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Full text of "Erpétologie générale, ou, Histoire naturelle complète des reptiles"

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_ ERPÉTOLOGIE 


GÉNÉRALE 


HISTOIRE NATURELLE 


COMPLETE 


= TOME TROISIÈME. | 


PARIS.—IMPRIMÉRIE ET FONDERIE DE FAIN, 
Rue Racine, n. 4, place de l'Odéon. 


ERPÉTOLOGIE 


GÉNÉRALE 


HISTOIRE NATURELLE 


DES REPTILES 


Par A. M. C. DUMÉRIL, 


MEMBRE DE L'INSTITUT, PROFESSEUR À LA FACULTÉ DE MÉDECINE, 


PROFESSEUR ET ADMINISTRATEUR DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE. ETC 


ET Par Ge. BIBRON, 


, 5 | 
AIDZ NATURALISTE AU MUSEUM D HISTOIRE NATURELLE. 


TOME TROISIÈME. 


CONTENANT L' HISTOIRE DE TOUTES LES ESPÈCES DES QUATRE PREMIÈRES 
FAMILLES DE L'ORDRE DES LÉZARDS OU SAURIENS, 


SAVOIR : 
LES CROCODILES, LES CAMELÉONS, LES GECKOS ET LES VARANS. 


OUVRAGE ACCOMPAGNE DE PLANCHES. 


PARIS. | 


LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE RORET, 


RUE HAUTEFEUILLE, N° 10 8416. 


1836. Si 


MCZ LIBRARY 
HARVARD UNIVERSYTY 
CAMBRIDGE. MA USA 


AVERTISSEMENT. 


Arsr que nous l’indiquons dans le titre, ce 
troisième volume est spécialement consacré à 
l’histoire naturelle des quatre premières familles 
de l’ordre des Lézards ou des Sauriens. Il est 
divisé en autant de chapitres, qui sont relatifs 
aux Crocodiles, aux Caméléons, aux Geckos et 
aux Varans. 


La marche que nous avons adoptée est, en 
tout, semblable à celle que nous avons suivie 
précédemment pour l'histoire des Tortues. En 
exposant ainsi les faits dans le même ordre, 
nous espérons en faciliter l'étude comparée, et 
nous y avons trouvé nous-mêmes le grand 
avantage de n'omettre aucun trait important 
dans l'étude des formes, de l’organisation et des 
mœurs des espèces. Leur description s'élève ici 
à plus d'une centaine, qui ont été observées sur 
un nombre immense d'individus. Nous croyons 
devoir citer un exemple qui pourra donner li- 
dée de la position singulièrement favorable dans 
laquelle nous nous trouvons placés, quand 
nous dirons que, pour décrire les quatorze es- 
péces du genre Crocodile, nous avons puréunir 
en même temps sous nos yeux plus de cent cin- 
quante exemplaires des deux sexes, de toutes 


i] AVERTISSEMENT. 


les dimensions, soit desséchés, soit conservés 
dans la liqueur. 

Voici l'ordre que nous avons continué de 
suivre dans cette histoire, en cherchant à la 
rendre aussi complète qu’il était possible : 

Nous présentons d'abord des réflexions géné- 
rales sur les motifs qui ont porté les Natura-- 
listes à rapprocher entre elles les espèces déter- 
minées des Reptiles Sauriens, pour en former 
une même famille, et sur les moyens qu'ils ont 
employés pour les répartir en sections et en 
genres. Aprés avoir exposé en quoi ces animaux 
différent de tous ceux du même ordre, nous 
exprimons leurs caractères naturels, œ nous 
indiquons, par ordre de dates, tout ce qui est 
relatif à leur classification dans Îles ouvrages 
généraux ou systématiques. 


Dans un second article, nous faisons con- 
naître les formes et la structure des espèces 
ainsi rapprochées, en étudiant successivement et 
constamment dans le même ordre , leurs quatre 
grandes fonctions principales, c l dire ce qui 
concerne les mouvemens, la sensibilité, la nour- 
riture et la reproduction, en rapportant fidele- 
ment toutes Îles circonstances qui peuvent inté- 
resser dans leur histoire. 

Les habitudes, les mœurs et la distribution 
séographique des espéces, font le sujet d'un 
troisième article | 

La partie historique qui suit est destinée à 


\ 


AVERTISSEMENT. li} 
exposer dans l'ordre chronologique, la série 
des auteurs qui ont laissé des mémoires ou des 
traités particuliers relaufs à une ou à plusieurs 
espèces , avec une courte analyse des faits prin- 
cipaux qui se trouvent consignés dans ces 
écrits. 

Après ces préliminaires, dans lesquels l’his- 
toire naturelle générale de chacune de ces fa- 
milles se trouve nécessairement exposée, nous 
passons à l'étude de la classitication, que nous 
résumons en présentant des tableaux synopti- 
ques ou systématiques, destinés à rendre faciles 
et plus rapides les distinctions des genres et la 
détermination des espèces. À cet égard, nous 
nous Sommes soumis également pour les détails 
à une méthode constamment la même. Voici 
d’ailleurs comment nous avons procédé. Après 
le nom du genre ou de l'espèce, nous avons 
tracé, d'abord les caracteres essentiels à l’aide 
desquels l'animal est à l'instant distingué de 
tous ceux avec lesquels 1l peut avoir des rap- 
ports; la synonymie chronologique , extraite 
des ouvrages mêmes que nous avons pu con- 
sulter , précède toujours la description détaillée 
dans laquelle nous n’avons négligé aucune par- 
ticularité. Nous indiquons ensuite la coloration, 
les dimensions, la patrie et les observations par- 
ticulières auxquelles quelques individuspeuvent 
avoir donné lieu. 


Enfin, quand il existe des débris fossiles que 


1V AVERTISSEMENT. 


l'on a düù rapporter à des espèces de Sauriens 
analogues à celles de la famille, nous leur con- 
sacrons un dernier article, et c'est ce qui est 
arrivé pour les Crocodiles et les Varans. 


En raison du petit nombre de planches à la 
publication desquelles nous avons dü nous bor- 
ner, nous nous sommes surtout attachés à offrir 
les figures des genres principaux dans chaque 
famille. Nous ne devions donner d'abord que 
douze planches pour les Sauriens ; mais, comme 
le volume suivant leur sera encore presque ex- 
clusivement consacré, il nous est devenu facile 
d'en faire représenter un plus grand nombre. 
Celles qui manquent dans la série feront partie 
de la quatrième livraison; elles sont ici rempla- 
cées par d’autres dont l’ordre numérique se 
trouvera rétabli par la suite, 


Au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, le 15 juin 1836. 


HISTOIRE NATURELLE 


DES 


REPTILES. 


SUITE 


DU 


LIVRE QUATRIÈME. 


DE L'ORDRE DES LÉZARDS OU DES SAURIENS. 


CHAPITRE IV. 


FAMILLE DES CROCODILIENS OU ASPIDIOTES. 


RCE EEE 


QI. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES ET DISTRIBUTION EN 
SOUS-GENRES. 


Les Reptiles de cette famille des Crocodiliens ne 
devraient réellement pas être placés au rang Île plus 
élevé dans l'ordre des Sauriens, si l'on ne consultait 
que l'énergie de leurs fonctions animales, puisqu'il 
en est de plus agiles, et chez lesquels les organes des 
sens semblent, par cela même, avoir acquis plus de 

REPTILES, ti. L 


2 LÉZARDS CROCODILIENS 


perfection et de développement dans tout ce qui 
tient à la vie de rapports. Nous avons cependant cru 
devoir procéder d’abord à l'étude de leur histoire, 
parce que ce sont des espèces dont le corps acquiert 
de très-grandes dimensions , ce qui rend leurs or- 
ganes beaucoup plus faciles à anatomiser, et que leur 
structure pourra ainsi nous servir de type ou de sujet 
de comparaison, quand il faudra apprécier les di- 
verses modifications que les mêmes parties auront 
éprouvées dans les autres races. Cette famille forme 
d’ailleurs une sorte de transition naturelle à l’ordre 
des Chéloniens , dont les derniers genres semblent 
nous avoir initiés d'avance avec les détails de la con- 
formation générale que nécessitaient une vie aqua- 
tique et une grande analogie dans les habitudes et 
les mœurs, qui se retrouveront en effet chez les 
Sauriens, réunis ici sous le nom d’Aspiniotes, c’est-à- 
dire écussonnés. 

Nous savons déjà que les Crocodiles doivent être 
rapportés à l’ordre des Lézards, puisque leur corps, 
sans carapace, est terminé par une queue très-allon- 
gée, qu'il est supporté par quatre pattes, dont les 
doigts sont garnis d'ongles; puisque leurs mâchoires 
ont les branches soudées et dentées; qu'ils ont des 
paupières, un tympan, un sternum et des côtes, et 
que leurs petits, en sortant d’un œuf à coque dure et 
calcaire, sont semblables à leurs parens et ne subissent 
pas de métamorphoses. 

En outre, cette famille présente beaucoup de par- 
ticularités propres à la faire distinguer de toutes celles 
qui réunissent les autres Reptiles sauriens, et que 
nous allons indiquer d’abord, comme présentant des 
caractères naturels ; nous les développerons ensuite, 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 3 


en entrant dans des détails qui feront mieux sentir 
toute leur importance par la comparaison qui en sera 
établie avec les autres groupes du même ordre. 

1°. Tous ont les tégumens de la tète immédiate- 
ment appliqués sur les os; c'est une sorte de peau 
coriace qui n’est pas protégée par des écailles, mais 
dont l’épiderme est épais, divisé par des impressions 
linéaires en compartimens simulant des plaques écail- 
leuses qu’on retrouve sur le crâne de la plupart des 
autres Sauriens ; cette peau est lisse, maïs elle suit 
toutes les saillies et les anfractuosités de la surface 
de la tête, dont le crâne et le museau sont toujours 
déprimés. 

20 Leur langue, qui ne peut sortir de la bouche, 
n’est apparente que lorsque l'animal écarte les mä- 
choires ; elle est plate, large, charnue, non échancrée 
à la pointe, fixée par tout son pourtour dans l’espace 
compris entre les branches de la mâchoire inférieure ; 
celles-ci sont plus longues que le crâne, qui se pro- 
longe cependant en arrière pour servir à leur articu- 
lation. 

3° Les dents sont nombreuses, grosses, toujours 
inégales en longueur, coniques, creuses à la base, 
disposées en rang simple, implantées dans l'épaisseur 
des bords des os maxillaires supérieurs et inférieurs, 
et dans les cavités particulières de véritables alvéoles. 

4° Les narines ont leurs orifices extérieurs rappro- 
chés entre eux; placées près de l’extrémité antérieure 
et supérieure du museau, elles sont munies de val- 
vules mobiles ; leurs cavités forment deux longs ca- 
naux parallèles qui s'ouvrent, non dans la cavité de 
la bouche, mais dans l’arrière-sorge. 

5° Les oreilles externes sont recouvertes ou cachées 

ne 


4 LÉZARDS CROCODILIENS 

par deux sortes d'opercules mobiles, lan supérieur, 
l’autre inférieur, attachés sur le bord du conduit au- 
ditif. | 

6° Le tronc est déprimé, protégé du côté du dos 
par des écussons solides, à lignes saillantes en lon- 
gueur, OÙ par de grandes plaques osseuses , carénées, 
distribuées par bandes longitudinales. La peau du 
ventre est recouverte de rangées transversales de pla- 
ques écailleuses, lisses et carrées. 

7° Leur quene est surmontée de crètes longitudi- 
nales; elle est très-longue, conique, grosse à la base, 
toujours comprimée latéralement , el garnie de plaques 
carrées, verticillées. 

8° Les paites antérieures sont à cinq doigts dis- 
tincts, dont les deux externes sans ongles; les posté- 
rieures n’ont que quatre doigts palmés ou demi-pal- 
més, dont trois seulement sont onguiculés. 

og Les organes générateurs sont simples chez les 
mâles; le cloaque est longitudinal, ovalaire; il ne 
présente pas une fente transversale comme chez la 
plupart des autres Sauriens. 

En détaillant successivement ces particularités, au 
nombre de neuf principales, qui distinguent cette fa- 
mille des Crocodiliens, noire intention est de mieux 
apprécier les analogies ou les similitudes partielles 
qui semblent lier ce groupe à quelques autres du 
méme ordre, en même temps que nous aurons occa- 
sion de faire saillir davantage les différences essen- 
tielles de l’organisation, qui les isolent, pour ainsi 
dire, de tous les autres animaux de cette même classe 
des Reptiles. 

1° L’adhérence intime de la peau sur les os qui for- 
ment le crâne et la face, ainsi que l’absence des écailles 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. ñ 


ou des plaques cornées sur ces mêmes parties, de- 
viennent des notes importantes pour faire distinguer 
les Crocodiliens des trois antres familles de Sauriens, 
qui comprennent les Lézards, les Scinques et les 
Chalcides ; et quoique la dépression du crâne et la- 
platissement du museau se retrouvent aussi et pres- 
que uniquement dans quelques Geckotiens, tous les 
autres Sauriens, sans exception, ont une hauteur du 
crâne telle que dans les sections verticales que l’on 
pourrait en faire, cette dernière étendue serait à peu 
près égale à sa largeur. 

2° La conformation de la langue, qui est entière, 
liée de toutes parts à la mâchoire inférieure, et qui 
par cela même ne peut sortir de la bouche, semble 
indiquer quelque analogie, pour sa disposition et ses 
usages , AVEC celle de Îa plupart des espèces de Batra- 
ciens Urodèles, comme les Salamandres. Il est vrai 
que les Geckotiens ont aussi une langue plate et peu 
mobile; mais chez eux cet organe est libre à la pointe, 
qui est aussi le plus souvent un peu échancrée. Wa- 
gler s’est même servi de ce caractère de l'immobilité 
absolue de la totalité de la langue, pour placer les 
Crocodiles dans une famille spéciale, qu'il distingue 
de celles de tous les autres Sauriens, par cette particu- 
jarité qu’il a cherché à exprimer sous le nom d’/Æé- 
dræoglosses. 

Quant à la longueur excessive de la mâchoire infé- 
rieure, relativement à l'étendue du crâne dans le même 
sens, c'est véritabiement une singularité remarquable 
par la comparaison qu’on peut en faire avec la plupart 
des autres Reptiles, et par les eflets qui résultent de 
leur mode d’articulation. En effet, la cavité glénoïde 
ou articulaire est située chez ces animaux bien en ar- 


"6 LÉZARDS CROCODILIENS 


rière de l’occipital, parce que leurs os carrés ou intra- 
articulaires sont soudés au crâne comme dans les 
Chéloniens , et bien plus en arrière. C’est ce qui fait 
que la commissure des mâchoires, ou la fente de la 
bouche, s'étend réellement au-delà du crâne, et comme 
les muscles destinés à écarter les mâchoires sont atta- 
chés en arrière de l'articulation, leur action s'exerce 
le plus ordinairement sur la totalité de la mâchoire 
supérieure qui s'élève et s’écarte de l’inférieure, parce 
que celle-ci reste fixe toutes les fois qu’elle est appuyée 
sur le sol, ce qui arrive le plus ordinairement lors- 
que l’animal est sur un terrain solide. 

3° Quant aux dents des Crocodiles, dont les formes, 
la structure, la disposition respective et le mode de 
développement présentent plusieurs faits curieux, 
nous en avons déjà parlé dans plusieurs parties de cet 
ouvrage (1), et M. Cuvier a fait sur ce sujet des re- 
marques intéressantes (2). Voici en abrégé quelques- 
unes de ces particularités : 

Toutes ces dents, quoique très-solides par leur 
masse et par le poids de la matière éburnée qui les 
constitue, présentent cependant un amincissement 
notable et une cavité conique dans leur racine; le bord 
tranchant de cette racine est échancré du côté in- 
terne, et c’est par cette région que pénètre le sommet 
du cône de la dent de remplacement qui, venant à 
remplir peu à peu cet espace, finit par comprimer les 
nerfs et les vaisseaux nutritifs de la dent primitive 
à laquelle celle-ci doit succéder. Peut-être même, 


mg 


(1) Tome 1er, p. 121, et tome 11, p. 640, 3° alinéa. 
(2) Ossemens fossiles, tom. v, 2° partie, Ostéologie des Croco- 
diles, article 111, p. 90. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. ji 


dans ses prévoyances, la nature a-t-elle aïnsi dispose 
une suite de dents emboîtées, destinées à se suppléer 
en cas d’accidens ; car il est rare d'observer des ab- 
sences absolues d’une ou de plusieurs dents sur ies 
bords des mâchoires. 

Au reste, les Sauriens de cette famille sont les seuls 
dont les dents soient véritablement implantées par 
gomphose dans le bord alvéolaire de lune et de l’autre 
mâchoire, et qui aient une base libre tout-à-fait cir- 
culaire et tranchante, qu'on voit quelquefois rester 
comme un anneau en couronne sur la pointe de la 
dent nouvelle, lorsque la première, ou la dent pri- 
mitive , a été cassée vers sa racine. 

4° Comparées à celles des autres Sauriens, et même 
à celles de l’ordre entier des Reptiles, les narines des 
Crocodiliens sont certainement celles qui offrent le 
plus d’étendue , même respectivement à la longueur 
totale de leur corps. Leur double orifice en croissant, 
dont la concavité est en arrière, se trouve rapproché 
et comme confondu sur un tubercule charnu, qui oc- 
cupe le sommet du museau vers son extrémité libre. 
Là il est muni d’un appareil de soupapes ou de val- 
vules mises en action par des muscles. Cette confor- 
mation est certainement en rapport avec les habi- 
tudes de ces animaux, qui sont souvent obligés de 
plonger avec une proie entre les mâchoires, ce qui 
leur donne la faculté de rester ainsi sous l’eau à de 
grandes profondeurs avec la gueule béante. 

La terminaison postérieure de ces conduits naAsSaUX , 
qui, après avoir parcouru toute la longueur de la 
votite du palais, viennent enfin déboucher dans 
listhme de la gorge, offre encore une singularité tout- 
à-fait caractéristique et liée avec la faculté que ces 


8 LÉZARDS CROCODILIENS 


animaux possèdent, de pouvoir respirer par le sommet 
du museau situé à la superficie des eaux, pendant que 
leur gueule est complétement ouverte en avant, et 
paraissant complétement close en arrière. 

5° Quoique tous les Sauriens et même les Reptiles 
en général n'aient pas de conque véritable ou de re- 
plis extérieurs aux oreilles, on trouve chez les Cro- 
codiles deux sortes de plaques mobiles qui s'appliquent 
à volonté, plus ou moins fortement, sur l’orifice du 
conduit auditif externe. C'est un exemple unique, et 
qui à dù être par conséquent noté comme une particu- 
larité distinctive pour cette famille. 

6° La forme générale du corps, dont le tronc offre 
toujours un peu plus d'étendue en largeur qu’en hau- 
teur, se retrouve dans quelques autres familles de Sau- 
riens, tels que les Geckos, les Tupinambis, etc.; mais, 
à l'exception de la Dragonne, on n'observe chez aucun 
animal de cet ordre une disposition semblable dans 
les plaques qui protégent les tégumens. Il y a sur 
Ja nuque et sur le dos, de grands écussons ou boucliers 
solides, souvent osseux, relevés suivant leur longueur 
par une crête ou arête longitudinale : des arêtes ana- 
losues sur la base de la queue en rangée quadruple, 
puis double, et enfin simple ou tranchante sur l’ex- 
trémité libre de la queue, qui est toujours comprimée 
ou aplatie de droite à gauche pour servir de rame ou 
de nageoire. Le dessous du ventre est protégé par des 
verlicilles de plaques carrées, lisses ou sans carènes, et 
les flancs sont garnis de petites écailles arrondies ou 
ovales. Comme nous venons de le dire, le seul genre 
de la Dragonne présente sous ce rapport quelque ana- 
logie avec les Crocodiles; mais ses pattes sont tout 
autres, ayant cinq doigts distincts, et tous munis 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 9 
d'ongles, les postérieures n'étant pas palmées; en 
outre, sa langue est libre, fourchue à la pointe ; enfin 
ses dents sont en tubercules mousses. 

7° La forme des pattes, qui sont tellement courtes 
qu’elles peuvent à peine soutenir le poids du corps; la 
direction de ces membres, qui est presque transver- 
sale à la longueur de l’échine; les doigts, au nombre 
de cinq en avant, dont les deux externes sont constam- 
ment privés d'ongles ; les membranes, qui lient entre 
elles les bases des doigts postérieurs, toujours au nom- 
bre de quatre, dont l'extérieur n'est pas protégé par 
un ongle : tout dénote les habitudes aquatiques déjà 
annoncées par la compression de la queue, et la po- 
sition des orifices extérieurs des organes de la respi- 
ration. Or, parmi les Sauriens, les Uroplates et les 
Ptychozoons offrent seuls des pattes ainsi palmées, 
mais d'ailleurs toute leur organisation Îles rapporte à 
l’ordre des Geckotiens. 

8° Enfin, les Crocoditiens mâles semblent construits 
comme les Oiseaux et les Chéloniens, puisque, parmi 
les Sauriens, ce sont les seuls dont les organes géni- 
taux soient extérieurement simples, et chez lesquels 
les deux sexes portent en dessous, à la racine de la 
queue, une fente dirigée en longueur. C’est la termi- 
naison du cloaque, qui est au contraire fendu en tra- 
vers chez presque tous les autres Sauriens. 

En analysant ces nombreuses particularités pour 
les réduire à leur plus simple expression, et les pré- 
senter comme une sorie de résumé de ce qui précède, 
nous assignerons à cette famille la série suivante de 
caractères essentiels ou naturels, parce que nous Îles 
avons tirés uniquement de leur conformation exté- 
rieure. 


10 LÉZARDS CROCGODILIENS 

Corps déprimé, allongé, protégé sur le dos par des 
écussons solides et carénés. 

Queue plus longue que le tronc, comprimée laté- 
ralement, annelée et garnie de crétes en dessus. 

Quatre pattes courtes, dont les postérieures ont les 
doigts réunis par une membrane natatoire : trois 
ongles seulement à chaque patte. 

Téte déprimée, allongée en un museau au-devant 
duquel se voient des narines rapprochées sur un tu- 
bercule charnu, garni de soupapes mobiles ; bouche 
fendue au-delà du crâne. 

Langue charnue , adhérente , entière, non pro- 
tractile. \ 

Dents coniques, simples, creuses à la base ou vers 
la racine, inégales en longueur, mais sur un seul rang. 

Organe génital mâle, simple, sortant par un cloaque 
fendu en longueur. 


Nous ne nous étendrons pas davantage sur ces ca- 
ractères différentiels, dont les détails devront se re- 
produire par la suite, quand nous aurons occasion 
de faire connaître les autres familles, puisque nous 
allons d’ailleurs exposer l’organisation des Crocodi- 
liens, pour indiquer en quoi leur structure diffère de 
celle des autres Sauriens. 

Li serait en effet impossible, en consultant ces notes 
caractéristiques, de confondre cette famille avec au- 
cune de celles des sept autres qui sont réunies dans 
le même ordre. En ne considérant donc que quelques 
points de leur conformation ou de leur structure in- 
terne, comme nous l'avons fait dans les deux tableaux 
synoptiques insérés aux pages 596 et 597 du volume 
précédent, on reconnait, à l’aide de l'analyse : 1° que 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. Ti 


les Lézards, les Scinques et les Chalcides ont le 
dessus du crâne garni de plaques cornées, disposées 
par compartimens , ou de lames entuilées comme les 
écailles des poissons ; 2° que, contrairement à ce 
qu’on observe dans les Caméléons et les Geckos, la 
peau n'est pas lisse, ni irrégulièrement granulée ou 
chagrinée; 3° enfin que les Varans, les Iguanes n’ont 
pas, comme les Crocodiles , les doigts des pattes pos- 
térieures réunis à leur base par des membranes, ni 
le dos protégé par des écussons osseux. Il devient 
donc aussi impossible de ne pas considérer les Aspi- 
diotes comme formant une famille tout-à-fait distincte 
dans l’ordre des Sauriens. 

Par un autre mode d'investigation fondé sur l’exa- 
men de la forme et de la disposition de la langue, 
qui chez les Crocodiles est entière, fixée de toutes 
parts au plancher que lui présentent les branches de 
la mâchoire inférieure, de manière à ne pouvoir se 
déplacer pour sortir de la bouche, on voit de suite 
comment ces Reptiles diffèrent d’abord des Camé- 
léoniens et des Varaniens, chez lesquels cet organe 
est très-allongé, extensible, rentrant dans un four- 
reau; puis ensuite des espèces comprises dans les 
quatre autres familles, dont la langue est dégagée, 
exertile, et le plus souvent fendue, ou du moins 
échancrée à son extrémité libre. 

Il demeure donc définitivement bien établi que la 
famille des Aspidiotes ou des Crocodiliens comprend 
des animaux entièrement différens de tous ceux qu’on 
a rangés dans les sept autres groupes du même ordre 
des Sauriens. Nous pouvons maintenant procéder à 
l'étude de la structure intérieure et des fonctions de 
‘ cette famille de Reptiles. 


12 LEZARDS CROCODILIENS 


$ IT. Orcanisarion pes Crocontrtens. 


Il n'est pas de familles parmi les Sauriens, nous 
pourrions même dire parmi les Reptiles, qui attei- 
gnent de plus grandes dimensions, ou qui acquièrent 
un poids plus considérable, et surtout qui dévelop- 
pent une plus grande puissance de mouvemens que 
celle des Crocodiliens. Après les Chéloniens, il n’en 
est peul-être pas qui soient mieux protégés par les 
plaques souvent osseuses qui recouvrent leur dos et 
les parties les plus vulnérables de leur corps. D'ailleurs 
l'étude de leur organisation, dont nous allons indi- 
quer les particularités les plus remarquables , nous 
offrira beaucoup de points intéressans à connaître ; 
et comme leur anatomie a été mieux étudiée, qu’elle 
est plus facile à décrire, en raison du volume des par- 
ties, elle servira de type ou de point de comparaison 
pour les organes de même nature, que nous aurons à 
faire connaître dans les autres familles de Sauriens. 
Nous suivrons dans cet examen le même ordre que 
celui que nous avons adopté pour la famille des Ché- 
loniens. Nous ne donnerons pas une description com- 
piète de l'anatomie; nous n'indiquerons parmi les 
particularités de l’organisation que celles qui peuvent 
être utiles pour la géologie ou pour la physiologie. 


so Des organes du mouvement. 


Nous commencerons par les organes du mouvement, 
qui ont été, au moins pour les os, étudiés d’une ma- 
nière spéciale par beaucoup de naturalistes, par 
Meckel, et surtout par Cuvier, qui en a consigné les 


OÙ SAURIENS ASPIDIOTES. 13 


résultats dans son grand ouvrage sur les ossemens fos- 
siles, d'où nous les extrairors en grande partie, car 
il est inutile de refaire ces descriptions. Seulement 
nous ne nous attacherons qu'aux résultats les plus im- 
portans obtenus par cette curieuse investigation (r). 

Nous commencerons par l'examen de la colonne 
vertébrale (l'échine ). 

L’échine des Crocodiles est composée d’un nombre 
de vertèbres à peu près constant, et qui reste tel 
dans tous les individus de la même espèce, à toutes les 
périodes de leur existence. Chez tous, à l'exception 
de la région caudale, dont les pièces osseuses parais- 
sent en rapport avec les anneaux transversaux que 
forment les écailles de la queue comme autant de ver- 
ticilles , et qui varient un peu, on compte sept ver- 
tébres au cou, douze au dos, cinq aux lombes et deux 
seulement entre les os du bassin. Le nombre total des 
os de l’échine, non compris la tête, est de soixante 
à soixante-six ou huit en totalité. Toutes les vertè- 
bres, à l'exception de l’ailas, ont la troncature anté- 
rieure du corps marquée d'une concavité pour rece- 
voir la convexité ou l'espèce de condyle de la résion 
postérieure , analogue en cela au mode d’articulation 
du condyle occipital unique , avec la cavité formée 
par les trois pièces antérieures et latérales de l’axis. 

Parmi les vertèbres du cou, qui sont toutes re- 
marquables par la non réunion des pièces qui les com- 


an 


(1) Piumier a laissé une description des os qui composent le 
squelette du Crocodile dans ses maruscrits, et Scuneiper l'a publiée 
en extrait dans un journal de Leipsick, p. 455 et suivantes, et 
planche iv. On trouve ces mêmes extraits dans le second fascicule 
de son Histoire littéraire et naturelle des Amphibies, en 18o1, 
p- 72 et suivantes jusqu'a 83. 


14 LÉZARDS CROCODILIENS 


posent, on a constamment observé que la première 
du côté du crâne, ou l’atlas, est formée de six portions 
réunies entre elles par des cartilages. L’arc supérieur, 
qui correspond à l’apophyse épineuse et à ses lames, 
n'offre qu'une légère saillie médiane ; les deux bran- 
ches latérales symétriques sont les apophyses articu- 
laires qui reçoivent en partie le condyle occipital 
unique , et en dessous les mêmes apophyses de l’axis. 
La partie antérieure de cet anneau correspond au 
corps des autres vertèbres en avant; elle termine la 
fosse condylienne , et en dedans elle reçoit la facette 
antérieure de lapophyse odontoïde de laxis: enfin, 
sur sa partie antérieure, elle présente une articulation 
pour les deux apophyses transverses, qui sont ici mo- 
biles et qui sont les analogues des côtes. 

La deuxième vertébre cervicale, ou l’axis, n’est 
formée que de cinq pièces distinctes : 1° la portion 
annulaire qui se joint au corps par deux sutures den- 
telées, et dont l’apophyse épineuse est une longue 
crête ; 2° les quatre apophyses articulaires qui sont pres- 
que horizontales; 3° le corps, qui est la portion la 
plus développée, porte en avant l’apophyse odontoïde 
reçue dans la concavité de l’atlas, et elle s’y meut ; la- 
téralement , elle supporte les deux apophyses transver- 
ses, simulacres des côtes dont elles sont les rudimens. 

Les cinq autres vertèbres cervicales se ressemblent 
entre elles, et se rapprochent, par les notes qui y 
restent inscrites, des deux que nous venons de dé- 
crire; elles sont semblables à l’axis, en ce que leurs 
apophyses épineuses , latérales ou articulaires, et les 
transverses ou costales, sont tout-à-fait analogues. 

Les vertèbres dorsales diffèrent des cervicales, d’a- 
bord en ce que les six premières, quelquefois cinq 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 15 


seulement , ont sous le corps une sorte d’apophyse ou 
de tubérosité médiane ; que leurs apophyses trans- 
verses sont plus relevées et qu’elles reçoivent les véri- 
tables côtes ou les cerceaux osseux, et que cette cir- 
constance y laisse indiquées les empreintes de ces 
articulations mobiles, garnies de cartilages d’incrus- 
tation. 

Les vertèbres lombaires ne diffèrent des dorsales 
que par l'absence de ces mêmes facettes articulaires, 
et les vertèbres sacrées ou pelviennes, parce que ces 
mêmes facettes sont excessivement développées en lar- 
geur pour recevoir les articulations des os coxaux ou 
pelviens. 

Quant aux vertèbres caudales, semblables jusqu’à 
un certain point aux lombaires, leur corps, ou partie 
moyenne la plus épaisse, va constamment en dimi- 
nuant de volume du bassin à l'extrémité libre de la 
queue. Ce corps est d'autant plus mince et plus com- 
primé de droite à gauche, qu’elles se rapprochent de la 
terminaison.Ces vertèbres portent en outre, la première 
exceptée , un os mobile à deux branches en chevron, 
semblables aux apophyses épineuses inférieures des 
poissons , et destinées à former un canal, dans la lon- 
gueur duquel les vaisseaux artériels et veineux sont 
recus et protégés. 

Les Crocodiles ont tous douze côtes de chaque côté; 
si l’on ne regarde pas comme telles les apophyses mo- 
biles des vertèbres cervicales, car alors il y en aurait 
dix-neuf ou vingt. Les douze côtes dorsales s’articu- 
lent sur les vertèbres par deux racines, dont l’une 
porte sur le corps et l’autre sur l’apophyse transverse. 
La première et souvent la deuxième des côtes dorsales 
ne se joignent pas au sternum par un cartilage ; mais 


16 LÉZARDS CROCODILIENS 


les neuf qui suivent ont un prolongement cartilagi- 
neux, souvent ossifié, qui se porte et s'articule sur 
cette pièce moyenne de Îa poitrine. 

Ce sternum offre une disposition toute particulière : 
il se prolonge sous l'abdomen pour se joindre au pu- 
bis. En avant, après avoir recu les os coracoïdiens, il 
se dirige vers le cou, en formant une sorte de pointe 
plus ou moins obtuse. En arrière, il porte six ou sept 
paires de cartilages abdominaux. 

Les os des membres antérieurs correspondent à l’é- 
paule, au bras, à l’avant-bras et à la main des mam- 
mifères. On y distingue un scapulum ou omoplate, 
uni dans une cavité commune avec une clavicule que 
Cuvier regarde comme l'os coracoïdien , pour recevoir 
a tête de l'os du bras. Excepté l’absence de la vérita- 
ble clavicule, il n’y a rien de particulier dans lorga- 
nisation de ces membres antérieurs ou thoraciques , 
avec ce qui se retrouve dans les autres Sauriens. 

Ii en est à peu près de même pour les membres ab- 
dominaux ou postérieurs ; les os qui forment le bassin 
restent constamment distincts, sans s'unir en une seule 
pièce. On y distingue cependant une paire d'ilions, 
d’ischions et de pubis. 

L'ositéologie de la tête des Crocodiles présente 
beaucoup de particularités ; mais elles ne sont pas re- 
latives aux mouvemens généraux, à l’exception de 
celui qui s'exerce sur la colonne vertébrale. Il en est 
de même des mâchoires dont les formes et le genre 
d'articulation ont exigé des modifications à cause de 
la manière de vivre de ces grands Reptiles, comme 
nous aurons occasion de l'expliquer bientôt. 

Quant aux organes actifs du mouvement, ils sont 
nombreux et très-développés , surtout en raison de la 


OU SAURIENS ASPIDIOTES, 17 


vie aquatique ou du séjour le plus habituel des Cro- 
codiliens dans l’eau , où ils nagent ayant le corps im- 
mergé. 

On doit concevoir, par exemple, qu’en raison de la 
circonstance dont nous venons de parler, les muscles 
de la queue aient acquis de très grandes dimensions. 
Comme les Crocodiliens sont les espèces de cet ordre 
de Reptiles qui ont le cou le plus gros et peut-être aussi 
le plus long ; qu'ils ont en même temps la tête la plus 
volumineuse , et que le poids en est devenu très-consi- 
dérable, on peut supposer que ces mêmes proportions 
se feront reconnaître dans les organes destinés à faire 
agir le corps dans leurs mouvemens généraux et par- 
tiels. 

Les régions supérieures et antérieures de l’échine 
sont entièrement remplies par une masse charnue, 
composée de faisceaux longitudinaux très complexes , 
correspondant aux muscles sacro-lombaires , longs du 
dos , extenseurs communs et épineux, qui occupent 
en dessus les gouttières vertébrales entre les apophyses 
épineuses et transverses. Sur le cou en particulier , on 
retrouve à peu près ious les muscies des mammifères 
correspondans à la même région ; mais, comme nous 
venons de le dire, c'est surtout dans celle de la queue 
que les mêmes muscles ont acquis de plus grandes di- 
mensions, en raison du nombre des os auxquels ils s’in- 
sèrent par autant de tendons, et à cause des usages 
auxquels la nature les a destinés. Cependant, comme 
les mouvemens de la queue, qui est le principal agent 
du transport dans l’eau, s’exercent de droite à gau- 
che, ainsi que cela a lieu dans les poissons, c’est sur 
les parties latérales que se trouve aussi placée leur 
masse fbreuse contractile, et c'est une notable dif- 

REPTILES , Ill. 2 


18 LÉZARDS CROCODILIENS 


férence par rapport à ce qu'on observe dans la plupart 
des autres Sauriens, qui ont la queue conique et ar- 
rondie. 

Les muscles des membres , tant antérieurs que pos- 
térieurs , sont à peu près semblables à ceux des autres 
Reptiles du même ordre. On trouve d’ailleurs de très 
bonnes descriptions de ces parties dans les ouvrages 
d'anatomie comparée (1). 


2° Des organes de la sensibilité. 


Nous n’ajouterons rien à ce que nous avons dit sur la 
disposition des parties de l’encéphale et des nerfs qui 
en proviennent, car elles n'offrent rien de propre aux 
Crocodiliens, nous indiquerons seulement les parti- 
cularités que présentent leurs organes des sens en les 
étudiant à peu près dans le même ordre que nous 
avons suivi jusqu'à présent. 

La peau des Crocodilens est en général coriace, 
épaisse et si résistante, que les auteurs anciens, en 
parlant de sa superficie, ne la disent pas écailleuse , 
deridwrés, Mais voïidwrss, Où couverte d'une écorce. 
Son tissu est épais et serré, protégé par des écussons 
très durs, entremélés de petites et de plus grandes 
plaques. Sous le ventre, ces plaques sont plus minces, 
tétragones, d’une teinte généralement moins foncée 
et presque blanchâtre. Duverney a distingué, avec 
raison , trois sortes parmi ces plaques tuberculeuses, 


EEE en n nn) 


(1) Voyez les indications que nous en avons données à la page 661 
du volume qui précède, et en particulier Mecrez, À uatomie com- 
parée, trad. française, tome v, page 275 ; et Uarus, Traité élémen- 
taire d'Anatomie comparée, trad. par Journan, tome 1, page 350. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 19 
celles qui sont arrondies , inégales , réparties irréeu- 
lièrement sur les flancs, sur le cou et sur les mem- 
bres ; les écussons à crêtes saiïllantes , disposés par sé- 
ries lonsitudinales, devenant le plus souvent osseuses 
par l'effet de l’âge et les lames carrées, disposées par 
zones transversales sous la mâchoire, le cou, le ventre 
et la queue. Dans la région du crâne et de la face, la 
peau est intimement collée aux os, et elle n'offre au- 
cune trace d’écailles. Quoique la couleur des Croco- 
diles soit en général brune ou obscure, elle est quel- 
quefois verte, surtout sur le dos. La tête et les flancs 
méêlés de verdâtre ou d’une teinte verte, avec des 
taches noirâtres ; le dessous des pattes et le ventre 
sont d’un gris jaunâtre. Mais ces nuances varient sui- 
vant l’âge, le sexe et les différentes eaux dans les- 
quelles séjournent les diverses espèces. 

Il y a sous la mâchoire, dans des sillons longitudi- 
naux ou dans des plis semblables à des scissures, des 
pores, le plus souvent au nombre de deux, qui sont 
la terminaison d’un canal flexueux, dilatable , par 
lequel suinte une sorte de graisse ou d'humeur onc- 
tueuse, grasse, provenant d’une glande qui la sécrète. 
Cette humeur porte une forte odeur de muse qui 
adhère très long-temps à tous les corps qui en sont in- 
fectés par un simple contact. On retrouve d’autres 
pores excréteurs semblables près du cloaque. Outre 
ces pores, chez beaucoup d'espèces les écailles ou tu- 
bercules ronds et carrés offrent aussi de petits trous 
constans dans leur situation. 

Les pattes ne sont réellement point aptes à donner 
la perception de la nature des objets tangibles. Nous 
avons déjà dit qu'elles étaient très courtes, bornées 
par conséquent à des déplacemens peu étendus, et 

2 


20 LÉZARDS CROCODILIENS 


que les doigts, peu allongés , étaient liés entre eux à 
la base; enfin, que les ongles manquaient en devant 
aux deux doigts externes de chaque patte, et en ar- 
rière au doigt externe ou au quatrième. 

Les narines, ou les voies par lesquelles l’air pénètre 
de l'extérieur , ont leurs orifices rapprochés portés sur 
un tubercule comme charnu , formé par une sorte de 
tissu érectile développé dans l'épaisseur de la peau. 
Cette entrée de l'air se voit à l'extrémité du museau 
et en dessus; on y distingue deux ouvertures sig- 
moïdes , garnies de pièces mobiles , qui font l'office de 
soupapes. Le canal se termine postérieurement , au- 
delà de la bouche , dans l’arrière-gorge. Les cavités na- 
sales sont beaucoup plus étendues chez les Crocodiliens 
que chez aucun autre Reptile et même chez les oiseaux ; 
elles se rapprochent à cet égard de ce qu’on observe 
dans les mammifères. C’est aussi un long canal qui 
parcourt toute l'étendue des os de la face et de la partie 
antérieure du crâne pour arriver sous sa base, en ar- 
rière des os du palais. Ces os supportent une luette 
membraneuse , qui s’abaisse sur la langue comme un 
voile mobile , et qui ferme ainsi tout le pharynx en 
avant , lorsque les mâchoires s’écartent dans l'acte par 
lequel s'ouvre la gueule. Dans l’intérieur de ces ca- 
naux il y a une véritable membrane muqueuse, molle, 
vasculaire, supportée par une sorte de repli cartila- 
gineux, qui fait l'office d’un cornet, et; qui même se 
prolonge jusque dans les sinus osseux. L'ouverture 
externe des narines présente un appareil particulier 
dans l’organisation des bourses, qui par leurs mouve- 
mens en dilatent ou en rétrécissent les orifices. Il y a 
de plus, chez les Gavials mâles et adultes, des renfle- 
mens très singuliers des lames sous-sphénoïdales, que 


OU SAURIENS ASPIDIOTES: 2I 


M. Geoffroy nomme les os Æérisseaux, et qui sont 
tellement dilatées, qu’elles ressemblent aux caisses au- 
ditives de certains mammifères (1). 

La langue semble ne pas exister dans les Croco- 
diliens , car elle est attachée de toutes parts à la mà- 
choire inférieure pour faire le plancher de la gueule, 
comme la membrane palatine en forme la voûte. Aussi 
as les a-t-il désignés sous le nom d'Hédréoglosses, 
à cause de cette particularité. Au reste, les ao 
diles ne mâchent pas leurs alimens, et ne se servent 
pas non plus de la langue pour saisir ou retenir leur 
proie, ni pour l’'employer, comme d’autres Reptiles , 
à leur mode de respiration. Aussi cet organe n'offre- 
t-il rien de particulier à observer, sinon qu'il pa- 
raît lisse à sa surface, ou privé de papilles, quoique 
assez épais. 

Les oreilles des Crocodiliens diffèrent de celles de 
la plupart des autres Sauriens , au moins à l'extérieur, 
car elles sont munies ou protégées par deux sortes 
d’opercules ou de replis libres de la peau du crâne, 
qui présentent ainsi une fente transversale, semblable 
à deux paupières situées dans la même direction que 
celles de l’œil et immédiatement derrière elles. Cette 
fente est l’orifice du conduit auditif, une sorte de méat, 
au fond duquel on trouve une membrane du tympan. 
La Do s'étend depuis l’angle postérieur de 
l'œil jusqu’à l’occiput, l’inférieure est moitié moins 
longue. Il y a dans la caisse un seul osselet allongé, 
évasé à l’une de ses extrémités, comme le pavillon d’un 


(1) M. Geoffroy Saint-Hilaire les a fait connaître dans le tome x 
des Annales du Muséum, page 97, pl. v, fig. 10, lettre v sw. — 
Voyez aussi tome 11 du présent ouvrage, page 630 et p.665. 


22 LÉZARDS CROCODILIENS 


petit entonnoir de forme ovalaire, qui s'applique 
sur l’orifice vestibulaire, tandis que par l’autre bout 
il porte sur une portion grêle et cartilagineuse, par 
laquelle il adhère à la membrane du tambour. D'ail- 
leurs l'organe de l’ouïe ressemble à celui des Chélo- 
niens et des autres Reptiles (1), et même des Oi- 
seaux (2). : 

Les yeux des Crocodiliens sont constamment très 
petits; ils présentent une fente allongée tout-à-fait 
dans la direction du museau. On les a comparés généra- 
lement à ceux des cochons. La structure de ces organes 
est à peu près celle qu'ona observée dans les Tortues 
aquatiques. Ils ont également trois paupières : deux 
externes ou cutanées, dont l’inférieure est la plus mo- 
bile ; la troisième paupière, ou la nyctitante, joue 
transversalement sous les autres; elle est presque 
transparente, et elle est évidemment destinée à protéger 
la cornée quand l’animal ouvre les yeux dans l’eau , où 
il plonge à d’assez grandes profondeurs. La pupille, 
qui présente une fente verticale (3), paraît se dilater 
sur deux portions inégales d’un cercle concave, en 
laissant ainsi libre une fente allongée dans l'iris, dont 
la teinte varie. On a remarqué que le cristallin est 
très convexe, et semble se rapprocher de la figure sphé- 
rique, comme on l’observe dans tous les animaux aqua- 
tiques, et surtout dans les poissons. Maïs il y a une 
glande lacrymale très développée, placée au-dessus de 


(1) Voyez tome 1** du présent ouvrage, page 91, et tome 11; 
page 651. 

(2) Winniscamanx, De penitiori auris structurà in Amphibiis. 
In-4°, 1831, Leipzick. 

(3) Swammerpam, Biblia nat. tome 11, p. 881, avait déja observé 
ce fait : il compare l’œil du Crocodile à celui du Chat, et il dit: 
Papillæ apertura diurno tempore oblongam veluti rimam refert. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 23 


l'œil , dans la partie antérieure de l'orbite. On observe 
aussi un conduit qui dirige les larmes vers la partie 
moyenne du canal des narines , de manière à laisser 
constamment humide la membrane pituitaire. 


3° Des organes de la nutrition. 


Comme nous avons donné beaucoup de détails (1) 
sur les os qui concourent à former la bouche, et en 
particulier sur les deux mâchoires dans les Grocodiliens 
‘que nous avons pris pour exemple, de ce qu'on re- 
trouve chez les autres Sauriens, nous ne présenterons 
pas de nouveaux développemens à ce sujet. Il nous suf- 
fira de rappeler que les condyles temporaux, qui corres- 
pondent aux os carrés, sont soudés aux temporaux, 
qu’ils sont rejetés trèsen arrièreau-delade l'articulation 
occipitale, et que de cette manière les branches de la 
mâchoire inférieure sont réellement plus longues que 
la tête. Comme la fosse condylienne a son plus grand 
diamètre en travers, ses mouvemens sont bornés à ceux 
de l'élévation et de l’abaissement ; de sorte qu'il n’y 
a aucun déplacement latéral, ni de devant en arrière, 
l'animal n'étant réellement pas doué de la faculté de 
mäâcher ou de broyer la proie qu'il doit saisir pour 
la déchirer entre deux tenailles garnies de dents co- 
niques et pointues , qui ne peuvent se déplacer ni de 
devant en arrière, ni de droite à gauche. Les Croco- 
diliens, d’ailleurs , se distinguent de la plupart des 
autres Sauriens par l'absence absolue des lèvres cuta- 
nées, de sorte qu’on peut voir leurs dents, même 


(1) Tome 1°" du présent ouvrage, page 54 et suivantes pour 
les cranes, et 119 pour les màchoires. 


, 


D LÉZARDS CROCODILIENS 
lorsqu'ils ont les mächoires tout-à-fait rapprochées. 
Nous savons que la base des dents coniques des 
Crocodiles est creusée de manière à servir de gaîne au 
germe de la dent prédestinée à la remplacer, et qui 
doit être beaucoup plus grosse, de manière à ce que 
le nombre de ces dents ne varie pas avec l’âge, comme 
cela arrive à beaucoup d’autres animaux. Par cette 
disposition d’une double gomphose, cette implantation 
des dents offre la plus grande solidité, et en outre les 
alvéoles sont toutes dirigées obliquement de devant 
en arrière. 
Ces dents arrondies, isolées les unes des autres, 
sont inégales en grosseur et en longueur, mais d’une 
manière constante, même par leur direction, dans 
chacun des trois sous-genres. Elles sont toujours en 
simple rang, et uniquement sur le bord des mâchoires 
osseuses, qui sont recouvertes d'ailleurs d’une sorte de 
gencive. Dans quelques espèces, les dents placées au 
devant de la mâchoire inférieure sont tellement aiguës 
et allongées, qu’elles percent le rebord de la supé- 
rieure, et paraissent au dessus du museau quand la 
gueule est fermée. 
+ Une autre particularité de l'intérieur dela bouche des 
Crocodiles , c'est que leur voûte palatine est à peu près 
plate, et qu’elle n’est jamais percée par les extrémités 
des fosses nasales, comme dans la plupart des autres 
Reptiles des différens ordres. Ici les arrière-narines 
débouchent dans le pharynx, en arrière du voile du 
palais, qui est assez long pour s'appliquer sur la por- 
tion du plancher au-devant de lorifice de la glotte (1). 
PORTE in CCSN RL |. 


(1) De Humboldt et Bonpland , Recueil d'observations de Zoolo- 
gie et d'Anatomie comparée, 1°" volume, page 9 et suivantes, 
Pl x, dig. 1 à 8: 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 2% 


Enfin , nous reviendrons encore sur la circonstance, 
tout-à-fait particulière, qui permet à la mâchoire su- 
périeure, ou plutôt à toute la masse supérieure de la 
tête, de s’élever en bascule, et de se mouvoir ainsi 
sur la mâchoire inférieure quand celle-ci repose sur 
le terrain ou sur un plan fixe. Ce qui avait été reconnu 
du temps d'Hérodote, quoique Perrault et Duverney 

n'aient pas cru le fait possible (1). 

Quoique les Crocodiles n'aient pas de langue en ap- 
parence, la base, ou le plancher de leur bouche, soit 
toute la partie charnue qui occupe l'intervalle com- 
pris entre les deux branches de la mâchoire inférieure, 
en fait véritablement l'office (2) Elle admet en arrière, 
dans son épaisseur, un cartilage élargi, qui provient 
du milieu de l'os hyoïde, dont les deux cornes, pro- 
longées en arrière, reçoivent les muscles destinés à le 
mouvoir. Ce disque cartilagineux se relève en arrière 
et protége ainsi la glotte à laquelle il sert, comme l’é- 
piglotte chez les mammifères. 

_ Les Crocodiles sont peut-être les seuls Reptiles qui 
aient un véritable pharynx, c'est-à-dire un vestibule 
commun aux arrière-narines, à la bouche, au larynx 
et à l'œsophage. Ce qui a permis un mode particulier 
de déglutition et de respiration, surtout lorsque l’a- 
nimal est plongé, et qu'il saisit sa proie sous l’eau, 
ou lorsque son museau seul est émergé et sert ainsi à 
la respiration. 


ee es | 


(1) Geoffroy Saint-Hilaire, Annales du Muséum, tome 11, p. 38. 
Cette disposition des mâchoires, et la nature de leurs mouvemens, 
a été le sujet de beaucoup de controverses ; cependant déjà Aristote 
avait dit que les Crocodiles peuvent mouvoir l'une et l’autre mà- 
choires : LIVOULÉVEY où TE T@Y giayovæv. 


(2) Voyez tome r du présent ouvrage, pages 123et 125, derniers 
alinéas. 


26 LÉZARDS CROCODILIENS 


L'æœsophage est sillonné de plis longitudinaux : il 
représente une sorte de jabot dont les parois ou les tu- 
niques sont lisses , épaisses, et assez semblables à celles 
de l'estomac ou du ventricule membraneux, de forme 
globuleuse, arrondie, dans lequel il aboutit sans 
qu'on puisse y observer un véritable étranglement ou 
orifice cardiaque. Mais il y a sur le côté droit un res- 
serrement notable au débouché pylorique qui forme 
une espèce de valvule circulaire plus épaisse et très 
contractile. Un peu plus loin, dans la première por- 
tion du tube intestinal, existe une autre dilatation et 
une seconde valvule , de sorte qu’il y a, au moins dans 
le Caïman et dans le Crocodile de Siam, deux esto- 
macs , dont le premier est le triple ou quadruple en 
étendue; c’est dans cette seconde partie que viennent 
aboutir les canaux ou conduits de la bile fournis par le 
foie, et le pancréatique. 

Le foie est composé de deux lobes ; il est situé sous 
une sorte de diaphragme membraneux entre l'estomac 
et l’œsophage; la vésicule du fiel est à droite, cachée 
dans l'épaisseur de son bord inférieur. La rate est d’un 
rouge foncé, quoique située à gauche sous l'estomac, 
elle se rapproche un peu de la ligne moyenne. Elle est 
tantôt plate, longue et arrondie, tantôt en forme de 
poire ou à trois angles, dont celui qui correspond au 
foie est un peu plus aigu que les autres. On voit que 
cette disposition n’est pas la même dans toutes les es- 
pèces. Il y a un pancréas volumineux, du moins les 
missionnaires ont décrit une masse graisseuse comme 
un véritable pancréas à deux lobes. 

