e  j  qui  font  au  fingulier,  nous  font  connoître  que  le 
verbe  doit  y  être  aufli.  Nous  ^  vous  3  les  ^  montrent 
que  le  verbe  eft  au  pluriel.  On  connoît  encore  le  nom- 
bre du  verbe  à  la  différence  qui  fe  trouve  entre  lis  ^  li-^ 
Jons  ;  dicies  ,  dicîei  j  admire  j  admirent. 

Leflnguliery  tant  dans  les  noms  que  dans  les  verbes  ^ 
eft  donc  le  figne  convenu  pour  marquer  qu'on  ne  parle 
que  d'une  feule  chofe.  Le  pluriel cd  le  figne  inftitué  pour 
marquer  qu'il  s'agit  de  deux  ou  de  pluiîeurs  chofes.  Il  y 
a  des  noms  qui  n'admettent  que  l'un  des  deux  nombres  ; 
il  y  a  des  verbes  défecîifs  ç^ni  manquent  en  certains  temp« 
du  fingulier  ou  du  pluriel.C'eft  à  leurs  articles  refpedifs 
que  nous  les  dé  fi  gnons' dans  ce  Diélionnaire. 

Ily  à  des  Langues  oii  l'on  diftingue  plus  de  deux, 
ftombres  :  telle  eft  la  grecque ,  où  les  noms  oat  des 

Cij 


ji  NOM 

terminaifons  fîiees  pour  les  occalîons  où  ron  ne  parlé 
que  d'une  chofe  ;  c'q{\:  le  ftngulier  :  àzs  terminaifons  pour 
les  cas  oii  l'on  parle  de  deux  chofcs  ,  c'eft  le  duel  y  Se 
d'autres  pour  les  cas  où  l'on  parle  de  plus  de  deux  clio- 
jfes  ,  c'efb  le  pluriel.  Nous  ne  connoilîons  point  le  nom-- 
hre  duel  en  François  :  le  pluriel  le  comprend. 

Nombre  oratoire, 

Lenombre  ,  comme  nous  l'avons  dit,  eft  la  réunion  de~ 
pîufieurs  chofes.  Dans  raruhméticjue  ,  l'unité  ne  fait  pas 
un  nombre  ;  dans  la  Mufîquc  ,  il  faut  plus  d'un  temps 
pour  faire  une  mefure  ,  une  feule  ligne  dc  fait  ni  fymé- 
trie  i  ni  proportion  dans  la  Géométrie  :  de  même  dans  le 
difcours  ,  pour  produire  ce  qu'on  a^^eÏLQ nombre  oratoire^ 
il  faut  plus  d'un  mot  ou  plus  d'un  membre  de  période, 
Ainfîi ,  comme  l'on  voit,  le  nombre  ne  peut  être  qu'entre 
plufieuis  parties  qui  ont  entr'cllcs  quelque  rapport  d'éga- 
lité ou  d'inéealité  ,  de  conformité  ou  de  ditrérence. 

Le  mot  nombre  pris  en  ce  iens  lignifie  ,  i".  un  cfpace 
ayant  un  rapport  facile  à  (aillr  avec  un  autre  efpace  j  ce 
cjui  fait  la  longueur  des  phrafes  &  des  membres  du  difi 
cours  :  i'^.  la  manière  dont  une  phrafe  fe  termine  5  ce 
qui  fait  une  chûie  nombreuje  :  3^.  le  mouvement ,  ce  qui 
fait  que  l'on  fe  hâte  plus  ou  moins  :  4*^.  le  rhytkmej  ce  qui 
fait  le  pied ,  la  mefitre. 

Premièrement,  l'efpacc  demande  la  fymétric  &  la  pro- 
portion entre  les  phraîes.  La  loi  qui  règle  les  efpaces  dans 
le  difcours  nous  vioit  (ur-tout  du  befoin  de  refpirer  ; 
mais  la  Nature ,  qui  fait  toujours  réunir  l'agrémenta 
l'utilité  ,  nous  fait  trouver  un  charme  flatteur  dans  \qs 
chofes  mêmes  qui  femblent  n'être  que  pour  le  befoin. 

Il  y  a  trois  fortes  de  repos  qui  peuvent  terminer  ces 
efpaces  ,  celui  des  objets  ,  celui  de  l'cfprit  ,  celui  de 
l'oreille.  Le  repos  des  objets  fe  trouve  fixé  dans  la  cir- 
confcription  qui  fépare  les  objets  l'un  de  l'autre  ,  &:  les 
renferme.  Ce  repos  efi:  pllis  grand  pour  les  uns ,  moins 
étendu  pout  les  autres  ,  félon  îfur  nature  &  leur  impor- 
tance :  à  peu-prcs  comme  daâs  un  tableau ,  les  figures 
qui  le  composent  tiennent  plus  ou  moins  d'efpace,  iclon, 
l'intcrêt  qu'cllcî,  apportent  au  total  de  l'ouvrage,  &  font 
réparées  les  unes  des  autres  par  l'aboutifl'emenc  des  traita 
(nn  les  peignent  &  les  caraCl  '-''""nr. 


N  O  M  f^ 

Le  repos  de  Pefprit  s'accorde  toujours  avec  ccîui  des 
objets  ,  quand  l'efprit  eil:  un  bon  peintre  ,  &  qu'il  fait 
bien  defÏÏner  les  proportions.  L'efprit  a  trois  opérations. 
Vidée  y  le  jugement  j  le  raifonnement.  Quand  il  fe  borne  à 
J'idéc  ,  il  y  a  un  repos  après  l'idée  ,  quand  il  veut  juger, 
il  y  a  un  repos  après  avoir  jugé  ;  &  dans  le  jugement 
compofé  ,  ou  complexe  ,  comme  l'efl:  le  raifonnement  , 
il  Y  a  des  repos  ,  des  demi  repos ,  des  quarts  de  repos  , 
qui  fe  marquent  dans  l'écriture  par  la  ponctuation.  Les 
objets  n'ont  qu'une  façon  d'étie  ;  mais  l'efprit  a  czi\t 
façons  de  les  voir.  Un  exemple  va  éclaircir  cette  théo- 
rie :  Cette  jeune  plante^  ainfi  arrofée  des  eaux  du  Ciel  ^  nt 
fut  pas  long-temps  fans  porter  du  fruit,  (  Fléchier.  ) 

11  y  a  dans  cette  période  un  repos  de  l'objet  après 
plante  :  l'objet  eft  nettement  déterminé  j  l'imagination 
Te  repréfente  fans  effort  une  plante  jeune  encore,  & 
d'ailleurs  défignée  par  ce  qui  précède  dans  le  difcours. 

Il  y  a  un  autre  repos  de  même  efpece  après  Ciel  ; 
ainfi  arrofée  des  eaux  du  Ciel ,  c'eft  une  nouvelle  forme 
ajoutée  à  l'objet,  &:  qui  fait  comme  un  objet  nouveau  ; 
c'eft  une  féconde  image.  Ces  deux  repos  font  aulli  des 
repos  de  l'efprit ,  parceque  ce  font  deux  coups  de  pin- 
ceau différents  l'un  de  l'autre  >  &  cependant  liés  en« 
femble. 

Il  y  a  de  plus  après  Ciel  un  repos  offert  à  la  refpira- 
tion ,  parcequ'il  n'y  a  pas  d'endroit  plus  commode  pour 
refpirer  que  celui  oii  l'efprit  s'arrc^e  un  inilant  ,  &  oii 
l'objet  préfente  une  idée  complette. 

Enfin  il  y  a  le  repos  final  ^^rès  fruit ,  &  ce  repos  com« 
prend  toutes  les  autres  efpeces  de  repos  :  l'objet  eft 
complettement  rendu ,  l'efprit  a  achevé  fon  opération  ; 
l'oreille  eft  arrivée  au  terme  de  la  progrefùon  mulicalc 
de  la  phrafe  ,  &  les  poumons  fe  dilatent  en  liberté  pour 
reprendre  leur  ri:ffort.  ' 

Les  repos  de  l'oieille  viennent  après  un  certain  efpacc, 
&  lont  comme  autant  de  paufcs  après  un  certain  nom- 
bre de  temps  parcouru  ,  ils  font  marqués  dans  la  Mufî- 
que  ,  &  ne  peuvent  varier  que  jufqu'à  un  certain  point  ; 
autrement  ils  violenteroient  la  Nature.  Une  fuite  de 
fons  qui  n  auroit  pas  ces  compartiments  &  ces  divifions, 
feroit  infoutenable ,  tant  elle  faLigueroit.  Ils  viennent: 

Ciij 


'h  nom 

après  les  phrafes,  les  demi-phrafes ,  les  mefures ,  la  fy^ 
snétrie  des  intervalles  dans  tous  les  ftyles  ,  &  après  ks 
rimes  dans  la  Poéfîe  ,  comme  dans  ces  vers  fi  connus  : 

Fortune  ,  dont  la  main  couronne 
Les  forfaits  les  plus  inouis , 

Il  n'y  a  ici  de  repos  que  pour  l'oreille  ,  &  ce  repos  n'eft 
marqué  que  par  la  fymétrie  des  intervalles.  Ajoutez-y 
les  deux  vers  fuivants  ,  les  repos  feront  marqués  par  la 
iymétrie  des  intervalles  &  par  celle  des  rimes  entrela- 
cées ; 

Du  faux  éclat  qui  t'environne 
Serons  nous  toujours  éblouis  ? 

Voilà  les  repos  de  l'oreille  bien  marqués  ,  indépen- 
ilamment  de  ceux  des  objets  ,  de  ceux  de  rcfprit ,  &  de 
ceux  de  la  refpiration.  Mais  outre  ces  repos  fixés  par  les 
limes  ,  il  y  en  a  encore  ^  quoique  moins  fenfibles  ,  aux 
myftiches  des  grands  vers  :  v.  CÉsuRi,  Hémystiches- 

La  Profe  n'a  gueresen  cela  plus  de  liberté, que  la  Poé- 
ile  n'en  a  dans  les  vers  mclés.  On  peut  le  voir  par  le 
morceau  fuivant  de  FUchierj  &  par  tous  ci:ux  qui  font 
.véritablement  nombreux  : 

Je  me  trouble ,  Meilleurs  5 

Turcnne  meurt  : 

Tout  fe  confond  : 

La  fortune  chancelle  : 

La  vidoire  fc  lafTe  : 

La  paix  s'éloigne  : 

Les  bonnes  intentions  des  Alliés  fe  rallcnti/Tent  s 

Le  courage  des  troupes  cil:  abattu  par  la  douleur^ 

Et  ranimé  par  la  vengeance  : 

Tout  le  camp  demeure  immobile  : 

Les  bleflés  pcnfcnt  à  la  perte  qu'ils  ont  faite  ^ 

Et  non  pas  aux  blelTures  qu'ils  ont  reçues^ 

Les  pères  mourans 

Envoient  leurs  fils  pleurer 

Sur  leur  Général  mort  : 

L'armée  en  deuil  eft  occupée 

A  iuirçndrc  les  dcvoiii;  funèbres^ 


NOM  '5j 

Et  la  renommée  , 

Qui  fe  plaît  à  répandre  (îans  l'univers 

Les  accidens  extraordinaires  , 

Va  remplir  toute  l'Europe 

Du  récit  glorieux  de  la  vie  de  ce  Prince, 

Et  du  trifte  regret  de  fa  mort. 
Les  efpaces  qui  amènent  ces  repos  fi  nombreux  ne 
font  pas  &  ne  doivent  pas  même  être  toujours  égaux  : 
il  faut  les  varier.  Mais  de  toutes  les  combinaifons  qu'on 
peut  leur  faire  prendre  ,  l'afcendante  eft  celle  qui  mar- 
que le  plus  de  dignité  j  &  la  ren-verjée  ,  celle  où  il  y  a  le 
plus  de  force  &  de  vivacité  réunies.  On  en  peut  juger  par 
les  exemples  fuivants  : 

Premier  exemple. 
Hic     j  a  c  b  t^ 

Ce  grand  , 

Ce  conquérant  : 

Cet  homme  tant  vanté  dans  le  monde  , 

Eft  ici  couché  fous  la  pierre  &  enféveli  dans  la 

pouiTiere , 
Sans  que  tout  fon  pouvoir  &  toute  fa  grandeur 

puiiTent  l'en  tirer. 

Second  exemple, 

Direz-vous  que  je  me  fentois  coupable  > 
Mais  ce  que  j'avois  fait. 

Bien  loin  d'être  un  crime  étoit  une  très  belle  aâ:ion. 
Que  je  craignois  d'être  condamné  par  le  peuple  ? 
Il  ne  s'cft  point  agi  de  fon  jugement  , 
Et  s'il  m'eut  jugé ,  je  m'en  ferois  tiré  avec  un  dou- 
ble honneur. 
Que  les  gens  de  bien  m'ont  refufe  leur  appui  ? 
Cela  eft  faux. 
Que  j'ai  craint  la  mort  ï 
C'eft  une  injure. 

Les  repos  de  la  refpiration,&  ceux  des  objets,  font  or- 
dinairement défignés  par  les  virgules  &:  par  les  points  5 
ceux  de  l'efprit  &  de  l'oreille  ne  Yont  marques  dans  ré- 
criture que  quand  ils  tombent  avec  Iss  autres  ^  &  dans  la 

Civ 


Y6  NOM' 

prononciation  ils  ne  le  font  que  par  des  inflexions  3d 
voix  ou  des  interruptions  prerqu'uifenfibles,  que  le  goûc 
feul  &  laprécifion  naturelle  prefcrivent  à  celui  qui  par- 
le. C'eft  pour  cela  qu'il  y  a  fi  peu  de  gens  qui  fâchent 
lire  de  manière  à  fe  faire  écouter  avec  plaifir.  Cette  pré- 
dfîon  eft  très  difficile  Se  très  rare. 

Tous  les  repos  de  l  oreille  doivent  fe  rencontrer  au 
repos  final  ic  au  deir-i  repos  :  aux  autres  endroits  il 
fuffit  du  repos  de  l'objer  ou  de  l'efprit.  Le  grand  art  eft 
donc  de  proportionner  les  efpaces  aux  forces  de  la  Na- 
ture. S'ils  font  trop  longs  ,  les  poumons  feront  gênés  , 
les  objets  feront  entalTés  &  confus  ;  l'oreille  aura  trop 
de  peine  à  mefurer  &  comparer  les  diflances.  C'eft  le  dé- 
faut qu'on  peut  reprocher  aux  longues  périodes  de  Main- 
bourg  ,  &  à  quelques  réflexions  morales  de  M.  Rollin. 

Si  au  contraire  les  efpaces  font  trop  peu  étendus  ,  il 
faut  haleter  plutôt  que  rcfpirer  3  les  objets  font  hachés 
plutôt  que  réparés  j  l'efprit  eft  en  faillie  ,  plutôt  qu'en 
adion  ;  l'oreille  eft  accablée  par  les  retours  de  chûtes 
trop  fréquents  ,  plutôt  qu'elle  n'en  çft  agréablement  oc- 
cupée. C'eft  pour  cette  dernière  raifon  qu'on  n'admet 
point  de  vers  au  deffous  de  fix  fyllabes.  C'eft  néanmoins 
ce  défaut  que  plufieurs  de  nos  Orateurs  ,  tant  facrés 
que  profanes,  recherchent  depuis  quelque  temps  comme 
une  beauté  ,  au  préjudice  du  bon  goût ,  de  l'Eloquence  ^ 
&  de  la  dignité. 

Un  troifieme  défaut  qu'il  faut  éviter  dans  les  repos  ^ 
c'eft  l'afFedation.  Ils  déplaifent  toujours  quand  ils  font 
trop  brillants  pour  le  genre  où  on  les  emploie.  L'exem- 
ple fuivant  le  ferafentir  ;  c'eft  un  Difciple  de  l'Eloquence 
a  qui  l'on  donne  les  princi|)es  de  fon  Art.  On  lui  dit  ei^ 
parlant  des  Orateurs  : 

Il  faut  que  leur  voix  , 

Propre  en  mcme-tems 

A  maîtrifer  l'attention  , 

A  exciter  de  grands  mouvcmens  , 

Puiffe  donner 

A  la  véhémence  du  difcours  , 

La  mâle  vigueur  3 

A  J'çlévation  des  fentimens  , 


NOM  3T 

la  noble  fierté  ; 

A  la  vivacité  de  la  douleur , 

L'éloquente  énergie 

Qui  leur  font  nécefîaires 

Pour  nous  frapper , 

Pour  nous  faifïr , 

Et  pour  noiii(|pénétrer. 

Ce  n'eil  pas  aifez  qu'elle  ébranle  , 

Il  faut  qu  elle  tranfporte  j 

Cen'eftpas  aïïez  qu'elle  impofe  , 

Il  faut  quelle  fubjugue  j 

Ce  n'ell:  pas  afTez  qu'elle  touche  , 

Il  faut  qu'elle  déchire. 

Voilà  ce  qu'on  peut  appeller  le  luxe  des  nombres.  Oiî 
croit  faire  des  merveilles  en  entafl'ant  fymétrie  fur  fy- 
lîiétrie,  en  mettant  toutes  fes  penfées  en  compartiments  ;. 
&  au  lieu  d'une  élocution  noble  ,  libre  &  vigoureufe  , 
on  n'a  qu'un  ftyle  afFété  &  un  brillant  puérile. 

Secondement.  On  doit  non-feulement  fonger  à  lier  , 
à  ferrer  les  fons  dans  fes  périodes  ,  mais  encore  à  les 
faire  tomber  de  manière  que  la  chute  foit  agréable  pour 
l'oreille  &  pour  l'efprit.  Une  phrafe  dès  les  premiers 
membres  annonce  fon  caradere  &  fon  ton  ,  comme  la 
Mufique  annonce  fon  mouvement  dès  les  premières  me-» 
fures.  Ce  ton  fe  continue  en  fe  modifiant ,  &  prépare  1^ 
chute. 

Déjà  frémifibit  dans  fon  Camp 
L'ennemi  confus  &  déconcerté: 
Déjà  prenoit  l'efTor, 
Pour  fe  fauver  dans  les  montagnes. 
Cet  Aigle  ,  dont  le  vol  hardi 
Avoit  d'abord  effrayé  nos  Provinces. 

M.  Fiée  hier. 

Quand  les  fons  fe  trouvent  liés  enfemble  par  un^ 
jufte  mélodie  ,  &  ,  de  plus,  attachés  à  une  finale  vive  Se 
frappante  ,  toutes  les  phrafes  font  des  traits  qui  portent 
au  loin,  &  qui  pénétrent  :  les  chûtes  font  comme  des 
pointes  acérées  au  bout  d'une  flcche  j  elles  donnent  du 
poids ,  de  la  portée  aux  peufées ,  &;  ea  alTureiit  la  direct. 


5»  Isr  o  M 

Donc  un  nouveau  kbeur  à  tes  armes  s'apprête  : 
Prends  ta  foudre  ,  Louis ,  &  vas ,  comme  un  lion  ,' 
Porter  le  dernier  coup  à  la  dernière  tête 
De  la  rébellion. 

A  ne  confidérer  que  les  chiites  dans  ces  quatre  vers  de 
Malherbe  ,  il  n'eft  rien  de  pliis  agréable  ;  &  les  plus  cé- 
lèbres Auteurs  de  l'antiquité  n'ont  pas  de  Strophes  plus 
nombreufes.  Il  feroit  à  fouhaiter  que  la  métaphore  fût 
fans  défaut  :  voye^  Métaphore. 

Les  chûtes  font  fymétriques  par  les  rimes  ;  voilà  pour 
les  vers  :  elles  font  nombreufes  fans  fymétrie ,  félon  la 
qualité  des  mots  employés  ;  voilà  pour  tous  les  ftyles. 
Les  pénultièmes  longues  fuivies  d'un  e  muet ,  ont  un 
fbn  plus  moëleux  ,  plus  développé  ,  comme  dans  f une- 
ère  y  éclore  ^  charmante.  Les  finales  mafculines  ont  plus 
de  force  &  d'éclat  5  il  faut  en  faire  le  choix  avec  difcré- 
tion  ,  félon  que  l'exige  la  matière  ,  la  penfée  ,  &:  la  va- 
liété. 

Quand  l'Orateur  ell:  adroit ,  tout  fon  art  fe  réduit 
prefque  à  écarter  ce  qui  pourroit  offufquer  les  nom- 
bres j  &  les  empêcher  de  fe  montrer  tels  qu'ils  font.  Oh 
peut  le  voir  dans  cet  exemple  de  Fléchier, 

Le  Jufte  regarde  fa  vie 

Tantôt  comme  la  fumée  qui  s'élève  , 

Qui  s'afFoiblit  en  s'élevant. 

Qui  s'exhale  ,  &  s'évanouit  dans  les  airs  5 

Tantôt  comme  l'ombre  qui  s'étend  , 

Se  rétrécit ,  fc  diflipe  5 

Sombre  ,  vuide ,  &  difparoiifantc  figure. 

Rien  n'cft  fi  nombreux  &  fi  harmonieux  que  les  chû- 
tes &  les  dcmi-chûres  dans  cette  période  j  la  plupart  des 
nombres  y  font  imitatifs.  Sans  parler  des  mots  s'élève  , 
s'exhale  ,fe  rétrécit ,  que  d'art  dans  ces  mots  ajoutés  à 
la  fin  des  deux  membres  dans  les  airs  :  fombre  ^  vuide 
&  difparoijfante  figure  l  Ces  trois  dernières  épithctes,  fé- 
parées  par  des  demi  repos ,  ont  des  finales  féminines 
auni-bien  que  le  fubftantif  qui  les  fuit. 

TiroifiçmcmciK  3  le  nombrç  ,  comme  mouvcmcut. 


NOM  5j 

confîfte  dans  îa  lenteur  ou  la  vîtefTe.  Le  difcours  roule 
comme  l'eau  :  il  fe  hâte  quelquefois  comme  un  ruiiTeau 
en  murmurant  3  ou  il  coule  majeftueufement  ,  ainlt 
qu'un  fleuve  :  quelquefois  il  s'élance  comme  une  eau 
jailliiTante  ;  ou  il  fe  précipite  comme  une  catarade 
impétueufe. 

En  général ,  pour  la  perfedion  du  llyle  relativement  au 
mouvement,  il  faut,  i°.  que  les  chofes  s'arrangent  de  ma- 
nière qu'elles  fe  produifent  fucceflivement.  z".  Que  les 
idées  ,  les  jugements ,  &  les  raifonnements ,  par  une  liai- 
jTon  naturelle ,  femblent  s'attirer ,  &  qu  elles  fe  portent 
mutuellement  vers  le  but  de  toutes  les  parties.  3°.  Que 
les  idées  dans  les  énumérations  &  les  détails  tombent  à 
coups  vifs  Se  précipités.  4^.  Que  certaines  figures  doii- 
Hcnt ,  pour  ainfi  dire ,  des  aîles  au  difcours  ,  comme  la 
éonjonciion  ,  ou  de  nouvelles  fecoulTes  à  la  penfée  ,  com- 
me la  répétition  ,  ou  plus  d'exercice  à  l'Auditeur,  comme 
l'interrogation  3  qui  le  charge  de  répondre.  5?.  Que  les 
hreves  &  les  longues  foient  mêlées  ;  que  la  brève  frappe 
îa  longue  ,  &  que  la  réfiftance  de  celle-ci  femble  irriter 
l'effort  de  Tautre.  C'eft  par  la  diftribution  bien  naturelle 
<ies  efpaces ,  des  repos  &  des  chûtes  ,  que  tous  ces  agré- 
ments font  portés  à  leur  comble  &  à  leur  plus  grande 
perfedion. 

De  ce  mouvement  dépend  le  ton  d'un  Ouvrage.  C'efi: 
au  goût  de  l'Auteur  à  marquer  celui  qui  convient ,  &  à 
fon  génie  à  le  lui  donner.  Tout  ce  que  nous  pouvons 
dire  ,  c'eft  qu'il  doit  varier  félon  les  fujets  ,  les  lieux, 
les  perfonnes  &  les  circonftances.  On  lit  une  Hiftoire 
tranquillement  5  l'efprit  fe  promené  fans  gène  ;  il  voyage 
comme  dans  un  vaiffeau.  Mais  un  difcours  oratoire  doit 
entraîner  de  force  :  l'argumentation  &  l'amplification 
font  impétueufes  5  c'eft  une  courfe  prompte  6c  hardie 
qui  redouble  d'effort  &  renverfe  tout  ce  qui  s'oppofe  à 
la  marche  de  l'Orateur. 

Quatrièmement.  Le  rhythme  eft  un  efpace  terminé  fé- 
lon certaines  loix  ,  le  métré  eft  un  rhythme  dont  chaque 
partie  eft  de  plus  remplie  félon  certaines  loix.  Suppo- 
fons  un  rhythme  de  deux  tempsj  de  quelque  façon  qu'on 
le  rempUfle ,  &  qu'on  le  tourne  ,  il  en  réfulte  toujours 
deux  tçms  p  le  rhytlunç  iiç  confiderç  que  le  feul  efpace 


Ko  NOM 

pris  en  lui-même  :  mais  fî  cet  efpace  efl:  rempli  de  foiisj 
comme  il  y  en  a  de  brefs  &  de  longs ,  il  en  faudra  plus 
ou  moins  pour  le  remplir  ;  ce  qui  produira  différents 
mètres  fur  le  même  rhythme.  Par  exemple  un  rhythmc 
de  deux  tems  peut  être  rempli  par  deux  longues,  ou  par 
une  longue  &  deux  brèves ,  par  deux  brèves  Se  une  lon- 
gue ,  par  une  longue  entre  deux  brèves ,  ou  par  qua- 
tre brèves.  Voilà  cinq  efpeces  de  métrés  fur  un  même 
rhythme. 

On  a  confondu  ces  mots ,  pieds  j  métrés  ,  rhytkmes  , 
qui  cependant,  comme  on  voit,  font  fort  dijfférents. 
Nous  n'avons  point  de  métrés  proprement  dits  ,  quoi- 
que nous  ayons  les  longues  &  les  brèves  dont  ils  fonc 
compofés.  La  eonftruâion  de  notre  Langue  n*a  pas  allez 
de  flexibilité  pour  nous  aifujettir  à  tels  pieds  déterminés 
dans  toute  la  fuite  d'un  Ouvrage. 

Pour  mieux  entendre  ce  que  c'eft  que  pieds  j  métrés  ^ 
rhytkmes j,  mefuresy  il  cft  eïïèntiel  de  fixer  la  valeur  &  la 
lignification  du  mot  temps  ,  puifque  c'eft  le  temps  qui 
mefure  les  uns  &  les  autres.  Les  temps  font  donc  comme 
les  éléments  des  rhythmes  &  des  métrés.  Un  temps  en 
général  eft  une  durée  ,  de  quelqu'étendue  qu'elle  foit. 
Dans  le  difcours  ,  on  le  réduit  à  une  étendue  à  peu-près 
telle  que  le  battement  d'une  montre  ou  celui  du  pouls. 
Si  une  fyllabe  longue  fe  prononce  en  un  temps  ,  la  brève 
fe  prononcera  en  un  demi  temps  ,  la  plus  longue  en  un 
temps  &.demi ,  &  la  plus  brève  en  un  quart  de  temps. 

Les  tems  compofenc  les  inefures  &  les  rhythmes  ,' 
comme  nous  l'avons  déjà  dit.  On  peut  réduire  les  me- 
fures  à  celles  d'un  temps  &  demi  ou  de  deux  temps  ,  ou 
de  trois  ou  de  quatre  temps.  La  mefure  de  deux  ou  de 
quatre  temps  a  une  forte  de  fy  me  trie  parallèle  Se  quar- 
rée  ,  dont  on  voit  à  peu-près  les  proportions  dans  les 
périodes  de  deux  Se  de  quatre  membres.  La  mefure  en 
trois  temps  a  quelque  chofe  de  plus  rond  Se  de  plus  va- 
rié ;  le  retour  de  trois  fait  comme  un  cercle  ou  l'cfpric 
aime  à  s'exercer.  Ce  nombre  a  toujours  paru  iî  beau 
qu'il  a  été  regardé  comme  un  nombre  confacré  parmi  les 
Orateurs  ;  c'eft  celui  qu'ils  emploient  ordinairement 
pour  étaler  toutes  les  richcires  de  l'Eloquence.  La  me-- 
lure  en  un  temps  &  demi  a  quelque  chofe  de  plus  vit  ^ 
de  plus  précipité ,  de  plus  inégal. 


NOM  41: 

Si  toutes  ces  difcuiTions  paroiiTent  trop  fines  Se  trop 
leclierchées  ,  c'clt  cjue  l'Eloquence  ne  réuffit  que  par 
des  reiîbrcs  fecrets  Se  imperceptiHles  ,  qui  font  prefque 
toute  fa  force  ,  &  qu'on  ne  fauroit  trop  a'.uiier.  Si  l'on 
oppofe  que  les  Auteurs  les  plus  éloqnents  eue  rarement 
CLi  connoilTance  de  ces  détails  métaphyfiques  ^  nous  ré- 
pondrons que  le  génie  leur  tenoit  lieu  de  maîure.  S'ils 
ont  quelques  endroits  foibies  ^  ce  font  à  coup  sûr  ceux 
où  l'on  ne  retrouve  pas  l'exécution  des  principes  que 
nous  venons  d'établir.  Il  feroit  aifé  de  prouver  que  les 
Cicerons  ne  feroient  jamais  parvenus  à  un  fi  haut  degré 
de  perfedion  ,  s'ils  n'avoient  pas  fait  de  la  nature  &  des 
principes  de  l'harmonie  &  du  nombre  ,  une  étude  auili 
réfléchie  8c  auffi  profonde.  Si  l'on  veut  des  connoifTan- 
ces  plus  détaillées  fur  cet  objet  important  ,  on  peuc 
confulter  le  Cours  de  Belles-  Lettres  Se  l'Ouvrage  fur 
ia  conllrudion  oratoire  ,  par  M.  l'Abbé  le  Batteux  5  8c 
û  l'on  veut  des  modèles  ,  on  peut  lire  les  Fléchier ^  les 
Bojfuet  y  les  Bourdaloue. 

NOMINATIF  :  voycT^  Subjectif  &  Construc- 
riON. 

NOMS.  Tout  mot  qui  fert  à  défigner  une  chofe  eft 
un  nom  5  ainfi  les  infinitifs  de  nos  verbes  pourroieiic 
être  regardés  comme  autant  de  noms.  C'eft  fans  doute. 
par  cette  raifon  que  plufieurs  d'entr'eux  prennent  l'arti- 
cle ,  &  deviennent  en  elFct  des  noms.  On  dit  le  boire  ,  le 
manger:  c'étoit  tout  fon  avoir ^  dit  la  Fontaine ,  en  par-» 
Jant  de  la  cognée  du  Bûcheron. 

Plulîeurs  participes  &  adjcélifs  deviennent  aufil  de 
vrais  noms.  Comme  un  grand  nombre  de  chofes  n'onç 
pas  de  noms  particuliers ,  on  fe  fert  pour  les  défigner  ^ 
de  noms  accommodés  ou  empruntés  :  voye:(  Tropes. 

Il  y  a  un  excellent  Traité  dç  l'origine  des  noms  & 
furnoms  par  Gilles-André  de  la  Roque.  Paris  ,  1 68 1. 

On  pourroit  l'enrichir  d'exemples  tirés  de  l'Hiftoire. 
Souvent  le  nom  de  la  Patrie  a  fupprimé  celui  de  la  fa- 
mille. 

Il  feroit  bon  de  ne  point  changer  les  noms  étrangers^ 
Les  noms  latins  de  deux  fyllabes  fe  changent  rarement} 
Cependatit  Ccineille  a  dit': 


41  NOM  NUI 

Il  cft  des  Affaffins ,  mais  il  n'eft  plus  de  Brute» 

pour  de  Brutus  ;  ce  qui  eft  d'autant  plus  blâmable ,  que 
le  nom  de  Brutus  n'eft  pas  propre  à  être  francifé. 

Les  noms  latins  de  plus  de  deux  fyilabes  prennent  la 
cerminaifon  françoife  Tacitus  ,  fe  dit  Tacite  ,  &c. 

On  dit  le  Nom  français  pour  Us  François  ^  &c. 

Le  nom  fe  dit  pour  la  perfonne  même.  La  gloire  ds- 
yotre  nom  ,  &c. 

Nom  fe  dit  aufli  relativement  à  une  qualité  j  à  une 
*vertu  morale,  as  Gloire  ,  richelTes  ,  noblelle ,  puiflance, 
33  pour  les  hommes  du  monde  ,  ne  font  que  des  noms  j 
S3  pour  nous  ,  fi  nous  fervons  Dieu  ,  ce  feront  des  cho- 
33  les  :  au  contraire  la  pauvreté  ,  la  honte ,  la  mort , 
33  font  des  chofes  trop  cfFedives  &  trop  réelles  pour 
33  eux  5  pour  nous  ce  font  feulement  des  noms. 

Il  iignifîe  auffi  réputation. 

Ton  nom  efl  du  Midi  jufqu'à  l'Omfe  vanté, 

Boilenu. 

Il  fignifîe  auflî  autorité.  Les  vexations  fe  font  fouvent 
au  nom  du  Roi,  mais  jamais  de  fon  aveu. 

Nom  ,  en  termes  de  droit ,  fignifîe  obligation  ,  pro- 
meile.  //  eji  fubrogé  a  tous  fes  droits  ^  noms  &  avions.  Il 
lui  a  donné  cette  bague  au  nom  de  mariage. 

Les  noms  fe  divifent  cnfubftantifs  èc  adjeciifsivoyct 
ies  articles. 

NON  ,  eft  une  des  particules  afTertives  par  négation  : 
voye:^  Particules. 

,    NONOBSTANT  ,  eft  une  des  prépofitions  fimples  .♦ 
Voye:^  Prépositions. 

NON  PLUS ,  cft  une  des  conjondlions  extenfives  ; 
voy£?{  Conjonctions» 

NOTRE  ,  eft  un  des  adjedifs  polfelTifs  :  voye[  Ad- 

lECTIF. 

NOUS ,  cft  le  pronom  perfonnel  pour  la  première 
perfonne  du  pluriel.  Je  ^me  ,  ou  moi  en.  font  le  fingulier  : 
yoyei  Pronoms. 

NUIRE.  Voibc  neutre  ,  irrégulier  ,  de  la  quatric.mç 


NUI        NUL  4j 

conjugaifon.  Il  /îgnifîe  faire  tort.  La  première  ^  la  plus 
belle  de  toutes  les  loix  ^  efi  de  ne  nuire  a  perfonne. 

Indicatif.  Préfent.  Je  nuis,  tu  nuis,  il  nuit  5  nous 
nuifons ,  vous  nuifez  ,  ils  nuifent.  Imparfait.  Je  nuifois  ^ 
&c.  Prétérit.  Je  nuilîs  ,  &c.  Futur.  Je  nuirai ,  &c.  Con-^ 
ditionnel préfent.  Jenuirois ,  &c.  Impératif.  Nuis, qu'il 
nuife  ,  &c.  Subjonctif.  Préfent.  Que  je  nuife,  &:c.  Im- 
parfait. Que  je  nuifîfTe.  Participe  préfent.  Nuifant ,  indé~ 
clinahle.  Participe  pajjé.  Nui  :  il  n'a  point  de  féminin. 
Les  tems  compofés  de  ce  verbe  font  réguliers. 

NUL ,  eft  un  des  pronoms  indéfinis  :  voye:^  cet  article 
au  mot  Pronoms. 

Il  eft  aulli  au  nombre  des  adje^ifs  pronominaux  :^ 
voyei  Adjectif. 


44 


o 


OBJ  O  C  C 


,  )  ,  eft  une  des  voyelles  de  l'alphabet  ;  voyei  Alpha- 
jBiT  ,  VoïELLES  &  Prononciation. 

O,  efl:  une  des  particules  exclamaaves  :  voye^  Parti- 
cules, Construction. 

OBJECTIF.  Dans  la  conftrudion  d'une  phrafe  nous 
appelions  objectif  le  nom  qui  exprime  la  chofe  attribuée 
ou  affirmée  par  le  verbe,  enfin  le  nom  qui  fait  l'objet 
de  ce  verbe  :  voye[  Construction.  C'cft  ce  qu'on 
appelle  communément  le  régime  airecl  du  verbe  :  voyez 

KÉGIMF.. 

OBMETTRE  ou  OMETTRE.  Verbe  adif ,  irrégu- 
lier  ,  de  la  quatrième  conjugaifon  ,  compofé  de  mettre  , 
fur  lequel  il  fe  conjugue  ,  &  de  la  prépolidon  latine  ob. 
Mettre  vient  du  verbe  latin  mittere  ^  qui  figniHe  en- 
,Voyer  ,  palfer ,  échapper  ,  oublier.  Ob  figniiie  a  caufe  ^ 
£iujujec  j  h  ioccajîon  de  .  ,  .  Ainli  ohmettre  fignifîe  pro- 
prement échapper  ,  oublier  une  chofe  dans  i'occalîon 
de  la  faire  ou  de  la  dire.  Je  n'ai  rien  omis  de  ce  que  vous 
mavie[  ordonné.  Ses  dijîracîions  lui  font  fouvent  obmet- 
Xre  ce  qu'il  y  a  de -plus  ejfentiel  dans  les  caujes  qu'il  plai- 
de. L'habileté  conjifte  à  ne  rien  obm.ettre  de  ce  qui  peut 
faire  réu(fir  nos  dejfeins, 

OCCUPATION  &  SUBJECTION.  Voccupation  efV 
\ine  figure  de  Rhétorique  convenable  à  la  preuve.  Elle 
confille  à  prévenir  une  objedion  en  fe  la  faifant  à  foi- 
même  &  en  y  répondant.  Exemple  : 

Cicéron  étoit  très  jeune  <Sc  ne  faifoit  que  d'entrer  dans 
la  carrière  du  Barreau  ,  lorfqu'il  fe  chargea  de  défendre 
Rofcius.  Il  y  avoir  au  nombre  des  Juges  d'illulhes  Ora- 
teurs ,  qui  auroienr  pu  être  choqués  de  voir  que  le  jeune 
Cicéron  fe  fut  chargé  d'une  caufe  fi  importante  Se  il  dé- 
licate. Il  prévient  ainfl  ce  reproche. 

Je  fens  ,  Meflicurs ,  quel  doit  être  votre  ctonncment 
que  j'aie  ofé  élever  ma  foible  voix  au  milieu  de  cette 
aiiî^uftc  aflemblée,oii  je  vois  tout  ce  que  Rome  a  de  plus 
brillants  Orateurs ,  &  dont  l'éloquence  eft  foutenue  par 
la  force  de  l'âge  &  du  génie. 

La 


ODE  %f 

■"  "L^fubjeBion  reJfTemble  beaucoup  à  l'occupation.  C'efl 
Une  quellion  que  l'Orateur  fe  fait  à  lui-même  ou  à  fon 
aiiveifaire  ,  &  à  laquelle  il  ajoute  la  réponfe  qui  efl 
quelquefois  plus  forte  que  celle  que  l'advcrfaire  pour-- 
^oit  donner.  Voici  un  exemple  de  cette  figure. 

Eft-on  Héros  pour  avoir  mis  aux  chaînes 
Uiî  peuple  ou  deux  ?  Tibère  eut  cet  honneur, 
ïft-on  Héros  en  fîgnalanc  fes  haînes 
Par  la  vengeance  î  Odave  eut  ce  bonheur, 
Eft  on  Héros  cï\  régnant  par  la  peur? 
Sejan  fît  tout  trembler  ,  jufqu'à  foii  maître. 
Mais  de  fon  ire  éteindre  le  falpêtre  j 
Savoir  fe  vaincre  6c  réprimer  les  flots 
De  fon  orgueil  :  c'eft  ce  que  j'appelle  être 
Grand  par  foi-même  ;  £c  voilà  mon  Héros. 

ODE.  L'Ode  eft  une  pièce  de  poéfie  en  ftaiices  rég-i^ 
lieres ,  &  dont  le  caradere  propre  confifte  dans  releva- 
tion  &  la  nobielTe  y  ou  dans  l'élégance  &  la  naïveté. 

Les  fi;jjUres  &  les  grandes  images  font  l'efTence  de  la 
première  efpece  d'Odes. 

Les  figures  &  les  images  naïves  font  l'ame  de  la 
féconde. 

Le  premJer  ufage  de  l'Ode  a  été  de  chanter  les  louan- 
ges des  Dieux  ,  &  de  célébrer  les  grandes  adions  des 
Héros.  Tout  ce  qui  approche  de  la  majefté  de  ces  fu- 
jets  eft  de  fon  refTort  j  &  c'eft-là  la  première  efpece 
d'Ode,  qui  traite  auflî  quelquefois  des  fujets  importâtes 
fous  des  titres  moraux  ,  comme  la  douleur  ,  la  calom- 
nie ,  la  louange  ,  &c. 

Mais  rode  a  fu  dans  la  fuite  des  tems  defcendre  juf- 
qu'aux  amans  &  aux  buveurs  j  elle  a  appris  à  rire  ,  à 
badiner  au  fein  'des  plaifirs  :  mais  elle  n'a  point  perdu 
pour  cela  ce  goût  de  parure  &  d'ornement  qui  lui  eft" 
propre  ;  elle  n'a  fait  que  changer  {^qs  diamans  contre 
des  fleurs  ;  &  c'eft-là  la  féconde  efpece'  d'Ode  que  l'on 
nomme  fouvent  anacréontique.  La  piemiere  eft  toujours 
fublime  ;  la  féconde  eft  toujours  riante.  L'une  &  l'autre 
demandent  également ,  mais  d'une  manière  différente, 
cet  enthoufiatme  ,  ce  feu  poétique  ,  fans  lefquels  l'ou^ 
Tome.  11^  ù 


4<r  ODE 

Tiage  feioit  fans  chaleur.  Toute  poéfîe  qui  n'echaulîe 
^point ,  qui  ne  ranime  point  refprit  du  ledeur ,  ne  peut 
erre  une  Ode. 

La  première  règle  de  l'Ode  efl  que  le  dc'out  en  foit 
frappant ,  pour  le  genre  fublime,  &  piquant  pour  l'ana- 
créontique  :  fouvent  même  dans  le  premier  cas  ,  ce  dé- 
but doit  être  un  emportement  fubit  &  femblable  à  l'élan 
d'un  aigle  qui  fend  les  airs ,  s'élève  au-delfus  des  nues , 
fe  balance  fièrement  en  fixant  le  foleil ,  ou  fond  fur  fa 
proie  plus  rapidement  que  l'éclair.  Tel  ell:  ejure  autres  , 
cette  première  ftance  de  TOde  de  RouiTeau  fur  l'aveu- 
glement des  hommes  du  fiecie  : 

Qu'aux  accens  de  ma  voix  la  terre  fe  réveille  ! 
Rois ,  foy^ez  attencifs  !  Peap'es ,  ouvrez  l'oreille  ! 
Que  l'univers  fe  taife  ,  &  m'écoute  parler  ! 
Mes  chants  vont  féconder  les  accords  de  ma  lire  ; 
L'Efpric  Saint  me  pénétre ,  il  m'échauffe ,   il  m'infpire 
Les  grandes  vérités  que  je  vais  révéler. 

Ce  n  eft  pas  que  l'entrée  doive  toujours  être  fi  élevée  ; 
fouvent  il  y  auroit  impofTibilité  de  foutenir  un  pareil 
ton.  D'ailleurs  il  eft  peu  de  fujets  afiez  grands  pour 
comporter  de  tels  éclats  :  mais  il  faut  toujours  com- 
mencer par  des  traits  magnifiques  &  pompeux. 
■  Dans  les  Odes  anacréontiques  ,  il  faut  entrer  en  ma- 
tière par  quelque  tour  agréable  &  naturel  qui  annonce 
le  goût  de  l'ouvrage  ,  &  prévienne  en  fa  faveur  ;  comme 
la  première  jftance  de  VInconJiancc  pardonnabU  ,  Ode 
anacréoiitique  de  M.  de  B. 

Iris ,  Thémire  &  Danaé 
One  envain  reçu  mon  hommage  ; 
K'en  doutez  point ,  belle  Aglac  : 
'Jamais  mon  coeur  ne  fut  volage. 

Iris  parle  fi  tendrement. 
Mon  cœur  cil  fi  l'oible  8c  fi  tendre  , 
Que  je  croyois  même  en  l'aimant , 
Vous  voir,  vous  parler,  vous  entendre. 


ODE  it7 

Un  fourire  engageant  &:  doux 
Bientôt  m'enHanima  pour  Thémire; 
J'ignorois  qu'une  autie  que  vous 
Pût  aulTi  fî.ement  fourire. 

banaé  s'offrit  dans  le  bain  : 
Qu'on  eft  aveugle  quand  on  aime  l 
Aux  lys  répanJusfùr  Ton  fein 
Je  nt  crus  voir  qu'Aglaé  mcice» 

Ainfï  dans  les  plus  doux  plaî(îrs  ^ 
Je  cédoîs  à  vos  kuL^s  armes-, 
Mon  cœur  n'éprouvoit  dedéfirs 
Que  par  limnge  de  vos  charmes. 

Iris  ,  Thémlre  5-:  Danaé 
Ont  en  vain  reçu  mon  hommage  i 
N'en  doutez  point  ,  belle  Aglaé  : 
Jamais  mon  cœur  ne  fut  volage. 

La  féconde  règle  de  î'Odc ,  la  plus  difficile  à  fiiivre  ^ 
eft  de  fouteiiir  le  caradere  &  le  ton  du  début  dans  toute 
la  pièce  ;  &:  même  de  faire  enforte  ,  s'il  eft  polfibie  , 
<^ue  les  beautés  aillent  toujours  en  croilTant  pour  faire 
une  imprelîion  durable  &  plus  vive  fur  l'efprit  du  lec- 
teur. Il  n'eft  que  trop  ordinaire  ,  aux  jeunes  Poètes  fur- 
lout  ,  de  confumer  tout  leur  feu  dans  les  premières 
flroplies  ,  &  de  perdre  haleine  bien  avant  la  fin, 

La  troifieme  règle  de  l'Ode  ,  regarde  l'emploi  dit 
fublime  ou  du  gracieux.  Le  fublime  eft  une  idée  ou  uiï 
fentimcnt  énergique  ,  revêtu  de  termes  convenables  8c 
précis  y  &  par  énergie  d'idée  ou  de  fentiment  ,  on  en- 
tend l'imprelTion  profonde  que  l'un  ou  l'autre  fait  dans 
l'ame.  La  vérité  ,  la  nouveauté  ,  font  deux  qualités  qui 
ne  fuffifent  pas  pour  produire  le  fublime,  mais  que  le 
fublime  fuppofe.  Le  gracieux  paroîtétre  une  idée  ou  ùii 

Dij 


4Sf  ODE 

fcntimeni:  purement  agréable  ,  &  revctii  Je  termes  éU-^ 
gants.  Mais  fans  avoir  trop  d'égard  aux  définitions  ,  qui 
font  toujours  défeôlueules  quanc]  elles  ont  pour  objets 
des  choies  qui  participent  de  l'idée  &  du  fentiment  ;  c'efl 
dans  la  ledure  goûtée  &  réfléchie  des  bons  Auteurs  , 
qu'il  faut  aller  chercher  ce  qu'on  appelle  difcernemenc 
&  bon  goût  :  ce  n'ell  que  par  ces  deux  dernières  qualités, 
qu'on  peut  fenrir  quels  font  les  fujets  auxquels  le  fubli- 
me  ou  le  gracieux  peuvent  convenir  j  &  de  quel  degré 
de  l'un  ou  de  l'autre  chacun  de  ces  fujets  peut  être  fuf- 
ceptible. 

Le  ftyle ,  la  marche  ,  les  mouvemens  font  bien  diiFé- 
remment  nuancé^ ,  quand  on  peint  un  vice  ,  ou  une 
vertu  ;  quand  on  loue  un  Héros  ,  ou  qu'on  déchire  un 
méchant  j  quand  on  peint  les  grandeurs  de  l'Etre  Su- 
prême j  ou  les  attraits  de  quelque  beauté  féduifante  3 
quand  on  fc  livre  au  défefpoir ,  ou  aux  tendres  regrets  , 
qu'on  efc  emporté  par  une  paffion  violente  ,  ou  qu'on 
fuit  les  penchants  d'un  tendre  amour  ou  d'une  douce 
amitié  ,  occ.  Nous  pourrions  pouifer  ce  développement 
très  loin  :  niais  il  faudroit  encore  renvoyer  le  Icfteur  aux 
règles  du  bon  goût  :  heureux  ceux  qui.  l'ont  reçu  de  la  na- 
ture 1  Boileau  exprime  une  quatrième  règle  de  l'Ode  dans 
ce  vers  : 

Souvent  un  beau  défordre  ell  un  effet  de  l'art. 

Ce  beau  défordre  qui  femble  fortir  de  la  règle,  &  qui 
eft  pourtant  une  règle  lui-même  ,  n'eft  pas  aifé  à  bien 
expliquer,  C'eli  un  milieu  ,  entre  l'écart  qui  ne  doit  ja- 
mais être  permis  ,  &  la  marche  uniforme  ,  fuivie  &  liée 
qu'on  trouve  dans  les  autres  ouvrages.  Il  confîfte  pre- 
mièrement dans  la  fupprelfion  des  liaifons grammatica- 
les &  des  tranfitions  ordinaires  j  en  fécond  lieu  dans  un 
changement  tubit  de  penfées.  C'clt  un  efprit  vivement 
agité  j  furchargé  en  quelque  forte  du  nombre  des  idées 
qu'il  a  ,  &  des  (cntimens  qu'il  éprouve  ;  il  cherche  à 
fe  foulager  ,  &  ne  peut  dire  trop  de  chofes  à  la  fois. 
D'ailleurs  ,  il  elt  dans  une  forte  de  tranfport;  il  néglige 
&  abandonne  une  foule  de  chofes  pour  ne  donner  fon 
attention  qu'aux  principales.  Ainli  toutes  ces  idées 
E^oyenu^s  qui  fervent  à  lier  le5  auues  ,  leflent  dans 


O  D  î  ^^ 

foul^Ii.  Le  Poète  paroîc  en  quelque  forte  peu  d'accord 
avec  lui-même  5  il  vous  montroit  un  terme  auquel  il 
promettoit  de  vous  conduire  ,  &  dans  l'inftant ,  vous 
vous  Tentez  emporté  vers  un  autre  ,  fans  pouvoir  vous 
en  défendre  ,  ni  vous  plaindre  de  l'enchantement  qui 
entraîne  tout-à-la-fois  votre  cœur  &  votre  efprit.  Vous 
croyez  être  dans  un  labyrinthe  :  mais  il  faut  cependant 
que  le  Poète  vous  lailfe  un  lîl  pour  vous  retrouver  5  iîl 
imperceptible  &  délicat  ;  mais  fur  &  jufte.  Car  fi  l'on 
apperçoit  l'artifice  ^  il  devient  fans  effet  ;  &  fi  l'Auteur 
vous  égare  parcequ'il  s'eft  égaré  le  premier  ,  vous  ne 
prendKZ  pas  pour  talent  ce  qui  n'eft  que  foiblefie  & 
défaut.  Nous  allons  donner  en  exemple  une  Oàz  de  M, 
Roulfeau,  qui  peut  fervir  de  modèle  pour  ces  fortes  dç 
défordres  poétiques. 

Ode  far  le  départ  des  Troupes  Impériales  pour  la 
Campagne  de  1-J16  en  Hongrie, 

Ils  partent ,  ces  coeurs  magnanimes , 
Ces  guerriers  donc  les  noms  chéris 
Vont  être  pour  jamais  écrits 
Entre  les  noms  les  plus  fublimcs. 
Ils  vont  en  de  nouveaux  climats 
Chercher  de  nouvelles  viftimes 
Au  terrible  Dieu  dzs  combats. 

A  leurs  Légions  indomptables 
Bellone  infpire  fa  fureur  : 
Le  bruit,  l'épouvante  ,&  l'horreur 
Devancent  leurs  flots  redoutables. 
Et  la  mort  remet  dans  leurs  mains 
Ces  tonnerres  épouvantables 
Dont  elle  écrafe  les  humains. 

Un  Héros  tout  brillant  de  gloire 
Les  conduit  vers  ces  mêmes  bords  ,' 
Où  jadis  f(js  premiers  ciForts 
Ont  éternifé  fa  mémoire. 

Diij 


Je  Ô  D  E 


gous  fes  pas  naît  la  liberté  : 
Devant  lui  vole  la  vidoire  : 
ItPallas  marche  à  foncôté, 

^* 

O  Dieu  ,  quel  favorable  augure 
Tour  ces  généreux  fils  de  Mars  ! 
J'entends  déjà  de  toutes  parts 
L'air  frémir  de  leur  doux  murmure! 
Je  vois  fous  leur  chef  applaudi 
le  Nord  vanger  avec  ufure 
Toutes  les  pertes  du  Midi  ! 

Quel  triomphe  pour  ta  patrie  ! 

It  pour  toi  ,  quel  illuftre  honneur, 

Miniftre  né  pour  le  bonheur 

Pe  cette  mère  Ci  chérie  ! 

Toi  ,  de  qui  l'amour  généreux  , 

Toi',  de  qui  la  fageinduftrie 

I»^éna^ea  ces  fccours  heureux  5 

Cent  fois  nous  avons  vu  ton  zèle , 
Porter  les  pleurs  de  Ces  cnfans  , 
JuTque  fous  les  yeux  trioniplians 
Du  Prince  qui  s'arme  pour  elle  j 
Et  qui  pi-  in  d'ellime  ppur  loi  j 
Attire  encor  dans  t,i  querelle 
Cent  Princes  oumis  à  fa  loi. 

Ç'eft  aîn^  que  du  jeune  Atride 
On  vit  Icloquente  douleur 
In-éieller  dans  fou  mali  eur 
Les  Grecs  dfleni blés  en  Aulidej 
Etd'unç  noble  ambition 
Armer  leurcolcrc  intrépide» 
Pour  la  conquête  cl' 1  lion» 


ODE  jï 

Envahi  Tinflexible  Neptune 
Leur  oppofe  un  calme  odieux: 
Envain  Tinterprêrc  des  Dieux 
Fait  parler  fa  crainte  importune  ! 
Leur  invincible  fermeté 
Laffe  enfin  l'injurte  fortune , 
Les  vents  ^  oc  Neptune  irrité. 

la  confiance  eft  le  feul  remeda 
Aux  obflacles  du  fort  jaloux  î 
Tôt  ou  tard  attendris  pour  nous 
Les  Dieux  nous  accordent  leur  aide. 
Mais  ils  veulent  être  implorés; 
Et  leur  réfiftance  ne  cède 
Qu'à  nos  efforts  réitérés. 

Ce  ne  fut  qu'après  dix  années 
D'épreuves  &  de  travaux  conftans  , 
Que  ces  glorieux  combattans , 
Triomphèrent  des  deftinéesj 
£t  que  loin  des  bords  Phrygiens, 
Ils  emmenèrent  enchaînées 
Les  veuves  des  Héros  Troyens. 

On  feiit  que  les  Odes  anacréontîques  ne  font  pas  fuC- 
ceptibles  des  mêmes  écarts  ,  parcequelles  ne  peuvent 
avoir  la  même  impétuofîté. 

Quant  à  l'exprefTion  de  l'Ode  ,  elle  doit  être  la  plus 
figurée  ,  la  plus  vive  ^  la  plus  précife  &  la  plus  choifie 
qu'il  eft  polTible.  Les  moindres  négligences  ,  celles  mê- 
mes qui  feroient  tolérables  dans  les  autres  Poèmes  ftc 
le  font  jamais  dans  l'Ode, 

Nous  ne  pouvons  au  refte  qu'indiquer  légèrement  les 
principales  règles  :  car  les  finefTes  de  l'art  font  infinie^  , 
très  cachées  &peu  aifées  à  expliquer  ;  elles  ne  peuvent 
s'apprendre  que  par  la  leâ:ure  des  bons  modèles  5  ou 
pour  mieux  dire  elles  ne  font  que  le  fruit  du  goût  5c  du 

Div 


c>:  o  V  V       OPE 

ientiment.  Que  font  au  prix  de  cela  tous  les  précepte^ 
du  monde  !  Foye:^  Stances. 

OFFRIR.  Verbe  aftif  irrcgulier  ,  de  la  féconde  con* 
jugaifon.  Il  vient  de  deux  mots  latins  ,  du  vcaht  ferre  j, 
qui  veut  dire  porier^  Zc  de  la  prépolîcion  oè  j  qui  lignifie 
devant.  Offrir  dans  fon  étymologie  ,  fignifie  donc  pçrter 
devant  ,  mettre  devant ,  préfenter  quelque  ciiofe.  Ofrir 
àc  l'argent  ,  des  fervices  3  fon  bras  ,  Ikc. 

Il  eft  aufîi  réciproque.  Ils'ojfre  a  combattre  pour  moi. 
Quel  ffeàacle  s'ocre  à  mes  yeux  / 

Il  eft  aufli  quelquefois  réciproque  &  impcrfonnel.  Il 
s'Ojfre  une  belle  occafion.  Il  s'offre  de  grandes  difficultés.  Il 
s'eji  offert  de  grands  obfiacles. 

Indicatif.  Préfent.  J'offre  ,  tu  offres  ,  il  offre  ;  nous 
offrons  ,  vous  offrez  ,  ils  offrent.  Imparfait.  J'ofFrois  , 
&c.  Prétérit.  J'offris  ,  &c.  Futur,  j'offrirai ,  &c.  Condi- 
tionnel  préfent.  J'offrirois,  &c.  Impératif.  Offre,  qu'il 
offre  i  offrons,  offrez,  &c.  Subjonctif.  Quej'oftrej, 
&c.  Imparfait.  Que  j'offriffe  ,  &c.  Participes.  Offrant ,, 
offert,  ofï'erte. 

Les  temps  compofés  font  réguliers, 

OH  !  efl  une  des  particules  exclamatives  S:  acclama- 
tives  :  voyei  Particules  6*  Construction. 

OMETTRE  :  voye:^  Obmettre. 

ON ,  eft  un  des  pronoms  perfonnels  pour  la  troificmc 
perfonne:  voye:^^  Pronoms. 

On  figure  encore  parmi  les  pronoms  indéfinis  :  voyei 
cei  article  au  mot  Pronoms, 

ONOMATOPÉE ,  eft  une  figure  de  didion.  Onoma^ 
topée  fignifie  en  grec  formation  ,  exprcllion  d'un  mot. 
Quand  un  terme  exprime  la  chofe  qu'il  lignifie  ,  on  dit 
que  c'efl  par  onomatopée  :  pat  exemple  ^  le  glouglou  de 
la  bouteille ,  le  cliquetis  des  armes  ,  le  bêlement  des  mou-^ 
.  tons  ,  le  tri£irac  ;  tra  tra  ira  ^  qui  exprime  le  trot  da 
cheval. 

Je  ne  fais  pourquoi  l'on  a  fait  de  ces  exprcffions  une 
figure  de  Rhétorique  ,  puifqu'elles  fe  prennent  dans  le 
fcns  propre,  Scroit  -ce  parcequ'cllcs  font  image  ? 

OPERA.  Tout  ce  que  nous  avons  à  dire  ici  des  Ope« 
ras  Tragiques  ou  Comiques ,  c'cft  que  dans  les  mor^ 
ccaux  Lyriques  ou  de  chant ,  la  verfifîcacion  des  pre- 
irvicrs  fç  rapportç  à  celle  des  Odes  ,  &  que  celle  des  fç-.. 


O  P  T        O  R  T  si 

èoncîs  eft  femblable  à  celle  des  Chanfotis  :  voyez  ces 
mots. 

OPTATIF.  C'eft  un  mode  deftinë  à  marquer  le  dçfirj 
mais  nous  ne  l'avons  point  dans  notre  Langue  ;  il  y  a 
ctc  fondu  avec  \Q.Ja.bjonciif:  voyez  ce  mot  &  les  articles^ 
TVIoDEs  6'  Conjugaison. 

OR  ,  eft  une  des  conjondions  tranlitives  :  voye:^  Con-t 

JONCTIONS. 

ORAISON.  Ce  mot ,  en  termes  de  Grammaire,  figni- 
fîe  difcours.  On  compte  communément  huit  parties 
d'oraifon  ou  du  difcours  j  favoir  V article  ^  le  nom  y  le 
pronom ,  le  verbe  ,  V adverbe  ,  la  prépofition  ,  la  conjonc^ 
non,  &  Vinterjeciion ;  à  quoi  on  peut  joindre,  comme 
une  neuvième  partie  d'oraifon  ,  \c  participe ,  ainfî  nom^ 
mé  parcequ'il  participe  en  effet  de  la  nature  des  verbes 
&  de  celle  des  noms  adjcdifs  :  voyc:^  Mots. 

OR  SUS  :  voyei  Particules. 

ORTOGRAPHE.  C'eft  l'art  d'écrire  la  parole  fuivane 
l'ufage  'y  c'eft-à-dire  ,  de  la  peindre  par  les  caraderes 
établis  ,  &  fuivant  les  loix  prefcrites."  Etoit  il  pofllble, 
33  dit  M.  Girard  ,  que  la  parole  ,  Ci  naturelle  à  l'homme, 
33  &  d'une  fî  douce  reffource  tant  pour  fes  befoins  que 
33  pour  fes  plaifîrs  ,  reftât  dans  les  bornes  étroites  que 
33  renferme  la  communication  qu'il  peut  y  avoir  entre 
33  le  fens  de  l'ouie  &  la  portée  de  la  voix  ?  Non ,  le 
33  fourd  a  cherché  à  s'entretenir  par  l'œil ,  ne  le  pouvant 
33  par  l'oreille  3  le  folitaire  ,  dans  la  fuite  même  de  tout 
33  commerce  avec  l'efpece  humaine ,  n'a  pu  fe  priver 
33  d'une  compagnie  parlante  ;  l'abfent  n'a  '^as  voulu 
33  ignorer  ce  que  fa  préfence  lui  auroit  appris  ;  l'amitié 
33  &  l'intérêt  ont  cherché  à  inftruire  les  perfonnes  éloi- 
35  gnées ,  de  ce  qui  fe  palToit  fous  nos  yeux  ;  le  Héros  8c 
33  l'Homme  de  Lettres  n'ont  rien  voulu  perdre  de  la  vé- 
33  putation  qu'ils  croyoient  mériter  chez  la  poftérité 
33  comme  chez  les  Etrangers,  On  a  donc  trouvé  l'arc 
93  d'étendre  la  communication  de  la  parole ,  en  la  pei- 
33  gnant  &  la  rendant  tranfportable  en  tous  lieux.  Cet 
33  art  confifte  dans  des  caraderes  diverfement  deiïinés  , 
33  &  conftitués  fym.boles  des  fons  ,  des  articulations  ,  & 
93  de  tous  les  acceffoires  de  la  prononciation ,  foit  mou- 
90  vement ,  foit  repos, 


■54  O  R  T 

M  La  main  forme  ces  caraderes,  dans  le  même  ordre 
M  qu'obfcrvent  les  organes  de  la  bouche  pour  l'exécu- 
33  tion  de  ce  qu'ils  doivent  faire  entendre,  &  prefque 
33  avec  la  même  facilité.  Elle  les  alTcmble  de  façon  que 
33  leur  proximité  offre  les  images  des  mots  ,  dont  la  dif- 
33  tindion  fe  fait  voir  par  de  petits  efpaces  lailTés  en- 
33  tr'eux.  Ces  mots  placés  à  propos  concourent  avec 
33  leurs  voifins  à  faire  dans  la  dernière  prccifîon  le  ta- 
33  bleau  de  la  parole  ,  &  par  conféquent  celui  de  la  pen- 
sa fée.  L'afped  d'un  écrit  anime  l'ame  ,  la  fait  agir ,  & 
33  pour  ainlî  dire  ,  vivre  par  le  relîbrt  de  la  curiolité. 
33  Elle  n'eft  plus  feule  des  qu'elle  lit ,  &  moins  encore 
33  quand  elle  travaille  à  fe  faire  lire. 

Rien  n'étoit  originairement  plus  arbitraire  que  le 
choix  &  la  deftination  particulière  de  chaque  caraélere. 
On  pouvoir  aufîi-bien  attacher  le  fon  que  nous  appel- 
ions <î  à  la  figure  6  ,  qu'à  la  figure  a.  Mais  dès  qu'une 
fois  ce  choix  8i  cette  deflination  ont  été  fixés,  l'arran- 
gement de  ces  caraéleres  entr'eux  a  eu  des  principes  in- 
"variables ,  &  par  conféquent  des  loix  certaines.  Dès 
qu'il  a  été  arrêté  &  convenu  qu'on  fe  ferviroit  des  ca- 
raâieres  a  ^  b  ^  c  :,  d  ^  e  ^  &c. ,  pour  les  fons  que  nous 
leur  donnons  ,  il  a  fallu  pour  chaque  mot  les  lettres 
que  nous  y  voyons  ,  &  arrangées  dans  l'ordre  que  nous 
leur  faifons  garder.  On  ne  peut ,  par  exemple  ,  écrire 
amour  que  par  le  moyen  d'un  a  ,  d'un  m ,  d'un  o ,  d'un  u  , 
&  d'un  r ,  difpofés  comme  ils  le  font.  D'autres  lettres  , 
ou  un  autre  arrangement ,  feroient  un  autre  mot ,  & 
fburniroient  d'autres  fons. 

Ce  principe  paroîtroit  devoir  être  fans  exception  , 
tant  il  eft  raifonnablc.  On  verra  cependant  que  quoique 
■vrai  dans  fa  généralité  ,  il  fe  trouve,  dans  l'application 
particulière ,  contredit  en  mille  circonftanccs  différen- 
tes. 

Pour  peindre  fidèlement  la  parole ,  ce  n'étoit  pas  affez 
des  caraéleres  qu'on  nomme  alphabétiques  ,  ou  lettres  de 
l'alphabet.  Ces  premiers  caraderes  n'étoient  pas  égaux 
en  nombre  aux  fons  fîmples  dont  les  mots  font  compo- 
fés.  On  a  donc  fait  fervir  le  même  caradere  à  plufieurs 
■fons  diiférents  ;  dès-lors  il  a  fallu  quelqu'autre  marque 
qui  fixât  Iç  fon  que  tellç  Içctrf  deyoit  avoir  en  telles 


O  R  T  '5> 

circonflances ,  en  telles  fyllabes.  Plufîeiirs  mets  ou  demi 
mots  fe  font  fouvent  trouvés  réunis  en  un  feul ,  &  cette 
réunion  a  dû  avoir  quelque  chofe  qui  l'annonçât  aux 
yeux.  Les  mêmes  lettres  réunies  ont  fouvent  pu  former 
des  fons  différents  ,  félon  que  l'on  n'en  formoit  qu'un 
feul  ,  ou  qu'on  les  prononçoit  féparément  ,  il  a  fallu 
noter  cette  féparation  dans  les  cas  où  elle  avoit  lieu. 

Quelquefois  on  retranche  certaines  lettres  dont  la 
prononciation  s'éteint  dans  celle  des  lettres  voifînes  5 
mais  en  les  omettant  ,  il  faut  cependant  en  avertir  le 
Ledeur  par  quelque  fîgne ,  afin  qu'il  puilfe  plus  aifé- 
ment  les  fuppléer.  Enfin  quoique  dans  un  difcours  toutes 
les  idées  ,  toutes  les  penfées  foient  enchaînées  les  unes 
aux  autres  ,  elles  ne  fc  tiennent  pas  toutes  également  de 
près.  Cette  liaifon  moins  grande  ou  pi'ds  étroite  fe  mon- 
tre dans  le  parier ,  aux  repos  que  prend  celui  qui  parle  , 
&  aux  inflexions  de  fa  voix.  Dans  l'écriture  il  a  fallu 
quelque  moyen  d'indiquer  le  lieu  de  ces  différents  repos, 
&  de  ces  inflexions  diltérentes  3  Se  pour  tout  cela  on  in- 
venta les  accents,  la  cédille  ,  le  tiret ,  les  points  de  divi- 
sion ,  l'apoftrophe  ,  &  la  ponduation.  On  compte  encore 
la  parenthèfe  ,  qui  eft  compofée  de  deux  barres  ,  entre 
iefquelies  on  place  quelques  mots  ou  quelques  penfées, 
qui  font  nécefîaires  à  l'intelligence  de  tout  ce  qui  regarde 
le  difcours  ,  &  qui  cependant  n'entrent  point  dans  l'ordre 
de  la  conftrudion.  Plufieurs  Auteurs  ajoutent  les  points 
d'omilTion  ,  qui  fervent  à  marquer  qu'il  y  a  quelque 
chofe  d'omis  ,  foit  par  retenue,  foit  parceque  la  viva- 
cité de  la  palhon  empêche  de  dire  tout  ce  que  l'on  fent, 
&  emporte  l'efpiit  vers  d'autres  idées  avant  que  les  pre- 
mières foient  entièrement  exprimées  ;  enfin  l'apoftille 
ou  les  guillemets  fe  mettent  au  comiTiencement  de  toutes 
les  lignes  dans  Iefquelies  l'Auteur  cite  des  phrafes  qui  ne 
font  pas  de  lui. 

Nous  n'avons  que  vingt-cinq  caraderes  alphabéti- 
cjues  ya^e^i,o^u^y,b,Cydyf,g,h,k^l,m,n, 
J>  3  q i  f"  :>J  »  t  ,  X  yj  :,v  ,  Se  ^.  On  n'y  compte  pas  pour 
l'ordinaire  le  caradere  &  ,  qui  diffère  de  tous  les  autres  , 
en  ce  qu'il  repréfente  en  même-temps  une  voyelle  Sc 
une  confonne  unies, &  ne  s'emploie  que  pour  la  conjonc- 
ùon  (t.  Nous  ne  parlons  pas  non  plus  des  caraderes  c^. 


h^^ 


D  R  T 


^^  ck  ^  y  ^  l  Se  gn  iTJouilIés.  j^  efl  aujourd'hui  profcrk; 
fans  exception  de  tous  les  mots  de  notre  Langue.  On  ne 
lui  lai(^c  pas  même  le  droit  de  figurer  dans  les  noms  pro- 
pres tirés  des  Langues  étrangères  ,  dans  lefquels  il  étoit 
employé  5  ainfî  nous  écrivons  Enée  ^  qucique  les  Latins, 
d'où  nous  vient  ce  mot ,  aient  toujours  écrit  JEneas, 

(S*  n'a  point  d'autre  fon  que  celui  de  l'e  fimpie  :  on 
s'en  fert  beaucoup  ,  S:  furtout  devant  u  dans  les  fons  fim- 
ples  que  nous  exprimons  par  eu.  Ainfi  l'on  écrit  vœux  , 
fœur  ,  mœurs  ^  chœur  ^  cœur  ,  &c.  Cependant  aujour- 
<i*hui  quelques  Grammairiens  le  banniiTent  de  toute 
la  Langue  ,  excepté  du  mot  cœur  ,  où  il  affeimit  l'arti- 
culation du  c,  qui  ne  devroit  point  différer  de  celle  de/* 
Àzn^fxur  ^  fi  cet  <?  muet  n'étoit  devant  l'e.  Mais  quand 
même  on  voudroit  le  conferver  par-tout  où  nos  ancê- 
tres l'employoient ,  ce  n  ell  qu'un  caradcre  double  , 
compofé  de  deux  d'entre  ceux  que  nous  avons  comptés, 
îl  en  eR-  de  même  de  ck  ,  foit  qu'il  foit  l'exprefilon  d'une 
articulation  grafTe  &  fifflante  ^  comme  dans  //  chercha, 
£oit  qu'il  ne  repréfente  que  le  fou  dur  du  ^,  comme  dans 
chœur.  On  doit  dire  la  même  cliofe  de  gn  j  lorfqu'il  eft 
ïnouillé  &  gras  ,  comme  dans  gagner.  Pour  y  &  /  mouil- 
lés ,  tels  qu'ils  font  dans  Royaume  Se  travail ,  s'ils  re- 
préfentent  dans  ces  mots,  comme  nous  en  convenons  , 
«les  fons  différents  de  ceux  qu'ont  les  mêmes  lettres  ail- 
leurs (  à3.nsfyllabe  ,  par  exemple  ) ,  il  n'en  eft  pas  moins 
vrai  que  ce  font  toujours  les  mêmes  caraéleres,  &  qu'on 
ne  peut  en  conféquence  leur  donner  des  noms  différents. 
Nous  nous  contenterons  donc  dans  les  articles  où  l'oc- 
cafion  s'en  préfcntera  ,  de  dire  ,  y  ,  / ,  quand  ils  ne  pein- 
dront que  leurs  fons  ordinaires  ,  y  mouillé  y  l  mouillé  . 
guand  leurs  fons  feront  tels. 

II  fc  préfente  à  cette  occafion  une  autre  difpute  entre 
les  Auteurs  des  Grammaires  ;  c'eft  de  favoir  fi  y  ,  qui 
eft  originairement  voyelle  ,  ne  devient  pas  confonne  , 
quand  il  eft  mouillé.  Pour  décider,  il  n'y  a  qu'à  exa- 
miner fi  les  fons  mouillés  font  des  voix  fimples,  ou  lî 
ce  font  des  articulations  qui  ne  puiifent  jamais  être  pro- 
noncées qu'avec  quelque  voyelle  qu'elles  modifient  , 
qu'elles  articulent,  qu'elles  mouillent.  On  verra  ,  pour 
peu  qu'on  veuille  faire  cette  obfcrvation  ,  ^uc  tout  foa 


O  R  T  $i 

"kiomllc  Cil  une  articulation ,  &  non  une  voix ,  Se  que. 
par  confcquent  les  caraileres  qui  repréfentent  les  Tons 
jnouillcs  font  de  vraies  confonues^  d'où  il  s'enfuit  que  y 
iTiOuillé  eft  une  confonne  ,  aufTi-bien  que  h ,/,  &c.  Ce-< 
pendant  le  même  caractère  n'en  ed  pas  moins  voyelle 
ailleurs.  Bien  plus  ,  dans  les  mots  mêm^s  où  il  devient 
confonne  ,  parcequ'il  y  repréfente  un  fon  mouillé  qui 
eft  une  articulation  ,  il  refte  encore  voyelle ,  parcequ'il 
ferc  à  y  repréfenter  une  voix  fimple. 

Un  feul  exemple  va  éclaircir  cette  remarque.  Dans 
Royaume  ,  l'y  entre  dans  la  première  &  la  féconde  fyU 
labe  5  dans  la  première  il  donne  à  ïo  le  fon  de  ouc.  S'il 
n'influoit  en  rien  fur  cette  fyllabe  ,  on  prononceroit  ro  ; 
ce  qui  ne  fe  fait  pas.  En  féparant  donc  les  fyliabes  de  ce 
mot ,  y  fera  dans  la  première  tranche  ,  Roy-aume.  Or 
cet  y  ne  fervant  qu'à  former  avec  Vo  la  diphthongue  e/^ 
eft  une  voyelle  ,  puifqu'il  n'y  a  que  les  voyelles  qui  fer- 
vent à  compofer  les  diphtliongues.  Mais  le  même  y  ferc 
a.  articuler  le  fon  au  ^  qui  forme  la  féconde  fyllabe  de 
Royaume ,  Roi-yau-me  ;  &  dans  cette  féconde  fyllabe  , 
il  eft  néceifairement  confonne.  Au  refte  cette  diftinc- 
tion,  quoique  réelle ,  utile  ,  &  fondée  ,  ne  nous  a  néan- 
moins pas  paru  exiger  que  l'on  diftinguât  dans  Tordre 
alphabétique  deux  y.  Il  eft  encore  un  autre  caradere,  k^ 
lequel  fouvent  n'eft  qu'un  figne  étymologique ,  qui  n'in- 
flue en  rien  fur  les  fons;  d'autrefois  il  ne  tient  lieu  que 
d'une  afpiration  5  &:  quelquefois  enfin  il  change  le  fon 
du  c ,  qui  miarchc  avant  :  les  uns  veulent  mettre  ce  ca- 
raderc  au  nombre  des  lettres  ;  d'autres  le  veulent  relé- 
guer parmi  les  accents.  Il  nous  femble  qu'il  eft  une  vé- 
ritable lettre  ,  &  une  vraie  confonne  ,  non-feulement 
parcequ'il  exprime  ,  conjointement  avec  le  c  ,  une  arti- 
culation gralfe  &  liffiante  ,  mais  auffi  parcequc  feul  iî 
peint  fouvent  une  afpiration  forte  ,  qui  n'eft  "point  ua 
fôn  par  elle-même  ^  &  qui  exige  néceifairement  en  con- 
fcquence  une  voyelle  q^u'cile  puilfe  modifier  &  arti- 
culer. 

Des  vingt-cinq  lettres  dont  nous  venons  de  parler, 
les  fix  premières  font  voyelles  ,  &  les  dix-neuf  autres 
confonnes  ;  &c  c'eft  des  différentes  combinaifons  des 
«nés  &  des  autras,  que  fortent  tous  les  figncs  du  nombre 


j8  O  R  T 

infini  âz  Tons  différents  cjui  coinpofcnt  les  mots  de  îa 
Langue  françoife.  Quand  nous  difons  au  refle  que  tel 
caraclcie  ou  telle  lettre  eft  voye/le  ou  conforme  ,  cela 
fîgnifie  qu'elle  eft  le  figne  ou  d'une  voix  lîmple  ,  ou 
d'une  articulation.  Mais  touvent  on  emploie  les  mêmes 
mots  voyelle  &  conforme  ,  pour  exprimer  les  idées  qu'ex- 
priment les  mots  voix  &  articulation.  Cela  ne  doit  pas 
ordinairement  eau  fer  d'erreurs  confidérables  ,  parceque 
le  fens  fait  toujours  aflez  fcntir  fi  l'on  parle  du  fon  fim- 
ple  ou  articulé  ,  ou  du  figne  qui  le  repréfente  à  nos  yeux. 
Mais  en  prenant  les  mots  voyelles  &  confonnes  pour  les 
mots  voix  &  articulation ,  il  arrive  que  l'on  trouve  bien 
plus  de  fix  voyelles  ,  puifque  nous  en  pouvons  compter 
au  moins  dix  nuit ,  &  qu'il  eft  des  Grammairiens  qui  en 
comptent  plus  de  vingt:  Cette  feule  obfervation  fait  déjà 
fentir  que  notre  orthographe  doit  avoir  de  grandes  dif- 
ficultés 5  mais  il  en  naît  de  beaucoup  d'autres  fources  : 
iiidiquons  fommairenient  les  principales. 

i*^.  Le  nombre  des  caracleres  n'égalant  pas  à  beau- 
coup près  celui  des  fons  fimples,  il  a  fallu  attacher  au 
même  caradere  l'effet  de  peindre  aux  yeux  des  fons  tout 
différens.  Tels  font  nos  trois  e  qu'un  même  caradere 
repréfente. 

z^.  Souvent  pour  des  raifons  d'analogie  ou  d'étymo- 
logie  ,  un  même  fon  s'exprime  par  différens  caraderes  ; 
tel  eil  le  fon  de  Ve  ouvert ,  qui  fe  marque  par  ê  dans 
tête  i  par  ais  dans  jamais  ,  par  ei  dans  peine  ,  &c.  Tel 
eft  le  fon  du  c ,  qui  s'écrit  par  un  c  dans  Ciceron  ,  par  j^ 
dans  commijfion  ,  par  t  dans  tranfition  ,  &c. 
;  '  3".  Dans  l'orthographe  des  mots  on  trouve  quantité 
de  lettres  qui  ne  font  point  dans  leur  prononciation  3  & 
cela  s'eft  fait,  foit  pour  diftinguer  les  genres  &  les  nom- 
bres dans  les  noms  ,  foit  pour  marquer  les  nombres  & 
les  peifonnes  dans  les  verbes ,  foit  enfin  par  érymolo- 
gie  &:  analogie  ,  ou  parceque  l'ufage  en  a  fait  une  loi. 
C'eft  ainfi  qu'on  (lzx'm  cruel  y  cruels  ,  cruelle  ^  cruelles  y 
pour  les  finguliers  &  pluriels  des  deux  genres  5  je  row- 
Lois  y  il  vouloit ,  ils  vouloient ,  ^c. 

4°.  Il  eft  un  très  grand  nombre  de  mots  où  une  même 
confonne  fe  redouble  :  autrefois  même  on  rcdoubloit 
aufli  les  voyelles  j  çç  qu'où  ne  fait  plus  aujourd'hui ,  is 


C  R  T  -       .39 

ce  n'eft  pour  y  ou  /,  quand  la  prononciaticn  Tcsige. 
Mais  il  cette  réduplicatioii  d'une  même  confonne  danS 
tine  fyllabe  ,  eft  quelquefois  nécelTaire  pour  une  pronon- 
ciation plus  exprelîive  ,  plus  articulante  ,  plus  forte-, 
combien  de  fois  aufli  ne  met-elle  aucune  différence  entre 
les  mots  où  elle  fe  trouve,  &  les  femblables  ou  elle 
n'eft  pas  î  Combien  de  mots  qui  renferment  une 
fyllabe  toute  pareille  à  celle  qui  fait  ailleurs  redoubler 
la  confonne.  Se  qui  néanmoins  fuivent  une  pratique 
contraire  ?  Enfin  les  régies  qu'on  nous  donne  à  luivre 
dans  cette  partie  de  notre  onliographe  j  font  quelque- 
fois contredites  par  de  graves  Auteurs  3  toujours  elles 
font  fujettes  à  ^cs  exceptions  fans  nombre ,  à  des  excep- 
tions qui  demanderoient  d'autres  règles  ,  ôz  pour  Icf- 
quelles  nous  n'en  avons  point. 

Ce  défaut  que  nous  reprochons  aux  règles  de  l'ortho- 
graphe françoife ,  n'efl:  pas  feulement  dans  celles  qui 
traitent  de  la  réduplication  des  lettres  ;  on  le  retrouve 
dans  prefque  toutes  les  règles  qui  ont  pour  objet  ou  de 
£xer  &  déterminer  toutes  ces  variations  de  fons  diffé- 
rents repréfentés  par  les  mêmes  caractères,  &  de  diffé- 
rents caraéleres  repréfentant  les  mêmes  fons  ,  ou  de 
marquer  les  bornes  précifes  que  l'ufage  a  prefcrites  à 
l'autorité  de  l'étymologic  Se  de  l'analogie  ,  ou  enfin  de 
régler  les  lettres  qui  étant  oifeufes  dans  la  prononcia- 
tion ,  fe  doivent  écrire  pour  marquer  les  nombres  ,  les 
genres  &  les  perfonnes. 

Sur  tous  ces  objets,  la  Langue  nous  offre  une  incon- 
ilance ,  ou  du  moins  des  oppofitions  ,  des  différences 
qui  étonnent  autant  qu'elles  embarralTent.  Souvent  on 
trouve  des  règles  contredites  par  d'autres  règles  ,  Se 
l'ufage  encore  contraire  en  bien  des  occafions  aux  unes 
&  aux  autres.  Ajoutez  à  toutes  ces  difficultés  celles  qui 
naiffent  des  différends  qui  partagent  les  Auteurs  fur  cette 
matière.  Les  uns  fuivent  avec  fcrupule  l'orthographe 
^u'on  appelle  ancienne  ;  les  autres  préfèrent  la  moi2'^r;2e/ 
quelques-uns  s'en  forment  une  particulière  Se  toute  neu- 
ve :  de  forte  que  fur  un  très  grand  nombre  de  points ,  on 
eft  partagé  entre  quatre  ou  cinq  méthodes  différentes. 

Sans  prétendre  terminer  toutes  les  difputes  des  Gram- 
mairiens fur  l'orthographe ,  nous  croyons  devoir  donner 


Cù  O  R  T 

Ici  un  coup  d'œil  fur  les  principales  raifons  qui  les  div^-a' 
Jfenc ,  &  établir  à  cet  égard  les  principes  que  nous  fuivons^ 

Le  premier  principe  que  tout  le  monde  admet  ,  ou 
doit  admettre,  c'eft  que  Tufagc  eft  feul  maître  de  lat 
langue,  &  qu'il  doit  égaJcment  décider  de  la  parole  & 
de  l'écriture.  Mais  il  faut  avoir  une  idée  nette  &  précife 
de  ce  que  l'on  appelle  ufage  ;  favoir  en  quoi  il  confifte  ^ 
&  de  qui  il  dépend.  Ufage  fe  dit  de  tout  ce  qui  eft  ulîté  , 
ou  le  plus  ufité  5  ainfi  la  manière  de  parler  ôc  d'écrire  la 
plus  uiuce  dans  une  Nation,  efl  ce  qu'on  appelle  zz/^z^^ 
de  la  Langue  de  cette  Nation.  Mai",  en  chaque  Nation  &: 
p  our  chaq  ue  Langue ,  il  y  a  ,  de  l'aveu  de  tout  le  monde, 
un  bon  &  un  mauvais  uîage.  Bien  plus  j  il  n'y  a  qu'un 
bon  ufage,  <Sc  il  y  en  a  mille  mauvais,  parcequ'il  n'y 
a  qu'une  façon  de  parlera  d'écrire  bien  une  Langue,  & 
^u'il  y  en  a  mille  de  l'écrire  &  de  la  parler  mal. 

Dans  les  points  fur  lefquels  il  y  a  divifion,  la  raifon 
«xige  que  l'on  s'en  rapporte  à  ceux  qui  font  plus  inf- 
îruits ,  plus  éclairés  fur  la  chofe  dont  il  s'agit,  &  qui  en 
2iiême-temps  font  en  plus  grand  nombre.  Les  gens  d'un 
rang  plus  élevé  ,  toutes  cliofes  d'ailleurs  étant  égales  , 
doivent  auHi  avoir  plus  d'autorité  que  les  autres  en  ce 
qui  concerne  la  Langue  parlée,  puifqu  ils  doivent  mieux 
fentir  les  agréments  du  langage ,  en  mieux  connoître  la 
perfedlion ,  en  mieux  faifir  le  génie,  en  mieux  fuivre  les 
loix  ,  foit  à  raifon  de  leur  éducation  ,  qui  eft  ordinaire- 
ment plus  parfaite  ,  foit  à  caufe  des  fociéués  plus  polies 
qu'ils  ont  toujours  fréquentées.  Ainfi  l'ufagc  pour  la 
Langue  parlée  confifte  inoins  dans  la  pratique  du  gros 
de  la  Nation  que  dans  celle  des  gens  inftruits  &  bien  éle- 
vés. Si  ces  derniers  font  partagés  &  fuivcnt  des  méthodes 
diueréntcs  ,  ceux  qui  font  attachés  ou  lixés  à  la  Ville  , 
où  il  y  a  plus  d'étude  &  plus  de  gens  de  diftinélion  ,  doi- 
vent 1  emporter  fur  ceux  qui  ont  eu  moins  de  fecours. 

Mais  s'il  s'agit  de  la  langue  écrite ,  ce  ne  fera  fluS 
d'après  ceux  qui  la  parlent,  mais  d'après  ceux  qui  l'écri- 
vent ,  qu'il  faudra  fc  régler  :  or  il  y  a  parmi  les  Auteurs 
les  mêmes  divifîons  à  faire  que  parmi  les  habitans  d'un 
pays  ;  les  uns  font  peuple  ;  les  autres  méritent  plus  ou 
iiïuins  de  confidération.  Ceux  qui  écrivent  fur  la  lan- 
gue ,  devant  l'avoir  étudiée  plus  à  fonds  ,  doivent  avoir 

1q 


O  R  T  ^i 

le  premier  rang.  S'il  eft  entr'eux  un  corps  particulière- 
ment confacré  à  cette  étude  ,  fon  autorité  fera  plus 
grande  encore.  Les  livres  qui  traitent  des  fujets  de  litté- 
rature ,  &  les  ouvrages  qui  ont  la  réputation  d'être  écrits 
avec  foin  pour  ce  qui  concerne  le  langage  ,  viendront 
après.  Mais  il  y  a  une  foule  d'Auteurs  eilimés  pour  leurs 
ouvrages,  qui  cependant  font  prefque  fans  crédit  pour 
cette  partie ,  parceque  les  fciences  &  les  matières  qu'ils 
ont  traitées  n'ont  point  de  rapport  à  la  langue  ,  ou 
que  leur  réputation  à  cet  égard  n'efl  pas  aflez  bien  éta- 
blie. Un  homme  peut  être  un  favant  ,  un  génie ,  ua 
grand  homme ,  Se  cependant  ne  pas  favoir  fa  langue 
autant  que  bien  d'autres  d'un  mérite  au-defloiis  du  fîené. 
Dans  les  langues  mortes  on  choifît  les  Auteurs  du 
fiecle  qui  eft  réputé  le  plus  éclairé  ;  &  pour  les  lan- 
gues vivantes  ,  on  fe  fixe  à  ceux  du  Cicch  oii  l'on  vit. 

L'autorité  de  l'ufage  étant  reconnue  ,  &  fon  idée  bien 
fixée  5  il  femble  que  tous  les  fujets  de  difpure  ou  de 
doute  fur  la  langue  doivent  être  décidés  fans  peine.  Ce- 
pendant ,  il  y  a  quelquefois  des  opinions  oppofées  qui 
partagent  tellement  ceux  fur  le  fentiment  defquels  les 
autres  doivent  fe  régler  ;  les  Auteurs  de  l'un  &  de  l'au- 
tre parti  pofent  des  principes  qui  paroiilent  fi  vrais  &  fi 
jufles,  qu'on  ne  fait  plus  de  quel  côté  fe  ranger.  C'efl 
ce  qui  arrive  aujourd'hui  pour  notre  ancienne  ortho- 
graphe ,  c*eft-à-dire  ,  telle  qu'elle  étoit  il  y  a  un  fiecle  ^ 
&  la  nouvelle  ,  telle  qu'on  la  voit  dans  un  grand  nom- 
bre d'écrits  de  nos  jours.  Celle-ci  s'applique  fur-tout  à 
retrancher  les  lettres  doubles  qui  ne  le  prononcent  pas^ 
&  quantité  d'autres  lettres  qui  ne  fe  prononcent  jamais 
quoique  fimples  ;  elle  confifte  à  écrire  ,  par  exemple  j 
les  homes  j  le  tems  y  apeUr  ,  étoner  ^  perfone  ^  ataquer  , 
&c.  au  lieu  de  ,  les  hommes  ,  le  temps  ,  appeller ^  éton- 
ner ^  perjbnne  j  attaquer ^  8cc.  quelques-uns  même  veu- 
lent qu'on  écrive  , /ûv^i^  OMJ' aves  ,  français  oûfran^ 
ces  ,  pour  ,  j avais  ,  français  ,  &c.  Si  cette  orthographe 
avoit  pour  elle  le  plus  grand  nombre  des  fuffrages  ,  il 
n'y  auroit  pas  à  balancer  ,  parcequ'alors  l'autorité  de 
l'ufage  termineroit  le  différend.  Mais  on  voir  encore  au 
moins  la  moitié  des  Ecrivains  garder  l'ancienne  métho-. 
de  fur  la  plupart  des  articles  litigieux. 

Tome  11.  S 


Ci  O  R  T 

Les  partifans  de  la  nouvelle  orthographe ,  &  entr'att- 
tres  l'Auteur  de  l'ouvrage  intitulé  :  Equivoques  &  Bi[ar-~ 
reries  de  l'orthographe  francoife  ^  foutiennent  que  l'on 
doit  écrire  comme  on  parle  5  que  c'eft  un  fervice  à  ren- 
dre a  notre  langue,  que  de  la  .débarrailer  de  toutes  les 
lettres  inutiles  qui  la  furchargent ,  &  de  toutes  ces  ex- 
prelîions  différentes  des  mêmes  Tons,  qui  l'embarrallent. 
Leurs  adverfaires  objedent  d'un  autre  côté  les  avanta- 
ges de  l'étymologie  que  la  nouvelle  méthode  fait  dif- 
paroître  dans  notre  écriture. 

S'il  nous  cil  permis  de  dire  ce  que  nous  penfons  fur 
ces  principes,  nous  ferons  obfcrver  ,  d'après  le  Père 
Buiîier,  qu'à  la  vérité  certaines  langues  ont  une  ortho- 
graphe beaucoup  plus  embarraffée  &  plus  difficile  que 
d'autres  ;  que  fi  l'on  avoir  précifément  autant  de  carac- 
tères divers  dans  l'écriture  que  de  fons  diflérens  dans  la 
prononciation,  enforte  que  chaque  caradlere  particulier 
défignât  toujours  le  même  fon  particulier  ,  l'orthogra- 
phe en  feroit  beaucoup  plus  commode  &,  ce  f<jmule  , 
plus  naturelle.  Nous  ajouterons  même  avec  M.  Ducios, 
qu'il  feroit  avantageux  non-feulement  que  chaque  fon 
eût  fon  caradere  3  mais  que  celui-ci  ne  pût  jamais  être 
employé  que  pour  le  (on  auquel  il  auroit  été  defliné  , 
&  que  jamais  il  ne  le  fût  inutilement  3  qu'il  efc  proba- 
ble que  tel  fut  l'état  de  l'orthographe  ,  à  l'invention  de 
l'écriture,  lorfqu'un  génie  heureux  &  profond  fentitque 
le  difcours  ,  quelque  varié  &  quelque  étendu  qu'il  fût 
pour  les  idées  ,  n'étoit  pourtant  compofé  que  d'un  alfez 
petit  nombre  de  fons  3  &  qu'il  ne  s'agiffoit  que  d'aflî- 
gner  à  chacun  un  caradere  repréfentatif.  Il  eft  proba- 
ble qu'alors  l'alphabet  fut  complet ,  &  que  û  l'on  n'in- 
venta pas  plus  de  caractères  ,  c'elt  parceque  les  fons  de 
la  langue  de  ce  génie  fupéneur  n'en  exigcoienc  pas  da- 
vantage 5  puifqu'après  le  coup  de  génie  qui  lui  fit  con- 
cevoir que  les  fons  d'une  langue  pou  voient  fc  décompo- 
fer  &  fe  peindre  par  des  figures  de  convention  ,  il  ne 
lui  en  coiitoit  qu'un  peu  d'aticnrion  pour  égaler  le  nom- 
bre de  celles-ci  au  nombre  de  ceux-H  Mais  cette  ortho- 
graphe qui  avoir  été  parfaite  à  fa  naidance,  commen- 
ça à  s'altérer  ,  lorfquc  pour  des  fons  nouvellement  ap- 
perçus  3  ou  nouvçllemem  ajoutés  aux  anciens ,  on  fîc 


o  R  r  o 

4es  combinaiCons  des  caractères  connus ,  au  lieu  d'eil 
inftituer  de  nouveaux  j  le  mal  empira  ,  &  il  n'y  eut  plus 
rien  de  fixe  ,  lorftiu'on  fie  des  combinaifons  inuciks  & 
par  conféquent  vicieufcs  ,  poi/r  des  Tons  qui  avoient 
dejk  leurs  caradeies  propres  établis  ,  &  lorfqu'on  em- 
ploya ces  caradercs  &  ces  combinaifons  dans  des  mots 
où  la  prononciation  n'indique  aucun  des  fons  qu'iis  j^eu^ 
vent  repréfenter  ;  c'eft:  cette  corruption  de  l'orthcgra- 
phe  i  ajoute  M.  Duclos  ,  qui  rend  aujourd'hui  l'art  de 
la.  lecture  fi  difficile,  que  l'on  peut  dire  :  quiconque  faic 
lire  ,  fait  le  plus  difficile  de  tous  les  arts. 

Mais  fi  tous  les  aveux  que  nous  faifons  ici  ,  nous 
font  fouhaiter  d'avoir  une  orthographe  moins  embar- 
rafiee,  plus  fimple ,  plus  uniforme  que  la  nôci'e;  noua 
ne  croyons  pas  pour  cela  qu'il  Toit  permis  à  chacun 
d'en  établir  une  à  Ton  gré  j  quelque  grands  que  les  avan- 
tages en  paroiiîent  être.  Nous  trouvons  au  contraire 
qu'on  fait  en  cette  occafion  un  très  grand  abus  de  cette 
maxime  dont  on  veut  fe  prévaloir  ,  qui/  faut  écrire 
comme  onparle.  Car  qu'eft-ce  qu'écrire  comme  on  parle, 
fînon  peindre  les  fons  que  l'on  prononce ,  par  les  let* 
très  que  l'ufage  a  deftinés  à  cette  peinture  ?  Or  Ç\  l'ufage  ' 
a  deftiné ,  par  exemple  ,  les  lettres  ain  pour  écrire  le 
fon  ain  dans  certain  y  ein  pour  le  même  fon  dans  dejfein^ 
aim  ipomfaim  ,  &  în  ^our  fin  ,  peut -on  dire  qu'on  em- 
ploie les  caraderes  marqués  par  l'ufage  ,  fi  on  détruit  , 
ou  Cl  l'on  renverfe  l'orthographe  reçue  de  ces  mots  dif^ 
férents  ? 

Les  lettres  Tont  d'elles-mêmes  indifférentes  pour  tous 
les  Tons  ;  elles  n'en  peuvent  indiquer  qu'autant  que  l'u- 
fage l'ordonne,  &  que  comme  lui-même  l'a  réglé. 
Quand  donc  cet  ufage  a  une  fois  décidé  qu'un  mot 
devoit  s'écrire  d'une  façon  ,  qu'un  fon  dans  telles  cir- 
conftances  ou  dans  te!  mot  prendroit  tels  caradleres  ;  on 
ne  peut  en  employer  d'autres ,  fans  embarraffer  tous  les 
ledeurs  ,  fans  manquer  à  l'ufage  ,  &  fans  ccfTer  d'écrire 
comme  on  parle.  Ce  principe  elTentiel  à  l'orthographe 
déroute  langue  ,  fera  facile  à  faifir  à  quiconque  vou- 
dra réfléchir  fur  ce  que  les  lettres  n'ont  de  rapport  aux 
fons,  que  comme  les  fons  en  ont  aux  idées,  c'eft-à- 
dire  ,  qu'autant  que  l'ufage  l'ordonne.  De-là  il  s'enfuie 

Eij 


6^  D  R  T 

que  fi  pâi-  la  fuite  l'ufage  admettoit  une  orthographe 
plus  fimple  &  plus  aifée  que  la  nôtre  3  ce  feroit  un  bien, 
un  avantage  réel  j  mais  que  jufqu'à  ce  qu'il  faiTe  une 
loi  de  ce  mieux  que  nous  fouhaitons  ,  il  ne  nous  eft  pas 
permis  d'en  fuivre  la  méthode  5  que  du  moins  ceux 
qui  le  font  ,  font  précifément  à  l'égard  des  autres  , 
comme  fi  l'on  vouloit  parler  à  im  homme  une  langue 
qu'il  n'entend  point ,  fous  prétexte  qu'elle  eft  plus  par- 
faite que  celle  qu'il  entend.  Il  peut  arriver  par  la  fuite 
qu'ils  réufiilfent  à  faire  pencher  la  balance  de  leur  côté, 
êc  qu'ils  failenc  recevoir  leur  orthographe  ;  fi  cela  arri- 
ve ,  ils  auront  rendu  à  la  langue  &  à  la  nation  un  fer- 
vice  proportionné  aux  avantages  de  leur  orthographe 
lur  l'ancienne.  Mais  ils  ne  s'expofent  pas  moins  à  la 
critique  ,  &  à  toutes  les  fuites  d'une  démarche  hardie 
qui  peut  n'avoir  pas  le  fuccès  qu'ils  en  attendent. 

On  le  voit,  nous  n'oppofons  que  la  loi  de  l'ufage  à 
ceux  qui  s'écartent  de  l'orthographe  reçue  j  c'eft  que 
nous  n'en  connoifions  pas  d'autre.  Nous  ofons  l'avouer 
ici ,  &  nous  le  faifons  fentir  en  bien  d'autres  endroits  , 
nous  fommes  peu  touchés  de  tout  ce  qu'on  dit  en  fa- 
veur de  l'étymologie  ,  qui  eft  cependant  le  grand  ap- 
pui des  pariifans  de  l'ancienne  orthographe.  Nous  fem- 
mes à  l'égard  de  notre  langue ,  à-peu-près  comme  fi 
elle  ne  venoit  d'aucune  autte  ,  que  nous  en  euflions 
nous-mêmes  inventé  tous  les  mots  ,  &  que  nous  leur 
cufTions  librement  attaché  l'idée  qui  leur  convient  félon 
notre  ufage.  Que  m'importe  que  l'écriture  de  tel  mot 
nie  falfe  connoitre  qu'il  vient  du  grec  ou  du  latin  ,  fi 
d'ailleurs  j'en  connois  bien  la  fignification  ?  Et  fi  je  ne 
la  connois  pas  ,  n'eft-il  pas  plus  facile  ,  plus  naturel  , 
&  plus  court ,  de  la  chercher  dans  l'ufage  que  dans  une 
langue  étrangère  ?  Ceux  qui  veulent  tout  facrifier  à 
cette  étymologie  ,  font  femblables  à  un  homme  qui 
prétcndroit  que  nous  devons  nous  habiller  à  la  Phry- 
gienne ,  parct-que  ,  dit-on  ,  nous  defcendons  d'une  Co- 
lonie des  Troyens.  Pourquoi  cmbarrallcr  la  langue  de 
tout  cet  attirail  étraiigcr  ?  l^ourquoi  la  défigurer  par  ces 
traits  qui  ne  font  pas  les  ficns  î  Nous  ne  devons  cher- 
cher qu'à  nous  faciliter  l'ufage  de  nos  mots  ,  quelqu'cn 
foit  l'origine  ,  &  cela  autant  que  l'ufage  le  permet  5 


O  R  T  <?5 

~  comme  nous  ne  devons  nous  habiller  que  félon  notre 
goût  &  notre  commodité  ,  autant  que  la  mode  reçue  le 
roufFre. 

D'ailleurs  combien  n'avons-nous  pas  de  mots  qui 
nous  viennent,  des  Grecs  Se  des  Latins  ,  &  auxquels 
nous  attachons  une  idée  toute  différente  de  celle  qu'ils 
y  attachoient  ?  Qu'on  en  juge  par  le  feul  mot  indifférent. 
Quand  vous  faurez  qu'il  vient  de  l'adjedif  latui  ,  in- 
différens  y  &  que  vous  aurez  bien  examiné  ,  bien  recher- 
ché ce  que  ce  dernier  {îgniiîoit  dans  la  bonne  latinité  j 
quel  fera  le  fruit  de  vos  peines  î  une  idée  faulTe.  Vous 
trouYGYcz  ç^uc  indifférens  i  lignifie  une  chofe  qui  n'eft 
pas  différente  d'une  autre  ^  qui  lui  eft  égale  &  relfem- 

^^blante  ;  tandis  que  y  indifférent  fe  dit  d'une  perfonnc 
■qui  n'anifouhait  ni  crainte  d'une  chofe  ,  qui  n'a  pour 
cette  chofe  ni  défir  ni  répugnance  ,  ni  amour  ,  ni  hai- 
ne ;  ou  bien  d'une  chofe  qui  ne  nous  infpire  pas  plus 
l'un  que  l'autre  de  ces  fentimens  oppofés.  Ainli  en  ju- 
geant de  celui-ci  par  celui-là ,  vous  ne  nous  entendrez; 
plus  ,  &  ne  vous  ferez  plus  entendre.  .        ; 

Autre  difficulté  contre  l'étymologie  ;  cambien  n'a- 
vons-nôus  pas  de  mots  où  l'on  a  négligé  de  rindiquer 
par  l'orthographe  ?  Et  comment  pourrai-je  diftinguer 
ceux-là  des  autres  ?  Si  je  dois  chercher  la  fignificatioa 
d'un  mat  dans  les  autres  mots  ,  foit  de  notre  langue  ^• 
foit  des  langues  étrangères  dont  il  me  paroîtra  dérivé 
félon  fon  orthographe  i  combien  ne,ferai-je  pas  de  faux 
pas  &  de  découvertes  erronnées  î  Je  vois  le,  mot  prifer 
écrit  par  un  /,  &  non  par  un  x  -,  de  rempli  de  ce  prin- 
cipe que  c'eft  aux  mots  d'où  celui-ci  eft  tiré  ,  à  m'en 
indiquer  la  véritable  lignification  ;  je  cherche  d'où  peut. 
y tnn prifer.  Or  félon  les  règles  de  la  formation  mutuelle: 
des  noms  &  des  verbes  j  je  ne  trouve  point  de  moc 
d-'où  il  vienne  plus  probablement  que  de  l'adjeélif^pri^  ^ 
prife  :  prifer  y  Çi^^ni^Qï a.  donc  la  même  chofe  que  jor^/z- 
dre  ?  Si  l'on  veut  tant  reclamer  l'étymologie  ,  fi  l'on 
veut  tant  compter  fur  elle  ,  que  n'écrit-on  prixer  ^  pour 
me  faire  entendre  que  ce  verbe  vient  du  fubftanti fjp/'/Ar  ? 
Combien  la  langue  ne  fournit-elle  pas  d'autres  exem- 
ples des  erreurs  ou  l'attention  à  l'étymologie  feroic. 

Eii; 


C<^  O  R  T 

tomber  à  chaque  inftant.  L'ancienne  orthographe  fe- 
roit  donc  fort  mal  défendue  j  fi  l'on  n'avoit  que  Té- 
tvmologie  à  oppofer  aux  inventeurs  de  nouvelles  mé- 
thodes. 

Tout  ce  que  nous  avons  prétendu  prouver  par  ce  dé- 
tail ,  c'eft  qu'ici  il  n'y  a  absolument  que  l'ufage  à  con* 
fiilter  ;  c'eft  que  l'orthographe  du  fiecle  pall'é  fera  vi- 
cieufc,  dès  l'inftant  où  elle  n'aura  plus  pour  elie  le  grand 
nombre  des  Auteurs  de  nos  jours  ;  c'eft  que  toute  nou- 
velle orthographe  dansune  langue  vivante  fera  la  feule 
bonne  aufli-tôt  qu'elle  fera  celle  de  la  plupart  des  EcrU 
vains  du  temps  i  &  que  fans  cela  ,  elle  ne  pourra  jamais 
paffer  en  loi  j  c'eft  qu'enfin  dans  cet  ouvrage  ,  nous  n'a- 
vons cherché  qu  à  fuivre  le  plus  grand  ufage  5  &  que  lî 
nous  alléguons  quelquefois  des  raifons  d'étymologie  , 
c'eft:  bien  moins  pour  faire  compter  fur  elle  ,  &  la  faire 
regarder  comme  un  principe  gérerai  ,  que  pour  en  faire 
voir  l'influence  réelle  en  quelques  cas  particuliers ,  pour 
en  citer  quelques  exemples  ,  &  pour  indiquer  le  grand 
motif,  qui  quoique  mal  fondé,  a  néanmoins  déterminé 
dans  le  fait  la  plupart  des  Auteurs  à  faire  palier  ,  ou  à 
maintenir  en  ufage  l'orthographe  a(5tuelle  de  certains 
mots. 

Nous  ne  pouvons  donner  ici  aucune  règle  d'ortho- 
graphe françoife  ;  parceque  npus  en  avons  fort  pea 
•qui  méritent  le  nom  de  règles,  &  qu'on  les  trouvera  aux 
articles ,  conjugaifon  ,  fubfiandfs  ^  adjedifs  j  pronoms  , 
&c,  dont  elles  fixent  \zs  terminaifons  mafculines  &  fé- 
minines ,  fingulieres  &  plurieles.  Les  autres  font  bien 
moins  des  règles  que  des  obfervations  particulières  fur 
les  lettres vauffi  les  avons-nous  développées,  auxmots, 
'Voyelles  y  conformes  ,  diphthongues  ,  Jyllabes  ,  prononcia- 
tion ,011  nous  renvoyons  le  leâ-eur  pour  favoir  comment 
il  faut  écrire  les  fyllabes  -qui  fe  trouvent  dans  un  mot. 
Nous  y  avons  marqué  à  chaque  lettre  (  autant  du  moins 
que  nous  l'avons  pu  )  en  quelles  circonftances  ,  un  fon 
qui  peut  fe  rcpréfentcr  par  plufieurs  caractères,  prend 
l'un  plutôt  que  l'autre  5  en  quels  mots  on  écrit  la  lettre 
dont  on  traite,  quoiqu'elle  ne  fe  fente  point  dans  la  pro- 
nonciation 5  &  eafia  quand  elle  doit  ou  ne  doit  pas  fq. 


ou  OUI  Cf 

redoubler  félon  l'ufage  que  nous  avons  ctu  le  plus  gé- 
néral. 

OU  ,  ainiï  accentué  ou  j  eft  un  des  pronoms  relatifs  : 
voye^  cet  article  au  mot  Pronoms. 

Ou  fans  accent  eft  une  des  conjonéiions  alternatives  i 
'Voyé:(  Conjonctions. 

OUA  ,  eft  une  des  diphtongues  :  voye:^  Diphton- 
cuF.s  (S* Prononciation, 

OUAIS  ,  eft  une  des  particules  exclamatives  :  voye:^ 
Particules  ,  Construction. 

OUET  ,  eft  une  des  diphtongues  :  voyei  Diphton- 
gues 6*  Prononciation. 

OUF ,  eft  une  des  particules  exclamatives  :  voye^ 
Particules  ,  Construction. 

OUI ,  eft  une  des  diphtongues  ;  voye:^  Diphtongues 
6*  Prononciation. 

OUI ,  eft  une  des  particules  afTertives  :  voj!?:^;. Par- 
ticules. 

OUIN  ,  eft  une  des  diphtongues  :  voye:^  Diphton- 
gues 6*  Prononciation. 

ouïr.  Verbe  adif,  irrégulier,  &  défedif  de  la  fé- 
conde conjugaifon;il  exprime  cette  attention  que  prête 
l'ame  lorfqu'elle  eft  frappée  par  l'organe  de  l'oreille  : 
jére^-vous  oui  ce  dntamare  ?  Onir  fignifîe  quelquefois 
écouter  favorablement  ,  entendre  favorablement.  Le 
Seigneur  a  oui  les  prières  de  fan  -peuple.  Ce  verbe  eft  affez 
ufîré  dans  le  ftyle  de  pratique  ;  les  témoins  ,  les  par^ 
ties  ont  été  ouies.  Il  £/?  ajjigné  pour  être  oui. 

Le  participe  paiTé  paflif  ow/  devient  quelquefois  par- 
ticule affirmative  quand  on  répond  ,  oui  y  c'eft-à-dire  , 
cela  eji  oui  :  entendu.  Il  eft  fubftantif  dans  la  phiafe  fui- 
vante.  Il  neft  jamais  fort  i  un  oui  de  fa  bouche. 

Indicatif.  Prétérit.  J'ouis  ,  tu  ouis  ,  il  ouit  ;  nous 
ouïmes  j  vous  ouïtes  ,  ils  ouirent.  Prétérit  indéfini.  J'ai 
oui  ,  tu  as  oui ,  &c.  Prétérit  antérieur.  J'eus  oui  ,  &c. 
Plufqueparfait.  J'avois  oui.  Futur  paffé.  J'aurai  oui. 
Conditionnel pajfé.  J'aurois  ou  j'euiTe  oui ,  &c.  Subtonc- 
TiF.  Imparfait.  Que  j'ouiiTe  ,  que  tu  ouiffés  ,  qu'il  ouït; 
que  nous  ouiffions  ,  que  vous  ouiffiez  ,  qu'ils  ouiffent. 
Prétérit.  Que  j'aie  oui ,  &c.  Plufqueparfait.  Que  j'euffe 
oui.  Infinitif  préfent,  Ouir,  Prétérit,  Avoir  oui.  Participe 

Eiv 


^l  O  U  L 

acîif.  Oyant.  P^j^f.  Ayant  oui,  Participe  pajpfpajfê.  Oui, 
ouie. 

L'on  formera  les  perfonncs  que  nous  n'avons  pas  in- 
dique'es  dans  les  tems  compofés ,  fuivant  les  règles  or- 
dinaires. 

On  difoit  autrefois  au  préfent  de  l'indicatif.  Nous 
oyons  ,  vous  oyez  ,  ils  oient.  A  l'imparfait  ^  j'oyois  ,  ta 
oyois  ,  il  oyoit  ;  nous  oyions  ,  vous  oyiez  ,  ils  oyoient. 
Au  futur  j  j'oirai ,  tu  oiras  ,  il  cira  j  nous  oirons  ,  vous 
oirez  ,  ils  oiront.  Au  participe  aciif  préfent  ^  oyant,  Vré-^ 
fent  du  fubjorMif  y  que  j'oie  ,  ^c.  mais  ces  tems  ne  font 
plus  en  ufage. 

M.  de  Voltaire  ,  à  i'occafîon  de  ce  vers  de  Corneille 
dans  le  Menteur  : 

Quand  je  vous  oy  parler  de  guerre  &  de  concerts. 

fait  la  remarque  fuivante.  33  Je  vous  oy  ne  fe  dit  plus  5 
S3  pourquoi?  Cette  diphtongue  n'eft-clle  pas  fonore  ? 
53  Foi  y  loi  ,  croi  ,  bai  j  révoltent-  ils  l'oreille  ?  Pourquoi 
»3  l'infinitif  oz//reft-il  refté  ,  &  le  préfent  eft-il  profcrit? 
S3  La  fyntaxe  eft  toujours  fondée  fur  la  raifon  ;  l'ufage 
53  &  l'abolition  des  mots  dépendent  quelquefois  du  ca- 
33  pnce  ;  mais  on  peut  dire  que  cet  ufage  tend  toujours  à 
33  la  douceur  de  la  prononciation  :  je  ioy  j  foy  efl  fec 
33  &  rade  ;  on  s'en  eft  défait  infenfiblemcnt. 

Nous  croyons  devoir  obferver  que  Racine  a  confervç 
puï  dans  ce  vers  de  la  Tragédie  de  Bérénice  5 

Et  n'as-tu  pas  encore  ouï  la  renommée. 

iriais  ce  mot  y  eft  employé  de  manière  qu'il  n'a  rien  de 
ilur  pour  l'oreille. 
Sur  cet  autre  vers  de  Corneille  dans  PolyeuHe  : 

Oyez  Félix  ,  dit-il ,  oyez  peuple ,  oyez  tous.  ' 

M.  de  Voltaire  dit  encore  :  33  Oye7[  n'eft  plus  employé 
33  qu'au  Barreau.  On  a  confervé  ce  mot  en  Angleterre, 
33  Les  HuifTiçrs  difcnt  ois  fans  favoir  ce  qu'ils  difenr. 
33  Nous  n'avons  gardé  de  ce  verbe  que  l'infinitif  ouir  ; 
33  &:  nous  difions  autrefois  oyer.  Les  fcffions  de  l'échi- 
?î  cjuiex  dç  Normandie  s'appelaient  oyer  6'  tçrmimro:,. 


O  U  T  O  U  V  <^9 

OUTRE,  eft  une  des  prépofîtions  fimples  *.  voye^ 
Prépositions. 

OUVRIR.  Verbe  a^if ,  &  irrégulier  ,  de  la  féconde 
conjugaifon.  Ouvrir  c'efl  donner  palTage  ,  iflue  j  c'effc 
inetfre  au  jour  ,  en  liberté.  Le  Gouverneur  ma  fait  ou- 
vrir le  Port.  Le  Chirurgien  a  ouvert  l'abcès.  Le  Con- 
cierge a  ordre  d'ouvrir  aux  prifonniers.  Ouvre^  la  cage  à. 
t  Gif  eau. 

On  dit  âu  figuré  ,  ouvrir  la  porte  aux  abus.  Ouvrir 
lefprit  a  quelqu'un,  Ceji  M.  un  tel  qui  a  ouvert  le  meil- 
leur avis.  Ouvrir  fon  cœurafon  ami. 

Ouvrir  s'emploie  d'une  manière  abfolue  dans  cette 
façon  de  parler.  J'ai  dit  a  mes  gens  d'ouvrir. 

Participe  pré  Cent  aBif  ;  ouvrant  indéclinable. 

Participe  pajfépajjtf;  ouvert ,  ouverte. 

Indicatif.  Préfent.  J'ouvre,,  tu  ouvres,  il  ouvre  ; 
nous  ouvrons  ,  vous  ouvrez  ,  ils  ouvrent.  Imparfait, 
J'ouvrois  ,  &c.  Prétérit.  J'ouvris  ,  tu  ouvris ,  Sec.  Futur. 
J'ouvrirai  ,  &c.  Conditionnel  préfent.  J'ouvrirois ,  &c. 
Impératif.  Ouvre,  qu'il  ouvre;  ouvrons,  &c.  Sub- 
jonctif. Préfent.  Que  j'ouvre,  que  tu  ouvres,  qu'il  ou- 
vre; que  nous  ouvrions  ,  que  vous  ouvriez  ,  qu'ils  ou- 
yrent.  Imparfait,  Que  j'ouvrilTe.  Les  tems  comporés 
font  régulierSo 


10 


P  PAR 

y  oa  PE  ,  efl:  une  des  con Tonnes  de  l'alphabet  ;  voyc^^ 
Althabet  ,  Consonnes  ô*  Prononciation. 

PAITRE.  Verbe  adif  &  neutre,  défeàif,  de  la  qua- 
trième conjugaifon  ,  quatrième  différence.  Il  vient  du 
verbe  latin  pafcere  ,  qui  fîgnifîe  manger  l'herbe  des 
champs  fur  fa  racine  ;  il  ne  fe  dit  que  des  animaux.  Les 
moutons  paijfent  l'herbe  tranquillement  fous  la  garde  des 
chiens  6*  du  Berger.  Au  retour  du  Printems  on  envoie 
les  moutons  paître.  Il  eft  neutre  dans  cette  dernière 
phrafe. 

Paître  fe  dit  au  figuré  ,  ou  en  parlant  de  quelqu'un 
qu'on  méprife  &  qu'on  range  au  nombre  des  bêtes  ,  en 
difant  qu'il  faut  l'envoyer  pakre  ,  ou  en  parlant  d'un 
Curé  dont  on  vante  le  foin  qu'il  a  de  Tes  Paroi/Sens  5 
on  dit  qu'il  a  bien  foin  de  paître  fcs  ouailles^ 

Ce  verbe  n'a  point  de  prétérit,  ni  parconféquent  d'im- 
parfait du  fubjondif.  Il  n'a  point  d'impératif  non  plus, 
ni  de  participe  pafle,  par  conféquent  point  de  tems 
compofés.  Pour  les  autres  temps ,  voye:^  le  mot  Conju- 
gaison ,  QUATRIEME  CONJUGAISON  ,  QUATRIEME 
DIFFÉRENCE. 

PAR  ,  ell  une  des  prépofîtions /impies  :  voye^  Prépo- 
sitions. 

PARALLELE ,  figure  de  Rhétorique  propre  à  orner 
le  difcours.  C'efl:  une  comparaifon  que  l'on  fait  de  deux 
objets ,  en  les  rapprochant  l'un  de  l'autre  ,  pour  mieux 
faire  fentir  leur  valeur  relative  ,  leurs  rapports  ,  leurs 
oppofitions ,  &  même  leurs  contrariétés  :  en  voici  un 
très  bel  exemple. 

Varallele  de  Charles  XII ,  Roi  de  Suéde  ,  &  du  Ciar 
Pierre  Alexiowit^  ^  par  M.  de  Voltaire. 

55  Ce  fut  le  8  Juillet  de  l'année  1709  que  fe  donna 
i3  la  bataille  décifive  de  Pultava  ,  entre  les  deux  plus 
33  célèbres  Monarques  qui  fulfent  alors  dans  le  monde. 
w  Charles  XII ,  iliuftre  par  neuf  années  de  vidoires  , 


PAR  71 

^^  Pierre  Alexiowitz  par  neuf  années  de  peines  prifès 
33  pour  former  des  troupes  égales  aux  troupes  Suédoi- 
»  Ces  :  l'un  glorieux  d'avoir  donné  des  Etats  j  l'autre  d'a- 
33  voir  civilifé  lesfiens  :  Charles  aimant  les  dangers,  & 
33  ne  combattant  que  pour  la  gloire  ;  Alexiowitz  ne 
33  fuyant  point  les  périls  ,  &  ne  faifant  la  guerre  que 
33  pour  fes  intérêts  :  le  Monarque  Suédois  libéral  par 
33  grandeur  d'ame  5  le  Mofcovite  ne  donnant  jamais  que 
33  par  quelque  vue  :  celui-là  d'une  fobriété  &  d'une  con- 
33  tinence  fans  exemple ,  d'un  naturel  magnanime,  & 
33  qui  n'avoit  été  barbare  qu'une  fois  ;  celui-ci  n'ayant 
33  pas  dépouillé  la  rude/Te  de  fon  éducation  &  de  fon 
3^  pays  ,  aulfi  terrible  à  fes  fujets  qu'admirable  aux 
33  étrangers  ,  &  trop  adonné  à  des  excès  qui  ont  même 
33  abrégé  fes  jours.  Charles  avoir  le  titre  d'invincible 
33  qu'un  moment  pouvoit  lui  orer  3  les  Nations  avoienc 
33  déjà  donné  à  Pierre  Alexiowitz  le  nom  de  Grand  , 
33  qu'une  défaite  ne  pouvoit  lui  faire  perdre  ,  parcequ'il 
33  ne  le  devoir  pas  à  des  vidoires33. 

PARCEQUE  ,  eft  une  des  conjonâ:ions  motivales  ; 
voye^  Conjonctions. 

PARCONSÉQUENT  ,  eft  une  des  conjondions  con- 
clufîves  :  voyf^  Conjonctions. 

PARCOURIR.  Verbe  adif ,  irrégulier  ,  de  la  fécon- 
de conjugaifon  ,  compofé  de  courir  ^  fur  lequel  il  fe  con- 
jugue ,&  de  la  prépofitionp^r:,  dérivée  du  latin  ;7fr,  qui 
iîgnifîe  û.  travers  y  d'un  bout  a  l'autre.  Parcourir ,  c'eft 
donc  courir  à  travers  une  certaine  étendue,  &:  d'un  bout 
à  l'autre.  On  Ait  parcourir  les  bois  ,  les  villes  ;  &  dans  le 
figmé  parcourir  une  brochure  j  c'eil-à-dirc  ,  y  jetter  les 
yeux  légèrement  depuis  le  commencement  jtifqu'à  la  fin  : 
vvyei  Courir. 

PAREILLEMENT  ,  eft  un  des  adverbes  de  compa- 
raifon  :  voye^  Adverbe. 

PARENTHESE.  La  parenthefe  peut-être mife  au  nom- 
bre des  figures  de  conftrudion.  C'eft  une  efpece  d'hy- 
perbate  :  voye^  Hyperbate. 

La  parenthefe  eft  un  fens  à  part ,  inféré  dans  un  autre 
dont  il  interrompt  la  fuite. 

II  y  a  dans  l'Opéra  d'Armide  une  parenthefe  célèbre. 


71  PAR 

en  ce  que  le  Muficieii  l'a  obfervée  aufll  dans  le  chant. 

Le  vainqueur  de  Renaud  (  fi  quelqu'un  le  peut  être  ) 
Sera  digne  de  moi. 

Il  faut  faire  enforte  que  les  parenthefcs  ne  rendent 
pas  la  phrafe  louche  ,  &  pour  cela  il  faut  éviter  qu'elles 
foient  trop  longues. 

PARFAIRE.  Verbe  adif,  irrégulier,  de  la  quatrième 
conjugaifon  ^  compofé  At  faire  ^  fur  lequel  il  fe  conju- 
gue, &  de  la  i^xé^oCmonpar,  dérivée  de  la  latine  ;?er  ; 
qui  en  françois  comme  en  latin  donne  en  certaines  oc- 
ca/îons  la  force  fuperlative  ,  comme  très  en  françois. 

Ce  verbe  eft  dcfeélif  n'ayant  que  l'infinitif  &  fes  tems 
comporés.  Il  fignifie  achever  ^  finir  ^  parfaire  un  ouvra- 
ge  ^  une  fomme  y  c'eft-à-dire,  finir  un  ouvrage  ,  com- 
pletter  une  fommc.  Il  n'eft  gueres  en  ufage ,  mais  on  fc 
fert  beaucoup  de  ïzà]tù.\î parfait  ^  parfaite. 

PARMI,  eil  une  des  prépofitions  fimples  :  voye^  Pré- 
positions. 

PAR  RAPPORT  A  ^  eft  une  des  prépofitions  compo- 
fées  :  voy^^  Prépositions. 

PARTANT  ,  eft  une  des  conjondions  conclufives  : 
•voyei  Conjonctions. 

PARTICIPES.  Les  participes  font  de  vrais  adjedifs 
formés  des  verbes ,  de  la  nature  defqucls  ils  participent, 
en  ce  qu'ils  fignifîent  la  mcme  chofe  ,  hors  l'affirmation 
qu'ils  ne  retiennent  pas  ,  non  plus  que  la  défignation  des 
perfonnes  ,  qui  eft  une  fuite  de  l'affirmation. 

Ainfi  les  participes  fc  joignent  aux  noms  fubftantifs, 
&  en  eypriment  des  qualités,  ainfi  que  les  autres  adjec- 
tifs. Us  repréfentent  la  même  idée  que  les  verbes  dont 
ils  font  formés  ,  &  même  la  circonftance  du  temps ,  & 
prennent  à  leur  compagnie  des  objedifs ,  des  termina- 
tifs  &  des  cîrconftancicls,  ainfi  que  leurs  verbes.  Cepen- 
dant ils  ne  fc  prêtent  pas  à  tous  les  temps  ,  comme  les 
verbes.  Les  participes  ne  fe  forment  que  pour  le  préfenc 
&  le  paffé  ,  comme  nous  aurons  foin  de  le  faire  mieux 
fentir  plus  bas. 

J'aime  eft  un  verbe  qui ,  outre  l'affirmation  qui  eu 
fait  le  caradere  primitif  &:  d'efpece  ,  renferme  encore 
i'adion  d'amour  ;  t amour  mis  en  événement  ^  mis  en  fait  ; 
l'amour  exifiant.  Ce  verbe  produit  deux  participes ,  ai" 


PAR  75 

Triant  iaîmé;  ces  deux  participes  font  adjeâiifs ,  puifque 
l'on  dit ,  cet  homme  aimant.  .  .  .  cet  homme  aimé ^  &c.  , 
&  que  ces  participes  ainfi  placés  expriment  des  qualités 
du  fubftantif  homme  ;  c'eft-à-dire  la  (\\\z\né  d' aimer  , 
ou  celle  d'être  aimé.  Ils  n'ont  point  l'affirmation  exprelle 
qui  eft  dans  les  verbes  j  ils  ne  difent  point  diredemenc 
que  cet  homme  aime  ou  eft  aimé  ;  ils  ne  le  difent  qu'in- 
diredement,  implicitement ,  comme  dans  j  cet  homme 
fobre  :  fobre  affirme  indirectement  ^  implicitement,  quç: 
cet  homme  a  la  fobriété  5  au  lieu  que  dans  le  verbe 
j'aime  ^  cette  affirmation  eft  la  première  idée  qu'on  ré- 
veille en  nous  ;  elle  eft  l'idée  la  plus  diredlement ,  la. 
plus  expreliément  énoncée 

De  cette  différence  entre  le  verbe  &  les  participes ,  il 
en  naît  une  autre  5  c'eft  que  ceux-ci  n'admettent  la  dé- 
iignation  d'aucune  perfonne.  Ces  mots  n'ont  alTcune  tcr- 
minaifon  pour  la  première  ,  ni  la  féconde  ,  ni  la  troifie- 
me  perfonne  ,  foit^du  fingulier ,  foit  du  pluriel.  En  effet, 
quand  il  n'y  a  plus  d'affirmation,  il  s'enfuit  qu'il  n'y  a 
perfonne  qui  fe  trouve  donner  cette  affirmation  qui 
n'cxifte  pas. 

Mais  du  refte  ,  aimant  j  aimé  ^  marquent  la  même 
idée  qui  fe  trouve  jointe  à  l'affirmation  dans  j'aime  , 
c'eft-à-dire',  l' action  d' aimer  ,  l' amour  exijiant  :  ils  mar- 
quei>t  même  deux  temps  principaux  j  k  premier ,  le 
temps  préfent ,  &  le  fécond ,  le  temps  paflé  ;  non  pas 
fî  parfaitement  néanmoins  qu'il  n'y  ait  encore  des  re- 
marques à  faire  à  cet  égard  ,  comme  nous  le  verrons. 

Les  participes  admettent  des  objediifs  &  des  termina- 
tifs  ,  comme  leurs  verbes  i  ainfi  comme  on  ait,  je  porte 
un  Livre  a  la  campagne  ,  on  dit  auffi  ,  portant  un  Livre  à. 
la  campagne  ,  je  m'y  ennuierai  moins  ;  comme  on  dk  ,je 
fuis  favori fé  de  la  fortune  ,  on  dit  également ,  favori fé 
de  la  fortune  ^je  dois  peu  me  plaindre  „  Sec.  Pour  les  cir- 
conftanciels  ,  ils  fe  joignent  auffi  aux  participes  comme 
aux  verbes  ,  j'aime  tendrement  y  aimant  tendrement  ;  je 
fuis  conflamment  favorifé ;  conjiammentfavorifé  de^  &c. 

Nous  ne  connoiffons  dans  notre  Langue  que  deux 
fortes  de  participes  5  favoir  ceux  que  l'on  nomme  partie 
cipes  actifs  ou  préfents  j  &  ceux  qu'on  appelle  pajfifs  ou 
fajfés.  Il  eft  à  peu-près  égal  de  leur  donner  le  premier 


74  H  A  R 

OU  le  fécond  cîe  chacun  de  ces  deux  noms  :  auflî  lent 
donnc-t-on  indifféremment  l'un  ou  l'autre.  Nous  allons 
reprendre  ces  deux  fortes  de  participes  ,  &  marquer  fur 
chacune  ce  qu'il  y  a  de  plus  utile. 

Du  Participe  préfent. 

Les  participes  préfents  ou  adifs  font  ceux  qui  mar- 
quent le  préfent ,  &  font  naître  l'idée  d'une  adion  , 
comme  étant  produite  par  celui  auquel  le  participe  fe 
rapporte  :  ils  font  terminés  en  ant ,  comme  aimant  ; 
on  les  forme  de  tout  verbe  aâ:if ,  5c  d'une  partie  des 
verbes  neutres.  Les  participes  préfents  n'ont  aucune 
des  variations  que  les  autres  adjeélifs  admettent  pour 
marquer  le  genre  ou  le  nombre  :  ainfî  l'on  dit  ,  un 
homme  aimant  les  autres  hommes  ;  .  .  .  les  hommes  ai^ 
mant  la  variété  J  .  .  .  une  femme  aimant  la  parure  ;  .  . .  . 
les  femmes  aimant  la  parure ,  ...  où  l'on  voit  q^\i  aimant 
s'écrit  toujours  de  même,  foit  que  fon  fubftantif  foie 
au  fingulier  ou  au  pluriel ,  au  mafculin  ou  au  féminin. 

Il  n'en  a  pas  toujours  été  de  même  j  cts,  participes  va- 
rioient  autrefois  comme  les  adjeélifs  ;  aujourd'hui  (i 
quelques-uns  paroifient  varier  encore ,  ils  ce/Tent  dès- 
lors  d'être  participes ,  &  deviennent  purement  adjeétifs, 
puifque  dans  ce  cas  là  ils  ne  peuvent  avoir  ni  l'objedif, 
ni  l'attributif  de  leurs  verbes.  Ainfi  l'on  dit  bien  ,  une 
femme  obligeante  ,  des  femmes  obligeantes  ,  &c.  mais  on 
ne  peut  dire  ,  une  femme  obligeante  tout  le  monde  y  .  .  . 
des  femmes  obligeantes  tout  le  monde.  Si  l'on  veut  y  join- 
dre ce  régime,  il  faut  néceifairement  dire  &  écrire  ,  obli^ 
géant ,  &c. 

Obligeant  n'efl:  pas  à  beaucoup  près  le  feul  participe 
qui  devienne  adjcdtif  pur  :  on  dit  également,  une  pajfion 
dominante^  des  aventures  furprenantes  ,  une  réponfe  char^ 
mante  y  des  tableaux  charmants  ,  une  femme  fuppliante  , 
&c.  Ce  dernier  devient  même  fubftantif  dans  certains 
cas  pour  l'un  &  l'autre  genre  ;  car  on  dit  ,  la  fuppliante 
requiert  ;  .  .  .  les  fuppliants  expofent ,  ,  .  .  &c. 

Nous  venons  de  dire  que  ces  participes  devenant  purs 
adjeélifs,  ne  prenoient  pius  les  régimes  de  leurs  verbes  ; 
mais  il  n'efl:  point  de  règle  fans  exception  ,  en  fait  de 
Langue  fur-touc  j  car  on  dit ,  une  pièce  approchante  de 


PAR  75 

la  'Votre  ;  Us  villages  dépendants  >  ou  les  maifons  dépen- 
dantes de  la  feigneurîe  ;  une  Requête  tendante  a  la  cajfa- 
tion  d'un  Arrêt  \  des  filles  ufantes  &c  jouijfantes  de  leurs 
droits  j  une  façon  de  p enfer  répugnante  h.  la  mienne  y  les 
Gens  tenants  notre  Cour  de  Parlement  y  la  rendante  comp- 
te ^  ^  quelques  autres  en  très  petit  nombre,  &  que 
l'ufage  apprendra. 

Il  efl  encore  une  remarque  fenlîble  à  faire  fur  le  par- 
ticipe qui  n'eft  point  adjedif  pur  ,  ou  2Là]ztï\Ç verbal ^ 
comme  difent  quelques  Grammairiens  :  c'eft  qu'il  ne  peut 
jamais  être  employé  fcul ,  &  fans  quelques  mots  expri- 
més ou  fous-entendus,  qui  en  dépendent ,  &  particula- 
rifent  ou  modifient  fa  lignification.  Ainfi  l'on  ne  àiz 
point  ,  cet  homme  aimant ,  fans  exprimer  enfuite  ,  ou 
fans  avoir  fait  connoître  auparavant  ce  qu'il  aime  ,  ou 
la  manière  ou  les  circonflances  de  fon  amour  :  l'on  dira 
donc  ,  cet  homme  aimant  une  femme  coquette  ^  ne  peut 
être  heureux  j  cet  homme  aimant  aujfi  conjîamment  j  mé- 
rite le  bonheur  qu  il défire ,  &c.  On  dit  de  même,  Louis  XK 
actuellement  régnant  y  mais  on  ne  dira  pas ,  Louis  XV ré- 
gnant 3  à  moins  qu'on  n'ajoute  ,  ou  que  le  refte  du  dif- 
cours  ne  fafTe  alîez  entendre  actuellement ,  ou  en  Fran- 
ce ^  8cc. 

Une  féconde  remarque  ,  c'eft  que  le  participe  préfent 
ne  peut  jamais  être  m.is  immédiatement  à  la  fuite  du 
verbe  être ,  fans  choquer  le  bon  ufage  5  au  lieu  que  l'ad- 
jedif  verbal  s'y  met  autant  que  le  demande  le  fens  de  la 
phrafe  :  ainfi  l'on  dit ,  cette  femme  obligeante  y  mais  on 
ne  dit  pas  ,  elle  efi  obligeant  tout  le  monde  j  on  dit ,  ces 
perfonnes  font  charmantes  y  mais  on  ne  dit  pas  ,  elles  font 
charmant  tous  ceux  qui  les  voient.  Si  donc  l'on  veut  met- 
tre un  participe  préfent  à  la  fuite  du  verbe  être ,  il  faut 
qu'il  y  ait  quelques  mots  intermédiaires  qui  les  éloignent 
à  certaine  diftance  ;  ainfî  l'on  dit  très  bien ,  ce  jeune 
homme  efi  fage  ,  bien  élevé ,  craignant  Dieu  ,  refpcciant 
les  loix  6*  Us  bienféances  ,  ô"  chérijfant  fes  parents  ,  &:c. 
Sur  cette  obfervacion  on  peut  voir  combien  nous  avons 
eu  rai  fon  de  mettre  au  rang  des  adjedifs  verbaux  ces 
mets  ,  approchant  ,  dépendant  j  &c.  qui  varient  leurs 
term  naifons  ,  quoiqu'ils  retiennent  les  régimes  de  leurs 
verbes  ;  car  on  dit ,  ces  maifons  font  dépendantes  de  la 
feigneurîe  ,  &c. 


'^G  PAR 

L'ufage  de  ces  participes  préfents  efl:  un  tîes  points  àt 
notre  Langue  des  plus  difficiles  à  bien  faifir  :  il  eft  mille 
circonftances  où  un  participe  ofFenfe  des  oreilles  déli- 
cates ,  &  leur  parok  être  un  barbarifme  de  conftruc- 
tion  ,  fans  que  l'on  puilîe  aifcment  dire  pourquoi  :  Teu- 
lement  on  fent  que  le  bon  ufage  n'admet  point  de  pa- 
reilles phrafcs. 

Souvent  même  ,  le  même  participe  deviendra  naturel 
&  coulant ,  au  moyen  d'un  léger  changement  que  l'on 
fera  dans  l'arrangement  des  mots  de  la  même  phrafe. 
Tout  ce  que  nous  pouvons  dire  à  ce  fujet ,  c'eft  que  les 
participes  ne  doivent  fe  rapporter  qu'au  fubjedif  de  là 
phrafe  dans  laquelle  ils  fe  trouvent,  foit  que  cette  phrafe 
foit  principale  ou  incidente  :  ainfi  l'on  dit ,  je  ne  puis 
m  y  trouver  ,  ayant  des  occupations  qui  m  en  empêchent. 
On  voit  des  Philofophes  qui  connoijfant  la  vérité  refufent 
de  la  dire  j  mais  on  ne  dira  point ,  le  plaijîr  d'un  homme 
étudiant  ,  parceque  le  participe  étudiant  fe  rapporte  à 
homme  ,  qui  étant  régi  ]^âv  plaiJir  ^  ne  peut  être  le  terme 
principal  du  fubjedif.  On  ne  peut  dire  non  plus,  celafied 
bien  a  un  homme  travaillant  j  &c.  Il  faut  dire  ,  le  plaiJir 
d'un  homme  qui  étudie  ;  celajied  bien  a  un  homme  qui  tra- 
vaille ^  &c.  Pour  la  même  raifon  on  ne  dit  pas  ,  ce  font 
des  Philofophes  connoiffant  la  vérité^  puifque  le  fubjeftif 
de  cette  phrafe  efl:  le  mot  ce^  8c  non  pas  le  mot  Philofa^ 
jphes  y  auquel  fe  rapporte  le  participe. 

Quelquefois  le  participe  vient  bien  dans  une  phrafe 
oii  il  ne  fe  rapporte  pas  au  fubjcdif  3  mais  c'eft  qu'il  fe 
rapporte  à  un  autre  fubftantif  exprimé, &  qui  n'eft  point 
régi  par  la  phrafe  ;  de  manière  que  ce  fubftantif  avec  ce 
participe  &  fon  régime  ,  font  comme  une  phrafe  déta- 
chée ,  quoiqu'incompktte. 

C'eft  ainfi  que  l'on  dit  ,7V  ne  puis  dîner  cke7[  vous  , 
Monfeur  me  retenant  che:^  lui  y  où  retenant  fe  rapporte  à 
Monfeur  ,  qui  n'eft  ni  régi  ni  régifl'ant  dans  la  phrafe 
principale. 

y^oye^  au  mot  gérondif  les  différences  &  reffemblan- 
ces  qui  fc  trouvent  entre  h  gérondif  de  le  participe  aélif 
préfcnt. 

Du 


ï^  A  R  ^^i 

Vu  Participe  M^>        •  obtis^i  iuo  a. 

Le  participe  pafTé  eft  celui  qui  marque  le  paiFé.  Quant 
a  l'atlioji  qu'il  exprime  ,  il  la  préfente  comme  produite 
par  celui  auquel  le  participe  le  rapporte.  Quelquefois 
le  même  participe  marque  radion  comme  foufFerte  par 
celui  auquel  il  fe  rapporte  ;  mais  alors  il  celle  d'être 
adif ,  &  devient  palîif  :  de  plus  ,  il  ne  marque  pas  plu- 
tôt le  palTé  qu'un  autre  temps.  Dans  le  fens  adif ,  il  ne 
jnarque  pas  même  le  palTé  fcul  ;  il  lui  faut  un  .auxiliaire. 
Ainli  le  participe  dont  il  eft  ici  queftion  ,  n'eft  ni  elfen- 
tiellemcnt  adif,  ni  eflentiellement  palTif  ^  puifqu'il  de- 
vient indifféremment  l'un  ou  l'autre  ,  félon  les  mots  qui 
lui  font  unis  :  il  n'eft  elfentiellement  ni  un  temps  palfé, 
lù  un  temps  préfent,  ni  un  temps  futur,  puifqu'il  peut, 
par  le  fecours  des  auxiliaires ,  nous  préfenter  l'un  oa 
l'autre  de  ces  temps  différents.  Quel  eft  donc  le  carac- 
tère propre  du  participe  en  queftion  ?  C'eft  d'admettre 
toutes  ces  variations.  Pourquoi  en  effet  lui  chercher  un. 
fcns  fixé  ,  s'il  ne  préfente  par  lui-même  l'idée  du  verbe 
que  d'une  manière  indéterminée  ?  Mais  pourquoi  l'ap-, 
pelions-nous  donc  participe  pajfé  ?  C'eft  que  c'eft-là  foa 
premier  &  principal  ufage  ,  au  moins  dans  l'ordre  des 
conjugaifons  5  qu'enfin  il  faut  lui  donner  un  nom.  Se. 
qu'en  ceci  nous  fuivons  l'ufage  ordinaire  des  Grammai- 
riens. 

Reprenons  de  fuite  ces  participes  fous  ces  deux  pointe 
de  vue ,  l'un  d'être  adifs ,  &  l'autre  d'être  palfifs. 

I.  Les  participes  dont  nous  parlons  font  adifs  tou- 
tes les  fois  qu'ils  font  précédés  de  quelques  -  uns  des. 
temps  fimples  ou  compofés  du  verbe  auxiliaire  â-vo/r; 
ainfi  aimé  eft  adif  dans  les  temps  ,  j'ai  aimé  ,  fa- 
vois  aimé  ^  j' aurais  aimé  ;  j'aurai  aimé  ^  que  j'aie  ai- 
mé,  ayant  aimé  ^  Sec.  Ils  font  encore  adifs  quant  au  fens 
dans  les  verbes  réciproques  ou  réfléchis  ,  foit  direds  , 
Toit  indireds  ,  &  dans  les  imperfonnels ,  &  un  grand 
nombre  des  verbes  neutres  j  quoiqu'ils  y  foient  précédés 
des  temps  fimples  du  verbe  auxiliaire  être  ^  comme  ,  il 
s'ejl  donné  la  mort  y  ils  fe  font  promenés  ,  &c.  Mais  dans 
ce  dernier  cas  ,  ils  fuivent  la  fyntaxe  des  participes  paf- 
fifs  :  ainll  on  les  cojifoiid  avec  ces  derniers ,  pour  tout 
Tomt  IL  f  ^ 


yT  P  A  R 

ce  qui  regarde  les  principes  de  fyntaxc ,  Toit  par  rapport 
aux  genres  ,  foit  par  rapport  aux  nombres.  On  peuc 
voir  le  mot  Syntaxe  ^  ou  l'on  développa  ce  qui  con- 
cerne ces  deux  points  des  participes.  Ici  nous  n  en  don- 
nerons que  les  règles  générales. 

Les  participes  paiTés  adifs  font  ordinairement  inva- 
riables pour  leur  terminaifon  :  ainlî  il  faut  dire  &  écri- 
re ,  les  grands  Hommes  ont  toujours  eflimé  Us  Sciences  , 
&  non  pas  efiimés  ^  en  le  fai(ant  rapporter  à  hommes  , 
ni  eflimées  en  le  faifant  rapporter  à  Sciences.  On  dit  de 
même  ,  vos  ancêtres  ayant  préféré  les  honneurs  aux  ri^ 
chejjes  j  &c. 

Cette  règle  a  toujours  lieu  j  quand  le  régime  ou  ob- 
jediF  ne  précède  point  le  participe  ;  car  s'il  le  précé- 
doiÊ  -y  la  règle  générale  change  ,  &  veut  que  le  participe 
prenne  le  genre  &  le  nombre  de  cet  objedif ,  foit  que 
celui-ci  fe  trouve  exprimé  par  un  nom  ou  par  un  pronom, 
&c.  :  ainfi  l'on  dit ,  combien  d'ennemis  n  a-t-il  pas  vain- 
cus ?  Les  affaires  que  vous  m'ave:^  confiées ,  &c. 

Cette  dernière  règle  a  bien  des  exceptions  qui  ne  font 
fondées  que  fur  l'ufagc ,  ainfi  que  la  règle  elle-mê- 
me :  mais  cette  phrale  ,  cet  homme  ejl  un  de  ceux  que 
y  ai  le  plus  aimé ,  &  Ç^s  femblables  ,  ne  doivent  pas  être 
comptées  parmi  les  exceptions  j  puifque  aimé  fe  rappor- 
tant à  que  3  &:  ce  que  à  «/z  ^  le  participe  y  garde  le 
genre  &  le  nombre  de  fon  antécédent  :  cela  eft  (i  vrai 
qu'on  dit ,  cette  femme  efi  une  de  celles  que  f  ai  le  plus 
aimée  ;  cependant  on  pourroit  dire  aimées. 

Mais  lî  le  fubjedif  eft  après  le  participe  ,  celui-ci  re- 
devient invariable  ,  quoiqu'il  foit  précédé  de  fon  objec- 
tif; la  querelle  que  vous  a  fait  cette  femme  ,  &  non  pas  ^ 
que  vous  a  faite  ,  comme  on  le  diroit ,  fi  cette  femme 
ctoit  avant  le  participe ,  la  querelle  que  cette  femme  vous 
<L  faite.  C'ert  donc  à  tort  qu'on  a  blâmé  ce  vers  de  Cor- 
neille dans  Cinna ,  A<5le  I ,  Scène  III. 

Les  mifcres 
Que  durant  notre  enfance  ont  enduré  nos  percs. 

35  Ont  enduré  paraît  une  faute  aux  Grammairiens,  die 
30  NI.  de  Voltaire  ;  ils  voudroicnt ,  les  miferes  qu'ont  en- 
93  durées  nos  pères,  Jç  ne  fuis  point  du  tout  de  leur  avis. 


PAR  79 

S5  II  fcroit  ridicule  de  dire  ,  les  miferes  qu*on  fouffertes 
33  nos  pères  >  quoiqu'il  faille  dire  ,  les  miferes  que  nos 
i>:>  pères  ont  foufertes ,  S'il  n'eft  pas  permis  à  un  Poète  de 
83  fe  Tervir  en  ce  cas  du  participe  abfolu  ,  il  faut  renon- 
»  cer  à  faire  des  vers.  3> 

Le  participe  refte  encore  invariable. 

i**.  Quand  il  eft  fuivi  d'un  nom  qui  lui  fert  d'objec- 
tif conjointement  avec  celui  qui  précède,  comme,  vos 
fautes  vous  ont  rendu  méprifables  ;  où  méprifables  eft  ob- 
jedif  de  rendu  &  de  vous  qui  précède. 

^9.  Quand  le  participe  eft  fuivi  d'un  verbe  auquel  1« 
fens  attribue  l'objedif  qui  précède  ,  plutôt  qu'au  parti- 
cipe :  comme  ,  les  qualités  que  vous  avez  appris  à  con^ 
noître  y  ou  que  vous  ave:(  entendu  louer -^  ou  le  que  eft  plu- 
tôt l'objedif  de  connaître  ou  de  louer  que  de  appris  ou 
âe  entendu.  Il  en  feroit  de  même  fî  ce  verbe  qui  fuit  le 
participe  ,  n'étoit  pas  à  l'infinitif,  comme  ,  les  chicanes 
que  j'ai  prévu  quon  me  feroit.  Mais  fi  l'objedif  ne  peut 
être  celui  du  fécond  verbe  ,  &  qu'il  doive  plutôt  fe  rap- 
porter au  participe  ,  celui-ci  varie  ,  comme,  la  réfolu-» 
îion  que  j'ai  prife  de  m'adrejfer  a  vous. 

Si  l'objedif  ne  peut  fe  rapporter  au  participe ,  celui- 
ci  refte  invariable  ,  quand  même  le  verbe  auquel  cet 
objedif  appartiendroit  feroit  fous  -  entendu  :  comme  , 
je  vous  ai  prêté  tous  les  fecours  que  j'ai  voulu  ,  que  j'ai 
du  y  6*  que  j'ai  pu  ,  &c. 

3°.  Quand  le  participe  avec  fon  auxiliaire  eft  pris 
imper fonnellement ,  il  ne  varie  point,  comme ,  les  pluies 
continuelles  quilafait^  &c. 

II.  Les  participes  dont  il  s'agit  font  paffifs  toutes 
les  fois  qu'ils  font  employés  feuls  fans  auxiliaire ,  ea 
forme  de  purs  adjedifs ,  &  quand  ils  font  joints  aux 
temps  divers  de  l'auxiliaire  être  i  une  femme  aimée  de  fort 
mari  ,  mérite  de  l'être  de  beaucoup  d'autres  ;  être  aimé  ^ 
je  fuis  aimé  ;  //  étoit  aimé  ;  il  a  été  aimé  ;  il  aura  été  ai-* 
mé  ;  qu'il  ait  été  aimé;  étant  aimé  ;  ayant  été  aimé  y  8cc, 

Nous  avons  remarqué  plus  haut,  que  les  verbes  neu- 
tres ,  réiîécliis  &  réciproques ,  qui  prennent  dans  leurs 
temps  compofés  l'auxiliaire  être  ,  n'en  ont  pas  moins  le 
fens  adif.  Il  faut  en  dire  autant  pour  les  participes  paf- 
fés  des  verbes  neutres  qui  fe  conjuguent  avec  l'auxiliaire 

Fij 


8o  PAR 

être  j  qnoiqxiiU  foient  employés  comme  acîjcdifs  & 
fans  auxiliaire ,  comme  ,  un  homme  revenu  des  égare-' 
ments  de  la  jeunejje  y  monté  fur  le  ton  de  la  raifon  ;  def- 
çendu  dans  les  abîmes  defon  cœur  y  tombé  dans  les  réfif^ 
xions  les  plus  folides  ^  Sic.  Tous  ces  participes  ont  le 
fens  purement  adif  :  mais  ils  fuivent ,  quant  aux  varia- 
tions de  leurs  terminaifons  ,  les  mêmes  règles  que  les 
participes  entièrement  pallifs. 

Les  participes  paflifs  luivent  le  genre  Se  le  nombre  à\i 
nom  auquel  ils  le  rapportent ,  foit  qu'ils  aient  un  auxi- 
liaire ,  foit  qu'ils  n'en  aient  point  j  ainfî  il  faut  dire  : 
Ces  femmes  ne  font  tombées  dans  le  difcrédit  que  par  leur 
faute  y  les  Arts  ont  été  inventés  pour  nos  be Joins  ou  pour 
nos  plaïfirs  ;  fa  mère  ne  s'efi  apperfue  que  trop  tard  des 
fuites  de  fafoiblejfe. 

Si  les  partfcipes  allé  &  venu  ,  ou  femblables ,  font 
fuivis  d'un  verbe  ,  &  qu'ils  aient  avant  eux  un  pronom 
qui  paroilfe  plutôt  le  régime  de  ce  verbe  que  celui  du 
participe  ,  alors  ces  participes  n'admettent  plus  aucune 
variation  :  ainfî  on  dit,  elles  nous  font  venu  rendre  vif  te  5 
elle  lui  eji  allé  faire  un  rapport  infidèle  ,  &c.  Mais  fi  le 
pronom  le  trouve  placé  après  le  participe  ,  celui-ci  doit 
luivre  la  règle  générale  :  on  dit  donc  ,  elles  font  venues 
nous  rendre  vif  te  j  elle  eJi  allée  lui  faire  un  rapport  infi^ 
dele  y  &c. 

Si  les  verbes  rcfiéchis  ne  le  font  qu'indiredcment  , 
c'eft-à-dire  y  fi  les  pronoms  me  ^  te  ^  fe  ^  nous  ^  vous  , 
(qui  les  précèdent,  ne  leur  fervent  que  d'attributifs  ,  & 
non  pas  d'objcdlifs  ,  alors  leurs  participes  paffés  fuivent 
les  règles  des  participes  a(5tifs  ,  quoiqu'ils  aient  l'auxi- 
liaire être  :  on  dit  donc  ,  vous  vous  êtes  préparé  des  ref-^ 
fources  inutiles  j  les  rejfources  que  vous  vous  êtes  prépa^ 
rées  j,  &c. 

Si  le  fubjedif  auquel  fc  rapporte  le  participe  paffé 
d'un  verbe  réfléchi ,  dired  ou  iiKJircd:  ,  le  trouve  placé 
après  ce  participe  ,  celui-ci  eft  invariable  :  à  quelles 
noirceurs  ne  fe  font  pas  porté  leurs  parents  après  cette 
rupture  ?  Quelle  réputation  fe  font  fait  les  Généraux  dans 
cette  carnpagne  !  11  en  ell:  de  même  lorfque  ces  partici- 
pes font  fuivis  d'un  nom  qui  ,  avec  le  pronom  récipro- 
que qui  les  précède,  fercd'objccl;if  ou  d'attributif,  coai- 


PAR  ^t 

roc  ,  plujîeurs  femmes  Je  font  rendu  célèbres  dans  les  Let- 
tres j  mais  elles  n'ont  pas  toujours  été  jatis faites  de  là 
gloire  qu  elles  avoient  acquife  ,  parcequ  elles  fe  létoit 
figuré  plus  fati  s  fa: fantc  quelle  nejl\  où  rendu  ^figuré 
Ee  varient  point  leurs  terminaifons  à  caufe  des  noms 
régis  célèbres  ,  êc  plus  fatisfaifante  ^  qui  fuivent. 

Les  participes  des  verbes  réfléchis  ,  diredls  &  indi- 
reâ:s,  font  encore  invariables ,  lorfqu'ils  font  immédia- 
tement luivis  d'un  verbe  qu'ils  régilîent  ,  comme  ,  les 
troupes  de  Charles  KII  n  auraient  pas  empêché  la  prife 
d'Orléans ,  fï  elles  ne  s' étaient  laiffé  conduire  par  une  jeune 
fille.  Voila  h  gloire  quil  s'eji  provofé  a^ acquérir. 

Quand  les  pr.rticipcs  pallifs  n'ont  aucun  auxiliaire  , 
c'cfi  du  nom  fubftantif  auquel  ils  fe  rapportent  ,  qu'ils 
prennent  le  genre  &  le  nombre  :  comme,  une  femme  ai" 
mée  de  tout  le  msnde  ,  î<c. 

Ils  prennent  le  genre  &  îe  nombre  du  fubjedif , 
quand  ils  form^ent  avec  l'auxiliaire  être  les  temps  corn- 
pofés  d'un  verbe  qui  n'a  point  d'objedcif ,  foit  qu'il  foit 
pafi'.f  ou  neutre  ,  comme  ,  je  fuis  puni  y  ces  femmes  font 
punies  y  elles  fe  font  repenties  de  leur  indifcrette  maligni-^ 
té  ;  &c.  Si  les  verbes  dont  ces  participes  forment  les 
temps  compofés  avec  l'auxiliaire  ûtwr  ou  ^^re ,  ont  un 
objedif ,  les  participes  s'accordent  pour  leurs  varia- 
tions avec  cet  objedif ,  lorfque  celui-ci  les  précède  , 
comme  ,  cette  journée  que  f  ai  pajfée  a  la  campagne  :  ces 
livres  que  j'ai  achetés  :  ces  lettres  que  j'avois  écrites  : 
quels  ennemis  ne  s'efi-il  pas  faits  ,  ôcc. 

Il  nous  rede  à  voir  comment  (ont  terminés  les  parti- 
cipes pafTés  :  article  que  l'on  peur  trouver  épars  dans  ce 
qui  concerne  les  conjugaifbns  des  verbes  réguliers  ou 
irréguliers  5  mais  fur  lequel  il  efl:  à  propos  de  ralTem- 
bler  ici  ce  qu'il  y  a  de  plus  important. 

Tous  les  participes  pailés  des  verbes  de  la  première 
conjugaifon,  font  terminés  en  é  ;  comme  ,  aimé ^  cher- 
ché ^  allé  y  des  verbes,  aimer  ,  chercher,  aller  ,  &cc. 
Ceux  des  verbes  en /rir  ,  &  en  vnV ,  font  terminés  en 
fert  &ç  vert  ;  comme ,  fouffrir  ,  fouffert  ;  ouvrir  ,  ouvert  , 
&c,  excepté  appauvrir  qui  fait  appauvri.  Ceux  des  ver- 
bes en  indre  ,  le  font  en  int  ;  comme ,  contraindre  ,  cok-^ 
traint  ^  feindre  y  feint  y  joindre  ^  joint ,  &c. 

F  iij 


Sz  PAR 

Ceux  des  verbes  en  ire ,  font  ic  ,  comme  ,  traduire  ^ 
traduit  ;  dire  j  dit  ;  exceptés  lire  ,  /://>£  ,  nwir^  &  yî^j^re  , 
qui  font  lu  j  lui  j  nui  ,  &  fujji.  Acquérir  ^  conquérir  ,  en~ 
quérir  ^  requérir  ^  font  acquis  ^  conquis  y  enquis  ,  requis, 
Affeoir  ,  furfeoir  y  font  ajjts  yfurfis  ,  &  mourir  fait  mort, 
Aifoudre  ,  dijfoudre  j  font  abfous  ,  dijfous  ,  &  réfoudre 
iait  refus  &  r^To/:^. 

C/or£  &  Tes  compofés  font  le  participe  en  os  j  clos  , 
€«i:/o^  ,  &c.  Exclure  fait  exclus.  Faire,  traire  ,  &  leurs 
compofés  l'ont  en  ait  ;  fait  ,  parfait ,  trait  ,  extrait  , 
dijirait ,  &c.  Mettre  Se  fes  compofés  l'ont  en  i^  >  m/J  j 
permis  ,  promis  ,  &c.  Naître  fait  «^'. 

Prendre  &  fes  compofés  l'ont  en  nV  ,  pris  ,  furpris  , 
4ippris  y  &c.  Les  participes  palfés  de  tous  les  autres  ver- 
bes font  en  i  ou  en  m  ,  comme  j  finir ,  fini  ;  ferrir  yfervi; 
fuir  y  fui  y  rire  ,  ri  j  pouvoir  ,  pu  ;  valoir  ,  valu  ;  moa- 
roir,  mu  y  retenir  ,  retenu  ;  entendre  y  entendu  ;  connoî- 
tre  y  connu  \  déplaire  y  déplu  ;  taire  y  tu  -,  &cc. 

La  règle  générale  pour  les  féminins  de  tous  ces  par- 
ticipes ,  eft  qu'ils  fc  forment  en  y  ajoutant  un  e  muet  ; 
comme  ,  aimé  y  féminin  aimée  ',fouffert  y  foufferte  ;  con^ 
traint  y  contrainte  ,  écrit  y  écrite  ;  promis ,  promife  j  mort  y 
morte  j  fini  ,  finie  ;  connu  y  connue  ;  &c.  Il  faut  en  excep- 
ter abfous  &  difous y  qui  font,  ab foute  Se  dijfoute  :  ré ~ 
fous  n'a  pas  de  féminin  :  exclus  fait  exclue  &  exclufe. 

S'il  y  a  encore  quelque  chofe  à  délirer  fur  les  parti- 
cipes y  on  le  trouvera  aux  mots  Adjectif  &  Syntaxe. 

PARTICULE.  Ce  nom  fe  donne  aux  pronoms  qui 
font  régis  par  une  particule  :  exemple  ,  ne  me  demande:^ 
point  ce  que  je  deviendrai  y  c'eft-à-dire ,  ne  demandez 
point  à  moi.  Me  n'eft  donc  pas  régi  par  le  verbe  de- 
mander,  mais  par  la  particule  à.  Voilà  pourquoi  me 
«'appelle  en  ce  cas  régime  particule.  Au  refte  nous  aver- 
tirons que  a  n'eft  point  une  particule  ,  mais  une  pré- 
pofition  :  voye:(  Prépositions. 

PARTICULES.  "Lz  mot  particule  eft:  plus  propre  que 
tout  autre  à  nous  prouver  combien  les  hommes  ont  de 
penchant  à  fe  contenter  de  termes  au  lieu  d'idées  claires 
&  précifes.  Tous  \zs  Ecrivains  s'en  font  fervis  depuis 
cju'on  fait  des  Grammaires  ;  mais  jufqu'à  M.  Girard  , 
peu  en  ont  cherché  la  définition ,  &  aucuu  i\^\  a  donne 
«ne  qm  foit  reccYiiblç. 


P  A  R  5j 

On  fe  contente  de  nous  dire  quc^  c\Jl  une  forte  de-pe^ 
tits  mots  ,  ce  qui  ne  peut  que  confondre  la  particule 
avec  grand  nombre  de  termes  d'efpeces  différentes ,  qui 
font  auflî  des  fortes  de  petits  mots.  Le  fens  étymologi- 
que du  mot  particule  préfente  l'idée  d'une  petite  pattie 
de  quelque  chofe  que  ce  foit  :  la  dernière  fyllabe  d'un 
mot  de  cinq  ou  fix  fyllabes  feroit  une  particule  de  cette 
manière  ;  on  fent  que  ce  n'eft  pa^-là  ce  que  ce  mot  {îgui- 
fie  en  grammaire. 

Ici  c'eft  une  partie  d'oraifon  différente  de  toutes  ks 
autres  ,  dont  la  fonction  eit  d'énoncer  une  affediori 
cxiftante  dans  la  perfonne  qui  parle  5  de  façon  que  cha- 
que particule  foit  une  image  de  quelque  mouvement 
intérieur  ;  &  qu'à  \?.  peinture  de  la  penféc  ,  elle  ajoure 
celle  de  la  fîtuation  ,  foit  de  l'ame  qui  fent  ,  foit  de 
refpîit  qui  peint  &  qui  voit.  Ces  deux  fituations  pro- 
duifcnt  deux  fortes  de  particules  ,  ks  unes  de  fenfîbilité 
à  qui  l'on  peut  donner  le  nom  ào.  particules  interjeBives ^^ 
&  que  les  Grammairiens  nomment  communément  in- 
terjections j  les  autres  de  tournure  de  penfées  &  de  dif- 
cours  .  que  par  cette  raifbn  l'on  peut  appeller  ^  partial'^ 
tes  difcurjives. 

Le  Père  Bufïier  dit  que  celles  de  la  première  efpecc 
(  &  l'on  p'eur  en  dire  autant  de  celles  de  la  féconde  )  , 
font  dés  termes  de  fupplément  qui  joints  à  de  certains 
geftes ,  ou  tons  de  voix  ,  fappléent  quelquefois  ,  non- 
feulement  à  plufîeurs  mots ,  mais  encore  à  des  phrafes 
entières  qui  exprimeroient  quelque  mouvement  de  l'a- 
me. C'eft  ainfi  qu'un  homme  à  qui  l'on  demande  fi  fcs 
douleurs  continuent,  ne  répond  que  ce  mot  ^ah\  cz  qui 
en  dira  plus  que  tous  les  termes  dont  il  pourroit  fe  fer- 
vir ,  pour  dire  qu'il  fouffre  toujours  violemment.  Ces 
fortes  de  cris  de  la  nature  font  peut-être  ,  dit  M.  l'Abbé 
Régnier,  les  premiers  fons  articulés  que  l'homme  ait 
prononcés  ,  ce  font  du  mouis  les  plus  énergiques  &  les. 
plus  courts.  Nous  n'avons  rien  qui  peigne  fi  bien  la  ra- 
pidité de  l'efprit  &  des  fentiraents  du  cœur.  Une  idée  que 
nous  exprimons  ,  une  penf^e  que  nous  avons  ,  fait  naî- 
tre en  même-temps  ,  &  comme  fans  être  interrompue  >, 
un  mouvement  nouveau  ^  une  affeâ:ion  vive  ,  une  fen- 
fation  5  6c  nous  en  plaçons  l'expreifion  dans  le  difcours^ 

Fiv 


7*4  '  P  A  R 

«rpeiî-près  comme  cette  afFeâ:ioiî  Te  trouve  ellè-mèrae 
'  dans  nos  penfées  ,  c'eft-à-dire  ,  fans  en  couper  le  fil  , 
'  fans  le  fufpendre  ,  ni  en  interrompre  la  marche.  Aulîî 
n'cft-il  rien  de  plus  libre  que  la  place  d'un  grand  nom- 
bre de  particules  5  elles  ne  font  liées  à  aucune  autre  par- 
tie du  difcours  ,  &  fe  mettent  d'ordinaire  çà  &  là  ,  com- 
me par  parenthefe  j  de  manière  qu'en  les  retranchant  j 
le  féns-&  la  conftru<^ion  de  la  pnrafe  n'en  fouffriroienc 
pas. 

Les  particules  interjeâiives  peuvent  fe  fubdivifer  en 
trois  claiTes  ,  exclamatives  ,  acdamatives  j  &  impréca^ 
thés. 

Les  premières  ,  dit  M.  Girard  que  nous  fuivons  dans 
ces  divifions  ,  font  celles  qui  expriment  la  fimple  feniî- 
bilité  ,  ou  la  fituation  de  l'ame  en  elle-même  :  il  y  en  a 
pour  le  plaifir,  la  douleur,  la  joie ,  le  chagrin,  l'in- 
vocation ^  la  furprife,  l'impatience,  &  le  défagrément  ; 
Telles  font  ,  ah  ^  aih  ,  hihi  ^  hélas  ,  ô  y  quoi  ^  eh  , 
dame  ,  oh  ,  ouais  j  ouf  ^  ha  ,  la  ou  las  :  exemple  , 
ias  !  il  partit  y  il  porta  fa  valeur  dans  Orléans;  mon  DieUy 
&c.  Cette  dernière  ne  peut  être  qu'improprement  nom- 
mée interjeciion  ,  étant  compofée. 

Les  interjetions  acdamatives  marquent  la  fituatioii 
■&  TafFeâiion  de  l'ame  par  rapport  à  l'objet  étranger  vers 
lequel  elle  fe  porte  ,  ou  qu'elle  cherche  à  fuir.  Cette 
.-fîtuation  peut  être  caraétérifce  par  l'applaudiifement  , 
le  rebut ,  le  defir  ,  la  bienveillance  ,  !e  confentement,  & 
l'agacerie  ;  on  l'exprime  par ,  bon  ^  fi  ^  bis  ,  vivat  , 
\ûmen  ,  xexe  y  ah  ^  oh  ^  &c. 

Les  imprécativcs  font  tous  les  mots  dont  on  fe  fert 
tquelquefois  dans  le  langage  familier  ,  pour  prendre  un 
ïon  de  réfolution  ou  de  colère  ,  afin  d'en  impofer.  Ils 
3ie  font  pas  du  beau  ftyle  5  il  en  eft  même  beaucoup  qui 
font  indécents;  aulfi  en  eft-il  peu  quifoientautorifés  par 
un  ufage  général  :  en  voici  quelques  -  uns  des  plus 
communs  ;  jarni  ,  mardi  _,   morbleu  y  pifle  foit  ,  &cc. 

Pour  ce  qui  regarde  leur  ordre  de  conilru(5lion  ,  nous 
avons  déjà  remarqué  que  d'ordinaire  ces  particules 
jouilTent  d'une  entière  liberté;  fi  quelquefois  elles  tien- 
nent un  peu  plus  à  la  phrafc  ,  elles  fe  placent  alors  vo- 


PAR  «)• 

ïontiers  à  la  tète  ,  &  y  figurent  comme  un  membre  ad- 
jonftif  ;  excepté  amen  qui  fait  fouvent  la  fond:ion  d'ob- 
jeâ:if,  &  par  conféquent  fe  place  après  le  verbe.  Fi  ^ 
vous  devne:^  être  honteux  !  Varbteu  :,  j'en  fuis  bien  aife  ! 
Il  vous  voit ,  6'  :,  lefie  ^  ils  envoie  !  Cette  fille  dit  amen 
à  tout  ce  quon  lui  propofe. 

Les  particules  difcurfives  peuvent  fe  partager  en  fîx 
clartés  différentes. 

Les  ajfertives  qui  donnent  au  difcours  un  caradlerc 
plus  marqué  d'afl'ertion,  foit  par  voie  d'affirmation,  foie 
par  voie  de  négation  ,  ou  de  doute  ,  comme  j  oui  ,  non  , 
ne  j  pas  ,  point ,  plus  :,  auxquelles  quelques-uns  ajou- 
tent ,  peut-être  ^  certes  ,  &c.  que  nous  avons  mis  au 
rang  des  adverbes. 

Les  admonitives  ^  qui  fervent  à  exciter  ,  prévenir  ,  inf 
truire  ,  appeller  ,  arrêter  ,  ou  faluer  ,  comme  ,  courage  y 
alerte ,  gare  ^  hola  ,  ho  ,  chut ,  hu  ,  dia  ^  fi  ,  ou  fie  y. 
hem  j  tout-beau  j  adieu  ,  fa  ,  allons  ^  gay  _,  &:c. 

Les  imitativcs  ,  qui  indiquent  par  imicrtrion  les  fons 
que  forment  les  animaux  ,  ou  que  le  choc  des  corps  fait 
entendre  ^  tels  que  ,  bée  ^  cric  j  crac  ,  tic  ^  tac  ,  don- don  y 
pouf,  &CC.  ,       ,     r 

Les  exhibitives  ,  qui  préfentent,  &  montrent  la  chofe 
aux  yeux  ,  comme  } voici ,  voila  ^  &c. 

Les  explétives  j  qui  ne  fervent  fimplemenr  qu'à  arron- 
dir ou  affermir  un  autre  mot ,  lequel  le  plus  fouvent  ed 
Jui-même  particule,  ou  conjondion  5  tels  font ,  fa  ,  da, 
bien  ,  fus  y  dans  ces  exprelîions  ^  ah  fa  ,  oui  dd  y  eh  bien  y 
or  fus  y  &c. 

Enfin  la  particule  que  bien  différente  ,  quant  au  fens, 
'des  autres  que  de  la  langue,  &  que  nous  appelions /r^'- 
curfive  j  parcequ'elîe  eft  comme  un  avanr-coureur  defti- 
né  à  préparer  l'efprit  à  la  tournure  d'idée  dans  laquelle 
on  vcut-qu'il  prenne  ce  qui  la  fuit  ;  foit  qu'elle  mdique 
l'admiration  ,  relativement  à  la  quantité  ou  à  la  qualité  ; 
&  dans  ce  cas  elle  fe  fait  fuivre  de  la  prépofîtion  de  : 
que  de  fots  à  la  Ville  !  que  l'on  voit  de  fourberies  a  la- 
-Cour  !  foit  qu'elle  marque  l'exclamation  j  que  vous  êtes 
fîmple  y  fi  vous  le  craye\  !  foit  qu'elle  marque  le  repra- 
che  \  que  ne  parlie:^-vous  !  que  ne  vous  faifie-^-vous  con~ 
noztrc  1  foie  qu'elle  indique  le  comm.andemeiit  j  que  l'on 


SS  PAR 

fe  dépkhe  ;  que  l'on  obéijfe  fans  réplique  5  Coït  qu^eHtf 
ferve  à  montrer  le  fouhait  j  que  le  Ciel  le  comble  de/es 
faveurs  !  foit  enfin  qu'elle  fnffe  prendre  la  penfée  en 
hypothefe  ;  que  vous  réujfijftei  ou  non  y  vous  aurev^  tou^ 
jours  fait  une  imprudence.  Qu'on  l'approuve  ou  quon  le 
condamne  ^  l'homme  vertueux  n'en  fait  pas  moins  fon 
devoir. 

Celles  de  la  première  clafTe,  que  nous  avons  nom- 
mées ajfenives  fuivent  pour  la  conftrudion,  des  loix  dif- 
férentes :  oui ,  non  ^  fe  mettent  au  commencement  5  oui  , 
je  le  veux.  Non  ,  je  ne  le  ferai  pas.  Ne  fe  place  toujours 
entre  le  fubjeflif  &  l'attributif  quand  la  forme  de  la 
phrafe  eft  expofîtive  :  l'honnête  homme  ne  doit  croire  que: 
le  mal  bien  prouve.  Si  la  piirafe  eft  interrogative  ou  im-. 
pérative,  la  particule  n£  marche  à  la  têtej  ne  ']ugere\^ 
vous  jamais  que  fur  des  rapports  incertains  ?  Ne  tranf^ 
formons  jamais  nos  vices  en  vertus  ,  ni  nos  erreurs  en. 
vérités. 

Pas  y  point  ,  &  plus  n'ont  place  qu'après  le  verbe  ,  fî 
celui-ci  eil  dans  un  temps  (impie  j  s'il  eft  dans  un  temps 
compofé  ,  ces  trois  particules  fe  mettent  entre  l'auxi- 
liaire ^L  le  participe.  Au  refte  ces  expreiTions  ne  font 
pour  l'ordmaire  que  les  explétives  de  la  particule  uq 
dont  elles  appuient  l'aiTcrtion  négative.  Pas  &  point 
nient  abfolumentjp/zi^  ,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
l'adverbe  de  quantité ,  nie  d'une  manière  relative  qui 
oblige  à  défigner  le  temps  ,  de  façon  que  ce  qu'on  nie 
pour  le  préfent  >  eft  fuppofé  affirmatif  pourle  paiîé  :  La 
raifon  n'admet  pas  de  vains  préjugés  pour  des  preuves.  Un 
bon  cœur  ne  croit  point  le  mal  à  la  légère.  Le  cœur  de 
l'homme  defire  encore  lors  même  qu'il  n'a  plus  d'ejpérance. 
Quand  on  ne  fait  plus  quel  remède  apporter  a  fes  maux  j,. 
il  faut  recourir  a  la  patience.  Vous  n'aurie^  plus  été  mai-- 
tre  de  votre  cœur  y  fi  vous  avie[  cédé  a  cette  paffion  naif- 
fante.  Quand  on  a  à  choifir  entre  pas  &  point  y  pour  fe 
décider  ,  il  faut  obferver  que  point  nie  avec  plus  de 
force  ,  avec  un  ton  plus  décifif ,  plus  dur  \  je  ne  vous 
entends  point  :  je  ne  vous  entends  pas.  Je  ne  le  crois  peint  : 
je  ne  le  crois  pas  ,  8cc.  Au  refte  ,  on  ne  peut  pas  tou- 
jours les  fubftituer  l'un  à  l'autre  ;  on  doit  toujours  ik 
fcrvir  de/7tf5  ,  quand  les  mots  qui  fuivent  marquent 


PAR  S7 

quelque  ^épé  de  quantité  ou  de  qualité  :  elle  na  pas 
grande  beaicé  y  mais  elle  a  bien  des  grâces  y  vous  ne 
trouveriez  pas  becucoup  de  ccrurs  comme  le  fien.  Les 
riches  ne  font  pas  toujours  plus  heureux  que  les  pauvres  ^ 
Sec.  Point  fe  place  ave.  'c  grâce  avant  la  prépod- 

tion  de  ,  &  à  la  fin  de  bien  u.'  plirafes  5  il  faut  plaindre 
celui  qui  na  point  de  talent  ,  6'  ne  mèprifer  que  celui  qui 
lia  point  de  vertu.  S' il  vous  manqua  en  cette  occcfion  ,  je 
ne  m'en  apperçus  point ,  &c.  Dans  l'interrogation  ,  point 
ne  paroîc  infinuer  que  le  doute  ;  n'êtes  -  vous  point  né 
fenfble  ?  mais  pas  lailfe  quelquefois  entrevoir  qu'on 
fuppofe  la  chofe  fur  laquelle  on  paroît  douter  j  n'êtes^ 
vous  pas  né  fenfible  ? 

Nous  avons  dit  que  pas  ^  points  Se  plus  étoient  les 
explétives  de  ne  ;  cela  efi:  vrai ,  i''.  en  ce  que  ces  trois 
particules  ne  fe  mettent  jamai';  dans  une  phrafe  ,  que 
l'autre  ne  les  précède  ,  à  moins  qu'il  n'y  ait  quelque 
ellipfe  dans  le  difcours  ,  ou  que  point  ne  fe  trouve  feul 
en  réponfe  :  efi-ce  là  ce  qu'il  veut  dire  ?  point  du  tout . 
alors  on  emploie  aufTi  ,  non  y  z".  en  ce  que  ne  a  befoin 
de  ces  particules  ou  de  quelqu'autre  mot  négatif  pour 
completrer  fa  négation  ,  à  moins  que  le  tour  de  la  phrafe 
ou  certains  verbes  n'y  fuppléent,  comme  dans  lesphra- 
fes  fuivantes  ;  //  ne  veut  rien  entendre.  Il  ne  peut  voir 
perfonne.  On  ny  voit  goutte.  Il  ne  dit  mot  ^  Sec.  Rien  ^ 
perfonne  ,  goutte  ^  met ,  font  ici  des  termes  négatifs  qui 
fuppléent  au  mot  pas  ou  point.  On  ne  peut  dire  ,  il  ne 
veut  pas  rien  entendre.  Ce  feroit  le  cas  pour  lequel  les 
deux  Savantes  de  Molière  vouloient  que  leur  fervante  fût 
chalTce  : 

De  pay  mis  avec  rien  tu  fais  la  récidive , 

Et  c'eft  ,  comme  on  t'a  dit ,  trop  d'une  négative. 

Au  refte  il  faut  obferver  que  mot  ne  s'emploie  de  la  forte 
qu'après  dire  ^  Se  que  goutte  ne  s'emploie  qu'après  voir  , 
fi  ce  n'eft  en  ftyle  familier  où  l'on  dit  d'un  homme 
fourd  ,  il  n'entend  goutte.  Vous  ne  pourre:^  jamais  retrou- 
ver la  belle  occafon  que  vous  ave7[  perdue.  Il  ne  veut  nul- 
lement vous  entendre.  Je  n'aime  ni  lès  efpritsfaux  ,  ni  les 
cœurs  durs.  Ne  marche  feul ,  quand  il  vient  après  les 


S8  PAR 

comparatifs  ,  ou  après  les  pronoms  autre  y  aucun  ,  nul  ; 
il  eji  plus  docile  cj^e  vous  ne  croycT^.  Je  le  retrouve  tout  au- 
tre que  je  ne  l'ai  vu,  &:c.  Il  eft  encore  feul  avant  ou 
après  un  que  conjondif ,  après  un  que  ou  qui  relatif  fuivi 
<i'un  fubjonélif ,  ou  un  ^:/e  particule  de  reproche,  ou 
après  à  jnoins  que  j  Ji  j  ou  autres  conjonclions  qui  aient 
îe  même  fcns  :  un  cœur  jaloux  ne  fait  paroitre  que  des 
feux  qui  le  font  haïr.  Je  ne  veux  de  rêcompenfe  que  It 
plaifir  d'avoir  obligé.  Vous  êtes  plus  heureux  que  vous  ne 
mérite-!^.  EJi-il  quelquun  que  je  n'aie  interrogé  ?  Il  nefi 
perfonne  qui  ne  le  connoijfe.  Que  ne  vous  expliquier  vous 
^plutôt  !  Si  vous  ne  le  faites  ,  qui  pourra  le  faire  ?  Je  ne  U 
ferai  pas  a  moins  que  vous  ne  k  foukaiticT^. 

Quand  le  verbe  il  y  a  elf  fuivi  d'un  autre  verbe  au 
prétérit,  la  négation  ne  fe  place  feule  ;  il  y  a  long-stems 
que  je  ne  l'ai  vu.  Mais  fi  le  fécond  étoit  à  un  autre 
temps  ,  alors  ne  fe  fait  accompagner  jil  y  a  près  d'un  an 
que  nous  ne  le  voyons  plus.  Ne  eft  encore  fcul  ,  quand 
il  eft  avec  la  piépoficion  de  fervant  à  exprimer  un  efpa- 
ce  de  temps  ;  je  ne  veux  le  voir  de  ma  vie.  De  dix  ans  je 
ne  lui  pardonne. 

Après  les  verbes  de  crainte ,  fî  l'on  parle  d'un  effet  que 
l'on  ne  fouhaitc  pas,  on  retranche /'^i'  Se  point  ;  je  crains 
qu'Une  fe  fâche  :  de  même  après  empêcher  ,  prendre  gar- 
de ,  de  peur  que  ,  &  autres  femblablcs.  Si  l'on  parloit 
d'une  chofe  que  l'on  fouhaitât ,  il  faudroit  mettre  pas 
ou  point  après  ne.  Je  crains  qu'il  ne  me  croye  pas. 

Il  femble  qu'il  foit  mieux  de  retrancher  pas  &  point 
avec  les  verbes  ofer  ,  ccfjer  ,  pouvoir  ,  favoir.  Je  nofe 
m'y  expofcr.  Vous  ne  cejfe:^  de  me  contredire.  Vous  ne 
pouve:^  apprendre  a  connoitre  les  hommes?  Je  ne  fais  ou 
j'en  fuis.  Mais  il  ne  faut  jamais  om.ettre  le  ne.  Racine 
dans  Bérénice  a  dit  : 

Ciaign:z-vous  que  mes  yeux  verfont  trop'peu  de  larmes  ? 

Pour  que  la  phrafe  Çxxt  bien  régulière  ,  il  faudroit  ne 
*verfcnt  trop  peu  de  larmes  ? 

J'avoue  ,  dit  M.  l'Abbé  d'Olivet  ,  que  cette  par- 
ticule prohibitive  paroît  redondante  cii  notre  langue; 
mais  clic  y   eft   de   tems   iaimémorial.   Pourquoi   ne 


PAR  ^9 

rcfpe(îleiions  nous  pas  des  ufages  fi  anciens  ? 

Si  j'ai  befoin  de  vous  de  peur  qu'on  me  contraigne. 

Coï7i£iîU  dans  Ukoméde^ 

"»3  II  faudroit,  dit  M.  de  Voltaire  j  pour  que  la  phrafe 
»ï  fût  cxadle  ,  la  négation  ne  :  qu'on  ne  me  contraigne, 
w»  En  général  voici  la  rc2;le.  Quaad  les  Latins  emploient 
»  le  ne  ,  nous  l'employons  aufli.  Vereor  ne  cadat ,  je 
3j  crains  qu'il  ne  tombe.  Mais  quand  les  Latins  fe  fer- 
•  3s  vent  èiUt  ^  à'utrum  ,  nous  fuppnmons  ce  ne.  Dubito 
33  utrum  cas  ,  je  doute  que  vous  alliez  :  opto  ut  vives  , 
30  je  fouhaite  que  vous  viviez.  Quandye  doute  eft  ac- 
3s  compagne  d'une  négation  ,jé  ne  doute  pas  ,  on  la  re- 
»  double  pour  exprir»er  la  chofe  ^  je  ne  doute  pas  que 
33  vous  ne  taimie-^.  La  TupprefTion  de  ne  ,  dans  le  cas  oii 
33  il  eft  d'ufage ,  eft  une  licence  qui  n'eft  permife  que 
33  quand  la  force  de  l'expreflion  la  fait  pardonner  35. 

Ceft  en  ufant  de  cette  licence  que  M.  de  Voltaire  % 
dit  dans  Zaïre  : 

Et  qui  craignant  fur- tout  qu'à  rougir  on  l'expofe. 
D'un  refus  outrageant  veut  ignorer  la  caufe. 

il  faudroit  dans  l'exaditude  de  la  Profe  ,  on  ne  l'cx^ 
I>ofe, 

Il  ne  tiendra  qu'au  Roi  ,  qu'aux  effets  je  ne  pafîe. 

Corneille  dans  Nicoméde» 

93  Souvent  en  ce  tems-là  j  on  fupprimoit  le  ne  quand 
33  il  falloit  l'employer  ,  &  on  s'en  fervoit  quand  il  fal- 
»  loit  l'ometre.  Le  fécond  ne  eft  ici  un  folécifrae  il  tient 
33  à  vous  y  c'eft  à-dire  ,  il  dépend  de  vous  quejepajfe  , 
33  quejefajfe  ,  que  je  combatte  ^  &c.  Il  ne  tient  qu'a  vous 
33  eft  la  même  chofe ,  que  /'/  tient  a  vous-,  donc  le  ne  fui- 
30  vaut  eft  un  folefcifme.  M.  de  Voltaire. 

Les  Poètes  emploient  quelquefois yÎ2/i"-yf;pûJ  j  f^is- 
je  pas ,  pour  ne  Jais-je  pas .,  ne  fuis- je  pas :,  comme  nous 
i'obfervons  au  mot  Licences  I-oetiques. 

Cette  fuppreflion  de  la  négative  ne  dans  ce  cas  ci  eft 
une  faute  fuivant  les  décilîons  de  l'Académie  ,  &  M. 
TAbbé  d'Olivet  penfe  que  pour  les  vers  ,  c'eft  une  li- 


5)0  PAR 

cencc  dont  aujourd'hui  les  oreilles  délicates  font  hlcC* 
(ees.  Il  s'appuie  même  de  l'autorité  de  Thomas  Corneille^ 
qui  Jifoit  :  d'oter  ici  la  négative  ce  peut  être  une  commo^ 
dite  pour  les  Poètes  :  mais  ils  doivent  donner  un  tour  ai fé 
h  leurs  vers  ,  fans  que  ce  foit  aux  dépens  de  la  véritable 
eonfiruHion.  Au  refte  :  voye:^  Syntaxe. 

Les  particules  admonitives  fe  placent  aiTez  au  gré  de 
celui  qui  parle  5  allons  ,  mes  amis  ,  courage  !  Tout-beau  ^ 
n'allons  pas  fi  vite  !  Chut ,  quelqu'un  vient.  Quefi-ce  que 
tu  marmortes-là  ^  hem  !  Ça  ^  ça  ^  ne  raifonnons  pas  tant  ! 
Divertiffbns-nous  ,  gay  !  On  voit  que  leur  liberté  ne 
confifte  gueres  qu'à  fc  placer  au  commencement  ou  à  la 
fin  de  la  phrafe. 

Les  imitatives  ne  Ce  mettent  pour  l'ordinaire  qu'après 
le  verbe,  en  forme  de  fubjeûifsj  rufagen'en  eft  pas  fré- 
quent, &  paroît  ne  convenir  qu'au  badinage  des  bouf- 
fons. Les  exhibitives  fe  mettent  toujours  à  la  tête  de  ce 
qu'elles  montrent ,  à  moins  qu'il  ne  foit  exprimé  par  un 
pronom  relatif  ou  perfonnel  5  car  alors  elles  marchent 
après  ;  voici  la  maifijn  ;  voila  le  maître.  Voici  ce  que 
j'avais  à  vous  dire.  Me  voici,  La  voila.  Le  livre  que 
voici  ^  dcc. 

Les  explétives  font  fixées  à  fuivre  immédiatement  le 
mot  qu'elles  arrondilTent  ou  dont  elles  fortifient  la  va- 
leur 5  or  fus  ,  Monfieur  le  Spadajjtn  ! 

Le  terme  même  de  précurfive  dit  aifez  que  cette  parti- 
cule doit  précéder  ce  qu'elle  affcde  ,  pour  le  faire  pren- 
dre dans  le  tour  d'idée  qu'elle  lui  donne.  Que  l'homme 
eft  induftrieux  a  fe  tourmenter  !  Que  gagne-t-on  a  livrer 
fon  cœur  aux  chimères  que  l'imagination  enfante  ?  Que  de 
peines  de  moins  ^fi  l'on  pouvoit  n  écouter  que  la  raijon  ! 
Que  ne  fait-on  du  moins  s'inftruire  par  fa  propre  expé^ 
rience  ! 

PARTIES  D'ORAISON.  Foye^  l'article  M  or  s. 

PARTIR.  Verbe  neutre  ,  irrégulier  ,  de  la  féconde 
conjugaifon.  Il  fignific  s'en  aller  ,  quitter  un  lieu  ;  for- 
tir  d'un  endroit  pour  aller  dans  un  autre.  Il  clt  commu- 
nément accompagné  des  prépofitions  de  &  pour.  La  pre- 
mière marque  le  lieu  d'où  l'on  part;  la  féconde  celui  où 
l'on  va.  Remarquez  aufli  que  pour  fcs  rems  compofés  , 
il  admet  tour  à  tour  les  verbes  auxiliaires  avoir  on  être. 


PAR  PAS  91 

Je  fuis  parti  ou  f  ai  parti  de  Paris  i  mais  l'auxiliaire  être 
cft  plus  ufité.  Il  eft  parti  pour  l'Italie. 

On  y  joint  des  compaiaifons  pour  peindre  l'adioii 
avec  plus  de  force  &  d'énergie.  //  part  plus  vite  que 
le  vent.  Il  part  comme  un  éclair  ^  comme  la  foudre  ^  corn- 
me  un  trait. 

Partir  eft  quelquefois  pris  fubftantivement  >  tout  efi» 
il  préparé  pour  le  partir. 

Son  compofé  ttïrepartir  :  voyer  ce  verbe  ,  voye:(^  auiïï 
DÉPARTIR  ,  qui  cependant  n'en  elt  pas  comporé. 

Indicatif.  Préjent.  Je  pars ,  tu  pars,  il  part  3  nous 
partons,  vous  partez  ,  ils  partent.  Imparf.  Je  partois  , 
&c.  Prétérit.  J'ai  eu  je  fuis  parti.  Prétérit  indéfini.  Je  par- 
tis ,  &c.  Futur.  Je  partirai ,  &c.  Conditionel  préfent.  Je 
partirois  j  Sic.  Impératif.  Pars  ,  qu'il  parte  ;  partons  , 
partez  ,  qu'ils  partent.  S  ubjonH  if  préfent.  Que  je  parte  5 
que  tu  partes  ,  &c.  Imparfait,  Que  je  partiife.  Participe 
préfent.  Partant.  Participe  paffé.  parti ,  ^tlïùz.  Partant  ^ 
eft  conjondion  de  conciufion  comme  ici  -^plus  d'amour^ 
partant  plus  de  joie. 

PAR-TOUT ,  eft  un  des  adverbes  compofés ,  il  défi^ 
gne  le  lieu  :  voye7[^  Adverbe. 

PAS,  eft  une  des  particules  afTertives  par  voie  de  né- 
gation :  voy«:^  Particules. 

PASSÉ.  Voyei  Prétérit. 

PASSÉ  CONDITIONNEL.  Ce  tems  annonce  qu'une 
chofe  feroit  abfolument  pafTée  ,  Il  une  certaine  condi- 
tion eut  été  efFeduée  :voye;j;  Tems  des  verbes  6" Con- 
jugaison. 

PASSIF.  Ce  mot  exprime  une'  pafTion  ,  une  adtioiî 
comme  fouiFerte.  Nous  ne  le  difons  que  de  certains 
verbes. 

Les  verbes  pajftfs  font  ceux  dont  le  fujet  ne  produit 
pas  l'adion  qu'ils  lignifient ,  mais  la  fouffre  i  je  fuis  ai^ 
mé  ;  dans  ce  verbe  ,  je  eft  le  fubjeciif  oU  le  fujet  de  la 
phrafe  5  &  cependant  ce  n'eft  pas  moi  qui  produis  l'ac- 
tion ^ aimer  :  en  un  mot  ce  n'eft  pas  moi  qui  aime  ; 
mais  c'eft  moi  qui  fuis  l'objet  de  l'adion  d'aimer  3  c'efc 
moi  qui  fuis  aimé. 

Nous  n'avons  point  de  verbes  qui  foient  paHifs  dans 
la  rigueur  &  quant  à  l'expreflion  :  mais  nous  avons  des 


5,1  PAS 

périphrafes  compofécs  qui  équivalent  à  des  Verbes  paf-* 
fifs ,  qui  le  font  quant  à  la  figiiification  ,  &  auxquelles 
on  en  donne  le  nom. 

Ces  périphraff^s  font  compofces  du  verbe  auxiliaire 
ttre ,  &  du  participe  palTé  du  verbe  que  l'on  veut  rendre 
pafTifj  comme,  être  aimé^jc  fuis  aimé^  fontcompofés  du 
verbe  être  ^  jtfuis  ^  &  du  mot  aimé  ,(Vài  eft  participe  du 
verbe  aimer. 

On  pourroit  croire  là-defTus  que  tout  verbe  qui  a  ua 
participe  palTé  ,  peut  devenir  paflîf  (car  on  fent  que  ceux 
auxquels  ce  participe  manque  ne  peuvent  jamais  le  de- 
venir ;  ;  mais  on  fe  tromperoic ,  puifque  pour  qu'un 
verbe  devienne  pafîif ,  il  faut  qu'il  exprime  une  adiou 
donc  l'objet  foit  différent  du  fujetqui  la  produit  :  autre- 
ment le  partlf  deviendroit  inutile  ;  car  fi  le  verbe  n'étant 
pas  au  pallîf ,  exprime  une  adion  qui  d'elle-même  Se 
par  la  ugnification  même  de  ce  verbe  n'ait  pour  objet 
que  celui  qui  la  produit ,  il  s'enfuit  que  n'étant  pas  en- 
core au  palfif ,  il  auroit  pour  fubjedif  celui  même  qui 
cfi:  l'objet  de  l'adlion  ;  &  c'cft  tout  ce  qui  fait  le  paflif. 
Ce  verbe  donc  rempliffant  toute  l'étendue  des  devoirs  du 
verbe  paHif,  fans  l'être  quant  à  la  forme,  ce  feroit  un 
acte  inutile  que  de  lui  donner  cette  forme,  qui  ne  lui 
ferviroit  à  rien.  Ceci  s'applique  particulièrement  aux 
verbes  neutres. 

On  peut  voir  au  mot  Conjugaison  la  formation 
des  temps  de  ce  que  nous  appelions  verbes  pajftf s. 

Quant  aux  ré2;imcs  de  ces  verbes  ,  ils  ne  fe  font  ja- 
mais que  par  le  fccours  de  quelques  prépofitions  :  voye:(^ 
Prépositions.  Nous  dirons  néanmoins  que  le  principe 
de  l'adion  étant  joint  au  verbe  pafîif ,  on  doit  toujours 
l'unir  à  ce  verbe  par  la  prépoftion  de  ou  par.-^  mais  plus 
fouvent  par  la  prépoficion  de  :  comme  ^  il  eft  eflimé  de 
tout  le  monde  ,  il  a  été  tué  par  des  voleurs. 

On  donne  pour  règle  générale  à  cet  égard  ,  qu'il  faut 
la  prépolition  de  quand  i'adiion  exprimée  par  le  verbe 
cft  une  adion  produire  par  une  puilfance  fpirituelle  , 
par  l'ame  ;  &  qu'ordinairement  la  prcpofition/'ur  con- 
vient mieux  quand  l'adion  participe  des  fcntiments  de 
l'anic  &  des  mouvements  du  corps  j  tels  font  les  der- 

mers 


PAS  59 

ftleis  exemples.  Si  cette  règle  n'eft  pas  fans  exception  ^ 
elle  cft  dn  moins  généralement  jufte. 
"   PASSIONS.  Les  partions  font  comptées  en  Rhétorique 
pour  le  troifiemc  moyen  de  perfuader  ,  elles  font  auffi  le 
plus  sûr  fans  contredit  :  voye^  Invention. 

On  entend  par  paflTions  ces  vifs  fentiments  de  l'amc 
qui  font  excités  par  la  douleur  ou  par  le  plailir.  Ils  dé- 
coulent tous  de  ces  deux  fources.  Leur  nombre  égale 
cefui  des  agitations  du  cœur  humain  :  ainfi  nous  n'en- 
treprendrons pas  de  les  compter,  ce  feroit  d'ailleurs  une 
chofe  fort  inutile. 

Le  feul  moyen  d'exciter  les  pallions  dans  les  au- 
tres hommes  ,  c'eft  de  les  bien  fentir  foi-même.  Tous 
les  préceptes  qu'on  pourroit  donner  fe  réduiront  tou- 
jours là. 

Les  pallions  rendent  éloquent  le  plus  inepte  de  tous 
les  hommes.  Quand  on  eft  fortement  ému ,  ces  expref- 
fions  vives  &  naturelles  ,  il  propres  à  faire  palier  les 
agitations  de  notre  ame  dans  l'ame  de  ceux  qui  nous 
écoutent,  fe  préfentent  d'elles-mêmes.  Les  palfions don- 
nent du  corps  &  de  la  réalité  aux  chofes  dont  on  parle, 
&  les  peignent  par  des  traits  vifibles  qui  frappent  les 
fens  ,  qui  remuent  l'imagination  ,  &  qui  montrent  un 
objet  fenfîble.  Tout  fe  peifonifie  ,  tout  prend  une  ame  ^ 
tout  fe  vivifie.  C'eft  auffi  la  raifon  pour  laquelle  on  ac- 
cumule les  figures  dans  les  palTions  :  voye:^  Figures. 

On  fait  ufage  des  paffions  furtout  dans  la  péroraifon  5 
c'eft  proprement  leur  place.  Dans  cette  dernière  partie 
du  difcours  ,  l'Orateur  pour  achever  d'entraîner  fes  Au- 
diteurs ,  déploie  tout  ce  que  l'Eloquence  a  de  plus  fort , 
de  plus  tendre  &  de  plus  alredueux  :  voye^  Pérorai- 
son. 

Il  s'en  fert  auffi  dans  les  autres  parties  du  difcours  , 
mais  avec  bien  plus  de  ménagement.  Il  les  place  après 
chaque  récit  ^  quand  la  caufe  en  a  plulieurs ,  ou  après 
chaque  partie  du  récit  quand  il  eft  trop  long  ,  ou  enfin 
après  la  preuve  de  chaque  fait  ;  c'^ft  ce  qu'on  appellç 
amplification  :  voyez  ce  mot. 

Nous  ne  donnerons  point  ici  d'exemples  des  paffioii 
tîous  nous  contenterons  de  renvoyer  les  Lecteurs  aux 
Ecrits  des  Bourd^loue ,  des  Boifuet ,  des  Fléchier  ,  de» 
Tome  II,  Q 


54  P  E  N  P  E  R 

Maflillon  ,  Sec.  Ils  trouveront  dans  ces  célèbres  Ora- 
teurs des  exemples  parfaits  en  tout  genre. 

PAS  UN  ,  cft  un  des  pronoms  indéfinis  :  voyez  cet  ar* 
ticle  au  mot  Pronoms. 

PAUSES  :  voyei  Ponctuation. 

PÊLE-MÊLE  ,  eft  un  des  adverbes  qui  expriment 
l'arrangement  refpeaif  des  chofes  entr'elles  ;  voyei  Ad- 


VERBE. 


ERBt.  ,       r  ■  ri 

PENDANT  ,  eft  une  des  prepolitions  Iimpies  :  voyei 
Prépositions.  .       ,     ,. 

PEPvDRE.  Verbe  acStif  irrégulier  ,  de  la  quatrième 
conjugaifon  ,  qui  marque  la  privation  adive  ou  paflive 
de  quelque  chofe  j  toutes  les  manières  de  parler  ou  il 
eft  employé  reviennent  à  cette  fimple  définition. 

Perdre  fin  argent  ^  perdre  fi  réputation  y  c'eft  en  être 
privé.  Verdre  un  homme  ,  c  eft  le  dépouiller  de  Tes  ref- 

iburces.  ,      -i        i 

INDICATIE.  Vréfint.  Je  perds ,  tu  perds  ,  il  perd  ;  nous 
perdons ,  vous  perdez  ,  ils  perdent.  Imparfait M^zi^ox'^^ 
&:c.  Prétérit.  Je  perdis  ,  &c.  futur.  Je  perdrai ,  &c.  Con- 
ditionnel pré  fint.  Je  perdrois  ,  &c.  Impératif.  Perds, 
qu'il  perde  j  perdons ,  &c.  Subjonctif.  Préfent.  Que  je 
perde  ,  &c.  Imparfait.  Que  je  perdiiTe,  &c.  Participes. 
Perdant,  perdu,  perdue.         ^ 

Les  temps  compofés  font  réguliers. 

PERIODES  :  voyei  Construction  &  Nombre 
Oratoire.  , 

PERIPHRASE.  Ce  mot  fignifie  en  grec  circonlocu- 
tion :  elle  confifte  à  exprimer  en  plufieurs  mots  ce  qu'on 
auroit  pu  dire  en  moins  ;  ce  qui  fe  fait  ou  par  bienféan- 
ce  lorfqu'on  veut  tirer  un  voile  fur  des  idées  bafles  çu 
peu  honnêtes ,  &  en  cela  la  périphrafe  eft  la  même 
chofe  que  l'euphémifme ,  ou  pour  le  développement  & 
l'ornement  du  difcours  5  c'eft  ainfi  ,  par  exemple  ^  que 
toutes  les  définitions  font  des  efpeces  de  périphrafes  ;  ou 
enfin  par  nécciïité  ,  lorfque  la  Langue  dans  laquelle  on 
écrit  n'a  point  de  terme  pour  exprimer  ce  qu'on  a  dans 
l'idée  ,  ou  qu'en  traduifant  une  Langue  on  n'a  point 
d'exprcflions  propres  pour  rendre  l'original. 

Cette  figure  eft  fort  ordinaire  dans  les  Poètes,  qui 
«'en  fervent  pour  enrichir  leurs  defcriptions. 


P    E    R  ^y 

Boileau  ,  pour  dire  qu'il  a  cinquante-huit  ans  ,  em- 
ploie cette  périphrafe  : 

Mais  aujourd'hui  qu'enfin  la  vieilleffe  venue  , 
Sous  mes  faux  cheveux  blonds  déjà  couce  chenue  , 
A  jette  fur  ma  tête  avec  fes  doigts  pefants 
Onze  luftres  complets  furchargés  de  trois  ans. 

Au  lieu  de  dire  a  la  pointe  du  jour,  un  Poète  dira; 

L'aurore  cependant  au  vifage  vermeil 
Ouvroit  dans  l'orient  le  palais  du  foleil , 
La  nuit  en  d'autres  lieux  portoit  fes  voiles  fombresi 
Lc^  fonges  vûltigeans  fuyoicnt  avec  les  ombres. 
;  Henriade  Ch.  VL 

Pour  due  qu'il  fe  fait  tard,  Boileau  s'exprime  ainfi  4 

Les  ombres  cependant  fur  la  Ville  épandues , 
Du  faîte  des  inalfons  defcendent  dans  les  rues. 

(  Lutrin  ). 

Dans  l'emploi  des  pcriphrafes  il  faut  prendre  garde  de 
trop  étendre  ce  qu'on  a  fuififamment  développé  ;  ce  fe- 
roit  afFoiblir  l'expredion  ,  &  ennuyer  le  Ledeur  ,  qui 
n'aime  point  à  retrouver  une  penfée  fous  des  formes 
moins  agréables. 

PERMETTRE.  Verbe  adif  irrégulier,  de  la  quatriè- 
me conjugaifon  ,  compofé  de  mettre  ,  fur  lequel  il  fe 
conjugue,  &  de  la  prépofition  latine  per  ^  qui  veut  dire 
par, par  le  moyen.  Ainfi  permettre  fignifîe  proprement 
mettre  ,  par  le  moyen  d'une  loi,  à  portée  de  faire  quel- 
que choie  ,  en  donner  la  liberté  ou  le  pouvoir.  Les  loix 
Civiles  ne  permettent  pas  tout  ce  qui  femble  permis  par  U 
loi  de  la  nature  y  la  Religion  défend  bien  des  chofes  ,  q^ue 
les  loix  politiques  permettent  défaire. 

PERMISSION  ,  figure  de  Rhétorique  ;  voyez  Con- 
cession. ^ 

PÉRORAISON.  Ce  mot  vient  du  verbe  htin pérora^ 
re  ,  qui  fignifie  achever  un  difcours  ,  conclure. 

On  entend  p^v  péroraifon  en  Rhétorique  la  quatrième 
&  dernière  partie  d'un  difcours  ;  voye^  Disposition 

Gij 


^6  P  E  R 

Dans  la  péroraifon  l'Orateur  reprend  d'une  inanîcre 
concife  les  principaux  points  qui  ont  été  développés 
dans  le  difcours.  Il  les  remet  fous  les  yeux  des  Audi- 
teurs ,  dans  un  point  de  vue  plus  frappant ,  &  leur  don- 
ne un  nouveau  tour.  Il  le^>  revêt  des  plus  brillantes  figu- 
res. Enfin  il  étale  tout  ce  que  l'éloquence  à  de  plus 
féduifant  de  d"e  plus  pathétique  :  voye^  Passions  ,  Fi- 
gure. 

La  péroraifon  eft  la  pierre  de  touche  de  l'Orateur. 
C'ert-là  qu'on  reconnoît  s'il  eft  vraiment  éloquent. 

Voyez  les  péroraifons  de  Cicéron  5  il  excelle  dans 
cette  partie. 

Voyez  celles  de  nos  célèbres  Avocats ,  Patru ,  Lemaî- 
tre  ,  Cochin  ,  &c. 

Nos  Tragédies  nous  en  fourniffent  aufTi  de  très 
belles. 

Dans  la  mort  de  Ce  fur  ^  Tragédie  de  M.  Voltaire, 
Antoine  vers  la  fin  de  fa  harangue  fait  apporter  le  corps 
de  Céfar  encore  tout  fanglant.  Un  des  ipedateurs  s'é-» 
crie  ; 

Dieux  1  fon  fang  coule  encore  !  .  . 

Antoine  faifit  cette  idée,  &  achevé  de  foulever  le  peu-' 
pie  ,  contre  les  meurtriers  de  Céfar ,  par  cette  vive  pé- 
roraifon : 

Il  demande  vengeance  , 
Il  l'attend  de  vos  foins  Se  de  votre  vaillance  , 
Entendez-vous  fa  vo?x  ?   Réveillez-vous  Romains , 
Marchcï  ,  &  fuivez  moi  contre  fcsaflalîins  j 
Ce  font  là  les  honneurs  qu'à  Céfar  on  doit  rendre  ,  &:c. 

.  L'Oraifon  Fiuiebre  de  M.  le  Prince  de  Condé  ,  pat 
M.  Boffuet ,  nous  offre  encore  un  modèle  parfait  de  pé-w 
roraifon. 

Après  avoir  fait  un  pompeux  éloge  de  la  valeur  ,  de 
Ja  magnanimité  ,  de  la  bonté  naturelle  ,  de  la  vivaci- 
té ,  de  la  pénétration,  de  la  grandeur  ,  de  la  fublimité 
de  génie  ,  &  fur-tout  de  la  mort  vraiment  Chrétienne  Sc 
héroïque  de  ce  Prince  ;  il  finit  en  s'écriant. 

'»  Venez ,  peuples ,  venez  mauucnant  3  mais  reneA 


P  É  R  97 

plutôt,  Princes  &  Seigneurs;  &  vous  qui  jugez  la  terres 
33  &  vous  qui  ouvrez  aux  hommes  les  portes  du  Ciei  5 
33  &  vous  plus  que  tous  les  autres  ,  Princes  &  Princef- 
33  fes  ,  nobles  rejettons  de  tant  de  Rois  ,  lumières  de  la 
3'  Prance  .  mais  aujourd'hui  obfcurcies  ,  &  couvertes  de 
33  votre  douleur  comme  d'un  nuage  ;  venez  voir  le  peu 
33  qui  nous  refle  d'une  fi  augufte  nailfance  ,  de  tant  de 
33  grandeur,  de  tant  de  gloire.  Jettez  les  yeux  de  toutes 
33  parts  :  voilà  tout  ce  qu'ont  pu  faire  la  magnificence  &: 
33  la  piété  pour  honorer  un  Kéros  :  des  titres  ,  des  infcrip- 
33  tions  j  vaines  marques  de  ce  qui  n'eft  plus;  des  figures 
33  qui  ferablent  pleurer  autour  d'un  tombeau  ,  &  de 
33  fragiles  images  d'une  douleur  que  le  rems  emporte 
33  avec  tout  le  refte  5  des  colonnes  qui  femblent  vou- 
33  loir  porter  jufqu'au  Ciel  le  magnifique  témoignage  de 
33  notre  néant;  &-  lien  enfin  ne  manque  dans  tous  ces 
33  honneurs  ,  que  celui  à  qui  on  les  rend.  Pleurez  donc 

fur  ces  foibles  reftes  de  la  vie  humaine.  Pleurez  fur 
33  cette  trille  immortalité  que  nous  donnons  aux  Héros. 
33  Mais  approchez  en  particulier  ,  ô  vous ,  qui  courez 
33  avec  tant  d'ardeur  dans  la  carrière  de  la  gloire ,  amcs 
33  guerrières  &  intrépides  ?  Quel  autre  fut  plus  digne  de 
33  vous  commander  ?  mais  dans  quel  autre  avez-vous 
33  trouvé  le  commandement  plus  honnête?  Pleurez  donc 
33  ce  grand  Capitaine  ,  &  dites  en  général  :  voilà  celui 
33  qui  nous  menoit  dans  les  hazards  :  fous  lui  fe  foat 
33  formés  tant  de  renommés  Capitaines  que  fes  exem- 
33  pies  ont  élevés  aux  premiers  honneurs  de  la  guerre: 
33  ion  ombre  eut  pu  encore  gagner  des  batailles  :  & 
33  voilà  que  dans  fon  filence  fon  nom  même  nous  anime. 


33  Tous  enfemble,  en  quelque  degré  de  confiance  qu'il 
33  vous  ait  reçus  ,  environnez  ce  tombeau.  Verfez  des 
33  larmes  avec  des  prières  ,  &  admirant  dans  un  fi  grand 
33  Prince  une  amitié  f.  commode  &  un  commerce  fi  doux 
93  confervez  le  fouvenir  d'un  Héros  dont  la  bonté  avoir 
3  égalé  le  courage.  Ainfî  puilfe-t-il  toujours  vous  être  un 
3  cher  entretien. ,_ 

»....•...♦ 


9»  P  E  R 

33  Pour  moî,  s'il  m'eft  permis ,  après  tous  les  autres,  de 
S5  venir'rendre  les  derniers  devoirs  à  ce  tombenu  ,  o 
33  Prince  ,  le  digne  fujet  de  nos  louanges  &  de  nos  re- 
33  grets  ,  vous  vivrez  éternellement  dans  ma  mémoire. 
53  Votre  image  y  fera  tracée ,  non  point  avec  cette  au- 
33  dace  qui  promettoit  la  vidoire  ,  je  ne  veux  rien  voir 
33  en  vous  de  ce  que  la  mort  y  efface.  Vous  aurez  dans  cette 
33  image  des  traits  immortels.  Je  vous  y  verrai  tel  que 
33  vous  étiez  à  ce  dernier  jour  fous  la  main  de  Dieu  ,  lorf- 
33  que  fa  gloire  fembla  commencer  à  vous  apparoître. 
3»  C'ed-là  que  je  vous  verrai  plus  triomphant  qu'à  Pri- 
33  bourg  &    à  Rocroi 


33 


33  Agréez  les  derniers  efforts  d'une  voix  qui  vous  fut 
33  connue.  Vous  mettrez  lin  à  tous  ces  difcours.  Au  lieu 
33  de  déplorer  la  mort  des  autres  ,  grand  Prince  ,  doré- 
33  navant  je  veux  apprendre  de  vous  à  rendre  la  mienne 
33  fainte  ;  heureux  fî  averti  par  ces  cheveux  blancs  du 
33  compte  que  je  dois  rendre  de  mon  adminiftration  ,  je 
33  rélerve  au  troupeau  que  je  dois  nourir  de  la  parole 
33  de  vie  ,  les  reftes  d'une  voix  qui  tombe  &  d'une  zr- 
33  deur  qui  s'éteint. 

Quel  pathétique  !  •[uelle  fenfibilité  règne  dans  toute 
cette  péroraifon  ,  qu'il  eft  aifé  de  fentir  que  M.  Boffuct 
pleuroit  la  mort  d'un  ami  ! 

PERSONNE  ,  eft  un  des  pronoms  perfonncls  pour  la 
troilîeme  perfonne  j  il  eft  aufTi  fubftantif  &  alors  il  eft 
toujours  féminin.  On  peut  voir  la  nature  de  cette  difté- 
rence  elTentielle  au  mot  Pronoms. 

PERSONNE  ,  figure  encore  parmi  les  pronoms  in- 
définis :  voye\  cet  article  au  mot  Pronoms. 

PERSONNES  (  des  verbes  ).  Les  hommes  pour  s'ex- 
pliquer avec  plus  d'énergie  &  de  brièveté  joignent  fou- 
vent  ,  dans  un  même  mot  à  l'affimation  qui  eft  propre 
au  verbe,  le  fujet  de  qui  ils  affirment.  De-là  viennent  les 
perfonncs  dans  les  verbes. 

Quand  on  parle  de  foi-mcme  pris  féparément ,  on  dit 
je -je  veux.  Quand  on  parle  de  foi-même  réuni  avec 
d'autres  ,  on  dit  nous  :  nous  voulons  5  c'eft  la  premiere'i 
perfbnne. 

Quand  celui  ou  ceux  à  qui  l'on  parle  font  le  fujetdoj 


P  E  R  c)^ 

qui  on  affirme  ,  on  dit  tu  ,  vous  :  par  exemple  ,  tu  dis  , 
V0US  dites  ;  c'eft  la  féconde  perfonne. 

Si  cette  affirmation  fe  porte  fur  d'autres  ;  c'eft  la  troU 
fume  perfonne  ^  &  l'on  dit ,  il  ou  elle  y  ils  ou  elles  :  par 
exemple  on  dit ,  il  ou  elle  penfe  ,  ils  om  elles  penfent. 

D'oii  l'on  voit  que  la  perfonne  dans  les  verbes  eft  fou- 
vent  défignée  de  deux  manières  ;  par  le  pronom  qui  la 
repréfente ,  je ,  nous  ^tu^  vous  ,  il,  ils  5  &  par  l'inflexion 
du  verbe  ,  comme  par  exemple  Wi  3  vas  ,  va  ,  allons  , 
alle:^  3  vont.  On  y  réunit  ces  deux  expreffions  de  la  per- 
fonne ,  parcequ'il  y  a  quelques  occalîons  où  celle  du  pro- 
nom ne  peut  entrer  ,  comme  dans  les  impératifs  5  voye^ 
Impératif  5  &  que  dans  d'autres  l'inflexion  du  verbe  ne 
fuffiroit  pas  5  comme  dans  la  première  &  la  troifîeme 
perfonne  du  fîngulier  du  préfent  de  l'indicatif  adif  du 
verbe  aimer  ,  où  l'on  écrit  &  l'on  dit  également  aime  : 
y  aime  y  il  aime  ,  &c. 

Il  femble  néanmoins  d'abord  que  lorfque  l'une  de 
ces  deux  expreffions  de  la  perfonne  fe  trouve  &  peut 
fuffire  dans  un  verbe ,  il  n'y  faudroit  pas  mettre  l'au- 
tre :  Cl  le  pronom /V  fuffit  pour  diftinguer  la  première 
perfonne  d'avec  la  troifîeme  dans  j'aime  ,  il  aime  5  pour- 
quoi dans  le  verbe  aller  dit-on  je  vais  ,  il  va?  Si  le 
pronom  fuffit,  pourquoi  l'inflexion  varie-t-elle.  Si  l'in- 
flexion varie,  le  pronom  n'eft-il  pas  inutile?  Mais  la  loi 
de  l'ufage  eft  ici  la  première  loi  :  les  hommes  accoutumés 
à  recourir  fouvent  au  pronom  dans  des  circonftances  oii 
la  clarté  l'exigeoit ,  fe  font  habitués  à  le  mettre  par- 
tout ,  Cl  ce  n'eft  à^ l'impératif,  où  non-feulement  il  fe- 
roit  inutile  ,  mais  où  il  feroit  vicieux  ,  &  feroit  con- 
fondre ce  mot  vas  avec  l'indicatif  tu  vas  j  &  celui-ci 
allons  avec  l'indicatif  no«^  allons. 

Ces  pronoms  perfonnels  ,  je  ^  tu  ,  //  ou  elle  ,  nous  ^ 
vous  y  ils  ou  elles  ,  fe  mettent  toujours  devant  le  verbe 
dont  ils  font  le  nominatif  ou  fubjeâiif ,  excepté  dans 
trois  cas  qu'il  faut  expliquer. 

1°.  Si  le  verbe  doit  avoir  le  relatif  qui ,  ce  relatif  fe 
met  entre  le  pronom  perfonnel  &  le  verbe ,  mais  alors 
on  ne  fe  fert  point  des  pronoms  je  ,  tu  ^  il  ^  ils  ,  mais 
de  moi,  toi ^  lui  ,   elle  ,  nous  ,  vous  »  eux  ,  elles ^  Moi 

Giv 


ïôo  P  E  R 

^ui  le  veux,  $C  non  pas  ,/V  qui  le  veux  ^  ni  qui  je  le  veux;. 
ni  ^:^i  moi  le  veux.  On  dit  toi  qui  es  fage ,  lui  ou  ^//e 
çwi  ^y?  trijie  ;  «Oi^j  ^i^z  travaillons  5  roz/j  quijoue:^  j  e^^;  ou 
if//^^  çz^i  veillent. 

i"*.  Quand  le  verbe  eft  àlatroifieme  perfonne,  foit  du 
Singulier  ^  foit  du  piurier  ^  on  ne  met  le  pronom  per- 
sonnel que  lorfque  le  fubftantif  auquel  il  fe  rapporte  a 
déjà  été  prononcé  ,  ^  qu'on  ne  veut  pas  le  repéter. 
Pierre  eft  parejfeux  5  les  hommes  font  lâches  ;  Pierre  qui 
fait  de  belles  promejfes  j  les  hommes  qui  manquent  de 
■parole  5  &  non  pas ,  Pierre  il  eftparejfeux  y  ni  il  Pierre  eft: 
■pareffeux  \  ni  Pierre  qui  il  fait  3  ni  Pierre  il  qui  fait ,  ni 
il  Pierre  qui  fait  de  belles  vromeffes  ^  &c.  Mais  ce  verbe 
fans  pronom  ^  foit  qu'il  ait  un  qui  perfonnel  devant 
lui  ,  foit  qu'il  n'en  ait  point ,  eft  toujours  néceflaire- 
nient  à  la  troifieme  perfonne  du  fingulier  ou  du  piurier 
a  moins  qu'il  ne  foit  à  l'infinitif. 

3°.  Les  pronoms  perfonnels  fe  mettent  après  les  ver- 
bes lorfqu'on  interro,2;e  ,  comme  ,  Quefais-je  ?  Quedis^ 
tu  ?  Vicndra-t-il  ?  Travaillerons-nous  ?  Aime^-vous  les 
fciences?  Partiront  -  ils  ?  Deviendront- elles  modeftes  ? 
Surquoi  il  faut  remarquer  que  ^  lorfque  les  premières 
perfonnes  font  terminées  par  un  e  muet ,  il  faut  encore 
changer  cet  e  muet  en  é  fermé  ,  parccqu'autreitient  la 
prononciation  feroit  trop  rude,  trop  défagrcablc.  Ainlî 
on  ne  doit  pas  dire,  aime  je  trop-^  chante  je  bien,  &c.Mais, 
(iimé-j.e  trop  ?  chanté-je  bien  ?  Il  y  a  néanmoins  grand 
nombre  de  verbes  termines  par  un  e  muet  ou  autre- 
ment y  qui  par  fufage  &  à  caufe  de  la  rudeife  de  U 
prononciation  n'admettent  point  la  tranfpofition  da 
pronom  J^  après  eux  ,  ainiî  on  ne  dit  pas  cxtravagué-je  ? 
cours-je  ?  perds -je  ?  mais  je  ?  dors-je  ?  fors- je  ?  ôcc, 
ni  comme  quelques-uns  le  çroyent ,  courrai-je  ?  per- 
dai-je  ?  mentai-je  ?  dormai-je  ?  Sec.  Mais  alors  il  fau: 
avoir  recours  à  d'autrcjS  conftrudions  &  dire  ,  eft-ce  qu^ 
pu  croye:^-vous  que  f  extravague  ,  Sec. 

4".  On  met  encore  les  pronoms  perfonnels  après  les 
verbes  ,  quand  ces  verbes  font  précédés  de  ces  mots 
fiuj/t  ^  peut-être  ,  d".  moins  j  au  moins  ,  en  vain  ,  à  peine  ^ 
&:.au^rçs/embjabjçs  3  oij  quand  on  rapporjç  les  parg-* 


P  E  R:  i-oi 

I  les  de  quelqu'un  en  ajoutant  les  verbes  dire  ,  répondre  , 
reprendre  ,  &c.  ^i^Jfi  nirai-jc  pas  ;  peut-être  m  écouter er^-- 
vous  5  du  moins  fera-r- il  puni  i  envain  foTigerie:(-vous  à 
mieux  faire  j  à  peine  furent-elles  arrivées  :  promettei-le 
moi  ,  dit-il  ;  nous  ha-^r-rderons-tout  j  répondirent-ils  ;  // 
efi  ûiféde  confiiller ^  reprit  elle  ^  Sec. 

5*^.  Il  eft  encore  quelques  autres  circonflances  où  îe 
pronom  fe  met  après  le  verbe  ,  &:  où  la  termin?.ilon 
du  verbe  fe  change  ,  pour  rendre  le  langage  plus  aile  , 
comme  dujfé-je  mourir^  &c.  Mais  on  ne  peut  donner  la- 
de/Tus  ck  règle  précife  i  il  faut  recourir  aux  bons  Au- 
teurs Se  à  i'aCagt. 

Lorfqiie  le  verbe  n'a  point  de  pronom  devant  lui  , 
mais  un  fubdantif ,  &  qu'il  le  trouve  dans  un  des  trois 
derniers  cas  dont  nous  venons  de  parler  ,  le  fubflantif 
jcfte  devant  le  verbe  ;  &  immédiatement  après  le  ver- 
be on  ajoute  le  pronom  perfonnel  qui  convient  au  fub- 
ftantif:  exemple.  Pierre  ejîil  parejfeux  ?  A  peine  l'ar-^ 
mée  était- elle  en  marche  5  les  jaloux  dûjfcnt-ils  tricm.-» 
pher  y  Sec. 

Tout  verbe  qui  n'cfl:  pas  à  l'inHnitif  &  qui  n'efl  pas 
imperfonnel  veut  avoir  une  perfonne  exprimée  ou  fous- 
entendue  ,  avec  laquelle  il  s'accorde  en  nombre  &  en 
perfonne.  CcttQ  perfonne  eft  ce  qu'on  appelle  le  ncrnz- 
natif  on  fubjcclif  àa  verbe.  Si  ce  nominatif  ou  fubjcclif 
n'exprime  qu'une  feule  chofe  le  verbe  eft  au  f  ngulier  , 
l'amour  eft  une  venu  3  il  doit  être  au  pluriel ,  lîle  fub- 
jedif  exprime  pîufîeurs  chofes  ou  s'il  contient  plufieurs 
noms  au  fîngulicr.  Les  ferments  ne  rendent  pas  le  men* 
(eur  plus  digne  d'être  cru, 

C'cft  donc  L\  ou'AbaillaL-d  ,  que  fa  fidellc  époufe  , 
Vont  vivre  inJitih-ensl'un  par  l'autre  oubliés! 

Si  la  terminaifon  du  verbe  varie  autant  que  les  perfon?. 
nés  ,  il  doit  prendre  l'une  ou  l'autre  terminaifon  félon 
que  fcn  fubjedif  eft  de  l'une  ou  de  l'autre  perfonne. 
Mais  il  y  a  à  czz  égard  quelques  irrégularités  apparentes 
qu'il  faut  examiner. 

i".  Pour  la  féconde  perfonne  du  fmgulier  on  ne  (e 
kn  de  tu  qu'à  l'égard  des  perfonnes  qu'une  grande  fa-^ 


101  P  E  R 

miliarité  ou  une  extrême  fupériorité  autorife  à  tutoyer  ; 
il  ce  n'eft  dans  la  poéiîe  &  dans  les  grands  mouveraens 
des  paflTions. 

Tu  ne  vis  plus  pour  moi  ! 
Voyei  Tutoiement. 

Par-tout  ailleurs  il  faut  fe  fervir  de  la  féconde  per- 
fonne  du  pluiier.  Ainfi  on  doit  dire  ,  je  ne  vous  refujeraî 
point  le  plaijir  malin  que  vous  cherche:^  ,  &  non  pas  ,  je  ne 
te  refuferai point.  Ceft  une  façon  de  parler  qui  paroît|peu 
exade  :  mais  fî  la  grammaire  eft  ici  en  défaut ,  on  peut 
dire  que  c'eft  un  facrifîce  qu'elle  fait  à  la  policelfe. 

i''.  Quoiqu'on  mette  le  verbe  &  le  pronom  au  plu- 
riel en  parlant  à  une  feule  perfonne  ,  cependant  s'il 
vient  à  la  fuite  de  ces  deux  mots  quelque  nom  qui  fe 
rapporte  au  fubjedif  voz^^,  ce  nom  fe  met  au  fîngulier. 
Vous  êtes  bien  bon.   Vous  êtes  un  honnête -homme. 

3".  Quand  le  verbe  a  pour  fubjedif  un  nom  col- 
ledif  au  fîngulier  ,  feul  ou  fuivi  d'un  fubftantif  pluriel 
avec  la  prépofîcion  de ,  ce  verbe  fe  met  au  pluriel ,  com- 
me ,  la  plupart  prirent  la  fuite.  Une  infinité  de  gens  jugent 
d'après  autrui.  Cependant  il  y  a  beaucoup  de  noms  col- 
Icdifs  qui  ne  fuivent  point  cette  règle  ,  &  qui  étant  au 
fîngulier  ne  foufFrent  point  le  verbe  au  pluriel.  L'armée 
efi  en  marche  ;  le  peuple  eft  léger.  La  forêt  reverdit  ;  cette 
troupe  eft  fort  méprijée  ,  &c.  Ceft:  encore  ici  le  lieu  de 
renvoyer  à  l'ufage. 

