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DICTIONNAIRE
PORTATIF
DES REGLES
DELA
LANGUE FRANÇOISE.
TOME SECOND.
DICTIONNAIRE
PORTATIF
DES MÉGI.ES
DE LA LANGUE FRANÇOISE,
CONTENANT
Les Principes nccefîaires pour écrire & parler
corredemenr le François en Profe & en Vers ; les
Régies de la Grammaire, de FOrrhographe, de
la Ponduation & de la Prononciation , Se géné-
ralement tout ce qui concerne la Logique , la
Rhétorique , la Verfîiîcation , ôcc, le tout appuyé
fur les autorités des meilleurs Auteurs.
TOME SECOND,
A PARIS,
Chez J. P. COSTARD, Libraire , rue S. Jcam
de Beauvais.
^== ■ ■ ■ 4^
M. DCC LXX.
^yec Approbation & Privilège du Roi.
'' ADAMS/Si.?
DES RÈGLES
DE LA LANGUE FRANÇOISE.
M ou ME, efl unedesconronnes del'alDfiah^».
Alphabet, Consonnes &• Prononc? t,. "^"-^'^
, M A , eft le féminin de l'adjeftif poffemf °
Adjectif. J=""Po"eiur«ci/2:vo}'ea
. MADRIGAL. Le Madrigal eft un de no, ni,-
t.ts Poèmes. Il peut avoir plus de vers auM. ?; '^^^
8c moins que le Rondeau. Ceft une pe^tïteP;"."'
caraftere galant, fimple , namïel ."^couW !.'' "'?
doit exprimer une jolie penfëe. ' ^ 1"*
Le mélange des rimes & des vers v déom^ ^-i-a
t.ur.M.stouteerpecedelicenceyeâ2Sf^gl,^*
Madrigal.
Alcidon contre fa Bergère
Gagea trois baifers , que fon chien
Trouvcroit plutôt que le fien
Un flageolet caché fous la fougère.
La Bergère perdit . & pour ne point payer
Elle voulut tout employer.
Aîais comte un tendre amant c'cft ewvain^itt'an s'obftmff>
Si des baifers gagnés par Alcidon ,
Le prcmiei fut une rapin? ,
Les deux autïtf j furent m don.
s MAU MÈD
MAIS , eft une des conjondions adverïàtîrcg f
voy!r7 Conjonctions.
MAJEURE ou PRINCIPE : voye^ Preuves &•;
Syllogisme.
MALGRÉ , efl une des prcpofîtions /impies : voye^
Prépositions. .
MASCULIN , voye-!; Ge«re ( Grammaire),
MATIN , eft une adverbe de temps , voye:[ Ad--
VERBE.
MAUDIRE. Verbe adif irrégulier , de la qua^
trieme conjugaifon , compofé de dire , & du fubftan-
f^f njal ï au plurier maux '■, dire des maux , des im-
précations , fouhaiter des maux. Le Chrifîianifms
défend de maudire fes perfécuteurs. A quoi f en de mau-
dire fa dejiinée ? tâchei plutôt de la corriger y ou defup^.
porter vos maux avec courage.
.. Ce verbe (e conjugue comme le verbe ^zVe, excepté
à la féconde perfonne du préfent de Lindicatif , où il
faut dire , vous maudifle\. Imparfait, Je maudifTois , |
&c. Préfent du fubjonàif. Que je maudilTe , que tu
îîiaudifTes , qu'il maudiffe , &c. L'imparfait eft fem-- !
blable, excepté la troisième perfonne du fîngulier,'
qu';'/ maudit. Parricipe préfent. Maudiffent, indéclina- ,
ile. Participe paffé. Maudit , maudite , qui fe prend
quelquefois fubftantivement , & /îgnifie alors , mau- '
vais , déteftable. Quel maudit jeu ! quel maudit métier f
Séjour maudit de aifrorde &- de guerre. i
JVlAUGRÉER. Verbe neutre, de la première |
conjugaifon. Il eft régulier. Si nous en faifons men-*
tion ici , c'eft pour avertir que c'eft un mot bas.
Il paroit compofé d'agréer & de maux ^ pluriel de
mat ; agréer mal , faire un mauvais accueil. M.m^réer
exprime les mauvaifès manières , les mauvai? traite-
ments , la mauvaife humeur de celui qui vous reçoit.
Cer. homme maugrée toujours ; c'eft-à dire, eft tou-
jours de mauvaife humeur , jure touiours
ME , eft un des pronoms perfonneh pour la pre-
mière perfonne du fingulicr : voye"^ Pronoms.^
MÉDIRE. Verbe adif irrégulier, de la quatrième
conjugaifon, compofî^ de dire & du fubftantif /n«/.j
MÉD MES I
î^ïnfî médire fîgnifie dire du mal. // ef} prudent ^ hu^
main de ne médire de perfonne ; mais cefi une hajfej[è.
de médire de fe s bienfaiteurs.
Si le mal que Ton dit fans nécefïité , eft une chofêf
faufTc , & inventée pour nuire à celui de qui l'on par^i
le , ce n'efl plus médire , c'eil calomnier : cependant
l'ulage ordinaire , toujours ennemi de la précifion^
emploie fouvent l'un pour l'autre.
Ce verbe fe conjugue fur dire , excepté à la fê-^
conde peribnne du pluriel du préfcnt de l'indicatif,'
qui fait, vous médife\. Cette exception eft commune
à tous les compofés de dire.
MEILLEUR , eft le comparatif de l'adjeaif ^o/iî
voye-^ Degrés de coMPARAisotr.
MÉLODIE : voye:^ Harmonie.
MÊiME , efl un des pronoms indéfinis : voye^ cet
article aux mots Pronoms &* Licences Poétiques.
Il figure aufli parmi les adverbes : voye"^ Adverbes.
Il efl encore du nombre des conjondions extenfiH
ves : voye? Conjonctions.
MÉPRENDRE. Verbe réciproque & irrégulier i
de la quatrième conjugaifbn , compofé de prendre St
de l'adverbe modificatif mal ou mé , qui revient ail
même : comme fi l'on difoit , prendre mai ; c'efl-à-^
dire ^ fe tromper. Je me fuis bien mépris ^ qu<ind j ie
crus fidèle» Remarquez que fi l'on confêrve l'adverbe
mal devant le verbe prendre , il a une fignification un
peu diilércnte de méprendre» Il s'y eft mal pris , dans,
cette aff.ùre. Il s'ejl mal pris d cet ouvrage»
Il fe conjugue comme le verbe prendre, en obfer-!
Vantles différences qu'exigent les verbes réciproques*
MÉSOFFRIR Verbe neutre irrégulier , de la fé-
conde conjugaifbn , compofé d'offrir , fur lequel il fè
Conjugue , & de 'né , qui vient de l'adverbe mal , 8c
qui dénote de l'abus & de la diminution. Méfoffrir efl
donc comme fi l'on difoit , offrir mal , ou moins
qu'il ne faut ; enfbrte que la perfonne à qui ou vis*?
à-vis de laquelle on méfoffre , en rcffentiroit quel-
que tort ou quelque peine. Ce verbe n'efl en ufag^
qu'eji matière d'achat & de marché,
Ai)
^ MET-
Vous méfofre^ trop de ma terre y four que je vous Ut
vende-
Participes, Mcfcffrant , méroffcrt , méfofFerte :
voye"^ Offrir.
MESURE : vo^e7( Nombre Oratoire.
. MÉTALEPSE. La métalepfe tH une efpece de mt-
îonymie. Ces deux mots grecs , qui fîgnificnt tous
éeux changement , s'emploient pour dé/igner un
mot-, une chofeprife pour une autre. Quand on ex-
prime ce qui fuit , pour faire entendre ce qui pré-
cède , ou ce qui précède pour faire entendre ce qui
fuit , c'eft une métalepfe. C'eft l'antécédent pour le
conféquent , ouïe conféquent pour l'antécédent.
On croit , avant que d'énoncer fa croyance : ainfi
il y a une métalepfe , quand on le fert de parler ou de
{^ire , pour fignificr croire» Par exemple, dans cette
phrafe, dire^-vous après cela que je ne fuis pas de vos'
lunis ï Ceft comme iî l'on difoit , croire-^-vous , a«re^-
i/ousfujet de dire que je ne fuis pas de vos amis ?
On rapporte a. la métalepfe ces façons de parler :
il oublie les bienfaits ; c'ell-à-dire , il n'eft pas recon-
noiffant. SouventT^-vous de notre convention ; c'eft-à-^
dire , obfervez notre convention. Je ne vous cannois
paj;c'efi-à-dire,je vousméprife;vous êtes à mon égard
Comme n'étant point. Mithridate dans Racine dit :
Cen eft fait , Madame, & j'ai vèca.
cour dire , Je vais ceffev de vivre. Je renonce à la vie.
La métalepfe fe fait donc lorfqu'on paffe comme par
degrés d'une fîgnification à une autre , comme quand
tondit, il eft mort pendant la moifjon ; c'cft-à-dirc »
dans le temps de la moiffon. Ceft du vin de quatre
feuilles , pour dire > c'cft du vin de auatre ans. La
feuille qui croît chaque année fe prend pour l'année.
■ MÉTAPHORE.Cc mot fignifie en grec tranfport,En
cffet,cettc figure tranfportc lafignification d^unnom a
ime autre lignification,quinclui convient qu'en vertu
d'une comparaifon qui eft dans l'clprit. Un mot pris
ti\étaphoriquçment perd donc fa propre /îgmficauon ,
MET
pour CM prendre une nouvelle qui ne fe prlfcnte k VtC
rm que par la comparaifon que l'on fait entre le fcns
propre de ce mot , & ce qu'on lui compare. Par exem-
ple, on du , les Sciences chapent les ténèbre? de Vimo-
rance. Le mot Sciences perd ici fa %nification propre
& primitive de connoifTances , pour prendre celle de
lumière ; & cela par la comparaifon que nous faifons
entre les Sciences qiii éclairent l'efprit, &Ialumiere
du lûleil qui nous fait voir les objets,en diiîipant les
ténèbres de la nuit. Le mot dont on fe fertdans la mé-
taphore eH donc pris dans un autre fens que dans le
icns propre : il eft , pour ain/î dire , dans une demeure
empruntée , comme dit un Anciau.
Si l'on appelle la Grammaire il clef des Sciences ,
la Logique la clef de la Philofophie , c'eft par corn'
pai-anon de ces Sciences prélin^naires qui ouvrent
1 entrée aux Sciences plus profondes , avec une clef
qui ouvre les portes d'un appartement.
n y a donc toujours une forte de comparaifon entre le
mot auque on donne un fens métaphorique , & Tob^t
auquel on rapplique. Quand les métaphores font ré-
gulieres,uefl aife de fai/irje rapport de comparaifo-,
Cette figure jette beaucoup de brillant dans le lîy le-
&c eiUametaphorequifaitragrément de cettepenféc
d Horace , lorfque Mécène lui demandant encore des
vers, u repond, que c'efl rappeller au combat un Soi-
tiatqui a fait fes preuves , & qui a reçu fon congé.
Un peut appercevoir toute l'énergie de la meta-
phore dans l'exemple fuivant. ^ ^'
Tu joins Ja médifance avec la uahifon ,
Et ta bouche fmpu;îente eft une impure fource ,
<5ui tache tous fes bords & répand fon poifon
Sur les plus belles fleurs (qu'elle trouve en fa co«rfe,
I-a gloire la plus vive y trouvefon tombeau ,
Ton haleine inférée en éteint le flambeau ,
Et flétrit fans refpecft la vertu la plus pure :
Elle tue en riant , & peut bien fans horreur
Xîeurtrir même fon frère . outrager la nature ,
Et faire de fâng-froid un ads Je furcuf .
A il]
s MET
Les métaphores doivent être claires ; elles ne àoU
Vent point être forcées , ni tirées de loin , encore
imoins rouler fur des idées baiïes.
Cette métaphore de RoufTeau eft forcée :
£t Aéja les zépWrs de hurs chaudes haleines
Ont fondu Técorce des eaux.
î^'idée de fondre ne s'allie point d'ailleurs avec celle
d'écorce.
Celle de Tertullien,qui,en parlant du déluge unlver-
fel , dit quilfut la lejjive du genre humain ,s^ éloigne
tout-à-fait du bon goût , parceque l'idée en cft baiTe,
M. de Voltaire, à. l'occa/îon de ces vers de Cor-s
neille dans Polyeuâè , Ad. IV , Se. III ,
Sa faveur me couronne entrant dans la carrière j
Du premier coup de vent il me conduit au port »
Et fortant du Baptême il m'envoie à la mort.
fait la remarque fuivante :
oîObfervez que voilà trois vers qui difent tous la
î»> même chofe ; c'eft une carrière , c'eft un port , c'efl
>î la mort. Cette fliperfluiLé fait quelquefois languij
&> une idée ; une feule image la fortifieroit. Une feule'
2D métaphore Te préfente naturellem ent à un eC^i
^> rempli de fbn objet ; mais deux ou trois métapho-
3> res accumulées fentent le Rhéteur. Que diroit-oi
D>d'un homme qui en revenant dans fa Patrie diroit
35 je rentre dans mon nid; j'arrive au port à pleine
55 voiles ; je reviens à bride abattue ? C'eft une regl(
95 de la vrai éloquence, qu'une feule métaphore con
83 vient à la paffion.
Qui s'ofjnt revêtir de ce phantôraeaimé.
Corneille dans Hcrjclius,
r>^ Pciit-on (e revêtir d'un phantôme ? L'image eft
55 elle affci jufte ? Comment pourroit-on fe mettre ui
»i phantôme fur le corps i Toute métaphore doit ctr«
aa une image qu'on puiffc peindre.
Ce dc/Tein avec lui Icroit tombé p3r terre.
ÇQrneille , Ibid. '
MET f
fcOn a déjà repris ailleurs ces façons de parler vî-
iwcîeufes. Toute métaphore qui ne forme point une
»s image vraie & feniible . efî: mauvaife : c cil une re-
95 gle qui ne foufFre point d'exception. Or quel Peintre
y> pourroit repréfenter une idée qui tombe par terrée,
Couvert ou de louange ou d'opprobre éternel.
Corneille , Ibid.
■55 On ne peut dire couvert àelouange^ comme on dît
»» couvert de gloire, de lauriers, d'opprobre, de hon-
»•> te : pourquoi l C'eil qu'en effet ia honte, l'opprobre,
9' la gloire , les lauriers , femblent environner un
33 homme, le couvrir. La gloire couvre de les rayons;
s? les lauriers couvrent la tête ; la honte , la rougeur
M couvrent le yifage : mais la louange ne couvre piis«
M. de Voltaire, ^
Quand il y a plu/ieurs métaphores de fuite , il n'ed
pas nécefTaire qu'elles foient tirées du même fujct.
On diroit fort bien, l'an doit erre, pour ainfi dire, enté
fur la nature : la nature foutient l'art. G- luifert de bafe ;
G" rart einheUit Cr» perfeâlionne la nature : mais il ne
faut pas les tirer de fujets oppofés ; ils exciteroient
4es idées qui ne s'allieroient pas enfemble. On a eu
raifon de reprocher à Malherbe d'avoir dit :
Prends ta foudre > Louis , & va comme un lien.
On liCoit dans les premières éditions du Cid :
Malgré des feux û beaux qui rompant ma colcre.
Feux: & rompent ne vont point enfemble. le mot de
troublent , qu'on y a fubftituc , ne répare pa.3 la pre-
mière faute. )
Chaque Langue a (es métaphores propres S:conLa-
çrécs par l'ufage ; c'efl ce qui fait qu'il efl fouvent
impofiible à un Traducteur de faire pafTer les mé-
taphores d'une Langue dans une autre Langue.
Comme elles font quelquefois tirées des mœurs &
4es ufages > on peut dire que telle métaphore qui cH
8 MET
reçue chez un Peuple , ne l'ellpas chez un autre q\iî
n'a pas les mêmes mœurs ni les mêmes ufages ; que
tclJe qui étoit noble & ufîtée autrefois , eft devenu»
bafle , parceque les mœurs ont changé.
On ne doit donc pas condamner une infinité de
métaphores qu'on trouve dans les Anciens , parce-
qu'elles ne s'aliient pas à nos ufages.
MÉTH ODE. L'efprit humain ne pouvant difcerner
tout d'un coup la vérité qui eft cachée à Tes yeux , a
bcfbin d'un giûde pour le conduire dans les recher-
ches : c'eiî la méthode. On peut la définir en général ,
l'art de bien difpofer une fuite de plufieurs penfées ,
ou pour découvrir la vérité que l'on cherche , ou pour
la démontrer aux autres quand on l'a trouvée.
Delà deux fortes de méthodes : l'une de réfolution
pour découvrir la vérité > voyei[ Analyse.
L'autre de doftrine , pour faire entendre aux aur
très la vérité qu'on a trouvée : voye"^ Synthèse.
La méthode eft la clef des Sciences & des Arts;
C'eil elle qui met de l'ordre dans nos idées, & qui
nous conduit comme par la main de connoifFances en
connoiiïances : elle écarte les faux jugements ; elle ap-
planit les difficultés ; elle décompolc les propofitions
trop compliquées , & nous découvre ainfi les vérités
les plus cachées. Sans méthode on ne peut faire aucun
progrès;on marche au hazard ; on s'égare, & l'on fait
beaucoup de chemin fans faire un pas vers le but.
MÉTONYMIE. Ce mot tiré du grec fignifie change-
ment de nom. Ce changement eft commun à tous les
tropcs , puifque jamais un nom n'y efl pris dans le fens
propre ; mais la métonymie diffère des autres tropes ,
en ce qu'elle n'eft point fondée , comme les autres ,
fur un rapport de reficmblance ou d'oppofition, mais
lur un rapport de relation , comme de la caufe à l'ef-
fet ; de l'cftét à la caufe ; du contenant au contenu ;
du nom du lieu où la chofc fe fait, à la chofe même ;
du figne à la chofe lignifiée ; du nom abftrait au con-
cret -, des parties du corps où l'on place les palftons &
les fcntlmcnts , aux fcrntiments mêmes. Nous allons,
«ionncr des exemples de ces différentes relations.
MET ^
^ors fut desvaifleaiixdéfcenduc
Toute la Cerès corrompue :
£n langage un peu plus humain
C'eft ce de quoi Ton fait du pain.
( Scâron , Virgile crai/efii ).
Cérès , inventrice de bled , eft prife ici pour 1«
bled même : c'eft la caufe pour l'effet.
C'eft dans le même fens que l'on dit : V amour lin*
guitfans Bacchus ù" Cérès,
M. Fléchier, pariant du fage & vaillant Machabéc ,
auquel il compare M. de Turcnne , dit : Cet homme gui
réjouijjoit Jacob parfes vertus Çr parfes exploits, Jacob y
père des liraëlitesjeft pris ici pour le Peuple d'Ilraël,
Quand on dit d'un homme qui écrit bien, qu'z/^u/ze
belle main , c'eft la caufe inftrumentale pour l'effet,
3> Aux pieds du Trône étoit la Mort pâle G' dévo-
9> rame , avec (a fauix tranchante , qu'elle éguifoit
3> fans ecffe ; autour d'elle voloient les noirs foucls ,
les cruelles défiances , les vengeances , toutes dégoà^
tames de fang , ^ couvertes de plaies*
La mort n'eft point pâle , les fbucis ne font point
noirs, ni les défiances cruelles, ni les vengeances dé-
goûtantes de fang & couvertes de plaies; mais com-
me elles produifent ces effets , on donne à la caulc
des épithetes qui ne conviennent qu'à l'effet,
Lorfqu'on dit d'un homme , qu'i/ aime la bouteille ^
au lieu de dire qu'il aime le vin , on prend le conte-^
liant pour le contenu.
On prend le nom du lieu où une chofe (e fait ,
pour la chofe même , quand on dit un Caudebec ,
pour un chapeau de Caudebec, Ville de Norman-»
4ie ; une Perfe-, pour une toile de Perfe ; un Pagnon ,
pour un drap de la fabrique de Pagnon.
C'eft par la même raifon qu'on prend le Portique ,
lieu où Zenon enfeignoit la Philotbphie , pour fà
Philclophie même ; le Lzceeoù Arifiote enfeignoit u
llodri^e , pour fa dodrine même.
Cefl-Iàque ce Romain , dont l'éloquente voix
D'un joug prefqus cereain fa^vafa Rcpubliq'.ie,
10 MET
Fortîfîoir Ton cœur dans l'étude des loîâ
£t du Licée&c du Portique.
( Roujfeau )„'
On prend le Sceptre pour la Royauté ; le Chapeau
de Cardinal pour le Cardinalat;r£/7dV pour la Profef^
iîon milicaire:/aPt(jZ'e pour la Magiftrature. Dans toutes
ces façons de parler,c'eft le figne pour la chofe fignifiée*
Quand on dit que le Royaume de France ne tombe
point en quenouille^ pour dire que le Sceptre ne pafîe
point entre les mains desfémmes,c'e{l encore le hgnc
pour la chofe fignifiée La quenouille, dont les femmes
feules ie fervent pour filer , déiigne ici les femmes. :
On Drcnd fouvent le nom abftrait pour le nom
concret. Par exemple , quand le Fabulifte dit que U
Cigogne mit la Lonyueur de Ton cou dans la gueule dit
Loup , au lieu de dire (on long cou , &c. : voye-^ Sens
ABSTRAIT, Sens CONCRET.
Nous regardons le coeur comme le fiége du cou^
rage , la tête comme le , liège du bon fens ,. &Cj|
Ainfi quand on dit, cet homme a da cœur , a une
bonne lête , c'eft par métonymie.
C*bll encore par métonymie , quand on dit deux
cents philippes d'or , deux cents loui^d'or , pour deux
cents pièces de monnoie portant l'empreinte de
Louis, de Philippe.
Dans l'emploi de la métonymie , il n'ed point per-i
mis de prendre indefféremment un nom pour un au-j
tre ; il faut que les cxprefTions figurées foicnt autoJ
rifées par l'ufage , & que ce qu'on veut faire enten-^
dre fe préfente naturellement à l'efgrit.
MÉTRÉ : voy-''^ Nombre oratoire.
METTRE. Verbe adif , réciproque & irrégulicr,de
la quatrième conjugaifon. Il /ignifie pofer , placei
quelqu'un ou quelque chofe en certain lieu. Le le-
cond régime efi: toujours précédé de quelques prépo-
fitions ou particules qui marquent le lieu : fouvent
c'cft la prépofition fur , quelquefois d , aux ; d'au-^
trcfois en ou dans ou devant , &c. Exemples , metteil
voire chapeau Jur votre re.'f.
Le verbe mettre tout feul délîgne quelquefois' le lieu>
comme quand on dit feulement, mettez votre chape :iU9
MET 11
Mettei la main i la -plume. Le fulminant ( en pariant
d'un vaifîeau) , a mis à la voile. Il a mis l'é^é-au poings
Mettre le cafque en tête.
Mais la pitié , que iVimable nature
Mit de fa main dans le fond de nos cœurs
Pour adoucir les humaines fureurs.
Folt.iire.
Mettre vient du verbe latin mittere^ qui fignifîc en^
voyer. Il conferve quelquefois en François cetie fi-
gnification , meure fes ^ens en campagne ; c'efl-à-
dire , les envoyer à la découverte.
Ce verbe s'emploie en une infinité de fîgnincations
différentes. Cela viendroit-il de la difette de la Lan*-
gue, ou de la reffemblance des chofes qu'il exprime l
Quoi qu'il en fbit , fa lignification efl fort étendue.
Nous nous contenterons d'en donner quelques exem-
ples ; car il feroit trop d'en épuifer i'énumération ,
ou d'en développer tous les fens C'efl au grand ufage
qu*il faut avoir recours ; lui feul peut faire connoître
quel fêns prend un mot dans tant de phrafes diffé-
rentes. On dk au figuré , mettre de Veau dansfon vin»
Mettre la charrue devant les bœufs. Mettre la doigt def-
fus. Mettre la dernière main à un ouvrage. Se mettre
enquatre-pour quelqu'un. Mettre une quejïionfur le tapis*
Se mettre fur f on quant d moi. Mettre quelqu'un aux
abois j à la beface , à la raifon. Mettre en compromis y
en colère , en peine , en belle humeur. Mettre une psnfée
en vers , en profe. Mettre aux mains. Mettre d'accord.
Mettre au hasard de, , , Mettre au fait d'une affaire.
Se mettre d tout. Mettre un Livre au jour. Se mettre d
tous les jours , &c. Prefque toutes ces façons de par-^
ler font proverbiales.
Le verbe mettre fe confîruit fouvent avec le pro-
nom perfonnel & un autre verbe à l'infinitif, p'-écé-
dé de la particule à ; alors il marque un commence-
jnent ou une continuation d'adion ou d'application.
// fe mit à parler tout bas, Tout le monde fe mit à
crier. Il s'efl mis tout de bon à érudier»
JLqs compofés du verbe mettre Cont démetive^remeîîrey
12. MIE M(EU
permettre ycntr émettre , omettre ^j)r omettre , commettre ,
îY an [mettre & fcumettre : voyei cej verbes , chacun i
leur articlem
Indicatif. PréCent. Je mets, tu mets, il met ; nous
mettons, vous mettez,, ils mettent. Imparfait, Je
mettois , &c. Prttcrit. Je mis , &c. Conditionel préfent*
Je mettrois , &:c. Impératif. Mets, qu'il mette ;
mettons , &c. Subjonctif. Préfent. Que je mette >
&c. imparfait. Que je milTe. Participe préfent. Met-
tant, indéclinable. P ir.nuipe Vafjé. Mis , mife.
l^ous les autres temps fe forment félon les règles
communes.
MIEN, eflundesadjedifspofTeffifs :vojye:j' Adjectif,
MIEUX, eil un des adverbes de comparaifon:
ypjer Adverbe.
MINEURE : ;^q)/£r Preuves , Syllogismes.
MODES. Lesmodesfont les diverles inflexions des
verbes, qui fervent à exprimer les manières différen-
tes dont on affirme; à diftinguer les affirmations géné-
rales , les abfolues , les défirées & les conditionnelles.
Delà les quatre modes , qui font , rinfinitif lindiccL-
îif^ Vin.vératif Se le fuhjon6lif: voyez ces articles.
MŒURS. Nous avons dit au mot Invention , que
les mœurs étoient le fécond moyen de perfuader. En.
effet , le but de l'Orateur ne doit pas être feulement
d'éclairer l'Auditeur , il doit encore l'intéreffcr. Il
n'eftpour cela que les moeurs.
Si celui pour lequel il parle a réellement de la jufi
tice , de la religion , de la probité ; s'il eft honnête-
homme & vertueux , c'eff là ce qu'on appelle des
mœurs réelles. L'Orateur alors n'a befoin que de le
faire fentir, que d'exprimer ces moeurs par quelque
trait délicat & vrai , qui fera d'autant plus d'impret^
Jion qu'il femblera lui être échappé fans qu'il y pen-
sât. La vertu a des droits certains fur tous les cœurs ;
l'homme le plus vicieux fe plaît à rcconnoître la
vertu dans un autre , à voir qu'elle eff fou guide &
le principe de toutes fes adions. Un homme vertueux
intéreiîêra toujours tous les autres hommes en fa
faveur j mais il peut n'être pas conclu pour ici par
ceux
M (E U ij
Ceux qui doivent le juger. Il faut que l'Orateur Tupplée
à ce défaut ; il doit alors lui donner des mœurs , &: ce
font celles-là qu'on nomme Mœurs oratoires.
Rofcius d'Amerie cft accufé d'avoir lué loa père. C'eft
un crime affreux. Les Romams dévoient être naturelle-
ment prévenus contre un homme foupçonné d'un pareil
forfait. Un Phiiofophe ne fe feroit pas prévenu j mais
le Peuple fe livre tout entier aux préjugés. Que fait
Ciceron pour écarter un pareil foupçon ? Il donne des
mœurs à Rofcius j il le peint comme un homme à la
fleur de fon âge , & qui a l'innocence de la jeuncfTe. Il
n'a jufqu'ici commis aucun crime 5 au contraire il a été
vertueux : d'ailleurs un fcélérat ne débute pas par un
parricide. Il lui fait dire qu'il confent à abandonner à fes
accufateurs fes richeffes ^ dont ils font fî avides , pourvu
qu'ils lui lai{fent fa gloire. Quel homme auroit été affez
dur pour n'être pas touché de cette vertu & de cette gé-
nérofité ? Rofcius fut abfous.
Qu'eft-ce qui ne s'intéreife pas pour ce Payfan de la
Coinédie des Fables d'Efope ? On lui raconte la Fable du
J-oup & de l'Agneau j aufli-tôt il s'écrie :
Eh fi ! le loup devroic mourir de honte î
L'agneau buvoit à pan , ôc ne lui difoit mot.
L'Orateur doit connoître le caradere & la façon de
penfer de ceux devant lefquels il parle. L'homme a tou-
jours un pré/ugé pour lui-même. Flattez ce préjugé,vous
Je prenez par fon foible ; vous lui plaifez.
Sinon étoit Grec. Les Troyens dévoient donc s'en dé-
fier. Que fait-il pour gagner leur confiance ? Il comble
d'éloges ceux qui aiment les Troyens ; il maudit les
Grecs , & fur-tout Ulyffe , qui étoit le plus odieux aux
Troyens. Il parle comme auroit parlé Priam lui-même.
Les Troyens font féduits.
Les mœurs varient fuivant l'âge , la condition , les
pafTions , & les difpofîtions. L'Orateur doit bien prendre
garde à ces quatre circonftances. Qu'il n'aille pas faire
parler un jeune homme comme un vieillard j un Magif^
trat comme un Artifan. Il auroit beau être éloquent, il
ne feroit plus dans la Nature 5 il ne tçuçheroit plus.
Tome IL B
14 M (E U MOI
Confervez à chacun fou propre caraûcre ;
Des fiecles , des pays , étudiez les mœurs :
Les climats font fouvent les diverfes humeurs.
Gardez donc de donner , ainfî que dans Clelic ,
L'air , ni refprit François à l'anrique Italie j
Et fous des noms Romains fefant notre poitrart ,
Peindre Caton galant , ôc Brutusdamerec.
: ' Le tems qui change tout , change auflî nos humeurs:
« ' • '■ Chaque âge a fes plailîrs , fon efprit & fes moeurs.
^ Un jeu'te homme, toujours bouillant dans fes caprices ,
Efl prompt à recevoir l'imprellion des vices ;
£ft vain dans fes difcours , volage en fes delîrs^
Reiif à la cenfure , 5c fou dans les plaifirs.
L'âge viril plus mur infpire un air plus fage ,
Se poulie auprès des grands , s'intrigue , fe ménage j
Contre les coups du fort fonge à fe maintenir ;
Et loin dans le préfent regarde l'avenir.
La vieillelle chagrine inceflamment amafîe ,
Garde , non pas pour foi , les tréfors quelle cnrafTe >
Marche en tous fes defleins d'un pas lent ôc glacé ,
Toujours plaine le préfent , & vante le paflé j
Inhabile aux plaifirs dont la jcunefle abufe,
Blâmt en eux les douceurs que l'âge lui refufe.
Ne hiif< s point parler vos Afteurs au liazard ,
Un vieillard en jeune homme, un jeune homme en vieillard.
Etudiez la Cour , & connoiflez la Ville :
L'un &c l'autre eft toujours en modèles fertile , Sec.
BoHeait , Arc Foëtiquc.
MOI , cft un des pronoms pcrfonncls pour la première
pcrfonnc du fmguiier : voye'^ Pronoms.
MOINDRE , eft le comparatif de l'adjeaif i'cr/f :
i/oyc^ Degrés De comparaison.
MOI MOT i^
MOINS , eft un des adverbes de compaiaifon : voye:(^
'Advirbe.
MON , eft un des adjedifs poiTefTifs : voyei Adjec-
tif.
MON DIEU , eft une des particules exclamatiyes t
voyei Particules, Construction.
MORBLEU , eft une des particules imprécatives î
voyei Particules , Construction.
MOUDRE. Veibe actif irrc^.gulier , de la quatrième
conjugai{on. II fignifîe prendre , ferrer quelque choie
avec les dents. Ce terrae dans fon fens propre ne con-
vient guère qu'aux animaux que la Nature a pourvus
de dents pour fe défendre, comme les chiens , les loups ,
&c. Mais la métaphore l'a tranfporté à une infinité de
chofes, par la relTemblance qu'elles ont avec les morfj-
res de ces animaux , & les déchirures qu'elles font. Ainfî
l'on dit , mordre le prochain ; c'eft-à-dire , déchirer (k
léputatioii 5 mordre la pouffiere , comme pour marquer la
rage & le défefpoir de l'ennemi terralTé & vaincu.
Mordre eft quelquefois neutre. La c en f are n a point cl
mordre fur ma conduite. Son efprit ne peut mordre a telle.
Science y c'eft-à-dire, y trouve trop de difficultés. Var-"
îicipes. Mordant, mordu, mordue. Le premier eft fou-
vent adjcdif. EJprit mordant. Femme mordante. Impéra-
tif. Mords, qu'il morde , mordons, &c. Subjonctif»
Préfent. Que je morde, &c. Imparfait. Que je mor-
di/fe , &c.
Les temps compofés fuivent les règles communes.
MOTS. Un mot eft compofé d'un ou de plufieuis
fons réunis , ne faifant qu'un tout , & propre à faire
na'itre une idée. Les mots ne font formés que des fons
que l'on fait entendre quand on parle.
Quelquefois un feul de ces fons fufîit pour un mot,
comme moi , je , vais ^a^la^ m.ort. Voilà fîx mots de
fuite qui ne font compofés chacun que d'une fyllabe ou
d'un fon. Souvent il faut plufleurs fons ou plulîeurs fyl-
labes pour un mot , comme entretenir , commerce ^ avec ^
l ennemi. Voilà quatre mots dont le premier a quatre
fons ou fyllabcs \ le lecond trois 3 le troifieme deux , &:
le quatrième trois.
Quand les Langues fe font formées , il n'a dépendit
Bij
îi MOT
que (tu caprice & de l'oreille, de régler combien de fôns
& quels Tons concourroicnt pour la formation d'un mot :
mais étant une fois arrêté que tels & tels fons forme-
roient enfemblc un mot , ces fons ont été fixés par-là ,
& n'ont plus fait qu'un tout, qu'un feul mot. L'ufage &
l'oieille ont également réglé quelles idées feroicnt atta-
chées à chaque mot , les mots n'ayant été mftitués que
comme des lignes propres à repréfenrer aux autres les
penfées qui font dans notre ame. Ainfi un ou pliilicuri
fons réunis qui ne réveiileroient aucune idée , ne feroient
pas un mot.
Les mots d'une Langue fe divifent en plufieurs claffes,
dont la diiférence porte fur celle de nos idées : ces claifes
font 2^^Q\\éQspanies d'orai/on , c'ell-à- dire parties du dif-
cours. Leurs diftindions pour être failîes, demandent une
-vue de l'efprit fine & métaphyfque. Ce peut ctre un in-
convénient pour la jeuneife (ur-toutj mais c'efl un incon-
vénient indifpenfabie. Les hommes n'ont d'abord l'idée
que des objets qui les frappent : les êtres qui nous environ-
nent font donc les premières chofes que nous avons dii
chercher à défigner , comme étant les plus inrérelTantes
pour nous, parcequ'clles peuvent nous être d'un ufage
ou d'un inconvénient plus prochains , plus fenfibles Se
plus grands. Les mots deftinés à les déiigner font les
noms. Ce n'étoit pas alfez pour les hommes de dchgner
les objets phyfiques qui peuvent les intéreilcr j il falloir
pouvoir marquer le degré d'intérêt qu'ils y prcnoient ,
dire ce qu'ils en penfoient , le jugement qu'ils en por-
toient. Les mots deftinés à défgner ce jugement ont été
appelles verbes.
Voilà la première & la principale divilîon des mots.
Un jugement elt une alTertion de convenance ou de dit-
convenance entre deux ou plufieurs idées. Je vois du
pain y j'en ai mangé 5 il m'a fortifié & m'a procuré une
fenfation de plailir. Je juge , j'alllire que ce pain qÛ
bon. Ce pain efi bon: voilà mon jugement, qui a {Jout
terme les idées de pain 3 & de bon : pain Se bon Côht dci
noms y le mot e/i qui exprime mon allertion cft le-
verbe.
Si l'on n'avoir eu que ces deux fortes de mots, on au-
roit éré fouvc;ic fort gcné dans ce qu'on vouloit iaii'^
cutcndrCi-
MOT 17
Les iugemens mêmes que nous pqi'tôus fui les
objets pbylicjues , nous fourniiTent des idées de compa-
railon , des rapports de convenance ou de difconvenan-
ce entre plufîeurs objets , des idées de colledion ou gé-
nérales , qui font comme le réfumé , le total de plu-
ifîeurs idées particulières ; d'où font venus les noms ab-
flraits tels que la bonté , la douleur , la beauté , la. fraî-
cheur ^ d^c. Les mots employés à les défigner dévoient
être compris dans la clafle des noms , puiique ces idée?
quoiqu'abftraires appartiennent à des oôjets que nous
concevons comme s'ils exiiloient réellement.
Ces noms ablaaits font formés d'autres noms dont
les idées rcpréfentent des cliofcs réelles qui ne font
point des objets , mais des qualités appcrçues dans les
objets 5 ainfi bonté vient de bon , beauté de beau 5 fraî-
cheur de frais , &c. Bon , beau , frais , font des quali-
tés attribuées à des objets réels $ qualités réelles elles-
mêmes , au moins par rapport a l'intérêt que nous pre-
nons à CCS objets. Ces mots font donc des noms 5 mais
d'une forte différente des premiers : ceux-là peignant un
objet réel ou fuppofée réel , ne peuvent convenir qu'à
cet objet même , on les nomme, fubjlant ifs : ceux-ci dès
qu'ils rcpréfentent non pas un objet , mais une quali-
té , peuvent convenir à tous les objets dans le(quels
cette qualité fe peut trouver 5 on les appelle adjectifs.
On a eu le fecret de trouver des mots qui renfer-.
malfent en même-tems l'idée qui ePc jointe à l'affirma-
tion dans les verbes , mais dépouillée de cette a£irma-
tion , ^ qui eulfent les prérogatives & l'ufage des noms
adje(^ifs \ par conféquent des m.cts qui participalfeni de
la nature du nom & du verbe , on les a nommés par-
ticipes.
Souvent dans un difcours fuivi un même nom de-
vroit revenir très fouvent , & ce n'eft pas affez pour
une langue de fufnre à nos idées, nous devons encore
y ménager autant d'agrément qu'il e(l pofuble ; de pe-
tits motsdeflinés à remplacer ces noms dévoient avoir
le double avantage , de varier le difcours, &c de l'abré-
ger ; ces petits mots ont çté nommés pronoms.
Il y a dans la naturç qua^nté d'objets qui fe reiîem-
yr^.î*,^?? EQUï ^x^ir, â4 jiçius .çoivp^is, fous une i^içins,
Biij
\î MOT
dénomination 5 ce font les noms d'crpeccs : Comme »
homme ., femme 3 cheval ^ arbre ^ maifon ^ Sec. Lorfqu'on
aura voulu pai'Ier d'un de ces objets pris en particulier
& individuellement , le nom fubftantif qui le repré-
fente n'aura pas eu affez de précifîon pour le défigner à
refprit comme on l'aura fouhaité : pour fuppléer à ce
défaut , on a inftitué de petits mots qu'on appelle ar^
ticles.
Souvent nous voyons entre plulîeurs objets bien des
rapports que les verbes ne peuvent indiquer feuls : on a
inftitué d'autres mots , qui placés entre les noms de ces
objets fîxoient ces rapports apperçus ; & les mots de
cette dernière clafTe font hs prépo/itions.
Il y a des occafions où l'on a trouvé le moyen de
marquer ce rapport , & le mot fuivant par un fcul met
qui fupplée au fécond fubftantif & à la prépolîtion 3 ce?
jmots font les adverbes.
Dans un difcours fuivi nous avons non-feulement a
exprimer difFérens rapports entre les mots , mais auflfi
entre les phrafes ou les jugemens : les mots propres à
marquer ces liaifons, ces rapports de phrafe , font les
4onjoncîions.
Enfin il eft des mouvemens particuliers de l'ame que
l'on a voulu marquer , & qui ne fe trouvant point ren-
dus par les mots des efpeces précédentes , en ont exigé
une claife à part que nous nommons interjeciions.
Voilà les différentes fortes de mots qui fe trouvent
dans la Langue françoife. Les détails qui les concer-
nent fe trouveront à leurs articles refpeâiifs : l'ordre
dans lequel on doit les ranger fe voit au mot Cons-
truction.
Plufieurs de ces fortes de mots font invariables^
c'eft-à-dirc , reftent toujours les mêmes , parceque les
idées , qu'ils font dcftinés à faire naître, ne demandent
aucune variation , n'en fouffrant point elles mêmes ;
telles font les interjetions, les conjonélions, les pxépo-
iîtions. Les autres en admettent qui fervent fingulierc-
ment à abréger le dilcours. Ces petites différences , qui
fe trouvent dans les fons j ou dans les lettres des mots,
s'appellent accidents. Ces mots ne doivent prendre l'un
pu r^utre de leurs accidents que félon les occafion$
MOT î9
convenables, C'eft au mot Syntaxe , que Ton dévelop-
pe touc ce qui efV néccfîaire pour cet objet.
Il y a deux chofes à diftinguer dans les mots en géné-
ral i les Tons, & le fens ; tout ce qui regarde les Tons
fe trouve dans les articles Prosodie-6' Prononcia-
tion.
Pour ce qui eft de réci-iiure des mots : voye^ les arti-
cles Orthographe , Voyelles , Consonnes ,
Diphtongues , &c.
Quant au (ens , on peut faire bien des divifîons des
mots , outre celles que nous avons données : quelque-
fois plufieurs mots bien différents quant aux Ions ,
femblent cependant fîgnifîer une même chofe : on les
appelle fynonimes. En eft-il de cette clafTe dans la Lan-
gue françoife ? voye"^ Synonimes.
Quelquefois un mot reftant toujours le m^cme prend
diverfcs fignifîcations : ceux de cette forte fe nomment
homoîiimes : voyez cet article.
Comme rien n'eft auifi capricieux & aufîi inco nftoic
que l'ufage , il arrive que tels mots dont on fe fervanc
autrefois fréquemment ne font plus employés aujour-
d'hui que très rarement & dans certaines circonftan-
ces y de-là les mots vieux : que tels mots , qui d'ailleurs
ne fignifîent rien de moins décent que bien d'autres qui
n'ont pas eu le même malheur , font cependant tombés
dans le m.épris; de-là les mots has : que tels mots ayant
eu un ufage très fréquent, & concernant des objets qui
touchent aux mœurs , à l'honnêteté , à la décence , Se
à la pudeur , ont acquis par leur ufage même une force
d'exprefîion & une clarté qui déplaît toujours en pareil
cas ; de-là les mots grojfters : que tels mots n'ayant été
employés que rarement , & dans certaines occalîons of-
fenfent , & femblent accufer d'affeclation ceux qui s'en
fervent trop fouvent , ou dans le commerce ordinaire;
de-là les mots extraordinaires : que tels mots qu'on n'a
coutume de voir que dans des poéiîes d'un certain ftyle,
nous paroîtroient ridicules s'ils étoient placés ailleurs ,
comme dans la profed'un ftyle familier j de-là les mots
foetiques : que tels mots n'ayant jamais été employés
^u'cn traitant certaine matière, ne fe foufFrent que là 5
B iv
20 MOU
delà les mots confacrês : que tels mots ayant obtenu de
Tufage un air de familiarité , ne doivent être udtés que
dans un langage libre , de-là les mots familiers. On
peut juger de mcme des mots naïfs , nobles , plaifans y
Slc. Nous ne parlons pas des mots harmonieux ; ils ne
Je font que par la nature même de leurs fons , & c'eilà
l'oreille à les indiquer. On yerra les principaux mots
poétiques au mot Licences. Pour les autres efpeces de
mots que nous venons d'indiquer 5 les unes fourniroient
des énumérations trop longues ; & la bienCéance ne
permet pas de donner la lifte des autres. D'ailleurs c'eft
par Tufage du monde & par la ledlure des bons Ecri-
vains en tous genres , qu'on doit apprendre à connoîtrc
toutes les différentes nuances des mots & des idées q\i'ils
tepréfentent.
MOUDivE. Verbe adif irrégulier , de la quatrième
conjugaifon. Il {Igniiie mettre en poudre par le moyen
d'une meule. Il fe dit de coûtes les graines , mais fur-
tout du bled. Avant l'invention des moulins a eau & a
v£nt y on étoit obligé de moudre le grain dans des mor-
tiers.
On dit au iiguré , moudre quelqu'un de coups _., pour
dire l'accabler d'une multitude de coups.
Ses compofés font émoudre , rémoudre 8c vermouler.
Indicatif. Fréfent. Je mouds , tu mouds :, il moud ;
nous moulons , vous mouler , ils moulent. Imparfait,
Je moulois ^ &c. Prétérit. Je moulus. Futur. Je moa-r
drai j &c. Conditionnel pré fent. Jemoudrois. Impératif.
Mouds j qu'il moule, &c. Subjonctif préfent. Que je
moule. Imparf. Que je mouIuiTe , &c. Part. Moulant ,
moulu , moulue.
Les temps compofés font réguliers.
MOURIR. Verbe neutre , réciproque , & irrcgulier ,"
de la féconde conjugaifon. Il vient du verbe latin mori ^
qui lignifie ccifcr de vivre , celler d'être dans l'énat qu'on
occupoïc dans la Nature. 11 fe prend figurément pour
peindre toutes les chofcs qui ont de l'analogie avec cette
çcifation d'être. On dit d'un avhrcquilefi more j quand il
cc/fc de pouiîer des feuilles &: des branches , parcequ'il
paroit alois privé de ce principe de vie qui le faiioit
croître Zc lui faifoit fournir des feuilles , des fleurs Se
dçs f/uiis.
MOU 21
On <îit mourir de peur , de plaifir y de honte , parcecjue
CCS fentimcnts trop violents occafionnent en nous une
furpen/îon momentanée de toutes les facultés de Tamc
ou du corps. L'exprefTion eft néanmoins toujours hy-
perbolique.
Quand ce verbe eft réciproque , on ne l'emploie que
pour le préfent & l'imparfait. Il fe meurt ^ il [e mourait.
Participes. Mourant , mort, morte. Mort eft aulTi fub-
ftantif- féminin,
Indicatip. Fréfent. Je meurs , tu meurs, il meurt ;
nous mourons , vous mourez , ils meurent. Imparfait.
Je mourois , ézc. Prétérit. Je mourus , tu mourus , il
mourut 5 nous mourûmes j vous mourûtes , ils mouru-
rent. Prétérit indéfini. Je fuis mort ou morte. Prétérit
antérieur. Je fus m.ort ou morte , &c. Prétérit antérieur
indéfini. J'ai été mort ou morte , &c. Plufqueparfait,
J'étois mort ou morte. Futur. Je mourrai , tu mourras ,
il mourra ; nous mourrons , vous mourrez , ils mour-
ront. Futur pajfé. Je ferai mort ou morte, &c. Condition-
nel préfent. Je mourrois, tu mourrois, il mourroit ; nous
mourrions , vous mourriez :, ils mcurroient. Condition^
nel pajfé. Je ferois ou je fuife mort , &:c. Iz-iPÉRATiF.
Meurs, qu'il meure 5 miourons , mourez , qu'ils meu-
rent. Subjonctif p-//ê«f. Que je meure ^ que tu meu-?
res , qu'il meure 5 que nous mourions 5 que vous mou-
riez , qu'ils meurent. Imparfait. Que je mouruffe , qu&
tu mourufles , qu'il mourût; que nous m.ouru (lions ,
que vous mouruiliez , qu'ils mouruffent. Prétérit. Que
je fois mort ou morte , &c. Plufqueparfdit. Que je fiilTe
mort ou morte. Infinitif. Préfent. Mourir. Prétérit.
Etre mort. Participe préfent. Mourant. Pajfié. Étant mort
ou morte. Gérondif. En mourant ou mourant.
formez félon les règles communes les perfonnes que
nous n'avons pas indiquées. On pourroit encore formée
quelques temps fjr-corapofés avec le participe mon Se
les temps compofés du verbe être. Pavois été mort, j'ù-^-^
rois été mort. J'eujfe été mort , &c.
MOUVOIR. Verbe adif, réciproque , irrégulier &
défeclif , de la troideme conjugaifon. Il vient du vç.):-
hz lâim movere ^ qui lîgniiie mettre en mouvcnieuc,.
en a(5tioii , agiter j porter à, . . . Exemple. // c(l fiijpcilc
11 MOU
a mouvoir , c*eft-à-dirc , a mettre en aci'ion. Il fe prend
rarement dans un Cens figuré , parcequ'alors on fe fert
de Ton compofé émouvoir. On dit cependant /û/Ve mou^
voir tous Us rejforts de la politique ^ de la finefje ^ de la
fourberie ^ de la fuperckerie , &c. On dit aufTi , la volonté
fait mouvoir lis autres facultés ^ &cc. Mouvoir une que^
relie , c'eft-à-dire la fufciter. En ftyle de Palais & de
Chancellerie j tous procès mus & a mouvoir. A ces caufes 6?
autres a ce nous mouvant , c'eft-à-dire ^ portant ^ excitant.
Indicatif. Préfent. Je meus , tu meus j il meut j
nous mouvons , vous mouvez , ils meuvent. Imparfait.
Je mouvois, tu mouvois, il mouvoit^ nous mouvions,
vous mouviez , ils mouvoient. Prétérit. Je mus > tu
mus, il mut; nous mûmes, vous mûtes , ils murent.
Futur. Je mouvrai , tu mouvras , il mouvra ; nous
mouvrons, vous mouvrez , ils mouvront. Conditionnel
préfent. Je mouvrois , tu mouvrois , il mouvroit; nous
mouvrions , vous mouvriez , ils mouvroient. Impéra-
tif. Meus , qu'il meuve ; mouvons , mouvez , qu'ils
meuvent. Subjonctif. Préfent. Que je meuve, que tu
meuves , qu'il meuve ; que nous mouvions , que vous
mouviez , qu'ils meuvent. Imparfait. Que je mufTe ,
que tu mufle , qu'il mût ; que nous muflions, que vous
muflTiez , qu'ils mulfent. On évite ce tems auflibien que
le conditionnel préfent^ le prétérit ^ & le futur de l'in-
dicatif : en général ceux qui font trop durs doivent fe
remplacer par des périphrafes.
Tous les tems compofés fe forment du participe mu ,
& du verbe auxiliaire avoir y comme dans les verbes
adifs & réguliers de la troifieme conjugaifon.
Prétérit indéfini. J'ai mu, &c. Prétérit antérieur. J'eus
mvi , &c. Prétérit antérieur indéfini. J'ai eu mu , &c.
Plufqueparfait. J'avois mu,&c. Futur pajfé .Y ivlizx mu,
è:ic. Conditionnel pajfé. J'aurois ou j'eufle mu , &c. Pré-
térit du fubjonciif y que j'aie mu , &c. Plufqueparfait ^
que j'eufle mu , &c. Infinitif. Préfent, Mouvoir. Pré-
térit, Avoir mu. Participe préfent. Mouvant. Participe
prétérit. Ayant mu. Gérondif. En mouvant.
Le paflif fc conjugue entièrement comme les paflifs
réguliers. Ce verbe cft mis au nombre des verbes dé^cc^
tifs , non pas qu'il ne puifle abfolumcnt avoir tous fes
MOU M O Y ij
tcmSj puifque nous les avons tous formés ; maisparce-
c]ue plufieurs de fes tems étant trop défagréables , ne
font jamais d'ufage. Il en efl: de même de plufieurs au-
tres verbes irréguliers. Nous formons ici tous les tems
& toutes les perfonnes auxquels les verbes peuvent fe
fréter : nous ne confidérons que le poUlble. Mais dans
î'ufage , il ne faut confiderer que î'ufage lui-mcme &:
l'oreille.
MOYENNANT. Ce mot eft placé au nombre des pré-
pofîtions fimples , quoiqu'on puiiïele regarder comme
le participe préfent du verbe ;woyf/z;zer ; voye^lpRÉvosi»
TIONS.
MOYENS oa PREUVES, rc^ye^ Preuves, Dispo-
sition.
i4
N
N A I N A R
OU NE , efl: une des conromiescîe l'alphabet : voye-:(^
>\lfhabet , Consonnes 6f Prononciation.
NAÎTRE. Verbe neutre, irrégulier , de la quatrième
conjugaifon. Il fe dit de tout ce qui , dans le phyiîquc
comme dans le moral , fort de la caufe produ(^rice pour
parcître à la lumière. Les enfans qui naîtront de cet heu-
reux.mariage feront Us délices de leurs père & mère. Les
feurs naijjent au Printems, Ce tremblemera de terre fit
naître des Ifles ou il rCy en avoit point auparavara. Le
jour commence a naître. V Empire Romain naquit au fcin
du brigandage' L'ordre, naît du défordre.
Indicatif. Prcfent. Je nais , tu nais , il naît ; nous
iiaifTons , vous naiiîez , ils naiffent. Imparfait. Je naif-
fois , Sic. Prétérit. Je naquis ^ Sec. Futur. Je naîtrai , Sec.
Cc::dicionnel préfcnt. Je naîtrois ,&c Impératif. Nais ,
qu'il naiffc. Sic. Subt.Quc je nailTc, Sic. ImparfQ\ic]c
naquifTe. Part, préf Nailtant , naiflap.te. Pajfé : né , née.
Les tems compofcs de ce verbe fe conjuguent avec
l'auxiliaire être. Je fuis né, &c. Je fus nç , &c. J'étois
né , Sec. Il a pourcompcfcr^/zaZ/re ; voyez cevei'be.
On dit en parlant d'un homme , a la nai (lance ou à
Ja charge duquel un droit efi: arracha, qu'il eft Con-
fà lier o\i Préf dent ou Légat ^ né. Et par ajlufipn en par-
lant de quelqu'un qui a la liberté de venir manp;cr chez
un aufre qu;:nd il lui plaît , on dit qu'il t{iné prié.
NARRATION. Ce mot vient du verbe latin narrare ,
qui /ignifie narrer , raconter.
La narration eft la féconde partie du difcours ora-
toire.
On entend par narration en Rhétorique le récit d'un
fait ou vrai ou fabuleux.
Cette partie du difcours cH: ennemie des longues ré-
llexioîis , des orncmens trop marqués , des figures har-
dies. Elle doit paroître lîmple , fans parure & fans fard.
Il ne faut pas croire pour cela qu'elle rejette les beautés
& les grâces du difco'.'.rs.
Elle aime la brièveté & la pré.-.ifion , qui ccnfiftent à
N A R N E U 1$
ne rien omettre de ce qui peut éclaircir la matière dont
on parle, & à éviter les détails qui y font étrangers j
c'eft le précepte de Boileau :
Soyez vif 5c preflé dans vos narrations.
Tout récit efl; la peinture d'une adion ^ ainfî cette pein-
ture doit être animée. Il faut fur-tout que la narration
ait un air de probabilité & de vraifemblance. C'eft dans
cette partie du difcours, que l'Orateur doit fe donner
des mœurs & à ceux pour lefquels il parle. Mais le
grand art, c'ell de favoir jetter dans la narration les
fondemens de toutes hs preuves qu'on a deilein d'em-
ployer dans la fuite du difcours.
Le ftyle de la narration doit varier félon les diiFé-
rèntsfujets.Une Fable, une Epigramrae, une Lettre, 3c
un récit de Tragédie , ne doivent pas être écrits du me*
meftylt : Voyé:^ Elocution.
Nous ne donnerons point ici d'exemples de narra-
tion , nous renverrons les leéleurs aux Lettres de Mada-
me de Sévigné , aux fameux Plaidoyers des le Patru ,
le Maître , Cochin , aux Fables de l'inimitable la Fon-
taine, & fur-tout à M. de Fenelon , 8cc.
NE , eft une des particules alTcriives par voie de né-
gation : roy^;^ Particules. ^ '■'■:
NÉANMOINS, eft une des conjonélions adverfati--
Tes : voye-^ Conjonctions.
NEUTRE. Neutre lignifie , qui nefl ni l'un ni l'autre }
ce mot dans notre Grammaire ne s'applique qu'aux ver-
bes.
Un verbe neutre eft celui qui n'eft ni acîif^ ni pajf.f;
c*eft-à-dire , dont i'adion ne peut fe rapporter qu'à
l'objet qui en eft h fuhjeciif ou. nominatif: ainfi les ver-
bes neutres n'ont point à' objectif ou régime ; ils iiè
peuvent avoir d'autres régimes que des terminatifs :
voyei ces mors. Tels foht les verbes dormir ^ 'veitlèr ^
aller ^ venir , régner , croître , rèfler , tomber ^^ demeurer',
pajfer ^ languir , exceller , partir ^ arriver ^ triompher ,
&c. Quand on dit , je dors , tu veilles ^ il refle » nous
languijfons , vous excelle:^ ^ ils croijjent ^ Sec. Lûà arg-
uons de dormir , àsvsillerj &c. ne (è peir/enr r??ppor-
a^ N E U ■
ter , qu'à mol » à toi y en un mot à celui qui eft {tfuh'
jeciifdvL verbe : voilà pourquoi on ne peut dire , dormir
quelqu'un , triompher un Roi , &cc.
Quant à la conjugaifon , les verbes neutres fe divi-
fent en trois cla/Tes : l'une, de ceux qui dans leurs temps
compofés prennent l'auxiliaire avoir y l'autre de ceux qui
prennent l'auxiliaire êcre y & la troiileme de ceux qui
quelquefois prennent l'un , & quelquefois prennent l'au-
tre de ces auxiliaires.
Ceux de la première clalTe fe conjuguent comme les
verbes adifs de la conjugaifon à laquelle ils appartien-
nent, à moins qu'ils ne foient irréguliers : ainfi voye:j^
Conjugaison , Irréguliers. Ceux de la féconde
claffe fe conjuguent Comme celui que nous donnerons
en exemple dans cet article : & ceux de la troifîeme fui-
vent ceux de l'une ou de l'autre des deux premières claf-
les , félon qu'ils ont l'un ou l'autre des deux auxiliaires.
On peut dire en général que tous les verbes neutres
dont le participe palîé peut être employé comme adjec-
tif, c'eft-à-dire , fans auxiliaire , doivent fe conjuguer
avec le verbe éire , & que la plupart des autres pren-
nent le verbe avoir. Mais le plus fur à cet égard eft de
s'en rapporter à l'ufrge , qui n'cft pas toujours familier
aux plus grands Littérateurs eux-mêmes , comme le
prouve un trait rapporté par M. l'Abbé d'OIivet au fu-
jet du verbe tomber. :>■> Feu M. de Fontenelle apporta à
»j l'Académie un de fes ouvrages , qu'il venoit de pu-
as blier. Quelqu'un des préfents , à l'ouverture du livre ,
M ayant lu ces mots , la pluie avoit tombé , feignit que
35 des femmes l'avoient prié de mettre en quefticn , ii ,
33 j'ai tombé y ne pouvoir pas aulli bien fe dire que , jt
^:> fuis tombé. On alla aux voix, & M. de Fontenelle
35 prenant la parole , fronda mervcilleufement ces for-
as tes d'innovations. A peine finilfoit-il , qu'on lui iîc
3j voir la page & la ligne oii étoit la phrafe que j'ai râp-
as portée, Pomt de réponfe à cela , fi ce n'cll celle d'un
33 galant homme , qui l'cconnoît fes fautes fans biaifer 33.
Pour les verbes qui varient , comme les plus ulîtés ne
font pas en grand nombre , nous pouvons la marquer ,
ce font :
i", Aller ^ qui prend toujours l'auxjJiairc étreawt^c le
N E U 27
participe allé-^ ]tfuis allé ^ y étais allé ^ &c. & qui prend
le participe été avec l'auxiliaire avoir , j'ai été ,'/ avais
été y &c. // e[i allé a Paris , lignifie qu'il y eft encore
ou fur le chemin : il a été a Paris , lignifie qu'il a fait
le voyage de Paris , &: qu'il en eft revenu.
1 ". Demeurer avec l'auxiliaire être^ marque qu'on refte
encore dans l'endroit^ & avec l'auxiliaire avoir il marque
qu'on en eft enfuite forti : il efi demeuré _,• il a demeuré^
Ma langue embarafîée
Daus ma bouche vingt fois a demeuré glacée.
Racine dans Bérénice.
Demeurer ne fauroit être pris ici eue dans le fens de
rejier. Ainfi , dit M. l'Abbé à'Olivet ^ ma langue ejl de-
meurée glacée dans ma bouche, étoit la feule bonne fa-
çon de parler^ & il ajoute qu'un moment d'inattention
luffit pour faire qu'on fe trompe à ces verbes neutres ,
qui fe conjuguent avec nos deux auxiliaires , mais tou^
jours en des fens différents. Boilcau , a dit aufîî :
Çrand Roi , fi jufqu'ici , par un trait de prudence.
J'ai demeuré pour coi dans un humble filence.
3**. Monter & defcendre prennent l'auxiliaire avoir
quand ils font adifs, & l'auxiliaire être quand ils font
neutres.
4^. Pajfer & /ôrrir peuvent quelquefois auffi prendre
l'auxiliaire avoir ^ & alors s'employer adivement &
avoir un objectif ou régime , comme 5 Alexandre a pajfé
l'Euphrate j ori vous a Jorîi d'une mauvaijè affaire. On
dit aulîl , a pa/fé Cans objedif , mais il y a un termina-
tif ; la Province de Franche- Comté a pajfé de la Couronne
d'Efpagne a celle de France.
.... Si leur fang tout pur j ainfî que leur nobleffe ,
£/l paffé jufqu'à vous , de Lucrèce en Lucrèce.
( Defpréatix ).
' .» Je crois, dit M. l'Abbé à'Olivet y c^n'apajfé v^Wit
ii" mieux 33. En effet il paroît que l'ufage eft que pajfer Cz
conjugue avec l'auxiliaire avoir ^ quand il efl fuivi d'un
régime dired ou indired , ou même d'une prépolition.
28 N E U
On dit a fini , pour faire entendre qu'on eftrentri
cnfuice 5 il a fini ce matin y on comprend qu'il y eft
aduellemenc : au lieu que dans cette phrafe , il efl fini
ce matin y on comprend qu'il n'y eft pas.
j*'. Convenir doit fe conjuguer avec l'auxiliaire être ,"
lorfqu'il exprime accord ou convention ; ]e ne fiis
jamais convenu de cela. Des qiConfût convenu d'une fifi
■penfion d'armes. Mais lorfqu'il /îgniiîe rapport ou con-
venance , il fe conjugue avec le verbe avoir. Cette -place
mauroit bien convenu. Le caraéiere de cette femme vous
a-t-il convenu.
6". Périr prend indifféremment l'un ou l'autre des
deux auxiliaires : Une partie de l'armée eji périe dans les
combats j & le rcjle , de maladie ou de mijére. Tous ceux
qui étoient fir ce vaijfeau , ont péri ^ ou fint péris. Il
paroît néanmoins que l'auxiliaire ^zvoir s'emploie plutôt
quand ce verbe a une lignification générale & indéter-
minée ', & qu'on doit plutôt prendre l'auxiliaire être ,
lorfque le verbe eft accompagné de quelques circonf-
tances particulières , comme : Ces enfants ont tous péri
miférablement. L'armée de Pharaon eJi périe dans les eaux
de la mer Rouge.
Verbe neutre conjugué avec l'auxiliaire être.
Indicatif. Préfent. J'arrive , tu arrives , &c. Imparf,
J'arrivois , tu arrivois , &c. Prétérit. J'arrivai , tu arri-
vas , &c. Prétérit indéfini. Je fuis arrivé ou arrivée, tu es
arrivé ou arrivée 5 il eft arrivé ou elle eft arrivée ; nous
fommes arrivés ou arrivées , vous êtes arrivés ou arri-
vées , ils font arrivés , elles font arrivées. Prétérit anté^
rieur. Je fus arrivé ou arrivée ; tu fus arrivé ou arrivée ^
tiz. Prétérit antérieur indéfini. J'ai été arrivé ou arrivée ;
tu as été arrivé ou arrivée , &c. Plufqueparfait. J'étois
arrivé ou arrivée 3 tu écois arrivé ou arrivée , &c. Futur.
J'arriverai , tu arriveras , &c. Futur pajfé. Je ferai arrivé
ow arrivée; tu feras arrivé o;^ arrivée, &c. Conditionnel
préfent, J'ahiverois , &c. Conditionnel pajfé. Je ferois ou
je fuife arrivé ou arrivée j tu ierois ou tu fuifes arrivé ou
arrivée , il fcroit ou il fut arrivé , elle feroit ou elle fut
arrivée , &:c. Impératif. Préfent ovi futur. Arrive, qu'il
arrive, ikc. SuBièiNfcTiF. Préfent. Que j'arrive, &c.
Imparfait,
NOM ^
Imparfait. Que j'ariivafle , &c. Prétérit. Que Je foi?
arrivé ou anivée , que tu fois arrivé ou arrivée , &c
Fh:fqueparfait. Que je fufTe arrivé ou arrivée , que tu
fulles arrivé ow anivée, &c. Infinitif. P ré fent. Arriver^
Prétérit. Etre arrivé ou arrivée. Participe préfent. Arri-
vant : pajfé , arrivé ou arrivée ^ &c. Gérondif. En arri-
vant , &c.
NI , eft une des conjondions copulatives : voye:^
Conjonctions.
NOMBRE. En général on appelle nombre l'afTembla-
fe , la réunion de plufieurs chotes , de plufieurs unités,
Jous avons ici à confîdérer les différentes fortes de
iîorr.s qui l'exprime , les variations qu'il apporte dans
les noms & dans les verbes , & les beautés qu'il peut
donner à l'Eloquence. Sous le premier point de vue , ce
font les noms de nombre 5 fous le deuxième ^ c'eft le
nombre dans les mots 5 & fous le troifleme, c'elt le
ISfombre oratoire»
Noms de Nombre.
Les noms de nombre font ceux dont on fe fen pour
exprimer les rapports numériques que l'on conçoit dang
îes chofes. Ces noms peuvent fe divifer en deux claffes»
en adjedifs & en fubftantifs.
Les noms de nombre adjeBifs font des adjeélifs qui
{îgnifient le nombre , la quantité des chofes dont on
parle 5 comme y vingt , vingtième y &c. Ces noms s'ap-
pellent nombres cardinaux y quand ils n'expriment point
de rapports d'ordre entre les chofes que l'on compte: ce
font ceux par lefquels on répond à cette queftion , par
exemple , combien y en a-t-il? Un ou une y deux y trois ,
quatre y cinq yfix y fept y huit y neuf y dix y on^e y dou^e,
treize y quatorze , quinze y feiie y dix-fept , dix-huit y dix^
neuf , vingt y trente , quarante y cinquante y joixante y foi-^
xante & dix y quatre-vingt , quatre-vingt-dix , cent , deux
cents , mille y deux mille y un million y un milliard y &cc.
Nous avons fuivi l'ordre des unités jufqu'à vingt 3 delà
celui des dixâines 5 après chacune defquelles on répète
les unités jufqu'à neuf inclulivement. Il en eft de même
pour les centaines , les mille , les millions , &c. On ap-
pelle ces noms de nombre cardinaux , parcequ'ils font
Tome II. Ç
1^ NOM
comme l'origine des autres cfpeces, & qu'ils fervent à les
former.
Les noms de nombre adjedifs fe nomment ordinaux ,
quand ils expriment Tordre des chofes relativement à
leur quantité. C'eft par ceux-ci que l'on peut répondre
à cette queftion , par exemple , efl-il le premier ou ta
première j le fécond :, ou la féconde , ou le deuxième ou la
deuxième ; le troifieme ou la troifieme , quatrième , çin^
quieme , fixieme , feptieme , huitième y neuvième , dixie^
jne y &c. ? Ils fe forment des cardinaux , en ajoutant
ieme à. ceux qui finifTent par une confonne, &: en chan-
geant dans les autres 1'^ muet final en ieme ; comme
iix-ieme , Cciz-ieme y &c. Si la confonne finale eft un /*,
elle fe change en v , comme neuf y neuvième.
Les noms de nombre fubjlardif s font de trois fortes ;
les uns s'appellent collectifs ou d'ajfemblage y les autres
de difiribution ou de partition _,* les troiliemes d'accroijfe-
ment ou d'augmentation.
Les noms de nombre colleciifs ou d" ajfemblage font
ceux qui expriment une quantité déterminée de chofes,
comme réunies &: ne faifant qu'un tout : tels font une
dixaine , une doun^aine , une demi-douzaine y une ving^
zaine y une centaine y un millier , un million y un qua^
train pour une Stance de quatre vers , un fixain ^ m\
huitain , un dixain y pour des Stances de fîx , huit & dix
vers , &c.
Les noms de nombre de difiribution ou de partition fonc
ceux qui expriment ce que la partie d'un nombre eft par
rapport au nombre entier ; tels font la moitié y un tiers ,
un quart y un cinquième j un fixieme y 8cc. Ain(î li l'on de-
mande ce que trois eft par rapport a neuf ou par rapport
a douze , on répond qu'il eft le tiers par rapport à neuf,
& le quart par rapport à douze , &cc.
Les noms de nombre d'àccroifiement ou d'augmentation
font ceux qui font connoître par un fcul mot combien
de fois un même nombre ou une même quantité eft ré-
pétée : tels font le double , le triple , le quadruple y le
quintuple y le fextuple y décuple y centuple.
Nombre dans les mots.
Le nombre daus les mots , foit dans les noms ^ foie
oa
icr,oil
NOM 51
jans les verbes , Te didingue znfingulier Se en pîurleL Le
Cnc^ulier fert à exprimer une feule choie , la maijon : Iq
pluriel fert à en exprimer plus d'une , comme ks mai--
fons. Ces deux nombres fe trouvent dans les fubftantifs
ou adjedifs , & dans les verbes, ^
Pour voir quand un fubftantif ou adjedif efl au fîn^
gulicr ou au pluriel, il ne faut qu'examiner s'il eft
s'il peut être précédé de l'article le ou la du (ingulie
de l'article les , des , du plu lier ^ ainfi le fleuve , la mer j,
font au fingulier j les fleuves ^ les mers , font au pluriel.
Dans la pliipart des noms, tant fabftantifs qu'adjedifs,
les tcrininaifons ou lettres finales du f ngulier font dif-
férentes de celles du pluriel. La règle générale à cec
égard eft que , quand un nom n eft pas terminé pair un
s au iingulier , il en prend un au pluriel , comme ^ la.
faifon j les faifons ; l'amour ^ les amours j la bonté , les
ijontés ; la manière , les manières , Sec. Cette règle foufFre
des exceptions qu'on peut voir aux mots Substantifs,
Adjectifs , Pronoms , Article , &c.
Le nombre dans les verbes fait connoître fi ce que
l'on affirme fe rapporte à une ou à pluiîeurs chofes. Là
le iingulier & le pluriel fe diftinguent par les noms oa
pronoms , qui font les nominatifs ou plutôt les fub^
jeciifs du verbe , & par les termmaifons différentes que
le verbe prend. Ainfi je lis , tu dictes , Pierre admire |^
nous lifons ^ vous dicle^ ^ les.Jots admirent. Je y tu , Pier-
7e j qui font au fingulier, nous font connoître que le
verbe doit y être aufli. Nous ^ vous 3 les ^ montrent
que le verbe eft au pluriel. On connoît encore le nom-
bre du verbe à la différence qui fe trouve entre lis ^ li-^
Jons ; dicies , dicîei j admire j admirent.
Leflnguliery tant dans les noms que dans les verbes ^
eft donc le figne convenu pour marquer qu'on ne parle
que d'une feule chofe. Le pluriel cd le figne inftitué pour
marquer qu'il s'agit de deux ou de pluiîeurs chofes. Il y
a des noms qui n'admettent que l'un des deux nombres ;
il y a des verbes défecîifs ç^ni manquent en certains temp«
du fingulier ou du pluriel.C'eft à leurs articles refpedifs
que nous les dé fi gnons' dans ce Diélionnaire.
Ily à des Langues oii l'on diftingue plus de deux,
ftombres : telle eft la grecque , où les noms oat des
Cij
ji NOM
terminaifons fîiees pour les occalîons où ron ne parlé
que d'une chofe ; c'q{\: le ftngulier : àzs terminaifons pour
les cas oii l'on parle de deux chofcs , c'eft le duel y Se
d'autres pour les cas où l'on parle de plus de deux clio-
jfes , c'efb le pluriel. Nous ne connoilîons point le nom--
hre duel en François : le pluriel le comprend.
Nombre oratoire,
Lenombre , comme nous l'avons dit, eft la réunion de~
pîufieurs chofes. Dans raruhméticjue , l'unité ne fait pas
un nombre ; dans la Mufîquc , il faut plus d'un temps
pour faire une mefure , une feule ligne dc fait ni fymé-
trie i ni proportion dans la Géométrie : de même dans le
difcours , pour produire ce qu'on a^^eÏLQ nombre oratoire^
il faut plus d'un mot ou plus d'un membre de période,
Ainfîi , comme l'on voit, le nombre ne peut être qu'entre
plufieuis parties qui ont entr'cllcs quelque rapport d'éga-
lité ou d'inéealité , de conformité ou de ditrérence.
Le mot nombre pris en ce iens lignifie , i". un cfpace
ayant un rapport facile à (aillr avec un autre efpace j ce
cjui fait la longueur des phrafes & des membres du difi
cours : i'^. la manière dont une phrafe fe termine 5 ce
qui fait une chûie nombreuje : 3^. le mouvement , ce qui
fait que l'on fe hâte plus ou moins : 4*^. le rhytkmej ce qui
fait le pied , la mefitre.
Premièrement, l'efpacc demande la fymétric & la pro-
portion entre les phraîes. La loi qui règle les efpaces dans
le difcours nous vioit (ur-tout du befoin de refpirer ;
mais la Nature , qui fait toujours réunir l'agrémenta
l'utilité , nous fait trouver un charme flatteur dans \qs
chofes mêmes qui femblent n'être que pour le befoin.
Il y a trois fortes de repos qui peuvent terminer ces
efpaces , celui des objets , celui de l'cfprit , celui de
l'oreille. Le repos des objets fe trouve fixé dans la cir-
confcription qui fépare les objets l'un de l'autre , &: les
renferme. Ce repos efi: pllis grand pour les uns , moins
étendu pout les autres , félon îfur nature & leur impor-
tance : à peu-prcs comme daâs un tableau , les figures
qui le composent tiennent plus ou moins d'efpace, iclon,
l'intcrêt qu'cllcî, apportent au total de l'ouvrage, & font
réparées les unes des autres par l'aboutifl'emenc des traita
(nn les peignent & les caraCl '-''""nr.
N O M f^
Le repos de Pefprit s'accorde toujours avec ccîui des
objets , quand l'efprit eil: un bon peintre , & qu'il fait
bien defÏÏner les proportions. L'efprit a trois opérations.
Vidée y le jugement j le raifonnement. Quand il fe borne à
J'idéc , il y a un repos après l'idée , quand il veut juger,
il y a un repos après avoir jugé ; & dans le jugement
compofé , ou complexe , comme l'efl: le raifonnement ,
il Y a des repos , des demi repos , des quarts de repos ,
qui fe marquent dans l'écriture par la ponctuation. Les
objets n'ont qu'une façon d'étie ; mais l'efprit a czi\t
façons de les voir. Un exemple va éclaircir cette théo-
rie : Cette jeune plante^ ainfi arrofée des eaux du Ciel ^ nt
fut pas long-temps fans porter du fruit, ( Fléchier. )
11 y a dans cette période un repos de l'objet après
plante : l'objet eft nettement déterminé j l'imagination
Te repréfente fans effort une plante jeune encore, &
d'ailleurs défignée par ce qui précède dans le difcours.
Il y a un autre repos de même efpece après Ciel ;
ainfi arrofée des eaux du Ciel , c'eft une nouvelle forme
ajoutée à l'objet, &: qui fait comme un objet nouveau ;
c'eft une féconde image. Ces deux repos font aulli des
repos de l'efprit , parceque ce font deux coups de pin-
ceau différents l'un de l'autre > & cependant liés en«
femble.
Il y a de plus après Ciel un repos offert à la refpira-
tion , parcequ'il n'y a pas d'endroit plus commode pour
refpirer que celui oii l'efprit s'arrc^e un inilant , & oii
l'objet préfente une idée complette.
Enfin il y a le repos final ^^rès fruit , & ce repos com«
prend toutes les autres efpeces de repos : l'objet eft
complettement rendu , l'efprit a achevé fon opération ;
l'oreille eft arrivée au terme de la progrefùon mulicalc
de la phrafe , & les poumons fe dilatent en liberté pour
reprendre leur ri:ffort. '
Les repos de l'oieille viennent après un certain efpacc,
& lont comme autant de paufcs après un certain nom-
bre de temps parcouru , ils font marqués dans la Mufî-
que , & ne peuvent varier que jufqu'à un certain point ;
autrement ils violenteroient la Nature. Une fuite de
fons qui n auroit pas ces compartiments & ces divifions,
feroit infoutenable , tant elle faLigueroit. Ils viennent:
Ciij
'h nom
après les phrafes, les demi-phrafes , les mefures , la fy^
snétrie des intervalles dans tous les ftyles , & après ks
rimes dans la Poéfîe , comme dans ces vers fi connus :
Fortune , dont la main couronne
Les forfaits les plus inouis ,
Il n'y a ici de repos que pour l'oreille , & ce repos n'eft
marqué que par la fymétrie des intervalles. Ajoutez-y
les deux vers fuivants , les repos feront marqués par la
iymétrie des intervalles & par celle des rimes entrela-
cées ;
Du faux éclat qui t'environne
Serons nous toujours éblouis ?
Voilà les repos de l'oreille bien marqués , indépen-
ilamment de ceux des objets , de ceux de rcfprit , & de
ceux de la refpiration. Mais outre ces repos fixés par les
limes , il y en a encore ^ quoique moins fenfibles , aux
myftiches des grands vers : v. CÉsuRi, Hémystiches-
La Profe n'a gueresen cela plus de liberté, que la Poé-
ile n'en a dans les vers mclés. On peut le voir par le
morceau fuivant de FUchierj & par tous ci:ux qui font
.véritablement nombreux :
Je me trouble , Meilleurs 5
Turcnne meurt :
Tout fe confond :
La fortune chancelle :
La vidoire fc lafTe :
La paix s'éloigne :
Les bonnes intentions des Alliés fe rallcnti/Tent s
Le courage des troupes cil: abattu par la douleur^
Et ranimé par la vengeance :
Tout le camp demeure immobile :
Les bleflés pcnfcnt à la perte qu'ils ont faite ^
Et non pas aux blelTures qu'ils ont reçues^
Les pères mourans
Envoient leurs fils pleurer
Sur leur Général mort :
L'armée en deuil eft occupée
A iuirçndrc les dcvoiii; funèbres^
NOM '5j
Et la renommée ,
Qui fe plaît à répandre (îans l'univers
Les accidens extraordinaires ,
Va remplir toute l'Europe
Du récit glorieux de la vie de ce Prince,
Et du trifte regret de fa mort.
Les efpaces qui amènent ces repos fi nombreux ne
font pas & ne doivent pas même être toujours égaux :
il faut les varier. Mais de toutes les combinaifons qu'on
peut leur faire prendre , l'afcendante eft celle qui mar-
que le plus de dignité j & la ren-verjée , celle où il y a le
plus de force & de vivacité réunies. On en peut juger par
les exemples fuivants :
Premier exemple.
Hic j a c b t^
Ce grand ,
Ce conquérant :
Cet homme tant vanté dans le monde ,
Eft ici couché fous la pierre & enféveli dans la
pouiTiere ,
Sans que tout fon pouvoir & toute fa grandeur
puiiTent l'en tirer.
Second exemple,
Direz-vous que je me fentois coupable >
Mais ce que j'avois fait.
Bien loin d'être un crime étoit une très belle aâ:ion.
Que je craignois d'être condamné par le peuple ?
Il ne s'cft point agi de fon jugement ,
Et s'il m'eut jugé , je m'en ferois tiré avec un dou-
ble honneur.
Que les gens de bien m'ont refufe leur appui ?
Cela eft faux.
Que j'ai craint la mort ï
C'eft une injure.
Les repos de la refpiration,& ceux des objets, font or-
dinairement défignés par les virgules &: par les points 5
ceux de l'efprit & de l'oreille ne Yont marques dans ré-
criture que quand ils tombent avec Iss autres ^ & dans la
Civ
Y6 NOM'
prononciation ils ne le font que par des inflexions 3d
voix ou des interruptions prerqu'uifenfibles, que le goûc
feul & laprécifion naturelle prefcrivent à celui qui par-
le. C'eft pour cela qu'il y a fi peu de gens qui fâchent
lire de manière à fe faire écouter avec plaifir. Cette pré-
dfîon eft très difficile Se très rare.
Tous les repos de l oreille doivent fe rencontrer au
repos final ic au deir-i repos : aux autres endroits il
fuffit du repos de l'objer ou de l'efprit. Le grand art eft
donc de proportionner les efpaces aux forces de la Na-
ture. S'ils font trop longs , les poumons feront gênés ,
les objets feront entalTés & confus ; l'oreille aura trop
de peine à mefurer & comparer les diflances. C'eft le dé-
faut qu'on peut reprocher aux longues périodes de Main-
bourg , & à quelques réflexions morales de M. Rollin.
Si au contraire les efpaces font trop peu étendus , il
faut haleter plutôt que rcfpirer 3 les objets font hachés
plutôt que réparés j l'efprit eft en faillie , plutôt qu'en
adion ; l'oreille eft accablée par les retours de chûtes
trop fréquents , plutôt qu'elle n'en çft agréablement oc-
cupée. C'eft pour cette dernière raifon qu'on n'admet
point de vers au deffous de fix fyllabes. C'eft néanmoins
ce défaut que plufieurs de nos Orateurs , tant facrés
que profanes, recherchent depuis quelque temps comme
une beauté , au préjudice du bon goût , de l'Eloquence ^
& de la dignité.
Un troifieme défaut qu'il faut éviter dans les repos ^
c'eft l'afFedation. Ils déplaifent toujours quand ils font
trop brillants pour le genre où on les emploie. L'exem-
ple fuivant le ferafentir ; c'eft un Difciple de l'Eloquence
a qui l'on donne les princi|)es de fon Art. On lui dit ei^
parlant des Orateurs :
Il faut que leur voix ,
Propre en mcme-tems
A maîtrifer l'attention ,
A exciter de grands mouvcmens ,
Puiffe donner
A la véhémence du difcours ,
La mâle vigueur 3
A J'çlévation des fentimens ,
NOM 3T
la noble fierté ;
A la vivacité de la douleur ,
L'éloquente énergie
Qui leur font nécefîaires
Pour nous frapper ,
Pour nous faifïr ,
Et pour noiii(|pénétrer.
Ce n'eil pas aifez qu'elle ébranle ,
Il faut qu elle tranfporte j
Cen'eftpas aïïez qu'elle impofe ,
Il faut quelle fubjugue j
Ce n'ell: pas afTez qu'elle touche ,
Il faut qu'elle déchire.
Voilà ce qu'on peut appeller le luxe des nombres. Oiî
croit faire des merveilles en entafl'ant fymétrie fur fy-
lîiétrie, en mettant toutes fes penfées en compartiments ;.
& au lieu d'une élocution noble , libre & vigoureufe ,
on n'a qu'un ftyle afFété & un brillant puérile.
Secondement. On doit non-feulement fonger à lier ,
à ferrer les fons dans fes périodes , mais encore à les
faire tomber de manière que la chute foit agréable pour
l'oreille & pour l'efprit. Une phrafe dès les premiers
membres annonce fon caradere & fon ton , comme la
Mufique annonce fon mouvement dès les premières me-»
fures. Ce ton fe continue en fe modifiant , & prépare 1^
chute.
Déjà frémifibit dans fon Camp
L'ennemi confus & déconcerté:
Déjà prenoit l'efTor,
Pour fe fauver dans les montagnes.
Cet Aigle , dont le vol hardi
Avoit d'abord effrayé nos Provinces.
M. Fiée hier.
Quand les fons fe trouvent liés enfemble par un^
jufte mélodie , & , de plus, attachés à une finale vive Se
frappante , toutes les phrafes font des traits qui portent
au loin, & qui pénétrent : les chûtes font comme des
pointes acérées au bout d'une flcche j elles donnent du
poids , de la portée aux peufées , &; ea alTureiit la direct.
5» Isr o M
Donc un nouveau kbeur à tes armes s'apprête :
Prends ta foudre , Louis , & vas , comme un lion ,'
Porter le dernier coup à la dernière tête
De la rébellion.
A ne confidérer que les chiites dans ces quatre vers de
Malherbe , il n'eft rien de pliis agréable ; & les plus cé-
lèbres Auteurs de l'antiquité n'ont pas de Strophes plus
nombreufes. Il feroit à fouhaiter que la métaphore fût
fans défaut : voye^ Métaphore.
Les chûtes font fymétriques par les rimes ; voilà pour
les vers : elles font nombreufes fans fymétrie , félon la
qualité des mots employés ; voilà pour tous les ftyles.
Les pénultièmes longues fuivies d'un e muet , ont un
fbn plus moëleux , plus développé , comme dans f une-
ère y éclore ^ charmante. Les finales mafculines ont plus
de force & d'éclat 5 il faut en faire le choix avec difcré-
tion , félon que l'exige la matière , la penfée , &: la va-
liété.
Quand l'Orateur ell: adroit , tout fon art fe réduit
prefque à écarter ce qui pourroit offufquer les nom-
bres j & les empêcher de fe montrer tels qu'ils font. Oh
peut le voir dans cet exemple de Fléchier,
Le Jufte regarde fa vie
Tantôt comme la fumée qui s'élève ,
Qui s'afFoiblit en s'élevant.
Qui s'exhale , & s'évanouit dans les airs 5
Tantôt comme l'ombre qui s'étend ,
Se rétrécit , fc diflipe 5
Sombre , vuide , & difparoiifantc figure.
Rien n'cft fi nombreux & fi harmonieux que les chû-
tes & les dcmi-chûres dans cette période j la plupart des
nombres y font imitatifs. Sans parler des mots s'élève ,
s'exhale ,fe rétrécit , que d'art dans ces mots ajoutés à
la fin des deux membres dans les airs : fombre ^ vuide
& difparoijfante figure l Ces trois dernières épithctes, fé-
parées par des demi repos , ont des finales féminines
auni-bien que le fubftantif qui les fuit.
TiroifiçmcmciK 3 le nombrç , comme mouvcmcut.
NOM 5j
confîfte dans îa lenteur ou la vîtefTe. Le difcours roule
comme l'eau : il fe hâte quelquefois comme un ruiiTeau
en murmurant 3 ou il coule majeftueufement , ainlt
qu'un fleuve : quelquefois il s'élance comme une eau
jailliiTante ; ou il fe précipite comme une catarade
impétueufe.
En général , pour la perfedion du llyle relativement au
mouvement, il faut, i°. que les chofes s'arrangent de ma-
nière qu'elles fe produifent fucceflivement. z". Que les
idées , les jugements , & les raifonnements , par une liai-
jTon naturelle , femblent s'attirer , & qu elles fe portent
mutuellement vers le but de toutes les parties. 3°. Que
les idées dans les énumérations & les détails tombent à
coups vifs Se précipités. 4^. Que certaines figures doii-
Hcnt , pour ainfi dire , des aîles au difcours , comme la
éonjonciion , ou de nouvelles fecoulTes à la penfée , com-
me la répétition , ou plus d'exercice à l'Auditeur, comme
l'interrogation 3 qui le charge de répondre. 5?. Que les
hreves & les longues foient mêlées ; que la brève frappe
îa longue , & que la réfiftance de celle-ci femble irriter
l'effort de Tautre. C'eft par la diftribution bien naturelle
<ies efpaces , des repos & des chûtes , que tous ces agré-
ments font portés à leur comble & à leur plus grande
perfedion.
De ce mouvement dépend le ton d'un Ouvrage. C'efi:
au goût de l'Auteur à marquer celui qui convient , & à
fon génie à le lui donner. Tout ce que nous pouvons
dire , c'eft qu'il doit varier félon les fujets , les lieux,
les perfonnes & les circonftances. On lit une Hiftoire
tranquillement 5 l'efprit fe promené fans gène ; il voyage
comme dans un vaiffeau. Mais un difcours oratoire doit
entraîner de force : l'argumentation & l'amplification
font impétueufes 5 c'eft une courfe prompte 6c hardie
qui redouble d'effort & renverfe tout ce qui s'oppofe à
la marche de l'Orateur.
Quatrièmement. Le rhythme eft un efpace terminé fé-
lon certaines loix , le métré eft un rhythme dont chaque
partie eft de plus remplie félon certaines loix. Suppo-
fons un rhythme de deux tempsj de quelque façon qu'on
le rempUfle , & qu'on le tourne , il en réfulte toujours
deux tçms p le rhytlunç iiç confiderç que le feul efpace
Ko NOM
pris en lui-même : mais fî cet efpace efl: rempli de foiisj
comme il y en a de brefs & de longs , il en faudra plus
ou moins pour le remplir ; ce qui produira différents
mètres fur le même rhythme. Par exemple un rhythmc
de deux tems peut être rempli par deux longues, ou par
une longue & deux brèves , par deux brèves Se une lon-
gue , par une longue entre deux brèves , ou par qua-
tre brèves. Voilà cinq efpeces de métrés fur un même
rhythme.
On a confondu ces mots , pieds j métrés , rhytkmes ,
qui cependant, comme on voit, font fort dijfférents.
Nous n'avons point de métrés proprement dits , quoi-
que nous ayons les longues & les brèves dont ils fonc
compofés. La eonftruâion de notre Langue n*a pas allez
de flexibilité pour nous aifujettir à tels pieds déterminés
dans toute la fuite d'un Ouvrage.
Pour mieux entendre ce que c'eft que pieds j métrés ^
rhytkmes j, mefuresy il cft eïïèntiel de fixer la valeur & la
lignification du mot temps , puifque c'eft le temps qui
mefure les uns & les autres. Les temps font donc comme
les éléments des rhythmes & des métrés. Un temps en
général eft une durée , de quelqu'étendue qu'elle foit.
Dans le difcours , on le réduit à une étendue à peu-près
telle que le battement d'une montre ou celui du pouls.
Si une fyllabe longue fe prononce en un temps , la brève
fe prononcera en un demi temps , la plus longue en un
temps &.demi , & la plus brève en un quart de temps.
Les tems compofenc les inefures & les rhythmes ,'
comme nous l'avons déjà dit. On peut réduire les me-
fures à celles d'un temps & demi ou de deux temps , ou
de trois ou de quatre temps. La mefure de deux ou de
quatre temps a une forte de fy me trie parallèle Se quar-
rée , dont on voit à peu-près les proportions dans les
périodes de deux Se de quatre membres. La mefure en
trois temps a quelque chofe de plus rond Se de plus va-
rié ; le retour de trois fait comme un cercle ou l'cfpric
aime à s'exercer. Ce nombre a toujours paru iî beau
qu'il a été regardé comme un nombre confacré parmi les
Orateurs ; c'eft celui qu'ils emploient ordinairement
pour étaler toutes les richcires de l'Eloquence. La me--
lure en un temps & demi a quelque chofe de plus vit ^
de plus précipité , de plus inégal.
NOM 41:
Si toutes ces difcuiTions paroiiTent trop fines Se trop
leclierchées , c'clt cjue l'Eloquence ne réuffit que par
des reiîbrcs fecrets Se imperceptiHles , qui font prefque
toute fa force , & qu'on ne fauroit trop a'.uiier. Si l'on
oppofe que les Auteurs les plus éloqnents eue rarement
CLi connoilTance de ces détails métaphyfiques ^ nous ré-
pondrons que le génie leur tenoit lieu de maîure. S'ils
ont quelques endroits foibies ^ ce font à coup sûr ceux
où l'on ne retrouve pas l'exécution des principes que
nous venons d'établir. Il feroit aifé de prouver que les
Cicerons ne feroient jamais parvenus à un fi haut degré
de perfedion , s'ils n'avoient pas fait de la nature & des
principes de l'harmonie & du nombre , une étude auili
réfléchie 8c auffi profonde. Si l'on veut des connoifTan-
ces plus détaillées fur cet objet important , on peuc
confulter le Cours de Belles- Lettres Se l'Ouvrage fur
ia conllrudion oratoire , par M. l'Abbé le Batteux 5 8c
û l'on veut des modèles , on peut lire les Fléchier ^ les
Bojfuet y les Bourdaloue.
NOMINATIF : voycT^ Subjectif & Construc-
riON.
NOMS. Tout mot qui fert à défigner une chofe eft
un nom 5 ainfi les infinitifs de nos verbes pourroieiic
être regardés comme autant de noms. C'eft fans doute.
par cette raifon que plufieurs d'entr'eux prennent l'arti-
cle , & deviennent en elFct des noms. On dit le boire , le
manger: c'étoit tout fon avoir ^ dit la Fontaine , en par-»
Jant de la cognée du Bûcheron.
Plulîeurs participes & adjcélifs deviennent aufil de
vrais noms. Comme un grand nombre de chofes n'onç
pas de noms particuliers , on fe fert pour les défigner ^
de noms accommodés ou empruntés : voye:( Tropes.
Il y a un excellent Traité dç l'origine des noms &
furnoms par Gilles-André de la Roque. Paris , 1 68 1.
On pourroit l'enrichir d'exemples tirés de l'Hiftoire.
Souvent le nom de la Patrie a fupprimé celui de la fa-
mille.
Il feroit bon de ne point changer les noms étrangers^
Les noms latins de deux fyllabes fe changent rarement}
Cependatit Ccineille a dit':
41 NOM NUI
Il cft des Affaffins , mais il n'eft plus de Brute»
pour de Brutus ; ce qui eft d'autant plus blâmable , que
le nom de Brutus n'eft pas propre à être francifé.
Les noms latins de plus de deux fyilabes prennent la
cerminaifon françoife Tacitus , fe dit Tacite , &c.
On dit le Nom français pour Us François ^ &c.
Le nom fe dit pour la perfonne même. La gloire ds-
yotre nom , &c.
Nom fe dit aufli relativement à une qualité j à une
*vertu morale, as Gloire , richelTes , noblelle , puiflance,
33 pour les hommes du monde , ne font que des noms j
S3 pour nous , fi nous fervons Dieu , ce feront des cho-
33 les : au contraire la pauvreté , la honte , la mort ,
33 font des chofes trop cfFedives & trop réelles pour
33 eux 5 pour nous ce font feulement des noms.
Il iignifîe auffi réputation.
Ton nom efl du Midi jufqu'à l'Omfe vanté,
Boilenu.
Il fignifîe auflî autorité. Les vexations fe font fouvent
au nom du Roi, mais jamais de fon aveu.
Nom , en termes de droit , fignifîe obligation , pro-
meile. // eji fubrogé a tous fes droits ^ noms & avions. Il
lui a donné cette bague au nom de mariage.
Les noms fe divifent cnfubftantifs èc adjeciifsivoyct
ies articles.
NON , eft une des particules afTertives par négation :
voye:^ Particules.
, NONOBSTANT , eft une des prépofitions fimples .♦
Voye:^ Prépositions.
NON PLUS , cft une des conjondlions extenfives ;
voy£?{ Conjonctions»
NOTRE , eft un des adjedifs polfelTifs : voye[ Ad-
lECTIF.
NOUS , cft le pronom perfonnel pour la première
perfonne du pluriel. Je ^me , ou moi en. font le fingulier :
yoyei Pronoms.
NUIRE. Voibc neutre , irrégulier , de la quatric.mç
NUI NUL 4j
conjugaifon. Il /îgnifîe faire tort. La première ^ la plus
belle de toutes les loix ^ efi de ne nuire a perfonne.
Indicatif. Préfent. Je nuis, tu nuis, il nuit 5 nous
nuifons , vous nuifez , ils nuifent. Imparfait. Je nuifois ^
&c. Prétérit. Je nuilîs , &c. Futur. Je nuirai , &c. Con-^
ditionnel préfent. Jenuirois , &c. Impératif. Nuis, qu'il
nuife , &c. Subjonctif. Préfent. Que je nuife, &:c. Im-
parfait. Que je nuifîfTe. Participe préfent. Nuifant , indé~
clinahle. Participe pajjé. Nui : il n'a point de féminin.
Les tems compofés de ce verbe font réguliers.
NUL , eft un des pronoms indéfinis : voye:^ cet article
au mot Pronoms.
Il eft aulli au nombre des adje^ifs pronominaux :^
voyei Adjectif.
44
o
OBJ O C C
, ) , eft une des voyelles de l'alphabet ; voyei Alpha-
jBiT , VoïELLES & Prononciation.
O, efl: une des particules exclamaaves : voye^ Parti-
cules, Construction.
OBJECTIF. Dans la conftrudion d'une phrafe nous
appelions objectif le nom qui exprime la chofe attribuée
ou affirmée par le verbe, enfin le nom qui fait l'objet
de ce verbe : voye[ Construction. C'cft ce qu'on
appelle communément le régime airecl du verbe : voyez
KÉGIMF..
OBMETTRE ou OMETTRE. Verbe adif , irrégu-
lier , de la quatrième conjugaifon , compofé de mettre ,
fur lequel il fe conjugue , & de la prépolidon latine ob.
Mettre vient du verbe latin mittere ^ qui figniHe en-
,Voyer , palfer , échapper , oublier. Ob figniiie a caufe ^
£iujujec j h ioccajîon de . , . Ainli ohmettre fignifîe pro-
prement échapper , oublier une chofe dans i'occalîon
de la faire ou de la dire. Je n'ai rien omis de ce que vous
mavie[ ordonné. Ses dijîracîions lui font fouvent obmet-
Xre ce qu'il y a de -plus ejfentiel dans les caujes qu'il plai-
de. L'habileté conjifte à ne rien obm.ettre de ce qui peut
faire réu(fir nos dejfeins,
OCCUPATION & SUBJECTION. Voccupation efV
\ine figure de Rhétorique convenable à la preuve. Elle
confille à prévenir une objedion en fe la faifant à foi-
même & en y répondant. Exemple :
Cicéron étoit très jeune <Sc ne faifoit que d'entrer dans
la carrière du Barreau , lorfqu'il fe chargea de défendre
Rofcius. Il y avoir au nombre des Juges d'illulhes Ora-
teurs , qui auroienr pu être choqués de voir que le jeune
Cicéron fe fut chargé d'une caufe fi importante Se il dé-
licate. Il prévient ainfl ce reproche.
Je fens , Meflicurs , quel doit être votre ctonncment
que j'aie ofé élever ma foible voix au milieu de cette
aiiî^uftc aflemblée,oii je vois tout ce que Rome a de plus
brillants Orateurs , & dont l'éloquence eft foutenue par
la force de l'âge & du génie.
La
ODE %f
■" "L^fubjeBion reJfTemble beaucoup à l'occupation. C'efl
Une quellion que l'Orateur fe fait à lui-même ou à fon
aiiveifaire , & à laquelle il ajoute la réponfe qui efl
quelquefois plus forte que celle que l'advcrfaire pour--
^oit donner. Voici un exemple de cette figure.
Eft-on Héros pour avoir mis aux chaînes
Uiî peuple ou deux ? Tibère eut cet honneur,
ïft-on Héros en fîgnalanc fes haînes
Par la vengeance î Odave eut ce bonheur,
Eft on Héros cï\ régnant par la peur?
Sejan fît tout trembler , jufqu'à foii maître.
Mais de fon ire éteindre le falpêtre j
Savoir fe vaincre 6c réprimer les flots
De fon orgueil : c'eft ce que j'appelle être
Grand par foi-même ; £c voilà mon Héros.
ODE. L'Ode eft une pièce de poéfie en ftaiices rég-i^
lieres , & dont le caradere propre confifte dans releva-
tion & la nobielTe y ou dans l'élégance & la naïveté.
Les fi;jjUres & les grandes images font l'efTence de la
première efpece d'Odes.
Les figures & les images naïves font l'ame de la
féconde.
Le premJer ufage de l'Ode a été de chanter les louan-
ges des Dieux , & de célébrer les grandes adions des
Héros. Tout ce qui approche de la majefté de ces fu-
jets eft de fon refTort j & c'eft-là la première efpece
d'Ode, qui traite auflî quelquefois des fujets importâtes
fous des titres moraux , comme la douleur , la calom-
nie , la louange , &c.
Mais rode a fu dans la fuite des tems defcendre juf-
qu'aux amans & aux buveurs j elle a appris à rire , à
badiner au fein 'des plaifirs : mais elle n'a point perdu
pour cela ce goût de parure & d'ornement qui lui eft"
propre ; elle n'a fait que changer {^qs diamans contre
des fleurs ; & c'eft-là la féconde efpece' d'Ode que l'on
nomme fouvent anacréontique. La piemiere eft toujours
fublime ; la féconde eft toujours riante. L'une & l'autre
demandent également , mais d'une manière différente,
cet enthoufiatme , ce feu poétique , fans lefquels l'ou^
Tome. 11^ ù
4<r ODE
Tiage feioit fans chaleur. Toute poéfîe qui n'echaulîe
^point , qui ne ranime point refprit du ledeur , ne peut
erre une Ode.
La première règle de l'Ode efl que le dc'out en foit
frappant , pour le genre fublime, & piquant pour l'ana-
créontique : fouvent même dans le premier cas , ce dé-
but doit être un emportement fubit & femblable à l'élan
d'un aigle qui fend les airs , s'élève au-delfus des nues ,
fe balance fièrement en fixant le foleil , ou fond fur fa
proie plus rapidement que l'éclair. Tel ell: ejure autres ,
cette première ftance de TOde de RouiTeau fur l'aveu-
glement des hommes du fiecie :
Qu'aux accens de ma voix la terre fe réveille !
Rois , foy^ez attencifs ! Peap'es , ouvrez l'oreille !
Que l'univers fe taife , & m'écoute parler !
Mes chants vont féconder les accords de ma lire ;
L'Efpric Saint me pénétre , il m'échauffe , il m'infpire
Les grandes vérités que je vais révéler.
Ce n eft pas que l'entrée doive toujours être fi élevée ;
fouvent il y auroit impofTibilité de foutenir un pareil
ton. D'ailleurs il eft peu de fujets afiez grands pour
comporter de tels éclats : mais il faut toujours com-
mencer par des traits magnifiques & pompeux.
■ Dans les Odes anacréontiques , il faut entrer en ma-
tière par quelque tour agréable & naturel qui annonce
le goût de l'ouvrage , & prévienne en fa faveur ; comme
la première jftance de VInconJiancc pardonnabU , Ode
anacréoiitique de M. de B.
Iris , Thémire & Danaé
One envain reçu mon hommage ;
K'en doutez point , belle Aglac :
'Jamais mon coeur ne fut volage.
Iris parle fi tendrement.
Mon cœur cil fi l'oible 8c fi tendre ,
Que je croyois même en l'aimant ,
Vous voir, vous parler, vous entendre.
ODE it7
Un fourire engageant &: doux
Bientôt m'enHanima pour Thémire;
J'ignorois qu'une autie que vous
Pût aulTi fî.ement fourire.
banaé s'offrit dans le bain :
Qu'on eft aveugle quand on aime l
Aux lys répanJusfùr Ton fein
Je nt crus voir qu'Aglaé mcice»
Ainfï dans les plus doux plaî(îrs ^
Je cédoîs à vos kuL^s armes-,
Mon cœur n'éprouvoit dedéfirs
Que par limnge de vos charmes.
Iris , Thémlre 5-: Danaé
Ont en vain reçu mon hommage i
N'en doutez point , belle Aglaé :
Jamais mon cœur ne fut volage.
La féconde règle de î'Odc , la plus difficile à fiiivre ^
eft de fouteiiir le caradere & le ton du début dans toute
la pièce ; &: même de faire enforte , s'il eft polfibie ,
<^ue les beautés aillent toujours en croilTant pour faire
une imprelîion durable & plus vive fur l'efprit du lec-
teur. Il n'eft que trop ordinaire , aux jeunes Poètes fur-
lout , de confumer tout leur feu dans les premières
flroplies , & de perdre haleine bien avant la fin,
La troifieme règle de l'Ode , regarde l'emploi dit
fublime ou du gracieux. Le fublime eft une idée ou uiï
fentimcnt énergique , revêtu de termes convenables 8c
précis y & par énergie d'idée ou de fentiment , on en-
tend l'imprelTion profonde que l'un ou l'autre fait dans
l'ame. La vérité , la nouveauté , font deux qualités qui
ne fuffifent pas pour produire le fublime, mais que le
fublime fuppofe. Le gracieux paroîtétre une idée ou ùii
Dij
4Sf ODE
fcntimeni: purement agréable , & revctii Je termes éU-^
gants. Mais fans avoir trop d'égard aux définitions , qui
font toujours défeôlueules quanc] elles ont pour objets
des choies qui participent de l'idée & du fentiment ; c'efl
dans la ledure goûtée & réfléchie des bons Auteurs ,
qu'il faut aller chercher ce qu'on appelle difcernemenc
& bon goût : ce n'ell que par ces deux dernières qualités,
qu'on peut fenrir quels font les fujets auxquels le fubli-
me ou le gracieux peuvent convenir j & de quel degré
de l'un ou de l'autre chacun de ces fujets peut être fuf-
ceptible.
Le ftyle , la marche , les mouvemens font bien diiFé-
remment nuancé^ , quand on peint un vice , ou une
vertu ; quand on loue un Héros , ou qu'on déchire un
méchant j quand on peint les grandeurs de l'Etre Su-
prême j ou les attraits de quelque beauté féduifante 3
quand on fc livre au défefpoir , ou aux tendres regrets ,
qu'on efc emporté par une paffion violente , ou qu'on
fuit les penchants d'un tendre amour ou d'une douce
amitié , occ. Nous pourrions pouifer ce développement
très loin : niais il faudroit encore renvoyer le Icfteur aux
règles du bon goût : heureux ceux qui. l'ont reçu de la na-
ture 1 Boileau exprime une quatrième règle de l'Ode dans
ce vers :
Souvent un beau défordre ell un effet de l'art.
Ce beau défordre qui femble fortir de la règle, & qui
eft pourtant une règle lui-même , n'eft pas aifé à bien
expliquer, C'eli un milieu , entre l'écart qui ne doit ja-
mais être permis , & la marche uniforme , fuivie & liée
qu'on trouve dans les autres ouvrages. Il confîfte pre-
mièrement dans la fupprelfion des liaifons grammatica-
les & des tranfitions ordinaires j en fécond lieu dans un
changement tubit de penfées. C'clt un efprit vivement
agité j furchargé en quelque forte du nombre des idées
qu'il a , & des (cntimens qu'il éprouve ; il cherche à
fe foulager , & ne peut dire trop de chofes à la fois.
D'ailleurs , il elt dans une forte de tranfport; il néglige
& abandonne une foule de chofes pour ne donner fon
attention qu'aux principales. Ainli toutes ces idées
E^oyenu^s qui fervent à lier le5 auues , leflent dans
O D î ^^
foul^Ii. Le Poète paroîc en quelque forte peu d'accord
avec lui-même 5 il vous montroit un terme auquel il
promettoit de vous conduire , & dans l'inftant , vous
vous Tentez emporté vers un autre , fans pouvoir vous
en défendre , ni vous plaindre de l'enchantement qui
entraîne tout-à-la-fois votre cœur & votre efprit. Vous
croyez être dans un labyrinthe : mais il faut cependant
que le Poète vous lailfe un lîl pour vous retrouver 5 iîl
imperceptible & délicat ; mais fur & jufte. Car fi l'on
apperçoit l'artifice ^ il devient fans effet ; & fi l'Auteur
vous égare parcequ'il s'eft égaré le premier , vous ne
prendKZ pas pour talent ce qui n'eft que foiblefie &
défaut. Nous allons donner en exemple une Oàz de M,
Roulfeau, qui peut fervir de modèle pour ces fortes dç
défordres poétiques.
Ode far le départ des Troupes Impériales pour la
Campagne de 1-J16 en Hongrie,
Ils partent , ces coeurs magnanimes ,
Ces guerriers donc les noms chéris
Vont être pour jamais écrits
Entre les noms les plus fublimcs.
Ils vont en de nouveaux climats
Chercher de nouvelles viftimes
Au terrible Dieu dzs combats.
A leurs Légions indomptables
Bellone infpire fa fureur :
Le bruit, l'épouvante ,& l'horreur
Devancent leurs flots redoutables.
Et la mort remet dans leurs mains
Ces tonnerres épouvantables
Dont elle écrafe les humains.
Un Héros tout brillant de gloire
Les conduit vers ces mêmes bords ,'
Où jadis f(js premiers ciForts
Ont éternifé fa mémoire.
Diij
Je Ô D E
gous fes pas naît la liberté :
Devant lui vole la vidoire :
ItPallas marche à foncôté,
^*
O Dieu , quel favorable augure
Tour ces généreux fils de Mars !
J'entends déjà de toutes parts
L'air frémir de leur doux murmure!
Je vois fous leur chef applaudi
le Nord vanger avec ufure
Toutes les pertes du Midi !
Quel triomphe pour ta patrie !
It pour toi , quel illuftre honneur,
Miniftre né pour le bonheur
Pe cette mère Ci chérie !
Toi , de qui l'amour généreux ,
Toi', de qui la fageinduftrie
I»^éna^ea ces fccours heureux 5
Cent fois nous avons vu ton zèle ,
Porter les pleurs de Ces cnfans ,
JuTque fous les yeux trioniplians
Du Prince qui s'arme pour elle j
Et qui pi- in d'ellime ppur loi j
Attire encor dans t,i querelle
Cent Princes oumis à fa loi.
Ç'eft aîn^ que du jeune Atride
On vit Icloquente douleur
In-éieller dans fou mali eur
Les Grecs dfleni blés en Aulidej
Etd'unç noble ambition
Armer leurcolcrc intrépide»
Pour la conquête cl' 1 lion»
ODE jï
Envahi Tinflexible Neptune
Leur oppofe un calme odieux:
Envain Tinterprêrc des Dieux
Fait parler fa crainte importune !
Leur invincible fermeté
Laffe enfin l'injurte fortune ,
Les vents ^ oc Neptune irrité.
la confiance eft le feul remeda
Aux obflacles du fort jaloux î
Tôt ou tard attendris pour nous
Les Dieux nous accordent leur aide.
Mais ils veulent être implorés;
Et leur réfiftance ne cède
Qu'à nos efforts réitérés.
Ce ne fut qu'après dix années
D'épreuves & de travaux conftans ,
Que ces glorieux combattans ,
Triomphèrent des deftinéesj
£t que loin des bords Phrygiens,
Ils emmenèrent enchaînées
Les veuves des Héros Troyens.
On feiit que les Odes anacréontîques ne font pas fuC-
ceptibles des mêmes écarts , parcequelles ne peuvent
avoir la même impétuofîté.
Quant à l'exprefTion de l'Ode , elle doit être la plus
figurée , la plus vive ^ la plus précife & la plus choifie
qu'il eft polTible. Les moindres négligences , celles mê-
mes qui feroient tolérables dans les autres Poèmes ftc
le font jamais dans l'Ode,
Nous ne pouvons au refte qu'indiquer légèrement les
principales règles : car les finefTes de l'art font infinie^ ,
très cachées &peu aifées à expliquer ; elles ne peuvent
s'apprendre que par la leâ:ure des bons modèles 5 ou
pour mieux dire elles ne font que le fruit du goût 5c du
Div
c>: o V V OPE
ientiment. Que font au prix de cela tous les précepte^
du monde ! Foye:^ Stances.
OFFRIR. Verbe aftif irrcgulier , de la féconde con*
jugaifon. Il vient de deux mots latins , du vcaht ferre j,
qui veut dire porier^ Zc de la prépolîcion oè j qui lignifie
devant. Offrir dans fon étymologie , fignifie donc pçrter
devant , mettre devant , préfenter quelque ciiofe. Ofrir
àc l'argent , des fervices 3 fon bras , Ikc.
Il eft aufîi réciproque. Ils'ojfre a combattre pour moi.
Quel ffeàacle s'ocre à mes yeux /
Il eft aufli quelquefois réciproque & impcrfonnel. Il
s'Ojfre une belle occafion. Il s'offre de grandes difficultés. Il
s'eji offert de grands obfiacles.
Indicatif. Préfent. J'offre , tu offres , il offre ; nous
offrons , vous offrez , ils offrent. Imparfait. J'ofFrois ,
&c. Prétérit. J'offris , &c. Futur, j'offrirai , &c. Condi-
tionnel préfent. J'offrirois, &c. Impératif. Offre, qu'il
offre i offrons, offrez, &c. Subjonctif. Quej'oftrej,
&c. Imparfait. Que j'offriffe , &c. Participes. Offrant ,,
offert, ofï'erte.
Les temps compofés font réguliers,
OH ! efl une des particules exclamatives S: acclama-
tives : voyei Particules 6* Construction.
OMETTRE : voye:^ Obmettre.
ON , eft un des pronoms perfonnels pour la troificmc
perfonne: voye:^^ Pronoms.
On figure encore parmi les pronoms indéfinis : voyei
cei article au mot Pronoms,
ONOMATOPÉE , eft une figure de didion. Onoma^
topée fignifie en grec formation , exprcllion d'un mot.
Quand un terme exprime la chofe qu'il lignifie , on dit
que c'efl par onomatopée : pat exemple ^ le glouglou de
la bouteille , le cliquetis des armes , le bêlement des mou-^
. tons , le tri£irac ; tra tra ira ^ qui exprime le trot da
cheval.
Je ne fais pourquoi l'on a fait de ces exprcffions une
figure de Rhétorique , puifqu'elles fe prennent dans le
fcns propre, Scroit -ce parcequ'cllcs font image ?
OPERA. Tout ce que nous avons à dire ici des Ope«
ras Tragiques ou Comiques , c'cft que dans les mor^
ccaux Lyriques ou de chant , la verfifîcacion des pre-
irvicrs fç rapportç à celle des Odes , & que celle des fç-..
O P T O R T si
èoncîs eft femblable à celle des Chanfotis : voyez ces
mots.
OPTATIF. C'eft un mode deftinë à marquer le dçfirj
mais nous ne l'avons point dans notre Langue ; il y a
ctc fondu avec \Q.Ja.bjonciif: voyez ce mot & les articles^
TVIoDEs 6' Conjugaison.
OR , eft une des conjondions tranlitives : voye:^ Con-t
JONCTIONS.
ORAISON. Ce mot , en termes de Grammaire, figni-
fîe difcours. On compte communément huit parties
d'oraifon ou du difcours j favoir V article ^ le nom y le
pronom , le verbe , V adverbe , la prépofition , la conjonc^
non, & Vinterjeciion ; à quoi on peut joindre, comme
une neuvième partie d'oraifon , \c participe , ainfî nom^
mé parcequ'il participe en effet de la nature des verbes
& de celle des noms adjcdifs : voyc:^ Mots.
OR SUS : voyei Particules.
ORTOGRAPHE. C'eft l'art d'écrire la parole fuivane
l'ufage 'y c'eft-à-dire , de la peindre par les caraderes
établis , & fuivant les loix prefcrites." Etoit il pofllble,
33 dit M. Girard , que la parole , Ci naturelle à l'homme,
33 & d'une fî douce reffource tant pour fes befoins que
33 pour fes plaifîrs , reftât dans les bornes étroites que
33 renferme la communication qu'il peut y avoir entre
33 le fens de l'ouie & la portée de la voix ? Non , le
33 fourd a cherché à s'entretenir par l'œil , ne le pouvant
33 par l'oreille 3 le folitaire , dans la fuite même de tout
33 commerce avec l'efpece humaine , n'a pu fe priver
33 d'une compagnie parlante ; l'abfent n'a '^as voulu
33 ignorer ce que fa préfence lui auroit appris ; l'amitié
33 & l'intérêt ont cherché à inftruire les perfonnes éloi-
35 gnées , de ce qui fe palToit fous nos yeux ; le Héros 8c
33 l'Homme de Lettres n'ont rien voulu perdre de la vé-
33 putation qu'ils croyoient mériter chez la poftérité
33 comme chez les Etrangers, On a donc trouvé l'arc
93 d'étendre la communication de la parole , en la pei-
33 gnant & la rendant tranfportable en tous lieux. Cet
33 art confifte dans des caraderes diverfement deiïinés ,
33 & conftitués fym.boles des fons , des articulations , &
93 de tous les acceffoires de la prononciation , foit mou-
90 vement , foit repos,
■54 O R T
M La main forme ces caraderes, dans le même ordre
M qu'obfcrvent les organes de la bouche pour l'exécu-
33 tion de ce qu'ils doivent faire entendre, & prefque
33 avec la même facilité. Elle les alTcmble de façon que
33 leur proximité offre les images des mots , dont la dif-
33 tindion fe fait voir par de petits efpaces lailTés en-
33 tr'eux. Ces mots placés à propos concourent avec
33 leurs voifins à faire dans la dernière prccifîon le ta-
33 bleau de la parole , & par conféquent celui de la pen-
sa fée. L'afped d'un écrit anime l'ame , la fait agir , &
33 pour ainlî dire , vivre par le relîbrt de la curiolité.
33 Elle n'eft plus feule des qu'elle lit , & moins encore
33 quand elle travaille à fe faire lire.
Rien n'étoit originairement plus arbitraire que le
choix & la deftination particulière de chaque caraélere.
On pouvoir aufîi-bien attacher le fon que nous appel-
ions <î à la figure 6 , qu'à la figure a. Mais dès qu'une
fois ce choix 8i cette deflination ont été fixés, l'arran-
gement de ces caraéleres entr'eux a eu des principes in-
"variables , & par conféquent des loix certaines. Dès
qu'il a été arrêté & convenu qu'on fe ferviroit des ca-
raâieres a ^ b ^ c :, d ^ e ^ &c. , pour les fons que nous
leur donnons , il a fallu pour chaque mot les lettres
que nous y voyons , & arrangées dans l'ordre que nous
leur faifons garder. On ne peut , par exemple , écrire
amour que par le moyen d'un a , d'un m , d'un o , d'un u ,
& d'un r , difpofés comme ils le font. D'autres lettres ,
ou un autre arrangement , feroient un autre mot , &
fburniroient d'autres fons.
Ce principe paroîtroit devoir être fans exception ,
tant il eft raifonnablc. On verra cependant que quoique
■vrai dans fa généralité , il fe trouve, dans l'application
particulière , contredit en mille circonftanccs différen-
tes.
Pour peindre fidèlement la parole , ce n'étoit pas affez
des caraéleres qu'on nomme alphabétiques , ou lettres de
l'alphabet. Ces premiers caraderes n'étoient pas égaux
en nombre aux fons fîmples dont les mots font compo-
fés. On a donc fait fervir le même caradere à plufieurs
■fons diiférents ; dès-lors il a fallu quelqu'autre marque
qui fixât Iç fon que tellç Içctrf deyoit avoir en telles
O R T '5>
circonflances , en telles fyllabes. Plufîeiirs mets ou demi
mots fe font fouvent trouvés réunis en un feul , & cette
réunion a dû avoir quelque chofe qui l'annonçât aux
yeux. Les mêmes lettres réunies ont fouvent pu former
des fons différents , félon que l'on n'en formoit qu'un
feul , ou qu'on les prononçoit féparément , il a fallu
noter cette féparation dans les cas où elle avoit lieu.
Quelquefois on retranche certaines lettres dont la
prononciation s'éteint dans celle des lettres voifînes 5
mais en les omettant , il faut cependant en avertir le
Ledeur par quelque fîgne , afin qu'il puilfe plus aifé-
ment les fuppléer. Enfin quoique dans un difcours toutes
les idées , toutes les penfées foient enchaînées les unes
aux autres , elles ne fc tiennent pas toutes également de
près. Cette liaifon moins grande ou pi'ds étroite fe mon-
tre dans le parier , aux repos que prend celui qui parle ,
& aux inflexions de fa voix. Dans l'écriture il a fallu
quelque moyen d'indiquer le lieu de ces différents repos,
& de ces inflexions diltérentes 3 Se pour tout cela on in-
venta les accents, la cédille , le tiret , les points de divi-
sion , l'apoftrophe , & la ponduation. On compte encore
la parenthèfe , qui eft compofée de deux barres , entre
iefquelies on place quelques mots ou quelques penfées,
qui font nécefîaires à l'intelligence de tout ce qui regarde
le difcours , & qui cependant n'entrent point dans l'ordre
de la conftrudion. Plufieurs Auteurs ajoutent les points
d'omilTion , qui fervent à marquer qu'il y a quelque
chofe d'omis , foit par retenue, foit parceque la viva-
cité de la palhon empêche de dire tout ce que l'on fent,
& emporte l'efpiit vers d'autres idées avant que les pre-
mières foient entièrement exprimées ; enfin l'apoftille
ou les guillemets fe mettent au comiTiencement de toutes
les lignes dans Iefquelies l'Auteur cite des phrafes qui ne
font pas de lui.
Nous n'avons que vingt-cinq caraderes alphabéti-
cjues ya^e^i,o^u^y,b,Cydyf,g,h,k^l,m,n,
J> 3 q i f" :>J » t , X yj :,v , Se ^. On n'y compte pas pour
l'ordinaire le caradere & , qui diffère de tous les autres ,
en ce qu'il repréfente en même-temps une voyelle Sc
une confonne unies, & ne s'emploie que pour la conjonc-
ùon (t. Nous ne parlons pas non plus des caraderes c^.
h^^
D R T
^^ ck ^ y ^ l Se gn iTJouilIés. j^ efl aujourd'hui profcrk;
fans exception de tous les mots de notre Langue. On ne
lui lai(^c pas même le droit de figurer dans les noms pro-
pres tirés des Langues étrangères , dans lefquels il étoit
employé 5 ainfî nous écrivons Enée ^ qucique les Latins,
d'où nous vient ce mot , aient toujours écrit JEneas,
(S* n'a point d'autre fon que celui de l'e fimpie : on
s'en fert beaucoup , S: furtout devant u dans les fons fim-
ples que nous exprimons par eu. Ainfi l'on écrit vœux ,
fœur , mœurs ^ chœur ^ cœur , &c. Cependant aujour-
<i*hui quelques Grammairiens le banniiTent de toute
la Langue , excepté du mot cœur , où il affeimit l'arti-
culation du c, qui ne devroit point différer de celle de/*
Àzn^fxur ^ fi cet <? muet n'étoit devant l'e. Mais quand
même on voudroit le conferver par-tout où nos ancê-
tres l'employoient , ce n ell qu'un caradcre double ,
compofé de deux d'entre ceux que nous avons comptés,
îl en eR- de même de ck , foit qu'il foit l'exprefilon d'une
articulation grafTe & fifflante ^ comme dans // chercha,
£oit qu'il ne repréfente que le fou dur du ^, comme dans
chœur. On doit dire la même cliofe de gn j lorfqu'il eft
ïnouillé & gras , comme dans gagner. Pour y & / mouil-
lés , tels qu'ils font dans Royaume Se travail , s'ils re-
préfentent dans ces mots, comme nous en convenons ,
«les fons différents de ceux qu'ont les mêmes lettres ail-
leurs ( à3.nsfyllabe , par exemple ) , il n'en eft pas moins
vrai que ce font toujours les mêmes caraéleres, & qu'on
ne peut en conféquence leur donner des noms différents.
Nous nous contenterons donc dans les articles où l'oc-
cafion s'en préfcntera , de dire , y , / , quand ils ne pein-
dront que leurs fons ordinaires , y mouillé y l mouillé .
guand leurs fons feront tels.
II fc préfente à cette occafion une autre difpute entre
les Auteurs des Grammaires ; c'eft de favoir fi y , qui
eft originairement voyelle , ne devient pas confonne ,
quand il eft mouillé. Pour décider, il n'y a qu'à exa-
miner fi les fons mouillés font des voix fimples, ou lî
ce font des articulations qui ne puiifent jamais être pro-
noncées qu'avec quelque voyelle qu'elles modifient ,
qu'elles articulent, qu'elles mouillent. On verra , pour
peu qu'on veuille faire cette obfcrvation , ^uc tout foa
O R T $i
"kiomllc Cil une articulation , & non une voix , Se que.
par confcquent les caraileres qui repréfentent les Tons
jnouillcs font de vraies confonues^ d'où il s'enfuit que y
iTiOuillé eft une confonne , aufTi-bien que h ,/, &c. Ce-<
pendant le même caractère n'en ed pas moins voyelle
ailleurs. Bien plus , dans les mots mêm^s où il devient
confonne , parcequ'il y repréfente un fon mouillé qui
eft une articulation , il refte encore voyelle , parcequ'il
ferc à y repréfenter une voix fimple.
Un feul exemple va éclaircir cette remarque. Dans
Royaume , l'y entre dans la première & la féconde fyU
labe 5 dans la première il donne à ïo le fon de ouc. S'il
n'influoit en rien fur cette fyllabe , on prononceroit ro ;
ce qui ne fe fait pas. En féparant donc les fyliabes de ce
mot , y fera dans la première tranche , Roy-aume. Or
cet y ne fervant qu'à former avec Vo la diphthongue e/^
eft une voyelle , puifqu'il n'y a que les voyelles qui fer-
vent à compofer les diphtliongues. Mais le même y ferc
a. articuler le fon au ^ qui forme la féconde fyllabe de
Royaume , Roi-yau-me ; & dans cette féconde fyllabe ,
il eft néceifairement confonne. Au refte cette diftinc-
tion, quoique réelle , utile , & fondée , ne nous a néan-
moins pas paru exiger que l'on diftinguât dans Tordre
alphabétique deux y. Il eft encore un autre caradere, k^
lequel fouvent n'eft qu'un figne étymologique , qui n'in-
flue en rien fur les fons; d'autrefois il ne tient lieu que
d'une afpiration 5 &: quelquefois enfin il change le fon
du c , qui miarchc avant : les uns veulent mettre ce ca-
raderc au nombre des lettres ; d'autres le veulent relé-
guer parmi les accents. Il nous femble qu'il eft une vé-
ritable lettre , & une vraie confonne , non-feulement
parcequ'il exprime , conjointement avec le c , une arti-
culation gralfe & liffiante , mais auffi parcequc feul iî
peint fouvent une afpiration forte , qui n'eft "point ua
fôn par elle-même ^ & qui exige néceifairement en con-
fcquence une voyelle q^u'cile puilfe modifier & arti-
culer.
Des vingt-cinq lettres dont nous venons de parler,
les fix premières font voyelles , & les dix-neuf autres
confonnes ; &c c'eft des différentes combinaifons des
«nés & des autras, que fortent tous les figncs du nombre
j8 O R T
infini âz Tons différents cjui coinpofcnt les mots de îa
Langue françoife. Quand nous difons au refle que tel
caraclcie ou telle lettre eft voye/le ou conforme , cela
fîgnifie qu'elle eft le figne ou d'une voix lîmple , ou
d'une articulation. Mais touvent on emploie les mêmes
mots voyelle & conforme , pour exprimer les idées qu'ex-
priment les mots voix & articulation. Cela ne doit pas
ordinairement eau fer d'erreurs confidérables , parceque
le fens fait toujours aflez fcntir fi l'on parle du fon fim-
ple ou articulé , ou du figne qui le repréfente à nos yeux.
Mais en prenant les mots voyelles & confonnes pour les
mots voix & articulation , il arrive que l'on trouve bien
plus de fix voyelles , puifque nous en pouvons compter
au moins dix nuit , & qu'il eft des Grammairiens qui en
comptent plus de vingt: Cette feule obfervation fait déjà
fentir que notre orthographe doit avoir de grandes dif-
ficultés 5 mais il en naît de beaucoup d'autres fources :
iiidiquons fommairenient les principales.
i*^. Le nombre des caracleres n'égalant pas à beau-
coup près celui des fons fimples, il a fallu attacher au
même caradere l'effet de peindre aux yeux des fons tout
différens. Tels font nos trois e qu'un même caradere
repréfente.
z^. Souvent pour des raifons d'analogie ou d'étymo-
logie , un même fon s'exprime par différens caraderes ;
tel eil le fon de Ve ouvert , qui fe marque par ê dans
tête i par ais dans jamais , par ei dans peine , &c. Tel
eft le fon du c , qui s'écrit par un c dans Ciceron , par j^
dans commijfion , par t dans tranfition , &c.
; ' 3". Dans l'orthographe des mots on trouve quantité
de lettres qui ne font point dans leur prononciation 3 &
cela s'eft fait, foit pour diftinguer les genres & les nom-
bres dans les noms , foit pour marquer les nombres &
les peifonnes dans les verbes , foit enfin par érymolo-
gie &: analogie , ou parceque l'ufage en a fait une loi.
C'eft ainfi qu'on (lzx'm cruel y cruels , cruelle ^ cruelles y
pour les finguliers & pluriels des deux genres 5 je row-
Lois y il vouloit , ils vouloient , ^c.
4°. Il eft un très grand nombre de mots où une même
confonne fe redouble : autrefois même on rcdoubloit
aufli les voyelles j çç qu'où ne fait plus aujourd'hui , is
C R T - .39
ce n'eft pour y ou /, quand la prononciaticn Tcsige.
Mais il cette réduplicatioii d'une même confonne danS
tine fyllabe , eft quelquefois nécelTaire pour une pronon-
ciation plus exprelîive , plus articulante , plus forte-,
combien de fois aufli ne met-elle aucune différence entre
les mots où elle fe trouve, & les femblables ou elle
n'eft pas î Combien de mots qui renferment une
fyllabe toute pareille à celle qui fait ailleurs redoubler
la confonne. Se qui néanmoins fuivent une pratique
contraire ? Enfin les régies qu'on nous donne à luivre
dans cette partie de notre onliographe j font quelque-
fois contredites par de graves Auteurs 3 toujours elles
font fujettes à ^cs exceptions fans nombre , à des excep-
tions qui demanderoient d'autres règles , ôz pour Icf-
quelles nous n'en avons point.
Ce défaut que nous reprochons aux règles de l'ortho-
graphe françoife , n'efl: pas feulement dans celles qui
traitent de la réduplication des lettres ; on le retrouve
dans prefque toutes les règles qui ont pour objet ou de
£xer & déterminer toutes ces variations de fons diffé-
rents repréfentés par les mêmes caractères, & de diffé-
rents caraéleres repréfentant les mêmes fons , ou de
marquer les bornes précifes que l'ufage a prefcrites à
l'autorité de l'étymologic Se de l'analogie , ou enfin de
régler les lettres qui étant oifeufes dans la prononcia-
tion , fe doivent écrire pour marquer les nombres , les
genres & les perfonnes.
Sur tous ces objets, la Langue nous offre une incon-
ilance , ou du moins des oppofitions , des différences
qui étonnent autant qu'elles embarralTent. Souvent on
trouve des règles contredites par d'autres règles , Se
l'ufage encore contraire en bien des occafions aux unes
& aux autres. Ajoutez à toutes ces difficultés celles qui
naiffent des différends qui partagent les Auteurs fur cette
matière. Les uns fuivent avec fcrupule l'orthographe
^u'on appelle ancienne ; les autres préfèrent la moi2'^r;2e/
quelques-uns s'en forment une particulière Se toute neu-
ve : de forte que fur un très grand nombre de points , on
eft partagé entre quatre ou cinq méthodes différentes.
Sans prétendre terminer toutes les difputes des Gram-
mairiens fur l'orthographe , nous croyons devoir donner
Cù O R T
Ici un coup d'œil fur les principales raifons qui les div^-a'
Jfenc , & établir à cet égard les principes que nous fuivons^
Le premier principe que tout le monde admet , ou
doit admettre, c'eft que Tufagc eft feul maître de lat
langue, & qu'il doit égaJcment décider de la parole &
de l'écriture. Mais il faut avoir une idée nette & précife
de ce que l'on appelle ufage ; favoir en quoi il confifte ^
& de qui il dépend. Ufage fe dit de tout ce qui eft ulîté ,
ou le plus ufité 5 ainfi la manière de parler ôc d'écrire la
plus uiuce dans une Nation, efl ce qu'on appelle zz/^z^^
de la Langue de cette Nation. Mai", en chaque Nation &:
p our chaq ue Langue , il y a , de l'aveu de tout le monde,
un bon & un mauvais uîage. Bien plus j il n'y a qu'un
bon ufage, <Sc il y en a mille mauvais, parcequ'il n'y
a qu'une façon de parlera d'écrire bien une Langue, &
^u'il y en a mille de l'écrire & de la parler mal.
Dans les points fur lefquels il y a divifion, la raifon
«xige que l'on s'en rapporte à ceux qui font plus inf-
îruits , plus éclairés fur la chofe dont il s'agit, & qui en
2iiême-temps font en plus grand nombre. Les gens d'un
rang plus élevé , toutes cliofes d'ailleurs étant égales ,
doivent auHi avoir plus d'autorité que les autres en ce
qui concerne la Langue parlée, puifqu ils doivent mieux
fentir les agréments du langage , en mieux connoître la
perfedlion , en mieux faifir le génie, en mieux fuivre les
loix , foit à raifon de leur éducation , qui eft ordinaire-
ment plus parfaite , foit à caufe des fociéués plus polies
qu'ils ont toujours fréquentées. Ainfi l'ufagc pour la
Langue parlée confifte inoins dans la pratique du gros
de la Nation que dans celle des gens inftruits & bien éle-
vés. Si ces derniers font partagés & fuivcnt des méthodes
diueréntcs , ceux qui font attachés ou lixés à la Ville ,
où il y a plus d'étude & plus de gens de diftinélion , doi-
vent 1 emporter fur ceux qui ont eu moins de fecours.
Mais s'il s'agit de la langue écrite , ce ne fera fluS
d'après ceux qui la parlent, mais d'après ceux qui l'écri-
vent , qu'il faudra fc régler : or il y a parmi les Auteurs
les mêmes divifîons à faire que parmi les habitans d'un
pays ; les uns font peuple ; les autres méritent plus ou
iiïuins de confidération. Ceux qui écrivent fur la lan-
gue , devant l'avoir étudiée plus à fonds , doivent avoir
1q
O R T ^i
le premier rang. S'il eft entr'eux un corps particulière-
ment confacré à cette étude , fon autorité fera plus
grande encore. Les livres qui traitent des fujets de litté-
rature , & les ouvrages qui ont la réputation d'être écrits
avec foin pour ce qui concerne le langage , viendront
après. Mais il y a une foule d'Auteurs eilimés pour leurs
ouvrages, qui cependant font prefque fans crédit pour
cette partie , parceque les fciences & les matières qu'ils
ont traitées n'ont point de rapport à la langue , ou
que leur réputation à cet égard n'efl pas aflez bien éta-
blie. Un homme peut être un favant , un génie , ua
grand homme , Se cependant ne pas favoir fa langue
autant que bien d'autres d'un mérite au-defloiis du fîené.
Dans les langues mortes on choifît les Auteurs du
fiecle qui eft réputé le plus éclairé ; & pour les lan-
gues vivantes , on fe fixe à ceux du Cicch oii l'on vit.
L'autorité de l'ufage étant reconnue , & fon idée bien
fixée 5 il femble que tous les fujets de difpure ou de
doute fur la langue doivent être décidés fans peine. Ce-
pendant , il y a quelquefois des opinions oppofées qui
partagent tellement ceux fur le fentiment defquels les
autres doivent fe régler ; les Auteurs de l'un & de l'au-
tre parti pofent des principes qui paroiilent fi vrais & fi
jufles, qu'on ne fait plus de quel côté fe ranger. C'efl
ce qui arrive aujourd'hui pour notre ancienne ortho-
graphe , c*eft-à-dire , telle qu'elle étoit il y a un fiecle ^
& la nouvelle , telle qu'on la voit dans un grand nom-
bre d'écrits de nos jours. Celle-ci s'applique fur-tout à
retrancher les lettres doubles qui ne le prononcent pas^
& quantité d'autres lettres qui ne fe prononcent jamais
quoique fimples ; elle confifte à écrire , par exemple j
les homes j le tems y apeUr , étoner ^ perfone ^ ataquer ,
&c. au lieu de , les hommes , le temps , appeller ^ éton-
ner ^ perjbnne j attaquer ^ 8cc. quelques-uns même veu-
lent qu'on écrive , /ûv^i^ OMJ' aves , français oûfran^
ces , pour , j avais , français , &c. Si cette orthographe
avoit pour elle le plus grand nombre des fuffrages , il
n'y auroit pas à balancer , parcequ'alors l'autorité de
l'ufage termineroit le différend. Mais on voir encore au
moins la moitié des Ecrivains garder l'ancienne métho-.
de fur la plupart des articles litigieux.
Tome 11. S
Ci O R T
Les partifans de la nouvelle orthographe , & entr'att-
tres l'Auteur de l'ouvrage intitulé : Equivoques & Bi[ar-~
reries de l'orthographe francoife ^ foutiennent que l'on
doit écrire comme on parle 5 que c'eft un fervice à ren-
dre a notre langue, que de la .débarrailer de toutes les
lettres inutiles qui la furchargent , & de toutes ces ex-
prelîions différentes des mêmes Tons, qui l'embarrallent.
Leurs adverfaires objedent d'un autre côté les avanta-
ges de l'étymologie que la nouvelle méthode fait dif-
paroître dans notre écriture.
S'il nous cil permis de dire ce que nous penfons fur
ces principes, nous ferons obfcrver , d'après le Père
Buiîier, qu'à la vérité certaines langues ont une ortho-
graphe beaucoup plus embarraffée & plus difficile que
d'autres ; que fi l'on avoir précifément autant de carac-
tères divers dans l'écriture que de fons diflérens dans la
prononciation, enforte que chaque caradlere particulier
défignât toujours le même fon particulier , l'orthogra-
phe en feroit beaucoup plus commode &, ce f<jmule ,
plus naturelle. Nous ajouterons même avec M. Ducios,
qu'il feroit avantageux non-feulement que chaque fon
eût fon caradere 3 mais que celui-ci ne pût jamais être
employé que pour le (on auquel il auroit été defliné ,
& que jamais il ne le fût inutilement 3 qu'il efc proba-
ble que tel fut l'état de l'orthographe , à l'invention de
l'écriture, lorfqu'un génie heureux & profond fentitque
le difcours , quelque varié & quelque étendu qu'il fût
pour les idées , n'étoit pourtant compofé que d'un alfez
petit nombre de fons 3 & qu'il ne s'agiffoit que d'aflî-
gner à chacun un caradere repréfentatif. Il eft proba-
ble qu'alors l'alphabet fut complet , & que û l'on n'in-
venta pas plus de caractères , c'elt parceque les fons de
la langue de ce génie fupéneur n'en exigcoienc pas da-
vantage 5 puifqu'après le coup de génie qui lui fit con-
cevoir que les fons d'une langue pou voient fc décompo-
fer & fe peindre par des figures de convention , il ne
lui en coiitoit qu'un peu d'aticnrion pour égaler le nom-
bre de celles-ci au nombre de ceux-H Mais cette ortho-
graphe qui avoir été parfaite à fa naidance, commen-
ça à s'altérer , lorfquc pour des fons nouvellement ap-
perçus 3 ou nouvçllemem ajoutés aux anciens , on fîc
o R r o
4es combinaiCons des caractères connus , au lieu d'eil
inftituer de nouveaux j le mal empira , & il n'y eut plus
rien de fixe , lorftiu'on fie des combinaifons inuciks &
par conféquent vicieufcs , poi/r des Tons qui avoient
dejk leurs caradeies propres établis , & lorfqu'on em-
ploya ces caradercs & ces combinaifons dans des mots
où la prononciation n'indique aucun des fons qu'iis j^eu^
vent repréfenter ; c'eft: cette corruption de l'orthcgra-
phe i ajoute M. Duclos , qui rend aujourd'hui l'art de
la. lecture fi difficile, que l'on peut dire : quiconque faic
lire , fait le plus difficile de tous les arts.
Mais fi tous les aveux que nous faifons ici , nous
font fouhaiter d'avoir une orthographe moins embar-
rafiee, plus fimple , plus uniforme que la nôci'e; noua
ne croyons pas pour cela qu'il Toit permis à chacun
d'en établir une à Ton gré j quelque grands que les avan-
tages en paroiiîent être. Nous trouvons au contraire
qu'on fait en cette occafion un très grand abus de cette
maxime dont on veut fe prévaloir , qui/ faut écrire
comme onparle. Car qu'eft-ce qu'écrire comme on parle,
fînon peindre les fons que l'on prononce , par les let*
très que l'ufage a deftinés à cette peinture ? Or Ç\ l'ufage '
a deftiné , par exemple , les lettres ain pour écrire le
fon ain dans certain y ein pour le même fon dans dejfein^
aim ipomfaim , & în ^our fin , peut -on dire qu'on em-
ploie les caraderes marqués par l'ufage , fi on détruit ,
ou Cl l'on renverfe l'orthographe reçue de ces mots dif^
férents ?
Les lettres Tont d'elles-mêmes indifférentes pour tous
les Tons ; elles n'en peuvent indiquer qu'autant que l'u-
fage l'ordonne, & que comme lui-même l'a réglé.
Quand donc cet ufage a une fois décidé qu'un mot
devoit s'écrire d'une façon , qu'un fon dans telles cir-
conftances ou dans te! mot prendroit tels caradleres ; on
ne peut en employer d'autres , fans embarraffer tous les
ledeurs , fans manquer à l'ufage , & fans ccfTer d'écrire
comme on parle. Ce principe elTentiel à l'orthographe
déroute langue , fera facile à faifir à quiconque vou-
dra réfléchir fur ce que les lettres n'ont de rapport aux
fons, que comme les fons en ont aux idées, c'eft-à-
dire , qu'autant que l'ufage l'ordonne. De-là il s'enfuie
Eij
6^ D R T
que fi pâi- la fuite l'ufage admettoit une orthographe
plus fimple & plus aifée que la nôtre 3 ce feroit un bien,
un avantage réel j mais que jufqu'à ce qu'il faiTe une
loi de ce mieux que nous fouhaitons , il ne nous eft pas
permis d'en fuivre la méthode 5 que du moins ceux
qui le font , font précifément à l'égard des autres ,
comme fi l'on vouloit parler à im homme une langue
qu'il n'entend point , fous prétexte qu'elle eft plus par-
faite que celle qu'il entend. Il peut arriver par la fuite
qu'ils réufiilfent à faire pencher la balance de leur côté,
êc qu'ils failenc recevoir leur orthographe ; fi cela arri-
ve , ils auront rendu à la langue & à la nation un fer-
vice proportionné aux avantages de leur orthographe
lur l'ancienne. Mais ils ne s'expofent pas moins à la
critique , & à toutes les fuites d'une démarche hardie
qui peut n'avoir pas le fuccès qu'ils en attendent.
On le voit, nous n'oppofons que la loi de l'ufage à
ceux qui s'écartent de l'orthographe reçue j c'eft que
nous n'en connoifions pas d'autre. Nous ofons l'avouer
ici , & nous le faifons fentir en bien d'autres endroits ,
nous fommes peu touchés de tout ce qu'on dit en fa-
veur de l'étymologie , qui eft cependant le grand ap-
pui des pariifans de l'ancienne orthographe. Nous fem-
mes à l'égard de notre langue , à-peu-près comme fi
elle ne venoit d'aucune autte , que nous en euflions
nous-mêmes inventé tous les mots , & que nous leur
cufTions librement attaché l'idée qui leur convient félon
notre ufage. Que m'importe que l'écriture de tel mot
nie falfe connoitre qu'il vient du grec ou du latin , fi
d'ailleurs j'en connois bien la fignification ? Et fi je ne
la connois pas , n'eft-il pas plus facile , plus naturel ,
& plus court , de la chercher dans l'ufage que dans une
langue étrangère ? Ceux qui veulent tout facrifier à
cette étymologie , font femblables à un homme qui
prétcndroit que nous devons nous habiller à la Phry-
gienne , parct-que , dit-on , nous defcendons d'une Co-
lonie des Troyens. Pourquoi cmbarrallcr la langue de
tout cet attirail étraiigcr ? l^ourquoi la défigurer par ces
traits qui ne font pas les ficns î Nous ne devons cher-
cher qu'à nous faciliter l'ufage de nos mots , quelqu'cn
foit l'origine , & cela autant que l'ufage le permet 5
O R T <?5
~ comme nous ne devons nous habiller que félon notre
goût & notre commodité , autant que la mode reçue le
roufFre.
D'ailleurs combien n'avons-nous pas de mots qui
nous viennent, des Grecs Se des Latins , & auxquels
nous attachons une idée toute différente de celle qu'ils
y attachoient ? Qu'on en juge par le feul mot indifférent.
Quand vous faurez qu'il vient de l'adjedif latui , in-
différens y & que vous aurez bien examiné , bien recher-
ché ce que ce dernier {îgniiîoit dans la bonne latinité j
quel fera le fruit de vos peines î une idée faulTe. Vous
trouYGYcz ç^uc indifférens i lignifie une chofe qui n'eft
pas différente d'une autre ^ qui lui eft égale & relfem-
^^blante ; tandis que y indifférent fe dit d'une perfonnc
■qui n'anifouhait ni crainte d'une chofe , qui n'a pour
cette chofe ni défir ni répugnance , ni amour , ni hai-
ne ; ou bien d'une chofe qui ne nous infpire pas plus
l'un que l'autre de ces fentimens oppofés. Ainli en ju-
geant de celui-ci par celui-là , vous ne nous entendrez;
plus , & ne vous ferez plus entendre. . ;
Autre difficulté contre l'étymologie ; cambien n'a-
vons-nôus pas de mots où l'on a négligé de rindiquer
par l'orthographe ? Et comment pourrai-je diftinguer
ceux-là des autres ? Si je dois chercher la fignificatioa
d'un mat dans les autres mots , foit de notre langue ^•
foit des langues étrangères dont il me paroîtra dérivé
félon fon orthographe i combien ne,ferai-je pas de faux
pas & de découvertes erronnées î Je vois le, mot prifer
écrit par un /, & non par un x -, de rempli de ce prin-
cipe que c'eft aux mots d'où celui-ci eft tiré , à m'en
indiquer la véritable lignification ; je cherche d'où peut.
y tnn prifer. Or félon les règles de la formation mutuelle:
des noms & des verbes j je ne trouve point de moc
d-'où il vienne plus probablement que de l'adjeélif^pri^ ^
prife : prifer y Çi^^ni^Qï a. donc la même chofe que jor^/z-
dre ? Si l'on veut tant reclamer l'étymologie , fi l'on
veut tant compter fur elle , que n'écrit-on prixer ^ pour
me faire entendre que ce verbe vient du fubftanti fjp/'/Ar ?
Combien la langue ne fournit-elle pas d'autres exem-
ples des erreurs ou l'attention à l'étymologie feroic.
Eii;
C<^ O R T
tomber à chaque inftant. L'ancienne orthographe fe-
roit donc fort mal défendue j fi l'on n'avoit que Té-
tvmologie à oppofer aux inventeurs de nouvelles mé-
thodes.
Tout ce que nous avons prétendu prouver par ce dé-
tail , c'eft qu'ici il n'y a absolument que l'ufage à con*
fiilter ; c'eft que l'orthographe du fiecle pall'é fera vi-
cieufc, dès l'inftant où elle n'aura plus pour elie le grand
nombre des Auteurs de nos jours ; c'eft que toute nou-
velle orthographe dansune langue vivante fera la feule
bonne aufli-tôt qu'elle fera celle de la plupart des EcrU
vains du temps i & que fans cela , elle ne pourra jamais
paffer en loi j c'eft qu'enfin dans cet ouvrage , nous n'a-
vons cherché qu à fuivre le plus grand ufage 5 & que lî
nous alléguons quelquefois des raifons d'étymologie ,
c'eft: bien moins pour faire compter fur elle , & la faire
regarder comme un principe gérerai , que pour en faire
voir l'influence réelle en quelques cas particuliers , pour
en citer quelques exemples , & pour indiquer le grand
motif, qui quoique mal fondé, a néanmoins déterminé
dans le fait la plupart des Auteurs à faire palier , ou à
maintenir en ufage l'orthographe a(5tuelle de certains
mots.
Nous ne pouvons donner ici aucune règle d'ortho-
graphe françoife ; parceque npus en avons fort pea
•qui méritent le nom de règles, & qu'on les trouvera aux
articles , conjugaifon , fubfiandfs ^ adjedifs j pronoms ,
&c, dont elles fixent \zs terminaifons mafculines & fé-
minines , fingulieres & plurieles. Les autres font bien
moins des règles que des obfervations particulières fur
les lettres vauffi les avons-nous développées, auxmots,
'Voyelles y conformes , diphthongues , Jyllabes , prononcia-
tion ,011 nous renvoyons le leâ-eur pour favoir comment
il faut écrire les fyllabes -qui fe trouvent dans un mot.
Nous y avons marqué à chaque lettre ( autant du moins
que nous l'avons pu ) en quelles circonftances , un fon
qui peut fe rcpréfentcr par plufieurs caractères, prend
l'un plutôt que l'autre 5 en quels mots on écrit la lettre
dont on traite, quoiqu'elle ne fe fente point dans la pro-
nonciation 5 & eafia quand elle doit ou ne doit pas fq.
ou OUI Cf
redoubler félon l'ufage que nous avons ctu le plus gé-
néral.
OU , ainiï accentué ou j eft un des pronoms relatifs :
voye^ cet article au mot Pronoms.
Ou fans accent eft une des conjonéiions alternatives i
'Voyé:( Conjonctions.
OUA , eft une des diphtongues : voye:^ Diphton-
cuF.s (S* Prononciation,
OUAIS , eft une des particules exclamatives : voye:^
Particules , Construction.
OUET , eft une des diphtongues : voyei Diphton-
gues 6* Prononciation.
OUF , eft une des particules exclamatives : voye^
Particules , Construction.
OUI , eft une des diphtongues ; voye:^ Diphtongues
6* Prononciation.
OUI , eft une des particules afTertives : voj!?:^;. Par-
ticules.
OUIN , eft une des diphtongues : voye:^ Diphton-
gues 6* Prononciation.
ouïr. Verbe adif, irrégulier, & défedif de la fé-
conde conjugaifon;il exprime cette attention que prête
l'ame lorfqu'elle eft frappée par l'organe de l'oreille :
jére^-vous oui ce dntamare ? Onir fignifîe quelquefois
écouter favorablement , entendre favorablement. Le
Seigneur a oui les prières de fan -peuple. Ce verbe eft affez
ufîré dans le ftyle de pratique ; les témoins , les par^
ties ont été ouies. Il £/? ajjigné pour être oui.
Le participe paiTé paflif ow/ devient quelquefois par-
ticule affirmative quand on répond , oui y c'eft-à-dire ,
cela eji oui : entendu. Il eft fubftantif dans la phiafe fui-
vante. Il neft jamais fort i un oui de fa bouche.
Indicatif. Prétérit. J'ouis , tu ouis , il ouit ; nous
ouïmes j vous ouïtes , ils ouirent. Prétérit indéfini. J'ai
oui , tu as oui , &c. Prétérit antérieur. J'eus oui , &c.
Plufqueparfait. J'avois oui. Futur paffé. J'aurai oui.
Conditionnel pajfé. J'aurois ou j'euiTe oui , &c. Subtonc-
TiF. Imparfait. Que j'ouiiTe , que tu ouiffés , qu'il ouït;
que nous ouiffions , que vous ouiffiez , qu'ils ouiffent.
Prétérit. Que j'aie oui , &c. Plufqueparfait. Que j'euffe
oui. Infinitif préfent, Ouir, Prétérit, Avoir oui. Participe
Eiv
^l O U L
acîif. Oyant. P^j^f. Ayant oui, Participe pajpfpajfê. Oui,
ouie.
L'on formera les perfonncs que nous n'avons pas in-
dique'es dans les tems compofés , fuivant les règles or-
dinaires.
On difoit autrefois au préfent de l'indicatif. Nous
oyons , vous oyez , ils oient. A l'imparfait ^ j'oyois , ta
oyois , il oyoit ; nous oyions , vous oyiez , ils oyoient.
Au futur j j'oirai , tu oiras , il cira j nous oirons , vous
oirez , ils oiront. Au participe aciif préfent ^ oyant, Vré-^
fent du fubjorMif y que j'oie , ^c. mais ces tems ne font
plus en ufage.
M. de Voltaire , à i'occafîon de ce vers de Corneille
dans le Menteur :
Quand je vous oy parler de guerre & de concerts.
fait la remarque fuivante. 33 Je vous oy ne fe dit plus 5
S3 pourquoi? Cette diphtongue n'eft-clle pas fonore ?
53 Foi y loi , croi , bai j révoltent- ils l'oreille ? Pourquoi
»3 l'infinitif oz//reft-il refté , & le préfent eft-il profcrit?
S3 La fyntaxe eft toujours fondée fur la raifon ; l'ufage
53 & l'abolition des mots dépendent quelquefois du ca-
33 pnce ; mais on peut dire que cet ufage tend toujours à
33 la douceur de la prononciation : je ioy j foy efl fec
33 & rade ; on s'en eft défait infenfiblemcnt.
Nous croyons devoir obferver que Racine a confervç
puï dans ce vers de la Tragédie de Bérénice 5
Et n'as-tu pas encore ouï la renommée.
iriais ce mot y eft employé de manière qu'il n'a rien de
ilur pour l'oreille.
Sur cet autre vers de Corneille dans PolyeuHe :
Oyez Félix , dit-il , oyez peuple , oyez tous. '
M. de Voltaire dit encore : 33 Oye7[ n'eft plus employé
33 qu'au Barreau. On a confervé ce mot en Angleterre,
33 Les HuifTiçrs difcnt ois fans favoir ce qu'ils difenr.
33 Nous n'avons gardé de ce verbe que l'infinitif ouir ;
33 &: nous difions autrefois oyer. Les fcffions de l'échi-
?î cjuiex dç Normandie s'appelaient oyer 6' tçrmimro:,.
O U T O U V <^9
OUTRE, eft une des prépofîtions fimples *. voye^
Prépositions.
OUVRIR. Verbe a^if , & irrégulier , de la féconde
conjugaifon. Ouvrir c'efl donner palTage , iflue j c'effc
inetfre au jour , en liberté. Le Gouverneur ma fait ou-
vrir le Port. Le Chirurgien a ouvert l'abcès. Le Con-
cierge a ordre d'ouvrir aux prifonniers. Ouvre^ la cage à.
t Gif eau.
On dit âu figuré , ouvrir la porte aux abus. Ouvrir
lefprit a quelqu'un, Ceji M. un tel qui a ouvert le meil-
leur avis. Ouvrir fon cœurafon ami.
Ouvrir s'emploie d'une manière abfolue dans cette
façon de parler. J'ai dit a mes gens d'ouvrir.
Participe pré Cent aBif ; ouvrant indéclinable.
Participe pajfépajjtf; ouvert , ouverte.
Indicatif. Préfent. J'ouvre,, tu ouvres, il ouvre ;
nous ouvrons , vous ouvrez , ils ouvrent. Imparfait,
J'ouvrois , &c. Prétérit. J'ouvris , tu ouvris , Sec. Futur.
J'ouvrirai , &c. Conditionnel préfent. J'ouvrirois , &c.
Impératif. Ouvre, qu'il ouvre; ouvrons, &c. Sub-
jonctif. Préfent. Que j'ouvre, que tu ouvres, qu'il ou-
vre; que nous ouvrions , que vous ouvriez , qu'ils ou-
yrent. Imparfait, Que j'ouvrilTe. Les tems comporés
font régulierSo
10
P PAR
y oa PE , efl: une des con Tonnes de l'alphabet ; voyc^^
Althabet , Consonnes ô* Prononciation.
PAITRE. Verbe adif & neutre, défeàif, de la qua-
trième conjugaifon , quatrième différence. Il vient du
verbe latin pafcere , qui fîgnifîe manger l'herbe des
champs fur fa racine ; il ne fe dit que des animaux. Les
moutons paijfent l'herbe tranquillement fous la garde des
chiens 6* du Berger. Au retour du Printems on envoie
les moutons paître. Il eft neutre dans cette dernière
phrafe.
Paître fe dit au figuré , ou en parlant de quelqu'un
qu'on méprife & qu'on range au nombre des bêtes , en
difant qu'il faut l'envoyer pakre , ou en parlant d'un
Curé dont on vante le foin qu'il a de Tes Paroi/Sens 5
on dit qu'il a bien foin de paître fcs ouailles^
Ce verbe n'a point de prétérit, ni parconféquent d'im-
parfait du fubjondif. Il n'a point d'impératif non plus,
ni de participe pafle, par conféquent point de tems
compofés. Pour les autres temps , voye:^ le mot Conju-
gaison , QUATRIEME CONJUGAISON , QUATRIEME
DIFFÉRENCE.
PAR , ell une des prépofîtions /impies : voye^ Prépo-
sitions.
PARALLELE , figure de Rhétorique propre à orner
le difcours. C'efl: une comparaifon que l'on fait de deux
objets , en les rapprochant l'un de l'autre , pour mieux
faire fentir leur valeur relative , leurs rapports , leurs
oppofitions , & même leurs contrariétés : en voici un
très bel exemple.
Varallele de Charles XII , Roi de Suéde , & du Ciar
Pierre Alexiowit^ ^ par M. de Voltaire.
55 Ce fut le 8 Juillet de l'année 1709 que fe donna
i3 la bataille décifive de Pultava , entre les deux plus
33 célèbres Monarques qui fulfent alors dans le monde.
w Charles XII , iliuftre par neuf années de vidoires ,
PAR 71
^^ Pierre Alexiowitz par neuf années de peines prifès
33 pour former des troupes égales aux troupes Suédoi-
» Ces : l'un glorieux d'avoir donné des Etats j l'autre d'a-
33 voir civilifé lesfiens : Charles aimant les dangers, &
33 ne combattant que pour la gloire ; Alexiowitz ne
33 fuyant point les périls , & ne faifant la guerre que
33 pour fes intérêts : le Monarque Suédois libéral par
33 grandeur d'ame 5 le Mofcovite ne donnant jamais que
33 par quelque vue : celui-là d'une fobriété & d'une con-
33 tinence fans exemple , d'un naturel magnanime, &
33 qui n'avoit été barbare qu'une fois ; celui-ci n'ayant
33 pas dépouillé la rude/Te de fon éducation & de fon
3^ pays , aulfi terrible à fes fujets qu'admirable aux
33 étrangers , & trop adonné à des excès qui ont même
33 abrégé fes jours. Charles avoir le titre d'invincible
33 qu'un moment pouvoit lui orer 3 les Nations avoienc
33 déjà donné à Pierre Alexiowitz le nom de Grand ,
33 qu'une défaite ne pouvoit lui faire perdre , parcequ'il
33 ne le devoir pas à des vidoires33.
PARCEQUE , eft une des conjonâ:ions motivales ;
voye^ Conjonctions.
PARCONSÉQUENT , eft une des conjondions con-
clufîves : voyf^ Conjonctions.
PARCOURIR. Verbe adif , irrégulier , de la fécon-
de conjugaifon , compofé de courir ^ fur lequel il fe con-
jugue ,& de la prépofitionp^r:, dérivée du latin ;7fr, qui
iîgnifîe û. travers y d'un bout a l'autre. Parcourir , c'eft
donc courir à travers une certaine étendue, &: d'un bout
à l'autre. On Ait parcourir les bois , les villes ; & dans le
figmé parcourir une brochure j c'eil-à-dirc , y jetter les
yeux légèrement depuis le commencement jtifqu'à la fin :
vvyei Courir.
PAREILLEMENT , eft un des adverbes de compa-
raifon : voye^ Adverbe.
PARENTHESE. La parenthefe peut-être mife au nom-
bre des figures de conftrudion. C'eft une efpece d'hy-
perbate : voye^ Hyperbate.
La parenthefe eft un fens à part , inféré dans un autre
dont il interrompt la fuite.
II y a dans l'Opéra d'Armide une parenthefe célèbre.
71 PAR
en ce que le Muficieii l'a obfervée aufll dans le chant.
Le vainqueur de Renaud ( fi quelqu'un le peut être )
Sera digne de moi.
Il faut faire enforte que les parenthefcs ne rendent
pas la phrafe louche , & pour cela il faut éviter qu'elles
foient trop longues.
PARFAIRE. Verbe adif, irrégulier, de la quatrième
conjugaifon ^ compofé At faire ^ fur lequel il fe conju-
gue, & de la i^xé^oCmonpar, dérivée de la latine ;?er ;
qui en françois comme en latin donne en certaines oc-
ca/îons la force fuperlative , comme très en françois.
Ce verbe eft dcfeélif n'ayant que l'infinitif & fes tems
comporés. Il fignifie achever ^ finir ^ parfaire un ouvra-
ge ^ une fomme y c'eft-à-dire, finir un ouvrage , com-
pletter une fommc. Il n'eft gueres en ufage , mais on fc
fert beaucoup de ïzà]tù.\î parfait ^ parfaite.
PARMI, eil une des prépofitions fimples : voye^ Pré-
positions.
PAR RAPPORT A ^ eft une des prépofitions compo-
fées : voy^^ Prépositions.
PARTANT , eft une des conjondions conclufives :
•voyei Conjonctions.
PARTICIPES. Les participes font de vrais adjedifs
formés des verbes , de la nature defqucls ils participent,
en ce qu'ils fignifîent la mcme chofe , hors l'affirmation
qu'ils ne retiennent pas , non plus que la défignation des
perfonnes , qui eft une fuite de l'affirmation.
Ainfi les participes fc joignent aux noms fubftantifs,
& en eypriment des qualités, ainfi que les autres adjec-
tifs. Us repréfentent la même idée que les verbes dont
ils font formés , & même la circonftance du temps , &
prennent à leur compagnie des objedifs , des termina-
tifs & des cîrconftancicls, ainfi que leurs verbes. Cepen-
dant ils ne fc prêtent pas à tous les temps , comme les
verbes. Les participes ne fe forment que pour le préfenc
& le paffé , comme nous aurons foin de le faire mieux
fentir plus bas.
J'aime eft un verbe qui , outre l'affirmation qui eu
fait le caradere primitif &: d'efpece , renferme encore
i'adion d'amour ; t amour mis en événement ^ mis en fait ;
l'amour exifiant. Ce verbe produit deux participes , ai"
PAR 75
Triant iaîmé; ces deux participes font adjeâiifs , puifque
l'on dit , cet homme aimant. . . . cet homme aimé ^ &c. ,
& que ces participes ainfi placés expriment des qualités
du fubftantif homme ; c'eft-à-dire la (\\\z\né d' aimer ,
ou celle d'être aimé. Ils n'ont point l'affirmation exprelle
qui eft dans les verbes j ils ne difent point diredemenc
que cet homme aime ou eft aimé ; ils ne le difent qu'in-
diredement, implicitement , comme dans j cet homme
fobre : fobre affirme indirectement ^ implicitement, quç:
cet homme a la fobriété 5 au lieu que dans le verbe
j'aime ^ cette affirmation eft la première idée qu'on ré-
veille en nous ; elle eft l'idée la plus diredlement , la.
plus expreliément énoncée
De cette différence entre le verbe & les participes , il
en naît une autre 5 c'eft que ceux-ci n'admettent la dé-
iignation d'aucune perfonne. Ces mots n'ont alTcune tcr-
minaifon pour la première , ni la féconde , ni la troifie-
me perfonne , foit^du fingulier , foit du pluriel. En effet,
quand il n'y a plus d'affirmation, il s'enfuit qu'il n'y a
perfonne qui fe trouve donner cette affirmation qui
n'cxifte pas.
Mais du refte , aimant j aimé ^ marquent la même
idée qui fe trouve jointe à l'affirmation dans j'aime ,
c'eft-à-dire', l' action d' aimer , l' amour exijiant : ils mar-
quei>t même deux temps principaux j k premier , le
temps préfent , & le fécond , le temps paflé ; non pas
fî parfaitement néanmoins qu'il n'y ait encore des re-
marques à faire à cet égard , comme nous le verrons.
Les participes admettent des objediifs & des termina-
tifs , comme leurs verbes i ainfi comme on ait, je porte
un Livre a la campagne , on dit auffi , portant un Livre à.
la campagne , je m'y ennuierai moins ; comme on dk ,je
fuis favori fé de la fortune , on dit également , favori fé
de la fortune ^je dois peu me plaindre „ Sec. Pour les cir-
conftanciels , ils fe joignent auffi aux participes comme
aux verbes , j'aime tendrement y aimant tendrement ; je
fuis conflamment favorifé ; conjiammentfavorifé de^ &c.
Nous ne connoiffons dans notre Langue que deux
fortes de participes 5 favoir ceux que l'on nomme partie
cipes actifs ou préfents j & ceux qu'on appelle pajfifs ou
fajfés. Il eft à peu-près égal de leur donner le premier
74 H A R
OU le fécond cîe chacun de ces deux noms : auflî lent
donnc-t-on indifféremment l'un ou l'autre. Nous allons
reprendre ces deux fortes de participes , & marquer fur
chacune ce qu'il y a de plus utile.
Du Participe préfent.
Les participes préfents ou adifs font ceux qui mar-
quent le préfent , & font naître l'idée d'une adion ,
comme étant produite par celui auquel le participe fe
rapporte : ils font terminés en ant , comme aimant ;
on les forme de tout verbe aâ:if , 5c d'une partie des
verbes neutres. Les participes préfents n'ont aucune
des variations que les autres adjeélifs admettent pour
marquer le genre ou le nombre : ainfî l'on dit , un
homme aimant les autres hommes ; . . . les hommes ai^
mant la variété J . . . une femme aimant la parure ; . . . .
les femmes aimant la parure , ... où l'on voit q^\i aimant
s'écrit toujours de même, foit que fon fubftantif foie
au fingulier ou au pluriel , au mafculin ou au féminin.
Il n'en a pas toujours été de même j cts, participes va-
rioient autrefois comme les adjeélifs ; aujourd'hui (i
quelques-uns paroifient varier encore , ils ce/Tent dès-
lors d'être participes , & deviennent purement adjeétifs,
puifque dans ce cas là ils ne peuvent avoir ni l'objedif,
ni l'attributif de leurs verbes. Ainfi l'on dit bien , une
femme obligeante , des femmes obligeantes , &c. mais on
ne peut dire , une femme obligeante tout le monde y . . .
des femmes obligeantes tout le monde. Si l'on veut y join-
dre ce régime, il faut néceifairement dire & écrire , obli^
géant , &c.
Obligeant n'efl: pas à beaucoup près le feul participe
qui devienne adjcdtif pur : on dit également, une pajfion
dominante^ des aventures furprenantes , une réponfe char^
mante y des tableaux charmants , une femme fuppliante ,
&c. Ce dernier devient même fubftantif dans certains
cas pour l'un & l'autre genre ; car on dit , la fuppliante
requiert ; . . . les fuppliants expofent , , . . &c.
Nous venons de dire que ces participes devenant purs
adjeélifs, ne prenoient pius les régimes de leurs verbes ;
mais il n'efl: point de règle fans exception , en fait de
Langue fur-touc j car on dit , une pièce approchante de
PAR 75
la 'Votre ; Us villages dépendants > ou les maifons dépen-
dantes de la feigneurîe ; une Requête tendante a la cajfa-
tion d'un Arrêt \ des filles ufantes &c jouijfantes de leurs
droits j une façon de p enfer répugnante h. la mienne y les
Gens tenants notre Cour de Parlement y la rendante comp-
te ^ ^ quelques autres en très petit nombre, & que
l'ufage apprendra.
Il efl encore une remarque fenlîble à faire fur le par-
ticipe qui n'eft point adjedif pur , ou 2Là]ztï\Ç verbal ^
comme difent quelques Grammairiens : c'eft qu'il ne peut
jamais être employé fcul , & fans quelques mots expri-
més ou fous-entendus, qui en dépendent , & particula-
rifent ou modifient fa lignification. Ainfi l'on ne àiz
point , cet homme aimant , fans exprimer enfuite , ou
fans avoir fait connoître auparavant ce qu'il aime , ou
la manière ou les circonflances de fon amour : l'on dira
donc , cet homme aimant une femme coquette ^ ne peut
être heureux j cet homme aimant aujfi conjîamment j mé-
rite le bonheur qu il défire , &c. On dit de même, Louis XK
actuellement régnant y mais on ne dira pas , Louis XV ré-
gnant 3 à moins qu'on n'ajoute , ou que le refte du dif-
cours ne fafTe alîez entendre actuellement , ou en Fran-
ce ^ 8cc.
Une féconde remarque , c'eft que le participe préfent
ne peut jamais être m.is immédiatement à la fuite du
verbe être , fans choquer le bon ufage 5 au lieu que l'ad-
jedif verbal s'y met autant que le demande le fens de la
phrafe : ainfi l'on dit , cette femme obligeante y mais on
ne dit pas , elle efi obligeant tout le monde j on dit , ces
perfonnes font charmantes y mais on ne dit pas , elles font
charmant tous ceux qui les voient. Si donc l'on veut met-
tre un participe préfent à la fuite du verbe être , il faut
qu'il y ait quelques mots intermédiaires qui les éloignent
à certaine diftance ; ainfî l'on dit très bien , ce jeune
homme efi fage , bien élevé , craignant Dieu , refpcciant
les loix 6* Us bienféances , ô" chérijfant fes parents , &:c.
Sur cette obfervacion on peut voir combien nous avons
eu rai fon de mettre au rang des adjedifs verbaux ces
mets , approchant , dépendant j &c. qui varient leurs
term naifons , quoiqu'ils retiennent les régimes de leurs
verbes ; car on dit , ces maifons font dépendantes de la
feigneurîe , &c.
'^G PAR
L'ufage de ces participes préfents efl: un tîes points àt
notre Langue des plus difficiles à bien faifir : il eft mille
circonftances où un participe ofFenfe des oreilles déli-
cates , & leur parok être un barbarifme de conftruc-
tion , fans que l'on puilîe aifcment dire pourquoi : Teu-
lement on fent que le bon ufage n'admet point de pa-
reilles phrafcs.
Souvent même , le même participe deviendra naturel
& coulant , au moyen d'un léger changement que l'on
fera dans l'arrangement des mots de la même phrafe.
Tout ce que nous pouvons dire à ce fujet , c'eft que les
participes ne doivent fe rapporter qu'au fubjedif de là
phrafe dans laquelle ils fe trouvent, foit que cette phrafe
foit principale ou incidente : ainfi l'on dit , je ne puis
m y trouver , ayant des occupations qui m en empêchent.
On voit des Philofophes qui connoijfant la vérité refufent
de la dire j mais on ne dira point , le plaijîr d'un homme
étudiant , parceque le participe étudiant fe rapporte à
homme , qui étant régi ]^âv plaiJir ^ ne peut être le terme
principal du fubjedif. On ne peut dire non plus, celafied
bien a un homme travaillant j &c. Il faut dire , le plaiJir
d'un homme qui étudie ; celajied bien a un homme qui tra-
vaille ^ &c. Pour la même raifon on ne dit pas , ce font
des Philofophes connoiffant la vérité^ puifque le fubjeftif
de cette phrafe efl: le mot ce^ 8c non pas le mot Philofa^
jphes y auquel fe rapporte le participe.
Quelquefois le participe vient bien dans une phrafe
oii il ne fe rapporte pas au fubjcdif 3 mais c'eft qu'il fe
rapporte à un autre fubftantif exprimé, & qui n'eft point
régi par la phrafe ; de manière que ce fubftantif avec ce
participe & fon régime , font comme une phrafe déta-
chée , quoiqu'incompktte.