Le reste du canal intestinal est généralement court, 
il est retenu pour former une masse continue , à l’aide 
du repli mésentérique du péritoine. On y distingue 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 27 


une portion beaucoup plus grêle et plus longue: il n'y 
a pas de cœcum ni d’appendices cœcaux, Cependant 
au point de jonction il existe une sorte de valvule à 
deux lèvres, ou replis intérieurs. Le gros intestin abou- 
tit au cloaque qui reçoit en même temps les matières 
sécrétées par les reins, car les urétères y aboutissent, 
ainsi que les organes génitaux mâles et femelles. On 
y voit aussi les orifices des canaux péritonéaux , déjà 
reconnus par le père Plumier, mais mieux décrits 
par MM. Isidore Geoffroy et Martin Saint-Ange {1). 
L'orifice extérieur du cloaque , ou de l'intestin, pré- 
sente une fente longitudinale, particularité remar- 
quable , en ce que les autres Sauriens l’offrent en tra- 
vers. 

Une. particularité notable, mais qui paraît assez 
constante chez les Crocodiles, puisque tous les auteurs 
qui en ont fait l'anatomie en ont fait mention, c’est 
qu'on trouve dans leur estomac des cailloux de diffé- 
rentes grosseurs , qui semblent devoir servir à la tritu- 
ration des alimens , comme les petites pierres qui se 
rencontrent dans le gésier ou l'estomac musculeux des 
Oiseaux. | 

Nous devons parler ici des organes dela circulation 
et de la respiration; car, de même que ces deux fonc- 
tions sont le plus souvent dans une dépendance réci- 
proque d'action, ils se trouvent ici encore réunis dans 


(1) Annales des Sciences naturelles, tome xt, pl. vi, fig. 4. 
SCHNEIDER, Âistoriæ amphibiorum, fase. 1, p. 102. Il y a dans le 
rectum une petite éminence pointue et une petite caroncule à cha- 
que côté de cette éminence. Chaque caroncule a une ouverture qui 
se ferme par une manière de valvule annulaire et plissée, et cette 


ouverture conduit dans la capacité qui est entre le péritoine et les 
intestins. 


28 LÉZARDS CROCODILIENS 


une même cavité, à peu près comme chez les mam- 
mifères. La cavité abdominale est en effet' partagée 
en deux régions par une cloison en partie membra- 
neuse et garnie de fibres charnues; celles-ci s’insèrent 
sur les pubis, passent sous les côtes abdominales car- 
tilagineuses, et l’aponévrose très mince en laquelle elles 
semblent se réduire, se fixe sur le foie au-dessus de 
ses deux lobes, passe sous le péricarde fibreux, qu’elles 
constituent en partie, et viennent enfin se terminer 
dans la concavité des dernières côtes thoraciques : ainsi 
c'est un véritable diaphragme dont la région supérieure 
termine la cavité thoracique, les poumons sont sur les 
côtés à droite et à gauche, le cœur ou son péricarde en 
avant et en bas; en arrière sont la trachée, l’œsophage 
et les principaux vaisseaux artériels et veineux. 

Le cœur (1) est renfermé dans un péricarde fibreux 
extérieurement et très lâche, muni intérieurement 
d’une membrane séreuse qui paraît secréter beaucoup 
de liquide; la pointe du cœur est en bas et souvent 
adhérente à la portion diaphragmatique de la tunique 
fibreuse : en haut ou en avant du côté de la tête, où 1l 
est beaucoup plus volumineux , il reçoit ou fournit les 
gros vaisseaux qui le fixent dans cette partie. Il y a deux 
oreillettes et deux ventricules; le ventricule droit a ses 
parois plus minces, sa cavité est plus grande. On voit 
à l’entrée de l'oreillette qui s’y abouche deux valvules, 
disposées de manière à s'opposer à la rétrogradation du 
sang ; deux artères en proviennent : l’une est destinée 
aux poumons, l’autre aux viscères abdominaux. Le ven- 
tricule gauche recoit le sang de l'oreillette correspon- 


(1Y Premiers mémoires de l’Académie des sciences de Paris, 
tome 111, part. 2, page 271. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 29 


dante dans laquelle, vu son étendue considérable, une 
plus grande quantité de sang est admise et reste en 
réserve par sa surabondance relative à la capacité du 
ventricule , le sang qui y est admis provient des veines 
pulmonaires ; parvenu dans le ventricule gauche, ilen 
est chassé pour pénétrer dans l'aorte droite, dans la 
sous-clavière droite et la carotide. Lorsque la respira- 
tion s'exerce librement, le sang circulede manière quela 
totalité du liquide veineux est forcé d'aller se distribuer 
dans les poumons pour y subir les modifications qui le 
rendent artériel; mais si la respiration est suspendue, 
comme lorsque l'animal est plongé dans l’eau ou en- 
gourdi par l'effet d’une trop forte chaleur , alors il s’é- 
tablit une communication entre l'aorte gauche ou splan- 
chnique et le ventricule gauche, au moyen de valvules 
qui s'abaissent par le défaut de résistance, déterminée 
par la moindre quantité du fluide qui ne remplit plus 
ses parois (1). | 

Les poumons recoivent les bronches, divisions d’une 
large trachée; ils sont très vésiculeux avec des cellules de 
différentes grandeurs, cependant elles communiquent 
toutes ensemble; ils ne se prolongent pas beaucoup 
dans l'abdomen, au-devant du foie. Quand ces organes 
sont gonflés par l'air, ils représentent deux sacs coniques 
qui peuvent contenir beaucoup de gaz, ce qui explique, 
dans quelques cas, la lenteur de leurs inspirations, et 
surtout la force et le prolongement de leur voix qui se 
forme dans une sorte de larynx composéde cartilages mo- 
biles qui constituent une véritable #lotte et qui sont au 
nombre de cinq pièces, dont une impaire est une plaque 


(1) Voyez Anatomie comparée de Cuvier, tome v, pl. xrv, 
fig, 1,2 et 3, et tome 1v, page 221. 


30 LÉZAKDS CROCODILIENS 


carrée située en dessous; la fente de cette glotte est al- 
longée, mais étroite, supportée sur une sorte de bour- 
relet. Tous les auteurs qui ont pu observer des Croco- 
diles et des Caïmans vivans, sont d'accord sur les cris 
que produisent les jeunes Crocodiles; mais il paraît 
que ce n’est que dans des circonstances fort rares que 
les individus adultes les font entendre, peut-être à 
l’époque des amours ou de grands dangers. 

M. de Humboldt, dans son Mémoire sur la respi- 
ration des Crocodiles, pag. 256, rapporte qu'en fai- 
sant des expériences sur ces animaux « ils jetèrent des 
» cris perçans quand je leur touchai la queue; le cri 
» du Crocodile est fréquent et ressemble à celui du 
» chat. Au contraire , le rugissement du Crocodile 
» adulte doit être très rare, car ayant vécu pendant 
» plusieurs années, ou en couchant à l'air libre sur les 
» bords de l’Orénoque , nous avons été presque toutes 
» les nuits entourés de Crocodiles , nous n'avons jamais 
» entendu la voix de ces Sauriens à taille gigantesque.» 
(Recueil d'observations de zoologie, tome r.) Cependant 
Bosc dit qu'en Caroline Les Caïmans font le soir, dans 
les forêts marécageuses , un tintamare effroyable et qu'il 
les a entendus plusieurs fois ( Dict. de Déterville }; 
jamais nous n’avons pu entendre ces cris chez les in- 
dividus que nous avons observés en état de captivité. 

Nous aurons à énoncer peu de particularités sur les 
sécrétions opérées chez les Crocodiliens ; elles sont à 
peu près les mêmes que celles qui sont produites dans 
les autres espèces de Reptiles et que nous avons fait 
connaître (T'.1, p. 196 à 206): il y a des reins très- 
développés, mais pas de vessie urinaire. Les glandes 
musquées des bords du cloaque et du menton sont les 
plus spéciales. Nous avons déjà dit que les premières 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 31 


avaient été primitivement décrites par le père Plumier 
dans un manuscrit dont Schneider nous a donné un 
extrait (1). Ce sont deux glandes ou poches de couleur 
jauxe, de la forme et de la grosseur d’une olive ; leur 
cavité est remplie d’une matière onctueuse qui en sort 
par une petite ouverture garnie d'une sorte de sphineter 
ridé : cette humeur porte une odeur très forte de musc. 
Cuvier ( Anatomie comparée, tome rt , pag. 252) a 
décrit anatomiquement les glandes musquées sous-ma- 
xillaires. Il y en a deux : elles ont une gaîne musculo- 
tendineuse et un tissu homogène blanchâtre ; l'humeur 
sécrétée arrive dans un petit sac qui s'ouvre immédia- 
tement au dehors par un large orifice; la matière est 
d'un gris noirâtre et porte aussi une forte odeur de 
musc. 


4 Des organes de la génération. 


Les individus mâles offrent, comme nous l’avons vu, 
un caractère remarquable dans leur organe génital exté- 
rieur qui est simple et impair comme dans les Chélo- 
niens ; tandis que la plupart des autres Sauriens et tous 
les Ophidiens ont deux de ces organes souvent tout-à- 
fait distincts dans leurs annexes ou dépendances. Cette 
sorte de pénis rétractile dans le cloaque consiste en un 
appendice conique, terminé par une portion un peu 
déprimée et sillonnée dans sa longueur; on trouve à 
l'intérieur un double corps caverneux, dont les parois 
sont très-fortes, souvent cartilagineuses et même os- 
seuses ; la portion libre est plus molle, couverte de 


(1) Hist. Natur. et lit. amphib., fasc. 11, page 111 Les missionnai- 
res les ont aussi indiquées, ouvrage cité, pag. 269 et 275. 


32 LÉZARDS CROCODILIENS 


papilles flexibles, et le sillon se prolonge jusqu’à son 
extrémité. Le nombre des mâles paraît être moins 
considérable que celui des femelles. 

Les testicules sont situés sous le péritoine, dans la 
cavité abdominale, vers la région. des reins; ils sont 
mous et de couleur blanchâtre, leurs canaux excré- 
teurs se comportent à peu près comme dans les Chélo- 
niens ; ils se rendent dans le cloaque près de la racine 
et à l’origine du sillon de la verge. 

Les ovaires occupent chez les femelles à peu près la 
même place que les testicules des mâles : ce sont des 
grappes suspendues à un repli du péritoine, on y dis- 
tingue des œufs arrondis de couleur blanchâtre et de 
grosseur variable, mais en général assez peu déve- 
loppés. Les trompes ou les oviductes sont fort éten- 
dus en longueur , car ils remontent vers le foie et se 
dirigent ensuite en bas et en arrière au-dessus des 
reins; on y distingue des fibres longitudinales et d'au- 
tres en travers : ces oviductes viennent aboutir dans 
le cloaque au-dessus des orifices des canaux péritonéaux.. 
Le père Plumier a trouvé, dans une femelle de plus de 
sept pieds de long,les trompes remplies d'œufs prêts à 
être pondus; il y en avait neuf à droite et dix du côté 
gauche : ces œufs, à peu près de même grosseur, avaient 
environ trois pouces de longueur sur un pouce et huit 
à neuf lignes de diamètre, ils étaient blancs, oblongs 
à peu près d’égal diamètre, semblablement arrondis 
aux deux bouts ; ils étaient alors enduits d’une matière 
glaireuse, quoique leur coque füt bien formée, ils 
étaient blancs, mais imprimés de quelques petites ca- 
vités irrégulières. Il a observé que quand on les faisait 
s’entrechoquer, ils tintaient comme du métal; l'inté- 
rieur de la coque était enduit d'une membrane très 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 33 


blanche, lisse, polie et très fine; le jaune ou vitellus 
était volumineux et d’une teinte pâle ; il était presque 
liquide et renfermé dans une membrane si déliée, 
qu'elle se crevait au moindre effort, et que le contenu 
s’écoulait comme de l’eau ; la glaire, fort transparente, 
était de l’albumine assez consistante pour être coupée 
avec un couteau; elle prenait de la dureté par la 
cuisson. 

La femelle seule s'occupe de la préparation du nid ou 
plutôt de la fosse qu’elle vient creuser dans le sable sur 
le rivage, qu’elle garnit de feuilles et de débris mous 
des végétaux; elle y pond très probablement pendant 
la nuit, et on ignore si c'est en une seule ou en plusieurs 
fois, une trentaine d'œufs au plus : elle les recouvre éga- 
lement de feuillages secs et d’un peu de sable, et sui- 
vant quelques espèces, de manière à ce que le monticule 
ne soit pas trop apparent et qu'il ne soit pas aisément 
découvert par les Ichneumons et les Tupinambis. Il 
paraît, d’après le récit des voyageurs, que les œufs 
éclosent au bout d’une vingtaine de jours, d’autres 
disent de trente et même de quarante. 


Ÿ LT, HABITUDES ET MOEURS , DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 


3 Les Reptiles de cette famille sont de véritables am- 
phibies, comme le prouve toute leur organisation, 
pouvant vivre indifféremment et tour à tour sur la terre 
et dans l’eau , le mécanisme de leur respiration se pré- 
tant à la faculté que ces animaux possèdent de rester 
quelque temps sous l’eau, les orifices de leurs narines 
se fermant à l’aide d’une sorte de soupape, leurs pou- 
mons admettant une assez grande quantité d’air atmo- 


sphérique, et d’ailleurs le mode dela circulation per- 
REPTILES , Il. 3 


34 LÉZARDS CROCODILIENS 


mettant au sang destiné à parcourir ces organes, de 
continuer Son cours quand sa direction naturelle est 
momentanément interceptée ; d’un autre côté, la lon- 
gueur de leur queue, comprimée de droite à gauche et 
surmontée de crêtes qui font l'office d’un aviron ou 
d’une rame flexible mais robuste, mise en jeu par un 
appareil de muscles vigoureux, sert à les pousser dans 
l’eau sur laquelle cette sorte de nageoire s'appuie ; les 
pattes palmées , et surtout les postérieures, servent à 
aider ce mode de transport et à faire conserver l’équi- 
libre. Cependant ces mêmes Crocodiliens peuvent mar- 
cher ou se traîner librement sur la terre, leurs quatre 
pattes soulevant assez le corps dans sa partie antérieure 
ou moyenne et la queue étant entraînée dans cette sorte 
de locomotion toujours lente , alternativement oblique 
et toujours difficile. 

La plupart des individus évitent la ie lumière, 
et la direction linéaire et verticale de leur pupille an- 
nonce de plus qu’ils doivent mieux y voir la nuit que 
le jour ; le plus souvent en effet , pendant le milieu de 
la journée, on les voit sur les rivages immobiles au 
milieu des roseaux ou cachés sous les plantes aqua- 
tiques, le corps immergé, n'ayant hors de l’eau que 
l'extrémité supérieure du museau où sontles narines, 
ainsi que la portion de la face où les yeux sont situés, 
et lorsque l’animal se déplace, il se meut à peine , très 
lentement et sans bruit. Quand l’eau est assez profonde 
et qu'il craint le danger, il fait subitement la culbute, 
la tête en bas et le ventre en haut. La troisième pau- 
pière, qui vient, à la volonté de l'animal, se placer 
transversalement au-devant de l'œil, lui permet d’é- 
carter les deux autres paupières, et sa cornée transpa- 
rente, ainsi protégée contre l'action du fluide liquide, 


OU SAURIENS ASlIDIOTES, 35 
Jui laisse distinguer les objets; il nage ainsi et se dirige 
avec rapidité entre deux eaux, et il y poursuit les pois- 
sons dont il fait sa principale nourriture, et dans ce 
mode de transport il déploie une force prodigieuse qui 
lui fait parcourir de très grands espaces en très peu de 
temps; d'autrefois , gonflant ses poumons et devenant 
spécifiquement plus léger que le liquide, il lotte im- 
mobile, et, plaçant son corps aliongé en travers à la 
superficie du courant des fleuves , il se laisse entraîner 
comme un tronc d'arbre flottant et il parcourt ainsi sans 
efforts de très longs espaces. 

Comme tous les animaux carnassiers nocturnes, et en 
particulier comme les mammifères du genre des chats, 
il se tapit et se place en embuscade pour attendre pa- 
tiemment sa proie. Dans la plus grande immobilité, il 
la suit de l'œil, épie ses mouvemens , son approche, et 
il calcule si bien les distances , que la victime est hap- 
pée et souvent engloutie instantanément. 

On sait, par les observations des voyageurs, que dans 
quelques régions où la température s’abaisse pendant 
certaines saisons , les Crocodiles s’engourdissent par 
l'effet du froid, qu'ils semblent hyberner, ne faisant 
pas de mouvemens et ne prenant pas de nourriture {r). 
C'est ce que Bartram rapporte des espèces qu’ila obser- 
vées dans l'Amérique septentrionale ; d’un autre côté, 
MM. de Humboldt et Bonpland ont trouvé ces animaux 
engourdis , au quarantième degré de chaleur, dans 
quelques lacs du Mexique. 

Il paraît que les Grocodiliens nesont pas si intrépides, 


(1) Aristote , Hist. des Animaux, livre var, chap. 15. Il de- 
meure caché pendant les quatre mois les plus froids sans rien 
manger. Héronote, livre n1, chap. 68. 


SE 


36 LÉZARDS CROCODILIENS 


ni aussi courageux qu'on le dit en Europe, d’après les ré- 
cits exagérés de certains voyageurs. Leur férocitéet leur 
cruauté apparentes dépendent du besoin qu’ils ont de 
se procurer des alimens, car ils ne peuvent les attein- 
dre que par la ruse et la patience. On a reconnu que 
les Crocodiles à museau effilé de Saint-Domingue (1) 
sont émus par le moindre bruit; qu'il suffit d’imiter 
l'aboiement du chien pour les faire fuir, ou de produire 
tout autre son. Quand ils flottent à la surface des eaux, 
le choc de la rame d’un couralin (petit canot plat) les 
fait subitement plonger pour reparaître à une grande 
distance. Ælien (2) raconte à peu près les mêmes cir- 
constances pour le Crocodile du Nil. Voici un passage 
extrait du manuscrit du père Plumier, qui nous donne 
quelques observations curieuses sur les mœurs des Cro- 
codiles d'Amérique : «Si le Crocodile n’est pas assez fort 
» pour se rendre maître des gros animaux, il est d'au - 
» tant plus adroit pour attraper le gibier, dont le lac 
» de Miragoan est assez bien pourvu en certaines sai- 
» sons de l’année, comme canards, sarcelles, vingeons 
» et autres oiseaux aquatiques. Quand il veut enattra- 
» per quelqu'un, il se met un peu au loin, en se tenant 
» de manière que le dessus du dos paraît presque tout, 
» il demeure comme immobile. En effet, on ne le voit 
» pas du tout remuer ; on aperçoit bien qu'il a changé 
» de place, mais d’une manière presque imperceptible, 
» tant son mouvement est lent : on le prendrait alors 


ÿ 


pour une pièce de bois flottante , comme cela m'est 


(1) M. le docteur Alexandre Rico», Notes manuscrites sur le 
Caïman des Haïtiens. 

(2) Æuen , liber x, cap. 24. Est natur& timidus. . . . Strepitum 
omnem perhorrescit, humanam vocem contentiorem extimescit, e0s à 
quibus paulo confidentius invaditur, reformidat. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 37 
» arrivé plusieurs fois. C’est ce qui fait que le gibier, 
» ne se méfiant de rien, le laisse approcher de si près, 
» qu'il est gobé avant quil ait élevé ses ailes pour fuir. 
» Le Crocodile, en s’approchant, tient toujours les 
» yeux élevés sur l’eau vers son gibier ; il tient aussi 
» la mâchoire inférieure tellement abaissée, qu’elle 
» semble pendre de la supérieure, et, quand il est à 
» portée, il l'élève en manière d’une bascule avec une 
» vitesse surprenante (1). » 

Quant à leurs perceptions , nous avons déjà fait con- 
naître les modifications principales que semblent avoir 
subies les organes des sens chez les Crocodiliens.D’après 
la forme et la brièveté de leurs membres, le peu de mo- 
bilité de leurs pattes, la connexion de leurs doigts, 
ces Reptiles semblent devoir peu exercer leur toucher 
actif. Cet organe leur devenait en effet inutile; d’un 
autre côté, les tégumens coriaces qui protégent leur 
corps, paraissent même devoir s'opposer à la sensation 
prompte et intime d'un contact subit et passif. 

Les yeux des Crocodiliens réunissent dans leur dis- 
position extérieure et dans leur organisation des cir- 
constances indicatives de leurs habitudes. D’une part, 
la fente linéaire de leur pupille, qui dénote une vie 
essentiellement nocturne , ou du moins la faculté de 
mieux apercevoir les objets peu éclairés ; leur mem- 
brane nyctitante ou la paupière interne et pellucide ; 
enfin , la forme presque sphérique de leur cristallin, 
qui leur permet de distinguer les objets au milieu des 
eaux, dans lesquelles ils peuvent plonger et se voie 
à de andes profondeurs. 


QD 


(1) Scuxeiner , loc, cit., fasc. 11, page 123. 


38 LÉZARDS CROCODILIENS 


Les valves mobiles et solides , qui recouvrent et 
protégent leur tympan, en s’abaissant en bascule sur 
l'orifice du conduit auditif, quand l'animal est enfoncé 
dans l’eau, et qui se soulèvent lorsque la tête est dans 
l'atmosphère , viennent encore démontrer la faculté 
dont sont doués les Crocodiles, de mettre leur organe 
de l’ouïe en rapport avec la nature des fluides élastiques 
ou liquides dont ils doivent apprécier les ébraniemens 
diversement communiqués. 

Il est évident que le peu de mobilité dela langue chez 
ces animaux, et la faculté qu’ils possèdent de laisser 
leur énorme gueule béante pendant des heures entières, 
doivent rendre l’intérieur de leur bouche peu propre à 
discerner les saveurs. D'un autre côté, la forme conique 
des dents, qui se croisent et qui ne sont réellement des- 
tinées qu'à saisir et à retenir la proie, laquelle, le plus 
souvent, est avalée tout entière ou par très grosses 
portiens , pe doit pas donner ou permettre une sen- 
sation appréciable dans un temps aussi court et sous 
la forme solide que l'aliment conserve jusque dans 
l'estomac. 

Ce sont principalement les narines, ou plutôt les 
fosses nasales, qui, par leur étendue et surtout par 
leur longueur , pourraient faire penser qu'elles seraient 
devenues le siége d’une faculté olfactive très déve- 
loppée. Cependant il paraît que la principale modi- 
fication de cet appareil serait le résultat du procédé 
de l'acte respiratoire, lié avec la nécessité de saisir 
et de pouvoir retenir la proie sous l'eau, de manière 
à ce que l'air arrive dans le larynx ou la trachée-artère 
pendant que les mâchoires restent ainsi écartées. Il 
existe à la vérité une disposition particulière dans la 
structure des orifices nasaux, garnis de soupapes et d'un 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 39 
appareil dont l’ensemble constitue des bourses char- 
nues, qui sont surtout très développées dans les 
Gavials du sexe mâle (1). Mais à l'intérieur de ces 
longs canaux , que M. Geoffroy Saint-Hilaire désigne 
sous le nom de cranio-respiratoires , il y a des sortes 
de replis ou de cavités ethmoïdales, que notre con- 
frère regarde comme étant destinées à recevoir l’air 
dans un état de compression ou de condensation, 
analogue à l'effet que nous cherchons à obtenir dans 
la fontaine de compression ou dans la crosse d’un 
fusil à vent. Dans cette supposition, cet air atmo- 
sphérique, ainsi condensé, serait un réservoir où le 
Gavial trouverait une provision de gaz respirable, 
quand il est forcé de plonger long-temps. 

Les Reptiles de cette famille des Crocodiliens font 
leur principale nourriture de poissons , de petits mam- 
mifères et d'oiseaux aquatiques, dont ils cherchent à 
s'emparer par la force ou par l’astuce, s’aidant de tous 
leurs sens et de toutes leurs facultés pour subvenir à 
ce besoin impérieux et seulement dans le but d’assou- 
vir leur faïm, et non par suite de la cruauté qu’on leur 
prête. Comme tous les animaux carnassiers auxquels 
la proie peut manquer, ils doivent supporter de lon- 
gues privations; on sait même qu'ils peuvent, sans 
danger pour la vie, jeûüner pendant quatre ou cinq 
mois. C’est en plongeant et en se tenant en embus- 
cade à l'entrée ou à la sortie des eaux, qui se rendent 
ou qui proviennent des lacs et des rivières, qu'ils 
attrapent les poissons , genre de proie qu’ils semblent 
a ee ee" RO AR RP "à 

(1) Geoffroy Saint-Hilaire, Mémoires du Muséum ] HOME. XI, 


pl. v, page 111, et Description des Reptiles d'Egypte, in-folio, 
page 107, PL ur: 


40 LÉZARDS CROCODILIENS 


préférer à toute autre. Cependant on les a vus souvent 
arriver sous l’eau vers les oiseaux nageurs émergés, 
qu’ils ont l'adresse de saisir par les pattes, où quand 
ils ont épié sur les rivages les animaux qui viennent 
s'y désaltérer, aussitôt qu'ils les ont happés, ils les 
entraînent sous les flots pour les noyer et les rapporter 
ensuite dans le repaire qu'ils se sont choisi. On pré- 
tend même qu'ils font ainsi une sorte de provision 
des cadavres de leurs victimes, qu'ils semblent re- 
chercher de préférence lorsqu'elles commencent à s’al- 
térer. 

La proie est avalée par lambeaux quand est elle trop 
volumineuse pour être engloutie tout entière ou pour 
passer dans l'intervalle circonscrit que laissent entre 
elles les deux mâchoires. Ces matières séjournent ou 
s'arrêtent assez long-temps dans un œsophage dilaté 
en une sorte de jabot, avant d'arriver dans l’esto- 
mac. Cest une poche énorme, globuleuse, un peu 
dilatée dans son fond. Le premier des intestins sem- 
ble s’en détacher latéralement, comme le bec d’une 
cornue. Dans cet estomac membraneux on a trouvé 
le plus ordinairement un certain nombre de cailloux 
de grosseurs diverses, dont la surface paraissait avoir 
été polie par leur frottement réciproque. On a du 
supposer que l'animal, dirigé par l'instinct, avait 
avalé ces corps solides, afin qu'ils pussent servir à 
la trituration de la matière animale, et pour qu'elle 
puisse être plus facilement convertie en une bouillie 
chymeuse. Il est inutile de relever ici l'erreur ou les 
préjugés des naturels de certains pays qui regardent le 
nombre de ces cailloux comme un indice précis de 
celui des années de l’animal chez lequel on les trouve. 

Le mecanisme, qui se dénote quand on suppose 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 41 
les organes de la circulation mis en jeu, explique 
comment le sang veineux trouve une voie dérivative, 
quand il ne peut pénétrer dans les poumons, dont 
l'action est suspendue pendant que l'animal est sub- 
mergé. De sorte que les Crocodiliens peuvent volon- 
tairement annuler leurs actes respiratoires sans qu'il 
en résulte un grand inconvénient pour leur économie. 
C’est bien véritablement le cas de reconnaître ici des 
poumons arbitraires ; maïs certainement alors l’action 
de la vie est moins énergique; toutes les fonctions se 
trouvent ainsi momentanément ralenties, mais elles 
ne sont que retardées, et l'animal reprend toute la 
vigueur et la plénitude de ses facultés dès l'instant 
où il rallume, pour ainsi dire, le feu de la vie, en 
lexcitant par la fréquence et la réitération des mou- 
vemens alternatifs d'inspiration et d'expiration de 
l'air atmosphérique. 

Cependant, cette énergie de la respiration n’est pas 
telle qu'elle puisse déterminer un développement sen- 
sible de chaleur animale par cause interne. Il est même 
démontré que les Reptiles résistent, jusqu'à un 
certain point, à Vaction du froid qui les engourdit, 
et à celle d’une trop forte chaleur, qui paraît aussi 
produire le même eflet. Peut-être l'accélération des 
mouvemens respiratoires combat-elle l'effet du froid; 
cependant on a reconnu que la nee du corps 
de ces animaux reste à peu près la même que celle 
des fluides dans lesquels ils sont plongés. C’est dans 
ce même but que la plupart des espèces , pour n'être 
pas soumises à ces abaissemens et à ces élévations 
trop brusques ou trop répétés dans leur température, 
semblent rechercher de préférence, quand elles le 
peuvent, le séjour dans les eaux thermales , dont la 


42 LÉZARDS CROCODILIENS 


chaleur est souvent à plus de trente à cinquante de- 
grés centésimaux ; de sorte que dans cette habitation 
leurs fonctions et leurs facultés restent à peu près 
constamment les mêmes. 

Nous avons déjà dit que les Crocodiliers peuvent 
émettre une sorte de voix, et que leurs cris ont été 
entendus par beaucoup de voyageurs, plus souvent 
chez les jeunes individus très irritables; mais aussi 
par les mâles dans la saison des amours, surtout pen- 
dant les nuits du printemps. 

Il nous reste maintenant à parler de la manière 
dont se reproduit cette race d'animaux, et les cir- 
constances qui servent de prélude à leur multiplica- 
tion, en même temps que par une sage prévoyance, 
leur progéniture se trouve heureusement arrêtée dans 
sa progression et circonscrite dans certaines limites 
de température toujours dépendante des climats. Au 
reste , il y a encore de grandes incertitudes à cet égard. 
Peu d'observations sont consignées dans les auteurs. 
Une circonstance qui , vraisemblablement, aura moins 
permis d’en connaître les détails, c’est que les Cro- 
codiles étant doués de la faculté de voir pendant la 
nuit, c’est très probablement dans cette époque de la 
journée et sur les rivages, ainsi que les cris des mâles 
semblent l’annoncer , que le rapprochement des sexes 
s'opère, et que par conséquent cet acte a dù le plus 
souvent échapper à l'observation. 

Les mâles ne paraissent pas être en même nombre que 
les femelles dans les parages où ils semblent se réunir, 
surtout aux époques de la reproduction , qui arrive 
après leur état d’engourdissement ou d’hybernation, 
suivant les climats. Plusieurs voyageurs ont parlé de la 
manière dont s'opère la conjonction des sexes, et ils 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 43 


paraissent assez d'accord (1) sur la position qu'est obli- 
gée de prendre la femeile pour recevoir intérieurement 
l'organe du mâle. Voici d’ailleurs des observations di- 
rectes qui nous ont été transmises sur Îles Crocodiles 
de Saint-Domingue : « L’accouplement m'a semblé se 
» faire de préférence au bord de l’eau ; la femelle se 
» place sur le côté, et tombe quelquefois sur le dos, 
» ainsi que j'ai pu le voir une fois; l’intromission 
» dure assez long-temps, puis ils se plongent tous deux 
» dans l’eau. La ponte à lieu en avril et en mai; le 
» rombre des œufs est de vingt à vingt-cinq, plus ou 
» moins, pondus en plusieurs fois. La femelle les dé- 
» pose dans le sable avec peu de soins et les recouvre à 
» peine; j'en ai rencontré dans de la chaux que des ma- 
» cons avaient laissée au bord de la rivière. Si j'ai bien 
» compté, les petits sortent de l'œuf au quarantième 
» jour, lorsque la température n’a pas été trop froide. 
» Ils ont en naissant cinq à six pouces; ils éclosent 
» seuls, et comme ils peuventse passer de nourriture, 
» en sortant de l'œuf , la femelle ne se presse pas de 
» leur en apporter; elle les conduit vers l’eau et dans 
» la vase, elle leur rend en vomissant ou leur dégorge 
» des alimens à demi digérés. Les mâles ne s’en occu- 
» pent pas (2).» 


(1) Eusrare, patriarche d'Antioche, dans ses Commentaires sur 
l'Héxaméron , chap. 22. 

Pierre Marry, italien au service d'Espagne, dans son ouvrage 
publié en 1601, de Navigatione Oceani, dit qu'il a été temoin de ce 
rapprochement ; que ses matelots ont même tué la femelle, qui 
était renversée sur le dos. Au reste, voici ce passage: fesupinat 
enim illam masculus et in ventrem devolvit, cum ipse, ob crurüm brevi- 
tatem, per se minime queat, etc. à 

Hasseiquirz , Voyage dans le Levant, part. 2, page 41. 

(2) M. Ricorn, correspondant du Muséum, dans les notes ma- 
nuscrites qu'il nous a remises comme étant de souvenir. 


44 LÉZARDS CROCODILIENS 


Les jeunes Crocodiles qui sortent de l’œuf conservent 
pendant quelque temps la marque de l’ombilic, ou la 
cicatrice du point des parois du ventre, par lequel le 
vitellus a été absorbé. Bosc a eu occasion d'observer 
une nichée de Caïmans et de suivre leur développement 
pendant quelques mois; il a pu remarquer leur voracité 
et les mouvemens de colère auxquels ils s’excitaient en 
même temps qu'ils se disputaient leur proie. 

Hérodote avait déjà fait la réflexion curieuse que de 
tous les êtres vivans qui sortent d’un œuf fort petit en 
proportion , puisqu il n'a que la grosseur de celui de 
Voie , le Crocodile est l'animal qui atteint les plus gran- 
des dimensions. Le nombre des pièces de son squelette 
reste absolument le même quoique ce Reptile puisse 
parvenir à plus de quarante fois sa longueur primitive 
et acquérir plus de deux cents fois son poids. En effet, 
Hasselquitz parle d’une feme!le de Crocodile d'Égypte, 
qui avait atteint plus de trente pieds de longueur, et 
qui, par conséquent, avait au moins soixante fois sa 
taille primitive. 

Les œufs des Crocodiles , et les jeunes animaux qui 
en proviennent, sont une proie fort recherchée par 
diverses espèces de mammifères : des mangoustes ou 
ichneumons en Égypte , des loutres en Amérique, et 
et aussi par quelques Reptiles, tels que les Tupinam- 
bis ou Varans; par de gros poissons et des Trionyx, ou 
Tortues molles, quiviennent aussi sur les mêmes para- 
ges attendre, au moment de l’éclosion, l’arrivée de ces 
nichées imprévoyantes, pour en faire leur nourriture. 

On ignore quelle est la durée de la vie chez ces ani- 
maux; mais, comme leur accroissement est très lent, 
on a été porté à penser que certains individus avaient 
pu parvenir jusqu’à une centaine d'années. Quant à la 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 45 


taille que certaines espèces peuvent acquérir , les au- 
teurs ne sont pas toujours d'accord. Il paraît cependant 
que les Gavials et les Crocodiles du Nil atteignent de 
beaucoup plus grandes dimensions que les Caïmans, 
dont on cite des individus ayant dix à douze pieds, 
tandis que parmi les autres on en a vu de vingt, de 
vingt-six, et Hasselquitz cite même une femelle de 
Crocodile qui avait trente pieds de longueur (1). 

Après cet examen des mœurs et des habitudes des 
Crocodiliens, qui sont certainement le résultat de l’ac- 
tion physiologique de leur organisation , il nous reste 
à faire connaître de quelle manière cette race de Rep- 
tiles semble avoir été distribuée sur le globe que nous 
habitons. 


Distribution géographique. La famille des Croco- 
diliens est entièrement étrangère à notre Europe, et, 
jusqu'ici, on n’en a rencontré aucune espèce en Austra- 
lasie ; mais elle se trouve être répandue dans les trois au- 
tres parties du monde. Le premier des trois sous-genres 
qui la composent, celui des Caïmans, est particulier à 
l'Amérique; le second, ou les Crocodiles proprement 
dits, sont ditribués dans l’ancien et dans le nouveau 
monde , et le Gavial, type et unique espèce du troi- 
sième groupe, semble avoir son habitation limitée au 
Gange et à quelques autres grands fleuves du continent 
de l'Inde. 

Telle est, si l’on peut s'exprimer ainsi, le séjour 
géographique des trois divisions établies parmi les 
Crocodiliens. Voici, d’un autre côté, quelest le nombre 
des espèces de cette famille , et la manière dont elles se 


(1) Voyage en Palestine, trad. francaise de 1769, in-12, p. 342. 


LA 


46 LÉZARDS CROCODILIENS 
trouvent réparties dans chacune des régions qu’elles 
habitent. 

L’Asie, outre le Gavial du Gange, nourrit trois vrais 
Crocodiles , qui sont le vulgaire et ceux dits à casque 
et à deux arêtes. Parmi ceux-ci le premier n'a guère 
été observé qu'à Siam , et seulement par les mission- 
naires jésuites , auxquels on en doit une fisure et une 
description qui, bien que loin d’être parfaites, permet- 
tent cependant de croire que ce Crocodilien diffère des 
autres espèces d'Asie, aujourd’hui connues, et que nous 
avons été à même d'observer en nature. Quant aux 
espèces appelées vulgaires et à deux arêtes, ils sont 
originaires de la plupart des fleuves qui ont leur em- 
bouchure dans la mer des Indes et dans le Gange, où 
vit aussi le Gavial. 

L'Afrique, où l’on n’a encore découvert ni Caïmans, 
ni Gavials, produit le Crocodile à bouclier et le Cro- 
codile vulgaire ; il se pourrait qu’elle füt aussi la patrie 
des Crocodiles de Graves et de Journu, dont l’origine 
n’a pas encore été constatée. Ceux-ci viendraient peut- 
être de la côte de Guinée. Pour ce qui est du Crocodile 
à bouclier, le seul point de l'Afrique d’où on lait recu, 
est Sierra-Leone , tandis que le Crocodile vulgaire pa- 
raît être répandu dans toute l’Afrique. Il habite aussi 
Madagascar. Nous en possédons plusieurs exem- 
plaires venus de cette île. Nous en avons vu des indi- 
vidus pris en très grand nombre dans le Nil et même 
un dans le fleuve Sénégal. 

L'Amérique est le pays le plus fécond en Crocodiliens; 
à elle seule elle en possède presque autant que l'Asieet 
l'Afriqueréunies, c’est-à-dire septespèces dont cinq Caï- 
mans et deux Crocodiles. Ces derniers n’ont jamais été 
vus sur le Continent : un, qui est le Crocodile àmuseau 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 47 


aigu, se trouve à la Martinique et à Saint-Domingue ; 
l’autre , le Crocodile Rhombifère, à Cuba. La partie 
septentrionale n’est habitée que par une seule et même 
espèce, le Caïman à museau de brochet, tandis qu'il 
en existe quatre dans la partie méridionale: ce sont 
lesGaïmans à paupières osseuses, et ceux dits à lunettes, 
pointillé et cynocéphale. | 


A l’aide du tableau suivant, on peut voir d’un ceup 
d'œil quel est le nombre d'espèces dans chaque genre 
et dans toute la famille que renferme chacune des par- 
ties du monde où l’on trouve des Crocodiliens. 


Habitation. Europe. Asie. Les deux. Afrique. Amérique. Douteuse. À 
Caïmax. e . O (0) O O 5 O : 
CrocoDILE . 0 2 I I 2 2 
GAVIAL , . O H O O o 0 
Total 14 espèces. [o] co I I 3) 2 


 1v. PARTIE HISTORIQUE ET BIBLIOLOGIQUE. 


Nous allons maintenant faire connaître les noms, et 
ce qui concerne l’histoire des animaux de cette fa- 
mille. En énumérant les auteurs qui ont parlé des 
Crocodiles et qui ont douné des détails sur leur con- 
formation, leurs mœurs et quelques-unes des parti- 
cularités qui les distinguent, nous prendrons pour 


48 LÉZARDS CROCODILIENS 


guides principaux les ouvrages de Schneider (1), de 
Geoflroy Saint-Hilaire (2), G. Cuvier (3), et Jacob- 
son (4). 

Comme les premiers Crocodiles ont été observés en 
Égypte, c'est dans Hérodote, le père de l’histoire et 
le plus ancien des historiens, pour nous servir de la 
qualification qui lui à été donnée par Cicéron, que l’on 
trouve les premières notions surles formes, la structure 
et les habitudes de ces animaux. Ælien parle, à la vé- 
rité, du Crocodile qui se trouve dans les fleuves des 
Indes, et en particulier dans le Gange; maïs il ne fait, 
pour ainsi dire, que l'indiquer; Aristote cite sou- 
vent les Crocodiles dans son Histoire des animaux, et 
toutes ses observations sont exactes. Pline et les autres 
écrivains, relativement à l’histoire des Crocodiles, 
n'ont fait que copier ceux des auteurs qui les avaient 
précédés , et le plus souvent, en rapportant comme 
exacts des contes populaires ou tout-à-fait apocryphes, 
supposés ou superstitieux. Bélon, Gesner, Aldro- 
vandi , ont rectifié quelques-unes de ces erreurs ; mais 
ils en ont introduit d’autres. Car ce n'est que dans 
ces derniers temps que des notions exactes ont été ac- 
quises sur ces animaux, dont l’histoire a occupé nos 
plus grands naturalistes. 

Voici d’abord les renseignemens fournis par les 


(1) Amphibiorum naturalis et litterariæ , fascicul. secundus , 1801. 
Voyez notre tome 1, p. 338. 

(2) Description des Reptiles d'Egypte. Voyez notre tome 11, 
p. 665. 

(3) Recherches sur les ossemens fossiles, tome v, 2° part, , in-4, 
1824, page 14 etsuivantes. 


(4) Animadversiones circa Crocodilum ejusque Historiam. Voyez 
notre tome 11, p. 669. 


QU SAURIENS ASPIDIOTES 40 
auteurs sur la dénomination du genre principal, et 
par suite sur celle de la famille. | 

Le nom de Crocodile est peut-être l’un des plus an- 
ciens dans le langage de l’erpétologie. Beaucoup de 
savans auteurs ont fait sur cette dénomination et sa 
synonymie des dissertations fort érudites. Conrad 
Gesner en avait présenté le résumé jusqu'à l'époque 
où il écrivait, c’est-à-dire vers 1540; mais depuis, 
Schneider, Georges Cuvier et M. Geoffroy Saint-H:- 
laire s’en sont particulièrement occupés (1). Il nous 
suffira de faire remarquer ici que le nom de Croco- 
dile a été donné long-temps à tous les quadrupèdes 
ovipares, et spécialement à la plupart des Lézards 
ou Sauriens. Quant à l'étymologie de Kpoxodeïhos, elle 
est généralement rapportée à la conjonction de deux 
mots, dont l’un, ac, terminal, signifie qui craint, 
qui redoute; mais pour l'expression initiale, les uns 
Ja font dériver de Téy Kpozèy, le safran et les autres de 
Tus Kpozxe, les cailloux roulés, les galets. Ces deux 
explications sont loin d’être satisfaisantes. Quelle que 
soit l’origine du mot, et de quelques autres synonymes 
que nous rapporterons par la suite en traitant des es- 
pèces , nous dirons que les premières notions acquises 
sur les Crocodiles nous ont été transmises par Hérodote 
et par Aristote, et que tous deux ont certainement parlé 
de l'espèce qui vivait dans le Nil ou en Egypte. Les 
Romains, au rapport de Pline, n’ont commencé à 


(1) Seuneiner , Historia amphib. nat. et litter., fasc. 11, pagin. 11 
et sequens. 

Cuvier, Ossemens fossiles , tom. 4, part. 3. Crocodiles vivans, 
pag. 19 

Grorrroy Sainr-Hirarre. Description des Reptiles d'Ecypte, 


pag. 97, in- fol. 


2 


REPTILES, TOME II. : 


5o LÉZARDS CROCODILIENS 


connaître ces animaux que sous l’édilat de Scaurus, et 
sept années avant l'ère chrétienne. Auguste en fit pré- 
senter dans un amphithéâtre trente-six à la fois, qui 
furent livrés à la mort dans une sorte de combat par 
des gladiateurs, comme un spectacle extraordinaire et 
mémorable. 

On sait que le Crocodile était un animal sacré pour 
les anciens Égyptiens, et qu'ils le révéraient comme 
une divinité. Quelques individus, apprivoisés dès leur 
jeunesse, étaient soignés et nourris par des prêtres, 
exclusivement consacrés à cette fonction. On ornait 
d’anneaux d’or et de pierres précieuses les opercules 
de leurs oreilles, qu’on transperçait à cet effet. On 
garnissait de bracelets leurs paties antérieures, et, 
suivant le récit d Hérodote, on Îles présentait ainsi à 
la vénération du peuple. Après leur mort, on en em- 
baumait précieusement les dépouilles, avant de les 
déposer avec cérémonie dans des cellules particulières, 
disposées à cet effet dans leur nécropolis ou hypogée. 
C’est du centre de ces monumens funèbres que plu- 
sieurs momies de Crocodiles ont été extraites dans un 
état parfait de conservation, plus de vingt siècles 
après leur mort , et que nous en avons plusieurs eXpO- 
sées à la vue du public dans nos musées, à Paris. 

Strabon (1) raconte que dans ia ville d’'Arsinoé, 
qu'on nommait auparavant Crocodilopolis ou la ville 
aux Crocodiles, on voyait une piscine, construite 
comme un édifice public, desservie par des prêtres qui 
prenaient un soin tout particulier d'un Crocodile 
choisi, auquel on donnait le nom de Suchus on Souchés, 
ue. M. Champollion jeune nous a appris que les 
PM Lens 2: 03: nf Aa mg: 123 À A 7 (it, LSSSRS Rs RER 


(1) Géographie, livre 17, pag. 811, de la traduct. française. 


OÙ SAURIENS ASPIDIOTES. br 
Égyptiens représentaient un dieu qu'ils nommaient 
Souk ; que c'était un homme avec une tête de Crocodile. 

Quelques autres passages des plus anciens auteurs, 
et en particulier d'Hérodote, ont encore donné lieu 
à des dissertations importantes. Tel est celui qui est 
relatif au 7 rochile, petit oiseau échassier, ou du moins 
considéré comme tel par Aldrovandi, et ensuite par 
Ray et Salerne, qui ont même supposé que c'était un 
Coure-Vite ou Charadrius, qu'Hasselquitz à nommé 
Egyptius. I est dit que toutes les fois que le Croco- 
dile sort de l’eau pour aller à terre, et qu’il s’ÿ étend 
la gueule ouverte, le Trochile s’y glisse, et mange 
toutes les Pdelles qui y sont attachées, et que cet ani- 
mal reconnaissant ne lui fait aucun mal (1). La plu- 
part des auteurs, jusqu’à Scaliger, ont pensé que ces 
Boshix étaient des sangsues, parce que ce mot, qui si- 
gnifie animaux suceurs, désigne en effet le plus sou- 
vent ces espèces d’Annélides ; mais M. Geoffroy Saint- 
Hilaire, qui a paraphrasé avec beaucoup de science 
et d’érudition le texte d Hérodote dans le grand ou- 
vrage sur l'Égypte , ést porté à penser que ces Bdelles 
étaient des espèces de cousins, ou d'autres Insectes 
semblabies aux Maringouins, qui, d’après M. Des- 
courtils, viennent aussi en Amérique s'attacher aux 
parties intérieures de la bouche des Caïmans. 

Le passage dans lequel Hérodote parle des habitans 
d'Eléphantine, qui mangeaient de la chair des 
Crocodiles qu'ils nommaient Campsès (AM zaubai), 
fait supposer à Cuvier (2) que ce dernier nom n'était 


. (1) Voyez aussi Histoire des Animaux, d'Aristote, traduct. de 
Camus, livre 9, chap. 6, page 551. 
(2) Ossemens fossiles, tom. 5, 2° part., pag. 45. 


ESS 


52 LÉZARDS CROCODILIENS 

pas propre à ce pays, ni à une espèce particulière. 
M. Geoffroy Saint-Hilaire, qui a écrit très-savam- 
ment sur ce sujet dans les Mémoires de l'institut d'É- 
sgypte, est d'une autre opinion, et il la fonde sur ce 
que le Crocodile porte encore aujourd'hui en Égypte 
le nom de Z'emsa , que M. Champollion à cru recon- 
naître sur plusieurs papyrus MSAH, qu'il regarde 
comme formé de la préposition M, dans, et du sub- 
stantif SAH, œuf. 

Linné, dans les éditions du Systema Naturæ pu- 
bliées de son vivant, nadmit dans le genre Lézard 
(Lacerta) qu’une seule espèce sous le nom de Crocodile. 
Gronovius distingua les trois espèces du Nil, d’Amé- 
rique et du Gange, qu forment aujourd’ Hs trois 
sous-genres. Laurenti n’a pas fait mention du Gavial. 
Schneider, dans le deuxième cahier de son Histoire na- 
turelle et littéraire des Amphibies, publiée en 1801, 
fit connaître beaucoup mieux les espèces de ce ue 
auquel il assiona de bons caractères ; mais c’est à 
G. Cuvier que ne doit les plus complètes et les meil- 
leures descriptions et distinctions des espèces rappor- 
tées aux trois sous-senres. Son premier travail à été 
inséré, en 1801, dans le deuxième cahier du tome n 
des Archives zootomiques, publiées par: Wiedman ; 
mais il la bien perfectionné depuis, dans le grand 
ouvrage que nous venons de citer en dernier lieu ; 
car ce même travail avait déjà été inséré en 1807 
dans le x° volume des Annales du Muséum d'Histoire 
naturelle de Paris. C'était un mémoire ayant pour ti- 
tre : sur les différentes espèces de Crocodiles vivans et 
leurs caractères distinctifs. Le dernier ouvrage gé- 

néral a été publié en 1817 par MM. Oppei, deu 
et Liboschitz; mais, à l one des figures, ce n'est 


OÙ SAURIENS ASPIDIOTES. 53 


réellement, pour le texte, qu'un extrait du grand tra- 
vail de Cuvier. 

Quant à l’histoire des espèces et même aux détails 
qui concernent les sous-senres, nous aurons occasion 
de les mentionner quand nous ferons leurs descriptions 
plus particulières. 

Voici les caractères assignés par Guvier à toutes les 
espèces comprises aujourd hui dans cette famille, qu'il 
a toujours considérée comme formant un seul genre ; 
nous les avons déjà présentés, mais nous les répétons 
ici dans un autre ordre. 

1° Mächoires garnies d’un grand nombre de dents 
coniques, simples, inégales , aiguës, disposées sur une 
seule rangée. 

2° Langue charnue, large, entière , attachée au 
plancher de la bouche jusque très près de ses bords, 
et nullement extensible. 

3° Pattes courtes, basses, espacées entre elles; les 
antérieures à cinq doigts distincts, les postérieures à 
quatre palmés ou demi-palmés ; trois doigts seule- 
ment munis d'ongles à chaque pied. 

4 La queue toujours plus longue que le tronc, 
comprimée ou aplatie sur les côtés, carénée et den- 
telée en dessus. 

5° L'organe génital unique dans les mâles. 

À ces caractères, Cuvier en à réuni plusieurs au- 
tres qu'il regardait comme moins essentiels, ou comme 
moins généraux; tels sont : les écailles carrées qui 
recouvrent la queue, le dessus et le dessous du corps; 
les grandes écailles dorsales, sur lesquelles on re- 
marque des arêtes ou des lignes saillantes et longitu- 
dinales; les flancs garnis seulement de petites écailles 


5 
arrondies ; les conduits auditifs externes, ou les 


Le ; 
54 BÉZARDS CROCODILIENS. 


oreilles fermées, c'est-à-dire recouvertes en dehors 
par deux lèvres mobiles ; les narines formant un long 
canal étroit, qui ne s'ouvre intérieurement que dans 
le gosier ; les yeux munis de trois paupières ; enfin 
deux petites poches qui aboutissent sous la gorge et 
qui contiennent une humeur musquée. 

Cuvier ajoute eu outre l'indication de deux carac- 
tères anatomiques, qui distinguent le squelette des 
Crocodiles de tous ceux des autres Sauriens, et qu’il 
exprime ainsi : 

1° Leurs vertèbres du col portent des espèces de 
fausses côtes (apophyses transverses articulées}, se 
touchant par leurs extrémités, et qui empèchent l'a- 
nimal de pouvoir faire tourner entièrement la tête de 
côté. 

20 Leur sternum se prolonge au delà des côtes; il 
porte des fausses côtes d’une espèce toute particulière, 
qui ne s’articulent point avec les vertèbres, et qui ne 
servent qu'à g œarantir le bas-ventre, etc. 

Après cette esquisse historique , nous présenterons, 
par ordre de date, une liste des auteurs principaux 
qui ont écrit sur l'histoire naturelle, et de ceux qui 
ont laissé des mémoires sur l’organisation de ces 
animaux. Il nous aurait été impossible d'adopter ici 
une autre marche, car dans la section des auteurs ana- 
tomistes, par exemple, plusieurs de ceux que nous 
avons cités n'ont traité que de quelques points de 
l'ostéologie, ou d’autres parties isolées de la structure ; 
tandis qu’il y en a plusieurs qui ont porté leurs re- 
cherches sur tous les organes à la fois. D'ailleurs ces 
listes seront ici d'autant plus utiles que nous avons 
constamment indiqué les sources où nous avons puisé 
nos assertions. 


BIBL(OGRAPHIE. 55 


1° A{ndication par ordre chronologique des au- 
teurs principaux qui ont écrit sur l’histoire natu- 


relle des Crocodiles. 