4*  Quoiqu'cn  général  un  fubjcdifouun  pronom  qui 
eft:  au  pluriel  veuille  le  verbe  au  pluriel  ;  cependant  (i 
ce  fubjcâ:if  ou  ce  pronom  eft  régi  par  un  fîngulier  qui 
le  précède  ,  alors  le  verbe  fe  met  au  fîngulier  ou  au 
pluriel  ,  félon  qu'il  eft  plus  convenable  à  la  penfée 
qu'on  veut  exprimer.  Quand  on  dit  ^  par  exemple  , 
Socrate  eft  un  des  premiers  qui  ait  appliqué  la  Philofo- 
jphie  a  l'étude  de  la  Morale.  Il  eft  vifîblc  alors  qu'on  veut 
dire  que  perfonne  avant  lui  ne  l'avoit  fait  ,  qu'il 
l'a  fait  avant  tous  les  autres ,  &  que  c'eft  lui  qui  en  a 
donné  l'exemple  aux  Pliilofophes.  Si  au  contraire  on 
difoit  j  qu'/7  eft  un  des  premiers  qui  aient  appliqué  la 
Philo/bphie  à  l'étude  de  la  Morale  ^  on  feroit  entendre 
^uc  plufieurs  l'ont  fait  en  méme-t^ms  &  qu'il  en  eft  un. 


P  E  R  105 

Ain{î  le  pronom  relatif  çz/i  fubjeétiff  du  verbe  efl  au 
pluriel  ou  au  fingulier  ,  parcequ'on  lui  donne  pour  an- 
técédent ou  des  -premiers  ,  ou  ///z  ;  &:  c'eft  à  l'intention  de 
celui  qui  parle  ,  à  déterminer  auquel  des  deux  antécé- 
dens  le  qui  relatif  doit  fe  rapporter. 

5°.  ^\  le  verbe  a  plufieuts  fubjeâ:ifs  de  différentes 
perfonnes  ,  il  faut  le  mettre  à  la  perfonne  la  plus  noble  ^ 
comme  difent  les  Grammairiens.  La  première  perfonne 
eft  plus  noble  que  la  féconde  ,  &  la  féconde  eft  plus 
noble  que  la  troifieme  ,  dans  l'un  comme  dans  l'autre 
nombre.  Ainfi  on  dira  :  vous  &  ma  fœur  ave^  manqué  , 
&  non  pas  ,  ont  manqué  :  vous  ,  mon  père  &  moi  parti- 
rons demain  ,  &  non  pas  ,  partire:^  ,  ni  partiront.  Cepen- 
pendant  quoiqu'on  donne  la  préférence  à  la  perfonne  la 
plus  noble  ,  quant  à  la  termifon  du  verbe  ,  on  ne  la  lui 
donne  pas  quant  à  l'ordre  dans  lequel  on  place  les  noms 
&  pronoms  qui  défignent  les  perfonnes  :  ainfi  l'on  dit 
&  l'on  écrit ,  vous  ,  mon  père  &  moi  ^  &  non  pas , 
moi ,  vous  j  &  mon  père  j  ni  vous  ,  moi  j  6*  mon  pcre. 
Mais  cette  obfervation  n'a  lieu  que  pour  la  première 
perfonne  :  le  pronom  qui  repréfente  la  féconde  fe  met 
toujours  avant  le  mot  qui  matque  la  troifieme  &  l'on 
dit ,  vous  &  mon  père  ,  Se  non  pas ,  mon  père  &  vous. 
L'ufage  en  a  ainfi  ordonné  ,  parcequ'il  paroît  plus  poli 
que  celui  qui  parle  fe  mette  au  dernier  rang  ,  quand 
il  fe  trouve  concourir  avec  d'autres ,  &  qu'il  place  tou- 
jours celui  ou  ceux  à  qui  il  adreïïe  la  parole  ,  avant  un 
tiers  de  qui  il  parle,  Cet  exemple  &  mille  autres  prou- 
vent combien  la  Langue  &  la  nation  françoifes  font  at- 
tentives à  tout  ce  qui  peut  interreifer  les  bienféances. 

69.  Quand  le  verbe  a  pour  fubjedif  le  relatif  qui  , 
il  fe  met  à  la  perfonne  défîgnée  par  le  nom  ou  pronom 
auquel  ce  qui  fe  rapporte.  Ainfi  on  dit  ;  c^efi  moi  qui  l'ai 
averti  :  ce  n'eft  ni  lui  ni  moi  qui  vous  avons  dejjervi  ,  ôC 
non  pas  ,  c'efi  moi  qui  ta  averti  ^  Se  ce  nefi  ni  lui  ni  moi 
qui  vous  ont  dejfervi  ;  oii  l'on  voit  que  fi  ce  relatif  qui 
a  plufieurs  antécédens  de  différentes  perfonnes  il  prend 
la  plus  noble. 

Il  y  a  encore  quelques  autres  obfervations  concer- 
nant la  perfonne  :  on  les  trouvera  aux  mots  V^fèe  , 
fubfiantif  ^  verbes  imperfonnels  jjyntaxe. 


1^4  PEU  P  L  É 

PEU  ^  cft  nne  adverbe  de  quantité  :  voye:(  Adverbe, 

PEUT-ÊTRE  ,  eft  un  des  adverbes  compofcs ,  il  inar- 
que le  doute  :  voye^  Adverbe. 

PEUT-ÊTRE ,  cft  une  des  particules  affertives  :  voye:^ 
Particules. 

PHRASES.  Fbye^  Construction  6' Nombre  ORA- 
TOIRE. 

PIECES  DE  THÉÂTRE.  En  général  pour  bien  faifir  < 
Je  ftyle  qui  convient  à  une  pièce  de  théâtre  eu  drnmati-  .t 
■que,  il  faut  que  l'Auteur  Toit  affez  pénétré  de  ion  fu- 
jct  pour  qu'il  lui  falfe  à  lui-même  une  forte  d'illufîon  , 
qu'il  s'imagine  être  celui  qu'il  fait  parler  ,  &  qu'il  fente 
bien  tout  ce  qu'une  pofition  pareille  à  celle  où  il  le  met 
devroit  faire  éprouver  fi  elle  étoit  réelle. 

Il  faut  qu'il  ait  bien  lu  ,  bien  médité  les  bons  modè- 
les ,  &  bien  plus  encore  ,  que  la  nature  lui  ait  donné  ce 
génie  qui  fit  Corneille,  Racine  &  Molière  dans  le  der- 
jiier  fiecle  ,  8c  qui  a  fait  Voltaire  ,  Deftouches  ,  Crébil- 
lon  ,  Grelfet ,  &c.  dans  le  nôtre.  Sans  cela  que  fert  d'é- 
ïudier  quel  ftyle  il  faut  prendre  ,  quelle  mefure  de  vers 
il  faut  employer  ?  on  rimera  en  vain ,  on  ne  fera  ni  Tra- 
gédie ,  ni  Comédie. 

On  donne  fouvent  des  Comédies  en  profe.  Nous  ne 
parlons  pas  de  celles-là.  On  a  propofé  même  de  donner 
d.es  Tragédies  en  profe  :  que  ne  propofe-t-on  pas?  Foye:j^ 
les  articles  Comédie,  Tragédie  j  Opéra  ,  Arran- 
gement DES  vers. 

PIECES  EN  VERS  LIBRES.  On  appelle  ainfi  les  piè- 
ces de  vers  qui  prennent  le  titre  que  le  fujet  fournit,  ou 
qu'il  plaît  à  l'Auteur  de  leur  donner  ,  &  dans  iefquelles 
on  emploie  indifféremment  des  vers  de  toutes  fortes  de 
mefures  ,  &  de  mélanges  des  rimes.  C'eft  fur  le  fujct 
qu'on  y  traire  qu'il  fnut  régler  le  ftyle  ,  &z  c'eft  au  juge- 
ment de  l'oreille  qu'il  faut  s'en  rapporter  peur  V arrange- 
ment des  vers  :  voyez  cet  article. 

PIEDS.  Fby^:^  Nombre  oratoire. 

P1P.E  ,  cft  le  comparatif  de  V2ià)zdLiÇ mauvais  :  voye^ 
Degrés  de  Comparaison. 

PLEONASME.  C,e  mot  lignifie  en  grec  furabondance, 
C'eft-  une  figure  de  conftrudion  oppoféc  à  l'éllipfe  i 
VoyeiHiLii'SE, 


P  L  É  105 

Oïl  npi^tlle  pléonafmes  les  exprefïlons  fuperiïues  qui 
fe  trouvent  dans  une  plirafe ,  &  dont  la  fupprefTion  n'em- 
pêclieroit  pas  que  le  fens  fût  moins  entendu  5  &  plus  pax- 
ticulierement  encore  les  répétitions  qui  fe  trouvent  dans 
les  idées,  quoique  les  exprefîions  paroifTent  différentes: 
par  exemple  quand  on  dît  ^j'irai  moi-même  ^  je  l'ai  vu  de 
mes  yeux  ;  ces  mots ,  moi-même  ^  dti  mes  yeux  3  font  au^ 
tant  de  piéonafmes. 

Trois  fceptres  à  fon  riône  attachés  par  mon  bras 
Paileioiic  au  lieu  d'elle  ,  &  ne  fe  tairont  pas. 

Corneille  dans  Nicoraéde» 

35  Puifque  les  fceptres  parleront  il  eft  clair  qu'ils  ne  Ce 
33  tan-onc  pas.  Ces  fortes  de  pléonafmes  font  les  plus 
»  vicieux  5  ils  retombent  quelquefois  dans  ce  qu'on  ap- 
M  pellent  le  ftyle  niais. 

3)  Hélas  !  s'il  n'étoit  pas  mort ,  il  feroit  encore  envîe. 

M. de  Voltaire, 

Cette  figure  employée  à  propos ,  ajoute  à  l'expreflion  y 
&  produit  un  très  bel  effet  ;  par  exemple,  dans  ce  vers 
de  i'Iphigénie  de  Racine ,  ou  Achille  dans  fa  colère  dit  ; 

Et  que  m'a  fait  â  moi  cette  Troye  où  je  cours  î 

Et  dans  ces  vers  de  la  Mérope  de  M.  de  Voltaire, 

Je  l'ai  vu  de  mes  yeux  , 
Je  l'ai  yu  qui  frappoit  ce  monftre  audacieux. .  . . 

Ne  pourroit  -  on  pas  encore  appeller  pléonafmes  ces 
différents  tours  d'exprertions  auxquels  un  Auteur  a  re- 
cours ,  lorfque  les  bornes  de  les  connoillances  ou  même 
de  la  langue  ne  peuvent  lui  fournir  les  termes  propres 
pour  exprimer  fes  idées.  On  trouve  dans  prefque  toutes 
les  tradudions  une  grande  quantité  de  ces  pléonafmes  , 
parceque  le  Traduéleur  ,  gêné  par  une  des  deux  raifons 
que  nous  venons  de  dire  ,  ne  peut  fouvent  pas  rendre. 
en  termes  équivalents  la  penfée  de  l'Auteur.  Alors  il 
l'explique  en  fe  répétant  de  diuérentes  manières  &  en 
employant  divçrfes  exprçlUoi^s  qui  ne  le  fatisfonc  fgu- 


io(J  P  L  È  PLU 

vent  pas  plus  que  le  ledeur.  Auflî  y  a-t-il  bien  peu 
de  bonnes  tradudions  ,  &  l'on  a  railbn  de  dire  que  la 
plupart  ne  refTemblent  pas  plus  à  l'original  que  l'envers 
d'une  tapifllerie  ne  reflemble  à  l'endroit.  Le  pléonafme , 
conlîdéré  fous  ce  point  de  vue  ,  a  beaucoup  de  rapport 
avec  la  périphrafe  :  voy^^  Périphrase. 

Il  eft  bon  de  remarquer  que  l'ufage  a  autorifé  plu- 
fieurs  pléonafmes  5  par  exemple  ^  je  monte  en  haut  3  je 
defcends  en  bas  ;  entre:^  la  dedans  5  forte:^  dehors.  M, 
Defgrouais  y  dans  les  Gafconifmes  corrigés  ,  appelle  ces 
façons  de  parler  ^  faux  -pléonafmes  ;  je  crois  qu'il  a  tort. 
Ce  font  de  vrais  pléonafmes  ,  mais  qui  étant  autorifés 
par  l'ufage  ceifent  d'être  vicieux  ,  du  moins  dans  le  dif- 
cours  familier.  On  trouve  dans  Racine  les  deux  vers 
fuivants. 

Qu'on  ne  laide  monter  aucune  ame  là  haut. .  . . 
Je  vous  quitte  un  moment ,  Se  je  monte  là  haut. 

Mais  ces  mots  la  haut  fervant  à  défigner  le  lieu  vers 
lequel  on  monte  ,  ne  font  point  dans  le  cas  du  pléo- 
nafme. 

PLEUVOIR.  Verbe  irrégulier  ,  neutre,  imperfonnel 
&  défedif  de  la  troifieme  conjugaifon.  Il  fignifîe  la 
,  chute  tic  l'eau  du  Ciel  11  fe  dit  aulli  de  tout  ce  qui  peut 
tomber  d'en  haut  ;  on  dit,  il  pleut  des  pierres  j  dufang  y 
des  grenouilles  y  &c.  Ce  verbe  ne  prend  point  de  fensjî- 
guré  ^  au  moins  dans  le  férieux. 

Indicatif.  Préfent.  Il  pleut.  Imparfait.  Il  pleuvoir. 
Prétérit.  Il  pjût.  Prétérit  indéfini.  Il  a  plu.  Prétérit  anté- 
rieur. Il  eut  plu.  Prétérit  antérieur  indéfini.  Il  a  eu  plu. 
Plufqueparfuit.  Il  avoit  plu.  futur.  Il  pleuvra.  Futur 
pajfé.  Il  aura  plu.  Conditionnel  préfent.  Il  pleuvroit.Co/z- 
ditionnelpajfc.  Il  auroit  ou  il  eût  plu.  Il  n'a  point  d'impé- 
ratif. Subjonctif.  Préfent.  Qu'il  pleuve.  Imparfait. 
Qu'il  plût.  Prétérit.  Qu'il  ait  plu.  Plufqueparfait.  Qu'il 
eut  plu.  Infinitif  préfent.  Pleuvoir.  Pr^'/rtr/V.  Avoir  plu. 
Participe  a fiif  préfent.  Pleuvant.  Participe  adif  paffé. 
Ayant  plu.  Gérondif.  En  pleuvant  ou  pleuvant,  il  n'a 
point  de  participe  palîif. 

PLURIEL.  Ce  mot  annonce  pluralité  de  pcrfonncs 
ou  de  chofcs  :  voye':^  Nombre. 


PLU  POE  107 

PLUS  ,  eft  un  des  adverbes  de  comparaifon  :  voye:j^ 
Adverbe. 

PLUS  ,  eft  une  des  particules  afTertives  :  voye^  Par- 

TICULES. 

PLUSIEURS  ,  eft  un  des  pronoms  indéfinis  :  V£>ye:j^ 
Pronoms.  Il  eft  aufTi  du  nombre  des  adjedifs  prono- 
minaux :  voye{  Adjectif. 

PLUSQUEPARFAIT.  Ce  tems  défigne  non -feule- 
ment qu'une  chofe  eft  faite  &  terminée  3  mais  que  cette 
chofe  étoitdéja  pafTée  lors  d'un  autre  événement  qui 
l'eft  entièrement  :  voye:^  Tems  des  verbes  6*  Conju- 
gaison. 

POEME  DIDACTIQUE.  Ce  Poëme  pris  dans  fon 
idée  la  plus  générale  peut  être  diftingué  en  trois  fortes  , 
favoirj  i'HiJionque  qui  n'expofe  que  des  adions  &  des 
événeraens  réels  ,  &  tels  qu'ils  font  arrivés  dans  l'ordre 
naturel  :  le  Philofophique  qui  confifte  à  établir  des  prin- 
cipes de  Phyfique  ,  de  Métaphyfique  ou  de  Morale  ,  à 
raifonner  ,  prouver  ,  citer  des  autorités  &  des  exemples, 
&  à  tirer  des  conféquencess  Se  le  Poëme  qu'on  nom.me 
fîmplement  Didacîique  ^  &  qui  ne  contient  que  des  ob- 
fervations  relatives  à  la  pratique  ,  des  préceptes  propres 
à  régler  chaque  opération ,  dont  le  fucccs  ne  peut  être 
bien  allure  qu'en  fuivant  certaines  méthodes  comme 
font  les  opérations  des  arts. 

On  fent  bien  que  ces  trois  efpeces  de  Poèmes  fe  font 
fouvent  des  emprunts  mutuels  :  dans  le  didadique  pur  , 
on  peut  quelquefois  philofopher ,  &  même  raconter. 
Bien  plus  ,  on  mêle  toujours  autant  de  fidion  que  le  bon 

fout  &  le  fujct  peuvent  le  permettre  dans  ces  Poèmes 
ont  la  vérité  fait  le  fonds.  Souvent  dans  le  Didadiqus 
le  Poète  invoque  quelque  divinité  ,  &  fe  fuppofe  infpi- 
ré  :  ainfi  il  femble  emporté  par  un  génie  fupérieur  ^  qui 
ne  lui  permet  pas  de  fuivre  péfammcnt  un  ordre  trop 
fcrupuleux  dans  la  liaifon  des  idées  ,  il  mêle  de  temps 
en  temps  dans  fon  ouvrage  des  chofes  qui  ne  tiennent  à 
fon  fujet  que  par  occafion  :  enfin  il  s'arroge  tous  les 
privilèges  du  ftyle  poétique  5  il  embellit  fes  idées  ,  em- 
ploie des  termes  métaphoriques  ,  ajoute  des  épithet*^ 
qui  fortifient ,  augmentent ,  ou  modifient  les  idées  prin- 


îoS  ï>  O  É 

cipaics  ;  il  a  des  tours  Iiardis ,  des  conftrudîons  peîi 
ufitées  ,  des  iigiueô  de  mers  &  de  pcrifccs.  Enfin  il  em- 
ploie tous  les  moyens  poiTibîes  pour  jcttcr  dans  l'exé- 
cution la  poéfie  qui  manque  au  fends  de  fon  fujer. 
Tout  cela  ne  difpenfe  pas  de  la  néceflité  de  garder  le 
ton  qui  convient  au  genrd"  qu'on  traite,  &  à  la  pcrO^n- 
ne  qui  parle  ,  fi  elle  n'eft  point  ruppofce  infpirée.  On 
conncît  afiez  les  modèles  en  ce  genre.  Nous  ne  les  cite- 
rons pas.  Qui  ne  fait  par  cœur  l'art  poétique  de  Boi^ 
kau  ? 

Le  Poëme  Didadiquc  ne  peut  gueres  foufFrir  que  les 
vers  alexandrins  ,  &  en  rimes  fuivics  :  \'oye7;_  Arran- 

GEiMENT   DES  VîTRS. 

POEME  ÉPKJUE  :  voyei  Épopée. 

POÉSIE.  La  Pocfie  ciu  le  tableau  de  la  belle  nature 
peinte  dans  le  difcours  fclon  des  règles  Toit  naturelles  , 
ibit  arbitraires.  Elle  met  du  choix  dans  les  chofcs  &  dans 
Je  fiyle.  Tout  objet  n'cit  pas  digne  d'être  manié  par  les 
Mufes  ;  mais  tout  ce  qu'elles  touchent,  s'enrichit  & 
s'ennoblit  entre  leurs  mains.  Toute  idée  ,  tout  (cntiment 
qui  convient  à  1  une  d'elles  ne  convient  pas  à  Pautre  5 
Euterpe  rend  avec  beaucoup  de  grâces  ce  qui  choqueroit 
fous  le  pinceau  de  Calliope  Ces  différences  s'étendent 
également  fur  le  ftyle.  C'crt  à  l'art  poétique  à  bien 
marquer  les  limities  qui  féparent  le  domaine  ,  &  les 
droits  de  chacune  des  neut  Saurs.  Le  tréfor  général  oii 
elles  vont  puifcr  leurs  richelies  ,  conlille  dans  la  na* 
ture  ,  dans  le  flyle poétique,  &  dans  le  méciianilme des 
vers. 

On  diflinguc  trois  fortes  de  poéfie  :  celle  des  chofes  , 
celle  des  idées  &  des  fcntimcns  ,  &  celle  du  liyle.  La 
première  confiée  dans  le  choix  des  objets  &  de  leurs 
attributs  ou  convenances.  La  féconde  ,  dans  la  manière 
plus  parfaite  de  faifir  ,  combiner  ,  raprochcr  ces  objets, 
de  (é  les  approprier ,  d'en  faire  foriir  l'mtéict ,  l'agré*- 
ment  ou  le  merveilleux.  La  trciiicme  dans  un  llyle  lu-^ 
périeur  à  celui  de  la  profe  ,  plus  limé  ,  plus  hardi  ,  plus 
tjappant  par  les  mots  ,  les  tours  &  les  condrudions. 
Tout  cela  doit  être  naturel  ;  autrement  il  ne  refi'euible- 
roic  à  riea  ;  mai?  il  faut  le  porter  à  un  degré  au-def- 

fus 


P  O  I        P  O  N  i05> 

fus  de  la  natuie  ordinaire,    autrement  il  ne  plairoit  à 
pcrfonne. 

On  refferrc  queI(]uefois  le  fcns  du  mot  poéjîe  :  alors 
il  ne  /îgnifîe  que  le  ll:yle  poétique,  ou  bien  les  règles  de 
la  veriîfîcatioii  qui  n'en  font  que  les  branches  :  voye:i[^ 
Style  ,  Vers  ,  Versification  ,  Harmonie. 

POINT.  Le  point  ,  dans  la  ponduation  ,  fert  à  dif- 
linguer  les  plirafes  ou  parties  du  difcours  qui  forment 
un  fens  intégral  :  voycT^  Ponctuation. 

On  verra  aulTi  dans  cet  article  où  il  convient  mieux 
de  placer  le /"oi/zr  inteirogant  j  Le  point  d' exclamation  y 
Us  deux  points ,  le  point  avec  la  virgule  ou  la  virgule 
ponctuée. 

POINT,  eft  une  des  particules  alTertives  :  voye^  Par- 
ticules. 

PONCTUATION.  La  pondluation  eft  l'art  de  biea 
placer  dans  l'écriture  les  figues  qui  font  dcftinés  a  mar- 
quer les  repos  de  la  voix  dans  la  prononciation  &  la 
féparation  des  différentes  parties  du  difcours. 

Quand  on  parle  ,  les  poumons  font  bientôt  épuifés 
par  la  dépenfe  d'air  qu'exige  chaque  fyllabe  que  l'oii 
prononce  ;  il  faut  donc,  d'intervalle  à  autre,  interrompr-e 
le  difcours  afin  de  réparer  la  perte  d'air  que  l'on  a 
faire  ,  &  de  fe  remettre  en  état  de  continuer.  Ces  in- 
terruptions font  ce  que  nous  appelions  des  repos. 

On  peut  remarquer  ici  comment  les  différentes  loix 
de  la  nature  fe  plient  les  unes  &  les  autres  jufqu'à  fc 
trouver  dars  l'accord  le  plus  parfait.  Les  penfées  qui 
compofent  un  long  difcours  font  toutes  unies  entr'elles; 
mais  cette  union  varie  à  l'infini.  Quelquefois  elle  eft 
extrêmement  intime  :  d'autres  fois  elle  l'ell  beaucoup 
moins. 

Ces  différens  degrés  de  liaifon  &  de  proximité  entre 
les  mêmes  parties  d'un  tout  ,  fe  marquent  dans  le  par- 
ier par  le  ton  de  la  voix  :  mais  les  repos  y  contribuent 
aulîi  5  il  faut  même  qu'ils  le  faffent ,  puifquc  les  tons  de 
la  voix  font  en  quelque  forte  dépendans  d'eux.  Or  les 
Langues  font  tellement  ordonnées  ,  les  expreffions  font 
d'une  fi  jufte  mefure  ,  que  le  fens  du  difcours  permec 
toujours  Se  fouvent  même  exige  des  repos  ,  où  le  befoin 
phyfique  des  poumotts  eu  demande  ;&  la  refpiration  fe 
Tome  a  H 


lîo  P  O  N 

prête  airemeiit  à  tous  ceux  que  le  fens  &  la  penréc  or* 
donnent. 

Ainfi  les  repos  que  Ton  fait  dajjs  le  parler  fervent 
également  à  réparer  l'épuifement  de  la  poitrine  ,  &  à 
bien  faire  fentir  la  liaifon  des  mots  que  l'on  pro- 
nonce. 

Une  autre  remarque  pliilofopliique  également  utile 
ici ,  c'eft  que  la  nature  quoique  toujours  contante  , 
porte  cependant  par-tout  une  variété  qui  caufe  un  nou- 
vel agrémenr.  Si  l'on  mertoit  toujours  des  intervalles 
égaux  entre  les  repos  que  l'on  fait ,  &c  que  chaque  paufe 
fut  d'une  égale  durée  ,  la  prononciation  feroit  d'une 
monotonie  infoutenable.  Cet  exercice  qui  feroit  inva- 
riablement le  même ,  fatigueroit  beaucoup  plus  ;  8c 
voici  comment  la  nature,  admirable  par  tout,  làic  faire 
fortir  le  bien  de  ce  qui  femblc  même  être  un  inconvé- 
nient. 

Les  difFérens  degrés  d'union  entre  les  parties  du  dif- 
cours  produifent,  dans  le  parler^  des  paufes  plus  ou  moins 
longues  &  a  différentes  diftances  les  unes  des  autres  ; 
toutes  ces  différences  qui  foulagent  la  nature  au  lieu  de 
Iz  fatiguer  ,  produifent  dans  les  tons  &  dans  la  marche 
de  la  prononciation  cette  variation  admirable  qui  char- 
me l'oreille. 

On  fent  aifément  qu'ici  nous  fuppofons  que  l'on  n'ait 
a  prononcer  que  des  difcours  que  le  bon  goût  ait  lui- 
jnéme  didés.  Si  l'on  en  trouvoit  qui  démentiffent  ces 
principes ,  on  peut  hardiment  affurer  que  non-feule- 
ment ils  manquent  de  goût ,  mais  que  même  le  génie 
de  la  langue  y  eft  offenfé.  C'eft  à  ceux  qui  compofent  , 
ou  qui  parlent,  à  confultcr  la  nature,  &  à  favoir  fe  prê- 
ter à  ce  qu'elle  demande. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  on  voit  aduellement  quelles  font 
les  fondions  de  la  ponduation.  Puifque  la  langue  écrite 
cft  &  doit  être  l'image  de  la  langue  parlée  ,  il  falloir 
dans  cdlc-la.  des  lignes  qui  marquallent  les  repos  qui  fe 
trouvent  dans  celle-ci. 

Mettre  entre  les  mots  écrits  une  diftance  proportion- 
née aux  repos  ,  eût  été  une  pratique  fujette  a  trop  d'er- 
reurs &  d'embarras  :  il  auroit  toujours  fallu  avoir  le 
pompas  à  la  main.  On  a  trouve  un  moyen  plus  facile  de 


P  O  N  III 

plws  fimplc  :  on  a  partagé  les  différentes  fortes  ^e  re- 
pos en  plufîeurs  claires  principales  ,  &  chacune  a  eu  foa 
fîgne  particulier. 

Ces  lignes  font  la  virgule  (  ^  ) ,  la  virgule  &  le  point 
DU  la  virgule  ponctuée  {;) ,  les  deux  points  (:),  le 
point  (.)  ,  &  V alinéa.  On  y  ajoute  ordinairement  le 
point  d'interrogation  (  ?  ) ,  &  celui  d'exclamation  (  /  )  ; 
mais  CÇ.S  deux  derniers  ne  font  pas  /împlement  des  lignes 
dcftinés  à  marquer  les  repos  ,  ils  fervent  auili  à  déter- 
miner la  forme  de  la  phrafe  cjui  les  précède.  Ce  fera  ea 
reprenant  ces  fîgnes  les  uns  après  les  autres,  que  nous  tâ- 
cherons de  bien  développer  les  occafions  où  ils  doivent 
être  employés  ,  &  de  faire  connoître  avec  netteté  &: 
préciiion  l'ufage  de  chacun  d'eux.  C'eft  le  point  eflen- 
tiel,  &  celui  qui,  chez  prefque  tous  les  Grammairiens,  fe 
trouve  fujet  à  plus  de  variations  &  d'embarras. 

D'après  ce  que  nous  venons  de  dire  de  la  ponâiua- 
tion  ,  on  feroit  porté  à  croire  qu'elle  eft  &  doit  être 
aufll  ancienne  que  l'écriture  même  ,  puifqu'elle  en  eft 
une  portion  fi  elfentielle  &  fi  avantageufe.  En  eifec 
fans  elle  ,  que  d'ambiguités  ne  trouveroit-on  pas -à  cha- 
que pas  ?  Que  de  mots  pourroient  également  fe  rappor* 
ter  à  la  phrafe  qui  les  précède  ,  ou  à  celle  qui  les  fuit  ? 
Et  quelle  différence  de  fens  ne  produiroit  pas  fouvent  le 
tranfport  d'un  mot  d'une  phrafe  à  une  autre  ?  Comment 
décider  à  laquelle  il  appartiendra  ,  fans  le  fecours  de  la 
poncftuation  ?  C'eft  par  l'omiifion  des  points  &  des  vir- 
gules nécelfaires,  qu'il  s'eft  trouvé  tant  de  difficultés  in- 
furmontables,  foit  dans  le  texte  de  l'Ecriture  Sainte,  foit 
dans  renonciation  des  anciennes  loix  ,  des  arrêts  ,  &  des 
contrats  de  la  plus  grande  importance  pour  la  vie  civile. 
La  pondluation ,  malgré  tant  d'utilité ,  n'eft  connue  & 
pratiquée  que  depuis  peu  de  fiecles  ;  &  aujourd'hui 
encore  la  plupart  des  Auteurs  fuivent  là-delfus  chacun  le 
fyftême  particulier  qu'ils  fe  font  fait.  Flufieurs  même 
n'en  ont  point  de  bien  décidé  j  on  trouve  dans  leurs 
ouvrages  une  pratique  fouvent  oppofée  à  elle-même. 
Ce  n'eft  pas  qu'on  n'ait  propofé  de  bons  (iftêmes  de 
ponduation  :  mais  le  public  n'en  a  encore  adopté  aucun 
a/Tez  généralement  pour  qu'il  puiffe  faire  loi. 

ni] 


tii  P  O  N 

Il  faut  convenir  aufll  qu'il  efl:  très  difficile  iquc  touC 
le  monde  s'accorde  fur  cette  matière  ,  foit  à  caufe  de  la 
variété  infinie  qui  fe  rencontre  dans  la  ftrucflure  des 
phrafes  ,  Toit  à  caufe  des  idées  diifércntesque  chacun  fe 
fbinie  à  cette  occafîon.  D'ailleurs  fî  la  ponâ:uation  en 
générai  eft  fi  importante  ,  il  eft  tel  de  fes  détails  qui 
l'eft  bien  peu.  Nous  allons  développer  l'ufage  le  plus 
communément  fuivi ,  &;  le  plus  nécelfairc  au  fens  du 
difcours. 

Il  faut  fe  rappeller  ici  tout  ce  que  nous  avons  ditd  la 
phrafe  au  mot  confiruâzon.  Le  concours  des  mots  qui  la 
compofent ,  forme  la  repréfentation  d'une  penfée  3  &  ce 
concours  fuit  les  rapports  des  idées  entr'elles  ;  rap- 
ports qui  produifent  ce  qu'on  appelle  régime.  Les  rap- 
ports mutuels  des  mots  font  fondés  fur  la  dépendance 
qui  lie  au  total  de  la  phrafe  les  idées  qui  leur  font  atta- 
chées. La  phrafe  eft  donc  un  compofé  de  mots  mutuel- 
lement dépendans  les  uns  des  autres.  Mais  les  liens  qui 
les  unifiTent  ne  font  pas  tous  de  même  efpèce  j  d'où  il 
fuit  que  les  mots  qui  forment  les  membres  de  la  phrafe 
ne  font  pas  tous  les  mêmes  fondions  :  &  c'eft  à  raifon 
de  leurs  fonflions  différentes  que  nous  avons  diftingué 
fept  membres  de  phrafe  ,  favoir  ;  Izfubjeclif,  Vattribu^ 
tif,  ïobjeêiif ,  le  terminât  if  ^  le  circonjiancicl  ^  le  con- 
jonciif  ^  &  YadjonBif  :  voye^  ces  articles.  Sans  les  di- 
verfes  fondions  de  ces  membres  ,  les  mots  réunis  ne 
formeroient  point  de  fens  ;  &  la  parole  ne  feroit  qu'un 
amas  informe  d'idées  entaffées ,  defquellcs  il  nepour- 
roit  réfultcr  aucun  fens  ,  aucune  penfée. 

On  fe  fouviendra  aufii  des  différentes  efpeces  de  phra- 
fes que  nous  avons  marquées  &  définies  au  même  mot 
Construction. 

De  la  virgule. 

La  virgule  eft  un  trait  ( ,  )  qui  fe  met  après  les 
mots  ,  un  peu  au-dcffous  ,  pour  marquer  le  plus  foiblc 
des  repos  lenfibles  ,  &  la  lupindre  des  féparations  qui 
peuvent  fe  trouver ,  quant  au  fens ,  entre  les  mots  qui 
concourent  à  former  une  même  phrafe. 

Dans  la  phrafe  fimple  ,  on  ne  marque  point  de  vir- 


P  O  N  115 

gule,  ni  par  confequent  d'autre  fîgne  de  pon<5î:uatioii 
entre  ces  (îx  membres  j  fahjcclif  ^  attributif ,  objectif  ^ 
terminatif  ,  circonflanciel  j  &  conjonciif.  Si  le  Prince 
vous  é/eve  jamais  à  cette  dignité.  „  .  .  voilà  une  plirafe 
fîmple  oii  le  y?  eft  conjond-if  ;  le  F  rince  ^  fubjedif; 
vous,  3  objedif  ;  élevé  y  attributif  ;  jamais  j  circonf- 
tanciel  ;  à  cette  dignité  ,  terminatif  5  &:  entre  tous  ces 
membres,  il  ne  doit  y  avoir  jamais  aucune  ponduation, 
lî  ce  n'eft  dans  les  exceptions  fuivantes. 

i**.  Lorfque  le  terminatif  efl  énoncé  par  une  prépofî- 
tion  Si  quelques  autres  mots  qui  font  fous  Ion  régime  , 
&  qu'il  ne  terinine  pas  la  phrafe ,  mais  qu'il  eft  au  com- 
mencement ou  au  milieu ,  entre  d'autres  membres  qui 
fembîent  devoir  fe  fuivre  de  plus  près  ,  &  entre  lef- 
quels  ce  terminatif  paroît  être  comme  un  corps  étran- 
ger ;  alors  il  faut  le  diflingiier  par  une  virgule  :  pour 
vivre  plus  honorablement  j  il  faudroit  avoir  un  peu  plus 
de  revenus  :  il  faudroit ,  pour  vivre  plus  honorablement  , 
avoir  un  peu  plus  de  revenus.  De  la  maifon  de  campagne 
de  votre  ami  ^  je  fuis  venu  me  remettre  aux  affaires.  Il 
faut  remarquer  que  fi  le  terminatif  efl:  au  milieu  de  la 
phrafe,  il  faut  qu'il  foit  d'une  certaine  longueur  pouç 
exiger  après  lui  une  virgule  :  il  faut  même  qu'il  ne  pa- 
roilfe  pas  être  lié  par  un  rapport  immédiat  aux  mem-i 
bres  qu'il  fépare  :  ainfi  on  ne  mettra  point  de  virgule 
dans  cette  phrafe  :  je  fuis  revenu  de  votre  maijon  a  Icl^ 
mienne 

1'^.  Le  circonflanciel  doit  être  placé  entre  deux  vir- 
gules ,  lorfqu'étant  énoncé  par  une  prépofition  avec  fon 
com.plément  ,  ou  par  un  gérondif,  il  fe  trouve  entre 
l'attributif  &  l'un  des  autr»is  membres  j  comme,  il  a 
montre  ,  en  vous  faifant  fes  excufes  j  une  noblejfe  d'ame 
bien  refpecîable  &  peu  connue.  Il  s'eft  préfenté  ^  avec  un 
air  de  Spadaffin  ,  a  la  porte  de  fon  rival.  Il  fera  ,  en  Je 
mariant  j  une  fottife  digne  de  lui.  Si  le  circonftanciel 
ainfi  compofé  termine  la  phrafe ,  il  ne  veut  point  de 
virgule  avant  lui  5  il  s'efî  préfenté  a  la  porte  de  fon. 
rival  avec  l'air  d'un  SpadaJJin.  S'il  fe  trouve  à  la  tête  de 
la  phrafe  ,  il  dépend  fouvent  du  goût  arbitraire  des  per- 
fonnes  de  le  diftinguer  ou  non  par  la  virgule  ;  nous 
croyons  cependant  que  le  pUs  fur  ôc  le  mieux  eft  ds 

H  iij 


114  P  O  N 

le  faire  ;  fouvent  même  il  le  faut ,  comme  Jans  le  cas 
du  fécond  exemple  que  nous  allons  donner  :  avtc  tous 
ces  moyens  &  toutes  ces  précautions  ^  il  îï a  jamais  pu 
réu0r.  Dans  la  première  converfation ,  je  fus  très  content 
de  lui  ;  dans  Li  féconde  ,  il  me  déplut  beaucoup. 

Quant  à  l'adjondif  ,  le  feul  membre  dont  nous 
n'ayons  pas  parlé,  quelques  Auteurs  prétendent  que 
lorfqu'il  n'eft  qu'une  particule  interjeélive ,  il  ne  de- 
mande point  de  pon(flnation  ;  mais  nous  croyons  que 
préfentant  par  tout  un  objet  féparé  du  régime  des  au- 
tres mots,  il  doit  par-tout  avoir  la  virgule  :  pour  vous  , 
vous  f ère :^  ce  qu'il  vous  plaira.  Je  vous  prie  ^  Aionfieur, 
de  m' entendre  un  moment.  A  vous  dire  vrai  ,  je  méprife 
les  airs  pinces.  Hélas  ,  que  l'homme  efi  foible  contre  fin 
cœur  ! 

Nous  venons  déjà  de  parler  des  phrafes  dont  quel- 
ques membres  font  compofés  de  plulieuis  mots  unis 
pour  peindre  un  même  objet  :  mais  li  ces  miembres  font 
formes  par  plufieursmots  qui  rcpréfentent  divers  objets, 
cnforte  qu'il  y  ait  énumération  foit  commencée ,  foie 
complette  ;  voici  à  quoi  il  faut  faire  attention. 

Si  cette  pluralité  de  mots  qui  ne  font  point  liés  cn- 
fcmble ,  mais  qui  ne  font  que  réunis  pour  faire  la  mê- 
me fondion  dans  la  plirafe ,  ne  va  que  jufqu'à  deux  ; 
alors  il  ne  faut  point  les  féparer  ,  à  moins  qu'ils  n'aient 
aucune  conjond:ion  entr'eux.  Aind  l'on  ponélue  diifé- 
remment  les  phrafes  fuivantes  félon  qu'il  y  a  une  con- 
jonâion  ,  ou  qu'il  n'y  en  a  point  dans  les  membres  mul- 
tiples. Il  a  toujours  fait ,  il  fera  toujours  ce  que  vous 
voudre-^  :Jl  a  toujours  fait  &  fera  toujours  ce  que  vous 
•voudre:^.  Vos  voifns  ,  vos  amis  vous  prêteront  du  fc~ 
fours  :  vos  voijins  &  vos  amis  vous  prêteront  du  fecours. 
Je  me  rappelle  fans  cejfe  les  bontés  ,  les  amitiés  que  j'ai 
reçues  de  vous  :  je  me  rappelle  fans  ceJfe  les  bontés  &  les 
amitiés  que  j'ai  reçues  de  vous.  Il  jouit  des  plaifrs  avec 
réferve  y  avec  modération  :  il  jouit  des  plaifrs  avec  réfer-^ 
ve  6*  modération. 

Si  l'énum.ération  va  jufqu'à  trois  ,  ou  plus  ,  alors 
clia(}ue  partie  du  membre  multiple  prend  la  virgule  , 
foit  qu'elle  ait  devant  elle  la  conjondion  ,  foit  qu'elle 
UC  l'ait  pas  :  if  iloi  ^  Us  grands  ,  6'  le  peuple  gagneront 


P  O  N  Î15 

a  ce  fyftême.  Il  na  ni  talent ,  ni  fcntîment  ,  ni  efprit  ,ni 
conduite  :  mais  il  a  pour  lui  la  figure  ,  les  manières  ^  la 
naiffance.  L'armée  part  .  marche  ,  court  ,  vole  ou  La 
victoire  l'attend.  Lon  ne  devient  point  [avant  ,  p  L  on  n  e^ 
tudie  confiamment  ,  méthodiquement  ,  avec  gcut  ,  avec 
application  :  veillei  Joufre^  ,  travaillei.  ^ 

Lorfque  dans  ces  fortes  d'énumerations  ,  il  ny  a  que 
la  dernière  partie  qui  foit  précMée  de  la  œnjondaon  , 
Ja  pratique  d'un  ^rand  nombre  d'Auteurs  eft  de  ne  poinc 
mettre  de  virçrule  où  cette  conjondion  fe  trouve  :  ainfi 
ils  écrivent  ,  la  vertu  ,  l'e/prit  &  la  fcience  font  Us  vrais 
biens  de  l'homme.  Mais  fur  ce  pied,  il  ne  fauaroit  donc 
aucune  virgule  ,  fi  Ton  difoic ,  la  vertu  6'  l  ejprit  &  la 
fcience  ,  &1  Cependant  les  mêmes  Auteurs  mettroienc 
une  virgule  après  la  vertu  malgré  la  conjondion  qiu 
fuit.  Quelle  raifon  peut  l'exiger  la  plutôt  qu'après  /  ej^ 
prit  ?  D'ailleurs  cette  conjondion  ne  change  rien  dan$ 
rénumération  j  &  toute  énumération  doit  avoir  quel^ 
que  diftindif  entre  les  parties  qui  lacomporcnt 

La  virgule  eft  même  plus  nécellairc  près  de  la  con- 
ionaion  qu'ailleurs  ,  parceque  fans  elle  ,  on  ne  pren- 
dToit  pas  'a  conjondion  comme  une  marque  que  1  énu- 
mération va  finir-,  mais  comme  une  preuve  que  la  der- 
nière partie  ,  ayant  une  liaifon  plus  intime  avec  la  pré- 
cédente ,  ne  fait  avec  elle  qu'un  même  membre  d'cnu- 
mération  3  ce  qui  feroit  fouvent  une  erreur  conùdera- 
ble.  Il  faut  donc  que  la  virgule  fe  trouve  entre  chaque 
cnumératif  fans  exception  ,  foit  qu'il  y  ait  des  conjonc- 
tions ,  foit  qu'il  n'y  en  ait  point.  ^ 

On  fent  alfez  qu'il  n'importe  pas  que  1  enumeranon 
(bit  compofée  de  fubftantifs  ,  de  verbes  ,  d'adverbes  , 
ou  d'adjeâiifs  ,  ou  de  plufieurs  mots  liés  enfemble  poui: 
former  un  même  fens  ,  &  peindre  un  même  objet ,  com- 
me ,  par  exemple  ,  d'une  prépofition  avec  fon  complé- 
ment. Nous  avons  donné  d^s  exemples  de  prefque  toutes 
ces  efpèces  d'énuméiations  ,  fi  ce  n'eft  de  celle  des  ad- 
jedifs  :  pour  réuljîr  auprès  des  grands  ^  il  faut  avoir  un 
efprit  fouple  ,  poH\  aHif ,  &  infmuant.  ^ 

La  troihcme  manière  dont  le  membre  d'une  phrafc 
peut  être  compofé,  c'eft,  comme  nous  le  difons  au 


Ii6  P  O  fî 

mot  ConflruSlion ,  lorfqu'il  eft  formé  lui-même  par  une 
phiafe  fubordonnéc.  Or  ces  phrafes  fubordonnées  doi- 
vent toujours  avoir  une  virgule  après  elles  j  lorfqu'cl- 
les  coupent  la  phrafe  principale  :  ceux  qui  font  U plus 
de  menaces  y  ne  font  pas  les  plus  méchans. 

Pour  l'ordinaire  ,  cesplirales  fuborilonnées  commen- 
cent par  un  relatif:  mais  le  relatif  peut  être  fupprimé  , 
&  le  verbe  mis  au  participe  ,  ou  la  phrafe  arrangée  de 
quelqu'autre  manière  ,  que  la  virgule  fera  toujours  né- 
ceflaire  :  hes  peuples  fauvages  étant  des  hommes  comme 
nous,  peuvent  également  raifonner  jujie  y  ou  l'on  voit  que 
étant  eft  ici  pour  qui  font  ,  8cc.  Cependant  fî  ces  phrafes 
fubordonnées  font  extrêmement  courtes  ,  alors  on  peut 
n'y  point  mettre  de  virgule  ;  comme,  celui  qui  trompe 
ejl  trompé.  Qui  l'oferoit  dire  feroit  un  menteur.  Mais 
nous  croyons  que  le  mieux  eft  de  la  mettre,  même  dans 
ces  occafions. 

x^u  refte  la  règle  de  prendre  garde  à  la  longueur  des 
membres  ,  n'eft  pas  toujours  fans  fondement  ;  on  met 
une  virgule  dans  la  première  des  deux  phrafes  fuivan- 
tes  quoiqu'on  n'en  mette  point  dans  l'autre  dont  la  for- 
me eft  la  même.  Il  faut  s' accoutumer  a  ne  faire  jamais 
de  difcours  frivoles  ,  pour  être  toujours  en  état  de  parler 
avec  jufiejfe.    Il  faut  écouter  pour  bien  répondre. 

Remarquez  encore  que  la  répétition  d'un  mot  ,  d'un 
pronom  perfonnel  par  exemple  ,  rend  la  virgule  nécef- 
faire  où  il  n'en  faudroit  point  fans  cette  répétition  :  on 
dit  fans  virgule  ,  elles  fe  voient  &  fe  haïjjent  :  mais  on 
écrit  avec  une  virgule  5  elles  fe  hdijfent ,  6*  elles  fe  voient 
tous  les  jours  :  c'efi  elle  qui  me  l'a  dit  :  là  il  n'y  a  point 
de  vir2;ulc  :  ceji  elle  j  elle-même  qui  me  l'a  dit  :  ici  li 
en  faut  une. 

Il  en  doit  être  de  même  fî  les  deux  verbes  unis  par 
la  conjonâ:ion  avoient  chacun  un  régime  différent ,  ou 
jfî  les  fubftantifs  unis  de  même  avoicnt  chacun  d'au- 
tres mots  qui  les  qualifîalî'ent  :  ils  font  toujours  en- 
nuyeux j  &  veulent  fréquenter  tout  le  monde.  Lucinde  la 
coquette  ,  &  Claris  la  prude  ne  fe  quittent  pas.  Il  eft  clair 
que  dans  la  plupart  de  ces  occafions  ,  la  conjonétion  ne 
icrt  plus  à  lier  des  portions  d'un  aicmc  membre ,  mais, 


P  O  N  117 

^es  phrafes  qui  préfentant  chacune  un  fens  très  dirtin- 
guc,  font  portion  d'un  fens  compofc. 

La  virgule  eft  encore  employée  à  diftinguer,  des  au- 
tres parties  ,  celles  qui  font  an-ienées  par  forme  d'exem- 
ple ,  ou  par  la  conjonâ:ion  explicative  , /avoir .,  ainiî  que 
tout  ce  qui  c{\:  placé  en  forme  de  parenthcfe  :  la  faujjetê 
des  hommes  fe  voit  dans  leurs  actions  ,  aujji  bien  que  dans 
leurs  paroles.  On  a  vu  de  grands  Princes  avoir  de  grands 
faibles  ,  tels  que  Salomon  y  David ,  Alexandre  j  6'  beau^ 
coup  d'autres.  L'homm.e  a  pour  agir  trois  grands  mobiles  , 
favoir  y  l'honneur  ^  t intérêt  ^  &  le  plaifir.  Cet  amant  ^ 
quoique  tendre  j  riche  ,  &  bienfait  j  n'a  pu  néanmoins  lui 
plaire.  Il  faut  3  s'il  vous  plaît ,  renoncer  a  vos  liaifons  , 
ou  a  l'eflim.e  publique.  Je  veux  ,  ajouta-t-  il  ,  faire  plus 
que  vous  punir ,  je  vous  pardonne.  Le  vrai  i  hrétien  ^ 
quelque  difgrace  qui  lui  arrive  ^  trouve  toujours  des  con- 
folations. 

Quand  nous  avons  dit  que  les  phrafes  fubordonnées  ,' 
qui  commencent  par  un  relatif,  ne  prennent  point  de 
virgule  avant  elles  ,  cela  eft  vrai  dans  le  cas  où  elles  refl 
treignent  le  fens  du  mot  auquel  elles  fe  rapportent  Se 
qu'elles  fuivent  j  comme  ,  //  n'y  a  d'ouvrages  d'ef 
prit  réellement  bons  que  ceux  ou  le  vrai  fe  trouve  toU" 
jours  avec  le  brillant.  On  rembarque  que  les  femmes  dénrent 
&  demandent  avec  plus  de  confiance  que  nef  ont  les  hom- 
mes. Il  n'efi  point  d'homme  qui  n'ait  quelques  défauts.  Le 
mérite  feul  ne  réuffit  que  rarement  dans  une  Cour  ou  tout  Je 
fait  par  intrigue.  On  voit  que  ces  mots,  par  exemple  , 
ou  tout  fe  fait  par  intrigue  ^  font  placés  pour  particula- 
iifer  le  mot  cour  ^  &  reftreindre  fa  fignifîcation  généra- 
le à  une  cour  particulière  &  caradérifée  :  d'ailleurs  le 
prépofitif  z^«f  mis  devant  cour  rend  la  phrafe  fubordon-* 
née  néceffaire  ,  &  la  lie  plus  étroitement  au  mot  cour. 

Mais  hors  de  ce  cas  ,  c'eft-à-dire  ,  lorfque  la  phrafe 
lUDordonnéc  ne  fert  qu'à  qualifier  le  mot  qu'elle  fuit, 
qualification  qui  peut  être  retranchée  de  la  phrase ,  fans 
que  celle-ci  en  foit  moins  compîette  j  alors  il  faut  une 
virgule  avant  cette  phrafe  qualificative  3  comme,  tOde^ 
que  le  fublime  doit  toujours  caraciérifer  ^  ne  foufjre  point 
de  médiocrité.  Le  critique,  qui  fe  plaît  a  juger  de  tout  ^ 
juge  fouyent  avec  précipitation.  Le  mérite  feul  réujfit  rare* 


ii8  P  O  N 

ment  à  la  Cour  y  ou  tout  fe  fait  par  intrigue.  On  voit  que 
la  phrafe  principale  auroit  un  fens  achevé  ,  quand  mê- 
me ces  mots,  où  tout  fi  fait  par  intrigue  ,  n'y  feroicnt 
pas  3  le  mot  cour  ne  les  rend  point  nécelîaires ,  étant 
précédé  de  l'article  la  ;  enfin  ces  mots  font  là  placés 
comme  propres  à  qualifier  toutes  fortes  de  Cours  en  gé- 
jiéral ,  &  non  pas  comme  s'ils  étoient  deftinés  à  en  ca- 
taclérifer  une  particulière. 

Il  eft  encore  bien  des  périodes  dont  les  membres,  ou. 
Cl  l'on  veut ,  les  phrafes  partielles  ne  font  diftinguées 
que  par  une  virgule  :  C'eft  ce  qu'il  faut  tâcher  d'ex- 
pliquer. 

Lorfqu'une  période  n'a  que  deux  membres  qui  font 
chacun  à  peu  près  une  phrafe  fimple  j  l'un  n'eft  féparé 
de  l'autre  que  par  une  virgule  :  vous  ne  m'ave^  point 
fervi  ,  6?  je  ne  vous  ai  point  d'obligation.  Nous  par/ions 
tous  en  même-tems  ,  &  nous  ne  pouvions  nous  entendre.  Je 
ne  veux  tromper  perfonne  ^  ni  ng  veux  que  ptrfonne  me 
trompe.  L'un  blâme  &  l'autre  loue  y  tous  les  deux  fans 
connoijfance  de  caufe.  Il  faut  dire  la  vérité  ,  ou  bien  il 
fautfe  taire.  Soit  que  vous  le  voulie^  ^  foit  que  vous  ne 
le  voulie:^  pas  ,  il  n'en  fera  ni  plus  ni  moins.  Dans  le 
monde  ,  tantôt  on  rit  ,  tantôt  on  pleure  ,  6'  les  pafjions  y 
font  continuellem.ent  en  acîion.  L'homme  manque  fouvent 
de  raifon  ,  quoiqu'il  fe  défnijfe  un  Etre  raifonnable.  Si 
Céfar  avoit  eu  lajufitce  de  fon  côté  ,  Caton  ne  fe  ferait 
pas  déclaré  pour  Pompée.  Non-feulement  il  ne  m' a  point 
obligé ,  mais  il  m'a  dcjfcrvi.  La  vertu  eft  toujours  rcfpcc- 
table  ,  mais  les  impies  la  méconnoijfent.  On  voit  beaucoup 
de  perfonnes  qui  louent  fans  eftimer  ,  qui  décident  fans 
connoitre  ,  qui  contredifent  fans  avoir  d'opinion  ,  qui  par^ 
lent  fans  p  enfer  ^  &  qui  s'occupent  fans  rien  faire.  Ce 
dernier  exemple  prouve  que  fouvenc  une  phrafe  cft 
compoféc  de  plus  de  deux  autres  ,  fans  que  pour  cela 
toutes  celles  qui  y  font  comprifcs  ,  foicnc  autrement 
diftinguécs  que  par  une  virgule.  Mais  on  remarquera 
que  chacune  de  ces  phrafes  particulières  cft  courte  Se 
fimple  ;  &  que  d'ailleurs  ces  fortes  de  phrafes  fe  doi- 
vent plutôt  rapporter  aux  compofées  par  cnumération, 
qu'aux  périodiques.  Lorfquc  les  périodes  iont  formées 
dt  membres  plus  longs  &;  plus  çomj>ofcs ,  elles  prcn^ 


P  O  N  îi5> 

lient  d'autres  ponûuations  que  nous  désignerons  en  îeiif 
lieu. 

Souvent ,  &  fur-tout  dans  les  narrations  ,  lorfque  le 
flyle  eft  plus  rapide ,  que  les  phrafes  font  plus  dctaciiécs? 
èc  plus  courtes  ,  il  s'en  trouve  plufîeurs  de  fuite  qui  font 
indépendantes  les  unes  des  autres  quant  à  la  conllrudion, 
mais  qui  cependant  concourent  toutes  à  faire  connoîriç 
un  même  fait,  à  peindre  un  même  objet,  à  conduire  à 
un  même  terme.  Alors  on  ne  les  fépare  ordinairement 
que  par  une  virgule,  La  raifon  en  eft  aiffe  à  fentir  :  ou- 
tre la  dépendance  que  met  entr'elles  le  but  commun  oii 
elles  tendent  toutes  ,  la  rapidité  du  récit  devant  être 
imitée  dans  la  prononciation  ,  ne  permet  que  de  pérîtes 
paufes  3  en  voici  des  exemples  ;  on  vous  attendoit  hier  , 
donne:^  du  moins  de  vos  nouvelles  ,  ju/lipsi  "^^^^^  retard  , 
ô*  vene-s^  le  plutôt  qu  il  fera  pojftble.  Les  ennemis  font  un» 
marche  fecrette  ,  nos  troupes  légères  avancent  pour  les  re-^ 
connoître  ^  l'armée  fuit  lentement  ,  t avant-garde  rançon-' 
îre  l'ennemi  j  elle  eh  repoujjée ,  le  combat  s'engage ,  //  de- 
vient opiniâtre  ^  fanglant  ,  &'«. 

De  la  virgule  ponctuée, 

La  virgule  ponduée  eft  une  virgule  placée  après  le 
mot,  mais  accompagnée  d'un  point  mis  au-defTus  d'elle, 
en  cette  forte  (  y  ).  Lorfque  les  membres  d'une  périoiic 
font  longs  &  compofés  ,  alors  on  les  diftingue  par 
un  point  avec  la  virgule.  Pour  donner  une  règle  plus 
précife  là-delfus  ,  voici  le  principe  qu'on  peut  fuivre. 

Si  dans  un  ou  dans  piulîeurs  membres  d'une  même 
période  il  y  a  des  phrafes  fubordonnées,  ou  d'autres 
porrions  de  phrafe  qui  exigent  des  repos  ,  &  par  confé- 
quent  des  marques  de  ponctuation  ;  comme  ces  repos 
qui  partagent  un  même  mem.bre  de  période ,  doiveriG 
être  moins  fenfîbles  &  moins  confidérablcs  que  ceux  qui 
diftinguent  un  membre  d'avec  l'autre  ;  il  eft  clair  qu'eu 
mettant  une  virgule  pour  les  premiers  ,  il  faudra  au 
moins  la  virgule  ponftuéc  pour  les  féconds.  Nous  di- 
£bns,  au  moins ,  parcequ'il  arrive  quelquefois  que  la 
période  exige  même  les  deux  points  j  poaduation  plus 
fenfible  que  la  virgule  &  le  point. 


^^o  P  O  N 

Ce  principe  bien  entendu  doit  fuffire  ;  on  en  voit 
l'application  claire  &  palpable  dans  les  exemples  fui- 
vans.  Quoique  vous  ciye-^  de  la  naijjance  ,  que  votre  mé- 
rite foie  connu  j,  &  que  vous  ne  manquieT^  pas  d'amis  ;  vos 
projets  ne  réuniront  pourtant  point  fans  le  fecours  de  Plu- 
tus.  L' amour  efi  une  pajfion  de  pur  caprice  ^  qui  attribue 
du  mérite  a  l'objet  aimé ,  mais  qui  ne  fait  pas  aiwxr  le 
mérite  ;  a  qui  la  re;onnoijfance  ejl  inconnue  ^parceque  che^ 
lui  tout  fe  rapporte  a  la  volupté  ,  &  que  rien  n'y  ejl  lumiè- 
re. Ce  h  un  mortel  qui  fe  moc que  du  qu'en  dira-t-on  j  qui 
nejî  occupé  que  du  plaifir  ;  qui  critique  hardiment  tout  ce 
qui  lui  déplaît  ;  dont  l'ejprit  ejl  fécond  en  fyjicmes  y  &  le 
cœur  peu  fufceptible  d' attachement  y  enfin  que  tout  le  mon- 
de recherche  en  compagnie  »  ô*  dont  perfoniu  ne  p^ife  l'a~ 
Tnitié.  Le  difcours  avoit  deux  parties i  la  première ,  ou  ton 
montrait  la  nécefité  de  combattre  ;  la  féconde  ^  ou  l'on 
montroit  l'utilité  qui  en  devait  revenir.  Vous  êtes  infenfî- 
Lie  aux  bontés  d'un  Dieu  qui  vous  prévient  j  d'un  Dieu 
qui  n  ejl  jaloux  de  vos  hommages  que  pour  votre  bonheur  ; 
d'un  Dieu  qui  trouverait  également  fa  gloire  a  vous  perdre 
par  jujlice  ,  comme  d  vous  fiuver  par  miféricorde  ,  &c. 
On.  voit  aiftracnt  dans  cette  dernière  période  ,  par 
exemple ,  qu'il  faut  un  moindre  repos  après  jujlice  , 
qu'après  prévient  &  bonheur  5  vu  que  l'un  de  ces  mots 
cft  plus  intimement  lié  a  ce  qui  fuit,  que  les  deux  autres 
ne  le  font  à  ce  qui  vient  après  eux. 

Les  deux  points . 

Quand  il  fc  trouve  une  phrafe  dont  le  fcns  ,  pour 
être  entendu  ,  exi2;e  la  connoiffance  des  phrafes  pré- 
cédentes j  &  qui  par-là  leur  eft  unie  ,  quoique  les  au- 
tres en  foient  aflez  indépendantes  pour  être  complct-r 
tes  quant  au  fcns  &  à  la  conftruclion  fans  le  fecours  de 
celle-ci  j  cette  phrafe  ajoutée  n'cft  ordinairement  fépa- 
rée  des  autres  que  par  deux  points.  Le  feclc  d'Augujle  a 
tellement  été  celui  des  bons  Poètes  ,  qu'ils  ont  fervi  de 
modèles  a  tous  les  autres  :  cependant  il  na  point  eu  de 
Pactes  tragiques. 

Il  fe  nble  donc  que  la  virgule  doive  diftinp^ucr  des 
portions  d'une  même  phrafe  ,  qui ,  par  leur  long;ucur  ou 
leur  arrangement,  exigent  quelques  repos  entt'cUcS;  que 


P  O  N  121 

Ja  virgule  ponctuée  foie  deflinée  à  marquer  la  répara- 
tion de  deux  phrafes  qui,  renfcimanc  eliacùne  une  pen- 
fée  ,  font  néanmoins  tellement  liées  enfemble  par  leur 
fl:ru<5lure  grammaticale,  querefprit,  après  la  première, 
attend  encore  la  féconde,  &  que  celle-ci  ne  pourroit  le 
fatisfaire  fans  cclls  là  :  la  virgule  ponctuée  elt  donc  pour 
les  phrafes  dépendantes  l'une  de  l'autre  par  un  lien  réci- 
proque; au  lieu  que  la  place  des  deux  points  fe  trouve  entre 
deux  phrafes  tellement  unies  ,  que  la  féconde  fuppofe  la 
première,  dont  elle  paroît  n'être  qu'une  fuite,  tandis  que 
la  première  n'exige  nullement  la  féconde  pour  procurer 
à  l'efpric  un  repos  parfait.  Voilà  la  règle  générale  :  nous 
avons  déjà  vu  qu'elle  admettoit  des  exceptions  pour  des 
cas  particuliers  ;  en  voici  encore  quelques-unes. 

Souvent  dans  une  période,  il  y  a  r.près  ce  que  l'on 
appelle  incifes  ^  de  petites  paufes  qui  prennent  la  vir- 
gule; enfuite  les  repos  qui  fe  trouvent  entre  les  membres, 
doivent  encore  avoir  entr'eux  quelque  différence,  par- 
cequ'il  y  en  a  plufîeurs  qui  fe  fuivent ,  comme  pour  faire 
cnumération,  &  qui  étant  indépendans  entr'eux,  font 
tous  dépendans  d'un  dernier  m.embre ,  ou  d'une  dernière 
phrafe  partielle  ,  qui  fait  la  clôture  de  la  période.  Alors 
les  premières  phrafes  partielles  font  diftinguées  entr'elles 
par  les  deux  points;  &  la  dernière  ne  l'eft  des  autres  , 
que  par  la  virgule  ponduée.  L'exemple  fui  vaut  va  rendre 
cette  obfervation  fenflblc.  Si  l'on  faifoit  attention  aux 
caprices  fatiguans  de  l' amour  ^  a  la  frivolité  des  vœux  qu'il 
nous  injpire  y  &  a  l'amertume  qui  le  fuit  trop  fouvent  :  fi 
l'on  obfervoit  que  les  femm^es  font ,  les  unes  inconfiantes  & 
légères  ^  les  autres  impérieufes  Ù  fantafques  j  prefque  toutes 
jprudes  ou  coquettes  :  fi  l' on  fongeoit  enfin  ^  combien  t  atta- 
chement que  ton  a  pour  elles  entraîne  d''inconvéniens  après 
lui  j  6*  qu'il  anéantit  6*  abforbe  toutes  les  facultés  de  l'ame  ; 
fans  doute  que  les  hommes  apprendroient  a  combattre  cette 
pajfion  danger eufe  ^  &  fauroient ,  en  la  réglant  flon  les 
vues  de  la  nature  ^  s'y  prêter  fagement  y  &  ne  s'y  livrer  ja- 
mais. Il  faut  avertir  cependant  que  cet  ufage  n'ell  paâ 
univerfellement  fuivi  :  il  eft  même  des  Auteurs  qui  pla- 
cent la  virgule  ponéluée  où  nous  avons  iris  les  deux 
points ,  &  lç6  deux  points  où  nous  mettons  la  virgule  8c 
le  point. 


122  P    O    N 

II  eft  encore  une  autre  occafion  où  rnfr^ge  des  deux 
points  eO:  très  fréquent.  Pour  l'entendre,  on  peu:  fe  fou- 
venir  de  ce  que  nous  avons  dit,  en  parlant  de  la  virgule, 
de  certains  récits,  de  certaines  defcriptions,  ou  d'autres 
fortes  de  difcours  qui  font  carad:érifés  par  une  grande 
rapidité  dans  le  développement  des  détails ,  &  dont  toutes 
les  phrafes  font  fort  courtes  :  alors,  avons  nous  dit ,  quoi- 
que les  phrafes  foient  entièrement  féparées  les  unes  des 
autres  quant  à  la  partie  grammaticale  ,  cependant  on 
ne  les  diftingue  fouvent  que  par  une  virgule.  Cela  eft 
vrai  :  mais  li  chacune  de  ces  phrafes  détachées  eft  un 
peu  longue ,  ou  qu'il  y  en  ait  dans  lefquelles  de  moindres 
repos  exigent  la  virgule  ;  alors  on  diftinguera  les  phrafes 
les  unes  des  autres  par  les  deux  points. 

Pour  ne  pas  fe  tromper  fur  cet  ufage  ,  il  ne  faut  que 
confulter  le  fens  du  difcours  ,  voir  ce  qui  fcmble  ne  con- 
duire qu'à  un  but  commun  ,  &  examiner  la  ftrudure  des 
phrafes  :  Hier  ^  y  attendis ,  depuis  midi  jufqu'a  cinq  heures  y 
la  perfonne  que  vous  deviei^  m  envoyer  :  je  commençois  à 
m  impatienter  ^  lorfqu  enfin  je  la  vis  entrer  :  je  lui  fis  toutes 
les  que  fiions  que  nous  avions  réglées  enfemble  :  mais  je  n'en 
retirai  pas ,  a  beaucoup  pris ,  tous  les  éclaircijfemens  que 
j'avois  ejpérés.  U amour  efi  une  pajfton  de  pur  caprice  : 
il  attribue  du  mérite  a  l'objet  dont  on  eji  touché  :  il  ne 
fait  pourtant  pas  aimer  le  mérite  :  jamais  il  ne  fe  con~ 
duit  par  reconnoiffance  :  toux  eJi  ches^  lui  goût  oufenfation  : 
rien  n'y  efi  lumière  ni  vertu.  Ce  dernier  exemple,  que  nous 
avons  déjà  rapporté  fous  un  autre  tour  &  avec  une  autre 
ponduation,  prouve  que  fouvent  ces  phrafes,  entre  lef- 
quelles on  place  deux  points  ,  ne  forment  enfemble  , 
quant  au  fens,  qu'une  vraie  période,  mais  dont  les 
phrafes  partielles  font  détachées  les  unes  des  autrc-s^quant 
a  l'ordre  de  conftrudion. 

Du  Point. 

Le  point  fe  place  après  le  mot,  vers  la  partie  inférieure 
«îc  la  ligne  (.).  Il  cli:  deftiné  à  diftinguer  les  phrafes 
ou  parties  du  difcours  qui  forment  un  fens  intégral  &: 
complet  fans  le  fccours  de  ce  qui  peut  venir  après.  Ce 
n'cft  pas  que  ce  qui  précède  le  point,  ne  falfe  un  fcul 
tour  avec  ce  qui  fuit  5  mais  oa  n'y  voit  de  liaifon,  que  par 


P  O  N  lij 

h  convenance  de  la  matière  que  l'on  traite  en  généinï, 
ôc  par  l'analogie  des  penfées  avec  le  but  que  l'on  fe  pio- 
pofe  dans  les  difcours. 

Le  point  marque  donc  un  repos  pln^s  grand  que  ceux 
qui  font  indiqués  par  les  lignes  de  ponâruation  que  nous 
avons  confidérés  ;  il  marque  aufTi  un  fens  plus  achevé^ 
plus  arrondi,  &  une  clôture  plus  completce  de  la  penfce. 
On  s'en  fert  fouvent  après  les  phrafes  fimples,  hors  les 
cas  que  nous  avons  exceptés  j  &  toujours  après  les  pé- 
riodes. Nous  n'en  donnerons  point  d'exemples  :  tou5 
ceux  que  nous  avons  rapportés  jufqu'ici  ,  pouvant  eu 
iervir  pour  cet  article  ,  puifque  tous  fînillent  par  ua 
point. 

De  l'Alinéa. 

L'Alinéa  conlifte  à  lai/Ter  en  blanc  ce  qui  refte  de  U 
ligne ,  après  la  phrafe  ou  il  convient  de  le  placer.  La 
première  lettre  de  la  ligne  fuivante  doit  être  une  lettre 
majufcule. 

On  fe  fert  de  l'alinéa^  quand  on  a  fini  ce-que  l'on 
avoir  à  dire  fur  un  objet  particulier,  fur  une  partie  de 
fon  difcours ,  Se  que  l'on  veut  entrer  dans  un  autre  rai- 
fonnement,  dans  un  autre  faitj  quand  on  veut  faire  de 
nouvelles  obfervations  détachées  des  précédentes,  quoi- 
que deftinées  à  conduire  au  même  but ,  quaud  on  veut 
rapporter  ou  répondre  à  quelques  objedions  ,  ou  que 
l'on  va  confîdérer  les  mêmes  chofes  fous  un  autre  poinc 
de  vue. 

L'ufage  de  l'alinéa  efl;  très  arbitraire  :  il  ne  faut  point 
qu'il  foit  trop  fréquent  3  cela  donneroit  au  difcours  l'air 
d'un  ouvrage  trop  découfu  :  il  ne  faut  point  non  plus 
qu'il  foit  trop  rare;  cela  fatigueroit  i'efpnt,  en  ne  lui 
donnant  pas  allez  de  repos  d'une  certaine  étendue.  C'eft 
au  bon  goût,  &  à  la  connoiiTance  des  forces  de  l'efpric 
humain  j  à  diriger  l'Auteur  en  ceci,  comme  en  tout  le 
refte.  Nous  allons  donner  un  exemple  dans  lequel  on 
pourra,  d'un  coup  d'œil,  voir  toutes  les  diftindions  donc 
nous  avons  parlé  jufqu'ici ,  &:  en  bienobferver  les  diiFé* 
rences. 

Le  Mariehal  arriva  hier  matin  au  camp ,  las  ^  fatigué^ 
"mais  fort  à  proros  :  Jur-le-champ  ,  il  donna  fes  orares  pour 


124  P  O  N 

engager  l'aBion  3  quoiqu'il  n'eut  pas  encore  toutes  fes  troupesl 
On  je  battit  avec  opiniâtreté  de  part  &  d'autre  jufqu  à  l'en* 
trée  de  la  nuit.  Nos  Soldats  ont  fait  des  prodiges  de  va- 
leur :  les  Gardes  Franfoifes  fe  font  diflingués  a  l'aile 
droite  :  Picardie  a  ejfuyé ,  avec  une  confiance  admirable  , 
le  feu  du  canon  ;  &  les  Carabiniers  fe  jont  fait  jour  juf- 
qu'au  centre  des  ennemis.  La  Maifon  du  Roi  a  beaucoup 
perdu ,  parcequ'ellc  s'efi  trouvée  ou  le  combat  éioit  le  plus 
chaud.  Le  f accès  de  cette  journée  fait  également  honneur  a 
la  bravoure  du  fub alterne  ^  ^  a  la  conduite  du  Général.  Je 
ne  vous  en  dirai  pas  davantage  aujourd'hui ,  fnon  que  la 
Vicioire  a  été  complette.  Le  Courier  prochain  vous  inftruira 
du  détail  de  nos  morts ,  de  nos  blejfés  j  6'  de  toute  notre 
perte  ,  ainfi  que  de  celle  de  nos  ennemis. 

Je  vous  prie  d'envoyer  la  copie  de  cette  noiùvelle^  a  notre 
ami  commun  ,  6"  (^'y  joindre  mille  complimens  de  ma 
part. 

Du  Point  interrogant,  &  du  Point  d'exclamation, 

Refte  à  parler  de  deux  autres  caradïeres  de  la  ponc- 
tuation ,  le  point  interrogant  &  celui  d'exclamation.  On 
lent  bien  qu'ils  doivent  fe  placer,  l'un  après  les  phrafes 
interrogantcs  ,  &  l'autre  après  celles  où  il  y  a  exclama- 
tion :  mais  quelquefois  il  arrive  qu'une  période  a  l'une 
ou  l'autre  de  ces  deux  tournures,  dans  une  première  phra- 
fe  partielle,  (ans  que  les  fuivantes  qui  lui  font  liées,  lui 
rci'emblent  :  quelquefois  aulli,  toutes  ces  phrafes  par- 
tielles ont  la  même  forme  d'exclamation  ou  d'interro- 
gation. 

On  demande  fi  dans  le  premier  cas,  le  figne  de  ponc- 
tuation doit  être  renvoyé  à  la  fin  de  toute  la  période,  ou 
placé  à  la  fin  de  la  phrafe  partielle  à  laquelle  il  con- 
vient. Oi\  demande  de  même  dans  le  fécond  cas,  \\  ce 
ligne  doit  être  répété  après  chaque  partielle  ,  ou  s'il  doit 
être  renvoyé  après  la  dernière. 

Faut-il  pondiucr  ainli  ?  .  .  .  Pouvais -je  prévoir  tant  de 
mauvaife  foi  de  votre  part  ;  vu  toutes  les  ajjurances  que 
vous  avie:^  eu  foin  de  me  donner  de  votre  droiture  i'  ou 
bien  :  Pouvois-jc  prévoir  tant  de  mauvaife  foi  de  votre 
part  ?  vu  toutes  les  ajfurances  que  vous  avie\prisfoin  de  me 
donner  de  votre  droiture, 

que 


P  O  N  Jif 

Que  r homme  efi  aveugle  ^  puifque  V expérience  même  la 
flus  foavent  répétée ,  parvient  fi  rarement  a  V éclairer  !  ou 
bien  :  Que  r homme  ejl  aveugle  !  puifque  l'expérience  même 
la  plus  fijuvent  répétée  ^  parvient  fi  rarement  a  l'éclairer^ 
Quoique  l'on  voie  quelques  Auteurs  fuivre  la  dernier^ 
inéchode ,  il  nous  paroîc  cependant  qu'en  général  la  pre- 
mière eft  préférable. 

Mais  il  n'en  eft  pas  de  même ,  lorfque  chaque  phrafè 
partielle  eft  foumife  à  la  même  forme  :  alors  on  peut 
marquer  le  point  d'interrogation  ou  d'exclamation  après 
chaque  phrafe  ,  ou  feulement  à  la  fin  de  la  période  5  pàr^ 
ceque  l'ufage  eft  partagé  là-defTus.  On  écrira  donc  éga- 
lement .  .  .  Peut-on  foutenir  que  le  vice  fijit  toujours  punit 
6'  que  la  vertu  foit  toujours  récompenfée  ?  Que  les  Sages 
Jbnt  en  petit  nombre  !  &  qu'il  eft  rare  d'en  trouver  !  oa 
bien  :  Peut-on  fe>utenir  que  le  vice  fcit  toujours  puni  ^  6*  que 
la  vertu  foit  toujours  récompenfée  1  Que  les  Sages  font  erz 
petit  nombre  y  &  qu'il  eft  rare  d'en  trouver  ! 

Dans  le  choix ,  la  dernière  pratique  nous  paroîtroit 
encore  là  meilleure;  mais  il  ne  faudroit  qu'un  bien  lé^ 
ger  changement,  que  la  conjondion  &  retranchée ,  pat 
exemple,  pour  rendre  la  première  pratique  néceffaire  8c 
feule  bonne.  Quant  à  la  figure  de  ces  deux  derniers 
figues ,  il  eft  aifé  de  la  diftinguer  :  le  premier  eft  une 
efpece  de  crochet  fous  lequel  on  met  un  point  (  ?  )  !  ^^ 
fécond  eft  un  i  renverfé  (  !  ), 

Du  figne  Sec, 

iSJous  dirons  ici  un  mot  d'un  caradere  qui  n'appar*^ 
tient  ni  à  la  ponduation ,  ni  à  l'alphabet ,  ni  à  la  pro=» 
nonciation,  &  qui  néanmoins  eft  d'un  fort  grand  ufagej 
c'eft  &c. ,  figure  compofée  de  deux  lettres  unies,  faifané 
àbbréviation  ;  l'une  6*  repréfentant  la  conjonélion  et  y  èc 
l'autre  c  indiquant  le  mot  latin  cœtera.  Ce  figne  com« 
pofé  i  fignifie  qu'on  lai  fie  au  Lecteur  le  foin  de  fuppléer 
tout  ce  qui  manque  au  difcours  ]  foit  que  l'Auteur  le 
fupprime  à  deifein  ,  ou  qu'il  craigne  que  quelque 'choi^ 
n'ait  échappé  à  fes  recherches. 

POUR ,  eft  une  des  prépofuions  fimples  :  Vôyei  Pri-' 
Positions. 

Tome  //>  J 


,^itf  POU 

POUR  ,  cfl  une  des  conjondipns  tranfîtîves  :  Voye^ 
Conjonctions. 

POURQUOI ,  efl  un  adverbe  de  motit ,  de  caule  : 
voyez  Adverbe. 

POURSUIVRE.  Verbe  aftif ,  irrégulier  ,  de  la  qua- 
trième conjugaifon,  compofé  àzjuivre  ,  fur  lequel  il  fe: 
conjugue  ,  &  de  la  prépofition  j^oury  qui  indique  ordi-- 
.nairement  un  motif  de  projet.  Ainfi  pourfuivre  quel- 
qu'un ou  quelque  chofe  ,  c'eft  fuivre  quelqu'un  ou  quel-^ 
flue  chofe  pour  l'atteindre  &  s'en  rendre  le  maure.  Il 
.  pour fuivit  fou  ennemi  avec  tant  de  vîtejfe,  qu'il  l'eût  bien^- 
tôt  atteint.  Je  vous  prie  de  dire  a  M.  un  tel  que  y  s'il  ne 
<ne  me  paie  pas  dans  un  mois  ,  je  le  pourfuivrai  enjuftice,. 
Ce  brave  Officiera  enfin  obtenu  la  penjïon  qu'il  pourfuiùi 
depuis  plus  de  quatre  ans.  ^ 

POURTANT  ,  ell  une  des  conjondions  adverfati-^ 
ves  t'voye^  Conjonctions. 

POURVOIR.  Verbe  neutre  ,  adif ,  irrégulier  ,  délai 
troifieme  conjugaifon,  compofé  de  voir  Se  de  la  prépo- 
fition terminale  pour  ^  ainfi  nojumée  parcequ'elle  indi- 
que le  terme  avec  une  idée  accelloire  de  motif  ou  de 
projet.  Ainfi  pourvoir  Tignifie  voir  à  quelque  chofe  j 
avoir  quelque  chofe  en  vue.  L'intérêt  doit  pourvoir  à  noi 
hefoins  ,  &  l'amour  a  nos  plaifirs.  Son  argent  l'apourvi 
de  la  première  charge  du  Royaume.  Le  Roi^  vous  apourvi 
d'un  emploi  que  vous  mêritei  bien  ^  c'cft-à-dire  ,  vous  r 
conféré  une  charge  qu'il  avoir  en  vue  pour  vous  à  eau- 
fe  de  votre  mérite. 

Les  grâces  dont  le  beau  fixe  ejl  pourvu  doivent  adou- 
cir les  mœurs  des  hommes  ^  &  non  pas  les  corrompre. 

Un  père  doitfonger  autant  a  bien  infîruire  fcs  en/ans  . 
qu'à  les  bien  pourvoir.  Elle  efi  bien  pourvue  quant  a  L 
fortune  ,  mais  très  mal  quant  aux  agréments. 

On  doit  f£  pourvoir  de  bonheur  contre  Us  ennuis  &  contr 
les  infirmités  de  la  vieillcjfe. 

Si  vous  ne  faites  honneur  a  vos  engagemens ,  je  m> 
pourvoirai  devant  le  Juge. 

Il  s' efi  pourvu  en  Cour  de  Rome ,  c'eft-à-dire  ,  il  ; 
eu  recours  au  Pape  pour  obtenir  tel  bénéfice. 

Ce  v(;rbc  fe  conjugue  comme  foa  ilmple  excepte  dan 
les  cems  fuivau5. 


L, 


IP    O    U  'ity. 

Indicatif.  Prétérit.  Je  pourvus ,  tu  pourvus ,  il  ponr^ 
Vut  5  nous  pourvûmes  ,  vous  pourvûtes  ,  ils  pourvu- 
'  xenr.  Futur.  Je  pourvoirai  ,  tu  pourvoiras  ,  &c.  CondU 
tionnel  préfent.  Je  pourvoirois.  Subjonctif.  Imparfait, 
:  Que  je  pourvulFe  ,  &c.  voye^  Voir. 
'  ;  POURVU  QUE  ,  eft  une  des  conjoi^ions  condition 
'  nellcs  :  voye^  Conjonctions. 

■  POUVOIR.  Verbe  neutre,  adif  &  irrégulier  ,  de  Ix 
:  troifieme  conjugaifon  ;  il  figniiîe  avoir  la  force    la  puiG- 

■  innce  ,  la  faculté ,  la  poxTibilité.  1/ efi  robufle  ,  //  pourra» 
Coutenir  Us  fatigues  de  La  guerre.  Cet  homme  efi  a  ménager- 
il  peut  beaucoup.  Je  pourrais  .vous  perdre  ^  c'eft- à-dire  ^ 
j'ai  la  faculté,  la  puiirance  de  vous  perdre.  HiignifieaufK 
quelquefois  non-feulement  la  faculté  de  faire  une  clio- 
fe  ,  mais  encore  la  poifeflion  de  tout  ce  qu'il  faut  pour 
ia  bieu  faire.  Je  pourrais  vous  répondre  ne  veut  pas  dire 
amplement  qu'on  a  la  faculté  de  répondre  ,  mais  en-- 
core  qu'on  a  dcquoi  le  bien  faire,  de  quoi  répondre 
plemement.  Vous  vous  expofe^  trop  ,  l'ennemi  pourrait 
vous  furprendre  ;  û  marque  ici  la  poffibilité. 

Quand  pouvoir  eft  devant  un  infinitif,  on  le  inec 
quelquefois  imperfonnellem.ent  :  //  peut  vous  arriver 
quelqu  accident  :  non  pas  qu'on  ne  puiife  dire  quelqu'ac^ 
cident  peut  vous  arriver ^  mais  il  cft  des  cas  oii  la  première 
conftruaion  plaît  davantage  ;  il  en  eft  même  où  tlio^ 
paroit  nécelTaire.  Il  peut  fe  faire  que  vous  tombiez  ma. 
lade.  ^ 

Faites  lui  demander  cette  grâce  par  M.  un  tel ,  //  peut 
tout  fur  fon  efprit.  Pouvoir  &ft  a^tif  dans  cet  exemple  //. 
n'en  peut  plus  ,  fignifie  il  eft  foible  ,  il  eft  abattu.  //  n'ert 
peut  mats  ,  fignifie  il  n'en  eft  pas  caufe. 

Indicatif.  Préfent.  Je  puis  ou  je  peux  ,  tu  peux  il 
peut;  nous  pouvons ,  vous  pouvez  ,  ils  peuvent.  Impar^ 
fan.  Je  pouvois ,  tu  pouvois  ,  il  pouvoit  ;  nous  pou^ 
vions ,  vous  pouviez ,  ils  pouvoient.  Prétérit.  Je  pus 
'S  ?""/•'  '!  "^^V'  "°^^  pûmes,  vous  pûtes,  ils  purent! 
frètent  indéfini.  J'ai  pu  ,  &c.  Prétérit  antérieur.  J'eus 
pu  ^  &c.  Prêtent  antérieur  indéfini.  J'ai  eu  pu ,  &c  PÎuf' 
queparfait.  J'avois  pu  ,  &c.  Futur.  Je  pourrai',  tu'pour^ 
las  ,  il  pourra  5  nous  pourrons  ,  vous  pourrez  ,  ils  pour- 
ront. Futur  pajfé.  J'aurai  pu  ,  &c.  Conditionnel  préfent^ 


îiS  POU'        P  R  é 

Je  pourrois ,  tu  pourrois  ,  il  pourroic  ;  nous  poumons  J 
vous  pourriez  ,  ils  pourroienr.  Conditionnel  p  a Jfé.  J'eufTd 
ow  j'auroispu  ,  &c.  Impératf.  Peux  ,  qu'il  puiile  5  pou- 
vons ,  pouvez,  qu'ils  puilfent.  Subjonctif.  Préfent, 
Que  je  pui/Te  ,  que  tu  puifTcs  -,  qu'il  puilTe  5  que  nous 
paidîons  ,  que  vous  puiflîez  ,  qu'ils  puilTent,  Imparfait^ 
Que  je  puffe  ,  que  tu  pufles  ,  qu'il  pût  5  que  nous  puf- 
lîons ,  que  vous  puflîcz  ,  qu'ils  puiTenr,  Prétérit,  Que 
j'aie  pu  ,  Sec.  Plufqueparfait.  Que  j'eulle  pu  ,  Sec,  Infi^ 
niùf  préfent.  Pouvoir.  Prétérit.  Avoir  pu.  Participe  pré^ 
fent.  Pouvant.  Participe  pajfé.  Ayant  pu.  Il  n'a  point  de 
participe  paffif.  Gérondif.  En  pouvant  ou  pouvant. 
Les  tems  compofés  fe  conjuguent  comme  dans  la  troi- 
jfieme  conjugaifon. 

PRÉTÉRIT  ANTÉRIEUR.  Le'pretérit  ou  pafîé  antc'- 
tieur  s'emploie  pour  aiTurer  qu'une  chofe  eil:  non-feule- 
itient  palfée  quant  à  préfent  ,  mais  qu'elle  l'étoit  déjà 
avant  un  autre  tems  indiqué  &  pafTé  :  voye^^  Tems  des 
.VERBES  &  Conjugaison. 

PRÉTÉRIT  ouvAssi  défini  autrement  dit  AoRisri 
C'eft  un  des  tems  des  verbes.  On  s'en  fert  pour  aiHr- 
lîier  qu'une  chofe  s'eft  faite  dans  un  tems  entièrement 
pafîé  ,  dont  il  ne  refte  plus  de  partie  &  dans  lequel  or' 
n'eft  plus  renfermé  ;  voyei  Tems  des  verbes  6'  Con- 
jugaison. 

PRÉTÉRIT  ou  Passe  indéfini.  C'eft  un  des  terni 
des  verbes.  ÏI  dcfigne  que  la  chofe  eft  comme  palfét 
^bfolument  &  fans  aucune  attention  au  tems  ,  fans  au- 
cune comparaifon  à  d'autre  chofe  :  voye:^  Tems  deî 
verbes  6*  Conjugaison. 

PRÉTERMISSION.  C'eft  une  figure  de  Rhétorique 
Convenable  à  la  preuve.  Elle  confifte  dans  une  feinte  qu< 
l'on  fait  de  palier  légèrement  fur  une  chofe  que  l'or 
Veut  inculauer  avec  plus  de  force. 

M.  Elechier  fait  un  bel  ufage  de  cette  figure  danîj 
rOraifon  Funèbre  de  M.  de  Tuiicnnc.  1 

35  N'attendez  pas  ,  Mclheurs  ,  que  j'ouvre  ici  un(| 
33  Scène  tragique  ;  que  je  rcpréfente  ce  grand  hommcj 
33  étendu  fur  (es  propres  trophées  5  que  je  découvre  ci 
3ï  Corps  pâle  &  fanglant  auprès  duquel  fume  encore  Iî 
•«  foudrç  qui  l'a  wappé  j  que  je  falfc  crier  foa  C^n^ 


I 


Pré  'ti^ 

fi  comme  celui  ^'Abel  ,  8ç  que  j'expofe  a  vos  yeux  le? 
;?  triftes  images  de  la  Religion  &  de  la  Patrie  éploréesîs. 

PREDIRE.  Verbe  adif,  irrégulier  ,  de  la  quatrierne 
conjugaifon  ,  compofé  de  dire  &  de  la  prépolîtion  pré  ^ 
qui  fîgnifie  û^^;ze  ;  ainiî  prédire  c'eft  dire  ,  annoncer 
une  chofe  avant  c]u'elle  foit  arrivée.  On  fe  fcrt  de  ce 
verbe  dans  toutes  les  chofes  ,  qui  fe  connoiffent  à  I4 
faveur  de  certains  lignes  ,  de  certaines  conjedures  011 
combinaifons  ou  par  i'infpiration  divine.  On  fe  fert  dans 
ce  même  fens  du  verbe  prophétifer  ,  qui  en  grec  lignifie 
de  njême  dire  avant  ;  la  fcience  des  Prophètes  étoit  de 
prédire  l'avenir. J 

Participes  prédifant  j,  prédit ,  prédite. 

Il  fe  conjugue  comme  le  verbe  dire  Ton  lîmpîe  ;  ex- 
cepté à  la  féconde  perfonne  du  pluriel  du  préfent  de  l'in- 
dicatif adif,  où  il  £âit  prédifei  :  voye:(^  Dire, 

PRENDRE.  Verbe  adif ,  irrégulier,  de  la  quatrième 
conjugaifon.  Il  lignifie,  dans  fon  fens  propre,  faifir  avec 
îa  main.  Il  paroît  venir  du  mot  htin  prehendere.  Il  s'em- 
ploie en  une  infinité  de  façons  de  parler  fur  lefquelles 
on  peut  confulter  le  Didionnaire  de  l'Académie. 

Le  participe  palTé  féminin  pri/^  ,  eft  quelquefois  fub- 
ftantif  ôc  lignifie  proie  ,  capture. 

Ses  compofés  Cont  comprendre  ,  reprendre,  défapren- 
dre  :  voyei  ces  mots. 

Indicatif.  Préfent.  Je  prends  ,  tu  prends  ,  il  prend  5 

nous  prenons ,  vous  prenez ,  ils  prennent.  Imparfait.  Je 

'prenois  ,  &c.  Prétérit.  Je  pris  ^  &c.  Futur,  Je  prendrai  , 

;  &:c.  Conditionnel  préfent.  Jeprendrois  ,  &c.  iMPÉRATiFa 

Prends  ,  qu'il  prenne 5  prenons,  &c.  Subjonctif.  Pré- 

fut.  Que  je  prenne,  &c.  Imparfait.  Que  je  priife  ,  &c. 

Les  tems  compofés  font  tous  réguliers.  Participes^ 
Prenant ,  pris  ,  prife. 

PREPOSITIONS.  Dans  Pufage  de  la  parole  ,  on 
cherche  moins  à  faire  connoître  fes  idées  ,  qu'à  marquer 
I  les  rapports  que  nous  appercevons  entr'elles,  la  manière 
:  dont  nous  les  combinons  ,  les  jugemens  qui  font  les  ré- 
fuitats  de  nos  combinaifons.  La  vérité  ne  confifte  pas 
dan$  les  idées  3  tous  les  hommes  ont  les  mêmes  5  mai? 
dans  la  convenance  ou  difconvenance  qui  efl  entr'elles: 
yoUà  le  but  des  rççhercjîçs  phiiprophiques,  la  fource  à\^ 

Jiij 


n^h  PRE 

■faux  &  du  vrai.  Le  nombre  des  combiuaifons  pofliblesf 
entre  les  idées  eft  infini  5  chaque  combinaifon  nouvelle 

;  produit  un  ou  plulleurs  rapports  nouveaux  :  le  nombre 
ides  rapports  eft  donc  infîm.  Toutes  les  règles  de  conf- 
££uâ:ion  ne  font  établies  que  pour  les  marquer.  La  place 
-d'un  mot  à  l'égard  d'un  autre  mot  décide  en  François  de 
leur  liaifon  S:  dépendance  mutuelle  ;  mais  quelle  confu- 
sion, quelle  infuffirance  dans  la  langue  ,  fi  elle  n'avoit 
eu  que  ce  moyen  de  faire  connoître  les  rapports!  Les 
modes  j  les  tem.ps  ,  les  nombres  &  les  perfonnes  des 
verbes  font  encore  des  moyens  heureufement  inventés 
pour  le  même  objet.  Que  de  longueurs  évitées  par-la! 
<]ue  de  précilion  ces  inflexions  nous  apportait  !  Les  ad- 
jedifs  abrègent  auiîi  beaucoup  le  difcours ,  en  ce  que 

.prenant  une  forme  correfpondante  à  celle  des  noms 
<]u'ils  accompagnent  ,  on  ^onnoît  leurs  rapports  par 
cette  forme  feule  ,  &  fans  le  fecours  d'aucune  autre  ef- 
pcce  de  mots.  Mais  quelque  féconds  que  foient  ces 
moyens  dilférens,  quelque  multipliés  que  foient  leurs 
fervices ,  ils  n'égalent  pas  encore  le  nombre  des  rapports 
^ue  l'efprit  peut  appercevoir  entre  les  idées  qu'il  com- 

.l)ine5  &  quand  il  s'agit  d'exprimer  ces  rapports,  la  lan- 
gue, avec  tant  de  richefles ,  fe  trouveroit  encore  pauvre 
&  infufïifante  ,  iî  les  prépofitions  ne  venoient  à  fon  fe- 
cours. 

Mais  les  prépofitions  font  le  moins  parfait  de  tous 
les  moyens  employés  pour  peindre  les  rapports  que 
nous  voyons  entre  les  idées  ;  ne  fut-ce  que  parcequ'elles 
ne  peuvent  remplir  cet  objet  que  par  de  nouveaux  mots  , 
elles  amènent  néceflairement  des  longueurs.  S'il  eft  vrai 
cju'elles  donnent  aufïi  plus  de  clarté  ,  d'ordre  &:  de  pré- 
cifîon,cc  n'eft  pas  un  avantage  qui  leur  foit  propre  5 
c'eft  que  l'on  n'a  point  tiré  des  fituations  &  des  inflexions 
des  mots ,  tout  le  profit  qu'elles  pouvoient  faire  ,  qu'on 
n'en  a  point  allez  décidé  &:  déterminé  l'ufage,  qu'on  ne 
les  a  point  aflcz  variées.  Qu'on  en  juge  par  les  verbes^  cer- 
taines de  leurs  terminaifons  n'expriment-ellcs  pas  en  un 
Teul  mot,  outre  l'aclion  particulière  qui  eft  l'objet  de 
leur  fîgnifîcarion  ,  les  circonftanccs  du  temps  ,  du  nom- 
bre, àc"^  perfonnes  ,  &:  même  certaines  dépendances  des 
mots  précédais  î  La  multiplicité  de  tous  ces  rapports 


PRE  131- 

exprîmés  par  un  même  mot  avec  l'idée  principale  qui 
en  eft  l'objet ,  caufc-t-elle  le  moindre  embarras ,  la 
moindre  obfcurité  ?  Non  ,  rien  n'eft  plus  précis  ,  plus 
clair  ,  plus  fatisfaifanr.  Les  prépofîtions  prouvent  donc 
la  difccce  &  l'imperfcclion  des  langues.  Elles  ne  font 
deflinées  qu'à  fuppléer  au  défaut  <Sc  à  rinfuffifance  des 
autres  moyens  de  communiquer  les  rapports  5  elles  ne 
font  que  comme  un  fis  aller.  Il  s'en  faut  bien  du  moins 
qu'elles  les  expriment  tousj  il  en  eft  une  infinité  qui  ne 
font  point  de  leur  diftrid. 

Port -Royal  ne  paroît  pas  alTez  exaél  dans  la  dé- 
finition qu'il  en  donne  5  elle  pêche  parcequ'elle  eft 
trop  générale  :  les  prépofîtwp.s  ^  dit  cette  Grammaire  , 
cnt  été  inventées  pour  marquer  les  rapports  que  les  chofes 
ont  les  unes  aux  autres.  M.  Girard  donne  dans  le  même 
défaut,  quand  il  dit  que  les  prépofîtions  indiquent  les  rap^ 
ports  déterminatifs  dzs  mots  entreux.  La  proximité  des 
mors  peut  fervir  à  reftreindre  &;  particularifer  ,  déve-- 
lopper  &  compietter  leur  lignification  5  c'eft  ce  qu'il 
appelle  ,  déterminer  ^  indiquer  les  rapports  déterminatifs  ; 
d'où  il  conclut  avec  raifcnque  toute  prépofîcion  exige 
à  fa  fuite  &  fous  fon  régime  d'autres  mots  qui  foient  le 
complément  du  rapport  qu'elle  exprime  ,  &  qui  en 
forment  le  fens  entier.  La  définition  du  Père  Buffier  pê- 
che par  un  autre  endroit  5  c'eft,  dit-il  ^  un  modificatif 
qui  n'a  un  fens  complet  qu'avec  le  fccours  d'un  autre  mot 
qui  en  efi;  le  régime  j  mais  ce  modificatif  peut  fe  trou- 
ver dans  plusieurs  adverbes  ,  parceque  le  mot  ,  fens 
complet  a  une  étendue  trop  grande.  Celle  de  M.  le 
Batteux  nous  déplaît  en  ce  qu'elle  eft  plutôt  un  faux- 
fuyant  qu'une  définition  5  elle  définit  une  choie  par 
une  autre  qui  n'eft  pas  plus  claire  ^  &  qui  peur-être 
l'eft  moins.  On  convient  avec  lui ,  que  les  prépoftions 
font  des  caractères  inventés  pour  ajouter  aux  fuhflantifs  ^ 
ou  à  d'autres  mots  pris  fubftantivement  ,  la  manière 
de  fgnifier  qui  convient  a  ladverbe  :  mais  on  lui  de- 
mande quelle  eft  la  manière  de  lignifier  qui  convient  à 
l'adverbe  ?  voilà  le  nœud  de  la  diiliculté  ,  &  ce  qu'une- 
bonne   définition  devoit  faire  connoîcre. 

,  laut-il  citer  ici  celles  que  M,  le  Blanc,  &  M.   An- 
toftini  nous  oac  données  î  Que  veuc  dire  ce  dernief 

liY 


î5i  PRÉ 

fjuand  il  prononce  que  l'emploi  de  la  prepojition  efl  dé 
çonfidcrer  une  chofc  a  l'égard  d'une  ou  deplufieurs  autres  ? 
Il  a  fans  doute  voulu  dire ,  défaire  confidérer  ;  car  la 
prépofîcion  ne  confîdére  point  :  elle  eit  l'expreiTion  , 
non  pas  même  de  la  confidtiation  ,  mais  du  réfultat  de 
îa  confidération.  Mais  eft-elle  le  feul  ligne  de  ce  rc- 
fultat  ?  Le  verbe  lui-même  ne  fait- il  pas  çonfidcrer  le 
nom  qui  eft  fon  re'gime  à  l'égard  de  celui  qui  en  efl  le 
fubjedif?  &lc  verbe  eft-il  une  prcpofition  ?  M.  le  Blanc 
dit  que  Us  prépojîîions  font  de  vrais  adjeéiifs  :  c'eft  , 
pour  un  Grammairien,  bien  peu  fentir  la  différence  des 
parties  du  difcours  :  eft-  il  permis  de  traiter  de  la  Gram^ 
maire  ,  quand  on  ne  voit  pas  que  l'adjedif  diffère  de  la 
prépofîtion,  comme  un  mot  qui  préfente  une  idée  à  l'ef- 
prit ,  diffère  de  celui  qui  n'en  préfente  point  !  Il  a  fans 
Joute  voulu  dire  qu'avec  leurs  complémens  les  prépoiî- 
îions  équivalent  quelquefois  à  des  adjedifs  î  mais  cela 
même  leroit  faux  ^  puifque  l'adjedif  préfente  une  idée 
comme  qualité  ^  &  que  la  prépof  tion  avec  fon  com.plé- 
ment  ne  la  préfènte  que  comme  modification  ;  ce  qui 
eft  une  différence  effentielle,  en  fuppofant  d'ailleurs  que 
l'idée  foit  la  même.  Cela  eft  fî  vrai  que  l'une  ne  peut 
figurer  où  l'autre  convient ,  &  qu'on  ne  dit  point  ,  pa^ 
rôles  avec  douceur  ,  comme  on  dit  ,  paroles  douces  y  ni 
traiter  doux  j  comme  on  dit  ,  traiter  avec  douceur.  Nous 
lie  parlons  pas  de  M.  Reftaut  :  ici  ,  comme  prefque 
par  tout  ailleurs  ,  il  copie  fans  examen  &  fans  dif- 
cernement  les  définitions  de  Port-Royal ,  fans  s'inquié- 
ter fi  elles  font  exades  ou  défcdueufes. 

De  tous  les  Grammairiens ,  il  n'y  a  que  M.  du  Mar- 
iais qui  nous  paioiiîe  avoir  donné  une  idée  jufte  ,  claire 
&:  précifedes  prépofîtions  :  elles  fuppléent  y  dit-il  ,'  au>i 
rapports  qu'on  ne  fauroit  marquer  par  la  place  &  les  infé- 
odons des  mots  :  elles  marquent  des  rapppons  ,  des  cif" 
confiances  ,  quç  le  mot  fuivant  détermine. 

Ce  que  nous  avons  dit ,  que  les  Langues  ne  fe  fcr- 
voient  des  prépo(itions  qu'au  défaut  d'autres  moyens 
4'cxprimcr  les  rapports  ,  nous  donne  lieu  de  faire  une 
remarque  ,  c'eft  que  leur  ufage  eft  d'autant  plus  fré- 
quent dans  une  langue  ,  qu'elle  a  moins  d'autres  ref- 
iburccs.  Par  cçttç  i^siiow  Içs  patins  çmployoiçat  les  prç^r, 


PRE  .135 

,Jo/îtions  plus  rarement  que  nous  :  leurs  ^^j  les  rendpient 
fouvenc  inutiles ,  en  fournilTant  pour  les  rapports  d'i- 
«lées ,  une  exprelîion  plus  courte,  plus  commode  &  plus 
fatisfaifante.  Dc4à  il  s'enfuit  aufii  que  l'érude  des  pré- 
pofitions  doitf  être  &  plus  difficile  &  plus  importante 
Sans  notre  Langue  que  dans  la  Latine.  Outre  tout  ce 
que  les  anciens  Romains  cxprimoient  par  le  fecours  de 
leurs  prépofitions  ,  les  nôtres  font  encore  chargées  de 
fuppléer  à  leurs  déclinaifons  ,  ôc  même  à  plulieurs  ad- 
jedifs  qu'ils  avoient  fu  fe  faire  ,  &  dont  nous  fommes 

I  privés  5  fans  parler  ici  de  la  fimple  appofition  de  cer- 
tains mots  ,  qui  fuffifoit  chez  eux  pour  marquer  entre 
ces  mots  une  liaifon  particulière  que  nous  n'entendons 

.  dans  notre  Langue  qu'autant  qu'elk  eft  fixée  par  certai- 
ne prépofîtion  :  tel  étoit  leur  urbs  Roma  ,  que  nous  ren- 
dons par  trois  mots,  ou  mêm.e  quatre,  la  ville  de  Rome, 
Quoique  les  prépofitions  foient  faites  pour  être  liées 
à  d'autres  mots ,  elles  n'ont  dû  cependant  être  fufcep- 
tibles  d'aucune  variation  dans  leur  matériel ,  parceque 
J'idée  générale  d'un  rapport  entre  deux  objets  ,  ne  fem- 
ble  pas  plus  s'approcher  de  l'un  que  de  l'autre  ;  &:  qu'en 
conlequence  il  n'y  auroit  pas  eu  plus  de  raifon  de  faire 
accorder  la'prépoiition  avec  le  mot  qui  la  précède,  qu'a- 
vec celui  qui  la  fuit.  D'ailleurs  de  quelle  utilité  aurcient 
pu  être  les  genres  &:  les  nombres  dans  les  prépofitions  > 
L'idée  abilraite  de  rapport  en  eft  elle  fufceptible  ?  Les 
prépofitions  ont  donc  dCi  être  invariables  ,  quant  à  leurs 
terminaifons  5  &  elles  le  font  auiTi  dans  toutes  les  laii» 
gués  :  l'ufage  ne  fait  rien  d'inutile,  ni  d'abfurde. 

On  diftingue ,  quant  au  matériel ,  deux  fortes  de  pré- 
pofitions 5  les  fimples,  &  les  compofées  :  mais  nous  ne 
parlerons  ici  que  des  premières  ;  les  fécondes  ne  font  que 
des  expreffions  formées  par  le  concours  de  plufiiiurs 
mots  qui  ont  chacun  leur  lignification  ,  &  qui  forment, 
ainfi  que  tous  les  membres  compofés  des  phrafes  ,  ua 
fens  conforme  aux  loix  félon  lefquelles  ils  font  unis.  La 
plupart  ne  font  qu'une  prépofition  fim.ple  unie  à  un  fub- 
flantif  3  aulTi  prennent-elles  prefque  toutes  la  prépofi- 
tion de  pour  être  déterminées  par  le  nom  qui  les  fuir. 

\%^i  f9imgi;ioa  Sç  kur  régime  leuaçni  doue  dans  Cv  quQ 


134 


PRÉ 


nous  dirons  ;  &  par-là  il  feroit  fuperjfîu  d'en  traiter  ea 
particulier.  Nous  nous  contenterons  d'en  indiquer  quel- 
<][ues-unes  ,  qui  font  ;  vis-à-vis  ,  à  l'égard  ,  à  la  réferve  > 
h.  côté  3  en  préfince  ,  a  couvert  ,  a  l'abri  j  a  raifon  y  a 
i'infu  y  au-deça  j  au-deffus  ,  au-dejfous  ,  au-dedans  ,  au^ 
dehors  j  au-devant ,  au  travers  ^  a  travers  ,  le  long  y.  ^z. 
Quelques  autres  prennent  après  elles  la  prépofltion  a  , 
comme  ,  jufqu'a  j  jufques  a  ,  par  rapport  a  ^  &c.  Nous 
ne  dirons  rien  de  leur  emploi  :  leur  lignification  le  mar- 
que alTez.  Mais  nous  avertirons  que  pour  l'ufage,  il  en 
eft  quelques  -  unes  qu'il  ne  faut  pas  confondre  ;  &c 
que  pour  remarquer  &  obferver  les  petites  différences 
qui  s'y  trouvent ,  il  faut  aller  au  grand  Maître  ,  à  l'u- 
fage. 

Jî  travers  ^  au  travers  ^  femblent  la  même  chofe  ; 
mais  le  premier  ne  prend  point  de  prc'pofition ,  &  le 
ferond  fe  fait  immédiatement  fuivre  par  de  :  à  travers 
les  fenêtres  y  au  travers  des  fenêtres.  Il  iemble  que  l'ufa- 
ge permette  également  de  dire  ,  vis-a-vis  la  porte  ,  vis- 
^-vis  de  la  porte  :  néanmoins  l'Académie  ne  reconnoît 
que  la  dernière  façon.  Ces  deux  exemples  fuffifent  pour 
faire  fentir  l'atrcnrion  que  demande  cette  partie  de  la 
conftrudion  générale. 

Nous  comprons  trente  -  trois  prépofltions  fimple« , 
qui  font,  a  y  de 3  en^  che^  ^  dans  ^jous^fur^  devant  y, 
defrice  j  parmi  ^  vers  y  contre  ,  avant  ^  après  ^  entre  y 
depuis  y  avec  ,  félon  y  fuivant  ,  par  y  outre  y  durant  y 
•pendant ,  des  ,  autour  ,  fans  y  excepté  ,  hors  y  hormis  y 
malg'é  y  nonobftant ,  envers  ,  touchant ,  pour.  Il  eft  des 
jA'iteurs  qui  en  portent  le  nombre  plus  hauc  :  mais  il 
nous  femble  qu'ils  rangent  parmi  les  prépofiiions  des 
mots  qui  font  tout  autre  cliofe  :  înoyennantQ^wnàQS 
plus  douteux  :  mais  ce  mot  n'cft-il  pas  un  participe  pré- 
lent  du  verbe  moyenner  ;  &  quand  on  dit  ,  vous  le  pou^ 
ve:^^  moyennant  vos  amis  ,  n'cft-ce  pas  une  conftrudioa 
parriculiere ,  ufitée  pour  les  participes  que  l'on  place 
ibuvcnt  dans  la  phrafe  en  qualité  de  circonjîanciel ,  fans 
autre  lien  que  la  place  même  qu'ils  occupent  ?  N'cft-ce 
pas  comme  fi  l'on  difoic ,  vous  le  pouve:^  en  vous  fer- 
mant du,  Jecours  de  vos  amis  cgmim  d'un  moyen  propre 


PRE  15s 

a.  vous  aj/urer  le  fucccs  ?  ou  vos  amis  vous  fcrvant  de 
moyen  ? 

Ceux  d'entre  les  Grammairiens  qui  par  une  miférable 
routine  ont  chargé  la  langue  de  dcclinaifons  ridicules  , 
infuififantes  &  étrangères ,  croyent  avoir  tout  dit  tou- 
chant les  prépoiîtions  ,  quajid  ils  ont  donné  la  table  des 
cas  que  chacune  d'elles  régir  dans  une  langue  qui  n'a 
point  de  cas.  Pour  peu  qu'on  y  prenne  garde  ,  on  verra 
que  c'eft  ne  nous  rien  dire  fur  leur  emploi  ,  le  point 
capital  de  tout  ce  qui  les  concerne.  D'autres ,  plus  libres 
dans  leur  façon  de  penfer  ,  &  moins  allervis  aux  préju- 
gés de  la  routine  ,  plus  attentifs  au  fujet  qu'ils  trai- 
toient ,  &  conféquemment  plus  près  de  la  vérité  ,  ont 
fenti  qu'il  falloit  dans  une  Grammaire  détailler  la  figni- 
£cation  de  chaque  prépofltion  ,  &  les  circonftances  oii 
l'une  étoit  préférable  à  l'autre.  M.  Girard  a  porté  ce 
détail  très  loin  :  l'analyfe  qu'il  a  faite  fur  ce  fujet  a  fait 
ouvrir  les  yeux.  Mais  comme  la  matière  eft  très  abstrai- 
te ,  qu'il  a  fallu  par  conféquent  employer  la  métaphylî- 
que  la  plus  fine  &  la  plus  déliée  ,  on  en  a  été  effrayé  j 
&  M.  du  Marfais  lui-même  ,  cet  homme  à  qui  la  méta- 
phyfique  a  tant  fervi  dans  les  chefs-d'œuvres  qu'il  a  don- 
nés fur  la  Langue,  a  prétendu  que  pour  connoître  les 
divers  rapports  exprimés  par  les  prépoiîtions  ,  il  vaioit 
mieux  abandonner  le  Icdeur  air  difcernement  que  lui 
donnent  l'ufage  &  la  connoilfance  qu'il  a  de  la  Langue  , 
que  s'enfoncer  &  entraîner  avec  foi  le  lecteur  dans  le 
labyrinthe  immenfe  &  dangereux  des  idées  abftraites  , 
ainfi  que  l'a  fait  M.  Girard,  Par  exemple  ,  la  prépofîcioa 
à  n'eft  point  deflinée  ,  félon  lui  ,  à  marquer  par  elle- 
même  un  rapport  de  propriété  productive ,  ou  de  fervi- 
ce  3  o\i  déforme^  &c.;  quoique  ces  rapports  fe  trou- 
vent entre  les  mots  qu'elle  lie.  D'ailleurs  les  mêmes 
rapports  font  fouvent  indiqués  par  des  prépoiîtions  dif- 
'férentes  :  il  fufHt  donc  ,  ajoute-t-il ,  de  marquer  la 
première  &  principale  delîination  d'une  prépoflcion  ,  & 
d'ajouter  quelques  exemples  de  fes  variations  les  plus 
ufîtées.... 

Nous  conviendrons  avec  lui  qu'il  faudroit  pour  la 
clarté  ac  la  précifioa  d'une  langue ,  qu'une  mcme  prépofî- 


n^  PRÉ 

tîon  ne  mar<]uât  qu'une  forte  de  rapports^  &quelemêmtf 
jrapporc  ne  lut  marqué  que  par  la  même  prépoiîcion  : 
nous  conviendrons  que  notre  Langue  n'ayant  pas  cet 
avantage  n;©n  plus  que  les  autres  ,  tant  anciennes  que 
modernes ,  elle  efl:  par-là  fujette  à  de  grandes  difficultés, 
à  bien  des  obfcurités  5  qu'en  un  mot  c'eft  en  elle  un  vice, 
«ne  fource  d'erreurs,  une  preuve  de  (bn  imperfe<5:ion  : 
nous  ajouterons  même  que  ce  reproche  eft  d'autant 
mieux  fondé  ,  que  non-feulement  une  même  prépofi- 
tion  eft  employée  pour  des  rapports  différens  ,  mais 
quelquefois  pour  des  rapports  oppofés  Se  contraires  , 
comme  enti'auties  la  prépolition  de  dans  ces  exemples  5 
le  Souverain  de  ces  Etats  y  les  Etats  de  ce  Souverain  :  les 
miies  de  Céfar  6*  d' Alexandre  ;  les  vies  de  Plutarque  , 
&c.  Mais  comme  l'objet  des  Grammairiens  n'eft  point 
de  corriger  les  langues  ,  cette  obfervation  ne  doit  ici 
que  montrer  encore  plus  évidemment  combien  les  dé- 
tails, fulTent-ils  métaphyfîqucs  ,  font  nécelfaires  pour 
i'endre  intelligible  tout  ce  que  i'ufage'autorife. 

S  il  ne  s'agiiToit  pour  moi  que  de\  comprendre  un 
îiomme  qui  me  parle  ,  peut  être  que  pour  faifir  le 
i'apport  indiqué  entre  deux  mots  qu'une  prépofitioii 
uniroit  dans  fon  difcours  ,  il  me  fuftiiroit  de  fjvoir 
la  principale  deftination  de  cette  prcpofition  ,  &  d'a- 
voir vu  quelques  exemples  de  fes  variations  les  plus 
iifitées  :  mais  je  veux  répondre  à  cet  homme  ,  & 
dans  ma  penfée  je  vois  un  rapport  entre  deux  idées  , 
pour  lequel  je  fens  bien  qu'il  me  faudra  recourir  à 
quelque  prépofition  ;  feulement  je  ne  fais  laquelle  choi- 
sir :  pour  me  guider  dans  ce  choix  ,  ne  faut-il  pas 
des  principes  ?  Plus  la  matière  foulFre  d'exceptions  ,  de 
variations  ;  plus  mon  embarras  doit  être  grand,  &:  plus 
aulîi  les  principes  me  font  nécelfaires  pour  en  pouvoir 
fortir.  Si  cette  difcuflion  paroît  trop  abftiaite ,  il  fauc 
la  développer  ,  l'expliquer,  l'éclaircir  ,  la  rendre  fenlî- 
ble  autant  qu'on  peut  ;  mais  il  ne  faut  pas  la  taxer  d'être 
inutile  &  vaine.  Si  malgré  des  raifons  11  puilfantes  ,  011 
s'obftine  à  rejetter  la  métaphyiïque  &  à  s'en  tenir  aux 
exemples  ;  on  aura  de  quoi  fe  fatisfaire  dans  notre  ou- 
vrage ;  rien  ii'eft  flus  f,acile  que  de  jie  pas  s'embarraf*; 


PRÉ  t^j 

fef  des  principes  y  &  de  s'arrêter  fur  les  phrafes  citées 
comme  exemples.  La  mctaphyfîque  ici  fera  à  l'égard  de 
ceux  qui  ne  l'aiment  ou  qui  ne  l'entendent  point ,  com- 
me s'il  n'y  en  avoir  pas  ;  mais  il  fe  trouvera  toujours  un 
grand  nombre  de  lecleurs  qui  l'entendront ,  &  qui  l'ai- 
meront peut  être  ,  à  qui  du  moins  elle  fera  de  la  plus 
grande  utilité  dès-lors  qu'ils  l'entendront. 

Nous  croyons  devoir  développer  ici  une  autre  peu- 
fée  de  M.  du  Marfais  ,  quand  il  dit  qu'une  prépoii- 
tion  n'eft  point  deftinée  à  marquer  par  elle  -  même 
un  tel  rapport  particulier  ,  quoiqu'il  fe  trouve  entre 
les  mots  qu'elle  lie.  Pour  bien  entendre  cette  vériré^' 
il  faut  expliquer  la  phrafe  conformément  à  la  défi- 
nition que  nous  avons  donnée  de  la  prépofirion  d'a- 
près le  même  Auteur  :  &  l'on  verra  que  c'eft  com- 
me s'il  eiit  dit  ,  que  chaque  prépofition  ne  marque 
qu'une  efpece  plus  ou  moins  générale  de  rapports  5 
que  ces  rapports  ,  quoique  décidés  tels  par  la  natu-» 
te  de  leur  prépofîtion  ,  ont  cependant  befoin  du  mos 
fuivant  pour  être  complets  ,  déterminés  ,  fixés  ,  pour  ea 
faire  connoître  l'objet  &  le  terme  ;  que  i'efpece  générale 
<ie  rapports  défîgnés  par  telle  prépoiicion  fe  (oudivife 
en  des  branches  plus  nombreufes  &  plus  étendues  que 
celle  des  rapports  de  telle  autre  prépoiition  5  que  quoi- 
que l'une  &  Tautre  expriment  bien  clairement  &  par 
elles-mêmes  cette  efpece  générale  qui  eft  de  leur  reifort, 
c'eft  cependant  au  refre  du  difcours  à  faire  connoître  les 
circonftances  différencielles  qui  les  déterminent  &  les 
particularifent  dans  chaque  phrafe  5  que  malgré  le 
principe  vrai  &  néceffaire  que  chaque  prépofîtion  mar-i 
que  par  elle-même  une  telU  efpece  de  rapports  ,  i\  y  en  a 
cependant  quelques-unes  que  l'ufage  applique  quelque- 
fois à  des  rapports  étrangers  qui  ne  paroifîent  point 
être  compris  dans  la  fîgnifîcation  générale  qu'elles 
offrent  à  i'efprit  ;  que  ce  (ont  là  de  ces  caprices  de  lan- 
gue qui  ne  peuvent  rien  prouver  contre  les  principes  ; 
&  que  dans  ces  occafions  extraordinaires  ,  c'cffc  au  fens 
de  la  phrafe  à  décider  conjointement  avec  l'ufage  dans 
quelle  acception  une  prépofirion  doit  être  prife. 

Après  avoir  fait  toutes  les  obfervations  générales  qui 


Ï3«  ï>  R  ê 

nous  ont  pafu  néceÏÏaires  fur  ce  fujet ,  il  faut  entrelî' 
dans  les  détails  ,  &  montrer  quels  font  les  rapports  que 
les  prépofitions  expriment ,  Hz  quelles  font  les  prépofi- 
tions  qui  fervent  à  exprimer  chaque  rapport.  Pour  cela 
nous  n'entreprendrons  pas  une  divifion  exacte  de  toutes 
les  claiTes  de  rapports  qui  fe  trouvent  entre  nos  idées  : 
rénumération  feroit infinie  5  &  nous  ne  devons  parler 
que  de  celles  qui  fe  peuvent  communiquer  par  le  moyeu 
des  prépofitions.  Il  ne  faut  pas  croire  non  plus  que  tel 
rapport  qui  eft  marqué  par  une  prépolîtion  ,  ne  puilfe 
l'être  autrement  :  cela  dépend  du  choix  des  mots  &  da 
tour  de  la  phrafe.  D'autres  mots ,  un  tour  différent  , 
pourront  dire  les  mêmes  chofes  ,  &  rendre  la  même 
pen fée  fans  qu'il  s'y  trouve  la  même  prépofition,  ou 
même  fans  qu'il  s'y  en  trouve  aucune.  Exemples  v  Nos 
fciences  font  nées  de  nos  befoins  y  nos  befoins  ont  fait 
naître  nos  fciences.  Un  tour  différent  fait  difparoître 
dans  le  dernier  exemple  la  prépofîtion  de  ,  qui  eft 
dans  te  premier.  Il  parle  avec  vivacité  ;  il  parle  vive^ 
ment  :  il  a  de  la  pajfion  ;  il  ejl  pajfionné.  Ici  ce  font 
des  mots  d'autre  efpece  qui  rendent  la  prépofition  inu- 
tile. 

Il  femble  que  toutes  les  efpeces  de  rapports  que  les 
prépofitions  peuvent  exprimer  en  françois  ,  fe  réduifent 
à  fcpt  3  rapports  de  lieu  ,  d'ordre  ,  d'union  ,  de  fépara- 
tion  ,  d'oppofîcion  ,  de  but ,  &  de  fpécifîcation  :  s'il  y  en 
a  encore  quelques  autres  ,  qui  ne  paroiiTent  pas  être 
comprifes  dans  celles-ci  ,  elles  ont  peu  d'é:endue ,  &: 
trouveront  à  être  placées  dans  le  développement. 

i".  On  peut  avoir  deifein  de  marquer  dans  une  phvafe 
le  lieu  auquel  la  chofc  ou  l'adion  dont  on  parle  a  rap- 
port. Mais  cette  chofc  ou  cette  aélion  peuvent  avoir 
jtapport  à  un  lieu ,  de  bien  des  façons  différentes.  Si  l'on 
veut  moins  marquer  la  place,  que  hipcrfonne  ou  les  per- 
fonnes  qui  l'habitent ,  que  l'on  veuille  renfermer  dans 
ce  rapport  une  idée  d'habitation  foit  de  particulier  ,  foit 
de  citoyen  ,  alors  on  emploie  la  prépoiition  che^.  On 
l'emploie  feuie  ,  quand  le  lieu  qu'elle  indique  ell:  le  ter- 
me où  l'on  va  ,  où  l'on  paîle  ,  ou  bien  quand  la  penféc 
ne  renferme  aucun  mouvement  relatif  à  ce  lieu  -.j'allai 


PRÈ  i^^ 

hier  chci^  vous  J  four  vous  prier  de  pajfer  aujourd'hui  ckeT^ 
moi.  Chei^  Us  François  on  fait  joindre  L'utile  a  l'agréable. 
Si  le  rapport  indique  une  demeure  d'où  Ton  fort,  che:^  fe 
fait  précéder  de  la  prépofîtion  de  :je  viens  de  che:^  vous  ; 
il  fort  de  ckei  le  Roi. 

Quand  on  ne  veut  indiquer  que  le  lieu  confidéré  en 
lui-même.  Se  qu'il  eft  comme  lieu  de  repos  ou  com- 
nae  le  terme  ou  l'on  va  ,  on  prend  dans  ^  G.  l'on  veuc 
iléfigner  une  place  intérieure  5c  enfermée  foit  par  des 
•clôtures  ,  foit  par  des  bornes  :  il  fc  tient  toujours  renfer^ 
mé  dans  fa  maifon.  Il  y  a  dans  le  Royanme  ^  ^fur-tout 
'dans  Paris  beaucoup  plus  de  préjugés  anciens  ou  nouveaux: 
qu'on  ne  penfe.  Efi-il  pojfible  a  l'homme  de  fe  perfection^ 
ner  jufqua  n'avoir  plus  d'idées  faujfes  dans  l'efprit  ,  ni 
de  fentimens  condamnables  dans  le  cœur  ?  Rentre:^  dans 
votre  chambre. 

Dans  ce  dernier  cas  ^  c'eft-à-dire  ,  lorfque  le  lieu  eft 
confidéré  comme  le  terme  oii  l'on  va  ,  fî  le  verbe  ne  dé- 
fîgne  pas  par  lui-même  une  forte  de  clôture  ,  comme  le 
font  j  rentrer  i  entrer  ^  &c.  alors  on  fe  fert  plus  fouvenc 
•  de  la  prépofîtion  à  y  les  vapeurs  lui  montent  a  la  tête  ^ 
il  veut  aller  a  la  ville  ,  a  la  capitale  ,  a  la  maifon  ^ 
h  l'hôtel ,  au  jardin  ;  aller  au  royaume  des  morts.  Ce- 
pendant pour  le  m.ot  royaume  ^  on  r.e  fe  fert  prefque  ja- 
mais que  de  la  prépofîtion  dans  :  porter  la  guerre  dans  U 
Hoyaume  de  Portugal.  Quand  on  cite  les  Auteurs  on 
doit  employer  dans  :  j'ai  lu  dans  Cicéron  que  de  fort 
temps  il  fe  gUffoit  dans  les  difcours  des  Orateurs  une 
éloquence  énervée  ^  compajfée  &  timide ,  qu'on  appelloic 
faujfement  éloquence  attique  :  cefl  apparemment  celle  que. 
nous  retrouvons  aujourd'hui  dans  prefque  tous  nos  Ora- 
teurs beaux  efprits  ^  &  qu'on  appelle  éloquence  AcadémÀ^ 
que.  Pour  les  noms  de  lieux  particuliers  ,  comme  Villes 
&  Villages  ,  on  fe  fert  de  a  :   il  demeure  a  Lyon  ,  a. 
Montm.orenci  :  il  va  a  Rome  ^  à  Naples,  Mais  fi  ccû  un 
nom  de  pays  ,  on  prendra  dans  ou  en,  félon  que  ce 
nom  fera  employé  individuellement  ou  non.  Il  faut  être 
en  France  pour  trouver  des  fociétés  aimables  y   il  faut 
.aller  en  Angleterre  pour  voir  des  citoyens.  L'on  a  moins 
d'agrémeas  en  province  qu'à  la  capitale.  En  Bourgogne  les 


140  PRÉ 

<vms  font  plus  chauds  &  plus  moelleux  qu'en  ChampagnK 
Dans  les  provinces  les  ejprits  Jont  moins  cultivés  ^  &  les 
mœurs  moins  corrompues.  L'inquifuion  produit  la  fuper^ 
fàtion  dans  l'Efpagne  .  6"  Ihypocrifie  dans  le  Portugal. 

En  général  ^  la  prépofition  en  n'eli  jamais  fuivie   de 
l'article  ,  fi  ce  n'eft  peut-être  dans  quelques  phrafes  qui 
ont  befoin  d'un  ufage  bien  conftaté  pour  êtie  admifes  , 
comme  ,  aller  en  l'autre  monde  ;  en  la  manière  accoutu^ 
ruée.  Devant  les  pronoms  qui  n'ont  point  l'article  ,   on 
prend  en  plutôt  que  dans  :jejens  en  moi-même  un  trou- 
61e  fecret.  .  .  On  ne  dit  jamais  ,  penfer  dans  Joi  même  , 
mais  ,  penfer  en  foi -même.  On  peut  fentir  la  différence 
c[ui  fe  trouve  dans  ces  trois  phrafes  qui  font  également 
d' ufage ,  //  a  de  grands  projets  en  tête  ;  il  a  de  grands  pro-» 
jets  dans  la  tête  j  il  a  de  grands  projets  a  la  tête  :  dans  la 
dernière  la  tête  eft  confîdéréeprccilément  comme  leliea 
où  font  les  projets  :  dans  la  féconde,  il  y  a  de  plus  une 
idée  de  clôture  j  on  y  montre  les  projets  comme  dans  un 
Jicu  fermé  :  &  dans  la  première  ce  lieu  n'y  eft  préfenté 
C|uefous  un  jour  général,  indéterminé,  &  non  individuel-. 
Icment.  Aufïî  ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  ,  le  fub- 
iiantif  qui  fuit  la  prépofition  en  n'eft-il  jamais  accom- 
pagné d'article  ni  d'adjedif  1  il  eft  toujours  pris  alors 
dans  un   fens  abfolu.  C'eft  par  cette  raifon  qu'on  con- 
damne ce  vers  de  Racim  dans  la  Tragédie  d'Ejïher: 

On  va  donner  en  fpetSlacIc  funefle. 

De  fon  corps  tout  fangbnt  le  mifcrable  refte. 

33  Donner  en  fpcêîacle  funejîe  eft  un  barbarifine,  ait 
M  dit  M.  l'Abbé  d'Olivet,  Pourquoi  adoucir  les  termes  / 
33  comme  fi  deux  ou  trois  brins  de  mauvaife  herbe  g?.- 
33  toient  un  parterre  émaillé  des  plus  belles  fleurs  :  voy  y 
33  Article. 

Lorfqu'on  pailc  du  lieu  d'où  l'on  vient  ,  d'où  l'en 
fort ,  on  emploie  toujours  la  piépofition  de  ;  il  fort  de 
Paris  ,  de  la  France  y  du  Royaume  ,  de  la  maifon  ,  de  l.i 
province  y  &c  :  i\  l'on  fe  fépare  de  quelqu'un  avec  qui 
l'on  étoit,  on  prend  à' avec  ;  je  Jors  d'avec  lui  :  fi  l'on 
ctoit  chez  lui  »  on  dit ,  je  fors  de  che^  lui  :  fi  l'on  étoi: 
près  de  lui ,  on  prend  d'auprès  j  je  yiens  d'auprès  de  lui. 


P  R  Ê  141 

Ç'it  s'agit  du  lieu  par  lequel  on  paiTe ,  on<e  Ccvt  ordinai^ 
fement  de  la  prépofition  par  :  vous  pajferei  par  la 
Champagne  i  par  l^lancy  ,  par  LunévilU  :,  &c.  Combien 
d'idées  folles  vous  paffent  par  l'efprit ,  parla  tète  !  Quel- 
quefois avant  les  noms  de  pays  on  employé  en  :  pajfer  en 
Allemagne  pour  aller  en  Turquie  ;  Se  à  devant  les  noms 
de  lieu  :  pajfer  à  L-yon  pour  aller  a  Rome, 

Quand  on  ne  parie  d'un  lieu,  relativement  à  quelque 
iobjet,  que  pour  marquer  la  iituation  de  cet  objet  par 
rapport  à  ce  lieu  ,  on  fc  fert  de  la  prépofîtion  Jur  ou 
fous  ,  félon  que  l'objet  cft  plus  ou  moins  élevé  que  le 
lieu  qu'on  indique.  La  mort  va  prendre  fes  vicîimes  fur- 
ie trône  ,  comme  fous  le  chaume.  L'orage  fe  forme  fur  la 
tête  des  méchants  fans  qu'ils  s'en  apperfoivent.  Souvent  à 
la  place  du  nom  Je  lieu ,  on  met  le  nom  de  la  cbofe  qui 
J'occupe.  Le  peuple  croit  que  les  Antipodes  font  fous  nous^ 
c'ert-à-dire  ,  fous  la  partie  du  monde  que  nous  habitons  i 
mais  tout  le  monde  eft  fur  la  terre.  On  donne  fouvent  la 
iituation  d'une  chofe  par  rapport  à  une  autre  chofe  , 
plutôt  que  par  rapport  à  un  lieu  \  comme  ^  fur  le  trône  , 
fous  le  dais.  Si  l'un  des  deux  objets  eft  antérieur  ou  pof-^ 
cérieur  à  l'autre  ,  oa  met  devant  ,  ou  derrière.  Il  étoic 
devant  la  maifon  j  je  l'ai  caché  derrière  la  porte. 

Si  le  premier  objet  n'eft  qu'à  une  certaine  proximité 
du  fécond  ,  on  employé  vers  ;  il  allait  vers  la  rivière, 
Quelqu' ardeur  qu'on  ait  pour  un  ouvrage  ,  s'il  ejl  un  peu 
long  y  il  languit  toujours  vers  la  fin. 

Si  l'on  veut  indiquer  une  foule  ,  une  multitude  d'ob- 
jets environnant  cp.lui  dont  on  parle  ,  on  fe  fert  àc  par- 
mi :  parmi  les  peuples  les  plus  fauvages  on  trouve  plus  de 
vertus  6*  moins  d'inhumanité  ^  que  parmi  les  nations  po-^ 
licées. 

Mais  fi  la  chofe  dont  on  parle  en  environne  d'autres  , 
on  met  autour^  qui  demande  après  lui  la  prépofition  de  y 
la  chicane  rode  fans  cefife  autour  de  Thémis  j  l'envie  au- 
tour de  la  profpérité  ,  la  calomnie  autour  de  la  vertu  ,  l'er-" 
reur  autour  de  l'efprit  de  l'homme  ,  6*  l'injufiice  autour  de 
jun  cœur  :  quels  ravages  ces  monfires  ne  font-ils  pas  , 
quandune  fois  ils  peuvent  pénétrer  î 

On  ne  confondra  pas  fans  doute  les  prcpofitions  de^ 
r.ant^  derrière  avec  les  fubftanti/s,  U  devant  ^  le  derrière  ; 
Tome  IL  K 


I4i  PRE 

loger  fur  le  derrière  de  la  mai  fort  ;  prendre  les  devant  s% 
Paraître  devant  la  ville  j  fe  cacher  derrière  un  bois  :  ces 
exemples  en  font  fentir  toute  la  différence.  Quand  ôii 
veut  marquer  une  chofe  contre  JaqueJlc  une  autre  eft 
comme  appuyée  ,  on  prend  contre.  Je  l'ai  vu  contre  un 
arbre.  Il  loge  contre  l'Eglife.  On  doute  c]ue  l'ufage  con- 
ferve  cette  façon  de  parler  :  auprès  de  va»it  mieux. 

1*^.  Si  le  rapport  que  l'on  veut  marquer  entre  deux 
ou  plulîeurs  objets  .  eftun  rapport  d'ordre  &  de  difpofi- 
tion  foit  à  l'égard  du  temps  ,  foit  à  l'égard  de  la  pri- 
mauté du  rang ,  ou  de  l'honneur  du  pas  ,  on  fe  fert  de 
avant  ,  pour  marquer  l'ordre  antérieur,  après  pour  le 
poftérieur  ,  entre  pour  l'intermédiaire,  depuis  pour  in- 
diquer l'ordre  fucceflif  du  temps  ou  de  diftance,  a  pour 
l'ordre  de  la  marche  j  dans  pour  fixer  le  temps  au  bout 
duquel  la  chofe  fe  fera  ,  fous  en  terme  de  Palais ,  pour 
£xer  le  temps  pendant  lequel  la  chofe  doit  fe  faire  5 
comme  ,  il  faut  entendre  avant  que  de  juger.  C'ejl  un  fri" 
•vole  avantage  que  de  p  a  (fer  avant  f es  concitoyens.  Je  fuis 
venu  avant  vous.  La  priorité  de  tems  qui  eft  exprimée  par 
ce  dernier  exemple,  s'exprime  encore  plus  fouvent  par 
plutôt  que  ;  je  fuis  arrivé  plutôt  que  vous.  Que  fere[-vous 
après  cet  ouvrage  ,  après  cet  Automne  ?  Qui  eji  celui  qui 
vient  après  vous  ?  Que  perdez-vous  en  ne  marchant  qu'a- 
près les  autres  ?  Notre  vie  efi  un  injîant  placé  entre  la  naif 
fance  &  la  mort.  Les  hommes  flottent  fans  ceffe  entre 
l'efpérance  &  la  crainte.  Qu'il  efi  trifie  pour  un  homme 
qui  ne  met  aucune  différence  entre  le  vice  &  la  vertu  ,  dê^ 
tre  ajfujetti  a  des  loix  !  Depuis  le  temps  que  vous  pro- 
mettei  de  vous  rendre  enfin  a  vous-même  ^  qu'avei-vous 
fait  que  de  vous  en  éloigner  encore  davantage  ?  Il  foudre 
depuis  fix  mois.  Son  difcours  n'efl  qu'un  îififu  de  paradoxes 
depuis  un  bout  jufqua  l'autre.  Depuis  quelque-temps  on 
penfe  que  ne  rien  approfondir  ,  6'  tout  fronder ,  c'efi  penjcr 
d' âpre  s  foi-même  &  être  Phi lofophe.  On  les  voyoit  avan^ 
cer  deux  a  deux  ,  a  fur  &  à  mefure  qu'ils  fortoicnt.  Je  les 
fuivis  long  temps  pas  a  pas.  Dans  un  mois  vous  Jcrc:^ 
fatisfait.  Dans  un  an  vous  pajfcrei  par  bien  des  ép'cu- 
ves.  Revene:^  me  voir  dans  huit  jours.  Ordre  de  compu- 
roi  tre  fous  huitaine.  S'il  ne  pre fente  fous  un  mois  JlS 
moyens  de  défenfe.  Il  s'engage  d' acquitter  fa  promefifc  Jous. 


PRÉ  145 

troîs  femaints.  Quelques-unes  de  ces  prepofîtions  font 
fjuelcjucfois  fujetces  à  des  amphibologies,  comme  lor{^ 
qu'on  dît  ,je  vous  ai  vu  avant  lui  :  veut-on  dire  ,  avant 
Qu'il  ne  vous  ait  vu  ,  ou  avant  que  je  ne  l'aie  vu  ?  Si  la 
îliite  du  difcours  &  les  circonftances  ne  fixent  pas  alTez 
lapenfce,  il  faut  alors  s'exprimer  autrement. 

3'\  La  troifieme  cfpece  àcs  rapports  qui  peuvent  s'ex- 
primer par  des  prépoiitions  ,  renferme  les  rapports  d'u-. 
nion  ,  c'efl-à-dire  ,    ceux  qui  marquent  entre  les  idées 
une  certaine  proximité  ,  ceux  qui  déclarent  que  les  ob- 
fecs  de  ces  idées  font  unis  encr'eux  ,  &  rapprochés  l'ua 
'iv:  l'autre.  Si  cette  union  fe  trouve  faite  à  titre  d'accom- 
pagnement, d'inftrument  ,  d'alfociation  ,  ou  de  mêlan- 
g'^  ;  elle  s'exprime  par  la  prépofition  avec  :  marcher  avec 
une  nomhreufe  armée.  Faire  un  voyage  avec  un  ami  ;  lar-^ 
rnée  ^  l'ami  ne  font  qu'accompagner  celui  qui  marche 
&  celui  qui  fait  un  voyage.  Manger  le  fonds  avec  le  re^ 
venu.  Prendre  fon  cafque  avec  fon  épée.  Séduire  la  mère 
avec  la  fille  ,  &c.  Dans  toutes  ces  phrafes  le  fens  faic 
afiez  connoître  que  le  complément  de  la  prépofîtion  n'a 
d'union  avec  les  noms  prccédens  que  par  forme  d'ac- 
compagnement. Se  blejfer  avec  fes  propres  armes.  Le  fol- 
dut  défend  la  patrie  avec  fon  épée  5  l'homme  de  lettres  l'é- 
tlaire  avec  fa  plume.  Avec  de  grands  biens  on  fe  procure 
tous  les  mérites  pojfibles  excepté  le  feul  vrai  ,  le  mérite 
perfonnel  ;  avec    celui-ci  on  a  bien  de  la  peine  a  fe  faire 
une  fortune  médiocre.  Dans  ces  exemples  ,  on  voit  que 
les  armes  ,  Vépée  ^  la  plume  font  les  inftrumens  avec  lef^ 
quels  on  feblelTe,  on  défend  la  patrie,  on  l'éclairé, 
&c  \  &  que  c'ell:  à  raifon  de  cette  idée  d'inftrument  qu'ils 
font  unis  par  la  prépofîtion  aux  verbes  blefTer  ,  défen- 
dre, éclairer,  Sec.  Le  rapport  d'inftrument  s'exprime  par 
h.  dans  certaines  occafîons  proverbiales  ,  comme  ,  déchi- 
rer a  belles  dents  ^  &c.  Dans  les  exemples  fuivans  on  ne 
peut  méconnoître  l'idée  d'affociacion  entre  le  complé- 
ment d'm-ec  &  le  nom  qui  précède.  Souvent  nous  rifquons 
moins  de  la  part  de  nos  ennemis^  que  desperfonnes  avec  qui 
nous  fommes  liés.   Vous  vous  livre^  trop  aux  perfonnes 
avec  qui  vous  ave^  affaire.  Cette  dernière  forte  de  rap- 
port fe  marque  fouvcnt  aufli  par  la  prépofîtion  a  :  Ui 
hommes  a  qui  nous  fommes  unis  parlefang,  ne  font  pat 

K.j 


Î44  PRÉ  I 

toujours  nos  meilleurs  amis.  Je  fuis  attaché  â  votre  frère 
'plus  qu'a  tout  autre.  Tous  ces  complcmens  de  rapports 
marquent  l'objet  avec  lequel  il  y  a  alfociation  :  mais  iî 
1*011  vouloic  marquer  le  motif,  le  lieu,  la  fource  de 
cette  union  ,  on  le  ferviroir  de  la  prépofition/'ûr  ;yg 
'VOUS  fuis  attaché  par  l'efiime  &  l'amitié  autant  que  par 
le  fang  &  la  reconnoijfance.  Enfin  les  phrafes  fuivantes 
montrent  dans  la  prépofition  &  Ton  complément ,  le 
rapport  d'union  par  forme  de  mélange  :  confondre  le  vice 
Avec  la  vertu  ,  6*  prétendre  au  titre  ae  Philofophe  j  ceft 
confondre  la  raifon  avec  la  folie.  C'eji  un  proverbe  plus 
vrai  encore  dans  le  moral  que  dans  le  phyfique  ^  qu'il  faut 
mêler  de  l'eau  avec  fon  vin.  Cette  idée  de  mélange  s'ex- 
prime aufll  dans  certaines  conOrudions  par  la  prépofi- 
tion de  :  nos  ptaifrs  font  mêlés  de  peines  réelles.  Les  ob- 
jets entre  lefquels  il  y  a  union  par  accompagnement, 
par  afTociation  &  par  mélange  ,  ne  prennent  pas  tou- 
jours une  prépofition  entr'eux  :  quelquefois  il  fuific 
qu'ils  foient  unis  par  la  conjondion  Ù  :  comme  ,  ils 
font  ruinés  j  eux  &  leurs  corre (pondants.  Nous  avons  r/- 
concilié  le  père  6'  le  fils.  Dieu  femble  avoir  mêlé  les 
biens  &  les  maux  j  comme  il  a  mêlé  les  bcns  &  les  mé- 
chants. 

Si  le  rapport  d'union  renferme  une  idée  de  conve- 
nance ou  de  conformité,  on  l'exprime  par  yî^/v<3«r, 
quand  la  conformité  paroît  importante  ,  plus  décidée  , 
&  qu'elle  concerne  la  pratique  :  tout  le  monde  convient 
qu'il  ejl  utile  de  fe  conduire  fuivant  les  maximes  de  l'E- 
vangile :  pourquoi  donc  chercher  a  les  détruire  ?  Eft-on 
toujours  traité  fuivant  fon  mérite.  S'il  ne  s'agit  que  d'une 
convenance  d'opinion,  ou  de  difcufTion  ,  on  emploie 
félon  :  je  parle  félon  mes  principes  :  je  réponds  félon  les  \ 
objefhons.  Mais  le  plus  fouvcnt  on  les  emploie  indiffi 
remment  :  Il  faut  f  comporter  fuivant  ,  ow  félon  les  cir- 
confiances. 

Si  le  complément  de  la  prépofition  exprime  une  cho 
fe  par  laquelle  on  pafTe  ,  ou  qui  ferve  de  moyen  ,  01 
qu'on  aLiefte  ,  dont  on  veuille  s'aurorifer  ,  ou  fclon  la 
quelle  on  fafTe  quelque  partaç^e  ,  quelque  répartition 
il  faut  prendre  la  prépofition  par  pour  rendre  cette  forte 
d'union  j  comme  i*"*  Les  âmes  vertueufes pajfent  par  da 


PRE  145 

épreuves  rades  ^fréquentes.  Nous  voyons  avec  douleur 
que  par-tout  on  parvient  plutôt  par  le  crime  &  la  bajfejfe  , 
que  par  ce  qui  peut  rendre  un  homme  efiimable.  z°.  Sou- 
vent une  perfonne  nous  déplaît  par  la  qualité  même  par  la- 
quelle un  autre  nous  a  plu.  5  °.  Jurer  Jans  nécejfité  par  tout 
ce  qu'il  y  a  de  plus  f acre  ,  efi  le  moyen  le  plus  fur  de  perdre 
toute  croyance.  Si  je  vous  condamne  y  je  le  fais  par  de 
bonnes  raifons.  On  met  quelquefois  de  avant  par ,  com- 
me ,  de  par  le  Roi.  4*".  Partager  par  moitié  j  par  tiers  , 
par  quarts.  Dépenfer  plus  par  jour  que  l'on  n'a  a  dépenfer 
par  mois. 

Si  le  complément  de  la  prépofition  eft  une  cliofe 
ajoutée  à  d'autres,  précédemn-.ent  ou  poftéricuremenc 
exprimées  ,  calculées,  appréciées  ;  que  celle-ci  leurfoit 
unie  en  forme  d'addition  ^  ou  d'exception  ;  on  doit  em- 
ployer la  prépofition  outre  :  pour  réujfir ,  il  faut  outre  le 
mérite  Ù  la  condut  e,fe  t  ouverdans  les  circonfiances  heu- 
reufes.  Il  y  a  eu  fix  mille  hommes  de  tués  ,  outre  les  Offi- 
ciers. Outre  fes  maux  pe-fonnels  ,  l  homme  a  encore  a 
fouffrir  de  ceux  des  autres.  Outre  cela  ,  vous  fave^  qu'it 
efi  puiffant ,  6'  quil  ne  vous  aime  pas. 

Quand  le  rapport  d'union  a  pour  idée  acceflbire  le 
temps  ;  qu'on  veut  rapprocher  une  aâ:ion  d'un  certain 
temps  ;  on  prend  durant ,  s'il  s'agit  d'exprimer  combien 
cette  aâ:ion  a  duré  j  Se  pendant  fi  l'on  ne  veut  marquer 
que  l'époque  de  cette  adion  ,  fans  prétendre  lui  adapter 
toute  l'étendue  du  temps  dont  on  parle.  //  a  fouffert 
dwant  toute  fa  vie.  L'armée  a  été  cantonnée  durant  toute 
la  campagne.  C efi  pendant  la  jeunejfe  qu'il  faut  po fer  les 
fondemens  d'une  vie  honorable  &  heureufe.  Pendant  U 
temps  de  votre  abfence  on  vous  a  deffervi.  Au  lieu  de 
jeTza'tzni  on  employé  fouvent  en  ,  ou  dans  :  je  l' ai  fini 
dans  trois  jours.  Cela  fe  paffa  en  ij6o.  En  fix  femaines 
de  temps  il  acheva  ce  bel  ouvrage.  On  recueille  en  été  &  en 
automne  ,  pour  jouir  en  hiver.  Avec  de  la  bonne  volonté 
ts  du  courage  ,  on  fait  plus  dans  un  jour ,  qu'un  homm.c 
lâche  &  découragé  ne  peut  faire  dans  un  mois.  A  la  mê- 
me ^réi^oCidon pendant ,  on  fubftitue  aufli  quelquefois  la 
prépofition  de  :  il  faut  travailler  de  jour  ^  6"  repofer  de 
nuit.  Il  efi  parti  de  bon  matin.  On  ne  s'en  fert  qu'avant 
CCS  mots  joar  ^  nuit  ^  matin  ;  on  dit  bien  ,  il  efi  né  de 

Kiij 


t4<f  PRÉ 

P année  dernière  ,  mais  ce  de  fignific  depuis.   L'époque 
s'exprime  aulfi  par  îa  prépofîtion  a  ,  fur-tout  quand  elie 
.    confîfte  dans  une  heute  piécife  :  nous  l avons  quitté  a 
midi.  Revenei  k  cinq  heures.  Quand  on  veut  marquer 
l'inftant  qui  fcrt  d'cpoquc    au  commencement  d'une 
chofc  ,  on  emploie  quelquefois  des  que  nous  avons  ou- 
blié de  compter  parmi  les  prépofitions  ;  //  partit  des  le 
grand  matin.  Des  fon  début  je  vis  bien  ou  il  voulait  en  ve- 
nir. Il  faut  s'y  prendre  des  t  enfance  ,  pour  former  certains 
caraderes.  Il  travaille  dès  l'aube  du  jour.  Il  tomba  malade 
des  la  première  journée  y  Sec.  Si  l'on  ne  veut  indiquer  qu'à 
peu-près  le  moment  qu'on  exprime  ,  on  fe  fcrt  àz  Jur  : 
je  viendrai  vous  joindre  fur  les  deux  heures.  Il  reçut  cette 
nouvelle  fur  le  point  de  partir.  Quelquefois  quand  il  s'a- 
git d'une  femaine  ,  d'un  mois  ,  d'une  année  ,  on  ne  met 
point  de  prépofition  \  je  travaillerai  la  femaine  prochaine. 
Je  voulais  le  faire  V année  dernière.   Quave^-vous  fait  ce 
mois  ci  ?  Malgré  la  différence  que  nous  avons  marquée 
entre  durant  &  pendant ,  on  prend  fouvent  l'un  pour 
l'autre  ,  Se  l'ufage  femble  l'autorifer.  Au  relie  toutes  ces 
variations  ne  font  pas  toujours  arbitraires  :  il  y  a  des 
nuances  fines  &  délicates  ,  mais  réelles  entre  la  lignifi- 
cation de  chacune  de   ces  prépofitions  :  il  feroit  trop 
long  de  les  vouloir  rçndre  fenfibles  autrement  que  par 
les  exemples  que  nous  avons  donnés  :  d'ailleurs  trop  do 
difcufîîons  embrouiileroient  peut-être  la  matière. 

Si  le  rapport  d'union  efl:  caradérifé  par  imitation  , 
on  l'exprime  par  la  prépofition  après  précédée  de  la 
prépofition  de.  La  différence  qu'il  y  a  entre  l'Originale"  le 
iPhilofaphe  j  c'ejl  que  le  premier  nepenfe  d'après  foi-mcme 
que  pour  ne  pas  penfer  comme  les  autres  ,  tandis  que  le 
Philofophe  penfe  fouvent  comme  les  autres  (ans  penfer 
d'après  eux.  Pour/è  perfeâionner  dans  un  art ,  il  efl  ejfen^ 
tiel  de  travailler  d' après  les  grands  Maîtres.  Je  parle  d'à- 
près  un  homme  bieninftruit.  Quelquefois  on  y  fait  fcrvir 
la  prépofition  yî^r;  il  travaille  fur  le  deffein  que  vous  lui 
^ve:^  tracé.  Il  rai fonne  fur  vos  principes. 

Si  l'union  cft  caradérifcc  par  le  motif,  par  la  caufo 
déterminante  ,  on  la  rend  par  les  prépofitions  ,  fur  ,  a.  ^ 
•par.  Sur  fa  réponfc  f  ai  vu  fon  cœur.  Je  ne  le  juge  que  Jur 
/fif  difçours.  Qui  ne  le  reconnaîtrait  a  fa  phyfîonamie  ?  A 


P  R  Ê  14^ 

f;,n  air  je  m'y  ferais  trompé.  Je  lui  pardonne  a  votre  con- 
Cuiération.  Far  égard  ,  par  conjidération  pour  vous  ,  je 
yeux  bien  tout  oublier.  Je  vo'l  en  crois  fur  votre  parole.  Je 
fuis  venu  fur  les  bruits  qu  on  f ai/oit  courir.  Les  loix  dc^ 
vroient  défendre  l'ingratitude  fur  peine  de  la  vie.  Ce  der- 
nier exemple  donne  une  alternative  qui  fert  également 
de  motif  pour  obfcrver  les  loix.  On  dit  aulîî  dans  le  mê- 
me fens  ,  fous  peine  de  mort  j  de  confifcation  de  tous  fes 
viens  y  Sec.  Le  rapport  d'union  peut  avoir  pour  objet  la 
caufe  efficiente  ,  celle  qui  a  produit  la  cîiofe  dont  on 
parle  j  alors  il  s'exprime  par  la  prépofîtion  par  :  ce  plan 
a  été  drejfé par  un  habile  Architeàe  ;  &  quelquefois  par  la 
prépofîtion  de  :  ce  tableau  eft  de  le  Brun.  Voila  le  chef-^ 
d' œuvre  de  Cicéron  ,  le  triomphe  de  l'éloquence. 

4<?.  Les  rapports  qui  marquent  la  féparation,  doivent 
être  rendus  par  la  prépolîtiony^^nj  y  fi  l'on  ne  veut  faire 
entendre  qu'une  non-concomitance  ,  ou  une  fimple  pri^ 
vation  ;  par  excepté  ,  fi  la  féparation  a  pour  caufe  uii 
défaut  de  conformité  à  ce  qui  eft  général  ou  ordinaire  j 
par  hors  jfi  cette  féparation  renferme  l'idée  d'une  exclu- 
sion formelle  j  &  par  hormis  ,  {î  cette  exclufion  regarde 
des  perfonnes.  Ce  n'efl  pas  néanmoins  que  l'avant-der- 
ciere  ne  ferve  auflî  pour  le  même  objet.  Oii  trouver  des 
rofes  fans  épines  ?  Une  femme  peut  plaire  fans  beauté  ^ 
vzais  elle  n'y  réujfîra  point  fins  agrémens.  Les  grands  rou--. 
gir  oient  de  fe  montrer  fans  une  nombre  ufe  fuite  ,  mais  ils 
ne  rougijfent  plusgueres  defe  montrer  fans  vertus.  J'ai  fait 
toutes  vos  commijjtons  y  .excepté  la  moins  importante. 
Toute  l'Europe  étoit  tn  guerre  y  excepté  les  petites  PuiJ^ 
Jances.  Tous  furent  du  même  avis  ,  excepté  les  trois  dont 
je  vous  parle.  Mahomet  permet  tout  y  hors  le  vin.  Toutes 
ces  nouvelles  font  favorables  y  hors  la  dernière.  Je  fuis  prêt 
a  vous  tout  facri fer  ^  hors  mon  devoir^  mon  hormeur.  Je 
n'ai  plus  d'amis  hormis  vous.  Hormis  votre  père ^  il  n'en  eji 
point  fur  qui  je  com.pte.  Hormis  t  aimable  Climene  y  tout 
■mejl  indifféi-ent.  Quand  cette  féparation  s'exprime  par 
iin  verbe  de  mouvement  y  ou  analogue  aux  verbes  de 
jnouvement ,  on  emploie  la  prépofîtion  de,  foit  feule  , 
^oit  jointe  à  quelqu'autre  prépofîtion  ,  félon  les  circonf? 
tances  :  il  faut  yçus  détaçlurdc  lui.  Il  efi  dur  y  maisfçn^ 


14^  PRÉ 

vent  néceffdîre  defeféparer  d'avec  ce  que  F  on  aime.  Il  faut 
bien  difiingucr  la  raifon  j  de  l'efprit. 

5  ^.  Les  rapports  d'oppofition  s'expriment  par  comre  ^ 
quand  il  s'agit  d'une   contrariété  formelle  foit  en  fai 
d'opinions  ,  foit  en  fait  de  conduite;  par  malgré ^  quand 
on  a  en  vue  une  réfîftance  fans  effet .,  mais  pourtant 
foutenue  par  voie  de  fait  ou  autrement  ;  par  nonobfiant, 
quand  on  ne  parle  que  d'une  oppofîtion  légère  ,&:  à  la- 
quelle on  n'a  point  d'égard  :  Parler  contre  la  vérité  ^  agir 
contre  fa  confcience  ,  voila  le  fruit  de  toutes  les  pajjlons. 
Si  le  politique  ne  doit  point  parler  contre  les  opinions  com- 
munes ,  /'/  ne  doit  pas  non  plus  les  accréditer  ^  quand  il  les 
croit  faujfes.  EJi-il  des  loix  purement  pénales  contre  lef- 
quelles  on  puijfe  agir  fans  péché  ?  Dans  la  vie  il  faut  fe 
roidir  contre  les  ohflacles,  L  es  méckans  font  toujours  prêts 
a  faire  parti  contre  la  vertu.  Malgré  tous  les  efforts  de 
l'art  y  il  vient  de  fuccomber.  Malgré  tout  le  ^^èle  de  vos 
amis  y  vous  êtes  perdu.  V  homme  habile  &  courageux  fit 
toujours  fe  foutenir  malgré  les  trames  de  l'envie.  Je  n'ai 
pu  le  rejoindre  malgré   toute  la  diligence  que  j'ai  faite. 
Nous  fommes  enccre  bien  loin  delà  vérité ^  malgré  toutes 
les  recherches  des  Philofophes.  L'homme  eft  fouvent  bien 
petit  y  malgré  tout  l'orgueil  dont  il  fe  pare.  On  voit  trop- 
fouvent  l'ujurpateur  jouir  tranquillement  dufruitdefesin- 
jufiices  y  nonobjïant  la  réclamation  &  les  protcftaiions  de 
ceux  quife  voient  fe  s  vicîimes.  Nonobjïant  vos  difficultés^ 
je  fuivrai  mon  projet.  Je  m.e  rends  ,  nonobjïant  la  répu-^ 
gnance  que  j'éprouvois  d'abord.  Je  jure  qu'elle  lépoufera 
nonobjïant  fe  s  larmes  ^  fes  prières. 

.6°.  Les  rapports  de  la  iixieme  claffe  font  ceux  qui 
déterminent  le  complément  de  la  prépoficion  à  être  le 
îermc  auqjieî  tend  ou  duquel  part  la  cliofeavçc  laquelle 
ce  complément  cil:  lié  par  la  picpoluion.  S\  ce  complé- 
ment ne  préfente  que  des  perfonncs  ,  &  qu'il  ne  s'agif. 
fe  que  de  la  manière  d'agir  entr'clles  ,  il  faut  prendre  la 
prépofition  envers  :  il  faut  être  quelquefois  févcre  envers 
foi-même  y  6'  toujours  humain  envers  tout  le  monde.  Il  eji 
itas  il  un  hom.me  d'en  ufer  mal  envers  une  femme  ,  quand 
-nême  elle  auroit  tort  d'ailleurs  envers  lui  :  voye:i^  la.  pré- 
^oiiùon  Y^s-A-Vis  :  quelquefois  envers  fç  rcipf  iacc  ^j^k^ 


PRE  r4c, 

à  l'égard  de  :  il  en  agit  mal  a  l'égard  de  tout  le  monde. 
Il  eji  infolent  a  l égard  de  fort  père  _,  6'  ingrat  a  l'égard 
de  Jes  maîtres.  S'il  ne  s'asjic  dans  le  complément  que 
d'exprimer  le  but  d'un  diicours  ,  le  fujct  dont  on 
parle  ,  fur  lequel  on  délibère  ,  on  fe  fert  de  touchant. 
Les  matières  les  plus  embrouillées  font  ordinairement  celles 
touchant  le/quelles  on  a  le  plus  écrit.  Il  a  fait  une  longue 
dijjertution  touchant  les  avantages  &  les  mauvaifes  fuites 
du  luxe  :  on  fe  fert  aufli  de  la  prépolition  fur  :  faire  un 
ouvrage  fur  les  infectes  &  s'étendre  beaucoup  fur  les  Chry- 
falides.  Ecrire  fur  les  gouvernemens  de  l'Europe  :  quel- 
oiicfois  on  prend  la  prépoiition  de  y  parler  de  l'agri^ 
y:ulture.  Si  le  complément  renferme  quelque  idée  de 
:notif,  de  projet,  de  prix ,  ou  d'attribution,  on  em- 
ployé la  prépolition  ;;oz^r.  Tout  citoyen  doit  être  dijpofé  a 
je  facrifier  pour  le  bien  public  ;  ce  n'eft  qua  ce  prix- ta. 
quon  acquiert  un  droit  légitime  aux  avantages  de  la  focié^ 
té.  C'eji  être  bien  mauvais  Philofophe  que  de  ne  pas  faire 
pour  des  hommes  qui  le  méritent  les  mêmes  démarches  que 
l'on  fait  tous  les  jours  pour  des  gens  qu'on  méprife.  Ne 
travailler  que  pour  le  plaifr  ,  n'eft  un  mal  qu" autant  qu'on, 
ignore  en  quoi  conffle  le  véritable.  Quelquefois  ceux  qui  ne 
fe  mêlent  de  nos  affaires  que  pour  nous  fervir  ,  font  ceux 
qui  nous  font  le  plus  de  tort.  Le  Littérateur  honnête-hom- 
me ne  doit  chercher  a  plaire  que  pour  injlruire  &  corriger. 
M  ne  demande  a  venir  que  pour  vous  voir.  On  donneroit 
cette  maifon  pour  vingt  mille  francs,  l'ai  eu  ces  quatre  vo- 
lumes pour  une  pi  foie.  Rendre  le  bien  pour  le  mal.  Il  dé- 
bite toute  la  journée  des  penfées  fauffes  ou  ha-a^ardées  qu'il 
donne  pour  de  la  philo fophie.  Il  pajfe  pour  le  plus  habile 
homme  de  fonfecle.  Il  nous  donne  cet  ouvrage  pour  un 
livre  merveilleux. 

S'il  s'agit  de  la  chofe  ou  de  la  perfonne  ,  vers  la-» 
quelle  on  fe  tourne  ,  on  avance  j  on  prend  vers.  Tour- 
ne^^le  vers  moi.  Il  regarde  vers  le  Nord.  Il  avance  vers 
nous. h\:ini  le  complément  qui  exprime  le  terme  auquel 
tend  la  chofe  dont  on  parle,  on  fe  fert  le  plus  fouvent 
de  la  prépofîtion  a  :  Réduire  un  homme  a  la  dernière  ex^^ 
zrêmité.  Se  livrer  à  fes  pafftons.  Se  confacrer  au  bien  pu^ 
hlic.  Songer  a  fes  intérêts.  Je  puis  en  parler  de  vous  k 
moi.  Us  boivent  a  votre  famé.  Se  préparer  a  partir.  Ré* 


150  PRÉ 

Jlfter  aux  tentations.  Succomber  a  l'envie  de  médire.  Il  y  a 
dans  la  langue  un  nombre  infini  de  verbes  après  IcC- 
^uels  cette  prépofition  a  lieu  dans  ce  Cens  ,  comme  la 
prépofition  de  avant  Jcs  complémens  qui  expriment  le 
terme  d'où  l'on  efl:  parti;  Toit  dans  un  fens  phyfique  , 
ainfi  que  nous  en  avons  donné  des  exemples  en  parlant 
des  rapports  de  lieu  ;  foit  dans  un  fens  moral  &  analo- 
gue ,  comme  ;  il  rieft  qu'un  pas  du  mal  au  bien.  S'écar^ 
ter  du  finticr  de  la  vertu.  Revenir  des  égarements  de  fa 
^eunejfe.  Il  eil  quelques  verbes  &  fur-tout  le  verbe  cou^ 
rir  3  dont  le  terme  fe  fait  précéder  de  la  prépofition 
après  y  quand  il  marque  une  chofe  aufii  difficile  à  obte- 
nir que  Ç\  elle  fuyoit  devant  nous  ;  comme  ,  courir  après 
les  honneurs  ^  les  plaijirs  ,  le  repos  ^  la  fanté  ,  &c.  On 
dit  aulli  t  travailler  après  un  grand  ouvrage.  Nous  fom-' 
mes  après  des  recherches  longues  &  ennuyeufes. 

-j^.  Les  rapports  que  nous  renfermons  dans  la  fcptie- 
ine  Claffe,  ne  font  pas  trop  bien  d-éfignés  par  le  mot  de 
Spécification -y  vu  que  tout  rapport  particularifant  une  idée, 
■en  diftingue  l'objet  d'avec  les  autres  qui  lui  font  fem- 
i>Iables ,  en  fait  comme  une  efpèce  à  part  &  marquée 
nu  coin  de  ce  même  rapport  j  en  un  mot  la  fpécifie,  en 
iui  donnant  un  attribut  ,  un  caractère  particulier.  Ce- 
pendant nous  avons  choifi  ce  moyen  de  défigner  les 
rapports  que  nous  avons  encore  à  parcourir,  foit  parce- 
cjue  la  qualité  de  fpécifier  y  eft  plus  fcnfîble  que  toute 
autre  ,  foit  parccqu'clle  ne  domine  pas  dans  ceux  que 
nous  avons  vus  ,  comme  dans  ceux  que  nous  appelions 
fpécifiques  ;  &:  que  pour  ces  deux  raifons  ,  ce  nom  peur 
ifuffire  pour  diftinguer  les  uns  des  autres.  D'ailleurs  iL 
auroit  fallu  donner  un  grand  nombre  de  clafies  parti- 
culières ,  fi  nous  n'avions  pas  voulu  nous  en  tenir  à 
cette  dénomination  ;  ce  qui  eût  été  un  défaut  de  métho- 
de plus  grand  que  celui  qu'on  pourra  nous  reprocher. 
Enfin  dans  les  difi^éreutcs  manières  de  fpécifier  ,  on  re- 
trouvera les  caraclercs  les  plus  précis  des  rapports  dont  il 
«'agit  ;  &  l'on  pourra  ,  d  l'on  veut,  ne  les  dilHnguer  que 
par-là. 

Si  l'on  veut  fpécifier  un  nom  commun  ou  générique  par 
îe  nom  propre  de  la  cliofe  que  l'on  a  en  penfée  &  donc 
©ji  veut  parler,  on  unie  cçs  deux  noms  pat  la  prépofitioa 


PRE  151 

di:  :  par  exemple  ,  je  veux  parler  de  Rome  :  la  première 
idée  qui  Ce  préfentc  ,  c'cft  que  c'eft  une  vil/e  ,  &  je  dis  ia 
•Tr7/e;maisjcm'apperçoisquec'eft-làun  nom  qui  convient 
il  beaucoup  d'autres  objets  que  celui  que  j'ai  en  vue  :  il 
faut  donc  le  reftreindre  ,  le  particularifcr  ,  &  comme  je 
fais  que  cette  ville  particulière  dont  je  veux  parler  ,  a 
■   pour  nom  individuel ,  Rome  ^  je  joins  ce  dernier  à  l'au- 
tre j  en  interpofant  la  prépofition  :  la  ville  de  Rome. 
De  même  on  dit  ,  Duché  de  Lorraine,  Comté  de  Cham- 
fi-igne  ,  Archevêché  de  Tours  ,  Principauté  de  Dombcs  , 
Fioyaume  de  France  ,   Empire  de  la  Chine  j   Château  de 
P'erfailles,  Ville  de  Lyon  ,  Fort  de  Kel  j  Province  d'AU 
face  j  République  de  Gênes  ,  Rivière  de  Seine  j  Fleuve  du 
Rône,  moulin  de  Javelle  y  rue  de  Condé^^  Sec,  Il  y  a  néan-« 
moins  quelques  exceptions  que  l'uTage  apprendra  :  par 
exemple  ,   on  ne  dit  pas  le  Fort  dcj^ouis  ,  mais  le  Fort^ 
Louis  :  entre  les  noms  communs  &  les  noms  propres  des 
perfonnes  on  ne  met  point  la  prépofition,  (i  le  dernier 
n'eftun  nom  de  terrej  ainfi  l'on  dit,  M.'BerTiard,  Mada^ 
me  André 3  le  Valet  Crifpin^  le  Marchand  Pruàhomme^  la 
Jardinière  Javotte  ,  Sic.  Quand  le  complément  de  la  pré-^ 
poiition  marque  la  patrie  ou  l'habitation  d'une  perfon^ 
j  lie  ,  le  pays  ou  le  lieu  où  l'on  trouve  la  chofe  dont  on 
parle  ,    on  prend  alors  la    prépoiîtion  de  :  Citoyen  de 
Genève  ,  Marchand  de  Venife  ,  bourgeois  de  Paris  ,  fille^ 
I  fie  Village  ,  femme  de  Province  ,  habitant   de   Choifi  , 
I  payfan  de  Picardie  y  renard  de  Pologne ,  loup  du  Canada  , 
!  cheval  d'Afrique  y  plante  des  Indes  ,  Sec.  Il  faut  en  dire 
I  autant,  quand  le  complément  marque  le  lieu  011  le  £a- 
j  brique ,   fe  fait  ,  fe  produit  la  chofe   dont  en  parle  : 
I  vins  de  Bourgogne  &  de  Champagne  ,  chapons  de  Brejje  ^ 
I  hydromel  de  Met^  ,  liqueurs  de  Lorraine  ,  confitures  de 
-,  Bar- le -Duc  y  velours' de  Gênes  ,  monnaie  d'AllewMgne  ^ 
étoffe  de  Lyon  y  pain  de  Goncjfe  ,  &c.  De  même  encore  , 
s'il  s'agit  du  lieu  oii  la  chofe  dontil  eft  queftion  fe  trou- 
ve placée  ;   le  bataillon  de   la  tête  ,    les  Régimens  de 
t arrière- garde  ,  l'infanterie  du  centre,  y  l'artillerie  de  l'aile 
gauche  y   les  troupes  légères  de  l'avant-garde  ,  Ville  de 
Suijfe  ,   Principauté  d'Allemagne  y   Bourg  de  Flandre  , 
Province   de  Hollande  y  Royaume   d' Afie  y   République 
(l'Europe  ,  Uniyerjîté  de  Paris  ,  Parlement  4' Angleterre  , 


i^i  P  R  É 

Sec.  Quelquefois  auflî  on  emploie  la  prépofition  en  ,  & 

fccr-iiouc  après  un  nom  propre  qui  conviert  à  pluficurs 
Villes  (iedifFérens  pays  ,  comme  ,  Fribourg  en  Suijfe  , 
Wnbourg  en  Brijgcw  j  Vienne  en  Autriche  ^  Vienne  en 
'Daujhiné  ,  &c. 

Le  nom  du  lieu,  du  pays,  ou  de  la  nation  qui  détermi- 
nent un  titre  à  fa  jufte  valeur  ,  s'unit  à  ce  nom  par  la 
même  p''époiition.  Empereur  d' Allemagne  ,  Rci  de  Por- 
tugal ,  Intendant  d' Al  face  y  Gouverneur  de  Befançon  , 
Comte  de  Lyon  ,  Echevin  de  Paris  ,  Prince  de  Salerne  , 
Doge  de  Veaife  ,  Roi  des  Romains  y  Electeur  de  Saxe  , 
Hvêque  de  Strashowg  ,  Seigneur  d'Arconville  ^  Comte 
de  Provence  ,  Duc  de  Bourgogne  ,  Dauphin  de  Fran^ 
ce  ,  &c. 

Lo-r|v^e  le  complément  exprime  la  fîtuation  de  la 
chofe  don^  le  nom  précède  la  prépofition  ,  on  prend  la 
prépon-toi»  à  fi  ie  complément  paroît  être  une  chofc  fé- 
paréc  de  ^'objrt  dcn  il  exprime  la  ficuaaon  ,  comme  , 
raute  a  gauche  ,  château  a  mi-côie  y  vis-à-vis  ,  pojie  à 
droite;  m.^is  fi  le  complément  eft  préfeiité  comme  un 
total  dont  l'objet  qui  piécedc  foit  uic  partie  ,  alors  on 
prend  la  pi-'poii:ioa  de  ;  porte  de  derrière  y  mur  du  de- 
vant  y  face  de  côté ,  partie  d'en  haut  y  voûte  du  milieu  , 
fenêtres  d'en  bas  ;  la  carte  de  dejfous  y  &c.  S'il  s'agit  d'ex- 
primer daus  le  complément  la  manieie  d'exécuter  ,  on 
emploie  quelquefois  la  prépofition  a  ,  comme  ,  courir  h 
toute  bride  y  aller  a  grands  ras  ,  avertir  a  part  y  marchera 
tâton  y  attaquer  à  force  ouverte  ,  fe  battu  a  l'épée  ^fe  dé^ 
fendre  à  coups  de  poing ,  di [courir  à  bâtons  rompus  ,  ache^ 
ter  a  la  douzaine  ,  vendre  à  l'enchère  y  peigner  la  à  turque  j, 
&c.  Quelquefois  on  emploie  la  prépofition  dCy  comme, 
donner  de  bonne  grâce  y  écouter  de  mauvuifc  grâce  y  dire 
de  travers  ,  courir  de  toutes  fe  s  forces  ,  percer  départ  en 
-part  y  accorder  de  bon  cœur  y  Sec  D'autrefois  on  fe  fert 
de  en  ;  marcher  en  tapinois  ,  fe  comporter  en  étourdi  ^ 
•peindre  en  mignature  ,  agir  en  dépit  du  bon  fens  y  méditer 
en  Anglois  ,Je  tirer  d'une  affaire  en  galant  homme  y  voya- 
ger  en  pofie  ,  plaider  en  Cicéron  ,  fe  battre  en  brave  y  re- 
pondre  en  Romain  y  fe  venger  en  Italien  y  mourir  en  So- 
crate  y  Sec.  On  prend  aulli  cette  dernière  prépofition  , 
quand  la  manière  eft  une  adion  circonflancielle  qui 


PRÉ  15^ 

s'exprime  par  un  gérondif  5  mourir  en  pnrlaiu  ^  pimre  «s 

riant  ,  parler  en  dormant ,  méditer  en  fermant  les  yeux  , 
&:c. 

Si  la  manière  concerne  l'aprêt ,  elle  fe  fait  précéder 
ou  de  la  prëpofition  a  ou  de  la  prépofition  de  :  faujfe  à 
l'oignon  ,  foupe  aux  herbes  ^  pigeon  à  la  crapaudine  ^ 
peinture  a  l'huile  ,  poudre  a  la  maréchale  ,  truite  au  lieu  , 
carpe  a  l'étuvée  ;  gigot  en  ragoût  ,  peinture  en  détrempe  ^ 
aufs  en  omelette  y  &c. 

Quand  on  veut  exprimer  une  chofe  qui  eft  employé'^ 
pour  une  autre  ,  on  prend  la  prépofition  a  fî  dlc  fert  de 
caufe  mouvante  ,  ou  d'accompagnement ,  ou  d'inftru- 
rnent  ;  comme  .,  arme  a  feu  j  moulins  a  vent ,  machim 
a.  re forts  y  Sec.  Canne  a  lorgnette  ,  table  à  tiroir  ^  maifoa 
h.  trois  étages  y  Sec.  Bas  au  métier  y  ejîampe  a  la  main^ 
payfa,ge  fait  a  l'encre  de  la  Chine  ,  gravure  a  l' eau-forte  , 
cuire  a  la  broche  y  Sec,  Si  la  chofc  employée  fert  de  cauiè 
agiffaute  ,  ou  d'inftrument  adif,  ou  de  matière,  oa 
prend  la  prépofition  de  ;  coup  de  poing  y  figne  de  téie  , 
trait  déplume  y  tache  d'encre  y  tour  de  gibecière  y  batte- 
ment des  mains  y  coup  d' archet ,  frapper  de  l'épée  y  monr- 
trer  du  doigt  y  appuyer  de  la  main  \  croix  a' or  y  crojfe  dt 
bois  ,  colonne  de  rn  arbre  y  collier  de  perles  ,  habit  de  foie  ^ 
panier  d'o fier  y  allée  de  tilleuls  ^  pâté  d'allouettes  y  chxi' 
peau  de  caftor  y  Sec.  La  matière  employée  prend  auili  la 
.prcpolîcion  en  j  écrire  en  quatre  lignes  y  dire  en  deux 
mors  y  tracer  en  abrégé  y  tenture  en  damas  y  cheminée  en 
marbre  ,  repas  en  gras  6'  en  maigre  ,  galonné  en  or  y  tein~ 
dî'c  en  jaune  y   mettre  en  dorure  y   Sec.  ■    ^ 

L'objet  de  i'aâion  ,  le  but  où  l'on  va  ,  le  terme  ,  '  îa 
fin  qu'on  fe  propofe,  fouJïrent  encore  des  variations  : 
s'il  s'agit  de  but  local ,  on  prend  la  prépofition  de  après 
les  noms ,  comme  ,  chemin  de  Rome  y  route  a  Allemagne^ 
avenues  de  Ver  faille  s  y  fentiers  de  la  vertu  y  Sec,  S'jI  eft 
queftion  de  but  moral  ,  de  motif,  d'objet  de  quelque 
aâ::on,  la  prépofition  varie  félon  les  mots  qui  précèdent. 
Se  les  autres  circonllances  :  on  dit  y  envie  de  piaire  y  art 
-d'aimer  ^  foif  de  vengeance  ^  dejfein  de  nuire  ,  défr  de 
^fvyager.^-hjefcircde  manger  y  Sec.  On  voit  dans  ces  exem- 
~p4£s  ane-aftian  qui  elt  l'objet  des  noms  qui  précèdent 
ia  prépofition.  Brifer  de  rage  ,  mourir  de  douUv.r ^fuir  di- 


154  PRÉ 

j)eur  ,  éclater  de  rire  ^  fe  pâmer  de  joie  ,  fe  tuer  de  <//- 
fejpoir  i'ici  ce  font  les  noms  qui  expriment  le  motif  de 
J'adlion  exprimée  par  le  verbe  précédent  :  Ouvrage  de 
morale  ,  cours  d études  ,  étude  de  phyfique  ,  Jiiftoire  de 
France  ,  Traité  de  Paix  ^  contrat  de  mariage  ,  y^le  de  Re- 
ligion ,  jaloufie  de  tîiétier ,  avide  de  louanges  y  difeur  de 
bonne  avanture  5  Traduciion  de  la  Bible  ,  Commentateur 
d'Ariftote  ^  partage  de  la  fuccejfion  j  portrait  du  Roi  ^ 
abufer  de  l'amitié ,  plaijirs  de  la  campagne,  image  de  lu 
mort  ,  portrait  d'Alexandre  ,  tableau  d'une  bataille  ,  ex^ 
preifton  de  la  joie  ,  modèle  de  douceur  y  &c.  Dans  tous 
ces  exemples  ,  c'eft  l'objet  même  de  la  ciiofe  qui  la  ca- 
raélerife  &  la  fpécifîe  :  on  dit  auili  ,  mettre  en  couleur  ^ 
traduire  en  François  ,  aller  en  avant  ,  battre  en  retraite  , 

■  dépenfer  en  chijfons ,  appeller  en  duel  ^  ici  c'eft  encore 
-l'objet.  Maître  en  fait  d' arm.es  ,  ouvrier  en  laine  ,  Doc^ 

teur  en  Droit ,  fort  en  paroles  ,  favant  en  Théologie  , 

-  habile  en  Médecine  ,  Avocat  en  Parlement ,  &:c.  On  voit 

dans  ces  exemples  l'objet  qui  fixe  la  qualité  :  on  dit  en- 

■  core  ,  cuiller  h  caffc  ^  bajfm  a  barbe  ,  poudre  a  tirer  , 
verre  a  liqueur  ,  table  iz  jouer ,  pierre  à  ai  gui  fer ',  ici  le 
complément  exprime  le  fervice  auquel  la  cliofe  précé- 
dente efldeftinée.  Papiers  a  brûler ,  fille  a  marier  ,  bois 
a  couper  ,  arbre  a  planter ,  maifon  a  vendre  ^  procès  a  ju- 
ger ,  quereUe  à  terminer ,  comptes  a  liquider ,  compagnie 
à  éviter  j  voleur  a  pendre  ,  homme  a  méprifcr  ;  ces  com- 

;^  pléments  marquent  le  fort  que  la  cliofe  fubira,  ou  mé- 
rite de  fubir.  Matière  à  procès  ^  confeil  a  vous  perdre  , 
entreprife  a  fe  ruiner ,  là  ce  font  les  effets  qui  doivent 
s'en  fu  ivre.  Bon  a  purger ,  propre  a  tout  faire,  prêt  a  par^ 
tir  ,  difpofé  à  vous  J'ervir ,  habile  a  dijfimuler  y  la  pré- 
pofition   fert  ici   à  indiquer  ce  ique  la  cliofe  qualifiée 

•  produit  ,  ou  peut  produire.  Dur  a  digérzr ,  facik  a  trom- 
per y  beau  il  voir  ,  dangereux  a  fréquenter ,  difficile  a 
taire  i   ici  elle  indique  l'action  dont  la.chofe  qualifiée 

,  cft  l'objet  &  non  l'agent.  Crier  au  fe  cours  ),  monter  k 
cheval ,  préparer  a  manger  y  ojfrir  a  boire  ,  jouer  a  la  fof- 
fette  ;  ici  c'eft  l'objet  d'une  adion.  Utile  a  tout  le  mon- 
de ,  nuifible  a  foi-même  ,  indifférent  aux  autres  .,  attaché 
a  fes  intérêts ,  &c.  c'eft  ici  l'objer  c^\  fert  dc  bui» 
au  qualificatif,  -    '      -^    . 


PRÉ  Ï5Î 

Il  efl:  bon  de  remarquer  ici  que  quoiqu'on  difc ,  vtiU 
a  la  famé  ,  on  ne  dit  pas  pour  cela  ^  utilement  à  la  fan- 
îc  y  ni  ,  agréablement  a  l'oreille  ,  quoiqu'on  dife  ,  agréu" 
hic  a  l'oreille  ,  &.. 

Si  l'on  confîdére  l'auteur  ^  l'ouvrier  ,  la  fource  d'oiî 
vient  lachofcque  l'on  a  nommée ,  c'eft  de  la  prépofîtion 
de  qu'il  faut  fe  fervir  :  efet  de  la  haine  ,  fuite  de  l'ami-- 
tic  ,  fruit  de  fon  travail  y  faveur  de  fa  maitrejfe  ,  lourde 
fan  ennemi  ,  la  grâce  de  Dieu  ,  Lettres  d'un  ami  ,  Epîtres 
de  Cicéron  ,  Tragédies  de  Corneille  &  de  Racine  _,  Satyres 
de  Juvenal  &  de  Boileau  ^  Poème  Epique  de  Koltaire  , 
Odes  Sacrées  de  Roujfeaa  ,  Hijioires  de  Me:^erai  &  de 
Daniel  j  Dictionnaire  de  l'Académie  ,  tapijferie  des  Go-' 
bclins  ,  Arrêt  de  la  Cour  ,  Edit  du  Roi  ^  grotcfques  de 
Calot ,  &c. 

Le  rapport  de  rpécification  peut  être  appuyé  fur  le 
fervice  que  la  chofe  rend  ou  peut  rendre  ,  fur  ce  qu'elle 
contient  ou  peut  contenir ,  lur  l'eiîet  ou  la  capacité  : 
pour  ce  rapport  on  prend  fouvent  la  prépolirion  a  Se 
îouvent  la  prépofîtion  de  :  pays  a  pâturages  ^  terrein  à. 
fafran ,  coteau  a  vignoble  ,  canton  a  minéraux  ,  pierre  a 
feu  j  pot  a  l'eau  ,  bouteille  a  l'encre  ,  port  au  blé ,  face  a. 
fix  croifées  y  chaife  a  deux  ,  voiture  a  quatre  places  y  ta-* 
bie  a  douT^e  couverts  ^  remife  a  dix  carrojfes  ^  cafetière  a. 
fix  tajfes ,  &c.  Chemife  de  nuit  ,  habit  de  noce ,  équipage 
I  de  campagne  y  décorations  de  l'Opéra  ,  orcheflre  du  tfiéd^ 
tre  Italien  y  panier  de  fruits  y  bouteille  de  vin  ^pot  de  con- 
fitures y  harril  de  harengs  ,  plat  de  rôti  ,  fac  d'argent , 
grenier  de  paille  y  magafin  d'étoffes  étrangères  ^  cave  d'eau^ 
de-vie  ;  table  de  trente  couverts  ,  voiture  de  quatre  places  , 
mefure  de  fix  boijfeaux  ,  pot  de  deux  pintes  y  tonneau  de. 
cent  pots  ^  appartement  de  fix  pièces  ,  &cc.  Quand  le  com- 
plément marque  la  dimenfion  ,  on  prend  ou  la  prcpo- 
Ircion  de  ou  la  prépofîtion  en  :  deux  pouces  de  large  ^^ 
trois  pieds  de  longueur  y  quatre  aunes  de  tour  ,  cinq  toifes 
de  profondeur  ,  trois  étages  d'élévation ,  égal  en  tout  fens, 
deux  pouces  en  largeur  y  trois  pieds  en  longueur  ^  une  perche 
en  quarré  j  Sec. 

Il  en  eft  de  même  ,  quand  il  s'agit  d'étendue  y  ou  de 
quantité  :  lettre  de  trois  paoes  j  explication  d'un  quarts 


iji?  PRÉ 

d heure  ,  Sermon  d'une  heure  ,  all*^e  de  cent  toifes  ^  faloit 
de  trente  pieds  j  parc  de  mille  arpens  ,  route  de  cent  lieuxs 
-angle  dejuixantc  degrés  ^jardin  de  petite  étendue ,  travail 
d'une  heure  ,  ouvrage  d'un  ficelé  ^  pajfton  d'un  mois ,  voya- 
ge defix  mois  ^  amours  de  deux  jours  y  lettre  en  quatre 
lignes  ,  explication  en  deux  mots  ,  injiruire  en  abrégé  > 
ouvrage  en  un  volume ,  Sermon  en  deux  points  >  me] arc  en 
trois  temps  ,  Comédie  en  cinq  Actes  ,  &c. 

Quaiid  on  -veut  marquer  le  piix  qu'une  chofc  a  cou- 
té,  ou  auquel  on  veuc  la  laiirer ,  on  prend  la  prcporitioii 
a  ;  mais  li  indépendamment  de  ce  prix  ,  on  ne  vouloit 
exprimer  que  l'eilimation  qu'on  en  fait,  on  prendroit 
la  prépoiition  de  :  une  place  à  fix  francs  ,  du  vin  d  trois 
livres  ,  une  table  h  quarante  fols  U  couvert ,  une  étoffe  a 
dix  écus  l'aune  ;  une  charge  de  cent  mille  francs ,  un  loyer 
de  cent  écus  ^  un  diamant  de  cinquante  louis  ,  un  cheval 
de  trente  pi  fiole  s  ^  &c. 

Si  le  complément  exprime  la  fixation  de  l'emploi  , 
du  titre  qui  précède,  on  prend  l'une  ou  l'autre  des  deux 
mêmes  prépofitions  a  &l  de  i  Confeiller  à  la  Cour  des 
Aydes  y  Greffier  au  Parlement  ,  Procureur  au  Chàtelet  ^ 
Préfidcnt  aux  Enquêtes  ,  Commis  a  La  Recette  Gé* 
néralc  ,  Chanoine  a  la  Cathédrale  y  Secrétaire  de  l'Am- 
hajfade  ,  Infpecieur  de  la  Cavalerie  ,  Maréchal  de  Fran-^ 
ce  y  Général  de  la  grande  Armée ,  Huifflcr  de  l'and-  Charnu 
■bre  y  Recieur  de  t  Univerfité  ,  Capitaine  de  Vaiffeau , 
■Chancelier  de  l'Empire  ,  Sec.  Mais  ceux  qui  ne  fervent 
q[u'à  marquer  le  fignalement ,  ou  qu'à  exprimer  ce  qui 
fait  la  marque  diltindivc  foit  de  la  dignité,  foit  de  l'é- 
tat ,  prennent  ordinairement  la  prépoiition  d  ,  &  rare- 
ment la  prépoiition  de  :  Préfident  d  Mortier  ^  Officiera. 
Hauffe-Col y  Grenadier  a  Cheval^  gens  a  robe  longue:  femme 
a  la  hotte  ,  homme  a  coquarde  ,  Marquis  d  talons  rou^ 
^es  ,  8cc. 

Si  l'on  veut  Tpécifier  un  nom  par  ce  qui  en  fait  la 
qualité  prop-c  ^^-caradéiiil'ique  ,  on  emploie  quelque- 
fois la  prépoiition  à  ,  ik.  d'aJtrcfois  la  prépoiition  de  : 
or  a  vingt-deux  karats  ,  argent  à  on:^e  deniers  j  mot  à 
double  Jens  ,  fidélité  a  toute  épreuve  ,  femme  a  minau- 
deries y  gens  d  fentimens  ,  vrdct  a  tout  faire  ;  femme  de 

bien. 


PRÉ  157 

^'tèn  ,  Cavalier  de  bonne  mine  ,  enfant  de  condition ,  Re^ 
Igieux  de  grande  piét.é  ,  homme  de.  bonne  compagnie ,  Che- 
valier ainduflrie  , ' &c.  ^ 

On  fe  fert  encore  de  la  prépofition  ^  j  quand  on  veut 
fpcci/îer  une  chofc  par  ce  qui  en  exprime  la  forme  &  la 
ftrudurc  ;  lit  a  colonnes  ,  r^*^/^  a  pieds  de  biche  ^  jatte  a 
vans  j  irjlrument  a  cordes  j  couteau  a  deux  lames  j  mai- 
fon  a  double  appartement  j  £cc.  par  ce  qui  en  fait  con- 
loitre  ractitude  5  figun:  a  genoux^  prier  a  mdins-jointes  , 
^:tre  a  cheval ,  fe  placer  a  califourchon  ,   couché  a  la  ren- 
vcrfe  y  &c.  par  le  point  auq.iicl  ia  chofe  efi:  ou  peut  être 
^-orrée  ;  multitude  a^ne  pou^pi/^^çompter y  plaine  a  pêne  de 
lue  y  ridicule  h  l'excès  ^  fév^r£  à  outrance  ^  fot  a  faire 
mié  y  beau  a  tadmiradon  ,  laid  a  faire  peur  ,  impertinent 
afefairechajfer  y  Sec.  par  la  chofe  qui  fert  de  modèle  , 
pu  qui.çft  l'objet  de  la  reiTeiiiblincei  bonnet  a  la  turque  y 
iejfein'a  la  Chinoife  y  çoeffure  a l' antique  ^  habit  a  la  mo- 
îe  ^-pardonner  a  l'Italienne,,  régaler. a  la  Fran^-oife  y  faire 
exercice  a  la  Prujfienne  y  galons  a  la  grecque  y  &.c.  , 
Xà  prépoUcion  en  s'emploie  quand  on  veut  défigner 
Pétar  de  la  chofe  pour  la  fpcciiîcr  5  terre  en  friche  y  vigne 
n  fleur  j 'maifon  en  décret  y  femme  en  couche  y~aévot  en  ex- 
tafe  y  balance  en  équilibre  y  homme  en  fureur  _,  femme  en 
colère' y  affaire  en  compromis  >  mot  en  ufage  y  pris  en  fia- 
■yrantdélit  y  du  blé  en  herbe  y  &c.  j  quand  on  veut  parti- 
cularifer  par  l'efpece  de  l'ouvrage  dont  on  a  exprimé  le 
genre^'j  bonnet  en  broderie  y  plafond  en  bas  relief  y  coffre  en 
marqueterie  y  décorations  en  fculpHire  y  fauteuils  en  petits 
hôînts\  '^Q.  ;  quand  on  veut  le  faire  par  la  fio;ure  de  la 
:1i<jfé-,dont  il  ei^quéftiou  y  chapeau  en  poiizte  ,   danfe  en 
■onctybof^uet  en  ovalç^^y  tête  en  pain  a^  fucre  ,  maufolée  en 
yramide  \hiç.-^  par  l'a'Tan^emen.t  des  chofes  entr'ellcs  y 
rméé.  en  %aiallle  y  chev.eux  en  cadnettes  ,  plats  en  fy mè- 
ne y  trcupe  m  quatre  colpnnes^  fuir  en  défordre  y  Sec.  , 
ar  Toçcuparion  des  perfonnes;  dont  'on  parle  -,  Pirate 
7  codrje  ,  Soldat  en  fentinelle;,,  armée  en  marche  y  Moine 
n  chaire  y  Marchand  en  emplit iA.\  Sénat  en  délibération  y 
the  en  affaires' f être  en  exé-çice  y   &Lc.  ou.eauii  par  les 
v!;etchTcns  ;  Acteur  en  mafque  ,  paJiUlun  en  bottes  ,  Magif- 
"■.rat  en  robe  ,  Laquais  en  livée  ,  O^cier  en.unifprme  y  pa.- 
oîtrè  efi  négligé-  y  être  en  habit' bourgeois  ,  à:c.  ' 
Tome  II.  L 


158  P  R  Ê 

Il  eft  encore  plufieurs  fortes  de  Tpéci/îcatiôns  qui  ap*« 
pârtiennent  fpecialement  à  la  prcpofition  de  :  les  prin- 
cipales font  celles  qui  fe  font  par  une  circonftance  mo* 
difîcative  ;  jouer  de  malheur  ,  voleur  de  profejfton ,  men^ 
leur  d^ habitude ,  meurtre  de  dejfein  prémédité  ^  coup  de  hw 
fard ,  &c.  ;  par  une  circonfcance  de  temsj  promenade  de 
nuit.  ,  cabinet  de  jour  y  vin  d'ordinaire  y  O^cier  de  quar- 
tier s  "voy  yge  d'Eté  j  plaifirs  d'Automne ,  habits  d'hiver , 
&c.  j  parla  profeflîon  des  gens  j  gens  de  Lettres  ,  fille 
d'Opéra  ,  garçon  de  boutique  j  femme  de  journée  ,  Officier 
de  Marine  ,  Marchand  de  Dentelles  ,  faifeur  de  Bas  , 
femme  de  Chambre  ,  &c.j  par  la  chofe  d'où  nait  la  qua- 
lification qu'on  donne  à  un  objet  5  foible  d'efprit ^  plein 
de  vin  ,  fort  de  tempéramment  ^  faifi  de  peur  y  boujfi  d'cr- 
gueili  accablé  de  chagriny  &c.;  par  la  réftriâ:ion  du  qua- 
lificatif ;  quelqu'un  de  fage  ,  quelque  chofe  de  merveil- 
leux y  rien  de  bon  y  aucun  de  fenféy  Sec.  j  par  l'objet  d'une 
expreflion  de  quantité  j  beaucoup  de  befoins  ,  peu  de 
plaifirs  y  moins  de  vertus  y  plus  d'erreurs  y  trop  de  viva- 
cité y  8cc.  ;  par  ce  qui  conftitue  &  caradérife  5  efprit  de 
cour  y  trait  de  prudence  y  air  de  modefiie  y  acte  de  Jujii^ 
ce  y  objet  de  politique  y  jour  de  Fête  ,  matière  de  Religion^ 
cas  de  confcience  y  &c.  5  par  la  forte  de  perfonncs  ou  de  1 
chofes  auxquelles  l'objet  dont  on  parle  convient  ;  épée 
de  Financier  y  bas  de  bottes  y  habit  de  mafque  ,  mai  fort 
de  grand  Seigneur  ^  ufage  de  Communauté  y  envie  de  fem- 
me groffe  ,  conduite  de  libertin  ,  difcours  de  pédant  ,  pro- 
pos d'étourdi  ,  Fête  de  village  ,  &C.5  par  le  fujet  affec- 
té ,  en  qui  fe  pafle  ou  fe  trouve  la  chofe  dont  on  parle  ; 
marche  de  l'armée  y  fédition  de  la  populace  y  cours  de  la 
rivière  y  paix  de  lame  ,  paffions  de  l'homme  ,  agitation 
du  fang  ,  erreur  de  la  bouffole ,  penchant  de  la  montagne , 
bout  du  doigt  ^fureur  de  Roland  ^  ingratitude  des  proté- 
gés ,  infolence  des  proteéieurs  ,  mouvement  des  afîres  , 
fierté  des  grands  ,  &c.  j  par  le  propriétaire  de  la  chofe  ou 
l'ufufruitier  j  hôtel  de  la  Princeffe  ,  ferme  de  l'Abbaye  , 
appartement  de  l' Abbé  ,  bien  d' autrui  ,  Bibliothèque  du 
Roi  ,  tombeau  de  S.  Denis  ,  &:c.  ;  par  le  fujet  que  con- 
cerne la  chofe  dont  on  parle  ,  &  qui  la  particularifc  ; 
devoirs  de  l'amitié  ,  objet  de  la  politique  ,  jouet  de  tout  le 
monde ,  la  fable  de  la  ville  ,  le  fujet  de  la  querelle  ,  U  mO' 


PRÉ  ï5^ 

Hfde  la  plainte,  &:c.  ;  par  Le  nom  du  maître  que  Ton  Tertj 
Ecuyer  de  la  Reine  ,  Chambellan  de  l'Empereur  ,  Caijfier 
de  La  Compagnie  ,  gens  du  Roi  ,  Commis  de  Monteur  le 
Directeur  Général,  Laquais  de  Mademoifelle,  &c.  j  pal  lë 
tout  auquel  on  attribue  la  partie  dont  on  parle  5  ie  haut 
de  la  tour  ,  la  bafe  de  la  colonne  ,  le  pied  de  la  montagne  , 
les  fojfés  de  la  ville  >  le  bord  de  iajjiette  ,  un  jour  de  lafe- 
mainè  ,  un  quartier  de  la  ville  ,  &c.  ;  par  la  fociété  ou  le 
corps  auquel  appartient  la  pcrfonne  ou  la  chofe  doiitoa 
parle  ;  Membre  de  l'Académie ,  Officier  de  l'armée  ,  Da- 
me de  la  Cour ,  garçons  de  la  noce  ,  Danfeufe  de  t Opéra  -^ 
Aârice  des  Italiens  ,  &c.\;  par  le  nom  des  chofes  ou  des 
perfonnes  qui  compofent  &  forment  la  totalité,  le  corps 
dont  on  parle  ;  Concile  Général  de  tous  les  Evêques ,  af- 
/emblée  de  l'Univerfité ,  Corps  de  la  Ville  y  &c.  5  par  la 
perfonne  à  qui  une  autre  eft  unie  par  le  fang  j  père  de 
Scipion  ,  fils  de  Henri  IV  ^  ayeul  de  Ce  far  ^  coufin  de. 
votre  époufe  ,  allié  de  la  famille  ,  &c.  ;  par  le  temps  qui 
fert  d'époque  j  ufage  de  tous  les  temps  ,  occupation  de 
la  journée  ,  vlaifrs  de  la  nuit ,  événement  de  l'année  der^ 
niere ,  av  amure  de  ce  moi  s -ci  ,  ouvrage  de  la  matinée  j 
&c.  ;  par  le  nombre  des  parties  qui  compofent  le  tout 
dont  il  s'agit  ;  Armée  de  cent  mille  hommes  ,  Compagnie 
de  cinquante  Grenadiers  ^  cercle  de  cinq  ou  fix  Dames ,  fa- 
ce de  quinze  croifées ,  jeu  de  trente-deux  cartes  ,  famille  de 
dix  enfans  ,  Sec.  ;  par  la  quantité  qui  conftitue  la  diffé- 
rence entre  plufieurs  chofes  comparées  5  plus  long  de  dix 
tûifes ,  plus  d a-moitié  ufé,  moins  grand  d'un  pouce ^  &C.5 
par  la  fomme  dont  une  autre  eft  déduite^  un  de  cent^  dix 
demille^de  dou:^e  ôte:^  quatre j  ëcc.  ;  par  le  temps  courant 
de  l'âge  ou  de  l'événement  ;  fille  de  quin-^e  ans  ,  garçon 
de  vingt-cinq  ,  vin  de  deux  feuilles  y  muet  de  naijjance 
ami  de  deux  -jours  ,  grojfe  dejîx  mois  ,  vieillard  de  quatre - 
\fingt-dix  ans,  &c.  ;  enfin  par  la  chofe  d'où  une  autre  eft 
extraite  j  le  plus  docte  de  /'  Univerfité  ,  le  plus  rufé  des 
Courtifans  ,  le  premier  d'entre  vous  ,  deux  de  la  com-pa" 
gnie  ,  l'un  de  ceux  que  vous  ave^  vus  ,  le  dernier  de  tous  ^ 
&c. 

La  lettre  a  n'eft  prépofition  que  quand  elle  a  un  ac- 
cent grave  a  ;  quand  elle  n'a  pomt  cet  accent  >  elle  eft 
la  troiûeme  parfoiuie  du  iingulier  du  préfent  de  l'indi- 

Lij 


1(^0  P   ^^ 

catif  du  verbe  auxiliaire  avoir,  il  a  ,  elle  a.  En  cCt  dans 
le  même  cas  ;  outre  qu'il  eft  une  prépofidon  d'un  gi  and 
ufa^e  il  icrtaulÏÏ  de  pronom,  comme  nous  l'avons  dir, 
au  mot  Pronoms.  M,  l'Abbé  Girard  a  cru  voir  aufli 
une  pareille  diftinclion  à  faire  par  rapport  à  de  ;  il  pré- 
tend que  dans  ces  exemples  ,  dcnncr  du  pain  ,  débiter  de 
fauffes  nouvelles  ,  parvenir  par  de  mauvaifes  voies  ,  & 
dans  ceux  qui  leur  font  femblables  ,  de  eft  une  iimple- 
particule  qui  fcrt  à  donner  au  fens  de  la  phrafe  un  tour 
d'extrait  en  reftrei-nant  l'acception  du  fubftantif  qui 
vient  pprès  elle.  Il  eft  vifible  ,  di:-il ,  que  f7  c'étoit  une 
prépofit'^on,  de  indiqucroit  un  rapport  particulier  entre 
le  mot  précèdent  &  celui  qui  le  fuit,  ce  qui  ne  fe  peut 
dire  des  plnafes  citées  ,  ni  de  celles  qui  leur  reiïem. 
blent  :  dans  celle-ci ,  ofrirde  l'argent  de  bonne  grâce  ,  ces 
deux  noms  ,  bonne  grâce  ,  ne  font  pas  feus  le  régime  im- 
médiat  du  verbe  offrir  ,  mais  fous  celui  du  mot  de-,  qui- 
fert  à  marquer  un  rapport  de  manière  entr'eux  &  l'ac- 
tion d'offrir  ,  par  conféqupnt  ce  de  efl:  prépofition  : 
mais  ces  trois  autres  mors ,  de  t argent ,  font  tous  cnlcm- 
blc  fous  le  régime  immédiat  du  verbe,  puifqu'ils  ert 
compofent  l'objcaïf  ^  oc  le  rapport  qui  fe  trouve  entre 
cfrir^  argent  eft  indépendant  du  mot  de  ,  puilqu  lU  y 
trouveroit  encore  ,  quand  on  diroir  fimplcment  ,  0)}rir  ' 
largent  que  l'on  a  ,  &c.  Pour  réfuter  tout  ce  railon- 
nement  de  M.  Girard,  il  ne  faut  que  rappeller  ce 
que  nous  avons  dit  de  l'éllipfe ,  Se  remettre  dans  les 
phrafes  données  en  exemple  les  mots  qui  y  font  fous- 
entendus  :  Cjfrir  de  l'argent  fignifie  Ojfrir  une  partie  de 
iaraent  que  l'on  a  ,  ou  que  l'on  pourroit  avoir  ,  ou 
bien  ,  offrir  une  quantité  d'argent  indéterminée.  Don- 
ner du  pain ,  c'cft ,  donner  une  portion  de  pain  ,  une 
partie  de  ce  qu'on  appelle  pain.  Débiter  de  fauffes  nouveU 
Les  c'eft  débiter  certair.es  nouvelles  qui  font  du  nombre 
des' faujfes  nouvelles  ;  comme,  parvenir  par  de  mauvais 
Tes  voies  ,  c'eft,  parvenir  par  telles  voies  qu'on  doit  met^ 
tre  au  nombre  des  mauvaifes  ,  Sic.  On  voit  donc  que  fi 
dans  ces  exemples  ,,  de  n'indique  pas  de  rapport  entre 
ofrir  Se  argent  ,  donner  Se  le  pain  ,  débiter  &  les  nouvelles  ij 
fauffes  ,  par  &  mauvaifes  voies  ,  il  ne  s'enfuit  pas  qu'il  |l 
n'indi]uc  aucun  rapport,  puifqu'il  en  marque  de  très  '^ 
réels  entre  quantité  Se  argent ,  portign  Si  pain  ^  nom.bre  3C 


PRE  1(^1 

voies  ou  nouvelles.  Que  fi  l'on  a  cru  devoir  fupprimer 
dans  ces  phrafcs  les  mots  quantité ,  portion^  nombre  ^  Sec. 
parceque  par-là  on  abrégcoit  le  difcours  fans  robfcur- 
cirj  cela  n'a  rien  changé  a  la  nature  du  mot  de ,  qui 
ayant  été  là  comme  ailleurs  une  prépofition  iimplemenc 
dite  ,  n'a  pu  celler  de  l'être  depuis  qu'on  a  jugé  à  pro- 
pos de  fous-entendre  un  mot  qui  fe  trou  voit  avant  elle. 

Nous  remarquerons  ici  en  premier  lieu  ,  que  fi  ui'C 
prépofition  eîl  iuivic  de  pluiieurs  complémens ,  elle  doit 
fe  répéter  à  chacun  d'eux  ;  on  ne  dit  pas  ,  j'ai  travaillé 
pour  vous  &  moi  »  contre  elle  &  lui  ;  je  dévends  des  loix  & 
le  Roi;  je  vais  à  Lyon  &  Avignon  ,  &c.  Mais  ,  j'ai  tra- 
vaillé poUr  vous  &  pour  moi  ;  contre  elle  &  contre  lui<,  je 
dépends  des  Loix  &  du  Roi  ;  je  vais  a  Lyon  6"  a  Avi- 
gnon. Cette  réojle  eil:  de  M  Girard  ,  Vrais  principes  de  fa 
Langue  Françoife ^  Tome  II.  page  izi.  Mais  quoiqu'il 
femble  l'annoncer  com.me  régie  générale ,  il  nous  parcîc 
pourtant  qu'il  ne  vouloir  parler  alors  que  de  la  prépo- 
lîtion  de  :  en  effet ,  nous  ne  trouvons  que  cclle-ia  av^c 
deux  autres  qui  font  a  Se  en ,  qui  Cchm  le  génie  de  la 
langue  &  les  loix  de  l'ufage  ,  doivent  fe  trouver  à  la  tére 
de  chacun  de  leurs  complémens,  Icrfqu'ii  arrive  qu'el- 
les en  ont  plulîeurs  de  fuite.  Seulement  il  faut  obfer- 
ver  que  fi  une  prépofition  eft  immédiatement  fuivie  d'un 
adjedif  au  pluriel  qui  fe  rapporte  à  piufieurs  noms  qui 
viennent  après  ,  ces  noms  &  ces  adjedifs  ne  font  qu'un 
fcul  complément  ;  c'eft  ainfi  qu'on  dit ,  il  ejî  fort  atta^ 
ché  a  fès  père  &  merc ,  nous  l'avons  appris  des  anciens 
I  Grecs  &  Romains  ;  quoiqu'on  doive  dire  en  redoublanç 

Iles  mêmes  prépofiiions  ,  fi  cet  2.à]t£tiÇ  n'y   cft  point  , 
ou  s'il  ne  fe  rapporte  qu'au  premier  nom  ,  ou  s'il   efî 
j  répété  à  chacun  d'eux  j   il  ^fl  fort  attaché  à  fin  père  &  à 
ifa  mère  ;  nous  l'avons  appris  des  Grecs  &  des  Romai;:s  , 
j  Sec.  Pour  ce  qui  cft  des  autres  prépofition^  ,  elles  font  à 
<  cet  égard  fujettcs  à  des  variations  qu'il  feroit  difficile  de 
:  ramener  à  des  principes  certains  ,  &  dont  on  ne  peut 
^'affurer  que  par  i'ufage.  Nous  en  donnerons  pour  cha- 
cune un  péri:  nombre  d'exemples  ,  en  ne  répétant  la 
prépofition  que  dans  ceux  où  l'ufage  exige  qu'on  la  ré- 
pète y  pour  ceux  oii  elle  ne  fera  exprimée  qu'unis  Fois  de-- 
"Vant  piufieurs  complémens ,  il  ea  eft  très  peu  où  elio 


i6i  PRÉ 

ne  puifTe  également  fe  redoubler.  Cke^  les  grands  &  les 
jpetits.  Chci  ^^^  Egyptiens  à  les  Perfes  :  che^  vous  &  cke^ 
moi.  Ckei  Cicéron  &  che^  Céfar  ^  8cc.  Dans  la  ville  & 
les  fauxbourgs .  Dans  la  capitale  6*  les  provinces.  Nous 
ne  voyons  point  d'exemple  où  cette  prépofîtion  doive 
abfolument  fe  répéter  ,  dans  les  cas  où  nous  n'en  don- 
nerons point  3  feulement  il  faut  fe  fouvenir  qu'elle  doit 
fe  répéter  quand  les  complémens  n'ont  point  d'article. 
Squs  l'autorité  des  Loix  &  la  protecîion  du  Roi.  Sur 
votre  parole  6*  fon  amitié.  Sur  mer  &  fur  terre.  Sur 
Pierre  ^  fur  Paul.  Sous  t agrément  &  le  bon  plaifr  de 
fon  maître.  Sous  votre  fiége  6*  le  fien. 

Devant  le  Général  &  les  principaux  Officiers.  Devant 
lui  6*  elle.  Derrière  le  village  &  les  jardins.  Derrière  /ç 
^oiS:  &  la  montagne.  Parmi  les  hommes  &  les  animaux. 
Parmi  les  citoyens  &  les  étrangers.  Kers  l'Gricnt  &  le 
J^idi.  Vers  le  père  &  la  m.ere. 

Avant  Vêpres  &  Complies.  Avant  la  difpute  &  les  in- 
jures. Apres  le  'feu  ^  la  promenade  ,  les  fpeciacles.  Apres 
le  vin  6"  les  liqueurs.  Apres  vous  &  moi.  Depuis  votre 
départ  &  fon  arrivée.  Depuis  fon  malheur  6*  fa  ruine. 
Selon  ta  coutume  &  les  ufages.  Selon  fcs  réponfcs  &  fes 
çbjecîions.  Suivant  l'Evangile  &  les  Conciles.  Suivant  les 
Loix  6*  les  Ordonnances.  Durant  l'Automne  &  le  Prin-  ' 
îems.  Durant  le  dîner  &  le  fouper.  Pendant  t  Hiver  &  ' 
^'Eté.  Pendant  fon  enfance  ^^  fa  jeuneffe.  Excepté  le  dé- 
^ut  ^  la  conclufion.  Excepté  fon  humeur  &  fes  caprices. 
Ilors  les.  meubles  &  les  ha,bits.  Hors  le  flylc  ^  les  épi- 
grammes.  Hormis  vous  &  votre  frère.  Hormis  l'amour  &" 
Bacchus.  Nonobfiant  les  cris  &  les  plaintes.  Nonobjîant 
vos  difcours  &  fes  prétentions. 

Envers  le  Roi  &  la  Nation.  Envers  Dieu  &  les  hom-' 
mes.  Touchant  vos  droits  ^'  les  fiens.  Touchant  fon  perç 
&  fon  ayeul.  Entre  vous  &  moi.  Entre  le  devoir  &  lespaf- 
fions.  Avec  la  mère  &  la  fille.  Avec  fes  armes  &  fon 
Bouclier.  Parla  Cham.pagne  &  la  Lorraine.  Parle  crime 
&  la  vertu.  Outre  le  fond  6'  les  rentes.  Outre  cette  rai- 
fou  6"  beaucoup  d'autres^  Sens  confdéraîion  ,  ni  crédit  ^  | 
a/  reffources.  Sans  talent  ni  travail.  Sans  vous  6'  moi. 

Contre   la    jufticc  &   l'humanité.  Contre  la  France  6^ 
t'Efpagne.  Malgré  la  RuJJîc  ^^  laPruffc.  Malgré  fe^  dé- 


I 


P  R  Ê  i(?3 

tours  &  fin  adrejfe.  Pour  l'Angleterre  &  la  Hollande. 
Pour  le  lien  public  6'  le  particulier.  Pour  vous  6*  pour 
moi  j  Sec. 

On  voit  évidemment  cju*on  n'a  pu  donner  pour  prin- 
cipe général  que  le  génie  de  la  langue  vouloir  que  la 
prépofîtion  fût  toujours  répétée  avant  chacun  de  fes 
complémens.  Mais  fi  ces  coniplémens  font  des  noms 
fubftantifs  communs  ,  &  que  l'un  ait  un  article  ,  tandis 
que  l'autre  n'en  a  point  5  alors  la  prépofîtion  le  répète. 
Il  faut  aufTi  prendre  garde  que  fî  ces  complémens  font 
unis  par  quelqu'autre  conjondion  que  6",  la  prépof.- 
non  fe  doit  redoubler.  Il  n'y  a  quey^^^zi-  qui  puili'ene  fe 
trouver  qu'une  fois  pour  plufieurs  complémens  liés  par 
la  conjondion  ni  :  les  autres  prcpofitions  devroicnt  fe 
ciire  autant  de  fois  qu'il  y  auroit  de  com.plémens  &  de 
conjonélions.  Il  n'y  a  donc  que  les  prépoficions  a  ,  de  ^ 
6c  en  ,  qui  ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit ,  doivent  tou- 
iours  &  fans  exception  fe  trouver  à  la  tête  de  chacun 
uc  leurs  régimes  :  M.  Girard  en  donne  entr'autres  ces 
deux  exemples  ;  cefi   la  coutume  des  peuples  les  plus 
barbares  &  des  plus  civilifés  ,  d'avoir  un  cérémonial  pour 
les  actions  publiques.  V amour  attaque  le  cœur  de  l'hom^ 
me  fige  &  de  l'étourdi  :  d'où  il  tire  cette  remarque  ,  que 
(i  l'on  place  après  le  complément  un  adjcifiif  qui  ajoute 
un  fécond  rapport  au  premier  ,  alors  cet  adjeélif  deve- 
nant lui-même  nouveau  complément ,  demande  la  ré- 
pétition de  la  propofîtion  :  dans  ces  phrafes  ,  c'efi  unet 
des  fimmes  des  plus  belles  de  Paris.    C'eft  un  des  Ju- 
ges des  moins  habiles   du  Châtelet ,   les  adjectifs  plus 
belles  &  moins  habiles  ne  font  pas  uniquement  pla- 
cés ,    dit    ce  Grammairien  ,  pour    qualifier  les  fub- 
ftantifs  fimmes  &  Juges  ;  car  alors  il  auroit  fallu  dire  , 
t'efl  une  des  plus  belles  fimmes  de  Paris.  Cefi  un  des. 
moins  habiles  Juges  du  Châtelet;  ils  y  font  employés 
pour  énoncer  un   fécond  rapport  extradif.  De  façoa 
qu'après  avoir  fait  un  premier  extrait  de  la  totalité  des, 
femmes  &  des  Juges  par  le  moyen  de  la  première  pré- 
polîtion  de  ,  ci>  difant ,  c'efi  une  des  fimmes  ^  c'eft  urt 
des  Juges  y  on  fent  que  même  en  y  ajoutant  de  Paris  ^ 
du  Châtelet ,  on  ne  dit  pas  encore  tout  ce  qu'on  voutoit 
faire  entendre  j  &  que  pour  rendre  la  penfée  com.plettft 


1(^4  PRÉ 

telle  qu'on ,  l'a  dans  refprit ,  il  faut  encore  faire  un 
autre  extrait  plus  reftreinc  dans  ce  nombre  de  femmes  & 
de  Juges  que  le  plus  de  beauté  &  le  moins  d'habileté 
diflinguent  du  refte  de  leur  totalité  5  ce  qui  ne  peut 
s'exécuter  que  par  la  répétition  de  la  prépofîticn  de- 
vant ces  adjcélifs  :  Cefi  une  des  femmes  des  plus  belles. 
Ceji  un  des  Juges  des  moins  habiles.  C'eft  donc  la 
multiplicité  des  rapports  qui  décide  pour  la  répétition 
de  cette  prcpofition  :  on  la  répéteroit  même  trois  & 
quatre  fois,  {ilo.  cas  le  demandoit,  comme  dans  cet 
exemple  ;  cefl  un  des  hommes  des  plus  décidants  ,  des 
moins  infiruits  y  des  plus  fujets  à  prévention  ^  &  des  mieux 
pourvus  d'amour  propre.  Si  l'on  s'avifoit  de  dire  :,  c'ejr  un 
des  hommes  les  plus  décidants  ,  les  moins  infiruits  ,  les 
plus  fujets  a  la  prévention  ,  ê»"  les  mieux  pourvus  d'amour 
propre  ,  ce  langage  paroîtroit  à  tout  le  monde  ce  qu'il 
cft  ,  obfcur  &  barbare.  .  .  Ne  pourroit-on  pas  faire  ob- 
ferver  à  M.  Girard  que  cette  phrafe,  c  efi  une  des  femmes 
des  plus  belles  ,  comme  toutes  les  autres  fcmblables  ,  fc 
peut  également  changer  en  celles-ci  ,  c'efi  une  des  fem^ 
Tues  qui  font  du  nombre  des  plus  belles  j  cefi  une  des  fem^ 
mes  qui  font  tes  plus  belles  de  Paris  ;  &  qu'en  retran- 
chant par  elljpfe  ces  mots  ,  qui  font  du  nombre ,  qui  font , 
il  refte  également  ,  c'efi  une  des  femmes  des  plus  belles  , 
ou  c'e[l  une  des  femmes  les  plus  belles  i  que  la  raifon  juf- 
tifîeroit  auffi  aifémcnt  l'une  que  l'autre  de  ces  deux  fa- 
çons de  parler  ,  &  que  c'cft  dès-lors  à  l'ufage  feul  à  dé- 
cider la  queftion  j  mais  que  l'ufage  paroiilant  adopter 
l'un  &  l'autre  de  ces  dçux  tours  de  pnrafcs  ,  on  ne  doit 
point  les  condamner  ,  &:  qu'enfin  il  n'a  pas  raifon  de 
dire  que  lî  l'on  ne  devoir  point  répéter  la  prépolition  il 
faudroit  mettre  l'aHieélif  avant  le  fubftantif,  endifant  : 
c'efi  une  des  plus  belles  femmes  ,  puifque  cet  adjcélif , 
étant  au  fuperlatif  &  fuivi  de  quelques  autres  mots  qui 
pui/Tent  s'y  rapporter  ,  fe  place  également  avant  ou 
après  le  nom  qu'il  qualifie  ,  &  qu'on  dit  aullî  bien  5  cefi 
la  fille  la  plus  belle  de  Paris  ^  3c  c'efi  la  plus  belle  fille  de 
Paris  ? 

De  tout  ce  qui  concerne  les  prépofitions ,  il  ne  nous 
jrefte  plus  que  quatre  points  de  conftruélion  à  décider: 
leur  place  \  la  propriété  qu'elles  ont  d'admettre  ,  d'exi-* 
gcr ,  ou  de  rejcttcr  l'article  avant  leur  complément  5  le 


PRE  1^5 

iroit  que  quelques-unes  d'entr'clles  ont  d'en  régir  d'au- 
tres en  certaines  occalions  j  &  comment  plufieurs  peu- 
vent devenir  des  conjonctions  compofées. 

i'\  La  prcpoficion  doit  toujours  être  à  la  tête  de  Ton 
compicment  3  cette  réi^le  cft  fans  exception  :  c'eft  mê- 
me dc-là  que  vieat  le  mot ,  prépojîtion  {  qui  efi  placé  de- 
vant). Mais  11  le  complément  eltcompofé  de  plulieurs 
mots  ,  quel  cfr  celui  qui  doit  marcher  immédiatement 
après  la  prépofirion  ?  Il  clt  fur  qu'il  n'y  en  a  qu'un  dans 
ce  cas  qui  (oit ,  à  la  rigueur ,  fous  le  régime  de  la  prépo- 
sition employée  3  les  autres  mots  qui  s'y  trouvent  font 
réi^is  par  ce  mot  principal  au  fcivice  duquel  ils  font  :  il 
paroît  donc  que  la  prcpolîtion  devroit  avoir  ce  mot 
principal  immédiatement  après  elle.  Mais  il  efl  des  ré- 
gies de  conftriiérion  qui  empêchent  fouvent  que  cela  ne 
i^ohyd  le  mot  principal  du  complément  eft  un  fubftan- 
tif,  il  peut  y  avoir  un  ou  deux  adjcdifs  qu'il  foit  d'ulage 
de  faire  précéder^  ces  adjectifs  peuvent  s'aiibcier  encore 
d'autres  mots,  ou  parccqu'ils les  régilfent  eux-mêmes  , 
ouparccqu'îis  feront  au  comparatif  ou  au  fuperlatif  :  il 
en  eft  de  même  fi  le  régime  principal  de  la  prépofition 
eft  un  verbe  ;  celui-ci  peut  être  accompagné  de  plufieurs 
particules  négatives  ou  auy.es ,  &:  de  pronoms  que  l'u- 
fage  fera  marcher  avant  luik  Ainil  la  prépoiition  fe  trou- 
vera quelquefois  écartée  du  mot  qui  cft  fon  régime  pro- 
prement dit  3  mais  elle  fera  toujours  à  la  tête  de  tout  ce 
qui  compofe  fon  ccraplém.ent.  Tout  ce  qu'il  y  a  ,  c'eft 
que  fi  les  mots  qui  fe  trouvent  devant  le  principal ,  peu- 
vent auiîl  bien  fc  mettre  après  ,  ils  devront  le  faire  à 
caufe  de  la  prépofition  ,  parccque  celle-ci  fe  place  tou- 
jours le  plus  près  qu'il  cft  potable  de  fon  régime  ,  & 
qu'elle  ne  dojc  s'en  éloigner  que  dans  les  cas  de  néceÏÏî- 
té.   On  dit  donc  ,  j'étois  arec  la  plus  aimable  femme 
du  quartier.  Il  a  trop  de  confiance  en  vous  ^  pour  ne  vous 
en  peint  parler  ,    8zc.  où  les  mots  femme  ^  parler  ^  qui 
font  proprem.cnt  régis  par  avec  ,  &  pour_,  en  font  néan- 
moins fiparés. 

i".  L'article  n'accompagne  avec  la  prépof  tion  que  les 
noms  qu'il  accompagneroit  fans  elle  ,  c'eft-à  dire  les 
fubftaniifs  com.muns  ou  génériques,  &  ceux  qu'on  y 
emploie  à  «r»  fcivice  parç;i  au  leur  lyôyei  Arxicli, 


i6Ô  PRÉ 

Mais  tontes  ks  prépofîtions  ne  le  fouffrcnt  pas  égale- 
ment,  même  avant  cesfubftantifs.  Il  y  en  a  vingt  &  une 
«jai  Fexigent  toujours  ,  s'il  n'eft  remplacé  par  quelque 
prépoftrîon  équivalente  :  ce  font ,  chei ,  dans  ^  Jous ,  de- 
vaatt  ^  derrière  ^  parmi  ^  vers  ,  avant  ,  apr'es  y  depuis  j,Jè' 
ion^fiâvant  ^  durant ,  pendant  y  des  ^  excepté ,  hors  ,  hor- 
mis ,  nan-aSfiant  ,  envers  y  touchant,  Che^  le  Roi  y  dans 
i£s  jardins  y  Jous  le  dais  y  devant  tout  le  monde  ,  &c.  & 
non  pas,  che^  Roi  ,  dans  jardins  ,  Sec.  Si  l'on  dit ,  cke-:^^ 
vous  ,  dans  Paris ,  &c.  c'eft  que  vous  ,  Paris  ,  &c.  font 
è&  naimire  à  ne  jamais  fouffrir  d'article  5  ainii  ce  n'cft 
poîîit  la  prépoltîtion  qui  les  en  prive.  On  dit  encore, 
f&us^capc  :  mais  ces  deux  mots  font  unis  de  manière  à 
me  faire  plus  que  comme  un  fcul  mot  adverbial, 

Noos  avons  déjà  déclaré  que  la  prépoiîtion  en  nzàr 
metjaiiiais  Far ticle  après  elle.  Les  autres  qui  font/^^r, 
emire  ,  avec ,  par  ,  outre ,  fans  ,  contre ,  malgré ,  pour  , 
de  Sl  a^  permettent  à  l'article  de  fe  placer  après  elles 
avant  îes  noms  génériques  ,  eu  le  lui  défendent ,  feloa 
la  dïMercnte  manière  dont  elles  annoncent  le  complé- 
ment ;  ou  plutôt  c'eft  à  la  manière  dont  l'cfprit  conddé:  e 
nom  qui  fuit,  à  décider  fî  l'article  doit  y  être  ou  non. 
Quand  ce  nom  qui  fert  à»  complément  à  la  prépoiî- 
tion, effc  pris  individuellement ,  l'article  doit  l'annon- 
cer ;  quand  ce  nom  eft  pris  dans  un  fens  qualificatif  oa 
vagae^  général  ,  &  indéterminé  ,  l'article  ne  peur  s'y 
trouver.  Cette  règle  eft  infaillible  dans  la  pratique  j 
une  explication  plus  ample  en  feroit  métaphylique.  Au 
reftc  ,  voyf^  là-de/Tus  le  mot  Article.  Ici  nous  allons 
donner  quelques  exemples  qui  pourront  la  faire  fcntir  à 
ceux  qui  ont  le  taét  aîfez  délicat  :  les  autres  n'ont  qu'à 
prendre  garde  à  ce  qu'ils  lifent  &  à  ce  qu'ils  entendent. 
Sur  le  rivage  de  la  mer.  Etre  fur  pied.  Aller  de  pair.  On 
voit  fouvent  la  même  méfintelligence  entre  les  frère  &  fœur^ 
qu  entre  les  père  6*  mère.  L  a  paix  eji  rarement  de  dwée 
entre  mari  ^  femme.  Entre  chien  &  loup.  Quand  une  paf-^ 
(ion  nous  attaque  avec  tous  Us  ag/émens  de  la  nouveauté  ^ 
é?  tous  les  charmes  de  l'illufion  ,  elle  eft  pnfque  toujours 
villorieufe  ,  quoique  la  raifon  la  combatte  avec  force.  Sans 
h  médifance  ^  le  jeu ,  on,  verrait  la  ficiété  ian^uir^  Si 


P  R  Ê  1(^7 

fon  êtokfans  erreur  L' fans  efpérance  y  on  feroît  fans  plai- 
firs.  S' embarquer  malgré  vents  6*  marée.  Il  y  e/i  allé  mal- 
gré les  confeils  defes  amis.  Une  femme  a  caprices  efi  quel^ 
quefois  plus  agréable  aux  hommes :,  qu'une  femme  bien  rai- 
fonnable.  IS homme  efl  fouvent  comme  une  machine  a  ref- 
Jorts  ;  c'ejî  à  l' intérêt  fur-tout  qu'il  appartient  de  le  mou-^ 
voir ,  &:c. 