C'eft ainfi que l'on dit ,7V ne puis dîner cke7[ vous ,
Monfeur me retenant che:^ lui y où retenant fe rapporte à
Monfeur , qui n'eft ni régi ni régifl'ant dans la phrafe
principale.
y^oye^ au mot gérondif les différences & reffemblan-
ces qui fc trouvent entre h gérondif de le participe aélif
préfcnt.
Du
ï^ A R ^^i
Vu Participe M^> • obtis^i iuo a.
Le participe pafTé eft celui qui marque le paiFé. Quant
a l'atlioji qu'il exprime , il la préfente comme produite
par celui auquel le participe le rapporte. Quelquefois
le même participe marque radion comme foufFerte par
celui auquel il fe rapporte ; mais alors il celle d'être
adif , & devient palîif : de plus , il ne marque pas plu-
tôt le palTé qu'un autre temps. Dans le fens adif , il ne
jnarque pas même le palTé fcul ; il lui faut un .auxiliaire.
Ainli le participe dont il eft ici queftion , n'eft ni elfen-
tiellemcnt adif, ni eflentiellement palTif ^ puifqu'il de-
vient indifféremment l'un ou l'autre , félon les mots qui
lui font unis : il n'eft elfentiellement ni un temps palfé,
lù un temps préfent, ni un temps futur, puifqu'il peut,
par le fecours des auxiliaires , nous préfenter l'un oa
l'autre de ces temps différents. Quel eft donc le carac-
tère propre du participe en queftion ? C'eft d'admettre
toutes ces variations. Pourquoi en effet lui chercher un.
fcns fixé , s'il ne préfente par lui-même l'idée du verbe
que d'une manière indéterminée ? Mais pourquoi l'ap-,
pelions-nous donc participe pajfé ? C'eft que c'eft-là foa
premier & principal ufage , au moins dans l'ordre des
conjugaifons 5 qu'enfin il faut lui donner un nom. Se.
qu'en ceci nous fuivons l'ufage ordinaire des Grammai-
riens.
Reprenons de fuite ces participes fous ces deux pointe
de vue , l'un d'être adifs , & l'autre d'être palfifs.
I. Les participes dont nous parlons font adifs tou-
tes les fois qu'ils font précédés de quelques - uns des.
temps fimples ou compofés du verbe auxiliaire â-vo/r;
ainfi aimé eft adif dans les temps , j'ai aimé , fa-
vois aimé ^ j' aurais aimé ; j'aurai aimé ^ que j'aie ai-
mé, ayant aimé ^ Sec. Ils font encore adifs quant au fens
dans les verbes réciproques ou réfléchis , foit direds ,
Toit indireds , & dans les imperfonnels , & un grand
nombre des verbes neutres j quoiqu'ils y foient précédés
des temps fimples du verbe auxiliaire être ^ comme , il
s'ejl donné la mort y ils fe font promenés , &c. Mais dans
ce dernier cas , ils fuivent la fyntaxe des participes paf-
fifs : ainll on les cojifoiid avec ces derniers , pour tout
Tomt IL f ^
yT P A R
ce qui regarde les principes de fyntaxc , Toit par rapport
aux genres , foit par rapport aux nombres. On peuc
voir le mot Syntaxe ^ ou l'on développa ce qui con-
cerne ces deux points des participes. Ici nous n en don-
nerons que les règles générales.
Les participes paiTés adifs font ordinairement inva-
riables pour leur terminaifon : ainlî il faut dire & écri-
re , les grands Hommes ont toujours eflimé Us Sciences ,
& non pas efiimés ^ en le fai(ant rapporter à hommes ,
ni eflimées en le faifant rapporter à Sciences. On dit de
même , vos ancêtres ayant préféré les honneurs aux ri^
chejjes j &c.
Cette règle a toujours lieu j quand le régime ou ob-
jediF ne précède point le participe ; car s'il le précé-
doiÊ -y la règle générale change , & veut que le participe
prenne le genre & le nombre de cet objedif , foit que
celui-ci fe trouve exprimé par un nom ou par un pronom,
&c. : ainfi l'on dit , combien d'ennemis n a-t-il pas vain-
cus ? Les affaires que vous m'ave:^ confiées , &c.
Cette dernière règle a bien des exceptions qui ne font
fondées que fur l'ufagc , ainfi que la règle elle-mê-
me : mais cette phrale , cet homme ejl un de ceux que
y ai le plus aimé , & Ç^s femblables , ne doivent pas être
comptées parmi les exceptions j puifque aimé fe rappor-
tant à que 3 &: ce que à «/z ^ le participe y garde le
genre & le nombre de fon antécédent : cela eft (i vrai
qu'on dit , cette femme efi une de celles que f ai le plus
aimée ; cependant on pourroit dire aimées.
Mais lî le fubjedif eft après le participe , celui-ci re-
devient invariable , quoiqu'il foit précédé de fon objec-
tif; la querelle que vous a fait cette femme , & non pas ^
que vous a faite , comme on le diroit , fi cette femme
ctoit avant le participe , la querelle que cette femme vous
<L faite. C'ert donc à tort qu'on a blâmé ce vers de Cor-
neille dans Cinna , A<5le I , Scène III.
Les mifcres
Que durant notre enfance ont enduré nos percs.
35 Ont enduré paraît une faute aux Grammairiens, die
30 NI. de Voltaire ; ils voudroicnt , les miferes qu'ont en-
93 durées nos pères, Jç ne fuis point du tout de leur avis.
PAR 79
S5 II fcroit ridicule de dire , les miferes qu*on fouffertes
33 nos pères > quoiqu'il faille dire , les miferes que nos
i>:> pères ont foufertes , S'il n'eft pas permis à un Poète de
83 fe Tervir en ce cas du participe abfolu , il faut renon-
» cer à faire des vers. 3>
Le participe refte encore invariable.
i**. Quand il eft fuivi d'un nom qui lui fert d'objec-
tif conjointement avec celui qui précède, comme, vos
fautes vous ont rendu méprifables ; où méprifables eft ob-
jedif de rendu & de vous qui précède.
^9. Quand le participe eft fuivi d'un verbe auquel 1«
fens attribue l'objedif qui précède , plutôt qu'au parti-
cipe : comme , les qualités que vous avez appris à con^
noître y ou que vous ave:( entendu louer -^ ou le que eft plu-
tôt l'objedif de connaître ou de louer que de appris ou
âe entendu. Il en feroit de même fî ce verbe qui fuit le
participe , n'étoit pas à l'infinitif, comme , les chicanes
que j'ai prévu quon me feroit. Mais fi l'objedif ne peut
être celui du fécond verbe , & qu'il doive plutôt fe rap-
porter au participe , celui-ci varie , comme, la réfolu-»
îion que j'ai prife de m'adrejfer a vous.
Si l'objedif ne peut fe rapporter au participe , celui-
ci refte invariable , quand même le verbe auquel cet
objedif appartiendroit feroit fous - entendu : comme ,
je vous ai prêté tous les fecours que j'ai voulu , que j'ai
du y 6* que j'ai pu , &c.
3°. Quand le participe avec fon auxiliaire eft pris
imper fonnellement , il ne varie point, comme , les pluies
continuelles quilafait^ &c.
II. Les participes dont il s'agit font paffifs toutes
les fois qu'ils font employés feuls fans auxiliaire , ea
forme de purs adjedifs , & quand ils font joints aux
temps divers de l'auxiliaire être i une femme aimée de fort
mari , mérite de l'être de beaucoup d'autres ; être aimé ^
je fuis aimé ; // étoit aimé ; il a été aimé ; il aura été ai-*
mé ; qu'il ait été aimé; étant aimé ; ayant été aimé y 8cc,
Nous avons remarqué plus haut, que les verbes neu-
tres , réiîécliis & réciproques , qui prennent dans leurs
temps compofés l'auxiliaire être , n'en ont pas moins le
fens adif. Il faut en dire autant pour les participes paf-
fés des verbes neutres qui fe conjuguent avec l'auxiliaire
Fij
8o PAR
être j qnoiqxiiU foient employés comme acîjcdifs &
fans auxiliaire , comme , un homme revenu des égare-'
ments de la jeunejje y monté fur le ton de la raifon ; def-
çendu dans les abîmes defon cœur y tombé dans les réfif^
xions les plus folides ^ Sic. Tous ces participes ont le
fens purement adif : mais ils fuivent , quant aux varia-
tions de leurs terminaifons , les mêmes règles que les
participes entièrement pallifs.
Les participes paflifs luivent le genre Se le nombre à\i
nom auquel ils le rapportent , foit qu'ils aient un auxi-
liaire , foit qu'ils n'en aient point j ainfî il faut dire :
Ces femmes ne font tombées dans le difcrédit que par leur
faute y les Arts ont été inventés pour nos be Joins ou pour
nos plaïfirs ; fa mère ne s'efi apperfue que trop tard des
fuites de fafoiblejfe.
Si les partfcipes allé & venu , ou femblables , font
fuivis d'un verbe , & qu'ils aient avant eux un pronom
qui paroilfe plutôt le régime de ce verbe que celui du
participe , alors ces participes n'admettent plus aucune
variation : ainfî on dit, elles nous font venu rendre vif te 5
elle lui eji allé faire un rapport infidèle , &c. Mais fi le
pronom le trouve placé après le participe , celui-ci doit
luivre la règle générale : on dit donc , elles font venues
nous rendre vif te j elle eJi allée lui faire un rapport infi^
dele y &c.
Si les verbes rcfiéchis ne le font qu'indiredcment ,
c'eft-à-dire y fi les pronoms me ^ te ^ fe ^ nous ^ vous ,
(qui les précèdent, ne leur fervent que d'attributifs , &
non pas d'objcdlifs , alors leurs participes paffés fuivent
les règles des participes a(5tifs , quoiqu'ils aient l'auxi-
liaire être : on dit donc , vous vous êtes préparé des ref-^
fources inutiles j les rejfources que vous vous êtes prépa^
rées j, &c.
Si le fubjedif auquel fc rapporte le participe paffé
d'un verbe réfléchi , dired ou iiKJircd: , le trouve placé
après ce participe , celui-ci eft invariable : à quelles
noirceurs ne fe font pas porté leurs parents après cette
rupture ? Quelle réputation fe font fait les Généraux dans
cette carnpagne ! 11 en ell: de même lorfque ces partici-
pes font fuivis d'un nom qui , avec le pronom récipro-
que qui les précède, fercd'objccl;if ou d'attributif, coai-
PAR ^t
roc , plujîeurs femmes Je font rendu célèbres dans les Let-
tres j mais elles n'ont pas toujours été jatis faites de là
gloire qu elles avoient acquife , parcequ elles fe létoit
figuré plus fati s fa: fantc quelle nejl\ où rendu ^figuré
Ee varient point leurs terminaifons à caufe des noms
régis célèbres , êc plus fatisfaifante ^ qui fuivent.
Les participes des verbes réfléchis , diredls & indi-
reâ:s, font encore invariables , lorfqu'ils font immédia-
tement luivis d'un verbe qu'ils régilîent , comme , les
troupes de Charles KII n auraient pas empêché la prife
d'Orléans , fï elles ne s' étaient laiffé conduire par une jeune
fille. Voila h gloire quil s'eji provofé a^ acquérir.
Quand les pr.rticipcs pallifs n'ont aucun auxiliaire ,
c'cfi du nom fubftantif auquel ils fe rapportent , qu'ils
prennent le genre & le nombre : comme, une femme ai"
mée de tout le msnde , î<c.
Ils prennent le genre & îe nombre du fubjedif ,
quand ils form^ent avec l'auxiliaire être les temps corn-
pofés d'un verbe qui n'a point d'objedcif , foit qu'il foit
pafi'.f ou neutre , comme , je fuis puni y ces femmes font
punies y elles fe font repenties de leur indifcrette maligni-^
té ; &c. Si les verbes dont ces participes forment les
temps compofés avec l'auxiliaire ûtwr ou ^^re , ont un
objedif , les participes s'accordent pour leurs varia-
tions avec cet objedif , lorfque celui-ci les précède ,
comme , cette journée que f ai pajfée a la campagne : ces
livres que j'ai achetés : ces lettres que j'avois écrites :
quels ennemis ne s'efi-il pas faits , ôcc.
Il nous rede à voir comment (ont terminés les parti-
cipes pafTés : article que l'on peur trouver épars dans ce
qui concerne les conjugaifbns des verbes réguliers ou
irréguliers 5 mais fur lequel il efl: à propos de ralTem-
bler ici ce qu'il y a de plus important.
Tous les participes pailés des verbes de la première
conjugaifon, font terminés en é ; comme , aimé ^ cher-
ché ^ allé y des verbes, aimer , chercher, aller , &cc.
Ceux des verbes en /rir , & en vnV , font terminés en
fert &ç vert ; comme , fouffrir , fouffert ; ouvrir , ouvert ,
&c, excepté appauvrir qui fait appauvri. Ceux des ver-
bes en indre , le font en int ; comme , contraindre , cok-^
traint ^ feindre y feint y joindre ^ joint , &c.
F iij
Sz PAR
Ceux des verbes en ire , font ic , comme , traduire ^
traduit ; dire j dit ; exceptés lire , /://>£ , nwir^ & yî^j^re ,
qui font lu j lui j nui , & fujji. Acquérir ^ conquérir , en~
quérir ^ requérir ^ font acquis ^ conquis y enquis , requis,
Affeoir , furfeoir y font ajjts yfurfis , & mourir fait mort,
Aifoudre , dijfoudre j font abfous , dijfous , & réfoudre
iait refus & r^To/:^.
C/or£ & Tes compofés font le participe en os j clos ,
€«i:/o^ , &c. Exclure fait exclus. Faire, traire , & leurs
compofés l'ont en ait ; fait , parfait , trait , extrait ,
dijirait , &c. Mettre Se fes compofés l'ont en i^ > m/J j
permis , promis , &c. Naître fait «^'.
Prendre & fes compofés l'ont en nV , pris , furpris ,
4ippris y &c. Les participes palfés de tous les autres ver-
bes font en i ou en m , comme j finir , fini ; ferrir yfervi;
fuir y fui y rire , ri j pouvoir , pu ; valoir , valu ; moa-
roir, mu y retenir , retenu ; entendre y entendu ; connoî-
tre y connu \ déplaire y déplu ; taire y tu -, &cc.
La règle générale pour les féminins de tous ces par-
ticipes , eft qu'ils fc forment en y ajoutant un e muet ;
comme , aimé y féminin aimée ',fouffert y foufferte ; con^
traint y contrainte , écrit y écrite ; promis , promife j mort y
morte j fini , finie ; connu y connue ; &c. Il faut en excep-
ter abfous & difous y qui font, ab foute Se dijfoute : ré ~
fous n'a pas de féminin : exclus fait exclue & exclufe.
S'il y a encore quelque chofe à délirer fur les parti-
cipes y on le trouvera aux mots Adjectif & Syntaxe.
PARTICULE. Ce nom fe donne aux pronoms qui
font régis par une particule : exemple , ne me demande:^
point ce que je deviendrai y c'eft-à-dire , ne demandez
point à moi. Me n'eft donc pas régi par le verbe de-
mander, mais par la particule à. Voilà pourquoi me
«'appelle en ce cas régime particule. Au refte nous aver-
tirons que a n'eft point une particule , mais une pré-
pofition : voye:( Prépositions.
PARTICULES. "Lz mot particule eft: plus propre que
tout autre à nous prouver combien les hommes ont de
penchant à fe contenter de termes au lieu d'idées claires
& précifes. Tous \zs Ecrivains s'en font fervis depuis
cju'on fait des Grammaires ; mais jufqu'à M. Girard ,
peu en ont cherché la définition , & aucuu i\^\ a donne
«ne qm foit reccYiiblç.
P A R 5j
On fe contente de nous dire quc^ c\Jl une forte de-pe^
tits mots , ce qui ne peut que confondre la particule
avec grand nombre de termes d'efpeces différentes , qui
font auflî des fortes de petits mots. Le fens étymologi-
que du mot particule préfente l'idée d'une petite pattie
de quelque chofe que ce foit : la dernière fyllabe d'un
mot de cinq ou fix fyllabes feroit une particule de cette
manière ; on fent que ce n'eft pa^-là ce que ce mot {îgui-
fie en grammaire.
Ici c'eft une partie d'oraifon différente de toutes ks
autres , dont la fonction eit d'énoncer une affediori
cxiftante dans la perfonne qui parle 5 de façon que cha-
que particule foit une image de quelque mouvement
intérieur ; & qu'à \?. peinture de la penféc , elle ajoure
celle de la fîtuation , foit de l'ame qui fent , foit de
refpîit qui peint & qui voit. Ces deux fituations pro-
duifcnt deux fortes de particules , ks unes de fenfîbilité
à qui l'on peut donner le nom ào. particules interjeBives ^^
& que les Grammairiens nomment communément in-
terjections j les autres de tournure de penfées & de dif-
cours . que par cette raifbn l'on peut appeller ^ partial'^
tes difcurjives.
Le Père Bufïier dit que celles de la première efpecc
( & l'on p'eur en dire autant de celles de la féconde ) ,
font dés termes de fupplément qui joints à de certains
geftes , ou tons de voix , fappléent quelquefois , non-
feulement à plufîeurs mots , mais encore à des phrafes
entières qui exprimeroient quelque mouvement de l'a-
me. C'eft ainfi qu'un homme à qui l'on demande fi fcs
douleurs continuent, ne répond que ce mot ^ah\ cz qui
en dira plus que tous les termes dont il pourroit fe fer-
vir , pour dire qu'il fouffre toujours violemment. Ces
fortes de cris de la nature font peut-être , dit M. l'Abbé
Régnier, les premiers fons articulés que l'homme ait
prononcés , ce font du mouis les plus énergiques & les.
plus courts. Nous n'avons rien qui peigne fi bien la ra-
pidité de l'efprit & des fentiraents du cœur. Une idée que
nous exprimons , une penf^e que nous avons , fait naî-
tre en même-temps , & comme fans être interrompue >,
un mouvement nouveau ^ une affeâ:ion vive , une fen-
fation 5 6c nous en plaçons l'expreifion dans le difcours^
Fiv
7*4 ' P A R
«rpeiî-près comme cette afFeâ:ioiî Te trouve ellè-mèrae
' dans nos penfées , c'eft-à-dire , fans en couper le fil ,
' fans le fufpendre , ni en interrompre la marche. Aulîî
n'cft-il rien de plus libre que la place d'un grand nom-
bre de particules 5 elles ne font liées à aucune autre par-
tie du difcours , & fe mettent d'ordinaire çà & là , com-
me par parenthefe j de manière qu'en les retranchant j
le féns-& la conftru<^ion de la pnrafe n'en fouffriroienc
pas.
Les particules interjeâiives peuvent fe fubdivifer en
trois claiTes , exclamatives , acdamatives j & impréca^
thés.
Les premières , dit M. Girard que nous fuivons dans
ces divifions , font celles qui expriment la fimple feniî-
bilité , ou la fituation de l'ame en elle-même : il y en a
pour le plaifir, la douleur, la joie , le chagrin, l'in-
vocation ^ la furprife, l'impatience, & le défagrément ;
Telles font , ah ^ aih , hihi ^ hélas , ô y quoi ^ eh ,
dame , oh , ouais j ouf ^ ha , la ou las : exemple ,
ias ! il partit y il porta fa valeur dans Orléans; mon DieUy
&c. Cette dernière ne peut être qu'improprement nom-
mée interjeciion , étant compofée.
Les interjetions acdamatives marquent la fituatioii
■& TafFeâiion de l'ame par rapport à l'objet étranger vers
lequel elle fe porte , ou qu'elle cherche à fuir. Cette
.-fîtuation peut être caraétérifce par l'applaudiifement ,
le rebut , le defir , la bienveillance , !e confentement, &
l'agacerie ; on l'exprime par , bon ^ fi ^ bis , vivat ,
\ûmen , xexe y ah ^ oh ^ &c.
Les imprécativcs font tous les mots dont on fe fert
tquelquefois dans le langage familier , pour prendre un
ïon de réfolution ou de colère , afin d'en impofer. Ils
3ie font pas du beau ftyle 5 il en eft même beaucoup qui
font indécents; aulfi en eft-il peu quifoientautorifés par
un ufage général : en voici quelques - uns des plus
communs ; jarni , mardi _, morbleu y pifle foit , &cc.
Pour ce qui regarde leur ordre de conilru(5lion , nous
avons déjà remarqué que d'ordinaire ces particules
jouilTent d'une entière liberté; fi quelquefois elles tien-
nent un peu plus à la phrafc , elles fe placent alors vo-
PAR «)•
ïontiers à la tète , & y figurent comme un membre ad-
jonftif ; excepté amen qui fait fouvent la fond:ion d'ob-
jeâ:if, & par conféquent fe place après le verbe. Fi ^
vous devne:^ être honteux ! Varbteu :, j'en fuis bien aife !
Il vous voit , 6' :, lefie ^ ils envoie ! Cette fille dit amen
à tout ce quon lui propofe.
Les particules difcurfives peuvent fe partager en fîx
clartés différentes.
Les ajfertives qui donnent au difcours un caradlerc
plus marqué d'afl'ertion, foit par voie d'affirmation, foie
par voie de négation , ou de doute , comme j oui , non ,
ne j pas , point , plus :, auxquelles quelques-uns ajou-
tent , peut-être ^ certes , &c. que nous avons mis au
rang des adverbes.
Les admonitives ^ qui fervent à exciter , prévenir , inf
truire , appeller , arrêter , ou faluer , comme , courage y
alerte , gare ^ hola , ho , chut , hu , dia ^ fi , ou fie y.
hem j tout-beau j adieu , fa , allons ^ gay _, &:c.
Les imitativcs , qui indiquent par imicrtrion les fons
que forment les animaux , ou que le choc des corps fait
entendre ^ tels que , bée ^ cric j crac , tic ^ tac , don- don y
pouf, &CC. , , r
Les exhibitives , qui préfentent, & montrent la chofe
aux yeux , comme } voici , voila ^ &c.
Les explétives j qui ne fervent fimplemenr qu'à arron-
dir ou affermir un autre mot , lequel le plus fouvent ed
Jui-même particule, ou conjondion 5 tels font , fa , da,
bien , fus y dans ces exprelîions ^ ah fa , oui dd y eh bien y
or fus y &c.
Enfin la particule que bien différente , quant au fens,
'des autres que de la langue, & que nous appelions /r^'-
curfive j parcequ'elîe eft comme un avanr-coureur defti-
né à préparer l'efprit à la tournure d'idée dans laquelle
on vcut-qu'il prenne ce qui la fuit ; foit qu'elle mdique
l'admiration , relativement à la quantité ou à la qualité ;
& dans ce cas elle fe fait fuivre de la prépofîtion de :
que de fots à la Ville ! que l'on voit de fourberies a la-
-Cour ! foit qu'elle marque l'exclamation j que vous êtes
fîmple y fi vous le craye\ ! foit qu'elle marque le repra-
che \ que ne parlie:^-vous ! que ne vous faifie-^-vous con~
noztrc 1 foie qu'elle indique le comm.andemeiit j que l'on
SS PAR
fe dépkhe ; que l'on obéijfe fans réplique 5 Coït qu^eHtf
ferve à montrer le fouhait j que le Ciel le comble de/es
faveurs ! foit enfin qu'elle fnffe prendre la penfée en
hypothefe ; que vous réujfijftei ou non y vous aurev^ tou^
jours fait une imprudence. Qu'on l'approuve ou quon le
condamne ^ l'homme vertueux n'en fait pas moins fon
devoir.
Celles de la première clafTe, que nous avons nom-
mées ajfenives fuivent pour la conftrudion, des loix dif-
férentes : oui , non ^ fe mettent au commencement 5 oui ,
je le veux. Non , je ne le ferai pas. Ne fe place toujours
entre le fubjeflif & l'attributif quand la forme de la
phrafe eft expofîtive : l'honnête homme ne doit croire que:
le mal bien prouve. Si la piirafe eft interrogative ou im-.
pérative, la particule n£ marche à la têtej ne ']ugere\^
vous jamais que fur des rapports incertains ? Ne tranf^
formons jamais nos vices en vertus , ni nos erreurs en.
vérités.
Pas y point , & plus n'ont place qu'après le verbe , fî
celui-ci eil dans un temps (impie j s'il eft dans un temps
compofé , ces trois particules fe mettent entre l'auxi-
liaire ^L le participe. Au refte ces expreiTions ne font
pour l'ordmaire que les explétives de la particule uq
dont elles appuient l'aiTcrtion négative. Pas & point
nient abfolumentjp/zi^ , qu'il ne faut pas confondre avec
l'adverbe de quantité , nie d'une manière relative qui
oblige à défigner le temps , de façon que ce qu'on nie
pour le préfent > eft fuppofé affirmatif pourle paiîé : La
raifon n'admet pas de vains préjugés pour des preuves. Un
bon cœur ne croit point le mal à la légère. Le cœur de
l'homme defire encore lors même qu'il n'a plus d'ejpérance.
Quand on ne fait plus quel remède apporter a fes maux j,.
il faut recourir a la patience. Vous n'aurie^ plus été mai--
tre de votre cœur y fi vous avie[ cédé a cette paffion naif-
fante. Quand on a à choifir entre pas & point y pour fe
décider , il faut obferver que point nie avec plus de
force , avec un ton plus décifif , plus dur \ je ne vous
entends point : je ne vous entends pas. Je ne le crois peint :
je ne le crois pas , 8cc. Au refte , on ne peut pas tou-
jours les fubftituer l'un à l'autre ; on doit toujours ik
fcrvir de/7tf5 , quand les mots qui fuivent marquent
PAR S7
quelque ^épé de quantité ou de qualité : elle na pas
grande beaicé y mais elle a bien des grâces y vous ne
trouveriez pas becucoup de ccrurs comme le fien. Les
riches ne font pas toujours plus heureux que les pauvres ^
Sec. Point fe place ave. 'c grâce avant la prépod-
tion de , & à la fin de bien u.' plirafes 5 il faut plaindre
celui qui na point de talent , 6' ne mèprifer que celui qui
lia point de vertu. S' il vous manqua en cette occcfion , je
ne m'en apperçus point , &c. Dans l'interrogation , point
ne paroîc infinuer que le doute ; n'êtes - vous point né
fenfble ? mais pas lailfe quelquefois entrevoir qu'on
fuppofe la chofe fur laquelle on paroît douter j n'êtes^
vous pas né fenfible ?
Nous avons dit que pas ^ points Se plus étoient les
explétives de ne ; cela efi: vrai , i''. en ce que ces trois
particules ne fe mettent jamai'; dans une phrafe , que
l'autre ne les précède , à moins qu'il n'y ait quelque
ellipfe dans le difcours , ou que point ne fe trouve feul
en réponfe : efi-ce là ce qu'il veut dire ? point du tout .
alors on emploie aufTi , non y z". en ce que ne a befoin
de ces particules ou de quelqu'autre mot négatif pour
completrer fa négation , à moins que le tour de la phrafe
ou certains verbes n'y fuppléent, comme dans lesphra-
fes fuivantes ; // ne veut rien entendre. Il ne peut voir
perfonne. On ny voit goutte. Il ne dit mot ^ Sec. Rien ^
perfonne , goutte ^ met , font ici des termes négatifs qui
fuppléent au mot pas ou point. On ne peut dire , il ne
veut pas rien entendre. Ce feroit le cas pour lequel les
deux Savantes de Molière vouloient que leur fervante fût
chalTce :
De pay mis avec rien tu fais la récidive ,
Et c'eft , comme on t'a dit , trop d'une négative.
Au refte il faut obferver que mot ne s'emploie de la forte
qu'après dire ^ Se que goutte ne s'emploie qu'après voir ,
fi ce n'eft en ftyle familier où l'on dit d'un homme
fourd , il n'entend goutte. Vous ne pourre:^ jamais retrou-
ver la belle occafon que vous ave7[ perdue. Il ne veut nul-
lement vous entendre. Je n'aime ni lès efpritsfaux , ni les
cœurs durs. Ne marche feul , quand il vient après les
S8 PAR
comparatifs , ou après les pronoms autre y aucun , nul ;
il eji plus docile cj^e vous ne croycT^. Je le retrouve tout au-
tre que je ne l'ai vu, &:c. Il eft encore feul avant ou
après un que conjondif , après un que ou qui relatif fuivi
<i'un fubjonélif , ou un ^:/e particule de reproche, ou
après à jnoins que j Ji j ou autres conjonclions qui aient
îe même fcns : un cœur jaloux ne fait paroitre que des
feux qui le font haïr. Je ne veux de rêcompenfe que It
plaifir d'avoir obligé. Vous êtes plus heureux que vous ne
mérite-!^. EJi-il quelquun que je n'aie interrogé ? Il nefi
perfonne qui ne le connoijfe. Que ne vous expliquier vous
^plutôt ! Si vous ne le faites , qui pourra le faire ? Je ne U
ferai pas a moins que vous ne k foukaiticT^.
Quand le verbe il y a elf fuivi d'un autre verbe au
prétérit, la négation ne fe place feule ; il y a long-stems
que je ne l'ai vu. Mais fi le fécond étoit à un autre
temps , alors ne fe fait accompagner jil y a près d'un an
que nous ne le voyons plus. Ne eft encore fcul , quand
il eft avec la piépoficion de fervant à exprimer un efpa-
ce de temps ; je ne veux le voir de ma vie. De dix ans je
ne lui pardonne.
Après les verbes de crainte , fî l'on parle d'un effet que
l'on ne fouhaitc pas, on retranche /'^i' Se point ; je crains
qu'Une fe fâche : de même après empêcher , prendre gar-
de , de peur que , & autres femblablcs. Si l'on parloit
d'une chofe que l'on fouhaitât , il faudroit mettre pas
ou point après ne. Je crains qu'il ne me croye pas.
Il femble qu'il foit mieux de retrancher pas & point
avec les verbes ofer , ccfjer , pouvoir , favoir. Je nofe
m'y expofcr. Vous ne cejfe:^ de me contredire. Vous ne
pouve:^ apprendre a connoitre les hommes? Je ne fais ou
j'en fuis. Mais il ne faut jamais om.ettre le ne. Racine
dans Bérénice a dit :
Ciaign:z-vous que mes yeux verfont trop'peu de larmes ?
Pour que la phrafe Çxxt bien régulière , il faudroit ne
*verfcnt trop peu de larmes ?
J'avoue , dit M. l'Abbé d'Olivet , que cette par-
ticule prohibitive paroît redondante cii notre langue;
mais clic y eft de tems iaimémorial. Pourquoi ne
PAR ^9
rcfpe(îleiions nous pas des ufages fi anciens ?
Si j'ai befoin de vous de peur qu'on me contraigne.
Coï7i£iîU dans Ukoméde^
"»3 II faudroit, dit M. de Voltaire j pour que la phrafe
»ï fût cxadle , la négation ne : qu'on ne me contraigne,
w» En général voici la rc2;le. Quaad les Latins emploient
» le ne , nous l'employons aufli. Vereor ne cadat , je
3j crains qu'il ne tombe. Mais quand les Latins fe fer-
• 3s vent èiUt ^ à'utrum , nous fuppnmons ce ne. Dubito
33 utrum cas , je doute que vous alliez : opto ut vives ,
30 je fouhaite que vous viviez. Quandye doute eft ac-
3s compagne d'une négation ,jé ne doute pas , on la re-
» double pour exprir»er la chofe ^ je ne doute pas que
33 vous ne taimie-^. La TupprefTion de ne , dans le cas oii
33 il eft d'ufage , eft une licence qui n'eft permife que
33 quand la force de l'expreflion la fait pardonner 35.
Ceft en ufant de cette licence que M. de Voltaire %
dit dans Zaïre :
Et qui craignant fur- tout qu'à rougir on l'expofe.
D'un refus outrageant veut ignorer la caufe.
il faudroit dans l'exaditude de la Profe , on ne l'cx^
I>ofe,
Il ne tiendra qu'au Roi , qu'aux effets je ne pafîe.
Corneille dans Nicoméde»
93 Souvent en ce tems-là j on fupprimoit le ne quand
33 il falloit l'employer , & on s'en fervoit quand il fal-
» loit l'ometre. Le fécond ne eft ici un folécifrae il tient
33 à vous y c'eft à-dire , il dépend de vous quejepajfe ,
33 quejefajfe , que je combatte ^ &c. Il ne tient qu'a vous
33 eft la même chofe , que /'/ tient a vous-, donc le ne fui-
30 vaut eft un folefcifme. M. de Voltaire.
Les Poètes emploient quelquefois yÎ2/i"-yf;pûJ j f^is-
je pas , pour ne Jais-je pas ., ne fuis- je pas :, comme nous
i'obfervons au mot Licences I-oetiques.
Cette fuppreflion de la négative ne dans ce cas ci eft
une faute fuivant les décilîons de l'Académie , & M.
TAbbé d'Olivet penfe que pour les vers , c'eft une li-
5)0 PAR
cencc dont aujourd'hui les oreilles délicates font hlcC*
(ees. Il s'appuie même de l'autorité de Thomas Corneille^
qui Jifoit : d'oter ici la négative ce peut être une commo^
dite pour les Poètes : mais ils doivent donner un tour ai fé
h leurs vers , fans que ce foit aux dépens de la véritable
eonfiruHion. Au refte : voye:^ Syntaxe.
Les particules admonitives fe placent aiTez au gré de
celui qui parle 5 allons , mes amis , courage ! Tout-beau ^
n'allons pas fi vite ! Chut , quelqu'un vient. Quefi-ce que
tu marmortes-là ^ hem ! Ça ^ ça ^ ne raifonnons pas tant !
Divertiffbns-nous , gay ! On voit que leur liberté ne
confifte gueres qu'à fc placer au commencement ou à la
fin de la phrafe.
Les imitatives ne Ce mettent pour l'ordinaire qu'après
le verbe, en forme de fubjeûifsj rufagen'en eft pas fré-
quent, & paroît ne convenir qu'au badinage des bouf-
fons. Les exhibitives fe mettent toujours à la tête de ce
qu'elles montrent , à moins qu'il ne foit exprimé par un
pronom relatif ou perfonnel 5 car alors elles marchent
après ; voici la maifijn ; voila le maître. Voici ce que
j'avais à vous dire. Me voici, La voila. Le livre que
voici ^ dcc.
Les explétives font fixées à fuivre immédiatement le
mot qu'elles arrondilTent ou dont elles fortifient la va-
leur 5 or fus , Monfieur le Spadajjtn !
Le terme même de précurfive dit aifez que cette parti-
cule doit précéder ce qu'elle affcde , pour le faire pren-
dre dans le tour d'idée qu'elle lui donne. Que l'homme
eft induftrieux a fe tourmenter ! Que gagne-t-on a livrer
fon cœur aux chimères que l'imagination enfante ? Que de
peines de moins ^fi l'on pouvoit n écouter que la raijon !
Que ne fait-on du moins s'inftruire par fa propre expé^
rience !
PARTIES D'ORAISON. Foye^ l'article M or s.
PARTIR. Verbe neutre , irrégulier , de la féconde
conjugaifon. Il fignific s'en aller , quitter un lieu ; for-
tir d'un endroit pour aller dans un autre. Il clt commu-
nément accompagné des prépofitions de & pour. La pre-
mière marque le lieu d'où l'on part; la féconde celui où
l'on va. Remarquez aufli que pour fcs rems compofés ,
il admet tour à tour les verbes auxiliaires avoir on être.
PAR PAS 91
Je fuis parti ou f ai parti de Paris i mais l'auxiliaire être
cft plus ufité. Il eft parti pour l'Italie.
On y joint des compaiaifons pour peindre l'adioii
avec plus de force & d'énergie. // part plus vite que
le vent. Il part comme un éclair ^ comme la foudre ^ corn-
me un trait.
Partir eft quelquefois pris fubftantivement > tout efi»
il préparé pour le partir.
Son compofé ttïrepartir : voyer ce verbe , voye:(^ auiïï
DÉPARTIR , qui cependant n'en elt pas comporé.
Indicatif. Préjent. Je pars , tu pars, il part 3 nous
partons, vous partez , ils partent. Imparf. Je partois ,
&c. Prétérit. J'ai eu je fuis parti. Prétérit indéfini. Je par-
tis , &c. Futur. Je partirai , &c. Conditionel préfent. Je
partirois j Sic. Impératif. Pars , qu'il parte ; partons ,
partez , qu'ils partent. S ubjonH if préfent. Que je parte 5
que tu partes , &c. Imparfait, Que je partiife. Participe
préfent. Partant. Participe paffé. parti , ^tlïùz. Partant ^
eft conjondion de conciufion comme ici -^plus d'amour^
partant plus de joie.
PAR-TOUT , eft un des adverbes compofés , il défi^
gne le lieu : voye7[^ Adverbe.
PAS, eft une des particules afTertives par voie de né-
gation : voy«:^ Particules.
PASSÉ. Voyei Prétérit.
PASSÉ CONDITIONNEL. Ce tems annonce qu'une
chofe feroit abfolument pafTée , Il une certaine condi-
tion eut été efFeduée :voye;j; Tems des verbes 6" Con-
jugaison.
PASSIF. Ce mot exprime une' pafTion , une adtioiî
comme fouiFerte. Nous ne le difons que de certains
verbes.
Les verbes pajftfs font ceux dont le fujet ne produit
pas l'adion qu'ils lignifient , mais la fouffre i je fuis ai^
mé ; dans ce verbe , je eft le fubjeciif oU le fujet de la
phrafe 5 & cependant ce n'eft pas moi qui produis l'ac-
tion ^ aimer : en un mot ce n'eft pas moi qui aime ;
mais c'eft moi qui fuis l'objet de l'adion d'aimer 3 c'efc
moi qui fuis aimé.
Nous n'avons point de verbes qui foient paHifs dans
la rigueur & quant à l'expreflion : mais nous avons des
5,1 PAS
périphrafes compofécs qui équivalent à des Verbes paf-*
fifs , qui le font quant à la figiiification , & auxquelles
on en donne le nom.
Ces périphraff^s font compofces du verbe auxiliaire
ttre , & du participe palTé du verbe que l'on veut rendre
pafTifj comme, être aimé^jc fuis aimé^ fontcompofés du
verbe être ^ jtfuis ^ & du mot aimé ,(Vài eft participe du
verbe aimer.
On pourroit croire là-defTus que tout verbe qui a ua
participe palTé , peut devenir paflîf (car on fent que ceux
auxquels ce participe manque ne peuvent jamais le de-
venir ; ; mais on fe tromperoic , puifque pour qu'un
verbe devienne pafîif , il faut qu'il exprime une adiou
donc l'objet foit différent du fujetqui la produit : autre-
ment le partlf deviendroit inutile ; car fi le verbe n'étant
pas au pallîf , exprime une adion qui d'elle-même Se
par la ugnification même de ce verbe n'ait pour objet
que celui qui la produit , il s'enfuit que n'étant pas en-
core au palfif , il auroit pour fubjedif celui même qui
cfi: l'objet de l'adlion ; & c'cft tout ce qui fait le paflif.
Ce verbe donc rempliffant toute l'étendue des devoirs du
verbe paHif, fans l'être quant à la forme, ce feroit un
acte inutile que de lui donner cette forme, qui ne lui
ferviroit à rien. Ceci s'applique particulièrement aux
verbes neutres.
On peut voir au mot Conjugaison la formation
des temps de ce que nous appelions verbes pajftf s.
Quant aux ré2;imcs de ces verbes , ils ne fe font ja-
mais que par le fccours de quelques prépofitions : voye:(^
Prépositions. Nous dirons néanmoins que le principe
de l'adion étant joint au verbe pafîif , on doit toujours
l'unir à ce verbe par la prépoftion de ou par.-^ mais plus
fouvent par la prépoficion de : comme ^ il eft eflimé de
tout le monde , il a été tué par des voleurs.
On donne pour règle générale à cet égard , qu'il faut
la prépolition de quand i'adiion exprimée par le verbe
cft une adion produire par une puilfance fpirituelle ,
par l'ame ; & qu'ordinairement la prcpofition/'ur con-
vient mieux quand l'adion participe des fcntiments de
l'anic & des mouvements du corps j tels font les der-
mers
PAS 59
ftleis exemples. Si cette règle n'eft pas fans exception ^
elle cft dn moins généralement jufte.
" PASSIONS. Les partions font comptées en Rhétorique
pour le troifiemc moyen de perfuader , elles font auffi le
plus sûr fans contredit : voye^ Invention.
On entend par paflTions ces vifs fentiments de l'amc
qui font excités par la douleur ou par le plailir. Ils dé-
coulent tous de ces deux fources. Leur nombre égale
cefui des agitations du cœur humain : ainfi nous n'en-
treprendrons pas de les compter, ce feroit d'ailleurs une
chofe fort inutile.
Le feul moyen d'exciter les pallions dans les au-
tres hommes , c'eft de les bien fentir foi-même. Tous
les préceptes qu'on pourroit donner fe réduiront tou-
jours là.
Les pallions rendent éloquent le plus inepte de tous
les hommes. Quand on eft fortement ému , ces expref-
fions vives & naturelles , il propres à faire palier les
agitations de notre ame dans l'ame de ceux qui nous
écoutent, fe préfentent d'elles-mêmes. Les palfions don-
nent du corps & de la réalité aux chofes dont on parle,
& les peignent par des traits vifibles qui frappent les
fens , qui remuent l'imagination , & qui montrent un
objet fenfîble. Tout fe peifonifie , tout prend une ame ^
tout fe vivifie. C'eft auffi la raifon pour laquelle on ac-
cumule les figures dans les palTions : voye:^ Figures.
On fait ufage des paffions furtout dans la péroraifon 5
c'eft proprement leur place. Dans cette dernière partie
du difcours , l'Orateur pour achever d'entraîner fes Au-
diteurs , déploie tout ce que l'Eloquence a de plus fort ,
de plus tendre & de plus alredueux : voye^ Pérorai-
son.
Il s'en fert auffi dans les autres parties du difcours ,
mais avec bien plus de ménagement. Il les place après
chaque récit ^ quand la caufe en a plulieurs , ou après
chaque partie du récit quand il eft trop long , ou enfin
après la preuve de chaque fait ; c'^ft ce qu'on appellç
amplification : voyez ce mot.
Nous ne donnerons point ici d'exemples des paffioii
tîous nous contenterons de renvoyer les Lecteurs aux
Ecrits des Bourd^loue , des Boifuet , des Fléchier , de»
Tome II, Q
54 P E N P E R
Maflillon , Sec. Ils trouveront dans ces célèbres Ora-
teurs des exemples parfaits en tout genre.
PAS UN , cft un des pronoms indéfinis : voyez cet ar*
ticle au mot Pronoms.
PAUSES : voyei Ponctuation.
PÊLE-MÊLE , eft un des adverbes qui expriment
l'arrangement refpeaif des chofes entr'elles ; voyei Ad-
VERBE.
ERBt. , r ■ ri
PENDANT , eft une des prepolitions Iimpies : voyei
Prépositions. . , ,.
PEPvDRE. Verbe acStif irrégulier , de la quatrième
conjugaifon , qui marque la privation adive ou paflive
de quelque chofe j toutes les manières de parler ou il
eft employé reviennent à cette fimple définition.
Perdre fin argent ^ perdre fi réputation y c'eft en être
privé. Verdre un homme , c eft le dépouiller de Tes ref-
iburces. , -i i
INDICATIE. Vréfint. Je perds , tu perds , il perd ; nous
perdons , vous perdez , ils perdent. Imparfait M^zi^ox'^^
&:c. Prétérit. Je perdis , &c. futur. Je perdrai , &c. Con-
ditionnel pré fint. Je perdrois , &c. Impératif. Perds,
qu'il perde j perdons , &c. Subjonctif. Préfent. Que je
perde , &c. Imparfait. Que je perdiiTe, &c. Participes.
Perdant, perdu, perdue. ^
Les temps compofés font réguliers.
PERIODES : voyei Construction & Nombre
Oratoire. ,
PERIPHRASE. Ce mot fignifie en grec circonlocu-
tion : elle confifte à exprimer en plufieurs mots ce qu'on
auroit pu dire en moins ; ce qui fe fait ou par bienféan-
ce lorfqu'on veut tirer un voile fur des idées bafles çu
peu honnêtes , & en cela la périphrafe eft la même
chofe que l'euphémifme , ou pour le développement &
l'ornement du difcours 5 c'eft ainfi , par exemple ^ que
toutes les définitions font des efpeces de périphrafes ; ou
enfin par nécciïité , lorfque la Langue dans laquelle on
écrit n'a point de terme pour exprimer ce qu'on a dans
l'idée , ou qu'en traduifant une Langue on n'a point
d'exprcflions propres pour rendre l'original.
Cette figure eft fort ordinaire dans les Poètes, qui
«'en fervent pour enrichir leurs defcriptions.
P E R ^y
Boileau , pour dire qu'il a cinquante-huit ans , em-
ploie cette périphrafe :
Mais aujourd'hui qu'enfin la vieilleffe venue ,
Sous mes faux cheveux blonds déjà couce chenue ,
A jette fur ma tête avec fes doigts pefants
Onze luftres complets furchargés de trois ans.
Au lieu de dire a la pointe du jour, un Poète dira;
L'aurore cependant au vifage vermeil
Ouvroit dans l'orient le palais du foleil ,
La nuit en d'autres lieux portoit fes voiles fombresi
Lc^ fonges vûltigeans fuyoicnt avec les ombres.
; Henriade Ch. VL
Pour due qu'il fe fait tard, Boileau s'exprime ainfi 4
Les ombres cependant fur la Ville épandues ,
Du faîte des inalfons defcendent dans les rues.
( Lutrin ).
Dans l'emploi des pcriphrafes il faut prendre garde de
trop étendre ce qu'on a fuififamment développé ; ce fe-
roit afFoiblir l'expredion , & ennuyer le Ledeur , qui
n'aime point à retrouver une penfée fous des formes
moins agréables.
PERMETTRE. Verbe adif irrégulier, de la quatriè-
me conjugaifon , compofé de mettre , fur lequel il fe
conjugue, & de la prépofition latine per ^ qui veut dire
par, par le moyen. Ainfi permettre fignifîe proprement
mettre , par le moyen d'une loi, à portée de faire quel-
que choie , en donner la liberté ou le pouvoir. Les loix
Civiles ne permettent pas tout ce qui femble permis par U
loi de la nature y la Religion défend bien des chofes , q^ue
les loix politiques permettent défaire.
PERMISSION , figure de Rhétorique ; voyez Con-
cession. ^
PÉRORAISON. Ce mot vient du verbe htin pérora^
re , qui fignifie achever un difcours , conclure.
On entend p^v péroraifon en Rhétorique la quatrième
& dernière partie d'un difcours ; voye^ Disposition
Gij
^6 P E R
Dans la péroraifon l'Orateur reprend d'une inanîcre
concife les principaux points qui ont été développés
dans le difcours. Il les remet fous les yeux des Audi-
teurs , dans un point de vue plus frappant , & leur don-
ne un nouveau tour. Il le^> revêt des plus brillantes figu-
res. Enfin il étale tout ce que l'éloquence à de plus
féduifant de d"e plus pathétique : voye^ Passions , Fi-
gure.
La péroraifon eft la pierre de touche de l'Orateur.
C'ert-là qu'on reconnoît s'il eft vraiment éloquent.
Voyez les péroraifons de Cicéron 5 il excelle dans
cette partie.
Voyez celles de nos célèbres Avocats , Patru , Lemaî-
tre , Cochin , &c.
Nos Tragédies nous en fourniffent aufTi de très
belles.
Dans la mort de Ce fur ^ Tragédie de M. Voltaire,
Antoine vers la fin de fa harangue fait apporter le corps
de Céfar encore tout fanglant. Un des ipedateurs s'é-»
crie ;
Dieux 1 fon fang coule encore ! . .
Antoine faifit cette idée, & achevé de foulever le peu-'
pie , contre les meurtriers de Céfar , par cette vive pé-
roraifon :
Il demande vengeance ,
Il l'attend de vos foins Se de votre vaillance ,
Entendez-vous fa vo?x ? Réveillez-vous Romains ,
Marchcï , & fuivez moi contre fcsaflalîins j
Ce font là les honneurs qu'à Céfar on doit rendre , &:c.
. L'Oraifon Fiuiebre de M. le Prince de Condé , pat
M. Boffuet , nous offre encore un modèle parfait de pé-w
roraifon.
Après avoir fait un pompeux éloge de la valeur , de
Ja magnanimité , de la bonté naturelle , de la vivaci-
té , de la pénétration, de la grandeur , de la fublimité
de génie , & fur-tout de la mort vraiment Chrétienne Sc
héroïque de ce Prince ; il finit en s'écriant.
'» Venez , peuples , venez mauucnant 3 mais reneA
P É R 97
plutôt, Princes & Seigneurs; & vous qui jugez la terres
33 & vous qui ouvrez aux hommes les portes du Ciei 5
33 & vous plus que tous les autres , Princes & Princef-
33 fes , nobles rejettons de tant de Rois , lumières de la
3' Prance . mais aujourd'hui obfcurcies , & couvertes de
33 votre douleur comme d'un nuage ; venez voir le peu
33 qui nous refle d'une fi augufte nailfance , de tant de
33 grandeur, de tant de gloire. Jettez les yeux de toutes
33 parts : voilà tout ce qu'ont pu faire la magnificence &:
33 la piété pour honorer un Kéros : des titres , des infcrip-
33 tions j vaines marques de ce qui n'eft plus; des figures
33 qui ferablent pleurer autour d'un tombeau , & de
33 fragiles images d'une douleur que le rems emporte
33 avec tout le refte 5 des colonnes qui femblent vou-
33 loir porter jufqu'au Ciel le magnifique témoignage de
33 notre néant; &- lien enfin ne manque dans tous ces
33 honneurs , que celui à qui on les rend. Pleurez donc
fur ces foibles reftes de la vie humaine. Pleurez fur
33 cette trille immortalité que nous donnons aux Héros.
33 Mais approchez en particulier , ô vous , qui courez
33 avec tant d'ardeur dans la carrière de la gloire , amcs
33 guerrières & intrépides ? Quel autre fut plus digne de
33 vous commander ? mais dans quel autre avez-vous
33 trouvé le commandement plus honnête? Pleurez donc
33 ce grand Capitaine , & dites en général : voilà celui
33 qui nous menoit dans les hazards : fous lui fe foat
33 formés tant de renommés Capitaines que fes exem-
33 pies ont élevés aux premiers honneurs de la guerre:
33 ion ombre eut pu encore gagner des batailles : &
33 voilà que dans fon filence fon nom même nous anime.
33 Tous enfemble, en quelque degré de confiance qu'il
33 vous ait reçus , environnez ce tombeau. Verfez des
33 larmes avec des prières , & admirant dans un fi grand
33 Prince une amitié f. commode & un commerce fi doux
93 confervez le fouvenir d'un Héros dont la bonté avoir
3 égalé le courage. Ainfî puilfe-t-il toujours vous être un
3 cher entretien. ,_
»....•...♦
9» P E R
33 Pour moî, s'il m'eft permis , après tous les autres, de
S5 venir'rendre les derniers devoirs à ce tombenu , o
33 Prince , le digne fujet de nos louanges & de nos re-
33 grets , vous vivrez éternellement dans ma mémoire.
53 Votre image y fera tracée , non point avec cette au-
33 dace qui promettoit la vidoire , je ne veux rien voir
33 en vous de ce que la mort y efface. Vous aurez dans cette
33 image des traits immortels. Je vous y verrai tel que
33 vous étiez à ce dernier jour fous la main de Dieu , lorf-
33 que fa gloire fembla commencer à vous apparoître.
3» C'ed-là que je vous verrai plus triomphant qu'à Pri-
33 bourg & à Rocroi
33
33 Agréez les derniers efforts d'une voix qui vous fut
33 connue. Vous mettrez lin à tous ces difcours. Au lieu
33 de déplorer la mort des autres , grand Prince , doré-
33 navant je veux apprendre de vous à rendre la mienne
33 fainte ; heureux fî averti par ces cheveux blancs du
33 compte que je dois rendre de mon adminiftration , je
33 rélerve au troupeau que je dois nourir de la parole
33 de vie , les reftes d'une voix qui tombe & d'une zr-
33 deur qui s'éteint.
Quel pathétique ! •[uelle fenfibilité règne dans toute
cette péroraifon , qu'il eft aifé de fentir que M. Boffuct
pleuroit la mort d'un ami !
PERSONNE , eft un des pronoms perfonncls pour la
troilîeme perfonne j il eft aufTi fubftantif & alors il eft
toujours féminin. On peut voir la nature de cette difté-
rence elTentielle au mot Pronoms.
PERSONNE , figure encore parmi les pronoms in-
définis : voye\ cet article au mot Pronoms.
PERSONNES ( des verbes ). Les hommes pour s'ex-
pliquer avec plus d'énergie & de brièveté joignent fou-
vent , dans un même mot à l'affimation qui eft propre
au verbe, le fujet de qui ils affirment. De-là viennent les
perfonncs dans les verbes.
Quand on parle de foi-mcme pris féparément , on dit
je -je veux. Quand on parle de foi-même réuni avec
d'autres , on dit nous : nous voulons 5 c'eft la premiere'i
perfbnne.
Quand celui ou ceux à qui l'on parle font le fujetdoj
P E R c)^
qui on affirme , on dit tu , vous : par exemple , tu dis ,
V0US dites ; c'eft la féconde perfonne.
Si cette affirmation fe porte fur d'autres ; c'eft la troU
fume perfonne ^ & l'on dit , il ou elle y ils ou elles : par
exemple on dit , il ou elle penfe , ils om elles penfent.
D'oii l'on voit que la perfonne dans les verbes eft fou-
vent défignée de deux manières ; par le pronom qui la
repréfente , je , nous ^tu^ vous , il, ils 5 & par l'inflexion
du verbe , comme par exemple Wi 3 vas , va , allons ,
alle:^ 3 vont. On y réunit ces deux expreffions de la per-
fonne , parcequ'il y a quelques occalîons où celle du pro-
nom ne peut entrer , comme dans les impératifs 5 voye^
Impératif 5 & que dans d'autres l'inflexion du verbe ne
fuffiroit pas 5 comme dans la première & la troifîeme
perfonne du fîngulier du préfent de l'indicatif adif du
verbe aimer , où l'on écrit & l'on dit également aime :
y aime y il aime , &c.
Il femble néanmoins d'abord que lorfque l'une de
ces deux expreffions de la perfonne fe trouve & peut
fuffire dans un verbe , il n'y faudroit pas mettre l'au-
tre : Cl le pronom /V fuffit pour diftinguer la première
perfonne d'avec la troifîeme dans j'aime , il aime 5 pour-
quoi dans le verbe aller dit-on je vais , il va? Si le
pronom fuffit, pourquoi l'inflexion varie-t-elle. Si l'in-
flexion varie, le pronom n'eft-il pas inutile? Mais la loi
de l'ufage eft ici la première loi : les hommes accoutumés
à recourir fouvent au pronom dans des circonftances oii
la clarté l'exigeoit , fe font habitués à le mettre par-
tout , Cl ce n'eft à^ l'impératif, où non-feulement il fe-
roit inutile , mais où il feroit vicieux , & feroit con-
fondre ce mot vas avec l'indicatif tu vas j & celui-ci
allons avec l'indicatif no«^ allons.
Ces pronoms perfonnels , je ^ tu , // ou elle , nous ^
vous y ils ou elles , fe mettent toujours devant le verbe
dont ils font le nominatif ou fubjeâiif , excepté dans
trois cas qu'il faut expliquer.
1°. Si le verbe doit avoir le relatif qui , ce relatif fe
met entre le pronom perfonnel & le verbe , mais alors
on ne fe fert point des pronoms je , tu ^ il ^ ils , mais
de moi, toi ^ lui , elle , nous , vous » eux , elles ^ Moi
Giv
ïôo P E R
^ui le veux, $C non pas ,/V qui le veux ^ ni qui je le veux;.
ni ^:^i moi le veux. On dit toi qui es fage , lui ou ^//e
çwi ^y? trijie ; «Oi^j ^i^z travaillons 5 roz/j quijoue:^ j e^^; ou
if//^^ çz^i veillent.
i"*. Quand le verbe eft àlatroifieme perfonne, foit du
Singulier ^ foit du piurier ^ on ne met le pronom per-
sonnel que lorfque le fubftantif auquel il fe rapporte a
déjà été prononcé , ^ qu'on ne veut pas le repéter.
Pierre eft parejfeux 5 les hommes font lâches ; Pierre qui
fait de belles promejfes j les hommes qui manquent de
■parole 5 & non pas , Pierre il eftparejfeux y ni il Pierre eft:
■pareffeux \ ni Pierre qui il fait 3 ni Pierre il qui fait , ni
il Pierre qui fait de belles vromeffes ^ &c. Mais ce verbe
fans pronom ^ foit qu'il ait un qui perfonnel devant
lui , foit qu'il n'en ait point , eft toujours néceflaire-
nient à la troifieme perfonne du fingulier ou du piurier
a moins qu'il ne foit à l'infinitif.
3°. Les pronoms perfonnels fe mettent après les ver-
bes lorfqu'on interro,2;e , comme , Quefais-je ? Quedis^
tu ? Vicndra-t-il ? Travaillerons-nous ? Aime^-vous les
fciences? Partiront - ils ? Deviendront- elles modeftes ?
Surquoi il faut remarquer que ^ lorfque les premières
perfonnes font terminées par un e muet , il faut encore
changer cet e muet en é fermé , parccqu'autreitient la
prononciation feroit trop rude, trop défagrcablc. Ainlî
on ne doit pas dire, aime je trop-^ chante je bien, &c.Mais,
(iimé-j.e trop ? chanté-je bien ? Il y a néanmoins grand
nombre de verbes termines par un e muet ou autre-
ment y qui par fufage & à caufe de la rudeife de U
prononciation n'admettent point la tranfpofition da
pronom J^ après eux , ainiî on ne dit pas cxtravagué-je ?
cours-je ? perds -je ? mais je ? dors-je ? fors- je ? ôcc,
ni comme quelques-uns le çroyent , courrai-je ? per-
dai-je ? mentai-je ? dormai-je ? Sec. Mais alors il fau:
avoir recours à d'autrcjS conftrudions & dire , eft-ce qu^
pu croye:^-vous que f extravague , Sec.
4". On met encore les pronoms perfonnels après les
verbes , quand ces verbes font précédés de ces mots
fiuj/t ^ peut-être , d". moins j au moins , en vain , à peine ^
&:.au^rçs/embjabjçs 3 oij quand on rapporjç les parg-*
P E R: i-oi
I les de quelqu'un en ajoutant les verbes dire , répondre ,
reprendre , &c. ^i^Jfi nirai-jc pas ; peut-être m écouter er^--
vous 5 du moins fera-r- il puni i envain foTigerie:(-vous à
mieux faire j à peine furent-elles arrivées : promettei-le
moi , dit-il ; nous ha-^r-rderons-tout j répondirent-ils ; //
efi ûiféde confiiller ^ reprit elle ^ Sec.
5*^. Il eft encore quelques autres circonflances où îe
pronom fe met après le verbe , &: où la termin?.ilon
du verbe fe change , pour rendre le langage plus aile ,
comme dujfé-je mourir^ &c. Mais on ne peut donner la-
de/Tus ck règle précife i il faut recourir aux bons Au-
teurs Se à i'aCagt.
Lorfqiie le verbe n'a point de pronom devant lui ,
mais un fubdantif , & qu'il le trouve dans un des trois
derniers cas dont nous venons de parler , le fubflantif
jcfte devant le verbe ; & immédiatement après le ver-
be on ajoute le pronom perfonnel qui convient au fub-
ftantif: exemple. Pierre ejîil parejfeux ? A peine l'ar-^
mée était- elle en marche 5 les jaloux dûjfcnt-ils tricm.-»
pher y Sec.
Tout verbe qui n'cfl: pas à l'inHnitif & qui n'efl pas
imperfonnel veut avoir une perfonne exprimée ou fous-
entendue , avec laquelle il s'accorde en nombre & en
perfonne. CcttQ perfonne eft ce qu'on appelle le ncrnz-
natif on fubjcclif àa verbe. Si ce nominatif ou fubjcclif
n'exprime qu'une feule chofe le verbe eft au f ngulier ,
l'amour eft une venu 3 il doit être au pluriel , lîle fub-
jedif exprime pîufîeurs chofes ou s'il contient plufieurs
noms au fîngulicr. Les ferments ne rendent pas le men*
(eur plus digne d'être cru,
C'cft donc L\ ou'AbaillaL-d , que fa fidellc époufe ,
Vont vivre inJitih-ensl'un par l'autre oubliés!
Si la terminaifon du verbe varie autant que les perfon?.
nés , il doit prendre l'une ou l'autre terminaifon félon
que fcn fubjedif eft de l'une ou de l'autre perfonne.
Mais il y a à czz égard quelques irrégularités apparentes
qu'il faut examiner.
i". Pour la féconde perfonne du fmgulier on ne (e
kn de tu qu'à l'égard des perfonnes qu'une grande fa-^
101 P E R
miliarité ou une extrême fupériorité autorife à tutoyer ;
il ce n'eft dans la poéiîe & dans les grands mouveraens
des paflTions.
Tu ne vis plus pour moi !
Voyei Tutoiement.
Par-tout ailleurs il faut fe fervir de la féconde per-
fonne du pluiier. Ainfi on doit dire , je ne vous refujeraî
point le plaijir malin que vous cherche:^ , & non pas , je ne
te refuferai point. Ceft une façon de parler qui paroît|peu
exade : mais fî la grammaire eft ici en défaut , on peut
dire que c'eft un facrifîce qu'elle fait à la policelfe.
i''. Quoiqu'on mette le verbe & le pronom au plu-
riel en parlant à une feule perfonne , cependant s'il
vient à la fuite de ces deux mots quelque nom qui fe
rapporte au fubjedif voz^^, ce nom fe met au fîngulier.
Vous êtes bien bon. Vous êtes un honnête -homme.
3". Quand le verbe a pour fubjedif un nom col-
ledif au fîngulier , feul ou fuivi d'un fubftantif pluriel
avec la prépofîcion de , ce verbe fe met au pluriel , com-
me , la plupart prirent la fuite. Une infinité de gens jugent
d'après autrui. Cependant il y a beaucoup de noms col-
Icdifs qui ne fuivent point cette règle , & qui étant au
fîngulier ne foufFrent point le verbe au pluriel. L'armée
efi en marche ; le peuple eft léger. La forêt reverdit ; cette
troupe eft fort méprijée , &c. Ceft: encore ici le lieu de
renvoyer à l'ufage.
4* Quoiqu'cn général un fubjcdifouun pronom qui
eft: au pluriel veuille le verbe au pluriel ; cependant (i
ce fubjcâ:if ou ce pronom eft régi par un fîngulier qui
le précède , alors le verbe fe met au fîngulier ou au
pluriel , félon qu'il eft plus convenable à la penfée
qu'on veut exprimer. Quand on dit ^ par exemple ,
Socrate eft un des premiers qui ait appliqué la Philofo-
jphie a l'étude de la Morale. Il eft vifîblc alors qu'on veut
dire que perfonne avant lui ne l'avoit fait , qu'il
l'a fait avant tous les autres , & que c'eft lui qui en a
donné l'exemple aux Pliilofophes. Si au contraire on
difoit j qu'/7 eft un des premiers qui aient appliqué la
Philo/bphie à l'étude de la Morale ^ on feroit entendre
^uc plufieurs l'ont fait en méme-t^ms & qu'il en eft un.
P E R 105
Ain{î le pronom relatif çz/i fubjeétiff du verbe efl au
pluriel ou au fingulier , parcequ'on lui donne pour an-
técédent ou des -premiers , ou ///z ; &: c'eft à l'intention de
celui qui parle , à déterminer auquel des deux antécé-
dens le qui relatif doit fe rapporter.
5°. ^\ le verbe a plufieuts fubjeâ:ifs de différentes
perfonnes , il faut le mettre à la perfonne la plus noble ^
comme difent les Grammairiens. La première perfonne
eft plus noble que la féconde , & la féconde eft plus
noble que la troifieme , dans l'un comme dans l'autre
nombre. Ainfi on dira : vous & ma fœur ave^ manqué ,
& non pas , ont manqué : vous , mon père & moi parti-
rons demain , & non pas , partire:^ , ni partiront. Cepen-
pendant quoiqu'on donne la préférence à la perfonne la
plus noble , quant à la termifon du verbe , on ne la lui
donne pas quant à l'ordre dans lequel on place les noms
& pronoms qui défignent les perfonnes : ainfi l'on dit
& l'on écrit , vous , mon père & moi ^ & non pas ,
moi , vous j & mon père j ni vous , moi j 6* mon pcre.
Mais cette obfervation n'a lieu que pour la première
perfonne : le pronom qui repréfente la féconde fe met
toujours avant le mot qui matque la troifieme & l'on
dit , vous & mon père , Se non pas , mon père & vous.
L'ufage en a ainfi ordonné , parcequ'il paroît plus poli
que celui qui parle fe mette au dernier rang , quand
il fe trouve concourir avec d'autres , & qu'il place tou-
jours celui ou ceux à qui il adreïïe la parole , avant un
tiers de qui il parle, Cet exemple & mille autres prou-
vent combien la Langue & la nation françoifes font at-
tentives à tout ce qui peut interreifer les bienféances.
69. Quand le verbe a pour fubjedif le relatif qui ,
il fe met à la perfonne défîgnée par le nom ou pronom
auquel ce qui fe rapporte. Ainfi on dit ; c^efi moi qui l'ai
averti : ce n'eft ni lui ni moi qui vous avons dejjervi , ôC
non pas , c'efi moi qui ta averti ^ Se ce nefi ni lui ni moi
qui vous ont dejfervi ; oii l'on voit que fi ce relatif qui
a plufieurs antécédens de différentes perfonnes il prend
la plus noble.
Il y a encore quelques autres obfervations concer-
nant la perfonne : on les trouvera aux mots V^fèe ,
fubfiantif ^ verbes imperfonnels jjyntaxe.
1^4 PEU P L É
PEU ^ cft nne adverbe de quantité : voye:( Adverbe,
PEUT-ÊTRE , eft un des adverbes compofcs , il inar-
que le doute : voye^ Adverbe.
PEUT-ÊTRE , cft une des particules affertives : voye:^
Particules.
PHRASES. Fbye^ Construction 6' Nombre ORA-
TOIRE.
PIECES DE THÉÂTRE. En général pour bien faifir <
Je ftyle qui convient à une pièce de théâtre eu drnmati- .t
■que, il faut que l'Auteur Toit affez pénétré de ion fu-
jct pour qu'il lui falfe à lui-même une forte d'illufîon ,
qu'il s'imagine être celui qu'il fait parler , & qu'il fente
bien tout ce qu'une pofition pareille à celle où il le met
devroit faire éprouver fi elle étoit réelle.
Il faut qu'il ait bien lu , bien médité les bons modè-
les , & bien plus encore , que la nature lui ait donné ce
génie qui fit Corneille, Racine & Molière dans le der-
jiier fiecle , 8c qui a fait Voltaire , Deftouches , Crébil-
lon , Grelfet , &c. dans le nôtre. Sans cela que fert d'é-
ïudier quel ftyle il faut prendre , quelle mefure de vers
il faut employer ? on rimera en vain , on ne fera ni Tra-
gédie , ni Comédie.
On donne fouvent des Comédies en profe. Nous ne
parlons pas de celles-là. On a propofé même de donner
d.es Tragédies en profe : que ne propofe-t-on pas? Foye:j^
les articles Comédie, Tragédie j Opéra , Arran-
gement DES vers.
PIECES EN VERS LIBRES. On appelle ainfi les piè-
ces de vers qui prennent le titre que le fujet fournit, ou
qu'il plaît à l'Auteur de leur donner , & dans iefquelles
on emploie indifféremment des vers de toutes fortes de
mefures , & de mélanges des rimes. C'eft fur le fujct
qu'on y traire qu'il fnut régler le ftyle , &z c'eft au juge-
ment de l'oreille qu'il faut s'en rapporter peur V arrange-
ment des vers : voyez cet article.
PIEDS. Fby^:^ Nombre oratoire.
P1P.E , cft le comparatif de V2ià)zdLiÇ mauvais : voye^
Degrés de Comparaison.
PLEONASME. C,e mot lignifie en grec furabondance,
C'eft- une figure de conftrudion oppoféc à l'éllipfe i
VoyeiHiLii'SE,
P L É 105
Oïl npi^tlle pléonafmes les exprefïlons fuperiïues qui
fe trouvent dans une plirafe , & dont la fupprefTion n'em-
pêclieroit pas que le fens fût moins entendu 5 & plus pax-
ticulierement encore les répétitions qui fe trouvent dans
les idées, quoique les exprefîions paroifTent différentes:
par exemple quand on dît ^j'irai moi-même ^ je l'ai vu de
mes yeux ; ces mots , moi-même ^ dti mes yeux 3 font au^
tant de piéonafmes.
Trois fceptres à fon riône attachés par mon bras
Paileioiic au lieu d'elle , & ne fe tairont pas.
Corneille dans Nicoraéde»
35 Puifque les fceptres parleront il eft clair qu'ils ne Ce
33 tan-onc pas. Ces fortes de pléonafmes font les plus
» vicieux 5 ils retombent quelquefois dans ce qu'on ap-
M pellent le ftyle niais.
3) Hélas ! s'il n'étoit pas mort , il feroit encore envîe.
M. de Voltaire,
Cette figure employée à propos , ajoute à l'expreflion y
& produit un très bel effet ; par exemple, dans ce vers
de i'Iphigénie de Racine , ou Achille dans fa colère dit ;
Et que m'a fait â moi cette Troye où je cours î
Et dans ces vers de la Mérope de M. de Voltaire,
Je l'ai vu de mes yeux ,
Je l'ai yu qui frappoit ce monftre audacieux. . . .
Ne pourroit - on pas encore appeller pléonafmes ces
différents tours d'exprertions auxquels un Auteur a re-
cours , lorfque les bornes de les connoillances ou même
de la langue ne peuvent lui fournir les termes propres
pour exprimer fes idées. On trouve dans prefque toutes
les tradudions une grande quantité de ces pléonafmes ,
parceque le Traduéleur , gêné par une des deux raifons
que nous venons de dire , ne peut fouvent pas rendre.
en termes équivalents la penfée de l'Auteur. Alors il
l'explique en fe répétant de diuérentes manières & en
employant divçrfes exprçlUoi^s qui ne le fatisfonc fgu-
io(J P L È PLU
vent pas plus que le ledeur. Auflî y a-t-il bien peu
de bonnes tradudions , & l'on a railbn de dire que la
plupart ne refTemblent pas plus à l'original que l'envers
d'une tapifllerie ne reflemble à l'endroit. Le pléonafme ,
conlîdéré fous ce point de vue , a beaucoup de rapport
avec la périphrafe : voy^^ Périphrase.
Il eft bon de remarquer que l'ufage a autorifé plu-
fieurs pléonafmes 5 par exemple ^ je monte en haut 3 je
defcends en bas ; entre:^ la dedans 5 forte:^ dehors. M,
Defgrouais y dans les Gafconifmes corrigés , appelle ces
façons de parler ^ faux -pléonafmes ; je crois qu'il a tort.
Ce font de vrais pléonafmes , mais qui étant autorifés
par l'ufage ceifent d'être vicieux , du moins dans le dif-
cours familier. On trouve dans Racine les deux vers
fuivants.
Qu'on ne laide monter aucune ame là haut. . . .
Je vous quitte un moment , Se je monte là haut.
Mais ces mots la haut fervant à défigner le lieu vers
lequel on monte , ne font point dans le cas du pléo-
nafme.
PLEUVOIR. Verbe irrégulier , neutre, imperfonnel
& défedif de la troifieme conjugaifon. Il fignifîe la
, chute tic l'eau du Ciel 11 fe dit aulli de tout ce qui peut
tomber d'en haut ; on dit, il pleut des pierres j dufang y
des grenouilles y &c. Ce verbe ne prend point de fensjî-
guré ^ au moins dans le férieux.
Indicatif. Préfent. Il pleut. Imparfait. Il pleuvoir.
Prétérit. Il pjût. Prétérit indéfini. Il a plu. Prétérit anté-
rieur. Il eut plu. Prétérit antérieur indéfini. Il a eu plu.
Plufqueparfuit. Il avoit plu. futur. Il pleuvra. Futur
pajfé. Il aura plu. Conditionnel préfent. Il pleuvroit.Co/z-
ditionnelpajfc. Il auroit ou il eût plu. Il n'a point d'impé-
ratif. Subjonctif. Préfent. Qu'il pleuve. Imparfait.
Qu'il plût. Prétérit. Qu'il ait plu. Plufqueparfait. Qu'il
eut plu. Infinitif préfent. Pleuvoir. Pr^'/rtr/V. Avoir plu.
Participe a fiif préfent. Pleuvant. Participe adif paffé.
Ayant plu. Gérondif. En pleuvant ou pleuvant, il n'a
point de participe palîif.
PLURIEL. Ce mot annonce pluralité de pcrfonncs
ou de chofcs : voye':^ Nombre.
PLU POE 107
PLUS , eft un des adverbes de comparaifon : voye:j^
Adverbe.
PLUS , eft une des particules afTertives : voye^ Par-
TICULES.
PLUSIEURS , eft un des pronoms indéfinis : V£>ye:j^
Pronoms. Il eft aufTi du nombre des adjedifs prono-
minaux : voye{ Adjectif.
PLUSQUEPARFAIT. Ce tems défigne non -feule-
ment qu'une chofe eft faite & terminée 3 mais que cette
chofe étoitdéja pafTée lors d'un autre événement qui
l'eft entièrement : voye:^ Tems des verbes 6* Conju-
gaison.
POEME DIDACTIQUE. Ce Poëme pris dans fon
idée la plus générale peut être diftingué en trois fortes ,
favoirj i'HiJionque qui n'expofe que des adions & des
événeraens réels , & tels qu'ils font arrivés dans l'ordre
naturel : le Philofophique qui confifte à établir des prin-
cipes de Phyfique , de Métaphyfique ou de Morale , à
raifonner , prouver , citer des autorités & des exemples,
& à tirer des conféquencess Se le Poëme qu'on nom.me
fîmplement Didacîique ^ & qui ne contient que des ob-
fervations relatives à la pratique , des préceptes propres
à régler chaque opération , dont le fucccs ne peut être
bien allure qu'en fuivant certaines méthodes comme
font les opérations des arts.
On fent bien que ces trois efpeces de Poèmes fe font
fouvent des emprunts mutuels : dans le didadique pur ,
on peut quelquefois philofopher , & même raconter.
Bien plus , on mêle toujours autant de fidion que le bon
fout & le fujct peuvent le permettre dans ces Poèmes
ont la vérité fait le fonds. Souvent dans le Didadiqus
le Poète invoque quelque divinité , & fe fuppofe infpi-
ré : ainfi il femble emporté par un génie fupérieur ^ qui
ne lui permet pas de fuivre péfammcnt un ordre trop
fcrupuleux dans la liaifon des idées , il mêle de temps
en temps dans fon ouvrage des chofes qui ne tiennent à
fon fujet que par occafion : enfin il s'arroge tous les
privilèges du ftyle poétique 5 il embellit fes idées , em-
ploie des termes métaphoriques , ajoute des épithet*^
qui fortifient , augmentent , ou modifient les idées prin-
îoS ï> O É
cipaics ; il a des tours Iiardis , des conftrudîons peîi
ufitées , des iigiueô de mers & de pcrifccs. Enfin il em-
ploie tous les moyens poiTibîes pour jcttcr dans l'exé-
cution la poéfie qui manque au fends de fon fujer.
Tout cela ne difpenfe pas de la néceflité de garder le
ton qui convient au genrd" qu'on traite, & à la pcrO^n-
ne qui parle , fi elle n'eft point ruppofce infpirée. On
conncît afiez les modèles en ce genre. Nous ne les cite-
rons pas. Qui ne fait par cœur l'art poétique de Boi^
kau ?
Le Poëme Didadiquc ne peut gueres foufFrir que les
vers alexandrins , & en rimes fuivics : \'oye7;_ Arran-
GEiMENT DES VîTRS.
POEME ÉPKJUE : voyei Épopée.
POÉSIE. La Pocfie ciu le tableau de la belle nature
peinte dans le difcours fclon des règles Toit naturelles ,
ibit arbitraires. Elle met du choix dans les chofcs & dans
Je fiyle. Tout objet n'cit pas digne d'être manié par les
Mufes ; mais tout ce qu'elles touchent, s'enrichit &
s'ennoblit entre leurs mains. Toute idée , tout (cntiment
qui convient à 1 une d'elles ne convient pas à Pautre 5
Euterpe rend avec beaucoup de grâces ce qui choqueroit
fous le pinceau de Calliope Ces différences s'étendent
également fur le ftyle. C'crt à l'art poétique à bien
marquer les limities qui féparent le domaine , & les
droits de chacune des neut Saurs. Le tréfor général oii
elles vont puifcr leurs richelies , conlille dans la na*
ture , dans le flyle poétique, & dans le méciianilme des
vers.
On diflinguc trois fortes de poéfie : celle des chofes ,
celle des idées & des fcntimcns , & celle du liyle. La
première confiée dans le choix des objets & de leurs
attributs ou convenances. La féconde , dans la manière
plus parfaite de faifir , combiner , raprochcr ces objets,
de (é les approprier , d'en faire foriir l'mtéict , l'agré*-
ment ou le merveilleux. La trciiicme dans un llyle lu-^
périeur à celui de la profe , plus limé , plus hardi , plus
tjappant par les mots , les tours & les condrudions.
Tout cela doit être naturel ; autrement il ne refi'euible-
roic à riea ; mai? il faut le porter à un degré au-def-
fus
P O I P O N i05>
fus de la natuie ordinaire, autrement il ne plairoit à
pcrfonne.
On refferrc queI(]uefois le fcns du mot poéjîe : alors
il ne /îgnifîe que le ll:yle poétique, ou bien les règles de
la veriîfîcatioii qui n'en font que les branches : voye:i[^
Style , Vers , Versification , Harmonie.
POINT. Le point , dans la ponduation , fert à dif-
linguer les plirafes ou parties du difcours qui forment
un fens intégral : voycT^ Ponctuation.
On verra aulTi dans cet article où il convient mieux
de placer le /"oi/zr inteirogant j Le point d' exclamation y
Us deux points , le point avec la virgule ou la virgule
ponctuée.
POINT, eft une des particules alTertives : voye^ Par-
ticules.
PONCTUATION. La pondluation eft l'art de biea
placer dans l'écriture les figues qui font dcftinés a mar-
quer les repos de la voix dans la prononciation & la
féparation des différentes parties du difcours.
Quand on parle , les poumons font bientôt épuifés
par la dépenfe d'air qu'exige chaque fyllabe que l'oii
prononce ; il faut donc, d'intervalle à autre, interrompr-e
le difcours afin de réparer la perte d'air que l'on a
faire , & de fe remettre en état de continuer. Ces in-
terruptions font ce que nous appelions des repos.
On peut remarquer ici comment les différentes loix
de la nature fe plient les unes & les autres jufqu'à fc
trouver dars l'accord le plus parfait. Les penfées qui
compofent un long difcours font toutes unies entr'elles;
mais cette union varie à l'infini. Quelquefois elle eft
extrêmement intime : d'autres fois elle l'ell beaucoup
moins.
Ces différens degrés de liaifon & de proximité entre
les mêmes parties d'un tout , fe marquent dans le par-
ier par le ton de la voix : mais les repos y contribuent
aulîi 5 il faut même qu'ils le faffent , puifquc les tons de
la voix font en quelque forte dépendans d'eux. Or les
Langues font tellement ordonnées , les expreffions font
d'une fi jufte mefure , que le fens du difcours permec
toujours Se fouvent même exige des repos , où le befoin
phyfique des poumotts eu demande ;& la refpiration fe
Tome a H
lîo P O N
prête airemeiit à tous ceux que le fens & la penréc or*
donnent.
Ainfi les repos que Ton fait dajjs le parler fervent
également à réparer l'épuifement de la poitrine , & à
bien faire fentir la liaifon des mots que l'on pro-
nonce.
Une autre remarque pliilofopliique également utile
ici , c'eft que la nature quoique toujours contante ,
porte cependant par-tout une variété qui caufe un nou-
vel agrémenr. Si l'on mertoit toujours des intervalles
égaux entre les repos que l'on fait , &c que chaque paufe
fut d'une égale durée , la prononciation feroit d'une
monotonie infoutenable. Cet exercice qui feroit inva-
riablement le même , fatigueroit beaucoup plus ; 8c
voici comment la nature, admirable par tout, làic faire
fortir le bien de ce qui femblc même être un inconvé-
nient.
Les difFérens degrés d'union entre les parties du dif-
cours produifent, dans le parler^ des paufes plus ou moins
longues & a différentes diftances les unes des autres ;
toutes ces différences qui foulagent la nature au lieu de
Iz fatiguer , produifent dans les tons & dans la marche
de la prononciation cette variation admirable qui char-
me l'oreille.
On fent aifément qu'ici nous fuppofons que l'on n'ait
a prononcer que des difcours que le bon goût ait lui-
jnéme didés. Si l'on en trouvoit qui démentiffent ces
principes , on peut hardiment affurer que non-feule-
ment ils manquent de goût , mais que même le génie
de la langue y eft offenfé. C'eft à ceux qui compofent ,
ou qui parlent, à confultcr la nature, & à favoir fe prê-
ter à ce qu'elle demande.
Quoi qu'il en foit , on voit aduellement quelles font
les fondions de la ponduation. Puifque la langue écrite
cft & doit être l'image de la langue parlée , il falloir
dans cdlc-la. des lignes qui marquallent les repos qui fe
trouvent dans celle-ci.
Mettre entre les mots écrits une diftance proportion-
née aux repos , eût été une pratique fujette a trop d'er-
reurs & d'embarras : il auroit toujours fallu avoir le
pompas à la main. On a trouve un moyen plus facile de
P O N III
plws fimplc : on a partagé les différentes fortes ^e re-
pos en plufîeurs claires principales , & chacune a eu foa
fîgne particulier.
Ces lignes font la virgule ( ^ ) , la virgule & le point
DU la virgule ponctuée {;) , les deux points (:), le
point (.) , & V alinéa. On y ajoute ordinairement le
point d'interrogation ( ? ) , & celui d'exclamation ( / ) ;
mais CÇ.S deux derniers ne font pas /împlement des lignes
dcftinés à marquer les repos , ils fervent auili à déter-
miner la forme de la phrafe cjui les précède. Ce fera ea
reprenant ces fîgnes les uns après les autres, que nous tâ-
cherons de bien développer les occafions où ils doivent
être employés , & de faire connoître avec netteté &:
préciiion l'ufage de chacun d'eux. C'eft le point eflen-
tiel, & celui qui, chez prefque tous les Grammairiens, fe
trouve fujet à plus de variations & d'embarras.
D'après ce que nous venons de dire de la ponâiua-
tion , on feroit porté à croire qu'elle eft & doit être
aufll ancienne que l'écriture même , puifqu'elle en eft
une portion fi elfentielle & fi avantageufe. En eifec
fans elle , que d'ambiguités ne trouveroit-on pas -à cha-
que pas ? Que de mots pourroient également fe rappor*
ter à la phrafe qui les précède , ou à celle qui les fuit ?
Et quelle différence de fens ne produiroit pas fouvent le
tranfport d'un mot d'une phrafe à une autre ? Comment
décider à laquelle il appartiendra , fans le fecours de la
poncftuation ? C'eft par l'omiifion des points & des vir-
gules nécelfaires, qu'il s'eft trouvé tant de difficultés in-
furmontables, foit dans le texte de l'Ecriture Sainte, foit
dans renonciation des anciennes loix , des arrêts , & des
contrats de la plus grande importance pour la vie civile.
La pondluation , malgré tant d'utilité , n'eft connue &
pratiquée que depuis peu de fiecles ; & aujourd'hui
encore la plupart des Auteurs fuivent là-delfus chacun le
fyftême particulier qu'ils fe font fait. Flufieurs même
n'en ont point de bien décidé j on trouve dans leurs
ouvrages une pratique fouvent oppofée à elle-même.
Ce n'eft pas qu'on n'ait propofé de bons (iftêmes de
ponduation : mais le public n'en a encore adopté aucun
a/Tez généralement pour qu'il puiffe faire loi.
ni]
tii P O N
Il faut convenir aufll qu'il efl: très difficile iquc touC
le monde s'accorde fur cette matière , foit à caufe de la
variété infinie qui fe rencontre dans la ftrucflure des
phrafes , Toit à caufe des idées diifércntesque chacun fe
fbinie à cette occafîon. D'ailleurs fî la ponâ:uation en
générai eft fi importante , il eft tel de fes détails qui
l'eft bien peu. Nous allons développer l'ufage le plus
communément fuivi , &; le plus nécelfairc au fens du
difcours.
Il faut fe rappeller ici tout ce que nous avons ditd la
phrafe au mot confiruâzon. Le concours des mots qui la
compofent , forme la repréfentation d'une penfée 3 & ce
concours fuit les rapports des idées entr'elles ; rap-
ports qui produifent ce qu'on appelle régime. Les rap-
ports mutuels des mots font fondés fur la dépendance
qui lie au total de la phrafe les idées qui leur font atta-
chées. La phrafe eft donc un compofé de mots mutuel-
lement dépendans les uns des autres. Mais les liens qui
les unifiTent ne font pas tous de même efpèce j d'où il
fuit que les mots qui forment les membres de la phrafe
ne font pas tous les mêmes fondions : & c'eft à raifon
de leurs fonflions différentes que nous avons diftingué
fept membres de phrafe , favoir ; Izfubjeclif, Vattribu^
tif, ïobjeêiif , le terminât if ^ le circonjiancicl ^ le con-
jonciif ^ & YadjonBif : voye^ ces articles. Sans les di-
verfes fondions de ces membres , les mots réunis ne
formeroient point de fens ; & la parole ne feroit qu'un
amas informe d'idées entaffées , defquellcs il nepour-
roit réfultcr aucun fens , aucune penfée.
On fe fouviendra aufii des différentes efpeces de phra-
fes que nous avons marquées & définies au même mot
Construction.
De la virgule.
La virgule eft un trait ( , ) qui fe met après les
mots , un peu au-dcffous , pour marquer le plus foiblc
des repos lenfibles , & la lupindre des féparations qui
peuvent fe trouver , quant au fens , entre les mots qui
concourent à former une même phrafe.
Dans la phrafe fimple , on ne marque point de vir-
P O N 115
gule, ni par confequent d'autre fîgne de pon<5î:uatioii
entre ces (îx membres j fahjcclif ^ attributif , objectif ^
terminatif , circonflanciel j & conjonciif. Si le Prince
vous é/eve jamais à cette dignité. „ . . voilà une plirafe
fîmple oii le y? eft conjond-if ; le F rince ^ fubjedif;
vous, 3 objedif ; élevé y attributif ; jamais j circonf-
tanciel ; à cette dignité , terminatif 5 &: entre tous ces
membres, il ne doit y avoir jamais aucune ponduation,
lî ce n'eft dans les exceptions fuivantes.
i**. Lorfque le terminatif efl énoncé par une prépofî-
tion Si quelques autres mots qui font fous Ion régime ,
& qu'il ne terinine pas la phrafe , mais qu'il eft au com-
mencement ou au milieu , entre d'autres membres qui
fembîent devoir fe fuivre de plus près , & entre lef-
quels ce terminatif paroît être comme un corps étran-
ger ; alors il faut le diflingiier par une virgule : pour
vivre plus honorablement j il faudroit avoir un peu plus
de revenus : il faudroit , pour vivre plus honorablement ,
avoir un peu plus de revenus. De la maifon de campagne
de votre ami ^ je fuis venu me remettre aux affaires. Il
faut remarquer que fi le terminatif efl: au milieu de la
phrafe, il faut qu'il foit d'une certaine longueur pouç
exiger après lui une virgule : il faut même qu'il ne pa-
roilfe pas être lié par un rapport immédiat aux mem-i
bres qu'il fépare : ainfi on ne mettra point de virgule
dans cette phrafe : je fuis revenu de votre maijon a Icl^
mienne
1'^. Le circonflanciel doit être placé entre deux vir-
gules , lorfqu'étant énoncé par une prépofition avec fon
com.plément , ou par un gérondif, il fe trouve entre
l'attributif & l'un des autr»is membres j comme, il a
montre , en vous faifant fes excufes j une noblejfe d'ame
bien refpecîable & peu connue. Il s'eft préfenté ^ avec un
air de Spadaffin , a la porte de fon rival. Il fera , en Je
mariant j une fottife digne de lui. Si le circonftanciel
ainfi compofé termine la phrafe , il ne veut point de
virgule avant lui 5 il s'efî préfenté a la porte de fon.
rival avec l'air d'un SpadaJJin. S'il fe trouve à la tête de
la phrafe , il dépend fouvent du goût arbitraire des per-
fonnes de le diftinguer ou non par la virgule ; nous
croyons cependant que le pUs fur ôc le mieux eft ds
H iij
114 P O N
le faire ; fouvent même il le faut , comme Jans le cas
du fécond exemple que nous allons donner : avtc tous
ces moyens & toutes ces précautions ^ il îï a jamais pu
réu0r. Dans la première converfation , je fus très content
de lui ; dans Li féconde , il me déplut beaucoup.
Quant à l'adjondif , le feul membre dont nous
n'ayons pas parlé, quelques Auteurs prétendent que
lorfqu'il n'eft qu'une particule interjeélive , il ne de-
mande point de pon(flnation ; mais nous croyons que
préfentant par tout un objet féparé du régime des au-
tres mots, il doit par-tout avoir la virgule : pour vous ,
vous f ère :^ ce qu'il vous plaira. Je vous prie ^ Aionfieur,
de m' entendre un moment. A vous dire vrai , je méprife
les airs pinces. Hélas , que l'homme efi foible contre fin
cœur !
Nous venons déjà de parler des phrafes dont quel-
ques membres font compofés de plulieuis mots unis
pour peindre un même objet : mais li ces miembres font
formes par plufieursmots qui rcpréfentent divers objets,
cnforte qu'il y ait énumération foit commencée , foie
complette ; voici à quoi il faut faire attention.
Si cette pluralité de mots qui ne font point liés cn-
fcmble , mais qui ne font que réunis pour faire la mê-
me fondion dans la plirafe , ne va que jufqu'à deux ;
alors il ne faut point les féparer , à moins qu'ils n'aient
aucune conjond:ion entr'eux. Aind l'on ponélue diifé-
remment les phrafes fuivantes félon qu'il y a une con-
jonâion , ou qu'il n'y en a point dans les membres mul-
tiples. Il a toujours fait , il fera toujours ce que vous
voudre-^ :Jl a toujours fait & fera toujours ce que vous
•voudre:^. Vos voifns , vos amis vous prêteront du fc~
fours : vos voijins & vos amis vous prêteront du fecours.
Je me rappelle fans cejfe les bontés , les amitiés que j'ai
reçues de vous : je me rappelle fans ceJfe les bontés & les
amitiés que j'ai reçues de vous. Il jouit des plaifrs avec
réferve y avec modération : il jouit des plaifrs avec réfer-^
ve 6* modération.
Si l'énum.ération va jufqu'à trois , ou plus , alors
clia(}ue partie du membre multiple prend la virgule ,
foit qu'elle ait devant elle la conjondion , foit qu'elle
UC l'ait pas : if iloi ^ Us grands , 6' le peuple gagneront
P O N Î15
a ce fyftême. Il na ni talent , ni fcntîment , ni efprit ,ni
conduite : mais il a pour lui la figure , les manières ^ la
naiffance. L'armée part . marche , court , vole ou La
victoire l'attend. Lon ne devient point [avant , p L on n e^
tudie confiamment , méthodiquement , avec gcut , avec
application : veillei Joufre^ , travaillei. ^
Lorfque dans ces fortes d'énumerations , il ny a que
la dernière partie qui foit précMée de la œnjondaon ,
Ja pratique d'un ^rand nombre d'Auteurs eft de ne poinc
mettre de virçrule où cette conjondion fe trouve : ainfi
ils écrivent , la vertu , l'e/prit & la fcience font Us vrais
biens de l'homme. Mais fur ce pied, il ne fauaroit donc
aucune virgule , fi Ton difoic , la vertu 6' l ejprit & la
fcience , &1 Cependant les mêmes Auteurs mettroienc
une virgule après la vertu malgré la conjondion qiu
fuit. Quelle raifon peut l'exiger la plutôt qu'après / ej^
prit ? D'ailleurs cette conjondion ne change rien dan$
rénumération j & toute énumération doit avoir quel^
que diftindif entre les parties qui lacomporcnt
La virgule eft même plus nécellairc près de la con-
ionaion qu'ailleurs , parceque fans elle , on ne pren-
dToit pas 'a conjondion comme une marque que 1 énu-
mération va finir-, mais comme une preuve que la der-
nière partie , ayant une liaifon plus intime avec la pré-
cédente , ne fait avec elle qu'un même membre d'cnu-
mération 3 ce qui feroit fouvent une erreur conùdera-
ble. Il faut donc que la virgule fe trouve entre chaque
cnumératif fans exception , foit qu'il y ait des conjonc-
tions , foit qu'il n'y en ait point. ^
On fent alfez qu'il n'importe pas que 1 enumeranon
(bit compofée de fubftantifs , de verbes , d'adverbes ,
ou d'adjeâiifs , ou de plufieurs mots liés enfemble poui:
former un même fens , & peindre un même objet , com-
me , par exemple , d'une prépofition avec fon complé-
ment. Nous avons donné d^s exemples de prefque toutes
ces efpèces d'énuméiations , fi ce n'eft de celle des ad-
jedifs : pour réuljîr auprès des grands ^ il faut avoir un
efprit fouple , poH\ aHif , & infmuant. ^
La troihcme manière dont le membre d'une phrafc
peut être compofé, c'eft, comme nous le difons au
Ii6 P O fî
mot ConflruSlion , lorfqu'il eft formé lui-même par une
phiafe fubordonnéc. Or ces phrafes fubordonnées doi-
vent toujours avoir une virgule après elles j lorfqu'cl-
les coupent la phrafe principale : ceux qui font U plus
de menaces y ne font pas les plus méchans.
Pour l'ordinaire , cesplirales fuborilonnées commen-
cent par un relatif: mais le relatif peut être fupprimé ,
& le verbe mis au participe , ou la phrafe arrangée de
quelqu'autre manière , que la virgule fera toujours né-
ceflaire : hes peuples fauvages étant des hommes comme
nous, peuvent également raifonner jujie y ou l'on voit que
étant eft ici pour qui font , 8cc. Cependant fî ces phrafes
fubordonnées font extrêmement courtes , alors on peut
n'y point mettre de virgule ; comme, celui qui trompe
ejl trompé. Qui l'oferoit dire feroit un menteur. Mais
nous croyons que le mieux eft de la mettre, même dans
ces occafions.
x^u refte la règle de prendre garde à la longueur des
membres , n'eft pas toujours fans fondement ; on met
une virgule dans la première des deux phrafes fuivan-
tes quoiqu'on n'en mette point dans l'autre dont la for-
me eft la même. Il faut s' accoutumer a ne faire jamais
de difcours frivoles , pour être toujours en état de parler
avec jufiejfe. Il faut écouter pour bien répondre.
Remarquez encore que la répétition d'un mot , d'un
pronom perfonnel par exemple , rend la virgule nécef-
faire où il n'en faudroit point fans cette répétition : on
dit fans virgule , elles fe voient & fe haïjjent : mais on
écrit avec une virgule 5 elles fe hdijfent , 6* elles fe voient
tous les jours : c'efi elle qui me l'a dit : là il n'y a point
de vir2;ulc : ceji elle j elle-même qui me l'a dit : ici li
en faut une.
Il en doit être de même fî les deux verbes unis par
la conjonâ:ion avoient chacun un régime différent , ou
jfî les fubftantifs unis de même avoicnt chacun d'au-
tres mots qui les qualifîalî'ent : ils font toujours en-
nuyeux j & veulent fréquenter tout le monde. Lucinde la
coquette , & Claris la prude ne fe quittent pas. Il eft clair
que dans la plupart de ces occafions , la conjonétion ne
icrt plus à lier des portions d'un aicmc membre , mais,
P O N 117
^es phrafes qui préfentant chacune un fens très dirtin-
guc, font portion d'un fens compofc.
La virgule eft encore employée à diftinguer, des au-
tres parties , celles qui font an-ienées par forme d'exem-
ple , ou par la conjonâ:ion explicative , /avoir ., ainiî que
tout ce qui c{\: placé en forme de parenthcfe : la faujjetê
des hommes fe voit dans leurs actions , aujji bien que dans
leurs paroles. On a vu de grands Princes avoir de grands
faibles , tels que Salomon y David , Alexandre j 6' beau^
coup d'autres. L'homm.e a pour agir trois grands mobiles ,
favoir y l'honneur ^ t intérêt ^ & le plaifir. Cet amant ^
quoique tendre j riche , & bienfait j n'a pu néanmoins lui
plaire. Il faut 3 s'il vous plaît , renoncer a vos liaifons ,
ou a l'eflim.e publique. Je veux , ajouta-t- il , faire plus
que vous punir , je vous pardonne. Le vrai i hrétien ^
quelque difgrace qui lui arrive ^ trouve toujours des con-
folations.
Quand nous avons dit que les phrafes fubordonnées ,'
qui commencent par un relatif, ne prennent point de
virgule avant elles , cela eft vrai dans le cas où elles refl
treignent le fens du mot auquel elles fe rapportent Se
qu'elles fuivent j comme , // n'y a d'ouvrages d'ef
prit réellement bons que ceux ou le vrai fe trouve toU"
jours avec le brillant. On rembarque que les femmes dénrent
& demandent avec plus de confiance que nef ont les hom-
mes. Il n'efi point d'homme qui n'ait quelques défauts. Le
mérite feul ne réuffit que rarement dans une Cour ou tout Je
fait par intrigue. On voit que ces mots, par exemple ,
ou tout fe fait par intrigue ^ font placés pour particula-
iifer le mot cour ^ & reftreindre fa fignifîcation généra-
le à une cour particulière & caradérifée : d'ailleurs le
prépofitif z^«f mis devant cour rend la phrafe fubordon-*
née néceffaire , & la lie plus étroitement au mot cour.
Mais hors de ce cas , c'eft-à-dire , lorfque la phrafe
lUDordonnéc ne fert qu'à qualifier le mot qu'elle fuit,
qualification qui peut être retranchée de la phrase , fans
que celle-ci en foit moins compîette j alors il faut une
virgule avant cette phrafe qualificative 3 comme, tOde^
que le fublime doit toujours caraciérifer ^ ne foufjre point
de médiocrité. Le critique, qui fe plaît a juger de tout ^
juge fouyent avec précipitation. Le mérite feul réujfit rare*
ii8 P O N
ment à la Cour y ou tout fe fait par intrigue. On voit que
la phrafe principale auroit un fens achevé , quand mê-
me ces mots, où tout fi fait par intrigue , n'y feroicnt
pas 3 le mot cour ne les rend point nécelîaires , étant
précédé de l'article la ; enfin ces mots font là placés
comme propres à qualifier toutes fortes de Cours en gé-
jiéral , & non pas comme s'ils étoient deftinés à en ca-
taclérifer une particulière.
Il eft encore bien des périodes dont les membres, ou.
Cl l'on veut , les phrafes partielles ne font diftinguées
que par une virgule : C'eft ce qu'il faut tâcher d'ex-
pliquer.
Lorfqu'une période n'a que deux membres qui font
chacun à peu près une phrafe fimple j l'un n'eft féparé
de l'autre que par une virgule : vous ne m'ave^ point
fervi , 6? je ne vous ai point d'obligation. Nous par/ions
tous en même-tems , & nous ne pouvions nous entendre. Je
ne veux tromper perfonne ^ ni ng veux que ptrfonne me
trompe. L'un blâme & l'autre loue y tous les deux fans
connoijfance de caufe. Il faut dire la vérité , ou bien il
fautfe taire. Soit que vous le voulie^ ^ foit que vous ne
le voulie:^ pas , il n'en fera ni plus ni moins. Dans le
monde , tantôt on rit , tantôt on pleure , 6' les pafjions y
font continuellem.ent en acîion. L'homme manque fouvent
de raifon , quoiqu'il fe défnijfe un Etre raifonnable. Si
Céfar avoit eu lajufitce de fon côté , Caton ne fe ferait
pas déclaré pour Pompée. Non-feulement il ne m' a point
obligé , mais il m'a dcjfcrvi. La vertu eft toujours rcfpcc-
table , mais les impies la méconnoijfent. On voit beaucoup
de perfonnes qui louent fans eftimer , qui décident fans
connoitre , qui contredifent fans avoir d'opinion , qui par^
lent fans p enfer ^ & qui s'occupent fans rien faire. Ce
dernier exemple prouve que fouvenc une phrafe cft
compoféc de plus de deux autres , fans que pour cela
toutes celles qui y font comprifcs , foicnc autrement
diftinguécs que par une virgule. Mais on remarquera
que chacune de ces phrafes particulières cft courte Se
fimple ; & que d'ailleurs ces fortes de phrafes fe doi-
vent plutôt rapporter aux compofées par cnumération,
qu'aux périodiques. Lorfquc les périodes iont formées
dt membres plus longs &; plus çomj>ofcs , elles prcn^
P O N îi5>
lient d'autres ponûuations que nous désignerons en îeiif
lieu.
Souvent , & fur-tout dans les narrations , lorfque le
flyle eft plus rapide , que les phrafes font plus dctaciiécs?
èc plus courtes , il s'en trouve plufîeurs de fuite qui font
indépendantes les unes des autres quant à la conllrudion,
mais qui cependant concourent toutes à faire connoîriç
un même fait, à peindre un même objet, à conduire à
un même terme. Alors on ne les fépare ordinairement
que par une virgule, La raifon en eft aiffe à fentir : ou-
tre la dépendance que met entr'elles le but commun oii
elles tendent toutes , la rapidité du récit devant être
imitée dans la prononciation , ne permet que de pérîtes
paufes 3 en voici des exemples ; on vous attendoit hier ,
donne:^ du moins de vos nouvelles , ju/lipsi "^^^^^ retard ,
ô* vene-s^ le plutôt qu il fera pojftble. Les ennemis font un»
marche fecrette , nos troupes légères avancent pour les re-^
connoître ^ l'armée fuit lentement , t avant-garde rançon-'
îre l'ennemi j elle eh repoujjée , le combat s'engage , // de-
vient opiniâtre ^ fanglant , &'«.
De la virgule ponctuée,
La virgule ponduée eft une virgule placée après le
mot, mais accompagnée d'un point mis au-defTus d'elle,
en cette forte ( y ). Lorfque les membres d'une périoiic
font longs & compofés , alors on les diftingue par
un point avec la virgule. Pour donner une règle plus
précife là-delfus , voici le principe qu'on peut fuivre.
Si dans un ou dans piulîeurs membres d'une même
période il y a des phrafes fubordonnées, ou d'autres
porrions de phrafe qui exigent des repos , & par confé-
quent des marques de ponctuation ; comme ces repos
qui partagent un même mem.bre de période , doiveriG
être moins fenfîbles & moins confidérablcs que ceux qui
diftinguent un membre d'avec l'autre ; il eft clair qu'eu
mettant une virgule pour les premiers , il faudra au
moins la virgule ponftuéc pour les féconds. Nous di-
£bns, au moins , parcequ'il arrive quelquefois que la
période exige même les deux points j poaduation plus
fenfible que la virgule & le point.
^^o P O N
Ce principe bien entendu doit fuffire ; on en voit
l'application claire & palpable dans les exemples fui-
vans. Quoique vous ciye-^ de la naijjance , que votre mé-
rite foie connu j, & que vous ne manquieT^ pas d'amis ; vos
projets ne réuniront pourtant point fans le fecours de Plu-
tus. L' amour efi une pajfion de pur caprice ^ qui attribue
du mérite a l'objet aimé , mais qui ne fait pas aiwxr le
mérite ; a qui la re;onnoijfance ejl inconnue ^parceque che^
lui tout fe rapporte a la volupté , & que rien n'y ejl lumiè-
re. Ce h un mortel qui fe moc que du qu'en dira-t-on j qui
nejî occupé que du plaifir ; qui critique hardiment tout ce
qui lui déplaît ; dont l'ejprit ejl fécond en fyjicmes y & le
cœur peu fufceptible d' attachement y enfin que tout le mon-
de recherche en compagnie » ô* dont perfoniu ne p^ife l'a~
Tnitié. Le difcours avoit deux parties i la première , ou ton
montrait la nécefité de combattre ; la féconde ^ ou l'on
montroit l'utilité qui en devait revenir. Vous êtes infenfî-
Lie aux bontés d'un Dieu qui vous prévient j d'un Dieu
qui n ejl jaloux de vos hommages que pour votre bonheur ;
d'un Dieu qui trouverait également fa gloire a vous perdre
par jujlice , comme d vous fiuver par miféricorde , &c.
On. voit aiftracnt dans cette dernière période , par
exemple , qu'il faut un moindre repos après jujlice ,
qu'après prévient & bonheur 5 vu que l'un de ces mots
cft plus intimement lié a ce qui fuit, que les deux autres
ne le font à ce qui vient après eux.
Les deux points .
Quand il fc trouve une phrafe dont le fcns , pour
être entendu , exi2;e la connoiffance des phrafes pré-
cédentes j & qui par-là leur eft unie , quoique les au-
tres en foient aflez indépendantes pour être complct-r
tes quant au fcns & à la conftruclion fans le fecours de
celle-ci j cette phrafe ajoutée n'cft ordinairement fépa-
rée des autres que par deux points. Le feclc d'Augujle a
tellement été celui des bons Poètes , qu'ils ont fervi de
modèles a tous les autres : cependant il na point eu de
Pactes tragiques.
Il fe nble donc que la virgule doive diftinp^ucr des
portions d'une même phrafe , qui , par leur long;ucur ou
leur arrangement, exigent quelques repos entt'cUcS; que
P O N 121
Ja virgule ponctuée foie deflinée à marquer la répara-
tion de deux phrafes qui, renfcimanc eliacùne une pen-
fée , font néanmoins tellement liées enfemble par leur
fl:ru<5lure grammaticale, querefprit, après la première,
attend encore la féconde, & que celle-ci ne pourroit le
fatisfaire fans cclls là : la virgule ponctuée elt donc pour
les phrafes dépendantes l'une de l'autre par un lien réci-
proque; au lieu que la place des deux points fe trouve entre
deux phrafes tellement unies , que la féconde fuppofe la
première, dont elle paroît n'être qu'une fuite, tandis que
la première n'exige nullement la féconde pour procurer
à l'efpric un repos parfait. Voilà la règle générale : nous
avons déjà vu qu'elle admettoit des exceptions pour des
cas particuliers ; en voici encore quelques-unes.
Souvent dans une période, il y a r.près ce que l'on
appelle incifes ^ de petites paufes qui prennent la vir-
gule; enfuite les repos qui fe trouvent entre les membres,
doivent encore avoir entr'eux quelque différence, par-
cequ'il y en a plufîeurs qui fe fuivent , comme pour faire
cnumération, & qui étant indépendans entr'eux, font
tous dépendans d'un dernier m.embre , ou d'une dernière
phrafe partielle , qui fait la clôture de la période. Alors
les premières phrafes partielles font diftinguées entr'elles
par les deux points; & la dernière ne l'eft des autres ,
que par la virgule ponduée. L'exemple fui vaut va rendre
cette obfervation fenflblc. Si l'on faifoit attention aux
caprices fatiguans de l' amour ^ a la frivolité des vœux qu'il
nous injpire y & a l'amertume qui le fuit trop fouvent : fi
l'on obfervoit que les femm^es font , les unes inconfiantes &
légères ^ les autres impérieufes Ù fantafques j prefque toutes
jprudes ou coquettes : fi l' on fongeoit enfin ^ combien t atta-
chement que ton a pour elles entraîne d''inconvéniens après
lui j 6* qu'il anéantit 6* abforbe toutes les facultés de l'ame ;
fans doute que les hommes apprendroient a combattre cette
pajfion danger eufe ^ & fauroient , en la réglant flon les
vues de la nature ^ s'y prêter fagement y & ne s'y livrer ja-
mais. Il faut avertir cependant que cet ufage n'ell paâ
univerfellement fuivi : il eft même des Auteurs qui pla-
cent la virgule ponéluée où nous avons iris les deux
points , & lç6 deux points où nous mettons la virgule 8c
le point.
122 P O N
II eft encore une autre occafion où rnfr^ge des deux
points eO: très fréquent. Pour l'entendre, on peu: fe fou-
venir de ce que nous avons dit, en parlant de la virgule,
de certains récits, de certaines defcriptions, ou d'autres
fortes de difcours qui font carad:érifés par une grande
rapidité dans le développement des détails , & dont toutes
les phrafes font fort courtes : alors, avons nous dit , quoi-
que les phrafes foient entièrement féparées les unes des
autres quant à la partie grammaticale , cependant on
ne les diftingue fouvent que par une virgule. Cela eft
vrai : mais li chacune de ces phrafes détachées eft un
peu longue , ou qu'il y en ait dans lefquelles de moindres
repos exigent la virgule ; alors on diftinguera les phrafes
les unes des autres par les deux points.
Pour ne pas fe tromper fur cet ufage , il ne faut que
confulter le fens du difcours , voir ce qui fcmble ne con-
duire qu'à un but commun , & examiner la ftrudure des
phrafes : Hier ^ y attendis , depuis midi jufqu'a cinq heures y
la perfonne que vous deviei^ m envoyer : je commençois à
m impatienter ^ lorfqu enfin je la vis entrer : je lui fis toutes
les que fiions que nous avions réglées enfemble : mais je n'en
retirai pas , a beaucoup pris , tous les éclaircijfemens que
j'avois ejpérés. U amour efi une pajfton de pur caprice :
il attribue du mérite a l'objet dont on eji touché : il ne
fait pourtant pas aimer le mérite : jamais il ne fe con~
duit par reconnoiffance : toux eJi ches^ lui goût oufenfation :
rien n'y efi lumière ni vertu. Ce dernier exemple, que nous
avons déjà rapporté fous un autre tour & avec une autre
ponduation, prouve que fouvent ces phrafes, entre lef-
quelles on place deux points , ne forment enfemble ,
quant au fens, qu'une vraie période, mais dont les
phrafes partielles font détachées les unes des autrc-s^quant
a l'ordre de conftrudion.
Du Point.
Le point fe place après le mot, vers la partie inférieure
«îc la ligne (.). Il cli: deftiné à diftinguer les phrafes
ou parties du difcours qui forment un fens intégral &:
complet fans le fccours de ce qui peut venir après. Ce
n'cft pas que ce qui précède le point, ne falfe un fcul
tour avec ce qui fuit 5 mais oa n'y voit de liaifon, que par
P O N lij
h convenance de la matière que l'on traite en généinï,
ôc par l'analogie des penfées avec le but que l'on fe pio-
pofe dans les difcours.
Le point marque donc un repos pln^s grand que ceux
qui font indiqués par les lignes de ponâruation que nous
avons confidérés ; il marque aufTi un fens plus achevé^
plus arrondi, & une clôture plus completce de la penfce.
On s'en fert fouvent après les phrafes fimples, hors les
cas que nous avons exceptés j & toujours après les pé-
riodes. Nous n'en donnerons point d'exemples : tou5
ceux que nous avons rapportés jufqu'ici , pouvant eu
iervir pour cet article , puifque tous fînillent par ua
point.
De l'Alinéa.
L'Alinéa conlifte à lai/Ter en blanc ce qui refte de U
ligne , après la phrafe ou il convient de le placer. La
première lettre de la ligne fuivante doit être une lettre
majufcule.
On fe fert de l'alinéa^ quand on a fini ce-que l'on
avoir à dire fur un objet particulier, fur une partie de
fon difcours , Se que l'on veut entrer dans un autre rai-
fonnement, dans un autre faitj quand on veut faire de
nouvelles obfervations détachées des précédentes, quoi-
que deftinées à conduire au même but , quaud on veut
rapporter ou répondre à quelques objedions , ou que
l'on va confîdérer les mêmes chofes fous un autre poinc
de vue.
L'ufage de l'alinéa efl; très arbitraire : il ne faut point
qu'il foit trop fréquent 3 cela donneroit au difcours l'air
d'un ouvrage trop découfu : il ne faut point non plus
qu'il foit trop rare; cela fatigueroit i'efpnt, en ne lui
donnant pas allez de repos d'une certaine étendue. C'eft
au bon goût, & à la connoiiTance des forces de l'efpric
humain j à diriger l'Auteur en ceci, comme en tout le
refte. Nous allons donner un exemple dans lequel on
pourra, d'un coup d'œil, voir toutes les diftindions donc
nous avons parlé jufqu'ici , &: en bienobferver les diiFé*
rences.
Le Mariehal arriva hier matin au camp , las ^ fatigué^
"mais fort à proros : Jur-le-champ , il donna fes orares pour
124 P O N
engager l'aBion 3 quoiqu'il n'eut pas encore toutes fes troupesl
On je battit avec opiniâtreté de part & d'autre jufqu à l'en*
trée de la nuit. Nos Soldats ont fait des prodiges de va-
leur : les Gardes Franfoifes fe font diflingués a l'aile
droite : Picardie a ejfuyé , avec une confiance admirable ,
le feu du canon ; & les Carabiniers fe jont fait jour juf-
qu'au centre des ennemis. La Maifon du Roi a beaucoup
perdu , parcequ'ellc s'efi trouvée ou le combat éioit le plus
chaud. Le f accès de cette journée fait également honneur a
la bravoure du fub alterne ^ ^ a la conduite du Général. Je
ne vous en dirai pas davantage aujourd'hui , fnon que la
Vicioire a été complette. Le Courier prochain vous inftruira
du détail de nos morts , de nos blejfés j 6' de toute notre
perte , ainfi que de celle de nos ennemis.
Je vous prie d'envoyer la copie de cette noiùvelle^ a notre
ami commun , 6" (^'y joindre mille complimens de ma
part.
Du Point interrogant, & du Point d'exclamation,
Refte à parler de deux autres caradïeres de la ponc-
tuation , le point interrogant & celui d'exclamation. On
lent bien qu'ils doivent fe placer, l'un après les phrafes
interrogantcs , & l'autre après celles où il y a exclama-
tion : mais quelquefois il arrive qu'une période a l'une
ou l'autre de ces deux tournures, dans une première phra-
fe partielle, (ans que les fuivantes qui lui font liées, lui
rci'emblent : quelquefois aulli, toutes ces phrafes par-
tielles ont la même forme d'exclamation ou d'interro-
gation.
On demande fi dans le premier cas, le figne de ponc-
tuation doit être renvoyé à la fin de toute la période, ou
placé à la fin de la phrafe partielle à laquelle il con-
vient. Oi\ demande de même dans le fécond cas, \\ ce
ligne doit être répété après chaque partielle , ou s'il doit
être renvoyé après la dernière.
Faut-il pondiucr ainli ? . . . Pouvais -je prévoir tant de
mauvaife foi de votre part ; vu toutes les ajjurances que
vous avie:^ eu foin de me donner de votre droiture i' ou
bien : Pouvois-jc prévoir tant de mauvaife foi de votre
part ? vu toutes les ajfurances que vous avie\prisfoin de me
donner de votre droiture,
que
P O N Jif
Que r homme efi aveugle ^ puifque V expérience même la
flus foavent répétée , parvient fi rarement a V éclairer ! ou
bien : Que r homme ejl aveugle ! puifque l'expérience même
la plus fijuvent répétée ^ parvient fi rarement a l'éclairer^
Quoique l'on voie quelques Auteurs fuivre la dernier^
inéchode , il nous paroîc cependant qu'en général la pre-
mière eft préférable.
Mais il n'en eft pas de même , lorfque chaque phrafè
partielle eft foumife à la même forme : alors on peut
marquer le point d'interrogation ou d'exclamation après
chaque phrafe , ou feulement à la fin de la période 5 pàr^
ceque l'ufage eft partagé là-defTus. On écrira donc éga-
lement . . . Peut-on foutenir que le vice fijit toujours punit
6' que la vertu foit toujours récompenfée ? Que les Sages
Jbnt en petit nombre ! & qu'il eft rare d'en trouver ! oa
bien : Peut-on fe>utenir que le vice fcit toujours puni ^ 6* que
la vertu foit toujours récompenfée 1 Que les Sages font erz
petit nombre y & qu'il eft rare d'en trouver !
Dans le choix , la dernière pratique nous paroîtroit
encore là meilleure; mais il ne faudroit qu'un bien lé^
ger changement, que la conjondion & retranchée , pat
exemple, pour rendre la première pratique néceffaire 8c
feule bonne. Quant à la figure de ces deux derniers
figues , il eft aifé de la diftinguer : le premier eft une
efpece de crochet fous lequel on met un point ( ? ) ! ^^
fécond eft un i renverfé ( ! ),
Du figne Sec,
iSJous dirons ici un mot d'un caradere qui n'appar*^
tient ni à la ponduation , ni à l'alphabet , ni à la pro=»
nonciation, & qui néanmoins eft d'un fort grand ufagej
c'eft &c. , figure compofée de deux lettres unies, faifané
àbbréviation ; l'une 6* repréfentant la conjonélion et y èc
l'autre c indiquant le mot latin cœtera. Ce figne com«
pofé i fignifie qu'on lai fie au Lecteur le foin de fuppléer
tout ce qui manque au difcours ] foit que l'Auteur le
fupprime à deifein , ou qu'il craigne que quelque 'choi^
n'ait échappé à fes recherches.
POUR , eft une des prépofuions fimples : Vôyei Pri-'
Positions.
Tome //> J
,^itf POU
POUR , cfl une des conjondipns tranfîtîves : Voye^
Conjonctions.
POURQUOI , efl un adverbe de motit , de caule :
voyez Adverbe.
POURSUIVRE. Verbe aftif , irrégulier , de la qua-
trième conjugaifon, compofé àzjuivre , fur lequel il fe:
conjugue , & de la prépofition j^oury qui indique ordi--
.nairement un motif de projet. Ainfi pourfuivre quel-
qu'un ou quelque chofe , c'eft fuivre quelqu'un ou quel-^
flue chofe pour l'atteindre & s'en rendre le maure. Il
. pour fuivit fou ennemi avec tant de vîtejfe, qu'il l'eût bien^-
tôt atteint. Je vous prie de dire a M. un tel que y s'il ne
<ne me paie pas dans un mois , je le pourfuivrai enjuftice,.
Ce brave Officiera enfin obtenu la penjïon qu'il pourfuiùi
depuis plus de quatre ans. ^
POURTANT , ell une des conjondions adverfati-^
ves t'voye^ Conjonctions.
POURVOIR. Verbe neutre , adif , irrégulier , délai
troifieme conjugaifon, compofé de voir Se de la prépo-
fition terminale pour ^ ainfi nojumée parcequ'elle indi-
que le terme avec une idée accelloire de motif ou de
projet. Ainfi pourvoir Tignifie voir à quelque chofe j
avoir quelque chofe en vue. L'intérêt doit pourvoir à noi
hefoins , & l'amour a nos plaifirs. Son argent l'apourvi
de la première charge du Royaume. Le Roi^ vous apourvi
d'un emploi que vous mêritei bien ^ c'cft-à-dire , vous r
conféré une charge qu'il avoir en vue pour vous à eau-
fe de votre mérite.
Les grâces dont le beau fixe ejl pourvu doivent adou-
cir les mœurs des hommes ^ & non pas les corrompre.
Un père doitfonger autant a bien infîruire fcs en/ans .
qu'à les bien pourvoir. Elle efi bien pourvue quant a L
fortune , mais très mal quant aux agréments.
On doit f£ pourvoir de bonheur contre Us ennuis & contr
les infirmités de la vieillcjfe.
Si vous ne faites honneur a vos engagemens , je m>
pourvoirai devant le Juge.
Il s' efi pourvu en Cour de Rome , c'eft-à-dire , il ;
eu recours au Pape pour obtenir tel bénéfice.
Ce v(;rbc fe conjugue comme foa ilmple excepte dan
les cems fuivau5.
L,
IP O U 'ity.
Indicatif. Prétérit. Je pourvus , tu pourvus , il ponr^
Vut 5 nous pourvûmes , vous pourvûtes , ils pourvu-
' xenr. Futur. Je pourvoirai , tu pourvoiras , &c. CondU
tionnel préfent. Je pourvoirois. Subjonctif. Imparfait,
: Que je pourvulFe , &c. voye^ Voir.
' ; POURVU QUE , eft une des conjoi^ions condition
' nellcs : voye^ Conjonctions.
■ POUVOIR. Verbe neutre, adif & irrégulier , de Ix
: troifieme conjugaifon ; il figniiîe avoir la force la puiG-
■ innce , la faculté , la poxTibilité. 1/ efi robufle , // pourra»
Coutenir Us fatigues de La guerre. Cet homme efi a ménager-
il peut beaucoup. Je pourrais .vous perdre ^ c'eft- à-dire ^
j'ai la faculté, la puiirance de vous perdre. HiignifieaufK
quelquefois non-feulement la faculté de faire une clio-
fe , mais encore la poifeflion de tout ce qu'il faut pour
ia bieu faire. Je pourrais vous répondre ne veut pas dire
amplement qu'on a la faculté de répondre , mais en--
core qu'on a dcquoi le bien faire, de quoi répondre
plemement. Vous vous expofe^ trop , l'ennemi pourrait
vous furprendre ; û marque ici la poffibilité.
Quand pouvoir eft devant un infinitif, on le inec
quelquefois imperfonnellem.ent : // peut vous arriver
quelqu accident : non pas qu'on ne puiife dire quelqu'ac^
cident peut vous arriver ^ mais il cft des cas oii la première
conftruaion plaît davantage ; il en eft même où tlio^
paroit nécelTaire. Il peut fe faire que vous tombiez ma.
lade. ^
Faites lui demander cette grâce par M. un tel , // peut
tout fur fon efprit. Pouvoir &ft a^tif dans cet exemple //.
n'en peut plus , fignifie il eft foible , il eft abattu. // n'ert
peut mats , fignifie il n'en eft pas caufe.
Indicatif. Préfent. Je puis ou je peux , tu peux il
peut; nous pouvons , vous pouvez , ils peuvent. Impar^
fan. Je pouvois , tu pouvois , il pouvoit ; nous pou^
vions , vous pouviez , ils pouvoient. Prétérit. Je pus
'S ?""/•' '! "^^V' "°^^ pûmes, vous pûtes, ils purent!
frètent indéfini. J'ai pu , &c. Prétérit antérieur. J'eus
pu ^ &c. Prêtent antérieur indéfini. J'ai eu pu , &c PÎuf'
queparfait. J'avois pu , &c. Futur. Je pourrai', tu'pour^
las , il pourra 5 nous pourrons , vous pourrez , ils pour-
ront. Futur pajfé. J'aurai pu , &c. Conditionnel préfent^
îiS POU' P R é
Je pourrois , tu pourrois , il pourroic ; nous poumons J
vous pourriez , ils pourroienr. Conditionnel p a Jfé. J'eufTd
ow j'auroispu , &c. Impératf. Peux , qu'il puiile 5 pou-
vons , pouvez, qu'ils puilfent. Subjonctif. Préfent,
Que je pui/Te , que tu puifTcs -, qu'il puilTe 5 que nous
paidîons , que vous puiflîez , qu'ils puilTent, Imparfait^
Que je puffe , que tu pufles , qu'il pût 5 que nous puf-
lîons , que vous puflîcz , qu'ils puiTenr, Prétérit, Que
j'aie pu , Sec. Plufqueparfait. Que j'eulle pu , Sec, Infi^
niùf préfent. Pouvoir. Prétérit. Avoir pu. Participe pré^
fent. Pouvant. Participe pajfé. Ayant pu. Il n'a point de
participe paffif. Gérondif. En pouvant ou pouvant.
Les tems compofés fe conjuguent comme dans la troi-
jfieme conjugaifon.
PRÉTÉRIT ANTÉRIEUR. Le'pretérit ou pafîé antc'-
tieur s'emploie pour aiTurer qu'une chofe eil: non-feule-
itient palfée quant à préfent , mais qu'elle l'étoit déjà
avant un autre tems indiqué & pafTé : voye^^ Tems des
.VERBES & Conjugaison.
PRÉTÉRIT ouvAssi défini autrement dit AoRisri
C'eft un des tems des verbes. On s'en fert pour aiHr-
lîier qu'une chofe s'eft faite dans un tems entièrement
pafîé , dont il ne refte plus de partie & dans lequel or'
n'eft plus renfermé ; voyei Tems des verbes 6' Con-
jugaison.
PRÉTÉRIT ou Passe indéfini. C'eft un des terni
des verbes. ÏI dcfigne que la chofe eft comme palfét
^bfolument & fans aucune attention au tems , fans au-
cune comparaifon à d'autre chofe : voye:^ Tems deî
verbes 6* Conjugaison.
PRÉTERMISSION. C'eft une figure de Rhétorique
Convenable à la preuve. Elle confifte dans une feinte qu<
l'on fait de palier légèrement fur une chofe que l'or
Veut inculauer avec plus de force.
M. Elechier fait un bel ufage de cette figure danîj
rOraifon Funèbre de M. de Tuiicnnc. 1
35 N'attendez pas , Mclheurs , que j'ouvre ici un(|
33 Scène tragique ; que je rcpréfente ce grand hommcj
33 étendu fur (es propres trophées 5 que je découvre ci
3ï Corps pâle & fanglant auprès duquel fume encore Iî
•« foudrç qui l'a wappé j que je falfc crier foa C^n^
I
Pré 'ti^
fi comme celui ^'Abel , 8ç que j'expofe a vos yeux le?
;? triftes images de la Religion & de la Patrie éploréesîs.
PREDIRE. Verbe adif, irrégulier , de la quatrierne
conjugaifon , compofé de dire & de la prépolîtion pré ^
qui fîgnifie û^^;ze ; ainiî prédire c'eft dire , annoncer
une chofe avant c]u'elle foit arrivée. On fe fcrt de ce
verbe dans toutes les chofes , qui fe connoiffent à I4
faveur de certains lignes , de certaines conjedures 011
combinaifons ou par i'infpiration divine. On fe fert dans
ce même fens du verbe prophétifer , qui en grec lignifie
de njême dire avant ; la fcience des Prophètes étoit de
prédire l'avenir. J
Participes prédifant j, prédit , prédite.
Il fe conjugue comme le verbe dire Ton lîmpîe ; ex-
cepté à la féconde perfonne du pluriel du préfent de l'in-
dicatif adif, où il £âit prédifei : voye:(^ Dire,
PRENDRE. Verbe adif , irrégulier, de la quatrième
conjugaifon. Il lignifie, dans fon fens propre, faifir avec
îa main. Il paroît venir du mot htin prehendere. Il s'em-
ploie en une infinité de façons de parler fur lefquelles
on peut confulter le Didionnaire de l'Académie.
Le participe palTé féminin pri/^ , eft quelquefois fub-
ftantif ôc lignifie proie , capture.
Ses compofés Cont comprendre , reprendre, défapren-
dre : voyei ces mots.
Indicatif. Préfent. Je prends , tu prends , il prend 5
nous prenons , vous prenez , ils prennent. Imparfait. Je
'prenois , &c. Prétérit. Je pris ^ &c. Futur, Je prendrai ,
; &:c. Conditionnel préfent. Jeprendrois , &c. iMPÉRATiFa
Prends , qu'il prenne 5 prenons, &c. Subjonctif. Pré-
fut. Que je prenne, &c. Imparfait. Que je priife , &c.
Les tems compofés font tous réguliers. Participes^
Prenant , pris , prife.
PREPOSITIONS. Dans Pufage de la parole , on
cherche moins à faire connoître fes idées , qu'à marquer
I les rapports que nous appercevons entr'elles, la manière
: dont nous les combinons , les jugemens qui font les ré-
fuitats de nos combinaifons. La vérité ne confifte pas
dan$ les idées 3 tous les hommes ont les mêmes 5 mai?
dans la convenance ou difconvenance qui efl entr'elles:
yoUà le but des rççhercjîçs phiiprophiques, la fource à\^
Jiij
n^h PRE
■faux & du vrai. Le nombre des combiuaifons pofliblesf
entre les idées eft infini 5 chaque combinaifon nouvelle
; produit un ou plulleurs rapports nouveaux : le nombre
ides rapports eft donc infîm. Toutes les règles de conf-
££uâ:ion ne font établies que pour les marquer. La place
-d'un mot à l'égard d'un autre mot décide en François de
leur liaifon S: dépendance mutuelle ; mais quelle confu-
sion, quelle infuffirance dans la langue , fi elle n'avoit
eu que ce moyen de faire connoître les rapports! Les
modes j les tem.ps , les nombres & les perfonnes des
verbes font encore des moyens heureufement inventés
pour le même objet. Que de longueurs évitées par-la!
<]ue de précilion ces inflexions nous apportait ! Les ad-
jedifs abrègent auiîi beaucoup le difcours , en ce que
.prenant une forme correfpondante à celle des noms
<]u'ils accompagnent , on ^onnoît leurs rapports par
cette forme feule , & fans le fecours d'aucune autre ef-
pcce de mots. Mais quelque féconds que foient ces
moyens dilférens, quelque multipliés que foient leurs
fervices , ils n'égalent pas encore le nombre des rapports
^ue l'efprit peut appercevoir entre les idées qu'il com-
.l)ine5 & quand il s'agit d'exprimer ces rapports, la lan-
gue, avec tant de richefles , fe trouveroit encore pauvre
& infufïifante , iî les prépofitions ne venoient à fon fe-
cours.
Mais les prépofitions font le moins parfait de tous
les moyens employés pour peindre les rapports que
nous voyons entre les idées ; ne fut-ce que parcequ'elles
ne peuvent remplir cet objet que par de nouveaux mots ,
elles amènent néceflairement des longueurs. S'il eft vrai
cju'elles donnent aufïi plus de clarté , d'ordre &: de pré-
cifîon,cc n'eft pas un avantage qui leur foit propre 5
c'eft que l'on n'a point tiré des fituations & des inflexions
des mots , tout le profit qu'elles pouvoient faire , qu'on
n'en a point allez décidé &: déterminé l'ufage, qu'on ne
les a point aflcz variées. Qu'on en juge par les verbes^ cer-
taines de leurs terminaifons n'expriment-ellcs pas en un
Teul mot, outre l'aclion particulière qui eft l'objet de
leur fîgnifîcarion , les circonftanccs du temps , du nom-
bre, àc"^ perfonnes , &: même certaines dépendances des
mots précédais î La multiplicité de tous ces rapports
PRE 131-
exprîmés par un même mot avec l'idée principale qui
en eft l'objet , caufc-t-elle le moindre embarras , la
moindre obfcurité ? Non , rien n'eft plus précis , plus
clair , plus fatisfaifanr. Les prépofîtions prouvent donc
la difccce & l'imperfcclion des langues. Elles ne font
deflinées qu'à fuppléer au défaut <Sc à rinfuffifance des
autres moyens de communiquer les rapports 5 elles ne
font que comme un fis aller. Il s'en faut bien du moins
qu'elles les expriment tousj il en eft une infinité qui ne
font point de leur diftrid.
Port -Royal ne paroît pas alTez exaél dans la dé-
finition qu'il en donne 5 elle pêche parcequ'elle eft
trop générale : les prépofîtwp.s ^ dit cette Grammaire ,
cnt été inventées pour marquer les rapports que les chofes
ont les unes aux autres. M. Girard donne dans le même
défaut, quand il dit que les prépofîtions indiquent les rap^
ports déterminatifs dzs mots entreux. La proximité des
mors peut fervir à reftreindre &; particularifer , déve--
lopper & compietter leur lignification 5 c'eft ce qu'il
appelle , déterminer ^ indiquer les rapports déterminatifs ;
d'où il conclut avec raifcnque toute prépofîcion exige
à fa fuite & fous fon régime d'autres mots qui foient le
complément du rapport qu'elle exprime , & qui en
forment le fens entier. La définition du Père Buffier pê-
che par un autre endroit 5 c'eft, dit-il ^ un modificatif
qui n'a un fens complet qu'avec le fccours d'un autre mot
qui en efi; le régime j mais ce modificatif peut fe trou-
ver dans plusieurs adverbes , parceque le mot , fens
complet a une étendue trop grande. Celle de M. le
Batteux nous déplaît en ce qu'elle eft plutôt un faux-
fuyant qu'une définition 5 elle définit une choie par
une autre qui n'eft pas plus claire ^ & qui peur-être
l'eft moins. On convient avec lui , que les prépoftions
font des caractères inventés pour ajouter aux fuhflantifs ^
ou à d'autres mots pris fubftantivement , la manière
de fgnifier qui convient a ladverbe : mais on lui de-
mande quelle eft la manière de lignifier qui convient à
l'adverbe ? voilà le nœud de la diiliculté , & ce qu'une-
bonne définition devoit faire connoîcre.
, laut-il citer ici celles que M, le Blanc, & M. An-
toftini nous oac données î Que veuc dire ce dernief
liY
î5i PRÉ
fjuand il prononce que l'emploi de la prepojition efl dé
çonfidcrer une chofc a l'égard d'une ou deplufieurs autres ?
Il a fans doute voulu dire , défaire confidérer ; car la
prépofîcion ne confîdére point : elle eit l'expreiTion ,
non pas même de la confidtiation , mais du réfultat de
îa confidération. Mais eft-elle le feul ligne de ce rc-
fultat ? Le verbe lui-même ne fait- il pas çonfidcrer le
nom qui eft fon re'gime à l'égard de celui qui en efl le
fubjedif? &lc verbe eft-il une prcpofition ? M. le Blanc
dit que Us prépojîîions font de vrais adjeéiifs : c'eft ,
pour un Grammairien, bien peu fentir la différence des
parties du difcours : eft- il permis de traiter de la Gram^
maire , quand on ne voit pas que l'adjedif diffère de la
prépofîtion, comme un mot qui préfente une idée à l'ef-
prit , diffère de celui qui n'en préfente point ! Il a fans
Joute voulu dire qu'avec leurs complémens les prépoiî-
îions équivalent quelquefois à des adjedifs î mais cela
même leroit faux ^ puifque l'adjedif préfente une idée
comme qualité ^ & que la prépof tion avec fon com.plé-
ment ne la préfènte que comme modification ; ce qui
eft une différence effentielle, en fuppofant d'ailleurs que
l'idée foit la même. Cela eft fî vrai que l'une ne peut
figurer où l'autre convient , & qu'on ne dit point , pa^
rôles avec douceur , comme on dit , paroles douces y ni
traiter doux j comme on dit , traiter avec douceur. Nous
lie parlons pas de M. Reftaut : ici , comme prefque
par tout ailleurs , il copie fans examen & fans dif-
cernement les définitions de Port-Royal , fans s'inquié-
ter fi elles font exades ou défcdueufes.
De tous les Grammairiens , il n'y a que M. du Mar-
iais qui nous paioiiîe avoir donné une idée jufte , claire
&: précifedes prépofîtions : elles fuppléent y dit-il ,' au>i
rapports qu'on ne fauroit marquer par la place & les infé-
odons des mots : elles marquent des rapppons , des cif"
confiances , quç le mot fuivant détermine.
Ce que nous avons dit , que les Langues ne fe fcr-
voient des prépo(itions qu'au défaut d'autres moyens
4'cxprimcr les rapports , nous donne lieu de faire une
remarque , c'eft que leur ufage eft d'autant plus fré-
quent dans une langue , qu'elle a moins d'autres ref-
iburccs. Par cçttç i^siiow Içs patins çmployoiçat les prç^r,
PRE .135
,Jo/îtions plus rarement que nous : leurs ^^j les rendpient
fouvenc inutiles , en fournilTant pour les rapports d'i-
«lées , une exprelîion plus courte, plus commode & plus
fatisfaifante. Dc4à il s'enfuit aufii que l'érude des pré-
pofitions doitf être & plus difficile & plus importante
Sans notre Langue que dans la Latine. Outre tout ce
que les anciens Romains cxprimoient par le fecours de
leurs prépofitions , les nôtres font encore chargées de
fuppléer à leurs déclinaifons , ôc même à plulieurs ad-
jedifs qu'ils avoient fu fe faire , & dont nous fommes
I privés 5 fans parler ici de la fimple appofition de cer-
tains mots , qui fuffifoit chez eux pour marquer entre
ces mots une liaifon particulière que nous n'entendons
. dans notre Langue qu'autant qu'elk eft fixée par certai-
ne prépofîtion : tel étoit leur urbs Roma , que nous ren-
dons par trois mots, ou mêm.e quatre, la ville de Rome,
Quoique les prépofitions foient faites pour être liées
à d'autres mots , elles n'ont dû cependant être fufcep-
tibles d'aucune variation dans leur matériel , parceque
J'idée générale d'un rapport entre deux objets , ne fem-
ble pas plus s'approcher de l'un que de l'autre ; &: qu'en
conlequence il n'y auroit pas eu plus de raifon de faire
accorder la'prépoiition avec le mot qui la précède, qu'a-
vec celui qui la fuit. D'ailleurs de quelle utilité aurcient
pu être les genres &: les nombres dans les prépofitions >
L'idée abilraite de rapport en eft elle fufceptible ? Les
prépofitions ont donc dCi être invariables , quant à leurs
terminaifons 5 & elles le font auiTi dans toutes les laii»
gués : l'ufage ne fait rien d'inutile, ni d'abfurde.
On diftingue , quant au matériel , deux fortes de pré-
pofitions 5 les fimples, & les compofées : mais nous ne
parlerons ici que des premières ; les fécondes ne font que
des expreffions formées par le concours de plufiiiurs
mots qui ont chacun leur lignification , & qui forment,
ainfi que tous les membres compofés des phrafes , ua
fens conforme aux loix félon lefquelles ils font unis. La
plupart ne font qu'une prépofition fim.ple unie à un fub-
flantif 3 aulTi prennent-elles prefque toutes la prépofi-
tion de pour être déterminées par le nom qui les fuir.
\%^i f9imgi;ioa Sç kur régime leuaçni doue dans Cv quQ
134
PRÉ
nous dirons ; & par-là il feroit fuperjfîu d'en traiter ea
particulier. Nous nous contenterons d'en indiquer quel-
<][ues-unes , qui font ; vis-à-vis , à l'égard , à la réferve >
h. côté 3 en préfince , a couvert , a l'abri j a raifon y a
i'infu y au-deça j au-deffus , au-dejfous , au-dedans , au^
dehors j au-devant , au travers ^ a travers , le long y. ^z.
Quelques autres prennent après elles la prépofltion a ,
comme , jufqu'a j jufques a , par rapport a ^ &c. Nous
ne dirons rien de leur emploi : leur lignification le mar-
que alTez. Mais nous avertirons que pour l'ufage, il en
eft quelques - unes qu'il ne faut pas confondre ; &c
que pour remarquer & obferver les petites différences
qui s'y trouvent , il faut aller au grand Maître , à l'u-
fage.
Jî travers ^ au travers ^ femblent la même chofe ;
mais le premier ne prend point de prc'pofition , & le
ferond fe fait immédiatement fuivre par de : à travers
les fenêtres y au travers des fenêtres. Il iemble que l'ufa-
ge permette également de dire , vis-a-vis la porte , vis-
^-vis de la porte : néanmoins l'Académie ne reconnoît
que la dernière façon. Ces deux exemples fuffifent pour
faire fentir l'atrcnrion que demande cette partie de la
conftrudion générale.
Nous comprons trente - trois prépofltions fimple« ,
qui font, a y de 3 en^ che^ ^ dans ^jous^fur^ devant y,
defrice j parmi ^ vers y contre , avant ^ après ^ entre y
depuis y avec , félon y fuivant , par y outre y durant y
•pendant , des , autour , fans y excepté , hors y hormis y
malg'é y nonobftant , envers , touchant , pour. Il eft des
jA'iteurs qui en portent le nombre plus hauc : mais il
nous femble qu'ils rangent parmi les prépofiiions des
mots qui font tout autre cliofe : înoyennantQ^wnàQS
plus douteux : mais ce mot n'cft-il pas un participe pré-
lent du verbe moyenner ; & quand on dit , vous le pou^
ve:^^ moyennant vos amis , n'cft-ce pas une conftrudioa
parriculiere , ufitée pour les participes que l'on place
ibuvcnt dans la phrafe en qualité de circonjîanciel , fans
autre lien que la place même qu'ils occupent ? N'cft-ce
pas comme fi l'on difoic , vous le pouve:^ en vous fer-
mant du, Jecours de vos amis cgmim d'un moyen propre
PRE 15s
a. vous aj/urer le fucccs ? ou vos amis vous fcrvant de
moyen ?
Ceux d'entre les Grammairiens qui par une miférable
routine ont chargé la langue de dcclinaifons ridicules ,
infuififantes & étrangères , croyent avoir tout dit tou-
chant les prépoiîtions , quajid ils ont donné la table des
cas que chacune d'elles régir dans une langue qui n'a
point de cas. Pour peu qu'on y prenne garde , on verra
que c'eft ne nous rien dire fur leur emploi , le point
capital de tout ce qui les concerne. D'autres , plus libres
dans leur façon de penfer , & moins allervis aux préju-
gés de la routine , plus attentifs au fujet qu'ils trai-
toient , & conféquemment plus près de la vérité , ont
fenti qu'il falloit dans une Grammaire détailler la figni-
£cation de chaque prépofltion , & les circonftances oii
l'une étoit préférable à l'autre. M. Girard a porté ce
détail très loin : l'analyfe qu'il a faite fur ce fujet a fait
ouvrir les yeux. Mais comme la matière eft très abstrai-
te , qu'il a fallu par conféquent employer la métaphylî-
que la plus fine & la plus déliée , on en a été effrayé j
& M. du Marfais lui-même , cet homme à qui la méta-
phyfique a tant fervi dans les chefs-d'œuvres qu'il a don-
nés fur la Langue, a prétendu que pour connoître les
divers rapports exprimés par les prépoiîtions , il vaioit
mieux abandonner le Icdeur air difcernement que lui
donnent l'ufage & la connoilfance qu'il a de la Langue ,
que s'enfoncer & entraîner avec foi le lecteur dans le
labyrinthe immenfe & dangereux des idées abftraites ,
ainfi que l'a fait M. Girard, Par exemple , la prépofîcioa
à n'eft point deflinée , félon lui , à marquer par elle-
même un rapport de propriété productive , ou de fervi-
ce 3 o\i déforme^ &c.; quoique ces rapports fe trou-
vent entre les mots qu'elle lie. D'ailleurs les mêmes
rapports font fouvent indiqués par des prépoiîtions dif-
'férentes : il fufHt donc , ajoute-t-il , de marquer la
première & principale delîination d'une prépoflcion , &
d'ajouter quelques exemples de fes variations les plus
ufîtées....
Nous conviendrons avec lui qu'il faudroit pour la
clarté ac la précifioa d'une langue , qu'une mcme prépofî-
n^ PRÉ
tîon ne mar<]uât qu'une forte de rapports^ &quelemêmtf
jrapporc ne lut marqué que par la même prépoiîcion :
nous conviendrons que notre Langue n'ayant pas cet
avantage n;©n plus que les autres , tant anciennes que
modernes , elle efl: par-là fujette à de grandes difficultés,
à bien des obfcurités 5 qu'en un mot c'eft en elle un vice,
«ne fource d'erreurs, une preuve de (bn imperfe<5:ion :
nous ajouterons même que ce reproche eft d'autant
mieux fondé , que non-feulement une même prépofi-
tion eft employée pour des rapports différens , mais
quelquefois pour des rapports oppofés Se contraires ,
comme enti'auties la prépolition de dans ces exemples 5
le Souverain de ces Etats y les Etats de ce Souverain : les
miies de Céfar 6* d' Alexandre ; les vies de Plutarque ,
&c. Mais comme l'objet des Grammairiens n'eft point
de corriger les langues , cette obfervation ne doit ici
que montrer encore plus évidemment combien les dé-
tails, fulTent-ils métaphyfîqucs , font nécelfaires pour
i'endre intelligible tout ce que i'ufage'autorife.
S il ne s'agiiToit pour moi que de\ comprendre un
îiomme qui me parle , peut être que pour faifir le
i'apport indiqué entre deux mots qu'une prépofitioii
uniroit dans fon difcours , il me fuftiiroit de fjvoir
la principale deftination de cette prcpofition , & d'a-
voir vu quelques exemples de fes variations les plus
iifitées : mais je veux répondre à cet homme , &
dans ma penfée je vois un rapport entre deux idées ,
pour lequel je fens bien qu'il me faudra recourir à
quelque prépofition ; feulement je ne fais laquelle choi-
sir : pour me guider dans ce choix , ne faut-il pas
des principes ? Plus la matière foulFre d'exceptions , de
variations ; plus mon embarras doit être grand, &: plus
aulîi les principes me font nécelfaires pour en pouvoir
fortir. Si cette difcuflion paroît trop abftiaite , il fauc
la développer , l'expliquer, l'éclaircir , la rendre fenlî-
ble autant qu'on peut ; mais il ne faut pas la taxer d'être
inutile & vaine. Si malgré des raifons 11 puilfantes , 011
s'obftine à rejetter la métaphyiïque & à s'en tenir aux
exemples ; on aura de quoi fe fatisfaire dans notre ou-
vrage ; rien ii'eft flus f,acile que de jie pas s'embarraf*;
PRÉ t^j
fef des principes y & de s'arrêter fur les phrafes citées
comme exemples. La mctaphyfîque ici fera à l'égard de
ceux qui ne l'aiment ou qui ne l'entendent point , com-
me s'il n'y en avoir pas ; mais il fe trouvera toujours un
grand nombre de lecleurs qui l'entendront , & qui l'ai-
meront peut être , à qui du moins elle fera de la plus
grande utilité dès-lors qu'ils l'entendront.
Nous croyons devoir développer ici une autre peu-
fée de M. du Marfais , quand il dit qu'une prépoii-
tion n'eft point deftinée à marquer par elle - même
un tel rapport particulier , quoiqu'il fe trouve entre
les mots qu'elle lie. Pour bien entendre cette vériré^'
il faut expliquer la phrafe conformément à la défi-
nition que nous avons donnée de la prépofirion d'a-
près le même Auteur : & l'on verra que c'eft com-
me s'il eiit dit , que chaque prépofition ne marque
qu'une efpece plus ou moins générale de rapports 5
que ces rapports , quoique décidés tels par la natu-»
te de leur prépofîtion , ont cependant befoin du mos
fuivant pour être complets , déterminés , fixés , pour ea
faire connoître l'objet & le terme ; que i'efpece générale
<ie rapports défîgnés par telle prépoiicion fe (oudivife
en des branches plus nombreufes & plus étendues que
celle des rapports de telle autre prépoiition 5 que quoi-
que l'une & Tautre expriment bien clairement & par
elles-mêmes cette efpece générale qui eft de leur reifort,
c'eft cependant au refre du difcours à faire connoître les
circonftances différencielles qui les déterminent & les
particularifent dans chaque phrafe 5 que malgré le
principe vrai & néceffaire que chaque prépofîtion mar-i
que par elle-même une telU efpece de rapports , i\ y en a
cependant quelques-unes que l'ufage applique quelque-
fois à des rapports étrangers qui ne paroifîent point
être compris dans la fîgnifîcation générale qu'elles
offrent à i'efprit ; que ce (ont là de ces caprices de lan-
gue qui ne peuvent rien prouver contre les principes ;
& que dans ces occafions extraordinaires , c'cffc au fens
de la phrafe à décider conjointement avec l'ufage dans
quelle acception une prépofirion doit être prife.
Après avoir fait toutes les obfervations générales qui
Ï3« ï> R ê
nous ont pafu néceÏÏaires fur ce fujet , il faut entrelî'
dans les détails , & montrer quels font les rapports que
les prépofitions expriment , Hz quelles font les prépofi-
tions qui fervent à exprimer chaque rapport. Pour cela
nous n'entreprendrons pas une divifion exacte de toutes
les claiTes de rapports qui fe trouvent entre nos idées :
rénumération feroit infinie 5 & nous ne devons parler
que de celles qui fe peuvent communiquer par le moyeu
des prépofitions. Il ne faut pas croire non plus que tel
rapport qui eft marqué par une prépolîtion , ne puilfe
l'être autrement : cela dépend du choix des mots & da
tour de la phrafe. D'autres mots , un tour différent ,
pourront dire les mêmes chofes , & rendre la même
pen fée fans qu'il s'y trouve la même prépofition, ou
même fans qu'il s'y en trouve aucune. Exemples v Nos
fciences font nées de nos befoins y nos befoins ont fait
naître nos fciences. Un tour différent fait difparoître
dans le dernier exemple la prépofîtion de , qui eft
dans te premier. Il parle avec vivacité ; il parle vive^
ment : il a de la pajfion ; il ejl pajfionné. Ici ce font
des mots d'autre efpece qui rendent la prépofition inu-
tile.
Il femble que toutes les efpeces de rapports que les
prépofitions peuvent exprimer en françois , fe réduifent
à fcpt 3 rapports de lieu , d'ordre , d'union , de fépara-
tion , d'oppofîcion , de but , & de fpécifîcation : s'il y en
a encore quelques autres , qui ne paroiiTent pas être
comprifes dans celles-ci , elles ont peu d'é:endue , &:
trouveront à être placées dans le développement.
i". On peut avoir deifein de marquer dans une phvafe
le lieu auquel la chofc ou l'adion dont on parle a rap-
port. Mais cette chofc ou cette aélion peuvent avoir
jtapport à un lieu , de bien des façons différentes. Si l'on
veut moins marquer la place, que hipcrfonne ou les per-
fonnes qui l'habitent , que l'on veuille renfermer dans
ce rapport une idée d'habitation foit de particulier , foit
de citoyen , alors on emploie la prépoiition che^. On
l'emploie feuie , quand le lieu qu'elle indique ell: le ter-
me où l'on va , où l'on paîle , ou bien quand la penféc
ne renferme aucun mouvement relatif à ce lieu -.j'allai
PRÈ i^^
hier chci^ vous J four vous prier de pajfer aujourd'hui ckeT^
moi. Chei^ Us François on fait joindre L'utile a l'agréable.
Si le rapport indique une demeure d'où Ton fort, che:^ fe
fait précéder de la prépofîtion de :je viens de che:^ vous ;
il fort de ckei le Roi.
Quand on ne veut indiquer que le lieu confidéré en
lui-même. Se qu'il eft comme lieu de repos ou com-
nae le terme ou l'on va , on prend dans ^ G. l'on veuc
iléfigner une place intérieure 5c enfermée foit par des
•clôtures , foit par des bornes : il fc tient toujours renfer^
mé dans fa maifon. Il y a dans le Royanme ^ ^fur-tout
'dans Paris beaucoup plus de préjugés anciens ou nouveaux:
qu'on ne penfe. Efi-il pojfible a l'homme de fe perfection^
ner jufqua n'avoir plus d'idées faujfes dans l'efprit , ni
de fentimens condamnables dans le cœur ? Rentre:^ dans
votre chambre.
Dans ce dernier cas ^ c'eft-à-dire , lorfque le lieu eft
confidéré comme le terme oii l'on va , fî le verbe ne dé-
fîgne pas par lui-même une forte de clôture , comme le
font j rentrer i entrer ^ &c. alors on fe fert plus fouvenc
• de la prépofîtion à y les vapeurs lui montent a la tête ^
il veut aller a la ville , a la capitale , a la maifon ^
h l'hôtel , au jardin ; aller au royaume des morts. Ce-
pendant pour le m.ot royaume ^ on r.e fe fert prefque ja-
mais que de la prépofîtion dans : porter la guerre dans U
Hoyaume de Portugal. Quand on cite les Auteurs on
doit employer dans : j'ai lu dans Cicéron que de fort
temps il fe gUffoit dans les difcours des Orateurs une
éloquence énervée ^ compajfée & timide , qu'on appelloic
faujfement éloquence attique : cefl apparemment celle que.
nous retrouvons aujourd'hui dans prefque tous nos Ora-
teurs beaux efprits ^ & qu'on appelle éloquence AcadémÀ^
que. Pour les noms de lieux particuliers , comme Villes
& Villages , on fe fert de a : il demeure a Lyon , a.
Montm.orenci : il va a Rome ^ à Naples, Mais fi ccû un
nom de pays , on prendra dans ou en, félon que ce
nom fera employé individuellement ou non. Il faut être
en France pour trouver des fociétés aimables y il faut
.aller en Angleterre pour voir des citoyens. L'on a moins
d'agrémeas en province qu'à la capitale. En Bourgogne les
140 PRÉ
<vms font plus chauds & plus moelleux qu'en ChampagnK
Dans les provinces les ejprits Jont moins cultivés ^ & les
mœurs moins corrompues. L'inquifuion produit la fuper^
fàtion dans l'Efpagne . 6" Ihypocrifie dans le Portugal.
En général ^ la prépofition en n'eli jamais fuivie de
l'article , fi ce n'eft peut-être dans quelques phrafes qui
ont befoin d'un ufage bien conftaté pour êtie admifes ,
comme , aller en l'autre monde ; en la manière accoutu^
ruée. Devant les pronoms qui n'ont point l'article , on
prend en plutôt que dans :jejens en moi-même un trou-
61e fecret. . . On ne dit jamais , penfer dans Joi même ,
mais , penfer en foi -même. On peut fentir la différence
c[ui fe trouve dans ces trois phrafes qui font également
d' ufage , // a de grands projets en tête ; il a de grands pro-»
jets dans la tête j il a de grands projets a la tête : dans la
dernière la tête eft confîdéréeprccilément comme leliea
où font les projets : dans la féconde, il y a de plus une
idée de clôture j on y montre les projets comme dans un
Jicu fermé : & dans la première ce lieu n'y eft préfenté
C|uefous un jour général, indéterminé, & non individuel-.
Icment. Aufïî , comme nous l'avons déjà dit , le fub-
iiantif qui fuit la prépofition en n'eft-il jamais accom-
pagné d'article ni d'adjedif 1 il eft toujours pris alors
dans un fens abfolu. C'eft par cette raifon qu'on con-
damne ce vers de Racim dans la Tragédie d'Ejïher:
On va donner en fpetSlacIc funefle.
De fon corps tout fangbnt le mifcrable refte.
33 Donner en fpcêîacle funejîe eft un barbarifine, ait
M dit M. l'Abbé d'Olivet, Pourquoi adoucir les termes /
33 comme fi deux ou trois brins de mauvaife herbe g?.-
33 toient un parterre émaillé des plus belles fleurs : voy y
33 Article.
Lorfqu'on pailc du lieu d'où l'on vient , d'où l'en
fort , on emploie toujours la piépofition de ; il fort de
Paris , de la France y du Royaume , de la maifon , de l.i
province y &c : i\ l'on fe fépare de quelqu'un avec qui
l'on étoit, on prend à' avec ; je Jors d'avec lui : fi l'on
ctoit chez lui » on dit , je fors de che^ lui : fi l'on étoi:
près de lui , on prend d'auprès j je yiens d'auprès de lui.
P R Ê 141
Ç'it s'agit du lieu par lequel on paiTe , on<e Ccvt ordinai^
fement de la prépofition par : vous pajferei par la
Champagne i par l^lancy , par LunévilU :, &c. Combien
d'idées folles vous paffent par l'efprit , parla tète ! Quel-
quefois avant les noms de pays on employé en : pajfer en
Allemagne pour aller en Turquie ; Se à devant les noms
de lieu : pajfer à L-yon pour aller a Rome,
Quand on ne parie d'un lieu, relativement à quelque
iobjet, que pour marquer la iituation de cet objet par
rapport à ce lieu , on fc fert de la prépofîtion Jur ou
fous , félon que l'objet cft plus ou moins élevé que le
lieu qu'on indique. La mort va prendre fes vicîimes fur-
ie trône , comme fous le chaume. L'orage fe forme fur la
tête des méchants fans qu'ils s'en apperfoivent. Souvent à
la place du nom Je lieu , on met le nom de la cbofe qui
J'occupe. Le peuple croit que les Antipodes font fous nous^
c'ert-à-dire , fous la partie du monde que nous habitons i
mais tout le monde eft fur la terre. On donne fouvent la
iituation d'une chofe par rapport à une autre chofe ,
plutôt que par rapport à un lieu \ comme ^ fur le trône ,
fous le dais. Si l'un des deux objets eft antérieur ou pof-^
cérieur à l'autre , oa met devant , ou derrière. Il étoic
devant la maifon j je l'ai caché derrière la porte.
Si le premier objet n'eft qu'à une certaine proximité
du fécond , on employé vers ; il allait vers la rivière,
Quelqu' ardeur qu'on ait pour un ouvrage , s'il ejl un peu
long y il languit toujours vers la fin.
Si l'on veut indiquer une foule , une multitude d'ob-
jets environnant cp.lui dont on parle , on fe fert àc par-
mi : parmi les peuples les plus fauvages on trouve plus de
vertus 6* moins d'inhumanité ^ que parmi les nations po-^
licées.
Mais fi la chofe dont on parle en environne d'autres ,
on met autour^ qui demande après lui la prépofition de y
la chicane rode fans cefife autour de Thémis j l'envie au-
tour de la profpérité , la calomnie autour de la vertu , l'er-"
reur autour de l'efprit de l'homme , 6* l'injufiice autour de
jun cœur : quels ravages ces monfires ne font-ils pas ,
quandune fois ils peuvent pénétrer î
On ne confondra pas fans doute les prcpofitions de^
r.ant^ derrière avec les fubftanti/s, U devant ^ le derrière ;
Tome IL K
I4i PRE
loger fur le derrière de la mai fort ; prendre les devant s%
Paraître devant la ville j fe cacher derrière un bois : ces
exemples en font fentir toute la différence. Quand ôii
veut marquer une chofe contre JaqueJlc une autre eft
comme appuyée , on prend contre. Je l'ai vu contre un
arbre. Il loge contre l'Eglife. On doute c]ue l'ufage con-
ferve cette façon de parler : auprès de va»it mieux.
1*^. Si le rapport que l'on veut marquer entre deux
ou plulîeurs objets . eftun rapport d'ordre & de difpofi-
tion foit à l'égard du temps , foit à l'égard de la pri-
mauté du rang , ou de l'honneur du pas , on fe fert de
avant , pour marquer l'ordre antérieur, après pour le
poftérieur , entre pour l'intermédiaire, depuis pour in-
diquer l'ordre fucceflif du temps ou de diftance, a pour
l'ordre de la marche j dans pour fixer le temps au bout
duquel la chofe fe fera , fous en terme de Palais , pour
£xer le temps pendant lequel la chofe doit fe faire 5
comme , il faut entendre avant que de juger. C'ejl un fri"
•vole avantage que de p a (fer avant f es concitoyens. Je fuis
venu avant vous. La priorité de tems qui eft exprimée par
ce dernier exemple, s'exprime encore plus fouvent par
plutôt que ; je fuis arrivé plutôt que vous. Que fere[-vous
après cet ouvrage , après cet Automne ? Qui eji celui qui
vient après vous ? Que perdez-vous en ne marchant qu'a-
près les autres ? Notre vie efi un injîant placé entre la naif
fance & la mort. Les hommes flottent fans ceffe entre
l'efpérance & la crainte. Qu'il efi trifie pour un homme
qui ne met aucune différence entre le vice & la vertu , dê^
tre ajfujetti a des loix ! Depuis le temps que vous pro-
mettei de vous rendre enfin a vous-même ^ qu'avei-vous
fait que de vous en éloigner encore davantage ? Il foudre
depuis fix mois. Son difcours n'efl qu'un îififu de paradoxes
depuis un bout jufqua l'autre. Depuis quelque-temps on
penfe que ne rien approfondir , 6' tout fronder , c'efi penjcr
d' âpre s foi-même & être Phi lofophe. On les voyoit avan^
cer deux a deux , a fur & à mefure qu'ils fortoicnt. Je les
fuivis long temps pas a pas. Dans un mois vous Jcrc:^
fatisfait. Dans un an vous pajfcrei par bien des ép'cu-
ves. Revene:^ me voir dans huit jours. Ordre de compu-
roi tre fous huitaine. S'il ne pre fente fous un mois JlS
moyens de défenfe. Il s'engage d' acquitter fa promefifc Jous.
PRÉ 145
troîs femaints. Quelques-unes de ces prepofîtions font
fjuelcjucfois fujetces à des amphibologies, comme lor{^
qu'on dît ,je vous ai vu avant lui : veut-on dire , avant
Qu'il ne vous ait vu , ou avant que je ne l'aie vu ? Si la
îliite du difcours & les circonftances ne fixent pas alTez
lapenfce, il faut alors s'exprimer autrement.
3'\ La troifieme cfpece àcs rapports qui peuvent s'ex-
primer par des prépoiitions , renferme les rapports d'u-.
nion , c'efl-à-dire , ceux qui marquent entre les idées
une certaine proximité , ceux qui déclarent que les ob-
fecs de ces idées font unis encr'eux , & rapprochés l'ua
'iv: l'autre. Si cette union fe trouve faite à titre d'accom-
pagnement, d'inftrument , d'alfociation , ou de mêlan-
g'^ ; elle s'exprime par la prépofition avec : marcher avec
une nomhreufe armée. Faire un voyage avec un ami ; lar-^
rnée ^ l'ami ne font qu'accompagner celui qui marche
& celui qui fait un voyage. Manger le fonds avec le re^
venu. Prendre fon cafque avec fon épée. Séduire la mère
avec la fille , &c. Dans toutes ces phrafes le fens faic
afiez connoître que le complément de la prépofîtion n'a
d'union avec les noms prccédens que par forme d'ac-
compagnement. Se blejfer avec fes propres armes. Le fol-
dut défend la patrie avec fon épée 5 l'homme de lettres l'é-
tlaire avec fa plume. Avec de grands biens on fe procure
tous les mérites pojfibles excepté le feul vrai , le mérite
perfonnel ; avec celui-ci on a bien de la peine a fe faire
une fortune médiocre. Dans ces exemples , on voit que
les armes , Vépée ^ la plume font les inftrumens avec lef^
quels on feblelTe, on défend la patrie, on l'éclairé,
&c \ & que c'ell: à raifon de cette idée d'inftrument qu'ils
font unis par la prépofîtion aux verbes blefTer , défen-
dre, éclairer, Sec. Le rapport d'inftrument s'exprime par
h. dans certaines occafîons proverbiales , comme , déchi-
rer a belles dents ^ &c. Dans les exemples fuivans on ne
peut méconnoître l'idée d'affociacion entre le complé-
ment d'm-ec & le nom qui précède. Souvent nous rifquons
moins de la part de nos ennemis^ que desperfonnes avec qui
nous fommes liés. Vous vous livre^ trop aux perfonnes
avec qui vous ave^ affaire. Cette dernière forte de rap-
port fe marque fouvcnt aufli par la prépofîtion a : Ui
hommes a qui nous fommes unis parlefang, ne font pat
K.j
Î44 PRÉ I
toujours nos meilleurs amis. Je fuis attaché â votre frère
'plus qu'a tout autre. Tous ces complcmens de rapports
marquent l'objet avec lequel il y a alfociation : mais iî
1*011 vouloic marquer le motif, le lieu, la fource de
cette union , on le ferviroir de la prépofition/'ûr ;yg
'VOUS fuis attaché par l'efiime & l'amitié autant que par
le fang & la reconnoijfance. Enfin les phrafes fuivantes
montrent dans la prépofition & Ton complément , le
rapport d'union par forme de mélange : confondre le vice
Avec la vertu , 6* prétendre au titre ae Philofophe j ceft
confondre la raifon avec la folie. C'eji un proverbe plus
vrai encore dans le moral que dans le phyfique ^ qu'il faut
mêler de l'eau avec fon vin. Cette idée de mélange s'ex-
prime aufll dans certaines conOrudions par la prépofi-
tion de : nos ptaifrs font mêlés de peines réelles. Les ob-
jets entre lefquels il y a union par accompagnement,
par afTociation & par mélange , ne prennent pas tou-
jours une prépofition entr'eux : quelquefois il fuific
qu'ils foient unis par la conjondion Ù : comme , ils
font ruinés j eux & leurs corre (pondants. Nous avons r/-
concilié le père 6' le fils. Dieu femble avoir mêlé les
biens & les maux j comme il a mêlé les bcns & les mé-
chants.
Si le rapport d'union renferme une idée de conve-
nance ou de conformité, on l'exprime par yî^/v<3«r,
quand la conformité paroît importante , plus décidée ,
& qu'elle concerne la pratique : tout le monde convient
qu'il ejl utile de fe conduire fuivant les maximes de l'E-
vangile : pourquoi donc chercher a les détruire ? Eft-on
toujours traité fuivant fon mérite. S'il ne s'agit que d'une
convenance d'opinion, ou de difcufTion , on emploie
félon : je parle félon mes principes : je réponds félon les \
objefhons. Mais le plus fouvcnt on les emploie indiffi
remment : Il faut f comporter fuivant , ow félon les cir-
confiances.
Si le complément de la prépofition exprime une cho
fe par laquelle on pafTe , ou qui ferve de moyen , 01
qu'on aLiefte , dont on veuille s'aurorifer , ou fclon la
quelle on fafTe quelque partaç^e , quelque répartition
il faut prendre la prépofition par pour rendre cette forte
d'union j comme i*"* Les âmes vertueufes pajfent par da
PRE 145
épreuves rades ^fréquentes. Nous voyons avec douleur
que par-tout on parvient plutôt par le crime & la bajfejfe ,
que par ce qui peut rendre un homme efiimable. z°. Sou-
vent une perfonne nous déplaît par la qualité même par la-
quelle un autre nous a plu. 5 °. Jurer Jans nécejfité par tout
ce qu'il y a de plus f acre , efi le moyen le plus fur de perdre
toute croyance. Si je vous condamne y je le fais par de
bonnes raifons. On met quelquefois de avant par , com-
me , de par le Roi. 4*". Partager par moitié j par tiers ,
par quarts. Dépenfer plus par jour que l'on n'a a dépenfer
par mois.
Si le complément de la prépofition eft une cliofe
ajoutée à d'autres, précédemn-.ent ou poftéricuremenc
exprimées , calculées, appréciées ; que celle-ci leurfoit
unie en forme d'addition ^ ou d'exception ; on doit em-
ployer la prépofition outre : pour réujfir , il faut outre le
mérite Ù la condut e,fe t ouverdans les circonfiances heu-
reufes. Il y a eu fix mille hommes de tués , outre les Offi-
ciers. Outre fes maux pe-fonnels , l homme a encore a
fouffrir de ceux des autres. Outre cela , vous fave^ qu'it
efi puiffant , 6' quil ne vous aime pas.
Quand le rapport d'union a pour idée acceflbire le
temps ; qu'on veut rapprocher une aâ:ion d'un certain
temps ; on prend durant , s'il s'agit d'exprimer combien
cette aâ:ion a duré j Se pendant fi l'on ne veut marquer
que l'époque de cette adion , fans prétendre lui adapter
toute l'étendue du temps dont on parle. // a fouffert
dwant toute fa vie. L'armée a été cantonnée durant toute
la campagne. C efi pendant la jeunejfe qu'il faut po fer les
fondemens d'une vie honorable & heureufe. Pendant U
temps de votre abfence on vous a deffervi. Au lieu de
jeTza'tzni on employé fouvent en , ou dans : je l' ai fini
dans trois jours. Cela fe paffa en ij6o. En fix femaines
de temps il acheva ce bel ouvrage. On recueille en été & en
automne , pour jouir en hiver. Avec de la bonne volonté
ts du courage , on fait plus dans un jour , qu'un homm.c
lâche & découragé ne peut faire dans un mois. A la mê-
me ^réi^oCidon pendant , on fubftitue aufli quelquefois la
prépofition de : il faut travailler de jour ^ 6" repofer de
nuit. Il efi parti de bon matin. On ne s'en fert qu'avant
CCS mots joar ^ nuit ^ matin ; on dit bien , il efi né de
Kiij
t4<f PRÉ
P année dernière , mais ce de fignific depuis. L'époque
s'exprime aulfi par îa prépofîtion a , fur-tout quand elie
. confîfte dans une heute piécife : nous l avons quitté a
midi. Revenei k cinq heures. Quand on veut marquer
l'inftant qui fcrt d'cpoquc au commencement d'une
chofc , on emploie quelquefois des que nous avons ou-
blié de compter parmi les prépofitions ; // partit des le
grand matin. Des fon début je vis bien ou il voulait en ve-
nir. Il faut s'y prendre des t enfance , pour former certains
caraderes. Il travaille dès l'aube du jour. Il tomba malade
des la première journée y Sec. Si l'on ne veut indiquer qu'à
peu-près le moment qu'on exprime , on fe fcrt àz Jur :
je viendrai vous joindre fur les deux heures. Il reçut cette
nouvelle fur le point de partir. Quelquefois quand il s'a-
git d'une femaine , d'un mois , d'une année , on ne met
point de prépofition \ je travaillerai la femaine prochaine.
Je voulais le faire V année dernière. Quave^-vous fait ce
mois ci ? Malgré la différence que nous avons marquée
entre durant & pendant , on prend fouvent l'un pour
l'autre , Se l'ufage femble l'autorifer. Au relie toutes ces
variations ne font pas toujours arbitraires : il y a des
nuances fines & délicates , mais réelles entre la lignifi-
cation de chacune de ces prépofitions : il feroit trop
long de les vouloir rçndre fenfibles autrement que par
les exemples que nous avons donnés : d'ailleurs trop do
difcufîîons embrouiileroient peut-être la matière.
Si le rapport d'union efl: caradérifé par imitation ,
on l'exprime par la prépofition après précédée de la
prépofition de. La différence qu'il y a entre l'Originale" le
iPhilofaphe j c'ejl que le premier nepenfe d'après foi-mcme
que pour ne pas penfer comme les autres , tandis que le
Philofophe penfe fouvent comme les autres (ans penfer
d'après eux. Pour/è perfeâionner dans un art , il efl ejfen^
tiel de travailler d' après les grands Maîtres. Je parle d'à-
près un homme bieninftruit. Quelquefois on y fait fcrvir
la prépofition yî^r; il travaille fur le deffein que vous lui
^ve:^ tracé. Il rai fonne fur vos principes.
Si l'union cft caradérifcc par le motif, par la caufo
déterminante , on la rend par les prépofitions , fur , a. ^
•par. Sur fa réponfc f ai vu fon cœur. Je ne le juge que Jur
/fif difçours. Qui ne le reconnaîtrait a fa phyfîonamie ? A
P R Ê 14^
f;,n air je m'y ferais trompé. Je lui pardonne a votre con-
Cuiération. Far égard , par conjidération pour vous , je
yeux bien tout oublier. Je vo'l en crois fur votre parole. Je
fuis venu fur les bruits qu on f ai/oit courir. Les loix dc^
vroient défendre l'ingratitude fur peine de la vie. Ce der-
nier exemple donne une alternative qui fert également
de motif pour obfcrver les loix. On dit aulîî dans le mê-
me fens , fous peine de mort j de confifcation de tous fes
viens y Sec. Le rapport d'union peut avoir pour objet la
caufe efficiente , celle qui a produit la cîiofe dont on
parle j alors il s'exprime par la prépofîtion par : ce plan
a été drejfé par un habile Architeàe ; & quelquefois par la
prépofîtion de : ce tableau eft de le Brun. Voila le chef-^
d' œuvre de Cicéron , le triomphe de l'éloquence.