1. HÉRODOTE, qui avait beaucoup voyagé, raconte, danssom 
admirable histoire , qui paraît avoir été écrite près de quatre cents 
ans avant la naissance du Christ, beaucoup de détails sur le Cro- 
codile du Nil. Livre 11, ou Euterpe , Chap. 68 et 70, et livre xx, 
chap. 41. 11 y traite du Crocodile d'Égypte , dont il fait connaître 
les mœurs : c’est ainsi qu'on y lit : Qu'il se trouve sur la terre et 
dans les lacs ; qu'il dort la nuit dans l'eau. 11 parle de ses quatre 
mois de sommeil ou de léthargie, pendant lesquels il ne mange 
. pas. Il fait la reflexion quil est peut-être celui, de tous les ani- 
maux connus, qui nait aussi petit et qui puise devenir 
aussi grand, puisque l'œuf dont il sort est de la grosseur de celui 
d'une oie, et que le Crocodile peut atteindre jusqu'au delà de 17 
coudées. En parlant de ses yeux, il les compare à ceux du cochon. 
Il fait observer que la mâchoire supérieure se meut ou s'élève au- 
dessus de l'inférieure ; que les dents sont énormes; que l'animal 
semble privé de la langue. 

2. ARISTOTE cite souvent le Crocodile dans ses ouvrages. Il 
paraît avoir beaucoup emprunté à Hérodote , ou bien il répète ses 
observations. Cependant, si nous en croyons Schneider ( Cahier 1r, 
p- 6), il ne paraît pas avoir eu lui-même occasion d'observer le 
Crocodile. Voici les passages principaux de ses ouvrages où il en 
parle. Histoire des animaux, livre 11, chap. 10; livre v, chap. 
39 ; livre vx, chap. 15, et dans le chap. 16, sur les parties des 
animaux. 

3. DIODORE DE SICILE, livre 1v, chap. 35, décrit le Croco- 
dile , et parle de l’Ichneumon qui recherche ses œufs. 

4. STRABON, dans sa Géographie, livre xv,chap. 17, parle du 
culte des Crocodiles par les Arsinoïtes. 

9. OPPIEN traite aussi du Crocodile et de l’Ichnenmon, ainsi 
que du 7rochilos, dans leurs rapports avec ce Reptile. Livre 11x 
de son Traite de la Chasse. 

6. ÆLIEN donne beaucoup de détails dans plusieurs endroits de 
son Histoire des Animaux, en particulier livre vuxr, chap. 25; 
livre v, chap. 23 ; livrex, chap. 21,24, 42, et livre xrr, chap. 41, 


56 LÉZARDS CROCODIDIENS. 

où il distingue le Crocodile du Gange. Dans ces diverses OCCASions, 
il décrit les mœurs; et, indiquant son naturel, il s'exprime ainsi: 
Natura timidus, improbus, malitiosus, Jallax ad rapinas Jaciendas, 
strepitum omrnen perhorrescit ; humanam vocem contentiorem exli- 
mescit, eos à quibus confidentits invaditur, reformidat; mais il mêle 
à ses récits beaucoup d'erreurs et de préjugés qui ont eu beau- 
coup d'échos. 

7. PLINE répète tout ce qu'Aristote et Hérodote ont écrit. Il 
parle souvent des Crocodiles dans son Histoire naturelle, particu- 
lièrement dans les endroits que nous allons indiquer : livre «1, 
chap. 11, 15 et 17; livre var, chap. 24-26; livre xr. 

1648. MARGRAVE et PISON ont parlé du Jacare, ou Caïman , 
dans leur Histoire des animaux du Brésil, livre vr, p. 242 et 28. 

1794. SEBA, dans son Trésor, tome 111, a donné beaucoup de 
figures. 

1749. ADANSON, Histoire du Sénégal, a traité du Crocodile 
d'Afrique , pag. 70 et 146. 

1751. HASSELQUITZ, dans une Lettre à Linné, et dans son 
Voyage en Palestine, a traité du même sujet. 

— KLEIN a véritablement distingué le genre du Crocodile, en 
le séparant du Caïman, p. 100 de son ouvrage intitulé : Quadru- 
pedum dispositio. 

1796. EDWARDS ( Georges) a fait connaïître un jeune Gavial 
dans les Transactions philosophiques, vol. 40, pl. xxx, p. 639. 
Ventre marsupio donato, faucibus merganseris rostrum æmulan- 
tibus. ; 

1796. GRONOVIUS, dans la même année, établit le genre 
Crocodile, d’abord dans son Museum, puis, en 1763, dans son 
Zoophylacium, pag. 10 , n° 40. 

1768. LAURENTI, dans l'ouvrage qui a pour titre : Synopsis 
Reptilium, pag. 53 et 54, distingue, d'après les figures de Séba, 
deux espèces de Crocodiles. 

1779. BATRAM , Voyage en Floride, au sud de l'Amérique sep- 
tentrionale, tom. 1%, a donné beaucoup de détails sur les Croco- 
diles. 

1782. DE LA COUDRENIÈRE a fourni des détails curieux sur 
les Crocodiles qu'il avait observés à la Louisiane , et il les a con- 
signés dans le tom. xxvr du Journal de Physique pour l’année 1782. 

1799 et 1801. SCHNEIDER, dans la deuxieme fascicule de son 
Histoire littéraire et naturelle des Amphibies, a le prenuer re- 


BIBLIOGRAPHIE. 5 


cueilli tous les faits publiés avant lui, sur les formes et l’organisa- 
tion des Reptiles : on y trouve surtout beaucoup de détails puisés 
dans les manuscrits de Plumier. | 

1601. CUVIER avait fait imprimer dans le second cahier du 
tome 11 des Archives zootomiques et zoologiques de Wiedman de 
Brunswick, une dissertation sur les Crocodiles:; mais depuis il a 
beaucoup ajouté à ce premier mémoire, dans ses travaux successifs 
publiés en 1810 dans les Annales du Muséum, tom. x, et enfin, 
en 1824, dans la deuxième partie du tome v de ses Ossemens 
fossiles. 

1803. GEOFFROY SAINT-HILAIRE, dans le deuxième volume 
des Annales du Muséum d'histoire naturelle , a publié deux Mé- 
moires : l'un sur l'anatomie du Crocodile du Nil, pag. 37, et un 
autre , pag. 53, sur une nouvelle espèce de Crocodiles d'Amé- 
rique. Enfin, son travail le plus important a été inséré dans les 
Mémoires de l'institut d'Egypte , en 1813, sous le titre de Des- 
cription des Crocodiles du Nil, et dans les Mémoires de l'Aca- 
démie des sciences, en 1831, sur les Crocodiles perdus. 


2° {ndication par ordre chronologique des princi- 
paux ouvrages ou dissertations sur l'anatomie ou 


la physiologie des Crocodiles. 


1662. PFANZIUS (Christoph.) Exercitatio de Crocodilo. Lipsiæ, 
in-4°, sous le nom de Kraue (Christoph.), sur les larmes du Cro- 
codile. 

1664. VESLING, Observationes Anatomicæ, édit. de Thomas 
Bartholin , in-8°, cap. xv, pag. 42. L'auteur décrit les tégumens, 
la langue, les mâchoires, les yeux, et les parties internes, telles 
que le larynx, la trachée, les poumons, l’œsophage, les intes- 
tins , le foie, la rate, les organes génitaux ; il fait surtout remar- 
quer le peu de volume du cerveau relativement à celui de la 
moelle épinière. 

1666. VOIGT (Godfroid ) a publié à Wittenberg en Prusse une 
Dissertation latine sur les larmes du Crocodile. 

1674. Borricnits, dans sa dissertation de Æermetis Ægyptio- 
rum Hafniæ, pag. 272, décrit le Crocodile des Indes , son sque- 
lette, ses viscères. 

1676. Les jésuites français missionnaires à la Chine, dans les 


38 LÉZARDS CROCODILIENS. 


Mémoires de l'Académie des sciences de Paris, tom. 111, part. 2, 
pag. 299 , PL. 64 et suiv., ont donné la figure et l'anatomie de 
trois Crocodiles qui appartiennent à l'espèce de Siam, ou à casque, 
et Duverney y a joint ses remarques. 

1681. HAMMEN (Von) a publié à Leyde , sous le format in-12, 
une description anatomique, en latin , d’une espèce de Crocodile 
disséquée à Dantzig, de Crocodilo Gedani dissecto. 

1686. GREW a fait graver le squelette d’un Crocodile des 
Indes orientales, dans le Museum Regiæ Societatis , in-f°, pag. 42, 
fig. 4. 

1693. DUVERNEY (Joseph) , déja cité à la page 436 du premier 
volume de cet ouvrage, et tom. 11, pag. 664. 

1701. PLUMIER avait laissé dans ses manuscrits, 21° cahier de 
sa Zoographia Americana, la description d'un Crocodile. C'est 
celle dont Schneider donne beaucoup d'extraits ; mais on le trouve 
cité dans le Journal de Trévoux, 1704, pag. 166. 

1702. BAER, Crocodilophonia , déja cité, t. 11, p. 662. 

1707. SLOANE a donné aussi quelques détails anatomiques sur 
le Crocodile , dans son Voyage à la Jamaïque, publié en anglais. 
(Por. tom 1° de cette Erpétologie , pag. 340.) 

1717. FEUILLÉE, dans son Journal d'observations botaniques 
et physiques, in-4°, publié à Paris, parle du Crocodile, mais d'a- 
prés Plumier, tom. 111, pag. 39g. 

1718. LINCK (J.-H.) à publié à Leipsick, in-4°, ÆEpistola de 
Sceleceto Crocodili, à l'occasion d'une empreinte fossile sur un 
schiste. 

1748. MEYER (Jean - Daniel) a copie sur la planche 48 du 
tome 1% de Nuremberg , le squelette du Crocodile, d'apres l’ostéo- 
graphie de Cheselden. 

1797. GAUTIER, planches citées, tom. 11, pag. 664. 

1776. BATRAM, déjà cité, tom. 11, pag. 662. 

1385. MERCK, Hessiche Beytrage zur Gelehrsamkeit und 
Kunst. fasc. v, pag. 73, a donné l'ostéologie du Gavial. Il a fait 
connaître l'organe génital du mâle, pag. 79. 

1786. CAMPER (Pierre) a présenté des observations et des 
figures anatomiques sur les Crocodiles, d’abord dans le 76° volume 
des Transactions philosophiques, pag. 446, pl. 23 et 24; puis 
dans le 3° volume de ses Opuscules et dans l'édition française de 
Moreau de la Sarthe, pl. 6, fig. et . D'après un dessin du même, 


BIBLIOGRAPHIE. 59 


la tête d'un Crocodile à long bec, du Gange , d'un pied de long 
sur huit pouces de large, a été gravé par Gout. 

1797. JACOBSON ( Matth.) a publié , sous la présidence de Ret- 
zius , une these ayant pour titre : Ænimadversiones cire Croco- 
dilum ejusque Historiam. Schneider en parle 2° cahier, pag. 38 et 
152, de son histoire des Amphibies. 

1799. FAUJAS SAINT-FONDS, dans son Histoire de la mon- 
tagne Saint-Pierre, citée tome 11 de cette Erpetologie , pag. 664. 

1801. CUVIER (G..), plusieurs fois cité dans ce présent volume, 
en particulier pag. 92. 

1801. SCHNEIDER, déjà cité tom. 1, p. 237, et tom. 11, p. 67r, 
et dans ce volume , pag. 52, a recueilli de très utiles renseigne- 
mens sur l'histoire et l'anatomie des Crocodiles, dont il a fait 
connaître l'ostéologie de la tête dans deux bonnes planches. 

1803. GEOFFROY (E.), déja indiqué précédemment, pag. 51. 

1809, HUMBOLDT et BONPLAND. Recueil d'observations anato- 
miques et zoologiques sur le Crocodile, pag. 284. Déja cité €. 1%, 
pag. 922, et tom. 11 du présent ouvrage, pag. 667. 

1807. LORENZ, dans ses Observations anatomiques sur le bassin 
des Reptiles, déja indiquées dans cet ouvrage, tom. 11, pag. 669, 
décrit en particulier le bassin du Crocodile d'Amérique, p. 2r. 

1809. DESCOURTILS donne les plus grands détails sur les mœurs, 
la structure et l'organisation des parties molles du Caïman, dans 
le 5° vol. du Voyage d’un Naturaliste. 

1810 à 1824. C'est l'époque à laquelle CUVIER a commencé à 
donner-ses premiers Mémoires sur les squelettes des Crocodiles. 
Voy. tom. 1, pag. 663. 

1814. CARUS (C.-G.), dans son ouvrage allemand sur le système 
nerveux, Versuch eineps Dorstellung des nerven Systems, etc. 
in-4°, publié à Leipzick, parle et donne des figures des nerfs du 
Crocodile, pag. 186, pl. 3. Il les a reproduites avec heaucoup 
d'autres détails dans ses deux grands ouvrages, en 1818 jusqu'en 
1839, son Traité d'anatomie comparée et ses grandes planches in-f°. 

—SOEMMERING a décrit à la même époque une espèce de petit 
Gavial fossile, dans les Actes de l'Académie de Munich, sous le 
nom de Crocodilus priscus. 

1815. SPIX, dans sa Céphalogénésie, a représenté et décrit, 
pag. 435, une tête de Crocodile. 

1817. TIEDEMAN, OPPEL et LIBOSCHITZ, dans la 1°° livraison 
de leur grand ouvrage sur les Reptiles, qui n'a pas été continué, 


6o LÉZARDS CROCODILIENS 


ont présenté en allemand, avec beaucoup de figures in-f°, l'his- 
toire du genre et des espèces de Crocodiles, et quelques détails 
anatomiques. 

1818. OKEN a donné dans l'Isis, 2° cahier, une description de 
la tête d'un Crocodile. 

1821. MECKEL (J.-F.), dans son Traité général d'anatomie com- 
parée, tom. 111, pag. 149, System der Vergleichenden Anatomie, 
a fait tres bien connaître les muscles du Crocodile. 

1824. DE BLAINVILLE., déja cité, tom. 17, pag. 662. 

1825. HARLAN, dans les Transactions of the American Society, 
ue volume , nouvelle série, pag. 22, une Lettre sur l'anatomie et 
la physiologie des Caïmans ( /’oy. dans le présent ouvrage, t.1t, 
pag. 666, l'article Zen/z, ou mieux Weutz). 

— GEOFFROY SAINT-HILAIRE, Mémoires du Muséum, t. xur, 
pag. 97 etsuiv. — Mémoire déjà cité sur l'organisation des Ga- 
vials ; — en particulier sur les bourses nasales et sur les genres 
sténosaure et teléosaure. 

1826. NICOLAÏ, sur les veines du Crocodile, cité tom. 17, p. 670. 

1827. BELL a publié des observations curieuses sur les glandes 
odoriférantes des Crocodiles, pag. 132 des Transactions de la So- 
ciété linnéenne de Londres, déja cité tom. 11, pag. 662. 

1828. ABEL , Observations anatomiques sur le Gavial, déja cité 
tom. 11, pag. 662. 

—VROLIK (W.), Observations anatomiques sur le Caiïman, 
Crocodilus Sclerops, Bulletin des Sciences nat. , tom, x1v, p. 121, 
n° 119, déja cité tom. 11, pag. 662. | 

1830. WAGLER (Johan.), adjoint conservateur du Musée ana- 
tomique et zoologique de Munich, a publié, dans la planche 7° 
de son Système naturel des Amphibies, les points les plus impor- 
tans de l’ostéologie des trois genres de cette famille , qu'il désigne 
sous les noms de Campsa, Crocodilus et Ramphostoma. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. 6: 


6 V. DES TROIS SOUS-GENRES QUI COMPOSENT LA 
FAMILLE DES CROCODILIENS ET DES ESPÈGES EN 
PARTICULIER. 


Nous avons déjà dit que M. G. Cuvier avait pro- 
posé de partager ce grand genre des Crocodiles en 
trois sections ou sous-genres, auxquels il assignait des 
noms particuliers et des caractères que nous allons 
successivement faire connaître, parce que nous adop- 
tons complétement ses idées ; cependant nous croyons 
nécessaire de les développer davantage pour signaler 
mieux les rapports et les différences. 


1° Les Gaïmaxs ( {Uligator). 


Caracrères : tête d’un tiers plus large que longue, 
à crâne du quart de la longueur totale; museau court; 
dents inégales entre elles, au nombre de dix-neuf à 
vinot-deux ; la quatrième dent inférieure plus longue 
de chaque côté, et entrant dans des creux de la mû- 
choire supérieure où elles restent cachées quand la 
bouche est fermée ; les premières dents de la mâchoire 
inférieure perçant la supérieure à un certain âge; 
jambes et pieds de derrière arrondis, ou n'ayant ni 
crêtes ni dentelures à leurs bords; intervalles des 
doigts remplis au plus à moitié par une membrane 
courte, ou pattes semi-palmées. 


2° Les Croconires ( Crocodilus ). 


Caractères : tête oblonsue, dont la longueur est 
double de sa largeur , quelquefois plus; crâne n'attei- 
gnant pas le quart de ceite longueur ; dents inégales , 
trente inférieures, trente-huit supérieurement ; les 


62 LÉZARDS CROCODILIENS. 


quatrièmes de la mâchoire inférieure, qui sont les 
plus longues et les plus grosses de toutes, passant dans 
des échancrures creusées sur les bords de la mâchoire 
supérieure “nelrWrestant apparentes en dehors. Les 
pattes de derrière ayant leur bord externe garni d’une 
crête dentelée, et les intervalles de leurs doigts, au 
moins des externes, étant entièrement palmés. Leur 
crâne portant derrière les yeux deux larges trous ovales 
que l’on sent à iravers la peau, même dans les indi- 
vidus desséchés. 


3° Les Graviars. (Gavialis seu Longirostris.) 


GaracrÈères : museau rétréci, cylindrique, extrême- 
ment allongé, un peu renflé à l'extrémité ; crâne à 
peine du cinquième de la longueur totale de la tête; 
dents presque semblables, en nombre et en forme , sur 
l’une et l'autre mâchoire; les deux premières et les 
deux quatrièmes dela mâchoire inférieure passant dans 
des échancrures de la supérieure et non dans des trous. 
Crâne avec de grands trous derrière les yeux; les pattes 
de derrière dentelées et palmées comme dans les Cro- 
codiles. 

La forme grêle de leur museau les rend, à taille 
égale, beaucoup moins redoutables que les espèces 
des deux autres sous-genres. Aussi se contentent -ils 
ordinairement de poissons pour leur nourriture. 

Tels sont les trois groupes ou sous-genres établis 
parmi les Crocodiliens. Cet arrangement ou cette dis- 
tribution des espèces en genres secondaires était né- 
cessaire à indiquer d'avance, parce qu’à l’aide d'une 
simple dénomination on peut distinguer et préciser 
quels sont les individus qui présentent des modifica- 
tions dépendantes, soit des formes extérieures, soit 


| 
Î 

|: 

\ 
fs 
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ph: 
l 
Là 
1 


TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DE CROCODILIENS, 


DISTRIBUÉES EN TROIS SOUS-GENRES. 


plus ou moins large, plat, recevant la quatrième dent inférieure dans ame | 


À museau 


très étroit , presque arrondi, dilaté à l'extrémité . . . . . . . 


ler SOUS-GENRE. CAÏMAN. 


complétement osseuses. | : + . . , . . - - . . . .. . . 


A paupières supérieures 
en travers du front 


non osseuses en enlier ; une A 


| longitudinale ; excessivement petite entre les orbites 


Ile SOUS-GENRE. CROCODILE. 


surmonté de deux arêtes triangulaires placées à la suite l'une de l'autre. . . . . . . A MEN EE 


À crane { j à demi ou incomplétement. : .............."......:....: 


| sans arêtes el à 
pattes palmées. nulle, arrondie et comme effacée. 
en entier et à 
arête externe 
d'égale hauteur : | six : plaques nuchales 


seulement. SO MRe ls 


fosse. . . . 1. CAÏMAN. 
échancrure. 2. CROCODILE. 


ME-tUée . 3. GAVIAL 


1. À PAUPIÈRES OSSEUSES. 


et une autre devant chaque œil : { remplacés par des écailles . + . 2. À LUNETTES. 
écussons de la nuque 


Six OUPS Se NCA 3. CyNOCÉPHALE. 


. PoncruE. 


LS 


5. À MUSEAU LE BKOCUET. 


CE PE OUTe MOT HO 4. À casque. 
1. RAaoMmIFERE. 


2. DE GRAVES. 


museau 
8. De Journu. 


plus de deux : { en triangle isocèle. . . . 3. Vurcuime. 


subcylindrique. 


distinctes : dos cervicales pas ; ou deux seulement. . . . . - . . . . . 5. À DEUX ARÉTES. 
à écailles | 
ix di é i B QUE CUIRASSÉE. 
l plus de six disposées en longueur et par paires. . : . : . :. . +. 7e À NUQUE CUIR 
non égales, les latérales plus élevées que les autres . . . . . . . . + . .. NC 6. À MUSEAU AIGU. 


Ille SOUS-GENRE. GAVIAL. 


À mâchoires allongées , très étroites, presque cylindriques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . + . . - . 


REPTILES , III. 


1. Du Gax6s. 


(En regard de la page 63.) | 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G, CAÏMAN. 63 


de la structure interne ou anatomique, soit enfin des 
habitudes ou des mœurs, qui doivent être un peu dif- 
férentes suivant les diverses conformations des par- 
ties, qui ont servi à la répartition des espèces dans 
chacun des groupes , comme l'indique le tableau synop- 
tique que nous présentons ici en regard. 


Jr SOUS-GENRE. CAÏMAN. — ALLIGATOR. Cuvier. 


Caracrères. Quatrièmes dents inférieures enfoncées 
dans des trous de la mandibule lorsque la bouche est 
fermée. 


Le caractère essentiel des Caïmans, le seul qui leur soit 
exclusivement propre, c'est celui d’avoir l’intérieur de la man- 
dibule creusé de fosses dans lesquelles se logent les qua- 
trièmes dents d’en bas, lorsque les mâchoires se rapprochent 
l'uue de l'autre. En effet, c’est ce qui sert à les faire dis- 
tinguer de suite d'avec les Crocodiles et les Gavials, chez les- 
quels, au lieu de fosses, il existe de chaque côté du museau 
une échancrure, souvent profonde, destinée au passage de 
cette mére quatrième dent inférieure. 

Les principaux caractères des Caïmans, après celui que 
nous venons d'indiquer, consistent dans la forme légère- 
meut arrondie des pattes de derriere; dans labsence de 
toute crête dentelée le long du bord postérieur de celles-ci ; 
ainsi que dans la brièveté des membranes interdigitales, 
lesquelles ne réunissent jamais les doigts au delà de la 
moiue de leur longueur, et quelquefois même seulement à 
leur extrême base; au point qu’une espèce, celle à paupières 
osseuses, parait au premier abord avoir les doists com- 
plétement libres. 

La tête des Caïmans, quoique moins oblongue que celle 


04 LÉZARDS CROCODILIENS 

des Crocodiles , offre à peu près la même figure, c’est-à-dire 
celle d’un triangle isocèle plus ou moins ouvert. Néanmoins 
il faut avouer que cela n’est exact qu’à l'égard de deux 
espèces; car le museau élargi des trois autres donne une 
certaine forme ovale à la partie antérieure de leur tête. 

Dans ce sous-genre, comme dans le suivant ; les bords 
des mâchoires sont sinueux et les dents inégales. Le nom- 
bre de celles-ci, qui s'élève jusqu’à quatre-vingts, y est 
plus grand que chez les Crocodiles, mais moindre que dans 
les Gavials. 

Les dents inférieures de ja quatrième paire ne sont pas les 
seules qui se logent dans des creux de la mandibule; celles 
de la première paire sont dans le même cas, et, avec läge, 
les unes et les autres finissent presque toujours par percer 
la mandibule et par se faire jour au-dessus du museau. 

Les trous post - orbito-craniens des Caïmans sont fort 
petits ; il est même une espèce qui n’en offre pas la 
moindre trace. Le trou nasal, celui autour des bords du- 
quel est attachée la peau dans laquelle se trouvent percées 
les narines, a la forme d'un oméga (w). La paupière su- 
périeure renferme dans son épaisseur une lame osseuse, qui 
tantôt en occupe toute l’étendue, tantôt la moitié antérieure 
seulement. Le Caïman à paupières osseuses est un exemple 
du premier cas, le Caïman à museau de brochet en offre 
un second. Le plus souvent, les plaques osseuses qu'on voit 
sur le cou ne forment pas un bouciier aussi large que chez 
les Crocodiles, mais il est plus allongé; de sorte qu'entre 
ce bouclier et celui du dos, il n'existe presque pas d'in- 
tervalle. 

Tantôt les écailles qui revêtent les flancs sont toutes 
ovales, plates et égales; tantôt il y en a de petites aux- 
quelles il s’en mêle de plus grandes qui sont en outre 
carénées. 

On remarque que la crête caudale des Caïmans est moins 
serrée et plus solide, particulièrement dans sa portion 
doublée, que ceile des Crocodiles et des Gavials. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. &@. CAÏMAN. 65 

La longueur de la tête des espèces de ce sous-genre, à 
proportion de sa largeur, varie suivant l’âge de l’animal. 
Ainsi nous nous sommes assuré qu'elle est relativement plus 
longue chez les individus de moyen âge que dans les jeunes 
et les vieux sujets. 

Ce groupe, que Cuvier a établi parmi les Crocodiliens, a été 
adopté, soit comme genre , soit comme sous-senre , par tous 
les Erpétologistes qui ont écrit sur ces animaux, depuis l'il- 
lustre auteur des Ossemens fossiles. Tous également, à son 
exemple, l'ont désigné par le nom de Gaïman (Alligator), 
à la seule exception de Wagler qui, sans motif, lui a sub- 
stitué celui de Champsa ; mais ce dernier nom se trouve 
d'autant plus mal choisi, que Merrem l'avait déjà employé 
pour désigner les Crocodiles proprement dits. 

Cuvier nous apprend que les auteurs ne sont pas d’ac- 
cord sur Vorigine du nom de Gaïman ; que Bontius (r) au 
dix-septième siècle, dit qu'on nomme ainsi ces Crocodiles aux 
Indes; que d’après Margrave (2) ii porterait le même nom au 
Congo, tandis qu’on l'appelle Jacarejau Brésil. Rochefort, 
cependant, annonce qu'aux Antilles et au Mexique il est dési- 
gné sous ce nom de Gaïman, qui paraît avoir été importé par 
les nègres amenés en esclavage d'Afrique en Amérique. Quant 
à la désignation d'Alligator, il paraît dérivé de Legater ou 
Allegatar où du mot portugais corrompu Logarto qui se- 
rait dérivé du latin ZLacerta, car Hawkins écrivait 4lla- 
gator et Sloane Allegator ou même Aliegater. 

Spix, dans son travail sur les Reptiles nouveaux du Bré- 
sil, a proposé de partager les Caïmans en deux tribus, d’a- 
près le plus ou moins de largeur que présentent les mâ- 
choires et de conserver alors le nom de Caïman aux espèces 
à museau large, en donnant celui de Jacare- Tinga à celles 
à museau étroit. On sent que de pareilles différences ont 
trop peu de valeur pour qu’on se croie autorisé à accepter 


(1) Dans son ouvrage sur l’histoire naturelle médicale des Indes. 
(a) Cuvier. Ossemens fossiles, tome v, 2° part., note page 30. 


RELTILES., Ill. D 


66 LÉZARDS CROCODILIENS 


la subdivison proposée par Spix dans ce sous-genre. Mais 
un caractère qui mériterait davantage d’être pris en consi- 
dération, est celui q“'on peut tirer de la conformation des 
pattes de derrière ; attendu que de leur palmure ou de leur 
non palmure , il doit nécessairement résulter des différences 
dans la manière de vivre de ces Sauriens. Malgré cela, 
nous n'avons pas jugé à propos de les subdiviser, au moins 
quant à présent, parce que le nombre de leurs espèces est 
très borné. 

Pour suivre la même marche que nous avons adoptée à 
Vésard des Chéloniens, nous rangerons Îes Caïmans d’après 
les habitudes plus ou moins aquatiques que nous leur sup- 
posons avoir. Ainsi, nous décrirons les cinq espèces que 
nous reconnaissons exister aujourdhui en commençant par 
celles dont les membranes natatoires sont le plus courtes, 
pour finir par celles qui les ont le plus développées. 

Âucune de ces espèces n’est nouvelle. Les deux premières 
ont été parfaitement décrites par Cuvier, qui d’abord avait 
confondu, dans son ouvrage sur les Ossemens fossiles, les 
trois autres sous le nom de Caiman à lunettes. Mais plus 
tard, dans son Règne animal, il indiqua en notes que le Gaï- 
man à lunettes présentait plusieurs variétés qui pourraient 
peut-être bien former des espèces distinctes, quoique très- 
difficiles à caractériser. Ces variétés sont justement nos trois 
dernières espèces de Caïmans. Spix les a bien reconnues, mais 
il men a si non saisi, au moins pas bien'signalé Îles véritables 
caractères. Sous ce rapport, nous espérons avoir été plus 
heureux que lui, ayant été à même d'observer un grand 
nombre d'individus de tous 
espèces. 


à 
A À A 4 . 
ages appartenant a ces trois 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CAÏMAN. I. 6 


SI 


1. CAIMAN A PAUPIÈRES OSSEUSES,. Alligator Palpebrosus. 
Curier. 


Cnacrères.  Tételongue, sub-pyramido-quadrangulaire ; front 
plat, uni; museau un peu relevé et arrondi à son extrémité, non 
raboteux, mais vermiculé ; paupière supérieure osseuse. Dix-neuf 
dents en haut, vingt-et-une en bas. 

Synonyme. Lacerta Crocodilus Blumenb. Handb. d. Naturg. 


S. 249. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête du Czïman à paupières osseuses est moins dé- 
primée que celle d'aucun autre de ses congénères, sa hauteur 
n'étant que d'un quart moindre que sa largeur. Elle est pour le 
moins aussi allongée et aussi étroite à son extrémité que celle du 
Crocodile vulgaire, ce qui donne à son contour horizontal la 
figure d’un triangle isocèle fort allongé. D'un autre côté, comme 
cette tête est quadrangulaire et relativement plus épaisse que chez 
les autres Crocodiliens , elle se rapproche un peu, par l'ensemble 
de sa forme, de celle de certains Sauriens, tels que les Varans, 
par exemple, 

La tablette ou voüte supérieure du crâne n’est point percée 
derriere chaque æil d'un trou ovale, comme cela se voit chez 
tous les autres Crocodiliens. Sa surface, qui représente un rec- 
tangle dont le plus grand diametre est situé en travers, est iné- 
gale quand la peau est enlevée, à cause des nombreux et petits 
enfoncemens qu'on y remarque. Sans renflemens ni arêtes, mais 
parcouru comme le dessus des mächoires par de petits sillons, 
les uns droits, les autres vermiculiformes, le front s'incline légé- 
rement en fuyant vers le museau, qui, d'abord fort aplati, se 
courbe ensuite faiblement en travers pour s'arrondir et se relever 
un tant soit peu à son extrémité. Les bords des mâchoires de ce 
Caïman sont fortement festonnés ; c'est-à-dire que dans toute 
leur étendue ils sont alternativement fléchis en dedans et 
arqués en dehors, Les dents sont au nombre ce dix-neuf de 
chaque côté en haut, et de vingt-et-une également de chaque 
côtéen bas, ce qui élève leur nombre total à quatre-vingts. Celles 


D 


J, 


a 


68 LÉZARDS CROCODILIENS 


de la mâchoire inférieure, lorsque la bouche est fermée, sont com- 
pletement cachées, tandis que les supérieures se trouvent toutes 
en dehors. Les cnze ou douze premieres, aux deux mâchoires, 
sont plus pointues et moins comprimées que Îes suivantes ; elles 
sont aussi très légèrement courbées, tandis que les autres sont 
droites. En haut, ce sont celles de la seconde, de la troisième, 
de la septième et de la huitième paires, qui sont les plus longues. 
En bas, celles de la première et de la quatrième. 

Les ouvertures externes des narines sont deux petites fentes 
ovalaires placées l’une à côté de l’autre, de manière à représenter 
un V très ouvert, dont la base est dirigée en arrière. La paupière 
supérieure, dont le bord externe est néanmoins cutané, con- 
tient dans son épaisseur une lame osseuse, composée de trois 
pièces de forme triangulaire, et qui ne sont pas tellement bien 
soudées entre elles qu'on ne puisse les mouvoir séparément. L'une 
de ces trois pièces, plus grande que les autres, devant lesquelles 
elle se trouve placée, forme d'un côté une partie du bord ex- 
terne de la paupière, et de l’autre elle se trouve en rapport 
avec la moitié antérieure de la portion interne du cercle oxbi- 
taire. Elle est de plus surmontée d'une carène rectiligne, dirigée 
obliquement en dehors, laquelle s'arrête à l'angle antérieur de 
l'orbite chez certains individus, tandis qu'elle se continue sur 
le museau chez quelques autres. La crête qui surmonte la queue 
chez cette espèce est plus solide que chez aucune autre de sa 
famille ; la double portion en est même osseuse comme les pla- 
ques qui la supportent. Nous ne connaissons aucun Crocodilien 
chez lequel les palmures des pieds soient aussi courtes que chez 
le Caïman à paupières osseuses. 1] n'existe pour ainsi dire même 
pas de membrane entre les deux premiers doigts internes. Celle 
qui unit le second au troisième est neanmoins sensible, et l’autre 
ne s'étend pas plus loin que la troisième articulation du second 
doigt externe. Si l'on n'avait même à examiner que des individus 
empaillés, l'effet de la dessiccation pourrait porter à croire que 
les pattes postérieures de cette espèce sont dépourvues de mem- 
branes natatoires. Les deigts sent de longueur médiocre, et les 
ongles assez longs, mais peu courbés. 

Le Caïman à paupières osseuses offre deux variétés ou races 
assez distinctes l'une de l’autre, pour que nous croyions pouvoir 
les décrire séparément. Peut-être même les aurions-nous élevées 
au rang d'espèces, si nons nous étions trouvé dans le cas de 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CAÏMAN, I. 6) 


faire nos observations sur un aussi grand nombre d'individus de 
tous âges, que cela nous est arrivé pour le Caïman à lunettes, 
et pour deux avtres espèces , le Fissipède et le Ponctué, qui en 
sont si voisins, mais pourtant différens. 


VARIÉTÉ A. 


Caracréres. Deux larges rangées de plaques sur la nuque; 
écussons du dos à carènes peu élevées, égales; ceux de la qua- 
torzième rangée transversale et de la quinzième, au nombre de 


quatre. 
Synonvure. Le Cuïman mâle. Cuvier. Arch. für zool und zoot. 


Von Wiedmann, tom. 2, pag. 168. 

Crocodilus palpebrosus. Cuv. Annal. Mus. Hist. nat. tom. 10, 
pag. 36, pl. 2, fig. 2, et Ossem. foss. tom. 5, part. 2, pag. 39, 
DS te en 

Crocodilus palpebrosus. Tiedm. Opp. und. Lebosch. naturgerch : 
der Amph. pag. 64, tab. 6. 

Jacaretinga mosclifer. Spix. Spec. nov. Lacert. Bras. pag. «, 


tab. 1. 
Champsa palpebrosa. Wagler. Syst. Amph. pag. 140. 


Alligator palpebrosus. Gray. Synops. Rept. part. 1, pag. 63. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette première variété a la tête proportionnellement 
un peu moins longue que la seconde. Ceci est surtout sensible 
chez les jeunes sujets. Cette tête, dans un individu long de 
82 centimètres (le plus long que nous possédions), est une fois et 
deux tiers plus longue que large. Du bout du museau à l'angle 
extérieur de l'œil, elle a un quart de plus en étendue que du même 
angle antérieur à l'occiput. La longueur de l'extrémité du mu- 
seau, prise au niveau des troisièmes dents, est égale à celle du 
front. Ce même museau, entre la septième paire de dents et la 
huitième , n’est pas tout-à-fait aussi large que Focciput. Le bord 
interne de l'orbite n’est point relevé en arête. 

On ne remarque pas non plus de carène partant de l'angle 
antérieur de l'œil pour s'avancer sur le museau. Au moïns, si 
cela a lieu , ce n’est que chez les tres jeunes sujets et d'une ma- 
nière peu sensible. Le bord postérieur du crâne, au milien et dans 


les trois cinquièmes de sa largeur, est légérement arque en de- 


50 HEZARD3S CROCGODILIENS 

hors. Les deux autres cinquiemes, l'un à droite, l'autre à gauche, 
le sont au contraire en dedans. Le bord postérieur du crâne 
n'offre pas la moindre trace d'échancrure. Le dessus de la mâ- 
choire superieure , vers les cinquième et sixieme dents, ne pré- 
sente pas un méplat aussi prononce que cela se voit dans la 
seconde variété. À cet endroït, la mâchoire est très légèrement 
arquée en travers. On remarque de chaque côté du museau, au- 
dessus de l'intervalle de la quatrième dent et de la cinquième, 
un renflement longitudinal qui se dirige en dedans d'une ma- 
nière oblique. 

La région supérieure du cou est garnie de sept rangées trans- 
.versales d'écussons osseux fortement carénés, La premiere des 
deux rangées les plus rapprochées de la tête, ou les nuchales, se 
compose de quatre écussons plus grands et plus forts que ceux 
de la seconde , à laquelle on en compte six. Il est bon de remar- 
quer que ces écussons nuchaux, quoique étant placés fort près 
les uns des autres, ne se touchent cependant pas. Pour les cervi- 
caux , ce n'est pas tout-àa-fait cela. Ceux d'une même rangée sont 
fortement soudés ensemble ; mais il existe un intervalle tres léger, 
il est vrai, entre chaque rang transversal, Chez un de nos indi- 
vidus, il y a deux écussons séulement par rangée ; chez un se- 
cond , il y en a quatre à la troisième ; chez deux autres, il y en 
a trois à la seconde et à celle qui la suit ; chez un quatrième et 
un cinquième, on en compte quatre à la troisième aïnsi qu'a 
l'avant-dernière. Enfin, un sixième nous en montre deux à la 
première et à la dernière rangée, trois à la seconde et àla pé- 
nultième , et quatre à la troisième. Quant à leur forme, on peut 
dire de ces écussons que les nuchaux sont ovales à leur base, 
et les cervicaux carrés. Ceux-ci ont de plus leur carene relevée 
en triangle scalène. Sur les côtés du cou et sur les épaules, la 
peau est semée d'écailles on plutôt de tubercules élevés, affectant 
une figure triangulaire. 11 en existe aussi sur les flancs, mais leur 
forme est plus allongée, et ils sont disposés parséries longitudinales, 
au nombre de deux ou trois. Les plaques osseuses qui composent 
le bouclier de la partie supérieure du corps, à partir des épaules 
ou mieux du dernier rang d'écussons cervicaux jusqu à la queue, 
forment dix-huit rangées transversales, ayant chacune les nom- 
bres suivans de plaques : la première quatre et quelquefois six ; 
les six suivantes six : la huitième , i2 neuvième et la dixième huit ; 
la onzième six, et les sept dernières quatre. Mais ces nombres ne 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CAIMAN. I. Gi 


sont pas constamment les mêmes chez tous les individus. Ainsi, 
tantôt il y a quatre ou cinq rangées à huit plaques, quelquefois 
une seule ; ou bien il n y en a que cinq ou six à quatre. Une ca- 
rêne , également basse pour toutes, les coupe longitudinalement 
par le milieu. La crête caudale est aussi fort peu élevée; l’espace 
compris entre sa portion double étant dépourvu d'arêtes, est 
tout-a-fait plat. On compte dix et rarement onze anneaux écail- 
leux autour de la queue avant d'arriver à l'endroit où la crête 
devient simple. Dans le reste de son étendue , il y en a de dix- 
neuf à vingt-deux. La cuirasse de la partie inférieure du corps 
est formée d’écailles à quatre pans, dont la surface est plate et 
parfaitement lisse. Pourtant, tout-à-fait sous le menton, on en 
remarque plusieurs qui sont polygones et un peu bombées. Celles 
du dessous de la gorge sont carrées; elles y forment une espèce 
de pavé. Les plaques qui viennent après celles-ci sont rectangu- 
laires , et disposées par séries transversales, rectilignes sous l’ab- 
domen, un peu arquées en arrière sous la poitrine et la seconde 
moitié du cou. Sur la région inférieure du corps, depuis la fente 
anale jusqu'aux aisselles , il existe vingt bandes écailleuses, dont 
les plus nembreuses se composent de vingt pièces. En remontant 
jusqu'au niveau de l'extrémité des branches du maxillaire infé- 
rieur, on en compte huit autres qui occupent toute la largeur 
du cou. Ce sont des écailles rhomboïdales qui revêtent les mem- 
bres antérieurs ; celles du dessus sont grandes et carénées, celles 
du dessous petites et lisses. On peut dire la même chose des mem- 
bres postérieurs , si ce n’est que le devant des cuisses porte des 
écailles carrées. 

Cororarion. Le plus grand de nos individus offre un brun mar- 
ron sur le dos. Cette couleur est plus claire sous le ventre et sur 
les membres. Deux de nos jeunes sujets sont brun fauve, le troi- 
sième est jaunâtre ; mais tous trois ont le dessus du corps coupé 
transversalement par des bandes noirätres. Tous trois aussi lais- 
sent voir une suite de taches brunes le long de la mâchoire infé- 
rieure. Les ongles sont bruns. | 

Druexsrows. Bien que d'une taille médiocre, l'un de nos indi- 
vidus nous semble fort âge. S'il en était ainsi, cette espèce n'at- 
teindrait pas d'aussi grandes dimensions que ses congénères. On 
peut du reste en juger par les mesures suivantes, qui sont celles 
des principales parties de l'individu dont nous venons de parler, 
le même qui a servi à M. Cuvier pour son travail sur les Croco- 


72 LÉZANDS CROCODILIENS 


diliens , celui enfin que, dans son premier mémoire inséré dans 
les Archives de Wiedman , il considérait comme le Caïman mâle, 
et que plus tard, dans les Annales du Muséum et dans les Osse- 
mens fossiles, il a mieux fait connaître comme type de sa pre- 
mière variété du Caïman à paupières osseuses. 

LONGUEUR TOTALE 129 . Téte. Long. 18” ; haut. 8” ; larg. antér. 
3 9 ; postér. 11 . Cou. Long. 13”. Corps. Long. 40° ; haut. 13”; 
larg. 17°. Memb. antér. Long. 21°. Memb. postér. Long. 30”. 
Queue. Long. 58. 

Nous possédons quatre autres jeunes sujets appartenant à cette 
variété, qui ont de vingt-neuf à quarante-huit centimetres de 
long. 


VARIÉTÉ B. 


CaracrTÈres. Une seule rangée de plaques nuchales, séparée 
des cervicales par une ligne d’écailles relevées en pointe. Les 
arêtes dorsales des deux séries longitudinales et médianes moins 
hautes que les latérales. Deux écussons seulement composent la 
quatorzième , la quinzième et quelquefois la seizième bande trans- 
versale du dos. 

Synowymre. Crocodilus aquaticus Ceilonicus mas, Séba, tom. I, 
pag. 166, tab. 105, fig. 3. 

Crocodilus trigoriatus, Schneïd. Hist. amph. fase. secund. p. 161. 

Crocodius rer Gronovius, Zoophil. p. 10, n° 38. 

Ceylan Crocodile var. from Seba. Shaw, General. zool. tom. 5, 
part. 1, pl. 58. 

Crocodilus palpebrosus. (Seconde variété). Cuv. Ann. mus. 
Hist. nat. , tom. 10, pag. 38, pl. 2, fig. r, et Ossem. foss., tom. 5, 
part. 2, pag. 4, tab.2, fig. 1. 

Crocodilus Trigonatus. Tiedm. Oppel und Libosch. naturgesch. 
amph. pag. 66, tab. 7. 

Champsa trigonata. Wagj]. System. amph., pag. 140. 

Alligator palpebrosus. Var. B. Gray, Synops. Rept., part. 1, 
pag. 65. 


DESCRIPTION. 


Foaues. La tête des individus, appartenant à cette seconde 
7 . OI 3 pa x] A 
variété, a de longueur quatre cinquiemes &e plus que Ge lar- 
: re 5 UÉURT Nr CREER 2e 

seur. Son étendue, du bout du museau à l'angle antérieur de 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CAÏMAN. I, 73 


l'œil, est d'un tiers plus grande que de ce dernier point au 
bord postérieur de l'occiput. D'après ces dimensions, 1l est 
aisé de voir que, dans cette seconde variété, la tête est pro- 
portionnellement plus longue que dans la premiére. La mâ- 
choire supérieure a, en largeur, un peu plus du double au- 
dessous de l'angle antérieur de l'œil qu’au niveau de la troisième 
paire de dents d'en haut. Elle est fort aplatie dans le premier 
tiers de sa longueur , et offre deux arêtes qui, en s'écartant un 
tant soit peu l'une de l’autre, s'étendent depuis l'angle anté- 
rieur de l'œil jusqu'au-dessus des huitièmes ou neuvièmes dents 
supérieures. À l'exception d'une petite échancrure qu'on re- 
marque sur le milieu de son bord postérieur , la tablette du 
crâne ressemble tout-à-fait à celle de la premicre variété. Ici, 
iln'y a véritablement pas, comme chez cette dernière, deux 
rangs de plaques nuchales, mais un seul composé de quatre 
pièces, lequel est séparé des écussons cervicaux par une série 
de cinq ou six petites écailles relevées en pointes, Nous ne comp- 
tons non plus que quatre bandes de plaques cerviceles au lieu 
de cinq. La seconde de ces quatre bandes est formée de trois 
ou quatre pièces, et les autres le sont de deux. Ces écussons 
cervicaux, de même que les nuchaux, sont plus fortement re- 
levés en triangles scalènes que chez la variété précédente. Ils 
sont aussi plus comprimés. 

Sur le dos, il y a dix-huit séries transversales de plaques os- 
seuses , dont le nombre des pièces est d’abord de quatre, en- 
suite de six, puis encore de quatre, enfin de deux. Ce moindre 
nombre de plaques du bouclier dorsal, en avant et en arriere, 
lui donne une forme plus elliptique que chez l'espèce précé- 
dente. Les arêtes des deux séries médio-longitudinales sont basses, 
tandis que les latérales sont au contraire élevées, particulière- 
ment dans le jeune âge. Ælles forment alors une pointe angu- 
leuse. Bien que ces carènes latérales s’abaissent à mesure que 
l'animal grandit, elles demeurent toujours plus hautes que les 
médianes. Cette variété se distingue encore de la première par 
les carènes beaucoup plus prononcées que présentent les écailles 
du dessus des membres. ainsi que par le moindre nombre et 
la moinére largeur qu'offrent les bandes d’écailles quadrangu- 
laires, sarnissant le dessous du cou. On ne compte en effet, 
à partir de la poitrine, que six de ces bandes, se rétréeissant 
davantage à mesure qu'elles ‘avancent vers la gorge. 


7 { LÉZARDS CROCODILIENS 


Coconarion. Le système de coloration paraît être le même que 
dans la première variété. 

Druensions. Nous donnons plus bas les dimensions d’un indi- 
vidu de notre collection, le plus grand que nous ayons en- 
core observé. Il avait appartenu auparavant au cabinet d'his- 
toire naturelle de la Sorbonne. 

Lone:Eur TOTALE. 1 19. Téle. Long. 18°; haut. 63”; larg. 
antér. 3”, postér. 10”. Cou. long. 13”. Corps. Long. 36” ; haut. 14”; 
larg. 16”. Memb. antér. Long. 17. Memb. postér. Long. 26”. 
Queue. Long. 52”. 

Nous avons ensuite un autre individu empaillé , long de 82”, 
mais auquel il manque le bout de la queue, comme à un autre 
de 89” qui est conservé dans l'alcool. Un quatrième, qui est 
aussi dans la liqueur, n'a que 22”. 

Parrie Er Mœurs. On ne doit plus conserver de doute aujour- 
d'hui sur la patrie de la première variété du Caïman à paupières 
osseuses : elle est certainement originaire de l'Amérique méridio- 
nale. Outre l'exemplaire anciennement rapporté de Cayenne et 
donné au Muséum par Gautier , préparateur d'histoire naturelle, 
nous en possédons un autre venant du même pays, qu'on doit à la 
générosité de feu Banon. D'ailleurs, Spix a aussi trouvé cette variété 
au Brésil ; car c’est elle bien évidemment qu il a représentée dans sa 
première planche, sous le nom de Jacaretinga Moschifère. Nous 
sommes loin d'avoir la même certitude à l'égard de la variété B, 
attendu que nous ignorons l’origine des individus que nous avons 
été dans le cas d'observer ; mais il est tres probable qu'elle habite 
aussi la partie méridionale du Nouveau-Monde. L'un de ces indivi- 
dus nous vient du cabinet du stathouder, et nous avons fout lieu de 
croire que c'est celui qui a servi de modele à la figure du Croco- 
dilus Ceilonicus, mas. de Séba. ; 

Parmi les trois autres, il en est un que nous devons plus par- 
ticulièrement citer, parce que c'est celui que M. Cuvier trouva 
dans la collection du Muséum , portant une étiquette avec ces 
mots : Xrokodile noir du Niger, écrite de la main d'Adanson. 
Mais il y avait évidemment ici une erreur qu Adanson lui-même 
nous fait reconnaître , puisque dans la relation de son Voyage, 
en parlant du Xrokodile noir, il dit qu'il a le museau plus allongé 
que le Xrokodile vert. Or, cet individu du Caïman à paupieres 
osseuses, seconde variété, étiqueté Xrokodile noir a le museau 
plus court que le Xrokodile vert, qui n'est autre que le Crocodile 


L2 


OU SAURIENS ASPIPIOTES. G.: CAÏMAN. 2. ma 
vulgaire, comme nous le prouverons à l’article de ce dernier. 
Observations. La question de savoir si l'on doit admettre deux 
espèces de Caïmans à paupières osseuses, ne pourra être décidée 
que par ceux qui se trouveront dans le cas d'étudier cette espèce 
sur un plus grand nombre d'individus que nous ne l'avons pu 
faire ; car, si alors les différences que nous avons signalées étaient 
encore les mêmes, nous pensons qu'on ne devrait pas hésiter à les 
considérer comme tout-a-fait spécifiques. 

C'est à Cuvier qu on doit d'avoir le premier indiqué d'une ma- 
nière précise les caractères propres aux Caïmans à paupières os- 
seues , en inême temps quil en a débrouillé la synonymie. Ainsi 
il a bien reconnu dans cette espèce celle que Blumenbach carac- 
térise par ces mots : Lacerta €rocodilus, scuto supra orbitali os- 
seo, etc. Il a également cite avec raison la figure 3 de la planche 
105 du tome 3, de l'ouvrage de Séba, comme étant celle d’un 
individu appartenant à la seconde variété de cette espèce. Dans 
son opinion, ce serait aussi un individu du Caïman à paupières 
osseuses , que Daudin aurait décrit sous le nom de Crocodile à 
large museau. Nous pensons plutôt que cet auteur avait sous les 
yeux l'espèce que nous nommons Cynocéphale ; car, connaissant 
le Caïman à museau de brochet ou du Mississipi, comme il le 
nomme, il n'est pas probable qu'il eût qualifié de large museau 
le Caïman à paupières osseuses, dont cette partie de la tête est 
de moitié moins large que celle de l'Ælligator Lucius. 


2. CAIMAN À MUSEAU DE BROCHET. Alligator Lucius. Cuvier. 


CaractÈres. Tête {rès déprimée; museau large, arrondi au 
bout , à côtés presque parallèles. Une arête longitudinale sur le 
front ; deux écussons nuchaux. 

SYNONYMIE. A{ligator de la Floride. Catesby. Hist. Carol. pl. 63. 

Alligator de la Floride. Bart. Voy. part. sud Amér. sept. tom. 1, 
pag. 219, 229, 228. 

Crocodile de la Louisiane. Lacoudrenière, Observat. sur le 
Crocod. de la Louis. Journ. Phys. tom. 20, pag. 333. 

Crocodilus Mississipensis. Daudin , Hist. Rept. tom. », pag. 412. 

Alligator. Dunbar et Hunter, Message du président des États- 
Unis, concernant certaines découvertes faites en explorant le Mis- 
souri, la riviére Rouge et Washita. New-Yorck, 1806, pag. 97. 

Crocodilus Cuvierit. Leach , Zool. miscell. tom. 2, pag. 102. 


76 LÉZARDS CROCODIZIENS 


Crocodilus Lucius. Cuv. Ann. mus. Hist. natur. tom. 10, pag. 28, 
Pin, Me. 8, eupl 2e 

Crocodilus Lucius. Tiedm. Oppel und Libosch. Naturg. der Am- 
phib. pag. 56, tab. 4. 

Alligator Lucius. Merr. Amph. pag. 34, spec. 1. 

Crocodilus Lucius. Cuvier, Ossem. foss. pag. 32, pl. r, fig. 8 et 
15, et pl. 2, fig. 4. 

Alligator Lucius. Bory de Saint-Vincent, Dict. class. Hist, nat. 
tom. 9 , pag. 100. 

Alligator Lucius, Fitzing. Classif. Rept. pag. 46, spec. 3. 

Crocodilus Lucius. Harlan. Amer. Herpet. pag. 69. 

Alligator Lucius. Cuv. Règn. anim. tom, 2, pag. 3. 