3''.  Il  s'agit  ici  du  droit  que  quelques  piépofitions  ont 
d'en  régir  d'autres  en  certaines  occafions  :  ce  n'eft  pas 
que  les  deux  qui  fe  trouvent  réunies  ,  foient  néceifaires 
pour  exprimer  un  même  rapport  5  au  contraire,  cela  ne 
le  trouve  que  quand  un  même  mot  ,  un  même  complé- 
ment fe  trouve  affujctti  à  deux  rapports  difrcrents  dont 
chacun  exige  une  prépofiidon  particulière  :  dans  les  cas 
fcmblables  le  rapport  exprimé  par  la  première  prépofî- 
tion  efi:  toujours  plus  général  que  le  fécond  ;  il  com- 
prend même  celui-ci  dans  fon  étendue  ;  c'eft  la  féconde 
prépofition  qui  régit  le  complément^  &  la  première  ré- 
git la  féconde  conjointement  avec  fon  complément, 
C'eft  ainfi  ,  qu'on  dit ,  parler  d'après  autrui.  Je  penfois  a 
tout ,  excepté  a  cela.  On  le  voit  av^c  toutes  les  femmes  , 
hors  ou  hormis  avec  la  fîenne  ,  &c.  Ce  droit  de  régir 
d'autres  prépofîtions  ne  paroît  accordé  qu'à  ces  quatre 
ou  cinq  j  de  ,  pour  ^  excepté  ,  hors  ou  hormis  j  encore 
n'en  régilTent- elles  chacune  qu'un  certain  nombre  d'au- 
tres. De  régit ,  entre  ,  après  ^  che^  ,  avec  ^  en  Se  par  , 
comme  j  plufeurs  d'entre  vous  s'y  font  trouvés.  Il  travaille 
d'après  un  maître  habile.  Je  venois  de  che^  votre  ami.  Il 
vous  faut  fortir  d'avec  lui.  Les  ornemens  d'en  haut  éga^ 
lent  la  folidité d' en  bas.  De  par  le  Roi.  Pour  peur  avoir 
droit  fur  cinq,  qui  fontj  après  ,  dans  3  devant ,  à  ,  &  der- 
rière. Ce  fera  pour  après  fouper  y  pour  dans  huit  jours  , 
pour  devant  la  maifon  ^  pour  à  côté  ,  pour  de-riere  le  mur. 
JE^xcepté ,  hors  ou  hormis  en  admettent  vingt  fous  leur 
régime  ,  fa  voir  ,  che^  ,  dans  ,  fur,  fous  ^  devant  ,  der- 
rière ,  parmi  j  vers  ,  envers  ^  avant ,  aprcs  ,  entre  ^  de-. 
jpuis  j  avec  ,  par ,  durant ,  pendant  ^  de ,  a  ^  8c  en. 

Nous  ne  donnerons  que  peu  d'exem.ples  :  on  le  trouve 
par-tout  y  excepté  chei  lui.  Il  efi  ajfe^  véridique ,  exceptç 
éans  ce  qu'il  dit- de  fon  rival.  J'ai  cherché  par^tçut  ^  c^ç-^ 


16%  PRE 

ceptéfous  la  commode,  Ils'efi  déchaîné  far  tous  ,  hormis 
fur  vous  ^  Sec. 

4°.  Quelques  prépofitions  peuvent  avoir  après  elles 
un  que  conjondif ,  fuivi  d'un  verbe  &  de  plufïeurs  ancres 
mots  qui  feront  en  régime  avec  ce  verbe  :  c'cft  ainft 
q!i'on  dit,  je  l'ai  fu  avant  que  vous  m'en  eujfiei^  parlé.  M. 
Girard  regarde  ce  que  &  tous  les  mots  qui  le  Tuivent , 
Comme  un  fimple  complément  de  la  prépofition  ;  peu. 
importe  ,  dit-il ,  que  ce  complément  foit  énoncé  par  un 
verbe  ou  par  un  nom  :  &  de-là  il  conclut  que  ,  avant 
que  n'eft  point  &  ne  peut  être  une  conjonélion,  il  blâme 
même  avec  une  forte  d'indignation  les  Grammairiens 
qui  comptent  cette  exprelllon  &  Tes  fcmblables  parmi 
Jes  conjondions.  Nous  avouerons  fans  peine  qu'elles 
ne  font  point  des  conjonélions  dans  la  force  du  terme  , 
puifqu'elles  ne  font  pas  des  expreiîicns  (impies  j  mais  il 
cft  forcé  lui-même  de  convenir  qu  elles  s'emploient  ab- 
fblument  au  même  fer  vice  ;  d'où  nous  concluons  qu'on 
peut  les  appeller  des  conjonctions  compofées.  La  (cule 
différence  qu'il  y  ait  entre  celle-ci  &  plufieurs  autres  que 
lui-même  met  au  rang  des  (impies  ,  c'efl:  que  les  unes 
font  formées  de  pluiieurs  mots  que  l'ufage  a  réunis  en 
un  feul  ,  au  lieu  que  dans  les  autres  ,  les  mots  qui  les 
compofent  s'écrivent  féparément.  Quoi  qu'il  en  foit , 
nous  trouvons  quatorze  de  nos  prépo(itions ,  qui  peu- 
vent avoir  après  elles  ce  que  conjondif ,  &  former  avec 
]ui  une  conjondion  compofée  j  ce  font,  avant ^  aprcj ^ 
des,  depuis  ^  félon  ,fuivant ,  outre  ,  pendant  ,fans  ,  ex- 
cepté ,  hors ,  ou  hormis  ,  malgré ,  nonohflant,  pour.  Avant 
que  vous  fujfie^^  arrivé ,  je  lui  avais  déjà  dit  les  mêmes 
chofes. 

Mais  avant  que  partir  je  me  ferai  juftice. 

Racine  dans  Mithr'uUte. 

Suivant  M.  l'Abbé  d'Olivet  on  doit  toujours  dire  en 
profe  ,  avant  que  de  :  il  convient  cependant  que  les 
meilleurs  Ecrivains  mêmes  fe  permettent  de  dire  en  profc 
avant  de. 

Il  faut  toujours  ayant  ^«^  devant  un  fubjondifj  avant 


PRE  16^9 

vov';  partie^.  Cet  avant  que  cft  alors  Vantequam  des 

La  rai  Ton  pour  laquelle  nous  ferions  aujTi  de  l'avis 
M.  l'Abbé  d'Olivec  ,  c'eft  que  avant  marque  l'ordre 
cricur  ,  annonce  une  comparaifonj  aind  il  devroit 
c  toujours  fuivi  d'un  que.  Quant  à  la  prcpolition  de 
.wc  efl:  indifpenfable  ,  parcequ'elle  fert  à  marquer  l'ob- 
ier dz' avant  :  voye^  ci-devant  les  dilïercns  cas  où  elle 

s\.mploie. 

Ah  î  devant  qu'il  expire. 

Racine  dans  Andromaque. 

M.  l'Abbc  d'Olivet  fait  obferver  qu'il  y  a  deux  faa- 

clans  cet  hémiftiche.  Devant ,  comme  on  l'a  vu  ci- 

-..ifus  ,  eft  relatif  au  lieu  &  non  au  tems.  D'ailleurs  il 

ne  peut  être  fuivi  d'un  que  :  il  faudroit  dire ,  avant  qu'il 

.  nire. 

Apres  que  vous  aure:^  fait  cela  ^  nous  verrons  ce  qu'il 
'  jiut  vous  accorder.  Dès  que  farûour  s'empa'^c  d'un  cœur  , 
c.u>«  la  raifon.  Depuis  que  la  Philofophie  s'efi  emparée 
ck  la  Littérature  i  celle-ci  a  beaucoup  perdu  de  /on  brillant 
i}"  de  fes grâces. 

Ah  !  depuis  qu'une  femnvea  le  don  de  fe  taire. 

Corneille  dans  le  Afentei^T' 

Depuis  y  dit  M.'  de  Voltaire  ,  ne  peut  être  employé, 

pour  quand,  pour  des-la  que  ^    lorfque.   Ce  moi  depuis. ^ 

dénope  toujours  un   tems  pallé.  Il  n'y  a  point  d'excep* 

t'oa  à  cette  règle.  C'eft  principalement  aux  étrangers 

i  que  j'adrelfe  cette  remarque.  Cor.ii'///^  corrigea  depuis  ;"  , 

^  -■.■;-  ; 

Monfiéur  ;  quand  une  femme  a  le  don  de  fe  taire. 

Efl^on  récompenfé  ou  puni  fclon  qu'on  le  mérite  ?  Bien 
des  hommes  n'ont  de  fenjîbilité  que  fuivant  qu'ils  font 
malheureux.  Outre  qu'ils  font  mépri fables  ,  ils  font  encore 
injufles  Pendant  quil  en  eft  temps  encore  ,  confultei-vous} 
Les  homm.es  font  a/fe^  criminels  fans  qu'on  leur  donne  de 
nouveaux  motifs  de  le  devenir.  Il  a  reçu  de  vous  tous  tét- 
mauvais  traitements  pojjibles  ,  excepté  que  vous  ne  tave:^^ 


ifà  PRE 

pas  battu.  Je  ne  le  ferai  jamais  hors  qiion  ne  tordonnt-. 
L'homme  efl  toujours  la  dupe  des  caprices  &  des  minau- 
deries de  la  femme  ^  malgré  quilles  condamne  &  paroijfe 
les  mJprifer.  Il  faut  le  faire  ,  nonobfiant  que  Madame 
s'y  oppofe.  Pour  que  l'on  vous  écoute  ,  écoutei  vous  mê- 
me j  êcc. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  de  Tufage  des  prépofi- 
tions  3  fuffira  aux  perfonnes  attentives  pour  voir  en  gé-»- 
néral  quelle  eft  celle  d'entr  elles  qui  doit  fe  placer  en« 
tre  tel  verbe  &  tel  régime  :  mais  comme  il  y  a  là-def- 
fus  une  variation  fîngulicre  ,  &:  qui  Couvent  ne  paroîc 
être  l'ouvrage  que  du  caprice,  il  e(t  certain  qu'il  ref- 
tera  encore  bien  des  cas  particuliers  qui  pourront  em- 
barrallcr.  M.  Girard  en  examin;^  deux  qui  paroifTent 
être  des  plus  difficiles  à  décider  :  il  demande  s'il  faut  {e 
fervir  de  la  prépofition  à  ou  de  la  prépolition  de  après 
Jcs  verbes  obliger^  ôc  commencer ^  lorfque  le  complément 
de  ces  verbes  ell:  un  autre  verbe  à  l'infinitif  ?  Il  remar- 
que d'abord  que  obligera,  deux  lignifications  j  &  il  dé- 
cide qu'il  prend  la  prépofition  à  ,  lorfqu'il  fignifie, 
contraindre  ou  engager  y  comme  ,  vous  m' obligerez  à  vous 
abandonner.  Les  voleurs  nous  obligèrent  à  changer  de  route. 
Mais  ce  verbe  doit  avoir  la  prépofition  de  ^  quand  il 
fignifie  ,  faire  plaifir ^  ou  rendre  jervi ce  \  comme  ,  vous 
m'obligce:^  beaucoup  de  vouloir  bien  lui  parler  de  moi.  De 
forte  qu'une  même  phrafc  peut  avoir  deux  fens  bien 
différens  j  par  la  feule  diverfité  de  ces  deux  prépofi- 
tions.  Le  ton  de  menace  fera  dire  ,  ils  m'obligeront  à 
prendre  d'autres  mefures  ;  &  le  ton  de  prière  dira  ,  ils 
m'obligeront  de  prendre  d'autres  mefures.  Cette  règle 
change  quand  le  verbe  oblgercO:  au  pafiif  ^  en  ce  qu'a- 
lors de  y  figuic  également  bien  dans  l'un  &  dans  l'au- 
tre fens.  Je  vous  Juis  obligé  de  m' avertir  que  cette  conduite 
refroidit  mes  amis.  Je  fus  hier  obligé  d' aller  à  la  campa* 
gne.  De  ces  décifions  ,  nous  ne  trouvons  que  la  premiè- 
re qui  puillc  fouft-rir  des  contradideurs.  Il  femble  en 
effet  que  l'ufagc  permette  autant  de  dire  ,  les  voleurs 
nous  obligèrent  de  changer  de  route  ,  que  de  dire  ,  ils 
nous  obligèrent  a  changer  de  route.  Il  n'y  a  pas  plus  d'am- 
phibologie en  cela  ,  que  dans  le  paûif  oii  l'on  fe  fcrC 
4c  la  prépofition  de  pour  les  deux  fens  )  &  de  ce  que  \i 


P  R  É  t7c 

Mépofition  h  ne  peut  fervir  pour  ic  (ccoîîcÎ  ,  il  ne  s'en^» 
fuie  pas  que  l'autre  ne  puifFe  fervir  pour  le  premier. 
Le  rcfte  du  difcours  ,  les  circonftanccs ,  &  le  ton  de  ce- 
lui qui  parle  ,  fuflîroicnt  ici  pour  empéclicr  de  iè  mé- 
ptendre  au  vrai  fens  de  la  phrafe  :  enfin  ce  n'eift  qu'une 
affaire  d'ufage  ,  &  M.  Girard  paroîc  n'avoir  pas  aîTcz 
confidéré  combien  de  perfonnes  cultivées  difcnttous  les 
jours  >  vous  mobligereT^  de  vous  abandonner ^  auiïï  biea 
que  ,  vous  m'obligerc:^  a  vous  abandonner ,  en  prenant 
obliger  dans  le  fens  de  contraindre. 

Nous  ferons  davantage  de  fon  avis  touchant  ce  qu*il 
dit  du  verbe  commencer  j  par  rapport  aux  mêracî:  prépo- 
fitions  :  quand  l'infinirif  qui  fert  de  complément  à  ce 
verbe  ,  n'efi:  fuivi  d'aucun  régime  ,  on  peut  employer  îa 
prépofition  de  ;  il  commence  de  marcher.  Il  commence  dz 
guérir  ^  de  fe  mieux  porter ,  Sec.  Mais  iî  cet  in£nirif 
avoir  à  fa  fuite  quelque  régime  qui  lui  fût  propre,  ob* 
jedif  ou  terminatif ,  il  faudroit  le  faire  précéder  de  la 
prépofition  à.  Ce  Médecin  commence  à  guérir  les  TnaLi- 
I  des.  Ce  jeune  homme  commence  à  fe  livrer  a  des  payons 
qui  le  perdront.  L'ufage  paroît  favorifer  cette  règle. 

Voici  encore  un  exeirple  de  la  prépoiîtion  de  après 
un  verbe. 

Et  je  puis  dire  enfin  que  jamais  Potentat 
N'eut  à  dclibércr  d'un  (î  grand  coup  d'Etat. 

Corneille  dans  Pctn^ù. 

3>  L'ufage  veut  aujourd'hui  que  délibérer  foit  fuîvî  tîc 
3>  la  prépolîtion y^^r  ;  mais  le  de  ç.(ï  aufli  permis.  On  dé^ 
-.j  libère  du  fort  de  Jacques  II  dans  le  Ccnfeil  du  Prince 
-.-.  d'Orange.  Mais  je  crois  que  la  règle  efl:  de  pouvoir 
5i  employer  le  de  ,  quand  on  fpécifie  les  intérêts  donr 
33  on  parle.  On  délibère  aujourd'hui  de  la  néceiîité  ou  /iw 
^3  la  néceflîté  d'envoyer  des  fecours  en  Allemagne.  Oa 
j::  délibère  fur  de  grands  intérêts  ,  fur  des  points  impor- 
=j  tants. 

M.  de  Voltaire, 

Afia  de  la  convaincre  6c  détromper  le  Roi. 

Ccmeille  daûs  Nicontéde, 

?5  II  faut  pour  l'exa^^tud^  ^  de  détromper,  mais  ccttCi 


iTi  PRE 

35  licence  eft:  fouvent  très  excufable  en  vers.  Il  n'efl:  pas 
to  permis  de  la  prendre  en  profe.  M.  de  Voltaire. 

M.  l'Abbé  d'Olivec  obferve  que  l'emploi  de  la  p'cpo- 
lîcion  de  ,  dans  le  fens  à' avec  ou  de  par  ^  étoit  familier  à 
Racine  &  à  Delpréaux. 

D'où  vient  que  d'un  foin  n  cruel , 

L'injufte  Agameinnon  m'arrache  de  l'Autel. 

Au  lieu  de  avec  un  foin. 

(  Racine  dans  Iphigénie), 

Vaincu  du  pouvoii  de  vos  charmes. 
Au  lieu  de  par  le  pouvoir. 

(  Racine  dans  Alexar<ilre  ). 

Cependant ,  ajoute  M.  l'Abbé  d'OIivet  ,  il  y  a  des 
endroits  où  cela  paroît ,  du  moins  aujourd'hui ,  avoir 
quelque  chofe  de  rauvaj:^e. 

•/  A  ioccafion  de  ces  deux  vers  de  la  Tragédie  d'Ipîii- 
génic.  '. .  .  ;;•  :•  .:■  . 

Mais  c'ell  pouller  frop  loin  fes  dl-oîts  injurieux  , 
Qj'y  joindre  le  tourment  que  je  foufîre  en  ces  lieux. 

Le  même  Auteur  fait  obfcrvcr  qu'on  diroit.cn  profe 
que  dy  joindre  ^  &  qu'en  elïet  il  n'cfi:  pas  indifférent 
d'employer  ou  de  fupprimer  la  prépolîtion  de  ,  devant 
les  infinitifs  qui  fuivent  la  conjondion  que.  Il  Cil  rap- 
porte pour  preuve  ces  deux  phrafes ,  il  ne  fait  que  fortir  ^ 
6i  il  ne  fait  que  de  fortir  ^^  qui  préfentenr  des  fens  tout 
ditî'érents.  d>  Pinson  étudiera  notre  langue  ,  dit  il ,  plus 
03  on  admirera  l'ufage  qu'elle  fait  faire  de  fes  prépofi- 
31  tions.  Entre  lefquelles  diftinguons-cn  deux  ^  à  6z  de 
33  qui  foutiennent  prefque  tout  l'édifice. 

PUES,    cfl:  un  adverbe  de  défiance  :  Toyc^  Adverbe. 

PRESCRIRE.  Verbe  adif ,  irrégulicr  ,  de  la  quatriè- 
me conjugaifon  ,  cpmpofé  d'écrire  _,  fur  lequel  il  le  con- 
jugue, &  de  la  prépofuion  latine  prA,  qui  (igniiîc  avant, 
d'avance.  Ainfi  prcfcrifc  Veut  dire  marquer  ,  ordonner 
ce  qu'on  veut  qui  foit  ^nk.  Je  nai  point  pajjc  les  bornes 
que  vous  rnavc:^  pr^fcritcs.. 


PRÉ  173 

Ce  Verbe  ,  en  termes  de  Jurifprudence  j  iîgnifîe  Tac- 
ouifidon  ou  l'exclufion  d'un  droit  fur  une  chofe  que 
l'on  a  polfedce  fans  trouble  pendant  le  laps  d'un  tems 
nxé  par  la  Loi.  On  ne  prefcric  point  contre  Us  mineurs  : 
voyez  Ecrire. 

PRESENT.  C'eft  un  tems  des  verbes  qui  déiîgne  que 
la  chofe  eft  ou  fe  fait  au  tems  où  l'on  parle  :  voye:(^ 
Tems  des  verbes6'Conjugaison. 

PRESENT  CONDITIONNEL.  C'eft  un  destem?  des 
verbes.  Il  déiîgne  qu'une  chofe  arriveroit  dans  le  tems 
où  l'on  parle  ,  fî  une  autre  chofe  fe  faifoit  ou  étoic 
faiccj  fi ,  &CC.  ^oyt^  Tems  DES  verbes  6' CoNJUGAi-* 

SON. 

PRESQUE ,  eft  un  adverbe  de  quantité  :  voye^  Ad- 
verbe. 

PREUVES.  On  appelle  preuve  en  Rhétorique  une 
raifon  probable  qu'on  propofe  pour  fe  faire  croirej  c'eft 
ainfi  que  Cicéronla  définit.  Les  Logiciens  ladéfinifiçnt, 
un  milieu  ,  qui,  par  fa  connexion  avec  deux  extrêmes, 
prouve  la  liaifon  que  ces  deux  extrême*-  onc  entr'eux. 

La  définition  de  Cicéron  a  pour  objer  l'enthyméme, 
raifonnemen:  confacré  a  la  Rhétorique.  Il  elt  compofé 
de  deux  propofitions  j  dont  l'une  vraie  &  certaine  éta- 
blit l'autre  qui  paroi/Toit  douteufe,  Ceite  première  pro- 
pofition  vraie  &  certaine  s'appelle  aufii  principe.  Par 
exemple,  ia  tempérance  efi  une  vertu  j  donc  il  fj ut  aimer  la. 
tempérance  :  voyei  Enthymeme. 

La  définition  des  Logiciens  embraffe  le  fyllogifme  , 
raifonnement  affeâié  a  la  Logique.  Il  eft  compofé  de 
trois  propofitions  dont  deux  s'appellent  extrêmes  ,  &  la 
troifieme  mz7i^i^ ,  ou  dont  les  deux  premières  s'.-ppelien.c 
la  majeure  &  la  mineure  ,  &  la  croifieme  la  cofîfequence 
ou  la  conclufion.  Ls.  féconde  fert  de  règle  pour  prouver 
que  les  deux  autres  conviennent  entr'elles  ;  on  l'appli- 
que à  ces  deux  propoficions,  6:  fi  elles  lui  reifembient 
toutes  deux  ,  elles  fe  relTemblent  nécelTairement  entre 
elles  j  car  deux  jhofes  ,  qui  rellemblent  a  ^nc  croine- 
jne  ,  fe  rellemblent  entr'elles  :  voye^  Syllogisme 

Les  preuves  font  fondées  furlaraifon  oularPaucorité. 

PRÉVALOIR.  Verbe  neutre  ,  réciproque  &  i:i:v:gu- 
lier,  de  ia  troifieme  conjugaifon,  compofé  de  valoir^  Cut 
Tome  II,  M 


J74  PRÉ 

lequel  il  fe  conjugue,  &  de  la  prépofition  prè ,  qui 
fîgnifîe  devant.  Prévaloir,  c'efl  donc  avoir  certain  prix , 
certain  avantage  devant  un  autre  j  c'eft-à-dire  avoir  la 
préférence  fur  quelqu'un. 

Il  eft  quelquefois  réciproque.  Il  efi  plus  jujl^  de  fc 
prévaloir  dejon  efprit  ,  que  defes  richejfes. 

Le  préfent  du  fubjondif  du  vçiïhz  prévaloir  eft  diffé- 
rent de  celui  de  fon  iîmple  valoir  ,  que  je  prévale  ,  que 
tu  prévales ,  qu'il  prévale ,  que  nous  prévalions  ,  que 
vous  prévaliez  ,  qu'ils  prévalent. 

Participes  :  Prévalant ,  prévalu  ,  prévalue  :  voye^^ 
Valoir. 

PRÉVOIR.  Verbe  adif,  irrégulier,  de  la  troifieme 
conjugaifon ,  compofé  de  voir^  &  de  la  prépolitionpr/  , 
qui  lignifie  devant  5  comme  qui  diroit  voir  devant  5  voir 
la  chofe  avant  quelle  arrive. 

J'ai  prévu  les  malheurs  où  j'allois  me  plonger  i 
Je  les  ai  tous  bravés ,  traître  !  pour  ce  venger.         , 

Participe  préfent.  Prévoyant ,  dont  on  fait  fouvent 
un  adjedif  :  cet  homme  efi  prévoyant  ;  cette  femme  ejl 
prévoyante.  Participe pajfé.  Prévu  ,  prévue. 

Prévoir  fe  conjuge  fur  voir  :  voye^  ce  mot. 

PROMETTRE.  Verbe  adif,  irrégulier,  de  la  qua- 
trième conjugaifon  ,  compofé  de  mettre ,  fur  lequel  il  fc 
conjugue,  &  de  la  prépofuion  latine /^ro,  qui  défîgne 
une  chofe  mife  en  avant.  Ainii  promettre  fignifie  mettre 
en  avant ,  donner  parole ,  s'engager  de  faire  ou  dire 
quelque  chofe  :  exemples.  En  vous  promettant  de  m'y 
employer ,  je  ne  vous  promis  point  de  réujjir.  Il  promet  de 
vous  fatisf aire  dans  peu. 

On  dit  proverbialement  :  Promettre  &  tenir  font  deux. 
Ilfe  ruine  a  promettre  ^  &  s'enrichit  a  ne  rien  tenir. 

On  dit  au  figuré  :  Ce  jeune  homme  promet  beaucoup  , 
c'eft-à-dire  ,  donne  de  lui  de  grandes  efpérances.  Voilà  un 
tems  qui  promet  du  chaud  ^  de  la  pluie. 

PROMOUVOIR.  Verbe  adif,  irrégulier  ,  de  la  troi- 
fieme  conjugaifon,  compofé  de  mouvoir  fur  lequel  il  fe 
conjugue,  &l  de  la  prcpofition  latine  pro ,  qui  lignifie 
devant ,  m  avant,  Amil  promouvoir  veut  dire  mouvoir  gni 


P  R  O  175 

^ànt ,  avancer,  élever.  Ce  terme  cH:  confacrc^  pour 
narquer  l'élévation  ,  Ja  promotion  aux  dignités,  llfa-^ 
oit  bien  interrejfant  pour  la  Religion  quon  ne  promut  aux 
ignirés  Eccléf^afiiques  qu€  des  perfonnts  pleines  de  la  cha- 
ité  Ev  ange  li  que. 

Ce  verbe  n'efl  guère  d'ufage  qu'à  l'infinitif  &  aux 
ems  compofés. 

PRONOMS.  C'eft  une  partie  d'oraifon  ,  ou  un  nom  > 
^  n  par  lui-même  ne  repréfente  aucune  iàéç^  précife  * 
nais  qui  rappelle  à  l'erprit  une  iàéc  quelconque  anté- 
leurement  peinte  par  un  nom.  propre  ,  ou  fuffirammenc 
onnue  &  défignée  par  les  circonftances  &  le  tour  du 
angage.  Voilà  ce  que  les  Grammairiens  nomment  ;pro-. 
om  ;  comme  fi  l'on  difoit ,  un  mot  qui  eft  mis  a  la  pla~ 
•e  du  nom  ,  qui  fans  être  originairement  un  véritable 
10m  ,  en  tient  néanmoins  la  place  ,  &  en  fait  les  fonc- 


ions. 


La  principale  raifon  qu'on  a  eue  d'introduire  dans  les 
■angues  ces  prothées  d'efpecc  nouvelle  ,  qui    devien- 
nent ce  que  Ton  veut  ,  non  pas   tant  en  changeant  de 
igure  qu'en  changeant  de  place ,  ces  tableaux  finguliers 
]ui  ne  repréfentent  qu'en  coaféquence  du  cadre" qu'on 
eut  donne;  eft  le  défagrément  qu'il  y  auroit  à  répéter 
:rop  fouvent  un  même  nom  dans  un  difcours  ^   où  une 
néme  idée  fe  trouve  comme  la  fource  ou  le  terme  d'un 
Tiand  nombre  de  rapports  dilférens. 
I     Obligés  à  revenir  fouvent  à  une  idée  ,  &  par  confe- 
juent  a  y  ramener  ceux  qui  écoutoient ,  les  hommes 
rouverent  que   la  répétition  des  mêmes  fons  les  en- 
iuyoit&  qu'ils  fe  trouvoient  fatigués  de  revoir  toujours 
e  même  objet  peint  des  memes^raits ,  fous  la  m.ême 
jorme  &    dans  le  même  jour.  Ils   fentirent    qu'sprès 
livoir  une  fois  préfenté  une  chofe  avec  clarté  &  préci- 
lion  par  le  nom  qui  en  rend  la  nature,  i'efprit  eux  re- 
I  toute  le  fuperflu  ne  vouloir  plus  i'appercevoir  que  dans 
Un  lointain  ,  &  à  travers  une  forte  de  voile  tranfparent; 
Ijue  fi  l'on  pouvoir  avoir  une  expreî'lion  générale  qui  ne 
rtit  que  comme  un  avertiirement  données  l'ef^rit  pour 
e  rappeller  &  fuppléer  de  lui  -  mem;^  cette  idée  donc 
;)ii  etoit  obligé  de  fe  rapprocher,  alors l'amc  exerçant  fà 

Mij 


t-îê  P  R  O 

mémoire  &  fon  intelligence  fentiroit  moins  une  répéti- 
tion qui  d'ailleurs  feroit  déguifce  &  moins  complette. 

On  mventa  donc  les  pronoms  qui  fatisfont  pleine- 
ment à  tout  ce  que  Ton  fouhaitoit  :  on  eut  même  l'atten- 
tion de  ne  les  faire  prefque  tous  que  d'une  ou  deux  fyl- 
labes  ,  pour  éviter  les  longueurs ,  &  aufTi  afin  que  paf- 
fant  plus  rapidement ,  l'efprit  occupé  d'ailleurs  à  en 
chercher  les  antécédents ,  n'eut  pas  le  loilîr  de  s'ap- 
péfantir  fur  eux  pour  y  retomber  dans  le  dégoût  & 
lennui. 

Si  toutes  les  vues  que  nous  prêtons  ici  aux  Inftituteurs 
des  Langues ,  font  de  ces  fuppofîtions  dont  on  ne  peut 
prouver  la  réalité,  il  nous  fufîit  d'y  trouver  les  effets 
conformes.  Que  les  pronoms  fe  foient  introduits  fans 
deffein  ,  par  un  ufage  purement  arbitraire  ,  ou  par  un 
inftinâ:  aveugle  ,  mais  dirigé  par  le  befoin  5  il  eft  tou- 
jours vrai  que  nous  les  avons  à  peu  près  tels  qu'ils 
feroient  s'ils  eulTent  été  le  fruit  des  raifonnements  que 
nous  venons  de  pré(enter. 

Pour  rendre  plus  fendble  la  définition  du  pronom  ,  & 
£xer  encore  davantage  l'idée  qu'on  doit  s'en  faire  , 
examinons- le  dans  un  exemple.  Votre -père  vous  ordonne 
d'étudier  ^  &  vous  lui  deve^  obéir.  Ces  deux  mots  ,  vous  , 
lui  y  confidérés  hors  du  ditcours ,  n'expriment  aucun  ob- 
jet  particulier  ou  général  ,  ni  aucune  qualité  foit  né- 
cefTaire  ,  foit  contingente  ;  ils  ne  font  naître  dans  l'eC 
prit  aucune  autre  notion  que  celle  d'une  idée  qu'on  nous 
a  défignée  ,  ou  qu'on  nous  doit  défigner  de  quelque  fa- 
çon que  ce  foit  :  fans  cette  indication  ou  défignation  né- 
cefTaire  ,  ils  ne  font  que  des  figues  généraux  qui  ne  di- 
fent  encore  rien  ,  mais  à  qui  l'on  peut  faire  dire  tout  ce 
que  l'on  voudra  5  voilà  en  quoi  ils  différent  le  plus  des 
autres  noms  qui  font  dévoués  à  une  idée  qu'ils  repré- 
fentent  par-tout  où  ils  font ,  comme  terre  j  fertile  , 
qui  expriment  toujours,  le  premier  ,  la  matière  qui  corn- 
pofc  ce  globe  où  nous  fommes,  &  le  fécond  ,  un  être  qui 
produit  beaucoup  de  fruits. 

Mais  comment  peut-on  particularifer  ces  figncs  gé- 
néraux ;  déterminer  ces  pronoms  à  des  idées  précifcs&: 
choifies?  C'cft  en  fuivam  les  loix  que  l'ufagc  a  portées  fur  j 


P  R  O  177 

l'emploi  de  cette  partie  d'oraifon ,  furie  genre,  le  nom- 
bre des  pronoms  &  furies  autres  mots  qui  les  accompa- 
gnent. Ainfi  dans  la  phrafe  citée  ,  vous  ,  par  la  nature 
de  l'emploi  qui  lui  a  été  adjugé  ,  déiîgne  ,  indique  & 
far  naître  l'idée  de  celui  à  qui  l'on  parle  ,  à  qui  il  eft 
ordonné ,  &  qui  doit  obéir  j  &  pour  faire  cet  emploi  , 
•vous  n'a  pas  befoin  que  la  perfonne  qu'il  repréfente  ,  ait 
été  nommée  ;  il  fuffit  que  les  circonllances  dans  lef- 
quelles  on  parle  la  déterminent.  Lui ,  tient  lieu  des 
mots  ,  votre  père  ;  il  en  eft  comme  le  vice-gérent,  &  le 
fubftitut  5  il  les  repréfente  &  en  rappelle  l'idée  5  maïs 
pour  cela  ,  il  a  fallu  que  cette  idée  ait  été  auparavant 
annoncée  à  Tefprit  par  fon  nom  propre  ,  ou  par  un  au- 
tre moyen.  ; 

De  tout  ce  préliminaire  ,  il  réfulte  que  quand  nous 
avons  dit  que  les  pronoms  n'étoient  que  des  fignes  pro- 
pres à  indiquer  tout  ce  que  l'on  voudroit ,  nous  par- 
lions des  pronoms  pris  coUedivement ,  &  non  pas  de 
chacun  en  particulier  ,  les  uns  ,  par  exemple  ,  ne  pou- 
vant remplacer  que  des  fujets  de  propofuions  ,  les  autres 
que  des  régimes  ,  &c.  Que  lorfque  nous  ajourions 
que  par  eux-mêmes  ,  ils  ne  reprélentent  aucune  idée 
précife  ,  nous  entendions  qu'ils  ne  repréfentent  en  effet 
l'idée  d'aucun  objet  déterminé  ,  &  non  pas  qu*ils  ne 
nous  indiquent  en  général  l'idée  d'un  fujet  de  propoii- 
tion  quel  qu'il  foit ,  ou  d'un  régime  &c. 

Ils  tiennent  de  la  nature  du  fubftantif ,  en  ce  que 
fbuvent  ils  le  remplacent  &  en  rendent  l'idée  ,  comme 
dans  l'exemple  ci-deifus  5  &  ils  tiennent  de  l'adjedif , 
non-feulement  parcequ'ils  en  rappellent  l'idée  comme 
dans  cette  phrafe  ,  votre  aveu  n' efi  pas  fincere  ;  il  le  fù' 
roit  y  [p  ...  ;^  où.  le  fait  fonâiion  de  fmcere ,  il firoitjiri' 
cere  »  fi .  .  .  ;  mais  principalement  parcequ'étant  defti- 
nés  à  remplacer  des  noms  de  tout  genre  &  de  tout  nom- 
bre ,  ils  doivent  pouvoir  s'y  conformer  ,  &  en  prendre 
en  quelque  forte  la  livrée,  ainll  que  font  les  adjedifs 
ui  qualifient  les  êtres  j  comme  on  le  verra  dans  la 
uite  :  lorfque  le  pronom  fert  à  rappeller  l'idée  d'un  ad~ 
Jedif ,  alors  il  n'eft  plus  de  tout  genre  ni  de  tout  nom- 
bre ,  il  devient  neutre  &  indéclinable. 

ËAfin  ils  ae  font  que  de  vrais  vice-gérents  &  fubfti- 

M  lij 


l 


17B  P  R  O 

tuts  des  autres  nomsj  &  vouloir  ,  comme  quelques 
Grammairiens  ,  qu'ils  aient  une  fignifîcation  plus  forte 
que  les  noms  qu'ils  repréfentent ,  parcequ'il  elt  des  cir- 
conftances  où  ils  plaifent  davantage  &  font  un  meil- 
leur effet ,  c'eft  confondre  mal-à-propos  avec  leur  na- 
ture primitive,  la  force,  la  vivacité,  &  l'énergie  que 
leur  donnent  leur  place  fouvent  plus  avantageufe  que 
ne  feroit  celle  du  nom  ,  le  tour  de  la  phrafe  que  le  nom 
même  rendroit  plus  gênée  ,  leur  peu  de  lyllabes  qui  les 
rendent  prefque  toujours  bien  plus  courts  que  les  noms 
qu'ils  remplacent  ,  &  l'iiabiLude  où  Ton  eft  de  les  voir 
en  telles  circonftances  où  le  nom  lui  même  oiïenferoit. 
Avantages  qui,  tous,  ne  font  qu'accidentels  au  pronom, 
&  ne  compofent  point  fa  nature. 

On  peut  divifer  les  pronoms  en  différentes  clafles  , 
en  coniîdérant  leurs  diverfes  manières  de  repréfentcr. 
ou  le  rapport  fous  lequel  ils  repréfentent.  On  pourroit 
encore  les  partager  fclon  qu'ils  varient  ou  ne  vaiieni 
point  dans  ce  qui  en  fait  le  matériel  5  félon  qu'ils  peu- 
vent fervir  à  plufieurs  fondions,  ou  font  limités  à  une 
feule  5  félon  la  différence  qui  fe  trouve  entre  la  fyntaxt 
des  uns  &  celle  des  autres ,  &c.  Mais  tout  ce  que  cesdif 
férenrs  poinrs  de  vue  peuvent  offrir  de  remarques  utiles . 
trouvera  aifémcnt  fa  place  dans  les  détails  où  nous 
allons  entrer  ,  en  nous  bornant  à  la  première  divifion 
indiquée. 

De  tous  les  pronoms ,  les  uns  défignent  les  perfonnesj 
ils  indiquent  celui  ou  ceux  qui  parlent ,  à  qui  l'on  par- 
le ,  ou  de  qui  l'on  parle  5  tels  font  dans  cette  phrafe  ,  un 
rival  ejl  toujours  a  craindre  ;  je  vous  conftilU  de  le  ména- 
ger. Je  qui  vous  rappelle  à  l'efprit  une  idi:e  de  moi ,  vo- 
tre ami  qui  vous  parle  ,  &  qui  vous  confcillc  ;  vous  qui 
défîgne  la  féconde  perfonuc  ,  celui  à  qui  je  parle ,  à  qui 
je  confeilie,  &  le  qui  marque  la  troihcme  perfonne  ,  ce- 
lui dont  nous  parlons  ,  cet  homme  qui  eft  votre  rival  , 
qui  eif  à  craindre  ,  &  que  vous  devez  ménager  :  ces 
premiers  pronoms  fe  nomment  pronoms  perjonneU. 

D'autres  rappellent  cgalemejit  les  idées  des  perfonnes 
ou  des  chofes  dont  on  a  parié  y  mais  c'tfb  pour  les  ex- 
pliquer,  ou  en  reftreindre  &  déterminer  l'étendue  5  les 
noms  ou  pronoms  auxquels  ils  fe  lapporcenc ,  les  prccc* 


P  R  O  17^ 

iîent  prefque  toujours  ;  &  fî  ces  noms  qu*on  nomme  û«- 
técédents  ,  (ont  fous -entendus  ,  refpiit  en  les  fuppléant , 
les  fuppofe  toujours  placés  auprès  de  ces  pronoms  dont 
nous  parlons  ,  qui  font  la  féconde  clafTe  ,  &  qu'on  ap- 
pelle pronoms  relatifs.  Un  trait  par  lequel  ils  dijfïerent 
encore  beaucoup  des  premiers ,  c'eft  qu'ils  fervent  fou- 
vent  de  liens  pour  unir  les  membres  des  phrafes  ;  qu'ils 
n'en  font  qu'une  ,  où  fans  eux  il  y  en  auroit  eu  plu- 
sieurs ,  comme  on  peut  le  voir  dans  cet  exemple  :  Us 
ferments  que  L'amour  infpire,  font  rarement  réféchis.  Que 
eft  le  pronom  dont  nous  parlons  ;  il  fe  rapporte  au 
nom/^rm^TZfj,  dont  ilfert  à  reftreindre  &  déterminer 
la  fignifîcation  ,  non  pas  ,  à  la  vérité  ,  par  lui-même  , 
mais  par  le  membre  de  phrafe  à  la  tête  duquel  il  fe 
trouve  ;  car  fans  ces  mots  ,  que  l'amour  infpire  ,  la 
phrafe  feroit  bien  plus  générale  ,  &  moins  déterminée; 
elle  feroit  même  faulfe  :  les  ferments  font  rarement  réflé- 
chis 5  cette  penfée  n'eft  pas  jufte  ,  prife  en  général  ,  & 
dans  les  mœurs  d'un  grand  nombre  de  perfonnes  3  mais 
elle  le  devient ,  en  y  ajoutant  ce  que  nous  en  avions 
retranché  :  Us  ferments  (  que  t  amour  infpire)  font  rare- 
ment réfléchis.  Tout  ce  que  cette  phrafe  énonce  ,  ne 
pourroit  fe  rendre  qu'en  deux  phrafes  découfues  ,  ft 
vous  en  ôtez  le  que  en  y  laiifant  le  refbe  :  l'amour  inf- 
pire des  ferm.ents  ;  ces  ferments  font  rarement  réfléchis  : 
c'efl:  le  pronom  en  queftion  qui  en  eft  le  lien  &  qui 
en  fait  l'union. 

H  en  eft  d'autres  qui  défîgnent  d'une  façon  particu- 
lière ,  en  ce  qu'ils  fpécifîent  la  chofe  à  laquelle  ils  fe 
rapportent,  qu'ils  la  montrent  ,  pour  ainii  dire,  au 
doigt  ,  &  la  mettent  fous  les  yeux  5  ce  font  ceux  qu'on 
nomme  pour  cette  raifon  ,  démonflratifs.  Tous  les 
amants  font  fujets  a  un  peu  de  folie  y  mais  celui-ci  efi 
archifou  ^  dans  cette  phrafe  y  celui-ci  eft  un  pronom  dé- 
m.onftratif  5  auffi  voit-on  qu'il  particularife  l'idée  d'a- 
mants par  l'applicarion  qu'il  en  fait  à  un  feul  hom- 
me 5  bien  plus ,  il  montre  cet  homme  ,  il  le  défigne 
d'une  manière  plus  précife  que  les  autres  pronoms;  cela 
eft  fi  vrai,  que  les  yeux  &  le  gefte  fe  portent  prefque 
toujours ,  quand  on  le  prononce  ,  vers  celui  qui  en  eft 
l'objet, 

M  iv 


i8ô  P  R  O 

Enfin  ,  il  en  efl:  d'autres  qui  par  un  caraderc  entière- 
ment oppofé  à  celui  des  démonftratifs ,  ne  défîgnent 
rien  de  bien  déterminé  ,  ils  indiquent  des  gens  ou  des 
chofes  en  général ,  fans  les  particularifer  :  il  en  efl  mê- 
me un  qui  ne  pourroit  avoir  aucune  défignation  ,  s'il 
n'étoit  luivi  de  quelque  éclaircillement  5  &  cet  éclair- 
cilTement  efl:  ordinairement  amené  par  un  pronom  re- 
latif :  ainfî  dans  cet  exemple  ceux  qui  vous  plaifent  j, 
font  bien  heureux  !  Ceux  efl:  un  de  ces  pronoms  dont  nous 
parlons  5  il  indique  des  hommes  ou  des  êtres  en  général, 
on  ne  fait  lefquels  :  les  mots  font  bien  heureux  me  font 
connoître  que  ces  êtres  font  des  êtres  fenfibles.  Si  cette 
phrafe  efl:  adre/îée  à  une  femme  ,  je  concevrai  que  ces 
êtres  fenfibles  font  des  hommes.  Malgré  tous  ces  fe- 
cours  que  la  phrafe  &  les  circonfl:anccs  me  donnent 
pour  favoir  quelle  idée  le  pronom  ceux  doit  réveiller  en 
mon  efprit ,  je  ne  puis  encore  ni  l'entendre,  ni  l'em- 
ployer ,  s'il  n'efl:  fuivi  d'un  membre  de  phrafe  apparte- 
nant à  lui  feul  y  &  fervant  à  l'éclaircir  davantage  ;  tel 
efl:  ici  ce  membre  ,  qui  vous  plaifent  j  ceux  qui  vous  plai- 
fent y  font  bien  heureux  :  alors  le  pronom  ceux  mocca-- 
fionne  à  la  vérité  une  idée  jufl:e,  mais  générale  ,  ou  qui 
du  moins  par  la  nature  du  pronom  y  ne  peut  être  une 
idée  particularifée  ,  je  veux  dire  ,  indiquant  un  objet 
déterminé  tel ,  un  objet  pris  individuellement.  Les  pro- 
noms de  cette  dernière  clafle  fe  nomment  pronoms  in" 
définis ,  &  cela  à  caufe  du  défaut  de  précifîon  qui  ic 
trouve  toujours  dans  leur  manière  de  défigner. 

Voilà  donc  quatre  fortes  de  pronoms,  que  nous  allons 
reprendre  fuccefiîvement ,  en  fixant  pour  chacune  les  rè- 
gles qui  leur  conviennent  pour  les  genres ,  les  nom- 
bres ,  les  fondions  &  la  fyntaxe.  Nous  aurions  pu  y 
en  ajouter  une  cinquiem.e  compofée  d'adje(^ifs  que  la 
plupart  nomment  pronoms  pojfeffîf s  :  mais  nous  n'avons 
pas  cru  devoir  fuivre  la  foule  des  Grammairiens  dans  un 
point  aulfi  contraire  à  la  jufliefi'e  des  idées.  Les  mots 
qu'ils  mettent  dans  cette  clafie  ne  font  point  àas  mots 
inventés  fimplement  pour  être  fubflitués  à  des  noms 
déjà  énoncés  ou  connus  :  ce  font  de  vrais  noms  qui 
ont  par  eux-mêmes,  &  indépendamment  des  autres  noms 
;juxqucl$  ils  fe  rapportent  ,  un  objet  de  fignifiçaiioû 


P  R  O  i8r 

Hxe  &  précis.  On  peut  en  juger  par  la  feule  infpeclion: 

mon  y  ma  ,  mis ,  ton  ,  ta  y  tes  ,  fon  ,  fa  ,  yêj  ,  notre  , 
r/oi-  ,  votre  y  vos  y  leur ,  ieurs  y  mien  y  tien  y  Jien  y  quel- 
que y  quel  y  quelle  y  chaque. 

Tous  ces  mots  peuvent  appartenir  aux  pronoms  en  ce 
cju'ils  en  font  dérivés  ,  ou  même  en  ce  que  quelques- 
uns  font  la  même  chofe  que  certains  pronoms  pour  les 
Tons  &  les  lettres  qui  les  compofent  :  mais  eft-ce  une 
raifon  {uffifante  pour  être  appelles  pronoms  î  L'adjcdiif 
amoureux  eft  dérivé  du  Ç\ihîi2inii^  amour  ;  fon  fubftantif 
lignifiant  le  bruit  d'une  cloche  ou  d'un  inftrumenc,  eft: 
homonyme  avec  le  prétendu  pronom /û/z  ;  amoureux 
Icra-t  il  fubftantif  ?  Le  fubftanrifyô/z  fera-t-il  auHi  pro- 
nom ?  Ce  n'efl:  point  fur  une  reifemblance  de  fons,  oii 
{\  l'on  veut ,  fur  une  proximité  ,  une  filiation  ,  une  gé- 
nération qui  ne  font  rien  à  la  valeur  ni  à  l'emploi  des 
mots  ,  qu'il  faut  établir  la  nature  &  l'efpece  des  diffé- 
rentes parties  d'oraifon  s  ce  n'eft:  que  fur  leur  manière 
de  lignifier  ;  &  la  manière  de  lignifier  des  prétendus 
pronoms  pojfejfifs  n'a  rien  de  commun  avec  la  manière 
dont  les  véritables  pronoms  lignifient. 

La  grande  raifon  pour  laquelle  on  veut  mettre  ces 
adjectifs  poifcfîifs  au  rang  des  pronoms  ,  c'eft  que ,  dit- 
on  ,  ils  en  tiennent  la  place  ,  &  qu'on  peut  remplacer 
l'un  par  l'autre  j  les  François  aiment  leur  Roi ,  c'eft-à- 
dire  ,  le  Roi  d'eux  ;  mon  plaifîr  cfi  dans  mon   devoir  ; 

'  c'eft:- à-dire  ,  plaijîr  de  moi  y  devoir  ae  moi  y  &c 

Mais  ils  feroient  alors  moins  que  pronoms  ;  ils  ne  fe- 

roicnt  que  pronoms  de  pronoms  ,  puifque  ceux-ci  doi- 

I  vent  remplacer  un  fubftantifou  adjeélif  fignifiant  un 

,  objet  déterminé,  &  que  ceux-là  ne  feroient  que  fubft:i- 

;  tuts  d'un  fécond  ordre  ,    ne  remplaceroient  que  des 

mots  qui  par  eux-mêmes  ne  peuvent  rendre  aucune 

idée. 

D'ailleurs,  pour  avoir  la  qualité  de  pronoms  ,  fuffit- 
il  d'être  mis  à  la  place  d'un  mot ,  de  lui  être  fublHtué  .- 
Le  wot  j'aime  y  le  mot  lion  feront-ils  des  pronoms ,  pnr- 
cequ'ils  font  à  la  place  de  ces  autres  mots  ,  je  fuis  ai- 
mant y  homme  courageux  ?  Non  ,  puifque  ^  j'aime  ^  &  lion 
peignent  par  eux-mêmes  un  objet  fixe,  une  idée  préci- 
fe  ,  aulfi  bien  &  miçux  c^nc  je  fuis  aimant  j  &  homme 


iSa  P  R  O  >s 

•tcfuragmx  ,  Sr  qu'un  pronom  ne  peut  peindre  ,  ni  dé- 
Dommer  j  il  ne  doit  qu'indiquer  un  objet  au  nom  du- 
q;uel  il  eft  fubftitué.  De  même  l'adjeclif  ma^z  ne  fert  pas 
feulement  à  rappeller  le  mot  de  moi  ;  il  en  exprime  le 
lêns;  par  lui-même  5  il  a  outre  cela  une  fîgnifîcation 
immuable  &  propre ,  dont  l'objet  eft  aufli  déterminé  par 
la  nature  du  mot ,  que  celui  de  tout  autre  nom  /  cet  ob- 
|et  eft  un  rapport  d'appartenance  ,  de  liaifon  ,  de  jouif- 
lance. ,  de  pollelTion  réelle  ou  de  droit  ;  rapport  inva- 
rfablemcnt  exprimé  par  l'adjedif  en  queftion  ,  rapport 
qui  eft  une  véritable  qualité  métaphyiîque  que  l'etprit 
imagine,  qu'il  identifie  avec  l'objet  auquel  l'adjedif  fe 
rapporte ,  qui  caradérife  cet  objet  j  ce  que  ne  peut  faire 
aucun  pronom. 

Si  l'on  veut  dire  que  de  moi  exprime  tout  cela  ,  com- 
me mon;  nous  répondrons  que  ce  n'eft  point  le  pronom 
moi  qui  l'exprime  ,  mais  la  prépoiition  de  ,*  nous  ajou- 
terons qu'il  eft  faux  d'ailleurs  que  ces  deux  mots  puif- 
fent  toujours  être  remplacés  l'un  par  l'autre  ;  &  nous 
en  donnerons  pour  exemple  ces  mots  ,  mon  habit ,  qui 
lignifient  habit  qui  m' appartient ,  &  qu'on  ne  peut  ren- 
«îi-e  par  ,  Izabit  de  moi  ,  qui  fignifieroit  aulli  bien  habit 
que:  y  ai  fait  y  ou  que  j'ai  donné  ;  ou  plutôt  qui  ne  figni- 
fieroit rien,  parce  que  c'eft  une  exprelTion  confufe  & 
barbare. 

Nous  le  répétons,  parccque  c'eft  un  point  cffenticl  ; 
ce  n'eft  point  par  l'étymologie  ,  ni  par  les  périphrafcs 
fjuî  peuvent  remplacer  un  mot ,  qu'il  faut  le  conîidérer, 
pour  voir  dans  quelle  clafie  il  faut  le  ranger  ,  ce  n'cft 
point  non  plus  par  la  nature  de  l'objet  qu'il  nous  fait 
appercevoir  ;  mais  feulement  par  la  manière  dont  il  ex- 
prime cet  objet,  par  les  rapports  qu'il  nous  y  décou- 
vre ,  par  le  jour  fous  lequel  il  le  préfente  ,  par  les  qua- 
lités dont  il  l'enrichit ,  &  les  couleurs  ,  les  traits  qu'il 
lui  prête,  fi  j'ofe  m'cxprimer  ainfi. 

Or  la  manière  dont  le  pronom  exprime,  c'eft  d'indi- 
quer fans  dénommer  ,  de  rappeller  à  l'cfprit  une  idée 
connue  d'ailleurs  ;  le  rapport  qu'il  nous  découvre  ,  eft 
un  rapport  au  nom  propre  qu'il  remplace  pour  ie  rap- 
procher d'autres  idées  fubféquentes  ^  le  jour  fous  lequel 
il  préfcntc  ,  eft  un  jour  foible  ,  fon  expreflioo  ne  pei- 


P  R  O  183 

gnant ,  ne  dénommant  jamais  l'idée  qu'elle  rappelle  j  le 
pronom  ne  montre  jamais  aucune  qualité  dans  l'objec  , 
il  ne  fait  que  renvoyer  à  celles  qui  font  énoncées  par 
d'autres  mots.  Il  faut  en  dire  autant  des  couleurs  &  des 
traits  ;  il  les  afFoiblit  plutôt  qu'il  ne  les  donne  ,  ôc  s'il 
plaît ,  s'il  frappe  fouvent  plus  que  le  nom  propre  ,  ce 
n'cft  que  parcequ'il  nous  fauve  de  l'ennui  des  répéti- 
tions ,  &  par  les  autres  raifonsque  nous  en  avons  alTi- 
gnées  au  commencement  de  cet  article. 

Des  Pronoms  perfonnels. 

Les  pronoms  perfonnels  ,  avons-nous  dit ,  font  ceux 
qui  indiquent  les  perfonnes.  Or  on  fait  que  pour  cha- 
que nombre,  il  y  a-  trois  perfonnes  ;  ce  qui  fait  de  cette 
forte  fix  efpeces  de  pronoms  perfonnels  :  je  ,  me  j  moi  , 
pour  la  première  perfonne  du  fingulier  -^  tu  ,  te  y  toi  , 
pour  la  féconde  3  il ,  elle  ,  le  ^  la  ,  lui  y  je  y  foi  ,  en  , 
y  y  on  ^  perfonne  ,  5:  rien  ,  pour  la  troiiieme  ,  nous  pour 
la  première  du  pluriel  j  vous  pour  la  féconde  \  ils  ,  elles, 
eux  ,  les  y  leur  ,  pour  la  troifieme  j  ce  qui  fait  en  tout 
vingt-cinq  pronoms  perfonnels. 

Remarquons  que  ceux  de  la  première  perfonne  de 
chaque  nombre  font  invariables  ,  quant  au  rapport  fous 
lequel  ils  rappellent  une  idée  ,  puifque  c'eft  toujours 
fous  le  rapport  de  première  perfonne  du  iîngulier  pour 
les  premiers  ,  &c  fous  le  rapport  de  première  perfonne 
du  pluriel  pour  les  féconds.  Je  parle  y  nous  lifons  :  je  ne 
peux  jamais  indiquer  que  moi ,  &  moi  feul  ,  ou  fi  l'on 
veut ,  que  celui  qui  parle ,  &  lui  feul  j  nous  ne  peut  de 
même  défîgner  que  ceux  qui  parlent  ,  ou  au  nom  de 
qui  un  feul  parle  j  mais  il  les  défigne  tous.  Ces  pro- 
noms font  encore  invariables,  quant  au  genre  ^  c'efl-à- 
dire  ,  qu'ils  ne  font  proprement  ni  mafculins,  ni  fémi- 
nins ,  ou  qu'ils  font  l'un  Si  l'autre  fans  aucune  altéra- 
tion dans  leur  terminaifon  qui  puiile  indiquer  auquel 
ils  font  affeélés  dans  une  phrafe  particulière.  Une  fem- 
me dity^  y  je  Is  ,  de  même  qu'un  homme  j  plufieurs 
diront  nous  lifons  y  comme  plufieurs  nommes  le  di- 
ioient;  il  n'y  a  aucune  différence. 

Mais  s'-il  fe  trouve  un  adjedif  qui  fe  rapporte  à  ce 


1^4  P  R  O 

pronom  ,  ra<îjeâ:if fuit  la  règle  générale;  il  prend  Ca. 
terminaifon  mafculine  ,  ii  le  pronom  qu'il  qualifie  Te 
rapporte  à  un  fubftantif  mafculin  ;  &  fi  ce  pronom  Ce 
rapporte  à  un  fubftantif  féminin,  l'adjedif prend  fa 
terminaifon  féminine.  Une  femme  dit  ,  je  fuis  malkeu- 
reufe  ;  &  un  homme  dira  ,  je  fuis  malheureux  ,  &c. 

Je  y  me  ,  moi ,  &  nous  ,  ont  encore  une  qualité  qui 
leur  eft  propre  j  c'eft  de  ne  pouvoir  communément  fer- 
Vir  qu'à  dcfigner  des  perfonnes  véritables  ,  c'eft-à  dire, 
des  êtres  inteIJigens  ,  qaipuiifent  parler:  nous  avons  dit, 
communément ,  parceque  quelquefois  par  figure  de  Rhé- 
torique ou  par  licence  poétique  ,  on  fait  parler  des  ani- 
maux ,  ou  même  des  chofes  inanimées  ,  comme  fi  eirec- 
tivement  elles  exprimoient  elles-mêmes  ce  qu'on  leur 
fait  dire. 

Tout  ce  que  nous  venons  de  remarquer  fur  les  pro- 
noms des  premières  perfonnes  ,  doit  s'entendre  aufii  de 
ceux  des  fécondes  ;  on  apoilrophe  quelquefois  les  ani- 
maux &  les  chofes  inanimées  ;  on  leur  parle  ,de  même 
qu'on  les  fait  parler  ;  mais  dans  les  difcours  ordinaires, 
on  ne  peut  adrefier  la  parole  qu'aux  êtres  intelligens  8c 
capables  d'entendre. 

Quant  au  genre  ,  les  pronoms  de  féconde  perfcnnc 
reiïcmblent  en  tout  aux  pronoms  de  première  perfonne; 
les  loix  font  les  mêmes.  Seulement  il  y  a  pour  leur 
deftination  une  différence  à  faire  :  c'eft  le  ^ronomvous 
qui  l'exige  :  il  fert  également  à  défigner  la  féconde  per- 
fonne foit  du  fingulier  ,  foit  du  pluriel  :  vous  life^  j  je 
vous  parle  ,  fe  dit  d'une  feule  perfonne  ,  comme  de  plu- 
sieurs :  bien  plus,  quand  ro«j  eft  le  fubjeélif  du  ver- 
be ,  il  veut  toujours  fon  verbe  au  pluriel ,  on  ne  peut 
pas  dire  au  fingulier  ,  vous  lis  ,  mais  ,  vous  life[. 

Par  une  autre  irrégularité  apparente  ,  les  adjedifs 
ou  participes  qui  l'accompagnent ,  fuivent  le  nombre 
de  l'objet  auquel  vous  fe  rapporte  :  on  dit ,  vous  eus 
aimable  ,  mais  indifcret  ,  ou  indifcrete  ,  en  ne  parlant 
qu'à  une  feule  perfonne  ;  &  fi  le  difcours  s'adrcilc  à 
pluficurs  ,  on  dira,  vous  êtes  aimables  ,  mais  indiJcretSj, 
ou  indifcretes.  Si  donc  il  y  a  un  adjedif  ou  participe 
dans  la  phrafc  ,  il  indiquera  de  quelle  nombre  eft  le 
prouom  vous-^  &  s'U  n'y  en  a  point,  ç'çft  aux  circonftau- 


P  R  O  îS5 

:€S  feules  ou  au  refte  du  difcours  qu'il  faudra  recou- 

r  pour  s'en  inftruire. 

Cecce  fa<^on  d'employer  vous  pour  le  (îngulier  ,  com- 
me pour  le  pluriel  ,  eit  ,  dic-on  ,  une  faÏLC  de  Ja  poli- 
:efle  Fr.inçoife.  Ce  qu'il  y  a  de  fur  ,  c'cfl  que  c'eil:  un 
afage  Ci  général  dans  notre  Lani^ue  ,  que  tu  ^  te  ^  toi  ^ 
font  admis  que  dans  trois  cas;  celui  de  la  coîere 
ou  du  mépris  ,  celui  d'une  extrême  familiarité  ,  &  ce- 
lui du  haut  ftyle,  fur- tout  en  poclic  :  c'eft  ainfî ,  par 
exemple  ,  qu'un  maître  dit  à  un  domelHque  donc  il 
eft  mécontent  '■,  fors  d'ici  ,  tuis  unfrippon  ,  &c;  qu'un 
époux  dit  à  une  époufe  ;  ma  chcre  arme  ,  veux-tu  m  en 
croire  y  &c  î  Qu'un  Poète  ou  un  Orateur,  dans  un 
ûyle  élevé  ,  voulant  donner  plus  de  force  à  fa  penfec  , 
die  dans  une  apoilrophe  hardie  ou  véhémente. . . . 

Grand  Dieu  ,  tes  jugements  font  remplis  d'équité  , 
Toujours  tu  prends  plaifir  à  nous  êcri  propice  ,  ôcc. 

Quand  on  fe  fert  de  vous  au  lieu  de  tu  ^  te  ,  toi  ,  & 
'qu'il  fe  trouve  dans  la  même  phrafe  un  adjedif pof- 
fclfif  ;  Il  la  qualité  exprimée  par  cet  adjedlif  fe  rap-^ 
porte  à  vous  ,  non  pas  comme  objet  qualifié  ,  mais 
comme  ternie  de  la  pofTelfion  ,  alors  il  faut  prendre 
i'adjeclif  qu'on  emploie  pour  plulîeurs  :  un  exemple  va 
eclaircir  cette  règle  •  vous  êtes  trop  appliqué  dans  votre 
travail^  ô*  trop  dijjipé  dans  vos  délajfements  :  on  ne  parle 
qu'à  une  feule  perfonne  ;  ain(î  quoiqu'on  fe  ferve  de 
vous  pour  tu  ,  &  qu'en  conf^quence  le  verbe  êtes  foit  au 
pluriel  ,  les  participes  appliqué  ^  dijftpé  font  au  lîngu- 
lier  :  votre  qualifie  le  fubilantif  fingulier  travail ^  vos 
qualifie  un  fdbftantif  pluriel  ,  délajfements  y  ainfirorr^ 
eft  au  fingulier  ,  &  vos  eft  au  pluriel  :  mais  on  fe  fert  de 
vote  ,  &  non  pas  de  ton  ;  de  vos  ,  &  non  pas  de  tes  ; 
parcequ'on  s'eft  fervi  de  vous  ,  &  non  pas  de  tu  :  votre 
travail^  vos  amujemens  ,  déùgnenc  originairement  les 
amufemens  &  le  travail  de  ceux  à  qui  l'on  parle  ;  je 
dis  de  ceux  ,  parce  que  votre  ,  vos  y  fuppofenc  que  Voix 
parle  à  plufieurs  ,  de  même  que  vous.  Mais  l'ufage 
niant  appliqué  ce  dernier  à  un  feul  objet ,  comme  à 
plufieursiies  deux  autres  l'ont  fuivi  dans  cette  nouvelle 


i8<^  P  R  O 

deftination  :  d'où  il  fuit  qu'on  ne  Ce  fert  de  ton  i  ta, 
tes,  que  dans  les  cas  ou  tu  ,  toi  ,  te  ,  Te  tiouveat 
employés. 

Oui ,  cher  Prince  ,  ta  more  de  tant  de  pleurs  fuivie 
Met  le  comble  aux  grandeurs  dont  eu  fus  revêtu  \ 
Et  fauve  des  écucils  d'une  plus  longue  vie 
Ta  gloire  ôc  ta^vertu. 

(  Rof.jfeau,  ). 

Dans  ce  pieniier''coup  d'oeil  donné  fur  les  pronoms per». 
fonnels  ,  il  nous  refte  à  parcourir  ceux  des  troifiemes 
perfonnes.  Le  pronom'//  n'efl:  que  pour  le  mafculin  à  la 
troifieme  perfonne  du  lîngulier  :  L'amour  efl  un  tyran  fc-- 
ducieur  ;  iL  nous  flatte  ^  mais  il  nous  perd.  Il  en  ell  de 
même  du  pronom  le  quand  il  remplace  un  fubRantif  j 
car  s'il  remplaçoit  &  défignoit  un  adjeélif  ,  il  feroit 
de  tout  genre  &  de  tout  nombre,  comme  nous  le  dirons 
tour-à-i'lieure.  L'homme  efl  fier  ,  mais  il  efl  foible  ^  il 
faut  le  ménager ,   mais  il  ne  faut  pas  le  craindre. 

Lui  c(ï  audi  toujours  mafculin  &  lingulier ,  quand 
il  n'efi:  pas  tcrminatif  fans  prépofitioa  :  quand  on  aime 
quelqu'un  ,  tout  ce  que  l'on  a  ,  efl  à  lui. 

El'e  ne  peut  jamais  indiquer  qu'une  perfonne  ou  une 
chofe  de  genre  féminin  ,  &:  du  lîngulier  ;  il  en  efl:  de 
même  de  la  :  une  femme  aim.ahle  &  vertueufe  efl  une  per- 
fonne qui  loge  deux  hôtes  difficiles  à  concilier  ^  mais  fi 
elle  peut  établir  l'accord  entr'eux  ,  il::  concourent  tous  les 
deux  a  la  dédommager  des  peines  qu'ils  peuvent  lui  avoir 
caufées  ,  &  des  facrifices  qu  elle  fait  a  l'un  fans  manquer 
a  t autre. 

Se  y  fert  également  pour  les  deux  genres  &  les  deux 
nombres  ,  aufli  bien  que  les  pronoms  en  Scy  ;  les  cour- 
tifans  fe  flattent  &  cherchent  a  fe  perdre ,  parcequ'ils  fe 
craignent.  C efl  parce  que  la  fortune  efl  aveugle  ,  que  tant  de 
méchans  en  font  les  favoris.  Les  événements  trompent 
fouvent  nos  conjectures  ,  6'  nos  mtfures;  mais  fi  nous  ne 
pouvons  en  être  les  maîtres  ,  du  moins  pouvons  nous  ne 
pas  nous  y  fier.  Le  faux  dévot  efl  un  animal  ow.brageux  ; 
ne  vous  y  fie:^  pas.  ; 

Soi  erî  aulli  peu  décidé  pour  le  genre^  &  ne  s'cmploiC; 


P  R  O  ity 

uc  îorfque  le  fubjeâiif  eft  un  nom  indéfini ,  comme  -oh> 
hdcun  ^  quiconque  ^  ou  ce  ,  qui  ,  il ,  pourvu  que  c^s  pro- 
aoms  ne  foient  iîxés  par  aucun  nom  précis,  &  qu'ils tîs 
ié/îgnenc  qu'un  fujet  quelconque  j  ou  enfin  quand  ce 
fubjeciif  çi{\i  énoncé  par  un  infinitif,  ou  un  fubftanta£ 
iont  l'idée  vague  &  générale  n'eft  fixée  que  par  le, 
rapport  qu'une  prépolition  met  entre  lemot/oi&oe 
fubftantif  ou  cet  infinitif.  On  doit  d! abord -p enfer  k  foi,. 
Chacun,  n'a  qua  travailler  pour  foi.  Quiconque  ne  vsxit 
de  bien  qu'a  foi  ,  nen  recevra  guère  des  autres.  EJl-CJek 
fbi-même  a  fe  faire  juCiice  ?  Qui  voudrait  être  foi-mime 
fon  propre  ennemi  ?  La  défiance  de  foi-même  eftfoicvznit 
fort  utile  ;  mais  toujours  fe  défier  de  foi  aevient  a  lafim. 
mdfihle.  Par-tout  ailleurs  il  faut  employer  lui ,  ewx^om: 
ie  mafculin  ^  elle  ,  elles  pour  le  fémmin  ,  ou  {èuis  ,  ©a 
avec  même.  U homme  doitpenfer  a  lui-même  ,  &c.  Aw^ 
M.  de  Voltaire  blâme  - 1  -  il  ce  vers  de  Corneille  àai& 
I  Fvlyeude. 


Qu'il  faiïc  autant  pour  foi ,  comme  je  fais  pour  lui, 

33  Soi ,  dit  ctz  Ecrivain  célèbre  ,  ne  fe  dit  qtfàrinde* 
63  fini.  Il  faut  faire  quelque  cbofe  pour  foi.  Il  travaille 
M  pour  lui  33. 

Voilà  pour  ce  qui  regarde  les  pcrfonnes.  M,  l'Abbé 
à^Olivet  obfervc  que  quand yôi  fe  rapporte  aux  chofcs, 
il  peut  fe  mettre  non- feulement  avec  l'indéfini  ,  mais 
avec  le  défini  ;  &  qu'il  convient  à  tous  les  genres  :  2'& 
vertu  eji  aimable  de  foi  ;  la  vertu  porte  fa  récomptnfk 
nvec  foi  y  ce  remède  efi  bon  de  foi  ,  quoiqu'il  vous  aïz 
incommodé.  Mais  il  demande  fi /ôi  peut  fe  rapportera 
1  jun  pluriel.  35  Tout  le  monde  ,  dit-il ,  convient  que  non  ^ 
733  s'il  s'agiî  des  perfonnes.  On  ne  peut  dire  (\\ieux  eu 
33  elles.  Mais  à  l'égard  des  chofes  ,  les  avis  font  parta* 
33  gés.  Vaugelas  propofe  trois  manières  de  l'employer, 
33  Ces  chofes  font  indifférentes  de  foi.  Ces  chofes  de  faî 
33  font  indifférentes.  De  foi  ces  chofes  font  indifférentes^ 
33  II  ne  condamne  que  la  première  de  ces  trois  phrafes  , 
33  n'approuvant  pas  que  l'on  mette  de  foi  après  l'adjec- 
33  tif.  Mais  l'Académie  ,  dans  fes  obfervations  fur  Va^* 
»•  gelas,  n'admet  que  la  dernière  de  ces  trois  phrafes ^ 


y 


î88  P  R  O 

30  &  rejette  également  les  deux  autres.  Poui*  moi ,  ajoiï* 
30  te  t-il  ,  fî  je  n'étois  retenu  par  le  rcfped:  cjue  je  dois  à 
S3  l'Académie  ,  je  n'en  recevrois  aucune  des  trois  ;  étant 
00  bien  peifuadé  que  foi  ,  qui  eft  un  fingulier,  ne  peut 
33  réguiicremcnt  fe  conftruire  avec  un  pluriel  ». 

Quant  à  nous ,  s'il  nous  eft  permis  de  dire  riotrc 
avis,  nous  penfons  que  yôi  n'eft  pas  plus  un  finguliet 
que/ê  ;  on  di:  é^zicmtnt  il  fe  repe  ne  ou  ils  ft  repentent» 
Dans  la  phrafe  adoptée  par  l'Académie  ,  de  foi  eft  le 
per  fc  des  Latins  ,  qui  s'employoit  avec  le  pluriel  com- 
me avec  le  fingulier.  Q^uod  honejium  ejl  per  fe  ,  nobis 
-placez  (  Cic.  de  hv(\\c.  ).  Fer  je  ipfi  animi  moventur\ 
(  Idem  de  Div.  ).  Si  concederetur  ifia  fuâ  fponte  &  pet 
fe  effe  jucunda  ,  per  fe  effet  virtus  &  co^nitio  rerum* 
éxpetenda  (  Idem  pro  Plane.  ), 

On  3  perfonne  ,  &  rien.  ^  "font  toujours  au  fingulier ,  &'J 
Veulent  leurs  adjectifs  au  mafculin  ,  on  efl  affe:^  beau^ 
quand  on  efl  affe^  fage.  Perfonne  nefi  aujft  jévcre  ^  aufft  < 
vertueux  en  public  y  que  certaines  femmes  qui  font  les 
moins  retenues  dans  le  particulier.  Rien  nefi fi  commun \ 
que  des  fois  qui  fe  croient  de  l'efprit  j  ô*  des  fûts  qui  ft\ 
croient  modcfies. 

Ils  n'eft  que  le  pluriel  de  il ,  comme  elles  n'eft  quel 
celui  de  elle  :  ainfi  le  nombre  excepté  ,  il  n'y  a  point  dei 
différence.  Les  hommes  font  infatiables  y  ils  n'ont  ja- 
mais affe^.  Si  les  femmes  ont  le  droit  de  plaire  ^  elles  lc\ 
paient  bien.  Eux  eft  auiîî  le  pluriel  du  pronom  malculini 
lui  ,  dont  nous  avons  parlé  ;  les  riches  abjorbcnt  tout  ;| 
ccfi  pour  eux  que  les  pauvres  travaillent.  ' 

Les  eft  pour  le  pluriel  ce  que  le  &  la  font  au  fingu- 
lier :  ainfî  les  eft  mafculin  &  féminin.  Les  jours  de 
l'homme  jont  comptés  y  //  doit  donc  m.oins  Jonger  à  les 
allonger  qu'à  les  remplir.  Toutes  les  occupations  fati- 
guent a  la  fin  ,  mais  pour  y  trouver  toujours  du  plaijir  ,  il 
ne  faut  fouvent  que  j'avoir  les  varier. 

Lew(i\\.\z  pluriel  de  lui  ,,  pronom  terminatif  fans 
prépofition  :  ce  lui  étant  également  mafculin  &  fémi- 
nin ,  comme  ,  votre  père  le  veut ,  il  faut  lui  obéir: 
votre  mcre  le  demande  ;  le  lui  refuJere:^-vous  ?  il  s'cnfuic 
^ue  leur  s'emploie  auffi  pour  des  noms  de  l'un  &  àt\ 

l'autr* 


P  R  O  iS^ 

Tautrc  genre  :  l.es  hommes  acquièrent  par  de  longs  tram 
I  Vaux  des  lumières  qui  leur  deviennent  fouvent  funeftes^ 
i  L:s  folies  de  la  jeunejfe  engendrent  des  regre:s  qui  leur 
I  fuccedent  plutôt  qu'on  ne  penje. 

!  Nous  penfons  qu'il  fufHra  d'avertir  que  quelques- 
uns  de  ces  pronoms  relfemblent  entièrement  pour  le 
matériel  à  des  noms  d'autre  efpece  ,  defqucls  ils  font 
bien  différents  pour  la  fîgnification  5  &  après  ce  que 
nous  en  avons  déjà  dit ,  on  ne  fera  point  en  danger  de 
les  confondre  :  il  Juiîit  d'un  coup  d'œil  pour  voir  que 
dans  cet  exemple  ,  le  malheur  cherche  Jouvent  ceux  qui 
le  fuienî  ,  ^  f^i^  quelquefois  ceux  qui  femblent  le  cher^ 
cher.  Le  premier  le  eft  un  article  ,  qui  ne  fert  qu'à  an- 
noncer le  nom  qui  le  fuit,  &  les  deux  autres  le  font 
des  pronoms  qui  n'annoncent  pas  le  fubrtantif  maU 
heur  ,  puifqu'ils  le  précédent ,  mais  qui  le  remplacent. 
Il  en  eft  de  même  pour  la  8c  les  dans  ces  deux  exem- 
ples :  la  chofe  que  nous  avons  le  plus  deftrée  perd  bien  de 
foi  prix  y  quand  nous  la  pojfédons  ,  &  que  nous  ne  crai^ 
gnons  plus  de  la  perdre.  Les  vertus  fembUnt  îrijles  a  ceux 
qui  ne  les  pratiquent  pas  ,  mais  qu'elles  ont  de  charmes 
aux  yeux  de  ceux  qui  les  fuivent  avec  courage  ! 

Qui  pourroit  confondre  leur,  pronom  perfonnel,  qui 
{îgnifîe  ,  a  eux  ^  a  elles  ,  avec  leur  adjedif  pofleflif  qui 
exprime  ce  rapport  de  poflefllon  ,  cette  qualité  meta- 
phyfique  dont  nous  avons  parlé  ?  U  eji  grand  de  ne  nuire 
afes  ennemis  ni  dans  leur  réputation  ,  ni  dans  leurs  inté" 
rets  ;  il  efl  plus  grand  encore  de  leur  faire  du  bien.  Ce 
dernier  leur  eft  évidemment  pronom  5  les  deux  autres  ne 
font  que  le  fervice  d'adjedifs. 

'Outre  la  différence  elfentielle  provenant  de  l'emploi 
modifîcatif  du  mot/^;ir ,  il  s'en  trouve  encore  d'autres 
très  confidérables  &  très  fenfibles.  Celui  qui  eft  pro- 
nom ,  défigne  toujours  un  nom  pluriel  qu'il  remplace 
fans  jamais  prendre  de  s  final  ;  au  lieu  que  celui  qui  eft 
adjedifj  peut  fe  trouver  uni  a  un  nom  fîngulier ,  &: 
c[n'il  prend  le  s  final  pour  marquer  (on  pluriel. 
'En,  prépofition,  diffère  encore  plus  de  en  pronom  ; 
'  ce  Roi  y  père  de  fon  peuple  y  avoit  beaucoup  promis  ;  en 
peu  de  tems  il  en  fit  encore  plus  qu'il  n'en  avoit  fait  ejpé" 
Tome  IL  '  N 


IC,Q  P    R    O 

T€T»  Le  premier  en  eft  une  prépofition  qui  fignifîe  ,  dam 
Vefpau  de  peu  de  tems  ;  &  les  deux  autres  font  des  pro- 
noms qui  font  à  la  place  des  mots  ,  des  chofes  ,  de  gran- 
des  chofes  ;  il  avait  beaucoup  promis  de  grandes  chofes  ; 
il  fit  encore  plus  de  grandes  chofes  ^  qu'il  n'avait  fait  ef 
pérer  de  grandes  chofes.  On  fent  ici  l'ennui  des  répéti- 
tions ,  mais  on  voit  que  le  fens  eft  le  même. 

Perfonne  eft  un  pronom  qui  délîgne  des  hommes  y  de; 
femmes   en  général  j  rien  en  eft  un  autre  qui  défignc 
des  chofes    comme   le  premier  déligne  des  hommes 
ils  ne  s'emploient   jamais  qu'accompagnés  de   néga- 
tions, fi  ce  n'eft  dans  les  interrogations  ,  &  après  quel- 
ques conjondions  ,  mais  ce  dernier  cas  eft  plus  rare 
Or  qui  pourroit  ne  pas   les   diftinguer  des  fubftantit' 
perfonne  &  rien  ,  qui  fignifient  par  eux-mêmes  ,  l'un 
un  homme  ou  une  femme  prife  en  particulier  ,  ou  de 
hommes,  des  femmes  prifes  en  général ,  mais  détermi- 
nées 5  l'autre  ,  le  néant ,  ce  qui  n'eft  pas  &  ne  peut  êtic 
qui  tous  les  deux  ont  un  pluriel  ,  &  prennent  l'arncli 
avant  eux  ,  ce  que  ne  font  pas  les  mêmes  mots  cm 
ployés  comme  pronoms  ;  outre  que  perfonne  fubftanti 
eft  toujours  féminin  ,  au  lieu  qu'ici  il  eft  toujours  mal- 
culin  :  Perfonne  ne  fait  s'il  ejî  digne  d'amour  ou  de  haine 
Perfonne  n'eft  ajfe^  éclairé  pour  n'avoir  jamais  be foin  eu 
confeils.   Rien  n'eft  f  beau  que  défaire  des  ingrats  ;  mai. 
eji-il  rien  qui  demande  autant  de  venu  !  Vous  me  preffe^ 
comme  s'il  était  rien  qui  pût  me  faire  changer.  La  perfon 
ne  a  qui  fai  parlé  ,  s  eft  fâchée  pour  des  riens.  On  icn 
que  les  deux   mots  en  queftion  font  fubftantifs  dan 
le  dernier  exemple  ,  où  ils  font  précédés  de  l'article 
qu'ils  n'admettent  point  dans  les  autres  où  ils  font  pro 
noms. 

Il  faut  remarquer  ici  que  ces  deux  pronoms  peu 
vent  prendre  aufli  la  négation  dans  les  phrafes  où  l'oi 
interroge  :  il  eft  même  des  cas  où  elle  eft  néceffairc 
puifque  le  fens  varie  félon  qu'elle  s'y  trouve,  ou  ne  s']  J 
trouve  pas  :  Eft-il  perfonne  qui  fâche  ce  que  fai  réfolu  i  J 
^' eft -il  perfonne  qui  fâche  ce  que  j'ai  réjolu?  La  premier* 
phrafe  fait  entendre  que  je  fuis  fur  que  perfonne  ne  faii 
mon  fecret  :  la  féconde  infinuc  que  je  crains  que  q^cl^ 
qu'un  ne  le  fachc. 


P  R  O  15)1 

De  tous  ces  pTonoms  perfonnels  ,  les  uns  ne  peuvent 
1  fervir  que  àtfubjeBifs  ou  nominatifs  du  verbe  ,  ou  fu- 
i  lets  agiilants  ;  nous  leur  donnons  le  nom  de  pronoms 
oerfonnels  agijfants  ;  ce  Contje  »  tu  ,  il  ,  ils  ^  on  :  d'au- 
:res  que  nous  nommons  perfonnels  régis  y  font  toujours 
i\\  régime  alTujetti  foit  d'un  verbe  ,  foie  d'un  autre 
.not  3  ce  font  les  neuf  fuivants  ;  me  ^  te  ^  fe  ^  le  ^  la  ^ 
m^y  ,  les ,  leur.  Les  autres  qui  font  nous  ^  vous  ^  moi  ^ 
.:oi ,  foi  ,  lui  ,  elle  ,  eux  ^  elles  ,  perfonne  ,  &  rien  ,  font 
1  lijuelquefois  régiiTants  ou  agilfants  ,  &  quelquefois  ré- 
^is  ,  félon  les  phiafes  où  on  les  emploie.  Nous  leur 
liaiilons  la  dénomination  générale  de  pronoms  perfon-^ 
nels  ,  qu'ils  femblent  mériter  par  Tuniverfalité  de  leurs 
fervices  ;  mais  quand  nous  parlerons  des  agijfants ,  ils  y 
feront  compris  pour  les  cas  où  ils  en  ont  l'emploi  j 
comme  aufli ,  lorfqu'ils  font  régis  ,  ils  doivent  iuivre 
lies  règles  établies  pour  ceux  de  la  féconde  claffe. 

Tout  verbe  qui  n'eft  pas  à  la  féconde  perfonne  de 
l'impératif,  ni  a  l'infinitif,  veut  avec  foi  un  fubjeSlif  ovl 
nominatif  rédhmGnt  exprimé;  &  ce  fubjedifeft  tou- 
jours un  pronom  agilTant  pour  les  deux  premières  per- 
fonnes  ;  quant  à  la  troilîeme  foit  du  fingulier  ,  foit  dix 
pluriel ,  il  y  faudra  encore  un  de  ces  pronoms ,  fî  la  per- 
fonne n'eft  pas  exprimée  par  fon  nom  propre.  Ainfî,  moi 
qui  m'appelle  Pierre  ,  je  ne  puis  pas  dire ,  Pierre  viens  , 
ni  fimplement  viens  ;  il  faut  que  je  dife  ,  je  viens.  Si  je 
parle  au  nom  de  plulîeurs  ,  je  devrai  dire,  nous  venons^ 
Il  faut  appliquer  la  même  règle  à  la  féconde  perfonne  : 
tu  viens  ,  vous  vene^.  Mais  pour  la  troilîeme ,  les  ver- 
bes n'y  prennent  de  pronoms  que  quand  les  noms  pro- 
rpres  ne  peuvent  s'y  montrer  eux  -  mêmes  par  les  râl- 
ions qui  ont  fait  fubftituer  les  pronoms  aux  noms. 
A  in  fi  l'on  dir ,  mon  père  vient  ,  &  non  pas  ,  mon  père  il 
vient.  Mais  fi  mon  père  a  déjà  paru  dans  le  difcours  & 
qu'il  n'y  ait  point  damphibologie  à  l'omettre  ,  qu'il 
y  ait  même  quelque  défagrément  à  le  dénommer  une 
féconde  fois  ;  on  dit  feulement  ^  il  vient  ;  elle  vient  s'il 
s'agit  d'une  femme  ;  ils  viennent  ,  elles  viennent ,  fi  le 
fubjeftifeft  compofé  de  plufieurs ,  vus  chacun  en  par-, 
ticulier. 
Nous  ayons  excepté  dç  €ette  loi  l'infinitif  qui  n© 

Nij 


191  P  R  O 

prend  jamais  de  fubjedif  ou  nominatif ,  non  plus  qu^ 
les  fécondes  perfonnes  de  l'impératif,  ni  la  première  dvt 
pluriel  de  l'impératif  5  le  fingulier  n'a  point  de  première 
perfonne  dans  ce  mode  :  ainli  l'on  dit ,  aime  ,  aimons  , 
aime:^^  &  non  pas ,  tu  aimes  ^  nous  aimons  ,  vous  aime^\ 
qui  ne  feroient  plus  de  Timpératif ,  mais  de  l'indicatif. 
Pour  les  troifîemes  perfonnes  de  ce  mode^  elles  fontfou- 
mifes  au  règles  générales  :  on  dit  donc,  que  Pierre  aime, 
ou  qu'il  aime  ,  fi  l'on  a  déjà  parlé  de  lui  ;  qu'ils  aiment , 
s'il  s'agit  de  plyfieurs  &  qu'ils  foient  du  genre  maf- 
culin. 

Une  autre  exception  à  faire  à  cette  première  règle 
c'eft  que  quelquefois  on  omet  devant  un  fécond  verbe  k 
pronom  fubjedif ,  quand  il  a  été  employé  devant  un 
autre  verbe  qui  précède  &  qui  eft  uni  au  fécond  par  la, 
conjondion  &.  Il  examina  bien  toutes  vos  raifons  ,  ô"  dé 
cifla  que  vous  avieT^  tort.  Je  vous  ai  beaucoup  écouté  ,  6 
ne  vous  ai  pas  compris.  On  peut  cependant  répéter  le 
pronom  ,  &  même  le  plus  fouvent  on  le  fait.  On  doit 
le  faire  en  particulier ,  1°.  quand  ce  fubjedif  elè  on 
on  demande  &  l'on  veut  j  &  non  pas  ,  on  demande  &  veut , 
Sec.  i"*.  Quand  les  verbes  font  en  des  tems  différens  ,;< 
veux  &je  voudrai  ,  &  non  pas  ,  je  veux  &  voudrai.   Le: 
pronoms  de  la  troifieme  perfonne  font  ici  exceptés  j  or' 
dit  très  bien  ,  ils  difent&  diront^  Sec. 

Lorfqu'on  veut  ou  qu'on  doit  mettre  un  pronom  agif  ; 
fant  pour  fubjedif  ou  nominatif  dans  une  phrafe  ;  qu'on 
fait  à  quel  nom  il  doit  fe  rapporter  ,  de  quel  genre  &  dfi 
quel  nombre  il  doit  être  ,  aufli  bien  que  la  perfonnti 
qu'il  doit  exprimer  ;  il  refte  encore  des  embarras  qu*i 
faut  lever.  Pour  la  première  perfonne  du  fingulier  ,  ci: 
fe  fert  de  je  ;  pour  la  féconde  on  prend  tu  ^  pour  la  troi 
ficmc  on  met //pour  le  mafculin,  elle  pour  le  féminin 
au  pluriel  ,  nous  fert  pour  la  première  y  vous  pour  la  fé- 
conde ,  &  pour  la  troifieme  ils  au  mafculin  ,  elles  au  fé- 


minin. 


Voilà  la  règle  générale  qui  ne  fouffre  pas  de  difficul 
tés  pour  nous  &  vous  :  je  &  tu  n'en  fouiFrent  guère 
plus  ;  s'il  eft  quelques  circonftances  rares  ,011  moi  ^  toi 
femblent  en  tenir  la  place  ,  on  verra  qu'il  n'en  eft  rien 
•pourvu  qu'on  y  regarde  de  près,  I^ous  prîmes  ,  moi- foi 


P  R  O  19^ 

^ufd  y  &  toi  fin  épée,  C'eft  nous  qui  fert  de  fubjedif  ou 
nominatif  dans  cet  exemple  5  moi ,  toi  ,  n'y  font  point 
;et  emploi ,  ils  ne  fervent  qu'à  montrer  ce  que  chacun 
5t ,  en  rapprochant  chaque  partie  du  fait  commun  ,  de 
l'idée  de  celui  à  qui  elle  appartient.  Ils  partirent  ,  moi,, 
je  reftai.  Moi  n'eft  ici  qu'une  défîgnation  de  plus  ,  pour 
narquer  l'énumération,  &  appuyer  davantage,  par  ce  re- 
doublement de  pronoms  nui  indiquent  la  chofe  ,  fur  ce 
:jue  je  fis  malgré  le  départ  des  autres  :  c'eftye  qui  ferc 
ici  feul  de  fubjedif  5  cela  eft  fi  vrai  que  moi  doit  être  fé- 
paré  du  verbe  &  de  fon  fubjedif  par  une  virgule.  Céji 
moi  qui  l'ai  dit  ,  <&•  ccfi  toi  que  j'avois  en  vue.  Moi  ^ 
\toi  font  objedifs  du  verbe  être  y  ou  C\  l'on  veut,  ils  font 
il'objet  fur  lequel  le  verbe  être  étend  fa  fignification  , 
l'objet  qui  fert  de  terme  à  fon  cxprcflion  ,  &  le  pronom 
■indéfini  ce  eft  ici  le  feul  fubjedif  :  on  peut  de  même 
réfoudre  toutes  les  autres  phrafes  qu'on  pourroit  op- 
pofcr. 

Lui  &  eux  peuvent  fe  mettre  à  la  place  de  //  j  ils  ,  en 
certains  cas  :  c'eft  lorfque  l'on  marque  par  énumératioJfi 
|ce  qui  dans  un  fait  commun  doit  être  attribué  à  cha- 
que perfonne  j  ou  ce  que  chacun  fit  dans  une  circonl- 
;tance  particulière  où  plufieurs  fe  trouvoient  dans  lamê- 
ime  poficion  5  les  deux  frères  &  le  coufm  vous  ont  éga- 
lement fait  tort  ;  lui  a  écrit  contre  vous  j  eux  ont  r/- 
pandu  le  libelle.  .  .  Je  demeurai  ,  6*  lui  s'en  alla  ,  .  . 
Eux  6"  mon  père  font  partis  ce  matin.  On  pourroit  aufïî 
après  lui  &  eux  répéter  il ,  &  ils  ;  ce  qui  donne  lieu  de 
croire  qu'originairement  ils  dévoient  être  exprimés  ,  & 
^que  la  négligence  ou  l'envie  d'abréger  font  les  feules 
îcaufes  qui  les  ont  fait  retrancher. 

Lui  ,  eux  y  fe  trouvent  encore  fubjedifs  à  la  place  de 
//  ,  ils ,  lorfque  le  verbe  en  ayant  plufieurs  ,  ne  s'accor- 
de qu'avec  un  fubjedif  différent  de  ceux-ci  ,  &  renvoie 
les  autres  à  fa  fuite  par  forme  d'addition  5  où  lorfqu'ils  fe 
Trouvent  en  réponfe  après  une  interrogation  dont  le  fub- 
jedif eft  douteux  :  les  exemples  vont  éclaircir  ces  deux 
f  circonftances.  Je  fouffre  beaucoup^  &  lui  aujfi.  Nous 
•  avons  notre  part  y  &  eux  la  leur.  Qui  vous  a  dit  cela  ? 
lui  &  tux.  Dans  ces  deux  occafions  ,  lui  di  eux  font  pour 

Nii) 


l 


194  P  R  O 

la  troifleme  perfonne  mafculine  ,  comme  moi  &  u 
pour  les  deux  premières  du  fingulier. 

E/le ,  elles  n'admettent  aucun  autre  pronom  à  leu 
place  en  quelque  circonftance  que  ce  foit.  On  ne  pet 
pas  dire  que  yôi  puiffe  les  remplacer  en  qualité  de  fub 
jedif ,  le  feul  point  de  vue  fous  lequel  nous  les  confî 
dérons  ici.  Les  raifons  que  nous  avons  apportées  contr 
Twoi  &y6)i  reviendroient,  &  peut-être  même  que  l'ufag 
les  rendroit  encore  plus  palpables  ,  fi  elles  étoient  ap 
pliquées  à  foi  ^  pronom  que  l'on  place  plus  raremer 
que  les  deux  autres  de  façon  à  le  confondre  avec  1< 
vrais  fubjedifs  ou  agiilants. 

Quelquefois  on  veut  donner  à  un  verbe  un  fubjeél 
ui  ne  défîgne  rien  que  de  très  général  :  pour  cela  0 
e  fert  de  il  avec  les  verbes  qu'on  appelle  imperfonnels 
il  faut  ,  il  convient ,  il  Jîed  mal ,  &c.  Quand  il  y  a  w 
gation  dans  la  phrafe  imperfonnelle  ,  on  met  quelque 
fois  il  avec  rien  ou  perfonne  :  il  neft  rien  ,  il  neji  pe 
fonne  qui ,  &c.  Mais  rien  ôc  perfonne  ne  font  ici  qu'e 
objedifs  &  point  en  fubjeftifs.  Ailleurs  on  emploie  . 
mot  on  que  les  Grammairiens  appellent  mal-à-prop( 
particule  ,  &  qui  n'eft  qu'un  pronom  perfonne!  agi 
fant  :  on  devroit  porter  des  loix  contre  les  ingrats.  Si  c 
fubjeâ:if  général  &  indéterminé  ,  ne  s'entend  que  d«' 
personnes,  &  qu'il  foit  accompagné  d'une 'négation 
alors  on  peut  fe  fervir  du  pronom  perfonne  au  lieu  d 
Qn.  Perfonne  n'a  le  courage  de  donner  au  Public  le  premit 
exemple  d'une  vertu  nouvelle.  On  pourroit  égalemei 
dire ,  on  na  pas  le  courage  ^  &c.  mais  cette  dernier 
phrafe  feroit  plus  foible  ,  parceque  le  fubjeclif  en  cl 
îî  général  ,  qu'il  n'offre  prefqu'aucune  idée.  II  faut  feu 
lement  obfervcr  que  dans  ce  cas  &  les  femblables,  0: 
n'exprime  la  négation  que  par  ne  2iV te  perfonne  ^  parce 
que  dciliné  principalement  à  fervir  dans  les  phrafe  s  m 
gativcs  ,  il  fcmble  y  fuppléer  de  lui-même, 

II  faut  dire  du  pronom  rien  ,  quand  le  fubjeél:if  n 
s'entend  que  des  chofes  en  général  ,  &  non  pas  des  per 
fonnes ,  &  qu'il  doit  avoir  une  négation  avec  foi ,  tou 
ce  que  nous  venons  de  dire  àz  perfonne  :  rien  /te  fait  im 
prefion  furfon  efprit. 


i 


P  R  O  t95 

Après  avoir  affcz  décaillé  les  circonftances  ou  l'on 
fe  ferc  de  chacun  des  pronoms  agilfants  ,  pour  qu'on 
ne  puilTe  plus  être  embaralTé  du  choix  ;  il  ne  refte  plus 
qu'a  marquer  leur  place.  La  règle  généi-ale  à  ce:  égard  , 
c'cil  qu'ils  doivent  être  devant  le  verbe.  Vous  foukai^ 
tel  •  j^  commande  ;  ils  obéijfent.  Il  y  a  cependant  quel- 
ques exceptions. 

Les  pronoms  fe  mettent  après  le  verbe,  loufqu'il  y  a 
interrogation  :  Déviez-vous  pouffer  la  complaifance  juf*. 
qua  lafoiblejfe  ?  Irai- je  mandier  la  protcflion  d'unfot  ? 
Eft- il  une  femme  ajfe[  accomplie  pour  unir  les  agrémens 
aux  qualités  folides  ?  ne  feroit-elle  pas  peut-être  maU 
heureufe  ,  faute  de  trouver  quelquun  qui  méritât  fon  atta- 
chement ?  Dans  ce  cas  on  met  encore  après  le  verbe  le 
pronom  qui  convient  au  fubjediiF ,  quand  celui-ci  eft 
exprimé  dans  la  phrale;  mais  alors  le  nom  propre  de  ce 
fubjedif  fe  place  avant  le  verbe.  Les  malheureux  ont-ils 
h.  leur  portée  d'autres  vertus  que  la  patience  ?  Les  fem,^ 
mes  font  -  elles  plus  capricieufes  que  bien  des  hommes  ? 

Il  faut  en  dire  autant  des  pronoms  démonftratifs 
ceci  ,  cela  y  celui-ci ,  celui-là  ,  ce  ,  quand  ils  tiennent  la 
place  du  fubjecftif  :  celui-ci  vous  convient-il?  des*;  indé- 
finis quelquun  ,  chacun  j  nul ,  tel ,  aucun  ,  tout  ;  aucun 
na-t-il  entendu  ?  Chacun  vient-il  a  fon  rang  ?  Les  autres 
pronoms  qui  ne  font  pas  perfonnels  ,  ne  font  point  fub- 
jedifs  dans  les  interrogations  ,  comme  quiconque  ,  ou  ne 
prennent  point  le  perfonnel  il  après  leur  verbe  ,  com- 
me ,  qui  vient  d'arriver  ?  ou  ils  font  de  peu  d'ufage  j 
ou  enfin  ce  point  de  leur  fyntaxe  fera  expliqué  à  leur 
article  :  il  y  a  d'ailleurs  là-delTus  tant  de  variétés  ,  félon 
les  différentes  conftrudions  ,  qu'on  ne  peut  s'en  bien 
inftruire  que  par  l'ufage. 

Lorfque  dans  ce  cas  d'interrogation  ,  le  verbe  eft  à  la 
troifieme  perfonne  du  fîngulier ,  &  qu'il  finit  par  un 
e  muet ,  on  met  entré  lui  &  fon  fubjedif  i/  ou  elle  ,  un 
t  qui  eft  lié  aux  deux  mots  par  un  tiret  de  chaque  cô;:é; 
comme  ^t-  :  votre  père  approuvera-t-il  vos  négligences  ? 
Quelquefois  au  lieu  de  mettre  un  tiret  après  le  r  ,  on  y 
met  une  apoftrophe,  quand  il  y  a  élifion:  va-t'en.  Après 
toutes  les  autres  confonnes  qui  finiflenc  un  verbe  &  qui 
précèdent  immédiatement  leurs  pronoms  fubjedifs  gui 

Niv 


tr)^  P   R    O 

commencent  par  une  voyelle ,  on  fe  Tert  du  tiret-  :  Les 
femmes  favent- elles  profiter  de  tous  leurs  avantages  ? 

Si  dans  ce  cas  le  verbe  finit  par  un  </ j  le  û^  devant  H 
fe  prononce  comme  un  t.  Entend-il? 

Le  verbe  imperfonnei  ilvient ,  employé  pour  il  arrive^ 
précédé  de  l'adverbe  d  oà^  &  placé  en  interrogation,  ne 
prend  point  de  fubjcdif  s'il  eftfuividela  conjondioa 
que  :  d'où  vient  que  les  hommes  ne  deviennent  pas  toujours 
meilleurs  ,  en  devenant  plus  inflruits.  D'où  vient  que  l'on 
fouhaite  toujours }^e  quon  nous  interdit  ?  Nous  fuppofons 
ce  verbe  impersonnel  :  car  fans  cela  il  rentre  dans  l'or- 
dre commun  :  d'oii  vient  votre  réfroidijfement  ^  8cc.  On 
dit  audl  avec  ce  même  verbe  imperfonnei  ,  delà  vient 
que  je  n  ai  pu  le  voir  ,  &c.  En  quoi  Ton  voit  cju'on  peut 
s'exprimer  ainfi  fans  interrogation,  &  en  quelque  tems 
que  ce  foit  de  l'indicatif  de  ce  verbe  ,  excepté  au  futur 
&  au  conditionnel  pafles.  En  fe  fervant  du  mot  d'oie  on 
peut  retrancher  aux  mêmes  tems  le  fubjedlif  //  hors  de 
l'interrogation  :  mais  on  emploie  plus  ordinairement 
de- la. 

Le  pronom  agiflant   (e  met  aufli  après  le  verbe  -, 
quand  ce  verbe  efl:  précédé  de  certaines  particules  ,  qui 
font  ainjî  ^  aujft  y  peut- être  ,  du  moins  ^  au  moins  ,  en- 
vain  y  encore.  Ainfi  devrie\~vous  en  agir  avec  un  ami,  « 
Aujfi  cette  action  vous  a-t- elle  fait  honneur.  F  eut-être  aur 
rons-nous  un  fort  plus  heureux.  Du  moins  prendrons  -  nous 
patience.  Au  moins  doit-on  avertir  un  ami  en  pareil  cas, 
Envain  cherchei^-vous  à  vous  en  défendre.  Encore  faut-il 
faire  quelqu  effort  avant  de  céder.  Dans  ces  occalions  , 
on  peut  également  mettre  le  pronom  avant  le  verbe  i 
ou  n'en  point  mettre  fi  le  fubjeC^if  y  eft  exprimé  par  fou 
nom   propre.    Aup  cette  aÉiion  vous  a  fait  beaucoup 
d'honneur.  Du  moins  nous  prendrons  patience.  Cepen- 
dant en  fuivant  la  règle  générale  ,  ainfi  doit  fe  tranf- 
porter  après  le  verbe  ,  vous  devrie^  en  agir  ainfi  avec  un 
ami  ;  peut-être  peut  aufli  s'y  tranfportcr  ,  ou  prendre  un 
que  après  foi.  Nous  aurons  peut-être. . .    ou  peut-être  que 
nous  aurons  un  meilleur  fort  :  ou  rcfter  à  la  tête  de  la 
phrafe  ;  peut-être  ^  nous  aurons  ,  &c. 

Il  n'y  a  que  la  particule  encore  qui  ne  veuille  fe  prêter  i 
à  aucun  autre  arrangement  ,  du  moins  quand  cile  cft 


P  R  O  197 

prife  dans  le  même  fcns  que  lui  donne  l'exemple  cité. 
Encore  faut  il  faire  ,  ou  il  faut  faire  encore  quelques 
efforts  avant  ae  céder ,  ne  piéfenre  pas  le  même  fens 
pont  le  mnr  encore.  Dans  ce  dernier  exemple  il  fignific 
qu'on  a  déjà  fait  des  efforts  ;  dans  le  premier  il  n'eft  en 
quelque  fcrLC  qu'un  encouragement  contre  le  défelpoir, 
une  exhortation  pour  ranimer  Tes  forces. 

Les  verbe*;  veulent  aufli  leurs  pronoms  agiflants  après 
eux  ,  quand  ils  font  mis  au  fubjondlif  fans  y  être  aiTu- 
jettis   par  quelque  verbe  ou  ccnjonâion  précédente  , 
mais  feulement  pour  marquer  le  déjfî  ,  ou  le  fouhait  , 
ou  l'afruiance  où  l'on  eft  d'une  chofe.  Alors  il  faut  que 
ces  verbes  foient  à  des  tems  conditionnels  ;  &  il  n'y  a 
que  le  verbe /joz/vozV  qui  fouffre  cet' ordre  de  conftruc- 
tion  ,  étant  au  préfent  du  fubjondif  :  EuJJ]ei-rous  re* 
I  cours  a  toute  la  terre  ,  je  me  moque  de  vous.  Puijjie:^^ 
vous  réujfîr,  Vinjfie\-vous  a  bout  de  vos  dejjeins  ,  vous 
refleriei  encore  dans  de  grands  embarras.   Quclq^uefois 
pour  marquer  le  fouhait ,  on  met  un  que  particule  de- 
vant le  verbe,  &  celui-ci  prend  alors  le  tems  de  l'indi- 
j  catif  que  demande  le  fens  de  la  phrafe  :  Que  ne  vient-il 
I  donc.    Que  narrivoit-il  a  tems.   Que  ne  m' a-t  il  écouté  ^ 
!  &c.  Dans  ces  occafîons  il  y  a  toujours  une  négation  ex- 
primée ,  comme  on  le  voit.  Ces  façons  de  parler  n'ad- 
mettent point  le  futur. 

Enfin  ,  le  pronom  agifîant  fe  met  après  les  verbes 
dire  y  répondre  ,  ajouter ,  répliquer  y  reprendre  ,  &  autres 
femblables  ,  qui  dans  le  cours  d'une  narration  fe  trou- 
vent entre  deux  virgules ,  comme  dans  une  parenthefe  , 
j  pour  marquer  que  \zs  chofes  que  l'on  rapporte  ont  été 
?  dites ,  répondues  ,  ajoutées  ,  ou  dévoient  être  dites  , 
'  ajoutées,  &c.  ou  enfin  le  feront  par  un  tel.  Cejl  ^  difoit- 
il ,  le  plus  grand  malheur  qui  vous  puijje  arriver.  J'y  fuis 
préparé  ,  lui  répondis-je.  Voila  ,  ajoutait -il ,  ou  aboutit  un. 
courage  mal  -  entendu.  AIU\  ,  vous  dira-t-il  ,  chercher 
votre  récompenfe  auprès  des  maîtres  que  vous  ave-:^  fervis , 
Toutes  les  fois  que  le  fubjeclif  doit  être  renvoyé  après 
fon  verbe  comme  nous  venons  de  le  développer  ,  fi  ce 
verbe  eft  dans  un  tems  compofé  ,  le  fubjedif  ne  laifTe 
palTer  devant  foi  que  l'auxiliaire  j  il  précède  le  partici- 
pe du  verbe,  Auriei^-vous  deviné  qu'il  fût  capable  d'une 


Ï98  P  R  O 

aBionJî  bajfe  ?  Encore  aune:(-vous  du  lui  parler,  Eât-îl 
remué  Je  ciel  &  la  terre  ,  il  ne  pouvait  réujfir.  QùeujfteT^ 
vous  fait  alors  ,  &c. 

Il  ne  refte  plus  qu'un  mot  à  dire  des  pronoms  perfon- 
nels  agiflantsi  &  ce  mot  concerne  les  qualificatifs  qu'on 
pourroit  vouloir  leur  donner,  La  remarque  générale  à 
cet  égard  ,  eft  qu'ils  en  admectent  très  rarement  j  &  que 
lorfqu'on  leur  en  veut  donner  ,  il  y  faut  bien  des  atten- 
rions  pour  les  placer  à  propos  ,  Se  fans  choquer  l'o- 
ïeille. 

Je  ne  prend  jamais  de  qualificatifs  après  lui  ,  fi  ce 
n'efî:  lorfque  dans  des  actes  &  billets  d'affaires  on  dit  , 
je  foujftgné  ,  demeurant  à,  &c.  certifie  ,  déclare  ,  &c. 

Hors  de  là  quand  on  veut  le  qualifier  ,  les  adiedifs 
doivent  être  placés  avant  lui  :  confiant  aujft  bien  que 
fincere  ,  je  tiens  tout  ce  que  je  promets.  On  peur  auifi  faire 
précéder  ces  qualificatifs  par  moi  ou  par  pour  moi  j  moi  „, 
foigneux  d'éclairer  tous  fes  pas  ,  je  le  f ai  fois  Juivre  par^ 
tout.  Pour  moi  ,  ayant  vu  fa  mauvaife  foi ,  je  l'aban- 
donnai. 

Les  pronoms  tu  ,  il ,  ils  ,  font  encore  à  ce  fujet  plus 
difficiles  quey^y  puifqu'ils  n'en  admettent  jamais  en- 
tr'eux  &  leurs  verbes  j  les  faifant  toujours  palfer  avant 
eux,  quelquefois  feuls  ,  &  quelquefois  précédés  dttoi, 
lui  ,  eux  :  toi  ,  aufit  peu  capable  de  repentir  a  la  -vue  d'un 
crime  commis  ,  que  de  timidité  à  la  vue  d'un  crime  a 
commettre  ,  tu  joignis  l'effronterie  a  la  fureur.  Toujours 
jaloux  &  foupçonneux  ,  il  ne  lui  laijfe  pas  l'ombre  de  li- 
berté. Lui  &  eux  ne  pouvant  s'accorder  ,  ils  Je  féparerent , 
ou  Je  féparerent  ,  fans  ils.  Nous  ,  vous  ,  elle  ^  elles  . 
fuivcnt  aufli  leurs  qualificatifs  foit  en  fe  répétant  avani  : 
&  après  ,  foit  qu'ils  ne  foient  placés  qu'après  :  Nous  , 
libres  au  milieu  de  la  tyrannie  ,  nous  répondîmes  ,  &c. 
Pour  nous  ,  peu  contents  de  fes  rJponfes  ,  nous  prima 
d'autres  mefures.  Piqués  enfin  de  fes  détours  ,  nous  cejfa- 
mes  de  le  ménager.  Toujours  gaie  ,  toujours  belle  ,  elle  ft 
fait  autant  d'ennemies  que  d'amis. 

Lui  &  eux  placés  avant  les  qualificatifs  ,  pcuveni 
fuppléer  aux  pronoms  /7,  ils  :  lui  ,  interdit  &  confus  . 
fc  retira.  Eux  ,  ayant  vu  cela  ,  s'en  allèrent.  On  peut  cr 
iifer  de  me  me  avec  ,  elle  ,  elles  :  elle  ^  contente  de  fa 
fucch  ,  f  liât  a  de  m'en  donner  nouvelle^ 


P  R  O  199 

Les  deux  pià]tddh  feul  Se  tout  feul  peuvent  être  après 
moi  y  toi  y  lui  ,  eux  ,  elle  y  elles  ,  nous  y  vous  :  moi  tout 
feul  y  j'irai  ;  toi  feul  tu  viendras  j  on  voit  qu'il  faut 
toujours  y  ajouter  ye,  tu  :  lui  feul  viendra  ;  eux  tous  ref- 
teront  :  noui  feuls  l'avons  entendu  ;  elle  feule  le  fait  :  ici 
le  pronom  ne  doit  pomt  fe  redoubler.  On  met  plus  fré- 
quemment ces  pronoms  avec  ces  deux  mots  ,  après  le 
verbe  ;  j'irai  moi  tout  feul  ;  ils  refteront  eux  tous-,  plus 
fouvenr  encore  on  ne  met  que  tout  feul ,  après  le  ver- 
be ;  jir(ii  tout  feul  ;  nous  t avons  feuls  entendu  5  ils  ref- 
teront tout  feuls.  Même  fe  joint  aux  pronoms  moi  , 
toi  ,  nous  ,  vous ,  lui  ,  eux  ,  elle  ,  elles  ;  cet  adjedif  eft 
toujours  immédiatement  après  eux  :  moi-même ,  je  l'ai 
vu  j  je  l'ai  vu  moi-même  ;  nous-mêmes  devons  y  aller ^ 
nous  devons  y  aller  nous-mêmes  5  lui-même  me  l'a  dit , 
Urne  l'a  dit  lui-même  i  elle-même  le  fait  ^  elle  le  fait 
elle-même. 

II  eft  aifë  fur  ces  exemples  de  voir  comment  les  pro- 
noms doivent  fe  placer  dans  cet  accompagnement.  De 
tous  hs  pronoms  agiiTants  ,  il  ne  refte  plus  que  on  ^ 
perfonne  ,  &  rien  ;  le  premier  ne  marquant  qu'une  gé- 
néralité indéterminée  ,  ne  peut  jamais  admettre  aucun 
adjeâiif,  ni  qualificatif:  il  marche  toujours  feul.  On 
voit^  on  fait ,  Sec. 

Ce  ptonom  prend  l'article  avant  lui  quand  il  fe 
trouve  placé  après  d'autres  mots  qui  feroient  avec  on 
une  prononciation  rude  &  difficile  :  fi  l'on  vient  y  dites- 
que  je  vais  revenir.  D'où  vient  cet  article  devant  on  ? 
c'eft  que  ce  pronom  vient  du  mot  komm.e ,  dit  M.  du 
Marfais  ;  ainfi  on  aura  auflî  bien  l'on  de  l'homme  ,  que 
on  de  homme.  Cet  ar-ticle  ne  change  donc  rien  à  la  gé- 
néralité vague  du  pronom  ;  puifqu'il  n'eft  qu'un  refte 
étymologique  ,  qui  ne  s'eft  confervé  que  pour  l'o- 
reille. 

Perfonne  peutfe  faire  fuivre  àtfeul,  ou  de  tout  feul  ^ 
perfonne  ne  peut  feul  conduire  un  fi  grand  projet  ;  mais 
on  les  fépare  par  le  verbe  :  rien  n'admet  jamais  cet  ad- 
jeélif  à  fa  compagnie  5  ni  l'un  ni  l'autre  ne  peuvent 
non  plus  y  fouffrir  tout ,  ou  même  5  toute  perfonne  eft  un 
fubftantif ,  &  non  un  pronom.  Ils  rejettent  aurtî  les 
autres  qualificatifs ,  à  moins  qu'ils  ne  les  faflent  pré- 


200  P    R    O 

céder  par  la  prépofition  de  ,  &  qu'eux-mêmes  ne  cèdent 
la  place  de  fubjedifs  :  on  ne  vit  jamais  rien  défi  beau  : 
il  n'efl  perfonne  d'ajfe:^  faint ,  pour  avoir  droit  de  me  ju-^ 
ger  avec  rigueur. 

Nous  finirons  l'article  des  perfonnels  agi/Tants  on 
fubjeâiifs ,  par  deux  petites  obfervations  >  la  première  , 
que  quand  ils  fe  trouvent  en  concurrence  avec  des 
pronoms  régis  ,  les  fubjedifs  fe  placent  toujours  à  la 
tête  des  autres  ;  ainfi  on  dit  yje  vous  le  donnerai  -,  où.  je 
JailTe  le  voifinage  du  verbe  aux  pronoms  régis  vous , 
ie.Scc. 

Remarquez  pour  les  négations  ne  ,  pas  ,  point ,  que 
dans  les  phrafes  où  le  pronom  agiflant  eft  devant  le 
verbe  ,  il  lailfe  ne  fe  placer  entre  lui  &  le  verbe  avant 
les  autres  pronoms  ;  je  ne  vous  le  donnerai  pas.  Mais 
dans  les  occafions  où  le  pronom  agiïïant  ne  fe  met  qu'à 
la  fuite  de  fon  verbe  ,  il  n'en  cède  jamais  le  voifinage 
aux  mots  ,  pas  ,  point  y  ne  viendra-t-il  pas  ?  Ne  le  ver- 
rai je  point  ? 

Mais  ils  ne  céderont  jamais  leur  place  à  quelqu'au- 
tremotquece  foit ,  fut-ce  même  aux  adverbes,  qui 
font  intimement  liés  au  même  verbe  j  ainfi  l'on  dira  ,je 
vous  aime  tendrement ,  &  jamais ,  je  tendrement  vous 
aime ,  &c.  La  féconde  obfervation  ,  c'eft  que  dans  les 
trois  autres  clafi^es  de  pronoms  que  nous  avons  appelles 
relatifs  ,  démonfiratifs  ,  &  indéjînis  ,  il  en  eft  un  grand 
nombre  qui  peuvent  être,  &  font  fouvent  perfonnels 
agiffants  :  mais  nous  en  avons  fait  la  divifion  d'après  les 
qualités  qui  paroifient  les  caradérifer  davantage  ;  & 
dans  le  cours  de  ce  que  nous  en  dirons ,  nous  aurons 
foin  de  marquer  ce  qu'ils  ont  de  commun  avec  ceux  que 
nous  aurons  déjà  examinés. 

Nous  avons  dit  que  me  ,  te  ,  fe  ,  le  ,  la  ^  en  ,  y  ,  les  , 
leur^  étoient  toujours  des  perfonnels  régis  j  &  que  nous^ 
vous  ,  moi ,  toi  ,  foi  ,  lui  ,  elle  ,  eux  ,  elles  ,  perfonne  &c 
rien  l'étoient  quelquefois. 

La  première  règle  eft  que  tout  pronom  perfonnel  régi, 
qui  n'a  point  de  prépofition  avant  lui  ,  fe  place  devant 
le  verbe  dont  il  eft  le  régime.  Cette  règle  a  lieu  même 
dans  les  interrogations ,  &  autres  circonftances  où  le 
pronom  agiifanc  fe  déplace  :  me  le  donnere^-vous  ?  U 


P  R  O  201 

faut  leur  en  pardonner  bien  d'autres.  Dans  cette  dernière 
plirafe  on  peut  aulfi  dire  :  il  leur  en  faut  pardonner  bien 
d'autres.  Ainii  quand  deux  verbes  fe  luivent ,  que  Je  fé- 
cond eft  à  l'infinitif  fans  prépoiiticn  ,  &  qu'il  eft  l'ob- 
jedif  du  premier  5  les  pronoms  fans  prcpofîtions  qui 
font  régis  par  ce  fécond  verbe  ,  peuvent  fe  mettre  avant 
le  premier  ou  ç.\\i\:ç.  les  deux  :  je  vous  le  vais  montrer  ^ 
ou  ]e  vais  vous  le  montrer.  Je  veux  vous  le  faire  voir  , 
ou  je  vous  le  veux  faire  voir.  Quand  faire  eft  le  premier 
des  deux  verbes  ,  les  pronoms  régis  fe  placent  toujours 
av-ant  lui  5  je  vous  le  ferai  voir.  lime  le  fit  entendre. 

Nous  pouvons  ajouter  ici  une  autre  remarque  fur 
voici  ,  voilà  ,  qui  prennent  avant  eux  ,  me  ^  te  ,  nous  , 
vous  ^  le ,  la  ,  les  y  me  voici ,  les  voila  ,  quoique  les  noms 
fubftantifs  régis  par  ces  deux  prépoftions  ,  foient  pla- 
cés après  elles  :  voici  mon  frère  ;  voilà  ton  ami  :  on  die 
aulfi  ,  t homme  que  voici ,  la  fomme  que  voilà.  Ainii  ces 
deux  prépoficions  feront  exceptées  ,  quand  nous  dirons 
que  me  ^  te  ,  le  ,  la  ^  Us  ,  que  j  ne  prennent  point  de 
prépolitions. 

La  première  règle  générale  dont  nous  venons  de  par- 
ler fouffre  exception. 

i"*.  Pour  la  féconde  perfonne  du  fingulier,  &  \ç.s  deux 
premières  du  pluriel  des  impératifs  5  donne-le  moi.  Par- 
donnons-lui. Fie^-vous  y.  Cependant  fî  le  verbe  eft  ac- 
compagné d'une  négation  ,  les  pronoms  fuivent  la  règle 
générale  ;  ne  vous  y  fie:^  pas  :  ne  lui  pardonnons  point  : 
ne  me  le  donne  pas. 

z.  Pour  le  verbe  être  ayant  ce  avec  lui  en  qualité  de 

i  fubjedif  :  efi-ce  vous  ?  C'efi  lui  ;  c'efimoi  5  cepouvoitêtre 

t  elle\  ce  devoit  être  toi  ,  &c.  Alors  cependant  le  fe  met 

devant  le  verbe  j  ce  L'efl  ;  ce  ne  l'efl  point  ;  ce  le  doit 

être.  Il  en  eft  de  même  pour  la ,  en  ,  les  :  ce  ne  Us  font 

pas  ,  cela  peut  être  y  cen  eji  une  partie  ;  ce  n'en  efi  point. 

3°.  Pour  perfonne  &  rien  ,  qui  en  qualité  de  régis  j  fe 
placent  toujours  après  le  verbe  5  on  n'y  trouve  perfonne^ 
Ne  fave^-vous  rien  ?  N'efi-ce  rien  ?  N'en  croye^  rien^ 
S'il  y  a  deux  verbes  dont  l'un  foit  à  l'infinitif  j  ou  fi  le 
verbe  eft  dans  un  tems  compofé  ,  &  que  rien  foit  ob- 
jedif  ,  il  fe  met  entre  deux  :  ne  vous  a-t-il  rien  dit ,?  /r 
nefaurois  vous  rien  donner. 


202  P    R    O 

4*^.  Pour  moi ,  toi ,  foi ,  eux ,  elle,  elles  ,  qui  étant 
régis  par  un  verbe  ,  ne  peuvent  être  qu'après  lui.  Ce/î 
elle  qui  a  fait  triompher  la  raifm  ,  de  l'autorité  j  &c. 

La  féconde  règle  générale  ,  c'eft  que  tout  pronom 
régi  par  un  verbe,  fe  place  après  ce  verbe  ,  s'il  eft  ac- 
compagné d'une  prépoficion  pour  marquer  fa  dépendan- 
ce :  //  parle  peu  des  autres ,  parcequil  ne  penfe  qu'à  lui-- 
même. 

Mais  tous  ces  pronoms  régis  n'admettent  point  cette 
fociété  de  prépolitions  :me  ^  te  ^  fe  ,  le  ^  la  ,  les  ^  leur  , 
en  ,  y  :,  n'en  prennent  jamais  :  fi  l'on  dit ,  il  cherche  a 
me  furprendre  ,  il  projette  d'en  enlever  une  partie  ,  &c  : 
a  ,  de  ^no  font  point  au  fervice  de  me  ,  en-,  ils  font  at- 
tachés aux  verbres  furprendre  ,  enlever  ;  ils  n'nifluent 
que  fur  eux.  Ainli ,  quand  l'ordre  grammatical  exige 
qu'on  mette  une  prépolîtion  avec  uzi  pronom  perfonnel 
régi  ,  on  fe  fert ,  de  moi ,  toi ,  nous  ,  vous  pour  les  deux 
premières  perfonnes  tant  du  fmgulier  que  du  pluriel  j 
de  lui  ôc  eux  pour  les  troifîemes  au  mafculin,  de  elle  , 
elles  pour  les  troifiemes  qui  font  du  genre  féminin.  Soi 
en  prend  ,  &  s'emploie  quand  le  fens  eft  réciproque  ,& 
indéterminé.  Perfonne  &  rien  en  prennent  dans  les  phra- 
fes  où  ils  conviennent. 

Nous  n'indiquerons  point  en  détail ,  dans  quelles  cir-' 
conftances  ces  pronoms  prennent  l'une  des  prépolitions  i 
plutôt  que  les  autres  j  ce  poinc  ne  regarde  que  le  fervice 
des  prépolitions  j  &c  c'eft  à  leur  article  ,  qu  on  en  déve- 
loppe les  règles  &  les  variations.  Nous  dirons  feule- 
ment ici  que  lorfque  le  pronom  régi  par  un  verbe  ,  en 
eft  le  terminatif ,  c'eft  alors  qu'il  prend  le  plus  fouvcnt 
une  prépolîtion  ;  que  fi  cette  prépoficion  eft  celle  qu'on 
nomme  à  ,  elle  peut  s'omettre  en  plaçant  le  pronom  de- 
vant le  verbe  :  il  vous  le  promet,  pour  il  le  promet  à  vous. 

Il  faut  excepter  de  cette  règle  les  cas  qui  l'ont  été  de  la 
première  règle  générale  des  pronoms  régis  ,  &  où  les 
terminatifs  font  apiès  le  verbe  mcmc  fans  piépoficion. 
Il  faut  encore  obferver  que  le  verbe  être  quand  il  a  un 
terminatif  qui  lui  appartient ,  le  veut  toujours  après  lui , 
&  accompagné  de  la  prépofition  :  je  fuis  a  vous.  Nous 
avons  dit ,  qui  lui  appartient  j  car  (i  ce  terminatif  eft 


P  R  O  io| 

dépendant  d'un  adjedif  ou  participe  qui  fervc  d'objedif 
au  verbe  être  ,  &  qui  le  fuive  ,  alors  le  pronom  fe  place 
avant  le  verbe  être  fans  prépofition  -.je  vous  fuis  atta- 
ché pour  toujours.  Il  faut  fe  fouvenir  qu'ici  nous  fup- 
pofons  toujours  que  la  prépofition  à  retrancher  ,  foit  a. 

La  reo;le  la  plus  générale  pour  décider  s'il  faut  doa- 
ner  la  prepolition  a  au  terminatir  a  qui  elle  convient  , 
ou  s'il  faut  la  retrancher  j  c'eft  d'examiner  s'il  y  auroit 
de  iamphibologieà  l'omettre  j  ce  qui  arriveroit  lur-touc 
lorfque  l'objedif  &  le  terminatif  fe  trouveroient  expri- 
més par  des  pronoms  diiFérents ,  qui  chacun  pourroienc 
également  fervir  aux  deux  emplois.  Telle  feroit  cette 
pnrafe  ,  //  nous  vous  promet ,  dans  laquelle  ,  nous ,  vous^ 
peuvent  l'un  &  l'autre  également  exprimer  l'objet  pro- 
mis ,  ou  celui  à  qui  l'on  promet.  Seroit-ce  auffi  par  cette 
raifon  d'amphibologie  ,  qu'on  dit  :  je  penfe  a  vous  ,  Sc 
non  pas ,  je  vous  penfe  ?  Néanmoins  on  dit ,  je  vous 
cède  ,  &  non  pas ,  je  cède  à  vous,  C'eft  encore  l'ufage 
i  qui  doit  ici  fuppléer  à  la  Grammaire.  Pourquoi  doit-on 
dire  ,  cefi  lui  qui  m'a  renvoyé  a  vous  ?  Pourquoi  dit-on  , 
/e  vous  le  donne  ,  ouye  le  donne  a  vous ,  &  qu'on  ne  dit 
point  ,je  vous  leur  donne ,  en  fuppofant  qu'on  parle  à  un 
cfclave  qu'on  cède  à  d'autres  maîtres  î  Pourquoi  faut-il 
,  dire  alors ,  je  vous  donne  à  eux  5  &  que  même  cette  der- 
nière façon  nous  déplaît  ? 
;       Il  ne  nous  refteque  deux  points  à  difcuter  fur  les  pro- 
,1  noms  régis  :  le  premier  efb  de  décider  defquelson  doit  fe 
.  fervir  dans  les  différents  cas  pour  chaque  perfonne  ,  le 
fécond  eft  de  régler  leurs  rangs  entr'eux.  Pour  la  prc- 
■  miere  perfonne  du  fîngulier  me  ,  Se  te  pour  la  féconde  , 
.  ine  peuvent  être  qu'avant  le  verbe  j  ils  y  fervent  égale- 
ç'ment  de  terminatifs  Se  d'objeélifs  :  lî  ces  deux  régimes 
du  verbe  fe  rapportoient  à  ces  deux  perfonnes  ,me  ,  te 
ne  ferviroient  que  d'objedif ,  &  pour  le  terminatif  on 
emploieroit  moi  ou  toi  avec  une  prépofition.   Je  me 
donne  à  toi.  Tu  te  livres  a  moi. 

Il  faut  dire  dey^  pour  la  troifieme  perfonne  des  deux 
:  nombres  ,  ce  que  nous  venons  de  dire  dcme  ,te^Sc  ap- 
pliquer à  foi  ce  que  nous  allons  dire  de  moi ,  toi  ,  en 
obfervant  feulement  quey^  ,  foi  ,  ne  font  que  récipro- 
ques. Toutes  les  fois  que  la  première  &  la  féconde  per-. 


204  P  R  O 

fonnes  au.  fîngulier  font  régies ,  on  fc  fcrt  cîe  moi ,  toi 
pour  leurs  pronoms ,  s'ils  font  accompagnés  de  prépcfi- 
rions,  ou  s'ils  doivent  être  après  le  verbe  :  il peafe  a  toi^ 
menés -moi. 

Pour  la  troifieme  perfonne  ,  quand  il  n'y  a  pas  récit 
procité  ,  on  fe  fert  de  lui  au  llngulier  &  leur  au  pluriel  , 
pour  exprimer  un  terminatif  fans  prépoficion  ,  pourvu 
que  d'ailleurs  il  fc  rapporte  à  des  chofcs  animées  :  car 
pour  les  chofes  inanimées ,  on  fe  fert  d'y.  Ceflune  fem^ 
me  capricieufe  ,  j'en  conviens  j  mais  je  lui  fuis  attaché 
par  des  liens  plus  forts  que  ma  raifon.  Je  fais  que  la  chajfc 
me  fait  perdre  mon  tems  y  mais  fy  tiens  par  une  vieilli 
habitude. 

Le  terrainarif  s'exprime  cependant  aufTi  quelquefois 
par  y  ,  quand  même  il  fe  rapporte  à  une  chofe  animée; 
tous  ces  amis  qui  flattent  ^  font  des  âmes  trop  baffes  pouf 
connoitre  la  vertu  ;  je  ne  m'y  fie  pas.  On  dit  de  même  ,  le^ 
morts  &  les  abfents  s'oublient  aifément  ,  bien-tôt  on  n'^ 
penfè  plus.  Penfe^  -vous  a  votre  père  ?  oui ,  j'y  penfe  ,  &c. 

Si  le  pronom  fe  rapporte  à  un  mafcuirn  ,  on  emploi» 
lui  ^  eux  pour  terminatif  avec  une  prépofîtion  ,  quan( 
d'ailleurs  il  s'agit  de  chofes  animées  ;  pour  le  féminii 
on  emploie  elle  ,  elles.  Si  la  chofe  eft  inanimée  ,  on  ré 
péte  le  nom  au  lieu  du  pronom  ,  ou  on  fe  fert  d'y  ,oi' 
bien  on  tourne  la  phrafc  autrement.  Dans  cet  exemple  , 
on  imite  le  marbre  par  des  compoftions  ,  mais  qui  ne  for 
jamais  aujft  brillantes  que  lui  ;  il  faut  répéter  que  le  maj 
bre  naturel  ;  parceque  :,  fuivant  la  règle  pofée  ci-dclfus 
le  marbre  eft  une  chofe  inanimée. 

Quand  un  nom  de  la  troifieme  perfonne  fe  trouvée 
régime  objedif ,  le  pronom  qui  le  remplace  j  eft  le  poi 
le  mafculin  ,  h  pour  le  féminin  finguliers,  les  pour  i 
pluriel  des  deux  genres  ,  foit  qu'il  s'agilfe  de  chof 
animées  ou  non.  Ce  n'eft  qu'après  le  verbe  fubftant 
que  lui  eft  objeétif  pour  le  fmgulier  ;  eux  pour  le  pli 
riel  mafculin;  elle  ,  elles  ,  pour  les  deux  féminins. 

Quand  le  pronom  doit  avoir  la  prépofition  de  ,  s'il 
rapporte  à  une  troifieme  perfonne  inanimée,  du  fingi 
lier  ou  du  pluriel  ,  &:  que  la  clarté  &  l'aifance  du  di 
cours  le  permettent ,  on  y  fupplée  par  la  prépofition  ei 
yous  me  demande^  ce  qui  le  concerne  ?  vous  n'enfaur 

riti 


ïV/î  •  i>ous  n^_  faure\  rien 'de  eeh'i  quelquefois  on  rem- 
ploie même  ppjir  <les  chbfes  animées  :  il  vous  attaque. i- 
'néfie:(-Vous-e^,  ;  méfi^:;V.QUs  deJui.Elle  vous  agact  ; 
iàfandei-vous-en  'jdéfer^ei'Vons-d'elle.  Si  on  ne  veut 
3as  employer  en  ,  on  prend  de  lui  pour  les  chofes  ani- 
mées, du  fingulier  mârcuhn  ;  d\eux  pour  celles  du  plu- 
dcl  ,&.du  n;ieme  genre  'ya\du ^\(L,^IUs  pour  <;elles  du  fé-, 
iîinio.  ,  ,  ..  .j:vi-fM'M   •  .".     :: 

Pour  ceMes  qui  font  inanimées ;,  il  faudra -s  exprimer 
lUtfcïpeiYt./Nous  ne  croyons  {)a§  qu'on  o.ubhç.  que  tout 
jq.quç  Ion  Cuppote  animé  par  fidlion  ,  Te  mec.ici , aa. 
nombre  des  chofes  réellement  animées.  Ainft:oa.peàû 
^ire „  iey^ymemportoit^ijene  pouvais  lui  rtfijhjr  } 
\a.  jaloujlfi  Lji  cruelU  ,  voiis.  a-\^e-^xout  acraincirezii!::eîle^::-^ 
Me.:,  t-e  ^,Je  ^nous  ^  vous,,  fervent  pour, les  pronoms, 
céçiprpq^es. ,  &  fe  placent;  -  toujours.  ammédiaseiTieafe 
îpjès-le  fuip!Je6lif ,  lorfque  celuirci  eft  ayanj  k  verbe-^si 
'^ù,m^  promerie^  Si  le  fubje(ftifefl:  après  le  verbe  ,  le  réci« 
proque  r^fte  encore  a  fà  première  place  \  me^-prc^menerai^ 
'•£  ?'mais  ài'impératif ,  a  .la;  féconde  perfcywej, tarit ;,dil; 
iugulicr  que  du  pluriel ,  &  à  la  première  du  pluriel  ,  on 
fe  fe^t  de  toi,^  nous  ,  voz/f,  pour  réciproques,  &  on  les 
place  après  ;leyerbe  :  promenertai  ^  &  non  pas  ,  prome-* 
ne-te.  '  ._  ^  ■  :     ' 

Nous  ol)ferverpns  qu'ont:  dit,,  il  m  y  conduit ,.  pour 

,  dire,  il  me  conduit- là  j  à  cet  endroit- là  j  rqu'ainfi  l'iç 

ïî^u^t  de  m€;s'élide  devant  y  ,,v:mais  qu'on  ne  peut  pas 

'.dire  ^  conduifei^-my  ,  parceqùe  la  dipthongue  oi  de  moi 

;  ne  peut  s'élider  ,  &  que  c'eft  moi  &;  non  pas  me  àQnt.il 

;  jf^ut  fe  .  feivir  après  i'impératiF  •:   on  ne  dira,  pa^  pl-US 

1  lconduifei',y  moi  ,  parceqùe  l'objeftif  doit  ê.tr-e  pin^|>£<ès 

'du  verbe  que  le  terminatif ,  Se  qu'en  conféq:U^ncç  moi 

doit  être  avant  y.  Il  faut  donc  dire,  conduifi[-moi  là  , 

Sec.  Mais  un  ufage  établi  vient  ici  démentir,  la  îicgle,? 

on  dit ,  -donnes  moi  de  cela  )  &c  fi  l'on  veut  exprimer  «fè 

:ela  par  en  ,  on  dira,  donnes-m'en.  M<?rs'élide  doniÂ.-dcr 

vaut  le  pronom  ^rt  ?  . .  .  mais  il, né  le  fait  pas  devant  y. 

Quand  les  verbes  être  ,  paroitre\  femUer  ,  devenir ^  & 

autres  femblables,  ont  pour  objediifs  un  ou  plufieurs 

noms  adjed:ifs  3  (i  ces  adjettifs-doiverit  être  remplacés 

par  un  pronom  ,  on  fe  fert  de  /«  pour  tous  les  nprpbççs 

Tome  II,  O 


io(^  P  R  O 

&  tous  les  genres  :  /V  vous  étois  indifférente  ,  ^  je  vois 
bien  que  je  vous  le  fuis  encore.  Vous  mave:^  cru  belle , 
mais  je  ne  le  fuis  pas.  Nous  étions  fore  erhbarrajfés  ,  6? 
nous  le  fommes  encore,  bfous  fûnies  tfes  piquées  j  mais 
Twusnelefommes  plus.         • 

Mais  Cl  ces  pronoms  ,  objectifs  de  ces  mêmes  verbes 
être  y  paroicre  ,  &c.  remplaceiic  des  fabftantifs  ,  alors  /« 
ne  fert  plus  que  pour  le  mafculin  fîngulier  j  pour  le  fé- 
minin, on  met  la  ,  &  lés  pour  Je  pluriel.  Etes -vous  Ma- 
dame une  telle  ?  oui  ,  je  la  fuis.  Etes-vous  le  fils  de  Ce" 
far?  je  ne  le  fuis  plus-.  N'êtes^  vous  pas  Mefdames 
Clarice  &  Floride  ?  nous  les  fommès, 
^  Une  raifon  lîmple  &  légitime  de  ces  vaf^iations  ,  c'eft 
que  lesadjedifs  n'ont  par  eux-mêmes  ni  genres  ni  nom- 
bres 5  ils  n'en  prennent  qUc  pour  fe  conformer  au  carac- 
tère des  fubftantifs  auxquels  ils  font  appropriés  :  ainfi 
ils  fuivent  à  cet  égard  une  loi  étrangère  j  mais  ils  n'en 
prefdrivent  point  ;  le  pronom  qui  les  remplace  ne  doit 
<lonc  fubir  aucun  changement.  Mais  fi  ce  pronom  au 
lieu  de  fe  rapporter  à  un  adjedlif ,  fe  rapporte  à  un  fub- 
ftantif  ^  alors  il-ëftlui-mênic  dans  le  cas  des  adjectifs, 
&  doitfe  prêter  comme  eux  à  ce  que  le  fubftantif  exige. 
L'ufage  eft  pourtant  partagé  pour  le  premier  cas  :  beau- 
coup de  perfonnes  dilent  ,  j' étois  malade ,  6'  je  la  fuii 
encore.  Mais  la  règle  que  nbus  avons  établie  eft  fans 
contredit  la  plus  fuivie. 

Quant  aux  qualificatifs'  m^ ,  te  ^fe  yle  ,  la  yles  ^en  ^ 
y  y  ils  n'en  prennent  jamais.  Nous  avons  parlé  de  moi, 
toi  y  foi  y  en  traitant  des  pronoms  agifiants  :  nous  avon» 
de  même  fait  remarquer  que  lui  y  eux  y  elle  y  elles . 
iléus  y  vous  y  en  prennent  quelquefois  quand  ils  loni 
fubjé^ifs  :  il  en  eft  à  peu  près  de  même  quand  ils  foni 
régis  ;  feulement  s'ils  font  devant  le  verbe  ,  ils  n'en  om 
jamais  ,  ;&::  quand  on  veut  leur  en  donner  ,  il  faut  les  ré 
péter  après  le  verbe  ,  je  lui  parlerai  a  lui-même  y  oujt 
■parlerai  a  lui-même. 

Cette  dernière  méthode  s'emploie  pour  tous  les  pro- 
noms régis,  ceux  qui  ne  peuvent  fouftrir  de  qualifica- 
tifs fe  fàifant  remplacer  après  le  verbe  par  leurs  équb 
•vâlents  :  il  me  bleffe  moi-même ,  ou  renvoyant  les  quall- 
^fieatif^  après  le  verbe  j  je  les  attaque  tous.  Si  tous  aibij 


P  R  O  107 

!»lacé  fe  rapporte  à  un  termiaatif ,  il  prend  la  prcpofi-» 
rion  5  je  leur  parlerai  a  tous  ,  &c.  Ceux  qui  doivent  (b 
faire  remplacer  par  leurs  équivalents  font  ms  ^  te  ,  fe. 
Les  autres  peuvent  fuivre  les  deux  moyens  propofés  : 
excepté  le  qualificatif /tz^w^  qui  demande  toujours  d'être 
rùroitement  uni  au  pronom  ,  &  par  confcquent  le  fait 
redoubler  ou  remplacer.  Je  les  confondrai  tous  y  je  les 
:onfondrai  eux  tous.  Je  vous  -parle  a  vous-même  ^  je  Ui 
'.ntendois  eux-mêmes. 

Le  fécond  point  qui  embarra/Te  encore  dans  l'ufao-e 
ies  pronoms  régis  ,  c'efl  leur  arrangement  entr'eux, 
N'ous  ne  parlerons  que  de  ceux  qui  font  fans  prépofî^ 
|:ion  5  car  les  autres  leur  cèdent  toujours  le  voifinao-edu 
l^erbe. 

Me  y  te  ^  fe  ^  qui  font  toujours  avant  le  verbe  ,  ont 
aulfi  toujours  le  pas  fur  les  autres  pronoms  régis  :  j'ai 
\voulu  vous  rendre  un  fervice  ;  pourquoi  me  le  reprocher^ 
\vous  comme  un  crime  ?  Moi  ^  toi  j  foi  ^  font  toujours 
après  le  verbe  ,  le  plus  près  qu'il  fe  peut  5  on  dit  ce- 
pendant ,  donnes  le  moi  y  ainfi  ils  cèdent  le  pas  à  le  ^la^ 
'es  ;  ils  le  gardent  fur  les  autres  :  donne:^-m' en.  Il  en  eft 
jde  même  de  lui  &  leur  ;  il  lui  en  faut  rendre  :  render  leur 
\en  la  moitié. 

'  Elle  3  nous  y  vous  ^  fe  conforment  3.me  ^  ^^yf^y  qnane 
à  Tordre  de  la  marche  ,  lorfqu'ils  font  feuls  &  fans 
piépofition  ;  &  lorfqu'ils  s'en  font  accompagner  ,  ils  fe 
placent  comme  moi  éc  toi. 

Le  y  la  ^  les  ^  devant  le  verbe  marchent  avant  lui  , 
leur  y  en  ,  y  y  Se  après  les  autres.  Voila  bien  des  fautes  ^ 
'les  leur  pardonnere^-vous  ?  Je  fuis  prêt  a  les  y  ramener, 
^Tâckei  de  l'en  détourner.  Après  le  verbe ,  ces  pronoms 
'gardent  encore  à-peu-près  le  même  ordres  mais  ils  peu- 
vent fuivre  ou  précéder  ,  moi ,  nous  j  vous  j  donne?-moi 
ie  3  ou  bien  donnez-le  moi. 

Pronoms  relatifs. 

Les  pronoms  qui  fervent  à  déterminer  ,  expliquer  ou 
reftreindre  le  fens  du  nom  ou  pronom ,  exprimé  ob 
fous-entendu  ,  auquel  ils  fe  rapportent  &  qu'on  nomme 
Um  antécédent  ^  font  ceux  que  nous  avons  appelles /?rc>- 

Oi; 


.08  P  R  O 

noms  relatifs.  Dans  ces  deux  plirafes  ,  les  hommes  qid- 
ont  tant  de  raifons  de  s  aimer  ,  Ù  de  s'aider  les  uhs  Les 
autres  yjontprefque  toujours  ennemis  entr  eux i  ils  ignorent 
ce  qui  pourrait  les  rendre  heureux  y  les  deux  qui  font  rela- 
tifs •  le  premier  au  fubftantif /ej  hommes  ;  le  fécond^  au 
pronom  ce  quifignitie  ici  la  chofe  :  les  hommes  d^  ce  iont 
donc  les  antécédents  de  ces  deux  pronoms  relatifs  dont 
le  premier  ne  ferc  qu'à  expliquer  le  nom  auquel  il  le 
rapporte  ,  puifque  ces  mots  ,  qui  ont  tant  de  raijons^  de 
s' aimer  &  de  s  aider  les  uns  les  autres  ,  rendent  un  lens 
qui  convient  à  tous  les  hommes  ;  6c  dont  le  lecond  fert  a 
reftreindre  la  lignification  de  fon  antécédent ,  puitquc 
ces  mots  qui  pourrait  les  rendre  heureux  ,  limitent  1  idée 
du  pronom  ce  ,  ou  ,  ce  qui  eft  ici  le  même  ,  du  nom  la 
chofe,  en  la  reftreignant  àla  feule  chofe  qui  peut  ren- 
dre  les  hommes  heuieux. 

Nous  comptons  ici  fix  pronoms  relatifs  ,  qui  lont  qui, 
aue,  quoi  ,  dont  ,  oh  ,  lequel.  Quelques  Auteurs  y  joi- 
anent  le  y  .  en  ,  que  nous  avons  mis  au  rang  des  per- 
%nnels  régis  :  mais  il  nous  femble  que  ces  trois  mots  ne 
font  relatifs  que  comme  tous  les  autres  pronoms ,  qui 
par  leur  nature  ne  faifant  fondion  que  de  vice-gérents . 
doivent  néceflairement  comprendre  une  relation  aux 
noms  dont  ils  font  les  fubftituts  :  ceux  que  nous  appel- 
ions ici  re/^ri/-^  .  joignent  à  cette  relation  générale  & 
commune  un  caradere  particulier  qui  leur  eft  propre 
&  que  n'ont  pomt  le  ,  y  ,  en  ,  qui  ne  font  point  del- 
rinés  à  limiter  ,  reftreindie  ,  ou  déterminer  &  explique! 
les  mots  auxquels  ils  fe  rapportent.  D'ailleurs  les  vrais 
relatifs  fervent  encore  fort  fouvent  a  lier  pluf^eurs  pe- 
tites  phrafes  ,  &  font  ainfi  fondion  de  conjonctions , 
ce  que  les  trois  pronoms  en  qucftion  ne  peuvent  jamaii 

^  Nous  avons  dit  que  l'antécédent  des  pronoms  rela- 
tifs étoit  exprimé  ou  fous-entendu  :  dans  ce  dernier  cas, 
ce  font  ordinairement  lès  pronoms  indéfinis  ce  celui  , 
celle  ,  ceux  ,  celles  ,  qui  font  (uppnmés  j  &  l'on  peui 
aifément  fentir  lequel  on  auroit  pu  y  meure  ;  il  n'y  a 
Que  le  relatif  que  avant  lequel  on  ne  puilk  omettre  ces 
antécédents  quand  ils  y  doivent  étie^  &  cela  parcequ'iJ 
fcroic  alors  trop  difficile  de  le  diftinguer  foit  du  qu^  z\', 


P  R  O  209 

clamation  ,  foit  du  que  conjondion.  Qui  ne  peut  garder 
for.  fecret  ^  n'a  pas  droit  d'exiger  que  ceux  a  qui  il  le 
confie  ,  fuient  plus  difcrets  que  lui  ;  c'eft- à-dire  ,  celui 
qui  ne  peut  garder  [on  fecret .  Vous  demande^  beaucoup  a 
ou:  n'a  rien  5  c'eft-à-dire  ^  h.  celui  qui  n'a  rien.  Dites- 
moi  auquel  vous  voule:^  parler  ;  dites-moi  celui  auquel, 
Voilà  de  quoi  il  s'agit  i  voilà  ce  de  quoi....  On  ne  peut 
dire  ,  par  exemple  ,  je  demande  que  vous  m'ave^  promis  » 
pour  ,  ce  que  vous  m'ave^  promis. 

Quoi  a  rarement  fon  antécédent  exprimé  :  de  quoi 
reu:  être  coupable  une  perfonne  dont  le  malheur  eji  d'être 
nu  foible  ,  f.mple  6'  crédule  ? 

Le  relatif  c^o/z;  veut  auffique  Ton  antécédent  foit  tou- 
jours exprimé;  donnez-moi  ce  dont  nous  avons  parlé '^ 
&  non  pas  ,  donnez-moi  dont  nous  avons  parlé  ,  &c. 

En  général  il  faut  avoir  beaucoup  de  délicatelTe  &  de 
(^oût  ,  pour  fentir  dans  quel  cas  on  peut  fous-entendre 
les  pronoms  ,  ce  ,  celui  ,  celle  ^  ceux  ,  celles  j  lorlqu'ils 
font  àhtécédents  du  qui  relatif. 

Et  rjue  feroit  heureux  qui  pourroîc  aujourd'hui  î 

Corneille  dans  Nico/nicïe» 

33  Que  feroit  heureux  qui  j  n'eft  pas  françois  ;  que  font 
3>  heureux  ceux  qui  peuvent  aimer  !  eft  un  fort  joli  vers. 
33  Que  font  heureux  qui  peuvent  aimer  efl:  un  barbarifme. 
33  Remarquez  qu'un  feul  mot  de  plus  ou  de  moins  fuffit 
33  pour  gâter  abfolument  les  plus  nobles  penfées  &  les 
33  plus  belles  expreifions  33.  (  M.  de  Voltaire). 

Il  faut  ici  prévenir  le  ledeur  fur  deux  points  efTen- 
tiels  ;  le  premier  ,  que  les  pronoms  relatifs  j  &  même 
le  relatif  que  font  toujours  fans  antécédents  exprimes 
dans  certaines  occafions  ,  &  fur-tout  dans  les  interro- 
gations :  que  voulez-vous  ?  il  n'y  a  que  dont  qui  foit  ex- 
cepté ici  :  les  pronoms  relatifs  ainii  employés  ont  été 
nommés  par  quelques  huizm' s  pronoms  abfolus  ,  ou  pro- 
noms interrogatifs  5  nous  aurions  pu  comme  eux  en 
faire  une  clalle  particulière  ;  mais  commue  ce  font  les 
mêmes  mats  que  les  relatifs ,  du  moins  quant  au  maté- 
-ÙJt\  j  nous  nous  contenterons  de  développer  ce  qui  les 
concerne  après  les  avoir  confidérés  {bu;«i.Ieui:  pxemier 

O  liî 


aïo  P  R  O 

point  de  vue  :  nous  n'en  parlons  ici ,  que  pour  empê- 
cher qu'on  ne  les  confonde. 

Le  fécond  ,  c'eft  qu'outre  cette  différence ,  il  faut  en 
admettre  d'autres  encore  entre  quelques-uns  des  relatifs 
&  d'autres  mots  qui  font  les  mêmes  quant  au  matériel, 
Nous  avons  déjà  indiqué  qu'outre  le  que  relatif  ,  il  y  er 
a  deux  autres  qui  ont  des  emplois  bien  diftérens  :  ur 
exemple  va  le  montrer  5  que  l'homme  efi  à  plaindre  . 
quand  il  oublie  que  cejl  la  raifon  que  fon  cœur  doit  confui 
ter  !  Le  premier  que  ne  fert  ici  qu'à  marquer  l'exclama- 
tion ;  le  fécond  eH:  une  conjondion  qui  lie  c'eft  la  rai- 
fon avec  il  oublie  :  le  troificme  cil  feul  relatif.  Pour  1. 
fentir  ,  il  n'y  a  qu'à  voir  fi  l'on  ne  peut  pas  le  tourne 
par  cet  autre,  lequel^  laquelle  5  quand  on  le  peut  ei 
confervantlemêmefensàla  phrafe,  alors  on  eftfûrqu'i 
cft  relatif  5  fans  cela  il  ne  le  feroit  pas  :  or  ici  on  peu 
dire  également  quant  au  fens  ,  ...  cefi  la  raifon  laquell 
fon  cœur  doit  confulter.  Dans  cet  autre  exemple  ,  quoi 
vous  ignorei  de  quoi  l'on  vous  accufe  l  Le  premier  quoi  e( 
auffi  un  fimple  fîgne  d'exclamation  ^  d'étonnement  ;  t 
le  fécond  cft  un  relatif,  dont  l'antécédent  c^  eft  fou< 
entendu  5  vous  ignorei  ce  de  quoi  l'on  vous  accufe  !  Ei 
remplaçant  l'antécédent  pronom  par  le  fubftantif  qu'j 
remplace  ,  par  exemple  ,  ce  par  ,  la  choje ,  alors  que 
relatif  pourra  fe  changer  en  cet  autre  lequel  ,  la 
quelle  ,  &c.  Vous  ignprei  la  chofe  de  laquelle  on  vou 
éiccufe  !  ,     ,  . 

Le  relatif  ou  fe  diftinguc  de  même  de  1  oz^conjonc 
,tion  ;  le  premier  pouvant  être  remplacé  par  lequel 
&c.  foit  avec  l'aide  d'une  prépofition,ifoit  autrement  :  0 
vous  êtes  un  mauvais  cœur  ^  ou  vous  me  tirere^  de  iem 
barras  ou  je  fuis  ',  c'eft-à-dire  ,  de  l'embarras  dans  le 
quel  je  fuis  :  remarquez  en  outre  que  Vou  relatif,  qu 
l'on  appelle  auflfi  adverbe  de  lieu  ,  prend  toujours  u; 
accent  grave  fur  Vu  ,  ce  que  ne  fait  point  Vou  conjonc 
tion. 

De  tous  les  relatifs  ,  il  n'y  a  que  lequel ,  qui  prenn 
l'article  5  encore  cet  article  lui  eft-il  fi  intimement  at 
Éachc  ,  qu'il  ne  s'en  fépare  jamais  ,  &  femble  ne  fair- 
avec  lui  qu'un  même  mot  :  ils  prennent  tous  des  pué 
pofitions  ieloii  l'exigence  des  phiafes ,  excepté  quci^ 


P  R  O  m 

dont  qui  n'en  prennent  jamais  3  aucun  d'eux  ne  foulFrc 
de  qualification  :  qui  ,  que  ^  lequel  étant  fans  prépofition 
peuvent  avoir  à  leur  fuite  des  adjed:ifs  j  mais  ils  s'en  fé- 
parent  par  l'interpofition  du  verbe  dont  ils  font  alors  ou 
fubjcdifs  ouobjedifs  5  &  ces  adjedifs  fuivent  le  nom- 
bre &  le  genre  des  antécédents  des  relatifs  :  cette  femme 
que  nous  avons  vue  Ji  fiere  quand  elle  était  belle  j  Ji 
trouvant  enfin  dépourvue  des  agrémens  qui  lui  étoient  fi 
chers  y  riefi  plus  aujourd'hui  quune  femme  ordinaire  & 
retirée  ^  laquelle  pour  fe  confoler  devient  prude  &  mé^ 
difante. 

Que,  quoi,  placés  avant  le  verbe  comme  objectifs ,  & 

marquant  l'interrogation  j  prennent  après  le  verbe  des 

adjedifs  toujours   précédés  de  la  prépofition  de  ,    & 

fixés  à  la  terminailoK  du  fingulier  mafculin.  Que  crai- 

gne^-vous  de  plus  fâcheux  que  votre  état   a8uel  ?  JL 

quoi  pouvcT^-vous  vous  ré  foudre  de  plus  avantageux  que  It 

parti  qu'on  vous  propofe?  Il  en  eft  de  même  quand  il  n'y 

a  pas  d'interrogation  ,  &  que  ces  pronoms  que  ,  quoi 

font  précédés  d'un  verbe  de  doute  ou  de  certitude  & 

d'un  antécédent  pronom  :  je  ne  fais  ce  que  vous  efperei(_ 

de  meilleur.  On  peut  aulli  changer  ce  de  en   qui  Joit , 

qui  puijfe  être  ^  qui  fut ,  &c.  Que  craigne:^-vous  qui  fait 

plus  fâcheux  que  votre  état  acîuel  î  Je  ne  fais  ce  que  vous 

efperei  qui  puijfe  être  meilleur.  Dans  ces  deux  cas   qui 

au  commencement  de  la  phrafe  ne  fe  dit  que  des  pcr- 

fonnes ,  &  n'admet  jamais  la  prépofition  de  après  le 

1  verb^  :    Qui  trouvera-t-on  qui  foit  plus   aimable   que 

Lucile  ?  A  qui  vous  adreJfere:(-vous  qui  foit  plus  ingénu? 

•  Je  ne  fais  qui  vous  trouvère:^   qui  foit  plus  raifonnablf. 

On  ne  doit  pas  dire  félon  ces  principes  ,  en   parlant 

d'une  perfonne  :  qui  trouvere:^-vous   de  plus  aimable  , 

&c? 

Les  relatifs  font  indifFérens  pour  le  nombre  &  le 
genre  ,  ne  défignant  jamais  par  eux-mêmes  ni  le  fingu- 
lier ni  le  pluriel  ,  ni  le  mafculin  ,  ni  le  féminin  ;  mais 
figurant  toujours  comme  s'ils  pouvoient  fe  prêter  ausc 
différentes  loix  des  uns  &  des  autres ,  remplaçant  par 
conféquent  aufii  bien  des  noms  d'un  genre  &  d'un  nom- 
bre que  de  l'autre  ,  forçant  les  verbes ,  s'ils  en  font  le 
fubjedif,  à  fe  conformer  aux  fubftantifs  qu'ils  déCu 

Oiv 


nii  P  R  O 

gnent  :  le  feul  relatif /^(^Mf;^  ne  jonit  point  Je  cette  îî- 
benéjilapour  le  fîngulier,  lequel  zn  mafculin,  laquelle 
-au  féminin  j  qm\  font  au  phiriel  le  fquels  ,  le/quelles. 
^J  Quant  à  la  place  que  les  relatifs  afFedent  dans  le 
membre  de  phrafe  où  ih  fît^urent ,  Ja  règle  générale  ell 
qu'ils  veulent  être  à  la  tète  :  nous  difons  dans  le  mem-' 
hre-  de  -phrafe,  &  non  pas  dans  la  période ,  parcequ'eii 
effet  i  ils  ne  font  à  la  tête  de  toute  une  phrafe  compiette 
cjue  quand  on  fo-us-entcnd  leur  antécédent ,  qui  s'il  étoit 
exprimé  jfe  pîaceroit  avant,  pour  y  tenir  lieu  d'un 
membre  différent  ,  &  marquer  que  le  membre  où  (e 
-trouve  le  relatif,  n'eO:  qu'en  fécond  ,  en  fous  -  ordre 
^eii  dépendance  ;  ce  qui  n'empcche  pas  que  l'antécédent 
ainfi  placé  ne  renvoyé  les  autres  mots  qui  lui  appartien- 
nent^ après  ceux  qui  font  de  la  fuite  du  relatif,  comme 
■dans  cette- phrafe  ,  ce  que  nous  fouhahons  le  plus  ,  nejt 
'yas  toujours  le  plus  avantageux  ;  a  la  rére  de  laquelle 
on  voit  ce  qui  ç.iX  le  fubjeétif  du  verbe  n'efi  pas  ,  ce  n'ejî 
pas  toujours  le  plus  avantageux  ;  ce  membre  efl  le  priu- 
-cipal  ;  l'autre,  que  nous  fouhahons  le  plus  ^  n'eft  em- 
ployé que  pour  le -coVipIctter.  Que  voulez-vous  ?  que 
'€i\  à  la  tête  de  la  phrate  ^  il  n'y  a  pas  même  d'autre 
mejîjbre  exprimé. 

■  -^  Mais  il  vous  voulez  fuppic'er  ce  qui  eft  fous-entendu, 
■V^us  en  trouverez  un  qui  marchera  avant  le  que  ;  corn- 
-ïnê  ,  quelle  eft  la  chofe  que  vous  voule:^  ?  L'on  voit  donc 
■^ue  les  relatifs  font  toujours  après  leurs  antécédents  ,  fi 
iC^ux-ci  font  exprimés  j  mais  fouvcnt  la  partie  du  dif- 
cours  qui  tient  à  lantécédent ,  eO:  renvoyée  après  le 
.membre  que  le  relatif  y  infère  :  quant  à  ce  dernier 
ynembre  comme  le  relatif  en  eft  pour  ainiî  dire  l'intro- 
.xlucleur  ,  il  marche  auifi  toujours  a  la  lètc  ,  précédant 
ion  verbe  ,  les  autres  pronoms  qui  peuvent  s'y  trouver, 
'^  lès  régimes  ou  les  modih'catifs. 

-)'Jl  n'y  a  qu'une  exception  pour  un  cas  particulier  ;  fi 
Jcrelatif  a  devant  lui  la  prèpoiition  de  ,  qu'elle  lui  Toit 
^écelîîiire  pour  exprimer  le  rapport  qui  fe  trouve  entre 
«cejrelatif  &  Un  nom  fubftantîfde  la  morne  phrafe  ^  fi  ce 
-fubftantif  eft  lui-même  précédé  de  quelque  prépolîtion 
'jè\\jûi  ce  foit  ;•  alwrs  il  fe  met  immédiatement  dcVàht  le 
-Tçlatif  5  éc  cciui'Ci  ne-  ra'archç  plus  qu'au  fc'coiîd  rang-; 


P  R  O  215 

\AJexandre  y  des  hautes  acî:ons  duquel  on  a  tant  parlé  ^ 
71  et  oit  cependant  qu'un  illuftre  Brigand,  Ce  far  y  a  la  clé^ 
mence  de  qui  ion  donne  de  fi  grands  éloges  ,  ne  pardonnât 
après  tout  qua  des  Concitoyens  que  lui-même  avoit  ojfen- 
fcs.  0\\  voit  que  du  quel  &  de  qui  n'ont  la  prépoiicioii 
c]ue  pour  marquer  le  rapport  qui  fe  trouve  entr'eux  & 
les  fubftantifs  aciions  ,  clémence  \,  que  ceux-ci  ont  eux- 
2"némes  des  prépofitions  ,  des  aciions  y  a  la  clémence  ;  & 
qi.e  y  par  cette  raifon  ,  ils  font  toujo.:rs  placés  eux  &: 
leurs  adjecftifs  avant  les  relatifs. 

Nous  venons  d'examiner  les  relatifs  en  commun  ,  & 
de  pofer  les  règles  générales  qui  les  concernent:  voyons 
en  détail  quel  eft  l'ufage  de  chacun  d'eux  pris  en  parti- 
culier. 

Que  ne  peut  erre  qu'objeclif  foit  dans  les  interroga- 
tions ,  foit  ailleurs  ;  il  fe  dit  également  des  chofes  8c 
des  perfonnes  :  la  coquette  que  vous  courtife^  ,  en  a  dupe 
bien  d' autres.  Que  gagnere:^-vous  a  en  être  l'efclave  ? 
Qu  eft-cc  au  fond  que  toutfon  agrément,  fmon  l'art  ridicule 
&  honteux  des  caprices  ?  Dans,  queft-ce ^  ou  que  efi-ce  , 
en  fent  aifément  que  le  fubjedif  eft  ce&L  \'oh]ç:€à^ que  : 
ainfi  dans  les  interrogations,  que  ,  qui  y  lequel  font  tou- 
jours  objeâ-ifs ,  lorfque  le  verbe  eft  le  verbe  être  fuivi 
d'un  pronom  perfonnel,  ou  autre  pris  &  employé  com- 
me perfonnel  :  qui  ttes-vous  ?  Lequel  ejl- ce  ? 

Dont  fert  de  terminatif  ou  de  circonftanciel  :  il  équi- 
vaut au  pronom  lequel  joint  à  la  prépolition  5  voilà 
pourquoi  il  ne  peut  prendre  de  prépolition  ,  puifqu'ef- 
fcnrieilement  il  en  contient  une.  II  ne  peut  jamais  fervir 
a  interroger  ;  alors  on  emploie  de  qui ,  du  quel  y  ou  de 
qiwi  ;  il  fe  dit  des  perfonnes  ,  &  plus  encore  des  chofes  r 
roila  le  livre  dont  je  vous  ai  parlé  :  les  effets  dont  vous 
érier  fi  curieux  y  font  vendos.  On  peut  s'en  fervir  aux  en- 
droirç  où  de  qui  ,  du  quel  ,  de  quoi  conviennent  ;  mais  fou 
pri;Tcipal  emploi  eft  de  les  remiplacer  dans  les  phratcr. 
oii  ils  ne  conviennent  pas  ,  félon  ce  que  nous  obferve- 
rons  en  parlant  d'eux. 

Quoi  y  fuit  rarement  un  antécédent  exprimé  :  on  di? 
cependant  ,  voilà  les  motifs  fur  quoi  il  Je  fonde  ;  mais  il 
vaut  mieux -dire  5  voilà  fur  quoi  il  fe  fonde  ,  ou  voilà  les. 


114  P  R  O 

motifs  fur  Ufquels  il  fe  fonde.  Il  eft  fouvent  employé 
après  ce  :  voilà  ce  à  quoi  vous  dev'e^  fonger.  Il  fert  d'ob- 
jed:if  foit  Teul ,  foie  avec  une  prépolidon  j  de  termina- 
tif&  de  circonftanciel  toujours  avec  une  prépolîrion  : 
avec  quoi  ofe^^-vous  l'entreprendre  ?  A  quoi  voule:^-vous 
que  je  me  détermine  ? 

Quoi  ne  peut  fervir  de  fubjedif  que  dans  une  interro- 
gation ;  encore  faut-il  alors  que  Ton  verbe  foit  fous-en- 
tendu ou  exprimé  dans  une  phrafe  précédente  j  quoi  dç 
plus  naturel  aux  malheureux  que  de  chercher  a  être  mieux  ? 
c'eft-à-dirc  ,  qu'y  a-t-il  déplus  naturel ,  &c.  Il  vous  ar- 
rivera quelqu  accident  :  quoi  ?  c  ert-à-dire  ,  quel  accident 
m  arrivera  ?  On  voit  qu'il  s'emploie  fouvent  feul  dans 
les  interrogations  :  je  voulois  vous  apprendre  une  nou^ 
velle  :  quoi  .?  Quand  il  eft  objedif  fans  prépofîtion ,  fi  la 
phrafe  n'eft  pas  interrogative  ,  il  fe  met  après  fon  ver^- 
be  ,  contre  la  règle  générale  qui  veut  que  les  relatif^! 
foient  à  la  tête  ;  /'/  a  dit  bien  des  chofes  :  mais  fi  vous 
me  demande^  quoi  :  je  vous  répondrai  ,  &c.  Quoi  ne  peut 
Te  dire  que  des  chofes  inanimées  j  on  ne  dira  pas  ,  voila 
l'homme  a  quoi  j' ai  répondu  ,  &c.  On  peut  le  remplacer 
par  lequel ^  lorfqu'il  a  avant  lui  un  antécédent  exprimé, 
autre  que  ce  ,  &  qu'il  n'eft  point  en  interrogation. 
Voila,  l'objiacle  a  quoi  il  faut  parer  ,  auquel  il  fau} 
parer. 

Qui ,  s'emploie  en  Gibjedifpour  les  perfonnes  &  pour 
les  chofes.  Toute  perfonne  qui  cherche  a  feindre  ^  a  quel- 
que chofe  afe  reprocher.  Un  crime  qui  eft  heureux  &  igno- 
ré ^  me  femble  mériter  un  double  chdtime.it.  Mais  il  n'eft 
objedif ,  terminatif  &  circonftanciel  que  pour  les  per- 
Tonnes  :  qui  demande:^-vous  ?  A  qui  en  voulez-vous  f 
Avec  qui fere:^ -vous  ce  voyage?  Qui  n'eft  objcélif  fans 
prépo/ition  que  dans  les  interrogations  :  qui  demande:^- 
vous  F  ou  bien  lorfqu'il  eft  régi  par  deux  verbes  à  la 
fois  ,  entre  Icfquels  il  fc  place  j  ce  fera  qui  vous  voudrc[, 
Ailleurs  pour  Jes  perfonnes  on  fe  fert  de  que  aufli  bien 
i^ue  pour  les  chofes  ;  la  perfonne  que  vous  attaque^  mé- 
rite de  vous  plus  d'égards.  Qui  ne  fert  jamais  d'ad- 
jondif. 

Lequel  fert  auiU  de  fubje^^if ,  d'objci^if  ,  de  terminf- 


P  R  O  215 

tif  &  de  circoiiftanciel  ;  jamais  d'adjonftif  :  il  fe  dit 
pcir-tout  des  chofcs  &  des  perfonnes  j  mais  on  ne  l'em- 
ploie guère  que  précédé  de  la  prépofition  a  &  en  parlant 
des  chofes  :  les  Jciences  auxquelles  je  m'applique  ^  me  dé- 
dommagent de  mes  chagrins.  Alors  il  cft  prefqu'indirpen- 
fable  ,  puifque  a  qui  n'y  peut  figurer ,  &  que  à  quoi  y 
figure  ordinairement  mal  ;  ailleurs  lequel  ne  s'emploie 
prefque  jamais  que  pour  éviter  les  répétitions  trop  fré- 
quentes de  qui  ^  que,  ou  pour  éviter  l'amphibologie  j 
ou  enfin  pour  la  douceur  du  langage.  Ainfi  l'on  dit  , 
ceux  qui  fe  rendent  ejclaves  des  grands  qui  font  moins 
hommes  que  Caméléons  ,  fe  vengent  de  leur  fervitude  pcir 
la  hauteur  qu'ils  affectent  ailleurs  ;  parceque  le  fécond 
qui  étant  plus  près  des  grands  à  qui  il  je  rapporte , no.  doit 
point  caufer  d'embarras  ;  mais  il  faudroit  lequel ^n  lieu 
de  qui  dans  cette  plirafe  ,  la  fille  de  Cicéron  laquelle 
avoit  de  grandes  qualités.  Dans  celle -ci ,  le  fils  de  Cicé- 
ron fe  perdit  par  l'intempérance  3  fi  l'on  veut  mettre  un 
relatif  devant  le  verbe  ,  il  femble  que  lequel  (oit  préfé- 
rable à  qui  y  parceque  qui  fe  rapporte  plus  naturelle- 
ment au  nom  le  plus  près  ,  &  lequel  au  nom  le  plus  éloi- 
gné j  le  fiAs  de  Cicéron  y  lequel  fe  perdit  par  l'intempéran- 
ce y  avoit  d'abord  donné  de  belles  efpérances.  On  dit  , 
c'efi  un  ami  avec  lequel  il  eft  venu ,  pour  éviter  V hia- 
tus qui  fe  trouveroit  dans  ces  mots  ,  avec  qui  il  eji 
venu. 

Il  eft  encore  une  occafion  particulière  où  il  faut  met- 
tre lequel  :  c'eft  lorfqu'il  eft  placé  après  un  nom  fub- 
ftantif  dont  i!  eft  régi  avec  la  prépofition  de  ,  Se  qu'il  fc 
rapporte  à  des  chofcs  inanimées  :  ainfi  ,  quoiqu'on  dife, 
François  I  a  la  bravoure  de  qui  les  Hiftoriens  donnent 
de  grandes  louanges  ,  parceque  François  1  ,  auquel  de 
qui  ie  rapporte,  eft  un  être  animé  3  néanmoins  on  doit 
dire  ,  cette  maifon  fur  le  frontifpice  de  laquelle  on  voit  ces 
deux  vers  ,  parceque  m.aijon  à  quoi  fe  rapporte  ^£ /a- 
quelle  y  eft  une  chofe  inanimée.  Dans  le  premier  exem- 
ple ,  il  eft  indifiFérent  de  mettre  de  jui  ou  duquel.  Les  qui 
&  que  relatifs  doivent  être  placés  tout  près  de  leursi 
fubftantifs ,  l'oreille  y  eft  accoutumée  ,  &  la  clarté 
ie  demande.  Racine  a  pourtant  dit  dans  îphigéniç  : 


^k;  p  r  o 

La  Reine  permettra  que  j'ofe  demander  ,  \ 

Uiî  gage  à  votre  amour ,  qu'il  me  doit  accorder.         ,  ' 

Mais  M.  l'Abbé  d'Oiivet  fait  remarquer  que  cette  in- 
verfion  eft  rude.  Laphrafe  en  effet  fcroit  bien  plus  claire 
en  profe,  où  l'on  diroit  fans  inverfion.  La  Reine  per- 
mettra que  fofe  demander  à  votre  amour  un  gage  qu'il  me 
doit  accorder. 

Le  même  Auteur  pofe  pour  règle  que  quand  le  pro- 
nom relatif  ^wi,  eft  un  nominatif  (ou  ,  comme  nous  di- 
fons,  un  fubjeâ:if)il  ne  fauroit  être  féparé  du  fabftan- 
tif  auquel  il  fe  rapporte.  Comme  dans  ces  vers  de  l'An- 
dromaque  de  Racine. 

Thxnîx  même  en  répond  ,  qui  la  conduit  exprès 
Dans  un  Fort  éloigné  du  Temple  &  du  Palais. 

Nous  croyons  cependant  que  dans  ce  cas  le  pronom 
relatif  peut-être  féparé  de  fon  fubftantif ,  pourvu  qu'il 
foit  rappelle  enfuiie  par  un  autre  pronom;  par  exem- 
ple on  ne  pourroit  dire  ,  Pyrrhus  a  obéi  ,  qui  avoittant 
de  fujets  de  mécontentement  ;  mais  on  diroit  très  bien  , 
Pyrrhus  a  obéi  j  lui  qui  avQit  tant  de  fujets  de  mécontent 
tement. 

Ou  ne  peut  fervir  que  de  terminatif  &  de  circonftan- 
ciel ,  foit  qu'il  prenne  une  prépofition  ,  foit  qu'il  n'en  ait 
point  :  voyeT^  le  précipice  affreux  ou  vous  conduit  une  paf- 
Jion  trop  écoutée  !  c'eft-à-dire  ^  auquel  ^  &:c.  Rien  n'efi 
plus  fpécieux  que  ce  faux  principe  d'où  les  Philofophes 
ont  tiré  tant  de  faujfes  conféquences  ;  c'eft- à-dire  ,  du^ 
quel  ,  &c.  Que  l'on  mépriftroit  les  Courtifans  ,  fi  l'on 
favoit  quels  font  les  moyens  par  ou.  ils  s'infinuent  dans 
l'efprit  des  Princes  !  c'cft  à-dire  ,  par  lejquels  y  Sec.  Il 
n'efi  quun  moyen  par  ou  l'on  puijfe  être  fur  de  parve- 
nir à  plaire  aux  femmes  ;  c'cft-à-dire  ,  par  lequel  ^  Sec. 

Dans  les  deux  prcniiers  exemples  ou  eft  terminatif; 
dans  les  deux  autres  il  eft  circonftanciel.  Il  ne  fc  dit  que 
des  lieux  ,  ou  d'autres  cliofes  par  une  application  fîgu- 
.tée.,  &  jamais  des  pcrfonnes.  On  fe  fouvicnr  que  nous 
avoiiS:dit  qu'on  devoit  rarement  fe  fervir  du  mot  1er 


P  R  O  217 

\u€h^  c*eft:  pour  cela  qu'on  le  remplace  par  le  relatif  oilî^ 
juand  il  fe  dit  des  choies  inanimées  ,  &  qu'il  eft  joint 
lux  prépoiîtions  à  ,  dans  ,  en  j  de  ,  èc  par.  Mais  il  faut 
èmarquer  ,  pour  qu'il  foit  placé  avec  grâce  ,  qu'il  faut 
]ue  le  verbe  auquel  il  eft  joint  ,  ou  le  fubftantif  auquel 
1  fc  rapporte ,  marque  une  forte  de  mouvement  ou  de 
cpos ,  du  moins  par  métaphore ,  comme  on  le  voit 
lans  les  exemples  cités  :  car  fans  cela,  on  fe  ferviroic 
le  dont ,  quoi  ou  lequel ,  ces  deux  derniers  avec  la  pré- 
>o(îtion  convenable  ;  ainfî  l'on  ne  peut  dire  ,  cet  habit 
tou  il  faudrait  raccourcir  les  manches  5  mais  on  doit 
lire,  cet  habit  dont  il  faudroit  ,  ou  duquel  il  faudrait 
accourcir les  manches.  On  ne  dit  pas,  ou  voule:^-vous 
lue  je  m'applique  3  mais  ,  à  quoi  voule:!^~vous  que  je 
n'applique. 

Faites  qu'en  ce  moment  je  lui  puifîe  annoncer 
Un  boniicux  où  peoc-êtte  il  n'ofe  plus  penfer, 

(  Racine  dam  Bérénice  ). 

'o  II  me  femble  ,  dit  M.  l'Abbé  d'Olivet  ^  qn'un  l^on- 
>3  heur  ou  je  penfe  ne  fe  dit  point.  Pourquoi  ne  fe  dit-il 
3  point  î  ajoute-t-il ,  vous  le  demanderez  à  Tufagea^. 

La  raifon  eft  fans  doute  celle  que  nous  venons  de 
idire  ci-deifus  ,  qu'il  faut  que  le  verbe  auquel  oii  eft 
ioint  ,  ou  le  fubftantif  auquel  il  fe  rapporte  ,  marque 
inc  forte  de  mouvement  ou  de  repos  ,  cc  c'eft  appa- 
remment d'où  lui  vient  cette  dénomination  particulière 
ll'adverbe  de  lieu. 

On  s'en,  fert  encore  très  bien  quand  il  eft  queftioa 
le  tems. 


Dans  ce  moment  où  la  main  bienfaifante 
Du  doux  fommeil  Liifle  nos  yeux  ouverts. 

{M.  de  Voltaire ). 

IOn  peut  conclure  de  ces  remarques  &  de  beaucoup 
d'autres  ,  qu'il  n'eft  prefque  jamais  indifférent  d'em- 
Iployer  l'un  ou  l'autre  des  relatifs  qui  femblent  le  plus  fe 
reflembler  du  coté  de  leur  deftination  j  &  qu'en  cela  , 
comme  fovjs  d'autres  rapports  ,  il  eft  vrai  que  nous 


2i8  P  R  O 

avons  bien  peu  de  fynonimes  ,  fî  toutefois  nous  ei» 
avons. 

Il  eft  auflî  une  particularité  propre  aux  trois  relatifs; 
que  y  qui  y  quoi  ,  laquelle  doit  ici  trouver  fa  place  ;  c'eft- 
qu'étant  placés  entre  deux  verbes  ,  ils  peuvent  être  ré-, 
gis  par  les  deux  à  la  fois  ;  fans  que  pour  cela  il  foit  né- 
celTaire  que  les  deux  verbes  réglifent  de  la  même  fa- 
çon :  je  ne  fuis  que  dire  de  fa  conduite  :  je  le  dirai  a  qui 
me  le  demandera. 

Seulement ,  fi  l'un  des  deux  verbes  veut  une  prépofi- 
tion  avant  le  relatif ,  celui-ci  la  prend,  quand  même 
l'autre  verbe  ne  la  demanderoit  pas  ,  comme  dans  le 
dernier  exemple  ,  où  le  verbe  dire  veut  la  prépofition  a 
devant  ^:/i,  lequel  lui  fert  de  terminatif  5  prépofition 
que  le  verbe  demander  n'exige  point  ^  &  même  fembk 
rejetter  avant  fon  fubjeélif  qui  eft  ici  le  même  relatif. 
Mais  fi  les  deux  verbes  veulent  une  prépofition  avant 
que  ,  qui ,  quoi  ^  il  faut  que  ce  foie  la  même ,  autre- 
ment ces  relatifs  ne  pourroient  être  en  même-tems  le* 
régimes  des  deux  verbes. 

Ainfi  l'on  peut  bien  dire  ^  vous  vouUt^^  que  je  m'atta- 
che a  qui  je  n'ai  jamais  pu  plaire  ;  mais  on  ne  peut  dire  , 
vous  voule:[queje  m'éloigne  de  qui  j'ai  toujours  fu  plaire  . 
ni  que  je  m'éloigne  a  qui  j'ai  toujours  fu  plaire  :  parceque 
dans  le  premier  exemple  qui  eft  terminatif  de  deux  ver- 
bes ,  qui  tous  deux  donnent  à  ce  régime  la  prépofitior 
^  ;  &  que  dans  la  féconde  phrafe  le  même  qui  eft  ter- 
minatif de  deux  autres  verbes  ,  dont  le  premier  veut  de^ 
&  le  fécond  à  devant  ce  régime  ;  ce  que  ne  peut  prendrt 
ie  relatif  en  queftion  ,  un  nom  n'admettant  jamais 
qu'une  prépofition  à  la  fois. 

Il  y  a  quelquefois  bien  des  difficultés  à  reconnoîtrc 
le  véritable  antécédent  des  relatifs  5  je  ne  dis  pas  quand 
cet  antécédent  eft  fous-entendu  ,  car  on  y  peut  alors  ai- 
fément  fuppléer  par  les  mots ,  ckofe ,  perfonne  y  ou  ce  ^ 
celui ,  &c.  félon  le  fens  de  la  phrafe  ;  mais  fur-tout 
quand  il  eft  exprimé  avec  plufieurs  autres  mots  :  pai 
exemple  je  veux  dire,  que  la  probité  eji  furcment  plus  pré- 
cieufe  que  toutes  les  autres  qualités  de  l'homme  y  &  ]i 
commence  ma  phrafe  par  ce  tour  ufité  :  la  probité  ejl  fu- 
ment une  des  qualités  de  l'homme  y  qui...  Ici  le  doute  me 


P  R  O  ii^ 

vient  ;  je  ne  fais  Ci  je  dois  dire  ,  qui  fini  les  plus  précieu- 
fes  y  ou  qui  efi  li  plus précieufe  ;  je  ne  fais  fi  je  dois  pren- 
dre une  pour  antéccdenc  du  qui  ,  ou  s'il  eft  mieux  de 
prendre  des  qualités  :  je  remarque  enfin  que  de  cette 
dernière  façon  je  n'exprimerois  pas  toute  ma  penfée  , 
puifque  je  confondrois  la  prooité  avec  d'autres  qualités 
qui  feroient  à  la  vérité  les  plus précicufes  avec  elle ^  mais 
qui  le  feroient  autant  qu'elle  ,  &  que  mon  intention 
étoit:  de  mettre  la  probité  au-delfus  de  toutes  :  je  me  dé- 
termine donc  à  dire,  la  probité  ejl  une  des  qualités  de 
l'homme  qui  efi  la  plus  précieufe  y  &  il  fe  trouve  que  j'ai 
Dien  dit. 

Si  je  voulois  en  effet  mettre  la  probité  au  premier 
rang  ,  mais  avec  d'autres  qualités  qui  me  paroitroienc 
devoir  aller  de  pair  avec  elle  ,  &  que  je  commençaffc 
ma  phrafe  de  la  même  façon  5  alors  il  faudroit  prendre 
des  qualités  voMV  zniécéà'cnz  y  &  mettre  le  relatif  avec 
les  mots  qui  doivent  fe  mouler  fur  lui  au  pluriel  ,  en  di- 
fant  ,  la  probité  efi  une  des  qualités  de  i  homme  qui  font 
les  plus  précieufes.  C'eft  ainfi  qu'on  peut  julHfîer  ces 
phrafes  ;  Socrate  efi  un  des  anciens  Philofophes  le  plus 
éclairé  &  le  plus  fage.  La  fuperflition  efi  un  des  points 
\fur  lequel  les  Philofophes  difputent  avec  le  plus  de 
\\ele  ,  &c. 

^\  je  veux  dire  que  j'ai  expédié  prefque  toutes  les 
affaires  dont  j'étois  chargé  ,  &  que  je  commence  par  ces 
imots  ,  j'ai  expédié  la  plupart  des  af aires  ,  &  que  je 
Iveuille  enfuite  me  fcrvir  du  rchzif  lequel  ;  je  ne  fais  fi  je 
idois  mettre  ,  de  laquelle  ,  en  lui  donnant  la.  plupart ^ont 
iantécédent ,  ou  defquelles ,  en  le  faifant  rapporter  à 
iaffaires  :  mais  je  remarque  que  le  véritable  antécédent 
m'ed  ni  la  plupart  ^  ni  des  ajfaires  ^  mais  la  plupart  des 
affaires  y  que  ces  quatre  mots  ne  me  préfentent  ici  qu'une 
idée ,  ou  que  s'ils  en  offrent  plufieurs ,  mon  intention 
étoit  de  parler  de  toutes ,  ce  qui  revient  au  mêm.e  j  que  le 
nom  co\lcô:i£  la  plupart  reçoit  un  caradere  marqué  de 
pluralité  quand  il  eft  joint  à  un  nom  pluriel  qui  le  dé- 
termine j  qu'alors  il  femble  offrir  plufieurs  objets  dif- 
tingués  ,  quoiqu'il  ne  préfente  ,  pour  ainfi  dire  ,  qu'un 
fîngulier,  ou  qu'une  unité  en  maffe  quand  il  ell  joint 
a-  un  nom  fingulier  3  &.  qu  ainfi ,  quoiqu'on  doive  dire , 


3L20  PRO 

par  exemple  ,  la  plupart  du  monde  qui  nous  flatte  nous- 
trompe  ^  on  doit  dii-e  ici,  j'ai  expédié  lu  plupart  des 
affaires  defquelles  vous  fave7[  que  j'étois  chargé. 

Quand  le  relatif  a  piufîeurs  antécédents  ^  il  fuit  le 
genre  le  plus  noble  ,  fî  les  antécéoenis  n'ont  pas  le  mê- 
me ,  &  fe  met  au  pluriel  :  mon  frère  &  mafœur  qui  vous 
ont  toujours  été  chers.  Mais  (i  ces  antécédents  ont  une 
même  lignification  ,  ou  une  fignifiication  fort  appro- 
chante ,  le  relatif  peut  ne  s'accorder  qu'avec  celui  dont 
il  eft  le  plus  proche  :  voyeç  le  courage  &  la  hardiejje  avec 
laquelle  ils  vont  au-devant  de  l'ennemi. 

Nous  avons  déjà  dit  que  les  relatifs  fe  trouvoient 
fouvent  employés  fans  jamais  avoir  d'antécédent  expri- 
mé ,  ni  facile  à  placer  avant  eux  ;  que  dans  ce  cas  on 
les  appelloit  abfolus  .,  on  interrogatijs  ;  qu'en  un  mot  ils 
paroiltoient  alors  perdre  beaucoup  des  marques  diftinc- 
tives  du  vrai  relatif  :  c'efl  ici  le  lieu  d'en  dire  ce  qui 
nous  paroît  nécelfaire  à  connoître. 

Nous  obferverons  d'abord  que  ce  font  les  mêmes  que 
ceux  que  nous  venons  d'examiner  ,  excepté  dont ^  qui  ne 
peut  avoir  lieu  ici ,  parcequ'il  faut  qu'il  ait  toujours  ur 
antécédent  exprimé  ;  mais  dont  eft  remplacé  par  un  au- 
tre qui  vient  fe  montrer  fur  les  rangs  5  c'eft  lequel  dé- 
pouillé de  l'article  le  que  nous  avons  dit  en  être  infépa-, 
arable  quand  il  eft  proprement  relatif. 

Nous  obferverons  encore  qu'il  eft  inutile  de  répétei 
ce  que  nous  avons  dit  de  tous  ces  mots  relativement  ain 
chofes  ou  aux  perfonnes  qu'ils  peuvent  remplacer ,  & 
à  l'office  qu'ils  peuvent  faire  dans  le  fyftême  généra! 
d'une  phrafe  j  parccque  tout  eft  ici  de  même  ,  exccptt 
dans  les  cas  que  nous  aurons  occafion  d'excepter 
quand  il  s'en  trouvera  ,  nous  tâcherons  de  le  faire  4« 
manière  à  ne  lailfer  aucun  doute. 

Il  en  eft  de  même  de  ceux  qui  prennent  ou  qui  rejet 
tcnt  les  prépofitions  ;  que  n'en  prend  jamais  i  les  autre; 
peuvent  en  prendre  -ou  s'en  palier  félon  leur  oiiîce 
quoi  ne  peut  s'en  palier  ,  que  quand  il  eft  fcul  pour  rcn 
dre  une  pliiafè  interrogative.  , 

Ces  pronoms  relatifs  abfolus  ont  lieu  dans  les  intcr 
rogations;  dans  les  phrnfesqui  marquent  le  doute  ,  l'iii 
ccttitudc  ,  l'ignorance  ,  ou  uneconnoillancc,  une  certi 

ludi 


uc^e  bien  affurée  &  diftinaement  affirmée.  Que  me  de^ 
na?idei-vou5  ?  Je  ne  fais  à  quoi  me  réfoudre.  Vous  igno^ 
'Cl  quel  eftfon  courage  indomptable.  Je  fais  qui  vous  a  dit 
:ela.  L'objet  des  relatifs  dans  ces  rencontres  eft  toujours 
/aguc  ,  général ,  ou  confus  &  indctermnié  5  foit  qu'il 
ic  porte  que  fur  la  nature  des  chofes ,  ou  qu'il  en  défi- 
nie les  qualités ,  ou  qu'il  ne  faiîe  que  fupplécr  à  la  dé- 
lomination. 

Qui  employé  dans  les  phrafes  femblables  à  celle» 
me  nous  venons  de  citer ,  ne  fe  dit  jamais  que  des  per- 
onnes  ;  qui  ^  ou  quelle perfonne  vous  a  dit  tant  de  chofes 
uuffcs  fur  mon  compte?  l\  ne  s'emploie  ordinairement 
lii'au  fmgulicr  &  au  mafculin  ;  &  l'on  doit  dire  ,  qui 
eroitajfei  hardi  pour  me  démentir?  Cependant  if l'on 
'ailoit  de  femmes  ,  on  devroit  dire  ,  qui  choifjfei-vous 
'our  compagnes  ?  comme  on  diroit  dans  une  occafîon 
or.rraire,  qui  prenei-vous  pour  compagnons  ?  on  doit 
lire  encore  ,  qui  d'eux  ou  de  nous  auront  raifon  ;  corn- 
ne  on  dit ,  qui  de  vous  ou  de  moi  aura  raifon  ?  d'eux  ou 
:t'  nous  y  de  vous  ou  de  moi  étant  joints  à  qui  en  déter- 
n:nent  le  nombre  &  le  genre  j  car  dans  la  première 
àu-afe  ,  il  eft  néceifaire  que  plufieurs  aient  raifon  puif-. 
b'il  y  a  pluralité  de  gens  de  part  &  d'autre  5  &  il 
k  peut  y  en  avoir  qu'un  feul  dans  la  féconde  ,  où  cha- 
que membre  alternatif  indique  unité  :  les  circonftances 

marquent  auffi  le  genre  j  on  le  connoît ,  puifqu'on  fait 
c  qui  l'on  parle.  Ce  qui  relatif  abfolu  fe  change  fou- 
ent  en  qui  ejl-ce  qui.  Qui  efi-ce  qui  vous  l'a  dit  ?  Je  vois 
ien  qui  efi-ce  qui  m'a  joué  ce  tour- là. 

Que  pris  en  relatif  abfolu  ne  fe  dit  point  des  perfon- 
es ,  comme  lorfqu'il  eft  relatif  fimple  :  ici  on  ne  peuc 
appliquer  qu'aux  chofes  :;d  ne  fais  que  répendre  aux 
erfonnes  qui  difent  des  injures  ,  c'efi  une  langue  que  je  n'ai 
unais  apprife.  Que  me  voulei-vous  ?  Que  dit-  on  de  nou- 
eau  ?  On  dit  aulfi,  qu  efi-ce  que  l'on  ait  de  nouveau  ? 
\ucfi-ce  que  vous  m.e  voule^  ?  Dans  ces  exemples,  oi  il 

a  plufieurs  que  ,  le  premier  eft  le  feul  relatif  abfolu  j 
:s  autres  font  de  vrais  relatifs. 

Nous  n'avons  rien  de  particulier  à  dire  fur  quoi  ,  ni 
K  oii  ;  finon  que  l'on  dit  également ,  que  fert  a  l'homme 
e  connoitrefes  devoirs^  s'il  ne  les  remplit?  ou  bien,  a  ciiol 
Tome  11,  p 


2Z1  P  R  O 

fcrt ,  ou  de  quofjfert.  Sec,  De  quoi  vous  occupei-vous  ?  Je 
ne  fais  à  quoi  je  mamufe.  Par  ou  voule:^-vous  commen- 
cer ?  Voila  oÎl  vous  manque^  tous  Us  jours. 

Quel  ^OWM  le  mafculin  ^  faifant  quelle  au  fcmiiiin  , 
&  quels  ,  quelles  au  pluriel ,  accompagne  plus  fouvcnt 
qu'il  ne  fuppofe  fon  antécédent  Tubdantif  j  &  lorfcjue 
celui-ci  n'eft  point  exprimé  ,  il  eft  néanmoins  remplacé 
par  un  pronom  perfonncl  agillant.  Perfonne  ne  fait  quel 
fort  l'attend.  A  quelle  extrémité  me  réduife:^-vous  ?  Vous 
m'annoncei  d'keureufes  nouvelles  ;  &  quelles  font  elles  ? 
Il  fe  dit  des  perfonnes  &  des  chofes  i  &  figure  dans  les 
différents  membres  du  difcours  qui  conviennent  aux 
noms  ,  foit  feul  ,  Toit  avec  quelque  prépolition. 

Quel  .y  variant  félon  les  genres  &  les  nombres  s'af- 
fuujettit  à  cet  égard  aux  diiférents  fubftantifs  ou  an- 
técédents qu'il  accompagne  ;  fa  deftination  eft:  de  déiî- 
gner  d'une  manière  confufe  les  qualités  du  fubftantii 
auquel  il  eft  joint,  ou  plutôt  d'y  appliquer  l'efprit  en 
général  &  fous  ce  jour  vague  &  indéterminé  ,  fous  le- 
quel ,  qui  j  quoi  ^  oîi  ^  que  ,  lequel ,  nous  font  penfer  à 
l'idée  générale  ou  à  la  nature  de  ce  même  antécédent 
auquel  ils  fe  rapporteront  :  ainii  ,  qui  êtes-vous  ?  mar- 
que que  je  cherche  l'idée  d'une  perfonne  ,  fon  nom  : 
quel  homme  êtes-vous  ?  marque  que  j'en  cherche  le: 
qualités  particulières.  Ce  mot  ç^f/ accompagnant  le  plu* 
fouvent  un  fubftantif,  devroit  peut-être  fe  trouver  con- 
fondu dans  la  foule  des  adjedifs  ;  mais  comme  il  défi- 
gne  les  qualités  d'un  objet  de  la  même  manière  que  les 
autres  marquent  l'objet  lui-même,  que  d'ailleurs  il  fem- 
ble  être  la  racine  du  ïtl^ùï lequel  j  &  qu'enfin  il  fait  un 
emploi  très  analogue  à  celui  des  relatifs  abfolus  ,  nous 
avons  cru  devoir  en  parler  ici. 

Lequel ,  fe  dit  partout  également  des  perfonnes  &  des 
diofcs  :  on  s'en  fert  fouvent  dans  les  phrafcs  alternati- 
ves où  l'on  demande  ,  ou  bien  où  l'on  donne  un  choix 
entre  deux  ou  pluficurs  chofes  :  lequel  des  deux  efi  It 
plus  funcjle  ,  d'un  ej prit  faux  ,  ou  d'un  mauvais  cœur . 
Voilà  bien  des  fyjîêmcs  fur  une  même  quejlion  ;  oJioifiJfe\ 
lequel  vous  voudrei.  On  peut  à  ce  propos  dire  un  mot 
des  adjedifs  l'un  ,  l'autre  j  qui  viennent  fouvent  en  ré- 
ponlf  aux  qucftions  femblablcs. 


P  R  O  iij 

Ils  peuvent  auflî  pafler  pour  des  pronoms ,  &  même 
ils  en  font  de  véritables  ;  mais  ils  auront  leur  place 
ailleurs  ;  nous  dirons  ici  feulement  qu'ils  fe  conforment 
totalement  au  pronom  lequel  qui  les  précède  j  que  non- 
I  feulement  ils  en  prennent  le  nombre  &  le  genre  ,  mais 
I  encore  la  prépofition  s'il  y  en  a  ,  à  moins  qu'ils  n'aient 
un  verbe  qui  en  ordonne  autrement.  Far  lequel  des 
deux  chemins  voule:^~vous  pajfer  ?  ni  par  l'un  ni  par 
t autre  \  ou  ,  je  ne  prendrai  ni  tun  ni  l'autre  ,  &c.  Lef-^ 
'  quelles  méprijei-vous  le  plus ,  des  femmes  légères  par  foi- 
bleffe  ,  ou  de  celles  qui  fe  parent  trop  de  leur  prétendue 
COI  fiance  ?  Je  plains  les  unes  j  ^je  hais  les  autres. 

Nous  finirons  l'article  des  pronoms  relatifs  ,  en  fai- 
faut  remiarquer  un  tour  de  phrafe  dans  lequel  on  change 
le  relatif  en  que  conjonélion  ,  qu'on  nomme  communé- 
ment que  adverbe  ,  &  on  tranfporte  devant  fon  antécé- 
dent la  prépofirion,  s'il  en  a  une.  Ainfî  dans  cette  phrafe, 
c'efi  vous  à  qui  je  veux  parler ,  je  puis  mettre  Va  avant 
vous  ,  changer  le  qui  en  que  ,  &  dire ,  c'eji  a  vous  que  je 
veux  parler.  Un  Auteur  a  voulu  faire  de  ce  qut  un  vrai 
relatif,  &  expliquer  les  exemples  en  difant,  c'efia  vous 
a  qui  je  veux  parler  :  mais  c'eft  confondre  l'objedif  dii 
verbe  cefi  avec  le  terminatif  de  parler  :  le  vrai  fens  efi: , 
celui  a  qui  je  veux  parler  ^  c'efi  vous.  Le  pronom  m^ 
!  défini  celui  me  paroît  allez  peu  néceflaire  ;  je  veux 
abréger  ma  phrafe,  &  je  le  fais  félon  le  génie  de  la 
Jangue,  en  commençant  par  c'eji  vous....,  à  qui  je 
veux  parler  ,  fuit  naturellement.  Par  un  autre  trait 
de  vivacité  &  d'impatience  ,  mon  efprit  qui  fe  hâte 
d'énoncer  ce  qu'il  veut  dire  de  vous  ,  tranfporte  devant 
ce  pronom  perfonnel  la  prépofîcion  qui  fert  de  cara(5î:é- 
riftique  pour  marquer  le  rapport  qui  fe  trouve  entre 
vous  &  ce  que  je  vous  veux  3  alors  le  qui  devient  inuti- 
le ,  &  plus  encore  Va  qui  étoit  devant  5  il  ne  me  faut 
plus  qu'une  conjonârion  pour  lier  c^efi  a  vous  nvzc  je 
veux  parler.  Se  la  conjonction  que  fert  à  cela.  D'ailleurs 
(î  ce  que  étoit  véritablement  un  relatif,  il  feroit  le  ter- 
minatif de /'dr/er  ,  &  ce  verbe  veutpour  terminatif  per- 
fonnel ,  un  nom  précédé  de  la  prépofition  à  ;  fi  c'eft  un 
relatif,  ce  doit  être  qui  ^  &  non  que  qui  ne  peut  être 
qu'objedif. 

pij 


124  P  R  O 

Il  y  a  eflcore  quelques  façons  de  parler  qui  font  fort 
ufîtées,  &  qui  ne  femblent  pas  fuivre  les  règles  5  com- 
me ,  ils  travaillent  à  qui  mieux  mieux  ,  c'eft- à-dire  ,  à 
l'en VI  l'un  de  l'autre.  Cejè  à  qui  fera  le  plus  généreux. 
On  dit  encore  ,  félon  M.  Reftaut  ;  la  pluralité  des 
Dieux  cft  une  chofe  qu'on  ne  peut  s'imaginer  qui  ait  été 
adoptée  par  des  hommes  de  bon  fcns.  Mais  nous  ne 
voudrions  pas  autorifer  cette  façon  de  parler  ;  elle  eft 
peu  ufitée  3  elle  femble  d'ailleurs  tout-à-fait  irréguliere  j 
enfin  elle  a  un  air  de  çêne  qui  choque  l'oreille  ;  il  vau- 
droit  mieux  dire  ,  qu  on  ne  peut  s  imaginer  avoir  etc 
adoptée  par ,  &c. 

En  la  rendant  fufpede  ,  avertilTons  néanir.oins  que 
cette  conftrudion  eft  employée  par  bien  des  Auteuis  : 
C'eft  une  douce  erreur  que  je  prétends  qui  cejfe.  D'où  vient 
donc  cet  ennui  qu'on  voit  qui  vous  dévore  ?  (  M.  Piron  ). 

Pronoms  démonftratifs. 

Ne  point  dénommer  un  objet ,  mais  l'indiquer  ^  pouf 
ainfi  dire  ,  en  le  montrant  j  le  fpécifier  non  pas  par  fes 
qualités  ,  mais  en  déiïgnant  fa  place,  en  dirigeant  les 
regards  fur  lui  5  tel  eft  l'ofiice  des  pronoms  démonftra- 
tifs. 

Nous  n'en  compterons  que  Gii>q  ,  qui  font,  ce,  ceci, 
cela  ,  celui-ci  ^  celui-là. 

Le  premier  a  dans  notre  langue  deux  fondions  à 
remplir  qui  font  bien  différentes  l'une  de  l'autre.  Quel- 
quefois il  prend  après  lui  le  fubftantif  auquel  il  fe  rap- 
porte ,  comme  ,  ce  penchant  qui  vous  entraine  fera 
votre  malheur.  Alors  il  efl  vrai  dcmonflratif ,  puifqu'il 
ne  fert  qu'à  tirer  de  la  foule  des  penchants  ,  celui  dont 
on  veut  parler  ,  &  qu'à  fixer  l'cfprit  fur  celui  là  fcul. 
On  peut  comparer  cette  fonftion  de  ce  à  celle  de  l'arti^ 
cle  qui  ne  marche  avant  les  noms  qu'à  fin  de  les  an- 
noncer i  avec  cette  différence  que  le  pronom  ce  ne  fc 
contcnre  pas  de  faire  l'annonce  ,  mais  qu'il  y  joint  une 
indication  qui  arrête  la  vue  de  l'cfprit  précifément  fut 
l'objet  qu'il  accompagne  5  &  cela  tant  par  fa  propre 
nature  que  par  le  fccours  de  ce  qui  le  fuie  ou  le  pré- 
cède. 


p  fi  ô  11$ 

Quelques  Grammairiens  prétendent  qu'alors  il  n'eft 
pas  vrai  pronom  ,  puifqu'il  ne  remplace  pas  Ton  fubf^ 
tantif,  mais  qu'il  l'accompagne  j  &  peut  être  ont-ils 
raifon  :  il  femble  qu'on  auroit  dû  le  nommer  article  dé* 
monftratif  plutôt  que  pronom  démonftratif.  Mais  en  Ten- 
tant combien  cette  place  pourroit  lui  convenir  ,  nous  le 
plaçons  néanmoins  ici ,  tant  parcequ'il  a  le  caradlere 
particulier  des  pronoms  démonibatifs  qui  eft  de  mon- 
trer l'objet ,  que  parcequ'il  ei]:  comme  la  racine  d'où 
font  tirés  tous  les  autres  pronoms  de  cet  article  ,  qui 
ne  paroilTent  être  que  Tes  compofés. 

D'autrefois  ce  ne  marche  point  avec  Ton  fubftantif  ; 
au  contraire  il  en  empêche  par  fa  préfence  la  dénomi- 
nation ,  ou  la  répétition  ;  comme ,  ce  qui  m'afflige  le 
plus  j  n'ejl  pas  d'avoir  été  joué  par  une  amefaujfe  y  mais 
c'eji  de  m" être  avili  en  luifaijant  des  politejfes  dont  je  n'ai 
jamais  prétindu  honorer  un  fombe  :  cet  exemple  montre 
que  de  cette  dernière  façon  ce  peut  s'employer  ou  avec 
un  relatif,  ou  avec  le  verbe  fubftantif  5  il  ne  peut  mê- 
me le  faire  qu'avec  l'un  ou  l'autre  de  ces  voifîns  :  alors 
ce  eft  un  véritable  pronom  5  mais  eft-il  démonftratif  > 
on  pourroit  bien  montrer  qu'il  en  conferve  toujours  la 
nature  &  les  propnécés;  mais  eft-ce  une  raifon  fuihfante 
de  le  placer  ici ,  s'il  eft  vrai  qu'il  participe  encore  plus 
de  la  nature  des  indéfinis  ?  Ne  faudroit-il  pas  le  ren- 
voyer à  cette  dernière  claffe  comme  l'ont  fait  plufieurs 
Grammairiens  ?  N'eft-iî  pas  vrai  que  dans  ce  dernier 
ufage  ce  ne  nous  montre  rien  que  de  vague ,  de  géné- 
ral ?  A  cela  nous  répondons  que  pour  ne  pas  faire  deux 
articles  du  même  mot,  après  en  avoir  fuivi  les  loix 
dans  une  de  fes  fondions ,  il  nous  a  paru  naturel  de 
l'examiner  dans  l'autre  j  fans  pour  cela  condamner  ceux 
qui  font  autrement. 

Quelques  Auteurs  mettent  encore  au  rang  des  dé- 
monftratifs ,  celui  ,  celle  ,  ceux  &  celles  :  mais  ces  mots 
n^  nous  paroilfent  participer  en  rien  à  la  nature  ,  aux 
propriétés  des  pronoms  qui  montrent  l'objet  ,  ils  nous 
fcmbknt  ne  pouvoir  appartenir  qu'aux  indéfinis  où  nous 
ks  renvoyons.  Il  ne  nous  refte  qu'à  reprendre  les  dë- 
monftratifs  les  uns  après  les  autres  ,  pour  en  dévelop- 
per les  propriétés  &  l'ufage. 

Piij 


xk;  P  R  O 

Ce,  dans  le  premier  cas  od  nous  Tavons  déjà  exami- 
ne ,  c'eft-à-dire  accompagnant  un  ou  plufieurs  noms  , 
cft  adjedif ,  en  ce  qu'il  varie  fes  terminaifons  fclon  les 
genres  &  les  nombres  :  on  dit  ce  devant  un  nom  finguf 
lier  mafculin  qui  commence  par  une  confonne  ou  ua 
h  afpiré  :  ce  bonheur  efi  -il  fait  pour  des  cœurs  pervers  ? 
Il  manquoit  encore  à  la  gloire  de  ce  Héros  dejfuyer  de 
grands  revers. 

Les  noms  iinguliers  &  mafculins  font  précédés  de  cet 
quand  ils  commencent  par  une  voyelle  ,  ou  par  une  k 
non  afpiré  :  l'amour  ejt  un  enfant  ;  mais  cet  enfant 
triomphe  de  la  force  ,  épuife  le  courage  ,  égare  la  raifon  , 
féduit  la  'vertu  ,  aveugle  la  fagejj'e.  Vous  m'oppof\  thon- 
neur7  mais  cet  honneur ,  enfin  ,  qu'efi  il,  que  l' accompli] fe- 
ment  de  fes  devoirs  ^  6*  dépend -il  du  vulgaire  infenjé  de 
me  deshonorer  ^  Ji  je  ne  fais  que  ce  que  je  dois  ? 

Avant  les  noms  finguliers  &  féminins  on  Te  fert  de 
cette  ,  quelle  que  foit  leur  lettre  initiale  :  queft  devenui 
cette  ame  fiere  &  courageufe  qui  devait  fe  roidir  contre  le 
fort  &  /es  plus  rudes  ajfauts  ?  Elle  difparoit  devant  cctti 
beauté  frivole  que  vous  avoue:^  vous-même  ne  renfe/met 
qu'un  cœur  mépri Jable  !  Aux  noms  pluriels  on  donne  ces 
pour  tous  les  genres  :  ces  rujes  j  ces  indignes  caprices 
doivent  bien  vous  en  détacher  !  Ce  pronom  Te  place  alors 
avec  toutes  fortes  de  fubftantifs  ^  foit  de  chofcs  ani- 
mées ,  foit  de  chofcs  infenfibles  :  il  les  accompagne  foil 
qu'ils  fervent  de  fubjedifs  ,  d'objedifs,  de  terminatifs  , 
ou  de  circonftanciels ,  foit  qu'ils  foicnt  fculs ,  foit  qu'ils 
reçoivent  le  fecours  de  quelque  prépofition  j  mais  en  ce 
dernier  cas  ,  ce  marche  après  la  prépofîtion. 

Lorfque  ce  eft  immédiatement  fuivi  d'un  relatif, 
alors  il  ne  fe  dit  que  des  chofes ,  &  point  des  perfon- 
nes  3  on  peut  même  ajouter  qu'on  ne  peut  guère  le  tour- 
ner que  par  la  chofe  :  ce  qui  fait  h  malheur  des  Rois  ,  efi 
de  n'avoir  point  d'amis  ajfe[  hardis  pour  leur  dire  la  véri- 
té :  ce  que  vous  craigne-;;^  le  plus  ,  neji  pas  ce  qu'il  y  a  dt 
plus  a  craindre.  Il  prend  à  fa  fuite  pour  completter  !« 
fens  ,  tous  les  pronoms  relatifs ,  excepté  ou  &  lequel.  On 
ne  dit  point ,  ce  d'où,  vous  forte^  ,  eji  un  abîme  ou  vous 
pouve:(^  retomber  ;  mais  il  faut  donner  un  autre  tour  à  la 
phrafe ,  en  difant ,  par  exemple  ,  yousforte^  d'unabimt 


IP  R  O  4i7 

VOUS  pouve^  rttomher.  On  ne  peut  dire  non  plus ,  ce 
7ùr  lequel  vous  réu^ftre:^^  ,  n  efi  pas  ce  qui  vous  donne  te 
flus  d'efpérance  y  mais  par  exemple  ,  ce  parquoi  vous 
'éujftrei,  ^^• 

La  raifon  de  cette  exception  eft  que  ce  n'a  ici  qu'urt 
[ens  très  général  ;  il  peut  donc  admettre  ,  &  veut  même 
des  pronoms  relatifs  qui  le  parricularifent ,  &  c'eft  ce 
que  ne  font  point  oîi ,  lequel  ,  qui  déiignent  &  ne  par- 
àcularifent  pas.  Ce,  fuivi  d'un  relatif  j  eft  toujours  iîn- 
gulier  &  mafculin  ;  &  cela  doit  être ,  puifqu'il  ne  mar- 
ique  qu'en  général  un  objet  vague  ,  qui  par  conféquent 
in'eft  point  allez  Tpccifié  pour  qu'on  en  connoiflele  nom- 
bre &  le  genre  particulier  :  ce  qui  flatte  efl  ^lus  dange- 
reux y  que  ce  qui  offen/è. 

Souvent  auflî  on  le  fait  précéder  de  tout  ;  tout  ce  qui 
paraît  beau^  nefi pas  toujours  bon.  Dès  que  ce  prend  ainfî 
luii  relatif,  la  phrafe  a  nécefTairement  deux  membres 
!au  moins  5  fi  toutefois  ce  eft  à  la  tête  ;  car  fans  cela  elle 
pourroit  n'en  avoir  qu'un,  comme,  vous  favcT^^  ce  qui 
\me  fait  peine  :  mais  fi  le  fécond  membre  a  le  verbe  fub- 
:  ftantif  pour  attributif,  &  que  ce  verbe  foit  fuivi  par  que 
'  conjond:ion,  ou  par  ^/^  prépofition  3  le  ce  doit  être  répété 
lavant  lui  ;  ce  qui  me  fait  peine  y  c'eft  que  vous  m  ayei^  pu. 
foupçonner.  Ce  qui  la  flatte  le  plus ,  c'eft  de  voir  fes  rivales 
dans  la  douleur. 

Si  ce  verbe  être  eft  fuivi  d'un  adjedtif ,  il  ne  fait  point 
répéter  ce  :  ce  qu'on  eftime  y  eft  fouvent  bien  mépri fable ^ 
Ce  qui  réufftt ,  eft  rarement  condamné  :  nous  mettons  icî 
les  participes  au  rang  des  adjedifs.  Il  faut  encore  y 
comprendre  les  pronoms  perfonnels  :  ce  qui  le  retient  , 
ceft  vous.  Enfin  fi  c'eft  un  fubftantif  qui  fuive  ,  il  fem- 
ble  alors  indifférent  de  répéter  ce  ou  de  l'omettre  :  ce 
quifoutient  l'homme  &  l'anime  y  c'eft  l'efpérance  bien  plus 
que  la  jouijfance  ,  ou  eft  l'efpérance  bien  plus  que  la  jouif- 
fance. 

Lorfque  ce  n'eft  point  immédiatement  fuivi  d'un  re- 
latif, il  l'eft  du  verbe  être  :  alors  il  eft  de  tout  genre  & 
^e  tout  nombre  fans  changer  de  terminaifon  :  mais  il' 
n'eft  que  de  la  troifieme  perfonne.  De-là  vient  que  fî 
l'objedif  dut  verbe  ^r/-e,  eft  un  nom  pluriel ,  ce  qui  s'y 

Piv 


iiS  P  R  O 

rapporte  eft  auiïî  du  n)ême  nombre ,  &  qu'il  y  a/Tujcrtît 
même  le  verbe  dont  il  efl  fubjcdrif  :  c  étoient  les  femmes 
a  Lacédémone  qui  formoient  &  animaient  la  vertu  des 
hommes.  Ce  font  quelquefois  les  plus  grands  crimes  qui 
font  les  moins  punis. 

On  voit  que  dans  cette  efpece  de  fondions ,  ce  efl: 
également  employé  pour  les  perfonnes  comme  pour  les 
chofes.  Mais  s'il  fe  rapporte  à  des  pronoms  de  la  pre- 
mière ou  de  la  féconde  pcrfonne  foit  du  fîngulier  ,  foit 
du  pluriel ,  alors  il  prend  la  troifleme  perfonne  du  fin- 
gulier  :  c'ejl  nous  qui  t avons  découvert  ;  cefi  vous  qui  l'a- 
vei  arrêté  :  c'eft  moi  qui  l'ai  voulu.  Il  n'y  a  pas  en  cela 
il'irrégularité  :  ce  pronom  eHindifFéreiit  pour  le  nombre 
&  le  genre  ;  il  peut  donc  également  figurer  avec  l'un  & 
l'autre  :  mais  il  n'en  eO-  pas  de  mcmc  des  perfonnes  5  il  ne 
peut  fe  montrer  qu'à  la  troifieme ,  &  cela  à  raifon  mê- 
me du  défaut  de  préciiion  qui  fe  trouve  dans  fa  fignifi- 
cation  :  ne  pouvant  donc  fe  conformer  aux  pronoms  , 
nous  ,  vous  ,  înoi  y  toi  y  auxquels  il  fe  rapporte  ,  alors  il 
X-'a  de  loi  à  prendre  que  de  lui-même  ,  &  il  refte  dans 
ion  état  primitif  qui  eft  le  lîngulier  de  la  troilîeme  pcr- 
jfonne. 

Dans  les  interrogations,  il  fe  porte  immédiatement 
après  le  verbe  :  quefi-ce  ?  Efi-ce  vous  ?  Eft-ce  lui?  Mais 
au  pluriel  on  l'emploie  peu ,  parcequordinairement  il 
cft  dur  ,  font- ce  les  hommes  que  nous  attendons  ?  Pour 
l'adoucir  on  dit ,  par  exemple  ,  font-ce  la  les  hommes 
que  nous  attendons  ?  parcequ'après  la  on  fait  une  paufc 
qui  facilite  la  prononciation  ,  &  qu'on  ne  pourroit  y 
faire  fî  ce  étoit  immédiatement  joint  au  nom  auquel  il 
fe  rapporte. 

II  eft  encore  quelques  façons  de  parler  très  commu- 
nes oiî  ce  eft  répété  :  comme  ,  dites-nous  ce  que  cefi  : 
qu'eft-ce  que  c'eft  ?  fi  l'on  veut  y  ajouter  quelqu'autre 
cliofe  ,  on  y  met  un  que  y  qu  efi-ce  que  cefi  qu'il  deman- 
de? Mais  alors  on  fait  mieux  d'abroger  en  difant, 
quefi-ce  quil  demande  ?  Si  je  veux  dire  par  exemple  j 
que  les  defîn  font  toujours  des  tourmens  ^  &  que  je  com- 
mence ma  plirafe  par  ,  ce  font  toujours  des  tourmens .  .,  i 
Alors  pour  la  iîair  en  y  joignant  Us  defirs  ,  je  dois  y  i 


P  R  O  21^ 

mettre  un  que  pour  former  ia  iiai'on  :  ce  font  toujours 
ies  tourmens  que  les  dejirs.  Cjfi  toujours  un  pLùfir  quun 
ievoir  rempli.  Mais  fi  après  ce  que  je  veux  me  fervii: 
l'un  verbe  à  l'infinitif,  au  iieu  d'un  fubftantif ,  il  fau- 
ira  mettre  de  après  le  que  :  cejt  toujours  un  tourment  que 
ic  déjirer.  C'eft  toujours  un  malheur  ^  fi  ce  nefi  pas  un 
•nal  que  d' avoir  des  envieux. 

Le  pronom  ce  eft  auffi  quelquefois  fubjecflif  des 
l'erbes  ,  pouvoir  ^  devoir  ^  quand  ils  font  fuivis  de  l'in- 
initif  être.  Ce  doit  être  un  tourment  affreux  que  le  fiju- 
venir  d'un  crime  qu'on  a  commis.  -.^  e  pourroit  être  l'hom* 
ne  nue  vous  méprifez  le  plus  ,  dont  vous  aure:^  le  plus 
'/and  hefioin.  Mais  (î  ce  appartient  à  un  nom  pluriel  , 
wuvoir  &  devoir  feront  ils  mis  au  pluriel ,  ou  rerteronr- 
Is  au  fîngulier  ?  Après  avoir  dit  ,  par  exemple  ,  mes 
2mis  m'abandonnent  ',  qui  me  prêtera  fecours  ?  Puis -je 
iire  ,  hélas  y  ce  devraient  être  eux  l  ou  faut-il  ,  héUs  , 
:c  devrait  être  eux  !  mais  ces  façons  de  parler  font  ra- 
ies ;  on  doit  éviter  cet  embarras  fur  lequel  l'ufage  iic 
lit  pas  alfez  pour  faire  une  décifion  ,  &  prendre  un  au- 
tre tour,  comme  on  le  fercir  en  pareil  cas,  en  difant  par 
exemple  ,  hélas  ^  ce  devrait  être  à  eux  y  ou  c  efl  ,  ou  ce. 
^eroit  a  eux  a  le  faire  !  en  ne  prennant  le  verbe  que  corn- 
ue imperfonnel. 

Comme  ce  eft  fouvent  employé  pour  l'imperfonnel 
M'Y,  on  peut  fouvent  mettre  l'un  où  l'autre  eft  néceifai- 
Ip  ;  voici  la  re^le  :  devant  le  verbe  être  fuivi  d'un  ad- 
edif  pris  fubftantivement  ^  c'eft- à -dire  fans  autre 
Tubdantif  &  fans  article  ,  il  faut  mettre  //,  &  non  pas 
:e  5  //  eft  grand  de  pardonner  y  il  eft  encore  quelquefois 
iliis'  beau  de  mériter  un  pardon.  On  met  encore  i/ quand 
e  verbe  eil:  fuivi  d'un  nom  de  tems  ,  à  moins  qu'il  ne 
bit  en  réponfe  d'une  queftion  où  ce  auroit  été  em- 
)loyé  :  il  eft  quatre  heures  j  il  eft  temps  :  quel  jour  eft-ce  T 
'eft  jeudi.  Quand  même  la  question  fcroit  fupprimée, 
m  dira  toujours  ,  c  eft  jeudi  ^  &  non  pas  //  eft  jeudi  , 
:omme  le  prétend  le  Père  Buiiier  :  ici  ce  eft  à  la  place  de 
'0«r-,  qui  eft  fous  entendu;  ce  jour  efî  jeudi  y  au  lieu 
qu'il  n'y  a  point  de  fous-entendu  dans  il  eft  quatre  heures, 
Ze  n'y  auroit  rien  à  remplacer. 
Les  quatre  autres  proiioms  démonftratifs  fe  formait 


250  P  R  O 

en  ajoutant  s.  ce  ^  ci  ou  /ui-ci  j  la  ou  lui-la  :  ce  qui  dori' 
ne  ,  ceci  ,  cela  j  celui-ci  ,  celui-là.  Ils  font  tous  les  qua-| 
tre  de  la  troifîeme  peiTonne  aufli  bien  que  ce  :  ceci  ^  ce* 
lui-ci  y  ne  fe  ^ifent  que  de  ce  qui  efl:  plus  près  de  nous  j 
&  cela  j  celui-là  y  de  ce  qui  en  efl;  moins  près.  Ceciy  cela  , 
font  toujours  mafculins  ,  &  n'ont  jamais  de  pluriel  j  ils 
ne  fe  difent  que  des  chofes  inanimées  y  plus  fouvent, 
encore  du  fens  exprimé  par  une  phrafe  qui  précède  ou 
qui  fuie,  &  ne  prennent  jamais  de  qualificatifs  qu'ils" 
n'en  foient  féparés  par  un   verbe.  Ceci  vous  convient  :  ^ 
cela  me  déplaît.  Ceci  efl  fmgulier  ;  cela  parait  vieux.  On  ' 
vous  loue  pour  vous  perdre  ;  cela  efl  odieux  l  mais  ceci  ' 
tefl  bien  plus  !  on  cherche  a  vous  perdre  ,  fans  en  avoir 
d'autre  motif  que  la  fatisfaciion  honteufe  de  voir  périr  ur. 
honnête  homme  I 

Celui-ci  y  celui-là  y  fe  difent  également  des  perfonne; 
&  des  chofes  :  ils  prennent  quelquefois  des  adjedlifs  ;  &  . 
font  au  fingulier  ,  celui-ci  ,  celui-là  ,  pour  le  mafcu- 
lin  y  celle-ci  y  celle-là  ,  pour  le  féminin,  &  pour  le  maf- 
culin  pluriel  y  ceux-ci  y  ceux-là  y  enfin  ,  celles-ci  y  celles- 
là  pour  le  féminin  du  même  nombre  :  de  ces  trois  fem- 
mes ,  celle-ci  efl  plus  belle  ;  mais  celles-là  toujours  éga- 
les ^  enjouées,  &  polies  y  plaifent  davantage.  Cqs  quatu 
pronoms  figurent  par-tout  où  peuvent  figurer  les  fub- 
Hantifs  ;  mais  ils  ne  font  jamais  terminanfs  ni  circonf 
tanciels  fans  le  fecours  de  quelque  prépofition.  Voui 
donne:^  tout  à  celui-là  ,  au  mépris  de  ceux-ci. 

Pronoms  indéfinis, 

La  dernière  ClafTe  des  pronoms  eft  celle  des  indéfinis, 
dont  le  propre ,  avons-nous  dit ,  eft  de  ne  rien  défignei 
que  de  général ,  &  de  n'avoir  rapport  qu'à  un  obje 
vague  &  confus  qui  ne  préfente  aucune  idée  précife. 

Les  uns  font  véritablement  pronoms  ,  en  ce  qu'il: 
n'accompagnent  jamais  les  fubllantifs  auxquels  ils  d 
rapportent,  &  qu'au  contraire  ils  les  remplacent  j  ce  fon 
quiconque  y  quelqu'un  y  chacun  ,  autrui  y  perfonne  y  rien 
l'un  l'autre  ,  celui  &  on  :  nous  avons  parlé  ailleurs  de  on, 
rien  &  perfonne. 

D'autres  fejnWcnt  perdre  le  vrai  caradere  du  pro-! 


P  R  O  231 

>m  ,  &  rentrer  dans  la  foule  des  noms  adjeârifs  ,  eu  ce 
l'ils  accompagnent  toujours  &  ne  remplacent  jamais 
urs  fubftantifs  ;  nous  en  parlons  ici  à  caufe  de  la  pro- 

iéré  d'indéfinis  qu'ils  confervent  :  ce  font  quelque  ^ 
•jque  ,  certain  ,  quelconque. 

D  autres  enfin  accompagnent  quelquefois  ,  &  quel- 
lefois  remplacent  les  nom.s  auxquels  ils  appartiennent; 
:  font,  nul ,  aucun  ^  pas  un  ^  autre  ,  l'un  èc  l' autre ^  mt- 
s  ,  tel  j  plujienrs  &  tout.  Après  avoir  détaillé  ce  qui  re- 
u  Je  tous  CCS  indéfinis ,  nous  finirons  par  dire  un  mot 
:  quelques  autres  mots  compofés  que  î'ufage  emploie 

I  quelque  forte  comme  pronoms  indéfinis. 
Quiconque  ne  fc  dit  jamais  que  des  perfonnes  j  il  figni- 

c,  toute perfonne  qui -j  jl  n'eft  que  du  mafculin  ,  &  n'a 
onit  de  pluriel  ;  il  ne  paroît  guère  dans  l'adjondif ,  6c 
loins  encore  dans  le  circonftanciel.  Quiconque  eft  fans 
S' tu  y  eftime  rarement  les  hommes  ;  &  quiconque  efi  trop 
yK  ,  les  eUme  trop.  Quelqu'un  ^  faifant  au  féminin  quel- 
iiune  ,  &  quelques-uns  ,  quelques  unes  au  pluriel  ,  fe  dit 
es  cliofes  &  des  perfonnes  :  il  peut  figurer  dans  les 
inq  membres  de  phrafe  où  le  fubftantif  a  lieu  i  mais  il 
'efl  adjondif  qu'avec  un  impératif  ou  dans  l'interroga- 
on  :  vene:^  quelqu'un  me  fecourir  :  viendre:^-vous  quel^ 
le  un  me  Je  courir  ? 

Ce  pronom  peut  avoir  deux  fîgnifications  différentes: 
°.  il  ïîgnifie  ,  quelque  perfonne  ^  &  ne  fe  dit  point  alors 
ies  chofes.  Il  n'a  de  féminin  ni  de  pluriel  que  quand  il 

II  fubjediif  :  quelqu'une  qui  vous  a  vu  ^  me  l'a  dit.  Quel" 
ues-uns  me  l'ont  dit.  Ailleurs  on  ne  peut  dire  ,  je  con^ 
ois  quelqu'une  fort  aimable  ;  J€  fais  quelques-uns  qui 
'DUS  aiment  ^  &c.  5  il  faut  dire  ,  je  cannois  quelques  per- 
cnnes  j  &c. 

z"\  Il  fèprend'pour  une  partie  indéterminée  d'minom- 
•re  foit  de  perfonnes  ,  foit  de  chofes  5  &  veut  être  ac- 
ompagnéd'un  nom  ou  d'un  pronom,  qui  exprime  avec 
a  prépofition  l'efpece  de  chofes  ou  de  perfonnes  dont  il 
léfigne  une  partie  ,  ou  du  moins  du  pronom  en  qui  y 
iipplée.  Je  connois  quelqu'une  de  vos  amies  qui  prend 
'OS  intérêts  avec  beaucoup  de  vivacité.  Ces  fleurs  font 
celles  ',  cefi  dommage  qu'il  en  eft  quelques-unes  qui  ont 
ies  épines,  C eft  bien  perdre  fin  tem s  que  de  l'employer  k 


232  '  P    R    O 

lire  quelques-uns  des  livres  qu'on  vante  le  plus  dans  cer- ^ 
taines  fociétés. 