4<?. Les rapports qui marquent la féparation, doivent
être rendus par la prépolîtiony^^nj y fi l'on ne veut faire
entendre qu'une non-concomitance , ou une fimple pri^
vation ; par excepté , fi la féparation a pour caufe uii
défaut de conformité à ce qui eft général ou ordinaire j
par hors jfi cette féparation renferme l'idée d'une exclu-
sion formelle j & par hormis , {î cette exclufion regarde
des perfonnes. Ce n'efl pas néanmoins que l'avant-der-
ciere ne ferve auflî pour le même objet. Oii trouver des
rofes fans épines ? Une femme peut plaire fans beauté ^
vzais elle n'y réujfîra point fins agrémens. Les grands rou--.
gir oient de fe montrer fans une nombre ufe fuite , mais ils
ne rougijfent plusgueres defe montrer fans vertus. J'ai fait
toutes vos commijjtons y .excepté la moins importante.
Toute l'Europe étoit tn guerre y excepté les petites PuiJ^
Jances. Tous furent du même avis , excepté les trois dont
je vous parle. Mahomet permet tout y hors le vin. Toutes
ces nouvelles font favorables y hors la dernière. Je fuis prêt
a vous tout facri fer ^ hors mon devoir^ mon hormeur. Je
n'ai plus d'amis hormis vous. Hormis votre père ^ il n'en eji
point fur qui je com.pte. Hormis t aimable Climene y tout
■mejl indifféi-ent. Quand cette féparation s'exprime par
iin verbe de mouvement y ou analogue aux verbes de
jnouvement , on emploie la prépofîtion de, foit feule ,
^oit jointe à quelqu'autre prépofîtion , félon les circonf?
tances : il faut yçus détaçlurdc lui. Il efi dur y maisfçn^
14^ PRÉ
vent néceffdîre defeféparer d'avec ce que F on aime. Il faut
bien difiingucr la raifon j de l'efprit.
5 ^. Les rapports d'oppofition s'expriment par comre ^
quand il s'agit d'une contrariété formelle foit en fai
d'opinions , foit en fait de conduite; par malgré ^ quand
on a en vue une réfîftance fans effet ., mais pourtant
foutenue par voie de fait ou autrement ; par nonobfiant,
quand on ne parle que d'une oppofîtion légère ,&: à la-
quelle on n'a point d'égard : Parler contre la vérité ^ agir
contre fa confcience , voila le fruit de toutes les pajjlons.
Si le politique ne doit point parler contre les opinions com-
munes , /'/ ne doit pas non plus les accréditer ^ quand il les
croit faujfes. EJi-il des loix purement pénales contre lef-
quelles on puijfe agir fans péché ? Dans la vie il faut fe
roidir contre les ohflacles, L es méckans font toujours prêts
a faire parti contre la vertu. Malgré tous les efforts de
l'art y il vient de fuccomber. Malgré tout le ^^èle de vos
amis y vous êtes perdu. V homme habile & courageux fit
toujours fe foutenir malgré les trames de l'envie. Je n'ai
pu le rejoindre malgré toute la diligence que j'ai faite.
Nous fommes enccre bien loin delà vérité ^ malgré toutes
les recherches des Philofophes. L'homme eft fouvent bien
petit y malgré tout l'orgueil dont il fe pare. On voit trop-
fouvent l'ujurpateur jouir tranquillement dufruitdefesin-
jufiices y nonobjïant la réclamation & les protcftaiions de
ceux quife voient fe s vicîimes. Nonobjïant vos difficultés^
je fuivrai mon projet. Je m.e rends , nonobjïant la répu-^
gnance que j'éprouvois d'abord. Je jure qu'elle lépoufera
nonobjïant fe s larmes ^ fes prières.
.6°. Les rapports de la iixieme claffe font ceux qui
déterminent le complément de la prépoficion à être le
îermc auqjieî tend ou duquel part la cliofeavçc laquelle
ce complément cil: lié par la picpoluion. S\ ce complé-
ment ne préfente que des perfonncs , & qu'il ne s'agif.
fe que de la manière d'agir entr'clles , il faut prendre la
prépofition envers : il faut être quelquefois févcre envers
foi-même y 6' toujours humain envers tout le monde. Il eji
itas il un hom.me d'en ufer mal envers une femme , quand
-nême elle auroit tort d'ailleurs envers lui : voye:i^ la. pré-
^oiiùon Y^s-A-Vis : quelquefois envers fç rcipf iacc ^j^k^
PRE r4c,
à l'égard de : il en agit mal a l'égard de tout le monde.
Il eji infolent a l égard de fort père _, 6' ingrat a l'égard
de Jes maîtres. S'il ne s'asjic dans le complément que
d'exprimer le but d'un diicours , le fujct dont on
parle , fur lequel on délibère , on fe fert de touchant.
Les matières les plus embrouillées font ordinairement celles
touchant le/quelles on a le plus écrit. Il a fait une longue
dijjertution touchant les avantages & les mauvaifes fuites
du luxe : on fe fert aufli de la prépolition fur : faire un
ouvrage fur les infectes & s'étendre beaucoup fur les Chry-
falides. Ecrire fur les gouvernemens de l'Europe : quel-
oiicfois on prend la prépoiition de y parler de l'agri^
y:ulture. Si le complément renferme quelque idée de
:notif, de projet, de prix , ou d'attribution, on em-
ployé la prépolition ;;oz^r. Tout citoyen doit être dijpofé a
je facrifier pour le bien public ; ce n'eft qua ce prix- ta.
quon acquiert un droit légitime aux avantages de la focié^
té. C'eji être bien mauvais Philofophe que de ne pas faire
pour des hommes qui le méritent les mêmes démarches que
l'on fait tous les jours pour des gens qu'on méprife. Ne
travailler que pour le plaifr , n'eft un mal qu" autant qu'on,
ignore en quoi conffle le véritable. Quelquefois ceux qui ne
fe mêlent de nos affaires que pour nous fervir , font ceux
qui nous font le plus de tort. Le Littérateur honnête-hom-
me ne doit chercher a plaire que pour injlruire & corriger.
M ne demande a venir que pour vous voir. On donneroit
cette maifon pour vingt mille francs, l'ai eu ces quatre vo-
lumes pour une pi foie. Rendre le bien pour le mal. Il dé-
bite toute la journée des penfées fauffes ou ha-a^ardées qu'il
donne pour de la philo fophie. Il pajfe pour le plus habile
homme de fonfecle. Il nous donne cet ouvrage pour un
livre merveilleux.
S'il s'agit de la chofe ou de la perfonne , vers la-»
quelle on fe tourne , on avance j on prend vers. Tour-
ne^^le vers moi. Il regarde vers le Nord. Il avance vers
nous. h\:ini le complément qui exprime le terme auquel
tend la chofe dont on parle, on fe fert le plus fouvent
de la prépofîtion a : Réduire un homme a la dernière ex^^
zrêmité. Se livrer à fes pafftons. Se confacrer au bien pu^
hlic. Songer a fes intérêts. Je puis en parler de vous k
moi. Us boivent a votre famé. Se préparer a partir. Ré*
150 PRÉ
Jlfter aux tentations. Succomber a l'envie de médire. Il y a
dans la langue un nombre infini de verbes après IcC-
^uels cette prépofition a lieu dans ce Cens , comme la
prépofition de avant Jcs complémens qui expriment le
terme d'où l'on efl: parti; Toit dans un fens phyfique ,
ainfi que nous en avons donné des exemples en parlant
des rapports de lieu ; foit dans un fens moral & analo-
gue , comme ; il rieft qu'un pas du mal au bien. S'écar^
ter du finticr de la vertu. Revenir des égarements de fa
^eunejfe. Il eil quelques verbes & fur-tout le verbe cou^
rir 3 dont le terme fe fait précéder de la prépofition
après y quand il marque une chofe aufii difficile à obte-
nir que Ç\ elle fuyoit devant nous ; comme , courir après
les honneurs ^ les plaijirs , le repos ^ la fanté , &c. On
dit aulli t travailler après un grand ouvrage. Nous fom-'
mes après des recherches longues & ennuyeufes.
-j^. Les rapports que nous renfermons dans la fcptie-
ine Claffe, ne font pas trop bien d-éfignés par le mot de
Spécification -y vu que tout rapport particularifant une idée,
■en diftingue l'objet d'avec les autres qui lui font fem-
i>Iables , en fait comme une efpèce à part & marquée
nu coin de ce même rapport j en un mot la fpécifie, en
iui donnant un attribut , un caractère particulier. Ce-
pendant nous avons choifi ce moyen de défigner les
rapports que nous avons encore à parcourir, foit parce-
cjue la qualité de fpécifier y eft plus fcnfîble que toute
autre , foit parccqu'clle ne domine pas dans ceux que
nous avons vus , comme dans ceux que nous appelions
fpécifiques ; &: que pour ces deux raifons , ce nom peur
ifuffire pour diftinguer les uns des autres. D'ailleurs iL
auroit fallu donner un grand nombre de clafies parti-
culières , fi nous n'avions pas voulu nous en tenir à
cette dénomination ; ce qui eût été un défaut de métho-
de plus grand que celui qu'on pourra nous reprocher.
Enfin dans les difi^éreutcs manières de fpécifier , on re-
trouvera les caraclercs les plus précis des rapports dont il
«'agit ; & l'on pourra , d l'on veut, ne les dilHnguer que
par-là.
Si l'on veut fpécifier un nom commun ou générique par
îe nom propre de la cliofe que l'on a en penfée & donc
©ji veut parler, on unie cçs deux noms pat la prépofitioa
PRE 151
di: : par exemple , je veux parler de Rome : la première
idée qui Ce préfentc , c'cft que c'eft une vil/e , & je dis ia
•Tr7/e;maisjcm'apperçoisquec'eft-làun nom qui convient
il beaucoup d'autres objets que celui que j'ai en vue : il
faut donc le reftreindre , le particularifcr , & comme je
fais que cette ville particulière dont je veux parler , a
■ pour nom individuel , Rome ^ je joins ce dernier à l'au-
tre j en interpofant la prépofition : la ville de Rome.
De même on dit , Duché de Lorraine, Comté de Cham-
fi-igne , Archevêché de Tours , Principauté de Dombcs ,
Fioyaume de France , Empire de la Chine j Château de
P'erfailles, Ville de Lyon , Fort de Kel j Province d'AU
face j République de Gênes , Rivière de Seine j Fleuve du
Rône, moulin de Javelle y rue de Condé^^ Sec, Il y a néan-«
moins quelques exceptions que l'uTage apprendra : par
exemple , on ne dit pas le Fort dcj^ouis , mais le Fort^
Louis : entre les noms communs & les noms propres des
perfonnes on ne met point la prépofition, (i le dernier
n'eftun nom de terrej ainfi l'on dit, M.'BerTiard, Mada^
me André 3 le Valet Crifpin^ le Marchand Pruàhomme^ la
Jardinière Javotte , Sic. Quand le complément de la pré-^
poiition marque la patrie ou l'habitation d'une perfon^
j lie , le pays ou le lieu où l'on trouve la chofe dont on
parle , on prend alors la prépoiîtion de : Citoyen de
Genève , Marchand de Venife , bourgeois de Paris , fille^
I fie Village , femme de Province , habitant de Choifi ,
I payfan de Picardie y renard de Pologne , loup du Canada ,
! cheval d'Afrique y plante des Indes , Sec. Il faut en dire
I autant, quand le complément marque le lieu 011 le £a-
j brique , fe fait , fe produit la chofe dont en parle :
I vins de Bourgogne & de Champagne , chapons de Brejje ^
I hydromel de Met^ , liqueurs de Lorraine , confitures de
-, Bar- le -Duc y velours' de Gênes , monnaie d'AllewMgne ^
étoffe de Lyon y pain de Goncjfe , &c. De même encore ,
s'il s'agit du lieu oii la chofe dontil eft queftion fe trou-
ve placée ; le bataillon de la tête , les Régimens de
t arrière- garde , l'infanterie du centre, y l'artillerie de l'aile
gauche y les troupes légères de l'avant-garde , Ville de
Suijfe , Principauté d'Allemagne y Bourg de Flandre ,
Province de Hollande y Royaume d' Afie y République
(l'Europe , Uniyerjîté de Paris , Parlement 4' Angleterre ,
i^i P R É
Sec. Quelquefois auflî on emploie la prépofition en , &
fccr-iiouc après un nom propre qui conviert à pluficurs
Villes (iedifFérens pays , comme , Fribourg en Suijfe ,
Wnbourg en Brijgcw j Vienne en Autriche ^ Vienne en
'Daujhiné , &c.
Le nom du lieu, du pays, ou de la nation qui détermi-
nent un titre à fa jufte valeur , s'unit à ce nom par la
même p''époiition. Empereur d' Allemagne , Rci de Por-
tugal , Intendant d' Al face y Gouverneur de Befançon ,
Comte de Lyon , Echevin de Paris , Prince de Salerne ,
Doge de Veaife , Roi des Romains y Electeur de Saxe ,
Hvêque de Strashowg , Seigneur d'Arconville ^ Comte
de Provence , Duc de Bourgogne , Dauphin de Fran^
ce , &c.
Lo-r|v^e le complément exprime la fîtuation de la
chofe don^ le nom précède la prépofition , on prend la
prépon-toi» à fi ie complément paroît être une chofc fé-
paréc de ^'objrt dcn il exprime la ficuaaon , comme ,
raute a gauche , château a mi-côie y vis-à-vis , pojie à
droite; m.^is fi le complément eft préfeiité comme un
total dont l'objet qui piécedc foit uic partie , alors on
prend la pi-'poii:ioa de ; porte de derrière y mur du de-
vant y face de côté , partie d'en haut y voûte du milieu ,
fenêtres d'en bas ; la carte de dejfous y &c. S'il s'agit d'ex-
primer daus le complément la manieie d'exécuter , on
emploie quelquefois la prépofition a , comme , courir h
toute bride y aller a grands ras , avertir a part y marchera
tâton y attaquer à force ouverte , fe battu a l'épée ^fe dé^
fendre à coups de poing , di [courir à bâtons rompus , ache^
ter a la douzaine , vendre à l'enchère y peigner la à turque j,
&c. Quelquefois on emploie la prépofition dCy comme,
donner de bonne grâce y écouter de mauvuifc grâce y dire
de travers , courir de toutes fe s forces , percer départ en
-part y accorder de bon cœur y Sec D'autrefois on fe fert
de en ; marcher en tapinois , fe comporter en étourdi ^
•peindre en mignature , agir en dépit du bon fens y méditer
en Anglois ,Je tirer d'une affaire en galant homme y voya-
ger en pofie , plaider en Cicéron , fe battre en brave y re-
pondre en Romain y fe venger en Italien y mourir en So-
crate y Sec. On prend aulli cette dernière prépofition ,
quand la manière eft une adion circonflancielle qui
PRÉ 15^
s'exprime par un gérondif 5 mourir en pnrlaiu ^ pimre «s
riant , parler en dormant , méditer en fermant les yeux ,
&:c.
Si la manière concerne l'aprêt , elle fe fait précéder
ou de la prëpofition a ou de la prépofition de : faujfe à
l'oignon , foupe aux herbes ^ pigeon à la crapaudine ^
peinture a l'huile , poudre a la maréchale , truite au lieu ,
carpe a l'étuvée ; gigot en ragoût , peinture en détrempe ^
aufs en omelette y &c.
Quand on veut exprimer une chofe qui eft employé'^
pour une autre , on prend la prépofition a fî dlc fert de
caufe mouvante , ou d'accompagnement , ou d'inftru-
rnent ; comme ., arme a feu j moulins a vent , machim
a. re forts y Sec. Canne a lorgnette , table à tiroir ^ maifoa
h. trois étages y Sec. Bas au métier y ejîampe a la main^
payfa,ge fait a l'encre de la Chine , gravure a l' eau-forte ,
cuire a la broche y Sec, Si la chofc employée fert de cauiè
agiffaute , ou d'inftrument adif, ou de matière, oa
prend la prépofition de ; coup de poing y figne de téie ,
trait déplume y tache d'encre y tour de gibecière y batte-
ment des mains y coup d' archet , frapper de l'épée y monr-
trer du doigt y appuyer de la main \ croix a' or y crojfe dt
bois , colonne de rn arbre y collier de perles , habit de foie ^
panier d'o fier y allée de tilleuls ^ pâté d'allouettes y chxi'
peau de caftor y Sec. La matière employée prend auili la
.prcpolîcion en j écrire en quatre lignes y dire en deux
mors y tracer en abrégé y tenture en damas y cheminée en
marbre , repas en gras 6' en maigre , galonné en or y tein~
dî'c en jaune y mettre en dorure y Sec. ■ ^
L'objet de i'aâion , le but où l'on va , le terme , ' îa
fin qu'on fe propofe, fouJïrent encore des variations :
s'il s'agit de but local , on prend la prépofition de après
les noms , comme , chemin de Rome y route a Allemagne^
avenues de Ver faille s y fentiers de la vertu y Sec, S'jI eft
queftion de but moral , de motif, d'objet de quelque
aâ::on, la prépofition varie félon les mots qui précèdent.
Se les autres circonllances : on dit y envie de piaire y art
-d'aimer ^ foif de vengeance ^ dejfein de nuire , défr de
^fvyager.^-hjefcircde manger y Sec. On voit dans ces exem-
~p4£s ane-aftian qui elt l'objet des noms qui précèdent
ia prépofition. Brifer de rage , mourir de douUv.r ^fuir di-
154 PRÉ
j)eur , éclater de rire ^ fe pâmer de joie , fe tuer de <//-
fejpoir i'ici ce font les noms qui expriment le motif de
J'adlion exprimée par le verbe précédent : Ouvrage de
morale , cours d études , étude de phyfique , Jiiftoire de
France , Traité de Paix ^ contrat de mariage , y^le de Re-
ligion , jaloufie de tîiétier , avide de louanges y difeur de
bonne avanture 5 Traduciion de la Bible , Commentateur
d'Ariftote ^ partage de la fuccejfion j portrait du Roi ^
abufer de l'amitié , plaijirs de la campagne, image de lu
mort , portrait d'Alexandre , tableau d'une bataille , ex^
preifton de la joie , modèle de douceur y &c. Dans tous
ces exemples , c'eft l'objet même de la ciiofe qui la ca-
raélerife & la fpécifîe : on dit auili , mettre en couleur ^
traduire en François , aller en avant , battre en retraite ,
■ dépenfer en chijfons , appeller en duel ^ ici c'eft encore
-l'objet. Maître en fait d' arm.es , ouvrier en laine , Doc^
teur en Droit , fort en paroles , favant en Théologie ,
- habile en Médecine , Avocat en Parlement , &:c. On voit
dans ces exemples l'objet qui fixe la qualité : on dit en-
■ core , cuiller h caffc ^ bajfm a barbe , poudre a tirer ,
verre a liqueur , table iz jouer , pierre à ai gui fer ', ici le
complément exprime le fervice auquel la cliofe précé-
dente efldeftinée. Papiers a brûler , fille a marier , bois
a couper , arbre a planter , maifon a vendre ^ procès a ju-
ger , quereUe à terminer , comptes a liquider , compagnie
à éviter j voleur a pendre , homme a méprifcr ; ces com-
;^ pléments marquent le fort que la cliofe fubira, ou mé-
rite de fubir. Matière à procès ^ confeil a vous perdre ,
entreprife a fe ruiner , là ce font les effets qui doivent
s'en fu ivre. Bon a purger , propre a tout faire, prêt a par^
tir , difpofé à vous J'ervir , habile a dijfimuler y la pré-
pofition fert ici à indiquer ce ique la cliofe qualifiée
• produit , ou peut produire. Dur a digérzr , facik a trom-
per y beau il voir , dangereux a fréquenter , difficile a
taire i ici elle indique l'action dont la.chofe qualifiée
, cft l'objet & non l'agent. Crier au fe cours ), monter k
cheval , préparer a manger y ojfrir a boire , jouer a la fof-
fette ; ici c'eft l'objet d'une adion. Utile a tout le mon-
de , nuifible a foi-même , indifférent aux autres ., attaché
a fes intérêts , &c. c'eft ici l'objer c^\ fert dc bui»
au qualificatif, - ' -^ .
PRÉ Ï5Î
Il efl: bon de remarquer ici que quoiqu'on difc , vtiU
a la famé , on ne dit pas pour cela ^ utilement à la fan-
îc y ni , agréablement a l'oreille , quoiqu'on dife , agréu"
hic a l'oreille , &..
Si l'on confîdére l'auteur ^ l'ouvrier , la fource d'oiî
vient lachofcque l'on a nommée , c'eft de la prépofîtion
de qu'il faut fe fervir : efet de la haine , fuite de l'ami--
tic , fruit de fon travail y faveur de fa maitrejfe , lourde
fan ennemi , la grâce de Dieu , Lettres d'un ami , Epîtres
de Cicéron , Tragédies de Corneille & de Racine _, Satyres
de Juvenal & de Boileau ^ Poème Epique de Koltaire ,
Odes Sacrées de Roujfeaa , Hijioires de Me:^erai & de
Daniel j Dictionnaire de l'Académie , tapijferie des Go-'
bclins , Arrêt de la Cour , Edit du Roi ^ grotcfques de
Calot , &c.
Le rapport de rpécification peut être appuyé fur le
fervice que la chofe rend ou peut rendre , fur ce qu'elle
contient ou peut contenir , lur l'eiîet ou la capacité :
pour ce rapport on prend fouvent la prépolirion a Se
îouvent la prépofîtion de : pays a pâturages ^ terrein à.
fafran , coteau a vignoble , canton a minéraux , pierre a
feu j pot a l'eau , bouteille a l'encre , port au blé , face a.
fix croifées y chaife a deux , voiture a quatre places y ta-*
bie a douT^e couverts ^ remife a dix carrojfes ^ cafetière a.
fix tajfes , &c. Chemife de nuit , habit de noce , équipage
I de campagne y décorations de l'Opéra , orcheflre du tfiéd^
tre Italien y panier de fruits y bouteille de vin ^pot de con-
fitures y harril de harengs , plat de rôti , fac d'argent ,
grenier de paille y magafin d'étoffes étrangères ^ cave d'eau^
de-vie ; table de trente couverts , voiture de quatre places ,
mefure de fix boijfeaux , pot de deux pintes y tonneau de.
cent pots ^ appartement de fix pièces , &cc. Quand le com-
plément marque la dimenfion , on prend ou la prcpo-
Ircion de ou la prépofîtion en : deux pouces de large ^^
trois pieds de longueur y quatre aunes de tour , cinq toifes
de profondeur , trois étages d'élévation , égal en tout fens,
deux pouces en largeur y trois pieds en longueur ^ une perche
en quarré j Sec.
Il en eft de même , quand il s'agit d'étendue y ou de
quantité : lettre de trois paoes j explication d'un quarts
iji? PRÉ
d heure , Sermon d'une heure , all*^e de cent toifes ^ faloit
de trente pieds j parc de mille arpens , route de cent lieuxs
-angle dejuixantc degrés ^jardin de petite étendue , travail
d'une heure , ouvrage d'un ficelé ^ pajfton d'un mois , voya-
ge defix mois ^ amours de deux jours y lettre en quatre
lignes , explication en deux mots , injiruire en abrégé >
ouvrage en un volume , Sermon en deux points > me] arc en
trois temps , Comédie en cinq Actes , &c.
Quaiid on -veut marquer le piix qu'une chofc a cou-
té, ou auquel on veuc la laiirer , on prend la prcporitioii
a ; mais li indépendamment de ce prix , on ne vouloit
exprimer que l'eilimation qu'on en fait, on prendroit
la prépoiition de : une place à fix francs , du vin d trois
livres , une table h quarante fols U couvert , une étoffe a
dix écus l'aune ; une charge de cent mille francs , un loyer
de cent écus ^ un diamant de cinquante louis , un cheval
de trente pi fiole s ^ &c.
Si le complément exprime la fixation de l'emploi ,
du titre qui précède, on prend l'une ou l'autre des deux
mêmes prépofitions a &l de i Confeiller à la Cour des
Aydes y Greffier au Parlement , Procureur au Chàtelet ^
Préfidcnt aux Enquêtes , Commis a La Recette Gé*
néralc , Chanoine a la Cathédrale y Secrétaire de l'Am-
hajfade , Infpecieur de la Cavalerie , Maréchal de Fran-^
ce y Général de la grande Armée , Huifflcr de l'and- Charnu
■bre y Recieur de t Univerfité , Capitaine de Vaiffeau ,
■Chancelier de l'Empire , Sec. Mais ceux qui ne fervent
q[u'à marquer le fignalement , ou qu'à exprimer ce qui
fait la marque diltindivc foit de la dignité, foit de l'é-
tat , prennent ordinairement la prépoiition d , & rare-
ment la prépoiition de : Préfident d Mortier ^ Officiera.
Hauffe-Col y Grenadier a Cheval^ gens a robe longue: femme
a la hotte , homme a coquarde , Marquis d talons rou^
^es , 8cc.
Si l'on veut Tpécifier un nom par ce qui en fait la
qualité prop-c ^^-caradéiiil'ique , on emploie quelque-
fois la prépoiition à , ik. d'aJtrcfois la prépoiition de :
or a vingt-deux karats , argent à on:^e deniers j mot à
double Jens , fidélité a toute épreuve , femme a minau-
deries y gens d fentimens , vrdct a tout faire ; femme de
bien.
PRÉ 157
^'tèn , Cavalier de bonne mine , enfant de condition , Re^
Igieux de grande piét.é , homme de. bonne compagnie , Che-
valier ainduflrie , ' &c. ^
On fe fert encore de la prépofition ^ j quand on veut
fpcci/îer une chofc par ce qui en exprime la forme & la
ftrudurc ; lit a colonnes , r^*^/^ a pieds de biche ^ jatte a
vans j irjlrument a cordes j couteau a deux lames j mai-
fon a double appartement j £cc. par ce qui en fait con-
loitre ractitude 5 figun: a genoux^ prier a mdins-jointes ,
^:tre a cheval , fe placer a califourchon , couché a la ren-
vcrfe y &c. par le point auq.iicl ia chofe efi: ou peut être
^-orrée ; multitude a^ne pou^pi/^^çompter y plaine a pêne de
lue y ridicule h l'excès ^ fév^r£ à outrance ^ fot a faire
mié y beau a tadmiradon , laid a faire peur , impertinent
afefairechajfer y Sec. par la chofe qui fert de modèle ,
pu qui.çft l'objet de la reiTeiiiblincei bonnet a la turque y
iejfein'a la Chinoife y çoeffure a l' antique ^ habit a la mo-
îe ^-pardonner a l'Italienne,, régaler. a la Fran^-oife y faire
exercice a la Prujfienne y galons a la grecque y &.c. ,
Xà prépoUcion en s'emploie quand on veut défigner
Pétar de la chofe pour la fpcciiîcr 5 terre en friche y vigne
n fleur j 'maifon en décret y femme en couche y~aévot en ex-
tafe y balance en équilibre y homme en fureur _, femme en
colère' y affaire en compromis > mot en ufage y pris en fia-
■yrantdélit y du blé en herbe y &c. j quand on veut parti-
cularifer par l'efpece de l'ouvrage dont on a exprimé le
genre^'j bonnet en broderie y plafond en bas relief y coffre en
marqueterie y décorations en fculpHire y fauteuils en petits
hôînts\ '^Q. ; quand on veut le faire par la fio;ure de la
:1i<jfé-,dont il ei^quéftiou y chapeau en poiizte , danfe en
■onctybof^uet en ovalç^^y tête en pain a^ fucre , maufolée en
yramide \hiç.-^ par l'a'Tan^emen.t des chofes entr'ellcs y
rméé. en %aiallle y chev.eux en cadnettes , plats en fy mè-
ne y trcupe m quatre colpnnes^ fuir en défordre y Sec. ,
ar Toçcuparion des perfonnes; dont 'on parle -, Pirate
7 codrje , Soldat en fentinelle;,, armée en marche y Moine
n chaire y Marchand en emplit iA.\ Sénat en délibération y
the en affaires' f être en exé-çice y &Lc. ou.eauii par les
v!;etchTcns ; Acteur en mafque , paJiUlun en bottes , Magif-
"■.rat en robe , Laquais en livée , O^cier en.unifprme y pa.-
oîtrè efi négligé- y être en habit' bourgeois , à:c. '
Tome II. L
158 P R Ê
Il eft encore plufieurs fortes de Tpéci/îcatiôns qui ap*«
pârtiennent fpecialement à la prcpofition de : les prin-
cipales font celles qui fe font par une circonftance mo*
difîcative ; jouer de malheur , voleur de profejfton , men^
leur d^ habitude , meurtre de dejfein prémédité ^ coup de hw
fard , &c. ; par une circonfcance de temsj promenade de
nuit. , cabinet de jour y vin d'ordinaire y O^cier de quar-
tier s "voy yge d'Eté j plaifirs d'Automne , habits d'hiver ,
&c. j parla profeflîon des gens j gens de Lettres , fille
d'Opéra , garçon de boutique j femme de journée , Officier
de Marine , Marchand de Dentelles , faifeur de Bas ,
femme de Chambre , &c.j par la chofe d'où nait la qua-
lification qu'on donne à un objet 5 foible d'efprit ^ plein
de vin , fort de tempéramment ^ faifi de peur y boujfi d'cr-
gueili accablé de chagriny &c.; par la réftriâ:ion du qua-
lificatif ; quelqu'un de fage , quelque chofe de merveil-
leux y rien de bon y aucun de fenféy Sec. j par l'objet d'une
expreflion de quantité j beaucoup de befoins , peu de
plaifirs y moins de vertus y plus d'erreurs y trop de viva-
cité y 8cc. ; par ce qui conftitue & caradérife 5 efprit de
cour y trait de prudence y air de modefiie y acte de Jujii^
ce y objet de politique y jour de Fête , matière de Religion^
cas de confcience y &c. 5 par la forte de perfonncs ou de 1
chofes auxquelles l'objet dont on parle convient ; épée
de Financier y bas de bottes y habit de mafque , mai fort
de grand Seigneur ^ ufage de Communauté y envie de fem-
me groffe , conduite de libertin , difcours de pédant , pro-
pos d'étourdi , Fête de village , &C.5 par le fujet affec-
té , en qui fe pafle ou fe trouve la chofe dont on parle ;
marche de l'armée y fédition de la populace y cours de la
rivière y paix de lame , paffions de l'homme , agitation
du fang , erreur de la bouffole , penchant de la montagne ,
bout du doigt ^fureur de Roland ^ ingratitude des proté-
gés , infolence des proteéieurs , mouvement des afîres ,
fierté des grands , &c. j par le propriétaire de la chofe ou
l'ufufruitier j hôtel de la Princeffe , ferme de l'Abbaye ,
appartement de l' Abbé , bien d' autrui , Bibliothèque du
Roi , tombeau de S. Denis , &:c. ; par le fujet que con-
cerne la chofe dont on parle , & qui la particularifc ;
devoirs de l'amitié , objet de la politique , jouet de tout le
monde , la fable de la ville , le fujet de la querelle , U mO'
PRÉ ï5^
Hfde la plainte, &:c. ; par Le nom du maître que Ton Tertj
Ecuyer de la Reine , Chambellan de l'Empereur , Caijfier
de La Compagnie , gens du Roi , Commis de Monteur le
Directeur Général, Laquais de Mademoifelle, &c. j pal lë
tout auquel on attribue la partie dont on parle 5 ie haut
de la tour , la bafe de la colonne , le pied de la montagne ,
les fojfés de la ville > le bord de iajjiette , un jour de lafe-
mainè , un quartier de la ville , &c. ; par la fociété ou le
corps auquel appartient la pcrfonne ou la chofe doiitoa
parle ; Membre de l'Académie , Officier de l'armée , Da-
me de la Cour , garçons de la noce , Danfeufe de t Opéra -^
Aârice des Italiens , &c.\; par le nom des chofes ou des
perfonnes qui compofent & forment la totalité, le corps
dont on parle ; Concile Général de tous les Evêques , af-
/emblée de l'Univerfité , Corps de la Ville y &c. 5 par la
perfonne à qui une autre eft unie par le fang j père de
Scipion , fils de Henri IV ^ ayeul de Ce far ^ coufin de.
votre époufe , allié de la famille , &c. ; par le temps qui
fert d'époque j ufage de tous les temps , occupation de
la journée , vlaifrs de la nuit , événement de l'année der^
niere , av amure de ce moi s -ci , ouvrage de la matinée j
&c. ; par le nombre des parties qui compofent le tout
dont il s'agit ; Armée de cent mille hommes , Compagnie
de cinquante Grenadiers ^ cercle de cinq ou fix Dames , fa-
ce de quinze croifées , jeu de trente-deux cartes , famille de
dix enfans , Sec. ; par la quantité qui conftitue la diffé-
rence entre plufieurs chofes comparées 5 plus long de dix
tûifes , plus d a-moitié ufé, moins grand d'un pouce ^ &C.5
par la fomme dont une autre eft déduite^ un de cent^ dix
demille^de dou:^e ôte:^ quatre j ëcc. ; par le temps courant
de l'âge ou de l'événement ; fille de quin-^e ans , garçon
de vingt-cinq , vin de deux feuilles y muet de naijjance
ami de deux -jours , grojfe dejîx mois , vieillard de quatre -
\fingt-dix ans, &c. ; enfin par la chofe d'où une autre eft
extraite j le plus docte de /' Univerfité , le plus rufé des
Courtifans , le premier d'entre vous , deux de la com-pa"
gnie , l'un de ceux que vous ave^ vus , le dernier de tous ^
&c.
La lettre a n'eft prépofition que quand elle a un ac-
cent grave a ; quand elle n'a pomt cet accent > elle eft
la troiûeme parfoiuie du iingulier du préfent de l'indi-
Lij
1(^0 P ^^
catif du verbe auxiliaire avoir, il a , elle a. En cCt dans
le même cas ; outre qu'il eft une prépofidon d'un gi and
ufa^e il icrtaulÏÏ de pronom, comme nous l'avons dir,
au mot Pronoms. M, l'Abbé Girard a cru voir aufli
une pareille diftinclion à faire par rapport à de ; il pré-
tend que dans ces exemples , dcnncr du pain , débiter de
fauffes nouvelles , parvenir par de mauvaifes voies , &
dans ceux qui leur font femblables , de eft une iimple-
particule qui fcrt à donner au fens de la phrafe un tour
d'extrait en reftrei-nant l'acception du fubftantif qui
vient pprès elle. Il eft vifible , di:-il , que f7 c'étoit une
prépofit'^on, de indiqucroit un rapport particulier entre
le mot précèdent & celui qui le fuit, ce qui ne fe peut
dire des plnafes citées , ni de celles qui leur reiïem.
blent : dans celle-ci , ofrirde l'argent de bonne grâce , ces
deux noms , bonne grâce , ne font pas feus le régime im-
médiat du verbe offrir , mais fous celui du mot de-, qui-
fert à marquer un rapport de manière entr'eux & l'ac-
tion d'offrir , par conféqupnt ce de efl: prépofition :
mais ces trois autres mors , de t argent , font tous cnlcm-
blc fous le régime immédiat du verbe, puifqu'ils ert
compofent l'objcaïf ^ oc le rapport qui fe trouve entre
cfrir^ argent eft indépendant du mot de , puilqu lU y
trouveroit encore , quand on diroir fimplcment , 0)}rir '
largent que l'on a , &c. Pour réfuter tout ce railon-
nement de M. Girard, il ne faut que rappeller ce
que nous avons dit de l'éllipfe , Se remettre dans les
phrafes données en exemple les mots qui y font fous-
entendus : Cjfrir de l'argent fignifie Ojfrir une partie de
iaraent que l'on a , ou que l'on pourroit avoir , ou
bien , offrir une quantité d'argent indéterminée. Don-
ner du pain , c'cft , donner une portion de pain , une
partie de ce qu'on appelle pain. Débiter de fauffes nouveU
Les c'eft débiter certair.es nouvelles qui font du nombre
des' faujfes nouvelles ; comme, parvenir par de mauvais
Tes voies , c'eft, parvenir par telles voies qu'on doit met^
tre au nombre des mauvaifes , Sic. On voit donc que fi
dans ces exemples ,, de n'indique pas de rapport entre
ofrir Se argent , donner Se le pain , débiter & les nouvelles ij
fauffes , par & mauvaifes voies , il ne s'enfuit pas qu'il |l
n'indi]uc aucun rapport, puifqu'il en marque de très '^
réels entre quantité Se argent , portign Si pain ^ nom.bre 3C
PRE 1(^1
voies ou nouvelles. Que fi l'on a cru devoir fupprimer
dans ces phrafcs les mots quantité , portion^ nombre ^ Sec.
parceque par-là on abrégcoit le difcours fans robfcur-
cirj cela n'a rien changé a la nature du mot de , qui
ayant été là comme ailleurs une prépofition iimplemenc
dite , n'a pu celler de l'être depuis qu'on a jugé à pro-
pos de fous-entendre un mot qui fe trou voit avant elle.
Nous remarquerons ici en premier lieu , que fi ui'C
prépofition eîl iuivic de pluiieurs complémens , elle doit
fe répéter à chacun d'eux ; on ne dit pas , j'ai travaillé
pour vous & moi » contre elle & lui ; je dévends des loix &
le Roi; je vais à Lyon & Avignon , &c. Mais , j'ai tra-
vaillé poUr vous & pour moi ; contre elle & contre lui<, je
dépends des Loix & du Roi ; je vais a Lyon 6" a Avi-
gnon. Cette réojle eil: de M Girard , Vrais principes de fa
Langue Françoife ^ Tome II. page izi. Mais quoiqu'il
femble l'annoncer com.me régie générale , il nous parcîc
pourtant qu'il ne vouloir parler alors que de la prépo-
lîtion de : en effet , nous ne trouvons que cclle-ia av^c
deux autres qui font a Se en , qui Cchm le génie de la
langue & les loix de l'ufage , doivent fe trouver à la tére
de chacun de leurs complémens, Icrfqu'ii arrive qu'el-
les en ont plulîeurs de fuite. Seulement il faut obfer-
ver que fi une prépofition eft immédiatement fuivie d'un
adjedif au pluriel qui fe rapporte à piufieurs noms qui
viennent après , ces noms & ces adjedifs ne font qu'un
fcul complément ; c'eft ainfi qu'on dit , il ejî fort atta^
ché a fès père & merc , nous l'avons appris des anciens
I Grecs & Romains ; quoiqu'on doive dire en redoublanç
Iles mêmes prépofiiions , fi cet 2.à]t£tiÇ n'y cft point ,
ou s'il ne fe rapporte qu'au premier nom , ou s'il efî
j répété à chacun d'eux j il ^fl fort attaché à fin père & à
ifa mère ; nous l'avons appris des Grecs & des Romai;:s ,
j Sec. Pour ce qui cft des autres prépofition^ , elles font à
< cet égard fujettcs à des variations qu'il feroit difficile de
: ramener à des principes certains , & dont on ne peut
^'affurer que par i'ufage. Nous en donnerons pour cha-
cune un péri: nombre d'exemples , en ne répétant la
prépofition que dans ceux où l'ufage exige qu'on la ré-
pète y pour ceux oii elle ne fera exprimée qu'unis Fois de--
"Vant piufieurs complémens , il ea eft très peu où elio
i6i PRÉ
ne puifTe également fe redoubler. Cke^ les grands & les
jpetits. Chci ^^^ Egyptiens à les Perfes : che^ vous & cke^
moi. Ckei Cicéron & che^ Céfar ^ 8cc. Dans la ville &
les fauxbourgs . Dans la capitale 6* les provinces. Nous
ne voyons point d'exemple où cette prépofîtion doive
abfolument fe répéter , dans les cas où nous n'en don-
nerons point 3 feulement il faut fe fouvenir qu'elle doit
fe répéter quand les complémens n'ont point d'article.
Squs l'autorité des Loix & la protecîion du Roi. Sur
votre parole 6* fon amitié. Sur mer & fur terre. Sur
Pierre ^ fur Paul. Sous t agrément & le bon plaifr de
fon maître. Sous votre fiége 6* le fien.
Devant le Général & les principaux Officiers. Devant
lui 6* elle. Derrière le village & les jardins. Derrière /ç
^oiS: & la montagne. Parmi les hommes & les animaux.
Parmi les citoyens & les étrangers. Kers l'Gricnt & le
J^idi. Vers le père & la m.ere.
Avant Vêpres & Complies. Avant la difpute & les in-
jures. Apres le 'feu ^ la promenade , les fpeciacles. Apres
le vin 6" les liqueurs. Apres vous & moi. Depuis votre
départ & fon arrivée. Depuis fon malheur 6* fa ruine.
Selon ta coutume & les ufages. Selon fcs réponfcs & fes
çbjecîions. Suivant l'Evangile & les Conciles. Suivant les
Loix 6* les Ordonnances. Durant l'Automne & le Prin- '
îems. Durant le dîner & le fouper. Pendant t Hiver & '
^'Eté. Pendant fon enfance ^^ fa jeuneffe. Excepté le dé-
^ut ^ la conclufion. Excepté fon humeur & fes caprices.
Ilors les. meubles & les ha,bits. Hors le flylc ^ les épi-
grammes. Hormis vous & votre frère. Hormis l'amour &"
Bacchus. Nonobfiant les cris & les plaintes. Nonobjîant
vos difcours & fes prétentions.
Envers le Roi & la Nation. Envers Dieu & les hom-'
mes. Touchant vos droits ^' les fiens. Touchant fon perç
& fon ayeul. Entre vous & moi. Entre le devoir & lespaf-
fions. Avec la mère & la fille. Avec fes armes & fon
Bouclier. Parla Cham.pagne & la Lorraine. Parle crime
& la vertu. Outre le fond 6' les rentes. Outre cette rai-
fou 6" beaucoup d'autres^ Sens confdéraîion , ni crédit ^ |
a/ reffources. Sans talent ni travail. Sans vous 6' moi.
Contre la jufticc & l'humanité. Contre la France 6^
t'Efpagne. Malgré la RuJJîc ^^ laPruffc. Malgré fe^ dé-
I
P R Ê i(?3
tours & fin adrejfe. Pour l'Angleterre & la Hollande.
Pour le lien public 6' le particulier. Pour vous 6* pour
moi j Sec.
On voit évidemment cju*on n'a pu donner pour prin-
cipe général que le génie de la langue vouloir que la
prépofîtion fût toujours répétée avant chacun de fes
complémens. Mais fi ces coniplémens font des noms
fubftantifs communs , & que l'un ait un article , tandis
que l'autre n'en a point 5 alors la prépofîtion le répète.
Il faut aufTi prendre garde que fî ces complémens font
unis par quelqu'autre conjondion que 6", la prépof.-
non fe doit redoubler. Il n'y a quey^^^zi- qui puili'ene fe
trouver qu'une fois pour plufieurs complémens liés par
la conjondion ni : les autres prcpofitions devroicnt fe
ciire autant de fois qu'il y auroit de com.plémens & de
conjonélions. Il n'y a donc que les prépoficions a , de ^
6c en , qui , comme nous l'avons déjà dit , doivent tou-
iours & fans exception fe trouver à la tête de chacun
uc leurs régimes : M. Girard en donne entr'autres ces
deux exemples ; cefi la coutume des peuples les plus
barbares & des plus civilifés , d'avoir un cérémonial pour
les actions publiques. V amour attaque le cœur de l'hom^
me fige & de l'étourdi : d'où il tire cette remarque , que
(i l'on place après le complément un adjcifiif qui ajoute
un fécond rapport au premier , alors cet adjeélif deve-
nant lui-même nouveau complément , demande la ré-
pétition de la propofîtion : dans ces phrafes , c'efi unet
des fimmes des plus belles de Paris. C'eft un des Ju-
ges des moins habiles du Châtelet , les adjectifs plus
belles & moins habiles ne font pas uniquement pla-
cés , dit ce Grammairien , pour qualifier les fub-
ftantifs fimmes & Juges ; car alors il auroit fallu dire ,
t'efl une des plus belles fimmes de Paris. Cefi un des.
moins habiles Juges du Châtelet; ils y font employés
pour énoncer un fécond rapport extradif. De façoa
qu'après avoir fait un premier extrait de la totalité des,
femmes & des Juges par le moyen de la première pré-
polîtion de , ci> difant , c'efi une des fimmes ^ c'eft urt
des Juges y on fent que même en y ajoutant de Paris ^
du Châtelet , on ne dit pas encore tout ce qu'on voutoit
faire entendre j & que pour rendre la penfée com.plettft
1(^4 PRÉ
telle qu'on , l'a dans refprit , il faut encore faire un
autre extrait plus reftreinc dans ce nombre de femmes &
de Juges que le plus de beauté & le moins d'habileté
diflinguent du refte de leur totalité 5 ce qui ne peut
s'exécuter que par la répétition de la prépofîticn de-
vant ces adjcélifs : Cefi une des femmes des plus belles.
Ceji un des Juges des moins habiles. C'eft donc la
multiplicité des rapports qui décide pour la répétition
de cette prcpofition : on la répéteroit même trois &
quatre fois, {ilo. cas le demandoit, comme dans cet
exemple ; cefl un des hommes des plus décidants , des
moins infiruits y des plus fujets à prévention ^ & des mieux
pourvus d'amour propre. Si l'on s'avifoit de dire :, c'ejr un
des hommes les plus décidants , les moins infiruits , les
plus fujets a la prévention , ê»" les mieux pourvus d'amour
propre , ce langage paroîtroit à tout le monde ce qu'il
cft , obfcur & barbare. . . Ne pourroit-on pas faire ob-
ferver à M. Girard que cette phrafe, c efi une des femmes
des plus belles , comme toutes les autres fcmblables , fc
peut également changer en celles-ci , c'efi une des fem^
Tues qui font du nombre des plus belles j cefi une des fem^
mes qui font tes plus belles de Paris ; & qu'en retran-
chant par elljpfe ces mots , qui font du nombre , qui font ,
il refte également , c'efi une des femmes des plus belles ,
ou c'e[l une des femmes les plus belles i que la raifon juf-
tifîeroit auffi aifémcnt l'une que l'autre de ces deux fa-
çons de parler , & que c'cft dès-lors à l'ufage feul à dé-
cider la queftion j mais que l'ufage paroiilant adopter
l'un & l'autre de ces dçux tours de pnrafcs , on ne doit
point les condamner , &: qu'enfin il n'a pas raifon de
dire que lî l'on ne devoir point répéter la prépolition il
faudroit mettre l'aHieélif avant le fubftantif, endifant :
c'efi une des plus belles femmes , puifque cet adjcélif ,
étant au fuperlatif & fuivi de quelques autres mots qui
pui/Tent s'y rapporter , fe place également avant ou
après le nom qu'il qualifie , & qu'on dit aullî bien 5 cefi
la fille la plus belle de Paris ^ 3c c'efi la plus belle fille de
Paris ?
De tout ce qui concerne les prépofitions , il ne nous
jrefte plus que quatre points de conftruélion à décider:
leur place \ la propriété qu'elles ont d'admettre , d'exi-*
gcr , ou de rejcttcr l'article avant leur complément 5 le
PRE 1^5
iroit que quelques-unes d'entr'clles ont d'en régir d'au-
tres en certaines occalions j & comment plufieurs peu-
vent devenir des conjonctions compofées.
i'\ La prcpoficion doit toujours être à la tête de Ton
compicment 3 cette réi^le cft fans exception : c'eft mê-
me dc-là que vieat le mot , prépojîtion { qui efi placé de-
vant). Mais 11 le complément eltcompofé de plulieurs
mots , quel cfr celui qui doit marcher immédiatement
après la prépofirion ? Il clt fur qu'il n'y en a qu'un dans
ce cas qui (oit , à la rigueur , fous le régime de la prépo-
sition employée 3 les autres mots qui s'y trouvent font
réi^is par ce mot principal au fcivice duquel ils font : il
paroît donc que la prcpolîtion devroit avoir ce mot
principal immédiatement après elle. Mais il efl des ré-
gies de conftriiérion qui empêchent fouvent que cela ne
i^ohyd le mot principal du complément eft un fubftan-
tif, il peut y avoir un ou deux adjcdifs qu'il foit d'ulage
de faire précéder^ ces adjectifs peuvent s'aiibcier encore
d'autres mots, ou parccqu'ils les régilfent eux-mêmes ,
ouparccqu'îis feront au comparatif ou au fuperlatif : il
en eft de même fi le régime principal de la prépofition
eft un verbe ; celui-ci peut être accompagné de plufieurs
particules négatives ou auy.es , &: de pronoms que l'u-
fage fera marcher avant luik Ainil la prépoiition fe trou-
vera quelquefois écartée du mot qui cft fon régime pro-
prement dit 3 mais elle fera toujours à la tête de tout ce
qui compofe fon ccraplém.ent. Tout ce qu'il y a , c'eft
que fi les mots qui fe trouvent devant le principal , peu-
vent auiîl bien fc mettre après , ils devront le faire à
caufe de la prépofition , parccque celle-ci fe place tou-
jours le plus près qu'il cft potable de fon régime , &
qu'elle ne dojc s'en éloigner que dans les cas de néceÏÏî-
té. On dit donc , j'étois arec la plus aimable femme
du quartier. Il a trop de confiance en vous ^ pour ne vous
en peint parler , 8zc. où les mots femme ^ parler ^ qui
font proprem.cnt régis par avec , & pour_, en font néan-
moins fiparés.
i". L'article n'accompagne avec la prépof tion que les
noms qu'il accompagneroit fans elle , c'eft-à dire les
fubftaniifs com.muns ou génériques, & ceux qu'on y
emploie à «r» fcivice parç;i au leur lyôyei Arxicli,
i6Ô PRÉ
Mais tontes ks prépofîtions ne le fouffrcnt pas égale-
ment, même avant cesfubftantifs. Il y en a vingt & une
«jai Fexigent toujours , s'il n'eft remplacé par quelque
prépoftrîon équivalente : ce font , chei , dans ^ Jous , de-
vaatt ^ derrière ^ parmi ^ vers , avant , apr'es y depuis j,Jè'
ion^fiâvant ^ durant , pendant y des ^ excepté , hors , hor-
mis , nan-aSfiant , envers y touchant, Che^ le Roi y dans
i£s jardins y Jous le dais y devant tout le monde , &c. &
non pas, che^ Roi , dans jardins , Sec. Si l'on dit , cke-:^^
vous , dans Paris , &c. c'eft que vous , Paris , &c. font
è& naimire à ne jamais fouffrir d'article 5 ainii ce n'cft
poîîit la prépoltîtion qui les en prive. On dit encore,
f&us^capc : mais ces deux mots font unis de manière à
me faire plus que comme un fcul mot adverbial,
Noos avons déjà déclaré que la prépoiîtion en nzàr
metjaiiiais Far ticle après elle. Les autres qui font/^^r,
emire , avec , par , outre , fans , contre , malgré , pour ,
de Sl a^ permettent à l'article de fe placer après elles
avant îes noms génériques , eu le lui défendent , feloa
la dïMercnte manière dont elles annoncent le complé-
ment ; ou plutôt c'eft à la manière dont l'cfprit conddé: e
nom qui fuit, à décider fî l'article doit y être ou non.
Quand ce nom qui fert à» complément à la prépoiî-
tion, effc pris individuellement , l'article doit l'annon-
cer ; quand ce nom eft pris dans un fens qualificatif oa
vagae^ général , & indéterminé , l'article ne peur s'y
trouver. Cette règle eft infaillible dans la pratique j
une explication plus ample en feroit métaphylique. Au
reftc , voyf^ là-de/Tus le mot Article. Ici nous allons
donner quelques exemples qui pourront la faire fcntir à
ceux qui ont le taét aîfez délicat : les autres n'ont qu'à
prendre garde à ce qu'ils lifent & à ce qu'ils entendent.
Sur le rivage de la mer. Etre fur pied. Aller de pair. On
voit fouvent la même méfintelligence entre les frère & fœur^
qu entre les père 6* mère. L a paix eji rarement de dwée
entre mari ^ femme. Entre chien & loup. Quand une paf-^
(ion nous attaque avec tous Us ag/émens de la nouveauté ^
é? tous les charmes de l'illufion , elle eft pnfque toujours
villorieufe , quoique la raifon la combatte avec force. Sans
h médifance ^ le jeu , on, verrait la ficiété ian^uir^ Si
P R Ê 1(^7
fon êtokfans erreur L' fans efpérance y on feroît fans plai-
firs. S' embarquer malgré vents 6* marée. Il y e/i allé mal-
gré les confeils defes amis. Une femme a caprices efi quel^
quefois plus agréable aux hommes :, qu'une femme bien rai-
fonnable. IS homme efl fouvent comme une machine a ref-
Jorts ; c'ejî à l' intérêt fur-tout qu'il appartient de le mou-^
voir , &:c.
3''. Il s'agit ici du droit que quelques piépofitions ont
d'en régir d'autres en certaines occafions : ce n'eft pas
que les deux qui fe trouvent réunies , foient néceifaires
pour exprimer un même rapport 5 au contraire, cela ne
le trouve que quand un même mot , un même complé-
ment fe trouve affujctti à deux rapports difrcrents dont
chacun exige une prépofiidon particulière : dans les cas
fcmblables le rapport exprimé par la première prépofî-
tion efi: toujours plus général que le fécond ; il com-
prend même celui-ci dans fon étendue ; c'eft la féconde
prépofition qui régit le complément^ & la première ré-
git la féconde conjointement avec fon complément,
C'eft ainfi , qu'on dit , parler d'après autrui. Je penfois a
tout , excepté a cela. On le voit av^c toutes les femmes ,
hors ou hormis avec la fîenne , &c. Ce droit de régir
d'autres prépofîtions ne paroît accordé qu'à ces quatre
ou cinq j de , pour ^ excepté , hors ou hormis j encore
n'en régilTent- elles chacune qu'un certain nombre d'au-
tres. De régit , entre , après ^ che^ , avec ^ en Se par ,
comme j plufeurs d'entre vous s'y font trouvés. Il travaille
d'après un maître habile. Je venois de che^ votre ami. Il
vous faut fortir d'avec lui. Les ornemens d'en haut éga^
lent la folidité d' en bas. De par le Roi. Pour peur avoir
droit fur cinq, qui fontj après , dans 3 devant , à , & der-
rière. Ce fera pour après fouper y pour dans huit jours ,
pour devant la maifon ^ pour à côté , pour de-riere le mur.
JE^xcepté , hors ou hormis en admettent vingt fous leur
régime , fa voir , che^ , dans , fur, fous ^ devant , der-
rière , parmi j vers , envers ^ avant , aprcs , entre ^ de-.
jpuis j avec , par , durant , pendant ^ de , a ^ 8c en.
Nous ne donnerons que peu d'exem.ples : on le trouve
par-tout y excepté chei lui. Il efi ajfe^ véridique , exceptç
éans ce qu'il dit- de fon rival. J'ai cherché par^tçut ^ c^ç-^
16% PRE
ceptéfous la commode, Ils'efi déchaîné far tous , hormis
fur vous ^ Sec.
4°. Quelques prépofitions peuvent avoir après elles
un que conjondif , fuivi d'un verbe & de plufïeurs ancres
mots qui feront en régime avec ce verbe : c'cft ainft
q!i'on dit, je l'ai fu avant que vous m'en eujfiei^ parlé. M.
Girard regarde ce que & tous les mots qui le Tuivent ,
Comme un fimple complément de la prépofition ; peu.
importe , dit-il , que ce complément foit énoncé par un
verbe ou par un nom : & de-là il conclut que , avant
que n'eft point & ne peut être une conjonélion, il blâme
même avec une forte d'indignation les Grammairiens
qui comptent cette exprelllon & Tes fcmblables parmi
Jes conjondions. Nous avouerons fans peine qu'elles
ne font point des conjonélions dans la force du terme ,
puifqu'elles ne font pas des expreiîicns (impies j mais il
cft forcé lui-même de convenir qu elles s'emploient ab-
fblument au même fer vice ; d'où nous concluons qu'on
peut les appeller des conjonctions compofées. La (cule
différence qu'il y ait entre celle-ci & plufieurs autres que
lui-même met au rang des (impies , c'efl: que les unes
font formées de pluiieurs mots que l'ufage a réunis en
un feul , au lieu que dans les autres , les mots qui les
compofent s'écrivent féparément. Quoi qu'il en foit ,
nous trouvons quatorze de nos prépo(itions , qui peu-
vent avoir après elles ce que conjondif , & former avec
]ui une conjondion compofée j ce font, avant ^ aprcj ^
des, depuis ^ félon ,fuivant , outre , pendant ,fans , ex-
cepté , hors , ou hormis , malgré , nonohflant, pour. Avant
que vous fujfie^^ arrivé , je lui avais déjà dit les mêmes
chofes.
Mais avant que partir je me ferai juftice.
Racine dans Mithr'uUte.
Suivant M. l'Abbé d'Olivet on doit toujours dire en
profe , avant que de : il convient cependant que les
meilleurs Ecrivains mêmes fe permettent de dire en profc
avant de.
Il faut toujours ayant ^«^ devant un fubjondifj avant
PRE 16^9
vov'; partie^. Cet avant que cft alors Vantequam des
La rai Ton pour laquelle nous ferions aujTi de l'avis
M. l'Abbé d'Olivec , c'eft que avant marque l'ordre
cricur , annonce une comparaifonj aind il devroit
c toujours fuivi d'un que. Quant à la prcpolition de
.wc efl: indifpenfable , parcequ'elle fert à marquer l'ob-
ier dz' avant : voye^ ci-devant les dilïercns cas où elle
s\.mploie.
Ah î devant qu'il expire.
Racine dans Andromaque.
M. l'Abbc d'Olivet fait obferver qu'il y a deux faa-
clans cet hémiftiche. Devant , comme on l'a vu ci-
-..ifus , eft relatif au lieu & non au tems. D'ailleurs il
ne peut être fuivi d'un que : il faudroit dire , avant qu'il
. nire.
Apres que vous aure:^ fait cela ^ nous verrons ce qu'il
' jiut vous accorder. Dès que farûour s'empa'^c d'un cœur ,
c.u>« la raifon. Depuis que la Philofophie s'efi emparée
ck la Littérature i celle-ci a beaucoup perdu de /on brillant
i}" de fes grâces.
Ah ! depuis qu'une femnvea le don de fe taire.
Corneille dans le Afentei^T'
Depuis y dit M.' de Voltaire , ne peut être employé,
pour quand, pour des-la que ^ lorfque. Ce moi depuis. ^
dénope toujours un tems pallé. Il n'y a point d'excep*
t'oa à cette règle. C'eft principalement aux étrangers
i que j'adrelfe cette remarque. Cor.ii'///^ corrigea depuis ;" ,
^ -■.■;- ;
Monfiéur ; quand une femme a le don de fe taire.
Efl^on récompenfé ou puni fclon qu'on le mérite ? Bien
des hommes n'ont de fenjîbilité que fuivant qu'ils font
malheureux. Outre qu'ils font mépri fables , ils font encore
injufles Pendant quil en eft temps encore , confultei-vous}
Les homm.es font a/fe^ criminels fans qu'on leur donne de
nouveaux motifs de le devenir. Il a reçu de vous tous tét-
mauvais traitements pojjibles , excepté que vous ne tave:^^
ifà PRE
pas battu. Je ne le ferai jamais hors qiion ne tordonnt-.
L'homme efl toujours la dupe des caprices & des minau-
deries de la femme ^ malgré quilles condamne & paroijfe
les mJprifer. Il faut le faire , nonobfiant que Madame
s'y oppofe. Pour que l'on vous écoute , écoutei vous mê-
me j êcc.
Tout ce que nous avons dit de Tufage des prépofi-
tions 3 fuffira aux perfonnes attentives pour voir en gé-»-
néral quelle eft celle d'entr elles qui doit fe placer en«
tre tel verbe & tel régime : mais comme il y a là-def-
fus une variation fîngulicre , &: qui Couvent ne paroîc
être l'ouvrage que du caprice, il e(t certain qu'il ref-
tera encore bien des cas particuliers qui pourront em-
barrallcr. M. Girard en examin;^ deux qui paroifTent
être des plus difficiles à décider : il demande s'il faut {e
fervir de la prépofition à ou de la prépolition de après
Jcs verbes obliger^ ôc commencer ^ lorfque le complément
de ces verbes ell: un autre verbe à l'infinitif ? Il remar-
que d'abord que obligera, deux lignifications j & il dé-
cide qu'il prend la prépofition à , lorfqu'il fignifie,
contraindre ou engager y comme , vous m' obligerez à vous
abandonner. Les voleurs nous obligèrent à changer de route.
Mais ce verbe doit avoir la prépofition de ^ quand il
fignifie , faire plaifir ^ ou rendre jervi ce \ comme , vous
m'obligce:^ beaucoup de vouloir bien lui parler de moi. De
forte qu'une même phrafc peut avoir deux fens bien
différens j par la feule diverfité de ces deux prépofi-
tions. Le ton de menace fera dire , ils m'obligeront à
prendre d'autres mefures ; & le ton de prière dira , ils
m'obligeront de prendre d'autres mefures. Cette règle
change quand le verbe oblgercO: au pafiif ^ en ce qu'a-
lors de y figuic également bien dans l'un & dans l'au-
tre fens. Je vous Juis obligé de m' avertir que cette conduite
refroidit mes amis. Je fus hier obligé d' aller à la campa*
gne. De ces décifions , nous ne trouvons que la premiè-
re qui puillc fouft-rir des contradideurs. Il femble en
effet que l'ufagc permette autant de dire , les voleurs
nous obligèrent de changer de route , que de dire , ils
nous obligèrent a changer de route. Il n'y a pas plus d'am-
phibologie en cela , que dans le paûif oii l'on fe fcrC
4c la prépofition de pour les deux fens ) & de ce que \i
P R É t7c
Mépofition h ne peut fervir pour ic (ccoîîcÎ , il ne s'en^»
fuie pas que l'autre ne puifFe fervir pour le premier.
Le rcfte du difcours , les circonftanccs , & le ton de ce-
lui qui parle , fuflîroicnt ici pour empéclicr de iè mé-
ptendre au vrai fens de la phrafe : enfin ce n'eift qu'une
affaire d'ufage , & M. Girard paroîc n'avoir pas aîTcz
confidéré combien de perfonnes cultivées difcnttous les
jours > vous mobligereT^ de vous abandonner ^ auiïï biea
que , vous m'obligerc:^ a vous abandonner , en prenant
obliger dans le fens de contraindre.
Nous ferons davantage de fon avis touchant ce qu*il
dit du verbe commencer j par rapport aux mêracî: prépo-
fitions : quand l'infinirif qui fert de complément à ce
verbe , n'efi: fuivi d'aucun régime , on peut employer îa
prépofition de ; il commence de marcher. Il commence dz
guérir ^ de fe mieux porter , Sec. Mais iî cet in£nirif
avoir à fa fuite quelque régime qui lui fût propre, ob*
jedif ou terminatif , il faudroit le faire précéder de la
prépofition à. Ce Médecin commence à guérir les TnaLi-
I des. Ce jeune homme commence à fe livrer a des payons
qui le perdront. L'ufage paroît favorifer cette règle.
Voici encore un exeirple de la prépoiîtion de après
un verbe.
Et je puis dire enfin que jamais Potentat
N'eut à dclibércr d'un (î grand coup d'Etat.
Corneille dans Pctn^ù.
3> L'ufage veut aujourd'hui que délibérer foit fuîvî tîc
3> la prépolîtion y^^r ; mais le de ç.(ï aufli permis. On dé^
-.j libère du fort de Jacques II dans le Ccnfeil du Prince
-.-. d'Orange. Mais je crois que la règle efl: de pouvoir
5i employer le de , quand on fpécifie les intérêts donr
33 on parle. On délibère aujourd'hui de la néceiîité ou /iw
^3 la néceflîté d'envoyer des fecours en Allemagne. Oa
j:: délibère fur de grands intérêts , fur des points impor-
=j tants.
M. de Voltaire,
Afia de la convaincre 6c détromper le Roi.
Ccmeille daûs Nicontéde,
?5 II faut pour l'exa^^tud^ ^ de détromper, mais ccttCi
iTi PRE
35 licence eft: fouvent très excufable en vers. Il n'efl: pas
to permis de la prendre en profe. M. de Voltaire.
M. l'Abbé d'Olivec obferve que l'emploi de la p'cpo-
lîcion de , dans le fens à' avec ou de par ^ étoit familier à
Racine & à Delpréaux.
D'où vient que d'un foin n cruel ,
L'injufte Agameinnon m'arrache de l'Autel.
Au lieu de avec un foin.
( Racine dans Iphigénie),
Vaincu du pouvoii de vos charmes.
Au lieu de par le pouvoir.
( Racine dans Alexar<ilre ).
Cependant , ajoute M. l'Abbé d'OIivet , il y a des
endroits où cela paroît , du moins aujourd'hui , avoir
quelque chofe de rauvaj:^e.
•/ A ioccafion de ces deux vers de la Tragédie d'Ipîii-
génic. '. . . ;;• :• .:■ .
Mais c'ell pouller frop loin fes dl-oîts injurieux ,
Qj'y joindre le tourment que je foufîre en ces lieux.
Le même Auteur fait obfcrvcr qu'on diroit.cn profe
que dy joindre ^ & qu'en elïet il n'cfi: pas indifférent
d'employer ou de fupprimer la prépolîtion de , devant
les infinitifs qui fuivent la conjondion que. Il Cil rap-
porte pour preuve ces deux phrafes , il ne fait que fortir ^
6i il ne fait que de fortir ^^ qui préfentenr des fens tout
ditî'érents. d> Pinson étudiera notre langue , dit il , plus
03 on admirera l'ufage qu'elle fait faire de fes prépofi-
31 tions. Entre lefquelles diftinguons-cn deux ^ à 6z de
33 qui foutiennent prefque tout l'édifice.
PUES, cfl: un adverbe de défiance : Toyc^ Adverbe.
PRESCRIRE. Verbe adif , irrégulicr , de la quatriè-
me conjugaifon , cpmpofé d'écrire _, fur lequel il le con-
jugue, & de la prépofuion latine prA, qui (igniiîc avant,
d'avance. Ainfi prcfcrifc Veut dire marquer , ordonner
ce qu'on veut qui foit ^nk. Je nai point pajjc les bornes
que vous rnavc:^ pr^fcritcs..
PRÉ 173
Ce Verbe , en termes de Jurifprudence j iîgnifîe Tac-
ouifidon ou l'exclufion d'un droit fur une chofe que
l'on a polfedce fans trouble pendant le laps d'un tems
nxé par la Loi. On ne prefcric point contre Us mineurs :
voyez Ecrire.
PRESENT. C'eft un tems des verbes qui déiîgne que
la chofe eft ou fe fait au tems où l'on parle : voye:(^
Tems des verbes6'Conjugaison.
PRESENT CONDITIONNEL. C'eft un destem? des
verbes. Il déiîgne qu'une chofe arriveroit dans le tems
où l'on parle , fî une autre chofe fe faifoit ou étoic
faiccj fi , &CC. ^oyt^ Tems DES verbes 6' CoNJUGAi-*
SON.
PRESQUE , eft un adverbe de quantité : voye^ Ad-
verbe.
PREUVES. On appelle preuve en Rhétorique une
raifon probable qu'on propofe pour fe faire croirej c'eft
ainfi que Cicéronla définit. Les Logiciens ladéfinifiçnt,
un milieu , qui, par fa connexion avec deux extrêmes,
prouve la liaifon que ces deux extrême*- onc entr'eux.
La définition de Cicéron a pour objer l'enthyméme,
raifonnemen: confacré a la Rhétorique. Il elt compofé
de deux propofitions j dont l'une vraie & certaine éta-
blit l'autre qui paroi/Toit douteufe, Ceite première pro-
pofition vraie & certaine s'appelle aufii principe. Par
exemple, ia tempérance efi une vertu j donc il fj ut aimer la.
tempérance : voyei Enthymeme.
La définition des Logiciens embraffe le fyllogifme ,
raifonnement affeâié a la Logique. Il eft compofé de
trois propofitions dont deux s'appellent extrêmes , & la
troifieme mz7i^i^ , ou dont les deux premières s'.-ppelien.c
la majeure & la mineure , & la croifieme la cofîfequence
ou la conclufion. Ls. féconde fert de règle pour prouver
que les deux autres conviennent entr'elles ; on l'appli-
que à ces deux propoficions, 6: fi elles lui reifembient
toutes deux , elles fe relTemblent nécelTairement entre
elles j car deux jhofes , qui rellemblent a ^nc croine-
jne , fe rellemblent entr'elles : voye^ Syllogisme
Les preuves font fondées furlaraifon oularPaucorité.
PRÉVALOIR. Verbe neutre , réciproque & i:i:v:gu-
lier, de ia troifieme conjugaifon, compofé de valoir^ Cut
Tome II, M
J74 PRÉ
lequel il fe conjugue, & de la prépofition prè , qui
fîgnifîe devant. Prévaloir, c'efl donc avoir certain prix ,
certain avantage devant un autre j c'eft-à-dire avoir la
préférence fur quelqu'un.
Il eft quelquefois réciproque. Il efi plus jujl^ de fc
prévaloir dejon efprit , que defes richejfes.
Le préfent du fubjondif du vçiïhz prévaloir eft diffé-
rent de celui de fon iîmple valoir , que je prévale , que
tu prévales , qu'il prévale , que nous prévalions , que
vous prévaliez , qu'ils prévalent.
Participes : Prévalant , prévalu , prévalue : voye^^
Valoir.
PRÉVOIR. Verbe adif, irrégulier, de la troifieme
conjugaifon , compofé de voir^ & de la prépolitionpr/ ,
qui lignifie devant 5 comme qui diroit voir devant 5 voir
la chofe avant quelle arrive.
J'ai prévu les malheurs où j'allois me plonger i
Je les ai tous bravés , traître ! pour ce venger. ,
Participe préfent. Prévoyant , dont on fait fouvent
un adjedif : cet homme efi prévoyant ; cette femme ejl
prévoyante. Participe pajfé. Prévu , prévue.
Prévoir fe conjuge fur voir : voye^ ce mot.
PROMETTRE. Verbe adif, irrégulier, de la qua-
trième conjugaifon , compofé de mettre , fur lequel il fc
conjugue, & de la prépofuion latine /^ro, qui défîgne
une chofe mife en avant. Ainii promettre fignifie mettre
en avant , donner parole , s'engager de faire ou dire
quelque chofe : exemples. En vous promettant de m'y
employer , je ne vous promis point de réujjir. Il promet de
vous fatisf aire dans peu.
On dit proverbialement : Promettre & tenir font deux.
Ilfe ruine a promettre ^ & s'enrichit a ne rien tenir.
On dit au figuré : Ce jeune homme promet beaucoup ,
c'eft-à-dire , donne de lui de grandes efpérances. Voilà un
tems qui promet du chaud ^ de la pluie.
PROMOUVOIR. Verbe adif, irrégulier , de la troi-
fieme conjugaifon, compofé de mouvoir fur lequel il fe
conjugue, &l de la prcpofition latine pro , qui lignifie
devant , m avant, Amil promouvoir veut dire mouvoir gni
P R O 175
^ànt , avancer, élever. Ce terme cH: confacrc^ pour
narquer l'élévation , Ja promotion aux dignités, llfa-^
oit bien interrejfant pour la Religion quon ne promut aux
ignirés Eccléf^afiiques qu€ des perfonnts pleines de la cha-
ité Ev ange li que.
Ce verbe n'efl guère d'ufage qu'à l'infinitif & aux
ems compofés.
PRONOMS. C'eft une partie d'oraifon , ou un nom >
^ n par lui-même ne repréfente aucune iàéç^ précife *
nais qui rappelle à l'erprit une iàéc quelconque anté-
leurement peinte par un nom. propre , ou fuffirammenc
onnue & défignée par les circonftances & le tour du
angage. Voilà ce que les Grammairiens nomment ;pro-.
om ; comme fi l'on difoit , un mot qui eft mis a la pla~
•e du nom , qui fans être originairement un véritable
10m , en tient néanmoins la place , & en fait les fonc-
ions.
La principale raifon qu'on a eue d'introduire dans les
■angues ces prothées d'efpecc nouvelle , qui devien-
nent ce que Ton veut , non pas tant en changeant de
igure qu'en changeant de place , ces tableaux finguliers
]ui ne repréfentent qu'en coaféquence du cadre" qu'on
eut donne; eft le défagrément qu'il y auroit à répéter
:rop fouvent un même nom dans un difcours ^ où une
néme idée fe trouve comme la fource ou le terme d'un
Tiand nombre de rapports dilférens.
I Obligés à revenir fouvent à une idée , & par confe-
juent a y ramener ceux qui écoutoient , les hommes
rouverent que la répétition des mêmes fons les en-
iuyoit& qu'ils fe trouvoient fatigués de revoir toujours
e même objet peint des memes^raits , fous la m.ême
jorme & dans le même jour. Ils fentirent qu'sprès
livoir une fois préfenté une chofe avec clarté & préci-
lion par le nom qui en rend la nature, i'efprit eux re-
I toute le fuperflu ne vouloir plus i'appercevoir que dans
Un lointain , & à travers une forte de voile tranfparent;
Ijue fi l'on pouvoir avoir une expreî'lion générale qui ne
rtit que comme un avertiirement données l'ef^rit pour
e rappeller & fuppléer de lui - mem;^ cette idée donc
;)ii etoit obligé de fe rapprocher, alors l'amc exerçant fà
Mij
t-îê P R O
mémoire & fon intelligence fentiroit moins une répéti-
tion qui d'ailleurs feroit déguifce & moins complette.
On mventa donc les pronoms qui fatisfont pleine-
ment à tout ce que Ton fouhaitoit : on eut même l'atten-
tion de ne les faire prefque tous que d'une ou deux fyl-
labes , pour éviter les longueurs , & aufTi afin que paf-
fant plus rapidement , l'efprit occupé d'ailleurs à en
chercher les antécédents , n'eut pas le loilîr de s'ap-
péfantir fur eux pour y retomber dans le dégoût &
lennui.
Si toutes les vues que nous prêtons ici aux Inftituteurs
des Langues , font de ces fuppofîtions dont on ne peut
prouver la réalité, il nous fufîit d'y trouver les effets
conformes. Que les pronoms fe foient introduits fans
deffein , par un ufage purement arbitraire , ou par un
inftinâ: aveugle , mais dirigé par le befoin 5 il eft tou-
jours vrai que nous les avons à peu près tels qu'ils
feroient s'ils eulTent été le fruit des raifonnements que
nous venons de pré(enter.
Pour rendre plus fendble la définition du pronom , &
£xer encore davantage l'idée qu'on doit s'en faire ,
examinons- le dans un exemple. Votre -père vous ordonne
d'étudier ^ & vous lui deve^ obéir. Ces deux mots , vous ,
lui y confidérés hors du ditcours , n'expriment aucun ob-
jet particulier ou général , ni aucune qualité foit né-
cefTaire , foit contingente ; ils ne font naître dans l'eC
prit aucune autre notion que celle d'une idée qu'on nous
a défignée , ou qu'on nous doit défigner de quelque fa-
çon que ce foit : fans cette indication ou défignation né-
cefTaire , ils ne font que des figues généraux qui ne di-
fent encore rien , mais à qui l'on peut faire dire tout ce
que l'on voudra 5 voilà en quoi ils différent le plus des
autres noms qui font dévoués à une idée qu'ils repré-
fentent par-tout où ils font , comme terre j fertile ,
qui expriment toujours, le premier , la matière qui corn-
pofc ce globe où nous fommes, & le fécond , un être qui
produit beaucoup de fruits.
Mais comment peut-on particularifer ces figncs gé-
néraux ; déterminer ces pronoms à des idées précifcs&:
choifies? C'cft en fuivam les loix que l'ufagc a portées fur j
P R O 177
l'emploi de cette partie d'oraifon , furie genre, le nom-
bre des pronoms & furies autres mots qui les accompa-
gnent. Ainfi dans la phrafe citée , vous , par la nature
de l'emploi qui lui a été adjugé , déiîgne , indique &
far naître l'idée de celui à qui l'on parle , à qui il eft
ordonné , & qui doit obéir j & pour faire cet emploi ,
•vous n'a pas befoin que la perfonne qu'il repréfente , ait
été nommée ; il fuffit que les circonllances dans lef-
quelles on parle la déterminent. Lui , tient lieu des
mots , votre père ; il en eft comme le vice-gérent, & le
fubftitut 5 il les repréfente & en rappelle l'idée 5 maïs
pour cela , il a fallu que cette idée ait été auparavant
annoncée à Tefprit par fon nom propre , ou par un au-
tre moyen. ;
De tout ce préliminaire , il réfulte que quand nous
avons dit que les pronoms n'étoient que des fignes pro-
pres à indiquer tout ce que l'on voudroit , nous par-
lions des pronoms pris coUedivement , & non pas de
chacun en particulier , les uns , par exemple , ne pou-
vant remplacer que des fujets de propofuions , les autres
que des régimes , &c. Que lorfque nous ajourions
que par eux-mêmes , ils ne reprélentent aucune idée
précife , nous entendions qu'ils ne repréfentent en effet
l'idée d'aucun objet déterminé , & non pas qu*ils ne
nous indiquent en général l'idée d'un fujet de propoii-
tion quel qu'il foit , ou d'un régime &c.
Ils tiennent de la nature du fubftantif , en ce que
fbuvent ils le remplacent & en rendent l'idée , comme
dans l'exemple ci-deifus 5 & ils tiennent de l'adjedif ,
non-feulement parcequ'ils en rappellent l'idée comme
dans cette phrafe , votre aveu n' efi pas fincere ; il le fù'
roit y [p ... ;^ où. le fait fonâiion de fmcere , il firoitjiri'
cere » fi . . . ; mais principalement parcequ'étant defti-
nés à remplacer des noms de tout genre & de tout nom-
bre , ils doivent pouvoir s'y conformer , & en prendre
en quelque forte la livrée, ainll que font les adjedifs
ui qualifient les êtres j comme on le verra dans la
uite : lorfque le pronom fert à rappeller l'idée d'un ad~
Jedif , alors il n'eft plus de tout genre ni de tout nom-
bre , il devient neutre & indéclinable.
ËAfin ils ae font que de vrais vice-gérents & fubfti-
M lij
l
17B P R O
tuts des autres nomsj & vouloir , comme quelques
Grammairiens , qu'ils aient une fignifîcation plus forte
que les noms qu'ils repréfentent , parcequ'il elt des cir-
conftances où ils plaifent davantage & font un meil-
leur effet , c'eft confondre mal-à-propos avec leur na-
ture primitive, la force, la vivacité, & l'énergie que
leur donnent leur place fouvent plus avantageufe que
ne feroit celle du nom , le tour de la phrafe que le nom
même rendroit plus gênée , leur peu de lyllabes qui les
rendent prefque toujours bien plus courts que les noms
qu'ils remplacent , & l'iiabiLude où Ton eft de les voir
en telles circonftances où le nom lui même oiïenferoit.
Avantages qui, tous, ne font qu'accidentels au pronom,
& ne compofent point fa nature.
On peut divifer les pronoms en différentes clafles ,
en coniîdérant leurs diverfes manières de repréfentcr.
ou le rapport fous lequel ils repréfentent. On pourroit
encore les partager fclon qu'ils varient ou ne vaiieni
point dans ce qui en fait le matériel 5 félon qu'ils peu-
vent fervir à plufieurs fondions, ou font limités à une
feule 5 félon la différence qui fe trouve entre la fyntaxt
des uns & celle des autres , &c. Mais tout ce que cesdif
férenrs poinrs de vue peuvent offrir de remarques utiles .
trouvera aifémcnt fa place dans les détails où nous
allons entrer , en nous bornant à la première divifion
indiquée.
De tous les pronoms , les uns défignent les perfonnesj
ils indiquent celui ou ceux qui parlent , à qui l'on par-
le , ou de qui l'on parle 5 tels font dans cette phrafe , un
rival ejl toujours a craindre ; je vous conftilU de le ména-
ger. Je qui vous rappelle à l'efprit une idi:e de moi , vo-
tre ami qui vous parle , & qui vous confcillc ; vous qui
défîgne la féconde perfonuc , celui à qui je parle , à qui
je confeilie, & le qui marque la troihcme perfonne , ce-
lui dont nous parlons , cet homme qui eft votre rival ,
qui eif à craindre , & que vous devez ménager : ces
premiers pronoms fe nomment pronoms perjonneU.
D'autres rappellent cgalemejit les idées des perfonnes
ou des chofes dont on a parié y mais c'tfb pour les ex-
pliquer, ou en reftreindre & déterminer l'étendue 5 les
noms ou pronoms auxquels ils fe lapporcenc , les prccc*
P R O 17^
iîent prefque toujours ; & fî ces noms qu*on nomme û«-
técédents , (ont fous -entendus , refpiit en les fuppléant ,
les fuppofe toujours placés auprès de ces pronoms dont
nous parlons , qui font la féconde clafTe , & qu'on ap-
pelle pronoms relatifs. Un trait par lequel ils dijfïerent
encore beaucoup des premiers , c'eft qu'ils fervent fou-
vent de liens pour unir les membres des phrafes ; qu'ils
n'en font qu'une , où fans eux il y en auroit eu plu-
sieurs , comme on peut le voir dans cet exemple : Us
ferments que L'amour infpire, font rarement réféchis. Que
eft le pronom dont nous parlons ; il fe rapporte au
nom/^rm^TZfj, dont ilfert à reftreindre & déterminer
la fignifîcation , non pas , à la vérité , par lui-même ,
mais par le membre de phrafe à la tête duquel il fe
trouve ; car fans ces mots , que l'amour infpire , la
phrafe feroit bien plus générale , & moins déterminée;
elle feroit même faulfe : les ferments font rarement réflé-
chis 5 cette penfée n'eft pas jufte , prife en général , &
dans les mœurs d'un grand nombre de perfonnes 3 mais
elle le devient , en y ajoutant ce que nous en avions
retranché : Us ferments ( que t amour infpire) font rare-
ment réfléchis. Tout ce que cette phrafe énonce , ne
pourroit fe rendre qu'en deux phrafes découfues , ft
vous en ôtez le que en y laiifant le refbe : l'amour inf-
pire des ferm.ents ; ces ferments font rarement réfléchis :
c'efl: le pronom en queftion qui en eft le lien & qui
en fait l'union.
H en eft d'autres qui défîgnent d'une façon particu-
lière , en ce qu'ils fpécifîent la chofe à laquelle ils fe
rapportent, qu'ils la montrent , pour ainii dire, au
doigt , & la mettent fous les yeux 5 ce font ceux qu'on
nomme pour cette raifon , démonflratifs. Tous les
amants font fujets a un peu de folie y mais celui-ci efi
archifou ^ dans cette phrafe y celui-ci eft un pronom dé-
m.onftratif 5 auffi voit-on qu'il particularife l'idée d'a-
mants par l'applicarion qu'il en fait à un feul hom-
me 5 bien plus , il montre cet homme , il le défigne
d'une manière plus précife que les autres pronoms; cela
eft fi vrai, que les yeux & le gefte fe portent prefque
toujours , quand on le prononce , vers celui qui en eft
l'objet,
M iv
i8ô P R O
Enfin , il en efl: d'autres qui par un caraderc entière-
ment oppofé à celui des démonftratifs , ne défîgnent
rien de bien déterminé , ils indiquent des gens ou des
chofes en général , fans les particularifer : il en efl mê-
me un qui ne pourroit avoir aucune défignation , s'il
n'étoit luivi de quelque éclaircillement 5 & cet éclair-
cilTement efl: ordinairement amené par un pronom re-
latif : ainfî dans cet exemple ceux qui vous plaifent j,
font bien heureux ! Ceux efl: un de ces pronoms dont nous
parlons 5 il indique des hommes ou des êtres en général,
on ne fait lefquels : les mots font bien heureux me font
connoître que ces êtres font des êtres fenfibles. Si cette
phrafe efl: adre/îée à une femme , je concevrai que ces
êtres fenfibles font des hommes. Malgré tous ces fe-
cours que la phrafe & les circonfl:anccs me donnent
pour favoir quelle idée le pronom ceux doit réveiller en
mon efprit , je ne puis encore ni l'entendre, ni l'em-
ployer , s'il n'efl: fuivi d'un membre de phrafe apparte-
nant à lui feul y & fervant à l'éclaircir davantage ; tel
efl: ici ce membre , qui vous plaifent j ceux qui vous plai-
fent y font bien heureux : alors le pronom ceux mocca--
fionne à la vérité une idée jufl:e, mais générale , ou qui
du moins par la nature du pronom y ne peut être une
idée particularifée , je veux dire , indiquant un objet
déterminé tel , un objet pris individuellement. Les pro-
noms de cette dernière clafle fe nomment pronoms in"
définis , & cela à caufe du défaut de précifîon qui ic
trouve toujours dans leur manière de défigner.
Voilà donc quatre fortes de pronoms, que nous allons
reprendre fuccefiîvement , en fixant pour chacune les rè-
gles qui leur conviennent pour les genres , les nom-
bres , les fondions & la fyntaxe. Nous aurions pu y
en ajouter une cinquiem.e compofée d'adje(^ifs que la
plupart nomment pronoms pojfeffîf s : mais nous n'avons
pas cru devoir fuivre la foule des Grammairiens dans un
point aulfi contraire à la jufliefi'e des idées. Les mots
qu'ils mettent dans cette clafie ne font point àas mots
inventés fimplement pour être fubflitués à des noms
déjà énoncés ou connus : ce font de vrais noms qui
ont par eux-mêmes, & indépendamment des autres noms
;juxqucl$ ils fe rapportent , un objet de fignifiçaiioû
P R O i8r
Hxe & précis. On peut en juger par la feule infpeclion:
mon y ma , mis , ton , ta y tes , fon , fa , yêj , notre ,
r/oi- , votre y vos y leur , ieurs y mien y tien y Jien y quel-
que y quel y quelle y chaque.
Tous ces mots peuvent appartenir aux pronoms en ce
cju'ils en font dérivés , ou même en ce que quelques-
uns font la même chofe que certains pronoms pour les
Tons & les lettres qui les compofent : mais eft-ce une
raifon {uffifante pour être appelles pronoms î L'adjcdiif
amoureux eft dérivé du Ç\ihîi2inii^ amour ; fon fubftantif
lignifiant le bruit d'une cloche ou d'un inftrumenc, eft:
homonyme avec le prétendu pronom /û/z ; amoureux
Icra-t il fubftantif ? Le fubftanrifyô/z fera-t-il auHi pro-
nom ? Ce n'efl: point fur une reifemblance de fons, oii
{\ l'on veut , fur une proximité , une filiation , une gé-
nération qui ne font rien à la valeur ni à l'emploi des
mots , qu'il faut établir la nature & l'efpece des diffé-
rentes parties d'oraifon s ce n'eft: que fur leur manière
de lignifier ; & la manière de lignifier des prétendus
pronoms pojfejfifs n'a rien de commun avec la manière
dont les véritables pronoms lignifient.
La grande raifon pour laquelle on veut mettre ces
adjectifs poifcfîifs au rang des pronoms , c'eft que , dit-
on , ils en tiennent la place , & qu'on peut remplacer
l'un par l'autre j les François aiment leur Roi , c'eft-à-
dire , le Roi d'eux ; mon plaifîr cfi dans mon devoir ;
' c'eft:- à-dire , plaijîr de moi y devoir ae moi y &c
Mais ils feroient alors moins que pronoms ; ils ne fe-
roicnt que pronoms de pronoms , puifque ceux-ci doi-
I vent remplacer un fubftantifou adjeélif fignifiant un
, objet déterminé, & que ceux-là ne feroient que fubft:i-
; tuts d'un fécond ordre , ne remplaceroient que des
mots qui par eux-mêmes ne peuvent rendre aucune
idée.
D'ailleurs, pour avoir la qualité de pronoms , fuffit-
il d'être mis à la place d'un mot , de lui être fublHtué .-
Le wot j'aime y le mot lion feront-ils des pronoms , pnr-
cequ'ils font à la place de ces autres mots , je fuis ai-
mant y homme courageux ? Non , puifque ^ j'aime ^ & lion
peignent par eux-mêmes un objet fixe, une idée préci-
fe , aulfi bien & miçux c^nc je fuis aimant j & homme
iSa P R O >s
•tcfuragmx , Sr qu'un pronom ne peut peindre , ni dé-
Dommer j il ne doit qu'indiquer un objet au nom du-
q;uel il eft fubftitué. De même l'adjeclif ma^z ne fert pas
feulement à rappeller le mot de moi ; il en exprime le
lêns; par lui-même 5 il a outre cela une fîgnifîcation
immuable & propre , dont l'objet eft aufli déterminé par
la nature du mot , que celui de tout autre nom / cet ob-
|et eft un rapport d'appartenance , de liaifon , de jouif-
lance. , de pollelTion réelle ou de droit ; rapport inva-
rfablemcnt exprimé par l'adjedif en queftion , rapport
qui eft une véritable qualité métaphyiîque que l'etprit
imagine, qu'il identifie avec l'objet auquel l'adjedif fe
rapporte , qui caradérife cet objet j ce que ne peut faire
aucun pronom.
Si l'on veut dire que de moi exprime tout cela , com-
me mon; nous répondrons que ce n'eft point le pronom
moi qui l'exprime , mais la prépoiition de ,* nous ajou-
terons qu'il eft faux d'ailleurs que ces deux mots puif-
fent toujours être remplacés l'un par l'autre ; & nous
en donnerons pour exemple ces mots , mon habit , qui
lignifient habit qui m' appartient , & qu'on ne peut ren-
«îi-e par , Izabit de moi , qui fignifieroit aulli bien habit
que: y ai fait y ou que j'ai donné ; ou plutôt qui ne figni-
fieroit rien, parce que c'eft une exprelTion confufe &
barbare.
Nous le répétons, parccque c'eft un point cffenticl ;
ce n'eft point par l'étymologie , ni par les périphrafcs
fjuî peuvent remplacer un mot , qu'il faut le conîidérer,
pour voir dans quelle clafie il faut le ranger , ce n'cft
point non plus par la nature de l'objet qu'il nous fait
appercevoir ; mais feulement par la manière dont il ex-
prime cet objet, par les rapports qu'il nous y décou-
vre , par le jour fous lequel il le préfente , par les qua-
lités dont il l'enrichit , & les couleurs , les traits qu'il
lui prête, fi j'ofe m'cxprimer ainfi.
Or la manière dont le pronom exprime, c'eft d'indi-
quer fans dénommer , de rappeller à l'cfprit une idée
connue d'ailleurs ; le rapport qu'il nous découvre , eft
un rapport au nom propre qu'il remplace pour ie rap-
procher d'autres idées fubféquentes ^ le jour fous lequel
il préfcntc , eft un jour foible , fon expreflioo ne pei-
P R O 183
gnant , ne dénommant jamais l'idée qu'elle rappelle j le
pronom ne montre jamais aucune qualité dans l'objec ,
il ne fait que renvoyer à celles qui font énoncées par
d'autres mots. Il faut en dire autant des couleurs & des
traits ; il les afFoiblit plutôt qu'il ne les donne , ôc s'il
plaît , s'il frappe fouvent plus que le nom propre , ce
n'cft que parcequ'il nous fauve de l'ennui des répéti-
tions , & par les autres raifonsque nous en avons alTi-
gnées au commencement de cet article.
Des Pronoms perfonnels.
Les pronoms perfonnels , avons-nous dit , font ceux
qui indiquent les perfonnes. Or on fait que pour cha-
que nombre, il y a- trois perfonnes ; ce qui fait de cette
forte fix efpeces de pronoms perfonnels : je , me j moi ,
pour la première perfonne du fingulier -^ tu , te y toi ,
pour la féconde 3 il , elle , le ^ la , lui y je y foi , en ,
y y on ^ perfonne , 5: rien , pour la troiiieme , nous pour
la première du pluriel j vous pour la féconde \ ils , elles,
eux , les y leur , pour la troifieme j ce qui fait en tout
vingt-cinq pronoms perfonnels.
Remarquons que ceux de la première perfonne de
chaque nombre font invariables , quant au rapport fous
lequel ils rappellent une idée , puifque c'eft toujours
fous le rapport de première perfonne du iîngulier pour
les premiers , &c fous le rapport de première perfonne
du pluriel pour les féconds. Je parle y nous lifons : je ne
peux jamais indiquer que moi , & moi feul , ou fi l'on
veut , que celui qui parle , & lui feul j nous ne peut de
même défîgner que ceux qui parlent , ou au nom de
qui un feul parle j mais il les défigne tous. Ces pro-
noms font encore invariables, quant au genre ^ c'efl-à-
dire , qu'ils ne font proprement ni mafculins, ni fémi-
nins , ou qu'ils font l'un Si l'autre fans aucune altéra-
tion dans leur terminaifon qui puiile indiquer auquel
ils font affeélés dans une phrafe particulière. Une fem-
me dity^ y je Is , de même qu'un homme j plufieurs
diront nous lifons y comme plufieurs nommes le di-
ioient; il n'y a aucune différence.
Mais s'-il fe trouve un adjedif qui fe rapporte à ce
1^4 P R O
pronom , ra<îjeâ:if fuit la règle générale; il prend Ca.
terminaifon mafculine , ii le pronom qu'il qualifie Te
rapporte à un fubftantif mafculin ; & fi ce pronom Ce
rapporte à un fubftantif féminin, l'adjedif prend fa
terminaifon féminine. Une femme dit , je fuis malkeu-
reufe ; & un homme dira , je fuis malheureux , &c.
Je y me , moi , & nous , ont encore une qualité qui
leur eft propre j c'eft de ne pouvoir communément fer-
Vir qu'à dcfigner des perfonnes véritables , c'eft-à dire,
des êtres inteIJigens , qaipuiifent parler: nous avons dit,
communément , parceque quelquefois par figure de Rhé-
torique ou par licence poétique , on fait parler des ani-
maux , ou même des chofes inanimées , comme fi eirec-
tivement elles exprimoient elles-mêmes ce qu'on leur
fait dire.
Tout ce que nous venons de remarquer fur les pro-
noms des premières perfonnes , doit s'entendre aufii de
ceux des fécondes ; on apoilrophe quelquefois les ani-
maux & les chofes inanimées ; on leur parle ,de même
qu'on les fait parler ; mais dans les difcours ordinaires,
on ne peut adrefier la parole qu'aux êtres intelligens 8c
capables d'entendre.
Quant au genre , les pronoms de féconde perfcnnc
reiïcmblent en tout aux pronoms de première perfonne;
les loix font les mêmes. Seulement il y a pour leur
deftination une différence à faire : c'eft le ^ronomvous
qui l'exige : il fert également à défigner la féconde per-
fonne foit du fingulier , foit du pluriel : vous life^ j je
vous parle , fe dit d'une feule perfonne , comme de plu-
sieurs : bien plus, quand ro«j eft le fubjeélif du ver-
be , il veut toujours fon verbe au pluriel , on ne peut
pas dire au fingulier , vous lis , mais , vous life[.
Par une autre irrégularité apparente , les adjedifs
ou participes qui l'accompagnent , fuivent le nombre
de l'objet auquel vous fe rapporte : on dit , vous eus
aimable , mais indifcret , ou indifcrete , en ne parlant
qu'à une feule perfonne ; & fi le difcours s'adrcilc à
pluficurs , on dira, vous êtes aimables , mais indiJcretSj,
ou indifcretes. Si donc il y a un adjedif ou participe
dans la phrafc , il indiquera de quelle nombre eft le
prouom vous-^ & s'U n'y en a point, ç'çft aux circonftau-
P R O îS5
:€S feules ou au refte du difcours qu'il faudra recou-
r pour s'en inftruire.
Cecce fa<^on d'employer vous pour le (îngulier , com-
me pour le pluriel , eit , dic-on , une faÏLC de Ja poli-
:efle Fr.inçoife. Ce qu'il y a de fur , c'cfl que c'eil: un
afage Ci général dans notre Lani^ue , que tu ^ te ^ toi ^
font admis que dans trois cas; celui de la coîere
ou du mépris , celui d'une extrême familiarité , & ce-
lui du haut ftyle, fur- tout en poclic : c'eft ainfî , par
exemple , qu'un maître dit à un domelHque donc il
eft mécontent '■, fors d'ici , tuis unfrippon , &c; qu'un
époux dit à une époufe ; ma chcre arme , veux-tu m en
croire y &c î Qu'un Poète ou un Orateur, dans un
ûyle élevé , voulant donner plus de force à fa penfec ,
die dans une apoilrophe hardie ou véhémente. . . .
Grand Dieu , tes jugements font remplis d'équité ,
Toujours tu prends plaifir à nous êcri propice , ôcc.
Quand on fe fert de vous au lieu de tu ^ te , toi , &
'qu'il fe trouve dans la même phrafe un adjedif pof-
fclfif ; Il la qualité exprimée par cet adjedlif fe rap-^
porte à vous , non pas comme objet qualifié , mais
comme ternie de la pofTelfion , alors il faut prendre
i'adjeclif qu'on emploie pour plulîeurs : un exemple va
eclaircir cette règle • vous êtes trop appliqué dans votre
travail^ ô* trop dijjipé dans vos délajfements : on ne parle
qu'à une feule perfonne ; ain(î quoiqu'on fe ferve de
vous pour tu , & qu'en conf^quence le verbe êtes foit au
pluriel , les participes appliqué ^ dijftpé font au lîngu-
lier : votre qualifie le fubilantif fingulier travail ^ vos
qualifie un fdbftantif pluriel , délajfements y ainfirorr^
eft au fingulier , & vos eft au pluriel : mais on fe fert de
vote , & non pas de ton ; de vos , & non pas de tes ;
parcequ'on s'eft fervi de vous , & non pas de tu : votre
travail^ vos amujemens , déùgnenc originairement les
amufemens & le travail de ceux à qui l'on parle ; je
dis de ceux , parce que votre , vos y fuppofenc que Voix
parle à plufieurs , de même que vous. Mais l'ufage
niant appliqué ce dernier à un feul objet , comme à
plufieursiies deux autres l'ont fuivi dans cette nouvelle
i8<^ P R O
deftination : d'où il fuit qu'on ne Ce fert de ton i ta,
tes, que dans les cas ou tu , toi , te , Te tiouveat
employés.
Oui , cher Prince , ta more de tant de pleurs fuivie
Met le comble aux grandeurs dont eu fus revêtu \
Et fauve des écucils d'une plus longue vie
Ta gloire ôc ta^vertu.
( Rof.jfeau, ).
Dans ce pieniier''coup d'oeil donné fur les pronoms per».
fonnels , il nous refte à parcourir ceux des troifiemes
perfonnes. Le pronom'// n'efl: que pour le mafculin à la
troifieme perfonne du lîngulier : L'amour efl un tyran fc--
ducieur ; iL nous flatte ^ mais il nous perd. Il en ell de
même du pronom le quand il remplace un fubRantif j
car s'il remplaçoit & défignoit un adjeélif , il feroit
de tout genre & de tout nombre, comme nous le dirons
tour-à-i'lieure. L'homme efl fier , mais il efl foible ^ il
faut le ménager , mais il ne faut pas le craindre.
Lui c(ï audi toujours mafculin & lingulier , quand
il n'efi: pas tcrminatif fans prépofitioa : quand on aime
quelqu'un , tout ce que l'on a , efl à lui.
El'e ne peut jamais indiquer qu'une perfonne ou une
chofe de genre féminin , &: du lîngulier ; il en efl: de
même de la : une femme aim.ahle & vertueufe efl une per-
fonne qui loge deux hôtes difficiles à concilier ^ mais fi
elle peut établir l'accord entr'eux , il:: concourent tous les
deux a la dédommager des peines qu'ils peuvent lui avoir
caufées , & des facrifices qu elle fait a l'un fans manquer
a t autre.
Se y fert également pour les deux genres & les deux
nombres , aufli bien que les pronoms en Scy ; les cour-
tifans fe flattent & cherchent a fe perdre , parcequ'ils fe
craignent. C efl parce que la fortune efl aveugle , que tant de
méchans en font les favoris. Les événements trompent
fouvent nos conjectures , 6' nos mtfures; mais fi nous ne
pouvons en être les maîtres , du moins pouvons nous ne
pas nous y fier. Le faux dévot efl un animal ow.brageux ;
ne vous y fie:^ pas. ;
Soi erî aulli peu décidé pour le genre^ & ne s'cmploiC;
P R O ity
uc îorfque le fubjeâiif eft un nom indéfini , comme -oh>
hdcun ^ quiconque ^ ou ce , qui , il , pourvu que c^s pro-
aoms ne foient iîxés par aucun nom précis, & qu'ils tîs
ié/îgnenc qu'un fujet quelconque j ou enfin quand ce
fubjeciif çi{\i énoncé par un infinitif, ou un fubftanta£
iont l'idée vague & générale n'eft fixée que par le,
rapport qu'une prépolition met entre lemot/oi&oe
fubftantif ou cet infinitif. On doit d! abord -p enfer k foi,.
Chacun, n'a qua travailler pour foi. Quiconque ne vsxit
de bien qu'a foi , nen recevra guère des autres. EJl-CJek
fbi-même a fe faire juCiice ? Qui voudrait être foi-mime
fon propre ennemi ? La défiance de foi-même eftfoicvznit
fort utile ; mais toujours fe défier de foi aevient a lafim.
mdfihle. Par-tout ailleurs il faut employer lui , ewx^om:
ie mafculin ^ elle , elles pour le fémmin , ou {èuis , ©a
avec même. U homme doitpenfer a lui-même , &c. Aw^
M. de Voltaire blâme - 1 - il ce vers de Corneille àai&
I Fvlyeude.
Qu'il faiïc autant pour foi , comme je fais pour lui,
33 Soi , dit ctz Ecrivain célèbre , ne fe dit qtfàrinde*
63 fini. Il faut faire quelque cbofe pour foi. Il travaille
M pour lui 33.
Voilà pour ce qui regarde les pcrfonnes. M, l'Abbé
à^Olivet obfervc que quand yôi fe rapporte aux chofcs,
il peut fe mettre non- feulement avec l'indéfini , mais
avec le défini ; & qu'il convient à tous les genres : 2'&
vertu eji aimable de foi ; la vertu porte fa récomptnfk
nvec foi y ce remède efi bon de foi , quoiqu'il vous aïz
incommodé. Mais il demande fi /ôi peut fe rapportera
1 jun pluriel. 35 Tout le monde , dit-il , convient que non ^
733 s'il s'agiî des perfonnes. On ne peut dire (\\ieux eu
33 elles. Mais à l'égard des chofes , les avis font parta*
33 gés. Vaugelas propofe trois manières de l'employer,
33 Ces chofes font indifférentes de foi. Ces chofes de faî
33 font indifférentes. De foi ces chofes font indifférentes^
33 II ne condamne que la première de ces trois phrafes ,
33 n'approuvant pas que l'on mette de foi après l'adjec-
33 tif. Mais l'Académie , dans fes obfervations fur Va^*
»• gelas, n'admet que la dernière de ces trois phrafes ^
y
î88 P R O
30 & rejette également les deux autres. Poui* moi , ajoiï*
30 te t-il , fî je n'étois retenu par le rcfped: cjue je dois à
S3 l'Académie , je n'en recevrois aucune des trois ; étant
00 bien peifuadé que foi , qui eft un fingulier, ne peut
33 réguiicremcnt fe conftruire avec un pluriel ».
Quant à nous , s'il nous eft permis de dire riotrc
avis, nous penfons que yôi n'eft pas plus un finguliet
que/ê ; on di: é^zicmtnt il fe repe ne ou ils ft repentent»
Dans la phrafe adoptée par l'Académie , de foi eft le
per fc des Latins , qui s'employoit avec le pluriel com-
me avec le fingulier. Q^uod honejium ejl per fe , nobis
-placez ( Cic. de hv(\\c. ). Fer je ipfi animi moventur\
( Idem de Div. ). Si concederetur ifia fuâ fponte & pet
fe effe jucunda , per fe effet virtus & co^nitio rerum*
éxpetenda ( Idem pro Plane. ),
On 3 perfonne , & rien. ^ "font toujours au fingulier , &'J
Veulent leurs adjectifs au mafculin , on efl affe:^ beau^
quand on efl affe^ fage. Perfonne nefi aujft jévcre ^ aufft <
vertueux en public y que certaines femmes qui font les
moins retenues dans le particulier. Rien nefi fi commun \
que des fois qui fe croient de l'efprit j ô* des fûts qui ft\
croient modcfies.
Ils n'eft que le pluriel de il , comme elles n'eft quel
celui de elle : ainfi le nombre excepté , il n'y a point dei
différence. Les hommes font infatiables y ils n'ont ja-
mais affe^. Si les femmes ont le droit de plaire ^ elles lc\
paient bien. Eux eft auiîî le pluriel du pronom malculini
lui , dont nous avons parlé ; les riches abjorbcnt tout ;|
ccfi pour eux que les pauvres travaillent. '
Les eft pour le pluriel ce que le & la font au fingu-
lier : ainfî les eft mafculin & féminin. Les jours de
l'homme jont comptés y // doit donc m.oins Jonger à les
allonger qu'à les remplir. Toutes les occupations fati-
guent a la fin , mais pour y trouver toujours du plaijir , il
ne faut fouvent que j'avoir les varier.
Lew(i\\.\z pluriel de lui ,, pronom terminatif fans
prépofition : ce lui étant également mafculin & fémi-
nin , comme , votre père le veut , il faut lui obéir:
votre mcre le demande ; le lui refuJere:^-vous ? il s'cnfuic
^ue leur s'emploie auffi pour des noms de l'un & àt\
l'autr*
P R O iS^
Tautrc genre : l.es hommes acquièrent par de longs tram
I Vaux des lumières qui leur deviennent fouvent funeftes^
i L:s folies de la jeunejfe engendrent des regre:s qui leur
I fuccedent plutôt qu'on ne penje.
! Nous penfons qu'il fufHra d'avertir que quelques-
uns de ces pronoms relfemblent entièrement pour le
matériel à des noms d'autre efpece , defqucls ils font
bien différents pour la fîgnification 5 & après ce que
nous en avons déjà dit , on ne fera point en danger de
les confondre : il Juiîit d'un coup d'œil pour voir que
dans cet exemple , le malheur cherche Jouvent ceux qui
le fuienî , ^ f^i^ quelquefois ceux qui femblent le cher^
cher. Le premier le eft un article , qui ne fert qu'à an-
noncer le nom qui le fuit, & les deux autres le font
des pronoms qui n'annoncent pas le fubrtantif maU
heur , puifqu'ils le précédent , mais qui le remplacent.
Il en eft de même pour la 8c les dans ces deux exem-
ples : la chofe que nous avons le plus deftrée perd bien de
foi prix y quand nous la pojfédons , & que nous ne crai^
gnons plus de la perdre. Les vertus fembUnt îrijles a ceux
qui ne les pratiquent pas , mais qu'elles ont de charmes
aux yeux de ceux qui les fuivent avec courage !
Qui pourroit confondre leur, pronom perfonnel, qui
{îgnifîe , a eux ^ a elles , avec leur adjedif pofleflif qui
exprime ce rapport de poflefllon , cette qualité meta-
phyfique dont nous avons parlé ? U eji grand de ne nuire
afes ennemis ni dans leur réputation , ni dans leurs inté"
rets ; il efl plus grand encore de leur faire du bien. Ce
dernier leur eft évidemment pronom 5 les deux autres ne
font que le fervice d'adjedifs.
'Outre la différence elfentielle provenant de l'emploi
modifîcatif du mot/^;ir , il s'en trouve encore d'autres
très confidérables & très fenfibles. Celui qui eft pro-
nom , défigne toujours un nom pluriel qu'il remplace
fans jamais prendre de s final ; au lieu que celui qui eft
adjedifj peut fe trouver uni a un nom fîngulier , &:
c[n'il prend le s final pour marquer (on pluriel.
'En, prépofition, diffère encore plus de en pronom ;
' ce Roi y père de fon peuple y avoit beaucoup promis ; en
peu de tems il en fit encore plus qu'il n'en avoit fait ejpé"
Tome IL ' N
IC,Q P R O
T€T» Le premier en eft une prépofition qui fignifîe , dam
Vefpau de peu de tems ; & les deux autres font des pro-
noms qui font à la place des mots , des chofes , de gran-
des chofes ; il avait beaucoup promis de grandes chofes ;
il fit encore plus de grandes chofes ^ qu'il n'avait fait ef
pérer de grandes chofes. On fent ici l'ennui des répéti-
tions , mais on voit que le fens eft le même.
Perfonne eft un pronom qui délîgne des hommes y de;
femmes en général j rien en eft un autre qui défignc
des chofes comme le premier déligne des hommes
ils ne s'emploient jamais qu'accompagnés de néga-
tions, fi ce n'eft dans les interrogations , & après quel-
ques conjondions , mais ce dernier cas eft plus rare
Or qui pourroit ne pas les diftinguer des fubftantit'
perfonne & rien , qui fignifient par eux-mêmes , l'un
un homme ou une femme prife en particulier , ou de
hommes, des femmes prifes en général , mais détermi-
nées 5 l'autre , le néant , ce qui n'eft pas & ne peut êtic
qui tous les deux ont un pluriel , & prennent l'arncli
avant eux , ce que ne font pas les mêmes mots cm
ployés comme pronoms ; outre que perfonne fubftanti
eft toujours féminin , au lieu qu'ici il eft toujours mal-
culin : Perfonne ne fait s'il ejî digne d'amour ou de haine
Perfonne n'eft ajfe^ éclairé pour n'avoir jamais be foin eu
confeils. Rien n'eft f beau que défaire des ingrats ; mai.
eji-il rien qui demande autant de venu ! Vous me preffe^
comme s'il était rien qui pût me faire changer. La perfon
ne a qui fai parlé , s eft fâchée pour des riens. On icn
que les deux mots en queftion font fubftantifs dan
le dernier exemple , où ils font précédés de l'article
qu'ils n'admettent point dans les autres où ils font pro
noms.
Il faut remarquer ici que ces deux pronoms peu
vent prendre aufli la négation dans les phrafes où l'oi
interroge : il eft même des cas où elle eft néceffairc
puifque le fens varie félon qu'elle s'y trouve, ou ne s'] J
trouve pas : Eft-il perfonne qui fâche ce que fai réfolu i J
^' eft -il perfonne qui fâche ce que j'ai réjolu? La premier*
phrafe fait entendre que je fuis fur que perfonne ne faii
mon fecret : la féconde infinuc que je crains que q^cl^
qu'un ne le fachc.
P R O 15)1
De tous ces pTonoms perfonnels , les uns ne peuvent
1 fervir que àtfubjeBifs ou nominatifs du verbe , ou fu-
i lets agiilants ; nous leur donnons le nom de pronoms
oerfonnels agijfants ; ce Contje » tu , il , ils ^ on : d'au-
:res que nous nommons perfonnels régis y font toujours
i\\ régime alTujetti foit d'un verbe , foie d'un autre
.not 3 ce font les neuf fuivants ; me ^ te ^ fe ^ le ^ la ^
m^y , les , leur. Les autres qui font nous ^ vous ^ moi ^
.:oi , foi , lui , elle , eux ^ elles , perfonne , & rien , font
1 lijuelquefois régiiTants ou agilfants , & quelquefois ré-
^is , félon les phiafes où on les emploie. Nous leur
liaiilons la dénomination générale de pronoms perfon-^
nels , qu'ils femblent mériter par Tuniverfalité de leurs
fervices ; mais quand nous parlerons des agijfants , ils y
feront compris pour les cas où ils en ont l'emploi j
comme aufli , lorfqu'ils font régis , ils doivent iuivre
lies règles établies pour ceux de la féconde claffe.
Tout verbe qui n'eft pas à la féconde perfonne de
l'impératif, ni a l'infinitif, veut avec foi un fubjeSlif ovl
nominatif rédhmGnt exprimé; & ce fubjedifeft tou-
jours un pronom agilTant pour les deux premières per-
fonnes ; quant à la troilîeme foit du fingulier , foit dix
pluriel , il y faudra encore un de ces pronoms , fî la per-
fonne n'eft pas exprimée par fon nom propre. Ainfî, moi
qui m'appelle Pierre , je ne puis pas dire , Pierre viens ,
ni fimplement viens ; il faut que je dife , je viens. Si je
parle au nom de plulîeurs , je devrai dire, nous venons^
Il faut appliquer la même règle à la féconde perfonne :
tu viens , vous vene^. Mais pour la troilîeme , les ver-
bes n'y prennent de pronoms que quand les noms pro-
rpres ne peuvent s'y montrer eux - mêmes par les râl-
ions qui ont fait fubftituer les pronoms aux noms.
A in fi l'on dir , mon père vient , & non pas , mon père il
vient. Mais fi mon père a déjà paru dans le difcours &
qu'il n'y ait point damphibologie à l'omettre , qu'il
y ait même quelque défagrément à le dénommer une
féconde fois ; on dit feulement ^ il vient ; elle vient s'il
s'agit d'une femme ; ils viennent , elles viennent , fi le
fubjeftifeft compofé de plufieurs , vus chacun en par-,
ticulier.
Nous ayons excepté dç €ette loi l'infinitif qui n©
Nij
191 P R O
prend jamais de fubjedif ou nominatif , non plus qu^
les fécondes perfonnes de l'impératif, ni la première dvt
pluriel de l'impératif 5 le fingulier n'a point de première
perfonne dans ce mode : ainli l'on dit , aime , aimons ,
aime:^^ & non pas , tu aimes ^ nous aimons , vous aime^\
qui ne feroient plus de Timpératif , mais de l'indicatif.
Pour les troifîemes perfonnes de ce mode^ elles fontfou-
mifes au règles générales : on dit donc, que Pierre aime,
ou qu'il aime , fi l'on a déjà parlé de lui ; qu'ils aiment ,
s'il s'agit de plyfieurs & qu'ils foient du genre maf-
culin.
Une autre exception à faire à cette première règle
c'eft que quelquefois on omet devant un fécond verbe k
pronom fubjedif , quand il a été employé devant un
autre verbe qui précède & qui eft uni au fécond par la,
conjondion &. Il examina bien toutes vos raifons , ô" dé
cifla que vous avieT^ tort. Je vous ai beaucoup écouté , 6
ne vous ai pas compris. On peut cependant répéter le
pronom , & même le plus fouvent on le fait. On doit
le faire en particulier , 1°. quand ce fubjedif elè on
on demande & l'on veut j & non pas , on demande & veut ,
Sec. i"*. Quand les verbes font en des tems différens ,;<
veux &je voudrai , & non pas , je veux & voudrai. Le:
pronoms de la troifieme perfonne font ici exceptés j or'
dit très bien , ils difent& diront^ Sec.
Lorfqu'on veut ou qu'on doit mettre un pronom agif ;
fant pour fubjedif ou nominatif dans une phrafe ; qu'on
fait à quel nom il doit fe rapporter , de quel genre & dfi
quel nombre il doit être , aufli bien que la perfonnti
qu'il doit exprimer ; il refte encore des embarras qu*i
faut lever. Pour la première perfonne du fingulier , ci:
fe fert de je ; pour la féconde on prend tu ^ pour la troi
ficmc on met //pour le mafculin, elle pour le féminin
au pluriel , nous fert pour la première y vous pour la fé-
conde , & pour la troifieme ils au mafculin , elles au fé-
minin.
Voilà la règle générale qui ne fouffre pas de difficul
tés pour nous & vous : je & tu n'en fouiFrent guère
plus ; s'il eft quelques circonftances rares ,011 moi ^ toi
femblent en tenir la place , on verra qu'il n'en eft rien
•pourvu qu'on y regarde de près, I^ous prîmes , moi- foi
P R O 19^
^ufd y & toi fin épée, C'eft nous qui fert de fubjedif ou
nominatif dans cet exemple 5 moi , toi , n'y font point
;et emploi , ils ne fervent qu'à montrer ce que chacun
5t , en rapprochant chaque partie du fait commun , de
l'idée de celui à qui elle appartient. Ils partirent , moi,,
je reftai. Moi n'eft ici qu'une défîgnation de plus , pour
narquer l'énumération, & appuyer davantage, par ce re-
doublement de pronoms nui indiquent la chofe , fur ce
:jue je fis malgré le départ des autres : c'eftye qui ferc
ici feul de fubjedif 5 cela eft fi vrai que moi doit être fé-
paré du verbe & de fon fubjedif par une virgule. Céji
moi qui l'ai dit , <&• ccfi toi que j'avois en vue. Moi ^
\toi font objedifs du verbe être y ou C\ l'on veut, ils font
il'objet fur lequel le verbe être étend fa fignification ,
l'objet qui fert de terme à fon cxprcflion , & le pronom
■indéfini ce eft ici le feul fubjedif : on peut de même
réfoudre toutes les autres phrafes qu'on pourroit op-
pofcr.
Lui & eux peuvent fe mettre à la place de // j ils , en
certains cas : c'eft lorfque l'on marque par énumératioJfi
|ce qui dans un fait commun doit être attribué à cha-
que perfonne j ou ce que chacun fit dans une circonl-
;tance particulière où plufieurs fe trouvoient dans lamê-
ime poficion 5 les deux frères & le coufm vous ont éga-
lement fait tort ; lui a écrit contre vous j eux ont r/-
pandu le libelle. . . Je demeurai , 6* lui s'en alla , . .
Eux 6" mon père font partis ce matin. On pourroit aufïî
après lui & eux répéter il , & ils ; ce qui donne lieu de
croire qu'originairement ils dévoient être exprimés , &
^que la négligence ou l'envie d'abréger font les feules
îcaufes qui les ont fait retrancher.
Lui , eux y fe trouvent encore fubjedifs à la place de
// , ils , lorfque le verbe en ayant plufieurs , ne s'accor-
de qu'avec un fubjedif différent de ceux-ci , & renvoie
les autres à fa fuite par forme d'addition 5 où lorfqu'ils fe
Trouvent en réponfe après une interrogation dont le fub-
jedif eft douteux : les exemples vont éclaircir ces deux
f circonftances. Je fouffre beaucoup^ & lui aujfi. Nous
• avons notre part y & eux la leur. Qui vous a dit cela ?
lui & tux. Dans ces deux occafions , lui di eux font pour
Nii)
l
194 P R O
la troifleme perfonne mafculine , comme moi & u
pour les deux premières du fingulier.
E/le , elles n'admettent aucun autre pronom à leu
place en quelque circonftance que ce foit. On ne pet
pas dire que yôi puiffe les remplacer en qualité de fub
jedif , le feul point de vue fous lequel nous les confî
dérons ici. Les raifons que nous avons apportées contr
Twoi &y6)i reviendroient, & peut-être même que l'ufag
les rendroit encore plus palpables , fi elles étoient ap
pliquées à foi ^ pronom que l'on place plus raremer
que les deux autres de façon à le confondre avec 1<
vrais fubjedifs ou agiilants.
Quelquefois on veut donner à un verbe un fubjeél
ui ne défîgne rien que de très général : pour cela 0
e fert de il avec les verbes qu'on appelle imperfonnels
il faut , il convient , il Jîed mal , &c. Quand il y a w
gation dans la phrafe imperfonnelle , on met quelque
fois il avec rien ou perfonne : il neft rien , il neji pe
fonne qui , &c. Mais rien ôc perfonne ne font ici qu'e
objedifs & point en fubjeftifs. Ailleurs on emploie .
mot on que les Grammairiens appellent mal-à-prop(
particule , & qui n'eft qu'un pronom perfonne! agi
fant : on devroit porter des loix contre les ingrats. Si c
fubjeâ:if général & indéterminé , ne s'entend que d«'
personnes, & qu'il foit accompagné d'une 'négation
alors on peut fe fervir du pronom perfonne au lieu d
Qn. Perfonne n'a le courage de donner au Public le premit
exemple d'une vertu nouvelle. On pourroit égalemei
dire , on na pas le courage ^ &c. mais cette dernier
phrafe feroit plus foible , parceque le fubjeclif en cl
îî général , qu'il n'offre prefqu'aucune idée. II faut feu
lement obfervcr que dans ce cas & les femblables, 0:
n'exprime la négation que par ne 2iV te perfonne ^ parce
que dciliné principalement à fervir dans les phrafe s m
gativcs , il fcmble y fuppléer de lui-même,
II faut dire du pronom rien , quand le fubjeél:if n
s'entend que des chofes en général , & non pas des per
fonnes , & qu'il doit avoir une négation avec foi , tou
ce que nous venons de dire àz perfonne : rien /te fait im
prefion furfon efprit.
i
P R O t95
Après avoir affcz décaillé les circonftances ou l'on
fe ferc de chacun des pronoms agilfants , pour qu'on
ne puilTe plus être embaralTé du choix ; il ne refte plus
qu'a marquer leur place. La règle généi-ale à ce: égard ,
c'cil qu'ils doivent être devant le verbe. Vous foukai^
tel • j^ commande ; ils obéijfent. Il y a cependant quel-
ques exceptions.
Les pronoms fe mettent après le verbe, loufqu'il y a
interrogation : Déviez-vous pouffer la complaifance juf*.
qua lafoiblejfe ? Irai- je mandier la protcflion d'unfot ?
Eft- il une femme ajfe[ accomplie pour unir les agrémens
aux qualités folides ? ne feroit-elle pas peut-être maU
heureufe , faute de trouver quelquun qui méritât fon atta-
chement ? Dans ce cas on met encore après le verbe le
pronom qui convient au fubjediiF , quand celui-ci eft
exprimé dans la phrale; mais alors le nom propre de ce
fubjedif fe place avant le verbe. Les malheureux ont-ils
h. leur portée d'autres vertus que la patience ? Les fem,^
mes font - elles plus capricieufes que bien des hommes ?
Il faut en dire autant des pronoms démonftratifs
ceci , cela y celui-ci , celui-là , ce , quand ils tiennent la
place du fubjecftif : celui-ci vous convient-il? des*; indé-
finis quelquun , chacun j nul , tel , aucun , tout ; aucun
na-t-il entendu ? Chacun vient-il a fon rang ? Les autres
pronoms qui ne font pas perfonnels , ne font point fub-
jedifs dans les interrogations , comme quiconque , ou ne
prennent point le perfonnel il après leur verbe , com-
me , qui vient d'arriver ? ou ils font de peu d'ufage j
ou enfin ce point de leur fyntaxe fera expliqué à leur
article : il y a d'ailleurs là-delTus tant de variétés , félon
les différentes conftrudions , qu'on ne peut s'en bien
inftruire que par l'ufage.
Lorfque dans ce cas d'interrogation , le verbe eft à la
troifieme perfonne du fîngulier , & qu'il finit par un
e muet , on met entré lui & fon fubjedif i/ ou elle , un
t qui eft lié aux deux mots par un tiret de chaque cô;:é;
comme ^t- : votre père approuvera-t-il vos négligences ?
Quelquefois au lieu de mettre un tiret après le r , on y
met une apoftrophe, quand il y a élifion: va-t'en. Après
toutes les autres confonnes qui finiflenc un verbe & qui
précèdent immédiatement leurs pronoms fubjedifs gui
Niv
tr)^ P R O
commencent par une voyelle , on fe Tert du tiret- : Les
femmes favent- elles profiter de tous leurs avantages ?
Si dans ce cas le verbe finit par un </ j le û^ devant H
fe prononce comme un t. Entend-il?
Le verbe imperfonnei ilvient , employé pour il arrive^
précédé de l'adverbe d oà^ & placé en interrogation, ne
prend point de fubjcdif s'il eftfuividela conjondioa
que : d'où vient que les hommes ne deviennent pas toujours
meilleurs , en devenant plus inflruits. D'où vient que l'on
fouhaite toujours }^e quon nous interdit ? Nous fuppofons
ce verbe impersonnel : car fans cela il rentre dans l'or-
dre commun : d'oii vient votre réfroidijfement ^ 8cc. On
dit audl avec ce même verbe imperfonnei , delà vient
que je n ai pu le voir , &c. En quoi Ton voit cju'on peut
s'exprimer ainfi fans interrogation, & en quelque tems
que ce foit de l'indicatif de ce verbe , excepté au futur
& au conditionnel pafles. En fe fervant du mot d'oie on
peut retrancher aux mêmes tems le fubjedlif // hors de
l'interrogation : mais on emploie plus ordinairement
de- la.
Le pronom agiflant (e met aufli après le verbe -,
quand ce verbe efl: précédé de certaines particules , qui
font ainjî ^ aujft y peut- être , du moins ^ au moins , en-
vain y encore. Ainfi devrie\~vous en agir avec un ami, «
Aujfi cette action vous a-t- elle fait honneur. F eut-être aur
rons-nous un fort plus heureux. Du moins prendrons - nous
patience. Au moins doit-on avertir un ami en pareil cas,
Envain cherchei^-vous à vous en défendre. Encore faut-il
faire quelqu effort avant de céder. Dans ces occalions ,
on peut également mettre le pronom avant le verbe i
ou n'en point mettre fi le fubjeC^if y eft exprimé par fou
nom propre. Aup cette aÉiion vous a fait beaucoup
d'honneur. Du moins nous prendrons patience. Cepen-
dant en fuivant la règle générale , ainfi doit fe tranf-
porter après le verbe , vous devrie^ en agir ainfi avec un
ami ; peut-être peut aufli s'y tranfportcr , ou prendre un
que après foi. Nous aurons peut-être. . . ou peut-être que
nous aurons un meilleur fort : ou rcfter à la tête de la
phrafe ; peut-être ^ nous aurons , &c.
Il n'y a que la particule encore qui ne veuille fe prêter i
à aucun autre arrangement , du moins quand cile cft
P R O 197
prife dans le même fcns que lui donne l'exemple cité.
Encore faut il faire , ou il faut faire encore quelques
efforts avant ae céder , ne piéfenre pas le même fens
pont le mnr encore. Dans ce dernier exemple il fignific
qu'on a déjà fait des efforts ; dans le premier il n'eft en
quelque fcrLC qu'un encouragement contre le défelpoir,
une exhortation pour ranimer Tes forces.
Les verbe*; veulent aufli leurs pronoms agiflants après
eux , quand ils font mis au fubjondlif fans y être aiTu-
jettis par quelque verbe ou ccnjonâion précédente ,
mais feulement pour marquer le déjfî , ou le fouhait ,
ou l'afruiance où l'on eft d'une chofe. Alors il faut que
ces verbes foient à des tems conditionnels ; & il n'y a
que le verbe /joz/vozV qui fouffre cet' ordre de conftruc-
tion , étant au préfent du fubjondif : EuJJ]ei-rous re*
I cours a toute la terre , je me moque de vous. Puijjie:^^
vous réujfîr, Vinjfie\-vous a bout de vos dejjeins , vous
refleriei encore dans de grands embarras. Quclq^uefois
pour marquer le fouhait , on met un que particule de-
vant le verbe, & celui-ci prend alors le tems de l'indi-
j catif que demande le fens de la phrafe : Que ne vient-il
I donc. Que narrivoit-il a tems. Que ne m' a-t il écouté ^
! &c. Dans ces occafîons il y a toujours une négation ex-
primée , comme on le voit. Ces façons de parler n'ad-
mettent point le futur.
Enfin , le pronom agifîant fe met après les verbes
dire y répondre , ajouter , répliquer y reprendre , & autres
femblables , qui dans le cours d'une narration fe trou-
vent entre deux virgules , comme dans une parenthefe ,
j pour marquer que \zs chofes que l'on rapporte ont été
? dites , répondues , ajoutées , ou dévoient être dites ,
' ajoutées, &c. ou enfin le feront par un tel. Cejl ^ difoit-
il , le plus grand malheur qui vous puijje arriver. J'y fuis
préparé , lui répondis-je. Voila , ajoutait -il , ou aboutit un.
courage mal - entendu. AIU\ , vous dira-t-il , chercher
votre récompenfe auprès des maîtres que vous ave-:^ fervis ,
Toutes les fois que le fubjeclif doit être renvoyé après
fon verbe comme nous venons de le développer , fi ce
verbe eft dans un tems compofé , le fubjedif ne laifTe
palTer devant foi que l'auxiliaire j il précède le partici-
pe du verbe, Auriei^-vous deviné qu'il fût capable d'une
Ï98 P R O
aBionJî bajfe ? Encore aune:(-vous du lui parler, Eât-îl
remué Je ciel & la terre , il ne pouvait réujfir. QùeujfteT^
vous fait alors , &c.
Il ne refte plus qu'un mot à dire des pronoms perfon-
nels agiflantsi & ce mot concerne les qualificatifs qu'on
pourroit vouloir leur donner, La remarque générale à
cet égard , eft qu'ils en admectent très rarement j & que
lorfqu'on leur en veut donner , il y faut bien des atten-
rions pour les placer à propos , Se fans choquer l'o-
ïeille.
Je ne prend jamais de qualificatifs après lui , fi ce
n'efî: lorfque dans des actes & billets d'affaires on dit ,
je foujftgné , demeurant à, &c. certifie , déclare , &c.
Hors de là quand on veut le qualifier , les adiedifs
doivent être placés avant lui : confiant aujft bien que
fincere , je tiens tout ce que je promets. On peur auifi faire
précéder ces qualificatifs par moi ou par pour moi j moi „,
foigneux d'éclairer tous fes pas , je le f ai fois Juivre par^
tout. Pour moi , ayant vu fa mauvaife foi , je l'aban-
donnai.
Les pronoms tu , il , ils , font encore à ce fujet plus
difficiles quey^y puifqu'ils n'en admettent jamais en-
tr'eux & leurs verbes j les faifant toujours palfer avant
eux, quelquefois feuls , & quelquefois précédés dttoi,
lui , eux : toi , aufit peu capable de repentir a la -vue d'un
crime commis , que de timidité à la vue d'un crime a
commettre , tu joignis l'effronterie a la fureur. Toujours
jaloux & foupçonneux , il ne lui laijfe pas l'ombre de li-
berté. Lui & eux ne pouvant s'accorder , ils Je féparerent ,
ou Je féparerent , fans ils. Nous , vous , elle ^ elles .
fuivcnt aufli leurs qualificatifs foit en fe répétant avani :
& après , foit qu'ils ne foient placés qu'après : Nous ,
libres au milieu de la tyrannie , nous répondîmes , &c.
Pour nous , peu contents de fes rJponfes , nous prima
d'autres mefures. Piqués enfin de fes détours , nous cejfa-
mes de le ménager. Toujours gaie , toujours belle , elle ft
fait autant d'ennemies que d'amis.
Lui & eux placés avant les qualificatifs , pcuveni
fuppléer aux pronoms /7, ils : lui , interdit & confus .
fc retira. Eux , ayant vu cela , s'en allèrent. On peut cr
iifer de me me avec , elle , elles : elle ^ contente de fa
fucch , f liât a de m'en donner nouvelle^
P R O 199
Les deux pià]tddh feul Se tout feul peuvent être après
moi y toi y lui , eux , elle y elles , nous y vous : moi tout
feul y j'irai ; toi feul tu viendras j on voit qu'il faut
toujours y ajouter ye, tu : lui feul viendra ; eux tous ref-
teront : noui feuls l'avons entendu ; elle feule le fait : ici
le pronom ne doit pomt fe redoubler. On met plus fré-
quemment ces pronoms avec ces deux mots , après le
verbe ; j'irai moi tout feul ; ils refteront eux tous-, plus
fouvenr encore on ne met que tout feul , après le ver-
be ; jir(ii tout feul ; nous t avons feuls entendu 5 ils ref-
teront tout feuls. Même fe joint aux pronoms moi ,
toi , nous , vous , lui , eux , elle , elles ; cet adjedif eft
toujours immédiatement après eux : moi-même , je l'ai
vu j je l'ai vu moi-même ; nous-mêmes devons y aller ^
nous devons y aller nous-mêmes 5 lui-même me l'a dit ,
Urne l'a dit lui-même i elle-même le fait ^ elle le fait
elle-même.
II eft aifë fur ces exemples de voir comment les pro-
noms doivent fe placer dans cet accompagnement. De
tous hs pronoms agiiTants , il ne refte plus que on ^
perfonne , & rien ; le premier ne marquant qu'une gé-
néralité indéterminée , ne peut jamais admettre aucun
adjeâiif, ni qualificatif: il marche toujours feul. On
voit^ on fait , Sec.
Ce ptonom prend l'article avant lui quand il fe
trouve placé après d'autres mots qui feroient avec on
une prononciation rude & difficile : fi l'on vient y dites-
que je vais revenir. D'où vient cet article devant on ?
c'eft que ce pronom vient du mot komm.e , dit M. du
Marfais ; ainfi on aura auflî bien l'on de l'homme , que
on de homme. Cet ar-ticle ne change donc rien à la gé-
néralité vague du pronom ; puifqu'il n'eft qu'un refte
étymologique , qui ne s'eft confervé que pour l'o-
reille.
Perfonne peutfe faire fuivre àtfeul, ou de tout feul ^
perfonne ne peut feul conduire un fi grand projet ; mais
on les fépare par le verbe : rien n'admet jamais cet ad-
jeélif à fa compagnie 5 ni l'un ni l'autre ne peuvent
non plus y fouffrir tout , ou même 5 toute perfonne eft un
fubftantif , & non un pronom. Ils rejettent aurtî les
autres qualificatifs , à moins qu'ils ne les faflent pré-
200 P R O
céder par la prépofition de , & qu'eux-mêmes ne cèdent
la place de fubjedifs : on ne vit jamais rien défi beau :
il n'efl perfonne d'ajfe:^ faint , pour avoir droit de me ju-^
ger avec rigueur.
Nous finirons l'article des perfonnels agi/Tants on
fubjeâiifs , par deux petites obfervations > la première ,
que quand ils fe trouvent en concurrence avec des
pronoms régis , les fubjedifs fe placent toujours à la
tête des autres ; ainfi on dit yje vous le donnerai -, où. je
JailTe le voifinage du verbe aux pronoms régis vous ,
ie.Scc.
Remarquez pour les négations ne , pas , point , que
dans les phrafes où le pronom agiflant eft devant le
verbe , il lailfe ne fe placer entre lui & le verbe avant
les autres pronoms ; je ne vous le donnerai pas. Mais
dans les occafions où le pronom agiïïant ne fe met qu'à
la fuite de fon verbe , il n'en cède jamais le voifinage
aux mots , pas , point y ne viendra-t-il pas ? Ne le ver-
rai je point ?
Mais ils ne céderont jamais leur place à quelqu'au-
tremotquece foit , fut-ce même aux adverbes, qui
font intimement liés au même verbe j ainfi l'on dira ,je
vous aime tendrement , & jamais , je tendrement vous
aime , &c. La féconde obfervation , c'eft que dans les
trois autres clafi^es de pronoms que nous avons appelles
relatifs , démonfiratifs , & indéjînis , il en eft un grand
nombre qui peuvent être, & font fouvent perfonnels
agiffants : mais nous en avons fait la divifion d'après les
qualités qui paroifient les caradérifer davantage ; &
dans le cours de ce que nous en dirons , nous aurons
foin de marquer ce qu'ils ont de commun avec ceux que
nous aurons déjà examinés.
Nous avons dit que me , te , fe , le , la ^ en , y , les ,
leur^ étoient toujours des perfonnels régis j & que nous^
vous , moi , toi , foi , lui , elle , eux , elles , perfonne &c
rien l'étoient quelquefois.
La première règle eft que tout pronom perfonnel régi,
qui n'a point de prépofition avant lui , fe place devant
le verbe dont il eft le régime. Cette règle a lieu même
dans les interrogations , & autres circonftances où le
pronom agiifanc fe déplace : me le donnere^-vous ? U
P R O 201
faut leur en pardonner bien d'autres. Dans cette dernière
plirafe on peut aulfi dire : il leur en faut pardonner bien
d'autres. Ainii quand deux verbes fe luivent , que Je fé-
cond eft à l'infinitif fans prépoiiticn , & qu'il eft l'ob-
jedif du premier 5 les pronoms fans prcpofîtions qui
font régis par ce fécond verbe , peuvent fe mettre avant
le premier ou ç.\\i\:ç. les deux : je vous le vais montrer ^
ou ]e vais vous le montrer. Je veux vous le faire voir ,
ou je vous le veux faire voir. Quand faire eft le premier
des deux verbes , les pronoms régis fe placent toujours
av-ant lui 5 je vous le ferai voir. lime le fit entendre.
Nous pouvons ajouter ici une autre remarque fur
voici , voilà , qui prennent avant eux , me ^ te , nous ,
vous ^ le , la , les y me voici , les voila , quoique les noms
fubftantifs régis par ces deux prépoftions , foient pla-
cés après elles : voici mon frère ; voilà ton ami : on die
aulfi , t homme que voici , la fomme que voilà. Ainii ces
deux prépoficions feront exceptées , quand nous dirons
que me ^ te , le , la ^ Us , que j ne prennent point de
prépolitions.
La première règle générale dont nous venons de par-
ler fouffre exception.
i"*. Pour la féconde perfonne du fingulier, & \ç.s deux
premières du pluriel des impératifs 5 donne-le moi. Par-
donnons-lui. Fie^-vous y. Cependant fî le verbe eft ac-
compagné d'une négation , les pronoms fuivent la règle
générale ; ne vous y fie:^ pas : ne lui pardonnons point :
ne me le donne pas.
z. Pour le verbe être ayant ce avec lui en qualité de
i fubjedif : efi-ce vous ? C'efi lui ; c'efimoi 5 cepouvoitêtre
t elle\ ce devoit être toi , &c. Alors cependant le fe met
devant le verbe j ce L'efl ; ce ne l'efl point ; ce le doit
être. Il en eft de même pour la , en , les : ce ne Us font
pas , cela peut être y cen eji une partie ; ce n'en efi point.
3°. Pour perfonne & rien , qui en qualité de régis j fe
placent toujours après le verbe 5 on n'y trouve perfonne^
Ne fave^-vous rien ? N'efi-ce rien ? N'en croye^ rien^
S'il y a deux verbes dont l'un foit à l'infinitif j ou fi le
verbe eft dans un tems compofé , & que rien foit ob-
jedif , il fe met entre deux : ne vous a-t-il rien dit ,? /r
nefaurois vous rien donner.
202 P R O
4*^. Pour moi , toi , foi , eux , elle, elles , qui étant
régis par un verbe , ne peuvent être qu'après lui. Ce/î
elle qui a fait triompher la raifm , de l'autorité j &c.
La féconde règle générale , c'eft que tout pronom
régi par un verbe, fe place après ce verbe , s'il eft ac-
compagné d'une prépoficion pour marquer fa dépendan-
ce : // parle peu des autres , parcequil ne penfe qu'à lui--
même.
Mais tous ces pronoms régis n'admettent point cette
fociété de prépolitions :me ^ te ^ fe , le ^ la , les ^ leur ,
en , y :, n'en prennent jamais : fi l'on dit , il cherche a
me furprendre , il projette d'en enlever une partie , &c :
a , de ^no font point au fervice de me , en-, ils font at-
tachés aux verbres furprendre , enlever ; ils n'nifluent
que fur eux. Ainli , quand l'ordre grammatical exige
qu'on mette une prépolîtion avec uzi pronom perfonnel
régi , on fe fert , de moi , toi , nous , vous pour les deux
premières perfonnes tant du fmgulier que du pluriel j
de lui ôc eux pour les troifîemes au mafculin, de elle ,
elles pour les troifiemes qui font du genre féminin. Soi
en prend , & s'emploie quand le fens eft réciproque ,&
indéterminé. Perfonne & rien en prennent dans les phra-
fes où ils conviennent.
Nous n'indiquerons point en détail , dans quelles cir-'
conftances ces pronoms prennent l'une des prépolitions i
plutôt que les autres j ce poinc ne regarde que le fervice
des prépolitions j &c c'eft à leur article , qu on en déve-
loppe les règles & les variations. Nous dirons feule-
ment ici que lorfque le pronom régi par un verbe , en
eft le terminatif , c'eft alors qu'il prend le plus fouvcnt
une prépolîtion ; que fi cette prépoficion eft celle qu'on
nomme à , elle peut s'omettre en plaçant le pronom de-
vant le verbe : il vous le promet, pour il le promet à vous.
Il faut excepter de cette règle les cas qui l'ont été de la
première règle générale des pronoms régis , & où les
terminatifs font apiès le verbe mcmc fans piépoficion.
Il faut encore obferver que le verbe être quand il a un
terminatif qui lui appartient , le veut toujours après lui ,
& accompagné de la prépofition : je fuis a vous. Nous
avons dit , qui lui appartient j car (i ce terminatif eft
P R O io|
dépendant d'un adjedif ou participe qui fervc d'objedif
au verbe être , & qui le fuive , alors le pronom fe place
avant le verbe être fans prépofition -.je vous fuis atta-
ché pour toujours. Il faut fe fouvenir qu'ici nous fup-
pofons toujours que la prépofition à retrancher , foit a.
La reo;le la plus générale pour décider s'il faut doa-
ner la prepolition a au terminatir a qui elle convient ,
ou s'il faut la retrancher j c'eft d'examiner s'il y auroit
de iamphibologieà l'omettre j ce qui arriveroit lur-touc
lorfque l'objedif & le terminatif fe trouveroient expri-
més par des pronoms diiFérents , qui chacun pourroienc
également fervir aux deux emplois. Telle feroit cette
pnrafe , // nous vous promet , dans laquelle , nous , vous^
peuvent l'un & l'autre également exprimer l'objet pro-
mis , ou celui à qui l'on promet. Seroit-ce auffi par cette
raifon d'amphibologie , qu'on dit : je penfe a vous , Sc
non pas , je vous penfe ? Néanmoins on dit , je vous
cède , & non pas , je cède à vous, C'eft encore l'ufage
i qui doit ici fuppléer à la Grammaire. Pourquoi doit-on
dire , cefi lui qui m'a renvoyé a vous ? Pourquoi dit-on ,
/e vous le donne , ouye le donne a vous , & qu'on ne dit
point ,je vous leur donne , en fuppofant qu'on parle à un
cfclave qu'on cède à d'autres maîtres î Pourquoi faut-il
, dire alors , je vous donne à eux 5 & que même cette der-
nière façon nous déplaît ?
; Il ne nous refteque deux points à difcuter fur les pro-
,1 noms régis : le premier efb de décider defquelson doit fe
. fervir dans les différents cas pour chaque perfonne , le
fécond eft de régler leurs rangs entr'eux. Pour la prc-
■ miere perfonne du fîngulier me , Se te pour la féconde ,
. ine peuvent être qu'avant le verbe j ils y fervent égale-
ç'ment de terminatifs Se d'objeélifs : lî ces deux régimes
du verbe fe rapportoient à ces deux perfonnes ,me , te
ne ferviroient que d'objedif , & pour le terminatif on
emploieroit moi ou toi avec une prépofition. Je me
donne à toi. Tu te livres a moi.
Il faut dire dey^ pour la troifieme perfonne des deux
: nombres , ce que nous venons de dire dcme ,te^Sc ap-
pliquer à foi ce que nous allons dire de moi , toi , en
obfervant feulement quey^ , foi , ne font que récipro-
ques. Toutes les fois que la première & la féconde per-.
204 P R O
fonnes au. fîngulier font régies , on fc fcrt cîe moi , toi
pour leurs pronoms , s'ils font accompagnés de prépcfi-
rions, ou s'ils doivent être après le verbe : il peafe a toi^
menés -moi.
Pour la troifieme perfonne , quand il n'y a pas récit
procité , on fe fert de lui au llngulier & leur au pluriel ,
pour exprimer un terminatif fans prépoficion , pourvu
que d'ailleurs il fc rapporte à des chofcs animées : car
pour les chofes inanimées , on fe fert d'y. Ceflune fem^
me capricieufe , j'en conviens j mais je lui fuis attaché
par des liens plus forts que ma raifon. Je fais que la chajfc
me fait perdre mon tems y mais fy tiens par une vieilli
habitude.
Le terrainarif s'exprime cependant aufTi quelquefois
par y , quand même il fe rapporte à une chofe animée;
tous ces amis qui flattent ^ font des âmes trop baffes pouf
connoitre la vertu ; je ne m'y fie pas. On dit de même , le^
morts & les abfents s'oublient aifément , bien-tôt on n'^
penfè plus. Penfe^ -vous a votre père ? oui , j'y penfe , &c.
Si le pronom fe rapporte à un mafcuirn , on emploi»
lui ^ eux pour terminatif avec une prépofîtion , quan(
d'ailleurs il s'agit de chofes animées ; pour le féminii
on emploie elle , elles. Si la chofe eft inanimée , on ré
péte le nom au lieu du pronom , ou on fe fert d'y ,oi'
bien on tourne la phrafc autrement. Dans cet exemple ,
on imite le marbre par des compoftions , mais qui ne for
jamais aujft brillantes que lui ; il faut répéter que le maj
bre naturel ; parceque :, fuivant la règle pofée ci-dclfus
le marbre eft une chofe inanimée.
Quand un nom de la troifieme perfonne fe trouvée
régime objedif , le pronom qui le remplace j eft le poi
le mafculin , h pour le féminin finguliers, les pour i
pluriel des deux genres , foit qu'il s'agilfe de chof
animées ou non. Ce n'eft qu'après le verbe fubftant
que lui eft objeétif pour le fmgulier ; eux pour le pli
riel mafculin; elle , elles , pour les deux féminins.
Quand le pronom doit avoir la prépofition de , s'il
rapporte à une troifieme perfonne inanimée, du fingi
lier ou du pluriel , &: que la clarté & l'aifance du di
cours le permettent , on y fupplée par la prépofition ei
yous me demande^ ce qui le concerne ? vous n'enfaur
riti
ïV/î • i>ous n^_ faure\ rien 'de eeh'i quelquefois on rem-
ploie même ppjir <les chbfes animées : il vous attaque. i-
'néfie:(-Vous-e^, ; méfi^:;V.QUs deJui.Elle vous agact ;
iàfandei-vous-en 'jdéfer^ei'Vons-d'elle. Si on ne veut
3as employer en , on prend de lui pour les chofes ani-
mées, du fingulier mârcuhn ; d\eux pour celles du plu-
dcl ,&.du n;ieme genre 'ya\du ^\(L,^IUs pour <;elles du fé-,
iîinio. , , .. .j:vi-fM'M • .". ::
Pour ceMes qui font inanimées ;, il faudra -s exprimer
lUtfcïpeiYt./Nous ne croyons {)a§ qu'on o.ubhç. que tout
jq.quç Ion Cuppote animé par fidlion , Te mec.ici , aa.
nombre des chofes réellement animées. Ainft:oa.peàû
^ire „ iey^ymemportoit^ijene pouvais lui rtfijhjr }
\a. jaloujlfi Lji cruelU , voiis. a-\^e-^xout acraincirezii!::eîle^::-^
Me.:, t-e ^,Je ^nous ^ vous,, fervent pour, les pronoms,
céçiprpq^es. , & fe placent; - toujours. ammédiaseiTieafe
îpjès-le fuip!Je6lif , lorfque celuirci eft ayanj k verbe-^si
'^ù,m^ promerie^ Si le fubje(ftifefl: après le verbe , le réci«
proque r^fte encore a fà première place \ me^-prc^menerai^
'•£ ?'mais ài'impératif , a .la; féconde perfcywej, tarit ;,dil;
iugulicr que du pluriel , & à la première du pluriel , on
fe fe^t de toi,^ nous , voz/f, pour réciproques, & on les
place après ;leyerbe : promenertai ^ & non pas , prome-*
ne-te. ' ._ ^ ■ : '
Nous ol)ferverpns qu'ont: dit,, il m y conduit ,. pour
, dire, il me conduit- là j à cet endroit- là j rqu'ainfi l'iç
ïî^u^t de m€;s'élide devant y ,,v:mais qu'on ne peut pas
'.dire ^ conduifei^-my , parceqùe la dipthongue oi de moi
; ne peut s'élider , & que c'eft moi &; non pas me àQnt.il
; jf^ut fe . feivir après i'impératiF •: on ne dira, pa^ pl-US
1 lconduifei',y moi , parceqùe l'objeftif doit ê.tr-e pin^|>£<ès
'du verbe que le terminatif , Se qu'en conféq:U^ncç moi
doit être avant y. Il faut donc dire, conduifi[-moi là ,
Sec. Mais un ufage établi vient ici démentir, la îicgle,?
on dit , -donnes moi de cela ) &c fi l'on veut exprimer «fè
:ela par en , on dira, donnes-m'en. M<?rs'élide doniÂ.-dcr
vaut le pronom ^rt ? . . . mais il, né le fait pas devant y.
Quand les verbes être , paroitre\ femUer , devenir ^ &
autres femblables, ont pour objediifs un ou plufieurs
noms adjed:ifs 3 (i ces adjettifs-doiverit être remplacés
par un pronom , on fe fert de /« pour tous les nprpbççs
Tome II, O
io(^ P R O
& tous les genres : /V vous étois indifférente , ^ je vois
bien que je vous le fuis encore. Vous mave:^ cru belle ,
mais je ne le fuis pas. Nous étions fore erhbarrajfés , 6?
nous le fommes encore, bfous fûnies tfes piquées j mais
Twusnelefommes plus. •
Mais Cl ces pronoms , objectifs de ces mêmes verbes
être y paroicre , &c. remplaceiic des fabftantifs , alors /«
ne fert plus que pour le mafculin fîngulier j pour le fé-
minin, on met la , & lés pour Je pluriel. Etes -vous Ma-
dame une telle ? oui , je la fuis. Etes-vous le fils de Ce"
far? je ne le fuis plus-. N'êtes^ vous pas Mefdames
Clarice & Floride ? nous les fommès,
^ Une raifon lîmple & légitime de ces vaf^iations , c'eft
que lesadjedifs n'ont par eux-mêmes ni genres ni nom-
bres 5 ils n'en prennent qUc pour fe conformer au carac-
tère des fubftantifs auxquels ils font appropriés : ainfi
ils fuivent à cet égard une loi étrangère j mais ils n'en
prefdrivent point ; le pronom qui les remplace ne doit
<lonc fubir aucun changement. Mais fi ce pronom au
lieu de fe rapporter à un adjedlif , fe rapporte à un fub-
ftantif ^ alors il-ëftlui-mênic dans le cas des adjectifs,
& doitfe prêter comme eux à ce que le fubftantif exige.
L'ufage eft pourtant partagé pour le premier cas : beau-
coup de perfonnes dilent , j' étois malade , 6' je la fuii
encore. Mais la règle que nbus avons établie eft fans
contredit la plus fuivie.
Quant aux qualificatifs' m^ , te ^fe yle , la yles ^en ^
y y ils n'en prennent jamais. Nous avons parlé de moi,
toi y foi y en traitant des pronoms agifiants : nous avon»
de même fait remarquer que lui y eux y elle y elles .
iléus y vous y en prennent quelquefois quand ils loni
fubjé^ifs : il en eft à peu près de même quand ils foni
régis ; feulement s'ils font devant le verbe , ils n'en om
jamais , ;&:: quand on veut leur en donner , il faut les ré
péter après le verbe , je lui parlerai a lui-même y oujt
■parlerai a lui-même.
Cette dernière méthode s'emploie pour tous les pro-
noms régis, ceux qui ne peuvent fouftrir de qualifica-
tifs fe fàifant remplacer après le verbe par leurs équb
•vâlents : il me bleffe moi-même , ou renvoyant les quall-
^fieatif^ après le verbe j je les attaque tous. Si tous aibij
P R O 107
!»lacé fe rapporte à un termiaatif , il prend la prcpofi-»
rion 5 je leur parlerai a tous , &c. Ceux qui doivent (b
faire remplacer par leurs équivalents font ms ^ te , fe.
Les autres peuvent fuivre les deux moyens propofés :
excepté le qualificatif /tz^w^ qui demande toujours d'être
rùroitement uni au pronom , & par confcquent le fait
redoubler ou remplacer. Je les confondrai tous y je les
:onfondrai eux tous. Je vous -parle a vous-même ^ je Ui
'.ntendois eux-mêmes.
Le fécond point qui embarra/Te encore dans l'ufao-e
ies pronoms régis , c'efl leur arrangement entr'eux,
N'ous ne parlerons que de ceux qui font fans prépofî^
|:ion 5 car les autres leur cèdent toujours le voifinao-edu
l^erbe.
Me y te ^ fe ^ qui font toujours avant le verbe , ont
aulfi toujours le pas fur les autres pronoms régis : j'ai
\voulu vous rendre un fervice ; pourquoi me le reprocher^
\vous comme un crime ? Moi ^ toi j foi ^ font toujours
après le verbe , le plus près qu'il fe peut 5 on dit ce-
pendant , donnes le moi y ainfi ils cèdent le pas à le ^la^
'es ; ils le gardent fur les autres : donne:^-m' en. Il en eft
jde même de lui & leur ; il lui en faut rendre : render leur
\en la moitié.
' Elle 3 nous y vous ^ fe conforment 3.me ^ ^^yf^y qnane
à Tordre de la marche , lorfqu'ils font feuls & fans
piépofition ; & lorfqu'ils s'en font accompagner , ils fe
placent comme moi éc toi.
Le y la ^ les ^ devant le verbe marchent avant lui ,
leur y en , y y Se après les autres. Voila bien des fautes ^
'les leur pardonnere^-vous ? Je fuis prêt a les y ramener,
^Tâckei de l'en détourner. Après le verbe , ces pronoms
'gardent encore à-peu-près le même ordres mais ils peu-
vent fuivre ou précéder , moi , nous j vous j donne?-moi
ie 3 ou bien donnez-le moi.
Pronoms relatifs.
Les pronoms qui fervent à déterminer , expliquer ou
reftreindre le fens du nom ou pronom , exprimé ob
fous-entendu , auquel ils fe rapportent & qu'on nomme
Um antécédent ^ font ceux que nous avons appelles /?rc>-
Oi;
.08 P R O
noms relatifs. Dans ces deux plirafes , les hommes qid-
ont tant de raifons de s aimer , Ù de s'aider les uhs Les
autres yjontprefque toujours ennemis entr eux i ils ignorent
ce qui pourrait les rendre heureux y les deux qui font rela-
tifs • le premier au fubftantif /ej hommes ; le fécond^ au
pronom ce quifignitie ici la chofe : les hommes d^ ce iont
donc les antécédents de ces deux pronoms relatifs dont
le premier ne ferc qu'à expliquer le nom auquel il le
rapporte , puifque ces mots , qui ont tant de raijons^ de
s' aimer & de s aider les uns les autres , rendent un lens
qui convient à tous les hommes ; 6c dont le lecond fert a
reftreindre la lignification de fon antécédent , puitquc
ces mots qui pourrait les rendre heureux , limitent 1 idée
du pronom ce , ou , ce qui eft ici le même , du nom la
chofe, en la reftreignant àla feule chofe qui peut ren-
dre les hommes heuieux.
Nous comptons ici fix pronoms relatifs , qui lont qui,
aue, quoi , dont , oh , lequel. Quelques Auteurs y joi-
anent le y . en , que nous avons mis au rang des per-
%nnels régis : mais il nous femble que ces trois mots ne
font relatifs que comme tous les autres pronoms , qui
par leur nature ne faifant fondion que de vice-gérents .
doivent néceflairement comprendre une relation aux
noms dont ils font les fubftituts : ceux que nous appel-
ions ici re/^ri/-^ . joignent à cette relation générale &
commune un caradere particulier qui leur eft propre
& que n'ont pomt le , y , en , qui ne font point del-
rinés à limiter , reftreindie , ou déterminer & explique!
les mots auxquels ils fe rapportent. D'ailleurs les vrais
relatifs fervent encore fort fouvent a lier pluf^eurs pe-
tites phrafes , & font ainfi fondion de conjonctions ,
ce que les trois pronoms en qucftion ne peuvent jamaii
^ Nous avons dit que l'antécédent des pronoms rela-
tifs étoit exprimé ou fous-entendu : dans ce dernier cas,
ce font ordinairement lès pronoms indéfinis ce celui ,
celle , ceux , celles , qui font (uppnmés j & l'on peui
aifément fentir lequel on auroit pu y meure ; il n'y a
Que le relatif que avant lequel on ne puilk omettre ces
antécédents quand ils y doivent étie^ & cela parcequ'iJ
fcroic alors trop difficile de le diftinguer foit du qu^ z\',
P R O 209
clamation , foit du que conjondion. Qui ne peut garder
for. fecret ^ n'a pas droit d'exiger que ceux a qui il le
confie , fuient plus difcrets que lui ; c'eft- à-dire , celui
qui ne peut garder [on fecret . Vous demande^ beaucoup a
ou: n'a rien 5 c'eft-à-dire ^ h. celui qui n'a rien. Dites-
moi auquel vous voule:^ parler ; dites-moi celui auquel,
Voilà de quoi il s'agit i voilà ce de quoi.... On ne peut
dire , par exemple , je demande que vous m'ave^ promis »
pour , ce que vous m'ave^ promis.
Quoi a rarement fon antécédent exprimé : de quoi
reu: être coupable une perfonne dont le malheur eji d'être
nu foible , f.mple 6' crédule ?
Le relatif c^o/z; veut auffique Ton antécédent foit tou-
jours exprimé; donnez-moi ce dont nous avons parlé '^
& non pas , donnez-moi dont nous avons parlé , &c.
En général il faut avoir beaucoup de délicatelTe & de
(^oût , pour fentir dans quel cas on peut fous-entendre
les pronoms , ce , celui , celle ^ ceux , celles j lorlqu'ils
font àhtécédents du qui relatif.
Et rjue feroit heureux qui pourroîc aujourd'hui î
Corneille dans Nico/nicïe»
33 Que feroit heureux qui j n'eft pas françois ; que font
3> heureux ceux qui peuvent aimer ! eft un fort joli vers.
33 Que font heureux qui peuvent aimer efl: un barbarifme.
33 Remarquez qu'un feul mot de plus ou de moins fuffit
33 pour gâter abfolument les plus nobles penfées & les
33 plus belles expreifions 33. ( M. de Voltaire).
Il faut ici prévenir le ledeur fur deux points efTen-
tiels ; le premier , que les pronoms relatifs j & même
le relatif que font toujours fans antécédents exprimes
dans certaines occafions , & fur-tout dans les interro-
gations : que voulez-vous ? il n'y a que dont qui foit ex-
cepté ici : les pronoms relatifs ainii employés ont été
nommés par quelques huizm' s pronoms abfolus , ou pro-
noms interrogatifs 5 nous aurions pu comme eux en
faire une clalle particulière ; mais commue ce font les
mêmes mats que les relatifs , du moins quant au maté-
-ÙJt\ j nous nous contenterons de développer ce qui les
concerne après les avoir confidérés {bu;«i.Ieui: pxemier
O liî
aïo P R O
point de vue : nous n'en parlons ici , que pour empê-
cher qu'on ne les confonde.
Le fécond , c'eft qu'outre cette différence , il faut en
admettre d'autres encore entre quelques-uns des relatifs
& d'autres mots qui font les mêmes quant au matériel,
Nous avons déjà indiqué qu'outre le que relatif , il y er
a deux autres qui ont des emplois bien diftérens : ur
exemple va le montrer 5 que l'homme efi à plaindre .
quand il oublie que cejl la raifon que fon cœur doit confui
ter ! Le premier que ne fert ici qu'à marquer l'exclama-
tion ; le fécond eH: une conjondion qui lie c'eft la rai-
fon avec il oublie : le troificme cil feul relatif. Pour 1.
fentir , il n'y a qu'à voir fi l'on ne peut pas le tourne
par cet autre, lequel^ laquelle 5 quand on le peut ei
confervantlemêmefensàla phrafe, alors on eftfûrqu'i
cft relatif 5 fans cela il ne le feroit pas : or ici on peu
dire également quant au fens , ... cefi la raifon laquell
fon cœur doit confulter. Dans cet autre exemple , quoi
vous ignorei de quoi l'on vous accufe l Le premier quoi e(
auffi un fimple fîgne d'exclamation ^ d'étonnement ; t
le fécond cft un relatif, dont l'antécédent c^ eft fou<
entendu 5 vous ignorei ce de quoi l'on vous accufe ! Ei
remplaçant l'antécédent pronom par le fubftantif qu'j
remplace , par exemple , ce par , la choje , alors que
relatif pourra fe changer en cet autre lequel , la
quelle , &c. Vous ignprei la chofe de laquelle on vou
éiccufe ! , , .
Le relatif ou fe diftinguc de même de 1 oz^conjonc
,tion ; le premier pouvant être remplacé par lequel
&c. foit avec l'aide d'une prépofition,ifoit autrement : 0
vous êtes un mauvais cœur ^ ou vous me tirere^ de iem
barras ou je fuis ', c'eft-à-dire , de l'embarras dans le
quel je fuis : remarquez en outre que Vou relatif, qu
l'on appelle auflfi adverbe de lieu , prend toujours u;
accent grave fur Vu , ce que ne fait point Vou conjonc
tion.
De tous les relatifs , il n'y a que lequel , qui prenn
l'article 5 encore cet article lui eft-il fi intimement at
Éachc , qu'il ne s'en fépare jamais , & femble ne fair-
avec lui qu'un même mot : ils prennent tous des pué
pofitions ieloii l'exigence des phiafes , excepté quci^
P R O m
dont qui n'en prennent jamais 3 aucun d'eux ne foulFrc
de qualification : qui , que ^ lequel étant fans prépofition
peuvent avoir à leur fuite des adjed:ifs j mais ils s'en fé-
parent par l'interpofition du verbe dont ils font alors ou
fubjcdifs ouobjedifs 5 & ces adjedifs fuivent le nom-
bre & le genre des antécédents des relatifs : cette femme
que nous avons vue Ji fiere quand elle était belle j Ji
trouvant enfin dépourvue des agrémens qui lui étoient fi
chers y riefi plus aujourd'hui quune femme ordinaire &
retirée ^ laquelle pour fe confoler devient prude & mé^
difante.
Que, quoi, placés avant le verbe comme objectifs , &
marquant l'interrogation j prennent après le verbe des
adjedifs toujours précédés de la prépofition de , &
fixés à la terminailoK du fingulier mafculin. Que crai-
gne^-vous de plus fâcheux que votre état a8uel ? JL
quoi pouvcT^-vous vous ré foudre de plus avantageux que It
parti qu'on vous propofe? Il en eft de même quand il n'y
a pas d'interrogation , & que ces pronoms que , quoi
font précédés d'un verbe de doute ou de certitude &
d'un antécédent pronom : je ne fais ce que vous efperei(_
de meilleur. On peut aulli changer ce de en qui Joit ,
qui puijfe être ^ qui fut , &c. Que craigne:^-vous qui fait
plus fâcheux que votre état acîuel î Je ne fais ce que vous
efperei qui puijfe être meilleur. Dans ces deux cas qui
au commencement de la phrafe ne fe dit que des pcr-
fonnes , & n'admet jamais la prépofition de après le
1 verb^ : Qui trouvera-t-on qui foit plus aimable que
Lucile ? A qui vous adreJfere:(-vous qui foit plus ingénu?
• Je ne fais qui vous trouvère:^ qui foit plus raifonnablf.
On ne doit pas dire félon ces principes , en parlant
d'une perfonne : qui trouvere:^-vous de plus aimable ,
&c?
Les relatifs font indifFérens pour le nombre & le
genre , ne défignant jamais par eux-mêmes ni le fingu-
lier ni le pluriel , ni le mafculin , ni le féminin ; mais
figurant toujours comme s'ils pouvoient fe prêter ausc
différentes loix des uns & des autres , remplaçant par
conféquent aufii bien des noms d'un genre & d'un nom-
bre que de l'autre , forçant les verbes , s'ils en font le
fubjedif, à fe conformer aux fubftantifs qu'ils déCu
Oiv
nii P R O
gnent : le feul relatif /^(^Mf;^ ne jonit point Je cette îî-
benéjilapour le fîngulier, lequel zn mafculin, laquelle
-au féminin j qm\ font au phiriel le fquels , le/quelles.
^J Quant à la place que les relatifs afFedent dans le
membre de phrafe où ih fît^urent , Ja règle générale ell
qu'ils veulent être à la tète : nous difons dans le mem-'
hre- de -phrafe, & non pas dans la période , parcequ'eii
effet i ils ne font à la tête de toute une phrafe compiette
cjue quand on fo-us-entcnd leur antécédent , qui s'il étoit
exprimé jfe pîaceroit avant, pour y tenir lieu d'un
membre différent , & marquer que le membre où (e
-trouve le relatif, n'eO: qu'en fécond , en fous - ordre
^eii dépendance ; ce qui n'empcche pas que l'antécédent
ainfi placé ne renvoyé les autres mots qui lui appartien-
nent^ après ceux qui font de la fuite du relatif, comme
■dans cette- phrafe , ce que nous fouhahons le plus , nejt
'yas toujours le plus avantageux ; a la rére de laquelle
on voit ce qui ç.iX le fubjeétif du verbe n'efi pas , ce n'ejî
pas toujours le plus avantageux ; ce membre efl le priu-
-cipal ; l'autre, que nous fouhahons le plus ^ n'eft em-
ployé que pour le -coVipIctter. Que voulez-vous ? que
'€i\ à la tête de la phrate ^ il n'y a pas même d'autre
mejîjbre exprimé.
■ -^ Mais il vous voulez fuppic'er ce qui eft fous-entendu,
■V^us en trouverez un qui marchera avant le que ; corn-
-ïnê , quelle eft la chofe que vous voule:^ ? L'on voit donc
■^ue les relatifs font toujours après leurs antécédents , fi
iC^ux-ci font exprimés j mais fouvcnt la partie du dif-
cours qui tient à lantécédent , eO: renvoyée après le
.membre que le relatif y infère : quant à ce dernier
ynembre comme le relatif en eft pour ainiî dire l'intro-
.xlucleur , il marche auifi toujours a la lètc , précédant
ion verbe , les autres pronoms qui peuvent s'y trouver,
'^ lès régimes ou les modih'catifs.
-)'Jl n'y a qu'une exception pour un cas particulier ; fi
Jcrelatif a devant lui la prèpoiition de , qu'elle lui Toit
^écelîîiire pour exprimer le rapport qui fe trouve entre
«cejrelatif & Un nom fubftantîfde la morne phrafe ^ fi ce
-fubftantif eft lui-même précédé de quelque prépolîtion
'jè\\jûi ce foit ;• alwrs il fe met immédiatement dcVàht le
-Tçlatif 5 éc cciui'Ci ne- ra'archç plus qu'au fc'coiîd rang-;
P R O 215
\AJexandre y des hautes acî:ons duquel on a tant parlé ^
71 et oit cependant qu'un illuftre Brigand, Ce far y a la clé^
mence de qui ion donne de fi grands éloges , ne pardonnât
après tout qua des Concitoyens que lui-même avoit ojfen-
fcs. 0\\ voit que du quel & de qui n'ont la prépoiicioii
c]ue pour marquer le rapport qui fe trouve entr'eux &
les fubftantifs aciions , clémence \, que ceux-ci ont eux-
2"némes des prépofitions , des aciions y a la clémence ; &
qi.e y par cette raifon , ils font toujo.:rs placés eux &:
leurs adjecftifs avant les relatifs.
Nous venons d'examiner les relatifs en commun , &
de pofer les règles générales qui les concernent: voyons
en détail quel eft l'ufage de chacun d'eux pris en parti-
culier.
Que ne peut erre qu'objeclif foit dans les interroga-
tions , foit ailleurs ; il fe dit également des chofes 8c
des perfonnes : la coquette que vous courtife^ , en a dupe
bien d' autres. Que gagnere:^-vous a en être l'efclave ?
Qu eft-cc au fond que toutfon agrément, fmon l'art ridicule
& honteux des caprices ? Dans, queft-ce ^ ou que efi-ce ,
en fent aifément que le fubjedif eft ce&L \'oh]ç:€à^ que :
ainfi dans les interrogations, que , qui y lequel font tou-
jours objeâ-ifs , lorfque le verbe eft le verbe être fuivi
d'un pronom perfonnel, ou autre pris & employé com-
me perfonnel : qui ttes-vous ? Lequel ejl- ce ?
Dont fert de terminatif ou de circonftanciel : il équi-
vaut au pronom lequel joint à la prépolition 5 voilà
pourquoi il ne peut prendre de prépolition , puifqu'ef-
fcnrieilement il en contient une. II ne peut jamais fervir
a interroger ; alors on emploie de qui , du quel y ou de
qiwi ; il fe dit des perfonnes , & plus encore des chofes r
roila le livre dont je vous ai parlé : les effets dont vous
érier fi curieux y font vendos. On peut s'en fervir aux en-
droirç où de qui , du quel , de quoi conviennent ; mais fou
pri;Tcipal emploi eft de les remiplacer dans les phratcr.
oii ils ne conviennent pas , félon ce que nous obferve-
rons en parlant d'eux.
Quoi y fuit rarement un antécédent exprimé : on di?
cependant , voilà les motifs fur quoi il Je fonde ; mais il
vaut mieux -dire 5 voilà fur quoi il fe fonde , ou voilà les.
114 P R O
motifs fur Ufquels il fe fonde. Il eft fouvent employé
après ce : voilà ce à quoi vous dev'e^ fonger. Il fert d'ob-
jed:if foit Teul , foie avec une prépolidon j de termina-
tif& de circonftanciel toujours avec une prépolîrion :
avec quoi ofe^^-vous l'entreprendre ? A quoi voule:^-vous
que je me détermine ?
Quoi ne peut fervir de fubjedif que dans une interro-
gation ; encore faut-il alors que Ton verbe foit fous-en-
tendu ou exprimé dans une phrafe précédente j quoi dç
plus naturel aux malheureux que de chercher a être mieux ?
c'eft-à-dirc , qu'y a-t-il déplus naturel , &c. Il vous ar-
rivera quelqu accident : quoi ? c ert-à-dire , quel accident
m arrivera ? On voit qu'il s'emploie fouvent feul dans
les interrogations : je voulois vous apprendre une nou^
velle : quoi .? Quand il eft objedif fans prépofîtion , fi la
phrafe n'eft pas interrogative , il fe met après fon ver^-
be , contre la règle générale qui veut que les relatif^!
foient à la tête ; /'/ a dit bien des chofes : mais fi vous
me demande^ quoi : je vous répondrai , &c. Quoi ne peut
Te dire que des chofes inanimées j on ne dira pas , voila
l'homme a quoi j' ai répondu , &c. On peut le remplacer
par lequel ^ lorfqu'il a avant lui un antécédent exprimé,
autre que ce , & qu'il n'eft point en interrogation.
Voila, l'objiacle a quoi il faut parer , auquel il fau}
parer.
Qui , s'emploie en Gibjedifpour les perfonnes & pour
les chofes. Toute perfonne qui cherche a feindre ^ a quel-
que chofe afe reprocher. Un crime qui eft heureux & igno-
ré ^ me femble mériter un double chdtime.it. Mais il n'eft
objedif , terminatif & circonftanciel que pour les per-
Tonnes : qui demande:^-vous ? A qui en voulez-vous f
Avec qui fere:^ -vous ce voyage? Qui n'eft objcélif fans
prépo/ition que dans les interrogations : qui demande:^-
vous F ou bien lorfqu'il eft régi par deux verbes à la
fois , entre Icfquels il fc place j ce fera qui vous voudrc[,
Ailleurs pour Jes perfonnes on fe fert de que aufli bien
i^ue pour les chofes ; la perfonne que vous attaque^ mé-
rite de vous plus d'égards. Qui ne fert jamais d'ad-
jondif.