Alligator Mississipensis. Gray, Syÿnops. Rept. part. 1 , pag. 62, 
spéc. 1. 

Alligator Lucius. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 106. 


DESCRIPTION. 


Formes. On distingue aisément cette espèce d'avec ses congé- 
nères, à la forme de sa tête dont le contour horizontal ne re- 
présente pas un triangle isocele, mais une figure subovale, 
tres oblongne et tronquée en arrière. Cela vient de ce que les 
côtés, presque parallèles, ne se rapprochant que très insensible- 
ment l’un de l’autre à mesure qu'ils avancent vers le museau. C'est 
à partir de la huitième ou de la neuvième dent supérieure qu'ils 
commencent à se cintrer pour opérer leur jonction. Cette forme, 
dans le contour de la tête, jointe à la dépression qu'offre sa partie 
antérieure, donne à celle-ci une certaine ressemblance avec le 
museau d’un brochet, d’où le nom spécifique sous lequel Cuvier 
a le premier désigné ce Caïman. 

La tête a en longueur totale le double de sa largeur poste- 
rieure. Son diamètre transversal, au niveau de la huitième paire 
de dents d'en haut, est d’un quart moindre que celui pris à la 
commissure des mâchoires. Le dessus du museau serait parfaite- 
ment plat si l'extrémité n'en était pas un peu renflée, et les côtés 
faiblement abaisses sur leur extrême bord. Sa surface, sans être 
précisément raboteuse, est inégale, particulièrement à droite et 
a gauche en arrière des narines. Les bords internes des orbites 
forment chacun un bourrelet ou re carène arrondie , qui se di- 
vise , ason extrémifé antérieure, en deux branches fort courtes. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. GAÏMAN. 2. io 


Entre ces deux branches commence un sillon, plus ou moins 
profond suivant les individus, lequel se continue jusquà la moitié 
du museau environ. On remarque sur le front une arête tran- 
chante qui le partage longitudinalement en deux. On n'en voit 
pas là de transversale comme chez les trois espèces suivantes. La 
paupière supérieure renferme dans son épaisseur une lame os- 
seuse triangulaire, qui n'en occupe à peu près que la moitié an- 
térieure. 

Les ouvertures extérieures des narines sont dés le premier âge 
séparées l’une de l’autre par une branche osseuse, ce qui n'a lieu 
à aucune époque de la vie dans Îles autres Caïmans. Les bords 
des mâchoires sont légèrement festonnés. 

Il y a en tout quatre-vingts dents, quarante en haut et quarante 
en bas. Celles des dix premières paires supérieures et de ja 
sixième sont les plus petites. Les plus fortes sont les quatrièmes, 
les cinquièmes , les huitièmes, les neuvièmes et les dixièmes. 
Toutes les autres ont une grosseur moyenne. Les premières dents 
de la mâchoire inférieure, les troisiemes, les quatrièmes, les 
onzièmes, les douzièmes et les treiziemes sont fortes, les sept 
dernières le sont moins; et les secondes, les cinquiemes, les 
sixièmes , les septièmes , les huitièmes, les neuvièmes et les dixie- 
mes sont petites. 

Les trois doigts du milieu, aux pattes antérieures, sont réunis 
par une membrane dans la moitié de leur longueur ; le pouce 
l'est au second doigt, à sa base seulement, et le cinquième doigt 
est libre. 

Il y a une palmure entre tous les doigts des pieds de derrière, 
mais le bord libre en est fort échancré en demi-cercle, 

Deux carènes osseuses seulement , laissant entre elles un 
certain intervalle, surmontent la nuque. Elles sont tres élévées et 
la base en est ovale. Devant elles, se trouvent de petites écailles 
carénées, formant deux rangées transversales. On en compte 
aussi quelques-unes à leur droite et à leur gauche. Il existe trois 
paires d'écussons cervicaux placées à la suite l’une de l’autre. La 
dernière est de moitié plus petite que chacune des deux pre- 
mières. On voit ensuite une écaille carénée sur chaque épaule, 
puis viennent les plaques dorsales, dont il y a dix-huit rangées 
transversales. La première se compose de deux plaques ; la se- 
conde et la troisième de quatre chacune; les deux suivantes de 
six ; les six qui viennent après, de huit; la douxième et la qua- 


T8 LÉZARDS CROCODILIENS 


torzième, encore de six; les quatre dernieres, de quatre; ces 
plaques sont carrées, leurs carènes égales , médiocrement élevées 
et assez écartées les unes des autres. 

La queue est entourée de trente-huit anneaux écailleux. La 
crête qui la surmonte cesse d'être double au vingtieme, celle-ci 
est en général fort basse dans la premiére moitié de sa ire 
Les carènes médianes du dessus de la queue disparaissent Fi le 
cinquième ou le sixième anneau. 

La peau des flancs est recouverte d’écailles ovales, plates, 
égales, formant de neuf à dix séries longitudinales. 

Les tégumens squammeux des membres ne sont point caré- 
nés , ceux des bras ressemblent à des rhombes et ceux des cuisses 
à des carrés. On en voit d'ovales ou d'arrondis et bombés sur les 
fesses. 

Cocorarion. Le Caïman à museau de brochet, au moins les 
individus que nous avons été à même d'observer , soit à l’état de 
vie, soit empaillés ou conservés dans l'alkool, nous ont paru 
d'un noir plus ou moins foncé, ayant des bandes jaunâtres en 
travers du dos; bandes qui, du reste, ont l'air de s'effacer avec 
l'âge; car, très apparentes chez les jeunes sujets, il faut savoir 
qu'elles existent pour pouvoir les retrouver chez les individus 
d'une certaine taille. Le dessous du corps offre une couleur de 
paille sale. 

Drwexsiows. Si l'on en croit Bartram ,, le Craïman à museau de 
brochet attteint jusqu'à vingt-deux et vingt-trois pieds de long. La 
taille du plus grand individu que nous ayons encore vu ne sé- 
lève pas au-dessus d'un mètre soixante-quatre centimètres. Voici 
d'ailleurs les mesures de ses principales parties. LONGUEUR TOTALE. 
1 64”. Téle. Long. 27” ; haut. 8’; larg. antér, 8”; postér. 11°. Cou. 
Long. 10”. Corps. Long. 44”; haut. 15”; larg. 17”. Membr. antér. 
Long. og”. Membr. poster. long. 31”. Queue. Long. 83”. 

La collection renferme encore une douzaine de trés jeunes 
sujets et deux exemplaires ayant, l'un soixante et l'autre cent 
soixante-deux centimetres de longueur. 

Parrie Er mœurs. Cette espèce appartient en propre à l'Amé- 
rique septentrionale , qu'elle semble habiter dans toute son éten- 
due. 11 paraît qu'elle remonte le Mississipi jusqu'à la rivière 
Rouge. M. Dumbar et le docteur Hunter en ont rencontré un 
individu par les 32° et demi de latitude nord, quoiqu'on fût an 
mois de décembre et que la saison füt assez rigoureuse. Nous 


OÙ SAURIENS ASPIDIOTES. G. CAÏMAN. 3. 79 


l'avons reeue de la Louisiane, par les soins de M. Teinturier. 
M. Bosc et M. l'Herminier l'ont rapportée de la Caroline. M. Mil- 
bert nous l’a envoyée de Savannah, et M. Barabino de la Nouvelle- 
Orléans. Elle vit dans les fleuves, les lacs et les marais. Bartram 
rapporte qu'elle se réunit en grandes troupes dans les endroits 
abondans en poissons. 11 en a vu dans un ruisseau d'eau chaude 
et vitriolique. Suivant le même voyageur, la femelle dépose ses 
œufs par couches, qu’elle sépare les unes des autres par des lits 
de terre gâchée. Elle les surveille avec soin ; et garde même ses 
petits pendant les premiers mois qui suivent leur naissance. 
Lacoudreniére assure que ce Caïman ne mange jamais dans l’eau. 
I1 noie sa proie et la retire ensuite pour la dévorer. Sa voix a 
quelque ressemblance avec celle d'un taureau. Il évite l’ean sau- 
mâtre. dans la crainte d'y rencontrer des Requins et de grandes 
Tortues. 11 dort toujours la gueule fermée. En Louisiane, dit 
encore M. Lacoudreniere, ces Caïmans, à l'approche de l'hiver, 
s'enfoncent dans la boue des marais, où ils s'engourdissent sans 
être gelés. Lorsqu'il fait tres froid, on peut les couper par mor- 
ceaux sans les tirer de leur léthargie. 

Observations. Cette espèce, que Cuvier a le premier bien dé- 
crite d'après un individu que Michaux avait rapporté du Missis- 
sipi, se trouvait déja représentée, mais incorrectement, dans 
l'ouvrage de Catesby, sur la Caroline. 

On doit croire que c'est du Caïman à museau de brochet que 
parle Bartram, dans la relation de son voyage. Il n'est pas dou- 
teux non plus que c’est sur lui que Lacoudreniére a fait les obser- 
vations qu'il a consignées dans le tome XX du Journal de Physique; 
car nous ne sachions pas quil existe d'autre Caïman que celui-ci 
dansl Amérique du Nord. Daudin l'a décrit sous le nom de Mississi- 
piensis, et plus tard le docteur Leach l’a donné comme nouveau, 
dans son Zoological Miscellany, en le dédiant à Cuvier. 


. LE CAIMAN A LUNETTES. Alligator Sclerops. Cuvier. 


Caracrëres. Tête allongée ; museau aplati, médiocrement élargi ; 
une arête osseuse en travers du front ; une autre placée en long 
devant chaque œil. Dessus des paupières supérieures finement 
strié. Sur la nuque, quatre rangées de petites écailles ovales, 
élevées et très comprimées, Deux sillons tout le long du dos, 
carènes de celui-ci au nombre de six pour chacune des trois der- 


89 LÉZARDS CROCODILIENS 
nières séries transversales. Dessus du corps noir, avec des bandes 
jaunes en travers. 

Synonyme. Crocodilus junior Ceylonicus mas. Séba, tom. 1, 
pag. 166, tab. 104, fig. 10. 

Crocodilus Sclerops. Schneid. Hist. Amph. fasc. secund. pag. 162. 

L'Yacaré. D'Azzara , Hist. Natur. Parag. tom. 2 , pag. 380. 

Crocodilus Yacare. Daudin, Hist. Rept. tom. 2, pag. 407. 

Alligator Sclerops. Cuvier, Ann. Mus. Hist. Nat. tom. 10, pag. 31, 
tab HG EC TU, EL LaAD. 2, fig. 0: 

Alligator Sclerops. Tiedm. Oppel und Libosch. naturg. amph. 
pag. 60, tab. 5. 

Alligator Sclerops. Merrem amph. pag. 35, spec. 2. 

Alligator Sclerops. Cuv. Oss. foss. tom. 5, part. 2, pag. 3, 
tab..1, fig. 6ket 7, ettab.},fis. 3. 

Alligator Sclerops. Bory de Saint-Vincent, Dict. class. tom. s, 
pag. 102. | 

Alligator Sclerops. Prinz. Max. Beitr. naturg. Braz. tom. 1, 
pag. 69. 

Jacare noir. Spix, Rept. Bres. p. 3, pl. 4. 

Alligator Sclerops. Cuv. Règ. anim. tom. 2, pag. 23. 

Alligator Sclerops. Guérin Icon. Règ. anim. pl. 2, fig. 2 et 20. 

Champsa Sclerops. Wagl. Naturgesch. amph. pag. 140, tab. 8, 
fige Te 

Alligator Sclerops. Gray, Synops. Rept. part. 1, pag. 6, 
spec. 2. 

Aliügator Sclerops. Griff. Anim. Kingd. tom. q, pag. 109. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête du Caïman à lunettes n’est pas ovale dans son 
contour, comme celle du Caïman à museau de brochet : elle 
fait en quelque sorte le passage de cette forme à celle d’un 
triangle isoscele plus ou moins allongé, plus ou moins ouvert, 
qu'elle présente, le Gavial excepté, chez tous les Crocodiliens 
que nous allons successivement faire connaître. On remarque 
aussi qu'elle est moins aplatie que celle de l'espèce précédente, 
et que l'inclinaison du front, en avant, est plus prononcée. Sa 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CAÏMAN. 3. Si 


longueur, à proportion de sa largeur, ainsi que cela s'observe 
d’ailleurs, non-seulement dans tous les autres Caïmans, mais 
encore dans tous les Crocodiles, est beaucoup moindre dans le 
très jeune âge que dans l’âge adulte, et surtout que dans l’âge 
moyen. On peut, du reste, se faire l’idée de cette variation 
de longueur, de la tête du Caïman à lunettes, dans ses diffé- 
rens âges, d'aprés les proportions qu'elle nous a offertes chez 
les individus appartenant à nos collections. Trois sujets, l’un 
de trente, le second de cinquante-sept , le troisième de cinquante- 
huit centimètres de long, ont leur tête près d’une fois seule- 
ment plus longue que large. Dans deux autres individus , ayant 
en longueur , l’un cent quarante-quatre , l’autre cent cinquante- 
trois centimètres, elle est une fois et trois quarts de fois plus 
grande en long quen travers; au lieu que nous ne l'avons 
trouvée que d'une fois et de deux tiers de fois plus étendue dans 
le sens longitudinal que dans le sens transversal , sur un exem- 
plaire, mesurant cent cinquante - deux centimètres de long. 
Enfin, cette partie du corps d'un individu, dont la taille est 
encore plus considérable, ou de trois cent soixante-six centi- 
mètres, n'offre qu'une fois et à peine deux tiers de fois plus 
de longueur que de largeur. Le museau, au niveau de la cin- 
quième paire de dents, présente une largeur égale à celle de 
la tablette du crâne. Les côtés de la tête, qui se rapprochent 
davantage l'un de l'autre à mesure qu'ils s'éloignent de l’occiput, 
donnent à cette tête la figure d’un triangle isocéle, assez long 
et obtus à son sommet. Ils sont presque rectilignes depuis leur 
extrémité postérieure jusque vers la neuvième dent d'en haut : 
mais, arrivés la, ils se courbent tant soit peu légèrement en‘dehors, 
pour redevenir bientôt rectilignes, et se recourber encore très fai- 
blement jusqu'a leur point de réunion. 

La tablette du crâne est à peu près carrée, et les deux trous 
ovales, situés en long, dont elle est percée, sont de médiocre 
étendue. Ces trous, lorsque les individus sont empaillés, se lais- 
sent voir au travers de la peau, ainsi que les petits enfoncemens 
qui existent sur la surface des os du crâne. Les bords internes 
des orbites sont relevés de manière à former deux espèces de 
bourrelets. De l'angle antérieur d'un œil à l’autre, il règne une 
arête dont les extrémités se recourbent et se prolongent en avant, 
pour se diviser en deux ou trois branches tortueuses et aplaties, 
qui rendent tout raboteux les côtés de la surface du musean, 


REPTILES | I. (à 


82 LÉZARDS CROCODILIENS 


vers Ja seconde moitié de sa longueur. L’arête frontale dont 
nous venons de parler offre un angle obtus en avant. Les bords 
arrondis des orbites, vers le milieu de l'axe qu'ils forment, sont 
parfois fort rapprochés l'un de l'autre. Il est même certains in- 
dividus chez lesquels ils se touchent. Bien que fort aplati, le 
museall OÙ le dessus de la mâchoire supérieure n’est pas tout-à- 
fait plat comme dans l'espèce précédente. Les côtés en sont un 
peu penchés en dehors; il n’y a réellement de plat et en même 
temps d'a peu près uni sur sa surface, que l’espace compris 
entre la carène frontale et le bord antérieur du trou nasal, et 
cela seulement dans une largeur égale à celle de ce même trou, 
qui pour la forme ressemble à un oméga fermé par en haut. 
Le bord de l'extrémité de la mandibule s’abaisse beaucoup plus 
brusquement que les latéraux. 11 existe de chaque côté de la 
région médio-longitudinale et plane du museau un creux ovale, 
du fond duquel s'élèvent en arrière quelques petites tubérosités, 
et en avant une carène qui le coupe obliquement en travers. 

La paupière supérieure renferme aussi dans son épaisseur, 
comme chez l'Alligator Palpebrosus, une lame osseuse, mais 
elle est de moitié moins grande, La surface de cette paupière 
offre un nombre considérable de petites stries disposées en rayons. 
Des stries semblables à celles-ci, mais moins marquées cepen- 
dant, se laissent voir sur la surface du crâne. Les ouvertures des 
marines sont en croissans. Les dents de cette espèce sont au 
nombre de soixante-douze, dix-huit de chaque côté aux deux 
mâchoires. Quoique inégales, elles ne le sont pas autant que dans 
l'espèce suivante. À la mâchoire supérieure , à droite et à gauche, 
on en voit d'abord trois petites, puis deux grosses, qui sont sé- 
parées de deux autres grosses et de moyenne longueur. Les deux 
dernières sont à peu près égales, plus courtes que les deux qui 
les précèdent, et moins pointues que toutes les autres. À la mâ- 
choire inférieure , les premières sont fortes ; les deux qui les sui- 
vent le sont moins ; mais les quatrièmes le sont plus que les pre- 
mières ; après ces quatrièmes, il en vient six petites, puis une de 
force moyenne , enfin sept courtes, mais assez larges et tres 
mousses. Les deux quatrièmes d'en bas percent d'outre en outre 
la mâchoire supérieure, chez les vieux sujets seulement ; chez 
les autres, elles sont recues dans des creux. Les bords des mi- 
choires, dans lesquelles sont enfoncées les dents, sont très fes- 
tonnés surtout chez les individus âgés. Les membres ont les 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CAÏMAN. 3. 83 


mêmes proportions que ceux de tous les aïtres Crocodiliens ; 
c'est-à-dire que la patte de derrière a la même longueur quecelle 
du tronc ; tandis que la patte de devant n’en a que les deux tiers. 
On ne voit point de crête derriere les pieds. Les doigts antérieurs 
sont réunis par une membrane à leur extrême base ; les trois ex- 
ternes postérieurs le sont ensemble dans la moitié de leur lon- 
güeur environ. 

La membrane interdigitale du pouce et du second doigt est 
deux fois plus courte que celle des trois autres. Les ongles sont 
assez forts. Dans cette espèce, il n'y a pas, à proprement parler, 
d’écussons osseux sur la nuque; ils sont remplacés par quatre 
rangées transversales de huit à douze écailles chacune ; écailles 
qui sont très comprimées et dont la base est ovale. Il est vrai de 
dire cependant que quatre ou six de la seconde rangée sont moins 
petites et plus solides que les autres. Derrière ces quatre bandes 
d'écailles nuchales se trouvent cinq rangs d'écussons osseux carrés, 
et à fortes carènes, lesquels composent le bouclier cervical. Le 
premier rang est formé de deux pièces, ainsi que le quatrième et 
le cinquieme ; le second et le troisième le sont de quatre chacun. 
Deux des pièces de ceux-ci, les latérales, sont plus fortes que 
les autres. 

L'armure du dos se compose de dix-neuf bandes transversales 
de plaques osseuses, à carènes tranchantes, ayant toutes la même 
hauteur. Le nombre de ces plaques se trouve être de quatre pour 
la premiére bande ; de six pour la seconde ; de huit pour la troi- 
sième , la quatrième et la cinquieme ; de dix pour la sixième et 
les six qui la suivent ; de huit pour la treizième, la quatorzième 
et la quinzième; enfin de six pour les quatre dernieres. Il est 
pourtant des individus chez lesquels les rangées les plus nombreuses 
du dos ne sont que de huit plaques. Les écussons dorsaux du 
Caïman à lunettes sont oblongs, quadrangulaires , affectant 
pourtant parfois une figure ovale ; ils sont plus étroits que ceux 
de l’espèce précédente et des deux suivantes, chez lesquelles ils 
ont une forme carrée. C'est ce qui fait aussi que les carènes lais- 
sent moins d'espace entre elles dans l'espèce qui fait le sujet de 
cette description. 

Un caractère qui est propre au Caïman à lunettes est celui d'a- 
voir les écailles dorsales des deux rangées médio-longitudinales 
plus hautes que les autres, avec les carènes de ces mêmes écailles 
placées, non sur leur milieu et verticalement, mais un peu sur le 


6: 


84 LÉZARDS CROCODILIENS 


côté externe et penchées en dehors; de sorte que la portion de 
l'écaille qui se trouve en dedans de la carène est placée presque 
horizontalement , tandis que celle qui se tronve en dehors l’est, 
au contraire, presque verticalement. 11 règne un large et pro- 
fond sillon à droite et à gauche de la ligne vertébrale. 

Les flancs sont garnis de nombreuses écailles ovales, très fai- 
blement carénées, égales entre elles, et de moitié plus petites que 
celles du ventre. Ces dernières sont rectangulaires. Celles du 
dessous du cou et de la gorge sont carrées. ‘Il en existe de fort 
petites, lisses et de forme rhomboïdale, sous les membres qui, 
en dessus, en offrent d’autres ayant à peu près la même figure, 
mais qui sont plus grandes et fortement carénées. Excessivement 
basse dans sa portion double , la crête qui surmonte la queue est 
deux fois plus haute dans sa portion simple. On compte, suivant 
les individus, de quatorze à dix-neuf anneaux écailleux depuis 
la base de la queue jusqu’à l'endroit où sa crête cesse d’être di- 
visée ; et dix-sept à vingt-trois dans le reste de son étendue. 

Cocorarion. Le Caïman à lunettes a toute la partie supérieure 
du corps d’un noir profond , avec des taches jaunes qui , par leur 
réunion , forment des bandes transversales, particulierement sur 
le dos et sur la queue. Nous avons même vu quelques individus 
ayant la tête complétement jaune , couleur qui paraït être aussi 
celle du dessous du corps. Les ongles sont bruns. 

Dimensions. M. Cuvier dit avoir vu un individu appartenant à 
cette espèce, long de 462”. Il y en a un au Muséum, de 3° 66”. 
C'est le plus grand que nous ayons encore été dans le cas d'ob- 
server. Voici les dimensions de ses principales parties : 

Loncueur TOTALE 3 66”. Téte. Long. 45” ; haut. 20”: larg. 25”. 
Cou. Long. 35”. Corps. Long. 97”; haut. 31°”; larg. 47°. Memb. 
antér. Long. 24”. Memb. poster. Long. 62”. Queue. Long. 189. 

Parme er mœurs. Le Caïman à lunettes habite l'Amérique mé- 
ridionale. La plupart des individus que nous possédons viennent 
de Cayenne. Les deux plus grands et un troisième de taille 
moyenne en ont été envoyés par M. Poiteau. Nous en avions déja 
du même pays un beaucoup plus jeune, qui avait été rapporté 
par feu Richard. Les autres, qui proviennent du cabinet de Lis- 
bonne, sont très probablement originaires du Brésil, où nous 
savons positivement, par Spix, que cette espèce se trouve. C'est 
elle aussi, selon toute apparence , que d’Azzara a rencontrée au 
Paraguay. Il en parle sous le nom de Yacare, dans son Histoire 


OU SAUKIENS ASPIDIOTES. G. CAÏMAN. 9. 85 


naturelle des Quadrupèdes de cette province. L'Vacare, rapporte 
cet auteur, ne se trouve pas au sud au-delà du 32° degré. Il est 
commun dans toutes les rivières, les lagunes et les étangs. Il passe 
toujours la nuit dans l'eau et le jour au soleil, dormant sur le 
sable ; mais il retourne à l’eau des qu'il aperçoit un homme ou un 
chien. Ce Caïman se nourrit de poissons et de canards quil peut 
prendre et avaler entiers, car il ne dépèce pas sa proie. Il n'a 
pas la moitié de la vitesse de l'homme et l'attaque rarement, à 
moins qu'on n'approche de ses œufs, qu'il défend avec courage. 
Ses œufs sont blancs, âpres et de la couleur de ceux de l'oie. La 
femelle en pond soixante environ , qu'elle dépose dans le sable ; 
elle les couvre de feuilles et les laisse couver par le soleil. Spix 
dit qu'au Brésil ce Crocodilien est appelé Jacquare, Jacquareacu. 
11 l'a vu dans la rivière des Amazones et dans le Solimoëns. D'après 
lui, la ponte de la femelle est de trente œufs qu'elle cache dans 
les bois, sous des feuilles , et qu'elle surveille du bord du lac ou 
du fleuve où elle vit. 

Observations. Spix est celui qui, en publiant les figures de son 
Jacare noir et de ses Jacaretingas fissipède et ponctué, a le pre- 
mier fourni les preuves que l'Amérique méridionale nourrit deux 
espèces de Caïmans de plus que n’en admettaient les naturalistes. 
Jusque-la ces trois espèces de Spix avaient effectivement été 
confondues sous le nom de Crocodilus où d'Alligator Sclerops , à 
cause de ce caractère qui leur est commun, d’avoir le front 
coupé en travers par une arête osseuse. D'après cela, on conçoit 
aisément combien il est difficile de reconnaître quelle est l'espèce 
de Caïman en particulier dont Marcgraw a parlé d'une maniere 
si incomplète sous le nom de Jacare. D'ailleurs le nom de Jacare , 
Jacore ou Jaquare, car il a été différemment orthographié par 
ceux qui l'ont employé, nous semble être celui que les Brésiliens 
donnent en général aux Crocodiliens de leur pays. La difficulté 
est la même pour les Caïmans et les Crocodiles dont il est question 
dans les relations de Fermin et de Stedman , que pour le Jacaré 
de Marcgraw. D'un autre côté, il n'est pas moins difficile de sa- 
voir à laquelle de ces trois espèces de Spix, qui pour nous sont : 
les Alligator Sclerops, Crnocephalus et Punctulatus, il faut rap- 
porter les individus que certains auteurs ont décrits, en ne leur 
assignant pour ainsi dire pas d'autre caractère spécifique que la 
présence de cette arête frontale qui, comme on vient de le voir, 
n'en est plus un aujourd'hui. Cependant nous cessaierons d'éta- 


86 LÉZARDS CROCODILIENS 


blir la synonymie de ces trois espèces à la fin de chacun des ar- 
ticles qui les concernent. Par conséquent , nous n'avons ici qu'à 
nous occuper de celle dont nous venons de donner la descrip- 
tion , et à laquelle nous avons conservé la qualification de Scle- 
rops, parce qu'elle nous paraît être celle qui l’a recue la premiere. 
Nous ne croyons pas en effet que l'individu , décrit sous ce nom 
par Schneider, appartint à une autre espèce. Nous ne conservons 
pas de doute non plus sur l'identité de la figure du Crocodilus 
Junior Ceylonicus de Séba , avec le jeune âge de notre Crocodile à 
lunettes. D'après la description , bien qu'incomplète, que donne 
d'Azzara de son Jacare , on doit croire aussi que c’est un Saurien 
semblable à celui dont il est question en ce moment. Cuvier, il 
est vrai, dans son mémoire sur les Crocodiles, inséré dans les An- 
nales du Muséum , et reproduit dans les Ossemens fossiles, n'avait 
pas, comme il l’a publié depuis dansson Règne animal, remarqué les 
différences qui existent entre les individus nommés par lui Æ/li- 
gator Sclerops ; mais c'était bien le nôtre qu'il avait pris pour type 
de cette espèce. Ce qui, jusqu'a un certain point, en est la preuve, 
c'est quil en représente la nuque dans une de ses planches. Du reste, 
à l'époque où il fit son travail, notre Alligator Sclerops était celui 
dont il y avait le plus d'individus au Muséum. Cette espèce a été 
trés bien représentée par Spix dans son Histoire naturelle des 
Reptiles nouveaux du Brésil ; c'est celle, comme nous l'avons dit 
plus haut, qu’il nomme Jacare noir. 


4. CAIMAN CYNOCÉPHALE. Alligator Crnocephalus. Nob. 


Caracrères. Tête courte; museau large, épais ; une arête os- 
seuse en travers du front ; une autre en long devant chaque œil ; 
dessus des paupières rugueux ; deux rangées d'écussons sur la 
nuque ; écailles du dos carrées, carénées ; celles des trois der- 
nières bandes transversales au nombre de quatre chacune. Sur 
les flancs, quelques séries d'écailles plus fortes que les autres et 
carénées. Dessus du corps verdâtre, tacheté de noir. 

Synonymie. Caiman fissippède. Spix, Rept. Bras. pag. 4, 1ab, à, 
spec. 2. 

Champsa fissipes. Wagler, Icon. et Descript. tab 37. 

Alligator sclerops. Princ. Max. Abbild. Naturg. Bras, ®t Beitr. 
Naturg. Bras. tom. 1, pag. 69. 

Crocodilus selerops. Schinz, Naturg. Rept. tab. 12 (cop. Princ. 
Maxim. ). 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CAÏMAN. 4. 97 
È DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce se distingue au premier aspect de celle 
qui la précède et de celle qui la suit par sa tête proportionnelle- 
ment plus courte, plus élargie, plus épaisse et plus raboteuse. 
Nous la possédons aussi dans tous les âges. La tête d'un très jeune 
sujet , long. de 41”, n'est que de quatre cinquièmes de fois plus 
longue que large. Chez trois autres ayant 58”, 71° et 86” cen- 
timètres de long , elle a une fois et deux tiers de fois plus de lon- 
gueur que de largeur. Elle se montre une fois «et un peu plus 
d'un tiers de fois plus étendue en long qu'en travers, dans un 
exemplaire, dont la longueur est de 1 34”. Enfin, elle n'est que 
d'un quart plus longue qu'elle n'est large chez un individu ayant 
en longueur 2’21”. Par ces différentes mesures, on voit qu'ici, 
comme dans les espèces précédentes , les sujets de moyenne taille 
sont ceux chez lesquels la tête a le plus de longueur relativement 
à sa largeur. Chez l'individu de »’ 21” de long, la distance qui 
existe entre l'extrémité du museau et le bord antérieur de l'orbite 
est une fois et demie plus grande que celle qu'on retrouve de ce der- 
nier point jusqu'en arrière de l'occiput. Chez le sujet de 1° 34” 
le museau mesuré de la même maniere est une fois et un tiers 
plus long que le reste de l'étendue longitudinale de la tête. Chez 
les individus de 86”, de 71° et de 58” de long, il y a la même 
longueur entre la partie qui se trouve en avant de l'angle an- 
térieur des paupières qu'entre celle qui est en arrière, Chez l'in- 
dividu de 41°, la tête en avant de l'angle antérieur de l'œil est 
d'un quart plus courte qu'en arrière. Enfin chez un sujet de 29” 
elle l'est d’un tiers. Dans tous nos individus, la mâchoire supé- 
rieure a moitié moins de largeur au niveau de la quatrième dent 
d'en bas qu'a celui de l’arête frontale. Il existe aussi en effet, sur le 
front de cette espèce, comme sur celui du Caïman à lunettes et 
du Caïman pointillé, une carène transversale, dont les extrémités, 
recourbées en avant, se prolongent sur le museau dans une di- 
rection oblique en dehors jusqu'au-dessus de la huitième ou de la 
neuvième dent supérieure. Le prolongement en avant de cette 
arête frontale est fort et épais. Les bords internes des urbites 
forment aussi un bourrelet, de même que chez l'espèce précé- 
dente. Mais l'espace interoculaire est moins étroit. La mâchoire 
supérieure n'est point aussi aplatie que dans le Caïman à lu- 


50 LÉZARDS CROCODILIENS 


nettes , à moins que les sujets ne soient fort jeunes. Dans les in- 
dividus âgés, elle est très légèrement arquée en travers. Du reste , 
on retrouve les mêmes irrégularités à la surface , c’est-à-dire les 
mêmes enfoncemens et les mêmes saillies, peut-être même plus 
marquées que chez l'espèce précédente. La paupière supérieure 
contient aussi dans son épaisseur une lame osseuse située prés 
de son angle antérieur ; mais cette lame, de forme triangulaire, est 
beaucoup plus petite. La surface de la peau des paupières su- 
périeures n'est point finement striée, comme on le remarque 
chez le Caïman. à lunettes. Cette peau offre des nodosités ou des 
gros plis transversaux, coupés longitudinalement par des sillons. 
Les bords des mâchoires des grands sujets sont aussi très pro- 
fondément festonnés. On compte trente-huit dents supérieures , 
dix-neuf de chaque côté; et trente-six inférieures, dix-huit à 
droite et dix-huit à gauche. En haut , les dents des deux pre- 
mieres paires sont extrêmement petites; celles de la troisième sont 
de grosseur moyenne, et celles de la quatrième trés fortes. La 
cinquième paire , la sixième et la septième sont aussi courtes que 
les deux premieres; la huitième l'est un peu moins, et la neu- 
vième a la même force que la quatrième; les neuf paires res- 
tantes, ou les dernières, sont excessivement courtes, et moins 
pointues que les autres. En bas, les premières et les quatriemes 
dents sont les seules qui soient véritablement fortes. Toutes les 
autres , à l'exception de la douzième et de la treizième, sont tres 
courtes. Chez aucun des individus que nous possédons, le maxil- 
laire supérieur n’est percé d’outre en outre par la quatrième dent 
d'en bas, qui est simplement recue dans un creux. 

La palmure des pattes de derrière est bien évidente, quoi- 
qu'elle soit peut-être un peu plus courte que celle de l'espèce 
précédente ; Spix s'est donc trompé en avançant que cette es- 
pèce en manquait. Immédiatement derrière le crâne, se voient, 
en travers du cou, deux rangs d'écussons osseux, ovales et à 
carènes élevées. Le premier se compose de six pièces, le second 
de huit. 

Entre les deux écussons du milieu, au premier rang, on en 
remarque le plus souvent deux autres, cinq ou six fois plus 
petits. Chez certains individus, les écussons, composant les deux 
rangées nuchales , sont disposés irrégulièrement. On peut dire à 
peu prés la même chose des plaques cervicales, qui forment 
tantôt cinq, tantôt quatre bandes transversales. Quelquefois ces 


OU SAURIENS ASPIDIOTES: G. CAÏMAN. 4. 69 


bandes ont l'air d'être soudées ensemble , tant elles sont prés l’une 
de l’autre: d’autres fois elles sont au contraire très écartées. Il 
y a toujours une de ces bandes qui est composée de quatre 
pièces ; ordinairement c'est la seconde, quelquefois c’est la pre- 
mière. Toutes ces pièces sont ovales et surmontées d’une forte 
arête. Les rangs transversaux d'écailles osseuses qui constituent 
le bouclier du dos sont au nombre de dix-huit ayant, le pre- 
mier deux écailles, le second quatre, le troisième, jusqu'au 
quatorzième inclusivement , six, et les quatre derniers quatre 
chacun. Ces écailles dorsales sont carrées, à carènes égales et 
fort basses, surtout chez les grands individus, Les flancs sont re- 
vêtus de petites et de grandes écailles, disposées par séries lon- 
gitudinales. Les petites sont plus généralement rondes et plates, 
les grandes ovales et carénées. Entre une série de grandes écailles, 
il y en à une de petites. Le plastron se compose de pièces carrées. 
On en remarque de même forme sur la région inférieure du cou. 
Les tégumens des membres ne différent pas de ceux de l'espèce pré- 
cédente. On compte de treize à seize anneaux écailleux autour de 
la queue, jusqu'à l'endroit où la crête qui la surmonte cesse d’être 
double. De ce point jusqu'à son extrémité , il y en a de dix-sept 
à vingt-trois. La crête caudale ne commence à apparaître que vers 
le neuvième ou le dixième anneau ; elle augmente sensiblement 
de hauteur à mesure qu'elle s'éloigne du corps, au point que, 
vers le second tiers de la longueur de la queue, cette crête est 
deux fois plus haute qu'a sa naissance ; mais ensuite elle di- 
minue graduellement en s'approchant de la pointe caudale. 

Cocorarron. Le fond de la couleur de tous les individus que 
nous possédons est olivâtre ou d'un jaune verdâtre. C'est la 
seule teinte qui règne sous le dessous du corps; mais le dessus 
est semé d'un grand nombre de taches brunes ou noires ; elles 
sont même si rapprochées les unes des autres, chez notre plus 
grand individu, que son dos paraît être tout noir. Spix, dans 
la figure qu'il a publiée de cette espèce, la représente comme 
étant verte, tachetée de brun sur la partie supérieure du 
corps. 

Dimensions. Les individus du Caïman cynocéphale, apparte- 
nant à notre musée, ont depuis 28” jusqu'à 2’ 16° de lon- 
gueur. ils sont au nombre de sept. Les dimensions suivantes 
sont celles du plus grand, qui nous semble être très âgé. Téte. 


7 


Long. 37 ; haut. 12”; larg. 19/5”. Cou. Long. 16’. Corps. 


90 LÉZARDS CROCODILIENS 


Long. 63 ; haut. 16”; larg. 2”. Membr. antér. Long. 27". Memb. 
post. Long. 43”. Queue. Long. 100”. 

PATRIE ET MŒURs. Le Caïman cynocéphale habite le même 
pays que le Caïman à lunettes. Un jeune sujet, venant de Cayenne, 
a été donné au Muséum par M. Banon. M. Auguste Saint-Hilaire 
en a rapporté plusieurs individus du Brésil, où il en a été vus 
par Spix, sur les bords du fleuve Saint-Francois, Parmi les col- 
lections de M. Dorbigny , il s'en est trouvé trois exemplaires 
étiquetés comme ayant été pris à Buénos-Ayres, 

Observations. Le Caïman fissipéde de Spix est bien évidem- 
ment de la même espèce que notre Caïman cynocéphale: mais 
cet auteur n'en a pas saisi les véritables caractères. Celui quil 
lui assigne, comme le principal, le manque de palmure aux 
pieds de derrière, n’est purement qu'accidentel. Ce qui nous le 
prouve, c'est qu'aucun des sept individus que nous possédons, 
entierement semblables d’ailleurs à la figure qu'il en a donnée, 
ne se trouve dans ce cas. L'erreur de Spix vient trés probable- 
ment de ce que, lorsqu'il décrivit et dessina cette espece, les sujets 
d'apres lesquels il travailla étaient desséchés. Alors, il est vrai, 
les membranes interdigitales sont tellement retirées par l'effet de 
la dessiccation, qu'on pourrait croire qu'il n’en existe réellement 
pas. C'est ce dont nous avons pu nous convaincre sur nos indi- 
vidus, dont les uns sont empaillés et les autres conservés dans 
l'esprit de vin. Le portrait colorié que Wagler a donné de cette 
espèce, dans ses Jcones et Descriptiones , présente le même défaut 
que celui de Spix, ce qui ne doit point étonner , puisque c'est 
aussi d'après les individus de ce voyageur qu'il a été fait. Nous 
ne croyons pas nous tromper en avançant que la figure de la 
tête que M. Cuvier a dessinée comme celle du Caïman femelle, 
sur la planche qui accompagne son premier mémoire relatif aux 
Crocodiles, publié dans les archives de Widmann, a eu pour 
modele un jeune sujet de notre Caïman cynocéphale. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CAÏMAN. 5. O1 


5. CAIMAN A POINTS NOIRS. Alligator punctulatus , Spix. 


CaracrÈres. Tête allongée; museau très aplati, terminé en 
pointe arrondie en avant, offrant un léger étranglement en ar- 
rière des narines : une arête osseuse en travers du front, mais 
point en avant des yeux; dessus des paupières rugueux ; deux 
rangs d'écussons sur la nuque. Dos tout-a-fait plat, sans sillons 
ni carènes bien saillantes. Sur les flancs, quelques rangs d'écailles 
plus grandes que les autres. Dessus du corps jaunâtre, pointillé 
de noir. 


SynonvmiE. Jacaretinga punctulatus. Spix, Rept. Bres. pag. ?, 
tab. 2. 


DESCRIPTION. 


Formes. L'un de nos individus, long de 64”, a la tête une fois 
et un tiers plus longue que large. Cette partie du corps est encore 
d'un tiers plus allongée chez un second sujet de 136”, et chez un 
troisième de 187 centimètres. Tous trois ont la mächoire supé- 
rieure d’un tiers moins large au niveau des quatrièmes dents 
inférieures que vers l'arête frontale. La tête de cette espèce, 
pour la forme , ressemble plutôt à celle d'un Crocodile qu'à celle 
d’un Caïman , elle est fort aplatie et en triangle isocele allonge. 
Les côtés en sont rectilignes à partir de leur extrémité posté- 
rieure jusque vers la neuvième dent d'en haut, où ils se courbent 
un peu en dehors pour s'infléchir ensuite en dedans et reprendre 
de nouveau une courbure plus marquée jusqu'a leur point de 
réunion ; en sorte que le sommet du triangle ou le bout du mu- 
seau est arrondi. La partie antérieure de la tête, celle qui se 
trouve en avant des yeux , présente une dépression notable, dé- 
pression qui est sensiblement plus forte que chez les Caïmans cy- 
nocéphale et à lunettes. 

Parmi les caractères propres à distinguer cette espèce des deux 
précédentes, celui de n'avoir point le museau fortement rugueux 
comme le leur , mais seulement marqué de petits enfoncemens ver- 
miculiformes , de même que chez les Caïmans à paupières osseuses 
et à museau de brochet, n'est pas un de ceux qui frappent le 
moins. ( Ce que nous entendons ici par museau, c'est la machoire 
supérieure, depuis son extrémité antérieure jusqu'aux yeux.) Elle 


O2 LÉZARDS CROCODILIENS 


offre une surface presque plane, tant les côtés en sont peu inclinés 
en dehors. Au-dessus de la neuvième dent supérieure, on remar- 
que une protubérance, devant laquelle il naît une carène arrondie 
qui suit une ligne oblique en dehors pour arriver au trou servant 
de passage à la quatrième dent d'en bas, lorsque la bouche est fer- 
mée. Il existe autour de la membrane, dans laquelle sont percées 
les narines , une saillie arrondie ou une sorte de bourrelet qui est 
dû au renflement des os formant les bords du trou nasal. Cette 
saillie est, avec celle dont nous avons parlé précédemment, la 
seule réellement bien apparente qui se montre sur la surface de 
la mâchoire supérieure ; car les deux extrémités de l’arête osseuse 
qui traverse le front, comme dans les deux espèces précédentes , 
se recourbent bien en avant, mais s'atténuent presque aussitôt. 
Les bords internes des orbites sont relevés de même que ceux des 
Caïmans à lunettes et cynocéphale. Comme celle de ces deuxespèces, 
la paupière supérieure renferme dans son épaisseur, près de l'angle 
qu'elle forme en avant avec la paupière inférieure, une petite 
lame osseuse, ayant une forme triangulaire. De même aussi que 
chez le Caïman cynocéphale, la surface de cette paupière n'offre 
pas la moindre trace de stries concentriques , mais des espèces de 
plis transversaux et irréguliers. Les deux mâchoires sont fortement 
festonnées. Elles sont armées de soixante-quatorze dents , dix-neuf 
de chaque côte pour la supérieure, dix-huit également de chaque 
côté pour l'inférieure. Celle-ci en a deux paires de très longues et 
de trés pointues , c’est la première et la quatrième; les onzième 
et douzième sont un peu moins fortes, et toutes les autres sont 
petites. Les plus longues dents d'en haut sont celles des troisième , 
quatrième , huitième et neuvième paires; les plus petites, celles 
des deux premieres, des cinquième, sixième et septième. Comme 
à l'ordinaire , les neuf dernières dents des deux mâchoires sont à 
pointes obtuses, et plus comprimées et plus larges à leur bord 
que les autres. Les membres, ni pour les proportions ni pour 
la forme, ne différent de ceux des deux espèces précédentes. 
L'armure du cou est la même que celle du Caïman cynocéphale. 
Comme chez ce dernier aussi, aux petites écailles arrondies et 
plates des flancs, s’en mêlent de grandes ovales et carénées. Il y a 
dix-huit bandes transversales d’écussons osseux sur le dos : la 
première se compose de quatre, les trois suivantes de six, puis 
viennent huit bandes à huit, suivies de trois à six, et de trois à 


\ 


quatre, Les carènes des écussons dorsaux sont tres basses, C'est à 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. 03 


peine même si l’on en apercoit sur les deux séries médio-longitu- 
dinales. Nous ne trouvons pas de différence entre la queue de 
cette espèce et celle du Caïman cynocéphale. 

Cozorarrow. Le système de coloration du Caïman ponctué dif- 
fére de celui du Caïman cynocéphale, en ce que son corps est 
semé d'un plus grand nombre de taches, et sur un fond roussâtre, 
au lieu de l'être sur un fond vert. Du moins, c'est ce que nous 
observons sur les individus que nous ayons maintenant sous les 
yeux. Spix a représenté cette espèce comme ayant une teinte 
verte, piquetée de noir. 

Drimexsions. Nous avons sept exemplaires de ce Caïman , offrant 
depuis cinquante-deux jusqu'à cent quatre-vingt-neuf centimetres 
de longueur. Les mesures suivantes sont celles du plus grand : 

Loneugur rorace. 189”. Tête. Long. 27”; larg. 11° 5°”; haut. 6” 
5”. Cou. Long. 20”. Corps. Long. Go’; haut. 17”; larg. 25”. 
Memb. ant. Long. 23”. Memb. postér. Long. 30”. Queue. Long. 82”. 

PATRIE ET MœŒURS. Parmi ces individus, il en est qui ont été 
envoyés de la Martinique au Muséum par M. Plée. Nous en devons 
un à M. Auguste Saint-Hilaire , qui l’a rapporté du Brésil, et un 
autre provenant du lac Valencia, qui a été donné par M. Tovar. 

Observations. Nous ne connaissons aucune autre figure de cette 
espèce que celle que Spix a publiée dans ses Reptiles nouveaux du 
Brésil. Elle est en tout fort exacte. 


Ile SOUS-GENRE. CROCODILE. Crocodilus. Cuvier. 


Caractères. Quatrièmes dents inférieures passant 
dans les échancrures latérales de la mandibule lorsque 
la bouche est fermée. 


Rien ne distingue mieux les Crocodiles des Caïmans que le 
rétrécissement du museau en arrière des narines, rétrécis- 
sement qui est produit par la profonde échancrure existant 
de chaque côté de la mandibule pour servir de passage à la 
quatrième dent inférieure. Les Gavials, il est vrai, offrent 
deux échancrures semblables, qui sont destinées au même 


94 LÉZARDS CROCODILIENS 


usage. Mais, à l'extrémité du museau, ils en ont encore 
deux autres, dans lesquelles portent les premières dents d’en 
bas ; au lieu que celles-ci , chez les Crocodiles , traversent la 
mandibule d’outre en outre. 

Le contour horizontal de la tête des Crocodiles représente, 
en général, la figure d’un triangle isocèle plus ou moins 
allongé , cela dépend de la largeur des mâchoires ; mais dans 
aucun cas le museau n’est ni plus large que celui des Caï- 
mans, ni plus grêle que celui des Gaävials. Les Crocodiles 
ont, comme les premiers , lesmächoires festonnées sur leurs 
bords et les dents inégales, mais en moindre nombre, puis- 
qu'on ne leur en compte jamais que dix-neuf de chaque 
côté en haut , et seize également de chaque côté en bas. Les 
trous craniens sont plus grands que chez les Caïmans et 
moins larges que dans les Gavials. Leur diamètre se trouve 
toujours être plus petit que celui des orbites. Le trou nasal 
est ovale ou subcirculaire. 

Il existe une très petite lame osseuse dans lPépaisseur de 
la paupière supérieure , à son angle antérieur. La plupart 
des Sauriens de ce groupe ont les doigts de derrière, au 
moins les trois externes, réunis jusqu’à leur extrémité par 
une large membrane natatoire. Il en est quelques-uns ce- 
pendant chez lesquels elle est plus courte, et une espèce, le 
Crocodile rhombifère , en manque presque complétement 
dans l'intervalle des deux doigts internes. 

À deux exceptions près, tous les Crocodiles ont le bord 
postérieur de la jambe garni d’une crête dentelée, formée 
d’écailles aplaties. Les deux espèces qui n'offrent point ce 
caractère sont le Crocodile de Graves et celui à losange. Un 
seul parmi tous , le Crocodile à nuque cuirassée , a ses écussons 
cervicaux semblables, quant à l'étendue qu’ils occupent sur 
le cou , à ceux des Caïmans ; c’est-à-dire qu’ils forment une 
longue bande, commencant en arrière de la nuque et se pro- 
longeant presque jusqu'aux premières plaques dorsales. Chez 
les autres, l’armure cervicale occupe le milieu du cou en- 
viron ; de sorte qu’il reste devant et derrière elle un assez 
grand espace dégarni de pièces osseuses. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. 95 


Les écailles qüi revètent les côtés du corps sont plates 
chez les uns , carénées dans les autres , et il s’en trouve qui 
en ont de ces deux sortes. Les carènes naissant des plaques 
de la queue pour former la crête qui surmonte celle-ci sont, 
en général, plus hautes, moins consistantes, moins raides 
que chez les Caïmans. Il faut cependant en excepter le Cro- 
codile à losange, dont la crête caudale est fort basse et pour 
ainsi dire osseuse. 

On fait la même remarque pour les Crocodiles que pour 
les Caïmans, à propos de la longueur que présente la tête re- 
lativement à sa largeur, aux trois principales époques de la 
vie. Ainsi, dans le premier âge, elle n’est qu'un peu plus 
longue que large; dans l’âge moyen, elle a en longueur en- 
viron le double de sa largeur; puis, lorsque l’animal peut 
être considéré comme adulte, son diamètre longitudinal 
n’est que de trois quarts ou même de moitié seulement plus 
étendu que son diamètre transversal. 

De lisse ou de rugueuse qu’elle est dans le jeune âge et dans 
l’âge moyen , la tête des Crocodiles , en général, devient très 
raboteuse à mesure que ces animaux vieillissent. Si, par 
exemple, elle offrait des carènes simples et régulièrement 
disposées, celles-ci se trouvent ramifiées ou bien divisées en 
protubérances isolées, ce qui change complétement la phy- 
sionomie que présentait l'espèce dans ses deux! premiers 
âges. Ceci est surtout remarquable chez le Crocodile à deux 
crêtes. | 

Merrem est le seul Erpétologiste qui n’ait point conservé 
à cette subdivision de la famille des Crocodiliens , admise 
aujourd'hni par tous les auteurs, le nom de Crocodile ( Cro- 
codilus). Il préfère la désigner par le nom de Champse. 

Il n'existe aucun genre de Reptiles dont les espèces soient 
aussi difficiles à distinguer les unes des autres que celui des 
Crocodiles. Ce n’est que lorsqu'on les a étudiées, comme 
nous nous sommes trouvés heureusement dans le cas de le 
faire depuis long-temps , à diverses reprises et sur un très 
grand nombre d'individus , offrant souvent , pour la plupart 


96 LÉZARDS CROCODILIENS 


des espèces, toutes les différences d’âge , que l’on peut es- 
pérer d'arriver à en saisir les véritables caractères distinctifs. 
Cette tâche, nous devons l'avouer, était devenue moins dif- 
ficile aujourd’hui, grâces aux vives lumières qu'ont jetées, 
sur l’histoire des grands Sauriens qui nous occupent , les 
travaux de Cuvier en particulier, et ceux de Âl. Geoffroy 
Saint - Hilaire. Un autre avantage immense, et que nous 
avons su apprécier, c’est celui d’avoir fait notre travail sur 
ces mêmes matériaux, mais en nombre presque doubles de 
ceux qui ont servi à ces illustres savans; en sorte qu'il nous 
a été plus facile de rectifier les erreurs qu’ils ont pu com- 
mettre , faute d’avoir eu l’occasion d'observer , comme nous, 
des séries complètes de ces animaux. Le nombre des indi- 
vidus du seul genre Crocodile, que nous avons eu la facilité 
de comparer les uns avec les autres , s’éiève à plus de deux 
cents , une moitié environ appartient à notre musée, l’autre 
se compose d’abord des Sauriens de ce groupe que renferme 
le cabinet de la faculté des sciences ; puis de ceux qui nous 
ont été obligeamment prètés par les divers marchands na- 
turalistes de Paris ; enfin du Crocodile de Journu, qui nous 
était inconnu en nature et que M. le maire, directeur du 
musée de Bordeaux , auquel cet animal appartient , a bien 
voulu nous envoyer en communication. À ce nombre il faut 
encore ajouter tous les individus que nous avons vus et 
étudiés dans les principales collections de Londres. Loin 
de découvrir parmi cette grande masse de Crocodiliens 
quelque espèce nouvelle, elle nous a au contraire servi à 
reconnaître qu'il existait des doubles emplois parmi celles 
inscrites aujourd'hui sur les catalogues de la science. C'est 
ainsi que nous avons été conduits à considérer le Crocodile à 
deux boucliers, comme une simple variété du Crocodile à 
museau efhlé , et à ranger avec le Crocodile vulgaire, comme 
n’en étant spécifiquement pas différents, les Crocodiles mar- 
ginaire, sacré, laculaire et mamelonné de M. Geoffroy. 