On  dit  alîez  fouvent  dans  le  premier  fens  que  nou  \ 
avons  remarqué  au  mot  quelqu'un  y  un  quelqu'un^  m 
quelque  chofe  :  je  l'ai  fu  par  un  quelqu'un  que  vous  n, 
/bupconne:^  pas.  Je  ne  fais  ce  qui  me  plaît  en  lui  \  [on  vi- , 
fage  efl  affreux  ,  6*  cependant  f  y  trouve  un  quelque  chof.[ 
qui  mintérejfe.  M,  Reftaut  prétend  que  ces  phrafcs  fon  ' 
^es  plus  vicieufes  :  il  auroit  pu  fe  contenter  de   dir 
qu'elles  font  des  plus  familières  j  &  des  qu'il   aveu 
Jui-m.ême  qu'elles   font  ordinaires  dans  la  converfa 
tion  ,  il  devoit  fentir  qu'elles  n'y  peuvent  être  vicieu 
ies  :  elles  le  dcviendroienr  ,  fî  on  s'en  fervoit  ailleurs.     . 

Chacun  ilgnifîe  tous  les  individus  qui  compofcnt  ni 
nombre  ,  une  claffe  d'êtres  particuliers  ,  &  ces  indivi 
dus  pris  les  uns  après  les  autres.  Il  fe  dit. des  gens  &  de 
chofcs  :  il  fait  chacune  au  féminin  ,  &  il  n'a  point  de  plu 
riel  :  il  fert  aux  mêmes  offices  dans  une  plirafe  ,  qu 
quelqu'un  ,  excepté  qu'il  peut  être  adjon^tif  quelle  qu 
foit  la  forme  de  la  phrafe  :  alle^-vous  en  chacun  che. , 
vous:  je  les  ferai  paraître  chacun  a  leur  tour.  S'il  eft  fui\ 
d'un  fubftantif  ou  pronom  auquel  il  appartienne  ,  i 
veut  la  prcpofition  de  avant  l'un  &  l'autre  :  éprouveifé 
parement  chacun  de  vos  amis  ,  6*  voye:^  combien  il  en  ej  ' 
0^e  finceres  !  peut-être  trouvere:(^-vous  un  ennemi  dans  cha 
cun  d'eux. 

L'ufage  ne  foufFre  plus  qu'on  dife  un  chacun,  corn, 
me  l'arfurcnt  plufîeurs  iGrammaircs  :  peut-être  cepen- 
dant pourroit-on  excepter  de  cet  interdit  général  cer- 
taines phrafes  ufitées  dans  la  converfation  familière  ~ 
^n  chacun  vous  le  dira.  Tout  en  iroit  ,mieu;c ,  fi  un  cha- 
cun fe  mêloit  de  fes  affaires. 

On  propofe  ici  une  difficulté  de  Grammaire  d'autant 
anoins  aifée  à  réfoudrcj  que  pour  le  faire  il,faut  recourir  î 
une  métaphyfiquc  très  déliée  &  par  conféquent  peu  intel- 
ligible. Loriquc  chacun  eft  fuivi  d'un  nom.  qui  a  un  rap- 
port de  pofleffion  avec  celui  auquel  chacun  appartient: 
ce  rapport  doit-il  s'exprimer  par  fon  ,  fa  ,  fes  j  ou  pal 
leur  y  leurs  F  Par  exemple  doit-on  dire  ,  les  hommes  ont 
beau  demander  conftil ,  ils  en  agiffcnt  toujours  chacun  fdo»\ 
Uur  fanxaifie  ,  ou  chacun  fclott  fafantaific  ? 


P  R  O  1^^ 

Il  cfl:  d'abord  certain  que  dans  les  phrafes  où  le  nom 
fuicl  dont  le  mot  chacun  eft  le  diftributif ,  n'cft  expri- 
r:  111  par  lui-mcme  ,  ni  par  un  pronom  perfonncl  8c 
i  s  au  pluriel  ,  leur  ne  peut  avoir  lieu  en  aucune  fa- 
ni  :  que  chacun  fonge  a  fes  affaires.  Je  donnerai  a  cha~ 
Il  farécompenfe.  Nous  récompenferons  chacun  félon  fon 
rrite.  Quand  dans  la  mcme  phrafc  chacun  fait  con- 
t  fte  avec  un  nom  pluriel  auquel  il  appartient  5  alors  il 
ht  bien  examiner  à  qui  des  deux  ou  du  pluriel  ou  du 
thibntif  fingulier  répond  plus  diredement  le  rapport 
c  polfellion  qu'on  veut  exprimer  par  l'adjeclif/a^  ou 
\r  :  s'il  répond  au  diftributif ,  employez  /o.-z  ^fa^fes^ 
5  répond  au  nom  pluriel,  leur ^  leurs  doivent  énon- 
f  le  rapport  en  quelHon. 

Or,  1°.  ce  rapport  perfonnel  répond  plus  direde- 
imt  au  à\{h\h\xùi  chacun  ^  lorfque  les  termes  delà 
jrafe  font  arrangés  de  manière  que  l'aélion  ou  Tat- 
tbucion  s'y  trouve  énoncée  dans  un  fens  complet  , 
sanc  que  le  pronom  chacun  y  paroifi'e  ;  c'eft-à-dire  , 
c  and  ce  qui  eft  diredement  foumis  au  régime  du  verbe 
c  attributif,  comme  objedif ,  terminatif  ou  circonf- 
Cicicl  ,  y  pré;ede  ce  pronom  :  Exemple-,  les  Juges 
V.  tous  opiné  j  chacun  félon  fes  lumières.  Ils  ont  tous 
pfité  de  vos  largcjfes  ,  chacun  au-delà,  de  fes  befoins. 
jis  hommes  devroient  tous  s'aimer  mutuellement  j  cha^ 
11  pour  fon  propre  intérêt.  Dans  cette  première  tour- 
I  rc  ,  le  pronom  chacun  fe  préfente  comme  partie  ini- 
t  le  d'une  nouvelle  circonftance  ajoutée  au  fens  total  ; 
iiemble  détaclier  ce  qui  le  fuit  d'avec  ce  qui  le  pré- 
<àc  ,  pour  fe  l'unir  a  lui-même  ,  &  former  enfemble 
i  circonstanciel  à  part  ,  en  forte  qu'on  le  pourroit  me- 
1!  dilfinguer  du  refte  de  la  phrafe  par  une  virgule: 
cil:  comme  s'il  y  avoir  deux  phrafes  ;  tous  les  hommes 
tvroient  s  aimer  mutuellement  :  chacun  devroit  le  faire 
}ur  fon  intérêt.  Aufli  dans  les  phrafes  équivoques  fe- 
lic-on  bien  de  mettre  non-feulement  la  virgule  donc 
lus  avons  parlé  ,  mais  auffi  de  mettre  un  &  devant 
licun  :  tous  les  Juges  ont  opiné  ^  ^  chacun  félon  fes 
in:  très. 

i^\  Le  rapport  de  polTelTlon  réponJ  plus  diredement 
*  pluriel  çoilw'dif  qu'aa  difïnbmi^  chacun  ,  lorfque  la 


2H  P  R  O 

phrafe  eft  conflruîte  de  façon  que  l'aâiion  ou  Tattrî- 
bution  n'y  préfente  pas  un  kns  lîni  avant  l'idée  diftribu- 
tive  ,  en  (orte  que  ce  qui  fuit  cette  idée  ,  eft  encof< 
efTencielIement  lié  à  ce  qui  la  précède  j  c'eft  à-dne 
quand  ce  quieftdiiedcment  fournis  au  régime  du  verb( 
ou  de  l'attributif,  n'y  paroît  qu'après  le  pronom  c//d 
cun  ,  comme  ,  les  Juges  ont  donné  chacun  leur  avis  fé- 
lon, leurs  vues  dijféreraes.  Tous  ont  profité  ^  chacun  aw 
delà  de  leurs  bejoins  y  de  vos  largejfes  généreufes.  Tou. 
les  hommes  devroient  avoir  ^  chacun  pour  leur  propre  in- 
térêt ,  de  l'amour  les  uns  pour  les  autres.  Dans  cette  fe 
conde  tournure  ,  le  pronom  chacun  ne  détache  poin 
ce  qui  le  fuit  de  ce  qui  le  précède  ;  il  s'y  place  cnrr 
deux  ,  comme  en  parenthefe  ,  pour  y  figurer  feul  ci 
adjondif  fervant  à  préfenter  diltributivement  le  collet 
tif  pluriel ,  fans  lui  ôcer  la  correfpondance  im média: 
des  autres  parties  de  la  phrafe  ,  ni  Ion  droit  fur  elles. 

Il  faut  cependant  convenir  qu'il  y  a  des  conftrudion 
fi  équivoques,  qu'il  eft  difficile  de  voir  s'il  y  faut  fe  fer 
vir  de  fon  ou  leur  :  la  tournure  y  eft  comme  mitoyenii 
entre  les  deux  que  nous  avons  marquées  j  on  peut  ,  c 
femble,  lui  trouver  l'un  &  l'autre  fens  :  mais  alors  ; 
celui  qui  parle  fe  fert  de  l'un  de  ces  adjedifs  préfér; 
blement  à  l'autre,  je  connois  par-là  quelle  eft  fon  in 
tention. 

Dans  cette  phrafe  ,  tous  les  Juges  ont  opiné  chacu 
félon  fes  lumières  ,  ou  leurs  lumières  5  on  peut  avoi 
deux  intentions  diHérentes  5  la  première  de  m'apprendr 
à  la  vérité  que  chacun  des  Juges  a  opiné  félon  fes  lu 
mieres,  mais  furtout  que  tous  ont  opiné  de  la  forte  jJ 
manière  que  cette  dernière  circonftance  foit  l'objet  prir 
cipal  de  celui  qui  parle  ,  ce  que  fon  efprit  confidcrc  ,  >: 
ce  qu'il  a  envie  de  me  faire  connoître  :  ou  bien  encore 
oue  les  Juges  ont  fuivi  leurs  lumières  en  opinant ,  c 
forte  que  tous  &  chacun  ne  foient  dans  cette  plirn! 
qu'en  fous-ordre  relativement  aux  vues  de  l'efprit ,  &  ; 
conclus  qu'on  a  eu  cette  intcntion-là,  quand  on  fe  ii 
de  leurs  :  tous  les  Juges  ont  opiné  chacun  félon  leurs  A. 
mieres.  La  féconde  eft  moins  de  me  dire  que  tous  01 
opiné  ,  que  de  m'apprcndrc  &  de  me  faire  remarque 
que  chacun  en  opinant  n'a  fuivi  que  fes  propres  luniie 


P  R  O  235 

:es  ;  en  forte  que  ce  dernier  objet  foit  prefque  le  feul 
]ue  confidere  celui  qui  parle  ,  &  qu'il  veuille  faire  con- 
fiderer  :  &  je  penfcrai  que  telles  feront  les  vues  de  qui- 
conque fe  fervira  de  fin  ,  fa  ,  fes  ,  dans  ces  phrafes 
iouteufes.  Tous  les  Juges  ont  opiné  »  chacun  félon  fis  lu^ 
nieres. 

Autrui ,  ne  fe  dit  que  des  perfonnes ,  &  fignifîe  les  au- 
•res  en  général  j  il  n'a  point  de  pluriel  ni  de  genre  , 
puifqu'il  ne  prend  jamais  d'adjedif  :  il  ne  paroît'^jamais 
Gins  l'efcorte  de  quelque  prépofition  :  les  maux  d: autrui 
ne^  nous  paroijfent  qu'un  Jonge  en  comparaifon  des  nôtres. 
Ne  point  faire  a  autrui  ce  que  nous  ne  voudrions  point 
qu'on  nous  fit ,  eft  un  précepte  de  morale  qui  s'étend  pLis 
'oin  qu'on  ne  penfi.  Il  eft  inutile  d'aller  ckei  ^^^rui  cker- 
■■^'"-  un  bonheur  qu'on  ne  trouve  plus  cke:(  foi.  On  voie 


:h 


1 ■-    ■—   -.^~Kw    ^*.«j    i,iit.^  jvt.    KJll     voit 

p'il  ne  peut  être  que  terminatif  ou  circonftanciel. 
^  L'un  l'autre  ^  fait  au  féminin  ,  l'une  l'autre,  &  au  plu- 
riel ,  les  uns  les  autres  ,  les  unes  les  autres.  On  voit  qu'il 
îrend  l'article  avant  chacun  des  deux  mots  qui  le  corn.- 
.  lofent.  Il  fe  dit  des  gens  &  des  chofes  ,  &  s'emploie  or- 
lan-ement  en  forme  d'adjondif  ou  de  circonftanciel, 
pour  marquer  un  rapport  réciproque  qu'ont  entr'eux  les 
noms  auxquels  il  fe  rapporte  :  quoique  réunis ,  ces  deux 
mots  ne  fxgurent  pas  de  même  5  le  premier  y  eft  à-peu- 
près  comme  fubjec^if  ,  &  k  fécond  comme  ré^i  en 
guahte  d'objet  ou  de  terme  ,  &c.  De  là  vient  que  les 
prepofitions ,  quand  il  y  en  a ,  ne  fe  mettent  jamais 
^n^v^nt  l'autre.  Deux  amants  qui  paro'Jfcnt  bien  fine e^ 
res  ,  ne  cherchent  fouvent  qu'a  fe  tromper  l'un  l'autre 
peux  amis  qui  fi  ficri fient  tout  lun  a  Vautre  ,  font  dé^ 
montres  impojfibles  aujourd'hui.  Nous  n'avons  rien  defi^ 
Iret  l'un  pour  l'autre.  Les  femmes  méd.fent  volontiers  les 
unes  des  autres, 

I  L'un  ,  l'autre  ,  font  quelquefois  employés  féparé- 
lucnt  5  cefl  pour  mettre  en  oppofition  pluficurs  objets 
[lue  1  on  compare  enfemble  j  &  pour  marquer  en  dérail 
fe  qui  convient  a  chacun  :  mais  alors  le  premier  peut 
lYoïr  une  prépofition  ,  comme  le  fécond  :  de  tous  ceux 
qui  dilputent  contre  la  Religion  ,  les  uns  le  font  parce^ 
lu  elle  Us  embarraffe  ;  les  autres  parcequils  veulent  avoir 
a  gloire   d'en  embarrafer  Us  défenfi^rs.    Les   paillons 


1^6  P  R  O 

s'entendent  les  unes  avec  les  autres  :  Jï  l'on  fe  laîjfe  allt\ 
eux  unes  ,  on  attire  les  autres  :  alors  ce  font  deux  pio- 
noms  particuliers  qui  peuvent  figurer  dans  une  phraO 
aux  mêmes  titres  que  les  fubftantifs. 

Celui  j  faifant  celle  ,  au  féminin  ,  &  ceux  :,  celles  ,  ai 
pluriel  ,  eft  également  (ubjedifj  objedif ,  terminatir 
adjonclif  &  circonflanciel.  Il  a  deux  ufages  :  dans  I» 
premier  ,  il  eft  fuivi  d'un  nom  avec  la  prépofîtion  de 
alors  il  fe  dit  des  chofes  &  des  peiTonnes  :  voilà  un 
figure  Jinguliere  y  celles  de  Calot  n'ont  pas  tair plus  ridi 
cule  :  dans  le  fécond  il  eft  fuivi  d'un  qui  ou  que  relatif 
il  fe  dit  plus  ordinairement  des  perfonnes  ,  celui  qui  n 
penfe  qu'à  lui-même  j  difpenje  les  autres  d'y  penferjû 
mais.  Souvent  alors  on  fous-entend  celui  :  qui  veut  tro 
Je  faire  craindre  ,  révolte  à  la  fin  ^  &  nefi  pas  même  rej 
pecié. 

Quelque  eft  le  premier  des  indéfinis  de  la  fécond 
Claiie  5  il  n'eft  à  bien  dire  qu'un  adjeûif ,  qui  au  fingu 
lier  marque  un  objet  j  &  au  pluriel  un  nombre  qui  n'el 
point  déterminé  :  quelquefois  aulli  il  annonce  la  qualit 
ou  quantité  indéterminée  d'une  chofe  j  il  {è  dit  égale 
ment  de  toutes  fortes  d'objets  :  quelque  femme  que  l'a 
prenne  j  il  faut  toujours  s'attendre  à  des  peines.  Quel 
ques  années  de  plus  en  feront  un  grand  homme.  Quel, 
que  mérite  qu'on  ait  y  il  faut  des  protecleurs  pour  pat 
venir. 

Quelque  ,  fignifiant  la  qualité  ou  quantité  indétermi 
née  des  chofes  ,  n'a  point  de  pluriel  devant  les  adjec 
tifs  ,  quoiqu'il  en  ait  toujours  un  devant  les  fubftantifs 
quelque  grands  que  foient  les  inconvénients  de  lafociété,  e, 
égalent-ils  les  avantages  ?  Dans  le  même  fens  quclqu 
liiivi  immédiatement  d'un  adjeélif  ou  fubftantif  ,  de 
mande  la  conjonélion  que  avant  le  verbe  fuivant ,  com 
me  on  le  voit  par  le  dernier  exemple  :  mais  s'il  fe  trouv 
immédiatement  fuivi  d'un  verbe  ou  d'un  pronom  pcr 
lennel  fubjediif,  alors  il  fe  divifc  en  deux  mots,  que 
que  y  dont  le  premier  prend  un  féminin  quelle^  &  ui 
pluriel  quels  ,  quelles  ,  &  le  fécond  ne  reçoit  aucui 
changement  &  ne  fe  répète  pas  avant  le  verbe  fuivant 
quelles  que  foient  voî  entrcprifcs  ,  Jonge:^  que  fouvent  oi 
échoue  peur  une  bagatelle.   On  dit  que   dans  ce  dcriiie 


P  R  O  137 

as  quelque  j  n'eft  plus  le  même  pronom  j  mais  la  diC 
udloii  ici  feroic  longue  &  peu  utile.  Il  peut  être  fubjec- 
if,  objeâiif ,  terminatif  &:  circonllranciel. 

Chaque  ,  fe  dit  aulTi  de  tout ,  &  peut  iigurer  aux  mè- 
nes places  que  quelque.  Il  n'a  point  de  pluriel,  ne  fîgni- 
;ip,c  jamais  qu'un  objet  pris  en  particulier.  Onprenoit  a. 
l'jmt  lefuffrage  de  chaque  Citoyen  poiirl'éUciioiides  Ma- 

.  Cenain  ,  fait  au  iî^mmin  certaine  ^  Se  au  pluriel  cer-* 
\dins  3  certaines  j  il  fîgnifîe  une  perfonne  ou  une  chofe 
^déterminée;  il  n'efi:  jam.ais  adjondiif  ;  &  dans  les  au- 
rz^;  places  il  prend  fouvent  un,  une  au  lîngulier  ,  &  dé 
j  pluriel  :  On  voit  de  certains  P hilofophes  dont  tunique 
ut  tjl  de  détruire  les  principes  des  mœurs  &  des  loix;fem~ 
h-->les  en  cela  a  un  certain  fou  de  l antiquité ,  qui  pour 
'irnmortalifer  ne  fut  rien  de  mieux  que  de  brûlerie  Tem- 
'de  d'Ephefe.  Il  e(t  aifé  de  distinguer  ce  pronom  d'avec 
\^à]^di\Ç  certain  ,  qui  lignifie  ajfuré  ^  comme  ,  un  état 
'  enain  j  des  nouvelles  certaines. 

Quelconque  ,  eft  un  pronom  qui  fî,gnifie ,  quelque  ce 
pir  ;  il  fe  dit  de  toutes  fortes  d'objets  ,  &  prend  un  s 
)our  le  pluriel  ;  on  n'en  fait  guère  ufage ,  fi  ce  n'eil: 
lans  certaines  formules  en  ftyle  d'affaires  &  de  prati- 
que :  nonobfiant  appellation  quelconque  ,  &c. 

Entre  les  indéfinis  que  nous  avons  placés  au  troifie- 
ne  rang,  nul ^  aucun  ,  pas  un,  font  les  premiers  :  ils 
ont  au  féminin  ,  nulle  ,  aucune  ,  pas  une.  Le  premier 
>eut  feul  être  employé  au  pluriel  ;  encore  n'efl-ce  que 
)our  fîgniiier  de  nulle  valeur  ,  par  exemple  5  tous  vos 
ïaifonnemens  font  nuls.  Le  fécond  ne  s'y  met  jamais 
hue  dans  le  flyîe  du  Palais ,  pour  lignifier  quelques-uns  ; 
jlacine  a  pourtant  dit  dans  Phèdre  ; 
I 
I  Aucuns  montres  par  moi  domtés  jurqu'a'jjoiu---i'h  li. 

Inais  ce  font  de  ces  licences  qui  ne  doivent  être  imitées 
Ijue  par  ceux  qui  auroient  autant  de  ralens  que  Racine. 
;ls  différent  peu  dans  leur  fîgni£:ation  ,  qui  confilte  à 
))ré(enter  une  idée  générale  accompagnée  de  négation  : 
luffi  prennent  ils  toujours  avec  eux  ne  ,  pour  complét- 
er cette  négation  que  le  pronom  exprime  déjà  par  lui- 
Tome  //,  Q 


II 


i58  P  R  O 

même  j  excepté  aucun  ,  qui  fe  met  quelquefois  fans  né 
gation  dans  l'interrogation  ,  ou  dans  les  phrafes  d' 
doute  5  &  qui  n'offre  alors  d'autre  idée  que  celle  d 
quelqu'un  5  comme  ,  entre  tous  les  amis  que  j  ai  tâch 
de  me  faire  y  en  ejl-il  aucun  fur  qui  je  doive  compter  ? 

Nul  peut  quelquefois  fe  prendre  d'une  manière  gêné 
rale&  fans  aucun  rapport  aux  perfonnes  qui  fuivcnt  0 
qui  ont  précédé  :  alors  il  a  la  même  lignification  qu 
perfonne  ,  &:  ne  fert  que  comme  fubjedii:  :  nuln'efi  ajfe 
heureux  pour  n  avoir  pas  fuuvcnt  a  fe  lajfer  de  la  vit 
Aucun  a  ordinairement  rapport  aux  perfonnes  ou  au 
chofes  dont  on  a  déjà  parlé  :  Vous  me  parle:^^  de  Court 
fans  ,  de  gens  en  crédit  ;  je  vous  ajfure  que  je  n'en  connoi 
aucun  ;  aucun  ne  m' a  fait  d'offres  j  &je  n'ai  jamais  rie 
demandé  a  aucun. 

On  peut  encore  limiter  la  fignification  d'aucun  par  u 
pluriel  qui  lui  foit  uni  par  la  prépofition  de  :  aucun  c 
vous  n'a  droit  de  m'accufer  ^  qu'après  que  vous  vous  fen 
jufiifiés  vous-mJmes.  On  dit  de  même  ,  nul  de  vous  n 
droit  defe  plaindre  autant  que  moi ,  Sec.  Pas  un  eft  à  pe 
de  chofe  près  femblable  à  aucun  :  pas  un  de  vous  n 
droit  de  fe  plaindre  autant  que  moi.  Au  reftc ,  i'ufage  fei 
peut  apprendre  les  circonftances  où  Ton  fe  fert  de  l'i 
plutôt  que  de  l'autre. 

Seulement  il  ne  faut  point  confondre  en  eux  le  prc 
nom  avec  l'adjeélif  :  je  n'ai  trouvé  en  tout  ce  qu'il  a  dit 
nulle  fuite  >  nulle  foli  dite.  Ce  fi  une  foiolejfe  fouvent  que  c 
ne  vouloir  aucun  fecours.  Il  n'y  a  pas  une  femme  au  mot 
de  qui  puijfe  ajfurer  qu'elle  n'a  jamais  voulu  tromper.  O 
voit  par  tous  ces  exemples  que  les  mots  en  queftion 
font  adjcélifs  ,  Se  nullement  pronoms.  Les  pronon 
nul  y  aucun  y  pas  un  y  peuvent  être  employés  dans  les  di 
férens  membres  de  phrafc  qui  font  dcftinés  au  fubftar 
tif ,  Il  ce  n'efl:  qu'ils  ne  font  jamais  adjonélifs  5  ils  fe  d 
fent  de  toutes  fortes  d'objets. 

Autre  y  des  deux  genres  ,  Se  pouvant  avoir  un  plurieJ 
fert  à  diftingucr  les  perfonnes  &  les  chofes  :  il  pci 
prendre  l'article  ou  s'en  pafier  dans  certains  cas. 

De  l'abord  de  Pompcc  elle  efpcre  autre  ifîuc. 

CormiUe  dsiiM  Pompée f 


P  R  O  159 

i^'Jutre  ijfae  ne  fe  die  que  dans  le  ftyle  comique  ,  il 

.  faut  dans  le  ftyle  noble  une  autre  ijfue  ;  on  ne  iuppri- 

me  les  articles  &  les  prononl^  que  dans  ce  familier 

qui  approche  du  ftyle  m2.ïox.\c[i\ç,  :  fendr  joie  ^  faire 

mauvaife fin,  (  M.  de  Voltaire). 

Il  s'emploie  dans  toutes  les  efpeces  de  re'gimes  qui 
3nt  du  relfort  des  noms  j  il  eft  pronom  ,  quand  il  n'eft 
3int  à  aucun  fubftantif ,  tSc  qu'il  n'a  point  le  pronom 

avec  lui  ;  les  autres  vous  auroient-ils  mieux  fervi  ? 
illeurs  il  eft  adjedlif  :  La  croyance  d'une  autre  vie  me 
a;  oit  d'autant  plus  conforme  à  la  vérité  ,  quelle  ejiplus 
î ce/faire  a  la  vertu. 

L'un  6*  l'autre  ^  employés  comme  un  feul  mot  peu- 
entpalîcr  pour  un  pronom,  en  ce  qu'ils  expriment  Taf- 

Ïmblage  de  plufîeurs  perfonnes  ou  de  pluj^eurs  chofcs, 
s  ont  les  deux  genres  &  les  deux  nombres ,  &  pren- 
ant l'article.  (Quelque  divifées  que  fujfent  les  différentes 
Bes  ,  on  les  a  toujours  vufe  réunir  les  unes  &  les  autres 
mtre  l'Eglife.  Quelquefois  ces  mots  font  joints  à  un 
ibftantif  fingulier  },je  veux  m'affurerde  l'un  &  de  l'autre 
irti.  Il  peut  figurer  comme  nous  l'avons  dit  pour 
itte. 

Même  y  pronom  des  deux  genres  ,  ou  fi  l'on  veut  ad- 
ftif ,  marque  identité  ;  c'eft-à-dire  que  la  perfonne  ou 

chofe  à  laquelle  il  fe  rapporte  ,  n'eft  autre  que  celle 
)nt  il  a  déjà  été  queftion.  Alors  il  prend  l'article  & 
jQJfe  comme  les  précédents  :  Je  vois  de  quel  homme 

us  voulei  parler  :  Eh  bien  ,  le  même  efi  venu  auffi  pour 

cher  de  me  furprendre.  Quelquefois  ou  le  place  à  côté 
fon  fubftantif,  ou  d'un  pronom  perfonnel  qui  le 

îlplace  :  vous  demander  fi  c'eji  le  même  ami  ?  ...C'efi 

-même.  Auprès  d'un  fubftantif  il  n'eft  pas  indifférent 

mettre  même  avant  ou  après, 

ha  même  vertu  n'a  pu  le  foutenir  ;  ou  la  vertu  même 

i  pu  le  foutenir ;  font  deux  phrafes  fort  différentes. 

ms  la  première  ,  on  indique  une  vertu  dont  on  a  déjà 

"jrlé;  dans  la  féconde ,  on  dit  que  non-feulement  tout 

ître  fecours  lui  a  été  inutile  y  mais  que  la  vertu  n'a  pu 

1.  prêter  un  fecours  affez  puiffant.  Par-là  on  peut  fen- 

t  de  quelle  conféqi^eace  il  elt  de  placer  les  mots  au 


±40  P  R  O 

rang  qui  leur  convient  :  d'ailleurs  dans  le  premier  exem 
pie,  même  eft  le  pronom  dont  nous  parlons  ,  &  dans  l 
fécond,  il  n'eft  qu'une  conjonction  ,  qui  lie  cette  phraf 
avec  celles  qui  ont  pre'cédé,  &  qui  en  fait  comme  1 
complément  d'un  tout. 

Que  ces  Prifonniers  même  avec  îiii  conjurés. 

Corneille  dans  Héradius. 

35  Remarquez  que  dans  la  règle  il  faut  ces  prifonnia 
30  mêmes  f  Corneille  retranche  prefque  toujours  ce  s  t 
«  fait  un  adverbe  de  même  au  lieu  de  le  décliner.  (M.  û 
M  Voltaire  oa  ). 

Nous  croyons  qu'en  général  on  peut  faire  même  ac 
verbe  ,  &  par  conféquent  indéclinable  toutes  les  fo 
qu'on  peut  le  traduire  par  Veciam  des  Latins. 

Tel  i  au  féminin  telle,  eft  pur  adjectif  quand  il  ar 
nonce  une  refi'emblance  entre  le  nom  auquel  il  fe  ra| 
porte  &  celui  qui  le  fuit ,  fans  dire  en  quoi  conliflc  cet 
relfembiance ,  comme  ^  un  Héros  tel  qu'Alexandre  y  i 
plus  à.  craindre  qu'à  déjirer  ;  il  rcft  encore  quand  il  équ 
vaut  à  fr  grand 'j  comme,  fes  vertus  font  telles  ^  que  . 
haine  &  lajaloujlefe  taifent  devant  lui.  Mais  lorfque  t 
tient  la  place  d'un  fnbriantif  que  l'on  ne  nomme  point 
alors  il  paroît  vrai  pronom  j  tel  rit  fouvent  d'untabld 
ridicule  ^  qui  en  efi  exactement  t  original.  C'ejl  un  tel  q 
me  l'a  dit  :  il  le  J'av oit  d'une  telle.  Dans  ce  dernier  uf 
ge  j  il  ne  peut  s'appliquer  qu'aux  perfonnes. 

Plufieurs  y  efi:  un  nom  pluriel ,  mafculin  &:  fémin 
fans  changer  de  terminaifon  ,  qui  étant  joint  à  un  fii 
llantif  eft  exadement  un  adjedif  :  plufieurs  femmes  o 
mérité  d'être  mifes  au  rang  des  grands  hommes.  Ma 
lorfqu'il  eft  fcul  ,  il  (ignifie  un  nombre  indéterminé  • 
perfonnes  ou  de  cholls.  Cefl  fouvent  faire  injure 
plufeurs  ,  que  de  faire  grâce  à  un  féal.  Il  figure  comil 
les  précédcns. 

Tout  y  toute  au  féminin  ,  tous  ,  toutes  au  pluriel 
marque  la  plus  grande  généralité  de  l'idée  dont  ilaccoi 
paî^ne  l'expreilion  :  quelquefois  il  équivaut  à  l'adjeâi 
gnticr  :  tout  le  monde  le  fait  ;  tout  Paris  ta  vu.  Quelc^i 


P  R  O  241 

ois  il  a  le  Cens  de  chaque  :  Tous  les  jours  »  a  toute 
eure  ,  il  me  pourfuit.  Quelquefois  il  eft  fcul  ,  &  maf- 
ulin  fingulier  j  &  c'eft  alors  qu'il  cft  pronom  ,  n*é- 
ant  ailleurs  qu'un  adjectif:  il  faut  être  bien  habile  & 
lus  heureux  encore  ,  pour  réujfir  a  tout  :  il  fîgnifie  toutes 
hofes. 

S'il  eft  devant  un  nom  fuivi  d'un  que  ,  il  fîgnifie  , 
ien  que  y  quoique  ;  tout  Philofophe  quil  croit  être  ,  je  le 
oisfouventraifonner  de  travers  :  alors  il  ne  fait  foncliqn 
ue  de  fubjeif^lif.  S'il  précède  un  nom  pluriel  mafculiii 
u  féminin  qui  commence  par  une  voyelle ,  on  doit 
iDUJours  l'écrire  tout  j  tout  étourdies  qu'elles  paroijjent 
tre  j  elles  ont  pourtant  l'efprit  bienfolide,  &  bien  réfiéchi: 
lais  il  varie  fes  terrainaiions  félon  le  genre  &  le  nom- 
bre,  fi  le  nom  fuivant  commence  autrement  :  toutes  dé~ 
otes  qu'elles  fe  prétendent  ^  elles  ne  laijfent  pas  que  de 
oûter  un  plaijîr  fort  vif  a  médire  ^  calomnier  ^  6*  dejfer^ 
ir.  Tout^elé  Prédicateur  qu'il  eji ,  je  fais  telle  acïion  de 
a  vie  qui  nefi  ni  chrétienne  ni  équitable. 

Enfin  tout  employé  devant  un  nom  ,  &  tenant  lieu 
l'adverbe  pour  fîgnifîer  entièrement  y  fuit  aufîi  les  règles 
•récédentes  :  J'ai  vu  un  faint  homme  tout  fier  d' avoir  ren- 
ia un  mauvais  fervice  y  fon  ame  étoit  toute  contente  d'elle^ 
nême  :  f  avoue  que  mes  fens  en  furent  tout  interdits  ;  je 
ns  plufieurs  perfonnes  qui  en  étaient  toutes  faifies  d'in- 
(ignation  :  &  ce  faint  homme  étoit  un  Prédicateur  dont  les 
lifcours  étoient  pleins  de  la  charité  Chrétienne  :  au  refle 
'cfl  une  anecdote  toute  fraîche. 
Nous  ne  parlons  pas  du  rang  que  tous  les  pronoms 
1  j}ue  nous  venons  de  parcourir  doivent  occuper  dans 
l'ordre  de  la  conftruâion  j   parcequ'ils  n'ont  rien  de 
;  ')articulier  à  cet  égard  ,  &  qu'ils  fuivent  les  régies  gé- 
I  iiérales  des  fondions  qu'ils  ont  à  remplir.  Ce  n'eft  pas 
ju'il  n'y  ait  bien  de  petites  remarques,  desobfervations 
particulières  ,  des  variations  difficiles  à  deviner  ,  &  ce- 
pendant nécelTaires  pour  fa  voir  la  langue  à  fonds,  en  con- 
loitue  la  richelfe  foit  dans  le  tour  ,  foit  dans  le  fens  des 
iiots ,  &  fentir  mieux  quel  eft  le  génie  ,  quelles  fonf  les 
lélicatelfes  de  cette  langue  :  mais  les  détails  feroient 
également  épineux  iJc  immenfes  j  les  raifonnemens  mé- 


142-  P  R  O 

taphyfîques ,  &  le  fuccès  douteux.  Une  Grammaire  doit 
fournir  les  régies  générales,  les  principes  fondamen- 
taux; elle  doit  mettre  fur  les  voies,  entamer  même  la 
matière  des  détails  5  mais  elle  ne  doit  aller  que  jufqu'à 
un  certain  point  ,  c'eft  à  l'ufage  à  faire  le  refte  :  nous 
ouvrons  le  labyrinthe;  nous  en  traçons  le  plan  général 
nous  faitons  même  remarquer  de  quelle  nature  foni 
ceux  de  fes  détours  qui  peuvent  le  plus  induire  er 
erreur  ;  enfin  nous  donnons  le  fil  qui  doit  diriger  noî 
pas  :  il  faut  étudier  ,  examiner  ,  obferver,  &  fur-toui 
confulter  l'ufage.  " 

Nous  avons  eu  quelque  regret  à  placer  dans  la  der- 
nière Clafie  que  nous  venons  de  parcourir,  plulîcurs  ex- 
prenions  qui  ne  nous  ont  point  paru  de  vrais  pronoms  / 
quoique  plufieurs  Grammairiens  les  regardent  comme 
tels  ;  nous  l'avons  fait  néanmoins  parcequ'elles  dcman- 
doient  quelques  remarques  particulières,  &  que  le  lec 
teur  accoutumé  à  les  trouver  parmi  les  pronoms  dam 
la  plupart  des  Grammaires,  les  cherchera  peut-être  plu 
tôt  ici  qu'ailleurs.  Si  nous  manquons  en  cela  à  cette 
exaéle  précifion  qui  eft  une  loi  fondamentale  dans  Jeî 
ouvrages  de  la  nature  de  celui-ci  ^  nous  croyons  répara 
en  quelque  forte  la  faute  par  l'aveu  que  nous  en  faifons , 
&  par  l'expofé  des  raifons  qui  nous  ont  déterminés.  C'ejfl 
dans  les  mêmes  vues  &  pour  les  mêmes  motifs  ,  que 
nous  allons  parler  encore  de  plufieurs  mots  compofés  , 
que  l'ufage  ne  regarde  prefque  plus  que  comme  des  ex- 
preffions  d'un  feul  mot ,  &  que  nos  devanciers  ,  &  M 
Reftaut  fur-tout ,  ont  comptés  parmi  les  pronoms  indé- 
finis. 

Je  ne  fais  qui  ne  fe  dit  que  des  perfonnes  &  marche 
feul ,  ou  prend  devant  lui  tantôt  un ,  tantôt  ce  ,  &  tan- 
tôt l'article  :  il  a  un  pluriel  &  fe  dit  des  noms  féminins 
comme  des  mafculins.  Je  l'ai  découvert  par  je  ne  fais 
qui.  Il  efi  fervi  par  un  je  ne  fais  qui  ,  auquel  j&  ne  vou- 
drais pas  trop  me  fier.  Ce  font  ces  je  ne  fais  qui  ^  qui 
nous  ont  trahis.  Vous  parlei^  le  plus  imprudemment  du 
monck  ,  devant  une  je  ne  fais  qui  que  vous  ne  connoife? 
point.  On  dit  aufii ,  je  ne  fais  quel  ;  mais  il  ne  prena 
point  l'article  ;  Je  ne  fais  quel  gouc  règne  aujourd'hui^ 


P  R  O  245 

^ous  ites  conduit  par  je  ne  fais  quel  homme  qui  me  déplaît 
on.  On  dit  encore ,  je  ne  fais  quoi  de  la  même  façon 
ue  je  ne  fais  qui  :  je  lui  trouve  un  je  ne  fais  quoi  qui 
ï enchante.  Il  vient  de  fortir ,  tout  ému  dej-e  ne  fais  quoi. 
e  ne  fais  quoi  ne  fe  dit  que  des  chofes  &  point  des  per- 
onnes.  Qui  que  ce  fait  fe  fait  fouvent  fuivre  de  il  ou  de 
ui  y  &  quelquefois  des  deux  ;  il  ne  fe  dit  que  des  per- 
oniies  s  mais  il  eft  <Kzi  deux  genres ,  &  n'a  point  de 
'luriel  :  Qui  que  ce  fait,  je  lui  en  fais  bon  gré.  Qui  que  ce 
oit  qui  me  l'ait  dit  ,  il  a  bien  fait  :  fuivi  d'une  néga- 
ion  ,  il  flgnifie  ,  nul  :  qui  que  ce  fait  ne  peut  le  dire. 
liioi  que  ce  foit  ne  fe  dit  que  des  chofes  ,  &  n'eft  que 
ingulier  mafculin  ,  &:  fîgnifie  rien  ,  s'il  y  a  une  néga- 
ion  ;  quoi  que  ce  foit  ne  peut  m'en  détourner.  Quoi  que 
le  fe  dit  que  des  chofes  ,  n'a  ni  féminin  ni  pluriel ,  &: 
igniiie  Quelque  chofe  que.  Quoi  qu'il  m'en  puiffe  coûter  , 
e  ne  reculerai  point.  A  quoi  que  ton  veuille  le  faire  fervir y 
m  le  trouvera  toujours  intelligent  &  docile.  îl  ne  faut  pas 
ier  le  que  avec  le  quoi ,  afin  de  le  diftinguer  de  la  con- 
ondlion  quoique  ,   qui  en  diffère  beaucoup. 

PRONONCIATION,  ^o  La  prononciation  ,  dit  le  Père 
0  Buffier  ,  eft  la  manière  d'articuler  de  vive  voix  les 
3  mots  d'une  Langue,  qui  font  repréfentés  aux  yeux  par 
>3  le  moyen  de  l'écriture  &  de  l'orthographe.  Il  fcmblc 
o  par-là  que  la  prononciation  &  l'orthographe  foient 
o  mutuellement  l'image  l'une  de  l'autre  :  mais  comme 
o  on  a  prononcé  une  langue  avant  de  l'écrire ,  &  qu'on 
o  ne  l'a  écrite  que  pour  exprimer  ce  que  l'onprononçoit 
o  déjà  auparavant,  il  eft  plus  raifonnable  de  dire  que 
3  la  prononciation  eft  la  règle  &  le  modèle  de  l'ortho- 
>2  graphe.  On  demande  (i  l'ordre  naturel  d'une  Gvam- 
»  maire  n'exige  pas  qu'on  parle  de  la  prononciation 
J5  avant  que  de  traiter  de  l'orthographe.  Il  n'y  a  pas  de 
>3  doute  qu'il  faudroit  en  ufer  ainfi  ,  fl  l'on  enfeignoit 
33  une  langue  de  vive  voix.  Il  faudroit  alors  faire  en- 
»  tendre  les  fons  qu'elle  emploie  ,  avant  que  de  mar- 
55  quer  les  traits  avec  lefquels  on  les  repréfente  aux 
M  yeux.  Mais  quand  on  expofe  une  Grammaire  par 
i"  écrit  ,  ce  n'eft  qu'aux  yeux  qu'on  peut  parler  ;  &  ce 
35  qui  s'oftre  à  dire  de  la  prononciation  ne  pouvant 
"  alors  s'exprimer  que  par  des  figures  de  lettres  ,  on  eft 

QiY 


244  P  R  O 

33  obligé  de  commencer  par  l'orthographe  qui  les  re-i 

33  gle  33. 

On  auroit  peut-être  moins  critiqué  l'ordre  que  ce 
Grammairien  afuivi  fur  cet  objet ,  fî  l'on  avoir  voulu  fe 
fouvenir  de  la  raifon  qu'il  en  apporte  ici.  Il  faut  conve- 
nir aulTi  qu'il  eft  bien  fingulier  de  vouloir  régler  l'ortlio- 
graphe  d'une  Langue  qu'on  eft  fuppofé  ne  favoir  pas 
encore  parler  ,  puifque  le  Traité  de  la  prononciation 
qui  le  doit  apprendre  ,  ne  vient  qu'après. 

C'eft  peut-être  la  difficulté  de  régler  le  pas  entre  l'or- 
thographe &  la  prononciation  dans  une  Grammaire 
écrite  ,  qui  eft  caufe  que  la  plupart  de  nos  Auteurs  trai- 
tent de  l'une  &  de  l'autre  en  même  temps.  Les  uns  an- 
noncent en  titre  un  Traité  d'Orthographe,  &  au  lieu 
d'y  trouver  comment  &  par  quels  caraderes  il  faut  pein- 
dre &  exprimer  par  écrit  les  fons  divers  qui  compofent 
les  mots  d'une  Langue  ,  ils  vous  détaillent  la  manicrç 
dont  il  faut  lire  &  prononcer  les  caracfteres  écrits.  Le? 
autres  fe  propofent  de  traiter  de  la  prononciation  ou  de 
la  ledure,  ce  qui  fuppofe  les  fons  écrits, &  vous  difcntquc 
tel  mot  doit  s'écrire  en  telle  manière.  Tous  (  quelque 
foit  celui  des  deux  titres  qu'ils  ont  préféré  )  confondent 
les  règles  de  ces  deux  Traités ,  &  ne  donnent  ni  l'un  ni 
l'autre. 

Il  faut  avouer  en  effet  que  la  chofe  eft  très  difficile. 
Si  l'on  avoir,  à  traiter  de  vive  voix  foit  de  la  prononcia- 
tion ,  foit  de  l'orthographe,  il  feroit  aifé  de  montrer 
des  caradieres  alphabétiques ,  de  les  réunir  ,  de  les  com- 
biner ,  &  de  vous  faire  connoître  les  fons  qui  y  font  at- 
tachés par  l'ufage  ,  en  vous  les  prononçant  ;  ce  feroit-là 
traiter  de  la  prononciation.  Il  feroit  aifé  de  vous  pro- 
noncer quelque  mot  que  ce  foit,  &  de  vous  montrer  en- 
fuite  les  caraderes  établis  pour  les  tracer  aux.yeux  ,  ce 
fcroit-là  traiter  de  l'orthographe  :  dans  l'un  &  l'autre 
cas  ,  on  vous  feroit  voir  &:  fentir  les  principes  ,  les  rè- 
gles &  les  exceptions. 

Mais  il  au  lieu  d'un  Maître  qui  vous  parle  ,  vous  n'a-, 
vez  qu'un  livre  à  lire  i  comment  pcut-il  vous  apprendre; 
quelle  efpece  de  fons  on  a  voulu  &  dû  tracer  d.ins  ccsi| 
caractères  qu'il  vous  oftie  ?  Comment  peut-il  vous  fairçi 
entendre  quels  caraderes  il  faut  choifir  pour  des  fonsi 


'  P  R  O  245 

qu'il  ne  peut  vous  indiquer  que  par  des  Caractères  ?  En 
parlant  de  prononciation  ,  il  faut  qu'il  fuppofe  déjà  que 
vous  fàvez  parler ,  en  traitant  d'orthographe  ,  il  doit 
fuppofcr  que  vous  favez  déjà  quel  Ton  eft  attaché  à  tel 
caraderc.  Ainfi  on  ne  peut  abfolument  dans  un  livre 
traiter  de  ]^n  ni  de  l'autre  de  ces  deux  objets  ,  fans  pré- 
fuppofer  que  le  Icâreur  eft  déjà  inllruit  en  grande  partie 
de  roue  ce  qu'on  veut  lui  enfeigner.  La  Grammaire  ,  en 
ce  point  fur-tout ,  n'eft  donc  pas  faite  pour  ceux  qui  ne 
favent  encore  rien  :  elle  n'elt  propre  qu'à  donner  des 
principes ,  &  des  vues  à  ceux  qui  ne  favent  que  par  rou- 
tine j  à  difcuter  &  lever  des  doutes  particuliers  5  à  ran- 
gci:  les  détails  fous  les  loix  qu'il  faut  admettre  j  enfin  à 
diriger  les  Maîtres  qui  enfeignent  de  vive  voix. 

Nous  fuppofons  donc  en  parlant  de  la  prononciation, 
que  le  ledeur  connoit  les  principaux  fons  de  la  Langue  , 
&  i'ufage  ordinaire  de  nos  caraderes  alphabétiques  , 
comme  en  traitant  de  l'orthographe  ,  nous  avons  fup- 
pofe les  mêmes  chofes. 

Il  faut  encore  avertir  que  nous  avons  balancé ,  fi  nous 

traiterions  de  tout  ce  qui  regarde  les  détails  de  la  pro- 

nonciacion   &    de  l'orthographe  aux  mots  ,  voyelle  , 

diphihongues  &  confonnes  ,  ou  aux  mots  orthographe  &C 

prononciation.  Dans  le  premier  cas  ,  les  détails  de  l'une 

&  de  l'autre  efpece   auroient  été  mêlés  &  confondus 

commfe  dans  la  plupart  des  Grammaires  ,  ce  qui  nous  a 

paru  un  défaut.  Dans  le  fécond,   les  mots  voyelles  , 

}  (iiphthongues  &  confonnes  ^  auroient  offert  des  articles 

j  vuidesj  ce  qui  auroit  furpris  avec  d'autant  plus  de  rai- 

I  fon  que  ce  n'eft  qu'en  les  prenant  de  fuite  l'une  après 

I  l'autre  ,  que  l'on  peut  développer  ce  que  nous  avons  de 

!  décidé  fur  ces  matières.  En  fuppofant  donc  que  l'on  fCir 

au  moms  un  peu  parler  la  Langue  j  &  que  l'on  conniic 

la  principale  fonélion  de  chaque  lettre  ,  nous  avons 

renvoyé  aux  trois  mots  en  queftion  ce  qui  regarde  les 

dérails  de  l'orthographe  3  &  nous  allons  ici  donner  ceux 

de  la  prononciation. 

Quelque  oppofés  que  foient  les  Traités  de  la  Pronon- 
ciation &  del'Onhcgraphe,  ils  rentrent  néanmoins  l'un 
'  dans  l'autre,  de  manière  qu'il  cft  impoffible  de  donner 
l'un  fans  dire  bien  des  cirofes  qui  fe  retrouvent  nécef^ 


14^  P  R  O 

faircmcnt  (îans  l'autre.  Vous  voulez  prefcrirela  mctlio' 
de  reçue  d'écrire  le  mot  marais  ,  par  exemple  ?  Vous  de- 
vez faire  remarquer  que  ce  Ton  c  qui  eft  celui  de  Ve  ou- 
vert, s'écrit  par  les  deux  voyelles  ai  :  vous  devez  ajou- 
ter que  l'orthographe  de  ce  mot  exige  un  j  à  la  fin , 
quoique  la  prononciation  n'y  en  indique  point.  Vou- 
lez-vous m'enfeigner  comment  il  faut  lire  ce  même 
mot ,  marais  ?  vous  me  direz  qu'il  faut  prononcer  rais  ^ 
comme  s'il  y  avoic  rê  ;  de  manière  que  les  deux  voyel- 
les ai  n'aient  d'autre  fon  que  celui  d'un  e  ouvert ,  & 
que  s  final  foit  entièrement  muet. 

Ces  fortes  de  répétitions  font  infinies  5  on  nous  par- 
donnera donc  de  ne  pas  donner  celles  que  chaque  lec- 
teur pourra  plus  aifément  fuppléer  quand  il  aura  lu  ce 
qui  regarde  l'orthographe.  Cependant  ,  comme  la  mê- 
me obfervation  qui  fait  règle  générale  dans  l'un  des 
deux  Traités  ,  n'eft  fouvent  qu'une  exception  dans  l'au- 
tre; on  ne  fera  point  furpris  qu'il  nous  arrive  fouvent 
de  paroître  nous  répéter  quand  nous  dirons  des  chofes 
réellement  différentes  :  &  pour  ne  pas  prendre  d'autre 
exemple  que  celui  que  nous  venons  de  citer  ;  dans  l'or- 
thographe ,  on  vous  dira  ,  que  le  fon  e  ouvert  s'écrit 
quelquefois  par  ais  ,  comme  ^  marais  ,  jamais  ,  &c.  Ce 
li'cft  pas  là  une  règle  générale;  ce  n'eft  qu'un  cas  par- 
ticulier :  bien  plus  ,  cette  remarque  n'en  feroit  pas 
moins  vraie  ,  s'il  étoit  d'ufage  d'employer  encore  les 
mêmes  caraéleres  à  d'autres  fons  ,  comme  ent ,  qui  tan- 
tôt représentent,  ant ,  moment  ;  tantôt  peignent  ,  ent  , 
/  maintient  ;  &  d'autrefois  e  muet ,  ils  aiment  j  Sic. 

Cependant,  dans  le  cas  où  ces  lettres  ais  figurent 
pour  des  fons  diffcrens  ,  on  tomberoit  dans  l'erreur  , 
d'après  la  remarque  d'orthographe  qu'on  feroit  tenté  de 
prendre  pour  générale  ,  û  l'on  n'étoit  averti  du  con- 
traire ;  &  l'on  prononceroitÊ' par-tout  où  l'on  verroic 
ais.  Pour  éviter  toutes  les  erreurs  de  cette  forte  ,  &  les 
doutes  fréquens  que  l'on  auroit ,  il  faut  donc  au  fujet 
de  l'orthographe  ,  marquer  autant  qu'on  le  peut  ,  les 
mots  où  tel  fon  doit  s'écrire  par  tels  caraélcrcs  ;  &  en 
parlant  de  la  prononciation  marquer  les  occnfions  où 
tels  caraéleres  doivent  produire  tel  fon,  Ccft  ce  que 
«DUS  nous  femmes  propofés  ici. 


P  R  O  247 

Nous  commencerons  par  une  table  des  fons  que  nous 
appelions  propres  à  nos  caraderes  alphabétiques.  Nous 
es  fuivrons  félon  l'ordre  des  lettres  auxquelles  ils  font 
3lus  particulièrement  afFedés.  Nous  ne  pouvons  les  in- 
diquer qu'enjoignant  à  chacun  de  ces  caraderes  un  mot 
:onnu  où  le  fon  dont  il  s'agit  fe  trouve  tel  que  nousl'en- 
endons.  Pour  les  confonnes  ,  nous  les  joignons  à  un  e 
■nuet ,  comme  à  la  voyelle  la  plus  foible ,  celle  par  con- 
equent  qui  lailfe  à  l'oreille  plus  d'attention  pour  la  con- 
ibnne  j  puifque  c'eft  celle  qui  en  demande  moins  pour 
■;lle-même. 

Table  des  fons  Jïmples  que  forment  les  voyelles  ,  6*  des 
articulations  [impies  des  confonnes, 

A  ,  foit  grave  ,  pâte  j  foit  aigu ,  patte. 
E  ,  muet  .  .  .  il  menoit  ^  je  ferai. 

E  ,  fermé bonté  ^  afe:^. 

E  j  ouvert  grave  ,  procès  ,  aigu  ,  muette, 

1 3  .  .  .  .  fini  j  mari. 

O  ,  grave ,  côte ,  aigu  ,  cotte. 

U  3  .  .  .  vertu  j  utile. 

Y  j  mouillé  ,  Royaume  ,  pays. 
Au  ,  .  . .  chevaux  ,  beau. 

Eu ,  gïZY&j  jeûne ,  aigu  ,  jeune. 
Ou  ,  . . .  mou  ,  hibou. 
An  a  .  .  .  gland  ,  aimant. 
Ek  3  .  .  .  bien  ^  Chrétien. 
On  j  .  .  .fon^  mouton. 
Un  j  . .  .  quelqu'un  _,  commun. 
B  j  .  .  .  tombe ,  belette. 
P  j  .  .  .  Pape  J  peler. 

V  ^  .  .  .  naïve  ,  velouter. 
jF,  .  .  .  coéjfc  ,  fenêtre. 

D  J  .  .  .  grande  ,  demeurer. 

T ,  .  .  .  route ,  tenir, 

G  ,  dur  ,  harangue  ,  guenon. 

Q  J  .  .  .  publique  j  quenouille.  ' 

Z  ,  .  .  .  y^/^-f  ,  :iejle. 

5  ,  .  .  .  tendrejfe  ,  femaine, 

/j  .  . .  dirai-je  ^jetter. 


24S  P  R  O 

Ck  ,  .  .  ,  cherche  ,  cheval, 

M ,  .  , .  aime  j  mener. 

N ,  .  .  .  payfanne ,  Nemours. 

R  ,  .  .  .  terre ,  revenu. 

L  y  .  .  .  belle  j  levant. 

L  ,  .  . .  mouillé ,  travaille  ,  veille. 

Gn  y  mouillé  ,  cigogne  ,  règne. 

H  y  .  . ,  Héros  j  hennir. 

Nous  croyons  qu'il  eft  inutile  de  donner  une  lifte  des 
tîifFérentes  combinaifons  des  confonnes  avec  les  voyelles 
ou  diplithongues  ,  le  fyllabaire  qui  en  réfuiteroit  feroit 
fort  long  ,  6c  ne  paroît  point  nécefTaire  à  notre  delfein. 
Nous  n'avons  marqué  qu'un  |^  dur  ,  &  qu'un  q  :  cepen- 
dant M.  l'Abbé  de  Dangeau  en  diftingue  deux  ,  l'un 
plus  &  l'autre  moins  dur  3  le  premier  dans  ,  guenon  , 
quarré  ;  &  le  fécond  dans  ,  gueule  ,  queue  ^  &;c.  Nous  ne 
nions  pas  la  différence  que  l'on  trouve  entre  la  pronon- 
ciation de  chacune  de  ces  deux  confonnes  dans  les  exem- 
ples cités  :  mais  elle  eft  peu  fenfible  ,  &  nous  penfons 
par-là  même  que  c'eft  alTez  d'en  avoir  averti  en  pailant. 

Table  des  fons  compofés  que  forment  les  diphthongues. 

Ai  ^  ...  la  Bifcaie  ,  ai  ! 

Ja  ^  .  . .  Fiacre  y  diamant. 

Iau  y  ...  miauler 3  miaulement, 

lÊ  y  .  .  .  pié  y  moitié  y  eftaffler., 

1e  y  ...  pannetiere  y  lièvre. 

Ieu  y  .  .  .  harmonieux  ,  m.iliea, 

lo  y  ...  fiole  y  pioche. 

loir  y  ...  chiourme. 

Ian  y  .  .  .  viande. 

Jen  y  . .  .  Chrétien  ,  bien. 

Ion  , . .  .  difiraciion  y  commijjion. 

Ou  A  y  .  .  .  ouate. 

Ou  AN  y.  .  ,  bafouant. 

OuE ,  .  .  .fouet  y  rouet. 

Oui  y  .  .  .  bouis  y  enfoui. 

OuiN  y .  .  .  marfouin. 

Ui , .  .  .  lui ,  fruit  y  ennui, 

UiN , , , ,  Juin, 


P  R  O  249 

Voilà  à-peu-près  tous  les  fons  qu'il  «ft  néce/Taire  de 
^^ieii  connoîrre  ,  &cdc  bien  diftinguer  avant  que  d'ccudier 
ce  qui  regarde  la  prononciation.  Ce  font  ceux-là  que  nous 
regardons  comme  les  fons  propres  des  caraderes  par 
[ciquels  nous  les  repréfentons  j  cnforte  que  quand  nous 
iiions  le  Ton  propre  de  ^  ,  de  /^e  ,  de  oue  ,  dcc.  nous  en- 
cendons  celui  qui  eft  indiqué  à  ces  mêmes  lettres  dans 
les  tables  précédentes  ,  &  qui  fe  trouve  dans  les  mots 
qui  font  donnés  pour  exemple.  C'efc-làque  nous  renvcr- 
Lons  le  îedeur  à  chaque  pas  que  nous  ferons  dans  les  dé- 
tails de  la  prononciation. 

Nous  y  luivrons  l'ordre  des  caractères  alphabétiques, 
S:  non  p3s  l'ordre  des  deux  tables  de  fons  que  nous  ve- 
nons de  donner  ;  parcequ'il  paroît  plus  facile  de  retenir 
que  telle  lettre  repréfente  en  telle  occafîon  tel  fon ,  & 
tel  autre  ailleurs  ,  que  de  fe  rappelier  en  ordre  &  à  pro- 
pos ,  que  tel  fon  s'exptime  ici  par  tel  caradiere  ,  &  là 
par  tel  autre.  D'ailleurs,  ce  dernier  plan  feroitbon  pouif 
l'orthographe  qui  fuppofe  les  fons  ,  &  cherche  les  li- 
gnes pour  les  repréfenter,  aulfifavons-nous  fuiviaumoc 
voyelles  :  mais  ici  on  nous  donne  les  lignes ,  &  c'eft  fur 
eux  qu'il  faut  trouver  les  fons  :  l'ordre  exige  donc  que 
l'on  fuive  ces  lignes  ou  lettres  ,  pour  voir  de  fuite  les 
fons  qui  leur  conviennent. 


A  conferve  toujours  le  fon  qui  lui  efl:  attribué  daiî« 
la  table  ,  excepté  lorfqu'il  ne  forme  qu'un  fon  avec  i'f  , 
eu  le  ;z ,  ou  le  /tz  ,  ou  Xu  qui  le  fji: ,  comme  dans  ks 
diphthongues  impropres,  izWz'î,  q^ç.  ]  aimai  ^  voy  ant  ^ 
amplitude  ,  gluau  ,  &c.  Il  eft  encore  deux  mots  où  il  ne 
fert  en  rien  a  la  prononciarion  5  ce  font  Taon ,  nom  d'un 
infeéle  ;  Saône ,  nom  d'une  rivière  de  France  :  on  les 
prononce  comme  iî  cet  a  ne  s'y  trouvoit  pas  ;  feule- 
ment Vo  qui  fuit ,  en  eft  plus  long. 

Quand  a  garde  fa  prononciation  propre  ,  il  eft  quel- 
quelois  grave  ,  &  quelquefois  aigu.  Il  eft  toujours  ^ra- 
ve quand  il  a  un  accent  circonflexe  ;  &  toujours  aigu 
quand  il  eft  fuivi  d'une  confonne  redoublée.  Pâture  , 
pâtre  ,  a  la  hâte  ,  appeller  ,  attrouper  ,  accouher ,  ajfom^ 


ifi  P  R  O 

tner.  Comme  il  n'eft  jamais  grave  qu'il  ne  Toit  long ,' 
voye:^  fur  ce  point  le  mot  Quantité. 

Le  Ton  de  Va  ne  s'exprime  guère  que  par  ce  carac- 
tère ,  û  ce  n'eft  par  e  devant  m  &c  n  redoublés  ;  comme 
dans  femme  ^  ennoblir^  hennir  ,  &c.  que  l'on  prononce 
famé  ,  anoblir  ^  kanir ,  &:c.  Il  ne  faut  pas  croire  cepen- 
dant que  deux  m  ou  deux  n  aprèi  un  e  donnent  toujours 
le  fon  pur  de  Va  :  il  eft  nazal  dans  emmener  ,  ennui  ; 
dans  ennemi ,  c'eft  le  fon  de  Ve  ouvert  &  bref. 


Cette  lettre  repréfente  trois  fons  principaux  ,  qui  va- 
rient encore  chacun  dans  leur  claiTe.  Aufli  eft-ce  l'arri- 
cle  de  la  prononciation  le  plus  difficile  à  traiter.  Nous 
allons  à  fon  égard  établir  une  obfervation  générale  fur 
la  méchanique  de  la  prononciation  ,  d'où  nous  defcen- 
drons  naturellement  aux  règles  principales  qui  regar- 
dent les  différentes  fortes  d'e. 

Il  paroit  qu'en  général  le  génie  de  la  Langue  ne  con- 
noît  que  deux  fortes  d'e  ,  le  muet  &  le  fermé  5  &  que  ce 
n'eft  qu'à  i'occafion  de  quelque  confonne  fuivante  qu'il 
devient  ouvert.  En  effet  ,  dans  Ve  fermé  la  bouche  eft 
prefque  entièrement  fermée  5  mais  s'il  fuit  une  confonne 
qui  foit  étroitement  liée  à  cet  e  ,  elle  exige  que  la  bou- 
che s'ouvre  pour  fon  articulation  ,  ce  qui  détruit  la  àiC^ 
pofition  où  les  organes  devroicnt  être  pour  prononcer 
Ve.  De  toutes  les  confonnes  ,  les  unes  caufcnt  un  plus 
grand  dérangement ,  une  ouverture  plus  grande  5  les 
autres  la  demandent  momdre  :  ce  qui  fait  que  nous 
avons  tant  d'efpeces  d'^  fermés  ou  ouverts  ,  que  quel- 
ques Grammairiens  en  ont  comptés  jufqu'a  quatre  ou 
cinq  ,  e  fermé  ,  e  moyen  ,  e  ouvert ,  c  plus  ouvert ,  e 
long  ;  comme  ,  cajfé  ,  différent  ,  diffère  /fer  y  des  fers, 
"  De-là,  nous  pouvons  tirer  un  prmcipe  général  3  c'eft 
que  nous  n'avons  point  d'f  ouvert  y  qu'il  ne  foit ,  ou 
n'ait  été  fuivi ,  au  moins  dans  l'écriture  ,  de  quelque 
confonne  qui  fe  prononce  ,  ou  qui  s'cft  autrefois  pro- 
noncée. Il  paroît  par  la  même  raifon  que  tout  e  fuivi 
d'une  confonne,  fur-tout  prononcée,  &  même  écrite  fans 
f^  faire  entendre,  doit  être  plus  ou  moins  ouvert  félon  la- 


P  R  O  251 

aturc  de  la  confonne  ;  mais  il  y  a  pour  ce  dernier  point 

•len  des  exceptions  que  nous  verrons  enfuite. 

Que  tous  les  e  fuivis  dans  la  même  fyllabe  d'une  con- 
onne  qui  fe  prononce,  deviennent  ouverts  ;  il  n'y  a 
)oint  d'exemples  qui  n'en  convainquent  j  comme  ,  hec  , 
rec  j  fep  ,  fcl  j  enfer ,  &c. 

Plus  les  confonnes  dont  les  e  font  fuivis  dans  une  mè- 
ne lyllabc  obligent  à  ouvrir  la  bouche,  plus  lèse  font 
■  uverts  5  on  ne  trouvera  non  plus  aucune  exception  à 
ccte  règle.  Et  comme  /  &  r,  font  les  confonnes  qui 
ont  le  plus  ouvrir  la  bouche  5  ce  font  celles  aulfi  de- 
ant  lefquellcs  Ve  eil  le  plus  ouvert ,  comme  dans  amer^ 
emi  j  eioeuf  ^  cafael  ^  3cc.  Le  jt?  faifant  moins  ouvrir  ia 
ouche  que  /  &  r -,  il  rend  auili  moins  ouvert  l'e  qui  le 
'l'éceidcj  comme  dans  imperceptible  j  où  le  premier  e  eft 
lus  ouvert  que  le  fécond. 

Il  ne  faut  pas  croire  cependant  que  la  nature  de  îa 
onfonne  faife  tout  :  cette  caufe  fe  trouve  fouvent  com- 
■>liquée  avec  d'autres  qui  en  augmentent ,  on  en  dimi- 
iiuent  la  force.  Le  premier  e  dans  tête,  par  exemple,  qÙ: 
>lus  ouvert  que  ne  l'exige  le  t  i  mais  c'eft  que  ce  mè- 
ne e  eft  long  ;  ce  qui  force  à  le  prononcer  plus  ouveit 
[u'il  ne  l'eft  dans  mufette  ,  tette ,  &c. 

De  l'obfervation  que  nous  avons  faire  ,  il  fuit  encore 
ijue  Ve  eft  ou  muet  ou  ferme  ,  quand  il  n'eft  fuivid'au- 
une  confonne  même  dans  l'écriture  j  aufîi  trouve-t-oa 
lette  conféquence  jufte  dans  l'application  :  bonté ^  aimé^ 
\réambule  ,  agréable  y  géant ,  créer  ,  fée  ^  déifia  ,  météo- 
? ,  &c. 

Quand  Ve  eft  fuivi  d'une  confonne  dans  la  même 
i/llabe  ,  il  paroît,  avons-nous  dit  ,  qu'il  doit  être  tou- 
ours  ouvert  \  mais  il  y  a  des  exceptions  :  les  voici  ;  cen 
refte  fermé  dans  les  infinitifs  ,  quoiqu'il  y  ait  un  r; 
omme ,  aimer  ,  donner ,  employer  :,  &c.  cela  s'eft  établi 
infi  fans  doute  à  caufe  de  leurs  participes  paifés  ,  aimé  ^ 
onné  3  employé ,  &c.  Quoi  qu'il  en  foit  y  cet  e  devient 
n  peu  ouvert  lorfque  le  mot  qui  fuit  commençant  par 
ne  voyelle,  il  fait  prononcer  r  final  5  comme  ,  aimer  un 
omme.  Tout  ce  que  nous  venons  de  dire  des  infinitifs 
ner,  doit  s'appliquer  aux  noms  qui  font  terminés  de 
iiême,  comme,  berger  ,  métier  y  &c.  H  w'y  a  que  les 


251  P  R  O 

monoryllabes  en  er,  comme,  mer,  fer,  cher ^  &c.  8c 
quelques  autres  noms,  comme,  amer ,  fier ^  Jupiter, 
Lucifer  ,  enfer,  où  le  r  fe  prononce  toujours,  Sc  rend 
par  conféquenc  ouvert  le  qui  prccede. 

Tous  les  pluriels  des  noms  terminés  au  fingulier  par 
un  e  fermé,  con fervent  encore  ce  même  fon  fermé 
quoique  Ve  y  foit  fuivi  d'un  s  ou  d'un  :j;  ;  la  raifon  en 
ellfîmplej  c'eft  que  ce  s  ou  7[_  n'eft  placé-là  que  pour 
diftinguer  les  nombres  ,  &  qu'il  ne  s'y  prononce  point. 
Cette  féconde  exception  s'étend  aulli  aux  fécondes  per- 
fonnes  plurieies  des  verbes  5  comme  ,  bontés  ,  vous  don- , 
nei(  y  vous  irie^  ,  vene:^  ,  récompeufés ,  aimés  ,  nc{ 
afei  y  &c. 

Les  monofyîlabes ,  mes  y  tes  ,fes  ,  les ,  des  ,  ont  auff. 
leur  e  fermé  ,  quoiqu'il  foit  muet  à  leur  lingulier  ,  me 
te  jfe  y  le  ,  de,  &c.  mais  il  devient  un  peu  ouvert quanc 
ils  font  après  le  verbe  ,  ou  que  le  mot  fuivant  com- 
mence par  une  voyelle  5  fur-tout  fi  c'eil  dans  un  langag' 
plus  élevé  que  celui  de  la  converfation  :  comme  dans 
rendez-nous  les  .  .  .  Souverain  arbitre  des  hommes  ,  Diei 
des  dieux  ,  Créateur  de  tous  les  êtres  ,  tes  impénétrable, 
décrets  font  remplis  de  fagejfe  6'  d'équité. 

Il  eft  quelques  noms  étrangers  ,  &  fur-tcnt  Efpagnol 
ou  Portugais  ,  comme ,  Alvare^  ,  Suare-^  y  Khodei ,  &c 
dans  lefquels  le  ^  final  fc  prononce  comme  un  double  s 
&  rend  ouvert  Ye  précédent.  Mais  Ve  ci\  fermé  dan 
clef  y  bled,  pied  ,  que  quelques  Auteurs  écrivent,  clé 
blé  ,  pié.  Dans  ces  mots  écrits  de  la  première  façon  le  ^ 
&  le  c^  final  ne  fe  prononcent  point  :  s'ils  fe  pronoii- 
çoient  \e  deviendroit  ouvert. 

Quand  nous  avons  parlé  d'une  confonne  après  \e 
nous  avons  fuppofé  que  cette  confonne  appartenoit  a  1; 
même   fyllabe  que  \e  qu'elle  fuit.  Si  elle  étoit  de  h 
fyllabe  fuivante  ,  alors  Ve  varieroit ,  &  feroit  quelque- 
fois ouvert ,   comme  ûf/^ère,  quelquefois  fermé  ,  com 
me   pénétré  y  &:  d'autrefois  muet  ,  comme  nous  ferons  ^ 
On  doit  auffi  fc  fouvenir  qu'il  n'cfc  pas  nécelfaire  qu< 
cette  confonne  fe  trouve  dans  rortliogiaplie  aduelle 
mais  qu'il  fuffit  qu'elle  fe  voie  dans  l'ancienne  ;  ainfi  1< 
premier  efl:  ouvert  dans  tête  ,  même  ,  &c.  quoique  le 
&  le  77Z  qui  le  fuivenc,  foicnt  de  la  fyllabe  fuivante 


P  R  O  25$ 

bcla  patcequ'autrefois  on  écrivoit  un  s  qui  étoit  de  U 
emiere  fylJabe  ,  &  rendoic  le  très  ouvert,  tefte ,  mef- 
t ,  &c.  Enfin  les  confonnes  qui  rendent  plus  fenfible- 
ent&plus  généralement  ouvert  Ve  qu'elles  fuivent 

auquel  elles  appartiennent,  fonte,  /,  l^r^s  ^  t; 
«âme  ,  avec  ,  bec  ,  fief,  relief,  nef,  chef,  fel ,  'fiel  ^ 
uvtlk  ,fer,  enfer,  lucifer ,  amer ,  verd  ,  procès  ,  très  , 
ts ,  progrès ,  âccè^  ,  ^Arcè^  ,  gourmet ,  fecret  ^  difcret  ^ 

Lés  confonnes  m  &c  n  rendent  Ve  nazai  ,  quand  elks 

fuivent ,  qu'elles  font  de  la  fyllabe,  &  qu'elles  fepro- 

mcent.  Les  autres  qui  font  b,d,g,h,p,q,x,j^ 

V ,  ne  finiffent  jamais  de  fyllabe  ,  ou  n'en  fini/Tent 

lerarcment,  &  même  alors  ce  n'oft  prefque  jamais 

-e  qui  les  précède  Immédiatement ,  ou  bien  elles  ne 

prononcent  prefque  jamais  :  enfin  elles  ne  méritent 

s  à  cet  égard  d'obfervations  plus  particulières. 

Il  y  a  encore  une  autre  occafion  oii  l'e  eft  prefque 

ujours  ouvert ,  quoiqu'il  n'ait  pas  après  lui  une  con- 

nne  appartenante  à  la  même  fyllabe  ;   c'eft  lorfque 

ns  le  même  mot  la  fyllabe  fuivante  eft  formée  par  un  e 

aet.  On  peut  donc  regarder  comme  une  maxime  gè- 

ràfe  dans  notre  Langue  ,  que  lorfqu'il  fe  trouve  dans 

i  Hi-ot  deux  fyliabes  de  fuite  ,  formées  chacune  par  un 

ans  accent  3  la  première  a  toujours  le  fon  ouvert ,  Se 

féconde  k  fon  muet.  On  fuppofe  ici  que  les  deux  e 

lit  féparés  par  une  où  plufieurs  confonnes  qui  appar- 

nncnt  au  fécond  ,  comme  j  pièce  ,  collège ,  collègue  ^ 

^eme  ,  UHotheque  ,  frères  ,  per^  ,  mère  ,  printaniere  ^ 

-nieras,  ils  attelent  ou  atelent  ,  fidèle  ,  modèle  ,  &c.  Si 

deux  e  fe  fuivoient  fans  confonne  intermédiaire ,  Se 

'k  fecoiid  fût  muet ,  le  premier  feroit  pour  Tordis. 

"e  fermé,  &  prendroit  un   accent  aigu,  comme  , 

,  protkée  3  aimées  ,  &<;.  Hors    ce  dernier  cas  ,   i 

»  â  d'exception  au  principe  que  nous  avons  pofé ,  que 

)ur  le  mot  chevelure  ,  fon  compofé  échevelé     &  queU 

^efois  pour  les  fyliabes  de  ,  re  ,  iorfqu'elles  font  initia-^ 

i  ,  le  premier  e  s'y  confervant  muet  auffi  bien  que  le 

i-  ond  ;  comme  ,  redemandé  ,  redevance  ,  &c. 

•  On  peut  encore  donner  pour  règle  ,  'que'  Ve  doit  fe 

f  >noncer  ouvert  tout«5s  les  fois  ou  xi  a  lâccent  ciicoa^ 

J^<?m^  II,  K  ' 


Î54  ^^^ 

ilexe  ,  comme  ,  requête  ,  &c.  Autrefois  on  varioit  da, 
vantaW  fur  les  accents  aigu  &c  grave;  on  les  plaçoit  m- 
diiFéremmentl'un  &  l'autre  fur  des  e  fermés  &  ouverts, 
ainfi  ils  ne  font  prefque  d'aucune  utilité  pour  la  ledun 
des  livres  imprimés  les  fiecles  palfés.  Mais  enfin  on  a  h 
tirer  un  avantage  réel  de  ces  deux  accents  qui  ne  fai- 
foient  qu  embarralTcr  les  compofiteurs  ;  aujourd'hui  oi 
eft  fort  exad  à  ne  marquer  l'accent  aigu  que  fur  des 
fermés  ,  &  l'accent  i;rave  que  fur  des  e  ouverts  ;  ami 
on  écdt,  progrès  ,  que  l'on  voit  fouvent  écrit ,  progrès 
dans  les  livres  anciens ,  Sec.  Nous  donnerons  donc  pou 
resjle  fure  dans  [la  ledure  des  ouvrages  de  ce  iiecle  ,  d 
prononcer  fermés  tous  les  e  qui  ont  l'accent  aigu  ,  £ 
ouverts  tous  ceux  qui  ont  Taccent  grave. 

Ve  eft  muet  toutes  les  fois  qu'il  termine  le  mot ,  l 

qu'il  n'a  point  d'accent  i  comme  ,  friponne  ,  dure,  j'aime 

f  adore    &c.  il  l'efl:  aulfi  dans  les  troifiemes  ^perloniK 

plurieles  des  verbes  ,  quoique  fuivi  des  confonnes  m 

qui  font  alors  oifives  ,  ne  fervant  qu  à  marquer  la  pe 

fonne  ;  comme  ,  ils  donnent ,  ils  alloient  ,  ils  voulurent 

ils  allajfent ,  &c.  i  •       r 

Il  reft  encore  ,  i\  dans  les  mots  qu'il  termine  Lai 

accent ,  quoiqu'il  ait  un  s  après  lui  ;  il  n'en  faut  exccj 

terque'les  monofyllables  :  armes  ,  fourrures  ,  belle  s  ,  c 

tes  ^faites  ,  &c.  x^.  lorfqu'il  fe  trouve  aulU  (ans  ac 

cent  avant  la  diphtongue  impropre  au  s  comme  ,  beai 

berceau  y  jumeau  ,  niveau  ,  nouveaux ,  cerceaux  ,  &:c.  3 

lorfqu'il  finit  une  fyllabe  précédée  d'une  autre  qui  ( 

formée  par  une  ouvert  :/ermemm,  netteté,   celle^c, 

quatrièmement,  &c.  4^.    lorfquU  termine  une  iy   a 

qui  dans  le  même  mot  eft  fuivie  d'une  autre  lyLa 

dans  laquelle  il  n'y  a  point  d't-  muet  :  chemin  ,  chcva. 

acheter,  amener,  demain,  rebours  ,   ecrevijje  ,  detetu 

&c  ;  bien  entendu  qu'il  n'y  ait  point  d'accent  qui  ta: 

une  loi  contraire.  , ,     ,.      ■        j 

Enfin  Ve  eft  muet  dans  les  {yllabcs  rcduphcatiycs  de 

re,  quoique  fuivies  d'un  e  muet,  &  quand  même  il 

trouveroit  après  ces  fyllabcs  un  double/s  comnie,  < 

venir ,  retenir  ,  redemander  ,  rejfort  ,  rejjajfer  ,  rejfourc, 

&c.  11  faut  toujours  excepter  les  mots  ou  ces  lyUat 

font  marquées  d'un  accent,  comme  ,  récipient ,  rccep^l 

rcfugicr ,  rélcgation  ,  rémijfion  ,  rétention  ,  ^ç.. ,      \     ^ 


em 
not 


PRO  ijj 

Pour  diftinguer  les  difFércns  «  ,  il  eft  encore  utile  de 
arquer  que  jamais  le  muet  n'eft  la  première  lettre  d'un 

-  :  j    &  qu'excepté  les  mots  qui  font  compofés  de  re 
rdre^  dz^  &  d'un  limple  dont  la  première  fyllabe  étoit  \x*\ 

muet,  tels  que,  revenir^  entretenir  ^  devenir  ^  redeve^ 
ir^^  jamais  il  n'y  a  plufieurs  e  muets  de  fuite  dans  un 
aême  mot  :  auflî  les  verbes  dont  la  pénultième  eft 
nuette  à  l'infinitif,  dans  les  temps  qui  finiffent  par  un 
muet,  changent  leur  pénultième  en  un  autre  e  ,  ou  en 
a  diphthongue  impropre  oi ,  comme  appeUer  ' pefer  , 
W'o/r ,  concevoir,  &CC.  qui  dans  d'autres  temps  chano-ent 
;ur  péiiultieme  muette  ,  comme  on  le  voit  dans  ,7%?- 
elle  ,  je  pefe  ,  ils  doivent ,  ils  conçoivent  :  de  même\  j'ai- 
de ,  ^  aimé- je  ,  &c. 

La  piononciation  de  Ve  muet  varie  aufïï  bien  que 
elle  de  Ve  ouvert  :  ainfi  ce  n'eft  pas  affez  de  favoirque 
=1  e  eft  muet  pour  favoir  bien  le  prononcer.  Il  ne  fe 
lononce  point  du  tour,  i  °.  à  la  fin  des  mots  fuivis  immé- 
larement  d'un  autre  mot  commençant  par  une  voyelle  : 
inf.i  ,  une  Hiftoire  amufante  ,  fe  prononce  comme  s'il  y 
-nhifioi-ramujante.  !<>.  'Dans  les  futurs  &  les  temps 
onditionnels  des  verbes  en  ier ;  comme  ,  il  étudiera  il 
litron,  ils  emploieront,  &c.  que  l'on  prononce  à  peu 
res  comme  s'il  y  avoir,  il étudira ,  ilpliroit,  ils  em- 
loiront  ,  &c.  feulement  on  fait  longue  la  fyllabe  qui 
recède  cet  e  muet,  ilpli-roit ,  &c.  ^\  Avant  la  fyllabe 
u  ;  comme  ,  beau  ,  &c.  que  l'on  prononce  ,  hau  ^  Sec 
°.  Dans  les  fyllabes,  où  précédé  d'un  c  ou  d'un^,  il  eft 
iivi  d'un  aoa  d'un  o;  car  alors  il  ne  fert  qu'a'  dou- 
er au  c  le  fon  de  j  ,  &  au  ^  celui  dey  ;  comme  il  corn- 
■'■encea  ,  nous  mangeons  ,  geôlier,  &c.  il  en  eft  de  même 
:s  mots  ,  Jean  ,  a£eoir ,  &c. 

Ve  muet  fe  prononce  très  foiblement,  quand  étant  la 
^miere  voyelle  d'un  mot ,  il  eft  immédiatement  pré- 
;de  d  une  autre  voyelle  j  mais  cette  autre  voyelle  de- 
■  lent  longue  i  comme  journée  ,  ils  rient  ^  Sec,  que  l'on 
rononce  prefque  comme  s'il  y  avoir ,  >«r/ze  ,  ils  ri 
c.  * 

L'^  muet  eft  très  bref  dans  quantité  d'occafions  •  com- 
I  le  Joutenir,  lâcheté  ,  atteler  ,  nous  monterons^  il fon^ 
'i'ra,acketgr,appelltr,  &c.  que  l'on  prononcey^^irti^ 
1  Kij  • 


t^6  PRO 

lâchté  ,  ûttler ,  nous  montrons^  il  fondra  ,  ackter ,  apter; 
ècc.  On  ne  peut  pas  donner  là-  delFus  de  règles  précifesi 
feulement,  il  faut  obferver  que  fi,  étant  articulé  par  une 
ou  plufieurs  confonnes,  il  finit  le  mot,  il  faut  le  faire 
fentir  davantage  ,  comme  on  peut  le  voir  dans  prefque 
tous  les  termes  dont  nous  nous  fervons  ici.  Il  en  eft  de 
même  lorfqu'étant  au  milieu  d'un  mot  ,  il  efl  articulé 
par  plufieurs  confonnes  en  même  tems  ,  &  fur-tout  par 
des  confonnes  plus  difficiles  à  réunir,  comme,  il  mon^ 
trera  ;  ou  lorfque  ces  mêmes  confonnes  fc  trouvent  après 
Ve  pour  articuler  la  voyelle  fuivante ,  comme ,  retraite  ^ 

Le  fon  de  Ve  ouvert  fc  donne  fouvent  aux  diphthon- 
<rucs  impropres  ai  &  oi  :  mais  nous  en  parlerons  ci- 
après,  en  traitant  de  la  prononciation  desdiphthongues. 
Seulement  nous  devons  dire  ici  une  chofe  qui  ne  retrou- 
vera pas  fa  place  ailleurs  ;  cd\  que  lorfque  l'on  voit  de 
fuite  ks  deux  lettres  e,i,  dans  un  même  mot ,  s'il  n'y  a 
ni  accent  fur  l'e  ,  ni  tréma  far  Vi ,  alors  ces  lettres  ne 
font  qu'une  diplithongueimpropre,  qui  a  toujours  le  fon 
de  Ve  ouvert  ;  comme  ,  peine  ,  pleine ,  &c  s  il  tuit  un  /, 
le  fon  en  eft  mouillé,  comme  ,  vermeil,  merveille  , 
treille  ;  &Lci  ces  lettres  œil ,  fe  prononcent  coiïime  euil. 

Jeu  Y. 

Nous  n'avons  rien  de  particulier  à  dire  fur  la  pro- 
nonciation de  ces  deux  voyelles.  Quand  elles  ne  ionc 
iointes  à  aucune  autre  ,  elles  ne  varient  jamais  ,  ii  ce 
n'eft  lorfque  la  dernière  devient  mouillée.  Encore  y 
a-t-il  pour  cela  une  règle  aufll  aifée  que  fùre  3  c'cft  que 
Vy  oui  eft  mouillé,  quand  il  eft  entre  deux  voyelles  qui 
fè  prononcent ,  foit  que  la  première  falle  ou  non  avcc 
IV  mitoyen  une  diphthonguc  propre  ou  impropre  j  com- 
me il  voyait  ,  nous  employons  ,  que  nous  ayons  ,  il  ij- 
Jaya  ,  faïance  ,  une  baye  ,  payé  ,  païen  ,  ils  payucnt , 
citçyyen  ,  moyen  ,  haie  féminin  de  hai  ,  &c. 

O  &  c/.  I 

Gcs  deux  va»yclles  fouffrcnt  encore  moins  de  difficul-., 


P  R  O  3.57 

tés  pour  leur  prononciation.  Seulciîlent  Vo  eft  grave 
dans  les  mots  où  il  eft  fuivi  d'un  s ,  &  dans  ceux  oii  il 
a  un  accent  circonflexe ,  comme  ,  côte  j  côté  ^  hôte  ^ 
repos  j  propos  j  héros  y  &c.  &  l'a  eft  fouvent  entièrement 
muet  après  le  ^  &  le  5  ,  comme  on  le  verra  en  parlant  de 
«es  confonnçs. 

AV. 

Cette  diphthonguc  impropre  eft  aufîî  fans  embar- 
ras ,  parcequ'elle  eft  fans  variation.  Quand  ces  deuj; 
voyelles  doivent  former  deux  fyllabes  différentes  j  on 
met  deux  points  fur  la  féconde.  Ainfî  quand  ces  deux 
points  qu'on  nomme  tréma  ne  s'y  trouvent  pas  j  elles 
ne  forment  qu'un  fon  lîmpîe  ;  comme  ,  maux  ,  &c. 
Quelques  Grammairiens  prétendent  que  ce  fon  eft  en- 
tièrement le  même  que  celui  de  l'o  grave.  Nous  nous 
contentons  de  leur  demander  à  eux-mêmes ,  &  à  tous 
ceux  qui  connoiflent  le  bon  ufage ,  fî  l'on  prononce  o 
dans  hôte  ou  il  eft  grave  ,  comme  au  dans  haute.  Nous 
avons  déjà  marqué  ailleurs  que  nous  y  trouvions  une 
différence  affez  fenfîble  pour  ctre  marquée  :  chacun 
peut  en  juger  félon  fon  oreille  &  la  connoiffancc  que 
l'on  a  de  la  bonne  prononciation, 

EU, 

Ces  deux  lettres  forment  toujours  une  diphthonguc 
impropre  ,  qui  donne  le  fon  que  l'on  entend  dans/^/z  , 
fm  /jeune  y  Sec.  Ce  fon  devient  grave  quand  il  y  a  un, 
accent  circonflexe.  Voilà  la  règle ,  qui  fouffre  peu  d'ex- 
ceptions. 

i^.  Eu  dans  les  temps  du  verbe  avoir  on  il  fe  trouve, 
fe  prononce  comme  u  fimple  5  j'eus  ,  nous  eûmes  ,  ils 
eurent  ^  j'ai  eu  _,  vous  ave:^  eu  j  &c.  lifez  fus  ,  nous 
urnes  ,  ils  urent  ^j'ai  u  ,  vous  ave^  u  ,  &c. 

1**.  Il  en  eft  de  même  de  quelques  autres  fyllabes  que- 
Ton  écrivoit  autrefois  par  eu  ^  éc  defquelles  on  retran^ 
che  aujourd'hui  Ve  ,  en  le  remplaçant  par  un  accent,  cir-. 
çonflexe  ,  comme  fèur  ,  meur  ^  dcç.  écrivez  &  pronGacç;i> 


1^%  P  R  O 

fur ,  mur  ,  &c.  Cependant  on  écrit  encore  Euflache^  £w- 
rope  ,  ScC.  quoiqu'on  prononce  Uflace,  Urope. 

3°.  Par-tout  où  l'on  trouve  ces  deux  voyelles  de 
fuite  eu  j  il  faut  les  (éparer  &  les  prononcer  chacune 
en  une  fyllabe  ,  s'il  y  a  un  accent  aigu  fur  l'e  ,  com- 
me réujjlr,  que  l'on  prononce  ré-ujftr,  &  non  pas  reuf 
jïr^  &c.  Ceftlà  ce  qui  diftingue  la  diphthonguc  im- 
propre des  deux  fons  fimples  j  comme  cet  e  avant  «  eft 
alors  fermé  ,  fon  accent  rend  le  tréma  inutile. 

Ou  ne  forme  jamais  qu'un  fon  ,  «g  forme  toujours  le 
même.  Il  n'y  a  ici  ni  difficulté  ni  exception.  Quand  on 
veut  prononcer  mou,  doux  ,  douceur  ,  &c.  c  eft  toujours 
le  même  fon  lîmple. 

AN,  EN,  ON,  UN. 

Ces  quatre  combinaifons  de  voyelles  avec  la  con- 
fonnew,  forment  ce  qu'on  appelle  des  voix  naialcs. 
Mais  elles  ne  les  forment  qu'autant  qu'elles  font  (uivics 
^e  quelqu'autre  confonnc  ,  ou  qu'elles  terminent  le 
mot;  encore  faut-il  dans  le  premier  cas  ,  que  la  con- 
fonne  qui  les  fuit  ,  foit  autre  que  m  o\\  n  :  car  deux  /r. 
ou  deux  n  de  fuite  rendent  ordinairement  brève  Ja 
voyelle  qui  les  précède,  mais  n'en  changent  point  le 
fon.  Ainfi,  ambajfade  ,  chrétienté  ,  montrer  ,  fang  ,  pay- 
fan  ,  Chaldéen  y  il  vient  ,  triompher ,  écujfon  ,  ^ond  ,  quel- 
qu'un y  &c.  prennent  le  fon  nazal  :  mais  payfanne  ,  pro^ 
fane ,  amené  ,  Chrétienne  ,  monades  ,  année  ,  damnt  ^ , 
bonne  ,  homme  ,  une  ,  &c.  ne  doivent  avoir  que  le  fon  cîc 
leurs  voyelles  ;  &  ;;z  &  n  n'y  fervent  qu'à  articuler  et!  ic 
qui  les  fuit. 

Il  y  a  quelques  exceptions  à  ces  règles  : 
i*».  Les  mots  étrangers  ,  comme  ,  amen  ,  jérufdUm  , 
kymen  ,  &c.  ne  prennent  point  le  Ton  nazal  quoique  en. 
ou  em  y  termine  le  mot,  &  cela  ,  parccque  les  Langues 
étrancTcrcs  n'admettent  point  ces  fons  :  il  faut  donc  pro- 
noncer comme  s'il  y  avoir  amené  /jérufJeme  ,  hymcnc  ^ 

&c.  ,  ,        , 

2.^  En  dans  ennui,  &  ^;;2  dans  emmener,  gardein  ic 


P  R  O  259 

Ton  nazai,  quoique  la  confonne  y  foit  redoublée.  Ces 
trois  lettres  eut  à  la  fin  de  la  troifieme  perfonne  du  plu- 
riel des  verbes  ,  ne  forment  jamais  un  Ton  nazal  ;  mais 
feulement  un  e  muet  y  &  même  fî  elles  font  précédées 
d'un  / ,  elles  ne  donnent  aucun  fon  ;  elles  ne  font  que 
rendre  un  peu  plus  ouvert  &  plus  long-  le  fon  qui  les 
précède  :  anili ,  ils  aiment ,  ils  aimèrent ,  ils  aimajjent  , 
&c.  fe  prononcent  comme  ,  ils  aime  ,  ils  aimere  ,  ils  ai^ 
majfe  :  &  ils  aimaient  ,  ils  aimeraient ,  &c.  fe  pronon- 
cent com.me ,  ils  aimait ,  ils  aimerait. 

Quand  un  fon  nazal  termine  un  mot ,  &  que  le  fui- 
vant  commence  par  une  voyelle,  le  m  ou.  n  final  ne  fe 
fait  point  fentir  fur  cette  voyelle  initiale  du  fécond  mot; 
fi  ce  n'eft  quand  les  deux  mots  font  tellement  unis  en- 
tr'eux  j  qu'il  n'eft  pas  poffible  d'y  faire  une  paufe  quel- 
que légère  qu'elle  foit  :  on  ne  dit  donc  point  pajfon-' 
ncxféme  y  dejfein-neffroyable  ,  &c  mais  ,  pajjian  extrême, 
(iejfein- effroyable  ;  au  lieu  que  l'on  dit ,  mon  nami  y  bon 
nenfani  ^  en  nexemple  ^  bien-nentendu  „  &c.  lorfqu'il  y  a  , 
vwn  ami  _,  bon  enfant  ^  en  exemple  ,  bien  entendu  ,  &c. 

Par  ces  derniers  exemples  on  voit  que  le  m  ou  n  final 
peut  articuler  la  voyelle  initiale  du  mot  fuivant  ,  lorf- 
que  cette  rencontre  de  lettres  fe  trouve  entre  un  adjedif 
&  un  fubftantif ,  un  adjedif  polfeflif  &  le  nom  qu'il 
qualifie  ,  un  adverbe  &  un  verbe ,  une  prépofîtion  &  fon 
complément.  Mais  les  exemples  précédents  prouvent 
qu'il  n'en  efl:  plus  de  même  lorfque  l'adjeclif  fe  trouve 
après  fon  fubllantif  au  lieu  d'être  devant.  Remarquez 
encore  que  le  pronom  on  articule  la  voyelle  fuivante 
quand  c'Q.i\  fon  verbe  qui  fuit  5  prononcez  donc  ,  on 
nappelle  ,  pour  on  appelle ,  Sec  5  mais  fi  c'eft  un  autre 
mot  que  le  verbe  qui  commence  par  une  voyelle  après 
on  ,  celui-ci  ne  donne  que  le  fon  nazal ,  &  la  voyelle 
fuivante  n'eft  point  articulée:  ainfi ,  qu'en  dit-on  à  la 
Cour  ^  ne  fe  prononce  point,  quen  dit-on  na  la  Cour  ^ 
mais  ,  quen  dit-on  a  la  Cour. 

Toutes  les  fois  qu'il  y  a  un  fon  nazal ,  c'eft-à-dire  , 
que  le  m  ou  n  précédé  d'une  voyelle  n'eft  pas  immé- 
diatement &  dans  le  même  m.ot  luivi  d'une  autre  ,  ou 
qu'il  n'eft  pas  redoublé  j  alors  on  peut  aifément  favoir 
lequel  des  quatre  fons  nazals  il  faut  prononcer  feioia 

Riv 


z6o  P  R  O 

les  remarques  fuivantes  :  fî  la  voyelle  qui  fert  à  fbrmef 
le  fon  nazal  eft  un  a  ,  ou  doit  prononcer  le  fon  de  an  ^ 
^uand  même  ce  ne  fcroic  pas  un  n  mais  un  m  qui  fui- 
vroit  cet  a  :  en  général ,  le  m  Ce  prononce  tout  comm(i 
le  n  dans  les  voix  nazaJes. 

Il  faut  remarquer  ici  que  dans  Laon  j  nom  de  ville  , 
paon  y  faon  ,  paonneau  ,  fe  paonner  ,  Vo  ne  fe  prononce 
nullement  5  que  c'eft  l'a  qui  forme  la  fyllabc  ,  &  que 
l'on  prononce  entièrement  comme  s'il  y  âvonvan  ,  pan^ 
neau  ,  fan  ^  fe  panner ,  lan  ,  &c.  au  lieu  que  dan<;  les 
mots  3  Aorijle  y  la  Saône  ,  5.  Lûotz  ,  Va  eft  muet  & 
oifif  ;  c'eft  ï'o  qui  fe  fait  feul  entendre  ,  &  on  doit  lire, 
Orzjie  j  la  Sône  j  5.  Zo/?. 

Si  la  voyelle  eft  un  i  ,  on  prononce  1*^  nazal  ;  comme, 
clinquant ,  é^f/?r«  ,  &c.  mais  i;7z  &  in  finals  dans  quel- 
ques mots  étrangers  fe  prononcent  comme  ,  ime  &  inc; 
dans  Ibrahim  y  par  exemple  ,  Sélim  y  aïn ,  le  dcfcrt  do 
Sin  ,  &c.  prononcez  ,  Ibraliime  ,  5:;îe  ,  &c. 

Si  c'eft  un  o  ou  un  z^ ,  on  prend  également  le  fon  na- 
zal  de  chacune  de  ces  deux  voyelles  :  mais  li  c'eft  un  ^  , 
le  plus  fouvent  on  lui  donne  le  fon  de  Va.  Il  y  a  fur  cela 
une  règle  fîmple  à  fuivre  :  em  nazal  fe  prononce  tou- 
jours comme  an  :  en  repréfente  aufîl  toujours  le  même 
fon  quand  il  n'eft  point  précédé  d'un  /  avec  lequel  il  ne 
£â/fe  qu'une  fyllabe  ,  ou  qu'il  ne  termine  pas  le  mot  fans, 
çtre  fuivi  d'aucune  autre  lettre.  Ain  fi  ,  tems  ,  empêcher, 
içmb.arras  ,  entendre  ,  cent  ^  Sec.  fe  prononcent  comme  s'il 
y  avoir ,  tan  ,  anpêcher  ,  anbarras  ,  antandre  ,  fant  ^  Sec, 
Il  en  eft  de  même  àefcience  ^  patience  ^  expérience ^conf  . 
çience  ,  patienter ,  expédient  j  inconvénient ,  patient  ,  in- 
grédient ,  &c.  où  Vi  forme  une  fyllabe  différente  de  la 
nàzalc  ;  au  lieu  que  bien  ^  le  mien  ,  le  fien  ,  le  Chrétien  ,. 
an  rien  ,  un  Païen  y  tu  viens  ,  il  foutient ,  &:c.  dans  lef^ 
quels  ïi  fait  diplitliopgue  avec  IV,  n'ont  que  le  fon  de 
Ve  nazal ,  &:  jamais  de  Va. 

On  prononce  de  la  même  manière  les  mots  qui  finif- 
fcnt  par  e/r,  fans  confonne  ultérieure ,  à  moins  que  ce  ne 
foit  un  s  qui  ne  fert  qu'à  marquer  le  pluriel  j  comme, 
ixamen  yles  examens  ,  &  fur-tout  les  noms  étrangers, 
comme  ,  Agen  ,  Chaldcen  ,  Iduméen  ,  &c.  cependant  Eu- 
ropém  ,  fc  prononce  comme  s'il  y  avoir  Européan,  Imbu^ 


P  R  O  i6i 

împte  y  ingrat  ^  incivil ,  indévot  y  indocile  ,  &c.  fe  pro- 
noncent comme  en  dans  Chaldéen.  Il  faut  en  dire  autant 
de  tous  les  fons  nazals  qui  ont  ai  ,  ou  ei  avant  la  con- 
fonne  m  ou  n  ;  tels  c^u^fûim  ,  pain  ,  craindre  ^  feindre, 
éteindre  ,  ceinturon  ,  &c.  Il  y  a  quelques  noms  latins  oii 
um  final  fe  prononce  comme  on  ;  tels  que  ,  un  faEium  , 
w«  faciotum  ;  quelques  noms  propres  ,  Dunkerque  §c 
Humbert  fe  prononcent  comme  on  ,  Donkerque  ,  Hom- 
bert ,  &c.  Te  Deum  y  opium  ,  &  quelques  autres  fe  li- 
fcnt  comme ,  Te  Déomme  ,  opiome.  Tous  les  auti  es 
noms  en  un  ou  um  fe  prononcent  comme  commun^  im- 
portun^ parfums  ,  &c.  ce  fon  n'eft  pas  proprement  celui 
de  Vu  nazal ,  mais  de  ïeu  ,  comme  ^jy^zz/z  ^  &c.  Pour  les 
autres  fons  nazah  ,  tels  que  ceux  en  oin  ,  befoin  ,  il  en 
fera  parlé  en  traitant  de  la  prononciation  de  la  dipli-. 
thongue  propre. 

Après  avoir  parlé  des  caradercs  quirepréfentent  tou- 
jours les  fons  f  mples  y  nous  allons  fuivre  ceux  qui  fer- 
vent aux  diplithongues  j  après  quoi  nous  parlerons  des 
confonnes. 

Al 

Ces  deux  lettres  ne  fe  prononcent  prefque  jamais  en 
^iplithongue  propre  ,  fi  ce  n'eft  dans  l'exclamation  ai  J 
dans  Bifcaie ,  &:  quelques  autres.  Dans  les  prétérits  & 
futurs  des  verbes,  au  préfent  des  deux  verbes /^-vofr  &: 
avoir  y  ces  deux  lettres  prennent  le  fon  de  Ve  fermé  5  ]t 
donnai  y  je  donnerai  yfai  y  je  fais  y  tu  fais  y  il  fait  y  8cc, 
fe  prononcent  ,yV  donné  y  je  donneré  ,fé  y  je  fé  y  tu  fé  y  il 
fé ,  &c.  devant  deux  / ,  ou  un  /  final ,  ces  deux  voyel- 
les fe  prononcent  encore  différemment  ;  alors  on  fait 
fentir  le  fon  pur  de  Va  fuivi  du  fon  de  /  n\om\\é\,  paille, 
maille  y  travailler  y  émail  y  corail ,  tra-vail  ^  &c.  par  tout 
«illeurs  ,  ai  prend  le  fon  de  Ve  ouvert ,  comme  dans 
paix  y  trait  ^  jamais  y  aimer  ^  affaire  y  &:c.  qui  fe  pro- 
noncent comme  s'il  y^avoit ,  pé  y  trè  ^jame  y  cmer  ^  ^ff'^' 
re  ,  &c.  Si  après  Va  il  y  a  un  y  au  lieu  d'un  /' ,  &  qu'il 
fuiveune  voyelle,  alors  l'^^  prend  encore  le  fon  de  Ve 
ouvert  ,mais  la  voycilc  fuivante  eft  mouillée;  comme: 
payer  y  rayer.  Pays  forme  anfli  deux  fyllabes  dont  la 
première  a  le  fon  de  Ve  ouvert ,  Se  la  fjconcc  celui  d'un 


1^2  P  R  O 

2  mouillé  :  s'il  y  a  un  tréma  ou  deux  points  fur  i'i  ou 
ly ,  alors  Va  n'a. que  le  Ton  qui  lui  efb  propre,  &  la 
fyllabe  voiiine  eft  mouillée  y  comme  dans  Païen  ,  kaïr^ 
&c. 

lA. 

la  diphthongue  ne  diffère  de  za  formant  deux  fylla- 
bes  ,  qni'en  ce  que  le  premier  fe  prononce  en  une  feule 
émiiîion  de  voix  :  du  refte  dans  l'un  &  dans  l'autre 
cas  ,  on  donne  toujours  dans  le  mcme  ordre  fucceffif 
le  fon  de  I'i  &  celui  de  1'^  ;  mais  là  ils  fe  fuivent  plus 
rapidement ,  &  font  plus  intimement  liés  j  ici  ils  font 
plus  défunis  ,  &  l'on  appuie  davantage  fur  I'i  &  moins 
fur  la  :  ces  diiférences  font  fenfibles  dans  la  bonne  pro- 
nonciation de  liard  ^  fiacre  ,  familiarifer  ,  &  de  il  ou- 
hlial  il  pria^  &c.  pour  favoir  quand  ces  deux  lettres 
i,  ^  ,  forment  ou  ne  forment  pas  diphthongue  : -voye^ 
Syllabe.  Au  refre  dans  la  ledure  de  la  piofe  ,  on  les 
prononce  prefque  toujours  en  diphthongue  ,  f  ce  n'eft 
îorfqu'il  y  a  un  /  ou  r  avant  I'i. 

Pour  toutes  les  autres  diphthongues,  leur  prononcia- 
tion ne  nous  offre  aucune  difficulté  Si  vous  en  excep- 
tez ,  oua  ,  ouec  ,  &  ouin  :  les  autres  fe  prononcent  tou- 
jours comme  dans  les  exemples  cités  à  la  table  ;  &  pour 
iavoir  quand  les  lettres  qui  les  rcpréfentcnt  font  ou  ne 
font  pas  diphthongue  ,  voye^  Diphthongue  6'Syl- 

XABE. 

On  fait  aufTi  que  îorfqu'il  y  a  un  tréma  fur  la  fécon- 
de voyelle  ,  fi  prononciation  fe  fait  comme  à  part , 
c'eft-à-dire  ,  fcparée  de  la  précédente.  Cette  règle  eft 
générale  ;  Se  nous  croyons  n'en  devoir  plus  parler. 
Mais  le  fon  des  trois  que  nous  avons  exceptées.,  fe  re- 
trouve encore  dans  des  occafions  où  les  lettres  ne  font 
plus  les  mêmes  :  c'eft  la  différence  qui  fe  trouve  entre  la 
nature  de  leurs  variations  ,  &  celle  des  variations  de  la 
yremiere  diphthongue  ai  :  celle-ci  ne  s'exprime  que  par- 
ces  deux  lettres  û,  i  :  mais  ces  mêmes  lettres  ne  repré- 
ient  pas  toujours  une  diphthongue  ,  ainiî  que  nous  l'a- 
vons vu  :  les  trois  autres  combinaifons  oua  ,  ouet ,  & 
ouin  ,  rcpréfentent  toujours  une  diphthongue  ,  s'il  n'y  a' 
point  de  tréma  3  mais  leurs  fons  fe  peignent  fouvent 


P  R  O  i^3 

par  des  carafteresdifFércns  de  ceux-ci.  Oa  fe  prononce 
comme  oua  dans  Béioard  ;  oe  fe  prononce  comme  ouet 
dans  Soêre  ,  coéffc  ,  Pohe  ,  &c.  ^  ' 

Il  y  a  cependant  ici  quelque  différence  ,  légère  a  la 
vérité  ,  mais  réelle  quoi  qu'en  difent  bon  nombre  de 
Grammairiens  :  Pocte  &z  les  femblables  ne  font  pas  tant 
fentir  le  fon  de  ou  que  les  mots  jouec ,  roua  ,  &cc.  il 
femble  que  le  fon  de  l'o  y  foit  un  peu  plus  pur.  Ouin  a, 
un  fon  qui  fe  donne  toujours  aux  lettres  om  ,  quoiqu  el- 
les ne  foient  point  précédées  de  Vu  :  ainfi  ,  moins  , 
befoin  ,  foin  ,  &c.  fe  prononcent  comme  s'il  y  avoit 
mouins  ,  befouin ,  fouin  ,  &c.  zr       ^     f  ' 

Le  fon  des  deux  premières  fe  donne  auffi   très  he- 
quemment  aux  deux  lettres  oi  ;  ainfi  ,  foi ,  Roi     loi  y 
moi,  toi  ,  foi  ,  fe  prononcent  comme  s'il  y  avoit  .joucty 
rouet ,  louet ,  moua  ,  r(j:^ef ,  fouet.  Il  en  eft  de  même  de 
quantité  d'autres  mots  où  les  deux  mêmes   lettres  le 
trouvent  de   fuite  &  dans  la  même  fyllabe,  comme  , 
^oids  ,  poix  ,  pois  ,  voix  ,  toit  ,  jejois  ,  tu  Jois  ,  d  Joit  , 
nous ,  foyons  ,  &c.  D^  /^  foie , foyer  Joyeux  ,  employer, 
noyer  ,  Iroyer  ,   Bavarois  ,    Crf'roi j  ,  o//ê^«x  ^   oijif  ,  ;e 
Àoij  ,  &c.  y^  rffoij  ,  &c.  Du  bois  ,  /oz^r/2oij ,  pantois  , 
f oz^rro/j  ,   apparoir  ,  ro/r  ,  /dvoir  ,  auditoire  ,  S.  /rtzn- 
;£?/5  ,  Suédois  ,    cro/r^  ,   croître  ,    c/o/rr^  .  ^ro^r  ,  froid, 
détroit  ,  rtmW/^  ,  matoife  ,    turquoife  ,   Siamois  ,  Hon- 
grois.  Danois ,  &«.   Quelques-uns  même  approchent 
plus  du  fon  de  oua  ,  fur-tout  dans  la  prononciation  fou- 
tenue  ,  &  dans  la  déclamation  :  cela  arrive  en  particu- 
lier aux  noms  terminés  par  oi  fuivi  d'un  s  ,  comme  trois  , 
mois  :  prononcez  prefque  trouas  ,  mouas  ,  &c.  Tous  les 
mots  où  ces  deux  lettres  o ,  i,  font  diphthougue  ,  fe  pro- 
nonçoient  autrefois  comme  ceux  que  nous  venons  de 
citer  :  mais  l'ufagie  de  la  converfation  amollit  infenfi- 
blement  la  Langue  ;  &  par-là  même  en  corrompt  ,  en 
change  les  fons.  De-là  un  nombre  infini  de  mots  en  oi  y 
&    entr'autres  les  imparfaits ,  &  les  conditionnels  des 
verbes  fe  prononcent  comme  fi  au  lieu  de  oi  il  y  avoit 
un  e  ouvert  j  ainfi  au  lieu   d'une  diphthongue  ils  ne 
donnent  plus  qu'un  fon  fîmple  ifavois  J'aurois     f  ai- 
mais ,  j'aimerors  ,  &c.    fe  prononcent   comme  fi  l'on 
écrivoit  Javes  J'aures  J' aimés  ,jaimeres  ,  ace/ 


^H  P  R  O 

II  en  efl  Je  même  des  noms  de  peuples  qui  Te  rctroK - 
vent  le  plus  fouvent  dans  la  conveiTation  j  comme ,  A 
Franfois,  les  Angloh  ^  les  Hollandais  ,  les  Polonais  ^  8c 
de  quantité  d'autres  mots  ,  tels  que  ,  connaître  ,  parois 
tre  3  comparaître  y  monnaie  ^foibU  y  &c.  Il  n'y  a  que  l'ii- 
lage  qui  puiiïe  décider  le  doute  à  l'occafion  de  ces  pro- 
nonciations différentes  des  mêmes  lettres  :  on  ne  peut 
donner  là-deifus  aucune  autre  règle  que  celle  que  nous 
avons  indiquée  pour  les  terminaifbns  des  imparfaits  &: 
des  conditionnels.  Du  refte  les  mots  moïfe  ,  dcfimoîsnc 
peuvent  caufer  de  difficulté;  le  tréma  que  l'on  voit  fur- 
l'i  indique  affez  que  ces  mots  font  de  trois  fyllabes ,  & 
oi  îiy  fait  ni  une  diplithonguc  propre ,  ni  une  impropre  3, 
mais  deux  fons  ëc  deux  fyllabes  klon  le  propre  de  cha- 
cune de  ces  lettres. 

Plusieurs  Auteurs  célèbres ,  à  îa  tète  defquels  fe  trou- 
ve M.  de  Voltaire  ,  ont  changé  l'orthographe  des  noms 
en  oi,  qui  fe  prononcent  en  e  ouvert  j  au  lieu  de  l'o  ils 
çmployent  un  ^,  &  écrivent  y  Français  ,  connaître  ,  &c. 
D'autres  à  l'exemple  de  M.  Duclos  ,  ne  prennent  qu'uft 
e  avec  l'accent  grave  ,  &  écrivent ,  Frances  ,  connetre  , 
&c.  Il  paroît  que  les  premiers  ont  plus  d'imitateurs  ;  les 
féconds  approchent  peut-être  plus  de  la  fimplicité  de  la 
parfaite  orthographe  :  mais  les  uns  &  les  autres  ne 
font  pas  encore  alfez  fuivis  pour  faire  loi.  Au  reftc 
leurs  ouvrages  deviennent  par  ce  cliangement  plus  fa- 
ciles à  prononcer ,  au  moins  pour  les  étrangers. 

M.  l'Abbé  d'Olivet  fait  obferver  que  ce  n'eft  que 
depuis  l'arrivée  de  Catherine  de  Médicis  en  France,  qu». 
nous  donnons  à  cette  diphthongue  0/ ,  le  fon  de  Ye  ou- 
vert. Cet  ufage  pafTa  de  la  Cour  à  la  Ville ,  &  Henri. 
Etienne,  Auteur  contemporain,  nous  apprend  qu'infcnii- 
blement  tout  le  monde  fut  obligé  de  s'y  conformer  , 
fur  peine  d'être  appelle  pédant.  Voici  ce  qu'en  dit  Théo^ 
dore  de  Be^e  ,  dans  fon  Traité  Latin ,  fur  la  bonne  pro- 
nonciation de  la  Langue  Françoife.  ^d  Pluf.eurs  évitant  le 
M  fon  plein  &  étendu  de  cette  diphthongue  ,  fuppriment 
33  ïo  6c  n'ont  retenu  que  la  feule  diphthongue  ai ,  c'cft-, 
«  à- dire  ,  le  fon  de  Ve  ouvert ,  comme  les  ^Normands  , 
=>5  qui  au  lieu  èe  foi  {fides  )  écrivent  &  prononcent /û/  i 
«  &  le  petiç  peuple  4?  Paris  :  parlet  ^  alUt ,  vmtt  ^  ac^ 


P  R  O  2^5 

«  lieu  âc  ;  parîoit ,  alloît ,  venait ,  De  mêiîïè  lés  Italiens 
^5  francirés  prononcent ,  Angles  ,  Frances  par  un  e  ou- 
5»  vert ,  des  noms  Italiens  y  Inglefe ,  Francejè  ;  car  le  gé- 
sî  nie  de  leur  langue  eft  tellement  éloigné  de  cette  diph- 
35  thongue  ,  que  dans  les  mots  toi  ^  moi  ,  &  autres  fem'* 
w  blables  ,  ils  allongent  Va  pour  en  faire  deux  fyllabes  , 
33  &  prononcent  to-i  ,  îno-i  s^. 

Nous  croyons  devoir  faire  remarquer  que  le  Ton  de 
la  diphthongue  oi  n'eft  pas  encore  abfolument  profcric 
dans  le  nom  des  François  ,  puifque  nous  lifons  dans 
J'Art  Poétique  de  Boiieau  ,  qu'un  jour  Apollon  : 

Voulant  pouder  à  bout  tous  les  Rirncurs  François, 
Inventa  du  Sonuct  les  tigourcufes  loix. 

Mais  M.  l'Abbé  d'OIivet  obferve  qu'on  héfîte  ici  an 
mot  François  ;  on  ne  fait  comment  le  prononcer  n'ayant 
pas  encore  vu  la  rime  qui  fuivra,  au  lieu  que  quand  oa 
lit  dans  le  prologue  de  l'Opéra  d'Ifis  : 


Pour  combler  le  bonheur  de  l'Empire  François. 

On  n*iié(ite  plus  ;  la  rime  qui  s'eft  préfentée  au  pre- 
mier vers  avertit  que  François  fera  prononcé  a  pltine 
!    éoucke  ,  comme  dit  V^augelas. 

Il  Le  même  Auteur  (  M.  l'Abbé  à'Olivet  )  après  avoir 
'I  dit  qu'on  permet  aux  Poètes  d'écrire  je  recannais  ,  ail 
i  lieu  de  je  reconnais  ,  quand  il  s'agit  de  le  mettre  en  rime 
I  avec  un  mot  qui  fe  termine  en  ais  ,  fondé  fur  ce  que  i's- 
i  grément  de  la  rime  eft  double  ,  lorfqueile  frappe  en 
;  îticme  tems  &  l'œil  &  l'oreille  ,  demande  fi  hors  de  la 
!  jrime  ,  &  même  en  profe  il  faut  écrire  zls  chantaient  , 
\_  j'aimais  ,  &  ainfi  des  autres  mots  femblables.  Il  décid'e 
j  «qu'il  ne  faut  point  toucher  à  notre  orthographe,  mais  il 
j  ajoute  :  as  plufieurs  de  nos  jeunes  Auteurs  fe  plaifent  dô- 
V»  puis  un  certain  tems  à  écrire ,  ils  chantaient  ,  je  chan-- 
iitais  t  8c  il  n'eft  pas  difficile  d'en  deviner  la  raifon* 
»»  Ainfi  les  Courtifans  d'Alexandre  fe  croyoicnt  parve- 
»i  nus  à  être  des  Héros  ,  iorfqu'a  l'exemple  de  lf«r  Ma% 
••  cre  ,  ils  ^fcr.choient  la  îêtc  d'ua  côté»» 


%G6  P  R  O 

Il  ne  nous  refte  plus  qu'à  parcourir  les  confonnes  ^ 
pour  en  marquer  les  différens  ufages  ;  à  traiter  des  let- 
tres doubles  ,  &  à  marquer  quand  &  combien  les  con- 
fonnes finales  d'un  mot  doivent  articuler  les  voyelles 
initiales  du  mot  fuivant. 

B, 

Le  h  final  ne  fe  prononce  point  dans  plomb  j  a  -plomb  ^ 
furplomb  ,  S^rumb  de  vent ,  que  l'on  prononce  rom  :  par- 
tout ailleurs  il  garde  l'articulation  qui  luieft  propre,  & 
la  fait  fentir  ,  comme  dans  Joab  ,  radoub  ,  Job ,  Jacob  , 
&c.  B  redoublé  ne  fe  prononce  qu'une  fois  ;  comme  , 
Abbé,  lifez  Abé  ;  feulement  alors  la  fyîiabe  qui  précède 
cette  confonne  redoublée  ,  eft  brève, 

P. 

P  ne  fe  prononce  point  à  la  fin  des  mots  ,  drap  ^  ju^ 
lep  j  fept ,  trop  j  gi^^op  ,  loup  ,  Jyrop  ^  camp  ,  champ  , 
prompt  y  corps  y  temps  ;  ni  dans  Sculpteur  y  fculpturc  y 
compter  y  compte  ,  baptême  ,  baptifer  y  Jean-Baptifie  , 
&c.  Quelques  bons  parleurs  prétendent  qu'on  ne  doit 
point  non  plus  le  faire  fentir  dans  pfaume  ,  pfautier  , 
pfalmifle  y  pfaltérion  ,  pfalmodier  :  mais  il  en  eft  beau- 
coup d'autres  qui  veulent  que  le  /^  y  falfe  entendre  foa 
articulation  ,  fi  ce  n'eft  dans  quelques  phrafes  particu- 
lières ,  comme  les  fept  pfeaumes  ,  que  l'on  prononce  , 
les  fetfaumes.  Dans  les  autres  mots  ,  comme  ,  ineptie  , 
inepte  ,  adoption  y  captieux  y  aptitude  y  reptile  ,  &c.  on 
prononce  le  p. 

De  deux  p  de  fuite  ,  on  n'en  prononce  qu'un  ,  &:  la 
fyllabe  précédente  eft  brève  ;  comme  dans  ,  appaifer  , 
oppofer  y  &c.  On  prononce  le  ;?  à  la  fin  du  mot  cap  , 
fur-tout  dans  certaines  phrafes ,  comme  ,  parler  cap  a 
cap  y  &CC, 

F. 

Cette  lettre  n'a  aucune  difHculié  5  on  la  prononce 
par-tout  où  elle  fe  trouve  ;  &  jamais  elle  ne  varie  de 
Ion  :  elle  n'eft  double  que  dans  quelques  noms  étrâii* 


P  R  O  16^7- 

gers  -y  alors  la  prononciation  n  eft  point  difFérente  de  ce 
qu'elle  feroic  s'il  n'y  avoic  qu'un  v. 

F. 

Cette  confoniie  redoublée  ne  fc  fait  entendre  qu'une 
fois. 5  mais  la  Tyllabe précédente  en  devient  brève,  com- 
me, affaiblir  ^  offrir  y  affaire,  &c.  Elle  ne  fe  prononce 
point  à  la  fin  des  mots  ,  cerf ,  ^^'f  t  ^^f  »  boeuf ,  neuf  ^ 
luivis  d'une  confonne  ,  ni  dans  chef-d'œuvre  :  par-tout 
ailleurs /final  doit  être  prononcé ,  même  devant  une 
autre  confonne  ,  comme  ^  veuf  de  fa  première  femme  ; 
eet  homme  efi  né  ferf  de  L' Abbaye  5  il  eft  fîmple  &  naïf  j, 
mais  aciif.  Avant  une  voyelle  ,  /final  fe  prononce  corn-' 
me  V  j  c'eft-à-dire,  que  la  foible  fe  fait  entendre  pour 
la  forte  :  ainfi  lorfqu'il  y  a,  par  exemple,  neuf  ans  , 
veuf  à  trente  ans  ,  iifez  neu-vans  ^  veu-va  trente  ans  , 
&c.  Toutes  les  fois  que  l'on  trouve  ph  ,  on  doit  tou- 
jours prononcer  comme  fî  c'étoit  un/:  exemple  ,^/:i-^ 
lofopher  j  phrafe  ,  prononcez //o/j/èr  ,frafe  ,  &:c. 


D  ne  fe  prononce  pas  à  la  fin  des  mots  François  ; 
même  devant  une  voyelle  :  ainfi  quoiqu'on  écrive  , 
froid  ,  chaud  ,  fond  ,  on  lit  cependant,  //  fait  un  froi 
extrême  5  il  fait  chau  aujourd'hui  3  un  fon  inépuifable  ^ 
&c. 

Si  le  mot  qui  finit  par  d ,  eft  un  adjedif  fuivi  de  fou 
fubftantif ,  &  que  celui-ci  commence  par  une  voyelle  5 
ou  Çi  c'eft  un  verbe  fuivi  de  l'un  de  ces  pronoms  il , 
elle  ,  on  j  alors  le  d  fonne  comme  le  t  :  ainfi ,  grand 
homme  ,  profond  ahîme  ,  entend-il ,  coud- elle  bien  y  ré^ 
pond-on  ainjî  y  fe  lifent ,  gran  thomme  y  profon  tabime  y 
enten-til  ,  cou-telle  bien  ,  répon-ton  ainfi  y  &c,  S'il  eft 
quelques  autres  occafions  oii  le  d  final  fe  prononce 
comme  le  r  ,  l'orei-lle  faite  à  l'ufage  l'apprendra  allez. 

Le  d  fe  prononce  toujours  en  ^  à  la  fin  des  mots 
étrangers  ,  comme  ,  David  ,  Lamed  y  &c.  iifez  Davide, 
Lamede ,  &c. 

Le  d  redoublé  fe  proiionce  deux  fois  dan5  addition  y 


16%  P  R  0 

additionner ,  reddition  :  aillcnrs  il  ne  fe  prononce  qu'une 
fois ,  mais  la  fyilabe  précciknte  eft  brève  dans  l'un  ds 
î'au:re  cas. 

T. 

Le  t  a  deux  Tons  j  le  premier  eîl  celui  qu'on  entend 
dans  Tacite.  li  le  prend  dans  toutes  les  occalions  ,  fi  ce 
ji'efï  quelquefois  devant  un  i  fuivi  d'une  voyelle,  ainfi 
que  nous  l'expliquerons  bienrôt.  Le  r  ne  fe  prononce 
point  à  la  fin  de  la  plupart  des  mots  ,  lorfque  le  fuivant 
commence  par  une  confonne  :  cependant  on  le  fait  tou- 
jours fentir  dans  une  dot  ,  un  fat ,  brut ,  i^énitk  ,  chut  i 
/uth  ,  éckec  &  mat  :  dans  ces  mots  ,  Apt  >  nom  de  ville  ^ 
induit  3  un  :iefi  ,  vent  d'eji  ,  exaSi  ,  ta^  ^  correci  ^  dire£i  ^ 
fufped  j  circonjpe^  ,  les  deux  dernières  confonnes  fé 
font  entendre.  Il  en  eft  de  même  du  mot  Ckrift  ,  quand 
on  le  prononce  feul ,  comme  quand  on  dit  ,  ie  Chrifi  ^ 
un  Chriji.  Mais  fi  l'on  dit,  Jefus-Chrijî ^  alors  on  ne  faic 
fcncir  ni  le  s  ni  le  t.  Dans  les  noms  de  nombre  ,  fipt  ^ 
huit  &c  vingt ,  ie/>  &  le  g  ne  fe  prononcent  jamais^  mais 
le  t  le  fait ,  quand  il  eft  fuivi  d'une  voyelle  ,  ou  quand 
ces  noms  lîniifent  la  plirafe  5  comme,  /7  ejifept  heures  , 
i/s  font  huit  hommes  j  ils  font  vingt  :  lifez  ^  il  eft  fé 
théures  ^  ils  font  huit  hommes  ^  ils  font  vint.  Dans  qua- 
tre-vingt le  t  ne  fonne  jamais  ,  &  même  s'il  fuit  une 
voyelle  il  doit  y  avoir  un  jainii  on  doit^iire ,  par  excni- 
plc  ,  quatrevingts  ans.  Les  deux  iwoisfot  &  mot  fe  pro- 
noncent affez  ordinairement  comme  vingt  :  mais  il  eft 
tien  des  perfonnes  qui  n'y  font  point  fentir  le  t ,  quand 
ils  finillent  la  phrafe. 

Ailleurs  le  t  final  ne  fe  prononce  point,  comme  dans 
la  conjondion  6*  ,  dans  contrat ,  il  vit  ,  Châtclct  ,  par- 
quet ,  caquet  j  moufquet  ,  bruit ,  fruit ,  trot ,  acabit ,  &c. 
Pour  favoir  quels  font  les  mots  dans  lefquels  le  t  final 
iç  joint  à  la  voyelle  initiale  du  mot  fuivant ,  il  faut  con- 
fulrer  l'ufage.  Il  y  a  à  cet  égard  à  peu  près  autant  d'ex- 
ceptions que  de  mots  qui  fuivént  la  rej^Ie.  Cela  dépend 
aufll  de  l'efpece  de  prononciation  :  {i  l'on  ne  prend  que 
le  ton  de  la  convcrfation  ,  il  y  en  a  bien  peu  qui  fe  faC- 
fç>a:  fentir,  excepte  ceux  que  nous  avons  dcfignés.  Si 

l'on 


P  R  O  i^5> 

roîi  Réclame  j  prefque  tous  Ce  prononcent  avec  la  voyelle 
fui  van  te. 

Dans  la  fyllabe  ti  fuivie  d'une  voyelle  ,  le  r  a  quel- 
quefois le  Ton  de  c  ou  j  ;  &  quelquefois  il  garde  le  fon 
dur  qui  lui  eft  propre  :  le  premier  fe  prononce  dans  les 
rencontres  fuivantes. ... 

i^  Dans  le  mot  patient  &  Tes  dérivés  ,  &  dans  les 
adjcaifs  en  tial ,  tiel  ^  tieux  ^  &  les  mots  qui  en  dé- 
rivent 3  comme  ,  initial  ^  nuptial ,  maniai  ,  ejfentiel  , 
pefiiUntid ,  fuhfiantiel  ^  captieux  .factieux  ,  ambitieux\ 
impatienter  ^  partialité  ^  &c. 

1^  Dans  les  noms  terminés  en  len .  quand  ce  font  des 
noms  propres ,  ou  de  pays  ,  comme ,  Domitien ,  Gratien^ 
Vénitien^  &c.  &  dans  quotien  ,  qui  fe  prononce  ,  quo- 
dan  ,  &c. 

5°.  Dans  les  mots  terminés  en  cratie  &  mantie  ,  com- 
me ,  démocratie  ,  ariflocratie  ,  nécromantie  j  &c. 

4".  Dans  les  noms  de  pays  terminés  en  tie ,  comme, 
Galatie  ,  Dalmatie  ,  Croatie  ,  Sarmatie  ,  Béotie  ,  &c. 

^  j^.  Dans  les  mots,  argutie  ,  facétie  ,  impéritie  ,  iner-. 
lie  ,  ineptie  ,  minutie  ,  primatie  ,  prophétie ,  fuprématie  , 
&  peut-être  quelques  autres  dont  i'ufage  eft  rare  ,  com- 
me ,  calvitie ,  Sec. 

6^  Dans  fatiété  &  fes  dérivés  ,  infatiable  ,  &c.  Et 
dans  les  verbes ,  initier ,  balbutier ,  finidois ,  /e  /J^/^w- 
f/f  ,  &c. 

f.  Avant  la  fyllabe  o«  à  la  fin  des  fubftantifs,  &  dans 
les  mots  qui  en  font  dérivés  ;  comme  ,  aBion  ,  defcrip- 
don ,  foufcription  ^  dévotion  ,  perfection  ,  diction  .  action- 
'fier  y  perfectionner ,  nation  ,  nationnal  ^  &:c. 
i  Mais  dans  la  même  fyllabe  d  le  t  fe  prononce  tk  , 
i^  lorfqu'il  ne  fuit  point  une  voyelle  ,  comme  dans 
bâtiment.  z9.  Dans  tous  les  mots  ou  ti  eft  précédé  d'un 
s,  comme,  befiial ,  baftion  ,  kofiie  ,  Sébafiien  ^  quef^ 
tion  3  queftionner ,  miflion  ,  geftion  ,  combujlion  ,  &c.  un 
X  fait  le  même  effets  mixtion.  Sec.  3 ^  Dans  tous  les 
noms  en  dé  ou  der;  comme  ,  amitié ^  pidé  ^  aider  ^ 
chantier ,  Sec.  4°.  Dans  ceux  terminés  en  tie  qui'  ne  font 
pas  compris  dans  les  règles  fupérieures  ;  comme  ,  par^ 
ne  ,  repentie  ,  ortie  ,  la  garantie  ,  la  fortie ,  &c.  &  dans 
le  mot  galimatias.  5".  Dans  les  mots.  Chrétien  fou^ 
Tome  11,  '  S 


270  P  R  O 

tien  ,  maintien  ,  entretien ,  Antienne  ,  Etienne ,  &  autrcf  ■ 
femblables ,  comme  auflî  dans  le  verbe,  y'f  tiens  ^  m 
f/V/zj  ,  &  dans  fes  compofés  ,  je  contiens  ^je  maintiens^ 
jefoutiens  ,  &c.  6°.  Dans  tous  les  temps  du  verbe  cAa- 
fzVr  _,  &  dans  les  temps  des  autres  verbes  en  tions  ,  &en 
tie^  ,  comme  nous  battions  ,  nous  portions  ,  ;zoz/5  met' 
tions  ,  voi^j  battie:j^ ,  vous  portie:^ ,  vo;^^  mettie^  ,  &;c. 


Cette  lettre  a  le  fon  ^«e.  i".  à  la  fin  des  mots ,  quanti 
elle  s'y  prononce  ,  comme  dans  agag^gog.  i°.  Quand! 
elle  précède  une  autre  confonne  ^  graver  ^  glacer:  3^ 
Lorfqu'elle  eft  fuivie  d'un  a  ,  d'un  o  ,  ou  d'un  u  ,  gai  , 
gabion  ,  gober  ,  gouffre  ,  guttural ,  Augujle. 

Quand  elle  précède  un  e  ou  un  i  ,  elle  a  le  fon  dey: 
comme,  ^é/ze , ^^/zri/  ,  gigot  , gingembre.  Comme  dans  les 
verbes  terminés  en  ger  ^  le  g  de  l'infinitif  a  le  fon  doux 
dans  toute  la  conjugaifon  ,  dans  les  temps  dont  la  ter- 
ininaifon  exige  un  a  ou  un  o  ,  on  place  entre  le  ^  & 
cet  a  ou  cet  o  un  e  muet,  qui  dans  la  prononciation 
ne  fe  fait  nullement  fentir  ,  &  ne  produit  d'autre  effet 
que  d'alTurer  au  g  le  Ton  doux  que  Va  ou  Vo  lui  ôte-' 
roit.  Ainfi  /je  mangeais  ,  il  mangea,  fe  prononcent  com- 
me s'il  y  avoit  ,je  manjois  ,  ilmanja.  Cette  remarque 
a  auifi  lieu  pour  les  noms  dérivés  de  ces  verbes ,  oa  de 
quelques  noms  en  ge  ou  gi  ,  comme,  mangeable ,  rou^ 
geatre  ,  qui  viennent  de  manger  8c  rouge.  Il  en  eft  de 
même  encore  de  beaucoup  d'autres  mots,  tels  que, 
pigeon ,  pigeonneau  ,  &c. 

Le  g  final  eft  toujours  muet  dans  étang  ,  rang ,  doigt , 
legs ,  poing,  vingt ,  &  fang-fue.  Dans  les  mots  étran- 
gers ,  il  fonne  comme  gue  :  doeg  ,  aga^  ;  lifez  ,  do'égue  , 
agague.  Dans  le  mot  joug ,  il  fe  prononce  félon  plu- 
fieurs  Auteurs  ,  comme  gue  ,  Jougue -,  d'autres  préten- 
dent qu'il  y  doit  être  muet  il'ufage  varie  &  fe  partage  ià- 
deflus.  Dans  les  autres  mots  François  ,  le  ^  final  eft  pre(- 
que  toujours  muet  j  û  cependant  il  précède  une  voyeJ'c, 
il  fonne  comme  gue  ,  le  fang  humain  ,  Juerfang  &  eau; 
un  long  accès  :  lifez  ,  Janque  humain  ,  Juer  Janque  & 
eau  j  un  lonque  accès  ,  6cc.  De  deux  g  de  fuite  dans  uil 


P  R  O  îyr 

même  mot  ~  on  n'en  prononce  qu'un  ,  excepté  dans 
fuggérer  ^  fuggeflion  ,  qu'on  lit  ,/uguejérer  ,  fuguejeflion. 

Gh  fe  prononce  l'^Ê  :  il  ne  fe  trouve  que  dans  quel- 
ques noms  propres  &  étrangers  ,  comme ,  Berghen. 

Gn  forme  ordinairement  le  fécond  fon  mouillé ,  com- 
me dans  règne ,  gagner.  Il  n'y  a  que  dans  les  mots  ,  gno^ 
me  j  gnomonique  ,  gnojîique  ^  &  fes  compofés  ,  comme  , 
prognofiique  y  agnojlique  y  &  dans  les  mots  Latins ,  que 
ces  deux  lettres  faffent  deux  articulations  ,  gue  ne  :  gue- 
\nome  ,  &c.  la  première  très  brève.  Lorfqu'il  y  a  un  z^ 
entre  le  g  Se  nn  e  ou  un  i  ,  cet  u  ne  fert  ordinairement 
qu'a  donner  le  fon  dur  au  g  :  ainlî ,  vague  y  guérir ,  gui- 
de y  anguille  y  a  ma  guife  y  Sec.  fe  prononcent  comme  s'il 
n'y  avoir  point  d'w,  &  que  le  ^eut  toujours  le  fon  dur 
\^ue  devant  un  e  ou  un  i  ,  comme  il  l'a  devant  un  a  , 
lun  o  &  un  u.  Il  y  a  cependant  quelques  mots ,  comme  le 
Duc  de  Guife ,  éguille  y  aigu ,  aiguë  y  aiguiller ,  aiguillette  , 
\aiguifer  y  ciguë  ,  8cc.  dans  lefquels  Vu  fe  prononce  ,  foie 
qu'il  falTe  diphthongue  avec  la  voyelle  fuivante  ,  com- 
me lorfque  cette  voyelle  cft  un  i  ,  foit  qu'il  forme  une 
fyllabe  différente ,  comme  lorfqii  il  fuit  un  e, 

GN. 

Non-feulement  pour  les  mots  étrangers  ,  &  fur-tout 
pour  les  Latins  on  fait  dures  les  articulations  de  ces  deux 
confonnes  ;  mais  on  doit  encore  prononcer  gue  ne  , 
quand  elles  commencent  le  mot ,  comme  dans  gnide  , 
gnathon  :  il  en  eft  de  même  dans  progné  y  phyfiogno- 
monie  ,  phyjtognomonique  y  Se  Gnefne  y  Capitale  de  la 
Grande  Pologne  :  on  ne  prononce  point  le  g  dans 
Jignet  ;  lifez  ,  finety  dans  encoignure,  on  ne  prononce 
pas  l'i. 

I  Ce  feroit  ici  le  lieu  de  parier  de  Vi  mouillé  ,  le  plus 
I  foible  des  trois  fons  de  cette  efpece  :  mais  nous  l'avons 
fait  en  parlant  de  la  voyelle  i.  Tout  ce  que  nous  ajou- 
terons ,  c'eft  que  cet  i  ou  y  mouillé  fait  une  diphthon- 
gue impropre  avec  la  voyelle  précédente  ,  quand  il  n'y 
a  point  de  tréma  ,  comme  dans  payer  ;  lorfqu'il  y  a  un 
tréma ,  \i  ou  l'y  mouillé  forme  avec  la  voyelle  fui- 
vante une  fyllabe  à  part  ,  comme  dans  Païen. 

Si] 


i7i:  î*  R  Cî 


Cette  lettre  ne  fe  trouve  feule  qu'à  la  fin  JeS  mo; 
cinq ,  &  coq  :  dans  le  dernier  ,  elle  fe  prononce  toujour 
comme  s'il  y  avoir  coque ,  fî  ce  n'en:  dans  coq  d'indc 
que  l'on  doit  lire,  codinde.  Dans  le  mot  cinq  ,  elle  fe  pi( 
nonce  également  lorfque  ce  mot  eft  fuivi  d'une  voyelle 
ou  qu'il  finit  la  phrafe.  Ainfi ,  cinq  hommes  ;  j'en  <. 
cinq  y  fe  lifent ,  cin  qu'hommes  j  j'en  ai  cinque  :  mais 
ce  mot  ell  fuivi  d'une  confonne  ,  le  5  ne  fe  fait  pli 
fentir  :  pour  cinq  louis  ^  prononcez,  cin  louis. 

Par-tout  ailleurs  la  lettre  q  eft  toujours  fuivie  d'un 
^  d'une  autre  voyelle  ,  &  ne  fait  avec  ces  deux  voycl 
les  qui  la  fuivent  qu'une  feule  fyllabe  5  de  manière  qu 
Vu  ne  fe  fait  nullement  fentir.  Ainiî  y  qualité  ^  quinze 
quolibet  y  fe  prononcent  comme  s'il  y  avoir ,  kin-i^e  ,  fefi 
lité  ,  ou  calité^  ou  qalité ,  &c. 

Cependant  il  eft  quelques  mots  ou  Vu  &  la  voyell 
Tuivante  font  une  diplithongue  propre  ;  alors  Vu  fe  fa 
entendre  :  mais  il  le  fait  de  deux  façons  5  la  première  e 
gardant  le  fon  qui  lui  eft  propre  ,  comme  dans  équeflre 
quefleur ,  quefture  ,  équiangle  :,  équidiftant  ^  équilatéral  ' 
équimultifle  ,  quinquennal ,  quinquennium  ,  le  quinquerce  | 
ou  il  faut  lire  ,  écueftre  ,  cucfteur  ,  écuiangle  ^  cuincuen  i 
nal ,  &c  :  le  fécond  fon  de  Vu  après  q  eft  celui  de  ou 
on  le  trouve  dans  équateur ,  aquatique  ,  quadragéjïme 
quadragénaire  ,  quadruple  ,  quadrupède  y  quinquagéfime 
que  l'on  prononce  ,  écouateur  y  acouatique  ,  couadruple 
couadrupede,  cuincouagéjîme y  couadragéjîme  _,  couadragé 
naire  5  en  obfervant  que  oua  ne  formant  qu'une  feul 
fyllabe  ,  il  faut  paffer  rapidement  fur  ou  pour  ne  s'api 
puycr  que  fur  Va. 

On  peur  aulfi  remarquer  que  Vu  après  le  q  ne  çrenci 
le  fon  de  ou  y  que  lorfqu'il  fuit  un  d  ;  &  qu'il  ne  fc  faiil 
entendre  avec  le  fon  qui  lui  eft  propre  que  quand  c'cfl 
un  e  ou  un/' qui  fuit.  Au  refte  il  ne  fe  prononce  pas  par 
tout  où  CCS  voyelles  fuivent .;  il  s'en  manque  bien  j  il  11c 
le  fait  mcme  que  dans  les  exemples  cités.  On  peut  voit 
par  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut ,  qu'il  eft  muet 
^âus  d'autres  noms  où  l'on  retrouve  la  même  combi- 


P  R  O  275 

aifon  de  lettres ,  comme  dans ,  quarré ,  quinie  ,  quc^ 
er  ,  3cc. 

Z. 

Quand  cette  confonne  finit  un  mot ,  elle  ne  produit 
.ucune  articulation  ,  du  moins  devant  une  confonne  i 
nais  11  le  mot  fuivant  commence  par  une  voyelle  ,  le  :(^ 
inal  fe  fait  quelquefois  entendre  ,  félon  le  ton  que  l'on 
!onne  à  la  prononciation  ,  c'eft-à-dire  ,  félon  que  ce 
on  approche  de  la  déclamation  :  car  dans  la  conve.rfa- 
iion  ,  le  :j-  final  eft  toujours,  muet ,  même  devant  une 
'oyelle  .,  ii  ce  n'eft  dans  les  noms  propres  étrangers  ,  où 
'[  fe  prononce  même  devant  une  confonne ,  comme  dans 
yanchei  -»  ^^vare^  ,  Suar^i  ^  Rhodej^  ,  Sene:i^ ,  qui  doi-^ 
ent  fe  lire  ,  Sanchti^e  ,  &c. 

Cette  confonne  ne  figure  que  pour  une  feule  articu- 
ation  qui  eft  par-tout  la  même  :  :(ele  ^  a[ur  ^  kaT^ard  ^ 
•^lard  3.  topaze  y  [odiaque  ,  li^^anie  j  &c. 


Cette  confonne  fe  prononce  fe  au  commencemenc 
les  mots ,  &  lorfqu'elle  précède  ou  qu'elle  fuit  une  au- 
re  confonne  ,  comme  dans  ,  Jolie  ,  fel  j  vafle  ,  verfet. 
■hftenir.  Elle  a  le  même  fon  à  la  fin  des  mots  3  as ,  vis^ 
'is  y  lapis  y  raminagrobis  ,  lys  ,  fleur  ,  laps  ,  relaps  j  &: 
es  noms  étrangers,  comme  ,  Pallas  y  Cérès ^  Bacchus  j> 
^élos  ,  &ç.  On  ne  la  prononce  cependant  point  à  la 
in  des  noms  ,  Thomas  ,  Judas. 

•  Cette  même  confonne  prend  le  fon  du  1  qui  en  eft  la 
bible,  lorfqu'elle  fe  trouve  entre  deox  voyelles  ,  com- 
le  dans  ,  Eglife  ,  mai/on  :  il  en  faut  excepter  ,  mono^ 
\lllahe  ,  parafai ,  Melchifédech  y  où  elle  conferve  le  fon 
e  s  fort  ou  dur.  Dans  Alface  ,  balfamine  ,  &  dans  tous 
:s  mots  où  la  prépofition  trans  eft  fuivie  d'une  voyelle, 
ette  confonne  donne  le  fon  du  ^i  tranfaâion  ,  tranfger, 
ce.  lifez  ,  Alsace  y  transiger.  Si  après  trans ,  il  venoii 
ne  confonne-,  s  devroit  fe  prononcer  dur,  comme  dans 
-a.nfmuter  ,  tranfport ,  &c.  Dans  tranfi  Se  autres  fembla- 
'les  le  s  eft  dur ,  parce  que  ce  mot  n'eft  point  compofé 
.8  la  prépofition  trans.  ^  comme  on  pourioit  d'abord  le 

S  iij 


274  P  R  O 

croire  :  c'efl:  un  mot  fîmple  &  primitif.  Si  le  s  précédi 
d'une  voyelle,  eft  fuivi  d'une  confonne  foible  ,  il  fepro 
nonce  comme  :j;,  tels  font  les  mots  ,  afdrubal  ^  efdras  . 
presbytère  ;  quand  il  y  a  deux  s  de  fuite ,  on  n'en  pro 
nonce^amais  qu'un  5  mais  on  lui  donne  l'articulatioi 
forte  &  dure  ,  comme  dans ,  embrajjer ,  baijfer  ,  poij 
fon  ,  couffin  ,  &c.  C'eft  par  cette  articulation  forte  que  1 
prononciation  de  ces  mots  diffère  de  celle  d'autre  moi 
lemblables  011  le  s  n'eft  point  doublé  5  comme ,  cmbra 
fer  y  bai  fer  y  pofon ,  coufîîty  Sec.  oii  le  s  n'a  que  l'articu 
lation  douce  &:  foible  du  i. 

Le  s  eft  muet  dans  le  mot  efi  du  verbe  être ,  &  noi 
pas  dans  Vefè  y  vent  d'Orient  :  pour  les  mots  legiflre  y  n 
gifirer  y  enrégiflrer ,  enrégifîrement ,  il  doit  s'y  prononcer 
quoique  Richelet  &  quelques  autres  Savans  aient  voul 
même  qu'on  l'omît  dans  l'orthographe.  Dans  puijque  \ 
s  Ce  fait  toujours  entendre  ,  puis  donc  que  ^  liiez  ^  puifj 
donc  que.  Dans  lors  il  varie  :  on  le  prononce  quand  il 
a  lorfque  :  mais  ailleurs  ,  comme  dans  alors  y  lors  mcn. 
que^  3cc.  il  eft  ordinairement  muet  :  par- tout  ailleurs  il  i 
prononce  toujours  dans  le  corps  des  mots. 

Nous  n'en  exceptons  que  ceux  qui  n'ont  le  s  que  fui 
vant  l'ancienne  orthographe  ,  comme  ,  intêrefl  ,prefier 
gifie  i  Sec.  Cette  confonne  eft  muette  à  la  fin  de  piefqi 
tous  les  mots  ,  n'y  ayant  d  exceptions  que  pour  ceux  qu 
nous  avons  marqués  plus  haut  j  mais  elle  fert  à  rendi 
longue  les  fyllabes  finales  qu'elle  termine  5  comme 
trépas  j  tamis  y  progrès  ,  j'avois  ,  tu  iras  ,  bontés  ,  de 
faits  ,  des  fanges  y  &c. 

S{  ces  mots  font  fuivis  d'une  voyelle,  la  lettre  s  pren 
le  fon  de  :j' ,  &  va  fe  joindre  à  cette  voyelle  initiale  d 
mot  fuivant  5  comme  ,  vous  ave^  de  grandes  avances 
lifcz  y  vou  :iave:^  de  grande  ^avances.  Cependant  dans  1 
limple  converfation  on  néglige  fouvcnr ,  &  l'on  do 
même  négliger  de  porter  ainfi  l'articulation  du  j  fini 
fur  la  voyelle  initiale  qui  fuit ,  quand  les  deux  mot 
ne  font  pas  intimement  liés  enfemble  par  le  fens^  coram 
l'eft  un  adjeâiif  avec  fon  fubftantif ,  un  pronora  per 
fonnel  avec  fon  verbe  ,  &c.  Il  commence  mille  affaires 
&  n  en  finir  point  y  lifcz  ,  affaire.  .  . 

Se  devant  un  ûjimo,  ou  un  «,  fe  prononcent  fcque 


P  R  O  275 

comme  dans ,  fcapulaire  yfcorbut  ^  il  en  eft  ào.  même  de- 
vant une  confonne  ,  fcribe  ^  Jcrupule  ^  Sec.  Mais  devant 
un  e  ou  un  i  ,  ces  deux  lettres  n'ont  que  le  Ton  du  fîni- 
ple  s  comme  dans  fcience  ,  fceau ,  confcience  ,  &c.  Il  en 
eft  de  même  de  ces  mêmes  lettres  ^f  cédillées  devant 
toute  autre  voyelle ,  comme  dans  fcavoir ,  que  Ton  doit 
écrire  y^zvozr, 

Sch  ont  le  même  Ton  que  ck  :  exemples,  ycAi/me, 
fchifmatique  ;  prononcez  ,  chifme  ,  &c.  Mais  dans  les 
mots  ,fckolûftique  ,  fcholiajles  ,  fcholie  j  on  les  pronon- 
cent y^^^^  j  &  même  quelques-uns  écrivent ,  fcolie,  &c, 

7, 

Cette  confonne  n'a  aucmie  difficulté  pour  fa  pronon- 
ciation ,  non  plus  que  pour  fon  orthographe.  Elle  fe 
•  prononce  par  tout  où  elle  fe  trouve  ;  &  toujours  elle  2 
la  même  articulation.  Je  jeûne  ,j'ai,  dîs-je  ,jus  j  &c  5 
c'eft  la  foible  de  l'articulation  françoife^^. 

CH. 

Ces  deux  lettres  forment  une  articulation  particulière 
à  notre  Langue   :  c'eft  celle  que  l'on  entend  dans  les 
mots  ,  chiche  ,  chaland  ,  chaînon  ^  chenevis ,  chétif  ^  cki- 
.  rur^ie  ,   chopine  ,  chuchoter  ,   acrofliche  ,   ôcc.  il  n'y  a 
'  d'exceptions  que  les  fuivantes.   i'.  Ces  deux  lettres  ck 
i  n'ont  que  le  fon  du  k  avant  ces  trois  confonnes  ,  /, 
/■,  &  /z ,  comme  dans,  Chloris  ^  Chlamide  ,  Arachné  ,  le 
\faint  Chrême ,  les  Chrétiens  ^  Scc^  z**.  Dans  les  noms  pro- 
j  près  d  hommes  ,  de  pays,  de  villes,  &  de  £euves, 
quand  ils  viennent  des  Langues  Grecque  ,  Latine  &  Ita- 
lienne j  comme  dans  ,  Achéloils  ,  Archétype  y  Cherfone^ 
I  fi  ,  Echo  y  Euchariftie  y  Ichneumon  ,  animal  d'Egypte 
ennemi  du  Crocodile  ,  ichnographU ,  delTein  d'édifice  , 
orcheftre  y  fiomachal  y  &c. 

Remarquez  que  de  tous  lesnratsqui  commencent  par 
archi  ,  il  n'y  a  que  le  feul  archiépifcopal ,  ou  ch  (bit 
dur  &  fec  3  ailleurs  il  eft  gras ,  &  fe  prononce  à  la  Fran- 
çoife  comme  dans  Archidiacre  y  Sic.  Aux  exemples  étran- 
gers dans  kfquels  ch  eft  dur,  joignez-en  une  foule  d'au- 

Siv 


•17^  P  R  O 

très  ;  comme,  Ckirographaire  ^  Chiromancie  ^  Chiler^ 
hafjt  ,  Officier  du  Grand  Seigneur  ,  Chiromancien  ,  Cha- 
naan  y  la  Chaldèe. ,  Zacharie  ,  Chufaï  y  Michel- Ange  , 
Chiêîi  y  8>cc  ;  cependant ,  Chérubin  ,  E^échias  ,  E^échiel, 
Joachim  y  Michel  ,  Zachée  ,  Monarchie  y  Hiérarchie , 
Stomachique  ^  &  prefque  tous  les  noms  propres  Hébreux 
qui  ont  ché  &  chi  ,  fc  prononcent  comme  les  mots^ 
françois.  Achéron  varie  ;  à  la  Comédie  on  le  prononce 
à  la  françoife  5  à  l'Opéra  on  le  prononce  comme  les 
Grecs  :  la  première  prononciation  a  prévalu  dans  la  fo- 
ciété. 

M, 

Nous  avons  peu  de  chofcs  à  dire  fur  cette  confonne 
^  la  fuivante  ,  après  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut 
des  fons  nazals.  Au  commencement  des  mots  le  double 
m  précédé  de  la  voyelle  i ,  Tonne  deux  fois ,  comme 
dans  ,  immédiat  y  immoler  ,  immortel  y  immenfe  ;  lifez  , 
îmemédiat ,  Ye  muet  extrêmement  bref.  Dans  les  autres 
occafions  ,  quand  il  fe  trouve  deux  m  de  fuite  ,  le  pre- 
mier fe  prononce  en  nazal  :  il  faut  en  excepter  damner 
&  fes  compofés  ou  dérivés ,  avec  les  mots ,  folemnel , 
folemnité  ,  folemnifer  y  qui  fe  prononcent  dâner ,  condâ- 
ner  ,  folanel  ;  exceptez  aulîi ,  ammoniac  ,  am.monite  y  ou 
les  deux  m  fe  prononcent. 

AU  fin  des  mots  ,  m  eft  nazal  ;  il  en  faut  excepter 
ceux  où  il  eft:  précédé  d'un  e  :  alors  il  garde  le  fon  qui 
lui  eft:  propre  :  par  exemple,  Jcrufalem  y  item  ^  fe  pro- 
noacent,  ]érufalemt^  itcme.  Il  en  eft:  de  même  de  m  dans 
les  mots  fuivants,  Septemvir  ^  Décemvir  ^  Novemvir  ^ 
&  hem  y  excla,mation„ 

N. 

Cette  confonne  ne  change  jamais  fon  articulation  ,fî 
ce  n'eft:  pour  devenir  nazale  ,  comme  nous  l'avons  ex- 
pliqué ci-deffus  :  ailleurs  elle  fç  prononce  toujours  de 
même  ;  comme  dans  ,  cabane  ,  narines  ,  trône  ^  fortune  , 
&c.  Quand  elle  eft:  redoublée  ,  elle  ne  donne  jamais  à  la 
voyelle  précédente  le  fon  nazal ,  iî  ce  n'eft:  dans  ennui  , 
5v  fcs  dciivcs  3  ennuyeux  ^ennuyer  i  &c.  ;  ainii  deux/z  ne 


P  R  O  *        277 

fervent  qu'à  rendre  la  fyllabc  préce'dentc  brève  :  an- 
neau y  ennemi ,  aie.  fe  prononcent  aneau  ,  enemi.  Dans 
CCS  mots  ,  annales ,  annexes  ,  annexer  ,  annotation  ,  d/z- 
nuel ,  annulaire  ,  annuller ,  i/i/ze  ,  innover  ,  les  deux  /z  fc 
prononcent  :  on  lit  ,  anenales  ,  Sec. 

Le  «  final  ne  fe  joint  point  à  la  voyelle  initiale  du 
mot  fuivant,  fi  ce  n'eft.  1°.  quand  il  eft  dans  un  adjec- 
tif immédiatement  fuivi  de  fon  fubftantif,  comme  , 
mon  ame  ,  fon  ami ,  bon  Auteur ,  ancien  ouvrage  ,  divin 
amour  ,  que  l'on  prononce  ,  mon-name  ,  divi-namour.  Il 
n'y  a  que  ceux  en  in  qui ,  dans  cette  rencontre  ,  perdent 
le  fon  nazal  :  z*".  Quand  ces  mots  ,  bien  ,  rien  ,  on  Se  en, 
font  fuivis  d'un  mot  avec  lequel  ils  ont  une  liaifon  inti- 
iJie ,  comme  ,  bien  aifé^  rien  autre  chofe  ,  on  aime  ,  en. 
E (pagne  :  lifez  ,  bien  naifé  ,  rien  nautre  ,  on  naime  ,  en 
nejpagne ,  Sec.  3«'.  Dans  amen,  hymen  ,  le  béarn  ,  le 
!-irn  ,  Se  quelques  autres  qui  doivent  fe  lire ,  amenne  , 
hymenne  ,  le  béarnc  j  le  tarne  ,  &c, 

R. 

Cette  confonne  eft  muette  à  la  fin  de  tous  les  mots  eu 
tr ,  lorfque  cet  e  eft  fermé  :  tels  font  tous  les  infinitifs 
en  er-.  aimer  ^  Sec,  Se  tous  les  noms  en  er  qui  ont  plu- 
(îeurs  fyllabes  :  il  n'en  faut  excepter  que  les  monofylla- 
bes  ,  comme  ,  cher  ,  fer  ;  Se  amer ,  enfer ,  lucifer ,  can- 
cer ,  léger  Se  autres  où  Ve  eft  ouvert.  Si  r  final  eft  précé- 
dé de  eu  ,  ou  de  ai ,  de  ow  ^  de  i^  ,  de  ^  ,  enfin  de  toute 
autre  voyelle  que  Ve  Se  l'i  j  il  fe  prononce  toujours  , 
comme  dans  ,  car ,  mur,  leur ,  grandeur ,  jour  ,  pour  ,  efi 
ppir^  voir^  Sec.  il  eft  ordinairement  muet  à  la  fin  de  mon- 
Jieur  y  mejfteurs  ,  loifir  ^  plaifîr  ,  le  repentir  ,  &  des  infi- 
nitifs en  ir  employés  comme  fubftantifs  ;  car  s'ils  fervent 
comme  infinitifs  ,  le  r  s'y  prononce ,  aulfi  bien  que  dans, 
\éphir  ,  nadir  ,  faphir ,  fakir ,  foupir ,  martyr ,  cuir ,  éli- 
xir,  défi  r.  Se  Vifir, 

De  deux  r  de  fuite  dans  un  mot ,  on  n'en  prononce 
qu'un  i  comme  dans  ,  barré ,  qu'on  lit ,  baré  :  leulement 
ces  deux  r  rendent  la  voyelle  précédente  plus  longue  5  Se 
il  c'eft  un  e  ,  il  eft  plus  ouvert ,  comme  dans  ,  guerre  , 
tonnerre.  Il  y  a  peu  d'exceptions.  Les  deux  r  fc  pronoH- 


%7^  P  R  O 

^ent  dans  ,  errata  ,  errer  ,  errant  ;  dans  la  plupart  cîes 
mots  c]ui  commencent  par/r,  comme  irrégulier ,  enfin 
<Ians  les  futurs  &  conditionnels  des  verbes  mourir  ,  cou^ 
rir  Se  Tes  coinpofés  ,  Se  les  compofés  de  quérir  ;  ye  mawr- 
rcij  ,je  courrai  ,  j'accourrai  ,  j' acquerrais  ,  &c. 

i?^  n'ont  point  d'autre  articulation  que  celle  du  r  fim- 
ple  :  rhéteur  fc  lit  comme  s'il  y  avoit ,  réteur  ^  Ôcc. 

L, 

Ordinairement ,  lorfqu'il  n'y  a  qu'un  /après  un  ^,  & 
<que  ce  /eft  fuivi  d'une  autre  voyelle  dans  le  même  mot, 
Ve  qui  eft  devant ,  eft  un  e  muet  :  il  n'en  faut  excepter 
que ,  modèle  ,  fiJele  ^  poêle  ,  pêle-mêle  ,  frêle  ,  :^ele  , 
grêle ,  mêle  ,  démêll  ,  &  quelques  autres  verbes  ou  noms 
dans  lefquels  cet  e  qui  précède  /  eft  long  &  très  ou- 
vert, &  un  petit  nombre  d'autres  mots.  Si  après  cet  e,  il 
y  a  deux  /  ,  alors  Ve  devient  ouvert  ^  comme  ,  coupelle  , 
libelle  ,  nouvelle  ;  il  n'y  a  que  quelques  mots  ,  tels  que 
appeUer ^  qui  s'écrivent  quelquefois  par  deux/,  quoi- 
que Ve  qui  précède  Toit  muet ,  dans  toutes  les  occafions 
ou  ces  mots  n'ont  pas  un  e  muet  après  /,  comme,  nous 
appelions ,  vous  appelle:^  ,  jf  appellois  ,  &c.  La  pliiparc 
des  Auteurs  ,  &  même  l'Académie,  écrivent  aujourd'hui 
par  un  fcul  /  ces  mots ,  quand  Ve  qui  précède  /eft  muet. 

Deux  /  au  commencement  d'un  mot ,  &  précédés  d'un 
i  fe  prononcent  tous  les  deux,  comme  dans,  illégal^ 
illicite  ,  illufion  ,  &c.  On  prononce  auflî  les  deux  /  dans 
aUuJjon  ,  appellatif  ^  belliqueux  ,  collation  d'un  bénéfice, 
collufon  ,  conflellation ,  Eglife  Gallicane  ^  malléable  ^  mal- 
léabilité ,  fallace  ,  malléole  ,  métallique  ,  métallurgique  , 
nullité. 

Mais  lorfque  devant  les  deux  /  il  y  a  un  f  ou  un  o , 
on  ne  prononce  qu'un  /,  quoiqu'il  foit  plus  fort  que 
s'il  n'y  en  avoit  qu'un  ,  que  la  prononciation  en  foie 
plus  exprefîlve  ,  &  qu'elle  ait  quelque  chofe  de  plus  ra- 
pide ,  de  plus  dur  ,  de  plus  icc  ,  &  de  plus  pénible  à 
l'organe.  Mais  ces  différentes  prononciations  ont  tant  de 
nuances  &  de  dégrés  ,  qu'il  n'cft  pas  pollîble  d'en  faire 
connoîtrc  le  véritable  ufage  &  le  point  ^\Q  y  que  par 
l'ufage  même. 


P  R.  O  27^ 

1/ final  ne  Tonne  point  dans  ces  mots  fuivants  -.baril  9 
chenil  ,  chartil  ,  coutil  ,  dou-^il  ,  fénil ,  fournil  ,  /î^- 
y7/,  oz/r/7,  un  gril  ^  nombril  ^  V^^fi^  ■>  fourcil  ;  il  ne  Ton- 
ne jamais  dans  le  pronom  perfonnel  ils  ^  ni  dans //j". 
Par-tout  ailleurs  on  le  prononce.  Nous  ne  parlons  pas  . 
des  mots  ,  col ^  fol ,  mol ^  qu'on  écrit  aujourd'hui ,  cou, 
fou  ,  mou ,  &  qu'on  ne  prononce  pas  autrement ,  fi  ce 
n'eft  qu'on  dit  encore /o/  quand  il  fuit  une  voyelle  ,  un 
fol  amour.  Ces  deux  motsfulli  ,  nulli  ,  veulent  que  leurs 
/  Te  prononcent  en  lettres  mouillées.  H  fait  le  même 
clîet  dans  Milhaud  ^  P ardalhac  ^  Aurilhac  ^  Marfilhar^ 
gués ,  &  Filkon, 

L  mouillé. 

La  prononciation  du  /  devient  fouvent  gralTe  & 
mouillée,  telle  qu'elle  eft  dans  travailler  .^  bouteille  ^  Sec, 
On  doit  lui  donner  cette  prononciation  toutes  les  fois 
qu'étant  précédé  d'un  i  ,  il  eft  double  &  ne  forme  point 
la  première  fyllabe  du  mot  :  ainfî ,  illufire  ,  illuminé ,  8c 
fcmblables  n'ont  point  /mouillé  :  mais  fille  ,  famille  , 
paillajfe  ,  feuille  ,  treille  ,  rouille  ,  bille  ,  pillage  ,  &  fem- 
blables  doivent  avoir  le  Ton  mouillé  ;  il  n'en  faut  ex- 
cepter que  Gilles  ^  mille  nom  de  nombre  ,  &  ville. 

Il  faut  remarquer  que  cet  i  qui  précède  /  mouillé  , 
ne  fe  prononce  point ,  quand  il  eft  immédiatement  pré- 
cédé d'une  autre  voyelle  ,  comme  dans  ,  ailleurs ,  brouil- 
lon ,  œillet.  L  final  eft  aufTi  mouillé  quand  il  eft  pré- 
cédé d'un  z,  comme  dans,  péril,  vermeil,  ail,  œil: 
mais  ce  Ton  mouillé  eft  un  peu  plus  foible  dans  ces  oc- 
cafions  où  /  eft  fimple  ,  que  dans  les  mots  où  il  eft  dou- 
ble. De  ceux  qui  fînilTent  par  il ,  mil ,  nom  de  nombre  ; 
&c.  A'/7  &  vil  ne  mouillent  point.  On  peut  donner  pour 
règle  générale  que  dans  les  mots  terminés  ta  ail ,  eil  ^ 
euil ,  &  ueil ,  /  final  eft  toujours  mouillé. 

H. 

H  n'a  le  plus  fouvent  aucune  forte  de  prononcia- 
tion :  il  eft  entièrement  muet ,  fi  ce  n'eft  lorfqu'il  m.ar- 
que  une  forte  afpiration  ,  ce  qui  arrive  dans  environ 
cent  vingt-quatre  ou  vingt-cinq  mots  :  voyez-en  la  lifte 


îSo  P  R  O 

au  mot  Aspiration.  On  donne  pour  règle  à  cet  égard  ^ 
que  les  mots  qui  viennent  du  latin ,  &  qui  ont  h  par 
étymologie  ,  ne  l'afpirent  point  \  tandis  que  cette  con- 
fonne  doit  être  afpirée  dans  les  autres  mots  :  mais  cette 
règle  a  bien  des  exceptions  ,  harpie  ,  par  exemple  ,  hcn-' 
nir  ,  hennijftmtnt ,  hergne  ,  héros  ,  viennent  du  latin  ,  & 
font  afpirés  ;  huile ,  huis  j  huitre  ne  le  font  pas  ,  quoi- 
que cène  foit point  l'érj^mologie  qui  leur  ait',donné  cette 
lettre.  D'ailleurs  il  doit  paroîtrefingulier  qu'il  faille  étQ~ 
dier  à  fond  une  langue  morte  pour  favoir  comment  il 
faut  prononcer  un  mot  de  la  nôtre.  Le  plus  court  donc 
Si  le  mieux  eft  de  donner  la  lifte  des  mots  qui  fe  doi- 
vent afpirer.  On  verra  au  mot  Aspiration  quelles  font 
les  variations  des  mots  Hollande  j  Hongrie  ,  &c. 

Nous  avons  vu  en  parlant  des  lettres  p  de  t  cg  que 
produit  h  quand  il  y  eft  joint  :  il  donne  à  la  première 
l'articulation  de/,  &  ne  fait  que  rendre  le  fon  du  r  un 
peu  plus  fort.  Mais  quand  h  eft  après  c,  il  en  réfulte 
une  articulation  particulière  &  propre  à  notre  langue  , 
dont  il  eft  parlé  à  la  lettre  c.  Enfin  h  après  /  donne  à 
cette  dernière  confonne  le  fon  mouillé  dans  quelques 
mots  qu'on  peut  voir  ci-defTus  à  la  lettre/. 

Nous  avons  quelques  confonnes  dont  nous  n'avons 
point  encore  marqué  la  prononciation  ,  parcequ'elles 
n'eu  ont  point  qui  leur  foit  propre  :  elles  ne  font  que 
partager  les  fondions  de  quelques  autres  lettres  j  ce  font 
pour  ainfx  dire  ,  des  fubftituts  qui  fervent  à  diftinguer 
a  l'ix-il  des  mots  qui  ne  différent  point  quant  au  fon  : 
fouvcnt  auffi  elles  ne  font  que  des  {ignés  étymologi-. 
ques  ;  &  même  il  eft  bien  des  occafions  où  elles  n'ont 
d'autres  titres  de  paroître  que  celui  d'y  avoir  été  placées 
par  nos  ancêtres,  &.  confervées  par  l'ufage.  Ces  lettres 
fe  réduifent  à  trois ,  c  ,  k  ^  8c  x  :  nous  allons  ici  déve- 
lopper ce  qui  regarde  leur  prononciation^ 

C  a  le  fon  de  k  ou  qu  à  la  fin  des  mots  ,  larfqu'il  s'y 
prononce  ,  comme ,  lac  ,froc  y  bafilic  ;  hfcz ,  laque,  &c. 
i"^.  Lorfqu'il  fuit  une  autre  confonne  ,  comme  dans  , 
clair ,  crédule  j  &c.  5".  Devant  a  ^o  diu,  lorfque  ce  c 


P  R  O  iSi 

î\*â  point  une  cédille  fous  lui  ;  exemple  ^  calice ,  caijfon  , 
couleur  ^  coffrer^  cave  y  &c.  il  faut  ici  excepter  ,  Claude  y 
fécond  ,  cicogne  ,  éclogue  ,  &  quelques  autres  ,  ou  le  c 
avant  Va  &  Vo  prend  l'articulation  du  |^ ,  &  fe  prononce 
comme  s'il  y  avoit ,  Glaude  ^  fegond  ^Jegonder ,  cigogne  , 
églogue  j  8cc. 

Lorfque  le  c  eft  devant  un  e  ou  un  / ,  ou  devant  un 
c  ,  un  o  ,  ou  un  u  avec  une  cédille  ,  alors  il  a  le  fon  de 
s  j  comme  ,  ceci  ,  cécile  :  or  fa  ,  maçon  y  il  commençoit  , 
il  apperfutyd>cc.  S'il  eft  redoublé  devant  d ,  o  ,  zz  ,  il  ne  fc 
prononce  qu'une  fois ,  &  la  fyllabe  précédente  efl:  brè- 
ve ,  comme  dans  ',  accufer ,  accabler ,  accorder  _,  accom^ 
plir ,  &c  :  cependant  on  fait  fentir  ce  double  c  dans  Bac* 
chus.  Si  c'elt  devant  un  e  ou  un  /  qu'il  eft  redoublé  , 
le  premier  c  fe  prononce  comme  /?  ^  &  le  fécond  comme 
s  ;  ainfl ,  accès ^  accident ,  fe  lifent  comme  ak-ces  ,  ak^ 
cident.  Le  c  eft  muet ,  c'eft-à-dire  ,  ne  fe  prononce  point 
à  la  fin  des  mots  ,  cotignac  ,  eftomac  ,  clerc  ,  broc  ,  porc  , 
croc  y  accroc  y  marc  d'argent ,  refpeci  yfufpeci  ,  &  de  tous 
ceux  où  il  eft  précédé  d'une  nazale  :,  comme  y  banc  , 
jianc  y  jonc  y  tronc  ,  il  convainc  ,  &c.  Dans  ce  dernier 
cas  ,  on  ne  fait  pas  même  fentir  cette  confonne  fur  la 
voyelle  initiale  du  mot  fuivant ,  fi  ce  n'eft  dans  quel- 
ques occafions  allez  rares  ,  où  on  lui  donne  le  fon  du  ^, 
comme  dans  ,  porc-épi  ,  du  blanc  au  noir  ,  un  franc 
étourdi  y  qu'on  prononce  por-quépi  _,  &c.  Pour  le  mot 
donc  ,  on  y  prononce  le  c  quand  il  fuit  une  voyelle  , 
ou  que  ce  mot  commence  la  phrafe. 

K. 

Cette  lettre  a  toujours  le  fon  de  qu  :  elle  n'eft  d'ufagc 
que  dans  desomots  étrangers  y  ou  qui  en  font  dérivés  , 
comme  ,  kirie  y  kaminiek  y  kyrielle  y  &  quantité  de  noms 
propres  Bretons.  Elle  n'eft  jamais  muette. 


Cette  confonne  équivaut  prefque  toujours  à  deux  au- 
tres confonnes  :  elle  fe  prononce  gueie  dans  tous  les 
mots  qui  commencent  par  ex  fuivi  d'une  voyelle  ,  com- 
me, examen^  exercer ^  exil  ^  exorde.  Dans  les  autres  oc- 


i8î  P  R  O 

cafîons  j  A?  au  commencement  des  mots  fe  prononce 
pour  l'ordinaire  ,  es  ou  que  fe  ,  comme  dans  Xavier^ 
Xénopkon  ,  Ximenes  :  il  en  eft  de  même  lorfque  cette 
lettre  eft  au  milieu  des  mots  ,  comme  dans  ,  axiome  , 
Alexandre  ^  expert  ,fexe  j  fixer  ,  que  l'on  prononce  Cfa- 
vier,  ou  Quepavier  ^  Alecjandre  ^  ficfer  :,  Sec.  Quand  la 
fyllabe  ex  eft  fuivie  de  ce  ou  ci  ,  x  prend  le  fon  de  qu  , 
comme  5  exceller  ^exciter  ^  ïïCcz  ^  équeceller  ^  ou  ec- ceU 
1er  ^  éc- citer ,  ou  ékciter. 

Dans  les  motsy^A:  Se  fixante  ^  x  Te  prononce  comme 
s  dur.  Il  a  le  fon  de  :j^  dans  deuxième ,  dix  ,  dixième  , 
dixaine  ^Jixain  ^Jixieme.  Dans  Xaintes  &  Xaintonges  , 
Bruxelles  ,  Auxerre  ,  &  Auxonne  ,  on  prononce  :v  com- 
me j  dur.  Dans  Luxeuil,  plufieurs  Auteurs  prétendent  que 
l'on  doit  lire  ,  Luffeuil  :  m.ais  li  les  noms  de  lieux  dépen- 
dent quant  à  leur  prononciation  de  Tufagc  général  des 
habitants  du  pays  &  des  provinces  voifines ,  on  deVia 
lire  Luc/eu.  Aix  &c   Cadix  ^  fe  ^zononcQnt  Aijfe  Se  Ca^ 

Quand  à  la  prononciation  du  x  final  ,  il  y  a  encore 
des  variations  :  on  prend  celle  du  es  à  la  fin  des  mots 
terminés  en  ax  ,  ex  y  ix  ^  ox  ^  ux ,  &  inx  ,  comme  dans 
borax  ^  koax ,  halif^ix  ,  index ,  préfix^  palafox^  Pollux  , 
fphinx  ,  que  l'on  doit  lire  ,  boracfe ,  Jpkineje ,  halifacfe  , 
&c.  On  voit  partout  le  refte  de  cet  article  ceux  qui  font 
exceptés  de  cette  règle.  Dans  prix  ,  crucifix  ,  flux  &  re- 
flux ,  X  efi  muet  aulli  bien  qu'à  la  fin  des  mots  terminés 
en  aix  ,  aux ,  eux ,  oix  &  aux  ,  comme  ,  la  paix  ,  les 
maux  ,  des  jeux  ,  des  noix  ,  du  houx.  Il  l'eft  aufli  après 
Jix  &  dix  fuivis  d'un  mot  qui  commence  par  une  con- 
fonne  ,  &  auquel  ils  fe  rapportent ,  comme  ,  flx  tables  , 
dix  louis, 

X  final  &  muet  prend  le  fon  du  :j;  devant  une  voyelle 
dans  les  circonftancesfuivantcs  -,  i*'.  Dans  l'article  aux  , 
aux  hommes  ,  lifez  ,  au  :^  homme  s  :  i^.  Dans  le  moT  paix 
fuivi  de  fon  adjccftif ,  paix  honorable  :  5^'.  Dans  les  fub- 
ftantifs  qui  n'ont  point  x  au  fingulier,&  qui  font  fuivis 
de  leur  adjcélif,  cheveux  tpars  :  ^\  Dans  les  adjcétifs 
fuivis  de  leurs  fiibftantifs  ,  faux  accord,  affreux  exem- 
ple, j".  Dans  les  verbes  ,  je  veux  ^  je  peux  ,  lorfqu'on 
die  yj'cn  veux  une  ,je  veux  en  avoir ,  je  veux  y  aller ,  je 


P  R  O  iS^^ 

ne  peux  en  avoir ,  tu  peux  y  prétendre.  Hors  <îc  là  ,  il 
faut  confulter  Toreille  &  l'ufage.  6°,  Enfin  après  les 
mois  Jix  &  dix  fuivis  des  noms  ou  pronoms  auxquels 
ils  ont  rapport ,  fix  amis ,  dix  écus  ,  fix  autres. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  jufqu'ici ,  regarde  prin- 
cipalement la  prononciation  ordinaire  &  commune ,  telle 
qu'elle  règne  dans  la  converfation  des  perfonnes  inf- 
truites.  Il  eft  une  autre  prononciation  plus  marquée, 
plus  forte  ,  plus  foutenue  ,  plus  exprellive ,  que  l'on 
fuit  dans  la  led:ure  des  vers  ,  dans  les  difcours  pro- 
noncés en  chaire  ,  au  barreau  5  en  un  mot  dans  touc 
ce  qui  exige  plus  de  noblelTe  &  de  gravité  dans  le  débit. 
Celle-ci  tient  à  la  déclamation  comme  à  une  compagne 
in  réparable  ;  mais  elle  en  diffère  totalement  au  fond. 
Elle  confifte  fur-tout  à  appuyer  davantage  fur  les  fylla- 
bes  des  mots  ^  &  à  faire  fentir  les  lettres  finales  ,  quand 
le  mot  fuivant  commence  par  une  voyelle  ou  un  h  lioa 
afpiré.  Ce  dernier  point  elt  fur-tout  eifentiel  dans  les 
vers  par  rapport  au  5  ou  :f  qui  fe  trouve  à  la  fin  des  plu- 
riels ,  &  au  r  qui  termine  les  troifiemes  perfonnes  muet- 
tes du  pluriel  dans  les  verbes  :  car  fi  l'on  ne  prononçoit 
:  pas  ces  confonnes  finales  devant  une  voyelle ,  fouvent 
le  vers  manqueroit  d'une  fyllabe ,  &  par  conféquent  per- 
droit  toute  la  cadence  &  fon  harmonie  :  dans  ces  deux 
vers  ,  par  exemple  , 

O  que  d'écrits  obfcurs  ^de  livres  ignorés , 
Furent  en  ce  grand  jour  de  la  poudre  tirés  ? 

Si  l'on  ne  prononçoit  pas  le  s  qui  eft  à  la  fin  de  livres  , 
&  le  f  qui  ztvmmç:  furent ,  &  que  l'on  dît  comme  dans  la 
converfation  de  livre  ignorés  ,  fure  en  ce  grand  jour  ^  les 
vers  n'y  feroient  plus. 

Mais  fi  le  j  qui  marque  le  pluriel  des  noms,  &:  le  f  qui 
termine  les  verbes  ,  doivent  ainfi  fe  porter  fur  la  voyel- 
le initiale  du  mot  fuivant  dans  la  prononciation  fou- 
tenue  ,  il  n'en  eft  pas  de  même  de  toutes  les  autres  con- 
fonnes :  il  y  a  à  cet  égard  pîufieurs  obfervations  nécef- 
faires.  Le  n  final  ne  fe  prononce  pas  plus  dans  la  haute 
prononciation  que  dans  la  commune  :  on  ne  dit  pas  plus 
pajfton  naveugU  dans  la  ieéture  ou  la  déclamation  des 


jlS4  P  R  O 

vers ,  que  dans  h  converfation  :  la  rairon  en  cft  fîttiplé 
c'eil  que  àznspajfton  &  les  femblables  le  n  ne  fert  qu'à 
marquer  une  voix  ,  une  voyelle  qu'on  appelle  nazale  5 
or  les  voyelles  ,  quelles  qu'elles  foient ,  ne  peuvent  ja- 
mais articuler  :  c'eft  donc  plutôt  une  règle  qu'une  ex- 
ception ,  que  de  dire  que  jamais  un  fon  nazal  ne  doit  ar- 
ticuler une  voyelle  qui  fuit  :  &  (î  l'ufage  veut  que  l'on 
prononce  ,  mon  nami ,  un  bon  nauteur  ^  on  nattend  ,  & 
autres  femblables  félon  ce  que  nous  en  avons  dit  à  la 
lettre  n ,  cette  prononciation  qui  eft  aujourd'hui  de  rè- 
gle ,  par  l'ufage  ,  n'a  pu  être  dans  fon  origine  cju'une 
licence  ,  ou  même  qu'une  prononciation  vicieufe  3  à 
moins  que  l'on  ne  dife  que  dans  ces  occafions  le  fens  lie 
lî  étroitement  les  mots ,  que  des  deux ,  il  n'en  fait,  pour 
ainfî  dire  ,  plus  qu'un  feul. 

Dans  la  prononciation  dont  nous  parlons ,  on  ne  pro- 
nonce encore  jamais  le  p  final  j  fi  ce  n'eft  dans  beau- 
coup &  trop  j  quand  ils  font  devant  une  voyelle  5  com- 
me ,  il  a  beaucoup  a  faire  ^  il  a  trop  a  dire.  Le  t  final 
dans  les  troifiemes  pcrfonnes  des  verbes  ,  lorfquc  leur 
dernière  fyllabe  n'eu  point  uu  e  muet ,  fe  prononce  or- 
dinairement devant  une  voyelle  dans  l'une  &  l'autre 
forte  de  prononciation  :  ainii  l'on  dit ,  ils  font  ten  route, 
&  non  pas  ,  ils  fon  en  route.  Si  c'eft  un  e  muet  qui  for- 
me la  dernière  fyllabe  des  verbes ,  le  t  qui  fuit  eft  muet 
même  devant  une  voyelle  5  ainfi  l'on  prononce  ,  ils  ef- 
pere  en  vous  ,  &  non  pas  ,  ils  ejperent  ten  vous ,  à  moins 
que  ce  ne  foit  dans  une  prononciation  élevée  &  fou- 
tenue. 

On  néglige  aufiî  dans  la  converfation  le  r  final  des 
infinitifs  en  er  ;  aimer  à  faire  du  bien  ,  fe  dit  aimé  à 
faire  du  bien.  Dans  les  infinitifs  en  ir,  le  r  n'eft  muet  que 
devant  une  confonne  ;  mais  cette  même  lettre  fe  pro- 
nonce toujours  dans  les  infinitifs  en  air.  Dans  le  lan- 
gage commun  ,  on  dit ,  note  ,  vote  ^  au  lieu  de  nôtre  Sc 
vôtre  y  quand  ces  mots  font  fuivis  de  leurs  fubftantifs  , 
comme  ,  note  maifon  ,  vote  jardin.  Il  feroit  mieux  fans 
doute  de  toujours  prononcer  vorre  ,  notre  ,  ainfi  qu'on 
le  fait  quand  ils  font  joints  au  pronom  ^  le  y  la  ^  les  , 
le  nôtre  ,  la  vôtre  j  &c.  On  dit  aulfi  dans  la  converfation 
Jie  pour  cet ,  cette  j  ft' habit  jjl'oifc au  jfte  robe.  Mais  pour 

peu 


î>  R  O  285 

>eu  que  le  ton  de  la  pronciation  doive  s'elevef ,  il  faut 
îioiioncer  cet ,  cette ,  tels  qu'ils  font  écrits.  On  dit  aulîî 
;n  converfation  quéque  ^  quéquun  ,  pour  quelque  ^  queU 
ru  un  :  mais  il  faut  appliquer  à  cette  façon  de  prononcer 
;e  que  nous  venons  de  dire  de  cet  ,  cette. 

En  général  les  finales  des  mots  fe  doivent  prononcer 
Âir  les  voyelles  initiales  du  mot  fuivant ,  quand  ces 
inalcs  fe  trouvent  entre  unadjedif  &  fon  fubllantif ,  un 
idvcrbe ,  ou  un  pronom  perfonnel  ,  &  fon  verbe  ,  ou 
me  prépofuion  &  fon  fupplément  5  comme  ,  belles  ac- 
ïor.s  ,  heureufement  arrivé  ^  il  écoute  y  en  Efpagne  ,  pro- 
loncez  ,  belle  :^aciions ,  &c.  Hors  delà  ce  n'eftque  dans 
a  haute  prononciation  ,  que  les  finales  fe  font  fentir  de- 
vant une  voyelle  ,  fur-tout  fi  le  fens  place  un  repos  en- 
re  les  mots  :  dans  la  converfation  ce  feroit  donc  une 
ifFeclation  ridicule  que  de  dire,  mesplaifirs  :^et  vos  cka- 
rins  :  il  faut  dire  ,  mes  plaiftrs  &  vos  chagrins.  Mais  il 
/  a  là-deffus  tant  de  détails  à  marquer,  tant  d'exceptions 
■•articulieres  ,  que  le  meilleur  ,  le  plus  fur  &  le  plus  ex- 
pédient eft  de  renvoyer  à  l'ufage.  Voye:^^  <7w^  quantité 

y  DÉCLAMATION. 

PROSCRIRE.  Verbe  adif,  irrégulier,  de  la  quatriè- 
me conjugaifon ,  compofé  à' écrire  ^  fur  lequej  il  fe  con- 
ugue,  &  de  la  prépofition  latine  pra,  qui  fignifîe  devant, 
Zt  mot  tire  fon  origine  des  guerres  civiles  des  Romains. 
jylla  après  avoir  vaincu  Marins  ,  fît  écrire  les  noms  de 
:eux  qui  avoient  été  dans  le  parti  oppofé  ,  &  en  fîtaffi- 
:her  la  lifte  à  la  porte  du  principal  Temple  de  la  Ville. 
1  y  avoit  une  récompenfe  pour  chaque  tête  de  Profcrit 
qu'on  lui  apporteroit.  De-là  profcrire  a  pris  la  fîgnifîca- 
t:ion  de  condamner  à  mort  ^  exiler  ,  interdire ,  défendre, 
éprouver  ,  rejetter.  Sylla  profcrivit  plus  de  quatre  mille 
Citoyens  Romains.  Ce  livre  eft  dangereux  ^  il  faudrait  le 
orofcrire.  Cet  homme  eft  faux  ,  il  doit  être  p'ofcrit  de  nos 
ijfemblées.  Ce  mot  eft  vieux  ,  on  l'a  profcrit. 

Participe pajfé.  Profcrit ,  profcrite  ;  il  fe  prend  quel- 
quefois fubflantivement.  Cicéronfut  du  nombre  des  Prof 
:rits  Jous  le  Triumvirat  d'Augufte  :  voyez  Ecrire. 

PROSODIE.  La  Profodieeft  la  partie  de  la  Grammai- 
re qui  enfeigne  la  prononciation  ,  qui  marque  les  ac- 
:ens ,  les  fyllabes  longues  6c  brèves.  Nous  en  traitons 
Tome  II,  T 


II 


ii8<5  J^  R  O 

aux  mots  Prononciation,  Quantité  ,  AccintJ 
Voyelles  ,  Consonnes  :  voye:^  ces  articles. 

PROSOPOPÉE  ,  figure  de  Rhétorique  propre  aur 
paffîons.  C'ejfl:  de  toutes  les  figures  la  plus  vive  &  la 
plus  magnifique  ;  elle  anime  ,  elle  perfonifie  tout. 

Nous  en  diftinguerons  de  trois  fortes. 

La  première  confiée  à  adrelTer  quelques  difcours  à 
des  perfonnes  préfentes  ou  abfentes.  Dans  le  Joueur 
(Comédie  )  Nérine  dit  à  Angélique  en  parlant  de  foa 
amant  abfent  : 

S'il  venoic  à  Tinllant , 
Avec  cet  air  flatteur  ,  fournis  ,  infinuant , 
Que  vous  lui  connoifîez  j  que  d'un  ton  pathétique  , 
Il  vous  dit ,  à  vos  pieds  :  «  non  charmante  Angélique , 
3î  Je  ne  veux  oppofer  à  tout  votre  couroux  , 
s>  Qu'un  feul  mot  j  je  vous  aime  &  je  n'aime  que  vous  , 
3)  Voire  ame  en  ma  faveur  n'eft-elle  point  émue  î 
33  Vous  ne  me  dites  rien  ,  vous  détournez  la  vue  , 
3>  Vous  voulez  donc  ma  mort ,  il  faut  vous  contenter. 

La  féconde  efpcce  confifte  à  donner  des  fentimens 
aux  chofes  inanimées  ^  ou  à  perfonnificr  des  êtres  mo- 
raux ou  métaphyfiques.  Exemples  : 

Il  me  femble  déjà  que  ces  murs ,  que  ces  voûtes , 
Vont  prendre  la  parole  ,  &  prêts  à  m'accufer  , 
Attendent  mon  époux  pour  le  défabufer. 

(  Phèdre  de  Racine  ). 

L'Eloge  funèbre  des  Officiers  morts  dans  la  guerre  de 
1741  y  nous  offre  un  exemple  frappant  de  cette  efpecc 
de  Profopopée. 

O  peuples  heureux  !  donnez  au  moins  à  des  compa- 
triotes qui  ont  expiré  vi6limcs  de  cette  gloire  ^  ou  qui 
furvivent  encore  à  une  partie  d'eux  mêmes,  les  récom- 
penfes  que  leuis  cendres  ou  leurs  blclUncs  vous  deman- 
dent. Si  vous  les  refufiez  ,  les  arbres  ,  les  campagnes  de 
la  Flandre  prendroient  la  parole  pour  vous  dire.  33  C'eft 
33  ici  que  ce  modefte  &  intrépide  Luttaux  ,  chargé  d'an- 
:.)  nées  &:  de  fcivices ,  déjà  bicflé  de  deux  coups ,  afi-oi-  1 


P  R  O  ^8^ 

^-bU  &  perdant  Ton  fang,  s'écria  :  il  ne  s'agît  pas  de 
^>  conjerverfa  vie  ,  il  faut  en  rendre  les  refles  utiles  ,  & 
"  ramenant  au  combat  des  troupes  difpcrfées  ,  reçut  le 
»  coup  mortel ,  qui  le  mit  enfin  au  tombeau.'  C'eft-là 
»  que  le  Colonel  des  Gardes  Françoifes  ,  en  allant  le 
»  premier  reconnoître  Jcs  ennemis  /  fut  frappé  le  prc- 
•'  mier  dans  cette  journée  meurtrière ,  &  périt  en  fai- 
'5  iant  des  fouhaits  pour  le  Monarque  &  pour  iT/car. 
o  Plus  loin  eft  mort  le  neveu  de  ce  célèbre  Archevêque 
5  de  Cambrai  j  l'héritier  des  vertus  de  cet  homme  uni- 
3  que  qui  rendit  la  vertu  fi  aimable. 

La  troifieme  efpece  de  Profopopée  eft  celle  par  la- 
quelle on  fait  parler  les  morts.  Exemple  : 

Plût  à  Dieu  que^ cette  iiluftre  morte  pût  encore 
DUS  exhorter  elle-même  Elle  vous  diroit  ;  «  ne  pleurez 
pas  fur  moi.  Dieu  m'a  retirée  par  fa  giace  des  miferes 
d'une  vie  mortelle.  Pleurez  fur  vous  qui  vivez  encore 
dans  un  fiecle  ou  l'on  voit,  où  l'on  foufFre ,  &  où 
l'on  fait  tous  les  jours  beaucoup  de  mal.  Apprenez  en 
moi  la  fragilité  des  grandeurs  humaines.  Qu'on  vous 
couronne  de  fleurs  ,  qu'on  vous  compofe  desguirlan- 

>  des  5  ces  fleurs  ne  feront  bonnes  qu'à  fecher  fur  votre 

>  tombeau  ,  &c.  sa. 

Le  Dialogue  où  l'on  fait  parler  deux  pcrfonnes  en- 
^mble  efl:  encore  une  efpece  de  profopopée.  Le  Poète 
atyrique  en  donne  un  exemple  : 

Debout ,  dit  l'avarice ,  il  eft  tems  de  marcher. 
Va  !  laifîez-moi... debout...  un  moment...  tu  répliques  ! .., 
A  peine  le  foleil  fait  ouvrir  les  boutiques. . . 
N'importe  ,  levé  toi...  pourquoi  faire  après  tout  ?... 
Chercher  jufqu'au  Japon  la  porcelaine  &  l'ambre  , 
Rapporter  de  Goa  le  poivre  &  le  gingembre- 
Mais  j'aî  des  biens  en  foule  &  je  puis  m'en  paiïer... 
On  n'en  peut  trop  avoir  \  &  pour  en  amafler  , 
Il  ne  faut  épargner  ni  crime  ni  parjure  , 
Il  faut  fouffrir  la  faim  &  co^.icher  fur  la  dure... 
Et  pourquoi  cette  épargne  enfin...  l'ignore-tu  î 
Afin  qu'un  héritier  bien  nourri ,  bieu  vêtu  , 

Tii 


^OU 


3  m 


188  PRO 

Profitant  d'un  ttéCot  en  tes  mains  inutile  f 
De  fon  train  quelque  jour  embarafîe  la  ville. 

On  ne  doit  avoir  recours  à  la  Profopopée  que  pout 
faire  dire  aux  perfonnages  empruntés  des  chofes  que 
Ton  ne  pourroit  pas  dire  roi-méme  avec  dignité.  Outre 
cela  elle  doit  être  foutenue  d'une  grande  force  d'élo- 
quence ,  parceque  donnant  dans  l'extraordinaire ,  elle 
devient  froide  Se  puérile  pour  peu  que  le  ftyle  en  foie 
médiocre. 

PUER.  Verbe  neutre  &  irrégulier  de  la  première  con- 
jugaifon  ,  il  fîgnific  fentir  mauvais  ,  caufei  une  fenfa- 
tion  défagréabie  a  l'odorat.  Ce:îe  viande  put.  Il  eft  quel- 
quefois adif,  &  a  fon  régime  ;  cet  homme  put  t ambre  , 
le  vin  ,  lemufc  ,  5fc.  pour  montrer  que  ces  odeurs  s'ex- 
halent de  chez  lui  avec  trop  de  force  &  de  quantité  ,  en- 
fbrte  que  les  perfonnes  qui  font  auprès  de  lui ,  s'en  trou- 
vent incommodées.  On  tranfporce  ce  verbe  du  pliyfique 
au  moral  ;  Se  on  applique  cette  impreffion  révoltante 
pour  Tcdorat,  à  l'efprit  &:  à  l'ame  même.  On  dit ,  par 
exemple  ,Jes  louanges  me  puent ,  c'eft-à-dire ,  me  révol- 
tent. 

Indicatif  Vrcfent.  Je  pus,  tu  pus,  il  put;  nous 
puons  ,  vous  puez,  ils  puent.  Imparfait.  Je  puois,  &c. 
Prétérit,  Je  puai ,  &c.  Prétérit  indéfini.  J'ai  pué  ,  &c. 
Plufqueparfait.  J'a-vois  pué  ,  &c.  Futur,  Je  puerai,  &c. 
Conditionnel  préfent.  Je  puerois.  Subjonctif.'  Que  je 
pue ,  que  tu  pues ,  qu'il  pue.  Le  pluriel  n'cft  pas  d'ufage. 
L'imparfait  ,  que  je  puaiî'e  n'eft  pas  ufité  non  plus. 
Plufqueparfait.  T-AUYois  ou  j'eulfc  pué  ,  &c.  Futur  pajfé. 
J'aurai  pué.  Sec.  Infinitif  préfent  ^  puer.  Parfait  &  pluf- 
queparfait 'j  a.voiv^ué. 

Participes.  Puant,  pué.  Puante  puante ,  font  adjeélifs. 

Les  tcms  &  les  perfonnes  que  nous  n'avons  pas  con- 
juguées ne  font  pas  d'ufagc. 

PUISQUE ,  eltune  des  conjonctions  motivales  :  Voye[ 
Conjonctions. 


it^ 


Q 


ou     QV  E 


EST  une  des  confonnes  de  l'alphabet  :  voye:(^  Al- 
PHABET  j  Consonnes  &  Prononciation. 

QUAND  ,  eft  une  des  confondions  conditionnelles. 
Cemoteft  aufli  du  nombre  des  conjondions  périodi- 
ques :  voyei  Conjonctions. 

QUANT ,  eftune  des  conjondionstranfltives  :  voye:^^ 
Conjonctions. 

QUANTITÉ.  La  quantité  dune  fyllabe  efl  la  mefu- 
re  du  temps  que  Ton  emploie  à  prononcer  cette  fyl- 
Jabe. 

On  peut  parler  une  Langue  avec  lenteur  ou  avec, pré- 
cipitation 5  le  temps  employé  à  prononcer  une  même 
(yllabe  dans  ces  deux  fortes  de  prononciations  ,  ne  fera 
pas  le  même  ;  &  cependant  la  fyllabe  fera  également 
prononcée.  Il  faut  donc  fe  fouvenir  ,  que  la  quantité 
dont  nous  parlons  ici ,  n'eft  pas  abfolue  ,  mais  relative  , 
c'eft-à-dire  ,  qu'on  ne  doit  pas  entendre  c]u'il  faille  une 
ou  deux  ou  plus  ou  moins  de  fécondes  pour  prononcer 
bien  telle  fyllabe  ;  mais  qu'il  faut  à  celle-ci  un  temps 
double ,  de  celui  que  prend  celle-là  3  ainfi  dn  fuite. 

On  voit  par-là  ce  que  fignifîent  ces  mots  ,  fyllahes 
longues  ,  fyllabes  brèves  ,  temps  ,  &:c.  Les  longues  ne  le 
font  qu'en  comparaifon  des  brèves  5  celles-ci  ne  font 
brèves  que  relativement  à  celles-là  ;  &  la  mefure  de 
tems  n'a  de  rapport  qu'à  la  vîtelTe  ou  à  la  lenteur  avec 
laquelle  on  parle. 

Si  nous  fappofons  que  durant  une  féconde,  par  exem- 
ple ,  on  prononce  cinq  fyllabes  dont  deux  feront  brè- 
ves ,  &  les  trois  autres  longues  ,  on  pourra  dire  que 
chaque  brève  occupe  la  huitième  partie  d'une  féconde  , 
&  que  chaque  longue  en  prend  deux  huitièmes.  Mais  fi 
l'on  augmente  ou  fi  l'on  diminue  la  rapidité  du  parler  5 
les  cinq  mêmes  fyllabes  en  confervant  entr'elles  les  mê- 
mes proportions  ,  occuperont  plus  ou  moins  d'une  fé- 
conde 5  le  tems  de  chacune  variera  quant  à  leur  durée 
abfolue  ,  fans  varier  quant  a  leur  durée  relative ,  puif- 

Tuj 


'le^O  Q   U   A 

que  les  longues  auront  toujours  le  double  du  temps  cfc^ 

brèves. 

Mais  il  ne  faut  pas  croire  que  toutes  nos  fyllabes  fe 
divifent  feulement  en  deux  claifcs  quant  à  leur  quanti- 
te  ,  &  que  celles  qui  ne  font  pas  de  la  première  claife  , 
jfe  rangent  toutes  dans  l'autre.  Il  y  a  des  longues  plus 
longues  ,  &  des  brèves  plus  brèves  les  unes  que  les  au- 
tres. Cela  fe  voit  dans  la  bonne  prononciation  ,  même 
de  DOS  fyllabes  mafculines  5  c'eft-à-dire,  qui  ne  font  pas 
formées  par  un  e  muet  :  &  outre  cela  la  plupart  des  fyl- 
labes formées  par  l'e  muet  font  encore  plus  brèves  que 
la  plus  brève  des  mafculines. 

On  peut  donc  à  peu  près  ranger  nos  fyllabes,  i^.  en 
très  brcvcs  j  ce  font  celles  où  Ve  muet  fournit  le  fon  , 
foit  que  cet  e  foit  fcul  comme  dans  journée ,  foit  qu'il 
fbit  articulé  par  quelque  confonne  ,  commz  faire  ,  foit 
enfin  qu'il  ait  quelques  confonnes  après  lui ,  comme 
dans  ils  aiment  y  i°.  En  plus  brèves  ;  fi  les  premières 
n'ont  qu'un  demi  tems ,  celles-ci  auroient  un  tems  en- 
tier 5  3°.  En  brèves  ,  elles  feront  d'après  la  fuppofîtioii 
que  nous  venons  de  faire  ,  d'un  tems  &  demi  ;  4*'.  En 
longues  ;  elles  prendront  deux  tems  '•>  j".  En  plus  longues 
qui  auront  deux  tems  &  demi  ou  même  trois  tems. 

Ajoutez  à  tout  cela  que  nous  avons  des  douteufes  de 
deux  fortes  ,  &  en  très  grand  nombre  :  les  unes  le  font 
parceque  l'ufage  eft  partagé  à  leur  égard;  les  autres 
font  tantôt  brèves  &  tantôt  longues  ,  fclon  la  place 
qu'elles  occupent  foit  dans  les  mots  ,  foit  dans  les  phra- 
fcs  ,  &  fur- tout  relativement  aux  repos  :  mais  ces  der- 
nières ne  font  point  arbitraires  ;  leur  place  même  décide 
de  leur  longueur  ou  de  leur  durée. 

Nous  n'avons  pas  envie  de  faire  le  dérail  des  fyllabes 
de  chacune  de  ces  efpeces.  Nous  ne  parlerons  que  des 
finales  &  pénultièmes  :  nous  dirons  peu  de  chofc  de  ce 
qui  regarde  les  autres  fyllabes  qui  compofent  les  mots  j 
parcequ'elles  dépendent  fur-tout  de  la  cadence  ^  du  nom- 
bre &  de  leurdiliance  des  repos  :  voye-^  ces  articles.  Ce 
font  là  des  fyllabes  douteufes  dont  la  quantité  cil:  déci- 
dée par  leur  place  ;  ce  n'eft  pas  qu'elles  n'aient  fouvenc 
d'ailkur:;  une  longueur  ou  une  brievcic  marquée ,  & 


•      Q  U  A  ïii 

quî  ne  dirparoît  jamais  totalement,  qnoiqu'eîie  plie  uil 
ipcu  félon  les  circonftances  :  mais  cela  dépend  d'un  pe- 
ur nombre  de  principes  qu'il  eft  aifé  d'appliquer. 

Nous  ne  diviferons  ici  les  fyllabes  qu'en  deux  cla/TeS 
l^cncrales  ,  celle  des  longues  Se  celle  des  brèves  :  fi  l'on 
pouffoit  la  divilion  plus  loin  ,  on  feroit  un  ouvrage  inu- 
tile à  bien  des  ledeurs.  Ceux  que  la  nature  a  doués  d'or- 
ganes plus  fins  &  plus  juftes  que  les  autres,  n'ont  pas 
befoin  qu'on  anatomifc  tant  les  fons  :  il  Tuftit  de  leur 
donner  les  principes  ,  &  de  leur  indiquer  la  voie.  Les 
aurres  trouveront  encore  que  nous  en  difons  trop  :  ils  ne 
voudront  pas  croire  ce  qu'ils  ne  Tentent  pas  ;  que  nous 
ayons  une  quantité  aufli  fure  que  quelqu'autre  langue 
que  ce  foit.  Mais  le  moyen  de  les  convaincre  qu'ils  font 
dans  l'erreur,  c'eft  de  faire  fentir  la  vérité  de  notre  pro- 
fc  lie  ,  &  cela  en  la  développant. 

Cette  partie  elfentielle  de  la  Langue  n'a  pas  encore 
c:é  ramenée  à  des  principes  ,  quoique  les  détails  aient 
é:c  difcutés.  Il  eft  vrai  que  Théodore  de  Beze  nous  a 
î^llfé  huit  règles  de  quantité  pour  notre  Langue  3  mais 
clizs  font  infuffifantes.  Ceux  qui  ont  étudié  la  même 
jnnrierc  après  lui  ,  ont  négligé  de  les  perfeârionner,  de 
les  completter ,  ou  d'en  donner  de  meilleures.  Ce  n'é- 
toit  pas  qu'ils  ne  fentiffent  la  polTibilité  de  l'entreprife  ; 
i\  cil:  fiir  que  toute  la  quantité  ne  dépend  que  de  la 
combinaifon  que  l'on  peut  faire  de  la  nature  de  chaque 
voyelle  avec  les  confonnes  qui  fuivent  j  &  de  la  fîtua- 
tion  des  fyllabes  ainfi  entendues  relativement  aux  re- 
■pos. 

Nous  avons  (îes  voyelles  dont  le  fon  efl  naturelle- 
ment plus  grave  &  par  confcquent  plusjong  ;  d'autres 
font  plus  brèves  ,  parccqu'elles  font  plus  aiguës.  Il  y  a 
idcs  confonnes  dont  l'articulation  gène  moins  la  pro- 
nonciation des  voyelle»:  qui  les  pK.écedent ,  &  d'autres 
qui  demandant  plus  d'eflorts  pour  elles-mêmes  ,  fonc 
couler  plus  légèrement  fur  les  voyelles  précédentes.  La 
même  différence  fe  retrouve  aulTî  lorfqu'il  y  a  plu- 
fleurs  confonnes  de  fuite  après  une  même  voyelle. 

Ces  principes  doivent  être  communs  à  toutes  les  lan- 
gues ,  parccqu'ils  dépendent  des  fons  primitifs  ,  &  de  la 
nature  des  orgaiies ,  qui  fout  à  peu  de  chofe  près  les 

X17 


ti9i  Q  U  A 

Hiêmcs  par-tout.  Si  l'ufage  peut  en  varier  Tapplication; 
s*il  peut  pour  ainfi  dire ,  les  nuancer  différemment  dans 
la  pratique  ,  il  ne  les  détruit  pas  5  &  ces  variations  mê- 
mes font  conféquentes  à  d'autres  circonftances  que  l'on 
pourroit  apprécier. 

Voilà  ce  que  des  Auteurs  dont  nous  avons  parlé  n'ont 
pas  manqué  de  fentir  :  mais  ils  ont  vu  que  tant  de  dif- 
cuffions  excellentes  dans  un  ouvrage  philofophique 
iroient  mal  dans  une  Grammaire  :  nous  fuivrons  donc 
leur  exemple  ;  &  nous  nous  contenterons  ici  de  par- 
courir par  ordre  alphabétique  les  différentes  fyllabes 
qui  fervent  de  finales  ou  de  pénultièmes  à  nos  mots. 

Nous  avons  deux  raifons  puiffantes  d'étudier  pai 
préférence  la  quantité  de  ces  fyllabes  5  i*'.  Ce  font 
celles  dont  la  longueur  ou  la  brièveté  eft  plus  impor- 
tante à  la  bonne  prononciation ,  à  l'harmonie  ,  plus  fu- 
jette  aux  variations  ,  &  plus  fenfîble  à  l'oreille  :  2°.  Lcj 
fyllabes  longues  ne  riment  point  avec  les  brèves  :  f] 
nous  avons  des  Poètes  qui  faffent  rimer  les  unes  avec 
les  autres,  c'eft  moins  une  licence  qu'une  faute  qu'on 
cfl  en  droit  de  leur  reprocher.  Il  eft  donc  néceffaire  , 
pour  la  poéfie  fur  -tout ,  de  bien  connoître  la  quantité 
des  fyllabes  qui  font  la  rime ,  ou  qui  la  rendent  plus 
arfaite  &  plus  riche  ,  c'eft-à-dire ,  de  la  finale  &  de 
a  pénultième  des  mots, 

A. 


l 


A  eft  long  quand  il  eft  employé  pour  dénommer  une 
lettre  de  l'alphabet  :  une  panje  d'à  :  un  petit  â  ,  //  ne 
fait  ni  a  ni  b  ;  mais  quand  il  marque  la  troifîeme  per- 
fonne  du  verbe  avo/V  ^  ou  qu'il  fert  de  prépofîtion ,  alors 
il  eft  bref  :  //  à  dit  ,  il  À  de  grandes  qualités  ^  il  efi  4 
table  ,  //  arrivait  a  Paris  Au  commencement  du  mot  Va 
eft  toujours  bref  &  fermé  ,  altier  ^  arriver ,  approuver  , 
&c.  Il  ny  a  d'exceptions  que  les  mots,  acre  y  âge  ^ 
4gnus  ,  âme  j  âne  ,  anus  ,  âpre  y  de  leurs  dérivés  ,  où  il 
eft  ouvert  &  long. 

A  la  fin  du  mot  il  cfl  fermé  &  bref,  //  alU  ,  il  ir^,  ^ 
il  efi  U  ,  U  Reine  de  Sab^  ^  dcjA  j  ouida, .  ;wi  ,  ^4 ,  /il  4 
falbala,  fof à  ,  Opéra  ,  Cinnà  ,  &c» 


QUA  293 

^Ahe  efl:  bref  dans  fylUbe^  &l  long  dans  aflroUbe, 

Abu  eft  douteux  dans  tous  les  adjedifs  ,  aimable  , 
haïjfable  ,  agréable  ,  &  dans  les  deux  noms  table  &  /rû- 
fe  II  eft  long  dans  les  autres  fubftantifs  ,  fable  ,  fâbk  , 
érable ,  Sec.  Et  dans  ces  verbes,  //  accable  ^  il  kàble  ,  il 
fable. 

Abre  eft  toujours  long  ,  jabre  ,  cinabre  ^  ilfe  cabre  , 
tout  fe  délabre  j  cette  fyllabe  refte  touiours  longue  ,  me- 
pie  lorfque  le  nom  prend  une  terminaifon  mafculine  s 
fe  cabrer  ,  délabrer  j  &:c. 

Ac  eft  toujours  bref,  foit  que  le  c  fe  prononce  ou 
non  5  comme  ,  almanàch  j  tabXc  5  Sclac  ^^  tilldc  jfàc  , 
&c. 

Ace  eft  bref,  audace  ,  préface  ,  tenace  ,  vor^c^  ^  &c. 
il  n'en  faut  excepter  que  ^ric^  ^  efpâce  j  on  lace  ,  on  dé^ 
lace  j  on  entrelace  ,  où  il  eft  long. 

Ache  eft  bref ,  ric/t^  f  fouillure  )  moufache  ,  v^c/zf  ^ 
il  fe  cache  ,  &c.  Il  n'eft  long  que  dans  lâche  3  r^cAc 
(  mefure  d'ouvrage  à  faire  )' gâche  ,  relâche  ^  il  mâche  , 
il  Je  fâche.  Ces  derniers  gardent  la  même  quantité  ,  mê- 
me devant  une  terminaifon  mafculine  ,  mâcher  ^  fâcher., 
lâcher  y  relâcher.  Ordinairement  même  Va  y  eft  couronné 
par  un  accent  circonflexe  ,  qui  remplace  le  s  muet  que 
Ton  écrivoit  autrefois  après  ,  tafche  y  &c. 

Acle  eft  toujours  un  peu  long  :  oracle  ^fpeciâcle  ^  ob- 
fiâcle  j  &  tout  à  fait  long  dans  miracle. 

Acre  eft  toujours  bref.  Diacre^  nacre  ,  le  fàcre  du 
Roi ,  &c  ;  fî  ce  n'eft  dans  acre  (  piquant  )  &  fâcre  (  oi- 
feau  )  ou  il  eft  long. 

Ade  eft  toujours  bref,  balade  ^  aubade  ,  cafcade  ,  fa- 
de, ilperfuâde  ,  il  s'évade  »  promenade  ^  Sec. 

Adre  eft  bref  dans  ladre  ,  &  long  dans  cadre  ,  efcâdte , 
cela  quâdre ,  &c.  Cette  fyllabe  eft  longue,  même  avant 
une  terminaifon  mafculine  j  madré  ,  encadrer  ,  //  encà-- 
dra  ,  &c. 

Afe  ,  ^ifr^  j  &  aphe  ,  font  toujours  brefs  5  c^r^y^  , 
agrafe  ,  /4/'^-£  ,  balafre  ,  épitaphe  ,  &c. 

^j?f  eft  long  ,  rafle  y  férâfle  ,  &c.  &  même  lorfque 
Ve  muet  qui  fuit ,  fe  change  en  une  autre  voyelle  ,  râ^ 
'~f^f,férâfiois  ,  &c. 

i^^f  eft  toujours  bref,  fuivant  M.  l'Abbe  d'Qlivçt  > 


•i94  Q  U  A 

excepte  dans  âge  (  période  de  la  vie  ).  Cet  Auteur  iiôuS 
paroît  ici  s'être  trompé  :  âge  eft  réellement  bref  dans  les 
•verbes ,  U  face  âge  ,  il  engage  ,  &c.  Mais  dans  les  noms  , 
il  nous  femble  qu'il  ciï  au  moins  douteux.  Que  l'on 
daigne  confulter  la  prononciation  des  perfonnes  inftrui- 
tes,  la  déclamation  &  le  chant  j  ce  font  là  les  maîtres 
auxquels  il  renvoie  lui-même  :  nous  doutons  que  l'on 
entende  fouvent  dire  ,  voi/inage  ,  plantage  ,  labourage  , 
^réfâge  ,  aunage  ,  &c.  ce  n'efi:  pas  qu'il  n'y  en  ait  qui  fe 
prononcent  plus  rapidement  que  ceux-là  ,  tels  que  font, 
marécage  j  pajfage  ,  étage  ^  P'^yf'^ge  ,  Sec.  mais  il  falloit 
au  moins  en  reconnaître  la  différence  ;  &  fi  l'on  trou- 
voit  trop  de  variations  dans  les  noms  qui  ont  cette  fina- 
le ,  pour  les  foumettre  à  une  règle  fixe  ,  on  pouvoir  les 
iaiffer  au  rang  des  douteux  5  d'viutant  plus  que  leur  lon- 
gueur ou  leur  brièveté  dépend  fort  fouvent  du  nombre 
des  fyllabes  qui  précèdent  cette  finale ,  &  de  la  fituation 
du  mot  par  rapport  aux  .autres  mots  qui  l'accompa- 
•gnent. 

Jîgne  eft  toujours  bref,  Cocagne  ^  Efpdgne  ,  campa^ 
gne  y  &c  ;  excepté  le  feul  verbe  ,  gagner  ^  je  gagne. 

Ague  eft  toujours  bref,  bague  ,  dague  ,  vague  ,  il  ex- 
travâgue  ,  &c. 

Ai  diphthongue  impropre  ,  cil  doutcufe  quand  elle  a 
le  fou  d'un  e  ouvert,  vrai  ^  ejfai  ,  &.c.  mais  elle  cffc 
brève  ,  quand  elle  approche  de  l't'  fermée  quaï ,  ë^^^ > 
je  chantai ,  j'irai  ,  &c. 

Aie  eft  toujours  long  :  haïe  ,  plaïe  ,  Scc.  mais  fî  la 
fyllabe  finale  eft  une  fyllabe  mouillée,  <ïiqui  la  précè- 
de eft  bref,  je  paye ,  //  bégaye  ,  nous  payons  ,  &:c. 

Aignc  eft  toujours  bref,  châtaigne  ,  je  daïgne  ,  il  fe 
haïgne ,  il  faïgne. 

Aigre  eft  bref  dans  aïgrc  ,  &  vinaigre  ,  mais  long  dans 
maigre. 

Ailçfh  toujours  bref;  bercaïf  détail ,  travail  ^  Sec. 

Aille  eft  bref  dans  médaille  ,je  détaille  ffémallle  ,je 
travaille  ,  à  l'indicatif^  mais  il  eft  long  dans  les  fub- 
jonélifs  ,  qu'il  vaille  ,  qu'il  bataille  ,  &c/Et  dans  les  au- 
tres mots  ainfi  terminés  ;  bataille  ,  funérailles  ^  il  raille , 
il  rimaille  ,  Verfallles  ,  ripaille  ,  Sec. 

Aillé  &  <}ill€r  fuivent  h  quantité  des  mots  précédens 


Q  U  A      ^  Î95 

d'où  ils  font  dérives  ;  émalller  ^  travailler^  Sec.  8c  raîl-^ 
1er ,  débraillé  ,  rimailler  ^  &c. 

Aîlleurç.^  long  dans  bâilleur  ,  &  bref  dans  ailleurs  > 
railleur  ^  rimailleur  ^  Sec. 

Aillet  &  aillir  font  brefs  ,  maillet ,  paillet ,  jaillir  ^ 
faillir ,  a jf aillir  ,  tre([ aillir  ,  &c. 

Aillon  eft  bref  dans  médaillon  ^  bataillon  ^  nous  émalU 
Ions  ,  nowj  détaillons  ,  travaillons,  flors  de  là  il  eft 
Ions  ;  haillon  ,  bâillon  .  venaillon  ,  /zowj  taillons  ,  &c. 


/4/m  &  ^m  font  douteux  :  /izim  ,  /'dm  ,  hautain  :  mais 
s'ils  font  fuivis  d'une  confonne  ,  ils  deviennent  longs  5 
je  crains  ,  5i2mf  ,  Sainte. 

Aine  eft  long  dans  haine ,  chaîne  ,  ^ûJn^  ,y^  rr^^/z^  ,  & 
leurs  dérivés  ,  comme  ,  traîner  ,  &c.  mais  ailleurs  il  eft 
douteux  ',  fontaine  ^  plaine  ^  capitaine  ,fouveraine ,  hau- 
taine ,  &c. 

^/r  eft  douteux  ,  l'air ,  chair^  &c. 

^/rf  eft  long  ,  une  aire  j  une  paire  ,  chaire  ^  on  m  é". 
claire  ,  Sec. 

Ais  ,  aix  ,  aife  ,  û///^  ,  font  tous  longs  ^pdlaïs  ^faix, 
fournaife  ,  caiffe  ,  qu'il  fe  repaljfe  ,  Sec. 

Ait ,  û/r^  ,  font  brefs ,  lait  ^  attrait ,  il  fait ,  parfaite  ^ 
\retraite  ,  &c.  il  faut  en  cxccpx&ï  il  plaît ,  il  naît ,  il  paît  , 
&  /^^^'^  (  fommet  )  avec  leurs  compofés. 

Al  ^  aie  ,  û//f  ,  toujours  brefs  ,  bcil ,  royal ,  morale  , 
cigale  ,  une  malle,  ftàlle,  &c.  exceptez  hâle ,  pâle  ,  un 
mâle  ,  un  râle  ,  il  râle-y  qui  s'écrivoicnt  autrefois  avec  un 
s,pajle.  Sec.  Se  qui  confervent  leur  longueur  ,  même 
.lorfque  la  finale  devient  mafculine  ,  hâler  ,  pâleur  ,  râ- 
1er ,  &c.  • 

Am  eft  toujours  long  ,  quand  m  eft  fuivi  d'une  autre 
confonne  ,  champ  ,  chambre  ,  jambe  ,  pampre  ,  &c. 

>//n  devient  bref  fî  m  eft  redoublé  ,  comme  dans  en. 
flâmmer  :  il  n'y  a  d'exception  que  ^om:  jlâmme  ,  qui  eft 

-^/Tze  eft  bref,  c/^me  ,  ejîame  ,  r^tme  ,  on  nous  diffame  , 
&c.  âme  ,  infâme  ,  blâme  ,  y?^/;2e  ,  font  exceptez  &  tou- 
jours longs ,  auflfi  bien  que  tous  les  prétérits  en  âmes  , 
nous  aimâmes ,  nous  donnâmes  ,  Sec. 

An  eft  bref  dans  les  finales ,  ruban  ,  turban  ,  bouracan  ^ 
pélican  ,  fr^/?<*/7 ,  fafran ,  parméfàn  ,  &c,  il  l'eft  un  peu 


i9<^  Q  U  A 

moins  (îâSStf/r aimée,  océan,  roman,  vétéran,  tyran,  vanf 
faifan  ,  ariifan  ,  courtifàn ,  partifan  ,  payfan  ,  ale:^àn , 
bilan  ,  p/ira  ,  charlatan  :  Ç\  an  eft  iuivi  de  quelqu'autre 
■fyllabe  ,  il  devient  long  ,  comme  ,  dânfe  ,  chante  ,  blàn,' 
che ,  &c. 

Ane,  anne  &  amne  font  toujours  brefs,  cabane,  panne^ 
Sic.  exceptés  ,  crâne ,  âne  ,  mânes  ,  mâ,nne ,  je  damne  ,  ^\ 
condamne ,  qui  font  longs  eux  &  leurs  dérivés. 

Ant  eft  toujours  long  ,  cependant ,  é'égânt ,  le  levant  ^ 
enallant ,  Sec.  Comptant  eft  long  quand  il  eft  participe, 
il  s' eft  trompé  en  comptant.  Mais  pris  fubftantivement ,  il 
eft:  un  peu  plus  bref,  il  a  du  comptant  j  il  paye  com* 
fta.1t. 

Ap  eft  toujours  bref,  foit  que  le  p  fe  prononce  ou 
non  ,  cap  ,  drap  ,  &c. 

Ape  ,  appe ,  eft  toujours  brefs  ,  Pape  ^fappe  ,  frappe. 
&c.  exceptés ,  râpe,  râpé ,  râper ,  ou  Va  eft  long. 

Apre  eft  long  ,  âpre  &  câpre. 

Aque  ^  acque  font  toujours  brefs  ,  Andromaque  ,  SCd 
çxceptés  Pâque,  &  Jacques  ,  qui  font  longs. 

Ar  eft  bref,  neâar ,  car  ,  par  ,  Céfâr ,  arc  ,  parc  où  il 
çft  ftiivi  d'un  c  ;  mais  s'il  étoit  fuivi  d'un  d  ou  d'un  t ,  il 
leroit  moins  bref,  comme  dans  ,  part ,  dard  ,  &c.  Au, 
commencement  &  au  milieu  du  mot  ar  eft  toujours 
bref,  quelque  fyllable  qui  fuive  5  archer ,  marcher  ,  dar- 
der,  farder  ,  martial ,  épargne  ,  ânifte  ,  &:c. 

Are  eft  long  dans  avare  ,  barbare  ,  douteux  dans 
je  m  égare  ^  thiâre  ,  bigarre  ,  &.  Mais  ar  eft  toujours 
bref,  lorfqu'il  n'eft  plus  final ,  ni  fuivi  immédiatement 
par  une  finale  muette,  comme,  ava'rice ,  barbarie  ,  J€ 
mégâroisy  au  lieu  que  arr  eft  long  par-tout ,  barreau  , 
çârrojfe ,  larron  ,  carrière,  &c. 

Ari,  arie  font  toujours  brefs  ,  mari  ,  pari  ,  marie  y 
exceptés  ,  hourvâri,  éc  marri  ,  marrie  (  fâché  ). 

As  eft  ordinairement  long  ;  P  allas  ,  un  as  ,  un  tas  , 
gras ,  tu  as  ,  tu  joueras  ,  &c.  Quelquefois  (  dans  la  con- 
verfation  fur-tout  )  as  dans  certains  mots  devient  un  peu 
3i2;u  &  bref,  du  taffetas  ,  un  cannevas  ,  le  bras  ;  mais  au 
pluriel  ces  mêmes  mots  deviennent  longs. 

Afe  eft  toujours  long  ,  râfe  ,  hàfe ,  pégâfc ,  cmphâfe^, 
txtâfe  ,  &  Içs  dérivés ,  râfer,  &c.  '., 


Q  U  A       ^  497 

Afque  eft  toujoun  bref,  mafque  ,  tafque ,  fantafque  , 
wurrafque ,  &c. 

Ajfe  cft  toujours  bref ,  chaffe  ,  chajfer ,  &c,  exceptés  j, 
r*^.  les  fubftantifs  ,  ^^j/e  ,  câjfe ,  cUJfe  ,  échâjfc  ^  P^JF^^ 
lâjfe  ,  r<îj^  ,  chàjfe  (  de  Saiat  ;  fdvantaffe  ;  i*".  les  adjcc- 
ifs  54jj7^  ,  ^r^j^  ,  Ulfe  ;  38.  les  verbes  ,  il  ximâjft:  ,  i£ 
'nchàjfe  ,  ci//*^  ■,V^If^  •>  compâjfe  ,fàj]e  ,  avec  leurs  cora- 
îofcs  &  dérivés  5  4".  la  première  &  la  féconde  perfon- 
les  du  fingulier  ,  avec  la  troifîeme  du  pluriel  teiminces 
:n  âjfe  ,  djfes  ,  ôc  àjfent  ,  que  j'aimâjfe  ,  que  ta.  mmâf- 
"es  ,  quils  aimâffent  y  mais  les  autres  perfonr.es  ea 
ijfions  &  ajfiei  font  brèves  ,    que  nous  aiTnàJJîjns  ,  qat 


jous  aimAjfte'3^ 


A  fie  &  afl-e  ,  font  toujours  brefs  ,  fâfie  ,  chÀ^c  ,  af- 
re  ,  &c. 

At  cft  long  dans  ces  noms  ,  mât  ,  df/jp^r ,  degiî  ^ 
m:  (  de  mulet  )  que  l'on  écrivoit  autrefois  avec  Uîi  ^  , 
nafl ,  &c.  il  eft  douteux  dans  les  troifiem.es  perfoTînes 
ia  fingulier  de  l'imparfait  du  fubjon(5tif,  qu'il  mmat  , 
luil  donnât:  mais  par-tout  ailleurs  il  ell  bref,  Jhm^ 
:à:  ,  ec/ât ,  plat ,  chocolat ,  on  le  bat ,  &c, 

^f^ ,  drej ,  font  toujours  brefs  ,  exceptés  dans  les 
mots  ,  hâte  ,  pâte  ,  //  empâte ,  il  gâte  ,  i/  TTZif^  ,  il  de^ 
mate  ,  &  leurs  dérivés  ^^r^r ,  &c  ,  &  dans  les  fécondes 
pcrfonnes  du  pluriel  serminées  en  âtcs  ,  vous  mmâtes  , 
\>ous  donnâtes  ,  &:c. 

^rr£  &  ^rrre  font  brefs  dans  quatre  ,  battre  ,  &  les  dé» 
rivés  &  compofés  de  celui  -  ci  :  hors  de-ià  ils  fon^ 
iongs,  idolâtre  ,  tJiéâtre  ,  opiniâtre  ,  &c. 

Au  ,  diphthongue  impropre,  eft  longue  quand  elle 
"ft  devant  une  terminaifon  muette  ,  auge  ,  autre  ,  aune  , 
2ûhe  ,  taUpe  ,  &c  Elle  l'efl:  aufli  lorfqu'elle  termine  le 
mot ,  &  qu'elle  eft  fuivie  d'une  confonne  :  kaUt^chaûd^ 
^atlx  :  mais  ailleurs  elle  eft  douteufe;  aubade ,  coteau  , 
&c. 

Ave  eft  long  dans  Conclave  ,  douteux  dans  entrave  , 
^rave  ,  je  pave  j.lorfque  au  lieu  de  i  e  muet  ,  il  fuit  une 
finale  mafculine  ,  a  devient  bref,  gravier  ,  faveur ,  con^ 
dâvifte ,  paveur ,  aggraver  ,  &c. 

Ax ,  ûjve  ,  font  toujours  btefs,  ajax ,  thorax ,  /<iw!e  ^ 
fyntàxe  fparalidxg  ,^c. 


^5)?  QXJA 

E, 

Puifqtfe  Ve  muet  eft  toujours  bref,  comme  iiousI*a< 
vons  remarqué ,  les  détails  où  nous  allons  entrer  ,  ne 
regarderont  que  les  e  fermés  &  ouverts.  Nous  averti- 
rons feulement  que  lorfqu'il  y  a  plufieurs  e  muets  de 
fuite  ,  foit  dans  le  même  mot ,  foit  dans  des  mots  qui 
fe  fuivent  ,  le  pénultième  doit  être  plus  fenti  que  les 
autres  i  ainfi  dans  r^ve/z/V  ,  entretenir^  redevenir  ^  il  faut 
jne  le  donner  ,  ne  me  le  donne^  pas  ,  ce  font  les  fyllabes 
re  y  tre ,  de  ^  8c  me  qui  deviennent  plus  diftindcs  ,  plus 
fenfibics  ,  &  par  conféquent  plus  longues ,  ou  plutôt 
moins  brèves  que  leurs  voiilnes  ;  car  elles  font  toujours 
brèves. 