Lequel fert auiU de fubje^^if , d'objci^if , de terminf-
P R O 215
tif & de circoiiftanciel ; jamais d'adjonftif : il fe dit
pcir-tout des chofcs & des perfonnes j mais on ne l'em-
ploie guère que précédé de la prépofition a & en parlant
des chofes : les Jciences auxquelles je m'applique ^ me dé-
dommagent de mes chagrins. Alors il cft prefqu'indirpen-
fable , puifque a qui n'y peut figurer , & que à quoi y
figure ordinairement mal ; ailleurs lequel ne s'emploie
prefque jamais que pour éviter les répétitions trop fré-
quentes de qui ^ que, ou pour éviter l'amphibologie j
ou enfin pour la douceur du langage. Ainfi l'on dit ,
ceux qui fe rendent ejclaves des grands qui font moins
hommes que Caméléons , fe vengent de leur fervitude pcir
la hauteur qu'ils affectent ailleurs ; parceque le fécond
qui étant plus près des grands à qui il je rapporte , no. doit
point caufer d'embarras ; mais il faudroit lequel ^n lieu
de qui dans cette plirafe , la fille de Cicéron laquelle
avoit de grandes qualités. Dans celle -ci , le fils de Cicé-
ron fe perdit par l'intempérance 3 fi l'on veut mettre un
relatif devant le verbe , il femble que lequel (oit préfé-
rable à qui y parceque qui fe rapporte plus naturelle-
ment au nom le plus près , & lequel au nom le plus éloi-
gné j le fiAs de Cicéron y lequel fe perdit par l'intempéran-
ce y avoit d'abord donné de belles efpérances. On dit ,
c'efi un ami avec lequel il eft venu , pour éviter V hia-
tus qui fe trouveroit dans ces mots , avec qui il eji
venu.
Il eft encore une occafion particulière où il faut met-
tre lequel : c'eft lorfqu'il eft placé après un nom fub-
ftantif dont i! eft régi avec la prépofition de , Se qu'il fc
rapporte à des chofcs inanimées : ainfi , quoiqu'on dife,
François I a la bravoure de qui les Hiftoriens donnent
de grandes louanges , parceque François 1 , auquel de
qui ie rapporte, eft un être animé 3 néanmoins on doit
dire , cette maifon fur le frontifpice de laquelle on voit ces
deux vers , parceque m.aijon à quoi fe rapporte ^£ /a-
quelle y eft une chofe inanimée. Dans le premier exem-
ple , il eft indifiFérent de mettre de jui ou duquel. Les qui
& que relatifs doivent être placés tout près de leursi
fubftantifs , l'oreille y eft accoutumée , & la clarté
ie demande. Racine a pourtant dit dans îphigéniç :
^k; p r o
La Reine permettra que j'ofe demander , \
Uiî gage à votre amour , qu'il me doit accorder. , '
Mais M. l'Abbé d'Oiivet fait remarquer que cette in-
verfion eft rude. Laphrafe en effet fcroit bien plus claire
en profe, où l'on diroit fans inverfion. La Reine per-
mettra que fofe demander à votre amour un gage qu'il me
doit accorder.
Le même Auteur pofe pour règle que quand le pro-
nom relatif ^wi, eft un nominatif (ou , comme nous di-
fons, un fubjeâ:if)il ne fauroit être féparé du fabftan-
tif auquel il fe rapporte. Comme dans ces vers de l'An-
dromaque de Racine.
Thxnîx même en répond , qui la conduit exprès
Dans un Fort éloigné du Temple & du Palais.
Nous croyons cependant que dans ce cas le pronom
relatif peut-être féparé de fon fubftantif , pourvu qu'il
foit rappelle enfuiie par un autre pronom; par exem-
ple on ne pourroit dire , Pyrrhus a obéi , qui avoittant
de fujets de mécontentement ; mais on diroit très bien ,
Pyrrhus a obéi j lui qui avQit tant de fujets de mécontent
tement.
Ou ne peut fervir que de terminatif & de circonftan-
ciel , foit qu'il prenne une prépofition , foit qu'il n'en ait
point : voyeT^ le précipice affreux ou vous conduit une paf-
Jion trop écoutée ! c'eft-à-dire ^ auquel ^ &:c. Rien n'efi
plus fpécieux que ce faux principe d'où les Philofophes
ont tiré tant de faujfes conféquences ; c'eft- à-dire , du^
quel , &c. Que l'on mépriftroit les Courtifans , fi l'on
favoit quels font les moyens par ou. ils s'infinuent dans
l'efprit des Princes ! c'cft à-dire , par lejquels y Sec. Il
n'efi quun moyen par ou l'on puijfe être fur de parve-
nir à plaire aux femmes ; c'cft-à-dire , par lequel ^ Sec.
Dans les deux prcniiers exemples ou eft terminatif;
dans les deux autres il eft circonftanciel. Il ne fc dit que
des lieux , ou d'autres cliofes par une application fîgu-
.tée., & jamais des pcrfonnes. On fe fouvicnr que nous
avoiiS:dit qu'on devoit rarement fe fervir du mot 1er
P R O 217
\u€h^ c*eft: pour cela qu'on le remplace par le relatif oilî^
juand il fe dit des choies inanimées , & qu'il eft joint
lux prépoiîtions à , dans , en j de , èc par. Mais il faut
èmarquer , pour qu'il foit placé avec grâce , qu'il faut
]ue le verbe auquel il eft joint , ou le fubftantif auquel
1 fc rapporte , marque une forte de mouvement ou de
cpos , du moins par métaphore , comme on le voit
lans les exemples cités : car fans cela, on fe ferviroic
le dont , quoi ou lequel , ces deux derniers avec la pré-
>o(îtion convenable ; ainfî l'on ne peut dire , cet habit
tou il faudrait raccourcir les manches 5 mais on doit
lire, cet habit dont il faudroit , ou duquel il faudrait
accourcir les manches. On ne dit pas, ou voule:^-vous
lue je m'applique 3 mais , à quoi voule:!^~vous que je
n'applique.
Faites qu'en ce moment je lui puifîe annoncer
Un boniicux où peoc-êtte il n'ofe plus penfer,
( Racine dam Bérénice ).
'o II me femble , dit M. l'Abbé d'Olivet ^ qn'un l^on-
>3 heur ou je penfe ne fe dit point. Pourquoi ne fe dit-il
3 point î ajoute-t-il , vous le demanderez à Tufagea^.
La raifon eft fans doute celle que nous venons de
idire ci-deifus , qu'il faut que le verbe auquel oii eft
ioint , ou le fubftantif auquel il fe rapporte , marque
inc forte de mouvement ou de repos , cc c'eft appa-
remment d'où lui vient cette dénomination particulière
ll'adverbe de lieu.
On s'en, fert encore très bien quand il eft queftioa
le tems.
Dans ce moment où la main bienfaifante
Du doux fommeil Liifle nos yeux ouverts.
{M. de Voltaire ).
IOn peut conclure de ces remarques & de beaucoup
d'autres , qu'il n'eft prefque jamais indifférent d'em-
Iployer l'un ou l'autre des relatifs qui femblent le plus fe
reflembler du coté de leur deftination j & qu'en cela ,
comme fovjs d'autres rapports , il eft vrai que nous
2i8 P R O
avons bien peu de fynonimes , fî toutefois nous ei»
avons.
Il eft auflî une particularité propre aux trois relatifs;
que y qui y quoi , laquelle doit ici trouver fa place ; c'eft-
qu'étant placés entre deux verbes , ils peuvent être ré-,
gis par les deux à la fois ; fans que pour cela il foit né-
celTaire que les deux verbes réglifent de la même fa-
çon : je ne fuis que dire de fa conduite : je le dirai a qui
me le demandera.
Seulement , fi l'un des deux verbes veut une prépofi-
tion avant le relatif , celui-ci la prend, quand même
l'autre verbe ne la demanderoit pas , comme dans le
dernier exemple , où le verbe dire veut la prépofition a
devant ^:/i, lequel lui fert de terminatif 5 prépofition
que le verbe demander n'exige point ^ & même fembk
rejetter avant fon fubjeélif qui eft ici le même relatif.
Mais fi les deux verbes veulent une prépofition avant
que , qui , quoi ^ il faut que ce foie la même , autre-
ment ces relatifs ne pourroient être en même-tems le*
régimes des deux verbes.
Ainfi l'on peut bien dire ^ vous vouUt^^ que je m'atta-
che a qui je n'ai jamais pu plaire ; mais on ne peut dire ,
vous voule:[queje m'éloigne de qui j'ai toujours fu plaire .
ni que je m'éloigne a qui j'ai toujours fu plaire : parceque
dans le premier exemple qui eft terminatif de deux ver-
bes , qui tous deux donnent à ce régime la prépofitior
^ ; & que dans la féconde phrafe le même qui eft ter-
minatif de deux autres verbes , dont le premier veut de^
& le fécond à devant ce régime ; ce que ne peut prendrt
ie relatif en queftion , un nom n'admettant jamais
qu'une prépofition à la fois.
Il y a quelquefois bien des difficultés à reconnoîtrc
le véritable antécédent des relatifs 5 je ne dis pas quand
cet antécédent eft fous-entendu , car on y peut alors ai-
fément fuppléer par les mots , ckofe , perfonne y ou ce ^
celui , &c. félon le fens de la phrafe ; mais fur-tout
quand il eft exprimé avec plufieurs autres mots : pai
exemple je veux dire, que la probité eji furcment plus pré-
cieufe que toutes les autres qualités de l'homme y & ]i
commence ma phrafe par ce tour ufité : la probité ejl fu-
ment une des qualités de l'homme y qui... Ici le doute me
P R O ii^
vient ; je ne fais Ci je dois dire , qui fini les plus précieu-
fes y ou qui efi li plus précieufe ; je ne fais fi je dois pren-
dre une pour antéccdenc du qui , ou s'il eft mieux de
prendre des qualités : je remarque enfin que de cette
dernière façon je n'exprimerois pas toute ma penfée ,
puifque je confondrois la prooité avec d'autres qualités
qui feroient à la vérité les plus précicufes avec elle ^ mais
qui le feroient autant qu'elle , & que mon intention
étoit: de mettre la probité au-delfus de toutes : je me dé-
termine donc à dire, la probité ejl une des qualités de
l'homme qui efi la plus précieufe y & il fe trouve que j'ai
Dien dit.
Si je voulois en effet mettre la probité au premier
rang , mais avec d'autres qualités qui me paroitroienc
devoir aller de pair avec elle , & que je commençaffc
ma phrafe de la même façon 5 alors il faudroit prendre
des qualités voMV zniécéà'cnz y & mettre le relatif avec
les mots qui doivent fe mouler fur lui au pluriel , en di-
fant , la probité efi une des qualités de i homme qui font
les plus précieufes. C'eft ainfi qu'on peut julHfîer ces
phrafes ; Socrate efi un des anciens Philofophes le plus
éclairé & le plus fage. La fuperflition efi un des points
\fur lequel les Philofophes difputent avec le plus de
\\ele , &c.
^\ je veux dire que j'ai expédié prefque toutes les
affaires dont j'étois chargé , & que je commence par ces
imots , j'ai expédié la plupart des af aires , & que je
Iveuille enfuite me fcrvir du rchzif lequel ; je ne fais fi je
idois mettre , de laquelle , en lui donnant la. plupart ^ont
iantécédent , ou defquelles , en le faifant rapporter à
iaffaires : mais je remarque que le véritable antécédent
m'ed ni la plupart ^ ni des ajfaires ^ mais la plupart des
affaires y que ces quatre mots ne me préfentent ici qu'une
idée , ou que s'ils en offrent plufieurs , mon intention
étoit de parler de toutes , ce qui revient au mêm.e j que le
nom co\lcô:i£ la plupart reçoit un caradere marqué de
pluralité quand il eft joint à un nom pluriel qui le dé-
termine j qu'alors il femble offrir plufieurs objets dif-
tingués , quoiqu'il ne préfente , pour ainfi dire , qu'un
fîngulier, ou qu'une unité en maffe quand il ell joint
a- un nom fingulier 3 &. qu ainfi , quoiqu'on doive dire ,
3L20 PRO
par exemple , la plupart du monde qui nous flatte nous-
trompe ^ on doit dii-e ici, j'ai expédié lu plupart des
affaires defquelles vous fave7[ que j'étois chargé.
Quand le relatif a piufîeurs antécédents ^ il fuit le
genre le plus noble , fî les antécéoenis n'ont pas le mê-
me , & fe met au pluriel : mon frère & mafœur qui vous
ont toujours été chers. Mais (i ces antécédents ont une
même lignification , ou une fignifiication fort appro-
chante , le relatif peut ne s'accorder qu'avec celui dont
il eft le plus proche : voyeç le courage & la hardiejje avec
laquelle ils vont au-devant de l'ennemi.
Nous avons déjà dit que les relatifs fe trouvoient
fouvent employés fans jamais avoir d'antécédent expri-
mé , ni facile à placer avant eux ; que dans ce cas on
les appelloit abfolus ., on interrogatijs ; qu'en un mot ils
paroiltoient alors perdre beaucoup des marques diftinc-
tives du vrai relatif : c'efl ici le lieu d'en dire ce qui
nous paroît nécelfaire à connoître.
Nous obferverons d'abord que ce font les mêmes que
ceux que nous venons d'examiner , excepté dont ^ qui ne
peut avoir lieu ici , parcequ'il faut qu'il ait toujours ur
antécédent exprimé ; mais dont eft remplacé par un au-
tre qui vient fe montrer fur les rangs 5 c'eft lequel dé-
pouillé de l'article le que nous avons dit en être infépa-,
arable quand il eft proprement relatif.
Nous obferverons encore qu'il eft inutile de répétei
ce que nous avons dit de tous ces mots relativement ain
chofes ou aux perfonnes qu'ils peuvent remplacer , &
à l'office qu'ils peuvent faire dans le fyftême généra!
d'une phrafe j parccque tout eft ici de même , exccptt
dans les cas que nous aurons occafion d'excepter
quand il s'en trouvera , nous tâcherons de le faire 4«
manière à ne lailfer aucun doute.
Il en eft de même de ceux qui prennent ou qui rejet
tcnt les prépofitions ; que n'en prend jamais i les autre;
peuvent en prendre -ou s'en palier félon leur oiiîce
quoi ne peut s'en palier , que quand il eft fcul pour rcn
dre une pliiafè interrogative. ,
Ces pronoms relatifs abfolus ont lieu dans les intcr
rogations; dans les phrnfesqui marquent le doute , l'iii
ccttitudc , l'ignorance , ou uneconnoillancc, une certi
ludi
uc^e bien affurée & diftinaement affirmée. Que me de^
na?idei-vou5 ? Je ne fais à quoi me réfoudre. Vous igno^
'Cl quel eftfon courage indomptable. Je fais qui vous a dit
:ela. L'objet des relatifs dans ces rencontres eft toujours
/aguc , général , ou confus & indctermnié 5 foit qu'il
ic porte que fur la nature des chofes , ou qu'il en défi-
nie les qualités , ou qu'il ne faiîe que fupplécr à la dé-
lomination.
Qui employé dans les phrafes femblables à celle»
me nous venons de citer , ne fe dit jamais que des per-
onnes ; qui ^ ou quelle perfonne vous a dit tant de chofes
uuffcs fur mon compte? l\ ne s'emploie ordinairement
lii'au fmgulicr & au mafculin ; & l'on doit dire , qui
eroitajfei hardi pour me démentir? Cependant if l'on
'ailoit de femmes , on devroit dire , qui choifjfei-vous
'our compagnes ? comme on diroit dans une occafîon
or.rraire, qui prenei-vous pour compagnons ? on doit
lire encore , qui d'eux ou de nous auront raifon ; corn-
ne on dit , qui de vous ou de moi aura raifon ? d'eux ou
:t' nous y de vous ou de moi étant joints à qui en déter-
n:nent le nombre & le genre j car dans la première
àu-afe , il eft néceifaire que plufieurs aient raifon puif-.
b'il y a pluralité de gens de part & d'autre 5 & il
k peut y en avoir qu'un feul dans la féconde , où cha-
que membre alternatif indique unité : les circonftances
marquent auffi le genre j on le connoît , puifqu'on fait
c qui l'on parle. Ce qui relatif abfolu fe change fou-
ent en qui ejl-ce qui. Qui efi-ce qui vous l'a dit ? Je vois
ien qui efi-ce qui m'a joué ce tour- là.
Que pris en relatif abfolu ne fe dit point des perfon-
es , comme lorfqu'il eft relatif fimple : ici on ne peuc
appliquer qu'aux chofes :;d ne fais que répendre aux
erfonnes qui difent des injures , c'efi une langue que je n'ai
unais apprife. Que me voulei-vous ? Que dit- on de nou-
eau ? On dit aulfi, qu efi-ce que l'on ait de nouveau ?
\ucfi-ce que vous m.e voule^ ? Dans ces exemples, oi il
a plufieurs que , le premier eft le feul relatif abfolu j
:s autres font de vrais relatifs.
Nous n'avons rien de particulier à dire fur quoi , ni
K oii ; finon que l'on dit également , que fert a l'homme
e connoitrefes devoirs^ s'il ne les remplit? ou bien, a ciiol
Tome 11, p
2Z1 P R O
fcrt , ou de quofjfert. Sec, De quoi vous occupei-vous ? Je
ne fais à quoi je mamufe. Par ou voule:^-vous commen-
cer ? Voila oÎl vous manque^ tous Us jours.
Quel ^OWM le mafculin ^ faifant quelle au fcmiiiin ,
& quels , quelles au pluriel , accompagne plus fouvcnt
qu'il ne fuppofe fon antécédent Tubdantif j & lorfcjue
celui-ci n'eft point exprimé , il eft néanmoins remplacé
par un pronom perfonncl agillant. Perfonne ne fait quel
fort l'attend. A quelle extrémité me réduife:^-vous ? Vous
m'annoncei d'keureufes nouvelles ; & quelles font elles ?
Il fe dit des perfonnes & des chofes i & figure dans les
différents membres du difcours qui conviennent aux
noms , foit feul , Toit avec quelque prépolition.
Quel .y variant félon les genres & les nombres s'af-
fuujettit à cet égard aux diiférents fubftantifs ou an-
técédents qu'il accompagne ; fa deftination eft: de déiî-
gner d'une manière confufe les qualités du fubftantii
auquel il eft joint, ou plutôt d'y appliquer l'efprit en
général & fous ce jour vague & indéterminé , fous le-
quel , qui j quoi ^ oîi ^ que , lequel , nous font penfer à
l'idée générale ou à la nature de ce même antécédent
auquel ils fe rapporteront : ainii , qui êtes-vous ? mar-
que que je cherche l'idée d'une perfonne , fon nom :
quel homme êtes-vous ? marque que j'en cherche le:
qualités particulières. Ce mot ç^f/ accompagnant le plu*
fouvent un fubftantif, devroit peut-être fe trouver con-
fondu dans la foule des adjedifs ; mais comme il défi-
gne les qualités d'un objet de la même manière que les
autres marquent l'objet lui-même, que d'ailleurs il fem-
ble être la racine du ïtl^ùï lequel j & qu'enfin il fait un
emploi très analogue à celui des relatifs abfolus , nous
avons cru devoir en parler ici.
Lequel , fe dit partout également des perfonnes & des
diofcs : on s'en fert fouvent dans les phrafcs alternati-
ves où l'on demande , ou bien où l'on donne un choix
entre deux ou pluficurs chofes : lequel des deux efi It
plus funcjle , d'un ej prit faux , ou d'un mauvais cœur .
Voilà bien des fyjîêmcs fur une même quejlion ; oJioifiJfe\
lequel vous voudrei. On peut à ce propos dire un mot
des adjedifs l'un , l'autre j qui viennent fouvent en ré-
ponlf aux qucftions femblablcs.
P R O iij
Ils peuvent auflî pafler pour des pronoms , & même
ils en font de véritables ; mais ils auront leur place
ailleurs ; nous dirons ici feulement qu'ils fe conforment
totalement au pronom lequel qui les précède j que non-
I feulement ils en prennent le nombre & le genre , mais
I encore la prépofition s'il y en a , à moins qu'ils n'aient
un verbe qui en ordonne autrement. Far lequel des
deux chemins voule:^~vous pajfer ? ni par l'un ni par
t autre \ ou , je ne prendrai ni tun ni l'autre , &c. Lef-^
' quelles méprijei-vous le plus , des femmes légères par foi-
bleffe , ou de celles qui fe parent trop de leur prétendue
COI fiance ? Je plains les unes j ^je hais les autres.
Nous finirons l'article des pronoms relatifs , en fai-
faut remiarquer un tour de phrafe dans lequel on change
le relatif en que conjonélion , qu'on nomme communé-
ment que adverbe , & on tranfporte devant fon antécé-
dent la prépofirion, s'il en a une. Ainfî dans cette phrafe,
c'efi vous à qui je veux parler , je puis mettre Va avant
vous , changer le qui en que , & dire , c'eji a vous que je
veux parler. Un Auteur a voulu faire de ce qut un vrai
relatif, & expliquer les exemples en difant, c'efia vous
a qui je veux parler : mais c'eft confondre l'objedif dii
verbe cefi avec le terminatif de parler : le vrai fens efi: ,
celui a qui je veux parler ^ c'efi vous. Le pronom m^
! défini celui me paroît allez peu néceflaire ; je veux
abréger ma phrafe, & je le fais félon le génie de la
Jangue, en commençant par c'eji vous...., à qui je
veux parler , fuit naturellement. Par un autre trait
de vivacité & d'impatience , mon efprit qui fe hâte
d'énoncer ce qu'il veut dire de vous , tranfporte devant
ce pronom perfonnel la prépofîcion qui fert de cara(5î:é-
riftique pour marquer le rapport qui fe trouve entre
vous & ce que je vous veux 3 alors le qui devient inuti-
le , & plus encore Va qui étoit devant 5 il ne me faut
plus qu'une conjonârion pour lier c^efi a vous nvzc je
veux parler. Se la conjonction que fert à cela. D'ailleurs
(î ce que étoit véritablement un relatif, il feroit le ter-
minatif de /'dr/er , & ce verbe veutpour terminatif per-
fonnel , un nom précédé de la prépofition à ; fi c'eft un
relatif, ce doit être qui ^ & non que qui ne peut être
qu'objedif.
pij
124 P R O
Il y a eflcore quelques façons de parler qui font fort
ufîtées, & qui ne femblent pas fuivre les règles 5 com-
me , ils travaillent à qui mieux mieux , c'eft- à-dire , à
l'en VI l'un de l'autre. Cejè à qui fera le plus généreux.
On dit encore , félon M. Reftaut ; la pluralité des
Dieux cft une chofe qu'on ne peut s'imaginer qui ait été
adoptée par des hommes de bon fcns. Mais nous ne
voudrions pas autorifer cette façon de parler ; elle eft
peu ufitée 3 elle femble d'ailleurs tout-à-fait irréguliere j
enfin elle a un air de çêne qui choque l'oreille ; il vau-
droit mieux dire , qu on ne peut s imaginer avoir etc
adoptée par , &c.
En la rendant fufpede , avertilTons néanir.oins que
cette conftrudion eft employée par bien des Auteuis :
C'eft une douce erreur que je prétends qui cejfe. D'où vient
donc cet ennui qu'on voit qui vous dévore ? ( M. Piron ).
Pronoms démonftratifs.
Ne point dénommer un objet , mais l'indiquer ^ pouf
ainfi dire , en le montrant j le fpécifier non pas par fes
qualités , mais en déiïgnant fa place, en dirigeant les
regards fur lui 5 tel eft l'ofiice des pronoms démonftra-
tifs.
Nous n'en compterons que Gii>q , qui font, ce, ceci,
cela , celui-ci ^ celui-là.
Le premier a dans notre langue deux fondions à
remplir qui font bien différentes l'une de l'autre. Quel-
quefois il prend après lui le fubftantif auquel il fe rap-
porte , comme , ce penchant qui vous entraine fera
votre malheur. Alors il efl vrai dcmonflratif , puifqu'il
ne fert qu'à tirer de la foule des penchants , celui dont
on veut parler , & qu'à fixer l'cfprit fur celui là fcul.
On peut comparer cette fonftion de ce à celle de l'arti^
cle qui ne marche avant les noms qu'à fin de les an-
noncer i avec cette différence que le pronom ce ne fc
contcnre pas de faire l'annonce , mais qu'il y joint une
indication qui arrête la vue de l'cfprit précifément fut
l'objet qu'il accompagne 5 & cela tant par fa propre
nature que par le fccours de ce qui le fuie ou le pré-
cède.
p fi ô 11$
Quelques Grammairiens prétendent qu'alors il n'eft
pas vrai pronom , puifqu'il ne remplace pas Ton fubf^
tantif, mais qu'il l'accompagne j & peut être ont-ils
raifon : il femble qu'on auroit dû le nommer article dé*
monftratif plutôt que pronom démonftratif. Mais en Ten-
tant combien cette place pourroit lui convenir , nous le
plaçons néanmoins ici , tant parcequ'il a le caradlere
particulier des pronoms démonibatifs qui eft de mon-
trer l'objet , que parcequ'il ei]: comme la racine d'où
font tirés tous les autres pronoms de cet article , qui
ne paroilTent être que Tes compofés.
D'autrefois ce ne marche point avec Ton fubftantif ;
au contraire il en empêche par fa préfence la dénomi-
nation , ou la répétition ; comme , ce qui m'afflige le
plus j n'ejl pas d'avoir été joué par une amefaujfe y mais
c'eji de m" être avili en luifaijant des politejfes dont je n'ai
jamais prétindu honorer un fombe : cet exemple montre
que de cette dernière façon ce peut s'employer ou avec
un relatif, ou avec le verbe fubftantif 5 il ne peut mê-
me le faire qu'avec l'un ou l'autre de ces voifîns : alors
ce eft un véritable pronom 5 mais eft-il démonftratif >
on pourroit bien montrer qu'il en conferve toujours la
nature & les propnécés; mais eft-ce une raifon fuihfante
de le placer ici , s'il eft vrai qu'il participe encore plus
de la nature des indéfinis ? Ne faudroit-il pas le ren-
voyer à cette dernière claffe comme l'ont fait plufieurs
Grammairiens ? N'eft-iî pas vrai que dans ce dernier
ufage ce ne nous montre rien que de vague , de géné-
ral ? A cela nous répondons que pour ne pas faire deux
articles du même mot, après en avoir fuivi les loix
dans une de fes fondions , il nous a paru naturel de
l'examiner dans l'autre j fans pour cela condamner ceux
qui font autrement.
Quelques Auteurs mettent encore au rang des dé-
monftratifs , celui , celle , ceux & celles : mais ces mots
n^ nous paroilfent participer en rien à la nature , aux
propriétés des pronoms qui montrent l'objet , ils nous
fcmbknt ne pouvoir appartenir qu'aux indéfinis où nous
ks renvoyons. Il ne nous refte qu'à reprendre les dë-
monftratifs les uns après les autres , pour en dévelop-
per les propriétés & l'ufage.
Piij
xk; P R O
Ce, dans le premier cas od nous Tavons déjà exami-
ne , c'eft-à-dire accompagnant un ou plufieurs noms ,
cft adjedif , en ce qu'il varie fes terminaifons fclon les
genres & les nombres : on dit ce devant un nom finguf
lier mafculin qui commence par une confonne ou ua
h afpiré : ce bonheur efi -il fait pour des cœurs pervers ?
Il manquoit encore à la gloire de ce Héros dejfuyer de
grands revers.
Les noms iinguliers & mafculins font précédés de cet
quand ils commencent par une voyelle , ou par une k
non afpiré : l'amour ejt un enfant ; mais cet enfant
triomphe de la force , épuife le courage , égare la raifon ,
féduit la 'vertu , aveugle la fagejj'e. Vous m'oppof\ thon-
neur7 mais cet honneur , enfin , qu'efi il, que l' accompli] fe-
ment de fes devoirs ^ 6* dépend -il du vulgaire infenjé de
me deshonorer ^ Ji je ne fais que ce que je dois ?
Avant les noms finguliers & féminins on Te fert de
cette , quelle que foit leur lettre initiale : queft devenui
cette ame fiere & courageufe qui devait fe roidir contre le
fort & /es plus rudes ajfauts ? Elle difparoit devant cctti
beauté frivole que vous avoue:^ vous-même ne renfe/met
qu'un cœur mépri Jable ! Aux noms pluriels on donne ces
pour tous les genres : ces rujes j ces indignes caprices
doivent bien vous en détacher ! Ce pronom Te place alors
avec toutes fortes de fubftantifs ^ foit de chofcs ani-
mées , foit de chofcs infenfibles : il les accompagne foil
qu'ils fervent de fubjedifs , d'objedifs, de terminatifs ,
ou de circonftanciels , foit qu'ils foicnt fculs , foit qu'ils
reçoivent le fecours de quelque prépofition j mais en ce
dernier cas , ce marche après la prépofîtion.
Lorfque ce eft immédiatement fuivi d'un relatif,
alors il ne fe dit que des chofes , & point des perfon-
nes 3 on peut même ajouter qu'on ne peut guère le tour-
ner que par la chofe : ce qui fait h malheur des Rois , efi
de n'avoir point d'amis ajfe[ hardis pour leur dire la véri-
té : ce que vous craigne-;;^ le plus , neji pas ce qu'il y a dt
plus a craindre. Il prend à fa fuite pour completter !«
fens , tous les pronoms relatifs , excepté ou & lequel. On
ne dit point , ce d'où, vous forte^ , eji un abîme ou vous
pouve:(^ retomber ; mais il faut donner un autre tour à la
phrafe , en difant , par exemple , yousforte^ d'unabimt
IP R O 4i7
VOUS pouve^ rttomher. On ne peut dire non plus , ce
7ùr lequel vous réu^ftre:^^ , n efi pas ce qui vous donne te
flus d'efpérance y mais par exemple , ce parquoi vous
'éujftrei, ^^•
La raifon de cette exception eft que ce n'a ici qu'urt
[ens très général ; il peut donc admettre , & veut même
des pronoms relatifs qui le parricularifent , & c'eft ce
que ne font point oîi , lequel , qui déiignent & ne par-
àcularifent pas. Ce, fuivi d'un relatif j eft toujours iîn-
gulier & mafculin ; & cela doit être , puifqu'il ne mar-
ique qu'en général un objet vague , qui par conféquent
in'eft point allez Tpccifié pour qu'on en connoiflele nom-
bre & le genre particulier : ce qui flatte efl ^lus dange-
reux y que ce qui offen/è.
Souvent auflî on le fait précéder de tout ; tout ce qui
paraît beau^ nefi pas toujours bon. Dès que ce prend ainfî
luii relatif, la phrafe a nécefTairement deux membres
!au moins 5 fi toutefois ce eft à la tête ; car fans cela elle
pourroit n'en avoir qu'un, comme, vous favcT^^ ce qui
\me fait peine : mais fi le fécond membre a le verbe fub-
: ftantif pour attributif, & que ce verbe foit fuivi par que
' conjond:ion, ou par ^/^ prépofition 3 le ce doit être répété
lavant lui ; ce qui me fait peine y c'eft que vous m ayei^ pu.
foupçonner. Ce qui la flatte le plus , c'eft de voir fes rivales
dans la douleur.
Si ce verbe être eft fuivi d'un adjedtif , il ne fait point
répéter ce : ce qu'on eftime y eft fouvent bien mépri fable ^
Ce qui réufftt , eft rarement condamné : nous mettons icî
les participes au rang des adjedifs. Il faut encore y
comprendre les pronoms perfonnels : ce qui le retient ,
ceft vous. Enfin fi c'eft un fubftantif qui fuive , il fem-
ble alors indifférent de répéter ce ou de l'omettre : ce
quifoutient l'homme & l'anime y c'eft l'efpérance bien plus
que la jouijfance , ou eft l'efpérance bien plus que la jouif-
fance.
Lorfque ce n'eft point immédiatement fuivi d'un re-
latif, il l'eft du verbe être : alors il eft de tout genre &
^e tout nombre fans changer de terminaifon : mais il'
n'eft que de la troifieme perfonne. De-là vient que fî
l'objedif dut verbe ^r/-e, eft un nom pluriel , ce qui s'y
Piv
iiS P R O
rapporte eft auiïî du n)ême nombre , & qu'il y a/Tujcrtît
même le verbe dont il efl fubjcdrif : c étoient les femmes
a Lacédémone qui formoient & animaient la vertu des
hommes. Ce font quelquefois les plus grands crimes qui
font les moins punis.
On voit que dans cette efpece de fondions , ce efl:
également employé pour les perfonnes comme pour les
chofes. Mais s'il fe rapporte à des pronoms de la pre-
mière ou de la féconde pcrfonne foit du fîngulier , foit
du pluriel , alors il prend la troifleme perfonne du fin-
gulier : c'ejl nous qui t avons découvert ; cefi vous qui l'a-
vei arrêté : c'eft moi qui l'ai voulu. Il n'y a pas en cela
il'irrégularité : ce pronom eHindifFéreiit pour le nombre
& le genre ; il peut donc également figurer avec l'un &
l'autre : mais il n'en eO- pas de mcmc des perfonnes 5 il ne
peut fe montrer qu'à la troifieme , & cela à raifon mê-
me du défaut de préciiion qui fe trouve dans fa fignifi-
cation : ne pouvant donc fe conformer aux pronoms ,
nous , vous , înoi y toi y auxquels il fe rapporte , alors il
X-'a de loi à prendre que de lui-même , & il refte dans
ion état primitif qui eft le lîngulier de la troilîeme pcr-
jfonne.
Dans les interrogations, il fe porte immédiatement
après le verbe : quefi-ce ? Efi-ce vous ? Eft-ce lui? Mais
au pluriel on l'emploie peu , parcequordinairement il
cft dur , font- ce les hommes que nous attendons ? Pour
l'adoucir on dit , par exemple , font-ce la les hommes
que nous attendons ? parcequ'après la on fait une paufc
qui facilite la prononciation , & qu'on ne pourroit y
faire fî ce étoit immédiatement joint au nom auquel il
fe rapporte.
II eft encore quelques façons de parler très commu-
nes oiî ce eft répété : comme , dites-nous ce que cefi :
qu'eft-ce que c'eft ? fi l'on veut y ajouter quelqu'autre
cliofe , on y met un que y qu efi-ce que cefi qu'il deman-
de? Mais alors on fait mieux d'abroger en difant,
quefi-ce quil demande ? Si je veux dire par exemple j
que les defîn font toujours des tourmens ^ & que je com-
mence ma plirafe par , ce font toujours des tourmens . ., i
Alors pour la iîair en y joignant Us defirs , je dois y i
P R O 21^
mettre un que pour former ia iiai'on : ce font toujours
ies tourmens que les dejirs. Cjfi toujours un pLùfir quun
ievoir rempli. Mais fi après ce que je veux me fervii:
l'un verbe à l'infinitif, au iieu d'un fubftantif , il fau-
ira mettre de après le que : cejt toujours un tourment que
ic déjirer. C'eft toujours un malheur ^ fi ce nefi pas un
•nal que d' avoir des envieux.
Le pronom ce eft auffi quelquefois fubjecflif des
l'erbes , pouvoir ^ devoir ^ quand ils font fuivis de l'in-
initif être. Ce doit être un tourment affreux que le fiju-
venir d'un crime qu'on a commis. -.^ e pourroit être l'hom*
ne nue vous méprifez le plus , dont vous aure:^ le plus
'/and hefioin. Mais (î ce appartient à un nom pluriel ,
wuvoir & devoir feront ils mis au pluriel , ou rerteronr-
Is au fîngulier ? Après avoir dit , par exemple , mes
2mis m'abandonnent ', qui me prêtera fecours ? Puis -je
iire , hélas y ce devraient être eux l ou faut-il , héUs ,
:c devrait être eux ! mais ces façons de parler font ra-
ies ; on doit éviter cet embarras fur lequel l'ufage iic
lit pas alfez pour faire une décifion , & prendre un au-
tre tour, comme on le fercir en pareil cas, en difant par
exemple , hélas ^ ce devrait être à eux y ou c efl , ou ce.
^eroit a eux a le faire ! en ne prennant le verbe que corn-
ue imperfonnel.
Comme ce eft fouvent employé pour l'imperfonnel
M'Y, on peut fouvent mettre l'un où l'autre eft néceifai-
Ip ; voici la re^le : devant le verbe être fuivi d'un ad-
edif pris fubftantivement ^ c'eft- à -dire fans autre
Tubdantif & fans article , il faut mettre //, & non pas
:e 5 // eft grand de pardonner y il eft encore quelquefois
iliis' beau de mériter un pardon. On met encore i/ quand
e verbe eil: fuivi d'un nom de tems , à moins qu'il ne
bit en réponfe d'une queftion où ce auroit été em-
)loyé : il eft quatre heures j il eft temps : quel jour eft-ce T
'eft jeudi. Quand même la question fcroit fupprimée,
m dira toujours , c eft jeudi ^ & non pas // eft jeudi ,
:omme le prétend le Père Buiiier : ici ce eft à la place de
'0«r-, qui eft fous entendu; ce jour efî jeudi y au lieu
qu'il n'y a point de fous-entendu dans il eft quatre heures,
Ze n'y auroit rien à remplacer.
Les quatre autres proiioms démonftratifs fe formait
250 P R O
en ajoutant s. ce ^ ci ou /ui-ci j la ou lui-la : ce qui dori'
ne , ceci , cela j celui-ci , celui-là. Ils font tous les qua-|
tre de la troifîeme peiTonne aufli bien que ce : ceci ^ ce*
lui-ci y ne fe ^ifent que de ce qui efl: plus près de nous j
& cela j celui-là y de ce qui en efl; moins près. Ceciy cela ,
font toujours mafculins , & n'ont jamais de pluriel j ils
ne fe difent que des chofes inanimées y plus fouvent,
encore du fens exprimé par une phrafe qui précède ou
qui fuie, & ne prennent jamais de qualificatifs qu'ils"
n'en foient féparés par un verbe. Ceci vous convient : ^
cela me déplaît. Ceci efl fmgulier ; cela parait vieux. On '
vous loue pour vous perdre ; cela efl odieux l mais ceci '
tefl bien plus ! on cherche a vous perdre , fans en avoir
d'autre motif que la fatisfaciion honteufe de voir périr ur.
honnête homme I
Celui-ci y celui-là y fe difent également des perfonne;
& des chofes : ils prennent quelquefois des adjedlifs ; & .
font au fingulier , celui-ci , celui-là , pour le mafcu-
lin y celle-ci y celle-là , pour le féminin, & pour le maf-
culin pluriel y ceux-ci y ceux-là y enfin , celles-ci y celles-
là pour le féminin du même nombre : de ces trois fem-
mes , celle-ci efl plus belle ; mais celles-là toujours éga-
les ^ enjouées, & polies y plaifent davantage. Cqs quatu
pronoms figurent par-tout où peuvent figurer les fub-
Hantifs ; mais ils ne font jamais terminanfs ni circonf
tanciels fans le fecours de quelque prépofition. Voui
donne:^ tout à celui-là , au mépris de ceux-ci.
Pronoms indéfinis,
La dernière ClafTe des pronoms eft celle des indéfinis,
dont le propre , avons-nous dit , eft de ne rien défignei
que de général , & de n'avoir rapport qu'à un obje
vague & confus qui ne préfente aucune idée précife.
Les uns font véritablement pronoms , en ce qu'il:
n'accompagnent jamais les fubllantifs auxquels ils d
rapportent, & qu'au contraire ils les remplacent j ce fon
quiconque y quelqu'un y chacun , autrui y perfonne y rien
l'un l'autre , celui & on : nous avons parlé ailleurs de on,
rien & perfonne.
D'autres fejnWcnt perdre le vrai caradere du pro-!
P R O 231
>m , & rentrer dans la foule des noms adjeârifs , eu ce
l'ils accompagnent toujours & ne remplacent jamais
urs fubftantifs ; nous en parlons ici à caufe de la pro-
iéré d'indéfinis qu'ils confervent : ce font quelque ^
•jque , certain , quelconque.
D autres enfin accompagnent quelquefois , & quel-
lefois remplacent les nom.s auxquels ils appartiennent;
: font, nul , aucun ^ pas un ^ autre , l'un èc l' autre ^ mt-
s , tel j plujienrs & tout. Après avoir détaillé ce qui re-
u Je tous CCS indéfinis , nous finirons par dire un mot
: quelques autres mots compofés que î'ufage emploie
I quelque forte comme pronoms indéfinis.
Quiconque ne fc dit jamais que des perfonnes j il figni-
c, toute perfonne qui -j jl n'eft que du mafculin , & n'a
onit de pluriel ; il ne paroît guère dans l'adjondif , 6c
loins encore dans le circonftanciel. Quiconque eft fans
S' tu y eftime rarement les hommes ; & quiconque efi trop
yK , les eUme trop. Quelqu'un ^ faifant au féminin quel-
iiune , & quelques-uns , quelques unes au pluriel , fe dit
es cliofes & des perfonnes : il peut figurer dans les
inq membres de phrafe où le fubftantif a lieu i mais il
'efl adjondif qu'avec un impératif ou dans l'interroga-
on : vene:^ quelqu'un me fecourir : viendre:^-vous quel^
le un me Je courir ?
Ce pronom peut avoir deux fîgnifications différentes:
°. il ïîgnifie , quelque perfonne ^ & ne fe dit point alors
ies chofes. Il n'a de féminin ni de pluriel que quand il
II fubjediif : quelqu'une qui vous a vu ^ me l'a dit. Quel"
ues-uns me l'ont dit. Ailleurs on ne peut dire , je con^
ois quelqu'une fort aimable ; J€ fais quelques-uns qui
'DUS aiment ^ &c. 5 il faut dire , je cannois quelques per-
cnnes j &c.
z"\ Il fèprend'pour une partie indéterminée d'minom-
•re foit de perfonnes , foit de chofes 5 & veut être ac-
ompagnéd'un nom ou d'un pronom, qui exprime avec
a prépofition l'efpece de chofes ou de perfonnes dont il
léfigne une partie , ou du moins du pronom en qui y
iipplée. Je connois quelqu'une de vos amies qui prend
'OS intérêts avec beaucoup de vivacité. Ces fleurs font
celles ', cefi dommage qu'il en eft quelques-unes qui ont
ies épines, C eft bien perdre fin tem s que de l'employer k
232 ' P R O
lire quelques-uns des livres qu'on vante le plus dans cer- ^
taines fociétés.
On dit alîez fouvent dans le premier fens que nou \
avons remarqué au mot quelqu'un y un quelqu'un^ m
quelque chofe : je l'ai fu par un quelqu'un que vous n,
/bupconne:^ pas. Je ne fais ce qui me plaît en lui \ [on vi- ,
fage efl affreux , 6* cependant f y trouve un quelque chof.[
qui mintérejfe. M, Reftaut prétend que ces phrafcs fon '
^es plus vicieufes : il auroit pu fe contenter de dir
qu'elles font des plus familières j & des qu'il aveu
Jui-m.ême qu'elles font ordinaires dans la converfa
tion , il devoit fentir qu'elles n'y peuvent être vicieu
ies : elles le dcviendroienr , fî on s'en fervoit ailleurs. .
Chacun ilgnifîe tous les individus qui compofcnt ni
nombre , une claffe d'êtres particuliers , & ces indivi
dus pris les uns après les autres. Il fe dit. des gens & de
chofcs : il fait chacune au féminin , & il n'a point de plu
riel : il fert aux mêmes offices dans une plirafe , qu
quelqu'un , excepté qu'il peut être adjon^tif quelle qu
foit la forme de la phrafe : alle^-vous en chacun che. ,
vous: je les ferai paraître chacun a leur tour. S'il eft fui\
d'un fubftantif ou pronom auquel il appartienne , i
veut la prcpofition de avant l'un & l'autre : éprouveifé
parement chacun de vos amis , 6* voye:^ combien il en ej '
0^e finceres ! peut-être trouvere:(^-vous un ennemi dans cha
cun d'eux.
L'ufage ne foufFre plus qu'on dife un chacun, corn,
me l'arfurcnt plufîeurs iGrammaircs : peut-être cepen-
dant pourroit-on excepter de cet interdit général cer-
taines phrafes ufitées dans la converfation familière ~
^n chacun vous le dira. Tout en iroit ,mieu;c , fi un cha-
cun fe mêloit de fes affaires.
On propofe ici une difficulté de Grammaire d'autant
anoins aifée à réfoudrcj que pour le faire il,faut recourir î
une métaphyfiquc très déliée & par conféquent peu intel-
ligible. Loriquc chacun eft fuivi d'un nom. qui a un rap-
port de pofleffion avec celui auquel chacun appartient:
ce rapport doit-il s'exprimer par fon , fa , fes j ou pal
leur y leurs F Par exemple doit-on dire , les hommes ont
beau demander conftil , ils en agiffcnt toujours chacun fdo»\
Uur fanxaifie , ou chacun fclott fafantaific ?
P R O 1^^
Il cfl: d'abord certain que dans les phrafes où le nom
fuicl dont le mot chacun eft le diftributif , n'cft expri-
r: 111 par lui-mcme , ni par un pronom perfonncl 8c
i s au pluriel , leur ne peut avoir lieu en aucune fa-
ni : que chacun fonge a fes affaires. Je donnerai a cha~
Il farécompenfe. Nous récompenferons chacun félon fon
rrite. Quand dans la mcme phrafc chacun fait con-
t fte avec un nom pluriel auquel il appartient 5 alors il
ht bien examiner à qui des deux ou du pluriel ou du
thibntif fingulier répond plus diredement le rapport
c polfellion qu'on veut exprimer par l'adjeclif/a^ ou
\r : s'il répond au diftributif , employez /o.-z ^fa^fes^
5 répond au nom pluriel, leur ^ leurs doivent énon-
f le rapport en quelHon.
Or, 1°. ce rapport perfonnel répond plus direde-
imt au à\{h\h\xùi chacun ^ lorfque les termes delà
jrafe font arrangés de manière que l'aélion ou Tat-
tbucion s'y trouve énoncée dans un fens complet ,
sanc que le pronom chacun y paroifi'e ; c'eft-à-dire ,
c and ce qui eft diredement foumis au régime du verbe
c attributif, comme objedif , terminatif ou circonf-
Cicicl , y pré;ede ce pronom : Exemple-, les Juges
V. tous opiné j chacun félon fes lumières. Ils ont tous
pfité de vos largcjfes , chacun au-delà, de fes befoins.
jis hommes devroient tous s'aimer mutuellement j cha^
11 pour fon propre intérêt. Dans cette première tour-
I rc , le pronom chacun fe préfente comme partie ini-
t le d'une nouvelle circonftance ajoutée au fens total ;
iiemble détaclier ce qui le fuit d'avec ce qui le pré-
<àc , pour fe l'unir a lui-même , & former enfemble
i circonstanciel à part , en forte qu'on le pourroit me-
1! dilfinguer du refte de la phrafe par une virgule:
cil: comme s'il y avoir deux phrafes ; tous les hommes
tvroient s aimer mutuellement : chacun devroit le faire
}ur fon intérêt. Aufli dans les phrafes équivoques fe-
lic-on bien de mettre non-feulement la virgule donc
lus avons parlé , mais auffi de mettre un & devant
licun : tous les Juges ont opiné ^ ^ chacun félon fes
in: très.
i^\ Le rapport de polTelTlon réponJ plus diredement
* pluriel çoilw'dif qu'aa difïnbmi^ chacun , lorfque la
2H P R O
phrafe eft conflruîte de façon que l'aâiion ou Tattrî-
bution n'y préfente pas un kns lîni avant l'idée diftribu-
tive , en (orte que ce qui fuit cette idée , eft encof<
efTencielIement lié à ce qui la précède j c'eft à-dne
quand ce quieftdiiedcment fournis au régime du verb(
ou de l'attributif, n'y paroît qu'après le pronom c//d
cun , comme , les Juges ont donné chacun leur avis fé-
lon, leurs vues dijféreraes. Tous ont profité ^ chacun aw
delà de leurs bejoins y de vos largejfes généreufes. Tou.
les hommes devroient avoir ^ chacun pour leur propre in-
térêt , de l'amour les uns pour les autres. Dans cette fe
conde tournure , le pronom chacun ne détache poin
ce qui le fuit de ce qui le précède ; il s'y place cnrr
deux , comme en parenthefe , pour y figurer feul ci
adjondif fervant à préfenter diltributivement le collet
tif pluriel , fans lui ôcer la correfpondance im média:
des autres parties de la phrafe , ni Ion droit fur elles.
Il faut cependant convenir qu'il y a des conftrudion
fi équivoques, qu'il eft difficile de voir s'il y faut fe fer
vir de fon ou leur : la tournure y eft comme mitoyenii
entre les deux que nous avons marquées j on peut , c
femble, lui trouver l'un & l'autre fens : mais alors ;
celui qui parle fe fert de l'un de ces adjedifs préfér;
blement à l'autre, je connois par-là quelle eft fon in
tention.
Dans cette phrafe , tous les Juges ont opiné chacu
félon fes lumières , ou leurs lumières 5 on peut avoi
deux intentions diHérentes 5 la première de m'apprendr
à la vérité que chacun des Juges a opiné félon fes lu
mieres, mais furtout que tous ont opiné de la forte jJ
manière que cette dernière circonftance foit l'objet prir
cipal de celui qui parle , ce que fon efprit confidcrc , >:
ce qu'il a envie de me faire connoître : ou bien encore
oue les Juges ont fuivi leurs lumières en opinant , c
forte que tous & chacun ne foient dans cette plirn!
qu'en fous-ordre relativement aux vues de l'efprit , & ;
conclus qu'on a eu cette intcntion-là, quand on fe ii
de leurs : tous les Juges ont opiné chacun félon leurs A.
mieres. La féconde eft moins de me dire que tous 01
opiné , que de m'apprcndrc & de me faire remarque
que chacun en opinant n'a fuivi que fes propres luniie
P R O 235
:es ; en forte que ce dernier objet foit prefque le feul
]ue confidere celui qui parle , & qu'il veuille faire con-
fiderer : & je penfcrai que telles feront les vues de qui-
conque fe fervira de fin , fa , fes , dans ces phrafes
iouteufes. Tous les Juges ont opiné » chacun félon fis lu^
nieres.
Autrui , ne fe dit que des perfonnes , & fignifîe les au-
•res en général j il n'a point de pluriel ni de genre ,
puifqu'il ne prend jamais d'adjedif : il ne paroît'^jamais
Gins l'efcorte de quelque prépofition : les maux d: autrui
ne^ nous paroijfent qu'un Jonge en comparaifon des nôtres.
Ne point faire a autrui ce que nous ne voudrions point
qu'on nous fit , eft un précepte de morale qui s'étend pLis
'oin qu'on ne penfi. Il eft inutile d'aller ckei ^^^rui cker-
■■^'"- un bonheur qu'on ne trouve plus cke:( foi. On voie
:h
1 ■- ■— -.^~Kw ^*.«j i,iit.^ jvt. KJll voit
p'il ne peut être que terminatif ou circonftanciel.
^ L'un l'autre ^ fait au féminin , l'une l'autre, & au plu-
riel , les uns les autres , les unes les autres. On voit qu'il
îrend l'article avant chacun des deux mots qui le corn.-
. lofent. Il fe dit des gens & des chofes , & s'emploie or-
lan-ement en forme d'adjondif ou de circonftanciel,
pour marquer un rapport réciproque qu'ont entr'eux les
noms auxquels il fe rapporte : quoique réunis , ces deux
mots ne fxgurent pas de même 5 le premier y eft à-peu-
près comme fubjec^if , & k fécond comme ré^i en
guahte d'objet ou de terme , &c. De là vient que les
prepofitions , quand il y en a , ne fe mettent jamais
^n^v^nt l'autre. Deux amants qui paro'Jfcnt bien fine e^
res , ne cherchent fouvent qu'a fe tromper l'un l'autre
peux amis qui fi ficri fient tout lun a Vautre , font dé^
montres impojfibles aujourd'hui. Nous n'avons rien defi^
Iret l'un pour l'autre. Les femmes méd.fent volontiers les
unes des autres,
I L'un , l'autre , font quelquefois employés féparé-
lucnt 5 cefl pour mettre en oppofition pluficurs objets
[lue 1 on compare enfemble j & pour marquer en dérail
fe qui convient a chacun : mais alors le premier peut
lYoïr une prépofition , comme le fécond : de tous ceux
qui dilputent contre la Religion , les uns le font parce^
lu elle Us embarraffe ; les autres parcequils veulent avoir
a gloire d'en embarrafer Us défenfi^rs. Les paillons
1^6 P R O
s'entendent les unes avec les autres : Jï l'on fe laîjfe allt\
eux unes , on attire les autres : alors ce font deux pio-
noms particuliers qui peuvent figurer dans une phraO
aux mêmes titres que les fubftantifs.
Celui j faifant celle , au féminin , & ceux :, celles , ai
pluriel , eft également (ubjedifj objedif , terminatir
adjonclif & circonflanciel. Il a deux ufages : dans I»
premier , il eft fuivi d'un nom avec la prépofîtion de
alors il fe dit des chofes & des peiTonnes : voilà un
figure Jinguliere y celles de Calot n'ont pas tair plus ridi
cule : dans le fécond il eft fuivi d'un qui ou que relatif
il fe dit plus ordinairement des perfonnes , celui qui n
penfe qu'à lui-même j difpenje les autres d'y penferjû
mais. Souvent alors on fous-entend celui : qui veut tro
Je faire craindre , révolte à la fin ^ & nefi pas même rej
pecié.
Quelque eft le premier des indéfinis de la fécond
Claiie 5 il n'eft à bien dire qu'un adjeûif , qui au fingu
lier marque un objet j & au pluriel un nombre qui n'el
point déterminé : quelquefois aulli il annonce la qualit
ou quantité indéterminée d'une chofe j il {è dit égale
ment de toutes fortes d'objets : quelque femme que l'a
prenne j il faut toujours s'attendre à des peines. Quel
ques années de plus en feront un grand homme. Quel,
que mérite qu'on ait y il faut des protecleurs pour pat
venir.
Quelque , fignifiant la qualité ou quantité indétermi
née des chofes , n'a point de pluriel devant les adjec
tifs , quoiqu'il en ait toujours un devant les fubftantifs
quelque grands que foient les inconvénients de lafociété, e,
égalent-ils les avantages ? Dans le même fens quclqu
liiivi immédiatement d'un adjeélif ou fubftantif , de
mande la conjonélion que avant le verbe fuivant , com
me on le voit par le dernier exemple : mais s'il fe trouv
immédiatement fuivi d'un verbe ou d'un pronom pcr
lennel fubjediif, alors il fe divifc en deux mots, que
que y dont le premier prend un féminin quelle^ & ui
pluriel quels , quelles , & le fécond ne reçoit aucui
changement & ne fe répète pas avant le verbe fuivant
quelles que foient voî entrcprifcs , Jonge:^ que fouvent oi
échoue peur une bagatelle. On dit que dans ce dcriiie
P R O 137
as quelque j n'eft plus le même pronom j mais la diC
udloii ici feroic longue & peu utile. Il peut être fubjec-
if, objeâiif , terminatif &: circonllranciel.
Chaque , fe dit aulTi de tout , & peut iigurer aux mè-
nes places que quelque. Il n'a point de pluriel, ne fîgni-
;ip,c jamais qu'un objet pris en particulier. Onprenoit a.
l'jmt lefuffrage de chaque Citoyen poiirl'éUciioiides Ma-
. Cenain , fait au iî^mmin certaine ^ Se au pluriel cer-*
\dins 3 certaines j il fîgnifîe une perfonne ou une chofe
^déterminée; il n'efi: jam.ais adjondiif ; & dans les au-
rz^; places il prend fouvent un, une au lîngulier , & dé
j pluriel : On voit de certains P hilofophes dont tunique
ut tjl de détruire les principes des mœurs & des loix;fem~
h-->les en cela a un certain fou de l antiquité , qui pour
'irnmortalifer ne fut rien de mieux que de brûlerie Tem-
'de d'Ephefe. Il e(t aifé de distinguer ce pronom d'avec
\^à]^di\Ç certain , qui lignifie ajfuré ^ comme , un état
' enain j des nouvelles certaines.
Quelconque , eft un pronom qui fî,gnifie , quelque ce
pir ; il fe dit de toutes fortes d'objets , & prend un s
)our le pluriel ; on n'en fait guère ufage , fi ce n'eil:
lans certaines formules en ftyle d'affaires & de prati-
que : nonobfiant appellation quelconque , &c.
Entre les indéfinis que nous avons placés au troifie-
ne rang, nul ^ aucun , pas un, font les premiers : ils
ont au féminin , nulle , aucune , pas une. Le premier
>eut feul être employé au pluriel ; encore n'efl-ce que
)our fîgniiier de nulle valeur , par exemple 5 tous vos
ïaifonnemens font nuls. Le fécond ne s'y met jamais
hue dans le flyîe du Palais , pour lignifier quelques-uns ;
jlacine a pourtant dit dans Phèdre ;
I
I Aucuns montres par moi domtés jurqu'a'jjoiu---i'h li.
Inais ce font de ces licences qui ne doivent être imitées
Ijue par ceux qui auroient autant de ralens que Racine.
;ls différent peu dans leur fîgni£:ation , qui confilte à
))ré(enter une idée générale accompagnée de négation :
luffi prennent ils toujours avec eux ne , pour complét-
er cette négation que le pronom exprime déjà par lui-
Tome //, Q
II
i58 P R O
même j excepté aucun , qui fe met quelquefois fans né
gation dans l'interrogation , ou dans les phrafes d'
doute 5 & qui n'offre alors d'autre idée que celle d
quelqu'un 5 comme , entre tous les amis que j ai tâch
de me faire y en ejl-il aucun fur qui je doive compter ?
Nul peut quelquefois fe prendre d'une manière gêné
rale& fans aucun rapport aux perfonnes qui fuivcnt 0
qui ont précédé : alors il a la même lignification qu
perfonne , &: ne fert que comme fubjedii: : nuln'efi ajfe
heureux pour n avoir pas fuuvcnt a fe lajfer de la vit
Aucun a ordinairement rapport aux perfonnes ou au
chofes dont on a déjà parlé : Vous me parle:^^ de Court
fans , de gens en crédit ; je vous ajfure que je n'en connoi
aucun ; aucun ne m' a fait d'offres j &je n'ai jamais rie
demandé a aucun.
On peut encore limiter la fignification d'aucun par u
pluriel qui lui foit uni par la prépofition de : aucun c
vous n'a droit de m'accufer ^ qu'après que vous vous fen
jufiifiés vous-mJmes. On dit de même , nul de vous n
droit defe plaindre autant que moi , Sec. Pas un eft à pe
de chofe près femblable à aucun : pas un de vous n
droit de fe plaindre autant que moi. Au reftc , i'ufage fei
peut apprendre les circonftances où Ton fe fert de l'i
plutôt que de l'autre.
Seulement il ne faut point confondre en eux le prc
nom avec l'adjeélif : je n'ai trouvé en tout ce qu'il a dit
nulle fuite > nulle foli dite. Ce fi une foiolejfe fouvent que c
ne vouloir aucun fecours. Il n'y a pas une femme au mot
de qui puijfe ajfurer qu'elle n'a jamais voulu tromper. O
voit par tous ces exemples que les mots en queftion
font adjcélifs , Se nullement pronoms. Les pronon
nul y aucun y pas un y peuvent être employés dans les di
férens membres de phrafc qui font dcftinés au fubftar
tif , Il ce n'efl: qu'ils ne font jamais adjonélifs 5 ils fe d
fent de toutes fortes d'objets.
Autre y des deux genres , Se pouvant avoir un plurieJ
fert à diftingucr les perfonnes & les chofes : il pci
prendre l'article ou s'en pafier dans certains cas.
De l'abord de Pompcc elle efpcre autre ifîuc.
CormiUe dsiiM Pompée f
P R O 159
i^'Jutre ijfae ne fe die que dans le ftyle comique , il
. faut dans le ftyle noble une autre ijfue ; on ne iuppri-
me les articles & les prononl^ que dans ce familier
qui approche du ftyle m2.ïox.\c[i\ç, : fendr joie ^ faire
mauvaife fin, ( M. de Voltaire).
Il s'emploie dans toutes les efpeces de re'gimes qui
3nt du relfort des noms j il eft pronom , quand il n'eft
3int à aucun fubftantif , tSc qu'il n'a point le pronom
avec lui ; les autres vous auroient-ils mieux fervi ?
illeurs il eft adjedlif : La croyance d'une autre vie me
a; oit d'autant plus conforme à la vérité , quelle ejiplus
î ce/faire a la vertu.
L'un 6* l'autre ^ employés comme un feul mot peu-
entpalîcr pour un pronom, en ce qu'ils expriment Taf-
Ïmblage de plufîeurs perfonnes ou de pluj^eurs chofcs,
s ont les deux genres & les deux nombres , & pren-
ant l'article. (Quelque divifées que fujfent les différentes
Bes , on les a toujours vufe réunir les unes & les autres
mtre l'Eglife. Quelquefois ces mots font joints à un
ibftantif fingulier },je veux m'affurerde l'un & de l'autre
irti. Il peut figurer comme nous l'avons dit pour
itte.
Même y pronom des deux genres , ou fi l'on veut ad-
ftif , marque identité ; c'eft-à-dire que la perfonne ou
chofe à laquelle il fe rapporte , n'eft autre que celle
)nt il a déjà été queftion. Alors il prend l'article &
jQJfe comme les précédents : Je vois de quel homme
us voulei parler : Eh bien , le même efi venu auffi pour
cher de me furprendre. Quelquefois ou le place à côté
fon fubftantif, ou d'un pronom perfonnel qui le
îlplace : vous demander fi c'eji le même ami ? ...C'efi
-même. Auprès d'un fubftantif il n'eft pas indifférent
mettre même avant ou après,
ha même vertu n'a pu le foutenir ; ou la vertu même
i pu le foutenir ; font deux phrafes fort différentes.
ms la première , on indique une vertu dont on a déjà
"jrlé; dans la féconde , on dit que non-feulement tout
ître fecours lui a été inutile y mais que la vertu n'a pu
1. prêter un fecours affez puiffant. Par-là on peut fen-
t de quelle conféqi^eace il elt de placer les mots au
±40 P R O
rang qui leur convient : d'ailleurs dans le premier exem
pie, même eft le pronom dont nous parlons , & dans l
fécond, il n'eft qu'une conjonction , qui lie cette phraf
avec celles qui ont pre'cédé, & qui en fait comme 1
complément d'un tout.
Que ces Prifonniers même avec îiii conjurés.
Corneille dans Héradius.
35 Remarquez que dans la règle il faut ces prifonnia
30 mêmes f Corneille retranche prefque toujours ce s t
« fait un adverbe de même au lieu de le décliner. (M. û
M Voltaire oa ).
Nous croyons qu'en général on peut faire même ac
verbe , & par conféquent indéclinable toutes les fo
qu'on peut le traduire par Veciam des Latins.
Tel i au féminin telle, eft pur adjectif quand il ar
nonce une refi'emblance entre le nom auquel il fe ra|
porte & celui qui le fuit , fans dire en quoi conliflc cet
relfembiance , comme ^ un Héros tel qu'Alexandre y i
plus à. craindre qu'à déjirer ; il rcft encore quand il équ
vaut à fr grand 'j comme, fes vertus font telles ^ que .
haine & lajaloujlefe taifent devant lui. Mais lorfque t
tient la place d'un fnbriantif que l'on ne nomme point
alors il paroît vrai pronom j tel rit fouvent d'untabld
ridicule ^ qui en efi exactement t original. C'ejl un tel q
me l'a dit : il le J'av oit d'une telle. Dans ce dernier uf
ge j il ne peut s'appliquer qu'aux perfonnes.
Plufieurs y efi: un nom pluriel , mafculin &: fémin
fans changer de terminaifon , qui étant joint à un fii
llantif eft exadement un adjedif : plufieurs femmes o
mérité d'être mifes au rang des grands hommes. Ma
lorfqu'il eft fcul , il (ignifie un nombre indéterminé •
perfonnes ou de cholls. Cefl fouvent faire injure
plufeurs , que de faire grâce à un féal. Il figure comil
les précédcns.
Tout y toute au féminin , tous , toutes au pluriel
marque la plus grande généralité de l'idée dont ilaccoi
paî^ne l'expreilion : quelquefois il équivaut à l'adjeâi
gnticr : tout le monde le fait ; tout Paris ta vu. Quelc^i
P R O 241
ois il a le Cens de chaque : Tous les jours » a toute
eure , il me pourfuit. Quelquefois il eft fcul , & maf-
ulin fingulier j & c'eft alors qu'il cft pronom , n*é-
ant ailleurs qu'un adjectif: il faut être bien habile &
lus heureux encore , pour réujfir a tout : il fîgnifie toutes
hofes.
S'il eft devant un nom fuivi d'un que , il fîgnifie ,
ien que y quoique ; tout Philofophe quil croit être , je le
oisfouventraifonner de travers : alors il ne fait foncliqn
ue de fubjeif^lif. S'il précède un nom pluriel mafculiii
u féminin qui commence par une voyelle , on doit
iDUJours l'écrire tout j tout étourdies qu'elles paroijjent
tre j elles ont pourtant l'efprit bienfolide, & bien réfiéchi:
lais il varie fes terrainaiions félon le genre & le nom-
bre, fi le nom fuivant commence autrement : toutes dé~
otes qu'elles fe prétendent ^ elles ne laijfent pas que de
oûter un plaijîr fort vif a médire ^ calomnier ^ 6* dejfer^
ir. Tout^elé Prédicateur qu'il eji , je fais telle acïion de
a vie qui nefi ni chrétienne ni équitable.
Enfin tout employé devant un nom , & tenant lieu
l'adverbe pour fîgnifîer entièrement y fuit aufîi les règles
•récédentes : J'ai vu un faint homme tout fier d' avoir ren-
ia un mauvais fervice y fon ame étoit toute contente d'elle^
nême : f avoue que mes fens en furent tout interdits ; je
ns plufieurs perfonnes qui en étaient toutes faifies d'in-
(ignation : & ce faint homme étoit un Prédicateur dont les
lifcours étoient pleins de la charité Chrétienne : au refle
'cfl une anecdote toute fraîche.
Nous ne parlons pas du rang que tous les pronoms
1 j}ue nous venons de parcourir doivent occuper dans
l'ordre de la conftruâion j parcequ'ils n'ont rien de
; ')articulier à cet égard , & qu'ils fuivent les régies gé-
I iiérales des fondions qu'ils ont à remplir. Ce n'eft pas
ju'il n'y ait bien de petites remarques, desobfervations
particulières , des variations difficiles à deviner , & ce-
pendant nécelTaires pour fa voir la langue à fonds, en con-
loitue la richelfe foit dans le tour , foit dans le fens des
iiots , & fentir mieux quel eft le génie , quelles fonf les
lélicatelfes de cette langue : mais les détails feroient
également épineux iJc immenfes j les raifonnemens mé-
142- P R O
taphyfîques , & le fuccès douteux. Une Grammaire doit
fournir les régies générales, les principes fondamen-
taux; elle doit mettre fur les voies, entamer même la
matière des détails 5 mais elle ne doit aller que jufqu'à
un certain point , c'eft à l'ufage à faire le refte : nous
ouvrons le labyrinthe; nous en traçons le plan général
nous faitons même remarquer de quelle nature foni
ceux de fes détours qui peuvent le plus induire er
erreur ; enfin nous donnons le fil qui doit diriger noî
pas : il faut étudier , examiner , obferver, & fur-toui
confulter l'ufage. "
Nous avons eu quelque regret à placer dans la der-
nière Clafie que nous venons de parcourir, plulîcurs ex-
prenions qui ne nous ont point paru de vrais pronoms /
quoique plufieurs Grammairiens les regardent comme
tels ; nous l'avons fait néanmoins parcequ'elles dcman-
doient quelques remarques particulières, & que le lec
teur accoutumé à les trouver parmi les pronoms dam
la plupart des Grammaires, les cherchera peut-être plu
tôt ici qu'ailleurs. Si nous manquons en cela à cette
exaéle précifion qui eft une loi fondamentale dans Jeî
ouvrages de la nature de celui-ci ^ nous croyons répara
en quelque forte la faute par l'aveu que nous en faifons ,
& par l'expofé des raifons qui nous ont déterminés. C'ejfl
dans les mêmes vues & pour les mêmes motifs , que
nous allons parler encore de plufieurs mots compofés ,
que l'ufage ne regarde prefque plus que comme des ex-
preffions d'un feul mot , & que nos devanciers , & M
Reftaut fur-tout , ont comptés parmi les pronoms indé-
finis.
Je ne fais qui ne fe dit que des perfonnes & marche
feul , ou prend devant lui tantôt un , tantôt ce , & tan-
tôt l'article : il a un pluriel & fe dit des noms féminins
comme des mafculins. Je l'ai découvert par je ne fais
qui. Il efi fervi par un je ne fais qui , auquel j& ne vou-
drais pas trop me fier. Ce font ces je ne fais qui ^ qui
nous ont trahis. Vous parlei^ le plus imprudemment du
monck , devant une je ne fais qui que vous ne connoife?
point. On dit aufii , je ne fais quel ; mais il ne prena
point l'article ; Je ne fais quel gouc règne aujourd'hui^
P R O 245
^ous ites conduit par je ne fais quel homme qui me déplaît
on. On dit encore , je ne fais quoi de la même façon
ue je ne fais qui : je lui trouve un je ne fais quoi qui
ï enchante. Il vient de fortir , tout ému dej-e ne fais quoi.
e ne fais quoi ne fe dit que des chofes & point des per-
onnes. Qui que ce fait fe fait fouvent fuivre de il ou de
ui y & quelquefois des deux ; il ne fe dit que des per-
oniies s mais il eft <Kzi deux genres , & n'a point de
'luriel : Qui que ce fait, je lui en fais bon gré. Qui que ce
oit qui me l'ait dit , il a bien fait : fuivi d'une néga-
ion , il flgnifie , nul : qui que ce fait ne peut le dire.
liioi que ce foit ne fe dit que des chofes , & n'eft que
ingulier mafculin , &: fîgnifie rien , s'il y a une néga-
ion ; quoi que ce foit ne peut m'en détourner. Quoi que
le fe dit que des chofes , n'a ni féminin ni pluriel , &:
igniiie Quelque chofe que. Quoi qu'il m'en puiffe coûter ,
e ne reculerai point. A quoi que ton veuille le faire fervir y
m le trouvera toujours intelligent & docile. îl ne faut pas
ier le que avec le quoi , afin de le diftinguer de la con-
ondlion quoique , qui en diffère beaucoup.
PRONONCIATION, ^o La prononciation , dit le Père
0 Buffier , eft la manière d'articuler de vive voix les
3 mots d'une Langue, qui font repréfentés aux yeux par
>3 le moyen de l'écriture & de l'orthographe. Il fcmblc
o par-là que la prononciation & l'orthographe foient
o mutuellement l'image l'une de l'autre : mais comme
o on a prononcé une langue avant de l'écrire , & qu'on
o ne l'a écrite que pour exprimer ce que l'onprononçoit
o déjà auparavant, il eft plus raifonnable de dire que
3 la prononciation eft la règle & le modèle de l'ortho-
>2 graphe. On demande (i l'ordre naturel d'une Gvam-
» maire n'exige pas qu'on parle de la prononciation
J5 avant que de traiter de l'orthographe. Il n'y a pas de
>3 doute qu'il faudroit en ufer ainfi , fl l'on enfeignoit
33 une langue de vive voix. Il faudroit alors faire en-
» tendre les fons qu'elle emploie , avant que de mar-
55 quer les traits avec lefquels on les repréfente aux
M yeux. Mais quand on expofe une Grammaire par
i" écrit , ce n'eft qu'aux yeux qu'on peut parler ; & ce
35 qui s'oftre à dire de la prononciation ne pouvant
" alors s'exprimer que par des figures de lettres , on eft
QiY
244 P R O
33 obligé de commencer par l'orthographe qui les re-i
33 gle 33.
On auroit peut-être moins critiqué l'ordre que ce
Grammairien afuivi fur cet objet , fî l'on avoir voulu fe
fouvenir de la raifon qu'il en apporte ici. Il faut conve-
nir aulTi qu'il eft bien fingulier de vouloir régler l'ortlio-
graphe d'une Langue qu'on eft fuppofé ne favoir pas
encore parler , puifque le Traité de la prononciation
qui le doit apprendre , ne vient qu'après.
C'eft peut-être la difficulté de régler le pas entre l'or-
thographe & la prononciation dans une Grammaire
écrite , qui eft caufe que la plupart de nos Auteurs trai-
tent de l'une & de l'autre en même temps. Les uns an-
noncent en titre un Traité d'Orthographe, & au lieu
d'y trouver comment & par quels caraderes il faut pein-
dre & exprimer par écrit les fons divers qui compofent
les mots d'une Langue , ils vous détaillent la manicrç
dont il faut lire & prononcer les caracfteres écrits. Le?
autres fe propofent de traiter de la prononciation ou de
la ledure, ce qui fuppofe les fons écrits, & vous difcntquc
tel mot doit s'écrire en telle manière. Tous ( quelque
foit celui des deux titres qu'ils ont préféré ) confondent
les règles de ces deux Traités , & ne donnent ni l'un ni
l'autre.
Il faut avouer en effet que la chofe eft très difficile.
Si l'on avoir, à traiter de vive voix foit de la prononcia-
tion , foit de l'orthographe, il feroit aifé de montrer
des caradieres alphabétiques , de les réunir , de les com-
biner , & de vous faire connoître les fons qui y font at-
tachés par l'ufage , en vous les prononçant ; ce feroit-là
traiter de la prononciation. Il feroit aifé de vous pro-
noncer quelque mot que ce foit, & de vous montrer en-
fuite les caraderes établis pour les tracer aux.yeux , ce
fcroit-là traiter de l'orthographe : dans l'un & l'autre
cas , on vous feroit voir &: fentir les principes , les rè-
gles & les exceptions.
Mais il au lieu d'un Maître qui vous parle , vous n'a-,
vez qu'un livre à lire i comment pcut-il vous apprendre;
quelle efpece de fons on a voulu & dû tracer d.ins ccsi|
caractères qu'il vous oftie ? Comment peut-il vous fairçi
entendre quels caraderes il faut choifir pour des fonsi
' P R O 245
qu'il ne peut vous indiquer que par des Caractères ? En
parlant de prononciation , il faut qu'il fuppofe déjà que
vous fàvez parler , en traitant d'orthographe , il doit
fuppofcr que vous favez déjà quel Ton eft attaché à tel
caraderc. Ainfi on ne peut abfolument dans un livre
traiter de ]^n ni de l'autre de ces deux objets , fans pré-
fuppofer que le Icâreur eft déjà inllruit en grande partie
de roue ce qu'on veut lui enfeigner. La Grammaire , en
ce point fur-tout , n'eft donc pas faite pour ceux qui ne
favent encore rien : elle n'elt propre qu'à donner des
principes , & des vues à ceux qui ne favent que par rou-
tine j à difcuter & lever des doutes particuliers 5 à ran-
gci: les détails fous les loix qu'il faut admettre j enfin à
diriger les Maîtres qui enfeignent de vive voix.
Nous fuppofons donc en parlant de la prononciation,
que le ledeur connoit les principaux fons de la Langue ,
& i'ufage ordinaire de nos caraderes alphabétiques ,
comme en traitant de l'orthographe , nous avons fup-
pofe les mêmes chofes.
Il faut encore avertir que nous avons balancé , fi nous
traiterions de tout ce qui regarde les détails de la pro-
nonciacion & de l'orthographe aux mots , voyelle ,
diphihongues & confonnes , ou aux mots orthographe &C
prononciation. Dans le premier cas , les détails de l'une
& de l'autre efpece auroient été mêlés & confondus
commfe dans la plupart des Grammaires , ce qui nous a
paru un défaut. Dans le fécond, les mots voyelles ,
} (iiphthongues & confonnes ^ auroient offert des articles
j vuidesj ce qui auroit furpris avec d'autant plus de rai-
I fon que ce n'eft qu'en les prenant de fuite l'une après
I l'autre , que l'on peut développer ce que nous avons de
! décidé fur ces matières. En fuppofant donc que l'on fCir
au moms un peu parler la Langue j & que l'on conniic
la principale fonélion de chaque lettre , nous avons
renvoyé aux trois mots en queftion ce qui regarde les
dérails de l'orthographe 3 & nous allons ici donner ceux
de la prononciation.
Quelque oppofés que foient les Traités de la Pronon-
ciation & del'Onhcgraphe, ils rentrent néanmoins l'un
' dans l'autre, de manière qu'il cft impoffible de donner
l'un fans dire bien des cirofes qui fe retrouvent nécef^
14^ P R O
faircmcnt (îans l'autre. Vous voulez prefcrirela mctlio'
de reçue d'écrire le mot marais , par exemple ? Vous de-
vez faire remarquer que ce Ton c qui eft celui de Ve ou-
vert, s'écrit par les deux voyelles ai : vous devez ajou-
ter que l'orthographe de ce mot exige un j à la fin ,
quoique la prononciation n'y en indique point. Vou-
lez-vous m'enfeigner comment il faut lire ce même
mot , marais ? vous me direz qu'il faut prononcer rais ^
comme s'il y avoic rê ; de manière que les deux voyel-
les ai n'aient d'autre fon que celui d'un e ouvert , &
que s final foit entièrement muet.
Ces fortes de répétitions font infinies 5 on nous par-
donnera donc de ne pas donner celles que chaque lec-
teur pourra plus aifément fuppléer quand il aura lu ce
qui regarde l'orthographe. Cependant , comme la mê-
me obfervation qui fait règle générale dans l'un des
deux Traités , n'eft fouvent qu'une exception dans l'au-
tre; on ne fera point furpris qu'il nous arrive fouvent
de paroître nous répéter quand nous dirons des chofes
réellement différentes : & pour ne pas prendre d'autre
exemple que celui que nous venons de citer ; dans l'or-
thographe , on vous dira , que le fon e ouvert s'écrit
quelquefois par ais , comme ^ marais , jamais , &c. Ce
li'cft pas là une règle générale; ce n'eft qu'un cas par-
ticulier : bien plus , cette remarque n'en feroit pas
moins vraie , s'il étoit d'ufage d'employer encore les
mêmes caraéleres à d'autres fons , comme ent , qui tan-
tôt représentent, ant , moment ; tantôt peignent , ent ,
/ maintient ; & d'autrefois e muet , ils aiment j Sic.
Cependant, dans le cas où ces lettres ais figurent
pour des fons diffcrens , on tomberoit dans l'erreur ,
d'après la remarque d'orthographe qu'on feroit tenté de
prendre pour générale , û l'on n'étoit averti du con-
traire ; & l'on prononceroitÊ' par-tout où l'on verroic
ais. Pour éviter toutes les erreurs de cette forte , & les
doutes fréquens que l'on auroit , il faut donc au fujet
de l'orthographe , marquer autant qu'on le peut , les
mots où tel fon doit s'écrire par tels caraélcrcs ; & en
parlant de la prononciation marquer les occnfions où
tels caraéleres doivent produire tel fon, Ccft ce que
«DUS nous femmes propofés ici.
P R O 247
Nous commencerons par une table des fons que nous
appelions propres à nos caraderes alphabétiques. Nous
es fuivrons félon l'ordre des lettres auxquelles ils font
3lus particulièrement afFedés. Nous ne pouvons les in-
diquer qu'enjoignant à chacun de ces caraderes un mot
:onnu où le fon dont il s'agit fe trouve tel que nousl'en-
endons. Pour les confonnes , nous les joignons à un e
■nuet , comme à la voyelle la plus foible , celle par con-
equent qui lailfe à l'oreille plus d'attention pour la con-
ibnne j puifque c'eft celle qui en demande moins pour
■;lle-même.
Table des fons Jïmples que forment les voyelles , 6* des
articulations [impies des confonnes,
A , foit grave , pâte j foit aigu , patte.
E , muet . . . il menoit ^ je ferai.
E , fermé bonté ^ afe:^.
E j ouvert grave , procès , aigu , muette,
1 3 . . . . fini j mari.
O , grave , côte , aigu , cotte.
U 3 . . . vertu j utile.
Y j mouillé , Royaume , pays.
Au , . . . chevaux , beau.
Eu , gïZY&j jeûne , aigu , jeune.
Ou , . . . mou , hibou.
An a . . . gland , aimant.
Ek 3 . . . bien ^ Chrétien.
On j . . .fon^ mouton.
Un j . . . quelqu'un _, commun.
B j . . . tombe , belette.
P j . . . Pape J peler.
V ^ . . . naïve , velouter.
jF, . . . coéjfc , fenêtre.
D J . . . grande , demeurer.
T , . . . route , tenir,
G , dur , harangue , guenon.
Q J . . . publique j quenouille. '
Z , . . . y^/^-f , :iejle.
5 , . . . tendrejfe , femaine,
/j . . . dirai-je ^jetter.
24S P R O
Ck , . . , cherche , cheval,
M , . , . aime j mener.
N , . . . payfanne , Nemours.
R , . . . terre , revenu.
L y . . . belle j levant.
L , . . . mouillé , travaille , veille.
Gn y mouillé , cigogne , règne.
H y . . , Héros j hennir.
Nous croyons qu'il eft inutile de donner une lifte des
tîifFérentes combinaifons des confonnes avec les voyelles
ou diplithongues , le fyllabaire qui en réfuiteroit feroit
fort long , 6c ne paroît point nécefTaire à notre delfein.
Nous n'avons marqué qu'un |^ dur , & qu'un q : cepen-
dant M. l'Abbé de Dangeau en diftingue deux , l'un
plus & l'autre moins dur 3 le premier dans , guenon ,
quarré ; & le fécond dans , gueule , queue ^ &;c. Nous ne
nions pas la différence que l'on trouve entre la pronon-
ciation de chacune de ces deux confonnes dans les exem-
ples cités : mais elle eft peu fenfible , & nous penfons
par-là même que c'eft alTez d'en avoir averti en pailant.
Table des fons compofés que forment les diphthongues.
Ai ^ ... la Bifcaie , ai !
Ja ^ . . . Fiacre y diamant.
Iau y ... miauler 3 miaulement,
lÊ y . . . pié y moitié y eftaffler.,
1e y ... pannetiere y lièvre.
Ieu y . . . harmonieux , m.iliea,
lo y ... fiole y pioche.
loir y ... chiourme.
Ian y . . . viande.
Jen y . . . Chrétien , bien.
Ion , . . . difiraciion y commijjion.
Ou A y . . . ouate.
Ou AN y. . , bafouant.
OuE , . . .fouet y rouet.
Oui y . . . bouis y enfoui.
OuiN y . . . marfouin.
Ui , . . . lui , fruit y ennui,
UiN , , , , Juin,
P R O 249
Voilà à-peu-près tous les fons qu'il «ft néce/Taire de
^^ieii connoîrre , &cdc bien diftinguer avant que d'ccudier
ce qui regarde la prononciation. Ce font ceux-là que nous
regardons comme les fons propres des caraderes par
[ciquels nous les repréfentons j cnforte que quand nous
iiions le Ton propre de ^ , de /^e , de oue , dcc. nous en-
cendons celui qui eft indiqué à ces mêmes lettres dans
les tables précédentes , & qui fe trouve dans les mots
qui font donnés pour exemple. C'efc-làque nous renvcr-
Lons le îedeur à chaque pas que nous ferons dans les dé-
tails de la prononciation.
Nous y luivrons l'ordre des caractères alphabétiques,
S: non p3s l'ordre des deux tables de fons que nous ve-
nons de donner ; parcequ'il paroît plus facile de retenir
que telle lettre repréfente en telle occafîon tel fon , &
tel autre ailleurs , que de fe rappelier en ordre & à pro-
pos , que tel fon s'exptime ici par tel caradiere , & là
par tel autre. D'ailleurs, ce dernier plan feroitbon pouif
l'orthographe qui fuppofe les fons , & cherche les li-
gnes pour les repréfenter, aulfifavons-nous fuiviaumoc
voyelles : mais ici on nous donne les lignes , & c'eft fur
eux qu'il faut trouver les fons : l'ordre exige donc que
l'on fuive ces lignes ou lettres , pour voir de fuite les
fons qui leur conviennent.
A conferve toujours le fon qui lui efl: attribué daiî«
la table , excepté lorfqu'il ne forme qu'un fon avec i'f ,
eu le ;z , ou le /tz , ou Xu qui le fji: , comme dans ks
diphthongues impropres, izWz'î, q^ç. ] aimai ^ voy ant ^
amplitude , gluau , &c. Il eft encore deux mots où il ne
fert en rien a la prononciarion 5 ce font Taon , nom d'un
infeéle ; Saône , nom d'une rivière de France : on les
prononce comme iî cet a ne s'y trouvoit pas ; feule-
ment Vo qui fuit , en eft plus long.
Quand a garde fa prononciation propre , il eft quel-
quelois grave , & quelquefois aigu. Il eft toujours ^ra-
ve quand il a un accent circonflexe ; & toujours aigu
quand il eft fuivi d'une confonne redoublée. Pâture ,
pâtre , a la hâte , appeller , attrouper , accouher , ajfom^
ifi P R O
tner. Comme il n'eft jamais grave qu'il ne Toit long ,'
voye:^ fur ce point le mot Quantité.
Le Ton de Va ne s'exprime guère que par ce carac-
tère , û ce n'eft par e devant m &c n redoublés ; comme
dans femme ^ ennoblir^ hennir , &c. que l'on prononce
famé , anoblir ^ kanir , &:c. Il ne faut pas croire cepen-
dant que deux m ou deux n aprèi un e donnent toujours
le fon pur de Va : il eft nazal dans emmener , ennui ;
dans ennemi , c'eft le fon de Ve ouvert & bref.
Cette lettre repréfente trois fons principaux , qui va-
rient encore chacun dans leur claiTe. Aufli eft-ce l'arri-
cle de la prononciation le plus difficile à traiter. Nous
allons à fon égard établir une obfervation générale fur
la méchanique de la prononciation , d'où nous defcen-
drons naturellement aux règles principales qui regar-
dent les différentes fortes d'e.
Il paroit qu'en général le génie de la Langue ne con-
noît que deux fortes d'e , le muet & le fermé 5 & que ce
n'eft qu'à i'occafion de quelque confonne fuivante qu'il
devient ouvert. En effet , dans Ve fermé la bouche eft
prefque entièrement fermée 5 mais s'il fuit une confonne
qui foit étroitement liée à cet e , elle exige que la bou-
che s'ouvre pour fon articulation , ce qui détruit la àiC^
pofition où les organes devroicnt être pour prononcer
Ve. De toutes les confonnes , les unes caufcnt un plus
grand dérangement , une ouverture plus grande 5 les
autres la demandent momdre : ce qui fait que nous
avons tant d'efpeces d'^ fermés ou ouverts , que quel-
ques Grammairiens en ont comptés jufqu'a quatre ou
cinq , e fermé , e moyen , e ouvert , c plus ouvert , e
long ; comme , cajfé , différent , diffère /fer y des fers,
" De-là, nous pouvons tirer un prmcipe général 3 c'eft
que nous n'avons point d'f ouvert y qu'il ne foit , ou
n'ait été fuivi , au moins dans l'écriture , de quelque
confonne qui fe prononce , ou qui s'cft autrefois pro-
noncée. Il paroît par la même raifon que tout e fuivi
d'une confonne, fur-tout prononcée, & même écrite fans
f^ faire entendre, doit être plus ou moins ouvert félon la-
P R O 251
aturc de la confonne ; mais il y a pour ce dernier point
•len des exceptions que nous verrons enfuite.
Que tous les e fuivis dans la même fyllabe d'une con-
onne qui fe prononce, deviennent ouverts ; il n'y a
)oint d'exemples qui n'en convainquent j comme , hec ,
rec j fep , fcl j enfer , &c.
Plus les confonnes dont les e font fuivis dans une mè-
ne lyllabc obligent à ouvrir la bouche, plus lèse font
■ uverts 5 on ne trouvera non plus aucune exception à
ccte règle. Et comme / & r, font les confonnes qui
ont le plus ouvrir la bouche 5 ce font celles aulfi de-
ant lefquellcs Ve eil le plus ouvert , comme dans amer^
emi j eioeuf ^ cafael ^ 3cc. Le jt? faifant moins ouvrir ia
ouche que / & r -, il rend auili moins ouvert l'e qui le
'l'éceidcj comme dans imperceptible j où le premier e eft
lus ouvert que le fécond.
Il ne faut pas croire cependant que la nature de îa
onfonne faife tout : cette caufe fe trouve fouvent com-
■>liquée avec d'autres qui en augmentent , on en dimi-
iiuent la force. Le premier e dans tête, par exemple, qÙ:
>lus ouvert que ne l'exige le t i mais c'eft que ce mè-
ne e eft long ; ce qui force à le prononcer plus ouveit
[u'il ne l'eft dans mufette , tette , &c.
De l'obfervation que nous avons faire , il fuit encore
ijue Ve eft ou muet ou ferme , quand il n'eft fuivid'au-
une confonne même dans l'écriture j aufîi trouve-t-oa
lette conféquence jufte dans l'application : bonté ^ aimé^
\réambule , agréable y géant , créer , fée ^ déifia , météo-
? , &c.
Quand Ve eft fuivi d'une confonne dans la même
i/llabe , il paroît, avons-nous dit , qu'il doit être tou-
ours ouvert \ mais il y a des exceptions : les voici ; cen
refte fermé dans les infinitifs , quoiqu'il y ait un r;
omme , aimer , donner , employer :, &c. cela s'eft établi
infi fans doute à caufe de leurs participes paifés , aimé ^
onné 3 employé , &c. Quoi qu'il en foit y cet e devient
n peu ouvert lorfque le mot qui fuit commençant par
ne voyelle, il fait prononcer r final 5 comme , aimer un
omme. Tout ce que nous venons de dire des infinitifs
ner, doit s'appliquer aux noms qui font terminés de
iiême, comme, berger , métier y &c. H w'y a que les
251 P R O
monoryllabes en er, comme, mer, fer, cher ^ &c. 8c
quelques autres noms, comme, amer , fier ^ Jupiter,
Lucifer , enfer, où le r fe prononce toujours, Sc rend
par conféquenc ouvert le qui prccede.
Tous les pluriels des noms terminés au fingulier par
un e fermé, con fervent encore ce même fon fermé
quoique Ve y foit fuivi d'un s ou d'un :j; ; la raifon en
ellfîmplej c'eft que ce s ou 7[_ n'eft placé-là que pour
diftinguer les nombres , & qu'il ne s'y prononce point.
Cette féconde exception s'étend aulli aux fécondes per-
fonnes plurieies des verbes 5 comme , bontés , vous don- ,
nei( y vous irie^ , vene:^ , récompeufés , aimés , nc{
afei y &c.
Les monofyîlabes , mes y tes ,fes , les , des , ont auff.
leur e fermé , quoiqu'il foit muet à leur lingulier , me
te jfe y le , de, &c. mais il devient un peu ouvert quanc
ils font après le verbe , ou que le mot fuivant com-
mence par une voyelle 5 fur-tout fi c'eil dans un langag'
plus élevé que celui de la converfation : comme dans
rendez-nous les . . . Souverain arbitre des hommes , Diei
des dieux , Créateur de tous les êtres , tes impénétrable,
décrets font remplis de fagejfe 6' d'équité.
Il eft quelques noms étrangers , & fur-tcnt Efpagnol
ou Portugais , comme , Alvare^ , Suare-^ y Khodei , &c
dans lefquels le ^ final fc prononce comme un double s
& rend ouvert Ye précédent. Mais Ve ci\ fermé dan
clef y bled, pied , que quelques Auteurs écrivent, clé
blé , pié. Dans ces mots écrits de la première façon le ^
& le c^ final ne fe prononcent point : s'ils fe pronoii-
çoient \e deviendroit ouvert.
Quand nous avons parlé d'une confonne après \e
nous avons fuppofé que cette confonne appartenoit a 1;
même fyllabe que \e qu'elle fuit. Si elle étoit de h
fyllabe fuivante , alors Ve varieroit , & feroit quelque-
fois ouvert , comme ûf/^ère, quelquefois fermé , com
me pénétré y &: d'autrefois muet , comme nous ferons ^
On doit auffi fc fouvenir qu'il n'cfc pas nécelfaire qu<
cette confonne fe trouve dans rortliogiaplie aduelle
mais qu'il fuffit qu'elle fe voie dans l'ancienne ; ainfi 1<
premier efl: ouvert dans tête , même , &c. quoique le
& le 77Z qui le fuivenc, foicnt de la fyllabe fuivante
P R O 25$
bcla patcequ'autrefois on écrivoit un s qui étoit de U
emiere fylJabe , & rendoic le très ouvert, tefte , mef-
t , &c. Enfin les confonnes qui rendent plus fenfible-
ent&plus généralement ouvert Ve qu'elles fuivent
auquel elles appartiennent, fonte, /, l^r^s ^ t;
«âme , avec , bec , fief, relief, nef, chef, fel , 'fiel ^
uvtlk ,fer, enfer, lucifer , amer , verd , procès , très ,
ts , progrès , âccè^ , ^Arcè^ , gourmet , fecret ^ difcret ^
Lés confonnes m &c n rendent Ve nazai , quand elks
fuivent , qu'elles font de la fyllabe, & qu'elles fepro-
mcent. Les autres qui font b,d,g,h,p,q,x,j^
V , ne finiffent jamais de fyllabe , ou n'en fini/Tent
lerarcment, & même alors ce n'oft prefque jamais
-e qui les précède Immédiatement , ou bien elles ne
prononcent prefque jamais : enfin elles ne méritent
s à cet égard d'obfervations plus particulières.
Il y a encore une autre occafion oii l'e eft prefque
ujours ouvert , quoiqu'il n'ait pas après lui une con-
nne appartenante à la même fyllabe ; c'eft lorfque
ns le même mot la fyllabe fuivante eft formée par un e
aet. On peut donc regarder comme une maxime gè-
ràfe dans notre Langue , que lorfqu'il fe trouve dans
i Hi-ot deux fyliabes de fuite , formées chacune par un
ans accent 3 la première a toujours le fon ouvert , Se
féconde k fon muet. On fuppofe ici que les deux e
lit féparés par une où plufieurs confonnes qui appar-
nncnt au fécond , comme j pièce , collège , collègue ^
^eme , UHotheque , frères , per^ , mère , printaniere ^
-nieras, ils attelent ou atelent , fidèle , modèle , &c. Si
deux e fe fuivoient fans confonne intermédiaire , Se
'k fecoiid fût muet , le premier feroit pour Tordis.
"e fermé, & prendroit un accent aigu, comme ,
, protkée 3 aimées , &<;. Hors ce dernier cas , i
» â d'exception au principe que nous avons pofé , que
)ur le mot chevelure , fon compofé échevelé & queU
^efois pour les fyliabes de , re , iorfqu'elles font initia-^
i , le premier e s'y confervant muet auffi bien que le
i- ond ; comme , redemandé , redevance , &c.
• On peut encore donner pour règle , 'que' Ve doit fe
f >noncer ouvert tout«5s les fois ou xi a lâccent ciicoa^
J^<?m^ II, K '
Î54 ^^^
ilexe , comme , requête , &c. Autrefois on varioit da,
vantaW fur les accents aigu &c grave; on les plaçoit m-
diiFéremmentl'un & l'autre fur des e fermés & ouverts,
ainfi ils ne font prefque d'aucune utilité pour la ledun
des livres imprimés les fiecles palfés. Mais enfin on a h
tirer un avantage réel de ces deux accents qui ne fai-
foient qu embarralTcr les compofiteurs ; aujourd'hui oi
eft fort exad à ne marquer l'accent aigu que fur des
fermés , & l'accent i;rave que fur des e ouverts ; ami
on écdt, progrès , que l'on voit fouvent écrit , progrès
dans les livres anciens , Sec. Nous donnerons donc pou
resjle fure dans [la ledure des ouvrages de ce iiecle , d
prononcer fermés tous les e qui ont l'accent aigu , £
ouverts tous ceux qui ont Taccent grave.
Ve eft muet toutes les fois qu'il termine le mot , l
qu'il n'a point d'accent i comme , friponne , dure, j'aime
f adore &c. il l'efl: aulfi dans les troifiemes ^perloniK
plurieles des verbes , quoique fuivi des confonnes m
qui font alors oifives , ne fervant qu à marquer la pe
fonne ; comme , ils donnent , ils alloient , ils voulurent
ils allajfent , &c. i • r
Il reft encore , i\ dans les mots qu'il termine Lai
accent , quoiqu'il ait un s après lui ; il n'en faut exccj
terque'les monofyllables : armes , fourrures , belle s , c
tes ^faites , &c. x^. lorfqu'il fe trouve aulU (ans ac
cent avant la diphtongue impropre au s comme , beai
berceau y jumeau , niveau , nouveaux , cerceaux , &:c. 3
lorfqu'il finit une fyllabe précédée d'une autre qui (
formée par une ouvert :/ermemm, netteté, celle^c,
quatrièmement, &c. 4^. lorfquU termine une iy a
qui dans le même mot eft fuivie d'une autre lyLa
dans laquelle il n'y a point d't- muet : chemin , chcva.
acheter, amener, demain, rebours , ecrevijje , detetu
&c ; bien entendu qu'il n'y ait point d'accent qui ta:
une loi contraire. , , ,. ■ j
Enfin Ve eft muet dans les {yllabcs rcduphcatiycs de
re, quoique fuivies d'un e muet, & quand même il
trouveroit après ces fyllabcs un double/s comnie, <
venir , retenir , redemander , rejfort , rejjajfer , rejfourc,
&c. 11 faut toujours excepter les mots ou ces lyUat
font marquées d'un accent, comme , récipient , rccep^l
rcfugicr , rélcgation , rémijfion , rétention , ^ç.. , \ ^
em
not
PRO ijj
Pour diftinguer les difFércns « , il eft encore utile de
arquer que jamais le muet n'eft la première lettre d'un
- : j & qu'excepté les mots qui font compofés de re
rdre^ dz^ & d'un limple dont la première fyllabe étoit \x*\
muet, tels que, revenir^ entretenir ^ devenir ^ redeve^
ir^^ jamais il n'y a plufieurs e muets de fuite dans un
aême mot : auflî les verbes dont la pénultième eft
nuette à l'infinitif, dans les temps qui finiffent par un
muet, changent leur pénultième en un autre e , ou en
a diphthongue impropre oi , comme appeUer ' pefer ,
W'o/r , concevoir, &CC. qui dans d'autres temps chano-ent
;ur péiiultieme muette , comme on le voit dans ,7%?-
elle , je pefe , ils doivent , ils conçoivent : de même\ j'ai-
de , ^ aimé- je , &c.
La piononciation de Ve muet varie aufïï bien que
elle de Ve ouvert : ainfi ce n'eft pas affez de favoirque
=1 e eft muet pour favoir bien le prononcer. Il ne fe
lononce point du tour, i °. à la fin des mots fuivis immé-
larement d'un autre mot commençant par une voyelle :
inf.i , une Hiftoire amufante , fe prononce comme s'il y
-nhifioi-ramujante. !<>. 'Dans les futurs & les temps
onditionnels des verbes en ier ; comme , il étudiera il
litron, ils emploieront, &c. que l'on prononce à peu
res comme s'il y avoir, il étudira , ilpliroit, ils em-
loiront , &c. feulement on fait longue la fyllabe qui
recède cet e muet, ilpli-roit , &c. ^\ Avant la fyllabe
u ; comme , beau , &c. que l'on prononce , hau ^ Sec
°. Dans les fyllabes, où précédé d'un c ou d'un^, il eft
iivi d'un aoa d'un o; car alors il ne fert qu'a' dou-
er au c le fon de j , & au ^ celui dey ; comme il corn-
■'■encea , nous mangeons , geôlier, &c. il en eft de même
:s mots , Jean , a£eoir , &c.
Ve muet fe prononce très foiblement, quand étant la
^miere voyelle d'un mot , il eft immédiatement pré-
;de d une autre voyelle j mais cette autre voyelle de-
■ lent longue i comme journée , ils rient ^ Sec, que l'on
rononce prefque comme s'il y avoir , >«r/ze , ils ri
c. *
L'^ muet eft très bref dans quantité d'occafions • com-
I le Joutenir, lâcheté , atteler , nous monterons^ il fon^
'i'ra,acketgr,appelltr, &c. que l'on prononcey^^irti^
1 Kij •
t^6 PRO
lâchté , ûttler , nous montrons^ il fondra , ackter , apter;
ècc. On ne peut pas donner là- delFus de règles précifesi
feulement, il faut obferver que fi, étant articulé par une
ou plufieurs confonnes, il finit le mot, il faut le faire
fentir davantage , comme on peut le voir dans prefque
tous les termes dont nous nous fervons ici. Il en eft de
même lorfqu'étant au milieu d'un mot , il efl articulé
par plufieurs confonnes en même tems , & fur-tout par
des confonnes plus difficiles à réunir, comme, il mon^
trera ; ou lorfque ces mêmes confonnes fc trouvent après
Ve pour articuler la voyelle fuivante , comme , retraite ^
Le fon de Ve ouvert fc donne fouvent aux diphthon-
<rucs impropres ai & oi : mais nous en parlerons ci-
après, en traitant de la prononciation desdiphthongues.
Seulement nous devons dire ici une chofe qui ne retrou-
vera pas fa place ailleurs ; cd\ que lorfque l'on voit de
fuite ks deux lettres e,i, dans un même mot , s'il n'y a
ni accent fur l'e , ni tréma far Vi , alors ces lettres ne
font qu'une diplithongueimpropre, qui a toujours le fon
de Ve ouvert ; comme , peine , pleine , &c s il tuit un /,
le fon en eft mouillé, comme , vermeil, merveille ,
treille ; &Lci ces lettres œil , fe prononcent coiïime euil.
Jeu Y.
Nous n'avons rien de particulier à dire fur la pro-
nonciation de ces deux voyelles. Quand elles ne ionc
iointes à aucune autre , elles ne varient jamais , ii ce
n'eft lorfque la dernière devient mouillée. Encore y
a-t-il pour cela une règle aufll aifée que fùre 3 c'cft que
Vy oui eft mouillé, quand il eft entre deux voyelles qui
fè prononcent , foit que la première falle ou non avcc
IV mitoyen une diphthonguc propre ou impropre j com-
me il voyait , nous employons , que nous ayons , il ij-
Jaya , faïance , une baye , payé , païen , ils payucnt ,
citçyyen , moyen , haie féminin de hai , &c.
O & c/. I
Gcs deux va»yclles fouffrcnt encore moins de difficul-.,
P R O 3.57
tés pour leur prononciation. Seulciîlent Vo eft grave
dans les mots où il eft fuivi d'un s , & dans ceux oii il
a un accent circonflexe , comme , côte j côté ^ hôte ^
repos j propos j héros y &c. & l'a eft fouvent entièrement
muet après le ^ & le 5 , comme on le verra en parlant de
«es confonnçs.
AV.
Cette diphthonguc impropre eft aufîî fans embar-
ras , parcequ'elle eft fans variation. Quand ces deuj;
voyelles doivent former deux fyllabes différentes j on
met deux points fur la féconde. Ainfî quand ces deux
points qu'on nomme tréma ne s'y trouvent pas j elles
ne forment qu'un fon lîmpîe ; comme , maux , &c.
Quelques Grammairiens prétendent que ce fon eft en-
tièrement le même que celui de l'o grave. Nous nous
contentons de leur demander à eux-mêmes , & à tous
ceux qui connoiflent le bon ufage , fî l'on prononce o
dans hôte ou il eft grave , comme au dans haute. Nous
avons déjà marqué ailleurs que nous y trouvions une
différence affez fenfîble pour ctre marquée : chacun
peut en juger félon fon oreille & la connoiffancc que
l'on a de la bonne prononciation,
EU,
Ces deux lettres forment toujours une diphthonguc
impropre , qui donne le fon que l'on entend dans/^/z ,
fm /jeune y Sec. Ce fon devient grave quand il y a un,
accent circonflexe. Voilà la règle , qui fouffre peu d'ex-
ceptions.
i^. Eu dans les temps du verbe avoir on il fe trouve,
fe prononce comme u fimple 5 j'eus , nous eûmes , ils
eurent ^ j'ai eu _, vous ave:^ eu j &c. lifez fus , nous
urnes , ils urent ^j'ai u , vous ave^ u , &c.
1**. Il en eft de même de quelques autres fyllabes que-
Ton écrivoit autrefois par eu ^ éc defquelles on retran^
che aujourd'hui Ve , en le remplaçant par un accent, cir-.
çonflexe , comme fèur , meur ^ dcç. écrivez & pronGacç;i>
1^% P R O
fur , mur , &c. Cependant on écrit encore Euflache^ £w-
rope , ScC. quoiqu'on prononce Uflace, Urope.
3°. Par-tout où l'on trouve ces deux voyelles de
fuite eu j il faut les (éparer & les prononcer chacune
en une fyllabe , s'il y a un accent aigu fur l'e , com-
me réujjlr, que l'on prononce ré-ujftr, & non pas reuf
jïr^ &c. Ceftlà ce qui diftingue la diphthonguc im-
propre des deux fons fimples j comme cet e avant « eft
alors fermé , fon accent rend le tréma inutile.
Ou ne forme jamais qu'un fon , «g forme toujours le
même. Il n'y a ici ni difficulté ni exception. Quand on
veut prononcer mou, doux , douceur , &c. c eft toujours
le même fon lîmple.
AN, EN, ON, UN.
Ces quatre combinaifons de voyelles avec la con-
fonnew, forment ce qu'on appelle des voix naialcs.
Mais elles ne les forment qu'autant qu'elles font (uivics
^e quelqu'autre confonnc , ou qu'elles terminent le
mot; encore faut-il dans le premier cas , que la con-
fonne qui les fuit , foit autre que m o\\ n : car deux /r.
ou deux n de fuite rendent ordinairement brève Ja
voyelle qui les précède, mais n'en changent point le
fon. Ainfi, ambajfade , chrétienté , montrer , fang , pay-
fan , Chaldéen y il vient , triompher , écujfon , ^ond , quel-
qu'un y &c. prennent le fon nazal : mais payfanne , pro^
fane , amené , Chrétienne , monades , année , damnt ^ ,
bonne , homme , une , &c. ne doivent avoir que le fon cîc
leurs voyelles ; & ;;z & n n'y fervent qu'à articuler et! ic
qui les fuit.
Il y a quelques exceptions à ces règles :
i*». Les mots étrangers , comme , amen , jérufdUm ,
kymen , &c. ne prennent point le Ton nazal quoique en.
ou em y termine le mot, & cela , parccque les Langues
étrancTcrcs n'admettent point ces fons : il faut donc pro-
noncer comme s'il y avoir amené /jérufJeme , hymcnc ^
&c. , , ,
2.^ En dans ennui, & ^;;2 dans emmener, gardein ic
P R O 259
Ton nazai, quoique la confonne y foit redoublée. Ces
trois lettres eut à la fin de la troifieme perfonne du plu-
riel des verbes , ne forment jamais un Ton nazal ; mais
feulement un e muet y & même fî elles font précédées
d'un / , elles ne donnent aucun fon ; elles ne font que
rendre un peu plus ouvert & plus long- le fon qui les
précède : anili , ils aiment , ils aimèrent , ils aimajjent ,
&c. fe prononcent comme , ils aime , ils aimere , ils ai^
majfe : & ils aimaient , ils aimeraient , &c. fe pronon-
cent com.me , ils aimait , ils aimerait.
Quand un fon nazal termine un mot , & que le fui-
vant commence par une voyelle, le m ou. n final ne fe
fait point fentir fur cette voyelle initiale du fécond mot;
fi ce n'eft quand les deux mots font tellement unis en-
tr'eux j qu'il n'eft pas poffible d'y faire une paufe quel-
que légère qu'elle foit : on ne dit donc point pajfon-'
ncxféme y dejfein-neffroyable , &c mais , pajjian extrême,
(iejfein- effroyable ; au lieu que l'on dit , mon nami y bon
nenfani ^ en nexemple ^ bien-nentendu „ &c. lorfqu'il y a ,
vwn ami _, bon enfant ^ en exemple , bien entendu , &c.
Par ces derniers exemples on voit que le m ou n final
peut articuler la voyelle initiale du mot fuivant , lorf-
que cette rencontre de lettres fe trouve entre un adjedif
& un fubftantif , un adjedif polfeflif & le nom qu'il
qualifie , un adverbe & un verbe , une prépofîtion & fon
complément. Mais les exemples précédents prouvent
qu'il n'en efl: plus de même lorfque l'adjeclif fe trouve
après fon fubllantif au lieu d'être devant. Remarquez
encore que le pronom on articule la voyelle fuivante
quand c'Q.i\ fon verbe qui fuit 5 prononcez donc , on
nappelle , pour on appelle , Sec 5 mais fi c'eft un autre
mot que le verbe qui commence par une voyelle après
on , celui-ci ne donne que le fon nazal , & la voyelle
fuivante n'eft point articulée: ainfi , qu'en dit-on à la
Cour ^ ne fe prononce point, quen dit-on na la Cour ^
mais , quen dit-on a la Cour.
Toutes les fois qu'il y a un fon nazal , c'eft-à-dire ,
que le m ou n précédé d'une voyelle n'eft pas immé-
diatement & dans le même m.ot luivi d'une autre , ou
qu'il n'eft pas redoublé j alors on peut aifément favoir
lequel des quatre fons nazals il faut prononcer feioia
Riv
z6o P R O
les remarques fuivantes : fî la voyelle qui fert à fbrmef
le fon nazal eft un a , ou doit prononcer le fon de an ^
^uand même ce ne fcroic pas un n mais un m qui fui-
vroit cet a : en général , le m Ce prononce tout comm(i
le n dans les voix nazaJes.
Il faut remarquer ici que dans Laon j nom de ville ,
paon y faon , paonneau , fe paonner , Vo ne fe prononce
nullement 5 que c'eft l'a qui forme la fyllabc , & que
l'on prononce entièrement comme s'il y âvonvan , pan^
neau , fan ^ fe panner , lan , &c. au lieu que dan<; les
mots 3 Aorijle y la Saône , 5. Lûotz , Va eft muet &
oifif ; c'eft ï'o qui fe fait feul entendre , & on doit lire,
Orzjie j la Sône j 5. Zo/?.
Si la voyelle eft un i , on prononce 1*^ nazal ; comme,
clinquant , é^f/?r« , &c. mais i;7z & in finals dans quel-
ques mots étrangers fe prononcent comme , ime & inc;
dans Ibrahim y par exemple , Sélim y aïn , le dcfcrt do
Sin , &c. prononcez , Ibraliime , 5:;îe , &c.
Si c'eft un o ou un z^ , on prend également le fon na-
zal de chacune de ces deux voyelles : mais li c'eft un ^ ,
le plus fouvent on lui donne le fon de Va. Il y a fur cela
une règle fîmple à fuivre : em nazal fe prononce tou-
jours comme an : en repréfente aufîl toujours le même
fon quand il n'eft point précédé d'un / avec lequel il ne
£â/fe qu'une fyllabe , ou qu'il ne termine pas le mot fans,
çtre fuivi d'aucune autre lettre. Ain fi , tems , empêcher,
içmb.arras , entendre , cent ^ Sec. fe prononcent comme s'il
y avoir , tan , anpêcher , anbarras , antandre , fant ^ Sec,
Il en eft de même àefcience ^ patience ^ expérience ^conf .
çience , patienter , expédient j inconvénient , patient , in-
grédient , &c. où Vi forme une fyllabe différente de la
nàzalc ; au lieu que bien ^ le mien , le fien , le Chrétien ,.
an rien , un Païen y tu viens , il foutient , &:c. dans lef^
quels ïi fait diplitliopgue avec IV, n'ont que le fon de
Ve nazal , &: jamais de Va.
On prononce de la même manière les mots qui finif-
fcnt par e/r, fans confonne ultérieure , à moins que ce ne
foit un s qui ne fert qu'à marquer le pluriel j comme,
ixamen yles examens , & fur-tout les noms étrangers,
comme , Agen , Chaldcen , Iduméen , &c. cependant Eu-
ropém , fc prononce comme s'il y avoir Européan, Imbu^
P R O i6i
împte y ingrat ^ incivil , indévot y indocile , &c. fe pro-
noncent comme en dans Chaldéen. Il faut en dire autant
de tous les fons nazals qui ont ai , ou ei avant la con-
fonne m ou n ; tels c^u^fûim , pain , craindre ^ feindre,
éteindre , ceinturon , &c. Il y a quelques noms latins oii
um final fe prononce comme on ; tels que , un faEium ,
w« faciotum ; quelques noms propres , Dunkerque §c
Humbert fe prononcent comme on , Donkerque , Hom-
bert , &c. Te Deum y opium , & quelques autres fe li-
fcnt comme , Te Déomme , opiome. Tous les auti es
noms en un ou um fe prononcent comme commun^ im-
portun^ parfums , &c. ce fon n'eft pas proprement celui
de Vu nazal , mais de ïeu , comme ^jy^zz/z ^ &c. Pour les
autres fons nazah , tels que ceux en oin , befoin , il en
fera parlé en traitant de la prononciation de la dipli-.
thongue propre.
Après avoir parlé des caradercs quirepréfentent tou-
jours les fons f mples y nous allons fuivre ceux qui fer-
vent aux diplithongues j après quoi nous parlerons des
confonnes.
Al
Ces deux lettres ne fe prononcent prefque jamais en
^iplithongue propre , fi ce n'eft dans l'exclamation ai J
dans Bifcaie , &: quelques autres. Dans les prétérits &
futurs des verbes, au préfent des deux verbes /^-vofr &:
avoir y ces deux lettres prennent le fon de Ve fermé 5 ]t
donnai y je donnerai yfai y je fais y tu fais y il fait y 8cc,
fe prononcent ,yV donné y je donneré ,fé y je fé y tu fé y il
fé , &c. devant deux / , ou un / final , ces deux voyel-
les fe prononcent encore différemment ; alors on fait
fentir le fon pur de Va fuivi du fon de / n\om\\é\, paille,
maille y travailler y émail y corail , tra-vail ^ &c. par tout
«illeurs , ai prend le fon de Ve ouvert , comme dans
paix y trait ^ jamais y aimer ^ affaire y &:c. qui fe pro-
noncent comme s'il y^avoit , pé y trè ^jame y cmer ^ ^ff'^'
re , &c. Si après Va il y a un y au lieu d'un /' , & qu'il
fuiveune voyelle, alors l'^^ prend encore le fon de Ve
ouvert ,mais la voycilc fuivante eft mouillée; comme:
payer y rayer. Pays forme anfli deux fyllabes dont la
première a le fon de Ve ouvert , Se la fjconcc celui d'un
1^2 P R O
2 mouillé : s'il y a un tréma ou deux points fur i'i ou
ly , alors Va n'a. que le Ton qui lui efb propre, & la
fyllabe voiiine eft mouillée y comme dans Païen , kaïr^
&c.
lA.
la diphthongue ne diffère de za formant deux fylla-
bes , qni'en ce que le premier fe prononce en une feule
émiiîion de voix : du refte dans l'un & dans l'autre
cas , on donne toujours dans le mcme ordre fucceffif
le fon de I'i & celui de 1'^ ; mais là ils fe fuivent plus
rapidement , & font plus intimement liés j ici ils font
plus défunis , & l'on appuie davantage fur I'i & moins
fur la : ces diiférences font fenfibles dans la bonne pro-
nonciation de liard ^ fiacre , familiarifer , & de il ou-
hlial il pria^ &c. pour favoir quand ces deux lettres
i, ^ , forment ou ne forment pas diphthongue : -voye^
Syllabe. Au refre dans la ledure de la piofe , on les
prononce prefque toujours en diphthongue , f ce n'eft
îorfqu'il y a un / ou r avant I'i.
Pour toutes les autres diphthongues, leur prononcia-
tion ne nous offre aucune difficulté Si vous en excep-
tez , oua , ouec , & ouin : les autres fe prononcent tou-
jours comme dans les exemples cités à la table ; & pour
iavoir quand les lettres qui les rcpréfentcnt font ou ne
font pas diphthongue , voye^ Diphthongue 6'Syl-
XABE.
On fait aufTi que îorfqu'il y a un tréma fur la fécon-
de voyelle , fi prononciation fe fait comme à part ,
c'eft-à-dire , fcparée de la précédente. Cette règle eft
générale ; Se nous croyons n'en devoir plus parler.
Mais le fon des trois que nous avons exceptées., fe re-
trouve encore dans des occafions où les lettres ne font
plus les mêmes : c'eft la différence qui fe trouve entre la
nature de leurs variations , & celle des variations de la
yremiere diphthongue ai : celle-ci ne s'exprime que par-
ces deux lettres û, i : mais ces mêmes lettres ne repré-
ient pas toujours une diphthongue , ainiî que nous l'a-
vons vu : les trois autres combinaifons oua , ouet , &
ouin , rcpréfentent toujours une diphthongue , s'il n'y a'
point de tréma 3 mais leurs fons fe peignent fouvent
P R O i^3
par des carafteresdifFércns de ceux-ci. Oa fe prononce
comme oua dans Béioard ; oe fe prononce comme ouet
dans Soêre , coéffc , Pohe , &c. ^ '
Il y a cependant ici quelque différence , légère a la
vérité , mais réelle quoi qu'en difent bon nombre de
Grammairiens : Pocte &z les femblables ne font pas tant
fentir le fon de ou que les mots jouec , roua , &cc. il
femble que le fon de l'o y foit un peu plus pur. Ouin a,
un fon qui fe donne toujours aux lettres om , quoiqu el-
les ne foient point précédées de Vu : ainfi , moins ,
befoin , foin , &c. fe prononcent comme s'il y avoit
mouins , befouin , fouin , &c. zr ^ f '
Le fon des deux premières fe donne auffi très he-
quemment aux deux lettres oi ; ainfi , foi , Roi loi y
moi, toi , foi , fe prononcent comme s'il y avoit .joucty
rouet , louet , moua , r(j:^ef , fouet. Il en eft de même de
quantité d'autres mots où les deux mêmes lettres le
trouvent de fuite & dans la même fyllabe, comme ,
^oids , poix , pois , voix , toit , jejois , tu Jois , d Joit ,
nous , foyons , &c. D^ /^ foie , foyer Joyeux , employer,
noyer , Iroyer , Bavarois , Crf'roi j , o//ê^«x ^ oijif , ;e
Àoij , &c. y^ rffoij , &c. Du bois , /oz^r/2oij , pantois ,
f oz^rro/j , apparoir , ro/r , /dvoir , auditoire , S. /rtzn-
;£?/5 , Suédois , cro/r^ , croître , c/o/rr^ . ^ro^r , froid,
détroit , rtmW/^ , matoife , turquoife , Siamois , Hon-
grois. Danois , &«. Quelques-uns même approchent
plus du fon de oua , fur-tout dans la prononciation fou-
tenue , & dans la déclamation : cela arrive en particu-
lier aux noms terminés par oi fuivi d'un s , comme trois ,
mois : prononcez prefque trouas , mouas , &c. Tous les
mots où ces deux lettres o , i, font diphthougue , fe pro-
nonçoient autrefois comme ceux que nous venons de
citer : mais l'ufagie de la converfation amollit infenfi-
blement la Langue ; & par-là même en corrompt , en
change les fons. De-là un nombre infini de mots en oi y
& entr'autres les imparfaits , & les conditionnels des
verbes fe prononcent comme fi au lieu de oi il y avoit
un e ouvert j ainfi au lieu d'une diphthongue ils ne
donnent plus qu'un fon fîmple ifavois J'aurois f ai-
mais , j'aimerors , &c. fe prononcent comme fi l'on
écrivoit Javes J'aures J' aimés ,jaimeres , ace/
^H P R O
II en efl Je même des noms de peuples qui Te rctroK -
vent le plus fouvent dans la conveiTation j comme , A
Franfois, les Angloh ^ les Hollandais , les Polonais ^ 8c
de quantité d'autres mots , tels que , connaître , parois
tre 3 comparaître y monnaie ^foibU y &c. Il n'y a que l'ii-
lage qui puiiïe décider le doute à l'occafion de ces pro-
nonciations différentes des mêmes lettres : on ne peut
donner là-deifus aucune autre règle que celle que nous
avons indiquée pour les terminaifbns des imparfaits &:
des conditionnels. Du refte les mots moïfe , dcfimoîsnc
peuvent caufer de difficulté; le tréma que l'on voit fur-
l'i indique affez que ces mots font de trois fyllabes , &
oi îiy fait ni une diplithonguc propre , ni une impropre 3,
mais deux fons ëc deux fyllabes klon le propre de cha-
cune de ces lettres.
Plusieurs Auteurs célèbres , à îa tète defquels fe trou-
ve M. de Voltaire , ont changé l'orthographe des noms
en oi, qui fe prononcent en e ouvert j au lieu de l'o ils
çmployent un ^, & écrivent y Français , connaître , &c.
D'autres à l'exemple de M. Duclos , ne prennent qu'uft
e avec l'accent grave , & écrivent , Frances , connetre ,
&c. Il paroît que les premiers ont plus d'imitateurs ; les
féconds approchent peut-être plus de la fimplicité de la
parfaite orthographe : mais les uns & les autres ne
font pas encore alfez fuivis pour faire loi. Au reftc
leurs ouvrages deviennent par ce cliangement plus fa-
ciles à prononcer , au moins pour les étrangers.
M. l'Abbé d'Olivet fait obferver que ce n'eft que
depuis l'arrivée de Catherine de Médicis en France, qu».
nous donnons à cette diphthongue 0/ , le fon de Ye ou-
vert. Cet ufage pafTa de la Cour à la Ville , & Henri.
Etienne, Auteur contemporain, nous apprend qu'infcnii-
blement tout le monde fut obligé de s'y conformer ,
fur peine d'être appelle pédant. Voici ce qu'en dit Théo^
dore de Be^e , dans fon Traité Latin , fur la bonne pro-
nonciation de la Langue Françoife. ^d Pluf.eurs évitant le
M fon plein & étendu de cette diphthongue , fuppriment
33 ïo 6c n'ont retenu que la feule diphthongue ai , c'cft-,
« à- dire , le fon de Ve ouvert , comme les ^Normands ,
=>5 qui au lieu èe foi {fides ) écrivent & prononcent /û/ i
« & le petiç peuple 4? Paris : parlet ^ alUt , vmtt ^ ac^
P R O 2^5
« lieu âc ; parîoit , alloît , venait , De mêiîïè lés Italiens
^5 francirés prononcent , Angles , Frances par un e ou-
5» vert , des noms Italiens y Inglefe , Francejè ; car le gé-
sî nie de leur langue eft tellement éloigné de cette diph-
35 thongue , que dans les mots toi ^ moi , & autres fem'*
w blables , ils allongent Va pour en faire deux fyllabes ,
33 & prononcent to-i , îno-i s^.
Nous croyons devoir faire remarquer que le Ton de
la diphthongue oi n'eft pas encore abfolument profcric
dans le nom des François , puifque nous lifons dans
J'Art Poétique de Boiieau , qu'un jour Apollon :
Voulant pouder à bout tous les Rirncurs François,
Inventa du Sonuct les tigourcufes loix.
Mais M. l'Abbé d'OIivet obferve qu'on héfîte ici an
mot François ; on ne fait comment le prononcer n'ayant
pas encore vu la rime qui fuivra, au lieu que quand oa
lit dans le prologue de l'Opéra d'Ifis :
Pour combler le bonheur de l'Empire François.
On n*iié(ite plus ; la rime qui s'eft préfentée au pre-
mier vers avertit que François fera prononcé a pltine
! éoucke , comme dit V^augelas.
Il Le même Auteur ( M. l'Abbé à'Olivet ) après avoir
'I dit qu'on permet aux Poètes d'écrire je recannais , ail
i lieu de je reconnais , quand il s'agit de le mettre en rime
I avec un mot qui fe termine en ais , fondé fur ce que i's-
i grément de la rime eft double , lorfqueile frappe en
; îticme tems & l'œil & l'oreille , demande fi hors de la
! jrime , & même en profe il faut écrire zls chantaient ,
\_ j'aimais , & ainfi des autres mots femblables. Il décid'e
j «qu'il ne faut point toucher à notre orthographe, mais il
j ajoute : as plufieurs de nos jeunes Auteurs fe plaifent dô-
V» puis un certain tems à écrire , ils chantaient , je chan--
iitais t 8c il n'eft pas difficile d'en deviner la raifon*
»» Ainfi les Courtifans d'Alexandre fe croyoicnt parve-
»i nus à être des Héros , iorfqu'a l'exemple de lf«r Ma%
•• cre , ils ^fcr.choient la îêtc d'ua côté»»
%G6 P R O
Il ne nous refte plus qu'à parcourir les confonnes ^
pour en marquer les différens ufages ; à traiter des let-
tres doubles , & à marquer quand & combien les con-
fonnes finales d'un mot doivent articuler les voyelles
initiales du mot fuivant.
B,
Le h final ne fe prononce point dans plomb j a -plomb ^
furplomb , S^rumb de vent , que l'on prononce rom : par-
tout ailleurs il garde l'articulation qui luieft propre, &
la fait fentir , comme dans Joab , radoub , Job , Jacob ,
&c. B redoublé ne fe prononce qu'une fois ; comme ,
Abbé, lifez Abé ; feulement alors la fyîiabe qui précède
cette confonne redoublée , eft brève,
P.
P ne fe prononce point à la fin des mots , drap ^ ju^
lep j fept , trop j gi^^op , loup , Jyrop ^ camp , champ ,
prompt y corps y temps ; ni dans Sculpteur y fculpturc y
compter y compte , baptême , baptifer y Jean-Baptifie ,
&c. Quelques bons parleurs prétendent qu'on ne doit
point non plus le faire fentir dans pfaume , pfautier ,
pfalmifle y pfaltérion , pfalmodier : mais il en eft beau-
coup d'autres qui veulent que le /^ y falfe entendre foa
articulation , fi ce n'eft dans quelques phrafes particu-
lières , comme les fept pfeaumes , que l'on prononce ,
les fetfaumes. Dans les autres mots , comme , ineptie ,
inepte , adoption y captieux y aptitude y reptile , &c. on
prononce le p.
De deux p de fuite , on n'en prononce qu'un , &: la
fyllabe précédente eft brève ; comme dans , appaifer ,
oppofer y &c. On prononce le ;? à la fin du mot cap ,
fur-tout dans certaines phrafes , comme , parler cap a
cap y &CC,
F.
Cette lettre n'a aucune difHculié 5 on la prononce
par-tout où elle fe trouve ; & jamais elle ne varie de
Ion : elle n'eft double que dans quelques noms étrâii*
P R O 16^7-
gers -y alors la prononciation n eft point difFérente de ce
qu'elle feroic s'il n'y avoic qu'un v.
F.
Cette confoniie redoublée ne fc fait entendre qu'une
fois. 5 mais la Tyllabe précédente en devient brève, com-
me, affaiblir ^ offrir y affaire, &c. Elle ne fe prononce
point à la fin des mots , cerf , ^^'f t ^^f » boeuf , neuf ^
luivis d'une confonne , ni dans chef-d'œuvre : par-tout
ailleurs /final doit être prononcé , même devant une
autre confonne , comme ^ veuf de fa première femme ;
eet homme efi né ferf de L' Abbaye 5 il eft fîmple & naïf j,
mais aciif. Avant une voyelle , /final fe prononce corn-'
me V j c'eft-à-dire, que la foible fe fait entendre pour
la forte : ainfi lorfqu'il y a, par exemple, neuf ans ,
veuf à trente ans , iifez neu-vans ^ veu-va trente ans ,
&c. Toutes les fois que l'on trouve ph , on doit tou-
jours prononcer comme fî c'étoit un/: exemple ,^/:i-^
lofopher j phrafe , prononcez //o/j/èr ,frafe , &:c.
D ne fe prononce pas à la fin des mots François ;
même devant une voyelle : ainfi quoiqu'on écrive ,
froid , chaud , fond , on lit cependant, // fait un froi
extrême 5 il fait chau aujourd'hui 3 un fon inépuifable ^
&c.
Si le mot qui finit par d , eft un adjedif fuivi de fou
fubftantif , & que celui-ci commence par une voyelle 5
ou Çi c'eft un verbe fuivi de l'un de ces pronoms il ,
elle , on j alors le d fonne comme le t : ainfi , grand
homme , profond ahîme , entend-il , coud- elle bien y ré^
pond-on ainjî y fe lifent , gran thomme y profon tabime y
enten-til , cou-telle bien , répon-ton ainfi y &c, S'il eft
quelques autres occafions oii le d final fe prononce
comme le r , l'orei-lle faite à l'ufage l'apprendra allez.
Le d fe prononce toujours en ^ à la fin des mots
étrangers , comme , David , Lamed y &c. iifez Davide,
Lamede , &c.
Le d redoublé fe proiionce deux fois dan5 addition y
16% P R 0
additionner , reddition : aillcnrs il ne fe prononce qu'une
fois , mais la fyilabe précciknte eft brève dans l'un ds
î'au:re cas.
T.
Le t a deux Tons j le premier eîl celui qu'on entend
dans Tacite. li le prend dans toutes les occalions , fi ce
ji'efï quelquefois devant un i fuivi d'une voyelle, ainfi
que nous l'expliquerons bienrôt. Le r ne fe prononce
point à la fin de la plupart des mots , lorfque le fuivant
commence par une confonne : cependant on le fait tou-
jours fentir dans une dot , un fat , brut , i^énitk , chut i
/uth , éckec & mat : dans ces mots , Apt > nom de ville ^
induit 3 un :iefi , vent d'eji , exaSi , ta^ ^ correci ^ dire£i ^
fufped j circonjpe^ , les deux dernières confonnes fé
font entendre. Il en eft de même du mot Ckrift , quand
on le prononce feul , comme quand on dit , ie Chrifi ^
un Chriji. Mais fi l'on dit, Jefus-Chrijî ^ alors on ne faic
fcncir ni le s ni le t. Dans les noms de nombre , fipt ^
huit &c vingt , ie/> & le g ne fe prononcent jamais^ mais
le t le fait , quand il eft fuivi d'une voyelle , ou quand
ces noms lîniifent la plirafe 5 comme, /7 ejifept heures ,
i/s font huit hommes j ils font vingt : lifez ^ il eft fé
théures ^ ils font huit hommes ^ ils font vint. Dans qua-
tre-vingt le t ne fonne jamais , & même s'il fuit une
voyelle il doit y avoir un jainii on doit^iire , par excni-
plc , quatrevingts ans. Les deux iwoisfot & mot fe pro-
noncent affez ordinairement comme vingt : mais il eft
tien des perfonnes qui n'y font point fentir le t , quand
ils finillent la phrafe.
Ailleurs le t final ne fe prononce point, comme dans
la conjondion 6* , dans contrat , il vit , Châtclct , par-
quet , caquet j moufquet , bruit , fruit , trot , acabit , &c.
Pour favoir quels font les mots dans lefquels le t final
iç joint à la voyelle initiale du mot fuivant , il faut con-
fulrer l'ufage. Il y a à cet égard à peu près autant d'ex-
ceptions que de mots qui fuivént la rej^Ie. Cela dépend
aufll de l'efpece de prononciation : {i l'on ne prend que
le ton de la convcrfation , il y en a bien peu qui fe faC-
fç>a: fentir, excepte ceux que nous avons dcfignés. Si
l'on
P R O i^5>
roîi Réclame j prefque tous Ce prononcent avec la voyelle
fui van te.
Dans la fyllabe ti fuivie d'une voyelle , le r a quel-
quefois le Ton de c ou j ; & quelquefois il garde le fon
dur qui lui eft propre : le premier fe prononce dans les
rencontres fuivantes. ...
i^ Dans le mot patient & Tes dérivés , & dans les
adjcaifs en tial , tiel ^ tieux ^ & les mots qui en dé-
rivent 3 comme , initial ^ nuptial , maniai , ejfentiel ,
pefiiUntid , fuhfiantiel ^ captieux .factieux , ambitieux\
impatienter ^ partialité ^ &c.
1^ Dans les noms terminés en len . quand ce font des
noms propres , ou de pays , comme , Domitien , Gratien^
Vénitien^ &c. & dans quotien , qui fe prononce , quo-
dan , &c.
5°. Dans les mots terminés en cratie & mantie , com-
me , démocratie , ariflocratie , nécromantie j &c.
4". Dans les noms de pays terminés en tie , comme,
Galatie , Dalmatie , Croatie , Sarmatie , Béotie , &c.
^ j^. Dans les mots, argutie , facétie , impéritie , iner-.
lie , ineptie , minutie , primatie , prophétie , fuprématie ,
& peut-être quelques autres dont i'ufage eft rare , com-
me , calvitie , Sec.
6^ Dans fatiété & fes dérivés , infatiable , &c. Et
dans les verbes , initier , balbutier , finidois , /e /J^/^w-
f/f , &c.
f. Avant la fyllabe o« à la fin des fubftantifs, & dans
les mots qui en font dérivés ; comme , aBion , defcrip-
don , foufcription ^ dévotion , perfection , diction . action-
'fier y perfectionner , nation , nationnal ^ &:c.
i Mais dans la même fyllabe d le t fe prononce tk ,
i^ lorfqu'il ne fuit point une voyelle , comme dans
bâtiment. z9. Dans tous les mots ou ti eft précédé d'un
s, comme, befiial , baftion , kofiie , Sébafiien ^ quef^
tion 3 queftionner , miflion , geftion , combujlion , &c. un
X fait le même effets mixtion. Sec. 3 ^ Dans tous les
noms en dé ou der; comme , amitié ^ pidé ^ aider ^
chantier , Sec. 4°. Dans ceux terminés en tie qui' ne font
pas compris dans les règles fupérieures ; comme , par^
ne , repentie , ortie , la garantie , la fortie , &c. & dans
le mot galimatias. 5". Dans les mots. Chrétien fou^
Tome 11, ' S
270 P R O
tien , maintien , entretien , Antienne , Etienne , & autrcf ■
femblables , comme auflî dans le verbe, y'f tiens ^ m
f/V/zj , & dans fes compofés , je contiens ^je maintiens^
jefoutiens , &c. 6°. Dans tous les temps du verbe cAa-
fzVr _, & dans les temps des autres verbes en tions , &en
tie^ , comme nous battions , nous portions , ;zoz/5 met'
tions , voi^j battie:j^ , vous portie:^ , vo;^^ mettie^ , &;c.
Cette lettre a le fon ^«e. i". à la fin des mots , quanti
elle s'y prononce , comme dans agag^gog. i°. Quand!
elle précède une autre confonne ^ graver ^ glacer: 3^
Lorfqu'elle eft fuivie d'un a , d'un o , ou d'un u , gai ,
gabion , gober , gouffre , guttural , Augujle.
Quand elle précède un e ou un i , elle a le fon dey:
comme, ^é/ze , ^^/zri/ , gigot , gingembre. Comme dans les
verbes terminés en ger ^ le g de l'infinitif a le fon doux
dans toute la conjugaifon , dans les temps dont la ter-
ininaifon exige un a ou un o , on place entre le ^ &
cet a ou cet o un e muet, qui dans la prononciation
ne fe fait nullement fentir , & ne produit d'autre effet
que d'alTurer au g le Ton doux que Va ou Vo lui ôte-'
roit. Ainfi /je mangeais , il mangea, fe prononcent com-
me s'il y avoit ,je manjois , ilmanja. Cette remarque
a auifi lieu pour les noms dérivés de ces verbes , oa de
quelques noms en ge ou gi , comme, mangeable , rou^
geatre , qui viennent de manger 8c rouge. Il en eft de
même encore de beaucoup d'autres mots, tels que,
pigeon , pigeonneau , &c.
Le g final eft toujours muet dans étang , rang , doigt ,
legs , poing, vingt , & fang-fue. Dans les mots étran-
gers , il fonne comme gue : doeg , aga^ ; lifez , do'égue ,
agague. Dans le mot joug , il fe prononce félon plu-
fieurs Auteurs , comme gue , Jougue -, d'autres préten-
dent qu'il y doit être muet il'ufage varie & fe partage ià-
deflus. Dans les autres mots François , le ^ final eft pre(-
que toujours muet j û cependant il précède une voyeJ'c,
il fonne comme gue , le fang humain , Juerfang & eau;
un long accès : lifez , Janque humain , Juer Janque &
eau j un lonque accès , 6cc. De deux g de fuite dans uil
P R O îyr
même mot ~ on n'en prononce qu'un , excepté dans
fuggérer ^ fuggeflion , qu'on lit ,/uguejérer , fuguejeflion.
Gh fe prononce l'^Ê : il ne fe trouve que dans quel-
ques noms propres & étrangers , comme , Berghen.
Gn forme ordinairement le fécond fon mouillé , com-
me dans règne , gagner. Il n'y a que dans les mots , gno^
me j gnomonique , gnojîique ^ & fes compofés , comme ,
prognofiique y agnojlique y & dans les mots Latins , que
ces deux lettres faffent deux articulations , gue ne : gue-
\nome , &c. la première très brève. Lorfqu'il y a un z^
entre le g Se nn e ou un i , cet u ne fert ordinairement
qu'a donner le fon dur au g : ainlî , vague y guérir , gui-
de y anguille y a ma guife y Sec. fe prononcent comme s'il
n'y avoir point d'w, & que le ^eut toujours le fon dur
\^ue devant un e ou un i , comme il l'a devant un a ,
lun o & un u. Il y a cependant quelques mots , comme le
Duc de Guife , éguille y aigu , aiguë y aiguiller , aiguillette ,
\aiguifer y ciguë , 8cc. dans lefquels Vu fe prononce , foie
qu'il falTe diphthongue avec la voyelle fuivante , com-
me lorfque cette voyelle cft un i , foit qu'il forme une
fyllabe différente , comme lorfqii il fuit un e,
GN.
Non-feulement pour les mots étrangers , & fur-tout
pour les Latins on fait dures les articulations de ces deux
confonnes ; mais on doit encore prononcer gue ne ,
quand elles commencent le mot , comme dans gnide ,
gnathon : il en eft de même dans progné y phyfiogno-
monie , phyjtognomonique y Se Gnefne y Capitale de la
Grande Pologne : on ne prononce point le g dans
Jignet ; lifez , finety dans encoignure, on ne prononce
pas l'i.
I Ce feroit ici le lieu de parier de Vi mouillé , le plus
I foible des trois fons de cette efpece : mais nous l'avons
fait en parlant de la voyelle i. Tout ce que nous ajou-
terons , c'eft que cet i ou y mouillé fait une diphthon-
gue impropre avec la voyelle précédente , quand il n'y
a point de tréma , comme dans payer ; lorfqu'il y a un
tréma , \i ou l'y mouillé forme avec la voyelle fui-
vante une fyllabe à part , comme dans Païen.
Si]
i7i: î* R Cî
Cette lettre ne fe trouve feule qu'à la fin JeS mo;
cinq , & coq : dans le dernier , elle fe prononce toujour
comme s'il y avoir coque , fî ce n'en: dans coq d'indc
que l'on doit lire, codinde. Dans le mot cinq , elle fe pi(
nonce également lorfque ce mot eft fuivi d'une voyelle
ou qu'il finit la phrafe. Ainfi , cinq hommes ; j'en <.
cinq y fe lifent , cin qu'hommes j j'en ai cinque : mais
ce mot ell fuivi d'une confonne , le 5 ne fe fait pli
fentir : pour cinq louis ^ prononcez, cin louis.
Par-tout ailleurs la lettre q eft toujours fuivie d'un
^ d'une autre voyelle , & ne fait avec ces deux voycl
les qui la fuivent qu'une feule fyllabe 5 de manière qu
Vu ne fe fait nullement fentir. Ainiî y qualité ^ quinze
quolibet y fe prononcent comme s'il y avoir , kin-i^e , fefi
lité , ou calité^ ou qalité , &c.
Cependant il eft quelques mots ou Vu & la voyell
Tuivante font une diplithongue propre ; alors Vu fe fa
entendre : mais il le fait de deux façons 5 la première e
gardant le fon qui lui eft propre , comme dans équeflre
quefleur , quefture , équiangle :, équidiftant ^ équilatéral '
équimultifle , quinquennal , quinquennium , le quinquerce |
ou il faut lire , écueftre , cucfteur , écuiangle ^ cuincuen i
nal , &c : le fécond fon de Vu après q eft celui de ou
on le trouve dans équateur , aquatique , quadragéjïme
quadragénaire , quadruple , quadrupède y quinquagéfime
que l'on prononce , écouateur y acouatique , couadruple
couadrupede, cuincouagéjîme y couadragéjîme _, couadragé
naire 5 en obfervant que oua ne formant qu'une feul
fyllabe , il faut paffer rapidement fur ou pour ne s'api
puycr que fur Va.
On peur aulfi remarquer que Vu après le q ne çrenci
le fon de ou y que lorfqu'il fuit un d ; & qu'il ne fc faiil
entendre avec le fon qui lui eft propre que quand c'cfl
un e ou un/' qui fuit. Au refte il ne fe prononce pas par
tout où CCS voyelles fuivent .; il s'en manque bien j il 11c
le fait mcme que dans les exemples cités. On peut voit
par ce que nous avons dit plus haut , qu'il eft muet
^âus d'autres noms où l'on retrouve la même combi-
P R O 275
aifon de lettres , comme dans , quarré , quinie , quc^
er , 3cc.
Z.
Quand cette confonne finit un mot , elle ne produit
.ucune articulation , du moins devant une confonne i
nais 11 le mot fuivant commence par une voyelle , le :(^
inal fe fait quelquefois entendre , félon le ton que l'on
!onne à la prononciation , c'eft-à-dire , félon que ce
on approche de la déclamation : car dans la conve.rfa-
iion , le :j- final eft toujours, muet , même devant une
'oyelle ., ii ce n'eft dans les noms propres étrangers , où
'[ fe prononce même devant une confonne , comme dans
yanchei -» ^^vare^ , Suar^i ^ Rhodej^ , Sene:i^ , qui doi-^
ent fe lire , Sanchti^e , &c.
Cette confonne ne figure que pour une feule articu-
ation qui eft par-tout la même : :(ele ^ a[ur ^ kaT^ard ^
•^lard 3. topaze y [odiaque , li^^anie j &c.
Cette confonne fe prononce fe au commencemenc
les mots , & lorfqu'elle précède ou qu'elle fuit une au-
re confonne , comme dans , Jolie , fel j vafle , verfet.
■hftenir. Elle a le même fon à la fin des mots 3 as , vis^
'is y lapis y raminagrobis , lys , fleur , laps , relaps j &:
es noms étrangers, comme , Pallas y Cérès ^ Bacchus j>
^élos , &ç. On ne la prononce cependant point à la
in des noms , Thomas , Judas.
• Cette même confonne prend le fon du 1 qui en eft la
bible, lorfqu'elle fe trouve entre deox voyelles , com-
le dans , Eglife , mai/on : il en faut excepter , mono^
\lllahe , parafai , Melchifédech y où elle conferve le fon
e s fort ou dur. Dans Alface , balfamine , & dans tous
:s mots où la prépofition trans eft fuivie d'une voyelle,
ette confonne donne le fon du ^i tranfaâion , tranfger,
ce. lifez , Alsace y transiger. Si après trans , il venoii
ne confonne-, s devroit fe prononcer dur, comme dans
-a.nfmuter , tranfport , &c. Dans tranfi Se autres fembla-
'les le s eft dur , parce que ce mot n'eft point compofé
.8 la prépofition trans. ^ comme on pourioit d'abord le
S iij
274 P R O
croire : c'efl: un mot fîmple & primitif. Si le s précédi
d'une voyelle, eft fuivi d'une confonne foible , il fepro
nonce comme :j;, tels font les mots , afdrubal ^ efdras .
presbytère ; quand il y a deux s de fuite , on n'en pro
nonce^amais qu'un 5 mais on lui donne l'articulatioi
forte & dure , comme dans , embrajjer , baijfer , poij
fon , couffin , &c. C'eft par cette articulation forte que 1
prononciation de ces mots diffère de celle d'autre moi
lemblables 011 le s n'eft point doublé 5 comme , cmbra
fer y bai fer y pofon , coufîîty Sec. oii le s n'a que l'articu
lation douce &: foible du i.
Le s eft muet dans le mot efi du verbe être , & noi
pas dans Vefè y vent d'Orient : pour les mots legiflre y n
gifirer y enrégiflrer , enrégifîrement , il doit s'y prononcer
quoique Richelet & quelques autres Savans aient voul
même qu'on l'omît dans l'orthographe. Dans puijque \
s Ce fait toujours entendre , puis donc que ^ liiez ^ puifj
donc que. Dans lors il varie : on le prononce quand il
a lorfque : mais ailleurs , comme dans alors y lors mcn.
que^ 3cc. il eft ordinairement muet : par- tout ailleurs il i
prononce toujours dans le corps des mots.
Nous n'en exceptons que ceux qui n'ont le s que fui
vant l'ancienne orthographe , comme , intêrefl ,prefier
gifie i Sec. Cette confonne eft muette à la fin de piefqi
tous les mots , n'y ayant d exceptions que pour ceux qu
nous avons marqués plus haut j mais elle fert à rendi
longue les fyllabes finales qu'elle termine 5 comme
trépas j tamis y progrès , j'avois , tu iras , bontés , de
faits , des fanges y &c.
S{ ces mots font fuivis d'une voyelle, la lettre s pren
le fon de :j' , & va fe joindre à cette voyelle initiale d
mot fuivant 5 comme , vous ave^ de grandes avances
lifcz y vou :iave:^ de grande ^avances. Cependant dans 1
limple converfation on néglige fouvcnr , & l'on do
même négliger de porter ainfi l'articulation du j fini
fur la voyelle initiale qui fuit , quand les deux mot
ne font pas intimement liés enfemble par le fens^ coram
l'eft un adjeâiif avec fon fubftantif , un pronora per
fonnel avec fon verbe , &c. Il commence mille affaires
& n en finir point y lifcz , affaire. . .
Se devant un ûjimo, ou un «, fe prononcent fcque
P R O 275
comme dans , fcapulaire yfcorbut ^ il en eft ào. même de-
vant une confonne , fcribe ^ Jcrupule ^ Sec. Mais devant
un e ou un i , ces deux lettres n'ont que le Ton du fîni-
ple s comme dans fcience , fceau , confcience , &c. Il en
eft de même de ces mêmes lettres ^f cédillées devant
toute autre voyelle , comme dans fcavoir , que Ton doit
écrire y^zvozr,
Sch ont le même Ton que ck : exemples, ycAi/me,
fchifmatique ; prononcez , chifme , &c. Mais dans les
mots ,fckolûftique , fcholiajles , fcholie j on les pronon-
cent y^^^^ j & même quelques-uns écrivent , fcolie, &c,
7,
Cette confonne n'a aucmie difficulté pour fa pronon-
ciation , non plus que pour fon orthographe. Elle fe
• prononce par tout où elle fe trouve ; & toujours elle 2
la même articulation. Je jeûne ,j'ai, dîs-je ,jus j &c 5
c'eft la foible de l'articulation françoife^^.
CH.
Ces deux lettres forment une articulation particulière
à notre Langue : c'eft celle que l'on entend dans les
mots , chiche , chaland , chaînon ^ chenevis , chétif ^ cki-
. rur^ie , chopine , chuchoter , acrofliche , ôcc. il n'y a
' d'exceptions que les fuivantes. i'. Ces deux lettres ck
i n'ont que le fon du k avant ces trois confonnes , /,
/■, & /z , comme dans, Chloris ^ Chlamide , Arachné , le
\faint Chrême , les Chrétiens ^ Scc^ z**. Dans les noms pro-
j près d hommes , de pays, de villes, & de £euves,
quand ils viennent des Langues Grecque , Latine & Ita-
lienne j comme dans , Achéloils , Archétype y Cherfone^
I fi , Echo y Euchariftie y Ichneumon , animal d'Egypte
ennemi du Crocodile , ichnographU , delTein d'édifice ,
orcheftre y fiomachal y &c.
Remarquez que de tous lesnratsqui commencent par
archi , il n'y a que le feul archiépifcopal , ou ch (bit
dur & fec 3 ailleurs il eft gras , & fe prononce à la Fran-
çoife comme dans Archidiacre y Sic. Aux exemples étran-
gers dans kfquels ch eft dur, joignez-en une foule d'au-
Siv
•17^ P R O
très ; comme, Ckirographaire ^ Chiromancie ^ Chiler^
hafjt , Officier du Grand Seigneur , Chiromancien , Cha-
naan y la Chaldèe. , Zacharie , Chufaï y Michel- Ange ,
Chiêîi y 8>cc ; cependant , Chérubin , E^échias , E^échiel,
Joachim y Michel , Zachée , Monarchie y Hiérarchie ,
Stomachique ^ & prefque tous les noms propres Hébreux
qui ont ché & chi , fc prononcent comme les mots^
françois. Achéron varie ; à la Comédie on le prononce
à la françoife 5 à l'Opéra on le prononce comme les
Grecs : la première prononciation a prévalu dans la fo-
ciété.
M,
Nous avons peu de chofcs à dire fur cette confonne
^ la fuivante , après ce que nous avons dit plus haut
des fons nazals. Au commencement des mots le double
m précédé de la voyelle i , Tonne deux fois , comme
dans , immédiat y immoler , immortel y immenfe ; lifez ,
îmemédiat , Ye muet extrêmement bref. Dans les autres
occafions , quand il fe trouve deux m de fuite , le pre-
mier fe prononce en nazal : il faut en excepter damner
& fes compofés ou dérivés , avec les mots , folemnel ,
folemnité , folemnifer y qui fe prononcent dâner , condâ-
ner , folanel ; exceptez aulîi , ammoniac , am.monite y ou
les deux m fe prononcent.
AU fin des mots , m eft nazal ; il en faut excepter
ceux où il eft: précédé d'un e : alors il garde le fon qui
lui eft: propre : par exemple, Jcrufalem y item ^ fe pro-
noacent, ]érufalemt^ itcme. Il en eft: de même de m dans
les mots fuivants, Septemvir ^ Décemvir ^ Novemvir ^
& hem y excla,mation„
N.
Cette confonne ne change jamais fon articulation ,fî
ce n'eft: pour devenir nazale , comme nous l'avons ex-
pliqué ci-deffus : ailleurs elle fç prononce toujours de
même ; comme dans , cabane , narines , trône ^ fortune ,
&c. Quand elle eft: redoublée , elle ne donne jamais à la
voyelle précédente le fon nazal , iî ce n'eft: dans ennui ,
5v fcs dciivcs 3 ennuyeux ^ennuyer i &c. ; ainii deux/z ne
P R O * 277
fervent qu'à rendre la fyllabc préce'dentc brève : an-
neau y ennemi , aie. fe prononcent aneau , enemi. Dans
CCS mots , annales , annexes , annexer , annotation , d/z-
nuel , annulaire , annuller , i/i/ze , innover , les deux /z fc
prononcent : on lit , anenales , Sec.
Le « final ne fe joint point à la voyelle initiale du
mot fuivant, fi ce n'eft. 1°. quand il eft dans un adjec-
tif immédiatement fuivi de fon fubftantif, comme ,
mon ame , fon ami , bon Auteur , ancien ouvrage , divin
amour , que l'on prononce , mon-name , divi-namour. Il
n'y a que ceux en in qui , dans cette rencontre , perdent
le fon nazal : z*". Quand ces mots , bien , rien , on Se en,
font fuivis d'un mot avec lequel ils ont une liaifon inti-
iJie , comme , bien aifé^ rien autre chofe , on aime , en.
E (pagne : lifez , bien naifé , rien nautre , on naime , en
nejpagne , Sec. 3«'. Dans amen, hymen , le béarn , le
!-irn , Se quelques autres qui doivent fe lire , amenne ,
hymenne , le béarnc j le tarne , &c,
R.
Cette confonne eft muette à la fin de tous les mots eu
tr , lorfque cet e eft fermé : tels font tous les infinitifs
en er-. aimer ^ Sec, Se tous les noms en er qui ont plu-
(îeurs fyllabes : il n'en faut excepter que les monofylla-
bes , comme , cher , fer ; Se amer , enfer , lucifer , can-
cer , léger Se autres où Ve eft ouvert. Si r final eft précé-
dé de eu , ou de ai , de ow ^ de i^ , de ^ , enfin de toute
autre voyelle que Ve Se l'i j il fe prononce toujours ,
comme dans , car , mur, leur , grandeur , jour , pour , efi
ppir^ voir^ Sec. il eft ordinairement muet à la fin de mon-
Jieur y mejfteurs , loifir ^ plaifîr , le repentir , & des infi-
nitifs en ir employés comme fubftantifs ; car s'ils fervent
comme infinitifs , le r s'y prononce , aulfi bien que dans,
\éphir , nadir , faphir , fakir , foupir , martyr , cuir , éli-
xir, défi r. Se Vifir,
De deux r de fuite dans un mot , on n'en prononce
qu'un i comme dans , barré , qu'on lit , baré : leulement
ces deux r rendent la voyelle précédente plus longue 5 Se
il c'eft un e , il eft plus ouvert , comme dans , guerre ,
tonnerre. Il y a peu d'exceptions. Les deux r fc pronoH-
%7^ P R O
^ent dans , errata , errer , errant ; dans la plupart cîes
mots c]ui commencent par/r, comme irrégulier , enfin
<Ians les futurs & conditionnels des verbes mourir , cou^
rir Se Tes coinpofés , Se les compofés de quérir ; ye mawr-
rcij ,je courrai , j'accourrai , j' acquerrais , &c.
i?^ n'ont point d'autre articulation que celle du r fim-
ple : rhéteur fc lit comme s'il y avoit , réteur ^ Ôcc.
L,
Ordinairement , lorfqu'il n'y a qu'un /après un ^, &
<que ce /eft fuivi d'une autre voyelle dans le même mot,
Ve qui eft devant , eft un e muet : il n'en faut excepter
que , modèle , fiJele ^ poêle , pêle-mêle , frêle , :^ele ,
grêle , mêle , démêll , & quelques autres verbes ou noms
dans lefquels cet e qui précède / eft long & très ou-
vert, & un petit nombre d'autres mots. Si après cet e, il
y a deux / , alors Ve devient ouvert ^ comme , coupelle ,
libelle , nouvelle ; il n'y a que quelques mots , tels que
appeUer ^ qui s'écrivent quelquefois par deux/, quoi-
que Ve qui précède Toit muet , dans toutes les occafions
ou ces mots n'ont pas un e muet après /, comme, nous
appelions , vous appelle:^ , jf appellois , &c. La pliiparc
des Auteurs , & même l'Académie, écrivent aujourd'hui
par un fcul / ces mots , quand Ve qui précède /eft muet.
Deux / au commencement d'un mot , & précédés d'un
i fe prononcent tous les deux, comme dans, illégal^
illicite , illufion , &c. On prononce auflî les deux / dans
aUuJjon , appellatif ^ belliqueux , collation d'un bénéfice,
collufon , conflellation , Eglife Gallicane ^ malléable ^ mal-
léabilité , fallace , malléole , métallique , métallurgique ,
nullité.
Mais lorfque devant les deux / il y a un f ou un o ,
on ne prononce qu'un /, quoiqu'il foit plus fort que
s'il n'y en avoit qu'un , que la prononciation en foie
plus exprefîlve , & qu'elle ait quelque chofe de plus ra-
pide , de plus dur , de plus icc , & de plus pénible à
l'organe. Mais ces différentes prononciations ont tant de
nuances & de dégrés , qu'il n'cft pas pollîble d'en faire
connoîtrc le véritable ufage & le point ^\Q y que par
l'ufage même.
P R. O 27^
1/ final ne Tonne point dans ces mots fuivants -.baril 9
chenil , chartil , coutil , dou-^il , fénil , fournil , /î^-
y7/, oz/r/7, un gril ^ nombril ^ V^^fi^ ■> fourcil ; il ne Ton-
ne jamais dans le pronom perfonnel ils ^ ni dans //j".
Par-tout ailleurs on le prononce. Nous ne parlons pas .
des mots , col ^ fol , mol ^ qu'on écrit aujourd'hui , cou,
fou , mou , & qu'on ne prononce pas autrement , fi ce
n'eft qu'on dit encore /o/ quand il fuit une voyelle , un
fol amour. Ces deux motsfulli , nulli , veulent que leurs
/ Te prononcent en lettres mouillées. H fait le même
clîet dans Milhaud ^ P ardalhac ^ Aurilhac ^ Marfilhar^
gués , & Filkon,
L mouillé.
La prononciation du / devient fouvent gralTe &
mouillée, telle qu'elle eft dans travailler .^ bouteille ^ Sec,
On doit lui donner cette prononciation toutes les fois
qu'étant précédé d'un i , il eft double & ne forme point
la première fyllabe du mot : ainfî , illufire , illuminé , 8c
fcmblables n'ont point /mouillé : mais fille , famille ,
paillajfe , feuille , treille , rouille , bille , pillage , & fem-
blables doivent avoir le Ton mouillé ; il n'en faut ex-
cepter que Gilles ^ mille nom de nombre , & ville.
Il faut remarquer que cet i qui précède / mouillé ,
ne fe prononce point , quand il eft immédiatement pré-
cédé d'une autre voyelle , comme dans , ailleurs , brouil-
lon , œillet. L final eft aufTi mouillé quand il eft pré-
cédé d'un z, comme dans, péril, vermeil, ail, œil:
mais ce Ton mouillé eft un peu plus foible dans ces oc-
cafions où / eft fimple , que dans les mots où il eft dou-
ble. De ceux qui fînilTent par il , mil , nom de nombre ;
&c. A'/7 & vil ne mouillent point. On peut donner pour
règle générale que dans les mots terminés ta ail , eil ^
euil , & ueil , / final eft toujours mouillé.
H.
H n'a le plus fouvent aucune forte de prononcia-
tion : il eft entièrement muet , fi ce n'eft lorfqu'il m.ar-
que une forte afpiration , ce qui arrive dans environ
cent vingt-quatre ou vingt-cinq mots : voyez-en la lifte
îSo P R O
au mot Aspiration. On donne pour règle à cet égard ^
que les mots qui viennent du latin , & qui ont h par
étymologie , ne l'afpirent point \ tandis que cette con-
fonne doit être afpirée dans les autres mots : mais cette
règle a bien des exceptions , harpie , par exemple , hcn-'
nir , hennijftmtnt , hergne , héros , viennent du latin , &
font afpirés ; huile , huis j huitre ne le font pas , quoi-
que cène foit point l'érj^mologie qui leur ait',donné cette
lettre. D'ailleurs il doit paroîtrefingulier qu'il faille étQ~
dier à fond une langue morte pour favoir comment il
faut prononcer un mot de la nôtre. Le plus court donc
Si le mieux eft de donner la lifte des mots qui fe doi-
vent afpirer. On verra au mot Aspiration quelles font
les variations des mots Hollande j Hongrie , &c.
Nous avons vu en parlant des lettres p de t cg que
produit h quand il y eft joint : il donne à la première
l'articulation de/, & ne fait que rendre le fon du r un
peu plus fort. Mais quand h eft après c, il en réfulte
une articulation particulière & propre à notre langue ,
dont il eft parlé à la lettre c. Enfin h après / donne à
cette dernière confonne le fon mouillé dans quelques
mots qu'on peut voir ci-defTus à la lettre/.
Nous avons quelques confonnes dont nous n'avons
point encore marqué la prononciation , parcequ'elles
n'eu ont point qui leur foit propre : elles ne font que
partager les fondions de quelques autres lettres j ce font
pour ainfx dire , des fubftituts qui fervent à diftinguer
a l'ix-il des mots qui ne différent point quant au fon :
fouvcnt auffi elles ne font que des {ignés étymologi-.
ques ; & même il eft bien des occafions où elles n'ont
d'autres titres de paroître que celui d'y avoir été placées
par nos ancêtres, &. confervées par l'ufage. Ces lettres
fe réduifent à trois , c , k ^ 8c x : nous allons ici déve-
lopper ce qui regarde leur prononciation^
C a le fon de k ou qu à la fin des mots , larfqu'il s'y
prononce , comme , lac ,froc y bafilic ; hfcz , laque, &c.
i"^. Lorfqu'il fuit une autre confonne , comme dans ,
clair , crédule j &c. 5". Devant a ^o diu, lorfque ce c
P R O iSi
î\*â point une cédille fous lui ; exemple ^ calice , caijfon ,
couleur ^ coffrer^ cave y &c. il faut ici excepter , Claude y
fécond , cicogne , éclogue , & quelques autres , ou le c
avant Va & Vo prend l'articulation du |^ , & fe prononce
comme s'il y avoit , Glaude ^ fegond ^Jegonder , cigogne ,
églogue j 8cc.
Lorfque le c eft devant un e ou un / , ou devant un
c , un o , ou un u avec une cédille , alors il a le fon de
s j comme , ceci , cécile : or fa , maçon y il commençoit ,
il apperfutyd>cc. S'il eft redoublé devant d , o , zz , il ne fc
prononce qu'une fois , & la fyllabe précédente efl: brè-
ve , comme dans ', accufer , accabler , accorder _, accom^
plir , &c : cependant on fait fentir ce double c dans Bac*
chus. Si c'elt devant un e ou un / qu'il eft redoublé ,
le premier c fe prononce comme /? ^ & le fécond comme
s ; ainfl , accès ^ accident , fe lifent comme ak-ces , ak^
cident. Le c eft muet , c'eft-à-dire , ne fe prononce point
à la fin des mots , cotignac , eftomac , clerc , broc , porc ,
croc y accroc y marc d'argent , refpeci yfufpeci , & de tous
ceux où il eft précédé d'une nazale :, comme y banc ,
jianc y jonc y tronc , il convainc , &c. Dans ce dernier
cas , on ne fait pas même fentir cette confonne fur la
voyelle initiale du mot fuivant , fi ce n'eft dans quel-
ques occafions allez rares , où on lui donne le fon du ^,
comme dans , porc-épi , du blanc au noir , un franc
étourdi y qu'on prononce por-quépi _, &c. Pour le mot
donc , on y prononce le c quand il fuit une voyelle ,
ou que ce mot commence la phrafe.
K.
Cette lettre a toujours le fon de qu : elle n'eft d'ufagc
que dans desomots étrangers y ou qui en font dérivés ,
comme , kirie y kaminiek y kyrielle y & quantité de noms
propres Bretons. Elle n'eft jamais muette.
Cette confonne équivaut prefque toujours à deux au-
tres confonnes : elle fe prononce gueie dans tous les
mots qui commencent par ex fuivi d'une voyelle , com-
me, examen^ exercer ^ exil ^ exorde. Dans les autres oc-
i8î P R O
cafîons j A? au commencement des mots fe prononce
pour l'ordinaire , es ou que fe , comme dans Xavier^
Xénopkon , Ximenes : il en eft de même lorfque cette
lettre eft au milieu des mots , comme dans , axiome ,
Alexandre ^ expert ,fexe j fixer , que l'on prononce Cfa-
vier, ou Quepavier ^ Alecjandre ^ ficfer :, Sec. Quand la
fyllabe ex eft fuivie de ce ou ci , x prend le fon de qu ,
comme 5 exceller ^exciter ^ ïïCcz ^ équeceller ^ ou ec- ceU
1er ^ éc- citer , ou ékciter.
Dans les motsy^A: Se fixante ^ x Te prononce comme
s dur. Il a le fon de :j^ dans deuxième , dix , dixième ,
dixaine ^Jixain ^Jixieme. Dans Xaintes & Xaintonges ,
Bruxelles , Auxerre , & Auxonne , on prononce :v com-
me j dur. Dans Luxeuil, plufieurs Auteurs prétendent que
l'on doit lire , Luffeuil : m.ais li les noms de lieux dépen-
dent quant à leur prononciation de Tufagc général des
habitants du pays & des provinces voifines , on deVia
lire Luc/eu. Aix &c Cadix ^ fe ^zononcQnt Aijfe Se Ca^
Quand à la prononciation du x final , il y a encore
des variations : on prend celle du es à la fin des mots
terminés en ax , ex y ix ^ ox ^ ux , & inx , comme dans
borax ^ koax , halif^ix , index , préfix^ palafox^ Pollux ,
fphinx , que l'on doit lire , boracfe , Jpkineje , halifacfe ,
&c. On voit partout le refte de cet article ceux qui font
exceptés de cette règle. Dans prix , crucifix , flux & re-
flux , X efi muet aulli bien qu'à la fin des mots terminés
en aix , aux , eux , oix & aux , comme , la paix , les
maux , des jeux , des noix , du houx. Il l'eft aufli après
Jix & dix fuivis d'un mot qui commence par une con-
fonne , & auquel ils fe rapportent , comme , flx tables ,
dix louis,
X final & muet prend le fon du :j; devant une voyelle
dans les circonftancesfuivantcs -, i*'. Dans l'article aux ,
aux hommes , lifez , au :^ homme s : i^. Dans le moT paix
fuivi de fon adjccftif , paix honorable : 5^'. Dans les fub-
ftantifs qui n'ont point x au fingulier,& qui font fuivis
de leur adjcélif, cheveux tpars : ^\ Dans les adjcétifs
fuivis de leurs fiibftantifs , faux accord, affreux exem-
ple, j". Dans les verbes , je veux ^ je peux , lorfqu'on
die yj'cn veux une ,je veux en avoir , je veux y aller , je
P R O iS^^
ne peux en avoir , tu peux y prétendre. Hors <îc là , il
faut confulter Toreille & l'ufage. 6°, Enfin après les
mois Jix & dix fuivis des noms ou pronoms auxquels
ils ont rapport , fix amis , dix écus , fix autres.
Tout ce que nous avons dit jufqu'ici , regarde prin-
cipalement la prononciation ordinaire & commune , telle
qu'elle règne dans la converfation des perfonnes inf-
truites. Il eft une autre prononciation plus marquée,
plus forte , plus foutenue , plus exprellive , que l'on
fuit dans la led:ure des vers , dans les difcours pro-
noncés en chaire , au barreau 5 en un mot dans touc
ce qui exige plus de noblelTe & de gravité dans le débit.
Celle-ci tient à la déclamation comme à une compagne
in réparable ; mais elle en diffère totalement au fond.
Elle confifte fur-tout à appuyer davantage fur les fylla-
bes des mots ^ & à faire fentir les lettres finales , quand
le mot fuivant commence par une voyelle ou un h lioa
afpiré. Ce dernier point elt fur-tout eifentiel dans les
vers par rapport au 5 ou :f qui fe trouve à la fin des plu-
riels , & au r qui termine les troifiemes perfonnes muet-
tes du pluriel dans les verbes : car fi l'on ne prononçoit
: pas ces confonnes finales devant une voyelle , fouvent
le vers manqueroit d'une fyllabe , & par conféquent per-
droit toute la cadence & fon harmonie : dans ces deux
vers , par exemple ,
O que d'écrits obfcurs ^de livres ignorés ,
Furent en ce grand jour de la poudre tirés ?
Si l'on ne prononçoit pas le s qui eft à la fin de livres ,
& le f qui ztvmmç: furent , & que l'on dît comme dans la
converfation de livre ignorés , fure en ce grand jour ^ les
vers n'y feroient plus.
Mais fi le j qui marque le pluriel des noms, &: le f qui
termine les verbes , doivent ainfi fe porter fur la voyel-
le initiale du mot fuivant dans la prononciation fou-
tenue , il n'en eft pas de même de toutes les autres con-
fonnes : il y a à cet égard pîufieurs obfervations nécef-
faires. Le n final ne fe prononce pas plus dans la haute
prononciation que dans la commune : on ne dit pas plus
pajfton naveugU dans la ieéture ou la déclamation des
jlS4 P R O
vers , que dans h converfation : la rairon en cft fîttiplé
c'eil que àznspajfton & les femblables le n ne fert qu'à
marquer une voix , une voyelle qu'on appelle nazale 5
or les voyelles , quelles qu'elles foient , ne peuvent ja-
mais articuler : c'eft donc plutôt une règle qu'une ex-
ception , que de dire que jamais un fon nazal ne doit ar-
ticuler une voyelle qui fuit : & (î l'ufage veut que l'on
prononce , mon nami , un bon nauteur ^ on nattend , &
autres femblables félon ce que nous en avons dit à la
lettre n , cette prononciation qui eft aujourd'hui de rè-
gle , par l'ufage , n'a pu être dans fon origine cju'une
licence , ou même qu'une prononciation vicieufe 3 à
moins que l'on ne dife que dans ces occafions le fens lie
lî étroitement les mots , que des deux , il n'en fait, pour
ainfî dire , plus qu'un feul.
Dans la prononciation dont nous parlons , on ne pro-
nonce encore jamais le p final j fi ce n'eft dans beau-
coup & trop j quand ils font devant une voyelle 5 com-
me , il a beaucoup a faire ^ il a trop a dire. Le t final
dans les troifiemes pcrfonnes des verbes , lorfquc leur
dernière fyllabe n'eu point uu e muet , fe prononce or-
dinairement devant une voyelle dans l'une & l'autre
forte de prononciation : ainii l'on dit , ils font ten route,
& non pas , ils fon en route. Si c'eft un e muet qui for-
me la dernière fyllabe des verbes , le t qui fuit eft muet
même devant une voyelle 5 ainfi l'on prononce , ils ef-
pere en vous , & non pas , ils ejperent ten vous , à moins
que ce ne foit dans une prononciation élevée & fou-
tenue.
On néglige aufiî dans la converfation le r final des
infinitifs en er ; aimer à faire du bien , fe dit aimé à
faire du bien. Dans les infinitifs en ir, le r n'eft muet que
devant une confonne ; mais cette même lettre fe pro-
nonce toujours dans les infinitifs en air. Dans le lan-
gage commun , on dit , note , vote ^ au lieu de nôtre Sc
vôtre y quand ces mots font fuivis de leurs fubftantifs ,
comme , note maifon , vote jardin. Il feroit mieux fans
doute de toujours prononcer vorre , notre , ainfi qu'on
le fait quand ils font joints au pronom ^ le y la ^ les ,
le nôtre , la vôtre j &c. On dit aulfi dans la converfation
Jie pour cet , cette j ft' habit jjl'oifc au jfte robe. Mais pour
peu
î> R O 285
>eu que le ton de la pronciation doive s'elevef , il faut
îioiioncer cet , cette , tels qu'ils font écrits. On dit aulîî
;n converfation quéque ^ quéquun , pour quelque ^ queU
ru un : mais il faut appliquer à cette façon de prononcer
;e que nous venons de dire de cet , cette.
En général les finales des mots fe doivent prononcer
Âir les voyelles initiales du mot fuivant , quand ces
inalcs fe trouvent entre unadjedif & fon fubllantif , un
idvcrbe , ou un pronom perfonnel , & fon verbe , ou
me prépofuion & fon fupplément 5 comme , belles ac-
ïor.s , heureufement arrivé ^ il écoute y en Efpagne , pro-
loncez , belle :^aciions , &c. Hors delà ce n'eftque dans
a haute prononciation , que les finales fe font fentir de-
vant une voyelle , fur-tout fi le fens place un repos en-
re les mots : dans la converfation ce feroit donc une
ifFeclation ridicule que de dire, mesplaifirs :^et vos cka-
rins : il faut dire , mes plaiftrs & vos chagrins. Mais il
/ a là-deffus tant de détails à marquer, tant d'exceptions
■•articulieres , que le meilleur , le plus fur & le plus ex-
pédient eft de renvoyer à l'ufage. Voye:^^ <7w^ quantité
y DÉCLAMATION.
PROSCRIRE. Verbe adif, irrégulier, de la quatriè-
me conjugaifon , compofé à' écrire ^ fur lequej il fe con-
ugue, & de la prépofition latine pra, qui fignifîe devant,
Zt mot tire fon origine des guerres civiles des Romains.
jylla après avoir vaincu Marins , fît écrire les noms de
:eux qui avoient été dans le parti oppofé , & en fîtaffi-
:her la lifte à la porte du principal Temple de la Ville.
1 y avoit une récompenfe pour chaque tête de Profcrit
qu'on lui apporteroit. De-là profcrire a pris la fîgnifîca-
t:ion de condamner à mort ^ exiler , interdire , défendre,
éprouver , rejetter. Sylla profcrivit plus de quatre mille
Citoyens Romains. Ce livre eft dangereux ^ il faudrait le
orofcrire. Cet homme eft faux , il doit être p'ofcrit de nos
ijfemblées. Ce mot eft vieux , on l'a profcrit.