De cette manière, en admettant même comme espèces 
distinctes celles à casque et de Graves , qui ne nous sont 


OÙ SAURIENS ASPIDIOTES. G. CRODODILE. 1. 97 


connues que par des descriptions incomplètes, en tant 
| qu’elles ne sont pas comparatives , le sous-genre des Cro- 
codiles se trouve réduit à huit espèces. La première que 
nous décrirons sera le Crocodile rhombifere, dont les mem- 
branes interdigitales sont fort courtes , et qui de plus, ainsi 
que le Crocodile de Graves que nous plaçons après , manque 
de crêtes dentelées aux pattes postérieures, de même que les 
Caïmans. L'un et l’autre, sous ce rapport , tiennent donc de 
la nature de ces derniers, qu’ils semblent lier aux Crocodiles. 
D'un autre côté, ceux-ci conduisent peu à peu vers la forme 
des Gavials ; car à partir du Crocodile vulgaire, qui est notre 
troisième espèce, jusqu'au Crocodile de Journu, qui est la 
dernière , on voit insensiblement les mâchoires se rétrécir et 
s’allonger davantage. 


Descriptions particulières des espèces. 
1. CROCODILE RHOMBIFÈRE. Crocodilus Rhombifer. Cuvier. 


Caracrères. Front surmonté de deux carènes représentant un 
rhombe ouvert en arrière ; mâchoire supérieure fortement arquée 
en travers , bords latéraux du crâné relevés; quatre petites nu- 
chales: écailles du côté du cou et des flancs tuberculeuses. Point 
de crêtes dentelées le long des jambes ; doigts courts, épais; les 
trois externes postérieurs seuls réunis par une membrane peu dé- 
veloppée. 

Synoxvwe. dquez Palin. Hernandez, Nov. Plant. Anim. Mexic. 
Histor. cap. 3, pag. 2. 

Croeodilus rhombifer. Cuvier, Ann. Mus. Hist. nat. tom. 10, 
pag. ‘1. 

Crocodilus on ed Tiedm. Oppel und Libosch. NYC 
Amph. pag. 75, tab. ro. 

Crocodilus rhombifer. Merrem. Amph. pag. 36, spec. 7. 

Crocodilus rhombifer. Cuvier, Oss. foss. tom. 5, 2° part. p. 51, 
PI. 3, fig. 1-4. 

Crocodilus rhombifer. Gray, Synops. Répt. part. 1, p.59, spec. 3. 

Crocodilus rhombifer. Griff. anim. Kingd. tom. g, pag. 105. 


REPTILES ; IT, Gi 


98 LÉZARDS CROCODILIENS 


DESCRIPTION. 


Formes. Ce qui rend cette espèce reconnaissable à la première 
vue, c'est d'abord la forme trapue de son corps, comparativement 
à celui de la plupart de ses congénères, puis la briéveté de ses 
doigts et de ses membranes natatoires postérieures, enfin la tu- 
berculosité des écailles qui revêtent ses flancs, aussi bien que les 
côtés et le dessus de son cou. 


Le pourtour de sa tête offre la figure d’un triangle isocèle fort 
allongé ; les mâchoires sont par conséquent assez effilées, La lon- 
gueur de cette partie du corps, à proportion de sa largeur, varie 
comme dans tous les Crocodiles, suivant l'âge de l'animal , ainsi 
que nous le prouvent trois têtes que nous avons maintenant sous 
les yeux, qui sont longues : l’une de vingt-sept, l’autre de vingt- 
et-un , et la troisième de dix centimètres. La grande et la petite 
n'ont que deux tiers de fois plus de longueur que de largeur, 
tandis que le diamètre longitudinal de l’autre et de la moyenne 
est double du transversal. Deux de ces têtes appartiennent à deux 
individus entiers de nos collections ; la troisième, et en même 
temps la plus grande, fait partie d’un squelette. 


Le Crocodile rhombifere al es bords latéraux de la tablette de 
son crâne relevés de manière à former une espèce de bourrelet de 
chaque côté. Son chanfrein est assez fortement bombé, ce qui 
fait qu'à cet endroit la mâchoire supérieure est très arquée en 
travers, plus que dans aucune autre espèce. Deux arêtes osseuses, 
partant chacune de l'angle antérieur d'un œil pour rapprocher, 
à peu de distance de la, leurs extrémités l'une de l’autre, figurent 
la moitié antérieure d’un losange , dont les bords internes des or- 
bites, relevés en carènes, forment la moitié postérieure. Toute- 
fois, on doit dire que cette figure rhomboïdale n'’est'pas parfai- 
tement régulière , attendu que les bords crbitaires ne se touchant 
pas, elle est ouverte en arrière. Les trous dont le crâne est percé 
sont presque circulaires ; leur diamètre est d’un tiers moindre 
que celui des orbites. La surface plane de la tête présente des 
enfoncemens vermiculiformes plus ou moins profonds. Au-dessus 
de la neuvième dent, on remarque un renfiement transversal de 
chaque côté de la ligne médio-longitudinale de la mandibule. 
Ce renflement transversal est séparé d'un autre qui est placé un 


._ OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. 1. 99 


peu obliquement en arrière du trou nasal par une fosse dont le 
fond est raboteux. Li 

Les côtés de la mâchoire supérieure sont fortement renflés à 
partir des sixièmes dents jusqu'aux onzièemes. Les échancrures 
qui servent de passages aux quatrièmes dents inférieures sont 
très profondes. Les bords des mâchoires offrent des festons bien 
prononcés; en haut , ils sont garnis de dix-sept dents de chaque 
côté, et en bas, de quinze, également à droite et à gauche. 
Parmi les dents supérieures, ce sont les premières qui sont les 
plus petites, et les secondes et les septièmes qui sont les plus 
grandes. À la mâchoire inférieure, à l'exception des quatrièmes 
et des dixièmes qui sont assez fortes, elles se trouvent être toutes 
à peu près de la même longueur. k 

Le coin antérieur de la paupière supérieure contient un rudi- 
ment de lame osseuse. 

Le cou est gros et arrondi ; le corps épais et large. Les membres 
sont plus forts et les doigts plus courts que ceux des autres Crocos 
diles. On ne voit pas la moindre trace de palmure aux pattes de 
devant. Celles de derriere ont leurs doigts externes réunis par 
‘une membrane, encore est-elle fort courte entre le second et le 
troisieme. 

La queue est carrée à sa base; ce n'est que vers le second tiers 
de sa longueur qu'elle commence à se comprimer latéralement. 

La nuque porte en travers une rangée de quatre petits éeus- 
sons. Sur le cou, il existe six plaques ovales et fortement caré- 
nées : quatre d'entre elles sont placées sur une ligne transversale 
légèrement arquée ; les deux autres sont situées côte à côte der- 
rière celle-ci. Le bouclier du dos n’a pas une grande largeur ; il 
se compose d'écailles carrées, proportionnellement plus petites 
que celles qui revêtent les mêmes parties chez les autres Groco- 
diles. On remarque que les carènes qui surmontent lengitudi- 
nalement ces écailles sont toutes aussi peu élevées les unes que les 
autres. Elles forment dix-huit séries transversales , étant au nom- 
bre de deux pour la première, de six pour les onze suivantes , et 
de quatre pour les six dernières. 

Jusqu'à son neuvième cercle écailleux, le dessus ide la quene 
offre quatre rangs longitudimaux d'arêtes tout aussi basses que 
celles du dos. Il n'en conserve que deux, les latéraux, jusqu'au 
dix-septième cercle, ensuite il n'en a plus qu'un seul jusqu'au 
trente-et-unième et dernier. C'est à peine si cette arête caudale, 


D 


100 LÉZARDS CROCODILIENS 


d'abord quadruple, puis double , enfin simple, subit une légére 
élévation à mesure qu'elle s'éloigne du corps, ainsi que cela se 
voit chez la plupart des Crocodiliens. 

La peau des flancs se trouve garnie d'écailles petites, nom- 
breuses, renflées ou ftuherculeuses, ce qu'on observe rarement 
dans les autres espèces. Les épaules, le dessus et les côtés du cou 
sont protégés à peu prés de la même manière. À droite et à gau- 
che de la cuirasse dorsale il règne deux lignes parallèles d'écailles 
ovales et carénées qui, pour la grandeur, ne diffèrent pas de celles 
qui composent cette cuirasse. 

Les membres sont en entier garnis d'écailles rhomboïdales, pla- 
tes et lisses en dessous, carénées sur les bras et sur les jambes, et 
tuberculeuses sur les fesses. Dans cette espèce, trois ou quatre 
fortes écailles comprimées tiennent lieu de la crête dentelée , que 
toutes les autres espèces, à l'exception du Crocodile de Graves, 
portent tout le long du bord postérieur de leurs pattes de der- 
rière. 

Les plaques écailleuses du dessous du cou et des régions anales 
sont carrées, celles qui garnissent l'abdomen ont une figure rec- 
tangulaire. 

L'un de nos individus , conservé dans l'eau-de-vie , n’a pas un 
‘seul écusson ni une seule écaille qui ne soient percés d'un pore 
sur le milieu de leur bord postérieur. Notre autre sujet, qui est 
empaillé et plus grand , ne nous a rien offert de semblable. 

Cozorarion. Le premier est d'un brun noiïratre sur la partie 
superieure du corps, avec des raies en zigzags d'un jaune foncé. 
Les flancs et les membres sont semés de nombreuses taches de la 
même couleur. Une teinte marron, lavée de noirâtre, règne 
sur le crâne. C’est aussi du jaune qui colore le dessous du corps 
et les côtés des mächoires, lesquels portent chacun une rangée 
de grandes taches noires sur la moitié postérieure de leur étendue 
longitudinale. L'orifice des petits pores, dont les écailles sont per- 
cées, est de cette derniere couleur. 

Notre second individu offre en dessous une teinte marron, par- 
courue de zigzags d'un jaune vif. C'est le même fond de couleur 
qui se montre sur les pattes et sur les côtés du corps, mais avec 
. des taches jaunes en plus grand nombre, au moins plus distinctes 
que chez l'autre sujet. 

Dimensions, Nous ignorons si cette espèce atteint d'aussi grandes 
dimensions que la plupart de ses congénères. Celles que nous 


OU SAURIENS ASPIDIOTES., G. CROCODILE. 2. 1Oi 


donnons ici sont prises sur notre grand exemplaire, l'autre n'a 
que soixante-six centimètres de long. 

LoNGuEuR TOTALE. 1 29 . Téle. Long. 21’; haut. 6’; larg. 107. 
Cou. Long. 12”. Corps. Long. 40°; haut. 15°; larg. 17°: Memb. 
ant. Long. 21”. Memb. post. Long. 28”. Queue. Long. 5g”. 

Parrie ET mœurs. C'est grâce à la générosité de M. Ramon de 
la Sagra, qui envoya, il y a trois ans, de Cuba au Mnséum un 
jeune Crocodile rhombifére vivant, que nous connaissons enfin 
aujourd'hui la patrie de cette espèce, la seconde qu'on ait encore 
découverte dans le Nouveau-Monde. Il est tres probable qu'elle 
n'est pas confinée dans cette île, mais qu'elle habite aussi les autres 
Antilles et peut-être le Mexique. 

Observations. Ce qui nous engage à émettre cette opinion, 
c'est que nous avons cru reconnaître dans une figure , bien que 
fort mauvaise, donnée par Hernandez dans son Histoire des 
plantes et des animaux de la Nouvelle-Espagne, le portrait du 
Crocodile rhombifere. 11 y a même, dans la description qui ac- 
compagne cette figure, quelques traits qui nous paraissent par- 
ticuliers à cette espece. Nous laissons au zele des voyageurs le 
soin de vérifier si notre observation est exacte. 


2. LE CROCODILE DE GRAVES. Crocodilus Gravesü. Bory- ‘ 
Saint-Vincent. 


CaracTeres. Museau court, déprimé; plaques dorsales surmon- 
tées de tubercules ou de pointes recourbées. Pieds de derrière 
palmés, mais sans crêtes dentelées le long de leur bord posté- 
rieur. 

Synonyme. Crocodilus Planirostris. Graves. Ann. génér. Scienc. 
phys. tom. 2, pag. 348. 

Crocodilus Gravesii. Bory de Saint-Vincent, Dict. class. hist. 
nat. (Om. 5, pag. 10g. 

Crocodilus Planirostris, Gray, Synops. Rept. part. 1, pag. 59. 


102 LÉZARDS CROCODILIENS 


DESCRIPTION. 


Formes. L’épaisseur du corps et des membres de cette espece 
lui donne une forme trapue qu'on ne retrouve dans aucun autre 
Saurien. Sa tête fait le neuvième de sa longueur totale. Elle à la 
figure d'un triangle isocele allongé, et ne présente aucune con- 
vexité ni saillie de bosses frontales, de sorte que le chanfrein est 
parfaitement plan. Le crâne est percé de deux fosses ovales, 
médiocres; tous les os en sont comme rongés et percés de petits 
trous : il est muni à son bord postérieur de cinq petits tubercules 
en forme de dents. L'extrémité du museau est arrondie, et sa 
surface couverte de gros tubercules obtus, disposés sans ordre 
régulier. La mâchoire supérieure est garnie de dix-huit dents 
pointues de chaque côté, dont la quatrième et la dixième sont 
lés plus fortes. La mâchoire inférieure a quinze dents de l’un 
comme de l’autre côté. Outre l'échancrure de la mandibule, qui 
sert de passage à la quatrième dent inférieure, il en existe une 
autre prolongée, dans laquelle sont reçues les neuvième, dixième 
et onzième. Cette mâchoire inférieure est remarquable par son 
épaisseur qui, au premier coup d'œil, la fait paraître plus large 
que la supérieure. Le cou est encore plus large et plus gros que 
la tête. Derrière l’occiput, on voit quatre plaques nuchales tu- 
berculeuses placées sur une ligne transverse; et sur le milieu du 
cou six écussons cervicaux formant deux lignes parfaitement 
droites, quatre antérieures et deux postérieures, assez petits , éle- 
-vés en tubercules pointus, à côtés inégaux, et entremêélés dans 
leur distance de petits tubercules, tels qu'on les retrouve sur le 
reste du cou. Le dos est recouvert de dix-huit rangées de petites 
plaques carrées, dont les unes se terminent en tête de clou, 
d'autres en pointes un peu recourbées, et quelques autres en 
lames tranchantes. La première rangée a seulement deux pla- 
-ques ; les onze suivantes en ont chacune six ; puis viennent cinq 
rangées de quatre plaques, et enfin une derniere de dix, Dans les 
intervalles de ces rangées, on observe quelques autres tubercules 
très petits. Le plastron dorsal, composé de toutes ces plaques, 
forme un parallélogramme assez régulier. Les flancs sont garnis, 
ainsi que les côtés du cou, de petites écailles arrondies, portant 
chacune un tubercule émoussé , et entremêlé d’autres très petites 
écailles bosselées. La queue, qui à elle seule forme la moitié de 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. 2, 103 


la longueur totale de l'animal, a vingt-neuf cercles d'écailles. 
Celles du dessus et des côtés sont parfaitement semblables en petit 
à celles du dos, c’est-à-dire carrées et tuberculeuses. Les crêtes 
peu sensibles qui résultent du prolongement de leurs tubercules 
sont épaisses, obtuses, immobiles et comme osseuses. Elles com- 
mencent à la sixième rangée et se réunissent à la dix-septième, 
la crête terminale n'est pas plus saillante que les autres, Les 
membres, qui sont très gros, ont leurs plaques supérieures et la- 
térales prolongées en tubercules obtus, en sorte que la superficie 
de l'animal paraît hérissée de protubérances. Les pieds postérieurs 
ont leurs quatre doigts entièrement palmés, mais n'offrent au- 
cune apparence de crête dentelée. Le contour en est arrondi 
comme celui des pattes de devant. Le dessous du corps est en- 
tiérement revêtu de plaques carrées, disposées par bandes trans- 
versales, lisses et unies, mais dans laquelle on observe une cer- 
taine disposition à devenir tuberculeuses. Sous le con et la m4- 
choire inférieure, ces petites plaques sont plus épaisses et munies 
d'un pore; des pores pareils se retrouvent dans les rangées qui 
avoisinent les cuisses et sous les pattes. 

Cocorarion. La couleur des parties supérieures du corps est 
d'un brun-foncé noirâtre, celle des parties inférieures est d’un 
jaune sombre. 

Dimensions. L'individu d’ Sue lequel cette description est faite 
paraît avoir été fort vieux, à en juger par l'épaisseur des os et 
la force des tubercules, qui ne sont pas le produit d'une dispo- 
sition particuliere de l'épiderme, mais qui résultent de la sub- 
stance même des plaques. S'il en était ainsi, le Crocodile de Gra- 
ves ne deviendrait pas aussi grand que la plupart des autres es- 
pêces de son sous-genre, puisque le sujet dont il est question ici 
n'offre que les proportions suivantes : 

Loncueur rorace. 1° 25” 5°”. Téte. Long. 15” 5”. Cou. Long. 
12° 57. Memb, ant. Long. 20” 5”. Memb. post. 28". Queue. 
Long. 58”. 

Parrre gr mœurs. On ne sait pas précisément quelle est la patrie 
du Crocodile de Graves. Cependant M. Bory de Saint-Vincent 
présume qu'il est originaire d'Afrique ; parce que, comme il le 
dit dans le Dictionnaire classique, à l'article où il est question de 
cette espèce, la peau de l'exemplaire dont nous venons de don- 
ner les dimensions a été acquise avec d’autres objets d'histoire na- 
turelle, par son aïeul Journu , d'un chirurgien de navire qui 


104 LÉZARDS CROCODILIENS 
avait souvent été à la traite des nègres sur les côtes du Congo. 
Observations. Le même exemplaire, par suite du don que 
M. Journu a fait de sa collection à l'Académie des Sciences de 
Bordeaux, se trouve faire partie aujourd hui Gu Musée de cette 
ville. C'est encore le seul que l'on connaisse. Nous l’avions de- 
mandé en communication; mais il était en trop mauvais état et 
nous avons dû reproduire la description que Graves en a publiée. Ce 
Crocodile nous semble bien être une espèce particulière ; mais qui 
pourtant paraît avoir de grands rapports avec le Crocodile rhom- 
bifere. 


3. LE CROCODILE VULGAIRE. Crocodilus vulgaris. Cuvier. 


Caracrères. Mâchoires non allongées en bec étroit. Pieds de 
derrière largement palmés. Une crête festonnée le long de leur 
bord postérieur. Six plaques cervicales; écussons dorsaux qua- 
drangulaires , et surmontés de six séries longitudinales de carènes 
peu élevées. 

synonvuiE. Crocodilus amphibius niloticus. Loch. Mus. Besl. 
pag. 49, tab. 13, fig. 2. 

Le Crocodile du Nil. Daud. Hist. Rept. tom. 2 , pag. 367. 

Crocodilus vulgaris. Cuvier, Ann. Mus. d'hist. nat. tom. 10, 
pag. 40. pl. I, fig. D etr2, eLpl: 2, de. 7. 

Crocodilus vulgaris. Tiedm. Opp. Libosch. Nâturg. Amph. 
pag. 68, tab. 8. 

Crocodilus vulgaris. Cuvier. Oss. foss. tom. 5, part. 2, pag #42, 
tab. x, fig. o et 12, et tab. 2, fig. 7 

Le Crocodile vulgaire. Cuvier, Règ. Anim. tom. 2 , pag. 20. 

The common Crocodile. Griff. anim. Kingd. tom. g, p. 102. 


VARIÉTÉ A. 


Caracrëres. Museau peu rétréci, plutôt plan qu'arqué en tra- 
vers, de petits enfoncemens et de petits sillons parfois vermicu- 
liformes sur sa surface. Table du crâne tout-àa-fait plate. Dos vert, 
grivelé de noir ; deux ou trois bandes obliques de cette derniere 
couleur sur chaque flanc. 

SynonvmiE. Crocodilus vulgaris, Geoff. Ann. Mus. tom. 10, 
pag. 67. 

Descript, Egyp. (Hist. nat), tom. 1, pag. 8, atl. pl. 2, 
fig. 1-2. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. 3. 109 
Crocodilus vulgaris, Merr. Amph. pag. 37, spec. q. 


Crocodilus chamses. Bory de Saint-Vinc. Dict. class. tom. 5, 
pag. 109. 


Crocodilus vulgaris. Geoff. Crocod. d'Égypte, pag. 190. 
Crocodilus lacunosus. Geoff. Crocod. d'Égypte, pag. 167. 


Crocodilus vulgaris. Gray, Synops. Rept part. 1, pag. 97, 
spec. 1. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette variété est, avec la suivante, celle à laquelle ap- 
partiennent les individus dont les mâchoires sont les moins étroi- 
tes. Elles n’ont cependant pas la même largeur chez tous, mais 
on peut dire qu'en général, prise au niveau de la neuvième dent 
supérieure , cette largeur n'a que le septième de la longueur de 
la tête, mesurée du bout du nez à l’occiput. La tablette du crâne 
est plane. Sa forme est celle d'un quadrilatère un peu plus large 
que long, et dont le bord antérieur est un peu plus étroit que le 
postérieur. Celui-ci n'est pas rectiligne , attendu qu'il présente 
deux courbures de même longueur , dont la concavité se trouve 
en dehors. Les trous post-orbito-craniens sont grands et de figure 
ovale. Leur bord interne est un peu relevé en arête. L'espace 
interoculaire est creusé en gouttiere. 

Il y ades individus de cette variété dont la mandibule offre une 
surface presque plane, c’est-à-dire que l'extrême bord de son 
contour est la seule partie qui en soit abaïssée vers la mâchoire 
inférieure. Alors il arrive quelquefois que la région médio-longi- 
tudinale , dans une certaine lougueur est très légérement concave. 
Ces mêmes individus se distinguent encore en ce que les arêtes que 
forment leurs bords orbitaires internes se continuent en avant des 
yeux pour former, comme dans l'espèce précédente, une figure en 
losange, ouverte à ses angles antérieur et postérieur. Puis la sur- 
face mandibulaire est presque unie, ou bien elle offre de petits 
enfoncemens assez semblables à ceux qu’on voit sur la carapace 
des Gymnopodes ou Trionyx. L'individu à l’état de momie , d’a- 
près lequel M. Geoffroy a établi son Crocodilus complanatus , mais 
que nous regardons comme étant véritablement de l'espèce du 
vulgaire , est particulièrement dans ce cas. 


11 est d’autres Crocodiles vulgaires de notre variété À, dont la 


106 LÉZARDS CROCODILIENS 


mâchoire supérieure est légèrement arquée en travers dans sa 
moitié postérieure , qui offre sur sa région médiane et longitu- 
dinale un renflement plus ou moins marqué. Chez ceux-ci , les 
arêtes pré-orbitaires sont à peine sensibles, et les inégalités, ré- 
gnant sur la surface de leur museau , sont produites par de nom- 
breux enfoncemens, simplement longitudinaux où vermiculi- 
formes. Nous citerons en exemple , l'individu rapporté d'Égypte 
par M. Geoffroy, celui que ce savant et M. Cuvier ont, l’un et 
l'autre , pris pour type de leur Crocodile vulgaire. 


Tous les individus appartenant à la première variété que nous 
avons vus offrent sur la mandibule, au-dessus de la neuvième 
dent , une forte protuhérance ; puis de chaque côté du museau, 
en arrière du trou nasal, un renflement longitudinal dirigé obli- 
quement en dedans. Les bords des mächoires sont fortement fes- 
tonnés, les dents qui les arment sont au nombre de trente-six à 
la mandibule, dix-huit de chaque côté; et de trente à la maà- 
choire inférieure , quinze à droite et quinze à gauche. Les plus 
longues de ces dents sont les troisièmes et les neuvièmes d'en 
haut ; les premières, les quatrièmes et les onzièmes d'en bas, 


La longueur des pattes de derrière est égale à l'étendue que 
présente le corps entre l'épaule et la cuisse. Les pieds antérieurs 
sont moins longs d’un tiers. Leurs doigts sont complétement 
libres. Ceux de derrière sont réunis par une membrane fort 
longue entre les deux internes, très courte entre les deux ex- 
ternes. 


Derrière l'occiput, on voit deux paires d’écussons placées en 
travers de la nuque, l’une à droite, l’autre à gauche de sa ligne 
médio-longitudinale. Ces écussons , dont la forme est ovale, sont 
relevés d’une carène assez forte. 


Il est des individus qui n’ont que deux de ces écussons ; d’au- 
tres en ont trois. Mais ces nombres ne sont qu'accidentels. Le 
véritable , au moins celui offert par le plus grand nombre des 
exemplaires que nous avons vus, est de quatre. Après les écus- 
sons de la nuque en viennent deux autres , beaucoup plus petits, 
qui sont placés, un de chaque côté du cou, assez près du bou- 
clier cervical. 

Les plaques qui composent celui-ci sont au nombre de six, 
formant deux rangs transversaux ; l'un de quatre, et un peu ar- 
qué, l’autre de deux. De ces six plaques, qui sont carrées ou tra- 


Ë D] 
OÙ SAURIENS ASPIDIOTES, &. CROCODILE. 9. 107 


pézoïdes, les deux médianes du premier rang sont les plus 
grandes, et les deux latérales les plus petites. Leur carène est 
forte et médiocrement élevée. 

On compte de seize à dix-huit rangées transversales d’écussons 
osseux sur le dessus du corps, depuis les épaules jusqu'à la nais- 
sance de la queue. Quand il y en a dix-sept ou dix-huit, la pre- 
miere ne se compose presque toujours que de deux écussons. 
Mais en général on en compte quatre à la première rangée, six 
aux dix ou onze suivantes, et quatre seulement aux dernieres. 
Il s'ensuit que le dos offre six séries longitudinales de carènes, 
mais dont deux, les externes , sont beaucoup plus courtes que les 
autres, puisqu'elles ne règnent que sur le second tiers environ 
de la longueur du dos. Les plaques qui supportent les carènes 
de ces deux séries externes ont une forme ovalaire. Celles des deux 
médianes sont à quatre pans et plus larges que longues: celles des 
deux autres sont carrées. Les carènes des deux séries médianes 
sont plus basses que les autres. 

À droite et à gauche de ces six séries de plaques carénées du 
dos, il y en a quatre où cinq autres plus petites et ovales, 
qui ne sont pas toujours disposées assez régulièrement pour for- 
mer une bande parallèle à celle en dehors de laquelle elle se 
trouve placée. 


La queue est entourée de vingt-six à trente-huit cercles d'é- 
cailles. La crête qui la surmonte, tantôt est double jusqu’au quin- 
zième , tantôt jusqu'au dix-septième; elle est mince, flexible et 
profondément dentelée. Les carènes suscaudales de la région 
moyenne disparaissent après le neuvième anneau écailleux. 


Les écailles des côtés du corps, du dessus et des parties laté- 
rales du cou, sont plates, les unes ovales, les autres circulaires. 


Quelquefois on en aperçoit parmi elles de tuberculées et de 
carénées. Ce sont des scutelles rhomboïdales et simples qui revé- 
tent les membres. Le bord postérieur de ceux de derrière en 
est garni d'une douzaine , formant une crête festonnée. 


Le dessous du corps est protégé par des scutelles quadrangu- 


laires, ayant le plus souvent chacune un pore vers le milieu de 
leur bord postérieur. | 


CoLorarion. Tout le dessus du corps offre un vert olive, pi- 
queté de noir sur la tête et le cou, jaspé de la même couleur sur 
le dos et là queue. Deux ou trois larges bandes obliques et noires 


108 LÉZARDS CROCODILIENS 


se montrent sur chaque flanc. Les régions inférieures de l'animal 
sont d'un jaune verdâtre. Les ongles offrent une teinte brune. 

Dimensions. Nous avons vu dix-huit individus de cette variété, 
ayant depuis cinquante centimètres jusqu'à trois mètres de long. 
Tous appartiennent à notre collection, à l'exception de deux qui 
nous ont été obligeamment communiqués , l'un par M. Perrot, 
l'autre par M. Florent Prevost. Ceux de ces individus dont l'ori- 
gine est bien constatée, viennent d'Egypte ou du Sénégal. Nous 
en avons huit de ce dernier pays, et c'est parmi eux que se trou- 
vent le plus petit et le plus grand de la série. Ils ont été rap- 
portés par MM. Perrotet et Leprieur. 

Dans le nombre de ceux d'Egypte, nous en comptons deux 
jeunes, dont on est redevable à MM. Joannis et Jores, off- 
ciers embarqués à bord du Louqsor. Puis celui que M. Geoffroy 
a disséqué au Caire, et rapporté lui-même au Muséum. Enfin 
deux momies, l'une longue d'un mètre, que M. Geoffroy a 
considérée à tort comme étant de l'espèce de son Crocodilus mar- 
ginatus, ou de notre variété C; l’autre de deux mêtres cinquante 
centimètres de longueur, d’après laquelle ce même naturaliste à 
établi son Crocodilus complanatus. Le plus petit de ces deux Cro- 
codiles embaumés, est un présent que notre Musée a recu de 
M. Caillau. Le plus grand y a été déposé par M. Chabrand, au- 
quel il était resté avec quelques autres objets d’antiquité égyp- 
tienne, provenant d’une collection qui a été exposée dans la salle 
du bazar Saint-Honoré , dont il est propriétaire. 


VARIÉTÉ B. 

Caracréres. Museau sub-élargi, épais, excessivement peu courbe 
dans son sens transversal; surface de la tête couverte de rugo- 
sités anguleuses. Bords latéraux de la tablette du crâne non re- 
levés. Parties supérieures d’un jaune olivâtre , jaspé de brun noi- 
râtre. 

Syxonvure. Crocodilus palustris. Less. Voy. Ind. orient. Bell. 
(Zool. Rept.) pag. 305. 

Crocodilus vulgaris. Var. E. Gray, Synops. Rept. pag. 98. 


x 


OU SAURENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. 3. 109 


DESCRIPTION. 


Formes. Aucune autre différence que celles que nous allons in- 
diquer, ne distingue les individus de cette variété de ceux de la 
précédente. 

Leurs flancs, les côtés et le dessus de leur cou, au lieu d’être 
garnis d'écailles plates, en offrent de bombées et à carènes. On 
en voit même une rangée transversale entre le bouclier de la 
nuque et celui du cou. Le front est longitudinalement coupé par 
une petite arête tranchante. Celle qui chez l’autre variété existe 
devant chaque œil, est ici encore plus saillante, mais elle n'est 
pas continue ; coupée qu'elle est à divers endroits, elle semble 
être composée de tubercules anguleux placés les uns à la suite 
des autres, comme il s'en montre d'ailleurs sur toute la surface 
du museau, si ce n'est pourtant à son extrémité. Cette inégalité 
du dessus de la mâchoire supérieure n'est donc pas produite par 
des enfoncemens ou des sillons vermiculiformes, comme chez la 
variété À, mais par des saillies tres irrégulières, an milieu des- 
quelles domine néanmoins la protubérance qui se trouve au- 
dessus de la nenvième dent. On remarque en outre une fosse 
oblongue au-dedans de cette protubérance, ou mieux, entre elle 
et la ligne médio-longitudinale de la mandibule. 


CoLorarTion, Quant au système de coloration, il est le même, 
excepté que le vert qui en forme le fon& tire davantage sur le 


jaune , et qu'il est semé ou jaspé de taches d'un brun noirâtre, 
moins petites et plus serrées. 


Dimensions. Nous avons aussi une trés belle suite d'échantillons 
de cette variété. Nous en possédons douze, ayant depuis trente 
centimètres jusqu'à plus de trois mètres de long. 


Parme. Tous nous été envoyés par M. Duvaucel , ou rapportés 
par M. Dussumier, comme ayant été pris, ies uns dans le Gange, 
les autres sur la côte de Malabar. Ce ne sont donc que des ren- 
seignemens inexacts qui ont pu faire dire à M. Lesson que cette 
variété du Crocodile vulgaire, qu'il a fait connaître sous le nom de 
Crocodilus palustris, dans la partie erpétologique du Voyage aux 
Indes orientales de M. Bellanger, ne va jamais dans le Gange, 
qu'elle ne quitte point les marécages et les grans étangs. 


iro LÉZARDS CROCODILIENS 


VARIÉTÉ C. 


CaracrÈres, Mâchoires allongées, étroites; mandibule légére- 
ment arquée-en travers, et offrant sur sa surface des protubé- 
rances oblongues ou arrondies : bords latéraux de la tablette du 
crâne relevés; six écussons nuchaux; carènes dorsales d'égale 
hauteur, formant des séries longitudinales placées à la même 
distance l'une de l’autre. Dessus du corps d’un vert foncé, avec de 
petites lignes brunes disposées en rayons sur les écussons. 

Synonyme. Crocodilus marginatus. Geoff. Croc. d'Égypt. p. 165. 

Crocodilus vulgaris. Var. B, Gray, Synops. Rept. part. 1, p. 98. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette variété est beaucoup mieux caractérisée que les 
trois autres, et par cela même plus facile à distinguer. 

Les mâchoires sont plus effilées que celles de la variété B; 
mais elles le sont moins que chez les individus de la variété D. 

Ce qui peut particulièrement la faire reconnaitre, c'est x° la 
légère concavité que présente sa surface crânienne, dont les 
bords forment de chaque côté une sorte de bourrelet bosselé. 
2° La présence sur la nuque de six écussons dont le diamètre 
est moindre que celui des quatre que l’on y voit ordinairement. 

Les inégalités que présente le dessus de la mandibule ne sont 
point occasionées par des creux comme chez la variété À, on 
par des saillies anguleuses, comme chez la variété B, mais par 
des renfiemens oblongs ou arrondis. 

Outre que les carènes dorsales sont plus comprimées que dansla 
plupart des autres Crocodiles vulgaires, elles ont toutes une égale 
hauteur, et les séries longitudinales qu'elles forment conservent 
entre elles le même écartement. 

Cozorarion. Cette variété se distingue encore des trois autres 
par son système de coloration. Une teinte d'un vert-bouteille foncé 
règne sur toutes les parties supérieures de son corps. On voit de 
petites lignes brunes, ondulées , parcourant longitudinalement la 
tête, et un nombre considérable de petits traits brunâtres , dis- 
posés en rayons sur toutes les plaques du bouclier dorsal. 

Dimexsrows. La collection erpétologique renferme six individus 
du Crocodile vulgaire , offrant les caractères que nous venons de 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. 3. Iit 


faire connaître. Le plus petit a un mètre de long, et le plus grand 
trois metres et vingt centimètres. 

Parrie. Nous ignorons l'origine de deux d'entre eux ; mais les 
quatre autres viennent d'Egypte : trois ont été donnés au Mu- 
séum par M. Thédenat-Duvant , et le quatrième par M. Caillaud. 
Ce dernier est à l’état de momie. Nous devons à l’obligeance de 
M. Verraux , marchand naturaliste de Paris, d’avoir pu observer 
la peau d'un septième exemplaire : elle lui a été envoyée du cap 
de Bonne-Espérance par son fils, M. Jules Verraux, que nous 
trouverons souvent l'occasion de citer plus tard, à propos d'’es- 
pèces rares où nouvelles que mous tenons de lui. Cette peau 
est remarquable en ce qu'à la premiére vue on pourrait croire 
que l'animal auquel elle a appartenu n'avait que trois doigts 
à chacune des pattes de derrière ; mais, en l'examinant avec plus 
de soin, on s'apercoit de suite qu'il a bien réellement existé un 
quatrième doigt postérieur, et que son absence n'est qu'acci- 
dentelle. 

Ce qui le prouve, c’est qu'à l’une de ses pattes postérieures 
nous avons retrouvé la cicatrice , et à l’autre le moignon du qua- 
trieme doigt manquant. Il n’y a rien en cela qui doive étonner, 
car on sait que les Crocodiles se battent entre eux avec achar- 
nement. Nous avons vu, et il en existe dans la collection, des 
individus mutilés , ayant même un membre où deux de moins, 
par suite de semblables combats. 

11 était nécessaire que nous donnassions cette explication, parce 
que la peau dont il a été parlé plus haut n'ayant été examinée que 
très légèrement par M. Cuvier, ce célébre naturaliste en fit faire 
un dessin pour la collection des vélins du Muséum , qui la repré- 
sente telle qu'elle est, avec trois doigts seulement à chacun des 
pieds de Gerrière. 


VARIÉTÉ D. 


Caractères. Corps allongé, grêle. Mächoires très effilées; la 
supérieure légérement cintrée transversalement. Chanfrein élevé; 
surface de la mandibule comme bosselée. Région crânienne par- 
faitement plate. Carènes des deux séries médio-longitudinales un 
peu plus basses que les autres, et aussi plus rapprochées l'une de 
l'autre. Parties supérieures semées de taches anguleuses noires. 


112 LÉZARDS CROCODILIENS 


+ 


DESCRIPTION. 


Formes. Les individus appartenant à cette variéte ont le corps 
et surtout la tête sensiblement plus allongés, plus grêles que ceux 
des trois autres. Cet allongement , cette étroitesse de la tête, qui 
se termine tout-a-fait en pointe obtuse en avant, est certaine- 
ment fort apparente chez les sujets jeunes et âgés, comparés avec 
ceux des trois autres variétés; mais cependant moins que chez 
ceux d'un âge moyen. 

Ce caractere, nous l’avouons, est le plus saillant et le seul à 
l'aide duquel on puisse à la première vue reconnaître cette der- 
nière variété du Crocodile Vulgaire. Pourtant elle se distingue 
encore de la premiere et de la seconde en ce que la surface de 
son museau n offre ni enfoncemens ni saillies anguleuses. Sous ce 
rapport, elle ressemble assez à la variété C; mais son chanfrein 
est un peu plus bombé, et la table de son crâne parfaitement 
plate. Elle n'a pas non plus, comme cette derniére, les écailles 
dorsales de même hauteur et disposées en rangs longitudinaux, 
observant entre eux une égale distance, ce qui, à cet égard, la 
rapproche des variétés À et B. 

Cozorarion. On trouve aussi quelques légères différences dans 
son système de coloration. Elle n'est pas précisément ni grivelée 
ni jaspée; mais elle est semée de taches noirâtres anguleuses, 
qui étant plus espacées laissent mieux voir le fond de la couleur. 
Ce fsnd, chez trois de nos individus, est d'un jaune-vert clair, 
tandis que chez les quatre autres il se montre d'un brun rous- 
sâtre. | 

Dimensions. Ces sept exemplaires sont, avec un huitième à 
l'état de momie qui fait partie de la collection d'antiquités égyp- 
tiennes conservée au Louvre, les seuls que nous ayons observés 
appartenant à cette dernière variété. L'individu embaumé est 
celui qui a la plus grande longueur, c'est-à-dire environ un 
mètre et demi ; les sept autres ont depuis cinquante centimètres 
jusqu’à un mètre trente-quatre centimètres. 

Patrie. Parmi eux, nous comptons l'individu rapporté du 
Niger, et nommé Crocodile Vert par Adanson ; un second , pêché 
dans le Nil, qu'on doit à la générosité de M. Thédenat-Duvant, 
et un troisième, fort jeune, que M. Banon a donné au Muséum 
comme venant du Sénégal. Les quatre autres nous onf été en- 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. 4. 113 


voyés de Madagascar ; l'un par feu Havet, le second par M. Goudot, 
le troisième par M. Sganzin, et le quatrième par MM. Lesson et 
Garnot. 

Observations, Nous n'aurions pas hésité un seul instant à consi 
dérer comme autant d'espèces distinctes ces quatre variétés du 
Crocodile Vulgaire, si chacune d'elles nous avait exclusivement 
offert d'une manière bien tranchée les caractères que nous en 
avons donnés plus haut. 

Mais, il faut l'avouer, parmi les individus d’une variété , il s’en 
trouve toujours au moins un qui tend à rentrer dans les formes 
de ceux d'une autre. Cette remarque est applicable même à la 
variété B, dont la patrie est pourtant différente de celle des 
autres. Effectivement, les individus qui nous ont servi à l'établir 
sont tons originaires des Indes orientales ou des îles Seychelles. 

C'est à cette variété B en particulier qu'il faut rapporter l'espèce 
que M. Lesson a décrite brièvement sous le nom de Crocodilus 
palustris dans le Voyage de M. Bélanger. 

Le Crocodile Vulgaire de M. Geoffroy correspond à notre pre- 
miere variété, avec laquelle nous placons aussi son Crocodilus 
lacunosus qui n'offre véritablement pas d'autre caractère distinctif 
que celui d'avoir deux plaques de moins derrière l'occiput. 

Notre variété C se compose du Crocodile Marginaire du même 
auteur. Bien quelle soit, à quelques égards, la plus distincte et 
la mieux caractérisée, elle ne l'est pas encore d'une maniére ab- 
solue, puisqu'au lien de six écussons, elle n'en offre quelquefois 
que quatre comme le commun des trois autres variétés. 

Enfin nous nous sommes assurés, en l'observant attentivement, 
que le Crocodile à l'état de momie dont M. Geoffroy a fait son 
Crocodilus complanatus n'est qu'un individu plus âgé que ceux 
d'après lesquels il a établi son Crocodilus suchus , notre variété D. 


4. LE CROCODILE À CASQUE, Crocodilus Galeatus. Cuvier. 


Caracrëres. Crâne surmonté de deux fortes arêtes triangulaires, 

Syvonxmie. Crocodile... Hist. Acad. sc. tom. 3, part. 2; 
pag. 299, pl. 64. 

Le Crocodile du Nil. Fauj. Saint-Fonds, Hist. mont. Saint- 
Pierre, pl. 45. 

Crocodilus Siamensis. Schneiïd. fist. Amph. fasc. secund. pag. 
107, 

REPTILES , Il. ) 


j 14 LÉZARDS CROCODILIENS 

Le Crocodile du Nil. Latr. Hist. Nat. Rept. tom. 1, pl. sans n°. 

Crocodilus Galeatus. Cuv. Ann. Mus. Hist. Nat. tom. 10, pag. 51, 
pl. r, fig. 9. 

Crocodilus Galeatus. Tiedm. Oppel und Libosch. Naturg. der 
Amph. pag. 76, tab. tr. 

Crocodilus Galeatus. Merr. Amph. pag. 36, spec. 6. 

Crocodilus Galeatus. Cuv. Ossem. Foss. tom. 5, part. 2, pag. 52, 
Pl Her. 

Crocodilus Galeatus. Bory Saint-Vincent. Dict. Class. Hist. Nat, 
tom. 5, p. 108. 


? Crocodilus Siamensis. Gray, Synops. Rept. part. 1, pag. 6o. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête de cette espèce, considérée dans son contour 
horizontal , paraït offrir plus de ressemblance avec celle du Cro- 
codile à deux arêtes qu'avec aucune autre. La surface en est très 
raboteuse, et l'extrémité antérieure fort aplatie. Mais ce qu’elle 
présente de plus remarquable ,- et ce qui constitue le véritable 
caractère spécifique du Crocodile à casque, ce sont les deux sail- 
lies que forment les os du crâne sur la ligne moyenne et longitu- 
dinale de celui-ci. Ces saillies ou carènes sont placées à la suite 
l'une de l’autre, et, étant beaucoup plus comprimées en arrière 
queen avant, elles offrent jusqu'a un certain point une figure 
triangulaire. 

Le dos et le con ne semblent pas être différemment cuirassés 
que chez le Crocodile Vulgaire. 

Les pieds de derrière ont leur bord postérieur garni d’une 
crête dentelée, et leurs doigts réunis par une membrane. Pour- 
tant ces caractères ne sont pas exprimés dans la principale figure 
que les missionnaires ont donnée de cette espèce; maïs ils les in- 
diquent dans une autre, et leur description dit positivement 
qu'ils existent. Leur première figure offre très probablement une 
autre inexactitude , c'est de représenter la queue avec une double 
crête dentelée jusqu'à son extrémité. 

CoLorariox. Un brun obscur régne sur les régions supérieures ; 
les inférieures sont colorées en jaune pâle; et des taches de cés 
deux couleurs, disposées à peu près de la même manière que les 
carrés d'un échiquier, se montrent sur les côtés du corps. 


OÙ SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. D. 115 


Drmexsiows. L'un des trois individus du Crocodile à casque qui 
ont été vus par les missionnaires, avait plus de dix pieds de long. 
On doit donc croire que cette espèce atteint les mêmes dimensions 
que les Crocodiles Vulgaires et à deux arêtes. 

Parrre. Ce Crocodile n’a jusqu'ici été observé qu'à Siam. 

Observations. 1] n'est encore connu des naturalistes que par 
la description et les figures qui en ont été adressées de Siam par 
les missionnaires francais à l’Académie des Sciences, dans l’his- 
toire de laquelle elles ont été publiées. C'est une de ces figures, 
en particulier, qui se trouve reproduite pour celle du Crocodile 
du Nil, dans l'Histoire de la montagne de Saint-Pierre, par 
M. Faujas de Saint-Fond , celui-ci ne s'étant pas aperçu que son 
dessinateur, au lieu de faire un Crocodile du Nil d’après nature, 
avait trouvé plus commode de copier dans l'Histoire de l'Aca- 
démie l’une des planches représentant le Crocodile à casque. 
Encore ne le fut-elle pas exactement; car cette prétendue figure 
du Crocodile du Nil de M. Faujas de Saint-Fond a un ongle de 
trop à chaque patte. D'après cette mauvaise copie, il en a été 
fait une autre pour la partie erpétologique du Buffon de Déter- 
ville, que M. Latreille donne aussi, de même que l’auteur 
de l'Histoire de la montagne de Saint-Pierre , comme le portrait 
d'un Crocodile du Nil. 


5. LE CROCODILE À DEUX ARÈTES. Crocodilus biporcatus. 
Cuvier. 


Caracrëres. Mâchoire supérieure surmontée de denx arêtes ra- 
boteuses, partant de l'angle antérieur de chaque œil. Point de 
plaques nuchales, ou bien deux fort petites. 

SYNONYMIE. Crocodili Ceylonici ex ovo prodiens. Séba , tom. 1, 
pag. 160 , tab. 103, fig. x. 

Crocodilus porosus. Schneider, Hist. Amph. fase. secund. p- 199, 

Crocodilus biporcatus. Cuvier, Ann. Mus. Hist. nat. tom. 10 $ 
pag. 45, tab. 1, fig. 4 et 13, et tab. », fig. 8. 

Crocodilus biporcatus. Tiedm. Opp. und Lisbosch. naturg. 
Amph. pag. 72, tab. 9. 

Crocodilus biporcatus. Merrem. Amph. pag. 36, spec. 8. 

Crocodilus biporcatus. Cuvier , Oss. Foss. tom. 5, part. 2, p. 49, 
tab. 1, fig. 4 et 13, et tab. », fig. 8, 


Ô: 


116 LÉZARDS CROCODILIENS 


Crocodilus biporcatus. Bory de Saint-Vincent, Dict. Class. Hist. 
nat. {(OM. 9, pag. 107. 

Crocodilus biporcatus. Fitzinger. Neue Classif. Rept. p. 46. 

Crocodilus biporcatus. Lesson , Voy. Ind. orient. Bélang. ( Zool. 
Rept.), pag. 303. 

Crocodilus biporcatus. Cuvier, Règn. anim. tom. », pag. 2r. 

Crocodilus biporcatus. Guérin, Icon. Règ. anim. tom. 2, fig. r. 

Crocodilus biporcatus. Wagler, Nat. Syst. Amph. pag. 140, 
tab. 8, fig. 2. 

Crocodilus biporcatus. Gray, Sÿnops. Rept. part. 1, pag. 58. 

Crocodilus biporcatus. Griff. Anim. King. part. 25, pag. 108. 


DESCRIPTION. 


Forues. Lorsqu'il est adulte, le Crocodile à deux arêtes n’a guere 
la tête plus effilée que celle de notre première variété du Croco- 
dile Vulgaire; mais dans son moyen âge il a le museau presque 
aussi étroit que celui du Crocodile de Saint-Domingue. Cela sera 
rendu plus sensible par ce qui va suivre. 

Ainsi, chez un individu long de 4 33”, l'étendue longitudinale 
de la tête est trois quarts de fois plus considérable que son dia- 
mètre transversal en arrière, au lien que chez un sujet de 2’ 71”, 
cette partie du corps est une fois et un cinquième plus grande en 
long qu'en travers. Le museau di premier a en longueur la moi- 
tié de celle du derriere de la tête; celui du second n'a que les 
deux einquièmes de cette dernière dimension; mais chez tous 
deux les deux tiers de la longueur totale de la tête se trouvent 
être compris entre le bout du museau et l'angle antérieur de l'œil. 
Il n’en est pas de même pour les jeunes sujets, dont la tête a 
autant d’etendue en avant qu’en arrière de l'angle antérieur d'une 
orbite correspondante. 

Les côtés du triangle isocele que forme le pourtour de la tête 
du Crocodile à deux arêtes sont loin d'être rectilignes. Ils se cin- 
trent en dehors, à partir du dessous de l'œil jusqu'a la onzième 
dent , où ils s’infléchissent en dedans, pour se recourber aussitôt 
après jusqu'à l'échancrure dans laquelle passe la quatrième dent 
inférieure. Ces convexités des bords latéraux de la tête sont d’au- 
tant plus prononcées , que les sujets sont plus âgés. 

La tablette du crâne commence par offrir une surface carrée, 
puis, à mesure que l'animal grandit, elle prend un peu plus 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. D. 117 


d'accroissement en long qu'en large, et se rétrécit légerement en 
avant. L'échancrure de la mandibule étant très profonde, il en 
résulte qu'en cet endroit le museau est fort étranglé. Les trous 
post-orbito-crâniens sont à pen près ovales : leur grand diamètre, 
qui est situé d'avant en arrière, est moitié moindre environ que 
celui des orbites. À moins que les sujets ne soient vieux, la sur- 
face du crâne est parfaitement unie. L'espace interorbitaire forme 
un peu la gouttiere. Les bords internes des orbites font deux 
saillies assez prononcées dans notre exemplaire adulte. La mâ- 
choire supérieure est si peu arquée en travers, que le dessus en 
est presque plan; maisil offre de grandes inégalités , particuliè- 
rement chez les individus de grande taille. 

En effet, les os en sont comme cariés ou rongés. Il présente 
en outre deux fortes arêtes, qui prennent naissance à l'angle 
antérieur de chaque œil, et vont aboutir , en s'atténuant peu à 
peu , au niveau de l’échancrure servant de passage à la quatrième 
dent d'en bas. Quand l'animal est vieux, les arêtes finissent par 
se perdre au milieu des autres saillies irrégulières qui couvrent 
la surface du museau. Les branches du maxillaire inférieur sont 
soudées dans le cinquième de leur longueur. La mandibule est 
garnie de dix-huit dents de chaque côté, et la mâchoireinférieure 
de quinze , ce qui fait en tout soixante-six dents. Pourtant on en 
compte quelquefois soixante-huit, parce qu'il y en a deux de plus 
en haut. Les plus longues et les plus fortes dents supérieures sont 
les secondes , les troisièmes, les huitièmes et les neuvièmes. En 
bas, ce sont les premieres et les quatrièmes. | 

La longueur des pattes de derrière est égale à celle du 
tronc. Les pieds de devant sont d'un tiers plus courts. Les doigts 
sont plutôt grêles que trapus; une membrane réunit à leur base 
les trois médians antérieurs ; les trois externes postérieurs sont 
complétement, palmés ; l'interne ne l’est qu'à sa naissance. Les 
ongles ont une certaine force, et présentent une légére cour- 
bure. 

Le plus grand nombre des individus appartenant à cette espèce 
manque de plaques nuchales; néanmoins on.en rencontre quel- 
ques-uns qui en offrent deux ; mais elles sont toujours fort pe- 
tites, basses, ovales, et placées en travers de la nuque à une grande 
distance l’une de l’autre. 

Les écussons , composant le bouclier cervical, sont au nombre 
de six, quatre placés en carré, et les deux autres un de chaque 


119 LÉZARDS CROCODILIENS 


côté de ce carré. ils sont ovales et à crêtes fort élevées. La base des 
deux premiers est plus large que celle des autres. 

Sur le dos, il y a seize ou dix-sept rangs transversaux de plaques 
carénées. On en compte quatre au premier, au second et quel- 
quefois au troisième. Ce nombre paraît toujours étre celui des six 
derniers; mais il s'augmente de deux et même de quatre pour les 
intermédiaires. Ces plaques dorsales, dont les carènes sont peu et 
également élevées, sont en même temps moins écartées les unes 
des autres, et plus comprimées, plus minces que celles du Cro- 
codile vulgaire. Elles offrent encore avec elles une autre diffé- 
rence, c'est d'affecter une forme ovale, et d'être par conséquent 
plus longues que larges, au lieu d'être carrées. Peut-être sont-elles 
aussi proportionnellement un peu plus petites. 

La queue est entourée de trente-huit à quarante anneaux 
écailleux. C'est vers le vingtième ou le vingt-et-unième que les 
deux crêtes dentelées qui surmontent latéralement cette partie 
du corps n'en forment plus qu'une seuie. Les écailles , situées 
entre ces deux crêtes, cessent ordinairement de porter des ca- 
rènes apres la septième, cependant quelquefois ce n'est qu'après 
la onzieme. 

Le bouclier dorsal du Crocodilus biporcatus est plus étroit que 
celui du Crocodilus vulgaris. Les flancs sont revêtus d’écailles 
ovales et lisses, qui s’'élargissent davantage à mesure qu’elles se 
rapprochent du ventre. Les épaules et les côtés du cou en pré- 
sentent de semblables. Sur le dessus de ce dernier, il en existe de 
même forme, mais qui parfois sont relevées d’une légère carène. 