Remarquons  aulTi  que  jamais  un  mot  ne  commence 
par  un  e  ouvert,  lî  ce  n'eft  le  verbe  être  ;  qu'il  n'en  eft 
point  non  plus  qui  finilfc  par  ce  fon  ,  il  la  voyelle  n'y 
ell  fuivie  de  quelque  confonne  articulante  ou  muette. 

Eè/e ,  ebre  ,  ec  ,  ece  ,  font  toujours  brefs  :  hièUe  3  fit-';: 
nebre ,  bec  ,  nièce. 

Eche  eft  long  dans  bêche  ,  pêche  (  aâ:ion  de  pêcher  ) 
pêche  [  fruit  )  revèche  ,  il  empêche  ,  il  dépêche ,  il  prêche  ,  ' 
&  dans  leurs  dérivés  ,  prêcher ^  empêcher ,  &c.  douteux 
dans  lèche ,  grieche  ,  &c;  mais  bref  dans  calèche  ,  flèche^  ^ 
flammèche  ,  il  lèche  ,  brèche  ,   crèche  ,  fèche  ,   on  pèche  ,  ' 
(  pour  on  fait  un  péché  ). 

Ecle  ,  eB  ,  ecie  ,  ede  ,  eder ,  f^nt  tous  brefs  ,  fè'cie  , 
rejpëci  ,  insëcie  ,  tiède  ,  remède  ,  céder ,  pojfèder ,  &c.  * 

£/,  eft  bref,  chèf^  bref-,  effe  eft  long  ,  greffe. 

Effli  eft  long  dans  nêjfle  ,  &  bref  dans  trêffle.  -^ 

Ége  ,  egle  5  le  premier  long  ,  fiêge  ,  collège  ,  manège ,  '* 
&c.  le  fécond  bref,  règle  ^fèigle  ,  efpiègle ,  6cc.  '<^ 

Egne  ,  eigne  ;  le  premier  eft  un  peu  long  :  rêgne^  douè^  \ 
gne  j  &  même  dans  les  dérivés  ,  régner  ,  &c  :  le  ^econd .'* 
eft  bref,  peigne  ,  enfeîgne  ,  qu'il  feigne  ,  &c. 

Egre  ,  egue  font  brefs  ,  nègre  ,  intègre  ,  bègue ,  collé"  ' 
gue  ,  /'/  allègue  ,  &c. 

EU  y  eille  font  brefs  ,  folcïl ,  fomm.eïl ,  abeUle  ,  mer^  ■  ' 
vcïlle 'y  il   n'y  a  d'exceptions  pour  ces  terminaifons  ÔC 
potir  les  dérivés  que  dans  vieille  ,  vieillard ,  vièillejfe,       *) 


Q  U   A  tr,<f 

Ein  ,  eint  font  fongs  au  pluriel,  douteux  au  fîngulierj 
dejfein  ,  ferein  ,  atteint ,  dépeint ,  &-c. 

f/'/ze  eft  douteux  ,  veine  ,  peine ,  inhumaine  ,  &:c. 

£zW  eft  toujours  long,  atteinte^  dépeinte  ,  feinte  ^ 
ôcc. 

Eiîre  eft  long ,  reïtre  5  il  eft  le  feul  mot  qui  s'écrive 
ainfi. 

EL  eft  toujours  bref,/?/,  auttl  ^  cruel.  Sec. 

Ele  ,  elle  :  le  premier  eft  long  dans  ^ële ,  poêle  ,fièle  ^ 
plie-mile  ,  grêle  ,  /"/  mêle ,  il  fe  fêle  ;  ailleurs  il  eft  bref 
aufîl  bien  que  le  fécond  j  modèle  ,  fidèle  ,  /'/  appelle  ,  r/- 
^fZ/e  ,  cruelle. 

Em  ,  e/z ,  allongent  la  fylkbe  quand  ils  font  au  milieu 
d'un  mot  ,  &  qu'ils  font  fuivis  d'une  autre  confonne  que 
la  leur  3  comme ,  tlmple  ,  exemple  ,  prendre ,  gendre  ,  évi' 
\dlnce  ,  tinter  ,  &c.  mais  lî  leur  confonne  eft  redoublée 3 
ils  font  brefs  •'  ils  le  font  auffi  à  la  fin  du  mot,  iiém  , 
Bethléem  ,  amen  ,  examen ,  &c. 

jErne  ,  douteux  dans  crème ,  bref  dans  il  sème  ,  &long 
par-  tout  ailleurs  ,  même  ,  baptême  ,  apo^ême  ,  /^  5^/'«r 
Chrême ,  probllme  ,  Jyftême  ,  diadème  ,  &c. 

jE/zê  ,  f/z/ze  y  le  premier  long  dans  chêne  ,  cë/ze  ^fclne^ 
gène  ,  û/ë/z^ ,  rê/zf  ,  frêne  ,  ûrë-7£  ^.j.êne  j  bref  dans  p^f/zc- 
/Tzene  ,  e'i5e/ze  5  &  douteux  dans  les  noms  propres,  Athe~ 
nés  ,  Mécène  ,  Diogene  ,  &c  :  le  fécond  bref  ^  étrènne  ,, 
qu'il  prenne  ,  apprenne  ,  &c, 

£;zr  eft  bref  dans  accident ,  dent  ,  argent  ,  arpent  ,  pa- 
rtir ,  ferpènt ,  torrent ,  content ,  préjènt ,  ve/zr  ,  moment , 
joliment ,  &:c  5  mais  il  eft  douteux  quand  il  tient  plus  dit 
fon  de  l'a  ouvert,  comme  dans  violent ,  ardent,  opu^ 
Unt ,  F  ré fi  dent ,  &c. 

£/? ,  //Té;  font  longs  ,  ^zzè/e  ,  a«/?e  ,  vêpres  ,  excepté 
lèpre. 

Epte  ,  éptre  font  brefs  ,  précepte  ,  //  accepte  yfcèptre  ^ 
fpèSire ,  &c. 

E^ue,  ecque  ,  font  longs  dans  Evêque,  Archevêque  ,  &: 
brefs  ailleurs,  grecque,  bibliothèque,  objeques  ,  hypo- 
thèque ,  &c. 

■Ereft  bref  dans  Jupiter ,  Lucifer  ,  £r^er  ,  cher ,  clerc  ^ 
cancer,  pater ,  Magiftèr  ,  Fratèr  ,  &  quelques  autres 
noms  propres  ou  étrangers  i  il  eft  long  dans/c.'*,  ^^f^  ^^ 


ï 


Z60  QXJ  A 

^egèr  ^  mêr,  amer,  vèr,  hiver:  il  eft  (îouteux  dans  les     ! 
infinitifs;  c'eiVà-dire  ,  qu'il  devient  bref,  fi   le  r  eft    { 
muet ,  comme  dans  aimer  Dieu  y  &  long  fi  r  fe  fait  en- 
tendre ,  comme  dans  ce  vers .... 

Mais  je  fais  peu  louer  ,  Se  ma  mufe  tremblante  -,  Ôcc. 

Il  eft  encore  bref  dans  les  mots  où  r  eft  muet  ;  comme  ,    ; 
danger  ,  'berger ,  &c. 

Erhe,  erce ,  erfe  ,  erche  ^  ercle  ,  erde  ^  erdre  font  tous 
brefs;  herbe  ,  commerce  ,  travérfe.,  cherche ,  cercle,  qu'il 
perde  ,   perdre ,  8cc. 

Erd ,  en ,  font  douteux  ,  vert ,  concert ,  ouvert ,  dé^ 
fert ,  &c. 

Ere  eft  long  ,  chimère  ,  père ,  Jincère  ,  //  effcre  ,  &c.  Si 
Ve  muet  &  final  fe  change  en  une  autre  voyelle ,  Ve  pré- 
cédent devient  bref,  chimérique ,  efpercr ,  Sec. 

Ergc  ,  ergue  ,  erle  ,  erm^  ,  erne  ,  erp^  ,  font  tous  brefs  5 
ûfrerge  ,  exergue  ,  perle  ,  ferme  ,  caverne  ,  eutèrpe  ,  /c'r- 
/e ,  &:c. 

Érr  eft  bref  dans  ,  eVr^^zr  ,  terreur^  errant ,  erroné  ,  er- 
rata ;  long  dans  terre ,  ^i^ërre  ,  tonnerre,  il  erre  ,  perruque^ 
ferrer ,  tërrein  ,  «owj  verrons  ;  il  eft:  douteux  dans  les  dé- 
rivés ,  guerrier,  terroir  ,  terrible  ,  derrière  ,  fcrriere  ,  &c. 

£r^  eft  long  ,  univers  ,  pervers  ,  dangers  ,  pajfagèrs  , 
&c. 

£rrf  ,  ertre  ,  ^rv^  ,  font  brefs  ;  perte  ,  tz/è^rr^  ,  tertre  ,  , 
rèVve ,  &c. 

f^  eft  lono; ,  tu  es  ,  procès  ,  progrès ,  &c, 

X>^^  prépofition  ,  /e'j  ,  dès ,  /;2e\î ,  tes  ,  ye^  ,  cë^,  pro- 
noms ,  articles  ,  &  adjeâiifs  pollcflifs  ,  beautés ,  vous 
chanté:^  ,  Sec.  font  longs. 

Efe  eft  long  ,  Diocéfe  ,  TAe;'^  ,  Genefe  ,  i/  pê/^  ,  &c  \ 
mais  ce  dernier  devient  bref  ,  lorfcju'il  eft  fuivi  de  Ton 
pronom  ,  comme  ,  pefe-t-il. 

Efque  eft  bref,  romanèfque ,  burlcfque  ,  prefque  ,  gro- 
tëfque  y&LC. 

EJfe  eft  long  dans  Abbèffe  ,  Profèjfe  ,  confèjfe  ,  ;'/'èj72', 
comprèjfe  ,  expréjfe  ,  cèjje ,  Icjfe  ,  s'emprèjfe  ;  &  bref  dans 
leurs  dérivés  &  tous  les  autres  mors  en  ejfe  ;  confejfer , 
cajfer    tendrèjfe ,  carejfc ,  parèjfe ,  Sec. 

EJle, 


QUA  ^01 

Êfe ,  efire  font  brefs ,  modejie ,  l^Jle ,  fun^fie  ,  r^rr.^A 
re  ,  tnmefire  ,  &c. 

I    -Er  eft  long  dans  arnt  ,  benêt  ,  forêt  ,  genêt ,  ;jrc7  ,  û;j-- 
oret  ,  acquêt  ,  z/zr^Vêr  ,  têt  ,  protêt  ,   qui  tous  avoienc 
ïutrefois  un  s  après  l'*;,  &  prennent  à  préfent  un  accent 
"ii'conflexe  j  ailleurs  cette  fyllabe  eft  brève  ,   cadk 
'idk  ,  et  conjondion  ,  fujêt ,  hochet ,  &c.        ' 

fre  eft  long  dans  bête  Jête  ,  honnête ,  /Joe7e ,  r^ /Tz/^èr^  " 
juete  ,  conquête  ,  f;zjz/e7e ,  r^ç:/e7e  ,  crére  ,  arrête  ,  re7e  * 
lui  prennent  aulTi  l'accent  circonflexe  à  la  place  de  ^ 
]u*ils  ont  quitté  3  il  eft  bref  par-tout  ailleurs,  Pro^ 
^hke.  Poète,  Comète;  &c.  Souvent  le  t  le  redoubla 
oans  ces  noms  brefs  ,  comme  dans  tablette  ,  houlette  , 
/  tkte,  &c.  Vous  êtes  paroît  devoir  être  bref  plutôt  qug 


on  2- 


:^  Etre  eft  long  dans  eV^  ,  falpêtre  ,  ^«cerre ,  fenêtre 
retre  ,  champêtre  ,  hêtre  ,  chevêtre ,  guêtre  Je  me  dépê^ 

re  :  il  eft  bref  par-tout  ailleurs  ,  &  le  r  s'y  redouble  le 

'lus  fouvent,  diamètre  ,  il  pénètre  ,  /mre  ,  we^rf ,  &c 
£z^ ,  diphthongue  impropre  ,  eft  bref  j  feu.  ,  blel  Jel  ■ 

■cvy ,  &c  5  mais  ez^^ceft  long,  cmlAT,  je  veux  ,fâchei^x  ' 


Eve  eft  long  dans  trêve  , grève  ,  il  rêve;  ce  dernier  eft 
3ng  dans  tous  fes  dérivés  j  rêver ,  rêveur  ,  &c.  £ve  eft 
outeux  dsinsfeve  ,  /^rev^  ,  i/  achevé  ,  il  crevé  ,  z7 /^  Z^, 
<^  ;  la  pénultième  de  ces  verbes  fuivie  d'une  fyllabe 
lafculine  ,  devient  muette  ,7^  lever ,  achever^  crever  il 
\  leva  ,  &c.  ' 

Euf ,  euil,  eul,  font  tous  brefs  :  netif ,  fauteml,  tit- 
'fU ,  &c. 

\  Eule  eft  long  dans  veUe  j  ailleurs  il  eft  bref    feUe 
ueule ,  &c.  '  ^         » 

i  £wne  eft  long  dans  jeUne  ,  abftinence,  &  bref  dans 
lune  ,  adjedif. 

Eur,  eure  ;  le  premier  eft  bref,  odeur  ,  peur,  majeur, 
i  fécond  eft  douteux  5  car  s'il  précède  un  autre  mot ,  il 
tvient  bref,  une  heilre  entière  ,  la  majeure  part  ,  &c  5  & 
il  eft  le  dernier  mot ,  eure  eft  long  ,  voila  Ja  demeure  : 
attends  depuis  une  heure  ;  cette  fUe  efi  majeure,  &c* 

Evre  eft  long  ,  Orfèvre  ,  lèvre  ,  chèvre  ,  lièvre  ,  &c. 


301  Q  U  A  . 

Eufe  eft  long  ,  précieH^fe  ,  (luêtei^fe  ,  cre^ife  y  creûfir  ; 

Ex  eft  toujours  bref,  hempU  ,  /e^r^  ,  eA;r/rper ,  pcr-  , 
^/^a;  ,  Sec. 

M   l'Abbé  d'Olivct,  que  nous  avons  cru  devoir  fuivre  | 
ici     fait  une  obfervatioa  qui  abrège  beaucoup  les  de-  j 
taifs     &  que  nous  rappelions  par  le  même  motif  ;   c  el , 
que  le  nombre  des  brèves  l'emportant  de  beaucoup  fu 
celui  des  longues  ,  &  étant  affez  inutile  de  citer  les  (yl 
labes  qui  ne  varient  jamais  ,  pourvu  qu  on  avertill; 
d'ailleurs  qu'elle  eft  la  nature  de  celles  qu'on  omet,  i 
n'examine  plus  que  celles  qui  font  ou  longues ,  ou  dou- 
teufes    ou  variantes,  en  avertiifant  le  ledeur  que  tou 
tes  celles  dont  il  n'eft  point  fait  mention  ^  font  toujoui 

brèves. 

Idre  eft  long  :  Jûdre  ,  cidre  .  ^cc 

le  diphthongue ,  eft  douteux  i  mid  ,  fiel ,  fier ,  mi 
der,  amitié  ,  moitié  ,  carrière ,  tien ,  mien    Dieu    &c. 

le  dilfyllabe  ,  eft  long,  vF^,  f'^^sïe  il  pr,e ,  il  crie 
&c    mais  bref,  quand  IV  muet  fe  change,  frur , 


cnoit. 


Ipe  eft  long  ,  tige  ,  prodige ,  liuge  ,  w/f^^  >]^  rn  obi, 
^c  il  s' amie.  &c.  mais  les  verbes  deviennent  brefs 
quand  Ve  muet  difparoit ,  s'affliger    obliger    &c. 

7/t'cft  long  dans  lie  &c  prefqulle  i  bref  par-tout  ail 
leurs ,  inutile  ,  imbécile  ,  argile ,  &c. 

Im  in  longs  devant  une  autre  conlonne,  r*m^«ii 
fim-f  le,  pinte  :  brefs  ,  qu.:nd  la  leur  eft  redoublée  ,  ïm 

menfe.lnnéy  &:c.  .,  r     -        -j    i 

ir^eft^ong,  Emfire  ,   Sire,  écrire  ,  il  fouptre  ,  ils  j 

rent  ,  ils  punirent ,  &c.  mais  bref  devant  une  termina 

Ton  mafculine  ,  fouplrer ,  /"/  désira    &c.^ 

//è  eft  loi.g  ,   remlfe  ,  /z^ri^z-^/^  ,  7  ^pH"^  .  ^^-^  ^V^'^ 

ijfe  toujours  bref,  fi  ce  n  eft  dans  les  premières  pci 
fonncs  du  fino;,,licr  &  les  troificmcs  du  pluriel  de  1  iir 
parfait  du  fubjondlif,  ç//^^ /V/#,  que  j' ecrivlfe  ,  qui. 
fljfent  ,  qu'ils  é:rivlffcnt ,  £cc.  que  tuflfes  ,  que  nousffj 
fions  ,  que  vousfljjhi ,  &:c. 


Q  U  A  J03 

It  n'eft  long  qu'à  l'imparfait  du  fubjondif ,  quii  dit , 
u  il  fit ,  &c.  oh  y  met  un  accent  circonflexe, 

Ite  long  dans  bénite  ,  gîte  ,  vite  ,  &  dans  les  fécondes 
•erfonnes  du  pluriel  du  prétérit  de  l'iridicatif ,  vous  fîtes  ^ 
>ous  entreprîtes ,  &c. 

Itre  eft  douteux  ,  mitre  ,  arbitre ,  titre  ^  régitre  ,  &c,  fî 
es  mots  terminent  la  phrafe  ils  deviennent  longs  :  mais 
eurs  dérivés  font  toujours  brefs,  mkré ^  titré,  arbi- 
^age  ,  Sec. 

Ive  eft  long  dans  les  adjedifs  féminins  dont  le  mafcu- 
in  eft  terminé  en  if ,  tardive  ,  captive  ,  juive  :  ailleurs  il 
ftdouteux;  il  était  fur  la  rive...  Sur  la  rive  oppofée  :  qu'il 
ive...  Qu  il  vive  heureux...  Qu'il  vive  long-tems  ,  &;c. 

Ivre  eft  long  dans  vivre  fubftantif  3  ailleurs  il  eft 
louteux. 

O. 

Quand  cette  voyelle  commence  le  mot ,  elle  eft  fér- 
iée &  brève ,  excepté  dans  ôs  y  ôfer  ,  dfer  &  cter  ,  où 
lie  eft  ouverte  &  longue  ,  aufli  bien  que  dans  hôte  , 
uoic^ue  l'on  dife  hôtel ,  hôtellerie, 

Obe  eft  long  dans  globe  &  lobe  j  il  eft  bref  ailleurs  , 
obe  ,  dérobe ,  &c. 

Ode  long  dans  je  rôde  ,  &  bref  ailleurs ,  mode  ,  anti- 
ode  ,  &c. 

Oge  eft  un  peu  long  dans  Dôge  j  &c  bref  hors  de-làj 
■loge  ,  horloge ,  en  déroge  ,  8cc. 

Ogne  long  dans  y  e  rogne  ,  bref  ailleurs  ,  Bourgogne  , 
fergogne  ,  &c. 

i  Oi  ,  dipiitliongue  propre  ,  eft  douteux  à  la  fin  du 
jnot ,  Roi  ,  moi  ,  emploi ,  &c. 
I  Oie  eft  long  ijoie  ,  qu'il  voie ,  &c. 

Oient  terminaifon  des  troifiemes  perfonnes  ihi  plurie 
ans  l'imparfait  des  verbes ,  eft  long  j  ils  avaient  ,  ils 
'ouloient ,  ils  aimaient  ,  &c.  Oit  au  lingulier  des  mê- 
les temps  eft  bref,  il  avoit  ,  il  voulait ,  il  aimait ,  &c. 
;  1  Oin  eft  douteux  quand  il  eft  final  ,  loin  ,  befoin  ,  & 
png  quand  il  eft  fuivi  d'une  confonne  :  oint  ,  moins ,  bc' 
oins  ,  joindre  ,  pointe  ,  &c. 

Oir  ,  oir^  ,  le  premier  douteux  ,  efpoir  ,  terroir^  &c.  & 
autre  long ,  boire ,  /no^r^ ,  mémoire ,  &c. 

Vij 


'5ô4  Q  U  A 

Ois  eft  toujours  long,  foit  qu'il  Cok  tîîphthongu^ 
-propre  ou  impropre  ;  foïs  ,  bourgeois  ,  Rois  ,  Danois 
Anglais  ,j'étols  ^j' allais  ,  &c. 

Uife  ,  oijfe  ,  oitre ,  oivr^ ,  longs  :  frambolfe ,  parolJfe\ 
eloltre  ,  poîvr^  ,  &c. 

Oir  long  dans  il  paraît ,  z7  connaît ,  &  il  croit  venan 
de  croître  :  ailleurs  il  eft  bref,  z7  aimait  ^  ilvaït  ^  &c. 

O/e  bref,  excepté  dans  <frô/^  ,  ^eô/^ ,  mo/f  ,  rôle  ^  con 
trôle  j  //  enjôle  ,  il  enrôle ,  &  leurs  dérivés,  enrôler ,  &c 
pou..-  marquer  la  différence  de  vo/e  en  l'air  ,  &  vole  dé 
robe  ,  pluiîeurs  font  le  dernier  long  ,  il  vole ,  &c. 

Om  ,  on  s'allongent  au  milieu  du  mot  devant  une  au 
tre  con(onne  5  fômbre  ^  bombe  ,  pompe  y  Comte  ,  compte 
conte  ,  monde  ,fônge  ,  ils  s'envônt ,  i/j  diront  ,  &c.  mai 
il  leur  confonne  eft  redoublée,  ils  deviennent  brefs  ,  aj 
fomme  ,  un  homme, perf onne ,  ajfommer ,  hommajfe  ,  pe. 
fonnifier,  &c. 

Orne  j  one  font  longs ,  atome  ,  axiome ,  phantôme ,  mi 
trône  ,  ama:^ône  ,  aumône,  &c. 

Onj  eft  toujours  long  ,  nous  aimons  ,  fonds  j  ponts 
actions  ,  féconds  ,  &c. 

Or  eft  ordinairement  très  bref,  caflor ,  butor,  encor 
&c.  un  peu  moins  dans  or ,  ejjor  ,  trcjôr  ,  fanner  du  cor' 
bord ,  effort'^  mais  fi  c'eft  un  s  qui  termine  cette  fyllabe 
elle  devient  longue  ,  hors  ,  alors ,  tréfôrs  ,  le  corps ,  &( 

Ore  ,  orre  font  longs  ,  encore ,  p.écôrc  ,  aurore  ,  éclôrre 
&c.  mais  ceux  qui  n'ont  qu'un  r  deviennent  brefs,  quan 
l'e  muet  change  ,  comme  ,  évaporé,  décorer ,  dévora 
&CC.  au  lieu  que  les  autres  font  longs  partout  j  féclo 
rai  ,  &c. 

Os  ,  ofe  font  longs  ôs  ,  propos  ,  repos  ,  gros  ,  Hérôi 
dôfe  ,  chôfe ,  il  ôfe ,  ikc. 

Ojfe  eft  long  dans  grôjfe  ,  foffe  ,  endôjfe  ,  il  déscjfe  , 
engrojfc  ,  &  leurs  dérivés  j  fojjé  ,  endôjjé ,  grôjfe ur ,  & 
partout  ailleurs  il  eft  bref. 

Ot  eft  long  dans  impôt  ,  tôt ,  dépôt ,  entrepôt ,  fuppôt 
rôt  y  Prévôt ,  tantôt ,  qui  autrefois  s'écrivoient  par  un 
Dans  leurs  dérivés  ,  Prévôté  cd  long,  rôti  eft  bref:  U 
autres  changent  leur  t  final  en  ^  ,  &;  par  conféquent  r 
tiennent  plus  à  cette  dernière  terminaifon. 

Oce  long  dans  hite ,  c^te ,  maltôte  ,  fôte  j  &  ces  tro 


Q  U  A  305 

îci'nîers  conCervent  leur  quantité  devatit  une  autre  finale 
lue  Ve  muet ,  côté ,  maltôtier  ,  6ter,8cc. 
'    Otre  eft  long  ,  Apôtre  ;  notre  &  votre  font  brefs  quand 
ils  font  fuivis  de  leur  fubftantif ,  &  longs  quand  ils  fui- 
iv^ent  l'article.  Je  fuis  votre  ferviteur ,  &  moi  le  vôtre. 

Oudre  ,  oue  font  longs  :  poudre  ,  moudre  ,  coudre  ,  r/- 
i^owûfre  ,  boue  ,  /ôi/e  ,  il  loue  ;  mais  devant  une  ter  min  ai- 
ifon  mafculine,  ils  deviennent  hïtis  ^  poudré  ^  maulu  ^ 
roué  y  louer.  Sec. 

Ouille  eft  long  dans  rouille ,  il  dérouille  ,  ils'enrôuille  , 
'f embrouille,  il  débrouille  ;  mais  bref,  quand  la  termi- 
jnaifon  eft  mafculine  ,  rouiller  ^  débrouiller  »  brouillon  , 

Ode  eft  long  dans  moule  ,  elle  efifaôule,  il fe  Joule  ,  il 
feule  ,  /^/o'u/^  ,  il  roule  ,  zï  ^Vrôa/f . 

Oure  ,  ozz;re  ;  le  premier  eft  douteux  :  bravoure  ,  ils 
courent ,  &c.  Le  fécond  eft  long  ,  ^e  la  bourre  ,  il  bourre, 
il  fourre  ,  qu'il  courre  ;  mais  la  finale  devenant  mafculi- 
ne ,  la  précédente  devient  brève ,  courrier ,  bourrade  , 
rembourré ,  &c. 

Ouffe  long  dans  je  pouffe  ,  &  bref  dans  les  autres  & 
leurs  dérivés  ;  touffe  ,  roz#r ,  couffin ,  &c. 

Owr^  long  dans  abfàute  ,  yôure  ,  crôute  ,  vôizre ,  z7  côU" 
te  ,  ye  gôj/re  \f  ajoute  j  mais  bref  avant  les  terminaifons 
mafculines  ,  ajouter ,  coûter  ,  goûtons ,  &c. 

O^rre  long  dans  pô^rr^  &  côutre ,  bref  partout  ailleurs^ 

'      JJche  eft  long  dans  ^jîcÂe  ,  embUche ,  on  débûche  :  maïs 
il  devient  bref  dans  bit^cher ,  débucher  ,  &c. 

Z7e  ,  diphthongue  qui  ne  fe  trouve  que  dans  ecw^//^  , 
y  eft  bref. 

Ue  difTyllabe ,  toujours  long  j  vue  ,  tortue ,  cohUe  ,  7« 
\  diftribûe,  &c. 

Z7ge  eft  douteux,  déluge  ,  r^/z^g^e  ,  Jz^i^e  ,  Us  jugent , 
&c.  mais  il  eft  abfolument  bref ,  quand  la  finale  de» 
1  -vient  mafculine  y  juger  ,  réfugier  ,  &c. 
I      I7i ,  diphthongue ,  eft  douteux  ,  cuir ,  cuifme^  fuir  ^ 
bûre ,  ôcc» 


jôS  <5  U  A 

Z7/V' -long,  p/^ie  y  il  s'ennuie,  8cc. 

Ule  eft  long  dans  je  brille  ,  brûler  ,  on  hrîUera  ,  &c.' 

Z7m  ,  un  longs  au  milieu  du  mot  ,   hûmhle ,  j'em 
prûnte  ;  mais  à  la  fin  ils  font  brefs  :  parfum  ,  brm  ,  com< 
mun^  8cc. 

'  Urne  eft  toujours  long  dans  les  premières  perfonnes  4 
prétérit  au  pluriel ,  nous  refûmes  ,  nous  voulûmes ,  nout 
ne  pûmes ,  &c. 

Ure  eft  douteux  ,  augure  ,  verdure ,  parjure  ,  t>«  iJj^- 
re ,  &c  î  mats  fi  l'e  muet  change  ,  Vu  devient  bref,  au^u 
rer  ,  jurer ,  &c. 

Vfr  eft  toujours  long  ,  mûfe  ,  excûfe  ,  inclûfe ,  my^ 
y£  r/cTï^yè  ,  &c  :  mais  il  devient  bref  devant  une  final 
mafculine  ,  rûfer,  refûjfer  ,je  ré cû ferai ,  &c. 

Uffe  ;  cette  terminaifon  n'a  lieu  que  dans  les  verbes 
où  elle  eft  toujours  longue  ,  que  je  pûjfe  ,  quils  accou 
rûffent  ,  &c.  Il  en  faut  excepter  quelques  noms  propres 
comme  la  Vruffe  ,  dans  lefquels  elle  eft  brève  :  pot 
tous  les  autres  noms  terminés  par  le  même  Ton  ,  ils  s'é 
criventi/ce&  font  toujours  brefs,  comme,  ajîûce ,  au\ 
mu'Ce  ^  puce  ,  &c. 

Ut ,  bref  dans  tous  les  fubftantifs  ,  pricipM  ,  tribi*t 
falut ,  fiatût ,  &c.  excepté  fût ,  tonneau  ;  bref  encon 
dans  les  prétérits  des  verbes  ,  il  fut ,  il  vécût  ,  il  mourut 
&c  ;  mais  long  à  l'imparfait  du  Ç\xh]ondi\^ ,  qu'il  fût 
qu'il  mourût ,  &c. 

Ute ,  utes  font  brefs  dans  les  fubftantifs ,  excepte  dan 
flûte  ;  mais  longs  dans  les  verbes ,  vous  lûtes ,  vou. 
fûtes  ,  &c. 

D'après  les  détails  que  nous  venons  de  donner  ,  oi 
s'appercevra  aifément  qu'il  ferojt  poflîble  de  donne 
des  léglcs  générales  qui  ne  feroicnt  pas  fujcttes  à  ui 
grand  nonjbre  d'exceptions  :  par  exemple .  les  confon- 
nes  redoublées  rendent  la  voyelle  qui  les  précède  brè- 
ve :  cette  régie  eft  vraie  fur-tout ,  li  la  confonne  n'efl 
ni  un  r  ni  un  s  :  car  il  n'y  a  gucrcs  d'exceptions  qii'e 
pour  ces  deux- là  :  abbé  ,  accent ,  audition  ,  àjfaire  ,  fûg- 
^érer  ,  belle ,  ïmmenje  ,  innocent  ,  âppofer  ,  une  hotte  , 
&c.  z".  Toute  pénultième  foimée  par  une  voyelle  qui 
eft  immédiatement  fuivie  d'un  e  muet    dcviçut  loa- 


Q  U  A  3^7 

rue  ;  qae'faîe.cmèe  /joîe,  jolU ,  connue^,  une  roue, 
me  couleur  bleue  ,  &c  j  mais  fi  dans  le  même  mot  Vc 
nuet  &  final  fe  change  en  une  autre  voyelle  ,  la  pe- 
lultieme  devient  toujours  brève  -.^yant  /joyeux  ,  rouer, 
bleuâtre  ,  Sec. 

;".  Tous  les  noms  terminés  au  fmgulicr  par  une 
yllabe  mafculme  brève  ,  la  doivent  avoir  longue  au 
>luriel ,  à  caufe  du  s  qui  y  eft  ajouté  ;  comme  Jac  ,  des 
"âcs  ,  almanâck  ,  des  almanâchs ,  ejfaï  ,  des  ejjats  ,  de- 
■aïl ,  des  détails  ,  latr,  les  airs  ,  attrait ,  des  attraits  , 
■ubân  ,  û^ej  rubans  ,  ^"rf  ,  ûf  J  arts  ,  le  bras  ,  les  bras  un 
Avocat,  des  Avocats  ,  un  joyau  ,  des  joyaux  ,  unUec  , 
des  Grns  ,  un  Chef,  des  Chefs  ,  dejfeïn  ,  des  dejjems  , 
-^«  accident ,  des  accidéns  ,  désert,  déserts^  Jujet  ,  des 
fujêts  ,  odeur  ,  des  odeurs  ,  un  délit  ,  des  délits  ,  tardif  , 
tardïfs  ,  emp/of  ,  des  emplois  ,  ^e/ô/>2 ,  des  befoms  ,  ccw- 
r/(5r  ,  des  complots  ,  ^i/oi^  ,  des  bij'ous  ,  i/«  Duc ,  c/^^ 
D«.-^  ,  Confil ,  ^^5  Con>/^  ,  ftatk  ,  desflatuts  ,  &c 

Il  eft  d'ailleurs  bien  des  fyllabes  longues  c]ui  dans 
certaines  circonftances  doivent  ou  peuvent  cti^  pro- 
noncées brèves  :  il  en  eft  aufll  qui  de  brèves  devien- 
nent quelquefois  longues  j  ainfi  quoique  éternelle  ,  ait 
la  pénultième  brève  ,  &  qu'on  dife  ,  à' éternelles  amours, 
cependant  il  arrive  fouvent  dans  la  déclamation  iou- 
tenue,  &  dans  le  chant ,  que  l'on  prononce,  des  amours 
étemelles.  Cn  en  voit  auffi  fouvent  des  exemples  pour 
ceux  des  noms  en  efe  qui  font  brefs ,  comme  des  cares- 
fes  perfides  ,  de  perfides  carèjfes  ;  pour  les  noms  en  île 
bref ,  de  ftérïles  attentats  ,  des  attentats  fterllcs  ,  Sec. 
i      Un  principe  qui  eft  d'une  grande  étendue  dans  la 
JProfodie  Françoife,  c'eft  qu'une  fyllabe   douteufe  ou 
'même  brève  dans  le  cours  du  difcours,  s'allonge  fort 
'  fouvent ,  quand  elle  finit  la  phrafe  ,  ou  le  membre  de 
phrafe  qui  donne  un  repos  dans  la  prononciation  :  ainfi 
l'on  dit  i  un  homme  honnête,  un  homme  brave ^,   quoi- 
que l'on  doive  dire  ,  un  brave  homme  ,  un  honnête  hom-^ 
me ,  &c.  La  raifon  en  eft  fimple  5  c'eft  que  démit  un 
repos  quelque  léger  qu'il  foit  ,  la  voix  a  bcloin  de 
fbutien  ,  &  que  ce  foutien  fe  prend  ordinairement  lur 
la  pénultième  ^  dans  la  prononciation  de  laquelle  ,  la 
j  Toix  fe  préparant  à  tomber  totalement ,  traîne  plus  ou 


f  og  Q  U  A 

moins  fenfiblemeiit  félon  la  qualité  du  repos  &  le  toi 
de  la  prononciation  :  voyei  fur  tout  cela  ratticl( 
Nombre  ,  &c. 

Il  eft  bon  de  remarquer  encore  fur  ce  que  nous  avon- 
dit  en  général  qu'une  fyllabe  longue  ne  rime  poini 
avec  une  brève  ;  que  ce  principe  eft  évident  pour  celle- 
dont  la  longueur  i:^  la  brièveté  font  plus  marquées 
plus  conimes  ,  plus  fixes  ,  &  par  conféquent  plus  oppo- 
lees  ,  plus  frappantes  ,  &  moins  variables.  L^ufage  pcr- 
met  de  faire  rimer  les  autres  ,  fur-tout  quand  la  lan- 
gue ne  fournit  qu'un  petit  nombre  de  terminaifon< 
-^1^^^  A  ^^^^^  ^  laquelle  on  cherche  une  rime  :  cai 
ïl  elt  jufte  que  la  loi  fe  relâche  un  peu  pour  les  point; 
difficiles ,  &  fe  reirerrc  quand  une  plus  grande  abon- 
dance de  mots  donne  plus  de  facilité  d'être-  exad. 

Quoic]ue  le  mauvais  eifet  produit  par  la  rime  d'une 
longue  &  d'une,  brève  toutes  deux  mafculines ,  foit 
quelquefois  fort  fenfible,  comme  dans  Soldat  avec  dé- 
gât ,  dévot  avec  Prévôt ,  intérêt  avec  pacquét ,  &C3  ce- 
pendant on  les  pardonne  encore  plus  aifcment  que  les 
ximes  féminines  dont  l'une  cil  longue  &  l'autre  brève, 
comme  ,  grâce  avec  pUce ,  endôfe  avec  colofe ,  fâche 
avec  moujlàche  ,  prêche  avec  brèche  ,  hâle  avec  martiale, 
pèle  avec  modèle ,  ile  avec  inutile  ,  râle  avec  écèle  \ 
truie  avec  mïde  ,  fiâmme  avec  épigramme  ,  &c. 

Ces  exemples  de  rimes  profcrites  ,  quoiqu'employées 
quelquefois  par  négligence  ,  fiiffifcnt  pour  montrer  com- 
bien un  Poète  doit  refpeder  U  prononciation  établie. 
En  effet  la  rime  réfulte  autant  du  temps  employé  à 
prononcer  un  fon  que  de  la  nature  même  de  ce  fon  ;  de 
quelque  manière  que  deux  fyllabes  différent ,  foit  par 
lem-  longueur  ,  foit  par  leur  fon  ,  l'oreille  qui  fent  ces 
difterenccs  ,  prononce  toujours  que  ces  fyllabes  ne 
peuvent  rimer  5  or  l'oreille  cft  le  fcul  juee  compétent 
de  la  rime. 

QUASI ,  eft  un  adverbe  de   quantité  :  voyei  Ad- 

▼ERBE, 

QUATRAIN  :  voyei  Stances.  ' 

QUE  ,  eft  un  des  pronoms  relatifs  ;  voyez  Pro-, 
NOMS.  -^   ^ 

^  lUft  auffi  particule  çxclamative  &  précurûyç  j  voyei:^ 


QUE  309 

II  c(l  encore  conjondion  concîui^ive  :  voye^  Con- 
jonctions. 

La  nature  de  ces  différences  efTcntielIes  eft  marquée 
dans  chacun  de  ces  articles. 

QUEL  ,  eft  un  des  pronoms  relatifs  :  voyei  cet  arti- 
cle au  mot  Pronoms. 

QUELCONQUE  ,  eft  un  des  pronoms  indéfinis  : 
voyei  cet  article  au  mot  Pronoms. 

QUELQUE  ,  eft  un  adverbe  de  quantité  :  voyei  Ad- 

VERBE. 

QUELQUE ,  eft  un  des  pronoms  indéfinis  :  voyei  Ton 
article  au  mot  Pronoms. 

Il  eft  aufli  du  nombre  des  adjedifs  pronominaux  î 
voye^  Adjfctif. 

QUELQUEFOIS,  eft  un  adverbe  de  tems  :  voyei 
Adverbe. 

QUELQU'UN  ,  eft  un  des  pronoms  indéfinis  :  voye^ 
cet  article  au  mot  Pronoms. 

QUERIR  ,  verbe  adif  irrégulier  &  défedif ,  de  la 
féconde  conjugaifon,  il  vient  du  verbe  latin  quœrere  ^ 
qui  fignific  chercher  ^  demander.  Ce  verbe  quérir  ne  fe 
conftruit  jamais  feul ,  il  eft  toujours  précédé  des  ver- 
bes aller  ,  'venir ,  envoyer.  Envoyé:^  quérir  M.  un  tel. 
Jllle^  quérir  ce  livre  che^  M.  un  tel.  Remarquez  que  l'on 
ne  fe  fert  de  quérir  _>  que  lorfqu'on  fait  où  eft  la  perfon- 
ne  ou  la  chofe  qu'on  envoie  quérir.  Ce  verbe  n'eft  ufité 
qu'au  préfent  de  Tinfinitif  Ses  compofés  font  acquérir  ^ 
conquérir ,  s'enquérir  :  voyen^  ces  verbes  à  leur  article. 

QUI  ,  eft  un  des  pronoms  relatifs  :  vow^  I^ronoms. 

QUICONQUE ,  eft  un  des  pronoms  indéfinis  :  ^>oye^ 
fon  article  au  mot  Pronoms. 

QUI  QUE  CE  SOIT.  L'ufage  a  placé  cette  expref- 
fîon  parmi  les  pronoms  indéfinis  :  voye-^^  fon  article  à  la 
£n  du  mot  Pronoms. 

QUOI ,  eft  un  des  pronoms  relatifs  :  voye^  fon  ar- 
ticle au  mot  Pronoms. 

Quoi  ,  eft  aulli  une  particule  exclamative  :  voye^ 
Particules. 

Cette  différence  eflentielle  eft  marquée  dans  chacun 
de  ces  articles  en  particulier  ,  &  même  dans  tous  les 


jio  Q  U  O 

QUOI  QUE.  L'ufage  a  placé  cette  cxprefïîon  parmi 
les  pronoms  indéfinis  ;  voye^  fon  article  à  la  fin  du  mot 
Pronoms. 

Quoique  ,  ne  faifant  qu'un  mot  efl:  une  des  conjonc- 
tions concefTives.  Il  eft  encore  une  des  conjondions  ad- 
verfatives  ;  voyei  Conjonctions. 


311 


R 


R        ou        RE 


ïsT  urne  desconfonnes  de  l'alphabet  :  voye7[^  Al- 
phabet ,  Consonnes  &  Prononciation. 

RABATTRE.  Verbe  adif ,  inégulier ,  de  la  quatriè- 
me conjugaifon ,  compofé  de  battre ,  fur  lequel  il  fe  con- 
jugue j  de  la  particule  re  ,  qui  marque  réitération  ,  &  de 
jla  prépolïtion  latine  ab  ,  qui  défigne  abdudion  ,  éloi- 
jgnement  d'un  lieu  j  ainfi  rabattre  lignifie  terraller  ,  ren- 
|verfer  ,  faire  tomber  de  nouveau  quelqu'un  ou  quelque 
ichofe  de  l'endroit  où  ils  Ce  trouvoient  j  les  faire  defceii- 
'dre  ,  les  rabaifTer ,  diminuer,  &c.  lia  rabattu  tous  Us 
coups  qu'on  lui  a  portés  ;  vous  me  faites  cette  marchan- 
idife  trop  chère  ,  il  faut  en  rabattre  la  moitié.  Tout  le 
,monde  fut  charmé  de  voir  rabattre  un  peu  fon  orgueil. 
Je  lui  ai  bien  rabattu  le  'caquet.  Au  for  tir  de  la  ville  v-us 
prendre:^  à  gauche ,  &  au  bout  d'une  lieue  ,  vous  rabattre^ 
à  droite.  Apres  avoir  parlé  de  différentes  chofes  ^  il  fe  ra- 
battit fur  la  politique.  Ce  verbe  comme  on  voie  marque 
îl'abdudion  ,  l'éloignement  d'un  lieu  vers  un  autre,  foit 
au  {impie  ^  foit  au  figuré. 

RAISONNEMENT  :  voye:^  Formfs  des  Preuves. 

RASSEOIR.  Verbe  adifj  réciproque  &  irréguiier,  de 
la  troifîeme  conjugaifon  ,  compofé  dcfeoirôc  de  la  par- 
ticule re,  qui  marque  que  la  chofe  cft  faite  de  nouveau, 
Ainfi  rajfeoir  fîgnifie  afleoir  de  nouveau  ,  remettre  aflis 
\  quelqu'un  qui  l'a  été  &  qui  ne  l'eft  plus.  Il  efl  aufïi  ré- 
:  ciproque  ,  on  àitfe  rajfeoir.  Dans  le  fens  f  p;iîré  on  s'en 
fert  pour  exprimer  la  poiïtion  d'une  chofe  fur  un  ap- 
pui fur  lequel  elle  a  déjà  éré  :  raffeoir  une  pierre  fur  fa 
plus  grande  furface  :  il  exprime  encore  plus  communé- 
ment i'aétion  par  laquelle  l'amc  pafTe  d'un  état  violent, 
agité  ,'  à  un  état  tranquille  qu'elle  n'avoit  perdu  que 
depuis  peu  :  de  l'ame  on  porte  cette  cxpreffion  aux  or- 
ganes par  lefquels  l'amc  montre  fon  état  :  on  dit  un 
air  rajfis  ,  un  fang  rajfts  j  des  fens  rajjis  :  un  efprit 
rajfis, 
|.  Ce  verbe  fe  conjugue  différemment  félon  qu'il  eft 
pris  en  adif ,  ou  en  verbe  réciproque.  Nous  allons  le 


■S'il  RAS 

conjuguci'  fous  ce  dernier  point  de  vue  5  mais  dans  Icj: 
tcms  comporés  nous  n'indiquerons  que  la  première  per- 
fonne  ,  &  nous  ne  mettrons  le  participe  qu'au  mafcu-i 
lin  :  on  fait  que  dans  ces  tems  des  verbes  réciproques  le 
participe  fuit  le  genre  &  le  nombre  de  la  perfonne.  Pour 
le  conjuguer  en  adif /on  n'aura  qu'à  retrancher  le  pro- 
nom réciproque  de  tous  les  tems  ,  &  former  les  compo- 
fcs  avec  l'auxiliaire  avoir ,  &  avec  le  participe  raj/is  ,  qui 
alors  ne  fuivra  ni  nombre  ni  genre  5  en  un  mot  ces  tems 
fe  forment  ici  comme  dans  les  autres  verbes  adifs. 

Indicatif  Préfent.  Je  me  rafiieds,  tu  te  rafTieds  ,  il 
fe  ralTied  j  nous  nous  ralTeyons ,  vous  vous  ralTeyez  , 
ils  fe  rafleyent. 

Imparfait.  Je  me  ralTeyois ,  tu  te  raffeyois  ,  il  fe  raf^ 
leyoit  ;  nous  nous  rafTeyions  5  vous  vous  rafTeyiez  ,  ils 
Te  raffeyoient. 

Prétérit.  Je  me  radis  ,  tu  te  raflîs ,  il  fe  raflît,  nous 
nous  rafsîmes  ,  vous  vous  rafsîtes  ,  ils  fe  railîrent. 

Prétérit  indéfini.  Je  me  fuis  ralTis  ,  &c. 

Prétérit  antérieur.  Je  me  fulfe  ralTis  ^  &c. 

Plufqueparfait.  Je  m'étois  raflis  ,  &c. 

Futur.  Je  me  rafleirai ,  ou  rafTiérai ,  tu  te  raffeiras ,  ou  ■ 
raiïiéras  ,  il  fe  rafleira  ,  ou  ralfiéra;  nous  nousrallei-, 
Tons ,  ou  rafTiérons  ,  vous  vous  ralTeirez  ou  raffiérez  ,  ils 
fe  raifeiront ,  ou  radieront. 

Futur pajfc.  Je  me  ferai  affis  ,  &c. 

Conditionnel  préfent.  Je  me  rafleirois  ,  ou  rafîîérois  , 
tu  te  rafleirois  ,  ou  raffiérois  ,  il  fe  rafleiroit  ,  ou  raflié- 
roit  ;  nous  nous  raîfeirions  ou  rallierions  ,  vous  vous 
raireiriez ,  ou  rafllcriez  ,  ils  fe  ralTeiroient  ,  ou  rafllc- 
roient. 

Conditionnel  pajfé.  Je  me  ferois  ,  om  je  me  fulTe  raf- 
£s  ,  &c. 

Impératif.  Raflileds-toi ,  qu'il  fe  rafleye  5  rafTeyons- 
nous  ,  rafleyez-vous ,  qu'ils  fe  rafleyent. 

Subjonctif  Préfent.  Que  je  me  rafleye  ,  que  tu  te 
raflcycs,  qu'il  fe  rafleye  ;  que  nous  nous  rafleyions,  que, 
vous  vous  rafleyicz  ,  qu'ils  fe  rafleyent. 

Imparfait.  Que  je  me  rafllfle,  que  tu  te  rafllfes ,  qu'il 
fe  rafsît  ;qae  nous  nous  raflifllons ,  que  vous  vous  rat 
fiflîez  (  ces  deux  pcrfonnes  ne  font  pas  en  ufage)  qu'ils  ip 
ralïîirenr. 


R  A  V  R  É  C  ji| 

Frètent.  Que  je  me  fois  raffis ,  &c. 

Plufqueparfait.  Que  je  me  fulTe  raflîs  ,  &C4 

Infinitif  pré fent.  Se  raifcoir. 

Prétérit.  S'être  ralîis  ,  ou  rafTife. 

Participe  préfent.  Se  rafTeyanL-. 

Participe pa^é.  S'écant  raflis  ,  raflire.  . 

Participe  pajjîf.  Raflis  ,  raffife. 

Gérondif.  En  fe  raiTeyaiit ,  ou  fe  rafTeyant. 
,  RAVOIR.  Verbe  adif  &  réciproc[ue  ,  irrégulier  5? 
jdéfedif^  compofé  <!' avoir,  &  de  la  prépofition  itérati- 
ve re.  Il  (ignifie  avoir  de  nouveau.  Il  n'y  a  que  l'infi- 
nitif qui  foit  ufité.  TâcheT^  de  ravoir  votre  bien  ,  vos  for^ 
ces  &  votre  fanté.  Se  ravoir  iîguifîe  aufli  fe  tirer  d'affai- 
re :  voyei  Avoir. 

REBATTRE.  Verbe  irrégulier  ,  de  la  quatrième 
conjugaifon  ,  compofé  de  battre,  fur  lequel  il  fe  conju- 
gue ,  &  de  la  particule  modiiîcative  re  ,  qui  marque  réi- 
tération ,  répétition.  Ainfî  rebattre  fignifie  battre  de 
nouveau  ,  agiter  de  nouveau.  Cet  Orateur  ne  fait  que  rd- 
battre  un  petit  nombre  de  penfées  ,  qu'il  habille  de  cent 
façons  différentes.  Rien  de  plus  ennuyant  que  d'entendre  re" 
battre  toujours  la  même  chofe.  N'en  parlons  plus  ,  j'en  ai 
les  oreilles  rebattues. 

RÉCIPROQUE.  Les  verbes  réciproques  font  ceux  qui 
fignifient  l'adion  de  deux  ou  plusieurs  fujets  qui  agiiFenn 
l'un  fur  l'autre;  foit  diiedement  comme  quand  on  dit  , 
ils  fe  flattent  mutuellement  3  foit  indircélcment ,  com- 
me lorfqu'on  dit,  ils  fe  donnent  réciproquement  des  éloges 
peu  mérités. 

Les  verbes  ne  font  jamais  réciproques  par  eux-mê- 
mes ,  mais  par  les  pronoms  me  ,  te  ffe  ,  nous  ,  vous  , 
qui  fe  placent  entre  le  verbe  &  fon  fubjeélif  :  pronoms 
que  l'on  appelle  réciproques  y  parcequ'ils  fe  rapportent 
au  fubjedif.  On  ajoure  aufli  aux  verbes  pour  rendre 
leur  fens  réciproque  plus  clair,  ces  mots ,  réciproque- 
ment y  mutuellement ,  l'un  l'auire  y  ou  bien  on  met  im- 
médiatement avant  eux  ,  ce  mot  entre  ;  comme  ,  ces 
deux  frères  fe  déchirent  réciproquement  /fe  déchirent  t un 
Vautre  ,  ou  mutuellement ,  ou  s'entre-déchirent. 

Les  verbes  réciproques  fe  conjuguent  comme  les  ver- 
bes  réfléchis  3    auxquels    ils  reifemblent   à  bien    des 


514  R  É  C 

égards  :  auflî  phificurs  Grammairiens  les  confondent- ils 
les  uns  avec  les  autres. 

Cependant  il  y  a  une  différence  réelle  pour  le  fens: 
car  dans  le  verbe  réfléchi ,  l'adion  a  pour  objet  celui 
même  qui  la  produit  ;  comme  ^  les  hommes  Je  flattent  , 
c'eft-à-dirc  ,  chaque  homme  fe  flatte  lui-même  :  au.  lï&u. 
que  dans  le  verbe  réciproque  ,  l'adion  a  pour  objet 
non  pas  celui  qui  la  produit  ,  mais  un  autre  qui  en 
produit  une  pareille  dont  l'objet  efl:  celui  qui  produit  la 
première  :  ainfi  ,  ces  deux  frères  je  déchirent  ,  fignifie  , 
que  l'un  déchire  l'autre  ,  &  qu'ils  font  de  la  forte  une  > 
action  réciproque  ,  qui  cft  de  fe  déchirer  :  cela  ne  veut 
donc  pas  due  ,  que  le  cadet ,  par  exemple  ,  Te  déchire  ' 
lui-même  ,  ce  qui  efl:  pourtant  le  fens  des  verbes  réflé- 
chis. I 

De  même  j  Annibal^  Scipion  fe  battirent  en  Afrique^ 
jinnibal  ne  fe  battit  point  lui-même  j  Scipion  n'elt  point 
non  plus  l'objet  fur  qui  temboit  la  bataille  qu'il  don- 
noit  5  ce  qu'il  faudroit  cependant  pour  que  le  verbe  fût 
réfléchi  :  mais  l'un  battoit  l'autre  j  &  comme  celui-ci 
rendoit  à  celui-là  le  combat  qu'il  en  recevoit  5  voilà  la 
réciprocité. 

Les  deux  exemples  que  nous  venons  de  donner  font  • 
de  verbes  réciproques  direéls  :  en  voici  un  dont  la  réci- 
procité efl  indircde,  c'eft-à-dire  que  le  fubjedif  n'y  cft 
point  l'objet ,  mais  le  terme  de  l'adion  réciproque  :  Le 
Prince  Eugène  &  le  Maréchal  de  Villars  fe  firent  beaucoup 
de  poUteJfcs  dans  leur  entrevue.  t 

Foyf^  la  conjugaifon  des  verbes  Réfléchis.  ' 

RECOUDRE.  Verbe  adif ,  irrégulier  ,  de  la  quatriè- 
me conjugaifon  ,  compofé  de  coudre^  fur  lequel  il  fe 
conjugue  ,  &  de  la  particule  modifîcative  re  ^  qui  mar- 
que réitération.  Ainfi  recoudre  fignif  e  coudre  de  nou- 
veau j  une  féconde  fois.  Son  habit  fut  déchiré,  mais  fort 
Tailleur  le  recoufit  fort  adroitew.ent.  La  plaie  é  toit  fi  gr ait' 
de  que  le  Chirurgien  a  été  obligé  de  la  recoudre. 

RECOURIR  6'  RECOURRE.  Verbe  neutre  ,  irrégu- 
^ulier  ,  de  la  féconde  conjugaifon  ,  compofé  de  courir  , 
îur  lequel  il  fe  conjuge  ,  &.  de  la  prépo(ition  réduplica- 
tive  re  ,  qui  marque  que  la  chofc  eft  faite  de  nouveau. 
Ainû  recourir  lignifie  courir  de  nouveau  ,  une  féconde 


R  E  C  515 

oh.  Cettç  définition  embraifc  la  figniiîcation  de  re- 
curir  ,  même  au  figuré.  Car  lorfqu'on  dit ,  r€courir  à 
Dieu  ,  au  Médecin  ^  a  la  clémence  du  Vainqueur  y  on  en- 
end  par-là  qu'après  avoir  couru  inutilement  à  tout  ce 
]ui  écoit  à  notre  portée  ou  en  notre  pouvoir  ,  nouscoo- 
ons  de  nouveau  à  des  relfources  plus  éloignées. 

Rr.couRRE  eft  vieux  ,  &  n'eft  plus  gueres  d'ufage  5 
yci.  n'emploie  ce  mot  qu'au  préfent  de  l'infinitif,  &  au 
-larticipe  paiTé.  Il  eft  adif.  On.  dit  recourre  quelqu'un  , 
;'cn:-à-dire  ,  le  retirer  des  mains  de  Tes  ennemis. 

Participe pajfé.  Recous  ,  recoufe  :  voye^  Courir. 

P.ECOUVRIR.  Verbe  adif,  irrégulier  ,  de  lafecon^ 
Iz  conjugaifon  ,  compofé  Aç.  couvrir  ^  fur  lequel  il  fc 
conjugue,  &  de  la  prépofition  itérative  re  ,  qui  indi- 
que la  repétition  d'une  chofe.  Recouvrir  c'eft  couvrir 
de  nouveau.  Recouvrir  un  lit  ,  une  maifon.  Il  n'a  poini 
de  figuré. 

Participes  ;  Recouvrant  ,  recouvert ,  recouverte. 

Bien  des  perfonnes  confondent  plufieurs  tems  de  ce 
vc'be  tivec  ceux  du  verbe  recouvrer ^  qui  fignifie  ravoir 
en  ili  pofieflficn  ,  retrouver  ce  qu'on  n  avoir  plus.  Ils  en 
ont  en  effet  plufieurs  de  communs  ,  comme  le  préfent  8r 
l'imparfait  de  l'indicatif.  On  prend  mal-à-propos  le  par- 
ticipe pafiif  de  celui-ci  ,  pour  le  participe  pafTif  dere- 
couvrer  j  c'eft  une  faute  ;  on  doit  dire  une  montre  rt- 
cGuxrée ,  &  jamais  dans  le  même  fens  une  montre  recou-^ 
V£;t^.  L'Académie Françoife  admet  cependant  cette  para- 
fe proverbiale  pour  un  perdu  y  deux  de  recouverts  ;  mais 
elle  avertit  que  c'eft  le  feul  cas  où  recouvert  foit  par- 
iticipe  du  verbe  recouvrer  :  voy^^;  Couvrir. 
\  RÉCRIRE.  Verbe  adif  &  irrégulier,  de  la  quatrié- 
ime  conjugaifon  ,  compofé  à'écrire  ,  fur  lequel  il  fe  con- 
jugue, &  de  la  particule  re ,  qui  dans  la  compofition 
des  verbes  déllgne  prefque  toujours  qu'une  chofe  eft 
répétée,  eft  faite  de  nouveau.  Cette  lettre  eji  illifible  ;  il 
faut  la  récrire. 

Récrire  ,  s'emploie  plus  fouvent  d'une  manière  ab- 
folue.  Je  récrirai  a  M.  un  tel ,  crainte  qu  il  n'ait  pas  reps. 
ma  première  lettre  :  voye:^  Ecrire. 

RECUEILLIR.  Verbe  ac^if ,  irrégulier  ,  de  la  fecon- 
lie  conjugaifon  ,  com]^oi6  àz  cueillir ,  fur  lequel  U  & 


^lô  R  E  F 

conjugue  ,  &  de  la  particule  itérative  re.  Cueillir^  d'a- 
près la  fignification  que  nous  en  avons  donnée  ,  lîgnifi« 
amafler  ,  afTembler.  Ainfi  recueillir  veut  dire  airerabier . 
amalTer  de  nouveau  3  une  féconde  fois ,  ramener  à  foi 
ce  cjui  a  été  amaifé  ,  mais  enfuite  difperfé.  Prefque  toui 
tes  les  lignifications  de  ce  verbe  ,  tant  propres  que  figu^ 
rées  ,  reviennent  à  cette  définition.  On  a  recueilli  cette 
année  une  ample  moijfon.  Il  eji  jujie  de  recueillir  les  fruiti 
de  [es  travaux.  Son  occupation  efi  de  recueillir  toutes  les 
nouvelles^  vraies  oufaujfes.  Ce  font  des  penjées  qu'il  a  re- 
cueillies de  toutes  parts.  Il  aura  bien  de  la  peine  a  re- 
cueillir les  débris  de  fa  fortune.  Il  efl  bon  de  recueilli} 
de  tems  en  tems  fes  efprits.  Il  faut  fe  recueillir:  voye\ 
Cueillir. 

REFAIRE.  Verbe  a6lif ,  irrégulier  ,  de  la  quatrième 
conjugaifon  ,  compofé  ào.  faire  ,  fur  lequel  il  fe  conju- 
gue ,  &  de  la  particule  réduplicative  re  ,  qui  fcrc  à  mar- 
quer qu'une  chofe  fe  commence  de  nouveau.  Refaire  un 
Ouvrage ,  c'eft  le  recommencer.  Refaire  lignifie  fouvent 
réparer ,  racommoder  une  chofe  mal  faite  ou  ruinée, 
Refaire  une  maifon  ,  une  armée.  Dans  ce  fens  il  peut 
être  réciproque.  Mafantéfe  refait. 

Refaire,  en  termes  de  jeu,  c'eft  redonner  les  cartes,. 
Participe  préfent.  Refaifant ,  indéclinable.  Participe  paffé. 
Refait ,  refaite. 

Refait,  eft  quelquefois  fubftantif.  On  dit  au  jeu, 
ceft  un  refait  ,  pour  dire  que  la  partie  eft  nulle  &  qu'il 
faut  la  recommencer. 

REFLECHI  ,  fe  dit  de  ce  qui  retourne  fur  foi-mé- 
me.  Nous  avons  en  Grammaire  des  verbes  réfléchis , 
c'eft-à-dire  des  verbes  dont  l'adion  a  pour  objet  ou 
pour  terme  la  même  perfonne  ou  la  même  chofe  qui 
en  eft  le  fujer.  Ainfi  ,  je  me  cannois  y  &  je  me  rends 
jjuftice  :  font  deux  verbes  réfléchis  ;  car  c'eft  moi  qui 
connois  &  qui  fuis  connu  :  je  fuis  donc  le  fubjeéî if  ôc 
Vobjeciifdn  premier  verbe  5  &  c'eft  également  moi  qui 
rends  juftice  j  &  moi  à  qui  elle  eft  rendue  ;  je  fuis 
donc  tout-à-la-fois  Se  le  Jujet  qui  la  rend  &  le  terme 
auquel  elle  aboutit  :  je  ne  fuis  pas  l'objet,  dans  ce  der- 
nier exemple  ,  puifquc  ce  n'eil  pas  moi ,  mais  la  juftice 
qui  eft  rendue. 

La 


R  E  F  5-17 

La  réflexion  des  verbes  n'eft  point  exprimée  par  les 
Yerbes  feuls  ;  mais  par  les  pronoms  me  ,te  ,  fe  ,  nous  , 
vous  ,  félon  la  peiTonne  du  verbe.  Ces  pronoms  le  pla- 
cent entre  le  fubiedif  &  le  verbe  :  voye^  Pronoms. 

On  fent  qu'il  ne  fufîic  pas  que  ces  pronoms  fe  trou- 
vent avant  le  verbe,  pour  qu'il  Toit  cenfé  réfléchi  :  il 
faut  encore  qu'ils  fe  rapportent  à  la  même  perfonne  ou 
à  la  même  chofe  qui  fert  defubjedif  au  verbe.  Ainlî, 
vous  me  trompe-:!^  ,  n  eft  pas  un  verbe  réfléchi  ,  puifquc 
vous  êtes  le  fubjedif ,  &;  que  me  qui  eft  l'objedif ,  ne  fc 
rapporte  pas  à  vous  ,  mais  à  moi. 

On  voit  aufll  que  tout  verbe  adifpeut  devenir  réflé- 
chi ,  dés  qu'il  exprime  une  aftion  dont  l'objet  ou  le  ter- 
me peut  en  être  en  même  temps  le  fujet. 

On  diftingue  deux  Claffes  générales  de  verbes  réflé- 
chis 'j  les  uns  qui  le  font  par  la  lignification  aufli  bien 
que  parl'exprefllon  ,  comme  ceux  que  nous  avons  don- 
nés en  exemple  5  &  les  autres  qui  ne  le  font  que  par 
l'exprefllon  feulement  ,  comme  ,je  me  repens  ^  dans  le- 
quel me  n'eft  placé  que  par  la  loi  de  l'ufage  ,  n'étant 
^o\i\t  nécelfaire  pour  le  fens  5  puifque  repentir  eft  un 
verbe  dont  le  fujet  ne  peut  agir  fur  lui-même,  comme 
on  le  voit  en  tournant  la  phrafc  ,  je  fuis  repentant  ^  oii 
l'on  ne  trouve  plus  de  réflexion  en  confervant  le  même 
fens. 

Les  verbes  réfléchis  par  la  fignification  fe  fubdivifent 
en  trois  clafles  ,  celle  des  verbes  réfléchis  directs  ,  celle 
des  indirecîs  y  &  celle  des  pajffs. 

Les  verbes  réfléchis  direàs  font  ceux  qui  expriment 
l'adion  d'un  fujet  qui  agit  diredement  fur  lui-même  , 
'c*eft-à  dire  qui  eft  en  même-temps  le  fujet  qui  produit 
cette  adion  ,  &  l'objet  de  cette  même  adion  3  comme  , 
/e  me  connais  ;  vous  vous  trompe^  ^  &c. 

Les  verbes  réfléchis  indirects  font  ceux  qui  expriment 
une  action  dont  le  fjjet  n'agit  qu'indiredement  fur  lui- 
même  ,  c'eft-i-dire,  qu'il  n'eft  point  l'objet  de  cette  ac- 
tion qu'il  produit ,  mais  qu'il  en  eft  reniement  le  terme  : 
comme  dans  cette  phrafe  ,  je  me  rends  juftice. 

Les  verbes  réfléchis pajjtfs  font  ceux  dont  le  fujet  ex- 
primé eft  une  chofe  inanimée  &  incapable  d'adion  ;  qui 
par  conféquent  ne  peut  produire  celle  que  la  phraf* 
Tome  11,  X 


^51 8  R  E  F 

femble  lui  attribuer  ;  mais  qui  réellement  ne  fait  que  H 
foufFrir.  Ainfi  dzns  ce  mot  nefe  dit  point ,  ce  mot  ne  pré-* 
fente  que  l'idée  d'une  chofe  inanimée  ,  &  qui  par  con- 
féquent  ne  peut  parler  mfe  dire  foi-même  5  il  ne  peut 
on  être  dit  on  prononcé  :  aufii  le  fens  refte-t-il  le  même 
en  difant ,  ce  mot  ne  doit  point  êire  dit  :  d'où  il  fuit  que 
le  fens  de  ce  verbe  ne  fe  dit  point  n'eft-Ià  qu'un  fens  paf- 
fif  j  quoique  l'exprelTion  foit  adive  5  &  que  le  pronom 
fe  n'y  eft  placé  que  pour  indiquer  ce  (eus  paflif. 

Il  y  a  quelquefois  des  verbes  réfléchis  pailifs  donc  le 
fujet  eft  une  chofe  animée  &  capable  de  produire  l'ac- 
tion du  verbe  ,  quoique  dans  le  fait  elle  ne  faffe  qu'en 
ctre  l'objet  :  mais  le  fens  indique  aifez  qu'elle  n'agit  pas 
fur  elle-même  ,  &  que  le  verbe  n'eft  que  réfléchi  pafllf  5 
comme  ,  cet  homme  s'ejl  trouvé  coupable  :  il  s' eft  trouvé 
innocent  ;  dont  le  fens  véritable  eft  ,  cet  homme  a  été 
trouvé  coupable  ,  a  été  trouvé  innocent  ^  &c. 

Quelquefois  pour  donner  plus  de  force  a^  l'expref 
fion  ^  on  double  le  pronom  en  mettant  après  le  verbe 
moi-même ,  toi-mJme  y  lui-même  j  elle-même  ,  nous-mJ- 
mes  y  vous-mêmes  y  eux-mêmes^  elles-mêmes  ,  o\i  foi-mê- 
me ,  félon  le  pronom  qui  eft  devant ,  &  le  fens  de  la 
phrafej  furquoi ,  voye^  Pronoms.  Exemples  ;  y>  mi 
fers  moi-même  ;  tu  te  perds  toi-mêm.e'^  il  s' eft  livré  lui' 
mêm^e  ;  elle  s' eft  trahie  elle-même  5  nous  nous  égarons 
nous-mêmes  i  vous  vous  décrie:^  vous-mêmes  ;  ils  fe  font 
tort  à  eux-mêmes  ;  elles  fe  font  juftice  a  elles-mêmes  j 
fe  confoler  foi-même  ;  onfefuffit  a.  foi-même  ,  &c. 

Il  y  en  a  aufli  qui  prennent  avant  eux  la  prépofition 
en  ,  comme  ,  s'en  aller  ,  s'en  retourner  y  s'en  moquer  :  jt 
m'en  foucie  peu  ,  je  m'en  vas  a  Paris  y  &c.  Cette  prépo- 
litioa  eft-là  pour  marquer  le  lieu  d'où  l'on  parc  ,  la 
chofe  dont  on  fe  moque  ,  &c.  plutôt  que  pour  ajouta, 
quelque  chofe  à  la  lignification  réfléchie  du  verbe, 

Conjugaifon  d'un  verbe  réfléchi. 

Indicatif  Préfent.  Je  me  repens ,  tu  te  repens  ,  il  01 
elle  fe  repenc  ;  nous  nous  repentons  ,  vous  vous  rcpen 
rtz  ,  ils  ou  elles  fe  repentent. 

Imparfait.  Je  me  repencois ,  tu  te  rcpcntois ,  il  ou  qIU 
fc  rci  CLHc  it ,  &:c. 


>R  E  F  519 

:  Prétint.  Je  me  repentis  ^  tu  te  repentis  ,  H  ou  elle  ih 
T  repentit  j  nous  nous  repentîmes,  vous  vous  repentîtes , 
ils  ou  elles  fe  repentitent. 

Prétérit  imiéfini.  Je  me  fuis  repenti  ou  repentie ,  tu 
t'es  repenti  ou  repentie  ,  il  s'eft  repenti ,  elle  s'eft  repen- 
tie ;  nous  nous  fommes  repentis  ou  repenties  ,  vous 
vous  êtes  repentis  ou  repenties  ,  ils  fe  font  repentis, 
elles  fe  font  repenties. 

Prétérit  antérieur.  Je  me  fus  repenti  ou  repentie,  tu  te 
fus  repenti  ou  repentie  ,  il  fe  fut  repenti ,  qWq  fe  fut  re- 
pentie ;  nous  nous  fûmes  repentis  ou  repenties  y  vous 
vous  fûtes  repentis  ou  repenties ,  ils  fe  furent  repentis  , 
elles  fe  furent  repenties. 

Pluf que  parfait.  Je  m'etois  repenti  ou  repentie  ,  tu  t'é- 
tois  repenti  ou  repentie  ,  il  s'étoit  repenti  ou  elle  s  etoic 
repentie  i  nous  nous  étions  repentis  ou  repenties ,  vous 
vous  étiez  repentis  ou  repenties  ,  ils  s'étoient  repentis  où 
elles  s'étoient  repenties. 

Futur.  Je  me  repentirai ,  tu  te  repentiras ,  il  ou  elle  fc 
ï^'epentira ,  &c. 

Futur pafé.  Je  me  ferai  repenti  ou  repentie ,  tu  te  fe- 
ras repenti  ou  repentie  ,  il  fe  lera  repenti  ou  elle  fe  fera 
repentie  ;  nous  nous  ferons  repentis  ou  repenties  ,  vous 
vous  ferez  repentis  ou  repenties ,  ils  fe  feront  repentis, 
ou  elles  fe  feront  repenties. 

Conditionnel  pré fent.  Je  me  repentirois ,  tu  te  repenti- 
rois  ,  &c. 

Conditionnel pajfé.  Je  me  ferois  repenti  ou  repentie ,  tu 
te  ferois  repenti  ou  repentie  ,  il  fe  feroit  repenti  ou  elle 
fe  feroit  repentie  ;  nous  nous  ferions  repentis  ou  repen- 
ties y  vous  vous  feriez  repentis  ou  repenties  ,  ils  fe  fe- 
roient  repenties  ou  elles  fe  feroient  repenties.  Ou  pour  le 
,  même  temps.  Je  me  fuife  repenti  ou  repentie ,  tu  te  fuf- 
fes  repenti  ou  repentie ,  il  fe  fut  repenti  ou  elle  fe  fut 
repentie  5  nous  nous  fuffions  repentis  ou  repenties  ,  vous 
vous  fuffiex  repentis  ou  repenties  ,  ils  fe  fulfent  repentis 
ou  elles  fe  fuffent  repenties. 

Impératif  Préfent  &  futur.  Pvepens-toi  ,  qu'il  ou 
«qu'elle  fe  repente;  repentons-nou?,  repentez-vous,  qu'ils 
fc'«  qu'elles  fe  repeùte'nt, 

2F  V 


52Ô  R  E  G        K  EL 

Subjonctif  Fréfent.  Que  je  me  repente,  que  tu  te 
repentes ,  &c. 

Imparfait.  Que  je  me  repenti/Te  ,  que  tu  te  repentif* 
fes  ,  qu'il  ou  qu'elle  fe  repentît  ;  que  nous  nous  repen- 
tiflîons  ,  que  vous  vous  repentifliez,  qu'ils  ou  qu'elles  fe 
repentifïent. 

Prétérits  Que  je  me  fois  repenti  ou  repentie  ,  que  tu 
te  fois  repenti  ou  repentie  ,  qu'il  fe  foit  repenti  ou  qu'elle 
fe  foit  repentie  5  que  nous  nous  foyons  repentis  ou  re- 
penties ,  que  vous  vous  foyez  repentis  ou  repenties , 
qu'ils  fe  foient  repentis  on  qu'elles  fe  foient  repenties. 

Plufqueparfait.  Que  je  me  fuiTe  repenti  ou  repentie , 
que  tu  te  fulfes  repenti  ou  repentie  ,  qu'il  fe  fût  repenti 
ou  qu'elle  fe  fût  repentie  ,  que  nous  nous  futfions  re- 
pentis ou  repenties  j  que  vous  vous  fuffiez  repentis  ou 
repenties  ,  qu'ils  fe  Aillent  repentis  ou  qu'elles  fe  fuifent 
repenties. 

Infinitif  Tréfent.  Se  repentir. 

Trêtérit.  S'être  repenti  ou  repentie. 

Panicipe  préfent.  Se  repentant. 

Participe  Pajfé.  S'étant  repenti  ou  repentie. 

Participe  pajfif.  Repenti ,  repentie. 

Gérondif.  En  fe  repentant  ou  le  repentant. 

Voye^  Conjugaison  pour  les  temps  que  nous  n*a^ 
vons  pas  donnés  en  entier. 

RÉGIME.  Voye:^  Objectif  ,  Construction  5? 
V article  Particule, 

RÉGULIERS.  On  appelle  régulier  ce  qui  eft  en  tout 
conforme  aux  règles  communes  &  générales ,  établies 
pour  les  chofes  de  mcme  nature.  En  Grammaire  Fran- 
çoife  ce  mot  s'applique  aux  verbes  fur-tout.  Un  verbe 
régulier  efl:  celui  qui  fuit  p(|ur  la  formation  de  fes  mo- 
des ,  tems ,  nombres ,  &  perfonncs  ,  les  conjugaifons 
générales  :  voye:(  Conjugaison.  Quant  à  ceux  qui  s'é- 
cartent de  ces  règles  communes  :  voye:^  Irréguliers. 

RELIRE.  Verbe  adif ,  irrégulier,  de  la  quatrième 
conjugaifon  ,  compofé  de  lire  ,  fur  lequel  il  forme  fes 
tems ,  &  de  la  particule  re  ,  qui  dans  les  mots  compo- 
fés  exprime  réitération  ,  répétition.  Relire  fignifîe  donc, 
lire  une  féconde  fois  ,  de  nouveau.  J'ai  lu  Ù  relu  bien 


•R  E  L  REM  jzi 

des  fois  fes  écrits ,  ils  m* ont  toujours  fait  un  plaîjtr  nou» 
veau  :  voye\  Lire. 

RELUIRE.  Verbe  neutre,  irrégulier,  de  la  quatrième 
conjugaifon  j  compofé  de  luire ^  fur  lequel  il  forme  fes 
tems  ,  &  de  la  particule  re  ,  qui  marque  qu'une  chofc 
cft  répétée  ,  eft  faite  de  nouveau.  L,uire  fîgnifie  briller, 
jetter  de  l'éclat  j  reluire  fignifîe  jetter  un  éclat  répété  , 
réfléchi.  Flus  les  furf aces  d'un  corps  font  polies  y  plus  elles 
relui fent. 

Ce  verbe  s'emploie  auflî  au  figuré.  Tous  les  malheurs 
qu'il  a  ejfuyés  n'ont  fervi  qu'a  faire  reluire  davantage  fa 
vertu  ,  comme  certains  métaux  qui  ,  plus  ils  font  frappés  y 
plus  ils  fe  polijfent  &  gagnent  d'éclat. 

On  dit  proverbialement ,  tout  ce  qui  reluit  n  eft  pas  or. 
REMETTRE.  Verbe  adif ,  irréguiier  ,  de  la  quatriè- 
me conjugaifon,  compofé  de  mettre  fur  lequel  il  fe  con- 
jugue ,  &  de  la  particule  réduplicacive  re.  Amii  remettre 
figuifie ,  mettre  de  nouveau  5  mettre  une  féconde  fois  au 
même  lieu  une  chofe  qui  en  avoit  été  ôtée.  Exemple  : 
Remette:^^  ce  livre  ou  vous  l'avei  pris. 

On  fe  fert  fouvent  du  verbe  remettre  dans  un  fens 
figure  ,  comme  lorfqu'on  dit  :  Il  eft  remis  par  Arrêt  dans 
fes  biens  y  fon  honneur  &  fes  droits. 

Ce  verbe  a  une  infinité  d'autres  fignifications  donc 
nous  allons  donner  quelques  exemples.  On  dit ,  remettre 
bien  enfemble  deux  amis  qui  s'étoient  brouillés  pour  figni- 
fier  les  réconcilier.  Remettre  l'efprit  à  quelqu'un  pour 
dire  le  rafiurer. 

Se  remettre  pour  recouvrer  fes  forces  ,  fà  fortune. 
Remettre  quelque  chofe  à  quelqu'un ,  c*eft-à-dire  ,  la 
lui  rendre. 
I        Remettre  la  partie  ,  lacaufe ,  pour  fignifier  la  différer 
à  un  autre  jour. 

Remettre  de  bon  cœur  les  offenfès  qu'on  nous  a  fai- 
tes ,  pour  dire  les  pardonna*. 

Se  remettre  quelque  chofe ,  pour  fignifier  s'en  fouve- 
nir.  Je  me  remets  fon  vifage  :  voye^  Mettre. 

REMORDRE.  Verbe  adif ,  irrégulier  ,  de  la  quatriè- 
me conjugaifon  ,  compofé  de  mordre  fur  lequel  il  fc 
conjugue  ,  &  de  la  particule  réduplicative  re  ;  il  fignifie 
mordre  de  rechef.  Il  eft  plus  d'ufage  au  figuré  :  Cet  EJ^ 

X  iij 


iti  REM  R  E  î^ 

cadron  a  êtéji  mal  mené  qnil  a  été  impoJfibU  de  le  fatrà 
remordre  ,  pour  dire ,  de  le  faire  retourner  a  l'attaque. 
Il  efl:  quelquefois  neutre.  La  confcîence  lui  remord 
~^^oye:(  Mordre. 

Participes.  Remordant  qui  neft  d'aucun  ufage  ,  rc- 
mordu ,  remordue. 

RÉMOUDRE.  Verbe  adif ,  irrégulier  ,  de  la  qnatrie^ 
me  conjugaifoii,  compofé  de  moudre  ,  fur  lequel  il  f0 
conjugue,  &  de  la  particule  modificative  rf  ,  qui  mar- 
que qu'une  chofe  eft  faite  de  nouveau.  Ainfî  rémoudre 
iîgniiîe  aiguifer  de  nouveau  ,  une  féconde  fois ,  un  fe» 
fur  une  meule.  Ce  couteau  ne  coupe  plus  ^  il  faut  le  ré" 
moudre. 

Participe  pajfé  :  Rémoulu  ;  rémoulue. 
RENAÎTRE.  Verbe  neutre  ,  irrégulier  ,  de  la  qua- 
trième conjugaifon  ,  compofé  de  naître  fur  lequel  il  fc 
conjugue,  &  de  la  particule  r^ ,  qui  marque  réitéra- 
lion,  Ainlî  renaître  lignifie  naître  de  nouveau.  Aujfi-tot 
qu'on  coupoit  unf  **«  de  l'Hydre  de  Leme  y  il  en  renaifi 
foitfept  autres.  1  ï.j  cnaît  au  Printems.  Mes  ejhérances 
commencent  à  renaître  ^  8cc.  ^ 

RENDORMIR.  Verbe  irrégulier,  de  la  féconde  con- 
jugaifon ,  compofé  du  verbe  endormir^  &  de  la  piépofi-,_ 
tion  re,  qui  marque  répétition  d'une  chofe.  Ainfi  rendor- 
mir fignifie  endormir  de  nouveau.  Il  eft  ââ:ifjj'ai  ren-* 
dormi  l'enfant. 

Il  eft  aufli  réciproque.  Je  me  fuis  rendormi. 
Participe  préfent.  Rendormant. 
Participe pajjé.  Rendormi ,  rendormie. 
Ce  verbe  fe  conjugue  comme  dormir  :  voye:^  ce  mot. 
RENTRAIRE.  Verbe  adif ,  inégulier ,  de  la  qua- 
trième conjugaifon  ,   compofé  de  traire^   qui   fipnifîe 
tirer,  fur  lequel  il  fe  conjugue  ,  de  la  particule  re  ,  qui 
marque  qu'une  chofe  eft  faite  de  nouveau  ,  &  de  la  pré- 
pofition  en  (  dans  )  qui  fpécif  e  l'intérieur.  Ainfi  rentrai* 
re  fîgnific  tirer  de  nouveau  &  en  dedans  y  c'eft  ce  que 
font ,  par  exemple  ,  les  Tailleurs  quand  ils  rejoignent 
deux  morceaux  d'étoffes  ,  en  mettant  les  deux  extrémi- 
tés en  dedans  ,  afin  que  cela  ne  paroiile  prefque  pas  re- 
coufu.  Voilà  une  couture  bien  rentraite.  Mais  ce  verbe 
n'çft  guère  ufitc  qu'au  préfent  de  l'infinitif.  Le  parti- 


R  E  P"  525^ 

^ipc  rentrait  ,  rentraite  ,  fe  prend  mieux  fubflantive- 
ment.  On  dit ,  voilh  une  rentraite  fort  bien  faite. 

REPARTIR.  Verbe  aa:if&  neutre  ,  irrégulier,  de  la 
féconde  conjugaifon  ,  compofe  départir  &  de  ia  prcpo- 
iîtion  irérative  r^. 

■  Ce  verbe  a  deux  fîgnifîcations.  Quelquefois  il  iigniiîc 
partir  de  nouveau  5  quelquefois  répliquer  ,  répondre, 
,Oans  ce  fécond  fcns  il  eft  quelquefois  aâ:if.  Jl  ne  ma 
■reparti  que  des  injures  ,  ou  que  par  des  injures. 

■  Dans  l'une  &  l'autre  iîgnifîcation  il  fe  conjugue  com  - 
me  le  verbe  (impie  partir. 

Ses  participes  font  repartant ,  reparti ,  repartie.  Ce 
dernier  eft  quelquefois  flibftantif  &  lignifie  réplique  , 
réponfe.  Voila  une  keitreufe  repartie  :  voye'^  Partir.         ' 

Il  ne  faut  pas  confondre  le  verbe  repartir  avec  répar- 
tir ^  qui  a  un  accent  aigu  fur  l'c  ,  &:  qui  fîgniiie  diftri- 
buer.  Celui-ci  fe  conjugue  différemment  :  voye:i^  l'arti- 
cle fuivanr. 

RÉPARTIR.  Verbe  adif  de  la  féconde  conjugaifon. 
Il  n'a  pas  de  fimplc  en  François  :  mais  il  tire  fon  étymo- 
logie  du  verbe  latin  repartiri  j  qui  eft  compofe  de  la 
particule  réduplicative  re  ,  8c  de  partiri  venant  de  pars  y 
qui  fignifiep^rr  ,  portion.  Ainfi  répartir  £gni£e  faire  les 
parts  &  les  diftribuer. 

Ce  verbe  eft  régulier.  Il  ne  faut  pas  le  conjuguer  fur 
partir  ^  dont  il  ne  tire  pas  ,  comme  on  vient  de  voir, 
fon  origine  ,  mais  fur  la  féconde  conjugaifon  régulière.. 
yoye:(  Conjugaison. 

REPERDRE.  Verbe  adif ,  irrégulier  ,  de  la  quatriè- 
me conjugaifon  ,  compofe  de  perdre ,  fur  lequel  il  fe  con- 
jugue, &  de  la  particule  itérative  re.  Ainfi  reperdre  fî- 
gnifie  perdre  une  féconde  fois.  J'ai  reperdu  aujourd'hui 
la  montre  que  j'avois  retrouvée.  Il  lignifie  quelquefois 
fimplement  perdre  après  avoir  gagné  5  je  gagnois  beau-^ 
coup  _,  &  j'ai  tout  reperdu. 

Participes.  Reperdant,  reperdu  ,  reperdue. 

RÉPÉTITION.  Ceft  une  figure  de  diélion.  Les. 
Rhéteurs  lui  ont  donné  différents  noms.  Elle  eft  fort  or- 
dinaire dans  le  difcours  de  ceux  qui  parlent  avec  cha- 
leur. 
On  nomme  anapkorc  la  répétition  d'un  même  mot: 

Xiv 


514  R  E  P  ! 

qui  recomftience  une  phrafe.  C'eft  ainfî  qu'Hërodc  s'anî- 1 1 
me  à  faire  périr  Mariamne  fon  époufe  (  Voltaire  ). 

Vous  ferez  répandu  fang  de  mes  ennemis , 
Sang  des  Afmonéens  dans  fes  veines  tranfmis  , 
Sang  qui  me  haïflez  &  que  mon  cœur  décefte. 

On  appelle  Epifiropke  ou  CompUxion  la  répétition 
dans  laquelle  on  finit  par  les  mêmes  paroles.  Bourdaloue 
l'emploie  ainfî  dans  un  de  fes  Sermons. 

Tout  l'univers  eft  rempli  de  l'efprit  du  monde  y  on  ]\i- 
ge  félon  Tefprit  du  monde.  On  agit  &  l'on  fe  gouverne 
félon  l'efprit  du  monde  ;  le  dirai- je  ?  On  voudroit  même 
fervir  Dieu  félon  l'efprit  du  monde. 

La  Conduplicadon  cft  la  répétition  d*an  mot ,  foit  au 
commencement  ,  foit  à  la  fin  de  la  phrafe.  Exemple  : 

Rompez ,  rompez  ,  touc  pacte  avec  Timpiécé. 

(  Joab  dans  Atlialie  ,  Tragédie  de  Racine  ). 

M.  Flécliier,  dans  l'Oraifon  Funèbre  de  M.  de  Mon- 
tauficr  ,  dit  :  3>  Tombez,  tombez ,  voiles  importuns  qui 
M  lui  couvrez  la  vérité  m. 

La  ConjonElion  ell  la  répétition  de  la  même  conjonc- 
tion qui  lie  tous  les  membres  ou  incifes  d'une  période. 
Cette  figure  paroît  multiplier  les  objets  en  les  accumu- 
lant. Exemple  : 

On  égorge  h.  la  fois  les  Enfants  ,  les  Vieillards  y 
Et  la  Soçur  &  le  Frère, 
Et  la  Fille  &  la  Mère. 

(  Racine  dAm  Efiher  ). 

La  Disjon^ion  cft  îa  fupprclUon  de  ces  liaifons.  Par- 
là  le  difcours  acquiert  plus  de  vivacité  ;  cette  figure 
fait  mieux  voir  les  objets  en  1er,  détachant.  Exemple  : 

J'entre,  le  Peuple  fuie ,  le  Sacrifice  ce ffc  , 
Le  Grand  Prêtre  vers  nous  s'avance  avec  fureur. 
(  Racine  dans  Athalie  ). 


R  E  P  R  E  S  ^if 

REPLIQUE  ou  RÉFUTATION.    Foye^  Disposi- 

ITION  6'CONfI?.MATlON. 

REPOS.  Foyei  Césure  ,   Nombre    Oratoire  , 
Ponctuation.  ^       ,  .  sr 

■     REPRENDRE.  Verbe  adif  ,  réciproque  ,  neutre    ÔC 
irrécrulier,  de  la  quatrième  conjugaifon  ,  compote  de 
prendre  ,  fur  lequefil  fe  conjugue  ,  &  de  la  prepoficiGn 
f  réduplicative  re.  Il  a  plufieurs  lignifications  qu  on  peut 
i  néanmoins  toujours  rapporter  à  Ton  fens  propre  qui  elt 
prendre  de  nouveau.  Excepté  lorfqu'il  fignifie  corriger  , 
,  réprimander  quelqu'un.  Il  eft  quelquefois  réciproque, 
t  comme  je  me  fuis  repris.  Quelquefois  neutre.  C^r  arbre 
\\reprend  bien.  .  -r     r^ 

'     Ses  participes   font  reprenant ,  repris  ,   repritc.  Ce 
Bidernier  eft  quelquefois  fubftantif  :  royq  Prendre.    ^ 
'     RÉSOUDRE.  Verbe  adif ,  irrégulier  ,  de  la  quatriè- 
me conjugaifon  ,  compofé  de  foudre  ,  &  de  la  particule 
itérative  re  ;    quoique  cette  particule  femble  ne  riea 
ajouter  à  fa  fignification  ,  qui  dans  le  fonds  elt  la  me- 
'  me  &  plus  ufitée  que  cdle  de /o^^û'r^.  On  àïl  foudre  OM 
•  ^Intot  réfoudre  un  Prob'éme. 

1       Le  verbe  fimple  foudre  fignifîe  comme  on  peut  le  voir 
au  mot  foudre  ,  délier  ,  dégager  ,  développer  -,  réfoudre 

■  conferve  le  même  fens  tant  dans  le  propre  que  dans  le 

■  ^guré.  A 

Dans  le  propre ,  réfoudre  un  argument  ;  c'elt  en  oter 
toutes  les  difficultés ,  les  lever ,  Tune  après  l'autre. 

Dans  le  figuré ,  réfoudre  la  paix  ;  c'eft  oter  tous  les 
:  obftacles  qui  empêchoient  de  prendre  ce  parti  la.  ^ 
(j      Réfoudre  un  homme  a  queLjue  chofe  ;  c'eft  le  determi- 
i  ner  ,  en  combattant ,  en  détruifant  les  raifons  qui  l'em- 
i  pêclîoientde  prendre  tel  ou  tel  parti. 
!      On  dit ,  un  homme  réfolu  ,  une  femme  refolue  ,  pour 
dire  un  homme,  une  femme  hardis  qu'aucune  coniide- 
lation  n'arrête  j  comme  fi  ils  étoient  en  effet  dégages  de 
toutes  les  chaînes  de  la  politique  ,  de  la  bicnfeancc  ,  da 
;:efpeâ:  humain. 

Participes.  Réfolvant ,  réfolu,  réfoIue.  Refoudre  a 
encore  un  autre  participe  réfous  ,  qui  ne  fe  dit  que  des 
chofes  qui  fe  convertiiTent  en  d'autres.  Un  nuage  rejous 
en  eau,. 


5^^  R  E  s 

Indicatif  Préfent.  le  réCous ,  tu  reTous,  il  léfout: 
roès  réfolvons  ,  vous  réfolvez  ,  ils  réfolvent.  Impan 
/dir.  Je  ré  fol  vois,  &c.  Prétérit.  Je  réfolus  ,  &c.  Fwrur 
Je  réfoudrai ,  &c.  Conditionnel  pré fent.  Je  réioudrois. 

ImpÉratip.  Réfous  ,  qu'il  réfoive  ,  &c. 

Subjonctif.  Que  je  réfolvc  ,  &c.  Imparfait.  Quej< 
féroIufTe  j  &c.  Les  tems  compofés  fontrés^uliers. 

Participe  aBif.  Réfolvant.  Participe  paffif.  Réfolu 
réfolue  ,  quand  ce  verbe  fignifie  décider ,  déterminer  5  6 
irefous,  qui  n'a  point  de  féminin  ,  quand  il  fignifie  ré- 
duire ,  changer  en  quelqu'autre  chofe, 

RESSORTIR.  Verbe  neutre  ,  irrégulier  ,  de  la  fecon 
^econjugaifon,  compofé  àcfortir ,  de  de  la  prépofitioi 
itérative  re. 

Ce  verbe  a  deux  fignifîcations. 

I**.  Il  fignifie  fortir  de  nouveau.  M.  qui  était  entré  ^i 
ny  a  qu'un  infiant ,  vient  de  rejfortir.  Dans  cette  fignifil 
cation  il  fe  conjugue  comme  le  verbe  fimple y^rrir  :  wyf. 
ce  verbe  à  fon  article. 

1".  Refiortir  fignifie  aufli  être  de  la  dépendance  ^  di 
refibrt  de  quelqu'un.  Il  femble  venir  alors  du  verb 
latin  fortiri  ,  tirer  au  fort,  partager.  Telle  Caufe  ,  tell 
Junfdiclion  reffortit  au  Parlement  ou  rejfortit  du  Parle' 
ment  ,  comme  fi  l'on  difoit  ,  eft  du  partage  du  Parlement 
Bans  cetre  fignification  il  fe  conjugue  de  la  manier 
fuivante. 

Indicatif  Pré  Cent,  Je  rclTortis,  tu  refibrtis ,  il  reflor: 
tit  ;  nous  refiortilfons ,  vous  reifortificz  ,  ils  rcfibrtiiTent 
Imparfait.  Je  refibrtifibis  ,  &c.  Futur.  Je  refibrtirai 
&c.  Conditionnel  pré  fent.  Je  rcfibrtiroîs. 

Impératif.  Qu'il  refibrtilfe  ,  &c. 

Sltbjonctif  Pré  fent.  Que  je  rcflbrtifle  ,  que  tu  rc(- 
fortifies  j  qu'il  refibrti fie  i  que  nous  relfortilfions ,  qiw 
vous  refibrtifTicz  ,  qu'ils  refibrtiffent. 

Imparfait,  Que  je  refibrtîfic  ,  que  tu  refibrtîfi^es,  qu'i 
rcffortît  5  que  nous  rclfortiirions,  que  vous  reflbrtîfliez, 
qu'ils  refifortiflent.  P lu fque  parfait.  Que  j'euiTe  refforti . 
&c. 
Participes.  Refibrtifiant  ,  refibrti  indéclinables. 
Des  tems  de  ce  verbe  il  n'y  a  guère  que  le  préfent , 
l'imparfait  &  le  futur  de  l'indicatif,  l'imparfait  & 'fc 
plufqueparftit  du  fubjoiiaif  qui  foiciu  d'ufage. 


R  E  T  3^7 

RETICENCE.  Figure  de  Rhétorique  propre  aux  paf- 
,ons  Par  cette  figure  l'Orateur  s'interrompt  lui-même 
a  milieu  de  fon  difcours,  ëc  pafTe  fubitement  a  d'au- 
■es  chofes  ;  enforte  que  ce  qu'il  a  dit  laillc  fuftilam- 
lent  entrevoir  ce  qu'il  afFede  de  fuppnmer  On  l'em- 
ioie  fouvent  dans  la  colère.  C'eft  ainfi  qu'Athalie  parie,' 

Joab  lorfqu'elle  lui  demande  Eliacim ,  &  les  trelors 
u'elle  croie  cachés  dans  le  Temple. 

Je  devrois  fur  l'Autel  gÙ  ta  main  facrifie  , 

Te  . . .  mais  du  prix  qu'on  m'oftire  il  faut  me  contenter , 

Ce  que  tu  mas  promii  fonge  à  l'exécuter. 

On  l'emploie  encore  quand  on  ne  veut  que  laifTer 
Dupconner  les  chofes.  Ceft  ainfi  qu'Aricie  dans  Phèdre, 
cenè  III ,  Ade  V  ,  hilTe  foupçonner  à  Théfée  qu'Hyp- 
olite  eft  la  vidime  de  la  calomnie. 

Prenez  garde  ,  Seigneur ,  vos  invincibles  mains 
Ont  de  monftres  fans  nombre  affranchi  les  humains , 
Mais  tout  n'efl:  pas  détruit ,  cC  vous  en  laifïez  vivre 
Un.  . .  Votre  fils ,  Seigneur  ,  me  défend  de  pourfuivscr. 

On  ne  doit  employer  cette  figure  que  dans  les  occa- 
ions  importantes. 

RETORDRE.  Verbe  adif,  irrégulier,  de  la  quatrie- 
ne  conjugaifon  ,  compofé  de  tordre  fur  lequel  il  Ce.  con- 
ugue,  &  de  la  particule  réduplicative  re.  Ainfi  retordre 
ignifie  tordre  une  féconde  fois.  Cette  corde  s'efi  défaite  , 
dfaut  la  retordre.  Retordre  du  fil ,  c'eft  tordre  enfemble 
vrois  fils  déjà  tors;  ce  qui  eft  plus  difficile.'De-là  ce  pro- 
verbe ,  donner  du  fil  a  retordre  a  quelqu'un;  pour  dire,  lui 
"ufciter  bien  des  embarras  ,  bien  des  affaires. 

Participe  préfent.  Retordant ,  indéclinable. 

Participe pajfé.  Retordu  ,  retordue.  C'eft  avec  ce  der- 
lier  que  fe  forment  lestems  compofés. 

On  dit  auffi  retors  ,  retorfe  ,  mais  on  peut  le  confîderer 
:omme  fimple  adjedif.  Au  figuré  on  dit  d'un  homme 
5ui  eft  fin ,  rufé  ,  fubtil ,  adroit  s  que;  c'eft  un  homme 
'et  ors. 

REVALOIR.  Verbe  adif  ,'irréguîier  ,  de  la  troifieme 
ronjugaifon ,  corapofé  de  valoir  fur  lequel  il  fe  couju- 


jiS  R  E  V 

giic ,  &  de  la  prépofîcion  réduplicativc  re.  Il  fignL^c  ft 

vanger ,  rendre  la  pareille  -.je  Lui  revaudrai  cela.  On  s'ei 

fert  le  plus  fouvenc  en  mauvaife  part. 

Participes.  Revalant ,  revalu  ,  revalue. 

REVÊTIR.  Verbe  adif ,  réciproque  ,  &  irrégulicr  d- 

la  féconde  conjugaifon  ,  compofé  de  -vêtir  fur  lequel  i 

fe  conjugue,  &  de  la  particule  réduplicative  re  qui  mar 

que  répétition.  Ainfi  revêtir  fignifie  vêtir  de  nouveau 

mettre  ou  donner  des  habits  de  nouveau  ;  quitter  ceu 

dont  on  eft  vêtu  pour  en  prendre  d'autres  ;   faire  quit 

ter  à  quelqu'un  ceux  qu'il  a  pour  lui  en  donner  d'au 

très  ;  en  mettre  par-dertus  ceux  qu'on  a  déjà  j  comm 

lorfqu'aux  habits  qu'on  pouce  ordinairement  on  en  ajout 

d'autres  qui  décorent,  qui  font  des  marques  de  dignitt 

Il  faut  vous  revêtir  ^  c'eft-à-dire,  quitter  czs  habits  dor 

vous  êtes  vêtu  ,  &  en  prendre  d'auires.  Ce  pauvre  vou 

bénira  ,  [i  vous  le  revête^  5  c'eft-à'dire ,  fi  vous  lui  don 

nez  d'autres  habits.    On  revêtit  le  Roi  de  fes  habit 

Royaux  >  c*eft-à-dire  ^  on  ajouta  aux  habits  qu'il  avo: 

déjà  ceux  de  fa  dignité  Royale. 

participe  pré fent.  Revêtant. 

Participe  pajfé.  Revêtu  ,  revêtue. 

Ou  fe  fert  de  revêtu  en  parlant  des  qualités  eftimabic 
de  l'ame.  Cette  perfonne  e  fi  revêtue  de  toutes  les  qualitt 
aimables  :  voye[  Vêtir. 

REVIVRE.  Verbe  neutre  ,  irrégulie-i-  ^  de  la  quatrié 
me  conjugaifon ,  compofé  de  vivre  fur  lequel  il  fc  cor 
jugue,  &  de  la  prépofîtion  réduplicative  re.  Il  (ignifî 
donc  ,  au  fens  propre  ,  vivre  de  nouveau ,  une  fécond 
fois ,  revenir  à  la  vie. 

Au  figuré  il  fîgnifîc  être  réparé  ,  rétabli  dans  fon  éta 
primitif,  dans  (on  premier  crédit. 

Le  Printems  fait  revivre  la  nature  ,  c'efl-à-dire  ,  Id 
rend  cette  beauté ,  cet  éclat ,  cette  parure  fans  lefquell 
les  elle  nous  paroît  inanimée. 

On  remploie  comme  on  voit  pour  marquer  le  réta 
bliflement  des  chofcs  qui  étoient  comme  mortes  à  no 
yeux.  Le  Roi  a  fait  revivre  telle  Charge  ,  telle  Loi  ,  pou 
dire,  les  a  remifes  en  vigueur.  Les  pères  revivent  dan^ 
leurs,  enfans  3  parccque  Iciirs  enfans  font  une  portio! 
d'eux-mêmes,  1 


R  E  V        R  H  É  r-3 

Vanicîpe  préfent.  Revivant ,  revivante  ;  nullement 
Ité.  Participe pajfé.  Revécu,  revécue  3  point  ujité  ^  au 
loins  comme  participe. 

REVOIR.  Verbe  adif  ;>  irrcgulier  ^  de  la  quatrième 
înjugaifon,  compofé  de  vo/>fur  lequel  il  Ce  conjugue, 
:  de  la  particule  re  ,  qui  dans  la  compoiuion  déiîgue 
■ujours  réitération,  Ainli  revoir  veut  dire  voir  ou  exa- 
miner de  nouveau,  une  féconde  fois.  Je  vcus  reverrai  le 
'utôt  que  je  pourrai.  Il  faut  revoir  ce  manufcrit,  Tenei^ 
->us  en  a  Jon  avis  ,  après  lui  il  n'y  a  rien  a  revoir. 

L'infinitif  revoir  fe  prend  quelquefois  fubftantive- 
lent  comme  plufieurs  autres  infinitifs,  Aûi£u  ,  jufquûii 
voir.  On  dit  en  termes  de  challe  revoir  a  un  cerf  ^  pour 
ire  examiner  qu'elle  eft  fa  force,  ce  que  l'on  connoîc 
rincipalement  par  le  pied. 

RHÉTORIQUE.  La  Grammaire  donne  des  règles 
our  écrire  &  parler  corredement  3  h  Rhétorique  en 
onne  pour  bien  dire  ;  elle  fournit  à  l'Orateur  des  prîn- 
ipes  pour  parler  de  chaque  chofe  d'une  manière  conve- 
able.  Ces  principes  ne  font  autre  chofe  que  des  obfer- 
ations  judicieufes,  faites  par  des  hommes  de  goût  Se 
'unefprit  juife,  furies  difcours  des  meilleurs  Orateurs; 
bfervations  qu'on  a  enfuite  rédigées  par  ordre  ,  &  léu- 
ies  fous  de  certains  chefs. 

L'ufage  &  la  pratique  ont  précédé  toutes  les  Sciences 
:  tous  les  Arts  j  mais  ceux-ci  ont  enfuite  perfedionné 
a  pratique. 

La  théorie  ,  il  efl:  vrai,  fuppofe  toujours  le  génie, 
vile  ne  le  crée  point  :  mais  elle  le  dirige  ,  elle  lui  mon- 
tre les  défauts  qu'il  doit  éviter  ,  les  beautés  qu'il  peut 
miter  &  qu'il  doit  s'efforcer  ou  d'égaler  ou  de  furpaifer. 
•A\t  fait  entrevoir  comment  l'Art  en  écoutant  la  Nature, 
n  fe  réglant  fur  elle,  &  en  lui  prêtant  fon  fecours,  peut 
atteindre  à  la  perfedion. 

Ainfi  la  Rhétorique  ne  donne  point  l'éloquence  :  elle 
e  contente  de  montrer  de  loin  la  route  qui  y  mené  ; 
'efl:  au  goût  à  indiquer  le  fl:yle  qui  convient  à  tel  ou  tel 
ujet.  Mais  ce  goût  fe  forme  par  les  préceptes  &  par  les 
xeniples ,  &:  s'accoutume  à  difcerner  le  bon  d'avec  le 
nauvais.  Oïï  voit  par-là  quelle  eft  l'union  intime  Se 
)éceflaire  de  l'art  &  du  goût,  La  Rhétorique  forme  le 


I 
>    350  R  H  É 

goût  ;  &  le  goût  infpire  ce  que  la  Rhétorique  ne  peu 
cnfeigner  :  voye-:^  GouT  ,  Style. 

On  divife  communément  la  Rhétorique  en  trois  pa; 
ties ,  favoir  ;  l'Invention  ,  la  Difpofition  &  l'Elocution.  ' 
On  peut  établir  cette  divilîon  d'une  manière  facile  c 
réduifant  toutes  les  matières  a  certains  chefs. 

Il  faut  confîdérer que  tout  homme,  dans  un  difcour; 
propofe  de  faire  ce  qui  l'intéreile  lui-même  ou  qui  ir 
térelfe  l'Auditeur  ;  ou  bien  qu'il  ne  propofe  rien  a  faire 
mais  quelque  chofe  à  connoitre  comme  digne  de  louao 
ge  ou  de  blâme.  Cela  fait:  trois  genres  de  caufes  qu'o 
nomm«e  hypothefes  ,  &  qu'on  diftingue  de  ce  qu'on  af 
pelle  Thefe. 

La  Thefe  eft  une  queftion  dépouillée  de  toutes  fes  cil 
confiances ,  comme  quand  on  demande  fi  la  Paix  e 
préférable  a  la  Guerre. 

Vkypotkefe  eft  une  queftion  fur  un  fait  particulier  ac 

compagne  de  toutes  fes   circonftances  ,  de  icms  ,   d 

lieux  ,  des  perfonnes  &  autres  femblables  ;  par  exeir 

pie  ,  lequel  eji  le  plus  grand  de  Salomonfur  Te  trône  ,  ou  a 

^  Job  fur  fan  fumier. 

On  admet  troi>  fortes  d'hypothefcs  :  i^.  L^iJudiciait 
ou  il  s'agit  de  la  juftice  ou  de  l'injuftice  d'une  chof- 
faite.  2  °.  La  Délibération  où  il  s'agit  de  confeiiler  ou  d 
diffuader  l'Auditeur  de  faire  une  chofe,  comme  bonn 
ou  mauvaife  ,  utile  ou  nuifible  ,  agréable  ou  défagréa 
ble.  5°.  La  Démonflrative  où  Ton  donne  a  connoîtrc  le 
bonnes  ou  les  mauvaifes  qualités  du  fujet  que  l'on  trait 
pour  le  louer  ou  le  blâmer.  Ce  font-la  les  trois  genre 
de  caufes  ou  d'hypothefcs  qui  compofent  tous  les  dif 
cours  Oratoires. 

L'Orateur  ne  traite  gueres  les  thefes  qu'en  faveur  de 
hypothefes  ;  celles-ci  y  fervent  d'amplification  3c  mêmi 
de  principes.  Ainfi  cette  idée  qu'/V  eft  plus  glorieux  d< 
porter  la  mauvaife  fortune  avec  confiance ,  que  de  por 
ter  la  plus  belle  conronne  ,  fcrviroit  à  décider  la  quef 
tion  propofée  dans  la  comparaifon  de  Job  &  de  Salo- 
mon.  Au  refte  :  voye\  Méthode. 

Il  eft  donc  aifé  préfcntemcnt  de  déterminer  les  partie 
de  la  Rhétorique  \  car  quelque  fujct  que  l'Orateur  ait  «i 
traiter ,  il  faut  d'abord  qu'il  cherche  lc§  moyens  de  prt* 


RIE  R  ï  M  ^5î' 

'  aJer  ce  qu'il  avance  ;  voilà  ^invention  ;  en  fui  te  il  faut 
l'iî  donne  un  ordre  aux  moyens  qu'il  a  jugés  con- 
;nables  :  voilà  la  difpofition.  Il  faut  enfin  qu'il  faclic 
:xpiimercorreâ:emcnc  ,  &  énoncer  chaque  cnofe  félon 

nature  ,  Ton  importance  ou  fa  dignité ,  voilà  Vélocu^ 
m.  Voyei  Invention  ,  Disposition  ,  Elocution,' 
i  Style. 

Nous  ne  comprenons  point  dans  cette  divifion  ^  la 
lémoire  ,  la  voix  &  le  gefte  ;  ce  font  plutôt  des  quali- 
s  de  l'Orateur  que  des  parties  de  la  Rhétorique  :  voyeij^ 

'ECLAMATION. 

RIEN,  eft  un  des  pronoms  pour  la  troifieme  perfon- 
c  ,  il  eft  aufTi  fubftantif.  La  nature  de  cette  différence 
ifcntielle  eft  développée  au  mot  Pronoms. 

Rien  ,  figure  encore  parmi  les  pronoms  :  voye^j^  Ibid. 

RIME.  La  rime  n'eft  autre  cnofe  qu'un  même  Coi\ 
lace  à  la  fin  des  mots  qui  terminent  les  vers  :  mais. 
:s  mots  doivent  être  différents  ,  au  moins  quant  à  la 
gnifîcation. 

On  a  beaucoup  difcuté  fî  la  rime  eft  une  fource  de 
leautés  ou  de  défauts  dans  les  vers.  Les  uns  préten- 
lent  que  c'eft  une  pratique  barbare  qui  entraîne  avec 
'lie  une  monotonie  infoutenable  ,  les  autres  n'y  trou- 
ent qu'une  confonance  qui  charme  l'oreille  ,  &  qui 
II:  ailez,  variée  ,  non-feulement  par  le  mélange  des  ri- 
nes  mafculines  &c  féminines  ,  mais  aufïi  par  le  grand 
[lombre  des  différents  fons  que  la  langue  nous  fournie 
l'our  les  unes  &  pour  les  autres. 

;  Selon  les  premiers  ,  la  rime  a  contre  elle  jufqu'à  Ton 
jirigine  :  fl  elle  étoit  un  agrément ,  eft-il  vraifemblablc 
^[ue  les  anciens  Grecs  &  Romains  fi  foigneux  d'orner  leur 
-angue  de  tout  ce  cjui  pouvoit  l'embellir  ,  &  fi  libres 
le  la  plier  à  leur  gré  ,  l'eufient  négligée  î  Eft-il  croya- 
)le  que  ces  Peuples  groflîers  &  barbares  de  qui  nous 
'avons  reçue  ,  ces  déftrudeurs  farouches  des  Arts  & 
les  Sciences ,  qui  inondèrent  l'Europe  vers  le  dixième 
lecle ,  aient  eu  feuls  le  bonheur  3c  le  talent  de  la 
rouver  ? 

Selon  les  féconds  ,  quelque  foit  l^origine  de  la  rime  ,' 
es  beautés  qu'elle  fournit  ne  pourroicnt  être  contre- 
balancées que  par  la  monotonie.  Les  Italiens  3c  les  £{^ 


53i  R  I  M 

|)agnoIs  n'ayant  prefque  point  de  termînaifons  qui  nt 
finirent  par  une  voyelle  proprement  dite  ,  feront ,  £ 
l'on  veut ,  dans  le  cas  du  reproche ,  mais  les  mots  Fran 
çois  fînilîant  fouvent  par  ces  mcmes  voyelles  modifiée; 
&  diverHiiées  par  les  diiférentes  confonnes  ,  nous  avon; 
de  ce  côté-là  une  riclielTe  qui  empêche  cette  chute  mo- 
notone qu'on  voudroit  nous  reprocher.  Tout  ce  qu< 
J'en  peut  dire  fur  les  avantages  &  la  néceiTiué  de  la  ri- 
me dans  les  vers  François  ,  eft  fupérieurement  traiti 
dans  la  Poétique  de  M.  de  Voltaire  ^  od  nous  renvoyon 
nos  Ledeurs. 

Entre  les  règles  que  nous  allons  doimcr  fur  les  ri 
mes  ,  les  unes  les  regardent  en  général  j  d'autres  ne  Ton 
que  pour  les  rimes  mafculines  ^  8c  d'autres  pour  les 
féminines. 

Règles  générales  de  la  Rime; 

Première  Règle, 

L'orthographe  différente  ne  rend  point  la  rime  défec 
tueufe ,  quand  le  fon  eft  le  même  à  la  fin  des  mots.  Ain: 
ks  rimes  fuivantes  font  régulières. 

amant        déparc        fang       comte  repos     confumé 

moment    hazard       flanc      compte     animaux    j'allumai 
même      croître     engagé 
aime        hêtre  j'ai 

Tout  confpire  à  la  fois  à  troubler  mon  repos  , 
Et  c'elt  encore  ici  le  moindre  de  mes  mutix 

ÇjPefpréaux  ). 

Cependant  il  faut  remarquer,  i°.  que  les  mots  termi 
nés  par  un  j,  par  un  x  y  ou  par  un  :j^,  ne  riment  poin 
avec  ceux  qui  n'auroient  aucune  de  ces  trois  lettres 
ainfi  étables  nt  rime  ^oint  avec  préfentable.  Paix  rim 
avec  jamais  ,  loix  avec  Rois.  i° .  Que  les  mots  terminé 
en  er  demandent  encore  la  même  terminaifon,  quoiqil 
Je  r  ne  fe  prononce  pas.  Ainli  avec  danger  ,  il  faut  proté 
fier  ^  protégé  ne  rimeroit  pas.  5".  Que  les  troiliemes  per; 
fcnnes  des  verbes  tcrminécti  en  ent  ou  oient  demandeni 

encoi: 


R  I  M  ^33^ 

encore  les  mêmes  terminaifons  pour  la  rime  :  difent  n© 
inment  pas  avec  méprifc  ;  il  faut  méprifcnt.  Qno'\(\\ML  fang 
Irime  zn ce  flanc ,  ils  ne  rimeroienr  niTun  ni  i'auae  ave»- 
les  mots  terminés  par  un  t ,  ni  avec  ceux  terminés  paç 
un  s ,  à  moins  que  dans  ce  dernier  cas  ,  eux-mêmes  ne 
jt-uifcnt  au  pluriel  :  ain(î  moment,  amant  ne  riment  point 
\3.\ ce  fangj  flanc  ,  Sec.  mais  momens  ,  amans  ,  rimeroienc 
i\' ce  flancs  ,  rangs.  On  eft  plus  libre  pour  ceux  en  d  ^ 
coir.me  grand  ^  parceque  cette  lettre  a  plus  d'analo^i* 
avec  le  t  :  moment  :  fang  :  flanc, 
grand  :  grand  :  grand. 

Seconde  Règle. 

Un  même  mot  répété  à  la  fin  de  deux  vers  ne  £âi5 
pomt  rime,  quaud  la  fîgnification  efl la  même. 

La  faveur  ne  l'élevé  point , 
La  difgrace  ne  l'abat  point. 

Ces  deux  vers  ne  peuvent  rimer.  De  bons  Auteurs  f« 
permettent  cependant  la  répétition  de  quelques  demi 
iuots,  quand  ils  font  comme  liés  ôc  unis   à  d'autres 

ccnucs. 

Aimant  beaucoup  ,  trop  peut-être  ,  que  fais  jex 
Donaei  les.moi ,  dit-il  ;  aufli  ferai-;f. 

(  Benferade  ), 

Troîfieme  Règle. 

Un  même  mot  forme  une  bonne  rime ,  quand  il  a  dos 

iigniiîcations  différentes. 

Tel  que  vous  me  voyez ,  Monfieur  ,  ici  préfcnt , 
M'a  d'un  fort  grand  ibufîiecfaic  un  petit  fréfent. 

Racine, 

Mais  je  foutiens  ne  pcutrim'er  3.vcc  des  Jo ut iens^  û  ces 
mots  font  pris  dans  leur  fign incation  naturelle  ,  cuoicue 
l'un  foit  verbe  ^  &  l'autre  fubftannf. 

Quatrième  Règle. 

Le  fimplc  ne  rime  poijji:  avec  fan  compofé  ,  à  moins 
Tom€  II.  Y" 


^J54  R  I  M 

,que  l'un  n-e  Coït  pris  dans  une  fignifîdatioïi  naturelle  ,  ^ 
l'antre  dans  une  fîgnifîcation  figurée.  Ainli  on  doitrcjct- 
ter  les  rimes  fuivantes. 

amî  écrire  voir  ordre  mettre      faire 

emiemi     foitfcrire     prévoir     défordre     icnicttre  déi^ir< 

battre  marquer 

combattre     remarquer  ,  &c. 

Cependant  les  meilleurs  Ecrivains  fe  permettent  fanî 
fcrupule  la  rime  àc  jours  avecroï/yoMr^.RoufTeaUjlui-mê 
me ,  le  plus  févere  de  tous  nos  Poètes  pour  la  rime  ,  ïi 
ibuvent  employée. 

Je  difois  à  la  nuit  fombre  , 

O  nuit  ,  tu  vas  dans  ton  ombre 

M'enfevelir  pour  tonjottrs  l 

Je  redifois  à  l'aurore  , 

Le  jour  que  tu  fais  éclore 

Eft  le  dernier  de  mes  jours, 

La  Rime  de  terns  avec  printems  efl  encore  une  de  c€m 
'exceptions  que  rufagefemblc  faire  à  la  règle. 

Cinquième  Règle. 

La  rime  du  fimple  au  compofé  efl:  reçue,  lorfqu'il 
ont  des  figni^cations  différentes ,  comme , 

garde        luftre      fait         fort       arme         courir       Dieu 

regarde    illuflre    parfait     effort     allarme     fecourir     Adieu 

faite         donner         gage         mande  prendre 

défaite     pardonner     engage     commande     méprendre 

prendre  fource        traits         tour      voir  coup 

Surprendre     rellource     attraits    retour     pourvoir     beaucoup 

La  Satyre  ne  fert  qu'à  rendre  un  Fat  illulhc  : 
C'ell  une  ombre  au  tableau  qui  lui  donne  du  lu/Ire. 

BoUcaii» 
Sixième  Règle, 

ia  rime  dçs  difFcrçiks  compofés  d'un  même  yçrbç  os 


R  1  M  33  j' 

îes  déiives  d'une  même  racine  eft  reçue.  II  faut  pour- 
:ant  que  dans  l'ufage  ils  aient  des  fignifîcations  afTez 
éloignées  ,  quoiqu'on  n'y  regarde  pas  d'aulTi  près  que 
orfqu'il  s'agic  du  fîmple  avec  le  compofé.  Ainlî  on  peut 
faire  rimer  : 

,     abbarcre  piomettte         défait  recourir 

,    combattre         permettre        fatisfaic         fecourir ,  &c: 

;'  L'amour  nous  tira  du  cahos , 

Il  pourroit  bien  nous  y  remettre  j 
Mais  il  ne  le  faut  pas  permettre. 

SarraJtTtt 

Septième  Règle. 

Les  vers  de  dix  ou  de  douze  fyllabes  ne  doivent  point 
rimer  avec  leur  iiémifticlie ,  ni  avec  celui  du  vers  qui 
es  précède  ou  les  fuit  immédiatement. 

Huitième  Régie, 

Dans  les  pièces  régulières  où  les  vers  confervent  une 
iiarche  conftante,  une  même  rime  ne  peut  revenir  qu'il 
l'y  ait  au  moins  fix  vers  intermédiaires.  Telle  eft  celle 
yaon  voit  dans  l'exemple  fuivant  tiré  du  grand  Corneiliç» 

It  quelle  impiété  de  haïr  un  Epoux  » 
Pour  avo  r  bien  fervi  les  (îens ,  l'Etat ,  &  veus  ! 
Aimer  un  bras  fouillé  du  fang  de  tous  mes  frères  i 
N'aimer  pas  un  mari  qui  finit  nos  miferes  ! 
Sire  ,  délivrez-moi  par  un  heureux  trépas , 
Des  crimes  de  l'aimer  &  de  ne  l'aimer  pas. 
J'en  nommerai  l'Arrêt ,  une  faveur  bien  grande  : 
Ma  main  peut  m.e  donner  ce  que  je  vous  demande  ; 
Mais  ce  trépas  enfin  me  fera  bien  plus  doux  j 
Si  je  puis  de  fa  honte  affranchir  mon  Ejjoux. 

j  On  diftingue  la  rime  mafcuiine  &  \z  féminine.  Oïi 
j'appelle  féminine  lorfque  la  dernière  voyelle  des  mots 
]ui  la  compofcnt  eft  un  e  muet ,  foit  qu'il  y  ait  des  con^ 
bnnes  après,  comme  conquêtes^  tempêtes  ,  charment, 

Yij 


33^  R  I  M 

dé  [arment ,  foit  qu'il  n'y  en  ait  point  comme  gloire  j  vic^ 
îoire. 

La  rime  eft  mafculine  ,  lorfque  la  dernière  voyelle 
eft  autre  qu'un  e  muet,  comme  viciorieux  ^  glorieux, 
beauté  j  fierté  ,  dejîr  ,  foupir  ,  charmoient  ^  aimoient. 

Dans  ces  mots  charmoient ,  aimoient^  &  autres  fembla- 
bles  ,  la  rime  ell  mafculine  ,  quoiqu'il  y  ait  un  e  muet  à 
la  fin  '  la  raifon  en  eft  que  cet  e  n'eft  placé  dans  ces  bc- 
cafions  que  pour  l'orthographe  ,  &  qu'on  n'y  a  abfolu- 
ment  aucun  égard  dans  la  prononciation  C'eft  de  cette 
divilîon  des  rimes,  que  vient  celle  des  vers  mafculins  & 
fémmins. 

Ces  rimes  tant  mafculines  que  féminines  peuvent  être- 
ou  riches  ou  (\m^\Qmç.v\z  fujjijantes. 

On  appelle  rime  riche  ou  heureufe  celle  qui  eft  for- 
riée  par  la  plus  grande  uniformité  entre  les  fons.  Celle 
qui  n'a  rjen  de  plus  que  les  fons  effentiels,  s'appelle 
rime  fuffifante. 

En  général  la  rime  mafculine  eft  fuffifanre  lorfque 
la  dernière  voyelle  des  mots  avec  tout  ce  qui  la  fuu  y 
rend  un  même  fon  3  comme 

éclatant  defirs  efpofr  ' 

triomphant         foupirs         dévoie 

La  rime  mafculine  eft  riche  ,  lorfqu'immédiatement 
devant  la  dernière  voyelle  ou  diphtongue  ,  il  fe  trouve 
quelque  lettre  femblable  dans  les  deux  mots  3  comme 

éclatant  défit 

conftant  plaiûr 

La  rime  féminine  eft  fufiîfante  ,  quand  la  pénultième 
voyelle  ou  diphtongue  avec  tout  ce  qui  la  fuit  rend  le 
même  fon  3  comme 

éclatantes  rcbc'.L- 

triomphantes  inHdelîc  ,  ' 

La  rime  féminine  eft  riche  lorfqu'immédiatement 
■daya»c  la  pénukicmc  voyelle  ou  diphtongue ,  il  y  a  j 


RIM  '557; 

3nc  liiêmc  lettre  dans  les  deux  mots  j  comme 

vidoire  ifabe'le  mê'ée 

hiftoiré  rébelie  r^'glée 

Règles  pour   la  Rime  IvIAsculine* 

Il  fa.ur  obferver  d'abord  que  la  voyelle  ou  dîpliton- 
.gue  d'cù  l'or^  prend  la  rime  ,  &  fur  laquelle  elle  cil:  ap- 
ipuyée  ,  s'appelle  appui.  On  voit  par-là  que  Tappui  ,  qui 
dans  la. rime  féminine  fe  trouve  toujours  dans  la  pé- 
nu!  ieme  fyllabe  des  mots  ,  fe  prend  dans  la  dernière  des 
rimes  mafculines. 

Première  Reg'e. 

La  rime  mafculine  doit  necefTairement  être  riche  j; 
jlorfque'  Ton  appui  eft  une  (impie  voyelle  qui  n'eft 
i  fui  vie  d'aucune  autre  lettre  dans  le  même  mot  :  de  forte 
qu'il  pafle  pour  maxime  que  dans  la  Poéfie  Françoife  il 
n'cfl:  point  de  rime  à  une  feule  lettre^  ti'mfi  charmé  ne 
r:me  pas  2YQc  forcé  j  ennemi  avec  ajfervi  ^  vertu  sycc  dé- 
fendu ,  il  par/a  avec  il  aima  y  mais  il  faudroit  j  par 
exemple  ,  il  parla  ,  il  troubla  ,  charmé  ,  formé  ,  ennemi  ^ 
f.fermi  ,  vertu  ,  abattu  ,  où  l'on  voit  que  la  confonne 
-qui  précède  la  voyelle  finale  ell:  la  même  j  c'ell;  ce  que 
quelques-uns  appellent  rimes  par  confonnes. 

Seconde  Règle, 

ÎI  faut  encore  employer  la  rime  riche ,  lorfque  l'ap- 
pui n'eft  qu'une  fimple  voyelle  ou  une  des  diphtongues 
qui  n'ont  que  le  fon  d'une  voyelle  ,  &  que  cet  appui 
n'eft  fuivi  que  d'une  confonne  muette  à  la  fin  des  mots 
comme  du  j  ou  du:j;  qui  diftinguent  les  deux  nombres, 
ou  du  r  dans  les  infinitifs  ,  ainfi  les  rimes  fuivaRtes 
Ibnt  fauffes.  Forcés  ,  charmés  ^  charmer  ^  forcer ,  connus  , 
confus  ,  foucis  ,  Paris, 

Cependant  les  Poètes  fe  permettent  a/Iez  fouvent  ces 
fortes  de  rimes. 

Le  n  gras  avec  le  n  dur  ,  ou  le  /  mouillé  avec  le  /na- 
turel dans  les  infinitifs  &  dans  les  participes  ,  font  en- 
core des  rim.es  autorifées  par  les  Poètes  ,  quoique  les 

Yi.i 


33^  K  I  M 

Grammairiens  les  traitent  de  licences  ;  comit-é  J 

régner  brrlier  g^gnc 

couronner  exiler  donné 

Au  bourde  l'Univers  va  ,  cours  te  confiner  , 
Et  fais  place  à  des  cœurs  plus  dignes  de  régner. 

Racïni 
Troijteme  Règle. 

Toutes  les  diphtongues  ou  triphtongues  qui  ont  ut 
fon  compofé  de  celui  de  deux  ou  trois  voyelles  ^  rimenj. 
fort  bien  enfemble  3  encore  que  les  rimes  ne  foient  pas 
riches  j  comme 

nouveau         ennui         efiFroi  adieu 

ridea,u  appui         prévoi         milieu  ,  êcc^ 

Ce  que  je  fouffre  cède  à  ce  que  je  prévoi. 
Et  d'un  trifte  avenir  l'impitoyable  eiFroi 
Me  déchire  à  force  d'allarmes. 

Corneille^ 

Quatrième  Règle. 

Lorfqu'une  ou  phifieurs  confonnes  de  ceîlcs  qui  fè 
font  entendre  à  la  fia  d'un  mot ,  foutienncnt  l'appui ,  ^ 
le  fuivent ,  la  rime  eft  bonne  tans  être  riche  3  comme 


tribuna! 

lai^uir 

falut       état 

cercueil 

douceur 

égal 

foupir 

rebut      fenat 
pouvoir 
efpoir  ,  &c. 

orgueuil 

péchcuï 

Cinquième  Règle.  > 

Les  monofyllabes  ont  le  privilège  de  rimer  fort  librei 
ment  entr'eux  ,  ou  avec  des  mots  de  plusieurs  fyllabcs  ; 
ils  font  reçus  lors  même  qu'ils  ne  forment  que  des  rimes 
à  une  feule  lettre  3  il  faut  cependant  en  exccprcr  ceux 
qui  fini/fent  par  un  e  fermé  ou  par  une  diphtongue  du 
même  fon  3  ainiî  ]ai  ne  rime  pas  avec  beauté.  Mais  l*1k 
règle  a  lieu  pour  toutes  les  autres  voyelles^ 


RlM  53? 

Un  RofTignol  difputa , 

Sur  .uc ,  re  ,  mi  ,  fa  ,  fol ,  la. 

(  VoïtHfe  ). 

Tu  peux  voir  fans  frayeur  les  crimes  de  mes  fils  y 
Après  ceux  que  le  ^^ere  &  la  mère  ont  commis. 

(  Racine)" 

un  Laquais  manque-t-îl  à  rendre  un  verre  net  f 
Condamnez- le  à  l'amende ,  ou  s'il  le  cafle  ,  an  fouet," 

{  Le  même  )<. 

Qusn.i  je  vois  le  Japon , . . .  Quand  aura-t-il tout  vm  f  .  .2 
Ch  !  Pourquoi  celui-là  ra'a-t  il  interrompu  ? 

(  Le  même)' 

Dcfquelles  celle  du  milieu  ^ 
Efl  brûlante  comme  du  feu, 

IRicher), 

îl  faut  cependant  encore  remarquer  fur  cette  règle  ^ 
ciue  les  Auteurs  ufent  moins  de  ce  privilège  ,  aufTi  bien 
vie  d^s  rimes  qui  ne  font  que  fuffifantes  ,  quand  il. 
T'acrit  de  terminaifons  qui  fourniffent  beaucoup  de  ri- 
iic's  Ainfi  ils  fe  permettent  rarement  de  faire  rimer 
ynoment  avec  content  5  jamais  ils  n  emploient  la  rime  de 
dangereux  avec  harmonieux. 

Sixième  Règle. 

Les  ê  fermés ,  &  les  e  ouverts  ne  riment  point;  ainfi, 
par  exemple  ,/cv^r  ne  riment  point  régulièrement  avec 
fier.  Racine  a  pourtant  employé  cette  rime  dans  ks  vers 
iuivants ,  tirés  de  la  Tragédie  de  Mithndate. 

Attaquons.dans  leurs  murs  ces  Conquérants  fi  £ers  ; 
Qu'ils  tremblent  à  leur  tour  pour  leurs  propres  foyersV 

Remarquez  que  ïé  dans  tous  les  infinitifs  eftfef- 
r^é     lorfque  le  r  ne  s'y  fait  point  fentir  ,  c  elt-a-dire  ^ 
bifqu'il  n'y  a  point  de  voyelle  qui  fuive.   Amk  CCS-^ 
Jeux  vers  de  la  Bérénice  de  Racine  ^ 


que 


340  R  I  M 

Songez  y  bîen ,  Madame,  &  fi  je  vous  fuis  cher  .  il .' 
Venez  ,  Prince  ,  venez  ,  je  vous  ai  fait  cheréber. 

ce  font  pas  réguliers  peur  la  rime  ,  parceque  Ve  s'ouvre 
dans  ïa(\}zô:\fcher: 

n  en  cf>  de  même  des  diphtongues  qui  ont  le  Ton  de 
ces  deux  efpeces  dV,  &  des  fyllabes  longues  avec  les 
brèves,  Aînli^^^jf/i- ne  rime  point  avec  <7r^fj  ,  ni  entrés 
avec  attraits  ^  ni  Sa/dat  avec  degût.  Quelques  Auteurs 
étendent  cette  régie  jufque  fur  ia  rime  des  e  m.édiocres 
avec  ïe  ouvert  ;  Se  rejettent  en  conféquence  les  rimes  de 
fecret  avec  intérêt.  Mais  les  Poètes  fe  foumettent  diffici- 
lement à  tant  de  févérité  ,  fur-tout  û  les  mots  qui  iinif- 
fent  l'un  par  un  e  médiocre  &  l'autre  par  un  e  ouvert , 
font  au  pluriel. 

Doux  KofÏÏgno's ,  Hîvîns  Rois  des  forets^ 
Mêlez  vos  voix  â  ines  foibles  rcgref.r. 

Sarafn. 

Règles  pour,  la  Rime  féminine. 

Dans  les  rimes  féminines  ,  l'appui  fc  prend  dès  la  pé- 
nultième voyelle  ou  diphtongue  du  vers  ,  parceque  la 
<lerniere  fyllabe  ne  portant  qu'un  e  muet,  elle  rend  un 
fon  fi  foible  que  l'oreille  le  diftingue  à  peine  5  d'où  il 
arrive  que  la  pénultième  dans  l'écriture  eft  en  quelque 
forte  là  dernière  dans  la  prononciation.  ' 

Première  Règle, 

En  général  la  rime  féminine  eft  bonne  ,  quand  en  re- 
tranchant le  dernier  e  muet  &  tout  ce  qui  le  fuit,  ce  qui 
refte  ,  fait  une  bonne  rime  mafculine  ;  autrement  la  ri- 
me féminine  fera  fauHc  ou  un  peu  libre.  Ainfi  ha^^ar" 
dent ,  rer.a^dent ,  foupirent  ,  défirent ,  feront  hafard  ,  re^ 
gqrd  ,foupir  y  dejîr  y  qui  font  de  bonnes  rimes  mafculi- 
Jies  :  au  lieu  que  armée  ,  domptée  ,  ne  feront  pas  reçues  , 
parceque  armé  ^  dompté.^  qui  en  fcroient  formés,  ne 
ionneroicntpas  des  rimes  mafculines  fuffifantes. 


R  I  M  Ht 

Seconde  Règle, 

LotTque  l'appui  n'eft  qu'u'^e  fîmple  voyelle^  &  qu'en»-' 
:re  zWç.  &  Ye  muet  il  ne  fe  trouve  aucune  confonne  , 
je  forte  que  cet  appui  le  précède  immédiatement  ,  il 
'aut  alors  employer  la  rime  riche  :  cette  rcgle  regarde 
es  trois  terminai fons  ée  ,  ie  ,  ue  ^  eue  :,  cz  leu's  pluriels  > 
linfî  dans  ces  trois  fortes  de  terminaifons  ,  il  faut  rimer 
)ar  les  confonnes ,  comme  ^ 

frap-pce  enne  nire         con-nue 

trem-pée         infa-rnie  ve-nue 

Voilà  la  règle  ;  mais  le  fréquent  ufage  des  Poètes  j 
cmble  déroger  pour  les  deux  terminaifons  en  ie  de  en 
ue  ou  ue. 


■  ,r 


Mon  efprit  généreux  ne  haït  pas  tant  la  vie  , 
Qu'il  en  veuille  fottir  par  une  perfidie. 

Corneilles 

Le  Paon  foupcfc  avet  la  Grue  > 
Et  comme  il  fe  vantoic  pendant  tout  le  repas  , 
Elle  lui  répondit ,  fans  en  paioître  émue  : 
Vous  le  portez  bien  haut ,  mais  vous  volez  b:en  haS»' 

(  Ronfard  ), 

Troîjieme  Règle. 

Si  la  diphtongue  //fe  trouve  à  l'endroit  de  l'appui  de* 
'ant  les  mêmes  confonnes  que  celles  qui  fuivent  Ve  ou- 
ert ,  médiocre,  ou  fermé  ,  ou  la  diphtongue  ai  dans  un 
utre  mot ,  alors  les  deux  mots  peuvent  rimer  j  comm.e, 

père  tensirefle         cède 

première  nièce  tiède ,  ^c. 

Prit  înfenfiblement  dans  les  yeux  de  fa  nîece , 

L'amour  où  je  voulois  amener  fa  tendrejje. 

(  Racine  ). 

Quatrième  Règle. 
La  voyelle  i  8c  h  diphtongue  ui  riment  enfcmble  , 


542^  R  I  M 

quand  elles  fervent  d'appui ,  &  qu'elles  ont  les  mcm::. 
confonnes  après  elles  ,  comme  dans 

vivre  évite  fatyre  chapitre 

fuivre         pourfuite         féduire         hukre 

Et  ne  fauroic  foufFrir  qu'une  phrafe  infipide  , 
Vienne  à  la  fin  du  vers  remplir  la  place  mide. 

Boilcaiî. 

Cinquième  Règle. 

La  pénultième  qui  porte  un  e  long ,  ne  rime  point 
avec  celle  qui  porte  un  e  bref  ',  il  faut  dire  la  même 
chofe  des  diphtongues  qui  fe  prononcent  comme  un  e  j 
amiî 

bète  tempête  maître 

/  herbette  trompette  permettre ,  ôcc. 

font  des  rimes  fauffcs.  Cependant  bien  des  Auteurs  fe  le! 

permettent. 

Vous  montrez  bien  par  votre  lettre  , 
Que  vous  m*avez  écrie  en   maître. 

*  (  Voiture  }. 

XJn  "Efcadron  coefFc  d'abord  court  à  fon  aide  , 
L'une  chauffe  un  bouillon  ,  l'autre  apporte  un  remède^ 

(  Boilcaii  ); 

Son  choix  à  votre  nom  n'imprime  point  de  taches  j^ 
Son  amitié  n'cft  point  le  partage  des  lâches. 

(Racine), 

ParJonne  à  mon  amour  cette  indigne  foi  il  cjfe  'y 
Tu  voudrois  fuir  en  vain  j  Cinua  >  je  te  confejfe.  ,  .  - 

(  Cor  veille). 

Il  y  a  fur  les  rimes  bien  d'autres  obfei-vations  à  fai- 
re :  mais  le  détail  en  cfl:  inHni  ;  &  d'ailleurs  ceujc  qui 
connoîtront  bien  toutes  les  règles  &  les  variations  de' 
l'orthographe  ,  la  profodie  &C\:\.  prononciation  de  la. 
Langue  ,  &  la  lignification  précifc  des  mots  qu'on  em-[ 
pioie  ,  pGutiont  ^ifcn)ent  y  fuppiccr  par  «ux-mcjtaes^ 


R  I  M  54^ 

jjr~tout  en  s'occupant  beaucoup  de  la  lecture  des  bons 
Poètes. 

Les  rimes  ,  foit  riches  ou  Tuffifantcs  ,  foit  mafculi- 
Tes  ou  féminines ,  prennent  quelquefois  des  noms  dif- 
"cicns  ,  félon  leur  arrangem.ent ,  cojnme  rimes  fuivies 
DU  plates  ,  rimes  croifces  ,  rimes  mêlées  y  Sec.  voye^  Ar- 
rangement DES  VERS.  Elles  en  ont  encore  d'autres 
'elon  les  rapports  qu'on  leur  trouve  avec  d'autres  mots 
iu  même  vers  ou  des  vers  fuivants  :  mais  nous  ne 
tarions  de  celles-ci  que  pour  ne  rien  laifTer  à  defircr 
ians  notre  article  ;  car  elles  ne  font  plus  en  ufage  & 
le  fe  trouvent  que  dans  nos  vieux  Poètes.  Le  bon  goût 
!i  banni  la  gène  &  l'affedration  puérile  des  mêmes  fons 
V^pétés  plufieurs  fois  fans  autre  mérite  que  la  difficulté. 
iLes  principales  de  ces  rimes  vieilles  font  la  Kirielle  , 
fa  Batelée  ^  la  Fraternifée  ^  la  Senée  ,  la  Brifée ,  VEm^ 
ver: ère  ^  VAnnexée  ,  X Enchaînée  ,  V Equivoque  ^  la  Cou^ 
'onnée. 

La  rime  Kirielle  confifte  à  répéter  un  même  vers  à  la 
^n  de  chaque  couplet  j  comme. 

Qui  voudra  favoir  la  pratique 
De  cette   rime  juridique  i 
Je  dis  que  bien  mife  en. effet  ,  . 
le  \melle  ainfi  fe  fait» 

De  plates  de  Tyllabes  huit  , 
Ufez  en  donc  ,  fi  bien  vous  duitî 
Pour  faire  le  couplet  parfait , 
Le  l^irielle  ainfi  fe  fait. 

(  Gratîcn  du  Vont  >. 

Pour  la  rime  Batelée ,  il  faut  que  le  repos  du  vers  qui 
fuit  rime  avec  le  vers  précédent  5  comme  * 
Quand  Neprunus ,  puiflanc  Ditu  de  la  Mer  ^^ 
CeiTa  à' armer  Caraques  Se  Calées  j. 
Les  Gallicans  bien  le  durent  aimer  , 
It  réclamer  fçs  grands  Ondes  falécs. 

(  Clément  Maroi  ). 

Dans  la  rime  Fracer/iijee  ,  le  mot  qui  fait  la  rime 


U4  R  I  M 

eft  repéré  en  entier  ou  en  partie  au  commencement  tî4 
vers  fuivant  5  comme  , 

Mers  vo"!e  au  vent ,  cingle  vers  nous  Carûn  5 
Car  en  t'artend  ,  &:  quand  feras  en  tevte , 
Tant  &"  plus   boi   bonum  vinum  Charum. 

La  rime  Senée  eft  une  efpece  d'Acroftiche.  Elle  le  faii 
lorft^ue  tous  les  vers  ,  ou  tous  les  mots  d'un  vers  cora* 
niencent  par  une  mcme  lettre  ;  comme , 

Ardente  amour  ,  adorable  Angélique  ^  &c.  ^ 

Dans  la  rime  Brifée  ,  les  vers  font  coupés  au  reposa' 
&  a  ne  les  lire  que  jufque-Ià,  ils  riment  entr'eux  ,  & 
forment  un  fens  tout  différent  de  celui  qu'ils  ont  eiii 
lifant  les  vers  entiers  ;  comme  . 


De  cœur  parfait , 
Soyez  foignenx  , 
Sans  vilain  fait,  . 
Vaillants:  preux. 
Par  bon  effet ,  .  , 
Soyez  joyeux,  .  . 


Cbaffez  toute  douleur; 
N'ufez  de  nulle  feinte  ; 
entretenez  douceur  -, 
Abandonnez  la  crainte  ; 
Montrez  votre  valeur  : 
Eï  bannificz  la  plainte. 

(  OBavien  de  Saint  Gelais  ). 


La  rime  Emperiere  eft  une  rime  où  la  dernière  fyl- 
labe  du  dernier  mot  eft  répétée  pour  former  un  mol 
<lans  une  fîgnification  différente  :  exemple , 

Je  n'aîmoîspas  le  tabac  beaucoup  , 
J'en  prenois  peu  ,  fouvent  point  du  tout. 
Mais  mon  mari  me  défend  cela  : 
Depuis  ce  moment-là 

Je  le  trouve  piquant ,  quand 
J'en  puis  prendre  à  Vécitn  ,  ca? 
Un  plai/ir  vaut  Ton  prix  ,  pris 
A  riofçu  d'un  mari. 

Oui  le  trait  eft  piquant  ,  qttand 
te  fort  veur  qu'un  Galant  ^  lent 
Reftc  en  faifaur  fa  cour  ,  court 
Dans  les  bras  de  l'amour. 


R  I  M  34? 

La.  rîme  Annexée  ,  eft  une  rime  où  la  dernière  fyllab^ 
u  vers  fe  répète  au  commencemen:  du  vers  fuivantu 

Dieu  gard  ma  maîcrefîe  Se  régente  , 
Ce?îte  de  corps  5c  de  fafcn  ; 
Son  cŒur  tient  le  mien  en  fa  tente ^ 
Tant  Se  plus  d'un  ardenc  friflon .... 

(  CL  Marot  ). 

La  rime  Enchaînée  eft  une  efpece  de  gradation  ,  tant 
ans  la  penfée  que  dans  les  mots  3  comme  , 

Dieu  des  amans ,  de  mort  me  garde  » 
Me  gardant  j  à'jnne  moi  bonheur  , 
Ec  me  le  donnant ,  prends  ta  darde  \ 
En  la  prenant,  navre  fon  cœur. 

(  Cl.  Mant  ]. 

Dans  la  rime  Equivoque  ,  la  dernière  fyllabe  de  cha- 
[ue  vers  eft  reprife  en  une  autre  fignifîcation  au  corn- 
aeacemen:  ou  à  la  fin  du  vers  qui  fuie  3  comme  , 

En  m'ébattant ,  je  fais  rondeaux  en  rime  ^ 
Et  en  rimant  ,  bien  fouvent  je  m'enrime: 
Bref  ,  c'eft  pitié  ,  entre  nous  rimailleurs  , 
Car  vous  trouvez  allez  de  rime  ailleurs  i 
Et  quand  vous  plaît  ,  mieux  que  moi  rimajje^^ 
Des  biens  avez  Se  de  la  rime  ajje\. 

(  Cl,  Marot  ;. 

"  Enfin  la  rime  Couronnée  a  lieu  quand  le  mot  qui  fait 
a  fin  du  vers  eft  une  partie  du  mo:  qui  le  précède  immc- 
iiatement  dans  le  même  vers. 

La  blanche  Colomlelle  ,  belle  , 
Souvent  je  ysiis  j^riant ,  criant  : 
Mais  delTous  la  cordeîle  d'elle  , 
Me  jette  un  (XÏlfruint ,  riant  , 
En  me  confcmmant  Se  fvmmant. 

(  Cl.  Marot]. 


34(^  R  ï  R 

RIRE.  Vei-be  neutre  &  irrégulier  ,  de  la  quatrième 
conjugairon.  Il  vient  du  verbe  latin  ridere.  Il  a  conferve 
la  plupart  des  fignifications  du  verbe  latin  ;  car  il  expri- 
me non-feulement  ces  mouvemens  convulfifs  qui  pa- 
roiiTent  fur  le  vifage  ,  lorfque  quelque  chofe  de  plaifant 
nous  afFede  ;  mais  il  fignifie  encore  tout  ce  qui  plaît, 
tout  ce  qui  eft  agréable.  Ce  verbe  fait  un  très  bel  effet 
en  latin  &  en  françois  ,  lorfqu'il  eft  pris  au  figuré  Tout 
rit  dans  la  nature  au  retour  du  Prhitems.  Cela  rit  a  l'i- 
maginatioix.  La  fortune  lui  rit. 

Le  rire  eft  une  efpece  de  folie  ou  de  badinage  ;  tout  ce 
qu'on  dit  en  riant  ne  palle  pas  ordinairement  pour 
vrai  ,  pour  férieux  :  de-là  ces  façons  de  parler ,  ce  quii 
en  dit  efi  pour  rire  ,  c'eft-a-dire  ,  il  ne  parle  pas  férieufe- 
inent ,  ce  qu'il  dit  n'eit  pas  une  vérité.  Ce  verbe  s'em- 
ploie en  une  infinité  de  plirafcs  proverbiales.  Il  feroii 
trop  long  d'en  faire  ici  l'énumération  ,  l'ufage  Ips  ap- 
prendra. 

Rire  fe  prend  auffi  fubftantivement  :  on  dit  le  rire , 
pour  lignifier  l'adion  de  rire.  Cette  perfonne  a  le  rirefon 
ûgrêable  ,  un  rire  fardonique  ou  forcé. 

Ce  verbe  a  pour  compofé  fourire  :  voyez  le  à  fon 
article. 

Indicatif  Préfent.  Je  ris ,  tu  ris  ,  il  rit  5  nous  rions ,  ; 
vous  riez ,  ils  rient.  Imparfait.  Je  riois,  &c.  nous  rions  , 
vous  riez  ;  ils  rioient.  Prétérit.  Je  ris  ,  &c.  Futur.  Je 
rirai.  Conditionnel  préfent.  Je  rirois  ,  Sec. 

Lmpératiî.  Ris  ,  qu'il  rie,  Sec. 

Subjonctif  Préfent.  Que  je  rie  &:c.  Que  nous  rions  , 
que  vous  riez  5  qu'il  rient.  Imparfait.  Quejeriife,  &c. 
Participe  atiif.  Riant.  Paftf.  Ri.  \ 

Tous  (es  autres  tems  font  réguliers.  I 

RITHME.  Fbyf^  Nombre  Oratoire. 

ROMAIN  :  (  caradere  )  voye-}^  Alphabet. 

ROMPRE.  Verbe  adif ,  irrcgulier ,  de  la  quatrième 
conjugaifon.  Il  offre  l'idée  d'une  difcontinuarion  ,  d'une 
•  fcpauation  fubite  &  violente  dans  les  parties  d'un  tout. 
Ainli  rompre  un  bâton  ,  c'cfl:  empêcher  que  les  parties  ne  | 
fe  tie'ment  les  unes  aux  autres,  &  ne  forment  toujours] 
ce  tout  qu'on  appelle  bâton.  Rompre  l'eau  ,  c'eft  en  fépa-  ! 
rer  les  parties,  faire  qu'elles  ne  fe  fuivem  plus  avec  la  me-  ! 
me  rapidué  Ôi  h  même  fo;tç» 


R  O  N  547 

Cette  (îéfînitioii  embrafTe  tous  les  Teiis  propres  du 
^erbc  rompre  ,  &:  même  les  fens  figurés.  On  dit ,  par 
:xcmple  ^  un  homme  rompu  dans  les  affaires  ,  pour  dire  ^ 
\u\  y  a  acquis  de  la  facilité  ,  par  analogie  ,  parcequ'un 
oips  dont  les  parties  font  défunies  ,  fe  prête  bien  plus 
lifcment  qu'un  autre  à  tout  ce  qu'on  veut,  C'eft  mal- 
-propos  que  Corneille  s'eft  fervi  de  rompre  pour  in- 
errompre  j  dans  ce  vers  de  la  Tragédie  de  iV/to 
■itde. 

Et  rompu  par  fa  more  les  fpeélacles  pompeux. 

y.  Rompre  des  fpeBacles  n'eft  pas  français.  Par  «ne  fin- 
5  G;ularité  commune  à  toutes  les  Langues  ,  on  inter- 
)  lompt  des  fpeclacles  quoiqu'on  ne  les  rompe  pas.  On 
y  corrompt  le  goiit  ,  on  ne  le  rompt  pas.  Souvent  le 
5  compofe  eft  en  ufage  quand  le  fimple  n'eft  pas  admis. 
3  II  y  en  a  mille  exemples  =3.  M.  de  Voltaire. 

Indicatif  Préfent.  Je  romps  ,  tu  romps  .  il  rompt. 
\ous  rompons  y  vous  rompez  ,  ils  rompent.  Imparfait, 
e  rompois  ,  &c.  Prétérit.  Je  rompis.  Sec.  Futur.  Je 
omprai,  &c.  Conditionnel  pré  féru.  Je  romprois ,  &c. 
Impératif,  Romps  j  qu'il  rompe  ,  &c. 
Subjonctif  Préfent.  Que  je  rompe  ,  &c.  Imparfait. 
2ue  je  rompilTe  ,  &:c. 
Participes.  Rompant ,  rompu  ;  rompue. . 
Ses  compofés  font  interrompre  ,  corrompre  :  voye:^  ces 
'erbes  à  leur  article. 

.  RONDEAU.  Le  rondeau  eft  un.e  pièce  de  vers  roulant 
ur  deux  rimes  feulement,  &  ayant  un  refrain  dont  la 
lace  eft  marquée. 

Le  rondeau  ordinaire  eft  compofé  de  treize  vers  ,  luiit 
lir  une  rime  &  cinq  fur  une  autre  3  ou  fcpt  d'une  efpece 
k'  fix  de  l'autre  ;  il  a  deux  ftances  de  cinq  vers  féparés 
)ar  un  tercet. 

Le  premier  vers  ,  le  deuxième  ,  le  cinquième  ,  Te  fîxie- 
ne  riment  enfemble. 

La  dernière  ftance  fuit  affez  fouvent  l'ordre  de  la 
)remiere  :  mais  ce  n'eft  pas  une  règle  abfolue.  On  peut 
luin  faire  les  huit  rimes  mafculines  ou  féminines  ^ 
^  par  coufequent  les  ciiiq  aattes  fémiaines  ou  xnafcuU- 


^4^  R  O  N 

lies  ',  mais  plus  ordinairement  les  huit  font  mafculines 
Comme  il  n'y  a  que  trois  rimes  d'une  forte  &  cinq  d 
l'autre  dans  les  nuit  premiers  vers  ,  on  peut  mettn 
trois  vers  de  fuite  fur  la  rime  la  plus  employée.  Ce: 
trois  vers  font  le  cinquième ,  le  jfixiemc  &  le  iepiieme 
Il  doit  nécelTairemenr  y  avoir  deux  repos  pleins  &  par- 
faits dans  le  rondeau  ,  l'un  après  le  cinquième  &:  l'autr 
après  le  huitième  vers. 

Une  ingénicufe  lirnplicité  fait  le  caraderc  de  ce  Poe 
me  ; 

Le  Rondeau  jjc  Gaulois  a  la  /Implicite. 

Defpréaax. 

Le  ftyle  en  eft  familier  &  dem.i-burlefque  ,  &  pa 
cette  raifon  on  y  fouffre  des  licences  qui  ne  feroient  pa 
tolérées  ailleurs.  Une  des  raifons  de  cette  indulgence  e 
encore  la  gêne  que  l'ordre  Se  le  nombre  des  mêmes  rim< 
font  naître.  Ainfi  on  y  peut  enjamber  d'un  vers  à  l'autre 
faire  rimer  le  fimple  avec  le  compofé  ,  &c. 

En  un  mot  le  rondeau  eft  né  Gaulois  ,  8c  ne  s'e 
pas  encore  ailujetti  aux  règles  cxadcs  de  la  verfifîcado 
feançoife. 

On  y  emploie  prefque  toujours  les  vers  de  dix  fy 
labes  ;  quelquefois  ,  mais  rarement ,  on  fe  fert  de  ccu 
de  huit  :  mais  il  ncd  pas  permis  d'en  mettre  de  dilfcrci 
tes  mefures. 

Le  refrain  ,  ou  la  reprife  ^  qui  doit  être  placée  aprè 
le  huitième  vers ,  &  à  la  fin  du  rondeau  ,  n'eft  autr 
chofe  que  la  répétition  des  premiers  mots  du  premic 
vers  :  ce  refrain  ne  doit  pas  s'étendre  au-delà  de  l'hc 
miftiche  ;  mais  il  peut-être  plus  court  ,  témoin  un  ror 
deau  de  Saint  Gelais  dont  le  refrain  n'eft  que  de  c( 
deux  fyllabes  ,  a  Dieu.  Dans  les  rondeaux  en  vers  d 
huit  fyllabes,  le  refrain  n'a  que  deux  ou  trois  fylla 
bes  au  plus.  Au  refte  cette  reprife  fait  la  grande  bcaut 
'du  rondeau  :  il  faut  donc  que  la  chute  en  foit  naturel! 
&  délicate  ,  &  que  dans  les  trois  endroits  où  ç.[\<:  e 
placée  ,  les  applications  en  foient  différentes  &  ingc 
iiieufes.  On  cite  ordinairement  pour  exemple  ce  roii 
deau  de  Voiture ,  qui  ca  explique  ks  règles  ; 


R  O  N  |43j 

Ma  fol  e*efl  fait  de  moi ,  car  Ifabeauî     ^ 
M'a  conjure  de  lui  faire  un  rondeau;  "^'"vj! 

Cela  me  met  en  une  peine  extrême. 
Quoi  treize  vers ,  huit  en  eau  ,  cinq  en  çme  I 
3'e  lui  fcrois  aufli-tôt  un  bateau, 
în  voilà  cinq  pourtant  en  un  monceau. 
Faifons-en  huit  en  invoquant  Bfodeau  , 
le  puis  mettons  par  quelque  lîraiagême  , 
Mafoic'efl  fait. 

Si  je  pouvois  encor  de  mon  cerveau 
Tirer  cinq  vers  ,  l'ouvrage  feroit  beau  : 
Mais  cependant  je  fuis  dedans  l'onzième  ,' 
Et  fi  je  crois  que  je  fais  le  douzième  , 
En  voilà  treize  ajuftés  au  niveau. 
Ma  foi  c'eji  fait. 

Autre. 
'A  la  fonialne  où  s'ennivre  Boileau  ,' 
Le  grand  Corneille  ,  &  le  facré  troupeati 
De  ces  Auteurs  que  l'on  ne  trouve  guère  , 
Un  bon  Rimeur  doit  boire  à  pleine  aiguière ^ 
S'il  veut  donner  un  bon  tour  au  Rondeau  : 
Quoique  j'en  boive  auffi  peu  qu'un  moineau  jj 
Cher  Benferade  ,  il  faut  te  fatisfaire  i 
T'en  écrire  un.  Hé  ,  c'eft  porter  de  l'eau 
A  la  fontaine. 

De  tes  refrains  un  livre  tout  nouveau  ; 
A  bien  des  gens  n'a  pas  eu  l'heur  de  plaire  .* 
Mais  quant  à  moi ,  j'en  trouve  tout  fort  beau  j? 
Papier  ,  dorure  ,  image  ,  caraftere  , 
Hormis  les  vers  qu'il  falloir  laifler  faire 
A  la  Fontaine. 

Des  Rondeaux  redoublés, 

les  Rondeaux  redoublés  ,  qui  ne  font  plus  cî'ufage; 
comprenoient  vingt-quatre  vers  de  la  même  mefure  , 
fur  deux  rimes  feulement,  divifés  en  fix  quatrains.  Il 
Tom^  II,  Z 


55^  R  O  N 

faJloit  que  les  quatre  vers  du  premier  qnatraia  tcrmi 
naffent,  chacun  ,  à  leur  tour  un  des  quatrains  fuivàns  pa 
forme  d'intercalaires ,  &  le  refrain  n'étoit  qu'à  la  fii 
de  la  dernière  ftance.  Les  rimes  étoient  mêlées  alterna 
tivement  dans  chaque  quatrain  ;&  (i  le  premier  en  por 
toit  une  mafculine  en  rcte  ,  le  fécond  commençoit  pa 
une  féminine ,  &  ainfi  de  fuite. 

Rondeau  redoublé. 

Si  ton  en  trouve  j  on  n'en  trouvera  guère  y 
De  ces  Rondeaux  qu'on  nomme  redoublés  y 
Beaux  &  tournés  d'une  fine  manière  > 
Si  qu'à  bon  droit  la  plupart  font  fifflcs. 

A  fîx  quatrains  les  vers  en  font  réglés  » 
Sur  double  rime  Se  d  efpece  contraire  y 
Rimes  où  foient  douze  mots  accouples  ; 
Si  l'on  en  trouve,  on  n'en  trouvera  guère» 

Doit  au  furplus  fermer  fon  quaternaire 
Chacun  des  vers  au  premier  ailemblés  ;, 
Pour  varier  toujours  l'intetcalaire 
Dt  ces  Jiondeattx  qu'on  nomme  redo^Uis. 

Puis  par  un  tour  ,  tout  des  plus  endiablés. 
Vont  à  pieds  joints  fautant  la  pièce  entière 
les  premiers  mots  ,  qu'au  bout  vous  enfilez, 
Seaux  (y  townés  d'une  fne  ihanurt» 

Dame  Pareffe  ,  à  païUi  faiomlflcic. 
Tient  nos  RiAiCurs  de  fa  cape  affables  j 
Tout  ce  qui  gêne ,  eft  sûr  de  leur  déplaire  , 
Si  qk'À  bon  droit  la  ptnpart  font  fifflés. 

Ceux  qui  de  gloire  étoient  jadis  comblés  , 

Par  beau  labeur  en  gagnoîcnt  le  falairc. 

Ces  forts  efprits  ,  aujourd'hui  cherch^z-lcJ  : 

Signes  de  Croix  on  aura  lieu  tile  faire  , 

Si  l'on  en  trouve»  ~ 

Nos  aucicAS  ay oient  encore  une  troiieme  force  U 


R  O  N        R  O  U  35» 

dn(^eau  qu'ils  nommoient  rondeau  [tmple',  czi  le  pré- 
nier étoit  nommé  rondeau  double.  Èé  fîmple  confiftoit 
n  deux  quatrains  unifones  ainfi  qu'ils  parîoienc  ,  c'eft- 
-dire  ,  fur  les  mêmes  rimes  ;  &  fëparés  par  un  diftique 
luquel  le  refrain  étoit  attaché  aufTi-bien  qu'à  la  fin  du 
econd  quatrain.  On  n'y  employoit  que  des  vers  de  km* 
jllabcs. 

A  dire  vrai,  Ligueurs  jaloux  j 
Vous  en  avez  un  peu  dans  l'aile  ^ 
ïc  vous  l'aurez  échappé  belle  , 
Si  Louïs  calme  fon  courroux. 
Comptez  bien ,  vous  trouverez  tous 
Flotte  ,  ou  Province  ,  ou  CitadeUc 
A  dire. 

Recevez  la  Paix  à  genoux , 
Et  votre  pardon  avec  elle 
D'avoir  ofé  chercher  querelU. 
Il  eft  trop  de  Louïs  à  vous 
A  dire. 

Voyei  Stances. 

ROUVRIR.  Verbe  aflif,  irrëgulicr ,  <3e  la  fecondc 
onjugaifon  ,  compofé  d'ouvrir  fur  lequel  il  fe  conjugue 
ik:  de  la  particule  re ,  qui  fîgnifîe  de  nouveau,  de  rechef. 
■Unix  rouvrir  fîgnifîe  ouvrir  de  nouveau.  Il  faudra  lui 
ouvrir  la  veine  ,  fi  la  fièvre  ne  diminue  ^aSi  Sa  plaie  s'êfi 
ouverte  j  cela  l'inquiète  beaucoup, 

A  ces  accens  tu  ronvris  la  paupière  , 

Tu  vis  le  jour  ,  la  Trimouille ,  &  foudaÎB 

Tu  déteftas  ce  refle  de  lumière. 

(  M.  de  Voltaire  ). 

Participe  oBifprèfent,  Rouvrant  indéclindflé, 
Taniaipe  pajfé.  Rouvert  j  rouverte. 


21) 


'M 


ou 


S  E 


^  eft  une  des  confonnes  de  l'alphabet  :  voye^^  Al« 
TKABET  ,  Consonnes  6'  Prononciation. 

SA  ,  eftle  féminin  de  l'adjedif  po/TefTif  yô/z  ;  voyt\ 
Adjectif. 

SAILLIR.  Verbe  adif ,  neutre  ,  défedif  &  irréguliei 
de  la  féconde  conjugaifon.  Il  a  deux  lignifications  dif- 
férentes, &  fe  conjugue  difréremment ,  félon  qu'on  1( 
prend  dans  l'un  ou  dans  l'autre  fens. 

1°.  Saillir  eft  actif  lorfqu'on  s'en  fert  pour  expri- 
mer  l'adion  de  quelques  animaux  ,  lorfqu'ils  couvren 
leurs  femelles.  Il  faut  faire  faillir  cette  jument  par  w 
bel  étalon. 

x°.  Saillir  eft  neutre  lorfqu'il  exprime  le  jailliffe 
ment  des  eaux  ou  de  liqueurs  quelconques.  Lorfquo, 
lui  a  Guxcrt  la  veine  le  fang  a  failli  avec  une  impctuofii 
extraordinaire. 

3".  Saillir  eft  encore  neutre  lorfqu'on  ]J>arle  d 
certains  ornemens  d'architedure  qui  débordent  le  nu  d» 
Jiiur.  Ne  trouve:^-vous  pas  que  cette  corniche  faille  trop 

Dans  le  premier  &  le  fécond  cas  ce  verbe  fe  conjugu 
de  la  manière  fuivante  ,  avec  cette  feule  différence  qm 
dans  le  fécond  cas  il  ne  s'emploie  ordinairement  qu'au: 
troiiiemes  perfonnes ,  &  au  préfent  de  l'infinitif. 

Inbïcatu préfent.  Je  faillis  ,  tu  faillis,  il  faillit 
nous  failliffons  ,  vous  failIilTez  ,  ils  failliflent.  Impar 
fait.  Je  faillifibis  ,  &c.  Prétérit  indéfini.  Je  faillis.  Pré 
îérit  défini.  J'ai  failli  ,  &c.  Prétérit  antérieur  indéfini 
J'eus  failli ,  &:c.  Prétérit  antérieur  défini.  J'ai  eu  failli 
&c.  Plufqueparfait.  J'avois  failli  ,  &c.  Futur.  Je  failli 
rai  ,  &c.  Futur  pajfé.  J'aurai  failli.  Conditionnel  préfent 
Je  failiirj»j:s  ^  &c.  Cçnditionnei  paJfé.  J'aurois  ou  j'culL 
failli.  / 

Impératif.  Saillis  j  qu'il  failliffe  5  failliffons,  failli 
fez  ,  qu'ils  failli  lient. 

Subjonctif.  Que  jeTailliife  ,  Sec.  Imparfait.  Que  j( 
failliffe.  Prétérit.  Que  j'aie  failli ,  6cc.  Tous  les  tem; 
compofés  font  réguliers. 


s  AI        S  AT  3  55 

T'anlcipe  préfent  dci'if  ;  Saillant  indéclinable.  S'il  eft 
entre  il  ell  dcclinable  ,  Taillant,  faillante. 

Saillir  en  termes  d'architedure  fe  conjugue  ainfî. 

Indicatif  Préfent.  Il  faille,  ils  faillent.  Imparfaite 
I  failloit  ,  ils  failloient.  Prétérit.  11  faillit ,  ils  faille- 
'c\n.  Futur.  Il  faillira  ;  ils  failliront.  Conditionnel  prê- 
tât. Il  failliroit  ;  ils  failiiroient. 

Subjonctif  Préfent.  Qu'il  faille ,  qu'ils  faillent.  Im^ 
larfait.  Qu'il  faillit ,  qu'ils  faillilTent.  Il  ne  paroît  pas 
luc  ce  verbe  puilî'e  s'employer  dans  d'autres  tems. 

Les  perfonnes  non  indiquées  dans  la  première  con- 
ugaifon  de  ce  verbe  fe  forment  fur  la  première  perfon- 
le  ,  en  fuivant  les  re2;les  Siénérales  de  la  formation  des 
?erfonncs  :  voye:^  Formation  des  Personnes  ou, 
Conjugaison. 

Lescompofés  de  faillir  font  Assaillir  ô"  Tressail- 
lir :  voye[  ces  mots. 

SANS  ,  eft  une  des  prépofîtions  fîmples  :  voye:^  Pré- 
positions. 

SANS  DOUTE  ,  eft  un  adverbe  de  doute  :  voyci^ 
Adverbe. 

SATISFAIRE.  Verbe  adif ,  neutre  ,  réciproque  & 
irrégulier  de  la  quatrième  conjugaifon  ,  compofé  de 
faire  fur  lequel  il  ie  conjugue  ,  &  de  la  prépbfition  lati- 
ne fatis  y  qu'on  a  francifée  ,  &  qui  lîgnilîe  afl'e:^.  Satis- 
faire, c'eft  donc  faire  alTez  pour  contenter,  ou  pour 
faire  ce  qu'on  doit. 

Il  a  par  conféquent  deux  fîgnifîcations  5  dans  la  pre- 
mière qui  défigne  le  contentement  il  eft  ou  actif;  fatis' 
'faire  fes  parens  ;  fes  maîtres  ,  c'eft-à-dire  les  contenter  ; 
ou  réciproque  ,  je  veux  me  fatisfaire  une  fois  en  ma. 
vie. 

Dans  la  féconde  qui  emporte  l'idée  du  devoir ,  il  eft 
j  neutre  ;  il  demande  après  lui  la  particule  à.  Satisfaire  à 
la  Loi. 

Ses  participes  font  fatisfaifant ,  fatisfait,  fatisfaité. 
Tous  trois  font  fou  vent  adjedif.  Des  raifons  fatisfait 
fantes.  V n  homme  fatisfait  de  f on  mérite,  V ne  femme  fa^ 
lis  faite  d'elle-même. 

SATYRE.  La  fatyrc  en  général ,  eft  l'art  de  donner 
au  ridicule  au  vice  \  di,  quoiqu'on  en  abufe  quelquefois 

Ziij 


J54  S  A  r        s  A  V 

pour  déctéâitei  la  vertu  ,  il  e/l  certain  qu'on  n'y  réuflît 
qu'en  lui  donnant  les  apparences  du  vice.  Cet  art  dontlç 
but  eft  de  réformer  les  moeurs  ,  peut  être  d'une  grande 
utilité  quand  on  le  tient  dans  de  juftes  bornes.  Mais , 
comme  les  flateurs  fe  brouillent  avec  le  Public  en  vou- 
lant trop  plaire  aux  particuliers  ^  jl  arrive  auflî  que  les 
faifeurs  de  TatyL^s  fe  brouillent  avec  les  particuliers  en 
voulant  plaire  au  Public  i  &  comme  les  louanges  trop 
directes  font  groflieres  ,  la  critiqae  qui  reprend  le  vice 
trop  à  découvert  ,^ft  blâmable. 

On  diftingue  deux  fortes  de  fatyre  ;  l'une  férieufe , 
l'autre  badine.  La  prem.iere  va  quelquefois  jufqu'à  l'em^ 
portement  &  à  la  fureur.  Le  badinage  de  l'autre  n'eft 
quelquefois  qu'une  fimp.Iç  raillerie.  La  férieufe  ,  fur- 
tout  quand  elle  eft  didée  par  la  pnlTion  ,  eft  beaucoup 
plus  aifée  que  la  badine.  Rien  de  plus  difficile  que  de 
taire  rire  les  honnêtes  gens ,  même  aux  dépens  d'autrui, 
M^ais  pour  cela  ,  le  talent  fait  bien  plus  que  les  préce- 
ptes j  &  la  vanité  ,  l'amour  propre  ,  &  la  malignité  fon; 
d'aifez  grands  maîtres  pour  un  Poète ,  qui  d'ailleurs  a 
du  difcernement  &  de  l'cfprit.  Les  vers  alexandrins  en 
rimes  fuivies  font  prefque  les  feuls  en  ufage  pour  la 
fatyre.  Tout  le  monde  connoît  les  fatyres  de  notre  célè- 
bre Defpréaux  5  il  feroit  inutile  d'en  donner  d'autre 
exemple. 

SAUF  ,  eft  une  des  conjondions  conditionnelles  : 
voye^  Conjonctions. 

SAVOIR  ,  eft  une  des  conjondions  explicatives  :  voyei 

ÇONfONCTIONS. 

SAVOIR.  Verbe  irrégulier  de  la  troifieme  conjugai- 
fon.  Il  fîgnifie  être  inftruit  d'une  chofe  ;  &  fe  dit  de 
tout  ce  qui  fe  peut  apprendre  ^  /avoir  /es  Langues,  les 
Mathématiques  ,  /es  nouvelles  du  jour  ^  les  démarches 
d'un  ennemi  ,  les  fçcrets  d'un  ami.  On  le  prend  auflî 
quelquefois  dans  un  fens  général  &  abfolu  j  fans  \\i\ 
donner  de  régime  5  &  alors  il  figniHe  avoir  plus  de  con* 
lioijfances  que  n'en  a  le  commun  :  c'çji  un  homm.e  qui  fait } 
cette  phrafe  dit  moins  que  celle-ci  :  c'ejl  un  Savant  ,  & 
plus  que  cette  autre  j  il  n  ignore  rien  de  ce  quil  convient 
de /avoir  dans  /on  état. 

Ce  verba  s'eft  écrit  pendant  long-tems  en  prenant  Ul    il 


s  A  V  ?5f 

,.  après  îe  s  initial  ,  &  en  mettant  une  c^dilc  fous  ce 
!••  comme  ffavoir.  Mais  aujourd'hui  le  grand  nombre  le 
•ctranche  comme  une  lettre  inutile  :  elle  n  mflue  en  rien 
ur  le  Q)n  de  la  fyllabe  ,  &  elle  ne  peut  fervir  pour 
narquer  l'étymolo^ie  latine,  puifquil  eft  certam  que 
i;e  mot  ne  vient  point  du  verbe  fcire ,  mais  du  verbe 

■''^slioir  a  tous  les  caraûeres  d'un  verbe  adif  ;  &  ce- 
pendant il  n  eft  employé  au  pafllf  que  dans  un  très  petit 
nombre  de  phrafes  ufitées  ,  comme  cette  nouvelle  ejl 
Cue  de  tout  le  monde.  Il  fe  prend  aulfi  quelquefois  en 
ivrerbe  réciproque  ,  on  dit  :  loutfefait  h  la  fin.  Us  Lan* 
\ues  ne  fefavent  pas  en  un  jour,  &c.  ,  n.  ^  j- 

r  On  dit  proverbialement  :  il  en  fait  long  y  c  elt-a-dirc  , 
bu'il  eft  fin  ,  habile.  Il  fait  la  Cam  du  /..zyj  c'eft-a- 
dii-e  il  connoît  les  intrigues  &  les  caraderes  des  per^ 
fonnes.  On  dit ,  il  fait  vivre  ;  il  fait  bien  le  monde ,  pour 
:dire  il  eft  poli.  Je  vous  fais  bon  ou  mauvais  gre  ae  cela  , 
ic'eft-à-dire  ,  j'en  fuis  content  ou  mécontent, 
i  Savoir  fignifie  auffi  avoir  la  force  ,  le  moyen  ;  jefau^ 
rai  me  défendre.  Je  faurai  bien  le  réduire,  ceft-a-dire  , 
!je  pourrai.  Faire  favoir ,  fignifie  informer.  Ceftafa- 
voir  ,  ou  fimplement  favoir  ,  marque  les  chofcs  qu'on 
veut'diiiin^uêr  ,  noter  particulièrement.  On  s'en  ferc 
iaufil  pour  marquer  un  doute.  Ceji  a  favoir  fi  vous  le 
fourre?.  C  eft  un  à  favoir.  i  r  i  n. 

Su  ,  participe  du  verbe  favoir  ,  fe  prend  fubftantive- 
ment  dans  cette  phrafe.  Au  vu  Ùaufude  tout  le  monde. 
Indicatif  Préfent.  Je  fais  ou  je  fai ,  tu  fais  ,  il  fait  j 
nous  favons  ,  vous  favez  ,  ils  favent.  Ces  deux  lettres 
ai  dans  le  fingulier ,  fe  prononcent  comme  un  e  ferme. 
Imparfait.  Je  favois  ,  tu  favois  ,  il  fa  voit  5  nous  fa- 
vions  ,  vous  faviez  ,  ils  favoient. 

Prétérit.  Je  fus,  tu  fus  ,  il  fût  5  nous  fiimes  ,  vous  fû- 
tes ,  ils  farcnt. 

Prétérit  indéfini.  J=ai  fu  ,  tu  as  fu  ,  il  a  fu  j  nous  avons 
fu  ,  vous  avez  fu  ,  ils  ont  fu. 
Prétérit  antérieur.  J'eus  fu  ,  &c. 
Prétérit  antérieur  indéfini.  J'ai  eu  fu  ,  &c, 
'    P lufc^uev arf ait,  T ^y ois  i\x  s  ^c. 


35^  SAV 

Futur.  Je  faurai  ,  tu  fauras ,  il  faura  5  nous  fauroni 
vous  faurez  ,  ils  fauront. 

Futur pajfé.  J'aurai  fu ,  &c. 

Conditionnel  préfent.  Je  faurois ,  tu  faurois ,  il  fau- 
roit  ;  nous  faurions  ,  vous  fauriez  ,  ils  fauroient. 

Conditionnel  paJfé.  J'aurois  ou  j 'eu/Te  fu  ,  &c. 

Impératif.  Sache,  qu'il  fâche  3  fâchons,  fâchez  5 
qu'ils  fâchent. 

Subjonctif  Trêfent.  Que  je  fâche  ,  que  tu  fâches, 
qu'il  fâche  3  que  nous  fâchions ,  que  vous  fâchiez,  qu'ils 
fâchent. 

Imparfait.  Que  je  fufTe  ,  que  tu  fuffes  ,  qu'il  fut  3  que 
nous  fuffions ,  que  vous  fuffiez  ,  qu'ils  fuifem. 

Prétérit.  Que  j'aie  fu  ,  &c. 

Flufqueparfait.  Que  j'euiTe  fu  ,  &c. 

Infinitif  Préfent.  Savoir. 

Prétérit.  Avoir  fu. 

Participe  aB  if  préfent.  Sachant. 

Participe  aciifpafé.  Ayant  fu. 

Participe  pajfif  préfent.  Su  ,  fue  ^  ou  e'tant  fu  ,  fue. 

Participe  pajfif  prétérit.  Ayant  été  fu  ,  ou  fue. 

GÉRONDIF.  En  fâchant ,  ou  fâchant. 

On  dit  encore  quelquefois  je  fâche  ^  à  la  première 
perfonne  du  préfent  de  l'indicatif.  Mais  ce  n'cft  que, 
quand  il  s'y  trouve  une  négation.  Jt  ne  fâche  rien  de 
jflus  honnête  que  l'étude  3  ou  dans  cette  façon  de  parler  : 
non  pas  3  que  je  fâche. 

Les  teins  compofés  du  verbe  favoir  fe  conjuguent 
comme  ceux  des  verbes  réguliers  de  la  troifieme  conju- 
gaifon. 

SE ,  eft  un  des  pronoms  pcrfonnels  pour  la  troifieme 
perfonne  :  voye:^  Pronoms. 

SECOURIR.  Verbe  adif ,  irrégulier  ,  de  la  féconde 
conjugaifon,  compofé  de  courir  ^  fur  lequel  il  fc  con- 
jugue ,  &  de  yê  qui  équivaut  à  la  prépofition  Unncfuh 
(  dejfous  ).  Secourir  exprime  donc  î'adlion  d'un  homme 
qui  court  de/Tous  quelque  chofe  qui  tombe  ou  menace 
ruine ,  pour  l'appuyer,  la  foutenir  ,  ou  la  relever.  Secou- 
rir les  malheureux  ,  c'efl:  leur  procurer  des  foulagemewts  Ir 
dans  leurs  peines  ,  les  aider  à  porter  le  fardeau  de  leurs  !' 
miferes.  Son  crédit  ta  fecouru  ,  pour  dire  que  fcs  pro- 
^tci^ions  oiu  çmpcché  fa  fortune  de^tomber. 


s  EN  357 

V-artic'ipes.  Secourant  ^   fecouru  ,  fecourue  ;  voye:^ 

iCoURIR. 

SELON ,  eft  une  des  prépo/îtions  fimples  :  voye7[^  Pré- 
positions. 

SENS  ABSOLU  ;  SENS  RELATIF.  Abfola  vient  du 
mot  latin  abfolutus  ^  qui  fignifîe  achevé  ,  complet  :,  qui 
a  toutes  Tes  parties.  Ainfî  un  fens  abfolu  eft  un  fens  qui 
exprime  une  chofe  confidérée  en  elle-même  ,  &  qui  n'a 
aucun  rapport  à  une  autre  ;  un  fens  qui  eft  accompli  , 
circonfcrit  &  Tans  aucune  forte  de  relation.  Par  exem- 
ple ,  fi  je  dis  que  la  terre  eft  opaque  ^  cette  phrafe  eft 
dans  le  fens  abfolu.  On  n'attend  rien  de  plus  :  on  n'ap- 
perçoit  aucune  idée  relative ,  aucune  idée  acceiToire  , 
aucun  objet  de  comparaifon  ni  de  dépendance. 
!  Relatif  ou  refpeciif  ^  fignifîe  au  contraire  qui  a  rap- 
port, relation  à  quelque  chofe.  Si  l'on  dit ,  par  exem- 
ple ,  que  Vefprit  eft  préférable  a  la  beauté  ;  cette  phrafe 
eft  dans  le  fens  relatif  ou  refpedif  ,  parcequ'on  confî- 
dere  l'efprit  relativement  à  la  beauté. 

Il  y  a  des  noms  abfolus  j  des  noms  relatifs ,  &  des 
pronoms  relatifs.  On  verra  ,  au  mot  Substantif  ^  des 
noms  pris  dans  un  fens  abfolu,  &  au  mot  Pronoms 
quels  font  les  pronoms  relatifs. 

SENS  ABSTRAIT  5  SENS  CONCRET.  Le  mot  ab^ 
jlrait  vient  du  verbe  latin  abftrahere ,  arracher ,  tirer  de  , 
détacher. 

Pour  bien  entendre  ce  terme  il  faut  fe  rappeller  que 
lorfque  nous  arrêtons  nos  yeux  fur  un  corps  quelcon- 
:  que  ,  ou  bien  nous  le  confiderons  fans  fes  propriétés  ,  ou 
bien  nous  confiderons  feulement  fes  propriétés  ou  quel- 
qu'une de  fes  propriétés ,  nous  les  détachons  pour  ainfi 
dfre  5  nous  pouvons  même  ne  nous  arrêter  qu'à  une 
feule  en  particulier  ,  en  la  tirant ,  en  la  détachant  du 
nombre  des  autres  ,  enfaifant  abftradion  de  toute  autre 
propriété.  Ainfi  abftraire  ,  faire  abftraélion  ,  conf  derer 
une  chofe  dans  le  fens  abflrait  ;  c'eft  l'examiner  fans 
fonger  à  fes  propriétés  ,  fans  s'occuper  ni  de  la  chofe 
en  elle-même ,  ni  de  fes  autres  propriétés  ;  par  exem- 
ple ,  tout  corps  a  fa  longueur  ,  largeur  &  profondeur  , 
&c.  je  ne  m'arrête  qu'à  la  longueur ,  fans  fonger  ni  à 


5^S  s  E  N 

l'objet  ni  à  Tes  autres  propriétés ,  qui  font  la  laro-eui 
&  la  profondeur.  ^ 

Lcfens  concret  aa  contraire  efl:  lorfque  je  confidcrç 
tout-à-la-fois  l'objeravec  une  ou  plufieurs  de  fes  qua- 
Irtés.  Je  les  unis  enfemble  dans  ma  penféc  ,  je  n'en  fau 
qa'un  feul  &  même  objets  comme  quand  je  dis ,  a^m 
longue  table. 

Nous  ne  parlerons  pas  ici  des  termes  abftraits  &  con 
crets  :  voyei  Substantif  ô"  Adjectif 

SENS  ADAPTÉ.  Le  fens  adapté  eft'une  applicatior 
plus  ou  moins  piécife  d'un  texte  connu  à  une  circonf 
tance  particulière.  Les  Oraifons  Funèbres  &  les  Sermon; 
de  nos  Orateurs  Sacrés  en  font  remplis.  Nous  choifiron; 
pour  exemple  ce  paiTage  de  l'Ecriture  qui  regarde  Juda; 
Machabée  ,  &  que  M.  Fléchier  a  heureufement  adaprc 
à  M.  de  Turenne.  Comment  efi  mon  cet  homme  puijfan. 
quifaavolt  le  Peuple  d'Ifrael  ? 

SENS  COMPOSÉ  ;  SENS  DIVISÉ.  Les  Grammainen: 
a^^cUcm  fens  compojé  le  fens  qui  rcfulte  de  tous  le< 
termes  d'une  propofition  pris  félon  la  liaifon  qu'ils  oni 
enfemble  ;  parce  qu'alors  tous  ces  termes  conferven. 
leur  fïgnifîcation  propre  dans  toute  l'étendue  de  la  pro- 
pofition. 

On  appelle  au  contra  ire  yê/zj  divifélt  fens  d'une  pro- 
pofîcion  dont  on  prend  fcparément  les  termes  ;  parce 
qu'alors  ils  ne  confervent  pas  à  tous  égards  la  fignifica- 
tîon  dans  laquelle  ils  font  employés  ,  &  qu'amfila  pro- 
pofition fe  trouve  divifée^  féparée.  Par  exemple  quand 
on  dit  <\\xunc  chofe  qui  fe  meut  ne  peut  pas  être  en 
repos.  Si  l'on  conferve  à  tous  égards  la  fignification  dans 
laquelle  tous  ces  termes  font  employés'^  cette  propolî- 
tion  fe  trouve  vraie  &  cft  dans  le  fens  compofé  ;  mais 
il  on  confîdere  qu'une  chofe  qui  fe  meut  a  pu  être  en 
repos  auparavant  ,  &  qu  elle  y  peut  être  cnfuire  ;  enfin 
Il  l'en  divife  &  fi  l'on  diftingue  la  fignifîcation  des 
termes  de  cette  propofition  ,  clic  fe  trouve  dans  le  fens 
divifc ,  &  elle  efl  fauiTe  j  c'cft  le  dijimguo  des  Lo^-i- 
cicns.  '^ 

Quand  Saint  Matthieu  dit,  que  les  Boiteux  marchent, 
que  les  Aveugles  voient  5  Ci  Ion  prenoit  ces  termer 


s  EN  553> 

'ans  le  fcns  comporé  ,  il  y  auroit  de  VâbCurâké  ;  mais 
n  flivifant  leur  fîgnifîcation  ,  c'eit-à-dnc,  lî  l'on  en- 
sndpar  aveugles  &  boiteux  ceux  qui  rétoienc  &  qui  ont 
ré  guéris  :,  la  proportion  eft  vraie. 

Lors.qu'Apelles  difoic  à  un  Cordonnier,  qui  trouvoità 
edire  à  la  jambe  d'une  de  Tes  figures  j  qu'un  Cordon- 
ier  ne  devoit  fe  mêler  que  de  chauifure  ,  A  pelles  avoit 
aifon  dans  le  fens  compofé  de  fa  propofîtion  ,  en  ne 
onfiderant  celui  à  qui  il  parloit  que  comme  Cordon- 
licr  :  mais  dans  le  fens  divifé  ^  entant  que  ce  Cordon- 
ier  pouvoit  avoir  des  connoilfances  au-dell'us  de  Con 
nécier,  &  juger  fainement  d'un  tableau  5  ApcUes  avoic 
or  t. 

SENS  DÉTERMINÉ  5  SENSINDÉTERxMINÉ.  Lorf- 
|ue  dans  une  phrafe  le  fubjedif ,  c'eft-à-dire  ,  tout  ce 
[ui  ell  employé  à  énoncer  la  perfonne  ou  la  chofe  à 
jui  on  attribue  quelque  façon  d'être  ou  d'agir  ,  8c  qui 
•ft comme  le  fujet  dont  on  parle,  n'eft  point  exprimé 
îommément ,  alors  le  fens  de  cette  phrafe  cù  vague  , 
ndcfîni ,  indéterminé  5  il  n'exprim.e  qu'une  penfée  gé^ 
lérale  qui  ne  tombe  fur  aucun  objet  en  particulier  : 
/oilà  ce  qu'on  appelle  fens  indéterminé  j  exemple. 
Qui  a  beaucoup  d'ambition  goûte  -peu  la  vie  tranquille, 
luette  phrafe  oitlc  une  penfée  générale.  Le  fens  en  eft 
ndéterminé  ,  on  ne  défigne  perfonne  de  qui  l'on  dife 
ju'il  a  beaucoup  d'ambition  ,  &  par  conféquent  qu'il 
nene  une  vie  peu  tranquille. 

Il  eft  aifé  de  fentir  maintenant  quel  eil:  le  fens  déter- 
miné. C'eft  lorfqu'il  y  a  dans  la  phrafe  un  fubjedif  dé- 
nommé ,  comme  fi  je  dis  :  la  bonne  compagnie  eft  une- 
Ecole  qui  inftruit  mieux  que  le  Collège.  Le  fens  alors  eft 
iéterminé  ,  il  tombe  fur  un  objet  particulier  ,  qui  eft  la 
bonne  compagnie. 

Dans  un  autre  point  de  vue  on  pourroit  appeller  le 
fens  littéral  &  le  fens  fpirituel,  fens  déterminé  &  fens 
indéterminé  ;  voyei  Sens  littéral  ,  Sens  sPiRiTUEt, 
SE'NS  ÉQUIVOQUE  :  roy^^  Amphibologie. 
SENS  LITTÉRAL  ;  SENS  SPIRITUEL.  Ltjens  litti^ 
rai  €ft  celui  qui  réfulte  de  la  force  naturelle  des  ter- 
mes. Il  fe  divife  en  fens  propre  Se  en  fçus  iîgui'é  ou 
oiétaphonque  ;  voye^  ççs  mots. 


'3^o  S  E  N 

Le  fins  fpirituel  efi:  celui  qui  eft  caché  fous  î'écor 
ce  du  fens  littéral.  Il  fe  divife  ,  i**.  en  fens  allégori- 
^ue  ,  1'',  en  fens  moral  ,  3*',  en  fens  anagogique. 

i".  Le  fens  allégorique  eft  celui  qui  réfulte  de  termes 
quî ,  pris  à  la  lettre,  fîgnifient  toute  autre  chofe  que  a. 
^u'on  vciK  leur  faire  fîgnifier  :  voyei  Allégorie. 

z«.  Le  fens  moral  eft  celui  qui  a  pour  objet  quel 
^ue  vérité  qui  intérefle  les  mœurs  &  la  conduite.  Pref . 
que  toutes  les  Fables  ont  un  fens  moral. 

Lorfque  la  Fontaine,  Fable  IIP.  Liv.  VU,  racontr 
qu'un  Rat  dévot  s'étant  retiré  dans  un  fromage  de  H0I-' 
lande,  y  vivoit  comme  un  Chanoine  dans  une  riche  Pré 
bendc  5  qu'un  jour  la  République  des  Rats ,  preifée  pai 
une  extrême  difette  ,  vint  lui  demander  quelque  lege  1 
fecours  s  mais  que  le  folitaire  leur  répondit  d'un  toi 
bénin,  que  les  affaires  de  ce  bas  monde  nelcregar 
doient  plus  ;  qu'un  pauvre  reclus  comme  lui  n'avoi 
rien  à  leur  donner  5  qu'il  ne  pouvoir  autre  chofe,  fînor 
prier  le  Ciel  de  les  ailifter  5  le  Fabulifte  n'a  pas  deifeii 
a/furément  de  faire  croire  que  la  chofe  foit  réellemen  > 
arrivée.  Il  fait  bien  qu'on  ne  prendra  pas  ce  récit  à  h 
lettre  ;  mais  il  veut  faire  voir  par-là  que  les  perfonne; 
confacrées  à  Dieu  &  retirées  du  monde  ne  font  pas  tou-' 
jours  les  plus  fecourables  5  voilà  le  fens  moral.  I 

?**.  Lq.  fens  anagogique  a  pour  objet  les  chofes  cé-| 
ieftes  &  la  vie  éternelle.  Anagogique  vient  d'un  moii 
grec  qui  fignifîe  élévation. 

Les  Auteurs  qui  ont  cherché  ce  fens  dans  l'Ecriture 
Sainte,  fe  font  fou  vent  fort  éloignés  des  notions  commu-. 
nés  5  en  voici  un  exemple.  Dieu  voulut  punir  les  cri-' 
mes  de  la  terre  par  un  déluge  ;  il  ordonna  à  l'homme 
jufte  qu'il  vouloir  fauver  de  la  fureur  des  eaux  de  bâtir 
4ine  Arche  où  il  put  fe  retirer  avec  fa  famille  ;  cette 
Arche  fut  conftruite  avec  un  bois  dur.  Il  eft  naturel  de 
penfcr  que  Noé  préféra  ce  bois  ,  parcequ'il  étoit  plus 
propre  à  réfifter  à  l'effort  des  vents  &:  des  flots ,  mais 
ceux  qui  cherchent  dans  ce  récit  un  fens  anagogique 
affurent  que  ce  bois  dur  devoir  lignifier  les  gens  ver- 
tueux qui  feroicnt  dans  l'Eglife.  En  continuant  à  cher- 
cher des  relations  ,  ils  en  trouveront  entre  les  bois 
quarrés  qui  çncioiçiu  dans  h  coinpofition  de  l'Arche  &: 


s  E  N  jffr 

:§  Do£leur§  die  l'Eglife  Chrériçiine.  €e  feul  exemple 
.iffit  pouu  faire  voir  combien  rimaginatioii  peut  fc 
Duer  fur  ces  fortes  de  rapports  ,  qui  le  plus,  ibuvenc 
Diit  abfolument  arbitraires. 

SENS  PROPRE  5  SENS  FIGURÉ  ,  ET  SENS  PAR.' 
EXTENSION.  Les  mots  ont  unfens  propre  ^  ou  un  fens 
guré.  Le  fens  propre  du  mot  eft  fa  première  lîgnifîca- 
lion,  \Jn.feu  qui  brille  ^  la  lumière  qui  sohfcurcit  5  ces  ex- 
Teflîons  font  employées  dans  le  fens  propre.  Le  fens 
iguré  des  expreiTions  ^  eft  lorfqu'on  change  leur  lîgniiî- 

'lation  propre  pour  leur  en  donner  une  qui  eft  emprun- 
,ée.  Une  imagination  qui  brille  y  l'efprit  qui  s'objcurcit  ; 
es  mots  brille  ,  s'obfcurcit,  font  ici  dans  le  fens  figuré  , 
;)arcequ'on  femble  donner  aux  facultés  invifibles  de  l'a- 
ine ,  la  propriété  phyfique  du  feu  &  de  la  lumière  ,  qui 
ont  fenfation  fur  l'organe  de  la  vue. 
;    Quand  on  dit  d'un  homme  fourbe  qu'il  a  toujours  le 

.  najque  fur  le  vifage  5  ce  terme  eft  mis  dans  un  fens 
îguré  ,  pour  exprimer  que  le  fourbe  cache  à  l'extérieur 
es  mauvais  fentiments.  C'eft  avifTi  dans  un  fens  figuré 
-]ue  l'on  dit ,  la  voix  de  la  nature  fe  ^âk  entendre  au  cœur 
:e  plus  endurci.  Il  a  eu  dans  le  Jugement  de  fon  Procès 
iix  voix  contre  neuf  5  voix  eft  prife  ici  dans  un  fens 
figuré  pour  fujfrage.  Le  ftyle  même  le  plus  fimple  eft 
rempli  de  ces  façons  de  s'exprimer  :  voyei  Tropes. 

Outre  le  fens  propre  &  le  fens  figuré  ,  dont  nous  ve»* 

nons  de  parler^  M.  d'Alembert,  dans  fes  Eclaircijfements 

fur  les  Eléments  de  Pkilofophie ,  admet  un  autre  fens 

'qu'il  appelle  fens  par  extenjîon ,  &:  qui  tient  en  quelque 

•'forte  le  milieu  entre  ces  deux-là.  m  Ainfi  quand  on  dit  > 

«  X éclat  de  la  lumière  ,  l'éclat  du  fon  ,  t éclat  de  la 

3î  vertu  :  dans  la  phrafe  l'éclat  du  fon  ,  le  mot  éclat ,  die 

33  M,  d'Alembert  ,  eft  tranfporté  par  extenfion  de  la  lu* 

joa  miere  au  bruit ,  du  fens  de  la  vue  auquel  il  eft  pro- 

\n  pre  »  au  fens  de  Touie  auquel  il  n'appartient  qu'ima 

\n  proprement  :  on  ne  doit  pourtant  pas  dire  que  cette 

M  exprefllon  ,  V éclat  du  fon  ,  foit  figurée  ,  parceque  les 

33  expreOTions    figurées    font   proprement   l'applicatioti 

M  qu'on  fait  à  un  objet  intelleduel ,  d'un  mot  deftin^. 

:|93à  exprimer  un  objet  fenfible. 


3^i  S  E  N        S  E  O 

33  Voici  encore,  ajoute  M.  d'Aiemhert  ^  un  exemplj 
M  fîmplc  ,  qui  dans  trois  différentes  phrafes  ,  montrer 
»  d'une  manière  bien  claire  ces  trois  différents  fens 
33  marcher  après  quelqu'un  5  arriver  après  l'heure  fixée 
33  courir  après  les  honneurs  :  voilà  après  ,  d'abord  dan 
33  Ton  fens  propre  ,  qui  eft  celui  de  fuivre   un  corps  ci 
33  mouvement  5  enfuite  dans   Ton   fens  par  cxtenfion 
33  parceque  dans  la  plirafe  ,  après  l'heure  ,  on  regarde  l. 
33  tems  comme  marchant  &  fuyant  ,  pour  amiî  dire, 
33  devant  nous  5  enfin  dans  le  fens  figuré  ^  courir  aprl' 
30  les  honneurs  ,  parceque  dans  cette  phrafe  on  regar  ' 
35  de  aulli  les  honneurs,  qui  font  un  être  abftrair,  comni , 
33  un  être  phylique  fuyant  devant  celui  qui  le  defire  6 
33  cherchant  à  lui  échapper.  Une  infinité  de  mots  del;i 
33  langue  ,  pris  dans  toutes  les  clalfes  &  tous  les  gen- 
33  res  ,  peuvent  fournir  de  pareils  exemples  3d.   Mai 
dous  ajoutons  que  pour  appercevoir  cette  diftindioi 
délicate  ,  il  falloit  la  finelfe  &  la  profondeur  des  vue 
d'un  Ecrivain  Philofophe,  accoutumé  comme  M.  d'A- 
Jembert  à  faifîr  le  vrai  dans  les  idées  les  plus  abftraites  : 
&:  à  l'expofer  avec  la  plus  grande  clarté  &  la  plus  par- 
faite précifion. 

SEOIR.  Verbe  irrégulier  de  la  troifiemcconjugaifon' 
Il  a  deux  fignifications  bien  différentes.  Il  fîgnifie  pre-  ' 
jmierement  être  convenable;   comme,  la  modeftie  Jieai 
kien  aux  Savans.  Cet  habit  vous  Jied  bien.  Il  fe  dit  fur- ! 
tout  àzcç^  qui  a  rapport  aux  mœurs  :  daiis  ce  fens  il  efli 
d'un  très  grand  ufage  s  mais  il  n'a  point  d'infinitif,  fi 
ee  n'efl:  dans  quelques  occafîons  où  l'on  àiz  être  féanU' 
Il  n'a  que  les  troifîemcs  perfonnes  des  tems  fimples. 
Indicatif  Préfent.  Il  ficd  5  ils  fiéent. 
Imparfait.  Il  feyoit  ;  ils  feyoient. 
Futur.  Il  fiera  j  ils  fieront. 
Conditionnel  Préfent.  Il  fieroit  ;  ils  fîeroient. 
Subjonctif.  Prétérit  Qu'il  fiée  5  qu'ils  fiéent. 
Participe  a^if.  Seyante/^  féant. 

Souvent  ce  verbe  le  prend  imperfonnellcment.  Ilvous 
fied  bien  d'être  fier.  Il  ne  fied  jamais  a  un  homme  de  me-' 
priferles  autres.  II  s'emploie  fur-tout  avec  les  adverbes, 
kiênr-t  rn4  »  qui  fe  mettent  toujours  après  le  verbe* 


s  E  O        S  E  R  3^5 

[candil  ii*efl:  pas  à  l'infinitif.  Ainfi  Ton  doit  dire  :  il pc<L 
ien  ,  il  Jieroit  mal  ,  &c.  Mais  quand  on  fe  fert  de  i'in- 
'initif  ^rre/ê'^nr  ,  on  met  les  adverbes  bien  ,  mal  ^  avant 
e  mot  féant  :  être  bienféant  ,  être  malféant  :  on  lie  me- 
né l'adverbe  avec  le  participe /fû/zr ,  de  manieie  qu'ils 
le  font  plus  que  comme  un  feul  mot ,  un  adjc^lif; 
l  efi  bienféant ,  il  eft  malféant.  Si  l'on  fe  fervoic  de 
'autre  participe  yiy^nr  ,  il  faudroit  mettre  l'adverbe 
près  :  cet  habit  vous  feyant  bien  ,  pourquoi  vous  en  dé- 
aire  ?  Il  n'y  a  que  ce  dernier  qui  puifTe  s'employer  ca 
i'articipe  proprement  dit.  Le  mot  féant  ne  s'emploie  ja- 
aais  qu'il  ne  foit  accompagné  du  verbe  être  j  quand  il 
li'en  eft  pas  accompagné  il  fîgnifie  étant  ajfîs  ^  &  il  ap- 
|>artient  par  conféquent  au  verbe y^oir  dans  la  fîgniiîcar- 
ion  êiêtre  ajjis  ,  qui ,  comme  l'on  voit ,  eft  bien  diffé- 
ente  de  la  première  j  il  n'y  eft  même  d'ufage  que  dans 
e  participe  ,  &  dans  l'autre  participeT/^  ^fife  :  on  àizca. 
ermes  de  Palais  ,  le  Parlement  féant  à  tel  endroit  y  une 
naifonffe  en  telle  rue. 

Seoir  eft  un  verbe  fîmple  qui  a  pour  compofés  , 
•Jfeoir ,  rajjeoir  ^furfeoir  :  voyez  ces  mots. 

SERVIR.  Verbe  adif ,  neutre,  &  irrégulicr  de  la  fc- 
onde  conjugaifon.  Il  vient  du  verbe  latin y^rvire ,  qui 
ignifie  être  efclave  ,  rendre  des  (ervices  ,  des  devoirs  , 
oit  forcés ,  foit  volontaires.  Un  Efclave  fert  fouvem  fort 
\îaître  a  regret.  On  a  bien  du  plaifir  afervirfes  amis.  H 
t'a  bienfervi  dans  cette  occajîon.  Tout  Citoyen  doit  fer^ 
'ir  l'Etat. 

Ce  verbe  s'emploie  quelquefois  d'une  manière  abfb- 
Lie.  Le  Maître  d'Hôtel  a  annoncé  qu'on  avoit  fervi.  U 

en  a  qui  font  nés  pour  fervir  j  &  d'autres  pour  com^ 
laruier. 

Lorfque y^rv/r  fîgnifie  tcnit  lieu,  il  prend  toujours 
près  lui  la  prépofition  de.  Exemples  :  Il  lui  fert  dt 
ère.  Cela  me  fert  de  manteau.  Quand  il  fignifie  être  uri- 
î  ,  il  eft  fuivi  de  la  particule  a.  Exemples  :  Vefpritfert 

tout.  La  politeffe  &  la  douceur  fervent  à  fe  faire  des 
mis. 

Je  vous  fervirai  fur  les  deux  toits  ,  eft  une  fa^on  de 
arler  proverbiale  ,  qui  fignifie  je  vous  donnerai  toutes 
is  facilités  poiïiblcs  potu  que  vouis  veniez  à  bouc  de 


3^4  SI  SIM 

ce  que  vous  defirez.  Cette  exprefTion  efl  tirée  du  Je 
de  Paume  ,  où  il  eO:  plus  aifé  de  recevoir  la  balle  quanl 
elle  eft  fervie  fur  les  deux  toits. 

Indicatif  Préfent.  Je  fers ,  tu  fers  ^  il  fert  j  UOÏ 
fervons  ,  vous  fervez  ,  ils  fervent. 

Imparfait.  Je  fervois  ,  &c. 

Trétérit.  Je  fervis  :,  &c. 

Futur.  Je  fervirai ,  &c. 

Conditionnel  préfent.  Je  fervirois ,  8cc. 

Impératip.  Sersj  qu'il  ferve. 

Subjonctif  Préfent.  Que  je  ferve  ,  Sec. 

Imparfait.  Que  je  fervifle ,  &c. 

5emr  a  pour  compofés  afervir  &  dejfervir  :  voyez  C- 

mots. 

SI ,  eft  un  adverbe  de  quantité  :  voye^  Adverbe 

SI  \  eft  une  des  conjondions  conditionnelles  :  voy 
Conjonctions. 

SI  BIEN  QUE  ,  eft  une  des  conjondions  explicat 
ves  :  voyei  Conjonctions. 

SIEN  ,  eft  un  des  adjedifs  porfeiTifs  :  voyei  Ai 

ÎECTIF. 

SIMILITUDE.  La  fimilitude  eft  un  des  lieux  cor 
muns  de  la  Rhétorique,  propre  à  la  preuve  :  voyei  Sou:- 
CES  DES  PREUVES.  On  entend  par  ce  terme  la  convena 
ce  que  deux  ou  plufieurs  chofcs  ort  enfemble.  Les  fim 
liçudes  font  fréquentes  dans  le  ftyle  des  Orientaux  ; 
difcours  des  Ambalfadeurs  Scythes  à  Alexandre  ,  dai 
Quinte-Curce  ,  eft  rempli  de  fimilitudes. 

ov  Ignores-tu  ,  lui  difent-ils  ,  qu'il  faut  un  fiecle  ài 
:>,  grand  arbre  pour  s'élever  ,  &  qu'en  un  inftant  il  < 
b,  extirpé  ,  renverfé  j  prends  garde  qu'en  voulant  t'éL 
3D  ver  jufqu'à  la  cime  de  l'arbre  ,  tu  ne  tombes  avec  I; 
3.  branches  mêmes.  Ne  fais-tu  pas  que  le  lion  ^  ce  R 
3D  des  animaux,  devient  quelquefois  la  pâture  des  fc 
o.  bics  oifcaux ,  &  que  le  fer  même  eft  rongé  par 
33  rouille  35.  . 

Par  les  fimilitudes  on  prouve  que  ce  qui  convient  c 
ne  convient  pas  à  une  chofe  ,  convient  ou  ne  convie 
pas  aune  autre  chofe  à  qui  elle  eft  égale  ou  femblaW» 
yoye:{  Comparaison. 

\   SINGULIER.  Ce  mot ,   en  termes  de  Grammaif» 

annop' 


SOL  SON  5^j 

nnonçe  unité  de  perfonnes  ou  de  cliofe»;  voye^  Nom- 

iRE. 

SINON  j  eft  une  des  conjondions  alternatives  :  voye^ 

liONJONCTIONS. 

SIXAIN  :  voyei  Stances. 

SOI  ,  eft  un  des  pronoms  perfonnels  pour  la  troifie- 
le  pcrfonne  :  voye^  Pronoms. 

SOIT  ,  eft  une  des  conjonûions  conditionnelles  : 
oye:^  Conjonctions. 

SOLÉCISME.  Ce  mot  délîgne  particulièrement  une 
inic  contre  la  Langue  ,  dans  les  nombres  ,  les  conju- 
aifons,  la  confi;ruâ:ion,  oulafyntaxe.  Cependant  ces 
cgîigences  qui  fe  gliilent  dans  la  chaleur  de  la  compo- 
non  ,  font  quelquefois  rachetées  par  des  beautés ,  ou 
iarôc  elles  peuvent  devenir  elles-mêmes  de  grandes 
eautés.  Le  ftyle  du  célèbre  Roulieau,  de  Genève,  en  eft 
L;mpli  3  &  tout  le  monde  connoît  ce  beau  vers  de  Racine  : 

Je  l'aimois  incoallanc ,  qu'aur^is-je  fait  fidèle  î 

Mais  les  nécjligences  dont  nous  parlons  ne  tombent 
ue  far  la  coaihudion  j  autrement  ce  feroit  des  fautes 
iipardonnabies. 

Mon  efprit  n'admet  point  un  pompeux  barbarifme  , 
Ni  d'un  versempoulé  roigucilleux  folécifme. 

Boileau. 

Le  mot  foléàfine  a  aufli  une  fîgnification  plus  éten- 
xiz  ,  il  déligne  en  général  une  faute  quelconque. 
■  Un  Aftcur  ayant  fait  un  faux  gefte  fur  le  théâtre ,  on 
li  cria  qu'il  avolt  fait  un  folécifme  de  la  main. 

Le  moindre  folécifne  en  parlant  vous  irrite  j 
Mais  vous  en  faites ,  vous  ^  d'étrang€s  en  conduite, 

SON ,  eft  un  des  adjedifs  poffelTjfs  :  voye^  Adjectif. 

SON  MOUILLÉ.  On  appelle  ainli  les  fons  formés 

ar  les  confonnes  liquides  :  voye:^  Consonnes  &  Pro- 

ONCIATION. 

SONNET.  Le  Sonnet  eft  un  Poème  de  quatorze  vers 
vifés  en  deux  quatrains  qui  marchent  fur  deux  rimes , 
Tome  11^  A  a 


f 


3^^  SON 

&  en  deux  tercets.  Dans  ce  Pcrcme ,  il  y  a  donc  trofe  re- 
pos ,  l'un  après  le  quatrième  vers ,  l'aurre  après  le  hui- 
tième ,  &  le  troilîemc  après  le  onzième.  Les  deux  rimes, 
l'une  mafculine  Se  l'autre  féminine  ,  qui  rempliifent  les 
deux  quatrains  ^  doivent  garder  dans  le  fécond  quarrain 
le  même  ordre  que  dans  le  premier.  On  demande  que 
rarrangcnient  des  rimes  dans  le  fixain  ,  ne  foit  pas^  s'il 
eftpoflible  ,  le  même  que  dans  les  quatrains.  Il  ne  faut 
pas  que  dans  tout  le  Sonnet  un  même  mot  foit  repéré 
bien  entendu  que  l'article  ,  les  pronoms  auxiliaires,  le< 
prcpofitions  £^  les  conjonclions  ne  font  pas  ici  mis  au 
nombre  des  mots. 

Tous  les  vers  d'un  fonnet  doivent  avoir  la  même, 
étendue  j  &  même  pour  l'ordinaire  on  les  prend  de 
douze  fyllabes  :  cependant  on  en  fait  quelques-uns  de 
dix  ,  de  huit ,  ou  de  fept  5  mais  dans  des  fujets  mioins 
férieux  &  moins  élevés  :  encore  ont  ils  moins  de  bcautt 
&  d'harmonie. 

Les  penfées  y  doivent  être  nobles  ,  les  exprefîîons  vi- 
ves ;  &  Ton  n'y  fouffre  l'ien  qui  n'ait  un  rapport  clfeii- 
tiel  à  ce.  qui  en  fait  le  fujet.  On  conçoit,  d'après  des 
règles  fi  féveres  ,  que  nous  avons  bien  peu  de  bons 
Sonnets  :  voici  ce  que  Boileau  en  dit  dans  fon  Art^ 
Poétique  : 

On  dit  à  ce  propos ,  qu'un  jour  ce  Dieux  bizarre     (  A^^pdlon  ) 

Voulant  poufler  à  bouc  tous  les  Rimeurs  François , 

Inventa  du  Sonnet  les  ligoureufes  loix  , 

Voulut  qu'en  deux  quatrains  de  mefure  pareille  , 

La  rime  avec  deux  fons  frappât  huit  fois  rorcillc , 

Et  qu'enfuite  fix  vers  artiftement  rangés , 

Fuflent  en  deux  tercets  par  le  fens  partagés. 

Sur-tout  de  ce  Poème  il  bannit  la  licence  : 

Lui- même  en  mefiira  le  nombre  ôc  la  cadence  , 

Défendit  qu'un  vers  foible  y  pût  jamais  entrer , 

Ni  qu'un  mot  déjà  mis  osât  s'y  remontrer. 

Du  reftc  ,  il  Pcnrichit  d'une  beauté  fuprême  : 

Un  Sonnet  fans  défaut ,  raut  feul  un  long  Poème. 

Le  Soiuict  que  nous  allons  donner  pour  exemple. 


SON  S  O  R  3<?7 

'1  marque  auiïi   les  règles  principales  : 

Doris  qui  fait  qu'aux  vêts  quelquefois  je  me  pîais  ," 
Me  demande  un  Sonnet ,  &  je  m'en  défefpcte  : 
Quatotze  veït ,  gtand  Dieu  !  Le  moyen  de  les  faire  \ 
En  voilà  cependant  déjà  quatre  de  faits. 

Je  ne  pouvois  d'abord  trouver  de  rimes ,  mais 
En  faifanc  on  apprend  à  fe  tirer  d'afFaire  : 
Pourfuivens,  les  quatrains  né  m'étonneront  guère. 
Si  du  premier  tercet  je  puis  faire  les  fiais. 

Recommence  aulufard;  &:  fi  je  ne  m'abirfe. 
Je  n'ai  pas  commencé  fans  l'aveu  de  ma  mafc  , 
PuiAju'eu  Cl  peu  de  temps  je  m'en  tire  fi  net. 

J'entame  le  fécond ,  &:  ma  joie  eft  extrême  y 
Car  des  v-ers  commandés  j'achève  le  treizième; 
Comptez  s'ils  font  quatorze  ,  6c  voilà  le  Sonnet. 

Il  y  auroit  bien  des  défauts  confidcrables  à  repren^ 
e  dans  cette  pièce  j  le  ftyie  en  eft  très  foible  5  il  n'y  a 
je  bien  peu  de  Poéfîe  ^  outre  que  le  Sonnet  ne  paroît 
is  un  fujet  digne  de  lui-même.  D'ailleurs  combien  de 
ots  répétés  ?  Quatorze  ,  commence  ,  commencé ,  &c^ 
ctte  rime  mais  qui  ne  permet  aucun  repos  ,  &c.  I^ous 
,^ons  cru  devoir  avertir  de  toutes  ces  fautes  que  ceux 
il  l'ont  cité  avant  nous  ,  {èmblent  avoir  pardonnces. 

SORITE  :  voyei  Formes  des  preuves. 

SORTIR.  Verbe  neutre  &  aftif^  irrégulier ,  de  la 
conde  conjugaifon.  Dans  le  propre  &  dans  le  figuré  il 
^nifie  fe  porter  du  dedans  au  dehors.  Sortir  d'un, 
oyaume  ;  fordr  de  fan  ajjtete  ordinaire.  Il  eft  alors  pref^ 
je  toujours  accompagné  des  prépofitions  deoupar,  qui 

arquent  l'éloignement  ^  l'abdadion  d'un  lieu  pour 
iffer  dans  un  autre.  Sortir  de  prifon  ,  de  fa  chambre, 
t  feu  Im  fort  par  les  yeux. 

Il  eft  pris  quelquefois  à  la  manière  des  verbes  ab- 
dus  î  on  dit  fimplement ,  M.  efl  forti.  Ce  malade  fort, 
ztte  figure  fort  bien. 

On  dit  ,Jdrtir  d' une  famille  illujlre  ,  par  métaphore  Se 

Aa  g 


3^8  S  O  R 

par  analogie  au  rejetton  c^ui  fort  de  Con  tronc  ,  ou  à  lil 
fleur  qui  fin  de  fa  tige. 

5orrir  a  quelquefois  une  fîgnifîcation  adive.  //  fau 
fortlr  ces  tonneaux  de  la  cave  ,  pour  dire  les  tirer  di 
la  cave  5  ou  bien  dans  la  phrafc  Cmvantc  fonîr  fon  effet 
Mais  dans  ce  dernier  fens  il  vient  du  \ziin  fortiri  ^  fi 
fe  conjugue  comme  reflortir  :  voye^  Ressortir. 

Les  participes  de  finir  y  quand   il  fignifîe  palfer  di( 
dedans  au  dehors  font  ^firtant  y  fini  ,Joriie.  Ce  demie 
eft  quelquefois  fubftantif ,  il  fignifie  alors  ijfue  ,  cuver 
ture  ,  quelquefois  l'aâiion  de  fortir  d'un  Camp ,  d'un 
Ville  3  d'un  retranchement,  pour  fondre  fur  l'ennemi. 

Les  compofés  <^ç.  finir  (ont  ajfortir  ^  rejfirtir  \  voyc' 
ces  mots  a  Leur  article. 

Indicatif  Préfint.  Je  fors  ,  tu  fors  ,  il  fort  5  non, 
fortons  ,  vous  fortez  ,  ils  fortent. 

Imparfait.  Je  fortois  ,  tu  fortois  ,  &c. 

Prétérit  indéfini.  Je  fortis  ,  tu  fortis  ,  il  fortit  3  nou 
fortîmes  ,  vous  fortites  ,  ils  (ortirent. 

Prétérit  défini.  J'ai  forti  ou  je  fuis  forti  3  tu  as  forti  a 
tu  es  forti ,  &c. 

Futur.  Je  fortirai  3  tu  fortiras  ,  &:c. 

Conditionnel  pré fent.  Je  fortirois  ,  &c. 

Impératif.  Sors,  qu'il  forte  5  fortons,  fortez  ,  qu'ait- 
fortent. 

Subjonctif  Préfent.  Que  je  forte  ;  que  tu  fortes,  &c 

Imparfait.  Que  je  fortilî'e,  que  tu  fortifies  ,  qu'il  for 
tît  ;  que  nous  fortiflîons ,  que  vous  fortilîiez  ,  qu'ils  foJDi 
tiffent. 

Pr///rir.  Que  j'aie  forti  ou  que  je  fois  forti;  que  ti 
aies  forti  ou  que  tu  fois  forti  5  qu'il  ait  forti  ou  qu'il  foi , 
forti  ;  que  nous  ayons  foi  ti  ou  que  nous  foyons  fortis 
que  vous  ayez  forti  ou  que  vous  foyez  fortis  3  qu'il 
aient  forti  ou  qu'ils  foient  forns. 

Plufqucparfait.  Que  j'eulfc  ou  que  je  fuifc  forti,  &c. 

Futur pajfé.  J'aurai  ou  je  ferai  forti  j  &c. 

Infinitif  préfent.  Sorti  3  parfait  ^  avoir  ou  être  forti,    ! 

Gérondif  En  fortant. 

Participe  préfent.  Sortant. 

Participe  pajfié.  Ayant  ou  étant  forti. 

t'iuliaitif  fortir  fe  prend  quelquefois  fubftantivç- 


sou  3^9 

cient  ;  on  dit  aufhrtzrdc  la.  ville,  au  finir  de  la  forêt. 
SOUDAIN  5  eft  un  adverbe  de  tems  :  voye^  Ad- 

•ERB£. 

SOUDRE.  Verbe  adif ,  irregulier  ,  de  la  quatrième 
onjugaifon  :  il  vient  du  verbe  latin  yô/v^r^  ,  qui  figni- 
c  délier  ^  dégager  ,  développer.  Il  ne  fe  dit  qu'au  figuré  , 
')udre  un  problême.  Ce  verbe  n'eft  ufité  qu'à  l'infinitif, 
ncoie  fe  fert-on  plutôt  de  réfoudre. 

II  a  pour  compofés  réfoudre  ^  ahfoudre  j  &  dijfoudre  , 
:  fe  conjugue  de  même  :  voye:;^  RÉsoudRF. 

SOUFFRIR.  Verbe  adif ,  irrégulier  ,  de  la  féconde 
onjugaifon  :  il  vient  du  mot  latin  fujferre  „  compofé  de 
:rre  ^  qui  fignifie  porter  ,  &  de  la  prépofition  fui  ,  qui 
gnific  quelquefois  fur.  Ce  verbe  peint  donc  ^  à  pro- 
:  cment  parler  ,  la  fituation  ,  l'adion  d'un  homme  qui 
orce  fur  fon  dos  ou  fur  fes  épaules  quelque  chofe  dont 
;  poids  l'incommode.  D'après  ce  fens  naturel  ,  il  eft 
ifé  de  comprendre  toutes  les  fignifications  métapho- 
ques  qu'on  lui  donne.  Cet  homme  fouffre  beaucoup  y 
our  dire  qu'il  éprouve  de  grandes  douleurs  :  les  dou- 
;urs  font  repréfentées-là  comme  un  fardeau  que  l'hom- 
le  foutient  avec  peine  ^  &  dont  il  paroît  accablé  :  c'ell 
infi  que  l'ame  fe  fert  des  images  matérielles  pour  pein- 
re  fes  affediions. 

On  a  étendu  le  YCïhcfouffrir  à  d'autres  fignifications 
loins  analogues  à  notre  définition.  Souffrir  un  abus  , 
Dur,  lelailfer  fubfifter^  le  porter  ^  pourainfi  dire  ,  tran- 
uillcmerit ,  fans  aucun  figne  fenfible  de  mécontente- 
'icnt. 

On  dit  encore  ,  fouffre^  que  je  vous  embrajfe ,  pour 
ire  ,  permette^  que  ,  &c.  C'eft  la  même  métaphore. 

iNDicATiF/jr^y^.^f.  Je  fouffre  ,  tu  fouffres  ,  il  (buffre  5 
DUS  fouffrons  ,  vous  fouffrez  ,  ils  fouffrent. 

Imparfait.  Je  fouffrois  ,  &c. 

Prétérit.  Je  JoufFris  ,  &c. 

Futur.  Je  foufFrirai ,  &c. 

Conditionnel préfent.  Je  fouffrirois  ,  &c. 

Impératif.  Souifre  ,  qu'il  fouffre  ;  fouffrons  ,  Sec, 

Subjonctif  préfent.  Que  je  fouffre  ^  &c. 

Imparfait.  Que  je  foufelfe  ,  &c. 

Parùcipes.  Souffrant  5  foulFcrt  j  foufferte. 

Aaiij 


570  SOU 

SOUMETTRE.  Verbe  adif,  irrégulier ,  (îe  la  qi^ 
tricme  conjugaifon.  Il  cft  compofé  de  mettre  ,  fur  le 
c]uel  il  fe  conjugue,  &  de  la  piépofition /oz^j  ,  qui  an 
nonce  une  fîcuation  inférieure  à  l'autre,  kmdfoumettt 
iignifîe  mettre  fous  ,  dejfous  ,  vaincre  ,  domcn:  ,  réduii 
fous  fa  puiflance  ,  fous  fcs  loix  ,  fous  fon  Empire.  . 
n'arrive  que  trop  fouvent  que  la  raifort  &  la  jufticz  foi 
fourni fes  h  la  force  :  voyeT^  Mettre. 

SOURCES  DES  PREUVES.  Pour  trouver  d£s  preuve 
folides  j  il  ne  faut  pas  s'abandonner  à  des  idées  vague 
Voyons  en  effet  ce  que  fait  un  Orateur  chargé  d'ur 
affaire.  Ne  fe  borne-t-il  pas  naturellement  à  examin( 
dans  fon  fujet  le  fait  dont  il  efl  queftion  j  &  fes  circon- 
tances  j  qui  font  le  tems  ,  le  lieu  >  la  perfonne  ,  la  cauf 
la  fin  ,  la  manière  ,  les  titres  ,  les  témoins,  &c.  Cefoj 
ces  idées  qui  fervent  à  prouver  qu'une  chofe  eft  ,  c 
n'cfl  pas  j  qu'elle  eft  pollible  ou  impoiîible  ,  facile  c 
difficile. 

Rendons  cela  fcnfîble  par  un  exemple.  Un  perfoi 
nage  illullre  eft  accufé  d'intelligence  avec  l'ennemi.  Q» 
fait-on  pour  le  juftifîer  î  On  examine  &  on  fait  c 
queftions.  XJw  tel  homme  eft-il  capable  d'une  adion 
horrible  ?  Dans  la  fituation  où  il  eft^  pourroit-il  l'exéc  ■ 
te-r.  Comblé  d'honneurs  &  de  biens  le  voudroit-il, 
quand  même  il  le  pourroit  ?  Peuc-on  avoir  cette  idéec 
lui  après  qu'il  a  donné  tant  de  marques  d'attachemei 
à  fa  Patrie  ?  Manque-t-il  de  biens  pour  rechercher  c 
nouvelles  rich.elïes  par  des  voies  fi  honteufcs  ?  A-t-il  c 
quelque  mécontentement  de  l'Etat  ?  Quels  moyens  o 
quelles  facultés  auroit-il  d'exécuter  fa  trahifon  ,  dar 
un  lieu  où  toutes  fcs  démarches  font  éclairées?  Où  for 
les  témoins  l  Quels  indices  ou  quelles  preuves  de  fo 
cntreprife  ?  Enfin  a-t-il  commis  d'autres  crimes  qi 
l'aient  conduit  comme  par  dégrés  au  plus  grand  d 
tous  les  forfaits  î  i 

Quelques  crimes  rou|ours  précèdent  les  grands  crimes  : 
Quiconque  a  pu  franchit-  les  bornes  légitimes  . 

l'eut  vïoLt  enhn  les  droits  les  plus  facrcs. 
Ainfi  que  la  vertu  le  crime  a  fcs  degrés  : 
It  jamais  on  n'a  vu  la  timide  innocence, 
Vz.'^zt  fubitenicnt  à  i'cxcicmc  licenvit. 


sou  571' 

Un  jour  feul  ne  fait  point  d'un  mortel  vertueux  , 
Un  perîîde  afla/Iîn  ,  un  lâche  inceftueux. 

(  Racine  ^  Tragédie  de  P'jeclre), 

C'cft ,  comme  l'on  voit ,  de  la  nature  du  fait ,  de  la 
onfidération  de  la  perfonne  ,  de  celle  du  lieu  ,  du 
noven  ,  du  tems ,  du  défaut  de  témoins  ,  d'indices  ,  ou 
'autres  preuves  >  que  l'on  tire  les  argumens  pour  ou 
ontre. 

II  y  a  encore  deux  belles  manières  de  réfuter  un  ad- 
^erfaire.  La  première  ,  confifte  dans  une  concefTion 
imulée  de  ce  qu'a  dit  l'Adverfaire  ,  pour  montrer  que 
:ela  même  pofé  nous  avons  encore  raifon  d'ailleurs. 
2omme,  lorfque  l'Adverfaire  avance  qu'une  telle  chofe 
:ll:  difficile  ,  &  que  vous  répondez  au  contraire  qu'elle 
K  i'eft  pas  j  mais  que  quand  m^me  elle  le  feroit ,  il  fau- 
iroit  encore  Texécuter.  La  féconde  ,  confifte  à  fe  fervir 
:ontre  l'Adverfaire  de  fes  propres  armes.  C'eft  ainlîque 
Cicéron  en  ufe  (pro  Lege  Maniliâ  )  pour  réfuter  Catu- 
kîs ,  qui  s'oppofoit  à  ce  qu'on  donnât  à  Pompée  le  com- 
mandement des  Armées.  "  C'eft  toujours  Pompée  qu'on 
33  charge  des  emplois  les  plus  pénibles  &  les  plus  dan- 
«  gcreux  de  la  République  ,  difoit  Catulus  j  mais  (i  en 
33  expofant  trop  fouvent  une  tête  fi  précieufe  à  l'Etat 
:33  vous  veniez  à  le  perdre  ,  à  qui  auriez -vous  recours  33  > 
Et  c'eft  par  cette  raifon  même  ,  reprend  vivement  Cicé- 
ron ,  que  ne  pouvant  compter  fur  la  vie  ans  hommes, 
'la.  République  doit  fe  hâter  ,  puifque  les  Dieux  immor- 
ttels  lui  accordent  cette  faveur ,  de  jouir  de  la  valeur  6c 
'des  lumières  de  cet  illuftre  Capitaine. 

Enfin  on  peut  rapporter  toutes  les  preuves,  que  l'on 
emploie  dans  diverfes  matières  ,  à  certains  chefs  géné- 
raux ,  qu'on  appelle  lieux  communs.  Ce  font  des  efpe- 
ces  d'Arcenaux  ou  de  Magafîns  publics  où  l'on  peut  pui- 
fer  pour  chaque  fujet  les  argumens  qui  lui  conviennent. 
Il  font  au  nombre  de  quatorze  :  voyc\  DÉf  inition  , 
Énumération  des  parties  ,  Étymoxogie  ,  Genre, 
Espèce,  Similitude,  Dissimilitude  ,  Contrai- 
res, Circonstances  ou  Énumération  j  Cause  3, 
EfF£Ts,  M(ŒUiis ,  Passions  jCoxmparaison. 