Participe pajfé. Profcrit , profcrite ; il fe prend quel-
quefois fubflantivement. Cicéronfut du nombre des Prof
:rits Jous le Triumvirat d'Augufte : voyez Ecrire.
PROSODIE. La Profodieeft la partie de la Grammai-
re qui enfeigne la prononciation , qui marque les ac-
:ens , les fyllabes longues 6c brèves. Nous en traitons
Tome II, T
II
ii8<5 J^ R O
aux mots Prononciation, Quantité , AccintJ
Voyelles , Consonnes : voye:^ ces articles.
PROSOPOPÉE , figure de Rhétorique propre aur
paffîons. C'ejfl: de toutes les figures la plus vive & la
plus magnifique ; elle anime , elle perfonifie tout.
Nous en diftinguerons de trois fortes.
La première confiée à adrelTer quelques difcours à
des perfonnes préfentes ou abfentes. Dans le Joueur
(Comédie ) Nérine dit à Angélique en parlant de foa
amant abfent :
S'il venoic à Tinllant ,
Avec cet air flatteur , fournis , infinuant ,
Que vous lui connoifîez j que d'un ton pathétique ,
Il vous dit , à vos pieds : « non charmante Angélique ,
3î Je ne veux oppofer à tout votre couroux ,
s> Qu'un feul mot j je vous aime & je n'aime que vous ,
3) Voire ame en ma faveur n'eft-elle point émue î
33 Vous ne me dites rien , vous détournez la vue ,
3> Vous voulez donc ma mort , il faut vous contenter.
La féconde efpcce confifte à donner des fentimens
aux chofes inanimées ^ ou à perfonnificr des êtres mo-
raux ou métaphyfiques. Exemples :
Il me femble déjà que ces murs , que ces voûtes ,
Vont prendre la parole , & prêts à m'accufer ,
Attendent mon époux pour le défabufer.
( Phèdre de Racine ).
L'Eloge funèbre des Officiers morts dans la guerre de
1741 y nous offre un exemple frappant de cette efpecc
de Profopopée.
O peuples heureux ! donnez au moins à des compa-
triotes qui ont expiré vi6limcs de cette gloire ^ ou qui
furvivent encore à une partie d'eux mêmes, les récom-
penfes que leuis cendres ou leurs blclUncs vous deman-
dent. Si vous les refufiez , les arbres , les campagnes de
la Flandre prendroient la parole pour vous dire. 33 C'eft
33 ici que ce modefte & intrépide Luttaux , chargé d'an-
:.) nées &: de fcivices , déjà bicflé de deux coups , afi-oi- 1
P R O ^8^
^-bU & perdant Ton fang, s'écria : il ne s'agît pas de
^> conjerverfa vie , il faut en rendre les refles utiles , &
" ramenant au combat des troupes difpcrfées , reçut le
» coup mortel , qui le mit enfin au tombeau.' C'eft-là
» que le Colonel des Gardes Françoifes , en allant le
» premier reconnoître Jcs ennemis / fut frappé le prc-
•' mier dans cette journée meurtrière , & périt en fai-
'5 iant des fouhaits pour le Monarque & pour iT/car.
o Plus loin eft mort le neveu de ce célèbre Archevêque
5 de Cambrai j l'héritier des vertus de cet homme uni-
3 que qui rendit la vertu fi aimable.
La troifieme efpece de Profopopée eft celle par la-
quelle on fait parler les morts. Exemple :
Plût à Dieu que^ cette iiluftre morte pût encore
DUS exhorter elle-même Elle vous diroit ; « ne pleurez
pas fur moi. Dieu m'a retirée par fa giace des miferes
d'une vie mortelle. Pleurez fur vous qui vivez encore
dans un fiecle ou l'on voit, où l'on foufFre , & où
l'on fait tous les jours beaucoup de mal. Apprenez en
moi la fragilité des grandeurs humaines. Qu'on vous
couronne de fleurs , qu'on vous compofe desguirlan-
> des 5 ces fleurs ne feront bonnes qu'à fecher fur votre
> tombeau , &c. sa.
Le Dialogue où l'on fait parler deux pcrfonnes en-
^mble efl: encore une efpece de profopopée. Le Poète
atyrique en donne un exemple :
Debout , dit l'avarice , il eft tems de marcher.
Va ! laifîez-moi... debout... un moment... tu répliques ! ..,
A peine le foleil fait ouvrir les boutiques. . .
N'importe , levé toi... pourquoi faire après tout ?...
Chercher jufqu'au Japon la porcelaine & l'ambre ,
Rapporter de Goa le poivre & le gingembre-
Mais j'aî des biens en foule & je puis m'en paiïer...
On n'en peut trop avoir \ & pour en amafler ,
Il ne faut épargner ni crime ni parjure ,
Il faut fouffrir la faim & co^.icher fur la dure...
Et pourquoi cette épargne enfin... l'ignore-tu î
Afin qu'un héritier bien nourri , bieu vêtu ,
Tii
^OU
3 m
188 PRO
Profitant d'un ttéCot en tes mains inutile f
De fon train quelque jour embarafîe la ville.
On ne doit avoir recours à la Profopopée que pout
faire dire aux perfonnages empruntés des chofes que
Ton ne pourroit pas dire roi-méme avec dignité. Outre
cela elle doit être foutenue d'une grande force d'élo-
quence , parceque donnant dans l'extraordinaire , elle
devient froide Se puérile pour peu que le ftyle en foie
médiocre.
PUER. Verbe neutre & irrégulier de la première con-
jugaifon , il fîgnific fentir mauvais , caufei une fenfa-
tion défagréabie a l'odorat. Ce:îe viande put. Il eft quel-
quefois adif, & a fon régime ; cet homme put t ambre ,
le vin , lemufc , 5fc. pour montrer que ces odeurs s'ex-
halent de chez lui avec trop de force & de quantité , en-
fbrte que les perfonnes qui font auprès de lui , s'en trou-
vent incommodées. On tranfporce ce verbe du pliyfique
au moral ; Se on applique cette impreffion révoltante
pour Tcdorat, à l'efprit &: à l'ame même. On dit , par
exemple ,Jes louanges me puent , c'eft-à-dire , me révol-
tent.
Indicatif Vrcfent. Je pus, tu pus, il put; nous
puons , vous puez, ils puent. Imparfait. Je puois, &c.
Prétérit, Je puai , &c. Prétérit indéfini. J'ai pué , &c.
Plufqueparfait. J'a-vois pué , &c. Futur, Je puerai, &c.
Conditionnel préfent. Je puerois. Subjonctif.' Que je
pue , que tu pues , qu'il pue. Le pluriel n'cft pas d'ufage.
L'imparfait , que je puaiî'e n'eft pas ufité non plus.
Plufqueparfait. T-AUYois ou j'eulfc pué , &c. Futur pajfé.
J'aurai pué. Sec. Infinitif préfent ^ puer. Parfait & pluf-
queparfait 'j a.voiv^ué.
Participes. Puant, pué. Puante puante , font adjeélifs.
Les tcms & les perfonnes que nous n'avons pas con-
juguées ne font pas d'ufagc.
PUISQUE , eltune des conjonctions motivales : Voye[
Conjonctions.
it^
Q
ou QV E
EST une des confonnes de l'alphabet : voye:(^ Al-
PHABET j Consonnes & Prononciation.
QUAND , eft une des confondions conditionnelles.
Cemoteft aufli du nombre des conjondions périodi-
ques : voyei Conjonctions.
QUANT , eftune des conjondionstranfltives : voye:^^
Conjonctions.
QUANTITÉ. La quantité dune fyllabe efl la mefu-
re du temps que Ton emploie à prononcer cette fyl-
Jabe.
On peut parler une Langue avec lenteur ou avec, pré-
cipitation 5 le temps employé à prononcer une même
(yllabe dans ces deux fortes de prononciations , ne fera
pas le même ; & cependant la fyllabe fera également
prononcée. Il faut donc fe fouvenir , que la quantité
dont nous parlons ici , n'eft pas abfolue , mais relative ,
c'eft-à-dire , qu'on ne doit pas entendre c]u'il faille une
ou deux ou plus ou moins de fécondes pour prononcer
bien telle fyllabe ; mais qu'il faut à celle-ci un temps
double , de celui que prend celle-là 3 ainfi dn fuite.
On voit par-là ce que fignifîent ces mots , fyllahes
longues , fyllabes brèves , temps , &:c. Les longues ne le
font qu'en comparaifon des brèves 5 celles-ci ne font
brèves que relativement à celles-là ; & la mefure de
tems n'a de rapport qu'à la vîtelTe ou à la lenteur avec
laquelle on parle.
Si nous fappofons que durant une féconde, par exem-
ple , on prononce cinq fyllabes dont deux feront brè-
ves , & les trois autres longues , on pourra dire que
chaque brève occupe la huitième partie d'une féconde ,
& que chaque longue en prend deux huitièmes. Mais fi
l'on augmente ou fi l'on diminue la rapidité du parler 5
les cinq mêmes fyllabes en confervant entr'elles les mê-
mes proportions , occuperont plus ou moins d'une fé-
conde 5 le tems de chacune variera quant à leur durée
abfolue , fans varier quant a leur durée relative , puif-
Tuj
'le^O Q U A
que les longues auront toujours le double du temps cfc^
brèves.
Mais il ne faut pas croire que toutes nos fyllabes fe
divifent feulement en deux claifcs quant à leur quanti-
te , & que celles qui ne font pas de la première claife ,
jfe rangent toutes dans l'autre. Il y a des longues plus
longues , & des brèves plus brèves les unes que les au-
tres. Cela fe voit dans la bonne prononciation , même
de DOS fyllabes mafculines 5 c'eft-à-dire, qui ne font pas
formées par un e muet : & outre cela la plupart des fyl-
labes formées par l'e muet font encore plus brèves que
la plus brève des mafculines.
On peut donc à peu près ranger nos fyllabes, i^. en
très brcvcs j ce font celles où Ve muet fournit le fon ,
foit que cet e foit fcul comme dans journée , foit qu'il
fbit articulé par quelque confonne , commz faire , foit
enfin qu'il ait quelques confonnes après lui , comme
dans ils aiment y i°. En plus brèves ; fi les premières
n'ont qu'un demi tems , celles-ci auroient un tems en-
tier 5 3°. En brèves , elles feront d'après la fuppofîtioii
que nous venons de faire , d'un tems & demi ; 4*'. En
longues ; elles prendront deux tems '•> j". En plus longues
qui auront deux tems & demi ou même trois tems.
Ajoutez à tout cela que nous avons des douteufes de
deux fortes , & en très grand nombre : les unes le font
parceque l'ufage eft partagé à leur égard; les autres
font tantôt brèves & tantôt longues , fclon la place
qu'elles occupent foit dans les mots , foit dans les phra-
fcs , & fur- tout relativement aux repos : mais ces der-
nières ne font point arbitraires ; leur place même décide
de leur longueur ou de leur durée.
Nous n'avons pas envie de faire le dérail des fyllabes
de chacune de ces efpeces. Nous ne parlerons que des
finales & pénultièmes : nous dirons peu de chofc de ce
qui regarde les autres fyllabes qui compofent les mots j
parcequ'elles dépendent fur-tout de la cadence ^ du nom-
bre & de leurdiliance des repos : voye-^ ces articles. Ce
font là des fyllabes douteufes dont la quantité cil: déci-
dée par leur place ; ce n'eft pas qu'elles n'aient fouvenc
d'ailkur:; une longueur ou une brievcic marquée , &
• Q U A ïii
quî ne dirparoît jamais totalement, qnoiqu'eîie plie uil
ipcu félon les circonftances : mais cela dépend d'un pe-
ur nombre de principes qu'il eft aifé d'appliquer.
Nous ne diviferons ici les fyllabes qu'en deux cla/TeS
l^cncrales , celle des longues Se celle des brèves : fi l'on
pouffoit la divilion plus loin , on feroit un ouvrage inu-
tile à bien des ledeurs. Ceux que la nature a doués d'or-
ganes plus fins & plus juftes que les autres, n'ont pas
befoin qu'on anatomifc tant les fons : il Tuftit de leur
donner les principes , & de leur indiquer la voie. Les
aurres trouveront encore que nous en difons trop : ils ne
voudront pas croire ce qu'ils ne Tentent pas ; que nous
ayons une quantité aufli fure que quelqu'autre langue
que ce foit. Mais le moyen de les convaincre qu'ils font
dans l'erreur, c'eft de faire fentir la vérité de notre pro-
fc lie , & cela en la développant.
Cette partie elfentielle de la Langue n'a pas encore
c:é ramenée à des principes , quoique les détails aient
é:c difcutés. Il eft vrai que Théodore de Beze nous a
î^llfé huit règles de quantité pour notre Langue 3 mais
clizs font infuffifantes. Ceux qui ont étudié la même
jnnrierc après lui , ont négligé de les perfeârionner, de
les completter , ou d'en donner de meilleures. Ce n'é-
toit pas qu'ils ne fentiffent la polTibilité de l'entreprife ;
i\ cil: fiir que toute la quantité ne dépend que de la
combinaifon que l'on peut faire de la nature de chaque
voyelle avec les confonnes qui fuivent j & de la fîtua-
tion des fyllabes ainfi entendues relativement aux re-
■pos.
Nous avons (îes voyelles dont le fon efl naturelle-
ment plus grave & par confcquent plusjong ; d'autres
font plus brèves , parccqu'elles font plus aiguës. Il y a
idcs confonnes dont l'articulation gène moins la pro-
nonciation des voyelle»: qui les pK.écedent , & d'autres
qui demandant plus d'eflorts pour elles-mêmes , fonc
couler plus légèrement fur les voyelles précédentes. La
même différence fe retrouve aulTî lorfqu'il y a plu-
fleurs confonnes de fuite après une même voyelle.
Ces principes doivent être communs à toutes les lan-
gues , parccqu'ils dépendent des fons primitifs , & de la
nature des orgaiies , qui fout à peu de chofe près les
X17
ti9i Q U A
Hiêmcs par-tout. Si l'ufage peut en varier Tapplication;
s*il peut pour ainfi dire , les nuancer différemment dans
la pratique , il ne les détruit pas 5 & ces variations mê-
mes font conféquentes à d'autres circonftances que l'on
pourroit apprécier.
Voilà ce que des Auteurs dont nous avons parlé n'ont
pas manqué de fentir : mais ils ont vu que tant de dif-
cuffions excellentes dans un ouvrage philofophique
iroient mal dans une Grammaire : nous fuivrons donc
leur exemple ; & nous nous contenterons ici de par-
courir par ordre alphabétique les différentes fyllabes
qui fervent de finales ou de pénultièmes à nos mots.
Nous avons deux raifons puiffantes d'étudier pai
préférence la quantité de ces fyllabes 5 i*'. Ce font
celles dont la longueur ou la brièveté eft plus impor-
tante à la bonne prononciation , à l'harmonie , plus fu-
jette aux variations , & plus fenfîble à l'oreille : 2°. Lcj
fyllabes longues ne riment point avec les brèves : f]
nous avons des Poètes qui faffent rimer les unes avec
les autres, c'eft moins une licence qu'une faute qu'on
cfl en droit de leur reprocher. Il eft donc néceffaire ,
pour la poéfie fur -tout , de bien connoître la quantité
des fyllabes qui font la rime , ou qui la rendent plus
arfaite & plus riche , c'eft-à-dire , de la finale & de
a pénultième des mots,
A.
l
A eft long quand il eft employé pour dénommer une
lettre de l'alphabet : une panje d'à : un petit â , // ne
fait ni a ni b ; mais quand il marque la troifîeme per-
fonne du verbe avo/V ^ ou qu'il fert de prépofîtion , alors
il eft bref : // à dit , il À de grandes qualités ^ il efi 4
table , // arrivait a Paris Au commencement du mot Va
eft toujours bref & fermé , altier ^ arriver , approuver ,
&c. Il ny a d'exceptions que les mots, acre y âge ^
4gnus , âme j âne , anus , âpre y de leurs dérivés , où il
eft ouvert & long.
A la fin du mot il cfl fermé & bref, // alU , il ir^, ^
il efi U , U Reine de Sab^ ^ dcjA j ouida, . ;wi , ^4 , /il 4
falbala, fof à , Opéra , Cinnà , &c»
QUA 293
^Ahe efl: bref dans fylUbe^ &l long dans aflroUbe,
Abu eft douteux dans tous les adjedifs , aimable ,
haïjfable , agréable , & dans les deux noms table & /rû-
fe II eft long dans les autres fubftantifs , fable , fâbk ,
érable , Sec. Et dans ces verbes, // accable ^ il kàble , il
fable.
Abre eft toujours long , jabre , cinabre ^ ilfe cabre ,
tout fe délabre j cette fyllabe refte touiours longue , me-
pie lorfque le nom prend une terminaifon mafculine s
fe cabrer , délabrer j &:c.
Ac eft toujours bref, foit que le c fe prononce ou
non 5 comme , almanàch j tabXc 5 Sclac ^^ tilldc jfàc ,
&c.
Ace eft bref, audace , préface , tenace , vor^c^ ^ &c.
il n'en faut excepter que ^ric^ ^ efpâce j on lace , on dé^
lace j on entrelace , où il eft long.
Ache eft bref , ric/t^ f fouillure ) moufache , v^c/zf ^
il fe cache , &c. Il n'eft long que dans lâche 3 r^cAc
( mefure d'ouvrage à faire )' gâche , relâche ^ il mâche ,
il Je fâche. Ces derniers gardent la même quantité , mê-
me devant une terminaifon mafculine , mâcher ^ fâcher.,
lâcher y relâcher. Ordinairement même Va y eft couronné
par un accent circonflexe , qui remplace le s muet que
Ton écrivoit autrefois après , tafche y &c.
Acle eft toujours un peu long : oracle ^fpeciâcle ^ ob-
fiâcle j & tout à fait long dans miracle.
Acre eft toujours bref. Diacre^ nacre , le fàcre du
Roi , &c ; fî ce n'eft dans acre ( piquant ) & fâcre ( oi-
feau ) ou il eft long.
Ade eft toujours bref, balade ^ aubade , cafcade , fa-
de, ilperfuâde , il s'évade » promenade ^ Sec.
Adre eft bref dans ladre , & long dans cadre , efcâdte ,
cela quâdre , &c. Cette fyllabe eft longue, même avant
une terminaifon mafculine j madré , encadrer , // encà--
dra , &c.
Afe , ^ifr^ j & aphe , font toujours brefs 5 c^r^y^ ,
agrafe , /4/'^-£ , balafre , épitaphe , &c.
^j?f eft long , rafle y férâfle , &c. & même lorfque
Ve muet qui fuit , fe change en une autre voyelle , râ^
'~f^f,férâfiois , &c.
i^^f eft toujours bref, fuivant M. l'Abbe d'Qlivçt >
•i94 Q U A
excepte dans âge ( période de la vie ). Cet Auteur iiôuS
paroît ici s'être trompé : âge eft réellement bref dans les
•verbes , U face âge , il engage , &c. Mais dans les noms ,
il nous femble qu'il ciï au moins douteux. Que l'on
daigne confulter la prononciation des perfonnes inftrui-
tes, la déclamation & le chant j ce font là les maîtres
auxquels il renvoie lui-même : nous doutons que l'on
entende fouvent dire , voi/inage , plantage , labourage ,
^réfâge , aunage , &c. ce n'efi: pas qu'il n'y en ait qui fe
prononcent plus rapidement que ceux-là , tels que font,
marécage j pajfage , étage ^ P'^yf'^ge , Sec. mais il falloit
au moins en reconnaître la différence ; & fi l'on trou-
voit trop de variations dans les noms qui ont cette fina-
le , pour les foumettre à une règle fixe , on pouvoir les
iaiffer au rang des douteux 5 d'viutant plus que leur lon-
gueur ou leur brièveté dépend fort fouvent du nombre
des fyllabes qui précèdent cette finale , & de la fituation
du mot par rapport aux .autres mots qui l'accompa-
•gnent.
Jîgne eft toujours bref, Cocagne ^ Efpdgne , campa^
gne y &c ; excepté le feul verbe , gagner ^ je gagne.
Ague eft toujours bref, bague , dague , vague , il ex-
travâgue , &c.
Ai diphthongue impropre , cil doutcufe quand elle a
le fou d'un e ouvert, vrai ^ ejfai , &.c. mais elle cffc
brève , quand elle approche de l't' fermée quaï , ë^^^ >
je chantai , j'irai , &c.
Aie eft toujours long : haïe , plaïe , Scc. mais fî la
fyllabe finale eft une fyllabe mouillée, <ïiqui la précè-
de eft bref, je paye , // bégaye , nous payons , &:c.
Aignc eft toujours bref, châtaigne , je daïgne , il fe
haïgne , il faïgne.
Aigre eft bref dans aïgrc , & vinaigre , mais long dans
maigre.
Ailçfh toujours bref; bercaïf détail , travail ^ Sec.
Aille eft bref dans médaille ,je détaille ffémallle ,je
travaille , à l'indicatif^ mais il eft long dans les fub-
jonélifs , qu'il vaille , qu'il bataille , &c/Et dans les au-
tres mots ainfi terminés ; bataille , funérailles ^ il raille ,
il rimaille , Verfallles , ripaille , Sec.
Aillé & <}ill€r fuivent h quantité des mots précédens
Q U A ^ Î95
d'où ils font dérives ; émalller ^ travailler^ Sec. 8c raîl-^
1er , débraillé , rimailler ^ &c.
Aîlleurç.^ long dans bâilleur , & bref dans ailleurs >
railleur ^ rimailleur ^ Sec.
Aillet & aillir font brefs , maillet , paillet , jaillir ^
faillir , a jf aillir , tre([ aillir , &c.
Aillon eft bref dans médaillon ^ bataillon ^ nous émalU
Ions , nowj détaillons , travaillons, flors de là il eft
Ions ; haillon , bâillon . venaillon , /zowj taillons , &c.
/4/m & ^m font douteux : /izim , /'dm , hautain : mais
s'ils font fuivis d'une confonne , ils deviennent longs 5
je crains , 5i2mf , Sainte.
Aine eft long dans haine , chaîne , ^ûJn^ ,y^ rr^^/z^ , &
leurs dérivés , comme , traîner , &c. mais ailleurs il eft
douteux ', fontaine ^ plaine ^ capitaine ,fouveraine , hau-
taine , &c.
^/r eft douteux , l'air , chair^ &c.
^/rf eft long , une aire j une paire , chaire ^ on m é".
claire , Sec.
Ais , aix , aife , û///^ , font tous longs ^pdlaïs ^faix,
fournaife , caiffe , qu'il fe repaljfe , Sec.
Ait , û/r^ , font brefs , lait ^ attrait , il fait , parfaite ^
\retraite , &c. il faut en cxccpx&ï il plaît , il naît , il paît ,
& /^^^'^ ( fommet ) avec leurs compofés.
Al ^ aie , û//f , toujours brefs , bcil , royal , morale ,
cigale , une malle, ftàlle, &c. exceptez hâle , pâle , un
mâle , un râle , il râle-y qui s'écrivoicnt autrefois avec un
s,pajle. Sec. Se qui confervent leur longueur , même
.lorfque la finale devient mafculine , hâler , pâleur , râ-
1er , &c. •
Am eft toujours long , quand m eft fuivi d'une autre
confonne , champ , chambre , jambe , pampre , &c.
>//n devient bref fî m eft redoublé , comme dans en.
flâmmer : il n'y a d'exception que ^om: jlâmme , qui eft
-^/Tze eft bref, c/^me , ejîame , r^tme , on nous diffame ,
&c. âme , infâme , blâme , y?^/;2e , font exceptez & tou-
jours longs , auflfi bien que tous les prétérits en âmes ,
nous aimâmes , nous donnâmes , Sec.
An eft bref dans les finales , ruban , turban , bouracan ^
pélican , fr^/?<*/7 , fafran , parméfàn , &c, il l'eft un peu
i9<^ Q U A
moins (îâSStf/r aimée, océan, roman, vétéran, tyran, vanf
faifan , ariifan , courtifàn , partifan , payfan , ale:^àn ,
bilan , p/ira , charlatan : Ç\ an eft iuivi de quelqu'autre
■fyllabe , il devient long , comme , dânfe , chante , blàn,'
che , &c.
Ane, anne & amne font toujours brefs, cabane, panne^
Sic. exceptés , crâne , âne , mânes , mâ,nne , je damne , ^\
condamne , qui font longs eux & leurs dérivés.
Ant eft toujours long , cependant , é'égânt , le levant ^
enallant , Sec. Comptant eft long quand il eft participe,
il s' eft trompé en comptant. Mais pris fubftantivement , il
eft: un peu plus bref, il a du comptant j il paye com*
fta.1t.
Ap eft toujours bref, foit que le p fe prononce ou
non , cap , drap , &c.
Ape , appe , eft toujours brefs , Pape ^fappe , frappe.
&c. exceptés , râpe, râpé , râper , ou Va eft long.
Apre eft long , âpre & câpre.
Aque ^ acque font toujours brefs , Andromaque , SCd
çxceptés Pâque, & Jacques , qui font longs.
Ar eft bref, neâar , car , par , Céfâr , arc , parc où il
çft ftiivi d'un c ; mais s'il étoit fuivi d'un d ou d'un t , il
leroit moins bref, comme dans , part , dard , &c. Au,
commencement & au milieu du mot ar eft toujours
bref, quelque fyllable qui fuive 5 archer , marcher , dar-
der, farder , martial , épargne , ânifte , &:c.
Are eft long dans avare , barbare , douteux dans
je m égare ^ thiâre , bigarre , &. Mais ar eft toujours
bref, lorfqu'il n'eft plus final , ni fuivi immédiatement
par une finale muette, comme, ava'rice , barbarie , J€
mégâroisy au lieu que arr eft long par-tout , barreau ,
çârrojfe , larron , carrière, &c.
Ari, arie font toujours brefs , mari , pari , marie y
exceptés , hourvâri, éc marri , marrie ( fâché ).
As eft ordinairement long ; P allas , un as , un tas ,
gras , tu as , tu joueras , &c. Quelquefois ( dans la con-
verfation fur-tout ) as dans certains mots devient un peu
3i2;u & bref, du taffetas , un cannevas , le bras ; mais au
pluriel ces mêmes mots deviennent longs.
Afe eft toujours long , râfe , hàfe , pégâfc , cmphâfe^,
txtâfe , & Içs dérivés , râfer, &c. '.,
Q U A ^ 497
Afque eft toujoun bref, mafque , tafque , fantafque ,
wurrafque , &c.
Ajfe cft toujours bref , chaffe , chajfer , &c, exceptés j,
r*^. les fubftantifs , ^^j/e , câjfe , cUJfe , échâjfc ^ P^JF^^
lâjfe , r<îj^ , chàjfe ( de Saiat ; fdvantaffe ; i*". les adjcc-
ifs 54jj7^ , ^r^j^ , Ulfe ; 38. les verbes , il ximâjft: , i£
'nchàjfe , ci//*^ ■,V^If^ •> compâjfe ,fàj]e , avec leurs cora-
îofcs & dérivés 5 4". la première & la féconde perfon-
les du fingulier , avec la troifîeme du pluriel teiminces
:n âjfe , djfes , ôc àjfent , que j'aimâjfe , que ta. mmâf-
"es , quils aimâffent y mais les autres perfonr.es ea
ijfions & ajfiei font brèves , que nous aiTnàJJîjns , qat
jous aimAjfte'3^
A fie & afl-e , font toujours brefs , fâfie , chÀ^c , af-
re , &c.
At cft long dans ces noms , mât , df/jp^r , degiî ^
m: ( de mulet ) que l'on écrivoit autrefois avec Uîi ^ ,
nafl , &c. il eft douteux dans les troifiem.es perfoTînes
ia fingulier de l'imparfait du fubjon(5tif, qu'il mmat ,
luil donnât: mais par-tout ailleurs il ell bref, Jhm^
:à: , ec/ât , plat , chocolat , on le bat , &c,
^f^ , drej , font toujours brefs , exceptés dans les
mots , hâte , pâte , // empâte , il gâte , i/ TTZif^ , il de^
mate , & leurs dérivés ^^r^r , &c , & dans les fécondes
pcrfonnes du pluriel serminées en âtcs , vous mmâtes ,
\>ous donnâtes , &:c.
^rr£ & ^rrre font brefs dans quatre , battre , & les dé»
rivés & compofés de celui - ci : hors de-ià ils fon^
iongs, idolâtre , tJiéâtre , opiniâtre , &c.
Au , diphthongue impropre, eft longue quand elle
"ft devant une terminaifon muette , auge , autre , aune ,
2ûhe , taUpe , &c Elle l'efl: aufli lorfqu'elle termine le
mot , & qu'elle eft fuivie d'une confonne : kaUt^chaûd^
^atlx : mais ailleurs elle eft douteufe; aubade , coteau ,
&c.
Ave eft long dans Conclave , douteux dans entrave ,
^rave , je pave j.lorfque au lieu de i e muet , il fuit une
finale mafculine , a devient bref, gravier , faveur , con^
dâvifte , paveur , aggraver , &c.
Ax , ûjve , font toujours btefs, ajax , thorax , /<iw!e ^
fyntàxe fparalidxg ,^c.
^5)? QXJA
E,
Puifqtfe Ve muet eft toujours bref, comme iiousI*a<
vons remarqué , les détails où nous allons entrer , ne
regarderont que les e fermés & ouverts. Nous averti-
rons feulement que lorfqu'il y a plufieurs e muets de
fuite , foit dans le même mot , foit dans des mots qui
fe fuivent , le pénultième doit être plus fenti que les
autres i ainfi dans r^ve/z/V , entretenir^ redevenir ^ il faut
jne le donner , ne me le donne^ pas , ce font les fyllabes
re y tre , de ^ 8c me qui deviennent plus diftindcs , plus
fenfibics , & par conféquent plus longues , ou plutôt
moins brèves que leurs voiilnes ; car elles font toujours
brèves.
Remarquons aulTi que jamais un mot ne commence
par un e ouvert, lî ce n'eft le verbe être ; qu'il n'en eft
point non plus qui finilfc par ce fon , il la voyelle n'y
ell fuivie de quelque confonne articulante ou muette.
Eè/e , ebre , ec , ece , font toujours brefs : hièUe 3 fit-';:
nebre , bec , nièce.
Eche eft long dans bêche , pêche ( aâ:ion de pêcher )
pêche [ fruit ) revèche , il empêche , il dépêche , il prêche , '
& dans leurs dérivés , prêcher ^ empêcher , &c. douteux
dans lèche , grieche , &c; mais bref dans calèche , flèche^ ^
flammèche , il lèche , brèche , crèche , fèche , on pèche , '
( pour on fait un péché ).
Ecle , eB , ecie , ede , eder , f^nt tous brefs , fè'cie ,
rejpëci , insëcie , tiède , remède , céder , pojfèder , &c. *
£/, eft bref, chèf^ bref-, effe eft long , greffe.
Effli eft long dans nêjfle , & bref dans trêffle. -^
Ége , egle 5 le premier long , fiêge , collège , manège , '*
&c. le fécond bref, règle ^fèigle , efpiègle , 6cc. '<^
Egne , eigne ; le premier eft un peu long : rêgne^ douè^ \
gne j & même dans les dérivés , régner , &c : le ^econd .'*
eft bref, peigne , enfeîgne , qu'il feigne , &c.
Egre , egue font brefs , nègre , intègre , bègue , collé" '
gue , /'/ allègue , &c.
EU y eille font brefs , folcïl , fomm.eïl , abeUle , mer^ ■ '
vcïlle 'y il n'y a d'exceptions pour ces terminaifons ÔC
potir les dérivés que dans vieille , vieillard , vièillejfe, *)
Q U A tr,<f
Ein , eint font fongs au pluriel, douteux au fîngulierj
dejfein , ferein , atteint , dépeint , &-c.
f/'/ze eft douteux , veine , peine , inhumaine , &:c.
£zW eft toujours long, atteinte^ dépeinte , feinte ^
ôcc.
Eiîre eft long , reïtre 5 il eft le feul mot qui s'écrive
ainfi.
EL eft toujours bref,/?/, auttl ^ cruel. Sec.
Ele , elle : le premier eft long dans ^ële , poêle ,fièle ^
plie-mile , grêle , /"/ mêle , il fe fêle ; ailleurs il eft bref
aufîl bien que le fécond j modèle , fidèle , /'/ appelle , r/-
^fZ/e , cruelle.
Em , e/z , allongent la fylkbe quand ils font au milieu
d'un mot , & qu'ils font fuivis d'une autre confonne que
la leur 3 comme , tlmple , exemple , prendre , gendre , évi'
\dlnce , tinter , &c. mais lî leur confonne eft redoublée 3
ils font brefs •' ils le font auffi à la fin du mot, iiém ,
Bethléem , amen , examen , &c.
jErne , douteux dans crème , bref dans il sème , &long
par- tout ailleurs , même , baptême , apo^ême , /^ 5^/'«r
Chrême , probllme , Jyftême , diadème , &c.
jE/zê , f/z/ze y le premier long dans chêne , cë/ze ^fclne^
gène , û/ë/z^ , rê/zf , frêne , ûrë-7£ ^.j.êne j bref dans p^f/zc-
/Tzene , e'i5e/ze 5 & douteux dans les noms propres, Athe~
nés , Mécène , Diogene , &c : le fécond bref ^ étrènne ,,
qu'il prenne , apprenne , &c,
£;zr eft bref dans accident , dent , argent , arpent , pa-
rtir , ferpènt , torrent , content , préjènt , ve/zr , moment ,
joliment , &:c 5 mais il eft douteux quand il tient plus dit
fon de l'a ouvert, comme dans violent , ardent, opu^
Unt , F ré fi dent , &c.
£/? , //Té; font longs , ^zzè/e , a«/?e , vêpres , excepté
lèpre.
Epte , éptre font brefs , précepte , // accepte yfcèptre ^
fpèSire , &c.
E^ue, ecque , font longs dans Evêque, Archevêque , &:
brefs ailleurs, grecque, bibliothèque, objeques , hypo-
thèque , &c.
■Ereft bref dans Jupiter , Lucifer , £r^er , cher , clerc ^
cancer, pater , Magiftèr , Fratèr , & quelques autres
noms propres ou étrangers i il eft long dans/c.'*, ^^f^ ^^
ï
Z60 QXJ A
^egèr ^ mêr, amer, vèr, hiver: il eft (îouteux dans les !
infinitifs; c'eiVà-dire , qu'il devient bref, fi le r eft {
muet , comme dans aimer Dieu y & long fi r fe fait en-
tendre , comme dans ce vers ....
Mais je fais peu louer , Se ma mufe tremblante -, Ôcc.
Il eft encore bref dans les mots où r eft muet ; comme , ;
danger , 'berger , &c.
Erhe, erce , erfe , erche ^ ercle , erde ^ erdre font tous
brefs; herbe , commerce , travérfe., cherche , cercle, qu'il
perde , perdre , 8cc.
Erd , en , font douteux , vert , concert , ouvert , dé^
fert , &c.
Ere eft long , chimère , père , Jincère , // effcre , &c. Si
Ve muet & final fe change en une autre voyelle , Ve pré-
cédent devient bref, chimérique , efpercr , Sec.
Ergc , ergue , erle , erm^ , erne , erp^ , font tous brefs 5
ûfrerge , exergue , perle , ferme , caverne , eutèrpe , /c'r-
/e , &:c.
Érr eft bref dans , eVr^^zr , terreur^ errant , erroné , er-
rata ; long dans terre , ^i^ërre , tonnerre, il erre , perruque^
ferrer , tërrein , «owj verrons ; il eft: douteux dans les dé-
rivés , guerrier, terroir , terrible , derrière , fcrriere , &c.
£r^ eft long , univers , pervers , dangers , pajfagèrs ,
&c.
£rrf , ertre , ^rv^ , font brefs ; perte , tz/è^rr^ , tertre , ,
rèVve , &c.
f^ eft lono; , tu es , procès , progrès , &c,
X>^^ prépofition , /e'j , dès , /;2e\î , tes , ye^ , cë^, pro-
noms , articles , & adjeâiifs pollcflifs , beautés , vous
chanté:^ , Sec. font longs.
Efe eft long , Diocéfe , TAe;'^ , Genefe , i/ pê/^ , &c \
mais ce dernier devient bref , lorfcju'il eft fuivi de Ton
pronom , comme , pefe-t-il.
Efque eft bref, romanèfque , burlcfque , prefque , gro-
tëfque y&LC.
EJfe eft long dans Abbèffe , Profèjfe , confèjfe , ;'/'èj72',
comprèjfe , expréjfe , cèjje , Icjfe , s'emprèjfe ; & bref dans
leurs dérivés & tous les autres mors en ejfe ; confejfer ,
cajfer tendrèjfe , carejfc , parèjfe , Sec.
EJle,
QUA ^01
Êfe , efire font brefs , modejie , l^Jle , fun^fie , r^rr.^A
re , tnmefire , &c.
I -Er eft long dans arnt , benêt , forêt , genêt , ;jrc7 , û;j--
oret , acquêt , z/zr^Vêr , têt , protêt , qui tous avoienc
ïutrefois un s après l'*;, & prennent à préfent un accent
"ii'conflexe j ailleurs cette fyllabe eft brève , cadk
'idk , et conjondion , fujêt , hochet , &c. '
fre eft long dans bête Jête , honnête , /Joe7e , r^ /Tz/^èr^ "
juete , conquête , f;zjz/e7e , r^ç:/e7e , crére , arrête , re7e *
lui prennent aulTi l'accent circonflexe à la place de ^
]u*ils ont quitté 3 il eft bref par-tout ailleurs, Pro^
^hke. Poète, Comète; &c. Souvent le t le redoubla
oans ces noms brefs , comme dans tablette , houlette ,
/ tkte, &c. Vous êtes paroît devoir être bref plutôt qug
on 2-
:^ Etre eft long dans eV^ , falpêtre , ^«cerre , fenêtre
retre , champêtre , hêtre , chevêtre , guêtre Je me dépê^
re : il eft bref par-tout ailleurs , & le r s'y redouble le
'lus fouvent, diamètre , il pénètre , /mre , we^rf , &c
£z^ , diphthongue impropre , eft bref j feu. , blel Jel ■
■cvy , &c 5 mais ez^^ceft long, cmlAT, je veux ,fâchei^x '
Eve eft long dans trêve , grève , il rêve; ce dernier eft
3ng dans tous fes dérivés j rêver , rêveur , &c. £ve eft
outeux dsinsfeve , /^rev^ , i/ achevé , il crevé , z7 /^ Z^,
<^ ; la pénultième de ces verbes fuivie d'une fyllabe
lafculine , devient muette ,7^ lever , achever^ crever il
\ leva , &c. '
Euf , euil, eul, font tous brefs : netif , fauteml, tit-
'fU , &c.
\ Eule eft long dans veUe j ailleurs il eft bref feUe
ueule , &c. ' ^ »
i £wne eft long dans jeUne , abftinence, & bref dans
lune , adjedif.
Eur, eure ; le premier eft bref, odeur , peur, majeur,
i fécond eft douteux 5 car s'il précède un autre mot , il
tvient bref, une heilre entière , la majeure part , &c 5 &
il eft le dernier mot , eure eft long , voila Ja demeure :
attends depuis une heure ; cette fUe efi majeure, &c*
Evre eft long , Orfèvre , lèvre , chèvre , lièvre , &c.
301 Q U A .
Eufe eft long , précieH^fe , (luêtei^fe , cre^ife y creûfir ;
Ex eft toujours bref, hempU , /e^r^ , eA;r/rper , pcr- ,
^/^a; , Sec.
M l'Abbé d'Olivct, que nous avons cru devoir fuivre |
ici fait une obfervatioa qui abrège beaucoup les de- j
taifs & que nous rappelions par le même motif ; c el ,
que le nombre des brèves l'emportant de beaucoup fu
celui des longues , & étant affez inutile de citer les (yl
labes qui ne varient jamais , pourvu qu on avertill;
d'ailleurs qu'elle eft la nature de celles qu'on omet, i
n'examine plus que celles qui font ou longues , ou dou-
teufes ou variantes, en avertiifant le ledeur que tou
tes celles dont il n'eft point fait mention ^ font toujoui
brèves.
Idre eft long : Jûdre , cidre . ^cc
le diphthongue , eft douteux i mid , fiel , fier , mi
der, amitié , moitié , carrière , tien , mien Dieu &c.
le dilfyllabe , eft long, vF^, f'^^sïe il pr,e , il crie
&c mais bref, quand IV muet fe change, frur ,
cnoit.
Ipe eft long , tige , prodige , liuge , w/f^^ >]^ rn obi,
^c il s' amie. &c. mais les verbes deviennent brefs
quand Ve muet difparoit , s'affliger obliger &c.
7/t'cft long dans lie &c prefqulle i bref par-tout ail
leurs , inutile , imbécile , argile , &c.
Im in longs devant une autre conlonne, r*m^«ii
fim-f le, pinte : brefs , qu.:nd la leur eft redoublée , ïm
menfe.lnnéy &:c. ., r - -j i
ir^eft^ong, Emfire , Sire, écrire , il fouptre , ils j
rent , ils punirent , &c. mais bref devant une termina
Ton mafculine , fouplrer , /"/ désira &c.^
//è eft loi.g , remlfe , /z^ri^z-^/^ , 7 ^pH"^ . ^^-^ ^V^'^
ijfe toujours bref, fi ce n eft dans les premières pci
fonncs du fino;,,licr & les troificmcs du pluriel de 1 iir
parfait du fubjondlif, ç//^^ /V/#, que j' ecrivlfe , qui.
fljfent , qu'ils é:rivlffcnt , £cc. que tuflfes , que nousffj
fions , que vousfljjhi , &:c.
Q U A J03
It n'eft long qu'à l'imparfait du fubjondif , quii dit ,
u il fit , &c. oh y met un accent circonflexe,
Ite long dans bénite , gîte , vite , & dans les fécondes
•erfonnes du pluriel du prétérit de l'iridicatif , vous fîtes ^
>ous entreprîtes , &c.
Itre eft douteux , mitre , arbitre , titre ^ régitre , &c, fî
es mots terminent la phrafe ils deviennent longs : mais
eurs dérivés font toujours brefs, mkré ^ titré, arbi-
^age , Sec.
Ive eft long dans les adjedifs féminins dont le mafcu-
in eft terminé en if , tardive , captive , juive : ailleurs il
ftdouteux; il était fur la rive... Sur la rive oppofée : qu'il
ive... Qu il vive heureux... Qu'il vive long-tems , &;c.
Ivre eft long dans vivre fubftantif 3 ailleurs il eft
louteux.
O.
Quand cette voyelle commence le mot , elle eft fér-
iée & brève , excepté dans ôs y ôfer , dfer & cter , où
lie eft ouverte & longue , aufli bien que dans hôte ,
uoic^ue l'on dife hôtel , hôtellerie,
Obe eft long dans globe & lobe j il eft bref ailleurs ,
obe , dérobe , &c.
Ode long dans je rôde , & bref ailleurs , mode , anti-
ode , &c.
Oge eft un peu long dans Dôge j &c bref hors de-làj
■loge , horloge , en déroge , 8cc.
Ogne long dans y e rogne , bref ailleurs , Bourgogne ,
fergogne , &c.
i Oi , dipiitliongue propre , eft douteux à la fin du
jnot , Roi , moi , emploi , &c.
I Oie eft long ijoie , qu'il voie , &c.
Oient terminaifon des troifiemes perfonnes ihi plurie
ans l'imparfait des verbes , eft long j ils avaient , ils
'ouloient , ils aimaient , &c. Oit au lingulier des mê-
les temps eft bref, il avoit , il voulait , il aimait , &c.
; 1 Oin eft douteux quand il eft final , loin , befoin , &
png quand il eft fuivi d'une confonne : oint , moins , bc'
oins , joindre , pointe , &c.
Oir , oir^ , le premier douteux , efpoir , terroir^ &c. &
autre long , boire , /no^r^ , mémoire , &c.
Vij
'5ô4 Q U A
Ois eft toujours long, foit qu'il Cok tîîphthongu^
-propre ou impropre ; foïs , bourgeois , Rois , Danois
Anglais ,j'étols ^j' allais , &c.
Uife , oijfe , oitre , oivr^ , longs : frambolfe , parolJfe\
eloltre , poîvr^ , &c.
Oir long dans il paraît , z7 connaît , & il croit venan
de croître : ailleurs il eft bref, z7 aimait ^ ilvaït ^ &c.
O/e bref, excepté dans <frô/^ , ^eô/^ , mo/f , rôle ^ con
trôle j // enjôle , il enrôle , & leurs dérivés, enrôler , &c
pou..- marquer la différence de vo/e en l'air , & vole dé
robe , pluiîeurs font le dernier long , il vole , &c.
Om , on s'allongent au milieu du mot devant une au
tre con(onne 5 fômbre ^ bombe , pompe y Comte , compte
conte , monde ,fônge , ils s'envônt , i/j diront , &c. mai
il leur confonne eft redoublée, ils deviennent brefs , aj
fomme , un homme, perf onne , ajfommer , hommajfe , pe.
fonnifier, &c.
Orne j one font longs , atome , axiome , phantôme , mi
trône , ama:^ône , aumône, &c.
Onj eft toujours long , nous aimons , fonds j ponts
actions , féconds , &c.
Or eft ordinairement très bref, caflor , butor, encor
&c. un peu moins dans or , ejjor , trcjôr , fanner du cor'
bord , effort'^ mais fi c'eft un s qui termine cette fyllabe
elle devient longue , hors , alors , tréfôrs , le corps , &(
Ore , orre font longs , encore , p.écôrc , aurore , éclôrre
&c. mais ceux qui n'ont qu'un r deviennent brefs, quan
l'e muet change , comme , évaporé, décorer , dévora
&CC. au lieu que les autres font longs partout j féclo
rai , &c.
Os , ofe font longs ôs , propos , repos , gros , Hérôi
dôfe , chôfe , il ôfe , ikc.
Ojfe eft long dans grôjfe , foffe , endôjfe , il déscjfe ,
engrojfc , & leurs dérivés j fojjé , endôjjé , grôjfe ur , &
partout ailleurs il eft bref.
Ot eft long dans impôt , tôt , dépôt , entrepôt , fuppôt
rôt y Prévôt , tantôt , qui autrefois s'écrivoient par un
Dans leurs dérivés , Prévôté cd long, rôti eft bref: U
autres changent leur t final en ^ , &; par conféquent r
tiennent plus à cette dernière terminaifon.
Oce long dans hite , c^te , maltôte , fôte j & ces tro
Q U A 305
îci'nîers conCervent leur quantité devatit une autre finale
lue Ve muet , côté , maltôtier , 6ter,8cc.
' Otre eft long , Apôtre ; notre & votre font brefs quand
ils font fuivis de leur fubftantif , & longs quand ils fui-
iv^ent l'article. Je fuis votre ferviteur , & moi le vôtre.
Oudre , oue font longs : poudre , moudre , coudre , r/-
i^owûfre , boue , /ôi/e , il loue ; mais devant une ter min ai-
ifon mafculine, ils deviennent hïtis ^ poudré ^ maulu ^
roué y louer. Sec.
Ouille eft long dans rouille , il dérouille , ils'enrôuille ,
'f embrouille, il débrouille ; mais bref, quand la termi-
jnaifon eft mafculine , rouiller ^ débrouiller » brouillon ,
Ode eft long dans moule , elle efifaôule, il fe Joule , il
feule , /^/o'u/^ , il roule , zï ^Vrôa/f .
Oure , ozz;re ; le premier eft douteux : bravoure , ils
courent , &c. Le fécond eft long , ^e la bourre , il bourre,
il fourre , qu'il courre ; mais la finale devenant mafculi-
ne , la précédente devient brève , courrier , bourrade ,
rembourré , &c.
Ouffe long dans je pouffe , & bref dans les autres &
leurs dérivés ; touffe , roz#r , couffin , &c.
Owr^ long dans abfàute , yôure , crôute , vôizre , z7 côU"
te , ye gôj/re \f ajoute j mais bref avant les terminaifons
mafculines , ajouter , coûter , goûtons , &c.
O^rre long dans pô^rr^ & côutre , bref partout ailleurs^
' JJche eft long dans ^jîcÂe , embUche , on débûche : maïs
il devient bref dans bit^cher , débucher , &c.
Z7e , diphthongue qui ne fe trouve que dans ecw^//^ ,
y eft bref.
Ue difTyllabe , toujours long j vue , tortue , cohUe , 7«
\ diftribûe, &c.
Z7ge eft douteux, déluge , r^/z^g^e , Jz^i^e , Us jugent ,
&c. mais il eft abfolument bref , quand la finale de»
1 -vient mafculine y juger , réfugier , &c.
I I7i , diphthongue , eft douteux , cuir , cuifme^ fuir ^
bûre , ôcc»
jôS <5 U A
Z7/V' -long, p/^ie y il s'ennuie, 8cc.
Ule eft long dans je brille , brûler , on hrîUera , &c.'
Z7m , un longs au milieu du mot , hûmhle , j'em
prûnte ; mais à la fin ils font brefs : parfum , brm , com<
mun^ 8cc.
' Urne eft toujours long dans les premières perfonnes 4
prétérit au pluriel , nous refûmes , nous voulûmes , nout
ne pûmes , &c.
Ure eft douteux , augure , verdure , parjure , t>« iJj^-
re , &c î mats fi l'e muet change , Vu devient bref, au^u
rer , jurer , &c.
Vfr eft toujours long , mûfe , excûfe , inclûfe , my^
y£ r/cTï^yè , &c : mais il devient bref devant une final
mafculine , rûfer, refûjfer ,je ré cû ferai , &c.
Uffe ; cette terminaifon n'a lieu que dans les verbes
où elle eft toujours longue , que je pûjfe , quils accou
rûffent , &c. Il en faut excepter quelques noms propres
comme la Vruffe , dans lefquels elle eft brève : pot
tous les autres noms terminés par le même Ton , ils s'é
criventi/ce& font toujours brefs, comme, ajîûce , au\
mu'Ce ^ puce , &c.
Ut , bref dans tous les fubftantifs , pricipM , tribi*t
falut , fiatût , &c. excepté fût , tonneau ; bref encon
dans les prétérits des verbes , il fut , il vécût , il mourut
&c ; mais long à l'imparfait du Ç\xh]ondi\^ , qu'il fût
qu'il mourût , &c.
Ute , utes font brefs dans les fubftantifs , excepte dan
flûte ; mais longs dans les verbes , vous lûtes , vou.
fûtes , &c.
D'après les détails que nous venons de donner , oi
s'appercevra aifément qu'il ferojt poflîble de donne
des léglcs générales qui ne feroicnt pas fujcttes à ui
grand nonjbre d'exceptions : par exemple . les confon-
nes redoublées rendent la voyelle qui les précède brè-
ve : cette régie eft vraie fur-tout , li la confonne n'efl
ni un r ni un s : car il n'y a gucrcs d'exceptions qii'e
pour ces deux- là : abbé , accent , audition , àjfaire , fûg-
^érer , belle , ïmmenje , innocent , âppofer , une hotte ,
&c. z". Toute pénultième foimée par une voyelle qui
eft immédiatement fuivie d'un e muet dcviçut loa-
Q U A 3^7
rue ; qae'faîe.cmèe /joîe, jolU , connue^, une roue,
me couleur bleue , &c j mais fi dans le même mot Vc
nuet & final fe change en une autre voyelle , la pe-
lultieme devient toujours brève -.^yant /joyeux , rouer,
bleuâtre , Sec.
;". Tous les noms terminés au fmgulicr par une
yllabe mafculme brève , la doivent avoir longue au
>luriel , à caufe du s qui y eft ajouté ; comme Jac , des
"âcs , almanâck , des almanâchs , ejfaï , des ejjats , de-
■aïl , des détails , latr, les airs , attrait , des attraits ,
■ubân , û^ej rubans , ^"rf , ûf J arts , le bras , les bras un
Avocat, des Avocats , un joyau , des joyaux , unUec ,
des Grns , un Chef, des Chefs , dejfeïn , des dejjems ,
-^« accident , des accidéns , désert, déserts^ Jujet , des
fujêts , odeur , des odeurs , un délit , des délits , tardif ,
tardïfs , emp/of , des emplois , ^e/ô/>2 , des befoms , ccw-
r/(5r , des complots , ^i/oi^ , des bij'ous , i/« Duc , c/^^
D«.-^ , Confil , ^^5 Con>/^ , ftatk , desflatuts , &c
Il eft d'ailleurs bien des fyllabes longues c]ui dans
certaines circonftances doivent ou peuvent cti^ pro-
noncées brèves : il en eft aufll qui de brèves devien-
nent quelquefois longues j ainfi quoique éternelle , ait
la pénultième brève , & qu'on dife , à' éternelles amours,
cependant il arrive fouvent dans la déclamation iou-
tenue, & dans le chant , que l'on prononce, des amours
étemelles. Cn en voit auffi fouvent des exemples pour
ceux des noms en efe qui font brefs , comme des cares-
fes perfides , de perfides carèjfes ; pour les noms en île
bref , de ftérïles attentats , des attentats fterllcs , Sec.
i Un principe qui eft d'une grande étendue dans la
JProfodie Françoife, c'eft qu'une fyllabe douteufe ou
'même brève dans le cours du difcours, s'allonge fort
' fouvent , quand elle finit la phrafe , ou le membre de
phrafe qui donne un repos dans la prononciation : ainfi
l'on dit i un homme honnête, un homme brave ^, quoi-
que l'on doive dire , un brave homme , un honnête hom-^
me , &c. La raifon en eft fimple 5 c'eft que démit un
repos quelque léger qu'il foit , la voix a bcloin de
fbutien , & que ce foutien fe prend ordinairement lur
la pénultième ^ dans la prononciation de laquelle , la
j Toix fe préparant à tomber totalement , traîne plus ou
f og Q U A
moins fenfiblemeiit félon la qualité du repos & le toi
de la prononciation : voyei fur tout cela ratticl(
Nombre , &c.
Il eft bon de remarquer encore fur ce que nous avon-
dit en général qu'une fyllabe longue ne rime poini
avec une brève ; que ce principe eft évident pour celle-
dont la longueur i:^ la brièveté font plus marquées
plus conimes , plus fixes , & par conféquent plus oppo-
lees , plus frappantes , & moins variables. L^ufage pcr-
met de faire rimer les autres , fur-tout quand la lan-
gue ne fournit qu'un petit nombre de terminaifon<
-^1^^^ A ^^^^^ ^ laquelle on cherche une rime : cai
ïl elt jufte que la loi fe relâche un peu pour les point;
difficiles , & fe reirerrc quand une plus grande abon-
dance de mots donne plus de facilité d'être- exad.
Quoic]ue le mauvais eifet produit par la rime d'une
longue & d'une, brève toutes deux mafculines , foit
quelquefois fort fenfible, comme dans Soldat avec dé-
gât , dévot avec Prévôt , intérêt avec pacquét , &C3 ce-
pendant on les pardonne encore plus aifcment que les
ximes féminines dont l'une cil longue & l'autre brève,
comme , grâce avec pUce , endôfe avec colofe , fâche
avec moujlàche , prêche avec brèche , hâle avec martiale,
pèle avec modèle , ile avec inutile , râle avec écèle \
truie avec mïde , fiâmme avec épigramme , &c.
Ces exemples de rimes profcrites , quoiqu'employées
quelquefois par négligence , fiiffifcnt pour montrer com-
bien un Poète doit refpeder U prononciation établie.
En effet la rime réfulte autant du temps employé à
prononcer un fon que de la nature même de ce fon ; de
quelque manière que deux fyllabes différent , foit par
lem- longueur , foit par leur fon , l'oreille qui fent ces
difterenccs , prononce toujours que ces fyllabes ne
peuvent rimer 5 or l'oreille cft le fcul juee compétent
de la rime.
QUASI , eft un adverbe de quantité : voyei Ad-
▼ERBE,
QUATRAIN : voyei Stances. '
QUE , eft un des pronoms relatifs ; voyez Pro-,
NOMS. -^ ^
^ lUft auffi particule çxclamative & précurûyç j voyei:^
QUE 309
II c(l encore conjondion concîui^ive : voye^ Con-
jonctions.
La nature de ces différences efTcntielIes eft marquée
dans chacun de ces articles.
QUEL , eft un des pronoms relatifs : voyei cet arti-
cle au mot Pronoms.
QUELCONQUE , eft un des pronoms indéfinis :
voyei cet article au mot Pronoms.
QUELQUE , eft un adverbe de quantité : voyei Ad-
VERBE.
QUELQUE , eft un des pronoms indéfinis : voyei Ton
article au mot Pronoms.
Il eft aufli du nombre des adjedifs pronominaux î
voye^ Adjfctif.
QUELQUEFOIS, eft un adverbe de tems : voyei
Adverbe.
QUELQU'UN , eft un des pronoms indéfinis : voye^
cet article au mot Pronoms.
QUERIR , verbe adif irrégulier & défedif , de la
féconde conjugaifon, il vient du verbe latin quœrere ^
qui fignific chercher ^ demander. Ce verbe quérir ne fe
conftruit jamais feul , il eft toujours précédé des ver-
bes aller , 'venir , envoyer. Envoyé:^ quérir M. un tel.
Jllle^ quérir ce livre che^ M. un tel. Remarquez que l'on
ne fe fert de quérir _> que lorfqu'on fait où eft la perfon-
ne ou la chofe qu'on envoie quérir. Ce verbe n'eft ufité
qu'au préfent de Tinfinitif Ses compofés font acquérir ^
conquérir , s'enquérir : voyen^ ces verbes à leur article.
QUI , eft un des pronoms relatifs : vow^ I^ronoms.
QUICONQUE , eft un des pronoms indéfinis : ^>oye^
fon article au mot Pronoms.
QUI QUE CE SOIT. L'ufage a placé cette expref-
fîon parmi les pronoms indéfinis : voye-^^ fon article à la
£n du mot Pronoms.
QUOI , eft un des pronoms relatifs : voye^ fon ar-
ticle au mot Pronoms.
Quoi , eft aulli une particule exclamative : voye^
Particules.
Cette différence eflentielle eft marquée dans chacun
de ces articles en particulier , & même dans tous les
jio Q U O
QUOI QUE. L'ufage a placé cette cxprefïîon parmi
les pronoms indéfinis ; voye^ fon article à la fin du mot
Pronoms.
Quoique , ne faifant qu'un mot efl: une des conjonc-
tions concefTives. Il eft encore une des conjondions ad-
verfatives ; voyei Conjonctions.
311
R
R ou RE
ïsT urne desconfonnes de l'alphabet : voye7[^ Al-
phabet , Consonnes & Prononciation.
RABATTRE. Verbe adif , inégulier , de la quatriè-
me conjugaifon , compofé de battre , fur lequel il fe con-
jugue j de la particule re , qui marque réitération , & de
jla prépolïtion latine ab , qui défigne abdudion , éloi-
jgnement d'un lieu j ainfi rabattre lignifie terraller , ren-
|verfer , faire tomber de nouveau quelqu'un ou quelque
ichofe de l'endroit où ils Ce trouvoient j les faire defceii-
'dre , les rabaifTer , diminuer, &c. lia rabattu tous Us
coups qu'on lui a portés ; vous me faites cette marchan-
idife trop chère , il faut en rabattre la moitié. Tout le
,monde fut charmé de voir rabattre un peu fon orgueil.
Je lui ai bien rabattu le 'caquet. Au for tir de la ville v-us
prendre:^ à gauche , & au bout d'une lieue , vous rabattre^
à droite. Apres avoir parlé de différentes chofes ^ il fe ra-
battit fur la politique. Ce verbe comme on voie marque
îl'abdudion , l'éloignement d'un lieu vers un autre, foit
au {impie ^ foit au figuré.
RAISONNEMENT : voye:^ Formfs des Preuves.
RASSEOIR. Verbe adifj réciproque & irréguiier, de
la troifîeme conjugaifon , compofé dcfeoirôc de la par-
ticule re, qui marque que la chofe cft faite de nouveau,
Ainfi rajfeoir fîgnifie afleoir de nouveau , remettre aflis
\ quelqu'un qui l'a été & qui ne l'eft plus. Il efl aufïi ré-
: ciproque , on àitfe rajfeoir. Dans le fens f p;iîré on s'en
fert pour exprimer la poiïtion d'une chofe fur un ap-
pui fur lequel elle a déjà éré : raffeoir une pierre fur fa
plus grande furface : il exprime encore plus communé-
ment i'aétion par laquelle l'amc pafTe d'un état violent,
agité ,' à un état tranquille qu'elle n'avoit perdu que
depuis peu : de l'ame on porte cette cxpreffion aux or-
ganes par lefquels l'amc montre fon état : on dit un
air rajfis , un fang rajfts j des fens rajjis : un efprit
rajfis,
|. Ce verbe fe conjugue différemment félon qu'il eft
pris en adif , ou en verbe réciproque. Nous allons le
■S'il RAS
conjuguci' fous ce dernier point de vue 5 mais dans Icj:
tcms comporés nous n'indiquerons que la première per-
fonne , & nous ne mettrons le participe qu'au mafcu-i
lin : on fait que dans ces tems des verbes réciproques le
participe fuit le genre & le nombre de la perfonne. Pour
le conjuguer en adif /on n'aura qu'à retrancher le pro-
nom réciproque de tous les tems , & former les compo-
fcs avec l'auxiliaire avoir , & avec le participe raj/is , qui
alors ne fuivra ni nombre ni genre 5 en un mot ces tems
fe forment ici comme dans les autres verbes adifs.
Indicatif Préfent. Je me rafiieds, tu te rafTieds , il
fe ralTied j nous nous ralTeyons , vous vous ralTeyez ,
ils fe rafleyent.
Imparfait. Je me ralTeyois , tu te raffeyois , il fe raf^
leyoit ; nous nous rafTeyions 5 vous vous rafTeyiez , ils
Te raffeyoient.
Prétérit. Je me radis , tu te raflîs , il fe raflît, nous
nous rafsîmes , vous vous rafsîtes , ils fe railîrent.
Prétérit indéfini. Je me fuis ralTis , &c.
Prétérit antérieur. Je me fulfe ralTis ^ &c.
Plufqueparfait. Je m'étois raflis , &c.
Futur. Je me rafleirai , ou rafTiérai , tu te raffeiras , ou ■
raiïiéras , il fe rafleira , ou ralfiéra; nous nousrallei-,
Tons , ou rafTiérons , vous vous ralTeirez ou raffiérez , ils
fe raifeiront , ou radieront.
Futur pajfc. Je me ferai affis , &c.
Conditionnel préfent. Je me rafleirois , ou rafîîérois ,
tu te rafleirois , ou raffiérois , il fe rafleiroit , ou raflié-
roit ; nous nous raîfeirions ou rallierions , vous vous
raireiriez , ou rafllcriez , ils fe ralTeiroient , ou rafllc-
roient.
Conditionnel pajfé. Je me ferois , om je me fulTe raf-
£s , &c.
Impératif. Raflileds-toi , qu'il fe rafleye 5 rafTeyons-
nous , rafleyez-vous , qu'ils fe rafleyent.
Subjonctif Préfent. Que je me rafleye , que tu te
raflcycs, qu'il fe rafleye ; que nous nous rafleyions, que,
vous vous rafleyicz , qu'ils fe rafleyent.
Imparfait. Que je me rafllfle, que tu te rafllfes , qu'il
fe rafsît ;qae nous nous raflifllons , que vous vous rat
fiflîez ( ces deux pcrfonnes ne font pas en ufage) qu'ils ip
ralïîirenr.
R A V R É C ji|
Frètent. Que je me fois raffis , &c.
Plufqueparfait. Que je me fulTe raflîs , &C4
Infinitif pré fent. Se raifcoir.
Prétérit. S'être ralîis , ou rafTife.
Participe préfent. Se rafTeyanL-.
Participe pa^é. S'écant raflis , raflire. .
Participe pajjîf. Raflis , raffife.
Gérondif. En fe raiTeyaiit , ou fe rafTeyant.
, RAVOIR. Verbe adif & réciproc[ue , irrégulier 5?
jdéfedif^ compofé <!' avoir, & de la prépofition itérati-
ve re. Il (ignifie avoir de nouveau. Il n'y a que l'infi-
nitif qui foit ufité. TâcheT^ de ravoir votre bien , vos for^
ces & votre fanté. Se ravoir iîguifîe aufli fe tirer d'affai-
re : voyei Avoir.
REBATTRE. Verbe irrégulier , de la quatrième
conjugaifon , compofé de battre, fur lequel il fe conju-
gue , & de la particule modiiîcative re , qui marque réi-
tération , répétition. Ainfî rebattre fignifie battre de
nouveau , agiter de nouveau. Cet Orateur ne fait que rd-
battre un petit nombre de penfées , qu'il habille de cent
façons différentes. Rien de plus ennuyant que d'entendre re"
battre toujours la même chofe. N'en parlons plus , j'en ai
les oreilles rebattues.
RÉCIPROQUE. Les verbes réciproques font ceux qui
fignifient l'adion de deux ou plusieurs fujets qui agiiFenn
l'un fur l'autre; foit diiedement comme quand on dit ,
ils fe flattent mutuellement 3 foit indircélcment , com-
me lorfqu'on dit, ils fe donnent réciproquement des éloges
peu mérités.
Les verbes ne font jamais réciproques par eux-mê-
mes , mais par les pronoms me , te ffe , nous , vous ,
qui fe placent entre le verbe & fon fubjeélif : pronoms
que l'on appelle réciproques y parcequ'ils fe rapportent
au fubjedif. On ajoure aufli aux verbes pour rendre
leur fens réciproque plus clair, ces mots , réciproque-
ment y mutuellement , l'un l'auire y ou bien on met im-
médiatement avant eux , ce mot entre ; comme , ces
deux frères fe déchirent réciproquement /fe déchirent t un
Vautre , ou mutuellement , ou s'entre-déchirent.
Les verbes réciproques fe conjuguent comme les ver-
bes réfléchis 3 auxquels ils reifemblent à bien des
514 R É C
égards : auflî phificurs Grammairiens les confondent- ils
les uns avec les autres.
Cependant il y a une différence réelle pour le fens:
car dans le verbe réfléchi , l'adion a pour objet celui
même qui la produit ; comme ^ les hommes Je flattent ,
c'eft-à-dirc , chaque homme fe flatte lui-même : au. lï&u.
que dans le verbe réciproque , l'adion a pour objet
non pas celui qui la produit , mais un autre qui en
produit une pareille dont l'objet efl: celui qui produit la
première : ainfi , ces deux frères je déchirent , fignifie ,
que l'un déchire l'autre , & qu'ils font de la forte une >
action réciproque , qui cft de fe déchirer : cela ne veut
donc pas due , que le cadet , par exemple , Te déchire '
lui-même , ce qui efl: pourtant le fens des verbes réflé-
chis. I
De même j Annibal^ Scipion fe battirent en Afrique^
jinnibal ne fe battit point lui-même j Scipion n'elt point
non plus l'objet fur qui temboit la bataille qu'il don-
noit 5 ce qu'il faudroit cependant pour que le verbe fût
réfléchi : mais l'un battoit l'autre j & comme celui-ci
rendoit à celui-là le combat qu'il en recevoit 5 voilà la
réciprocité.
Les deux exemples que nous venons de donner font •
de verbes réciproques direéls : en voici un dont la réci-
procité efl indircde, c'eft-à-dire que le fubjedif n'y cft
point l'objet , mais le terme de l'adion réciproque : Le
Prince Eugène & le Maréchal de Villars fe firent beaucoup
de poUteJfcs dans leur entrevue. t
Foyf^ la conjugaifon des verbes Réfléchis. '
RECOUDRE. Verbe adif , irrégulier , de la quatriè-
me conjugaifon , compofé de coudre^ fur lequel il fe
conjugue , & de la particule modifîcative re ^ qui mar-
que réitération. Ainfi recoudre fignif e coudre de nou-
veau j une féconde fois. Son habit fut déchiré, mais fort
Tailleur le recoufit fort adroitew.ent. La plaie é toit fi gr ait'
de que le Chirurgien a été obligé de la recoudre.
RECOURIR 6' RECOURRE. Verbe neutre , irrégu-
^ulier , de la féconde conjugaifon , compofé de courir ,
îur lequel il fe conjuge , &. de la prépo(ition réduplica-
tive re , qui marque que la chofc eft faite de nouveau.
Ainû recourir lignifie courir de nouveau , une féconde
R E C 515
oh. Cettç définition embraifc la figniiîcation de re-
curir , même au figuré. Car lorfqu'on dit , r€courir à
Dieu , au Médecin ^ a la clémence du Vainqueur y on en-
end par-là qu'après avoir couru inutilement à tout ce
]ui écoit à notre portée ou en notre pouvoir , nouscoo-
ons de nouveau à des relfources plus éloignées.
Rr.couRRE eft vieux , & n'eft plus gueres d'ufage 5
yci. n'emploie ce mot qu'au préfent de l'infinitif, & au
-larticipe paiTé. Il eft adif. On. dit recourre quelqu'un ,
;'cn:-à-dire , le retirer des mains de Tes ennemis.
Participe pajfé. Recous , recoufe : voye^ Courir.
P.ECOUVRIR. Verbe adif, irrégulier , de lafecon^
Iz conjugaifon , compofé Aç. couvrir ^ fur lequel il fc
conjugue, & de la prépofition itérative re , qui indi-
que la repétition d'une chofe. Recouvrir c'eft couvrir
de nouveau. Recouvrir un lit , une maifon. Il n'a poini
de figuré.
Participes ; Recouvrant , recouvert , recouverte.
Bien des perfonnes confondent plufieurs tems de ce
vc'be tivec ceux du verbe recouvrer ^ qui fignifie ravoir
en ili pofieflficn , retrouver ce qu'on n avoir plus. Ils en
ont en effet plufieurs de communs , comme le préfent 8r
l'imparfait de l'indicatif. On prend mal-à-propos le par-
ticipe pafiif de celui-ci , pour le participe pafTif dere-
couvrer j c'eft une faute ; on doit dire une montre rt-
cGuxrée , & jamais dans le même fens une montre recou-^
V£;t^. L'Académie Françoife admet cependant cette para-
fe proverbiale pour un perdu y deux de recouverts ; mais
elle avertit que c'eft le feul cas où recouvert foit par-
iticipe du verbe recouvrer : voy^^; Couvrir.
\ RÉCRIRE. Verbe adif & irrégulier, de la quatrié-
ime conjugaifon , compofé à'écrire , fur lequel il fe con-
jugue, & de la particule re , qui dans la compofition
des verbes déllgne prefque toujours qu'une chofe eft
répétée, eft faite de nouveau. Cette lettre eji illifible ; il
faut la récrire.
Récrire , s'emploie plus fouvent d'une manière ab-
folue. Je récrirai a M. un tel , crainte qu il n'ait pas reps.
ma première lettre : voye:^ Ecrire.
RECUEILLIR. Verbe ac^if , irrégulier , de la fecon-
lie conjugaifon , com]^oi6 àz cueillir , fur lequel U &
^lô R E F
conjugue , & de la particule itérative re. Cueillir^ d'a-
près la fignification que nous en avons donnée , lîgnifi«
amafler , afTembler. Ainfi recueillir veut dire airerabier .
amalTer de nouveau 3 une féconde fois , ramener à foi
ce cjui a été amaifé , mais enfuite difperfé. Prefque toui
tes les lignifications de ce verbe , tant propres que figu^
rées , reviennent à cette définition. On a recueilli cette
année une ample moijfon. Il eji jujie de recueillir les fruiti
de [es travaux. Son occupation efi de recueillir toutes les
nouvelles^ vraies oufaujfes. Ce font des penjées qu'il a re-
cueillies de toutes parts. Il aura bien de la peine a re-
cueillir les débris de fa fortune. Il efl bon de recueilli}
de tems en tems fes efprits. Il faut fe recueillir: voye\
Cueillir.
REFAIRE. Verbe a6lif , irrégulier , de la quatrième
conjugaifon , compofé ào. faire , fur lequel il fe conju-
gue , & de la particule réduplicative re , qui fcrc à mar-
quer qu'une chofe fe commence de nouveau. Refaire un
Ouvrage , c'eft le recommencer. Refaire lignifie fouvent
réparer , racommoder une chofe mal faite ou ruinée,
Refaire une maifon , une armée. Dans ce fens il peut
être réciproque. Mafantéfe refait.
Refaire, en termes de jeu, c'eft redonner les cartes,.
Participe préfent. Refaifant , indéclinable. Participe paffé.
Refait , refaite.
Refait, eft quelquefois fubftantif. On dit au jeu,
ceft un refait , pour dire que la partie eft nulle & qu'il
faut la recommencer.
REFLECHI , fe dit de ce qui retourne fur foi-mé-
me. Nous avons en Grammaire des verbes réfléchis ,
c'eft-à-dire des verbes dont l'adion a pour objet ou
pour terme la même perfonne ou la même chofe qui
en eft le fujer. Ainfi , je me cannois y & je me rends
jjuftice : font deux verbes réfléchis ; car c'eft moi qui
connois & qui fuis connu : je fuis donc le fubjeéî if ôc
Vobjeciifdn premier verbe 5 & c'eft également moi qui
rends juftice j & moi à qui elle eft rendue ; je fuis
donc tout-à-la-fois Se le Jujet qui la rend & le terme
auquel elle aboutit : je ne fuis pas l'objet, dans ce der-
nier exemple , puifquc ce n'eil pas moi , mais la juftice
qui eft rendue.
La
R E F 5-17
La réflexion des verbes n'eft point exprimée par les
Yerbes feuls ; mais par les pronoms me ,te , fe , nous ,
vous , félon la peiTonne du verbe. Ces pronoms le pla-
cent entre le fubiedif & le verbe : voye^ Pronoms.
On fent qu'il ne fufîic pas que ces pronoms fe trou-
vent avant le verbe, pour qu'il Toit cenfé réfléchi : il
faut encore qu'ils fe rapportent à la même perfonne ou
à la même chofe qui fert defubjedif au verbe. Ainlî,
vous me trompe-:!^ , n eft pas un verbe réfléchi , puifquc
vous êtes le fubjedif , &; que me qui eft l'objedif , ne fc
rapporte pas à vous , mais à moi.
On voit aufll que tout verbe adifpeut devenir réflé-
chi , dés qu'il exprime une aftion dont l'objet ou le ter-
me peut en être en même temps le fujet.
On diftingue deux Claffes générales de verbes réflé-
chis 'j les uns qui le font par la lignification aufli bien
que parl'exprefllon , comme ceux que nous avons don-
nés en exemple 5 & les autres qui ne le font que par
l'exprefllon feulement , comme ,je me repens ^ dans le-
quel me n'eft placé que par la loi de l'ufage , n'étant
^o\i\t nécelfaire pour le fens 5 puifque repentir eft un
verbe dont le fujet ne peut agir fur lui-même, comme
on le voit en tournant la phrafc , je fuis repentant ^ oii
l'on ne trouve plus de réflexion en confervant le même
fens.
Les verbes réfléchis par la fignification fe fubdivifent
en trois clafles , celle des verbes réfléchis directs , celle
des indirecîs y & celle des pajffs.
Les verbes réfléchis direàs font ceux qui expriment
l'adion d'un fujet qui agit diredement fur lui-même ,
'c*eft-à dire qui eft en même-temps le fujet qui produit
cette adion , & l'objet de cette même adion 3 comme ,
/e me connais ; vous vous trompe^ ^ &c.
Les verbes réfléchis indirects font ceux qui expriment
une action dont le fjjet n'agit qu'indiredement fur lui-
même , c'eft-i-dire, qu'il n'eft point l'objet de cette ac-
tion qu'il produit , mais qu'il en eft reniement le terme :
comme dans cette phrafe , je me rends juftice.
Les verbes réfléchis pajjtfs font ceux dont le fujet ex-
primé eft une chofe inanimée & incapable d'adion ; qui
par conféquent ne peut produire celle que la phraf*
Tome 11, X
^51 8 R E F
femble lui attribuer ; mais qui réellement ne fait que H
foufFrir. Ainfi dzns ce mot nefe dit point , ce mot ne pré-*
fente que l'idée d'une chofe inanimée , & qui par con-
féquent ne peut parler mfe dire foi-même 5 il ne peut
on être dit on prononcé : aufii le fens refte-t-il le même
en difant , ce mot ne doit point êire dit : d'où il fuit que
le fens de ce verbe ne fe dit point n'eft-Ià qu'un fens paf-
fif j quoique l'exprelTion foit adive 5 & que le pronom
fe n'y eft placé que pour indiquer ce (eus paflif.
Il y a quelquefois des verbes réfléchis pailifs donc le
fujet eft une chofe animée & capable de produire l'ac-
tion du verbe , quoique dans le fait elle ne faffe qu'en
ctre l'objet : mais le fens indique aifez qu'elle n'agit pas
fur elle-même , & que le verbe n'eft que réfléchi pafllf 5
comme , cet homme s'ejl trouvé coupable : il s' eft trouvé
innocent ; dont le fens véritable eft , cet homme a été
trouvé coupable , a été trouvé innocent ^ &c.
Quelquefois pour donner plus de force a^ l'expref
fion ^ on double le pronom en mettant après le verbe
moi-même , toi-mJme y lui-même j elle-même , nous-mJ-
mes y vous-mêmes y eux-mêmes^ elles-mêmes , o\i foi-mê-
me , félon le pronom qui eft devant , & le fens de la
phrafej furquoi , voye^ Pronoms. Exemples ; y> mi
fers moi-même ; tu te perds toi-mêm.e'^ il s' eft livré lui'
mêm^e ; elle s' eft trahie elle-même 5 nous nous égarons
nous-mêmes i vous vous décrie:^ vous-mêmes ; ils fe font
tort à eux-mêmes ; elles fe font juftice a elles-mêmes j
fe confoler foi-même ; onfefuffit a. foi-même , &c.
Il y en a aufli qui prennent avant eux la prépofition
en , comme , s'en aller , s'en retourner y s'en moquer : jt
m'en foucie peu , je m'en vas a Paris y &c. Cette prépo-
litioa eft-là pour marquer le lieu d'où l'on parc , la
chofe dont on fe moque , &c. plutôt que pour ajouta,
quelque chofe à la lignification réfléchie du verbe,
Conjugaifon d'un verbe réfléchi.
Indicatif Préfent. Je me repens , tu te repens , il 01
elle fe repenc ; nous nous repentons , vous vous rcpen
rtz , ils ou elles fe repentent.
Imparfait. Je me repencois , tu te rcpcntois , il ou qIU
fc rci CLHc it , &:c.
>R E F 519
: Prétint. Je me repentis ^ tu te repentis , H ou elle ih
T repentit j nous nous repentîmes, vous vous repentîtes ,
ils ou elles fe repentitent.
Prétérit imiéfini. Je me fuis repenti ou repentie , tu
t'es repenti ou repentie , il s'eft repenti , elle s'eft repen-
tie ; nous nous fommes repentis ou repenties , vous
vous êtes repentis ou repenties , ils fe font repentis,
elles fe font repenties.
Prétérit antérieur. Je me fus repenti ou repentie, tu te
fus repenti ou repentie , il fe fut repenti , qWq fe fut re-
pentie ; nous nous fûmes repentis ou repenties y vous
vous fûtes repentis ou repenties , ils fe furent repentis ,
elles fe furent repenties.
Pluf que parfait. Je m'etois repenti ou repentie , tu t'é-
tois repenti ou repentie , il s'étoit repenti ou elle s etoic
repentie i nous nous étions repentis ou repenties , vous
vous étiez repentis ou repenties , ils s'étoient repentis où
elles s'étoient repenties.
Futur. Je me repentirai , tu te repentiras , il ou elle fc
ï^'epentira , &c.
Futur pafé. Je me ferai repenti ou repentie , tu te fe-
ras repenti ou repentie , il fe lera repenti ou elle fe fera
repentie ; nous nous ferons repentis ou repenties , vous
vous ferez repentis ou repenties , ils fe feront repentis,
ou elles fe feront repenties.
Conditionnel pré fent. Je me repentirois , tu te repenti-
rois , &c.
Conditionnel pajfé. Je me ferois repenti ou repentie , tu
te ferois repenti ou repentie , il fe feroit repenti ou elle
fe feroit repentie ; nous nous ferions repentis ou repen-
ties y vous vous feriez repentis ou repenties , ils fe fe-
roient repenties ou elles fe feroient repenties. Ou pour le
, même temps. Je me fuife repenti ou repentie , tu te fuf-
fes repenti ou repentie , il fe fut repenti ou elle fe fut
repentie 5 nous nous fuffions repentis ou repenties , vous
vous fuffiex repentis ou repenties , ils fe fulfent repentis
ou elles fe fuffent repenties.
Impératif Préfent & futur. Pvepens-toi , qu'il ou
«qu'elle fe repente; repentons-nou?, repentez-vous, qu'ils
fc'« qu'elles fe repeùte'nt,
2F V
52Ô R E G K EL
Subjonctif Fréfent. Que je me repente, que tu te
repentes , &c.
Imparfait. Que je me repenti/Te , que tu te repentif*
fes , qu'il ou qu'elle fe repentît ; que nous nous repen-
tiflîons , que vous vous repentifliez, qu'ils ou qu'elles fe
repentifïent.
Prétérits Que je me fois repenti ou repentie , que tu
te fois repenti ou repentie , qu'il fe foit repenti ou qu'elle
fe foit repentie 5 que nous nous foyons repentis ou re-
penties , que vous vous foyez repentis ou repenties ,
qu'ils fe foient repentis on qu'elles fe foient repenties.
Plufqueparfait. Que je me fuiTe repenti ou repentie ,
que tu te fulfes repenti ou repentie , qu'il fe fût repenti
ou qu'elle fe fût repentie , que nous nous futfions re-
pentis ou repenties j que vous vous fuffiez repentis ou
repenties , qu'ils fe Aillent repentis ou qu'elles fe fuifent
repenties.
Infinitif Tréfent. Se repentir.
Trêtérit. S'être repenti ou repentie.
Panicipe préfent. Se repentant.
Participe Pajfé. S'étant repenti ou repentie.
Participe pajfif. Repenti , repentie.
Gérondif. En fe repentant ou le repentant.
Voye^ Conjugaison pour les temps que nous n*a^
vons pas donnés en entier.
RÉGIME. Voye:^ Objectif , Construction 5?
V article Particule,
RÉGULIERS. On appelle régulier ce qui eft en tout
conforme aux règles communes & générales , établies
pour les chofes de mcme nature. En Grammaire Fran-
çoife ce mot s'applique aux verbes fur-tout. Un verbe
régulier efl: celui qui fuit p(|ur la formation de fes mo-
des , tems , nombres , & perfonncs , les conjugaifons
générales : voye:( Conjugaison. Quant à ceux qui s'é-
cartent de ces règles communes : voye:^ Irréguliers.
RELIRE. Verbe adif , irrégulier, de la quatrième
conjugaifon , compofé de lire , fur lequel il forme fes
tems , & de la particule re , qui dans les mots compo-
fés exprime réitération , répétition. Relire fignifîe donc,
lire une féconde fois , de nouveau. J'ai lu Ù relu bien
•R E L REM jzi
des fois fes écrits , ils m* ont toujours fait un plaîjtr nou»
veau : voye\ Lire.
RELUIRE. Verbe neutre, irrégulier, de la quatrième
conjugaifon j compofé de luire ^ fur lequel il forme fes
tems , & de la particule re , qui marque qu'une chofc
cft répétée , eft faite de nouveau. L,uire fîgnifie briller,
jetter de l'éclat j reluire fignifîe jetter un éclat répété ,
réfléchi. Flus les furf aces d'un corps font polies y plus elles
relui fent.
Ce verbe s'emploie auflî au figuré. Tous les malheurs
qu'il a ejfuyés n'ont fervi qu'a faire reluire davantage fa
vertu , comme certains métaux qui , plus ils font frappés y
plus ils fe polijfent & gagnent d'éclat.
On dit proverbialement , tout ce qui reluit n eft pas or.
REMETTRE. Verbe adif , irréguiier , de la quatriè-
me conjugaifon, compofé de mettre fur lequel il fe con-
jugue , & de la particule réduplicacive re. Amii remettre
figuifie , mettre de nouveau 5 mettre une féconde fois au
même lieu une chofe qui en avoit été ôtée. Exemple :
Remette:^^ ce livre ou vous l'avei pris.
On fe fert fouvent du verbe remettre dans un fens
figure , comme lorfqu'on dit : Il eft remis par Arrêt dans
fes biens y fon honneur & fes droits.
Ce verbe a une infinité d'autres fignifications donc
nous allons donner quelques exemples. On dit , remettre
bien enfemble deux amis qui s'étoient brouillés pour figni-
fier les réconcilier. Remettre l'efprit à quelqu'un pour
dire le rafiurer.
Se remettre pour recouvrer fes forces , fà fortune.
Remettre quelque chofe à quelqu'un , c*eft-à-dire , la
lui rendre.
I Remettre la partie , lacaufe , pour fignifier la différer
à un autre jour.
Remettre de bon cœur les offenfès qu'on nous a fai-
tes , pour dire les pardonna*.
Se remettre quelque chofe , pour fignifier s'en fouve-
nir. Je me remets fon vifage : voye^ Mettre.
REMORDRE. Verbe adif , irrégulier , de la quatriè-
me conjugaifon , compofé de mordre fur lequel il fc
conjugue , & de la particule réduplicative re ; il fignifie
mordre de rechef. Il eft plus d'ufage au figuré : Cet EJ^
X iij
iti REM R E î^
cadron a êtéji mal mené qnil a été impoJfibU de le fatrà
remordre , pour dire , de le faire retourner a l'attaque.
Il efl: quelquefois neutre. La confcîence lui remord
~^^oye:( Mordre.
Participes. Remordant qui neft d'aucun ufage , rc-
mordu , remordue.
RÉMOUDRE. Verbe adif , irrégulier , de la qnatrie^
me conjugaifoii, compofé de moudre , fur lequel il f0
conjugue, & de la particule modificative rf , qui mar-
que qu'une chofe eft faite de nouveau. Ainfî rémoudre
iîgniiîe aiguifer de nouveau , une féconde fois , un fe»
fur une meule. Ce couteau ne coupe plus ^ il faut le ré"
moudre.
Participe pajfé : Rémoulu ; rémoulue.
RENAÎTRE. Verbe neutre , irrégulier , de la qua-
trième conjugaifon , compofé de naître fur lequel il fc
conjugue, & de la particule r^ , qui marque réitéra-
lion, Ainlî renaître lignifie naître de nouveau. Aujfi-tot
qu'on coupoit unf **« de l'Hydre de Leme y il en renaifi
foitfept autres. 1 ï.j cnaît au Printems. Mes ejhérances
commencent à renaître ^ 8cc. ^
RENDORMIR. Verbe irrégulier, de la féconde con-
jugaifon , compofé du verbe endormir^ & de la piépofi-,_
tion re, qui marque répétition d'une chofe. Ainfi rendor-
mir fignifie endormir de nouveau. Il eft ââ:ifjj'ai ren-*
dormi l'enfant.
Il eft aufli réciproque. Je me fuis rendormi.
Participe préfent. Rendormant.
Participe pajjé. Rendormi , rendormie.
Ce verbe fe conjugue comme dormir : voye:^ ce mot.
RENTRAIRE. Verbe adif , inégulier , de la qua-
trième conjugaifon , compofé de traire^ qui fipnifîe
tirer, fur lequel il fe conjugue , de la particule re , qui
marque qu'une chofe eft faite de nouveau , & de la pré-
pofition en ( dans ) qui fpécif e l'intérieur. Ainfi rentrai*
re fîgnific tirer de nouveau & en dedans y c'eft ce que
font , par exemple , les Tailleurs quand ils rejoignent
deux morceaux d'étoffes , en mettant les deux extrémi-
tés en dedans , afin que cela ne paroiile prefque pas re-
coufu. Voilà une couture bien rentraite. Mais ce verbe
n'çft guère ufitc qu'au préfent de l'infinitif. Le parti-
R E P" 525^
^ipc rentrait , rentraite , fe prend mieux fubflantive-
ment. On dit , voilh une rentraite fort bien faite.
REPARTIR. Verbe aa:if& neutre , irrégulier, de la
féconde conjugaifon , compofe départir & de ia prcpo-
iîtion irérative r^.
■ Ce verbe a deux fîgnifîcations. Quelquefois il iigniiîc
partir de nouveau 5 quelquefois répliquer , répondre,
,Oans ce fécond fcns il eft quelquefois aâ:if. Jl ne ma
■reparti que des injures , ou que par des injures.
■ Dans l'une & l'autre iîgnifîcation il fe conjugue com -
me le verbe (impie partir.
Ses participes font repartant , reparti , repartie. Ce
dernier eft quelquefois flibftantif & lignifie réplique ,
réponfe. Voila une keitreufe repartie : voye'^ Partir. '
Il ne faut pas confondre le verbe repartir avec répar-
tir ^ qui a un accent aigu fur l'c , &: qui fîgniiie diftri-
buer. Celui-ci fe conjugue différemment : voye:i^ l'arti-
cle fuivanr.
RÉPARTIR. Verbe adif de la féconde conjugaifon.
Il n'a pas de fimplc en François : mais il tire fon étymo-
logie du verbe latin repartiri j qui eft compofe de la
particule réduplicative re , 8c de partiri venant de pars y
qui fignifiep^rr , portion. Ainfi répartir £gni£e faire les
parts & les diftribuer.
Ce verbe eft régulier. Il ne faut pas le conjuguer fur
partir ^ dont il ne tire pas , comme on vient de voir,
fon origine , mais fur la féconde conjugaifon régulière..
yoye:( Conjugaison.
REPERDRE. Verbe adif , irrégulier , de la quatriè-
me conjugaifon , compofe de perdre , fur lequel il fe con-
jugue, & de la particule itérative re. Ainfi reperdre fî-
gnifie perdre une féconde fois. J'ai reperdu aujourd'hui
la montre que j'avois retrouvée. Il lignifie quelquefois
fimplement perdre après avoir gagné 5 je gagnois beau-^
coup _, & j'ai tout reperdu.
Participes. Reperdant, reperdu , reperdue.
RÉPÉTITION. Ceft une figure de diélion. Les.
Rhéteurs lui ont donné différents noms. Elle eft fort or-
dinaire dans le difcours de ceux qui parlent avec cha-
leur.
On nomme anapkorc la répétition d'un même mot:
Xiv
514 R E P !
qui recomftience une phrafe. C'eft ainfî qu'Hërodc s'anî- 1 1
me à faire périr Mariamne fon époufe ( Voltaire ).
Vous ferez répandu fang de mes ennemis ,
Sang des Afmonéens dans fes veines tranfmis ,
Sang qui me haïflez & que mon cœur décefte.
On appelle Epifiropke ou CompUxion la répétition
dans laquelle on finit par les mêmes paroles. Bourdaloue
l'emploie ainfî dans un de fes Sermons.
Tout l'univers eft rempli de l'efprit du monde y on ]\i-
ge félon Tefprit du monde. On agit & l'on fe gouverne
félon l'efprit du monde ; le dirai- je ? On voudroit même
fervir Dieu félon l'efprit du monde.
La Conduplicadon cft la répétition d*an mot , foit au
commencement , foit à la fin de la phrafe. Exemple :
Rompez , rompez , touc pacte avec Timpiécé.
( Joab dans Atlialie , Tragédie de Racine ).
M. Flécliier, dans l'Oraifon Funèbre de M. de Mon-
tauficr , dit : 3> Tombez, tombez , voiles importuns qui
M lui couvrez la vérité m.
La ConjonElion ell la répétition de la même conjonc-
tion qui lie tous les membres ou incifes d'une période.
Cette figure paroît multiplier les objets en les accumu-
lant. Exemple :
On égorge h. la fois les Enfants , les Vieillards y
Et la Soçur & le Frère,
Et la Fille & la Mère.
( Racine dAm Efiher ).
La Disjon^ion cft îa fupprclUon de ces liaifons. Par-
là le difcours acquiert plus de vivacité ; cette figure
fait mieux voir les objets en 1er, détachant. Exemple :
J'entre, le Peuple fuie , le Sacrifice ce ffc ,
Le Grand Prêtre vers nous s'avance avec fureur.
( Racine dans Athalie ).
R E P R E S ^if
REPLIQUE ou RÉFUTATION. Foye^ Disposi-
ITION 6'CONfI?.MATlON.
REPOS. Foyei Césure , Nombre Oratoire ,
Ponctuation. ^ , . sr
■ REPRENDRE. Verbe adif , réciproque , neutre ÔC
irrécrulier, de la quatrième conjugaifon , compote de
prendre , fur lequefil fe conjugue , & de la prepoficiGn
f réduplicative re. Il a plufieurs lignifications qu on peut
i néanmoins toujours rapporter à Ton fens propre qui elt
prendre de nouveau. Excepté lorfqu'il fignifie corriger ,
, réprimander quelqu'un. Il eft quelquefois réciproque,
t comme je me fuis repris. Quelquefois neutre. C^r arbre
\\reprend bien. . -r r^
' Ses participes font reprenant , repris , repritc. Ce
Bidernier eft quelquefois fubftantif : royq Prendre. ^
' RÉSOUDRE. Verbe adif , irrégulier , de la quatriè-
me conjugaifon , compofé de foudre , & de la particule
itérative re ; quoique cette particule femble ne riea
ajouter à fa fignification , qui dans le fonds elt la me-
' me & plus ufitée que cdle de /o^^û'r^. On àïl foudre OM
• ^Intot réfoudre un Prob'éme.
1 Le verbe fimple foudre fignifîe comme on peut le voir
au mot foudre , délier , dégager , développer -, réfoudre
■ conferve le même fens tant dans le propre que dans le
■ ^guré. A
Dans le propre , réfoudre un argument ; c'elt en oter
toutes les difficultés , les lever , Tune après l'autre.
Dans le figuré , réfoudre la paix ; c'eft oter tous les
: obftacles qui empêchoient de prendre ce parti la. ^
(j Réfoudre un homme a queLjue chofe ; c'eft le determi-
i ner , en combattant , en détruifant les raifons qui l'em-
i pêclîoientde prendre tel ou tel parti.
! On dit , un homme réfolu , une femme refolue , pour
dire un homme, une femme hardis qu'aucune coniide-
lation n'arrête j comme fi ils étoient en effet dégages de
toutes les chaînes de la politique , de la bicnfeancc , da
;:efpeâ: humain.
Participes. Réfolvant , réfolu, réfoIue. Refoudre a
encore un autre participe réfous , qui ne fe dit que des
chofes qui fe convertiiTent en d'autres. Un nuage rejous
en eau,.
5^^ R E s
Indicatif Préfent. le réCous , tu reTous, il léfout:
roès réfolvons , vous réfolvez , ils réfolvent. Impan
/dir. Je ré fol vois, &c. Prétérit. Je réfolus , &c. Fwrur
Je réfoudrai , &c. Conditionnel pré fent. Je réioudrois.
ImpÉratip. Réfous , qu'il réfoive , &c.
Subjonctif. Que je réfolvc , &c. Imparfait. Quej<
féroIufTe j &c. Les tems compofés fontrés^uliers.
Participe aBif. Réfolvant. Participe paffif. Réfolu
réfolue , quand ce verbe fignifie décider , déterminer 5 6
irefous, qui n'a point de féminin , quand il fignifie ré-
duire , changer en quelqu'autre chofe,
RESSORTIR. Verbe neutre , irrégulier , de la fecon
^econjugaifon, compofé àcfortir , de de la prépofitioi
itérative re.
Ce verbe a deux fignifîcations.
I**. Il fignifie fortir de nouveau. M. qui était entré ^i
ny a qu'un infiant , vient de rejfortir. Dans cette fignifil
cation il fe conjugue comme le verbe fimple y^rrir : wyf.
ce verbe à fon article.
1". Refiortir fignifie aufli être de la dépendance ^ di
refibrt de quelqu'un. Il femble venir alors du verb
latin fortiri , tirer au fort, partager. Telle Caufe , tell
Junfdiclion reffortit au Parlement ou rejfortit du Parle'
ment , comme fi l'on difoit , eft du partage du Parlement
Bans cetre fignification il fe conjugue de la manier
fuivante.
Indicatif Pré Cent, Je rclTortis, tu refibrtis , il reflor:
tit ; nous refiortilfons , vous reifortificz , ils rcfibrtiiTent
Imparfait. Je refibrtifibis , &c. Futur. Je refibrtirai
&c. Conditionnel pré fent. Je rcfibrtiroîs.
Impératif. Qu'il refibrtilfe , &c.
Sltbjonctif Pré fent. Que je rcflbrtifle , que tu rc(-
fortifies j qu'il refibrti fie i que nous relfortilfions , qiw
vous refibrtifTicz , qu'ils refibrtiffent.
Imparfait, Que je refibrtîfic , que tu refibrtîfi^es, qu'i
rcffortît 5 que nous rclfortiirions, que vous reflbrtîfliez,
qu'ils refifortiflent. P lu fque parfait. Que j'euiTe refforti .
&c.
Participes. Refibrtifiant , refibrti indéclinables.
Des tems de ce verbe il n'y a guère que le préfent ,
l'imparfait & le futur de l'indicatif, l'imparfait & 'fc
plufqueparftit du fubjoiiaif qui foiciu d'ufage.
R E T 3^7
RETICENCE. Figure de Rhétorique propre aux paf-
,ons Par cette figure l'Orateur s'interrompt lui-même
a milieu de fon difcours, ëc pafTe fubitement a d'au-
■es chofes ; enforte que ce qu'il a dit laillc fuftilam-
lent entrevoir ce qu'il afFede de fuppnmer On l'em-
ioie fouvent dans la colère. C'eft ainfi qu'Athalie parie,'
Joab lorfqu'elle lui demande Eliacim , & les trelors
u'elle croie cachés dans le Temple.
Je devrois fur l'Autel gÙ ta main facrifie ,
Te . . . mais du prix qu'on m'oftire il faut me contenter ,
Ce que tu mas promii fonge à l'exécuter.
On l'emploie encore quand on ne veut que laifTer
Dupconner les chofes. Ceft ainfi qu'Aricie dans Phèdre,
cenè III , Ade V , hilTe foupçonner à Théfée qu'Hyp-
olite eft la vidime de la calomnie.
Prenez garde , Seigneur , vos invincibles mains
Ont de monftres fans nombre affranchi les humains ,
Mais tout n'efl: pas détruit , cC vous en laifïez vivre
Un. . . Votre fils , Seigneur , me défend de pourfuivscr.
On ne doit employer cette figure que dans les occa-
ions importantes.
RETORDRE. Verbe adif, irrégulier, de la quatrie-
ne conjugaifon , compofé de tordre fur lequel il Ce. con-
ugue, & de la particule réduplicative re. Ainfi retordre
ignifie tordre une féconde fois. Cette corde s'efi défaite ,
dfaut la retordre. Retordre du fil , c'eft tordre enfemble
vrois fils déjà tors; ce qui eft plus difficile.'De-là ce pro-
verbe , donner du fil a retordre a quelqu'un; pour dire, lui
"ufciter bien des embarras , bien des affaires.
Participe préfent. Retordant , indéclinable.
Participe pajfé. Retordu , retordue. C'eft avec ce der-
lier que fe forment lestems compofés.
On dit auffi retors , retorfe , mais on peut le confîderer
:omme fimple adjedif. Au figuré on dit d'un homme
5ui eft fin , rufé , fubtil , adroit s que; c'eft un homme
'et ors.
REVALOIR. Verbe adif ,'irréguîier , de la troifieme
ronjugaifon , corapofé de valoir fur lequel il fe couju-
jiS R E V
giic , & de la prépofîcion réduplicativc re. Il fignL^c ft
vanger , rendre la pareille -.je Lui revaudrai cela. On s'ei
fert le plus fouvenc en mauvaife part.
Participes. Revalant , revalu , revalue.
REVÊTIR. Verbe adif , réciproque , & irrégulicr d-
la féconde conjugaifon , compofé de -vêtir fur lequel i
fe conjugue, & de la particule réduplicative re qui mar
que répétition. Ainfi revêtir fignifie vêtir de nouveau
mettre ou donner des habits de nouveau ; quitter ceu
dont on eft vêtu pour en prendre d'autres ; faire quit
ter à quelqu'un ceux qu'il a pour lui en donner d'au
très ; en mettre par-dertus ceux qu'on a déjà j comm
lorfqu'aux habits qu'on pouce ordinairement on en ajout
d'autres qui décorent, qui font des marques de dignitt
Il faut vous revêtir ^ c'eft-à-dire, quitter czs habits dor
vous êtes vêtu , & en prendre d'auires. Ce pauvre vou
bénira , [i vous le revête^ 5 c'eft-à'dire , fi vous lui don
nez d'autres habits. On revêtit le Roi de fes habit
Royaux > c*eft-à-dire ^ on ajouta aux habits qu'il avo:
déjà ceux de fa dignité Royale.
participe pré fent. Revêtant.
Participe pajfé. Revêtu , revêtue.
Ou fe fert de revêtu en parlant des qualités eftimabic
de l'ame. Cette perfonne e fi revêtue de toutes les qualitt
aimables : voye[ Vêtir.
REVIVRE. Verbe neutre , irrégulie-i- ^ de la quatrié
me conjugaifon , compofé de vivre fur lequel il fc cor
jugue, & de la prépofîtion réduplicative re. Il (ignifî
donc , au fens propre , vivre de nouveau , une fécond
fois , revenir à la vie.
Au figuré il fîgnifîc être réparé , rétabli dans fon éta
primitif, dans (on premier crédit.
Le Printems fait revivre la nature , c'efl-à-dire , Id
rend cette beauté , cet éclat , cette parure fans lefquell
les elle nous paroît inanimée.
On remploie comme on voit pour marquer le réta
bliflement des chofcs qui étoient comme mortes à no
yeux. Le Roi a fait revivre telle Charge , telle Loi , pou
dire, les a remifes en vigueur. Les pères revivent dan^
leurs, enfans 3 parccque Iciirs enfans font une portio!
d'eux-mêmes, 1
R E V R H É r-3
Vanicîpe préfent. Revivant , revivante ; nullement
Ité. Participe pajfé. Revécu, revécue 3 point ujité ^ au
loins comme participe.
REVOIR. Verbe adif ;> irrcgulier ^ de la quatrième
înjugaifon, compofé de vo/>fur lequel il Ce conjugue,
: de la particule re , qui dans la compoiuion déiîgue
■ujours réitération, Ainli revoir veut dire voir ou exa-
miner de nouveau, une féconde fois. Je vcus reverrai le
'utôt que je pourrai. Il faut revoir ce manufcrit, Tenei^
->us en a Jon avis , après lui il n'y a rien a revoir.
L'infinitif revoir fe prend quelquefois fubftantive-
lent comme plufieurs autres infinitifs, Aûi£u , jufquûii
voir. On dit en termes de challe revoir a un cerf ^ pour
ire examiner qu'elle eft fa force, ce que l'on connoîc
rincipalement par le pied.
RHÉTORIQUE. La Grammaire donne des règles
our écrire & parler corredement 3 h Rhétorique en
onne pour bien dire ; elle fournit à l'Orateur des prîn-
ipes pour parler de chaque chofe d'une manière conve-
able. Ces principes ne font autre chofe que des obfer-
ations judicieufes, faites par des hommes de goût Se
'unefprit juife, furies difcours des meilleurs Orateurs;
bfervations qu'on a enfuite rédigées par ordre , & léu-
ies fous de certains chefs.
L'ufage & la pratique ont précédé toutes les Sciences
: tous les Arts j mais ceux-ci ont enfuite perfedionné
a pratique.
La théorie , il efl: vrai, fuppofe toujours le génie,
vile ne le crée point : mais elle le dirige , elle lui mon-
tre les défauts qu'il doit éviter , les beautés qu'il peut
miter & qu'il doit s'efforcer ou d'égaler ou de furpaifer.
•A\t fait entrevoir comment l'Art en écoutant la Nature,
n fe réglant fur elle, & en lui prêtant fon fecours, peut
atteindre à la perfedion.
Ainfi la Rhétorique ne donne point l'éloquence : elle
e contente de montrer de loin la route qui y mené ;
'efl: au goût à indiquer le fl:yle qui convient à tel ou tel
ujet. Mais ce goût fe forme par les préceptes & par les
xeniples , &: s'accoutume à difcerner le bon d'avec le
nauvais. Oïï voit par-là quelle eft l'union intime Se
)éceflaire de l'art & du goût, La Rhétorique forme le
I
> 350 R H É
goût ; & le goût infpire ce que la Rhétorique ne peu
cnfeigner : voye-:^ GouT , Style.
On divife communément la Rhétorique en trois pa;
ties , favoir ; l'Invention , la Difpofition & l'Elocution. '
On peut établir cette divilîon d'une manière facile c
réduifant toutes les matières a certains chefs.
Il faut confîdérer que tout homme, dans un difcour;
propofe de faire ce qui l'intéreile lui-même ou qui ir
térelfe l'Auditeur ; ou bien qu'il ne propofe rien a faire
mais quelque chofe à connoitre comme digne de louao
ge ou de blâme. Cela fait: trois genres de caufes qu'o
nomm«e hypothefes , & qu'on diftingue de ce qu'on af
pelle Thefe.
La Thefe eft une queftion dépouillée de toutes fes cil
confiances , comme quand on demande fi la Paix e
préférable a la Guerre.
Vkypotkefe eft une queftion fur un fait particulier ac
compagne de toutes fes circonftances , de icms , d
lieux , des perfonnes & autres femblables ; par exeir
pie , lequel eji le plus grand de Salomonfur Te trône , ou a
^ Job fur fan fumier.
On admet troi> fortes d'hypothefcs : i^. L^iJudiciait
ou il s'agit de la juftice ou de l'injuftice d'une chof-
faite. 2 °. La Délibération où il s'agit de confeiiler ou d
diffuader l'Auditeur de faire une chofe, comme bonn
ou mauvaife , utile ou nuifible , agréable ou défagréa
ble. 5°. La Démonflrative où Ton donne a connoîtrc le
bonnes ou les mauvaifes qualités du fujet que l'on trait
pour le louer ou le blâmer. Ce font-la les trois genre
de caufes ou d'hypothefcs qui compofent tous les dif
cours Oratoires.
L'Orateur ne traite gueres les thefes qu'en faveur de
hypothefes ; celles-ci y fervent d'amplification 3c mêmi
de principes. Ainfi cette idée qu'/V eft plus glorieux d<
porter la mauvaife fortune avec confiance , que de por
ter la plus belle conronne , fcrviroit à décider la quef
tion propofée dans la comparaifon de Job & de Salo-
mon. Au refte : voye\ Méthode.
Il eft donc aifé préfcntemcnt de déterminer les partie
de la Rhétorique \ car quelque fujct que l'Orateur ait «i
traiter , il faut d'abord qu'il cherche lc§ moyens de prt*
RIE R ï M ^5î'
' aJer ce qu'il avance ; voilà ^invention ; en fui te il faut
l'iî donne un ordre aux moyens qu'il a jugés con-
;nables : voilà la difpofition. Il faut enfin qu'il faclic
:xpiimercorreâ:emcnc , & énoncer chaque cnofe félon
nature , Ton importance ou fa dignité , voilà Vélocu^
m. Voyei Invention , Disposition , Elocution,'
i Style.
Nous ne comprenons point dans cette divifion ^ la
lémoire , la voix & le gefte ; ce font plutôt des quali-
s de l'Orateur que des parties de la Rhétorique : voyeij^
'ECLAMATION.
RIEN, eft un des pronoms pour la troifieme perfon-
c , il eft aufTi fubftantif. La nature de cette différence
ifcntielle eft développée au mot Pronoms.
Rien , figure encore parmi les pronoms : voye^j^ Ibid.
RIME. La rime n'eft autre cnofe qu'un même Coi\
lace à la fin des mots qui terminent les vers : mais.
:s mots doivent être différents , au moins quant à la
gnifîcation.
On a beaucoup difcuté fî la rime eft une fource de
leautés ou de défauts dans les vers. Les uns préten-
lent que c'eft une pratique barbare qui entraîne avec
'lie une monotonie infoutenable , les autres n'y trou-
ent qu'une confonance qui charme l'oreille , & qui
II: ailez, variée , non-feulement par le mélange des ri-
nes mafculines &c féminines , mais aufïi par le grand
[lombre des différents fons que la langue nous fournie
l'our les unes & pour les autres.
; Selon les premiers , la rime a contre elle jufqu'à Ton
jirigine : fl elle étoit un agrément , eft-il vraifemblablc
^[ue les anciens Grecs & Romains fi foigneux d'orner leur
-angue de tout ce cjui pouvoit l'embellir , & fi libres
le la plier à leur gré , l'eufient négligée î Eft-il croya-
)le que ces Peuples groflîers & barbares de qui nous
'avons reçue , ces déftrudeurs farouches des Arts &
les Sciences , qui inondèrent l'Europe vers le dixième
lecle , aient eu feuls le bonheur 3c le talent de la
rouver ?
Selon les féconds , quelque foit l^origine de la rime ,'
es beautés qu'elle fournit ne pourroicnt être contre-
balancées que par la monotonie. Les Italiens 3c les £{^
53i R I M
|)agnoIs n'ayant prefque point de termînaifons qui nt
finirent par une voyelle proprement dite , feront , £
l'on veut , dans le cas du reproche , mais les mots Fran
çois fînilîant fouvent par ces mcmes voyelles modifiée;
& diverHiiées par les diiférentes confonnes , nous avon;
de ce côté-là une riclielTe qui empêche cette chute mo-
notone qu'on voudroit nous reprocher. Tout ce qu<
J'en peut dire fur les avantages & la néceiTiué de la ri-
me dans les vers François , eft fupérieurement traiti
dans la Poétique de M. de Voltaire ^ od nous renvoyon
nos Ledeurs.
Entre les règles que nous allons doimcr fur les ri
mes , les unes les regardent en général j d'autres ne Ton
que pour les rimes mafculines ^ 8c d'autres pour les
féminines.
Règles générales de la Rime;
Première Règle,
L'orthographe différente ne rend point la rime défec
tueufe , quand le fon eft le même à la fin des mots. Ain:
ks rimes fuivantes font régulières.
amant déparc fang comte repos confumé
moment hazard flanc compte animaux j'allumai
même croître engagé
aime hêtre j'ai
Tout confpire à la fois à troubler mon repos ,
Et c'elt encore ici le moindre de mes mutix
ÇjPefpréaux ).
Cependant il faut remarquer, i°. que les mots termi
nés par un j, par un x y ou par un :j^, ne riment poin
avec ceux qui n'auroient aucune de ces trois lettres
ainfi étables nt rime ^oint avec préfentable. Paix rim
avec jamais , loix avec Rois. i° . Que les mots terminé
en er demandent encore la même terminaifon, quoiqil
Je r ne fe prononce pas. Ainli avec danger , il faut proté
fier ^ protégé ne rimeroit pas. 5". Que les troiliemes per;
fcnnes des verbes tcrminécti en ent ou oient demandeni
encoi:
R I M ^33^
encore les mêmes terminaifons pour la rime : difent n©
inment pas avec méprifc ; il faut méprifcnt. Qno'\(\\ML fang
Irime zn ce flanc , ils ne rimeroienr niTun ni i'auae ave»-
les mots terminés par un t , ni avec ceux terminés paç
un s , à moins que dans ce dernier cas , eux-mêmes ne
jt-uifcnt au pluriel : ain(î moment, amant ne riment point
\3.\ ce fangj flanc , Sec. mais momens , amans , rimeroienc
i\' ce flancs , rangs. On eft plus libre pour ceux en d ^
coir.me grand ^ parceque cette lettre a plus d'analo^i*
avec le t : moment : fang : flanc,
grand : grand : grand.
Seconde Règle.
Un même mot répété à la fin de deux vers ne £âi5
pomt rime, quaud la fîgnification efl la même.
La faveur ne l'élevé point ,
La difgrace ne l'abat point.
Ces deux vers ne peuvent rimer. De bons Auteurs f«
permettent cependant la répétition de quelques demi
iuots, quand ils font comme liés ôc unis à d'autres
ccnucs.
Aimant beaucoup , trop peut-être , que fais jex
Donaei les.moi , dit-il ; aufli ferai-;f.
( Benferade ),
Troîfieme Règle.
Un même mot forme une bonne rime , quand il a dos
iigniiîcations différentes.
Tel que vous me voyez , Monfieur , ici préfcnt ,
M'a d'un fort grand ibufîiecfaic un petit fréfent.
Racine,
Mais je foutiens ne pcutrim'er 3.vcc des Jo ut iens^ û ces
mots font pris dans leur fign incation naturelle , cuoicue
l'un foit verbe ^ & l'autre fubftannf.
Quatrième Règle.
Le fimplc ne rime poijji: avec fan compofé , à moins
Tom€ II. Y"
^J54 R I M
,que l'un n-e Coït pris dans une fignifîdatioïi naturelle , ^
l'antre dans une fîgnifîcation figurée. Ainli on doitrcjct-
ter les rimes fuivantes.
amî écrire voir ordre mettre faire
emiemi foitfcrire prévoir défordre icnicttre déi^ir<
battre marquer
combattre remarquer , &c.
Cependant les meilleurs Ecrivains fe permettent fanî
fcrupule la rime àc jours avecroï/yoMr^.RoufTeaUjlui-mê
me , le plus févere de tous nos Poètes pour la rime , ïi
ibuvent employée.
Je difois à la nuit fombre ,
O nuit , tu vas dans ton ombre
M'enfevelir pour tonjottrs l
Je redifois à l'aurore ,
Le jour que tu fais éclore
Eft le dernier de mes jours,
La Rime de terns avec printems efl encore une de c€m
'exceptions que rufagefemblc faire à la règle.
Cinquième Règle.
La rime du fimple au compofé efl: reçue, lorfqu'il
ont des figni^cations différentes , comme ,
garde luftre fait fort arme courir Dieu
regarde illuflre parfait effort allarme fecourir Adieu
faite donner gage mande prendre
défaite pardonner engage commande méprendre
prendre fource traits tour voir coup
Surprendre rellource attraits retour pourvoir beaucoup
La Satyre ne fert qu'à rendre un Fat illulhc :
C'ell une ombre au tableau qui lui donne du lu/Ire.
BoUcaii»
Sixième Règle,
ia rime dçs difFcrçiks compofés d'un même yçrbç os
R 1 M 33 j'
îes déiives d'une même racine eft reçue. II faut pour-
:ant que dans l'ufage ils aient des fignifîcations afTez
éloignées , quoiqu'on n'y regarde pas d'aulTi près que
orfqu'il s'agic du fîmple avec le compofé. Ainlî on peut
faire rimer :
, abbarcre piomettte défait recourir
, combattre permettre fatisfaic fecourir , &c:
;' L'amour nous tira du cahos ,
Il pourroit bien nous y remettre j
Mais il ne le faut pas permettre.
SarraJtTtt
Septième Règle.
Les vers de dix ou de douze fyllabes ne doivent point
rimer avec leur iiémifticlie , ni avec celui du vers qui
es précède ou les fuit immédiatement.
Huitième Régie,
Dans les pièces régulières où les vers confervent une
iiarche conftante, une même rime ne peut revenir qu'il
l'y ait au moins fix vers intermédiaires. Telle eft celle
yaon voit dans l'exemple fuivant tiré du grand Corneiliç»
It quelle impiété de haïr un Epoux »
Pour avo r bien fervi les (îens , l'Etat , & veus !
Aimer un bras fouillé du fang de tous mes frères i
N'aimer pas un mari qui finit nos miferes !
Sire , délivrez-moi par un heureux trépas ,
Des crimes de l'aimer & de ne l'aimer pas.
J'en nommerai l'Arrêt , une faveur bien grande :
Ma main peut m.e donner ce que je vous demande ;
Mais ce trépas enfin me fera bien plus doux j
Si je puis de fa honte affranchir mon Ejjoux.
j On diftingue la rime mafcuiine & \z féminine. Oïi
j'appelle féminine lorfque la dernière voyelle des mots
]ui la compofcnt eft un e muet , foit qu'il y ait des con^
bnnes après, comme conquêtes^ tempêtes , charment,
Yij
33^ R I M
dé [arment , foit qu'il n'y en ait point comme gloire j vic^
îoire.
La rime eft mafculine , lorfque la dernière voyelle
eft autre qu'un e muet, comme viciorieux ^ glorieux,
beauté j fierté , dejîr , foupir , charmoient ^ aimoient.
Dans ces mots charmoient , aimoient^ & autres fembla-
bles , la rime ell mafculine , quoiqu'il y ait un e muet à
la fin ' la raifon en eft que cet e n'eft placé dans ces bc-
cafions que pour l'orthographe , & qu'on n'y a abfolu-
ment aucun égard dans la prononciation C'eft de cette
divilîon des rimes, que vient celle des vers mafculins &
fémmins.
Ces rimes tant mafculines que féminines peuvent être-
ou riches ou (\m^\Qmç.v\z fujjijantes.
On appelle rime riche ou heureufe celle qui eft for-
riée par la plus grande uniformité entre les fons. Celle
qui n'a rjen de plus que les fons effentiels, s'appelle
rime fuffifante.
En général la rime mafculine eft fuffifanre lorfque
la dernière voyelle des mots avec tout ce qui la fuu y
rend un même fon 3 comme
éclatant defirs efpofr '
triomphant foupirs dévoie
La rime mafculine eft riche , lorfqu'immédiatement
devant la dernière voyelle ou diphtongue , il fe trouve
quelque lettre femblable dans les deux mots 3 comme
éclatant défit
conftant plaiûr
La rime féminine eft fufiîfante , quand la pénultième
voyelle ou diphtongue avec tout ce qui la fuit rend le
même fon 3 comme
éclatantes rcbc'.L-
triomphantes inHdelîc , '
La rime féminine eft riche lorfqu'immédiatement
■daya»c la pénukicmc voyelle ou diphtongue , il y a j
RIM '557;
3nc liiêmc lettre dans les deux mots j comme
vidoire ifabe'le mê'ée
hiftoiré rébelie r^'glée
Règles pour la Rime IvIAsculine*
Il fa.ur obferver d'abord que la voyelle ou dîpliton-
.gue d'cù l'or^ prend la rime , & fur laquelle elle cil: ap-
ipuyée , s'appelle appui. On voit par-là que Tappui , qui
dans la. rime féminine fe trouve toujours dans la pé-
nu! ieme fyllabe des mots , fe prend dans la dernière des
rimes mafculines.
Première Reg'e.
La rime mafculine doit necefTairement être riche j;
jlorfque' Ton appui eft une (impie voyelle qui n'eft
i fui vie d'aucune autre lettre dans le même mot : de forte
qu'il pafle pour maxime que dans la Poéfie Françoife il
n'cfl: point de rime à une feule lettre^ ti'mfi charmé ne
r:me pas 2YQc forcé j ennemi avec ajfervi ^ vertu sycc dé-
fendu , il par/a avec il aima y mais il faudroit j par
exemple , il parla , il troubla , charmé , formé , ennemi ^
f.fermi , vertu , abattu , où l'on voit que la confonne
-qui précède la voyelle finale ell: la même j c'ell; ce que
quelques-uns appellent rimes par confonnes.
Seconde Règle,
ÎI faut encore employer la rime riche , lorfque l'ap-
pui n'eft qu'une fimple voyelle ou une des diphtongues
qui n'ont que le fon d'une voyelle , & que cet appui
n'eft fuivi que d'une confonne muette à la fin des mots
comme du j ou du:j; qui diftinguent les deux nombres,
ou du r dans les infinitifs , ainfi les rimes fuivaRtes
Ibnt fauffes. Forcés , charmés ^ charmer ^ forcer , connus ,
confus , foucis , Paris,
Cependant les Poètes fe permettent a/Iez fouvent ces
fortes de rimes.
Le n gras avec le n dur , ou le / mouillé avec le /na-
turel dans les infinitifs & dans les participes , font en-
core des rim.es autorifées par les Poètes , quoique les
Yi.i
33^ K I M
Grammairiens les traitent de licences ; comit-é J
régner brrlier g^gnc
couronner exiler donné
Au bourde l'Univers va , cours te confiner ,
Et fais place à des cœurs plus dignes de régner.
Racïni
Troijteme Règle.
Toutes les diphtongues ou triphtongues qui ont ut
fon compofé de celui de deux ou trois voyelles ^ rimenj.
fort bien enfemble 3 encore que les rimes ne foient pas
riches j comme
nouveau ennui efiFroi adieu
ridea,u appui prévoi milieu , êcc^
Ce que je fouffre cède à ce que je prévoi.
Et d'un trifte avenir l'impitoyable eiFroi
Me déchire à force d'allarmes.
Corneille^
Quatrième Règle.
Lorfqu'une ou phifieurs confonnes de ceîlcs qui fè
font entendre à la fia d'un mot , foutienncnt l'appui , ^
le fuivent , la rime eft bonne tans être riche 3 comme
tribuna!
lai^uir
falut état
cercueil
douceur
égal
foupir
rebut fenat
pouvoir
efpoir , &c.
orgueuil
péchcuï
Cinquième Règle. >
Les monofyllabes ont le privilège de rimer fort librei
ment entr'eux , ou avec des mots de plusieurs fyllabcs ;
ils font reçus lors même qu'ils ne forment que des rimes
à une feule lettre 3 il faut cependant en exccprcr ceux
qui fini/fent par un e fermé ou par une diphtongue du
même fon 3 ainiî ]ai ne rime pas avec beauté. Mais l*1k
règle a lieu pour toutes les autres voyelles^
RlM 53?
Un RofTignol difputa ,
Sur .uc , re , mi , fa , fol , la.
( VoïtHfe ).
Tu peux voir fans frayeur les crimes de mes fils y
Après ceux que le ^^ere & la mère ont commis.
( Racine)"
un Laquais manque-t-îl à rendre un verre net f
Condamnez- le à l'amende , ou s'il le cafle , an fouet,"
{ Le même )<.
Qusn.i je vois le Japon , . . . Quand aura-t-il tout vm f . .2
Ch ! Pourquoi celui-là ra'a-t il interrompu ?
( Le même)'
Dcfquelles celle du milieu ^
Efl brûlante comme du feu,
IRicher),
îl faut cependant encore remarquer fur cette règle ^
ciue les Auteurs ufent moins de ce privilège , aufTi bien
vie d^s rimes qui ne font que fuffifantes , quand il.
T'acrit de terminaifons qui fourniffent beaucoup de ri-
iic's Ainfi ils fe permettent rarement de faire rimer
ynoment avec content 5 jamais ils n emploient la rime de
dangereux avec harmonieux.
Sixième Règle.
Les ê fermés , & les e ouverts ne riment point; ainfi,
par exemple ,/cv^r ne riment point régulièrement avec
fier. Racine a pourtant employé cette rime dans ks vers
iuivants , tirés de la Tragédie de Mithndate.
Attaquons.dans leurs murs ces Conquérants fi £ers ;
Qu'ils tremblent à leur tour pour leurs propres foyersV
Remarquez que ïé dans tous les infinitifs eftfef-
r^é lorfque le r ne s'y fait point fentir , c elt-a-dire ^
bifqu'il n'y a point de voyelle qui fuive. Amk CCS-^
Jeux vers de la Bérénice de Racine ^
que
340 R I M
Songez y bîen , Madame, & fi je vous fuis cher . il .'
Venez , Prince , venez , je vous ai fait cheréber.
ce font pas réguliers peur la rime , parceque Ve s'ouvre
dans ïa(\}zô:\fcher:
n en cf> de même des diphtongues qui ont le Ton de
ces deux efpeces dV, & des fyllabes longues avec les
brèves, Aînli^^^jf/i- ne rime point avec <7r^fj , ni entrés
avec attraits ^ ni Sa/dat avec degût. Quelques Auteurs
étendent cette régie jufque fur ia rime des e m.édiocres
avec ïe ouvert ; Se rejettent en conféquence les rimes de
fecret avec intérêt. Mais les Poètes fe foumettent diffici-
lement à tant de févérité , fur-tout û les mots qui iinif-
fent l'un par un e médiocre & l'autre par un e ouvert ,
font au pluriel.
Doux KofÏÏgno's , Hîvîns Rois des forets^
Mêlez vos voix â ines foibles rcgref.r.
Sarafn.
Règles pour, la Rime féminine.
Dans les rimes féminines , l'appui fc prend dès la pé-
nultième voyelle ou diphtongue du vers , parceque la
<lerniere fyllabe ne portant qu'un e muet, elle rend un
fon fi foible que l'oreille le diftingue à peine 5 d'où il
arrive que la pénultième dans l'écriture eft en quelque
forte là dernière dans la prononciation. '
Première Règle,
En général la rime féminine eft bonne , quand en re-
tranchant le dernier e muet & tout ce qui le fuit, ce qui
refte , fait une bonne rime mafculine ; autrement la ri-
me féminine fera fauHc ou un peu libre. Ainfi ha^^ar"
dent , rer.a^dent , foupirent , défirent , feront hafard , re^
gqrd ,foupir y dejîr y qui font de bonnes rimes mafculi-
Jies : au lieu que armée , domptée , ne feront pas reçues ,
parceque armé ^ dompté.^ qui en fcroient formés, ne
ionneroicntpas des rimes mafculines fuffifantes.
R I M Ht
Seconde Règle,
LotTque l'appui n'eft qu'u'^e fîmple voyelle^ & qu'en»-'
:re zWç. & Ye muet il ne fe trouve aucune confonne ,
je forte que cet appui le précède immédiatement , il
'aut alors employer la rime riche : cette rcgle regarde
es trois terminai fons ée , ie , ue ^ eue :, cz leu's pluriels >
linfî dans ces trois fortes de terminaifons , il faut rimer
)ar les confonnes , comme ^
frap-pce enne nire con-nue
trem-pée infa-rnie ve-nue
Voilà la règle ; mais le fréquent ufage des Poètes j
cmble déroger pour les deux terminaifons en ie de en
ue ou ue.
■ ,r
Mon efprit généreux ne haït pas tant la vie ,
Qu'il en veuille fottir par une perfidie.
Corneilles
Le Paon foupcfc avet la Grue >
Et comme il fe vantoic pendant tout le repas ,
Elle lui répondit , fans en paioître émue :
Vous le portez bien haut , mais vous volez b:en haS»'
( Ronfard ),
Troîjieme Règle.
Si la diphtongue //fe trouve à l'endroit de l'appui de*
'ant les mêmes confonnes que celles qui fuivent Ve ou-
ert , médiocre, ou fermé , ou la diphtongue ai dans un
utre mot , alors les deux mots peuvent rimer j comm.e,
père tensirefle cède
première nièce tiède , ^c.
Prit înfenfiblement dans les yeux de fa nîece ,
L'amour où je voulois amener fa tendrejje.
( Racine ).
Quatrième Règle.
La voyelle i 8c h diphtongue ui riment enfcmble ,
542^ R I M
quand elles fervent d'appui , & qu'elles ont les mcm::.
confonnes après elles , comme dans
vivre évite fatyre chapitre
fuivre pourfuite féduire hukre
Et ne fauroic foufFrir qu'une phrafe infipide ,
Vienne à la fin du vers remplir la place mide.
Boilcaiî.
Cinquième Règle.
La pénultième qui porte un e long , ne rime point
avec celle qui porte un e bref ', il faut dire la même
chofe des diphtongues qui fe prononcent comme un e j
amiî
bète tempête maître
/ herbette trompette permettre , ôcc.
font des rimes fauffcs. Cependant bien des Auteurs fe le!
permettent.
Vous montrez bien par votre lettre ,
Que vous m*avez écrie en maître.
* ( Voiture }.
XJn "Efcadron coefFc d'abord court à fon aide ,
L'une chauffe un bouillon , l'autre apporte un remède^
( Boilcaii );
Son choix à votre nom n'imprime point de taches j^
Son amitié n'cft point le partage des lâches.
(Racine),
ParJonne à mon amour cette indigne foi il cjfe 'y
Tu voudrois fuir en vain j Cinua > je te confejfe. , . -
( Cor veille).
Il y a fur les rimes bien d'autres obfei-vations à fai-
re : mais le détail en cfl: inHni ; & d'ailleurs ceujc qui
connoîtront bien toutes les règles & les variations de'
l'orthographe , la profodie &C\:\. prononciation de la.
Langue , & la lignification précifc des mots qu'on em-[
pioie , pGutiont ^ifcn)ent y fuppiccr par «ux-mcjtaes^
R I M 54^
jjr~tout en s'occupant beaucoup de la lecture des bons
Poètes.
Les rimes , foit riches ou Tuffifantcs , foit mafculi-
Tes ou féminines , prennent quelquefois des noms dif-
"cicns , félon leur arrangem.ent , cojnme rimes fuivies
DU plates , rimes croifces , rimes mêlées y Sec. voye^ Ar-
rangement DES VERS. Elles en ont encore d'autres
'elon les rapports qu'on leur trouve avec d'autres mots
iu même vers ou des vers fuivants : mais nous ne
tarions de celles-ci que pour ne rien laifTer à defircr
ians notre article ; car elles ne font plus en ufage &
le fe trouvent que dans nos vieux Poètes. Le bon goût
!i banni la gène & l'affedration puérile des mêmes fons
V^pétés plufieurs fois fans autre mérite que la difficulté.
iLes principales de ces rimes vieilles font la Kirielle ,
fa Batelée ^ la Fraternifée ^ la Senée , la Brifée , VEm^
ver: ère ^ VAnnexée , X Enchaînée , V Equivoque ^ la Cou^
'onnée.
La rime Kirielle confifte à répéter un même vers à la
^n de chaque couplet j comme.
Qui voudra favoir la pratique
De cette rime juridique i
Je dis que bien mife en. effet , .
le \melle ainfi fe fait»
De plates de Tyllabes huit ,
Ufez en donc , fi bien vous duitî
Pour faire le couplet parfait ,
Le l^irielle ainfi fe fait.
( Gratîcn du Vont >.
Pour la rime Batelée , il faut que le repos du vers qui
fuit rime avec le vers précédent 5 comme *
Quand Neprunus , puiflanc Ditu de la Mer ^^
CeiTa à' armer Caraques Se Calées j.
Les Gallicans bien le durent aimer ,
It réclamer fçs grands Ondes falécs.
( Clément Maroi ).
Dans la rime Fracer/iijee , le mot qui fait la rime
U4 R I M
eft repéré en entier ou en partie au commencement tî4
vers fuivant 5 comme ,
Mers vo"!e au vent , cingle vers nous Carûn 5
Car en t'artend , &: quand feras en tevte ,
Tant &" plus boi bonum vinum Charum.
La rime Senée eft une efpece d'Acroftiche. Elle le faii
lorft^ue tous les vers , ou tous les mots d'un vers cora*
niencent par une mcme lettre ; comme ,
Ardente amour , adorable Angélique ^ &c. ^
Dans la rime Brifée , les vers font coupés au reposa'
& a ne les lire que jufque-Ià, ils riment entr'eux , &
forment un fens tout différent de celui qu'ils ont eiii
lifant les vers entiers ; comme .
De cœur parfait ,
Soyez foignenx ,
Sans vilain fait, .
Vaillants: preux.
Par bon effet , . ,
Soyez joyeux, . .
Cbaffez toute douleur;
N'ufez de nulle feinte ;
entretenez douceur -,
Abandonnez la crainte ;
Montrez votre valeur :
Eï bannificz la plainte.
( OBavien de Saint Gelais ).
La rime Emperiere eft une rime où la dernière fyl-
labe du dernier mot eft répétée pour former un mol
<lans une fîgnification différente : exemple ,
Je n'aîmoîspas le tabac beaucoup ,
J'en prenois peu , fouvent point du tout.
Mais mon mari me défend cela :
Depuis ce moment-là
Je le trouve piquant , quand
J'en puis prendre à Vécitn , ca?
Un plai/ir vaut Ton prix , pris
A riofçu d'un mari.
Oui le trait eft piquant , qttand
te fort veur qu'un Galant ^ lent
Reftc en faifaur fa cour , court
Dans les bras de l'amour.
R I M 34?
La. rîme Annexée , eft une rime où la dernière fyllab^
u vers fe répète au commencemen: du vers fuivantu
Dieu gard ma maîcrefîe Se régente ,
Ce?îte de corps 5c de fafcn ;
Son cŒur tient le mien en fa tente ^
Tant Se plus d'un ardenc friflon ....
( CL Marot ).
La rime Enchaînée eft une efpece de gradation , tant
ans la penfée que dans les mots 3 comme ,
Dieu des amans , de mort me garde »
Me gardant j à'jnne moi bonheur ,
Ec me le donnant , prends ta darde \
En la prenant, navre fon cœur.
( Cl. Mant ].
Dans la rime Equivoque , la dernière fyllabe de cha-
[ue vers eft reprife en une autre fignifîcation au corn-
aeacemen: ou à la fin du vers qui fuie 3 comme ,
En m'ébattant , je fais rondeaux en rime ^
Et en rimant , bien fouvent je m'enrime:
Bref , c'eft pitié , entre nous rimailleurs ,
Car vous trouvez allez de rime ailleurs i
Et quand vous plaît , mieux que moi rimajje^^
Des biens avez Se de la rime ajje\.
( Cl, Marot ;.
" Enfin la rime Couronnée a lieu quand le mot qui fait
a fin du vers eft une partie du mo: qui le précède immc-
iiatement dans le même vers.
La blanche Colomlelle , belle ,
Souvent je ysiis j^riant , criant :
Mais delTous la cordeîle d'elle ,
Me jette un (XÏlfruint , riant ,
En me confcmmant Se fvmmant.
( Cl. Marot].
34(^ R ï R
RIRE. Vei-be neutre & irrégulier , de la quatrième
conjugairon. Il vient du verbe latin ridere. Il a conferve
la plupart des fignifications du verbe latin ; car il expri-
me non-feulement ces mouvemens convulfifs qui pa-
roiiTent fur le vifage , lorfque quelque chofe de plaifant
nous afFede ; mais il fignifie encore tout ce qui plaît,
tout ce qui eft agréable. Ce verbe fait un très bel effet
en latin & en françois , lorfqu'il eft pris au figuré Tout
rit dans la nature au retour du Prhitems. Cela rit a l'i-
maginatioix. La fortune lui rit.
Le rire eft une efpece de folie ou de badinage ; tout ce
qu'on dit en riant ne palle pas ordinairement pour
vrai , pour férieux : de-là ces façons de parler , ce quii
en dit efi pour rire , c'eft-a-dire , il ne parle pas férieufe-
inent , ce qu'il dit n'eit pas une vérité. Ce verbe s'em-
ploie en une infinité de plirafcs proverbiales. Il feroii
trop long d'en faire ici l'énumération , l'ufage Ips ap-
prendra.
Rire fe prend auffi fubftantivement : on dit le rire ,
pour lignifier l'adion de rire. Cette perfonne a le rirefon
ûgrêable , un rire fardonique ou forcé.
Ce verbe a pour compofé fourire : voyez le à fon
article.
Indicatif Préfent. Je ris , tu ris , il rit 5 nous rions , ;
vous riez , ils rient. Imparfait. Je riois, &c. nous rions ,
vous riez ; ils rioient. Prétérit. Je ris , &c. Futur. Je
rirai. Conditionnel préfent. Je rirois , Sec.
Lmpératiî. Ris , qu'il rie, Sec.
Subjonctif Préfent. Que je rie &:c. Que nous rions ,
que vous riez 5 qu'il rient. Imparfait. Quejeriife, &c.
Participe atiif. Riant. Paftf. Ri. \
Tous (es autres tems font réguliers. I
RITHME. Fbyf^ Nombre Oratoire.
ROMAIN : ( caradere ) voye-}^ Alphabet.
ROMPRE. Verbe adif , irrcgulier , de la quatrième
conjugaifon. Il offre l'idée d'une difcontinuarion , d'une
• fcpauation fubite & violente dans les parties d'un tout.
Ainli rompre un bâton , c'cfl: empêcher que les parties ne |
fe tie'ment les unes aux autres, & ne forment toujours]
ce tout qu'on appelle bâton. Rompre l'eau , c'eft en fépa- !
rer les parties, faire qu'elles ne fe fuivem plus avec la me- !
me rapidué Ôi h même fo;tç»
R O N 547
Cette (îéfînitioii embrafTe tous les Teiis propres du
^erbc rompre , &: même les fens figurés. On dit , par
:xcmple ^ un homme rompu dans les affaires , pour dire ^
\u\ y a acquis de la facilité , par analogie , parcequ'un
oips dont les parties font défunies , fe prête bien plus
lifcment qu'un autre à tout ce qu'on veut, C'eft mal-
-propos que Corneille s'eft fervi de rompre pour in-
errompre j dans ce vers de la Tragédie de iV/to
■itde.
Et rompu par fa more les fpeélacles pompeux.
y. Rompre des fpeBacles n'eft pas français. Par «ne fin-
5 G;ularité commune à toutes les Langues , on inter-
) lompt des fpeclacles quoiqu'on ne les rompe pas. On
y corrompt le goiit , on ne le rompt pas. Souvent le
5 compofe eft en ufage quand le fimple n'eft pas admis.
3 II y en a mille exemples =3. M. de Voltaire.
Indicatif Préfent. Je romps , tu romps . il rompt.
\ous rompons y vous rompez , ils rompent. Imparfait,
e rompois , &c. Prétérit. Je rompis. Sec. Futur. Je
omprai, &c. Conditionnel pré féru. Je romprois , &c.
Impératif, Romps j qu'il rompe , &c.
Subjonctif Préfent. Que je rompe , &c. Imparfait.
2ue je rompilTe , &:c.
Participes. Rompant , rompu ; rompue. .
Ses compofés font interrompre , corrompre : voye:^ ces
'erbes à leur article.
. RONDEAU. Le rondeau eft un.e pièce de vers roulant
ur deux rimes feulement, & ayant un refrain dont la
lace eft marquée.
Le rondeau ordinaire eft compofé de treize vers , luiit
lir une rime & cinq fur une autre 3 ou fcpt d'une efpece
k' fix de l'autre ; il a deux ftances de cinq vers féparés
)ar un tercet.
Le premier vers , le deuxième , le cinquième , Te fîxie-
ne riment enfemble.
La dernière ftance fuit affez fouvent l'ordre de la
)remiere : mais ce n'eft pas une règle abfolue. On peut
luin faire les huit rimes mafculines ou féminines ^
^ par coufequent les ciiiq aattes fémiaines ou xnafcuU-
^4^ R O N
lies ', mais plus ordinairement les huit font mafculines
Comme il n'y a que trois rimes d'une forte & cinq d
l'autre dans les nuit premiers vers , on peut mettn
trois vers de fuite fur la rime la plus employée. Ce:
trois vers font le cinquième , le jfixiemc & le iepiieme
Il doit nécelTairemenr y avoir deux repos pleins & par-
faits dans le rondeau , l'un après le cinquième &: l'autr
après le huitième vers.
Une ingénicufe lirnplicité fait le caraderc de ce Poe
me ;
Le Rondeau jjc Gaulois a la /Implicite.
Defpréaax.
Le ftyle en eft familier & dem.i-burlefque , & pa
cette raifon on y fouffre des licences qui ne feroient pa
tolérées ailleurs. Une des raifons de cette indulgence e
encore la gêne que l'ordre Se le nombre des mêmes rim<
font naître. Ainfi on y peut enjamber d'un vers à l'autre
faire rimer le fimple avec le compofé , &c.
En un mot le rondeau eft né Gaulois , 8c ne s'e
pas encore ailujetti aux règles cxadcs de la verfifîcado
feançoife.
On y emploie prefque toujours les vers de dix fy
labes ; quelquefois , mais rarement , on fe fert de ccu
de huit : mais il ncd pas permis d'en mettre de dilfcrci
tes mefures.
Le refrain , ou la reprife ^ qui doit être placée aprè
le huitième vers , & à la fin du rondeau , n'eft autr
chofe que la répétition des premiers mots du premic
vers : ce refrain ne doit pas s'étendre au-delà de l'hc
miftiche ; mais il peut-être plus court , témoin un ror
deau de Saint Gelais dont le refrain n'eft que de c(
deux fyllabes , a Dieu. Dans les rondeaux en vers d
huit fyllabes, le refrain n'a que deux ou trois fylla
bes au plus. Au refte cette reprife fait la grande bcaut
'du rondeau : il faut donc que la chute en foit naturel!
& délicate , & que dans les trois endroits où ç.[\<: e
placée , les applications en foient différentes & ingc
iiieufes. On cite ordinairement pour exemple ce roii
deau de Voiture , qui ca explique ks règles ;
R O N |43j
Ma fol e*efl fait de moi , car Ifabeauî ^
M'a conjure de lui faire un rondeau; "^'"vj!
Cela me met en une peine extrême.
Quoi treize vers , huit en eau , cinq en çme I
3'e lui fcrois aufli-tôt un bateau,
în voilà cinq pourtant en un monceau.
Faifons-en huit en invoquant Bfodeau ,
le puis mettons par quelque lîraiagême ,
Mafoic'efl fait.
Si je pouvois encor de mon cerveau
Tirer cinq vers , l'ouvrage feroit beau :
Mais cependant je fuis dedans l'onzième ,'
Et fi je crois que je fais le douzième ,
En voilà treize ajuftés au niveau.
Ma foi c'eji fait.
Autre.
'A la fonialne où s'ennivre Boileau ,'
Le grand Corneille , & le facré troupeati
De ces Auteurs que l'on ne trouve guère ,
Un bon Rimeur doit boire à pleine aiguière ^
S'il veut donner un bon tour au Rondeau :
Quoique j'en boive auffi peu qu'un moineau jj
Cher Benferade , il faut te fatisfaire i
T'en écrire un. Hé , c'eft porter de l'eau
A la fontaine.
De tes refrains un livre tout nouveau ;
A bien des gens n'a pas eu l'heur de plaire .*
Mais quant à moi , j'en trouve tout fort beau j?
Papier , dorure , image , caraftere ,
Hormis les vers qu'il falloir laifler faire
A la Fontaine.
Des Rondeaux redoublés,
les Rondeaux redoublés , qui ne font plus cî'ufage;
comprenoient vingt-quatre vers de la même mefure ,
fur deux rimes feulement, divifés en fix quatrains. Il
Tom^ II, Z
55^ R O N
faJloit que les quatre vers du premier qnatraia tcrmi
naffent, chacun , à leur tour un des quatrains fuivàns pa
forme d'intercalaires , & le refrain n'étoit qu'à la fii
de la dernière ftance. Les rimes étoient mêlées alterna
tivement dans chaque quatrain ;& (i le premier en por
toit une mafculine en rcte , le fécond commençoit pa
une féminine , & ainfi de fuite.
Rondeau redoublé.
Si ton en trouve j on n'en trouvera guère y
De ces Rondeaux qu'on nomme redoublés y
Beaux & tournés d'une fine manière >
Si qu'à bon droit la plupart font fifflcs.
A fîx quatrains les vers en font réglés »
Sur double rime Se d efpece contraire y
Rimes où foient douze mots accouples ;
Si l'on en trouve, on n'en trouvera guère»
Doit au furplus fermer fon quaternaire
Chacun des vers au premier ailemblés ;,
Pour varier toujours l'intetcalaire
Dt ces Jiondeattx qu'on nomme redo^Uis.
Puis par un tour , tout des plus endiablés.
Vont à pieds joints fautant la pièce entière
les premiers mots , qu'au bout vous enfilez,
Seaux (y townés d'une fne ihanurt»
Dame Pareffe , à païUi faiomlflcic.
Tient nos RiAiCurs de fa cape affables j
Tout ce qui gêne , eft sûr de leur déplaire ,
Si qk'À bon droit la ptnpart font fifflés.
Ceux qui de gloire étoient jadis comblés ,
Par beau labeur en gagnoîcnt le falairc.
Ces forts efprits , aujourd'hui cherch^z-lcJ :
Signes de Croix on aura lieu tile faire ,
Si l'on en trouve» ~
Nos aucicAS ay oient encore une troiieme force U
R O N R O U 35»
dn(^eau qu'ils nommoient rondeau [tmple', czi le pré-
nier étoit nommé rondeau double. Èé fîmple confiftoit
n deux quatrains unifones ainfi qu'ils parîoienc , c'eft-
-dire , fur les mêmes rimes ; & fëparés par un diftique
luquel le refrain étoit attaché aufTi-bien qu'à la fin du
econd quatrain. On n'y employoit que des vers de km*
jllabcs.
A dire vrai, Ligueurs jaloux j
Vous en avez un peu dans l'aile ^
ïc vous l'aurez échappé belle ,
Si Louïs calme fon courroux.
Comptez bien , vous trouverez tous
Flotte , ou Province , ou CitadeUc
A dire.
Recevez la Paix à genoux ,
Et votre pardon avec elle
D'avoir ofé chercher querelU.
Il eft trop de Louïs à vous
A dire.
Voyei Stances.
ROUVRIR. Verbe aflif, irrëgulicr , <3e la fecondc
onjugaifon , compofé d'ouvrir fur lequel il fe conjugue
ik: de la particule re , qui fîgnifîe de nouveau, de rechef.
■Unix rouvrir fîgnifîe ouvrir de nouveau. Il faudra lui
ouvrir la veine , fi la fièvre ne diminue ^aSi Sa plaie s'êfi
ouverte j cela l'inquiète beaucoup,
A ces accens tu ronvris la paupière ,
Tu vis le jour , la Trimouille , & foudaÎB
Tu déteftas ce refle de lumière.
( M. de Voltaire ).
Participe oBifprèfent, Rouvrant indéclindflé,
Taniaipe pajfé. Rouvert j rouverte.
21)
'M
ou
S E
^ eft une des confonnes de l'alphabet : voye^^ Al«
TKABET , Consonnes 6' Prononciation.
SA , eftle féminin de l'adjedif po/TefTif yô/z ; voyt\
Adjectif.
SAILLIR. Verbe adif , neutre , défedif & irréguliei
de la féconde conjugaifon. Il a deux lignifications dif-
férentes, & fe conjugue difréremment , félon qu'on 1(
prend dans l'un ou dans l'autre fens.
1°. Saillir eft actif lorfqu'on s'en fert pour expri-
mer l'adion de quelques animaux , lorfqu'ils couvren
leurs femelles. Il faut faire faillir cette jument par w
bel étalon.
x°. Saillir eft neutre lorfqu'il exprime le jailliffe
ment des eaux ou de liqueurs quelconques. Lorfquo,
lui a Guxcrt la veine le fang a failli avec une impctuofii
extraordinaire.
3". Saillir eft encore neutre lorfqu'on ]J>arle d
certains ornemens d'architedure qui débordent le nu d»
Jiiur. Ne trouve:^-vous pas que cette corniche faille trop
Dans le premier & le fécond cas ce verbe fe conjugu
de la manière fuivante , avec cette feule différence qm
dans le fécond cas il ne s'emploie ordinairement qu'au:
troiiiemes perfonnes , & au préfent de l'infinitif.
Inbïcatu préfent. Je faillis , tu faillis, il faillit
nous failliffons , vous failIilTez , ils failliflent. Impar
fait. Je faillifibis , &c. Prétérit indéfini. Je faillis. Pré
îérit défini. J'ai failli , &c. Prétérit antérieur indéfini
J'eus failli , &:c. Prétérit antérieur défini. J'ai eu failli
&c. Plufqueparfait. J'avois failli , &c. Futur. Je failli
rai , &c. Futur pajfé. J'aurai failli. Conditionnel préfent
Je failiirj»j:s ^ &c. Cçnditionnei paJfé. J'aurois ou j'culL
failli. /
Impératif. Saillis j qu'il failliffe 5 failliffons, failli
fez , qu'ils failli lient.
Subjonctif. Que jeTailliife , Sec. Imparfait. Que j(
failliffe. Prétérit. Que j'aie failli , 6cc. Tous les tem;
compofés font réguliers.
s AI S AT 3 55
T'anlcipe préfent dci'if ; Saillant indéclinable. S'il eft
entre il ell dcclinable , Taillant, faillante.
Saillir en termes d'architedure fe conjugue ainfî.
Indicatif Préfent. Il faille, ils faillent. Imparfaite
I failloit , ils failloient. Prétérit. 11 faillit , ils faille-
'c\n. Futur. Il faillira ; ils failliront. Conditionnel prê-
tât. Il failliroit ; ils failiiroient.
Subjonctif Préfent. Qu'il faille , qu'ils faillent. Im^
larfait. Qu'il faillit , qu'ils faillilTent. Il ne paroît pas
luc ce verbe puilî'e s'employer dans d'autres tems.
Les perfonnes non indiquées dans la première con-
ugaifon de ce verbe fe forment fur la première perfon-
le , en fuivant les re2;les Siénérales de la formation des
?erfonncs : voye:^ Formation des Personnes ou,
Conjugaison.
Lescompofés de faillir font Assaillir ô" Tressail-
lir : voye[ ces mots.
SANS , eft une des prépofîtions fîmples : voye:^ Pré-
positions.
SANS DOUTE , eft un adverbe de doute : voyci^
Adverbe.
SATISFAIRE. Verbe adif , neutre , réciproque &
irrégulier de la quatrième conjugaifon , compofé de
faire fur lequel il ie conjugue , & de la prépbfition lati-
ne fatis y qu'on a francifée , & qui lîgnilîe afl'e:^. Satis-
faire, c'eft donc faire alTez pour contenter, ou pour
faire ce qu'on doit.
Il a par conféquent deux fîgnifîcations 5 dans la pre-
mière qui défigne le contentement il eft ou actif; fatis'
'faire fes parens ; fes maîtres , c'eft-à-dire les contenter ;
ou réciproque , je veux me fatisfaire une fois en ma.
vie.
Dans la féconde qui emporte l'idée du devoir , il eft
j neutre ; il demande après lui la particule à. Satisfaire à
la Loi.
Ses participes font fatisfaifant , fatisfait, fatisfaité.
Tous trois font fou vent adjedif. Des raifons fatisfait
fantes. V n homme fatisfait de f on mérite, V ne femme fa^
lis faite d'elle-même.
SATYRE. La fatyrc en général , eft l'art de donner
au ridicule au vice \ di, quoiqu'on en abufe quelquefois
Ziij
J54 S A r s A V
pour déctéâitei la vertu , il e/l certain qu'on n'y réuflît
qu'en lui donnant les apparences du vice. Cet art dontlç
but eft de réformer les moeurs , peut être d'une grande
utilité quand on le tient dans de juftes bornes. Mais ,
comme les flateurs fe brouillent avec le Public en vou-
lant trop plaire aux particuliers ^ jl arrive auflî que les
faifeurs de TatyL^s fe brouillent avec les particuliers en
voulant plaire au Public i & comme les louanges trop
directes font groflieres , la critiqae qui reprend le vice
trop à découvert ,^ft blâmable.
On diftingue deux fortes de fatyre ; l'une férieufe ,
l'autre badine. La prem.iere va quelquefois jufqu'à l'em^
portement & à la fureur. Le badinage de l'autre n'eft
quelquefois qu'une fimp.Iç raillerie. La férieufe , fur-
tout quand elle eft didée par la pnlTion , eft beaucoup
plus aifée que la badine. Rien de plus difficile que de
taire rire les honnêtes gens , même aux dépens d'autrui,
M^ais pour cela , le talent fait bien plus que les préce-
ptes j & la vanité , l'amour propre , & la malignité fon;
d'aifez grands maîtres pour un Poète , qui d'ailleurs a
du difcernement & de l'cfprit. Les vers alexandrins en
rimes fuivies font prefque les feuls en ufage pour la
fatyre. Tout le monde connoît les fatyres de notre célè-
bre Defpréaux 5 il feroit inutile d'en donner d'autre
exemple.
SAUF , eft une des conjondions conditionnelles :
voye^ Conjonctions.
SAVOIR , eft une des conjondions explicatives : voyei
ÇONfONCTIONS.
SAVOIR. Verbe irrégulier de la troifieme conjugai-
fon. Il fîgnifie être inftruit d'une chofe ; & fe dit de
tout ce qui fe peut apprendre ^ /avoir /es Langues, les
Mathématiques , /es nouvelles du jour ^ les démarches
d'un ennemi , les fçcrets d'un ami. On le prend auflî
quelquefois dans un fens général & abfolu j fans \\i\
donner de régime 5 & alors il figniHe avoir plus de con*
lioijfances que n'en a le commun : c'çji un homm.e qui fait }
cette phrafe dit moins que celle-ci : c'ejl un Savant , &
plus que cette autre j il n ignore rien de ce quil convient
de /avoir dans /on état.
Ce verba s'eft écrit pendant long-tems en prenant Ul il
s A V ?5f
,. après îe s initial , & en mettant une c^dilc fous ce
!•• comme ffavoir. Mais aujourd'hui le grand nombre le
•ctranche comme une lettre inutile : elle n mflue en rien
ur le Q)n de la fyllabe , & elle ne peut fervir pour
narquer l'étymolo^ie latine, puifquil eft certam que
i;e mot ne vient point du verbe fcire , mais du verbe
■''^slioir a tous les caraûeres d'un verbe adif ; & ce-
pendant il n eft employé au pafllf que dans un très petit
nombre de phrafes ufitées , comme cette nouvelle ejl
Cue de tout le monde. Il fe prend aulfi quelquefois en
ivrerbe réciproque , on dit : loutfefait h la fin. Us Lan*
\ues ne fefavent pas en un jour, &c. , n. ^ j-
r On dit proverbialement : il en fait long y c elt-a-dirc ,
bu'il eft fin , habile. Il fait la Cam du /..zyj c'eft-a-
dii-e il connoît les intrigues & les caraderes des per^
fonnes. On dit , il fait vivre ; il fait bien le monde , pour
:dire il eft poli. Je vous fais bon ou mauvais gre ae cela ,
ic'eft-à-dire , j'en fuis content ou mécontent,
i Savoir fignifie auffi avoir la force , le moyen ; jefau^
rai me défendre. Je faurai bien le réduire, ceft-a-dire ,
!je pourrai. Faire favoir , fignifie informer. Ceftafa-
voir , ou fimplement favoir , marque les chofcs qu'on
veut'diiiin^uêr , noter particulièrement. On s'en ferc
iaufil pour marquer un doute. Ceji a favoir fi vous le
fourre?. C eft un à favoir. i r i n.
Su , participe du verbe favoir , fe prend fubftantive-
ment dans cette phrafe. Au vu Ùaufude tout le monde.
Indicatif Préfent. Je fais ou je fai , tu fais , il fait j
nous favons , vous favez , ils favent. Ces deux lettres
ai dans le fingulier , fe prononcent comme un e ferme.
Imparfait. Je favois , tu favois , il fa voit 5 nous fa-
vions , vous faviez , ils favoient.
Prétérit. Je fus, tu fus , il fût 5 nous fiimes , vous fû-
tes , ils farcnt.
Prétérit indéfini. J=ai fu , tu as fu , il a fu j nous avons
fu , vous avez fu , ils ont fu.
Prétérit antérieur. J'eus fu , &c.
Prétérit antérieur indéfini. J'ai eu fu , &c,
' P lufc^uev arf ait, T ^y ois i\x s ^c.
35^ SAV
Futur. Je faurai , tu fauras , il faura 5 nous fauroni
vous faurez , ils fauront.
Futur pajfé. J'aurai fu , &c.
Conditionnel préfent. Je faurois , tu faurois , il fau-
roit ; nous faurions , vous fauriez , ils fauroient.
Conditionnel paJfé. J'aurois ou j 'eu/Te fu , &c.
Impératif. Sache, qu'il fâche 3 fâchons, fâchez 5
qu'ils fâchent.
Subjonctif Trêfent. Que je fâche , que tu fâches,
qu'il fâche 3 que nous fâchions , que vous fâchiez, qu'ils
fâchent.
Imparfait. Que je fufTe , que tu fuffes , qu'il fut 3 que
nous fuffions , que vous fuffiez , qu'ils fuifem.
Prétérit. Que j'aie fu , &c.
Flufqueparfait. Que j'euiTe fu , &c.
Infinitif Préfent. Savoir.
Prétérit. Avoir fu.
Participe aB if préfent. Sachant.
Participe aciifpafé. Ayant fu.
Participe pajfif préfent. Su , fue ^ ou e'tant fu , fue.
Participe pajfif prétérit. Ayant été fu , ou fue.
GÉRONDIF. En fâchant , ou fâchant.
On dit encore quelquefois je fâche ^ à la première
perfonne du préfent de l'indicatif. Mais ce n'cft que,
quand il s'y trouve une négation. Jt ne fâche rien de
jflus honnête que l'étude 3 ou dans cette façon de parler :
non pas 3 que je fâche.
Les teins compofés du verbe favoir fe conjuguent
comme ceux des verbes réguliers de la troifieme conju-
gaifon.
SE , eft un des pronoms pcrfonnels pour la troifieme
perfonne : voye:^ Pronoms.
SECOURIR. Verbe adif , irrégulier , de la féconde
conjugaifon, compofé de courir ^ fur lequel il fc con-
jugue , & de yê qui équivaut à la prépofition Unncfuh
( dejfous ). Secourir exprime donc î'adlion d'un homme
qui court de/Tous quelque chofe qui tombe ou menace
ruine , pour l'appuyer, la foutenir , ou la relever. Secou-
rir les malheureux , c'efl: leur procurer des foulagemewts Ir
dans leurs peines , les aider à porter le fardeau de leurs !'
miferes. Son crédit ta fecouru , pour dire que fcs pro-
^tci^ions oiu çmpcché fa fortune de^tomber.
s EN 357
V-artic'ipes. Secourant ^ fecouru , fecourue ; voye:^
iCoURIR.
SELON , eft une des prépo/îtions fimples : voye7[^ Pré-
positions.
SENS ABSOLU ; SENS RELATIF. Abfola vient du
mot latin abfolutus ^ qui fignifîe achevé , complet :, qui
a toutes Tes parties. Ainfî un fens abfolu eft un fens qui
exprime une chofe confidérée en elle-même , & qui n'a
aucun rapport à une autre ; un fens qui eft accompli ,
circonfcrit & Tans aucune forte de relation. Par exem-
ple , fi je dis que la terre eft opaque ^ cette phrafe eft
dans le fens abfolu. On n'attend rien de plus : on n'ap-
perçoit aucune idée relative , aucune idée acceiToire ,
aucun objet de comparaifon ni de dépendance.
! Relatif ou refpeciif ^ fignifîe au contraire qui a rap-
port, relation à quelque chofe. Si l'on dit , par exem-
ple , que Vefprit eft préférable a la beauté ; cette phrafe
eft dans le fens relatif ou refpedif , parcequ'on confî-
dere l'efprit relativement à la beauté.
Il y a des noms abfolus j des noms relatifs , & des
pronoms relatifs. On verra , au mot Substantif ^ des
noms pris dans un fens abfolu, & au mot Pronoms
quels font les pronoms relatifs.
SENS ABSTRAIT 5 SENS CONCRET. Le mot ab^
jlrait vient du verbe latin abftrahere , arracher , tirer de ,
détacher.
Pour bien entendre ce terme il faut fe rappeller que
lorfque nous arrêtons nos yeux fur un corps quelcon-
: que , ou bien nous le confiderons fans fes propriétés , ou
bien nous confiderons feulement fes propriétés ou quel-
qu'une de fes propriétés , nous les détachons pour ainfi
dfre 5 nous pouvons même ne nous arrêter qu'à une
feule en particulier , en la tirant , en la détachant du
nombre des autres , enfaifant abftradion de toute autre
propriété. Ainfi abftraire , faire abftraélion , conf derer
une chofe dans le fens abflrait ; c'eft l'examiner fans
fonger à fes propriétés , fans s'occuper ni de la chofe
en elle-même , ni de fes autres propriétés ; par exem-
ple , tout corps a fa longueur , largeur & profondeur ,
&c. je ne m'arrête qu'à la longueur , fans fonger ni à
5^S s E N
l'objet ni à Tes autres propriétés , qui font la laro-eui
& la profondeur. ^
Lcfens concret aa contraire efl: lorfque je confidcrç
tout-à-la-fois l'objeravec une ou plufieurs de fes qua-
Irtés. Je les unis enfemble dans ma penféc , je n'en fau
qa'un feul & même objets comme quand je dis , a^m
longue table.
Nous ne parlerons pas ici des termes abftraits & con
crets : voyei Substantif ô" Adjectif
SENS ADAPTÉ. Le fens adapté eft'une applicatior
plus ou moins piécife d'un texte connu à une circonf
tance particulière. Les Oraifons Funèbres & les Sermon;
de nos Orateurs Sacrés en font remplis. Nous choifiron;
pour exemple ce paiTage de l'Ecriture qui regarde Juda;
Machabée , & que M. Fléchier a heureufement adaprc
à M. de Turenne. Comment efi mon cet homme puijfan.
quifaavolt le Peuple d'Ifrael ?
SENS COMPOSÉ ; SENS DIVISÉ. Les Grammainen:
a^^cUcm fens compojé le fens qui rcfulte de tous le<
termes d'une propofition pris félon la liaifon qu'ils oni
enfemble ; parce qu'alors tous ces termes conferven.
leur fïgnifîcation propre dans toute l'étendue de la pro-
pofition.
On appelle au contra ire yê/zj divifélt fens d'une pro-
pofîcion dont on prend fcparément les termes ; parce
qu'alors ils ne confervent pas à tous égards la fignifica-
tîon dans laquelle ils font employés , & qu'amfila pro-
pofition fe trouve divifée^ féparée. Par exemple quand
on dit <\\xunc chofe qui fe meut ne peut pas être en
repos. Si l'on conferve à tous égards la fignification dans
laquelle tous ces termes font employés'^ cette propolî-
tion fe trouve vraie & cft dans le fens compofé ; mais
il on confîdere qu'une chofe qui fe meut a pu être en
repos auparavant , & qu elle y peut être cnfuire ; enfin
Il l'en divife & fi l'on diftingue la fignifîcation des
termes de cette propofition , clic fe trouve dans le fens
divifc , & elle efl fauiTe j c'cft le dijimguo des Lo^-i-
cicns. '^
Quand Saint Matthieu dit, que les Boiteux marchent,
que les Aveugles voient 5 Ci Ion prenoit ces termer
s EN 553>
'ans le fcns comporé , il y auroit de VâbCurâké ; mais
n flivifant leur fîgnifîcation , c'eit-à-dnc, lî l'on en-
sndpar aveugles & boiteux ceux qui rétoienc & qui ont
ré guéris :, la proportion eft vraie.
Lors.qu'Apelles difoic à un Cordonnier, qui trouvoità
edire à la jambe d'une de Tes figures j qu'un Cordon-
ier ne devoit fe mêler que de chauifure , A pelles avoit
aifon dans le fens compofé de fa propofîtion , en ne
onfiderant celui à qui il parloit que comme Cordon-
licr : mais dans le fens divifé ^ entant que ce Cordon-
ier pouvoit avoir des connoilfances au-dell'us de Con
nécier, & juger fainement d'un tableau 5 ApcUes avoic
or t.
SENS DÉTERMINÉ 5 SENSINDÉTERxMINÉ. Lorf-
|ue dans une phrafe le fubjedif , c'eft-à-dire , tout ce
[ui ell employé à énoncer la perfonne ou la chofe à
jui on attribue quelque façon d'être ou d'agir , 8c qui
•ft comme le fujet dont on parle, n'eft point exprimé
îommément , alors le fens de cette phrafe cù vague ,
ndcfîni , indéterminé 5 il n'exprim.e qu'une penfée gé^
lérale qui ne tombe fur aucun objet en particulier :
/oilà ce qu'on appelle fens indéterminé j exemple.
Qui a beaucoup d'ambition goûte -peu la vie tranquille,
luette phrafe oitlc une penfée générale. Le fens en eft
ndéterminé , on ne défigne perfonne de qui l'on dife
ju'il a beaucoup d'ambition , & par conféquent qu'il
nene une vie peu tranquille.
Il eft aifé de fentir maintenant quel eil: le fens déter-
miné. C'eft lorfqu'il y a dans la phrafe un fubjedif dé-
nommé , comme fi je dis : la bonne compagnie eft une-
Ecole qui inftruit mieux que le Collège. Le fens alors eft
iéterminé , il tombe fur un objet particulier , qui eft la
bonne compagnie.
Dans un autre point de vue on pourroit appeller le
fens littéral & le fens fpirituel, fens déterminé & fens
indéterminé ; voyei Sens littéral , Sens sPiRiTUEt,
SE'NS ÉQUIVOQUE : roy^^ Amphibologie.
SENS LITTÉRAL ; SENS SPIRITUEL. Ltjens litti^
rai €ft celui qui réfulte de la force naturelle des ter-
mes. Il fe divife en fens propre Se en fçus iîgui'é ou
oiétaphonque ; voye^ ççs mots.
'3^o S E N
Le fins fpirituel efi: celui qui eft caché fous î'écor
ce du fens littéral. Il fe divife , i**. en fens allégori-
^ue , 1'', en fens moral , 3*', en fens anagogique.
i". Le fens allégorique eft celui qui réfulte de termes
quî , pris à la lettre, fîgnifient toute autre chofe que a.
^u'on vciK leur faire fîgnifier : voyei Allégorie.
z«. Le fens moral eft celui qui a pour objet quel
^ue vérité qui intérefle les mœurs & la conduite. Pref .
que toutes les Fables ont un fens moral.
Lorfque la Fontaine, Fable IIP. Liv. VU, racontr
qu'un Rat dévot s'étant retiré dans un fromage de H0I-'
lande, y vivoit comme un Chanoine dans une riche Pré
bendc 5 qu'un jour la République des Rats , preifée pai
une extrême difette , vint lui demander quelque lege 1
fecours s mais que le folitaire leur répondit d'un toi
bénin, que les affaires de ce bas monde nelcregar
doient plus ; qu'un pauvre reclus comme lui n'avoi
rien à leur donner 5 qu'il ne pouvoir autre chofe, fînor
prier le Ciel de les ailifter 5 le Fabulifte n'a pas deifeii
a/furément de faire croire que la chofe foit réellemen >
arrivée. Il fait bien qu'on ne prendra pas ce récit à h
lettre ; mais il veut faire voir par-là que les perfonne;
confacrées à Dieu & retirées du monde ne font pas tou-'
jours les plus fecourables 5 voilà le fens moral. I
?**. Lq. fens anagogique a pour objet les chofes cé-|
ieftes & la vie éternelle. Anagogique vient d'un moii
grec qui fignifîe élévation.
Les Auteurs qui ont cherché ce fens dans l'Ecriture
Sainte, fe font fou vent fort éloignés des notions commu-.
nés 5 en voici un exemple. Dieu voulut punir les cri-'
mes de la terre par un déluge ; il ordonna à l'homme
jufte qu'il vouloir fauver de la fureur des eaux de bâtir
4ine Arche où il put fe retirer avec fa famille ; cette
Arche fut conftruite avec un bois dur. Il eft naturel de
penfcr que Noé préféra ce bois , parcequ'il étoit plus
propre à réfifter à l'effort des vents &: des flots , mais
ceux qui cherchent dans ce récit un fens anagogique
affurent que ce bois dur devoir lignifier les gens ver-
tueux qui feroicnt dans l'Eglife. En continuant à cher-
cher des relations , ils en trouveront entre les bois
quarrés qui çncioiçiu dans h coinpofition de l'Arche &:
s E N jffr
:§ Do£leur§ die l'Eglife Chrériçiine. €e feul exemple
.iffit pouu faire voir combien rimaginatioii peut fc
Duer fur ces fortes de rapports , qui le plus, ibuvenc
Diit abfolument arbitraires.
SENS PROPRE 5 SENS FIGURÉ , ET SENS PAR.'
EXTENSION. Les mots ont unfens propre ^ ou un fens
guré. Le fens propre du mot eft fa première lîgnifîca-
lion, \Jn.feu qui brille ^ la lumière qui sohfcurcit 5 ces ex-
Teflîons font employées dans le fens propre. Le fens
iguré des expreiTions ^ eft lorfqu'on change leur lîgniiî-
'lation propre pour leur en donner une qui eft emprun-
,ée. Une imagination qui brille y l'efprit qui s'objcurcit ;
es mots brille , s'obfcurcit, font ici dans le fens figuré ,
;)arcequ'on femble donner aux facultés invifibles de l'a-
ine , la propriété phyfique du feu & de la lumière , qui
ont fenfation fur l'organe de la vue.
; Quand on dit d'un homme fourbe qu'il a toujours le
. najque fur le vifage 5 ce terme eft mis dans un fens
îguré , pour exprimer que le fourbe cache à l'extérieur
es mauvais fentiments. C'eft avifTi dans un fens figuré
-]ue l'on dit , la voix de la nature fe ^âk entendre au cœur
:e plus endurci. Il a eu dans le Jugement de fon Procès
iix voix contre neuf 5 voix eft prife ici dans un fens
figuré pour fujfrage. Le ftyle même le plus fimple eft
rempli de ces façons de s'exprimer : voyei Tropes.
Outre le fens propre & le fens figuré , dont nous ve»*
nons de parler^ M. d'Alembert, dans fes Eclaircijfements
fur les Eléments de Pkilofophie , admet un autre fens
'qu'il appelle fens par extenjîon , &: qui tient en quelque
•'forte le milieu entre ces deux-là. m Ainfi quand on dit >
« X éclat de la lumière , l'éclat du fon , t éclat de la
3î vertu : dans la phrafe l'éclat du fon , le mot éclat , die
33 M, d'Alembert , eft tranfporté par extenfion de la lu*
joa miere au bruit , du fens de la vue auquel il eft pro-
\n pre » au fens de Touie auquel il n'appartient qu'ima
\n proprement : on ne doit pourtant pas dire que cette
M exprefllon , V éclat du fon , foit figurée , parceque les
33 expreOTions figurées font proprement l'applicatioti
M qu'on fait à un objet intelleduel , d'un mot deftin^.
:|93à exprimer un objet fenfible.
3^i S E N S E O
33 Voici encore, ajoute M. d'Aiemhert ^ un exemplj
M fîmplc , qui dans trois différentes phrafes , montrer
» d'une manière bien claire ces trois différents fens
33 marcher après quelqu'un 5 arriver après l'heure fixée
33 courir après les honneurs : voilà après , d'abord dan
33 Ton fens propre , qui eft celui de fuivre un corps ci
33 mouvement 5 enfuite dans Ton fens par cxtenfion
33 parceque dans la plirafe , après l'heure , on regarde l.
33 tems comme marchant & fuyant , pour amiî dire,
33 devant nous 5 enfin dans le fens figuré ^ courir aprl'
30 les honneurs , parceque dans cette phrafe on regar '
35 de aulli les honneurs, qui font un être abftrair, comni ,
33 un être phylique fuyant devant celui qui le defire 6
33 cherchant à lui échapper. Une infinité de mots del;i
33 langue , pris dans toutes les clalfes & tous les gen-
33 res , peuvent fournir de pareils exemples 3d. Mai
dous ajoutons que pour appercevoir cette diftindioi
délicate , il falloit la finelfe & la profondeur des vue
d'un Ecrivain Philofophe, accoutumé comme M. d'A-
Jembert à faifîr le vrai dans les idées les plus abftraites :
&: à l'expofer avec la plus grande clarté & la plus par-
faite précifion.
SEOIR. Verbe irrégulier de la troifiemcconjugaifon'
Il a deux fignifications bien différentes. Il fîgnifie pre- '
jmierement être convenable; comme, la modeftie Jieai
kien aux Savans. Cet habit vous Jied bien. Il fe dit fur- !
tout àzcç^ qui a rapport aux mœurs : daiis ce fens il efli
d'un très grand ufage s mais il n'a point d'infinitif, fi
ee n'efl: dans quelques occafîons où l'on àiz être féanU'
Il n'a que les troifîemcs perfonnes des tems fimples.