Ce sont des écailles rhomboïdales qui revêtent le dessus et le des- 
sous des membres. 

Les pieds de derrière se trouvent élargis par une crête dentelée, 
qui en garnit le hord postérieur, depuis le jarret jusque vers le * 
milieu du petit doigt. On en remarque une semblable à chaque 
bras. 

Des scutelles carrées et lisses, disposées par bandes transver- 
sales, se voient sur la partie inférieure du corps. Les trois ou 
quatre, qui se trouvent en avant de la poitrine , sont légèrement 
arquées. Pendant le jeune âge, il n'existe aucune écaille du corps 
qui ne soit percée d’un pore sur son bord postérieur. Ces pores 
se ferment à mesure que l'animal vieillit; mais néanmoins 1] en 
reste toujours d’ouverts sous la gorge et sous le ventre. 

Cocorarion. Le fond de la couleur du Crocodile à deux arêtes 


DU SAURIENS ASPIDIO*ES. G. CROCODILE. 6. 119 


est d'un vert tirant plus où moins sur le jaune. En dessus il est 
semé de taches noires, ovales, assez espacées sur les membres, 
se confondant entre elles sur le dos ; mais de maniere cependant 
à ne jamais cacher les carènes de cette partie du corps. 

Druensrons. Nous possédons cette espèce dans tous ses âges. 
Outre plusieurs squelettes , dont un a dix-sept pieds de longueur, 
nos collections renferment seize individus empaillés ou conservés 
dansl'eau-de-vie. Les dimensions suivantessont celles du plus grand. 

Loncueur ToTaLe. 4 33”. Téle. Long. 61°; haut. 20” 5°”; large. 
ant. 16”, post. 34”.(Cou.Long. 49”.Corps. Long. 1’30”;haut.35"5"”; 
larg. 48”. Memb. ant, Long. 61”. Memb. post. Long. 74”. Queue. 
Long. 199. 

Jeuxe ace. Nos jeunes sujets, conservés dans l'alcool, sont d'une 
teinte roussâtre en dessous, parsemée irrégulierement de taches 
quadrangulaires noires. 

Parrre Er mœurs. Cette espèce est la plus répandue dans les Indes 
orientales. M. Leschenault nous l’a envoyée de Pondichéry ; elle 
a été rapportée de Batavia par M. Reynaud, des Seychelles et de 
Timor par Péron. Mais la plupart de nos individus ont été pris 
dans le Gange. On en doit à MM. Diard et Duvaucel, au Capitaine 
Houssard, à M. Dussumier et à M. Wallich. Le plus grand de 
tous nos individus empaillés existe depuis long-temps au Muséum , 
sans que l’on sache aujourd'hui quelle est son origine. On en a 
aussi des squelettes venus de l’île de Java. Parmi nos exemplaires 
se trouve celui, à moitié sorti de l'œuf, qui a servi de modele à 
la figure d’une des planches de Séba. Il provient du cabinet du 
stathouder. 

Observations. Cette espèce est une de celles dont les caractères 
sont les moins difficiles à saisir, en ce qu'ils se retrouvent, à très 
peu de chose pres , exactement les mêmes dans tous les individus. 


6, LE CROCODILE À MUSEAU EFFILÉ. Crocodilus acutus. 
Geoffroy. 


Caracrères. Museau effilé ; chanfrein bombé :; carènes dorsales 
des rangs externes disposées assez irréguliérement, et plus élevées 
que celles des deux rangs du milieu. 

Sexonrme. Crocodile d'Amérique. Plamier. Manuscer. 

Crocodile d'Amérique. Gautier, Obs. sur Fhist. nat., la phys. et 
les arts, xv° part. pag. 131 et suiv. 


120 LÉZARDS CROCODILIENS 


Crocodilus A mericanus amphibius. Séba, tom. 1°, pag. 67, 
tab. 106, fig. 1. 


Crocodilus Curassavicus. Séba, t. 1,p. 162-165, tab. 104, fig.1à q 
et 12. 

Le Fouette-Queue. Lacépède, Hist. Quad. ovip. tom. 1°, p. 240. 

Le Fouette-Queue.Bonnaterre, Encyc.méth. Rept. tab. 5, fig. 1. 

Crocodilus Americanus Plumieri. Schneider, Hist. Amph. fase. », 
pag. 167 et suiv. 

Le Crocodile de Saint-Domingue. Geoffroy, Ann. Mus. Hist. 
nat. tom. 2, pag, 65, pl. 57, fig. 1. 

Crocodilus acutus. Cuvier, Ann. Mus. Hist. nat. tom. 10, pag. 55, 
pl. 1%, fig. 5 et r4, et pl. 2, fig. 2. 

Crocodilus acutus. Geoffroy, Ann. Mus. Hist. nat. t. ro, p. 63. 

Le Crocodile de Saint-Domingue. Descourtils, Voy. d'un Nat, 
tom. 3, pag. 11-108, pl. 2-5. 

Crocodilus acutus. Tiedman, Oppel und Libosch. naturg. Am- 
phib. pag. 78, tab. 15. 

Crocodilus acutus. Merrem. Amph. pag. 37, spec. 11. 

Crocodilus acutus. Cuvier, Oss. Foss. tom. 5, part. 2, pag. 5», 
tab ametsielir, et péter 

Crocodilus acutus. Bory de Saint-Vincent, Dict. class. hist. nat. 
tOM. 5, P. 110. 

Crocodilus acutus. Cuvier, Règ. Anim. tom. 2, pag. 23. 

Crocodilus acutus. Gray, Synops. Rept. pag. 60, spec. 8. 

Crocodilus acutus. Griff. anim. Kingd. part. 25, pag. 104. 


DESCRIPTION. 


Formes. Les mâchoires de cette espèce sont plus étroites que 
chez aucune des précédentes ; mais elles le sont moins que 
chez les suivantes. La tête de nos grands individus est une fois 
et un sixième plus longue qu'elle n’est large en arrière. L'éten- 
due de cette partie du corps, à prendre du bord postérieur d'une 
orbite jusqu'a son extrémité, est quatre fois plus grande que 
celle que présente la tablette du crâne. La portion soudée des 
branches du maxillaire fait le sixième de leur longueur totale. 
C'est un triangle isocèle très fermé, que représente le contour ho- 
rizontal de la tête du Crocodile à museau aigu. Les côtés de ce 
triangle, arrondi à son sommet, forment un angle rentrant en 
arriere des cinquièmes dents, puis un angle sortant vers les dixie- 


OU SAURIENS ASPIDIOTES,: G. CROCODILE. 6. I21 


mes, après quoi ils s'infléchissent légèrement en dedans pour se 
cintrer ensuite en dehors. Enfin ils forment de légères ondula- 
tions dans le reste de leur longueur. La mandibule est fortement 
échancrée à droite et à gauche, pour laisser passer les quatrièmes 
dents inférieures, lorsque l'animal ferme la bouche. 

Le quart antérieur de la mâchoire supérieure offre une surface 
plane, les trois autres quarts sont légèrement arqués en travers. 
Ce qui caractérise particulièrement cette espèce, c'est la convexité 
de son chanfrein. Celui-ci présente en effet une protubérance 
oblongue qui occupe le tiers médian de la largeur de la tête, et 
cela depuis les yeux jusque vers les onzième et douzième dents 
supérieures. Chez les jeunes sujets, cette protubérance est à peine 
sensible, ou bien même ne paraît pas; elle n’est réellement ap- 
parente que lorsque l'animal arrive à la mo'tié de la taille qu'il 
devra avoir. 

La table du crâne est plane, et laisse voir ou sentir au travers 
de la peau qui la recouvre les trous dont elle est percée. Ces-trous 
sont ovales pendant le jeune âge, et presque circulaires chez les 
individus d’une certaine dimension ; mais leur diamètre se trouve 
toujours être moindre que celui de la fosse orbitaire. La figure 
de la surface crânienne est celle d'un quadrilatère plus large que 
long. Chez les individus âgés, l'espace interoculaire à la moitié 
de la largeur de l’occiput; chez ceux qui sont jeunes, il n’en a 
que le tiers. Cet intervalle qui existe entre les yeux est longitu- 
dinalement surmonté d’une arèête d'autant plus vive que l'animal 
est plus grand. 

Le dessus de la tête en général, sans être lisse, n’est pas par- 
faitement uni. Derrière le trou nasal, on voit à droite et à gauche 
un renflement longitudinal placé obliquement de dehors en de- 
dans. On remarque également une protubérance au-dessus de la 
dixième ou de la onzième paire de dents d'en haut. La mâchoire 
supérieure est armée de trente-six dents’et l'inférieure de trente. 
Parmi celles d'en haut, les plus fortes et les plus longues sont 
les quatrièmes et les dixièmes ; en bas ce sont les quatrièmes.Les 
dix premières paires aux deux mâchoires sont pointues et un peu 

_arquées; les autres sont droites, simplement coniques etobtnses. 

Une membrane réunit à leur base les quatre premiers doigts 
antérieurs ; le cinquième est tout-à-fait libre, Les pieds de der- 
rière offrent de grandes et larges palmures. La longueur des 
ongles est médiocre. 


122 LÉZARDS CROCODILIENS 


La nuque du Crocodile à museau effilé est, le plus ordinairement, 
armée de quatre écussons carénés , placés à une certaine dis- 
tance les uns des autres , sur une ligne transverse nn peu cintrée ; 
mais il arrive à certains individus de n'avoir cette partie du cou 
muni que de deux écussons. Le plus souvent aussi le bouclier 
cervical est composé de six écussons, disposés absolument de 
la même maniere que chez le Crocodile Vulgaire ; mais quelque- 
fois il sen trouve deux de moins, et ce sont presque tou- 
jours les derniers. Ces plaques carénées qui surmontent la nu- 
que sont ovales à leur base; et celles que supporte le cou, 
triangulaires ou trapézoïdes. Les unes et les autres sont creusées 
d'un grand nombre de trous, qu'on ne voit, il est vrai, que 
lorsque la peau est enlevée. 

On trouve dans le nombre, la forme et la disposition des 
pièces qui composent la cuirasse dorsale dn Crocodile à mu- 
seau effilé, un caractère qui lui est particulier entre tous ses 
congénères. 

Ces pièces ou ces plaques osseuses ne forment que quatre 
rangs longitudinaux ; et celles des deux externes, outre qu'elles 
ne sont pas réguliérement placées à la suite les unes des autres, 
ont une figure carrée, et des carènes beaucoup plus élevées que 
celles des pièces des deux rangées du milieu, dont la base est 
ovale. On remarque, à droite et à gauche de ce bouclier su- 
périeur du corps, une dizaine de plaques semblables à celles 
qui le composent, et disposées en série encore plus irrégulière 
que les externes de ce même bouclier. 

La queue est entourée de trente-cinq anneaux écailleux. La 
crête, profondément dentelée qui la surmonte, n'est divisée que 
jusqu'au dix-septième. Cette crête, augmentant sensiblement de 
hauteur à mesure qu'elle s'éloigne du corps, se trouve être deux 
fois plus élevée à son extrémité qu'à sa naissance. Les écailles qui 
garnissent le dessus de la queue n'offrent plus de carènes mé- 
dianes en arrière des huitièmes ou neuvièmes. 

Des écailles en losanges, plutôt bosselées que carénées, revé- 
tent la partie supérieure des membres ; il y en a de même forme 
sous leur région inférieure, mais elles sont plates et lisses. Les 
plaques squammeuses du dessous du corps sont rectangulaires, 
et percées chacune d’un pore , même chez les grands sujets. 

Cocorarion. Deux teintes, l'une brune l’autre jaunâtre , sont 
répandues sur le dessus du corps. Tantôt c’est la premiére qui sert 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. 6. 123 


de fond à la seconde, qui s y montre sous forme de raies en zig- 
zags ; tantôt c'est la teinte jaunâtre qui paraît être semée de ta- 
ches brunes , se confondant parfois entre elles. Les parties infé- 
rieures de l'animal sont jaunes. La tête offre à peu près la même 
couleur , mais elle est grivelée de noir. 

Dimensions. Suivant M. Descourtils, cette espèce, qui n’a que 
vingt-quatre ou vingt-cinq centiméetres en sortant de l'œuf, par- 
vient à plus de cinq mètres de longueur. 

Nous n’en avons pas encore vu d'individu plus grand que ce- 
lui dont nous donnons ici les dimensions des principales parties 
du corps. 

LoncuEur TOTALE , 2 90. ZTéte. Long. 58”; haut. 12”; larg. 
antér. 6”, postér. 18”. Cou. Long. 31°. Corps. Long. 73”. Memb. 
antér. Long. 40. Memb. postér. Long. 49. Queue. Long. 1’ 28”, 

Parrie er mœurs. Le Crocodile à museau effilé ne-se trouve pas 
seulement à Saint-Domingue , il habite aussi la Martinique et la 
partie septentrionale de l'Amérique du Sud ; car M. Plée nousena 
envoyé un jeune de cette derniére île, et tout récemment M. Adol- 
phe Barrot, qui était consul à Carthagene , en a rapporté un 
autre jeune sujet, dont il à fait présent au Muséum. Il paraît 
cependant que le Crocodile à museau effilé est moins répandu 
dans ce pays et à la Martinique qu'a Saint-Domingue. C'est de 
cette ile en particulier que M. Alexandre Ricord en a fait 
parvenir à notre établissement une suite de onze ou douze 
beaux echantillons de différents âges. Nous en possédions déjà 
cinq, dont deux proviennent du cabinet du stathouder ; le troi- 
sième a été rapporté par le général Rochambeau , lors de l’ex- 
pédition contre Saint-Domingue ; le quatrième laisse beaucoup 
de, doute sur son origine , et le cinquième est un des débris 
de l’ancienne collection de l'Académie des Sciences : c’est un 
individu mutilé que M. Cuvier, à cause de l’anomalie qu'il pré- 
sente dans le nombre de ses plaques de la nuque et du cou , a con- 
sidéré à tort comme appartenant à une autre espèce, qu'il a 
nommée Biscutatus. 

On sait par M. Descourtils que la femelle du Crocodile à museau 
effilé fait sa ponte en mars, avril et mai, et que les petits éclosent 
au bout d'un mois. Le même voyageur rapporte qu'elle creuse 
avec les pattes et le museau un trou circulaire dans le sable, sur 
un tertre peu élevé, où elle dépose vingt-huit œufs humectés 
d'une liqueur visqueuse, rangés en couches séparées par un peu 


124 LÉZARDS CROCODIHENS 


de terre. Elie conduit ses petits, les défend et les nourrit pendant 
trois mois en leur dégorgeant la pâture. 11 dit aussi que les femelles 
sont plus nombreuses que les mâles, et que ceux-ci se battent 
avec acharnement lorsque vient l’époque de l'accouplement, qui 
a lieu dans l’eau. À 

Observations. L'inscription sur les registres de la science du 
Crocodilus acutus, comme espèce reconnue distincte, date de 1803, 
époque à laquelle M. Geoffroy, dans le tome 10 des Annales du 
Muséum d'histoire naturelle, en publia la description comparati- 
vement” avec celle du Crocodile Vulgaire, le seul qu'on connüût 
alors. Mais le Crocodile à museau effilé avait déjà été étudié. Un 
savant naturaliste, le père Plumier, avait fait sur elle des obser- 
vations curieuses qui sont demeurées manuscrites, à l'exception de 
ce qu'en ont publié, chacun séparément, Schneider et Gautier (1). 
Les manuscrits de Plumier renferment enoutre un excellent dessin 
de ce Crocodile, qui se trouve aussi représenté plusieurs fois dans 
l'ouvrage de Séba. En effet, il n'est pas douteux que tous les 
jeunes Crocodiles de la planche 104 de son premier volume, de- 
puis le n° r jusqu'au n°9, ainsi que le n° r2, appartiennent à 
l'espèce dont il est question ici. il existe d’ailleurs dans notre 
collection deux individus venus du cabinet du stathouder, que 
nous avons reconnus être des modeles de ces figures. 

Nous pensons également avec M. Cuvier, que la gravure n° r 
de la planche 106 du tome 1 de ce même ouvrage de Séba est 
un portrait du Crocodile à museau effilé, peu exact, il est vrai, 
mais néanmoins reconnaissable pour ceux qui se sont particu- 
liérement appliqués à distinguer les espèces de Crocodiliens. 
L'auteur de ce dessin a non-seulement mal représenté les plaques 
du dessus du corps qui paraissent imbriquées ; mais il a aussi 
augmenté de beaucoup le nombre des dents, et fait aux pieds 
de derrière un doigt de plus que n’en a aucun Saurien de la fa- 
mille des Aspidiotes. C'est ce qui a induit M. Lacepède en erreur. 
Ce naturaliste, jugeant que l'animal représenté par cette figure 
ne devait pas être un Crocodile, mais un Saurien semblable au 
Lacerta Caudiverbera de Linné, qui appartient au contraire à la 
famille des Geckotiens, l'inscrivit sous le nom de Fouette-Queue, à 
la suite de ses Crocodiles. 


2 = 


(1) Voyez page 58 du présent volume , et pag. 664 et 671 du 
2° youme. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. G. 120 


Le soin que nous avons mis à étudier le Crocodile à mnseau 
effilé, sous le rapport des différences individuelles qu'il présente 
dans quelques-uns des détails de son organisation extérieure, 
nous a pleinement convaincus que M. Cuvier a fait un double em- 
ploi de cette espèce, en établissant celle du Crocodile à deux 
boucliers. Car, en quoi trouve-t-il que ce dernier diffère du 
Crocodilus acutus ? En ce que les mâchoires sont un pen moins 
effilées, en ce qu'il a deux plaques'de moins sur la nuque et 
quatre sur le cou. Mais, parmi les individus incontestablement 
de la même espèce qui nous ont été envoyés de Saint-Domingue 
par M. Ricord, il yen a plusieurs qui, quant au nombre des 
écussons de cette partie du corps, forment le passage du Cro- 
codilus biscutatus au Crocodilus acutus, ayant quatre plaques ca- 
rénées derrière l'occiput et six sur le milieu du cou. Ainsi, il en 
existe un auquel il ne manque que deux carènes nuchales, un 
autre qui est privé de la dernière rangée des cervicales, et un 
troisième qui n'a plus que deux écussons nuchaux et quatre cer- 
vicaux. Nous pourrions même, à la rigueur, contester que l’un 
des deux individus sur lesquels M. Cuvier a établi son espèce, le 
seul malheureusement que nous ayons retrouvé dans la collec- 
tion , ait sur le cou un moindre nombre de plaques que ce der- 
nier, attendu que chacune des deux qu'on y voit offre une légére 
suture qui laisse croire qu'elles sont intimement soudées l'une 
avec l'autre. Alors la seule diflérence spécifique qui resterait entre 
ces deux Crocodiles ne consisterait plus qu'en un peu moins d'é- 
troitesse dans les mâchoires du Crocodile à deux boucliers que 
dans celles du Crocodile à museau effilé ; mais on sait, quand il 
n'existe point d'autres caractères, combien pen on doit attacher 
d'importance à celui-ci, tant il est variable chez les individus des 
espèces de Crocodiliens en général. 

Quant au systeme de coloration de son Crocodile à deux bou- 
cliers, M. Cuvier observe avec raison qu'il est d’un brun plus 
foncé que celui du Crocodile Vulgaire ; mais nous pouvons assurer 
que, parmi nos individus empaillés du Crocodile à museau aigu, 
il en est plusieurs chez lesquels il l’est pour le moins autant. 

De tout ceci il résulte bien évidemment qu'on ne doit plus SOUp- 
conner le Crocodile à deux boucliers d'appartenir à l'espèce dont 
Adanson a fait mention sous le nom de Crocodile noir. Celui-ci 
doit être nécessairement recherché parmi les espèces africaines. 
Nous dirons, à l'article du Crocodile à nuque cuirassée, les motifs 


i26 LÉZARDS CROCODILIENS 


qui nous font présumer que c’est plutôt lui qu'on doit considérer 
comme tel. 


7. LE CROCODILE A NUQUE CUIRASSÉE. Crocodilus cata- 
phractus. Cuvier. 


CaracrÈres. Mâchoires allongées, aplaties. Quatre ou cinq paires 
d'écussons cervicaux, formant une bande RES contiguë 
à la cuirasse du dos. 

SyNonymiE. Crocodilus cataphractus. Cuvier, Ossem. Foss. tom. 5, 
part. 2, pag. 58, pl. s, fig. 1-2. 

Crocodilus cataphractus. Gray, Synops. Rept. part: r, pag. 5g. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce a le museau encore plus allongé que la 
précédente. La largeur de sa tête pourrait être contenue deux 
fois et demie dans sa longueur. Sur sa surface on ne voit ni 
protubérances ni arêtes. La tablette dn crâne est carrée; l’espace 
interoculaire forme la gouttiere. L'extrémité du museau est ar- 
rondie, étroite et un peu bombée. En arrière des narines, les 
mâchoires sont fortement aplaties dans toute leur longueur. Les 
côtés en sont sensiblement arqués en dehors, entre les cinquièmes 
et les onzièmes dents de la mandibule. Les échancrures qui ser- 
vent de passage aux quatrièmes d'en bas sont assez profondes. 
Au-dessus de chacune d'elles on remarque un petit renflement 
longitudinal et obliquement placé. Les branches du maxillaire se 
tiennent ensemble dans le premier quart de leur longueur totale. 

Nous trouvons dix dents de chaque côté à la mâchoire supé- 
rieure d’un jeune sujet de notre collection, le seul que nous 
possédions de cette espèce. M. Cuvier n'en a compté que dix-sept 
à un individu conservé dans le Musée du collége des chirurgiens 
de Londres. Mais l’un et l’autre en ont trente en tout à la mâ- 
choire inférieure. En haut, les premières sont les plus petites; 
les secondes, les troisièmes et les neuvièmes les plus longues. En 
bas, on ne compte de fortes que les premieres, les quatrièmes 
et les dixièmes. 

Les cinq doigts des pattes de devant sont complétement libres. 
Le pouce, aux pieds de derrière, l'est également; mais les trois 
autres doigts sont réunis par une membrane qui néanmoins est 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. 7: 127 


un peu plus courte entre les deux du milieu qu'entre le premier 
et le second externes. 

Le bord postérieur du bras et celui de la jambe portent chacun 
une crête dentelée, composée de onze ou douze écailles pour le 
premier, et de sept ou huit pour le second. 

11 paraîtrait que le nombre des écailles de la nuque ne serait 
pas exactement le même chez tous les individus. Le nôtre nous 
en offre d'abord deux petites, ovales et fort écartées; puis der- 
rière, deux autres de même forme, plus grosses et moins espacées. 
Le dessin que M. Cuvier, dans les Ossemens Fossiles, donne de 
l'exemplaire du Musée des chirurgiens, nous montre qu'il a en 
avant deux plaques nuchales de moyenne grosseur, placées de 
chaque côté du cou; et derrière celle-ci quatre autres isolées, 
plus petites, formant une rangée transverse curviligne. 

L'armure cervicale de cette espèce ressemble à celle des Caï- 
ans, en ce qu'elle forme comme la leur une bande longitudi- 
nale qui est contiguë avec les écussons dorsaux. Elle se compose 
de quatre ou cinq paires de plaques, dont les premières ont en lar- 
geur le double des autres. Toutes sont surmontées d'une carène, 
et rectangulaires dans leur forme. 

Suivant M. Cuvier, l'individu de cette espèce conservé, dans 
le Musée des chirurgiens de Londres, aurait toutes les bandes de 
son bouclier dorsal composées chacune de six plaques, à l'excep- 
tion des deux premieres, qui ne le seraient que de quatre. Notre 
exemplaire a dix-huit rangs d'écussons sur le dos, les deux pre- 
miers et les douze derniers à quatre, et les six autres à six. Les 
deux du milieu de chäque rang sont carrés, plus grands, et à 
carènes plus basses que les latéraux , dont l'étendue est moindre 
én travers qu'en long. Sur les flancs, sont jetées irrégulièérement 
une douzaine d'écailles carénées et ovales, qui sont entremélées 
d'un grand nombre de petits tubercules semblables à ceux que 
l'on voitsur le dessus et les côtes du cou. Trente-cinq anneaux 
écailleux entourent la queue, qui à sa naissance est surmontée 
de quatre carènes, deux latérales et deux médianes. Celles-ci 
finissent au dix-septième cercle, mais celles-là, en augmentant 
toujours de hauteur, gagnent le dix-huitième, où elles ne for- 
ment plus jusqu'au bout qu'un rang simple, mais élevé. La por- 
tion double et la portion simple de cette crête sont profondément 
dentelées. 

Des écailles en losange recouvrent le dessus et le dessous des 


128 LÉZARDS CROCODILIENS 


membres : les supérieures sont carénées, et les inférieures lisses et 
d'un plus petit diamètre. Le devant de la cuisse offre une rangée 
de grandes scuteiles carrées. II en existe de semblables sous l’ab- 
domer. Celles qui protégent la région inférieure du cou ressem- 
blent à des rectangles. 

Quelques-unes des écailles du ventre sont percées d’un pore. 

Cocorarion. Notre individu, qui bien évidemment est jeune, 
a le dessus de la tête olivâtre, tacheté de brun sur le crâne. Son 
dos et sa queue présentent un brun verdâtre avec de très larges 
taches noires en travers. D’autres taches de la même couleur, mais 
plus petites, se montrent sous le ventre, qui offre ainsi que la 
gorge un blanc jaunâtre. 

Dimensions. Longueur totale, 44”. Téte. Long. 8”. Cou. Long. 3”. 
Corps. Long. 10°. Memb. antér. Long. 7”. Memb. postér, Long. 9”. 
Queue. Long. 23”. 

Patrie. Notre jeune Crocodile à nuque cuirassée a été donné 
au Muséum d'histoire naturelle par M. Sandré de Bordeaux, 
comme ayant été pris dans le grand Galbar, rivière qui coule près 
de Sierra de Leone. 

Nous ignorons quelle est la patrie de l'individu que M. Cuvier a 
observé au collège des chirurgiens de Londres. Mais dans la 
même ville nous en avons vu un troisième un peu plus grand que 
le nôtre, et qu'on nous a dit avoir été envoyé de Fernando-Po, sur 
la côte d'Afrique. Celui-là fait partie de la riche collection ap- 
partenant à la société zoologique de Londres. 

1] n'y aurait rien d'étonnant à ce que cette espece se trouvât 
aussi dans le Sénégal, et que ce ne füt à elle alors qu'il fallût rap- 
porter le Crocodile noir d'Adanson; car elle offre bien évidem- 
ment un des principaux caracteres qu'il assigne à ce dernier, celui 
d'avoir les mâchoires plus longues et plus étroites que celles du 
Crocodile Vert, notre variété D du Crocodile Vulgaire, ou le Cro- 
codilus suchus de M. Geoffroy. 


OÙ SAURIENS ASPIDIOTES. G. CROCODILE. 8. 120 


1. LE CROCODILE DE JOURNU. Crocodilus” Journei. Bory de 
Saint-Vincent. k 


Caracrëres. Mâchoires allongées, subcylindriques ; quatre écus- 
sons sur la nuque ; bouclier cervical composé de six plaques. 

Synonvure. Crocodilus intermedius. Graves, Ann. génér. Sc. 
phys. tom. 2, pag. 348. 

Crocodilus Journei. Bory de Saint-Vincent, Dict. class. d'Hist. 
nat. tom. 9, pag. 111. 

Crocodilus intermedius. Gray, Synops. Rept. part. 1, pag. 59, 


Spec. 7. 


DESCRIPTION. 


Forues. Nous voici arrivés à celle des espèces de Crocodiles 
qui se rapproche le plus des Gavials par l'etroitesse de ses mâ- 
choires. Sa tête est une fois et un tiers plus étendue dans le sens 
longitudinal que dans la ligne transversale la plus grande. Prise 
au nivecu du bord antérieur des orbites, la largeur des mâ- 
choires est égale au quart de la longueur totale de la tête ; à la 
hauteur de la dixième dent, elle n'en fait pas tout-à-fait le 
sixième ; et à l'extrémité du museau, elle en est le huitieme. 

L'espace intcroculaire a deux fois moins de largeur que la ta- 
blette du crâne. La surface de celle-ci a la figure d'un rectangle 
de près de moitié plus large que long. Les branches du maxillaire 
inférieur se tiennent réunies dans le premier quart de leur lon- 
gueur. Outre quelles sont plus étroites que celles des autres Cro- 
codiles, les mächoires du Crocodile de Journu sont aussi moins 
profondément festonnées sur leurs bords et moins étranglées en 
arriere des narines. Si l'on examine leur contour horizontal, on 
voit qu'à leur extrémité antérieure elles forment un demi-cercle, 
etque latéralement elles commencent par suivre une direction rec- 
tiligne jusqu'à la cinquieme dent supérieure, où elles s'infléchis- 
sent fortement en dedans pour former l'échancrure de la qua- 
trième dent d'en bas. Ensuite elles redeviennent rectilignes, poux 
offrir bientôt après un angle excessivement ouvert, dont le som- 
met dirigé en dehors correspond à la dixième dent supérieure. 
Le reste de leur étendue forme de légéres ondulations. Le dessus 
de la mandibule n'offre ni creux ni arêtes. La moitié antérieure 

REPTILES, HT. 9 


130 LÉZARDS CROCODILIENS 


en est presque plane, et la postérieure assez arquée en travers. 
On apercoit sur l'entre-deux des yeux une très faible arête lon- 
gitudinale. 

Les dents du Crocodile de Journu sont bien moins fortes que 
celles du Crocodile à museau effilé. Leur nombre, pour chaque 
côté, est de dix-huit en haut et de quinze en bas. Pourtant l'indi- 
vidu qui sert à notre description en a une de plus au côté gauche 
de la mâchoire inférieure ; c'est une petite dent supplémentaire 
qui a poussé derrière la huitième. Les plus longues de toutes ces 
dents sont les supérieures de la première paire, de la cinquième 
et de la dixième, et les inférieures de la première et de la qua- 
trième. | 

Les doigts, sous le rapport de leur longueur et de la palmure 
qui réunit les postérieurs, ne différent pas de ceux du Croco- 
dile à museau effilé. Les ongles sont forts; les antérieurs sont 
très légèrement courbés, et l'un d'eux, le troisième, est plus 
court que les autres. Les postérieurs sont presque droits, et 
le plus court d'entre eux se trouve aussi être le troisième. 

Sur la nuque, il existe quatre petits écussons ovales, isolés et 
à carènes peu prononcées. Notre exemplaire en offre du côté gau- 
che un cinquième en dehors du premier. 

Le bouclier cervical du Crocodile de Journu ressemble à celui 
de la plupart de ses congénères : six écussons le composent. Ils 
sont placés quatre en carré, et deux l'un à droite, l’autre à gauche 
de ce carré. Les deux latéraux sont petits et de forme ovale; les 
quatre autres grands et trapézoïdaux. Tous six portent une faible 
carène dans le sens de leur longueur. Leur surface est creusée 
de sillons disposés en rayons. 

Seize rangées transversales de six écussons chacune , excepté 
les trois dernières qui n’en offrent que quatre, forment la cui- 
rasse de la partie supérieure du corps. Il régne par conséquent 
dans la plus grande étendue du dos six séries longitudinales de 
carènes, qui toutes sont peu et également élevées. Les plaques 
que surmontent celles de ces carènes qui constituent les deux 
séries médio-longitudinales , sont plus grandes que celles des 
séries latérales. Elles ont la figure de quadrilatères un peu plus 
larges que longs. Les écussons dorsaux des quatre autres rangées 
longitudinales sont ovales. Ceux des trois dernières bandes trans- 
versales ressemblent, pour la forme et la grandeur, à ceux qui 
composent les rangs longitudinaux dont ils sont la continuation. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES, G. CROCODILE. 8. 131 


Les cercles écailleux entourant la queue sont au nombre de 
trente-six. Les dix-huit premiers supportent une crête à double 
rang , laquelle devient simple sur les dix-huit autres. 


Les parties latérales du corps sont revêtues d'écailles ovales, 
parmi lesquelles on en distingue cinq ou six assez grandes, for- 
mant une bande longitudinale sur le haut de chaque flanc. 


Le bord postérieur des bras et des jambes est garni d’une crête 
dentelée. 


Les plaques du plastron sont quadrangulaires , les unes car- 
rées, les autres oblongues. 


Cozorariox. L'exemplaire empaillé que nous avons sous les 
yeux offre en dessus une teinte fauve olivâtre. En dessous, il 
est d'un jaune sale. Les écüssons de la partie supérieure du corps 
laissent voir de petits traits bruns formant des chevrons qui s’em- 
boîtent les uns dans les autres et dont le sommet est dirigé en 
arriére. 


91) 


Dimensions. Longueur totale. 283”. Téte. Long. 45”; larg. an- 
tér. 8”; postér. 20”. Cou. Long. 29° Corps. Long. 73”; haut. 25 : 
larg. 34”. Memb. antér. Long. 37". Memb. poster. Long. 46” 
Queue. Long. 1 37. 


Parrie. On ne sait pas encore de quel pays cette espèce de Cro- 
codile est originaire. 


Observations. 11 faut qu'elle soit fort rare; car jamais elle ne 
s'est trouvée dans aucun des nombreux envois qui ont été faits 
au Muséum. Nous ne sachions même pas qu'il en existe dans les 
cabinets d'Europe un autre individu que celui qui appartient 
au Musée de Bordeaux. Grâces à la complaisance de M. Brun, 
maire de cette ville, qui a bien voulu permettre que ce précieux 
exemplaire nous fût envoyé, nous avons pu en donner une des- 
cription exacte, et nous assurer par nous-mêmes qu'il est d’une 
espèce parfaitement distincte de toutes celles qui précédent. 

On doit à Graves la premiere description qui ait été publiée 
de cette espèce fort remarquable, en ce qu'elle est, pour ainsi 
dire, l'anneau de la chaine qui unit les Crocodiles aux Gavials. 
Tel est probablement le motif pour lequel le nom d’intermédiaire 
lui avait été donné d'abord par le naturaliste qui l’a faitconnaître 
le premier. 


9. 


132 EEZARDS CROCODILIENS 


II: SOUS-GENRE. GAVIAL.— GAJTALIS. Geoffroy. 


Garacrères. Mâchoires très étroites, fort allongées, 
formant une sorte de bec subcylindrique. Quatre 
échancrures à la mandibule, dans lesquelles sont reçues 
les premières et les quatrièmes dents d’en bas. 


Jamais à aucun âge on ne voit la mandibule des Gavials 
percée de trous servant au passage soit de la première, soit 
de la quatrième paire de dents inférieures. Mais elle offre 
constamment quatre grandes échancrures qui remplissent 
absolument le même but. Les Gavials sont d’ailleurs fort 
remarquables à cause de l'étroitesse et de la longueur con- 
sidérables que présente la partie antérieure de leur tête, ou 
les mâchoires. Celles-ci ressemblent à une sorte de bec droit, 
subcylindrique , évasé à son origine et un peu élargi cireu- 
lairement à sa pointe. Ces mächoires ont leurs bords recti- 
lignes et non ondulés comme dans les deux sous - genres 
précédens. Le nombre de dents dont elles sont armées est 
aussi plus grand que chez aucun Caïman ou Crocodile. On 
leur en compte ordinairement de cent dix-huit à cent vingt, 
toutes égales, à l'exception de celles qui composent les cinq 
ou six premières paires, en haut comme en bas. Les trous 
post-orbito-cräniens sont ovales et plus grands que chez les 
Crocodiles , attendu que leur diamètre est approchant le 
même que celui des orbites. C'est une figure triangulaire 
qu'offre l’orifice externe des fosses nasales, ou mieux de ce 
long canal que M. Geoffroy a appelé crânio-respiratoire. 

La membrane qui fer: e cet orifice prend, chez les indivi- 
dus du sexe mâle , un développement considérable. Elle forme 
une grosse masse ovale et cartilagineuse. Cette proéminence 
est une espèce de sac divisé en deux à Fintérieur par une 
cloison , et dont l'ouverture se trouve être en arrière et un 
peu en dessous. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G. GAVIAL, [. 133 


De même que chez les Grocodiles , la paupière contient 
dans son Cpaisseur un rudiment de lame osseuse. Les pieds 
de derrière des Gavials sont conformés de la même manière 
que ceux de la plupart des espèces du sous-sgenre précédent. 
C'est-à-dire qu'il existe de longues et larges palmures entre les 
doists, et que le bord postérieur de la jambe est garni d'une 
crête dentelée. Les plaques cervicales des Gavia!s forment 
une longue bande sur le cou , comme cela se voit dans les 
Caïmans et chez une seule espèce de Crocodile. Les écailles 
de leurs flancs sont plates et ovales. Les carènes qui sur- 
montent les pièces osseuses formant la cuirasse dorsale sont 
basses ; mais la crète de la queue est fort élevée dans la pres- 
que totalité de sa longueur. 

Ici, c’est tout le contraire de ce que lon observe chez les 
Caïmans et les Crocodiies, qui dans leur jeune âge nous 
montrent leur tête plus courte proportionnellement que lors- 
qu'ils sont parvenus à leur entier accroissement. Cette partie 
du corps des Gavials semble perdre au contraire de sa lon- 
gueur à mesure que ces animaux granulissent. 

La plupart des auteurs, entire autres Fitzinger et Mer- 
rem, ayant préféré désigner en latin ce sous-genre par le 
nom de Gavialis proposé par M. Geoffroy, comme la tra- 
duction du mot Gavial introduit d’abord dans notre : 
par M. de Lacépède , plutôt que d'adopter pour un genre 
l'adjectif de Zongirostris, sous lequel ii avait été établi par 
M. Guvier, neussuivrons leur xemple. Wagier, comme il ne 
Va fait que trop souvent, a encore introduit un nouveau nom 
pour ce sous-genre. Ïl lui donne celui de Rhamphostoma, 


voulant indiquer le prolongement de la bouche. en une 
sorte de bec. | 


134 LÉZARDS CROCODILIENS 


1. LE GAVIAL DU GANGE. Gavialis Gangeticus. 
(Voyez pl. 26, fig. 4.) 


CaracrÈkes. Bec très allongé, subcylindrique ; deux écussôons 
nuchaux. 

Synonyme. The narrow beak'd Crocodile of the Ganges. Edw. 
Philos. Transact. tom. 49, part. 2, pag. 639, tab. 10. 

Crocodilus maxillis teretibus subcylindraceis. Gronov. Zooph. 
pâg. 11, n° 40. 

Crocodilus.….… Merck, Hess. Beytr. tom. 2, part. 1, Fascicul. V. 
pag. 75: 

Lacerta Gangetica. Gmel. Syst. Nat. tom. 1, part. 3, pag. 1097. 

Le Gavial. Lacép. Hist. Quad. ovip. tom 1, pag. 285, pl. 19. 

Le Gavial. Bonn. Encyc. méth. pl. 1, fig. 4 et À, B. (Copie 
d'Edw. ) 

Crocodile du Gange où Gavial. Fauj. Saint-Fonds, Hist. mont. 
Saint-Pierre, pag. 239, pl. 46-47, et Petit Crocodile d'Asie. 
Ibidem, pag. 237, pl. 8. 

Crocodilus longirostris. Schneïd. Hist. Amph. fit: secund. 
pag. 160. 

Le Gavial. Latr. Hist. Rept. tom. 1, pag. 208, fig. sans n°. 

Gangetic Crocodile. Shaw. Gener. Zool. tom. 3, p. 197, pl. 6o. 

Crocodilus arctirostris. Daud. Hist. Rept. tom. 2, pag. 393, et 
Crocodilus longirostris. Daud. Jbidem, p. 589. 

Crocodilus longirostris. Cuv. Ann. Mus. Hist. nat. tom. 10, 
pag. 60, pl. 1, fig.2 et 10, ctpl. 2, fig. 11, et Crocodilus tenui- 
rostris. Cuv. Tbidem, pag. 61, pl. 1, fig. r etrr, et pl. 2, fig. 12. 

Crocodilus Gangeticus. Tied. Opp. und Libosch. Naturg. amph. 
pag. 81, tab. 14, et Crocodilus tenuirostris. Ibidem, p. 83, tab. 15. 

Gavialis longirostris. Merr. Amph. pag. 37, et Gavialis tenuiros- 
tris, pag. 38. 

Crocodilus longirostris. Cuv. Oss. foss. tom. 5, part. 2,pag. 60, 
pl. 1, fig. » et ro, et pl. 2, fig. rr, et Crocodilus tenuirostris. Jbid. 
pag. 62, pl. 1, fig. r et 11, et pl. 2, fig. 12. 

Le Grand Gavial. Bory de Saint-Vincent, Dict. class. d'Hist. 
nat. tom. 5, pag. 113, et le Petit Gavial , pag. 114. 

Crocodilus Gangeticus. Geoff. Mém. Mus. d'Hist. nat. tom. 12, 
pag. 118, et Crocodilus tenuirostris. 

Le Gavial du Gange. Cuv. Reg. anim. tom. 2, pag. 19. 

Gavialis tenuirostris. Guér. Icon. Reg. anim. tab. 2, fig. 9. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES, G. GAVIAL. [. 135 


Rkamphostoma tenuirostre. Wagl. Naturl. Syst. amph. pag. 147, 
tab. 8, fig. 5. 

Gavialis Gangeticus, Gray, Sinops. Rept. part. 1, pag. 56. 

The Gavial of the Ganges. Griff, Anim. Kingd. part. 25, pag. 101. 


DESCRIPTION. 


Formes. On peut, jusqu'à un certain point, se fairel'idée de la 
forme de la tête du Gavial, si on se la représente composée de 
deux {parties : l'une antérieure et longue, ayant une forme à peu 
près cylindrique, plus où moins aplatie; l’autre postérieure et 
courte, donnant la figure d’un hexaëdre déprimé, plus élargi en 
arriére qu'en avant. 

Les mâchoires constituent la partie antérieure, ou ce que l’on 
est convenu d'appeler le bec. Ce bec, long, droit, et d'une ex- 
trême étroitesse, n'est pas, à proprement parler, cylindrique. 11 
a quatre pans, et ses angles sont arrondis. Il s'évase à sa base, et 
se termine en avant, de maniere à rappeler, à l’aplatissement 
prés, la conformation du bec de l'oiseau, auquel celle-ci a pré- 
cisément valu le nom de spatule. À quelque endroit de son éten- 
due qu'on le mesure, son diamètre vertical est toujours moindre 
que son diamètre transversal. 

La tête, proprement dite, c'est-a-dire la partie située en arriére 
du bec, est, ainsi que nous l'avons dit, déprimée et plus élargie 
derrière que devant. Les côtés en sont droits et perpendiculaires. 
Le dessus présente une surface quadrilatérale, dont la portion post- 
orbitaire est plane et laisse, sinon voir, au moins percevoir au tra- 
vers de la peau les trous de figure subtriangulaire on ovoïde, dont 
le crâne est percé; l’autre portion est assez inclinée en avant, et 
en grande partie occupée par les yeux, dont l’entre-deux forme 
un peu la gouttiere. 

Chez le Gavial du Gange ce n'est pas, comme chez les Cro- 
codiles, par une pente douce et presque insensible que la man- 
dibule s'éloigne du front, mais en s’abaissant brusquement pour 
suivre presque aussitôt après une direction droite et presque ho- 
rizontalement de niveau avec le bord inférieur de l'orbite. 

À l'extrémité de cette mandibule, on remarque quatre échan- 
crures destinées ani passage des premieres et des quatrièmes dents 
inférieures , lorsque l'animal ferme la bouche. Deux de ces échan- 
crures sont tres profondes, et situées tout-à-fait en avant ; les 


136 LÉZARDS CROCODILIENS 


deux autres ne le sont que médiocrement, et placées, l’une à 
droite l’autre à gauche, en arriere de la région spatuliforme du 
bec, où celui-ci offre en outre un léger étranglement. 

La division en deux branches du maxillaire inférieur ne 
commence que vers la vingt-deuxième ou la vingt-troisieme 
dent; en sorte que la portion simple de cet os est une fois 
plus étendue en longueur que la portion double. { 

C'est surtout chez le Gavial que la tête des jeunes sujets est 
relativement plus longue que celle des individus adultes, comme 
on peut le voir par les observations suivantes. 

Nous l'avons trouvée faisant le sixième de la longueur totale 
du corps, dans un individu long de cinq mêtres et quarante 
centimètres, et quatre fois et demie seulement chez un jeune 
n'en ayant que cinquante. Cette différence étant due à ce quela 
tête prend , à mesure que l'animal grandit, à proportion plus de 
largeur que de longueur , en détermine nécessairement d'autres 
dans certaines des parties qui composent cette tête. 

Ainsi, chez l'individu long de deux mètres et cinquante cen- 
timètres, la portion plane du crâne, laquelle peut étre dite 
rectangulaire , se trouve avoir prés d'une fois plus de largeur que 
de longueur. Les trous ovales qu'on y remarque offrent leur plus 
grand diamètre en travers. L'espace interoculaire est d’un tiers 
plus grand que le diamètre de ces dernières, et les mâchoires, 
mesurées de leur pointe au bord antérieur de la fosse orbitaire, 
sont de moitié plus longues que le reste de la tête. | 

Dans le jeune exemplaire , ayant cinquante centimètres de lon- 
gueur , la région post-orbito-cränienne n'est que d'un cinquième 
plus large que longue ; la grandeur de l'orbite est d'untiers plus 
considérable que l’espace compris entre les yeux. Enfin, à partir 
de ceux-ci, la longueur du bec est environ de trois quarts plus 
grande que celle du crâne , prise du devant des yeux à l'occiput. 

Le nombre des dents qui garnissent les deux mâchoires est 
de cent dix; vingt-neuf de ch:que côté en haut, et vingt-six à 
droite et à gauche en bas. Pourtant on rencontre certains indi- 
vidus auxquels il en manque une ou deux, soit à la mâchoire 
inférieure, soit à 1: mardibule; et tantôt d'un côté seulement, 
tantôt des deux à la fois. 

Les dix premières dents supérieures , parmi lesquelles le deux 
antérieures sont les moins écartées, se trouvent enfoncées dans 
l'os intermazillaire, La plupart des dents de la mandibule sont 


OU SAURIENS ASPIDIOTES. G, GAVIAL. I. 197 


plus longues que leurs correspondantes de la mâchoire inférieure. 
Jusqu'à la dix-neuvième paire ou la vingtième , elles sont un peu 
rejetées en dehors; de sorte que lorsque la bouche est fermée, 
les dents d'en haut passent sur les côtés du maxillaire inférieur, 
et celles d'en bas sur ceux de la mâchoire supérieure. Les six 
dernières paires sont droites ou à peu prés, ce qui fait que les 
pointes des unes correspondent exactement aux intervalles des 
autres. 

De toutes ces dents, celles qui ont le plus de longueur sont les 
premières, les troisièmes et les quatrièmes d'en haut ; et les pre- 
mières, les secondes et les quatrièmes d'en bas. En général, elles 
sont un peu courbées et légèrement comprimées d'avant en ar- 
riere ; elles offrent de plus un petit tranchant à droite et à gauche. 
11 n'y à guére que les huit ou neuf dernières de chaque côté qui 
soient presque coniques. De légères arêtes verticales se montrent 
sur la surface des dents des vieux individus. 

C'est sous la gorge, vers le milieu environ de la longueur des 
branches de l'os maxillaire, que se trouvent situées, l’une à droite, 
l'autre à gauche, les glandes d'où s'exhale l'odeur musquée que 
répandent plus ou moins tous les Crocodiliens. 

L'orifice exterre des narines est situe sur le dessus du bec, à 
peu de distance de son bord terminal. C'est une ouverture semi- 
lunaire , au fond de laquelle on apercuit une lame cartilagineuse 
qui la coupe longitudinalement en deux. Les bords de cette ou- 
verture forment comme deux espèces de lèvres qui, à ce qu'il 
semble, peuvent en se rapprochant l'une de l'autre, la fermer 
hermetiquement. Ces deux lèvres, dont l'antérieure est curviligne 
et la postérieure rectiligne . sont chez les femelles et les jeunes 
suiets très minces et complétement molles, Mais chez les vieux 
males, l'antérieure prend non-seulement une consistance cartila- 
gineuse, mais un developpement tel , que, rejetée qu'elle est en 
arrière, elle atteint jusqu'au niveau des septièmes dents, et 
que ce museau se trouve triplé en épaisseur. Cette poche, ou 
mieux ce sac cartilagineux, à deux loges, considéré en masse, 
présente une forme ovalaire. Il est échancré en arrière, de ma- 
niére à former deux lobes arrondis fort épais. En dessus il offre 
sur la ligne médiane, et en avant, une proéminence cordiforme 
de chaque côté de laquelle on remarque un pli assez profond en 
forme d'S. Ce sac a son ouverture, qui lui.est commune avec les 
narines, situce en dessous. 


138 LÉZARDS CROCODILIENS 


Telle est la physionomie de cette masse cartilagineuse que 
M. Geoffroy nomme bourse nasale, et dont l'usage, suivant l'opi- 
nion de cet illustre savant, serait de faire l'office d’un réservoir à 
air pour les cas où l'animal plonge au fond des eaux (1). 

La patte de devant est à peu près de moitié plus longue que la 
partie du corps comprise entre les membres antérieur et postérieur 
du mêmecôté. Gelle de derrière atteindrait les deux tiers de ce 
même intervalle. Aux pieds antérieurs, comme aux pieds de der- 
riére, c'est le troisieme doigt qui est le plus long. Les trois du 
milieu des pattes de devant sont réunis à leur base par une très 
courte membrane. Les deux autres doigts des mêmes pattes sont 
libres, de même que le premier des pieds postérieurs; mais le 
second, le troisième et le quatrième de ceux-ci sont réunis par 
une membrane épaisse dont le bord libre, entre chacun d'eux, 
est échancré en demi-cerclie. 

Les ongles sont faiblement arqués. 

La nuque supporte deux forts écussons surmontés d’une carène 
plus comprimée derrière que devant. Leur forme est ovale, et 
leur hauteur presque égale à leur largeur. Cette proportion est 
aussi celle de l'espace qu'ils laissent entre eux. 1l arrive quelque- 
fois qu'il existe un petit écusson de chaque côté de ces deux-la. 
C'est le cas , en particulier, de l'un de nos plus grands indivi- 
dus, celui qu'a décrit Lacépède, et que Faujas de Saint-Fonds a : 
fait représenter dans son Histoire de la montagne de Saint-Pierre 
de Maëstreicht. 

Au nombre de quatre paires, les écussons collaires où cervi- 
caux forment une bande longitudinale qui s'étend depuis le 
second tiers de la longueur du cou, jusqu'au bouclier dorsal. 
Les deux premiers sont triangulaires, les six autres quadrilaté- 
raux. Tous les huit portent chacun une carène longitudinale sur 
leur ligne médiane. On voit une grosse écaille carénée à droite 
et à gauche de la derniere paire. 

Le dessus du corps est coupé en travers par dix-huit bandes de 
plaques osseuses à carènes égales, qui par conséquent forment 
quatre séries longitudinales tout le long du dos. Les plaques des 
deux séries latérales sont carrées, et un peu moins grandes que 
celles des médianes, qui offrent bien aussi quatre pans, mais 


(Gt) Voyez Geoffroy Saint-Hilaire, Mémoires du Museum , 
tom.12, p- 97, pl. 3. 


OÙ SAURIENS ASPIDIOTES. G. GAVIAL. I. 139 


dont le diamètre longitudinal est moindre que le transversal. 
Une rangée longitudinale d’autres écussons carénés borde cette 
cuirasse dorsale, à droite et à gauche, dans une partie de sa 
longueur. 

Les flancs, les côtés du cou, et une partie du dessus de celui- 
ei, sont revêtus d'écailles ovales, plates et unies, ayant une gran- 
deur moyenne. | 

La queue est entourée de trente-quatre à quarante cercles écail- 
leux, car le nombre de ces cercles varie suivant les individus. La 
crête dentelée qui la surmonte ne commence à devenir bien sen- 
sible que vers le sixième ou le septième cercle. Sa portion double 
se termine au dix-huitième ou au dix-neuvième. C’est vers la 
moitié de la queue que cette crête a le plus de hauteur, elle est 
d'ailleurs mince et flexible. Les écailles qui garnissent le dessous 
du corps sont quadrilatérales , oblongues , et parfaitement lisses. 
On en compte à peu près soixante rangées transversales, depuis 
le menton jusqu'a l'orifice anal. Ainsi que celles des flancs, elles 
sont toutes percées d'un petit pore sur le milieu de leur bord pos- 
térieur. 

En dessus, les membres sont garnis d’écailles rhomboïdales. 
Les antérieurs, sur leur tranchant externe; les postérieurs, de- 
puis le jarret jusqu'au petit doigt, en offrent une rangée for- 
mant une crête dentelée en scie. Les membranes natatoires ont 
leur surface couverte de petites écailles granuleuses. 