A  a  lY 


^7i  SOU 

Il  tO:  certain  qu'on  peut  rapporter  à  quelqu'un  de  ce: 
lieux  communs  tous  les  arguments  qu'un  Orateur  em- 
ploie. Mais  quel  tems  ne  ^udroit-il  pas  pour  les  Ton 
der  les  uns  après  les  autres  ,  fi  toutes  les  fois  qu'on  î 
un  difcours  à  compofer  il  falloir  y  avoir  recours  ?  D'ail 
leurs,  quoi  de  plus  capable  de  ralentir  le  feu  de  la  com 
pofition  ,  &  de  gêner  l'efprit  ?  Nous  croyons  donc  qu 
ces  lieux  communs  ne  font  bons  que  pour  les  jeune 
gens  qui  fe  propofent  d'entrer  dans  la  carrière  de  l'Elo 
quence  ;  ils  leur  apprennent  à  envifager  fous  toutes  le 
5aces  les  matières  qu'ils  auront  à  traiter.  C'eft-là  qu'il 
font  une  cfpece  d'académie  qui  les  prépare  à  fouteni 
ce  noble  exercice.  Ils  s'en  font  une  heureufe  habitude 
&  dans  la  fuite  il  femble  qu'ils  ne  fuivent  que  les  mou 
vemens  naturels  de  leur  génie  :   voye:(_  Formes   de 

PREUVES. 

SOURDRE.  Verbe  neutre  défedif  de  la  quatriem 
conjugaifon.  Il  exprime  le  mouvement  d'une  fluide  qu 
fort  de  deffous.  Il  eft  principalement  employé  à  mar 
querlejailliiTement  des  eaux  qui  fortent  dedelTousterre 
qu'on  appelle  fources.  Cette  eau  fourd  de  plujieurs  en 
droits.  Il  fe  Ait  auffi  au  figuré.  Ne  vous  charge:^  pas  d, 
.cette  affaire  ,  il  en  peut  fourdre  mille  malheurs.  Il  n'a  qu»' 
le  préfent  de  l'infinitif  &  la  troifieme  perfonne  du  pré- 
fent  de  l'indicatif. 

Indicatif.  Préfent  Jingulier.  Il  fourd. 

Infinitif  Pr^yènf.  Sourdre. 

SOURIRE.  Verbe  neutre  ^  irrégulicr  ,  de  la  quatrie 
m  e  conjugaifon  ,  compofé  de  rire  ,  fur  lequel  il  fe  con- 
jugue  ,  &  de  la  prépofitionyôi/5  (  deilous  en  deifous  ). 
Ainfi  fourirc  fignifie  rire  en  delfous^  fans  prcfque qu'or 
p  uiffe  s'en  appercevoir.  Sourire  annonce  ordinairement 
•ou  une  légère  approbadon  ou  une  contradiélion  tacite 
-plus  fouvent  encore  une  marque  voilée  d'afFedion  8c 
damitié.  //  fourit  malignement  a  tout  ce  que  je  dis. 
Elle  n'ofoit  me  parler .,  mais  elle  me  fcurioit. 

Sourire  fe  prend  aufli  fubftantivcmcnt ,  on  di:  le  fou- 
rire  pour  fignifier  l'adion  de  fourire. 

Les  agtcments  à'un  fourire  enchanteur 
Parmi  fcs  pleurs  comnieuçoisnt:  à  paroUrc, 


sou         s  T  A  375 

sous  ,  eft  une  des  prépofîtions  (impies  :  voye7[^  Pré- 
positions. 

SOUSCRIRE.  Verbe  adlif ,  inégulier  ,  de  la  quatriè- 
me conjugaifon  ,  compofé  à'écrire  fur  lequel  il  fe  conju- 
gue 3  &  de  la  prépofition/ô:^.  Ecrire  fous  ,  awdejfous. 

Quand  on  écrit  Ton  nom  au-de/Tous  de  quelqu'écri- 
tuie  ,  c'eft  ordinairement  une  preuve  qu'on  approuve 
:ecte  écriture.  De-Ià  ,  foufcrire ,  lignifie  confentir,  ap- 
prouver. SoufcrivcT^  ce  contrat.  Je  foufcris  a  toutes  vos 
volontés. 

Soufcrire  en  termes  de  Librairie  ^  c'efr  payer  ou  s^o- 
DÎiger  à  payer  ,  avant  que  le  livre  paroiiî'e  ou  pendant 
:]u'on  l'imprime. 

Participe  préfent.  Soufcrivant ,  indéclinable. 

Participe pajfé.  Soufcrit ,  foufcrite.-voy^:^  Ecrire. 

SOUSTRAIRE.  Verbe  adif  ,  irrégulier  ,  de  la  qua- 
itrieme  conjugaifon  ^  compofé  de  traire  fur  lequel  il  fc 
jconjugue ,  &  de  la  prépofition  /ôwj-  ,  qui  vient  de  la  prc- 
Ipoiîtion  latine  fub  ^  laquelle  figniiic  en  François yoz^i- , 
\deJfous  j  en  dejfous  ,  en  cachette  ,  &c. 

Traire  fignifie  tirer  ,  ôter  ^  enlever  :  ainfi  foufiraire 
fignifie  enlever  en  delTous  fans  qu'on  s'en  apperçoive  , 
ou  enlever  ce  qui  eft  fous  la  puilfance  ,  fous  le  pouvoir 
de  quelqu'un.  Il  a  foufirait  les  titres  qui  m  auroient  fait 
i,jzner  mon  procès. 

Il  a  eu  la  tête  tranchée  ponr  avoir  voulu  foujlraire 
iine  partie  des  fujets  a  tohéijfance  due  au  Souverain.  Ils 
■ont  eu  enfin  le  courage  de  fe  foufiraire  a  la  tyrannie. 

Soufiraire  en  termes  d'Arithmétique  j  c'eft  ôter  un 
ijnombre  d'un  autre  nombre.  Il  faut  foufiraire  cette  demie* 
Te  fomme  de  la  première. 

SOUVENT  ,  eft  un  adverbe  de  tems  :  voye^  Ad- 
verbe. 

ST  ou  STE ,  eft  une  des  particules  admonitives  :  voye^^ 
Particules. 

STANCES.  On  appelle  fiance  un  certain  nombre  de 
vers  arrangés  d'une  manière  particulière  ,  &  après  les- 
quels le  fens  eft  parfait.  On  diftingue  deux  fortes  de 
ftances  ,  les  régulières  &  les  irrégulieres.  Les  premières 
lont  celles  qui  font  formées  par  un  même  nombre  de 
vers  arrangés. de  la  même  mamercj  quant  à  la  iîifpoii- 


374  S  T  A 

tion  des  ii«ies  j  &  au  nombre  des  (yllabcs.  Les  fécon- 
des font  celles  qui  différent  les  unes  des  autres,  ou  parle 
nombre  des  vers ,  ou  par  le  mélange  des  rimes  ,  ou  par  le 
nombre  des  fyllabes  de  chaque  vers.  Une  certaine  fuite 
de  vers  arrangée  d'une  manière  particulière ,  &  formant 
im  fens  complet ,  n'eft  point  a^ipQÏlét  fiance  ,  quand  elle 
n'efl:  pas  fuivie  ou  précédée  de  quelques  autres.  Si  elle 
eft  feule  ^  on  lui  donne  le  nom  de  quatrain  ,  dcfixain, 
&c.  de  madrigal  ^  ou  d'épigramrne  ,  félon  le- nombre 
de  vers  qu'elle  renferme  ,  ou  félon  la  penfée  qu'elle 
contient  &  le  fujet  qu'elle  traite  :  voye:(^  ces  mots. 

Les  ftances  régulières  palfent  rarement  le  nombre  de 
dix  vers  ;  mais  elles  peuvent  n'en  avoir  que  quatre  j 
cinq  ,  fix  ,  fept  ^  huit  ou  neuf.  Les  irrégulieres  ont 
rarement  moins  de  dix  vers ,  &  peuvent  aller  jufqu'à 
vingt  ou  trente  ,  &  même  quelquefois  plus.  Le  nombre 
des  fyllabes  de  chaque  vers  eft  purement  aibitraire  dan; 
les  unes  Se  les  autres  ,  mais  dans  les  régulières ,  les  vers 
d'une  ftance  doivent  avoir  le  même  nombre  de  fyllabe; 
que  les  vers  des  autres  ftances 

Le  mélange  des  rimes  fuit  les  mêmes  loix  :  étant  pure- 
ment arbitraire  ^  &  n'ayant  que  les  loix  générales  de  la 
verfifîcation  à  fuivre  dans  les  ftances  irrégulieres ,  il  ef' 
iixé  dans  les  régulières  par  la  première  ftance ,  au  poin: 
cjue  il  une  ftance  commençoit  &  finiflbit  par  une  rim{ 
mafculine  ,  ou  par  une  féminine ,  les  autres  en  devroicn 
faire  autant.  Cet  ordre  n'elt  point  contraire  à  ce  que 
nous  avons  die  ailleurs  ,  que  dans  une  même  pièce  d( 
vers  il  ne  falloir  jamais  mettre  de  fuite  deux  vers  maf 
culins  ou  féminins  qui  ne  rimeroient  point  entr'eux  ; 
attendu  que  les  ftances  font  lî  détachées  les  unes  des  au- 
tres par  le  fens ,  qu'elles  fcmblent  faire  des  pièces  d( 
vers  différentes. 

Le  dernier  vers  d'une  ftance,  foit  régulière  j  foit  ir 
régulière  ,  ne  doit  jamais  rimer  avec  le  premier  ver; 
de  la  fuivante  ;  on  pourroit  même  étendre  cette  regh 
pour  tous  les  vers  d'une  ftance  ,  fur-tout  régulière, 
avec  la  ftance  précédente  ou  fuivante.  Au  moins  ,  i 
ce  n'eft  pas  une  faute  d'y  manquer  ,  c'eft  une  négli- 
gence confidérablc  ;  comme  ou  le  fcnt  alfcz  dans  ce; 
exemple  d'Arnaud  d'Andiliy  ; 


s  T  A  375 


Et  ta  foible  raifon  après  divers  combats , 
Trahit  fes  fentimens  par  la  crainte  du  blâme  j 
C'efr  ta  voix  qui  le  livre  aux  bourreaux  inhumains. 
Miférable  ,  crois  tu  ,  fouillant  aiiifi  ton  ame  , 
Te  laver  de  ton  crime  ,  en  te  lavant  les  mains  l 

Mais  ici  mon  efprit  de  colère  s'enflamme  : 
Rien  ne  peut  égaler  le  tranfport  qu'il  reflent  , 
Lorfqu'il  voit ,  ô  Seigneur  ,  que  ton  fang  innocent , 
Coule  de  tous  côtés  par  un  fupplice  infâme  ! . . .  • 

Lorfque  nous  avons  dit  que  dans  les  fiances  régu- 
lières, fi  l'une  commençoit  &  fînifToit  par  des  vers  maf- 
culins  ou  féminins  ^  les  autres  dévoient  naturellement 
fjivre  la  même  marche  i  nous  n'avons  pas  prétenda 
que  ce  concours  de  rimes  de  même  efpece  qui  fe  lui- 
vent  d'une  ftance  à  l'autre  ,  &  ne  s'accordent  pas  ^  fut 
fort  agréable  à  l'oreille  :  au  contraire  ,^  nous  conve- 
nons qu'ordinairement  on  en  eft  choqué.  Mais  il  elt 
pour  l'éviter  ,  un  moyen  facile  qui  fournit  une  nouvelle 
forte  d'agrémens  :  c'eft  de  commencer  la  féconde  ftance 
par  des  vers  féminins ,  fi  la  première  a  commencé  par 
des  mafculins  ,  &  de  faire  ainfi  répondre  tous  les  vers 
Kiafculins  de  l'une  aux  vers  féminins  de  l'autre  j  &  ainU 
alternativement  jufqu'au  bout  de  la  pièce  ^  comme  dans 
ces  quatrains  de  M.  de  la  Motte  : 

Mille  Héros  fur  tes  remparts , 
Vont  porter  le  fer  Se  la  flamme  j 
Pallas  les  guide  ,  ôc  fur  Pergame 
Lance  de  foudroyants  regards. 

Malheureux  ,  que  fervent  tés  charmes , 
Venus  défendra  mal  tes  jours  : 
Tu  n'as  que  des  chants  pour  fecours  , 
Et  qu'une  lyre  pour  tes  armes'.  .  .  . 


>7^  S  T  A 

Remarquons  encore  ,  que ,  quelque  liberté  qu'on  ait 
pour  le  choix  &  l'arrangement  des  vers  dans  les  fian- 
ces ,  il  faut  cependant  qu'il  y  ait  quelque  chofe  qui  les 
diftinguedes  vers  fuivis  ou  mêlés,  qui  forment  les  grands 
Poèmes  ,  ou  pièces  libres.  Il  faut  même  éviter  de  met- 
tre des  vers  de  fept  fyllabes  à  côté  de  ceux  de  huit  ou 
de  fix  :  le  concours  en  eft  défagréable. 

Une  certaine  fuite  de  fiances  régulières  prend  le  nom 
d'ode  ^  quand  le  fujet  &  le  flyle  le  permettent.  On  ap- 
pelle fou  vent  y?ro/'y^^  ce  que  nous  avons  nommé  Jiance, 
Le  motfirophe  vient  des  anciens  :  leurs  odes  étoient 
compofées  de  flrophes  ,  comme  les  nôtres  le  font  de 
fiances  i  ainfî  ces  deux  mots  fe  relfembient  en  beaucoup 
de  chofes  5  excepté  que  les  anciens  n'étoient  pas  obligés 
de  finir  le  fens  <le  leurs  penfées  avec  leurs  ftrophes  , 
au  lieu  que  pour  nous  ,  c'eft  une  règle  févere  &  indif- 
penfable  que  l'efprit  puiiîe  pleinement  fe  repofer ,  & 
foit  entièrement  fatisfait  à  la  fin  de  chaque  fiance. 

Nous  allons  aéluellement  examiner  chaque  forte  de 
fiances  en  particulier  ;  au  moins  les  principales  d'entre 
ies  régulières  ;  car  les  combinaifons  qui  y  font  permi- 
ses ,  pouvant  fe  varier  prefqu'à  l'infini  ,  nous  aurions 
trop  à  dire,  &  le  leéleur  trouveroit  ici  beaucoup  d'en- 
nui &  peu  d'infl:rudion  ,  fî  nous  voulions  épuifer  cette 
matière. 

Les  fiances  régulières ,  confidérées  relativement  au 
nombre  des  vers  qui  les  compofcnt  ,  peuvent  fe  divifer 
en  fiances  <le  nombre  pair  ,  Se  en  fiances  de  nombre 
impair  i  les  premières  font  des  quatrains,  des  fîxains, 
des  huitains ,  ou  des  dixains  j  les  fécondes  font  compo- 
fées de  cinq  ,  de  fept ,  ou  de  neuf  vers  :  ces  dernières 
paroifTent  moins  analogues  au  génie  de  notre  Poéfie 
qui  cherche  toujours  à  apparier  fes  rimes  :  cependant 
elles  ont  quelquefois  des  beautés  qui  leur  font  propres. 

Dans  toutes  les  obfcrvations  fuivantes  nous  n'au- 
rons en  vue  que  l'ordre  des  rimes  :  on  fe  fouviendra 
que  fous  chacun  des  arrangemens  dont  nous  parle- 
rons ,  on  peut  employer  &  mêler  les  vers  des  diffé- 
rentes mefures  ainfi  que  nous  l'avons  dit  ,  pourvu  que 
la  première  fiance  fou  toujours  à  ce:  égard  le  modelé 
<ies  autres. 


s  T  A  577 

Stances  de  quatre  vers. 

Les  rîmes  peuvent  fe  mêler  de  deux  façons  dans  les 
juatrains  :  i".  En  faifant  rimer  le  premier  vers  avec  le 
roifîeme  ,  &  le  fécond  avec  le  quatrierne  j  i°.  En  fai- 
anc  rimer  le  premier  avec  le  quatrième  ,  &  le  fécond 
ivcc  le  troifîeme. 

Premier  exemple* 

Pour  qui  compte  les  jours  d'une  vie  inutile , 
L'âge  du  vieux  Priam  pafle  celui  d'Heûor  i 
Pour  qui  compte  les  faits ,  les  ans  du  jeune  AchiUe 
L'égalent  à  Neftor. 

Second  exemple, 

Tnfenfés  ,  notre  ame  fe  livre 
A  de  tumultueux  projets  ! 
Nous  mourons  fans  avoir  jamais 
Pu  trouver  le  moment  de  vivre. 

On  peut  encore  mettre  les  rimes  de  fuite  fans  les 
iroifer  ;  mais  alors  il  faut  que  l'efpece  &  la  variation 
les  vers  fafle  fentir  qne  ce  lont  des  fiances  ,  comme  : 

Prendrai-je  pour  fujet  les  jeux  de  la  fortuûe  ! 
Rien  ne  lui  convient  mieux  ^  &  c'eft  chofe  commune 
Que  de  lui  voir  traiter  ceux  qu'on  croit  fes  amis, 
Comme  le  chat  fait  la  foutis. 

Stances  de  cinq  vers. 

On  trouve  des  exemples  de  quatre  arrangemens  dif- 
eïens  dans  les  ftances  de  cinq  vers  j  comme  on  k  voie 
ar  ceux  que  nous  allons  citer. 

Premier  exemple. 

Mais  infenfiblemcnt  dans  le  tour  que  j'ai  prfs  , 
Mon  dcflein  fe  rencontre  ,  Se  fi  rien  ne  m'abufc  , 
Je  poariois  tout  gâter  par  de  |1  us  longs  récits; 


378  S  T  A 

Le  jeune  Prince  alors  fc  joucroit  de  ma  raufe  ; 
Comme  le  chat  de  la  fouris. 

Second  exemple. 

Fuyez  ,  dangereux  complices 
De  ma  folle  iniquité  : 
Je  ne  vois  que  des  fupplices 
A  la  fuite  des  délices 
Que  promet  la  volupté. 

Troijîeme  exemple. 

Ce  que  tu  veux  eft  en  toi  mêmej 

Tu  fais  ton  prix  par  tes  vertus  : 
Tous  les  encens  d'autrui  font  encens  fuperflus , 
Et  ce  qu'on  eft  aux  yeux  du  Monarque  fupiêmc  , 

On  l'efi:  par- tout  6c  rien  de  plus. 

Quatrième  exemple. 

Lorfqu'une  coupable  licence 
Impoifonnoit  mon  innocence  , 
le  Seigneur  fut  mon  feulregDurs; 
J'implorai  fa  toute  puiilance  , 
Et  fa  main  vint  à  mon  fecours. 

On  pourroit  encore  trouver  un  cinquième  arrange- 
ment des  rimes  en  cette  forte;  licence  ,  recours  ^fecours  , 
innocence  ^  tçute  puijfance. 

Stances  de  fix  vers. 

Nous  avons  deux  fortes  de  fixains  :  les  pi'emiers  ne 
font  autre  chofc  qu'un  quatrain  auquel  on  ajoute  deux 
vers  de  rime  différente  en  cfpccc  ,  de  celles  du  quatrain 
qui  précède.  Les  fixains  de  cette  efpece  n'ont  point  de 
repos  fixe  avant  leur  chute  ;  ils  peuvent  s'arranger  de 
deux  manières,  félon  que  les  quatrains  font  eux-mcmes 
arrangés  de  l'une  ou  de  l'autre  des  deux  premières  for- 
tes d'arrangemcns  que  noui  avons  marqués  pour  eux. 


Exemple. 

Seigneur  ,  dans  ton  Temple  adorable  , 

Quel  mortel  efl  digne  d'encrer  ? 

Qui  pourra  j  grand  Dieu  ,  pénétrer 

Ce  Sanftuaire  impénétcahle  , 
Où  tes  Saints  inclinés ,  d'un  œil  refpeâueux 
Contemplent  de  ton  front  l'éclat  majeftueux  î 

La  féconde  forte  de  fixains ,  a/îez  commune ,  &  fors 

Ile  j  comprend  deux  tercets  qui  ne  doivent  jamais  en- 
amber  de  l'un  à  l'autre  pour  le  fens  :  il  doit  donc  y 
voir  un  repos  après  le  troifîeme  vers  :  les  deux  pre- 
niers  riment  toujours  enfemble  ,  &  le  troifieme  avec 

dernier ,  ou  avec  le  cinquième ^  &  plusordinairemeuc 
vec  celui  ci. 

Nota.  On  appelle  tercet  ^  trois  vers  qui  font  un  fens 
omplet ,  ou  du  moins  qui  contiennent  tout  un  membre 
e  période. 

Premier  exemple. 

Renonçons  au  flérile  appui 

Des  grands  qu'on  implore  aujourd'hui  , 
Ne  fondons  point  fur  eux  une  efperance  folle. 

Leur  pompe  indigne  de  nos  vœux 

N'eft  qu'un  lïmulacre  frivole  , 
Et  les  folides  biens  ne  dépendent  pas  d'eux. 

Second  exemple. 

Aimable  paix ,  Vierge  facrée  , 
Defcens  de  la  voûte  azurée  , 
Viens  voir  tes  Temples  relevés  : 
Et  ramené  au  fein  de  nos  Villes 
Ces  Dieux  bienfaifans  Ôc  tranquilles. 
Que  nos  crimes  ont  foulevcs. 

Stances  defept  vers.  * 

Oii  compofe  ordinairement  les  fiances  de  fept  vers. 


3  3c  S  T  A 

d'un  quatrain  &  d'un  tercet  :  mais  il  faut  que  le  fensfoit 
coupé  Se  donne  un  repos  après  letroifieme  ou  le  quatriè- 
me vers ,  félon  que  la  fiance  commence  par  le  tercet  ou 
par  le  quatrain. 

Premier  exemple. 

Tel  aujourd'hui  t'embraffe  6c  foutient  ta  querell'c  , 

Dont  l'efpric  infidèle , 

Dès  demain  voudra  t'opprimer  : 
Et  tel  autre  aujourd'hui  contre  toi  s'intéreffe , 
Que  pour  toi  dès  demain  tu  verras  s'animer: 

Tant  pour  haïr  que  pour  aimer 
Au  gré  du  moindre  veut  tourne  notre  foibleiîe. 

Second  exemple, 

L*hypocrite  en  fraude  fertile  , 
Dès  l'enfance  eft  pétri  de  fard  : 
Il  fait  compo''er  avec  art 
le  fiel  que  fa  bouche  diflille  j 
r.t  la  morfure  du  Serpent 

Eft  moins  aiguë  ,  eft  moins  fubtile  ,  i 

Que  le  venin  caché  que  fa  Inngue  répand. 

Nous  ne  donnons  des  exemples  que  pour  marquer  la 
différence  des  repos  au  troifieme  ou  quatrième  vers,  fé- 
lon que  le  tercet  précède  ou- luit  le  quatrain.  Quanta 
l'arrangement  des  rimes ,  on  peut  le  connoître  par  ce 
que  nous  avons  dit  des  quatrains  ,  &  ce  qu'on  a  vu  des 
tercets  dans  les  lixains. 

Des  fiances  de  huit  vers. 

Nous  avons  deux  cfpeces  de  fiances  de  huit  vers  :  la 
plus  commune  cH  compofcc  de  deux  quatrains  ^  dans 
chacun  dcfquels  les  vers  font  «ntrumêiés  de  l'une  ou  de 
l'autre  des  deux  manières  que  nous  avons  indiquées  j 
l'autre  efpecc  ,  qui  cilla  plus  belle  &  la  mieux  divcrfi- 
£ée  ,  coaiiprcnd  deux  tercets  ,  fuivis-  de  deux  vers  maf- 
culins  fi  la  rime  précédente  cil  féminine  ;  &:  nu  contrai- 
re. Au   relie  on  doit  entendre  que  par- tout  où  nous 

di  Ions 


01 

'ers 


S  T  A  38r 

lifons  un  quatrain  on  un  tercet ,  il  faut  entendre  que 
1  doit  ménager  un  repos  pour  le  fens  après  le  quatrième 
dans  le  premier  cas  ^  &  après  le  troifieme  dans  le 
econdcas. 

On  peut  encore  arranger  les  fiances  de  huit  vers  ,  de 
naniere  que  l'un  des  quatrains  ait  l'un  des  arrangemens 
|uc  l'on  voit  dans  les  deux  premiers  exemples  ,  &  que 
aune  quatraui  fuivc  l'autre  arrangement  ;  ou  bien  en- 
bi:e  que  ces  ftances  commencent  ou  finirent  par  deux 
'ci<;  de  même  rime  ,  &  aient  un  repos  j  &  que  les  fîx  au- 
les  vers  coupés  par  tercets  ,  marchent  trois  fur  une  rime 
'yi  trois  fur  une  autre  ,  en  mêlant  ces  rimes  comme  on 
mj/.Yâ  à  propos. 

Stances  de  neuf  vers» 

Nous  ne  trouvons  qu'un  feul  arrangement  en  ufage 
iQur  les  Itances  de  neuf  vers  5  ce  qui  n'empêche  pas  les 
Uucurs  de  fe  faire  d'autres  marches  ,  que  les  règles  gé- 
icralcs  de  la  verfification  ne  défapprouvent  point  \  & 
]ue  le  goût  autorife.  Dans  l'arrangement  ufité,  la  ftan- 
c  eft  compofce  d'un  quatrain  fuivi  d'une  ftance  de 
inq  vers  :  dans  l'un  &  l'autre  ,  le  premier  vers  ne  doit 
loiiic  rimer  avec  le  dernier  5  mais  il  doit  être  de  rime 
ilfcrcnte  ,  comme  vertu  Ufagejfe  ,  vent  &  folie  ,  dans 
exemple  fuivant  : 

Je  ne  prends  point  pour  vertu 
Les  noirs  accès  de  triftelTe 
D'an  Loup-garou  revêtu 
Des  habits  de  la  fagefTe. 

a 

Plus  légère  que  le  veut , 

Elle  fuit  d'un  faux  Savant 

La  fombre  mélancolie  , 

Et  fe  fauve  bien  fouvent  \ 

Dans  les  bras  de  la  folie. 

De  même, 

Homère  adoucit  mes  mœurs 
Par  fes  riantes  images  3 
Tome  IL  B  h 


î8î.  S  T  A 

Seneque  aigrit  mes  humeurs 
Par  fes  préceptes  fauvages. 
Invain  d'un  ton  de  Rhéteur , 
EpiiSete  à  fon  ledeur 
Prêche  le  bonheur  fuprême  j 
3 'y  trouve  un  confolateur 
plus  affligé  que  moi-même. 

Stances  de  dix  vers. 

Les  dixains  font  de  deux  fortes  :  les  mieux  coupés  & 
les  plus  agréables  font  formés  par  un  quatrain  fuivi  de 
deux  tercets  ,  rangés  le  plus  fouvent  de  manière  que  le 
premier  &  le  dernier  vers  de  chaque  dixain  (oient  deU 
pece  différente  5  comme  , 

Juges  infenfés  que  nous  femmes , 
Nous  admirons  de  tels  exploits  ! 
Eft-ce  donc  le  malheur  des  hommes 
Qui  fait  la  vertu  des  grands  Rois  i 

Leur  gloire  féconde  en  ruines , 
Sans  le  meurtre  ôc  fans  les  rapines 
Ne  fauroit-elle  fubfîfter  ? 
Imagées  des  Dieux  fur  la  terre , 
Eft-ce  par  des  coups  de  tonnerre 
Que  leur  grandeur  doit  éclater  > 

La  féconde  manière  de  former  un  dixain ,  &  la  moins  ■ 
^fitée  ,  comme  la  moins  liarmonieufe  ;,  eft  de  placer  de 
fuite  deux  quatrains  fuivis  d'un  dyftique  j  les  repos  y 
•font  donc  après  le  quatrième  &  le  huitième  vers  j  au 
iieu  que  dans  l'autre  arrangement  ils  font  après  le  qua- 
trième &  le  feptieme. 

Ces  ftances  s'emploient  fur-tout  pour  les  Odes  ^  &  les 
Chanfons  :  mais  pour  celles-ci,  l'air  exige  fouvent  un 
ordre  différent  de  ceux  que  nous  avons  dél:gnés  ,  quoi- 
que toujours  régulier  ,  puifque  tous  les  couplets  doi- 
vent fe  reffemblcr.  Auffi  n'avons-nous  parlé  que  des 
principaux  arrangcmens  des  rimes  dans  les  jftances.  Oa 
J3ict  encore  affez  fouvent  eu  ftances  des  Epîtres ,  des 


s  T  A  383 

loges,  des  Defcriptions ,  &  généralement  toutes  les 
jrtcs  lie  pièces  qui  ne  font  pas  de  longue  haleine  :  mais 
irement  ces  fiances  font-  elles  régulières.  Pour  de 
jands  Poèmes  ,  Arnaud  d'Andilly  eft  le  premier  qui  ait 
itrepiis  d'en  faire  un  en  ftances  ,  fans  doute  d'après 
Jiî  odaves  Italiennes  :  mais  cela  paroît  trop  gênant 
•  ns  notre  Langue  ,  qui  n'eft  pas  aullî  riche  en  chaque 
vecQ  de  rimes  que  l'Italienne  ,  par  la  raifon  même 
<  *clîe  en  a  beaucoup  plus  d'efpeces  ,  puifque  tous  les 
J3ts  Italiens  finilfent  par  quelqu'une  des  cinq  voyelles, 
bailleurs  une  marche  fi  compalfée  fatigue  quand  elle 
<;trop  longue  3  il  faut  alors  quelque  chofe  de  plus  aite. 

Il  nous  refle  à  dire  un  mot  des  ftances  irréguiieres. 
Des  fiances  irréguiieres. 

lOutre  ce  que  nous  avons  eu  occafion  d'expliquer  fur 

^;  ftances  irréguiieres  dans  ce  qui  piécede  ,  il  faut  en- 
^re  obtcrver  qu'on  y  emploie  toutes  fortes  de  ftances 
«puis  le  quatrain  ouïe  tercet  ,  jufqu'au  dixain  3  fans  fe 
Kttre  en  peine  de  ménager  les  repos  ,  comme  on  le 
jit  faire  dans  les  ftances  régulières.  Seulement  il  ne 
ïat  jamais  placer  de  fuite  plus  de  deux  rimes  mafculi- 
Js  ou  féminines  ,  ni  mettre  de  fuite  deux  rimes  maf- 
(lines  ou  féminines  qui  ne  rimeroient  point  enfemble. 

iNous  avons  en  françois  plufîeurs  fortes  particulières 
<!  pièces  de  vers,  compofées  de  ftances ,  que  nous  rea- 
■yons  chacune  à  leur  article. 

Nous  ne  dirons  que  peu  de  chofès  de  celles  qui  ne 
>!nt  plus  en  ufage.  Nous  n'en  parlerions  pas  même  ,  fi 
.^>us  ne  penfions  que  l'on  a  toujours  une  forte  de  fatis- 
Jiflion  à  prendre  une  connoifTance  générale  de  ce  qui 
:  ttoit  nos  pères  ,  lors  même  que  notre  goût  ne  s'ac- 

de  pas  avec  le  leur.  Mais  nous  nous  étendrons  un 
juplus  fur  les  Poèmes  qui  font  encore  à  préfent  en 
'iclque  réputation  :  voye:^  Sonnet,  Bouts  rimes  , 
-3NDEAU  ,  Triolet  ,  Chant  Royal  , Balade,  Lajt 
'  ViRELAY  ,  Madrigal  ,  Epigramme  ,  Ode,Chan- 
:>N  ,  Cantates. 

STROPHES  :  voye?  Stances. 

Bbij 


lï 


384  s  T  R 

STRUCTURE  DU  VERS.  La  ftrucîlure  ^u  vers  cf 
rpbfervatioii  de  toutes  les  loix  impofées  aux  Poète 
pour  le  nombre  ,  la  qualité  ,  &  l'arrangement  des  fylla- 
bes  qui  compofent  un  vers. 

Pour  déterminer  le  nombre  des  fyllabes  dans  un  vers 
il  faut  obferver  combien  de  forte  de  vers  nous  avons 
Tout  le  monde  admet  des  vers  françois  de  cinq  efpcce 
relativement  au  nombre  des  fyllabes  ;  ceux  de  douze 
ceux  de  dix  ,  de  huit ,  de  fept ,  &  de  fix.  Quelques  Au 
teurs  en  voudroient  faire  admettre  de  onze  ,  de  neuf,  l^ 
de  cinq  ;  mais  {1  l'on  en  trouve  quelques  exemples  dan 
de  célèbres  Ecrivains  ,  il  eft  certain  que  ces  exemple 
tiennent  à  des  circonftances  particulières.  Dans  les  vci 
mêlés  ,  on  n'en  reçoit  que  des  cinq  efpeces  principales 
ceux  de  neuf  ou  de  onze  fyllabes  n'ont  jamais  pa/îé  qu 
la  faveur  du  chant  3  ils  font  fjjets  à  une  très  grand 
difficulté  pour  le  repos  ou  hémiftiche  qui  fe  trouve  égr 
lement  mal  placé  après  la  quatrième  ou  la  lîxicme  fylL 
be  ;  ceux  de  cinq  ont  ua  inconvénient  auffi  confidèr; 
bie  ,  en  ce  que  le  retour  trop  fréquent  des  rimes  fatigu 
l'oreille. 

Quand  on  veut  mefurer  un  vers  ,  on  ne  comp 
point  les  e  muets  qui  font  à  la  fin  des  rimes  féminines 
ni  ceux  qui  fouffrent  élilion  dans  le  corps  du  vers  :  royi 
Hiatus  6*  Elision. 

Une  autre  obfervation  à  faire  pour  compter  le  noii 
bré  des  fyllabes ,  c'eft  que  la  langue  françoifc  a  fouvei 
plufieuts  voyelles  de  fuite  qui  forment  une  diphtongi 
dans  certains  mots ,  &  dans  d'autres  n'en  forment  pas 
d'où  il  arrive  que  quelquefois  elles  ne  font  qu'une  fyll: 
be  ,  &  quelquefois  elles  en  font  deux:  voye:^  Prono> 
ciATiON  6'  Diphtongues. 

La  première  efpece  des  vers  françois  eft  celle  des  ve 
de  douze  fyllabes  qu'on  nomme  Alexandrins.  Ils  do 
vent  ce  nom ,  fuivant  quelques  Auteurs  ,  à  Alexand; 
de  Paris  ,  un  de  nos  vieux  Poètes  ,  qui  les  employa 
premier  5  ou  fuivant  quelques  autres  à  un  Poifmc  II 
Alexandre  le  Grand. 

Approche  ,  trifte  objet  d'horreur  &  de  tcndrefTe  î 
Approche  >  cher  appui  qu'crpéroir  ma  vicilletfc  \ 


STR  jS? 

Vîen?  embraflef  ton  père ,  il  t'a  dû  condamner  : 
Mais  s'il  n'étoit  Brutus ,  il  t'alloit  pardonner. 

(  M.  de  f^oltaire  ^  Tragédie  de  Brutus  ). 

Cette  efpece  de  vers  eft  confacrée  principalement  à  la 
Comédie  ,  à  la  Tragédie ,  à  TEpopée  &  au  Poëme  didac- 
tique. On  l'emploie  aufTi  aiTez  communément  dans  les 
Poélles  Paftoraies  ,  dans  la  Satyre  ,  l'Elégie  ,  &c. 

Les  vers  Alexandrins  ont  un  repos  ou  hémiftiche  in- 
variablement placé  après  la  fîxieme  fyllabe.  Quant  aux 
gutres  règles  de  l'hémiftiche  :  voye^  Hémistiche. 

Après  les  Alexand-rins  fuivent  les  vers  de  dix  Tyllabes 
qu'on  appelloit  autrefois  communs  ,  parcequ'en  effet  on 
en  faifoit  un  ufage  fort  fréquent.  Aujourd'hui  ils  font 
plus  rares.  On  s'en  fert  cependant  encore  dans  les  Epîtres 
familières ,  dans  les  vers  libres  ,  dans  les  Rondeaux  , 
Balades  ,  Epigrammes  ^  &c. 

Le  perroquet  eut  beau  par  fon  caquet 
Imiter  l'homme ,  il  fut  un  perroquet. 
En  s'habiliant  en  homme  ,  fous  le  linge 
Le  finge  auflî  ne  pa(îa  que  pour  fînge. 

Ici  le  repos  doit  toujours  être  placé  après  la  quatricmc 
yUabe  :  voye^  Hémistiche. 

La  troifîeme  efpece  eft  des  vers  de  huit  fyllabes. 
Ceux-ci  n'ont  pas  de  repos  ;  ils  font  fort  ei^  ufage  pour 
i'Épîtrç  ,  l'Ode ,  les  Chanfons ,  &c, 

Cenfeur  de  ma  cherc  parefle  , 
Pourquoi  viens-tu  me  réveillée 
Au  fein  de  l'aimable  molefle  , 
Où  j'aime  tant  à  fommeiller  ï 
Laifle-moi,  Philofophe  aufterc  , 
Goûter  voluptueufemcnt 
Le  doux  plaifîr  de  ne  rien  faire  , 
Et  de  penfer  tranquillement. 

Ceux  de  la  quatrième  efpece  ont  fept  fyllabcs,  0n  les 

B  b  ii; 


iSg  STY 

emploie  <îans  toutes  fortes  de  ftyles ,  particulicrem(  : 
dans  les  Odes  &  les  Chanfons. 

Je  difois  à  la  nuit  fombre  : 
O  nuit ,  lu  vas  dans  ton  ombre 
M'en^evelir  pour  toujours  ! 
Je  redifois  à  l'Aurore  : 
Le  jour  que  tu  fais  éc.lore  , 
Eft  le  dernier  de  mes  jours. 

(  Ode  de  Roujjèau  ). 

Enfin  nos  plus  petits  vers ,  du  moins  gcnéralciTK 
reçus ,  font  ceux  de  fîx  fyllabes.  Ils  feroient  faciguans  j  ■ 
le  retour  trop  fréquent  des  rimes  ,  fî  on  les  emplov 
feuls;  auffi  a-t-on  foin  de  les  joindre  pour  l'ordinair 
d'autres  vers  de  différente  mefure. 

Le  rat  &  la  grenouille  auprès  du  marécage 
Sequerelloient  dans  leur  langage  ; 
Le  milan  fond  fur  eux 
It  les  mange  tous  deux. 

(  Fables  de  la  Fontaine  ). 

Les  qualités  requifes  dans  les  fyllabes  qui  compofc 
tm  vers  ,  varient  lelon  que  les  fyllabes  font  à  la  fin 
dans  le  corps  du  vers.  Dans  le  premier  cas  toutes 
obfervations  à  faire  fe  trouvent  au  mot  Rime.   Dans 
fécond  on  les  trouvera  aux  mots  Elision  ,  Hiatus. 

STYLE.  Le  ftyle  eft  une  façon  de  s'exprimer ,  pc 
tant  un  caradere  émané  tant  de  la  qualité  de  l'ouvr 
ge  que  du  goût  perfonncl  de  l'Auteur  :  ce  caradcre  r 
fuite  des  penfées  ,  des  fentimens  qui  font  le  détail 
l'ouvrage  ,  des  expreflions  qui  rendent  ces  fentimens 
ces  penfées  ,  &  de  l'arrangement  refpcdlif  de  toutes  c 
parties. 

Nous  ne  devons  ici  traiter  que  de  la  féconde  de  c 
trois  parties  :  la  première  dépend  du  génie  &  du  talen 
la  troifieme  de  la  juftelfe  de  l'cfprit  :  cependant  il  c 
difficile  de  développer  un  article  fans  toucher  les  autu 
quand  ils  font  auffi  intimement  unis  entr'eux. 

On  dilîin^ue  allez  ordinairement  trois  fortes  de  il)  le 


s  T  Y  587 

smtj  le  fuhllme  ou  élevé  ,  le  moyen  ,  &  Xzfimple,  te  premier 
doit  être  celui  de  tous  les  ouvrages  d'éloquence  dans 
lefquels  on  traite  des  fujets  impoitans  ,  publics  &  liés  à 
de  grands  intérêts  :  le  fécond  eft  pour  les  fujets  gracieux,, 
amufans ,  agréables  5  &  le  troilieme  convient  fur-tout  à 
l'Hiftoire  &  à  la  Philofophie.  Dans  le  premier  on  dé- 
ploie plutôt  les  richelTes  du  génie  que  celles  de  la  Rhé- 
torique. Dans  le  fécond  on  évite  le  ton  noble  ,  les  mou- 
Yemens  pathétiques ,  les  tranfports  ,  l'enthoufiafme  , 
qui  conviennent  au  premier  •  mais  on  y  étale  toutes  les 
fleurs  de  la  Rhétorique  ,  c'eft-à-dire  ,  tout  ce  que  les 
figures  ont  de  plus  propre  à  plaire  :  voye':^  Rhétori- 
que. Dans  le  troifîeme  on  ne  doit  chercher  qu'à  être 
clair  ,  fîmple,  fuivi  ,  exad  &  précis 

On  a  des  exemples  du  premier  flyle  dans  les  Oraifoni 
Funèbres  de  Fléchier  ,  dans  celles  de  Boifuet ,  dans  le 
difcours  fur  THiftoire  Univerfelle  fait  par  ce  dernier  , 
dans  quelques  Sermons  de  Bourdaloue  ,  &  fur-tout  dans 
fes  Mifteres  &  fes  Pallions ,  dans  les  Odes  de  RoulTeau  , 
^ans  les  bons  Poèmes  Epiques  &  les  bonnes  Tragédies. 
Le  Télémaque  de  M.  de  Fénelon  ,  les  ouvrages  mêlés 
de  M.  de  Voltaire  ,  une  foule  d'ouvrages  académiques  , 
&c.  vous  ferviront  de  modèle  pour  le  ftyle  moyen  ou- 
lîcuri  ,  comme  aufTi  les  Poéfies  de  Grelîet,  de  Bernis, 
&:c.  Pour  le  troifieme  ,  nous  avons  nombre  d'ouvrages 
Didadiques  ,  Hiftoriques  &  Philosophiques ,  tels  que  les 
Traités,  les  DiiTertations  de  nos  bons  Ecrivains,  qui  peu- 
vent guider  les  commençans.  Entre  les  Poètes  ,  la  Fon- 
taine doit  être  à  la  tête  pour  le  ftyle  fimple  &  naif  ; 
&  peut-être  qu'après  lui,  il  eft  inutile  d'en  propofer 
d'autres. 

Nous  n'en  dirons  pas  davantage  fur  ces  divifions  dii 
ftyle  \  nous  le  confidererons  fous  un  point  de  vue  géné- 
ral, qui  nous  fournira  également  toutes  les  qualités  qui 
peuvent  ou  doivent  concourir  pour  le  rendre  bon. 

Le  ftyle  exige  la  corredion  ,  la  clarté  ,  la  facilité  , 
l'harmonie ,  la  propriété  des  termes ,  la  précifîon  ,  l'élé- 
gance, &  l'énergie. 

L'on  ne  parle  que  pour  fe  faire  entendre  :  la  première 
qj.ialité  du  difcours  &  du  ftyle  eft  donc  la  clarté  j  cette 
cUtti  doit  .rendre  la  penfée  avec  toute  la  fidélité  qua 

Bbiv    ' 


î88  S  T  Y 

lîemande  le  commerce  de  la  parole  ;  c'eft  piefcjue  h 
feule  beauté  du  ftyle  Hiftorique  ,  Mathématique  Se 
Philofophique  ^  avec  l'ordonnance  &  le  choix  des  idées 
que  nous  préfuppofons. 

Il  y  a  cependant  des  cîrconflances  où  trop  de  clarté 
devient  un  défaut.  Bien  des  perfonnes  entendent  à  demi 
mots  ,  fur-tout  dans  ce  qui  regarde  les  mœurs  &  le  ba- 
dinage  5  il  faut  donc  alors  que  l'ej^predion  ne  dife  que 
ce  qu'il  faut  pour  faire  naître  le  plaifir  de  deviner  le  ref- 
te  :  alors  la  vérité  doit  être  voilée.  Un  peu  plus  ou  ; 
moins  d'opacité  ou  de  tranfparence  dans  la  gaze  qui  lat 
couvre  en  la  montrant ,  fait  un  vice  :  l'un  amené  l'énig- 
matique  ,  l'entortillé  ,  le  miltérieux  ,  le  précieux,  &ïe 
ridicule  :  l'autre  conduit  au  fuperflu ,  à  l'indécence ,  a 
la  groUîereté  ,  à  l'ennui ,  à  la  lenteur,  félon  les  fujets 
que  l'on  traite.  C'eft  trop  fe  défier  de  l'intelligence  des 
Leéteurs  ,  c'eft  les  humiliei'  5  ou  c'eft  fronder  les  bien* 
féances  &  l'honnêteté  i  c'eft  ofFenfer. 

Le  moyen  de  voiler  ainfi  une  penfée  ,  c'eft  de  n'en 
exprimer  qu'une  qui  y  mené  ,  ou  qui  en  foit  la  fuite. 
Dans  le  premier  cas  ,  le  leéleur  fait  feul  le  refte  du  che- 
min 'y  &  dans  le  fécond  il  remonte  feul  à  la  caufe  de  l'ef- 
^  fet  qu'on  lui  montre.  Quelquefois  auflî  ,  fur-sout  quand 
il  s'agit  d'un  fait  ,  il  fuffit  d'indiquer  quelques  cir-  , 
çonftances  principales  ;  l'efprit  en  combinant  ces  cir«» 
conftances  ,  devine  le  fait  qui  s'y  trouve  lié.  D'autre- 
fois on  dit  avec  un  ton  d'ironie  le  contraire  de  ce  qu'on 
veut  faire  entendre  ;  ou  bien  l'on  fc  fert  d'un  terme 
équivoque  que  l'on  femble  prendre  dans  un  fens  ,  tandis 
qu'on  a  deffein  qu'il  foit  pris  dans  l'autre  :  ^oye:^  Ironie. 
On  trouve  tous  ces  moyens  employés  dans  les  bonnes 
Epigrammes. 

Une  exprelTion  propre  rend  la  penfée  avec  une  juftefTc 
qui  fait  le  charme  de  l'efprit  :  les  termes  figurés  ^  quand 
ils  font  bien  choifis  &  faciles  à  faifir  ,  la  revctcnt  de 
ces  couleurs  intéreilantes  qui  font  les  délices  de  l'imagi- 
jiation  :  voye^  Figures.  Les  moyens  néccilaircs  pour  \ 
être  clair ,  font  donc  de  bien  connoîtrc  la  iufte  valeur  | 
des  termes  ,  &  l'emploi  que  le  bon  ufngc  en  fait  ou  per- 
met d'en  faire.  Si  l'elprit  faifitbien  une  idée  toute  entière, 
OU  n'aura  pas  de  peine  l  la  rendre  par  les  termes  propreij 


s  T  Y  589 

il  ne  faudra  pour  cela  que  favoir  fa  langue.  Si  on  ne  la 
voit  qu'à  demi ,  on  ne  lui  donnera  qu'une  expreflîon  foi- 
ble  &  peu  propre  ;  fouvcnt  même  on  la  défigurera  ,  oa 
Ja  rendra  méconnoifTable  ,  on  fera  inintellio;ible. 

Ce  que  nous  difons  ici  de  chaque  idée  particulière  , 
peut  aifément  s'appliquer  au  total  d'un  ouvrage.  Le 
choix  des  idées  dans  ce  dernier  cas  eft  comme  le  choix 
des  termes  dans  l'autre  -,  là  l'ordre  dans  les  raifonne- 
niens  ou  les  faits  ,  comme  ici  l'ordre  dans  la  conftruc- 
tion  d'une  phrafe  ,  vous  donneront  une  clarté  com- 
plettc  :  voye^  Raisonnement  ,  Construction. 

Mais  fi  vous  pafTez  par-deflus  des  idées  intermédiai- 
res qui  foient  utiles  à  l'intelligence  des  autres  ,  vous  re- 
deviendrez obfcur.  Il  en  fera  de  même  fi  vous  négligez 
trop  les  liaifons  &  les  circonftances  :  voye^  Conjonc- 
tions ,  Transition. 

Il  eft  à  propos  de  faire  ici  une  obfcrvation  fur  la 
Langue  Françoife  j  c'ejft  qu'il  n'en  eft  point  à  laquelle  la 
clarté  coûte  tant  :  on  dit  cependant  que  c'eft  la  plus 
claire  de  toutes  les  Langues-j  &  on  le  prouve  par  l'or- 
dre de  conftrudion  ,  la  march-e  qu'elle  met  dans  Ces 
phrafcs  ,  &  par  fon  article.  ALiis  c'eft  par  l'invariabi- 
lité même  de  fa  marche  qu'elle  préfente  à  chaque  pas 
une  infinité  d'amphibologies  difficiles  à  éviter.  Il  faut 
avoir  écrit  en  françois  pour  favoir  combien  il  en  coûte 
pour  conferver  toujours  ce  caradere  de  clarté  5  il  faut 
avoir  beaucoup  écrit ,  pour  être  parvenu  à  fe  rendre  ce 
caraâ:ere  familier.  Ainfi  pour  être  clair  ,  il  faut  être  bien 
inftruit  de  fa  langue,  comme  nous  l'avons  dit ,  Se  s'être 
accoutumé  à  la  plus  grande  corre<5tion  dans  l'ufage 
qu'on  en  fait. 

La  corredion  n'eft  pas  feulement  néceffaire  au  ftyle  , 
parcequ'elle  contribue  à  le  rendre  clair  ;  mais  auffi  par- 
cequ'un  langage  peu  corred  eft  une  forte  de  barbarie 
qui  défigure  la  langue,  offenfe  les  ledeurs  inftruics  ,  & 
fait  tort  aux  meilleures  chofes  que  l'on  pourroic  dire. 
Cette  corredion  confifte  à  ne  point  employer  de  termes 


qui  ne  foient  françois  ,  à  ne  donner  à  ceux  dont  on  fe 
fett  qu'une  figniiication  autorifée  par  l'ufage  ,  à  rendre 
fes  phrafes  coulantes ,  faciles  ,  &  conformes  pour  l'ar- 


:t  qu'une  figniiication  autorifée  par  l'ufage  ,  a  rendre 
;  phrafes  coulantes ,  faciles  ,  &  conformes  pour  l'ar- 
rangement &  la  liaifon  au  géiaie  de  la  langue    Mais, 


35JO  S  T  Y 

Quelque  foin  que  l'on  doive  apporter  pour  confervcr  si 
fon  ftyle  une  qualité  aufTi  fondamentale  ,  il  ne  faut  ce* 
pendant  pas  porter  le  fcrupule  jufqu'à  lui  facrifier  toute 
la  vivacité  qui  convient  quelquefois  à  notre  difcours:  ill 
eft  des  occafions  où  de  légères  fautes  font  une  licenc< 
heureufe  ;  c'efi:  un  défaut  d'être  incorred^  mais  c'eft  ur 
vice  d'être  froid.  Ainfi  Racine  aima  mieux  être  inexaâ 
que  languifTant ,  &  manquer  à  la  Grammaire  qu'à  l'ex, 
pre/îion  ,  lorfqu'il  dit  : 

Je  t'aimois  inconftant ,  qu'eufîé-je  fait  fidèle  ! 

Mais  il  faut  en  pareil  cas  ,  que  la  faute  que  l'on  com- 
met  foit  rachetée  par  une  grande  beauté  ;  qu'elle  foii 
peu  feofible  ;  qu'elle  foit  inévitable  j  &  fur-tout  il  faui 
s'en  perm.ettre  bien  peu  :  il  feroit  mieux  de  pouvoir  lej 
éviter  toujours. 

Nous  avons  déjà  parlé  de  la  propriété  des  termes , 
qui  eft  le  caradere  diftindif  des  grands  Ecrivains,  la 
qualité  par  laquelle  leur  ftyje  fcfoutient  toujours  au  ni- 
veau de  leur  fujet,  &  d'où  naiffent  la  précifion  ^  l'é- 
légance, &  l'énergie,  fuivant  la  nature  des  matières  que 
l'on  traite,  ou  des  objets  qu'on  doit  peindre  5  la  préci- 
fion  dans  les  matières  de  difcuiîion  ;  l'élégance  dans  les 
fujets  agréables  j  &  l'énergie  dans  les  fujets  grands  ou 
pathétiques. 

La  précifion  eft  l'art  de  ne  dire  jamais  plus  ni  moinçi 
que  ce  qu'on  a  en  vue  ,  de  rendre  fes  penfées  avec  ki 
plus  grande  jufteife  ,  de  ne  porter  en  un  mot  dans  l'ame 
des  autres  que  ce  qui  eft  dans  la  nôtre  ,  mais  de  l'y 
porter  tout  entier  &  tel  que  nous  le  concevons. 

L'énergie  eft  cette  qualité  par  laquelle  les  exprefTions 
font  une  imprcfîîon  profonde  dans  l'efprit  des  autres. 
Elle  donne  quelquefois  de  la  noblelle  aux  termes  les 
plus  bas  j  comme  dans  les  exemples  fuivants  remarqués 
par  M.  de  Voltaire, 

Se  faifant  d'un  Tyran  Tcffroyahle  partie. 

Ccrncillc  àmsHéracthts  ^  Ad.  II.  Se.  II. 

»•  Les  termes  les  plus  bas,  dit-il,  deviennent  quelquefois 
35  les  plus  nobles-,  foit  par  la  place  où  ils  font  mis ,  fok 


s  T  Y  39t 

te  parle  fccours  d'une  épithete  heureufe.  Là  partie  eft  un 
»  ternie  de  chicane  5  la  main  de  Dieu  appéfanrie  qui  de- 
33  vient  l'effroyable  partie  du  Tyran ,  eft  une  idée  terri- 
ls blc.  On  pourroit  incidenter  fur  une  main  qui  fe  fait 
33  partie  ;  mais  c'eft  ici  que  la  critique  des  nrot<,  doit ,  à 
»  mon  avis ,  fe  taire  devant  la  noblefTe  des  choies  w. 

Dont  leur  Flaniinius  marchandoic  Annibal. 

Corneille  dans  Nicoméde» 

33  Cette  expreiTion  populaire  marchandait  devient  ici 
M  très  énergique  &  très  noble  ,  par  l'oppolîtion  du  grand 
33  liom  d'Ànnièai  qui  infpire  du  refpeâ:.  On  diroit  très 
i>3  bien  ,  même  en  profe  ;  cet  Empereur  après  avoir 
33  marchandé  la  Couronne ,  trafiqua  du  fang  des  Na- 
sa tions  3D.  M  de  Voltaire. 

La  précifion  fait  voir  notre  idée  telle  qu'elle  eft  en 
nous  ;  l'énergie  la  grave  dans  les  autres  j  ils  ne  la  voient 
pas  feulement  3  ils  la  touchent.  On  fent  combien  la  pro- 
"priété  des  termes  fait  pour  ces  deux  qualités  du  ftyle. 

Il  en  eft  une  autre  qui  lui  doit  encore  beaucoup  ; 
c'eft  l'élégance,  c'elt-à-dire  ,  le  choix  des  exprefiîons 
Jes  plus  riches  &  les  plus  heureufes.  Elles  font  riches 
par  leur  propriété  &  leur  précifion  ou  leur  énergie  5 
elles  le  font  aufli  par  l'étendue  de  leur  fignification  : 
fouvent  un  mot  en  dit  autant  &  plus  qu'une  longue 
phrafe  ;  c'eft  une  exprelfion  riche.  Les  expreflions  font 
heureufes ,  quand  avec  cette  richelfe  ,  elles  ont  l'air  de 
■naïveté  qui  carafterife  notre  Langue  ,  &  cette  facilité 
qui  caradlerife  les  ouvrages  des  vrais  génies  ,  des  e(^ 
prits  fupérieurs  à  la  matière  qu'ils  traitent ,  &  maîtres 
<ic  la  langue  qu'ils  parlent. 

La  naïveté  confifte  fur-tout  à  éviter  les  détours  ,  l'air 
•de  gêne  ,  de  peine  ,  d'efforts  ,  &  de  contrainte.  Ayez  des 
termes  naturels  ,  rejettez  ceux  qui  paroîtroient  recher- 
chés 'y  fuivez  dans  la  ftruâ:ure  &  l'arrangement  de  vos 
•phrafes  le  même  plan  que  dans  le  choix  de  vos  mots  ; 
;&  vous  aurez  la  facilité  du  ftyle.  Qu'on  ne  s'y  trompe 
^as  :  rien  n'eft  moins  facile  que  de  donner  cQt  air  de  fa- 
cilité à  ce  que  l'on  écrit  :  mais  le  travail  doit  être  caché. 
ïl  eft  quelques  autres  qualités  plus  ou  moins  eflentiel- 


39^  S  T  Y 

les  au  ftyle  feîon  le  genre  &  l'occafion  :  tefs  Tout  U 
nombre  ,  l'harmonie  ,  &  Vaccent  oratoire  :  voyez  ces 
mots, 

Onfent  affe?.  que  le  ftyle  doit  avoir  bien  des  varié- 
tés. Son  bat  cfl  de  peindre  y  il  doit  donc  prendre  les 
couleurs  &  les  traits  des  objets  que  l'on  Te  propofe  de 
traiter.  Il  y  a  d'ailleurs  des  convenances  à  garder, 
I  ".  par  rapport  à  la  perlbnne  qui  parle  ;  c'eft  un  Héros 
ou  un  Tyran  ;  c'efl  un  Guerrier  ou  un  Magiftrat  ;  c'eft 
un  Politique  ,  ou  un  Pliilofophe  ,  ou  un  Orateur  ,  c'eft 
Hn  Citadin  ou  un  Berger  ,  c'eft  un  vieillard  ou  un  jeune 
homme  ,  &c.  i^ .  Par  rapport  aux  circonftances  ;  c'eft 
une  fête  champêtre  ,  ou  une  réjoui/î'ance  publique  j 
c'eft  un  malheur  présent  ou  avenir  ,  un  objet  effrayant 
ou  chéri  ;  3*'.  Par  rapport  à  la  manière  de  parler  j  c'eft 
en  profe  ou  en  vers,  en  récit,   ou  en  adion. 

Indépendamment  de  toutes  ces  convenances  ,  on  fe 
propofe  un  but ,  &  c'eft  lui  qui  décide  du  ton  de  l'ou- 
vra2;e  auffi  bien  que  du  plan.  Quand  on  écrit ,  on  a  des 
partions  à  communiquer  aulTi  bien  que  des  idées  à  ren- 
dre ;  &  ces  partions  font  ou  plus  douces  &  plus  lentes  , 
ou  plus  fortes  &  plus  vives  ,  ou  impatientes  &  inégales  , 
ou  furieufes  &  emportées  ,  ou  fombres  &  mélancoli- 
ques ,  ou  gaies  &  riantes  ,  ou  folâtres  &  enjouées  ,  ou 
graves  &  majeftueufes  ,  ou  burlefques  &  poliffonnes  : 
voye;^;  Passions  ,  &c. 

Que  de  fortes  de  ftyles  différens  ,  en  ne  comptant 
même  que  les  bons  !  Donnons  quelques  principes  fur 
toutes  ces  variations  ,  en  fuivant  ce  que  l'on  nous  a 
donné  de  plus  précisée  de  plus  faillant  fur  ce  fujet  :  car 
pour  entrer  dans  les  détails  que  cpt  article  demande 
pour  être  traité  à  fonds ,  il  faudroit  en  faire  un  ouvrage 
conrtdérable. 

Le  ftyle  doit  être  artJbrti  au  genre  dans  lequel  on  tra- 
vaille :  ce  genre  eft  fcrieux  ou  agréable ,  touchant  ou 
terrible  ,  naturel  ou  héroïque  :  le  ftyle  doit  donc  être 
grave  &:  concis  dans  le  férieux  ,  facile  &  enjoué  dans 
l'agiéable  ,  doux  &  affcélucux  dans  le  touchant ,  conf- 
terné  &  lugubre  dans  le  terrible  ,  modefte  &  ingénu 
dans  le  naturel  ,  élevé  &  pompeux  dans  l'héroïque. 

Il  doit  être  alTorti  au  fujet  :  le  fujet  cft  du  rclfort  de 


STY  ,<,, 


Ila  mémoire  ,  de  l'efprit ,  de  la  raifon  ,  du  fentiment,  ou 
de  l'imagination.  La  mcmoiie  expofc  ;  Ton  tour  eft  fim- 
ple,  uniforme  &  rapide,  elle  évite  les  réflexions  re- 
:i  cherchées  ,  les  portraits  romanefcjues  ,  les  defcriptions 
:  poétiques ,  les  artifices  oratoires.  L'efprit  doit  embel- 
lir 5  fon  tour  ç{l  varié  ,  ingénieux  ,  &  brillant ,  il  lui 
faut  des  allufions  ,  des  antithefes  ,  des  contraRes  ,  des 
chiites  épigrammaticjues.  La  raifon  veut  juger  j  elle 
prend  un  tour  ferme  ,  réfléchi ,  &  févere  5  elle  analyfe 
avec  précifion  ,  développe  avec  étendue,  réfume  avec 
méthode  ,  prononce  avec  dignité.  Le  fentiment  expri- 
me :  fon  tour  eil  libre,  pathétique,  infinuant  5  il  fe  ré- 
pand en  apoftrophcs  animées  ,  en  exclamations  vives  , 
en  répétitions  énergiques  ,  en  follicitations  preflantes. 
L'imagination  imite  5  fon  tour  eft  enthoufiafte  ,  origi- 
nal ,  créateur  3  elle  étale  avec  profulion  ce  que  la  mé- 
taphore a  de  plus  riche ,  ce  que  la  comparaifon  a  de 
plus  faillant ,  ce  que  Tallégorie  a  de  plus  pittorefque  , 
ce  que  Tinverfion  a  de  plus  mélodieux  -.voyci  Tropïs. 

Le  ftyle  doit  aifortir  les  couleurs  aux  chofes  particu-» 
lieres  que  l'on  veut  peindre  :  pour  une  penfée  gracieufe, 
il  emploie  des  couleurs  tendres  ,  fraîches  .  moëlleufes  , 
cz  bien  fondues  j  pour  une  penfée  forte  ,  des  touches 
pleines,  refferrées  ,  tranchantes,  hardies  ,  pour  une 
penfée  fublime  ,  des  couleurs  éclatantes  &  limples  en 
même  tems  ;  pour  une  penfée  naïve  ,  des  couleurs  né- 
gligées &  délicates  tout  enfemble. 

Le  ftyle  doit  affortir  les  fons  au  mouvement  de  l'ac- 
tion que  l'on  décrit:  à  un  mouvement  lourd  &  tardif, 
doivent  répondre  des  fons  graves  &  craînans  ;  à  un  mou- 
vement brufque  &  précipité  ,  des  fons  vifs  &  rapides  5  à 
un  mouvement  bruyant  &  cadencé  j  des  fons  éclatans 
Se  nombreux  ;  à  un  mouvement  léger  &  facile ,  des  fons 
doux  &  coulans  3  à  un  mouvement  pénible  &  profond  , 
des  fons  rudes  &  fcurds  5  à  un  mouvement  vafte  &:  pro- 
longé ,  des  fons  majeftueux  &  foutenus.  Il  n'eft  poinc 
de  Langue  qui  ne  renferme  des  fons  où  l'on  peut  trouver 
toutes  ces  qualités ,  foir  par  la  nature  des  fons  primi- 
tifs ,  foit  par  leur  mélange  &:  leur  combinaifon  :  voye:^^ 
Nombre,  Harmonie. 

Le  ftyle  doit  être  alTorti  à  la  paflîon  qu'on  veut  expri- 


594  S  T  Y 

mer.  L'admiration  a  recours  aux  hyperboles ,  aux  pa- 
rallèles les  plus  flarteurs  ;  la  haine,  à  l'ironie,  au  re-, 
proche  ,  à  la  menace  5  l'envie  ,  au  dépit ,  au  dédain  ,  à, 
l'éloge  même  pour  préluder  à  la  fatyre.  L'orgueil  défie. 
La  crainte  invoque.  La  reconnoilTance  adore.  La  dou- 
leur chancelle  ,  s'égare  &  s'abat.  Le  plaifir  bondit ,  pé- 
tille ,  éclate  ,  fe  rit  de  tout ,  s'évapore  en  faillies  ,  écarte 
les  réflexions,  &  appelle  le  fcnriment.  La  joie  douce 
&  paifible  efl;  moins  vive  8c  plus  touchante;  elle  s'épa- 
nouit moins  ,  mais  elle  dure  plus  long-tems.  La  mélan- 
colie rafl'emble  les  images  funefics  ,  les  trilles  fouve- 
nirs  ,  les  noirs  prelTenaniens.  L'efpérance  a  des  foupirs 
ardens  ,  des  vœux  répétés  ,  &  des  regards  tendres  éle- 
vés vers  le  Ciel.  Le  défcfpoir  garde  un  morne  fileace 
qu'il  ne  rompt  que  pour  faire  des  imprécations  ,  regret- 
ter &  invoquer  le  néant  :  voye:(  Figures  ,  Imagls. 

Enfin  le  ftyle  doit  être  aiforti  au  génie  de  l'Auteur.  Le 
génie  eft  enfant  de  la  nature  :  chaque  Auteur  en  a  un  qui 
qui  doit  lui  être  propre.  Se  caradérifer  fes  ouvrages. 
Un  ftyle  qui  n'a  pas  le  caradcre  de  l'Auteur ,  cfc  une 
copie  qui  ne  reffemble  point  à  fon  original  3  c'eft  un 
portrait  infidèle. 

On  difcingue  beaucoup  d'autres  fortes  de  ftyles  ,  que 
celles  que  nous  avons  d'abord  marquées  ;  comme  le 
ftyle  atdque  ,  le  ftyle  laconique  ,  le  ftyle  oratoire ,  le 
ftyle  académique.  Le  premier  &  le  dernier  reviennent  a- 
peu-près  au  ftyle  moyen.  Le  laconique  confifte  à  dire 
beaucoup  de  chofes  ,  non -feulement  en  peu  de  paroles  , 
mais  même  en  peu  de  fyllabcs  :  dans  les  exemples  qu'on 
en  donne  ,  les  termes  employés  ne  fignifient  pas  à  beau- 
coup près  tout  ce  que  Ton  veut  faire  entendre;  mais  oa 
faifit  aifément  la  penféc  d'après  ces  termes  &  les  cir- 
cosiftances.  Le  ftyle  oratoire  comprend  tout  ce  que  nous 
venons  de  dire  dans  cet  article  ;  il  renferme  encore  bien 
des  principes  fur  la  difpolition  &  l'arrangement  des  par- 
ties d'un  difcours  ;  principes  qu'on  trouvera  dans  ce 
Didlionnaire  à  leurs  articles  refpcdifs  :  voye[  aulll  le 
motGouT. 

^n^i\  on  diftingue  le  ftyle  profaïque ,  &  le  ftyle  por- 
tique.  La  différence  de  l'un  à  l'autre  n'eft  que  du  plus  au 
jinoins.  Un  Auteur  du  (ioiamcucemcac  de  ce  licclc  a  pré- 


s  T  Y  S  U  B  595 

endu  que  l'iHverfion  formoit  le  caracflcre  diftindif  du 
<^ers ,  &  par  confcquent  du  ftyle  poétique.  Mais  cette 
)rétentioii  a  été  bien  détruite  par  plusieurs  Ecrivains 
joftérieurs ,  &  entr*autrcs  pai  M.  le  Battcux.  La  profe 
idmet  des  invcrfions  comme  la  poéfîe  ,  il  n'eft  point  de 
igure  que  l'on  ne  puifTe  employer  dans  l'un  comme 
lans  l'autre  de  ces  deux  ilyles  :  feulement  tout  cela  eft 
l'un  ufagc  plus  fréquent  &  plus  hardi  dans  la  poéfîe 
■:]ue  dans  la  profe  :  voye:^  Inversion.  Il  faut  en  dire 
mtant  des  charmes  du  il:yle  élevé ,  du  nombre  ,  de  la  ca- 
dence ,  &  de  l'harmonie.  Le  ftyle  poétique  a  recours  aux 
allégories  &  aux  alkifions  tirées  de  la  fable  ;  le  ftyle 
^rofaïque  le  fait  auffi,  mais  bien  plusmodeftement  &  plus 
rarement,  &  il  en  eft  de  même  de  tout  ce  que  l'on  trouve 
ie  plus  faillant  dans  les  meilleurs  Poètes.  Il  fiut  néan- 
tnoms  bien  fe  défendre  de  laillér  dans  la  profe  quelque 
phrafe ,  ou  quelque  membre  de  phrafe  quioifre  au  juile 
la  mefure  de  quelque  forte  de  vers  françois  ,  &  fur-tout 
de  ceux  de  douze  ou  de  dix  fyllabes. 

SUBJECTIF.  Nous  appelions  yî^/^'cc?//,  dans  la  conf^ 
tru6lion  d'une  phrafe  ,  la  chofe  ou  la  perfonne  dont  on 
parle ,  &  qui  fait  le  fujet  de  la  phrafe.  C'eft  ce  qu'on 
appelle  nominatif  dans  les  langues  dont  les  noms  fe  dé- 
chnent  en  changeant  de  terminaifon  :  voyei  Cons- 
truction. 

SUBJECTION ,  figure  de  Rhétorique  propre  à  la 
preuve  :  voye^  Occupation. 

SUBJONCTIF.  Ce  mot  vient  du  verbe  X^ûn  fubjun- 
gère  ,  qui  fignifie  joindre  avec.  C'eft:  un  mode  des  ver- 
bes :  voyei  Modes  6*  Verbe.  Il  défigne  que  l'affirma-, 
tion  attachée  au  verbe  eft  dépendante  de  quelque  mot 
.précédent  qui  le  régit  félon  les  régies  grammaticales, 
ou  dépendante  de  quelque  condition  ,  de  quelques  cir* 
confiances  ,  en  un  mot  que  l'affirmation  eft  fujette  \ 
quelque  chofe  dont  elle  eft  comme  la  fuite  :  exemple  ^ 
s'il  faut  que  faille.  Il  voulait  que'fécrivijfe^ 

n  Dans  ce  vers  de  la  Comédie  du  Menteur  : 

La  plus  belle  des  deux  je  crois  que  ce  foit  l'autre, 

«  Je  crois  que  ce  foit  eft  une  faute  de  Grammaire  ,  du 
»  tçmj.  même  de  Corneille  ,  die  M.  de  Voltaire,  Je  cr«i« 


39^  S  U  B 

33  étant  une  chofe  pofitivc  exige  Vindicatif.  Mais  pour 
35  quoi  dic-on  ,  je  crois  qu'elle  ^/aimable  ,  qu'elle  a  d( 
sorefpritj  &  croyez- vous  qu'elle  yofr  aimable  ,  qu'eli< 
35  ait  de  l'eCprit  ?  C'eft  ,  ajoute-t-ii  ,  que  croyei-vou. 
33  n'eft  point  pofitif,  Croye:(-vous  exprime  le  doute  d< 
33  celui  qui  interroge.  Je  fuis  fur  qui!  vous  fatifera 
33  Etes-vous  fur  qu'il  vous  fatisfajfe. 

33  Vous  voyez  par  cet  exemple  que  les  règles  de  !i 
33  Grammaire  font  fondées  la  plupart  fur  la  raifon  ,  8 
33  fur  cette  logique  naturelle  avec  laquelle  naiffent  tou 
33  les  hommes  bien  organifés  :  voyei  Syntaxe  &  CON 

JUGAISON, 

SUBSTANTIFS  (  Noms  ).  Quelques  Grammairien 
ont  défini  le  nom  fubjiantif  y  un  mot  qui  fîgnifie  un 
fubftance.  Cette  définition  fauffe  vient  de  l'étymologi 
du  mot  fubjiantif,  mot  barbare  qui  ne  préfente  aucuni 
idée  dans  notre  Langue  ,  ou  qui  n'en  préfente  qu'un 
fauife  ;  introduit  par  des  Grammairiens  étrangers  , 
reçu  chez  nous  par  des  Grammairiens  gothiques  5  mo 
que  nous  fommes  pourtant  forcés  d'admettre  en  le  con 
damnant ,  parceque  le  préjugé  &  l'ufage  femblent  l'a 
vou-  confacré.  La  ccnfidération  que  toutes  les  idées  d 
fubilances  s'expriment  en  effet  par  des  fubftantifs 
n'aura  point  permis  de  douter  que  la  définition  don 
nous  venons  de  parler  ne  fût  exade.  Les  difficulté' 
feront  venues  enfuite  ;  mais  le  parti  étant  pris ,  on  auc 
eu  recours  aux  vaines  fubtilités. 

Une  très  grande  partie  des  fubftantifs  ue  repréfen- 
tent  nullement  des  chofes  fubfiftantes  par  elles-mêmes 
La  couleur  qCc  un  fubftantif;  mais  l'idée  qui  eft  atta^ 
chéc  à  ce  mot  ne  peut  qu'être  accidentelle  à  une  idé( 
principale  ,  8c  dans  le  phyfique  la  couleur  ne  peut  exif 
ter  ,  s'il  n'exillc  en  même  tems  une  fubftancc  colorée. 
Mille  autres  exemples  arrêtent  à  chaque  pas  les  parti- 
(ans  de  la  définition  étymologique. 

D'autres  ont  voulu  fubilitucr  à  cette  notion  peu  exac-j 
le  j  une  autre  notion  encore  moins  jufte.  Le  fubftantif, 
«lifent-ils  ,  eft  un  mot  fufccptible  des  différents  cas  &! 
des  nombres  ,  mais  qui  ne  peut  varier  quant  à  fon  gcn-j 
rc.  Définition  purement  méchaniquc  ,  qui  au  lieu  dcl 
l'eflQncc  même  de  la  choie  ,  ne  préfente  que  des  idécsl 

purement 


s  0  B  >5)7 

rarement  âccefToires  &  des  qualités  arbirraires.  On  voie 
ians  toutes  les  langues  des  lubftantifs  qui  n'adniettenc 
|ue  ie  fingulier  ;  il  en  eft  d'autres  qui  n'ont  que  le  plu- 
ie!. D'autres  enfin  fe  prêtent  également  aux  genres 
nafculin  &  féminin. 

Il  eil;  des  Auteurs  aux  yeux  de  qui  les  noms  fubflan- 
ift  ne  font  que  des  noms  faits  pour  exprimer  les  idées 
mnoncées  par  l'article  :  ce  qui  peut  être  vrai  dans  une 
cingue  ,  mais  n'en  être  pas  moins  abfurde  chez  les  peu- 
)]cs  qui  n'ont  aucun  article  5  &  ce  qui  pèche  toujours 
lar  le  grand  défaut  d'expliquer  une  clî^fc  par  ce  quelle 
Û  quelquefois,  &  non  par  ce  qu'elle  eft^fleatiellement, 

Qu'elî-ce  donc  qu'un  nornfubftantif  ?  C'elè  une  par- 
ie d'oraifon  ou  un  nom  qui  exprime  un  objet  confi- 
léré  en  lui-même ,  &  indépendamment  des  qualités  qu'il 
)eut  avoir.  L'homme  eft  un  fubftantif ,  parcequ'il  me 
appelle  l'idée  d'un  objet  dont  je  ne  vois  alors  que  l'ef- 
énce  ,  fans  faire  aucune  attention  aux  attributs  dont  il 
;ft  fufceptible  ;  fans  comprendre  ni  examiner  s'il  eft 
eune  ou  vieux ,  grand  ou  petit ,  vertueux  ou  vicieux  , 
kc.  Ce  n  eft  pas  que  dans  le  corps  de  la  phrafe  ces 
lualités  ne  lui  puilient  être  ajoutées  ;  mais  le  fubftantif 
*eul  ne  les  préfente ,  ni  ne  les  exclut  jamais  :  il  reftc 
lonc  toujours  fubftantif. 

La  bonté  n'exprime  pas  une  chofe  qui  puiiïè  exifter 
bule  -y  il  n'y  aura  point  de  bonté ,  s'il  n'y  a  quelque 
;hofe  qui  foit  bonne  ;  mais  cette  expreffion  bonté  ne  dé- 
igne  en  aucune  manière  ce  rapport  à  un  autre  objet  :  Il 
non  efprit  le  volt,  c'eft  par  une  opération  de  mon  en- 
endement  qui  va  plus  loin  que  l'idée  qu'on  lui  a  pré- 
sentée ;  la  bonté  ne  me  préfente  en  elle-même  qu'une 
qualité  ifolée  ,  pour  ainfi  dire  ,  &  féparée  de  tout  au- 
re  être  :  le  mot  ne  m'en  dit  pas  davantage  ;  c'eft  donc 
m  fubftantif.  Il  fuffit  que  fon  exiftence  indépendante 
bit  fuppofée  réelle  dans  le  difcours  ;  &  cette  fuppofî- 
ion  eft  ici  nécelfaire  ;  elle  fe  fait  même  pour  le  rien  , 
our  le  néant ,  dès  qu'on  en  parle. 

Les  objets  réels ,  ou  fuppofés  réels  qui  font  repréfen- 

es  par  des  fubftantifs,  ont  pu  s'offrir  aux  Inftitiiteurs 

.es  Langues  ,   de  deux  manières  diftérectes  5   ou   en 

;roup8  ou  en  détail.  Ces  hommes  auront  examiné  les 

Tome  11^  Q  c 


39^  SUB 

.Titres  qui  font  dans  la  nature ,  ou  qu'ils  imaginoient.. 
chacun  en  particulier  ^  ou  bien  ,  ils  en  auront  appepçi 
.d'un  feul  coup  d'œil  une  fouie  de  femblables.  Dans  li 
premier  cas  ,  chacun  de  ces  êtres  aura  reçu  une  déno- 
mination qui  l'aura  diftingué  de  tout  le  refle  :  dans  h 
fécond  cas  ,  le  nom  donné  aura  été  commun  à  tous  ce 
.  objets  femblables  que  l'efprit  confîdéroitcnméme  tems 
de-là  font  venus  les  fubftantifs  hidividuds ,  &  les  gêné 
■riques,  ■ 

Je  vois  un  homme  feul  ;  je  veux  parler  de  lui ,  &  j'; 
me  détermine  à  le  déligner  par  le  mot  Pierre  ;  voila  uii 
jfubftantif  individuel  ,  qui  diftingue  cet  homme  que  j 
vois  ,  de  tout  autre  homme  &  de  tout  autre  être.  11  peu,^ 
fe  faire  que  plulieurs  portent  enfuite  le  même  nom- 
mais alors  il  cefTera  d'être  individuel,  &  s'approcher. 
de  la  clalfe  des  génériques  :  il  y  faudra  joindre  un  autr  i 
mot  pour  défî^ner  perfonnellement  cet  homme  ,   cei 
individu  ,  dont  je  voulois  parler.  Si  je  vois  ,  ou  fi  j 
confidere  un  grand  nombre  d'êtres  qui  fe  relfembler  : 
âlTez  pour  fùre  dans  mon  efprit  une  claffe  à  part  &  dij  ' 
férente  des  autres  efpeccs  d'êtres  ,  je  chercherai  à  Icu 
donneriui  nom  qui  convienne  a  chacun  d'eux  ,  &  qu , 
n'exprime  que  ce  qu'ils  ont  de  commun.  Pierre  que  j 
voyois  féparément  tout  à  l'heure  ,  s'y  trouve  réuni ,  t 
fait  partie  de  l'efpece  ou  du  genre  que  je  veux  dénom' 
.mer  j  il  fera  compris  dans  la  dénomination  comme  Je 
autres  5  &  je  les  appellerai  hommes  :  voilà  un  fubflanti 
générique. 

Il  y  a  de  ces  noms  génériques  plus  étendus  ,  plus  gé 
nériques  que  les  autres  \  le  mot  homme  exprime  un 
.cfpece  d'êtres  comprife  &  renfermée  dans  cclh  que  noo 
rappelle  le  mot  animal  :  mais  cela  ne  fait  rien  ici.  1 
.peut  encore  arriver  par  ladilette  de  la  langue  ,  ou  pa 
d'autres  caufcs  ,  qu'un  mot  établi  pour  figniiier  un  geiir 
ou  une  efpece  de  chofes  ,  fe  trouve  ,dans  d'autres  cas 
n'offrir  que  l'unité  &:  l'individuité  d'une  feule  chofc 
alors  il  fera  individuel  ici ,  fans  en  être  moins  géncri 
que  dans  la  première  deltination. 

On  peut  confidérer  les  fubftantifs  fous  différents  af 
pefts ,  félon  qu'on  veut,  i"".  en  maroucr  les  lignifii 
cations  particulières  ,  ce  qui  feioit  trop  long  pour  ea| 


rer  6âns  notre  plan.  x*.  La  conftrudiôn'qtf ils  deffiân- 

Icnt  dans  une  pnrafe  ,  ce  que  l'on  trouvera  à  chacun  dès 
nots  qui  peuvent  avoir  à  le  conftruire  avec  eux  ,  corn- 
ne  adjectifs^  articles  j,  adverbes  ,  d'autant  plus  que  le 
iibftantif  étant  la  partie  principale  d'une  phrafe,  tout 
z  relie  ne  s'y  trouvant  que  pour  fervir  à  développer  ôc 
irconftancier  l'idée  qu'on  y  attache  ,  ou  las  rapports 
]u'on  y  apperçoit  av^c  d'autres  idées  ,  c'eft  plutôt  aux 
iutrcs  mots  à  fubir  des  loix  de  conilruélion  qu'aux  fub-- 
lantifs.  3".  Selon  qu'on  veut  déterminer  le  genre- que 
:liacun  des  fubftantifs  exige  ,  &  leurs  variations  Gram- 
iiacicales  &  orthographiques  par  rapport  aux  nombres. 
^c  dernier  objet  paroît  encore  devoir  être  immenfe  j 
]ous  allons  cependant  donner  fur  cela  les  règles  les 
ilus  précifes  que  l'on  puiife  fouhaiter.  Un  Grammai- 
icn  ,  bien  moins  connu  du  public  qu'il  ne  le  mérite  ,  a 
?ait  fur  cet  article  des  recherches  pénibles  ,  &z  des  décou- 
vertes heureu.fes  qui  abrègent  bien  l'ouvrage.  Nous  ne 
pouvons  que  le  fuivre  ,  ea  pofant  d'après  lui  les  préli- 
ir.  in  aires  qui  font  nécelfaires  pour  établir  en  fuite  des  re- 
laies fures  &  intelligibles  5  ieu'cment  en  adoptant  Tes 
idées,  nous  l'abrégerons  quelquefois;  &  quelquefois 
nous  tâcherons  de  le  dév-elopper  davantage  pour  plus 
de  clarté. 

Toute  idée  exprimée  par  un  fubftatitif  générique  ,eft 
ou  ridée  d'une  véritable  fubfiance ,  ou  celle  d'un  mode 
confidéré  d'une  manière  abftraite  comme  nous  l'avons 
expliqué  pour  les  mots  couleur ^^  bonté- ^  ou  d'une  ac- 
tion ,  d'un  événement  paiTageï. 

La  fubfiance  eft  une  chofe  qui  exifte ,  ou  qui  peut 
!réellement  exifter  par  foi-même  ,  c'eft-à-dire  ,  fans  I0 
■fecoufs  d'aucune  autre  chofe  qui  lui  ferve  d'appui,, 
comme  la  fubftance  elle-même  en  fert  aux  qualités  qui 
nous  la  rendent  fenfible  ,  ou  qui  la  caraélérifent.  On  ne 
dit  pas  que  pour  être  fubfiance  ,  il  foit  néceffaire  qu'une 
chofe  pût  fe  donner  ,  ou  fe  conferver  à  foi  même  rexif- 
tence  ;  en  ce  cas  il  n'y  auroit  qu'une  fubftance  j  l'Etre 
Suprême  :  mais  on  dit ,  que  cette  exiftence  ne  doit  pas 
être  unie  &  identifiée  avec  celle  d'un  autre  être.  L'hoir.- 
nie,  par  exemple,  doit  fa  vie  à  Dieu  qui  l'a  créé  & 
qui  le  -conferve  3  mais  -c^tte  vie  n'eil  point  unie  ,  &  ne 

Ccij 


^air  point  unt  mcmc  chofe  avec  Celle  de  Dieu  ;  îl  n*ç(h 
^'ailleurs  aucun  autre  être  de  t]ui  l'on  puiire  dire  que 
i'iîoranic  foit  ou  puilfc  devenir  une  qualité  accidentelle 
ou  néceiraire.  L'homme  cft  donc  une  vraie  fubftance. 

11  en  eft  de  mcme  dz  tous  ces  autres  objets  qui  nou^ 
environnent  ,  &  que  nous  voyons  exifter  ,  fans  que 
l'cxiirencc  de  l'un  exige  l'exiflence  a«5luclle  d'un  autre  j 
un  fruit  ne  vient  que  de  l'arbre  qui  Ta  produit  j  mais 
V arbre  peut  n'être  plus  tandis  que  le  fruit  fe  confervcra 
encore  5  comme  cet  aibre  a  pu  exifter  lorfque  le  fruit 
n'étoir  pas  :  voilà  l'indépendance  dont  nous  parlons,! 
celle  qui  coaftitue  l'idée  de  taute  fubftance.  ! 

Les  modes  font  les  qualités  des  différentes  fubftan-^ 
CCS  y  qualités  qui  ne  peuvent  être  dans  la  nature  ,  qu'od 
ne  peut  concevoir  exiftantes  ,  s'il  n'exifte  en  même- 
rems  une  fubllance  qu'elles  qualifient ,  dans  laquelle  & 
par  laquelle  elles  fubfiftent,  qui  en  un  mot  leur  fer: 
à'un  appui  aufTi  intime  que  néceffaire. 

Ces  modes  ou  qualités  peuvent  être  préfentées  à  ïcC  || 
prit  de  deux  manières  ,  ou  par  un  mot  qui  exprime  ' 
lïioins  la  qualité  ^  que;  la  fubflance  revêtue  de  cette  qua- 
lité ,  ce  qui  fait  VadjeHify  ou  par  un  mot  qui  n'expri- , 
me  que  cette  qualité  confidérée  en  elle-même,  &  indé- 
pendamment de  l'objet  qu'elle  peut  qualifier  ou  qu'eik 
qualifie  réellement ,   ce  qui  fait  nos  jubjlantifs  généri-' 
qaes  de  la  féconde  claflb.  Cette  dernière  exprefîion  ,  1 
nous  l'appelions  mode  ,  telles  font  les  cxpreffions,  cou- 
leur ,fgure  ,  bonté-,  l'autre  nous  l'appellerions  modifica- 
-rtif  y  tels  font  les  mots  coloré ,  fig^^^ y  ^on  ;  mais  il  n'en' 
cft  ici  queftion  que  pour  la  précifîon  des  idées.  | 

Les  adions  ont  leur  principe  dans  le  mouvement',' 
foit  phyfique  ou  produit  fur  les  corps  ,  foit  intelleélucl 
ou  conçu  par  analogie  dans  les  cœurs  ou  les  efprits. 
Tels  font  les  événcmens  produits  par  les  différens  êtres 
les  uns  à  l'égard  des  autres  :  telle  eft  la  courje  dans  un 
animal  »  pour  le  mouvement  phyfique  ,  &:  pour  le  mou« 
ycmcnt  intellectuel  le  pardon  d'une  injure  dans  une  ame 
géntieufe  ,  &c.  Les  noms  de  cette  dernière  efpecc  font 
dérivés  des  verbes  j  &  rcpréfentent  les  mêmes  idées, 
mais  avec  une  différence  effentiellc  ,  quoique  délicate  8 
faillr  3  différence  qu'il  faut  tâcher  de  rendre  feufiblc  , 


•s  U  B  4or 

pour  empêcher  qu'on  ne  confonde  les  verbes  avec  les 
fubftancifs  de  celte  troifiemc  cfpece. 

Les  verbes  ,  courir  8c  pardonner^  pour  nous  en  tenir 
aux  exemples  cirés ,  expriment  /a  courfe  8c  le  -pardon^ 
:omme  ces  derniers  mots  qui  font  leurs  dérivés,  expri- 
ment l'adion  de  courir  &  à^pardonr^r.  Cependant  quand 
Dn  fc  fert  des  deux  infinitifs  ,  q\\  offre  à  l'efprit  non  . 
feulement  les  idées  de  courfe  ,  &  àç. pardon  ,  mais  celles 
ie  courfe  faite  Se  de  pardon  accordé  j  de  manière  que  la 
:hofe  repréfentée  par  ces  deux  mots  efb  peinte  corn- 
ue étant  mife  en  adion  ,  8c  portant  avec  foi  un  carac- 
ère  confus  mais  réel  d'affirmation. 

Cette  remarque  frappera  bien  davantage  ,  fi  au  lieu 
les  mots  courir  j  pardonner ,  on  dit  ,  je  cours  ,je  coti- 
'ois  y  Szc.  je  pardonne  ,  je  pardonnais  j  &c.  Si  elle  elt 
lîioins  fenfible  ,  étant  appliquée  aux  infinitifs  ,  c'efl:  que 
!:eux-ci  font  très  fouvent  de  purs  fubftantifs  ,  &  peu- 
vent n'être  confidérés  que  comme  tels.  Au  contraire  ,  en 
ne  fervant  des  mots  courfe  8c  pardon  ,  je  n'exprime 
'action  de  courir  8c  de  pardonner ,  que  pour  les  diftin- 
;aer  5  j'en  fais  une  fimple  dénomination  ,  fans  en  pein- 
Ire  ni  afïirmer  l'exiftence  ou  la  non  exiftence  en  aU' 
:une  manière  ni  pour  aucun  tems.  Ainfi  courfe  8c  par^ 
ion  font  des  mots  d'une  efpece  très  diftincle  de  celle 
les  verbes,  courir  8c pardonner ,  quoiqu'ils  en  foient  dé- 
ivés. 

Voilà  trois  différentes  claffes  de  fubftantifs  généri- 
pes  dont  les  premiers  peuvent  prendre  le  nom  d'appel^ 
dtifs  ,  les  féconds  d'aèfiraciifs  ,  &  les  troifiemes  d"ac~ 
'ionnels, 

:  Les  uns  peignent  des  êtres  réels  8c  fubftanciels ,  les 
ippellent  en  quelque  forte  par  des  fons  propres  &  def- 
inés  à  en  faire  connoître  la  nature  &  les  qualités 
îflentielles  ;  tels  font  les  fubftantifs  république ,  ville  » 
nuraille  y  corps  ,  têce  ,  foldat  j  armée  ,  livre  ,  offrande  j, 
ercle  ^phyftque  j  appui  ,  8cc. 

Les  autres  ne  nomment  que  des  modes  ,  des  qualités 
ibftraites  ,  que  l'cfprit  fépare  en  quelqu-e  forte  dans  fa 
îenfée  des  objets  modifiés  &  qualifiés  5  comme  ,  bienfai. 
'ance  ,  figure  j  hardiejfe  ,  mélancolie  ,  témérité  ,  pcfan^ 
'^iir^  6cc. 

Cciij 


'401^  SUR 

Les  dernkrs  ne  nomment  ni  des  êtres  réels,  m  de 
qualités  permanentes  ,  mais  des  aftions  faites  ,  desetter  |, 
produits  ,  des  événemens  palTagers  ;  par  exemple  ,  re-   y^ 
cepthrt  ,  conception  ,  méprife  ,  levure  ,   badmage  ,  couf^^ 
ronnement  y  marche  ,  Sec.       ^  ^.      .  ,       ,  ^      ,  ^ 

une  remarque  efTentielle  a  faire  ici  ,  ceft  au  un  me 
me  mot  peut  être  de  plufieurs  claffes  ,  parcequ'il  pec 
être  employé  dans  plufietfrs  fignifications  j  amfi  e  me 
humeur\  pris  pour  un  corps  phyficiuc  eft  appellatif 
c'^fiun  corps  plein  d'humeurs  ;  d  lut  faudroit  une  bom 
médecine  ■;  &  il  eft  abftradif  pris  dans  un  fens  moral 
pour  défigner  un  caradere  perfonnel.  Il  efl  toujours.. 

belle  humeur.  ^       ,  v    1  r     -r    ,„ 

Jusement^^  adionncl  au  barreau  ,  ou  il  fignifie  ur 
Sentence  rendue  ,  &  appellatif  en  L^S/^^^^  '  ^/^^^i;?; 
me  une  faculté  de  l'efprit.  Figure  ^9i  abftraaif  en  Phy{ 
que  &  en  Mathématique  oii  on  ne  1  emploie  que  po 
exprimer  le  contour  d'un  corps;  &  appellatif  en  feu 
Lire  ;  où  il  exprime  une  furfece  ou  font  imites  lestrai 
&  la  ficttre  de  quelque  animal. 

Dans  les  détails  ,  il  eft  quelquefois  fort  difficile  . 
décider  de  quelle  claiîe  eft  un  fubftantif  ;  la  matière  c 
p.  elle-même  très  métaphyfîque  ,  &  les  refl-emblar 
ces  les  analogies,  ou  les  différences  font  fouventl 
difficiles  à  faifir  ,  qu'on  doit  nous  pardonner  la  lœ 
sueur  de  cette  divifion  &  de  fon  développement. 

Les  fubftantifs  individuels  ,  qui  ne  font  chacun  la  d 
i^omination  que  d'un  feul  être  pris  en  particulier ,  pe 
vent  auffi  fe  divifer  en  trois  ordres  difterents  ;  car^  : 
font  les  noms ,  ou  des  êtres  cxiftants  réellement  on  fu^ 
pofés  exiftants  ;  ou  des  lieux  paiticulicrs  3  ou  enfin  d 
parties  plus  étendues  de  l'univers. 

Les  noms  des  dieux  ,  des  hommes  &  des  animaux  (0 
du  premier  ordre  ,  &  fe  non^xrx<intPerfonnifiques  ,  te 
queV^cr.  Apollon,  Mmerve  Junon^  Pompée,  Si 
pion  Sihic,  Lucrèce  ,  Bucephale  ,  Pega/e  ,  &c.  L 
noms  des  places  ,  des  villes  ,  villages  hameaux  . 
autres  lieux  particuliers  font  du  fécond  ordre  & 
nomment  Topographiques  ,  comme  ForcLouis  ,  lafu 
Choih  8CC.  Les  noms  des  t:ontrees  ,  provinces  état- 
nvieres    montagnes  ôc  des  vents  ,  (ont  du  troifijme- 


s  U  B  4of 

ernler  ordre  ,  8c  Ce.  nomment  Chorographlques  ;  tds 
3nt  Us  Gaules  y  la  Champagne  ,  la  France  ,  la  Suijfe ,  la 
hin  ,  U  Parnajfe  ,  le  Midi ,  &c. 

Toutes  les  diftinélions  que  nous  venons  de  faire  ,  ne 
Dnt  tirées  que  des  différences  qui  fe  trouvent  entre  les 
bjets  que  repréfentent  les  fubftantifs  ;  il  faut  a£buelle- 
lent  les  confidérer  comme  yô;:^  ,  Se  nous  y  trouverons- 
•autres  claffes  à  faire  ,  qui  appliquées  fucceiîivement  à 
hacune  de  celles  que  nous  venons  d'alTigner,  nous  dou- 
eront les  règles  que  nous  cherchons. 

Ici  nous  ne  conlidérons  les  fubftantifs  que  relative- 
nent  à  leur  terminaifon.  La  première  remarque  qui  fe 
)rércnte  ,  c'eft  que  ces  terminaifons  font  ma/culines  ou 
^éminines  ,  c'eft-à  dire  ,  font  formées  par  le  fon  de  toute 
lutre  voyelle  que  celui  de  l'e  muet ,  ou  par  le  fon  de  l'e 
nuet^foit  qu'il  y  ait  après  quelques  confonnes,  ou  qu'il 
l'y  en  ait  point. 

Le  fon  final  de  la  terminaifon  mafculine  ,  peut  être 
formé  par  une  des  voyelles  fimples  a  ^  é  y  i ,  o  ^  u  j  y  ; 
ou  bien  par  l'une  des  diphtongues^/  ,  au  \,  ei ,  eu  y  oi\. 
ou  ;  ou  enfin  par  la  jondlion  de  l'une  des  confonnes  m  , 
n  ,  avec  l'une  des  voyelles  ou  diphtongues ,  ce  qui  pro- 
duit les  fyllabes  nazales  an  ^  en  ^  in  ^  on  ^  un  ^  ain  ,  ein  j^ 
oin  j  am  ,  em  j,  im  ,  om ,  um ,  &c. 

D'après  cela:,  nous  pouvons  enfin  en  venir  aux  règles^ 
Commençons  par  celles  des  genres. 

Genres    DES    S  u  b  s  t  a  n  t  i  f  s^^ 

Première  Règle, 

Les  fubftantifs  génériques  qui  font  de  terminaiTo» 
mafculine  ,  aifedent  le  genre  mafculin  ,  excepté  ceux 
terminés  en  té  Se  tié  ,  parmi  ceux  qui  fîniffent  par  le  fon 
d'une  voyelle  fimple  j  ceux  en  eur  parmi  ceux  dont  la 
terminaifon  fe  fait  par  diphtongue;  &  ceux  en  on  précé-! 
dé  de  l'une  des  fyllabes ,  ci  y  gi ,  ni  ^  fi  y,  ti ,  ou  de  la 
confonne  s  prononcée  comme  le  ^  ,  parmi  ceux  qui  fînif- 
fent par  une  terminaifon  nazalc.  Nous  examinerons  ces 
trois  cas  particuliers  ,  après  que  nous  aurons  parcouru 
toutes  les  autres  terminaifons  mafçuJiiKî;-  ■ 

Cciv 


^04  S  U  B 

Exemples  pour  les  noms  génériques  termines,  par  des 
•voyelles  [impies. 


Opéra  y  almanach  ,  hafard  ,  art ,  rempart  ,  trépas  j| 
éclat ,  contrat 3  &c.  il  n'y  a  point  d'exceptions. 

£. 

Caffé ,  thé  ,  ^^c ,  miel ,  enfer ,  p/^ff ,  accès ,  fi  jet ,  por- 
tier^  &c. 

C/^':»  &  merCont  exceptés. 


^mi  j  foucis  ,  foupir ,  ^^^i/  ,  ûVzV  ,  <?^rir  ,  //",  y?/V  ,  &C 
Fourmi  ^  nuit  yfiuris  ,  brebis  font  exceptés, 

O. 

^4/0*  ,  roc  ,  ûèorcf ,  repos  ,  complot ,  rorf  j  /'cr^  ,  &c. 
Dc*^  &  mort  font  exceptés, 

t/. 

Suc  ^  jus  y  tuf ,  falut  y  luth  ^fétu ,  ^c.\\  n'y  a  ici  que 
#^rrw  d'excepté. 

Les  noms  génériques  terminés  en  té  &  tié  font  du 
genre  féminin  ,  comme  amirauté  ^  vanité  ^fociété ,  ami- 
tié y  moitié^  pitié  ,  &c.  exceptés  côté  y  été  ^  Se  pâté  ^  qui 
font  mafculins. 

Exemples  pour  les  noms  génériques  terminés  par  des 

diphtongues, 

AL 

Geai  ,  dais ,  fouhait ,  mail ,  plaid  ,  &c.  font  mafcu^ 
lins. 

Chair  Se  paix  font  exceptés. 

AU. 
'Agneau,  tonneau ,  défaut,  faut  ^  &c,  font  mafculins. 


s  U  B  405 

Eau ,  peau  ,  &  /aulx  font  exceptés. 

£1. 

Réveil ,  appareil ,  confeil^  orteil ,  foleil  ^  Sec.  8c  tous 
es  autres  font  ixiafculins  fans  exceptions. 

EU. 

Feu ^  lieu  ^  œuf ,  vœux ^  deuil,  tilleul,  recueil,  &:c. 
ont  tous  mafculins  &  les  autres  femblables,  fans  excep- 
ions. 

01. 

Effroi  ,  toit ,  poil ,  karnois  ^  miroir,  &c.  font  mafcu- 
jns. 
Loi  ,  foif ,  croix  ^  poix  ,  fois  ,  foi  »  exceptés. 

OU, 

Filou  y  bourg ,  jour  y  loup  ,  tour  ,,  &c.  font  mafculins. 
Les  exceptés  font  cour  ^  tour  (  bâtiment)  ,  &  amours  au 
luriel ,  quand  il  eft  pris  pour  la  pafTionou  pour  l'objet 
limé  ,  comme  ,  il  n'efi  point  de  laides  amours  ,  c*eft-à- 
iire,  de  maîtreiTcs  qui  ne  paroifTent  belles.  On  ne  voit 
ivlus  d'éternelles  amours  ^  de  paillons  qui  foient  toujours 
:onftantes.  Mais  ce  même  fubftantif  refte  mafculin  au 
pluriel ,  quand  il  lignifie  les  grâces  qu'on  perfonnifîe  , 
Se  ces  petites  figures  qui  fervent  d'emblèmes  dans  la 
peinture.  Les  amours  rians  &  légers  font  des  tyrans  dan- 
gereux. Au  fîngulier  il  eft  toujours  mafculin,  quoique 
;nos  vieux  Poètes  l'aient  également  fait  féminin. 
J  Les  noms  génériques  en  eur  font  ou  appellatifs ,  ou 
abftradifs.  Les  premiers  font  mafculins  ,  comme  cœur^ 
voleur  y  pleurs  ,  auteur ,  rêveur,  &c.  Fleur  ^  fœur,  vapeur, 
fueur,  humeur,  font  les  feuls  exceptés. 

Les  féconds  font  féminins  j  comme  couleur  ,  pudeur , 
valeur,  odeur  y  mœurs  ,  lueur,  frayeur ,  &c.  pomt  d'ex- 
ceptions. 

Exemples  pour  les  noms  génériques  terminés  par  des 
fyllabes  na:^ales. 

Champ  ,  écran  j  maimim  ^  mçmm  ,  chemin  ^  yln  ^ 


405  S  U  B 

plomh  ,  maçon  ,  alun  ,  bain  ,  levain  ,  c/dim  ,  fein  ,  r^/'/îf  jj 
befoin  ,  pourpoint ,  co//2^  ,  poiw^  ^  &c.  font  mafculins. 
Maman  ^  dent  /jument  ^  fin  ,  boijfon  ,  chanfon  ,  cuijfonj^ 
moijfon  y  leçon  ,  façon  ,  /aim  &  ;;2^//i ,  font  ici  les  feuls 
^Lii  foient  du  genre  féminin. 

le  mot  gens  eft  toujours  mafculin',  lorfqu'il  n'a 
point  d'adjedifs  avec  lui ,  ou  qu'il  les  précède.  Les  gens 
qui  paroijfent  les  plus  T^/lcs  ,  ne  font  pas  toujours  les  plus 
conflans.  Ce  font  des  pens  prudens  y  mais  durs  &  dangC' 
reux  j  &c.  Mais  fî  Tadjeclif  eil:  devant  ce  fiibftantif , 
alors  celui-ci  devient  féminin  :  bonnes  gens  \fottes  gens\ 
'vilaines  gens  ,  petites  gens.  Au  refle  le  droit  de  fe  féiiii. 
nifer  ne  s'étend  pas  plus  loin  ;  car  fi  cette  exprcfîion  fé- 
minine  fe  trouve  liée  dans  le  difcours  à  quelques  pr^, 
noms  ou  adjectifs  qui  viennent  après  ;  alors  ceux-ci  yqC- 
tent  mafculins  ,  ncnobftant  les  règles  de  concordance. 
Je  n'ambitionne  le  fort  ni  des  bonnes  gens  ,  ni  des  mau- 
vaifes  gens  y  parccquils  font  également  expofés  y  les  pre^ 
miers  a  fe  voir  fripponnés  ,  6*  ceux-ci  a  être  des  frippons, 
■  Les  fubftantifs  génériques  ,  dont  la  terminaifon  cft  ea 
on ,  &  précédée  de  ci  ,  gi  ^ni  ^fi  ,  ti ,  ou  de  s  adouci , 
font  féminins  ,  comme  légion  y  fufpicion  y  uni  on  ^  paffîon , 
dimenfion  ,  action  ,  caution ,  combuftion  ,  raifon  ,  prifon , 
illufion  y  occafion  ,  faifon  ^  &c.  Bajlion  ,  blafon ,  frifon  , 
oifon ,  poifon  y  &  tifon  font  les  feuls  mafculins. 

Les  autres  fubftantifs  génériqqes  ont  la  terminaifon 
féminine,  &  demandent  encore  quelques  préliminaires, 
avant  qu'on  puiife  en  donner  les  règles. 

Nous  ne  confiderons  point  ici  les  confonnes  qui  peu- 
vent fe  trouver  après  Ve  muet,  qui  conflitue  la  termi- 
naifon féminine.  Mais  cet  e  muet  peut  avoir  immédiate»^ 
ment  devant  lui  grand  nombre  de  dilïcrens  fons  qui. 
joints  aux  confonnes  qui  fe  trouvent  entr'eux  &  \'e 
muet ,  produifent  toutes  les  diverfités  que  l'on  peut  rc;^ 
marquer  entre  les  tcrminaifons  féminines  ,  &  en  confti-, 
tuent  les  efpeces. 

Si  Ve  muet  ell  immédiatement  précédé  d'une  voyelle^ 
ou  diphtongue  fans  aucune  confonne  intermédiaire  ,' 
alors  vous  aurez  la  terminaifon  féminine  qu'on  appelle 
terminaifon  pure  :  tels  font  corvée  ,  folie  ,  bévue  ,  joie  , 
roue  j  &c.  Si  la  dernière  fyUabe  eft  formée  par  l'articu- 


's  U  ft  4ài^ 

ation  (î'une  feule  confonne   avec  Ve  irmet;  de  forte" 
qu'entre  cet  e  muet  final  &  la  voyelle  ou  diphtongue' 
jrécédenre  il  n'y  ait  qu'une  confonne  ,  comme  dans  Pà^ 
Pf,  Rotne^  tête,  &c;  ou  s'il  y  a  plufieursconfomie?,  qu'il 
n'y  ait  que  la  dernière  qui  porte  fur  Ve  muet  ,  foit  que 
l'autre  ne  fe  fafTe  pas  fcnrir  comme  âzns  flamme  ,  fem^ 
me  :,  ville  ,  &c  ,  foit  qu'elle  n'appuie  que  fur  la  fyllabc 
précédente  ^  comme  dans  écharpe  ,  caverne  ,   rifque^' 
bourfe  ,  &c  ;  alors  c'efl:  ce  qu'on  nomme  terminaifonarti*- 
culée. 

Remarquez  que  1'^  qui  fe  trouve  fouvent  entre  q  oa  i 
f:  &  Ve  muet ,  ne  rend  pas  la  terminai  Ton  pure  ,  quand 
il  ne  fait  pas  un  fon  féparé  de  celui  de  Ve  final ,  &  qu'il 
ne  fert  qu'à  donner  au  q  ou  au  g  une  prononciation 
forte  5  commue  dans  les  mots  parque  ,  bague  ^  ma/que  , 
digue  y  &t.  tous  ces  mots  &  leurs  femblables  appartien- 
nent à  la  terminai  fon  articulée. 

,  Si  devant  l'arricnhition  finale  il  y  a  deux  confonnes  ,  - 
Se  qu'elles  portent  fur  Ve  muet  ;  alors  vous  aurez  deux  ' 
nouvelles  fortes  de  terminaifons  féminines  j  VmiQ grajfe^ 
quand  ces  deux  confonnes  font  un  c  fuivi  d'un  A  ,  ou  un 
g  devant  un  ;z  ,  ou  deux  //  mouilles  ;  comme  hache  , 
hémifliche  ,  montagne  ,  cigogne  ,  caille  ,  fille  ,  merveille  , 
&c  5  -l'autre  .intermédiaire ,  quand  ces  deux  confonnes 
font/,  ou  r  placé  après  l'une  des  huit  fuiYantes  ,  b\^. 
^  •>  '^  i  f  ■>  ë  ■>  P  ■i  ^  ■>  "^  •>  comme  dans  fable  ,  bufie  ,  an-r 
gle  ,  peuple  ;,  fabre  ^  diacre  ^  foufre  ,  vinaigre  ,  pourpre  ^ 
plâtre  ^fièvre  ,  &c. 

Voilà  donc  quatre  efpcces  générales  de  terminaifons 
féminines  ,  la  pure,  l'articulée  ,  la  grajfe  &  l'interme^ 
diaire ,  d'où  il  faut  tirer  les  règles  des  genres  des  fub- 
-ftantifs  génériques  qui  fîniffent  par  une  iyllabe  muette. 

Seconde  Règle. 

La  tcrminaifon  féminine  pure  indique  toujours  le 
genre  féminin  ,  comme  allée  ,  année  j  fée  ,  marée  ,  anar- 
chie ,  toupie  ,  héréfie  ,  partie  ^  cohue  ^  laitue  ^  haie ,  pai&i^ 
courroie  ,  roue  ,  &c. 

II  n'y  a  d'exceptés  que  colUféc  ^  apogée  ,  périgée  ,  pigr 
mée  ,  maufolée  ^  incendie.  Ou  ne  doit  pas  oublier  qu'il 


4oS  sud 

ne  s*agit  encore  ici  que  des  fubftantifs  génériques  : 
voilà  pourquoi  dans  l'exception  nous  ne  citons  poini 
Vrothée  ,  Frométhée  ,  &c.  qui  font  des  noms  indivi- 
duels. 

Troîfitme  Règle, 


Dans  la  terminaifon  articulée  ,  les  fubftantifs  peu- 
yent  finir  par  dix-huit  fyllabes  différentes  ,  dont  douze 
afFedent  généralement  le  féminin  ;  les  fix  autres  fe  par-  é 
tagent  également  entre  les  deux  genres  ,  &  demandeni 
pour  être  éclaircies  quelques  remarques  que  nous  ferons, 
après  avoir  indiqué  &:  parcouru  les  douze  premières  , 
qui  font  be  a  de  ,  f^  ^  gue  ,  le  ^  ne  ,  pe ,   que  ,  ve  ^  xe^ 


Exemples  pour  les  noms  terminés,  en  be. 

Syllabe  ,  barbe  ,  jambe  ,  gerbe  ,  limbes  ,  bribe  y  robe  ^ 
iombe  ,  bourbe  ,  &c.  Il  y  a  ici  exception  pour  aftrolabe  , 
monofyllabe  ,  fcribe  ,  lobe  ,  catacombes  ,  globe  ^  lombes  , 
rombe  ,  &  barbe  cheval ,  qui  font  mafculins. 

Exemples  pour  de. 

"^ Aubade  ,  amhajjade  y  kardes ,  moutarde ,  glande  y  aide, 
hride  y  ode  ,  mode  y  corde  ,  onde  ,  période  dans  le  dif- 
cours,  &c. 

Les  exceptés  font  camarade  ,  péricarde  ,  code  ,  épifo^ 
de  y  exorde  ,  coude ,  monde  ,  prélude  ,  Garde  du  Roi ,  & 
période  de  tcms. 

TE. 

'Agrafe  ,  carafe  y  co'èjfe  ,  grife ,  étoffe  ,  &c.  il  n'y  a 
point  ici  d'exceptions. 

GUE. 

"Bague  >  langue ,  /or^/^  ^  intrigue  ,  morgue  ,  églogue  , 
or^i/e  y  fougue  ,  &c. 

Les  fculs  collègue  ,  tfo^:^^  ,  catalogue ,  monologue  ,  -<^ 
trçlogue  font  mafculins. 


s  U  B  t^oy 

LE. 

Lubdîe  ,  malle  ,  hydrocele  ,  pucelle  ,  plie  ,  id'ilU  ,  ico^ 
j  houjfolc  y  mule  ^  huile  ,  épaule  ,  mo'élU  ,  toile  y  voiU 
i  navire  ;,  po'éle  à  fricaiTer  ,  &c. 
i?^//£  ,  modèle  ,  cAy/f  ,  Concile  ,  protocole  ,  ;:o/£  ,  ro/^^ 
j-'zrrd/e  ,  md/e  de  maçonnerie  ,  préambule ,  vcjlibule  3, 
rupule ,  ^tzz"/^  :,  corpufcule  ,  crépujcule  ,  /r^z/z/f  ,  yîzi//e  ^ 
oii/c  ,  chambranle  ,  voi/s  à  couvrir ,  &:  £o^7e  fourneau 
)nt  mafculins. 

NE. 

Cahanne  ,  rj;z;zf  ,  carne  ,  marne  ,  aubaine  ^  fcê ne  ,fre^ 
dir.e  ,  lanterne  ,  futaine  ,  veine  ,  caverne  ,  vermine  ^ 
némone  y  none  ,  perfonne  ,  aveine ,  bétoine  y  marne ,  ra- 

!>?£  ,  &c. 

Les  mafculins  ici  font  âne  ,  dôdâne ,  cr^/z^  ,  organe  , 
frz^  ,  faune  y  cône  y  prône  ,  rrd;z£ ,  Moine  ,  Chanoine  ,  û«- 
' moine  y  &  patrimoine. 

Le  mot  perfonne  confidéré ,  non  comme  pronom  ,  mai^3 
omme  fubftantif ,  eft  toujours  féminin  :  ce  n'eft  que 
ans  la  vivacité  de  la  converfation  où  une  phrafe  a  fou- 
ent  moins  de  rapport  à  ce  qui  a  été  dit ,  qu'à  une  idée 
mplement  entendue  &  non  exprimée  ,  qu'on  peut  par- 
onner  non  pas  de  faire  mafculin  ce  fubftantif /^er/â/z/zr, 
lais  de  n'y  plus  faire  attention  dans  la  fuite  du  dif- 
ours  ,  &  de  mettre  au  mafculin  les  pronoms  qui  le 
élÎ2;nent ,  comme  fi  on  s'ctoit  fervi  du  fubftantif  Aom- 
ie. 

Cape ,  carpe  ,  rampe  ,  guêpe  ,  ferpe  ,  pipe  ,  mpe  ,  tau-^ 
t ,  trompe  y  loupe  ,  croupe ,  troupe ,  foupe  y  hupe  yguim" 
e.  Sec. 

Pape  y  Anti-Pape  y  agapes  ,  jafpe  y  type  ,  prototype  , 
olype  y  microfcope  ,  télefcope  y  grouppe  ,  carpe  ,  partie 
e  la  main ,  font  les  feuls  mafculins» 

QUE. 

Baraqu€  ,  cafaque  ,  barque  y  marque  y  parque  ,  han^ 


que  ^  hypothèque  ,  colique  ,  boutique  j  brique  »  rifque  j  r^. 
iiiçi^^  ,  co^we  j  époque  ,  n^/çf/f  _,  perruque  ^  bec. 

Les  exceptés  fonc  cloaque  y  Monarque  ,  exarque, ,  f /- 
trarque  ,  cafque  ,  mafque  ,  Evéque  ^  Archevêque  ^  cif* 
que  ,  i/f/^j^e  ^  panégyrique  ,  colloque  &  foliloque, 

SE. 

Bû/c  ,  r^/e ,  cûj^  ,  f^j(7ê ,  CfZi]//^ ,  rA^//? ,  caufe  ,  c/z^a/ 
y^j  j  danfe  y  panfe  y  carejfe  y  herfe  ,  chemife  ,  ro[e  ^  roj^ 
;zo/yê  3  époufe  ^fecoujfe  ,  bourfc  ,  moujfe,  rnufe  ^  rufe  y  dé- 
perife  ,  ojfe/z/ê  ,  &c. 

/^^yê  y  tarje  ,  &  moujfe  de  navire  ,  font  ici  les  troi 
feuls  mafculins. 

Le  mot  chofe  eft  eirenticllement  fcminin  ;  mais  il  de 
vient  mafculin  par  la  compagnie  de  ïàà]z€ii'i  quelque 
loiTqu'ils  font  unis  de  manière  à  ne  former  plus  eniem 
ble  que  comme  un  feul  terme.  C'efi  quelque  chofe  de  fur 
prenant  que  la  confiance  des  petits  Maîtres.  Ce  que  vou 
demande:^ ,  ejl  un  quelque  chofe  que  je  me  garderai  bien  à 
vous. dire., 

VE. 

Cave  ,  rave,  fève,  fève  ,  verve  ,  lejfive  y  rive  ,  foUve 
alcôve  y  guimauve  ,  cuve  ,  preuve  ,  louvre  y  &c. 

Conclave  y  fleuve  ^  rêve  ,  éléy.e ,  convive  ^  font  maf;;!!- 
lins. 

:XE. 

Taxe  ,Jyntaxe  ,  parallaxe ,  annexe ,  &c. 

Les  mafculins  font  axe ,  Jexe  ^  équinoxe ,  Se  luxe 


Gat^e  ,  topaie  ,  bifi  y  Sec. 
Bon:^e ,  Se  broH:^e  font  exceptés. 

Les  fîx  autres  terminaifons  articulées  que  nous  avon 
-dit  varier  davantage  font  ce  y  ge  ,  me  yre,  te  ,  phe.  Pou 
y  trouver  quelque  chofe  de  plus  fixe  ,  il  faut  rccouri 
aux  fons  qui  précèdent. 

i^.  Les  fubftantifs  génériques  qui  fînillcnt  par  ce 
font  mafculins  ,  étant  précédés  de  la  voyclk  i  ,  ii.  féiui 
nias  dans  les  autres  occalloiis- 


s  U  B  411 

"Exemples  pour  le  premier  cas  :  calUt  ^  hénêfice  ^  in^ 
'ïce  j  o^ce  ,  vice. ,  orifice. ,  facrifiçe ,  Jupplice  y  caprice  , 
ervice ,  &c. 
L/ce  ,  malice  ,  milice  ,  immondices  font  féminins. 
Exemples  pour  les  auties  occafions  :  beface  ,  race  , 
arce  ,  ^_/^f  ce  ,  noce  ,  puce ,  fource  ,  vengeance  ,  confiance  ^ 
égcnce  j  o/2ce  ,  ro/zce  ,  pince  ,  Sec. 

Efpace  ,  commerce  ,  Prince  ,  Nonce  6c  pouce  fontmaf- 
uinis. 

i".  Ceux  en^e  Tont  toujours  du  genre  mafculin  ,  ex- 
epté  lorfque  leur  nazale  a  devant  elle  un  Ton  nazal. 

Exemples  pour  le  premier  cas  :  âge  ,  bocage  ^  cordage  ^ 
lliage ,  hommage  ,  ravage  ,  héritage  ,  collège  ,  privilège  , 
'Vi7t^ ,  manège  y  cierge^  jiege  ,  cortège  ,  vertige ,  prodige  ^ 
ne  no  loge  ,  ^o^e  ,  o/g'e  ,  bouge  ,  ôcc. 

Les  exceptés  font  :  /j/^^e  ,  c^z^e  ,  rû^'e  ,  /^^ja^  de  livre  , 
^^rc'e ,  charge ,  ûw^^e  ,  auberge  ,  7^/"^^  ,  ver^e  ,  /^i^^e ,  we:- 
'c  ,  rig^e  ,  /o^e  j  horloge  ,  gor^e  j  /<^^^^  Se  couige. 

Exemples  pour  le  fécond  cas  :  fange  ^  frange  ,  vendan- 
'c  ,  grange ,  louange ,  vuidange ,  losange  ^  /on^^^  ,  &c. 

Les  mafculins  font,  Ange.,  Archange  ^  change^  lan~ 
'es ,  mélange  ,  /i/z^e  ifonge  ,  menfonge  ^  &  échange. 

3°.  La  confonne^  indique  le  genre  mafculm  ,  lorf- 
ju'elle  fe  trouve  avant  les  finales  ;72e  &  fe.  Car  (î  cette 
crrre  s'y  trouve  pour  la  régularité  de  l'orthographe  , 
^-  qu'elle  y  foit  d'ailleurs  oifeufe  quant  à  la  pronon- 
iarion  ,  elle  ne  peut  fervir  à  la  connoiflance  du  genre, 
vlais  comme  aujourd'hui  la  pratique  la  plus  commune 
:ft  de  retrancher  ces  s  inutiles  ,  tous  les  fubRantifs  oii 
is  fe  trouvent  tels  ,  doivent  être  confidérés  comme 
i  ils  n'y  étoient  point.  Dans  cette  hypothèfe  ^  la  finale. 
^le  fe  partage  également  entre  le  m-af:ulia  &  le  fémi- 
lin.  Ainfi  pour  connoître  le  genre  ^  il  faut  alors  re- 
ourir  au  Didionnaire  &  à  rufagc.  Pour  la  finale  te  ^ 
;lle  elt  encore  une  marque  du  matcuiin  ,  quand  au  \iQ.\x 
le  s  ,  elle  a  avant  foi  une  des  lettres  c  ,  ;k:,  i -y  mais 
lors  de  ces  cas  ,  elle  fe  tourne  totalement  du  côté  da 
;enre  féminin. 

Exemples  pour  WE  ,  précédé  d'un  s  prononce. 

Enthoujiafme  ^  cataplafme  ^  afikme  jpléonafme  ^  if^hwe. 


4ii  S  U  B 

fchifme  ,  foïkijme  ,  gallicifme ,  fopkifme ,  &c.  îl  n'y  î 
point  ici  d'exceptions. 

EexmpUs  pour  te  précédé  de  l'une  de  ces  quatre  lettres  : 
s  ,   c,   X,   I. 

Fa(le  y  gefle  ,  purifie  ,  périojle  ^  pofle  qu'on  occupe 
?7i//?£  j  ûc?^  ,  prétexte  ,  ^/rs  ,  mérite  ,  //vire  ,  parë/ite 
ôcc. 

Les  féminins  font  pf/?^  ,  t'£/?e  ,  lifte  ,  ;?i/?g  ,  pojfJ 
qu'on  court ,  ripofte  j  épacîe  ,  colUcie  ,  yêc?^  ^  e/ire  ,  ^z<^ 
r/re ,  &  /?tVr€. 

Exemples  pour  tz  non  précédé  des  lettres  mentionnées. 

Datte  j  ^z^rre  ,  ^ere  ,  fornette  ,  /j^rre ,  ^orre  ,  hotte  . 
hrute  ,  chute  ,  rr^zre  ,  mewre  ,  croûte  j  fourre  ,  plante  ,  pin- 
?€ ,  crainte  ,  patentes  ,  Ao/i/d ,  po^^f  de  poule  ,  &c. 

Les  mafculins  font  Cornette  {  Officier  )  ,  TrompetU 
(  celui  qui  en  fonne),  hôte  ^  ponte  (joueur)  &  Proti 
d'imprimerie. 

Exemples  pour  me  non  précédé  de  s  ou  en  ayant  un  qui 
ne  fe  prononce  pas. 

Mafculins;  blâme ,  charme  ,  Carme  ,  Vidame  ^  vacaf*' 
me  ,  programmes  ,  problême  ,  carême  ,  chrême ,  terme , 
xibîmc ,  cr/;;:^ ,  régime  ,  anonyme  ,  ay.me ,  (f ome  ,  diplô- 
me ,  ûrdme  ,  rhume  ,  légume  ,  baume  ,  &c.  Féminins  î 
ftamme ,  oriflamme  ,  dame  ^  femme  ,  larme  ^  allarme ,  //>/• 
gramme  ,  emblème ,  crème  j  /erme ,  d^/me  ,  r/;72e  ,  énigme , 
eftime  ,  maxime  ,  gomme  ,  pomme  ,  forme  ,  coutume  ^ 
plume  ,  écume  ^  chiourme ,  gourme  ,  &  Jomme  argent. 

4°.  Les  fubftântifs  qui  liniflent  ^aï  phe  ,  font  /I  bien 
parcages  entre  les  deux  genres  ,  qu'on  ne  peut  rien  ft.i- 
ruer  à  leur  égard  :  nous  allons  feulement  donner  quel- 
ques exemples. 

Exemples  mafculins  '.paraphe.  Géographe  ,  Hiftorio- 
graphe  ,  paranymphe ,  triomphe ,  Philojoplie  y  &c. 

Exemples  féminins  :  orthographe  ,  épitaphe  ,  nymphe  , 
triomphe  (  au  jeu  ) ,  &c. 

5".  Les  fubftantifs  terminés  par  la  fyilabc  rf  précédée 

de 


ont 


SU  B  41  j^ 

!c  îa  diphtongue  ai ,  font  marculins  :  fi  cette  finale  eft 
)rcccdée  de  l'un  de  ces  quatre  fons  ,  a,  u ,  ie  ^  ou, 
lors  ils  font  féminins  :  mais  li  c'efl:  l'un  de  ceux-ci 
o  ^  eu  ,  oi  qui  marchent  avant  re  ,  les  fubftantifs 
partie  mafculins,  partie  féminins  ;  on  ne  peut  faire 
;Iors  aucune  règle. 

Exemples  pour  v.!. précédé  delà  diphtongue  ai. 

Corfaire  ,  maire  ,  corollaire ,  fommaire  y  faciionr.aire  ^ 
"■jpulaire  ,  douaire  ,  reliquaire  ,  légataire  ,  &c. 
Affaire  ,  chaire  ,  grammaire  &  /jû/W  font  féminins. 

Exemples  pour  re  précédé  de  l'un  des  quatre  fons 
A  ,  u  ,  lEj  ou. 

Arres  ,  l^^rre  ,  m^r^  ,  tare  ,  hure  ,  cure  ,  bordure  ^ 
-icidure  ,  tournure  ,  dorure  ,  mo'fure  ,  rupture ,  ^zcrre  j, 
arrière  ,  aiguière  ,  manière  ,  ornière  ,  frontière  ,  bourre  , 
xc. 

Cdtarre  3  f'A jre  j  cim.etiere ,  /ierr^  ,  derrière  ,  augure  $c 
nurmure  font  mafculins. 

Exemples  pour  re  précédé  de  tout  autre  fon  que  des 
cinq  précédens. 

Mafculins  j  /(cr^  ,  /À-^r^  ,  tonnerre  ,  cliftere  ,  minijlere  ; 
araciere  ,  Meffire  ,  Sire  ,  martyre  ,  /7orc  ,  bofphore  , 
n^z/re  ,  ^^r^rre  ,  auditoire  ,  accejfoire  ,  prétoire  ^  confif* 
oire  3  &c. 

Féminins  ;  m^re ,  bergère  ,  ^û/fr,e  ^  yêrre  ,  panthère  , 
:zVe  ,  /yre  ,  mzrr^  ,  û«ror£  ,  pécore  ,  demeure  ^  foire  ^  poire  ^ 
'critoire  »  écumoire  j  bajfmoire  ,  décrotoire  ,  &c. 

Quatrième  Règle, 

La  terminaifon  graffe  que  nous  avons  dit  être  celle 
|ui  finit  par  cAè  ,  ^ne ,  ou  //e  les  deux  //  mouillés,  eft  en- 
:icremenc  du  diftrid  des  noms  féminins  >  comme  on  va 
e  voir  par  les  exemples  &  le  peu  d'exceptions  qu'il 
y  aura  à  faire. 

Tome  IL  D  d 


4t#  S  U  B' 

Exemples  pour  CRE* 

Hache  ,  vache  ,  tache ,  tâche  ,  marche  ,  mèche ,  pêche  f 
ferçhe  ,  biche  ,  affiche  ,  c/oc-^^  .  rocZif  ,  torche  ^  ruche  ^ 
huche  y  mouche  ^  bouche  ,  fourche  ,  anche  ,  manche^ 
&c. 

Les  mafculins  font  ^  Euftache ,  panache  ,  Patriarche  , 
prêche ,  coche  ,  ponche  ,  dimanche  ,  &  manche  d'outil. 

Exemples  pour  gne. 

Campagne  ,  compagne ,  montagne  ,  épargne ,  châtaigne-^, 
ligne  ,  v/^/ze  ,  befogne  ,  doigne  ,  &c. 
Règne  y  peigne  Se /igné  (ont  mafculins. 

Exemples  pour  lle  mouillé. 

Caille  y  médaille  ,  /j^î/Z/^  ,  muraille ,  abeille  ,  omZ''^  ^ 
merveille  ,  ^/7/tf  ,  ///é  ,  famille  ,  charmille  ,  chenille  ^ 
feuille  ,  grenouille  ,  quenouille  ,  patrouille  ,  &c. 
^    CadriUe  &cfpadille  font  feuls  exceptés'. 

Cinquième  Règle, 

Les  deux  lettres  /,  r,  qu'on  nomme  liquides  y  ayan 
par  le  coulant  de  leur  prononciation  la  facilité  de  s'u- 
nir à  quelques  autres  confonnes ,  pour  concourir  en- 
femble  à  raniculation  d'une  feule  fyllabe  :,  conftituent 
la  termmaifon  intermédiaire.  Les  confonnes  qui  peuvent 
ainfi  fe  joindre  à  ces  deux  liquides  ,  font  au  nombre  de 
huit ,  dont  cinq  ,  ^,  e  ^  fy  g  y  p  ,  îi'uniffcnt  également 
avec  les  deux  ,  &  trois  ^  qui  font  dy  r  ,  v^  ne  s'uniffent 
qu'avec  r.  Cela  produit  treize  différentes  combinaifons 
dans  la  terminaifon  intermédiaire  ,  qui  toutes  indiquent 
le  mafculin  >  excepté /r^  ,  qui  affcde  le  féminin. 

Exemples  pour  ble  ,  bre. 

•  Cable  y  rable  y  fable ,  diable  ,  crible  ,  meuble  ,  tremble  , 
'comble  ,  arbre  y  cinabre  ,  marbre  ,  algèbre  ,  opprobre ,  ant' 
bre  t  timbre ,  hombre  y  Sec,  ^ 


s  U  B  41  j 

îl  y  a  exception  ipour  fable  ,  table  \biUe  ,  cible  3  gar^_ 
icnohk ,  ténèbres. ,  fibre  ,  chambre  Ôc  ombre. 

Exemples  pour  cle  6'  cre. 

Cénacle  ,  miracle ,  oracle  ^  fiecle  ,  cercle  ,  cycle  3  cnch  l 
diacre  ,  fiacre  ,  facre  ,  majfacre  yfucre  ,  &:c. 
Débâcle  j  ^0^  J^  ,  nacre  &  ocre  ,  font  féminins. 

Exemples  pour  fle  &  pre. 

Tre/e  ,  buflc  ,  yô/^j?e  ,  //re  ,  gouffre  ,  foufre  »  mufle  , 
&c. 

i^^^c  ,  nefie ,  pantoufle  ,  ^â/re ,  ojjre  ,  &  gaufre  ,  font 
exceptés  &  féminins. 

Exemples  pour  g  le  6*  gre. 

Seglc  ,  efpiegle  ,  j/z^/e  ^  triangle  ^  ongle  ,  vinaigre  , 
rî3ve  ,  o^r^,,  &c.     ^  _ 

i?eo^/f  ifanglt  ,  épingle  ^tringle,  font  exceptés. 

y^i^/e  paioît  toujours  devoir  être  féminin  ,  {1  ce  n'eft 
loiTqu'on  l'emploie  métaphoriquement  pourdéhgner  un 
homme  d'un  génie  (upérieur  ,  en  difant  de  lui  que  c'eft 
un  aigle. 

Exemples  pour  ple  é"  ble. 

Peuple  ,  triple  ^  quadruple  ,  double  ,  centuple  ,  exem^ 
pie  ,  temple  ,  &c. 

Il  n'y  a  ici  d'exxeption  que  pour  le  mot  couple.  Quand 
il  ne  préfente  d'autre  idée  que  celle  du  nombre  ,  alors  il 
prend  le  genre.féminin  : 

J'avalai  une  couple  d'œufs.  Il  tua  une  cotq>le  de  perdrix» 
Je  n'y  vis^quune  couple  de  jolies  femmes. 

Mais  fi  outre  l'idée  du  nombre  ,  ce  mot  ren/erme  un 
rapport  acceflbire  à  quelque  liaifon  entre  les  chofes  ; 
fi ,  par  exemple  ,  il  indique  une  appariation  de  fexe  , 
un  nœud  de  parenté  ^  d'amitié  >  ou  quelque  fcrvice  com- 
mun j  alors  couple  redevient  mafculin.  On  dit  donc  d'un 
mâle  &  d'une  femelle  d'animaux ,  &  même  d'un  garçon 
&  d'une  fille  qui  peuvent  s'unir  ;  voilà  un  beau  couple» 

Ddij 


'On  dit  4e  deux  frères,  de  deux  amis,  &c.  Ce  fut  ud 
4CoupU  heureux  &  charmant. 

On  dit  de  même  de  deux  animaux,  de  deux  chevaux, 
par  exemple ,  qui  font  deftinés  au  même  attelage.  Ce 
couple  paroit  bien  ajforti ,  &c. 

Exemples  pour  la  finale  pre  ,  la  feule  des  intermèi 
diaires  qui  fuive  le  féminin. 


Câpre  ,  lèpre  ,  vêpres  ,  pourpre  ,  &c. 
Pampre  eft  feul  mafculin. 

Exemples  pour  d  r  e  , 

Cadre ,  cèdre  ,  cîdre  ,  ordre  ,  défordre  ,  foudre  ,  cyllit"- 
dre  ,  &c. 

Les  exceptés  font  :  poudre  ,  efcadre  ^  coriandre  ^  ef- 
dandre  ,  &  foudre  que  nous  avons  aufli  marqué  parmi 
les  masculins  :  on  dit:  c'efi  un  foudre  de  guerre  j&c,pren(L 
ta  foudre  ,  Louis.  . , 

Exemples  pour  tre. 

''Alhàtre  ,  théâtre ,  plâtre  y  aflre  ^  défaftre  ,  hre.  Prê- 
tre ,  tertre  ,  nitre  y  titre  y  Chapitre  ,  Miniftre  ,  filtre  j 
Apôtre  y  luftre  ,  maître,  traître ,  antre  ,  cf/zrr^  y  peintre  , 
xloitre  ,  chantre ,  r^rrrf  ,  &c. 

Les  exceptés  &  féminins  font  :  marâtre  ,  i/^rrr^  ,  mar- 
tre ,  fenêtre  ,  /frzre  ,  A;zf!rre ,  //rre  ,  mitre  ,  vi/r^  ,  loutre , 
poutre ,  montre. 

Exemples  pour  vre 

Havre  ,  Z/^vrc  ,  cw/vr^ ,  /oivr.?  ,  chanvre ,  //Vr«  à 
•lire ,  &c. 

Fièvre  ,  chèvre ,  &  /rVr^  poids  ,  font  exceptés. 

Dans  ces  exemples  on  n'a  cherche  à  épuifer  que  ceux 
qui  font  exception  j  pour  les  autres,  on  auroit  craint  de 
furcharger  inutilement  ee  Di<^ionnaire. 

Il  refte  maintenant  à  examiner  les  genres  des  fubftan- 
tîfs  de  la  féconde  clalTc  ,  que  nous  avons  nommés  indi- 
viduels. Si  cette  recherche  parok  longue  ,  nous  prions 


s  U  B  417 

3'obferver  qu'une  (îes  grandes  difficultés  de  la  Langue 
;(l:  de  favoir  de  quel  genre  eft  un  nom  j  &  qu'une  des 
plus  grandes  fources  des  fautes  qu'y  font  les  étrangers  > 
&  même  afTez  fouvent  les  nationaux  ,  c'eft  l'ignorance 
de  ce  point  effentiel'. 

Pour  donner  ici  des  règles,  il  faut  fè  rappel  1er  la 
diftindion  que  nous  avons  faite  des  fubftantifs  indivi- 
duels en  perfonnifiques  ,  topographiques  ,  &  chorographi^. 
Ii^es  3  diftin<ftiQn  que  nous  allons  fuivre. 

Sixième  Règle, 

Lc5  noms  inàïviàvizh  perfonnifiques  (ont  mafculins  on 
féminins  fclon  qu'ils  défignentdes  mâles  ou  des  femel- 
les. La  différence  des  terminaifons  n'eft  ici  d'aucun  ufa- 
gc  ;  &  la  règle  ne  peut  avoir  aucune  exception. 

Plutus  ,  Salomon  ,  Scipion  ,  Brutus  ,  Hercule ,  An^ 
drc  j  Louis  ,  Mahomet ,  Brifau  ,  Raton  ,  &:c.  feront  né- 
celTairement  mafculins  ,  tant  qu'ils  défîgneront  le  même 
objet  :  &  Junon  ,  F  allas  ,  Diane  ,  Magdeleine  ,  Jeanne.^ 
Athalie  ,  Judith  ,  Lifon  ,  Catau  ,  &c.  feront  auffi  tou- 
jours féminins,  tant  qu'ils  feront  au  fervice  des- mêmes 
idées. 

Il  faut  feulement  remarquer  ici ,  comme  nous  l'a- 
vons déjà  inlînué ,  que  quelquefois  un  nom  originaire- 
ment individuel ,  devient  par  la  fuite  commun  à  plu- 
lieurs  êtres  ,  par  exemple,  à  toute  une  famille,  &c.  alors 
il  eft  de  genre  mafculin  ou  féminin ,  félon  l'efpece  de 
l'objet  auquel  on  l'applique. 

Le  mot  D acier  n'aura  d'abord  été  deftiné  qu'à  dénom^- 
mer  un  feul  homme  5  mais  cet  homme  ayant  eu  des  hé- 
ritiers ,  ils  fe  feront  approprié  fon  nom  j  fur  quoi  l'e 
genre  de  ce  fubftantif  fera  devenu  douteux,  &  Ton  aura 
dû  dire  félon  les  occafions  j  le.  Savant  Dàcier  ,  en  par  - 
lant  d'un  de  ces  héritiers  mâle  ;  ou  la  Savante  Daciér  ^ 
en  parlant  d'une  femme  appartenante  à  la  même  fa- 
mille. 

Septième  Règle. 

I".  Quant  aux  noms  topographiques  ,  on  peut  établie 
pour  règle  générale  que  tous  ceux  qui  orrt  la  terminafc^ 

Ddiij 


4i8  S  U  B 

fon  mafculine,  font  du  genre  mafeulin  ;  comme,  Pa'» 
ris  ,  Pau  ,  D^/o/z ,  Nancy  ,  &c.  On  dit  :  Jérufalem  a  été 
détruit  ;  &  la  Sainte  Jérujûlem.  On  de  voit  dire  aufli  ; 
JsFancy  efi  devenu  une  très  belle  ville  y  &  Nancy  la  Suinte, 
&c.  D'où  peuvent  naître  ces  variations  ?  Faut- il  ren- 
voyer aux  caprices  de  l'ufage  tout  ce  dont  on  ne  décou- 
vre pas  d'abord  les  raifons  ?  N'y  auroir-il  pas  dans  ces 
exemples  &  leurs  femblables  ,  différentes  figures  de 
conftrudion  qui  produiroient  \zs  différences  gramma- 
ticales ?  Ne  peut-on  pas  dire  que  dans  ces  phrafes  :  //- 
rufalem  a  èt&  détruit  ,  hancy  a  été  bâti  a  neuf  ;  leSil 
participes  font  au  mafculin  félon  la  régie  générale  ,  & 
par  ce  que  leurs  fubilani-ifs  Jérufalem  &  Nancy  font  eux- 
mêmes  du  même  genre  ?  mais  que  dans  ces  deux  autres  ; 
la  Sainte  Jérufalem  ,  Nancy  la  Sainte  ,  il  y  a  une  ellipfe 
du  nom  ville  auquel  fc  rapporte  l'adjeftif  la  Sainte  f^ 
qu'on  veut  dire ,  la  Sainte  ville  de  Jérufalem  ,  Nancy  leà 
-ville  Sainte  ;  &  qu'ainfi  les  fubftantifs  con fervent  tou- 
jours le  même  genre  ?  Mais  alors  quels  fout  les  occa- 
iîons  où  ce  mot  ville  fera  fous  entendu  ,  &  où  \qs  ad- 
jectifs feront  féminins  ?  Nous  voilà  retombés  dans  la 
jiécefïité  que  nous  voulions  éviter  ;  la  nécefllté  de  ren- 
voyer à  l'ufage  ceux  qui  par  eux-mêmes  ne  pourront 
difcerner  les  c?s  où  il  y  a  ellipfe;  à  moins  que  nous 
ne  difîons  que  la  différence  des  deux  conflrudiions  eft' 
rendue  fenfible  par  l'article  la  qui  y  cil  ajouté  ,  ce  qui 
ne  pourroit  encore  être  applicable  qu'aux  noms  de  ter- 
ininaifon  mafculine  ,  comme  nous  allons  le  voir. 

i'.  Les  noms  ropograpbiques  qui  font  de  terminaifon 
féminine  ,  fouffrent  de  plus  grandes  difficultés.  Le  plus 
grand  nombre  cependant  eft  mafculin  ;  on  peut  même 
en  faire  la  régie  générale  :  mais  les  exceptions  ne  feront 
pas  aifées  à  affigner.  Tout  ce  qu'on  peut  dire  ,  c'eft  que 
les  noms  de  cette  efpcce  qui  font  du  féminin  ,  l'annonr- 
cent  allez  par-tout  où  ils  fe  trouvent ,  puifque  l'article 
la  marche  ordinairement  devant  eux.  C'eft  ainfi  qu'on 
dit  :  la  Rochelle  ^  la  Ferté ,  la  Villette  ^  &:c.  Malgré  cela 
les  doutes  tenaillent  :  on  dit  bien ,  tout  Rome  a  vu  ;  mais 
ne  femble-t-il  pas  qu'il  faille  dire  ;  Rome  fut  prife  d'af 
faut ,  &  non  pas  ,  fut  pris  y  ou  bien  ne  peut-on  pas  dire 
l'un  autant  que  l'autre  i  nous  répondiions  biçn  <iue  tous 


SUB  419 

es  deux  peuvent  fe  dire  ,  quoique  Rome  (bit  toujours 
lu  mafculin  ;  nous  expliquerions  la  première  phrafe 
3ar  le  moyen  d'une  ellipfe  qui  nous  viendroic  encore  au 
.erours  ;  Rome  fut  ville  prife  d'ajfaut  ;  nous  ajouterions 
pour  facisfaire  ceux  aux  yeux  de  qui  prife  eft  la  plus 
!xa6l  que  pris  ,  que  des  deux  phrafcs  Rome  fut  prife ,  & 
Rome  fut  pris  d'ajfaut  j  l'uTage  aura  infenfîblemcnt  plus 
:mployé  la  première  que  la  féconde ,  quoiqu'originai- 
ment  la  féconde  aie  été  plus  exadle  ou  du  moins  auflî 
bonne  que  la  première  }  que  celle  qui  aura  été  négligée 
daiis  ce  clioix  arbitraire  ,  fera  devenue  rare  ,  extraor- 
dinaire, &  fera  fur  nos  oreilles  le  même  effer  qu'une 
ph'afe  vicieufe  ^  par  cela  feul  qu'elle  fera  infolite  ;  & 
qu'en  conféquence  le  fubftantif  n'en  fera  pas  pour  cela 
nîoins  dévoué  au  genre  mafculin.  Mais  ces  raifons 
nous  laiifent  toujours  le  chagrin  de  ne  pouvoir  fixer 
toutes  ces  phrafes  préférées  &  particulières ,  à  moins 
d'entreprendre  une  lifte  qui  feroit  infinie. 

Huitième  6"  dernière  Reg/e^ 

Les  fubftantifs  ckorographiques  afFedent  aufll  le  maf^ 
cnlin  plus  fouvent  que  le  féminin  ,  comme  on  en  peut 
juger  par  les  détails  fuivants. 

i".  Les  noms  de  contrées  fuivent  le  genre  de  la  ter- 
minaifon.  Dannemarck  ^  Piémont  ,  Pérou  ,  Lyonnois  , 
Languedoc  y  Poitou^  Berry  ,  Portugal  ^  Brandebourg^ 
&c.  fontmafcuiins.  Suéde  y  Siléfe  y  Pologne^  Turquie  , 
Perfe  ,  Chine  ,  Efpagne  y  France  ,  Sardaigne  y  Bretagne  , 
Auvergne  y  Afrique  y  Angleterre ,  Champagne  ,  Bourgogne^ 
bic.  font  féminins. 

S'il  y  a  ici  des  exceptions  ,  les  noms  exceptés  pren- 
nent avec  eux  l'article  de  leur  propre  genre  ,  comme 
une  portion  eflentielle  qui  ne  les  abandonne  jarpais  : 
ainfi  la  connoiffance  du  genre  n'a  point  de  difficulté  : 
tels  font  le  Perche  ,  le  Maine ,  &c. 

r^.  Les  noms  de  vents  fuivent  auflî  leur  terminaifon  : 
Efl,  Sud  y  Ouefi  ,  Nord ,  Sec.  font  mafculins  5  Biie  eft 
féminin. 

3''.  Les  noms  de  rivières  qui  ont  la  terminaifon  maf- 
culine  >  font  niafculins  i  &  ceux  qui  finifîent  par  uu  e 

Ddiv 


410  S  U  B 

muet  ,  fc  partagent  entre  les  deux  genres.  Jourdain.^ 
Volga  ^  Rhin  ^  Pô  ,  ïfer ,  Allier,  Lignon  ,  &c.  font  maf-  p 
culins.  Et  pour  ceux  qui  fe  terminent  par  un  e  muet, 
Ebre  ,  Tybre  ,  Danube  ,  Eupkrate  ,  Rhône  ,  ferviront 
d'exemples  pour  le  mafculin  j  &  pour  le  féminin  ,  Ga*. 
ronne  ,  Saône  ,  5£zne  ,  Tamife  ,  Mofelle  ,  Marne  ,  Lo/Vr. 
C'eft  donc  aux  Didionnaires  Vocabulaires  qu'il  faut  rci 
courir  pour  ceux  de  cette  dernière  Claffe ,  fur  lefquelson 
aura  des  doutes. 

4^.  Tous  les  noms  de  montagnes  font  mafculins;* 
quelque  terminaifon  qu'ils  aient  5  comme  ,  Ccucafe  j 
Olympe  ,  Parnajfe  ,  Horeb  ,  Ethna  ,  Sion  ,  Pyrénées  ,, 
Cantal ,  &c.  Il  y  a  ici  fort  peu  d'exceptions  5  /^j  V^ofges^ 
les  Alpes  font  du  nombre. 

Quoique  cette  méthode  de  connoître  les  genres  ftc 
levé  pas  toutes  les  difficultés,  elle  eft  cependant  encore 
moins  pénible  ,  plus  fûre  ,  &  moins  fujctte  aux  varia- 
tions ,  que  les  étymologies.  Un  Auteur  imprimé  les  an- 
nées dernières,  a  mis  en  deux  clalfes  les  différentes  ter- 
minaifons  félon  le  genre  qu'elles  affcârent  :  mais  il  s'ea 
manque  bien  qu'il  ait  fait  des  tables  complettes.  Il  a 
laiffé  une  foule  de  terminaifons  qu'il  lui  eût  été  fort  dif- 
ficile de  mettre  dans  l'une  plutôt  que  dans  l'autre  de  fes 
deux  ClaiTes.  Nous  croyons  donc  avoir  ici  fuivi  la  meit  1  a; 
leure  de  toutes  les  routes  qu'on  a  voulu  frayer  pour 
arriver  au  but  important  de  faire  connoître  les  genres 
des  fubftantifs. 

Nous  allons  préfentement  examiner  ce  qui  concerne 
le  nombre  des  fubftantifs.  A  quoi  peut-on  connoître 
s'ils  font  au  lîngulier  ou  au  pluriel  ?  Quelle  différence 
grammaticale  diftingue  ces  deux  nombres  l'un  de  l'au- 
tre ?  Tous  les  fubftantifs  les  admettent-ils  tous  deux  î 
Voilà  les  principaux  objets  de  cet  examen. 

La  marque  caradériftique  du  pluriel  pour  les  noms 
<dans  la  Langue  françoifc  ,  c'eft  un  j  à  la  fin  du  nom  : 
cette  maxime  générale  efî  vraie  pour  les  fubftantifs 
comme  pour  les  adjedifs  3  &  quant  aux  exceptions 
qu'elle  fouffre ,  nous  aurons  foin  de  les  marquer  >  en 
développant  la  matière. 

Tout  nom  fe  termine  ou  par  un  s  ou  par  une  voyelle, 
ou  par  une  coafonuc  autre  que  le  s.  Dans  le  premier 


5 


s  U  B  4^1 

îS ,  le  pluriel  n'eft  pas  diifcrcnc  du  lîngulier.  ^ccès  , 
pas  ,/ens  ,  puits  ^  fonds  ,  Héros  ,  ccc.  le  prononcent  &: 
écrivent  de  même  dans  l'un  &  l'autre  nombre  ;  &  ce 
cfl:  que  par  le  refte  du  difcours  qu'on  peut  juger  s'ils 
)nc  appliqués  à  un  feul  ou  à  plufîeurs  objets.  Si  le 
Dm  fubftantif  finit  par  une  voyelle,  ou  par  une  con- 
)niie  différente  de  j  ,  il  forme  (on  pluriel  en  ajoutanc 
1  -î  à  la  voyelle  ou  à  la  confonnc  qui  termine  fon  (in- 
jlier.  Homme  ,  province ,  faute  ,  méprifc,  père  ,  fal^ 
lia  ,  6onté  ,  défi  ,  écho  j  vertu  ,  amour  ^  maifon  ,  par- 
im  ^  art  ^  Sec.  font  au  pluriel  par  l'addition  d'un  j, 
immes  ,  provinces  ^  fautes  j  méprifes  ,  pères  ,  falba- 
'■S  3  bontés  ,  défis ,  échos  ,  vertus  ^  amours  ,  maifons  , 
l'jums  ,  arts  ,  &cc. 

Sur  cette  règle  générale,  il  faut  remarquer  i°.  que 
s  noms  tirés  des  langues  étrangères  &:  reçus  dans  la 
6:ie  fans  avoir  fouffert  d'altérations  ,  ne  prcnncnc 
3int  de  s  au  pluriel  ,  s'ils  ne  l'ont  pas  au  fmgulier  ; 
nil  l'on  dit ,  des  Opéra  ,  des  Alléluia  ,  des  Libéra  ,  des 
'.ve  Maria  y  des  Pater ,  des  Ave  ,  des  numéro  ,  des 
'/'o  ,  des  Duo  ,  des  a  parte ,  des  infolio  ,  des  a  capo  , 
c.  Nous  avons  déjà  excepté  écko  ^  en  lui  donnant  un  s 
1  pluriel  échos.  Nous  pouvons  encore  excepter  de  cettc^ 
■marque  tous  les  noms  propres  ,  dont  nous  parlerons 
ientôr. 

i".  Que  ceux  qui  fîniffent  par  au  ^  eu  ,  ou,  prennent 
1  X  au  lieu  d'un  s  pour  former  leur  pluriel.  Agneau  , 
'■au  ,  lieu  ,  Dieu  ,  chou  j  clou  ,  Sec.  font  agneaux  , 
-:aux  ,  lieux  ,  Dieux  ,  choux ,  c/oz^'a:  j  &c.  Il  n'y  a  ici 
ie  trou  qui  conferve  le  s  au  pluriel  ^  rroz^^  ,  &  non  pas 
Ci^AT  ;  comme  parmi  ceux  en  ai  il  n'y  a  que  loi  qui 
enne  un  ;^:  au  lieu  de  ^  ,  loix. 

3  "^ .  Que  ceux  qui  fîniffent  au  fingulier  par  un  x,  doi- 
mt  être  mis  au  rang  de  ceux  qui  ne  foulFrent  aucun 
iangement.  La  voix  ^  les  voix ,  le  prix ,  les  prix  ,  &c. 

4°.  Que  ceux  qui  finiffcnt  par  le  fon  nazal  ant  ou  ent^ 
■nt  écrits  différemment  à  leurs  pluriels  ;  une  partie  des 
uteurs  les  écrivent  en  changeant  le  r  en  j  ,  &  l'autre 
irtie  ajoutent  le  s  après  le  t  ;  que  l'ufage  étant  partagé 
-deffus  ,  il  paroît  libre  d'écrire  amant ,  garant  y  jure- 
ent ,  accent  y  au  pluriel  amans  ,  garans  ,  jurcmcns  ,  ac- 


f 

421  s  U  B 

cens  ,  ou  amants  >  garants  ,  jurements  ,  accents  ,  &c.  qui 
cependant  cette  dermere  méthode  paroît  plus  conformi 
au  génie  de  la  langue ,  en  ce  qu'elle  ne  fait  qu'ajoute 
un  s  pour  le  pluriel  j  il  faut  la  fuivre  fur  tout  pou  f 
le  nom  de  nombre  cent ,  po^r  ne  pas  confondre  ceiu 
au  pluriel  avec  cens  &  rentes  ;  mais  le  mot  gent 
fait  toujours  gens.  Que  fi  l'on  retranche  le  t  daii 
cette  formation  de  pluriel  ,  il  paroît  du  moins  conyc 
nable  d'en  excepter  les  monofyllabes  ,  foit  par  raifqii 
d'étymoîogie  ,  &:  d'analogie  entre  les  primitifs  &  lesdjji  é 
rivés,  foit  pour  diftinguer  la  différente  valeur  de  plm 
lîeurs  fubftnntifs  qui  n'ont  que  cette  différence  au  piqi 
riel ,  con\u\ç  plants  venant  àt  plant  (  plantation  )  d'ave 
plans  ,  venant  de/Z^/z  deiîiné  ,  &c.  Ainlî  on  doit  tôt 
jours  écrire  vents  ,  dents  ^  chants ,  pluriels  de  vent  ^  dent 
chant  ,  &c. 

^°.  Que  les  fubftantifs  terminés  au  fingulier  par  a, 
ou  al ^  forment  leur  pluriel  en  aux  ,  &  que  ceux  en  el\ 
forment  en  eux  j  qu'ainfl  Maréchal ,  Sénéchal ,  animal 
canal  ,  Caporal ,  cheval ^  bail ,  émail,  travail ,  mal ,  ciet 
êcc,  font  Maréchaux  ,  Sénéchaux  ,  animaux  ,  canaux 
Caporaux^  chevaux ,  baux  ,  émaux,  travaux,  maux 
deux  ,  &c  il  y  a  cependant  bal  _,  régal ,  carnaval,  mail 
éventail ,  camail  y  détail ,  ciel  de  lit ,  &  ciel  en  peintur 
qui  reftent  foumis  à  la  grande  règle  ,  &  font  bals  ^  rè 
gais  ,  carnavals  ,  mails  ,  éventails  ,  camails  ,  détails ,  \ 
ciels.  Fiel  &  miel  n'ont  point  de  pluriel.  (Euil ,  a  un  pli 
riel  irrégulier  yeux  3  excepté  en  architecture  où  l'on  d 
des  œuils  de  bœuf. 

^°.  Que  les  noms  compofés  de  plusieurs  mots  unis  pa 
un  tiret ,  n'ont  aucune  diftinftion  pour  le  pluriel ,  fi  c( 
dénominations  compofées  commencent  par  une  prépo 
fîtion  ,  comme  des  in-dou\e  y  des  in  fci\e  ,  &c  5  mai 
que  fl  elles  commencent  &  finiilcnt  par  des  noms 
Jcur  pluiiel  prend  un  s  final  après  le  premier  des  deu 
noms  j  lorfque  leur  union  ne  produit  qu'unité  de  déno 
mination  y  &  non  de  prononciation  ,  comme  des  œuii 
de  bœuf  ;  &  après  le  dernier  ,  quand  l'union  eft  fi  fort 
qu'elle  fait  prononcer  tous  ces  mots  comme  s'ils  n'c 
faifoient  qu'un  ;  des  arc-en-cids  ,  &c. 

7?.  Que  les  noms  per^omii^icjues  ne  doivent  prendi 


s  U  B  425 

j  cune  marque  de  pluriel,  lorfqu  appliqués  à  plu/îeurs, 
]  i>e  fervent  qu'à  diftinguer  leurs  objers  par  leur  pro- 
je  nom  :  on  doit  écrire  ;  les  deux  Corneille  fe  font  dif' 
-.igués  dans  la  République  des  Lettres.  Il  ejl  peu  de  No^ 
.ejje  aujjt  ancienne  que  celle  des  Montmorency.  Combien, 
impterie:(~vous  aujourd'hui  de  Capitaines  aujji  grands  que 
^-  Scipion  ,  les  Ce  far ,  6'  les  Turenne?  Mais  fi  ces  noms 
nr  tranfportés  par  méraphore  à  un  fervice  qualifica- 
:  ,  qu'ils  ne  fervent  dans  la  phrafe  que  pour  y  faire 
;nclion  d'adjedifs  5  alors  ils  prennent  le  flgne  du  plu- 
.i\  qui  convient  à  leur  terminaifon.  Ils  font  braves 
,mme  des  Ci  fars.  Ils  font  les  Alexandres  de  leur  fiecle  ^ 

Tous  les  fubflantifs  topographiques  &  chorographi- 
jcs  ne  prennent  jamais  de  pluriel  s'ils  ont  un  lingu- 
-T  ,  ni  de  fingulier  s'ils  ont  un  pluriel.  Ainfi  l'on  dit 
.mcienne  Rome  y  mais  l'on  ne  peut  jamais  dire  j  les  Ro- 
es  ;  de  mcme  les  Pyrénées ,  les  Alpes  ,  ne  peuvent: 
nier  leur  nombre  ,  ni  leur  terminaifon.  Encens  ne 
luilre  point  de  pluriel.  Ainll  ce  vers  de  Corneille  ^  dans 
ompée  j  eft  répréiienfible. 

Mais  quoique  vos  encens  le  traitent  d'immortel. 

On  peut  obferver  ici  qu'en  aucune  langue  les  mé- 
ux  ,  les  minéraux  ,  les  aromates ,  n'ont  jamais  de  plu- 
el.  Ainfi  chez  toutes  les  nations  on  offre  de  l'or,  de 
:ncens  ,  de  la  myrrhe  ,  &  non  des  ors  ,  des  encens  ,  des 
yrrhes. 

Cette  remarque  qui  eft  de  M.  de  Voltaire  eft  très 
ifte  :  nous  croyons  cependant  devoir  obferver  que  l'u- 
ge  paroît  avoir  fait  le  pluriel  or^  ,  du  moins  en  termes 
arc ,  depuis  que  la  mode  eft  venue  de  faire  des  bijoux 
plufieurs  ors  ,  qui  font  i'or  pâle  ,  l'or  rouge  ,  l'or 
une  ,   &  l'or  vert. 

Qui  tour  à  tour  dans  l'aîr  pouiïoient  des  harmonies. 
Corneille  dans  le  Menteur, 

53  Quoique  ce  Cnh^^nûÇ  hdrm.onie  n'admette  point  de 
pluriel  ,  non  plus  que  mélodie  ,  mufique  ,  phyfîque  ,  '& 
prcfque  tous  les  noms  des  fcienccs  ^  des  arts  3  ce^ 


414  S  U  B         ' 

53  pendant  j'ofe  croire,  dit  M.  de  Voltaire,  que  ^an; 
as  cette  occafîon  ces  harmonies  ne  font  point  une  faute  ; 
33  parceque  ce  font  des  concerts  différents.  On  peut  dire 
33  les  mélodies  de  Lully  &  de  Rameau  font  différentes  33. 

Il  eft  encore  quelques  autres  noms  qui  n'ont  que  1< 
fmgulier  ,  comme  efpoir  ,  ejfor  ^  nage  ,  &c  ;  ou  qu; 
n'ont  que  le  pluriel ,  comme  Vêpres  ,  Matines  ,  heura 
à  prier  ,  &c  ;  mais  le  nombre  en  eft  peu  confidérable. 

Parmi  les  noms  fubftantifs  qui  ne  prennent  point  dt 
pluriel  ,  on  peut  ajouter  les  infinitifs  des  verbes  &  les 
adjedifs  employés  fubftantivement  :  on  dit  bien  ,  / 
boire  6'  le  manger  me  dégoûtent,  mais  jamais  on  m 
peut  dire,  les  boires  &  les  mangers^  ni  les  boire  &  les  mon 
ger ,  Sec.  Si  le  diner  fe  met  au  pluriel  ,  alors  il  chang» 
fon  r  final  en  j  ,  &  conféquemment  ceffe  d'être  infiniti 
pour  devenir  vrai  fubftantif  5  les  dînes.  De  même  ,  l 
vrai  &  l'utile  nous  devroient  toujours  plaire  y  le  beau  é 
i agréable  devroient  toujours  nous  conduire  a  la  vertu  :'  ce 
adjedifs  &  autres  pris  fubftantivement  ne  font  pas  fu( 
ceptibles  du  nombre  pluriel.  On  dit  néanmoins  les  pcn 
fers  :  mais  c'eft  un  mot  vieux  pour  la  profe ,  quoiqu*en 
coreufité  en  poéiîe  :  voye:(  Licences  Poétiques. 

Parmi  les  fubftantifs  qui  admettent  un  pluriel  fans  ei 
prendre  le  figne  ,  on  peut  ranger  les  lettres  de  l'alpha 
bet ,  quand  on  ne  les  emploie  que  pour  parler  d'elles 
mêmes;  comme  ,  //  ne  peut  prononcer  les  r.  Il  prononce  le 
h  comme  les  p  y  on  dit  les  a  j  les  ç. ,  les  i ,  &c.  Il  faut  ei 
dire  autant  de  tous  les  mots  employés  matériellement d 
la  manière  que  nous  venons  de  dire  pour  les  lettres 
les  car  ont  bien  manqué  d'être  bannis  de  la  langue  frait' 
foife  :  il  n'a  jamais  dit  deux  oui  dans  fa  vie  ,  &c. 

Voilà  tout  ce  que  nous  croyons  avoir  à  dire  ici  fu 
le  fubftantif.  Les  autres  remarques  ou  détails  qu'il  de- 
mande ,  lui  étant  communs  avec  les  autres  noms  ou  le 
autres  mots  ,  on  en  trouvera  l'énumération  Se  les  règle 
dans  le  développement  que  nous  faifons  de  tout  ce  qu 
concerne  les  mots  ,  les  noms  y  les  adjecîifs  ,  Sec. 

SUBSTANTIF  (  verbe  ).  Nous  avons  donné  à  l'article 
(  Substantifs  noms  )  la  définition  du  mot  fubjiantif 
nous  ne  la  répéterons  pas  ici. 

Le  verbe  fubftantif  eft  celui  qui  ne  préfcntcquc  l'idA 


s  U  B  42$ 

cflTenticIIc  aux  verbes ,  que  la  fubftsnce  du  verbe;  c^cH- 
à-dirc  ,  l'affirmatioii  avec  la  défîgnacioii  du  tems  ,  du. 
nombre  &  de  la  perfonne  ,  félon  la  nature  &  l'ufage  des 
modes.  Nous  n'avons  en  général  que  le  verbe  être  qui 
Toit  tel  3  encore  ne  l'eft-il  pas  toujours.  S'il  en  ell  quel- 
ques autres  qui  en  failent  quelquefois  la  fondion  ^  nous 

Jcs  indiquerons. 

f  Nous  difons  que  le  verbe  être  ne  contient  que  l'affir* 
mation  ,  &  nous  allons  le  rendre  fenfible  par  un  exem- 
ple. Quand  on  dit  ^  l'homme  efifoibU  ,  le  verbe  tjl  n'ex- 
prime abfolument  que  la  liaifon  ,  la  convenance  du 
mot  foible  avec  le  mot  homme  ;  c'eft-à-dire ,  qu'il  ne 
fait  qu'affirmer  l'un  de  ces  mots  de  l'autre  ,  le  mot/o/- 
hle  du  mot  homme.  Si  l'on  y  voit  un  rapport  de  tems,  de 
pciTonne ,  de  nombre  j  de  mode ,  ces  rapports  communs 
a  tous  les  verbes  ne  font  qu'en  modifier  &  en  particu- 
larifer  l'affirmation  ,  fans  la  changer  ni  l'altérer. 

Pour  mieux  fentir  ce  que  cet  exemple  prouve  ,  qu'on 
le  compare  avec  celui-ci  :  l'homme  chérit  fe s  erreurs.  Le 
verbe  chérit  renferme  les  mêmes  rapports  de  tems ,  de 
mode ,  de  nombre  &  de  perfonne  que  le  verbe  eji  :  il 
renferme  auffi  la  même  idée  d'affirmation  ;  car  on  fenc 
que  cette  phrafe  affirme  pofitivement  une  chofe.  Mais 
outre  tout  cela  ,  ce  verbe  chérit  préfente  encore  très  dif- 
tindement  une  idée  de  di/ecîion  ,  qui  eft  l'objet  de  l'af- 
firmation ,  mais  qui  en  eft  totalement  différente.  Qu'on 
analyfe  ce  verbe  ,  on  trouvera,  l'homme efi  chérijfant  fes 
erreurs  :  par  où  l'on  voit  que  le  verbe  chérir  ci\  un  verbe 
adjcdif,  c'eft-à-dire,  un  verbe  dont  la  lignification  ren- 
ferme une  idée  d'attribut  ajouté  à  l'affirmation  ,  un  ob- 
jet fur  lequel  cette  affirmation  porte  ,  &  qwcfes  erreurs 
n'eft  pas  l'objet  de  l'affirmation  ,  comme  foible  l'eft  dans 
le  premier  exemple  ,  mais  l'objet  de  l'idée  ds  diledion 
qui  eft  comprife  dans  chérit. 

Le  verbe  fubftantif  ne  comprenant  point  l'objet  de 
l'affirmation  ,  il  faut  qu'il  foit  toujours  uni  à  d'autres 
mots  qui  expriment  cet  objet  ,  &  rendent  ainfi  le  fens 

;  complet  :  car  on  n'affirme  point  fans  énoncer  la  chofe 

'  affirmée.  Ces  mots  qui  font  joints  au  verbe  fabftanrif , 
Se  qui  expriment  l'attribut  qu'on  affirme  ,  font  ordinaire- 
Rîenc  des  adjedifs,  ou  participes  paiîés ,  ou  des  noms 

II 


Af^  S  U  B 

fubftantifs  employés  adjedivement.  La  rairon  en  ef 
que  cet  attribue  ne  peut  être  affirmé  que  du  fujet  à 
Verbe  ,  &  par  confécjuent  en  doit  erre  comme  une  qua 
lité  :  ces  qualités  font  ordinairement  exprimées  par  de 
adjeâ:ifs.  Amfî  on  dit  ,  l'homme  efifoibie  ;  ce  difcours  ej 
pajjionné  ;  cet  ouvrage  eji  réfiéchi  3  l'homme  efi  un  am  ^, 
mal  ^  &c. 

Le  verbe  être  n'eft  pas  toujours  fubftantif  ;  car  fou 
.  vent  outre  l'alfirmation  il  contient  un  attribut,  le  plu^ 
général  de  tous  ,  celui  de  l'exiftence  j  &  alors  il  fignifil 
exifier ,  comme  dans  cette  ^hvâCQ  ^  je  pen/è  ,  doncjefuii 
c'eft-à-dire  ,donc/exiJie  ,  ou  je  fuis  exiflant.  Quelque 
Auteurs  même  ont  prétendu  que  le  verbe  être  renier 
moit  toujours  cet  attribut  à^exijience  ,  &  par  conféqueïî 
n'étoit  jamais  vrai  fubftantif  :  matière  propre  à  dèvc 
Ippper  bien  de  la  métaphyfique  ,  mais  d'ailleurs  totale 
ment  inutile. 

Le  verbe  être  efl  quelquefois  purement  auxiliaire  ,*« 
alors  il  efl:  moins  mi\  verbe  qu'une  portion  de  vcrb© 
voyei  Auxiliaire. 

Du  relie  ,  ce  verbe  confidéré  comme  fubftantif  e 
d'un  très  grand  ufage  ,  précédé  du  pronom  ce  :  alors 
ne  s'emploie  jamais  qu'à  la  troifieme  perfonne  foit  d 
fîngulier  ,  foit  du  pluriel.  C'eft  une  façon  de  parler  doiHla 
on  fc  fert  fréquemment  pour  indiquer  ce  qu'on  a  déjBfu 
dit ,  ou  pour  annoncer  ce  qu'on  va  dire  5  comme  ,  cïm^i 
être  bien  injujle  que  d'être  ingrat.  Wk 

Il  eft  bien  des  occafions  où  le  verbe  être  avec  le  pt«c 
nom  ce  ne  s'emploie  que  par  pure  élégancej  comme  :  cimw 
d'après  l'étude  des  hommes  ,  6*  non  pas  d'après  Us  nBico 
mans  ,  qu  il  faut  juger  de  l'amour,  .  WM 

Quand  ce  verbe  a  ce  pronom  ce  pour  objedif,  il  reflBiîcf 
toujours  à  la  troilîemc  perfonne  ,  quand  même  le  prcBiifc 
nom  ce  devroit  fc  rapporter  à  d'autres  pronoms  dé  IK 
première  ou  de  la  féconde  perfonne  qui  fcroient  expriBlti|)| 
mes  immédiatement  après  le  verbe  ,  comme  ,  c'efi  rniHla, 
qui  l'ai  voulu  j  c'ejl  toi  qu'on  interroge ,  c'ejl  nous  ^^'B^ 
demande  y  ceji  vous  quil  récufe.  D'oii  l'on  voit  que  jBf^ 
verbe  ne  fe  met  à  la  troifieme  perfonne  du  pluriel  qiijBfrsi 
quand  il  eft  fuivi  de  quelques  noms  ou  pronoms  de  WÊk% 
troifieme  perfonne  du  pluriel  3  comme  >  ce  font  eux  qi-mi^ 


s  U  B  S  U  F  4^7 

V  vus  ,  &c.  &  qu'ailleurs  il  Ce  met  toujours  au  fingu- 
ier.  Il  en  eO:  de  même  loiTque  le  pronom  ce  doit  erre 
)lacé  après  le  verbe  5  comme  dans  l'interrogation  :  ejl- 
noi  ?  EJl-ce  vous  ?  EJl-ce  nous  quil  menace.  ?  Sont-ce 
a  vos  raifons. 

Nous  avons  dit  qu'il  y  avoit  quelques  autres  verbes 
[ui  en  certaines  occalîons  peuvent  être  regardes  comme 
ubftantifs  ,  parcequ'alors  ils  paroiifent  en  elîct  ne  iigni- 
îer  que  la  fîmple  affirmation  ,  ou ,  ce  qui  revient  au 
nême  ,  l'union  ,  la  liaifon  d'un  attribut  avec  le  fujet  ; 
els  font  devenir  yfemhler  ^  paroi tre  ,  fe  trouver  ^  demeu- 
er ,  &c.  dans  les  phrafes  fuivantes  :  la  faifon  devient 
nauvaife^  y  cette  phrafe  femble  obfcure  a  bien^ides  lec^ 
eurs.  U  par  oit  clair  que  la  Pkilojophie  efi  utile  aux  Arts, 
Cette  crainte  fe  trouve  malheureujement  trop  bien  fondée. 
Le  difciple  ne  demeurera  pas  fidèle  a  fon  maître. 

Quoique  l'adjedif  que  ces  verbes  lient  à  leurs  fujets  , 
)i'ouve  allez  qu'ils  font  employés  comme  verbes  fub- 
tantifs  ;  il  faut  néanmoins  convenir  qu'il  y  a  une  diffé- 
ence  réelle  entr'eux  &  le  verbe  être  ,  &  même  entre 
-hacun  d'eux  :  cela  eft  fi  vrai  que  le  fens  du  difcours 
)ermcttroit  rarement  qu'on  les  mît  les  uns  pour  les  au- 
res.  Ils  renferment  donc  quelqu'autre  idée  avec  celle 
le  l'affirmation  ;  ils  ne  font  donc  pas  fîmplement  ver- 
)es  fubflantifs.  Cependant  ils  ne  doivent  pas  être  com- 
)ris  parmi  les  adjedifs  ,  puifqu'ils  font  fuivis  d'un  ad- 
eclif  qui  fe  rapporte  à  leur  fubjeârif.  Que  font-ils  donc  ? 
Uitre  queftion  peu  importante  j  mais  qui  pourroit  four- 
lir  un  champ  vafte  aux  analyfrs  métaphyfiques.  Quanc 
i  la  conjugaifon  du  verbe é'rr^  ;  voye^  Conjugaison. 
^  SUFFIRE.  Verbe  neutre  ,  irrégulier  ,  &  défeftif ,  &c 
ouvent  imperfonnel ,  de  la  quatrième  conjugaifon.  Il 
ignifîe  être  aflez  ,  être  autant  qu'il  faut.  Peu  de  biens 
lij^lfent  au  fage  :  il  ne  fauroit  fuffire  à  tant  d'affaires, 

Imperfonnellement  ^  il  ne  fuffit  pas  de  vouloir^ 

Indic  AT  II  préfent.  Je  fuffis,  &c. 

Imparfait.  Je  fuffifois,  &c. 

Prétérit.  Je  fuffis. 

Prétérit  indéfini.  J'ai  fuffi  ,  &c. 

futur.  Je  fuffirai ,  &c. 

Conditionnel préfent.  Je  fuffirois ,  &C. 


4^8  S  U  I 

iMPÉRATir.  Safîis ,  &c. 

Subjonctif prf7^;zf.  Quejefufiirc,  &C.' 

Imparfait.  Que  je  fufhLe. 

Participe  pré fcnt  actif.  Suflifant .  indéclinable. 

Participe pajfé  y  indéclinable^  fuffi. 

Sufjîfant  ^fufp fente  ^ç.Çi  un  adjedif  qu'il  ne  faut  pa 
prendre  pour  le  participe  adif  préfent  du  VQihefuffre. 

SUFFISAMMENT  ,  eft  un  adverbe  de  quantité  :  voyc 
Adverbe. 

SUIVANT  ,  eft  une  des  prépofitions  fîmples  :  voyel 
Prépositions. 

SUIVRE.  Verbe  adlif ,  irrégulier  ,  de  la  quatrici 
conjugaifon.  Il  exprime  l'adion  d'un  homme  qui  mai 
che  après  quelqu'un  ou   quelque  cliofc  qui  va  devàiiii 
Alle:^  toujours  devant  3  je  vous  fuivrai. 

Où  courez  vous  ?  Je  vais  par-tout  vous  fuivre. 

Un  chemin  efc  comme  nn  guide  qui  nous  mené  en  t 
endroit;  de-là  on  dit  ^fuivre  un  chemin. 

On  dit  au  figuré,  tous  les  vices  fuiv  cm  loi flveté.  . 
fautfuivre  cette  affaire  >  c'eft-à-dire  ,  ne  pas  l'abandoi: 
ner  ,  ne  pas  la  négliger. 

Suivre  annonce  ordinairement  fubordination- ,  fou 
million  ,  adhérence  de  la  part  de  celui  qui  fuit  :  voi! 
pourquoi  fuivrc  eft  fouvent  employé  pour  obéir  ,  fe  1; 
vrer  à,  &c.  //  ne  faut  pas  toujours  Juivre  fe  s  pajfton 
Il  fuit  la  morale  d'Epicure.  Suivei  les  avis  de  M.  vot 
père.  Suivre  eft  quelquefois  imperfonnel  :  on  dit  ,  ilfu 
de  ce  raifonnement  que  j  c'eft-à  dire  ,  telle  preuve  ,  i 
argument  marche  ,  vient  après  ce  raifonnement. 

In Dic AT iT  préfcnt.  Je  fuis  ,  tu  fuis  ,  il  fuit ,  nousfu 
vons  ,  vous  fuivcz  ,  ils  fuivent. 

Imparfait.  Je  fui  vois  ,  &c. 

Prétérit.  Je  fuivis  ,  &c. 

Futur.  Je  fuivrai  ,  Sec. 

Conditionnel pré/ent.  Je  fiiivrois  ,  &-. 

Participe  préfent  ,  indéclinable  ,  Suivant. 

Participe  pcffé.  Suivi ,  fui  vie. 

Le  participe  préfcnc  fe  prend  fubftantivemcnt , 
cette  phrafe  ,  li  fuivantc  de  Madame. 

U 


)3I 


SUR  419 

Les  téms  coiHpofes  font  réguliers.  Suivre  a  pour  com- 
pofés  enfuivre  &  pourfuivre  :  voyez  ces  mots. 

SUPERLATIF  :  voye^  Degrés  de  Comparaison. 

SUR ,  eft  uns  des  prépofitions  fîmples  :  voy^ij;  Pré- 
positions. 

SURFAIRE.  Verbe  irrégulier  ,  de  la  quatrième  conju- 
gaifon ,  compofé  de  faire  ,  fur  lequel  il  fe  conjugue  ,  3c 
de  la  prépofltionyî^r,  qui  au  propre  défigne  une  pofîtioii 
fupérieure  ,  &  au  figuré  de  l'accroiflement ,  de  l'aug- 
mentation. Surfaire  ne  s'emploie  qu'au  figuré ,  &  figniSc 
mettre  un  prix  trop  haut  à  une  chofe.  Surfaire  fa  mar- 
chandife  ,  c'eft  l'eftimer  par-defTus  ,  au-delà  de  ce  qu'elle 
vaut.  Surfaire  les  talens  de  quelqu'un  ,  c'eft  les  vanter" 
trop. 

SURPRENDRE.  Verbe  aftif,  irrégulier,  de  la  qua- 
trième conjugaifon  ,  compofé  de  prendre  ,  &  de  la  pré- 
pofition  fur  j  qui  vient  quelquefois  de  la  prépofïtioiï 
latine  fuper ^  fur.  Se  quelquefois  aufli  de  fub  qui  fignifîe 
fous  ,  dejfous.  Enforte  que  furprendre  peut  fîgniiîer  pren- 
dre deffus ,  prendre  fur  le  fait ,  furprendre  un  voleur. 
Dans  ce  fens  ce  verbe  emporte  toujours  une  idée  de 
frayeur  &  de  honte  ,  quelquefois  aulfi  de  plaifîr  3  corn- 
m€  ,  cette  nouvelle  m'a  agréablement  furpris. 

Il  lîgnifîe  d'autres  fois  prendre  en  deffous,  c'efl-à-dirCj, 
en  cachette ,  avec  adreffe  ,  d'une  manière  frauduleufe. 
Surprendre  les  lettres  de  quelqu'un.  Surprendre  la  Jujlice, 

Il  exprime  aulTi  l'admiration  &  l'étonnement.  Vous 
me  furprene:ç^  ,  pour  dire  ,  vous  m'étonnez.  Son  adrejfe 
mefurprend,  pour  dire,  qu'elle  me  caufe  de  l'admiration. 

Ses  participes  ,  font  furprenant ,  furpris  ,  furprife. 
Surprenant  eft  fouvent  adjedif  j  cela  eft  furprenant  :  il 
efi  d'une  vivacité  furprenante. 

Le  féminin  du  participe  paffé  ,  furprife ,  eft  fouvent 
fubflantif  3  il  fignifîe  erreur  ,  étonnement.  Ma  furprife 
eft  extrême. 

SURSEOIR.  Verbe  aftif ,  irrégulicr,  de  la  troifîeme 
conjugaifon  ,  compofé  dcfeoir^  qui  peint  une  forte  de 
xepos  ,  &  de  la  prépofitionTi^r.  Ainfî  furfeoir,  dans  fon 
étymologie  ,  fignifîe  fe  repofer  fur  quelque  chofe ,  s'ar- 
rêter ,  reprendre  haleine.  La  langue  n'emploie  ce  verbe 
que  dans  \q  figuré  ,  toujours  relativement  au  repos  qu'il 
Tome  IL  '  E  e 


430  SUR 

exprime  j  &  que  nous  peignons  par  Ta^lion  de  s'afTeôîrJ 
Comme  après  s'être  repofé  ,  on  commence  à  marcher  do 
jiouveau  ,  le  vcïhzfurfeoir  offre  l'idée  d'un  tems  limité  , 
après  lequel  on  reprend  la  chofe  interrompue  ou  furfife. 
Surfeoir  r éxecution  d'un  Arrêt ,  c'ell  en  fufpendre  ,  ci\ 
difF'ircr  l'exécution. 

Surfcoir  efl:  quelquefois  neutre  ;  on  dit ,  furfeoir  au 
Jugement  de  cette  affaire.  Il  a  la  même  {ignification  que; 
plus  haut. 

Ses  participes  font  furloyant,  furfis,  furflfe. 

Il  fe  conjugue  différemment  du  verbe yWr. 

Indicatif  préfent.  Je  lurfois  ,  tu  furfoiç  ,  ilfuripit  J 
nous  furfoyons,  vous  furfoyez,  ils  furfoienr. 

Imparfait.  Je  furfoyois  ,  tu  furfoyoïs  ,  il  furfoyoïc  j. 
nous  furfoyions  ,  vous  furfoyiez  ^  ils  furfoyoient. 

Prétérit.  Je  furfis ,  tu  furfis ,  il  furfit  5  nous  fursîraes  j 
vous  fursîtes  ,  ils  furfîrent. 

Prétérit  indéfini.  J'ai  furfis  ,  &c. 

Prétérit  antérieur.  J'eus  furfis ,  Sec. 

Prétérit  indéfini.  J'ai  eu  furfis  ,  &c. 

Plufqueparfait.  J'avois  furfis  ,  &c. 

Futur.  Je  furfeoirai ,  tu  furfeoiras  ,  il  furfeqirg  5  noua 
furfeoirons  ,  vous  furfeoirez ,  ils  furfeoiront. 

Conditionnel  préfent.  Je  furfeoirois ,  tu  furfeqirois  ,  il 
furfeoiroit  5  nous  furfeoirions  ,  vous  furfeoiriez  ,  il»/ 
furfeoiroienr. 

Conditionnel paffé.  J'aurois  ou  j'eufîe  furfis  ,  ^ç. 

Impératif.  Surfois  ,  qu'il  furlbie  5  furfoyons  ,  fur- 
foyez j  qu'ils  furfoient. 

Subjonctif  Préfent.  Que  je  furfoie,  que  tu  furfoies, 
qu'il  furfoie  5  que  nous  furfoyions  ,  que  vous  furfoyiez»., 
qu'ils  furfoient. 

Imparfait  Quç  je  furfîffe  ,  que  tu  furf^ffes,  qu'il  fi^r- 
sît  j  que  nous  (ur^iffions ,  quQ  ypus  fijrfiilUa,  q\l'Us  fUït' 
fiffent. 

Prétérit.  Que  j'aie  furfis  ,  8<c. 

Plufqueparf<^it.  Que  j'eulle  fijrfis  ,  5;c.  ^ 

Infinitif  Préfent.  Surfcoir.  t 

Prétérit.  Avoir  furfis.  > 

Participe  actif  préfent.  Surfoyant» 

Suffis  Ayant  furfis,  •  •  > 


SUR  SUS  43  r 

Vartîcipe  pajfif  préfint.  Surfis ,  furfife ,  ou  étantfurfis  , 
lurfîfe. 

Pajfc.  Ayant  été  furfis  ou  furfîfe. 

GÉRONDif .  En  furfoyant  ou  furfoyant. 

Les  tems  compofés  fe  conjuguent  à  rordinaire, 

SUR-TOUT,  eft  une  des  conjondions  explicatives  : 
vcyei  Conjonctions. 

"survivre.  Verbe  neutre^  &  irrégulicr ,  de  h  qua^ 
tricme  conjugaifon  ,  compofé  de  v/W  ,  fur  lequel  il  fe 
conjugue  3  &  de  la  prépofitionyî/r,  qui  dé/îgne  une  pofî- 
tion  plus  élevée.  Ainii  furvivre  fïgnilîe  rcfter  fur  la  terre 
quand  un  autre  eft  deiïbus.  Dans  le  propre,  furvivre  a 
fis  parens  ,  c'cft- à-dire  ,  vivre  après  eux. 

Dans  le  figuré,  fiirvivre  afafonunt  ^  pour  dire  ,  vivre 
encore  après  qu'on  l'a  vue  tomber,  comme  fî  l'on  de- 
mcuroit  ferme  &  debout  fur  fes  dcbris.  Se  fiirvivre  a  foi- 
même  5  pour  dire  vivre  après  qu'on  à  perdu  l'ufagè  de 
fes  facultés  ;  comme  11  l'homme  s'élevoit  fur  cette  par- 
tie de  fon  être  déjà  détruite. 

Il  a  pour  participes  ^furvivant  ^  furvku  ^  furvêcue. 

SUSPENSION.  C'eft  une  figure  de  Rhétorique  pro- 
pre aux  partions  ,  à  réveiller  l'attention  des  Auditeurs. 
Elle  fe  fait  Iprfqu'on  commence  un  difcours  de  telle 
forte  que  l'Auditeur  ne  fait  pas  ce  que  va  dire  celui  qui 
parle  ,  &  que  l'attente  de  quelque  chofe  de  grand'le 
rend  attentif.  En  voici  un  exemple  bien  frappant  tiré  de 
Racine  :  Phèdre  ,  preflée  par  (Enone  de  lui  découvrir  le 
fiijet  de  fes  mortels  chagrins,  parle  ainfi  ; 

PHEDRE     a.  (Enone. 

T«  le  veux  ,  leye-toi. 

<£  N  o  N  £. 

Parlez  ,  je  vous  écoute. 

Phèdre. 

Ciel  î  c^ue  lui  vais- je  ttire  !  &  par  où  commencer  ! 

(Enone. 

Pac  de  vainsi  frayeurs  celî;cz  de  m'offvnfer. 

E  eij 


43  i 


SUS 


Phèdre. 


O  haine  de  Venus  î  O  fatale  colère  ! 

Dans  quels  égaremens  l'amour  jctta  ma  merc  ! 


Oublions-les ,  Madame  ,  &c  qu'à  tout  l'avenk 
Un  filence  éternel  cache  ce  fouvenir. 

P    H    E    D    R    £. 

Ariane  ,  ma  foeur ,  de  quel  amour  bleflée  , 
Vous  mourûtes  aux  bords  où  vous  fûtes  laifTée  ! 

(E    N   ©   N    E. 

Que  faites-vous ,  Madame  ,  &  quel  mortel  ennui 
Contre  tout  votre  fang  vous  anime  aujourd'hui. 

Phèdre. 

Puîfque  Venus  le  veut ,  de  ce  fang  déplorable 
3e  péris  la  dernière  >  &  la  plus  miférablc. 


<£    N    o    N    E. 


Aimez-vous  ? 


Pour  qui  i 


'Phèdre. 
De  l'amour  j'ai  toutes  les  fureurs. 
(En  o  n  e, 

P    H    E    D    R    E. 

Tu  vas  ouir  le  comble  des  horreurs. 
l'aime...  A  ce  nom  fatal  je  tremble...  Je  frifonne..* 
J'aime  «... 

(E  N  o  N  E, 
Qui? 

P    M    E    D    R    E. 

Tu  counois  ce  fils  de  l'Amazone  p 
Ce  Prince  Ci  long  teœs  par  moi-même  opprimé. 


sus         s  Y  L  453 

(E    N    O    N    E. 

Hyppolite  ,  grands  Dieux  !  v, 

Phèdre. 

'-"  C'cft  toi  qui  l'as  nommé. 

Il  y  a  une  efpece  de  rufpenfîon  qui  badine  &  fe  joue 
éc  Tattention  des  Auditeurs ,  telle  eft  celle-ci  de  Scaion  : 

Un  mont ,  tout  hérifïé  de  rochefs  &:  de  pins  ; 

Coloiïe  que  la  terre  oppofe  au  choc  des  nues  , 

D'où  les  boeufs  dans  les  champs  font  pris  pour  des  lapins , 

Et  les  arbres  plus  grands  pour  des  herbes  menues  5 

Vomit  en  gros  bouillons  de  fcs  froids  inteftins , 
Un  torrent  qui ,  groflî  d'eaux  du  Ciel  defcendues , 
It  faifantplusde  bruit  que  cem  mille  lutins  i 
Entraîne  dans  les  champs  mille  roches  cornues. 

Le  foudre  quelquefois  le  couvre  tout  de  feu  ; 
Mais  le  foudre  ne  fait  que  le  noircir  un  peu  , 
Et  faire  un  peu  fumer  fa  cime  inébranlable. 

Sur  ce  fupetbc  mont  jufqu'aux  Cieux  élevé  , 
Pour  vous  dire  la  chofe  en  homme  véritable  j 
II  ne  m'efl  fur  ma  foi  jamais  rien  arrivé. 

-  SYLLABES.  M.  l'Abbé  Girard  défait  très  bien  îa  fyl- 
labc  ,  un  fon  fîmplc  ou  compoTé  ,  prononcé  avec  toutes 
fes  articulations  par  une  feule  éiniffion  de  voix. 

Il  faut  donc  pour  une  fyllabe  ,  unité  de  prononcia- 
tion ,  ainfî  que  le  fait  entendre  létymologie  du  mot. 
Cette  unité  dépend  de  Timpulfion  de  la  voix  hors  de  la 
bouche.  Lorfqu'il  n'y  a  qu'une  impulfîon  de  voix  ,  il  fe 
trouve  unité  de  prononciation  ,  &  par  conféquent  unité 
de  fyllabe.  S'il  y  a  plufieurs  impullions  de  voix  ,  il  ne 
fauroit  y  avoir  unité  de  prononciation  j  il  y  aura  donc 
pluralité  de  fyllabes. 

Mais  qu'eft-ce  qui  fait  l'unité  ou  îa  pluralité  des  im- 
pulfions  de  la  voix  ?  La  première  vient  de  la  continuité, 

£e  iij 


4M  S  Y  L 

la  féconde  cz  Tintcrruprion  du  pa/fage  de  la  voix.  £2. 
mot  unité ^  par  exemple  ,  efl:  de  trois  fyllabes  ,  parcecjue 
pour  prononcer  ce  mot  ,  on  interrompt  deux  fois  y  on 
coupe  deux  fois  le  palîage  de  la  voix  ,  fon  impulfion  : 
ce  qui  avec  la  première  émiilîon  d'air  ,  forme  trois  fons  ^ 
prononcés  à  trois  différentes  rcprifes.  U  fait  le  premier 
fon  ,  la.  première  émiffion  de  voix  ,  la  première  impnl- 
fîon  ,  &  en  conféquence  la  première  iyliabe  :  ni  ne  fe 
forme  pas  de  la  même  émiffion  d'air  que  u  5  cette  fé- 
conde fylîabc  cft  féparée  &  di{Hngi"^e  de  la  première  > 
par  un  interruption  ,  légçre  à  la  vérité  &  peu  feniîble  , 
mais. néanmoins  réelle,  d'impulfîon  de  voix  ,  6:  de  pro- 
ncnciaricn.  Il  en  cft  de  même  de  té  à  l'égard  de  ni  ;  ce 
qui  forme  le  mot  complet  unité  ,  prononcé  en  trois  rc- 
prifes différentes  ,  u-ni-tc. 

Quclquefoi?  cefe  interruption  eft  cauféc  par  une 
confonne  qni  n'efl  point  au  fervice  de  la  première 
voyelle.  Il  faut  bien  rema'-quer  qu'une  confonne  peut 
être  au  fervice  d'une  voyelle  qui  la  précède  ,  ou  d'une 
Toyelie  qui  la  fuive.  Dans  le  premier  cas,  cette  con- 
fonne ne  caufè  point  d  interruption  dans  la  prononcia- 
tion de  la  voyelle  précédente;  telle  eft  la  confonne^ 
dans  mer.  Dans  le  fécond  cas  ,  la  confonne  demande 
une  féconde  impulfîon  ,  hc  forme  une  prononciation  in 
terrompue;  teile  cftla  confôiîne  r  dans  marais.  C'eft  à 
l'oreille  k  bien  fentir  toutes  ces  différences  délicates. 

Si  au  lieu  àç.mer ,  on  ccrivoit  mère ,  il  y  auroit  deux 
fyllabes  ;  parceque  dans  ce  dernier  mot  r  n'eft  point  au- 
fervice  du  premier  <:,  mais  fe  réferve  tout  entier  pour 
l'articulation  du  fécond.  Il  zO:  vrai  que  la  prononcia 
tion  de  Tun  ne  diftere  que  très  peu  de  la  prononciation 
de  l'autre  ,  puifque  r  fe  faifant  fentir  dans  mer  ,  c'eft 
prefque  comme  s'il  y  avoir  mère.  Cependant  (î  l'on  vciic 
y  faire  attention  ,  on  verra  que  dans  mère  on  appuie 
davantage  fur  Ve  muet&:  final  ;  au  lieu  que  dans  mer  ^  il 
femble  que  la  voix  s'éteigne  au  moment  qu'on  en  vient  à 
cette  féconde  voyelle. 

Nous  fixerons  encore  davantage  la  différence  de  fini 
a  l'autre  ,  par  ce  que  nous  avons  à  dire  fur  les  fyllabes 
d'ufagc  &  les  ÇyWAhzs,  phyfiquess  Mais  auparavant ,  il 
faut  faire  obfcrvcr  que  ce  nVft  point  toujours  une  con- 


l( 


SYL  435 

forme  ,  aumoins  écrite  8c  proprement  cîïre ,  qui  fc'parc 
dans  un  même  mot  une  fyllabe  d'une  autre.  Souvent  ce 
n'cft  qu'une  afpiration  marquée  par  h  ,  quand  elle  cft 
forte,  comme  dans  enhardir^  &  fuppléée  par  les  orga- 
nes de  la  voix  ,  quoique  fans  caradere  alphabétique  , 
loiTqu'elie  cft  foibie. 

On  peut  s'en  convaincre  en  prononçant  avec  atten- 
tion ces  mots  ,  pieux  ,  Saûl ,  Baal ,  &c.  quoiqu'il  n'y 
ait  ni  k  ni  autre  figne  d'afpiration  entre  i  &  eux  ,  a  Se 
lil ,  a  èc  al  ^  cependant  la  prononciation  y  en  met  une. 
\  Elle  eft  foibie  Si  peu  fenfible  ;  &  cependant  elle  y  eft 
,  nécefTaire  ;  fi  on  vouloir  l'éviter,  ces  mots  ne  feroient 
,pliis  qu'une  fyllabe  ;  pieux  fe  prononceroit  comme 
Dieux  y  Baal ^  comme  s'il  n'y  avoir  qu'un  a  5  S^:  Saill  no. 
pourroit  fe  prononcer  ,  ou  bien  il  faudroit  que  Va  &  ïu 
ne  fî/lent  qu'un  fon  ,  comme  dans  Paul ,  Saul ,  Sec. 

La  raifon  de  cette  différence  entre  Saul  Se  pieux  , 
vienr  de  ce  que  les  diphtongues  devant  rapidement  cou- 
ler fur  leurs  premières  voyelles  pour  s'arrêter  2c  s'ap- 
puyer fur  les  fécondes,  il  eft  très  rare  que  les  premières 
fuient  des  voyelles  fortes  comme  a  ^SlIzs  fécondes  des 
voyelles  foibles  comme  u.  Il  eft  même  bien  des  Gram- 
mairiens qui  regardent  les  diphtongues  ainfi  formées  , 
comme  impoflibks  :  ce  qu'il  y  a  de  certain  ,  c'cft  que  (i 
nous  en  avons  quelques-unes  comme,  ai  ,  cri  de  dou- 
leur j  on  y  appuie  moins  fur  la  féconde  voyelle  ,  qu'on 
ne  feroit  obligé  de  le  faire  dans  Saiil ,  à  caufe  de  /.  Mais 
far  cet  objet ,  voye^  Diphtongue. 

La  différence  donc  qu'il  y  a  entre  une  diphtongue 
propre  telle  que  Dieux ,  Se  un  diifyllabe  formé  par  plu- 
ficurs  voyelles  de  fuite ,  comm^  pieux  ,  c'eft  que  dans 
les  mots  de  la  première  forte  ,  la  première  voyelle  ,  l'i 
par  exemple  y  cft  prononcé  conjointement  avec  le  fon 
.,  1  de  la  féconde  voyelle  ou  de  la  féconde  voix ,  fans  aucun 
N  mouvement  ou  afpiration  intermédiaire.  Au  lieu  que 
dans  les  mots  de  la  féconde  forte ,  après  la  première 
voyelle  les  organes  font  un  mouvement  plus  ou  moins 
fenfible  pour  palier  à  la  prononciation  des  voyelles  fui- 
vantes.  Ce  mouvement  quoique  petit  ,  ne  caufe  pas 
**'"'as  une  interruption  réelle  dans  l'impulfion  de 

E  c  iv 


45<î  S  Y  L 

yoix  ,  dans  la  prononciation  j  d'où  vient  une  féconde 
fyllabe. 

De  tout  ce  que  nous  venons  de  dire  ,  il  fuit  que  la 
Tyllabe  peut  être  formée  par  une  voyelle  feule ,  par  une 
voix  feule  ,  mais  repréfentée  par  pluiîeurs  lettres  ,  pai 
une  diphtongue  propre  ^  par  une  confonne  à  la  tête  de 
ces  voyelles  ,  ou  à  leur  fuite ,  ou  même  par  plulîeurî 
ccnfonnes  dont  les  articulations  fe  réuniifent  fur  la  mê- 
me voyelle  ou  diphtongue  3  comme  on  le  voit  dan: 
a-é-ro-  mé-4riç  ,  aérométrie  j  bien-heu-reux  y  Prin-ce 
yeu-ple  ,  mul-ti-tude  j  &c. 

On  pourroit  là  deifus  diftingaer  les  fyllabes  ,  en  ani 
culées  j  &  non  articulées  ,  félon  qu'il  s'y  trouve  ou  noi 
des  confonncs  avant  la  voyelle  ou  diphtongue  j  cnfim- 
pies  &  compofées ,  fclon  qu'elles  font  formées  par  un 
voix  ,  ou  par  une  diphtongue  propre  ;  enfin  tw  Jyllabe 
d'ufage  y  te  fyllabes  phyfiques  ,  îelon  qu'il  y  a  plus  d'un 
çcnfonne  avant  la  voyelle  ou  diphtongue  ,  ou  qu'il  n' 
en  a  qu'une  ,  &  félon  qu'après  il  y  en  a  ou  n'y  en 
point. 

Pour  entendre  cette  dernière  divilîon  ,  il  faut  obfer 
ver  avec  M.  Duclos  ,  que  toutes  les  fois  que  plufieui 
confonnes  de  fuite  fe  font  fentir  dans  un  mot  ,  o 
pourroit  compter  dans  leur  prononciation  autant  d 
iyilabes  réelles  qu'il  y  a  de  ces  confonnes  ,  quoiqu'il  n* 
ait  point  de  voyelle  écrite  après  chacune  d'elles  i  parce 
qu'alors  la  prononciation  y  fupplée  nécciraircment  ui 
e  muet  y  moins  fenfible  fans  doute  que  s'il  étoit  impri 
mé  ,  mais  néanmoins  réel  &  phyfique. 

Que  l'on  prenne  le  mot  Armateur  :  félon  l'ufage  i 
n'y  a  que  trois  voyelles  ou  voix,  ^  ,  a  ^  eu  :  mais  1 
premier  a  eO:  fuivi  de  deux  confonnes  qui  fe  pronon 
cent  ,  r  Se  m.  Une  confonne  efl:  une  articulation  j  tout 
articulation  e{l  un  mouvement  des  organes  de  la  paroi 
qui  modifie  une  voix  j  ce  mouvement  eO:  préparatoir 
&  antérieur  à  la  prononciation  de  cette  voix  ou  voyelle 
donc  toute  confonne  ,  pour  être  fentie  ,  doit  dans  Ii 
fait  avoir  à  Cn  fuite  une  voix  ,  ou  voyelle  ,  ou  diphton» 
guc  écrite  ou  fupplééo 

5'U  n'y  en  a  point  d'indiquvc  par  l'écriture ,  la  YOÛ 


$  Y  L  457 

y  met  la  plus  foible  de  toutes  j  Ve  muet.  AuflTi  auand 
on  veut  prononcer  arma  ,  on  dit ,  a  re-ma  :  il  eft  vrai 
que  l'on  coule  très  rapidement  fur  cet  e  muet  ;  mais  oi» 
le  prononce  enfin.  Il  en  eft  de  même  de  teur  qui  fe  pro- 
nonce tea-re. 

Voilà  donc  dans  ce  mot  j  Armateur  ^  cinq  fyllabes 
phyjiques  ,  ou  prononcées^  quoiqu'il  n'y  en  ait  que  trois 
1  d'ufûge  ou  écrites.  C'eft  la  même  chofe  pour  les  confon- 
û  I  nés  qui  précèdent  la  voyelle  de  leur  fyllabe  écrite  ;  tra- 
vail ne  peut  fe  prononcer  qu'on  ne  dife  à  peu  près  tera^ 
vaille.  Ce  qui  donne  quatre  fyllabes  phyfiques  dans  ce 
mot ,  qui  félon  l'ufage  &  l'écriture  n'en  a  que  deux.  De- 
là on  pourroit  compter  jufqu'à  cinq  fyllabes  dans  un 
mot  qui  n'en  a  qu'une,  tel  c^wzfcrobs  ^  qui  fe  prononce  , 
fe-que-robe-fe  ,  &c. 

Il  eft  vrai ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit  ^  &  comme 
on  ne  peut  trop  le  répéter  pour  ne  pas  induire  en  er- 
reur ,  que  ces  e  muets  que  la  prononciation  fuprîée 
font  les  plus  foiblcs  &  les  plus  brefs  qu'il  f(îir  poil'bie. 
En  effet  on  ne  les  prononce  que  par  la  nécefîité  de  don- 
ner à  une  confonne  une  voix  qu'elle  articule  v  &  la  plus 
foible  voix,  la  moins  fenfible  fuififanr  pour  cela  ,  cç.  Ç^^ 
roit  un  vice  de  la  rendre  plus  fonore  ou  plus  longue, 
Ainiî  la  plupart  de  nos  e  muets  écrits  fe  doivent  pro- 
noncer plus  fenfiblement  que  ceux  qui  font  ainfi  fup- 
pléés  5  &  voilà  pourquoi  ils  forment  une  fyllabe  d'ufa- 
ge  j  tandis  que  les  autres  n'y  font  comptés  pour  rien. 

Par  cette  obfervation  on  pourra  aifément  concevoir 
combien   eft  fauife   la  définition  que   M.    Reftaut  8C 
quelques  autres  nous  donnent  de  la  fyllabe  j   quand  ils' 
\  difent  que  c'eft  unfon  qui  fe  fait  entendre  en  un  feul  inf~ 
\   tant.  Il  eft  clair  que  nous  avons  telle  fyllabe  d'ufage 
il   qui  ne  peut  fe  prononcer  à  moins  de    trois  ou  quatre 
!   înftans  très  diftinds  ;  ou  plutôt  il  eft  de  règle  que  tou- 
t    tes  les  fyllabes  d'ufage  &:  d'écriture  demandent  autant 
t   d'inftans  qu'il  y  a  de  confonnes  prononcées  avant  la 
I    voix  :  &  s'il  fe  trouve  encore  après  la  voix  ou  les  voyel- 
les d'autres  confonnes  qui  fe  falfent  entendre  ,  chacune- 
d'elles  exigera  encore  un  inftant. 

Il  faut  bien  fe  fouvenir  que  nous  ne  parlons  ici  que 
des  gonfonnss  qui  fe  font  entendre  >  c'eft ^-dire  ,   qui 


ïk 


a 


43$  S  Y  L 

Ont  chacune  dans  la  {yllabe  où  elles  Te  trouvent  une  ar- 
ticulation propre  &  Tentic.  Ainfi  ,  amant  n'a  que  deuj 
fyîlabes  phyfîques  non  plus  que  d'ufage  ,  parreque  le 
n  produilant  un  Ton  nazal ,  n'eft  plus  une  confonne  j 
puifqu'il  n'a  plus  d'articulation  ,  &  le  r  qui  termine  le 
mot  j  ne  doit  pas  être  compté  ,  puifque  la  pronciation 
ne  le  fait  pas  entendre. 

On  pourra  encore  conclure  de  tout  ceci ,  que  c'efl  une 
erreur  de  croire  que  les  vers  d'une  même  efpece  font  aufïi 
lonj^s  les  uns  que  les  autres  dans  la  langue  françoife  j 
puifque  parmi  ceux  de  douze  fyllabes  d'ufage,  on  en 
trouvera  qui  ont  au  moins  vingt-cinq  fyllabes  phyfi- 
ques  y  &  dont  la  prononciation  exige  par  conféqucnt, 
au  moins  vingt-cinq  inRans  réels  &  dillindls.  Mais  les 
Poètes  ne  font  attention  qu'aux  fyllabes  d'ufage  ,  au 
moins  la  plupart  du  temps.  Nous  y  mettons  cette  dcrnie- 
le  reftridion  ^  parcequ'il  cfi:  une  infinité  de  mots  qui 
félon  l'ufage  ne  devroient  compter  qu'une  diphtongue  , 
&  par  conféqucnt  qu'une  fylhbe  y  &  dans  lefquels  ce- 
pendant les  Poètes  comptent  deux  fyllabes  j  comme  , 
pajfton  ,  paj-fion  ,  feîon  i'ufagc  ,  &  paf-fi-cn  en  poéfie.  Il 
ne  fera  pas  mal-à-propos  d'indiquer  ici  les  principaux 
d'entre  ces  mots.  C'eft  un  point  fur  lequel  les  jeunes 
Poètes  ont  fouvent  des  doutes  très  difficiles  à  lever. 

i^.  En  poéfie,  la  terminaifon  icn  fait  deux  fyllabes 
dans  les  noms  propres  &  adjedlifsqui  indiquent  quelque 
ville,  quelque  pays ,  ou  quelque  profcihon  particulière  , 
comme  ,  Domiti-en  ,  Parifi-en  ^  Itali-en  ,  ïlijîori-en  , 
Grammairi-en.  Il  faut  aufïî  y  ajouter,  li-en,  anci-en  ^ 
Gardi-en.  Chrétien  ne  fait  que  deux  fyllabes  j  ien  eft 
inonofyliabe  dans  tous  les  mots  qui  ne  font  point  noms 
propres,  ni  adjedifs  d'état,  de  profefllon  ,  ni  de  pays  ; 
comme  ,  bien  ,  chien  ,  ■  rien  ,  mien  ,  tien  ,  fien ,  ]e  viens  , 
tu  tiens  ,  il  maintient ,  combien  ,  &c. 

z^.  lan  &  ien  ,  quand  celui-ci  fe  prononce  comme 
lan  ,  forment  toujours  deux  fyllabes  ,  comme  dans 
çtudi-ant ,  ri-ant ,  li-ant  ,  cU-ent ,  pati-ent ,  impati-ence  y 
cxpédi-ent ,  Sec.  il  n'en  faut  excepter  que  vian-de. 

3".  Ions  ell:  diphtone,ue,  quand  il  forme  la  terminai* 
£bn  des  premières  perfonnes  du  pluriel  de  l'imparfait  de 
l'indicatif  j  du  conditionnel  piéfeac,  du  préfcnt  &  àt 


s  Y  L  439 

('imparfait  du.  fubjonâ:if ,  comme  ,  ncus  ai-mions ,  nous, 
ai-me-rions  ,  nous  ai-maf fions  ,  nous  fe-rions  ^  nous 
i-rions  ,  &c.  Mais  fl  ^  à  l'un  des  temps  marqués ,  le  verbe 
Z  devant  ion  deux  confonnes  dont  la  féconde  foit  un  rj 
alors  ions  devient  di/Tyllabe  ,  comme  ^  nous  mettri-ons  , 
nous  rendri.ons  ,  nous  rompri-ons  j  &c.  Dans  les  pre- 
mières perfonnes  du  pluriel  du  préfent  de  l'indicatif  cm 
de  l'impératif  des  verbes  qui  ont  ifr  à  l'infinitif,  &  dans, 
quelqu'autre  mot  que  ce  puiiTe  être  ,  ion  eft  auffi  dif- 
fyllabe  ^  comme  ,  n^us  étudi  ons  ,  nous  déli-ons  ,  nous 
\mari-ons  ,  nous  ri-ons  ,  des  li-ons  »  Reiigi-on  ,  uni-on  , 
■pajjî-on  ,  vif -on  ,  créati-on  ,  &c. 

4".  7t/  forme  aufîi  deux  fyllabes  en  vers  ,  foit  qu'il  fe 
trouve  dans  les  noms  ou  dans  les  verbes  ;  di-amant , 
di-adême  ,  f//-  amêtre  ,  étudi-a  ,  co/zjî-  ^  ,  ouhli-a  ,  &c. 
il  n'en  faut  excepter  qu'un  périt  nombre  de  mots  qui  fe 
réduifent  à-peu-près  aux  fuivants  :  dia-hk  y  fia-cre  , 
liard  ,  familia-rité  ,  familia-rifer. 

5".  Z?  n'eft  ordinairement  que  d'une  fyllabe  dans  les 
noms  ,  foit  que  Ve  y  foit  ouvert  ou  fermé  :  mais  dans 
les  verbes  il  eft  de  deux  fyllabes  :  Ciel  ^  troiCu-me  ,  fiè- 
vre ,  pie-ce  ,  ami-tié ,  bar-rie-re  ,  pre-mier  ,  pa-pier  , 
eco-lier ,  fier  ^  der-nier  y  8zc.  Li-er ,  ni-er  ,  fe  fi-er  ,  njfo- 
ci-er  ^  mari-er ,  vous  ctudi-e:(  ,  confi-é  ^  mari-é  ,  vous 
ri-e:^  ,  inqui-éter ,  &c  :  il  en  eft  de  même  des  prétérits  de 
ces  verbes  ;  fétudi-ai ,  tu  déli-as  »  il  mari- a  ,  &c.  il  faut 
excepter  de  cette  règle,  pour  les  noms  ^  ;?i-^'r^',  impi- 
eté ^  inqui-et ,  inqui-étude  ,  kardi-ejfe  ^  matéri-el ,  ejfen^ 
îi-el y  &  les  autres  polifyllabes  en  iel ^  avec  tous  les 
ihots  dans  lefquels  ie  eft  précédé  de  deux  confonnes 
«îorit  la  dernière  eft  une  des  deux  liquides  ,l,r^  comme 
loucli-er  y  fangli-er  ,  haudri-er  ,  ctri-er  ,  meurtri-er  , 
levri-er  ^  ouvri-er^  calendri-er  ^  &c.  La  Fontaine  fait  fui- 
vant  ce  principe ,  qua-tri-e~me ,  de  quatre  fyllabes  ,  tan- 
dis qu'il  ne  fait  troi-fe-me  ,  que  de  trois  feulement. 

M,  de  Voltaire  ^  à  l'occafion  de  cet  hémiftiche  de  la 
Médée  de  Corneille  : 

Les  Sœurs  crient  miracle. 

fait  l'obfervation  fuivante.  »  J'ai  remarqué  que  parmi 
=>5  les  Etrangers  qui  s'exercent  quelquefois  à  faire  des 


44^  S  Y  L 

»  vers  François  ^  &  parmi  plufieurs  Pfovincianx  q-aî 
30  commencent  ,  il  s'en  trouve  toujours  qui  font  crient  , 
33  plient  ,  croient ,  bec.  de  deux  fyllabes.  Ces  mots  n'en 
»  valent  jamais  qu'une  feule ,  &  ne  peuvent  être  em- 
»->  picyés  qu'à  la  fin  d'un  vers.  Corneille  ,  ajoute-il  , 
S3  fit  fouvent  cette  faute  dans  fes  premières  pièces  ,  & 
»  c'eft  ce  qui  établit  ce  mauvais  ufage  dans  nos  Pro- 
»  vinces  sa. 

Hier  s'employoit  autrefois  en  un-c  fyllabe  y 

lïier  j'étois  chez  des  geiis  de  vertu  fîngulierc. 

Aujourd'hui  il  en  fait  deux  5 

Mais  hier  il  m'aborde ,  &  me  ferrant  la  main  , 
Ah,  Monlîeur ,  m'a-c  il  dit ,  je  vous  attends  demain. 

Dans  avaût  hier  il  eft  d'une  feule  fyllabe  5 

Le  bruit  court  qu'avant  hier  on  vous  afiafîina. 

Au  reftc  tous  ces  noms  qui  font  aujourd'hui  ie  de  deux 
fyîiabes  ,  n'en  faifoient  qu'une  autrefois  j  on  en  trouve 
mille  exemple  dans  nos  Poètes  qui  font  un  peu  vieux  : 
la  Fontaine  même  ,  quoique  plus  récent ,  l'a  encore  fait 
quelquefois  ,  comme  , 

Le  gibier  du  Lion  ,  ce  ne  font  pas  Moineaux  ; 

Mais  beaux  S:  bons  Sangliers,  Daims  &  Cerfs  bons  &  beaux. 

On  a  eu  raifon  de  divifer  des  fons  qui  étant  fi  compli- 
qués fop.t  toujours  très  durs  à  prononcer  5  en  y  coupant 
la  diphtongue  ,  ils  font  devenus  plus  coulans  &  plus 
conformes  au  î^énie  de  la  poéfie  qui  veut  fur-tout  char-' 
mer  rorcillc. 

J'ai  fu  tout  ce  détail  d'un  ancien  Valet. 

(  Corneille  dans  le  Menteur). 

w  Autrefois,  dit  M.  de  Voltaire^,  un  Auteur,  fclon  fa  vo- 
»  lonté  ,  faifoit/z/Vr  d'une  fyllabe  ,  Scuncien  de  trois.  Au- 
«jouid'hui  cette  méthode  ell  changée,  ^/zova/ de  trois 
3'  fylla'bes  rend  le  vers  plus  languiffant  :  ancien  de  deux 
=>  ryilabes  devient  dur.  On  eft  réduit  à  éviter  ce  mot  ^ 
"  quand  on  veut  faire  des  vers  où  tien  ne  rebute  l'oreille  aa» 


s  Y  L  '  44'ï 

'<g».  Comme  Ve  eft  toujours  muet  ou  obfcurdansla 
pénultième  fyllabe  du  futur  Se  du  conditionnel,  com- 
I  me  ,  je  ferai ,  j'adorerai  ,  je  ferons ,  }' adorerais  ;  que  Tott 
prononce  prcfque  .  je  frai  ,  je  frais  ,  fcdorrai  ,  fador-^ 
rois  ;  fi  cet  e  muet  s'y  trouve  pur  ,  c'eft-à  dire  ,  pré- 
cédé d'une  voyelle  ou  d'une  diphtongue  ,  il  nd»peuc  plus 
alors  foutenir  une  fyllabe  ,  &  l'on  n'y  doit  avoir  aucun 
i  égard  en  mefurant  les  vers  :  ainfi  ,  f  oublierai  Je  J^cn- 
ferai  ,  j'envierai  ,  je  prierais  ,  je  contribuerais ,  je  loue- 
rois  ,  j'avouerais  ,   8f  autres  femblabks  ont  ime  Cyliabe 
de  moins  dans  la  ledure  ,  même  des  vers  ,  que  dans  ré- 
criture. 

£t  nous  le  prierons  tous  de  nous  fervir  de  perc. 

(  Jiacine  dans  Phèdre  ). 

€e  jour  ,  je  l'avoueraî  ,  je  me  fuisallarmé. 

(  Racine  dans  Eirinue  ). 

Pjcrdiz  un  ennemi  d'autant  plus  dangereux , 
Qu'il  s'effaiera  fur  vous  à  combattre  contre  eux. 

(  Racine  dans  AndromaijKe  ). 

It  ce  f«nt  ces  plaîCrs ,  Se  ces  pleurs  que  j'envîe  , 
;'  Que  tout  autre  que  lui  me  paieroit  de  Ca  rie. 

{  Racine  dans  Britamicus  ). 

'  Ccft  fur  ce  même  principe  que  la  prononciation  <îc 
-  Ve  muet  fe  fupprime  dans  les  mots  ou 'il  fe  trouve  placé 
après  une  voyelle  ou  diphtongue  ,  comme  ,  tuerie  ,  paU^ 
ment  ^  tournoiement ,  remerciement  ,  duement ,  &  fembïa- 
blés ,  qui  fe  prononcent  tu-rie  ,  pai-ment  ,  towmoi-mem^ 
remsrci-ment ,  du-ment ,  &c. 

Tout  fuit ,  tout  fe  dérobe  à  Taffreufe  tuerie. 

(  Segrais  ). 

Sa  belle  5c  fon  aimable  mère , 
M'a  donné  charge  de  vous  faire , 
Mille  Se  mille  remercicmens  , 
Cent  &C  cent  mille  complinjens  j 
Ce  font  en  tout  deux  cents  deux  mille  i 
Mais  c'eft  que  la  Dame  eft  sivilc. 

(  Koiti^e  ). 


44i  S  Y  L 

v"*.  lo  eft  ordinairement  de  deux  fyllabes  ,  com;ne  , 
vi-olence^  vi-olon  ,  Di-ocefe,  &c.  on  pourroit  en  cx^eptçfi 
fiole  ,  &  pioche. 

Prends  la  fiole  ,  ou  ... . 

^  Je  crains  en  ce  défordre  extrême. 

Semble  un  vi-olon  faux  qui  jure  fous  Tarchet. 

8".  Oe  ne  fait  qu'une  fyllabe  ,  comme,  bo'è-te ,  co'èf- 
fe  ,  moel-Le  ^  poe-le  ,  &c.  Il  en  a  cependant  deux  dans 
Po-éfie  ,  Po-ême  ,  Po-ète. 

Si  fon  alhe  en  naiflanc  ne  l'a  formé  Poète, 

BoiUait. 

Un  fonnet  fans  défaut  vaut  feul  un  long  Poème. 

(  Ideni-)^ 

9^.  Ue  avec  Ve  ouvert  ou  fermé  ^  cft  toujours  de  deux 
fyllabes  ,  comme ,  du~el ,  tu  er  ^  attribu-é. 

I  o".  Ui  eit  toujours  UK^nofyllabe  ,  comme  ,  lui,  dé" 
dui-re  3  fuir  ^  &c.  exceptés,  ru-ine  y  ru~iner  ^  bru-ine. 
Pour  or  ,  par  tout  où  il  eft  diphtongue  propre  eu  im- 
propre ,  il  ne  forme  qu'une  fyllabe  ;  &  l'oreille  peut 
très  facilement  fentir  quand  il  ne  l'eft  pas  :  on  n'a  pas 
befoin  de  rcgle  pour  fentir  que  emploi  eft  de  deux  fylla- 
bes ,  &  mO'ï-fc  de  trois. 

I I  *".  lais  eft  quelquefois  d'une  &  quelquefois  de  deux 
^ans  biais ,  biai-fer  :  ni-ais  eft  toujours  de  deux.  Brè^ 
vi-aire  eft  de  trois. 

Car  il  eft  des  Héros  d'une  douce  manière  , 
11  en  cft  de  Jufticc  ,  il  en  cftdeSieviaifc. 

Il'',  lau  forme  toujours  deux  (yllabes  j  mi-auler  l 
hejli-aux  ,  Provinci-aux  ,  &c. 

1 5**.  leu  fe  prononce  aulTi  en  deux  fyllabes  ,  comme  , 
pi-eux  ,  odi-eux  ,furi-€ux  ,  préci-eux  ,  ojfUi-eux  ,  &c.  il 
faut  en  excepter  ,  deux  ,  Dieu  ,  lieu  ,  Lieu-tenant  j  mi- 
lieu j  mieux  ,  pieu  ,  épieu ,  ej-fieu  ,  vieux  ,  yeux. 

14".  Ckie  avec  Ve  ouvert  ou  fermé  eft  de  deux  (yWa.- 
hcs -yjou-et ,  lou-er^  avou-er  jjou-é  ,  &c.  il  faut  excepter 
fouet ,  Ôc  fouet -ter. 


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s  Y  L  44Î 

I  I  f  *.  Oui  eft  auflî  de  deux  fyllabes  ,  comme  ,  jou-ir  ^ 
ni-ir ,  jou-i»,  Lou-is  ,  éblou-i ,  &c.  il  n'cft  que  d'une 
lans  l'aifirmation  oui  ^  Se  dans  ùouis. 

Nous  avons  ici  donné  l'ufage  le  plus  fuivi  par  les 
'ocres  5  mais  il  ne  faut  pas  croire  qu'il  foie  général. 
)es  articles  fur  Icfquels  nous  venons  de  donner  des 
egles  ,  il  en  eft  bien  peu  pour  Icfquels  on  ne  trouve 
es  exemples  contraires  à  ce  que  nous  venons  d'en  dire; 
epcndnnc  comme  nous  avons  toujours  parlé  d'après  le 
lus  grand  nombre  ,  on  né  doit  pas  moins  s'en  rappor- 
lï  à  ce  que  l'on  trouvera  de  régie  ici. 

La  gêne  du  nombre  des  fyllabes  eft  très  grande  en 
ien  des  occalîons  ;  il  ne  faut  pas  être  furpris  de  trou- 
er à  cet  égard  bien  des  fautes ,  même  dans  de  bons 
oètes  5  fouvent  ils  ont  contredit  le  grand  ufage  8c  peut- 
:re  leurs  propres  lumières,  en  retranchant  ou  en  ajou- 
mt  mal-à  propos  une  fyllabedans  quelque  mot  j  mais 
i  n'a  été  que  par  défefpoir  de  faire  mieux.  Voudroit-ori 
rononcer  dans  la  poéfie,  extrordinaire  ,  parce  qu'il  a*a 
ue  cinq  fyllabes  dans  ces  vers  5 

Il  fe  mit  à  gémir  &  braire  , 
Dans  le  dernier  extraordinaire. 

On  ne  peut  pas  fupprimer  Va  dans  ce  mot,  &  il  eft  très 
ifHcile  de  ne  faire  qu'une  fyllabe  de  ao  en  prononçant 
s  deux  lettres. 

Fléau  eft  de  deux  fyllabes  ,    quoique  les  noms  en 
lu.  ne  comptent  jamais  qu'une  fyllabe  pour  ces  trois 
mes.  Perdreau  ,  &c. 
'  Galimatkias  eft  communément  de  cinq  fyllabes, 

D'où  peur  procéder  ,  je  te  prie  , 
Ce  galimathias  maudit  ? 

Molière. 

Ccpen(iaat  un  autre  Poète  a  dit  : 

Et  de  termes  favants  fie  un  galimathias , 

Qui  charmoitles  ÊfpjJti^uiae  remendoient  pas. 

Art  de pccher 


444  S  Y  L 

C'cfl:  ainfi  qu'on  trouve  ,  fur-tout  dans  les  ancien 
Poètes  ,  des  palfages  contraires  à  ce  que  nous  avons  cr 
devoir  donner  pour  règles  générales. 

Pour  fu-ir  d'un  grand  Roi  la  colère  fanglance. 

(  Godeau  }» 

Comme  du  Ciel  fcrein  ou  voit  fu-ir  les  nues. 

(  Segrais  } 

Et  pour  faire  une  rumeur  grande 
Non  pour  l'amour  de  la  vi-ande. 

(  S.  GeUis  ). 

Je  trouve  des  foupirs  la  vi  ande  bien  creufe. 

(  r.  Corneille  ), 

Les  Poè-tes  au  parterre  en  parlent  autrement  , 
Tout  vient  dans  ce  grand  Poè-me  admirablement  bien» 

(  Le  même  ). 

Si  de  quelque  retour  tu  pay-eras  ma  peine.... 
Mais  elle  bat  les  gens ,  ôc  ne  les  pay-e  point. 

(  Molière  y 

Il  prit  l' cpée  à  la  dextre , 

Le  bou-clicr  à  la  feneilre.  > 

(  Sonfard), 

De  tourcs  tailles  bons  le- vtiers , 
Et  de  tous  arts  méchansou-vriers. 


A  peine  la  quatrième  lune 
Achevé  de  faire  fon  tour. 


J'ai  reçu  deux  meur-tricrs 
Pour  témoins  d'un  parjure. 


(Malherbe). 


(  Rotron  )« 


Son  ordre  eft  un  bou-clier  à  quiconque  le  fert. 
Et  ce  même  bou-clier  met  ma  tête  à  couvert. 


Ec  ii  vriez  de  Ci  belles  chofes 
A  la  merci  de  là  douleur. 

(  Malherbe  ), 

On  pourroit  en  citer  beaucoup  d'autres  :  mais  ceux- 
ci  ruffifenc.  Quand  on  a  quelque  doute  fur  ces  fortes  de 
fyllabesj  il  ne  faut  point  imiter  ces  licences,  qui  font  des 
fautes  contre  la  langue  &  l'oreilie  :  voye^  Prononcia- 
tion «S*  Quantité. 

SYLLEPSE  ORATOIRE.  Ce  mot  vient  du  grec  ae 
fignifîe  union  ,  jondion  ,  afTcmblage.  Il  y  a  fyllepfe 
idrfque  le  même  mot  eft  pris  en  mcme  teins  au  propre 
&  au  figuré  dans  la  même  phrafe.  Cette  figure  eft  une 
cfpece  de  métaphore.  Quand  le  Berger  Coridon  dans 
Une  Eglogue  de  Virgile  ,  dit  que  fa  Galatiiée  eft  pour 
lui  plus  douce  que  le  thim  du  mont  Hibla  :  ce  mot 
douce  eft  pris  en  même-tems  au  propre  &  au  figuré  ,  au 
propre  par  rapport  au  thim  ,  &  au  figuré  par  rapport  à 
l'impreiTion  que  la  Bergère  fait  fur  lui. 

On  trouve  auifi  un  exemple  de  cette  figure  dans  i'An- 
dromaque  de  Racine.  Pyrrhus  qui  eût  le  plus  de  part  à 
l'embrafcment  de  Troye ,  eft  épris  d'une  violente  palfion 
pour  Andromaque  qui  n'y  répond  pas*  Au  fore  de  fà 
paflion  il  s'écrie  : 

Je  fouffire  tous  les  maux  qUe  j'ai  faits  devant  Troye  5 
Vaincu  ,  chargé  de  fers  ,  de  regrets  confun:ié  ^ 
•  Brûlé  de  plus  de  feux  que  je  n'en  allumai. 

"Feux  eft 'tout-à-la-fois  au  propre  &  au  figure  ,  iî 
fait  allufion  aux  feux  qui  embraferent  la  Ville  de  Troye, 
&  à  la  paiïion  de  Pyrrhus. 