Indicatif Préfent. Il ficd 5 ils fiéent.
Imparfait. Il feyoit ; ils feyoient.
Futur. Il fiera j ils fieront.
Conditionnel Préfent. Il fieroit ; ils fîeroient.
Subjonctif. Prétérit Qu'il fiée 5 qu'ils fiéent.
Participe a^if. Seyante/^ féant.
Souvent ce verbe le prend imperfonnellcment. Ilvous
fied bien d'être fier. Il ne fied jamais a un homme de me-'
priferles autres. II s'emploie fur-tout avec les adverbes,
kiênr-t rn4 » qui fe mettent toujours après le verbe*
s E O S E R 3^5
[candil ii*efl: pas à l'infinitif. Ainfi Ton doit dire : il pc<L
ien , il Jieroit mal , &c. Mais quand on fe fert de i'in-
'initif ^rre/ê'^nr , on met les adverbes bien , mal ^ avant
e mot féant : être bienféant , être malféant : on lie me-
né l'adverbe avec le participe /fû/zr , de manieie qu'ils
le font plus que comme un feul mot , un adjc^lif;
l efi bienféant , il eft malféant. Si l'on fe fervoic de
'autre participe yiy^nr , il faudroit mettre l'adverbe
près : cet habit vous feyant bien , pourquoi vous en dé-
aire ? Il n'y a que ce dernier qui puifTe s'employer ca
i'articipe proprement dit. Le mot féant ne s'emploie ja-
aais qu'il ne foit accompagné du verbe être j quand il
li'en eft pas accompagné il fîgnifie étant ajfîs ^ & il ap-
|>artient par conféquent au verbe y^oir dans la fîgniiîcar-
ion êiêtre ajjis , qui , comme l'on voit , eft bien diffé-
ente de la première j il n'y eft même d'ufage que dans
e participe , & dans l'autre participeT/^ ^fife : on àizca.
ermes de Palais , le Parlement féant à tel endroit y une
naifonffe en telle rue.
Seoir eft un verbe fîmple qui a pour compofés ,
•Jfeoir , rajjeoir ^furfeoir : voyez ces mots.
SERVIR. Verbe adif , neutre, & irrégulicr de la fc-
onde conjugaifon. Il vient du verbe latin y^rvire , qui
ignifie être efclave , rendre des (ervices , des devoirs ,
oit forcés , foit volontaires. Un Efclave fert fouvem fort
\îaître a regret. On a bien du plaifir afervirfes amis. H
t'a bienfervi dans cette occajîon. Tout Citoyen doit fer^
'ir l'Etat.
Ce verbe s'emploie quelquefois d'une manière abfb-
Lie. Le Maître d'Hôtel a annoncé qu'on avoit fervi. U
en a qui font nés pour fervir j & d'autres pour com^
laruier.
Lorfque y^rv/r fîgnifie tcnit lieu, il prend toujours
près lui la prépofition de. Exemples : Il lui fert dt
ère. Cela me fert de manteau. Quand il fignifie être uri-
î , il eft fuivi de la particule a. Exemples : Vefpritfert
tout. La politeffe & la douceur fervent à fe faire des
mis.
Je vous fervirai fur les deux toits , eft une fa^on de
arler proverbiale , qui fignifie je vous donnerai toutes
is facilités poiïiblcs potu que vouis veniez à bouc de
3^4 SI SIM
ce que vous defirez. Cette exprefTion efl tirée du Je
de Paume , où il eO: plus aifé de recevoir la balle quanl
elle eft fervie fur les deux toits.
Indicatif Préfent. Je fers , tu fers ^ il fert j UOÏ
fervons , vous fervez , ils fervent.
Imparfait. Je fervois , &c.
Trétérit. Je fervis :, &c.
Futur. Je fervirai , &c.
Conditionnel préfent. Je fervirois , 8cc.
Impératip. Sersj qu'il ferve.
Subjonctif Préfent. Que je ferve , Sec.
Imparfait. Que je fervifle , &c.
5emr a pour compofés afervir & dejfervir : voyez C-
mots.
SI , eft un adverbe de quantité : voye^ Adverbe
SI \ eft une des conjondions conditionnelles : voy
Conjonctions.
SI BIEN QUE , eft une des conjondions explicat
ves : voyei Conjonctions.
SIEN , eft un des adjedifs porfeiTifs : voyei Ai
ÎECTIF.
SIMILITUDE. La fimilitude eft un des lieux cor
muns de la Rhétorique, propre à la preuve : voyei Sou:-
CES DES PREUVES. On entend par ce terme la convena
ce que deux ou plufieurs chofcs ort enfemble. Les fim
liçudes font fréquentes dans le ftyle des Orientaux ;
difcours des Ambalfadeurs Scythes à Alexandre , dai
Quinte-Curce , eft rempli de fimilitudes.
ov Ignores-tu , lui difent-ils , qu'il faut un fiecle ài
:>, grand arbre pour s'élever , & qu'en un inftant il <
b, extirpé , renverfé j prends garde qu'en voulant t'éL
3D ver jufqu'à la cime de l'arbre , tu ne tombes avec I;
3. branches mêmes. Ne fais-tu pas que le lion ^ ce R
3D des animaux, devient quelquefois la pâture des fc
o. bics oifcaux , & que le fer même eft rongé par
33 rouille 35. .
Par les fimilitudes on prouve que ce qui convient c
ne convient pas à une chofe , convient ou ne convie
pas aune autre chofe à qui elle eft égale ou femblaW»
yoye:{ Comparaison.
\ SINGULIER. Ce mot , en termes de Grammaif»
annop'
SOL SON 5^j
nnonçe unité de perfonnes ou de cliofe»; voye^ Nom-
iRE.
SINON j eft une des conjondions alternatives : voye^
liONJONCTIONS.
SIXAIN : voyei Stances.
SOI , eft un des pronoms perfonnels pour la troifie-
le pcrfonne : voye^ Pronoms.
SOIT , eft une des conjonûions conditionnelles :
oye:^ Conjonctions.
SOLÉCISME. Ce mot délîgne particulièrement une
inic contre la Langue , dans les nombres , les conju-
aifons, la confi;ruâ:ion, oulafyntaxe. Cependant ces
cgîigences qui fe gliilent dans la chaleur de la compo-
non , font quelquefois rachetées par des beautés , ou
iarôc elles peuvent devenir elles-mêmes de grandes
eautés. Le ftyle du célèbre Roulieau, de Genève, en eft
L;mpli 3 & tout le monde connoît ce beau vers de Racine :
Je l'aimois incoallanc , qu'aur^is-je fait fidèle î
Mais les nécjligences dont nous parlons ne tombent
ue far la coaihudion j autrement ce feroit des fautes
iipardonnabies.
Mon efprit n'admet point un pompeux barbarifme ,
Ni d'un versempoulé roigucilleux folécifme.
Boileau.
Le mot foléàfine a aufli une fîgnification plus éten-
xiz , il déligne en général une faute quelconque.
■ Un Aftcur ayant fait un faux gefte fur le théâtre , on
li cria qu'il avolt fait un folécifme de la main.
Le moindre folécifne en parlant vous irrite j
Mais vous en faites , vous ^ d'étrang€s en conduite,
SON , eft un des adjedifs poffelTjfs : voye^ Adjectif.
SON MOUILLÉ. On appelle ainli les fons formés
ar les confonnes liquides : voye:^ Consonnes & Pro-
ONCIATION.
SONNET. Le Sonnet eft un Poème de quatorze vers
vifés en deux quatrains qui marchent fur deux rimes ,
Tome 11^ A a
f
3^^ SON
& en deux tercets. Dans ce Pcrcme , il y a donc trofe re-
pos , l'un après le quatrième vers , l'aurre après le hui-
tième , & le troilîemc après le onzième. Les deux rimes,
l'une mafculine Se l'autre féminine , qui rempliifent les
deux quatrains ^ doivent garder dans le fécond quarrain
le même ordre que dans le premier. On demande que
rarrangcnient des rimes dans le fixain , ne foit pas^ s'il
eftpoflible , le même que dans les quatrains. Il ne faut
pas que dans tout le Sonnet un même mot foit repéré
bien entendu que l'article , les pronoms auxiliaires, le<
prcpofitions £^ les conjonclions ne font pas ici mis au
nombre des mots.
Tous les vers d'un fonnet doivent avoir la même,
étendue j & même pour l'ordinaire on les prend de
douze fyllabes : cependant on en fait quelques-uns de
dix , de huit , ou de fept 5 mais dans des fujets mioins
férieux & moins élevés : encore ont ils moins de bcautt
& d'harmonie.
Les penfées y doivent être nobles , les exprefîîons vi-
ves ; & Ton n'y fouffre l'ien qui n'ait un rapport clfeii-
tiel à ce. qui en fait le fujet. On conçoit, d'après des
règles fi féveres , que nous avons bien peu de bons
Sonnets : voici ce que Boileau en dit dans fon Art^
Poétique :
On dit à ce propos , qu'un jour ce Dieux bizarre ( A^^pdlon )
Voulant poufler à bouc tous les Rimeurs François ,
Inventa du Sonnet les ligoureufes loix ,
Voulut qu'en deux quatrains de mefure pareille ,
La rime avec deux fons frappât huit fois rorcillc ,
Et qu'enfuite fix vers artiftement rangés ,
Fuflent en deux tercets par le fens partagés.
Sur-tout de ce Poème il bannit la licence :
Lui- même en mefiira le nombre ôc la cadence ,
Défendit qu'un vers foible y pût jamais entrer ,
Ni qu'un mot déjà mis osât s'y remontrer.
Du reftc , il Pcnrichit d'une beauté fuprême :
Un Sonnet fans défaut , raut feul un long Poème.
Le Soiuict que nous allons donner pour exemple.
SON S O R 3<?7
'1 marque auiïi les règles principales :
Doris qui fait qu'aux vêts quelquefois je me pîais ,"
Me demande un Sonnet , & je m'en défefpcte :
Quatotze veït , gtand Dieu ! Le moyen de les faire \
En voilà cependant déjà quatre de faits.
Je ne pouvois d'abord trouver de rimes , mais
En faifanc on apprend à fe tirer d'afFaire :
Pourfuivens, les quatrains né m'étonneront guère.
Si du premier tercet je puis faire les fiais.
Recommence aulufard; &: fi je ne m'abirfe.
Je n'ai pas commencé fans l'aveu de ma mafc ,
PuiAju'eu Cl peu de temps je m'en tire fi net.
J'entame le fécond , &: ma joie eft extrême y
Car des v-ers commandés j'achève le treizième;
Comptez s'ils font quatorze , 6c voilà le Sonnet.
Il y auroit bien des défauts confidcrables à repren^
e dans cette pièce j le ftyie en eft très foible 5 il n'y a
je bien peu de Poéfîe ^ outre que le Sonnet ne paroît
is un fujet digne de lui-même. D'ailleurs combien de
ots répétés ? Quatorze , commence , commencé , &c^
ctte rime mais qui ne permet aucun repos , &c. I^ous
,^ons cru devoir avertir de toutes ces fautes que ceux
il l'ont cité avant nous , {èmblent avoir pardonnces.
SORITE : voyei Formes des preuves.
SORTIR. Verbe neutre & aftif^ irrégulier , de la
conde conjugaifon. Dans le propre & dans le figuré il
^nifie fe porter du dedans au dehors. Sortir d'un,
oyaume ; fordr de fan ajjtete ordinaire. Il eft alors pref^
je toujours accompagné des prépofitions deoupar, qui
arquent l'éloignement ^ l'abdadion d'un lieu pour
iffer dans un autre. Sortir de prifon , de fa chambre,
t feu Im fort par les yeux.
Il eft pris quelquefois à la manière des verbes ab-
dus î on dit fimplement , M. efl forti. Ce malade fort,
ztte figure fort bien.
On dit ,Jdrtir d' une famille illujlre , par métaphore Se
Aa g
3^8 S O R
par analogie au rejetton c^ui fort de Con tronc , ou à lil
fleur qui fin de fa tige.
5orrir a quelquefois une fîgnifîcation adive. // fau
fortlr ces tonneaux de la cave , pour dire les tirer di
la cave 5 ou bien dans la phrafc Cmvantc fonîr fon effet
Mais dans ce dernier fens il vient du \ziin fortiri ^ fi
fe conjugue comme reflortir : voye^ Ressortir.
Les participes de finir y quand il fignifîe palfer di(
dedans au dehors font ^firtant y fini ,Joriie. Ce demie
eft quelquefois fubftantif , il fignifie alors ijfue , cuver
ture , quelquefois l'aâiion de fortir d'un Camp , d'un
Ville 3 d'un retranchement, pour fondre fur l'ennemi.
Les compofés <^ç. finir (ont ajfortir ^ rejfirtir \ voyc'
ces mots a Leur article.
Indicatif Préfint. Je fors , tu fors , il fort 5 non,
fortons , vous fortez , ils fortent.
Imparfait. Je fortois , tu fortois , &c.
Prétérit indéfini. Je fortis , tu fortis , il fortit 3 nou
fortîmes , vous fortites , ils (ortirent.
Prétérit défini. J'ai forti ou je fuis forti 3 tu as forti a
tu es forti , &c.
Futur. Je fortirai 3 tu fortiras , &:c.
Conditionnel pré fent. Je fortirois , &c.
Impératif. Sors, qu'il forte 5 fortons, fortez , qu'ait-
fortent.
Subjonctif Préfent. Que je forte ; que tu fortes, &c
Imparfait. Que je fortilî'e, que tu fortifies , qu'il for
tît ; que nous fortiflîons , que vous fortilîiez , qu'ils foJDi
tiffent.
Pr///rir. Que j'aie forti ou que je fois forti; que ti
aies forti ou que tu fois forti 5 qu'il ait forti ou qu'il foi ,
forti ; que nous ayons foi ti ou que nous foyons fortis
que vous ayez forti ou que vous foyez fortis 3 qu'il
aient forti ou qu'ils foient forns.
Plufqucparfait. Que j'eulfc ou que je fuifc forti, &c.
Futur pajfé. J'aurai ou je ferai forti j &c.
Infinitif préfent. Sorti 3 parfait ^ avoir ou être forti, !
Gérondif En fortant.
Participe préfent. Sortant.
Participe pajfié. Ayant ou étant forti.
t'iuliaitif fortir fe prend quelquefois fubftantivç-
sou 3^9
cient ; on dit aufhrtzrdc la. ville, au finir de la forêt.
SOUDAIN 5 eft un adverbe de tems : voye^ Ad-
•ERB£.
SOUDRE. Verbe adif , irregulier , de la quatrième
onjugaifon : il vient du verbe latin yô/v^r^ , qui figni-
c délier ^ dégager , développer. Il ne fe dit qu'au figuré ,
')udre un problême. Ce verbe n'eft ufité qu'à l'infinitif,
ncoie fe fert-on plutôt de réfoudre.
II a pour compofés réfoudre ^ ahfoudre j & dijfoudre ,
: fe conjugue de même : voye:;^ RÉsoudRF.
SOUFFRIR. Verbe adif , irrégulier , de la féconde
onjugaifon : il vient du mot latin fujferre „ compofé de
:rre ^ qui fignifie porter , & de la prépofition fui , qui
gnific quelquefois fur. Ce verbe peint donc ^ à pro-
: cment parler , la fituation , l'adion d'un homme qui
orce fur fon dos ou fur fes épaules quelque chofe dont
; poids l'incommode. D'après ce fens naturel , il eft
ifé de comprendre toutes les fignifications métapho-
ques qu'on lui donne. Cet homme fouffre beaucoup y
our dire qu'il éprouve de grandes douleurs : les dou-
;urs font repréfentées-là comme un fardeau que l'hom-
le foutient avec peine ^ & dont il paroît accablé : c'ell
infi que l'ame fe fert des images matérielles pour pein-
re fes affediions.
On a étendu le YCïhcfouffrir à d'autres fignifications
loins analogues à notre définition. Souffrir un abus ,
Dur, lelailfer fubfifter^ le porter ^ pourainfi dire , tran-
uillcmerit , fans aucun figne fenfible de mécontente-
'icnt.
On dit encore , fouffre^ que je vous embrajfe , pour
ire , permette^ que , &c. C'eft la même métaphore.
iNDicATiF/jr^y^.^f. Je fouffre , tu fouffres , il (buffre 5
DUS fouffrons , vous fouffrez , ils fouffrent.
Imparfait. Je fouffrois , &c.
Prétérit. Je JoufFris , &c.
Futur. Je foufFrirai , &c.
Conditionnel préfent. Je fouffrirois , &c.
Impératif. Souifre , qu'il fouffre ; fouffrons , Sec,
Subjonctif préfent. Que je fouffre ^ &c.
Imparfait. Que je foufelfe , &c.
Parùcipes. Souffrant 5 foulFcrt j foufferte.
Aaiij
570 SOU
SOUMETTRE. Verbe adif, irrégulier , (îe la qi^
tricme conjugaifon. Il cft compofé de mettre , fur le
c]uel il fe conjugue, & de la piépofition /oz^j , qui an
nonce une fîcuation inférieure à l'autre, kmdfoumettt
iignifîe mettre fous , dejfous , vaincre , domcn: , réduii
fous fa puiflance , fous fcs loix , fous fon Empire. .
n'arrive que trop fouvent que la raifort & la jufticz foi
fourni fes h la force : voyeT^ Mettre.
SOURCES DES PREUVES. Pour trouver d£s preuve
folides j il ne faut pas s'abandonner à des idées vague
Voyons en effet ce que fait un Orateur chargé d'ur
affaire. Ne fe borne-t-il pas naturellement à examin(
dans fon fujet le fait dont il efl queftion j & fes circon-
tances j qui font le tems , le lieu > la perfonne , la cauf
la fin , la manière , les titres , les témoins, &c. Cefoj
ces idées qui fervent à prouver qu'une chofe eft , c
n'cfl pas j qu'elle eft pollible ou impoiîible , facile c
difficile.
Rendons cela fcnfîble par un exemple. Un perfoi
nage illullre eft accufé d'intelligence avec l'ennemi. Q»
fait-on pour le juftifîer î On examine & on fait c
queftions. XJw tel homme eft-il capable d'une adion
horrible ? Dans la fituation où il eft^ pourroit-il l'exéc ■
te-r. Comblé d'honneurs & de biens le voudroit-il,
quand même il le pourroit ? Peuc-on avoir cette idéec
lui après qu'il a donné tant de marques d'attachemei
à fa Patrie ? Manque-t-il de biens pour rechercher c
nouvelles rich.elïes par des voies fi honteufcs ? A-t-il c
quelque mécontentement de l'Etat ? Quels moyens o
quelles facultés auroit-il d'exécuter fa trahifon , dar
un lieu où toutes fcs démarches font éclairées? Où for
les témoins l Quels indices ou quelles preuves de fo
cntreprife ? Enfin a-t-il commis d'autres crimes qi
l'aient conduit comme par dégrés au plus grand d
tous les forfaits î i
Quelques crimes rou|ours précèdent les grands crimes :
Quiconque a pu franchit- les bornes légitimes .
l'eut vïoLt enhn les droits les plus facrcs.
Ainfi que la vertu le crime a fcs degrés :
It jamais on n'a vu la timide innocence,
Vz.'^zt fubitenicnt à i'cxcicmc licenvit.
sou 571'
Un jour feul ne fait point d'un mortel vertueux ,
Un perîîde afla/Iîn , un lâche inceftueux.
( Racine ^ Tragédie de P'jeclre),
C'cft , comme l'on voit , de la nature du fait , de la
onfidération de la perfonne , de celle du lieu , du
noven , du tems , du défaut de témoins , d'indices , ou
'autres preuves > que l'on tire les argumens pour ou
ontre.
II y a encore deux belles manières de réfuter un ad-
^erfaire. La première , confifte dans une concefTion
imulée de ce qu'a dit l'Adverfaire , pour montrer que
:ela même pofé nous avons encore raifon d'ailleurs.
2omme, lorfque l'Adverfaire avance qu'une telle chofe
:ll: difficile , & que vous répondez au contraire qu'elle
K i'eft pas j mais que quand m^me elle le feroit , il fau-
iroit encore Texécuter. La féconde , confifte à fe fervir
:ontre l'Adverfaire de fes propres armes. C'eft ainlîque
Cicéron en ufe (pro Lege Maniliâ ) pour réfuter Catu-
kîs , qui s'oppofoit à ce qu'on donnât à Pompée le com-
mandement des Armées. " C'eft toujours Pompée qu'on
33 charge des emplois les plus pénibles & les plus dan-
« gcreux de la République , difoit Catulus j mais (i en
33 expofant trop fouvent une tête fi précieufe à l'Etat
:33 vous veniez à le perdre , à qui auriez -vous recours 33 >
Et c'eft par cette raifon même , reprend vivement Cicé-
ron , que ne pouvant compter fur la vie ans hommes,
'la. République doit fe hâter , puifque les Dieux immor-
ttels lui accordent cette faveur , de jouir de la valeur 6c
'des lumières de cet illuftre Capitaine.
Enfin on peut rapporter toutes les preuves, que l'on
emploie dans diverfes matières , à certains chefs géné-
raux , qu'on appelle lieux communs. Ce font des efpe-
ces d'Arcenaux ou de Magafîns publics où l'on peut pui-
fer pour chaque fujet les argumens qui lui conviennent.
Il font au nombre de quatorze : voyc\ DÉf inition ,
Énumération des parties , Étymoxogie , Genre,
Espèce, Similitude, Dissimilitude , Contrai-
res, Circonstances ou Énumération j Cause 3,
EfF£Ts, M(ŒUiis , Passions jCoxmparaison.
A a lY
^7i SOU
Il tO: certain qu'on peut rapporter à quelqu'un de ce:
lieux communs tous les arguments qu'un Orateur em-
ploie. Mais quel tems ne ^udroit-il pas pour les Ton
der les uns après les autres , fi toutes les fois qu'on î
un difcours à compofer il falloir y avoir recours ? D'ail
leurs, quoi de plus capable de ralentir le feu de la com
pofition , & de gêner l'efprit ? Nous croyons donc qu
ces lieux communs ne font bons que pour les jeune
gens qui fe propofent d'entrer dans la carrière de l'Elo
quence ; ils leur apprennent à envifager fous toutes le
5aces les matières qu'ils auront à traiter. C'eft-là qu'il
font une cfpece d'académie qui les prépare à fouteni
ce noble exercice. Ils s'en font une heureufe habitude
& dans la fuite il femble qu'ils ne fuivent que les mou
vemens naturels de leur génie : voye:(_ Formes de
PREUVES.
SOURDRE. Verbe neutre défedif de la quatriem
conjugaifon. Il exprime le mouvement d'une fluide qu
fort de deffous. Il eft principalement employé à mar
querlejailliiTement des eaux qui fortent dedelTousterre
qu'on appelle fources. Cette eau fourd de plujieurs en
droits. Il fe Ait auffi au figuré. Ne vous charge:^ pas d,
.cette affaire , il en peut fourdre mille malheurs. Il n'a qu»'
le préfent de l'infinitif & la troifieme perfonne du pré-
fent de l'indicatif.
Indicatif. Préfent Jingulier. Il fourd.
Infinitif Pr^yènf. Sourdre.
SOURIRE. Verbe neutre ^ irrégulicr , de la quatrie
m e conjugaifon , compofé de rire , fur lequel il fe con-
jugue , & de la prépofitionyôi/5 ( deilous en deifous ).
Ainfi fourirc fignifie rire en delfous^ fans prcfque qu'or
p uiffe s'en appercevoir. Sourire annonce ordinairement
•ou une légère approbadon ou une contradiélion tacite
-plus fouvent encore une marque voilée d'afFedion 8c
damitié. // fourit malignement a tout ce que je dis.
Elle n'ofoit me parler ., mais elle me fcurioit.
Sourire fe prend aufli fubftantivcmcnt , on di: le fou-
rire pour fignifier l'adion de fourire.
Les agtcments à'un fourire enchanteur
Parmi fcs pleurs comnieuçoisnt: à paroUrc,
sou s T A 375
sous , eft une des prépofîtions (impies : voye7[^ Pré-
positions.
SOUSCRIRE. Verbe adlif , inégulier , de la quatriè-
me conjugaifon , compofé à'écrire fur lequel il fe conju-
gue 3 & de la prépofition/ô:^. Ecrire fous , awdejfous.
Quand on écrit Ton nom au-de/Tous de quelqu'écri-
tuie , c'eft ordinairement une preuve qu'on approuve
:ecte écriture. De-Ià , foufcrire , lignifie confentir, ap-
prouver. SoufcrivcT^ ce contrat. Je foufcris a toutes vos
volontés.
Soufcrire en termes de Librairie ^ c'efr payer ou s^o-
DÎiger à payer , avant que le livre paroiiî'e ou pendant
:]u'on l'imprime.
Participe préfent. Soufcrivant , indéclinable.
Participe pajfé. Soufcrit , foufcrite.-voy^:^ Ecrire.
SOUSTRAIRE. Verbe adif , irrégulier , de la qua-
itrieme conjugaifon ^ compofé de traire fur lequel il fc
jconjugue , & de la prépofition /ôwj- , qui vient de la prc-
Ipoiîtion latine fub ^ laquelle figniiic en François yoz^i- ,
\deJfous j en dejfous , en cachette , &c.
Traire fignifie tirer , ôter ^ enlever : ainfi foufiraire
fignifie enlever en delTous fans qu'on s'en apperçoive ,
ou enlever ce qui eft fous la puilfance , fous le pouvoir
de quelqu'un. Il a foufirait les titres qui m auroient fait
i,jzner mon procès.
Il a eu la tête tranchée ponr avoir voulu foujlraire
iine partie des fujets a tohéijfance due au Souverain. Ils
■ont eu enfin le courage de fe foufiraire a la tyrannie.
Soufiraire en termes d'Arithmétique j c'eft ôter un
ijnombre d'un autre nombre. Il faut foufiraire cette demie*
Te fomme de la première.
SOUVENT , eft un adverbe de tems : voye^ Ad-
verbe.
ST ou STE , eft une des particules admonitives : voye^^
Particules.
STANCES. On appelle fiance un certain nombre de
vers arrangés d'une manière particulière , & après les-
quels le fens eft parfait. On diftingue deux fortes de
ftances , les régulières & les irrégulieres. Les premières
lont celles qui font formées par un même nombre de
vers arrangés. de la même mamercj quant à la iîifpoii-
374 S T A
tion des ii«ies j & au nombre des (yllabcs. Les fécon-
des font celles qui différent les unes des autres, ou parle
nombre des vers , ou par le mélange des rimes , ou par le
nombre des fyllabes de chaque vers. Une certaine fuite
de vers arrangée d'une manière particulière , & formant
im fens complet , n'eft point a^ipQÏlét fiance , quand elle
n'efl: pas fuivie ou précédée de quelques autres. Si elle
eft feule ^ on lui donne le nom de quatrain , dcfixain,
&c. de madrigal ^ ou d'épigramrne , félon le- nombre
de vers qu'elle renferme , ou félon la penfée qu'elle
contient & le fujet qu'elle traite : voye:(^ ces mots.
Les ftances régulières palfent rarement le nombre de
dix vers ; mais elles peuvent n'en avoir que quatre j
cinq , fix , fept ^ huit ou neuf. Les irrégulieres ont
rarement moins de dix vers , & peuvent aller jufqu'à
vingt ou trente , & même quelquefois plus. Le nombre
des fyllabes de chaque vers eft purement aibitraire dan;
les unes Se les autres , mais dans les régulières , les vers
d'une ftance doivent avoir le même nombre de fyllabe;
que les vers des autres ftances
Le mélange des rimes fuit les mêmes loix : étant pure-
ment arbitraire ^ & n'ayant que les loix générales de la
verfifîcation à fuivre dans les ftances irrégulieres , il ef'
iixé dans les régulières par la première ftance , au poin:
cjue il une ftance commençoit & finiflbit par une rim{
mafculine , ou par une féminine , les autres en devroicn
faire autant. Cet ordre n'elt point contraire à ce que
nous avons die ailleurs , que dans une même pièce d(
vers il ne falloir jamais mettre de fuite deux vers maf
culins ou féminins qui ne rimeroient point entr'eux ;
attendu que les ftances font lî détachées les unes des au-
tres par le fens , qu'elles fcmblent faire des pièces d(
vers différentes.
Le dernier vers d'une ftance, foit régulière j foit ir
régulière , ne doit jamais rimer avec le premier ver;
de la fuivante ; on pourroit même étendre cette regh
pour tous les vers d'une ftance , fur-tout régulière,
avec la ftance précédente ou fuivante. Au moins , i
ce n'eft pas une faute d'y manquer , c'eft une négli-
gence confidérablc ; comme ou le fcnt alfcz dans ce;
exemple d'Arnaud d'Andiliy ;
s T A 375
Et ta foible raifon après divers combats ,
Trahit fes fentimens par la crainte du blâme j
C'efr ta voix qui le livre aux bourreaux inhumains.
Miférable , crois tu , fouillant aiiifi ton ame ,
Te laver de ton crime , en te lavant les mains l
Mais ici mon efprit de colère s'enflamme :
Rien ne peut égaler le tranfport qu'il reflent ,
Lorfqu'il voit , ô Seigneur , que ton fang innocent ,
Coule de tous côtés par un fupplice infâme ! . . . •
Lorfque nous avons dit que dans les fiances régu-
lières, fi l'une commençoit & fînifToit par des vers maf-
culins ou féminins ^ les autres dévoient naturellement
fjivre la même marche i nous n'avons pas prétenda
que ce concours de rimes de même efpece qui fe lui-
vent d'une ftance à l'autre , & ne s'accordent pas ^ fut
fort agréable à l'oreille : au contraire ,^ nous conve-
nons qu'ordinairement on en eft choqué. Mais il elt
pour l'éviter , un moyen facile qui fournit une nouvelle
forte d'agrémens : c'eft de commencer la féconde ftance
par des vers féminins , fi la première a commencé par
des mafculins , & de faire ainfi répondre tous les vers
Kiafculins de l'une aux vers féminins de l'autre j & ainU
alternativement jufqu'au bout de la pièce ^ comme dans
ces quatrains de M. de la Motte :
Mille Héros fur tes remparts ,
Vont porter le fer Se la flamme j
Pallas les guide , ôc fur Pergame
Lance de foudroyants regards.
Malheureux , que fervent tés charmes ,
Venus défendra mal tes jours :
Tu n'as que des chants pour fecours ,
Et qu'une lyre pour tes armes'. . . .
>7^ S T A
Remarquons encore , que , quelque liberté qu'on ait
pour le choix & l'arrangement des vers dans les fian-
ces , il faut cependant qu'il y ait quelque chofe qui les
diftinguedes vers fuivis ou mêlés, qui forment les grands
Poèmes , ou pièces libres. Il faut même éviter de met-
tre des vers de fept fyllabes à côté de ceux de huit ou
de fix : le concours en eft défagréable.
Une certaine fuite de fiances régulières prend le nom
d'ode ^ quand le fujet & le flyle le permettent. On ap-
pelle fou vent y?ro/'y^^ ce que nous avons nommé Jiance,
Le motfirophe vient des anciens : leurs odes étoient
compofées de flrophes , comme les nôtres le font de
fiances i ainfî ces deux mots fe relfembient en beaucoup
de chofes 5 excepté que les anciens n'étoient pas obligés
de finir le fens <le leurs penfées avec leurs ftrophes ,
au lieu que pour nous , c'eft une règle févere & indif-
penfable que l'efprit puiiîe pleinement fe repofer , &
foit entièrement fatisfait à la fin de chaque fiance.
Nous allons aéluellement examiner chaque forte de
fiances en particulier ; au moins les principales d'entre
ies régulières ; car les combinaifons qui y font permi-
ses , pouvant fe varier prefqu'à l'infini , nous aurions
trop à dire, & le leéleur trouveroit ici beaucoup d'en-
nui & peu d'infl:rudion , fî nous voulions épuifer cette
matière.
Les fiances régulières , confidérées relativement au
nombre des vers qui les compofcnt , peuvent fe divifer
en fiances <le nombre pair , Se en fiances de nombre
impair i les premières font des quatrains, des fîxains,
des huitains , ou des dixains j les fécondes font compo-
fées de cinq , de fept , ou de neuf vers : ces dernières
paroifTent moins analogues au génie de notre Poéfie
qui cherche toujours à apparier fes rimes : cependant
elles ont quelquefois des beautés qui leur font propres.
Dans toutes les obfcrvations fuivantes nous n'au-
rons en vue que l'ordre des rimes : on fe fouviendra
que fous chacun des arrangemens dont nous parle-
rons , on peut employer & mêler les vers des diffé-
rentes mefures ainfi que nous l'avons dit , pourvu que
la première fiance fou toujours à ce: égard le modelé
<ies autres.
s T A 577
Stances de quatre vers.
Les rîmes peuvent fe mêler de deux façons dans les
juatrains : i". En faifant rimer le premier vers avec le
roifîeme , & le fécond avec le quatrierne j i°. En fai-
anc rimer le premier avec le quatrième , & le fécond
ivcc le troifîeme.
Premier exemple*
Pour qui compte les jours d'une vie inutile ,
L'âge du vieux Priam pafle celui d'Heûor i
Pour qui compte les faits , les ans du jeune AchiUe
L'égalent à Neftor.
Second exemple,
Tnfenfés , notre ame fe livre
A de tumultueux projets !
Nous mourons fans avoir jamais
Pu trouver le moment de vivre.
On peut encore mettre les rimes de fuite fans les
iroifer ; mais alors il faut que l'efpece & la variation
les vers fafle fentir qne ce lont des fiances , comme :
Prendrai-je pour fujet les jeux de la fortuûe !
Rien ne lui convient mieux ^ & c'eft chofe commune
Que de lui voir traiter ceux qu'on croit fes amis,
Comme le chat fait la foutis.
Stances de cinq vers.
On trouve des exemples de quatre arrangemens dif-
eïens dans les ftances de cinq vers j comme on k voie
ar ceux que nous allons citer.
Premier exemple.
Mais infenfiblemcnt dans le tour que j'ai prfs ,
Mon dcflein fe rencontre , Se fi rien ne m'abufc ,
Je poariois tout gâter par de |1 us longs récits;
378 S T A
Le jeune Prince alors fc joucroit de ma raufe ;
Comme le chat de la fouris.
Second exemple.
Fuyez , dangereux complices
De ma folle iniquité :
Je ne vois que des fupplices
A la fuite des délices
Que promet la volupté.
Troijîeme exemple.
Ce que tu veux eft en toi mêmej
Tu fais ton prix par tes vertus :
Tous les encens d'autrui font encens fuperflus ,
Et ce qu'on eft aux yeux du Monarque fupiêmc ,
On l'efi: par- tout 6c rien de plus.
Quatrième exemple.
Lorfqu'une coupable licence
Impoifonnoit mon innocence ,
le Seigneur fut mon feulregDurs;
J'implorai fa toute puiilance ,
Et fa main vint à mon fecours.
On pourroit encore trouver un cinquième arrange-
ment des rimes en cette forte; licence , recours ^fecours ,
innocence ^ tçute puijfance.
Stances de fix vers.
Nous avons deux fortes de fixains : les pi'emiers ne
font autre chofc qu'un quatrain auquel on ajoute deux
vers de rime différente en cfpccc , de celles du quatrain
qui précède. Les fixains de cette efpece n'ont point de
repos fixe avant leur chute ; ils peuvent s'arranger de
deux manières, félon que les quatrains font eux-mcmes
arrangés de l'une ou de l'autre des deux premières for-
tes d'arrangemcns que noui avons marqués pour eux.
Exemple.
Seigneur , dans ton Temple adorable ,
Quel mortel efl digne d'encrer ?
Qui pourra j grand Dieu , pénétrer
Ce Sanftuaire impénétcahle ,
Où tes Saints inclinés , d'un œil refpeâueux
Contemplent de ton front l'éclat majeftueux î
La féconde forte de fixains , a/îez commune , & fors
Ile j comprend deux tercets qui ne doivent jamais en-
amber de l'un à l'autre pour le fens : il doit donc y
voir un repos après le troifîeme vers : les deux pre-
niers riment toujours enfemble , & le troifieme avec
dernier , ou avec le cinquième ^ & plusordinairemeuc
vec celui ci.
Nota. On appelle tercet ^ trois vers qui font un fens
omplet , ou du moins qui contiennent tout un membre
e période.
Premier exemple.
Renonçons au flérile appui
Des grands qu'on implore aujourd'hui ,
Ne fondons point fur eux une efperance folle.
Leur pompe indigne de nos vœux
N'eft qu'un lïmulacre frivole ,
Et les folides biens ne dépendent pas d'eux.
Second exemple.
Aimable paix , Vierge facrée ,
Defcens de la voûte azurée ,
Viens voir tes Temples relevés :
Et ramené au fein de nos Villes
Ces Dieux bienfaifans Ôc tranquilles.
Que nos crimes ont foulevcs.
Stances defept vers. *
Oii compofe ordinairement les fiances de fept vers.
3 3c S T A
d'un quatrain & d'un tercet : mais il faut que le fensfoit
coupé Se donne un repos après letroifieme ou le quatriè-
me vers , félon que la fiance commence par le tercet ou
par le quatrain.
Premier exemple.
Tel aujourd'hui t'embraffe 6c foutient ta querell'c ,
Dont l'efpric infidèle ,
Dès demain voudra t'opprimer :
Et tel autre aujourd'hui contre toi s'intéreffe ,
Que pour toi dès demain tu verras s'animer:
Tant pour haïr que pour aimer
Au gré du moindre veut tourne notre foibleiîe.
Second exemple,
L*hypocrite en fraude fertile ,
Dès l'enfance eft pétri de fard :
Il fait compo''er avec art
le fiel que fa bouche diflille j
r.t la morfure du Serpent
Eft moins aiguë , eft moins fubtile , i
Que le venin caché que fa Inngue répand.
Nous ne donnons des exemples que pour marquer la
différence des repos au troifieme ou quatrième vers, fé-
lon que le tercet précède ou- luit le quatrain. Quanta
l'arrangement des rimes , on peut le connoître par ce
que nous avons dit des quatrains , & ce qu'on a vu des
tercets dans les lixains.
Des fiances de huit vers.
Nous avons deux cfpeces de fiances de huit vers : la
plus commune cH compofcc de deux quatrains ^ dans
chacun dcfquels les vers font «ntrumêiés de l'une ou de
l'autre des deux manières que nous avons indiquées j
l'autre efpecc , qui cilla plus belle & la mieux divcrfi-
£ée , coaiiprcnd deux tercets , fuivis- de deux vers maf-
culins fi la rime précédente cil féminine ; &: nu contrai-
re. Au relie on doit entendre que par- tout où nous
di Ions
01
'ers
S T A 38r
lifons un quatrain on un tercet , il faut entendre que
1 doit ménager un repos pour le fens après le quatrième
dans le premier cas ^ & après le troifieme dans le
econdcas.
On peut encore arranger les fiances de huit vers , de
naniere que l'un des quatrains ait l'un des arrangemens
|uc l'on voit dans les deux premiers exemples , & que
aune quatraui fuivc l'autre arrangement ; ou bien en-
bi:e que ces ftances commencent ou finirent par deux
'ci<; de même rime , & aient un repos j & que les fîx au-
les vers coupés par tercets , marchent trois fur une rime
'yi trois fur une autre , en mêlant ces rimes comme on
mj/.Yâ à propos.
Stances de neuf vers»
Nous ne trouvons qu'un feul arrangement en ufage
iQur les Itances de neuf vers 5 ce qui n'empêche pas les
Uucurs de fe faire d'autres marches , que les règles gé-
icralcs de la verfification ne défapprouvent point \ &
]ue le goût autorife. Dans l'arrangement ufité, la ftan-
c eft compofce d'un quatrain fuivi d'une ftance de
inq vers : dans l'un & l'autre , le premier vers ne doit
loiiic rimer avec le dernier 5 mais il doit être de rime
ilfcrcnte , comme vertu Ufagejfe , vent & folie , dans
exemple fuivant :
Je ne prends point pour vertu
Les noirs accès de triftelTe
D'an Loup-garou revêtu
Des habits de la fagefTe.
a
Plus légère que le veut ,
Elle fuit d'un faux Savant
La fombre mélancolie ,
Et fe fauve bien fouvent \
Dans les bras de la folie.
De même,
Homère adoucit mes mœurs
Par fes riantes images 3
Tome IL B h
î8î. S T A
Seneque aigrit mes humeurs
Par fes préceptes fauvages.
Invain d'un ton de Rhéteur ,
EpiiSete à fon ledeur
Prêche le bonheur fuprême j
3 'y trouve un confolateur
plus affligé que moi-même.
Stances de dix vers.
Les dixains font de deux fortes : les mieux coupés &
les plus agréables font formés par un quatrain fuivi de
deux tercets , rangés le plus fouvent de manière que le
premier & le dernier vers de chaque dixain (oient deU
pece différente 5 comme ,
Juges infenfés que nous femmes ,
Nous admirons de tels exploits !
Eft-ce donc le malheur des hommes
Qui fait la vertu des grands Rois i
Leur gloire féconde en ruines ,
Sans le meurtre ôc fans les rapines
Ne fauroit-elle fubfîfter ?
Imagées des Dieux fur la terre ,
Eft-ce par des coups de tonnerre
Que leur grandeur doit éclater >
La féconde manière de former un dixain , & la moins ■
^fitée , comme la moins liarmonieufe ;, eft de placer de
fuite deux quatrains fuivis d'un dyftique j les repos y
•font donc après le quatrième & le huitième vers j au
iieu que dans l'autre arrangement ils font après le qua-
trième & le feptieme.
Ces ftances s'emploient fur-tout pour les Odes ^ & les
Chanfons : mais pour celles-ci, l'air exige fouvent un
ordre différent de ceux que nous avons dél:gnés , quoi-
que toujours régulier , puifque tous les couplets doi-
vent fe reffemblcr. Auffi n'avons-nous parlé que des
principaux arrangcmens des rimes dans les jftances. Oa
J3ict encore affez fouvent eu ftances des Epîtres , des
s T A 383
loges, des Defcriptions , & généralement toutes les
jrtcs lie pièces qui ne font pas de longue haleine : mais
irement ces fiances font- elles régulières. Pour de
jands Poèmes , Arnaud d'Andilly eft le premier qui ait
itrepiis d'en faire un en ftances , fans doute d'après
Jiî odaves Italiennes : mais cela paroît trop gênant
• ns notre Langue , qui n'eft pas aullî riche en chaque
vecQ de rimes que l'Italienne , par la raifon même
< *clîe en a beaucoup plus d'efpeces , puifque tous les
J3ts Italiens finilfent par quelqu'une des cinq voyelles,
bailleurs une marche fi compalfée fatigue quand elle
<;trop longue 3 il faut alors quelque chofe de plus aite.
Il nous refle à dire un mot des ftances irréguiieres.
Des fiances irréguiieres.
lOutre ce que nous avons eu occafion d'expliquer fur
^; ftances irréguiieres dans ce qui piécede , il faut en-
^re obtcrver qu'on y emploie toutes fortes de ftances
«puis le quatrain ouïe tercet , jufqu'au dixain 3 fans fe
Kttre en peine de ménager les repos , comme on le
jit faire dans les ftances régulières. Seulement il ne
ïat jamais placer de fuite plus de deux rimes mafculi-
Js ou féminines , ni mettre de fuite deux rimes maf-
(lines ou féminines qui ne rimeroient point enfemble.
iNous avons en françois plufîeurs fortes particulières
<! pièces de vers, compofées de ftances , que nous rea-
■yons chacune à leur article.
Nous ne dirons que peu de chofès de celles qui ne
>!nt plus en ufage. Nous n'en parlerions pas même , fi
.^>us ne penfions que l'on a toujours une forte de fatis-
Jiflion à prendre une connoifTance générale de ce qui
: ttoit nos pères , lors même que notre goût ne s'ac-
de pas avec le leur. Mais nous nous étendrons un
juplus fur les Poèmes qui font encore à préfent en
'iclque réputation : voye:^ Sonnet, Bouts rimes ,
-3NDEAU , Triolet , Chant Royal , Balade, Lajt
' ViRELAY , Madrigal , Epigramme , Ode,Chan-
:>N , Cantates.
STROPHES : voye? Stances.
Bbij
lï
384 s T R
STRUCTURE DU VERS. La ftrucîlure ^u vers cf
rpbfervatioii de toutes les loix impofées aux Poète
pour le nombre , la qualité , & l'arrangement des fylla-
bes qui compofent un vers.
Pour déterminer le nombre des fyllabes dans un vers
il faut obferver combien de forte de vers nous avons
Tout le monde admet des vers françois de cinq efpcce
relativement au nombre des fyllabes ; ceux de douze
ceux de dix , de huit , de fept , & de fix. Quelques Au
teurs en voudroient faire admettre de onze , de neuf, l^
de cinq ; mais {1 l'on en trouve quelques exemples dan
de célèbres Ecrivains , il eft certain que ces exemple
tiennent à des circonftances particulières. Dans les vci
mêlés , on n'en reçoit que des cinq efpeces principales
ceux de neuf ou de onze fyllabes n'ont jamais pa/îé qu
la faveur du chant 3 ils font fjjets à une très grand
difficulté pour le repos ou hémiftiche qui fe trouve égr
lement mal placé après la quatrième ou la lîxicme fylL
be ; ceux de cinq ont ua inconvénient auffi confidèr;
bie , en ce que le retour trop fréquent des rimes fatigu
l'oreille.
Quand on veut mefurer un vers , on ne comp
point les e muets qui font à la fin des rimes féminines
ni ceux qui fouffrent élilion dans le corps du vers : royi
Hiatus 6* Elision.
Une autre obfervation à faire pour compter le noii
bré des fyllabes , c'eft que la langue françoifc a fouvei
plufieuts voyelles de fuite qui forment une diphtongi
dans certains mots , & dans d'autres n'en forment pas
d'où il arrive que quelquefois elles ne font qu'une fyll:
be , & quelquefois elles en font deux: voye:^ Prono>
ciATiON 6' Diphtongues.
La première efpece des vers françois eft celle des ve
de douze fyllabes qu'on nomme Alexandrins. Ils do
vent ce nom , fuivant quelques Auteurs , à Alexand;
de Paris , un de nos vieux Poètes , qui les employa
premier 5 ou fuivant quelques autres à un Poifmc II
Alexandre le Grand.
Approche , trifte objet d'horreur & de tcndrefTe î
Approche > cher appui qu'crpéroir ma vicilletfc \
STR jS?
Vîen? embraflef ton père , il t'a dû condamner :
Mais s'il n'étoit Brutus , il t'alloit pardonner.
( M. de f^oltaire ^ Tragédie de Brutus ).
Cette efpece de vers eft confacrée principalement à la
Comédie , à la Tragédie , à TEpopée & au Poëme didac-
tique. On l'emploie aufTi aiTez communément dans les
Poélles Paftoraies , dans la Satyre , l'Elégie , &c.
Les vers Alexandrins ont un repos ou hémiftiche in-
variablement placé après la fîxieme fyllabe. Quant aux
gutres règles de l'hémiftiche : voye^ Hémistiche.
Après les Alexand-rins fuivent les vers de dix Tyllabes
qu'on appelloit autrefois communs , parcequ'en effet on
en faifoit un ufage fort fréquent. Aujourd'hui ils font
plus rares. On s'en fert cependant encore dans les Epîtres
familières , dans les vers libres , dans les Rondeaux ,
Balades , Epigrammes ^ &c.
Le perroquet eut beau par fon caquet
Imiter l'homme , il fut un perroquet.
En s'habiliant en homme , fous le linge
Le finge auflî ne pa(îa que pour fînge.
Ici le repos doit toujours être placé après la quatricmc
yUabe : voye^ Hémistiche.
La troifîeme efpece eft des vers de huit fyllabes.
Ceux-ci n'ont pas de repos ; ils font fort ei^ ufage pour
i'Épîtrç , l'Ode , les Chanfons , &c,
Cenfeur de ma cherc parefle ,
Pourquoi viens-tu me réveillée
Au fein de l'aimable molefle ,
Où j'aime tant à fommeiller ï
Laifle-moi, Philofophe aufterc ,
Goûter voluptueufemcnt
Le doux plaifîr de ne rien faire ,
Et de penfer tranquillement.
Ceux de la quatrième efpece ont fept fyllabcs, 0n les
B b ii;
iSg STY
emploie <îans toutes fortes de ftyles , particulicrem( :
dans les Odes & les Chanfons.
Je difois à la nuit fombre :
O nuit , lu vas dans ton ombre
M'en^evelir pour toujours !
Je redifois à l'Aurore :
Le jour que tu fais éc.lore ,
Eft le dernier de mes jours.
( Ode de Roujjèau ).
Enfin nos plus petits vers , du moins gcnéralciTK
reçus , font ceux de fîx fyllabes. Ils feroient faciguans j ■
le retour trop fréquent des rimes , fî on les emplov
feuls; auffi a-t-on foin de les joindre pour l'ordinair
d'autres vers de différente mefure.
Le rat & la grenouille auprès du marécage
Sequerelloient dans leur langage ;
Le milan fond fur eux
It les mange tous deux.
( Fables de la Fontaine ).
Les qualités requifes dans les fyllabes qui compofc
tm vers , varient lelon que les fyllabes font à la fin
dans le corps du vers. Dans le premier cas toutes
obfervations à faire fe trouvent au mot Rime. Dans
fécond on les trouvera aux mots Elision , Hiatus.
STYLE. Le ftyle eft une façon de s'exprimer , pc
tant un caradere émané tant de la qualité de l'ouvr
ge que du goût perfonncl de l'Auteur : ce caradcre r
fuite des penfées , des fentimens qui font le détail
l'ouvrage , des expreflions qui rendent ces fentimens
ces penfées , & de l'arrangement refpcdlif de toutes c
parties.
Nous ne devons ici traiter que de la féconde de c
trois parties : la première dépend du génie & du talen
la troifieme de la juftelfe de l'cfprit : cependant il c
difficile de développer un article fans toucher les autu
quand ils font auffi intimement unis entr'eux.
On dilîin^ue allez ordinairement trois fortes de il) le
s T Y 587
smtj le fuhllme ou élevé , le moyen , & Xzfimple, te premier
doit être celui de tous les ouvrages d'éloquence dans
lefquels on traite des fujets impoitans , publics & liés à
de grands intérêts : le fécond eft pour les fujets gracieux,,
amufans , agréables 5 & le troilieme convient fur-tout à
l'Hiftoire & à la Philofophie. Dans le premier on dé-
ploie plutôt les richelTes du génie que celles de la Rhé-
torique. Dans le fécond on évite le ton noble , les mou-
Yemens pathétiques , les tranfports , l'enthoufiafme ,
qui conviennent au premier • mais on y étale toutes les
fleurs de la Rhétorique , c'eft-à-dire , tout ce que les
figures ont de plus propre à plaire : voye':^ Rhétori-
que. Dans le troifîeme on ne doit chercher qu'à être
clair , fîmple, fuivi , exad & précis
On a des exemples du premier flyle dans les Oraifoni
Funèbres de Fléchier , dans celles de Boifuet , dans le
difcours fur THiftoire Univerfelle fait par ce dernier ,
dans quelques Sermons de Bourdaloue , & fur-tout dans
fes Mifteres & fes Pallions , dans les Odes de RoulTeau ,
^ans les bons Poèmes Epiques & les bonnes Tragédies.
Le Télémaque de M. de Fénelon , les ouvrages mêlés
de M. de Voltaire , une foule d'ouvrages académiques ,
&c. vous ferviront de modèle pour le ftyle moyen ou-
lîcuri , comme aufTi les Poéfies de Grelîet, de Bernis,
&:c. Pour le troifieme , nous avons nombre d'ouvrages
Didadiques , Hiftoriques & Philosophiques , tels que les
Traités, les DiiTertations de nos bons Ecrivains, qui peu-
vent guider les commençans. Entre les Poètes , la Fon-
taine doit être à la tête pour le ftyle fimple & naif ;
& peut-être qu'après lui, il eft inutile d'en propofer
d'autres.
Nous n'en dirons pas davantage fur ces divifions dii
ftyle \ nous le confidererons fous un point de vue géné-
ral, qui nous fournira également toutes les qualités qui
peuvent ou doivent concourir pour le rendre bon.
Le ftyle exige la corredion , la clarté , la facilité ,
l'harmonie , la propriété des termes , la précifîon , l'élé-
gance, & l'énergie.
L'on ne parle que pour fe faire entendre : la première
qj.ialité du difcours & du ftyle eft donc la clarté j cette
cUtti doit .rendre la penfée avec toute la fidélité qua
Bbiv '
î88 S T Y
lîemande le commerce de la parole ; c'eft piefcjue h
feule beauté du ftyle Hiftorique , Mathématique Se
Philofophique ^ avec l'ordonnance & le choix des idées
que nous préfuppofons.
Il y a cependant des cîrconflances où trop de clarté
devient un défaut. Bien des perfonnes entendent à demi
mots , fur-tout dans ce qui regarde les mœurs & le ba-
dinage 5 il faut donc alors que l'ej^predion ne dife que
ce qu'il faut pour faire naître le plaifir de deviner le ref-
te : alors la vérité doit être voilée. Un peu plus ou ;
moins d'opacité ou de tranfparence dans la gaze qui lat
couvre en la montrant , fait un vice : l'un amené l'énig-
matique , l'entortillé , le miltérieux , le précieux, &ïe
ridicule : l'autre conduit au fuperflu , à l'indécence , a
la groUîereté , à l'ennui , à la lenteur, félon les fujets
que l'on traite. C'eft trop fe défier de l'intelligence des
Leéteurs , c'eft les humiliei' 5 ou c'eft fronder les bien*
féances & l'honnêteté i c'eft ofFenfer.
Le moyen de voiler ainfi une penfée , c'eft de n'en
exprimer qu'une qui y mené , ou qui en foit la fuite.
Dans le premier cas , le leéleur fait feul le refte du che-
min 'y & dans le fécond il remonte feul à la caufe de l'ef-
^ fet qu'on lui montre. Quelquefois auflî , fur-sout quand
il s'agit d'un fait , il fuffit d'indiquer quelques cir- ,
çonftances principales ; l'efprit en combinant ces cir«»
conftances , devine le fait qui s'y trouve lié. D'autre-
fois on dit avec un ton d'ironie le contraire de ce qu'on
veut faire entendre ; ou bien l'on fc fert d'un terme
équivoque que l'on femble prendre dans un fens , tandis
qu'on a deffein qu'il foit pris dans l'autre : ^oye:^ Ironie.
On trouve tous ces moyens employés dans les bonnes
Epigrammes.
Une exprelTion propre rend la penfée avec une juftefTc
qui fait le charme de l'efprit : les termes figurés ^ quand
ils font bien choifis & faciles à faifir , la revctcnt de
ces couleurs intéreilantes qui font les délices de l'imagi-
jiation : voye^ Figures. Les moyens néccilaircs pour \
être clair , font donc de bien connoîtrc la iufte valeur |
des termes , & l'emploi que le bon ufngc en fait ou per-
met d'en faire. Si l'elprit faifitbien une idée toute entière,
OU n'aura pas de peine l la rendre par les termes propreij
s T Y 589
il ne faudra pour cela que favoir fa langue. Si on ne la
voit qu'à demi , on ne lui donnera qu'une expreflîon foi-
ble & peu propre ; fouvcnt même on la défigurera , oa
Ja rendra méconnoifTable , on fera inintellio;ible.
Ce que nous difons ici de chaque idée particulière ,
peut aifément s'appliquer au total d'un ouvrage. Le
choix des idées dans ce dernier cas eft comme le choix
des termes dans l'autre -, là l'ordre dans les raifonne-
niens ou les faits , comme ici l'ordre dans la conftruc-
tion d'une phrafe , vous donneront une clarté com-
plettc : voye^ Raisonnement , Construction.
Mais fi vous pafTez par-deflus des idées intermédiai-
res qui foient utiles à l'intelligence des autres , vous re-
deviendrez obfcur. Il en fera de même fi vous négligez
trop les liaifons & les circonftances : voye^ Conjonc-
tions , Transition.
Il eft à propos de faire ici une obfcrvation fur la
Langue Françoife j c'ejft qu'il n'en eft point à laquelle la
clarté coûte tant : on dit cependant que c'eft la plus
claire de toutes les Langues-j & on le prouve par l'or-
dre de conftrudion , la march-e qu'elle met dans Ces
phrafcs , & par fon article. ALiis c'eft par l'invariabi-
lité même de fa marche qu'elle préfente à chaque pas
une infinité d'amphibologies difficiles à éviter. Il faut
avoir écrit en françois pour favoir combien il en coûte
pour conferver toujours ce caradere de clarté 5 il faut
avoir beaucoup écrit , pour être parvenu à fe rendre ce
caraâ:ere familier. Ainfi pour être clair , il faut être bien
inftruit de fa langue, comme nous l'avons dit , Se s'être
accoutumé à la plus grande corre<5tion dans l'ufage
qu'on en fait.
La corredion n'eft pas feulement néceffaire au ftyle ,
parcequ'elle contribue à le rendre clair ; mais auffi par-
cequ'un langage peu corred eft une forte de barbarie
qui défigure la langue, offenfe les ledeurs inftruics , &
fait tort aux meilleures chofes que l'on pourroic dire.
Cette corredion confifte à ne point employer de termes
qui ne foient françois , à ne donner à ceux dont on fe
fett qu'une figniiication autorifée par l'ufage , à rendre
fes phrafes coulantes , faciles , & conformes pour l'ar-
:t qu'une figniiication autorifée par l'ufage , a rendre
; phrafes coulantes , faciles , & conformes pour l'ar-
rangement & la liaifon au géiaie de la langue Mais,
35JO S T Y
Quelque foin que l'on doive apporter pour confervcr si
fon ftyle une qualité aufTi fondamentale , il ne faut ce*
pendant pas porter le fcrupule jufqu'à lui facrifier toute
la vivacité qui convient quelquefois à notre difcours: ill
eft des occafions où de légères fautes font une licenc<
heureufe ; c'efi: un défaut d'être incorred^ mais c'eft ur
vice d'être froid. Ainfi Racine aima mieux être inexaâ
que languifTant , & manquer à la Grammaire qu'à l'ex,
pre/îion , lorfqu'il dit :
Je t'aimois inconftant , qu'eufîé-je fait fidèle !
Mais il faut en pareil cas , que la faute que l'on com-
met foit rachetée par une grande beauté ; qu'elle foii
peu feofible ; qu'elle foit inévitable j & fur-tout il faui
s'en perm.ettre bien peu : il feroit mieux de pouvoir lej
éviter toujours.
Nous avons déjà parlé de la propriété des termes ,
qui eft le caradere diftindif des grands Ecrivains, la
qualité par laquelle leur ftyje fcfoutient toujours au ni-
veau de leur fujet, & d'où naiffent la précifion ^ l'é-
légance, & l'énergie, fuivant la nature des matières que
l'on traite, ou des objets qu'on doit peindre 5 la préci-
fion dans les matières de difcuiîion ; l'élégance dans les
fujets agréables j & l'énergie dans les fujets grands ou
pathétiques.
La précifion eft l'art de ne dire jamais plus ni moinçi
que ce qu'on a en vue , de rendre fes penfées avec ki
plus grande jufteife , de ne porter en un mot dans l'ame
des autres que ce qui eft dans la nôtre , mais de l'y
porter tout entier & tel que nous le concevons.
L'énergie eft cette qualité par laquelle les exprefTions
font une imprcfîîon profonde dans l'efprit des autres.
Elle donne quelquefois de la noblelle aux termes les
plus bas j comme dans les exemples fuivants remarqués
par M. de Voltaire,
Se faifant d'un Tyran Tcffroyahle partie.
Ccrncillc àmsHéracthts ^ Ad. II. Se. II.
»• Les termes les plus bas, dit-il, deviennent quelquefois
35 les plus nobles-, foit par la place où ils font mis , fok
s T Y 39t
te parle fccours d'une épithete heureufe. Là partie eft un
» ternie de chicane 5 la main de Dieu appéfanrie qui de-
33 vient l'effroyable partie du Tyran , eft une idée terri-
ls blc. On pourroit incidenter fur une main qui fe fait
33 partie ; mais c'eft ici que la critique des nrot<, doit , à
» mon avis , fe taire devant la noblefTe des choies w.
Dont leur Flaniinius marchandoic Annibal.
Corneille dans Nicoméde»
33 Cette expreiTion populaire marchandait devient ici
M très énergique & très noble , par l'oppolîtion du grand
33 liom d'Ànnièai qui infpire du refpeâ:. On diroit très
i>3 bien , même en profe ; cet Empereur après avoir
33 marchandé la Couronne , trafiqua du fang des Na-
sa tions 3D. M de Voltaire.
La précifion fait voir notre idée telle qu'elle eft en
nous ; l'énergie la grave dans les autres j ils ne la voient
pas feulement 3 ils la touchent. On fent combien la pro-
"priété des termes fait pour ces deux qualités du ftyle.
Il en eft une autre qui lui doit encore beaucoup ;
c'eft l'élégance, c'elt-à-dire , le choix des exprefiîons
Jes plus riches & les plus heureufes. Elles font riches
par leur propriété & leur précifion ou leur énergie 5
elles le font aufli par l'étendue de leur fignification :
fouvent un mot en dit autant & plus qu'une longue
phrafe ; c'eft une exprelfion riche. Les expreflions font
heureufes , quand avec cette richelfe , elles ont l'air de
■naïveté qui carafterife notre Langue , & cette facilité
qui caradlerife les ouvrages des vrais génies , des e(^
prits fupérieurs à la matière qu'ils traitent , & maîtres
<ic la langue qu'ils parlent.
La naïveté confifte fur-tout à éviter les détours , l'air
•de gêne , de peine , d'efforts , & de contrainte. Ayez des
termes naturels , rejettez ceux qui paroîtroient recher-
chés 'y fuivez dans la ftruâ:ure & l'arrangement de vos
•phrafes le même plan que dans le choix de vos mots ;
;& vous aurez la facilité du ftyle. Qu'on ne s'y trompe
^as : rien n'eft moins facile que de donner cQt air de fa-
cilité à ce que l'on écrit : mais le travail doit être caché.
ïl eft quelques autres qualités plus ou moins eflentiel-
39^ S T Y
les au ftyle feîon le genre & l'occafion : tefs Tout U
nombre , l'harmonie , & Vaccent oratoire : voyez ces
mots,
Onfent affe?. que le ftyle doit avoir bien des varié-
tés. Son bat cfl de peindre y il doit donc prendre les
couleurs & les traits des objets que l'on Te propofe de
traiter. Il y a d'ailleurs des convenances à garder,
I ". par rapport à la perlbnne qui parle ; c'eft un Héros
ou un Tyran ; c'efl un Guerrier ou un Magiftrat ; c'eft
un Politique , ou un Pliilofophe , ou un Orateur , c'eft
Hn Citadin ou un Berger , c'eft un vieillard ou un jeune
homme , &c. i^ . Par rapport aux circonftances ; c'eft
une fête champêtre , ou une réjoui/î'ance publique j
c'eft un malheur présent ou avenir , un objet effrayant
ou chéri ; 3*'. Par rapport à la manière de parler j c'eft
en profe ou en vers, en récit, ou en adion.
Indépendamment de toutes ces convenances , on fe
propofe un but , & c'eft lui qui décide du ton de l'ou-
vra2;e auffi bien que du plan. Quand on écrit , on a des
partions à communiquer aulTi bien que des idées à ren-
dre ; & ces partions font ou plus douces & plus lentes ,
ou plus fortes & plus vives , ou impatientes & inégales ,
ou furieufes & emportées , ou fombres & mélancoli-
ques , ou gaies & riantes , ou folâtres & enjouées , ou
graves & majeftueufes , ou burlefques & poliffonnes :
voye;^; Passions , &c.
Que de fortes de ftyles différens , en ne comptant
même que les bons ! Donnons quelques principes fur
toutes ces variations , en fuivant ce que l'on nous a
donné de plus précisée de plus faillant fur ce fujet : car
pour entrer dans les détails que cpt article demande
pour être traité à fonds , il faudroit en faire un ouvrage
conrtdérable.
Le ftyle doit être artJbrti au genre dans lequel on tra-
vaille : ce genre eft fcrieux ou agréable , touchant ou
terrible , naturel ou héroïque : le ftyle doit donc être
grave &: concis dans le férieux , facile & enjoué dans
l'agiéable , doux & affcélucux dans le touchant , conf-
terné & lugubre dans le terrible , modefte & ingénu
dans le naturel , élevé & pompeux dans l'héroïque.
Il doit être alTorti au fujet : le fujet cft du rclfort de
STY ,<,,
Ila mémoire , de l'efprit , de la raifon , du fentiment, ou
de l'imagination. La mcmoiie expofc ; Ton tour eft fim-
ple, uniforme & rapide, elle évite les réflexions re-
:i cherchées , les portraits romanefcjues , les defcriptions
: poétiques , les artifices oratoires. L'efprit doit embel-
lir 5 fon tour ç{l varié , ingénieux , & brillant , il lui
faut des allufions , des antithefes , des contraRes , des
chiites épigrammaticjues. La raifon veut juger j elle
prend un tour ferme , réfléchi , & févere 5 elle analyfe
avec précifion , développe avec étendue, réfume avec
méthode , prononce avec dignité. Le fentiment expri-
me : fon tour eil libre, pathétique, infinuant 5 il fe ré-
pand en apoftrophcs animées , en exclamations vives ,
en répétitions énergiques , en follicitations preflantes.
L'imagination imite 5 fon tour eft enthoufiafte , origi-
nal , créateur 3 elle étale avec profulion ce que la mé-
taphore a de plus riche , ce que la comparaifon a de
plus faillant , ce que Tallégorie a de plus pittorefque ,
ce que Tinverfion a de plus mélodieux -.voyci Tropïs.
Le ftyle doit aifortir les couleurs aux chofes particu-»
lieres que l'on veut peindre : pour une penfée gracieufe,
il emploie des couleurs tendres , fraîches . moëlleufes ,
cz bien fondues j pour une penfée forte , des touches
pleines, refferrées , tranchantes, hardies , pour une
penfée fublime , des couleurs éclatantes & limples en
même tems ; pour une penfée naïve , des couleurs né-
gligées & délicates tout enfemble.
Le ftyle doit affortir les fons au mouvement de l'ac-
tion que l'on décrit: à un mouvement lourd & tardif,
doivent répondre des fons graves & craînans ; à un mou-
vement brufque & précipité , des fons vifs & rapides 5 à
un mouvement bruyant & cadencé j des fons éclatans
Se nombreux ; à un mouvement léger & facile , des fons
doux & coulans 3 à un mouvement pénible & profond ,
des fons rudes & fcurds 5 à un mouvement vafte &: pro-
longé , des fons majeftueux & foutenus. Il n'eft poinc
de Langue qui ne renferme des fons où l'on peut trouver
toutes ces qualités , foir par la nature des fons primi-
tifs , foit par leur mélange &: leur combinaifon : voye:^^
Nombre, Harmonie.
Le ftyle doit être alTorti à la paflîon qu'on veut expri-
594 S T Y
mer. L'admiration a recours aux hyperboles , aux pa-
rallèles les plus flarteurs ; la haine, à l'ironie, au re-,
proche , à la menace 5 l'envie , au dépit , au dédain , à,
l'éloge même pour préluder à la fatyre. L'orgueil défie.
La crainte invoque. La reconnoilTance adore. La dou-
leur chancelle , s'égare & s'abat. Le plaifir bondit , pé-
tille , éclate , fe rit de tout , s'évapore en faillies , écarte
les réflexions, & appelle le fcnriment. La joie douce
& paifible efl; moins vive 8c plus touchante; elle s'épa-
nouit moins , mais elle dure plus long-tems. La mélan-
colie rafl'emble les images funefics , les trilles fouve-
nirs , les noirs prelTenaniens. L'efpérance a des foupirs
ardens , des vœux répétés , & des regards tendres éle-
vés vers le Ciel. Le défcfpoir garde un morne fileace
qu'il ne rompt que pour faire des imprécations , regret-
ter & invoquer le néant : voye:( Figures , Imagls.
Enfin le ftyle doit être aiforti au génie de l'Auteur. Le
génie eft enfant de la nature : chaque Auteur en a un qui
qui doit lui être propre. Se caradérifer fes ouvrages.
Un ftyle qui n'a pas le caradcre de l'Auteur , cfc une
copie qui ne reffemble point à fon original 3 c'eft un
portrait infidèle.
On difcingue beaucoup d'autres fortes de ftyles , que
celles que nous avons d'abord marquées ; comme le
ftyle atdque , le ftyle laconique , le ftyle oratoire , le
ftyle académique. Le premier & le dernier reviennent a-
peu-près au ftyle moyen. Le laconique confifte à dire
beaucoup de chofes , non -feulement en peu de paroles ,
mais même en peu de fyllabcs : dans les exemples qu'on
en donne , les termes employés ne fignifient pas à beau-
coup près tout ce que Ton veut faire entendre; mais oa
faifit aifément la penféc d'après ces termes & les cir-
cosiftances. Le ftyle oratoire comprend tout ce que nous
venons de dire dans cet article ; il renferme encore bien
des principes fur la difpolition & l'arrangement des par-
ties d'un difcours ; principes qu'on trouvera dans ce
Didlionnaire à leurs articles refpcdifs : voye[ aulll le
motGouT.
^n^i\ on diftingue le ftyle profaïque , & le ftyle por-
tique. La différence de l'un à l'autre n'eft que du plus au
jinoins. Un Auteur du (ioiamcucemcac de ce licclc a pré-
s T Y S U B 595
endu que l'iHverfion formoit le caracflcre diftindif du
<^ers , & par confcquent du ftyle poétique. Mais cette
)rétentioii a été bien détruite par plusieurs Ecrivains
joftérieurs , & entr*autrcs pai M. le Battcux. La profe
idmet des invcrfions comme la poéfîe , il n'eft point de
igure que l'on ne puifTe employer dans l'un comme
lans l'autre de ces deux ilyles : feulement tout cela eft
l'un ufagc plus fréquent & plus hardi dans la poéfîe
■:]ue dans la profe : voye:^ Inversion. Il faut en dire
mtant des charmes du il:yle élevé , du nombre , de la ca-
dence , & de l'harmonie. Le ftyle poétique a recours aux
allégories & aux alkifions tirées de la fable ; le ftyle
^rofaïque le fait auffi, mais bien plusmodeftement & plus
rarement, & il en eft de même de tout ce que l'on trouve
ie plus faillant dans les meilleurs Poètes. Il fiut néan-
tnoms bien fe défendre de laillér dans la profe quelque
phrafe , ou quelque membre de phrafe quioifre au juile
la mefure de quelque forte de vers françois , & fur-tout
de ceux de douze ou de dix fyllabes.
SUBJECTIF. Nous appelions yî^/^'cc?//, dans la conf^
tru6lion d'une phrafe , la chofe ou la perfonne dont on
parle , & qui fait le fujet de la phrafe. C'eft ce qu'on
appelle nominatif dans les langues dont les noms fe dé-
chnent en changeant de terminaifon : voyei Cons-
truction.
SUBJECTION , figure de Rhétorique propre à la
preuve : voye^ Occupation.
SUBJONCTIF. Ce mot vient du verbe X^ûn fubjun-
gère , qui fignifie joindre avec. C'eft: un mode des ver-
bes : voyei Modes 6* Verbe. Il défigne que l'affirma-,
tion attachée au verbe eft dépendante de quelque mot
.précédent qui le régit félon les régies grammaticales,
ou dépendante de quelque condition , de quelques cir*
confiances , en un mot que l'affirmation eft fujette \
quelque chofe dont elle eft comme la fuite : exemple ^
s'il faut que faille. Il voulait que'fécrivijfe^
n Dans ce vers de la Comédie du Menteur :
La plus belle des deux je crois que ce foit l'autre,
« Je crois que ce foit eft une faute de Grammaire , du
» tçmj. même de Corneille , die M. de Voltaire, Je cr«i«
39^ S U B
33 étant une chofe pofitivc exige Vindicatif. Mais pour
35 quoi dic-on , je crois qu'elle ^/aimable , qu'elle a d(
sorefpritj & croyez- vous qu'elle yofr aimable , qu'eli<
35 ait de l'eCprit ? C'eft , ajoute-t-ii , que croyei-vou.
33 n'eft point pofitif, Croye:(-vous exprime le doute d<
33 celui qui interroge. Je fuis fur qui! vous fatifera
33 Etes-vous fur qu'il vous fatisfajfe.
33 Vous voyez par cet exemple que les règles de !i
33 Grammaire font fondées la plupart fur la raifon , 8
33 fur cette logique naturelle avec laquelle naiffent tou
33 les hommes bien organifés : voyei Syntaxe & CON
JUGAISON,
SUBSTANTIFS ( Noms ). Quelques Grammairien
ont défini le nom fubjiantif y un mot qui fîgnifie un
fubftance. Cette définition fauffe vient de l'étymologi
du mot fubjiantif, mot barbare qui ne préfente aucuni
idée dans notre Langue , ou qui n'en préfente qu'un
fauife ; introduit par des Grammairiens étrangers ,
reçu chez nous par des Grammairiens gothiques 5 mo
que nous fommes pourtant forcés d'admettre en le con
damnant , parceque le préjugé & l'ufage femblent l'a
vou- confacré. La ccnfidération que toutes les idées d
fubilances s'expriment en effet par des fubftantifs
n'aura point permis de douter que la définition don
nous venons de parler ne fût exade. Les difficulté'
feront venues enfuite ; mais le parti étant pris , on auc
eu recours aux vaines fubtilités.
Une très grande partie des fubftantifs ue repréfen-
tent nullement des chofes fubfiftantes par elles-mêmes
La couleur qCc un fubftantif; mais l'idée qui eft atta^
chéc à ce mot ne peut qu'être accidentelle à une idé(
principale , 8c dans le phyfique la couleur ne peut exif
ter , s'il n'exillc en même tems une fubftancc colorée.
Mille autres exemples arrêtent à chaque pas les parti-
(ans de la définition étymologique.
D'autres ont voulu fubilitucr à cette notion peu exac-j
le j une autre notion encore moins jufte. Le fubftantif,
«lifent-ils , eft un mot fufccptible des différents cas &!
des nombres , mais qui ne peut varier quant à fon gcn-j
rc. Définition purement méchaniquc , qui au lieu dcl
l'eflQncc même de la choie , ne préfente que des idécsl
purement
s 0 B >5)7
rarement âccefToires & des qualités arbirraires. On voie
ians toutes les langues des lubftantifs qui n'adniettenc
|ue ie fingulier ; il en eft d'autres qui n'ont que le plu-
ie!. D'autres enfin fe prêtent également aux genres
nafculin & féminin.
Il eil; des Auteurs aux yeux de qui les noms fubflan-
ift ne font que des noms faits pour exprimer les idées
mnoncées par l'article : ce qui peut être vrai dans une
cingue , mais n'en être pas moins abfurde chez les peu-
)]cs qui n'ont aucun article 5 & ce qui pèche toujours
lar le grand défaut d'expliquer une clî^fc par ce quelle
Û quelquefois, & non par ce qu'elle eft^fleatiellement,
Qu'elî-ce donc qu'un nornfubftantif ? C'elè une par-
ie d'oraifon ou un nom qui exprime un objet confi-
léré en lui-même , & indépendamment des qualités qu'il
)eut avoir. L'homme eft un fubftantif , parcequ'il me
appelle l'idée d'un objet dont je ne vois alors que l'ef-
énce , fans faire aucune attention aux attributs dont il
;ft fufceptible ; fans comprendre ni examiner s'il eft
eune ou vieux , grand ou petit , vertueux ou vicieux ,
kc. Ce n eft pas que dans le corps de la phrafe ces
lualités ne lui puilient être ajoutées ; mais le fubftantif
*eul ne les préfente , ni ne les exclut jamais : il reftc
lonc toujours fubftantif.
La bonté n'exprime pas une chofe qui puiiïè exifter
bule -y il n'y aura point de bonté , s'il n'y a quelque
;hofe qui foit bonne ; mais cette expreffion bonté ne dé-
igne en aucune manière ce rapport à un autre objet : Il
non efprit le volt, c'eft par une opération de mon en-
endement qui va plus loin que l'idée qu'on lui a pré-
sentée ; la bonté ne me préfente en elle-même qu'une
qualité ifolée , pour ainfi dire , & féparée de tout au-
re être : le mot ne m'en dit pas davantage ; c'eft donc
m fubftantif. Il fuffit que fon exiftence indépendante
bit fuppofée réelle dans le difcours ; & cette fuppofî-
ion eft ici nécelfaire ; elle fe fait même pour le rien ,
our le néant , dès qu'on en parle.
Les objets réels , ou fuppofés réels qui font repréfen-
es par des fubftantifs, ont pu s'offrir aux Inftitiiteurs
.es Langues , de deux manières diftérectes 5 ou en
;roup8 ou en détail. Ces hommes auront examiné les
Tome 11^ Q c
39^ SUB
.Titres qui font dans la nature , ou qu'ils imaginoient..
chacun en particulier ^ ou bien , ils en auront appepçi
.d'un feul coup d'œil une fouie de femblables. Dans li
premier cas , chacun de ces êtres aura reçu une déno-
mination qui l'aura diftingué de tout le refle : dans h
fécond cas , le nom donné aura été commun à tous ce
. objets femblables que l'efprit confîdéroitcnméme tems
de-là font venus les fubftantifs hidividuds , & les gêné
■riques, ■
Je vois un homme feul ; je veux parler de lui , & j';
me détermine à le déligner par le mot Pierre ; voila uii
jfubftantif individuel , qui diftingue cet homme que j
vois , de tout autre homme & de tout autre être. 11 peu,^
fe faire que plulieurs portent enfuite le même nom-
mais alors il cefTera d'être individuel, & s'approcher.
de la clalfe des génériques : il y faudra joindre un autr i
mot pour défî^ner perfonnellement cet homme , cei
individu , dont je voulois parler. Si je vois , ou fi j
confidere un grand nombre d'êtres qui fe relfembler :
âlTez pour fùre dans mon efprit une claffe à part & dij '
férente des autres efpeccs d'êtres , je chercherai à Icu
donneriui nom qui convienne a chacun d'eux , & qu ,
n'exprime que ce qu'ils ont de commun. Pierre que j
voyois féparément tout à l'heure , s'y trouve réuni , t
fait partie de l'efpece ou du genre que je veux dénom'
.mer j il fera compris dans la dénomination comme Je
autres 5 & je les appellerai hommes : voilà un fubflanti
générique.
Il y a de ces noms génériques plus étendus , plus gé
nériques que les autres \ le mot homme exprime un
.cfpece d'êtres comprife & renfermée dans cclh que noo
rappelle le mot animal : mais cela ne fait rien ici. 1
.peut encore arriver par ladilette de la langue , ou pa
d'autres caufcs , qu'un mot établi pour figniiier un geiir
ou une efpece de chofes , fe trouve ,dans d'autres cas
n'offrir que l'unité &: l'individuité d'une feule chofc
alors il fera individuel ici , fans en être moins géncri
que dans la première deltination.
On peut confidérer les fubftantifs fous différents af
pefts , félon qu'on veut, i"". en maroucr les lignifii
cations particulières , ce qui feioit trop long pour ea|
rer 6âns notre plan. x*. La conftrudiôn'qtf ils deffiân-
Icnt dans une pnrafe , ce que l'on trouvera à chacun dès
nots qui peuvent avoir à le conftruire avec eux , corn-
ne adjectifs^ articles j, adverbes , d'autant plus que le
iibftantif étant la partie principale d'une phrafe, tout
z relie ne s'y trouvant que pour fervir à développer ôc
irconftancier l'idée qu'on y attache , ou las rapports
]u'on y apperçoit av^c d'autres idées , c'eft plutôt aux
iutrcs mots à fubir des loix de conilruélion qu'aux fub--
lantifs. 3". Selon qu'on veut déterminer le genre- que
:liacun des fubftantifs exige , & leurs variations Gram-
iiacicales & orthographiques par rapport aux nombres.
^c dernier objet paroît encore devoir être immenfe j
]ous allons cependant donner fur cela les règles les
ilus précifes que l'on puiife fouhaiter. Un Grammai-
icn , bien moins connu du public qu'il ne le mérite , a
?ait fur cet article des recherches pénibles , &z des décou-
vertes heureu.fes qui abrègent bien l'ouvrage. Nous ne
pouvons que le fuivre , ea pofant d'après lui les préli-
ir. in aires qui font nécelfaires pour établir en fuite des re-
laies fures & intelligibles 5 ieu'cment en adoptant Tes
idées, nous l'abrégerons quelquefois; & quelquefois
nous tâcherons de le dév-elopper davantage pour plus
de clarté.
Toute idée exprimée par un fubftatitif générique ,eft
ou ridée d'une véritable fubfiance , ou celle d'un mode
confidéré d'une manière abftraite comme nous l'avons
expliqué pour les mots couleur ^^ bonté- ^ ou d'une ac-
tion , d'un événement paiTageï.
La fubfiance eft une chofe qui exifte , ou qui peut
!réellement exifter par foi-même , c'eft-à-dire , fans I0
■fecoufs d'aucune autre chofe qui lui ferve d'appui,,
comme la fubftance elle-même en fert aux qualités qui
nous la rendent fenfible , ou qui la caraélérifent. On ne
dit pas que pour être fubfiance , il foit néceffaire qu'une
chofe pût fe donner , ou fe conferver à foi même rexif-
tence ; en ce cas il n'y auroit qu'une fubftance j l'Etre
Suprême : mais on dit , que cette exiftence ne doit pas
être unie & identifiée avec celle d'un autre être. L'hoir.-
nie, par exemple, doit fa vie à Dieu qui l'a créé &
qui le -conferve 3 mais -c^tte vie n'eil point unie , & ne
Ccij
^air point unt mcmc chofe avec Celle de Dieu ; îl n*ç(h
^'ailleurs aucun autre être de t]ui l'on puiire dire que
i'iîoranic foit ou puilfc devenir une qualité accidentelle
ou néceiraire. L'homme cft donc une vraie fubftance.
11 en eft de mcme dz tous ces autres objets qui nou^
environnent , & que nous voyons exifter , fans que
l'cxiirencc de l'un exige l'exiflence a«5luclle d'un autre j
un fruit ne vient que de l'arbre qui Ta produit j mais
V arbre peut n'être plus tandis que le fruit fe confervcra
encore 5 comme cet aibre a pu exifter lorfque le fruit
n'étoir pas : voilà l'indépendance dont nous parlons,!
celle qui coaftitue l'idée de taute fubftance. !
Les modes font les qualités des différentes fubftan-^
CCS y qualités qui ne peuvent être dans la nature , qu'od
ne peut concevoir exiftantes , s'il n'exifte en même-
rems une fubllance qu'elles qualifient , dans laquelle &
par laquelle elles fubfiftent, qui en un mot leur fer:
à'un appui aufTi intime que néceffaire.
Ces modes ou qualités peuvent être préfentées à ïcC ||
prit de deux manières , ou par un mot qui exprime '
lïioins la qualité ^ que; la fubflance revêtue de cette qua-
lité , ce qui fait VadjeHify ou par un mot qui n'expri- ,
me que cette qualité confidérée en elle-même, & indé-
pendamment de l'objet qu'elle peut qualifier ou qu'eik
qualifie réellement , ce qui fait nos jubjlantifs généri-'
qaes de la féconde claflb. Cette dernière exprefîion , 1
nous l'appelions mode , telles font les cxpreffions, cou-
leur ,fgure , bonté-, l'autre nous l'appellerions modifica-
-rtif y tels font les mots coloré , fig^^^ y ^on ; mais il n'en'
cft ici queftion que pour la précifîon des idées. |
Les adions ont leur principe dans le mouvement','
foit phyfique ou produit fur les corps , foit intelleélucl
ou conçu par analogie dans les cœurs ou les efprits.
Tels font les événcmens produits par les différens êtres
les uns à l'égard des autres : telle eft la courje dans un
animal » pour le mouvement phyfique , &: pour le mou«
ycmcnt intellectuel le pardon d'une injure dans une ame
géntieufe , &c. Les noms de cette dernière efpecc font
dérivés des verbes j & rcpréfentent les mêmes idées,
mais avec une différence effentiellc , quoique délicate 8
faillr 3 différence qu'il faut tâcher de rendre feufiblc ,
•s U B 4or
pour empêcher qu'on ne confonde les verbes avec les
fubftancifs de celte troifiemc cfpece.
Les verbes , courir 8c pardonner^ pour nous en tenir
aux exemples cirés , expriment /a courfe 8c le -pardon^
:omme ces derniers mots qui font leurs dérivés, expri-
ment l'adion de courir & à^pardonr^r. Cependant quand
Dn fc fert des deux infinitifs , q\\ offre à l'efprit non .
feulement les idées de courfe , & àç. pardon , mais celles
ie courfe faite Se de pardon accordé j de manière que la
:hofe repréfentée par ces deux mots efb peinte corn-
ue étant mife en adion , 8c portant avec foi un carac-
ère confus mais réel d'affirmation.
Cette remarque frappera bien davantage , fi au lieu
les mots courir j pardonner , on dit , je cours ,je coti-
'ois y Szc. je pardonne , je pardonnais j &c. Si elle elt
lîioins fenfible , étant appliquée aux infinitifs , c'efl: que
!:eux-ci font très fouvent de purs fubftantifs , & peu-
vent n'être confidérés que comme tels. Au contraire , en
ne fervant des mots courfe 8c pardon , je n'exprime
'action de courir 8c de pardonner , que pour les diftin-
;aer 5 j'en fais une fimple dénomination , fans en pein-
Ire ni afïirmer l'exiftence ou la non exiftence en aU'
:une manière ni pour aucun tems. Ainfi courfe 8c par^
ion font des mots d'une efpece très diftincle de celle
les verbes, courir 8c pardonner , quoiqu'ils en foient dé-
ivés.
Voilà trois différentes claffes de fubftantifs généri-
pes dont les premiers peuvent prendre le nom d'appel^
dtifs , les féconds d'aèfiraciifs , & les troifiemes d"ac~
'ionnels,
: Les uns peignent des êtres réels 8c fubftanciels , les
ippellent en quelque forte par des fons propres & def-
inés à en faire connoître la nature & les qualités
îflentielles ; tels font les fubftantifs république , ville »
nuraille y corps , têce , foldat j armée , livre , offrande j,
ercle ^phyftque j appui , 8cc.
Les autres ne nomment que des modes , des qualités
ibftraites , que l'cfprit fépare en quelqu-e forte dans fa
îenfée des objets modifiés & qualifiés 5 comme , bienfai.
'ance , figure j hardiejfe , mélancolie , témérité , pcfan^
'^iir^ 6cc.
Cciij
'401^ SUR
Les dernkrs ne nomment ni des êtres réels, m de
qualités permanentes , mais des aftions faites , desetter |,
produits , des événemens palTagers ; par exemple , re- y^
cepthrt , conception , méprife , levure , badmage , couf^^
ronnement y marche , Sec. ^ ^. . , , ^ , ^
une remarque efTentielle a faire ici , ceft au un me
me mot peut être de plufieurs claffes , parcequ'il pec
être employé dans plufietfrs fignifications j amfi e me
humeur\ pris pour un corps phyficiuc eft appellatif
c'^fiun corps plein d'humeurs ; d lut faudroit une bom
médecine ■; & il eft abftradif pris dans un fens moral
pour défigner un caradere perfonnel. Il efl toujours..
belle humeur. ^ , v 1 r -r ,„
Jusement^^ adionncl au barreau , ou il fignifie ur
Sentence rendue , & appellatif en L^S/^^^^ ' ^/^^^i;?;
me une faculté de l'efprit. Figure ^9i abftraaif en Phy{
que & en Mathématique oii on ne 1 emploie que po
exprimer le contour d'un corps; & appellatif en feu
Lire ; où il exprime une furfece ou font imites lestrai
& la ficttre de quelque animal.
Dans les détails , il eft quelquefois fort difficile .
décider de quelle claiîe eft un fubftantif ; la matière c
p. elle-même très métaphyfîque , & les refl-emblar
ces les analogies, ou les différences font fouventl
difficiles à faifir , qu'on doit nous pardonner la lœ
sueur de cette divifion & de fon développement.
Les fubftantifs individuels , qui ne font chacun la d
i^omination que d'un feul être pris en particulier , pe
vent auffi fe divifer en trois ordres difterents ; car^ :
font les noms , ou des êtres cxiftants réellement on fu^
pofés exiftants ; ou des lieux paiticulicrs 3 ou enfin d
parties plus étendues de l'univers.
Les noms des dieux , des hommes & des animaux (0
du premier ordre , & fe non^xrx<intPerfonnifiques , te
queV^cr. Apollon, Mmerve Junon^ Pompée, Si
pion Sihic, Lucrèce , Bucephale , Pega/e , &c. L
noms des places , des villes , villages hameaux .
autres lieux particuliers font du fécond ordre &
nomment Topographiques , comme ForcLouis , lafu
Choih 8CC. Les noms des t:ontrees , provinces état-
nvieres montagnes ôc des vents , (ont du troifijme-
s U B 4of
ernler ordre , 8c Ce. nomment Chorographlques ; tds
3nt Us Gaules y la Champagne , la France , la Suijfe , la
hin , U Parnajfe , le Midi , &c.
Toutes les diftinélions que nous venons de faire , ne
Dnt tirées que des différences qui fe trouvent entre les
bjets que repréfentent les fubftantifs ; il faut a£buelle-
lent les confidérer comme yô;:^ , Se nous y trouverons-
•autres claffes à faire , qui appliquées fucceiîivement à
hacune de celles que nous venons d'alTigner, nous dou-
eront les règles que nous cherchons.
Ici nous ne conlidérons les fubftantifs que relative-
nent à leur terminaifon. La première remarque qui fe
)rércnte , c'eft que ces terminaifons font ma/culines ou
^éminines , c'eft-à dire , font formées par le fon de toute
lutre voyelle que celui de l'e muet , ou par le fon de l'e
nuet^foit qu'il y ait après quelques confonnes, ou qu'il
l'y en ait point.
Le fon final de la terminaifon mafculine , peut être
formé par une des voyelles fimples a ^ é y i , o ^ u j y ;
ou bien par l'une des diphtongues^/ , au \, ei , eu y oi\.
ou ; ou enfin par la jondlion de l'une des confonnes m ,
n , avec l'une des voyelles ou diphtongues , ce qui pro-
duit les fyllabes nazales an ^ en ^ in ^ on ^ un ^ ain , ein j^
oin j am , em j, im , om , um , &c.
D'après cela:, nous pouvons enfin en venir aux règles^
Commençons par celles des genres.
Genres DES S u b s t a n t i f s^^
Première Règle,
Les fubftantifs génériques qui font de terminaiTo»
mafculine , aifedent le genre mafculin , excepté ceux
terminés en té Se tié , parmi ceux qui fîniffent par le fon
d'une voyelle fimple j ceux en eur parmi ceux dont la
terminaifon fe fait par diphtongue; & ceux en on précé-!
dé de l'une des fyllabes , ci y gi , ni ^ fi y, ti , ou de la
confonne s prononcée comme le ^ , parmi ceux qui fînif-
fent par une terminaifon nazalc. Nous examinerons ces
trois cas particuliers , après que nous aurons parcouru
toutes les autres terminaifons mafçuJiiKî;- ■
Cciv
^04 S U B
Exemples pour les noms génériques termines, par des
•voyelles [impies.
Opéra y almanach , hafard , art , rempart , trépas j|
éclat , contrat 3 &c. il n'y a point d'exceptions.
£.
Caffé , thé , ^^c , miel , enfer , p/^ff , accès , fi jet , por-
tier^ &c.
C/^':» & merCont exceptés.
^mi j foucis , foupir , ^^^i/ , ûVzV , <?^rir , //", y?/V , &C
Fourmi ^ nuit yfiuris , brebis font exceptés,
O.
^4/0* , roc , ûèorcf , repos , complot , rorf j /'cr^ , &c.
Dc*^ & mort font exceptés,
t/.
Suc ^ jus y tuf , falut y luth ^fétu , ^c.\\ n'y a ici que
#^rrw d'excepté.
Les noms génériques terminés en té & tié font du
genre féminin , comme amirauté ^ vanité ^fociété , ami-
tié y moitié^ pitié , &c. exceptés côté y été ^ Se pâté ^ qui
font mafculins.
Exemples pour les noms génériques terminés par des
diphtongues,
AL
Geai , dais , fouhait , mail , plaid , &c. font mafcu^
lins.
Chair Se paix font exceptés.
AU.
'Agneau, tonneau , défaut, faut ^ &c, font mafculins.
s U B 405
Eau , peau , & /aulx font exceptés.
£1.
Réveil , appareil , confeil^ orteil , foleil ^ Sec. 8c tous
es autres font ixiafculins fans exceptions.
EU.
Feu ^ lieu ^ œuf , vœux ^ deuil, tilleul, recueil, &:c.
ont tous mafculins & les autres femblables, fans excep-
ions.
01.
Effroi , toit , poil , karnois ^ miroir, &c. font mafcu-
jns.
Loi , foif , croix ^ poix , fois , foi » exceptés.
OU,
Filou y bourg , jour y loup , tour ,, &c. font mafculins.
Les exceptés font cour ^ tour ( bâtiment) , & amours au
luriel , quand il eft pris pour la pafTionou pour l'objet
limé , comme , il n'efi point de laides amours , c*eft-à-
iire, de maîtreiTcs qui ne paroifTent belles. On ne voit
ivlus d'éternelles amours ^ de paillons qui foient toujours
:onftantes. Mais ce même fubftantif refte mafculin au
pluriel , quand il lignifie les grâces qu'on perfonnifîe ,
Se ces petites figures qui fervent d'emblèmes dans la
peinture. Les amours rians & légers font des tyrans dan-
gereux. Au fîngulier il eft toujours mafculin, quoique
;nos vieux Poètes l'aient également fait féminin.
J Les noms génériques en eur font ou appellatifs , ou
abftradifs. Les premiers font mafculins , comme cœur^
voleur y pleurs , auteur , rêveur, &c. Fleur ^ fœur, vapeur,
fueur, humeur, font les feuls exceptés.
Les féconds font féminins j comme couleur , pudeur ,
valeur, odeur y mœurs , lueur, frayeur , &c. pomt d'ex-
ceptions.
Exemples pour les noms génériques terminés par des
fyllabes na:^ales.
Champ , écran j maimim ^ mçmm , chemin ^ yln ^
405 S U B
plomh , maçon , alun , bain , levain , c/dim , fein , r^/'/îf jj
befoin , pourpoint , co//2^ , poiw^ ^ &c. font mafculins.
Maman ^ dent /jument ^ fin , boijfon , chanfon , cuijfonj^
moijfon y leçon , façon , /aim & ;;2^//i , font ici les feuls
^Lii foient du genre féminin.
le mot gens eft toujours mafculin', lorfqu'il n'a
point d'adjedifs avec lui , ou qu'il les précède. Les gens
qui paroijfent les plus T^/lcs , ne font pas toujours les plus
conflans. Ce font des pens prudens y mais durs & dangC'
reux j &c. Mais fî Tadjeclif eil: devant ce fiibftantif ,
alors celui-ci devient féminin : bonnes gens \fottes gens\
'vilaines gens , petites gens. Au refle le droit de fe féiiii.
nifer ne s'étend pas plus loin ; car fi cette exprcfîion fé-
minine fe trouve liée dans le difcours à quelques pr^,
noms ou adjectifs qui viennent après ; alors ceux-ci yqC-
tent mafculins , ncnobftant les règles de concordance.
Je n'ambitionne le fort ni des bonnes gens , ni des mau-
vaifes gens y parccquils font également expofés y les pre^
miers a fe voir fripponnés , 6* ceux-ci a être des frippons,
■ Les fubftantifs génériques , dont la terminaifon cft ea
on , & précédée de ci , gi ^ni ^fi , ti , ou de s adouci ,
font féminins , comme légion y fufpicion y uni on ^ paffîon ,
dimenfion , action , caution , combuftion , raifon , prifon ,
illufion y occafion , faifon ^ &c. Bajlion , blafon , frifon ,
oifon , poifon y & tifon font les feuls mafculins.
Les autres fubftantifs génériqqes ont la terminaifon
féminine, & demandent encore quelques préliminaires,
avant qu'on puiife en donner les règles.
Nous ne confiderons point ici les confonnes qui peu-
vent fe trouver après Ve muet, qui conflitue la termi-
naifon féminine. Mais cet e muet peut avoir immédiate»^
ment devant lui grand nombre de dilïcrens fons qui.
joints aux confonnes qui fe trouvent entr'eux & \'e
muet , produifent toutes les diverfités que l'on peut rc;^
marquer entre les tcrminaifons féminines , & en confti-,
tuent les efpeces.
Si Ve muet ell immédiatement précédé d'une voyelle^
ou diphtongue fans aucune confonne intermédiaire ,'
alors vous aurez la terminaifon féminine qu'on appelle
terminaifon pure : tels font corvée , folie , bévue , joie ,
roue j &c. Si la dernière fyUabe eft formée par l'articu-
's U ft 4ài^
ation (î'une feule confonne avec Ve irmet; de forte"
qu'entre cet e muet final & la voyelle ou diphtongue'
jrécédenre il n'y ait qu'une confonne , comme dans Pà^
Pf, Rotne^ tête, &c; ou s'il y a plufieursconfomie?, qu'il
n'y ait que la dernière qui porte fur Ve muet , foit que
l'autre ne fe fafTe pas fcnrir comme âzns flamme , fem^
me :, ville , &c , foit qu'elle n'appuie que fur la fyllabc
précédente ^ comme dans écharpe , caverne , rifque^'
bourfe , &c ; alors c'efl: ce qu'on nomme terminaifonarti*-
culée.
Remarquez que 1'^ qui fe trouve fouvent entre q oa i
f: & Ve muet , ne rend pas la terminai Ton pure , quand
il ne fait pas un fon féparé de celui de Ve final , & qu'il
ne fert qu'à donner au q ou au g une prononciation
forte 5 commue dans les mots parque , bague ^ ma/que ,
digue y &t. tous ces mots & leurs femblables appartien-
nent à la terminai fon articulée.
, Si devant l'arricnhition finale il y a deux confonnes , -
Se qu'elles portent fur Ve muet ; alors vous aurez deux '
nouvelles fortes de terminaifons féminines j VmiQ grajfe^
quand ces deux confonnes font un c fuivi d'un A , ou un
g devant un ;z , ou deux // mouilles ; comme hache ,
hémifliche , montagne , cigogne , caille , fille , merveille ,
&c 5 -l'autre .intermédiaire , quand ces deux confonnes
font/, ou r placé après l'une des huit fuiYantes , b\^.
^ •> '^ i f ■> ë ■> P ■i ^ ■> "^ •> comme dans fable , bufie , an-r
gle , peuple ;, fabre ^ diacre ^ foufre , vinaigre , pourpre ^
plâtre ^fièvre , &c.
Voilà donc quatre efpcces générales de terminaifons
féminines , la pure, l'articulée , la grajfe & l'interme^
diaire , d'où il faut tirer les règles des genres des fub-
-ftantifs génériques qui fîniffent par une iyllabe muette.
Seconde Règle.
La tcrminaifon féminine pure indique toujours le
genre féminin , comme allée , année j fée , marée , anar-
chie , toupie , héréfie , partie ^ cohue ^ laitue ^ haie , pai&i^
courroie , roue , &c.
II n'y a d'exceptés que colUféc ^ apogée , périgée , pigr
mée , maufolée ^ incendie. Ou ne doit pas oublier qu'il
4oS sud
ne s*agit encore ici que des fubftantifs génériques :
voilà pourquoi dans l'exception nous ne citons poini
Vrothée , Frométhée , &c. qui font des noms indivi-
duels.
Troîfitme Règle,
Dans la terminaifon articulée , les fubftantifs peu-
yent finir par dix-huit fyllabes différentes , dont douze
afFedent généralement le féminin ; les fix autres fe par- é
tagent également entre les deux genres , & demandeni
pour être éclaircies quelques remarques que nous ferons,
après avoir indiqué &: parcouru les douze premières ,
qui font be a de , f^ ^ gue , le ^ ne , pe , que , ve ^ xe^
Exemples pour les noms terminés, en be.
Syllabe , barbe , jambe , gerbe , limbes , bribe y robe ^
iombe , bourbe , &c. Il y a ici exception pour aftrolabe ,
monofyllabe , fcribe , lobe , catacombes , globe ^ lombes ,
rombe , & barbe cheval , qui font mafculins.
Exemples pour de.
"^ Aubade , amhajjade y kardes , moutarde , glande y aide,
hride y ode , mode y corde , onde , période dans le dif-
cours, &c.
Les exceptés font camarade , péricarde , code , épifo^
de y exorde , coude , monde , prélude , Garde du Roi , &
période de tcms.
TE.
'Agrafe , carafe y co'èjfe , grife , étoffe , &c. il n'y a
point ici d'exceptions.
GUE.
"Bague > langue , /or^/^ ^ intrigue , morgue , églogue ,
or^i/e y fougue , &c.
Les fculs collègue , tfo^:^^ , catalogue , monologue , -<^
trçlogue font mafculins.
s U B t^oy
LE.
Lubdîe , malle , hydrocele , pucelle , plie , id'ilU , ico^
j houjfolc y mule ^ huile , épaule , mo'élU , toile y voiU
i navire ;, po'éle à fricaiTer , &c.
i?^//£ , modèle , cAy/f , Concile , protocole , ;:o/£ , ro/^^
j-'zrrd/e , md/e de maçonnerie , préambule , vcjlibule 3,
rupule , ^tzz"/^ :, corpufcule , crépujcule , /r^z/z/f , yîzi//e ^
oii/c , chambranle , voi/s à couvrir , &: £o^7e fourneau
)nt mafculins.
NE.
Cahanne , rj;z;zf , carne , marne , aubaine ^ fcê ne ,fre^
dir.e , lanterne , futaine , veine , caverne , vermine ^
némone y none , perfonne , aveine , bétoine y marne , ra-
!>?£ , &c.
Les mafculins ici font âne , dôdâne , cr^/z^ , organe ,
frz^ , faune y cône y prône , rrd;z£ , Moine , Chanoine , û«-
' moine y & patrimoine.
Le mot perfonne confidéré , non comme pronom , mai^3
omme fubftantif , eft toujours féminin : ce n'eft que
ans la vivacité de la converfation où une phrafe a fou-
ent moins de rapport à ce qui a été dit , qu'à une idée
mplement entendue & non exprimée , qu'on peut par-
onner non pas de faire mafculin ce fubftantif /^er/â/z/zr,
lais de n'y plus faire attention dans la fuite du dif-
ours , & de mettre au mafculin les pronoms qui le
élÎ2;nent , comme fi on s'ctoit fervi du fubftantif Aom-
ie.
Cape , carpe , rampe , guêpe , ferpe , pipe , mpe , tau-^
t , trompe y loupe , croupe , troupe , foupe y hupe yguim"
e. Sec.
Pape y Anti-Pape y agapes , jafpe y type , prototype ,
olype y microfcope , télefcope y grouppe , carpe , partie
e la main , font les feuls mafculins»
QUE.
Baraqu€ , cafaque , barque y marque y parque , han^
que ^ hypothèque , colique , boutique j brique » rifque j r^.
iiiçi^^ , co^we j époque , n^/çf/f _, perruque ^ bec.
Les exceptés fonc cloaque y Monarque , exarque, , f /-
trarque , cafque , mafque , Evéque ^ Archevêque ^ cif*
que , i/f/^j^e ^ panégyrique , colloque & foliloque,
SE.
Bû/c , r^/e , cûj^ , f^j(7ê , CfZi]//^ , rA^//? , caufe , c/z^a/
y^j j danfe y panfe y carejfe y herfe , chemife , ro[e ^ roj^
;zo/yê 3 époufe ^fecoujfe , bourfc , moujfe, rnufe ^ rufe y dé-
perife , ojfe/z/ê , &c.
/^^yê y tarje , & moujfe de navire , font ici les troi
feuls mafculins.
Le mot chofe eft eirenticllement fcminin ; mais il de
vient mafculin par la compagnie de ïàà]z€ii'i quelque
loiTqu'ils font unis de manière à ne former plus eniem
ble que comme un feul terme. C'efi quelque chofe de fur
prenant que la confiance des petits Maîtres. Ce que vou
demande:^ , ejl un quelque chofe que je me garderai bien à
vous. dire.,
VE.
Cave , rave, fève, fève , verve , lejfive y rive , foUve
alcôve y guimauve , cuve , preuve , louvre y &c.
Conclave y fleuve ^ rêve , éléy.e , convive ^ font maf;;!!-
lins.
:XE.
Taxe ,Jyntaxe , parallaxe , annexe , &c.
Les mafculins font axe , Jexe ^ équinoxe , Se luxe
Gat^e , topaie , bifi y Sec.
Bon:^e , Se broH:^e font exceptés.
Les fîx autres terminaifons articulées que nous avon
-dit varier davantage font ce y ge , me yre, te , phe. Pou
y trouver quelque chofe de plus fixe , il faut rccouri
aux fons qui précèdent.
i^. Les fubftantifs génériques qui fînillcnt par ce
font mafculins , étant précédés de la voyclk i , ii. féiui
nias dans les autres occalloiis-
s U B 411
"Exemples pour le premier cas : calUt ^ hénêfice ^ in^
'ïce j o^ce , vice. , orifice. , facrifiçe , Jupplice y caprice ,
ervice , &c.
L/ce , malice , milice , immondices font féminins.
Exemples pour les auties occafions : beface , race ,
arce , ^_/^f ce , noce , puce , fource , vengeance , confiance ^
égcnce j o/2ce , ro/zce , pince , Sec.
Efpace , commerce , Prince , Nonce 6c pouce fontmaf-
uinis.
i". Ceux en^e Tont toujours du genre mafculin , ex-
epté lorfque leur nazale a devant elle un Ton nazal.
Exemples pour le premier cas : âge , bocage ^ cordage ^
lliage , hommage , ravage , héritage , collège , privilège ,
'Vi7t^ , manège y cierge^ jiege , cortège , vertige , prodige ^
ne no loge , ^o^e , o/g'e , bouge , ôcc.
Les exceptés font : /j/^^e , c^z^e , rû^'e , /^^ja^ de livre ,
^^rc'e , charge , ûw^^e , auberge , 7^/"^^ , ver^e , /^i^^e , we:-
'c , rig^e , /o^e j horloge , gor^e j /<^^^^ Se couige.
Exemples pour le fécond cas : fange ^ frange , vendan-
'c , grange , louange , vuidange , losange ^ /on^^^ , &c.
Les mafculins font, Ange., Archange ^ change^ lan~
'es , mélange , /i/z^e ifonge , menfonge ^ & échange.
3°. La confonne^ indique le genre mafculm , lorf-
ju'elle fe trouve avant les finales ;72e & fe. Car (î cette
crrre s'y trouve pour la régularité de l'orthographe ,
^- qu'elle y foit d'ailleurs oifeufe quant à la pronon-
iarion , elle ne peut fervir à la connoiflance du genre,
vlais comme aujourd'hui la pratique la plus commune
:ft de retrancher ces s inutiles , tous les fubRantifs oii
is fe trouvent tels , doivent être confidérés comme
i ils n'y étoient point. Dans cette hypothèfe ^ la finale.
^le fe partage également entre le m-af:ulia & le fémi-
lin. Ainfi pour connoître le genre ^ il faut alors re-
ourir au Didionnaire & à rufagc. Pour la finale te ^
;lle elt encore une marque du matcuiin , quand au \iQ.\x
le s , elle a avant foi une des lettres c , ;k:, i -y mais
lors de ces cas , elle fe tourne totalement du côté da
;enre féminin.
Exemples pour WE , précédé d'un s prononce.
Enthoujiafme ^ cataplafme ^ afikme jpléonafme ^ if^hwe.
4ii S U B
fchifme , foïkijme , gallicifme , fopkifme , &c. îl n'y î
point ici d'exceptions.
EexmpUs pour te précédé de l'une de ces quatre lettres :
s , c, X, I.
Fa(le y gefle , purifie , périojle ^ pofle qu'on occupe
?7i//?£ j ûc?^ , prétexte , ^/rs , mérite , //vire , parë/ite
ôcc.
Les féminins font pf/?^ , t'£/?e , lifte , ;?i/?g , pojfJ
qu'on court , ripofte j épacîe , colUcie , yêc?^ ^ e/ire , ^z<^
r/re , & /?tVr€.
Exemples pour tz non précédé des lettres mentionnées.
Datte j ^z^rre , ^ere , fornette , /j^rre , ^orre , hotte .
hrute , chute , rr^zre , mewre , croûte j fourre , plante , pin-
?€ , crainte , patentes , Ao/i/d , po^^f de poule , &c.
Les mafculins font Cornette { Officier ) , TrompetU
( celui qui en fonne), hôte ^ ponte (joueur) & Proti
d'imprimerie.
Exemples pour me non précédé de s ou en ayant un qui
ne fe prononce pas.
Mafculins; blâme , charme , Carme , Vidame ^ vacaf*'
me , programmes , problême , carême , chrême , terme ,
xibîmc , cr/;;:^ , régime , anonyme , ay.me , (f ome , diplô-
me , ûrdme , rhume , légume , baume , &c. Féminins î
ftamme , oriflamme , dame ^ femme , larme ^ allarme , //>/•
gramme , emblème , crème j /erme , d^/me , r/;72e , énigme ,
eftime , maxime , gomme , pomme , forme , coutume ^
plume , écume ^ chiourme , gourme , & Jomme argent.
4°. Les fubftântifs qui liniflent ^aï phe , font /I bien
parcages entre les deux genres , qu'on ne peut rien ft.i-
ruer à leur égard : nous allons feulement donner quel-
ques exemples.
Exemples mafculins '.paraphe. Géographe , Hiftorio-
graphe , paranymphe , triomphe , Philojoplie y &c.
Exemples féminins : orthographe , épitaphe , nymphe ,
triomphe ( au jeu ) , &c.
5". Les fubftantifs terminés par la fyilabc rf précédée
de
ont
SU B 41 j^
!c îa diphtongue ai , font marculins : fi cette finale eft
)rcccdée de l'un de ces quatre fons , a, u , ie ^ ou,
lors ils font féminins : mais li c'efl: l'un de ceux-ci
o ^ eu , oi qui marchent avant re , les fubftantifs
partie mafculins, partie féminins ; on ne peut faire
;Iors aucune règle.
Exemples pour v.!. précédé delà diphtongue ai.
Corfaire , maire , corollaire , fommaire y faciionr.aire ^
"■jpulaire , douaire , reliquaire , légataire , &c.
Affaire , chaire , grammaire & /jû/W font féminins.
Exemples pour re précédé de l'un des quatre fons
A , u , lEj ou.
Arres , l^^rre , m^r^ , tare , hure , cure , bordure ^
-icidure , tournure , dorure , mo'fure , rupture , ^zcrre j,
arrière , aiguière , manière , ornière , frontière , bourre ,
xc.
Cdtarre 3 f'A jre j cim.etiere , /ierr^ , derrière , augure $c
nurmure font mafculins.
Exemples pour re précédé de tout autre fon que des
cinq précédens.
Mafculins j /(cr^ , /À-^r^ , tonnerre , cliftere , minijlere ;
araciere , Meffire , Sire , martyre , /7orc , bofphore ,
n^z/re , ^^r^rre , auditoire , accejfoire , prétoire ^ confif*
oire 3 &c.
Féminins ; m^re , bergère , ^û/fr,e ^ yêrre , panthère ,
:zVe , /yre , mzrr^ , û«ror£ , pécore , demeure ^ foire ^ poire ^
'critoire » écumoire j bajfmoire , décrotoire , &c.
Quatrième Règle,
La terminaifon graffe que nous avons dit être celle
|ui finit par cAè , ^ne , ou //e les deux // mouillés, eft en-
:icremenc du diftrid des noms féminins > comme on va
e voir par les exemples & le peu d'exceptions qu'il
y aura à faire.
Tome IL D d
4t# S U B'
Exemples pour CRE*
Hache , vache , tache , tâche , marche , mèche , pêche f
ferçhe , biche , affiche , c/oc-^^ . rocZif , torche ^ ruche ^
huche y mouche ^ bouche , fourche , anche , manche^
&c.
Les mafculins font ^ Euftache , panache , Patriarche ,
prêche , coche , ponche , dimanche , & manche d'outil.
Exemples pour gne.
Campagne , compagne , montagne , épargne , châtaigne-^,
ligne , v/^/ze , befogne , doigne , &c.
Règne y peigne Se /igné (ont mafculins.
Exemples pour lle mouillé.
Caille y médaille , /j^î/Z/^ , muraille , abeille , omZ''^ ^
merveille , ^/7/tf , ///é , famille , charmille , chenille ^
feuille , grenouille , quenouille , patrouille , &c.
^ CadriUe &cfpadille font feuls exceptés'.
Cinquième Règle,
Les deux lettres /, r, qu'on nomme liquides y ayan
par le coulant de leur prononciation la facilité de s'u-
nir à quelques autres confonnes , pour concourir en-
femble à raniculation d'une feule fyllabe :, conftituent
la termmaifon intermédiaire. Les confonnes qui peuvent
ainfi fe joindre à ces deux liquides , font au nombre de
huit , dont cinq , ^, e ^ fy g y p , îi'uniffcnt également
avec les deux , & trois ^ qui font dy r , v^ ne s'uniffent
qu'avec r. Cela produit treize différentes combinaifons
dans la terminaifon intermédiaire , qui toutes indiquent
le mafculin > excepté /r^ , qui affcde le féminin.
Exemples pour ble , bre.
• Cable y rable y fable , diable , crible , meuble , tremble ,
'comble , arbre y cinabre , marbre , algèbre , opprobre , ant'
bre t timbre , hombre y Sec, ^
s U B 41 j
îl y a exception ipour fable , table \biUe , cible 3 gar^_
icnohk , ténèbres. , fibre , chambre Ôc ombre.
Exemples pour cle 6' cre.
Cénacle , miracle , oracle ^ fiecle , cercle , cycle 3 cnch l
diacre , fiacre , facre , majfacre yfucre , &:c.
Débâcle j ^0^ J^ , nacre & ocre , font féminins.
Exemples pour fle & pre.
Tre/e , buflc , yô/^j?e , //re , gouffre , foufre » mufle ,
&c.
i^^^c , nefie , pantoufle , ^â/re , ojjre , & gaufre , font
exceptés & féminins.
Exemples pour g le 6* gre.
Seglc , efpiegle , j/z^/e ^ triangle ^ ongle , vinaigre ,
rî3ve , o^r^,, &c. ^ _
i?eo^/f ifanglt , épingle ^tringle, font exceptés.
y^i^/e paioît toujours devoir être féminin , {1 ce n'eft
loiTqu'on l'emploie métaphoriquement pourdéhgner un
homme d'un génie (upérieur , en difant de lui que c'eft
un aigle.
Exemples pour ple é" ble.
Peuple , triple ^ quadruple , double , centuple , exem^
pie , temple , &c.
Il n'y a ici d'exxeption que pour le mot couple. Quand
il ne préfente d'autre idée que celle du nombre , alors il
prend le genre.féminin :
J'avalai une couple d'œufs. Il tua une cotq>le de perdrix»
Je n'y vis^quune couple de jolies femmes.
Mais fi outre l'idée du nombre , ce mot ren/erme un
rapport acceflbire à quelque liaifon entre les chofes ;
fi , par exemple , il indique une appariation de fexe ,
un nœud de parenté ^ d'amitié > ou quelque fcrvice com-
mun j alors couple redevient mafculin. On dit donc d'un
mâle & d'une femelle d'animaux , & même d'un garçon
& d'une fille qui peuvent s'unir ; voilà un beau couple»
Ddij
'On dit 4e deux frères, de deux amis, &c. Ce fut ud
4CoupU heureux & charmant.
On dit de même de deux animaux, de deux chevaux,
par exemple , qui font deftinés au même attelage. Ce
couple paroit bien ajforti , &c.
Exemples pour la finale pre , la feule des intermèi
diaires qui fuive le féminin.
Câpre , lèpre , vêpres , pourpre , &c.
Pampre eft feul mafculin.
Exemples pour d r e ,
Cadre , cèdre , cîdre , ordre , défordre , foudre , cyllit"-
dre , &c.
Les exceptés font : poudre , efcadre ^ coriandre ^ ef-
dandre , & foudre que nous avons aufli marqué parmi
les masculins : on dit: c'efi un foudre de guerre j&c,pren(L
ta foudre , Louis. . ,
Exemples pour tre.
''Alhàtre , théâtre , plâtre y aflre ^ défaftre , hre. Prê-
tre , tertre , nitre y titre y Chapitre , Miniftre , filtre j
Apôtre y luftre , maître, traître , antre , cf/zrr^ y peintre ,
xloitre , chantre , r^rrrf , &c.
Les exceptés & féminins font : marâtre , i/^rrr^ , mar-
tre , fenêtre , /frzre , A;zf!rre , //rre , mitre , vi/r^ , loutre ,
poutre , montre.
Exemples pour vre
Havre , Z/^vrc , cw/vr^ , /oivr.? , chanvre , //Vr« à
•lire , &c.
Fièvre , chèvre , & /rVr^ poids , font exceptés.
Dans ces exemples on n'a cherche à épuifer que ceux
qui font exception j pour les autres, on auroit craint de
furcharger inutilement ee Di<^ionnaire.
Il refte maintenant à examiner les genres des fubftan-
tîfs de la féconde clalTc , que nous avons nommés indi-
viduels. Si cette recherche parok longue , nous prions
s U B 417
3'obferver qu'une (îes grandes difficultés de la Langue
;(l: de favoir de quel genre eft un nom j & qu'une des
plus grandes fources des fautes qu'y font les étrangers >
& même afTez fouvent les nationaux , c'eft l'ignorance
de ce point effentiel'.
Pour donner ici des règles, il faut fè rappel 1er la
diftindion que nous avons faite des fubftantifs indivi-
duels en perfonnifiques , topographiques , & chorographi^.
Ii^es 3 diftin<ftiQn que nous allons fuivre.
Sixième Règle,
Lc5 noms inàïviàvizh perfonnifiques (ont mafculins on
féminins fclon qu'ils défignentdes mâles ou des femel-
les. La différence des terminaifons n'eft ici d'aucun ufa-
gc ; & la règle ne peut avoir aucune exception.
Plutus , Salomon , Scipion , Brutus , Hercule , An^
drc j Louis , Mahomet , Brifau , Raton , &:c. feront né-
celTairement mafculins , tant qu'ils défîgneront le même
objet : & Junon , F allas , Diane , Magdeleine , Jeanne.^
Athalie , Judith , Lifon , Catau , &c. feront auffi tou-
jours féminins, tant qu'ils feront au fervice des- mêmes
idées.
Il faut feulement remarquer ici , comme nous l'a-
vons déjà inlînué , que quelquefois un nom originaire-
ment individuel , devient par la fuite commun à plu-
lieurs êtres , par exemple, à toute une famille, &c. alors
il eft de genre mafculin ou féminin , félon l'efpece de
l'objet auquel on l'applique.
Le mot D acier n'aura d'abord été deftiné qu'à dénom^-
mer un feul homme 5 mais cet homme ayant eu des hé-
ritiers , ils fe feront approprié fon nom j fur quoi l'e
genre de ce fubftantif fera devenu douteux, & Ton aura
dû dire félon les occafions j le. Savant Dàcier , en par -
lant d'un de ces héritiers mâle ; ou la Savante Daciér ^
en parlant d'une femme appartenante à la même fa-
mille.
Septième Règle.
I". Quant aux noms topographiques , on peut établie
pour règle générale que tous ceux qui orrt la terminafc^
Ddiij
4i8 S U B
fon mafculine, font du genre mafeulin ; comme, Pa'»
ris , Pau , D^/o/z , Nancy , &c. On dit : Jérufalem a été
détruit ; & la Sainte Jérujûlem. On de voit dire aufli ;
JsFancy efi devenu une très belle ville y & Nancy la Suinte,
&c. D'où peuvent naître ces variations ? Faut- il ren-
voyer aux caprices de l'ufage tout ce dont on ne décou-
vre pas d'abord les raifons ? N'y auroir-il pas dans ces
exemples & leurs femblables , différentes figures de
conftrudion qui produiroient \zs différences gramma-
ticales ? Ne peut-on pas dire que dans ces phrafes : //-
rufalem a èt& détruit , hancy a été bâti a neuf ; leSil
participes font au mafculin félon la régie générale , &
par ce que leurs fubilani-ifs Jérufalem & Nancy font eux-
mêmes du même genre ? mais que dans ces deux autres ;
la Sainte Jérufalem , Nancy la Sainte , il y a une ellipfe
du nom ville auquel fc rapporte l'adjeftif la Sainte f^
qu'on veut dire , la Sainte ville de Jérufalem , Nancy leà
-ville Sainte ; & qu'ainfi les fubftantifs con fervent tou-
jours le même genre ? Mais alors quels fout les occa-
iîons où ce mot ville fera fous entendu , & où \qs ad-
jectifs feront féminins ? Nous voilà retombés dans la
jiécefïité que nous voulions éviter ; la nécefllté de ren-
voyer à l'ufage ceux qui par eux-mêmes ne pourront
difcerner les c?s où il y a ellipfe; à moins que nous
ne difîons que la différence des deux conflrudiions eft'
rendue fenfible par l'article la qui y cil ajouté , ce qui
ne pourroit encore être applicable qu'aux noms de ter-
ininaifon mafculine , comme nous allons le voir.
i'. Les noms ropograpbiques qui font de terminaifon
féminine , fouffrent de plus grandes difficultés. Le plus
grand nombre cependant eft mafculin ; on peut même
en faire la régie générale : mais les exceptions ne feront
pas aifées à affigner. Tout ce qu'on peut dire , c'eft que
les noms de cette efpcce qui font du féminin , l'annonr-
cent allez par-tout où ils fe trouvent , puifque l'article
la marche ordinairement devant eux. C'eft ainfi qu'on
dit : la Rochelle ^ la Ferté , la Villette ^ &:c. Malgré cela
les doutes tenaillent : on dit bien , tout Rome a vu ; mais
ne femble-t-il pas qu'il faille dire ; Rome fut prife d'af
faut , & non pas , fut pris y ou bien ne peut-on pas dire
l'un autant que l'autre i nous répondiions biçn <iue tous
SUB 419
es deux peuvent fe dire , quoique Rome (bit toujours
lu mafculin ; nous expliquerions la première phrafe
3ar le moyen d'une ellipfe qui nous viendroic encore au
.erours ; Rome fut ville prife d'ajfaut ; nous ajouterions
pour facisfaire ceux aux yeux de qui prife eft la plus
!xa6l que pris , que des deux phrafcs Rome fut prife , &
Rome fut pris d'ajfaut j l'uTage aura infenfîblemcnt plus
:mployé la première que la féconde , quoiqu'originai-
ment la féconde aie été plus exadle ou du moins auflî
bonne que la première } que celle qui aura été négligée
daiis ce clioix arbitraire , fera devenue rare , extraor-
dinaire, & fera fur nos oreilles le même effer qu'une
ph'afe vicieufe ^ par cela feul qu'elle fera infolite ; &
qu'en conféquence le fubftantif n'en fera pas pour cela
nîoins dévoué au genre mafculin. Mais ces raifons
nous laiifent toujours le chagrin de ne pouvoir fixer
toutes ces phrafes préférées & particulières , à moins
d'entreprendre une lifte qui feroit infinie.
Huitième 6" dernière Reg/e^
Les fubftantifs ckorographiques afFedent aufll le maf^
cnlin plus fouvent que le féminin , comme on en peut
juger par les détails fuivants.
i". Les noms de contrées fuivent le genre de la ter-
minaifon. Dannemarck ^ Piémont , Pérou , Lyonnois ,
Languedoc y Poitou^ Berry , Portugal ^ Brandebourg^
&c. fontmafcuiins. Suéde y Siléfe y Pologne^ Turquie ,
Perfe , Chine , Efpagne y France , Sardaigne y Bretagne ,
Auvergne y Afrique y Angleterre , Champagne , Bourgogne^
bic. font féminins.
S'il y a ici des exceptions , les noms exceptés pren-
nent avec eux l'article de leur propre genre , comme
une portion eflentielle qui ne les abandonne jarpais :
ainfi la connoiffance du genre n'a point de difficulté :
tels font le Perche , le Maine , &c.
r^. Les noms de vents fuivent auflî leur terminaifon :
Efl, Sud y Ouefi , Nord , Sec. font mafculins 5 Biie eft
féminin.
3''. Les noms de rivières qui ont la terminaifon maf-
culine > font niafculins i & ceux qui finifîent par uu e
Ddiv
410 S U B
muet , fc partagent entre les deux genres. Jourdain.^
Volga ^ Rhin ^ Pô , ïfer , Allier, Lignon , &c. font maf- p
culins. Et pour ceux qui fe terminent par un e muet,
Ebre , Tybre , Danube , Eupkrate , Rhône , ferviront
d'exemples pour le mafculin j & pour le féminin , Ga*.
ronne , Saône , 5£zne , Tamife , Mofelle , Marne , Lo/Vr.
C'eft donc aux Didionnaires Vocabulaires qu'il faut rci
courir pour ceux de cette dernière Claffe , fur lefquelson
aura des doutes.
4^. Tous les noms de montagnes font mafculins;*
quelque terminaifon qu'ils aient 5 comme , Ccucafe j
Olympe , Parnajfe , Horeb , Ethna , Sion , Pyrénées ,,
Cantal , &c. Il y a ici fort peu d'exceptions 5 /^j V^ofges^
les Alpes font du nombre.
Quoique cette méthode de connoître les genres ftc
levé pas toutes les difficultés, elle eft cependant encore
moins pénible , plus fûre , & moins fujctte aux varia-
tions , que les étymologies. Un Auteur imprimé les an-
nées dernières, a mis en deux clalfes les différentes ter-
minaifons félon le genre qu'elles affcârent : mais il s'ea
manque bien qu'il ait fait des tables complettes. Il a
laiffé une foule de terminaifons qu'il lui eût été fort dif-
ficile de mettre dans l'une plutôt que dans l'autre de fes
deux ClaiTes. Nous croyons donc avoir ici fuivi la meit 1 a;
leure de toutes les routes qu'on a voulu frayer pour
arriver au but important de faire connoître les genres
des fubftantifs.
Nous allons préfentement examiner ce qui concerne
le nombre des fubftantifs. A quoi peut-on connoître
s'ils font au lîngulier ou au pluriel ? Quelle différence
grammaticale diftingue ces deux nombres l'un de l'au-
tre ? Tous les fubftantifs les admettent-ils tous deux î
Voilà les principaux objets de cet examen.
La marque caradériftique du pluriel pour les noms
<dans la Langue françoifc , c'eft un j à la fin du nom :
cette maxime générale efî vraie pour les fubftantifs
comme pour les adjedifs 3 & quant aux exceptions
qu'elle fouffre , nous aurons foin de les marquer > en
développant la matière.
Tout nom fe termine ou par un s ou par une voyelle,
ou par une coafonuc autre que le s. Dans le premier
5
s U B 4^1
îS , le pluriel n'eft pas diifcrcnc du lîngulier. ^ccès ,
pas ,/ens , puits ^ fonds , Héros , ccc. le prononcent &:
écrivent de même dans l'un & l'autre nombre ; & ce
cfl: que par le refte du difcours qu'on peut juger s'ils
)nc appliqués à un feul ou à plufîeurs objets. Si le
Dm fubftantif finit par une voyelle, ou par une con-
)niie différente de j , il forme (on pluriel en ajoutanc
1 -î à la voyelle ou à la confonnc qui termine fon (in-
jlier. Homme , province , faute , méprifc, père , fal^
lia , 6onté , défi , écho j vertu , amour ^ maifon , par-
im ^ art ^ Sec. font au pluriel par l'addition d'un j,
immes , provinces ^ fautes j méprifes , pères , falba-
'■S 3 bontés , défis , échos , vertus ^ amours , maifons ,
l'jums , arts , &cc.
Sur cette règle générale, il faut remarquer i°. que
s noms tirés des langues étrangères &: reçus dans la
6:ie fans avoir fouffert d'altérations , ne prcnncnc
3int de s au pluriel , s'ils ne l'ont pas au fmgulier ;
nil l'on dit , des Opéra , des Alléluia , des Libéra , des
'.ve Maria y des Pater , des Ave , des numéro , des
'/'o , des Duo , des a parte , des infolio , des a capo ,
c. Nous avons déjà excepté écko ^ en lui donnant un s
1 pluriel échos. Nous pouvons encore excepter de cettc^
■marque tous les noms propres , dont nous parlerons
ientôr.
i". Que ceux qui fîniffent par au ^ eu , ou, prennent
1 X au lieu d'un s pour former leur pluriel. Agneau ,
'■au , lieu , Dieu , chou j clou , Sec. font agneaux ,
-:aux , lieux , Dieux , choux , c/oz^'a: j &c. Il n'y a ici
ie trou qui conferve le s au pluriel ^ rroz^^ , & non pas
Ci^AT ; comme parmi ceux en ai il n'y a que loi qui
enne un ;^: au lieu de ^ , loix.
3 "^ . Que ceux qui fîniffent au fingulier par un x, doi-
mt être mis au rang de ceux qui ne foulFrent aucun
iangement. La voix ^ les voix , le prix , les prix , &c.
4°. Que ceux qui finiffcnt par le fon nazal ant ou ent^
■nt écrits différemment à leurs pluriels ; une partie des
uteurs les écrivent en changeant le r en j , & l'autre
irtie ajoutent le s après le t ; que l'ufage étant partagé
-deffus , il paroît libre d'écrire amant , garant y jure-
ent , accent y au pluriel amans , garans , jurcmcns , ac-
f
421 s U B
cens , ou amants > garants , jurements , accents , &c. qui
cependant cette dermere méthode paroît plus conformi
au génie de la langue , en ce qu'elle ne fait qu'ajoute
un s pour le pluriel j il faut la fuivre fur tout pou f
le nom de nombre cent , po^r ne pas confondre ceiu
au pluriel avec cens & rentes ; mais le mot gent
fait toujours gens. Que fi l'on retranche le t daii
cette formation de pluriel , il paroît du moins conyc
nable d'en excepter les monofyllabes , foit par raifqii
d'étymoîogie , &: d'analogie entre les primitifs & lesdjji é
rivés, foit pour diftinguer la différente valeur de plm
lîeurs fubftnntifs qui n'ont que cette différence au piqi
riel , con\u\ç plants venant àt plant ( plantation ) d'ave
plans , venant de/Z^/z deiîiné , &c. Ainlî on doit tôt
jours écrire vents , dents ^ chants , pluriels de vent ^ dent
chant , &c.
^°. Que les fubftantifs terminés au fingulier par a,
ou al ^ forment leur pluriel en aux , & que ceux en el\
forment en eux j qu'ainfl Maréchal , Sénéchal , animal
canal , Caporal , cheval ^ bail , émail, travail , mal , ciet
êcc, font Maréchaux , Sénéchaux , animaux , canaux
Caporaux^ chevaux , baux , émaux, travaux, maux
deux , &c il y a cependant bal _, régal , carnaval, mail
éventail , camail y détail , ciel de lit , & ciel en peintur
qui reftent foumis à la grande règle , & font bals ^ rè
gais , carnavals , mails , éventails , camails , détails , \
ciels. Fiel & miel n'ont point de pluriel. (Euil , a un pli
riel irrégulier yeux 3 excepté en architecture où l'on d
des œuils de bœuf.
^°. Que les noms compofés de plusieurs mots unis pa
un tiret , n'ont aucune diftinftion pour le pluriel , fi c(
dénominations compofées commencent par une prépo
fîtion , comme des in-dou\e y des in fci\e , &c 5 mai
que fl elles commencent & finiilcnt par des noms
Jcur pluiiel prend un s final après le premier des deu
noms j lorfque leur union ne produit qu'unité de déno
mination y & non de prononciation , comme des œuii
de bœuf ; & après le dernier , quand l'union eft fi fort
qu'elle fait prononcer tous ces mots comme s'ils n'c
faifoient qu'un ; des arc-en-cids , &c.
7?. Que les noms per^omii^icjues ne doivent prendi
s U B 425
j cune marque de pluriel, lorfqu appliqués à plu/îeurs,
] i>e fervent qu'à diftinguer leurs objers par leur pro-
je nom : on doit écrire ; les deux Corneille fe font dif'
-.igués dans la République des Lettres. Il ejl peu de No^
.ejje aujjt ancienne que celle des Montmorency. Combien,
impterie:(~vous aujourd'hui de Capitaines aujji grands que
^- Scipion , les Ce far , 6' les Turenne? Mais fi ces noms
nr tranfportés par méraphore à un fervice qualifica-
: , qu'ils ne fervent dans la phrafe que pour y faire
;nclion d'adjedifs 5 alors ils prennent le flgne du plu-
.i\ qui convient à leur terminaifon. Ils font braves
,mme des Ci fars. Ils font les Alexandres de leur fiecle ^
Tous les fubflantifs topographiques & chorographi-
jcs ne prennent jamais de pluriel s'ils ont un lingu-
-T , ni de fingulier s'ils ont un pluriel. Ainfi l'on dit
.mcienne Rome y mais l'on ne peut jamais dire j les Ro-
es ; de mcme les Pyrénées , les Alpes , ne peuvent:
nier leur nombre , ni leur terminaifon. Encens ne
luilre point de pluriel. Ainll ce vers de Corneille ^ dans
ompée j eft répréiienfible.
Mais quoique vos encens le traitent d'immortel.
On peut obferver ici qu'en aucune langue les mé-
ux , les minéraux , les aromates , n'ont jamais de plu-
el. Ainfi chez toutes les nations on offre de l'or, de
:ncens , de la myrrhe , & non des ors , des encens , des
yrrhes.
Cette remarque qui eft de M. de Voltaire eft très
ifte : nous croyons cependant devoir obferver que l'u-
ge paroît avoir fait le pluriel or^ , du moins en termes
arc , depuis que la mode eft venue de faire des bijoux
plufieurs ors , qui font i'or pâle , l'or rouge , l'or
une , & l'or vert.
Qui tour à tour dans l'aîr pouiïoient des harmonies.
Corneille dans le Menteur,
53 Quoique ce Cnh^^nûÇ hdrm.onie n'admette point de
pluriel , non plus que mélodie , mufique , phyfîque , '&
prcfque tous les noms des fcienccs ^ des arts 3 ce^
414 S U B '
53 pendant j'ofe croire, dit M. de Voltaire, que ^an;
as cette occafîon ces harmonies ne font point une faute ;
33 parceque ce font des concerts différents. On peut dire
33 les mélodies de Lully & de Rameau font différentes 33.
Il eft encore quelques autres noms qui n'ont que 1<
fmgulier , comme efpoir , ejfor ^ nage , &c ; ou qu;
n'ont que le pluriel , comme Vêpres , Matines , heura
à prier , &c ; mais le nombre en eft peu confidérable.
Parmi les noms fubftantifs qui ne prennent point dt
pluriel , on peut ajouter les infinitifs des verbes & les
adjedifs employés fubftantivement : on dit bien , /
boire 6' le manger me dégoûtent, mais jamais on m
peut dire, les boires & les mangers^ ni les boire & les mon
ger , Sec. Si le diner fe met au pluriel , alors il chang»
fon r final en j , & conféquemment ceffe d'être infiniti
pour devenir vrai fubftantif 5 les dînes. De même , l
vrai & l'utile nous devroient toujours plaire y le beau é
i agréable devroient toujours nous conduire a la vertu :' ce
adjedifs & autres pris fubftantivement ne font pas fu(
ceptibles du nombre pluriel. On dit néanmoins les pcn
fers : mais c'eft un mot vieux pour la profe , quoiqu*en
coreufité en poéiîe : voye:( Licences Poétiques.
Parmi les fubftantifs qui admettent un pluriel fans ei
prendre le figne , on peut ranger les lettres de l'alpha
bet , quand on ne les emploie que pour parler d'elles
mêmes; comme , // ne peut prononcer les r. Il prononce le
h comme les p y on dit les a j les ç. , les i , &c. Il faut ei
dire autant de tous les mots employés matériellement d
la manière que nous venons de dire pour les lettres
les car ont bien manqué d'être bannis de la langue frait'
foife : il n'a jamais dit deux oui dans fa vie , &c.
Voilà tout ce que nous croyons avoir à dire ici fu
le fubftantif. Les autres remarques ou détails qu'il de-
mande , lui étant communs avec les autres noms ou le
autres mots , on en trouvera l'énumération Se les règle
dans le développement que nous faifons de tout ce qu
concerne les mots , les noms y les adjecîifs , Sec.
SUBSTANTIF ( verbe ). Nous avons donné à l'article
( Substantifs noms ) la définition du mot fubjiantif
nous ne la répéterons pas ici.
Le verbe fubftantif eft celui qui ne préfcntcquc l'idA
s U B 42$
cflTenticIIc aux verbes , que la fubftsnce du verbe; c^cH-
à-dirc , l'affirmatioii avec la défîgnacioii du tems , du.
nombre & de la perfonne , félon la nature & l'ufage des
modes. Nous n'avons en général que le verbe être qui
Toit tel 3 encore ne l'eft-il pas toujours. S'il en ell quel-
ques autres qui en failent quelquefois la fondion ^ nous
Jcs indiquerons.
f Nous difons que le verbe être ne contient que l'affir*
mation , & nous allons le rendre fenfible par un exem-
ple. Quand on dit ^ l'homme efifoibU , le verbe tjl n'ex-
prime abfolument que la liaifon , la convenance du
mot foible avec le mot homme ; c'eft-à-dire , qu'il ne
fait qu'affirmer l'un de ces mots de l'autre , le mot/o/-
hle du mot homme. Si l'on y voit un rapport de tems, de
pciTonne , de nombre j de mode , ces rapports communs
a tous les verbes ne font qu'en modifier & en particu-
larifer l'affirmation , fans la changer ni l'altérer.
Pour mieux fentir ce que cet exemple prouve , qu'on
le compare avec celui-ci : l'homme chérit fe s erreurs. Le
verbe chérit renferme les mêmes rapports de tems , de
mode , de nombre & de perfonne que le verbe eji : il
renferme auffi la même idée d'affirmation ; car on fenc
que cette phrafe affirme pofitivement une chofe. Mais
outre tout cela , ce verbe chérit préfente encore très dif-
tindement une idée de di/ecîion , qui eft l'objet de l'af-
firmation , mais qui en eft totalement différente. Qu'on
analyfe ce verbe , on trouvera, l'homme efi chérijfant fes
erreurs : par où l'on voit que le verbe chérir ci\ un verbe
adjcdif, c'eft-à-dire, un verbe dont la lignification ren-
ferme une idée d'attribut ajouté à l'affirmation , un ob-
jet fur lequel cette affirmation porte , & qwcfes erreurs
n'eft pas l'objet de l'affirmation , comme foible l'eft dans
le premier exemple , mais l'objet de l'idée ds diledion
qui eft comprife dans chérit.
Le verbe fubftantif ne comprenant point l'objet de
l'affirmation , il faut qu'il foit toujours uni à d'autres
mots qui expriment cet objet , & rendent ainfi le fens
; complet : car on n'affirme point fans énoncer la chofe
' affirmée. Ces mots qui font joints au verbe fabftanrif ,
Se qui expriment l'attribut qu'on affirme , font ordinaire-
Rîenc des adjedifs, ou participes paiîés , ou des noms
II
Af^ S U B
fubftantifs employés adjedivement. La rairon en ef
que cet attribue ne peut être affirmé que du fujet à
Verbe , & par confécjuent en doit erre comme une qua
lité : ces qualités font ordinairement exprimées par de
adjeâ:ifs. Amfî on dit , l'homme efifoibie ; ce difcours ej
pajjionné ; cet ouvrage eji réfiéchi 3 l'homme efi un am ^,
mal ^ &c.
Le verbe être n'eft pas toujours fubftantif ; car fou
. vent outre l'alfirmation il contient un attribut, le plu^
général de tous , celui de l'exiftence j & alors il fignifil
exifier , comme dans cette ^hvâCQ ^ je pen/è , doncjefuii
c'eft-à-dire ,donc/exiJie , ou je fuis exiflant. Quelque
Auteurs même ont prétendu que le verbe être renier
moit toujours cet attribut à^exijience , & par conféqueïî
n'étoit jamais vrai fubftantif : matière propre à dèvc
Ippper bien de la métaphyfique , mais d'ailleurs totale
ment inutile.
Le verbe être efl quelquefois purement auxiliaire ,*«
alors il efl: moins mi\ verbe qu'une portion de vcrb©
voyei Auxiliaire.
Du relie , ce verbe confidéré comme fubftantif e
d'un très grand ufage , précédé du pronom ce : alors
ne s'emploie jamais qu'à la troifieme perfonne foit d
fîngulier , foit du pluriel. C'eft une façon de parler doiHla
on fc fert fréquemment pour indiquer ce qu'on a déjBfu
dit , ou pour annoncer ce qu'on va dire 5 comme , cïm^i
être bien injujle que d'être ingrat. Wk
Il eft bien des occafions où le verbe être avec le pt«c
nom ce ne s'emploie que par pure élégancej comme : cimw
d'après l'étude des hommes , 6* non pas d'après Us nBico
mans , qu il faut juger de l'amour, . WM
Quand ce verbe a ce pronom ce pour objedif, il reflBiîcf
toujours à la troilîemc perfonne , quand même le prcBiifc
nom ce devroit fc rapporter à d'autres pronoms dé IK
première ou de la féconde perfonne qui fcroient expriBlti|)|
mes immédiatement après le verbe , comme , c'efi rniHla,
qui l'ai voulu j c'ejl toi qu'on interroge , c'ejl nous ^^'B^
demande y ceji vous quil récufe. D'oii l'on voit que jBf^
verbe ne fe met à la troifieme perfonne du pluriel qiijBfrsi
quand il eft fuivi de quelques noms ou pronoms de WÊk%
troifieme perfonne du pluriel 3 comme > ce font eux qi-mi^
s U B S U F 4^7
V vus , &c. & qu'ailleurs il Ce met toujours au fingu-
ier. Il en eO: de même loiTque le pronom ce doit erre
)lacé après le verbe 5 comme dans l'interrogation : ejl-
noi ? EJl-ce vous ? EJl-ce nous quil menace. ? Sont-ce
a vos raifons.
Nous avons dit qu'il y avoit quelques autres verbes
[ui en certaines occalîons peuvent être regardes comme
ubftantifs , parcequ'alors ils paroiifent en elîct ne iigni-
îer que la fîmple affirmation , ou , ce qui revient au
nême , l'union , la liaifon d'un attribut avec le fujet ;
els font devenir yfemhler ^ paroi tre , fe trouver ^ demeu-
er , &c. dans les phrafes fuivantes : la faifon devient
nauvaife^ y cette phrafe femble obfcure a bien^ides lec^
eurs. U par oit clair que la Pkilojophie efi utile aux Arts,
Cette crainte fe trouve malheureujement trop bien fondée.
Le difciple ne demeurera pas fidèle a fon maître.
Quoique l'adjedif que ces verbes lient à leurs fujets ,
)i'ouve allez qu'ils font employés comme verbes fub-
tantifs ; il faut néanmoins convenir qu'il y a une diffé-
ence réelle entr'eux & le verbe être , & même entre
-hacun d'eux : cela eft fi vrai que le fens du difcours
)ermcttroit rarement qu'on les mît les uns pour les au-
res. Ils renferment donc quelqu'autre idée avec celle
le l'affirmation ; ils ne font donc pas fîmplement ver-
)es fubflantifs. Cependant ils ne doivent pas être com-
)ris parmi les adjedifs , puifqu'ils font fuivis d'un ad-
eclif qui fe rapporte à leur fubjeârif. Que font-ils donc ?
Uitre queftion peu importante j mais qui pourroit four-
lir un champ vafte aux analyfrs métaphyfiques. Quanc
i la conjugaifon du verbe é'rr^ ; voye^ Conjugaison.
^ SUFFIRE. Verbe neutre , irrégulier , & défeftif , &c
ouvent imperfonnel , de la quatrième conjugaifon. Il
ignifîe être aflez , être autant qu'il faut. Peu de biens
lij^lfent au fage : il ne fauroit fuffire à tant d'affaires,
Imperfonnellement ^ il ne fuffit pas de vouloir^
Indic AT II préfent. Je fuffis, &c.
Imparfait. Je fuffifois, &c.
Prétérit. Je fuffis.
Prétérit indéfini. J'ai fuffi , &c.
futur. Je fuffirai , &c.
Conditionnel préfent. Je fuffirois , &C.
4^8 S U I
iMPÉRATir. Safîis , &c.
Subjonctif prf7^;zf. Quejefufiirc, &C.'
Imparfait. Que je fufhLe.
Participe pré fcnt actif. Suflifant . indéclinable.
Participe pajfé y indéclinable^ fuffi.
Sufjîfant ^fufp fente ^ç.Çi un adjedif qu'il ne faut pa
prendre pour le participe adif préfent du VQihefuffre.
SUFFISAMMENT , eft un adverbe de quantité : voyc
Adverbe.
SUIVANT , eft une des prépofitions fîmples : voyel
Prépositions.
SUIVRE. Verbe adlif , irrégulier , de la quatrici
conjugaifon. Il exprime l'adion d'un homme qui mai
che après quelqu'un ou quelque cliofc qui va devàiiii
Alle:^ toujours devant 3 je vous fuivrai.
Où courez vous ? Je vais par-tout vous fuivre.
Un chemin efc comme nn guide qui nous mené en t
endroit; de-là on dit ^fuivre un chemin.
On dit au figuré, tous les vices fuiv cm loi flveté. .
fautfuivre cette affaire > c'eft-à-dire , ne pas l'abandoi:
ner , ne pas la négliger.
Suivre annonce ordinairement fubordination- , fou
million , adhérence de la part de celui qui fuit : voi!
pourquoi fuivrc eft fouvent employé pour obéir , fe 1;
vrer à, &c. // ne faut pas toujours Juivre fe s pajfton
Il fuit la morale d'Epicure. Suivei les avis de M. vot
père. Suivre eft quelquefois imperfonnel : on dit , ilfu
de ce raifonnement que j c'eft-à dire , telle preuve , i
argument marche , vient après ce raifonnement.
In Dic AT iT préfcnt. Je fuis , tu fuis , il fuit , nousfu
vons , vous fuivcz , ils fuivent.
Imparfait. Je fui vois , &c.
Prétérit. Je fuivis , &c.
Futur. Je fuivrai , Sec.
Conditionnel pré/ent. Je fiiivrois , &-.
Participe préfent , indéclinable , Suivant.
Participe pcffé. Suivi , fui vie.
Le participe préfcnc fe prend fubftantivemcnt ,
cette phrafe , li fuivantc de Madame.
U
)3I
SUR 419
Les téms coiHpofes font réguliers. Suivre a pour com-
pofés enfuivre & pourfuivre : voyez ces mots.
SUPERLATIF : voye^ Degrés de Comparaison.
SUR , eft uns des prépofitions fîmples : voy^ij; Pré-
positions.
SURFAIRE. Verbe irrégulier , de la quatrième conju-
gaifon , compofé de faire , fur lequel il fe conjugue , 3c
de la prépofltionyî^r, qui au propre défigne une pofîtioii
fupérieure , & au figuré de l'accroiflement , de l'aug-
mentation. Surfaire ne s'emploie qu'au figuré , & figniSc
mettre un prix trop haut à une chofe. Surfaire fa mar-
chandife , c'eft l'eftimer par-defTus , au-delà de ce qu'elle
vaut. Surfaire les talens de quelqu'un , c'eft les vanter"
trop.
SURPRENDRE. Verbe aftif, irrégulier, de la qua-
trième conjugaifon , compofé de prendre , & de la pré-
pofition fur j qui vient quelquefois de la prépofïtioiï
latine fuper ^ fur. Se quelquefois aufli de fub qui fignifîe
fous , dejfous. Enforte que furprendre peut fîgniiîer pren-
dre deffus , prendre fur le fait , furprendre un voleur.
Dans ce fens ce verbe emporte toujours une idée de
frayeur & de honte , quelquefois aulfi de plaifîr 3 corn-
m€ , cette nouvelle m'a agréablement furpris.
Il lîgnifîe d'autres fois prendre en deffous, c'efl-à-dirCj,
en cachette , avec adreffe , d'une manière frauduleufe.
Surprendre les lettres de quelqu'un. Surprendre la Jujlice,
Il exprime aulTi l'admiration & l'étonnement. Vous
me furprene:ç^ , pour dire , vous m'étonnez. Son adrejfe
mefurprend, pour dire, qu'elle me caufe de l'admiration.
Ses participes , font furprenant , furpris , furprife.
Surprenant eft fouvent adjedif j cela eft furprenant : il
efi d'une vivacité furprenante.
Le féminin du participe paffé , furprife , eft fouvent
fubflantif 3 il fignifîe erreur , étonnement. Ma furprife
eft extrême.
SURSEOIR. Verbe aftif , irrégulicr, de la troifîeme
conjugaifon , compofé dcfeoir^ qui peint une forte de
xepos , & de la prépofitionTi^r. Ainfî furfeoir, dans fon
étymologie , fignifîe fe repofer fur quelque chofe , s'ar-
rêter , reprendre haleine. La langue n'emploie ce verbe
que dans \q figuré , toujours relativement au repos qu'il
Tome IL ' E e
430 SUR
exprime j & que nous peignons par Ta^lion de s'afTeôîrJ
Comme après s'être repofé , on commence à marcher do
jiouveau , le vcïhzfurfeoir offre l'idée d'un tems limité ,
après lequel on reprend la chofe interrompue ou furfife.
Surfeoir r éxecution d'un Arrêt , c'ell en fufpendre , ci\
difF'ircr l'exécution.
Surfcoir efl: quelquefois neutre ; on dit , furfeoir au
Jugement de cette affaire. Il a la même {ignification que;
plus haut.
Ses participes font furloyant, furfis, furflfe.
Il fe conjugue différemment du verbe yWr.
Indicatif préfent. Je lurfois , tu furfoiç , ilfuripit J
nous furfoyons, vous furfoyez, ils furfoienr.
Imparfait. Je furfoyois , tu furfoyoïs , il furfoyoïc j.
nous furfoyions , vous furfoyiez ^ ils furfoyoient.
Prétérit. Je furfis , tu furfis , il furfit 5 nous fursîraes j
vous fursîtes , ils furfîrent.
Prétérit indéfini. J'ai furfis , &c.
Prétérit antérieur. J'eus furfis , Sec.
Prétérit indéfini. J'ai eu furfis , &c.
Plufqueparfait. J'avois furfis , &c.
Futur. Je furfeoirai , tu furfeoiras , il furfeqirg 5 noua
furfeoirons , vous furfeoirez , ils furfeoiront.
Conditionnel préfent. Je furfeoirois , tu furfeqirois , il
furfeoiroit 5 nous furfeoirions , vous furfeoiriez , il»/
furfeoiroienr.
Conditionnel paffé. J'aurois ou j'eufîe furfis , ^ç.
Impératif. Surfois , qu'il furlbie 5 furfoyons , fur-
foyez j qu'ils furfoient.
Subjonctif Préfent. Que je furfoie, que tu furfoies,
qu'il furfoie 5 que nous furfoyions , que vous furfoyiez».,
qu'ils furfoient.
Imparfait Quç je furfîffe , que tu furf^ffes, qu'il fi^r-
sît j que nous (ur^iffions , quQ ypus fijrfiilUa, q\l'Us fUït'
fiffent.
Prétérit. Que j'aie furfis , 8<c.
Plufqueparf<^it. Que j'eulle fijrfis , 5;c. ^
Infinitif Préfent. Surfcoir. t
Prétérit. Avoir furfis. >
Participe actif préfent. Surfoyant»
Suffis Ayant furfis, • • >
SUR SUS 43 r
Vartîcipe pajfif préfint. Surfis , furfife , ou étantfurfis ,
lurfîfe.
Pajfc. Ayant été furfis ou furfîfe.
GÉRONDif . En furfoyant ou furfoyant.
Les tems compofés fe conjuguent à rordinaire,
SUR-TOUT, eft une des conjondions explicatives :
vcyei Conjonctions.
"survivre. Verbe neutre^ & irrégulicr , de h qua^
tricme conjugaifon , compofé de v/W , fur lequel il fe
conjugue 3 & de la prépofitionyî/r, qui dé/îgne une pofî-
tion plus élevée. Ainii furvivre fïgnilîe rcfter fur la terre
quand un autre eft deiïbus. Dans le propre, furvivre a
fis parens , c'cft- à-dire , vivre après eux.
Dans le figuré, fiirvivre afafonunt ^ pour dire , vivre
encore après qu'on l'a vue tomber, comme fî l'on de-
mcuroit ferme & debout fur fes dcbris. Se fiirvivre a foi-
même 5 pour dire vivre après qu'on à perdu l'ufagè de
fes facultés ; comme 11 l'homme s'élevoit fur cette par-
tie de fon être déjà détruite.
Il a pour participes ^furvivant ^ furvku ^ furvêcue.
SUSPENSION. C'eft une figure de Rhétorique pro-
pre aux partions , à réveiller l'attention des Auditeurs.
Elle fe fait Iprfqu'on commence un difcours de telle
forte que l'Auditeur ne fait pas ce que va dire celui qui
parle , & que l'attente de quelque chofe de grand'le
rend attentif. En voici un exemple bien frappant tiré de
Racine : Phèdre , preflée par (Enone de lui découvrir le
fiijet de fes mortels chagrins, parle ainfi ;
PHEDRE a. (Enone.
T« le veux , leye-toi.
<£ N o N £.
Parlez , je vous écoute.
Phèdre.
Ciel î c^ue lui vais- je ttire ! & par où commencer !
(Enone.
Pac de vainsi frayeurs celî;cz de m'offvnfer.
E eij
43 i
SUS
Phèdre.
O haine de Venus î O fatale colère !
Dans quels égaremens l'amour jctta ma merc !
Oublions-les , Madame , &c qu'à tout l'avenk
Un filence éternel cache ce fouvenir.
P H E D R £.
Ariane , ma foeur , de quel amour bleflée ,
Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laifTée !
(E N © N E.
Que faites-vous , Madame , & quel mortel ennui
Contre tout votre fang vous anime aujourd'hui.
Phèdre.
Puîfque Venus le veut , de ce fang déplorable
3e péris la dernière > & la plus miférablc.
<£ N o N E.
Aimez-vous ?
Pour qui i
'Phèdre.
De l'amour j'ai toutes les fureurs.
(En o n e,
P H E D R E.
Tu vas ouir le comble des horreurs.
l'aime... A ce nom fatal je tremble... Je frifonne..*
J'aime «...
(E N o N E,
Qui?
P M E D R E.
Tu counois ce fils de l'Amazone p
Ce Prince Ci long teœs par moi-même opprimé.
sus s Y L 453
(E N O N E.
Hyppolite , grands Dieux ! v,
Phèdre.
'-" C'cft toi qui l'as nommé.
Il y a une efpece de rufpenfîon qui badine & fe joue
éc Tattention des Auditeurs , telle eft celle-ci de Scaion :
Un mont , tout hérifïé de rochefs &: de pins ;
Coloiïe que la terre oppofe au choc des nues ,
D'où les boeufs dans les champs font pris pour des lapins ,
Et les arbres plus grands pour des herbes menues 5
Vomit en gros bouillons de fcs froids inteftins ,
Un torrent qui , groflî d'eaux du Ciel defcendues ,
It faifantplusde bruit que cem mille lutins i
Entraîne dans les champs mille roches cornues.
Le foudre quelquefois le couvre tout de feu ;
Mais le foudre ne fait que le noircir un peu ,
Et faire un peu fumer fa cime inébranlable.
Sur ce fupetbc mont jufqu'aux Cieux élevé ,
Pour vous dire la chofe en homme véritable j
II ne m'efl fur ma foi jamais rien arrivé.
- SYLLABES. M. l'Abbé Girard défait très bien îa fyl-
labc , un fon fîmplc ou compoTé , prononcé avec toutes
fes articulations par une feule éiniffion de voix.
Il faut donc pour une fyllabe , unité de prononcia-
tion , ainfî que le fait entendre létymologie du mot.
Cette unité dépend de Timpulfion de la voix hors de la
bouche. Lorfqu'il n'y a qu'une impulfîon de voix , il fe
trouve unité de prononciation , & par conféquent unité
de fyllabe. S'il y a plufieurs impullions de voix , il ne
fauroit y avoir unité de prononciation j il y aura donc
pluralité de fyllabes.
Mais qu'eft-ce qui fait l'unité ou îa pluralité des im-
pulfions de la voix ? La première vient de la continuité,
£e iij
4M S Y L
la féconde cz Tintcrruprion du pa/fage de la voix. £2.
mot unité ^ par exemple , efl: de trois fyllabes , parcecjue
pour prononcer ce mot , on interrompt deux fois y on
coupe deux fois le palîage de la voix , fon impulfion :
ce qui avec la première émiilîon d'air , forme trois fons ^
prononcés à trois différentes rcprifes. U fait le premier
fon , la. première émiffion de voix , la première impnl-
fîon , & en conféquence la première iyliabe : ni ne fe
forme pas de la même émiffion d'air que u 5 cette fé-
conde fylîabc cft féparée & di{Hngi"^e de la première >
par un interruption , légçre à la vérité & peu feniîble ,
mais. néanmoins réelle, d'impulfîon de voix , 6: de pro-
ncnciaricn. Il en cft de même de té à l'égard de ni ; ce
qui forme le mot complet unité , prononcé en trois rc-
prifes différentes , u-ni-tc.
Quclquefoi? cefe interruption eft cauféc par une
confonne qni n'efl point au fervice de la première
voyelle. Il faut bien rema'-quer qu'une confonne peut
être au fervice d'une voyelle qui la précède , ou d'une
Toyelie qui la fuive. Dans le premier cas, cette con-
fonne ne caufè point d interruption dans la prononcia-
tion de la voyelle précédente; telle eft la confonne^
dans mer. Dans le fécond cas , la confonne demande
une féconde impulfîon , hc forme une prononciation in
terrompue; teile cftla confôiîne r dans marais. C'eft à
l'oreille k bien fentir toutes ces différences délicates.
Si au lieu àç.mer , on ccrivoit mère , il y auroit deux
fyllabes ; parceque dans ce dernier mot r n'eft point au-
fervice du premier <:, mais fe réferve tout entier pour
l'articulation du fécond. Il zO: vrai que la prononcia
tion de Tun ne diftere que très peu de la prononciation
de l'autre , puifque r fe faifant fentir dans mer , c'eft
prefque comme s'il y avoir mère. Cependant (î l'on vciic
y faire attention , on verra que dans mère on appuie
davantage fur Ve muet&: final ; au lieu que dans mer ^ il
femble que la voix s'éteigne au moment qu'on en vient à
cette féconde voyelle.
Nous fixerons encore davantage la différence de fini
a l'autre , par ce que nous avons à dire fur les fyllabes
d'ufagc & les ÇyWAhzs, phyfiquess Mais auparavant , il
faut faire obfcrvcr que ce nVft point toujours une con-
l(
SYL 435
forme , aumoins écrite 8c proprement cîïre , qui fc'parc
dans un même mot une fyllabe d'une autre. Souvent ce
n'cft qu'une afpiration marquée par h , quand elle cft
forte, comme dans enhardir^ & fuppléée par les orga-
nes de la voix , quoique fans caradere alphabétique ,
loiTqu'elie cft foibie.
On peut s'en convaincre en prononçant avec atten-
tion ces mots , pieux , Saûl , Baal , &c. quoiqu'il n'y
ait ni k ni autre figne d'afpiration entre i & eux , a Se
lil , a èc al ^ cependant la prononciation y en met une.
\ Elle eft foibie Si peu fenfible ; & cependant elle y eft
, nécefTaire ; fi on vouloir l'éviter, ces mots ne feroient
,pliis qu'une fyllabe ; pieux fe prononceroit comme
Dieux y Baal ^ comme s'il n'y avoir qu'un a 5 S^: Saill no.
pourroit fe prononcer , ou bien il faudroit que Va & ïu
ne fî/lent qu'un fon , comme dans Paul , Saul , Sec.
La raifon de cette différence entre Saul Se pieux ,
vienr de ce que les diphtongues devant rapidement cou-
ler fur leurs premières voyelles pour s'arrêter 2c s'ap-
puyer fur les fécondes, il eft très rare que les premières
fuient des voyelles fortes comme a ^SlIzs fécondes des
voyelles foibles comme u. Il eft même bien des Gram-
mairiens qui regardent les diphtongues ainfi formées ,
comme impoflibks : ce qu'il y a de certain , c'cft que (i
nous en avons quelques-unes comme, ai , cri de dou-
leur j on y appuie moins fur la féconde voyelle , qu'on
ne feroit obligé de le faire dans Saiil , à caufe de /. Mais
far cet objet , voye^ Diphtongue.
La différence donc qu'il y a entre une diphtongue
propre telle que Dieux , Se un diifyllabe formé par plu-
ficurs voyelles de fuite , comm^ pieux , c'eft que dans
les mots de la première forte , la première voyelle , l'i
par exemple y cft prononcé conjointement avec le fon
., 1 de la féconde voyelle ou de la féconde voix , fans aucun
N mouvement ou afpiration intermédiaire. Au lieu que
dans les mots de la féconde forte , après la première
voyelle les organes font un mouvement plus ou moins
fenfible pour palier à la prononciation des voyelles fui-
vantes. Ce mouvement quoique petit , ne caufe pas
**'"'as une interruption réelle dans l'impulfion de
E c iv
45<î S Y L
yoix , dans la prononciation j d'où vient une féconde
fyllabe.
De tout ce que nous venons de dire , il fuit que la
Tyllabe peut être formée par une voyelle feule , par une
voix feule , mais repréfentée par pluiîeurs lettres , pai
une diphtongue propre ^ par une confonne à la tête de
ces voyelles , ou à leur fuite , ou même par plulîeurî
ccnfonnes dont les articulations fe réuniifent fur la mê-
me voyelle ou diphtongue 3 comme on le voit dan:
a-é-ro- mé-4riç , aérométrie j bien-heu-reux y Prin-ce
yeu-ple , mul-ti-tude j &c.
On pourroit là deifus diftingaer les fyllabes , en ani
culées j & non articulées , félon qu'il s'y trouve ou noi
des confonncs avant la voyelle ou diphtongue j cnfim-
pies & compofées , fclon qu'elles font formées par un
voix , ou par une diphtongue propre ; enfin tw Jyllabe
d'ufage y te fyllabes phyfiques , îelon qu'il y a plus d'un
çcnfonne avant la voyelle ou diphtongue , ou qu'il n'
en a qu'une , & félon qu'après il y en a ou n'y en
point.
Pour entendre cette dernière divilîon , il faut obfer
ver avec M. Duclos , que toutes les fois que plufieui
confonnes de fuite fe font fentir dans un mot , o
pourroit compter dans leur prononciation autant d
iyilabes réelles qu'il y a de ces confonnes , quoiqu'il n*
ait point de voyelle écrite après chacune d'elles i parce
qu'alors la prononciation y fupplée nécciraircment ui
e muet y moins fenfible fans doute que s'il étoit impri
mé , mais néanmoins réel & phyfique.
Que l'on prenne le mot Armateur : félon l'ufage i
n'y a que trois voyelles ou voix, ^ , a ^ eu : mais 1
premier a eO: fuivi de deux confonnes qui fe pronon
cent , r Se m. Une confonne efl: une articulation j tout
articulation e{l un mouvement des organes de la paroi
qui modifie une voix j ce mouvement eO: préparatoir
& antérieur à la prononciation de cette voix ou voyelle
donc toute confonne , pour être fentie , doit dans Ii
fait avoir à Cn fuite une voix , ou voyelle , ou diphton»
guc écrite ou fupplééo
5'U n'y en a point d'indiquvc par l'écriture , la YOÛ
$ Y L 457
y met la plus foible de toutes j Ve muet. AuflTi auand
on veut prononcer arma , on dit , a re-ma : il eft vrai
que l'on coule très rapidement fur cet e muet ; mais oi»
le prononce enfin. Il en eft de même de teur qui fe pro-
nonce tea-re.
Voilà donc dans ce mot j Armateur ^ cinq fyllabes
phyjiques , ou prononcées^ quoiqu'il n'y en ait que trois
1 d'ufûge ou écrites. C'eft la même chofe pour les confon-
û I nés qui précèdent la voyelle de leur fyllabe écrite ; tra-
vail ne peut fe prononcer qu'on ne dife à peu près tera^
vaille. Ce qui donne quatre fyllabes phyfiques dans ce
mot , qui félon l'ufage & l'écriture n'en a que deux. De-
là on pourroit compter jufqu'à cinq fyllabes dans un
mot qui n'en a qu'une, tel c^wzfcrobs ^ qui fe prononce ,
fe-que-robe-fe , &c.
Il eft vrai , comme nous l'avons déjà dit ^ & comme
on ne peut trop le répéter pour ne pas induire en er-
reur , que ces e muets que la prononciation fuprîée
font les plus foiblcs & les plus brefs qu'il f(îir poil'bie.
En effet on ne les prononce que par la nécefîité de don-
ner à une confonne une voix qu'elle articule v & la plus
foible voix, la moins fenfible fuififanr pour cela , cç. Ç^^
roit un vice de la rendre plus fonore ou plus longue,
Ainiî la plupart de nos e muets écrits fe doivent pro-
noncer plus fenfiblement que ceux qui font ainfi fup-
pléés 5 & voilà pourquoi ils forment une fyllabe d'ufa-
ge j tandis que les autres n'y font comptés pour rien.
Par cette obfervation on pourra aifément concevoir
combien eft fauife la définition que M. Reftaut 8C
quelques autres nous donnent de la fyllabe j quand ils'
\ difent que c'eft unfon qui fe fait entendre en un feul inf~
\ tant. Il eft clair que nous avons telle fyllabe d'ufage
il qui ne peut fe prononcer à moins de trois ou quatre
! înftans très diftinds ; ou plutôt il eft de règle que tou-
t tes les fyllabes d'ufage &: d'écriture demandent autant
t d'inftans qu'il y a de confonnes prononcées avant la
I voix : & s'il fe trouve encore après la voix ou les voyel-
les d'autres confonnes qui fe falfent entendre , chacune-
d'elles exigera encore un inftant.
Il faut bien fe fouvenir que nous ne parlons ici que
des gonfonnss qui fe font entendre > c'eft ^-dire , qui
ïk
a
43$ S Y L
Ont chacune dans la {yllabe où elles Te trouvent une ar-
ticulation propre & Tentic. Ainfi , amant n'a que deuj
fyîlabes phyfîques non plus que d'ufage , parreque le
n produilant un Ton nazal , n'eft plus une confonne j
puifqu'il n'a plus d'articulation , & le r qui termine le
mot j ne doit pas être compté , puifque la pronciation
ne le fait pas entendre.
On pourra encore conclure de tout ceci , que c'efl une
erreur de croire que les vers d'une même efpece font aufïi
lonj^s les uns que les autres dans la langue françoife j
puifque parmi ceux de douze fyllabes d'ufage, on en
trouvera qui ont au moins vingt-cinq fyllabes phyfi-
ques y & dont la prononciation exige par conféqucnt,
au moins vingt-cinq inRans réels & dillindls. Mais les
Poètes ne font attention qu'aux fyllabes d'ufage , au
moins la plupart du temps. Nous y mettons cette dcrnie-
le reftridion ^ parcequ'il cfi: une infinité de mots qui
félon l'ufage ne devroient compter qu'une diphtongue ,
& par conféqucnt qu'une fylhbe y & dans lefquels ce-
pendant les Poètes comptent deux fyllabes j comme ,
pajfton , paj-fion , feîon i'ufagc , & paf-fi-cn en poéfie. Il
ne fera pas mal-à-propos d'indiquer ici les principaux
d'entre ces mots. C'eft un point fur lequel les jeunes
Poètes ont fouvent des doutes très difficiles à lever.
i^. En poéfie, la terminaifon icn fait deux fyllabes
dans les noms propres & adjedlifsqui indiquent quelque
ville, quelque pays , ou quelque profcihon particulière ,
comme , Domiti-en , Parifi-en ^ Itali-en , ïlijîori-en ,
Grammairi-en. Il faut aufïî y ajouter, li-en, anci-en ^
Gardi-en. Chrétien ne fait que deux fyllabes j ien eft
inonofyliabe dans tous les mots qui ne font point noms
propres, ni adjedifs d'état, de profefllon , ni de pays ;
comme , bien , chien , ■ rien , mien , tien , fien , ]e viens ,
tu tiens , il maintient , combien , &c.
z^. lan & ien , quand celui-ci fe prononce comme
lan , forment toujours deux fyllabes , comme dans
çtudi-ant , ri-ant , li-ant , cU-ent , pati-ent , impati-ence y
cxpédi-ent , Sec. il n'en faut excepter que vian-de.
3". Ions ell: diphtone,ue, quand il forme la terminai*
£bn des premières perfonnes du pluriel de l'imparfait de
l'indicatif j du conditionnel piéfeac, du préfcnt & àt
s Y L 439
('imparfait du. fubjonâ:if , comme , ncus ai-mions , nous,
ai-me-rions , nous ai-maf fions , nous fe-rions ^ nous
i-rions , &c. Mais fl ^ à l'un des temps marqués , le verbe
Z devant ion deux confonnes dont la féconde foit un rj
alors ions devient di/Tyllabe , comme ^ nous mettri-ons ,
nous rendri.ons , nous rompri-ons j &c. Dans les pre-
mières perfonnes du pluriel du préfent de l'indicatif cm
de l'impératif des verbes qui ont ifr à l'infinitif, & dans,
quelqu'autre mot que ce puiiTe être , ion eft auffi dif-
fyllabe ^ comme , n^us étudi ons , nous déli-ons , nous
\mari-ons , nous ri-ons , des li-ons » Reiigi-on , uni-on ,
■pajjî-on , vif -on , créati-on , &c.
4". 7t/ forme aufîi deux fyllabes en vers , foit qu'il fe
trouve dans les noms ou dans les verbes ; di-amant ,
di-adême , f//- amêtre , étudi-a , co/zjî- ^ , ouhli-a , &c.
il n'en faut excepter qu'un périt nombre de mots qui fe
réduifent à-peu-près aux fuivants : dia-hk y fia-cre ,
liard , familia-rité , familia-rifer.
5". Z? n'eft ordinairement que d'une fyllabe dans les
noms , foit que Ve y foit ouvert ou fermé : mais dans
les verbes il eft de deux fyllabes : Ciel ^ troiCu-me , fiè-
vre , pie-ce , ami-tié , bar-rie-re , pre-mier , pa-pier ,
eco-lier , fier ^ der-nier y 8zc. Li-er , ni-er , fe fi-er , njfo-
ci-er ^ mari-er , vous ctudi-e:( , confi-é ^ mari-é , vous
ri-e:^ , inqui-éter , &c : il en eft de même des prétérits de
ces verbes ; fétudi-ai , tu déli-as » il mari- a , &c. il faut
excepter de cette règle, pour les noms ^ ;?i-^'r^', impi-
eté ^ inqui-et , inqui-étude , kardi-ejfe ^ matéri-el , ejfen^
îi-el y & les autres polifyllabes en iel ^ avec tous les
ihots dans lefquels ie eft précédé de deux confonnes
«îorit la dernière eft une des deux liquides ,l,r^ comme
loucli-er y fangli-er , haudri-er , ctri-er , meurtri-er ,
levri-er ^ ouvri-er^ calendri-er ^ &c. La Fontaine fait fui-
vant ce principe , qua-tri-e~me , de quatre fyllabes , tan-
dis qu'il ne fait troi-fe-me , que de trois feulement.