Gororarion. Le fond de la couleur des parties supérieures du 
Gavial est d'un vert-d'eau foncé, sur lequel se trouvent répan- 
dues de nombreuses taches oblongues , irrégulières et brunes, qui 
rendent ces parties comme jaspées. Chez les jeunes sujets, le dos 
et les membres offrent des bandes noires en travers. La région in- 
férieure du corps est colorée en jaune très pâle ou même blan- 
châtre. Les mâchoires sont piquetées de brun ; les ongles offrent 
une couleur de corne claire. 

Dimensions. Le Gavial du Gange est un des plus grands Sau- 
riens que l'on connaisse à l'état vivant. Nous donnons plus bas 
les dimensions d'un individu de 5’ 40”. C'est un mâle qui a été en- 
voyé du Bengale au Muséum, par M. Alfred Duvaucel. Nous pos- 
sédons encore une femelle d’une taille un peu moindre, et sept 

autres individus empaillés ou conservés dans l’eau-de-vie ayant 
depuis 50” jusqu'à trois mètre; de long. 

LoncuEur TOTALE 5’ 40”. Tête. Long. 92” ; haut. 20”; larg. 25” 5°”. 


140 LÉZARDS CROCOPILIENS 


Longueur du museau, depuis son extrémité jusqu’au bord de l'œil, 
62”. Cou. Long. 45”. Corps. Long. 153”. Memb. antér. Long. 
75”. Memb. postér. Long. 56. Queue. Long. 2’ 50”. 

Patrie Er mœurs. 1l est probable que le Gange n'est pas le seul 
fleuve de l'Inde dans lequel vive le Gavial, quoiqu'on le désigne 
sous ce nom : cependant nous n'avons pas encore recu d'in- 
dividus qui aient été pêché ailleurs. La belle suite de ceux que 
nous possédons est due en grande partie aux soins de deux des 
plus zélés voyageurs naturalistes du Muséum , MM. Diard et Du- 
vaucel, et à la générosité de M. Wallich, directeur duj ardin de 
la compagnie des Indes à Calcutta, qui a envoyé à M. Cuvier 
plusieurs têtes de ce grand Saurien, un squelette, et quelques 
jeunes individus conservés dans l'alcool. Cette suite se trouve com- 
plétée par un grand exemplaire femelle, et un jeune sujet d'un 
peu plus de quatre-vingts centimètres de long, qui ont été, ily 
a long-temps , envoyés de l'inde à notre établissement. 

Observations. Ces deux individus sont ceux, en particulier, 
dont il est question dans l'Histoire des Quadrupèdes ovipares de 
Lacépède, à l'article Gavial, et ceux aussi d'après lesquels ont 
été faites les figures que Faujas de Saint-Fonds a publiées sous les 
noms de Crocodile du Gange où Gavial, et de petit Crocodile 
d'Asie, dans son histoire de la montagne de Saint-Pierre 

Avant cela , le peintre anglais Edwards, avait déja publié dans 
les Philosophical transacrions of London, la description et la fi- 
gure d'un jeune Gavial, à l'abdomen duquel pendait encore le 
sac ombilical : sac que cet auteur indiqua comme étant le carac- 
tère spécifique dn Saurien qu'il faisait connaître. Gronovius, 
Merck et Beschtein en ont aussi chacun séparément décrit un au- 
tre individu : celui de Gronovius, à ce qu'il paraît, était sembla- 
ble à la figure d'Edwards dont il loue l'exactitude, tandis que 
Merck dit que le sien n° y ressemblait nullement. Cela vient très- 
probablement de ce que l'individu observé par ce dernier auteur 
était plus avancé en âge. On sait, en effet, par ce que nous avons 
dit plus haut, queles jeunes Gavials différent sensiblement des 
adultes sous le rapport des proportions , et même de la forme de 
certaines parties de leur tête. 

Ce sont ces différences, en particulier, qui avaient d'abord 
fait croire à M. Cuvier, qu'il existait une grande et une petite 
espéce de Gavial; mais plus tard ayant été à même d'observer 
une suite plusnombreuse d'exemplaires ,il reconnut que l'une 
n'était que le jeune âge de l’autre. 


QU SAURIENS ASPIDIOTES FOSSILES. 141 


6 VI. DES CROGODILIENS FOSSILES ET DES DÉBRIS OSSEUX 
QUI ONT APPARTENU A DES GENRES VOISINS DONT LES 


ESPÈCES NE SE TROUVENT PLUS VIVANTES AUJOURD'HUI. 


M. Cuvier a fait un travail spécial sur ce sujet, et 
il a excité ainsi le zèle et les recherches de savans 
naturalistes et des géologistes. Nous ne pouvons mieux 
faire que de lui emprunter les principales observa- 
tions que nous allons réunir. Ces débris, ou les gran- 
des portions du squelette que l'anatomie comparée a 
démontré provenir de véritables Crocodiliens, ont été 
trouvés dans des terrains de formation secondaire, 
souvent avec plusieurs autres portions d'animaux ou 
de végétaux ; mais toujours fort anciens et différens 
de ceux qui existent aujourd’hui. 

Quoique dès 1750 les Mémoires de l’Académie de 
Berlin aient indiqué la découverte d'un squelette de 
Crocodile dans les schistes cuivreux de Thuringe (1), 
Cuvier regarde ces morceaux, qui ont été également dé- 
crits et fisurés par Lixck (2), comme ayant appartenu 
à d’autres très grands Sauriens, mais plus voisins des 
Monitors ou Varans, et SruxeLy (3), qui a décrit l’em- 
preinte d'un prétendu Crocodile trouvé dans une 
pierre argileuse du comté de Nottingham, s’est aussi 
trompé, suivant M. Conysrare (4). Il paraît que c’est 


(1) SPENER (Christ. Maxim. ) Disquisitio de Crocodilo in lapide 
scissili expresso. Miscellan. Berol., t. 1, p. 99-120 , pl. 24 et 25, 
1710. 

(2) Lincr ( Johan. Henr. ) Æpistola ad Joann. Wodwardt. Lipsiæ. 
Acta eruditorur , p. 188, pl. 2, 1718 

(3) Transact. philosoph., 1718 , 30e vol., p. 963. 

(4) Transactions of the Geological Society of London, 1821- 
1923. 


149 LÉZARDS CROCODILIENS 


Wazcx (5) et ensuite Cozxini (6) qui ont reconnu, 
dans une pierre calcaire d’Altorf en Bavière, l’exis- 
tence de Gavials fossiles. 

Depuis la publication, en 1810, de la 1"° édition 
des Ossemens Fossiles, par Cuvier , un grand nombre 
de mémoires, qui avaient pour sujet les Crocodiles, 
ont été imprimés successivement, et indiqués dans la 
2° partie du 5° volume, imprimé en 1824. Les princi- 
paux sont les suivans, que nous préspnions ici en 
notes(7). Il distingue, comme espèces voisines des 
Gavials, les trois suivantes : 

1° Clos des schistes calcaires de Monlies en 
Franconie, décrit d’abord par Soemmering , c sie le 
Crocodilus priscus.Ilest ainsi caractérisé: bec allongé, 
cylindrique ; à dents inférieures alternativement plus 
longues; à cuisses du double de la longueur des jam- 
bes. Cet individu avait deux pieds onze pouces sept 
lignes de longueur, ou 0,965 millimètres; sa tête 
0,171, et sa queue 0,483. Cuvier regarde comme ayant 
appartenu à une espèce très voisine Îles débris d'un 


(5) Naturforscher , 1976, 9° cah. p.279, qui le premier a re- 
connu et figuré, pl. 4, fig. 8, le museau d’un Gavial. 

(6) 1784. Mémoires de l’Académie palatine , t. 5, pl. 3. 

(7) Sorumerine. Mém. de l'Académie de Munich, qui a donné 
la description et la figure d’un Gavial fossile, copiée et réduite 
par Cuvier, t. 5, 2€ partie, pl. 5, fig. tre. 

1917. Dodo de Caen, Aénales des Sciences physiques, t. 5, 
p. 160. Copié par Cuvier, pl. 8, dans tous ses détails. 

— Desmaresr ( Anthelme ). Nouveau Dictionnaire des sciences 
naturelles, t. 8. Nouv. édit. 

1822. Mawrez. (Gédéon). The Fossils of the South Downs or 
Illustration of the Geology of Sussex , in-4°. Londres. 

1824. Harcan (Richard). Journal of natur. Hist. of Philadel- 
phy. july. 

1827. Snorriezn ( W.). New Montly Magazine , pag. 315. 

1831. Geoffroy Saint-Hilaire. Mémoires de l'Institut, Académie 
des sciences. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES FOSSILES. 143 


autre Crocodile, trouvés dans les carrières de Boll en 
Wurtembers , et conservés dans le cabinet de Dresde. 
Ils sont représentés sous le n° 19 de la planche citée 
en note. 

20 La seconde espèce de Gavial fossile, provenant 

des carrières des environs de Caen, a été d’abord dé- 
crite par Lamouroux. Cuvier en a donné des figu- 
res. M. Geoffroy l’a considérée comme formant le type 
d’un genre distinct, auquel il a donné le nom de Ti- 
LÉOSAURE ; il l'avait caractérisé d’abord par ses trous 
orbitaires latéraux, et ensuite, en 1831, dans les mé- 
moires de l’Institut , il a insisté sur la forme particu- 
lière des écailles, qui étaient en effet placées en recou- 
yrement sur le dos, de manière à simuler celles des 
poissons ou des phatagins. Ces écailles du dos n'avaient 
pas de crête longitudinale, mais deux grands tiers de 
leur superficie offraient de petits enfoncemens arron- 
dis. On a présumé en outre que les pattes étaient en 
nageoires , et à doigts confondus et sans ongles; ce qui 
n'a pu être vérifié jusqu'ici. Cuvier rapporte à cette 
même espèce les ossemens trouvés dans le calcaire 
compacte du Jura, dont il a fait figurer plusieurs os 
sur la planche VI de ses Crocodiles fossiles. 

3° Une troisième espèce de Gavial est celle trouvée 
dans les falaises de Honfleur et du Havre ; on peut 
même croire quil s’y trouve deux espèces distinctes , 
dont l’une avait le museau plus court. Cuvier rap- 
porte, à cette même espèce, la tête de Gavial décou- 
verte à Altorf en Franconie, dont nous avons parlé 
plus haut. M. Geoffroy a fait de cette espèce fossile le 
genre Stenosaurus (Mém. du Muséum, tom. XII, 
pag. 146), parce que son museau est rasée ct non 
dilaté à son extrémité nasale. 


144 LÉZARDS CROCODILIENS 


Quant aux véritables Crocodiles et Caïmans, Cuvier 
en cite beaucoup de débris trouvés dans la craie ou dans 
les couches variables situées au-dessus ou au-dessous de 
la craie ; dans les plâtrières et les marnières des envi- 
rons de Paris, dans les lignites et les argiles plasti- 
ques, dans les couches de gravier à Castelnaudary, 
dans les sables ferrugineux du comté de Sussex , etc. 

Parmi les débris des Reptiles fossiles, on en a dé- 
couvert qui sont certainement très voisins des Croco- 
diliens, et qu'on a dü rapporter à la même famille ; 
leurs os et leurs écailles sont à peu près analogues ; 
mais ils en diffèrent par la forme de leurs pattes, 
changées en palettes ou en nageoires et parce que leurs 
doigts, à nombreuses articulations aplalies , sont 
confondus el recouverts complétement par une peau 
à comparlimens écailleux, ce qui les à fait nom- 
mer Éretmosaures (lézards nageurs) par Ritgen. 

Fitzinger, en 1826, les avait réunis, comme une fa- 
mille distincte, dans sa seconde tribu, celle des Cuirassés 
(Loricata), sous le nom d’{chthyosauroides, qu'il avait 
partagée en cinq genres. Il supposait que les genres 
Tzuanodon et Saurocéphale avaient les pattes imparfai- 
tes ou en palettes semblables à celles des Ichthyosaures 
et des Plésiosaures; mais Cuvier n’a pas rapproché ces 
animaux, qu'il regarde au contraire comme des espèces 
perdues de grands Sauriens voisins des Monitors ou Va- 
rans , etce sera à la suite de ce groupe que nous les fe- 
rons connaître. D'abord, suivant la formedes dents, qui 
sont crénelées ou en scie dans les /guanodons, tandis 
qu’elles sont simples et coniques chez les autres. Tan- 
tôt elles sont insérées dans un sillon chez les /chthyo- 
saures, tantôt dans de véritables alvéoles chez les Plé- 
siosaures, qui ont le cou très long, et ensuite chez les 


OU SAURIENS ASPIDIOTES FOSSILES. : 40 


Saurocéphales, qui ont cette région fort courte com- 
parativement. Wagler a distribué d’une manière très 
singulière ces différens genres. Il en à laissé quel- 
ques-uns avec ses Amphibies ou Reptiles, tandis qu'il 
a placé lesautres dans la seconde classedes animaux ver- 
tébrés avec les Monotrèmes, sous le nom de Gryphi, 
en nommant Gryphus l'Ichthyosaure, et /alidracon 
le genre Plésiosaure. 


Cuvier a consacré un chapitre particulier aux genres 
Ichthyosaure et Plésiosaure (1). Voici comment il 
commence leur histoire : « Nous voici arrivés à ceux 
» des Reptiles, et peut-être de tous les animaux fos- 
» siles, qui ressemblent le moins à ce que l’on connaît 
» et qui sont le plus faits pour surprendre le natura- 
» liste par des combinaisons de structures, qui, sans 
» aucun doute, paraîtraient incroyables à quiconque 
» ne serait pas à portée de les observer par lui-même, 
» ou à qui il pourrait rester la moindre suspicion sur 
» leur authenticité. Dans le premier genre, un museau 
» de dauphin, des dents de Crocodile, une tête et 
» un sternum de Lézard, des pattes de Gétacés, mais 
» au nombre de quatre; enfin des vertèbres de pois-. 
» sons. Dans le second , avec ces mêmes pattes de Cé- 
» tacés, une tête de Lézard et un long cou semblable 
» au corps d'un serpent. Voici ce que l’Ichthyosaure 
» et le Plésiosaure sont venus nous offrir, après avoir 


» été ensevelis pendant tant de milliers d'années sous 


a 


(1) De Ix8ve, Poisson, et de Sausoc, Lézard, parce que, d’après 
plusieurs analogies observées, on crut reconnaître quelques rapports 
avec les Crocodiles, et d’autres avec les poissons, par la forme des 
vertèbres et la position des narines. Ce qu'indique encore le mot 
mrios Qui signifie voisin , propinquus. dé 


REPTILES , Il. 10 


146 LÉZARDS CROCODILIENS 

» d'énormes amäs de pierres et de marbres ; car c’est 
» aux anciennes couches secondaires qu'ils appär- 
» tiennent, etc. » 


Du genre Ichthyosauré en particulier. 


Ce nom, employé d'abord pat Kœnig, conserva- 
teur au Musée Britannique pour la pärtie minéraloëi- 
que ; a été appliqué aux 6$ trouvés dans lé comté de 
Dorset ; et décrits en 1814 dans les Transättiôns phi- 
losophiques, sous 1é nôm de Protéosaure, par Sir Eve- 
rard Home, ouvrage dans lequel il a consiviié sutces- 
sivement ses recherches et ses découvertes à ce sujet, 
jusqu'en 1830. De sorte que c’est à ce savant, comme 
le reconnaît Cuvier , qu'est dû l'honneur d’avoir pres- 
que entièrement révélé aux naturalistes lé genre ex- 
traordinaire dont nous nous occupons. Cependant 
MM. Conybeare et de la Béche (r) ajoutèrent à ces re= 
cherches plusieurs faits importans , ainsi que le direc- 
teur du cabinet royal de Stuttgard, M. G..-J. Jaeger (2) 
et le docteur Harlan de Philadelphie, qui fit con- 
naître d’autres débris dans le tôme troisième du Jour- 
nal des Sciences naturelles, publié dans cette ville 
en 1895. 

Cuvier à représenté tous les détails des pièces os- 
seuses principales dans trois dé ses planches (38-29 
et 30). Il a voulu aussi en montrer le squeletté en- 
tièrement restitué (planche 32) d’après la figure de 


(19 1821, Transactions of the Geologic Society of London, vol. 1, 
pag. 2, pl. 48, et 1823, t. 9, 1'e série. COS 

(2) 1824, de Ichthyosauri sive Proteo-Sauri Fossilis speciminibus 
in ägro Bollensi in Wurtembergia repertis, in-fol. , 48 pages ayec 
6 planches lithographiées. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES TOSSILES. 147 
M. Conybeare, que plusieurs auteurs ont copiée de- 
puis. Après avoir raconté toutes les observations faites 
jusqu’à lui, il indique qu'elles ont eu lieu principale- 
ment en Angleterre; que la plupart des pièces os- 
seuses étaient renfermées dans ün grès rougé qui gt 
sous la craie d’un terräiü jurassique, däns les comités 
d'Oxford , de Dorset ; dans uh lias où mafbre gris 
bleuätre , marneux et pyriteux ; ; qu'ofi en à trouvé 
quelques débris à Hoïfleur, à Cäén, et dans le dépar- 
tétent de la Nièvre, à Boll dans le 
Altorf en Allemagne, etc., il ajoute : « Que c'était 
» un Reptile à queue médiocre, à long miuseau pointu, 
5 armé de dents aiguës, coniques , Striées, au nombre 
ÿ de trente environ, creusées à lä base, recues dans 
ÿ un sillon commun; que Ses yeux, d’une grosseur 
» énorme , situés latéralement et munis de pièces os- 
ÿ seéuses en anneaux dans l'épaisseur de la sclérotique, 
» pouvaient lui faciliter la vision pendant là nuit , et 
ÿ donnaient à sa tête un aspect extraordinaire ; — qu'il 
» n'avait probablement aucune oreille extérieure ; que 
ÿ la peau passait sur le tympan, sans même S'Y amin- 
ÿ cir, comme dans le Cäméléon , li Salamandre ou le 
» Pipa; — qu’il respirait l'air en nature par des na- 
ÿ riñes ou fentes oblonguës, situées à la base du 
» museau et en avant de l'œil, ét communiquant pat 
un canal avec la gorge ; que c'était de l’air en na- 
ture et non pas l’eau, comme les be qu'aihsi 
il était obligé de revenir souvent à la surface de 
» l'eau : que son tronc était soutenu par quatre-vingts 
à quatre-vingt-dix vertèbres, larges et minces dans 
» leur portion moyenne , à surfaces concaves; — que 
ses pattes antérieures et postérieures, courtes; plates, 
étaient changées en palettes ou en nageoires, com- 

10. 


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A 


145 LÉZARDS CROCODILIENS 

» posées dans la portion la plus large d’un grand 
» nombre d’osselets carrés, disposés par rangées lon- 
» gitudinales, formant six séries correspondantes à des 
» doigts; qu'il y. avait là plus de quatre-vingts pièces 
» disposées à peu près comme celles des nageoires des 
» Cétacés.» Portant plus loin ses conjectures, Cuvier 
avance que ces animaux ne pouvaient pas ramper sur 
le rivage et que s'ils avaient Île malheur d’échouer, ils 
y demeuraient immobiles, comme les Baleines et les 
Dauphins ; — qu'ils vivaient dans la mer où se trou- 
vaient en même temps les Mollusques qui nous ont 
laissé les cornes d'Ammon , etc. 

D’après la forme des dents et d'autres caractères 
tirés de la figure et du volume des os, MM. Conybeare 
et de la Berge (1) ont cru reconnaître quatre espèces 
différentes, auxquelles on en a même ajouté une 
cinquième. On a nommé la première Jchthyosaurus 
communis , la deuxième Z. platyodon, la troisième 
TJ. tenuirostris, la quatrième 7. intermedius , et la 
cinquième /. coniformis. 

La premiére espèce paraît avoir été la plus gigan- 
tesque : ses dents ont la couronne conique, médiocre- 
ment aiguë, légèrement arquée et profondément striée. 
Comme la tête de l’un des individus avait au moins 
deux pieds et demi de longueur, Cuvier présume que 
cet animal avait à peu près neuf pieds. 

La deuxième, ou platyodon, avait des dents à cou- 
ronne comprimée, avec une arête tranchante de chaque 
côté. Décrit et figuré en 1823, dans les Transact. phi- 


(1) Haras, Journal cf natur. Scien. of Philadelphy, t. 3, p. 
331. Analysé dans le Bulletin des sciences naturelles, t. 4, n° 118» 
p. 131. 


OU SAURIENS ASPIDIOTES FÜSSILES. 149 
losoph. Cuvier dit que mademoiselle Anning en à 
découvert , dans le lias de Lyme-Regis et de Boll, un 
squelette qui avait vingt pieds de longueur. 

La troisième, tenuirostris, ou à bec étroit, avait 
le museau plus long, plus mince, et les date plus 
grêles. Sur un Lt uleite de He pieds et demi 
que Guvier a décrit, la tête et la queue avaient cha- 
cune un pied. La nageoire antérieure était longue de 
sept pouces sur trois de large. 

La quatrième, ou l'intermedius, dont le nom a été 
tiré de la taille, présumée être moyenne entre la pre- 
mière et la deuxième, avait les dents plus aiguës et 
moins profondément striées que celles du communis 
et moins grêles que dans le tenurrostris. 

Enfin M. Harlan , ayant trouvé dans une autre por- 
tion de squelette d’ conie issue des dents tout-à-fait 
coniques, en à fait une espèce particulière, à laquelle 
il a donné le nom de coniformis. C'était une por- 
tion de mâchoire inférieure dont le bord supérieur, 
creusé en gouttière, renfermait ces dents. Cette pièce, 
faisant partie du Musée de Philadelphie, provenait 
des environs de Bristol. 


Du genre Plésiosaure en particulier. Hariracon DE 
WAGLER. 


Cette dénomination (1) indique les rapports ou le 
voisinage avec les Lézards; elle a été, comme nous 


(1) De 7Asiov, auprés, in vicino , accola , et de Yaupoc, Lézard, 
t. 5, 1821, 2e partie des Mémoires de la société géologique de 
Londres, pl. 48, dessin de M. Websten. Réduite aux deux tiers 
dans le PHilesophieal Magasine, avril 1826, 6 vol , p. 272, pl 3. 
Copice également sous le. n° 1 de la planche 32 de 1 2e partie du 
tome 5 de l'ouvrage de Cuvier sur les animaux fossiles. 


150 LÉZARDS CROCODILIENS 

l'avons dit, donnée d’abord par M. Conybeare. Ce 
qui frappa de suite dans la structure de ce Reptile, ce 
fut la longueur très démesurée de la région du cou. 
Gette particularité, comme le fait remarquer Cuvier, 
nous représente cet habitant de l’ancien monde comme 
‘être le plus hétéroclite et celui qui parait le mieux 
mériter le nom de monstre; car avec une tête de Lé- 
zard, un cou semblable au corps d’un Serpent, il 
avait des pattes de Cétacés. 

Ses restes fossiles ont été découverts d’abord en 
Angleterre. En 1824, on en rencontra un squelette 
presque complet à Lyme-Regis. Cuvier en a reconnu 
depuis divers fragmens ou pièces osseuses bien carac- 
térisés dans les mêmes terrains de Honfleur et de Caen, 
qui renferment des débris de Crocodiles, animaux 
dont ceux-ci se rapprochent par le mode d’ articulation 
des vertèbres, tandis que les pattes en palettes sont 
analogues à celles des Ichthyosaures. 

D’après les pièces que nous avons vues et les dessins 
de l’ensemble, cet animal , dont le caractère principal 
tiré des pattes en palettes à doigts réunis entre eux 
comme ceux des Cétacés, était d’avoir les dents re- 
cues dans des alvéoles distinctes, et de présenter en 
outre les particularités suivantes, au moins dans l’une 
des espèces. La tête, comparativement à celle des Cro- 
codiles fossiles et des Ichthyosaures , était petite , puis- 
qu’elle n'avait guère que la cinquième partie de la 
longueur du cou, ou la treizième portion de l'étendue 
générale. On comptait au cou trente-cinq vertébres, 
ce qui devait donner à cette partie quelque ressem- 
blance avec le corps des Serpens , ouavec la région cer- 
vicale de quelques oiseaux palmipèdes , et échassiers, 
tels que les cygnes, les flammants , les grues, etc. Le 


OU SAURIENS ASPIDIOTES FOSSILES. 151 


nombre des vertèbres du dos est resté incertain. On 
s'est cependant convaincu qu'il y en avait plus de 
vingt, dont quelques-unes seulement portaient des 
côtes, les unes libres, et cinq au moins formant, Par 
leur réunion ayec des traverses osseuses, une sorte de 
thorax complet , sans pièce sternale intermédiaire ) 
comme dans les Caméléons et quelques autres genres 
de Lézards. On na compté que deux vertèbres au 
bassin et vingt-trois à la queue, ce qui ferait en tout 
quatre-vingt-dix os de l’échine. Les quatre paltes ou 
nageoires étaient supportées par des os en ceinture. 

Celles de devant montrent eu avant deux os coracoï- 
diens, étalés en éventail, et réunis entre eux sur la 
ligne moyenne pour former une sorte de sternum ; 

les omoplates, plus allongées relativement ! à leur lar- 
geur, étaient étroites et unies à une pièce transver- 
sale , impaire, échancrée en avant et solidement arti- 
st aux coracoïdiens. Le bassin est mieux connu; 
il a quelques rapports avec celui des Tortues Cher- 
sites, en ce que les ischions et les pubis sont unis 
. eux par symphyse, en laissant 1 un trou entre eux, 
comme chez les mammifères; l'os ilion était étroit, 

peu volumineux et uni aux deux vertèbres sacrées. 
Quant à la composition des membres et à leurs formes, 
elles ont les plus grands rapports avec ces mêmes par- 
ties chez les Ichthyosaures. 

Ce sont surtout les dents qui sont remarquables 
par leur implantation par gomphose ou dans de vé- 
ritables alvéoles, et non dans un sillon; elles sont 
grêles, courbées, pointues, cannelées, inégales ; celles 
de la partie antérieure étant plus grosses et plus lon- 
gues que les autres. D’après l'inspection de l’une de 
ces mâchoires, Guvier a pensé qu'elle pouvait pro- 


1 


192 LÉZARDS CGROCODILIENS 
venir d’un individu qui avait neuf mètres au plus. 

On est porté à croire quil existait aussi plusieurs 
espèces de Plésiosaures, d’après la forme des vertèbres 
et de quelques autres parties de leurs squelettes. 

1° Le Dolichodeirus ou à long cou, dont les ver- 
tébres ont le corps aussi plat que les disques qui ser- 
vent de dames à jouer, et dont les surfaces sont à peu 
près planes et non concaves, comme dans les Ichthyo- 
saures (1). 

2° L'espèce qu'on a nommée Aecentior, dont les 
vertèbres quiont été trouvées dans lecomtéde Dorset, 
aKimmeridge, près de Weymouth, sontbeaucoup plus 
courtes d'avant en arrière (2). 

3° Le Carinatus, dont Cuvier n’a vu qu’une ver- 
tèbre cervicale trouvée dans une sorte d’oolithe près 
de Boulogne, ayantune arête longitudinale mousse (3). 

4° et 50 Enfin deux autres espèces nommées, l’une 
Pentagonus, parce que le corps des vertèbres cau- 
dales n’est pas cylindrique, mais à cinq pans résu- 
liers; elle provient de lAuxois, des environs de Sé- 
mur; et une autre du Calvados, chez laquelle cette 
même vertèbre avait le corps triangulaire, d'où elle a 
tiré le nom de Zrigonus. 


(1) Convseare , Transact. Geologic. tom. 5, p. 119, pl. 18, 19, 
21, 22, fig. 1-4. 

Jarcer, Fossil. Rept. Wurtemb. p. 30, pl. 4, fig. 3. 

(2) Cuvrer , Ossem. foss, tom. 5, part. 2, p. 475. 

(3) Ibid, p. 486. 


&AURIENS CHÉLOPODES. 153 


CHAPITRE IV. 


FAMILLE DES CAMÉLÉONIENS OU CHÉLOPODES. 


6 [. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR CETTE FAMILLE. 


Nous n'avons aucune raison bien plausible à donner 
pour nous justifier de l’ordre que nous avons adopté, 
en plaçant au second rang cette famille des Sauriens, 
qui ne comprend que les seules espèces du genre Camé- 
léon. Ge groupe est tellement distinct et circonscrit par 
les singularités de ses formes et de son organisation, 
qu'aucun naturaliste ne seraitaujourd hui tenté de l’in- 
troduire dans une autre section, comme on l'avait fait 
dans les systèmes artificiels. Ces animaux sont d’une 
structure si bizarre et si différente de celle des autres 
Reptiles, qu'il faudrait presque les séparer de tous les 
Sauriens. C'est à peine si l’on observe quelque légère 
analogie entre une espèce de Caméléon et tout autre 
Lézard, soit dans la disposition granuleuse et variable 
des tégumens , soit dans l’arrangement des pièces du 
squelette. En effet, aucun n’a le moindre rapport, ni 
dans la forme et les mouvemens de la langue , ni dans 
la structure et le mode d’articulation des membres, ni 
enfin dans la conformation et les usages de la queue. 
Puisqu’il fallait nécessairement les considérer, les étu- 
dier séparément , nous avons cru bien faire en les pla- 
çant au second rang de l’ordre des Sauriens, dans 
lequel ils se distinguent presque autant que les Croco- 


154 LPZARDS CAMÉLÉONIENS 

diliens, car nous avons vu que ceux-ci doivent étre 
placés immédiatement après l’ordre des Chéloniens. 
Cet arrangement fera que, par la suite , nous n’aurons 
plus à interrompre une sorte de liaison plus naturelle 
qui paraît exister entre les autres familles, dont les 
individus, par une sorte de transition, semblent se 
confondre insensiblement dans les formes et l’organi- 
sation de quelques espèces intermédiaires. 

Nous rappellerons d’abord les caractères essentiels 
qui ont servi à tous les auteurs pour faire ranger 
la famille des Caméléoniens parmi les Lézards : ils 
n'ont pas de carapace comme les Chéloniens , ou les 
côtes et les vertèbres du dos soudées entre elles ; ils ont 
constamment quatre pattes, qui n'existent pas chez 
les Ophidiens : ; enfin leurs doigts sont munis d'ongles 
acérés ; que les Batraciens p’offrent jamais. Ce sont 
donc des Sauriens. 

Voici maintenant les particularités Îles plus notables 
qui les font différer des sept autres familles du même 
PME: ce sont leurs caractères essentiels. 

Cha aperre cylindri ique, ver "miforme , très allon- 
Lis terminée par un tubercule mousse, charnu et 
pisqueux. 

> Les doigts réunis entre eux jusqu” aux ongles ; 
en deux paquets inégaux à chaque patte, trois d'un 
côté et deux de l’autre. 

3° Le corps comprimé , à peau chagrinée, la queue 
conique et prenante. 

Les Caméléoniens constituent une Éareille tout-à- 
fait distincte; car, ainsi que nous l'avons déjà vu 
(tom. IT, pag. 596 et 597 ), ils différent en effet : 

De la ae des CroconimEns , dont la langue est 
adhérente de toutes parts et ne peut sortir de la bou- 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. 155 


che, dont la peau est couverte d’écailles et d’écussons, 
et dont les doigts des pattes postérieures sont unis 
par une membrane. 

Des Grexoriexs, dont le corps est déprimé; la 
langue plate et courte; les doigts distincts , séparés, 
aplatis, élargis , dilatés en tout ou en partie. 

Dans toutes les autres familles la peau est couverte 
d'écailles et non de tubercules chagrinés; mais en 
outre les Caméléoniens différent : 

Des Varawrens, qui ont la langue fourchue, ou pro- 
fondément fendue en longueur à son extrémité libre ; 
les doigts entièrement distincts et séparés; enfin le 
ventre et le dos arrondis , et non en crête tranchante. 

Des Teuantexs, qui ont aussi tous les doigts libres, 
allongés ; la queue très longue et non prenante. 

Des Lacerriens, par les mêmes caractères que ceux 
énoncés ci-dessus ; de plus par la dispasition des pla- 
ques polygones qui recouvrent le crâne et toute la 
tête, ainsi que par la forme carrée des écailles du 
ventre. 

Des Cuarcirens, qui ont la totalité du tronc revêtue 
d'écailles disposées par anneaux verticillés, et qui 
offrent souvent un pli latéral dans la longueur du 
ventre. 

Enfin des Scrxcoïness , dont tout le corps est cou- 
vert d'écailles, placées en recouvrement les unes sur 
les autres, comme celles des poissons, et dont la 
queue est à peine distincte du reste du tronc vers son 
origine. 

Laurenti est le premier Ar (1768) qui ait séparé 
les Caméléons des Lézards pour en former un genre 
distinct; mais c’est Cuvier qui a véritablement indi- 
qué, dans la première édition du Règne animal 


HO: LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 

(1817), que les Caméléons devaient former une famille 
à part, qu'il était même impossible d’intercaler dans 
la série des Reptiles du même ordre. Merrem (1820), 
tout en faisant une cinquième et derrière tribu des 
Caméléons sous le nom de Prendentia , les rangea, 
d’une manière bien singulière, parmi les Pholidotes 
écailleux , très loin des Lézards et après les Serpens. 
La plupart des auteurs ont aujourd’hui adopté cette sé- 
paration , Fitzinger et Gray les nomment les Caméléo- 
nides. Haworth, Scansoria; Ritgen les Podosaures 
anabènes. Wagler en a fait une sous-tribu des Thé- 
coglosses, sous le nom d'Æcrodontes, à cause de la 
manière dont leurs dents sont placées sur le bord des 
mâchoires. 

Tous les auteurs anciens, Aristote en particulier, 
ont écrit le nom grec de Xzuziléws, dont l’étymologie 
ne pouvait être que petit lion. Les Latins l'ont en 
effet ainsi reproduit Chamæleon ; maïs plusieurs éty- 
mologistes n'étant pas satisfaits sans doute des explica- 
tions données en particulier par Gesner, Panaroli, qui 
avaient bien voulu lui trouver quelque analogie avec le 
Lion et le Lézard , soit à cause des crêtes qui augmen- 
tent le volume de sa tête, comme une crinière; soit 
par la manière dont ce Reptile pouvait, disaient-ils, se 
battre les flancs avec la queue , ont adopté l'explication 
étymologique bien hasardée, selon nous, par Isidore 
de Séville , qui a vu dans ce nom l'assemblage des deux 
substantifs Kzumos et Xwv, Chameau-Lion, en raison 
de la courbure du dos, de la longueur des pattes et 
de la forme conique de la queue. La façon dont nous 
écrivons en français le mot Caméléon, semblerait plus 
d'accord avec cette dérivation, que nous n'osons ce- 
pendant pas adopter, puisque les Grecs l'ont écrit 


OÙ SAURIENS CHÉLOPODES. 157 
d’une toute autre manière, comme nous venons de 
l'indiquer. 

Quoi qu'il en soit de cette étymologie , les natura- 
listes ont tous décrit, sous ce même nom de Camé- 
léon, les espèces de Lézards qu'ils ont successivement 
découvertes et reconnues pourappartenir àcettefamille, 
ou plutôt à ce genre, si différent de tous les autres 
par les caractères naturels, que nous allons rapprocher 
ici, et retracer rapidement pour en faire ressortir en- 
suite toutes les particularités. 

Les Caméléoniens n’ont pas d’écailles ; leur peau est 
rugueuse , tuberculeuse , finement chagrinée par des 
grains saillans , inégaux , mais symétriquement distri- 
bués par petits tas ; leur corps est comprimé de droite 
à gauche, de manière à produire une crête saillante 
du côté du dos et quelquefois du ventre ; leurs qua- 
tre pattes sont grèles, élevées, et, proportionnément 
à celles de tout autre Reptile, beaucoup plus longues; 
elles ont cinq doigts , mais divisés en deux faisceaux, 
réunis jusqu'aux ongles par la peau, deux d’un côté 
et trois de l’autre, disposés cependant en sens inverse 
pour les antérieures et les postérieures. Leur tête, très 
grosse , semble reposer sur les épaules, tant le cou est 
court et développé, confondu avec le tronc; le plus 
souvent elle est garnie de crêtes ; les orbites sont très 
grandes ; mais les yeux sont couverts d’une seule pau- 
pière, qui ne laisse qu’un petit trou dilatable au devant 
de la pupille, chacun de ces yeux se meut isolément 
et indépendamment de celui du côté opposé. Il n’y a 
point de méat auditif externe ou d'oreille apparente ; 
le crâne se prolonge le plus ordinairement sur le cou: 
la bouche est grande, fendue au-delà des yeux; les 
dents sont tranchantes , à trois lobes, formant une 


158 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


seule ligne ou série sur les sommets aigus et minces de 
l’une et l’autre mâchoire. La langue est tout-à-fait sin- 
sulière; dans l’état de repos , lorsqu'elle est contenue 
dans là bouche, elle forme un tubercule charnu , épais 
ét visqueux; mais l'animal, pour saisir les insectes 
qui font sà principale foütriture, peut là lancer rapi= 
dement à une distance au moins égale à celle de là 
longueur de son tronc. On vôit älors que les neuf 
dixièmies de son étendue sont formés par un tube 
charnu, creux et contrattile, à l’aide duquel cette 
langue peut rentrer promptement au dedans avec la 
proie qui a été collée à son extrémité libre, creusée en 
entonnoir. La queue conique est préhensile, suscepti- 
ble de s’entortiller autour des corps, et de servir ainsi 
à la station, à la progression ét surtout à l’action de 
grimper. 

Toutes ces particularités sont liées ä beaucoup 
d’autres circonstances observées dans l’organisation et 
dans les mœurs des Cäméléoniens ; sur lesquelles nous 
nous proposons de donner les détails qu’exige leur 
histoire ; miais nous allons indiquer auparavant les 
légères ressemblañces que l’étude de ces caractères 
naturels semblent établir avec quelques genrés rangés 
dans plusieurs autres familles de Sauriens. 

L'absence des écailles, comme nous l’avons vu (1), 
pourrait établir une sorte d’analôgie avec les Gecko- 
tiens, mais par contraste ceux-ci ônt, pouf la plupart, 
la tête et le corps comprimés, les doigts élargis, très 
distincts ; les yeux grands, à paupières fort courtes ; 
là langue peu extensible et plate. 


(1) Voyez tome 2 du présent ouvrage, tableau synoptique, 
P. 597. 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. I 59 


Il existe à la vérité sur la peau des Varaniens des 
tubercules enchässés, granulés, chagrinés ; mais leur 
surface est cornée ou plus écailleuse , et quoique leur 
langue soit aussi fort protractile, son extrémité libre 
est fendue ou fourchue ; de plus ces Sauriens ont un 
intervalle notable entre la tête etles épaules, et surtout 
leurs doigts sont tout-à-fait différens, puisqu'ils sont 
libres, très allongés et fort inégaux pour la longueur. 

Le corps comprimé se retrouve, il est vrai, chez 
plusieurs Iguaniens, ainsi que le dos courbé et relevé 
en crête tranchante, c’est au moins ce qu'on observe 
dans quelques mes cles. Lophyres, Galéotes; mais 
toutes ces espèces ont des écailles sur la peau, les 
doigts libres et la langue courte , couverte de papilles 
fongueuses. Il faut cependant reconnaître que la tête 
est garnie de crêtes sur les sourcils, et vers la nuque 
dans les Ophryesses, les ne ee , les Lophyres, 
les Basilics dont quelques-uns ont même aussi une 
sorte de casque et le tympan caché; que les côtes 
entourent l'abdomen ; que les poumons sont très 
développés , à lobes subdivisés dans les Polychres et 
les Anolis. Enfin on à dit que la queue était préhensile 
dans üne espèce peut-être mal observée par d'Azzara, 
ét que Merrem à placée dans son genre Pneustes. 

Il resté constant que la forme des pattes des Camé- 
léoniens , et leurs divisions en doigts, offrent un ca- 
ractère ahique dans l’ordre entier des Sauriens: il en 
est de même de la Structure des yeux, de la langue, 
peut-être de lä disposition de la queue, de la forme et 
de l’implantation de leurs dents. 


160 LÉZARDS CAMFÉLÉONTENS 
6 I. ORGANISATION DES CAMÉLÉONIENS. 


Après avoir ainsi exposé les caractères naturels des 
Caméléoniens, par lesquels on les distingue de tous 
les autres Sauriens , nous allons étudier méthodique- 
ment les modifications importantes que ces Reptiles 
semblent avoir subies dans leur organisation plus in- 
time, toutefois après avoir rappelé leurs formes gé- 
nérales pour indiquer ensuite les particularités que 
fera connaître l'examen successif de leurs principales 
fonctions. | 

Déjà nous avons dit que leur conformation générale 
est très bizarre, puisqu'elle tient en même temps de 
celle du Crapaud et du Lézard. Leur tête large, angu- 
leuse, surmontée de crêtes sourcilières et occipitales 
plus ou moins saïllantes, semble implantée sur un cou 
très court et comme portée sur les épaules ; elle n'of- 
fre pas de conduit auditif externe, ni même de tympan 
apparent, et souvent elle présente en arrière un pli 
latéral qui simulerait l’opercule des Poissons. Le tronc 
est généralement comprimé sur les côtés, de manière 
à présenter beaucoup d’étroitesse, comparativement à 
sa hauteur. Les régions de la poitrine et du ventre 
semblent se confondre; car il y a des côtes dans toute 
l'étendue du tronc , et comme la peau en est coriace, 
presque nue, très extensible, et peu adhérente aux 
muscles, comme cela s’observe également dans les Ba- 
traciens anoures , elle peut se gonfler, se boursoufler, 
en admettant de l'air entre cuir et chair, et faire ainsi 
changer subitement l'apparence de la maigreur des 
flancs , qui tantôt sont flasques, plissés, et dont la peau 
est assez lâche pour laisser apercevoir la saillie des apo- 


OÙ SAURIENS CHÉLOPODES. 161 


physes épineuses et transverses des vertèbres dor- 
sales , ainsi que la direction des arcs costaux, et qui 
tantôt au contraire sont tendus, arrondis et comme 
ballonés. L’épine du dos est saillante , en carène, cin- 
trée dans le sens de sa longueur , et souvent dentelée. 
Une pareille saillie ou crête s’étend en dessous , depuis 
la commissure des branches de la mâchoire sous le 
cou, où elle forme une sorte de fanon avec le goitre , 
jusque vers la naissance des pattes postérieures, et cette 
ligne médiane, souvent autrement colorée, est aussi 
quelquefois dentelée. La queue se détache tout à coup 
du tronc; sans être très grosse à la base, elle devient 
conique, en restant arrondie et en diminuant insensi- 
blement. Cependant elle acquiert souvent plus de lon- 
gueur que le tronc lui-même. Les principaux mou- 
vemens qu'elle exécute, dans un but bien évident 
d'utilité, s'opérent en dessous et non en dessus comme 
l'ont cependant représenté beaucoup de dessinateurs. 
Les articulations y sont en grand nombre, souvent 
doubles de celles des vertèbres du reste de l’échine. 
Ce sont surtout les pattes qui présentent la dispo- 
sition la plus insolite; elles sont longues, gréles et 
maigres , arrondies également dans les régions du bras 
et de l’avant-bras. Elles s’articulent vers la partie 
moyenne inférieure du tronc, et elles ne s’en écartent 
pas à angle droit, comme dans la plupart des Reptiles. 
Les Caméléoniens paraissent ainsi dégingandés; c’est 
ce qui donne à leur contenance dans la station et à leur 
démarche une apparence mal assurée, comme s'il s’é- 
tait opéré quelque dislocation dans leurs os. La ma- 
nière dont les pattes proprement dites sont conformées 
est ce qu'il y a de plus extraordinaire. Ces pattes n’ont 
de rapports réels qu'avec celles des Perroquets et de 
REPTILES , II. II 


162 LÉZARDS CAMÉLÉONIERS 


quelques autres oiseaux grimpeurs, puisque leurs 
doigts informes , réunis en deux paquets terminés par 
les ongles, font l'office de véritables pinces, d’où nous 
avons emprunté leur nom de Sauriens Chélopodes. 


1° Organes du mouvement. 


Sous le rapport de la faculté locomotive, cette fa- 
mille se distingue par un granG nombre de particula- 
rités, dont les principales modifications dépendent de la 
conformation des pattes et te la queue. Les Caméléo- 
niens sonten effet ies seuls Reptiles qui aient, tout-à-fait 
sous le tronc, des pattes longues, c;liadriques et grêles, 
dont les cing doigts soient réunis jusqu'aux ongles 
en deux faisceaux inégaux et cpposables. Mais cette 
disposition est en senc inverse, car deux des doigts 
sont placés en dehors aux pattes antérieures, et trois 
au contraire dans la même positien aux pattes de der- 
rière. La queue prenante, cozre dans plusieurs es- 
pèces de divers genres de marzifères , peut unique- 
ment se replier en dessous, et sert ainsi à retenir le 
tronc de lPanimal sur les corps autour desquels elle 
s’enroule. Il résulte de cette double conformation, 
comme au reste de toute celle &e la charpente osseuse, 
que les Caméléoniens peuvent soulever beaucoup le 
tronc sur leurs pattes , leur ventre ne s'appuyant pas 
sur les plans qui les supportent, ce qui leur donne la 
facilité de grimper lentement sur les arbres, dont ils 
saisissent les branches à l’aide des deux espèces de 
pinces ou de tenailles que leurs doigts constituent, 
en se soutenant en outre à l'aide de la queue, qu'ilsont 
préalablement accrochée pour prévenir leurs chutes, 
et qu'au contraire ils ont grande peine à opérer leur 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. 163 
progression sur un terrain uni. Aussi peut-on dire 
qu'ils ne rampent pas, et même qu'ils ne peuvent ni 
courir ninager. Leur allure alors est un déplacement 
lent, régulier, avec une sorte de gravité aflectée qui 
semble mélée de crainte et de circonspection ; leurs 
pattes tâtonnant avec précaution les places où elles 
s’arréteront pour être posées solidement (1). 

La disposition généraie du squelette, ainsi que la 
forme et le mode à articulation de certains os, est fort 
remarquable dans les Caméléoniens. Cependant nous 
ne devons noter ici que les particularités les plus im- 
portantes. Leur tête, quoique surmontée de crêtes et 
de lignes saillantes qui aitèrent en apparence la forme 
du crâne, laisse cependant reconnaître l’analogie de 
ces os avec ceux qui leur correspondent. C'est ainsi 
qu'on retrouve dans la sorte de pyramide ou de casque 
qui termine en haut leur occiput, un prolongement 
moyen du pariétal et des deux lames osseuses qui pro- 
viennent des os des tempes. L'os frontal antérieur 
paraît unique; mais les deux frontaux latéraux, se 
prolongeant en crête, viennent former la partie supé- 
rieure du cadre de Porbite, qui, quoique très considé- 
rable, est terminé inférieurement et en devant par 
le lacrymal et le jugal lesquels rejoignent l'os des 
tempes. Le museau, souvent prolongé, quelquefois 
fourchu, est constitué par les maxillaires supérieurs, 


(1) Voici comment, dans son langage pittoresque, Vallisnieri dé- 
crit la manière de marcher du Caméléon. « A/zano prima pianpiano 
» il destro piede anteriore: e, prima di portarlo avanti, lo tengono 
» irresoluti, e pensosi per qualche tempo sospeso in aria; dipoi avan- 
» zano lentissimamente il sinistro posteriore dindi e sinistro anteriore , 
» e finalmente il posteriore destro, e tutio fanno con si sgraziata, € 
» ridicole svenevolezza, che allora pajano à pit stolidi, e pit gossi 
» arimali del mondo, » 


XI. 


164 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


au devant desquels existent quelquefois des incisifs 
ou des intermaxillaires. Les dents sont, comme nous 
l'avons dit, insérées ou plutôt implantées sur le bord 
libre et tranchant de ces os. Il n’y en à point au palais. 
La mâchoire inférieure est presque droite, et l’espace 
considérable qui la sépare du temporal en arrière est 
rempli par un os analogue au carré des oiseaux, mais 
allongé et descendant presque directement en bas, un 
peu en avant; de sorte que la mâchoire inférieure est 
plus courte que le crâne et articulée tout-à-fait en 
arrière ou par son extrémité libre (1). 

Quant à l’échine, on ne compte que deux ou trois 
vertèbres pour la région du cou. Dans le tronc il n’y 
a véritablement que des vertèbres du dos; car les dix- 
sept ou dix-huit portent des côtes ou leurs rudimens. 
Cependant les auteurs comptent deux ou trois vertè- 
bres aux lombes ; mais elles ne diffèrent des dorsales 
que par l’absence des cavités articulaires costales ; ils 
en ont observé deux au sacrum; ce sont celles qui re- 
coivent la partie cartilagineuse des ilions. 

Enfin, suivant les espèces, on a trouvé de soixante 
à soixante-dix vertèbres caudales, peut-être même da- 
vantage. Aristote avait déjà fait la remarque que le 
Caméléon tenait des Poissons par la disposition de 
lépine du dos (2). 

Les côtes sont nombreuses, de dix-huit à vingt; 
elles sont unies entre elles vers la ligne moyenne infé- 
rieure et sous la peau, par une substance cartilagi- 


(1) Consultez à ce sujet l'ouvrage cité de Perraur, p. 34, pl. 
6, et Cuvier. Ossemens fossiles , tome 5, 2e partie, pl. 16, fig. 30- 
39° 


(2) à pdjus emaveoruney ouoiwc n rov l'xBvov. Hist, des anim. liy.2, 
chap. 11. 


OU SAURIENS CHÉLOPORES. 165 
neuse qui simule une sorte de sternum linéaire. Dans 
la région hypogastrique, ces côtes se coudent pour 
former un angle rentrant du côté de la tête (1). 

Voici ce qu'il y a de plus notable dans les membres 
antérieurs. La tête de l'os du bras est recue dans une 
cavité produite en commun par un os coracoïdien, court 
et large, qui se joint en partie au sternum et à celui 
du côté opposé, en laissant par conséquent une très 
petite distance ou peu d’écartement entre l’attache des 
parties supérieures des bras pour les pattes posté- 
rieures. Le bassin (2) est formé par des ilions très 
étroits , allongés. Les deux os ischion et pubis sont 
courts et rapprochés. C’est par la triple jonction de 
ces os coxaux que la cavité cotyloïde est formée pour 
recevoir les têtes du fémur, qui se retrouvent égale- 
ment très rapprochées de la ligne moyenne. Les os des 
bras, ceux de l'avant-bras, des cuisses et des jambes, 
“offrent rien de très remarquable, sinon que les 
pattes qui les terminent sont dans un état forcé de 
pronation ou de torsion. Au carpe les cinq os sont 
très développés (3) ; le pouce et l'indicateur, ainsi que 
le médius, forment le faisceau interne terminé par 
trois ongles ; et l’'annulaire avec le petit doigt, le fais- 
ceau externe; tandis que cest l'inverse au tarse, le 
pouce et l'index étant en dedans et les trois autres 
doigts en dehors (4). 


(1) C'est ce qu'on peut voir dans la figure de la 6° planche du pré- 
sent ouvrage, qui représente le squelette du Caméléon, et mieux 
dans la planche de Perrault, citée ci: dessus. 

(2) Voyez Cuvier. Ossemens fossiles, tome 5, 2e partie, pl. 17, 
fig. 41. 

(3) Zbid. fig. 51 et 5. 

4) Aristote. Hist. des animaux, Liv. 2, chap. 11. Traduction de 
Camus , p. 77. 


166 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


Les muscles ou les puissances actives du mouve- 
ment sont très peu développés dans la région du tronc. 
Ils le sont si peu entre les côtes, qu'ils ressemblent à 
des membranes ; il est même probable que l'acte de la 
respiration ne s'opère pas par leur intermède, mais 
par un autre mécanisme. Ceux de la tête et surtout 
de la queue offrent des faisceaux bien plus distincts. 
Ce sont principalement les muscles destinés à mouvoir 
les pattes qui ont acquis plus de développemens. On 
retrouve en effet, avec des dimensions très variées, 
ceux qui meuvent les bras sur l'épaule, Pavant-bras et 
les faisceaux des doigts qui constituent la patte anté- 
rieure. Il en est à peu près de même de ceux du 
membre postérieur ; au reste ce sont des détails qui 
seraient déplacés ici. Ils ont été‘expliqués dans les ou- 
vrages d'anatomie comparée, en particulier dans ceux 


de Meckel et de Cuvier. 


2 Des organes destinés aux sensations. 


Les diverses parties du cerveau et de la moelle épi- 
nière n'ont, à ce qu'il paraît, offert aucune différence 
notable aux anatomistes qui ont dirigé leurs recher- 
ches sur cet organe dans les Caméléons (1). On a pu 
croire que la mobilité, particulièrement indépendante 
et isolée de chacun des globes oculaires, aurait pu en- 
traîner une modification dans l’entrecroisement des 
nerfs optiques; mais déjà Perrault et Vallisnieri 
avaient constaté leur décussation ; ils l'avaient indi- 
quée dans les figures qu'ils ont données de cette ana- 


qq 


(1) SERRES. Anatomie comparée du cerveau, tome 2, pl. 5, fig. 
TIMPUELA, 113. 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. 167 
tomie, et ce fait a été vérifié depuis; de sorte que cette 
circonstance physiologique, véritablement très singu- 
lière , attend une autre explication. On a remarqué 
seulement que ces mêmes couches optiques sont bien 
évidemment situées en arrière et non au-dessous , ni 
même en dedans des hémisphères. Vrolik même, dans 
l'ouvrage que nous citerons à la fin de cet article, a 
observé que les nerfs optiques se traversent, comme 
le muscle perforant passe dans le tendon du sublime ; 
mais, dans une lettre que Soemmering écrivait en 1806, 
2 août, à notre confrère et ami M. le baron Larrey, 
et qu'il a bien voulu nous communiquer, cette même 
observation est déjà consignée, et nous l’avons aussi 
retrouvée dans d'autres recherches anatomiques. 