On  voit  que  cette  figure  eft  une  efpece  de  jeu  de 
mots  5  ainfi  il  ne  faut  l'employer  qu'avec  beaucoup  de 
dirconfpedion  &  à  propos.  C'eft  ce  qui  a  fait  dire  à  un 
de  nos  plus  grands  Poètes  ,  en  parlant  du  vers  que  nous 
venons  de  citer.  «  Si  Pyrrhus  s'exprimoit  toujours  dans 
35  ce  ftyle  il  ne  toucheroit  point  y  on  s'appercevroit  que 
la  vraie  paifion  s'occupe  ratemcnt  de  pareilles  com* 
paraifons  ,  &  qu'il  y  a  peu  de  proportion  entre  les 
»i  feux  réels  dont  Trove  fwt  confumce  ,  &:  les  feux  d^ 
Tçm^  Il  F  £ 


44^  S  Y  L 

03  Tamour  de  Pyrrhus  «.  (  Poétique  de  M.  de  Voltaire  )i 
SYLLOGISiVlE.  Le  ryllogifmc  cft  un  raifonncment 
compofé  de  trois  prcpofitions  dépendantes  l'une  de  l'au 
tre.  La  première  comient  la  féconde  ,  la  féconde  fait 
voir  qu'elle  efc  contenue  dans  la  première  ,  &  toutes  les 
deux  démontrent  mutuellement  qu'elles  contiennent  la 
troifieme.  Un  exemple  rendra  la  ciiofe  très  claire.  Tou- 
tes les  fois  qu'on  a  une  proportion  à  prouver  ,  on  clioi- 
fît  un  principe  connu  dont  la  vérité  peut  établir  cette 
propoliîion  par  la  liaifon  qu'il  a  avec  elle. 

Vnprincipe  n'efc autre  chofc  qu'une  connoiiîance  vraie 
&  certaine,  qui  conduit  à  une  autre  connoiifance  qui  étoii 
douteufe  ,  &:  l'ufage  qu'on  fait  d'une  connoiilance  pouilj" 
en  établir  une  autre,  s'appelle  raifonnement.  ■'" 

Le  principe  fait  donc  la  première  propolition  ,  com- 
me dans  ce  raifonnement  :  Un  Etre  bon  &  jujîe  ne  doit 
point  Uûjfer  le  crime  impuni^  ni  la  vertu  fans  récomptnfe  . 
voilà  la  première  propolition  qui  contient  la  fecondi 
oue  voici  ,  &  à  laquelle  on  l'applique  :  Or  Dieu  cjî  bor 
è  jufle  :  &  ces  deux  propofitions  contiennent  néceifaire- 
ment  cette  troifieme  :  Donc  Dieu  punira  le  crime  &  ré-  . 
compenfera  la  vertu.  pj 

La  première  de  ces  propofitions  qui  eft  la  plus  gcna 
raie  ,  s'appelle  en  Pliilofophic  la  majeure  y  la  féconde  U 
mineure  ,  èc  la  troifieme  la  conféquence  ou  la  conclujion 
On  voit  par  ce  que  nous  venons  dédire,  que  pour  qu'ur 
raifonnement  foit  concluant  ,  il  faut  que  le  principe 
foit  général  &  certain  ,  Se  que  l'application  en  foii 
jufte. 

La  manière  de  raifonner  par  fyllogifmes  ,  qu'on  ap- 
pelle raifonner  en  forme,  elî  froide  &  lente.  Elle  eft  pro- 
pre au  Philofophe  dont  l'unique  but  eft:  de  découvrir  la 
vérité.  Il  craint  de  fe  méprendre  j  il  a  toujours  le  fyllo- 
gifmc  en  main  ,  comme  le  Géomètre  le  compas.  Il  va  de 
proche  en  proche  ,  il  ne  franchit  aucune  idée  intermé- 
diaire. Il  ne  fait  jamais  un  pas  fans  le  concours  des  trois 
propofitions,  6c  fans  toutes  les  diftindions  philofophi 
ques. 

Il  n'en  eft  pas  ainfi  de  l'Orateur.  Les  matières  qu'illl  ^ïî*i 
traite  font  ordinairement  plus  intelligibles  ,  d'aillcursIWK 
tomme  il  cherche  plutôt  à  perfuader  qu'à  démontrer,  Cs!^t 


loir 

île 

DS 


m 

m 

ifitlc 


s  Y  L  S  Y  N  447 

marche  efl:  moins  rég;uliere  ;  mais  elle  eft  plus  vive» 
plus  rapide.  Il  iupprime  le  principe  ,  &  il  en  réfultc  ce 
^ii'on  appelle  entliymcme  :  voyei  Enthymbme. 

Si  quelquefois  il  fe  fert  de  l'argument  en  ibrme  ,  il  le 
préfcnte  bien  difFcremmcnt  du  Logicien  5  il  ne  fuie  point 
l'ordre  que   celui-ci  obferve  :  voyei   Conclusions 

ORATOIRES. 

Ciceron  veut  prouver  que  Céfar ,  en  pardonnant  à 
Marcellus  qui  avoit  pris  les  armes  contre  lui ,  cH:  digne 
iies  plus  grands  éloges.  Au  lieu  de  dire  comme  feroir  le 
Logicien  :  la  clémence  eft  une  vertu  fi  rare  qu'elle  mé- 
rite les  plus  grands  éloges  ;  Céfar  polTcde  cette  vertu  > 
4onc  Céfar  mérite  les  plus  grands  éloges.  Il  prend  cha- 
une  de  ces  propoiitions  féparémcnt  ,  èc  fans  s'af- 
Ueindre  à  Tordre  établi  entre  elles  ,  il  commence  tantôt 
par  la  première  ,  tantôt  par  la  féconde  indifFérement.  II 
les  développe  Se  les  amplifie  tour  à  tour.  Il  cache  fes 
preuves  fous  le  pompeux  appareil  de  l'éloquence.  Après 
avoir  élevé  jusqu'aux  cieux  les  aâ:ions  guerrières  de 
Céfar  ,  il  les  compare  avec  la  clémence  qu'il  vient  de 
faire  éclater  envers  Marceilus,  & ,  fans  rien  diminuer  de 
la  gloire  militaire  dont  un  grand  Capitaine  eft  toujours 
très  jaloux  ,  il  met  au-delTus  fa  clémence  &  fagénéro- 
fîté ,  en  prouvant  qu'un  Général  n'a  pas  feul  route  la 
gloire  d'une  victoire  ,  au  lieu  que  celle  de  la  clémence 
lui  devient  propre  &  perfonnelle  3  qu'il  eft  moins  dif- 
ficile de  vaincre  fes  ennemis  que  de  furmonter  fes  paf* 
fions  ;  enfin  que  les  lauriers  qu'on  cueille  dans  les  com- 
bats font  teints  du  fang  de  plulieurs  milliers  d'hommes  ; 
ijue  les  applaudi ifemen s  que  reçoit  le  vainqueur  fonc 
troublés  par  les  cris  des  mourans  :  au  lieu  que  les  ac- 
tions débouté  &  de  clémence  ne  font  accompagnées 
4'aucun  trouble ,  d'aucun  tumulte  5  elles  ne  font  fon- 
dées fur  le  malheur  de  perfonne  j  elles  flattent  &  gagnent 
IçjCœur  de  tous  ceux  qui  en  entendent  parler  j  elles 
fçnt  le  bonheur  du  monde  :  voye^  Iormes  des  preu- 
ves. 

SYNECDOQUE  oz/  SYNECDOCHË.  Le  mot  fynec- 
doque  fignifie  compréhenfion ,  conception.  On  appelle 
ainfi  une  figure  de  diction  ^qui  fait  concevoir  ài'efpric 
plus  ou  moins  que  Iç  mo;  dont  on  fe  fert  ne  iîgmfîe 


448  S  Y  N 

dans  le  fens  propre.  C'eft  une  erpece  de  métonymie  ; 
avec  cette  différence  pourtant  que  la  métonymie  prend 
iîmplement  un  mot  pour  un  autre  ,  au  lieu  que  la  fy- 
»ecdoche  prend  le  moins  pour  le  plus ,  ou  le  plus  pour 
le  moins. 

Il  y  a  plufieurs  fortes  de  fynccdoches. 

i''.  Synecdoche  du  genre  ,  comme  quand  on  dit  les 
mortels  pour  les  hommes.  Le  terme  de  mortels  devroic 
pourtant  comprendre  aulTi  les  animaux  qui  font  fujets  à 
la  mort  aufli  bien  que  nous  ;  ainfi  quand  par  les  mortels 
on  n'entend  que  les  hommes ,  c'ell  une  fynecdoche  du 
genre.  On  dit  le  plus  pour  le  moins. 

xR.  Synecdoche  de  l'ejpece.  C'eft  lorfqu'un  mot  ,  qui 
dans  le  fens  propre  ne  fîgnifîe  qu'une  efpece  particu- 
lière ,  fe  prend  pour  le^enre.  C'eft  ainlî,  par  exemple  , 
qu'on  appelle  quelquefois  coquin  un  homme  adonné  à 
toutes  fortes  de  crimes ,  alors  on  prend  le  moins  pour 
dire  le  plus. 

3^.  Synecdoche  dans  le  nombre.  C'eft  lorfqu'on  met  un 
fmgulier  pour  un  pluriel ,  ou  un  pluriel  pour  le  fingu- 
gulier  ,  comme  lorfqu'on  dit  :  l'ennemi  vient  à  nous 
c'eft-à-dire  les  ennemis.  //  eft  écrit  dans  les  Prophètes 
c'eft-à-dire,  il  eft  écrit  dans  un  des  livres  de  quelqu'un 
des  Prophètes. 

4°.  On  prend  quelquefois  la  partie  pour  le  tout ,  ou 
le  tout  pour  la  partie.  Ainfî ,  par  exemple,  la  tcte  fc 
prend  pour  l'homme  entier. 

Les  Chrétiens  vous  devroieat  une  tête  Ci  chère. 

(  f^olt.  Zaïre  ?. 

C'eft-à-dire  une  perfoniiç  (î  précieufc  ,  fî  chérie. 

Quand  les  Poètes  dif^nt  après  quelques  hivers,  quel- 
ques étés  ,  c'cft-à-dire  ,  après  quelques  années. 

L'onde  ,  dans  le  fens  propre  ,  figiiifîe  une  vague,  un 
flot  j  cependant  les  Poètes  prennent  ce  mot  ,  ou  pour  là 
mer  ,  ou  pour  l'eau  d'une  rivière  ,  ou  pour  là  rivicrç 
ftxîme. 

Vous  juriez  autrefois  que  cette  onde  rebelle, 
S*;  feroit  y«is  i"a  fouiw  une  soute  nouvelle , 


s  Y  N  MO 

Plutôt  qu'on  ne  verroit  votre  coeur  dégagé  5 
Voyez  couler  ces  flots  dans  cette  vafte  plaine; 
C'cft  le  même  penchant  qui  toujours  les  entraîne  î 
Leur  cours  ne  change  ^Toint ,  Se  vous  avez  changé, 
(  Quinault ,  Ifis y  Aft.  I.Sc.  3,  ). 

On  voit  Touvent  dans  les  Poètes  le  Tybre  pour  ICS 
Romains  ,  la  Seine  pour  les  François. 

Chaque  climat  produit  dei  favoris  de  Mars ,. 
La  Seine  a  des  Bourbons  ,  le  Tybre  a  des  Céfars»' 
(BoiUitti  jl-ç.  !.)• 

j^.  On  Te  fert  fbuvent  du  nom  de  h  matière  pour 
marquer  lachofe  qui  en  eft  faite,  comme  quand  an  dit: 
prends  ce  fer  ^  au  lieu  de  dire  prends  cette  épée. 

SYNONYMES.  On  appelle  fynonymes  les  mots^ui 
fe  reflemblant  par  une  idée  commune  ,  font  néanmoins 
diftingués  l'Un  de  l'autre  par  une  idée  acceJToire  &  par- 
ticulière à  chacun  d'eux  ,  d'où  naît  dans  beaucoup  d'oG- 
cafions  une  nécelTité  de  choix  pour  les  placer  à  propos 
&  parler  avec  juftefle.  La  diftindion  des  fynonymes 
prévient  l'abus  des  termes  j  rend  le  langage  intelligi- 
ble ,  bannit  les  idées  vagues  &  les  à-peu-près  dont  les 
efprits  fupcrficiels  fe  contentent. 

Il  ne  faut  donc  point  imaginer  que  les  mots  qu'on 
nommz  fynonymes  le  foient  dans  toute  la  rigueur  d'une  ' 
xelTemblance  parfaite  ,  enforte  que  le  fens  foit  aulîî  uni- 
forme entr'eux  que  l'eft  la  faveur  ,  par  exemple  ,  entre 
les  gouttes  d'eau  d'une  même  fource  5  car  en  les  confl- 
dérant  de  près  ,  on  verra  que  cette  reflemblance  n'em- 
bralTe  pas  toute  l'étendue  &  la  force  de  la  fîgnifîcation  5 
qu'elle  ne  conlifte  que  dans  Une  idée  principale  que  tous 
.  énoncent  ,  mais  que  chacun  diverfiiîe  à  fa  manière  par 
une  idée  accelToire  qui  lui  conflitue  un  caradere  propre 
&  fingulier.  La  reflemblance  que  produit  l'idée  générale 
fait  donc  les  mots  fynonymes,  &  la  différence  qui  vient 
de  l'idée  particulière  qui  accompagne  la  générale  j  fait 
qu'ils  ne  le  font  pas  parfaitement  3  &  qu'on  les  diflio* 

ffiij 


450  S  Y  N 

gue  comme  les  diverfes  nuances  d'une  même  couleur,' 

Je  ne  citerai  ici  que  deux  exemples  tirés  de  l'excellent 
livre  de  M.  l'abbé  Girard ,  intitulé  :  Synonymes  Fran- 
fois  ,  &  un  troifieme  tiré  du  Commentaire  de  M.  ûff 
Voltaire  ,  fur  P.  Corneille, 

Bonheur  y  félicité  ^  béatitude. 

Ces  trois  mots  fîgnifîent  également  un  état  avanta- 
geux &  une  fituation  graciculEe.  Mais  celui  de  bonheur 
marque  proprement  l'état  de  la  fortune  capable  de  four- 
nir la  matière  des  plaifirs,  &  de  mettre  à  portée  de  les 
prendre.  Celui  de  félicité  Qx^nmc  particulièrement  l'état 
du  cœur  difpofé  à  goûter  le  plaifir^  &  a  le  trouver  dans 
ce  qu'on  polfede.  Celui  de  béatitude  qui  eft  du  ftylc  mys- 
tique défigiie  l'état  de  l'ame  prévenue  des  dons  de  la 
gr-ace  &  pleine  des  confolarions  intérieures  que  donnent 
une  bonne  confcience  &  une  réfignadon  parfaite  à  la 
"Volonté  de  l'Être  Suprême. 

On  eft  quelquefois  dans  un  état  de  bonheur  fans  être 
dans  un  état  de  félicité.  La  podefTion  des  biens  ,  des 
honneurs  ,  des  amis  ;,  &  de  la  fanté  ,  fait  le  bonheur  de 
la  vie  :  mais  ce  qui  en  fait  la  félicité  ,  c'eft  l'ufage  ,  la 
ioui/fance ,  le  fentiment ,  &  le  goût  de  ces  chofes.  Quant 
a.  la  béatitude  elle  eft  le  partage  des  perfonnes  vraiement 
pieufes. 

Les  chofes  étrangères  fervent  au  bonheur  de  l'hom- 
tne  ,  mais  il  faut  qu'il  faile  lui-mcme  fa  félicité ,  &  qu'il 
«iemande  à  Dieu  la  béatitude.  Le  premier  eft  pour  Its 
riches ,  la  féconde  pour  les  fages  ^  la  troiileme  pour  les, 
Saints.. 

Apparition,  Vif  on. 

La  vifion  fe  pafle  au-dedans  &  n'eft  qu'un  effet  de 
Timagination.  L'aparition  fuppofe  un  objet  au-dehors, 
t»  Si  Jofeph  ,  dit  M.  l'Abbé  Girard  ,  fut  averti  par  une 
3»  "Vifion  de  paflfer  en  Kgypte  ,  ce  fut  une  apparition  qui 
in  inftruifit  la  Magdcleine  dç  k  nffarrcdlion  de  Jcfi*:- 
'•«Chrift  3»,  -'•  •  -  ■   •    • 


"  Dejfein  ,  Projet, 


'-^  On  ne  fait  point  des  deffeins  ,  on  fait  des  projet»^ 
V  Ces  règles  paiciiTent  étranges  au  premier  coup  d'ceil , 
33  &  ne  le  font  point.  Il  y  a  de  la  différence  entre  deffe'm 
33  S>c  projet 'j  un  projet  eft  médite  &  arrêté  j  ainfion  fait 
33  un  projet.  Dejfein  donne  une  idée  plus  vague  ;  voilà 
33  pourquoi  on  dit  qu'un  Général  fait  un  projet  de  cam- 
33  pagne  ,  &  non  pas  un  deiTein  de  campagne  33.  M.  de 
Voltaire, 

SYNTAXE.  La  fyntaxe  eft  cette  partie  de  la  Gram- 
maire qui  règle  ,  d'après  î'ufage  ,  la  forme  fous  laquelle 
un  mot  doit  paroître  dans  le  difcours  ,  en  conféquence 
des  liaifons  qu'il  a  avec  d'autres  mots ,  c'eft-à-dire  ^  s'il 
doit  être  mis  au  mafculin  ou  au  féminin  ,  au  fingulier 
ou  au  pluriel  ,  &c.  en  quoi  elle  diffère  de  la  conftrucîion 
qui  règle  la  place  qu'un  mot  doit  occuper  dans  qnç 
phrafe  relativement  aux  autres  mots ,  comme  nous  le 
oifons  à  l'article  Construction. 

Il  n'y  a  de  fyntaxe  en  général  que  pour  les  mots  dont 
le  matériel  peut  varier  félon  les  différents  rapports  qu'on 
y  veut  faire  appercevoir.  Ainfi  en  françois  il  n'y  a  de 
fyntaxe  que  pour  les  fubftantifs-,  les  adjeélifs  ,  les  ver- 
bes j  l'article  ,  &  les  pronoms  j  les  adverbes  ,  les  prépo- 
fitions  les  conjondions  &  les  particules  ne  fouffrant 
jamais  la  moindre  altération.  Il  ne  faut  pas  croire  ce- 
pendant que  tout  nom  fubftantif ,  ou  adjedlif ,  ou  pro- 
nom ,  que  tout  mode  de  verbe  varie  fa  fyntaxe  de  même 
que  les  autres  'mots  de  fon  efpece  :  il  y  a  là-deffus  bien 
des  irrégularités  ,  ou  fi  l'on  veut ,  bien  des  différences, 
comme  on  le  verra  bientôt.  Mais  avant  que  déparier  des 
règles  de  fyntaxe  ,  il  faut  expofer  quelles  font  les  va- 
riations des  différentes  fortes  de  mots  qui  y  font  fou- 
rnis. 

Les  fubftantifs  ne  varient  que  relativement  au  lîngu- 
lier  ou  au  pluriel  ,  félon  que  l'on  veut  faire  fignifier  à 
chacun  d'eux  un  ou  plufieurs  individus  de  leur  efpece. 
les  adjedifs  (  &  fous  ce  nom  nous  comprenons  l'arti- 
cle ,  les  pronoms ,  &  les  participes  )  varient  félon  le 
genre  de  leurs  fubftantifs^  auffi  bien  que  félon  leur  nom- 

f  fiv 


bre.  Les  verbes  varient  félon  le  mode ,  le  temps  ,  îe 
nombre  &  la  perfonne  :  voye:;^  Modes,  Tems  ,  Nom- 
bre 6*  Personnes. 

Voilà  la  règle  générale  j  mais  il  y  a  des  fubftantifs 
qui  n'ont  point  de  iingulier  ,  d'autres  qui  n'ont  point  de 
pluriel  3  il  y  a  des  adjcdifs  qui  ne  fouffrent  aucune  alté- 
jation  pour  palier  d'un  genre  à  l'autre  i  il  y  en  a  qui 
n'ont  point  de  fingulier  ,  comme  vingt  ^  trente  ,  &:c.  Il  y 
a  des  pronoms  qui  reftcnt  les  mêmes  pour  tous  le^  gen- 
res &  les  nombres  ,  comme  ,  ce  ,  qui ,  que,  donc  j  d'au- 
tres qui  ne  fervent  qu'au  fingulier,  comme  je,  ou  au 
pluriel ,  comme  nous  ,  &c  j  il  y  a  des  participes  qui  ref- 
tent  les  mêmes  pour  le  fingulier  &  le  pluriel ,  le  mafcu^ 
lin  &  le  féminin  ,  comme  tous  les  participes  préfents  de 
ra<5lif ,  tels  que  ,  aimant ,  jouant  y  &c.  Il  y  a  des  verbes 
cjui  n'ont  point  certains  tems  ,  certains  modes  ,  certai- 
nes perfonnes  ;  tels  font  les  verbes  défeclifs  &  les  verbes 
imperfonnels.  Sur-tout  cela  ,  il  faut  confulter  les  mots 
Substantif,  Adjectif,  Article,  Pronoms,  Verbe  , 
Participe,  &c.  Ici  nous  ne  parlons  que  de  ceux  qui  font 
Tufceptibles  des  terminaifons  propres  à  leur  cfpece.  On 
icnt  que  ce  fcroit  encore  nous  répéter  inutilement ,  que 
<le  rapporter  les  règles  qui  fixent  ks  lettres  oulcsfyllabes 
c]ue  chacune  de  ces  efpeces  de  mots  perd  ou  acquiert 
ou  change  dans  Ces  variations  5  nous  fuppofons  qu'on 
les   connoît  ,    &  qu'on  les  a  vues  dans  leurs   articles 
refpedifs. 

Suhflantifs  ,  Adjeciifs  ,  Pronoms  ,  &c. 

'  Xa  penfée  peut  feule  décider  du  nombre  auquel  on 
^oit  mettre  un  fabftaniif  :  il  n'eft  point  efclavc  à  cet 
ifgard  des  autres  parties  du  difcours ,  puifque  c'eft  lui  ai* 
contraire  q^ii  rpgic  leur  fyntaxc. 

Les  adjeélifs,  les  pronoms,  l'article  ,  &  les  partici- 
pes partifs  du  pniré  ,  doivent  fuivre  le  nombre  &  le 
genre  du  fubftantif  auquel  ils  fc  rapportent.  Si  celui-c? 
cil  au  fingulier  &  du  genre  malculin  ,  ceux-là  pren- 
dront la  tcrminaifon  que  l'ufagc  leur  a  afllgnée  pour  le 
Tnafculin  fingulier  ;  il  en  efi  de  même  du  féminin  fin- 
gulier ,  &  du  pluriel,  foit  mafculin,  foit  féminin.  Lhom- 


s  Y  N  .     ,   ^5^ 

ITW^  cftunfubftantif  mafculin  &  lîngulîer  ,  ainfi  Ton  doit 
dire  ,  thomme  efi  bon  j  &  non  pas  bons  ,  ni  bonne  ,  ni 
bonnes  i  parceque  c'eft  la  première  de  ces  tcnninairons 
que  l'ufage  a  confacrée  pour  le  fingulier  mafculin  ,  & 
<]ue  les  autres  font  pour  l'autre  genre  dans  les  deux 
nombres  ,  ou  le  même  genre  dans  l'autre  nombre. 

^'\  un  ou  plufieurs  adjedifs  ,  pronoms  ,  participes 
paiTifs  y  ou  l'article,  fe  rapportent  a  plufieurs  fubftan- 
tifs  5  il  faut  les  mettre  au  pluriel ,  comme  ,  les  père  ^ 
mère.  Si  ces  fubftantifs  font  d'un  même  genre  ,  les  au- 
tres mots  qui  s'y  rapportent  doivent  en  prendre  la  ter- 
iiiinaifon  pluriele ,  comme  ,  la  mère  &  la  fi/le  font  éga* 
lement  capricieufes.  Si  l'un  ell:  du  mafculin  &  l'autre  du 
féminin  ,  les  qualificatifs  doivent  fe  mettre  au  maf^ 
çulin  pluriel  ;  l'homme  &  la  femme  font  fournis  à  des  de* 
voirs  réciproques. 

Quelquefois  un  adjedif  fe  met  du  nombre  &  du 
genre  du  fubftantif  dont  il  eft  le  plus  près  ^  quoique  ce- 
Jui-ci  foit  du  féminin  ,  &  que  l'autre  foit  du  mafculin  j 
mais  il  faut  pour  cela  que  Tadjeâiif  foit  immédiatc- 
jnent  auprès  du  fubftantif  dont  il  prend  le  genre  &  le 
nombre.  Cet  homme  a  les  pieds  &  la  tête  nue....  Cettç 
Aclrice  joue  avec  un  goût  &  une  noblejfe  charmante.  .  . 
Sylla  s'étozt  acquis  dans  Rome  un  pouvoir  &  une  au^ 
torité  abfolue.  Il  feroit  contre  le  bon  ufagc  de  dire^  les 
pieds  ^  la  tête  nus...  Un  goût  &  une  nobleffe  char^ 
mants...  Un  pouvoir^  une  autorité  abfolus. 

Cette  exception  dont  nous  venons  de  parler  a  en- 
core lieu  ,  quand  les  deux  fubffcantifs  ont  une  même 
lignification  ,  ou  du  moins  une  fîgnificaiion  appro- 
chante ,  quoiqu'alors  Tadiedif  ne  loit  plus  voifin  im- 
médiat du  fubUanrif  dont  il  eft  le  plus  près  ,  8c  dont  il 
prend  le  genre  &  le  nombre.  Son  courage  ^  fa  hardieffe 
gfi  étonnante...  Il  marche  toujours  avec  un  emprejfement  6* 
une  VLteJfe  qui  me  pcroît  originale.  Il  a  un  favoir  vivre 
&  une  politejTe  bien  affeclée.  Ce  n'eft  pas  qu'on  ne  puiifc 
également  mettre  l'adjeûif  au  pluriel  mafculin  quand 
il  efl  réparé  des  fubftantifs  par  un  verbe  ,  &  dire  ,  fort 
.  courage  &  fa  hardiejfe  me  paroiffent  étonnants.  Mais  il 
i  vaut  encore  mieux ,  pour  éviter  tout  embarras  ,  |)laT 


'4^4  S  Y  N 

cerle  fubftantif  féminin  le  premier  ,  en  difant  ,  fa  har» 
dieffe  ^  fon  courage  me  femblentfmguliers  ,  &c. 

Quand  un  adjedlif ,  ou  un  pronom  ,  ou  un  participe 
ne  fe  rapporte  à  aucun  fubftantif  déterminé  ,  &  qu'il  eft 
■pris  lui-même  fubftantivement ,  alors  il  fe  met  au  maf- 
culin  fingulier  ;  j'aime  le  vrai  ;  il  faut  le  préférer  au 
brillant.  Le  vrai  ,  il  y  le  ,  au  brillant ,  font  au  mafculin 
Singulier,  quoiqu'ils  ne  fe  rapportent  à  aucun  fubftantif 
qui  leur  en  faffe  la  loi  :  mais  c'eft  parcequ'il  n'en  eft 
point  non  plus  qui  leur  demande  d'être  autrement. 

Il  eft  encore  certains  fubftantifs  qui  veulent  leurs  ad- 
jedifs  au  pluriel  &  au  mafculin,  quoiqu'ils  foient  eux* 
mêmes  du  féminin  &  au  fingulier.  Ce  font  les  fubftan- 
tifs qui  marquent  pluralité  ,  comme  ,  la  plupart.  Il  faut 
obferver  de  quelle  chofe  on  parle  quand  on  les  em* 
ploie.  Si  la  chofe  dont  on  parle  eft  du  mafculin  ,  l'adjec- 
tif fera  mafculin  pluriel  ,  foit  que  cette  chofe  foit  expri- 
mée ,  comme  ,  la  plupart  des  hommes  font  faux  ;  foit 
qu'elle  foit  fous-entendue  dans  la  phrafe  aduellc  ,  mais 
exprimée  dans  les  précédentes  ,  ou  fufHfamment  indi- 
diquée  par  les  circonftances  ,  comme  ,  les  hommes  font 
volontiers  de  belles  promeffes  ;  ils  cherchent  ajfci  fou- 
vent  a  fe  flatter  mutuellement  ;  mais  la  i-lupart  sont 
FAUX  ,  &  nagijfent  ainfi  que  par  vanité  ^  par  foiblejft 
ou  par  méchanceté . 

Noms  colleciifs. 

H  eft  bien  des  noms  coUedHfs  ,  qui  par  conféqucnt 
marquent  pluralité  ,  &  qui  néanmoins  ne  prennent  point 
le  pluriel  ,  &  n'admettent  jamais  dans  leur  adjcdif 
d'autre  genre  que  le  leur  ,  comme  j  la  foule  importune... 
Le  peuple  inconftant...  L'armée  furieufe...  La  Cour  timide 
&  flottante...  Tout  le  monde  nous  fut  contraire.  Cette  dif- 
férence vient  de  ce  que  parmi  les  noms  colledifs  les 
uns  marquent  plus  explicitement  multiplicité  d'objets  , 
&  les  autres  unité  de  collcélion.  Quand  on  ne  faifit  pas 
avec  affez  d'affurance  le  tour  fous  lequel  ils  infliquent 
pluralité  ,  alors  il  faut  étudier  l'ufage  pour  décider  11 
fyjitaxc  des  adjcdifs  qui  s'y  rapportent. 


s  Y  N  ^    -4$^ 

Il  y  a  Je  ces  noms  collcdifs  qui  par  eux-mêmes  ne 
jaroi lient  pas  indiquer  plus  prccifément  la  colledioii 
{ire  la  multipliciré  5  alors  pour  la  fyntaxe  de  leurs  ad- 
ecftifs  on  flotte  ,  on  balance  entre  le  fingulier  &  le  plu- 
iel ,  fans  trop  ofer  fe  décider  pour  l'un  ou  pour  l'autre, 
''oici  la  règle.  Si  ces  noms  ne  font  fuivis  d'aucun  autre  fub- 
tantifqui  exprime  la  chofedont  les  colledifs  marquent 
'luralité  ,  l'adjedif  refte  au  lîngulier.  Il  en  eft  de  même 

le  nom  colledif  eft  fuivi  d'un  autre  nom  au  fingulier  ; 
ne  infinité  de  monde  eft  intérejfé  a  cette  affaire.  Mais  s'il 
ft  fuivi  d'un  nom  au  pluriel  ,  alors  fa  manière  de 
ignifîer  fe  trouve  plus  décidée  pour  la  multiplicité  ,  & 
adjeélif  fe  met  au  pluriel  ;  une  infinité  de  bons  Citoyens 
int  intérejfés  a  cette  affaire,  C'eft  ainfl  qu'on  dit  ernrore  i 
^mbien  de  monde  en  fut  touché  !  ...  Combien  de  perfonnes 

furent  fenfibles  !  ...  Bien  du  monde  en  fut  ému...  Bim 
'es  perfonnes  en  furent  émues  »  &c. 

Verbes. 

Tout  ce  que  nous  avons  dit  pour  les  adjedifs  quanr 
u  nombre ,  peut  faire  loi  pour  les  verbes  ,  dans  les 
emps  qui  ont  un  fingulier  &  un  pluriel.  Le  verbe  fe  met 
u  fîngulier  par-tout  où  nous  avons  dit  que  l'adjedif  s'y 
nettoit  3  &  au  pluriel  par-tout  où  radje<5i:if  doit  y  être, 
iais  le  nombre  n'eft  pas  le  feul  point  pour  lequel  le 
erbe  ait  une  fyntaxe  \  il  en  a  aufli  pour  les  modes,  les 
împs  &  les  perfonnes. 

C'eft  au  fubjeclif  ou  nominatif,  exprimé  ou  fous-en- 
lendu  y  à  décider  de  la  perfonne  à  laquelle  on  doit  met- 
tre le  verbe.  Si  le  fujet  de  la  phrafe  eft  celui  ou  ceux 
ui  parlent ,  le  verbe  eft  à  la  première  perfonne  ;  fi 
'eft  celui  à  qui  l'on  parle ,  le  verbe  eft  à  la  féconde 
erfonne  3  enftn  fi  c'eft  un  autre  que  celui  qui  parle,  & 
ue  celui  à  qui  le  difcours  s'adrefie ,  le  verbe  eft  à  la 
roifieme  perfonne.  Si  le  fubjedif  eft  compofé  de  plu- 
eurs  noms  ou  pronoms ,  le  verbe  fe  met  au  pluriel ,  & 
la  perfonne  la  pîus  noble  ^  comme  difent  les  Gram- 
nairiens  ;  c'eft-à-dire  ,  que  fi  de  ces  nom.s  ou  pronoms  ^ 
un  eft  de  la  première  perfonne  ,  le  verbe  fera  à  la  pre- 
aitrc  perfonne  du  pluriel  ,  quand  même  les  autres  fc* 


45<^  S  Y  N 

l'oient  àc  la  féconde  ou  de  la.  troisième.  S'i!  n'y  en  ; 
point  de  la  première  ,  mais  qu'il  y  en  ait  de  la  fecondt 
&  de  la  troifieme ,  le  verbe  doit  être  de  la  féconde  :  vou. 
<&  moi  y  nous  faijions  la  même  chofe.,.  Vous  6*  lui  ,  dire: 
de  même.  Quand  la  perfonne  n'efb  point  déterminée  :,  le 
verbe  prend  la  troifieme  du  lîngulier  ;  c'efl  ce  qui  fai 
les  verbes  imperfonnels  5  il  ejî  ordinaire  a  l'homme  de  j 
tromper. 

C'eft  à  la  penfée  à  indiquer  les  temps  auquel  le  verb 
doit  être  pris.  Si  l'on  veut  dire  une  chofe  préfente  ,  o 
prend  le  préfent  ;  fî  la  chofe  dont  on  parle  n'eft  plus 
mais  qu  elle  ait  été  3  on  emploie  le  paflc  ;  &  le  futur  fei  ! 
pour  exprimer  des  chofes  qui  ne  (ont  pas  encore  ^  ma: 
qui  feront  :  voye-^  Tems  des  verbes.  Mon  cœur  fi 
long-temps  infenfible.  Vous  m'infpire:^  une  pajfion  funefte 
jamais  je  ne  retrouverai  le  repos.  Il  en  cil;  de  même  c 
l'imparfait ,  du  plufqueparfait  ^  des  temps  conditioi 
jiels  ,  &  du  prétérit  indéfini.  On  ne  peut  prefcrire  rie 
autre  chofe  que  de  confulter  la  pcnf(ie  même  qu'on  vei 
•communiquer  ,  &  de  bien  étudier  la  fignification  &  1 
fcns  de  chaque  tems  des  verbes  ,  pour  les  employer  f< 
Ion  leur  nature  &  leurs  propriétés. 

Modes.  , 

Il  n'en  cft  pas  de  même  des  modes  :  c'efl:  fur-tout  1 
tour  de  la  phrafe  y  &  l'emploi  que  le  verbe  y  fait  »  qi 
de  concert  avec  le  génie  de  la  langue  font  fervir  l'u 
dans  une  occafion  &  l'autre  dans  une  autre.  On  pci! 
dire  une  même  chofe  pour  un  même  temps  de  bien  dcj 
façons  différentes  ;  par  exemple  ,  (i  je  vous  dis  ,  j'aii\ 
•votre  ouvrage.  Puifque  je  le  fais  par  cœur  y  il  faut  bit  ' 
que  je  l'aie  lu.  Je  me  Jouviens  de  l'avoir  lu.  Vous  con 
prenez  également  que  j'ai  lu  l'ouvrage  dont  nous  pa 
Jons  5  &  cependant  j'emploie  trois  modes  différents  d 
fndme  verbe  lire.  Dans  le  doute  ,  qui  pourra  me  dcc: 
der  entre  les  trois  ?  le  génie  de  la  langue  bien  plus  quj 
la  penfée ,  qui  reftc  la  même. 

Infinitif. 
Si  le  \»crbç  frrt  de  fubjcs^if  dans  la  phrafe  où  il  ci 


s  Y  N  457 

mploye,  on  le  met  à  l'infini cif;  lire  un  ouvrage  ^  nefi 
ds  toujours  l'apprendre  y  l'avoir  lu  n'eji  pas  toujours  le 
onnoître.  Lire  un  ouvrage  ,  l'avoir  lu  ,  font  les  fubjec- 
fs  des  deux  phra fes. 

S'il  fait  fôndion  d'objedif  (  roye^  Obiectij  & 
loNsTRucTiON  ) ,  ou  de  tcrminatif  (  voyeT^^  Termi- 
fATiF  )  ,  il  le  mer  encore  à  l'infinitif  fans  prépofition 
u  avec  une  prépolition  ,  félon  que  le  demande  la  na- 
arc  du  verbe  précédent  cjui  feit  d'attributif  j  y'i?  vo^^/o/V 
ous  dire  une  chofe  bien  importante.  Je  l' empêcherai  de 
aire  ce  faux  pas.  Dire  eft  l'objeâiif  de  je  voulais  j  de 
aire  eft  le  terminatif  de  j'empêcherai. 

Quand  il  eft  circonftanciel  ,  {voye:^  Circonstan- 
;IEL  ) ,  on  le  met  ordinairement  au  gérondif  3  on  devient 
abile  en  travaillant. 

Si  Je  verbe  eft  régi  par  quelque  fubftantif  ou  adjec- 
if  que  ce  foit ,  il  prend  devant  fon  infinitif  la  mcrac 
►répofition  que  le  même  nom  exigcroit  devant  un  autre 
ubftantif  qui  feroit  à  la  place  de  ce  verbe  ;  a  force  de 
rav ailler  an  devient  habile  ,  comme  on  diroit ,  h.  force 

travail...  AgréabU  a  dire  ,  &c. 

Il  y  a  quelques  verbes  qui  prenant  leur  objedif  fans 
>répofition  quand  c'eft  un  nom  ,  veulent  avant  lui 
jne  prépofition  quand  c'eft  un  infinitif,  comme  3  je 
rains  ma  colère  ;  je  crains  de  me  fâcher.  Ces  infinitifs 
ivec  leur  prépofition  fe  peuvent  ordinairement  changer 
n  un  temps  du  fubjondif  précédé  d'un  que  &  accompa- 
gné d'une  négation  ;  je  crains  que  je  ne  me  fâche.  Ce 
;hangement  de  conftrudion  ne  fe  fait  pas  lorfque  l'infi- 
jitif  &  fa  prépofition  font  régis  par  un  nom  j  comms  j 
ai  envie  de  vous  plaire  ;  on  ne  diroit  pas  >  j' ai  envie  que 
xvous  plaife.  L'infinitif  fe  met  encore  avec  une  prépo- 
îtion  ,  quand  dans  une  phrafe  où  il  y  a  comparaifon  , 
I  fe  trouve  en  fécond  alternacif  après  le  que.  U  vaut 
nieux  être  malheureux  que  d'être  criminel..,  Ilfonge  bien. 
lus  à  s' amufer  qu'à  rétablir  fa  famé.    • 

Impératif 

C'eft  à  lUntcntioji  &:  à  la  penfée  de  celui  qui  parle  ,  à 
rcgler  quand  on  doit  fe  fervir  de  l'impératif  p  alle^  ,  4* 


45^  S  Y  N 

fongei  a  moi.  Mais  on  peut  l'éviter  par  des  pr^riphrft- 
fes  ,  je  vous  prie  de  fonger  a  moi.  Je  vous  exhorte  à 
fongera  moi.  Alors  fonger  (]ui  dans  la  première  parafe 
faifoit  fondion  d'attributif  (  vcye^  Attributif  4î 
Construction  )  ,  efl  régime  des  attributif  j  ;e  vous 
prie  5  je  vous  exhorte. 

Subjonciif. 

Le  rubjon<ftif  ne  fe  prend  que  dans  les  phrafes  où  iJ 
ne  fert  cju'en  fous-ordre  ,  c'elt-à-dire  ,  oii  il  n'eft  attri- 
butif que  dans  une  phrafe  fubordonnée.  Je  veux  qu'il 
refie.  Je  veux  eft  la  phrafe  prmcipalc  j  qu'il  refie  ,  eiVIa 
fubordonnée  :  {voye^  Construction,  fur  ladiiTerence 
de  ces  deux  fortes  de  phrafes  ).  Une  phrafe  fubordonnée 
à  une  autre  ,  prend  le  mode  fubjondif  pour  fon  attri- 
butif, après  les  conjonctions  ,  afin  que  j  avant  que  ^  & 
quelques  autres  (  voye^  Conjonctions;  ;  après  Icj 
verbes  qui  marquent  quelque  fentiment  de  l'ame  ,  foii 
de  crainte  ,  foit  de  defir  j  foit  de  doute  ,  comme  ^je  veux 
que  vous  le  fajfiei  y  après  les  imperfonnels  ,  il  faut ^  il  eji 
a.  propos  ,  il  eji  difficile  ,  il  convient  ^  Se  autres  fembla- 
bles  j  comme  il  faut  qu'il  vienne  j  bi^n  entendu  que  ce» 
verbes  de  defir  ,  de  crainte  ou  de  doute,  &  ces  imper- 
Ibnnels  auront  après  eux  &  avant,  le  fubjonCiif  fuivanr  , 
la  conjondion  ^i^e  j  fans  cela  il  faudroit  l'infinitif  j 
comme  j  je  veux  dire  ,  je  crains  de  dire  ,  il  faut  dire  ,  occ. 
Il  faudroit  même  prendre  cet  infinitf ,  fi  les  verbes  pré- 
cédens  avoient  d'ailleurs  un  nom  ou  pronom  pour  régi- 
me 5  ainlî  on  diroit  ,je  lui  ordonne  de  venir  ,  &  nonpas^ 
je  lui  ordonne  qu'il  vienne  ;  quoiqu'on  dife ,  jfordonne  qu'il 
vienne.  Il  en  eft  de  même  fi  le  fécond  verbe  a  le  mcmé 
iiibjeétif  que  le  premier  ;  je  veux  étudier  ,  &  non  pas  Ji 
veux  que  j'étudie. 

On  met  ordinairement  le  fubjondif  après  tous  le» 
Verbes  précédés  de  ne  ,  ou  employés  par  interrogation  i 
comme  j  je  ne  crois  pas  que  vous  mentie:^...  Eji -il  certain 
que  cela  foit  H  ...  quoiqu'on  dife  ,  je  crois  que  vous  men-m 
le:^...  Il  eji  certain  que  cela  eji.  Cependant ,  quand  ces  in- 
terrogations ,  ces  négations  ne  laillent  pas  un  certain 
idoute  dans  la  penféc ,  on  prend  l'indicatif  j  vous  ne  di*- 


s  Y  N         ^  455? 

ies  pas  que  j'ai  répondu...  M'ûjfure^-vous  qui!  viendra 
nen  toc  ?  Il  en  eft  de  même  quand  le  premier  verbe  eft 
^recédé  à'm\fi  :  fi  vous  me  dites  que  vous  l'tiye:^  vu  :  fi 
[fous  me  dites  que  vous  l'ave^  vu  ,  &c.  Après  que/  que, 
luclqiie  ,  &  quoique  y  quel  homme  que  ce  /bit.  Quelques 
wnnes  raifons  qu'il  apporte.  Quoiqu'il  di/è. 

Apres  que  employé  au  lieu  de  répeter  la  conjon»5lion 
7  ,  ou  pour,  de  ce  que.  Si  vous  le  voule:^ ,  6'  que  vous  me 
efjjjiei  dire  à  tems.  Je  fuis  fâché  que  vous  naye:^  rien 


Ui 


Après  le  relatif,  qui  on  que  ^  immédiatement  précédé 
l'un  fuperlatif  ou  d'un  pronom  négatif  ;  le  plus  habile 
mon  puijfe  trouver.  Le  meilleur  qui  Joit.  Nul  que  je  fâche. 

/\près  le  m.ême  relatif  placé  entre  deux  verbes  de 
naiiiere  qu'il  indique  quelque  defîr,  ou  quelque  beloin, 
'<  qu'il  ait  à-pcu-près  le  fens  des  conjondifs  de  ma- 
licre  que  ,  afin  Que.  Il  faut  des  Rois  qui  fâchent  comman^ 
1er  y  &  des  peuples  qui  apprennent  a  obéir.  Cherche:^  un 
imi  qui  foit  difcret  &  \élé.  V^oule:^-vous  en  avoir  qui 
'ous  féduifent  ?  Si  le  relatif  ne  marquoit  aucun  defîr  ,  ni 
lucun  befoin  ,  ou  qu'il  ne  tînt  pas  lieu  des  conjonciifs 
juc  nous  avons  indiqués  ,  le  verbe  fuivant  feroit  à  l'ia-. 
licatif  ;ye  connois  un  homme  qui  peut  vous  rendre  ce  fer^ 
■'ice.  &c. 

Quand  le  premier  verbe  efl:  au  préfent  ou  au  futur  , 
e  tecond  qui  doit  être  au  fubjondif  ,  fe  met  r.u  pré- 
ent  du  fubjondif;  il  faudra  que  je  Hfe  ;  il  femhU  que 
'ous  héftie^.  Il  faut  que  je  me  fois  mépris.  Si  le  pre- 
nier  verbe  eft  en  un    autre  temps  que  le  préfent  on 

1  futur  ,  le  fécond  fe  mettra  à  l'imparfait  du  fubjouc- 
if  3  je  voulois  ,  j'ai  voulu  ,  je  voulus  ^j'avois  voulu  ^je 
'oiidrois  qu'il  vînt  aujourd'hui.  Il  y  a  pourtant  de  bons 
luccurs  ,  qui  mettent  le  préfent  du  fubjondif,  quand 

2  fcns  indique  bien  le  préfent ,  &  que  le  premier  verbe 
ft  au  conditionnel ,  comme  ;  je  ne  voudrois  pas  qu'il 
'ienne  à  préfent -,  mais  c'eft  une  "négligence  3  il  faut  qu'ii 
'înt. 

Indicatif, 

On  voit  bien  aéluellement  quelles  font  les  occafion? 
>ù  l'on  doit  prendre  les  temps  de  l'indicatif  .C'eftdans. 


4<îo  S  Y  N 

'attributif  de  toutes  les  phrafes  détache'és ,  fi  elIeS  ne 
ont  pas  dans  la  forme  impérative.  Quant  aux  phrafes 
périodiques  ,  la  principale  plirafe  partielle  a  aulfi  fou 
attributif  à  l'indicatif.  Au  relie  nous  fuppofons  ici  que 
l'attributif  eft  fimple  j  s'il  efi:  compofé  de  plufieurs  ver-» 
bes,  le  fécond  eft  joint  au  premier  en  forme  de  régime, 
&  il  fuit  la  fyntaxe  qui  convient  à  la  fondion  de  ré- 
gime qu'il  remplit  5  s'il  n'eft  joint  au  premier  que  pat 
forme  d'addition  ,  il  fe  met  également  à  l'indicatif  5 
comme  ,  je  voulais  &  j'efperois  votre  bonheur.  Enfin  dans 
les  phrafes  conditionnelles  l'attributif  fc  met  fouvent 
à  l'indicatif  ,  félon  la  nature  des  conjonélifs  qui  Ict 
unillcnc  à  la  phràfc  principale  ,  &:  fclon  le  tour  de  la  ! 
pcnfée.  Voyez  là-delîus  ce  que  nous  avons  dit  plus  haut 
en  parlant  du  fubjondif ,  &  le  mot  Conjonctions. 

UJage  dès  Conjoncîifs  &  des  Prcpojitions^ 

îl  nous  refte  encore  un  point  de  difficulté  qui  femble 
devoir  regarder  la  fyntaxe;  c'eft  de  favoir  quand  on 
doit  fe  fervir  de  conjonélifs  pour  lier  &  joindre  des  mots 
ou  des  phrafes  ,  &;  de  prépofitions  pour  marquer  les 
rapports  entre  les  idées.  Nous  ne  donnerons  ici  que 
deux  règles  générales^  renvoyant  pour  les  détails  ,pour 
les  exceptions  &  pour  le  choix  des  conjonélions  ou  des 
prépofi  tions  j  aux  articles  de  ces  deux  mots. 

I  *".  Quand  un  fécond  verbe  régi  par  un  premier  ne 
caufc  aucune  amphibologie,  aucun  embarras,  étant  à 
l'infinitif;  il  eft  mieux  de  l'y  mettre  que  de  lui  donner 
wn  conjondif  :  je  viens  vous  dire  ,  ou  je  viens  pour  vous 
dire  ,  vaut  mieux  que  ,  je  viens  afin  que  je  vous  dife, 
La  raifon  en  eft  claire  3  le  conjondif  allonge  inutile- 
ment le  difcours  ;  &  par- tout  on  hait  le  fupcrilu.  S'il 
y  a  des  exceptions  à  cette  loi  ,  c'eft  quand  la  phrafe 
eft  à-peu-près  égale  pour  la  longueur  ,  &  que  le  lan- 
gage eft  plus  doux  ,  plfis  coulant  ,  en  le  fcrvant  d'un 
conjondlif.  Il  faut  remarquer  qu'un  verbe  à  l'infinitif 
lie  prenant  point  de  fubjcdlif  proprement  dit ,  &  le  fens 
de  la  phrafe  cxi*i;eant  néanmoins  qu'il  y  en  ait  un  de 
connu,  afin  déviter  le  conjondif,  il  eft  nécclTaire 
que  le  reûfi  de  la  phrafe  l'indique  fuifijramiucnc  :  cela  fe 

trouve 


s  Y  N  4<rr' 

roiîVe  toutes  les  fois  que  dans  la  penfee  le  Cuhjc&À£ 
l'i  fécond  vcibe  eft  le  même  que  celui  du  premier  ; 
£  veux  lui  parler  :  vous  ofe^  m' interrompre  ;  il  ne  dai^ 
me  pas  m  écouter.  Les  fub/edifs  des  infinitifs  parler  ^ 
ntcrrompre  , écouter ^  font, dans  l'ordre  de  la  penfee,  les 
némcs  que  ceux  qui  font  exprimés  avant  les  verbes 
'eux  y  ofii ,  ne  daigne  pas.  Si  le  premier  verbe  eft  im* 
)Cifonnel ,  &  que  le  fubjedif  du  fécond  puilTe  en  être 
obiccliif  ou  le  cerminatif,  alors  on  peut  encore  em- 
)loycr  le  fécond  veibe  à  l'infinitif  j  //  vous  convimû. 
vV^  de  parler  ainfi  î  Vous  efb  terminatif  de  il  convient  » 
X'  fabjeâ:if  de  parler.  Mais  fi  cet  objedif  eu  ce  termina- 
it du  verbe  imperfonnel  peut  être  pris  pour  un  rési- 
ne du  verbe  à  Tinfinicif  auffi  naturellement  que  pour 
on  fubjedif  5  alors  l'obfcurité  du  fens  force  à  recourir 
m  conjondif  i  il  faut  a  cette  femme  médire  fans  Cejfe  de 
^esyoifmes.  Eft-ce  elle  qui  veut  médire  ^  ou  ^iX-cz  en  fa 
)réfence  que  les  autres  doivent  le  faire  ?  Pour  éviter  ce 
ioute  ,  dites  ,  il  faut  que  cette  femm.e  médife  continuelle^ 
ncnt  de  fes  voifmes.  Amfi  pour  dire  qu'il  faut  que  cec 
lomme  parle  ,  vous  ne  direz  point,  il  le  faut  parler  ^  m^ 
Uui  faut  parler,  La  première  plirafe  ne  diroit  rien  ,  pré- 
entant  un  le  objectif  devant  un  infinitif  qui  ne  le  peut 
admettre  ,  &  pour  une  fondion  que  ce  le  ne  peut  faire  5 
k  la  féconde  lignifiant ,  //  faut  qu'on  lui  parle  ^  ce  qui 
l'eit  point  du  tout  la  penfee  que  vous  vouliez  rendre. 

Si  le  fubjedif  fous  entendu  du  fécond  verbe  n'ell:  pas 
e  même  qui  fe  trouve  exprimé  devant  le  premier^  & 
]ue  celui-ci  ne  foit  point  imperfonnel ,  alors  on  fe  ferc 
lu  con]ondii£ que  y  je  veux  que  vous  obéifiei  ;  je  veuxi 
jue  votre  frère  s'y  trouve  y  &  non  pas  ,  je  vous  veux  obéir  ^ 
11 ,  je  veux  vous  obéir ,  ce  qui  feroit  un  fens  tout  diffé- 
rent de  la  penfee  :  ni ,  je  veux  votre  frère  s'y  trouver  ;  ce 
im  eft  contre  le  principe  de  la  langue  qui  ne  permet 
3oint  à  nos  infinitifs  d'avoir  leurs  fubjedifs  exprimés. 
Mous  ne  parlons  pas  des  circonltances  oii  le  fécond 
/erbc  n'efî  uni  au  principal  que  par  une  idée  de  condi- 
ion  ou  de  caufe^  comme  on  le  voit  danf  lesphrafes  con- 
iitionnellcs  &  caufaks,  &c  :  on  fe  fert  alors  des  conjonc^ 
ifs  deflinés  à  marquer  ces  fortçs  d'unions  ,  comme. 
Tome  lit  G  g 


:4<?2  S  Y  rf 

s'il  le  faut ,  je  Le  ferai.  Je  le  ferai  ^  puifayil  le  veut  y  &c. 
Les  relatifs  qui  ,  que  ,  lequel ,  &c.  font  des  pronoms  qui 
font  auffi  fondion  de  conjondifs  ;  quelquefois  on  peut 
les  remplacer  par  un  participe,  comme  5  l'homme  étant  un 
animal  raifonnable  ,  doit  commander  a  fes  yajfions  ,  ou  , 
l'homme  qui  eft  un  animal  raifonnable  ^  doit  commandera 
fespajftons.  Mais  il  eft  peud'occaiîons  où  l'on  puifTe  ainfi 
éviter  les  phrafes  fubordonhées  en  fe  fervant  des  par- 
ticipes ,  parcequs  ceux-ci  prêtent  moins  aux  repos  de  la 
VOIX  &  de  lefprit ,  &  cauferoient  fouvent  de  la  mono- 
tonie &:  de  la  confufion,  en  accompagnant  eux-mêmes, 
comme  qualificatifs,  des  noms  qui  ont  déjà  d'autres  ad- 
jedlifs  ,  ou  en  amenant  après  eux  des  régimes  qui  fS 
trouveroient  comme  douteux  entre  le  nom  principal  &|i 
le  participe.  D'ailleurs  ,  les  participes  fervent  eux-mê- 
mes dans  des  occafions  &  pour  certains  points  de  vue. 
&  les  relatifs  pour  d'autres.  Ceft  ainfi  que  ces  deua 
phrafes ,  V homme  fâchant  fe  connoître  foi-même  ,  méprifi 
moins  les  autres  y  &c  l'homme  qui  fait  fe  connoître  foi-mi- 
me 3  méprife  moins  Us  autres  ^  ne  préfentent  pas  la  mê- 
me idée  de  la  même  façon  ;  la  première  femble  parlcj 
de  toute  l'efpcce  des  hommes  3  &  donne  conféquem- 
ment  une  idée  fauffe  ;  la  féconde  eft  plus  vraie  ^  en  n'af- 
furant  point  que  tous  les  hommes  fe  connoiifent  eux- 
mêmes  ,  mais  en  fuppofanr  feulement  un  homme  qui  f( 
connoîtroir.  A  regard  des  participes  paflifs,  nous  aimon? 
mieux  employer  un  relatif  pour  les  éviter  ^  que  de  Icî 
voir  fuivis  de  ces  régimes  allongés  par  des  prépofîtionii 
qui  en  font  inféparabics. 

Les  noms  qui  régilfent  d'autres  fubftantifs  veulent 
avant  les  derniers  une  prépofîtion  ,  &:  ordinairemeni 
c'eft  la  prépofîtion  de  :  le  jardin  des  Tuileries  eft  la  pro- 
menade  favorite  du  grand  monde  ;  l'épreuve  de  la  vertu  j 
c'eft  l'adverfité  ;  i'Jpreuve  du  vice  ,  c'eft  la  fortune.  Lc! 
adjedifs  qui  régi/leur  un  nom  veulent  aufll  une  prépolî- 
tion  5  Se  c'eft  plus  ordinairement  la  prépofîtion  à  :  m 
homme  attentif  k  fes  affaires  j  une  femme  fuj  et  te  à  la  co- 
lère. Les  adverbes  fuivent ,  à  cet  é^ard  ,  les  adjedifî 
dont  ils  font  formés  :  on  dit ,  //  eft  ajpduement  à  l'étude  j 
comme  //  eft  aftidu  à  l'étude.  Les  verbes  a(^ifs  prçjincni 


I 


s  Y  N  4ff| 

our  l'ordinaire  leur  objedlif  fans  prépofïcion  ,  &  leur 
:rminatif  avec  la  prépofition  ^  ou  </e  ,  félon  que  le  ré- 
ime  indique  le  terme  où  aboutit  l'adion  ,  ou  bien  celui 
oii  elle  parc  :  aimer  Dieu  5  exciter  quelcju  un  à  la  venu  , 
'  le  détourner  du  vice  ou  de  fes  mauvaifes  inclinations. 
)Lrand  un  verbe  ferc  de  régime  à  la  place  d'un  nom  ,  il 
rend  une  prépofïcion,  ou  s'en  paife,  fuivantqu'un  nom 

la  même  place  en  aurcic  eu  ,  ou  s'en  feroic  paflé  ;  on 
ic ,  /(?  plain  à  danfcr ,  comme  fe  plaire  à  la  danfe  5  // 
eut  ckajfer ,  il  r eut  la  chaffe. 

Lc:s  verbes  pafilfs  peuvent  avoir  deux  terminatifs  ; 
s  n'ont  jamais  d'objedifs  :  le  premier  terminacif  eft 
dm  par  qui  l'adion  eft  produite  ,  celui  qui  feroic  fub- 
:élif  il  le  verbe  écoit  à  l'adif  j  celui-là  prend  ordinairc- 
lent  la  prépolîtion  de  ou  par.  Le  fécond  eft  celui  qui 
t  trouve  également  dans  l'adif  j  il  refte  le  même  & 
arde  la  prépofition  qu'il  auroit  dans  l'adif.  Vous  me 
emandei  ^^  ^^'^^'^  ^  ^^  ^  ^^^  remis  par  votre  fœur  à  votre 
'■ère.  On  diroit  à  l'adif ,  votre  fœur  l'a  remis  a  votre 
-ere.^  Quant  aux  verbes  neutres,  &  autres  qui  ne  font  ni 
difs  ni  palTifs ,  ils  fuivent  pour  leur  régime  l'analogie 
u'ils  ont  avec  d'autres  verbes  adi-fs  ou  palfifs  ,  ce  qui 
épend  fur-tout  de  leur  fignifîcation  :  voye:;^  Préposi- 
IONS  j  Verbes  ,  &. 

Participa. 

Le  participe  préfent  ou  adif n'a  aucune  difficulté  pour 
i  Syntaxe  ,  n'étant  plus  alfujetti  par  l'ufage  aux  loix  de 
î  concordance.  Il  garde  toujours  la  même  forme  ,  quel- 
uc  foie  le  genre  ou  le  nombre  du  nom  auquel  il  a  rap- 
ort. 

Le  participe  palfé,  au  contraire  ^  eft  qu<:Iquefois  de'- 
linable  ,  quelquefois  indéclinable.  Quelle  règle  fuit-il  > 
erfonne  a  notre  avis  n'ayant  mieux  développé  cette 
latiere  ,  que  M.  Doucher  dans  fes  Principes  généraux 
e  l'Orthographe  Franfoijé  ^  nous  allons,  donner  ici  l'a- 
alyfe  de  ce  qu'il  dit  fur  ce  fujec 

Le  participe  ,  en  général ,  n'eft  déclinable  que  dans 
iux  circonftaaces  :  quelquefois  c'eft   relativement  au 


•4<^4  '  S  N  Y 

fubjediF  j  Se  quelquefois  c'efl:  relativement  à  l'objcclif 
fuivant  que  le  verbe  auquel  il  appartient  eib  a(^if 
paflîf ,  neutre  ou  réciproque. 

Première  RegU. 

Le  participe  s'accorde  avec  le  fubjeftif  qui  îe  préce 
^e  ,  lorfqu'iî  concourt  avec  le  verbe  auxiliaire  être: 
former  les  temps  compofés  ,  i".  d'un  ve-be  pailif  :  A 
vertu  ejl  admirée  5  le  mérite  n'efi  pas  toujours  récompen 
fé  j  fes  m.aximes  font  erronées  5  fes  écrits  ont  été  cen 
furés,  1".  D'un  verbe  neutre  de  la  claife  de  ceux  qs 
prennent  le  même  auxiliaire  :  mon  défenfcur  efi  venu 
ma  partie  advcrfe  efl  fortie  y  les  Juges  font  entrés  ;  me 
protectrices  font  arrivées.  5".  D'un  verbe  paflîf  récipro 
que  :  fes  menfonges  fe  font  décauverts  3  la  mine  s'e^ 
éventée  j  c'eft-à-dire  ont  été  découverts  ,  a  été  éventét 
4*.  D'un  verbe  neutre  réciproque  5  je  me  fuis  prc 
mené  y  elle  seji  repentie  j  ils  fe  font  prévalus  ^  elles  ^ 
font  iues. 

Seconde  Règle, 

le  participe  doit  s'accorder  avec  l'objeâiif  qui  le  pn 
cède  ,  lorfqu'avec  le  verbe  auxiliaire  avoir  ^  il  concou; 
à  former  les  temps  compofés  ,  i''\  d'un  verbe  adif^  U 
ennemis  que  j'avais  annoncés  y  les  nouvelles  que  j'ai  n 
fues  y  1°.  d'un  verbe  adif ,  qui ,  par  une  inveriion  ufit^ 
en  vers ,  a  pour  obje^^tif  un  nom  place  entre  l'auxiliaii 
&  le  participe. 

Quand  les  tiedes  zcphirs  ont  l'iierbe  rajeunie. .  ; 
Il  a  fous  fon  pouvoir  tous  les  peuples  rangés.  .  . 
Il  a  ,  par  fa  valeur  ,  cent  Provinces  conquifcs.  .  . 

5°.  D'un  verbe  adtif  3  qui  a  pour  objedif  un  nom  qi 
précède  l'auxiliaire  Se  le  participe' j  mais  alors  la  phral 
cft  fous  la  forme  iinerrogative  ,  ou  cxclamative  :  Quel 
hommes  a  t-il  vus  ?  Cruelles  leçons  a-t-il  reçues  ?  Que* 
progrès  navoit- il  pas  faits  I  Quelles  efpérances  n'avoit- 
pas  données  l 


Troîjieme  Règle, 

Le  participe  s'accorde  encore  avec  Tobjeclif  qui  le 
cccdc  ,  lorfqu'avec  le  verbe  auxiliaire  être  ^  il  con- 
)iut:  à  former  les  temps  compofésd'un  verbe  adif  réci- 
0'.]i!e  j  la  loi  que  je  me  fuis  prefcrite  j  les  ennemis  qu'il 
:fi  attirés. 

L'iifâge  exige  quatre  conditions  pour  que  la  concor- 
ince  du  participe  puille  avoir  lieu  dans  i'cfpecxi  pré- 
ntc  :  la  première  ,  qu'il  y  ait  un  objedtif  5  la  fecon- 
;  ,  que  cet  objedif  précède  le  verbe  3  la  troifîcme  , 
iQ  cet  objedif  ne  foit  point  régi  par  un  autre  verbe  à 
fuite  du  participe  3  la  quatrième  que  le  verbe  foit 
.•rfonnei. 

Auifi,  i^.  le  participe  des  verbes  neutres  qui  pren- 
;nr  pour  auxiliaire  le  verbe  avoir  ^  eft  indéclinable  , 
Jilque  ces  verbes  n'ont  point  d'objedifs  3  Nos  ttou- 
s  avaient  campé  y  les  ennemis  ont  paru  ,  notre  avants 
irde  a  marché  ,  &  non  pas ,  campées  \  parus  ,  mar-* 
ce. 

i"  Le  participe  des  verbes  adifs  eft  de  même  indé- 
inable  ,  quand  robjedif  marche  après  ces  verbes  : 
^ous  avons  admiré  vos  talents  3  elle  a  vu  fa  fœur  j  elles 
it  accompagné  les  Dames  ^  &  non  pas  admirés  ,  vue  , 
■compagnies.  M.  Doucher  fait  remarquer  qu'il  en  eft 
■  même  du  participe  qui  concourt  avec  l'auxiliaire 
re  à  former  les  temps  compofés  des  verbes  actifs  ré- 
proques  qui  ont  leur  objedif  à  leur  fuite.  Didon  s'eji 
'inné  la  mort  5  nous  nous  fommes  fait  des  bcfoins.  Dans 
•S  cxcmples/è  &  le  fécond  nous  ne  font  que  le  rermi- 
itif  3  c'cft  comme  s'il  y  avoi:  a  donné  la  mort  a  foi  , 
c. 

3°.  Le  participe  eft  indéclinable  ,  lorfqu'il  eft  fuivi 
un  autre  verbe  adif  qui  régit  l'objedif  :  les  Dames 
le  fai  entendu  louer.  Dans  cette  phrafe  ,  dit  M.  Dou- 
ic: ,  ce  n'eft  point  le  verbe  entendre  qui  régit  l'objec- 
f,  lequel  eft  ici  le  conjondif  c?z/e  j  mais  le  verbe /oz^^/' 5 
c'cft  comme  fi  l'on  difoit ,  les  Dames  ,  ^^  j'ai  entendu 
■uir  ic$l[es.  C'eft'  la  même  chcfw  dans  cette  autre  façon 

Ggiij 


4<?(^  S  Y  N 

de  parler;  je  l'ai  vu  peindre  ,  en  parlant  d'une  femir' 
dont  on  faifoit  le  portrait. 

Cette  règle  a  lieu  de  même  dans  l'exemple  fuivant 
j'ai  choifi  toutes  Us  perfonnes  que 'f  ai  voulu  ,  &  non  pa 
voulues.  Dans  cette  plirafe  l'objedif  eft  régi  par  le  vert! 
choijir  fous-entendu  5  c'eft  comme  s'il  y  avoit  que  j 
voulu  choijîr. 

On  doit  encore  en  faire  l'application  j  lorfque  le  pai 
ticipe  eft  fuivi  d'un  verbe  neutre  qui  fe  transforme  e 
quelque  forte  en  verbe  adif ,  comme  dans  ces  exen: 
pJes  :  les  foldats  que  'f  ai  vu  partir -^  les  perfonnes  qu'il 
fait  venir  ;  les  troupes  qu'il  a  fait  marcher-,  les  livres  qu 
a  laijft  tomber.  En  effet  on  dit  :  voir  partir  des  foldats 
faire  venir  des  perfonnes  ^  faire  mi.ar cher  des  troupes  ,  laij. 
fer  tomber  des  livres  ,  où.  partir ,  venir,  marcher,  ton 
ber  y  font  autant  de  verbes  neutres  :  comme  on  dit ,  vc 
repréfenter  une  pièce  ,  faire  conflruire  un  ouvrage  ,  laîjj 
maltraiter  un  ami  ,  oii  repréfenter ,  conflruire  ,  maltraite. 
font  autant  de  verbes  nûifs. 

L'objcâiif  cft  donc  encore  ici  régi  par  le  verbe  q 
cfl:  à  la  fuite  du  participe  ,  ou  ,  fi  l'on  veut^  par  le  pa 
ticipe  &  par  ce  verbe  conjointement,   qui  ,  dans  ceti 
politiouj  ne  font  plus  qu'un  fcul  mot  j  ou  du  moii 
deux  expreflions  inféparables.  Mais  il  faut  dire  3  l^ 
foldats  qu'on  a  contraints  de  marcher  ;  les  troupes  qu 
a  accoutumées  a  camper  ;  ]e  l ai  vue  peindre  (  en  parlai 
d'une  femme  qui  avoir  le  pinceau  à  la  main  )  ,  parceqi 
dans  les  deux  premiers  exemples  ,  marcher  &  zamp\ 
relient  neutres  ,  &  par  conféquent  fans  régime  ,  &  qi! 
dans  le  Azvc^iz'i peindre  ne  régit  point  l'objeftif  qui  pr 
cède  le  participe  ,  mais  un  autre  fous-entendu  \  car  c'e 
comme  s'il  y  avoit  ^yV  ï ai  vue  peindre  quelqu'un  ou  qui 
que  chofe. 

4".  Le  participe  cfl:  encore  indéclinable,  fuivant  Tu 
^^S^  ,  quand  le  verbe  cfl:  employé  imperfonnellemcnt 
les  chaleurs  qu'il  a  fait  ;  les  maladies  qu'il  y  a  eu. 

les  Auteurs  font  affez  d'accord  fur  ces  quatre  cas 
mais  il  y  en  a  trois  autres  fur  Icfquels  les  fentiment 
font  plus  partagés  y  &:  dans  Icfqiicis  cependant ,  conti 
nue  M,  Doucljct  ^  la  raifon ,  &  le  génie  de  notre  Langv 


s  Y  N  4^7 

cmWcnt  demander  que  le  participe  foit  encore  indé- 
clinable. 

1°.  Quand  il  y  a  inverfîondu  fubjeâiif  :  /a  Docirine 
lu'a  enfeigné  Pythagore  ;  Us  règles  que  fe  font  prefcrit  les 
grands  hommes,  L'indéclinabilité  du  participe  eft  fondée 
ici  fur  la  rapidité  avec  laquelle  on  doit  paflcr  fur  le  par- 
ticipe, parceque  l'efprit  fe  hâte  d'arriver  au  fubjedif, 
fans  lequel  la  phrafe  ne  préfente  aucun  fens.  Envain 
voudroit  on  objeder  l'épigramme  d'Aufone  ,  traduite 
par  M.  Charpentier  : 

Pauvre  Didon  ,  eî*  t'a  réduite 

De  tes  maris  le  trifle  fort  i 

L'un  ,  en  mourant ,  caufe  ra  fuite  j 

I  L'autre ,  en  fuyant ,  caufe  ta  mort. 

Cet  exemple,  die  M.  Douchet ,  loin  de  détiuire  le 
motif  de  l'exception  ,  ne  fait  au  contraire  que  le  dévc- 
'■^lopper  &  le  confirmer.  Dans  cette  polîtion  rien  ne  s'op- 
pofe  à  la  concordance  ,  parceque  le  participe  terminant 
le  vers  ,  on  fait  nécelfairement  un  petit  repos  ,  pendant 
lequel  on  rend  feijfibles  les  effets  de  la  déclinabilité  :. 
mais  il  n'en  eft  pas  de  même  en  profe ,  où  le  participe  & 
le  fubjedif  font  indivifibles  à  la  prononciation. 

1°.  Le  participe  doit  être  pareillement  indéclinable  ^ 
quand  il  y  a  tranfpofition  de  terminatif  ou  d'objedif  , 
comme  dans  ces  exemples  5  elle  lui  eft  allé  parlé  ;  ils 
fefont  allé  plaindre  j  elles  nous  foit  venu  confulter.  Les 
quatre  premiers  mots  de  ces  phrafes  n'offrent  à  l'efprit 
aucun  fens  déterminé  3  il  faut  aller  jufqu'au  verbe  ,  juf- 
qu'au  dernier  mot ,  pour  le  trouver  ;  &  c'efl  la  préci- 
pitation avec  laquelle  on  s'y  porte  ,  qui  fait  fuppnmer 
les  caraderiftiques  dans  les  participes  allé  &  venu  ,  8c 
qui  les  rend  indéclinables. 

Mais  fi  on  ramené  le  fubjeétif ,  le  terminatif  on  l'ob- 
jedif ,  à  la  conflrudion  régulière  ,  tout  fe  rétablit ,  le 
participe  redevient  déclinable  ,  &  l'on  dit  ,  la  Docirine 
que  Pythagore  a  enfeignée  ;  les  règles  que  les  grands  hom-^ 
mes  fe  font  prefcrites  j  elle  eft  allée  lui  parler  3  elles  font 
'venues  nous  confulter. 

3*.  Le  participe  doit  être  encore  indéclinable  ,  quand 

G^iv 


4(^S  S  Y  N 

il  cil  fuivi  (l'un  nâjQÔ:\£,  ou  d'un  nom  employé  aâjt^ 
vemenr  ,  qui  fait  partie  de  l'objedif,  comme  dans  ces 
exemples  5  je  l' avais  cru  belle  i  nous  nous  fommes  rendu 

f'.aîtres  de  la  ville.  On  ialife  ici  le  participe  indcclina- 
le  ,  parcequ'il  influe  autant  fur  la  féconde  partie  de 
l'objedif,  que  fur  la  première  ;  c'eftune  fuite  de  la  règle 
générale  qui  veut  que  le  participe  foit  indécimable, 
quand  il  eft  fuivi  de  fon  objectif:  elle  a  reçu  compagnie. 

A  l'égard  de  ces  formules  de  ftyle  judiciaire  ,  les 
Gens  tenants  notre  Cour  de  Parlement  ;  la  rendante  fo/«- 
/re  ;  yê^  ayants  caufe^Scc,  oii  le  participe  préfcnt  eft 
décliné  Se  fuivi  de  Ton  régime  ,  ce  font,  dit  M.  Dou-!- 
cher  j  autant  de  monuments  qui  prouvent  que  ce  par- 
ticipe étoit  autrefois  fufceptible  de  genre  &  de  nombre  5 
Sz  c'efl:  tout  ce  qu'on  en  peut  conclure  :  voye:^  les  arti- 
cles Particii'e  &  Construction, 

SYNTHESE  ou  MÉTHODE  DE  COMPOSITION. 
Ce  mot  vient  du  grec  &  fignific  ailemblagc  ,  réunion 
des  parties ,  enforte  qu'elles  faifent  un  tout ,  un  enfem-» 
bie  parfait  qui  démontre  une  vérité. 

Cette  méthode  en  feigne  l'art  de  traiter  toutes  fortes 
^c  queftions  ,  de  raffemblcr  tous  les  matériaux  nécef- 
faires  à  l'édifice  qu'on  veut  conftruire,  &  d'en  faire  un 
tout  dont  les  différentes  parties  foient  enchaînées  les  j 
unes  avec  les  autres  dans  l'ordre  le  plus  naturel. 

On  commence  par  fe  demander  11  le  fujet  qu'on  veut 
traiter  exifte  ,  enfuite  on  s'en  remplit  bien  l'cfpric.  On  Itf 
définit  en  n'employant  que  des  termes  parfaitement, 
connus  ;  on  le  divife  ,  on  le  fubdivife  ^  on  traite  chaqut  * 
partie  féparénient.  On  paife  du.tronc  aux  branches,  des 
branches  aux  rameaux  ,  c'eft-à-dire  j  qu'on  commenc* 
par  les  chofes  les  plus  générales  &  les  plus  fimplcs  pour 
venir  aux  moins  générales  &  aux  moins  compofées.  On 
définit  d'abord  le  genre  ,  enfuite  l'efpe^e.  Sans  cela  on 
Tcroit  obligé  de  fc  répéter  à  chaque  inltanc.  Car  fi  Ion 
parloit  de  l'çfpece  avant  le  genre  ,  comme  il  e^l  impot- 
jible  de  bien  connoîtrc  une  efpecc  fans  en  connoître  1q 
genre  ,  il  faudroit  expliquer  \z  nature  du  genre  dans  l'en* 
plication  de  chaque  efpece  :  roy.c:(  Gp.nre  j  Es?îc£. 

La  principale  attention  eft  d'établir  tous  fes  raiionno-i 
l^çns  ii,i;  des  priAicirçs  bicii  clairs  &  bien  évidçns.  i  ça* 


s  Y  N  4^5> 

toi  te  que  les  confequences  qu'on  en  tire  foient  frappan- 
tes &  bien  liées  :  voyei  Choix  des  arguments. 

La  marclie  eft  à-peu-près  la  même  dans  la  fynthefe 
eue  dans  l'analyfe  :  voye^  Analyse. 

Toute  la  différence  j  c'eft  que  dans  la  première  l'ef- 
piic  allemblc  les  matériaux  ,  les  difpoie  ,  les  arrange  , 
les  mec  chacun  à  leur  place  de  manière  qu'ils  falTent  uu 
tout  régulier  ,  &  qu'il  en  cache  enfjite  la  charpente  pai* 
jcs  ornemens  de  l'éloquencs.  Dans  la  féconde  ^  on  écarte 
tous  les  ornemens  ,  on  décompofe  ,  on  divife  ,  on  fé- 
parc  les  différentes  parties  qui  font  liées  enfemble,  mais 
cil  fuivant  comme  dans  l'autre  l'analogie  &  les  rapports 
qu'elles  ont  entr'elles  :  l'analyfe  décompofe,  mais  ne 
détruit  pas. 

La  marche  eft  donc  à-peu-près  la  même  dans  l'une 
comme  dans  l'autre  j  Se  cela  eft  naturel.  La  méthode 
que  l'on  fuit  pour  découvrir  la  vérité  doit  être  naturel-^ 
Icment  la  même  pour  démontrer  les  découvertes  qu'on 
a  faites.  La  meilleure  façon  d'inftruire  les  hommes  ,  c'eft 
de  les  conduire  par  la  route  qu'on  a  fuivie  foi-mémc  pouc 
s'inftruire. 

Par  exemple  ,  fi  j'ai  à  traiter  de  la  gloire  ,  j'établirai 
ce  principe  :  Il  n'eft  point  de  véritable  gloire  fans  la 
crainte  de  Dieu.  Je  me  demande  enfuite  ^  en  quoi  con- 
iifte  la  gloire  ?  Je  trouve  que  de  touttems  les  hommes 
l'ont  placée  dans  la  probité  ,  dans  les  grands  talens  8c 
dans  les  fuccès  éclatants  :  trois  fources  d'où  la  gloire 
peut  jaillir  :  voilà  ma  divifion.  Je  reprends  chacune  dç 
ces  trois  branches ,  &  je  les  traite  féparémeut. 

I.  La  probité. 

Voilà  une  branche  de  gloire.  Je  vois  qu'elle  confiftc 
dans  cette  vérité,  dans  cette  pureté  d'intention,  cet  hon- 
neur qui  doit  nous  accompagner  dans  toutes  les  aélions 
de  la  vie ,  de  que  la  crainte  de  Dieu  peut  feule  don- 
ner. Sans  cette  crainte  faîutaire  ,  la  probité  eft  prefquc 
toujours  fauffe  ou  du  moins  jamais  fi\re  ^  voilà  une  Cuh* 


i^.  Fauffe  :  je  le  prouve  par  les  caufes.  Elle  n'a  fans*, 
crainte  de  Dieu  d'autres  mi>tifs  que  l'orsçueil ,  la   vanité 


47^  S  Y  N 

©u  riiitérêt.  J'entre  dans  le  détail.  Je  parcours  les  bellefv 
avions  de  ces  vertueux  mondains  :  par-tout  je  trouve 
cju'elîes  ont  pour  caufe  le  defîr  d'une  vaine  réputation  on 
l'intérêt ,  &  qu'ainiî  elles  ne  peuvent  produire  une  véri- 
table gloire.  Elle  eft  donc  inutile  aux  yeux  de  Dieu  , 
quoiqu'aux  yeux  du  monde  elle  produife  quelquefois  un 
phantôme  de  gloire  toujours  prêt  à  s'évanouir. 

i**.  Elle  n'eft  du  moins  jamais  fure.  Ce  raifonnement 
eft  lié  au  premier.  Quelle  eft  la  chofe  qu'on  peut  regar- 
der comme  fùre  ?  C'eft  celle  qui  eft  polée  ftir  des  fonde- 
ments inébranlables.  Or  il  n'y  a  que  la  Religion  qui 
puifTe  allurer  la  probité  en  la  mettant  au-dcffus  de  tous 
les  événemens.  Comme  elle  ne  tire  fa  gloire  que  del'ac- 
compIifTement  de  fes  devoirs  ,  elle  n'eft  fujette  à  aucun 
changement  5  elle  méprife  la  honte,  l'opprobre,  la 
crainte  ,  les  vains  applaudiffemcnts  ,  l'intérêt ,  &c.  J'e- 
•xamine  enfuite  fi  les  vertus  humaines  ont  la  même  foli- 
dité.  Sur  quoi  font-elles  appuyées  ?  furies  circonftances, 
fur  les  occafions,  fur  les  jugemens  des  hommes  qui 
changent  à  chaque  inftant.  Elles  ne  font  donc  à  l'é- 
preuve de  rien.  Tout  occupées  d'allier  leur  intérêt  avec 
leur  réputation  ,  elles  fongcnt  plus  à  l'apparence  qu'à  la 
réalité.  J'appuie  mes  raifonnemens  par  pluficurs  exem- 
ples :  voye:(^  Exemples. 

Entr'autres  par  celui  d'Achitophel  ,  cet  homme  fi 
vertueux  dans  l'eftime  publique  ,  qui  fe  déclare  contre 
le  Roi  fon  maître  abandonné  de  fes  fujets  ,  pour  fuivrç 
le  parti  d'Abfalon  ,  fils  dénaturé  &  rébelle  ^  qui  a  pour 
lui  la  faveur  publique. 

II.  Les  grands  talcns, 

C'eft  la  féconde  branche  de  la  première  divifion.  Je 
définis  les  grands  talcns ,  valeur  guerrière  ,  vaftcs  con- 
noiflances ,  efprit  ,  génie  ;  voilà  une  fubdivifion  :  ce 
font  quatre  rameaux  de  la  féconde  branche.  Si  tous  ces 
talens  ne  font  pas  guides  par  la  crainte  de  Dieu  ,  ils  de- 
viennent des  inftruments  funeftes  à  ceux  qui  en  lont 
doués  &  aux  autres  hommes  ;  voilà  encore  une  fubdivi- 
fion. Je  prouve  tout  cela  par  les  effets. 

LayaUur,  1°.  funefte  aux  autres  hommes:  ce  n'eft 


s  Y  N  471 

jîus  qu'une  force  aveugle  qui  veut  tout  dompter ,  tout 
îubjuguer.  Les  droits  les  plus  facrés  ne  font  pas  capables 
d'arrêter  rimpétuofité  de  <a  courfe.  Elle  regarde  un 
repos  fage  &  majeftueux  comme  une  honteufe  oilîveté; 
elle  cpuife  les  peuples  qui  lui  font  fournis  ,  porte  le  dé- 
faftre  &  les  calamités  chez  fes  voifîns.  Ses  lauriers  font 
arrofés  de  fang  &  de  larmes  ;  elle  ne  fe  rend  célèbre 
qu'en  faifant  des  millions  de  malheureux  ,  &c.  2".  Fu- 
nefte  à  elle-même  :  l'orgueil  s'empare  d'elle  &  la  jette 
dans  l'aveuglement  ;  elle  s'égare  Se  fe  précipite  du  haut 
de  cette  faulfe  grandeur  ,  qui  n'écoit  élevée  que  fur  des 
ruines  &  des  malheurs.  Mille  exem.ples  peuvent  venir  à 
l'appui  de  ces  preuves. 

Les  vajles  connoijfances.  Elles  s'égarent  elles-mêmes 
&  entraînent  les  autres  dans  l'égarement  &  dans  les  té- 
nèbres ,  comme  ces  Aftres  errans  qui  trompent  le  Voya- 
geur :  témoin  ces  chefs  de  Sedes  ,  ces  Dodeurs  du  men- 
fonge  qui  ,  &c. 

ISefprit.  S'il  n'eft  éclairé  par  la  crainte  de  Dieu  ,  il 
corrompt  le  cœur  ,  &  répand  un  poifon  d'autant  plus 
fubril  oC  d'autant  plus  dangereux  qu'il  eft  préparé  par 
des  mains  plus  habiles.  Delà  la  corruption  des  mœurs 
pour  le  fîecle  préfent  &  pour  les  fiecles  fuivants. 

Le  génie.  Il  eft  inquiet  &  remuant  ;  il  ne  cherche  que 
l'éclat  &  la  célébrité  ,  qu'à  étonner  la  terre  ;  il  boule- 
verfe  &  détruit  tout  ;  il  n'enfante  que  des  malheurs  : 
témoin  cet  homme  célèbre,  qui  de  la  foule  011  il  éroic 
confondu  s'eft  élevé  même  au-delfus  de  la  tête  de  fon 
Roi ,  qu'il  a  ofé  juger  &  condamner.  En  Italie  les  Ora- 
teurs prouvent  encore  tout  ce  que  nous  venons  d'avan- 
cer par  les  contraires  :  voye:^  Source  des  preuves  , 
Contraires. 

III.  Les  fucces  éclatants. 

C'cfl  la  troifieme  branche  de  la  première  divifion. 
On  appelle  fucces  éclatants  ,  des  Provinces  conquifes  , 
des  Batailles  gagnées,  des  Négociations  difficiles  termi- 
nées ,  des  Trônes  chancelans  affermis.  Ils  peuvent  être 
glorieux  lorfqu'ils  font  utiles  à  la  Patrie.  Mais  le  font^ 
ils  toujours  pour  ceux  qui  s'en  glorifient  ?  On  prouve  la 


47i  S  Y  N 

négative  par  les  caufcs  Se  par  les  effets.  On  ne  les  âoit 
ordinairement  ces  fuccès  éclatants,  qu'à  l'ambition,  qu'à 
ia  jaloufie  ,  qu'à  la  témérité  ,  qu'au  liafard  ,  fouvenc 
même  à  la  crainte  Se  au  défefpoir.  D'ailleurs  que  de 
malheurs  ne  caufent-ils  pas  !  On  en  peut  faire  ici  une 
longue  énumération.  D'un  autre  côré  cette  prétendue 
gloire  n'eft-elie  pas  partagée  par  le  foldat ,  par  la  for- 
tune ,  Sec.  Qu'on  approche  de  plus  près  ceux  qui  s'en- 
crguciniffent  de  cette  gloire  ;  qu'on  les  dépouille  de  ces 
décorations  étrangères  qui  éblouilfent  les  yeux  ;  le  Hé- 
ros difparoîc ,  on  ne  voit  plus  que  les  motifs  les  plus 
bas,  que  des  âmes  injuftes  &  fanguinaires  ,  que  des 
mœurs  corrompues.  On  prouve  encore  tout  cela  par  les 
contraires,  en  comparant  ces  Héros  mondains  à  ces  âmes 
nobles  Se  vertueufcs  que  leurs  fucccs  n'enflent  poinr 
d'un  vain  orgueil  ,  comme  elles  ne  feroient  point  abat- 
tues par  leurs  défaites  :  voye^  Comparaison  ,  Simili- 
tude ,DlSSIMILITUDE. 

Enfin  on  ralTemble  fous  un  feul  point  de  vue  les 
preuves  les  plus  fortes  Se  les  plus  frappantes  ,  Se  on  con- 
clut que  les  vertus  humaines  ,  toutes  û:ules  ,  ne  peuvent 
produire  une  véritable  gloire  5  qu'il  faut  qu'elles  foient 
guidées  par  la  crainte  de  Dieu ,  qui  feule  donne  la  droi- 
ture du  cœur ,  la  pureté  des  intentions  Se  l'empire  des 
paillons. 

Voilà  la  charpente  du  difcours.  Pour  la  cacher  ,  on  a 
recours  à  l'art  oratoire  ;  on  accumule  les  ornemens 
ûune  véritable  éloquence.  Sec.  Foyf^  Rhétorique  , 
AMPLincATiON  ,  Figure  ,  Exorde  ,  Confirma- 
Yio"N,  Péroraison  ,  Preuves  ,  Source  des  Preu* 
vu  ,  Choix  des  preuves  ,  Disposition  ,  Sec, 


%^ 


473 


ou 


T  E 


i     eft  une  des  confonnes  de  l'alphabet  :  voye:^^  Al- 
phabet ,  Consonnes  ^  prononciation. 

TA  ,  eft  le  féminin  de  l'adjedif  pofTeliîf  ton  :  roye^ 
Adjectif. 

TAC  ,  eft  une  des  particules  imitativcs  :  voyq  Par- 
ticules. 

TANDISQUE,  eft  une  des  conjondions  périodicjues: 
voye:^  Conjonctions. 

TANT  ,  eft  un  adverbe  de  quantité   :   voye^  kiy- 
verbe. 

Ti.'^NT  ,  eft  une  des  conjondions  extenfîves  :  voye'^ 
Conjonctions. 

TANTOST ,  eft  un  adverbe  de  tems  :  voye^  Ad- 
verbe. 

TANTOST  ,  eft  une  des  conjondions  alternatives  i 
yoyei  Conjonctions. 

TARD  ,  eft  un  adverbe  de  tems  :  voye:^^  Adverbe. 

TE ,  eft  un  des  pronoms  perfunnels  pour  la  féconde 
perfonne  du  fingulier  :  voye^  Pronoms. 
,  TEL  ,  eft  un  des  pronoms  indéfinis  :  voye^  cet  article 
au  mot  Pronoms  ,  où  nous  expliquons  aufli  comment 
ce  mot  eft  quelquefois  fimple  adjcdif. 

TEMS.  f^oyei  Nombre  oratoire. 

TTEMS  DES  VERBES.  Le  tems  dans  les  verbes  eft  une 
inflexion  qui  dé/igne  fur  quel  tems  porte  l'affirmation. 
Il  n'y  a  que  trors  tems  (impies  ,  le  préfentye/ij  ,  le  pafie 
fui  /// ,  &  le  futur  je  lirai.  On  les  appelle  tems  [impies 
ou  naturels  ^  parccque  les  autres  fe  rapportent  tous  à 
quelqu'un  d'entr'eux.  Ces  trois  tems  naturels  peuvent 
donc  recevoir  bien  des  différences  qu'il  faut  remarquer, 
1°.  Pour  marquer  qu'une  chofe  eft  ou  qu'elle  fe  fai-t 
au  tems  où  l'on  parle,  on  fe  fert  du  préfent  fimple  ,y> 
•vous  quitte.  On  s'en  fert  pour  exprimer  des  chofes  qui 
ibnt  vraies  en  tout  tems  :  l'Amour  eji  un  Dieu  perfi.de  ; 
&  pour  exprimer  des  chofes  qui  font  d'habitude  j  il  ap- 
,^md  les  Langues,  Il  travaille  à  l'Wfinr^,  Mais  fi  i"oR 


474  T  E  M 

Veut  dire  non  pas  qu'une  chofe  eft  aduellemeiit  ,  mals^ 
qu'elle  arriveroit  dans  le  tems  préfent  ^  fi  une  autre  fe 
faifoin  ou  s'écoic  faite,  fl  certaine  condition  étoic  rem- 
plie 5  alors  on  fe  fert  Aa  préfent  conditionnel  -^  comme  ,yd 
travûillcrois  j  Jïj'avois  la  fauté.  Ce  tems  eft  préfent  , 
puifqu  on  y  peut  ajourer  le  mot  aciuellement  ,je  travail- 
lerais adiLclkment  ;  mais  il  eft  conditionnel  ,  puifqu'il 
faudroit  que  certaines  conditions  fuiîent  effectuées  pour 
que  la  chofe  fut  réellement  préfente  5  f  j  avoisla  famé, 

z°.  Une  chofe  peut  être  affirmée  comme  pafl'ée  abfo- 
lument,  &  fans  aucune  attention  au  tems  ,  fans  aucune 
comparaifon  à  d'autres  chofes  5  c'efl  ce  qu'on  appelle  le 
-prétérit  indéfini  ,  &  que  nous  avons  nommé  plus  haut  le 
pajfé  fmple  ou  naturel  j  j'ai  lu  le  livre  que  vous  rnave:(^ 
prêté.  La  chofe  peut  s'être  faite  dans  un  tems  dont  il 
refte  encore  une  partie  à  écouler  ,  comme  dans  ce  jour, 
cette  femaine  ,  ce  mois  ,  ce  quartier ,  ce  fémeftre  ,  cette 
année  ,  ce  fîecle  5  alors  on  fe  fert  encore  du  mcmc  pré- 
térit indéfini  ,  mc:is  il  faut  en  défigner  le  tems.  J'ai  vu 
votre  ami  aujourd'hui  y  je  vous  ai  écrit  cette  femaine  ;  je 
le  fuis  allé  voir  ce  mois  ci.  La  récolte  a  été  bonne  cette 
année.  Les  Rois  ont  eu  des  guerres  terribles  ce  fecle  ci.  Si 
le  tems  n'eft  pas  exprimé  ,  il  faut  du  moins  qu'il  loit 
alfcz  défîgné  par  la  fuite  du  difcouis. 

Si  l'on  veut  exprimer  une  chofe  paflee  quant  à  pra- 
fent ,  mais  préfente  dans  un  tems  palfé  que  l'on  dcfi- 
gne  ,  &  lors  d'une  autre  adion  dont  on  parle ,  on  fe  fcrc 
de  l'imparfait  ;  je  fortois  ,  quand  il  arriva.  J'y  penfois  , 
quand  il  me  le  dit. 

Si  la  chofe  que  l'on  veut  affirmer ,  s'cft  faite  dans  un 
tems  entièrement  pallé  ,  dont  il  ne  refte  plus  de  partie  , 
&  qu'on  n'y  foit  plus  renfermé  ,  on  fe  fert  de  i'aorijlc  ou 
prétérit  défini  j  en  cas  qu'on  veuille  faire  connoître  le 
tems,  Ainfi  l'on  dit  ,  je  fis  un  voyage  l'année  dernière  ; 
je  travaillai  beaucoup  la  femaine  paffée.  Mais  pour  ce  , 
fervir  de  ce  tems ,  il  faut  au  moins  qu'il  y  ait  un  jour 
que  la  chofe  foit  faite  ,  ainfi  on  diroit  mal  -^  j'écrivis  cette 
dernière  nuit  ;  j'y  allai  ce  matin.  C'eft  par  cette  raifon 
que  M.  de  Voltaire  blâme  cet  hémiftiche  de  Corneille 
dans  Pompée  ,  je  fais  qu'il  fit  trancher  ;  il  faut ,  dit-il  , 
qu'il  a  fait  trancher ,  parceque  la  chofe  s'eft  palfée  aur 


T  E  M  47î 

j....icl'hui.  Une  phrafe  toute  femblable  efl:  condamnée 
dans  les  fentiinents  de  l'Académie  fur  le  Cid.  Quand  je 
lui  fis  l'affront ,  dit  le  Comte  ,  parlant  du  foufflet  qu'il 
vcnoit  de  donner  à  D.  Diegue.  IL  n'a  pu  j  félon  l'Aca- 
dcmie  dire  ,  je  lui  fis  5  car  il  a  fallu  dire  je  lui  ai  fait  , 
pui/quil  ne  s  était  point  pajfé  de  nuit  entre  deux.  Ou 
trouve  cependant  quelques  exemples  du  contraire  dans 
nos  meilleurs  Auteurs.  Racine  fait  dire  à  Therameue 
dans  la  Tragédie  de  Phèdre  ; 

Le  flot  qui  l'apporta  recule  épouvanté.    • 

La  Fontaine  ,  dans  fa  Fable  du  Lion  6*  du  Moucheron  , 
dit  aulTi  : 

L'infeae  du  combat  fc  retire  avec  gloire. 
Comme  il  fonna  la  charge  ,  il  fonne  la  vi£loîre. 

Cependant  dans  Tun  &  l'autre  endroit  il  s'agit  de 
eliofes  arrivées  le  jour  même.  «  Je  fuis  difpofé  à  croire, 
35  dit  à  ce  fujet  M.  l'Abbé  d'Qlivet ,  que  la  phrafe  de 
55  Corneille,  tirée  d'une  Scène  où  il  ne  falloit  que  lafim- 
«  plicité  du  Dialogue  ,  a  été  jugement  condamnée  par 
53  l'Académie  :  mais  que  cette  condamnation  ne  tombe 
33  pas  fur  les  phrafes  de  Racine  &  de  la  Fontaine  ,  par- 
33  ccqu'elles  font  l'une  &  l'autre  placées  où  le  Poète  pou- 
33  voit  être  hardi ,  &  fe  montrer  à  vifage  découvert  jj. 

Lç. prétérit  indéfini  s'emploie,  en  bien  des  occafions,  à 
la  place  du  défini  3  mais  celui-ci  ne  peut  être  employé 
à  la  place  de  l'autre.  Ainfi  l'on  dit  indifféremment  ,  Cl- 
far  fut ,  ou  Céfar  a  été  le  tyran  de  fa  Patrie.  Mais  on  ne 
pourroit  dire  ,  je  vis  une  femme  ce  matin. 

Si  la  chofe  eft  non-feulement  paffée  quant  à  pré- 
lent  5  mais  fi  elle  l'étoit  déjà  avant  un  autre  tems  indi- 
qué &  paffé ,  on  fe  fert  du  prétérit  antérieur.  Ce  tems 
;fe  fubdivife  en  deux  autres  5  l'un  qui  exprime  une  chofc 
paffée  avant  un  tems  entièrement  écoulé  j  quand  j'eus 
ainfi  parlé  y  il  fe  tut  ;  l'autre  qui  exprime  une  chofe 
'  paffée  avant  une  autre  ,  dans  un  tems ,  dont  il  refte  en- 
core quelque  partie  à  écouler  :  quand  j'ai  eu  dit  cela  ,  il 
efi  parti  :  oii  l'on  voit  qu'il  y  a  entre  ces  deux  tems  la 
«lême  différence  que  celle  qui  fe  uquvc  entre  les  deux 


47<^  TE  M 

prétérits  indéfini  &  défini.  Ces  deux  prétérits  antcdeurd 
îbnc  prefque  toujours  à  la  fuite  des  conjondlions  quand  ^ 
des  que  ,  après  que  y  &c  ^  &  s'ils  n'en  font  pas  quelque* 
fois  précédés,  c'cft  qu'ils  marquent  une  chofe  non- feu- 
lent comme  paiîée  »  mais  comm.e  totalement  finie  6C 
confommée  \  j'eus  bientôt  faic  j  ou  j'ai  eu  bientôt  fait. 

Si  l'on  Veut  marquer  une  cliofe  faite  non-feulement  ■ 
en  foi ,  mais  avant  une  autre  chofe  qui  elt  aufli  entière- 
ment paflée  ,  on  fe  fert  du  plujqueparf ait,  J'avois  écrit  , 
quand  il  revint.  Le  retour  dont  on  parle  s'eft  fait  dans 
un  tcms  palTé  ^  &  la  lettre  a  précédé  ce  retour.  Ce  qui 
diftingue  ce  plufqueparfait  du  prétérit  antérieur  ,  c'eft 
que  la  chofe  exprimée  par  celui-ci  eft  fuboldcnnée  à  celle 
qui  l'a  fuivie  ,  &  par  conféquent  n'eft  point  le  principal 
objet  de  l'attention  Quand  je  dis,  dis  que  feus  ai  nfi 
parlé  ,  il  fe  tut.  Je  veux  principalement  faire  connoîrre 
q\ïil  fe  tut  i  c'eft-là  Tobjet  principal  de  la  phrafe.  Dh 
que  feus  ainfi  parlé  ^  ne  s'y  trouve  que  pour  y  inférer  une 
circonilance.  A  l'égard  du  plufqueparfait ,  c'eft  tout  le 
contraire  :  f  avais  écrit ,  c'eft  ce  que  j'avois  principale- 
ment à  dire  5  lorfquil  revint  ,  n'eft  qu'une  prafe  inci- 
dente. 

Si  l'on  veut  exprimer  une  chofe  non  pas  comme  ab- 
folument  palIée  ,  mais  qui  le  feroit  fi  une  certaine  con- 
dition eût  été  ejffeduée  ,  on  fe  fert  du  puffé  conditionnel, 
Jljèroit  venu  ,  fi  vous  l'avie^  averti.  Je  ne  dis  pas  qu'il  efic 
venu  ,  mon  affirmation  n'eft  pas  abfolue  oC  indépendan- 
te 5  mais  je  dis  que  la  chofe  feroit  pafiee  quant  à  pré- 
fcnt  ;  il  feroit  venu  ,  fi  certaine  condition  que  j'affigné 
■  avoir  eu  lieu  ^  fi  vous  iavie^  averti.  Je  i'eufie  ou  je  l'au- 
rais fait  ^  fi  vous  l'eujfte:!^  om  fi  vous  l'aviez  voulu  5  car  oit 
dit  indifi-ércmment  l'un  ou  l'autre. 

5^.  Quand  on  veut  dire  qu'une  chofe  n'eft  pas  arri- 
vée ,  mais  qu'elle  arrivera  dans  un  tems  qui  n'cit  pas  en- 
core ,  on  fc  fert  du  futur.  Je  verrai  votre  affaire. 

Mais  fi  l'on  veut  marquer  un  avenir  qui  ait  rapport 
2u  paflé,  &  faire  connoître  que  dans  le  tcms  qu'une 
chofe  arrivcra,uneautrequi  n'eft  pas  encore  fera  pafi'éej 
on  fc  fert  du  futur  pafjé.  J'aurai  fini  quand  vous  vien-» 
arej. 

Nous  venons  de  marquer  la  juftefignifîcation  des  temJ 

principaux' 


T  E  M  477 

jrincipaux  cîes  verbes  ;  mais  il  s'en  faut  bien  qu'ils  fc 
iennent  toujours  renfermes  dans  les  bornes  que  la  théo- 
ie  fcmble  d'abord  leur  prefcrirc.  Plufisurs  d'entr'eux 
hangent  leur  fignification  fuivant  les  occalions  où  ils 
ont  employés  :  c'eft  ce  que  nous  allons  tâcher  de  déve- 
opper. 

I  ".  Le  préfent  fe  mer  quelquefois  pour  le  futur ,  corn- 
ne,  je  reviens  tout-à-l'heure.  Il  part  dans  peu  pour  l' ha- 
ie. Que  faites-vous  ce  foir?  c*c{ï-z-àir&  y  je  reviendrai 
ouï- à-l'heure.  Il  partira  dans  peu.  Que  fere'^-vous  cê 
oir  ?  Diffutc  lui  mon  cœur,  &  ce  cœur  ejl  à  toi ,  c'eft-à- 
ire  ,  ce  cœur  fera  à  toi.  Quand  le  préfcnc  eft  précédé  du 
loty?,  exprimant  une  condition  ,  \\  a  encore  la  lîgnifî- 
ation  du  Futur.  Je  veux  lui  rendre  ce  fervice ,  f  je  le 
uis  y  c'eft- à-dire  ,  en  fuppofant  que  je  le  pourrai.  Quand 
n  veut  donner  plus  de  force  &  de  vivacité  à  ce  que  l'on 
aconte  ,  on  met  quelquefois  le  préfent  pour  le  palTé; 
omme  dans  ces  vers  de  Racine. 

J'ai  vu  ,  Seigneur  ,  j'ji  vu  votre  malheureux  fils 

Traîné  par  les  chevaux  que  fa  main  a  nourris. 

Il  veut  les  rappeller  ,  &  fa  voix  les  effraie  j 

Ils  courent  j  tout  fon  corps  n'efl  bientôt  qu'une  plaie. 

Pour  //  a  voulu  ou  il  voulait  ,  les  a  enrayés  ou  les  ef-^ 
'ayoit  j  ils  ont  couru  ou  ils  couroient  ,  n'a  plus  été  on 
était  plus. 

z^.  L'imparfait  ne  marque  fouvent  autre  cliofe  qu'un 
étérit  fans  rapport  au  préfent ,  fur-tout  dans  le  cours 
es  narrations.  Rome  était  d'abord  gouvernée  par  des  Rois  , 
3ur  Rome  fut  d' abord  gouvernée  par  des  Rois.  Quand  cet 
ïiparfait  eft  précédé  ào.  fi ,  il  ne  marque  autre  cliofe 
l'un  rapport  au  rems  préfent.  S'il  daignait  m' entendre ^ 
pourrais  mejuflificr  ;  c'eft-à-dire  ,  s'il  daignait  actuel- 
ment  m' entendre  ;  ou  je  ne  mejuflifie  point ,  parcequilne 
ligne  pas  ni  entendre. 

3*.  On  donne  quelquefois  au  prêtent  indéfini  le  fens 
\  futur  p  a  fié  y  comme  I  Avei^-vous  bientôt  fait  ?  J'ai 
rit  dans  un  moment  ;  c'eft-a-dire  ,  aure:(-vours  bientôt 
it  ?  J'aurai  écrit  dans  un  moment.  On  lai  donne  mcms 
Iquefois.le  fens  à\x  fuiurnaturel i  Vous  ave^  vaincu 
Tome  IL  H  h 


47S  T  E  M 

VOS  ennemis  ^fi  vous  fuive^  ce  confeii  :  cela  veut  cîire ,  f 
rcits  fuive:^  ce  confeii^  vous  vaincre:^  vos  ennemis.  Mai' 
ces  exceptions  tiennc'ir  moins  de  la  grammaire,  cjuc  de  fc 
vivacité  qui  nous  fait  parler  ,  que  de  Ja  force  que  non 
voulons  mettre  dans  notre  affirmation  ,  en  un  mot  de  ï 
Kiié  torique. 

4^.  Le  plufqueparfait  n'exprime  fouvent  qu'un  fini 
pie  rapport  au  tems  palTé  ,  comme  quand  il  eft  à  la  fuit 
àc  Jî  j  vous  penferie:^  mieux  ^  fi  vous  avie^  examiné  i 
fonds  des  chofes  ;  c'eft-à-dirc  ,  vous  ne  penfe^  mal ,  qu 
parceque  vous  nave:^  pas  examiné  le  fonds  des  cîiofes 

5**.  Le  conditionnel  préfcnt  précédé  de  que  à  la  fuit 
tî'un  autre  verbe  au  pafie  ,  exprime  ordinairement  u 
futur  par  rapport  au  tcms  du  verbe  précédent.  Jl  a  pre 
mis  qu'il  rcviendroit  dans  peu  ;  c'efl-a  dire  ,  //  reviendr 
dans  peu  ,  félon  qu'il  l'a  promis. 

6"".  Dans  les  mêmes  circonfbanccs  ,  le  conditionm 
j>ajjé  marque  quelquefois  un  futur  paifé  ,  par  rapport  a 
tems  palle  du  verbe  qui  le  précède.  //  a  cru  que  je  vol 
l'aurois  annoncé  hier.  Si  c'eft  hier  qu'il  l'a  cru  ,  le  fens  e 
le  même  que  s'il  avoit  parlé,  &  qu'il  eut  dit  :je  crois  qu 
ie  lui  aura  annoncé. 

Malgré  le  grand  nombre  de  tems  auxquels  nos  vei 
bes  s'alfujettilfent  j  il  s'en  manque  bien  cependant  qui' 
rendent  avec  prccifion  tous  les  diiférens  degrés  d'étei 
duc  ou  de  diftancc  que  nous  voyons  dans  le  palfé  &  1' 
venir.  Quand  on  dit  ;  j'allai  ,  on  ne  fait  fi  c'eft  hier  c 
en  tel  autre  tcms  i  de  même  f  irai ,  ne  dit  iri  le  jour  ni 
moment.  Pour  fuppléer  à  ce  défaut  des  verbes  ,  on 
ajoute  des  adverbes  ou  d'autres  mots  qui  achèvent  ( 
fixer  le  tems  j  j'allai  hier  ;  f  irai  lundi  prochain  à  mia 
On  emploie  aulli  d'autres  verbes  pour  augmenter  cet 
précifion  ,  &  cela  de  plulieurs  manières  qu'il  faut  t\ 
pliqucr. 

i<».  Pour  marquer  un  palTé  peu  éloigné,  à  l'égal 
d'un  autre  tcms  qu'on  a  en  vue,  on  (e  fert  du  préfcnt  c 
de  l'imparfait  du  verbe  venir ^  que  l'on  joint  a  l'infînii 
du  verbe  principal.  Ainfi  on  dit  :  il  vient  de  fortir  ,  poi 
dire  ,  //  eftforti  il  ny  a  qu'un  m.oment.  Il  venoit  defortit 
quand  vous  êtes  arrivé  ^  pour  dire,  //  était  forti  il  ri 
êivoit  pas  lon^-tems  ,  quand  voks  êtes  arrive.  H  cft  ai}  ^ 


':i 


T  E  M  47^ 

Voir  par  ces  deux  exemples  ,  que  il  vient  exprime  ea 
te  occadon  \xi\  prétérit  indéfini  ,  Se  //  venait  im  pius-^ 
'parfait. 

i".  Pour  exprimer  un  futur  prochrtin  par  rapport  au 
Ils  prcfenc ,  ou  par  rapport  a  un  tems  paffé  ,  on  joint  à 
fînitif  du  verbe  principal  \z  préfcnt  ou  l'impa'-fait  dbt 
bc  aller.  Je  vais  revenir  y  pour  je  reviendrai  bientôt  ; 
'lois  revenir  ^  quand  il  in  a  retenu  ,  pour  quand  il  m'a 
mu  ]c  difois  &:  jepenfois,  je  reviendrai  bientôt.  On 
)rime  encore  un  futur  incertain  ou  indéterminé,  foie 
rapport  au  tems  préfent  ,  foit  par  rapport  au  tems 
Té  ,  enjoignant  à  un  infinitif  quelque  tems  dii  verbe 
>oir.  Je  dvis  voyager^  vous  ave-(  dû  le  voir  y  &c.  Le 
ur  dans  je  dois  voyager  n'eft  pas  (i  po/itif  que  fi  l'on 
oity£  voyagê'-ai  ,  ni  le  paifé  dans  vous  ave^  dû  le  voir  ^ 
dans  vous  l'ave:^  vu  ^  &c. 

*.  Quand  on.mç.z  fi  avant  nnplufqueparfait^  la  chofe 

)rimée  par  ce  tems  n'eft  pas  encore  faite  lorfqu'ou 

le  '.fij'avois  réujfi  je  vous  le  dirais  5  je  fais  entendre 

;  je  n'ai  pas  réufii.  Mais  fi  la  chofe  eft  faite  ou  palTée 

fqu'on  parle  ,  &  qu'elle  n'ait  pas  encore  été  faite  dans 

tems  palfé  qu'on  défignc  ,  on  fe  fert  alors  d'une  ef- 

tàt  plufqueparf ait  antérieur  ^  que  les  verbes  n'ont  pas 

inairement,  mais  qu'on  leur  donne  en  cette  occa- 

1;  &  l'on  dit  :  fi  j'avois  eu  reçu  c-et  argent  ,  je  vous 

trois  envoyé.  On  fent  bien  que  fi  l'on  difoit ,  fi  j'avois 

cet  argent ,  je  vous  L' aurais  envoyé  ^  l'exaditude  n'y 

oit  pas  ,  T^m'ic^MÇ.  fi  j'avais  reçu  fait  entendre  ^lUQfije 

>oi s  à  préfent  y  je  vous  l'aurois  envoyé  dans  un  tems 

érieur  ,  ce  qui  eft  faux  ;  il  falloit  que  je  l'eufie  déjà 

Il  avant  le  tems  où  je  devois  l'envoyer. 

^.  De  même  le  conditionnel pajfé  fait  fimplementen- 

iger  une  chofe  ou  une  action  qui  auroit  été  préfente 

dis  un  tems  ^2.(^é.',  j' aurais  dîné  avant  midi  y  s  il  n'était 

p    venu  m'amufer  y  mais  pour  faire  entendre  que  la 

z\\(z  auroit  été  finie  &  confommée  avant  un  temspafie, 

îUut  dire  -.j'aurais  eu  dîné  y  ou.  j'eujfe  eu  diné  avant  mi* 

i.  s  il  n' était  pas  venu  ,  ou  s'il  ne  fut  pas  venu  m'amu-m 

ft  On  voit  par-là  qu'il  y  a  un  fecoad  pjufqueparfait  , 

f  >OLS  eu  diné y  tu  avais  eu  dîné  y  il  avait  eu  dmé  y  &c. 

àia  feeond  coaditioanel  va,i[é  j'aurais  eu  dîné  y  tu  au^ 

Hhij 


4So  T  E  M 

rois  eu  dîne  y  il  aiwoît  eu  dîné  y  &c.  on'j'eujfe  eu  dîne  ^t 
eujfes  eu  dîné ,  il  eut  eu  dîné  ,  &c  5  ce  font  les  tems  qii 
«quelques  Grammairiens  z^^dhnt  fur- compofés  ^  parce 
«ju'ils  empruntent  les  tems  compofcs  du  verbe  auxi 
liaire  avoir;  &  nous  aip^dions  ccszcmsplufqueparfaiti 
■conditionnel pajfés  antérieurs,  parcequ'ils  marquent  a 
tems  antérieur  à  celui  même  du  plufqueparfait  &  d 
Conditionnel  paflc.  Ces  fortes  de  tems  font  d'un  ufage 
rare  y  qu'on  ne  les  fait  point  entrer  ordinairement  dar 
la  conjugaifon  des  verbes. 

Nous  avons  tâché  de  développer  ici  l'idée  qu'on  do 
le  former  des  différents  tems  :  mais  nous  renvoyons  au 
<lifférents  modes  ,  pour  dire  quels  font  ceux  qu'admei| 
tent  l'indicatif,  l'impératif,  le  fubjondif  &  l'infinitif  f. 
on  verra  de  même  dans  les  verbes  défedlifs  quels  foilif 
ceux  qu'ils  ne  reçoivent  pas.  Quant  à  la  formation  èh 
tems  ,  comme  leur  génération  à  cet  égard  ne  regar(  |l:i 
que  la  terminaifon ,  il  n'y  a  pas  d'endroit  où  il  convieni 
mieux  d'en  parler  qu'au  mat  Conjugaison  :  voye^ 
mot. 

TERCET.  Voye^  Stances. 

TERMINATIF.  On  appelle  terminatif  dans  la  con 
truclion  d'une  phrafe ,  le  nom  qui  marque  le  terme  d'( 
part  ou  vers  lequel  tend  l'adion  fpéciHée  par  le  verbe 
c'eft  ce  qu'on  nomme  communément  jecond  région 
*voyei  Construction. 

THESE.  Voyei  Rhétorique. 

TIC  ,  eft  une  des  particules  imitatives  :  voye^  Part 

eu  LES.  \k 

TIEN  ,  eft  un  des  adjectifs  poffelîlfs  :  voye^  Al 

ÎECTIFS. 

TIRET.  On  appelle  tiret  un  trait  formé  en  longueu; 
(-)  qu'on  emploie  dans  deux  occafîons  différences  ; 
première  pour  unir  enfemblc  deux  mots  diftérens  ,  la  1 
conde  pour  divifcr  un  feul  mot  en  deux  parties.  C 
pourroit  dire  audi  que  dans  le  premier  cas  ,  il  divi  ig 
dans  l'orthographe  deux  mots  que  la  prononciation  rh 
rit  en  un  feul  ;  &:  que  dans  la  féconde  ,  il  fert  à  inc 
qucr  l'union  réelle  de  deux  parties  d'un  même  mot 
lorthograplic  fcpaic.   Quoi  qu'il  en  foie,   voici 


t 


t 


iffagc. 


TIR  4^1 

.!«.  Le  tiret  fcit  à  joindre  deux  mots  enfèmbk  daiif 
itq  occafîons  différentes  c]ue  voici. 
"Quand  le  fubjedif  ou  nominatif  eft  un  pronom  per- 
(mel ,  &  qu'il  eft  mis  immédiatement  après  le  verbe  , 
(  place  le  tiret  entre  l'un  &  l'autre  5  on  écrit  donc  dis^ 
j,  dis-tu  t  dit-il  ^  dit-elle  ^  dit-on  y  difons-nous  ^  ditcs^ 
^^.ls  ,  difent-ils.  11  eft  bien  des  Auteurs  qui  n'en  met- 
tit  point  pour  la  première  &  la  féconde  perfonne  dit 
jiricl  :  mais  il  y  en  faut  un  fclon  l'analogie  &;  le  plus- 
iind  ufagc.  Quelques  autres  ,  au  lieu  du  tiret ,  met- 
iit  une  apoftrophe  pour  la  troifîeme  perfonne  foit  da- 
J  gulier  ,  foit  du  pluriel  ;  ils  écrivent  dit' il ,  difentils  ^ 
.:  :  mai»  c'clt  une  faute  5  l'apoftrophc  ne  doit  être 
j.fc  que  lorfqu'il  y  a  élifon  :  va-t'en  ,  pour  va  te-en. 

Si  le  verbe  eft  à  la  troifîeme  perfonne  du  fingulier  , 
^  qu'il  ne  fîniffe  point  par  une  confonne  ,  on  y  met  un 
.;nae  deux  tirets;  comme  ,  viendra-t-il ,  aime-t-il ,. 
■  :,  S'imagine-t-elle  ,  penfera-t-on  ,  Sec. 
Le  même  trait  d'union  fe  met  aulli  pour  l'ordinaire 
tre  l'impératif  des  verbes  réciproques  ,  &  le  pronom, 
ciproque  qui  fe  trouve  après  ,  comme  ;  réjouis-toi» 
mvene:^-vous.  Allons-nous  en  _,  6cc. 
Quelques  Auteurs  le  mettent  entre  le  mot  même  &  les 
onoms  perfonnels  qui  le  précèdent  ;  comme,  moi-mê^ 
e  y  lui-même  y  eux-mêmes ,  &c.  Ils  en  font  autant  des 
lonofyllabes ,  très ,  fort ,  bien  ^  avec  l'adjedif  ou  l'ad- 
sïbc  fuivatit  ,  comme  ,  très-bien  ^  fort- aimable  y  bien- 
lal  y  ils  l'emploient  encore  avant  ou  après  ces  monofyl- 
ibcs  ,  ci  y  là  y  fà  ;   comme  celui-ci  ,   celul-la  ,  ci-def- 
is  ,  là-haut  y  viens-fa  y  Sec.  Ces  monofyllabes  ,  même  ^ 
ien  y  fort ,  très  ,  peuvent  très  bien  fe  paffer  du  tiret  ^ 
ufage  aducl  parcît  même  l'y  profcrire  :  mais  il  eft  par- 
ngé  à  regard  des  autres  ;  bien  des  Auteurs  écrivent  ce- 
ui-ci  y  ci-dejfus y  la-haut  ^  &c. 

Le  tiret  doit  nécefTairement  être  placé  entre  plufîcurs- 
-iiots  ,  quand  ils  n'en  font  plus  qu'un  ,  on  doit  donc 
icûïz  ,  un  vis-à-vis  y  un  porte-manteau ,  l' avant-coureur  , 
avant-garde  ,  franc-arbitre  y  franc-fief  y  franc-comtois  j> 
ah-inteftat ,  le  Tout-puijfant  y  une  demi-journée  ,  &c. 

Il  faut  en  dire  autant  de  tous  les  verbes  réciproques  ^ 
dans  lefquels  entre  eft  fuivi.  d^ine  confonne  ;  comme  j^ 

Hkiii 


4S2  TIR 

is' entre- choquer  i  s'entre-mêler  ^  Sec  ;  des  noms  compofl  "! 
delà  prcpoiîtion  entre  ,  &  d'un  mot  commençant  par  un  ' 
confonne  ,  comme  ,  entre-deux  ,  entre-fol ,  Sec.  &  de  cet  jj 
tains  adverbes  corapofés  de  plufleurs  mots  ,  comme 
fur-le- champ  ,  à-peu-pres  ,  tout-afait ,  &c. 

i".  Par-tout  ailleurs  le  tiret  eft  une  faute  ,  fî  ce  n'el 
lorfqu'un  mot  commencé  dans  une  ligne  ,  n'y  peut-êti 
ylacc  tout  entier,  de  manière  qu'il  faut  le  couper  c 
deux  parties  ,  dont  la  féconde  commence  la  ligne  fui 
Tante  :  alors  pour  montrer  que  ces  lettres  fî  éloignée 
les  unes  des  autres  ne  forment  néanmoins  qu'un  fet 
mot ,  on  met  un  tiret  à  la  iîn  de  la  première  ligne.  Ain 
on  peut  écrire  ,  a-gilité  ^  ou  agi-lité  y  ou  agili-té  ,  felo 
qu'on  pourra  en  placer  plus  ou  moins  dans  la  prcmiei 
ligne.  Mais  on  ne  doit  pas  porter  le  droit  de  couper  u 
mot,  jufqu'à  couper  aulli  Icsfyllabes  ;  il  faut  que  la  de 
nicrc  lettre  de  la  première  ligne  ,  foit  prccifément  la  de 
iiiere  de  la  fyllabe  dont  elle  fait  partie.  On  ne  doit  poir  I 
écrire  ,  ag-iiité  ,  ni  agil-ité  ,  ni  agillt-é  ,  parceque  dan 
ce  mot  les  lettres^,  l^  t  ne  font  point  les  dernières 
mais  au  contraire,  les  premières  lettres  de  leurs  fyllabç 
icfpedlivcs. 

Il  y  a  même  des  Grammairiens  qui  foutiennentqu'oi 
TiC  doit  pas  couper  un  mot  ,  (î  l'on  ne  peut  en  place 
qu'une  fvllabe  dans  la  première  ligne  ,  ou  s'il  n'en  reft 
qu'une  a  placer  dans  la  féconde.  Leur  raifon  efl  quij 
vaut  mieux  dans  le  premier  cas  lailfer  en  blanc  le  couri 
cfpace  d'une  fyllabe  ,  que  de  couper  un  mot;  &  que  dan 
le  fécond  cas  ,  on  peut  prefque  toujours  placer  une  fyl- 
labe oii  l'on  place  un  tiret  ;  que  fi  celui-ci  eft  plus  court 
du  moins  la  fyllabe  cmpiéteroit  bien  peu  fur  l'efpacc 
laifTé  pour  la  marge  ;  &  que  cet  inconvénient  il  peu  fcn- 
fîble  leroit  préférable  à  celui  de  féparcr  des  lettres  qui 
doivent  être  contiguifs  pour  former  le  tout  auquel  elle? 
font  deftinées.  Ainfl  agilité  ne  pourroit  plus  être  féparé 
qu'en  un  feul  endroit,  agi  lité. 

On  fent  que  la  grande  difficulté  pour  les  Compos- 
teurs eft  de  bien   faifîr  l'entre-deux  des  fylîabcs   d'i 
même  mot  :  voici  quelques  règles  qui  peuvent  beauco.  ; 
fervir  à  cela. 

Lorfqu'cntrc  deux  voyelles  il  n'y  a  qu'une  confonne ,, 

1 


TIR  ^   4^5 

^\-  appartient  à  celle  des  voyelles  qui  vient  après  :dai\s 
Milite,  g  eft  de  la  féconde  fyllabe  ,  /  cft  de  la  troifieme  , 
:  .•  eft'de  la  quatrième.  Cette  règle  eft  fans  exception  ; 
Uc  s'ccend  même  aux  mots  compofés  ,  &à  ceux  où  cette 
onConne  eft  la  lettre  double  ,  x.  Ainfi  dans  réflexion  oa 
or  réparer  les  fyllabes  de  la  forte  i  réfie-xion. 
Quand  la  même  confonnc  eft  redoublée  entre  deux 
o^^lles  ,  elle  fe  partage  ,  de  forte  que  le  premier  carac- 
ole fait  fyllabe  avec  la  voyelle  précédente  ,  &  le  lecond 
vec  la  fuivante  }  comme  er-reur  ,  guerroyer,  ter-raj- 

Deux  ou  trois  confonnes  différentes  &  placées  de 
ni:e  entre  deux  vovelles  ,  fe  portent  quelquefois  toutes 
ur  la  voyelle  fuivante  ,  &  d'autres  fois  fe  partagent 
■ntre  les  deux.  Le  grand  juge  ici  ,  c'eft  l'oreille.  Cepen- 
iant  obfervez  que  /  &  r  terminent  toujours  la  lyllabe 
jiccédente  ,  quand  ces  lettres  font  immédiatement  après 
une  voyelle  ,  &  qu'elles  ont  d'autres  confonnes  après 
Elles  :  on  entend  bien  que  nous  les  fuppofons  dans  le 
coiDS  des  mots  ,  6:  non  pas  à  la  fyllabe  finale  :  amft. 
l'on  doit  écrire  dans  le  cas  de  féparation  ,  AUide  ,  At^ 
tiy:c  ,  por-c daine  y  &:c. 

Il  en  eft  de  même  des  nazales  -,  am-bulant ,  tem-ple  , 
cnien  der  ,  amoin-drir  y  aiman-ter  ,  ain-fi  ,  pein-dre  y  en- 
jc:n-dre  y  con-vain-cre  y  nous  vin-mes  ,  &c. 
"    Remarquez  en  fécond  lieu  que  fi  l'une  des  quatre  con- 
fonnes. lym,n,  r,  eft  précédée  d'une  ou  même  de 
deux  autres  confonnes  ,  &  fuivie  d'une  voyelle  i  non- 
feulement  elle  fait  fyllabe  avec  la  voyelle  fuivante  ; 
mais  elle  entraîne  encore  fort  fouvent  avec  elle  les  au- 
tres confonnes  qui  la  précèdent  ;  comme  ,  a-breuver^ 
c-bludon  ,  a-tlas  y  Da-pkné.  Jamais  on  ne  porte  a  la  nou- 
velle ligne  une  fyllabe  qui  commence  par  une  voyelle  ; 
cela  occafionneroit  des  fedions  qui  déplairoient  a  l'œiL 
Ainfi  on  ne  coupera  point  travailler^  créer,  Ôcc.  en  tra^. 
ra-iller  y  cré-er  ,  &c. 

On  donne  quelques  autres  règles  pour  diftinguer  SC 

féparer  les  fyllabes  d'un  mot  :  mais  elles  nous  ont  paru 

fauffes  en  bien  des  occafions.  Selon  ces  règles  il  faudroit 

coiîPsr  ainfi  les  mots ,  fo-mnifere  ,  info-mme  ,  re-jtnucr^ 

^  H  n  iv 


4^4  TOP        T  O  R 

e-fpérance  ,  attri-fter ,  &c.  au  lieu  qu'il  nousTemble  fur 
le  jugement  de  l'oreille  qui  eft  ici  le  premier  à  refpec- 
ter,  qu'il  faudroit,  fom-mfere  ,  refntuer ,  ef-pérarice  , 

TOI ,  eft  un  des  pronoms  perfonnds  pour  la  féconde 
perionne  du  fingulier  :  voye^  Pronoms. 

TON  ,  eft  un  des  adjcdifs  polfcAîfs  :  voyer  Ad- 
jectif. -^  ^ 

TOPOGRAPHIE.    C'eft  une  f^^ure  de  RhétoWque 
propre  a  orner  &  à  embellir  le  difcours.  C'elè  h  def- 
cnption  d'un  lieu  ,  comme  d'un  temple  ,  d'un  bois ,  d'un 
ruilleau,  &c.  Cette  %ure  ejft  commune  aux  Orateurs 
aux  Poètes  &  aux  Hiftoriens.  Exemple  ;  ' 

Defcription  de  la  Grotte  de  Calipfo  dans  Télémaque, 

:>o  Cette  grotte  ëtoit  taillée  dans  le   roc   en  voûtes 
..  plemes  de  rocailles  &  de  coquilles.  Elle  étoit  tapiffée 
o,  d'une  jeune  vigne  qui  étendoit  également  Tes  brun- 
30  ches  fouples  de  tous  côtés.  Les  doux  zéplurs  con- 
..  fervoienr  en  ce  lieu  ,   malgré  les  ardeurs  du  foleil 
.>  une  delicieufe  fraîcheur.  Des  fontaines,  coulant  avec 
oo  un  doux  murmure  fur  des  prés  femés  d'amaranthes  & 
50  de  Violettes  ,  formoicnt  en  divers  lieux  des  bains  auiTi 
=0  purs  &  auffi  clairs  que  le  cryftal.  Mille  fleurs  naiifan- 
«  tes  emailloient  les  tapis  verts  dont   la  grotte  ctoic 
«  environnée.  Là  on  trouvoit  un  bois  de  ces  arbres  touf- 
«  fus  qui  portent  des  pommes  d'or  ,  &   dont   la  fleur 
30  qu!  Ce  renouvelle  dans  toutes  les  faifons  répand  le 
oo  plus  doux  de  tous  les  parfums.  Ce  bois  fembloit  cou- 
30  ronner  ces  belles  prairies ,  &  formoit  une  nuit  que  les 
no  rayons  du  folcil  ne  pouvoient  percer  :  là  on  n'enten- 
•0  doit  jamais  que  le  chant  des  oifeaux  ,  ou  le  bruit  d'un 
30  rmfleau  qui  fe  précipitant  du  haut  du  rocher    tombcit 
90  a  gros  bouillons  pleins  d'écume  &  s'cnfuyoit  au  tra- 
30  vers  de  la  prairie  o^. 

TORDRE.  Verbe  adif ,  irrcgulier  ,  de  la  quatrième 
conjugaifon.  Il  fîgnifie  tourner  de  côté,  de  travers  Tor^ 
de^  ce  lien  il  en  fera  plus  fort.  Tordre  la  bouche.  On 
lui  a  tordu  le  cou^ 


T  O  R  T  R  A  4^5 

Jn-dicatii  préfent.  Je  rords  ,  tu  tovds  ,  il  tord;  nou5 
tordons  ,  vous  tordez  ,  ils  tordent. 

Imparfait.  Je  tordois  ,  Sec. 

Frétérit.  Je  tordis  ,  &c. 

Futur.  Je  tordrni ,  &c. 

Conditionnel  pré  fini.  Jctordrois  ,  &c. 

Impératif,  Tords,  qu'il  torde  5  tordons  ,  &c. 

Subjonctif /rZ/'f;/?.  Que  je  torde  ,  &c. 

Imparfait.  Que  je  tordiile  ,  &c. 

Participes.  Tordant,  tordu,  tordue.  C'ed  avec  ce 
dernier  que  fe  forir.cnt  tous  les  teins  compofcs  ,  fuivaîîC 
les  règles  communes.  Mais  ce  verbe  a  encore  deux  au- 
tres participes  paHifs  qu'on  peut  en  quelque  iorrc  r.c  re- 
garder que  comme  des  adjc^Lifs,  &  qui  s'appliquent 
chacun  en  différentes  occafions  ,  quoiqu'ils  préfccicncle 
même  fens  :  ce  font  tors  j  torfe  ;  &  ton  ,  zone.  On  dit  ; 
jambe  torfe  ,  colonne  torfe  ,  de  la  foie  torfe ,  du.  fi  tors  \^ 
un  bâton  tort  ,  une  bouche  torte  ,  Sec. 

TOT  \  cft  un  adverbe  de  tems  :,  roy^^  Adverbe. 

TOTALEMENT  ,  cft  un  adverbe  de  quantité  :  vcyeif^ 
Adverbe 

TOUCHANT  y  eft  une  des  prépoilrions  fîmpîcs  :  voye^ 
Prépositions. 

TOUJOURS  ,  eft  un  adverbe  de  rems  :  roy^j;  Ad- 

VEP.  Î'E. 

TOUR- A-TOUR. ,  eft  un  des  adverbe?  qui  expriment 
rrrrangement  refpeclif  des  choies  entr'eilcs  :  voyc^  Ad- 
verbes. 

TOUT,  eft  un  des  pronoms  indéfinis  :  vo^e?^  Pro  * 

NOMS. 

Il  figure  aufii  parmi  les  adjcftifs^.'  royf^  Adjectifs. 

Il  eft  encore  ndverbe  de  quantité  ;  voyes^  Adverbe. 

TOUT- A.  FAIT  ,  cft  un  adverbe  de  quantité  :  voyei^ 
Adverbe. 

TOUTEFOIS,  cft  un  des  adverbes  compofés  :  voye:^ 
Adverbe. 

Il  eft  aufiî  une  des  conjondions  alternatives  :  Moye-^ 
Conjonctions. 

TRAGÉDIE.  La  Tragédie  diffère  principalement  de 
l'Epopée,  en  ce  qu'elle  met  en  adion,  au  lieu  ^ue  TEpo- 
p'ée  met  en  récit. 


43^  T  R  A 

D'ailleurs  dans  la  Tragédie  on  foufFrc  moins  le  fur- 
îiaturcl.  Le  tems  de  l'adion  eft  renfermé  dans  rcfpacc 
d'un  jour  :  le  lieu  de  la  fcene  dans  une  feule  place  ,  une 
feule  Ville  ou  un  feul  Palais  ;  on  n'y  veut  en  un  mot  qu'un 
fcul  faic  principal.  Mais  pour  le  ftyle  elle  diffère  peu  de 
l'Epopée  ,  (î  ce  n'eft  que  celui  de  la  Tragédie  eft  quel- 
quefois plus  concis  ,  plus  touchant ,  Se  un  peu  plus  fa- 
miliier. 

Les  perfonnages  y  communiquent  entr'cux  d'une  ma- 
siiere  plus  fenfible.  Ils  y  paroillent  plus  près  de  nous. 
Ils  éprouvent  ks  événemcns  fous  nos  yeux.  Ils  ont  • 
moins  de  tems  Se  font  plus  prcflés  :  voilà  ce  qui  occa- 
^onne  ces  trois  différences  dans  le  ftyle  de  ces  deux  Voé-- 
mes  :rcyei  Arr  amgement  des  vers. 

TRAIP^E,  verbe  adif,  irrégulier  ,&  défedif,  de  la 
«quatrième  conjugaifon.  11  vient  du  verbe  latin  trakere  , 
<jui  Signifie  tirer  ,  attirer  ,  fucer.  Traire  n'eft  d'ufage  en 
François  qu'en  parlant  d'animaux  femelles  dont  on  ex- 
prime le  lait.  Quand  on  veut  traire  fouvent  les  vaches  » 
les  brebis  y  Us  chèvres  &  les  ânejfcs  ,  il  faut  avoir  foin  de 
les  meiur  dans  d-e  gras  pâturages. 

On  ne  fe  fert  gueres  du  participe  trait ,  que  pour  dire 
<le  t  or  trait ,  de  l'argent  trait  j  c'eft  de  l'or  &  de  l'argent 
que  l'on  file  pour  le  travailler  avec  de  la  foie ,  &:  en  faire 
cnfuite  des  galons  ou  des  broderies  d'or  &  d'argent. 

Trait  y  traite  pris  fubftantivement  ont  beaucoup  de 
fignifîcations  différentes  qui  ne  font  pas  de  cet  article. 

Traire  a  pour  compofés  attrairt  ,  difiraire  ,  extraire  ,  ^ 
retraire  ,  rentraire  Se  foujiraire  :  voye^  ces  mots  chacun  à 
jfon  article. 

Indicatif  préfent.  Je  trais ,  &:c  3  nous  trayons  ,  vous 
trayez  ,  ils  traient. 

Imparfait.  Je  trayois  ,  &c  i  nous  trayions  ,  vous 
trayiez  ,  ils  trayoicnt. 

Il  n'a  point  de  prétérit  qui  foit  d'ufage  ,  non  plus  que' 
les  compofés. 

Futur.  Je  trairai  ,  Sec. 

Conditionnel  prcfent.  Je  trairois  ,  Sec. 

ImI'Ératie.  Trais  ,  qu'il  traie,  &c. 

Subjonctif  prcjcnc.  Que  je  traie  ,  que  tu  traies  ,  qu'il 
traie  3  que  nous  trayiciiis ,  que  vous  tra}'iez ,  qu'ils  traient. 


T  R  A  T  R  É  4S7 

ÎI  n'a  point  d'imparfait ,  non  plus  que  Tes  compofés. 

Les  tcms  compcfés  de  ce  verbe  fuivent  les  régies  gé-, 
lierai  es. 

Participe  actif  pré fent.  Trayant. 

Participe  paflfpa^é.  Trait ,  traite. 

TRANSCRIRE.  Verbe  adif ,  irrégulier  ,  de  la  qua- 
trième conjugaifon,  compcfé  d'écrire  ,  fur  lequel  il  vh 
conjugue  ,  &  de  la  prépofition  latine  rr^/zj  j  qui  marque 
changement,  tranfpofîtion.  Tranfcrire  ccd  donc  repor- 
ter fur  un  papier  ce  qui  eft  écrit  fur  un  autre  papier  5 
c'cft  ce  qu'on  appelle  copier.  Tai  fait  tranjcrire  toutes 
fes  lettres. 

TRANSITIONS.  Ce  font  des  conjondions  qui  fer- 
vent à  lier  les  différentes  parties  du  difcours.  C'eft  une 
des  plus  grandes  adreffes  de  l'Orateur  de  faire  à  propos 
des  tranfitions  :  voye:^  Conjonctions. 

TRANSMETTRE.  Verbe  adif ,  irrégulier ,  de  la  qua- 
trième conjugaifon  ,  compofé  de  mettre  fur  lequel  il  fe 
conjugue  ,  &  de  la  prépofition  latine  trans  y  qui  marque 
changement ,  paffage  d'un  lieu  dans  un  autre.  Aind 
tranfmettre  fes  biens  à  quelqu'un  ,  c'eft  les  faire  palier 
de  fes  mains  dans  celles  d'un  autre.  Son  père  lui  a  tranf- 
mis  fa  fortune  y  mais  non  pas  fes  vertus  :  voyez  Mettre. 

TRÉMA.  Deux  points  placés  au  delfus  d'une  voyelle, 
font  ce  qu'on  appelle  tréma.  On  s'en  fert  pour  avertir  que 
la  voyelle  fur  laquelle  eft  le  tréma  commence  une  nou- 
velle fyllabe  ,  6c  ne  forme  point  avec  la  voyelle  précé- 
dente un  feul  &  même  fon  :  d'où  l'on  voit  que  le  tréma 
re  fe  place  jamais  fur  la  première  voyelle  ,  quand  il  y 
en  a  plufîeurs  de  fuite  ,  mais  fur  la  féconde  ou  la  troi- 
fieme. 

Saul  peut  former  deux  noms  biens  différents  :  l'un 
d'une  feule  fyllabe  .,  dans  lequel  on  entend  le  fon  iimple 
aa-^  c'eft  celui  de  l'Apôtre  des  Gentils:  l'autre  de  deux 
fyllabes  ,  la  première  formée  par  le  fon  Sa  ^  &  la  fé- 
conde par  ul  ;  c'eft  le  nom  du  premier  Roi  des  Juifs. 
Les  fons  de  ces  deux  noms  ne  fe  reifemblcnr  point  j  fi  ce 
n'eft  pour  l'articulation  :  cependant  les  lettres  font  les 
Jiiémes  j  comment  les  diftinguer  ? 

Dans  le  premier  les  voyelles  c:  &  /^  ne  font  qu'un  mê- 
me fon ,  qu'une  diphtor-gîic  impropre  5  i'iifage  eft"  de 


488  T  R  ê 

n'écrire  que  les  caraderes  alphatîctiques  (euls  ponr 
marquer  certe  union  j  &  cela  le  fait  par-tout  où  elle 
fc  trouve  ;  en  écrit ,  chevaux  ,  beau,  t:c.  Dans  le  fé- 
cond ,  il  faut  donc  avertir  que  ces  voyelles  fe  ftparent 
l'une  de  l'autre  contre  la  règle  générale  j  &  parmi  tous 
les  moyens  de  marquer  cette  (éparation  ,  l'ufage  a  choiii 
le  tréma  :  pour  cela  on  écrit  donc  Sa'dl.  Il  en  eft  de  mê- 
Jite  des  mots  Efaii  ^  Naïade  y  kaïr  ,  héroïque  ,  jioïque  , 
Sic.  fans  CCS  deux  points  ,  les  voyelles  fur  lefquelles  ils 
font ,  fe  lieroient  avec  la  précédente  ,  &  l'on  pronon- 
ceroit  tous  ces  mots  ^  comme  l'on  prononce  ,  je  hais  ^ 
Saul  ,vu;i  ,  T<oi  j  toi  ,  &c.  Dans  chacun  d'eux  il  y  au- 
roit  une  lyllabe  de  moins  ,  &  les  ions  ne  feroienf  plus 
les  mêmes. 

Quelques  Grammairiens  prétendent  que  le  tréma  ne 
doit  s'employer  que  fur  Vi  ,ù.Vu\  cependant ,  i  °.  il  nous 
paroît  qu'il  devroit  encore  avoir  lieu  fur  l'y  entre  deux 
voyelles  j  lorfnu'il  doit  fe  détacher  de  la  première  &  faire 
iyllabc  avec  la  féconde  ,  comme  dans  Payen  ,  que  l'on. 
prononce  Pa-ien.  i^.  Il  elt  ufité  furl'c  qui  fe  trouve  après 
un  u  précédé  de  g ,  lorfque  cet  e  doit  faire  une  fyllabe 
diftinde  de  celle  de  Vu  :  par  exemple  dans  le  mot  digue  , 
ces  trois  lettres  ,  gue  ,  ne  forment  qu'une  feule  fyllabe 
dans  Inquelle  on  fent  l'articulation  du  ^ dur  fur  Ve  muet; 
Vu  n'y  eft  placé  que  pour  déterminer  le  ^à  cette  articu- 
lation dure  plutôt  qu'à  la  molle  qu'il  prend  ordinaire- 
ment devant  un  e  ou  un  /'.  Mais  dans  aiguc  féminin  de 
y 2djct\i(  aigu  ,  ces  mêmes  lettres  ^wf  font  deux  fylla- 
bcs  ,  la  première  ^  gu  ^  8c  la.  féconde,  e  :  il  faut  donc 
mettre  un  tréma  fur  cet  e  pour  indiquer  qu'il  doit  être 
féparé  de  Vu  précédent  :  &  par  conféquent  écrire,  aiguë. 

Par  tout  ce  que  nous  venons  de  dire  de  l'ufage  du 
trima  ,  on  doit  aifément  en  rcconnoître  les  abus. 

i".  Il  y  a  des  perfonnes  qui  placent  les  deux  points 
.fur  une  voyelle  qui  ne  doit  faire  qu'une  même  fyllabe 
avec  la  précédente  ,  &  qui  écrivent  par  exemple  ^joiier, 
louer  ,  avoiier  ,  &c.  c'eft  faire  exprimer  à  un  même  fignc 
deux  chofes  coniradidoires  ,  la  première  ,  une  lépara- 
tion  de  voyelle  comme  dans  haïr  ,  &  la  féconde  une 
réunion  de  voyelles  ,  comme  dans  jouer.  Or  un  ligne 
de  deux  contradidoircs  »c  peut  plus  iki^  fignificr.  Si 


T  R  É  4S9 

Ton  prétend  que  par  ce  trcma ,  on  veut  feulement  in- 
diquer que  Vu  dans  les  mots  cités  fe  fépare  de  l'e  qui 
fuit  y  c'efb  donc  fur  cet  e  ,  &  non  pas  fur  Vu  qu'il  faut 
placer  les  deux  points  ,  puifque  le  tréma  doit  être  fur  la 
voyelle  qui  eft  fcparce  de  la  précédente  j  fans  ccia  l'on 
devroit  lire,/o-//-^r,  ^om  jcu-er.  Mais  Vu  fuivi  d'un  e 
ne  fait  jamais  avec  lui  un  même  Con  ,  fî  ce  n'cH:  ap.'ès  le 
^ou  le  ^  ,  ce  qui  n'efb  point  dans  les  exemples  cités  :  le 
trérnu  y  eft  donc  inutile  &  vicieux  ,  ain{i  l'on  dait  écrire 
fimplement ,  jouer  ,  louer  ,  &c.  On  fent  qu'aux  exemples 
cités  on  pourroit  en  joindre  beaucoup  d'autres  ,  com- 
me ,  bouillon  ,  louis  ^  grencuille  ,  Sec. 

z®.  Les  raifons  qu'on  vientde  voir ,  condamnent  aufîl 
une  autre  prarique  que  l'on  trouve  dans  quelques  ou- 
vrages, c'cft  de  marquer  un  tréma  ,  tantôt  fur  Vu  ^ 
tantôt  fur  Ve  ,  dans  des  mots  où  ces  deux  lettres  ne  peu- 
vent jamais  fe  réunir  en  une  fyllabe  ,  comme  ,  zl  tue  ,  il 
s'évertue  ,  Szc.  que  l'on  écrit  quelquefois  ,  &  mal-à- 
propos  ,  il  tue  ,  //  s'évertue  ^  ou  /'/  tué  ,  il  s'évertue  ,  &:c. 
ces  fautes  ne  font  pas  aifez  communes  pour  que  ceux  qui 
les  font  puilfent  invoquer  l'ufac^e  en  leur  faveur;  mais 
elles  le  font  alfez  pour  être  remarquées ,  &  démontrées 
fautes. 

^*'.  On  ïfidt  quelquefois  deux  points  fur  un  i  dans  des 
occafions  où  ils  doivent  encore  caufer  une  erreur  :  c'eft 
dans  les  mots  où  il  faut  un  y  mouillé  ,  comme  ,  pays  , 
royal ,  loyal ,  employer  ^  &c.  l'y  fuffit  pour  indiquer  les 
vrais  fons  de  ces  mots  ;  mais  s'il  ne  fuffit  pas  ,  il  ne  faut 
pas  y  fuppléer  par  un  moyen  qui  entraîneroit  d'aufll 
grands  inconvéniens  que  ceux  qu'on  voudroit  éviter  ,  & 
les  deux  points  marquant  une  entière  féparation  entre 
Vi  ou  l'y  &  la  voyelle  précédente  y  ils  feroient  pronon- 
cer pa~ys  ,  comme  haïr  y  ro-yal ,  lo-yal ,  emplo-ïer  y 
&c.  au  lieu  qu'il  faut ,  pai-is^  roi-ial ,  loi-ial ,  emploi^ 
ier  ^  &c.  li  faut  en  dire  autant  des  mots  iambe  ^iambique, 
jScde  quelques  autres  qui,  chez  quelques  Auteurs  .pren- 
nent le  tréma  fur  la  première  voyelle  ,  &  s'écrivent  ïam- 
be ^  &cc  y  c'eft  une  faute  ;  le  tréma  eft- là  entièrement 
inutile  ;  &  s'il  y  étoit  oécclfaiic  ,  ce  feroit  fur  Va  qu'il 
£audroit  le  placer. 


%^o  T  R  É  TRI 

4".  C'cfl:  encore  une  faute  d'écrire  Éneïde  j  il  faut 
Enéide  ;  Vé  aigu  déterminant  fuiilfammeat  le  Con  qu'on 
doit  donner  à  ce  mot. 

TRÈS  ,  eft  un  adverbe  de  quantité  ;  voye:^  Ad- 
verbe. 

TRESSAILLIR.  Verbe  neutre  &  irrégulicr  ,  de  la  fé- 
conde conjugaifon  ,  compofé  àc  faillir.  Il  fe  conjugue 
fur  la  (econde  conjugaifon  de  faillir  :  voyez  ce  verbe.  Il 
eft  à  croire  que  trejfaillir  eft  compofé  de  faillir  &  de  la 
particule  très  ,  qui  donne  au  verbe  une  action  plus  vive. 
K\\\(\  trejfaillir  ^ZMX.  dire  faillir  avec  beaucoup  de  viva- 
cité, ha  nouvelle  qu'on  rna  apportée  au  fujet  de  mon  fils 
m'a  fait  tre faillir  dejo'e. 

TRIOLET.  Le  Triolet  eft  une  forte  de  Rondeau  com- 
prenant huit  vers  fur  deux  rimes.  Les  deux  premiers 
vers  doivent  faire  un  feas  parfait  ;  &  toute  la  fineiîe  du 
Triolet  confifte  dans  les  applications  ingénieufcs  que 
J'on  fait  de  ces  dcax  vers,  en  les  répétant  en  forme  de  re- 
frain ,  de  la  manière  que  l'exemple  faivant  l'indique. 
Le  caradere  du  Triolet  eft  efl'entiellement  plaifant  8c 
badin  ;  on  n'en  peut  guère  faire  pour  louer  ,  ni  fur  des 
fujets  graves;  mais  ils  font  trcs  propres  à  bien  rendre 
ua  traie  de  raillerie  un  peu  fatyrique. 

Triolet, 

Que  vous  montrez  de  jugement , 
Jeune  Soldat ,  &  de  courage  1 
Vous  allez  au  feu  raremenc  : 
Qi*e  vous  montre\  de  jugement  ! 

Mais  on  vous  voit  avidement 
Courir  des  premiers  au  pillage  : 
Que  vous  montie\  dejugcmait  , 
Jeune  Soldat  j  &  de  courage  ! 

Souvent  dans  les  airs  d'Opéra  ,  dans  des  récits  eu 
chant  ,  dans  de  fimplcs  chanfons  j  on  finit  par  les  mê- 
mes vers  par  lefquels  on  a  commencé  :  on  donne  aullî  à 
ces  pièces  le  nom  de  Rondeau.  Mais  les  refrains  y  font 
très  libres ,  &  ne  dépendent  que  du  goût  de  l'Auteur  ;  ca 
Toici  un  exemple  i 


T  R  O  '49^ 

Bu  charmanc  Berger  que  j'adore 
Un  fort  cruel  menace  les  beaux  jour;. 
Ruideaux  ,  vous  le  favez  ,  6c  vous  coulez  toujours  î 

Roîïïgnols  ,  vous  chantez  encore  î 

Vous  les  feuls  confîdens  de  nos  tendres  amours  î 

Taifcz-vous ,  arrêtez  votre  cours  i 

Du  charmant  Berger  que  j'adore  , 

>  Un  fort  cruel  menace  les  beaux  jours. 

Voyei  Stances. 

TROP,  eft  un  adverbe  de  quantité  :  voye^  Adverbs. 

TROPES.  La  fécondité  de  refpnt  humain  eft  fi  gran- 
de j  qu'il  trouve  ftériles  les  Langues  les  plus  fécondes  5 
il  tourne  les  chofes  en  tant  de  manières,  qu'il  n'a  poinc 
de  termes  pour  toutes  les  diiférentes  formes  de  Tes 
penfées. 

Les  mots  ordmaircs  ne  font  pas  toujours  juftes  ,  ils- 
Ibnt  ou  trop  forts  ou  trop  foibles  y  ils  ne  rendent  pas  allez 
précifément  l'idée  qu'on  veut  donner^  c'eftce  qui  a  obli- 
gé de  recourir  à  certaines  manières  figurées  de  s'expri- 
mer ,  c'eft-à-dire  à  des  mots  qu'on  tranfporte  de  la 
chofe  qu'ils  fignifient  proprement  à  une  autre  qu'ils  ne 
fignifîent  qu'indiredement.  Par  exemple  ,  le  mot  vo:ie 
dans  le  fens  propre  ne  lignifie  point  vaijfeau  ;  cependant 
voile  fe  dit  pour  vaiifeau  :  on  dit  une  flotte  de  cent  voi- 
les ,  pour  une  flotte  de  cent  vailTeaux.  Lorfqu'en  parlant 
des  palfions  ,  on  dit  que  c'eft  un  feu  qui  brûle  ,  6*  dont  la 
lumière  nous  éclaire  ,  les  mots  de  feu  &  de  lumière  ne 
font  point  dans  leur  fignifîcation  propre  &  primitive  ,  il 
ne  s'agit  point  ici  du  feu  matériel,  ni  de  la  chaleur,  ni  de 
la  lumière  qu'il  produit. 

Lorfque  Boileau  dans  un  difcours  adreflc  au  Roi ,  ait 
au  fujet  du  fecours  envoyé  à  l'Empereur  ; 

Quand  je  vois  ta  fagefle.  .... 

Rendre  à  V Aigle  éperdu  fa  première  vigueur  > 

La  France  fous  tes  lois  maîtrifer  la  fortune  , 

Et  nos  vaifleaux  domptant  l'un  &  l'autre  Ne^tme. 

Il  ne  prend  pas  les  mots  Ai^le  ^  Nejctun^  ,  dans  le^ïi 


^iji  T  R  O 

fignifîcation  propre  &  primitive.  L'Aigle  eft  pris  ici  pour 
rÂileraagne  ,  pour  TEmpire  ,  dont  il  elc  le  fymbole  , 
parceqac  l'Empereur  porte  un  Aigle  à  deux  têtes  dans  fes 
armoiries;  &  Neptune,  Dieu  de  la  ÎVler ,  eft  pris  pour  la 
Mer  même.  Or  ce  paiîage  de  la  fignification  propre  à 
une  fignification  étrangère  ,  eft  ce  qu'on  appelle  trope  du 
mot  grec  trepo ,  je  tourne ,  je  change. 

Mais  la  difette  de  mots  pour  exprimer  différentes  for- 
mes de  penfées  n'eft  pas  la  teule  origine  des  tropes.  On 
les  doit  encore  aux  rapports  qui  fe  trouvent  entre  cer- 
taines idées.  Le  nom  propre  de  l'idée  accelfoire  eft  Cou- 
vent plus  préfent  à  i'cfprit  que  le  nom  de  l'idée  princi- 
pale. Souvent  auflî  ces  idées  accelfoires  défignant  les 
objets  avec  plus  de  circonftances ,  que  neXeroicnt  les 
noms  propres  de  ces  objets,  elles  les  peignent  avec  plus 
d'énergie  ou  avec  plus  d'agrément.  Auili  voyons-nous 
<|ue  les  perfonnes  qui  font  animées  par  quelque  pafiion 
ou  quelque  fentiment  vif ,  ne  fe  fervent  gueres  des  mots 
propres.  Elles  fe  font  un  tableau  des  objets ,  &  tranf- 
porcent  à  la  chofe  même  le  nom  des  images  fous  lef- 
quelles  l'imagination  émue  la  repréfente,  De-là  le  fignc 
pour  la  choie  lignifiée  ,  la  caufe  pour  l'effet ,  la  partie 
pour  le  tout ,  l'antécédent  pour  le  conféquent ,  &c. 

La  nécefliré  d'adoucir  ,  de  déguifcr  quantité  d'idées 
dures  ,  défagréabies ,  triftes  ou  contraires  à  la  modef- 
tie,  en  fubftituant  des  termes  empruntés  aux  termes 
propres  ,  peut  encore  être  regardée  comme  une  origine 
des  tropes  :  voyei  Euphémisme. 

En  général  les  tropes  jettent  beaucoup  d'agrément 
&  de  variété  dans  le  difcours,  &  font  la  richelle  &  la 
beauté  d'une  langie.  Pour  s'en  convaincre  il  fuffit  de 
lipe  ce  bel  çndroit  de  M,  Fléchier  ,  oii  il  parle  de  l'inf- 
truâ:ion  qui  difpofi  M.  de  Montaufîer  à  faire  abjura- 
tion de  l'hérélie  :  -au  lieu  de  dire  (implemcnt  qu'il  fe  fît 
inftruire  ,  que  le*.  Prêtres  lui  apprirent  les  dogmes  de  la 
Religion  Catholique  ,  &  lui  découvrirent  les  erreurs  de 
rhéréfîe  ;  il  s'exprime  ainfi  : 

33  TorrJje^,  torr.bt::^  ,  voiles  importuns  qui  lui  couvr^^ 
05  la  vérité  de  no<;  myftercs  ,  &  vous  ,  Prêtres  de  Jefiis- 
35  Chrift,  prenei  le  glaive  <\q  la  parole  ,  &  coupei  fage- 
»>  iiKint jufqu  aux  r.acines  de  l'a-ieur  que  la  naidaïKe  ôc 

33  l'éducation 


T  R  O  49f 

&>  réducation  âvoient  £3.11  croître  dans  fon  ame  ;  mais  par 
M  combien  de  /iens  étoit-il  retenu  ? 

Dans  l'emploi  des  Tropes  il  faut  confuker  beaucoup 
Tufage  ,  le  goût ,  la  convenance  ,  &  éviter  l'afTedation. 
Les  chofes  amples  doivent  être  dites  fîmplement.  Loin 
<le  donner  de  la  grâce  au  difcours  ,  on  y  répandroic 
un  ridicule  infupportable  fi  l'on  y  femoit  par-tout  fans 
choix  &  fans  goût  des  mots  figurés.  Il  ne  faut  pas  ap- 
peller  une  très  groife  rave  un  phénomène  potager ,  un 
miroir  le  confei/Ier des  grâces  y  une  aiguille  de  cadran  z/;r 
greffier  foi  aire.  De  plus  tel  trope  plaît  dansunEpithalamc 
<jui  déplaît  dans  une  Oraifon  Funèbre. 

Enfin  les  Tropes  doivent  être  faciles  à  entendre  ,  fe 
pxéfenter  naturellement  à  l'efprit ,  &  donner  de  la  clar- 
•té  ,  de  l'énergie  &  de  l'agrément  au  difcours.  Pour  cela 
il  faut  qu'ils  fortent  du  fujet ,  que  les  idées  accefioi- 
res  les  fafient  naître ,  ou  que  les  bienféances  les  infpi-* 
rent.  Autrement , 

Ce  flyle  figuré  dont  on  fait  vanité , 

Sort  du  boa  caradere  &  de  la  vérité  ; 

Ce  n'eft  que  jeu  de  mots ,  qu'affedation  pure  , 

Et  ce  n'eft  point  ainfi  que  parle  la  nature. 

Les  mots  les  plus  ufités  font,  aufïi  les  plus  fufceptî- 
blés  d'acceptions  différentes  ,  &  fe  convertilfent  le  plus 
fouveni  en  tropes.  Tels  font  les  termes  ,  corps  ,  ame  , 
efprit  y  tête  ,  couleur  ,  &c.  que  l'on  emploie  très  fré- 
quemment dans  un  fens  figuré. 

Chaque  Langue  a  fes  tropes  qui  lui  font  propres  Se 
particuliers.  La  tradudion  les  fait  fouvent  difparoî- 
tre  ,  &  c'eft  peut-être  la  plus  grande  difficulté  du  Tra* 
dudeur  que  de  favoir  diftinguer  le  génie  des  deux 
Langues  ,  pour  fubftituer  à  propos  un  trope  à  un  autre 
trope. 

Les  Grammairiens  ont  beaucoup  difputé  entr'eux  , 
pour  favoir  dans  combien  de  claifes  on  devoir  rangée 
les  tropes  5  quelles  efpeces  chaque  claffe  renfermeroit  j 
enfin  quel  ordre  on  devoir  oblerver  entre  ces  claffes 
&  ces  efpeces. 

Sans  nous  arrêter  à  toutes  C€S  difcuifions ,  oous  pçut 
Tome  II  lï 


494  TRO  TUT 

ions  qu'on  peut  compter  autant  de  tropes ,  qu'il  y  a  de 
manières  différentes  de  donner  à  un  mot  une  fignifica- 
tion  qui  n  eft  pas  fa  fîgnifîcation  propre  ;  perfuadés  que 
toutes  les  fois  qu'il  y  a  de  la  différence  entre  les  rap- 
ports naturels  qui  donnent  lieu  à  une  lignification  em- 
pruntée ,  on  peut  dire  que  l'expreflion  qui  eft  fondée  fur 
ces  rapports  appartient  à  des  tropes  particuliers. 

Le  lcâ:eur  trouvera  les  différents  tropes  chacun  à 
leur  article  ,  oii  nous  avons  tâché  d'en  donner  une  dé- 
finition exaéle  ,  en  marquant  leur  relfemblance  com- 
mune &  leurs   différences  particulières  :  voye^  Cata- 

CHRESE    ,    MÉTONYMIE,    MÉtaLFPSE  ,  SyNECDOCHE  , 

Antonomase  ,  Litote,  Myperbole  ,  Métaphore  , 
Syllepse  oratoire  ,  Allégorie,  Allusion  ,  Iro- 
nie j  Euphémisme  ,  Antiphrase,  Périphrase,  Sens 

DÉTERMINÉ  ,  SENS  INDÉTERMINÉ  ,  SeNS  ABSOLU  , 

Sens  rela-tif  ,  Sens  collectif  ,  Sens  distriibu- 
TIF,  Sens  équivoque.  Sens  louche  ou  amphibo- 
logique ,  Sens  composé  ,  Sens  divisé  ,  Sens  litté- 
ral. Sens  spirituel.  Sens  adapté,  Sens  abstrait. 
Sens  concret.  Sens  propre.  Sens  figuré  ,  Sens 
PAR  extension. 

Si  aux  tropes  ordinaires  nous  avons  joint  ce  qui 
concerne  le  fens  déterminé  ,  le  jéns  indéterminé  ,  &c. 
c'eft  que  nous  avons  cru  qu  il  étoit  de  notre  fujet  d'ex- 
pliquer toKS  les  fens  dans  lefquels  un  même  met  peut- 
être  pris  dans  ledifcours. 

TU  ,  eft  un  des  pronoms  perfonnels  pour  la  féconde 
perfonne  du  iîngulier  :  roye^  Pronoms. 

TUTOIEMENT.  ..  Le  tutoiement ,  dit  M.  de  Vol- 
Dj  taire  ,  qyi  rend  le  difcours  plus  ferré  ,  plus  vif  ,  a 
33  fouvent  de  la  noble/îe  &  de  la  force  dans  la  Tragé 
3D  die  j  on  aime  à  voir  Rodogune  Se  Chimene  l'employer, 
35  Remarquez  cependant  que  l'élégant  Racine  ne  fe  per- 
33  mec  guercs  le  tutoiement  que  quand  un  père  irrita 
M  parle  à  fon  fils  ,  ou  un  maître  à  un  confident,  ott 
»  quand  une  amante  emportée  fc  plaint  à  fon  amant  : 

Je  ne  t'ai  point  aimé  î  cruel  î  qu'ai-je  donc  fait  > 

^  Jamais  Molière  n'a  fait  tutoyer  Içs  amants,  Hçnnionç 


TUT 


Î9f 


»  dit  ;  7îe-  devais-tu  pas  lire  au  fond  de  fhû.  penfée  ? 
»»  Phèdre  dit  ;  eh  bien  ,  connais  donc  Phèdre  &  toute  fà 
^^  fureur.  Mais  jamais  Achille  j  Oreftc  ,  Britannicus  > 
»  &c.  ne  tutoient  leurs  maîtrelTes.  A  plus  forte  raifoii 
»  cette  manière  de  s'exprimer  doit-elle  être  bannie  da 
93  la  Comédie  ,  qui  eft  la  peinture  de  nos  mœurs.  Mo-* 
Sa  liere  en  à  fait  ufage  dans  le  Dépit  AmQWSUH  ,  mais  ii 
9»  s'eil  eufuice  corri^^é  lui-mêmç  99» 


iijj 


'49<* 


i:taBflKi*!idgt»Koa«iU3R^«axjsaa..^^ 


U  .  U  I 


^J   eft  une  des  Yûfelles  de  l'alphabet  :  voye^  Alpha- 
Set /Voyelles  & -Prononciation. 
'   Ui,  eft  une  des  diphtongues  :  voye^  Diphtongues 
€?  Prononciation.. 


ou    V  E 


V 


eft  une  des  confonnes  de  l'alphabet  :  voye^  Al- 
phabet ,  Consonnes  &  Prononciation. 

VAINCRE.  Verbe  adif ,  irrégulier  ,  de  la  quatrième 
conjugaifon.  Il  fignifie  remporter  l'avantage  fur  quel- 
qu'un ou  fur  quelque»,.cRgfe-  qui  tend  à  l'emporter  fur 
nous.  Exemples^  //  a"  vaincu  fes  ennemis.  Il  a  vaincu 
tous  les  obflacles  ^ui  feppofoient  à  fes  dejfeins.  Il  a  vaincu. 
fes  pajftons.  Ne  te  flatte  pas  de  me  vaincre  en  générofîté, 

Indic AT iT ^préfent.  Je  vaincs,  tti  vaincs  ,  il  vainc  5 
nous  vainquons^  vous  vainquez,  ils  vainquent. 

Imparfait.  Je  vainquois  ,  &c.; .  -i   U 

Prétérit.  Je  vainquis  ,  ôc'c-    ^   k  * 

Futur.  Je  vaincrai -j  &c. 

Conditionnel  pré fent.  Je  vaincrois. 

Impératif.  Point* dq^ifûcondc  perfonne.  Troifîeme  , 
qu'il  vainque  5  p/m^/ vainquons,  vainquez ,  qu'ils  vain- 
quent. 

Subjonctif  préfent.  Que  je  vainque,  &c. 

Imparfait.  Que  je  vainquifle  ,  &c. 

Les  tems  compofés  font  réguliers. 

Participe  préjent  aciif,  vainquant,  indéclinable. 

Participe  paffé.  Vaincu,  vaincue. 

VALOIR.  Verbe  neutre,  irrcguliér,  de  la  troiiîemc 
conjugaifon.  Il  vient  du  verbe  latin  valere  (  être  de  queU 
que  prix  )  ,  il  préfcntc  une  idée  de  force  3  de  crédit ,  de 
■pouvoir ,  d'utilité. 

On  l'emploie  pour  tout  ce  qui  a  rapporta  ces  chofes* 
là  :  v\>yei  U  Di<^iortiiaire  dç  l'Académie. 


. 


VA!  V  E  R  ^5^ 

,  "  Participes,  Valant ,  valu  ,  value. 

Indicatif  préfent.  Je  vaux ,  tu  vaux  ,  il  Vaut  5  nou^. 
Jralons ,  vous  valez ,  ils  valent. 

Imparfait.  Je  valois  ^  &c. 

Trétérit.  Je  valus  ,  &c. 

Futur.  Je  vaudrai ,  &c. 

Conditionnel préfent.  Jevauàrois  y  8cc.        ^  .  j 

Impératif,  Vaux,  qu'il  vale  3  valons,  valez  y. qu'ils 
valent. 

Subjonctif.  Que  je  vaille  ,  que  tu  vailles,  &c. 

Imparfait,  Que  je  valufTe ,  que  tu  valufTes ,  qu'il 
valût ,  &c. 

Les  tems  compofés  font  réguliers. 

Participes.  Valant ,  valu.  Value  eft  un  fubftantif  fé- 
minin ,  terme  de  pratique  ,  qui  n'eft  d'ufage  que  dans 
cette  phrafe  ^  la  plus  value  ^  pour  fîgnifier  la  fomme  que 
vaut  une  chofe  au-delà  de  ce  qu'elle  a  été  prifcc  ou 
achetée  :  vous  me  donnere:^  encore  mille  livres  pour  la  plus 
value.  Nous  avons  dit  que  ce  verbe  étoir  neutre  ,  quoi- 
qu'il ait  un  régime  dired  ainfî  que  tous  les  verbes  adifs  ; 
parcequ'il  ne  peut  jamais  être  employé  dans  la  voix 
paffive  ,  fî  ce  n'eft  lorfqu'il  iîgnifie ,  produire  j  procu- 
rer ;  &  alors  il  devient  adif. 

VERBE.  Il  y  a  quatre  fortes  de  mots  qui  fervent  à 
marquer  non  pas  l'objet  de  nos  idées  (  c'eft  aux  noms  à 
le  faire  ) ,  mais  la  forme  de  ces  mêmes  idées ,  la  maniè- 
re de  les  peindre  ,  de  les  unir  3  ce  font  les  verbes  ,  les 
'^conjonélions  ,  les  adverbes^  &  les  interjedions. 

Pour  connoître  la  nature  du  verbe  ,  il  faut  analyser 
<?elle  du  jugement  que  nous  faifons  des  chofes. 

Il  y  a  dans  tout  jugement  trois  chofes  ,  le  fujet,  l'af- 
•firmation  &  l'attribut.  Quand  je  dis,  /^  vertuefi  aimable. 
La  vertu  ^  voilà  le  fujet  ou  l'objet  principal  dont  je 
parle  dans  cette  proportion  5  aimable  ^  voilà  l'attribut 
ou  la  qualité  que  j'attribue  à  la  vertu  ,  que  j'afTure  con- 
venir à  la  vertu  ,  que  j'affirme  appartenir  à  la  vertu  •; 
«/?  ,  voilà  le  mot  par  lequel  je  déclare  cette  convenance, 
cette  attribution  de  qualité  j  cette  affirmation  j  &  c'eft  le 
iferbe,  ^  .  a 

'.    Quand  je  dis  ,  la  vertu  nefl  pas  inutile' J  la  vertu  eft  I« 
fijet  j  inutik  eft  l'attribut  5  n'e^  pas  contient  le  verbfe 

Xi  iij 


%ç)î  VER 

cji  avec  la  négation  ne  pas  :  fi  cette  négation  n'y  étoîe 
-pas  ,  j'affirmerois  que  l'inutilité  fe  trouve  avec  la  vertu; 
mais  en  joignant  cette  .négation  au  verbe  ,  j'affirme 
qu'elle  ne  s'y  trouve  pas.  Surquoi  il  faut  remarquer  que 
tous  les  verbes  ,  même  négatifs ,  renferment  &  expri- 
ment véritablement  l'affirmation.  Nier  ^  c'eft  affirmer 
ou  qu'une  chofe  n'eft  pas  ,  ou  qu'elle  ne  convient  pas  à 
une  autre.  Le  principal  emploi  du  verbe  ,  c'eft  donc 
l'affirmation  ;  c'eft- là  fa  qualité  effentielle.  Il  n'y  a  mê- 
ine  que  le  verbe  qui  l'exprime  :  les  mots  affrmant ,  ûffir- 
imatif  ^  ûffirmadon  ^  ne  difent  point  que  celui  qui  les 
emploie,  affirme,  mais  feulement  que  par  une  réflexion- 
<3e  ion  efprit  l'affirmation  eft  devenue  l'objet  de  fa  pen- 
■^ée.  Le  mot  oui  paroît  rentrer  davantage  dans  la  défi- 
nition que  nous  donnons  du  verbe  :  mais  ce  n'eft  ou 
qu'une  particule  aiTertive  qui  donne  plus  de  force  à  la,. 
ipçnfée  4  comme  5 

pui  ,  oui ,  /î  fou  amour  ne  peut  rien  obtenir  | 
Il  m'en  tendia  coupable.    .     •    .     r    •    • 

4BU  bien  une  réponfe ,  &  alors  il  tient  la  place  du  verbç 
qui  a  précédé  ,  &  n'a  d'autre  lignification  que  çç  vcrbç  | 
Blême  y  comme  ,  ! 

Eft  ce  le  Chef  de  cette  race  impie?  ' 

Oui     .........  I 

ec  oui:  n'eft  que  comme  un  repréfentatif  du  verbe  qui  ji 
rprécédé.  Il  eft  au  verbe  ce^uele  pronom  eft  au  nom.  Il 
lie  fignifie  rien  s'il  n'eft  précédé  ou  fuivi  d'un  verbe  qi^i 
lui  donne  de  la  fignification. 

Cette  première  définition  que  nous  avons  donnée  ^Vi 
verbe,  ne  marque  pas  tout  l'ufage  des  verbes  :  il  n'y  j| 
que  le  verbe  êire  dont  elle  rende  bien  toute  la  nature. 

Les  hommes  ,  naturellement  portés  à  abréger  leurs 
çxpreffions ,  ont  trouvé  moyen  de  renfermer  dans  le 
trerbe  bien  d'autres  fignifications  avec  celles  de  l'affirr 
jnaiion  Ils  y  ont  joint  1°.  celle  de  l'adjeélif  :  i2;Vwfr, 
c'eft  à  dire  ,  être  aimant  ;  j'aime  ^  je  fuis  aimant  ;  ijt 
fiimc  y  fi  ajl  aimant  j,  de-là  |es  veibes  adjectifs  :  voye:j^\ 


VER  ^49f 

1^.  Celle  de  l'attribut ,  de  forte  qu'alôfs  deux  mots 
font  une  propofîcion  ,  rendent  un  jugement  complet.  U 
vivait^  c'eft- à-dire,  il  étoit  joui/Tant  de  la  vie 5  de-ià 
les  verbes  neutres  :  voye\  Neutre. 

3''.  Celle  d'iuie  adion  o|ue  le  verbe  déclare  être  pro- 
duite ou  foufferre  par  le  fujet  de  la  propofitien  ;  com- 
me ,  Pluîus  ufurpe  les  prérogatives  de  la,  noblejfe  y  les 
prérogatives  de  la  noblejfe  font  ufurpées  par  Plutus  ;  de- 
là les  verbes  aciifs  ^  pajjlfs  ,  réfléchis  Se  réciproques  : 
voyez  ces  mots. 

4**.  On  a  inféré  des  différences  dans  les  terminai- 
fons  ,  pour  mieux  déiigner  celui  ou  ceux  qui  font  le 
fujet  de  la  propofîcion  :  j'aime  y  nous  aimons  ;  vous  ai^ 
me:^  ;  de-là  les  perfonnes  dans  les  verbes  :  voye^  Per- 
sonnes. Et  comme  ce  fujet  de  la  propofition  peut  défî- 
gner  un  ou  plufleurs  j  de-là  les  nombres  Jingulier  &  plur- 
riel  :  voye^  Nombre. 

5°.  On  y  a  renfermée  d'autres  différences  ,  qui  expri- 
ment quelque  rapport  au  tems  à  l'égard  duquel  on  affir- 
me j  j'ai  aimé  ,  j'aime  ,  j'aimerai  y  de-là  la  diverfité  des 
tems  :  voye:^T¥.MS  des  verbes, 

6°.  On  a  encore  affujetti  le  verbe  à  d'autres  infle- 
xions ,  pour  marquer  fi  l'affirmation  efl  abfolue  ,  indé- 
terminée, conditionnelle  &  dépendante  ,  défiréeou  com^ 
mandée  j  de-là  les  modes  :  voye^  Modes. 

La  diverfîté  de  ces  lignifications  réunies  en  un  mê- 
me mot,  a  jette  beaucoup  d'Ecrivains,  fort  habiles  d'ail- 
leurs ,  dans  l'erreur  fur  la  notion  &  la  nature  du  verbe-. 
Ils  ont  moins  confidéré  l'affirmation  qui  en  eft  l'effen- 
tiel ,  que  ces  rapports  qui  lui  font  accidentel-s.  Les  uns 
ont  cru  pouvoir  définir  le  verbe  par  l'adioa  ou  la  paf- 
fion  qu'il  renferme  quelquefois  ,  &  ils  ont  pris  l'aélif 
&  le  paflîf  pour  le  verbe.  U  feroit  long  &  inutile  de 
les  réfuter. 

On  diftmgue  encore  les  verbes  d'une  autre  façon  ,  en 
lie  confîderant  que  la  formation  de  leurs  tems ,  nom- 
bres ,  perfonnes ,  &  modes. 

Les  uns  fe  terminent  d'une  manière  commune  à  beau- 
coup d'autres  ;  ils  fe  prêtent  exaârement  à  toutes  les 
variations  d'une  conjugaifon.  On  les  appelle  réguliers  * 
voye^  Conjugaison  6'  Réguliers. 

li  lY 


500  VER 

D'autres  s*édartent  des  règles  communes  que  contient 
lient  les  conjugaifons  pour  la  formation  des  tems  5  ort 
les  appelle  verbes  irréguliers  :  voye^  Irreguliers. 

D'autres  ne  prennent  jamais  certaines  perfonnes  ,  ou 
ne  rendent  point  certains  tems  5  on  les  appelle  verbes 
défectifs  :  voye^  DÉfectifs. 

D'autres  ne  s'emploient  jamais  qu'à  la  troilîeme  per- 
sonne du  fîngulier  dans  chacun  des  tems  5  on  les  appelle 
verbes  imperfonnels  :  voye^  Impersonnels. 

D'autres  enfin  ,  outre  leur  propre  lignification  3  ont 
encore  un  autre  ufage  5  c'eft  de  fervir  comme  de  fe- 
cours  aux  autres  verbes  pour  former  quelques-uns  de 
leurs  tems  j  on  les  appelle  verbes  auxiliaires  :  roye^ 
Auxiliaires. 

VERMOULER.  Se  vermouler  eft  un  verbe  récipro- 
que &  irrégulier ,  de  la  première  conjugaifon  j  il  eft  dé- 
rivé de  moudre  ,  &  fignifie  être  piqué  de  vers  ,  en  être 
comme  réduit  en  poudre  :,  percé  en  plufieurs  endroits. 
Ce  coffre  ,  ce  papier  ejl  tout  vermoulu.  Il  n'a  d'irrégulicr 
que  les  tems  cômpofés  :  les  autres  fe  conjuguent  comme 
les  réciproques  de  la  première  conjugaifon. 

VERS  ,  efc  une  des  prépofitions  fimples  :  voye^  Pré- 
positions. 

VERS.  Par  le  mot  vers  on  entend  le  ftyle  poétique 
aftreint  aux  règles  de  la  verfification.  Si  vous  n'avez  que 
la  première  de  ces  <!eux  parties  ,  votre  difcours  fera  éle- 
vé ,  nombreux  ,  plein  d'images  ;  vous  ferez  Poète  fî 
vous  le  voulez  ,  mais  vous  ne  ferez  pas  des  vers  :  l'Hif- 
toire  Romaine  par  Florus  j  &  un  grand  nombre  de  mor- 
ceaux de  Fléchier ,  de  Bofiuet  y  &  fur-tout  du  Téléma- 
quc  de  M.  de  Fenelon,  nous  fourniflent  des  exemples  de 
ce  ftyle  poétique.  Si  vous  foumettez  un  ftyle  profaïque 
aux  règles  de  la  verfification  ,  vous  nous  donnerez  d-^s 
lignes  ,  qui  auront  tous  les  compartimens  du  vers  ,  mais 
qui  ne  feront  que  de  la  profe  ;  ce  fera  une  riche  enve- 
loppe fur  un  objet  commun,  un  homme  vulgaire  re- 
vêtu des  marques  de  la  plus  haute  dignité.  Tels  font  les 
ouvrages  de  tant  d'Auteurs  qu'il  feroit  trop  long  de 
nommer  ,  &  qui  font  toujours  trop  connus. 

Mais  on  voit  des  vers  qui  ont  la  rime ,  l'hémiftich   , 
le  nombre  des  pieds ,  certaines  figures ,  certains  tours 


VER  SOI 

poétiques ,  (3e  la  nobleffe  même  &  Je  la  douceur  ,  8c 
qui  cependant  n'ont  point  cette  faveur  que  l'on  goûte 
dans  les  bons  vers  :  bien  plus  un  vers  de  Molière  cft 
vers  chez  lui ,  &  ne  l'eft  point  dans  Corneille.  Un  vers 
tragique  fera  profe  dans  un  Poëme  Epique.  Quel  eft 
donc  le  principe  qui  fonde  ces  diiférences  &  qui  établit 
le  caradere  général  du  vers  ?  On  a  cru  que  c'ctoit  l'in- 
verfion,  &  l'on  s'efl;  trompé  :  l'inverlîon  n'eft  que  comme 
un  a/Taifonnement  qu'on  donne  à  la  profe  aufll  bien  qu'à 
iapoéfîe,  mais,  fi  l'on  peut  fe  fcrvit  de  cette  exprelTion, 
dont  on  double  la  dofe  dans  la  dernière  qui  doit  tou- 
jours être  d'un  goût  plus  relevé.  Prenez  toutes  les  quali- 
tés qui  peuvent  rendre  une  piirafe  profaïque  plus  par- 
faire dans  quelque  genre  que  ce  foit  5  portez  les  à  un 
point  plus  élevé  ;  ajoutez  y  quelques  traits  qui  falTent 
fortir  le  ftyle  du  ton  ordinaire ,  même  le  plus  accom- 
pli ;  joignez-y  les  mefures ^  les  rimes,  des  figures  écla- 
tantes &  lumineufes  ,  des  inverfions  préparées  &  ména- 
gées dans  un  jufte  degré  de  liberté  5  en  un  mot  que  la 
phrafe  celTe  d'être  commune  dans  fon  genre  ,  &  qu'elle 
foit  foumife  aux  règles  de  la  verfification  ,  vous  aurez 
des  vers.  C'eft  par  le  goût,  qu'on  juge  du  mérite  &  de  la 
bonté  du  vers  :  ce  goût  quand  il  eft  exercé  ne  s'y  trompe 
jamais,  &  il  fuffi:  pour  quiconque  lit  ou  fait  des  vers. 

Le  mot  vers  ne  fignifie  quelquefois  qu'une  phrafe  aiïïi- 
jettie  au  méchanifme  de  la  verfification  ,  comme  lorf- 
qu'on  dit  :  ce  vers  efl  profaïque  ,  lâche  j  dur  ^  rempant  ^ 
écc.  voyei{  Stylée  Versification. 

VERSIFICATION.  La  verfification  n'a  pour  objet 
que  le  méchanifme  des  vers  :  c'eft  l'art  de  les  conftruire 
relativement  au  nombre  ,  à  la  qualité  &  à  la  place  des 
fons  5  &  la  verfification  françoife  z^z.  l'art  de  la  ftruc- 
ture  &  de  l'arrangement  des  vers  françois  :  voye':^  Struc- 
ture DU  VERS  i  Arrangement  des  vers. 

Il  femble  que  les  Poètes  de  tous  les  pays  devroient 
être  afiujettis  à  des  règles  communes  ,  puifqu'ils  pei- 
gnent tous  un  même  objet  qui  eft  la  belle  nature  ,  que 
cet  objet  fe  reflemble  par-tout  ,  &  que  les  couleurs  du 
tableau  doivent  toujours  être  conformes  à  celles  de  l'o- 
riginal :  mais  les  différences  qui  fe  trouvçnt  entiç  le  gé- 


501  VER 

nie  ,  la  marche ,  l'orcîre  de  conftrucHiioti  &  les  propric-^ 
tes  des  idiomes  dont  les  peuples  fe  fervent ,  ont  dû  don- 
ner des  caraéleres  bien  variés  aux  exprelTions  de  nos 
idées  &  de  nos  fcntimcns.  Certains  peuples  ont  dû  avoir 
dans  leur  langue  des  beautés  dont  d'autres  langues  n'é- 
toient  pas  fufceptibles  :  ici  la  continuité  des  fons  a 
quelque  chofc  de  plus  rapide  &  de  plus  coulant  ;  là  on 
trouve  plus  de  force  &  plus  de  nerf;  ailleurs  plus  de 
noblelTe  &  d'harmonie  ,  ou  plus  d'aifance  &  de  variété. 
Les  uns  auront  racheté  certains  agrémens  qui  leur  man- 
quoient  par  d'autres  qu'on  ne  retrouve  point  chez  leurs 
voifins.  Peut-être  même  l'habitude  nous  aura-t-elle  fait 
prendre  pour  des  beautés  ce  qui  ne  devroit  être  con- 
fjdéré  que  comme  des  vices  :  la  rigueur  de  certaines  rè- 
gles aura  peut-être  donné  un  air  de  prix  5c  d'impor- 
tance à  leur  objet.  La  vcrfification  adonc  des  principes 
généraux  qui  font  communs  à  toutes  les  Langues  ,  & 
des  règles  qui  font  particulières  à  chacune.  La  peinture 
vraie  de  Tobjet  ,  l'expreffion  ,  &  la  force  des  termes  , 
l'application  des  figures  ,  la  clarté  ^  l'aifance ,  l'harmo- 
nie ,  le  nombre  ,  tout  cela  eft  de  tous  les  pays  &  de 
toutes  les  Langues  :  mais  ceux-ci  y  parviennent  pat  une 
route  ,  &  ceux-là  par  une  autre  ,  parceque  les  entraves 
&  la  gêne  auxquelles  on  eft  aflujetti  par  l'idiome  dont 
on  fe  fert*  varient  autant  que  ces  idiomes  eux-mêmes. 
Les  Latins  avoient  pour  le  méchanifme  de  leurs  vers 
l'efpece  ,  le  nombre  &  la  difpofition  de  leurs  pieds.  Les 
François  ont  ordonné  pour  leurs  vers  le  nombre  des 
fyllabes  ,  mais  fans  rien  ftatuer  fur  la  quantité  :  feule- 
ment ils  y  ont  ajouté  la  rime  que  les  Latins  n'avoient 
pas  ;  comme  s'ils  avoient  voulu  par-là  compenfer  une 
beauté  par  une  autre  :  voyei  Rime  ^  Césure. 

VÊTIR.  Verbe  adif ,  réciproque  ,  &  irrégulier  de  la 
féconde  conjugaifon.  Il  vient  du  verbe  latin  veftire  ,  qui 
ireut  dire  donner  des  habits ,  mettre  des  habits.  L'Evan^ 
g'tle  6'  t humanité  nous  ordonnent  de  vêtir  les  pauvres  ^ 
c'eft-à-dire  ,  de  leur  donner  des  habits.  //  vctfon  maître  , 
ç'eft-à-dire  ,  il  lui  met  fcs  habits.  Au  réciproque  ^  il  fe 
yét  y  nous  nous  vêtons, 

Cç  yerbç  n'eft  guère  ufité  au  fingulicr  du  préfcnt  de 


V  I  R  VIS  50? 

^'indicatif ,  ni  au  fingulier  de  l'impératif.  En  général  on 
peut  Je  regarder  comme  un  mot  ancien.  Ses  compoféj 
ibnt  dévêtir ,  rêveur. 

Nous  allons  le  conjuguer  comme  verbe  adif.  II  fera 
cnfuite  aifé  de  le  conjuguer  comme  réciproque  en  fui- 
vant  les  règles  des  verbes  réciproques  :  voye^  Réci- 
proque. 

Indic ATiT pré/ent.  Je  vêts  ,  tu  vêts,  il  vêt 5  nos* 
vêtons  ,  vous  vêtez  ,  ils  vêtent. 

Imparfait.  Je  vctois  ,  8cc. 

Prétérit  indéfini.  Je  vêtis  ,  8çc, 

Prétérit  défini.  J'ai  vêtu ,  &c. 

Futur.  Je  vêtirai ,  &c. 

Conditionnel préfent.  Je  vêtirois  ,  &c. 

Impératif.  Vêtons,  vêtez  ^  qu'ils  vêtent* 

5uBjoNGTiF.  Que  je  vête,  &c. 

Imparfait  Que  je  vêtiife  3  &c. 

Participe  préfent.  Vêtant. 

Participe pajfé.  Vêtu  ,  vêtue. 

Les  tems  compofés  font  régulier*. 

VIRGULE.  Dans  la  ponduation  ,  la  virgule  fert  à 
marquer  le  plus  foible  repos  ,  &  la  moindre  des  fépara- 
tions  qui  peuvent  fe  trouver  ^  quant  au  fens  y  entre  les 
mots  qui  concourent  à  formçr  une  même  phrafe  :  voyei^ 
Ponctuation. 

On  verra  aufîî  dans  cet  article  la  place  quieft  deftinéc 
à  la  virgule  ponciuée. 

VIRE-LAI.  Foyei  Lai. 

VIS-A-VIS  ,  eft  une  des  prépofitions  compofées: 
voyei  Prépositions. 

33  Aujourd'hui  que  la  langue  commence  à  fe  cor- 
33  rompre  ,  dit  M.  de  Voltaire  ,  &  qu'on  s'étudie  à  par- 
ai 1er  un  jargon  ridicule  ,  on  fe  fert  du  mot  impropre 
33  vis-à-vis  ,  au  lieu  d'envers.  Pluiieurs  gens  de  lettres 
33  ont  été  ingrats  vis-à-vis  de  moi  ^  au  lieu  d'envers  moi. 
33  Cette  compagnie  s'eli:  rendue  difficile  vis-à-vis  du 
33  Roi  j  au  lieu  d'envers  le  Roi ,  ou  avec  le  Roi.  Vous 
»3  ne  trouverez  ce  mot  ,  vis-à-vis  ^  employé  dans  ce 
33  fens,  dans  aucun  Auteur  ClaiTique  du  fiecle  de  Louis 
?3  XIY  «. 


504  V  I  V 

VIVAT  ,  eft  une  des  interjeâ:ions  acclamatives  ! 
vo^y^^  Particules  j  Construction. 

VIVRE.  Verbe  neutre  ,  irrégulier  ,  de  la  quatrième 
conjugaifon  ;  il  fîgnifîe  être  en  vie  ,  être  animé.  L'idée 
de  la  vie  emporte  avec  elle  celle  de  mouvement ,  d'ac- 
tion ,  de  jouiflance  ;  celle  de  la  mort  au  contraire  la 
privation  de  toutes  ces  chofes-là. 

C'eft  d'après  ces  idées  ,  que  nous  appliquons  le  mot 
vivre  à  tout  ce  qui  nous  paroît  avoir  quelque  principe 
de  mouvement  ,  d'adion  ou  de  joaillance.  Ainiî  nous 
difons  que  les  végétaux  vivent,  que  les  fleurs  vivent  : 
cet  homme  a  vécu  ^  pour  dire  ,  qu'il  a  joui  de  la  vie. 

Vivre  eft  mis  quelquefois  par  fîmple  oppofition  à 
mourir. 

S'il  eft  doux  ,  s'il  efl  beau  de  mourir  pour  fon  Roi  ; 
Vivre  pour  le  fervir  eft  plus  beau  félon  moi. 

D'autrefois  il  fe  rapporte  aux  mœurs  &  aux  ufages. 
On  dit ,  cet  homme  fait  vivre  ,  c'eft-à-dire  ,  il  connoît  les 
ufages  du  monde.  Cet  homme  vit  bien  ^  pour  dire  ,  c'cft 
un  homme  de  bien  ,  qui  a  de  la  conduite  ;  on  le  dit 
eufîî  pour  fîgnifîer  un  homme  qui  a  bonne  table. 

Vivre  eft  quelquefois  pris  fubftantivemcnt ,  &  alors 
il  fignifîe  nourriture  5  il  eft  plus  ufîté  au  pluriel  qu'an 
Singulier.  On  dit ,  avoir  le  vivre  ,  le  vêtir  &  le  coucher. 
Les  vivres  font  chers. 

Indicatif  prêfent.  Je  vis  ^  tu  vis  ,  il  vit  ;  nous  vi- 
vons ,  vous  vivez  ,  ils  vivent. 

Imparfait.  Je  vivois  ^  &c. 

Trétérit.  Je  vécus ,  tu  vécus ,  il  vécut  3  nous  vécûmes  ^ 
vous  vécûtes  ,  ils  vécurent. 

Futur.  Je  vivrai ,  &c. 

Conditionnel  préjent.  Je  vivrois  ,  &:c. 

Impératif.  Vis  5  qu'il  vive. 

Subjonctif.  Que  je  vive  j  que  tu  vives  »  &c. 

Imparfait.  Que  je  vécûfTe  ,  que  tu  vécufîcs  ,  qa'il  vé- 
cût ;  que  nous  vécuftîons  ,  que  vous  vccûffiez  , qu'ils 
vécuffcnt. 

Participe  préfent.  Vivant, 

Panicipepajfé.  Vécu, 


V  O  I  50Ç 

On  dit  en  flyle  familier  ,  en  parlant  d'un  homme  ou 
d'une  femme  réfolus  ,  cefi  un  vivant  ;  c' eji  une  vivante. 
Vivant  Se  vivante  font  alors  fubftantifs. 

Les  tems  compofcs  font  réguliers. 

ïl  a  pour  compofés  ,  revivre  &  furvivre  :  voye:^  ces 
verbes  chacun  à  leur  article. 

VOICI  ,  eft  une  des  particules  exhibitives  :  voye^ 
Particules. 

VOILA  ,  cft  une  des  particules  exhibitives  :  voye^ 
Particules. 

VOICI ,  VOILA.  Conflruits  avec  les  pronoms  per- 
fonnels  me  :,  te  y  nous  ,  vous  ^  le  ,  la  ^  les  y  voyez  pro^ 
noms perfonnels  au  mot  Pronoms. 

VOIR.  Verbe  adif,  irrégulier,  de  îattoifieme  con- 
jugaifon  ;  il  fignifîe  appercevoir  ,  connoître  ,  faifir  quel- 
que chofe  par  l'organe  de  la  vue  ,  il  vient  du  verbe  la- 
tin videre.  Il  s'emploie  en  une  infinité  d'expreflions  dif- 
férentes. On  peut  dire  qu'il  ne  fert  pas  moins  à  la  lan- 
gue, que  l'œil  fert  au  corps.  Confultez  le  Didionnaire 
de  l'Académie  Françoife. 

Ses  participes  font  voyant  5  vu  ,  vue.  Le  premier  efl: 
quelquefois  fubftantif.  Allons  auprès  du  Voyant  ^  c'eft- 
à-dire  auprès  du  Sage  ,  du  Prophète.  On  pouiroit  auïïï 
le  regarder  comme  V3.à]z€t\i  éC homme  ^  cjui  eft  alors 
fous  entendu.  Allons  auprès  du  Voyant,  c'eft-à-dire ,  de 
l'homme  voyant ,  qui  voit ,  qui  eit  éclairé. 

On  dit  voilà  un  ouvrage  bien  vu,  c'eft-à-dire  réfléchL 

Vu  3  quand  il  eft  joint  au  que  conjondlif,  fait  l'office 
d'une  conjondion.  Vu  que  ^  Sec. 

.    Le  participe  féminin  vue  eft  aufll  fubftantif,  &  figni- 
iie  ou  l'organe  des  yeux ,  ou  deffein,  projet. 

li^  Dic  AT  u  préfent.  Je  vois  ,  tu  vois,  il  voit  $  nous 
voyons  ,  vous  voyez ,  ils  voient. 

Imparfait.  Je  voyois ,  tu  voyois  ,  &c. 

Prétérit.  Je  vis  ,  &c. 

Futur.  Je  verrai ,  &c. 

Conditionnel préfent.  Je  verrois  ,  &c. 

Impératif.  Vois  ^  qu'il  voie  ;  voyons  ,  &:c. 

Subjonctif  ;îré/^/zr.  Que  je  voie  ,  &c« 

Imparfait.  Que  je  vifTe ,  bec, 
V    ï.e«  tems  compofés  font  réguliers. 


5o<î  V  O  I  V  O  Y 

Panicîpes.  Voyant;  vu  ^  vue. 

La  première  perfonne  Singulière  du  prcfent  de  l'indî-* 
catif  retranche  quelquefois  ie  s  final  en  vers  ,&  cela 
pour  la  rime.  Il  en  eft  de  même  des  autres  verbes  dans 
îefquels  cette  perfonne  fe  termine  en  ois-,  alors  on  écrit, 
je  voiijeprévoi ,  &c. 

Je  le  fais  ;  bc  ,  malgré  les  maux  que  je  prévoî, 
Un  déftr  curieux  m' entraîne  loin  de  moi. 

VoltMre» 

VOIX.  Toy^f  Consonnes  &  Voyellïs. 

VOTRE  ,  eft  un  des  adjedifs  poifeiTifs  :  voyei  Ao^ 

ÎECTIPS. 

VOULOIR.  Verbe  adif ,  irrégulier  ,  de  la  troifieme 
conjugaifon.  Il  marque  l'intention  ,  le  pouvoir ,  ou  le 
^efir  qu'on  a  d'une  chofe  :  voye-;^  le  Didionnaire  de  l'A- 
cadémie Françoife  fur  les  différentes  manières  dont  oIi 
l'emploie  dans  la  langue. 

Son  infinitif  efl  quelquefois  fubftantif.  Tel  eft  mon 
couloir. 

Participe.  Voulant  -,  voulu  ,  voulue. 

Ihi D ic AT u pré fent.  Je  veux,  tu  veux,  il  veutj  UOU« 
voulons ,  vous  voulez  ,  ils  veulent* 

Imparfait.  Je  voulois  ,  &c. 

Prétérit.  Je  voulus ,  &c. 

Futur.  Je  voudrai ,  &c. 

Conditionnel  pré fent.  Je  voudfois  ,  &c. 

Il  n'a  point  d'impératif ,  parcequ'il  eft  ridicule  de  ft 
commander  à  foi -même  de  vouloir  ,  &  abfurde  de  vou- 
loir le  commander  aux  autres. 

SuBJONCTiE  préfent.  Que  je  veuille  y  que  tu  veuilles, 
qu'il  veuille  ;  que  nous  voulions,  que  vous  vouliez, 
qu'ils  veuillent. 

Imparfait.  Que  je  vouluffe  ,  Set. 

Les  tems  compofés  font  réguliers. 

VOUS  ,  eft  le  pronom  perTbnncl  pour  la  Ctconàc  per- 
fonne du  pluriel.  Tu  ,  te  ou  toi ,  en  font  le  fingulier  : 
voy  e^V^o^Ous. 

VOYELLES.  Nous  appelions  voyelles  les  caraderes 
ds^iAés  à  pcijidic  diias  l'éçHCuxe  ce  qu'on  appelle  v^hs 


V  O  Y  507 

lîans  la  parole  ,  c'eft-à-dire,  les  fons  qui  ne  font  point 
articulés. 

Le  nombre  des  voyelles  efl:  fixé  :  en  François  nous  en 
avons  fîx  qui  font  jû^e,i,o,z^,&y.  Mais  il  ne  faut 
pas  croire  que  ce  nombre  réponde  à  celui  des  voix  qui 
encrent  dans  la  prononciation  de  la  langue.  Tous  les 
Grammairiens  s'accordent  à  reconnoître  plus  de  lîx 
voix  j  quoiqu'ils  varient  fur  le  nombre  fixe  qu'ils  en 
trouvent  dans  la  Langue. 

On  trouve  d'abord  le  Ton  aigu  de  ^z  ,  i  ,  0 ,  a  ,  en  les 
prononçant  de  la  manière  la  plus  aifée  ,  &  la  plus  na- 
turelle. Outre  ces  quatre  premières  voix,  on  en  trouve 
encore  trois  dans  la  prononciation  de  l'e  ;  félon  qu'il  efb 
fans  accent  ,  ce  qui  fait  Ve  muet ,  ou  félon  qu'il  a  l'ac- 
cent aigu  >  ce  qui  fait  Ve  fermé  ou  clair  ,  ou  l'accent  gra- 
ve ,  ce  qui  rend  Ve  grave.  On  trouve  ces  trois  fortes  d'e 
dans  les  trois  fyllabes  de  fermeté  ;  la  première  ayant  un 
e  grave  ,  la  féconde  un  e  muet  j  &  la  troifîeme  un  e  fer- 
mé :  fî  la  première  n'a  pas  l'accent  qui  caraderife  Ve 
grave ,  c'eft  pour  une  raifon  particulière  que  l'on  verra 
par  la  fuite. 

Outre  les  fons  aigus  deû,  e,  &  o  ,  ces  trois  voix 
venant  à  fe  former  en  poullant  de  la  poitrine  une  plus 
grande  quantité  d'air  ,  rendent  des  fons  plus  forts  ,  plus 
pleins  ,  plus  nourris  ,  &  enfin  fenfiblement  difFérens  des 
premiers  que  nous  avons  nommés  aigus  j  ceux-ci  s'ap- 
pellent graves.  On  en  fent  toute  la  différence  dans  le 
premier  e  de  tette  du  verbe  tetter  ^  &  du  fubftantif  rer^  ; 
dans  les  mots  r^cAf  (  fouillure) ,  &  il  tâche  (  il  fait 
eifort  )  3  cotte  ,  habillement  de  femme,  &  côte  ,  os  du 
corps  humain  &  d'autres  animaux.  Ces  trois  voix  gra- 
ves jointes  aux  quatre  fons  aigus  que  nous  avons  d'a- 
bord indiqués  ,  &  aux  trois  fortes  d'e ,  font  déjà  dix 
voix  reconnues  par  tous  les  Grammairiens. 

Il  y  en  a  qui  admettent  encore  plufieurs  e  entre  le 
grave  &  l'aigu  ;  &  il  eft  vrai  qu'en  paffant  de  l'un  à 
l'autre  il  y  a  bien  des  nuances  ou  degrés  de  fons  plus 
ou  moins  graves  ,  &  qui  par  conféquent  peuvent  établir 
des  efpeces  différentes.  Il  ne  faut  pas  être  fupris  fl  les 
Grammairiens  ne  font  pas  d'accord  là-deifus  >  ce  fon^ 


5o8  V  O  Y 

de  ces  chofesqui  fe  fentent  plus  ou  moins,  feioii  que  l'on 
a  les  organes  plus  ou  moins  délicats  j  ce  n'eïl  qu'à  l'é- 
gard de  Ve  ouvert  que  l'on  peut  appercevoir  ces  diffé- 
rences j  on  les  remarque  entr'autres  dans  les  mots  fui-r 
vants ,  miifette  ,  mejfe  ,  père  ,  thefe  ,  prejfe  ^  fête  ,  ils 
avaient  ,  &c.  Ces  fept  mots  fourniirent  fept  e  ouverts 
plus  graves  l'un  que  l'autre  :  en  prenant  le  premier  , 
mufette  ,  pour  l'exemple  de  \e  ouvert  aigu  ,  &  le  dernier 
Ton  dans  ils  avoient ,  pour  l'exemple  de  1'^  ouvert  bien 
grave  ,  on  en  trouveroit  cinq  intermédiaires  qui  fourni- 
roient  cinq  nouvelles  fortes  de  voix. 

Quelques  Auteurs  comptent  des  fons  mitoyens  :  Il  en 
eftaufîi  un  bon  nombre  qui  fentent  Se  admettent  toutes 
ces  nuances  différentes  d'un  m.ême  fon  ,  &  refufent 
néanmoins  d'en  faire  autant  de  claifes.  Ils  fe  fondent  fur 
ce  que  l'on  auroit  bientôt  prefque  autant  de  cla/fes  de 
voix  que  de  fyllabes  j  û.  l'on  vouloit  s'autorifcr  des  pe- 
tites différences  pour  en  établir  de  nouvelles.  Ils  pen- 
fent ,  avec  raifon  j  que  s'il  eft  néceffaire  de  divifer  poujr 
mettre  de  l'ordre  dans  un  ouvrage,  il  ne  faut  cependant 
le  faire  qu'avec  fobriété  ,  parceque  trop  de  divifions 
accablent  l'efprit  en  le  furchargeant ,  &  amènent  des  pe- 
titelfes  au  lieu  de  remarques  elfentiellesj  que  c'ell:  un 
défaut  en  grammaire  comme  ailleurs  de  vouloir  tout 
dire  ;  qu'enfin  il  eft  bien  des  cliofes  qu'il  fuliit  d'indi- 
quer, &  que  c'eft  à  l'ufage  feul  à  les  faire  mieux  connoître. 
.  Voilà  tout  ce  que  nous  avons  de  voix  qui  puilfent  s'é- 
crire par  un  feul  caradere  :  il  en  cft  d'autres  qui  n'ayant 
pas  leurs  lettres  propres,  fe  marquent  par  la  réunion  de 
plufieurs  autres  ;  tel  eft  le  fon  eu  comme  on  le  prononce 
dans  feu.  Ce  fon  n'efl  ni  celui  de  Ve  ni  celui  de  Vu,  di- 
fent  tous  nos  Auteurs  5  je  crois  cependant  qu'en  y  pre- 
nant garde  d'un  peu  plus  près  ,  on  trouvera  que  Ve  muet 
n'cft  autre  chofe  que  cet  eu  prononcé  plus  foiblemenr. 
En  effet ,  que  l'on  traîne  &  que  l'on  appuie  un  peu  fur  la 
dernière  fyllabe  de  femme  ,  par  exemple  ,  on  pronon- 
cera/èmm^//.  L'w  n'ell:  donc  ajouté  à  Ve  muet  dans/f//  , 
"Vœu  y  &c.  que  pour  en  affermir  ,  en  appuyer  le  fon  ;  eu 
peut  donc  être  regardé  comme  un  fon  grave  qui  corref- 
pond  à  Ve  muet ,  qui  eft  le  fon  aigu  donc  il  eft  formé. 

lirais 


V  0  V  5®^ 

Mais  on  Jiningue  encore  deux  fortes  dVa  ,  l'un  que 
l'on  nomme  communément  aigu ,  &  c|ui  fe  voit  dans 
jeune  ^  jeanejfe  ,  &  l'autre  qu'on  appelle  grave,  ou  plus 
grave  y  Se  qui  fe  trouve  dans  jeûne  (  abftinencc  )  5  ces 
deux  eu  ajoutés  aux  dix  voix  fîmples  que  nous  avons 
déjà  comptées,  fans  y  comprendre  les  e  ouverts  mitoyens 
entre  îe  grave  8c  l'aigu  ,  feront  douze  voix.  Que  ces 
deux  dernières  exigent  plufieurs  caractères  pour  fe  mani- 
Feftcr  aux  yeux  ,  cela  ne  prouve  rien  contre  la  (implicite 
du  fon  ;  chacune  ne  forme  qu'une  voix  ,  &  s'il  y  a  diph- 
tongue ,  ce  n'eft  qu'une  diphtongue  orthographique  ,  & 
non  une  diphtongue  fyllabaire  ou  de  prononciation  : 
nous  en  marquons  mieux  la  différence  au  mot  Diphton-» 

Il  eft  une  autre  voix  fîmple  dans  le  parler,  &  qui 
prend  plufieurs  caraâreres  ,  que  nous  ne  devons  pas 
omettre  ici,  quoique  plufieurs  Grammairiens  des  plus 
efliniables  la  confondent  avec  Vo  grave  :  c'eft  le  fon  de 
au  ,  comme  on  le  prononce  dans  beau.  Ou  nous  dit  que 
beau  fe  dit  comme  fi  on  écrivoit  ho  :  mais  nous  fom- 
mes  obligés  d'avouer  que  quelque  refpeâ:  que  nous 
ayons  pour  ceux  qui  le  prétendent ,  leur  autorité  n'a  pu 
nous  empêcher  de  fentir  entre  l'un  &  l'autre  une  dirfe- 
rence  confidérable.  Dans  bô  on  avance  davantage  les 
lèvres ,  on  les  refierre  ,  le  palais  s'élève  moins  :  dans 
beau  ,  les  lèvres  ne  s'avancent  prefque  point ,  elles  s'ou- 
vrent davantage  ,  &  le  palais  forme  une  cavité  plus 
grande  dans  la  bouche.  C'efl  ainfi  du  moins  qu'il  fauc 
difpofer  ces  organes  pour  rendre  le  fon  au  tel  que  nous 
l'entendons  prononcer  par-tout.  Nous  en  ferons  donc  un 
fon  différent  de  Vo  grave. 

C'eft  ici  une  matière  dans  laquelle  tous  ceux  qui  ont 
des  organes ,  &  qui  fa  vent  la  langue  ,  font  juges  nés  : 
qu'ils  comparent  fot  &  fault ,  îiote  &  haute  ,'&  qu'ils 
nous  difent  C\  le  fon  en  eft  le  mêriie.  Il  eft  vrai  que  les 
iioms  qui  finilfent  par  lin  ô  grave  fuivi  de  la  lettre  s  , 
comme  héros  fe  rapprochent  beaucoup  plus  du  fon  de 
Au  :  cependant  nous  demandons  encore  fi  l'on  dit  de  la 
même  façon  les  héros  ,  &  les  héraults  ?  Il  eft  vrai  que  la 
différence  eft  bien  moins  fenfibîe  3  mais  nous  croyons 
Tome  II.  K  k 


5IO  V  O  Y 

Îtourtant  qu'elle  eft  réelle.  Quand  pour  ce  dernier  cas 
es  fons  pourroient  fe  confondre  en  une  même  clafTe ,  ce 
ne  fcroit  point  celle  de  Vo  grave  ,  ainfî  qu'on  en  peut 
juger  par  hôte.  Ce  feroit  donc  un  fon  différent  des  deux 
que  l'on  trouve  dans  la  voix  o  :  il  feroit  donc  faux  de 
dire  même  alors ,  que  au  prend  le  fon  de  o  j  il  faudroit 
plutôt  dire  que  o  final  &  fuivi  de  la  lettre  s  prend  la  pro- 
nonciation de  ûu.  On  trouve  au  quelquefois  bref,  & 
quelquefois  long  j  mais  nous  n'en  croyons  pas  devoir 
tirer  une  clafTe  de  au  aigus  ,  &c  dt  au  graves. 

Les  deux  lettres  o  ,  u  ^  réunies  en  un  même  fon ,  font 
encore  une  voix  limple  ^  qui  n'eft  aucune  des  précéden- 
tes ,  &  qui  diffère  totalement  des  fons  attachés  aux 
deux  lettres  qui  la  compofent.  Mais  cette  voix  fimple 
ou ,  telle  qu'elle  fe  prononce  dans  mou  ,  moudre,  &c.  eft- 
elle  d'une  feule  cfpece  ,  ou  doit-on  la  divifer  en  grave 
&  en  aiguë  ?  c'eft  un  point  fur  lequel  on  eft  partagé. 
Dans  ces  deux  mots  que  nous  avons  cités  ,  mou  &  mou^ 
dre^  ou  fe  prononce  bien  différemment ,  difent  les  uns  : 
Cela  eft  vrai ,  difent  les  autres  5  mais  la  différence  ne 
confifte  que  dans  le  tems  qu'on  emploie  à  le  prononcer; 
on  en  met  davantage  au  fécond  qu'au  premier  ;  mou  eft 
donc  bref  j  &  la  première  fyllable  de  moudre  eft  longue. 
Voilà  ce  que  l'un  a  de  plus  que  l'autre  ;  or  cela  ne  fiifïit 
pas  pour  établir  deux  claffes  du  même  fon  j  l'une  gra- 
ve &  l'autre  aiguë  5  comme  perfonne  n'a  penfé  à  en  éta- 
blir deux  pour  Yi ,  quoiqu'il  foit  bref  dans  ami  ,  &  long 
dans  amie. 

Les  premiers  répondent  que  toute  voix  brève  eft  ai- 
guë ,  &  que  toute  voix  longue  eH:  grave  3  ce  qui  ne 
nous  paroît  pas  univerfellement  vrai. 

Enfin  nous  ajoutons  à  ces  voix  fîmplcs  que  nous  ve- 
nons d'examiner ,  quatre  fons  qu'on  appelle  na:(^a/s  y  ce 
font  auj  en  ^  on  y  un.  Ce  font  de  véritables  voix  fîm- 
ples  ,  car  la  confonne  qui  s'y  trouve  ne  fe  prononce 
point  allez  pour  les  articuler  3  on  peut  dire  même  que  le 
vrai  fon  de  cette  confonne  ne  s'y  retrouve  en  rien.  Pour 
s'en  convaincre  on  n'a  qu'à  comparer  ce  fon  on  avec  le , 
mot  fonne  ou.  faone. 

Quelques  Auteurs  veulent  trouver  une  cinquième 


VOY  511 

vols,  nazaîe  ^ans  la  fyllabe  in  qui  fe  trouve  à  la  tête 
de  certains  mots  ,  comme  ,  indécent  ,  indocile.  Mais 
nous  penfons  que  cet  in  fe  prononce  comme  en  dans 
Bien  y  payen.  Si  l'on  donnoit  pour  exemples  les  mots  oii 
la  confonne  m  ou  n  fe  trouve  redoublée  entre  Vi  &  une 
autre  voyelle  ,  comme  immenfe,  inné  ;  on  pourroit  plu- 
tôt établir  cette  cinquième  voix  nazale  fur  laquelle  on 
difpute.  En  effet ,  dans  cette  dernière  occafion  ^  Vi  ne  fe 
prononce  ni  comme  dans  Indien  j  ni  comme  dans  image  : 
mais  on  fait  obferver  que  dans  immenfe  ^  inné  ^  &  leurs 
pareils ,  la  confonne  m  ,  ou  /î,  y  fait  fentir  deux  fois  fa 
véritable  articulation  ;  que  quoiqu'il  n'y  ait  dans  l'un 
que  trois  fyllabes  ,  &  que  deux  dans  l'autre  5  il  parole 
néanmoins  fur  la  véritable  prononciation  de  ces  mots  , 
qu'il  y  a  quatre  fyllabes  dans  le  premier  ,  &  trois  dans 
le  fécond.  En  effet ,  on  prononce  immenfe  ,  comme  s'il  y 
avoit  imemenfe  ;  &  inné ,  comme  fî  l'on  écrivoit  inené  , 
feulement  il  faut  palfer  rapidement  fur  cet  e  muet  , 
comme  on  le  fait  dans/ aimerai  ,  nous  ferons ,  &c.  Il  elî 
vrai  que  cette  fyllabe  que  nous  y  ajoutons  ,  n'eft  point 
réelle  dans  l'écriture  ,  &  que  dans  la  prononciation  elle 
n'eft  que  demie  fyllabe  j  mais  cela  fuffitpour  rejetter 
l'opinion  de  ceux  qui  veulent  faire  paffer  le  fon  de  cet 
ifn  ou  in  pour  un  fon  nazal ,  pour  une  voix.  C'eft  réel- 
lement un  fon  articulé  ,  c'eft-à-dire  ,  appuyé  &:  modi- 
fié par  tout  ce  que  la  confonne  lui  peut  donner. 

Voilà  donc  au  moins  dix-huit  voix  fimples  dans  la 
Langue  Françoife  :  &  pour  les  repréfenter  nous  n'avons 
que  lîx  voyelles  5  encore  ne  devroit-on  pas  ici  compter 
l'y  grec  5  puifque  jamais  il  ne  marque  de  fons  différents 
de  celui  de  Vi  (impie.  Nous  allons  donner  une  table  de 
ces  voix  ,  avec  un  exemple  pour  chacune. 

Voix  aiguës,  Toix  graves^ 


a    patte, 

e    mulette  , 

a   pâte, 
ê    fête. 

é    vérité. 

eu  jeu , 

i    ici , 

0   une  hotte. 

cû  jeûne  ; 

©   un  hôte  ; 

Ski; 

'p£  V  O  Y 

Voix  aiguës.  Voîx  natales, 

u    ufure,  an  cadran, 

au  Auteur  ,  en  bien  , 

ou  coucou,  on  bon  , 

c    mufe.  un  chacun. 

Lorfque  l'on  connoît  bien  toutes  ces  fortes  de  voiz 
{impies  qui  entreni:  clans  la  compoiîtion  d'une  Langue  j 
il  faut  voir  de  combien  de  façons  différentes  chacune  de 
ces  voix  peut-être  indiquée  dans  l'écriture  ,  &  l'eft  en 
ciFet  félon  l'ufage. 

De  la  voix  a. 

Le  fon  a  ne  s'exprime  gucres  que  par  le  caraél:cre 
a.  Cependant  on  le  trouve  exprimé  par  em  dans/^m- 
me  ,  qui  fe  prononce  famé  ,  la  première  brève.  On  le 
rend  aufli  par  am  ,  lorfqu'il  eft  long  ,  &  que  la  fyllabe 
fuivante  du  même  mot  commence  par  un  n,  comme  , 
damner  ,  que  l'on  prononce  dâner  ;  il  en  eft  de  même  des 
compofés  de  ce  verbe.  Quand  la  voix  pénultième  des 
adverbes  terminés  en  ment  eft  le  fon  a  ,  on  l'écrit  par 
em  ,  de  forte  que  la  lettre  m  eft  doublée  après  Ve  5 
ardemment  ^  éloquemment ,  négligemment  ,  violemment  , 
&c.  qu'on  ]pvononcc,ardam.ent ,  néglijament ,  &c.  D'au» 
tresf  fois  cette  voix  pénultième  s'écrit  par  un  a  5  mais 
ailors  on  ne  met  qu'un  m  après  ,  comme  ,  élégament  , 
abondament  ^  méchament ,  nonchalament.  On  rend  le  mê- 
me fon  par  em  dans  folemnel  &  fes  compofés  ,  qu'on 
prononce  folanel  ;  mais  alors  Va  eft  bref.  On  le  trou- 
ve encore  dans  indemnifer  ,  indemnité  ;  mais  o>i  pro- 
nonce indamenifer  ,  indamenité  ,  r<rmuct  très  bref;  &  l'a 
précédent  y  eft  aufli  bref  que  dans  folemnel.  Quelque- 
fois on  l'écrit  par  £/z,  comme,  hennir,  que  l'on  pro- 
nonce kanir ,  l'a  bref. 

Partout  ailleurs  on  exprime  l'a  par  fon  caraderc  pro- 
pre j  mais  on  le  fait  précéder  d'un  c  entièrement  mucc 
après  la  lettre^  quand  cette  dernière  doit  être  adoucie  , 
comme  ,  il  fongea  ,  il  forgea  ,  /'/  abrégea  ,  &c.  On  lui 
diofinc  un  accciu  circonilexc  dans  les  fyllabos  longues , 


V  o  Y  yij 

^ui  dans  l'ancienne  orthographe  avoîent  un  s  que  nous 
ne  marquons  pius  ,  comme  ,  lâche  ,  paie  ^  &c.  que  l'oa 
ccrivoit  autrefois  lafche  ,  pa^e.  Ce  caradcre  prend  l'ac- 
cent grave  lorfqu'il  eft  prépofition ,  comme  ,  difficile  à 
faire  ,  de^  z  jouer  ,  aller  à  pied ^  &c.  On  le  lui  donne 
aufli  dans  l'adverbe /à  ,  foit  qu'il  foit  feul  ^  foit  qu'il 
termine  quelqu'autre  mot ,  comme ,  voilà.  Cependaiit 
on  écrit  communément  cela  fans  accent.  Hors  de  cçs 
cas  ,  la  voix  a  exprimée  par  Ton  caradere  propre  ne 
prend  jamais  d'accent ,  foit  qu'elle  figure  comme  taifanc 
feule  la  troifieme  perfonne  du  préfent  fingulier  du  verbe 
avoir  ,  il  a  ,  il  a  dit  y  foit  qu'elle  ne  forme  qu'une 
fyllabe  dans  un  mot  j  comme  j  place ,  graffe  ,  grâce ,  gra^ 
de  ^  Sec. 

Quand  la  lettre  a  entre  dans  la  compofition  d'un 
mot ,  com-mc  prépoiîtion  ^  elle  fait  ordinairement  dou- 
bler la  lettre  initiale  du  fîmple ,  comme ,  accoucher  j  af^ 
famer ,  alléger ,  annotation  ,  appaifer ,  arranger  ,  ajfo- 
cier  ^  attirer  ,  aggrandir  ;  qui  viennent  de  coucher ,  faim  , 
léger  y  note  ,  paix ,  ranger ,  fociété ,  tirer  &  grand  y  &c.  il 
faut  en  excepter  les  compofés  dont  le  fimple  commence 
par  un  ^  où  m ,  ou  v  5  car  ceux-là  ne  doublent  point 
leur  lettre  initiale.  On  dit  donc  ,  par  exemple  ,  adoucir^ 
Amener  ,  avilir  y  &c.  &  non  pas  addoucir ,  &c.  parceque 
leurs  fimples  y  doux  ,  mener,  vil  &  leurs  femblables 
commencent  par  ces  trois  confbnnes  exceptées, 

Il  y  a  néanmoins  quelques  compoféç  dont  le  fîmple  ne 
commence  ni  par  un  dy  ni  par  un  m  ou  un  v  ,  &  qui  ne 
doublent  point  la  confonne  initiale  qui  fe  trouve  après 
Va  :  tel  eft  abattre  avec  fes  compofés  ,  qui  viennent  de 
battre.  Quelle  eft  la  raifon  de  ces  fortes  d'exceptions  ? 
L'Auteur  du  Traité  de  lOrthographe  en  forme  de  Dic- 
tionnaire ,  penfe  que  cela  dépend  de  l'effet  de  la  prépofî* 
lion  a  dans  la  fignifîcation  des  compofés  j  quelorfque 
cette  prépofition  ajoutée  à  un  fîmple  n'en  change  point 
totalement  le  fens  ,  &  qu'elle  ne  fait  qu'y  marquer  quel- 
que rapport  de  plus  ,  comme  dans  affamer  <^ui  vient  de 
faim  ,  &c.  alors  la  confonne  initiale  doit  fe  doubler  ,  à 
moins  que  ce  ne  foit  une  des  trois  qui  font  exceptées  : 
mais  que  fi  cette  prépofition  change  la  lignification  du 
-jRiot ,  au  point  quç  le  fens.  da  compofé  ne  paroiffe  plus. 

Kkiij 


514  V  O  Y 

tenir,  ou  du  moins  ne  tienne  plus  que  de  très  loin,  à  celut 
clu  fimple,  la  confonne  ne  doit  point  fe  doubler  :  il  don- 
ne poujL"  exemple  les  mêmes  verbes  ,  battre ,  abattre  , 
que  nous  avons  déjà  cités.  Il  refteroit  dans  cette  hypo- 
thèfe  une  difficulté  très  grande  à  lever  5  ce  fercit  de  mar- 
quer jurqu'à  quel  point  le  fens  ducompofé  peut  s'éloigner 
de  celui  du  fîmple,  avant  que  l'on  foit  difpenfé  de  dou- 
bler la  lettre  initiale.  On  pourroit  dire  d'ailleurs  à  cet 
Auteur  que  fa  règle  eft  démentie  par  fa  propre  décifion; 
abréger  ^  par  exemple  ,  vient  de  bref  ;  il  ne  s'éloigne  pas 
plus  du  fens  de  cet  adjedif  ,  que  afamerâii  fens  du  fub- 
ilantif/fz/m  ^  8c  cependant  abréger  ne  prend  qu'un  b  félon 
fon  Didionnaire  ,  &  félon  l'ufage.  Il  eft  donc  aulïî 
court  &  plus  fur  de  renvoyer  à  l'ufage  &  aux  bons  Dic- 
tionnaires ,  ainli  qu'on  eft  obligé  de  le  faire  à  chaque 
pas  dans  ces  fortes  de  matières. 

On  comprend  que  nous  n'avons  point  parlé  de  ces 
lettres  doubles  qui  fe  prononcent  5  on  écrit ,  par  exem- 
ple ,  addition  par  deux  d  ,  parcequ'en  effet ,  en  pronon- 
çant ce  mot ,  on  fait  fentir  le  d  deux  fois  ,  à  peu- près 
comme  fl  l'on  difoit  adedition ,  Ve  muet  très  bref.  Cette 
partie  de  l'orthographe  de  ce  mot^  &  des  femblablcs  eft 
fans  difficulté.  Nous  ne  parlons  ici  que  des  lettres  ajou- 
tées à  Va  dans  l'écriture ,  quoiqu'elles  ne  le  foient  pas 
dans  la  prononciation. 

Nous  n'avons  pas  de  marque  générale  Se  certaine 
pour  diftinguer  Va  long  d'avec  le  bref;  parceque  tous 
ceux  qui  font  de  la  première  efpece ,  ne  prennent  pas 
l'accent  circonflexe  ;  âge ,  par  exemple  ^  a  la  première 
fyllabe  longue ,  puifqu'il  s'écrivoit  autrefois  auge  ;  8c 
cependant  on  ne  lui  donne  piefque  jamais  l'accent.  Ren- 
voyer fur  cela  à  l'ancienne  orthographe  ,  ou  à  l'étymo- 
logie;  c'eft  charger  le  ledeur  d'une  étude  bien  plus  lon- 
gue, plus  pénible,  plus  ennuyante  &  moins  certaine,  que 
celle  du  bon  ufage. 

Lorfque  le  fon  a  forme  la  dernière  fyllabe  d'un  mot  , 
il  n'eft  quelquefois  fuivi  d'aucune  confonne  ;  &  d'autre- 
fois il  en  preiid  une  ,  ou  mtine  deux  ;  c'eft  ce  qu'il  faut 
tâcher  de  développer.  Dans  les  verbe??,  il  ne  termine  ja- 
mais que  le  (ingulier  de  quelques  tems  5  il  prend  un  s  à 
la  première  5c  à  U  fecoade  pçrfonne  3  je  yas  ,  tu  vas  » 


VOY  jij 

tu  aimas ,  &c.  A  la  troifîeme  il  ne  pren^  aucune  lettr 
s'il  eft  au  préfent ,  ou  au  prétérit ,  ou  au  futur ,  il  ira  ^  il 
a  ,  il  aima  ,  il  va  ,  il  alla  ,  &c.  mais  fi  c'eft  à  l'impar- 
fait du  fubjonélif ,  il  prend  un  t  j  ye  voudrais  qu'il  s'en 
allât,  &  qu'il  terminât  fes  affaires  ,  &c.  Dans  cette  der- 
nière terminaifon  ^  on  donne  un  accent  circonflexe  à  Va  , 
parcequ'autrefois  on  écrivoit  s'en  allafi  ,  terminafi ,  &c. 
Dans  les  noms ,  il  prend  un  s  ou  un  t  j  ce  n'efî  que 
dans  les  noms  totalement  étrangers  qu'il  n'eft  fuivi  ni  de 
l'un  ,  ni  de  l'autre  ;  comme  ,  opéra  ^  falbala  ,  Sec.  Nous 
ne  parlons  pas  des  autres  noms  ou  l'a  final  eft  fuivi 
d'un  ^,  ou  d'un  d  ou  de  quelqu'autre  confonne  ;  tels  que 
font  Joad  ,  Achab  ,  &c  5  parceque  non- feulement  ils 
font  entièrement  étrangers  5  mais  que  de  plus ,  ces  con- 
fonnes  fe  font  fentir  dans  la  prononciation ,  puirqu'on 
prononce  Achabe  ,  Joade  ,  Sec. 

Les  finales  fe  prononcent  auiTi  dans  les  mots  termi- 
nées en  al  &  en  apt ,  ard  ou  art ,  comme  martial  ^  cke^ 
val ^  dard ^  &c.  S'il  y  a  quelquefois  deux  confonnes  & 
que  l'on  n'en  prononce  qu'une  ,  comme  dans  le  dernier 
exemple  ,  ce  n'eft  point  ici  le  lieu  de  fixer  l'ufagc  de 
celle  qui  ne  fe  prononce  point  :  voye:^  Consonnes. 

Il  n'eft  point  de  règle  fïire  pour  décider  quand  Va. 
final  dans  les  noms  doit  avoir  un  t  ou  un  s  y  on  peut 
cependant  s'aider  beaucoup  par  la  comparaifon  du  nom 
dont  on  cherche  l'orthographe  ,  avec  d'autres  mots  qui 
en  font  les  fimples  ou  les  compofés ,  ou  bien  qui  en  font 
formés,  ou  enfin  dont  il  eft  formé  lui-même  5  j'écrirai 
compas  par  un  s  ,  parceque  l'on  dit ,  compajfer\  il  en  eft 
de  même  de  trépas  ,  trépajfer  y  bas  ,  bajfejfe  :  j'écrirai  au 
contraire  contrat  y  parceque  l'on  dit  contracter ,  combat, 
à  caufe  de  combattre  ;  de  même ,  j'écrirai  dardzczu^^  du 
verbe  darder ,  ^  art  çl  caufe  du  mot  artijie  ,  achat ,  à 
caufe  de  acheter ,  &c  5  mais  fi  ces  fortes  de  comparai- 
fons  peuvent  être  de  quelque  fecours  ,  elles  font  d'un 
autre  côté  extrêmement  dangereufes  ,  parceque  Ton 
eft  toujours  tenté  d'en  faire  des  règles  générales  ,  ce  qui 
ne  peut  que  produire  beaucoup  d'erreurs ,  vu  qu'à  cha- 
que occafion  on  eft  obligé  d'admettre  bien  des  excep- 
tions, 

Kkiv 


ps  YOT 


E  ouvert. 