M, de Voltaire ^ à l'occafion de cet hémiftiche de la
Médée de Corneille :
Les Sœurs crient miracle.
fait l'obfervation fuivante. » J'ai remarqué que parmi
=>5 les Etrangers qui s'exercent quelquefois à faire des
44^ S Y L
» vers François ^ & parmi plufieurs Pfovincianx q-aî
30 commencent , il s'en trouve toujours qui font crient ,
33 plient , croient , bec. de deux fyllabes. Ces mots n'en
» valent jamais qu'une feule , & ne peuvent être em-
»-> picyés qu'à la fin d'un vers. Corneille , ajoute-il ,
S3 fit fouvent cette faute dans fes premières pièces , &
» c'eft ce qui établit ce mauvais ufage dans nos Pro-
» vinces sa.
Hier s'employoit autrefois en un-c fyllabe y
lïier j'étois chez des geiis de vertu fîngulierc.
Aujourd'hui il en fait deux 5
Mais hier il m'aborde , & me ferrant la main ,
Ah, Monlîeur , m'a-c il dit , je vous attends demain.
Dans avaût hier il eft d'une feule fyllabe 5
Le bruit court qu'avant hier on vous afiafîina.
Au reftc tous ces noms qui font aujourd'hui ie de deux
fyîiabes , n'en faifoient qu'une autrefois j on en trouve
mille exemple dans nos Poètes qui font un peu vieux :
la Fontaine même , quoique plus récent , l'a encore fait
quelquefois , comme ,
Le gibier du Lion , ce ne font pas Moineaux ;
Mais beaux S: bons Sangliers, Daims & Cerfs bons & beaux.
On a eu raifon de divifer des fons qui étant fi compli-
qués fop.t toujours très durs à prononcer 5 en y coupant
la diphtongue , ils font devenus plus coulans & plus
conformes au î^énie de la poéfie qui veut fur-tout char-'
mer rorcillc.
J'ai fu tout ce détail d'un ancien Valet.
( Corneille dans le Menteur).
w Autrefois, dit M. de Voltaire^, un Auteur, fclon fa vo-
» lonté , faifoit/z/Vr d'une fyllabe , Scuncien de trois. Au-
«jouid'hui cette méthode ell changée, ^/zova/ de trois
3' fylla'bes rend le vers plus languiffant : ancien de deux
=> ryilabes devient dur. On eft réduit à éviter ce mot ^
" quand on veut faire des vers où tien ne rebute l'oreille aa»
s Y L ' 44'ï
'<g». Comme Ve eft toujours muet ou obfcurdansla
pénultième fyllabe du futur Se du conditionnel, com-
I me , je ferai , j'adorerai , je ferons , }' adorerais ; que Tott
prononce prcfque . je frai , je frais , fcdorrai , fador-^
rois ; fi cet e muet s'y trouve pur , c'eft-à dire , pré-
cédé d'une voyelle ou d'une diphtongue , il nd»peuc plus
alors foutenir une fyllabe , & l'on n'y doit avoir aucun
i égard en mefurant les vers : ainfi , f oublierai Je J^cn-
ferai , j'envierai , je prierais , je contribuerais , je loue-
rois , j'avouerais , 8f autres femblabks ont ime Cyliabe
de moins dans la ledure , même des vers , que dans ré-
criture.
£t nous le prierons tous de nous fervir de perc.
( Jiacine dans Phèdre ).
€e jour , je l'avoueraî , je me fuisallarmé.
( Racine dans Eirinue ).
Pjcrdiz un ennemi d'autant plus dangereux ,
Qu'il s'effaiera fur vous à combattre contre eux.
( Racine dans AndromaijKe ).
It ce f«nt ces plaîCrs , Se ces pleurs que j'envîe ,
;' Que tout autre que lui me paieroit de Ca rie.
{ Racine dans Britamicus ).
' Ccft fur ce même principe que la prononciation <îc
- Ve muet fe fupprime dans les mots ou 'il fe trouve placé
après une voyelle ou diphtongue , comme , tuerie , paU^
ment ^ tournoiement , remerciement , duement , & fembïa-
blés , qui fe prononcent tu-rie , pai-ment , towmoi-mem^
remsrci-ment , du-ment , &c.
Tout fuit , tout fe dérobe à Taffreufe tuerie.
( Segrais ).
Sa belle 5c fon aimable mère ,
M'a donné charge de vous faire ,
Mille Se mille remercicmens ,
Cent &C cent mille complinjens j
Ce font en tout deux cents deux mille i
Mais c'eft que la Dame eft sivilc.
( Koiti^e ).
44i S Y L
v"*. lo eft ordinairement de deux fyllabes , com;ne ,
vi-olence^ vi-olon , Di-ocefe, &c. on pourroit en cx^eptçfi
fiole , & pioche.
Prends la fiole , ou ... .
^ Je crains en ce défordre extrême.
Semble un vi-olon faux qui jure fous Tarchet.
8". Oe ne fait qu'une fyllabe , comme, bo'è-te , co'èf-
fe , moel-Le ^ poe-le , &c. Il en a cependant deux dans
Po-éfie , Po-ême , Po-ète.
Si fon alhe en naiflanc ne l'a formé Poète,
BoiUait.
Un fonnet fans défaut vaut feul un long Poème.
( Ideni-)^
9^. Ue avec Ve ouvert ou fermé ^ cft toujours de deux
fyllabes , comme , du~el , tu er ^ attribu-é.
I o". Ui eit toujours UK^nofyllabe , comme , lui, dé"
dui-re 3 fuir ^ &c. exceptés, ru-ine y ru~iner ^ bru-ine.
Pour or , par tout où il eft diphtongue propre eu im-
propre , il ne forme qu'une fyllabe ; & l'oreille peut
très facilement fentir quand il ne l'eft pas : on n'a pas
befoin de rcgle pour fentir que emploi eft de deux fylla-
bes , & mO'ï-fc de trois.
I I *". lais eft quelquefois d'une & quelquefois de deux
^ans biais , biai-fer : ni-ais eft toujours de deux. Brè^
vi-aire eft de trois.
Car il eft des Héros d'une douce manière ,
11 en cft de Jufticc , il en cftdeSieviaifc.
Il'', lau forme toujours deux (yllabes j mi-auler l
hejli-aux , Provinci-aux , &c.
1 5**. leu fe prononce aulTi en deux fyllabes , comme ,
pi-eux , odi-eux ,furi-€ux , préci-eux , ojfUi-eux , &c. il
faut en excepter , deux , Dieu , lieu , Lieu-tenant j mi-
lieu j mieux , pieu , épieu , ej-fieu , vieux , yeux.
14". Ckie avec Ve ouvert ou fermé eft de deux (yWa.-
hcs -yjou-et , lou-er^ avou-er jjou-é , &c. il faut excepter
fouet , Ôc fouet -ter.
k1
No
àt
te;
!îb
SCS
m
bs
ia(
la
à
1
I
lù
s Y L 44Î
I I f *. Oui eft auflî de deux fyllabes , comme , jou-ir ^
ni-ir , jou-i», Lou-is , éblou-i , &c. il n'cft que d'une
lans l'aifirmation oui ^ Se dans ùouis.
Nous avons ici donné l'ufage le plus fuivi par les
'ocres 5 mais il ne faut pas croire qu'il foie général.
)es articles fur Icfquels nous venons de donner des
egles , il en eft bien peu pour Icfquels on ne trouve
es exemples contraires à ce que nous venons d'en dire;
epcndnnc comme nous avons toujours parlé d'après le
lus grand nombre , on né doit pas moins s'en rappor-
lï à ce que l'on trouvera de régie ici.
La gêne du nombre des fyllabes eft très grande en
ien des occalîons ; il ne faut pas être furpris de trou-
er à cet égard bien des fautes , même dans de bons
oètes 5 fouvent ils ont contredit le grand ufage 8c peut-
:re leurs propres lumières, en retranchant ou en ajou-
mt mal-à propos une fyllabedans quelque mot j mais
i n'a été que par défefpoir de faire mieux. Voudroit-ori
rononcer dans la poéfie, extrordinaire , parce qu'il a*a
ue cinq fyllabes dans ces vers 5
Il fe mit à gémir & braire ,
Dans le dernier extraordinaire.
On ne peut pas fupprimer Va dans ce mot, & il eft très
ifHcile de ne faire qu'une fyllabe de ao en prononçant
s deux lettres.
Fléau eft de deux fyllabes , quoique les noms en
lu. ne comptent jamais qu'une fyllabe pour ces trois
mes. Perdreau , &c.
' Galimatkias eft communément de cinq fyllabes,
D'où peur procéder , je te prie ,
Ce galimathias maudit ?
Molière.
Ccpen(iaat un autre Poète a dit :
Et de termes favants fie un galimathias ,
Qui charmoitles ÊfpjJti^uiae remendoient pas.
Art de pccher
444 S Y L
C'cfl: ainfi qu'on trouve , fur-tout dans les ancien
Poètes , des palfages contraires à ce que nous avons cr
devoir donner pour règles générales.
Pour fu-ir d'un grand Roi la colère fanglance.
( Godeau }»
Comme du Ciel fcrein ou voit fu-ir les nues.
( Segrais }
Et pour faire une rumeur grande
Non pour l'amour de la vi-ande.
( S. GeUis ).
Je trouve des foupirs la vi ande bien creufe.
( r. Corneille ),
Les Poè-tes au parterre en parlent autrement ,
Tout vient dans ce grand Poè-me admirablement bien»
( Le même ).
Si de quelque retour tu pay-eras ma peine....
Mais elle bat les gens , ôc ne les pay-e point.
( Molière y
Il prit l' cpée à la dextre ,
Le bou-clicr à la feneilre. >
( Sonfard),
De tourcs tailles bons le- vtiers ,
Et de tous arts méchansou-vriers.
A peine la quatrième lune
Achevé de faire fon tour.
J'ai reçu deux meur-tricrs
Pour témoins d'un parjure.
(Malherbe).
( Rotron )«
Son ordre eft un bou-clier à quiconque le fert.
Et ce même bou-clier met ma tête à couvert.
Ec ii vriez de Ci belles chofes
A la merci de là douleur.
( Malherbe ),
On pourroit en citer beaucoup d'autres : mais ceux-
ci ruffifenc. Quand on a quelque doute fur ces fortes de
fyllabesj il ne faut point imiter ces licences, qui font des
fautes contre la langue & l'oreilie : voye^ Prononcia-
tion «S* Quantité.
SYLLEPSE ORATOIRE. Ce mot vient du grec ae
fignifîe union , jondion , afTcmblage. Il y a fyllepfe
idrfque le même mot eft pris en mcme teins au propre
& au figuré dans la même phrafe. Cette figure eft une
cfpece de métaphore. Quand le Berger Coridon dans
Une Eglogue de Virgile , dit que fa Galatiiée eft pour
lui plus douce que le thim du mont Hibla : ce mot
douce eft pris en même-tems au propre & au figuré , au
propre par rapport au thim , & au figuré par rapport à
l'impreiTion que la Bergère fait fur lui.
On trouve auifi un exemple de cette figure dans i'An-
dromaque de Racine. Pyrrhus qui eût le plus de part à
l'embrafcment de Troye , eft épris d'une violente palfion
pour Andromaque qui n'y répond pas* Au fore de fà
paflion il s'écrie :
Je fouffire tous les maux qUe j'ai faits devant Troye 5
Vaincu , chargé de fers , de regrets confun:ié ^
• Brûlé de plus de feux que je n'en allumai.
"Feux eft 'tout-à-la-fois au propre & au figure , iî
fait allufion aux feux qui embraferent la Ville de Troye,
& à la paiïion de Pyrrhus.
On voit que cette figure eft une efpece de jeu de
mots 5 ainfi il ne faut l'employer qu'avec beaucoup de
dirconfpedion & à propos. C'eft ce qui a fait dire à un
de nos plus grands Poètes , en parlant du vers que nous
venons de citer. « Si Pyrrhus s'exprimoit toujours dans
35 ce ftyle il ne toucheroit point y on s'appercevroit que
la vraie paifion s'occupe ratemcnt de pareilles com*
paraifons , & qu'il y a peu de proportion entre les
»i feux réels dont Trove fwt confumce , &: les feux d^
Tçm^ Il F £
44^ S Y L
03 Tamour de Pyrrhus «. ( Poétique de M. de Voltaire )i
SYLLOGISiVlE. Le ryllogifmc cft un raifonncment
compofé de trois prcpofitions dépendantes l'une de l'au
tre. La première comient la féconde , la féconde fait
voir qu'elle efc contenue dans la première , & toutes les
deux démontrent mutuellement qu'elles contiennent la
troifieme. Un exemple rendra la ciiofe très claire. Tou-
tes les fois qu'on a une proportion à prouver , on clioi-
fît un principe connu dont la vérité peut établir cette
propoliîion par la liaifon qu'il a avec elle.
Vnprincipe n'efc autre chofc qu'une connoiiîance vraie
& certaine, qui conduit à une autre connoiifance qui étoii
douteufe , &: l'ufage qu'on fait d'une connoiilance pouilj"
en établir une autre, s'appelle raifonnement. ■'"
Le principe fait donc la première propolition , com-
me dans ce raifonnement : Un Etre bon & jujîe ne doit
point Uûjfer le crime impuni^ ni la vertu fans récomptnfe .
voilà la première propolition qui contient la fecondi
oue voici , & à laquelle on l'applique : Or Dieu cjî bor
è jufle : & ces deux propofitions contiennent néceifaire-
ment cette troifieme : Donc Dieu punira le crime & ré- .
compenfera la vertu. pj
La première de ces propofitions qui eft la plus gcna
raie , s'appelle en Pliilofophic la majeure y la féconde U
mineure , èc la troifieme la conféquence ou la conclujion
On voit par ce que nous venons dédire, que pour qu'ur
raifonnement foit concluant , il faut que le principe
foit général & certain , Se que l'application en foii
jufte.
La manière de raifonner par fyllogifmes , qu'on ap-
pelle raifonner en forme, elî froide & lente. Elle eft pro-
pre au Philofophe dont l'unique but eft: de découvrir la
vérité. Il craint de fe méprendre j il a toujours le fyllo-
gifmc en main , comme le Géomètre le compas. Il va de
proche en proche , il ne franchit aucune idée intermé-
diaire. Il ne fait jamais un pas fans le concours des trois
propofitions, 6c fans toutes les diftindions philofophi
ques.
Il n'en eft pas ainfi de l'Orateur. Les matières qu'illl ^ïî*i
traite font ordinairement plus intelligibles , d'aillcursIWK
tomme il cherche plutôt à perfuader qu'à démontrer, Cs!^t
loir
île
DS
m
m
ifitlc
s Y L S Y N 447
marche efl: moins rég;uliere ; mais elle eft plus vive»
plus rapide. Il iupprime le principe , & il en réfultc ce
^ii'on appelle entliymcme : voyei Enthymbme.
Si quelquefois il fe fert de l'argument en ibrme , il le
préfcnte bien difFcremmcnt du Logicien 5 il ne fuie point
l'ordre que celui-ci obferve : voyei Conclusions
ORATOIRES.
Ciceron veut prouver que Céfar , en pardonnant à
Marcellus qui avoit pris les armes contre lui , cH: digne
iies plus grands éloges. Au lieu de dire comme feroir le
Logicien : la clémence eft une vertu fi rare qu'elle mé-
rite les plus grands éloges ; Céfar polTcde cette vertu >
4onc Céfar mérite les plus grands éloges. Il prend cha-
une de ces propoiitions féparémcnt , èc fans s'af-
Ueindre à Tordre établi entre elles , il commence tantôt
par la première , tantôt par la féconde indifFérement. II
les développe Se les amplifie tour à tour. Il cache fes
preuves fous le pompeux appareil de l'éloquence. Après
avoir élevé jusqu'aux cieux les aâ:ions guerrières de
Céfar , il les compare avec la clémence qu'il vient de
faire éclater envers Marceilus, & , fans rien diminuer de
la gloire militaire dont un grand Capitaine eft toujours
très jaloux , il met au-delTus fa clémence & fagénéro-
fîté , en prouvant qu'un Général n'a pas feul route la
gloire d'une victoire , au lieu que celle de la clémence
lui devient propre & perfonnelle 3 qu'il eft moins dif-
ficile de vaincre fes ennemis que de furmonter fes paf*
fions ; enfin que les lauriers qu'on cueille dans les com-
bats font teints du fang de plulieurs milliers d'hommes ;
ijue les applaudi ifemen s que reçoit le vainqueur fonc
troublés par les cris des mourans : au lieu que les ac-
tions débouté & de clémence ne font accompagnées
4'aucun trouble , d'aucun tumulte 5 elles ne font fon-
dées fur le malheur de perfonne j elles flattent & gagnent
IçjCœur de tous ceux qui en entendent parler j elles
fçnt le bonheur du monde : voye^ Iormes des preu-
ves.
SYNECDOQUE oz/ SYNECDOCHË. Le mot fynec-
doque fignifie compréhenfion , conception. On appelle
ainfi une figure de diction ^qui fait concevoir ài'efpric
plus ou moins que Iç mo; dont on fe fert ne iîgmfîe
448 S Y N
dans le fens propre. C'eft une erpece de métonymie ;
avec cette différence pourtant que la métonymie prend
iîmplement un mot pour un autre , au lieu que la fy-
»ecdoche prend le moins pour le plus , ou le plus pour
le moins.
Il y a plufieurs fortes de fynccdoches.
i''. Synecdoche du genre , comme quand on dit les
mortels pour les hommes. Le terme de mortels devroic
pourtant comprendre aulTi les animaux qui font fujets à
la mort aufli bien que nous ; ainfi quand par les mortels
on n'entend que les hommes , c'ell une fynecdoche du
genre. On dit le plus pour le moins.
xR. Synecdoche de l'ejpece. C'eft lorfqu'un mot , qui
dans le fens propre ne fîgnifîe qu'une efpece particu-
lière , fe prend pour le^enre. C'eft ainlî, par exemple ,
qu'on appelle quelquefois coquin un homme adonné à
toutes fortes de crimes , alors on prend le moins pour
dire le plus.
3^. Synecdoche dans le nombre. C'eft lorfqu'on met un
fmgulier pour un pluriel , ou un pluriel pour le fingu-
gulier , comme lorfqu'on dit : l'ennemi vient à nous
c'eft-à-dire les ennemis. // eft écrit dans les Prophètes
c'eft-à-dire, il eft écrit dans un des livres de quelqu'un
des Prophètes.
4°. On prend quelquefois la partie pour le tout , ou
le tout pour la partie. Ainfî , par exemple, la tcte fc
prend pour l'homme entier.
Les Chrétiens vous devroieat une tête Ci chère.
( f^olt. Zaïre ?.
C'eft-à-dire une perfoniiç (î précieufc , fî chérie.
Quand les Poètes dif^nt après quelques hivers, quel-
ques étés , c'cft-à-dire , après quelques années.
L'onde , dans le fens propre , figiiifîe une vague, un
flot j cependant les Poètes prennent ce mot , ou pour là
mer , ou pour l'eau d'une rivière , ou pour là rivicrç
ftxîme.
Vous juriez autrefois que cette onde rebelle,
S*; feroit y«is i"a fouiw une soute nouvelle ,
s Y N MO
Plutôt qu'on ne verroit votre coeur dégagé 5
Voyez couler ces flots dans cette vafte plaine;
C'cft le même penchant qui toujours les entraîne î
Leur cours ne change ^Toint , Se vous avez changé,
( Quinault , Ifis y Aft. I.Sc. 3, ).
On voit Touvent dans les Poètes le Tybre pour ICS
Romains , la Seine pour les François.
Chaque climat produit dei favoris de Mars ,.
La Seine a des Bourbons , le Tybre a des Céfars»'
(BoiUitti jl-ç. !.)•
j^. On Te fert fbuvent du nom de h matière pour
marquer lachofe qui en eft faite, comme quand an dit:
prends ce fer ^ au lieu de dire prends cette épée.
SYNONYMES. On appelle fynonymes les mots^ui
fe reflemblant par une idée commune , font néanmoins
diftingués l'Un de l'autre par une idée acceJToire & par-
ticulière à chacun d'eux , d'où naît dans beaucoup d'oG-
cafions une nécelTité de choix pour les placer à propos
& parler avec juftefle. La diftindion des fynonymes
prévient l'abus des termes j rend le langage intelligi-
ble , bannit les idées vagues & les à-peu-près dont les
efprits fupcrficiels fe contentent.
Il ne faut donc point imaginer que les mots qu'on
nommz fynonymes le foient dans toute la rigueur d'une '
xelTemblance parfaite , enforte que le fens foit aulîî uni-
forme entr'eux que l'eft la faveur , par exemple , entre
les gouttes d'eau d'une même fource 5 car en les confl-
dérant de près , on verra que cette reflemblance n'em-
bralTe pas toute l'étendue & la force de la fîgnifîcation 5
qu'elle ne conlifte que dans Une idée principale que tous
. énoncent , mais que chacun diverfiiîe à fa manière par
une idée accelToire qui lui conflitue un caradere propre
& fingulier. La reflemblance que produit l'idée générale
fait donc les mots fynonymes, & la différence qui vient
de l'idée particulière qui accompagne la générale j fait
qu'ils ne le font pas parfaitement 3 & qu'on les diflio*
ffiij
450 S Y N
gue comme les diverfes nuances d'une même couleur,'
Je ne citerai ici que deux exemples tirés de l'excellent
livre de M. l'abbé Girard , intitulé : Synonymes Fran-
fois , & un troifieme tiré du Commentaire de M. ûff
Voltaire , fur P. Corneille,
Bonheur y félicité ^ béatitude.
Ces trois mots fîgnifîent également un état avanta-
geux & une fituation graciculEe. Mais celui de bonheur
marque proprement l'état de la fortune capable de four-
nir la matière des plaifirs, & de mettre à portée de les
prendre. Celui de félicité Qx^nmc particulièrement l'état
du cœur difpofé à goûter le plaifir^ & a le trouver dans
ce qu'on polfede. Celui de béatitude qui eft du ftylc mys-
tique défigiie l'état de l'ame prévenue des dons de la
gr-ace & pleine des confolarions intérieures que donnent
une bonne confcience & une réfignadon parfaite à la
"Volonté de l'Être Suprême.
On eft quelquefois dans un état de bonheur fans être
dans un état de félicité. La podefTion des biens , des
honneurs , des amis ;, & de la fanté , fait le bonheur de
la vie : mais ce qui en fait la félicité , c'eft l'ufage , la
ioui/fance , le fentiment , & le goût de ces chofes. Quant
a. la béatitude elle eft le partage des perfonnes vraiement
pieufes.
Les chofes étrangères fervent au bonheur de l'hom-
tne , mais il faut qu'il faile lui-mcme fa félicité , & qu'il
«iemande à Dieu la béatitude. Le premier eft pour Its
riches , la féconde pour les fages ^ la troiileme pour les,
Saints..
Apparition, Vif on.
La vifion fe pafle au-dedans & n'eft qu'un effet de
Timagination. L'aparition fuppofe un objet au-dehors,
t» Si Jofeph , dit M. l'Abbé Girard , fut averti par une
3» "Vifion de paflfer en Kgypte , ce fut une apparition qui
in inftruifit la Magdcleine dç k nffarrcdlion de Jcfi*:-
'•«Chrift 3», -'• • - ■ • •
" Dejfein , Projet,
'-^ On ne fait point des deffeins , on fait des projet»^
V Ces règles paiciiTent étranges au premier coup d'ceil ,
33 & ne le font point. Il y a de la différence entre deffe'm
33 S>c projet 'j un projet eft médite & arrêté j ainfion fait
33 un projet. Dejfein donne une idée plus vague ; voilà
33 pourquoi on dit qu'un Général fait un projet de cam-
33 pagne , & non pas un deiTein de campagne 33. M. de
Voltaire,
SYNTAXE. La fyntaxe eft cette partie de la Gram-
maire qui règle , d'après î'ufage , la forme fous laquelle
un mot doit paroître dans le difcours , en conféquence
des liaifons qu'il a avec d'autres mots , c'eft-à-dire ^ s'il
doit être mis au mafculin ou au féminin , au fingulier
ou au pluriel , &c. en quoi elle diffère de la conftrucîion
qui règle la place qu'un mot doit occuper dans qnç
phrafe relativement aux autres mots , comme nous le
oifons à l'article Construction.
Il n'y a de fyntaxe en général que pour les mots dont
le matériel peut varier félon les différents rapports qu'on
y veut faire appercevoir. Ainfi en françois il n'y a de
fyntaxe que pour les fubftantifs-, les adjeélifs , les ver-
bes j l'article , & les pronoms j les adverbes , les prépo-
fitions les conjondions & les particules ne fouffrant
jamais la moindre altération. Il ne faut pas croire ce-
pendant que tout nom fubftantif , ou adjedlif , ou pro-
nom , que tout mode de verbe varie fa fyntaxe de même
que les autres 'mots de fon efpece : il y a là-deffus bien
des irrégularités , ou fi l'on veut , bien des différences,
comme on le verra bientôt. Mais avant que déparier des
règles de fyntaxe , il faut expofer quelles font les va-
riations des différentes fortes de mots qui y font fou-
rnis.
Les fubftantifs ne varient que relativement au lîngu-
lier ou au pluriel , félon que l'on veut faire fignifier à
chacun d'eux un ou plufieurs individus de leur efpece.
les adjedifs ( & fous ce nom nous comprenons l'arti-
cle , les pronoms , & les participes ) varient félon le
genre de leurs fubftantifs^ auffi bien que félon leur nom-
f fiv
bre. Les verbes varient félon le mode , le temps , îe
nombre & la perfonne : voye:;^ Modes, Tems , Nom-
bre 6* Personnes.
Voilà la règle générale j mais il y a des fubftantifs
qui n'ont point de iingulier , d'autres qui n'ont point de
pluriel 3 il y a des adjcdifs qui ne fouffrent aucune alté-
jation pour palier d'un genre à l'autre i il y en a qui
n'ont point de fingulier , comme vingt ^ trente , &:c. Il y
a des pronoms qui reftcnt les mêmes pour tous le^ gen-
res & les nombres , comme , ce , qui , que, donc j d'au-
tres qui ne fervent qu'au fingulier, comme je, ou au
pluriel , comme nous , &c j il y a des participes qui ref-
tent les mêmes pour le fingulier & le pluriel , le mafcu^
lin & le féminin , comme tous les participes préfents de
ra<5lif , tels que , aimant , jouant y &c. Il y a des verbes
cjui n'ont point certains tems , certains modes , certai-
nes perfonnes ; tels font les verbes défeclifs & les verbes
imperfonnels. Sur-tout cela , il faut confulter les mots
Substantif, Adjectif, Article, Pronoms, Verbe ,
Participe, &c. Ici nous ne parlons que de ceux qui font
Tufceptibles des terminaifons propres à leur cfpece. On
icnt que ce fcroit encore nous répéter inutilement , que
<le rapporter les règles qui fixent ks lettres oulcsfyllabes
c]ue chacune de ces efpeces de mots perd ou acquiert
ou change dans Ces variations 5 nous fuppofons qu'on
les connoît , & qu'on les a vues dans leurs articles
refpedifs.
Suhflantifs , Adjeciifs , Pronoms , &c.
' Xa penfée peut feule décider du nombre auquel on
^oit mettre un fabftaniif : il n'eft point efclavc à cet
ifgard des autres parties du difcours , puifque c'eft lui ai*
contraire q^ii rpgic leur fyntaxc.
Les adjeélifs, les pronoms, l'article , & les partici-
pes partifs du pniré , doivent fuivre le nombre & le
genre du fubftantif auquel ils fc rapportent. Si celui-c?
cil au fingulier & du genre malculin , ceux-là pren-
dront la tcrminaifon que l'ufagc leur a afllgnée pour le
Tnafculin fingulier ; il en efi de même du féminin fin-
gulier , & du pluriel, foit mafculin, foit féminin. Lhom-
s Y N . , ^5^
ITW^ cftunfubftantif mafculin & lîngulîer , ainfi Ton doit
dire , thomme efi bon j & non pas bons , ni bonne , ni
bonnes i parceque c'eft la première de ces tcnninairons
que l'ufage a confacrée pour le fingulier mafculin , &
<]ue les autres font pour l'autre genre dans les deux
nombres , ou le même genre dans l'autre nombre.
^'\ un ou plufieurs adjedifs , pronoms , participes
paiTifs y ou l'article, fe rapportent a plufieurs fubftan-
tifs 5 il faut les mettre au pluriel , comme , les père ^
mère. Si ces fubftantifs font d'un même genre , les au-
tres mots qui s'y rapportent doivent en prendre la ter-
iiiinaifon pluriele , comme , la mère & la fi/le font éga*
lement capricieufes. Si l'un ell: du mafculin & l'autre du
féminin , les qualificatifs doivent fe mettre au maf^
çulin pluriel ; l'homme & la femme font fournis à des de*
voirs réciproques.
Quelquefois un adjedif fe met du nombre & du
genre du fubftantif dont il eft le plus près ^ quoique ce-
Jui-ci foit du féminin , & que l'autre foit du mafculin j
mais il faut pour cela que Tadjeâiif foit immédiatc-
jnent auprès du fubftantif dont il prend le genre & le
nombre. Cet homme a les pieds & la tête nue.... Cettç
Aclrice joue avec un goût & une noblejfe charmante. . .
Sylla s'étozt acquis dans Rome un pouvoir & une au^
torité abfolue. Il feroit contre le bon ufagc de dire^ les
pieds ^ la tête nus... Un goût & une nobleffe char^
mants... Un pouvoir^ une autorité abfolus.
Cette exception dont nous venons de parler a en-
core lieu , quand les deux fubffcantifs ont une même
lignification , ou du moins une fîgnificaiion appro-
chante , quoiqu'alors Tadiedif ne loit plus voifin im-
médiat du fubUanrif dont il eft le plus près , 8c dont il
prend le genre & le nombre. Son courage ^ fa hardieffe
gfi étonnante... Il marche toujours avec un emprejfement 6*
une VLteJfe qui me pcroît originale. Il a un favoir vivre
& une politejTe bien affeclée. Ce n'eft pas qu'on ne puiifc
également mettre l'adjeûif au pluriel mafculin quand
il efl réparé des fubftantifs par un verbe , & dire , fort
. courage & fa hardiejfe me paroiffent étonnants. Mais il
i vaut encore mieux , pour éviter tout embarras , |)laT
'4^4 S Y N
cerle fubftantif féminin le premier , en difant , fa har»
dieffe ^ fon courage me femblentfmguliers , &c.
Quand un adjedlif , ou un pronom , ou un participe
ne fe rapporte à aucun fubftantif déterminé , & qu'il eft
■pris lui-même fubftantivement , alors il fe met au maf-
culin fingulier ; j'aime le vrai ; il faut le préférer au
brillant. Le vrai , il y le , au brillant , font au mafculin
Singulier, quoiqu'ils ne fe rapportent à aucun fubftantif
qui leur en faffe la loi : mais c'eft parcequ'il n'en eft
point non plus qui leur demande d'être autrement.
Il eft encore certains fubftantifs qui veulent leurs ad-
jedifs au pluriel & au mafculin, quoiqu'ils foient eux*
mêmes du féminin & au fingulier. Ce font les fubftan-
tifs qui marquent pluralité , comme , la plupart. Il faut
obferver de quelle chofe on parle quand on les em*
ploie. Si la chofe dont on parle eft du mafculin , l'adjec-
tif fera mafculin pluriel , foit que cette chofe foit expri-
mée , comme , la plupart des hommes font faux ; foit
qu'elle foit fous-entendue dans la phrafe aduellc , mais
exprimée dans les précédentes , ou fufHfamment indi-
diquée par les circonftances , comme , les hommes font
volontiers de belles promeffes ; ils cherchent ajfci fou-
vent a fe flatter mutuellement ; mais la i-lupart sont
FAUX , & nagijfent ainfi que par vanité ^ par foiblejft
ou par méchanceté .
Noms colleciifs.
H eft bien des noms coUedHfs , qui par conféqucnt
marquent pluralité , & qui néanmoins ne prennent point
le pluriel , & n'admettent jamais dans leur adjcdif
d'autre genre que le leur , comme j la foule importune...
Le peuple inconftant... L'armée furieufe... La Cour timide
& flottante... Tout le monde nous fut contraire. Cette dif-
férence vient de ce que parmi les noms colledifs les
uns marquent plus explicitement multiplicité d'objets ,
& les autres unité de collcélion. Quand on ne faifit pas
avec affez d'affurance le tour fous lequel ils infliquent
pluralité , alors il faut étudier l'ufage pour décider 11
fyjitaxc des adjcdifs qui s'y rapportent.
s Y N ^ -4$^
Il y a Je ces noms collcdifs qui par eux-mêmes ne
jaroi lient pas indiquer plus prccifément la colledioii
{ire la multipliciré 5 alors pour la fyntaxe de leurs ad-
ecftifs on flotte , on balance entre le fingulier & le plu-
iel , fans trop ofer fe décider pour l'un ou pour l'autre,
''oici la règle. Si ces noms ne font fuivis d'aucun autre fub-
tantifqui exprime la chofedont les colledifs marquent
'luralité , l'adjedif refte au lîngulier. Il en eft de même
le nom colledif eft fuivi d'un autre nom au fingulier ;
ne infinité de monde eft intérejfé a cette affaire. Mais s'il
ft fuivi d'un nom au pluriel , alors fa manière de
ignifîer fe trouve plus décidée pour la multiplicité , &
adjeélif fe met au pluriel ; une infinité de bons Citoyens
int intérejfés a cette affaire, C'eft ainfl qu'on dit ernrore i
^mbien de monde en fut touché ! ... Combien de perfonnes
furent fenfibles ! ... Bien du monde en fut ému... Bim
'es perfonnes en furent émues » &c.
Verbes.
Tout ce que nous avons dit pour les adjedifs quanr
u nombre , peut faire loi pour les verbes , dans les
emps qui ont un fingulier & un pluriel. Le verbe fe met
u fîngulier par-tout où nous avons dit que l'adjedif s'y
nettoit 3 & au pluriel par-tout où radje<5i:if doit y être,
iais le nombre n'eft pas le feul point pour lequel le
erbe ait une fyntaxe \ il en a aufli pour les modes, les
împs & les perfonnes.
C'eft au fubjeclif ou nominatif, exprimé ou fous-en-
lendu y à décider de la perfonne à laquelle on doit met-
tre le verbe. Si le fujet de la phrafe eft celui ou ceux
ui parlent , le verbe eft à la première perfonne ; fi
'eft celui à qui l'on parle , le verbe eft à la féconde
erfonne 3 enftn fi c'eft un autre que celui qui parle, &
ue celui à qui le difcours s'adrefie , le verbe eft à la
roifieme perfonne. Si le fubjedif eft compofé de plu-
eurs noms ou pronoms , le verbe fe met au pluriel , &
la perfonne la pîus noble ^ comme difent les Gram-
nairiens ; c'eft-à-dire , que fi de ces nom.s ou pronoms ^
un eft de la première perfonne , le verbe fera à la pre-
aitrc perfonne du pluriel , quand même les autres fc*
45<^ S Y N
l'oient àc la féconde ou de la. troisième. S'i! n'y en ;
point de la première , mais qu'il y en ait de la fecondt
& de la troifieme , le verbe doit être de la féconde : vou.
<& moi y nous faijions la même chofe.,. Vous 6* lui , dire:
de même. Quand la perfonne n'efb point déterminée :, le
verbe prend la troifieme du lîngulier ; c'efl ce qui fai
les verbes imperfonnels 5 il ejî ordinaire a l'homme de j
tromper.
C'eft à la penfée à indiquer les temps auquel le verb
doit être pris. Si l'on veut dire une chofe préfente , o
prend le préfent ; fî la chofe dont on parle n'eft plus
mais qu elle ait été 3 on emploie le paflc ; & le futur fei !
pour exprimer des chofes qui ne (ont pas encore ^ ma:
qui feront : voye-^ Tems des verbes. Mon cœur fi
long-temps infenfible. Vous m'infpire:^ une pajfion funefte
jamais je ne retrouverai le repos. Il en cil; de même c
l'imparfait , du plufqueparfait ^ des temps conditioi
jiels , & du prétérit indéfini. On ne peut prefcrire rie
autre chofe que de confulter la pcnf(ie même qu'on vei
•communiquer , & de bien étudier la fignification & 1
fcns de chaque tems des verbes , pour les employer f<
Ion leur nature & leurs propriétés.
Modes. ,
Il n'en cft pas de même des modes : c'efl: fur-tout 1
tour de la phrafe y & l'emploi que le verbe y fait » qi
de concert avec le génie de la langue font fervir l'u
dans une occafion & l'autre dans une autre. On pci!
dire une même chofe pour un même temps de bien dcj
façons différentes ; par exemple , (i je vous dis , j'aii\
•votre ouvrage. Puifque je le fais par cœur y il faut bit '
que je l'aie lu. Je me Jouviens de l'avoir lu. Vous con
prenez également que j'ai lu l'ouvrage dont nous pa
Jons 5 & cependant j'emploie trois modes différents d
fndme verbe lire. Dans le doute , qui pourra me dcc:
der entre les trois ? le génie de la langue bien plus quj
la penfée , qui reftc la même.
Infinitif.
Si le \»crbç frrt de fubjcs^if dans la phrafe où il ci
s Y N 457
mploye, on le met à l'infini cif; lire un ouvrage ^ nefi
ds toujours l'apprendre y l'avoir lu n'eji pas toujours le
onnoître. Lire un ouvrage , l'avoir lu , font les fubjec-
fs des deux phra fes.
S'il fait fôndion d'objedif ( roye^ Obiectij &
loNsTRucTiON ) , ou de tcrminatif ( voyeT^^ Termi-
fATiF ) , il le mer encore à l'infinitif fans prépofition
u avec une prépolition , félon que le demande la na-
arc du verbe précédent cjui feit d'attributif j y'i? vo^^/o/V
ous dire une chofe bien importante. Je l' empêcherai de
aire ce faux pas. Dire eft l'objeâiif de je voulais j de
aire eft le terminatif de j'empêcherai.
Quand il eft circonftanciel , {voye:^ Circonstan-
;IEL ) , on le met ordinairement au gérondif 3 on devient
abile en travaillant.
Si Je verbe eft régi par quelque fubftantif ou adjec-
if que ce foit , il prend devant fon infinitif la mcrac
►répofition que le même nom exigcroit devant un autre
ubftantif qui feroit à la place de ce verbe ; a force de
rav ailler an devient habile , comme on diroit , h. force
travail... AgréabU a dire , &c.
Il y a quelques verbes qui prenant leur objedif fans
>répofition quand c'eft un nom , veulent avant lui
jne prépofition quand c'eft un infinitif, comme 3 je
rains ma colère ; je crains de me fâcher. Ces infinitifs
ivec leur prépofition fe peuvent ordinairement changer
n un temps du fubjondif précédé d'un que & accompa-
gné d'une négation ; je crains que je ne me fâche. Ce
;hangement de conftrudion ne fe fait pas lorfque l'infi-
jitif & fa prépofition font régis par un nom j comms j
ai envie de vous plaire ; on ne diroit pas > j' ai envie que
xvous plaife. L'infinitif fe met encore avec une prépo-
îtion , quand dans une phrafe où il y a comparaifon ,
I fe trouve en fécond alternacif après le que. U vaut
nieux être malheureux que d'être criminel.., Ilfonge bien.
lus à s' amufer qu'à rétablir fa famé. •
Impératif
C'eft à lUntcntioji &: à la penfée de celui qui parle , à
rcgler quand on doit fe fervir de l'impératif p alle^ , 4*
45^ S Y N
fongei a moi. Mais on peut l'éviter par des pr^riphrft-
fes , je vous prie de fonger a moi. Je vous exhorte à
fongera moi. Alors fonger (]ui dans la première parafe
faifoit fondion d'attributif ( vcye^ Attributif 4î
Construction ) , efl régime des attributif j ;e vous
prie 5 je vous exhorte.
Subjonciif.
Le rubjon<ftif ne fe prend que dans les phrafes où iJ
ne fert cju'en fous-ordre , c'elt-à-dire , oii il n'eft attri-
butif que dans une phrafe fubordonnée. Je veux qu'il
refie. Je veux eft la phrafe prmcipalc j qu'il refie , eiVIa
fubordonnée : {voye^ Construction, fur ladiiTerence
de ces deux fortes de phrafes ). Une phrafe fubordonnée
à une autre , prend le mode fubjondif pour fon attri-
butif, après les conjonctions , afin que j avant que ^ &
quelques autres ( voye^ Conjonctions; ; après Icj
verbes qui marquent quelque fentiment de l'ame , foii
de crainte , foit de defir j foit de doute , comme ^je veux
que vous le fajfiei y après les imperfonnels , il faut ^ il eji
a. propos , il eji difficile , il convient ^ Se autres fembla-
bles j comme il faut qu'il vienne j bi^n entendu que ce»
verbes de defir , de crainte ou de doute, & ces imper-
Ibnnels auront après eux & avant, le fubjonCiif fuivanr ,
la conjondion ^i^e j fans cela il faudroit l'infinitif j
comme j je veux dire , je crains de dire , il faut dire , occ.
Il faudroit même prendre cet infinitf , fi les verbes pré-
cédens avoient d'ailleurs un nom ou pronom pour régi-
me 5 ainlî on diroit ,je lui ordonne de venir , & nonpas^
je lui ordonne qu'il vienne ; quoiqu'on dife , jfordonne qu'il
vienne. Il en eft de même fi le fécond verbe a le mcmé
iiibjeétif que le premier ; je veux étudier , & non pas Ji
veux que j'étudie.
On met ordinairement le fubjondif après tous le»
Verbes précédés de ne , ou employés par interrogation i
comme j je ne crois pas que vous mentie:^... Eji -il certain
que cela foit H ... quoiqu'on dife , je crois que vous men-m
le:^... Il eji certain que cela eji. Cependant , quand ces in-
terrogations , ces négations ne laillent pas un certain
idoute dans la penféc , on prend l'indicatif j vous ne di*-
s Y N ^ 455?
ies pas que j'ai répondu... M'ûjfure^-vous qui! viendra
nen toc ? Il en eft de même quand le premier verbe eft
^recédé à'm\fi : fi vous me dites que vous l'tiye:^ vu : fi
[fous me dites que vous l'ave^ vu , &c. Après que/ que,
luclqiie , & quoique y quel homme que ce /bit. Quelques
wnnes raifons qu'il apporte. Quoiqu'il di/è.
Apres que employé au lieu de répeter la conjon»5lion
7 , ou pour, de ce que. Si vous le voule:^ , 6' que vous me
efjjjiei dire à tems. Je fuis fâché que vous naye:^ rien
Ui
Après le relatif, qui on que ^ immédiatement précédé
l'un fuperlatif ou d'un pronom négatif ; le plus habile
mon puijfe trouver. Le meilleur qui Joit. Nul que je fâche.
/\près le m.ême relatif placé entre deux verbes de
naiiiere qu'il indique quelque defîr, ou quelque beloin,
'< qu'il ait à-pcu-près le fens des conjondifs de ma-
licre que , afin Que. Il faut des Rois qui fâchent comman^
1er y & des peuples qui apprennent a obéir. Cherche:^ un
imi qui foit difcret & \élé. V^oule:^-vous en avoir qui
'ous féduifent ? Si le relatif ne marquoit aucun defîr , ni
lucun befoin , ou qu'il ne tînt pas lieu des conjonciifs
juc nous avons indiqués , le verbe fuivant feroit à l'ia-.
licatif ;ye connois un homme qui peut vous rendre ce fer^
■'ice. &c.
Quand le premier verbe efl: au préfent ou au futur ,
e tecond qui doit être au fubjondif , fe met r.u pré-
ent du fubjondif; il faudra que je Hfe ; il femhU que
'ous héftie^. Il faut que je me fois mépris. Si le pre-
nier verbe eft en un autre temps que le préfent on
1 futur , le fécond fe mettra à l'imparfait du fubjouc-
if 3 je voulois , j'ai voulu , je voulus ^j'avois voulu ^je
'oiidrois qu'il vînt aujourd'hui. Il y a pourtant de bons
luccurs , qui mettent le préfent du fubjondif, quand
2 fcns indique bien le préfent , & que le premier verbe
ft au conditionnel , comme ; je ne voudrois pas qu'il
'ienne à préfent -, mais c'eft une "négligence 3 il faut qu'ii
'înt.
Indicatif,
On voit bien aéluellement quelles font les occafion?
>ù l'on doit prendre les temps de l'indicatif .C'eftdans.
4<îo S Y N
'attributif de toutes les phrafes détache'és , fi elIeS ne
ont pas dans la forme impérative. Quant aux phrafes
périodiques , la principale plirafe partielle a aulfi fou
attributif à l'indicatif. Au relie nous fuppofons ici que
l'attributif eft fimple j s'il efi: compofé de plufieurs ver-»
bes, le fécond eft joint au premier en forme de régime,
& il fuit la fyntaxe qui convient à la fondion de ré-
gime qu'il remplit 5 s'il n'eft joint au premier que pat
forme d'addition , il fe met également à l'indicatif 5
comme , je voulais & j'efperois votre bonheur. Enfin dans
les phrafes conditionnelles l'attributif fc met fouvent
à l'indicatif , félon la nature des conjonélifs qui Ict
unillcnc à la phràfc principale , &: fclon le tour de la !
pcnfée. Voyez là-delîus ce que nous avons dit plus haut
en parlant du fubjondif , & le mot Conjonctions.
UJage dès Conjoncîifs & des Prcpojitions^
îl nous refte encore un point de difficulté qui femble
devoir regarder la fyntaxe; c'eft de favoir quand on
doit fe fervir de conjonélifs pour lier & joindre des mots
ou des phrafes , &; de prépofitions pour marquer les
rapports entre les idées. Nous ne donnerons ici que
deux règles générales^ renvoyant pour les détails ,pour
les exceptions & pour le choix des conjonélions ou des
prépofi tions j aux articles de ces deux mots.
I *". Quand un fécond verbe régi par un premier ne
caufc aucune amphibologie, aucun embarras, étant à
l'infinitif; il eft mieux de l'y mettre que de lui donner
wn conjondif : je viens vous dire , ou je viens pour vous
dire , vaut mieux que , je viens afin que je vous dife,
La raifon en eft claire 3 le conjondif allonge inutile-
ment le difcours ; & par- tout on hait le fupcrilu. S'il
y a des exceptions à cette loi , c'eft quand la phrafe
eft à-peu-près égale pour la longueur , & que le lan-
gage eft plus doux , plfis coulant , en le fcrvant d'un
conjondlif. Il faut remarquer qu'un verbe à l'infinitif
lie prenant point de fubjcdlif proprement dit , & le fens
de la phrafe cxi*i;eant néanmoins qu'il y en ait un de
connu, afin déviter le conjondif, il eft nécclTaire
que le reûfi de la phrafe l'indique fuifijramiucnc : cela fe
trouve
s Y N 4<rr'
roiîVe toutes les fois que dans la penfee le Cuhjc&À£
l'i fécond vcibe eft le même que celui du premier ;
£ veux lui parler : vous ofe^ m' interrompre ; il ne dai^
me pas m écouter. Les fub/edifs des infinitifs parler ^
ntcrrompre , écouter ^ font, dans l'ordre de la penfee, les
némcs que ceux qui font exprimés avant les verbes
'eux y ofii , ne daigne pas. Si le premier verbe eft im*
)Cifonnel , & que le fubjedif du fécond puilTe en être
obiccliif ou le cerminatif, alors on peut encore em-
)loycr le fécond veibe à l'infinitif j // vous convimû.
vV^ de parler ainfi î Vous efb terminatif de il convient »
X' fabjeâ:if de parler. Mais fi cet objedif eu ce termina-
it du verbe imperfonnel peut être pris pour un rési-
ne du verbe à Tinfinicif auffi naturellement que pour
on fubjedif 5 alors l'obfcurité du fens force à recourir
m conjondif i il faut a cette femme médire fans Cejfe de
^esyoifmes. Eft-ce elle qui veut médire ^ ou ^iX-cz en fa
)réfence que les autres doivent le faire ? Pour éviter ce
ioute , dites , il faut que cette femm.e médife continuelle^
ncnt de fes voifmes. Amfi pour dire qu'il faut que cec
lomme parle , vous ne direz point, il le faut parler ^ m^
Uui faut parler, La première plirafe ne diroit rien , pré-
entant un le objectif devant un infinitif qui ne le peut
admettre , & pour une fondion que ce le ne peut faire 5
k la féconde lignifiant , // faut qu'on lui parle ^ ce qui
l'eit point du tout la penfee que vous vouliez rendre.
Si le fubjedif fous entendu du fécond verbe n'ell: pas
e même qui fe trouve exprimé devant le premier^ &
]ue celui-ci ne foit point imperfonnel , alors on fe ferc
lu con]ondii£ que y je veux que vous obéifiei ; je veuxi
jue votre frère s'y trouve y & non pas , je vous veux obéir ^
11 , je veux vous obéir , ce qui feroit un fens tout diffé-
rent de la penfee : ni , je veux votre frère s'y trouver ; ce
im eft contre le principe de la langue qui ne permet
3oint à nos infinitifs d'avoir leurs fubjedifs exprimés.
Mous ne parlons pas des circonltances oii le fécond
/erbc n'efî uni au principal que par une idée de condi-
ion ou de caufe^ comme on le voit danf lesphrafes con-
iitionnellcs & caufaks, &c : on fe fert alors des conjonc^
ifs deflinés à marquer ces fortçs d'unions , comme.
Tome lit G g
:4<?2 S Y rf
s'il le faut , je Le ferai. Je le ferai ^ puifayil le veut y &c.
Les relatifs qui , que , lequel , &c. font des pronoms qui
font auffi fondion de conjondifs ; quelquefois on peut
les remplacer par un participe, comme 5 l'homme étant un
animal raifonnable , doit commander a fes yajfions , ou ,
l'homme qui eft un animal raifonnable ^ doit commandera
fespajftons. Mais il eft peud'occaiîons où l'on puifTe ainfi
éviter les phrafes fubordonhées en fe fervant des par-
ticipes , parcequs ceux-ci prêtent moins aux repos de la
VOIX & de lefprit , & cauferoient fouvent de la mono-
tonie &: de la confufion, en accompagnant eux-mêmes,
comme qualificatifs, des noms qui ont déjà d'autres ad-
jedlifs , ou en amenant après eux des régimes qui fS
trouveroient comme douteux entre le nom principal &|i
le participe. D'ailleurs , les participes fervent eux-mê-
mes dans des occafions & pour certains points de vue.
& les relatifs pour d'autres. Ceft ainfi que ces deua
phrafes , V homme fâchant fe connoître foi-même , méprifi
moins les autres y &c l'homme qui fait fe connoître foi-mi-
me 3 méprife moins Us autres ^ ne préfentent pas la mê-
me idée de la même façon ; la première femble parlcj
de toute l'efpcce des hommes 3 & donne conféquem-
ment une idée fauffe ; la féconde eft plus vraie ^ en n'af-
furant point que tous les hommes fe connoiifent eux-
mêmes , mais en fuppofanr feulement un homme qui f(
connoîtroir. A regard des participes paflifs, nous aimon?
mieux employer un relatif pour les éviter ^ que de Icî
voir fuivis de ces régimes allongés par des prépofîtionii
qui en font inféparabics.
Les noms qui régilfent d'autres fubftantifs veulent
avant les derniers une prépofîtion , &: ordinairemeni
c'eft la prépofîtion de : le jardin des Tuileries eft la pro-
menade favorite du grand monde ; l'épreuve de la vertu j
c'eft l'adverfité ; i'Jpreuve du vice , c'eft la fortune. Lc!
adjedifs qui régi/leur un nom veulent aufll une prépolî-
tion 5 Se c'eft plus ordinairement la prépofîtion à : m
homme attentif k fes affaires j une femme fuj et te à la co-
lère. Les adverbes fuivent , à cet é^ard , les adjedifî
dont ils font formés : on dit , // eft ajpduement à l'étude j
comme // eft aftidu à l'étude. Les verbes a(^ifs prçjincni
I
s Y N 4ff|
our l'ordinaire leur objedlif fans prépofïcion , & leur
:rminatif avec la prépofition ^ ou </e , félon que le ré-
ime indique le terme où aboutit l'adion , ou bien celui
oii elle parc : aimer Dieu 5 exciter quelcju un à la venu ,
' le détourner du vice ou de fes mauvaifes inclinations.
)Lrand un verbe ferc de régime à la place d'un nom , il
rend une prépofïcion, ou s'en paife, fuivantqu'un nom
la même place en aurcic eu , ou s'en feroic paflé ; on
ic , /(? plain à danfcr , comme fe plaire à la danfe 5 //
eut ckajfer , il r eut la chaffe.
Lc:s verbes pafilfs peuvent avoir deux terminatifs ;
s n'ont jamais d'objedifs : le premier terminacif eft
dm par qui l'adion eft produite , celui qui feroic fub-
:élif il le verbe écoit à l'adif j celui-là prend ordinairc-
lent la prépolîtion de ou par. Le fécond eft celui qui
t trouve également dans l'adif j il refte le même &
arde la prépofition qu'il auroit dans l'adif. Vous me
emandei ^^ ^^'^^'^ ^ ^^ ^ ^^^ remis par votre fœur à votre
'■ère. On diroit à l'adif , votre fœur l'a remis a votre
-ere.^ Quant aux verbes neutres, & autres qui ne font ni
difs ni palTifs , ils fuivent pour leur régime l'analogie
u'ils ont avec d'autres verbes adi-fs ou palfifs , ce qui
épend fur-tout de leur fignifîcation : voye:;^ Préposi-
IONS j Verbes , &.
Participa.
Le participe préfent ou adif n'a aucune difficulté pour
i Syntaxe , n'étant plus alfujetti par l'ufage aux loix de
î concordance. Il garde toujours la même forme , quel-
uc foie le genre ou le nombre du nom auquel il a rap-
ort.
Le participe palfé, au contraire ^ eft qu<:Iquefois de'-
linable , quelquefois indéclinable. Quelle règle fuit-il >
erfonne a notre avis n'ayant mieux développé cette
latiere , que M. Doucher dans fes Principes généraux
e l'Orthographe Franfoijé ^ nous allons, donner ici l'a-
alyfe de ce qu'il dit fur ce fujec
Le participe , en général , n'eft déclinable que dans
iux circonftaaces : quelquefois c'eft relativement au
•4<^4 ' S N Y
fubjediF j Se quelquefois c'efl: relativement à l'objcclif
fuivant que le verbe auquel il appartient eib a(^if
paflîf , neutre ou réciproque.
Première RegU.
Le participe s'accorde avec le fubjeftif qui îe préce
^e , lorfqu'iî concourt avec le verbe auxiliaire être:
former les temps compofés , i". d'un ve-be pailif : A
vertu ejl admirée 5 le mérite n'efi pas toujours récompen
fé j fes m.aximes font erronées 5 fes écrits ont été cen
furés, 1". D'un verbe neutre de la claife de ceux qs
prennent le même auxiliaire : mon défenfcur efi venu
ma partie advcrfe efl fortie y les Juges font entrés ; me
protectrices font arrivées. 5". D'un verbe paflîf récipro
que : fes menfonges fe font décauverts 3 la mine s'e^
éventée j c'eft-à-dire ont été découverts , a été éventét
4*. D'un verbe neutre réciproque 5 je me fuis prc
mené y elle seji repentie j ils fe font prévalus ^ elles ^
font iues.
Seconde Règle,
le participe doit s'accorder avec l'objeâiif qui le pn
cède , lorfqu'avec le verbe auxiliaire avoir ^ il concou;
à former les temps compofés , i''\ d'un verbe adif^ U
ennemis que j'avais annoncés y les nouvelles que j'ai n
fues y 1°. d'un verbe adif , qui , par une inveriion ufit^
en vers , a pour obje^^tif un nom place entre l'auxiliaii
& le participe.
Quand les tiedes zcphirs ont l'iierbe rajeunie. . ;
Il a fous fon pouvoir tous les peuples rangés. . .
Il a , par fa valeur , cent Provinces conquifcs. . .
5°. D'un verbe adtif 3 qui a pour objedif un nom qi
précède l'auxiliaire Se le participe' j mais alors la phral
cft fous la forme iinerrogative , ou cxclamative : Quel
hommes a t-il vus ? Cruelles leçons a-t-il reçues ? Que*
progrès navoit- il pas faits I Quelles efpérances n'avoit-
pas données l
Troîjieme Règle,
Le participe s'accorde encore avec Tobjeclif qui le
cccdc , lorfqu'avec le verbe auxiliaire être ^ il con-
)iut: à former les temps compofésd'un verbe adif réci-
0'.]i!e j la loi que je me fuis prefcrite j les ennemis qu'il
:fi attirés.
L'iifâge exige quatre conditions pour que la concor-
ince du participe puille avoir lieu dans i'cfpecxi pré-
ntc : la première , qu'il y ait un objedtif 5 la fecon-
; , que cet objedif précède le verbe 3 la troifîcme ,
iQ cet objedif ne foit point régi par un autre verbe à
fuite du participe 3 la quatrième que le verbe foit
.•rfonnei.
Auifi, i^. le participe des verbes neutres qui pren-
;nr pour auxiliaire le verbe avoir ^ eft indéclinable ,
Jilque ces verbes n'ont point d'objedifs 3 Nos ttou-
s avaient campé y les ennemis ont paru , notre avants
irde a marché , & non pas , campées \ parus , mar-*
ce.
i" Le participe des verbes adifs eft de même indé-
inable , quand robjedif marche après ces verbes :
^ous avons admiré vos talents 3 elle a vu fa fœur j elles
it accompagné les Dames ^ & non pas admirés , vue ,
■compagnies. M. Doucher fait remarquer qu'il en eft
■ même du participe qui concourt avec l'auxiliaire
re à former les temps compofés des verbes actifs ré-
proques qui ont leur objedif à leur fuite. Didon s'eji
'inné la mort 5 nous nous fommes fait des bcfoins. Dans
•S cxcmples/è & le fécond nous ne font que le rermi-
itif 3 c'cft comme s'il y avoi: a donné la mort a foi ,
c.
3°. Le participe eft indéclinable , lorfqu'il eft fuivi
un autre verbe adif qui régit l'objedif : les Dames
le fai entendu louer. Dans cette phrafe , dit M. Dou-
ic: , ce n'eft point le verbe entendre qui régit l'objec-
f, lequel eft ici le conjondif c?z/e j mais le verbe /oz^^/' 5
c'cft comme fi l'on difoit , les Dames , ^^ j'ai entendu
■uir ic$l[es. C'eft' la même chcfw dans cette autre façon
Ggiij
4<?(^ S Y N
de parler; je l'ai vu peindre , en parlant d'une femir'
dont on faifoit le portrait.
Cette règle a lieu de même dans l'exemple fuivant
j'ai choifi toutes Us perfonnes que 'f ai voulu , & non pa
voulues. Dans cette plirafe l'objedif eft régi par le vert!
choijir fous-entendu 5 c'eft comme s'il y avoit que j
voulu choijîr.
On doit encore en faire l'application j lorfque le pai
ticipe eft fuivi d'un verbe neutre qui fe transforme e
quelque forte en verbe adif , comme dans ces exen:
pJes : les foldats que 'f ai vu partir -^ les perfonnes qu'il
fait venir ; les troupes qu'il a fait marcher-, les livres qu
a laijft tomber. En effet on dit : voir partir des foldats
faire venir des perfonnes ^ faire mi.ar cher des troupes , laij.
fer tomber des livres , où. partir , venir, marcher, ton
ber y font autant de verbes neutres : comme on dit , vc
repréfenter une pièce , faire conflruire un ouvrage , laîjj
maltraiter un ami , oii repréfenter , conflruire , maltraite.
font autant de verbes nûifs.
L'objcâiif cft donc encore ici régi par le verbe q
cfl: à la fuite du participe , ou , fi l'on veut^ par le pa
ticipe & par ce verbe conjointement, qui , dans ceti
politiouj ne font plus qu'un fcul mot j ou du moii
deux expreflions inféparables. Mais il faut dire 3 l^
foldats qu'on a contraints de marcher ; les troupes qu
a accoutumées a camper ; ]e l ai vue peindre ( en parlai
d'une femme qui avoir le pinceau à la main ) , parceqi
dans les deux premiers exemples , marcher & zamp\
relient neutres , & par conféquent fans régime , & qi!
dans le Azvc^iz'i peindre ne régit point l'objeftif qui pr
cède le participe , mais un autre fous-entendu \ car c'e
comme s'il y avoit ^yV ï ai vue peindre quelqu'un ou qui
que chofe.
4". Le participe cfl: encore indéclinable, fuivant Tu
^^S^ , quand le verbe cfl: employé imperfonnellemcnt
les chaleurs qu'il a fait ; les maladies qu'il y a eu.
les Auteurs font affez d'accord fur ces quatre cas
mais il y en a trois autres fur Icfquels les fentiment
font plus partagés y &: dans Icfqiicis cependant , conti
nue M, Doucljct ^ la raifon , & le génie de notre Langv
s Y N 4^7
cmWcnt demander que le participe foit encore indé-
clinable.
1°. Quand il y a inverfîondu fubjeâiif : /a Docirine
lu'a enfeigné Pythagore ; Us règles que fe font prefcrit les
grands hommes, L'indéclinabilité du participe eft fondée
ici fur la rapidité avec laquelle on doit paflcr fur le par-
ticipe, parceque l'efprit fe hâte d'arriver au fubjedif,
fans lequel la phrafe ne préfente aucun fens. Envain
voudroit on objeder l'épigramme d'Aufone , traduite
par M. Charpentier :
Pauvre Didon , eî* t'a réduite
De tes maris le trifle fort i
L'un , en mourant , caufe ra fuite j
I L'autre , en fuyant , caufe ta mort.
Cet exemple, die M. Douchet , loin de détiuire le
motif de l'exception , ne fait au contraire que le dévc-
'■^lopper & le confirmer. Dans cette polîtion rien ne s'op-
pofe à la concordance , parceque le participe terminant
le vers , on fait nécelfairement un petit repos , pendant
lequel on rend feijfibles les effets de la déclinabilité :.
mais il n'en eft pas de même en profe , où le participe &
le fubjedif font indivifibles à la prononciation.
1°. Le participe doit être pareillement indéclinable ^
quand il y a tranfpofition de terminatif ou d'objedif ,
comme dans ces exemples 5 elle lui eft allé parlé ; ils
fefont allé plaindre j elles nous foit venu confulter. Les
quatre premiers mots de ces phrafes n'offrent à l'efprit
aucun fens déterminé 3 il faut aller jufqu'au verbe , juf-
qu'au dernier mot , pour le trouver ; & c'efl la préci-
pitation avec laquelle on s'y porte , qui fait fuppnmer
les caraderiftiques dans les participes allé & venu , 8c
qui les rend indéclinables.
Mais fi on ramené le fubjeétif , le terminatif on l'ob-
jedif , à la conflrudion régulière , tout fe rétablit , le
participe redevient déclinable , & l'on dit , la Docirine
que Pythagore a enfeignée ; les règles que les grands hom-^
mes fe font prefcrites j elle eft allée lui parler 3 elles font
'venues nous confulter.
3*. Le participe doit être encore indéclinable , quand
G^iv
4(^S S Y N
il cil fuivi (l'un nâjQÔ:\£, ou d'un nom employé aâjt^
vemenr , qui fait partie de l'objedif, comme dans ces
exemples 5 je l' avais cru belle i nous nous fommes rendu
f'.aîtres de la ville. On ialife ici le participe indcclina-
le , parcequ'il influe autant fur la féconde partie de
l'objedif, que fur la première ; c'eftune fuite de la règle
générale qui veut que le participe foit indécimable,
quand il eft fuivi de fon objectif: elle a reçu compagnie.
A l'égard de ces formules de ftyle judiciaire , les
Gens tenants notre Cour de Parlement ; la rendante fo/«-
/re ; yê^ ayants caufe^Scc, oii le participe préfcnt eft
décliné Se fuivi de Ton régime , ce font, dit M. Dou-!-
cher j autant de monuments qui prouvent que ce par-
ticipe étoit autrefois fufceptible de genre & de nombre 5
Sz c'efl: tout ce qu'on en peut conclure : voye:^ les arti-
cles Particii'e & Construction,
SYNTHESE ou MÉTHODE DE COMPOSITION.
Ce mot vient du grec & fignific ailemblagc , réunion
des parties , enforte qu'elles faifent un tout , un enfem-»
bie parfait qui démontre une vérité.
Cette méthode en feigne l'art de traiter toutes fortes
^c queftions , de raffemblcr tous les matériaux nécef-
faires à l'édifice qu'on veut conftruire, & d'en faire un
tout dont les différentes parties foient enchaînées les j
unes avec les autres dans l'ordre le plus naturel.
On commence par fe demander 11 le fujet qu'on veut
traiter exifte , enfuite on s'en remplit bien l'cfpric. On Itf
définit en n'employant que des termes parfaitement,
connus ; on le divife , on le fubdivife ^ on traite chaqut *
partie féparénient. On paife du.tronc aux branches, des
branches aux rameaux , c'eft-à-dire j qu'on commenc*
par les chofes les plus générales & les plus fimplcs pour
venir aux moins générales & aux moins compofées. On
définit d'abord le genre , enfuite l'efpe^e. Sans cela on
Tcroit obligé de fc répéter à chaque inltanc. Car fi Ion
parloit de l'çfpece avant le genre , comme il e^l impot-
jible de bien connoîtrc une efpecc fans en connoître 1q
genre , il faudroit expliquer \z nature du genre dans l'en*
plication de chaque efpece : roy.c:( Gp.nre j Es?îc£.
La principale attention eft d'établir tous fes raiionno-i
l^çns ii,i; des priAicirçs bicii clairs & bien évidçns. i ça*
s Y N 4^5>
toi te que les confequences qu'on en tire foient frappan-
tes & bien liées : voyei Choix des arguments.
La marclie eft à-peu-près la même dans la fynthefe
eue dans l'analyfe : voye^ Analyse.
Toute la différence j c'eft que dans la première l'ef-
piic allemblc les matériaux , les difpoie , les arrange ,
les mec chacun à leur place de manière qu'ils falTent uu
tout régulier , & qu'il en cache enfjite la charpente pai*
jcs ornemens de l'éloquencs. Dans la féconde ^ on écarte
tous les ornemens , on décompofe , on divife , on fé-
parc les différentes parties qui font liées enfemble, mais
cil fuivant comme dans l'autre l'analogie & les rapports
qu'elles ont entr'elles : l'analyfe décompofe, mais ne
détruit pas.
La marche eft donc à-peu-près la même dans l'une
comme dans l'autre j Se cela eft naturel. La méthode
que l'on fuit pour découvrir la vérité doit être naturel-^
Icment la même pour démontrer les découvertes qu'on
a faites. La meilleure façon d'inftruire les hommes , c'eft
de les conduire par la route qu'on a fuivie foi-mémc pouc
s'inftruire.
Par exemple , fi j'ai à traiter de la gloire , j'établirai
ce principe : Il n'eft point de véritable gloire fans la
crainte de Dieu. Je me demande enfuite ^ en quoi con-
iifte la gloire ? Je trouve que de touttems les hommes
l'ont placée dans la probité , dans les grands talens 8c
dans les fuccès éclatants : trois fources d'où la gloire
peut jaillir : voilà ma divifion. Je reprends chacune dç
ces trois branches , & je les traite féparémeut.
I. La probité.
Voilà une branche de gloire. Je vois qu'elle confiftc
dans cette vérité, dans cette pureté d'intention, cet hon-
neur qui doit nous accompagner dans toutes les aélions
de la vie , de que la crainte de Dieu peut feule don-
ner. Sans cette crainte faîutaire , la probité eft prefquc
toujours fauffe ou du moins jamais fi\re ^ voilà une Cuh*
i^. Fauffe : je le prouve par les caufes. Elle n'a fans*,
crainte de Dieu d'autres mi>tifs que l'orsçueil , la vanité
47^ S Y N
©u riiitérêt. J'entre dans le détail. Je parcours les bellefv
avions de ces vertueux mondains : par-tout je trouve
cju'elîes ont pour caufe le defîr d'une vaine réputation on
l'intérêt , & qu'ainiî elles ne peuvent produire une véri-
table gloire. Elle eft donc inutile aux yeux de Dieu ,
quoiqu'aux yeux du monde elle produife quelquefois un
phantôme de gloire toujours prêt à s'évanouir.
i**. Elle n'eft du moins jamais fure. Ce raifonnement
eft lié au premier. Quelle eft la chofe qu'on peut regar-
der comme fùre ? C'eft celle qui eft polée ftir des fonde-
ments inébranlables. Or il n'y a que la Religion qui
puifTe allurer la probité en la mettant au-dcffus de tous
les événemens. Comme elle ne tire fa gloire que del'ac-
compIifTement de fes devoirs , elle n'eft fujette à aucun
changement 5 elle méprife la honte, l'opprobre, la
crainte , les vains applaudiffemcnts , l'intérêt , &c. J'e-
•xamine enfuite fi les vertus humaines ont la même foli-
dité. Sur quoi font-elles appuyées ? furies circonftances,
fur les occafions, fur les jugemens des hommes qui
changent à chaque inftant. Elles ne font donc à l'é-
preuve de rien. Tout occupées d'allier leur intérêt avec
leur réputation , elles fongcnt plus à l'apparence qu'à la
réalité. J'appuie mes raifonnemens par pluficurs exem-
ples : voye:(^ Exemples.
Entr'autres par celui d'Achitophel , cet homme fi
vertueux dans l'eftime publique , qui fe déclare contre
le Roi fon maître abandonné de fes fujets , pour fuivrç
le parti d'Abfalon , fils dénaturé & rébelle ^ qui a pour
lui la faveur publique.
II. Les grands talcns,
C'eft la féconde branche de la première divifion. Je
définis les grands talcns , valeur guerrière , vaftcs con-
noiflances , efprit , génie ; voilà une fubdivifion : ce
font quatre rameaux de la féconde branche. Si tous ces
talens ne font pas guides par la crainte de Dieu , ils de-
viennent des inftruments funeftes à ceux qui en lont
doués & aux autres hommes ; voilà encore une fubdivi-
fion. Je prouve tout cela par les effets.
LayaUur, 1°. funefte aux autres hommes: ce n'eft
s Y N 471
jîus qu'une force aveugle qui veut tout dompter , tout
îubjuguer. Les droits les plus facrés ne font pas capables
d'arrêter rimpétuofité de <a courfe. Elle regarde un
repos fage & majeftueux comme une honteufe oilîveté;
elle cpuife les peuples qui lui font fournis , porte le dé-
faftre & les calamités chez fes voifîns. Ses lauriers font
arrofés de fang & de larmes ; elle ne fe rend célèbre
qu'en faifant des millions de malheureux , &c. 2". Fu-
nefte à elle-même : l'orgueil s'empare d'elle & la jette
dans l'aveuglement ; elle s'égare Se fe précipite du haut
de cette faulfe grandeur , qui n'écoit élevée que fur des
ruines & des malheurs. Mille exem.ples peuvent venir à
l'appui de ces preuves.
Les vajles connoijfances. Elles s'égarent elles-mêmes
& entraînent les autres dans l'égarement & dans les té-
nèbres , comme ces Aftres errans qui trompent le Voya-
geur : témoin ces chefs de Sedes , ces Dodeurs du men-
fonge qui , &c.
ISefprit. S'il n'eft éclairé par la crainte de Dieu , il
corrompt le cœur , & répand un poifon d'autant plus
fubril oC d'autant plus dangereux qu'il eft préparé par
des mains plus habiles. Delà la corruption des mœurs
pour le fîecle préfent & pour les fiecles fuivants.
Le génie. Il eft inquiet & remuant ; il ne cherche que
l'éclat & la célébrité , qu'à étonner la terre ; il boule-
verfe & détruit tout ; il n'enfante que des malheurs :
témoin cet homme célèbre, qui de la foule 011 il éroic
confondu s'eft élevé même au-delfus de la tête de fon
Roi , qu'il a ofé juger & condamner. En Italie les Ora-
teurs prouvent encore tout ce que nous venons d'avan-
cer par les contraires : voye:^ Source des preuves ,
Contraires.
III. Les fucces éclatants.
C'cfl la troifieme branche de la première divifion.
On appelle fucces éclatants , des Provinces conquifes ,
des Batailles gagnées, des Négociations difficiles termi-
nées , des Trônes chancelans affermis. Ils peuvent être
glorieux lorfqu'ils font utiles à la Patrie. Mais le font^
ils toujours pour ceux qui s'en glorifient ? On prouve la
47i S Y N
négative par les caufcs Se par les effets. On ne les âoit
ordinairement ces fuccès éclatants, qu'à l'ambition, qu'à
ia jaloufie , qu'à la témérité , qu'au liafard , fouvenc
même à la crainte Se au défefpoir. D'ailleurs que de
malheurs ne caufent-ils pas ! On en peut faire ici une
longue énumération. D'un autre côré cette prétendue
gloire n'eft-elie pas partagée par le foldat , par la for-
tune , Sec. Qu'on approche de plus près ceux qui s'en-
crguciniffent de cette gloire ; qu'on les dépouille de ces
décorations étrangères qui éblouilfent les yeux ; le Hé-
ros difparoîc , on ne voit plus que les motifs les plus
bas, que des âmes injuftes & fanguinaires , que des
mœurs corrompues. On prouve encore tout cela par les
contraires, en comparant ces Héros mondains à ces âmes
nobles Se vertueufcs que leurs fucccs n'enflent poinr
d'un vain orgueil , comme elles ne feroient point abat-
tues par leurs défaites : voye^ Comparaison , Simili-
tude ,DlSSIMILITUDE.
Enfin on ralTemble fous un feul point de vue les
preuves les plus fortes Se les plus frappantes , Se on con-
clut que les vertus humaines , toutes û:ules , ne peuvent
produire une véritable gloire 5 qu'il faut qu'elles foient
guidées par la crainte de Dieu , qui feule donne la droi-
ture du cœur , la pureté des intentions Se l'empire des
paillons.
Voilà la charpente du difcours. Pour la cacher , on a
recours à l'art oratoire ; on accumule les ornemens
ûune véritable éloquence. Sec. Foyf^ Rhétorique ,
AMPLincATiON , Figure , Exorde , Confirma-
Yio"N, Péroraison , Preuves , Source des Preu*
vu , Choix des preuves , Disposition , Sec,
%^
473
ou
T E
i eft une des confonnes de l'alphabet : voye:^^ Al-
phabet , Consonnes ^ prononciation.
TA , eft le féminin de l'adjedif pofTeliîf ton : roye^
Adjectif.
TAC , eft une des particules imitativcs : voyq Par-
ticules.
TANDISQUE, eft une des conjondions périodicjues:
voye:^ Conjonctions.
TANT , eft un adverbe de quantité : voye^ kiy-
verbe.
Ti.'^NT , eft une des conjondions extenfîves : voye'^
Conjonctions.
TANTOST , eft un adverbe de tems : voye^ Ad-
verbe.
TANTOST , eft une des conjondions alternatives i
yoyei Conjonctions.
TARD , eft un adverbe de tems : voye:^^ Adverbe.
TE , eft un des pronoms perfunnels pour la féconde
perfonne du fingulier : voye^ Pronoms.
, TEL , eft un des pronoms indéfinis : voye^ cet article
au mot Pronoms , où nous expliquons aufli comment
ce mot eft quelquefois fimple adjcdif.
TEMS. f^oyei Nombre oratoire.
TTEMS DES VERBES. Le tems dans les verbes eft une
inflexion qui dé/igne fur quel tems porte l'affirmation.
Il n'y a que trors tems (impies , le préfentye/ij , le pafie
fui /// , & le futur je lirai. On les appelle tems [impies
ou naturels ^ parccque les autres fe rapportent tous à
quelqu'un d'entr'eux. Ces trois tems naturels peuvent
donc recevoir bien des différences qu'il faut remarquer,
1°. Pour marquer qu'une chofe eft ou qu'elle fe fai-t
au tems où l'on parle, on fe fert du préfent fimple ,y>
•vous quitte. On s'en fert pour exprimer des chofes qui
ibnt vraies en tout tems : l'Amour eji un Dieu perfi.de ;
& pour exprimer des chofes qui font d'habitude j il ap-
,^md les Langues, Il travaille à l'Wfinr^, Mais fi i"oR
474 T E M
Veut dire non pas qu'une chofe eft aduellemeiit , mals^
qu'elle arriveroit dans le tems préfent ^ fi une autre fe
faifoin ou s'écoic faite, fl certaine condition étoic rem-
plie 5 alors on fe fert Aa préfent conditionnel -^ comme ,yd
travûillcrois j Jïj'avois la fauté. Ce tems eft préfent ,
puifqu on y peut ajourer le mot aciuellement ,je travail-
lerais adiLclkment ; mais il eft conditionnel , puifqu'il
faudroit que certaines conditions fuiîent effectuées pour
que la chofe fut réellement préfente 5 f j avoisla famé,
z°. Une chofe peut être affirmée comme pafl'ée abfo-
lument, & fans aucune attention au tems , fans aucune
comparaifon à d'autres chofes 5 c'efl ce qu'on appelle le
-prétérit indéfini , & que nous avons nommé plus haut le
pajfé fmple ou naturel j j'ai lu le livre que vous rnave:(^
prêté. La chofe peut s'être faite dans un tems dont il
refte encore une partie à écouler , comme dans ce jour,
cette femaine , ce mois , ce quartier , ce fémeftre , cette
année , ce fîecle 5 alors on fe fert encore du mcmc pré-
térit indéfini , mc:is il faut en défigner le tems. J'ai vu
votre ami aujourd'hui y je vous ai écrit cette femaine ; je
le fuis allé voir ce mois ci. La récolte a été bonne cette
année. Les Rois ont eu des guerres terribles ce fecle ci. Si
le tems n'eft pas exprimé , il faut du moins qu'il loit
alfcz défîgné par la fuite du difcouis.
Si l'on veut exprimer une chofe paflee quant à pra-
fent , mais préfente dans un tems palfé que l'on dcfi-
gne , & lors d'une autre adion dont on parle , on fe fcrc
de l'imparfait ; je fortois , quand il arriva. J'y penfois ,
quand il me le dit.
Si la chofe que l'on veut affirmer , s'cft faite dans un
tems entièrement pallé , dont il ne refte plus de partie ,
& qu'on n'y foit plus renfermé , on fe fert de i'aorijlc ou
prétérit défini j en cas qu'on veuille faire connoître le
tems, Ainfi l'on dit , je fis un voyage l'année dernière ;
je travaillai beaucoup la femaine paffée. Mais pour ce ,
fervir de ce tems , il faut au moins qu'il y ait un jour
que la chofe foit faite , ainfi on diroit mal -^ j'écrivis cette
dernière nuit ; j'y allai ce matin. C'eft par cette raifon
que M. de Voltaire blâme cet hémiftiche de Corneille
dans Pompée , je fais qu'il fit trancher ; il faut , dit-il ,
qu'il a fait trancher , parceque la chofe s'eft palfée aur
T E M 47î
j....icl'hui. Une phrafe toute femblable efl: condamnée
dans les fentiinents de l'Académie fur le Cid. Quand je
lui fis l'affront , dit le Comte , parlant du foufflet qu'il
vcnoit de donner à D. Diegue. IL n'a pu j félon l'Aca-
dcmie dire , je lui fis 5 car il a fallu dire je lui ai fait ,
pui/quil ne s était point pajfé de nuit entre deux. Ou
trouve cependant quelques exemples du contraire dans
nos meilleurs Auteurs. Racine fait dire à Therameue
dans la Tragédie de Phèdre ;
Le flot qui l'apporta recule épouvanté. •
La Fontaine , dans fa Fable du Lion 6* du Moucheron ,
dit aulTi :
L'infeae du combat fc retire avec gloire.
Comme il fonna la charge , il fonne la vi£loîre.
Cependant dans Tun & l'autre endroit il s'agit de
eliofes arrivées le jour même. « Je fuis difpofé à croire,
35 dit à ce fujet M. l'Abbé d'Qlivet , que la phrafe de
55 Corneille, tirée d'une Scène où il ne falloit que lafim-
« plicité du Dialogue , a été jugement condamnée par
53 l'Académie : mais que cette condamnation ne tombe
33 pas fur les phrafes de Racine & de la Fontaine , par-
33 ccqu'elles font l'une & l'autre placées où le Poète pou-
33 voit être hardi , & fe montrer à vifage découvert jj.
Lç. prétérit indéfini s'emploie, en bien des occafions, à
la place du défini 3 mais celui-ci ne peut être employé
à la place de l'autre. Ainfi l'on dit indifféremment , Cl-
far fut , ou Céfar a été le tyran de fa Patrie. Mais on ne
pourroit dire , je vis une femme ce matin.
Si la chofe eft non-feulement paffée quant à pré-
lent 5 mais fi elle l'étoit déjà avant un autre tems indi-
qué & paffé , on fe fert du prétérit antérieur. Ce tems
;fe fubdivife en deux autres 5 l'un qui exprime une chofc
paffée avant un tems entièrement écoulé j quand j'eus
ainfi parlé y il fe tut ; l'autre qui exprime une chofe
' paffée avant une autre , dans un tems , dont il refte en-
core quelque partie à écouler : quand j'ai eu dit cela , il
efi parti : oii l'on voit qu'il y a entre ces deux tems la
«lême différence que celle qui fe uquvc entre les deux
47<^ TE M
prétérits indéfini & défini. Ces deux prétérits antcdeurd
îbnc prefque toujours à la fuite des conjondlions quand ^
des que , après que y &c ^ & s'ils n'en font pas quelque*
fois précédés, c'cft qu'ils marquent une chofe non- feu-
lent comme paiîée » mais comm.e totalement finie 6C
confommée \ j'eus bientôt faic j ou j'ai eu bientôt fait.
Si l'on Veut marquer une cliofe faite non-feulement ■
en foi , mais avant une autre chofe qui elt aufli entière-
ment paflée , on fe fert du plujqueparf ait, J'avois écrit ,
quand il revint. Le retour dont on parle s'eft fait dans
un tcms palTé ^ & la lettre a précédé ce retour. Ce qui
diftingue ce plufqueparfait du prétérit antérieur , c'eft
que la chofe exprimée par celui-ci eft fuboldcnnée à celle
qui l'a fuivie , & par conféquent n'eft point le principal
objet de l'attention Quand je dis, dis que feus ai nfi
parlé , il fe tut. Je veux principalement faire connoîrre
q\ïil fe tut i c'eft-là Tobjet principal de la phrafe. Dh
que feus ainfi parlé ^ ne s'y trouve que pour y inférer une
circonilance. A l'égard du plufqueparfait , c'eft tout le
contraire : f avais écrit , c'eft ce que j'avois principale-
ment à dire 5 lorfquil revint , n'eft qu'une prafe inci-
dente.
Si l'on veut exprimer une chofe non pas comme ab-
folument palIée , mais qui le feroit fi une certaine con-
dition eût été ejffeduée , on fe fert du puffé conditionnel,
Jljèroit venu , fi vous l'avie^ averti. Je ne dis pas qu'il efic
venu , mon affirmation n'eft pas abfolue oC indépendan-
te 5 mais je dis que la chofe feroit pafiee quant à pré-
fcnt ; il feroit venu , fi certaine condition que j'affigné
■ avoir eu lieu ^ fi vous iavie^ averti. Je i'eufie ou je l'au-
rais fait ^ fi vous l'eujfte:!^ om fi vous l'aviez voulu 5 car oit
dit indifi-ércmment l'un ou l'autre.
5^. Quand on veut dire qu'une chofe n'eft pas arri-
vée , mais qu'elle arrivera dans un tems qui n'cit pas en-
core , on fc fert du futur. Je verrai votre affaire.
Mais fi l'on veut marquer un avenir qui ait rapport
2u paflé, & faire connoître que dans le tcms qu'une
chofe arrivcra,uneautrequi n'eft pas encore fera pafi'éej
on fc fert du futur pafjé. J'aurai fini quand vous vien-»
arej.
Nous venons de marquer la juftefignifîcation des temJ
principaux'
T E M 477
jrincipaux cîes verbes ; mais il s'en faut bien qu'ils fc
iennent toujours renfermes dans les bornes que la théo-
ie fcmble d'abord leur prefcrirc. Plufisurs d'entr'eux
hangent leur fignification fuivant les occalions où ils
ont employés : c'eft ce que nous allons tâcher de déve-
opper.
I ". Le préfent fe mer quelquefois pour le futur , corn-
ne, je reviens tout-à-l'heure. Il part dans peu pour l' ha-
ie. Que faites-vous ce foir? c*c{ï-z-àir& y je reviendrai
ouï- à-l'heure. Il partira dans peu. Que fere'^-vous cê
oir ? Diffutc lui mon cœur, & ce cœur ejl à toi , c'eft-à-
ire , ce cœur fera à toi. Quand le préfcnc eft précédé du
loty?, exprimant une condition , \\ a encore la lîgnifî-
ation du Futur. Je veux lui rendre ce fervice , f je le
uis y c'eft- à-dire , en fuppofant que je le pourrai. Quand
n veut donner plus de force & de vivacité à ce que l'on
aconte , on met quelquefois le préfent pour le palTé;
omme dans ces vers de Racine.
J'ai vu , Seigneur , j'ji vu votre malheureux fils
Traîné par les chevaux que fa main a nourris.
Il veut les rappeller , & fa voix les effraie j
Ils courent j tout fon corps n'efl bientôt qu'une plaie.
Pour // a voulu ou il voulait , les a enrayés ou les ef-^
'ayoit j ils ont couru ou ils couroient , n'a plus été on
était plus.
z^. L'imparfait ne marque fouvent autre cliofe qu'un
étérit fans rapport au préfent , fur-tout dans le cours
es narrations. Rome était d'abord gouvernée par des Rois ,
3ur Rome fut d' abord gouvernée par des Rois. Quand cet
ïiparfait eft précédé ào. fi , il ne marque autre cliofe
l'un rapport au rems préfent. S'il daignait m' entendre ^
pourrais mejuflificr ; c'eft-à-dire , s'il daignait actuel-
ment m' entendre ; ou je ne mejuflifie point , parcequilne
ligne pas ni entendre.
3*. On donne quelquefois au prêtent indéfini le fens
\ futur p a fié y comme I Avei^-vous bientôt fait ? J'ai
rit dans un moment ; c'eft-a-dire , aure:(-vours bientôt
it ? J'aurai écrit dans un moment. On lai donne mcms
Iquefois.le fens à\x fuiurnaturel i Vous ave^ vaincu
Tome IL H h
47S T E M
VOS ennemis ^fi vous fuive^ ce confeii : cela veut cîire , f
rcits fuive:^ ce confeii^ vous vaincre:^ vos ennemis. Mai'
ces exceptions tiennc'ir moins de la grammaire, cjuc de fc
vivacité qui nous fait parler , que de Ja force que non
voulons mettre dans notre affirmation , en un mot de ï
Kiié torique.
4^. Le plufqueparfait n'exprime fouvent qu'un fini
pie rapport au tems palTé , comme quand il eft à la fuit
àc Jî j vous penferie:^ mieux ^ fi vous avie^ examiné i
fonds des chofes ; c'eft-à-dirc , vous ne penfe^ mal , qu
parceque vous nave:^ pas examiné le fonds des cîiofes
5**. Le conditionnel préfcnt précédé de que à la fuit
tî'un autre verbe au pafie , exprime ordinairement u
futur par rapport au tcms du verbe précédent. Jl a pre
mis qu'il rcviendroit dans peu ; c'efl-a dire , // reviendr
dans peu , félon qu'il l'a promis.
6"". Dans les mêmes circonfbanccs , le conditionm
j>ajjé marque quelquefois un futur paifé , par rapport a
tems palle du verbe qui le précède. // a cru que je vol
l'aurois annoncé hier. Si c'eft hier qu'il l'a cru , le fens e
le même que s'il avoit parlé, & qu'il eut dit :je crois qu
ie lui aura annoncé.
Malgré le grand nombre de tems auxquels nos vei
bes s'alfujettilfent j il s'en manque bien cependant qui'
rendent avec prccifion tous les diiférens degrés d'étei
duc ou de diftancc que nous voyons dans le palfé & 1'
venir. Quand on dit ; j'allai , on ne fait fi c'eft hier c
en tel autre tcms i de même f irai , ne dit iri le jour ni
moment. Pour fuppléer à ce défaut des verbes , on
ajoute des adverbes ou d'autres mots qui achèvent (
fixer le tems j j'allai hier ; f irai lundi prochain à mia
On emploie aulli d'autres verbes pour augmenter cet
précifion , & cela de plulieurs manières qu'il faut t\
pliqucr.
i<». Pour marquer un palTé peu éloigné, à l'égal
d'un autre tcms qu'on a en vue, on (e fert du préfcnt c
de l'imparfait du verbe venir ^ que l'on joint a l'infînii
du verbe principal. Ainfi on dit : il vient de fortir , poi
dire , // eftforti il ny a qu'un m.oment. Il venoit defortit
quand vous êtes arrivé ^ pour dire, // était forti il ri
êivoit pas lon^-tems , quand voks êtes arrive. H cft ai} ^
':i
T E M 47^
Voir par ces deux exemples , que il vient exprime ea
te occadon \xi\ prétérit indéfini , Se // venait im pius-^
'parfait.
i". Pour exprimer un futur prochrtin par rapport au
Ils prcfenc , ou par rapport a un tems paffé , on joint à
fînitif du verbe principal \z préfcnt ou l'impa'-fait dbt
bc aller. Je vais revenir y pour je reviendrai bientôt ;
'lois revenir ^ quand il in a retenu , pour quand il m'a
mu ]c difois &: jepenfois, je reviendrai bientôt. On
)rime encore un futur incertain ou indéterminé, foie
rapport au tems préfent , foit par rapport au tems
Té , enjoignant à un infinitif quelque tems dii verbe
>oir. Je dvis voyager^ vous ave-( dû le voir y &c. Le
ur dans je dois voyager n'eft pas (i po/itif que fi l'on
oity£ voyagê'-ai , ni le paifé dans vous ave^ dû le voir ^
dans vous l'ave:^ vu ^ &c.
*. Quand on.mç.z fi avant nnplufqueparfait^ la chofe
)rimée par ce tems n'eft pas encore faite lorfqu'ou
le '.fij'avois réujfi je vous le dirais 5 je fais entendre
; je n'ai pas réufii. Mais fi la chofe eft faite ou palTée
fqu'on parle , & qu'elle n'ait pas encore été faite dans
tems palfé qu'on défignc , on fe fert alors d'une ef-
tàt plufqueparf ait antérieur ^ que les verbes n'ont pas
inairement, mais qu'on leur donne en cette occa-
1; & l'on dit : fi j'avois eu reçu c-et argent , je vous
trois envoyé. On fent bien que fi l'on difoit , fi j'avois
cet argent , je vous L' aurais envoyé ^ l'exaditude n'y
oit pas , T^m'ic^MÇ. fi j'avais reçu fait entendre ^lUQfije
>oi s à préfent y je vous l'aurois envoyé dans un tems
érieur , ce qui eft faux ; il falloit que je l'eufie déjà
Il avant le tems où je devois l'envoyer.
^. De même le conditionnel pajfé fait fimplementen-
iger une chofe ou une action qui auroit été préfente
dis un tems ^2.(^é.', j' aurais dîné avant midi y s il n'était
p venu m'amufer y mais pour faire entendre que la
z\\(z auroit été finie & confommée avant un temspafie,
îUut dire -.j'aurais eu dîné y ou. j'eujfe eu diné avant mi*
i. s il n' était pas venu , ou s'il ne fut pas venu m'amu-m
ft On voit par-là qu'il y a un fecoad pjufqueparfait ,
f >OLS eu diné y tu avais eu dîné y il avait eu dmé y &c.
àia feeond coaditioanel va,i[é j'aurais eu dîné y tu au^
Hhij
4So T E M
rois eu dîne y il aiwoît eu dîné y &c. on'j'eujfe eu dîne ^t
eujfes eu dîné , il eut eu dîné , &c 5 ce font les tems qii
«quelques Grammairiens z^^dhnt fur- compofés ^ parce
«ju'ils empruntent les tems compofcs du verbe auxi
liaire avoir; & nous aip^dions ccszcmsplufqueparfaiti
■conditionnel pajfés antérieurs, parcequ'ils marquent a
tems antérieur à celui même du plufqueparfait & d
Conditionnel paflc. Ces fortes de tems font d'un ufage
rare y qu'on ne les fait point entrer ordinairement dar
la conjugaifon des verbes.
Nous avons tâché de développer ici l'idée qu'on do
le former des différents tems : mais nous renvoyons au
<lifférents modes , pour dire quels font ceux qu'admei|
tent l'indicatif, l'impératif, le fubjondif & l'infinitif f.
on verra de même dans les verbes défedlifs quels foilif
ceux qu'ils ne reçoivent pas. Quant à la formation èh
tems , comme leur génération à cet égard ne regar( |l:i
que la terminaifon , il n'y a pas d'endroit où il convieni
mieux d'en parler qu'au mat Conjugaison : voye^
mot.
TERCET. Voye^ Stances.
TERMINATIF. On appelle terminatif dans la con
truclion d'une phrafe , le nom qui marque le terme d'(
part ou vers lequel tend l'adion fpéciHée par le verbe
c'eft ce qu'on nomme communément jecond région
*voyei Construction.
THESE. Voyei Rhétorique.
TIC , eft une des particules imitatives : voye^ Part
eu LES. \k
TIEN , eft un des adjectifs poffelîlfs : voye^ Al
ÎECTIFS.
TIRET. On appelle tiret un trait formé en longueu;
(-) qu'on emploie dans deux occafîons différences ;
première pour unir enfemblc deux mots diftérens , la 1
conde pour divifcr un feul mot en deux parties. C
pourroit dire audi que dans le premier cas , il divi ig
dans l'orthographe deux mots que la prononciation rh
rit en un feul ; &: que dans la féconde , il fert à inc
qucr l'union réelle de deux parties d'un même mot
lorthograplic fcpaic. Quoi qu'il en foie, voici
t
t
iffagc.
TIR 4^1
.!«. Le tiret fcit à joindre deux mots enfèmbk daiif
itq occafîons différentes c]ue voici.
"Quand le fubjedif ou nominatif eft un pronom per-
(mel , & qu'il eft mis immédiatement après le verbe ,
( place le tiret entre l'un & l'autre 5 on écrit donc dis^
j, dis-tu t dit-il ^ dit-elle ^ dit-on y difons-nous ^ ditcs^
^^.ls , difent-ils. 11 eft bien des Auteurs qui n'en met-
tit point pour la première & la féconde perfonne dit
jiricl : mais il y en faut un fclon l'analogie &; le plus-
iind ufagc. Quelques autres , au lieu du tiret , met-
iit une apoftrophe pour la troifîeme perfonne foit da-
J gulier , foit du pluriel ; ils écrivent dit' il , difentils ^
.: : mai» c'clt une faute 5 l'apoftrophc ne doit être
j.fc que lorfqu'il y a élifon : va-t'en , pour va te-en.
Si le verbe eft à la troifîeme perfonne du fingulier ,
^ qu'il ne fîniffe point par une confonne , on y met un
.;nae deux tirets; comme , viendra-t-il , aime-t-il ,.
■ :, S'imagine-t-elle , penfera-t-on , Sec.
Le même trait d'union fe met aulli pour l'ordinaire
tre l'impératif des verbes réciproques , & le pronom,
ciproque qui fe trouve après , comme ; réjouis-toi»
mvene:^-vous. Allons-nous en _, 6cc.
Quelques Auteurs le mettent entre le mot même & les
onoms perfonnels qui le précèdent ; comme, moi-mê^
e y lui-même y eux-mêmes , &c. Ils en font autant des
lonofyllabes , très , fort , bien ^ avec l'adjedif ou l'ad-
sïbc fuivatit , comme , très-bien ^ fort- aimable y bien-
lal y ils l'emploient encore avant ou après ces monofyl-
ibcs , ci y là y fà ; comme celui-ci , celul-la , ci-def-
is , là-haut y viens-fa y Sec. Ces monofyllabes , même ^
ien y fort , très , peuvent très bien fe paffer du tiret ^
ufage aducl parcît même l'y profcrire : mais il eft par-
ngé à regard des autres ; bien des Auteurs écrivent ce-
ui-ci y ci-dejfus y la-haut ^ &c.
Le tiret doit nécefTairement être placé entre plufîcurs-
-iiots , quand ils n'en font plus qu'un , on doit donc
icûïz , un vis-à-vis y un porte-manteau , l' avant-coureur ,
avant-garde , franc-arbitre y franc-fief y franc-comtois j>
ah-inteftat , le Tout-puijfant y une demi-journée , &c.
Il faut en dire autant de tous les verbes réciproques ^
dans lefquels entre eft fuivi. d^ine confonne ; comme j^
Hkiii
4S2 TIR
is' entre- choquer i s'entre-mêler ^ Sec ; des noms compofl "!
delà prcpoiîtion entre , & d'un mot commençant par un '
confonne , comme , entre-deux , entre-fol , Sec. & de cet jj
tains adverbes corapofés de plufleurs mots , comme
fur-le- champ , à-peu-pres , tout-afait , &c.
i". Par-tout ailleurs le tiret eft une faute , fî ce n'el
lorfqu'un mot commencé dans une ligne , n'y peut-êti
ylacc tout entier, de manière qu'il faut le couper c
deux parties , dont la féconde commence la ligne fui
Tante : alors pour montrer que ces lettres fî éloignée
les unes des autres ne forment néanmoins qu'un fet
mot , on met un tiret à la iîn de la première ligne. Ain
on peut écrire , a-gilité ^ ou agi-lité y ou agili-té , felo
qu'on pourra en placer plus ou moins dans la prcmiei
ligne. Mais on ne doit pas porter le droit de couper u
mot, jufqu'à couper aulli Icsfyllabes ; il faut que la de
nicrc lettre de la première ligne , foit prccifément la de
iiiere de la fyllabe dont elle fait partie. On ne doit poir I
écrire , ag-iiité , ni agil-ité , ni agillt-é , parceque dan
ce mot les lettres^, l^ t ne font point les dernières
mais au contraire, les premières lettres de leurs fyllabç
icfpedlivcs.
Il y a même des Grammairiens qui foutiennentqu'oi
TiC doit pas couper un mot , (î l'on ne peut en place
qu'une fvllabe dans la première ligne , ou s'il n'en reft
qu'une a placer dans la féconde. Leur raifon efl quij
vaut mieux dans le premier cas lailfer en blanc le couri
cfpace d'une fyllabe , que de couper un mot; & que dan
le fécond cas , on peut prefque toujours placer une fyl-
labe oii l'on place un tiret ; que fi celui-ci eft plus court
du moins la fyllabe cmpiéteroit bien peu fur l'efpacc
laifTé pour la marge ; & que cet inconvénient il peu fcn-
fîble leroit préférable à celui de féparcr des lettres qui
doivent être contiguifs pour former le tout auquel elle?
font deftinées. Ainfl agilité ne pourroit plus être féparé
qu'en un feul endroit, agi lité.
On fent que la grande difficulté pour les Compos-
teurs eft de bien faifîr l'entre-deux des fylîabcs d'i
même mot : voici quelques règles qui peuvent beauco. ;
fervir à cela.
Lorfqu'cntrc deux voyelles il n'y a qu'une confonne ,,
1
TIR ^ 4^5
^\- appartient à celle des voyelles qui vient après :dai\s
Milite, g eft de la féconde fyllabe , / cft de la troifieme ,
: .• eft'de la quatrième. Cette règle eft fans exception ;
Uc s'ccend même aux mots compofés , &à ceux où cette
onConne eft la lettre double , x. Ainfi dans réflexion oa
or réparer les fyllabes de la forte i réfie-xion.
Quand la même confonnc eft redoublée entre deux
o^^lles , elle fe partage , de forte que le premier carac-
ole fait fyllabe avec la voyelle précédente , & le lecond
vec la fuivante } comme er-reur , guerroyer, ter-raj-
Deux ou trois confonnes différentes & placées de
ni:e entre deux vovelles , fe portent quelquefois toutes
ur la voyelle fuivante , & d'autres fois fe partagent
■ntre les deux. Le grand juge ici , c'eft l'oreille. Cepen-
iant obfervez que / & r terminent toujours la lyllabe
jiccédente , quand ces lettres font immédiatement après
une voyelle , & qu'elles ont d'autres confonnes après
Elles : on entend bien que nous les fuppofons dans le
coiDS des mots , 6: non pas à la fyllabe finale : amft.
l'on doit écrire dans le cas de féparation , AUide , At^
tiy:c , por-c daine y &:c.
Il en eft de même des nazales -, am-bulant , tem-ple ,
cnien der , amoin-drir y aiman-ter , ain-fi , pein-dre y en-
jc:n-dre y con-vain-cre y nous vin-mes , &c.
" Remarquez en fécond lieu que fi l'une des quatre con-
fonnes. lym,n, r, eft précédée d'une ou même de
deux autres confonnes , & fuivie d'une voyelle i non-
feulement elle fait fyllabe avec la voyelle fuivante ;
mais elle entraîne encore fort fouvent avec elle les au-
tres confonnes qui la précèdent ; comme , a-breuver^
c-bludon , a-tlas y Da-pkné. Jamais on ne porte a la nou-
velle ligne une fyllabe qui commence par une voyelle ;
cela occafionneroit des fedions qui déplairoient a l'œiL
Ainfi on ne coupera point travailler^ créer, Ôcc. en tra^.
ra-iller y cré-er , &c.
On donne quelques autres règles pour diftinguer SC
féparer les fyllabes d'un mot : mais elles nous ont paru
fauffes en bien des occafions. Selon ces règles il faudroit
coiîPsr ainfi les mots , fo-mnifere , info-mme , re-jtnucr^
^ H n iv
4^4 TOP T O R
e-fpérance , attri-fter , &c. au lieu qu'il nousTemble fur
le jugement de l'oreille qui eft ici le premier à refpec-
ter, qu'il faudroit, fom-mfere , refntuer , ef-pérarice ,
TOI , eft un des pronoms perfonnds pour la féconde
perionne du fingulier : voye^ Pronoms.
TON , eft un des adjcdifs polfcAîfs : voyer Ad-
jectif. -^ ^
TOPOGRAPHIE. C'eft une f^^ure de RhétoWque
propre a orner & à embellir le difcours. C'elè h def-
cnption d'un lieu , comme d'un temple , d'un bois , d'un
ruilleau, &c. Cette %ure ejft commune aux Orateurs
aux Poètes & aux Hiftoriens. Exemple ; '
Defcription de la Grotte de Calipfo dans Télémaque,
:>o Cette grotte ëtoit taillée dans le roc en voûtes
.. plemes de rocailles & de coquilles. Elle étoit tapiffée
o, d'une jeune vigne qui étendoit également Tes brun-
30 ches fouples de tous côtés. Les doux zéplurs con-
.. fervoienr en ce lieu , malgré les ardeurs du foleil
.> une delicieufe fraîcheur. Des fontaines, coulant avec
oo un doux murmure fur des prés femés d'amaranthes &
50 de Violettes , formoicnt en divers lieux des bains auiTi
=0 purs & auffi clairs que le cryftal. Mille fleurs naiifan-
« tes emailloient les tapis verts dont la grotte ctoic
« environnée. Là on trouvoit un bois de ces arbres touf-
« fus qui portent des pommes d'or , & dont la fleur
30 qu! Ce renouvelle dans toutes les faifons répand le
oo plus doux de tous les parfums. Ce bois fembloit cou-
30 ronner ces belles prairies , & formoit une nuit que les
no rayons du folcil ne pouvoient percer : là on n'enten-
•0 doit jamais que le chant des oifeaux , ou le bruit d'un
30 rmfleau qui fe précipitant du haut du rocher tombcit
90 a gros bouillons pleins d'écume & s'cnfuyoit au tra-
30 vers de la prairie o^.
TORDRE. Verbe adif , irrcgulier , de la quatrième
conjugaifon. Il fîgnifie tourner de côté, de travers Tor^
de^ ce lien il en fera plus fort. Tordre la bouche. On
lui a tordu le cou^
T O R T R A 4^5
Jn-dicatii préfent. Je rords , tu tovds , il tord; nou5
tordons , vous tordez , ils tordent.
Imparfait. Je tordois , Sec.
Frétérit. Je tordis , &c.
Futur. Je tordrni , &c.
Conditionnel pré fini. Jctordrois , &c.
Impératif, Tords, qu'il torde 5 tordons , &c.
Subjonctif /rZ/'f;/?. Que je torde , &c.
Imparfait. Que je tordiile , &c.
Participes. Tordant, tordu, tordue. C'ed avec ce
dernier que fe forir.cnt tous les teins compofcs , fuivaîîC
les règles communes. Mais ce verbe a encore deux au-
tres participes paHifs qu'on peut en quelque iorrc r.c re-
garder que comme des adjc^Lifs, & qui s'appliquent
chacun en différentes occafions , quoiqu'ils préfccicncle
même fens : ce font tors j torfe ; & ton , zone. On dit ;
jambe torfe , colonne torfe , de la foie torfe , du. fi tors \^
un bâton tort , une bouche torte , Sec.
TOT \ cft un adverbe de tems :, roy^^ Adverbe.
TOTALEMENT , cft un adverbe de quantité : vcyeif^
Adverbe
TOUCHANT y eft une des prépoilrions fîmpîcs : voye^
Prépositions.
TOUJOURS , eft un adverbe de rems : roy^j; Ad-
VEP. Î'E.
TOUR- A-TOUR. , eft un des adverbe? qui expriment
rrrrangement refpeclif des choies entr'eilcs : voyc^ Ad-
verbes.
TOUT, eft un des pronoms indéfinis : vo^e?^ Pro *
NOMS.
Il figure aufii parmi les adjcftifs^.' royf^ Adjectifs.
Il eft encore ndverbe de quantité ; voyes^ Adverbe.
TOUT- A. FAIT , cft un adverbe de quantité : voyei^
Adverbe.
TOUTEFOIS, cft un des adverbes compofés : voye:^
Adverbe.
Il eft aufiî une des conjondions alternatives : Moye-^
Conjonctions.
TRAGÉDIE. La Tragédie diffère principalement de
l'Epopée, en ce qu'elle met en adion, au lieu ^ue TEpo-
p'ée met en récit.
43^ T R A
D'ailleurs dans la Tragédie on foufFrc moins le fur-
îiaturcl. Le tems de l'adion eft renfermé dans rcfpacc
d'un jour : le lieu de la fcene dans une feule place , une
feule Ville ou un feul Palais ; on n'y veut en un mot qu'un
fcul faic principal. Mais pour le ftyle elle diffère peu de
l'Epopée , (î ce n'eft que celui de la Tragédie eft quel-
quefois plus concis , plus touchant , Se un peu plus fa-
miliier.
Les perfonnages y communiquent entr'cux d'une ma-
siiere plus fenfible. Ils y paroillent plus près de nous.
Ils éprouvent ks événemcns fous nos yeux. Ils ont •
moins de tems Se font plus prcflés : voilà ce qui occa-
^onne ces trois différences dans le ftyle de ces deux Voé--
mes :rcyei Arr amgement des vers.
TRAIP^E, verbe adif, irrégulier ,& défedif, de la
«quatrième conjugaifon. 11 vient du verbe latin trakere ,
<jui Signifie tirer , attirer , fucer. Traire n'eft d'ufage en
François qu'en parlant d'animaux femelles dont on ex-
prime le lait. Quand on veut traire fouvent les vaches »
les brebis y Us chèvres & les ânejfcs , il faut avoir foin de
les meiur dans d-e gras pâturages.
On ne fe fert gueres du participe trait , que pour dire
<le t or trait , de l'argent trait j c'eft de l'or & de l'argent
que l'on file pour le travailler avec de la foie , &: en faire
cnfuite des galons ou des broderies d'or & d'argent.
Trait y traite pris fubftantivement ont beaucoup de
fignifîcations différentes qui ne font pas de cet article.
Traire a pour compofés attrairt , difiraire , extraire , ^
retraire , rentraire Se foujiraire : voye^ ces mots chacun à
jfon article.
Indicatif préfent. Je trais , &:c 3 nous trayons , vous
trayez , ils traient.
Imparfait. Je trayois , &c i nous trayions , vous
trayiez , ils trayoicnt.
Il n'a point de prétérit qui foit d'ufage , non plus que'
les compofés.
Futur. Je trairai , Sec.
Conditionnel prcfent. Je trairois , Sec.
ImI'Ératie. Trais , qu'il traie, &c.
Subjonctif prcjcnc. Que je traie , que tu traies , qu'il
traie 3 que nous trayiciiis , que vous tra}'iez , qu'ils traient.
T R A T R É 4S7
ÎI n'a point d'imparfait , non plus que Tes compofés.
Les tcms compcfés de ce verbe fuivent les régies gé-,
lierai es.
Participe actif pré fent. Trayant.
Participe paflfpa^é. Trait , traite.
TRANSCRIRE. Verbe adif , irrégulier , de la qua-
trième conjugaifon, compcfé d'écrire , fur lequel il vh
conjugue , & de la prépofition latine rr^/zj j qui marque
changement, tranfpofîtion. Tranfcrire ccd donc repor-
ter fur un papier ce qui eft écrit fur un autre papier 5
c'cft ce qu'on appelle copier. Tai fait tranjcrire toutes
fes lettres.
TRANSITIONS. Ce font des conjondions qui fer-
vent à lier les différentes parties du difcours. C'eft une
des plus grandes adreffes de l'Orateur de faire à propos
des tranfitions : voye:^ Conjonctions.
TRANSMETTRE. Verbe adif , irrégulier , de la qua-
trième conjugaifon , compofé de mettre fur lequel il fe
conjugue , & de la prépofition latine trans y qui marque
changement , paffage d'un lieu dans un autre. Aind
tranfmettre fes biens à quelqu'un , c'eft les faire palier
de fes mains dans celles d'un autre. Son père lui a tranf-
mis fa fortune y mais non pas fes vertus : voyez Mettre.
TRÉMA. Deux points placés au delfus d'une voyelle,
font ce qu'on appelle tréma. On s'en fert pour avertir que
la voyelle fur laquelle eft le tréma commence une nou-
velle fyllabe , 6c ne forme point avec la voyelle précé-
dente un feul & même fon : d'où l'on voit que le tréma
re fe place jamais fur la première voyelle , quand il y
en a plufîeurs de fuite , mais fur la féconde ou la troi-
fieme.
Saul peut former deux noms biens différents : l'un
d'une feule fyllabe ., dans lequel on entend le fon iimple
aa-^ c'eft celui de l'Apôtre des Gentils: l'autre de deux
fyllabes , la première formée par le fon Sa ^ & la fé-
conde par ul ; c'eft le nom du premier Roi des Juifs.
Les fons de ces deux noms ne fe reifemblcnr point j fi ce
n'eft pour l'articulation : cependant les lettres font les
Jiiémes j comment les diftinguer ?
Dans le premier les voyelles c: & /^ ne font qu'un mê-
me fon , qu'une diphtor-gîic impropre 5 i'iifage eft" de
488 T R ê
n'écrire que les caraderes alphatîctiques (euls ponr
marquer certe union j & cela le fait par-tout où elle
fc trouve ; en écrit , chevaux , beau, t:c. Dans le fé-
cond , il faut donc avertir que ces voyelles fe ftparent
l'une de l'autre contre la règle générale j & parmi tous
les moyens de marquer cette (éparation , l'ufage a choiii
le tréma : pour cela on écrit donc Sa'dl. Il en eft de mê-
Jite des mots Efaii ^ Naïade y kaïr , héroïque , jioïque ,
Sic. fans CCS deux points , les voyelles fur lefquelles ils
font , fe lieroient avec la précédente , & l'on pronon-
ceroit tous ces mots ^ comme l'on prononce , je hais ^
Saul ,vu;i , T<oi j toi , &c. Dans chacun d'eux il y au-
roit une lyllabe de moins , & les ions ne feroienf plus
les mêmes.
Quelques Grammairiens prétendent que le tréma ne
doit s'employer que fur Vi ,ù.Vu\ cependant , i °. il nous
paroît qu'il devroit encore avoir lieu fur l'y entre deux
voyelles j lorfnu'il doit fe détacher de la première & faire
iyllabc avec la féconde , comme dans Payen , que l'on.
prononce Pa-ien. i^. Il elt ufité furl'c qui fe trouve après
un u précédé de g , lorfque cet e doit faire une fyllabe
diftinde de celle de Vu : par exemple dans le mot digue ,
ces trois lettres , gue , ne forment qu'une feule fyllabe
dans Inquelle on fent l'articulation du ^ dur fur Ve muet;
Vu n'y eft placé que pour déterminer le ^à cette articu-
lation dure plutôt qu'à la molle qu'il prend ordinaire-
ment devant un e ou un /'. Mais dans aiguc féminin de
y 2djct\i( aigu , ces mêmes lettres ^wf font deux fylla-
bcs , la première ^ gu ^ 8c la. féconde, e : il faut donc
mettre un tréma fur cet e pour indiquer qu'il doit être
féparé de Vu précédent : & par conféquent écrire, aiguë.
Par tout ce que nous venons de dire de l'ufage du
trima , on doit aifément en rcconnoître les abus.
i". Il y a des perfonnes qui placent les deux points
.fur une voyelle qui ne doit faire qu'une même fyllabe
avec la précédente , & qui écrivent par exemple ^joiier,
louer , avoiier , &c. c'eft faire exprimer à un même fignc
deux chofes coniradidoires , la première , une lépara-
tion de voyelle comme dans haïr , & la féconde une
réunion de voyelles , comme dans jouer. Or un ligne
de deux contradidoircs »c peut plus iki^ fignificr. Si
T R É 4S9
Ton prétend que par ce trcma , on veut feulement in-
diquer que Vu dans les mots cités fe fépare de l'e qui
fuit y c'efb donc fur cet e , & non pas fur Vu qu'il faut
placer les deux points , puifque le tréma doit être fur la
voyelle qui eft fcparce de la précédente j fans ccia l'on
devroit lire,/o-//-^r, ^om jcu-er. Mais Vu fuivi d'un e
ne fait jamais avec lui un même Con , fî ce n'cH: ap.'ès le
^ou le ^ , ce qui n'efb point dans les exemples cités : le
trérnu y eft donc inutile & vicieux , ain{i l'on dait écrire
fimplement , jouer , louer , &c. On fent qu'aux exemples
cités on pourroit en joindre beaucoup d'autres , com-
me , bouillon , louis ^ grencuille , Sec.
z®. Les raifons qu'on vientde voir , condamnent aufîl
une autre prarique que l'on trouve dans quelques ou-
vrages, c'cft de marquer un tréma , tantôt fur Vu ^
tantôt fur Ve , dans des mots où ces deux lettres ne peu-
vent jamais fe réunir en une fyllabe , comme , zl tue , il
s'évertue , Szc. que l'on écrit quelquefois , & mal-à-
propos , il tue , // s'évertue ^ ou /'/ tué , il s'évertue , &:c.
ces fautes ne font pas aifez communes pour que ceux qui
les font puilfent invoquer l'ufac^e en leur faveur; mais
elles le font alfez pour être remarquées , & démontrées
fautes.
^*'. On ïfidt quelquefois deux points fur un i dans des
occafions où ils doivent encore caufer une erreur : c'eft
dans les mots où il faut un y mouillé , comme , pays ,
royal , loyal , employer ^ &c. l'y fuffit pour indiquer les
vrais fons de ces mots ; mais s'il ne fuffit pas , il ne faut
pas y fuppléer par un moyen qui entraîneroit d'aufll
grands inconvéniens que ceux qu'on voudroit éviter , &
les deux points marquant une entière féparation entre
Vi ou l'y & la voyelle précédente y ils feroient pronon-
cer pa~ys , comme haïr y ro-yal , lo-yal , emplo-ïer y
&c. au lieu qu'il faut , pai-is^ roi-ial , loi-ial , emploi^
ier ^ &c. li faut en dire autant des mots iambe ^iambique,
jScde quelques autres qui, chez quelques Auteurs .pren-
nent le tréma fur la première voyelle , & s'écrivent ïam-
be ^ &cc y c'eft une faute ; le tréma eft- là entièrement
inutile ; & s'il y étoit oécclfaiic , ce feroit fur Va qu'il
£audroit le placer.
%^o T R É TRI
4". C'cfl: encore une faute d'écrire Éneïde j il faut
Enéide ; Vé aigu déterminant fuiilfammeat le Con qu'on
doit donner à ce mot.
TRÈS , eft un adverbe de quantité ; voye:^ Ad-
verbe.
TRESSAILLIR. Verbe neutre & irrégulicr , de la fé-
conde conjugaifon , compofé àc faillir. Il fe conjugue
fur la (econde conjugaifon de faillir : voyez ce verbe. Il
eft à croire que trejfaillir eft compofé de faillir & de la
particule très , qui donne au verbe une action plus vive.
K\\\(\ trejfaillir ^ZMX. dire faillir avec beaucoup de viva-
cité, ha nouvelle qu'on rna apportée au fujet de mon fils
m'a fait tre faillir dejo'e.
TRIOLET. Le Triolet eft une forte de Rondeau com-
prenant huit vers fur deux rimes. Les deux premiers
vers doivent faire un feas parfait ; & toute la fineiîe du
Triolet confifte dans les applications ingénieufcs que
J'on fait de ces dcax vers, en les répétant en forme de re-
frain , de la manière que l'exemple faivant l'indique.
Le caradere du Triolet eft efl'entiellement plaifant 8c
badin ; on n'en peut guère faire pour louer , ni fur des
fujets graves; mais ils font trcs propres à bien rendre
ua traie de raillerie un peu fatyrique.
Triolet,
Que vous montrez de jugement ,
Jeune Soldat , & de courage 1
Vous allez au feu raremenc :
Qi*e vous montre\ de jugement !
Mais on vous voit avidement
Courir des premiers au pillage :
Que vous montie\ dejugcmait ,
Jeune Soldat j & de courage !
Souvent dans les airs d'Opéra , dans des récits eu
chant , dans de fimplcs chanfons j on finit par les mê-
mes vers par lefquels on a commencé : on donne aullî à
ces pièces le nom de Rondeau. Mais les refrains y font
très libres , & ne dépendent que du goût de l'Auteur ; ca
Toici un exemple i
T R O '49^
Bu charmanc Berger que j'adore
Un fort cruel menace les beaux jour;.
Ruideaux , vous le favez , 6c vous coulez toujours î
Roîïïgnols , vous chantez encore î
Vous les feuls confîdens de nos tendres amours î
Taifcz-vous , arrêtez votre cours i
Du charmant Berger que j'adore ,
> Un fort cruel menace les beaux jours.
Voyei Stances.
TROP, eft un adverbe de quantité : voye^ Adverbs.
TROPES. La fécondité de refpnt humain eft fi gran-
de j qu'il trouve ftériles les Langues les plus fécondes 5
il tourne les chofes en tant de manières, qu'il n'a poinc
de termes pour toutes les diiférentes formes de Tes
penfées.
Les mots ordmaircs ne font pas toujours juftes , ils-
Ibnt ou trop forts ou trop foibles y ils ne rendent pas allez
précifément l'idée qu'on veut donner^ c'eftce qui a obli-
gé de recourir à certaines manières figurées de s'expri-
mer , c'eft-à-dire à des mots qu'on tranfporte de la
chofe qu'ils fignifient proprement à une autre qu'ils ne
fignifîent qu'indiredement. Par exemple , le mot vo:ie
dans le fens propre ne lignifie point vaijfeau ; cependant
voile fe dit pour vaiifeau : on dit une flotte de cent voi-
les , pour une flotte de cent vailTeaux. Lorfqu'en parlant
des palfions , on dit que c'eft un feu qui brûle , 6* dont la
lumière nous éclaire , les mots de feu & de lumière ne
font point dans leur fignifîcation propre & primitive , il
ne s'agit point ici du feu matériel, ni de la chaleur, ni de
la lumière qu'il produit.
Lorfque Boileau dans un difcours adreflc au Roi , ait
au fujet du fecours envoyé à l'Empereur ;
Quand je vois ta fagefle. ....
Rendre à V Aigle éperdu fa première vigueur >
La France fous tes lois maîtrifer la fortune ,
Et nos vaifleaux domptant l'un & l'autre Ne^tme.
Il ne prend pas les mots Ai^le ^ Nejctun^ , dans le^ïi
^iji T R O
fignifîcation propre & primitive. L'Aigle eft pris ici pour
rÂileraagne , pour TEmpire , dont il elc le fymbole ,
parceqac l'Empereur porte un Aigle à deux têtes dans fes
armoiries; & Neptune, Dieu de la ÎVler , eft pris pour la
Mer même. Or ce paiîage de la fignification propre à
une fignification étrangère , eft ce qu'on appelle trope du
mot grec trepo , je tourne , je change.
Mais la difette de mots pour exprimer différentes for-
mes de penfées n'eft pas la teule origine des tropes. On
les doit encore aux rapports qui fe trouvent entre cer-
taines idées. Le nom propre de l'idée accelfoire eft Cou-
vent plus préfent à i'cfprit que le nom de l'idée princi-
pale. Souvent auflî ces idées accelfoires défignant les
objets avec plus de circonftances , que neXeroicnt les
noms propres de ces objets, elles les peignent avec plus
d'énergie ou avec plus d'agrément. Auili voyons-nous
<|ue les perfonnes qui font animées par quelque pafiion
ou quelque fentiment vif , ne fe fervent gueres des mots
propres. Elles fe font un tableau des objets , & tranf-
porcent à la chofe même le nom des images fous lef-
quelles l'imagination émue la repréfente, De-là le fignc
pour la choie lignifiée , la caufe pour l'effet , la partie
pour le tout , l'antécédent pour le conféquent , &c.
La nécefliré d'adoucir , de déguifcr quantité d'idées
dures , défagréabies , triftes ou contraires à la modef-
tie, en fubftituant des termes empruntés aux termes
propres , peut encore être regardée comme une origine
des tropes : voyei Euphémisme.
En général les tropes jettent beaucoup d'agrément
& de variété dans le difcours, & font la richelle & la
beauté d'une langie. Pour s'en convaincre il fuffit de
lipe ce bel çndroit de M, Fléchier , oii il parle de l'inf-
truâ:ion qui difpofi M. de Montaufîer à faire abjura-
tion de l'hérélie : -au lieu de dire (implemcnt qu'il fe fît
inftruire , que le*. Prêtres lui apprirent les dogmes de la
Religion Catholique , & lui découvrirent les erreurs de
rhéréfîe ; il s'exprime ainfi :
33 TorrJje^, torr.bt::^ , voiles importuns qui lui couvr^^
05 la vérité de no<; myftercs , & vous , Prêtres de Jefiis-
35 Chrift, prenei le glaive <\q la parole , & coupei fage-
»> iiKint jufqu aux r.acines de l'a-ieur que la naidaïKe ôc
33 l'éducation
T R O 49f
&> réducation âvoient £3.11 croître dans fon ame ; mais par
M combien de /iens étoit-il retenu ?
Dans l'emploi des Tropes il faut confuker beaucoup
Tufage , le goût , la convenance , & éviter l'afTedation.
Les chofes amples doivent être dites fîmplement. Loin
<le donner de la grâce au difcours , on y répandroic
un ridicule infupportable fi l'on y femoit par-tout fans
choix & fans goût des mots figurés. Il ne faut pas ap-
peller une très groife rave un phénomène potager , un
miroir le confei/Ier des grâces y une aiguille de cadran z/;r
greffier foi aire. De plus tel trope plaît dansunEpithalamc
<jui déplaît dans une Oraifon Funèbre.
Enfin les Tropes doivent être faciles à entendre , fe
pxéfenter naturellement à l'efprit , & donner de la clar-
•té , de l'énergie & de l'agrément au difcours. Pour cela
il faut qu'ils fortent du fujet , que les idées accefioi-
res les fafient naître , ou que les bienféances les infpi-*
rent. Autrement ,
Ce flyle figuré dont on fait vanité ,
Sort du boa caradere & de la vérité ;
Ce n'eft que jeu de mots , qu'affedation pure ,
Et ce n'eft point ainfi que parle la nature.
Les mots les plus ufités font, aufïi les plus fufceptî-
blés d'acceptions différentes , & fe convertilfent le plus
fouveni en tropes. Tels font les termes , corps , ame ,
efprit y tête , couleur , &c. que l'on emploie très fré-
quemment dans un fens figuré.
Chaque Langue a fes tropes qui lui font propres Se
particuliers. La tradudion les fait fouvent difparoî-
tre , & c'eft peut-être la plus grande difficulté du Tra*
dudeur que de favoir diftinguer le génie des deux
Langues , pour fubftituer à propos un trope à un autre
trope.
Les Grammairiens ont beaucoup difputé entr'eux ,
pour favoir dans combien de claifes on devoir rangée
les tropes 5 quelles efpeces chaque claffe renfermeroit j
enfin quel ordre on devoir oblerver entre ces claffes
& ces efpeces.
Sans nous arrêter à toutes C€S difcuifions , oous pçut
Tome II lï
494 TRO TUT
ions qu'on peut compter autant de tropes , qu'il y a de
manières différentes de donner à un mot une fignifica-
tion qui n eft pas fa fîgnifîcation propre ; perfuadés que
toutes les fois qu'il y a de la différence entre les rap-
ports naturels qui donnent lieu à une lignification em-
pruntée , on peut dire que l'expreflion qui eft fondée fur
ces rapports appartient à des tropes particuliers.
Le lcâ:eur trouvera les différents tropes chacun à
leur article , oii nous avons tâché d'en donner une dé-
finition exaéle , en marquant leur relfemblance com-
mune & leurs différences particulières : voye^ Cata-
CHRESE , MÉTONYMIE, MÉtaLFPSE , SyNECDOCHE ,
Antonomase , Litote, Myperbole , Métaphore ,
Syllepse oratoire , Allégorie, Allusion , Iro-
nie j Euphémisme , Antiphrase, Périphrase, Sens
DÉTERMINÉ , SENS INDÉTERMINÉ , SeNS ABSOLU ,
Sens rela-tif , Sens collectif , Sens distriibu-
TIF, Sens équivoque. Sens louche ou amphibo-
logique , Sens composé , Sens divisé , Sens litté-
ral. Sens spirituel. Sens adapté, Sens abstrait.
Sens concret. Sens propre. Sens figuré , Sens
PAR extension.
Si aux tropes ordinaires nous avons joint ce qui
concerne le fens déterminé , le jéns indéterminé , &c.
c'eft que nous avons cru qu il étoit de notre fujet d'ex-
pliquer toKS les fens dans lefquels un même met peut-
être pris dans ledifcours.
TU , eft un des pronoms perfonnels pour la féconde
perfonne du iîngulier : roye^ Pronoms.
TUTOIEMENT. .. Le tutoiement , dit M. de Vol-
Dj taire , qyi rend le difcours plus ferré , plus vif , a
33 fouvent de la noble/îe & de la force dans la Tragé
3D die j on aime à voir Rodogune Se Chimene l'employer,
35 Remarquez cependant que l'élégant Racine ne fe per-
33 mec guercs le tutoiement que quand un père irrita
M parle à fon fils , ou un maître à un confident, ott
» quand une amante emportée fc plaint à fon amant :
Je ne t'ai point aimé î cruel î qu'ai-je donc fait >
^ Jamais Molière n'a fait tutoyer Içs amants, Hçnnionç
TUT
Î9f
» dit ; 7îe- devais-tu pas lire au fond de fhû. penfée ?
»» Phèdre dit ; eh bien , connais donc Phèdre & toute fà
^^ fureur. Mais jamais Achille j Oreftc , Britannicus >
» &c. ne tutoient leurs maîtrelTes. A plus forte raifoii
» cette manière de s'exprimer doit-elle être bannie da
93 la Comédie , qui eft la peinture de nos mœurs. Mo-*
Sa liere en à fait ufage dans le Dépit AmQWSUH , mais ii
9» s'eil eufuice corri^^é lui-mêmç 99»
iijj
'49<*
i:taBflKi*!idgt»Koa«iU3R^«axjsaa..^^
U . U I
^J eft une des Yûfelles de l'alphabet : voye^ Alpha-
Set /Voyelles & -Prononciation.
' Ui, eft une des diphtongues : voye^ Diphtongues
€? Prononciation..
ou V E
V
eft une des confonnes de l'alphabet : voye^ Al-
phabet , Consonnes & Prononciation.
VAINCRE. Verbe adif , irrégulier , de la quatrième
conjugaifon. Il fignifie remporter l'avantage fur quel-
qu'un ou fur quelque»,.cRgfe- qui tend à l'emporter fur
nous. Exemples^ // a" vaincu fes ennemis. Il a vaincu
tous les obflacles ^ui feppofoient à fes dejfeins. Il a vaincu.
fes pajftons. Ne te flatte pas de me vaincre en générofîté,
Indic AT iT ^préfent. Je vaincs, tti vaincs , il vainc 5
nous vainquons^ vous vainquez, ils vainquent.
Imparfait. Je vainquois , &c.; . -i U
Prétérit. Je vainquis , ôc'c- ^ k *
Futur. Je vaincrai -j &c.
Conditionnel pré fent. Je vaincrois.
Impératif. Point* dq^ifûcondc perfonne. Troifîeme ,
qu'il vainque 5 p/m^/ vainquons, vainquez , qu'ils vain-
quent.
Subjonctif préfent. Que je vainque, &c.
Imparfait. Que je vainquifle , &c.
Les tems compofés font réguliers.
Participe préjent aciif, vainquant, indéclinable.
Participe paffé. Vaincu, vaincue.
VALOIR. Verbe neutre, irrcguliér, de la troiiîemc
conjugaifon. Il vient du verbe latin valere ( être de queU
que prix ) , il préfcntc une idée de force 3 de crédit , de
■pouvoir , d'utilité.
On l'emploie pour tout ce qui a rapporta ces chofes*
là : v\>yei U Di<^iortiiaire dç l'Académie.
.
VA! V E R ^5^
, " Participes, Valant , valu , value.
Indicatif préfent. Je vaux , tu vaux , il Vaut 5 nou^.
Jralons , vous valez , ils valent.
Imparfait. Je valois ^ &c.
Trétérit. Je valus , &c.
Futur. Je vaudrai , &c.
Conditionnel préfent. Jevauàrois y 8cc. ^ . j
Impératif, Vaux, qu'il vale 3 valons, valez y. qu'ils
valent.
Subjonctif. Que je vaille , que tu vailles, &c.
Imparfait, Que je valufTe , que tu valufTes , qu'il
valût , &c.
Les tems compofés font réguliers.
Participes. Valant , valu. Value eft un fubftantif fé-
minin , terme de pratique , qui n'eft d'ufage que dans
cette phrafe ^ la plus value ^ pour fîgnifier la fomme que
vaut une chofe au-delà de ce qu'elle a été prifcc ou
achetée : vous me donnere:^ encore mille livres pour la plus
value. Nous avons dit que ce verbe étoir neutre , quoi-
qu'il ait un régime dired ainfî que tous les verbes adifs ;
parcequ'il ne peut jamais être employé dans la voix
paffive , fî ce n'eft lorfqu'il iîgnifie , produire j procu-
rer ; & alors il devient adif.
VERBE. Il y a quatre fortes de mots qui fervent à
marquer non pas l'objet de nos idées ( c'eft aux noms à
le faire ) , mais la forme de ces mêmes idées , la maniè-
re de les peindre , de les unir 3 ce font les verbes , les
'^conjonélions , les adverbes^ & les interjedions.
Pour connoître la nature du verbe , il faut analyser
<?elle du jugement que nous faifons des chofes.
Il y a dans tout jugement trois chofes , le fujet, l'af-
•firmation & l'attribut. Quand je dis, /^ vertuefi aimable.
La vertu ^ voilà le fujet ou l'objet principal dont je
parle dans cette proportion 5 aimable ^ voilà l'attribut
ou la qualité que j'attribue à la vertu , que j'afTure con-
venir à la vertu , que j'affirme appartenir à la vertu •;
«/? , voilà le mot par lequel je déclare cette convenance,
cette attribution de qualité j cette affirmation j & c'eft le
iferbe, ^ . a
'. Quand je dis , la vertu nefl pas inutile' J la vertu eft I«
fijet j inutik eft l'attribut 5 n'e^ pas contient le verbfe
Xi iij
%ç)î VER
cji avec la négation ne pas : fi cette négation n'y étoîe
-pas , j'affirmerois que l'inutilité fe trouve avec la vertu;
mais en joignant cette .négation au verbe , j'affirme
qu'elle ne s'y trouve pas. Surquoi il faut remarquer que
tous les verbes , même négatifs , renferment & expri-
ment véritablement l'affirmation. Nier ^ c'eft affirmer
ou qu'une chofe n'eft pas , ou qu'elle ne convient pas à
une autre. Le principal emploi du verbe , c'eft donc
l'affirmation ; c'eft- là fa qualité effentielle. Il n'y a mê-
ine que le verbe qui l'exprime : les mots affrmant , ûffir-
imatif ^ ûffirmadon ^ ne difent point que celui qui les
emploie, affirme, mais feulement que par une réflexion-
<3e ion efprit l'affirmation eft devenue l'objet de fa pen-
■^ée. Le mot oui paroît rentrer davantage dans la défi-
nition que nous donnons du verbe : mais ce n'eft ou
qu'une particule aiTertive qui donne plus de force à la,.
ipçnfée 4 comme 5
pui , oui , /î fou amour ne peut rien obtenir |
Il m'en tendia coupable. . • . r • •
4BU bien une réponfe , & alors il tient la place du verbç
qui a précédé , & n'a d'autre lignification que çç vcrbç |
Blême y comme , !
Eft ce le Chef de cette race impie? '
Oui ......... I
ec oui: n'eft que comme un repréfentatif du verbe qui ji
rprécédé. Il eft au verbe ce^uele pronom eft au nom. Il
lie fignifie rien s'il n'eft précédé ou fuivi d'un verbe qi^i
lui donne de la fignification.
Cette première définition que nous avons donnée ^Vi
verbe, ne marque pas tout l'ufage des verbes : il n'y j|
que le verbe êire dont elle rende bien toute la nature.
Les hommes , naturellement portés à abréger leurs
çxpreffions , ont trouvé moyen de renfermer dans le
trerbe bien d'autres fignifications avec celles de l'affirr
jnaiion Ils y ont joint 1°. celle de l'adjeélif : i2;Vwfr,
c'eft à dire , être aimant ; j'aime ^ je fuis aimant ; ijt
fiimc y fi ajl aimant j, de-là |es veibes adjectifs : voye:j^\
VER ^49f
1^. Celle de l'attribut , de forte qu'alôfs deux mots
font une propofîcion , rendent un jugement complet. U
vivait^ c'eft- à-dire, il étoit joui/Tant de la vie 5 de-ià
les verbes neutres : voye\ Neutre.
3''. Celle d'iuie adion o|ue le verbe déclare être pro-
duite ou foufferre par le fujet de la propofitien ; com-
me , Pluîus ufurpe les prérogatives de la, noblejfe y les
prérogatives de la noblejfe font ufurpées par Plutus ; de-
là les verbes aciifs ^ pajjlfs , réfléchis Se réciproques :
voyez ces mots.
4**. On a inféré des différences dans les terminai-
fons , pour mieux déiigner celui ou ceux qui font le
fujet de la propofîcion : j'aime y nous aimons ; vous ai^
me:^ ; de-là les perfonnes dans les verbes : voye^ Per-
sonnes. Et comme ce fujet de la propofition peut défî-
gner un ou plufleurs j de-là les nombres Jingulier & plur-
riel : voye^ Nombre.
5°. On y a renfermée d'autres différences , qui expri-
ment quelque rapport au tems à l'égard duquel on affir-
me j j'ai aimé , j'aime , j'aimerai y de-là la diverfité des
tems : voye:^T¥.MS des verbes,
6°. On a encore affujetti le verbe à d'autres infle-
xions , pour marquer fi l'affirmation efl abfolue , indé-
terminée, conditionnelle & dépendante , défiréeou com^
mandée j de-là les modes : voye^ Modes.
La diverfîté de ces lignifications réunies en un mê-
me mot, a jette beaucoup d'Ecrivains, fort habiles d'ail-
leurs , dans l'erreur fur la notion & la nature du verbe-.
Ils ont moins confidéré l'affirmation qui en eft l'effen-
tiel , que ces rapports qui lui font accidentel-s. Les uns
ont cru pouvoir définir le verbe par l'adioa ou la paf-
fion qu'il renferme quelquefois , & ils ont pris l'aélif
& le paflîf pour le verbe. U feroit long & inutile de
les réfuter.
On diftmgue encore les verbes d'une autre façon , en
lie confîderant que la formation de leurs tems , nom-
bres , perfonnes , & modes.
Les uns fe terminent d'une manière commune à beau-
coup d'autres ; ils fe prêtent exaârement à toutes les
variations d'une conjugaifon. On les appelle réguliers *
voye^ Conjugaison 6' Réguliers.
li lY
500 VER
D'autres s*édartent des règles communes que contient
lient les conjugaifons pour la formation des tems 5 ort
les appelle verbes irréguliers : voye^ Irreguliers.
D'autres ne prennent jamais certaines perfonnes , ou
ne rendent point certains tems 5 on les appelle verbes
défectifs : voye^ DÉfectifs.
D'autres ne s'emploient jamais qu'à la troilîeme per-
sonne du fîngulier dans chacun des tems 5 on les appelle
verbes imperfonnels : voye^ Impersonnels.
D'autres enfin , outre leur propre lignification 3 ont
encore un autre ufage 5 c'eft de fervir comme de fe-
cours aux autres verbes pour former quelques-uns de
leurs tems j on les appelle verbes auxiliaires : roye^
Auxiliaires.
VERMOULER. Se vermouler eft un verbe récipro-
que & irrégulier , de la première conjugaifon j il eft dé-
rivé de moudre , & fignifie être piqué de vers , en être
comme réduit en poudre :, percé en plufieurs endroits.
Ce coffre , ce papier ejl tout vermoulu. Il n'a d'irrégulicr
que les tems cômpofés : les autres fe conjuguent comme
les réciproques de la première conjugaifon.
VERS , efc une des prépofitions fimples : voye^ Pré-
positions.
VERS. Par le mot vers on entend le ftyle poétique
aftreint aux règles de la verfification. Si vous n'avez que
la première de ces <!eux parties , votre difcours fera éle-
vé , nombreux , plein d'images ; vous ferez Poète fî
vous le voulez , mais vous ne ferez pas des vers : l'Hif-
toire Romaine par Florus j & un grand nombre de mor-
ceaux de Fléchier , de Bofiuet y & fur-tout du Téléma-
quc de M. de Fenelon, nous fourniflent des exemples de
ce ftyle poétique. Si vous foumettez un ftyle profaïque
aux règles de la verfification , vous nous donnerez d-^s
lignes , qui auront tous les compartimens du vers , mais
qui ne feront que de la profe ; ce fera une riche enve-
loppe fur un objet commun, un homme vulgaire re-
vêtu des marques de la plus haute dignité. Tels font les
ouvrages de tant d'Auteurs qu'il feroit trop long de
nommer , & qui font toujours trop connus.
Mais on voit des vers qui ont la rime , l'hémiftich ,
le nombre des pieds , certaines figures , certains tours
VER SOI
poétiques , (3e la nobleffe même & Je la douceur , 8c
qui cependant n'ont point cette faveur que l'on goûte
dans les bons vers : bien plus un vers de Molière cft
vers chez lui , & ne l'eft point dans Corneille. Un vers
tragique fera profe dans un Poëme Epique. Quel eft
donc le principe qui fonde ces diiférences & qui établit
le caradere général du vers ? On a cru que c'ctoit l'in-
verfion, & l'on s'efl; trompé : l'inverlîon n'eft que comme
un a/Taifonnement qu'on donne à la profe aufll bien qu'à
iapoéfîe, mais, fi l'on peut fe fcrvit de cette exprelTion,
dont on double la dofe dans la dernière qui doit tou-
jours être d'un goût plus relevé. Prenez toutes les quali-
tés qui peuvent rendre une piirafe profaïque plus par-
faire dans quelque genre que ce foit 5 portez les à un
point plus élevé ; ajoutez y quelques traits qui falTent
fortir le ftyle du ton ordinaire , même le plus accom-
pli ; joignez-y les mefures ^ les rimes, des figures écla-
tantes & lumineufes , des inverfions préparées & ména-
gées dans un jufte degré de liberté 5 en un mot que la
phrafe celTe d'être commune dans fon genre , & qu'elle
foit foumife aux règles de la verfification , vous aurez
des vers. C'eft par le goût, qu'on juge du mérite & de la
bonté du vers : ce goût quand il eft exercé ne s'y trompe
jamais, & il fuffi: pour quiconque lit ou fait des vers.
Le mot vers ne fignifie quelquefois qu'une phrafe aiïïi-
jettie au méchanifme de la verfification , comme lorf-
qu'on dit : ce vers efl profaïque , lâche j dur ^ rempant ^
écc. voyei{ Stylée Versification.
VERSIFICATION. La verfification n'a pour objet
que le méchanifme des vers : c'eft l'art de les conftruire
relativement au nombre , à la qualité & à la place des
fons 5 & la verfification françoife z^z. l'art de la ftruc-
ture & de l'arrangement des vers françois : voye':^ Struc-
ture DU VERS i Arrangement des vers.
Il femble que les Poètes de tous les pays devroient
être afiujettis à des règles communes , puifqu'ils pei-
gnent tous un même objet qui eft la belle nature , que
cet objet fe reflemble par-tout , & que les couleurs du
tableau doivent toujours être conformes à celles de l'o-
riginal : mais les différences qui fe trouvçnt entiç le gé-
501 VER
nie , la marche , l'orcîre de conftrucHiioti & les propric-^
tes des idiomes dont les peuples fe fervent , ont dû don-
ner des caraéleres bien variés aux exprelTions de nos
idées & de nos fcntimcns. Certains peuples ont dû avoir
dans leur langue des beautés dont d'autres langues n'é-
toient pas fufceptibles : ici la continuité des fons a
quelque chofc de plus rapide & de plus coulant ; là on
trouve plus de force & plus de nerf; ailleurs plus de
noblelTe & d'harmonie , ou plus d'aifance & de variété.
Les uns auront racheté certains agrémens qui leur man-
quoient par d'autres qu'on ne retrouve point chez leurs
voifins. Peut-être même l'habitude nous aura-t-elle fait
prendre pour des beautés ce qui ne devroit être con-
fjdéré que comme des vices : la rigueur de certaines rè-
gles aura peut-être donné un air de prix 5c d'impor-
tance à leur objet. La vcrfification adonc des principes
généraux qui font communs à toutes les Langues , &
des règles qui font particulières à chacune. La peinture
vraie de Tobjet , l'expreffion , & la force des termes ,
l'application des figures , la clarté ^ l'aifance , l'harmo-
nie , le nombre , tout cela eft de tous les pays & de
toutes les Langues : mais ceux-ci y parviennent pat une
route , & ceux-là par une autre , parceque les entraves
& la gêne auxquelles on eft aflujetti par l'idiome dont
on fe fert* varient autant que ces idiomes eux-mêmes.
Les Latins avoient pour le méchanifme de leurs vers
l'efpece , le nombre & la difpofition de leurs pieds. Les
François ont ordonné pour leurs vers le nombre des
fyllabes , mais fans rien ftatuer fur la quantité : feule-
ment ils y ont ajouté la rime que les Latins n'avoient
pas ; comme s'ils avoient voulu par-là compenfer une
beauté par une autre : voyei Rime ^ Césure.
VÊTIR. Verbe adif , réciproque , & irrégulier de la
féconde conjugaifon. Il vient du verbe latin veftire , qui
ireut dire donner des habits , mettre des habits. L'Evan^
g'tle 6' t humanité nous ordonnent de vêtir les pauvres ^
c'eft-à-dire , de leur donner des habits. // vctfon maître ,
ç'eft-à-dire , il lui met fcs habits. Au réciproque ^ il fe
yét y nous nous vêtons,
Cç yerbç n'eft guère ufité au fingulicr du préfcnt de
V I R VIS 50?
^'indicatif , ni au fingulier de l'impératif. En général on
peut Je regarder comme un mot ancien. Ses compoféj
ibnt dévêtir , rêveur.
Nous allons le conjuguer comme verbe adif. II fera
cnfuite aifé de le conjuguer comme réciproque en fui-
vant les règles des verbes réciproques : voye^ Réci-
proque.
Indic ATiT pré/ent. Je vêts , tu vêts, il vêt 5 nos*
vêtons , vous vêtez , ils vêtent.
Imparfait. Je vctois , 8cc.
Prétérit indéfini. Je vêtis , 8çc,
Prétérit défini. J'ai vêtu , &c.
Futur. Je vêtirai , &c.
Conditionnel préfent. Je vêtirois , &c.
Impératif. Vêtons, vêtez ^ qu'ils vêtent*
5uBjoNGTiF. Que je vête, &c.
Imparfait Que je vêtiife 3 &c.
Participe préfent. Vêtant.
Participe pajfé. Vêtu , vêtue.
Les tems compofés font régulier*.
VIRGULE. Dans la ponduation , la virgule fert à
marquer le plus foible repos , & la moindre des fépara-
tions qui peuvent fe trouver ^ quant au fens y entre les
mots qui concourent à formçr une même phrafe : voyei^
Ponctuation.
On verra aufîî dans cet article la place quieft deftinéc
à la virgule ponciuée.
VIRE-LAI. Foyei Lai.
VIS-A-VIS , eft une des prépofitions compofées:
voyei Prépositions.
33 Aujourd'hui que la langue commence à fe cor-
33 rompre , dit M. de Voltaire , & qu'on s'étudie à par-
ai 1er un jargon ridicule , on fe fert du mot impropre
33 vis-à-vis , au lieu d'envers. Pluiieurs gens de lettres
33 ont été ingrats vis-à-vis de moi ^ au lieu d'envers moi.
33 Cette compagnie s'eli: rendue difficile vis-à-vis du
33 Roi j au lieu d'envers le Roi , ou avec le Roi. Vous
»3 ne trouverez ce mot , vis-à-vis ^ employé dans ce
33 fens, dans aucun Auteur ClaiTique du fiecle de Louis
?3 XIY «.
504 V I V
VIVAT , eft une des interjeâ:ions acclamatives !
vo^y^^ Particules j Construction.
VIVRE. Verbe neutre , irrégulier , de la quatrième
conjugaifon ; il fîgnifîe être en vie , être animé. L'idée
de la vie emporte avec elle celle de mouvement , d'ac-
tion , de jouiflance ; celle de la mort au contraire la
privation de toutes ces chofes-là.
C'eft d'après ces idées , que nous appliquons le mot
vivre à tout ce qui nous paroît avoir quelque principe
de mouvement , d'adion ou de joaillance. Ainiî nous
difons que les végétaux vivent, que les fleurs vivent :
cet homme a vécu ^ pour dire , qu'il a joui de la vie.
Vivre eft mis quelquefois par fîmple oppofition à
mourir.
S'il eft doux , s'il efl beau de mourir pour fon Roi ;
Vivre pour le fervir eft plus beau félon moi.
D'autrefois il fe rapporte aux mœurs & aux ufages.
On dit , cet homme fait vivre , c'eft-à-dire , il connoît les
ufages du monde. Cet homme vit bien ^ pour dire , c'cft
un homme de bien , qui a de la conduite ; on le dit
eufîî pour fîgnifîer un homme qui a bonne table.
Vivre eft quelquefois pris fubftantivemcnt , & alors
il fignifîe nourriture 5 il eft plus ufîté au pluriel qu'an
Singulier. On dit , avoir le vivre , le vêtir & le coucher.
Les vivres font chers.
Indicatif prêfent. Je vis ^ tu vis , il vit ; nous vi-
vons , vous vivez , ils vivent.
Imparfait. Je vivois ^ &c.
Trétérit. Je vécus , tu vécus , il vécut 3 nous vécûmes ^
vous vécûtes , ils vécurent.
Futur. Je vivrai , &c.
Conditionnel préjent. Je vivrois , &:c.
Impératif. Vis 5 qu'il vive.
Subjonctif. Que je vive j que tu vives » &c.
Imparfait. Que je vécûfTe , que tu vécufîcs , qa'il vé-
cût ; que nous vécuftîons , que vous vccûffiez , qu'ils
vécuffcnt.
Participe préfent. Vivant,
Panicipepajfé. Vécu,
V O I 50Ç
On dit en flyle familier , en parlant d'un homme ou
d'une femme réfolus , cefi un vivant ; c' eji une vivante.
Vivant Se vivante font alors fubftantifs.
Les tems compofcs font réguliers.
ïl a pour compofés , revivre & furvivre : voye:^ ces
verbes chacun à leur article.
VOICI , eft une des particules exhibitives : voye^
Particules.
VOILA , cft une des particules exhibitives : voye^
Particules.
VOICI , VOILA. Conflruits avec les pronoms per-
fonnels me :, te y nous , vous ^ le , la ^ les y voyez pro^
noms perfonnels au mot Pronoms.
VOIR. Verbe adif, irrégulier, de îattoifieme con-
jugaifon ; il fignifîe appercevoir , connoître , faifir quel-
que chofe par l'organe de la vue , il vient du verbe la-
tin videre. Il s'emploie en une infinité d'expreflions dif-
férentes. On peut dire qu'il ne fert pas moins à la lan-
gue, que l'œil fert au corps. Confultez le Didionnaire
de l'Académie Françoife.
Ses participes font voyant 5 vu , vue. Le premier efl:
quelquefois fubftantif. Allons auprès du Voyant ^ c'eft-
à-dire auprès du Sage , du Prophète. On pouiroit auïïï
le regarder comme V3.à]z€t\i éC homme ^ cjui eft alors
fous entendu. Allons auprès du Voyant, c'eft-à-dire , de
l'homme voyant , qui voit , qui eit éclairé.
On dit voilà un ouvrage bien vu, c'eft-à-dire réfléchL
Vu 3 quand il eft joint au que conjondlif, fait l'office
d'une conjondion. Vu que ^ Sec.
. Le participe féminin vue eft aufll fubftantif, & figni-
iie ou l'organe des yeux , ou deffein, projet.
li^ Dic AT u préfent. Je vois , tu vois, il voit $ nous
voyons , vous voyez , ils voient.
Imparfait. Je voyois , tu voyois , &c.
Prétérit. Je vis , &c.
Futur. Je verrai , &c.
Conditionnel préfent. Je verrois , &c.
Impératif. Vois ^ qu'il voie ; voyons , &:c.
Subjonctif ;îré/^/zr. Que je voie , &c«
Imparfait. Que je vifTe , bec,
V ï.e« tems compofés font réguliers.
5o<î V O I V O Y
Panicîpes. Voyant; vu ^ vue.
La première perfonne Singulière du prcfent de l'indî-*
catif retranche quelquefois ie s final en vers ,& cela
pour la rime. Il en eft de même des autres verbes dans
îefquels cette perfonne fe termine en ois-, alors on écrit,
je voiijeprévoi , &c.
Je le fais ; bc , malgré les maux que je prévoî,
Un déftr curieux m' entraîne loin de moi.
VoltMre»
VOIX. Toy^f Consonnes & Voyellïs.
VOTRE , eft un des adjedifs poifeiTifs : voyei Ao^
ÎECTIPS.
VOULOIR. Verbe adif , irrégulier , de la troifieme
conjugaifon. Il marque l'intention , le pouvoir , ou le
^efir qu'on a d'une chofe : voye-;^ le Didionnaire de l'A-
cadémie Françoife fur les différentes manières dont oIi
l'emploie dans la langue.
Son infinitif efl quelquefois fubftantif. Tel eft mon
couloir.
Participe. Voulant -, voulu , voulue.
Ihi D ic AT u pré fent. Je veux, tu veux, il veutj UOU«
voulons , vous voulez , ils veulent*
Imparfait. Je voulois , &c.
Prétérit. Je voulus , &c.
Futur. Je voudrai , &c.
Conditionnel pré fent. Je voudfois , &c.
Il n'a point d'impératif , parcequ'il eft ridicule de ft
commander à foi -même de vouloir , & abfurde de vou-
loir le commander aux autres.
SuBJONCTiE préfent. Que je veuille y que tu veuilles,
qu'il veuille ; que nous voulions, que vous vouliez,
qu'ils veuillent.
Imparfait. Que je vouluffe , Set.
Les tems compofés font réguliers.
VOUS , eft le pronom perTbnncl pour la Ctconàc per-
fonne du pluriel. Tu , te ou toi , en font le fingulier :
voy e^V^o^Ous.
VOYELLES. Nous appelions voyelles les caraderes
ds^iAés à pcijidic diias l'éçHCuxe ce qu'on appelle v^hs
V O Y 507
lîans la parole , c'eft-à-dire, les fons qui ne font point
articulés.
Le nombre des voyelles efl: fixé : en François nous en
avons fîx qui font jû^e,i,o,z^,&y. Mais il ne faut
pas croire que ce nombre réponde à celui des voix qui
encrent dans la prononciation de la langue. Tous les
Grammairiens s'accordent à reconnoître plus de lîx
voix j quoiqu'ils varient fur le nombre fixe qu'ils en
trouvent dans la Langue.
On trouve d'abord le Ton aigu de ^z , i , 0 , a , en les
prononçant de la manière la plus aifée , & la plus na-
turelle. Outre ces quatre premières voix, on en trouve
encore trois dans la prononciation de l'e ; félon qu'il efb
fans accent , ce qui fait Ve muet , ou félon qu'il a l'ac-
cent aigu > ce qui fait Ve fermé ou clair , ou l'accent gra-
ve , ce qui rend Ve grave. On trouve ces trois fortes d'e
dans les trois fyllabes de fermeté ; la première ayant un
e grave , la féconde un e muet j & la troifîeme un e fer-
mé : fî la première n'a pas l'accent qui caraderife Ve
grave , c'eft pour une raifon particulière que l'on verra
par la fuite.
Outre les fons aigus deû, e, & o , ces trois voix
venant à fe former en poullant de la poitrine une plus
grande quantité d'air , rendent des fons plus forts , plus
pleins , plus nourris , & enfin fenfiblement difFérens des
premiers que nous avons nommés aigus j ceux-ci s'ap-
pellent graves. On en fent toute la différence dans le
premier e de tette du verbe tetter ^ & du fubftantif rer^ ;
dans les mots r^cAf ( fouillure) , & il tâche ( il fait
eifort ) 3 cotte , habillement de femme, & côte , os du
corps humain & d'autres animaux. Ces trois voix gra-
ves jointes aux quatre fons aigus que nous avons d'a-
bord indiqués , & aux trois fortes d'e , font déjà dix
voix reconnues par tous les Grammairiens.
Il y en a qui admettent encore plufieurs e entre le
grave & l'aigu ; & il eft vrai qu'en paffant de l'un à
l'autre il y a bien des nuances ou degrés de fons plus
ou moins graves , & qui par conféquent peuvent établir
des efpeces différentes. Il ne faut pas être fupris fl les
Grammairiens ne font pas d'accord là-deifus > ce fon^
5o8 V O Y
de ces chofesqui fe fentent plus ou moins, feioii que l'on
a les organes plus ou moins délicats j ce n'eïl qu'à l'é-
gard de Ve ouvert que l'on peut appercevoir ces diffé-
rences j on les remarque entr'autres dans les mots fui-r
vants , miifette , mejfe , père , thefe , prejfe ^ fête , ils
avaient , &c. Ces fept mots fourniirent fept e ouverts
plus graves l'un que l'autre : en prenant le premier ,
mufette , pour l'exemple de \e ouvert aigu , & le dernier
Ton dans ils avoient , pour l'exemple de 1'^ ouvert bien
grave , on en trouveroit cinq intermédiaires qui fourni-
roient cinq nouvelles fortes de voix.
Quelques Auteurs comptent des fons mitoyens : Il en
eftaufîi un bon nombre qui fentent Se admettent toutes
ces nuances différentes d'un m.ême fon , & refufent
néanmoins d'en faire autant de claifes. Ils fe fondent fur
ce que l'on auroit bientôt prefque autant de cla/fes de
voix que de fyllabes j û. l'on vouloit s'autorifcr des pe-
tites différences pour en établir de nouvelles. Ils pen-
fent , avec raifon j que s'il eft néceffaire de divifer poujr
mettre de l'ordre dans un ouvrage, il ne faut cependant
le faire qu'avec fobriété , parceque trop de divifions
accablent l'efprit en le furchargeant , & amènent des pe-
titelfes au lieu de remarques elfentiellesj que c'ell: un
défaut en grammaire comme ailleurs de vouloir tout
dire ; qu'enfin il eft bien des cliofes qu'il fuliit d'indi-
quer, & que c'eft à l'ufage feul à les faire mieux connoître.
. Voilà tout ce que nous avons de voix qui puilfent s'é-
crire par un feul caradere : il en cft d'autres qui n'ayant
pas leurs lettres propres, fe marquent par la réunion de
plufieurs autres ; tel eft le fon eu comme on le prononce
dans feu. Ce fon n'efl ni celui de Ve ni celui de Vu, di-
fent tous nos Auteurs 5 je crois cependant qu'en y pre-
nant garde d'un peu plus près , on trouvera que Ve muet
n'cft autre chofe que cet eu prononcé plus foiblemenr.
En effet , que l'on traîne & que l'on appuie un peu fur la
dernière fyllabe de femme , par exemple , on pronon-
cera/èmm^//. L'w n'ell: donc ajouté à Ve muet dans/f// ,
"Vœu y &c. que pour en affermir , en appuyer le fon ; eu
peut donc être regardé comme un fon grave qui corref-
pond à Ve muet , qui eft le fon aigu donc il eft formé.
lirais
V 0 V 5®^
Mais on Jiningue encore deux fortes dVa , l'un que
l'on nomme communément aigu , & c|ui fe voit dans
jeune ^ jeanejfe , & l'autre qu'on appelle grave, ou plus
grave y Se qui fe trouve dans jeûne ( abftinencc ) 5 ces
deux eu ajoutés aux dix voix fîmples que nous avons
déjà comptées, fans y comprendre les e ouverts mitoyens
entre îe grave 8c l'aigu , feront douze voix. Que ces
deux dernières exigent plufieurs caractères pour fe mani-
Feftcr aux yeux , cela ne prouve rien contre la (implicite
du fon ; chacune ne forme qu'une voix , & s'il y a diph-
tongue , ce n'eft qu'une diphtongue orthographique , &
non une diphtongue fyllabaire ou de prononciation :
nous en marquons mieux la différence au mot Diphton-»
Il eft une autre voix fîmple dans le parler, & qui
prend plufieurs caraâreres , que nous ne devons pas
omettre ici, quoique plufieurs Grammairiens des plus
efliniables la confondent avec Vo grave : c'eft le fon de
au , comme on le prononce dans beau. Ou nous dit que
beau fe dit comme fi on écrivoit ho : mais nous fom-
mes obligés d'avouer que quelque refpeâ: que nous
ayons pour ceux qui le prétendent , leur autorité n'a pu
nous empêcher de fentir entre l'un & l'autre une dirfe-
rence confidérable. Dans bô on avance davantage les
lèvres , on les refierre , le palais s'élève moins : dans
beau , les lèvres ne s'avancent prefque point , elles s'ou-
vrent davantage , & le palais forme une cavité plus
grande dans la bouche. C'efl ainfi du moins qu'il fauc
difpofer ces organes pour rendre le fon au tel que nous
l'entendons prononcer par-tout. Nous en ferons donc un
fon différent de Vo grave.
C'eft ici une matière dans laquelle tous ceux qui ont
des organes , & qui fa vent la langue , font juges nés :
qu'ils comparent fot & fault , îiote & haute ,'& qu'ils
nous difent C\ le fon en eft le mêriie. Il eft vrai que les
iioms qui finilfent par lin ô grave fuivi de la lettre s ,
comme héros fe rapprochent beaucoup plus du fon de
Au : cependant nous demandons encore fi l'on dit de la
même façon les héros , & les héraults ? Il eft vrai que la
différence eft bien moins fenfibîe 3 mais nous croyons
Tome II. K k
5IO V O Y
Îtourtant qu'elle eft réelle. Quand pour ce dernier cas
es fons pourroient fe confondre en une même clafTe , ce
ne fcroit point celle de Vo grave , ainfî qu'on en peut
juger par hôte. Ce feroit donc un fon différent des deux
que l'on trouve dans la voix o : il feroit donc faux de
dire même alors , que au prend le fon de o j il faudroit
plutôt dire que o final & fuivi de la lettre s prend la pro-
nonciation de ûu. On trouve au quelquefois bref, &
quelquefois long j mais nous n'en croyons pas devoir
tirer une clafTe de au aigus , &c dt au graves.
Les deux lettres o , u ^ réunies en un même fon , font
encore une voix limple ^ qui n'eft aucune des précéden-
tes , & qui diffère totalement des fons attachés aux
deux lettres qui la compofent. Mais cette voix fimple
ou , telle qu'elle fe prononce dans mou , moudre, &c. eft-
elle d'une feule cfpece , ou doit-on la divifer en grave
& en aiguë ? c'eft un point fur lequel on eft partagé.
Dans ces deux mots que nous avons cités , mou & mou^
dre^ ou fe prononce bien différemment , difent les uns :
Cela eft vrai , difent les autres 5 mais la différence ne
confifte que dans le tems qu'on emploie à le prononcer;
on en met davantage au fécond qu'au premier ; mou eft
donc bref j & la première fyllable de moudre eft longue.
Voilà ce que l'un a de plus que l'autre ; or cela ne fiifïit
pas pour établir deux claffes du même fon j l'une gra-
ve & l'autre aiguë 5 comme perfonne n'a penfé à en éta-
blir deux pour Yi , quoiqu'il foit bref dans ami , & long
dans amie.
Les premiers répondent que toute voix brève eft ai-
guë , & que toute voix longue eH: grave 3 ce qui ne
nous paroît pas univerfellement vrai.
Enfin nous ajoutons à ces voix fîmplcs que nous ve-
nons d'examiner , quatre fons qu'on appelle na:(^a/s y ce
font auj en ^ on y un. Ce font de véritables voix fîm-
ples , car la confonne qui s'y trouve ne fe prononce
point allez pour les articuler 3 on peut dire même que le
vrai fon de cette confonne ne s'y retrouve en rien. Pour
s'en convaincre on n'a qu'à comparer ce fon on avec le ,
mot fonne ou. faone.
Quelques Auteurs veulent trouver une cinquième
VOY 511
vols, nazaîe ^ans la fyllabe in qui fe trouve à la tête
de certains mots , comme , indécent , indocile. Mais
nous penfons que cet in fe prononce comme en dans
Bien y payen. Si l'on donnoit pour exemples les mots oii
la confonne m ou n fe trouve redoublée entre Vi & une
autre voyelle , comme immenfe, inné ; on pourroit plu-
tôt établir cette cinquième voix nazale fur laquelle on
difpute. En effet , dans cette dernière occafion ^ Vi ne fe
prononce ni comme dans Indien j ni comme dans image :
mais on fait obferver que dans immenfe ^ inné ^ & leurs
pareils , la confonne m , ou /î, y fait fentir deux fois fa
véritable articulation ; que quoiqu'il n'y ait dans l'un
que trois fyllabes , & que deux dans l'autre 5 il parole
néanmoins fur la véritable prononciation de ces mots ,
qu'il y a quatre fyllabes dans le premier , & trois dans
le fécond. En effet , on prononce immenfe , comme s'il y
avoit imemenfe ; & inné , comme fî l'on écrivoit inené ,
feulement il faut palfer rapidement fur cet e muet ,
comme on le fait dans/ aimerai , nous ferons , &c. Il elî
vrai que cette fyllabe que nous y ajoutons , n'eft point
réelle dans l'écriture , & que dans la prononciation elle
n'eft que demie fyllabe j mais cela fuffitpour rejetter
l'opinion de ceux qui veulent faire paffer le fon de cet
ifn ou in pour un fon nazal , pour une voix. C'eft réel-
lement un fon articulé , c'eft-à-dire , appuyé &: modi-
fié par tout ce que la confonne lui peut donner.
Voilà donc au moins dix-huit voix fimples dans la
Langue Françoife : & pour les repréfenter nous n'avons
que lîx voyelles 5 encore ne devroit-on pas ici compter
l'y grec 5 puifque jamais il ne marque de fons différents
de celui de Vi (impie. Nous allons donner une table de
ces voix , avec un exemple pour chacune.
Voix aiguës, Toix graves^
a patte,
e mulette ,
a pâte,
ê fête.
é vérité.
eu jeu ,
i ici ,
0 une hotte.
cû jeûne ;
© un hôte ;
Ski;
'p£ V O Y
Voix aiguës. Voîx natales,
u ufure, an cadran,
au Auteur , en bien ,
ou coucou, on bon ,
c mufe. un chacun.
Lorfque l'on connoît bien toutes ces fortes de voiz
{impies qui entreni: clans la compoiîtion d'une Langue j
il faut voir de combien de façons différentes chacune de
ces voix peut-être indiquée dans l'écriture , & l'eft en
ciFet félon l'ufage.
De la voix a.
Le fon a ne s'exprime gucres que par le caraél:cre
a. Cependant on le trouve exprimé par em dans/^m-
me , qui fe prononce famé , la première brève. On le
rend aufli par am , lorfqu'il eft long , & que la fyllabe
fuivante du même mot commence par un n, comme ,
damner , que l'on prononce dâner ; il en eft de même des
compofés de ce verbe. Quand la voix pénultième des
adverbes terminés en ment eft le fon a , on l'écrit par
em , de forte que la lettre m eft doublée après Ve 5
ardemment ^ éloquemment , négligemment , violemment ,
&c. qu'on ]pvononcc,ardam.ent , néglijament , &c. D'au»
tresf fois cette voix pénultième s'écrit par un a 5 mais
ailors on ne met qu'un m après , comme , élégament ,
abondament ^ méchament , nonchalament. On rend le mê-
me fon par em dans folemnel & fes compofés , qu'on
prononce folanel ; mais alors Va eft bref. On le trou-
ve encore dans indemnifer , indemnité ; mais o>i pro-
nonce indamenifer , indamenité , r<rmuct très bref; & l'a
précédent y eft aufli bref que dans folemnel. Quelque-
fois on l'écrit par £/z, comme, hennir, que l'on pro-
nonce kanir , l'a bref.
Partout ailleurs on exprime l'a par fon caraderc pro-
pre j mais on le fait précéder d'un c entièrement mucc
après la lettre^ quand cette dernière doit être adoucie ,
comme , il fongea , il forgea , /'/ abrégea , &c. On lui
diofinc un accciu circonilexc dans les fyllabos longues ,
V o Y yij
^ui dans l'ancienne orthographe avoîent un s que nous
ne marquons pius , comme , lâche , paie ^ &c. que l'oa
ccrivoit autrefois lafche , pa^e. Ce caradcre prend l'ac-
cent grave lorfqu'il eft prépofition , comme , difficile à
faire , de^ z jouer , aller à pied ^ &c. On le lui donne
aufli dans l'adverbe /à , foit qu'il foit feul ^ foit qu'il
termine quelqu'autre mot , comme , voilà. Cependaiit
on écrit communément cela fans accent. Hors de cçs
cas , la voix a exprimée par Ton caradere propre ne
prend jamais d'accent , foit qu'elle figure comme taifanc
feule la troifieme perfonne du préfent fingulier du verbe
avoir , il a , il a dit y foit qu'elle ne forme qu'une
fyllabe dans un mot j comme j place , graffe , grâce , gra^
de ^ Sec.
Quand la lettre a entre dans la compofition d'un
mot , com-mc prépoiîtion ^ elle fait ordinairement dou-
bler la lettre initiale du fîmple , comme , accoucher j af^
famer , alléger , annotation , appaifer , arranger , ajfo-
cier ^ attirer , aggrandir ; qui viennent de coucher , faim ,
léger y note , paix , ranger , fociété , tirer & grand y &c. il
faut en excepter les compofés dont le fimple commence
par un ^ où m , ou v 5 car ceux-là ne doublent point
leur lettre initiale. On dit donc , par exemple , adoucir^
Amener , avilir y &c. & non pas addoucir , &c. parceque
leurs fimples y doux , mener, vil & leurs femblables
commencent par ces trois confbnnes exceptées,
Il y a néanmoins quelques compoféç dont le fîmple ne
commence ni par un dy ni par un m ou un v , & qui ne
doublent point la confonne initiale qui fe trouve après
Va : tel eft abattre avec fes compofés , qui viennent de
battre. Quelle eft la raifon de ces fortes d'exceptions ?
L'Auteur du Traité de lOrthographe en forme de Dic-
tionnaire , penfe que cela dépend de l'effet de la prépofî*
lion a dans la fignifîcation des compofés j quelorfque
cette prépofition ajoutée à un fîmple n'en change point
totalement le fens , & qu'elle ne fait qu'y marquer quel-
que rapport de plus , comme dans affamer <^ui vient de
faim , &c. alors la confonne initiale doit fe doubler , à
moins que ce ne foit une des trois qui font exceptées :
mais que fi cette prépofition change la lignification du
-jRiot , au point quç le fens. da compofé ne paroiffe plus.
Kkiij
514 V O Y
tenir, ou du moins ne tienne plus que de très loin, à celut
clu fimple, la confonne ne doit point fe doubler : il don-
ne poujL" exemple les mêmes verbes , battre , abattre ,
que nous avons déjà cités. Il refteroit dans cette hypo-
thèfe une difficulté très grande à lever 5 ce fercit de mar-
quer jurqu'à quel point le fens ducompofé peut s'éloigner
de celui du fîmple, avant que l'on foit difpenfé de dou-
bler la lettre initiale. On pourroit dire d'ailleurs à cet
Auteur que fa règle eft démentie par fa propre décifion;
abréger ^ par exemple , vient de bref ; il ne s'éloigne pas
plus du fens de cet adjedif , que afamerâii fens du fub-
ilantif/fz/m ^ 8c cependant abréger ne prend qu'un b félon
fon Didionnaire , & félon l'ufage. Il eft donc aulïî
court & plus fur de renvoyer à l'ufage & aux bons Dic-
tionnaires , ainli qu'on eft obligé de le faire à chaque
pas dans ces fortes de matières.
On comprend que nous n'avons point parlé de ces
lettres doubles qui fe prononcent 5 on écrit , par exem-
ple , addition par deux d , parcequ'en effet , en pronon-
çant ce mot , on fait fentir le d deux fois , à peu- près
comme fl l'on difoit adedition , Ve muet très bref. Cette
partie de l'orthographe de ce mot^ & des femblablcs eft
fans difficulté. Nous ne parlons ici que des lettres ajou-
tées à Va dans l'écriture , quoiqu'elles ne le foient pas
dans la prononciation.
Nous n'avons pas de marque générale Se certaine
pour diftinguer Va long d'avec le bref; parceque tous
ceux qui font de la première efpece , ne prennent pas
l'accent circonflexe ; âge , par exemple ^ a la première
fyllabe longue , puifqu'il s'écrivoit autrefois auge ; 8c
cependant on ne lui donne piefque jamais l'accent. Ren-
voyer fur cela à l'ancienne orthographe , ou à l'étymo-
logie; c'eft charger le ledeur d'une étude bien plus lon-
gue, plus pénible, plus ennuyante & moins certaine, que
celle du bon ufage.
Lorfque le fon a forme la dernière fyllabe d'un mot ,
il n'eft quelquefois fuivi d'aucune confonne ; & d'autre-
fois il en preiid une , ou mtine deux ; c'eft ce qu'il faut
tâcher de développer. Dans les verbe??, il ne termine ja-
mais que le (ingulier de quelques tems 5 il prend un s à
la première 5c à U fecoade pçrfonne 3 je yas , tu vas »
VOY jij
tu aimas , &c. A la troifîeme il ne pren^ aucune lettr
s'il eft au préfent , ou au prétérit , ou au futur , il ira ^ il
a , il aima , il va , il alla , &c. mais fi c'eft à l'impar-
fait du fubjonélif , il prend un t j ye voudrais qu'il s'en
allât, & qu'il terminât fes affaires , &c. Dans cette der-
nière terminaifon ^ on donne un accent circonflexe à Va ,
parcequ'autrefois on écrivoit s'en allafi , terminafi , &c.
Dans les noms , il prend un s ou un t j ce n'efî que
dans les noms totalement étrangers qu'il n'eft fuivi ni de
l'un , ni de l'autre ; comme , opéra ^ falbala , Sec. Nous
ne parlons pas des autres noms ou l'a final eft fuivi
d'un ^, ou d'un d ou de quelqu'autre confonne ; tels que
font Joad , Achab , &c 5 parceque non- feulement ils
font entièrement étrangers 5 mais que de plus , ces con-
fonnes fe font fentir dans la prononciation , puirqu'on
prononce Achabe , Joade , Sec.
Les finales fe prononcent auiTi dans les mots termi-
nées en al & en apt , ard ou art , comme martial ^ cke^
val ^ dard ^ &c. S'il y a quelquefois deux confonnes &
que l'on n'en prononce qu'une , comme dans le dernier
exemple , ce n'eft point ici le lieu de fixer l'ufagc de
celle qui ne fe prononce point : voye:^ Consonnes.
Il n'eft point de règle fïire pour décider quand Va.
final dans les noms doit avoir un t ou un s y on peut
cependant s'aider beaucoup par la comparaifon du nom
dont on cherche l'orthographe , avec d'autres mots qui
en font les fimples ou les compofés , ou bien qui en font
formés, ou enfin dont il eft formé lui-même 5 j'écrirai
compas par un s , parceque l'on dit , compajfer\ il en eft
de même de trépas , trépajfer y bas , bajfejfe : j'écrirai au
contraire contrat y parceque l'on dit contracter , combat,
à caufe de combattre ; de même , j'écrirai dardzczu^^ du
verbe darder , ^ art çl caufe du mot artijie , achat , à
caufe de acheter , &c 5 mais fi ces fortes de comparai-
fons peuvent être de quelque fecours , elles font d'un
autre côté extrêmement dangereufes , parceque Ton
eft toujours tenté d'en faire des règles générales , ce qui
ne peut que produire beaucoup d'erreurs , vu qu'à cha-
que occafion on eft obligé d'admettre bien des excep-
tions,
Kkiv
ps YOT
E ouvert.
Cette VOIX , quand elle eft aiguë , fc marque par e ^
commç. Collège y abrège , Autel , mortel , Sec, par ai ,
comme , femaine ^ fainéant ^faifable, &c ; par ei , com-
me , peine , Reine , &c j par et , comme , bonnet ^ valet ^
tiret , &c i par ci , commQ,foible , ro/V^ , &c.
Quand elle eft plus grave , on Te fert pour l'exprimer
d'un è , comme , tkcfe , kypoxkefe , &c ; d'un ê , comme,
fête 3 tête , &c ; d'un es , comme , accès , procès , fucces ,
&c ; d'un ^7? , comme , il efi 5 d'un aï , comme , maître,
naître ; d'un ait , comme ^fai.t , parfait -j d'un ^/a , ou
^/j , comme , jamais , parfaits ', d'un ets , comme ,yc-
fr^« , rejpeîis ; d'un oi" , comme , paroître , connoître ;
d'un oij j comme, François , Anglois ^j'aimois ,j' aime-
rois 5 d'un û/a: j comme , la paix , /ûza: 5 d'un oient , corn-
ine , alloient , viendraient , &c.
Comment décider à chaque occafion particulière, de
laquelle de ces dix-huit ou dix-neuf façons il faut fe
fervir pour exprimer à-peu-près la même voix? On fent
que cela doit être trçs difficile , pour ne pas dire impofli-
\)\ç. j dans une Langue dont l'orthographe eft: auffi peu
foumife à des règles générales que la nôtre.
Nous dirons cependant ce que nous trouverons de
plus certain fur chacune de ces expreffions différentes ,
en renvoyant pour lerefte à l'ufage , aux Didionnaires,
& aux articles Accent , Consonnes , &c.
Ue ouvert ne prend jamais d'accent quand il eft fuivi
d'un / ou d'un r ; foit que cette confonne foit feule, foit
qu'elle foit doublée ou fuivie de quclqu'autre lettre ^
comme , éternel , modèle , fidèle , cruel , cruelle y mer yfer^
cher , enfer y lucifer , amer , verd^ verre , père , tonnerre ,
&c. II y a quelques Auteurs qui ri^ettent un accent gra-
ve fur Ve quand il n'eft fuivi que d'un / avec un e muet,
& qui écrivent modèle , fidèle , :^éle , règle , &c.
Lorfque cet e eft fuivi d'un g avec un ç muet, plu-
ficurs Grammairiens prétendent encore qu'on doit y
mettre un accent grave , comme , JacriUgç , collège ,
pi'ege , &c. Mais beaucoup d'autres rejettent ces ac-
cents corauîe inutiles , parccque nous avons une règle
V O Y 517
Iclon laquelle toutes les fois que dans un mot il fe trouve
deux fyllabes de fuite qui font formées par deux e fans
accent 3 le premier e eft ouvert , & le fécond muet.
Comme l'ufage eil partagé là-dell'us , on peut marquer
ou omettre cet accent fans faire de faute , quoiqu'il fem-
ble mieux de ne pas le marquer , puifque tout ce qui cil
inutile paroît vicieux.
Quand on a dans un mot une fyllabe formée par Iç
fon d'un e ouvert j fî l'on trouve quclqu'autre mot qui
lui foit analogue , & dans lequel cette même fyllabe
foit formée par le fon d'un a ou d'un o 5 alors on doit
exprimer, dans le premier, la fyllabe fur laquelle on étoit
en doute , par un û ou par un o fuivi d'un i. Cette règle
ne trompera point dans les occalions où l'on pourra en
faire ufage ; & cc(ï la meilleure que l'on puiffè fournir:
vous écrirez donc par ai , naùrç , naijfance , faire ,faif-
ceaux , comparai fon , caijfon , mai fon , paitre , &c j dès
que vous vous fouviendrez que cette fyllabe eft un a
dans les analogues j nativité ^faBice ^fafcines , compa-
ratif:, caffette , m afure , pâture ^ Sec. vous écrirez par
oi , connoitre , paroitre , puifque l'on dit , notion 3 appa-
roir, §cc.
On renvoie auffi fort fouvent là-deffus à l'étymoîo
gie , & quelquefois avec fuccès. On vous dit d'écrire ,
flaine , terrein uni , dès que vous favez que l'on dit en
latin planus ; & plein , pleine , peine , par ei Se non par
ûi ni par oi , à caufe qu'on voit un e Se non pas un a ni
un o dans plenus, pœna , &c : mais outre que cette règle
n'eft pas fans exception comme la précédente, elle nous
paroît avoir un défaut effentiel , qui eft d'appuyer une
dccifîon fur un fait encore moins connu ( du moins par
le plus grand nombre des Ledleurs qui ne favent pas le
Latin ) que la chofe même que l'on décide. D'ailleurs ,
nous dirions aufli-bien que plaine prend un ai y parce-
que l'on dit , figure plane ; q\it pleine féminin de plein ,
peine & leurs femblables n'ont ni un ai ni un oi , parce-
qu'il y a un ^ dans plénitude , pénible , Sec.
li fe préfente ici une difficulté qu'il faut lever; quand
on fait que le fon de ïe ouvert ne fe marque ni par un
; ai, ni par un oi j furquoi décider s'il faut le m;nT]uer
far ei ou par e i II faut remarquer que ei ne paroît gue*
5i8 VOY
res que devant les confonnes n , g ^l , & donne à cette
dernière une prononciation grafîe ou mouillée. Ainfî ou
écrit , fdne y peine , teigne ^ neige , vieille , pareil , &c.
parcequ'immédiatement après la voix e , il fuit un n ou
un ^ , ou un /, & que cette dernière fe prononce grafTe-
ment.
Il y a des exceptions fans doute : car, pour la con-
fonne n , on dit chaîne , chêne , &c , pour la con-
fonne g , on dit Collège , &c. Nous n'en donnons
point pour la confonne / , parceque nous n'avons die
de placer ei avant elle , que lorlqu'elle cft gralFe ou
mouillée j ailleurs elle a un e lîmpic , comme [eU ,
grêle , &c ; ou s'il en eft autrement, comme à:i\is pleine ^
c'eft pour les raifons d'analogie ^ que nous avons déjà
citées. Pleine vient du mz(c\xVm plein , qui a le Ton de Ve
ouvert nazai ; ce qui ne peut fe marquer dans notre
orthographe par la fîmplc voyelle e , à moins que cet e
ne foit précédé d'un i , comme dans bien. Or cet i n'é-
tant point de la forte dans le fon du mot plein , il a
fallu exprimer ce fon par d'autres caraéleres ; le mot
analogue plénitude déterminoit à y conferver Ve , il a
donc fallu dire plein , & par con(é<\\itnt pleine , çârei.
Un autre principe encore pour diftinguer lefervicedc
Vei de celui de Ve dans les cas où l'un des deux doit fi-
gurer ; c'eft que partout où le fon de le ouvert eft
appuyé d'une confonne appartenante à la même fyllabe ,
c'eft la fimple voyelle e qui le rcpréfcnte ; ainii l'on
dit , difcret , naturel , gefiion, &c. à caufc que les r , / ,
& s appartiennent à la fyllabe de le ouvert qui les pré-
cède.
Nous ne difîimulerons point qu'il s'en manque bien
que nous ayons réglé pour tous les cas le choix des dif-
férentes expreflîons de la voix dont il eft ici queftion.
Nous ne ferons pas en cela comme la plupart des Gram-
mairienSj qui ayant donné quelques icgics particulières ,
palfent rapidement à d'autres objets, comme s'ils crai-
gnoient d'avouer que leurs déciiîons ne font pas géné-
rales. Au contraire , nous ne nous lailcrons point d'in-
diquer combien les principes que nous donnons font
limités & fujets aux exceptions 5 parceque par-là nous
empêcherons le Icdeur de tomber dans des erreurs con-»
V O Y' 519
fîdérables , ou ne manqueroient pas de le jctter ces mê-
mes principes, s'il leur donnoit trop d'ctendue.
Souvent un mot , quant aux fons qui le ccmpofent,
s'écrit différemment, parcequ'il a différentes fignifica-
tions ; ainlî les Pères s'écrit par un e fimple , quand il
fîgnifîe ceux qui nous ont donné le jour 5 & par un ai ,
les Pairs , quand il indique ceux qui ont une Pairie.
Chers'écnz par un e , quand il lignifie précieux , & par
un ai , chair , quand il marque la partie mufculeufe des
animaux 5 ii l'on parle d'un fiege , on écrit , chaire , &c.
On ciit mets , nourriture , & mais conjon6lion 5 vaine ,
femme qui a de la vanité, veine , vaiffeau du corps hu-
main ; lai , laïque , laid , difforme 5 lait , nourriture ,
leg , donation par teftament j faite , Çommzt , fête , ré-
jouiffance ; Abbejfe , Supérieure , il abbaijfe , il fait def-
cendre ; ^û/^r , danfe , balai , inftrument à balayer, &c.
Si l'on avoit l'oreille bien délicate , ^^ qu'on connût
bien la bonne prononciation , le Ton de Ve plus ou moins
ouvert décideroit fortfouvent le choix de te , de Vei , de
Vai ou de Voi.
On ne met gueres l'accent circonflexe fur Ve ouvert,
que dans les fyllabes où il annonce la TupprefTion d'un s
qui fe marquoic autrefois , & ne fervoit qu'à rendre la
fyllabe longue 5 ainfî on écrit , tête , quête , même , en^
quête , intérêt ^ &c ; parcequ'aut refois on éciivoit tejle ,
quejîe , mefme , enquejie , intérefi , Zic. quoique l'on ne
prononçât pas dilïérem.menr d'aujourd'hui. S'il y a encore
une autre circonftanceoii l'on doive fe fervir de cet ac-
cent , c'eft lorfque Ve ouvert eft dans la pénultième fyl-
labe , & que la dernière eft formée par un e muet; fur-
tout lorfqu'il s'agit de mots qui ^ dans d'auties circonf-
tances n'ont point cet accent , parcequ'ils fe terminent
autrement. Ainfî les m.ots empêcher , extrémité , &c. qui
n'ont que l'accent grave fur J^ur fécond e , y prennent
l'accent circonflexe quand on écrit , j'empêche , /'/ empê-
che , ils empêchent , extrême , &c. Au refte , cette loi
n'eft pas univerfellement fuivie.
Lorfque dans les finales des verbes il y a le fon de Ve
ouvert , on l'écrit toujours par oi ; feulement on y ajou-
te un s pour les première & féconde perfonnes du fingu-
lier ^ un t pour la troifiçme du lïiçoie nombre, & mt
5ie "V O Y
pour la ti'oîfiemc du pluriel ^ où cet ent eft entieremcnc
iiîuet y comme , j aimois , j'aimerois , tu aimois y tu ai-,
merois , il aimoit , il aimeroit ; ils aimaient , ils aime^
raient. Il n'y a que je vais où ce fon s'écrive par un ûi.
Nous ne parlons pas des prétérits , j'aimai , ni des fu-
turs ^j'aimerai , parceque cet ai final n'a pas le fon d'un
e ouvert , mais d'un e fermé , comme nous le verrons
bientôt.
Plufieurs noms terminés par le même Ton , & fur-tout
des noms de peuples, s'écrivent aufli par ais j comme ,
Français , Anglais , Polonais , &c. Portugais s'écrit par
ai. Plufîeurs Ecrivanis célèbres , comme nous le difons
au mot Orthographe, trouvent cette pratique fî vi-?
cieufe , qu'ils ne fe font point fcrupuie de l'abandonner ;
ils écrivent , j'aimais , j'aimerais , il aimait ^ ils aime-
raient. Français , Anglais , Polonais , &c. d'autres écri-
vent, Frû/z/:è^ ^ Angles^ &c. Ils difent qu'autrefois on
écrivoit ces mots par ois , parceque l'on prononçoit ces
ci dur , comme on le fait encore dans Suédois , qu'on
prononce à-peu-prcs Suédouais-^ mais que la prononcia-
tion ayant changé , la faç®n d'écrire doit changer auffi,
puifque celle-ci eft & doit être toujours foumifc à celle-
Jà ; & que des qu'on ne dit plus , j'ûimouais, An^
glouais , les Françouais , on ne doit plus écrire , j'ai-
mois j, Anglais , François. La meilleure ob;c6lion qu'on
ait à leur faire , c'eftque le plus grand ufage eft encore
contre eux , Se que jufqu'à ce qu'ils l'aient entièrement
décidé en leur faveur , quelque folidcs que leurs raifons
foicnt d'ailleurs, quelques avantages que leur méthode
paroifle offrir , elle ne peut faire régie.
L'exprelîîon es avec l'accent grave eft dcflinée fur-
tout pour les tcrminaifons de certains noms , qui font
analogues à d'autres dans Icfquels cette fyllabe cfl fuivic
de deux s , comme , excès , excejfif -, procl's , procejjif i
eccès , accejfible ^ Sec. on l'emploie auHl dans les adver-
bes près, auprès i après , 5c dans les noms Cérès , Cyprès ,
décès , abcès ^ agrès ,grès , &c.
On ne fè fert de ets , aits j que pour les pluriels des
noms qui ont au fingulicr et ou aie , comme , valet j^
valets ; forfait , forfaits , Sec. Pour ais Sz aix , l'ufage
ÇQ çft reftreint à un petit nombre de mots , comnac. ,j(;^
V O Y 511
mais y dais , paix , rabais , Âix ( Ville ) , ais ( planche ) ,
faix ( fardeau ) , hiais , niais ,. Calais ( Ville ) , Palais ,
Rabdais , Saint Gelais ( noms d'hommes ) , relais , dé-^
formais , panais ( légume ) , panais , épais , Laquais ,
marais , /r^iii- ( nouveau j ^ frais ( dépenfes) , àégrais
( Poète François ) , engrais , mauvais , &c.
Il y a peu de noms en ait 3 les principaux font ,fait ,
bienfait, & autres compofés défait-, Jouhait ^ lait y
trait j attrait , retrait , abjirait , extrait , & portraits
Nous ne parlons pas des verbes.
Pour ceux en et , on en compte plus de deux cents cin-
quante , comme , Arrêt , intérêt , barbet , effet , rr^z/^r ,
o/y^r , droguet , muguet , cachet , déchet , inc^uiet , /^ti/^r ,
chevalet , roitelet , mantelet , Jouffiet , filet , co/^r , Z^-
TWfr , chenet , robinet , brunet , caquet , coquet , difcret
coffret , rf^r^r , tabouret , corfet ,placet , brevet , &Ci
JD^ l'ï, fermé ou û/^:j.
Cette voix fe trouve exprimée dans notre orthogra-
phe de fix façons différentes ', par un é , comme , vérité ;
par un ai , comme ,f aurai ; par un ej , comme , bontés,
par un es , comme , les -, par un e;^ , comme , /(/è{ 5 par
un^r, comme, donner. Un ^rand nombre d'Auteurs y
ajoutent une feptiemiC exprefiion^r , ou 6^, pour la con-
jonction et ', mais nous ne l'avons jamais entendu pro-
noncer comme un e fermé ; on ne dit pas , du pain é de
l'eau , mais , du pain e de l'eau ; nous renvoyons donc
cette conjonâ:ion parmi \cz e ouverts aigus ; puifqu'elle
fe prononce comme les dernières fyllabes de valet ^ bon^
net , &c.
Ve fermé fe marque faus accent dans la dernière fyl-
labe des verbes de la première conjugaifon , quand ils
font à l'infinitif, comme , aimer , donner , jouer ^ 8cc ; 8c
dans la dtrniere de tous les noms ou il fe trouve fuivi
d'un r, comme; premier, dernier. Berger^ Frippier >
Sec.
Il faut avertir ici que l'on trouveroit nos décifîons
fautives , fî l'on vouloir les prendre dans le fens de la
plupart de celks des au:res Grammairiens fur k iB^mc
521 VOY
fujet. En parlant de lorthographe, ils traitent de la pro-
nonciation 3 & nous, nous avons penfé que ces deux
objets , tout diiîérents l'un de l'autre , dévoient être trai-
tés féparément : ainfî ils établifTent , par exemple , en
quelles occafîons \'e eft fermé , & nous , nous fuppofons
ici qu'on le fait , parceque nous fuppofons qu'on fait
parler la Langue : ainfî il ne nous refte en parlant de l'e
fermé & de ce qui concerne fon orthograplie , que d'in-
diquer par quels caracleres on l'exprime , & en quelles
circonftances on prend l'un ou l'autre.
Les autres Grammairiens difent donc qu'un e final
fuivi d'un r eft fermé dans Berger , premier , Sec. mais
qu'il eft ouvert dans amer , fer, &c ; & nous , nous
établilTons que partout où Ve fermé eft final , mais ap-
puyé d'un r , il ne prend point d'accent ; ce qui eft très
différent j & ne fe contredit cependant point. Nous
avons cru devoir faire cette petite remarque , de peur
qu'on ne s'y méprît. C'eft à l'article prononciation qu'il
faut avoir recours pour favoir fi le premier tétant fer-
mé dans donner , l'eft aufîi dans donnèrent j fi même il ne
change pas , en cas que donner foit fuivi d'un mot com-
mençant par une voyelle , comme donner h gens indi^
gnes , Sec.
Aureftecen'eft que dans les fyllabes finales que 1'^
£crmé fuivi d'un r ne prend point d'accent 5 partout
ailleurs on doit le lui donner ; fi ce n'eft dans la pénul-
tième fyllabe des féminins qui avoient cet er à leur maf-
culin , comme , première , dernière , qui ont à leur maf-
CMÏm , premier j dernier ; mais cet e qui eft fermé au
iTiafculin , ne refte pas tel au féminin j il n'y devient
cependant pas tout-à-fait ouvert , encore moins muet ;
il y tient en quelque forte le milieu entre Ve fermé & l'e
ouvert.
Nous avons un mot, qui t{k pluriel , dont la dernière
fyllabe offre le fon d'un é fermé , & s'écrit par<?/.
Lorfque la fyllabe finale des fécondes perfonnes du
pluriel des verbes eft un e fermé , on l'écrit par e^ , com-
me , vous donne:^ ; vous donnie^ 5 vous donnere:^ ; donne^^
vous donnerie:^ , &c. Autrefois on écrivoit de même l'e
fermé & final dans les noms pluriels, comme , dcgrei ,
V O Y 5i}
lontei^^ , &C ; maïs cette méthode efl: aujourd'hui aban-
donnée par tous les Auteurs de poids : quelques-uns
écrivent encore de la forte la prépofïtion de:^ , de^ l'au-
rore j mais il eft mieux d'écrire , dès l'aurore : aufli eft-ce
la manière la plus ufitée j feulement pour diftinguer^/e^
prépofition d'avec dc:(^ à jouer , ce dernier prend ordi-
nairement le :j-. On a encore confervé cette lettre dans le
fubftantif /z^^ , partie du vifage , & dans la prépolîtion
chei & l'adverbe ajfe^. Ce font là les feules occaiîons où
il foit employé après un e fermé pour fuppléer à l'accent
aigu.
Le fon de Ve fermé fe marque par ai dans la première
perfonne des prétérits & des futurs adifs des verbes ,
^uand ils font terminés par cette voix 3 on écrit donc ,
f aimai -jy j'aimerai ^ quoique Ton prononce /iz;W, y Vi-
meré. Outre ces deux tems , qui font communs à un très
grand nombre de verbes , l'e fermé forme encore la
première perfonne du préfent du verbe avoir ^ & s'écrie
de même, /û/. Les trois perfonnes du fingulier du pré-
fent du verbe y^vo/V , font aufli formées par le fon d'un
e fermé , & s'écrivent , les deux premières par ais , &
la troilieme par ait ^ je fais ^ tu fais , il fait 5 quoique
l'on dife , je fé »tufé, il fé.
Tous les pronoms & adjcdifs poiTeffifs pluriels &
monofyllabes qui ont i'e fermé , s'écrivent par e fans
accent , comme , les , des , mes , tes , fes , ces. Tous les
iioms terminés au fînguiier par un e fermé , qui n'cil
fuivi d'aucune autre lettre , ont au pluriel es avec l'ac-
cent aigu , comme 5 bonté , bontés ^ degré , dégrés , aimé ^
aimés. On voit que dans cette règle nous comprenons
également les fubftantifs,adjeâ:ifs & participes ; il étoic
autrefois d'ufage d'écrire ces derniers avec un ;j; ; on
écrivoit alors , les Souverains qui font aime:^ de leurs fu^
jets ; mais on a entièrement quitté cette orthographe ,
en lailfant le ;^ pour les verbes , & ramenant les partici-
pes dans \^ ciaife des adjedifs.
Enfin , hors tous les cas particuliers que nous venons
de marquer , toutes les fois qu'un e fermé fe trouve dans
un mot , on l'écrit par un e en lui donnant l'accent aigu ,
(bit que cet e fe trouve au commencement , au milieu ^
«U à la fia d'un mot 5 comme , étude , répondre j Chré^.
514 V o r
tien , préface , Créateur , créé , ohéijfance , aujlérhé
dujfé-je , &c.
De l't mue t.
L'emuet, Toit bref, foit très bref, foit entièrement
muet , ne peut s'écrire que par un e fans accent , par un
es de même fans accent , & par un ent : cette dernière
exprellion de ïe muet ne s'emploie que dans les fyllabes
finales des troifiemes perfonnes du pluriel des verbes ;
comme , ils aiment , ils aimoient , ils aimèrent , ils aime*
T'oient , ils aimajfent.
Les fécondes perfonnes du (îngulier , foit de l'indica-
tif, foit du fubjondif , marquent cet e muet par es ;
comme , tu aimes , que tu aimajfes , &c , mais la pre-
mière & la troilieme perfonne du même nombre, com-
me la féconde à l'impératif, le marquent par un e muet
feul ; comme y j'aime , il aime , aime , que j'aimajfe : &c.
Voye^ Impératif.
Cet es fert aulU à marquer Ve muet dans la fyllabc
finale du pluriel de tous les noms fubftantifs , adjectifs
ou participes qui fînilTent par cette voix ; comme, les
hommes > les femmes , fidèles y bonnes , aimées , &i:c. o'i
l'emploie aulli quelquefois dans l'adverbe gueres , qui
lignifie p«^ 5 mais aujourd'hui un grand nombre d'Au-
teurs en ont retranché la confonne s comme inutile, &
ils écnvznt guère \ l'ufage eft alfez partagé là-defius pour
qu'il foit libre de prendre lequel des deux partis on vou-
dra.
Partout ailleurs , foit au commencement , foit au mi-
lieu , foit à la fin d'un mot , le fon de Ve muet s'exprime
par un e feul & fans accent j comme , refus , recoît"
noijfance , aimerai-je , croire , fortune , modèle , utile ,
&c.
Il y a ici une très grande difficulté qu'il faut da|
moins remarquer , fî nous ne pouvons la lever ; la re-
marque fervira à redoubler l'attention de ceux qui cher-
chent à écrire correitement : c'eO: qu'il eft une infinité
d'occafions où Ve muet fe prononce , & ne s'écrit point.
Qu'on y fafie aitention , on verra que non-feulement
aucune confonne ne peut fe prononcer fans le fecours
de quelque voyelle , mais que fi dans un même mot il
fc
V o r ^,
e ttouve pîufieurs confonnes de fuite , ou l'on n'en pro*
nonce qu'une , ou celle qui n'a pas une voyelle à fou
propre leivice, c'eft-à-dire après elle, prend unemuec
pour fe faire fencir; ainfî, belle ^ guerre , tonnerre ne font
ieutir qu'ini / , r, « , &c. Mais inné le prononce inené ^
immenje fe dit comme s'il y avoit imemenfe j &c. Les
Syllabes nazales ne font point ici d'exception , puifque
la cowfonne n'y eft point fentie comme confonne : ohLa^
tion fe prononce comme s'il y avoit , obelation 3 il en eil
<ie mcme de ténèbres , ténéberes ; cloifon , queloifon ;
pfdlmodier , pefalemodUr 5 cheval , chevale , & de tous
les autres noms où quelque confonne fait entendre l'ar-
ticularion qui lui ell propre , fans avoir après elle un«
voyelle qui foit le fujet de cette articulation : voyer
Syllabes.
Or quelle règle peut nous cnfeigner en quels cas il
faut écrire cet e muet , & en quels cas il ne faut que
marquer la confonne feulf". ? voila la difficulté qu'aucun
Grammairien n'a cherché à lever , & qui nous paroîtne
pouvoir l'être en effet que par une étude attentive & dé-
taillée de l'ufage. On peut dans quelques cas particu-
liers s'aider de la connoilîance que l'on a de la manier*
dont les mots fe compofent foavent les uns des autres •
rétymologie fera aulfi quelquefois utile j l'analogie peut
éclairer quelques doutes : mais rien de tout cela o'ed
fans de grandes exceptions. Pourquoi dit - on , par
exemple , un homme fidèle ^ & un homme naturel 5 un
homme vil , & un homme inutile 5 kaïr^ & dire ; [épkir^
Scfatyre ; voir, & croire ? Dans ces exemples mis en pa-
rallèle , & dans un nombre infini de femblables , Ve
muet fe fait autant fentir dans l'un que dans l'autre
mot ; pourquoi doit-on le marquer ici, & l'omettre là ?
Cette difficulté eft pour les e muets qui font brefs : il
en eft une autre pour ceux qui font longs j c'eft qu'on
ne fait quelquefois s'il faut les écrire par e ou par eu ^
parccqu'en effet Ye muet long , & Veu bref font à-peu!
près la même chofe pour le fou. Pour s'en convaincre
on n'a qu'à comparer ïe muet qui eft dans refus , & le
premier eu à^ns heureufement . Il eft vrai qu'une oreille
bien délicate y trouve alfex de différence pour ne s'y
Tome II, J. 1
^i6 VOY
tromper que bien rarement j & d'ailleurs on peut fou-
vent lever ce doute par des mots analogues où la même
fyliabe fera plus fenfiblei ain/î je m'airuierai que la
première fyliabe de heurcufement doit s'éciire par eu , en
prononçant le mot heureux j où cette même fyliabe eft
plus longue.
De la voix eu.
Eu ne s'ccrir pas ordinairement par d'autres cataâ:e-
res que ceux dont nous le marquons ici. j avec cette
feule différence , que lorfqu'il cil: long & giavc, on y
met un accent circonflexe ^ comm.ç. jeune (abjftinence ).
Nous avons dit ordinairement , parcequ'il eft quelques
mots où il s'écrit par œu ^ comme, cœur, ^^J -, bœuf ,
œuvre , œuvé ^ manœuvre , vœu , mœurs , &c 5 quoique
Vo foit fort inutile pour la prononciation dans tous ces
mors , fî ce n'eft dans le premier , cœur.
Eu s'écrit suffi par œ dans œillet , œil , ccillade , œiU
1ère , œilleton , d>cc. Se par ue dans écueil , orgueil, cer-
cueil, &c. nous ne parlons plus ici de certains e muetJ
qui devenant plus longs en certames circonftances , ont
le fon de l'eu bref, comme te dans cette plirafe ,je te It
dis y &c.
Tous les adjedifs terminés par la voix eu ont eux
même au fingulier 5 comme vigoureux , heureux , &:c. les
noms fubftantifs qui fîniflent par le même fon , pren
nent auffi au pluriel cette confonne x qu'ils n'ont point
au fmgulier, comme , vœux , feux , &c. Le verbe l^om
loir s'écrit au préfent lingulier ^yV veux , tu veux , il veuti
L'ufage de ces x à la fuite de eu final eft aujourd'hui
contredit par quelques Grammairiens qui veulent y Cubi
ftituer un s : mais il ne paroît pas qu'on doive jamaié
les fuivre. Si le s eft la marque diftindive du pluriel
dans la pliipart des noms, le x l'eft aulil Icgitimemeni
dans ceux qui font rermmés par eu ou par au. C'eft un
point d'orthographe qui n'a aucun embarras 5 la réfor-
me y feroit donc inutile.
De la voix i.
Le fon i ne s'écrit que par i ou y. Nous ne parlons pal
V O Y 517
<5c m que quelques Auteurs nous donnent pour une ex-
preflîoii de î'i dans quelques mots j comme , vuide , puif-
<:iUQVuide ne fe prononce pas touc-à-faic vide , & que la
première fyllabe y eft une vraie diphtongue dans laquelle
on fent un peu le fon de 1'^, On auroit mieux fait de
citer pour exemple , le pronom qui y mais nous difons
au mot conforme ce qui regarde cet ufage de mettre après
le ^ un « qui ne fe fait point (èntir.
On peut conhdercr l'y fous deux points de vue diiFé"
rents , parcequ'en effet cette lettre fcrt à deux ufages ;
fouvent elle équivaut à deux i dont !e premier fcrt a for-
mer une diphtongue, & le fécond fait une féconde fylla-
' be , foit feul , foit avec d'autres letu'cs , comme , pay-
fan , pays , envoyer , que l'on prononce j pai-i fan,
pai-is , envoi-ier y &c.
Nous dirons d'abord à ce fujet que la prem.iere & la
féconde perfonne du pluriel de l'imparfait de l'indicatif
& du préfent du fubjondif des verbes qui ont uny avant
éint au participe a£tif , prennent un / après ly , & avant
ons ou f{ j comme -^ fuyant , fuyions ffuyie:^^ envoyant ,
envoyions , envoyie:^^ Sec.
Au refte , il eft aifé de connoître à l'oreille quand oa
doit y ajouter cet i ; c'efl: dans les occafions oii 1'/ qui
fuit la diphtongue eft long & paroît comme double. Il
eft également aifé de fentir quand un i entre deux
voyelles formant une diphtongue avec celle qui le pré-
cède ^ doit s'écrire par un y 5 c'eft lorfqu'outre la diph-
tongue qu'il aide à former , il mouille encore la voyelle
qui le fuit , comme dans Royaume , frayer ; mais lorf-
cju'il ne mouille point la voyelle fuivante , ou qu'il ne
la mouille que d'une manière peu fenfible , ainiî qu'il
arrive fouvent quand cette voyelle eft un e muet bref;
alors on doit n'écrire qu'un i (impie , comme , proie,
joie , oie , claie , haie , pluie , &c. Si le fon i n'cft
fuivi d'aucune voyelle, on ne prend-l'y qu'autant qu'on
prononce un i pur après la diphtongue , comme, /«^yj;
partout ailleurs on ne prend que l'i fîmple , comme,
yois , &c.
Quelquefois aufli la lettre y placée entre deux voyel-
les a l'eiFet d'un i tréma & par conféquent elle fait
Ll ij
r-% voY
fyllabe avec la voyelle qui la fuit , comme dans payent
que l'on prononce pn-ien , & non pai-ien.
Le fécond point de vue fous 'lequel on peut confidé-
rer l'y , c'ed comme lettre grecque , ne figurant que
comme figne étymologique , & ne faifant d'autre
fondlion quant au Ton que celle d'un i fimplc. Alors on
ne l'emploie que dans les mots originaires du grec,
comme , acolyte , améchyfle , afyle , béryl , cryfial ,
Cygne y cylindre , da^iyie , dyfcnterie , dyridjiie , labyrin^
the , lyre ^ martyr , myrrhe , myrthe , myjtere , myftagc-
gique , myfiique , mythologie , néophyte , nymphe , olym-
piade , paralytique j hyacinthe , hydropique j hypocrite ,
hymne , hypocondre , hydre , hypofiaje , hypothèque , Ay-
pothefe y phyjionomie , porphyre , pyramide , pyrrhique ,
fatyre , fibylle , Jlyle , fyllabe , Jycomore , fyllogifme ,
fymbok\ Jymmétrie , jympathie , fymphonie^ jyndérefey
fynagogue , fyncope , Syndic y fynecdoche , Synode , Ty*
nonyme , fyflême , Jyflole , Syrien , Syriaque , tympa^
jion y tympanifer ^ tyran , ^éphyre , & autres fcmblables.
Il ne faut pas cioire néanmoins que tous les noms
grecs d'origine , qui ont un i s'écrivent par un y ; cela
ne fe fait que lorfque cet i remplace iupfilon des Grecs.
Encore y a-t-il fur cela tant de variations , que l'on
peut pour bien des mots prendre l'y ou l'i fimple indif-
féremment.
Nous avons quelques antres occafions où nous em-
ployons l'y pour un fon fimple , fans qu'il y ait aucune
analogie avec la Langue grecque 5 tels font le nom
yeux , pluriel de œil , & le pronom y que quelques-uns ':
appellent adverbe de lieu 5 l'ufage de ce dernier ell fré- j
quent dans la langue , comme lorfqu'on dit 5 il faut y j
aller , y v^n/V , y rr/?f r y // y <z û'^ ^ hommes nés pour le A
malheur des autres j il ne faut pas s'y fier ^ Slc. j
Hors les occafions dont nous venons de parler y on '
ne doit fe fcrvir que de l'i limple i & c'cft une faute
dans plufieurs auteurs d'écrire , ennuy , aujoura huy , .
^Jf^y > f^y ' ^^y » ^^y^ » ^^y » /*^y > ^^y ^ ^^^^y , «^c. au ;j
lieu de i///t;i , effai , yb/ , loi , i^oi , 7«oi , toi , /ôi, ^u- f;
jourahui ^' ennui , &c.
On écnifufil , fourcil par un / quoiqu'on ne pro- .
I
V or fi^
ronce point cette lettre ; la plupart des noms fubftan-
tifs terminés en i prennent un £, comme ; dédit ^ conjîit.
Sec. D'autres prennent un s , comme , mépris , ris , &c.
Quant aux adjedlifs ils n'ont point de confonne après
1'/ quand ils font leur féminin en ie , commeyo// , jo'ie ;
il ce féminin eff en ite ils font it j ils font is fi le fémi-
iiin donne ife ^ comme, écrit , écrite , pris ^prife , &c.
Du fon o.
L'o foit grave , foit aigu , fe marque par un o , ou par
Un o , ou par un ot , ou par un os , ou par un op ,
ou par un aô. Cette dernière cxpreiîlon ne Te trouve
que dans les mots Saône , rivière , taon , grofie mou-
che, Saonois , pays de Normandie , & Laon , nom de
Ville , que l'on prononce Sône y Sônois , tôn^ Lan.
Tous les fons o qui fe trouvent au commencement ou
au milieu d'un mot , s'écrivent par un o fimple ^ comme ,
oranger , opprimer , olives , Odyjfée , évoquer , Euphroji^
ne , convoquer.^ controverfe ^ &c. on n'y met un accent
circonflexe que lorlque cette voix efi: longue , & que c'eft
une fyllabe dans laquelle nous omettons un s que nos
pères y marquoient , comme , côte , hôte , &c. que l'on
écrivoit autrefois , cofie j kofie , &c.
La difficulté de cg-Hq. vcix fe réduit donc à la fyllabe
finale ; nous n'avons que quelques mots tirés des Lan-
gues étrangères qui fe terminent par un o flmple ^ com-
me converfo , terme de marine , in-folio , un duo , un
:j;éro ^ un in-quarto , &c. on écrit de même certains ter-
mes de mufique qui nous viennent des Italiens , comme,
allegro , da capo y &c. Les finales des noms terminés en
o , s'écrivent ordinairement par or pour le fîngulicr , &
ots pour le pluriel , comme , dévot , higot , tnpot , mar-
got , fot , &c. dévots , bigots , &c ; il n'y en a que quel-
ques-uns, dont la finale eil: longue, qui s'écrivent par un
os , comme ^ un es à ronger , /e dos ^ Héros , ôcc. on écrie
^r(7p par un op. Nous ne parlons pas des terminaifons
pli la prononciation ordinaire fait fcntir la confonne
qui fuit Vo , comme , un roc , un efcroc , choc , Ma-
roc y &c y l'orthogiaplic de ces fortes de fyllabes regar-^
de les confonues»
Lliij
55* V o r
De la voix au.
Le plus grand nombre des Grammairiens confondent
cette voix avec la précédente , comme nous l'avons déjà
dit; cependant elles différent entr'elles à-peu-près com-
me \'e muet diffère de l'eu ; & comme ils n'ont jamais
confondu ces deux derniers fons , nous croyons devoir
également dillinguer les deux autres. On ouvre plus
les lèvres , on les élevé plus pour prononcer au. Pour
rendre le Ton propre à l'o, on avance plus les Icvres en
pointe , & l'on forme en dedans de la bouche une plus
grande cavité. En un mot , les Auteurs que nous con-
tredifons ici , font les premiers à dire que l'oreille ell: le
feul jugé de cette difpute ; & c'eft fur fa déciiîon que
jious nous fommes déterminés à diftingucr ces deux
fons , en faifant attention fur-tout à la pronciation des
perfonnes cultivées.
Quoi qu'il en foit , qu'on les confonde , ou qu'on les
diftingue, nous trouvons ici quatre exprefîîons diftércn-
tes qui font , au , eau , aux , eavx y les deux dernières ne
font prifes que pour marquer les pluriels; Se les deux
premières fervent aux noms fînguliers. Au c{\ pour à le
article {îngulier : vsy^^ Article ; h l'article doit être au
pluriel , on écrit, aux. Au premier jour de l'an. Aux
hommes.
Si le fon au fe trouve au milieu ou au commcnccmeat
d'un mot, il s'écrit par au fimple ; comme j aubaine ,
vaudeville., vautour , audace , aubier ^ audience y minau-
derie , réchauffer ; il n'y a d'exception que pour les mots
compofés de quelques noms terniinésen eau , & qui por-
tent ces trois caraderes dans leurs compofés , comme ,
veautrer ^ qui vient de veau ; beau -pe'e ^ Beauvais , beaU"
jeu y beaupré , &c. qui font compofés des mots beau Se pe^
re , jeu & pré , Sic.
Nous avons quelques nom.s qui o\m aux au fingulier ,
CQViwwzfaux , inllrumcnt à faucher, &: faux , adjcétif;
c'eft de ce dernier que viennent les Q.om^o((i^ faux-bour^^^
faux fuyant ., faux-pas , faux-jour , Sic. Nous en avons
peu qui aient au à leur fmgulicr , n:h c[nQ gruau ^ noyau y
V O Y fjr
Bec. Eu général ceux qui , comme les deux précédents ,
ont immédiatement avant le fon au une voyelle quin'eft
pas un e muet , prennent aux à leur pluriel j aufll-bieii
que tous les noms terminés en i^/. Se qui ont un pluriel en
aux ^ com.me , mal ^ maux 5 métal , métaux j facerdom
tal , facerdotaux 3 maréchal , maréchaux 5 cheval , c/^^-
rtf//A; , &c.
Tous les noms terminés en au & dans lefquels ce fon
eft fuivi d'un t ou d'un 1/ , ne prennent point non plus \'e
muet avant ^z^. On peut le plus fouvent reconnoître 11
un nom doit avoir ce r ou ce i/ , par quelque mot ana-
logue dans lequel cette coi'.fonne ell: fenfiblc ; ainfî j'é-
crirai , faut ^ ^/7^"^ 5 à caufe ào. fauter -^ haut à caufe de
hauteur y &cc ; ruflaud , nigaud , échajfaud , maraud , Sec,
me paroîtront devoir finir par un d ^ quand je penfcrai
aux mots, ruflaude^ nigauderie , échajfaudage , marauder.
Sec. chaud prend aufli un d j Se réchaud prend un don un
t indifféremment , Ssic. Les pluriels de ces différents noms
ont les uns auts , comme , Jauts j les autres auds , comme
marauds.
Le plus grand nombre des noms terminés par le fon
au prennent un e muet avant Vau 5 mais pour cela il faut
que cette tcrminailon foit pure , c'éft-à-dire , qu'elle
n'ait aucune confonne qui en faffe la clôture. On peut
encore les reconnoître , au moins la plupart , par des
mots analogues dans lefquels la Cyliahz au fera changée
en el j comme , heau , bel , nouveau , nouvel , fourreau ;
fourrelïer , bourreau , bourelle , jumeau ^jumelle , niveau ,
niveler , mufeau , mufeliere , morceau , morceler , mon--
ceau , amonceler y marteau , marteler , manteau , mante-
let , ruijfeau , ruijfeler , râteau , râteler , Sec.
Il y en a plulîeurs pour lefquels vous ne trouverez
pas de mots analogues qui foient aujourd'hui en ufage ;
mais pour peu qu'on ait de connoillance de ce qu'étoic
autrefois notre langue , on faura qu'elle en avoit ; ainll
l'on fait affez que pour château , on difoit autrefois
châtel , vel pour veau , taure ou taurelle pour le féminin
de taureau , oifel pour oifèau , Sec , s'il y en a quelques-
uns pour lefquels on n'zn trouve point (1 facilement ,
com:iie, eau , rifeau , rideau^ rofeau , Sec. c'eft àl'ufage
Lliv
'5P V O Y
& aux Di<^ionnaires qu'il faut recourir. On ne peutj
guère donner de meilleurs principes que ceux qu'on*
"vient de voir , à moins qu'on ne donne des liftes com-
plettes , ce qui n'entre point dans le plan de cet ou-
vrage.
Tous les noms qui ont eau au fingulier , y ajoutent la
confonne x au pluriel ^ comme ^ hameaux , chaiu"
me aux , &c.
De la voh ou.
Le Ton ou s'ccritpar cm fîmple dans la conjonction ou.
te dans quelques noms , comme , coucou , hibou , chou 5
mou qu'on écrivoit autrefois mol ^ Jou que quelques-uns
écrivent encore /o/j on écrit aullî ce même Ton par oul^
dans Joui ( railafié ) , que plufieurs Auteurs écrivent
faoul : par août dans le nom du mois d'Acût ; par ou.
dans l'adverbe de lieu , ou prononi ou. Fou ( infenfé )
S'écrit toujours par ou , excepté devant les noms qui
commencent par une voyelle j alors on écmfol, com-
me/o/ûTTzoz/r .• il en eft de même de cou ^ on écrit col
allongé.
L'adjeélif tout prend un t au fîngulier 3 & ajoute
en s au pluriel touts 5 on écrit de même le bout , le
^owr , &c. quelques noms en ou prennent un x ail
]^ngulier , comme , toux & fur-tout plufieurs adjedifs,
comme , roux , doux , &c. on peut les reconnoître par
des mots analogues, oti cette confonne eft remplacée par
deux s ou un c , comme , roufje , douceur , toujjcr y
Sec. Le verbe coudre s'écïit au préfcnt y je cous , tu cous ,
il coût.
Les noms en ou qui fîniffent par une confonne y joi-
gnent un s au pluri';l j comme , les bouts , les coups ,
qui font au fîngulier bout, coup, &c. ceux qui n'ont
point de confonne après ou , prennent pour leur pluriel
un a:, comme, hiboux , choux , &c ; quoique plufieurs
y\uteurs prétendent qu'il cft mieux d'écrire par un s ,
kibous , chous , &c j c\'l\ ainfi en effet que s'écrivent
720US , ro«j ,/^^-r j moùj , &c.
Kous n'avons parlé du fon ou que relativement aux
V O Y 5Î5
*4Iabes finales , paKccqu'aiIlcurs il ne fouffre point de
Yariation , ou l'écric toujours par ou limplc.
De la 'VOIX u.
De toutes les voix fimplcs de la langue, celle-ci eft
Une de celles qui varient le moins. Au commencement ,
au milieu & à la fin des mots , elle s'exprime par un u
fimple , comme , tumulte , tutele , mufes , mutiler , fu-
tile ^fruciueux , venu, dû , &c. ce dernier prend un ac-
cent circonHe , pour qu'on le puiile diftinguer de l'arti-
cle du qui n'en a point. Puer s'écrit au préfcnt , je pus ,
tu pus , il put. Les imparfaits du fubjondif terminés en
u , prennent un r & un accent circonflexe j comme 5
il fût , il pût , des verbes être , pouvoir : au préiérit , ils
prennent le t fans accent , comme , /'/ refut , il fut , &c,
quelques noms ajoutent aulli un t à leur u final , com-
me , l>ut ,fût , affût , début y &c. Le verbe avoir a. pour
prétérit le Ton u qui s'écrit , j'eus , tu eus , il eut i Se
pour participe le même Ton qui s'écrit eu, j'ai eu , &c.
Les noms terminés en u prennent un s pour leur plu-
riel , comme ^vertus , débuts, &;c. il y en a même qui
ont cette confonneà leur fîngulier, comme , refus.
De tour, les Tons fimples , il ne nous refte a examiner
que ceux qu'on appelle communément , voyelles nata-
les , & qui fe réduifent à quatre , an , en ^ on , un : nous
allons les reprendre de fuite , & détailler les variations
de l'orthographe pour leur exprcfîion.
Des voix AN , EN , ON , UN.
Le Ton nazal an s'écrit par un an , ancêtres ; par un
am y chambre 3 par un en , entier 5 par un em ^ emploi 5
par un aen , Caen ; enfin par un aon , Paon ( oifeau ) ,
Laon ( ville ). Voilà prefque tout ce que les Grammai-
riens peuvent dire fur ce premier fon nazal; ils ajoutent
cependant que /i^/z , petit d'une biche , & leurs dérivés
faner , &:c. s'écrivent commue p^o^z j faon ^faoner , pao^
ne j paoneau , fe paoner ^ Sec. cette énumération ciï ailée
à faire , parceque nous n'avons que ce petit nombre de
ÎH V O Y
mots qui fe prononcent an , & qui s'écrivent aon. \\ çM
cil de même de i'expreflion aen ; il n'y a que le nom de
Ville rû<:« , qui s'écrive comme on le voit ici , & qui fe
prononce an^ Can.
Mais entre les mots dans lefquels fe trouve le fon an ,
^wzh font ceux où ce fon s'exprime par an y ou par era j
quels font ceux où il doit prendre un e au lieu d'un a ,
un m au lieu d'un n'i Comme l'énumération en feroit
trop longue , quelle règle doit diriger là-delTus ? quel
principe peut-on établir ? voilà ce qu'il faudroit favoir
pour î'ortiiographe de ce fon , & ce qu'aucun Giammai-
nen n'a enfei^^né. Il ne faut point en faire un crime aux
auteurs ; ce défaut ii confidérable qu'on retrouve dans
Toutes nos Grammaires, eft une fuite nécelfaire des va-
riations de la langue : l'ufage feul fait loi i & l'ufage ne
paroît en ceci fuivre aucune règle j comment les Au-
teurs qui ne peuvent confulter que l'ufage, en pour-
roient-ils établir ? Cependant on fupplée autant qu'on
peut aux règles qui manquent , par quelques obferva-
tions particulières que nous allons recueillir , autant du
moins qu'elles nous paroîtronr utiles.
Comme avant les trois confonnes b , p ^ m , on nç.
met jamais la lettre n , mais toujours m , il s'enfuit que
la nazale an s'écrit par amou em toutes le fois qu'elle fe
trouve avant ces trois confonnes 3 comm.e, ambajfade ^
embarras y ample , empire, emmaïllotier , emmener , &c.
On (cnt d'après le principe général fur lequel cette ob ^
fervation eft fondée ^ qifelle eft également applicable
aux autres nazales ; ainlî l'on écrit ombrage , humble ,
rompre , imp'ie , imbu, y imprudent , Sec. & non pas j on^
^^'i^ge^ hunble y ronpre , &c. Il eft quelques mots qui au-
trefois après la voyelle nazale prenoient une des con-
fonnes b j p ^ Se qui aujourd'hui ne la prennent plus ,
lelon quelques Auteurs : on les connoîu'a aifémentpar
J'analogie ; ceux-là confervent encore m pour forinea:
leur nazale ; tels font , prcmt , domter , indomtable ,
exemt , exemter. Mais la fuppreflion du p dans ces mots
ifeft pas encore généralement admife. Il y a encore ex-
ception pour les prétérits ,nous tinmcs , nous vinmes , &
leurs compofés , r^ous conùrjms , nous convînmes , &c.
VOY 555
^es verbes , tenir ^ venir ^ contenir^ convenir, &c; qui
par analogie gardenc n , quoique ce foie un m qui fuive.
Si la nazale eft fuivic d'une autre confonne , on em-
ploie le n plutôt que le m , comme :, ennuyer ^ ronces ,
entendre , &c. Dans les fyllabes finales on ne fe fei r or-
dinairement que de la confonne n , foit que cette finale
ne prenne aucune autre lettre après elle , foie qu'elle ait
quelque confonne ^ comme , chant , écran , banc , f^ng ,
commun 3 quelqu'un, rond , fon , &c. il n'y a d'exception
que pour les fyllabes finales qui font terminées par un b
ou un JE» , comme j camp ^ plomb ^ temps , &c. cette re-
marque eft encore générale pour toutes les diverfes na-
zales.
Nous n'avons de noms terminés par un m pur , que
quelques noms étrangers , comme, Adam , Abraham,
un Quidam , on dit, une Quidane j & pour les autres na-
zales , Jérufalem ^ Sichem y Sec. daim y faim , étaim
( laine cardée ) , ejfaim , factum , factotum , quinquen-
nium. , qui fc prononcent facîon , facîoton , quinquen-
nion ; & parfum , qu'on prononce parfun.
Il faut avertir ici c^ucfacium , faâotum , quinquen^
nium, aufii-bien que Duumvir , Triumvirat , &c. font
prononcés par beaucoup de perfonnes , comme s'il y
avoir , faciomme , quinquenniomme ^ Duomm.evir, Triom-
mevirat , &c Oi\ voit que nous ne comptons point par-
mi les exceptions , les mots nom , pronom , &c. parce-
qu'ils ont des dérivés 011 cette confonne m eft afTez in-
diquée , comme , nommer , pronominaux y Sec.
Voilà tout ce que l'on peut dire pour décider le choix
entre les confonnes m Se n dans les fyllabes nazales.
Mais il refte de grandes difficultés dont nous nous tire-
rons encore moins bien. Dans la première nazale û/z, celle
que nous examinons plus particulièrement ici , quand
eft-ce qu'il faut employer un a ou un e , foit devant m ,
foit devant n ? Pour le fentir, nous dit-on y il faut favoir
le latin ; on écrira , fang , les fens , un cent ; comme , le
fang des ennemis ; le Jens commun , cent œufs frais ;
quand on faura qu'ils fe difent en latin , le premier ,
fanguis ; le Cccond , fenfu s ; &: le rroificmc , centum. Ma:s
il paroitra toujours fort fingulicr aux perfonnes qui ré-
5?6 V O Y
iîéchilTcnt , qu'on envoyé étudier la Lingue Françoîfe
dans la Latine ^ & fui-tout notie orthographe dans
celle d'une langue qui ne refîemble prefqu'en rien à la
jiôcrc.
D'ailleurs il s'en faut bien que nous fiiivions les mots
latins avec autant de fcrupule qu'on le penfe 5 il en eft
«ne fouie qui font contraires aux principes qu'on éta-
blit : ou dit, par exemple, que l'in des Latins fe change
chez nous en en , comme , intendere , entendre-^ inter ,
entre ; intrare , entrer , &c ; cependant fine s'écrit chez
jïow^fans j latinus , s'écrit iadn.
On nous donne auilî pour règle que les fyllabes na-
2:ales qui s'écrivent en Latin par un e , le font auffi en
François ; & cependant condemnare , condemnatio , &c.
s'écrivent 3 condamner , condamnation , condamnable y
S:c. On fent bien que nous ne voulons pas ici accumu-
ler les exemples qui font contraires aux règles qu'on
nous donne : il nous fuffit d'en indioucr quelques-uns ;
pour peu que les ledeurs veuillent y faire attention 3 ils
en trouveront d'autres à chaque pas , & fe convaincront
par eux-mêmes que c'clt avec raifon que laous rejettons
des reirles fauiîes & étraniz;eres.
Nous renverrons donc aux Diélionnaircs pour le
choix des voyelles a , t dans la première voix nazale ;
fur-tout fi elle ne fait point la clôture du mot oii elle fc
trouve. Car fi elle termine le mot , nous avons une rè-
gle qui fert pour les adverbes , Se pour les gérondifs , &
les participes aélifs prcfents : c'eft que pour les adverbes
on emploie toujours ïe-, & l'a dans les gérondifs ou par-
ticipes , comme , finement ^ épcrdâment , lâchement , vail"
iamment 3 priant ^ aimant j voyant , courant , difant ,
&. Pour la terminaifon des adjcdlifs & des fubftan-
tifs , on ne peut rien ftatuer : on dit , confiant , /avant ,
préfent , dolent ^ franc , diamant , moment , &c.
Les mots terminés par le fon an, ont quelquefois une
confonne muette après la nazale, & quelquefois n'en
ont point. Tous les adverbes & gérondifs prennent un
t ', prefque tous les fubftantifs & adjeélifs en font demé-
jne. Banc ^ blanc, franc , prennent un c ; rang , fang ,
prennent un^, Reprendre fairyV prends , il prend. En
V O Y 557
lie s'écrit par en, que dans un petit nombre de mots ,
comme , examen , hymen , am.en-y encore y fait-on (cn-
tir la confonnc n piek]uc autant que il l'on écrivoin
examène ^ hymene , amme.
On emploie auili les deux mêmes lettres en , lorfque
cette nazaie eft pi'écédée d'un i , & qu'elle termine le
mot fans être appuyée d'aucune conibnne , à moins
qu'elle ne le foit de j ou de r ; comme , mien , tien ,
Jien y maintien j bien ', lien , Chrétiens , Parifiens , tu
tiens , il maintient ; on dit auflî , Chrétienté , quoique en
n'y foit pas final. Partout ailleurs on Te lerc de in , im ,
<iin , aim, ein , ou eim. Ce n'eft que par des mots analo-
gues ou par l'ufage que l'on peut s'alfurer de laquelle de
ces exprelfions on doic fe fervir dans les occalions parti-
culières , fî ce n'ell pour eim qui ne figure que dans
Reims , ville de Champagne.
L'a que l'on trouve dans humanité , manuel , vanité ^
panetière , &c, indique l'exprellion ai pour les mots A«-
main , main , vain , pain , &c. Ue qui cft dans plénitude
indiquera ei ^omplein j Scc^ mais il ne faut pas regarder
cette analogie comme une règle toujours infaillible ; oa
dit également, /;z</7ê & dejfmer , & Ton écrit jf/z, dejfein ,
&c. Nous avons dit tout ce qui regarde le choix entre
les lettres m 8c n. Peindre , craindre , Sec. font au prc-
fent , je peins ,je crains , tu peins , r;-! crains , il peint , H
craint. Il eft peu de noms , foit adjedifs , foit fubftaii-
tifs , terminés par cette nazaie, qui prennent après elle
une confonne muette ; en quoi l'on voit que ccî^ ici le
contraire de la nazaie an. On conçoit que nous ne par-
lons pas des pluriels qui prennent s feion la règle géné-
rale , comme , les biens , les mains , &c.
La voix nazaie on s'écrit par on , om , aon , un , um.
Ces trois dernières exprelîions ne fe trouvent que dans
fort peu de mots étrangers ou extraordinaires , comme,
Munfter , Humbert , taon : ainli nous n'en parlerons pas.
Nous aurons encore moins à difcurer fur les deux pre-
mières j la voyelle y étant la même , attendu que nous
avons dit plus haut les circonftances où l'on fe fert de m
dans les nazales.
Il ne reftc donc plu$ qu'à voir quels noms terminés
5î8 V O Y
paila voix ort, prennent une confonne muette. II en efl
peu qui en admettent 3 on dit, tronc , le pied d'un arbre;
blond , rond , adjcd:iFs '^mont ^ montagne ; bond ( faut ) ,
fond ( le bas ) Les autres noms n'admettent que s à leur
pluriel , comme , les Jons , boutons y Sec. Tondre & les
fcmblables font au préfent , je tonds j tu tonds , i/ tond,
liompre & Tes compofés font, je romps , tu romps , ii
rompt ; toutes les premières & troifiemes perfonnes ter-
minées en on font ons & ont , comme , tious aimons ,
nous voulions , nous irions 3 ils font , ils vont, &c.
Le fon un varie encore moins que les précédents ; il
fait prefque toujours un , & ne prend d'autre confonne
que s au pluriel ; les uns , les communs , &c. Il n'y a
que parfum qui falfe um à la fin du mot , & à jeun ,
qui prenne un e avant un. Quant aux autres fyîlabes le
j> &L \z b veulent um avant eux , comme humble : ail-
leurs il faut n.
Il eft une autre voix nazale dont nous n'avons pas
parlé ici , paicequ'ellc ne nous a pas paru une voix iîm-
ple 5 c'efl: oin ,Join , moins , &c. Nous parlons de cette
wazale a la fin du mot diphtongue , parcequ'elle n'eft ea
effet rien autre chofe que la diphtongue oi prononcée
^u nez.
^
539
X ou X E
^2\^ eft unedes confonnes de l'alpliabet: voye^ Alpha-
bet , Consonnes 6* Prononciation.
XEXE , eft une des interjetions acclamatives ; voye^
Particules ^ Construction.
Y
efl: une des voyelles de Talphabet : voye'^ Al-
phabet , Voyelles & Prononciation. Yeltaulli
un des pronoms perfonnels pour la troifieme perfounc :
royei Pronoms,
On peut le voir encore parmi les adverbes de lieu s
voye^ Adverbe.
ou
Z E
iT j eft une des confonnes de l'alphabet : voyez Alpha*
BET, Consonnes 6* Prononciation.
ZEUGMA. C'ell une forte d'éllipfe ; voyez fa défini-
tion & fon ufage à l'article Ellipse au mot ConsTBiUC-'.
TION.
JFin du Tome fccond.
54®
I
ADDITION.
NCÎSE ; c'eil un membre court & détaché d\m6
période , comme l'indique alfez le mot latin incifum ,
(coupé) dont il eft formé. 33 L'incife , dit M. l'Abbc Co-
3) lin dans fcs notes fur fa tradadion de l'Orateur àç. Cî-
03 ccron , ne difere du membre dans la période , qu'en
33 ce qu'il n'a pas tant d'étendue , 6: qu'en ce que le nom-
33 bre n'en <z[\ pas fi complet. Le membre détaché efl
33 femblablc à une période iimple, comme en cet excm-
33 pie de Cicéron dans fa féconde Philippique : nulla
33 caujà jujhî cuiquam ejfe pocefl contra patriam arma ca-
33 piendi. L'incife n'eft compofé que de deux ou trois
33 mots , comme ,furor arma minijîrat : quelquefois il eft
33 renfermé dans un feul mot , comme dixit 33.
On fcnii:-a peut-être encore mieux cette différence par
les exemples que Cicéron lui même en donne dans fou
vingL-quatrieme chapitre de l'Orateur , 011 il traite des
nfaeesdu nombre oratoire. Mijfosfacijnt patronos , ipfi
prodeant... Cur clandefiinis confiliis nos oppugnant ? Cur
de perfugis noflris copias comparant contra nos ? Ces deax
premières phrafes, dit Ci.éron , M ijjos faciant patronos,
ipji prodeant , font des incifcs ; & la troifieme , Cur clan-
deftlnis confiliis nos oppugnant? efl: un membre : la qua-
trième , Cur de pe-fugis noflris copias comparant contra.
nos ? eft une parfaite & courte période , compofée feu-
lement de deux membres. Il ajoute que l'incife doit être
compofé d'un pied ou de deux , ou de trois tout au plus ,
ou d'un pied & demi ou de deux &: demi.
Les incifcs & les membres détachés , dit-il encore ,
font d'un i!,rand ufage 6c ont beaucoup de poids dans les
caufes du barreau , fur-tout dans les cenfures ou dans la
réfutation. Il eft conftant , ajoutc-t'il , que rien n'eft plus
efficace , r.i plus propre à rendre le difcours vit & frap-
pant ,que CCS parcelles qui n'ont que deux ou trois mots,
& quelquefois qu'un feul.
TABLE
54*
A
TABLE
DES MATIERES.
A
, Ton de r^, & les changements qu'il produit dans lâ
compofitiondes mots : voyez Voyelles , pag. 5 1 i : voyez
Prononciation ^ p. 14^ : voyez Quantité , f . 2.^2, & fuiv,
•— - Dans quels t<cms des verbes prend-il un s ou un t
après lui ; voyez Voyelles , p. 514& 51 j'.
•— Quand eft-ce qu'il s'élide j régies & exceptions : voyez
Elijion^p. 37^.
A , verbe : voyez Accent , p. 4.
A , prépofition : voyez Accent ^ p.^' voyez Article , 124
^ fuiv. voyez Prépofitions ^ i<;9 , 160 ,170 , lyi,
A DE : voyez Article , page 131.
A LE : voyez Article, page iz8.
A LE , pour au. A les , pour ûwa: : voyez Article ,p, 117,
A QUI , pour h celui qui : voyez Article , p. 130.
A non élidé : voyez Article y p. 11^.
Absolu , fens abfolu , manière abColue : voyez Conclure
Absoute ( fubftantif) : voyez p. i.
Abstractifs ( fubftantifs ) : voyez Suhflantif^p^^oi^
Abstrait ( fens) : voyez Sens abfirait , p. 3^7.
Académique ( ftyle) : voyez Style ^ p. 354.
Accents , leur origine & leurs fondions : voyez Ortho^
graphe yp. $$ : voyez Prononciation , p. 14^ &fuiv.
Accent aigu : \oyç.z Accent , P. 3 » 5 , 7 > *8 : voyex
Voyelles , p. 507,
Tome II, M m ""
54* TABLE
— CIRCONFLEXE : voyez Accent , p. 3 , j , ë -. voyez
Voyelles , p. y 1^ & 525.
•-^ GRAVE : voyez Accent , p, ^ ^ 4 : voyez Voyelles ,
;?^^d 507»
— IMPRIMÉ : voyez Accent ^ p. 5.
"— MUSICAL : voyez Accent ^ page 1,
*— NATIONAL : voyez Accent , page 3.
——ORATOIRE : voyez Accent ji'. 8 , 9 , lo , ir. '
— — PROSODIQUE eu GRAMMATICAL : voycz Accent i p.
4, 5 > ^> 7> 8, 5.
Accents : voyez /ouvert à l'article Voyelles , page 51^,
SU.
Accidents : voyez Comparai/on ,p, 193 : voyez Conjonc-
tions ,p. loi : voyez Mots , ibid. p. iS.
AccLAMATivEs ( particules ) : voyez Particules , p. 84.
Accusatif ou Objectif : voyez D éclinai fin ^ page 3196:
3ZO.
Acquit , fubftantif : voyez Acquérir ^ page 13,
Actifs ( verbes ) : voyez Verbe, page 4(^9.
Actionnées ( fubftantifs ) : voyez Subjîani if , p. 401.
ADAPTÉ ( fens ) ; voyez Sens adapté ,page 5 5 8.
Adjectifs : voyez Céfire ,p. 174 &fiiv, voyez Degrés de
comparaifin , p. 344. voyez Epithete , p. 405. voyez
Mots ,p, i-j : voyez Noms jp. 41 : voyez Prépo/itions ,
p. 140 : voyez Pronoms jj:?. i8},i84,i85j 140 : voy.
Subftantif ^ p. 400, 414.
Adjectifs ( verbes) : voyez Verbe ^ p. 498.
— Quelles font leurs règles de Syntaxe : voyez Syntaxe y
, ?. 451» ^S2,&fuiv.
— possEsiFS : voyez Ad jeBif ^ p. 10 & fuiv. voyez iùid.p,
^i& fuiv. voyez Pronoms, p, 1^0 /lii , 181. ^
DES MATIERES. 54J
•— ipluriels & monofyllabes , prennenr-ils l'accent: yoye2
Voyelles , page j 1 3 ^
^- PRONOMINAUX : vojcz pûge io & fuiv. ibîd.p.j^i,
*^ RÉGISSANTS d'autrcs noms : voyez Syntaxe^ page ^6z ;
voyez auffi Prépojitions.
•~ QUALIFICATIFS j qucllc cft Icur placc dans la conftruc*
tion : voyez Conjlmclion y page 302.
• — qui deviennent fubftantifs : voyez page 43 .
•^ VERBAUX : yoytzp. 1^ & fuîv. p. ly^ fuiv.
— unis aux noms qu ils précèdent : voyez Adverbe , p. -^1
•^ Raprochés les uns des autres : voyez p, 44.
— quels font les pronoms relatifs qui peuvent avoir à leur
fuite des adje<3:ifs : voyez Pronoms , page m,
•'— qui n'ont point la terminaifon féminine , page 15 , lê
Se 17.
■^~ leur diveifité de terminaifon. Pourquoi? voyez Genre
( fyntaxe ) ,;7^^e43o.
•— pris adverbialement , page 43 & j 7.
•—PURS; Adjeélifs verbaux : voyez Participes , page 74
^- Quels font ceux qui peuvent être modifiés par des ad-*
verbes : voyez page 44.
— Quels mots peuvent féparer l'adjedif du fubftantif $
voyez page 3 8 .
— non fufceptibles de degrés de comparaifon : voyez De^
grés de comparai/ou , page 348.
-^ qui n'ont point de pluriel mafcuîin : voyez Adjectif i
page 17.
— Formant un fens différent fclon qu'ils précèdent ou fui^
Vent le fubftantif : voyez Adjecîif ^ page 37.
M m ij
544 TABLE
•— Quand eft-ce qu'ils doivent précéder ou non le fub-"
ftantif : voytx page 51 ^ fuiv,
•— Quels font ceux qui s'appliquent également aux cho-
fes & aux peiTonnes , & quels font ceux qui ne fe difent
que des perfonnes. Exemple tiré de Racine : voyez /«J^e
4^ 6? fuiv,
— Leurs rapports avec le fubflantif , avec l'article , avec
les autres adjedifs ^ & leur conftruâiion avec les diffé-
rentes parties du difcours : voyez Adjeciif ^ page lo ^
fuiv.
— Leur tetminaifon aufingulier & au pluriel : y oyzz page
— - fufceptibles de régime : voyez page 47.
— Terminaifon de plufieurs d'entr'eux : voyez Confirmes ,
page^si-
>— mÉtaphisiques, VGytzpage 18.
— NOMINAUX : voyez page 15? & fuiv.
— NUMÉRAUX : Yoyczpage 10 & fuiv.
•— PHYSIQUES : voyez page 18.
Adjonctif : voyez Ponctuation , page ni , 113 , ii4„
Admiration : voyez Figure , page ^i^,
Admonitivf.s ( particules admonitives ) : voyez Particu^
les y page 8j.
Adverbes ;. diiïerentcs définitions des Grammairiens ;
quelle eft celle qui paroît la meilleure : voyez p. 48 &
fuiv. voyez Mots ^ page 18.
— Leur divifion fuivant leurs différentes manières de mo-
difier : voyez page j8 ^ fuiv. voyez aufli Article ,p, 147
&fuiv. voyez ConjonBions , p. 100.
Advirbes &: autres mots qu'on emploie pour marquer les
DES MATIERES. 545
différents degrés des tems que les verbes ne fauroient
marquer : voyez Tcms des verbes ^ page 478 & fuiv.
— Leur orthographe : voyez Voyelles natales , page 53^.
— étant circonftanciels , quelle eft leur place : voyez
ConJîruHion , page 196.
— COMPOSES : voyczpage 5-7.
— MODIFIES par d'autres adverbes : voyez page 54.
— MONOSYLLABES. Admettent- ils la céfure entr'eux 6c
les autres mots auxquels ils font joints : voyez Céfure s ,
page 178 & 180.
— fervant d'objedif ou de terminatif : voyez Adverbe ,
page 74.
— de certitude ou de doute ; y oyez page ^8.
*- de comparaifon : voy^z page 69.
*- de diftance : voyez page <î 3 .
— d'interrogation j en exifte-t'il ? voyez page ji.
^- de lieu : voyez page 6i,
— de motif: voyez page 71.
— de quantité : voyez page 64.,
— de tcms : voyez page 6^.
— de manieie : voyez page j^ ^ fuiv.
— d'ordre ou d'arrangement : voyez page ëi,
— réunis ou mis de fuite : voyez page 6t y 6^ , 74.
— pris fubftantivement : voyez pagejj^,
— fimples : voyez page 5 s ^fuh.
— non fufceptibles de degrés de comparaifon : voyez
Degrés de comparaifon »page 349.
Adverbiale , expreflîon adverbiale : voyez Gérondifs
page ^^1.
Adversatives ( conjondions) : voyez page 106,
JE : voyez Orthographe , page, je,
M m iij
54<^ TA B L E
AffiRmatif ; quelelt Taffirmatif dans une plirafe: voyez
Ferlée , page 497.
Ai : voyez Prononciation , page x6i & fuiv.
Ai, dans quels mots fe met-il pour Vé ouvert, règles Sc-
exceptions : voyez Voyelles , page 5 i 6 & fuiv.
Aigu ( accent) : voyez Accent , page 3.
Alexandrins ( vers ) , à quels genre de Poéfie convien-
nent-ils. Règles i exceptions : voyez Arrangement des
vers , page 1 1 1 .
Allé : voyez Participe pajfé , page 80,
AtLEdôRiEs : voyez Figures y page 419 : voyez Tropes ^
page 491 ^ fuiv.
Allusion : voyez Trcpes ^page 49 1 &Juiv^
Alternatives ( conjondions) : voyez page 104.
Amplification : voyez Payons ,page 9 3.
An : voyez Prononciation , page 158 & fuiv,
-^ Voyelle nazale. De combien de manières ce Ton peut
être rendu. Quels font les mots terminés par ce. Ton , &
l'orthographe même pour les noms dérivés : voyez
Voyelles , page 5336' fuiv.
Analogie : voyez Conformes , page , 151 : voyez Etymo*
logie , ibid, page 405? .
«•— Son utilité pour l'orthographe : voyez Voyelles , pag^
517. 531& 537.
Analyser , ce que c'eft. Exemple tire d'un Sermon de
MadiUon : voyez page 5)8. voyez Genre 3 page 415;;
voyez Synthefe »page 469.
Antithèses : voyez Amplification ,p. 94: voyez Compa^
raifon j p. 1513 : voyez Figure , p, 419.
Ana-crÉONtique ( Ode ) , Ton caraderc , Tes règles , 5;
k ftylc qui lui convicnç ; voyez Ode , p. 45 &fuiv.
DES MATIERES. 547
Antécédents , quels font ceux qu'on fous-entend , &
dans quelle occafion : voyez Pronoms relatifs , /J. 107,
208 & 109.
«— Ceux des relatifs fouvent difficiles à diftinguer : voyez
Pronoms , p. 1 1 6 , 1 1 7 , 1 20.
Antiphrase : voyez Tropes , /J. 491 & fiiv.
Antonomase : voyez Tropes ^p. 491 &fuivt
Apostille : voyez Orthographe , p. 55.
Apostrophe , fon origine & fa fondion : voyez Orthogra^
P^e,p.^S'
Appellatips ( fubftantifs) : y oyç.7. S ubjlantif ^ page 401
& 402.
Appui de la rime : voyez Rime ,page 3 37.
Article : voyez p. 38 & fuiv.jufqua la p, 43 inc/u/hcm
ment : voyez Adjectif ^ />. 10.
— Sa conftru^iion avec les différentes fortes de hoîtîs fub-
ftaiitifs ou pris fuhflantivement. Règles & exceptions :
voyez ArticU , p. 135.
— Son rapport avec le pronom démonftratif : voyez Pra-
noms ,;>. i99,iio,2 24&2i5: voyez P reportions , p,
140 , 1^4 , 1^5 : voyez Mots ^ p. 18 ; voyez ConJlruC'
lîon y p. 301 : voyez Degrés de comparaifon ^ p, 347 &
350.
Articulation : Yoytz Alphabet , p. 83 ô? faiv, voyeï
Confonnes , p. 142 : voyez Diphtongues ,p. 359.
— Simple des confonnes : voyez Prononciation , p. -247 &
248.
Argumentation par le genre : voyez Genre , p. 428.
Arrangement des pronoms régis entr'eux : voyez Pro-^
nom$yp,xoj.
Assisis(féancc) , fubflantifdirivéd'^/^pir; voy.j?. 153,
Mxn iv
54^ TABLE
AssERTivEs (particules alTertives) : voyez Particules l
page 2 s.
Association des adverbes , /». ^i , ^5 , 74.
Attribut, quel eft l'attribut dans une phrafe : voyez
Verbe ^ p. ^97 Se 499.
Attributif : voyez Ponéiuatwn,p, ii^ ,11^ , 114.
Au: voyez ''Prononciation ^ p. z^ y,
— De combien de manière ce Ton eft rendu ; des noms
terminés en aux Se en au ', leur changement en el , Se
l'orthographe à cet égard ; voyez Voyelles , page 550
&fuiv.
Avant que , avant que de : voyez Prépojîtions , p. i6î ,
Aucun .* voyez Article j page 131,133.
AuGMENTATiVES ( conjonâiions ) : voyez;?, 104,
Avoir, verbe auxiliaire : voyez Auxiliaire ^ p 157. &
tomeW, p.r6.
Aussi , adverbe de comparaifon ; voyez Degrés de corn*
paraifon , />, 3 47 ô* fuiv.
Aussi , employé pour^?: voyez;?. 6j»
Auxiliaire -.voyez PaJJtf^ p. 9 1, Se Verèe,p, ^00: voyç»
Subftantif y page 146,
K
B
: voyez Prononciation ^p, x6é ; voyez Voyelles ^page
5 3,4.
Bâillement : voyez Article ,p. iiè.
Bas ( mots bas ) : voyez Mots , p. ij» : voyez l'art. Style,
Battue. Subftantif: voyez Battre ^ p. 161.
Bien , adverbe de quai i ce Se de quantité ; voyez Degrés de
comparaifon, p. }^j^fuiv»
DES MATIERES. 549
Bien, figurant comme adverbe, & même de différente
nature 5 comme fubftantif ayant plufieurs fignifîcations,
& comme interjedion ; yoytT. Adverbe ^p. 6i .-voyez
Article , p. 147.
Boire (fubftantif) : voyez Boire (verbe) ^p.iê^.
Bouillie , fubftantif II eft aufTi le participe féminin du
verbe bouillir : voyez;?. 164,
C.
V^ : voyez Prononciation , p. i8o & lîi,
Cantatilles : voyez Cantates , p. 368.
Caractères : voyez Orthographes ^ P- 55-
Caractère des Métaphores. Obfervation de M. de
Voltaire fur ce point : voyez Métaphore , p. 6.
— DES PREUVES : voycz Choix des preuves , f. 1 87 &fiiv.
Cardinal ( nombre ) : voyez AdjeSiif, ;?. 3 3.
Catachrese : voyez Tropes ,p. 491 &fuiv.
Cause : voyez Métonymie ^ p. 9 : voyez Amplification^
— exemplaire : voyez Caufe , p. 170.
— efficiente : voyez Caufe ,p. 169 & fuiv,
-r- finale : voyez Cau/e ,p. i6^& fuiv.
— formelle ivoyQzCaufe , p. 169 & fuiv,
^- instrumentale : voyez Ct2/(/^, p. 170.
-*■ matérielle : voyez Caufe ^ p. 169 & fuiv,
— principale : voyez Caufe ^ p. 170.
Ce : voyez Article , p, 134 : voyez Genre , Syntaxe ^
P-'-ge 4.^,1.
— pronOxM : voyez Subfiantif (verbe) , p. 41^ : voyez
Impcrfonncls ^p. 460 & fuiv.
«- employé pour// imperfonnel ; voyez Pronoms , p, iiy.
55© TABLE
— étant fubjeâif des verbes pouvoir & devoir , avec un
nom pluriel , à quel nombre feront les verbes : voyez
Pronoms i p. 119.
»— ccant avec la première ou la féconde perfonne , foit du
fîngulier, foie du pluriel , à qaelle perfonne veut-il fon
verbe ? voyez Pronoms , p. 118.
— - fuivi du verbe être , eft de tout genre & de tout nom-
bre a quoiqu'indéclinable : voyez Pronoms , p. 117 ,
218
»— dans quel cas il fe répète : voyez Pronoms , p, 117 &
^1^ au bas de la page.
— pronom démonftratif , fuivi d'un relatif : voyez Pro^
noms , p. 116 te 117.
Ceci : voyez Article ; p. 134.
Ceci , cela , leur différence : voyez Pronoms^ p. 150.
CÉDILLE , d'où tire t-elle fon origine : voye Orthographe ,
py S 5 ' voyez Alphabet ,p. 89.
Cela : voyez Article ,p. 1 54.
Celui-ci : voyez Article ^p. 134.
Certain : voyez Article^ p. îjz & 133.
C'est lui, c'est moi ,c'en est: yoytT. Pronoms ,p, 10 t.
C'est vous a qui ou c'est a vous que je veux par-
ler : voyez Pr^rtom^ ,;?. 113.
Césure : voyez Enjambement des vers , p. i$é,
Ch , voyez Orthographe ^ p. $61 voyez Prononciation , p%
175.
Chacun : voyez Article , /j. 1 31 & 1 3 5.
Chaque : voyez Article , ;?. 1 3 1 & î 3 3 .
Chevron , forte d'accent : voyez Accent , p. J.
— brisé : yoyCLConfonnes , p. i6^.
Choix des arguments : voyez Synthefe , p. 46^8 &4^^.
DES MATIERES. 551
— DES PRONOMS AGISSANTS : voycz PronoTTis , p. 15 r
jufquà. la page 195,
Chutes masculines : voyez Jccent ,p. y,
'—NOMBREUSES : voyez Nombre oratoire ^ page' -^i , 37
Circonflexe ( accent) : voyez Accent , p. 3.
^- Accent : voyez s au mot Confonnes , p. ini.
Circonstances : voyez Amplification, p. 5-3.
Circonstanciel: voyez Infinitif a l'art. Syntaxe , page
45"^ & 4J7 : voyez Ponctuation ,p. 111,113 , 114.
Circonstanciels : voyez Participes 3 p. 71 &fuiv.
Clos , fubftantif : voyez Clore ,p. 189.
Collectifs ( noms) : voyez Article , p. 137.
— Quelle eft leur Syntaxe avec leurs adjedifs : voyez ^yrt-
taxe , p. 4P &4^4.
<— ( nom colledif ) : voyez Perfennes ( des verbes );5. 101.
Combien , prétendu adverbe d'interrogation : voyez Ad'
verbe y p. 7 1 . à fuiv.
Comme, pour que dans un exemple tiré de Corneille:
voyez Adverbe , />. 60.
Comment , prétendu adverbe d'interrogation : voyez Ad-
verbe ,p. 71 6' fuiv.
Commis , fubfrantif : voyez Commettre ^p, 191.
Commise , fubftantif : voyez Commettre , p. 191.
Comparaison ( degrés de comparaifon ) ; quand le fc-
cond terme de la comparaifon n'eft pas exprimé , pltté:
doit-il avoir l'article : voyez Degrés de comparaifon ^p^
550 : voyez Figure ,p. 419 : voyez Métaphore ,/'. 5,
Comparaisons : voyez Amplification, p. 94.
Comparatifs : voyez Particules :, p. 87 & 88.
Comparatif d'Égalité ; voyez Degrés de comparai/on ^
55i TABLE
Composé , nom compofé : voyez Etymologie , p. 409.
— ( fens ) : voyez Sens compofé ^ p. 5 j 8.
Composition. Modèle de cornpofition très utile pour les
jeunes gens : voyez Synthefe , p. ^69&fuiv.
Compromis , fubftantif: voyez Compromettre , p. 1^4.
Conclusions : voyez Preuves ^ p. 175.
CoNCLUSivEs (conjonâ:ions ) : voyez/?, m.
Concordance , de l'adjedif avec le fubftantif. Règles
générales & exceptions jp. 30,
Concret ( fens ) : voyez Sens concret > jp. ? ^7.
Concurrence des pronoms agiifants & des pronoms ré-
gis 5 quels font ceux qui ont le pas dans la conftruc-
tion : voyez Pronoms , p. 200 & fuiv.
Conditionnelles ( conjonâiions) :p. loy.
Conductives ( conjonftions) :p. 114.
CoNJONCTiF : voyez Ponctuation j;>. iix , 11 3 , 1 14.
Conjonctions , qui marquent degré de comparaifon :
voyez Degrés de comparaifon , p. 350 : voyez Mots ^
page j8.
•— Confîdérées relativement à la conftruélion des mots
dans une phrafe : voyez Confiruèiion , p. 301.
— Ufage des confondions dans l'ordre des mots d'une
phrafe. Règle générale : voyez Syntaxe, p. à^CoOfuiv,
•— Union deplufîcursconjondions les unes avec les autres
p. Il S ' voyez Conftru^ion , p. 185.
— COMPOSÉES : voyez Conjon^ ions , p. 101 : voyez Pré^
pofnions ,p.i(>%: voyez Style ,p. 385» : voyez Subjonc-
tifs, l'article Syntaxe ^ p. 458.
^—SIMPLES : voyez Conjonciions ,p. loi.
Conjugaison: voyez Verbe ,p. 499.
•—d'un verbe rÉe tÉCHi ; voyez Réfléchi ,p. 518 i>'fuiv*
DES MATIERES. 555
Consacres (mots confacrés ) : voyez Mots , p. lo.
Conséquence : voyez Pr<rttf^j ,/?. 175.
Consonnes : voyez Alphabet , p. ^6&fuiv. voyez Mots^
p. 19 : voyez Prononciation, p, 2,47, 166, & fuiv.
voyez Tiret j;?. 485.
— DENTALES oi^ SIFFLANTES : voycz Confonnes ,p. 144,
— FOiBLEs : vojtT. Confonnes , p. i45.
-^ FORTES : voyes Confonnes ,p. 145' .
— GUTTURALES : voycz Confoums , p. 144.
— LABIALES : voyez Confonnes , p. 144.
— LINGUALES : voyez Confonnes , />. 144.
— MUETTES , qui ne forment aucune aiticulation : voyez
Diphtongues ,p. ■2,61.
•— NAZALEs : voyez Confonnes , p. 144.
•— PALATiALFs : voyez Confonnes , p, 244.
— REDOUBLÉES : voyez Quantité , p. ^c6.
— Réduplication des confonnes : voyez Orthographe , p.
58&5P.
Construction : voyez Mots , p. 18 : voyez Style , p.
389 : voyez Suèjonciifk l'art. Syntaxe , p. 458 : voyex
Syntaxe , p. 451.
— FIGURÉE. Règles , exceptions : voyez ConfruBion , p,
179 & 305.
— GRAMMATICALE. Rcglcs & cxceptions : Yoycï ConJlruC'
tion^p.zj^.
— GRAMMATICALE dcs différentes parties d'oraifoa : voyez
Inverfon ,p. 4^8.
— Qui paroît contraire aux règles de la Grammaire :
voyez Gallicifmejp. 418.
— DES PRÉPOSITIONS : voycz Prépofîtious ,p, 1^4 , itfy,
166 , I67, lé^&fuiv.
554 TABLE
»— Des pionoms perfonncls félon qu'ils figurent ^ans les
phiafes , comroe fubjedifs ou objeâiifs : voyez Pro^
noms jP, 191 ^fuiv.jufqualap. zoy.
— VICIEUSE. Exemple tiré de Corneille : voyez Amphibo*-
logîe,p.9i.
Contes : voyez Fable ^p» 4150
Contraction : y oyzz Article ^ p, ijl^
Contradictoires en Logique: p. 30^*
Contraires : yoyz-L Comparaifon ^ p, 1^5*
CoPULATivES ( conjonctions) ^p. zoz.
Correction , dansleftyle i-^oyez Style ^p, 5S9 & ^90*
Couple ( fubftantif ) , eft tantôt mafculin & tantôt fémi-
nin : voyez Subftantif ^p. 415.
Couplets : yoyzi-Balade ^ p. 15^ : voyez Lai & Vire^
Lai,p.j^S^,
Courant , pris fubftantivement : voyez le verbe Courir ,
p. 308.
Couvert , pris fubftantivement : voyez le verbe Couvrir,
p. IC9,
D
: voyez Prononciation^ p. 1^7.
Datif , pour la Langue Latine : voyez Déclinai/on ypa^c
^19,
D'autant que avec apollroplie après le d : dautant
QUE fans apoftrophe : voyez Conjonilion , p. zio.
De : y oyez Article , /?. 1 3 1 , 1 3 7 & 141.
— Quand ciï-cc qu'on doit mètre de au lieu de que après lé
comparatif p/a^ : voyez Adverbe , p. 70.
— Particule : voyez Adverbe , p. 661 voyez Prépofitions ^
p. 160 Se ï6i , 170 , 171 j 171.
— Prépofîîion : Voyez Pajfif{ verbe) fp, 91 : voyez Ar-^
D E s M A T I E R E s. 555
îich , p, 1146» fuiv. voyez Pronoms ,p, zii, ^ au bas
de la page m,
— Prépofition ou particule , conftruit avec la condudive
que : voyez p. zij.
— Prépoiîcion, fuivi d'un verbe à rinfînitif: voyez Infinitif
à l'article Syntaxe ,p. ^j6 ôc^^j.
DÉCLAMATION : voyez Accent , p. 8 , 9 , lo, 11.
DÉCLINAISON ; voyez Article, p. 131.
-La Langue Françoife en a-t-elle ? voyez Déclinaifon ,
page 5 zc.
DÉFAITE , pris fubftantivement : voye^ le verbe Défaire ^
DÉFECTiFs ( verbes ) : voyez Verbe , p. yoo.
DÉFINI : voyez Article ,p. ii^,
DÉFINITIONS : voyez Amplification, p. ^3 : voyez Pm-
phrafes , /?. 94.
— Des particules : voyez Particules , p. 8i , 83,
— Des prépofîtions par les différents Grammairiens. Quelle
eft la meilleure,;^, iji, 151, 133, 137.
— Des pronoms & leurs fondions : voyez Pronoms , page
175, I7^>l77.
— Du fubftantif : voyez Subftantif.p, 397.
— De la fyllabe : voyez Syllabes , p. 437.
Degrés de comparaison : voyez/», zi , ;^;
De l' : voyez Article ,p.ii^ &' fuiv.
De LA : voyez Article , p. i z8 &fuiv.
De le pour du : voyez Article , p. iij 8c 130.
Demi-repos : voyez Céfure ,p. 174.
DÉPARTIE , pris fubftantiyement ; voyez le verbe Départir^
DÉ&ivi^ nom dérivé : voyez Etymologie , p, 40c),
55<^ TABLE
Des , article : des prépoficion : dez à jouer : voyez :j; auî
m^t Conformes page 177.
Des : voyez Article ,p. iz8&i3o, 135&1416' fuiv.
Description : voyez Topographie ,p, 484.
— Poétique : voyez Chrono^raphie ^p. jii.
DÈS LORS , adverbe : voyez Conjon^ions périodiques y p,
20^.
DÉTERMINÉ ( fens ) , p. 55^.
Devant , participe du verbe devoir joint à un autre ver-
be ; voyez Auxiliaire ^ p. i^j.
Deux : voyez Article , p. 131 &fuiv.
Dialogue : voyez Profopopée j p, 187.
Diphtongues : voyez Voyelles ^p. 50^ : voyez Syllabes^
p«435&4^^.
Dire , pris fubftantivement : voyez le verbe Dire,p, 56J.
Discours Académiques -.voyez Difcours , p. 1^66,
DissiMiLiTUDEs : voycz Comparai/on y p. 1^3.
Dissyllabes féminins : voyez Accent , p. 6 8c j,
— masculins : voyez Accent ,p. 6.
Divisé ( feus ): voyez 5^«^ , ;?. 5^8.
Division : voyez Analyfe ^ p. 5)9.
— DES PARTICULES : voyez Particules ,p. 83.
— DES PRÉPOSITIONS , en fimples &en compofcds: voy,
Prépojitions ,p. 135 , 134.
— DES PRÉPOSITIONS , pat Ics rapports qu'elles expri-
ment ,p. 138.
— DES PRONOMS : voycz Pronoms y p. 178.
— DES SUBSTANTIFS : voycz Subflautifs y p. 5P7 &fiiv.
Dix AIN : voyez Balade ^ p. i<;^.
Dont , relatif, terminatif ^oucirconftancicl : voyez Pro^
noms jp. 113,
Dormir ,
DES MATIERES. 557
Dormir , pris fubftantivement , voyez le verbe Dormir ,'
Du : voyez Article ^ p, izS 6» fuiv, voyez Prépofitions ,
p. i6o8cj6j,
DypHTONGUEs : voyez Mots , p. i^»
E.
JOj '• voyez Orthographe > p 5 8 : voyez Prononciation ,
p. lyo &fuiv. voyez Quantité, p. 198 &fuiv.
— Inflexions de la voix marquées par différents accents fitr
cette lettre : voyez Accent , /?. 3.
— Quand eft-ce qu'il s'élide. Règles & exceptions ; voye»
c ^^^fion,p.yi9,
— - Bref : voyez Accent , p. 6.
— Fermé ou aigu : voyez Accent , p. 3 : voyez Adverbe ,
p. 55 6* yï/iv. voyez Voyelles ,p. j ii ^ fuiv.
— Long : voyez Accent , p. 3 .
— -^uet : voyez Accent , p- 5 , <> , 7 : voyez AdjeÛif
{genre ) , p. lo , 17 : voyez Article^ p. i lé ; voyez C/-
fure ,p. 175 : voyez Harmonie , p. 447 & 448 : voyez
Hiatus jp. 4y I ^ fuiv, voyez StruBure du vers ^ p. 3 84 :
voyez Syllabes , p. 437 & 441.
— ' Quand eft-ce qu'il prend un j après lui , quand eft-cc
qu'il fe prononce & ne s'écrit point : voyez Voyelles ,
p. ^z^&fuiv,
— Ouvert : voyez Accent ^ p. 3 : voyez Voyelles, p. ^16
^ fuiv.
Éclats de voix : voyez Accent oratoire , p. 9.
Écrit , pris fubftantivement : voyez le verbe Ecrire , page
374-
Erp E T s : voyez Amplification , p. 9 5 ,
Tome IL N n
55^ TABLE
Fppet : voyez \^étonymie , p. ^.
El , dans quels mots fe met-il pour Vé ouvert. Règles 3c
exceptions : voyez V^oyellfs , p. ^i6& fuiv.
Élégance de style : voyez Style , p, 391.
Élis ION : voyez Article ^ p. ii6 ^ fuiv. voyez Afplra*
t'ion , p. 151.
Elle , pronom perfonnel aginant , & quelquefois régi:
• voyez Pronoms , /?. 1 8^ , 100 & 104.
Ellipse : voyez Article ^ p. 1 19 , 131 6' fuiv. p. T^6 8c
146 : voyez Conflruâion figurée ,p. 304 : voyez Particu"
les, p. 87.
Eloquence : voyez Elocution ^p. 381.
En : voyez Impératif , p. 460 : voyez Prononciation , p^
ij%&fuiv.
"— Conftruit avec moi : voyez Pronoms , p. 105.
— Joint au pronom réciproquey^ ; voyez Aller , p. 8z.
— Prépofition : voyez Réfléchi , p. 518.
— Pronom : voyez Adverbe ,p. 66.
— Pronom & prcpofition ^ leur difl-érence : voyez Pro»
noms ^ p. I 8i> , 150,
— Prépo(îcion : voyez Prépojitions , p, 140, 160 : voyez
Gérondif, p. 4.]i & fuiv,
— Voyeile nazale. De combien de mnniciccefon peut être
rendu. Quand elt-cc qu'il faut fc fcrvir de an au lieu de
en. Règles pour les noms dérivés : voyez Voyelles 3 p,
533 &fuiv.
Enclos , pris fubftantivement : voyez le \ zxhz Enclore ,p,
38S.
Endormir , (ignifiant en conter ^ en faire accroire ; voyez
Endormir , p. 588.
Energie ; voyez Style , p, 3^0.
DES MATIERES. 55^
ÊNTHYMF.MF. : voyc'i Preuves ,p. ijU
Entremise , piis fubdantivemcnc : voyez le verbe Entre-
meure , p, 40c,
Envers , prépcfition : voyez vis à vis j avec la remarque
de M. de Voltaire , p. 503.
EnumÉration : voyez Amplification , p. ^3.
Envoi : voyez Balade , p> 1^9 : voyez Chant Royal , ^*
183.
Equivoque , Tour ce des équivoques : voyez Homonimes ^
— ( fens ) : voyez Sens équivoques ,p, ^$9* "
Es ou Ez pour AUX : voyez Article , p. 117.
Est-ce lui ? Est-ce vous ? voyez Pronoms , p. lor.
Et : woyçzp. 3 3.
— Dans quels mots fe met-il pour l'é ouvert. Règles SC
exceptions : voyez Voyelles , p. 51^ & fuiv.
Etre , verbe auxiliaire : voyez Neutre ,/». 16 : avec l'ob-
fervation de M. l'Abbé d'Oliver, & la décifion de l'A-
cadémie.
— Verbe fubUantir : voyez Céfure ^p. 175.
— Quand eft-ce qu'il eft verbe auxiliaire ; quand eft-ce
qu'il efl: verbe fubftantif : voyez Auxiliaire^ p. 157.
— Peut-on employer le prétérit du verbe être , je fus ou^zi
été, pour celui du verbe A lier ^ j'allai ou je fus : voyez le
verbe Aller , />. 80 , 6* Conjugaifon ,/?. ziz.
Êtymologie , utile pour l'orthographe : voyez Voyelles ,
p. y 17 : voyez Confonnes ,p,xjz & fuiv, voyez Ortho-
graphe , ;?. 5 8 , 5^ , ^4 , &fuiv.
Eu : voyez Prononciation * p. 157 : voyez Voyelles , p,
Nnij
^69 TABLE
Euphémisme : voyez Andpkrafe ,p. loi : voyez Tropes^
p. 4^1 & faiv,
ExcLAMATivEs ( particules cxclamativcs ) -.voyez Partie
cul es , p, 84.
Exemples : voyez Amplification ^ p, ^4 : voyez Choix des
preuves j p. 18 S.
-~ Forme des preuves : voyez Analyfe d'un Sermon de
Mûjfillon , page 99.
BxHiËiTivEs ( particules exhibitives ) : voyez Particules ,
page 85.
ExPLETivEs (particules cxplctives) : y oyç.z Particules »
page 8y.
Explicatives ( conjondions) :p. m.
Expressions : voyez Accent oratoire , page ^,
— - aVerbiales : voyez Article , p. 144.
— De manière , d'ordre , de lieu , de diftance , de tcms ,
de quantité , de certitude , de comparaifon , de motif :
voyez page 7 5 6* fuiv,
— NOBLES ET MAGNIFIQUES : voycz Amplification , (Fig.
de Rhet. ) ,p. 94 voyez Style , p, J90 & 39 1 , avec les
obfervations de M. de Voltaire.
— propres: voyez Style y page 388. ^
— ( hardielTtis d'cxprelîion ) : voyez Licences Poétiques ,
page^<)S.
Extension ( fens par extenfion ) : p. 5^1 & 361,
ExTENSiVEs ( conjondions ) ,page 208.
Extraordinaires ( mots extraordinaires) ; y. Mots,
p.i^ : voyez l'art, StyU»
BES MATIERES. 5^1
F.
X^ ' Voyez Prononciation , page ^6j,
Fables : voyez Enjambement des vers y p. "^9^»
Façons de parler usitÉf.s &: pourtant irrégulieres :
yoy tzpronoms , page 114.
Fait , pris rubftanùvemcnt : voyez le verbe Faire ^ page
417.
Familiers ( mots familiers ): voyez. Mots j p, lo.
FÉMININ ( genre ) : voyez Syntaxe des fubfiantifs , des ad~
jeâifs , &c. p 45 r , 45 z , & fuiv. voyez Genres des fub-
fiantifs , p. 40 3 6" fuiv.
Feuille. En combien de fens ce mot fe prend : voyez Ca^
tackrefe y p. 169,
Figures ; voyez Style , p. 3888: 3^4.
— De mots , de didion , de conftrudion , de penr(ées î
voyez Figures , p. 419 : voyez Communication. ( Fig. de
Rhétorique ) p. i^i.
— ( Rhétorique ) : voyez PaJjTons^ p. ^3.
r- convenables a la preuve : voyez Figures ^p, ^10^
— d'ornemens : voyez Figures , p. 411.
— propres aux passions : voyez Figure , p, 410.
Figuré ( fens ) : voyez Sens figuré ^ p. 3^1.
Formation des adverbes ,p, 55 ^fuiv,
— DESTEMS ; voyez Conjugaifon ,p.i$6.
Fort , adverbe de quantité : voyez Degrés de comparai*
fin, p. ^^y&fuiv,
G.
: Voyez Prononciation y p, 170»
Génériques ( noms) : voyez Article , p. î^6 ^ fuiv,
— ( Subftantifs } ; voyez Subfiantif ^ p, 398 , 40c &: 403.
N n iij
5^1 TABLE
GÉNITIF , pour la Langue Latine : v. Dédinaifon , p. ^i^
Genre douteux : voyez Genre ( Syntaxe ) , /?. 451.
— EPicENE : voyez Genre ( Syntaxe ) , p. 43 r.
— & terminaifons différentes du pronom ce : voyez Pro-
noms démonjlranfs , p. ii6.
— DES ADjECTiEs : voyez;?, z 2, 6' yi'iv. Règles générales &
exceptions ; voyez Syntaxe des jubflantifs , &c.p. 4y.i ,
4JX &fuiv.
-7 DE l'adjectie ; Règles générales Se exceptions y p. 30.
— Des noms individuels perfonnificjues voyez Subjlamif ,
p. 417.
-^ Des noms individuels topographiques : voyez Sulfjian-
«— Des fubftantifs génériques , fuivant leurs diiférentes
terminaifons. Règles & exceptions : voyez Subjlantifyp.
40 î , y""/?" '^ l<i page 417-
•*— Des fubflantifs individuels chorographiques , voyez
Subflantif ^p. 415) , 410.
Cens ( fubftantif ) , eft tantôt raafculin , & tantôt fémi-
nin : voyez Subflantif^ p. 40 <^.
Gérondifs: voyez Prépofinons , p, 153.
• — Leur conftrudion dans la phrafe : voyez Gérondif ^
»^ Leur orthographe : voyez Voyelles natales , p. ^^6,
Glace , en combien de fens ce mot cfl pris, p. 169.
Gn ; voyez Prononciation ,jt?. 171.
Goutte , terme négatif: voyez Particules y p. 87.
Grammaire : voyez Etymologie , p. 409.
Grave ( accent ) : vo)'^ez Accent ^ page 3.
Grossiers ( mots grolfiers) : voyez Mots ^ p. i^ : voyez
l'article 5Vy/£.
Guillemets : voyez Orthographe , p. jy.
H
D E S M A T I E R E S. 5(^5
H.
afpiré , h non afpiré : voyez Article , p. ii6: vôycx
Jfpiratîon, p. 150. il y a une lifte de la plupart des
mots commençant par un h arpirc : voyez Hiatus ^ pag£
451 &fuiv. voyez Prononciation, p. zj9 & 180.
Harangue : voyez Difcours ^page t,6j.
Harmonie DANS le Style ? voyez ^ry/^ , p. 353.
Harmonieux ( mots harmonieux ) : voyez Mots ^p. lo:
voyez /es art. Style & Harmonie.
Hellénisme : voyez Conftrucîion, p. 304.
Hiatus : voyez Article , p. 1 16.
HoMONixMEs : voyez Mo-s , p. 19.
HuiTAiN woytx Balade , p. 1^9,
Hyperbate : voyez Conftrucii on figurée , p. 304.
Hyperboles : voyez Amplification ,p. 9^ ' voyez Tro-
pes ,p. 491 & fuiv.
I.
1 : voyez Prononciation ,p. 15^ , ^75 = ^^Y^^ Quantité ,
p. 301 &fuiv.
— De combien de manières le fon de Vi eft rendu. Des
noms terminés par ce fon , & leur orthographe : voyez •
Voyelle! , p. 5 z6 6* faiv.
— Quand eft-ce qu'il s'élide. Règles & exceptions : voyez
Elijion ^p. 379.
Ia : voyez Prononciation , p. 1^1.
Idiomes , combien de fortes : voyez Elocution , ;?. 381.
Je y pronom perfonnel agifTant : voyez Pronoms, p. 184.
Jeu de mots : voyez Epigramme ^p- A^l & 404.
— DE PENSÉES : voyez Allufion ip, 8i.
N n iv
$(^4 TABLE
Il : voyez Imperfonnels , p. 4^0 &fuiv,
•— Avec les verbes imperfonnels : voyez Pronoms , page
— Occafionnant amphibologie : voyez Amphibologi'e . Il y
en a un exemple ,p. 91.
Il Y A : voyez Particules , p. 88.
Ils : voyez Pronoms , p. 188.
Images dans le Style : voyez Style , p. 35)4 : voyez
Enumération des parties , p. 401 : voyez Epithete y page
405 : voyez Hypotypofe ^ p. 457 & fuiv. voyez Méta-
phore y & la remarque de M. de Voltaire ^p.-j.
Imitatives ( particules imitatives ) : voyez Particules ,
page%^.
Imparfait du subjonctif : quand eft-ce qu'il a lieu,
voyez SubjonBifh. l'art. Syntaxe ,p.4^9.
Impératif : voyez Syntaxe , ;?. 457 & 458.
Impersonnel ( verbe) : voyez Syntaxe ,p. 461.
Impersonnels («verbes) : voyez Pronoms , page 1^4:
voyez Verbe , p. 500.
ImprÉcatives ( particules imprécatives ) : voyez Parti'
cules , /7. 84.
ïîicisEs '.voyez Pon^aation y p. m & la dernière page
du fécond volume.
Indéfini ( fens indéfini ) : voyez Article ^p. 114, 146'.
Indéterminé ( fens) : voyez Sens indéterminé , p. j y«?.
Indicatif , quand eft-ce qu'il a lieu : voyez Syntaxe , p,
45^ & 4^0.
IndiTidu (fens individu ) : voyez Article , p. 143 ^ fuiv.
Individualiser , individu , ce que c'eft, voyez Article ,
p» I zo &fuiv. voyez auflî ibid. 1 3 8.
Individus : voyez Genre , page 418.
Individuels (fubftantifs) ; y oy qz S uhjlantif.p, 55)8, 4©i.
DES MATIERES. 5^5
Infinitif : voyez Pronoms y p. 191 ^ 191 : voyez 5yrt-
taxe.page^^i , 451 , 45^ & 457. ^
— Des verbes de la première conjugaifon prennent-ils
J'accent : voyez /fermé à l'article Voydics ^ page 511 :
voyez Noms page 41.
— Des verbes : voyez Subfiantifs ,p. 401 , 414.
Inflexion df voix : voyez Accent Oratoire, page 5 , ,^,
10 , II.
InTierdit , pris fubflantivement : voyez le verbe Inter-
dire , page ^64.
Interjections : voyez Mots tpage i 8.
Interrogation ; voyez Pronoms ,page 195 , 196,
Intonation : voyez Accent Oratoire ,p. 9.
Invective : voyez Figure , page 419.
Inversion grammaticale : voyez Hyperbate ,p.4^6:
voyez ConjlruBion Grammaticale y p. Z9^ , 6' Conjîruc-
tion figurée , page 3 o J .
Inversions. Règles & exemples d'inveriîons, en profe
& en poéfic : voyez Inverfion , page 472. &• f^i'^'
Ironie ; voyez Antiphrafe ^ p, 10 1 : voyez Contreventé ,
p. }c6 : voyez figure ^ p. 4.19 : voyez Style ,p. 388 ;
voyez Tropes ,p. 491 &fuiv.
Irréguliers (verbes) : voyez Verbe , p. jco,
K.
K
: voyez Prononciation ,page i8i.
L.
_j : voyez Voyelles , />. 518 : voyez Prononciation , ^,
178 & 17^.
Mouillé : voyez Orthographe ^p, ^6 ; woyzz Diphton»
gue,p, 361.
^66 TABLE
La y adverbe de lieu : voyez Accent , page 4 : voyez Arti^
de ^p. 147 & 148.
— Article & pronom perfonnel régi : voyez Pronoms , p,
189 , 100 & 104,
< — Pronom : voyez Accent, p. j^ : voyez Article , p. 147
& 148.
Laconique ( ftyle) : Yoycz Style , page 594.
Langues positives , langues tranfpofîtives : voyez Conf
truSiion , page z 8 1 .
Le y article & pronom perfonnel régi : voyez Pronoms ^p.
189 , 100 & 104.
— Pronom : voyez Confiructîon , p. ^9] : voyez Article ,
pageiàf-j Scià,Z.
Les , pronoms perfonnels régis : voyez Pronoms ,p. 188,
zoo & 104.
Le , pronom remplaçant un adjeâiif eu un fubftantif :
voyez Pronoms , page zoj & io6.
Lequel. Quand e{t-ce qu'il faut l'employer pour qui :
voyez Pronoms , page 1 1 j & 1 li.
— Etant fubjeârif, objedif, tcrminatif , ou circonftan-
ciel : voyez Pronoms , page 1 1 4 & z i f .
Lettres supprimées : voyez Accent, page 3.
Lettres doublées. Règles, exceptions : voyez Confon^
nés ,page 141 &fuiv.
— Qui s'écrivent & qui ne fe prononcent point. Leur ufa-
ge : voyez Orthographe , page 5 8 .
Leur : voyez Pronoms , page 181.
— pronom & adjedif poifeflif , leur diffcrcnce : voyez
Pronoms , page 188 , 189.
Î.F.URS y précédés du pronom chacun : voyez Pronoms ,
s T^S€ i^iù fuiv.
DES MATIERES. ^G-j
♦Licences ( poétiques) : voyez Arrangement des ven , page
I lo : voyez Confonnes , page 171 : voyez Degrés de corn»
paraifon , p. 551 : voyez Enjambement des vers ,p. 395
&fuiv.
— Pour les mots : voyez Licences poétiques p, ^^7 , 488
& 489 : voyez Madrigal , p. i : voyez Particules , p. 89.
— Quant à la-conH-ruâiion : voyez Inverjion ,page 475 :
voyez Licences poétiques , page 497,
' — Relatives à l'orthographe : voyez Licences poétiques ^
page 490 , 491 & fuiv.
Liquides : voyez Confonnes ,p. 145 , t^6 & i66.
Litote : voyez Tropes , p. 49 1 ^ fuiv»
Littéral ( fens ) : voyez Sens Littéral , /?. 359.
Littérature , beautés de littérature. En quoi elles con-
fident : voyez Goût , p. 435.
LoGOGRiPHE : \ojzz Enigme ^p, 5-90.
Lors de, picpoiîtion : voye;?: Conjonctions périodiques ,
page 109,
Lui , pronom perfonnel agi/Tant , & quelquefois régi :
voyez Pronoms y p. i8/î , 1^3 6: loo.
L'un l'autre : voyez Pronoms ,p. izi & 123.
Luxe des nOxMBRes : voyez Nombre oratoire , p. 37.
M.
X ▼ i '• voyez Voyelles , page 5 5 4 : voyez Prononciation ,
page 176,
Ma , pronom adjcdif : voyez Adjectif ^p. ^i.&fuiv.
Madrigal : voyez Epigramme ,/?. 405.
Mais , pris fubftantivemcnt : voyez Conjonéiions adverja-?
tives t page 2.06 .
Masculin ( genre) : voyez Syntaxe des Subjiantifs , di^
5^8 TABLE
jidjeBifs , 6'<:. p. 4ji , 451 ^fuiv, voytz Genres det
fubjlantifs , pagt 4c 5 & /i^iv.
Me , pronom peifonncl régi : voyez Fwnoms , page 184
& 100,
'— Régime particule : voyez F articulé , page 8i.
Meilleur , adjeélif comparatif : voyez Degrés de compa-
rai fin ^ page ^^^S.
MÉLANGE DES RIMES ET DES VERS ; voycz Arrangement
desvefsp. 107 & fiiv.
— DES VERS : voyez Arrangement des vers jp. m.
MÉLODIE : voyez Harmonie 3 p. 44 y.
Membres composés : voyez ConjiruBion y p. 301.
— DE phrase totale : voyez Conftrucîion ^ p. 303.
— DÉTACHÉS DANS UNE PÉRIODE : voyez Incife à la fia
du tome II.
•— DU DISCOURS : voyez Nombre Oratoire ^p. 31.
— Particuliers dans les phrafes incidentes. Leur ordre en-
tr'eux : voyez Conjlruciion , p. 30 3 ►
Même , pronom indéfini ; adverbe.
— Placé devant ou après le fubftantif , a une fignifica-»
tion bien différente: voyez Pronoms , p. 13^ & 140.
MÉTALEPSE : voyez Tropes ,/>. 491 &fuiv,
MÉTAPHORES : voyez Figure , p. 419.
MÉTAPHORES : voyez Catachrefe y p. 169 : voyez Ampli*
fication yp. 94 : voyez Tropes , ;?. 49 1 Ù fuiv.
MÉTHODE : voyez Amplification , p, 54 : yoyçz Genre ^
( Rhétorique ) , p. 419.
— pour fe guider dans l'étude des Langues : voyez Gram-
maire , page 440.
MÉTONYMIE : voyez Antonomafe j p. 105 : voyez Méca^
lepfe j /. 4 : voyez Tropes » 4^ i ^fuiv.
DES MATIERES. s^^
Mien : voyez Article , p. lo.
Mieux voyez Degrés de compararfon , p. 347. '
Modes : voyez Adjeciif,p. 55 : yoyç.zSubJlantif,p. 399
400.
— DES VERBES vojct Syntaxc , p. 4f ï , 451,45^, 499'
Modificatips ; yoyçzSuhfiantifs ,p. 400.
Modifier , ce que c'cft , & quelle différence il y a entre
modifier & qualifier : voyez AdjeBif^p. 51 & fiiv.
Mœurs : voyez Exorde^p, 411.
Moi , pronom perfonnel agiflant , & quelquefois régi :
voyez Pronoms ,p. 1 84 & zoc.
— conftruit avec en : voyez Pronoms ,p, 105.
— n'étant qu'une défignation : voyez Pronoms , p. 15 j.
Moindre , adjedif comparatif : voyez Degrés de CompU'
rai/on ,p. 348.
Moins : voyez Adverbe ,p. 66 : voyez D-egrés de compa^
raifon^p. 347.
Mon ; voyez Article , p. 131 & fuiv.
Monosyllabe long : voyez Accent ,/>. 5 , 6^
— BREF : voyez Accent , p. ^ , 6.
— ( adverbe ) : yoycz Céfure ^ p. 178 & i 8g.
— FÉMININS : voyez Accent , p. 6.
— MASCULINS : voyez Accent , p. 6.
Mot , terme négatif: voyez Particules , p. 87.
Mots composés : voyez Pronoms y page 141, 145.
— CONSTRUITS : voyez Grammaire , p. 441 : voyez ConJ^
tru^ion , p^^e 178.
— Écrits : voyez Grammaire , p. 441 : voyez Onhogra-
phe.p.y^.
— PRONONCÉS : voyez Grammaire p, 441 : vôyex Pro-
UQuciation ^p, ipy
576 TABLE
MoTivALEs ( conjondlions ) ,/j. iio.
Mouvement : voyez Nombre Oratoire y page 31.
Moyen ( ftyle ) : voyez Style , page 3 87.
Muettes , confonnes muettes qui ne fe prononcent pas:
voyez Prononciation 3 page 183 , 184& z8j.
N
N.
: voyez Prononciation ^page i-jG^
Naies ( mots naïfs ) : voyez Mots ^page zo.
Naïveté dans le style : voyez Style ^p. 591.
Narration : voyez Pon^uation , p. 1 1^.
Ne : voyez Adverbe^ p. 68.
, — Obfervations effentielles fur la particule ne : voyez
Particule , page 8 8 & 8^.
— Particule qui veut ordinairement au fubjondif le verbe
qui fuit celui qu'elle accompagne : voyez Subjondif à
l'art. Syntaxe ,/>. 458.
NÉGATION : voyez Pronoms , page 190,
Ne pas : \X)yez Adverbe ^page 6 8.
Ne POINT : voyez Adverbe , page 68.
Neutre ( verbe ) : voyez Pajftf , page ^1 : voyez Verbe »
page ^c)C),
Ni : voyez Adverbe , p^gti 68.
Nobles ( mots nobles ) : voyez Mots , p. lo. : voyez l'art.
Style.
Nombre dans les mots : voyez Nombre j p. 30.
— dans le style: voyez Style ,p, 393.
— ( (îngulier & pluriel des fubftantifs ). Règles & exccp- 1
tions : voyez Subjiantif, p. 410 & fuiv. voyez Barmo^ 51
me,;?. 44J.
<- DES ADjEcri5s. Commcnt du finguliec ils forment le
DES MATIERES. 571
pluriel. Règles & exceptions : voyez;?. 17 & fuiv.
— ORATOIRE : voyez Nombre ^p. ji.
Nominatif ou subjectif : voyez Déclinai/on , p, 315)
& 310.
Noms : voyez Mots ,p. 16.
— qui n'ont point de pluriel : voyez Subjlantif ^ depuis la
p. ^10 jufqu à la p. 414.
— qui n'ont point de (îngulier ; voyez Subjîûndf^ depuis
la p. ^10 jufqu à la p. 414.
— abftradifs étant joints à une prépofition. Quel rapport
ils peuvent avoir avec un adverbe : voyez p. 50,
— ■ adjectifs : voyez Adjectif , p. 16 &fuiv.
-— confidcrés quant à leur conftiudion : voyez Conf"
trublion ,p. 301.
*- chorographiques : voyez Suhjlantif ^ page 403 , 417
&4i^.
— de nombie : voyez Nombre , p. 1^,
— • de nombre adjedifs : voyez Nombre , p, 19,
— de profeflion : voyez Adjectifs , p.i$.
— de nombre j d'accroilTement ou d'augmentation : voy.
Nombre , /?. 30.
— colleûifs ; voyez Nombre , p. 10.
— de diftribution : voyez Nombre ,p. 30.
— Snbftantifs : voyez Nombre ,p. 30.
— de régions , de contrées , &c. Quand eil-ce qu'ils pren-
nent l'article. Règles & exceptions voyez Article y p,
141 &fuiv,
— génériques : voyez Article, p. 1 35 &fuiv.
•^ GÉNÉRIQUES. Daus qucls cas prennent-ils l'article. Rè-
gles & exceptions : voyez Article , p. 1 3 j &-fuiyi-
— INDIVIDUELS , particuliers ou propres ; voyez Article ,
.13;.
57i ' TABLE
— PERSONiriQUEs : voyez Subjlandf ^-p, 401 & 417.
— PROPRES oz^ INDIVIDUELS ; quaiid eft-ce qu'ils pren-
nent l'anicle. Règles & exceptions : voyez Article , p,
1 5 5 Ô'^^iv.
—15 PROPRES pour un nom commun , ou nom commun
pour un nom propre : voyez Antonomafe ^ page 105
& 104.
— TOPOGRAPHIQUES : voyoï. Subfiantif , p. 401 & 417.
Non : voyez Adverbe jp. 68.
Notre : voyez Article , p. 151 &fuiv.
Nous , pronom perfonnel agiflant , & quelquefois régi :
voyez Pronoms ,p. 1 84 & 100.
Nul : voyez Article ^ p, 1 3 1 & 1 5 5,
o
O.
: voyez Prononciation , p, z^6 8c 257: voyez Quan^
tité ,p, 303 &fuiv.
O , voyelle : voyez par combien de manières le Ton de l'o
cft rendu ; des noms terminés par ce Ton , & quelle eft
l'orthographe à cet égard : voyez Voyelles ^ p. jx^.
Oa : voyez Prononciation ,p. 265.
Objectif ou régime : voyez Aâif,p, i^ y 16 : voyez p,
30 : voyez Adverbe, p, 74 : voyez Infinitif, à l'article
Syntaxe y p, j^^C & 457: voyez Participes , p. -jz &
fuiv. voyez Pon^uation , p. 111,115,114 : voyez Syn^
taxe , p. 461 Se 46^.
Objet d'une action : voyez ABif,p, 15.
Ode : voy(^x Stances , page 376.
Oe : voyez Prononciation , page i6^.
CE , quel Ton il rend : voyez Orthographe ,p, $6,
— Pour
DES MATIERES. jyj
^^ Pour EU : voyez Voyelles , page ^16
Oi ; voyez Prononciation ^p, 163 & fuiv,
— Dans quels mots eft-il pour IV ouvert j règles & ex-
. ccptions : voyez Voyelles , p. 5 i ^ 6* faiv.
On avec l'article : voyez Pronoms ,199^
— Pronom perfonnel agilTanr: voy. Pronoms, p. iqi, 1^4.
— Voyelle nazàle. De combien de manières ce Ton eftren-
, du y 8c l'orthographe à cet égard : voyez Voylies , page
5 5 5 & fuiv. & 5 3 7 : voyez Analogie ,p. 97 : voyez hn -
perfonnels, , p. 4(^0 : voyez Prononciation ^ p, 258 é^
Opéra : voyez Triolet , 7?. 490.
Opposes en logique ; voyez Contraires , p. 30^»
Optatif : voyez Impératif ^ p. 459*
Oraisons funèbres : voyez ro72d I ^ p. j 6j^
Oratoire ( flyle ) : voyez Style , p. 394.
Ordinal (nombre) : yojzx' Adjectif ^ p. 33^
Ordre grammatical : voyez Inverfon , p. ^66»
— — métaphysique ou suivant la génération dès
idÉï.s : \oyQZ Inverfon:, p. 466.
' — ORATOIRE : Mojztlnverfon ip. 4^7.
Orthographe : voyez p. 3? : Voyez chacune dès Con^
fonnes ,p. 141 : voyez Adjccîif^p. 3 3 : voyez Diphton-^
gue ,p. ^60 & fiiiv. voyez Etymologie , p. 41 i : voyei
Mots ,/?. I9 : voyez Prononciation p. z^''^ &fuiv,
-^ Obfervations fur l'orthographe ancienne dc fur l'ortho-
graphe moderne j que'le c(i celle qu'on dok préférer 1
voyez Orthographe y P- 59 , ^ô, 61, éi, «^5, &fuiv,
voyez tout l'article Voyelles , p. ^06 ^fuiv.
Ou : voyez Prononciation , ^. 1 y 8.
I — De combien de manières ce Ton eft rendu ^ des nomâ
Tone II, Q 0
574 TABLE
termines par ce fon , leurs variations pour le féminin Sc-
l'oitliographs à cet égard : voyez Voyelles ^p. 531.
— ^ Adverbe : voyez Accent ,p.à^i voyez ibid.p. 6i,
— prétendu adverbe d'interrogation : voyez Adverbe , /?,
71 ^ fuiv.
-— eonjondion : voyez Accent , p 4.
— pronom relatif ne pouvant fervir que de terminatif &
de circonftanciel. A quels verbes peut-il être joint :
voyez Pronoms ,p. 116 & 117.
-^ relatif, ou conjondion : voyez Pronoms , p. 210.
Oui : voyez Adverbe , p. 68.
OuiN : voyez Prononciation , p. 163.
Oyez , féconde perfonne de l'imparfait du verbe Ouir :
voyez là-delîus les obfervations de M. de Voltaire, au
Teirbe Ouir ^ p, 6%»
P.
Xf : Voyez Voyelles , p. ^^/^.
pANEGYRiquE : voyez Difcours ,p. 367.
Par , prépofition : voyez PajfîffvQihç. ) , p. 91,
Parallèles: voyez Amplification ,/>. 94 : voyez CompU:*
raifon , p. 193.
Parcequf, : voyez ConjonSîions , p. 101.
Par-ci , par-la : voyez p. 6t.
Parenthèse , fon origine &; fa fondion : voyez Orthogra^
pke ,p.ss.
Parole écrite : voyez Orthographe , p. 53.
Participe : voyez Conjugaifon , p. iji : voyez p. ly z
voyez , p. 1^ : voyez Mots ,p. 17 - voyez Noms , pa^e
41.
DES MATIERES. 575
— PRÉSENT , fes variations & fes règles de conftrudion :
voyez Participe pré fent, p. 74.
•~- PASSÉ , quand eft-ce qu'il eft adif ou pafTif , Tes varia*
tions & fes règles de conftrudion : voye^. Participe
P^jf^ , V' 11 > 78 &^ fuiv. voyez Battre , p. 161 : voyea
PaJJlf{YQïhc) j ;?. 5?z: voyez Pronoms , p. 184 & i8j,
— pouvant remplacer quelquefois les pronoms conjonc-
tifs ; voyez Syntaxe ,p. 4^1.
•— quelle eft leur Syntaxe j règles & exceptions : voyez
Syntaxe ^p. ^6^ & fuiv.
— ACTIFS PRÉSENTS. Leur orthograplic : voyez Voyelles
natales ^p. 53^.
Particulariser. Ce que c'eft : voyez Article , p. n»
6* fuiv»
Particules : voyez Adverbe ^p. ^8.
•~ iNTERjECTivEs , Icurs fubdivifions & leurs loix de
conftrudion : voyez Particules ^ p. $3.
— DISCURSIVES , leurs fubdivifions & leurs loix de conf-
tru(fUon : voyez Particules , ;>. 8 3 .
Partitifs définis : voyez Article , />. 118.
— définis. S'il y en a : voyez Article ,/>. ii8 ^ fuiv,
— indéfinis. S'il y en a : voyez Article y p. 131.
■— ( noms ) : voyez Article ^p, i^-j.
Pas : voyez Adverbe , p. 66.
— particule. Quelle eft la raifon du choix entre pas Sç
point : voyez Particules , />. 8^ & 87.
Passif , conjugaifon du verbe paffif : voyez/?. 131,
Passifs ( veibes ) n'ont jamais d'objedifs voyez Syntaxe^
p. ^6].
— ( verbes ) : voyez Verbe ^p. 49^.
Passions : voyez Style , p, 3^1.
Oo ij
57^ TABLE
Peinture , image , en fait de ftyle : voyez "Hypotypofc ,
p. 4^7 & fuiv. voyez Narration , p. z^.
PÉRIPHRASES : voyez ^amplification .'/>. 5)4.
PÉRIPHRASE : voyei: Euphcmifme y p. 411 : voyez Vajftf
( verbe ) , p. 9 1 & ^ 1 : voyez Pléonafme ;, ;?. 104 , 1 05 ,
■ & 10^ i voyez Tropes ^ p. 491 Ù fuiv^
PERIODE : voyez Ponctuation , />. r i 8 , i ij?. voyez Cori/^
truBion ^ p. i88 : voyez Enj amt>ement,des vers ,p. 391 :
voyez încife à la fin du tome II.
PÉRIODIQUES ( conjoncSlionc ) : voyez;?, ao^.
Permission j figure de Rhétorique : voyez Concejfton ,
PÉRORAISON : voyez Tajjions ( Rhétorique) ,p. 93.
Personne, pronom perfonnel agilfant & quelquefois
régi : voyez Pronoms , p. 188 &fuiv. voyez p, zoo &
faiv.
— terme négatif : voyez Particules ^ p. 87 : voyez Pro^
nomsperfonnels , p. liS}.
— des verbes : voyez Pronoms , p. 1 84.
— fubftantif : voyez Sul>ftantif , p. 409.
— des verbes : voyez f^erl^e , /?. 499.
Peu , adverbe de quantité : voyez Adverbe , page 64 &
fuiv, ^
Phrases. Barbarifmcs de phrafes : voyez Barbarifme , p,
\6i,
— cil les huit parties d'oraifon figurent toutes en arri-
vant l'une après l'autre fuivant leur rang : voyez Conf
traction , p. iSz ^ fuiv,
— composée : voyez Confirucîion , p. 187.
■ — implicite : voyez Conftrucîion ^p. 187.
<*- INTÉGRALE ; voyez Conjlruction , p. 187,
DES MATIERES. 577
— SIMPLE : voyez Conflruciion , p. iZj.
— EXPLICITE : voyez Conflruciion ^ p. 187 & i%$,
— DÉTACHÉE : voyez Conflruciion , jp. 188.
— PÉRIODIQUE : voyez Conflruciion^ p. 188 ; voyez Par^
ticipe ^p. j6.
— SUBORDONNÉES : voyez Ccnftrnéiion , p. 18^.
-— PRINCIPALE : voyez Conflruciion , p. 189.
^- EXPOSinvE. Règles & exceptions pour la conftrudion
des mots qui entrem dans cette forte de phrafc : voyQ.z
Conflruciion .p. zoo & i5»2..
— iNTERROGATivE. Sa conftrudion : voyez au mot
Conflruciion , p. z^o & 15)8. Règles & exceptions.
— iMPÉRATivE. Sa conftruftion : voyez au moi Conflrue-
r/o/z ,/>. 290 & 2.58. Règles & exceptions»
— INCIDENTES. Lcur place : voyez Conflruciion yp. 305.
— où IL Y A DEGRÉS DE COMPARAISON. Lcur règle dc
conflruftion : voyez Degrés de Comparai/on , pcige 3 5 i,
voyez Enjarnî^ement des vers , p. 3^1.
r- COMPLETTE : voyez Conflruciion , p. iZ6.
•— INCOMPLETTE : voycz Conflfu^ion ^ p. 18^ : voyez
Nombre Oratoire , p. 32.
•— SIMPLES , COMPOSÉES , SUBORDONNEES , dÉTA-
CHÉES : voyez Ponciuation , p, iiz, 113, 114, 115,
116 & fuiv.
— PRINCIPALE, SUBORDONNÉE : voyez Sul>joncîif3.l'3.vt,
Syntaxe y p» ^^2.
Pléonasme DE PHRASES : voyez Battologie , p. 161 Se
j6i : voyez Conflruciion figurée , p^ 504.
Plus , adverbe de quantité : voyez Degrés de Comparai*
fon ,p. 3476' fuiv.
Plaidoyer ; yoyQZ Difiours jp, }66,
Ooiij
57^ TABLE
Plaisants ( mots plaifarits ) : voyez Mots ^p^io'. voyca
l'article Style.
Place j)Es PRONOMS personnels agissants. Règles
générales , & exceptions ; voy. Pronoms ^p. ij?5 jufqu à
iâp. 1^8 , zoo.
■— DES PRONOMS PERSONNELS REGIS. Rcglcs générales ,
& exceptions : voy Pronoms^ p. loo, jufqu'à là p. 207.
•- DES relatifs dans la constructions des mem-
bres DE PHRASE. Règles , exceptions : voyez Pronoms ^
page 112.
I^LURtEL : voyez Nombre des fubflantifs , p. 410 & fuiv.
■— (nombre) : voyez Syntaxe des fubfiantifs adjeciifsy'^c^
;>. 4fi, 4jiÔ'y«/v.
La PLUPART, quelle efl: fa Syntaxe avec fon adjeftif :
voyez Syntaxe ^ p, 4^4.
•— ( nombre ) : voyez Verbe , p. 499 : voyez Pronoms , p.
T84, 185.
Plus : voyez AdverEe , p. 6^.
Poeme historique : voyez Poëme Didactique^ p. icy 6c
io«.
— PHILOSOPHIQUE : voyez Poème Didacî/que ^ p. 107.
Poésie ( goût en Poéfie ) : voyez Arrangement des vers ,
p. m &fuîv, voyez Elocution , p. 3 81 : voyez Syllabes
avec les remarques de M. de Voltaire , />. 43 8 , 435? <j^
fuiv.
Poétiques ( mots potétiques ) ; voyez Mots ^p, 19 voy.
Licences Poétiques jp. 4S7,
— - ( ftyle ) : voyez Style , p. 3^4.
Point : voyez Adverbe , p..66.
Points qui marquent les repos dans les phrases:
voyez Nombre oratoire , p. 35.
DES MATIERES. 579
:î— DE DIVISION. Leur origine & leurs fondions ; voyez
Orthographe , /?. 5 j»
— d'omission : voyez Orthographe , p. 55.
Ponctuation. Son origine & fa fondioh : voyez Ortho»
graphe, p. ^^.
Portrait : voyez Antithefe , p. ici : voyez Etopée , p*
407.
Positif : voyez Degrés de Comparai/on , p. 14.^.
Pourquoi, prétendu adverbe d'interrogation : voyez
Adverbe , p. ji &fuiv.
Précision DANS le style : voyez Style ^ p. 390 * 391.
PrÉcursive ( particule précurfive ) : voyez Particule »
Préférable , adjedif comparatif : voyez Degrés de corn*
paraifon ,p. 348.
Prépositions : voyez Adverbe , 75 &fuiv: voyez ArtU
des ^ p. 1 14 : voyez Article ,p. 1^6 &fuiv. voyez Arti'
de ^p. 147.
• — fuiviede plu/îeurs complemens fe r^péte-elle à la tête
de chacun ? voyez Prépofitions , p. i^i , i6x , 16) :
voyez Mots , /j. 18 : voyez Pronoms , p. zoi & 103.
-— ( ufage des prépofitions ) dans l'ordre des mots d'une
phrafe 3 règle* générales : voyez Syntaxe , page ^6c Se
Présent du subjonctif; quand eft-cc qu'il a lieu:
voyez Subjoncîifù. l'art. Syntaxe ^ p. 459.
Preuves : voyez Choix des preuves y p. 187.
Primitif , nom primitif: voyez Etymologie ,p. 409.
Principe : voyez Analyfe , p, 99.
Principes communs a toutes les Langues :
Grammaire , /?. 4 5 9 : voyez Preuves ,p, 175.
OiY
5So TABLE
'^— DE QUANTITÉ COMMUNS A TOUTES LES LANGUES ?
voyez Quantité ^ p. 151.
«— d'une GRANDE Étendue dans la prosodie Fran-
çoise : voyez Quantité , p. 106. ^ fuiv.
Pire , adjedif comparatif ; voyez Degrés de compa^aifon ^
p. 348.
Privatifs , en Logique : voyez Contraires , p. 305.
Pronoms : voyez Céfure ,p. 17S ^ fuiv.
*— ■ RELATIFS : voyez ConjonBions ,p. loo.
— PERSONNELS écaiit objcâiifs ou terminatifs dans la
phrafe expofuive. Quelk ell: Jcur place : voyez Conf-
truciion , p. 19^.
'— RELATIFS étant objeâ:ifs ou terminatifs dans la phrafe
expofîtive : voyez Confimâion , p. itjj.
— RELATIFS : voyez Pronoms , p. 175), 207 , jufqua la
page 2x4.
•- INDÉFINIS : voyez Pronoms , p. 180 , 130, jufqii'a la
page 145 inclujivement.
— REDOUBLÉS ; voyez Réfléchi ,;?. 318.
•— POSSESSIFS : voyez Degrés de comparai fon , page 34?.
voyez Mots y p. 17 : voyez Participe pajfé ^ p. 80. voy.
Particules ^p.SS:.
«>— PERSONNELS ,, leurs fonâ:ions & leur conftrudion
avec les verbes : voyez Perjonnes ( des verbes }> p. 9^3
5)9 & fuiv.
— RÉCIPROQUES : voyez Pra/zom^ j/'. 10^.
— Quelles font leurs règles de Syntaxe : voyez Syntaxe ,
/J. 4n ,^^z&fuiv,
'— faifant l'office de conjontifs : voyez Syntaxe , p. 4^1.
•— MONOSYLLABES , & au plufiçl prcmK.nt-il un acccnï i
voyez Voyelles , />. 5 1 3 .
D E s M A T 1 E R E s. 5S1
Prononciation : voyez Accent ,/?. 2,, 3,4,5^^,7,
8 , ^, 10, II.
— ( défaut ou excès de ) : voyez Accent , page 9 : voyez
AdjeBif ^p. 53 : voyez Adverbe , p. ^6 : voyez Arti^
de yp. 116 : voyez chacune des confonncs au mot Con^
fonnes , ^. 141 : voyez Diphtongues , p. ]6o^ faiv. voy.
Hiatus ,p. 4 ç I ^ fuiv. voyez Mots j p. 1 9.
Pronoms , foit difant pofTeflifs : voyez Pronoms ^p, 180,
i8r, 181.
— PERSONNELS : voycz Pronoms j p. 178 , 183 j jufqu'à
la page 107 inclujivement.
— dÉmonstratips : voyez Pronoms y p. jj9, 114^7'^/-
quà la paz,e 130.
— personnels REGIS : voycz Pronoms , p. 191 » ico ^
fuivantes,
— PERSONNELS AGISSANTS : voycz Pronoms ^ p. 151
jufqua lavage loo.
— RELATIFS ABSOLUS, OU inteiTogatifs : voyez Pronoms,
p. 109 , ÎIO ,111.
Prononciation : voyez Pronoms , p. 1^6 : voyez Pra-
nonciation ^ p. i6(^.
— Pour la. ledure des vers & pour les difcours prononcés
en Chaire , au Bareau : voyez Prononciation , p. 183 6*
Juiv. voyez Quantité ^ p. iS^ ^^fuiv. voyez Syllabes ,p,
437 : voyez Tiret y p. 481 ^ fuiv. voyez Tréma , iW.
_p. 487 &fuiv. voyez tout l'article Voyelles , p. 506 ^
•— de r^ mu^t : voyez Voyelles ^p. 515 6' /î/zV.
Proportion entre les phrafes : voyez Nombre oratoire ,
;jû^«3i.
Propre ( feus ) ; voye^ Sens propre , page 3 61.,
582 TABLE
Propres ( noms propres). Quand eft-ce qu'ils prennent
l'article ? Règles générales & exceptions ; voyez Ani"
de , p. 1 5 8 6* fuiv,
PROSAÏQUE ( ftyle ) : voyez Style ,p. 594.
Proscrit , pris fubftantivement : voyez Profcrire ^ page
28;.
Prosodie : yojqz Mots ^ p. 1^ : voyez Accent ,;>. i , 5 ,
4» 5> ^»7, 8,9, 10, II.
ProsopotÉe ; voyez Figure ,page 419.
Q-
V^ ' y oy&T Prononciation, page 271.
QuALiPicATiFs. Quels font les pronoms qui admettent
des qualificatifs , Se quelle place ces derniers doivent
occuper : voyez Pronoms , p, 198 ^ fuiv. pour les pro-
noms agiifants , & ibid. p.'zo6 pour les pronoms régis.
Qualifier , ce que c'cft , & quelle différence il y a entre
modifier & qualifier : voyez Adjeciif ,p. 51 à\fuiv.
Quand, prétendu adverbe d'interrogation : \oycz Ad-
verbe y p.jï & fuiv.
Quantité ou prononciation : voyez Accent , p. 5 ,
4, 5 >^»7, 839, 10, II.
Quatre : voyez Article ^p. 131.
Que : voyez Prépofnions ,p. 168 & 172.
— Pronom : voyez Conflruciion , p. 195
--^Conjon£lif avec une négation : voyez Infinitif à l'art.
Syntaxe^ p. 4^6 8c 457.
— Conjonélîon condu£tive y page 4^.
— Conjondion condudlive avec la particule de : page
XI7.
•— Relatif cou jours objedif ; voyez Pronoms , p» iij.
DES MATIERES. 5S3
•-^ Etant relatif abfolu ne fe dit que des chofcs : voyez
Pronoms ,p, m,
— Mis à la place de/ qui devroit naturellement tftrc re-
pété , veut le fubjondif : voyez Syntaxe , p. 455?.
•»— ( particule précurfîve ) : voyez Particule^ p. 8 y.
— Pronom Relatif objedif du verbe fuivant,f. ^6.
— Marquant exclamation , étant conjondion , étant rela-
tif: voyez Pronoms , ;?. iio.
Quel it qui. Quelle différence ilyadansleur lignifica-
tion : voyez Pronoms , p. m.
Quel fuivi de que : voyez AdjeSif, p. 4^ : voyez Pro»
noms , /). 136.
Quelque fuivi de que : voyez AdjeBif ^ p. 46 : voyez
Pronoms ,p. i^6, voyez Article , p. 1 3 z &: 1 3 3 .
— fignifîant quelquefois environ ^p. 46.
Qui , quand eft-ce qu'il eft fubjedif, objeîlif, termina*
tif ou circonflanciel : voyez Pronoms , p. 1 14.
Qui , que , quoi , pronoms relatifs , régis en même
tcms par deux verbes : voyez Pronoms ,p. ii6.
— Etant pronom abfolu ne fe dit que des perfonnes :
voyez Pronoms ^ p. zzi.
•— ou que imm'idiatement précédé d'un fuperlatif ou
d'un pronom négatif, veut le fubjon<5lif : voyez 5ya-
taxe , p. 459.
— owQUE placé entre deux verbes : voyez SuèjonBifk
l'art. Syntaxe , p. 459.
— commençant la phrafe ne peut fe dire que des perfon-
, nés : voyez Pro/romj- , p. iii,
— occafionnant amphibologie : voyez Amphibologie. Il
y en a un exemple , p. 5? z.
5?4 TABLE
— relatif: voyez Article , p, 143 ^ fulv. au mot Galiiâfi
me , p. 4x7.
*- relatif devenant que conjoncflif : voyez Pronoms j pcig^t
— OU CIVE relatifs doivent-ils être placés immédiatement
après leurs fubftantifs : voyez Pronoms ,p.ii^ Sz ii6»
— pronom relatif: voyez Verfonnes (des verbes ) , p. 99
& 100 , ICI &fuiv.
Quoi > figne d'exclamation , relatif: voyez Pronoms , p,
ilO.
— Quand eft-ce qu'il efl: objectif, tcrminatif ou cir-
conftanciel , ou fubjedif : voyez Pronoms , p. 113 6c
114.
Quoique, pronom : voyez ConjonBions,p. 207,
R
R.
voyez Prononciation , page l'j'j.
Raisonnement: voytz Style ^p. 58^.
Ralentissement de la voix : voyez Accent oratoire ^
page 9,
Rapports marqués par lesprépofitions : voyez Prépoji^
tions , p. 135 , 136, 1Î7.
' — de lieu marqués par plulîeurs prépofîtions : voyez Pré^
pojitions , p. 138, 159, 140 , 141 & 141.
— d'ordre marqués par plufieurs prépofîtions p^l^c 141 &
145.
^ d'union marqués par plufieurs prépofîtions : voyez Pré-
pofîtions , 143 , 1443 145 î H<^ & 147.
— de réparation marqués par plufieurs prépofitions : voy.
Prépofîtions ^ p. i^-j,
— d'oppofition marqués par plufieurs prépofitioii'^j/'. 148.
DES MATIERES. 585
'*— de but , de terme exprimés par plufieurs prépofitions ,
Voyez Prépofitions , p. 148 , 145» , i 50.
— de fpécification de différentes fortes, exprimés par plu-
fleurs prépofitions : voyez Prépofitions ^ p, 1^0 jujques
& compris la page i jcj,
RÉCIPROQUES ( verbes) : voyez Kerbe ,p. 49^,
RÉCITATIF : voyez Cantates , p, 168.
Recouvert : voyez Recouvrir , p. 315.
Refait , pris fubftantivement ; voyez Refaire ,p, 31^,
Refléchis (verbes) : voyQzKerhe^p. 4^^.
Refrain : voyez Rondeau, p. 348.
RÉGIME particule : voyez Aciif , p. 16^
— SIMPLE : voyez Acîif ^ p, 16.
• — des verbes adifs j règles & exemples : voyez Actif ,
page 15,1^,
— de concordance : voyez Conftruciion . p. 19 1.
-.i— de quelques adjedifs : voyez Adjectif, p. 47.
— des adverbes : voyez/», yi &fuiv.
— & conftrudion des adverbes : voyez Adverbe , /?. 5 8
&fuiv.
' — difpofitif : voyez Confruciion j p. 15 1,
Règles générales de la rime : voyez Rime, page 3 3 2. 6?
fuiv.
Réguliers ( verbes )': voyez Verbe j p. 4^p.
Relatif ( pronom ) : voyez Article , p, 143. &fuiv.
Relatifs indifférents pour le genre Se pour le nombre ,
excepté lequel : voyez Pronoms ,p. 211..
— ayant plulîeurs antécédents : voyez Pronoms , p. zio.
— confîdérés relativement à la conftrudion des mots dans
une phrafe : voyez Confiruéiion , p. 301.
— en Logique ; voyez Contraires , p. 3 ©4.
58(^ TABLE
Rentraite , pris fubftantivement : voy. Rentraire ( ver4
be), page 313.
RÉPÉriTiONs: voyez Amplification , p. 94.
Repos : voyez Céfure,p. i-j^^ fuiv. voyez Enjambement
des vers ,p. 3^^.
■ — Des objets : voyez Nombre oratoire ^ p. 31.
— De l'efprit : voyez Nombre oratoire , p. 53.
— Final : voyez Nombre oratoire , p. 33.
— De l'oreille : voy. Nombre oratoire jP. 3 3 & ^/\.&fuiv.
— De refpiration : voyez Nombre oratoire , p. 3;. voyez
Ponctuation ,p, 109,
Reprise : woytz Rondeau ,p. 348.
RÉTICENCE : voyez Apojiopefe ^p. roj.
Rhétorique : voyez Eloquence ^p. 38^.
Rien : voyez Adverbe ^p. 66.
— Terme négatif : voyez Particules ,p. 87.
— Pronom perfonnel agiflant , & quelquefois régi : voye?
Pronoms , p. 188 &fuiv. en qualité d'agiflant , & ibid*
p. 100 &fui%f. en qualité de régi.
Rime : voyez Chanfon^p. 181 : voyez StruBure des vers ^
page 384 : voyez le verbe Voir , page 50^.
Rimes SUIVIES , rimes raclées : voyez Arrangement des
vers , p. 117 à fuiv.
• — CROISÉES : voyez Arrangement des Vers, p. 114. voyez
Céfurc , p. 180 6* fuiv, voyez Virelai , /J. 484 : voyea
Lai & Virelai , p. 484.
— ( mélange des rimes ) : voyez Madrigal , p. \ : voyez
Prononciation , p. z6^ : voyez Quantité , p.ij^z Se 308.
— RICHES ? voyez Rime ,p. y^ô.
— SUFFISANTES ; voyez Rime ^p. 53^.
— MASCULINES, fes règles; voyez Rime, p. ))6^fui'V.
DES MATIERES. 587
•^ FEMININE , fes règles : yoytxRime^p. 336 , ^^c^&fuiVi
— KiRiELEE : voyez Rime j p. 345.
— batelÉe : voyez Rime , p, 343.
— FRATERNisÉE : voycz Rime , p. 345,
— BRISÉE : \oytz Rime , p. 344.
— EMPERiERE : voyez Rime y page 344,
— SENÉE : voyez Rime y page 344.
— ANNEXÉE : voyez Rime , page 34^.
— enchaînée : yoycz Rime j page 545,
— COURONNÉE: voyez Rime y page 345-,
— ÉQUivoçrtrc : voyez Rime , page 345.
RiTHME : voyez Nombre oratoire apage 3 1 & 5p.
Rompre , employé par Corneille pour interrompre : voy;
Rompre ( verbe ) , avec la remaroue de M. de Voltaire ,
P<^gf^ 347.
Rondeaux redoublés : voyez Rondeau , p, 34P ^ fuiv^
^ : voyez Jdjeciif{ nombre ) , page 17 , i8 & fuiv.
— Quand eft-ce qu'il faut le fupprimer ou l'ajouter a
rimpératif: voyez /mp/rûr/y, p. 4^1? ; voyez Pronoji"
dation , j?. 275 ^ fuiv. voyez Komhre desjubfiantifs , p.
4x0 &fiiiv. voyez Voyelles , p, p 5.
Sa , occaûonnant amphibologie ; voyez Amphibologie, I!
y en a un exemple ^ p. ^z.
Si , ocçafionnant amphibologie : voyez Amphibologie. Il
y en a un exemple ,p. <)^.
' — Pronom : voyez Conjîruciion , p. 2^3.
— Pronom perfonnsl régi : voyez Pronoms y paçe i85 &
*oo.
588 TABLE
Sens : voyez Céfure , page i 80.
— ABSOLU : voyez Tropes ,pdge j^^i&fuiv,
— abstrait: voyez Métonymie^ page 10.
— ABSTRAIT : voyez Tropes j page 49 r & fuiv.
— ADAPTÉ ; voyez Tropes ^p. 4^1 &fuiv.
— COLLECTIF : voyez Tropes , i?. 491 & fuiv,
— COMPOSÉ : voyez Tropes :, p. 491 &fuiv.
— CONCRET : voyez Métonymie y p. 10. voyez Tropes ,
p. 45)1 &fuiv.
— DÉTERMINÉ : voycz Tropes ,p. 491 6' fuiv,
— DisTRiBUTiF : voycz Tropes ,p. 49 i &fuiv,
— DIVISÉ : voyez Tropes ^ p. 491 &fuiv,
— Équivoque : voyez Tropes , p. ^^i.
— riGURÉ : voyez Tropes , ;?. 49I ^ faiv.
— INDÉTERMINÉ : voyez Tropes , p. 49 1 ô'/ii^^.
— LITTÉRAL : voyez Tropes , p. ^91 & fuiv,
— LOUCHE ou AMPHIBOLOGIQUE : voycz Tropes ^ p.49^
&fuzv.
— PROPRE : voyez Tropes ^ p. 49^ &fuiv.
— PAR EXTENSION : voyez Tropes , p. 491 ^ fuiv.
— RELATIF : voyez Tropes , p. 49 1 &fuiv.
— SPIRITUEL : voyez Tropes , p. 491 &fuiv.
Sermon : •voy<:zDifcours ,p. ^66,
Si , adverbe. Il y a fur ce mot une obfervation cfTcnticIle :
y oy ^z C on] onBion s , p. 7.0^,
Signe : voyez Ponêîuation , p. iiy.
Similitudes : voyez Amplification ,p. 94- voyez Compa*
raijon , p. 1 9 3 .
^-. ( ftyle ) : voyez Style, p. 387.
Singulier : voyez Pronoms , ;?. î 84 , I S^ : voyez Noni^
hrc des Subjîantifs^ page 410 ^ fuiv*
Singulier
DES MATIERES. ^g^
Singulier (nombre }: voyez Syntaxe dei fuhflamtfs i
adjeclifsyÔcc.'p.^Siy 4$^ G-/wV. voyez Verbe, page
Soi , pronom : voyez Adverbe dans un exemple cité dç
Corneille , p. 69,
•—Pronom perfonnel agiflant, & quelquefois ré^
voyez Pronoms , p» iS^, 187 , 188 & 200»
Soit : voyez Adverbe ^ p, 68,
Son aigu: voyez Accent , ;?. <?*
— (voix) : voyez Alphabet , p. 83 G'/^zV,
— Occafîonnant amphibologie : voyez Amphibologie;
Il y en a un exemple , p, 9z,
— Prononiadjeaif: voyez Afic/f , p. 131 O'fuiv.
— Mouillé : voyez Confonnes , page, 1^5. On trouvera
des liftes de mots où le fon mouillé eiî marqué »
page t59 (f fuiv,
— Quels mots peuvent rendre le Ton dur ou harmonieux»
fur- tout en Poé/îe ? voyez Harmonie, page ^6 1^ fuiv.
•—Même Ton rendu par des caradcres différents , pour^
quoi/ voyez Orthographe . p. 58,
'<, — SA , SES , précédés du pronom chacun iroyez ?r9^.
noTTzy , p. 231, ^33, 234, 135:,
SowS aigus , graves : voyez Voyelles , p. 507
-^ Compofés des diphtongues : voyez Prononciation 5
p. 248-
-— Différents produits par le même caraderc ; voyei
Orthographe , p, 54, 5U 5^, 57, 58,
. — Mitoyens: voyez Voyelles , p. jo8.
— Simples des voyelles ; voyez Prononciation , p. 24;;
&148.
Tome 11^ p g
j5^ tabLî:
SoîîS imîtatifs : voyez: Harmonie , p. 44^ Sî 44^î
Sonnet : voyez Bout^ rimes , p. i^5 Cr'/uzV.
Sortir , pris fubUantivement : voyez. Sortir ( verbe >
p. 3^8.
Spirituel ( fens ) : voyez Sensfpiriml , p^ ^59.,
Siktictst voyez Enjambement des vers ^ p. 3^U
— . RéguHcres : voyez Stances , p. 37 5 ^/"^V.
— Irrégulieres : voyez Stances ^ p. 373 î 374 &3^5«
Strophe : voyez Stances ^ p- 37^-
Style : voyez Accent , p. 5» î voyez Adjeâlif, p. 3 ^. voyez
. Adverbe , p. 7^ • voyez Boarj rz/néj , p. i^f : voyez
y4rric/e , p. i49 : voyez Afpiration ypagel^^: voyeï
Cantates , p. 168 : voyez Chanfons .page 1 8i : voyez
CAoi;: , p. 1 8^ : voyez Co/Tzerffe, p. 150 : voyez Co/zjonc-
tzor/j , p. 112. H y aun exemple de Corneille : voyez
Eglogue.p. 375 :voyezE/e^fe, p.377îvoyez£iocu-
rian , p. 381 : voyez Enjambement des vers.p, 3^1 &
» 35,3 : voyez Epithalame , p. 4^5 : voyez Ep^rre &
---Epopée , p. 406 : voycz£:^or^e , p. 413 : voyez Fable i
p. 415 : voyez Harmonie, p. 4f o : voyc Incife. à la
-. vfin du tome IL voyez Ironie ,p. 47 8 : voyez Narration ,
|7. z5 : voyez PieceJ de Théâtre. p. 104.
-^ Poétique : voyez Poème didàâiique , p. 107 : voyez
« 'Poéfie.p. T08. voyez Tragédie, p. 48J & 48^: voye»
rerj,p. 500 &50I-
^ Orné ; voyez Antithefe. p. 103,
Subdivision : voyez Anaîyfe . p. 9^."
Subjectif : voyez Article , p. ii8 & 131 t^fuiv, yoyct.
JnfîrfïiifsLV^nic\eSyntaxeyf,^^68c^S7 rvoyczPajJ?/
(verbe) , p. 5>i : voyez Perfonnes ( de* verbes)? p.
b E s M A T I E R E s. 59^
*ïôi , IQ2 Cr* fuiv, voyez Ponôiuadon , ^. iii , iij |j.
114. ^
—- Quand elî-ce qu'il faut le répéter : voyez Pronoms^pô
1^2 ù'fuii'. voyez Syntaxe , ;;. 460 b'fuiv»
Subjonctif : voyez ConjonâlÎQns ^ p, uj : voyez 5>'/z*
taxe y p, 458 & 45P,
Sublimé ( %le ) : voyez 'Style ^ p. 387,
SvBSTAncE: voyez Subflamif, p, 3pp.
S^UBSTANTiF , dont la%nification change félon qu'il cH
avant ou après l'adjeaif ; voyez Adjeaif, p. 57.
— Pris comme ïïmple adje^if : voyez Article , p. m ri
yoycA Articles , p. n^ : ^oycz Céfure, p. 17^^ fuiv,
yoyez Infinitif, p. j^6^.
^abflradifs ; voyez Subflantif, p. 40 r.
— adionnels : voyez S ubjlantif, p. 401.
^ & adjedif , leur rapport , leur convenance , p, 4p;
— Etant objedif ou terminatif dans la phrafe expo/îtive;
quel eflfa place : voyez Conjiruâiion , p. 2^4 : voyQ^
Mots, p. ij,
r-(verbes }: voyez S uhjîamîf, p. 42^ , ^^6 ô- 427.
-"•Termmaifon de plufieurs fortes de fubflantifs : voye»
Confonnes ,p,i^S,
•^Leur divcrfité de genre. Surquoifondéc:voyezGe«rtf,^
(Syntaxe ), j?. 430.
—De plufîeurs fignifications, & par conféquentdepiu-
fîeurs clalTes : voyez Subftantf , p. 402.
— Quelles font leurs règles de Syntaxe : voyez Syntaxe' ^
V' 45154^2 ^fuiv. '
— Quels mots peuvent féparer le fubfiantif de l'adjeaifi
.voyez p. 58,
y^i TABLE
-^Régl^par d'autres (ubftantifs : voyez Syntaxê~ipl'J['6t0
voyez auiTi Prépojitions,
— & adjedifs( noms), leur différence : voyez t, I, p, 17,'
.— &adjeâifs (verbes), leur diftérence, t. î,p, 17.
r— Appellatifs : voyez S ul'JIantif ^p, 401 G' 401,
— Génériques : YoycL Suljlantif^p, 35?8. &400.
— Individuels : voyez Subjiantif, p. 598 & 401.
Suivante , pris fubflantivement : voyez ^'^izVre (verbe),;
. p. 4zH.
Srj£T d'une adion : voyez A6i'jf ^ p» i ^.
— ^ Quel eu le fujet dans une phrafc : voyez Verle , p.
■ 4^7. .
Suppression de conjondion : voyez Conjonôiions^pags
203»
S. Supprimé : voyez Accent , p. 3.
Sur, prépô/îtion : voyez Prépofiîion , p. i7i.
Syllabes mafculines: voyez Accent , p. ^.
-^ Brèves : voyez Accent , p. 5 5 ^ ^ 7 ^ ^•
^ Longues : voyez Accent , p. 6 , 7 , ^.
•— Leur réparation : voyez Tiret , ;r. 48z ^fuh'* voyc2
• Tréma ^ ihid, p. 4 87 , 48S G'/uzV.
*— Articulées &non articulées : fîmples& compofecs ;
d'ufage & phyfîques ' voyez Syllabes , p. 436 ù'fuiv».
Syllepse : voyez CQnJlriiâiion figurée , p. 304,
— Oratoire: voyezTropej, p. 45? i ^yfuiv,
SYMEj.RiEdans les phrafes : voyez Nombre oratoire fp,
Synecdoche : voyez Antonomafe^p. 103 : y oy czTropes^
p. 4î>i ù'fuii'»
Synonymes; voyez Amplification , p.^4 • voyea Mots ,
page i9*
DES MATIERES. .595
.Syntaxe : voyez Conjîruâîion , p, 278 & z^irvoyci
Mots ^ p, î9.
Synthèse : voyez Gsnre ( Rhétorique ) , p. 4^^.
X • voyez Hiatus , p. 4^4 : voyez Pronoms , p»i9^»
196 : Yoytz Prononciation , p. i^8 ^ fuiv, voyez
^'^oje/iej, p. «Tip.
Tableau, image : voyez Hjpo^ypofe ,p. 457 , ù'fuiv.
Te , pronom perfonnel régi : voyez Pronoms , p» 18 j &
lOO.
Tems des Verbes : voyez Participes , p. 75»
•^Mis les uns pour les autres : voyez Tems des verbes,
p. 477. t-'fuiv. voyez Verhe^ p. 499.
*— — Surcompofés des verbes : voyez Tems des verhes^ f ■
479 & 480.
Tenues de la voix; voyez Accent oratoire ,p. 9.
Terminaison oudéiînence dos noms : voyez Déclinai'^
fon p. ^18 C" fuiv
'*— DES ADJECTIFS. Regles générales & exceptions: voyesj
p. zz 0' fuiv,
— DES PARTICIPES passés: voyez Participe pajjé , p»
81 & 8i.
—DUS SUBSTANTIFS : voye? Suljiantif t p. 403 ù'fuivi
Terminatif : voyez Adverbe , p. 74 • voyez Infinitifs
à Tarticle Syntaxe^ p. 45^ & 457 : Parnciper, pa^e
71 ^ fuiv, \0yc2P onBjation y p,i iz ,1135 114: voy.
Syntaxe , p. 4^1 & 4^3.
Tiret, foLT origine > & fa fonâîon : voyez Orthographe^
F* 55»
Pp iij
594 TABLE
!Toi , n'étant qu'une déiîgnation : voyez Pronoms , pagâ
•—Pronom perfonnel agiflant & quelquefois régi: yoyi
Pronoms , p. jR^ , 186 , 200 & 205,
Ton , ( pronom adjcdif ) : voyez Article 5 page i$i ^
fuiv,
— QRATOiRE : voyez Accent^ p. 8 , p , lo, ii. Exem-»
pie tiré d'Athalie : voyez Accent , p. 10,11,
Tout , pris adverbialement : voyez Aàjeôîif^ y, ^xô*
fuiv. voyez Adverbe ^p, 6^ : woyxz Article, p. 132 &
*^ Etant objcdif ; quelle cil fà place : voyez Conjîruc^.
tion , f, 196,
«— Eft quelquefois adverbe : voyez Pronoms , p. 24 t.
Tragédie : voyez Comédit jp. 190 ; voyez Compamifoni
Transitions : voyczChoix desPreuves , p. 188: voye^
Style, p. ^S9.
Transitives (conjondions) : voyezp. 113.
Très, adverbe de quantité : voyez D^^r^^ àeCom'^
paraifon^p» ^^7 0' fuiv,
Tryssillabes MASCULINS : voyez Accent > p. 7«
• — FÉMININS •• voye2y4fce/2t,]7. 7,
Trois : voyez Article , p. iji.
Tropes : voyez Figures , p, 420 : voyez Noms , p. 41 8
woyez Style , p. 393.
Tu , pronom perfonnel agiflant : voyez Pronoms, p, 18 j
8ciS6,
Tutoiement , voyez Perfonnes ( des verbes ) 5p. 101 5c
102 : voyez Pronoms , p. 185.
DES MATIERES. S97
^ quand , & dans combien de cas on l'emploie , p,'
185 & 181Î.
U-' v<)ye^ Pro.oncbao;2,p.i5^& M7 : voyez Q..^^.
_ De combien de manières ce Ton eft rendu , & lor-
thographe à cet égard : voyez Voyelles, p. 533.
Un , -ONE : voyez Article , p. » S^- ^f^^^'
Us :vay€z Prononciation, p. x58 ^ fm^- ^
— VOYELLE K AZ ALE. De Combien de manières ce fou
peut être rendu : YOyczVoyélles , p. 533 & 537-
_ QUELQU'UN , un quelque chofo , un chacun : voye .
Pronoms, p» iji»
Universaux ( fubftantifs ) > p. î^.
Usage : voyez Orthographe , p. ^o & fuîv. '
^DES prépositions: voyez Prepq/iuon^. p. i^^> UC
V
\/ : voyez Prononciation , p. î^^«
Venu : voyez Participe pa/e , p. 80.
Verbe : voyez aX«re , p. 17^. , ri- „ ^ ,t<-
Iprécédé du que condudif: voyez ConJon5î^onp^^^^^^^^^^
_ Orthographe de certains verbes :,vayez Co./o.ne. .
T). i<S: voyezPrortom5,p. i^i«
_L ft des verbes qui fe font immédiatement fume
de leur objeaif , feul & fans article : voye. ^«^1. , -
pé TABLE
Verbe zàlf Irrégulier de la quatrième conmgziCon <
voyez Abfoudre ^ p. 2.
— adif irrégulicr de la féconde conjugaifon : voyezi
Acquérir ,p.ii: voyez Accueillir yp.ii.
— Adif & réciproque irréguiier , de la quatrième con,
jugaifon : voyez Abattre ,j7. u
— Adje(ftif : voyez Adjeilify p. 16.
— Neutre , irrégulier , de la féconde conjugaifon *
. voyez Acoi/rzr,;7. ii.
^ Neutre , réciproque & irrégulier de la quatrième
conjugaifon : voyez Accroire , p.. n,
Verbis : voyez Mots , p, 16.
— Qui fe conjuguent, partie avec le verbe auxiliaire
Etre , & partie avec Tauxiliaire Avoir : voyez Neu-^
tre^p,z6Çyf4v,
•—A quel nombre , & à quelle perfbnne ils doivent le
mettre : voyez Perfonnes ( des verbes ), p.ioi^ lOi
ù'fuiv.
— Con/ïdérés relativement à la conftruâion des mots
cntr'eux : voyez Con{îruclion , p. 301.
î— Qu'on joint à d'autres verbes pour fixer le tems que
ces derniefs ne peuvent déterminer: voyez Terni
des verbes , p. 478 ^fuiv.
— Servant de régime à la place d'un nom : voyez
Syntaxe-, p» /\6.i,
— Quelle cfl leur Syntaxe avec leurs fubjedifs : voyez'
Syntaxe , ;?• 4^ i &4^^
— RKFLÉCHis : voyez Aaif, p. 14 : voyez ? ::nlcipe
p.ij]é , p. 80.
— Rériéchis par la ïïgnification: voyez Réfiéchis, page
3ï7.
DES MATIERES. 597
^— Refléchis direâs : voyez Réfléchi , p. 317»
• — Réfléchis indireds : voyez Réflécki , p. 1^7*
^- Réfléchis pafiîfs : voyez Réfléchi , p. 5^7*
•— Neutres : voyez Â6lif >, p. M»
-— PaflTifs : voyez A6îîf , p i4-
Vers : voyez Syllabes , p. 43^ ^ fulv,
' — De douze fyllabes : voyez Céfure , p. I7^«
'■— De dix fyllabes : voyez Céfure , p. 172-.
•— De dix fyllabes, de douze , de huit , de fix , de
cinq. A quel genre de Poélîe ces différentes mefures
conviendroient ; il y a des exemples : voyez Arran-
gement des vers , page 1 1 1 ^ fuiv,
'*~~ De dix (yllabes ou communs : voyez Struclare du
vers,p, 385.
i— De fept fyllabes : vo}'^z StruSlure du vers , fags
38J &586.
*— De fix fyllabes : voyez Stru6lure du vers , p. 38^.
— Libres : voyez Arrangement des vers -yp» 1 11 &fuiv»
— Alexandrins: voyez Struâiure du vers ^ p«384 & 385',
yiEiix (mots vieux) : voyez Mots^page 19 : voyez Far-»
ticle Stjle,
Virgules : voyez Nombre oratoire , p. ?<•
^" Simples, virgules ponâuées ; leur différence : voyez
Foncluati§np. no, iii.
Vivant , pris fubftantivement : voye7 Vivre -y p. 5o>.
Vocatif : voyez Déclinaifon , p. 3 1,9.
Voici : voyez Pronomj , p. loi.
Voila : voyez Pronoms , p. ioi.
Voix : voyez Conjugaifon , p. z i 8.
*— Aiguës: voyez Voyelles , p^^e pi ^ fuiv.
59l TABL E
— GRAVES ; voyez Voyelles , p. j 1 1 G'/uiV;
Votre ; voyez Article , p. 1 3 1 &* fuiv,
— Adjeâifpofleffif: voyez Pro/2omj> p. 18 j;
Vos: voyez Pronoms y p. 18^.
iVouLoiR, infinitif, pris fubilantivement : voyez Vou^
/oir( verbe) ,p. 50^.
Vous : voyez Pronoms perfonnels , p. 184.
— Pronom perlonnel agifTant , & quelquefois régi t
voyez Pronoms^ p. 184 , 185 & 200.
Voyant , pris fubfîantivement : voyez Voir , p. 50^.
Voyelles: voyez Alphabet^ p, B6 èyfuiv. voyez Afpi^
ration , p. if i : voyez Confonnes ^ p. 141 : voye?i
Mots y p, 19 : voyez Prononciation ,p. 247 Cr-Zi/iy. •
' ■ — NAZALES : voyez Voyelles , p, ^33.
Vu , participe mafcuUn , du verbe Voir , joint au con-f
jondifçwe: voyez Voir, p. $0$,
Vue , participe féminin , du verbe Voir , pris fubfla»^
^ tivement; voyez Voir , p. 50 J.
X
X,
: voyez -^d'j^if^z/fnombre) p 27., iBù'fuiv, voyezi
Nombre des fubjîantifs ,p. 411. voye2 Prononciatio/ij
|>. 281 îfjuiv*
Y.
voyez Adverbe , p. 62 : voyez Impératifs page 4^0 î
voytz Prononciation, p, i$6.
— Pronom pcrfonnel régi ; quelle efl fa place ? voyez
Pronoms, p* 200 ^fuiv.
•— Etant terminatif : voyez ihid»p, 104,
DES MATIERES. 599
3r, quand eft-ce qu'il doit prendre uni après lui ; quand
cfl-ce qu'il cft adverbe de lieu ; voyez Voyelles , p.
— Mouillé : voyez Orthograyhe , p. 5^ ù'fuiv.
^— Pour là , à cet endroit-là , conflruit avec 772e prônons
perfonnel régi : voyez Pronoms , p. zo^»
Z
^j : voyez s au mot Conformes , p. 270 : voyez Aâjeflîf
( nombre) ,]7. i7 & 2.8 ù>fuiv, yoyczPrononciaîion 9
p.173*
]kc9 ( %nc ) voyez PonÔluation , p. X^î»
iv/z de la Tahle des Maderesi
PRIVILÈGE DU ROI.
J_j ouïs, par la grâce de Dieu , Roi de France
&. de Navarre : A nos amées & féaux Confeillers,
les Gens tenans nos cours de Parlement , Maî-
tres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel ,
Grand-Conleil,Prév6tde Paris , Baillifs , Séné-
chaux , leurs Lieutenans Civils, & autres nos
Jufticiers qu'il appartiendra, S a lu t. Notre amé
Je Sieur Lac o M BE, Libraire àParis, Nous a fait
expo fer qu'il défn'eroit faire imprimer 6c donner
au Public , un ouvrage qui a pour titre : Diciion-
nairedela Langue trançoife , s'ils nous plaifoit
lui accorder nos Lettres de Privilège pour ce né-
cefTaires.A ces Cause s, voulant favorablement
traiter l'Expofant, nous lui avons permis &; per-
mettons par ces Préfentes de faire imprimer ledit
Ouvrageautantdefoisquebon luifemblera, &
de le vendre, faire vendre & débiter par-tout
notre Royaume pendant le tems de fix années
confccutives , à compter du jour de la date des
Prcfentcs. Faifons défenfes à tous Imprimeurs ,
Libraires & autres perfonnes de quelque qualité
Se condition qu'elles foient,d'en introduire d'im-
pieiîîon étrangères dans aucun lieu denotreobéil^
lance ; commue aufîi d'imprimer, faire imprimer,
vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire le-
dit Ouvrage , ni d'en faire aucuns Extraits fous
quelque prétexte qucce puilTe être , lans la per-
mifiion exprefle 6; par écrit dudit Expofant , ou
de ceux qui auront droit de lui , à peine de cori-
filcation des exemplaires contrefaits , de trois
mille livres d'amende contre chacun des Con«
trevenans , dont un tiers à Nous, un tiers à
l'Hôtel-Dieu de Paris, & l'autre tiers audit Ex-
pofant ; ou à celui qui aura droit de lui , & de
tout dépens, domm^.ges & intérêts ; à la charge
que ces Préfente feront enregidrces tout au long
fur le Regiftrede la Communauté de$ Impri-
meurs (Se Libraires de Paris , dans trois mois de
la date d'icelles; que l'imprelîion dudit Ouvrage
fera faite dans notre R jyaume & non ailleurs ,
en bon papier ôc beaux caradères, conformé-
ment aux Réglemens de la Librairie , <5c notam-
ment à celui du I G Avril 1725 , à peine de dé-
chéance du préfent Privilège ; qu'avant de l'ex-
pofer en vente , le Manufcrit qui aura fervi de
copie à rimprelTion dudit ouvrage , fera remis
dans le même état où l'Approbation y aura été
donnée , es mains de notre très-cher Se féal
Chevalier , Chancelier de France , le fieur de
X.AMoiGNON,& qu'il en fera en fuite remis deux
Exemplaires dans notre Bibliothèque publique,
un dans celle de notre Château du Louvre , un
dans celle de notredit fieur deLa m oignon, &
un dans celle de notre très-cher & féal Chevalier,
Vice-Chancelier & Garde des Sceaux de France,
lefieur DE Maupeou ; le tout à peine de nul--
lité des Préfentes : du contenu defquelles vous
mandons 6c enjoignons défaire jouir ledit Expo-
faut & fes ayant caufes , pleinement & paifible-
ment, fans louffrir qu'il leur foit fait aucun
trouble ou empêchement. Voulons que la copîe
des Prefentes qui fera imprimée tout au long ,
au commencement ou àla fin dudit Ouvrage,foit
tenue pour duement rignifiée,&: qu'aux copies
coilationnées par l'un de nos amés féaux Con-
feiliers-Sécrétaires , foi foit ajoutée comme à
l'original. Commandons au premier notre Huif-
fier ou Sergent fur ce requis , défaire pour Texé^
cution d'icelles , tous ades requis & & néce Jai-
res , fans demander autre permilTion , & nonob-
flant clameur de Haro , Charte Normande , &
Lettres à ce contraires : Car tel efl notre plaifir.
DoNNK à Paris le dixième jour du mois de Dé^
cembre , l'an de grâce mil fept cent foixante-fix,
& de notre Régnele cinquante-deuxième. Par
le Roi en fon Confeil. LE BEGUE.
Regijîréfurle Regifîre XVIJ, de la Chambré
Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs
de Faris.^°. 1071/0!. 66. conformément au Ré-
clément de 172$. A Paris,ce 18 Décembre iy66é
Signé , GANEAU , Syndic.
J'ai cédé le préfent Privilège à M. J. P. Costard g
Libraire , fuivant nos conventions. A Paris, ce 4 Mai
1770. ^'z^ne , Lacomee,
Re^ijîré la préfente Cejfion fur te Regifîre XFHL de
la Chambre Koyde G' Syndicale des Libraires £f Impri-
meurs de Paris , N°. if i. conformément aux anciens Ré-
glemens ^confirmés par celui du 28 Février 1723- A Pai
ris > ce premitr Juin i77o-
Briajson, Syndici
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