Cette  VOIX  ,  quand  elle  eft  aiguë  ,  fc  marque  par  e  ^ 
commç.  Collège  y  abrège  ,  Autel ,  mortel ,  Sec,  par  ai  , 
comme  ,  femaine  ^  fainéant  ^faifable,  &c  ;  par  ei ,  com- 
me ,  peine ,  Reine  ,  &c  j  par  et ,  comme  ,  bonnet  ^  valet  ^ 
tiret ,  &c  i  par  ci ,  commQ,foible  ,  ro/V^  ,  &c. 

Quand  elle  eft  plus  grave  ,  on  Te  fert  pour  l'exprimer 
d'un  è ,  comme  ,  tkcfe  ,  kypoxkefe ,  &c  ;  d'un  ê ,  comme, 
fête  3  tête  ,  &c  ;  d'un  es  ,  comme  ,  accès ,  procès  ,  fucces  , 
&c  ;  d'un  ^7?  ,  comme  ,  il efi  5  d'un  aï  ,  comme  ,  maître, 
naître  ;  d'un  ait  ,  comme  ^fai.t ,  parfait -j  d'un  ^/a  ,  ou 
^/j  ,  comme ,  jamais  ,  parfaits  ',  d'un  ets  ,  comme  ,yc- 
fr^«  ,  rejpeîis  ;  d'un  oi"  ,  comme  ,  paroître ,  connoître  ; 
d'un  oij  j  comme,  François  ,  Anglois  ^j'aimois  ,j' aime- 
rois  5  d'un  û/a:  j  comme  ,  la  paix  ,  /ûza:  5  d'un  oient ,  corn- 
ine  ,  alloient ,  viendraient ,  &c. 

Comment  décider  à  chaque  occafion  particulière,  de 
laquelle  de  ces  dix-huit  ou  dix-neuf  façons  il  faut  fe 
fervir  pour  exprimer  à-peu-près  la  même  voix?  On  fent 
que  cela  doit  être  trçs  difficile ,  pour  ne  pas  dire  impofli- 
\)\ç.  j  dans  une  Langue  dont  l'orthographe  eft:  auffi  peu 
foumife  à  des  règles  générales  que  la  nôtre. 

Nous  dirons  cependant  ce  que  nous  trouverons  de 
plus  certain  fur  chacune  de  ces  expreffions  différentes  , 
en  renvoyant  pour  lerefte  à  l'ufage  ,  aux  Didionnaires, 
&  aux  articles  Accent  ,  Consonnes  ,  &c. 

Ue  ouvert  ne  prend  jamais  d'accent  quand  il  eft  fuivi 
d'un  /  ou  d'un  r  ;  foit  que  cette  confonne  foit  feule,  foit 
qu'elle  foit  doublée  ou  fuivie  de  quclqu'autre  lettre  ^ 
comme ,  éternel ,  modèle ,  fidèle  ,  cruel ,  cruelle  y  mer  yfer^ 
cher ,  enfer  y  lucifer  ,  amer ,  verd^  verre  ,  père  ,  tonnerre , 
&c.  II  y  a  quelques  Auteurs  qui  ri^ettent  un  accent  gra- 
ve fur  Ve  quand  il  n'eft  fuivi  que  d'un  /  avec  un  e  muet, 
&  qui  écrivent  modèle  ,  fidèle  ,  :^éle ,  règle ,  &c. 

Lorfque  cet  e  eft  fuivi  d'un  g  avec  un  ç  muet,  plu- 
ficurs  Grammairiens  prétendent  encore  qu'on  doit  y 
mettre  un  accent  grave  ,  comme ,  JacriUgç  ,  collège  , 
pi'ege  ,  &c.  Mais  beaucoup  d'autres  rejettent  ces  ac- 
cents corauîe  inutiles ,  parccque  nous  avons  une  règle 


V  O  Y  517 

Iclon  laquelle  toutes  les  fois  que  dans  un  mot  il  fe  trouve 
deux  fyllabes  de  fuite  qui  font  formées  par  deux  e  fans 
accent  3  le  premier  e  eft  ouvert ,  &  le  fécond  muet. 
Comme  l'ufage  eil  partagé  là-dell'us ,  on  peut  marquer 
ou  omettre  cet  accent  fans  faire  de  faute  ,  quoiqu'il  fem- 
ble  mieux  de  ne  pas  le  marquer ,  puifque  tout  ce  qui  cil 
inutile  paroît  vicieux. 

Quand  on  a  dans  un  mot  une  fyllabe  formée  par  Iç 
fon  d'un  e  ouvert  j  fî  l'on  trouve  quclqu'autre  mot  qui 
lui  foit  analogue  ,  &  dans  lequel  cette  même  fyllabe 
foit  formée  par  le  fon  d'un  a  ou  d'un  o  5  alors  on  doit 
exprimer,  dans  le  premier,  la  fyllabe  fur  laquelle  on  étoit 
en  doute  ,  par  un  û  ou  par  un  o  fuivi  d'un  i.  Cette  règle 
ne  trompera  point  dans  les  occalions  où  l'on  pourra  en 
faire  ufage  ;  &  cc(ï  la  meilleure  que  l'on  puiffè  fournir: 
vous  écrirez  donc  par  ai  ,  naùrç  ,  naijfance  ,  faire  ,faif- 
ceaux  ,  comparai  fon  ,  caijfon  ,  mai  fon ,  paitre  ,  &c  j  dès 
que  vous  vous  fouviendrez  que  cette  fyllabe  eft  un  a 
dans  les  analogues  j  nativité  ^faBice  ^fafcines  ,  compa- 
ratif:, caffette  ,  m afure  ,  pâture  ^  Sec.  vous  écrirez  par 
oi  ,  connoitre  ,  paroitre  ,  puifque  l'on  dit ,  notion  3  appa- 
roir, §cc. 

On  renvoie  auffi  fort  fouvent  là-deffus  à  l'étymoîo 
gie  ,  &  quelquefois  avec  fuccès.  On  vous  dit  d'écrire  , 
flaine ,  terrein  uni  ,  dès  que  vous  favez  que  l'on  dit  en 
latin  planus  ;  &  plein  ,  pleine  ,  peine  ,  par  ei  Se  non  par 
ûi  ni  par  oi  ,  à  caufe  qu'on  voit  un  e  Se  non  pas  un  a  ni 
un  o  dans  plenus,  pœna  ,  &c  :  mais  outre  que  cette  règle 
n'eft  pas  fans  exception  comme  la  précédente,  elle  nous 
paroît  avoir  un  défaut  effentiel ,  qui  eft  d'appuyer  une 
dccifîon  fur  un  fait  encore  moins  connu  (  du  moins  par 
le  plus  grand  nombre  des  Ledleurs  qui  ne  favent  pas  le 
Latin  )  que  la  chofe  même  que  l'on  décide.  D'ailleurs , 
nous  dirions  aufli-bien  que  plaine  prend  un  ai  y  parce- 
que  l'on  dit ,  figure  plane  ;  q\it  pleine  féminin  de  plein  , 
peine  &  leurs  femblables  n'ont  ni  un  ai  ni  un  oi  ,  parce- 
qu'il  y  a  un  ^  dans  plénitude  ,  pénible  ,  Sec. 

li  fe  préfente  ici  une  difficulté  qu'il  faut  lever;  quand 

on  fait  que  le  fon  de  ïe  ouvert  ne  fe  marque  ni  par  un 

;  ai,  ni  par  un  oi  j  furquoi  décider  s'il  faut  le  m;nT]uer 

far  ei  ou  par  e  i  II  faut  remarquer  que  ei  ne  paroît  gue* 


5i8  VOY 

res  que  devant  les  confonnes  n ,  g  ^l ,  &  donne  à  cette 
dernière  une  prononciation  grafîe  ou  mouillée.  Ainfî  ou 
écrit ,  fdne  y  peine ,  teigne  ^  neige  ,  vieille  ,  pareil ,  &c. 
parcequ'immédiatement  après  la  voix  e ,  il  fuit  un  n  ou 
un  ^ ,  ou  un  /,  &  que  cette  dernière  fe  prononce  grafTe- 
ment. 

Il  y  a  des  exceptions  fans  doute  :  car,  pour  la  con- 
fonne  n  ,  on  dit  chaîne  ,  chêne  ,  &c  ,  pour  la  con- 
fonne  g  ,  on  dit  Collège  ,  &c.  Nous  n'en  donnons 
point  pour  la  confonne  /  ,  parceque  nous  n'avons  die 
de  placer  ei  avant  elle ,  que  lorlqu'elle  cft  gralFe  ou 
mouillée  j  ailleurs  elle  a  un  e  lîmpic  ,  comme  [eU  , 
grêle  ,  &c  ;  ou  s'il  en  eft  autrement,  comme  à:i\is pleine ^ 
c'eft  pour  les  raifons  d'analogie  ^  que  nous  avons  déjà 
citées.  Pleine  vient  du  mz(c\xVm  plein  ,  qui  a  le  Ton  de  Ve 
ouvert  nazai  ;  ce  qui  ne  peut  fe  marquer  dans  notre 
orthographe  par  la  fîmplc  voyelle  e  ,  à  moins  que  cet  e 
ne  foit  précédé  d'un  i  ,  comme  dans  bien.  Or  cet  i  n'é- 
tant point  de  la  forte  dans  le  fon  du  mot  plein  ,  il  a 
fallu  exprimer  ce  fon  par  d'autres  caraéleres  ;  le  mot 
analogue  plénitude  déterminoit  à  y  conferver  Ve  ,  il  a 
donc  fallu  dire  plein  ,  &  par  con(é<\\itnt pleine  ,  çârei. 

Un  autre  principe  encore  pour  diftinguer  lefervicedc 
Vei  de  celui  de  Ve  dans  les  cas  où  l'un  des  deux  doit  fi- 
gurer ;  c'eft  que  partout  où  le  fon  de  le  ouvert  eft 
appuyé  d'une  confonne  appartenante  à  la  même  fyllabe  , 
c'eft  la  fimple  voyelle  e  qui  le  rcpréfcnte  ;  ainii  l'on 
dit ,  difcret  ,  naturel ,  gefiion,  &c.  à  caufc  que  les  r ,  /  , 
&  s  appartiennent  à  la  fyllabe  de  le  ouvert  qui  les  pré- 
cède. 

Nous  ne  difîimulerons  point  qu'il  s'en  manque  bien 
que  nous  ayons  réglé  pour  tous  les  cas  le  choix  des  dif- 
férentes expreflîons  de  la  voix  dont  il  eft  ici  queftion. 
Nous  ne  ferons  pas  en  cela  comme  la  plupart  des  Gram- 
mairienSj  qui  ayant  donné  quelques  icgics  particulières  , 
palfent  rapidement  à  d'autres  objets,  comme  s'ils  crai- 
gnoient  d'avouer  que  leurs  déciiîons  ne  font  pas  géné- 
rales. Au  contraire  ,  nous  ne  nous  lailcrons  point  d'in- 
diquer combien  les  principes  que  nous  donnons  font 
limités  &  fujets  aux  exceptions  5  parceque  par-là  nous 
empêcherons  le  Icdeur  de  tomber  dans  des  erreurs  con-» 


V  O  Y'  519 

fîdérables ,  ou  ne  manqueroient  pas  de  le  jctter  ces  mê- 
mes principes,  s'il  leur  donnoit  trop  d'ctendue. 

Souvent  un  mot ,  quant  aux  fons  qui  le  ccmpofent, 
s'écrit  différemment,  parcequ'il  a  différentes  fignifica- 
tions  ;  ainlî  les  Pères  s'écrit  par  un  e  fimple  ,  quand  il 
fîgnifîe  ceux  qui  nous  ont  donné  le  jour  5  &  par  un  ai  , 
les  Pairs  ,  quand  il  indique  ceux  qui  ont  une  Pairie. 
Chers'écnz  par  un  e  ,  quand  il  lignifie  précieux  ,  &  par 
un  ai  ,  chair ,  quand  il  marque  la  partie  mufculeufe  des 
animaux  5  ii  l'on  parle  d'un  fiege  ,  on  écrit  ,  chaire ,  &c. 
On  ciit  mets  ,  nourriture  ,  &  mais  conjon6lion  5  vaine  , 
femme  qui  a  de  la  vanité,  veine  ,  vaiffeau  du  corps  hu- 
main ;  lai  ,  laïque  ,  laid ,  difforme  5  lait ,  nourriture  , 
leg  ,  donation  par  teftament  j  faite  ,  Çommzt ,  fête  ,  ré- 
jouiffance  ;  Abbejfe  ,  Supérieure ,  il  abbaijfe  ,  il  fait  def- 
cendre  ;  ^û/^r ,  danfe  ,  balai ,  inftrument  à  balayer,  &c. 

Si  l'on  avoit  l'oreille  bien  délicate  ,  ^^  qu'on  connût 
bien  la  bonne  prononciation ,  le  Ton  de  Ve  plus  ou  moins 
ouvert  décideroit  fortfouvent  le  choix  de  te  ,  de  Vei ,  de 
Vai  ou  de  Voi. 

On  ne  met  gueres  l'accent  circonflexe  fur  Ve  ouvert, 
que  dans  les  fyllabes  où  il  annonce  la  TupprefTion  d'un  s 
qui  fe  marquoic  autrefois  ,  &  ne  fervoit  qu'à  rendre  la 
fyllabe  longue  5  ainfî  on  écrit ,  tête  ,  quête  ,  même  ,  en^ 
quête  ,  intérêt  ^  &c  ;  parcequ'aut refois  on  éciivoit  tejle  , 
quejîe  ,  mefme  ,  enquejie ,  intérefi  ,  Zic.  quoique  l'on  ne 
prononçât  pas  dilïérem.menr  d'aujourd'hui.  S'il  y  a  encore 
une  autre  circonftanceoii  l'on  doive  fe  fervir  de  cet  ac- 
cent ,  c'eft  lorfque  Ve  ouvert  eft  dans  la  pénultième  fyl- 
labe ,  &  que  la  dernière  eft  formée  par  un  e  muet;  fur- 
tout  lorfqu'il  s'agit  de  mots  qui  ^  dans  d'auties  circonf- 
tances  n'ont  point  cet  accent ,  parcequ'ils  fe  terminent 
autrement.  Ainfî  les  m.ots  empêcher  ,  extrémité  ,  &c.  qui 
n'ont  que  l'accent  grave  fur  J^ur  fécond  e  ,  y  prennent 
l'accent  circonflexe  quand  on  écrit ,  j'empêche  ,  /'/  empê- 
che ,  ils  empêchent  ,  extrême  ,  &c.  Au  refte  ,  cette  loi 
n'eft  pas  univerfellement  fuivie. 

Lorfque  dans  les  finales  des  verbes  il  y  a  le  fon  de  Ve 
ouvert ,  on  l'écrit  toujours  par  oi  ;  feulement  on  y  ajou- 
te un  s  pour  les  première  &  féconde  perfonnes  du  fingu- 
lier  ^  un  t  pour  la  troifiçme  du  lïiçoie  nombre, &  mt 


5ie  "V  O  Y 

pour  la  ti'oîfiemc  du  pluriel  ^  où  cet  ent  eft  entieremcnc 
iiîuet  y  comme ,  j  aimois  ,  j'aimerois  ,  tu  aimois  y  tu  ai-, 
merois  ,  il  aimoit ,  il  aimeroit  ;  ils  aimaient ,  ils  aime^ 
raient.  Il  n'y  a  que  je  vais  où  ce  fon  s'écrive  par  un  ûi. 
Nous  ne  parlons  pas  des  prétérits ,  j'aimai  ,  ni  des  fu- 
turs ^j'aimerai  ,  parceque  cet  ai  final  n'a  pas  le  fon  d'un 
e  ouvert ,  mais  d'un  e  fermé  ,  comme  nous  le  verrons 
bientôt. 

Plufieurs  noms  terminés  par  le  même  Ton  ,  &  fur-tout 
des  noms  de  peuples,  s'écrivent  aufli  par  ais  j  comme  , 
Français ,  Anglais ,  Polonais  ,  &c.  Portugais  s'écrit  par 
ai.  Plufîeurs  Ecrivanis  célèbres  ,  comme  nous  le  difons 
au  mot  Orthographe,  trouvent  cette  pratique  fî  vi-? 
cieufe  ,  qu'ils  ne  fe  font  point  fcrupuie  de  l'abandonner  ; 
ils  écrivent ,  j'aimais  ,  j'aimerais  ,  il  aimait  ^  ils  aime- 
raient. Français  ,  Anglais  ,  Polonais  ,  &c.  d'autres  écri- 
vent,  Frû/z/:è^  ^  Angles^  &c.  Ils  difent  qu'autrefois  on 
écrivoit  ces  mots  par  ois  ,  parceque  l'on  prononçoit  ces 
ci  dur  ,  comme  on  le  fait  encore  dans  Suédois  ,  qu'on 
prononce  à-peu-prcs  Suédouais-^  mais  que  la  prononcia- 
tion ayant  changé  ,  la  faç®n  d'écrire  doit  changer  auffi, 
puifque  celle-ci  eft  &  doit  être  toujours  foumifc  à  celle- 
Jà  ;  &  que  des  qu'on  ne  dit  plus  ,  j'ûimouais,  An^ 
glouais  ,  les  Françouais  ,  on  ne  doit  plus  écrire  ,  j'ai- 
mois  j,  Anglais  ,  François.  La  meilleure  ob;c6lion  qu'on 
ait  à  leur  faire  ,  c'eftque  le  plus  grand  ufage  eft  encore 
contre  eux  ,  Se  que  jufqu'à  ce  qu'ils  l'aient  entièrement 
décidé  en  leur  faveur  ,  quelque  folidcs  que  leurs  raifons 
foicnt  d'ailleurs,  quelques  avantages  que  leur  méthode 
paroifle  offrir  ,  elle  ne  peut  faire  régie. 

L'exprelîîon  es  avec  l'accent  grave  eft  dcflinée  fur- 
tout  pour  les  tcrminaifons  de  certains  noms  ,  qui  font 
analogues  à  d'autres  dans  Icfquels  cette  fyllabe  cfl  fuivic 
de  deux  s  ,  comme  ,  excès  ,  excejfif -,  procl's  ,  procejjif  i 
eccès  ,  accejfible  ^  Sec.  on  l'emploie  auHl  dans  les  adver- 
bes près,  auprès i  après  ,  5c  dans  les  noms  Cérès ,  Cyprès  , 
décès ,  abcès  ^  agrès  ,grès  ,  &c. 

On  ne  fè  fert  de  ets  ,  aits  j  que  pour  les  pluriels  des 
noms  qui  ont  au  fingulicr  et  ou  aie  ,  comme  ,  valet  j^ 
valets  ;  forfait ,  forfaits  ,  Sec.  Pour  ais  Sz  aix  ,  l'ufage 
ÇQ  çft  reftreint  à  un  petit  nombre  de  mots ,  comnac.  ,j(;^ 


V  O  Y  511 

mais  y  dais  ,  paix  ,  rabais  ,  Âix  (  Ville  )  ,  ais  (  planche  ) , 
faix  (  fardeau  )  ,  hiais  ,  niais  ,.  Calais  (  Ville  )  ,  Palais  , 
Rabdais  ,  Saint  Gelais  (  noms  d'hommes  )  ,  relais  ,  dé-^ 
formais  ,  panais  (  légume  )  ,  panais  ,  épais  ,  Laquais  , 
marais  ,  /r^iii-  (  nouveau  j  ^  frais  (  dépenfes)  ,  àégrais 
(  Poète  François  )  ,  engrais  ,  mauvais  ,  &c. 

Il  y  a  peu  de  noms  en  ait  3  les  principaux  font  ,fait  , 
bienfait,  &  autres  compofés  défait-,  Jouhait  ^  lait  y 
trait  j  attrait ,  retrait ,  abjirait  ,  extrait  ,  &  portraits 
Nous  ne  parlons  pas  des  verbes. 

Pour  ceux  en  et ,  on  en  compte  plus  de  deux  cents  cin- 
quante ,  comme  ,  Arrêt  ,  intérêt ,  barbet ,  effet  ,  rr^z/^r  , 
o/y^r  ,  droguet ,  muguet ,  cachet ,  déchet ,  inc^uiet ,  /^ti/^r  , 
chevalet ,  roitelet ,  mantelet ,  Jouffiet ,  filet  ,  co/^r  ,  Z^- 
TWfr  ,  chenet  ,  robinet  ,  brunet ,  caquet ,  coquet  ,  difcret 
coffret ,  rf^r^r  ,  tabouret ,  corfet  ,placet ,  brevet ,  &Ci 

JD^  l'ï,  fermé  ou  û/^:j. 

Cette  voix  fe  trouve  exprimée  dans  notre  orthogra- 
phe de  fix  façons  différentes  ',  par  un  é ,  comme  ,  vérité  ; 
par  un  ai ,  comme  ,f  aurai  ;  par  un  ej  ,  comme  ,  bontés, 
par  un  es  ,  comme  ,  les  -,  par  un  e;^ ,  comme  ,  /(/è{  5  par 
un^r,  comme,  donner.  Un ^rand  nombre  d'Auteurs  y 
ajoutent  une  feptiemiC  exprefiion^r ,  ou  6^,  pour  la  con- 
jonction et  ',  mais  nous  ne  l'avons  jamais  entendu  pro- 
noncer comme  un  e  fermé  ;  on  ne  dit  pas ,  du  pain  é  de 
l'eau ,  mais ,  du  pain  e  de  l'eau  ;  nous  renvoyons  donc 
cette  conjonâ:ion  parmi  \cz  e  ouverts  aigus  ;  puifqu'elle 
fe  prononce  comme  les  dernières  fyllabes  de  valet  ^  bon^ 
net ,  &c. 

Ve  fermé  fe  marque  faus  accent  dans  la  dernière  fyl- 
labe  des  verbes  de  la  première  conjugaifon  ,  quand  ils 
font  à  l'infinitif,  comme ,  aimer ,  donner  ,  jouer  ^  8cc  ;  8c 
dans  la  dtrniere  de  tous  les  noms  ou  il  fe  trouve  fuivi 
d'un  r,  comme;  premier,  dernier.  Berger^  Frippier  > 
Sec. 

Il  faut  avertir  ici  que  l'on  trouveroit  nos  décifîons 
fautives ,  fî  l'on  vouloir  les  prendre  dans  le  fens  de  la 
plupart  de  celks  des  au:res  Grammairiens  fur  k  iB^mc 


521  VOY 

fujet.  En  parlant  de  lorthographe,  ils  traitent  de  la  pro- 
nonciation 3  &  nous,  nous  avons  penfé  que  ces  deux 
objets ,  tout  diiîérents  l'un  de  l'autre  ,  dévoient  être  trai- 
tés féparément  :  ainfî  ils  établifTent ,  par  exemple ,  en 
quelles  occafîons  \'e  eft  fermé  ,  &  nous ,  nous  fuppofons 
ici  qu'on  le  fait  ,  parceque  nous  fuppofons  qu'on  fait 
parler  la  Langue  :  ainfî  il  ne  nous  refte  en  parlant  de  l'e 
fermé  &  de  ce  qui  concerne  fon  orthograplie  ,  que  d'in- 
diquer par  quels  caracleres  on  l'exprime ,  &  en  quelles 
circonftances  on  prend  l'un  ou  l'autre. 

Les  autres  Grammairiens  difent  donc  qu'un  e  final 
fuivi  d'un  r  eft  fermé  dans  Berger  ,  premier ,  Sec.  mais 
qu'il  eft  ouvert  dans  amer ,  fer,  &c  ;  &  nous  ,  nous 
établilTons  que  partout  où  Ve  fermé  eft  final ,  mais  ap- 
puyé d'un  r ,  il  ne  prend  point  d'accent  ;  ce  qui  eft  très 
différent  j  &  ne  fe  contredit  cependant  point.  Nous 
avons  cru  devoir  faire  cette  petite  remarque  ,  de  peur 
qu'on  ne  s'y  méprît.  C'eft  à  l'article  prononciation  qu'il 
faut  avoir  recours  pour  favoir  fi  le  premier  tétant  fer- 
mé dans  donner  ,  l'eft  aufîi  dans  donnèrent  j  fi  même  il  ne 
change  pas  ,  en  cas  que  donner  foit fuivi  d'un  mot  com- 
mençant par  une  voyelle  ,  comme  donner  h  gens  indi^ 
gnes  ,  Sec. 

Aureftecen'eft  que  dans  les  fyllabes  finales  que  1'^ 
£crmé  fuivi  d'un  r  ne  prend  point  d'accent  5  partout 
ailleurs  on  doit  le  lui  donner  ;  fi  ce  n'eft  dans  la  pénul- 
tième fyllabe  des  féminins  qui  avoient  cet  er  à  leur  maf- 
culin ,  comme  ,  première ,  dernière  ,  qui  ont  à  leur  maf- 
CMÏm ,  premier  j  dernier  ;  mais  cet  e  qui  eft  fermé  au 
iTiafculin  ,  ne  refte  pas  tel  au  féminin  j  il  n'y  devient 
cependant  pas  tout-à-fait  ouvert  ,  encore  moins  muet  ; 
il  y  tient  en  quelque  forte  le  milieu  entre  Ve  fermé  &  l'e 
ouvert. 

Nous  avons  un  mot,  qui  t{k pluriel ,  dont  la  dernière 
fyllabe  offre  le  fon  d'un  é  fermé  ,  &  s'écrit  par<?/. 

Lorfque  la  fyllabe  finale  des  fécondes  perfonnes  du 
pluriel  des  verbes  eft  un  e  fermé  ,  on  l'écrit  par  e^  ,  com- 
me ,  vous  donne:^  ;  vous  donnie^  5  vous  donnere:^  ;  donne^^ 
vous  donnerie:^ ,  &c.  Autrefois  on  écrivoit  de  même  l'e 
fermé  &  final  dans  les  noms  pluriels,  comme ,  dcgrei  , 


V  O  Y  5i} 

lontei^^ ,  &C  ;  maïs  cette  méthode  efl:  aujourd'hui  aban- 
donnée par  tous  les  Auteurs  de  poids  :  quelques-uns 
écrivent  encore  de  la  forte  la  prépofïtion  de:^  ,  de^  l'au- 
rore j  mais  il  eft  mieux  d'écrire  ,  dès  l'aurore  :  aufli  eft-ce 
la  manière  la  plus  ufitée  j  feulement  pour  diftinguer^/e^ 
prépofition  d'avec  dc:(^  à  jouer  ,  ce  dernier  prend  ordi- 
nairement le  :j-.  On  a  encore  confervé  cette  lettre  dans  le 
fubftantif /z^^  ,  partie  du  vifage  ,  &  dans  la  prépolîtion 
chei  &  l'adverbe  ajfe^.  Ce  font  là  les  feules  occaiîons  où 
il  foit  employé  après  un  e  fermé  pour  fuppléer  à  l'accent 
aigu. 

Le  fon  de  Ve  fermé  fe  marque  par  ai  dans  la  première 
perfonne  des  prétérits  &  des  futurs  adifs  des  verbes  , 
^uand  ils  font  terminés  par  cette  voix  3  on  écrit  donc  , 
f  aimai -jy  j'aimerai ^  quoique  Ton  prononce /iz;W, y Vi- 
meré.  Outre  ces  deux  tems ,  qui  font  communs  à  un  très 
grand  nombre  de  verbes  ,  l'e  fermé  forme  encore  la 
première  perfonne  du  préfent  du  verbe  avoir  ^  &  s'écrie 
de  même, /û/.  Les  trois  perfonnes  du  fingulier  du  pré- 
fent du  verbe y^vo/V ,  font  aufli  formées  par  le  fon  d'un 
e  fermé  ,  &  s'écrivent ,  les  deux  premières  par  ais  ,  & 
la  troilieme  par  ait  ^  je  fais  ^  tu  fais  ,  il  fait  5  quoique 
l'on  dife  ,  je  fé  »tufé,  il  fé. 

Tous  les  pronoms  &  adjcdifs  poiTeffifs  pluriels  & 
monofyllabes  qui  ont  i'e  fermé  ,  s'écrivent  par  e  fans 
accent ,  comme ,  les ,  des ,  mes  ,  tes  ,  fes ,  ces.  Tous  les 
iioms  terminés  au  fînguiier  par  un  e  fermé  ,  qui  n'cil 
fuivi  d'aucune  autre  lettre  ,  ont  au  pluriel  es  avec  l'ac- 
cent aigu ,  comme  5  bonté ,  bontés  ^  degré ,  dégrés  ,  aimé ^ 
aimés.  On  voit  que  dans  cette  règle  nous  comprenons 
également  les  fubftantifs,adjeâ:ifs  &  participes  ;  il  étoic 
autrefois  d'ufage  d'écrire  ces  derniers  avec  un  ;j;  ;  on 
écrivoit  alors  ,  les  Souverains  qui  font  aime:^  de  leurs  fu^ 
jets  ;  mais  on  a  entièrement  quitté  cette  orthographe  , 
en  lailfant  le  ;^  pour  les  verbes  ,  &  ramenant  les  partici- 
pes dans  \^  ciaife  des  adjedifs. 

Enfin  ,  hors  tous  les  cas  particuliers  que  nous  venons 
de  marquer ,  toutes  les  fois  qu'un  e  fermé  fe  trouve  dans 
un  mot ,  on  l'écrit  par  un  e  en  lui  donnant  l'accent  aigu  , 
(bit  que  cet  e  fe  trouve  au  commencement ,  au  milieu  ^ 
«U  à  la  fia  d'un  mot  5  comme ,  étude  ,  répondre  j  Chré^. 


514  V  o  r 

tien  ,  préface  ,  Créateur  ,  créé  ,  ohéijfance  ,  aujlérhé 
dujfé-je  ,  &c. 

De  l't  mue  t. 

L'emuet,  Toit  bref,  foit  très  bref,  foit  entièrement 
muet ,  ne  peut  s'écrire  que  par  un  e  fans  accent ,  par  un 
es  de  même  fans  accent ,  &  par  un  ent  :  cette  dernière 
exprellion  de  ïe  muet  ne  s'emploie  que  dans  les  fyllabes 
finales  des  troifiemes  perfonnes  du  pluriel  des  verbes  ; 
comme  ,  ils  aiment ,  ils  aimoient ,  ils  aimèrent ,  ils  aime* 
T'oient ,  ils  aimajfent. 

Les  fécondes  perfonnes  du  (îngulier  ,  foit  de  l'indica- 
tif, foit  du  fubjondif ,  marquent  cet  e  muet  par  es  ; 
comme  ,  tu  aimes ,  que  tu  aimajfes  ,  &c  ,  mais  la  pre- 
mière &  la  troilieme  perfonne  du  même  nombre,  com- 
me la  féconde  à  l'impératif,  le  marquent  par  un  e  muet 
feul  ;  comme  y  j'aime ,  il  aime ,  aime ,  que  j'aimajfe  :  &c. 
Voye^  Impératif. 

Cet  es  fert  aulU  à  marquer  Ve  muet  dans  la  fyllabc 
finale  du  pluriel  de  tous  les  noms  fubftantifs  ,  adjectifs 
ou  participes  qui  fînilTent  par  cette  voix  ;  comme,  les 
hommes  >  les  femmes  ,  fidèles  y  bonnes  ,  aimées  ,  &i:c.  o'i 
l'emploie  aulli  quelquefois  dans  l'adverbe  gueres  ,  qui 
lignifie  p«^  5  mais  aujourd'hui  un  grand  nombre  d'Au- 
teurs en  ont  retranché  la  confonne  s  comme  inutile,  & 
ils  écnvznt guère  \  l'ufage  eft  alfez  partagé  là-defius  pour 
qu'il  foit  libre  de  prendre  lequel  des  deux  partis  on  vou- 
dra. 

Partout  ailleurs  ,  foit  au  commencement ,  foit  au  mi- 
lieu ,  foit  à  la  fin  d'un  mot ,  le  fon  de  Ve  muet  s'exprime 
par  un  e  feul  &  fans  accent  j  comme  ,  refus  ,  recoît" 
noijfance  ,  aimerai-je ,  croire ,  fortune  ,  modèle  ,  utile  , 
&c. 

Il  y  a  ici  une  très  grande  difficulté  qu'il  faut  da| 
moins  remarquer ,  fî  nous  ne  pouvons  la  lever  ;  la  re- 
marque fervira  à  redoubler  l'attention  de  ceux  qui  cher- 
chent à  écrire  correitement  :  c'eO:  qu'il  eft  une  infinité 
d'occafions  où  Ve  muet  fe  prononce  ,  &  ne  s'écrit  point. 
Qu'on  y  fafie  aitention  ,  on  verra  que  non-feulement 
aucune  confonne  ne  peut  fe  prononcer  fans  le  fecours 
de  quelque  voyelle ,  mais  que  fi  dans  un  même  mot  il 

fc 


V  o  r  ^, 

e  ttouve  pîufieurs  confonnes  de  fuite ,  ou  l'on  n'en  pro* 
nonce  qu'une  ,  ou  celle  qui  n'a  pas  une  voyelle  à  fou 
propre  leivice,  c'eft-à-dire  après  elle,  prend  unemuec 
pour  fe  faire  fencir;  ainfî,  belle ^  guerre  ,  tonnerre  ne  font 
ieutir  qu'ini  /  ,  r,  «  ,  &c.  Mais  inné  le  prononce  inené ^ 
immenje  fe  dit  comme  s'il  y  avoit  imemenfe  j  &c.  Les 
Syllabes  nazales  ne  font  point  ici  d'exception  ,  puifque 
la  cowfonne  n'y  eft  point  fentie  comme  confonne  :  ohLa^ 
tion  fe  prononce  comme  s'il  y  avoit ,  obelation  3  il  en  eil 
<ie  mcme  de  ténèbres  ,  ténéberes  ;  cloifon  ,  queloifon  ; 
pfdlmodier  ,  pefalemodUr  5  cheval ,  chevale  ,  &  de  tous 
les  autres  noms  où  quelque  confonne  fait  entendre  l'ar- 
ticularion  qui  lui  ell  propre ,  fans  avoir  après  elle  un« 
voyelle  qui  foit  le  fujet  de  cette  articulation  :  voyer 
Syllabes. 

Or  quelle  règle  peut  nous  cnfeigner  en  quels  cas  il 
faut  écrire  cet  e  muet ,  &  en  quels  cas  il  ne  faut  que 
marquer  la  confonne  feulf".  ?  voila  la  difficulté  qu'aucun 
Grammairien  n'a  cherché  à  lever  ,  &  qui  nous  paroîtne 
pouvoir  l'être  en  effet  que  par  une  étude  attentive  &  dé- 
taillée de  l'ufage.  On  peut  dans  quelques  cas  particu- 
liers s'aider  de  la  connoilîance  que  l'on  a  de  la  manier* 
dont  les  mots  fe  compofent  foavent  les  uns  des  autres  • 
rétymologie  fera  aulfi  quelquefois  utile  j  l'analogie  peut 
éclairer  quelques  doutes  :  mais  rien  de  tout  cela  o'ed 
fans  de  grandes  exceptions.  Pourquoi  dit  -  on  ,  par 
exemple  ,  un  homme  fidèle  ^  &  un  homme  naturel  5  un 
homme  vil ,  &  un  homme  inutile  5  kaïr^  &  dire  ;  [épkir^ 
Scfatyre  ;  voir,  &  croire  ?  Dans  ces  exemples  mis  en  pa- 
rallèle ,  &  dans  un  nombre  infini  de  femblables  ,  Ve 
muet  fe  fait  autant  fentir  dans  l'un  que  dans  l'autre 
mot  ;  pourquoi  doit-on  le  marquer  ici,  &  l'omettre  là  ? 
Cette  difficulté  eft  pour  les  e  muets  qui  font  brefs  :  il 
en  eft  une  autre  pour  ceux  qui  font  longs  j  c'eft  qu'on 
ne  fait  quelquefois  s'il  faut  les  écrire  par  e  ou  par  eu  ^ 
parccqu'en  effet  Ye  muet  long  ,  &  Veu  bref  font  à-peu! 
près  la  même  chofe  pour  le  fou.  Pour  s'en  convaincre 
on  n'a  qu'à  comparer  ïe  muet  qui  eft  dans  refus  ,  &  le 
premier  eu  à^ns  heureufement .  Il  eft  vrai  qu'une  oreille 
bien  délicate  y  trouve  alfex  de  différence  pour  ne  s'y 
Tome  II,  J.  1 


^i6  VOY 

tromper  que  bien  rarement  j  &  d'ailleurs  on  peut  fou- 
vent  lever  ce  doute  par  des  mots  analogues  où  la  même 
fyliabe  fera  plus  fenfiblei  ain/î  je  m'airuierai  que  la 
première  fyliabe  de  heurcufement  doit  s'éciire  par  eu  ,  en 
prononçant  le  mot  heureux  j  où  cette  même  fyliabe  eft 
plus  longue. 

De  la  voix  eu. 

Eu  ne  s'ccrir  pas  ordinairement  par  d'autres  cataâ:e- 
res  que  ceux  dont  nous  le  marquons  ici.  j  avec  cette 
feule  différence  ,  que  lorfqu'il  cil:  long  &  giavc,  on  y 
met  un  accent  circonflexe  ^  comm.ç.  jeune  (abjftinence  ). 
Nous  avons  dit  ordinairement ,  parcequ'il  eft  quelques 
mots  où  il  s'écrit  par  œu ^  comme,  cœur,  ^^J  -,  bœuf , 
œuvre  ,  œuvé  ^  manœuvre  ,  vœu  ,  mœurs  ,  &c  5  quoique 
Vo  foit  fort  inutile  pour  la  prononciation  dans  tous  ces 
mors  ,  fî  ce  n'eft  dans  le  premier  ,  cœur. 

Eu  s'écrit  suffi  par  œ  dans  œillet ,  œil ,  ccillade  ,  œiU 
1ère ,  œilleton  ,  d>cc.  Se  par  ue  dans  écueil ,  orgueil,  cer- 
cueil, &c.  nous  ne  parlons  plus  ici  de  certains  e  muetJ 
qui  devenant  plus  longs  en  certames  circonftances ,  ont 
le  fon  de  l'eu  bref,  comme  te  dans  cette  plirafe  ,je  te  It 
dis  y  &c. 

Tous  les  adjedifs  terminés  par  la  voix  eu  ont  eux 
même  au  fingulier  5  comme  vigoureux ,  heureux  ,  &:c.  les 
noms  fubftantifs  qui  fîniflent  par  le  même  fon  ,  pren 
nent  auffi  au  pluriel  cette  confonne  x  qu'ils  n'ont  point 
au  fmgulier,  comme  ,  vœux ,  feux  ,  &c.  Le  verbe  l^om 
loir  s'écrit  au  préfent  lingulier  ^yV  veux ,  tu  veux  ,  il  veuti 
L'ufage  de  ces  x  à  la  fuite  de  eu  final  eft  aujourd'hui 
contredit  par  quelques  Grammairiens  qui  veulent  y  Cubi 
ftituer  un  s  :  mais  il  ne  paroît  pas  qu'on  doive  jamaié 
les  fuivre.  Si  le  s  eft  la  marque  diftindive  du  pluriel 
dans  la  pliipart  des  noms,  le  x  l'eft  aulil  Icgitimemeni 
dans  ceux  qui  font  rermmés  par  eu  ou  par  au.  C'eft  un 
point  d'orthographe  qui  n'a  aucun  embarras  5  la  réfor- 
me y  feroit  donc  inutile. 

De  la  voix  i. 

Le  fon  i  ne  s'écrit  que  par  i  ou  y.  Nous  ne  parlons  pal 


V  O  Y  517 

<5c  m  que  quelques  Auteurs  nous  donnent  pour  une  ex- 
preflîoii  de  î'i  dans  quelques  mots  j  comme  ,  vuide  ,  puif- 
<:iUQVuide  ne  fe  prononce  pas  touc-à-faic  vide  ,  &  que  la 
première  fyllabe  y  eft  une  vraie  diphtongue  dans  laquelle 
on  fent  un  peu  le  fon  de  1'^,  On  auroit  mieux  fait  de 
citer  pour  exemple  ,  le  pronom  qui  y  mais  nous  difons 
au  mot  conforme  ce  qui  regarde  cet  ufage  de  mettre  après 
le  ^  un  «  qui  ne  fe  fait  point  (èntir. 

On  peut  conhdercr  l'y  fous  deux  points  de  vue  diiFé" 
rents  ,  parcequ'en  effet  cette  lettre  fcrt  à  deux  ufages  ; 
fouvent  elle  équivaut  à  deux  i  dont  !e  premier  fcrt  a  for- 
mer une  diphtongue,  &  le  fécond  fait  une  féconde  fylla- 
'  be ,  foit  feul ,  foit  avec  d'autres  letu'cs  ,  comme  ,  pay- 
fan  ,  pays  ,  envoyer  ,  que  l'on  prononce  j  pai-i  fan, 
pai-is  ,  envoi-ier  y  &c. 

Nous  dirons  d'abord  à  ce  fujet  que  la  prem.iere  &  la 
féconde  perfonne  du  pluriel  de  l'imparfait  de  l'indicatif 
&  du  préfent  du  fubjondif  des  verbes  qui  ont  uny  avant 
éint  au  participe  a£tif ,  prennent  un  /  après  ly  ,  &  avant 
ons  ou  f{  j  comme  -^  fuyant ,  fuyions  ffuyie:^^  envoyant , 
envoyions  ,  envoyie:^^  Sec. 

Au  refte  ,  il  eft  aifé  de  connoître  à  l'oreille  quand  oa 
doit  y  ajouter  cet  i  ;  c'efl:  dans  les  occafions  oii  1'/  qui 
fuit  la  diphtongue  eft  long  &  paroît  comme  double.  Il 
eft  également  aifé  de  fentir  quand  un  i  entre  deux 
voyelles  formant  une  diphtongue  avec  celle  qui  le  pré- 
cède ^  doit  s'écrire  par  un  y  5  c'eft  lorfqu'outre  la  diph- 
tongue qu'il  aide  à  former  ,  il  mouille  encore  la  voyelle 
qui  le  fuit  ,  comme  dans  Royaume  ,  frayer  ;  mais  lorf- 
cju'il  ne  mouille  point  la  voyelle  fuivante  ,  ou  qu'il  ne 
la  mouille  que  d'une  manière  peu  fenfible  ,  ainiî  qu'il 
arrive  fouvent  quand  cette  voyelle  eft  un  e  muet  bref; 
alors  on  doit  n'écrire  qu'un  i  (impie  ,  comme  ,  proie, 
joie  ,  oie  ,  claie  ,  haie  ,  pluie  ,  &c.  Si  le  fon  i  n'cft 
fuivi  d'aucune  voyelle,  on  ne  prend-l'y  qu'autant  qu'on 
prononce  un  i  pur  après  la  diphtongue  ,  comme,  /«^yj; 
partout  ailleurs  on  ne  prend  que  l'i  fîmple ,  comme, 
yois  ,  &c. 

Quelquefois  aufli  la  lettre  y  placée  entre  deux  voyel- 
les a  l'eiFet  d'un  i  tréma  &  par  conféquent  elle  fait 

Ll  ij 


r-%  voY 

fyllabe  avec  la  voyelle  qui  la  fuit  ,  comme  dans  payent 
que  l'on  prononce  pn-ien  ,  &  non  pai-ien. 

Le  fécond  point  de  vue  fous 'lequel  on  peut  confidé- 
rer  l'y ,  c'ed  comme  lettre  grecque  ,  ne  figurant  que 
comme  figne  étymologique  ,  &  ne  faifant  d'autre 
fondlion  quant  au  Ton  que  celle  d'un  i  fimplc.  Alors  on 
ne  l'emploie  que  dans  les  mots  originaires  du  grec, 
comme  ,  acolyte  ,  améchyfle  ,  afyle  ,  béryl  ,  cryfial  , 
Cygne  y  cylindre ,  da^iyie  ,  dyfcnterie  ,  dyridjiie ,  labyrin^ 
the  ,  lyre  ^  martyr  ,  myrrhe  ,  myrthe  ,  myjtere  ,  myftagc- 
gique ,  myfiique  ,  mythologie ,  néophyte  ,  nymphe  ,  olym- 
piade ,  paralytique  j  hyacinthe  ,  hydropique  j  hypocrite  , 
hymne  ,  hypocondre  ,  hydre  ,  hypofiaje  ,  hypothèque ,  Ay- 
pothefe  y  phyjionomie  ,  porphyre  ,  pyramide  ,  pyrrhique  , 
fatyre  ,  fibylle  ,  Jlyle  ,  fyllabe  ,  Jycomore  ,  fyllogifme  , 
fymbok\  Jymmétrie  ,  jympathie  ,  fymphonie^  jyndérefey 
fynagogue  ,  fyncope  ,  Syndic  y  fynecdoche ,  Synode  ,  Ty* 
nonyme  ,  fyflême ,  Jyflole  ,  Syrien  ,  Syriaque  ,  tympa^ 
jion  y  tympanifer  ^  tyran  ,  ^éphyre  ,  &  autres  fcmblables. 

Il  ne  faut  pas  cioire  néanmoins  que  tous  les  noms 
grecs  d'origine  ,  qui  ont  un  i  s'écrivent  par  un  y  ;  cela 
ne  fe  fait  que  lorfque  cet  i  remplace  iupfilon  des  Grecs. 
Encore  y  a-t-il  fur  cela  tant  de  variations  ,  que  l'on 
peut  pour  bien  des  mots  prendre  l'y  ou  l'i  fimple  indif- 
féremment. 

Nous  avons  quelques  antres  occafions  où  nous  em- 
ployons l'y  pour  un  fon  fimple  ,  fans  qu'il  y  ait  aucune 
analogie  avec  la  Langue  grecque  5  tels  font  le  nom 
yeux  ,  pluriel  de  œil ,  &  le  pronom  y  que  quelques-uns  ': 
appellent  adverbe  de  lieu  5  l'ufage  de  ce  dernier  ell  fré-  j 
quent  dans  la  langue  ,  comme  lorfqu'on  dit  5  il  faut  y  j 
aller ,  y  v^n/V  ,  y  rr/?f  r  y  //  y  <z  û'^ ^  hommes  nés  pour  le  A 
malheur  des  autres  j  il  ne  faut  pas  s'y  fier  ^  Slc.  j 

Hors  les  occafions  dont  nous  venons  de  parler  y  on   ' 
ne  doit  fe  fcrvir  que  de  l'i  limple  i  &  c'cft   une  faute 
dans   plufieurs  auteurs  d'écrire  ,  ennuy  ,   aujoura  huy  ,    . 

^Jf^y  >  f^y  '  ^^y  »  ^^y^  »  ^^y  »  /*^y  >  ^^y  ^  ^^^^y ,  «^c.  au  ;j 

lieu  de  i///t;i ,  effai  ,  yb/ ,  loi  ,  i^oi  ,  7«oi ,  toi ,  /ôi,  ^u-  f; 
jourahui  ^' ennui  ,  &c. 

On  écnifufil ,  fourcil  par  un  /  quoiqu'on  ne  pro-  . 

I 


V  or  fi^ 

ronce  point  cette  lettre  ;  la  plupart  des  noms  fubftan- 
tifs  terminés  en  i  prennent  un  £,  comme  ;  dédit ^  conjîit. 
Sec.  D'autres  prennent  un  s  ,  comme  ,  mépris  ,  ris  ,  &c. 
Quant  aux  adjedlifs  ils  n'ont  point  de  confonne  après 
1'/  quand  ils  font  leur  féminin  en  ie  ,  commeyo//  ,  jo'ie  ; 
il  ce  féminin  eff  en  ite  ils  font  it  j  ils  font  is  fi  le  fémi- 
iiin  donne  ife  ^  comme,  écrit ,  écrite , pris ^prife  ,  &c. 

Du  fon  o. 

L'o  foit  grave ,  foit  aigu ,  fe  marque  par  un  o ,  ou  par 
Un  o  ,  ou  par  un  ot ,  ou  par  un  os  ,  ou  par  un  op , 
ou  par  un  aô.  Cette  dernière  cxpreiîlon  ne  Te  trouve 
que  dans  les  mots  Saône  ,  rivière  ,  taon  ,  grofie  mou- 
che,  Saonois ,  pays  de  Normandie  ,  &  Laon ,  nom  de 
Ville  ,  que  l'on  prononce  Sône  y  Sônois  ,  tôn^  Lan. 

Tous  les  fons  o  qui  fe  trouvent  au  commencement  ou 
au  milieu  d'un  mot ,  s'écrivent  par  un  o  fimple  ^  comme  , 
oranger ,  opprimer ,  olives  ,  Odyjfée  ,  évoquer  ,  Euphroji^ 
ne ,  convoquer.^  controverfe  ^  &c.  on  n'y  met  un  accent 
circonflexe  que  lorlque  cette  voix  efi:  longue  ,  &  que  c'eft 
une  fyllabe  dans  laquelle  nous  omettons  un  s  que  nos 
pères  y  marquoient ,  comme  ,  côte  ,  hôte  ,  &c.  que  l'on 
écrivoit  autrefois ,  cofie  j  kofie  ,  &c. 

La  difficulté  de  cg-Hq.  vcix  fe  réduit  donc  à  la  fyllabe 
finale  ;  nous  n'avons  que  quelques  mots  tirés  des  Lan- 
gues étrangères  qui  fe  terminent  par  un  o  flmple  ^  com- 
me converfo ,  terme  de  marine  ,  in-folio  ,  un  duo  ,  un 
:j;éro  ^  un  in-quarto ,  &c.  on  écrit  de  même  certains  ter- 
mes de  mufique  qui  nous  viennent  des  Italiens ,  comme, 
allegro  ,  da  capo  y  &c.  Les  finales  des  noms  terminés  en 
o  ,  s'écrivent  ordinairement  par  or  pour  le  fîngulicr  ,  & 
ots  pour  le  pluriel ,  comme  ,  dévot  ,  higot ,  tnpot  ,  mar- 
got ,  fot  ,  &c.  dévots  ,  bigots  ,  &c  ;  il  n'y  en  a  que  quel- 
ques-uns, dont  la  finale  eil:  longue,  qui  s'écrivent  par  un 
os  ,  comme  ^  un  es  à  ronger  ,  /e  dos  ^  Héros  ,  ôcc.  on  écrie 
^r(7p  par  un  op.  Nous  ne  parlons  pas  des  terminaifons 
pli  la  prononciation  ordinaire  fait  fcntir  la  confonne 
qui  fuit  Vo  ,  comme  ,  un  roc  ,  un  efcroc  ,  choc  ,  Ma- 
roc y  &c  y  l'orthogiaplic  de  ces  fortes  de  fyllabes  regar-^ 
de  les  confonues» 

Lliij 


55*  V  o  r 

De  la  voix  au. 

Le  plus  grand  nombre  des  Grammairiens  confondent 
cette  voix  avec  la  précédente  ,  comme  nous  l'avons  déjà 
dit;  cependant  elles  différent  entr'elles  à-peu-près  com- 
me \'e  muet  diffère  de  l'eu  ;  &  comme  ils  n'ont  jamais 
confondu  ces  deux  derniers  fons  ,  nous  croyons  devoir 
également  dillinguer  les  deux  autres.  On  ouvre  plus 
les  lèvres  ,  on  les  élevé  plus  pour  prononcer  au.  Pour 
rendre  le  Ton  propre  à  l'o,  on  avance  plus  les  Icvres  en 
pointe  ,  &  l'on  forme  en  dedans  de  la  bouche  une  plus 
grande  cavité.  En  un  mot ,  les  Auteurs  que  nous  con- 
tredifons  ici ,  font  les  premiers  à  dire  que  l'oreille  ell:  le 
feul  jugé  de  cette  difpute  ;  &  c'eft  fur  fa  déciiîon  que 
jious  nous  fommes  déterminés  à  diftingucr  ces  deux 
fons  ,  en  faifant  attention  fur-tout  à  la  pronciation  des 
perfonnes  cultivées. 

Quoi  qu'il  en  foit ,  qu'on  les  confonde ,  ou  qu'on  les 
diftingue,  nous  trouvons  ici  quatre  exprefîîons  diftércn- 
tes  qui  font ,  au  ,  eau  ,  aux  ,  eavx  y  les  deux  dernières  ne 
font  prifes  que  pour  marquer  les  pluriels;  Se  les  deux 
premières  fervent  aux  noms  fînguliers.  Au  c{\  pour  à  le 
article  {îngulier  :  vsy^^  Article  ;  h  l'article  doit  être  au 
pluriel  ,  on  écrit,  aux.  Au  premier  jour  de  l'an.  Aux 
hommes. 

Si  le  fon  au  fe  trouve  au  milieu  ou  au  commcnccmeat 
d'un  mot,  il  s'écrit  par  au  fimple  ;  comme  j  aubaine  , 
vaudeville.,  vautour  ,  audace  ,  aubier  ^  audience  y  minau- 
derie  ,  réchauffer  ;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  mots 
compofés  de  quelques  noms  terniinésen  eau  ,  &  qui  por- 
tent ces  trois  caraderes  dans  leurs  compofés  ,  comme  , 
veautrer  ^  qui  vient  de  veau  ;  beau  -pe'e  ^  Beauvais  ,  beaU" 
jeu  y  beaupré  ,  &c.  qui  font  compofés  des  mots  beau  Se  pe^ 
re  ,  jeu  &  pré  ,  Sic. 

Nous  avons  quelques  nom.s  qui  o\m  aux  au  fingulier  , 
CQViwwzfaux  ,  inllrumcnt  à  faucher,  &:  faux  ,  adjcétif; 
c'eft  de  ce  dernier  que  viennent  les  Q.om^o((i^  faux-bour^^^ 
faux  fuyant .,  faux-pas  ,  faux-jour  ,  Sic.  Nous  en  avons 
peu  qui  aient  au  à  leur  fmgulicr  ,  n:h  c[nQ  gruau  ^  noyau  y 


V  O  Y  fjr 

Bec.  Eu  général  ceux  qui ,  comme  les  deux  précédents  , 
ont  immédiatement  avant  le  fon  au  une  voyelle  quin'eft 
pas  un  e  muet ,  prennent  aux  à  leur  pluriel  j  aufll-bieii 
que  tous  les  noms  terminés  en  i^/.  Se  qui  ont  un  pluriel  en 
aux  ^  com.me ,  mal  ^  maux  5  métal  ,  métaux  j  facerdom 
tal ,  facerdotaux  3  maréchal ,  maréchaux  5  cheval ,  c/^^- 
rtf//A; ,  &c. 

Tous  les  noms  terminés  en  au  &  dans  lefquels  ce  fon 
eft  fuivi  d'un  t  ou  d'un  1/  ,  ne  prennent  point  non  plus  \'e 
muet  avant  ^z^.  On  peut  le  plus  fouvent  reconnoître  11 
un  nom  doit  avoir  ce  r  ou  ce  i/ ,  par  quelque  mot  ana- 
logue dans  lequel  cette  coi'.fonne  ell:  fenfiblc  ;  ainfî  j'é- 
crirai ,  faut  ^  ^/7^"^  5  à  caufe  ào.  fauter  -^  haut  à  caufe  de 
hauteur  y  &cc  ;  ruflaud  ,  nigaud  ,  échajfaud  ,  maraud  ,  Sec, 
me  paroîtront  devoir  finir  par  un  d  ^  quand  je  penfcrai 
aux  mots,  ruflaude^  nigauderie  ,  échajfaudage  ,  marauder. 
Sec.  chaud  prend  aufli  un  d  j  Se  réchaud  prend  un  don  un 
t  indifféremment ,  Ssic.  Les  pluriels  de  ces  différents  noms 
ont  les  uns  auts  ,  comme  ,  Jauts  j  les  autres  auds ,  comme 
marauds. 

Le  plus  grand  nombre  des  noms  terminés  par  le  fon 
au  prennent  un  e  muet  avant  Vau  5  mais  pour  cela  il  faut 
que  cette  tcrminailon  foit  pure  ,  c'éft-à-dire  ,  qu'elle 
n'ait  aucune  confonne  qui  en  faffe  la  clôture.  On  peut 
encore  les  reconnoître ,  au  moins  la  plupart  ,  par  des 
mots  analogues  dans  lefquels  la  Cyliahz  au  fera  changée 
en  el  j  comme  ,  heau  ,  bel ,  nouveau ,  nouvel ,  fourreau  ; 
fourrelïer ,  bourreau  ,  bourelle  ,  jumeau  ^jumelle  ,  niveau  , 
niveler  ,  mufeau  ,  mufeliere  ,  morceau  ,  morceler  ,  mon-- 
ceau  ,  amonceler  y  marteau  ,  marteler  ,  manteau  ,  mante- 
let  ,  ruijfeau  ,  ruijfeler ,  râteau  ,  râteler ,  Sec. 

Il  y  en  a  plulîeurs  pour  lefquels  vous  ne  trouverez 
pas  de  mots  analogues  qui  foient  aujourd'hui  en  ufage  ; 
mais  pour  peu  qu'on  ait  de  connoillance  de  ce  qu'étoic 
autrefois  notre  langue  ,  on  faura  qu'elle  en  avoit  ;  ainll 
l'on  fait  affez  que  pour  château  ,  on  difoit  autrefois 
châtel ,  vel  pour  veau  ,  taure  ou  taurelle  pour  le  féminin 
de  taureau  ,  oifel  pour  oifèau ,  Sec  ,  s'il  y  en  a  quelques- 
uns  pour  lefquels  on  n'zn  trouve  point  (1  facilement  , 
com:iie,  eau  ,  rifeau  ,  rideau^  rofeau  ,  Sec.  c'eft  àl'ufage 

Lliv 


'5P  V  O  Y 

&  aux  Di<^ionnaires  qu'il  faut  recourir.  On  ne  peutj 
guère   donner  de  meilleurs  principes  que  ceux    qu'on* 
"vient  de  voir  ,  à  moins  qu'on  ne  donne  des  liftes  com- 
plettes  ,  ce  qui  n'entre  point  dans  le  plan  de  cet  ou- 
vrage. 

Tous  les  noms  qui  ont  eau  au  fingulier  ,  y  ajoutent  la 
confonne  x  au  pluriel  ^  comme  ^  hameaux  ,  chaiu" 
me  aux ,  &c. 

De  la  voh  ou. 

Le  Ton  ou  s'ccritpar  cm  fîmple  dans  la  conjonction  ou. 
te  dans  quelques  noms  ,  comme  ,  coucou  ,  hibou  ,  chou  5 
mou  qu'on  écrivoit  autrefois  mol  ^  Jou  que  quelques-uns 
écrivent  encore /o/j  on  écrit  aullî  ce  même  Ton  par  oul^ 
dans  Joui  (  railafié  )  ,  que  plufieurs  Auteurs  écrivent 
faoul  :  par  août  dans  le  nom  du  mois  d'Acût  ;  par  ou. 
dans  l'adverbe  de  lieu  ,  ou  prononi  ou.  Fou  (  infenfé  ) 
S'écrit  toujours  par  ou  ,  excepté  devant  les  noms  qui 
commencent  par  une  voyelle  j  alors  on  écmfol,  com- 
me/o/ûTTzoz/r  .•  il  en  eft  de  même  de  cou  ^  on  écrit  col 
allongé. 

L'adjeélif  tout  prend  un  t  au  fîngulier  3  &  ajoute 
en  s  au  pluriel  touts  5  on  écrit  de  même  le  bout  ,  le 
^owr  ,  &c.  quelques  noms  en  ou  prennent  un  x  ail 
]^ngulier  ,  comme  ,  toux  &  fur-tout  plufieurs  adjedifs, 
comme  ,  roux  ,  doux ,  &c.  on  peut  les  reconnoître  par 
des  mots  analogues,  oti  cette  confonne  eft  remplacée  par 
deux  s  ou  un  c  ,  comme  ,  roufje  ,  douceur ,  toujjcr  y 
Sec.  Le  verbe  coudre  s'écïit  au  préfcnt  y  je  cous  ,  tu  cous  , 
il  coût. 

Les  noms  en  ou  qui  fîniffent  par  une  confonne  y  joi- 
gnent un  s  au  pluri';l  j  comme  ,  les  bouts  ,  les  coups  , 
qui  font  au  fîngulier  bout,  coup,  &c.  ceux  qui  n'ont 
point  de  confonne  après  ou  ,  prennent  pour  leur  pluriel 
un  a:,  comme,  hiboux ,  choux  ,  &c  ;  quoique  plufieurs 
y\uteurs  prétendent  qu'il  cft  mieux  d'écrire  par  un  s  , 
kibous ,  chous  ,  &c  j  c\'l\  ainfi  en  effet  que  s'écrivent 
720US  ,  ro«j  ,/^^-r  j  moùj  ,  &c. 

Kous  n'avons  parlé  du  fon  ou  que  relativement  aux 


V  O  Y  5Î5 

*4Iabes  finales  ,  paKccqu'aiIlcurs  il  ne  fouffre  point  de 
Yariation  ,  ou  l'écric  toujours  par  ou  limplc. 

De  la  'VOIX  u. 

De  toutes  les  voix  fimplcs  de  la  langue,  celle-ci  eft 
Une  de  celles  qui  varient  le  moins.  Au  commencement  , 
au  milieu  &  à  la  fin  des  mots  ,  elle  s'exprime  par  un  u 
fimple  ,  comme  ,  tumulte  ,  tutele  ,  mufes  ,  mutiler  ,  fu- 
tile ^fruciueux ,  venu,  dû  ,  &c.  ce  dernier  prend  un  ac- 
cent circonHe  ,  pour  qu'on  le  puiile  diftinguer  de  l'arti- 
cle du  qui  n'en  a  point.  Puer  s'écrit  au  préfcnt ,  je  pus  , 
tu  pus  ,  il  put.  Les  imparfaits  du  fubjondif  terminés  en 
u ,  prennent  un  r  &  un  accent  circonflexe  j  comme  5 
il  fût  ,  il  pût ,  des  verbes  être  ,  pouvoir  :  au  préiérit ,  ils 
prennent  le  t  fans  accent  ,  comme  ,  /'/  refut ,  il  fut ,  &c, 
quelques  noms  ajoutent  aulli  un  t  à  leur  u  final ,  com- 
me ,  l>ut  ,fût  ,  affût ,  début  y  &c.  Le  verbe  avoir  a.  pour 
prétérit  le  Ton  u  qui  s'écrit  ,  j'eus  ,  tu  eus  ,  il  eut  i  Se 
pour  participe  le  même  Ton  qui  s'écrit  eu,  j'ai  eu  ,  &c. 
Les  noms  terminés  en  u  prennent  un  s  pour  leur  plu- 
riel ,  comme  ^vertus  ,  débuts,  &;c.  il  y  en  a  même  qui 
ont  cette  confonneà  leur  fîngulier,  comme  ,  refus. 

De  tour,  les  Tons  fimples ,  il  ne  nous  refte  a  examiner 
que  ceux  qu'on  appelle  communément ,  voyelles  nata- 
les ,  &  qui  fe  réduifent  à  quatre  ,  an  ,  en  ^  on  ,  un  :  nous 
allons  les  reprendre  de  fuite  ,  &  détailler  les  variations 
de  l'orthographe  pour  leur  exprcfîion. 

Des  voix    AN  ,    EN  ,    ON  ,    UN. 

Le  Ton  nazal  an  s'écrit  par  un  an ,  ancêtres  ;  par  un 
am  y  chambre  3  par  un  en  ,  entier  5  par  un  em  ^  emploi  5 
par  un  aen  ,  Caen  ;  enfin  par  un  aon  ,  Paon  (  oifeau  )  , 
Laon  (  ville  ).  Voilà  prefque  tout  ce  que  les  Grammai- 
riens peuvent  dire  fur  ce  premier  fon  nazal;  ils  ajoutent 
cependant  que /i^/z  ,  petit  d'une  biche  ,  &  leurs  dérivés 
faner  ,  &:c.  s'écrivent  commue  p^o^z  j  faon  ^faoner  ,  pao^ 
ne  j  paoneau  ,  fe  paoner ^  Sec.  cette  énumération  ciï  ailée 
à  faire  ,  parceque  nous  n'avons  que  ce  petit  nombre  de 


ÎH  V  O  Y 

mots  qui  fe  prononcent  an  ,  &  qui  s'écrivent  aon.  \\  çM 
cil  de  même  de  i'expreflion  aen  ;  il  n'y  a  que  le  nom  de 
Ville  rû<:«  ,  qui  s'écrive  comme  on  le  voit  ici ,  &  qui  fe 
prononce  an^  Can. 

Mais  entre  les  mots  dans  lefquels  fe  trouve  le  fon  an , 
^wzh  font  ceux  où  ce  fon  s'exprime  par  an  y  ou  par  era  j 
quels  font  ceux  où  il  doit  prendre  un  e  au  lieu  d'un  a  , 
un  m  au  lieu  d'un  n'i  Comme  l'énumération  en  feroit 
trop  longue  ,  quelle  règle  doit  diriger  là-delTus  ?  quel 
principe  peut-on  établir  ?  voilà  ce  qu'il  faudroit  favoir 
pour  î'ortiiographe  de  ce  fon  ,  &  ce  qu'aucun  Giammai- 
nen  n'a  enfei^^né.  Il  ne  faut  point  en  faire  un  crime  aux 
auteurs  ;  ce  défaut  ii  confidérable  qu'on  retrouve  dans 
Toutes  nos  Grammaires,  eft  une  fuite  nécelfaire  des  va- 
riations de  la  langue  :  l'ufage  feul  fait  loi  i  &  l'ufage  ne 
paroît  en  ceci  fuivre  aucune  règle  j  comment  les  Au- 
teurs qui  ne  peuvent  confulter  que  l'ufage,  en  pour- 
roient-ils  établir  ?  Cependant  on  fupplée  autant  qu'on 
peut  aux  règles  qui  manquent  ,  par  quelques  obferva- 
tions  particulières  que  nous  allons  recueillir  ,  autant  du 
moins  qu'elles  nous  paroîtronr  utiles. 

Comme  avant  les  trois  confonnes  b  ,  p  ^  m ,  on  nç. 
met  jamais  la  lettre  n  ,  mais  toujours  m  ,  il  s'enfuit  que 
la  nazale  an  s'écrit  par  amou  em  toutes  le  fois  qu'elle  fe 
trouve  avant  ces  trois  confonnes  3  comm.e,  ambajfade  ^ 
embarras  y  ample  ,  empire,  emmaïllotier  ,  emmener  ,  &c. 
On  (cnt  d'après  le  principe  général  fur  lequel  cette  ob  ^ 
fervation  eft  fondée  ^  qifelle  eft  également  applicable 
aux  autres  nazales  ;  ainlî  l'on  écrit  ombrage  ,  humble  , 
rompre  ,  imp'ie  ,  imbu,  y  imprudent ,  Sec.  &  non  pas  j  on^ 
^^'i^ge^  hunble  y  ronpre  ,  &c.  Il  eft  quelques  mots  qui  au- 
trefois après  la  voyelle  nazale  prenoient  une  des  con- 
fonnes b  j  p  ^  Se  qui  aujourd'hui  ne  la  prennent  plus  , 
lelon  quelques  Auteurs  :  on  les  connoîu'a  aifémentpar 
J'analogie  ;  ceux-là  confervent  encore  m  pour  forinea: 
leur  nazale  ;  tels  font ,  prcmt  ,  domter ,  indomtable  , 
exemt ,  exemter.  Mais  la  fuppreflion  du  p  dans  ces  mots 
ifeft  pas  encore  généralement  admife.  Il  y  a  encore  ex- 
ception pour  les  prétérits  ,nous  tinmcs  ,  nous  vinmes  ,  & 
leurs  compofés  ,  r^ous  conùrjms  ,  nous  convînmes ,  &c. 


VOY  555 

^es  verbes  ,  tenir ^  venir ^  contenir^  convenir,  &c;  qui 
par  analogie  gardenc  n  ,  quoique  ce  foie  un  m  qui  fuive. 

Si  la  nazale  eft  fuivic  d'une  autre  confonne  ,  on  em- 
ploie le  n  plutôt  que  le  m  ,  comme  :,  ennuyer  ^  ronces  , 
entendre  ,  &c.  Dans  les  fyllabes  finales  on  ne  fe  fei  r  or- 
dinairement que  de  la  confonne  n  ,  foit  que  cette  finale 
ne  prenne  aucune  autre  lettre  après  elle  ,  foie  qu'elle  ait 
quelque  confonne  ^  comme  ,  chant  ,  écran  ,  banc  ,  f^ng , 
commun  3  quelqu'un,  rond  ,  fon  ,  &c.  il  n'y  a  d'exception 
que  pour  les  fyllabes  finales  qui  font  terminées  par  un  b 
ou  un  JE»  ,  comme  j  camp  ^  plomb  ^  temps  ,  &c.  cette  re- 
marque eft  encore  générale  pour  toutes  les  diverfes  na- 
zales. 

Nous  n'avons  de  noms  terminés  par  un  m  pur  ,  que 
quelques  noms  étrangers ,  comme,  Adam  ,  Abraham, 
un  Quidam  ,  on  dit,  une  Quidane  j  &  pour  les  autres na- 
zales  ,  Jérufalem  ^  Sichem  y  Sec.  daim  y  faim  ,  étaim 
(  laine  cardée  )  ,  ejfaim  ,  factum  ,  factotum  ,  quinquen- 
nium. ,  qui  fc  prononcent  facîon  ,  facîoton  ,  quinquen- 
nion  ;   &  parfum  ,  qu'on  prononce  parfun. 

Il  faut  avertir  ici  c^ucfacium ,  faâotum  ,  quinquen^ 
nium,  aufii-bien  que  Duumvir ,  Triumvirat ,  &c.  font 
prononcés  par  beaucoup  de  perfonnes ,  comme  s'il  y 
avoir  ,  faciomme  ,  quinquenniomme  ^  Duomm.evir,  Triom- 
mevirat  ,  &c  Oi\  voit  que  nous  ne  comptons  point  par- 
mi les  exceptions  ,  les  mots  nom  ,  pronom  ,  &c.  parce- 
qu'ils  ont  des  dérivés  011  cette  confonne  m  eft  afTez  in- 
diquée ,  comme  ,  nommer ,  pronominaux  y  Sec. 

Voilà  tout  ce  que  l'on  peut  dire  pour  décider  le  choix 
entre  les  confonnes  m  Se  n  dans  les  fyllabes  nazales. 
Mais  il  refte  de  grandes  difficultés  dont  nous  nous  tire- 
rons encore  moins  bien.  Dans  la  première  nazale  û/z,  celle 
que  nous  examinons  plus  particulièrement  ici  ,  quand 
eft-ce  qu'il  faut  employer  un  a  ou  un  e  ,  foit  devant  m  , 
foit  devant  n  ?  Pour  le  fentir,  nous  dit-on  y  il  faut  favoir 
le  latin  ;  on  écrira  ,  fang ,  les  fens  ,  un  cent  ;  comme  ,  le 
fang  des  ennemis  ;  le  Jens  commun  ,  cent  œufs  frais  ; 
quand  on  faura  qu'ils  fe  difent  en  latin  ,  le  premier  , 
fanguis  ;  le  Cccond  ,  fenfu s  ;  &:  le  rroificmc  ,  centum.  Ma:s 
il  paroitra  toujours  fort  fingulicr  aux  perfonnes  qui  ré- 


5?6  V  O  Y 

iîéchilTcnt ,  qu'on  envoyé  étudier  la  Lingue  Françoîfe 
dans  la  Latine  ^  &  fui-tout  notie  orthographe  dans 
celle  d'une  langue  qui  ne  refîemble  prefqu'en  rien  à  la 
jiôcrc. 

D'ailleurs  il  s'en  faut  bien  que  nous  fiiivions  les  mots 
latins  avec  autant  de  fcrupule  qu'on  le  penfe  5  il  en  eft 
«ne  fouie  qui  font  contraires  aux  principes  qu'on  éta- 
blit :  ou  dit,  par  exemple,  que  l'in  des  Latins  fe  change 
chez  nous  en  en  ,  comme  ,  intendere  ,  entendre-^  inter  , 
entre  ;  intrare  ,  entrer ,  &c  ;  cependant  fine  s'écrit  chez 
jïow^fans  j  latinus  ,  s'écrit  iadn. 

On  nous  donne  auilî  pour  règle  que  les  fyllabes  na- 
2:ales  qui  s'écrivent  en  Latin  par  un  e  ,  le  font  auffi  en 
François  ;  &  cependant  condemnare  ,  condemnatio  ,  &c. 
s'écrivent  3  condamner  ,  condamnation  ,  condamnable  y 
S:c.  On  fent  bien  que  nous  ne  voulons  pas  ici  accumu- 
ler les  exemples  qui  font  contraires  aux  règles  qu'on 
nous  donne  :  il  nous  fuffit  d'en  indioucr  quelques-uns  ; 
pour  peu  que  les  ledeurs  veuillent  y  faire  attention  3  ils 
en  trouveront  d'autres  à  chaque  pas  ,  &  fe  convaincront 
par  eux-mêmes  que  c'clt  avec  raifon  que  laous  rejettons 
des  reirles  fauiîes  &  étraniz;eres. 

Nous  renverrons  donc  aux  Diélionnaircs  pour  le 
choix  des  voyelles  a ,  t  dans  la  première  voix  nazale  ; 
fur-tout  fi  elle  ne  fait  point  la  clôture  du  mot  oii  elle  fc 
trouve.  Car  fi  elle  termine  le  mot  ,  nous  avons  une  rè- 
gle qui  fert  pour  les  adverbes  ,  Se  pour  les  gérondifs  ,  & 
les  participes  aélifs  prcfents  :  c'eft  que  pour  les  adverbes 
on  emploie  toujours  ïe-,  &  l'a  dans  les  gérondifs  ou  par- 
ticipes ,  comme  ,  finement  ^  épcrdâment ,  lâchement  ,  vail" 
iamment  3  priant  ^  aimant  j  voyant  ,  courant ,  difant  , 
&.  Pour  la  terminaifon  des  adjcdlifs  &  des  fubftan- 
tifs  ,  on  ne  peut  rien  ftatuer  :  on  dit ,  confiant ,  /avant  , 
préfent ,  dolent  ^  franc  ,  diamant  ,  moment ,  &c. 

Les  mots  terminés  par  le  fon  an,  ont  quelquefois  une 
confonne  muette  après  la  nazale,  &  quelquefois  n'en 
ont  point.  Tous  les  adverbes  &  gérondifs  prennent  un 
t  ',  prefque  tous  les  fubftantifs  &  adjeélifs  en  font  demé- 
jne.  Banc ^  blanc,  franc  ,  prennent  un  c  ;  rang  ,  fang  , 
prennent  un^,  Reprendre  fairyV  prends  ,  il  prend.  En 


V  O  Y  557 

lie  s'écrit  par  en,  que  dans  un  petit  nombre  de  mots  , 
comme ,  examen  ,  hymen  ,  am.en-y  encore  y  fait-on  (cn- 
tir  la  confonnc  n  piek]uc  autant  que  il  l'on  écrivoin 
examène  ^  hymene ,  amme. 

On  emploie  auili  les  deux  mêmes  lettres  en ,  lorfque 
cette  nazaie  eft  pi'écédée  d'un  i  ,  &  qu'elle  termine  le 
mot  fans  être  appuyée  d'aucune  conibnne  ,  à  moins 
qu'elle  ne  le  foit  de  j  ou  de  r  ;  comme  ,  mien  ,  tien  , 
Jien  y  maintien  j  bien  ',  lien  ,  Chrétiens  ,  Parifiens  ,  tu 
tiens  ,  il  maintient  ;  on  dit  auflî  ,  Chrétienté  ,  quoique  en 
n'y  foit  pas  final.  Partout  ailleurs  on  Te  lerc  de  in  ,  im  , 
<iin  ,  aim,  ein  ,  ou  eim.  Ce  n'eft  que  par  des  mots  analo- 
gues ou  par  l'ufage  que  l'on  peut  s'alfurer  de  laquelle  de 
ces  exprelfions  on  doic  fe  fervir  dans  les  occalions  parti- 
culières ,  fî  ce  n'ell  pour  eim  qui  ne  figure  que  dans 
Reims  ,  ville  de  Champagne. 

L'a  que  l'on  trouve  dans  humanité ,  manuel ,  vanité ^ 
panetière  ,  &c,  indique  l'exprellion  ai  pour  les  mots  A«- 
main  ,  main  ,  vain  ,  pain ,  &c.  Ue  qui  cft  dans  plénitude 
indiquera  ei  ^omplein  j  Scc^  mais  il  ne  faut  pas  regarder 
cette  analogie  comme  une  règle  toujours  infaillible  ;  oa 
dit  également, /;z</7ê  &  dejfmer  ,  &  Ton  écrit  jf/z,  dejfein  , 
&c.  Nous  avons  dit  tout  ce  qui  regarde  le  choix  entre 
les  lettres  m  8c  n.  Peindre  ,  craindre  ,  Sec.  font  au  prc- 
fent ,  je  peins  ,je  crains  ,  tu  peins  ,  r;-!  crains  ,  il  peint ,  H 
craint.  Il  eft  peu  de  noms  ,  foit  adjedifs  ,  foit  fubftaii- 
tifs  ,  terminés  par  cette  nazaie,  qui  prennent  après  elle 
une  confonne  muette  ;  en  quoi  l'on  voit  que  ccî^  ici  le 
contraire  de  la  nazaie  an.  On  conçoit  que  nous  ne  par- 
lons pas  des  pluriels  qui  prennent  s  feion  la  règle  géné- 
rale ,  comme  ,  les  biens ,  les  mains  ,  &c. 

La  voix  nazaie  on  s'écrit  par  on  ,  om ,  aon  ,  un  ,  um. 
Ces  trois  dernières  exprelîions  ne  fe  trouvent  que  dans 
fort  peu  de  mots  étrangers  ou  extraordinaires ,  comme, 
Munfter ,  Humbert ,  taon  :  ainli  nous  n'en  parlerons  pas. 
Nous  aurons  encore  moins  à  difcurer  fur  les  deux  pre- 
mières j  la  voyelle  y  étant  la  même ,  attendu  que  nous 
avons  dit  plus  haut  les  circonftances  où  l'on  fe  fert  de  m 
dans  les  nazales. 

Il  ne  reftc  donc  plu$  qu'à  voir  quels  noms  terminés 


5î8  V  O  Y 

paila  voix  ort,  prennent  une  confonne  muette.  II  en  efl 
peu  qui  en  admettent  3  on  dit,  tronc  ,  le  pied  d'un  arbre; 
blond  ,  rond ,  adjcd:iFs  '^mont  ^  montagne  ;  bond  (  faut  )  , 
fond  (  le  bas  )  Les  autres  noms  n'admettent  que  s  à  leur 
pluriel  ,  comme  ,  les  Jons  ,  boutons  y  Sec.  Tondre  &  les 
fcmblables  font  au  préfent ,  je  tonds  j  tu  tonds  ,  i/  tond, 
liompre  &  Tes  compofés  font,  je  romps  ,  tu  romps  ,  ii 
rompt  ;  toutes  les  premières  &  troifiemes  perfonnes  ter- 
minées en  on  font  ons  &  ont ,  comme  ,  tious  aimons  , 
nous  voulions  ,  nous  irions  3  ils  font  ,  ils  vont,  &c. 

Le  fon  un  varie  encore  moins  que  les  précédents  ;  il 
fait  prefque  toujours  un  ,  &  ne  prend  d'autre  confonne 
que  s  au  pluriel  ;  les  uns  ,  les  communs ,  &c.  Il  n'y  a 
que  parfum  qui  falfe  um  à  la  fin  du  mot ,  &  à  jeun  , 
qui  prenne  un  e  avant  un.  Quant  aux  autres  fyîlabes  le 
j>  &L  \z  b  veulent  um  avant  eux ,  comme  humble  :  ail- 
leurs il  faut  n. 

Il  eft  une  autre  voix  nazale  dont  nous  n'avons  pas 
parlé  ici ,  paicequ'ellc  ne  nous  a  pas  paru  une  voix  iîm- 
ple  5  c'efl:  oin  ,Join  ,  moins  ,  &c.  Nous  parlons  de  cette 
wazale  a  la  fin  du  mot  diphtongue  ,  parcequ'elle  n'eft  ea 
effet  rien  autre  chofe  que  la  diphtongue  oi  prononcée 
^u  nez. 


^ 


539 

X    ou    X  E 

^2\^  eft  unedes  confonnes  de  l'alpliabet:  voye^  Alpha- 
bet ,  Consonnes  6*  Prononciation. 

XEXE ,  eft  une  des  interjetions  acclamatives  ;  voye^ 
Particules  ^  Construction. 


Y 


efl:  une  des  voyelles  de  Talphabet  :  voye'^  Al- 
phabet ,  Voyelles  &  Prononciation.  Yeltaulli 
un  des  pronoms  perfonnels  pour  la  troifieme  perfounc  : 
royei  Pronoms, 

On  peut  le  voir  encore  parmi  les  adverbes  de  lieu  s 
voye^  Adverbe. 


ou 


Z  E 


iT  j  eft  une  des  confonnes  de  l'alphabet  :  voyez  Alpha* 
BET, Consonnes  6* Prononciation. 

ZEUGMA.  C'ell  une  forte  d'éllipfe  ;  voyez  fa  défini- 
tion &  fon  ufage  à  l'article  Ellipse  au  mot  ConsTBiUC-'. 
TION. 


JFin  du  Tome  fccond. 


54® 


I 


ADDITION. 


NCÎSE  ;  c'eil  un  membre  court  &  détaché  d\m6 
période  ,  comme  l'indique  alfez  le  mot  latin  incifum  , 
(coupé)  dont  il  eft  formé.  33  L'incife  ,  dit  M.  l'Abbc  Co- 
3)  lin  dans  fcs  notes  fur  fa  tradadion  de  l'Orateur  àç.  Cî- 
03  ccron  ,  ne  difere  du  membre  dans  la  période  ,  qu'en 
33  ce  qu'il  n'a  pas  tant  d'étendue  ,  6:  qu'en  ce  que  le  nom- 
33  bre  n'en  <z[\  pas  fi  complet.  Le  membre  détaché  efl 
33  femblablc  à  une  période  iimple,  comme  en  cet  excm- 
33  pie  de  Cicéron  dans  fa  féconde  Philippique  :  nulla 
33  caujà  jujhî  cuiquam  ejfe  pocefl  contra  patriam  arma  ca- 
33  piendi.  L'incife  n'eft  compofé  que  de  deux  ou  trois 
33  mots  ,  comme  ,furor  arma  minijîrat  :  quelquefois  il  eft 
33  renfermé  dans  un  feul  mot  ,  comme  dixit  33. 

On  fcnii:-a  peut-être  encore  mieux  cette  différence  par 
les  exemples  que  Cicéron  lui  même  en  donne  dans  fou 
vingL-quatrieme  chapitre  de  l'Orateur  ,  011  il  traite  des 
nfaeesdu  nombre  oratoire.  Mijfosfacijnt  patronos  ,  ipfi 
prodeant...  Cur  clandefiinis  confiliis  nos  oppugnant  ?  Cur 
de  perfugis  noflris  copias  comparant  contra  nos  ?  Ces  deax 
premières  phrafes,  dit  Ci.éron  ,  M ijjos  faciant  patronos, 
ipji  prodeant  ,  font  des  incifcs  ;  &  la  troifieme  ,  Cur  clan- 
deftlnis  confiliis  nos  oppugnant?  efl:  un  membre  :  la  qua- 
trième ,  Cur  de  pe-fugis  noflris  copias  comparant  contra. 
nos  ?  eft  une  parfaite  &  courte  période  ,  compofée  feu- 
lement de  deux  membres.  Il  ajoute  que  l'incife  doit  être 
compofé  d'un  pied  ou  de  deux  ,  ou  de  trois  tout  au  plus  , 
ou  d'un  pied  &  demi  ou  de  deux  &:  demi. 

Les  incifcs  &  les  membres  détachés ,  dit-il  encore  , 
font  d'un  i!,rand  ufage  6c  ont  beaucoup  de  poids  dans  les 
caufes  du  barreau  ,  fur-tout  dans  les  cenfures  ou  dans  la 
réfutation.  Il  eft  conftant ,  ajoutc-t'il ,  que  rien  n'eft  plus 
efficace  ,  r.i  plus  propre  à  rendre  le  difcours  vit  &  frap- 
pant ,que  CCS  parcelles  qui  n'ont  que  deux  ou  trois  mots, 
&  quelquefois  qu'un  feul. 

TABLE 


54* 


A 


TABLE 

DES    MATIERES. 

A 


,  Ton  de  r^,  &  les  changements  qu'il  produit  dans  lâ 
compofitiondes  mots  :  voyez  Voyelles  ,  pag.  5 1  i  :  voyez 
Prononciation  ^  p.  14^  :  voyez  Quantité  ,  f .  2.^2,  &  fuiv, 

•— -  Dans  quels  t<cms  des  verbes  prend-il  un  s  ou  un  t 
après  lui  ;  voyez  Voyelles  ,  p.  514&  51  j'. 

•—  Quand  eft-ce  qu'il  s'élide  j  régies  &  exceptions  :  voyez 
Elijion^p.  37^. 

A  ,  verbe  :  voyez  Accent  ,  p.  4. 

A  ,  prépofition  :  voyez  Accent  ^  p.^'  voyez  Article ,  124 
^  fuiv.  voyez  Prépofitions  ^  i<;9  ,  160  ,170 ,  lyi, 

A   DE  :  voyez  Article  ,  page  131. 

A  LE  :  voyez  Article,  page  iz8. 

A   LE  ,  pour  au.  A  les  ,  pour  ûwa:  :  voyez  Article  ,p,  117, 

A  QUI  ,  pour  h  celui  qui  :  voyez  Article ,  p.  130. 

A  non  élidé  :  voyez  Article  y  p.  11^. 

Absolu  ,  fens  abfolu  ,  manière  abColue  :  voyez  Conclure 

Absoute  (  fubftantif)  :  voyez  p.  i. 

Abstractifs  (  fubftantifs  )  :  voyez  Suhflantif^p^^oi^ 

Abstrait  (  fens)  :  voyez  Sens  abfirait ,  p.  3^7. 

Académique  (  ftyle)  :  voyez  Style  ^  p.  354. 

Accents  ,  leur  origine  &  leurs  fondions  :  voyez  Ortho^ 

graphe  yp.  $$  :  voyez  Prononciation ,  p.  14^  &fuiv. 
Accent  aigu  :  \oyç.z  Accent ,  P.  3  »  5  ,  7  >  *8  :  voyex 

Voyelles ,  p.  507, 
Tome  II,  M  m       "" 


54*  TABLE 

—  CIRCONFLEXE  :  voyez  Accent ,  p.  3  ,  j  ,  ë  -.  voyez 
Voyelles  ,  p.  y  1^  &  525. 

•-^  GRAVE  :  voyez  Accent ,  p,  ^  ^  4  :  voyez  Voyelles  , 
;?^^d  507» 

—  IMPRIMÉ  :  voyez  Accent  ^  p.  5. 
"— MUSICAL  :  voyez  Accent  ^  page  1, 
*—  NATIONAL  :  voyez  Accent ,  page  3. 
——ORATOIRE  :  voyez  Accent  ji'.  8  ,  9  ,  lo ,  ir.  ' 
— —  PROSODIQUE  eu  GRAMMATICAL  :  voycz  Accent  i  p. 

4,  5  >  ^>  7>  8,  5. 

Accents  :  voyez  /ouvert  à  l'article  Voyelles ,  page  51^, 
SU. 

Accidents  :  voyez  Comparai/on  ,p,  193  :  voyez  Conjonc- 
tions ,p.  loi  :  voyez  Mots  ,  ibid. p.  iS. 

AccLAMATivEs  (  particules  )  :  voyez  Particules ,  p.  84. 

Accusatif  ou  Objectif  :  voyez  D éclinai fin  ^ page  3196: 
3ZO. 

Acquit  ,  fubftantif  :  voyez  Acquérir  ^  page  13, 

Actifs  (  verbes  )  :  voyez  Verbe,  page  4(^9. 

Actionnées  (  fubftantifs  )  :  voyez  Subjîani if  , p.  401. 

ADAPTÉ  (  fens  )  ;  voyez  Sens  adapté  ,page  5  5  8. 

Adjectifs  :  voyez  Céfire  ,p.  174  &fiiv,  voyez  Degrés  de 
comparaifin  ,  p.  344.  voyez  Epithete  ,  p.  405.  voyez 
Mots  ,p,  i-j  :  voyez  Noms  jp.  41  :  voyez  Prépo/itions , 
p.  140  :  voyez  Pronoms  jj:?.  i8},i84,i85j  140  :  voy. 
Subftantif  ^  p.  400,  414. 

Adjectifs  (  verbes)  :  voyez  Verbe ^  p.  498. 

—  Quelles  font  leurs  règles  de  Syntaxe  :  voyez  Syntaxe  y 
,  ?.  451»  ^S2,&fuiv. 

—  possEsiFS  :  voyez  Ad jeBif  ^  p.  10  &  fuiv.  voyez  iùid.p, 
^i&  fuiv.  voyez  Pronoms, p,  1^0 /lii ,  181.         ^ 


DES    MATIERES.        54J 

•—  ipluriels  &  monofyllabes  ,  prennenr-ils  l'accent:  yoye2 

Voyelles  ,  page  j  1 3  ^ 
^-  PRONOMINAUX  :  vojcz  pûge  io  &  fuiv.  ibîd.p.j^i, 
*^  RÉGISSANTS  d'autrcs  noms  :  voyez  Syntaxe^  page  ^6z  ; 

voyez  auffi  Prépojitions. 
•~  QUALIFICATIFS  j  qucllc  cft  Icur  placc  dans  la  conftruc* 

tion  :  voyez  Conjlmclion  y  page  302. 
• —  qui  deviennent  fubftantifs  :  voyez  page  43 . 
•^  VERBAUX  :  yoytzp.  1^  &  fuîv.  p.  ly^  fuiv. 

—  unis  aux  noms  qu  ils  précèdent  :  voyez  Adverbe  ,  p.  -^1 
•^  Raprochés  les  uns  des  autres  :  voyez  p,  44. 

—  quels  font  les  pronoms  relatifs  qui  peuvent  avoir  à  leur 
fuite  des  adje<3:ifs  :  voyez  Pronoms  ,  page  m, 

•'—  qui  n'ont  point  la  terminaifon  féminine  ,  page  15  ,   lê 

Se  17. 
■^~  leur  diveifité  de  terminaifon.  Pourquoi?  voyez  Genre 

(  fyntaxe  )  ,;7^^e43o. 
•—  pris  adverbialement ,  page  43  &  j 7. 
•—PURS;  Adjeélifs  verbaux  :  voyez  Participes ,  page  74 

^-  Quels  font  ceux  qui  peuvent  être  modifiés  par  des  ad-* 
verbes  :  voyez  page  44. 

—  Quels  mots  peuvent  féparer  l'adjedif  du  fubftantif  $ 
voyez  page  3  8 . 

—  non  fufceptibles  de  degrés  de  comparaifon  :  voyez  De^ 
grés  de  comparai/ou  ,  page  348. 

-^  qui  n'ont  point  de  pluriel  mafcuîin  :  voyez  Adjectif  i 
page  17. 

—  Formant  un  fens  différent  fclon  qu'ils  précèdent  ou  fui^ 
Vent  le  fubftantif  :  voyez  Adjecîif  ^  page  37. 

M  m  ij 


544  TABLE 

•—  Quand  eft-ce  qu'ils  doivent  précéder  ou  non  le  fub-" 

ftantif  :  voytx  page  51  ^  fuiv, 
•—  Quels  font  ceux  qui  s'appliquent  également  aux  cho- 

fes  &  aux  peiTonnes  ,  &  quels  font  ceux  qui  ne  fe  difent 

que  des  perfonnes.  Exemple  tiré  de  Racine  :  voyez /«J^e 

4^  6?  fuiv, 

—  Leurs  rapports  avec  le  fubflantif ,  avec  l'article  ,  avec 
les  autres  adjedifs  ^  &  leur  conftruâiion  avec  les  diffé- 
rentes parties  du  difcours  :  voyez  Adjeciif  ^  page  lo  ^ 
fuiv. 

—  Leur  tetminaifon  aufingulier  &  au  pluriel  :  y oyzz  page 

— -  fufceptibles  de  régime  :  voyez  page  47. 

—  Terminaifon  de  plufieurs  d'entr'eux  :  voyez  Confirmes , 
page^si- 

>—  mÉtaphisiques,  VGytzpage  18. 

—  NOMINAUX  :  voyez  page  15?  &  fuiv. 

—  NUMÉRAUX  :  Yoyczpage  10  &  fuiv. 
•—  PHYSIQUES  :  voyez  page  18. 

Adjonctif  :  voyez  Ponctuation  ,  page  ni ,  113  ,  ii4„ 

Admiration  :  voyez  Figure ,  page  ^i^, 

Admonitivf.s  (  particules  admonitives  )  :  voyez  Particu^ 

les  y  page  8j. 
Adverbes  ;.  diiïerentcs  définitions  des  Grammairiens  ; 

quelle  eft  celle  qui  paroît  la  meilleure  :  voyez  p.  48  & 

fuiv.  voyez  Mots  ^  page  18. 

—  Leur  divifion  fuivant  leurs  différentes  manières  de  mo- 
difier :  voyez  page  j8  ^  fuiv.  voyez  aufli  Article  ,p,  147 
&fuiv.  voyez  ConjonBions ,  p.  100. 

Advirbes  &:  autres  mots  qu'on  emploie  pour  marquer  les 


DES    MATIERES.         545 

différents  degrés  des  tems  que  les  verbes  ne  fauroient 
marquer  :  voyez  Tcms  des  verbes  ^  page  478  &  fuiv. 

—  Leur  orthographe  :  voyez  Voyelles  natales ,  page  53^. 

—  étant  circonftanciels  ,  quelle  eft  leur  place  :  voyez 
ConJîruHion  ,  page  196. 

—  COMPOSES  :  voyczpage  5-7. 

—  MODIFIES  par  d'autres  adverbes  :  voyez  page  54. 

—  MONOSYLLABES.  Admettent- ils  la  céfure  entr'eux  6c 
les  autres  mots  auxquels  ils  font  joints  :  voyez  Céfure  s , 
page  178  &  180. 

—  fervant  d'objedif  ou  de  terminatif  :  voyez  Adverbe  , 
page  74. 

—  de  certitude  ou  de  doute  ;  y  oyez  page  ^8. 
*-  de  comparaifon  :  voy^z  page  69. 

*-  de  diftance  :  voyez  page  <î  3 . 

—  d'interrogation  j  en  exifte-t'il  ?  voyez  page  ji. 
^-  de  lieu  :  voyez  page  6i, 

—  de  motif:  voyez  page  71. 

—  de  quantité  :  voyez  page  64., 

—  de  tcms  :  voyez  page  6^. 

—  de  manieie  :  voyez  page  j^  ^  fuiv. 

—  d'ordre  ou  d'arrangement  :  voyez  page  ëi, 

—  réunis  ou  mis  de  fuite  :  voyez  page  6t  y  6^  ,  74. 

—  pris  fubftantivement  :  voyez  pagejj^, 

—  fimples  :  voyez  page  5  s  ^fuh. 

—  non  fufceptibles  de  degrés  de  comparaifon  :   voyez 
Degrés  de  comparaifon  »page  349. 

Adverbiale  ,  expreflîon  adverbiale  :  voyez  Gérondifs 

page  ^^1. 
Adversatives  (  conjondions)  :  voyez  page  106, 
JE  :  voyez  Orthographe ,  page,  je, 

M  m  iij 


54<^  TA    B     L     E 

AffiRmatif  ;  quelelt  Taffirmatif  dans  une  plirafe:  voyez 
Ferlée  ,  page  497. 

Ai  :  voyez  Prononciation  ,  page  x6i  &  fuiv. 

Ai,  dans  quels  mots  fe  met-il  pour  Vé  ouvert,  règles  Sc- 
exceptions  :  voyez  Voyelles  ,  page  5  i  6  &  fuiv. 

Aigu  (  accent)  :  voyez  Accent , page  3. 

Alexandrins  (  vers  )  ,  à  quels  genre  de  Poéfie  convien- 
nent-ils. Règles  i  exceptions  :  voyez  Arrangement  des 
vers ,  page  1 1 1 . 

Allé  :  voyez  Participe pajfé ,  page  80, 

AtLEdôRiEs  :  voyez  Figures  y  page  419  :  voyez  Tropes  ^ 
page  491  ^  fuiv. 

Allusion  :  voyez  Trcpes  ^page  49 1  &Juiv^ 

Alternatives  (  conjondions)  :  voyez  page  104. 

Amplification  :  voyez  Payons  ,page  9 3. 

An  :  voyez  Prononciation  ,  page  158  &  fuiv, 

-^  Voyelle  nazale.  De  combien  de  manières  ce  Ton  peut 
être  rendu.  Quels  font  les  mots  terminés  par  ce.  Ton  ,  & 
l'orthographe  même  pour  les  noms  dérivés  :  voyez 
Voyelles  ,  page  5336'  fuiv. 

Analogie  :  voyez  Conformes  ,  page  ,  151  :  voyez  Etymo* 
logie  ,  ibid,  page  405? . 

«•—  Son  utilité  pour  l'orthographe  :  voyez  Voyelles  ,  pag^ 

517.  531&  537. 
Analyser  ,  ce  que  c'eft.  Exemple  tire  d'un  Sermon  de 

MadiUon  :  voyez  page  5)8.  voyez  Genre  3  page  415;; 

voyez  Synthefe  »page  469. 
Antithèses  :  voyez  Amplification  ,p.  94:  voyez  Compa^ 

raifon  j  p.  1513  :  voyez  Figure ,  p,  419. 
Ana-crÉONtique  (  Ode  )  ,  Ton  caraderc  ,  Tes  règles  ,  5; 

k  ftylc  qui  lui  convicnç  ;  voyez  Ode ,  p.  45  &fuiv. 


DES    MATIERES.        547 

Antécédents  ,  quels  font  ceux  qu'on  fous-entend ,  & 
dans  quelle  occafion  :  voyez  Pronoms  relatifs  ,  /J.  107, 
208  &  109. 

«—  Ceux  des  relatifs  fouvent  difficiles  à  diftinguer  :  voyez 
Pronoms  ,  p.  1 1 6  ,  1 1 7  ,  1 20. 

Antiphrase  :  voyez  Tropes  ,  /J.  491  &  fiiv. 

Antonomase  :  voyez  Tropes  ^p.  491  &fuivt 

Apostille  :  voyez  Orthographe  ,  p.  55. 

Apostrophe  ,  fon  origine  &  fa  fondion  :  voyez  Orthogra^ 

P^e,p.^S' 
Appellatips  (  fubftantifs)  :  y oyç.7.  S ubjlantif  ^  page  401 

&  402. 
Appui  de  la  rime  :  voyez  Rime  ,page  3  37. 
Article  :  voyez  p.  38  &  fuiv.jufqua  la  p,  43  inc/u/hcm 

ment  :  voyez  Adjectif  ^  />.  10. 

—  Sa  conftru^iion  avec  les  différentes  fortes  de  hoîtîs  fub- 
ftaiitifs  ou  pris  fuhflantivement.  Règles  &  exceptions  : 
voyez  ArticU  ,  p.  135. 

—  Son  rapport  avec  le  pronom  démonftratif  :  voyez  Pra- 
noms  ,;>.  i99,iio,2  24&2i5:  voyez  P  reportions ,  p, 
140  ,  1^4 ,  1^5  :  voyez  Mots  ^  p.  18  ;  voyez  ConJlruC' 
lîon  y  p.  301  :  voyez  Degrés  de  comparaifon  ^  p,  347  & 
350. 

Articulation  :  Yoytz  Alphabet  ,  p.  83  ô?  faiv,  voyeï 
Confonnes  ,  p.  142  :  voyez  Diphtongues  ,p.  359. 

—  Simple  des  confonnes  :  voyez  Prononciation ,  p.  -247  & 
248. 

Argumentation  par  le  genre  :  voyez  Genre ,  p.  428. 
Arrangement  des  pronoms  régis  entr'eux  :  voyez  Pro-^ 

nom$yp,xoj. 
Assisis(féancc) ,  fubflantifdirivéd'^/^pir;  voy.j?.  153, 

Mxn  iv 


54^  TABLE 

AssERTivEs  (particules  alTertives)  :  voyez  Particules  l 

page  2  s. 
Association  des  adverbes ,  /».  ^i ,  ^5 ,  74. 
Attribut,  quel  eft  l'attribut  dans  une  phrafe  :  voyez 

Verbe  ^  p.  ^97  Se  499. 
Attributif  :  voyez  Ponéiuatwn,p,  ii^  ,11^ ,  114. 
Au:  voyez  ''Prononciation  ^  p.  z^  y, 
—  De  combien  de  manière  ce  Ton  eft  rendu  ;  des  noms 

terminés  en  aux  Se  en  au ',  leur  changement  en  el ,  Se 

l'orthographe  à  cet  égard  ;  voyez  Voyelles  ,  page  550 

&fuiv. 
Avant  que  ,  avant  que  de  :  voyez  Prépojîtions ,  p.  i6î  , 

Aucun  .*  voyez  Article  j  page  131,133. 
AuGMENTATiVES  (  conjonâiions )  :  voyez;?,  104, 
Avoir,  verbe  auxiliaire  :   voyez  Auxiliaire  ^  p  157.  & 

tomeW,  p.r6. 
Aussi  ,  adverbe  de  comparaifon  ;  voyez  Degrés  de  corn* 

paraifon  ,  />,  3  47  ô*  fuiv. 
Aussi  ,  employé  pour^?:  voyez;?.  6j» 
Auxiliaire  -.voyez  PaJJtf^  p.  9 1,  Se  Verèe,p,  ^00:  voyç» 

Subftantif  y  page  146, 

K 


B 


:  voyez  Prononciation  ^p,  x6é  ;  voyez  Voyelles  ^page 

5  3,4. 

Bâillement  :  voyez  Article  ,p.  iiè. 
Bas  (  mots  bas  )  :  voyez  Mots  ,  p.  ij»  :  voyez  l'art.  Style, 
Battue.  Subftantif:  voyez  Battre  ^  p.  161. 
Bien  ,  adverbe  de  quai i ce  Se  de  quantité  ;  voyez  Degrés  de 
comparaifon, p.  }^j^fuiv» 


DES    MATIERES.       549 

Bien,  figurant  comme  adverbe,  &  même  de  différente 
nature  5  comme  fubftantif  ayant  plufieurs  fignifîcations, 
&  comme  interjedion  ;  yoytT.  Adverbe  ^p.  6i  .-voyez 
Article ,  p.  147. 
Boire  (fubftantif)  :  voyez  Boire  (verbe)  ^p.iê^. 
Bouillie  ,  fubftantif  II  eft  aufTi  le  participe  féminin  du 
verbe  bouillir  :  voyez;?.  164, 

C. 

V^  :  voyez  Prononciation , p.  i8o  &  lîi, 
Cantatilles  :  voyez  Cantates  ,  p.  368. 
Caractères  :  voyez  Orthographes ^  P-  55- 
Caractère   des  Métaphores.  Obfervation  de  M.  de 
Voltaire  fur  ce  point  :  voyez  Métaphore  ,  p.  6. 

—  DES  PREUVES  :  voycz  Choix  des  preuves  ,  f.  1 87  &fiiv. 
Cardinal  (  nombre  )  :  voyez  AdjeSiif,  ;?.  3  3. 
Catachrese  :  voyez  Tropes  ,p.  491  &fuiv. 

Cause  :  voyez  Métonymie  ^  p.  9  :  voyez  Amplification^ 

—  exemplaire  :  voyez  Caufe ,  p.  170. 

—  efficiente  :  voyez  Caufe  ,p.  169  &  fuiv, 
-r-  finale  :  voyez  Cau/e  ,p.  i6^& fuiv. 

—  formelle  ivoyQzCaufe  ,  p.  169  &  fuiv, 
^-  instrumentale  :  voyez  Ct2/(/^, p.  170. 
-*■  matérielle  :  voyez  Caufe  ^  p.  169  &  fuiv, 

—  principale  :  voyez  Caufe  ^  p.  170. 

Ce  :  voyez  Article  ,  p,   134  :  voyez  Genre  ,  Syntaxe  ^ 
P-'-ge  4.^,1. 

—  pronOxM  :  voyez  Subfiantif  (verbe)  ,  p.  41^  :  voyez 
Impcrfonncls  ^p.  460  &  fuiv. 

«-  employé  pour//  imperfonnel  ;  voyez  Pronoms ,  p,  iiy. 


55©  TABLE 

—  étant  fubjeâif  des  verbes  pouvoir  &  devoir  ,  avec  un 
nom  pluriel ,  à  quel  nombre  feront  les  verbes  :  voyez 
Pronoms  i  p.  119. 

»—  ccant  avec  la  première  ou  la  féconde  perfonne  ,  foit  du 
fîngulier,  foie  du  pluriel ,  à  qaelle  perfonne  veut-il  fon 
verbe  ?  voyez  Pronoms ,  p.  118. 

— -  fuivi  du  verbe  être  ,  eft  de  tout  genre  &  de  tout  nom- 
bre a  quoiqu'indéclinable  :  voyez  Pronoms  ,  p.  117  , 
218 

»—  dans  quel  cas  il  fe  répète  :  voyez  Pronoms  ,  p,  117  & 
^1^  au  bas  de  la  page. 

—  pronom  démonftratif ,  fuivi  d'un  relatif  :  voyez  Pro^ 
noms  ,  p.  116  te  117. 

Ceci  :  voyez  Article  ;  p.  134. 

Ceci  ,  cela  ,  leur  différence  :  voyez  Pronoms^  p.  150. 

CÉDILLE  ,  d'où  tire  t-elle  fon  origine  :  voye  Orthographe , 
py  S  5  '  voyez  Alphabet  ,p.  89. 

Cela  :  voyez  Article  ,p.  1 54. 

Celui-ci  :  voyez  Article  ^p.  134. 

Certain  :  voyez  Article^ p.  îjz  &  133. 

C'est  lui,  c'est  moi  ,c'en  est:  yoytT. Pronoms ,p,  10 t. 

C'est  vous  a  qui  ou  c'est  a  vous  que  je  veux  par- 
ler :  voyez  Pr^rtom^  ,;?.  113. 

Césure  :  voyez  Enjambement  des  vers  ,  p.  i$é, 

Ch  ,  voyez  Orthographe  ^  p.  $61  voyez  Prononciation ,  p% 
175. 

Chacun  :  voyez  Article ,  /j.  1 31  &  1 3  5. 

Chaque  :  voyez  Article ,  ;?.  1 3 1  &  î  3  3 . 

Chevron  ,  forte  d'accent  :  voyez  Accent ,  p.  J. 

—  brisé  :  yoyCLConfonnes  ,  p.  i6^. 

Choix  des  arguments  :  voyez  Synthefe  ,  p.  46^8  &4^^. 


DES     MATIERES.         551 

—  DES  PRONOMS  AGISSANTS  :  voycz  PronoTTis  ,  p.  15 r 
jufquà.  la  page  195, 

Chutes  masculines  :  voyez  Jccent  ,p.  y, 
'—NOMBREUSES  :  voyez  Nombre  oratoire  ^  page' -^i ,  37 

Circonflexe  (  accent)  :  voyez  Accent , p.  3. 
^-  Accent  :  voyez  s  au  mot  Confonnes  ,  p.  ini. 
Circonstances  :  voyez  Amplification,  p.  5-3. 
Circonstanciel:  voyez  Infinitif  a  l'art.  Syntaxe  ,  page 

45"^  &  4J7  :  voyez  Ponctuation  ,p.  111,113  ,  114. 
Circonstanciels  :  voyez  Participes  3  p.  71  &fuiv. 
Clos  ,  fubftantif  :  voyez  Clore  ,p.  189. 
Collectifs  (  noms)  :  voyez  Article  ,  p.  137. 

—  Quelle  eft  leur  Syntaxe  avec  leurs  adjedifs  :  voyez  ^yrt- 
taxe  ,  p.  4P  &4^4. 

<—  (  nom  colledif  )  :  voyez  Perfennes  (  des  verbes  );5.  101. 

Combien  ,  prétendu  adverbe  d'interrogation  :  voyez  Ad' 
verbe  y  p.  7 1 .  à  fuiv. 

Comme,  pour  que  dans  un  exemple  tiré  de  Corneille: 
voyez  Adverbe ,  />.  60. 

Comment  ,  prétendu  adverbe  d'interrogation  :  voyez  Ad- 
verbe ,p.  71  6'  fuiv. 

Commis  ,  fubfrantif  :  voyez  Commettre  ^p,  191. 

Commise  ,  fubftantif  :  voyez  Commettre  ,  p.  191. 

Comparaison  (  degrés  de  comparaifon  )  ;  quand  le  fc- 
cond  terme  de  la  comparaifon  n'eft  pas  exprimé  ,  pltté: 
doit-il  avoir  l'article  :  voyez  Degrés  de  comparaifon  ^p^ 
550  :  voyez  Figure  ,p.  419  :  voyez  Métaphore  ,/'.  5, 

Comparaisons  :  voyez  Amplification, p.  94. 

Comparatifs  :  voyez  Particules  :,  p.  87  &  88. 

Comparatif  d'Égalité  ;  voyez  Degrés  de  comparai/on  ^ 


55i  TABLE 

Composé  ,  nom  compofé  :  voyez  Etymologie ,  p.  409. 

—  (  fens  )  :  voyez  Sens  compofé  ^  p.  5  j  8. 
Composition.  Modèle  de  cornpofition  très  utile  pour  les 

jeunes  gens  :  voyez  Synthefe  ,  p.  ^69&fuiv. 
Compromis  ,  fubftantif:  voyez  Compromettre ,  p.  1^4. 
Conclusions  :  voyez  Preuves ^ p.  175. 
CoNCLUSivEs  (conjonâ:ions  )  :  voyez/?,  m. 
Concordance  ,  de  l'adjedif  avec  le  fubftantif.  Règles 

générales  &  exceptions  jp.  30, 
Concret  (  fens  )  :  voyez  Sens  concret  >  jp.  ?  ^7. 
Concurrence  des  pronoms  agiifants  &  des  pronoms  ré- 
gis 5  quels  font  ceux  qui  ont  le  pas  dans  la  conftruc- 

tion  :  voyez  Pronoms ,  p.  200  &  fuiv. 
Conditionnelles  (  conjonâiions)  :p.  loy. 
Conductives  (  conjonftions)  :p.  114. 
CoNJONCTiF  :  voyez  Ponctuation  j;>.  iix  ,  11 3  ,  1 14. 
Conjonctions  ,  qui  marquent  degré  de  comparaifon  : 

voyez  Degrés  de  comparaifon  ,  p.  350  :  voyez  Mots  ^ 

page  j8. 
•—  Confîdérées  relativement  à  la  conftruélion  des  mots 

dans  une  phrafe  :  voyez  Confiruèiion  ,  p.  301. 

—  Ufage  des  confondions  dans  l'ordre  des  mots  d'une 
phrafe.  Règle  générale  :  voyez  Syntaxe, p.  à^CoOfuiv, 

•—  Union  deplufîcursconjondions  les  unes  avec  les  autres 
p.  Il  S  '  voyez  Conftru^ion  ,  p.  185. 

—  COMPOSÉES  :  voyez  Conjon^ ions  ,  p.  101  :  voyez  Pré^ 
pofnions  ,p.i(>%:  voyez  Style  ,p.  385»  :  voyez  Subjonc- 
tifs, l'article  Syntaxe  ^  p.  458. 

^—SIMPLES  :  voyez   Conjonciions  ,p.  loi. 

Conjugaison:  voyez  Verbe  ,p.  499. 

•—d'un  verbe  rÉe tÉCHi  ;  voyez  Réfléchi ,p.  518  i>'fuiv* 


DES    MATIERES.        555 

Consacres  (mots  confacrés  )  :  voyez  Mots ,  p.  lo. 

Conséquence  :  voyez  Pr<rttf^j  ,/?.  175. 

Consonnes  :  voyez  Alphabet ,  p.  ^6&fuiv.  voyez  Mots^ 

p.   19  :  voyez  Prononciation,  p,  2,47,    166,  &  fuiv. 

voyez  Tiret  j;?.  485. 

—  DENTALES  oi^  SIFFLANTES  :  voycz  Confonnes ,p.  144, 

—  FOiBLEs  :  vojtT.  Confonnes  ,  p.  i45. 
-^  FORTES  :  voyes  Confonnes  ,p.  145' . 

—  GUTTURALES  :  voycz  Confoums  ,  p.  144. 

—  LABIALES  :  voyez  Confonnes  ,  p.  144. 

—  LINGUALES  :  voyez  Confonnes  ,  />.  144. 

—  MUETTES ,  qui  ne  forment  aucune  aiticulation  :  voyez 
Diphtongues  ,p.  ■2,61. 

•—  NAZALEs  :  voyez  Confonnes  ,  p.  144. 
•—  PALATiALFs  :  voyez  Confonnes  ,  p,  244. 

—  REDOUBLÉES  :  voyez  Quantité ,  p.  ^c6. 

—  Réduplication  des  confonnes  :  voyez  Orthographe  ,  p. 
58&5P. 

Construction  :  voyez  Mots  ,  p.  18  :  voyez  Style ,  p. 
389  :  voyez  Suèjonciifk  l'art.  Syntaxe  ,  p.  458  :  voyex 
Syntaxe  ,  p.  451. 

—  FIGURÉE.  Règles  ,  exceptions  :  voyez  ConfruBion ,  p, 
179  &  305. 

—  GRAMMATICALE.  Rcglcs  &  cxceptions  :  Yoycï  ConJlruC' 
tion^p.zj^. 

—  GRAMMATICALE  dcs  différentes  parties  d'oraifoa  :  voyez 
Inverfon  ,p.  4^8. 

—  Qui  paroît  contraire  aux  règles  de  la  Grammaire  : 
voyez  Gallicifmejp.  418. 

—  DES  PRÉPOSITIONS  :  voycz  Prépofîtious  ,p,  1^4  ,  itfy, 
166  ,  I67,  lé^&fuiv. 


554  TABLE 

»—  Des  pionoms  perfonncls  félon  qu'ils  figurent  ^ans  les 
phiafes  ,  comroe  fubjedifs  ou  objeâiifs  :  voyez  Pro^ 
noms  jP,  191  ^fuiv.jufqualap.  zoy. 

—  VICIEUSE.  Exemple  tiré  de  Corneille  :  voyez  Amphibo*- 
logîe,p.9i. 

Contes  :  voyez  Fable  ^p»  4150 

Contraction  :  y oyzz  Article  ^  p,  ijl^ 

Contradictoires  en  Logique: p.  30^* 

Contraires  :  yoyz-L  Comparaifon ^  p,  1^5* 

CoPULATivES  (  conjonctions)  ^p.  zoz. 

Correction  ,  dansleftyle  i-^oyez  Style  ^p,  5S9  &  ^90* 

Couple  (  fubftantif  ) ,  eft  tantôt  mafculin  &  tantôt  fémi- 
nin :  voyez  Subftantif  ^p.  415. 

Couplets  :  yoyzi-Balade ^  p.  15^  :  voyez  Lai  &  Vire^ 
Lai,p.j^S^, 

Courant  ,  pris  fubftantivement  :  voyez  le  verbe  Courir , 
p.  308. 

Couvert  ,  pris  fubftantivement  :  voyez  le  verbe  Couvrir, 
p.  IC9, 


D 


:  voyez  Prononciation^ p.  1^7. 
Datif  ,  pour  la  Langue  Latine  :  voyez  Déclinai/on  ypa^c 

^19, 
D'autant  que  avec  apollroplie  après  le  d  :  dautant 

QUE  fans  apoftrophe  :  voyez  Conjonilion  ,  p.  zio. 
De  :  y  oyez  Article  ,  /?.  1 3 1  ,  1 3  7  &  141. 

—  Quand  ciï-cc  qu'on  doit  mètre  de  au  lieu  de  que  après  lé 
comparatif  p/a^  :  voyez  Adverbe  ,  p.  70. 

—  Particule  :  voyez  Adverbe  ,  p.  661  voyez  Prépofitions ^ 
p.  160  Se  ï6i  ,  170  ,  171  j  171. 

—  Prépofîîion  :  Voyez  Pajfif{  verbe)  fp,  91  :  voyez  Ar-^ 


D  E  s    M  A  T  I  E  R  E  s.       555 

îich ,  p,   1146»  fuiv.  voyez  Pronoms  ,p,  zii,  ^  au  bas 
de  la  page  m, 

—  Prépofition  ou  particule ,  conftruit  avec  la  condudive 
que  :  voyez  p.  zij. 

—  Prépoiîcion,  fuivi  d'un  verbe  à  rinfînitif:  voyez  Infinitif 
à  l'article  Syntaxe  ,p.  ^j6  ôc^^j. 

DÉCLAMATION  :  voyez  Accent ,  p.  8  ,  9  ,  lo,  11. 
DÉCLINAISON  ;  voyez  Article, p.  131. 
-La  Langue  Françoife  en  a-t-elle  ?  voyez  Déclinaifon , 
page  5  zc. 

DÉFAITE  ,  pris  fubftantivement  :  voye^  le  verbe  Défaire  ^ 

DÉFECTiFs  (  verbes  )  :  voyez  Verbe  ,  p.  yoo. 
DÉFINI  :  voyez  Article  ,p.  ii^, 

DÉFINITIONS  :  voyez  Amplification,  p.  ^3  :  voyez Pm- 
phrafes ,  /?.  94. 

—  Des  particules  :  voyez  Particules  , p.  8i ,  83, 

—  Des  prépofîtions  par  les  différents  Grammairiens.  Quelle 
eft  la  meilleure,;^,  iji,  151,  133,  137. 

—  Des  pronoms  &  leurs  fondions  :  voyez  Pronoms ,  page 
175,  I7^>l77. 

—  Du  fubftantif  :  voyez  Subftantif.p,  397. 

—  De  la  fyllabe  :  voyez  Syllabes  ,  p.  437. 
Degrés  de  comparaison  :  voyez/»,  zi ,  ;^; 
De  l'  :  voyez  Article  ,p.ii^  &' fuiv. 

De  LA  :  voyez  Article  ,  p.  i  z8  &fuiv. 

De  le  pour  du  :  voyez  Article  ,  p.  iij  8c  130. 

Demi-repos  :  voyez  Céfure  ,p.  174. 

DÉPARTIE  ,  pris  fubftantiyement  ;  voyez  le  verbe  Départir^ 

DÉ&ivi^  nom  dérivé  :  voyez  Etymologie ,  p,  40c), 


55<^  TABLE 

Des  ,  article  :  des  prépoficion  :  dez  à  jouer  :  voyez  :j;  auî 
m^t  Conformes  page  177. 

Des  :  voyez  Article  ,p.  iz8&i3o,  135&1416'  fuiv. 

Description  :  voyez  Topographie  ,p,  484. 

—  Poétique  :  voyez  Chrono^raphie  ^p.  jii. 

DÈS  LORS  ,  adverbe  :  voyez  Conjon^ions  périodiques  y  p, 
20^. 

DÉTERMINÉ  (  fens  ) ,  p.  55^. 

Devant  ,  participe  du  verbe  devoir  joint  à  un  autre  ver- 
be ;  voyez  Auxiliaire  ^  p.  i^j. 

Deux  :  voyez  Article  ,  p.  131  &fuiv. 

Dialogue  :  voyez  Profopopée  j  p,  187. 

Diphtongues  :  voyez  Voyelles  ^p.  50^  :  voyez  Syllabes^ 
p«435&4^^. 

Dire  ,  pris  fubftantivement  :  voyez  le  verbe  Dire,p,  56J. 

Discours  Académiques  -.voyez  Difcours ,  p.  1^66, 

DissiMiLiTUDEs  :  voycz  Comparai/on  y  p.  1^3. 

Dissyllabes  féminins  :  voyez  Accent ,  p.  6  8c  j, 

—  masculins  :  voyez  Accent  ,p.  6. 
Divisé  (  feus  ):  voyez  5^«^  ,  ;?.  5^8. 
Division  :  voyez  Analyfe  ^  p.  5)9. 

—  DES  PARTICULES  :  voyez  Particules  ,p.  83. 

—  DES  PRÉPOSITIONS  ,  en  fimples  &en  compofcds:  voy, 
Prépojitions  ,p.  135  ,  134. 

—  DES  PRÉPOSITIONS  ,  pat  Ics  rapports  qu'elles  expri- 
ment ,p.  138. 

—  DES  PRONOMS  :  voycz  Pronoms  y  p.  178. 

—  DES  SUBSTANTIFS  :  voycz  Subflautifs  y  p.  5P7  &fiiv. 
Dix  AIN  :  voyez  Balade  ^  p.  i<;^. 

Dont  ,  relatif,  terminatif ^oucirconftancicl  :  voyez  Pro^ 
noms  jp.  113, 

Dormir  , 


DES    MATIERES.         557 

Dormir  ,  pris  fubftantivement ,  voyez  le  verbe  Dormir  ,' 

Du  :  voyez  Article  ^  p,  izS  6»  fuiv,  voyez   Prépofitions , 

p.  i6o8cj6j, 
DypHTONGUEs  :  voyez  Mots  ,  p.  i^» 

E. 

JOj  '•  voyez  Orthographe  >  p    5  8  :  voyez  Prononciation  , 
p.  lyo  &fuiv.  voyez  Quantité, p.  198  &fuiv. 

—  Inflexions  de  la  voix  marquées  par  différents  accents  fitr 
cette  lettre  :  voyez  Accent ,  /?.  3. 

—  Quand  eft-ce  qu'il  s'élide.  Règles  &  exceptions  ;  voye» 
c    ^^^fion,p.yi9, 

— -  Bref  :  voyez  Accent ,  p.  6. 

—  Fermé  ou  aigu  :  voyez  Accent ,  p.  3  :  voyez  Adverbe  , 
p.  55  6*  yï/iv.  voyez  Voyelles  ,p.  j  ii  ^  fuiv. 

—  Long  :  voyez  Accent  ,  p.  3 . 

— -^uet  :  voyez  Accent  ,  p-  5  ,  <>  ,  7  :  voyez  AdjeÛif 
{genre  )  ,  p.  lo  ,  17  :  voyez  Article^ p.  i  lé  ;  voyez  C/- 
fure  ,p.  175  :  voyez  Harmonie  ,  p.  447  &  448  :  voyez 
Hiatus  jp.  4y  I  ^  fuiv,  voyez  StruBure  du  vers ^ p.  3  84  : 
voyez  Syllabes  ,  p.  437  &  441. 

— '  Quand  eft-ce  qu'il  prend  un  j  après  lui ,  quand  eft-cc 
qu'il  fe  prononce  &  ne  s'écrit  point  :  voyez  Voyelles  , 
p.  ^z^&fuiv, 

—  Ouvert  :  voyez  Accent ^  p.  3  :  voyez  Voyelles,  p.  ^16 
^  fuiv. 

Éclats  de  voix  :  voyez  Accent  oratoire  ,  p.  9. 

Écrit  ,  pris  fubftantivement  :  voyez  le  verbe  Ecrire ,  page 

374- 
Erp  E T  s  :  voyez  Amplification  ,  p.  9  5 , 

Tome  IL  N  n 


55^  TABLE 

Fppet  :  voyez  \^étonymie  ,  p.  ^. 

El  ,  dans  quels  mots  fe  met-il  pour  Vé  ouvert.  Règles  3c 

exceptions  :  voyez  V^oyellfs  ,  p.  ^i6&  fuiv. 
Élégance  de  style  :  voyez  Style  ,  p,  391. 
Élis  ION  :  voyez  Article  ^  p.    ii6  ^  fuiv.  voyez  Afplra* 

t'ion ,  p.  151. 
Elle  ,  pronom  perfonnel  aginant ,  &  quelquefois  régi: 
•    voyez  Pronoms  ,  /?.  1 8^ ,  100  &  104. 
Ellipse  :  voyez  Article  ^  p.  1 19  ,  131   6'  fuiv.  p.  T^6  8c 

146  :  voyez  Conflruâion  figurée  ,p.  304  :  voyez  Particu" 

les,  p.  87. 
Eloquence  :  voyez  Elocution  ^p.  381. 
En  :  voyez  Impératif ,  p.  460  :  voyez  Prononciation  ,  p^ 

ij%&fuiv. 
"—  Conftruit  avec  moi  :  voyez  Pronoms  ,  p.  105. 

—  Joint  au  pronom  réciproquey^  ;  voyez  Aller ,  p.  8z. 

—  Prépofition  :  voyez  Réfléchi  ,  p.  518. 

—  Pronom  :  voyez  Adverbe  ,p.  66. 

—  Pronom  &  prcpofition  ^  leur  difl-érence  :  voyez  Pro» 
noms  ^  p.  I  8i>  ,  150, 

—  Prépo(îcion  :  voyez  Prépojitions ,  p,  140,  160  :  voyez 
Gérondif,  p.  4.]i  &  fuiv, 

—  Voyeile  nazale.  De  combien  de  mnniciccefon  peut  être 
rendu.  Quand  elt-cc  qu'il  faut  fc  fcrvir  de  an  au  lieu  de 
en.  Règles  pour  les  noms  dérivés  :  voyez  Voyelles  3  p, 
533  &fuiv. 

Enclos  ,  pris  fubftantivement  :  voyez  le  \ zxhz  Enclore ,p, 

38S. 
Endormir  ,  (ignifiant  en  conter  ^  en  faire  accroire  ;  voyez 

Endormir ,  p.  588. 
Energie  ;  voyez  Style ,  p,  3^0. 


DES    MATIERES.       55^ 

ÊNTHYMF.MF.  :  voyc'i  Preuves  ,p.  ijU 

Entremise  ,  piis  fubdantivemcnc  :  voyez  le  verbe  Entre- 
meure ,  p,  40c, 

Envers  ,  prépcfition  :  voyez  vis  à  vis  j  avec  la  remarque 
de  M.  de  Voltaire  ,  p.  503. 

EnumÉration  :  voyez  Amplification  ,  p.  ^3. 

Envoi  :  voyez  Balade  ,  p>  1^9  :  voyez  Chant  Royal ,  ^* 
183. 

Equivoque  ,  Tour  ce  des  équivoques  :  voyez  Homonimes  ^ 

—  (  fens  )  :  voyez  Sens  équivoques  ,p,  ^$9*  " 
Es  ou  Ez  pour  AUX  :  voyez  Article  ,  p.  117. 

Est-ce  lui  ?  Est-ce  vous  ?  voyez  Pronoms  ,  p.  lor. 
Et  :  woyçzp.  3  3. 

—  Dans  quels  mots  fe  met-il  pour  l'é  ouvert.  Règles  SC 
exceptions  :  voyez  Voyelles  ,  p.  51^  &  fuiv. 

Etre  ,  verbe  auxiliaire  :  voyez  Neutre  ,/».  16  :  avec  l'ob- 
fervation  de  M.  l'Abbé  d'Oliver,  &  la  décifion  de  l'A- 
cadémie. 

—  Verbe  fubUantir  :  voyez  Céfure  ^p.  175. 

—  Quand  eft-ce  qu'il  eft  verbe  auxiliaire  ;  quand  eft-ce 
qu'il  efl:  verbe  fubftantif  :  voyez  Auxiliaire^  p.  157. 

—  Peut-on  employer  le  prétérit  du  verbe  être ,  je  fus  ou^zi 
été,  pour  celui  du  verbe  A  lier  ^  j'allai  ou  je  fus  :  voyez  le 
verbe  Aller  ,  />.  80  ,  6*  Conjugaifon  ,/?.  ziz. 

Êtymologie  ,  utile  pour  l'orthographe  :  voyez  Voyelles  , 
p.  y  17  :  voyez  Confonnes  ,p,xjz  &  fuiv,  voyez  Ortho- 
graphe ,  ;?.  5  8  ,  5^  ,  ^4 ,  &fuiv. 

Eu  :  voyez  Prononciation  *  p.  157  :  voyez  Voyelles  ,  p, 

Nnij 


^69  TABLE 

Euphémisme  :  voyez  Andpkrafe  ,p.  loi  :  voyez  Tropes^ 

p.  4^1  &  faiv, 
ExcLAMATivEs  ( particules cxclamativcs )  -.voyez  Partie 

cul  es  ,  p,  84. 
Exemples  :  voyez  Amplification  ^  p,  ^4  :  voyez  Choix  des 

preuves  j  p.  18 S. 
-~  Forme  des  preuves  :  voyez  Analyfe  d'un  Sermon  de 

Mûjfillon  ,  page  99. 
BxHiËiTivEs  (  particules  exhibitives  )  :  voyez  Particules  , 

page  85. 
ExPLETivEs  (particules  cxplctives)  :  y oyç.z  Particules  » 

page  8y. 
Explicatives  (  conjondions)  :p.  m. 
Expressions  :  voyez  Accent  oratoire  ,  page  ^, 
— -  aVerbiales  :  voyez  Article  ,  p.  144. 

—  De  manière  ,  d'ordre ,  de  lieu  ,  de  diftance ,  de  tcms  , 
de  quantité  ,  de  certitude  ,  de  comparaifon ,  de  motif  : 
voyez  page  7  5  6*  fuiv, 

—  NOBLES  ET  MAGNIFIQUES  :  voycz  Amplification  ,  (Fig. 
de  Rhet.  )  ,p.  94  voyez  Style  ,  p,  J90  &  39 1  ,  avec  les 
obfervations  de  M.  de  Voltaire. 

—  propres:  voyez  Style  y  page  388.  ^ 

—  (  hardielTtis  d'cxprelîion  )  :  voyez  Licences  Poétiques  , 
page^<)S. 

Extension  (  fens  par  extenfion  )  :  p.  5^1  &  361, 
ExTENSiVEs  (  conjondions  )  ,page  208. 
Extraordinaires  (  mots  extraordinaires)  ;  y.  Mots, 
p.i^  :  voyez  l'art,  StyU» 


BES    MATIERES.        5^1 
F. 

X^  '  Voyez  Prononciation ,  page  ^6j, 

Fables  :  voyez  Enjambement  des  vers  y  p.  "^9^» 

Façons  de  parler  usitÉf.s  &:  pourtant  irrégulieres : 

yoy tzpronoms  ,  page  114. 
Fait  ,  pris  rubftanùvemcnt  :  voyez  le  verbe  Faire  ^ page 

417. 

Familiers  (  mots  familiers  ):  voyez.  Mots  j  p,  lo. 

FÉMININ  (  genre  )  :  voyez  Syntaxe  des  fubfiantifs  ,  des  ad~ 
jeâifs  ,  &c. p  45  r  ,  45 z  ,  &  fuiv.  voyez  Genres  des  fub- 
fiantifs ,  p.  40  3  6"  fuiv. 

Feuille.  En  combien  de  fens  ce  mot  fe  prend  :  voyez  Ca^ 
tackrefe  y  p.  169, 

Figures  ;  voyez  Style ,  p.  3888:  3^4. 

—  De  mots ,  de  didion  ,  de  conftrudion  ,  de  penr(ées  î 
voyez  Figures ,  p.  419  :  voyez  Communication.  (  Fig.  de 
Rhétorique  )  p.  i^i. 

—  (  Rhétorique  )  :  voyez  PaJjTons^  p.  ^3. 

r-  convenables  a  la  preuve  :  voyez  Figures ^p,  ^10^ 

—  d'ornemens  :  voyez  Figures  ,  p.  411. 

—  propres  aux  passions  :  voyez  Figure  ,  p,  410. 
Figuré  (  fens  )  :  voyez  Sens  figuré  ^  p.  3^1. 
Formation  des  adverbes  ,p,  55  ^fuiv, 

—  DESTEMS  ;  voyez  Conjugaifon  ,p.i$6. 

Fort  ,  adverbe  de  quantité  :  voyez  Degrés  de  comparai* 
fin, p.  ^^y&fuiv, 

G. 

:  Voyez  Prononciation  y  p,  170» 

Génériques  ( noms)  :  voyez  Article ,  p.  î^6  ^  fuiv, 

—  (  Subftantifs }  ;  voyez  Subfiantif  ^ p,  398  ,  40c  &:  403. 

N  n  iij 


5^1  TABLE 

GÉNITIF  ,  pour  la  Langue  Latine  :  v.  Dédinaifon  ,  p.  ^i^ 
Genre  douteux  :  voyez  Genre  (  Syntaxe  )  ,  /?.  451. 

—  EPicENE  :  voyez  Genre  (  Syntaxe  )  ,  p.  43  r. 

—  &  terminaifons  différentes  du  pronom  ce  :  voyez  Pro- 
noms  démonjlranfs  ,  p.  ii6. 

—  DES  ADjECTiEs  :  voyez;?,  z  2,  6' yi'iv.  Règles  générales  & 
exceptions  ;  voyez  Syntaxe  des  jubflantifs  ,  &c.p.  4y.i  , 
4JX  &fuiv. 

-7  DE  l'adjectie  ;  Règles  générales  Se  exceptions  y  p.  30. 

—  Des  noms  individuels  perfonnificjues  voyez  Subjlamif , 
p.  417. 

-^  Des  noms  individuels  topographiques  :  voyez  Sulfjian- 

«—  Des  fubftantifs  génériques ,  fuivant  leurs  diiférentes 
terminaifons.  Règles  &  exceptions  :  voyez  Subjlantifyp. 

40  î ,  y""/?" '^  l<i  page  417- 

•*— Des  fubflantifs  individuels  chorographiques ,  voyez 
Subflantif  ^p.  415)  ,  410. 

Cens  (  fubftantif  )  ,  eft  tantôt  raafculin  ,  &  tantôt  fémi- 
nin :  voyez  Subflantif^  p.  40 <^. 

Gérondifs:  voyez  Prépofinons  ,  p,  153. 

• —  Leur  conftrudion  dans  la  phrafe  :  voyez  Gérondif  ^ 

»^  Leur  orthographe  :  voyez   Voyelles  natales  ,  p.  ^^6, 

Glace  ,  en  combien  de  fens  ce  mot  cfl  pris,  p.  169. 

Gn  ;  voyez  Prononciation  ,jt?.  171. 

Goutte  ,  terme  négatif:  voyez  Particules  y  p.  87. 

Grammaire  :  voyez  Etymologie  ,  p.  409. 

Grave  (  accent  )  :  vo)'^ez  Accent  ^  page  3. 

Grossiers  (  mots  grolfiers)  :  voyez  Mots  ^  p.  i^  :  voyez 

l'article  5Vy/£. 
Guillemets  :  voyez  Orthographe  ,  p.  jy. 


H 


D  E  S    M  A  T  I  E  R  E  S.        5(^5 

H. 


afpiré  ,  h  non  afpiré  :  voyez  Article  , p.  ii6:  vôycx 
Jfpiratîon,  p.  150.  il  y  a  une  lifte  de  la  plupart  des 
mots  commençant  par  un  h  arpirc  :  voyez  Hiatus  ^  pag£ 
451  &fuiv.  voyez  Prononciation,  p.  zj9  &  180. 

Harangue  :  voyez  Difcours  ^page  t,6j. 

Harmonie  DANS  le  Style  ?  voyez  ^ry/^  ,  p.  353. 

Harmonieux  (  mots  harmonieux  )  :  voyez  Mots  ^p.  lo: 
voyez  /es  art.  Style  &  Harmonie. 

Hellénisme  :  voyez  Conftrucîion, p.  304. 

Hiatus  :  voyez  Article  ,  p.  1 16. 

HoMONixMEs  :  voyez  Mo-s  ,  p.  19. 

HuiTAiN  woytx  Balade ,  p.  1^9, 

Hyperbate  :  voyez  Conftrucii on  figurée  ,  p.  304. 

Hyperboles  :  voyez  Amplification  ,p.  9^  '  voyez  Tro- 
pes  ,p.  491   &  fuiv. 

I. 

1  :  voyez  Prononciation  ,p.  15^  ,  ^75  =  ^^Y^^  Quantité , 
p.  301  &fuiv. 

—  De  combien  de  manières  le  fon  de  Vi  eft  rendu.  Des 
noms  terminés  par  ce  fon  ,  &  leur  orthographe  :  voyez  • 
Voyelle!  ,  p.  5 z6  6*  faiv. 

—  Quand  eft-ce  qu'il  s'élide.  Règles  &  exceptions  :  voyez 
Elijion  ^p.  379. 

Ia  :  voyez  Prononciation  ,  p.  1^1. 
Idiomes  ,  combien  de  fortes  :  voyez  Elocution  ,  ;?.  381. 
Je  y  pronom  perfonnel  agifTant  :  voyez  Pronoms, p.  184. 
Jeu  de  mots  :  voyez  Epigramme  ^p-  A^l  &  404. 

—  DE  PENSÉES  :  voyez  Allufion  ip,  8i. 

N  n  iv 


$(^4  TABLE 

Il  :  voyez  Imperfonnels  ,  p.  4^0  &fuiv, 

•—  Avec  les  verbes  imperfonnels  :  voyez  Pronoms  ,  page 

—  Occafionnant  amphibologie  :  voyez  Amphibologi'e .  Il  y 

en  a  un  exemple  ,p.  91. 
Il  Y  A  :  voyez  Particules  ,  p.  88. 
Ils  :  voyez  Pronoms  ,  p.  188. 

Images  dans  le  Style  :  voyez  Style ,  p.   35)4  :  voyez 
Enumération  des  parties  ,  p.  401  :  voyez  Epithete  y  page 
405  :  voyez  Hypotypofe  ^  p.  457  &  fuiv.  voyez  Méta- 
phore y  &  la  remarque  de  M.  de  Voltaire  ^p.-j. 
Imitatives  (  particules  imitatives  )  :  voyez  Particules  , 

page%^. 
Imparfait  du  subjonctif  :  quand  eft-ce  qu'il  a  lieu, 

voyez  SubjonBifh.  l'art.  Syntaxe  ,p.4^9. 
Impératif  :  voyez  Syntaxe  ,  ;?.  457  &  458. 
Impersonnel  (  verbe)  :  voyez  Syntaxe  ,p.  461. 
Impersonnels  («verbes)  :  voyez  Pronoms  ,  page  1^4: 

voyez  Verbe  ,  p.  500. 
ImprÉcatives  (  particules  imprécatives  )  :  voyez  Parti' 

cules  ,  /7.  84. 
ïîicisEs '.voyez  Pon^aation  y  p.  m   &  la  dernière  page 

du  fécond  volume. 
Indéfini  (  fens  indéfini  )  :  voyez  Article  ^p.  114,  146'. 
Indéterminé  (  fens)  :  voyez  Sens  indéterminé  ,  p.  j  y«?. 
Indicatif  ,  quand  eft-ce  qu'il  a  lieu  :  voyez  Syntaxe  ,  p, 

45^  &  4^0. 
IndiTidu  (fens  individu  )  :  voyez  Article  ,  p.  143  ^  fuiv. 
Individualiser  ,  individu ,  ce  que  c'eft,  voyez  Article , 

p»  I  zo  &fuiv.  voyez  auflî  ibid.  1 3  8. 
Individus  :  voyez  Genre ,  page  418. 
Individuels  (fubftantifs)  ;  y oy qz  S uhjlantif.p,  55)8,  4©i. 


DES    MATIERES.        5^5 

Infinitif  :  voyez  Pronoms  y  p.  191  ^  191  :  voyez  5yrt- 
taxe.page^^i  ,  451 ,  45^  &  457.  ^ 

—  Des  verbes  de  la  première  conjugaifon  prennent-ils 
J'accent  :  voyez  /fermé  à  l'article  Voydics  ^  page  511  : 
voyez  Noms  page  41. 

—  Des  verbes  :  voyez  Subfiantifs  ,p.  401  ,  414. 
Inflexion  df  voix  :  voyez  Accent  Oratoire,  page  5  ,  ,^, 

10  ,  II. 
InTierdit  ,  pris  fubflantivement  :  voyez  le  verbe  Inter- 
dire ,  page  ^64. 
Interjections  :  voyez  Mots  tpage  i  8. 
Interrogation  ;  voyez  Pronoms  ,page  195  ,  196, 
Intonation  :  voyez  Accent  Oratoire  ,p.  9. 
Invective  :  voyez  Figure  ,  page  419. 
Inversion  grammaticale  :  voyez  Hyperbate  ,p.4^6: 

voyez  ConjlruBion  Grammaticale  y  p.  Z9^  ,  6'  Conjîruc- 

tion  figurée  ,  page  3  o  J . 
Inversions.  Règles  &  exemples  d'inveriîons,  en  profe 

&  en  poéfic  :  voyez  Inverfion  ,  page  472.  &•  f^i'^' 
Ironie  ;  voyez  Antiphrafe  ^  p,  10 1  :  voyez  Contreventé  , 

p.  }c6  :  voyez  figure  ^  p.  4.19  :  voyez  Style  ,p.  388  ; 

voyez  Tropes  ,p.  491  &fuiv. 
Irréguliers  (verbes)  :  voyez  Verbe , p.  jco, 

K. 


K 


:  voyez  Prononciation  ,page  i8i. 
L. 


_j  :  voyez  Voyelles  ,  />.  518  :  voyez  Prononciation  ,  ^, 
178  &  17^. 

Mouillé  :  voyez  Orthographe ^p,  ^6  ;  woyzz Diphton» 
gue,p,  361. 


^66  TABLE 

La  y  adverbe  de  lieu  :  voyez  Accent ,  page  4  :  voyez  Arti^ 
de  ^p.  147  &  148. 

—  Article  &  pronom  perfonnel  régi  :  voyez  Pronoms  ,  p, 
189  ,  100  &  104, 

< — Pronom  :  voyez  Accent,  p.  j^  :  voyez  Article  , p.  147 

&  148. 
Laconique  (  ftyle)  :  Yoycz  Style ,  page  594. 
Langues  positives  ,  langues  tranfpofîtives  :  voyez  Conf 

truSiion  ,  page  z  8 1 . 
Le  y  article  &  pronom  perfonnel  régi  :  voyez  Pronoms  ^p. 

189  ,  100  &  104. 

—  Pronom  :  voyez  Confiructîon  ,  p.  ^9]  :  voyez  Article  , 
pageiàf-j  Scià,Z. 

Les  ,  pronoms  perfonnels régis  :  voyez  Pronoms ,p.  188, 

zoo  &  104. 
Le  ,  pronom  remplaçant  un  adjeâiif  eu  un  fubftantif  : 

voyez  Pronoms  ,  page  zoj  &  io6. 
Lequel.  Quand  e{t-ce  qu'il  faut  l'employer  pour  qui  : 

voyez  Pronoms  ,  page  1 1  j  &  1  li. 

—  Etant  fubjeârif,  objedif,  tcrminatif ,  ou  circonftan- 
ciel  :  voyez  Pronoms  ,  page  1 1 4  &  z  i  f . 

Lettres  supprimées  :  voyez  Accent,  page  3. 
Lettres  doublées.  Règles,  exceptions  :  voyez  Confon^ 
nés  ,page  141  &fuiv. 

—  Qui  s'écrivent  &  qui  ne  fe  prononcent  point.  Leur  ufa- 
ge  :  voyez  Orthographe ,  page  5  8 . 

Leur  :  voyez  Pronoms  ,  page  181. 

—  pronom  &  adjedif  poifeflif ,  leur    diffcrcnce  :  voyez 
Pronoms ,  page  188  ,  189. 

Î.F.URS  y  précédés  du  pronom  chacun  :  voyez  Pronoms , 
s   T^S€  i^iù  fuiv. 


DES    MATIERES.         ^G-j 

♦Licences  (  poétiques)  :  voyez  Arrangement  des ven , page 
I  lo  :  voyez  Confonnes  ,  page  171  :  voyez  Degrés  de  corn» 
paraifon  ,  p.  551  :  voyez  Enjambement  des  vers  ,p.  395 
&fuiv. 

—  Pour  les  mots  :  voyez  Licences  poétiques  p,  ^^7  ,  488 
&  489  :  voyez  Madrigal  ,  p.  i  :  voyez  Particules , p.  89. 

—  Quant  à  la-conH-ruâiion  :  voyez  Inverjion  ,page  475  : 
voyez  Licences  poétiques  ,  page  497, 

' — Relatives  à  l'orthographe  :  voyez  Licences  poétiques  ^ 
page  490  ,  491  &  fuiv. 

Liquides  :  voyez  Confonnes  ,p.  145  ,  t^6  &  i66. 

Litote  :  voyez  Tropes  ,  p.  49 1  ^  fuiv» 

Littéral  (  fens  )  :  voyez  Sens  Littéral ,  /?.  359. 

Littérature  ,  beautés  de  littérature.  En  quoi  elles  con- 
fident :  voyez  Goût ,  p.  435. 

LoGOGRiPHE  :  \ojzz  Enigme  ^p,  5-90. 

Lors  de,  picpoiîtion  :  voye;?:  Conjonctions  périodiques  , 
page  109, 

Lui  ,  pronom  perfonnel  agi/Tant ,  &  quelquefois  régi  : 
voyez  Pronoms  y  p.  i8/î  ,  1^3  6:  loo. 

L'un  l'autre  :  voyez  Pronoms  ,p.  izi  &  123. 

Luxe  des  nOxMBRes  :  voyez  Nombre  oratoire ,  p.  37. 

M. 

X  ▼  i  '•  voyez  Voyelles  ,  page  5  5  4  :  voyez  Prononciation  , 

page  176, 
Ma  ,  pronom  adjcdif  :  voyez  Adjectif  ^p.  ^i.&fuiv. 
Madrigal  :  voyez  Epigramme  ,/?.  405. 
Mais  ,  pris  fubftantivemcnt  :  voyez  Conjonéiions  adverja-? 

tives  t  page  2.06 . 
Masculin  (  genre)  :  voyez  Syntaxe  des  Subjiantifs ,  di^ 


5^8  TABLE 

jidjeBifs ,  6'<:.  p.  4ji  ,  451  ^fuiv,  voytz  Genres  det 
fubjlantifs  ,  pagt  4c  5  &  /i^iv. 

Me  ,  pronom  peifonncl  régi  :  voyez  Fwnoms  ,  page  184 
&  100, 

'—  Régime  particule  :  voyez  F  articulé  ,  page  8i. 

Meilleur  ,  adjeélif  comparatif  :  voyez  Degrés  de  compa- 
rai fin  ^  page  ^^^S. 

MÉLANGE  DES  RIMES  ET  DES  VERS  ;  voycz  Arrangement 
desvefsp.  107  &  fiiv. 

—  DES  VERS  :  voyez  Arrangement  des  vers  jp.  m. 
MÉLODIE  :  voyez  Harmonie  3 p.  44 y. 
Membres  composés  :  voyez  ConjiruBion  y  p.  301. 

—  DE  phrase  totale  :  voyez  Conftrucîion  ^ p.  303. 

—  DÉTACHÉS  DANS  UNE  PÉRIODE  :  voyez  Incife  à  la  fia 
du  tome  II. 

•—  DU  DISCOURS  :  voyez  Nombre  Oratoire  ^p.  31. 

—  Particuliers  dans  les  phrafes  incidentes.  Leur  ordre  en- 
tr'eux  :  voyez  Conjlruciion  ,  p.  30 3 ► 

Même  ,  pronom  indéfini  ;  adverbe. 

—  Placé  devant  ou  après  le  fubftantif ,  a  une  fignifica-» 
tion  bien  différente:  voyez  Pronoms , p.  13^  &  140. 

MÉTALEPSE  :  voyez  Tropes  ,/>.  491  &fuiv, 

MÉTAPHORES  :  voyez  Figure , p.  419. 

MÉTAPHORES  :  voyez  Catachrefe  y  p.  169  :  voyez  Ampli* 

fication  yp.  94  :  voyez  Tropes  ,  ;?.  49  1  Ù  fuiv. 
MÉTHODE  :  voyez  Amplification  ,  p,  54  :  yoyçz  Genre  ^ 

(  Rhétorique  )  ,  p.  419. 

—  pour  fe  guider  dans  l'étude  des  Langues  :  voyez  Gram- 
maire ,  page  440. 

MÉTONYMIE  :  voyez  Antonomafe  j  p.  105  :  voyez  Méca^ 
lepfe  j  /.  4  :  voyez  Tropes  »  4^  i  ^fuiv. 


DES    MATIERES.         s^^ 

Mien  :  voyez  Article  ,  p.  lo. 

Mieux  voyez  Degrés  de  compararfon  ,  p.  347.  ' 

Modes  :  voyez  Adjeciif,p.  55  :  yoyç.zSubJlantif,p.  399 
400. 

—  DES  VERBES  vojct  Syntaxc  ,  p.  4f  ï  ,  451,45^,  499' 
Modificatips  ;  yoyçzSuhfiantifs  ,p.  400. 
Modifier  ,  ce  que  c'cft  ,  &  quelle  différence  il  y  a  entre 

modifier  &  qualifier  :  voyez  AdjeBif^p.  51  &  fiiv. 
Mœurs  :  voyez  Exorde^p,  411. 
Moi  ,  pronom  perfonnel  agiflant  ,  &  quelquefois  régi  : 

voyez  Pronoms  ,p.  1 84  &  zoc. 

—  conftruit  avec  en  :  voyez  Pronoms  ,p,  105. 

—  n'étant  qu'une  défignation  :  voyez  Pronoms ,  p.  15  j. 
Moindre  ,  adjedif  comparatif  :  voyez  Degrés  de  CompU' 

rai/on  ,p.  348. 
Moins  :  voyez  Adverbe  ,p.  66  :  voyez  D-egrés  de  compa^ 

raifon^p.  347. 
Mon  ;  voyez  Article  ,  p.  131  &  fuiv. 
Monosyllabe  long  :  voyez  Accent  ,/>.  5  ,  6^ 

—  BREF  :  voyez  Accent ,  p.  ^ ,  6. 

—  (  adverbe  )  :  yoycz  Céfure  ^  p.  178  &  i 8g. 

—  FÉMININS  :  voyez  Accent ,  p.  6. 

—  MASCULINS  :  voyez  Accent ,  p.  6. 

Mot  ,  terme  négatif:  voyez  Particules  ,  p.  87. 
Mots  composés  :  voyez  Pronoms  y  page  141,  145. 

—  CONSTRUITS  :  voyez  Grammaire ,  p.  441  :  voyez  ConJ^ 
tru^ion  ,  p^^e  178. 

—  Écrits  :  voyez  Grammaire  ,  p.  441  :  voyez  Onhogra- 
phe.p.y^. 

—  PRONONCÉS  :  voyez  Grammaire  p,  441  :  vôyex  Pro- 
UQuciation  ^p,  ipy 


576  TABLE 

MoTivALEs  (  conjondlions  )  ,/j.  iio. 
Mouvement  :  voyez  Nombre  Oratoire  y  page  31. 
Moyen  (  ftyle  )  :  voyez  Style  ,  page  3  87. 
Muettes  ,  confonnes  muettes  qui  ne  fe  prononcent  pas: 
voyez  Prononciation 3 page  183  ,  184&  z8j. 


N 


N. 


:  voyez  Prononciation  ^page  i-jG^ 
Naies  (  mots  naïfs  )  :  voyez  Mots  ^page  zo. 
Naïveté  dans  le  style  :  voyez  Style  ^p.  591. 
Narration  :  voyez  Pon^uation  ,  p.  1 1^. 
Ne  :  voyez  Adverbe^ p.  68. 
,  —  Obfervations  effentielles  fur  la  particule  ne  :  voyez 

Particule  ,  page  8 8  &  8^. 
—  Particule  qui  veut  ordinairement  au  fubjondif  le  verbe 
qui  fuit  celui  qu'elle  accompagne  :  voyez  Subjondif  à 
l'art.  Syntaxe  ,/>.  458. 
NÉGATION  :  voyez  Pronoms  ,  page  190, 
Ne  pas  :  \X)yez  Adverbe  ^page  6  8. 
Ne  POINT  :  voyez  Adverbe  ,  page  68. 
Neutre  (  verbe  )  :  voyez  Pajftf ,  page  ^1  :  voyez  Verbe  » 

page  ^c)C), 
Ni  :  voyez  Adverbe  ,  p^gti  68. 
Nobles  (  mots  nobles  )  :  voyez  Mots  ,  p.  lo.  :  voyez  l'art. 

Style. 
Nombre  dans  les  mots  :  voyez  Nombre  j  p.  30. 

—  dans  le  style:  voyez  Style  ,p,  393. 

—  (  (îngulier  &  pluriel  des  fubftantifs  ).  Règles  &  exccp-  1 
tions  :  voyez  Subjiantif,  p.  410  &  fuiv.  voyez  Barmo^  51 
me,;?.  44J. 

<-  DES  ADjEcri5s.  Commcnt  du  finguliec  ils  forment  le 


DES    MATIERES.         571 

pluriel.  Règles  &  exceptions  :  voyez;?.  17  & fuiv. 

—  ORATOIRE  :  voyez  Nombre  ^p.  ji. 

Nominatif  ou  subjectif  :  voyez  Déclinai/on ,  p,  315) 

&  310. 
Noms  :  voyez  Mots  ,p.  16. 

—  qui  n'ont  point  de  pluriel  :  voyez  Subjlantif  ^  depuis  la 
p.  ^10  jufqu  à  la  p.  414. 

—  qui  n'ont  point  de  (îngulier  ;  voyez  Subjîûndf^  depuis 
la  p.  ^10  jufqu  à  la  p.  414. 

—  abftradifs  étant  joints  à  une  prépofition.  Quel  rapport 
ils  peuvent  avoir  avec  un  adverbe  :  voyez  p.  50, 

— ■  adjectifs  :  voyez  Adjectif ,  p.  16  &fuiv. 

-—  confidcrés  quant  à  leur   conftiudion  :   voyez  Conf" 

trublion  ,p.  301. 
*-  chorographiques  :  voyez  Suhjlantif  ^  page  403  ,  417 

&4i^. 

—  de  nombie  :  voyez  Nombre  ,  p.  1^, 

— •  de  nombre  adjedifs  :  voyez  Nombre  ,  p,  19, 

—  de  profeflion  :  voyez  Adjectifs ,  p.i$. 

—  de  nombre  j  d'accroilTement  ou  d'augmentation  :  voy. 
Nombre ,  /?.  30. 

—  colleûifs  ;  voyez  Nombre  ,  p.  10. 

—  de  diftribution  :  voyez  Nombre  ,p.  30. 

—  Snbftantifs  :  voyez  Nombre  ,p.  30. 

—  de  régions  ,  de  contrées ,  &c.  Quand  eil-ce  qu'ils  pren- 
nent l'article.  Règles  &  exceptions  voyez  Article  y  p, 
141  &fuiv, 

—  génériques  :  voyez  Article,  p.  1 35  &fuiv. 

•^  GÉNÉRIQUES.  Daus  qucls  cas  prennent-ils  l'article.  Rè- 
gles &  exceptions  :  voyez  Article  ,  p.  1 3  j  &-fuiyi- 

—  INDIVIDUELS ,  particuliers  ou  propres  ;  voyez  Article , 
.13;. 


57i      '  TABLE 

—  PERSONiriQUEs  :  voyez  Subjlandf  ^-p,  401  &  417. 

—  PROPRES  oz^  INDIVIDUELS  ;  quaiid  eft-ce  qu'ils  pren- 
nent l'anicle.  Règles  &  exceptions  :  voyez  Article ,  p, 
1 5  5  Ô'^^iv. 

—15  PROPRES  pour  un  nom  commun  ,  ou  nom  commun 
pour  un  nom  propre  :  voyez  Antonomafe  ^  page  105 
&  104. 

—  TOPOGRAPHIQUES  :  voyoï.  Subfiantif ,  p.  401  &  417. 
Non  :  voyez  Adverbe  jp.  68. 

Notre  :  voyez  Article ,  p.  151  &fuiv. 

Nous  ,  pronom  perfonnel  agiflant ,  &  quelquefois  régi  : 

voyez  Pronoms  ,p.  1 84  &  100. 
Nul  :  voyez  Article  ^  p,  1 3 1  &  1 5  5, 


o 


O. 


:  voyez  Prononciation  ,  p,  z^6  8c  257:  voyez  Quan^ 
tité ,p,  303  &fuiv. 

O  ,  voyelle  :  voyez  par  combien  de  manières  le  Ton  de  l'o 
cft  rendu  ;  des  noms  terminés  par  ce  Ton  ,  &  quelle  eft 
l'orthographe  à  cet  égard  :  voyez  Voyelles  ^ p.  jx^. 

Oa  :  voyez  Prononciation  ,p.  265. 

Objectif  ou  régime  :  voyez  Aâif,p,  i^  y  16  :  voyez  p, 

30  :  voyez  Adverbe,  p,  74  :  voyez  Infinitif,  à  l'article 

Syntaxe  y  p,  j^^C  &  457:  voyez  Participes  ,  p.   -jz  & 

fuiv.  voyez  Pon^uation  ,  p.  111,115,114  :  voyez  Syn^ 

taxe  ,  p.  461  Se  46^. 

Objet  d'une  action  :  voyez  ABif,p,  15. 

Ode  :  voy(^x  Stances  ,  page  376. 

Oe  :  voyez  Prononciation  ,  page  i6^. 

CE ,  quel  Ton  il  rend  :  voyez  Orthographe  ,p,  $6, 

—  Pour 


DES    MATIERES.       jyj 

^^  Pour  EU  :  voyez  Voyelles  ,  page  ^16 
Oi  ;  voyez  Prononciation  ^p,  163  &  fuiv, 

—  Dans  quels  mots  eft-il  pour  IV  ouvert  j  règles  &  ex- 
.  ccptions  :  voyez  Voyelles  ,  p.  5  i  ^  6*  faiv. 

On  avec  l'article  :  voyez  Pronoms  ,199^ 

—  Pronom  perfonnel  agilTanr:  voy.  Pronoms, p.  iqi,  1^4. 

—  Voyelle  nazàle.  De  combien  de  manières  ce  Ton  eftren- 
,  du  y  8c  l'orthographe  à  cet  égard  :  voyez  Voylies ,  page 

5  5  5  &  fuiv.  &  5  3  7  :  voyez  Analogie  ,p.  97  :  voyez  hn  - 
perfonnels, ,  p.  4(^0  :  voyez  Prononciation  ^  p,   258  é^ 

Opéra  :  voyez  Triolet ,  7?.  490. 

Opposes  en  logique  ;  voyez  Contraires , p.  30^» 

Optatif  :  voyez  Impératif  ^ p.  459* 

Oraisons  funèbres  :  voyez  ro72d  I  ^  p.  j  6j^ 

Oratoire  (  flyle  )  :  voyez  Style  ,  p.  394. 

Ordinal  (nombre)  :  yojzx' Adjectif  ^ p.  33^ 

Ordre  grammatical  :  voyez  Inverfon  ,  p.  ^66» 

— —  métaphysique  ou  suivant  la  génération  dès 
idÉï.s  :  \oyQZ  Inverfon:, p.  466. 

' —  ORATOIRE  :  Mojztlnverfon ip.  4^7. 

Orthographe  :  voyez  p.  3?  :  Voyez  chacune  dès  Con^ 
fonnes  ,p.  141  :  voyez  Adjccîif^p.  3  3  :  voyez  Diphton-^ 
gue  ,p.  ^60  &  fiiiv.  voyez  Etymologie  ,  p.  41  i  :  voyei 
Mots  ,/?.  I9  :  voyez  Prononciation  p.  z^''^  &fuiv, 

-^  Obfervations  fur  l'orthographe  ancienne  dc  fur  l'ortho- 
graphe moderne  j  que'le  c(i  celle  qu'on  dok  préférer  1 
voyez  Orthographe  y  P-  59  ,  ^ô,  61,  éi,  «^5,  &fuiv, 
voyez  tout  l'article  Voyelles  ,  p.  ^06  ^fuiv. 

Ou  :  voyez  Prononciation  ,  ^.  1  y  8. 

I —  De  combien  de  manières  ce  Ton  eft  rendu  ^  des  nomâ 
Tone  II,  Q  0 


574  TABLE 

termines  par  ce  fon  ,  leurs  variations  pour  le  féminin  Sc- 
l'oitliographs  à  cet  égard  :  voyez  Voyelles  ^p.  531. 
— ^  Adverbe  :  voyez  Accent  ,p.à^i  voyez  ibid.p.  6i, 

—  prétendu  adverbe  d'interrogation  :  voyez  Adverbe  ,  /?, 
71  ^  fuiv. 

-—  eonjondion  :  voyez  Accent ,  p  4. 

—  pronom  relatif  ne  pouvant  fervir  que  de  terminatif  & 
de  circonftanciel.  A  quels  verbes  peut-il  être  joint  : 
voyez  Pronoms  ,p.  116  &  117. 

-^  relatif,  ou  conjondion  :  voyez  Pronoms  ,  p.  210. 

Oui  :  voyez  Adverbe ,  p.  68. 

OuiN  :  voyez  Prononciation  ,  p.  163. 

Oyez  ,  féconde  perfonne  de  l'imparfait  du  verbe  Ouir  : 

voyez  là-delîus  les  obfervations  de  M.  de  Voltaire,  au 

Teirbe  Ouir  ^  p,  6%» 

P. 

Xf  :  Voyez  Voyelles  ,  p.  ^^/^. 

pANEGYRiquE  :  voyez  Difcours  ,p.  367. 

Par  ,  prépofition  :  voyez  PajfîffvQihç.  ) ,  p.  91, 

Parallèles:  voyez  Amplification  ,/>.  94  :  voyez  CompU:* 

raifon  ,  p.  193. 
Parcequf,  :  voyez  ConjonSîions  ,  p.  101. 
Par-ci  ,  par-la  :  voyez  p.  6t. 
Parenthèse  ,  fon  origine  &;  fa  fondion  :  voyez  Orthogra^ 

pke  ,p.ss. 
Parole  écrite  :  voyez  Orthographe  ,  p.  53. 
Participe  :  voyez  Conjugaifon ,  p.  iji  :  voyez  p.  ly  z 

voyez ,  p.  1^  :  voyez  Mots  ,p.  17  -  voyez  Noms ,  pa^e 

41. 


DES    MATIERES.       575 

—  PRÉSENT  ,  fes  variations  &  fes  règles  de  conftrudion  : 
voyez  Participe  pré fent,  p.  74. 

•~-  PASSÉ  ,  quand  eft-ce  qu'il  eft  adif  ou  pafTif ,  Tes  varia* 
tions  &  fes  règles  de  conftrudion  :  voye^.  Participe 
P^jf^ ,  V'  11  >  78  &^  fuiv.  voyez  Battre ,  p.  161  :  voyea 
PaJJlf{YQïhc)  j  ;?.  5?z:  voyez  Pronoms  ,  p.  184  &  i8j, 

—  pouvant  remplacer  quelquefois  les  pronoms  conjonc- 
tifs  ;  voyez  Syntaxe  ,p.  4^1. 

•—  quelle  eft  leur  Syntaxe  j  règles  &  exceptions  :  voyez 
Syntaxe  ^p.  ^6^  &  fuiv. 

—  ACTIFS  PRÉSENTS.  Leur  orthograplic  :  voyez  Voyelles 
natales  ^p.  53^. 

Particulariser.  Ce  que  c'eft  :  voyez  Article ,  p.  n» 

6*  fuiv» 
Particules  :  voyez  Adverbe  ^p.  ^8. 
•~  iNTERjECTivEs ,  Icurs  fubdivifions  &  leurs  loix  de 

conftrudion  :  voyez  Particules  ^ p.  $3. 

—  DISCURSIVES ,  leurs  fubdivifions  &  leurs  loix  de  conf- 
tru(fUon  :  voyez  Particules  ,  ;>.  8  3 . 

Partitifs  définis  :  voyez  Article  ,  />.  118. 

—  définis.  S'il  y  en  a  :  voyez  Article  ,/>.  ii8  ^ fuiv, 

—  indéfinis.  S'il  y  en  a  :  voyez  Article  y  p.  131. 
■—  (  noms  )  :  voyez  Article  ^p,  i^-j. 

Pas  :  voyez  Adverbe  ,  p.  66. 

—  particule.  Quelle  eft  la  raifon  du  choix  entre  pas  Sç 
point  :  voyez  Particules ,  />.  8^  &  87. 

Passif  ,  conjugaifon  du  verbe  paffif  :  voyez/?.  131, 
Passifs  (  veibes  )  n'ont  jamais  d'objedifs  voyez  Syntaxe^ 
p.  ^6]. 

—  (  verbes  )  :  voyez  Verbe  ^p.  49^. 
Passions  :  voyez  Style  ,  p,  3^1. 

Oo  ij 


57^  TABLE 

Peinture  ,  image  ,  en  fait  de  ftyle  :  voyez  "Hypotypofc  , 

p.  4^7  &  fuiv.  voyez  Narration  ,  p.  z^. 
PÉRIPHRASES  :  voyez  ^amplification  .'/>.  5)4. 
PÉRIPHRASE  :  voyei:  Euphcmifme  y  p.  411  :  voyez  Vajftf 

(  verbe  ) ,  p.  9 1  &  ^  1  :  voyez  Pléonafme  ;,  ;?.  104 ,  1 05  , 
■    &  10^  i  voyez  Tropes  ^  p.  491  Ù  fuiv^ 
PERIODE  :  voyez  Ponctuation  ,  />.   r  i  8  ,  i  ij?.  voyez  Cori/^ 

truBion  ^  p.  i88  :  voyez  Enj amt>ement,des  vers  ,p.  391  : 

voyez  încife  à  la  fin  du  tome  II. 
PÉRIODIQUES  (  conjoncSlionc  )  :  voyez;?,  ao^. 
Permission  j  figure  de  Rhétorique  :  voyez  Concejfton  , 

PÉRORAISON  :  voyez  Tajjions  (  Rhétorique)  ,p.  93. 
Personne,   pronom  perfonnel  agilfant  &  quelquefois 

régi  :  voyez  Pronoms  ,  p.  188  &fuiv.  voyez  p,  zoo  & 

faiv. 

—  terme  négatif  :  voyez  Particules  ^  p.  87  :  voyez  Pro^ 
nomsperfonnels ,  p.  liS}. 

—  des  verbes  :  voyez  Pronoms  ,  p.  1 84. 

—  fubftantif  :  voyez  Sul>ftantif ,  p.  409. 

—  des  verbes  :  voyez  f^erl^e  ,  /?.  499. 

Peu  ,  adverbe  de  quantité  :  voyez  Adverbe ,  page  64  & 

fuiv,  ^ 

Phrases.  Barbarifmcs  de  phrafes  :  voyez  Barbarifme  ,  p, 
\6i, 

—  cil  les  huit  parties  d'oraifon  figurent  toutes  en  arri- 
vant l'une  après  l'autre  fuivant  leur  rang  :  voyez  Conf 
traction  ,  p.  iSz  ^  fuiv, 

—  composée  :  voyez  Confirucîion  ,  p.  187. 
■ —  implicite  :  voyez  Conftrucîion  ^p.  187. 

<*-  INTÉGRALE  ;  voyez  Conjlruction , p.  187, 


DES    MATIERES.       577 

—  SIMPLE  :  voyez  Conflruciion  ,  p.  iZj. 

—  EXPLICITE  :  voyez  Conflruciion  ^  p.  187  &  i%$, 

—  DÉTACHÉE  :  voyez  Conflruciion  ,  jp.  188. 

—  PÉRIODIQUE  :  voyez  Conflruciion^ p.  188  ;  voyez  Par^ 
ticipe  ^p.  j6. 

—  SUBORDONNÉES  :  voyez  Ccnftrnéiion ,  p.  18^. 
-—  PRINCIPALE  :  voyez  Conflruciion  ,  p.  189. 

^-  EXPOSinvE.  Règles  &  exceptions  pour  la  conftrudion 
des  mots  qui  entrem  dans  cette  forte  de  phrafc  :  voyQ.z 
Conflruciion  .p.  zoo  &  i5»2.. 

—  iNTERROGATivE.  Sa  conftrudion  :  voyez  au  mot 
Conflruciion  ,  p.  z^o  &  15)8.  Règles  &  exceptions. 

—  iMPÉRATivE.  Sa  conftruftion  :  voyez  au  moi  Conflrue- 
r/o/z  ,/>.  290  &  2.58.  Règles  &  exceptions» 

—  INCIDENTES.  Lcur  place  :  voyez  Conflruciion  yp.  305. 

—  où  IL  Y  A  DEGRÉS    DE  COMPARAISON.    Lcur    règle    dc 

conflruftion  :  voyez  Degrés  de  Comparai/on  ,  pcige  3  5  i, 

voyez  Enjarnî^ement  des  vers  ,  p.  3^1. 
r-  COMPLETTE  :  voyez  Conflruciion  ,  p.  iZ6. 
•— INCOMPLETTE   :   voycz   Conflfu^ion  ^  p.  18^  :  voyez 

Nombre  Oratoire  ,  p.  32. 

•—  SIMPLES   ,    COMPOSÉES  ,      SUBORDONNEES    ,     dÉTA- 

CHÉES  :  voyez  Ponciuation ,  p,  iiz,  113,  114,  115, 
116  &  fuiv. 

—  PRINCIPALE,  SUBORDONNÉE  :  voyez  Sul>joncîif3.l'3.vt, 
Syntaxe  y  p»  ^^2. 

Pléonasme  DE  PHRASES  :  voyez  Battologie ,  p.  161  Se 

j6i  :  voyez  Conflruciion  figurée  ,  p^  504. 
Plus  ,  adverbe  de  quantité  :  voyez  Degrés  de  Comparai* 

fon  ,p.  3476'  fuiv. 
Plaidoyer  ;  yoyQZ  Difiours  jp,  }66, 

Ooiij 


57^  TABLE 

Plaisants  (  mots  plaifarits  )  :  voyez  Mots  ^p^io'.  voyca 

l'article  Style. 
Place  j)Es  PRONOMS   personnels  agissants.  Règles 

générales  ,  &  exceptions  ;  voy.  Pronoms  ^p.  ij?5  jufqu  à 

iâp.  1^8  ,  zoo. 
■—  DES  PRONOMS  PERSONNELS  REGIS.  Rcglcs  générales  , 

&  exceptions  :  voy  Pronoms^  p.  loo,  jufqu'à  là  p.  207. 
•-  DES  relatifs  dans  la  constructions  des  mem- 
bres DE  PHRASE.  Règles  ,  exceptions  :  voyez  Pronoms ^ 

page  112. 
I^LURtEL  :  voyez  Nombre  des  fubflantifs ,  p.  410  &  fuiv. 
■—  (nombre)  :  voyez  Syntaxe  des  fubfiantifs  adjeciifsy'^c^ 

;>.  4fi,  4jiÔ'y«/v. 
La  PLUPART,  quelle  efl:  fa  Syntaxe  avec  fon  adjeftif  : 

voyez  Syntaxe  ^  p,  4^4. 
•—  (  nombre  )  :  voyez  Verbe ,  p.  499  :  voyez  Pronoms  ,  p. 

T84,  185. 
Plus  :  voyez  AdverEe  ,  p.  6^. 
Poeme  historique  :  voyez  Poëme  Didactique^  p.  icy  6c 

io«. 
—  PHILOSOPHIQUE  :  voyez  Poème  Didacî/que  ^  p.  107. 
Poésie  (  goût  en  Poéfie  )  :  voyez  Arrangement  des  vers  , 

p.  m  &fuîv,  voyez  Elocution  ,  p.  3  81  :  voyez  Syllabes 

avec  les  remarques  de  M.  de  Voltaire ,  />.  43  8  ,  435?  <j^ 

fuiv. 
Poétiques  (  mots  potétiques  )  ;  voyez  Mots  ^p,  19  voy. 

Licences  Poétiques  jp.  4S7, 
— -  (  ftyle  )  :  voyez  Style  ,  p.  3^4. 
Point  :  voyez  Adverbe  ,  p..66. 
Points  qui  marquent  les  repos  dans  les  phrases: 

voyez  Nombre  oratoire  ,  p.  35. 


DES    MATIERES.         579 

:î— DE  DIVISION.  Leur  origine  &  leurs  fondions  ;  voyez 

Orthographe  ,  /?.  5  j» 
—  d'omission  :  voyez  Orthographe  ,  p.  55. 
Ponctuation.  Son  origine  &  fa  fondioh  :  voyez  Ortho» 

graphe,  p.  ^^. 
Portrait  :  voyez  Antithefe  ,  p.   ici  :  voyez  Etopée  ,  p* 

407. 
Positif  :  voyez  Degrés  de  Comparai/on  , p.  14.^. 
Pourquoi,  prétendu  adverbe  d'interrogation  :  voyez 

Adverbe  ,  p.  ji  &fuiv. 
Précision  DANS  le  style  :  voyez  Style  ^  p.  390  *  391. 
PrÉcursive  (  particule  précurfive  )  :  voyez  Particule  » 

Préférable  ,  adjedif  comparatif  :  voyez  Degrés  de  corn* 

paraifon  ,p.  348. 
Prépositions  :  voyez  Adverbe  ,  75  &fuiv:  voyez  ArtU 

des  ^  p.  1 14  :  voyez  Article  ,p.  1^6  &fuiv.  voyez  Arti' 

de  ^p.  147. 
• —  fuiviede  plu/îeurs  complemens  fe  r^péte-elle  à  la  tête 

de  chacun  ?  voyez  Prépofitions  ,  p.  i^i  ,  i6x  ,   16)  : 

voyez  Mots  ,  /j.  18  :  voyez  Pronoms ,  p.  zoi  &  103. 
-—  (  ufage  des  prépofitions  )  dans  l'ordre  des  mots  d'une 

phrafe  3  règle*  générales  :  voyez  Syntaxe  ,  page  ^6c  Se 

Présent  du  subjonctif;  quand  eft-cc  qu'il  a  lieu: 
voyez  Subjoncîifù.  l'art.  Syntaxe  ^ p.  459. 

Preuves  :  voyez  Choix  des  preuves  y  p.  187. 

Primitif  ,  nom  primitif:  voyez  Etymologie  ,p.  409. 

Principe  :  voyez  Analyfe  ,  p,  99. 

Principes  communs  a  toutes  les  Langues  : 
Grammaire ,  /?.  4  5  9  :  voyez  Preuves  ,p,  175. 

OiY 


5So  TABLE 

'^—  DE  QUANTITÉ  COMMUNS    A    TOUTES    LES    LANGUES  ? 

voyez  Quantité  ^  p.  151. 

«— d'une  GRANDE  Étendue  dans  la  prosodie  Fran- 
çoise :  voyez  Quantité  ,  p.  106.  ^  fuiv. 

Pire  ,  adjedif  comparatif  ;  voyez  Degrés  de  compa^aifon  ^ 
p.  348. 

Privatifs  ,  en  Logique  :  voyez  Contraires ,  p.  305. 

Pronoms  :  voyez  Céfure  ,p.  17S  ^  fuiv. 

*— ■  RELATIFS  :  voyez  ConjonBions  ,p.  loo. 

—  PERSONNELS  écaiit  objcâiifs  ou  terminatifs  dans  la 
phrafe  expofuive.  Quelk  ell:  Jcur  place  :  voyez  Conf- 
truciion ,  p.  19^. 

'—  RELATIFS  étant  objeâ:ifs  ou  terminatifs  dans  la  phrafe 
expofîtive  :  voyez  Confimâion  ,  p.  itjj. 

—  RELATIFS  :  voyez  Pronoms  ,  p.  175),  207  ,  jufqua  la 
page  2x4. 

•-  INDÉFINIS  :  voyez  Pronoms  ,  p.  180  ,  130,  jufqii'a  la 
page  145  inclujivement. 

—  REDOUBLÉS  ;  voyez  Réfléchi  ,;?.  318. 

•—  POSSESSIFS  :  voyez  Degrés  de  comparai fon  ,  page  34?. 

voyez  Mots  y  p.  17  :  voyez  Participe  pajfé  ^  p.  80.  voy. 

Particules  ^p.SS:. 
«>— PERSONNELS  ,,  leurs   fonâ:ions  &   leur  conftrudion 

avec  les  verbes  :  voyez  Perjonnes  (  des  verbes  }>  p.  9^3 

5)9  &  fuiv. 

—  RÉCIPROQUES  :  voyez  Pra/zom^  j/'.  10^. 

—  Quelles  font  leurs  règles  de  Syntaxe  :  voyez  Syntaxe  , 
/J.  4n  ,^^z&fuiv, 

'—  faifant  l'office  de  conjontifs  :  voyez  Syntaxe  ,  p.  4^1. 
•—  MONOSYLLABES  ,  &  au  plufiçl  prcmK.nt-il  un  acccnï  i 
voyez  Voyelles ,  />.  5 1 3 . 


D  E  s    M  A  T  1  E  R  E  s.         5S1 

Prononciation  :  voyez  Accent ,/?.  2,,  3,4,5^^,7, 
8  ,  ^,  10,    II. 

—  (  défaut  ou  excès  de  )  :  voyez  Accent ,  page  9  :  voyez 
AdjeBif  ^p.  53  :  voyez  Adverbe ,  p.  ^6  :  voyez  Arti^ 
de  yp.  116  :  voyez  chacune  des  confonncs  au  mot  Con^ 
fonnes ,  ^.  141  :  voyez  Diphtongues ,  p.  ]6o^  faiv.  voy. 
Hiatus  ,p.  4 ç  I  ^  fuiv.  voyez  Mots  j  p.  1 9. 

Pronoms  ,  foit  difant  pofTeflifs  :  voyez  Pronoms  ^p,  180, 
i8r,  181. 

—  PERSONNELS  :  voycz  Pronoms  j  p.  178  ,  183  j  jufqu'à 
la  page  107  inclujivement. 

—  dÉmonstratips  :  voyez  Pronoms  y  p.  jj9,  114^7'^/- 
quà  la  paz,e  130. 

—  personnels  REGIS  :  voycz  Pronoms  ,  p.  191  »  ico  ^ 
fuivantes, 

—  PERSONNELS  AGISSANTS  :  voycz  Pronoms  ^  p.  151 
jufqua  lavage  loo. 

—  RELATIFS  ABSOLUS,  OU  inteiTogatifs  :  voyez  Pronoms, 

p.   109  ,  ÎIO  ,111. 

Prononciation  :  voyez  Pronoms  ,  p.  1^6  :  voyez  Pra- 
nonciation  ^  p.  i6(^. 

—  Pour  la.  ledure  des  vers  &  pour  les  difcours  prononcés 
en  Chaire  ,  au  Bareau  :  voyez  Prononciation  ,  p.  183  6* 
Juiv.  voyez  Quantité ^  p.  iS^  ^^fuiv.  voyez  Syllabes ,p, 
437  :  voyez  Tiret  y  p.  481  ^  fuiv.  voyez  Tréma  ,  iW. 
_p.  487  &fuiv.  voyez  tout  l'article  Voyelles ,  p.  506  ^ 

•—  de  r^  mu^t  :  voyez  Voyelles  ^p.  515  6'  /î/zV. 
Proportion  entre  les  phrafes  :  voyez  Nombre  oratoire  , 

;jû^«3i. 
Propre  (  feus  )  ;  voye^  Sens  propre  ,  page  3  61., 


582  TABLE 

Propres  (  noms  propres).  Quand  eft-ce  qu'ils  prennent 

l'article  ?  Règles  générales  &  exceptions  ;  voyez  Ani" 

de  ,  p.  1 5  8  6*  fuiv, 
PROSAÏQUE  (  ftyle  )  :  voyez  Style  ,p.  594. 
Proscrit  ,  pris  fubftantivement  :  voyez  Profcrire  ^ page 

28;. 
Prosodie  :  yojqz  Mots  ^  p.  1^  :  voyez  Accent  ,;>.  i  ,  5  , 

4»  5>  ^»7,  8,9,  10,  II. 
ProsopotÉe  ;  voyez  Figure  ,page  419. 

Q- 

V^  '  y oy&T Prononciation, page  271. 

QuALiPicATiFs.  Quels  font  les  pronoms  qui  admettent 
des  qualificatifs  ,  Se  quelle  place  ces  derniers  doivent 
occuper  :  voyez  Pronoms  ,  p,  198  ^  fuiv.  pour  les  pro- 
noms agiifants  ,  &  ibid.  p.'zo6  pour  les  pronoms  régis. 

Qualifier  ,  ce  que  c'cft ,  &  quelle  différence  il  y  a  entre 
modifier  &  qualifier  :  voyez  Adjeciif  ,p.  51  à\fuiv. 

Quand,  prétendu  adverbe  d'interrogation  :  \oycz  Ad- 
verbe y  p.jï  &  fuiv. 

Quantité  ou  prononciation  :  voyez  Accent ,  p.  5  , 
4,  5  >^»7,  839,  10,  II. 

Quatre  :  voyez  Article  ^p.  131. 

Que  :  voyez  Prépofnions  ,p.  168  &  172. 

—  Pronom  :  voyez  Conflruciion  ,  p.  195 
--^Conjon£lif  avec  une  négation  :  voyez  Infinitif  à  l'art. 

Syntaxe^  p.  4^6  8c  457. 

—  Conjonélîon  condu£tive  y  page  4^. 

—  Conjondion  condudlive  avec  la  particule  de  :  page 
XI7. 

•—  Relatif  cou  jours  objedif  ;  voyez  Pronoms ,  p»  iij. 


DES    MATIERES.         5S3 

•-^  Etant  relatif  abfolu  ne  fe  dit  que  des  chofcs  :  voyez 
Pronoms  ,p,  m, 

—  Mis  à  la  place  de/  qui  devroit  naturellement  tftrc  re- 
pété ,  veut  le  fubjondif  :  voyez  Syntaxe  ,  p.  455?. 

•»—  (  particule  précurfîve  )  :  voyez  Particule^  p.  8 y. 

—  Pronom  Relatif  objedif  du  verbe  fuivant,f.  ^6. 

—  Marquant  exclamation ,  étant  conjondion  ,  étant  rela- 
tif: voyez  Pronoms  ,  ;?.  iio. 

Quel  it  qui.  Quelle  différence  ilyadansleur  lignifica- 
tion :  voyez  Pronoms  ,  p.  m. 

Quel  fuivi  de  que  :  voyez  AdjeSif,  p.  4^  :  voyez  Pro» 
noms  ,  /).  136. 

Quelque  fuivi  de  que  :  voyez  AdjeBif  ^  p.  46  :  voyez 
Pronoms  ,p.  i^6,  voyez  Article  ,  p.  1 3  z  &:  1 3  3 . 

—  fignifîant  quelquefois  environ  ^p.  46. 

Qui  ,  quand  eft-ce  qu'il  eft  fubjedif,  objeîlif,  termina* 
tif  ou  circonflanciel  :  voyez  Pronoms  ,  p.  1 14. 

Qui  ,  que  ,  quoi  ,  pronoms  relatifs  ,  régis  en  même 
tcms  par  deux  verbes  :  voyez  Pronoms  ,p.  ii6. 

—  Etant  pronom  abfolu  ne  fe  dit  que  des  perfonnes  : 
voyez  Pronoms  ^  p.  zzi. 

•—  ou  que  imm'idiatement  précédé  d'un  fuperlatif  ou 
d'un  pronom  négatif,  veut  le  fubjon<5lif  :  voyez  5ya- 
taxe ,  p.  459. 

—  owQUE  placé  entre  deux  verbes  :  voyez  SuèjonBifk 
l'art.  Syntaxe  ,  p.  459. 

—  commençant  la  phrafe  ne  peut  fe  dire  que  des  perfon- 
,      nés  :  voyez  Pro/romj- ,  p.  iii, 

—  occafionnant  amphibologie  :  voyez  Amphibologie.  Il 
y  en  a  un  exemple  ,  p.  5?  z. 


5?4  TABLE 

—  relatif:  voyez  Article  ,  p,  143  ^  fulv.  au  mot  Galiiâfi 
me ,  p.  4x7. 

*-  relatif  devenant  que  conjoncflif  :  voyez  Pronoms  j  pcig^t 

—  OU  CIVE  relatifs  doivent-ils  être  placés  immédiatement 
après  leurs  fubftantifs  :  voyez  Pronoms  ,p.ii^  Sz  ii6» 

—  pronom  relatif:  voyez  Verfonnes  (des verbes  )  ,  p.  99 
&  100  ,  ICI  &fuiv. 

Quoi  >  figne  d'exclamation  ,  relatif:  voyez  Pronoms  ,  p, 

ilO. 

—  Quand  eft-ce  qu'il  efl:  objectif,  tcrminatif  ou  cir- 
conftanciel ,  ou  fubjedif  :  voyez  Pronoms  ,  p.  113  6c 
114. 

Quoique,  pronom  :  voyez  ConjonBions,p.  207, 


R 


R. 


voyez  Prononciation  ,  page  l'j'j. 
Raisonnement:  voytz  Style  ^p.  58^. 
Ralentissement  de  la  voix  :  voyez  Accent  oratoire  ^ 

page  9, 
Rapports  marqués  par  lesprépofitions  :  voyez  Prépoji^ 

tions  , p.  135  ,  136,   1Î7. 
' —  de  lieu  marqués  par  plulîeurs  prépofîtions  :  voyez  Pré^ 

pojitions  ,  p.  138,  159,  140  ,  141  &  141. 

—  d'ordre  marqués  par  plufieurs  prépofîtions  p^l^c  141  & 
145. 

^  d'union  marqués  par  plufieurs  prépofîtions  :  voyez  Pré- 
pofîtions ,  143  ,  1443  145  î  H<^  &  147. 

—  de  réparation  marqués  par  plufieurs  prépofitions  :  voy. 
Prépofîtions  ^  p.  i^-j, 

—  d'oppofition  marqués  par  plufieurs  prépofitioii'^j/'.  148. 


DES    MATIERES.        585 

'*—  de  but ,  de  terme  exprimés  par  plufieurs  prépofitions  , 
Voyez  Prépofitions  ,  p.  148  ,  145»  ,  i  50. 

—  de  fpécification  de  différentes  fortes,  exprimés  par  plu- 
fleurs  prépofitions  :  voyez  Prépofitions  ^  p,  1^0  jujques 
&  compris  la  page  i  jcj, 

RÉCIPROQUES  (  verbes)  :  voyez  Kerbe  ,p.  49^, 

RÉCITATIF  :  voyez  Cantates  ,  p,  168. 

Recouvert  :  voyez  Recouvrir ,  p.  315. 

Refait  ,  pris  fubftantivement  ;  voyez  Refaire  ,p,  31^, 

Refléchis  (verbes)  :  voyQzKerhe^p.  4^^. 

Refrain  :  voyez  Rondeau,  p.  348. 

RÉGIME  particule  :  voyez  Aciif ,  p.  16^ 

—  SIMPLE  :  voyez  Acîif  ^  p,  16. 

• —  des  verbes  adifs  j  règles  &  exemples  :  voyez  Actif , 
page  15,1^, 

—  de  concordance  :  voyez  Conftruciion  .  p.  19 1. 
-.i—  de  quelques  adjedifs  :  voyez  Adjectif,  p.  47. 

—  des  adverbes  :  voyez/»,  yi  &fuiv. 

—  &  conftrudion  des  adverbes  :  voyez  Adverbe  ,  /?.  5  8 
&fuiv. 

' —  difpofitif  :  voyez  Confruciion  j  p.  15 1, 

Règles  générales  de  la  rime  :  voyez  Rime,  page  3  3  2.  6? 

fuiv. 
Réguliers  (  verbes  )':  voyez  Verbe  j  p.  4^p. 
Relatif  (  pronom  )  :  voyez  Article  ,  p,  143.  &fuiv. 
Relatifs  indifférents  pour  le  genre  Se  pour  le  nombre  , 

excepté  lequel  :  voyez  Pronoms  ,p.  211.. 

—  ayant  plulîeurs  antécédents  :  voyez  Pronoms  ,  p.  zio. 

—  confîdérés  relativement  à  la  conftrudion  des  mots  dans 
une  phrafe  :  voyez  Confiruéiion  , p.  301. 

—  en  Logique  ;  voyez  Contraires  ,  p.  3  ©4. 


58(^  TABLE 

Rentraite  ,  pris  fubftantivement  :  voy.  Rentraire  (  ver4 

be),  page  313. 
RÉPÉriTiONs:  voyez  Amplification ,  p.  94. 
Repos  :  voyez  Céfure,p.  i-j^^  fuiv.  voyez  Enjambement 

des  vers  ,p.  3^^. 
■ —  Des  objets  :  voyez  Nombre  oratoire  ^  p.  31. 

—  De  l'efprit  :  voyez  Nombre  oratoire  ,  p.  53. 

—  Final  :  voyez  Nombre  oratoire  ,  p.  33. 

—  De  l'oreille  :  voy.  Nombre  oratoire  jP.  3  3  &  ^/\.&fuiv. 

—  De  refpiration  :  voyez  Nombre  oratoire  ,  p.  3;.  voyez 
Ponctuation  ,p,  109, 

Reprise  :  woytz  Rondeau  ,p.  348. 
RÉTICENCE  :  voyez  Apojiopefe ^p.  roj. 
Rhétorique  :  voyez  Eloquence  ^p.  38^. 
Rien  :  voyez  Adverbe  ^p.  66. 

—  Terme  négatif  :  voyez  Particules  ,p.  87. 

—  Pronom  perfonnel  agiflant ,  &  quelquefois  régi  :  voye? 
Pronoms  ,  p.  188  &fuiv.  en  qualité  d'agiflant ,  &  ibid* 
p.  100  &fui%f.  en  qualité  de  régi. 

Rime  :  voyez  Chanfon^p.  181  :  voyez  StruBure  des  vers  ^ 

page  384  :  voyez  le  verbe  Voir ,  page  50^. 
Rimes  SUIVIES  ,  rimes  raclées  :  voyez  Arrangement  des 

vers  ,  p.  117  à  fuiv. 
• —  CROISÉES  :  voyez  Arrangement  des  Vers,  p.  114.  voyez 

Céfurc  ,  p.   180  6*  fuiv,  voyez  Virelai ,  /J.  484  :  voyea 

Lai  &  Virelai ,  p.  484. 

—  (  mélange  des  rimes  )  :  voyez  Madrigal ,  p.  \  :  voyez 
Prononciation  ,  p.  z6^  :  voyez  Quantité ,  p.ij^z  Se  308. 

—  RICHES  ?  voyez  Rime  ,p.  y^ô. 

—  SUFFISANTES  ;  voyez  Rime  ^p.  53^. 

—  MASCULINES,  fes règles;  voyez  Rime, p.  ))6^fui'V. 


DES    MATIERES.         587 

•^  FEMININE  ,  fes  règles  :  yoytxRime^p.  336  ,  ^^c^&fuiVi 

—  KiRiELEE  :  voyez  Rime  j  p.  345. 

—  batelÉe  :  voyez  Rime  ,  p,  343. 

—  FRATERNisÉE  :  voycz  Rime  ,  p.  345, 

—  BRISÉE  :  \oytz  Rime ,  p.  344. 

—  EMPERiERE  :  voyez  Rime  y  page  344, 

—  SENÉE  :  voyez  Rime  y  page  344. 

—  ANNEXÉE  :  voyez  Rime  ,  page  34^. 

—  enchaînée  :  yoycz  Rime j  page  545, 

—  COURONNÉE:  voyez  Rime  y  page  345-, 

—  ÉQUivoçrtrc  :  voyez  Rime ,  page  345. 
RiTHME  :  voyez  Nombre  oratoire  apage  3 1  &  5p. 
Rompre  ,  employé  par  Corneille  pour  interrompre  :  voy; 

Rompre  (  verbe  ) ,  avec  la  remaroue  de  M.  de  Voltaire  , 
P<^gf^  347. 
Rondeaux  redoublés  :  voyez  Rondeau ,  p,  34P  ^  fuiv^ 


^  :  voyez  Jdjeciif{  nombre  )  ,  page  17  ,  i8  &  fuiv. 

—  Quand  eft-ce  qu'il  faut  le  fupprimer  ou  l'ajouter  a 
rimpératif:  voyez /mp/rûr/y,  p.  4^1?  ;  voyez  Pronoji" 
dation  ,  j?.  275  ^  fuiv.  voyez  Komhre  desjubfiantifs  ,  p. 
4x0  &fiiiv.  voyez  Voyelles  ,  p,  p  5. 

Sa  ,  occaûonnant  amphibologie  ;  voyez  Amphibologie,  I! 

y  en  a  un  exemple  ^  p.  ^z. 
Si  ,  ocçafionnant  amphibologie  :  voyez  Amphibologie.  Il 

y  en  a  un  exemple  ,p.  <)^. 
' —  Pronom  :  voyez  Conjîruciion ,  p.  2^3. 

—  Pronom  perfonnsl  régi  :  voyez  Pronoms  y  paçe  i85  & 
*oo. 


588  TABLE 

Sens  :  voyez  Céfure  ,  page  i  80. 

—  ABSOLU  :  voyez  Tropes  ,pdge  j^^i&fuiv, 

—  abstrait:  voyez  Métonymie^  page  10. 

—  ABSTRAIT  :  voyez  Tropes  j  page  49  r  &  fuiv. 

—  ADAPTÉ  ;  voyez  Tropes  ^p.  4^1  &fuiv. 

—  COLLECTIF  :  voyez  Tropes  ,  i?.  491  &  fuiv, 

—  COMPOSÉ  :  voyez  Tropes  :,  p.  491  &fuiv. 

—  CONCRET  :  voyez  Métonymie  y  p.  10.  voyez  Tropes  , 
p.  45)1  &fuiv. 

—  DÉTERMINÉ  :  voycz  Tropes  ,p.  491  6' fuiv, 

—  DisTRiBUTiF  :  voycz  Tropes  ,p.  49  i  &fuiv, 

—  DIVISÉ  :  voyez  Tropes  ^  p.  491  &fuiv, 

—  Équivoque  :  voyez  Tropes  ,  p.  ^^i. 

—  riGURÉ  :  voyez  Tropes  ,  ;?.  49I  ^  faiv. 

—  INDÉTERMINÉ  :  voyez  Tropes  ,  p.  49 1  ô'/ii^^. 

—  LITTÉRAL  :  voyez  Tropes  ,  p.  ^91  &  fuiv, 

—  LOUCHE  ou  AMPHIBOLOGIQUE  :  voycz  Tropes ^  p.49^ 
&fuzv. 

—  PROPRE  :  voyez  Tropes  ^  p.  49^  &fuiv. 

—  PAR  EXTENSION  :  voyez  Tropes  , p.  491  ^  fuiv. 

—  RELATIF  :  voyez  Tropes  ,  p.  49 1  &fuiv. 

—  SPIRITUEL  :  voyez  Tropes  ,  p.  491  &fuiv. 
Sermon  :  •voy<:zDifcours  ,p.  ^66, 

Si  ,  adverbe.  Il  y  a  fur  ce  mot  une  obfervation  cfTcnticIle  : 

y oy ^z  C on] onBion s  ,  p.  7.0^, 
Signe  :  voyez  Ponêîuation  ,  p.  iiy. 
Similitudes  :  voyez  Amplification  ,p.  94-  voyez  Compa* 

raijon  ,  p.  1 9  3 . 
^-.  (  ftyle  )  :  voyez  Style,  p.  387. 
Singulier  :  voyez  Pronoms  ,  ;?.  î  84  ,  I S^  :  voyez  Noni^ 

hrc  des  Subjîantifs^  page  410  ^  fuiv* 

Singulier 


DES   MATIERES.         ^g^ 

Singulier  (nombre }:  voyez  Syntaxe  dei  fuhflamtfs i 
adjeclifsyÔcc.'p.^Siy  4$^  G-/wV.  voyez  Verbe,  page 

Soi ,  pronom  :  voyez  Adverbe  dans  un  exemple  cité  dç 

Corneille  ,  p.  69, 
•—Pronom  perfonnel  agiflant,    &  quelquefois  ré^ 

voyez  Pronoms  ,  p»  iS^,  187  ,  188  &  200» 
Soit  :  voyez  Adverbe ^  p,  68, 
Son  aigu:  voyez  Accent ,  ;?.  <?* 

—  (voix)  :  voyez  Alphabet ,  p.  83  G'/^zV, 

—  Occafîonnant  amphibologie  :  voyez  Amphibologie; 
Il  y  en  a  un  exemple  ,  p,  9z, 

—  Prononiadjeaif:  voyez  Afic/f  ,  p.  131  O'fuiv. 

—  Mouillé  :  voyez  Confonnes  ,  page,  1^5.  On  trouvera 
des  liftes  de  mots  où  le  fon  mouillé  eiî  marqué  » 
page  t59  (f  fuiv, 

—  Quels  mots  peuvent  rendre  le  Ton  dur  ou  harmonieux» 
fur- tout  en  Poé/îe  ?  voyez  Harmonie, page  ^6 1^  fuiv. 

•—Même  Ton  rendu  par  des  caradcres  différents  ,  pour^ 

quoi/  voyez  Orthographe  .  p.  58, 
'<, —  SA ,  SES  ,  précédés  du  pronom  chacun  iroyez  ?r9^. 

noTTzy  ,  p.  231,  ^33,  234, 135:, 
SowS  aigus ,  graves  :  voyez  Voyelles  ,  p.  507 
-^  Compofés  des  diphtongues  :  voyez  Prononciation  5 

p.  248- 
-—  Différents  produits  par  le  même  caraderc  ;  voyei 

Orthographe  ,  p,  54,  5U  5^,  57,  58, 
. —  Mitoyens:  voyez  Voyelles  ,  p.  jo8. 

—  Simples  des  voyelles  ;  voyez  Prononciation  ,  p.  24;; 
&148. 

Tome  11^  p  g 


j5^  tabLî: 

SoîîS  imîtatifs  :  voyez:  Harmonie  ,  p.  44^  Sî  44^î 
Sonnet  :  voyez  Bout^  rimes  ,  p.  i^5  Cr'/uzV. 
Sortir  ,  pris  fubUantivement  :  voyez.  Sortir  (  verbe  > 

p.  3^8. 
Spirituel  (  fens  )  :  voyez  Sensfpiriml ,  p^  ^59., 
Siktictst  voyez  Enjambement  des  vers ^  p.  3^U 
— .  RéguHcres  :  voyez  Stances  ,  p.  37  5  ^/"^V. 
—  Irrégulieres  :  voyez  Stances  ^  p.  373  î  374  &3^5« 
Strophe  :  voyez  Stances  ^  p-  37^- 
Style  :  voyez  Accent ,  p.  5»  î  voyez  Adjeâlif,  p.  3  ^.  voyez 
.  Adverbe  ,  p.  7^  •  voyez  Boarj  rz/néj  ,  p.   i^f  :  voyez 
y4rric/e  ,  p.  i49  :  voyez  Afpiration  ypagel^^:  voyeï 
Cantates  ,  p.  168  :  voyez  Chanfons  .page  1 8i  :  voyez 
CAoi;: ,  p.  1 8^  :  voyez  Co/Tzerffe,  p.  150  :  voyez  Co/zjonc- 
tzor/j  ,  p.  112.  H  y  aun  exemple  de  Corneille  :  voyez 
Eglogue.p.  375  :voyezE/e^fe,  p.377îvoyez£iocu- 
rian  ,  p.  381  :  voyez  Enjambement  des  vers.p,  3^1  & 
»    35,3  :  voyez  Epithalame ,   p.   4^5  :  voyez  Ep^rre  & 
---Epopée  ,  p.  406  :  voycz£:^or^e ,  p.  413  :  voyez  Fable  i 
p.  415  :  voyez  Harmonie,  p.  4f  o  :  voyc  Incife.  à  la 
-.  vfin  du  tome  IL  voyez  Ironie  ,p.  47  8  :  voyez  Narration  , 

|7.  z5  :  voyez PieceJ  de  Théâtre. p.  104. 
-^  Poétique  :  voyez  Poème  didàâiique  ,  p.  107  :  voyez 
«  'Poéfie.p.  T08.  voyez  Tragédie,  p.  48J  &  48^:  voye» 

rerj,p.  500  &50I- 
^  Orné  ;  voyez  Antithefe.  p.  103, 
Subdivision  :  voyez  Anaîyfe .  p.  9^." 
Subjectif  :  voyez  Article  ,  p.  ii8  &  131  t^fuiv,  yoyct. 
JnfîrfïiifsLV^nic\eSyntaxeyf,^^68c^S7  rvoyczPajJ?/ 
(verbe) ,  p.  5>i  :  voyez  Perfonnes  (  de*  verbes)?  p. 


b  E  s    M  A  T  I  E  R  E  s.      59^ 

*ïôi ,  IQ2  Cr*  fuiv,  voyez  Ponôiuadon  ,  ^.  iii  ,  iij  |j. 
114.  ^ 

—- Quand  elî-ce  qu'il  faut  le  répéter  :  voyez  Pronoms^pô 
1^2  ù'fuii'.  voyez  Syntaxe  ,  ;;.  460  b'fuiv» 

Subjonctif  :  voyez  ConjonâlÎQns  ^  p,  uj  :  voyez  5>'/z* 
taxe  y  p,  458  &  45P, 

Sublimé  (  %le  )  :  voyez  'Style  ^  p.  387, 

SvBSTAncE:  voyez Subflamif,  p,  3pp. 

S^UBSTANTiF ,  dont  la%nification  change  félon  qu'il  cH 
avant  ou  après  l'adjeaif  ;  voyez  Adjeaif,  p.  57. 

—  Pris  comme  ïïmple  adje^if  :  voyez  Article ,  p.  m  ri 
yoycA  Articles  ,  p.  n^  :  ^oycz  Céfure, p.  17^^  fuiv, 
yoyez  Infinitif,  p.  j^6^. 

^abflradifs  ;  voyez  Subflantif,  p.  40  r. 

—  adionnels  :  voyez  S ubjlantif,  p.  401. 

^  &  adjedif ,  leur  rapport ,  leur  convenance ,  p,  4p; 

—  Etant  objedif  ou  terminatif  dans  la  phrafe  expo/îtive; 
quel  eflfa  place  :  voyez  Conjiruâiion  ,  p.  2^4  :  voyQ^ 
Mots,  p.  ij, 

r-(verbes }:  voyez  S  uhjîamîf,  p.  42^  ,  ^^6  ô-  427. 
-"•Termmaifon  de  plufieurs  fortes  de  fubflantifs  :  voye» 
Confonnes  ,p,i^S, 

•^Leur  divcrfité  de  genre.  Surquoifondéc:voyezGe«rtf,^ 
(Syntaxe  ),  j?.  430. 

—De  plufîeurs  fignifications,  &  par  conféquentdepiu- 
fîeurs  clalTes  :  voyez  Subftantf ,  p.  402. 

—  Quelles  font  leurs  règles  de  Syntaxe  :  voyez  Syntaxe'  ^ 
V'  45154^2  ^fuiv.  ' 

—  Quels  mots  peuvent  féparer  le  fubfiantif  de  l'adjeaifi 
.voyez  p.  58, 


y^i  TABLE 

-^Régl^par  d'autres  (ubftantifs  :  voyez  Syntaxê~ipl'J['6t0 
voyez  auiTi  Prépojitions, 

—  &  adjedifs(  noms),  leur  différence  :  voyez  t,  I,  p,  17,' 
.— &adjeâifs  (verbes),  leur  diftérence,  t.  î,p,  17. 

r— Appellatifs  :  voyez  S ul'JIantif  ^p,  401  G'  401, 

—  Génériques  :  YoycL  Suljlantif^p,  35?8.  &400. 

—  Individuels  :  voyez  Subjiantif,  p.  598  &  401. 
Suivante  ,  pris  fubflantivement  :  voyez ^'^izVre  (verbe),; 
.    p.  4zH. 

Srj£T  d'une  adion  :  voyez  A6i'jf  ^  p»  i  ^. 

— ^  Quel  eu  le  fujet  dans  une  phrafc  :  voyez  Verle  ,  p. 

■    4^7.  . 

Suppression  de conjondion  :  voyez  Conjonôiions^pags 

203» 
S.  Supprimé  :  voyez  Accent ,  p.  3. 
Sur,  prépô/îtion  :  voyez  Prépofiîion  ,  p.  i7i. 
Syllabes  mafculines:  voyez  Accent  ,  p.  ^. 
-^  Brèves  :  voyez  Accent ,  p.  5  5  ^  ^  7  ^  ^• 
^  Longues  :  voyez  Accent  ,  p.  6  ,  7  ,  ^. 
•—  Leur  réparation  :  voyez  Tiret  ,  ;r.  48z  ^fuh'*  voyc2 
•    Tréma  ^  ihid,  p.  4  87 ,  48S  G'/uzV. 
*— Articulées  &non  articulées  :  fîmples&  compofecs  ; 

d'ufage  &  phyfîques  '  voyez  Syllabes ,  p.  436  ù'fuiv». 
Syllepse  :  voyez  CQnJlriiâiion  figurée  ,  p.  304, 
—  Oratoire:  voyezTropej,  p.  45?  i  ^yfuiv, 
SYMEj.RiEdans  les  phrafes  :  voyez  Nombre  oratoire  fp, 

Synecdoche  :  voyez  Antonomafe^p.  103  :  y oy czTropes^ 

p.  4î>i  ù'fuii'» 
Synonymes;  voyez  Amplification  ,  p.^4  •  voyea  Mots  , 

page  i9* 


DES    MATIERES.    .595 

.Syntaxe  :  voyez   Conjîruâîion ,  p,  278  &  z^irvoyci 

Mots  ^  p,  î9. 
Synthèse  :  voyez  Gsnre  (  Rhétorique  ) ,  p.  4^^. 


X    •  voyez  Hiatus  ,  p.  4^4  :  voyez  Pronoms  ,  p»i9^» 
196  :  Yoytz  Prononciation  ,  p.    i^8  ^  fuiv,    voyez 
^'^oje/iej,  p.  «Tip. 
Tableau, image  :  voyez  Hjpo^ypofe  ,p.  457  ,  ù'fuiv. 
Te  ,  pronom  perfonnel  régi  :  voyez  Pronoms ,  p»  18  j  & 

lOO. 

Tems  des  Verbes  :  voyez  Participes  ,  p.  75» 

•^Mis  les  uns  pour  les  autres  :  voyez  Tems  des  verbes, 

p.  477.  t-'fuiv.  voyez  Verhe^  p.  499. 
*— — Surcompofés  des  verbes  :  voyez  Tems  des  verhes^  f  ■ 

479  &  480. 
Tenues  de  la  voix; voyez  Accent  oratoire  ,p.  9. 
Terminaison  oudéiînence  dos  noms  :  voyez  Déclinai'^ 

fon  p.  ^18   C"  fuiv 
'*— DES  ADJECTIFS.  Regles  générales  &  exceptions:  voyesj 

p.  zz  0'  fuiv, 
— DES  PARTICIPES   passés:  voyez  Participe  pajjé , p» 

81  &  8i. 
—DUS  SUBSTANTIFS  :  voye?  Suljiantif  t  p.  403  ù'fuivi 
Terminatif  :  voyez  Adverbe  ,  p.  74  •  voyez  Infinitifs 

à  Tarticle  Syntaxe^  p.  45^  &  457  :  Parnciper,  pa^e 

71  ^  fuiv,  \0yc2P onBjation y  p,i  iz  ,1135  114:  voy. 

Syntaxe  ,  p.  4^1  &  4^3. 
Tiret,  foLT  origine  >  &  fa  fonâîon  :  voyez  Orthographe^ 

F*  55» 

Pp  iij 


594  TABLE 

!Toi ,  n'étant  qu'une  déiîgnation  :  voyez  Pronoms ,  pagâ 

•—Pronom  perfonnel  agiflant  &  quelquefois  régi:  yoyi 

Pronoms  ,  p.  jR^  ,  186  ,  200  &  205, 
Ton  ,  (  pronom  adjcdif  )  :  voyez  Article  5  page  i$i  ^ 

fuiv, 
— QRATOiRE  :  voyez  Accent^  p.  8  ,  p  ,  lo,  ii.  Exem-» 

pie  tiré  d'Athalie  :  voyez  Accent ,  p.  10,11, 
Tout  ,  pris  adverbialement  :  voyez  Aàjeôîif^  y,  ^xô* 

fuiv.  voyez  Adverbe  ^p,  6^  :  woyxz  Article,  p.  132  & 

*^  Etant  objcdif  ;  quelle  cil  fà  place  :  voyez  Conjîruc^. 

tion ,  f,  196, 
«—  Eft  quelquefois  adverbe  :  voyez  Pronoms  ,  p.  24 t. 
Tragédie  :  voyez  Comédit  jp.  190  ;  voyez  Compamifoni 

Transitions  :  voyczChoix  desPreuves  ,  p.  188:  voye^ 

Style,  p.  ^S9. 
Transitives  (conjondions)  :  voyezp.  113. 
Très,  adverbe  de   quantité  :  voyez  D^^r^^  àeCom'^ 

paraifon^p»  ^^7  0' fuiv, 
Tryssillabes MASCULINS  :  voyez  Accent  >  p.  7« 
• — FÉMININS  ••  voye2y4fce/2t,]7.  7, 
Trois  :  voyez  Article  ,  p.  iji. 
Tropes  :  voyez  Figures  ,  p,  420  :  voyez  Noms ,  p.  41  8 

woyez Style  ,  p.  393. 
Tu  ,  pronom  perfonnel  agiflant  :  voyez  Pronoms,  p,  18  j 

8ciS6, 
Tutoiement  ,  voyez  Perfonnes  (  des  verbes  )  5p.  101  5c 

102  :  voyez  Pronoms  ,  p.  185. 


DES  MATIERES.  S97 

^  quand  ,  &  dans  combien  de  cas  on  l'emploie  ,  p,' 
185  &  181Î. 

U-'  v<)ye^  Pro.oncbao;2,p.i5^&  M7  :  voyez  Q..^^. 

_  De  combien  de  manières  ce  Ton  eft rendu  ,  &  lor- 

thographe  à  cet  égard  :  voyez  Voyelles, p.  533. 
Un  ,  -ONE  :  voyez  Article  ,  p.  »  S^-  ^f^^^' 
Us  :vay€z  Prononciation, p.  x58  ^  fm^-      ^ 
—  VOYELLE  K AZ ALE.    De  Combien  de  manières  ce  fou 

peut  être  rendu  :  YOyczVoyélles  ,  p.  533  &  537- 
_  QUELQU'UN  ,  un  quelque  chofo ,  un  chacun  :  voye  . 

Pronoms,  p»  iji» 
Universaux  (  fubftantifs  )  >  p.  î^. 
Usage  :  voyez  Orthographe  ,  p.  ^o  &  fuîv.  ' 

^DES prépositions: voyez Prepq/iuon^. p.  i^^>  UC 


V 


\/  :  voyez  Prononciation  ,  p.  î^^« 

Venu  :  voyez  Participe  pa/e ,  p.  80. 

Verbe  :  voyez  aX«re  ,  p.  17^.  ,     ri-  „  ^  ,t<- 

Iprécédé  du  que  condudif:  voyez  ConJon5î^onp^^^^^^^^^^ 

_  Orthographe  de  certains  verbes  :,vayez  Co./o.ne.  . 

T).  i<S:  voyezPrortom5,p.  i^i« 
_L  ft    des  verbes  qui  fe  font  immédiatement  fume 
de  leur  objeaif ,  feul  &  fans  article  :  voye.  ^«^1.  ,    - 


pé  TABLE 

Verbe  zàlf  Irrégulier  de  la  quatrième  conmgziCon  < 
voyez  Abfoudre  ^  p.  2. 

—  adif  irrégulicr  de  la  féconde  conjugaifon  :  voyezi 
Acquérir  ,p.ii:  voyez  Accueillir  yp.ii. 

—  Adif  &  réciproque  irréguiier  ,  de  la  quatrième  con, 
jugaifon  :  voyez  Abattre  ,j7.  u 

—  Adje(ftif  :  voyez  Adjeilify  p.  16. 

—  Neutre  ,  irrégulier  ,  de  la  féconde  conjugaifon  * 
.  voyez  Acoi/rzr,;7.  ii. 

^  Neutre  ,  réciproque  &  irrégulier  de  la  quatrième 

conjugaifon  :  voyez  Accroire  ,  p..  n, 
Verbis  :  voyez  Mots  ,  p,  16. 

—  Qui  fe  conjuguent,  partie  avec  le  verbe  auxiliaire 
Etre  ,  &  partie  avec  Tauxiliaire  Avoir  :  voyez  Neu-^ 
tre^p,z6Çyf4v, 

•—A  quel  nombre  ,  &  à  quelle  perfbnne  ils  doivent  le 
mettre  :  voyez  Perfonnes  (  des  verbes  ),  p.ioi^  lOi 
ù'fuiv. 

—  Con/ïdérés  relativement  à  la  conftruâion  des  mots 
cntr'eux  :  voyez  Con{îruclion  ,  p.  301. 

î—  Qu'on  joint  à  d'autres  verbes  pour  fixer  le  tems  que 
ces  derniefs  ne  peuvent  déterminer:  voyez  Terni 
des  verbes  ,  p.  478  ^fuiv. 

—  Servant  de  régime  à  la  place  d'un  nom  :  voyez 
Syntaxe-,  p» /\6.i, 

—  Quelle  cfl  leur  Syntaxe  avec  leurs  fubjedifs  :  voyez' 
Syntaxe  ,  ;?•  4^ i  &4^^ 

—  RKFLÉCHis  :  voyez  Aaif,  p.   14  :  voyez  ? ::nlcipe 
p.ij]é  ,  p.  80. 

—  Rériéchis  par  la  ïïgnification:  voyez  Réfiéchis,  page 
3ï7. 


DES  MATIERES.  597 

^—  Refléchis  direâs  :  voyez  Réfléchi ,  p.  317» 
• —  Réfléchis  indireds  :  voyez  Réflécki ,  p.  1^7* 
^-  Réfléchis  pafiîfs  :  voyez  Réfléchi ,  p.  5^7* 
•—  Neutres  :  voyez  Â6lif  >,  p.  M» 
-—  PaflTifs  :  voyez  A6îîf ,  p  i4- 
Vers  :  voyez  Syllabes  ,  p.  43^  ^  fulv, 
' —  De  douze  fyllabes  :  voyez  Céfure  ,  p.  I7^« 
'■—  De  dix  fyllabes  :  voyez  Céfure ,  p.  172-. 
•—  De  dix  fyllabes,   de  douze  ,   de  huit  ,  de  fix  ,  de 
cinq.  A  quel  genre  de  Poélîe  ces  différentes  mefures 
conviendroient  ;  il  y  a  des  exemples  :  voyez  Arran- 
gement des  vers  ,  page  1 1 1  ^  fuiv, 
'*~~  De  dix  (yllabes  ou  communs  :  voyez  Struclare  du 

vers,p,  385. 
i—  De  fept  fyllabes  :  vo}'^z  StruSlure  du  vers ,  fags 

38J  &586. 
*—  De  fix  fyllabes  :  voyez  Stru6lure  du  vers ,  p.  38^. 

—  Libres  :  voyez  Arrangement  des  vers  -yp»  1 11  &fuiv» 

—  Alexandrins:  voyez Struâiure du  vers ^  p«384  &  385', 
yiEiix  (mots  vieux)  :  voyez  Mots^page  19  :  voyez  Far-» 

ticle  Stjle, 
Virgules  :  voyez  Nombre  oratoire  ,  p.  ?<• 
^"  Simples,  virgules  ponâuées  ;  leur  différence  :  voyez 

Foncluati§np.  no,  iii. 
Vivant  ,  pris  fubftantivement  :  voye7  Vivre -y  p.  5o>. 
Vocatif  :  voyez  Déclinaifon  ,  p.  3  1,9. 
Voici  :  voyez  Pronomj ,  p.  loi. 
Voila  :  voyez  Pronoms  ,  p.  ioi. 
Voix  :  voyez  Conjugaifon  ,  p.  z  i  8. 
*—  Aiguës:  voyez  Voyelles  ,  p^^e  pi  ^  fuiv. 


59l  TABL  E 

—  GRAVES  ;  voyez  Voyelles ,  p.  j  1 1  G'/uiV; 
Votre  ;  voyez  Article ,  p.  1 3 1  &*  fuiv, 

—  Adjeâifpofleffif:  voyez  Pro/2omj>  p.  18  j; 
Vos:  voyez  Pronoms  y  p.  18^. 

iVouLoiR,  infinitif,  pris  fubilantivement  :  voyez  Vou^ 

/oir( verbe)  ,p.  50^. 
Vous  :  voyez  Pronoms  perfonnels  ,  p.  184. 

—  Pronom  perlonnel  agifTant ,  &  quelquefois  régi  t 
voyez  Pronoms^ p.  184  ,    185  &  200. 

Voyant  ,  pris  fubfîantivement  :  voyez  Voir  ,  p.  50^. 

Voyelles:  voyez  Alphabet^  p,  B6  èyfuiv.  voyez  Afpi^ 
ration  ,  p.  if  i  :  voyez  Confonnes ^  p.  141  :  voye?i 
Mots  y  p,  19  :  voyez  Prononciation  ,p.  247  Cr-Zi/iy.  • 
'  ■ —  NAZALES  :  voyez  Voyelles ,  p,  ^33. 

Vu ,  participe  mafcuUn  ,  du  verbe  Voir  ,  joint  au  con-f 
jondifçwe:  voyez  Voir,  p.  $0$, 

Vue  ,  participe  féminin ,  du  verbe  Voir  ,  pris  fubfla»^ 

^  tivement;  voyez  Voir  ,  p.  50 J. 


X 


X, 


:  voyez  -^d'j^if^z/fnombre)  p  27.,  iBù'fuiv,  voyezi 
Nombre  des  fubjîantifs  ,p.  411.  voye2  Prononciatio/ij 
|>.  281  îfjuiv* 

Y. 

voyez  Adverbe  ,  p.  62  :  voyez  Impératifs  page  4^0 î 

voytz  Prononciation, p,  i$6. 
—  Pronom  pcrfonnel  régi  ;  quelle  efl  fa  place  ?  voyez 

Pronoms, p*  200  ^fuiv. 
•—  Etant  terminatif  :  voyez  ihid»p,  104, 


DES    MATIERES.    599 

3r,  quand  eft-ce  qu'il  doit  prendre  uni  après  lui  ;  quand 
cfl-ce  qu'il  cft  adverbe  de  lieu  ;  voyez  Voyelles ,  p. 

— Mouillé  :  voyez  Orthograyhe  ,  p.  5^  ù'fuiv. 
^— Pour  là  ,  à  cet  endroit-là ,  conflruit  avec  772e  prônons 
perfonnel  régi  :  voyez  Pronoms  ,  p.  zo^» 

Z 

^j  :  voyez  s  au  mot  Conformes ,  p.  270  :  voyez  Aâjeflîf 
( nombre)  ,]7.  i7  &  2.8  ù>fuiv, yoyczPrononciaîion  9 
p.173* 

]kc9  (  %nc  )  voyez  PonÔluation  ,  p.  X^î» 
iv/z  de  la  Tahle  des  Maderesi 


PRIVILÈGE     DU     ROI. 

J_j  ouïs,  par  la  grâce  de  Dieu , Roi  de  France 
&.  de  Navarre  :  A  nos  amées  &  féaux  Confeillers, 
les  Gens  tenans  nos  cours  de  Parlement ,  Maî- 
tres des  Requêtes  ordinaires  de  notre  Hôtel  , 
Grand-Conleil,Prév6tde Paris ,  Baillifs ,  Séné- 
chaux ,  leurs  Lieutenans  Civils,  &  autres  nos 
Jufticiers  qu'il  appartiendra,  S  a  lu  t.  Notre  amé 
Je  Sieur  Lac o  M BE, Libraire  àParis,  Nous  a  fait 
expo  fer  qu'il  défn'eroit  faire  imprimer  6c  donner 
au  Public  ,  un  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Diciion- 
nairedela  Langue  trançoife  ,  s'ils  nous  plaifoit 
lui  accorder  nos  Lettres  de  Privilège  pour  ce  né- 
cefTaires.A  ces  Cause  s, voulant  favorablement 
traiter  l'Expofant,  nous  lui  avons  permis  &;  per- 
mettons par  ces  Préfentes  de  faire  imprimer  ledit 
Ouvrageautantdefoisquebon  luifemblera,  & 
de  le  vendre,  faire  vendre  &  débiter  par-tout 
notre  Royaume  pendant  le  tems  de  fix  années 
confccutives ,  à  compter  du  jour  de  la  date  des 
Prcfentcs.  Faifons  défenfes  à  tous  Imprimeurs , 
Libraires  &  autres  perfonnes  de  quelque  qualité 
Se  condition  qu'elles  foient,d'en  introduire  d'im- 
pieiîîon  étrangères  dans  aucun  lieu denotreobéil^ 
lance  ;  commue  aufîi  d'imprimer,  faire  imprimer, 
vendre,  faire  vendre,  débiter  ni  contrefaire  le- 
dit Ouvrage  ,  ni  d'en  faire  aucuns  Extraits  fous 
quelque  prétexte  qucce  puilTe  être  ,  lans  la  per- 
mifiion  exprefle  6;  par  écrit  dudit  Expofant ,  ou 


de  ceux  qui  auront  droit  de  lui ,  à  peine  de  cori- 
filcation  des  exemplaires  contrefaits ,  de  trois 
mille  livres  d'amende  contre  chacun  des  Con« 
trevenans ,  dont   un  tiers  à  Nous,   un  tiers  à 
l'Hôtel-Dieu  de  Paris,  &  l'autre  tiers  audit  Ex- 
pofant  ;  ou  à  celui  qui  aura  droit  de  lui ,  &  de 
tout  dépens,  domm^.ges  &  intérêts  ;  à  la  charge 
que  ces  Préfente  feront  enregidrces  tout  au  long 
fur  le  Regiftrede  la  Communauté  de$  Impri- 
meurs (Se  Libraires  de  Paris ,  dans  trois  mois  de 
la  date  d'icelles;  que  l'imprelîion  dudit  Ouvrage 
fera  faite  dans  notre  R  jyaume  &  non  ailleurs , 
en  bon  papier  ôc  beaux  caradères,  conformé- 
ment aux  Réglemens  de  la  Librairie ,  <5c  notam- 
ment à  celui  du  I G  Avril  1725  ,  à  peine  de  dé- 
chéance du  préfent  Privilège  ;  qu'avant  de  l'ex- 
pofer  en  vente  ,  le  Manufcrit  qui  aura  fervi  de 
copie  à  rimprelTion  dudit  ouvrage  ,  fera  remis 
dans  le  même  état  où  l'Approbation  y  aura  été 
donnée  ,  es  mains  de  notre  très-cher  Se  féal 
Chevalier  ,  Chancelier  de  France  ,  le  fieur  de 
X.AMoiGNON,&  qu'il  en  fera  en  fuite  remis  deux 
Exemplaires  dans  notre  Bibliothèque  publique, 
un  dans  celle  de  notre  Château  du  Louvre  ,  un 
dans  celle  de  notredit  fieur  deLa  m  oignon,  & 
un  dans  celle  de  notre  très-cher  &  féal  Chevalier, 
Vice-Chancelier  &  Garde  des  Sceaux  de  France, 
lefieur  DE  Maupeou  ;  le  tout  à  peine  de  nul-- 
lité  des  Préfentes  :  du  contenu  defquelles  vous 
mandons  6c  enjoignons  défaire  jouir  ledit  Expo- 
faut  &  fes  ayant  caufes ,  pleinement  &  paifible- 
ment,  fans  louffrir  qu'il  leur  foit  fait  aucun 


trouble  ou  empêchement.  Voulons  que  la  copîe 
des  Prefentes  qui  fera  imprimée  tout  au  long  , 
au  commencement  ou  àla  fin  dudit  Ouvrage,foit 
tenue  pour  duement  rignifiée,&:  qu'aux  copies 
coilationnées  par  l'un  de  nos  amés  féaux  Con- 
feiliers-Sécrétaires ,  foi  foit  ajoutée  comme  à 
l'original.  Commandons  au  premier  notre  Huif- 
fier  ou  Sergent  fur  ce  requis  ,  défaire  pour  Texé^ 
cution  d'icelles ,  tous  ades  requis  &  &  néce  Jai- 
res  ,  fans  demander  autre  permilTion ,  &  nonob- 
flant  clameur  de  Haro ,  Charte  Normande  ,  & 
Lettres  à  ce  contraires  :  Car  tel  efl  notre  plaifir. 
DoNNK  à  Paris  le  dixième  jour  du  mois  de  Dé^ 
cembre ,  l'an  de  grâce  mil  fept  cent  foixante-fix, 
&  de  notre  Régnele  cinquante-deuxième.  Par 
le  Roi  en  fon  Confeil.  LE  BEGUE. 

Regijîréfurle  Regifîre  XVIJ,  de  la  Chambré 

Royale  &  Syndicale  des  Libraires  &  Imprimeurs 

de  Faris.^°.  1071/0!.  66.  conformément  au  Ré- 

clément  de  172$.  A  Paris,ce  18  Décembre  iy66é 

Signé  ,  GANEAU  ,  Syndic. 


J'ai  cédé  le  préfent  Privilège  à  M.  J.  P.  Costard  g 
Libraire  ,  fuivant  nos  conventions.  A  Paris,  ce  4  Mai 
1770.  ^'z^ne  ,  Lacomee, 

Re^ijîré  la  préfente  Cejfion  fur  te  Regifîre  XFHL  de 
la  Chambre  Koyde  G'  Syndicale  des  Libraires  £f  Impri- 
meurs de  Paris  ,  N°.  if  i.  conformément  aux  anciens  Ré- 
glemens  ^confirmés par  celui  du  28  Février  1723-  A  Pai 
ris  >  ce  premitr  Juin  i77o- 

Briajson,  Syndici 


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