La peau. Les tégumens des Caméléoniens offrent, 
comme nous l'avons déjà dit, une disposition de struc- 
ture toute particulière , et comme il s'opère dans le 
tissu de leur peau un phénomène de coloration fort 
singulier, nous croyons devoir insister davantage sur 
les détails de cette organisation. La peau ne semble 
pas adhérer aux muscles, excepté dans la résion du 
crâne, du dos, de l’extrémité libre de la queue, et dans 
les portions des membres qui forment les pattes. Par- 
tout ailleurs elle semble laisser des vides ou des es- 
paces libres, dans lesquels lair des poumons peut pé- 
nétrer pour soulever cette peau, comme on sait depuis 
long-temps que cela a lieu dans les Batraciens Anoures, 
chez lesquels tout le corps est renfermé dans une sorte 
de sac extensible, qui peut être gonflé comme une 
outre. Get isolement partiel est facultatif dans l’ani- 
mal : cependant, comme il dépend de l'absence du tissu 
cellulaire, il devient très facile de dépouiller un Ca- 
méléon, et de voir évidemment alors comment le 


168 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 

derme , quoique très mince, se prête facilement aux 
extensions, aux élongations qui peuvent s’opérer dans 
tous les sens. Un tissu muqueux, diversement coloré 
par un pigmentum qui parait doué d’une propriété 
chromatique particulière , dont nous parlerons bien- 
tôt, se trouve distribué autour et au-dessous des 
granulations cornées qui sont comme enchâssées dans 
le derme, de manière à ne permettre de déplacement 
intime qu'aux portions de peau dont le tissu libre en- 
cadre et circonscrit les tubercules les plus saillans. 
Enfin un véritable épiderme transparent, formant une 
couche continue, se moule très exactement sur les as- 
pérités et les enfoncemens de Îa superficie, comme 
nous avons pu le voir et en constater la présence, en 
enlevant de très grands lambeaux sur des individus 
dont le corps avait été soumis après la mort à une 
sorte de macération , ou de commencement d’altération 
cadavérique. 

La surface de la peau ressemble donc à un cuir 
inégalement, quoique symétriquement chagriné, et 
les grains tuberculeux de cette superficie sont différens 
pour la forme, suivant les diverses régions auxquelles 
ils correspondent : par exemple, vers le dos ils sont 
plus gros et disposés régulièrement comme des pièces 
de rapport, arrondis, enchâssés par des mailles en 
réseau , dont le tissu est élastique, et varie par consé- 
quent pour l'étendue. Sur les flancs, ces sortes de 
petites mosaïques sont plus anguleuses, disposées par 
lignes flexueuses. Sur le ventre et sur le dos, de plus 
srandes plaques contribuent à former les lignes sail- 
lantes ou les crêtes qui règnent sur toute la ligne 
moyenne et même sous la gorge, où elles forment les 
dentelures du goître. Les granulations qui revêtent 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. 169 


le pourtour desmembres sont en général plus petites 
et comme un sable fin. Cependant toutes ces protu- 
bérances cornées , petites ou grandes, examinées à la 
loupe, offrent une superficie chagrinée, car chacune 
présente une surface garnie de petites aspérités arron- 
dies , mais rugueuses. 

C'est ici l’occasion, comme nous l'avons annoncé, 
de parler de la faculté, pour ainsi dire merveilleuse, 
dont jouissent les Caméléons , de pouvoir changer de 
couleur et d’être, comme disaient les Latins, versi- 
pelles, versicolores. Cette propriété tient certainement 
à diverses circonstances. Elle est évidemment le ré- 
sultat de l'influence de la lumière solaire ou artifi- 
cielle plus ou moins intense; elle dépend aussi, jus- 
qu'à un certain point, de la température et de l’état 
hygrométrique de l'air dans lequel l'animal est plongé, 
peut-être de ses passions ; mais celles-ci agissant sou- 
vent sur leur respiration , il reste quelque incertitude 
sur l'agent primitif ou la cause réelle de ce phéno- 
mène. Quoiqu'on ait remarqué une sorte de coïnci- 
dence des teintes colorées entre le sol et la peau de 
ces petits animaux, il n'est pas prouvé que ces nuances 
acquises aient dépendu de la volonté de l'animal, dont 
la peau ne reflète pas, ainsi qu’on l’a avancé, toutes 
les couleurs des objets qui l'environnent. Plusieurs 
autres Reptiles jouissent à un moindre degré de la 
même propriété. Les Polychres, les Anolis, les Dra- 
gons , et parmi les Bätraciens, on l’a observé dans les 
Rainettes et chez plusieurs espèces de Grenouilles; en 
général , dans les espèces dont la peau n’est pas adhé- 
rente aux muscles, et chez celles sous les tégumens 
desquelles l'air peut s’introduire. On l'a observé aussi 
chez plusieurs Mollusques, et en particulier dans les 


170 LÉZARDS CAMEÉLÉONIENS 


Seiches ; mais aucun autre animal n'a présenté ce 
phénomène développé à un plus haut degré que les 
Caméléoniens. 

Voici les faits rapportés par les auteurs qui ont 
étudié les Caméléons vulgaires dans l’état de vie, et 
dans quelques-unes des circonstances que nous avons 
été dans le cas de pouvoir fairereproduire , sur cinq ou 
six individus que nous avons examinés vivans pendant 
quelques semaines. 

Naturellement d’une teinte générale jaune pâle, et 
comme cela arrive pendant la nuit, dans l'obscurité, 
ou lors d’un engourdissement profond, lanimai à son 
réveil, ou lorsqu'il est légèrement excité, prend sur 
le même fond des taches ou des lignes tantôt pâles, 
grises, et d’un noir plus ou moins intense ou brunâtre; 
tantôt d’un jaune rougeâtre, rouillé ou ochracé, dis- 
tribuées par bandes, soit longitudinales, soit transver- 
ses, quelquefois parsemées régulièrement en goutte- 
lettes écalement éloignées , tantôt rapprochées, arron- 
dies, tantôt anguleuses. Le fonds même de la peau, 
qui semble quelquefois d’une couleur uniforme, prend 
lentement et imperceptiblement des nuances diverses 
de jaune pâle, d’un gris plus où moins foncé, bleué- 
tre, ardoïsé ou plombé; dans d’autres cas ce sont des 
mélanges variés en intensité de jaune, mélé de bleu 
et de noir, de manière à présenter diverses nuances 
d’un vert sale. Cependant le noir et le jaune, comme 
taches ou lignes en bandes ou en zones sur des fonds 
divers, sont les marques les plus habituelles. D’ail- 
leurs, toutes ces variations n’arrivent pas subitement, 
elles se manifestent peu à peu. Ge n’est pas l'état co- 
loré ordinaire; celui-ci approche en général de la teinte 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. 171 


des écorces des arbres ou de celle des branches, surles- 
quelles l’animal reste perché, quand il n’a pas pris la 
nuance des feuilles, au milieu desquelles il semble cher- 
cher à masquer sa présence. D'après les récits des voya- 
geurs et des historiens grecs les plus anciens, il ne pa- 
raît pas que les Caméléons prennent jamais la couleur 
tout-à-fait blanche, ni d'un rouge pur. Une autre obser- 
vation, que nous avons vérifiée, c'est que les taches 
régulières des flancs en particulier ne se produisent 
pas constamment sur les mêmes points de la peau, 
quoique les dessins se répètent assez souvent chez le 
même individu; mais ils ne correspondent pas tout- 
à-fait à des endroits semblables, comme on s’en est 
assuré par des indications ou des repères laissés dans 
ce but sur la peau de l'animal. Cependant les stries 
ou les rayons divergens, le plus ordinairement au 
nombre de sept, qu'on remarque sur la paupière cir- 
culaire, se reproduisent aux mêmes places, quoiqu’elles 
varient de teintes en violâtres-brunes, jaunes-brunes 
et même verdâtres. Les bandes longitudinales, et quel- 
quefois des séries également en longueur de taches en 
gouttelettes , se répètent constamment à la même hau- 
teur. Il en est de même des anneaux larges et trans- 
verses qu'on observe sur la queue et autour des 
membres , la crête ou la ligne saillante médiane infé- 
rieure change peu de couleur. Nous avons pu nous 
assurer aussi que l'animal conservait après sa mort 
les dernières distributions de teintes colorées que sa 
peau présentait au moment où il venait de périr. 
Beaucoup d'auteurs ont cherché à expliquer la cause 
physiolosique de cette faculté ; aucun ne nous a vé- 
ritablement satisfaits. Nous allons les rappeler succes- 


174 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


sivement, en nous servant du relevé qu'en à fait 
M. Spittal (r). 

Aristote et un grand nombre d'auteurs ont avancé 
que le changement de couleur n'avait lieu que lorsque 
le Caméléon se gonflait. 

Pline a bien écrit que l'animal ne prenait pas les 
teintes rouge et blanche, mais il a répété qu’il em- 
pruntait ses couleurs de celles des corps environnans. 

Wormius (2) est un des premiers qui ait attribué les 
variations de couleur aux passions ou aux émotions de 
l'animal. 

Solin donne pour cause la réflexion des rayons lu- 
mineux. Kircher , l’état volontaire ou les émotions. 
Descartes, la disposition de la surface de la peau qui 
reflète diversement les rayons lumineux. Goddard (3) 
adopte la même explication , mais il croit que ces cou- 
leurs proviennent des corps placés à peu de distance. 
Goldsmith partage la même opinion. Hasselquits (4) 
et Linnæus, dans les Aménités académiques (5), attri- 
buent les couleurs au pigmentum, comme dans l'ic- 
tère. La plupart des auteurs qui ont écrit dans ces 
derniers temps, Cuvier, Vrolick, Houston , Spittal, 
Vander Hoëven, Milne Edwards (6), ont cherché à 
expliquer ces phénomènes, tantôt par les modifica- 
tions de la respiration , tantôt par cette cause réunie 


(1) Spirraz (Robert), Édimbourg. New Philosoph. journal. 
1929 , p- 292. 

(2) Ouvrage cité tome 1, p- 344. 

(3) Déjà cité tome 2, p. 665. 

(4) Déjà cité tome 1, p. 320. Zter Palestinum. 

(5) Tome 1, Museum principis , n° 16, colores varios assumit se- 
cundüm animi passiones , calorem aut frigus. 

(6) Voyez l'indication que uous ayons donnée des ouvrages de 
chacun de ces auteurs à la fin de ces généralités. 


OÙ SAURIENS CHÉLOPODES. 173 
avec l’état de la circulation pulmonaire , tantôt enfin 


par le transport variable des différentes couches que 
l’on a cru reconnaître dans le pigmentum. 


La langue des Caméléoniens ne peut être regardée 
comme un instrument destiné à donner -essentielle- 
ment à ces animaux la sensation des saveurs. Son vé- 
ritable et principal usage est évidemment de servir à 
la préhension des alimens. Cette langue est douée 
d’une protractilité excessive et tout-à-fait surprenante 
par la rapidité avec laquelle elle s’exécute , sa rétrac- 
tilité est presque aussi merveilleuse ; l'animal la pro- 
jette, pour ainsi dire, au dehors en la lançant sur les 
insectes , qu'il saisit à une distance de sa tête plus 
considérable que la longueur de son corps, et il la fait 
rentrer en dedans de la bouche, en la retirant et la 
plissant sur elle-même , de manière qu’elle semble dis- 
paraître. Cette opération s'exerce sans aucun bruit, 
en un clin d'œil, toutes les fois que lanimal saisit sa 


proie , ou lorsqu'il veut happer quelques gouttes d’eau 
pour étancher sa soif. 


Perrault, Vallisnieri, et beaucoup d’autres au- 
teurs, parmi lesquels nous citerons MM. Houston et 
Duvernoy (1), qui ont écrit sur ce sujet dans ces der- 
niers temps, ont assez bien fait connaître l’organisa- 
tion de cette langue. Cependant nous croyons quil 
reste encore à désirer pour faire bien concevoir le 


(1) Depuis que ces détails ont été écrits, l'Académie de sciences 
a pris Connaissance, dans sa séance du 22 février 1836, d'un mé- 
moire de ce dernier auteur sur ce même sujet. Il en a été rendu 
compte dans le n° 8 de la séance et dans le n° 9, nous avons com- 


muniqué un extrait du présent chapitre. (Comptes rendus hebdo- 
madaires, page 228.) 


174 LÉZARDS CAMÉLÉONIEXS 
mécanisme complet de son allongement et de sa ré- 
traction. 

Mais , avant de faire connaître cette structure, il 
est bon de présenter quelques idées générales sur cette 
particularité de l’organisation des Caméléoniens. 

Il faut savoir d'abord que ces Sauriens possèdent au 
plus haut degré la faculté de faire instantanément 
sortir de la bouche un tubercule charnu et VISqueux , 
disposé en cône renversé ou en entonnoir, porté sur une 
sorte de boyau que l'animal peut lancer subitement, 
sans bruit, sans mouvement apparent dans le reste 
du corps, pour l’appliquer sur les insectes qui s’y col- 
lent et sy engluent et que, par un procédé inverse, 
il fait rentrer subitement dans la gorge tout cet appa- 
reil pour avaler la proie saisie , à peu près de la même 
manière que le font les Cl dans le même but, 
mais par un tout autre mécanisme, leur langue étant 
attachée en sens inverse. 

IL est facile de concevoir et d'expliquer une partie 
de ces mouvemens par la structure de cette langue dans 
les Caméléoniens, parce que les os et les muscles en 
ont été parfaitement décrits, et quil est aisé de les 
isoler par la dissection. Cependant , à l’aide de cette 
anatomie , on reconnait que les mouvemens qu'ils 
doivent opérer sont loin de suffire à la production de cet 
allongement excessif et tel que l'animal, sans user ici 
d'aucune exagération, peut lancer hors de la bouche, 
par une sorte d’expuition, un tuyau charnu, qui est 
à peu près de la longueur totale de son tronc, et qu'il 
peut la faire rentrer dans la gorge ou la retirer à l’inté- 
rieur, avec la même vitesse, sans qu’on aperçoive 
aucun mouvement apparent dans le reste de son corps. 

Il existe ainsi des langues vermiformes et protrac- 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. I 75 


tiles dans les fourmiliers, parmi les mammifères et 
chez les oiseaux dans les Pics : le mécanisme en a été 
expliqué et facilement conçu, quand on a étudié la 
structure du corps et des prolongemens particuliers 
en forme de cornes de leur os hyoïde ou lingual , sur- 
tout par la disposition, l'étendue et le nombre consi- 
dérable des faisceaux charnus qui sy insérent et les 
recouvrent. Mais ici, outre cet appareil correspon- 
dant , dont nous alions tout à l'heure essayer de don- 
ner une idée, il existe dans la partie moyenne de la 
langue une sorte de tuyau charnu, creux ou vide à 
l’intérieur, tapissé d’une membrane muqueuse , dans 
lequel le stylet esseux, qui correspond à l'os lingual, 
ne peut pénétrer quen partie, tant il est court, et 
dans l'épaisseur duquel aucun des muscles des mâ- 
choires ne peut réellement s’insérer, de sorte que près 
de la moitié de la longueur totale de cette langue, 
lorsqu'elle est étendue autant que possible, doit être 
dirigée en avant par un mécanisme tout particulier, et 
sur iequel nous ne pouvons jusqu'ici former que quel- 
ques conjectures. 

Nous avons eu peu d'occasions d'étudier cette lan- 
gue dans l’état frais : malheureusement même nous 
n'avons pas vu l’animal la mettre naturellement en ac- 
tion. Nous ne l'avons disséquée que d’après des pièces 
retirées sur elles-mêmes par l’effet de l'alcool, et la 
description qu’en a donnée Perrault, et par suite Vallis- 
nieri ,nous a réellement satisfaits ; cependant la diffi- 
culté que nous venons d'indiquer est restée sans expli- 
cation, elle demande de nouvelles recherches de la 
part des observateurs anatomistes, qui pourront expli- 
quer cette érectilité du tissu de la partie moyenne ou 


176 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 
de ce tube charnu , placé entre le tubercule et la base 
correspondante à l'os lingual. 

Après avoir analysé la description de Perrault (1) 
et celles des différens auteurs qui se sont occupés de 
recherches à ce sujet, nous ferons connaître nos ob- 
servations particulières. Dans le Caméléon ordinaire, 
cette langue , lorsqu'elle est contenue dans la bouche, 
semble former une masse de chair blanche, solide, 
longue de dix lignes, large de trois , ronde, et un peu 
aplatie vers son extrémité. Elle est creuse ou excavée 
par le bout , étant attachée à l'os hyoïde par le moyen 
d’une sorte de trompe en forme de boyau. Belon dit 
avec raison qu'elle ressemble à un ver de terre. Cette 
portion moyenne est creuse , ce qui fait que, lorsque 
la langue a été lancée au dehors, le boyau qui a été 
étendu retourne à son premier état et la fait rentrer 
dans la gueule. Ce tuyau charnu est enfilé par un 
stylet, qui est la continuité de la partie moyenne de 
Yhyoiïde; il est lisse, poli et iong d’un pouce. Per- 
rault le compare à l'os lingual des oïseaux. Bellini, 
dans une lettre qu’il a adressée à Vallisnieri, et que 
celui-ci a insérée dans son Histoire du Caméléon, dé- 
crit avec enthousiasme la structure de cette langue. Il 
dit que c’est certainement le fait le plus étonnant que 
l’homme puisse imaginer, que cet instrument merveil- 
leux lancé au dehors et réintroduit à l’intérieur avec 
la promptitude de l'éclair (2). Panaroli, pour expli- 


RÉ PERS NEOSRE 


(x) Description anatomique de troïs Caméléons , pag. 57, Mém. 
de l'acad. royale des sciences , tome 3, 1°e partie, 1733, de 1666 à 
1699. 

(2) Pare un fulmine la sua lunghissima lingua , lanciata veloce- 
mente alla preda ed il modo si fa tal lanciamento e si retiro dendro 
le fauci e cavita della bocca. 


OU SAURIENS CHÉLOLODES. 175 
quer la rétraction de la langue, suppose que le stylet 
ou la pointe libre de l'os lingual, qui est reçue et en- 
gainée dans le canal creux, vient s'insérer à la base 
interne du tubercule charnu. Mais il est bien reconnu, 
même par Vallisnieri, que cette insertion n’a pas an 
et que la pointe de l’hyoïde est tout-à-fait libre. Hous- 
ton (1), Duvernoy (2), Carus(3), ont décrit cette langue 
et les muscles qui la meuvent. Perrault, dans ses Essais 
de physique, tome IIT, en parlant des poumons des 
Caméléons, croit que l'air qu'ils renferment peut ser- 
vir à l'expulsion de la langue , que ces animaux sem- 
blent cracher ou expectorer. Vallisnieri a fait des 
recherches inutiles pour trouver cette voie de com- 
munication entre l'air du poumon ou celui que l’on 
trouve dans une sorte de vessie, qui se voit entre l'os 
hyoïde et la glotte, et il n'a pu l’observer. Cependant 
il nous reste , à cet égard, des doutes assez fondés que 
nous n'avons pu malheureusement éclaircir. 

Voici le résultat des recherches que nous avons 
faites sur la structure de cette langue : il faut se rappeler 
que la forme de cet organe varie beaucoup selon 
qu'il est contenu dans la bouche, ou suivant qu’il est 
lancé au dehors. Dans le premier cas, on ne distingue 
dans l'intervalle des branches de la mâchoire inférieure 
et au devant de la glotte qu'une sorte de masse char- 
nue et visqueuse; quand on la tire un peu en avant, on 
y distingue, 1° une partie antérieure formant un gTOS 


(1) Howsrox, Édimbourg, New Philosop. Journ. 1820, n° 13, 
analysé dans le Bulletin de sciences naturelles, tome 19, pag. 113, 
n° 59. 

(2) Duvervor. Mémoires de la société d'histoire naturelle de 
Strasbourg, 1830, fis. D. E. H. 

(3) Carus. estate comparée, T.2, p. Go. 


REPTILES , 3jit. 12 


176 LÉZARDS CAMÉLTONIENS 
tubercule; 2° une portion moyenne qui, dans l’état 
frais, s’allonge considérablement , et ressemble à un 
intestin vidé ; c’est en effet une sorte de tuyau à parois 
membraneuses; 3° enfin il ÿ a une base charnue qui 
enveloppe la partie moyenne de l'os hyoïde ou l'os lin- 
gual et ses cornes ou appendices, qui sont au nombre 
de deux de chaque côté. 

Nous allons examiner successivement ces trois por- 
tions de la langue. 
: Le tubercule ou l’éxtrémité libre s’évase en enton- 
noir ; de sorte que la partie moyenne ou centrale est 
plus enfoncée, et les bords semblent être échancrés 
sur les côtés. La partie supérieure de ce bord en en- 
tonnoir se porte en arrière, elle diminue de largeur, 
de manière à représenter une langue dont la base se- 
rait en avant, et la pointe vers le sosier. Le bord infé- 
rieur est lisse en dessous, et recouvert de la membrane 
muqueuse de la bouche : mais en dessous , depuis la 
portion la plus avancée en pointe, elle s’enfonce dans 
une sorte de pavillon, et on distingue à sa surface 
des papilles, disposées par lignes saillantes , sinueu- 
ses , entre lesquelles on voit des sillons qui se prolon- 
gent ainsi jusqu'au fond de l’entonnoir. Toute cette 
portion tuberculeuse semble former le corps de la 
langue. Mais cette langue bizarre jouit de la faculté 
de s’élargir à son extrémité , et de s’écarter de manière 
à former un évasement à deux lèvres, qui ont la 
faculté de se rapprocher et de saisir les insectes en même 
temps qu’elles les engluent, ou les couvrent d’une 
bave visqueuse qui les colle et gène leurs mouvemens, 
en même temps qu'elle rend leur surface plus apte à 
étre avalée, ou à glisser par l'œsophage pour arriver 
à l'estomac. 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. 179 

La seconde partie est le tube charnu, qui sert de 
gaine au prolongement singulier de l’hyoïde , lequel 
représente une sorte de stylet pointu. A l'extérieur 
ce tuyau est lisse : dans l’état de repos, il est plissé 
iransversalement en un si grand nombre de fois, qu'il 
forme à peine en totalité une longueur égale à celle 
du tubercule; mais il peut se gonfler et s'étendre de 
manière à occuper six fois le même espace qu’il rem- 
plissait d'abord. Son tissu est en même temps vas- 
culaire et musculeux ; mais à l'intérieur ce canal pa- 
raît revêtu d’une sorte de membrane qui permet son 
glissement sur lhyoïde. 

La troisième portion de la nur correspond à l’ap- 
pareil hyoïdien. Nous en parlerons avec plus de dé- 
tails en traitant des organes de la nutrition, page 184. 
Les muscles de toutes ces parties ont été parfaite- 
ment décrits dans quelques-uns des ouvrages que 
nous venons d'indiquer. Ils l'avaient été également 
par Guvier, lorsqu'il a traité de la langue Fr le troi- 
sième volume de son Anatomie comparée. 

Nous trouvons dans cette langue, qui est un in- 
straument de préhension des alimens, plutôt qu'un or- 
gane du goût, une grande analogie d’usage avec celle 
de la plupart des Batraciens Anoures, le pipa ex- 
cepté. C'est un instrument visqueux qui est lancé 
hors de la bouche, et qui ramène la proie pour la 
livrer aux organes de la déglutition. 

Nous verrons par la suite, en traitant des poumons 
et de la vessie aérienne située sous le cou, qui com- 
_munique avec l'air de la glotte, que cet organe n’est 
peut-être pas étranger à la projection de la langue 
que l'animal lance, comme avec une sarbacane à parois 
flexibles et allongeables, et qu'il ramène à lui avec 

12. 


180 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 

autant de vitesse, comme s’il opérait le vide avec la 
plus grande rapidité. Ce mécanisme n'aurait pas lieu 
de nous étonner, car nous savons que la plupart des 
animaux vertébrés, pour absorber les boissons, sont 
obligés de faire le vide à l’aide des poumons, ou de 
toute autre manière. 

Les oreilles des Caméléoniens ne sont jamais visi- 
bles au dehors du crâne. On n'y distingue même pas 
la place réelle qui correspond à l'endroit où devrait 
être placé le tympan. Cependant l'organe de l'ouïe 
existe à l’intérieur. On y trouve une cavité aérienne 
qui communique avec l'air atmosphérique par un 
orifice qui, se voit dans l’arrière-gorge. Il y a un os- 
selet unique à tige mince, allongée, évasée en dehors 
en manière de pavillon, dont les bords deviennent 
cartilagineux et se perdent dans l'épaisseur des apo- 
névroses, qui dépendent des muscles des parties laté- 
rales du crâne. En général, ces Sauriens ont l’ouïe 
peu développée. Il est vrai que, d’après leur manière 
de vivre, la lenteur de leur progression, et, à ce qu'il 
paraîtrait, à cause de la privation qu'ils éprouvent de 
pouvoir produire des bruits, ces animaux n'avaient 
pas un très grand besoin d'apprécier les sons, ni 
même d’être avertis des légers mouvemens produits 
par les animaux destinés à devenir leur proie, et que 
leurs yeux suflisent pour leur faire connaître s'ils sont 
à la distance où ils pourront être accessibles. 

Les yeux des Caméléons offrent des singularités 
aussi remarquables que celles de leur langue, tant 
par leur conformation que par la structure et leurs 
mouvemens ; car aucun autre animal connu n'a pré- 
senté jusqu'ici une pareille disposition, et par suite 
des facultés semblables. Ces yeux sont gros et saillans; 


OU SAURIENS CHÉLOPODES, 161 
aussi la cavité orbitaire destinée à les loger avec leurs 
muscles est-eile très développée. Le globe qu'ils con- 
stituent est en grande partie situé hors de cette ca- 
vité : à la vérité, son plus grand diamètre est de dehors 
en dedans. La totalité de cet œil est couverte par une 
paupière unique, qui est la continuité de la peau du 
crâne ; mais, comme nous l'avons déjà dit en parlant 
des tégumens, on y voit presque constamment sept 
rayons ou lignes convergentes vers l'ouverture cen- 
trale correspondante à la pupille. Sous cette peau, 
adhère un muscle orbiculaire, un véritable sphincter, 
qui se fixe d'autre part sur la circonférence de la sclé- 
rotique , de sorte que la paupière est liée aux mouve- 
mens généraux et particuliers du globe de l'œil, qui 
est muni de six muscles, dont quatre droits et deux 
obliques ou rotateurs. Cette sorte de calotte mobile 
est percée d’un trou dans son centre. C’est une véri- 
table pupille extérieure que l’animal dilate ou resserre 
à volonté, en lui donnant même une étendue variable 
dans tel sens qu'il paraît le désirer; car on la voit 
quelquefois devenir transversale ou verticale. Le 
globe oculaire est composé ou construit à peu près 
comme dans les autres yeux des Reptiles. On a seule- 
ment remarqué qu'il y a une paupière nyctitante et 
une forte glande lacrymale. On à dit aussi que le 
crystallin était plus sphérique que chez d’autres Rep- 
tiles aériens , et beaucoup plus petit, en proportion des 
autres humeurs et de l'aire intérieure du globe. Vro- 
lick à remarqué que non-seulement les nerfs optiques 
s'entrecroisaicnt , comme Perrauit l'avait déja ob- 
servé; mais quau point où s'opère la décussation, 
l’un des nerfs semblait perforer l’autre, et nous avons 
vu que Soemmering avait fait la même observation. 


182 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 

C'était un fait important à constater pour la physio- 
logie, en raison de la faculté que possèdent les Camé- 
léons de diriger à volonté, et ensemble ou séparément, 
les yeux vers des objets divers et des lieux différens ; 
ainsi l'œil d'un côté peut être porté en haut, et l’ou- 
verture pupillaire de l'œil du côté opposé dirigée en 
bas ; de même l’un en avant, l’autre en arrière. 

Les narines et leurs cavités n’offrent rien de parti- 
culier, sinon qu'elles ont peu d'étendue. Leur orifice 
extérieur est latéral, de sorte que ces ouvertures sont 
assez distantes, le museau devenant de suite très 
large. Leurs cavités traversent les os incisifs dans laré- 
gion qui les joint aux sus-maxiliaires ; elles se rappro- 
chent du côté du palais, où elles s'ouvrent par une fente 
allongée qui va en s’élargissant du côté de l'arrière- 
bouche. C’est dans cette fente que se loge en partie le 
tubercule ‘de la langue, lorsque la bouche est fermée 
eu les mâchoires rapprochées. Jusqu'ici on ne leur a 
pès reconnu de sinus accessoires ou de cavités supplé- 
mentaires , de sorte qu’il est présumable que le sens 
de l'odorat est irès peu développé chez les Caméléo- 
niens; cette énergie d'action ne paraissait pas absolu- 
ment nécessaire d'après leur genre de vie. 


3° Des organes de la nutrition. 


Sous ce titre nous ferons connaître successivement 
la structure et les fonctions digestives, circulatdires, 
respiratoires et sécrétoires des Caméléoniens. 

C'est un fait très remarquable dans l’organisation 
de ces Sauriens, que le mode qu’ils emploient pour la 
préhension des alimens. On sait qu'un grand nombre 
de mammifères sont obligés, pour introduire des 


OÙ SAURIENS CHÉLOPODES. 183 


liquides dans leur bouche, de tremper rapidement la 
langue et de la retirer en la contractant rapidement, 
après l'avoir courbée en canal sur sa longueur, ou trans- 
versalement, afin d’en former une sorte de pelle. Cest 
ainsi que les chats et les chiens ne peuvent boire 
qu’en lapant. Les Caméléons font servir leur langue 
pour saisir ou attirer dans leur bouche les corps so- 
lides organisés et vivans dont ils font leur nourriture, 
et, dans quelques circonstances plus rares, pour ab- 
sorber quelques gouttes de liquides. Cette opération, 
par laquelle la langue est projetée rapidement et en 
ligne droite à une assez grande distance du corps, et 
par laquelle l'animal peut la lancer en un clin d'œil 
et la retirer avec la même vitesse dans l’intérieur de 
la bouche, a été précédemment exposée en faisant 
connaître la structure de cet organe. 

La bouche des Caméléoniens se ferme si exactement, 
qu'alors à peine peut-on distinguer la ligne qui ine 
dique la séparation des mâchoires. Cependant cet 
orifice est large et fendu profondément. La mâchoire 
inférieure est, en effet, à peu près de la longueur de 
toute la base du crâne, sur laquelle elle s’articule 
au moyen d’une pièce allongée, correspondante à l'os 
carré qui descend presque verticalement. Cette mà- 
choire inférieure est droite; mais l’éminence coro- 
noïde destinée à recevoir le muscle temporal est située 
vers le tiers de sa longueur en arrière, ce qui diminue 
d'autant l'étendue réelle de la fente de la bouche, 
dont la commissure offre dans quelques espèces une 
sorte de ligne oblique descendante, qui donne à cette 
partie une forme toute particulière, comme Perrault 
l'a observé un des premiers, Les dents sont, ainsi que 
nous l'avons dit ,| insérées tout-à-fait sur le bord 


Eee) 


104 LÉZARDS CAMÉLEONIENS 

tranchant des os maxillaires. Elles sont elles-mêmes 
coupantes, terminées le plus ordinairement par trois 
pointes rangées sur une même ligne longitudinale. 
Les antérieures sont les plus petites, et elles vont 
successivement en augmentant de largeur en ar- 
rière. 

Nous avons déjà dit que la cavité de la bouche, 
quand elle est fermée, est remplie par la langue, qui 
se loge même dans Flintervalle que laissent entre eux 
les os maxillaires supérieurs, ainsi que les palatins, 
pour constituer l’orifice interne des narines ; de sorte 
qu'il est très probable que, suivant la volonté de la- 
nimal, la langue fait l'office d’une soupape pour re- 
tenir l'air dans les voies pulmonaires. D'ailleurs toutes 
les parties intérieures de la bouche sont recouvertes 
d’une membrane muqueuse , et il s'y opère une sé- 
crétion visqueuse abondante. 

L'appareil hyoïdien est très particulier. Nous avons 
déjà eu occasion de dire que la portion antérieure, ou 
los lingual, représente un long stylét se terminant 
en pointe gréle et flexible, qui est recu et se meut 
librement dans la concavité de la portion moyenne ou 
tubulée de la langue, dans laquelle s'opère le plus 
grand allongement. Get hyoïde à quatre cornes ou 
appendices, dont deux sont plus grands, plus droits, 
et dirigés en avant. Les postérieurs remontent, au 
contraire, vers l’æsophage qu’ils embrassent. Tous les 
muscles ont pris beaucoup de développement pour 
produire les mouvemens de cet appareil; cependant 
il est encore fort difhcile d'expliquer l’élongation su- 
bite instantanée du tube moyen, et sa rétraction 
plus rapide peut-être, si lon ne suppose, comme 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. 189 
quelques auteurs l'ont soupconné (1), l’existence d’une 
communication de l’intérieur du tube à fibres annu- 
laires et très vasculaires qui reçoit le stylet, avec lair 
contenu dans la glotte ou dans le sac en forme de 
goître qui s'étend sous la gorge, et qui s’insère der- 
rière les cornes postérieures de l'os hyoïde. 

Le pharynx et l’œsophage se confondent entre eux 
et avec l'estomac, qui semble en être la continuité; 
il est arrondi comme un tube allongé, un peu recourbé 
sur lui-même. D'ailleurs le canal intestinal n'offre 
rien de particulier : son mésentère est simple, il loge 
beaucoup de vaisseaux, et au-devant des gros troncs 
semble être un réservoir d’une matière colorée en 
noir, une sorte de pigmentum, qui peut-être est des- 
tiné à colorer la peau de l'animal, en se portant vers 
les parties sous lesquelles, en effet, se manifestent tout 
à coup des taches d’un brun plus ou moins foncé. 

Le foie est gros, formé de deux lobes principaux, 
concaves en dessous, où l’on distingue une vésicule du 
fiel. Il y a une petite rate, des reins et à peu près 
toutes les parties qui se retrouvent chez les autres 
Reptiles ; mais avec cette particularité que la cavité ab- 
dominale est comme cloisonnée ou partagée en poches 
ou cellules, dans lesquelles pénètrent des prolonge- 
mens des poumons, qui offrent dans cette famille une 
disposition toute particulière , ainsi que nous allons 
l'indiquer. 

Les organes de la respiration présentent des par- 
ticularités de structure qu'il est important de faire 


(1) Perrauit. Mécanique des animaux, tome 3, p. 267. De même 
que l'air expulsé des poumons sert à l’action de cracher ; il est em- 
ployé à l'expulsion de la langue des Caméléons. 


186 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


connaître, parce que c’est à cette disposition que l’on 
peut rapporter plusieurs circonstances de la vie des 
Caméléoniens, telles que la faculté qu'ils ont de rester 
gonflés ou bouflis durant des heures entières sans 
qu'on puisse distinguer chez eux pendant ce temps le 
moindre mouvement de la respiration, ni dans les os 
ni dans les muscles du tronc; le changement rapide 
de forme et de volume de leur tronc, de leurs mem- 
bres, et de la base et de la queue; peut-être la pres- 
tesse avec laquelle ils lancent au dehors et retirent la 
langue dans la cavité de la bouche ; enfin le pouvoir 
qu'ils ont de modifier à volonté les couleurs de leur 
peau en tout ou en partie, 

La glotte et la trachée ressemblent à celles des oi- 
seaux , avec cette particularité observée par Perrault, 
que la fente de leur larynx est située en travers au lieu 
d’être disposée en longueur , comme dans les animaux 
qui produisent de la voix. Vallisnieri est aussi le pre- 
mier qui ait parlé de l'existence du sac ou de la vési- 
cule en forme de goître à parois solides, et recouverte 
d’une forte aponévrose (1) argentée. Ce follicule, sem- 
blable à la vessie aérienne des Poissons, communique 
avec la glotte, il est placé à la base de l'os hyoïde 
vers la racine de la portion tubulée de la langue. 

Les poumons sont doubles et symétriques. Lors- 
qu'ils sont vides d'air on les voit affaissés, comme 
deux petites masses charnues , au-dessous du cœur, et 
sur les parties latérales et postérieures d’une sorte de 
mésentère étendu, comme un médiastin, de la colonne 


(x) IstorrA DEL CAMELEONTE. —« Una”vescica,"o follicolo di densa 
membrana riceve l'aria e si gonfia et s'invicidisce, come fanno i 
polmoni, etc. Sta collocata libera ne’ suoi dintorni in una cavernelta 
assai ampla, scavata sotto la base dell'osse ioide, etc. » 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. ï 87 


vertébrale à l’appendice ou plutôt à la ligne moyenne 
interne, qui tient lieu de sternum; mais aussitôt que 
l'air y pénètre, ces organes se gonflent tellement , 
qu'ils recouvrent toute la masse intestinale, et qu'ils 
ne peuvent plus être contenus dans la cavité abdo- 
minale. On voit alors que leur forme est tout-à-fait 
particulière, et ce sont, sans contredit, ceux de tous 
les animaux vertébrés qui ont les poumons les plus 
dilatables et les plus prolongés. En général, les cel- 
lules qu'ils constituent sont très grandes; mais de 
plus leur masse est lobée en sept ou huit appendices 
de chaque côté, lesquels semblent se terminer en 
pointes. Ces portions amincies se prolongent elles- 
mêmes , les unes pour pénétrer dans des cellules nom- 
breuses qui partagent la cavité abdominale en compar- 
timens réguliers, à droite et à gauche, ce sont des 
réservoirs à air. Les autres appeudices de ces poumons 
pénètrent également sous la peau entre les muscles, 
auxquels le derme n’est adhérent que par quelques 
lames membraneuses, surtout dans les régions mé- 
dianes , de l'épine du dos et du ventre, autour des 
mâchoires , des tarses ou des carpes, et de l’extré- 
mité libre de la queue. Partout ailleurs la peau res- 
semble à un sac qui enveloppe le corps sans s’y atta- 
cher, comme cela arrive également aux Crapauds et à 
la plupart des Batraciens Anoures. 

Les organes de la circulation n’ont rien offert de 
particulier. Le cœur, renfermé dans son péricarde, 
est petit, et les vaisseaux qui s’y rendent ou qui en 
proviennent sont ceux qu'en retrouve chez les autres 
Sauriens. 

Nous n'avons également aucune observation impor- 
tante à présenter sur les organes sécrétoires. La mu- 


188 LEZARDS CAMÉLÉONIENS 

cosité visqueuse, qui lubrifie le tubercule de la lan- 
gue, semble exsuder des follicules situés dans son 
épaisseur. Vallisnieri (1) a également observé deux 
autres glandes à la base de la langue sous la vessie du 
goître; il croit qu'elles sont également destinées à 
fournir une humeur analogue. Le même auteur a dé- 
crit et donné la figure de deux corps jaunes, remplis 
d’une sorte d'humeur grasse, d'autant plus abondante, 
que l'animal dans lequel on l’observe approche de l’hi- 
ver ou de la saison dans laquelle il ne prend pas de 
nourriture; car au printemps elle a disparu. On sup- 
pose que cette matière est mise ainsi en réserve, 
comme chez tous les animaux qui hivernent. L'auteur 
compare ces réservoirs aux corps analogues qui sont 
placés au-dessus des reins dans les grenouilles. 

Nous avons parlé du foie, de la rate : il y a ésale- 
ment un pancréas, et des reins et des uretères qui 
aboutissent au cloaque; ceux-ci sont faciles à distin- 
guer par la couleur blanche du liquide pâteux qu'ils 
dirigent. C'est cette matière en effet qui accompagne 
le résidu des alimens ou les déjections alvines, comme 
dans les oiseaux. Nous avons eu aussi l’occasion d’ob- 
server que cette substance, en se séchant, se couvre de 
petits cristaux réguliers, et que, dans cet état, elle 
se réduit facilement en poudre impalpable, qui 
exhale une odeur urineuse très pénétrante, et qui 
adhère et persiste long-temps sur les surfaces qui l'ont 
recue. 


(a) Loco citato, p. 70. Due grosse glandule conglomerate fatte 
in forma d'oliva , tavol. 3, fig. 66. 


@5 SAUR:ENS CHÉLOPODES. 1:59 


4 Des organes de la reproduction. 


C’estencore à Vallisnieri que nous emprunterons des 
détails sur les parties mâles et femelles des Caméléo- 
niens. Dans les deux sexes, les organes génitaux abou- 
tissent au cloaque, sac commun qui donne issue aux 
diverses sécrétions ou excrétions alvines, rénales et 
spermatiques. Son orifice extérieur, lorsqu'il est dilaté, 
présente en avant une sorte d’enfoncement en lon- 
gueur ; mais ce pli disparaît quand le cloaque est fermé, 
parce qu’il est recouvert par la lèvre postérieure qui 
est large, et il présente alors une fente ouligne enfon- 
cée , transversale. 

Chez les mâles , les appendices érectiles, qui tien- 
nent lieu de pénis, et qui sont canaliculés de manière 
à transmettre la semence, sont doubles , symétriques 
et placés dans des cavités pratiquées sur les parties 
latérales inférieures de la base de la queue, qui par 
cela même est plus grosse, et peut servir à faire dis- 
tinguer les mâles d'avec les femelles. Il y a des con- 
duits déférens qui amènent la semence sécrétée par 
les testicules situés au-dessus des reins, derrière le 
péritoine. 

Les femelles ont les orifices des trompes ouvertes 
dans le cloaque. Ges trompes sont longues, repliées 
sur elles-mêmes, et peuvent recevoir quinze à vingt 
œufs de chaque côté. Mais même avant la fécondation 
on reconnaît à l'intérieur les femelles, parce qu'on leur 
trouve des grappes d'œufs plus ou moins développés, 
suivant l’ordre dans lequel ils doivent être détachés et 
introduits dans les trompes. 

I paraît que les mâles ne recherchent les femelles 


190 LÉZARDS CAMÉLÉON ENS 

qu'à l’époque de la fécondation, et que les individus 
se séparent, quand cet acte a eu ot. de sorte que les 
mâles ne s'occupent en aucune manière de leur pro- 
géniture. 

Vallisnieri et Cestoni ont suivi les manœuvres des 
femelles ainsi que le développement des œufs; nous 
allons présenter ici la traduction d’une partie des ob- 
servations de ce premier auteur, dont nous placerons 
le texte en note (1). 

Comment la femelle dépose ses œufs et les re- 
couvre. » 

L'auteur ayant apercu une femelle de Caméléon ex- 
trêmement grosse, il la déposa séparément dans une 
petite serre faite en manière de volière, bien exposée 
à la lumière dans son jardin. Il y avait là quelques 
plantes en végétation, on y avait introduit des insectes 


(1) Istroria DEL caAMezEoNTE. Come depongano le uova e le co- 
prano. « Me ne giunse una , fra l’altre, da Livorno li 28 di settem- 
bre, di corpo stérminatamente gonfio, che posi subito in un piccolo 
Serraglieto , fatto in forma d'ucceliera nel mio giardino di Reggio, 
in luogo esposto a mezzo giorno.» Colle sue vere verdure, acqua conti- 
nuamente cadente, arena, e pageliuzze, è vasi aperti con vive tarme, 
ed altri vari insetti, à bella posta prigionieri, ed esca dell'ospite 
nostro Affricano. Osservava un giorno , che mai non istava ferma, € 
con tutla la sua melensaggine, e naturale pigrezza, s'andava lunga- 
mehte aÿgirando per terra, ne trovava quiete , quando si pianto in un 
angolo, cr non era nè arena, nè polvere, e colaincomincio a raszolare 
colle zampe d’avanti , per cavarvi una buca. Essendo il terreno duro, 
pi lavoro dué giorni indefessamente, allargando la buca in una fossetta 
assai capace ; cioè Larga quattro buone dita traverse, e fonda sei , nel 
Jondo della quale adagiatasi, vi partorile sue uova, che furono, come 
dipoi m'avvidi , trenta di numero. Queste tutte con somma diligenza 
copri colla gia cavata terra, servendosi a questo lavoro delle sole 
zampe di dietro, comè fanno i Galti, quando nascondono et cuo- 
prono le loro sozzure, non contenta della cavata terra vi ramasso e 
ammonticello delle foglie secche , della paglia, e degli stecchetti aven- 
dovi inalsato sopra una collinetta di copertura. 


OÙ SAURTENS CHÉLOPODES. 191 


vivans, destinés à la nourriture du Reptile, un petit 
jet d’eau fournissait l'humidité convenable , et le fond 
de la volière, qui reposait sur la terre, était couvert 
d'un lit de sable et de quelques brins de pailles 
courtes. 

Ayant observé un jour que cette femelle paraissait 
inquiète et qu'elle se traînait en tournoyant sur le 
sable sans s'arrêter , il la suivit des yeux, et il s’aper- 
cut qu'elle s'était arrêtée dans un coin de la cage où il 
n'y avait ni sable ni poussière. Arrivée là , elle com- 
mença à gratter avec les jambes antérieures pour creu- 
ser un trou, et comme le terrain était dur, elle tra- 
vailla deux jours sans relâche, de manière à donner à 
la fosse quatre pouces de diamètre sur six de profon- 
deur, afin de s’y placer commodément pour y déposer 
ses œufs, qui furent pondus au nombre de trente, 
comme l’auteur a pu s’en assurer ensuite. Après quoi 
cette femelle les recouvrit soigneusement, d'abord avec 
les déblais de la terre, en se servant uniquement de la 
patte antérieure droite, comme font les chats quand 
ils veulent cacher et recouvrir leurs ordures. Non sa- 
tisfaite de les avoir ainsi recouverts de terre, elle y 
amoncela des feuilles sèches , de la paille et de menus 
branchages secs pour former une sorte de toit sur cette 
hutte, » 

Vallisnieri remarqua, qu'après la ponte, cette fe- 
melle paraissait exténuée par ce grand travail. Il est 
vrai que , pendant qu’elle s’y était livrée, elle n'avait 
ni bu, ni mangé; cependant son corps était devenu si 
flasque et si maigre, qu'on ne pouvait guère attribuer 
cet état décharné au peu de jours pendant lesquels elle 
n'avait pris aucune nourriture. 

Les œufs des Caméléons sont arrondis ; leur écale est 


192 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 

blanche , d'un gris terne, sans taches. Gette coque est 
calcaire, mais très poreuse. On croit que cette cir- 
constance les met en rapport avec l'air extérieur, et 
qu'ils sont perméables pendant le développement des: 


germes, dont Vallisnieri et Carus (1) nous ont fait 
connaître les details. 


$ IIT. HABITUDES ET MOEURS : DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE 
DES ESPÈCES DE CAMÉLÉONIENS. 


D'après les considérations générales que nous avons 
présentées dans les deux articles qui précèdent, il 
nous reste peu de détails à donner sur les habitudes 
qui sont propres aux Caméléoniens. Cependant nous 
croyons devoir les rappeler en abrégé. 

Leur conformation extérieure et leur organisation, 
étudiées d'avance, indiquent la plupart des singula- 
rités qui les caractérisent. Ces Sauriens ont le corps 
comprimé de droite à gauche, supporté par quatre 
pattes grèles, élevées, rapprochées du centre et non 
séparées du tronc sous un angle droit, et leurs cinq 
doigts sont réunis en deux faisceaux inégaux for- 
mant la pince, ce qui offre un caractère unique dans 
l’ordre des Sauriens, et même dans toute la classe 
des Reptiles. Leur queue conique est préhensile et 
enroulante , mais seulement en dessous ; leur peau est 
granuleuse ou sans écailles détachées , leur dos et leur 
ventre forment une carène ou ligne saillante. Leur 
tête grosse, pyramidale , anguleuse, est supportée par 
un cou très court et semble s'unir aux épaules, les 


(1) Tabulæ illustrantes, cah. 3, pl. 8. 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. 193 


yeux très gros sont recouverts par une paupière uni- 
que, dont l'ouverture circulaire, très contractile et di- 
latable , semble remplir l'office d'une pupille externe, 
et ils offrent cette faculté des plus singulières, de se 
mouvoir rapidement, ensemble ou séparément, de 
manière à se diriger chacun dans un sens différent, 
l’un en haut, l'autre en bas ; celui-ci en avant, cet autre 
en arrière ; en dessus, en dessous et dans toutes les 
autres directions, sans que la tête éprouve le moindre 
déplacement. Les oreilles sont toujours cachées sous la 
peau et non distinctes ; les narines latérales ; la bouche 
excessivement fendue au-delà des yeux; la langue 
vermiforme , terminée par un tubercule, est tellement 
protractile, que, projetée hors de la bouche, elle 
semble dépasser en longueur celle de la totalité du 
tronc. | : 

Nous avons parlé en détail du changement de cou- 
leur qui s'opère dans l’épaisseur de la peau de ces 
animaux , et des opinions émises par les auteurs pour 
expliquer cette merveilleuse faculté , ainsi que celle 
de se gonfler pour rester arrondis et boursouflés. 

La structure des pattes et de la queue des Camé- 
léoniens exigeait leur genre de vie. Ils sont essen- 
tiellement grimpeurs, et obligés de s’accrocher aux 
branches des arbres, comme certains oiseaux, tels que 
les Perroquets. Leur queue leur sert, pour ainsi dire, 
d’un cinquième membre. On conçoit qu'ils ne peuvent 
ni courir ni nager; que lorsqu'ils sont descendus sur 
le sol ou posés sur une surface plane , ils éprouvent la 
plus grande difficulté dans leur marche. Voici la ma- 
nière toute bizarre dont un Caméléon posé sur ses 
quatre paties commence à se mouvoir pour changer 
de place : s'il veut élever le membre antérieur du 

REPTILES , I, 13 


S 


. LÉZARDS. CAMÉLEONIENS 


NS 


10. 

côté droit, par exemple, il s'opère un élargissement 
2 + © ÉTOERR EC . 4 

dans les deux paquets de doigts qui fixaient la pince; 

. 2 r A! 7: A 

ils s'élèvent et s’écartent en travers; en même temps 

l'avant-bras se coude, se soulève et se porte lentement 


en avant. Cette patte reste suspendue comme si l'animal 
éprouvait une sorte d'incertitude sur le point où il la 
dirigera ; en effet , il la porte en tâtornant à droite, à 
gauche, derrière et devant, pour rencontrer un nou- 
veau point d'appui. Quand il semble l'avoir reconnu 
ou trouyé, il paraît chercher à en explorer la solidité, 
et seulement alors les deux paquets de doigts le sai- 
sissent, l’enveloppent et sy fixent. Bientôt la patte 
postérieure gauche exécute une semblable manœuvre, 
puis la pince antérieure du côté droit, et enfin la 
patte de derrière gauche. C'est alors seulement que 
la queue, souvent roulée en spirale sur quelqu’autre 
partie voisine pour assurer la solidité du tronc, vient 
à se détortiller pour se porter à la suite, et remplir de 
nouyeau la fonction de sûreté contre le péril de la 
chute, car l'animal l’emploie quelquefois pour se sus- 
pendre et chercher avec les pattes un autre point fixe. 

Nous savons que les Caméléons se nourrissent 
“essentiellement de petits animaux vyivans, surtout 
de larves, de chenilles et d'insectes parfaits; qu'ils 
épient pendant des heures entières leurs mouvemens, 
et que le moindre signe de vie paraît à peu près leur 
êtr: nécessaire pour les déterminer à projeter la langue 
avec une rapidité prodigieuse sur la proie, qui se 
trouve comme humée ou attirée dans la bouche, et 
avalée avec la vitesse de léclair, quoique tous les 
autres mouvemens de l'animal soient comme compas- 
sés, et qu'ils s'opèrent lentement, avec une sorte de 


PR re 2 r 
néshigence ou de paresse affectée. 


OU SAURIENS CHÉLOPOBPES. 195 

Quant aux circonstances qui précèdent ou qui sui- 
vent la reproduction de ces espèces de Reptiles, nous 
avons peu de détails, et nous ne répéterons pas ce 
que nous avons rapporté d’après Vallisnieri , des soins 
particuliers que la femelle prend de ses œufs. En gé- 


néral , cette partie des mœurs des Caméléons demandé 
de nouvelles observations. 


Distribution géographique. 


Nous allons indiquer comment Îles espèces de cette 
famille semblent avoir été réparties et semblent ap- 
pelées à habiter aujourd’hui sur notre globe, car on 
n'en a pas encore trouvé de débris dans les ossemens 
fossiles. 

L'Afrique paraît être la patrie principale des Rep- 
tiles de cette famille, car les quatorze espèces de 
Caméléons que nous reconnaissons aujourd'hui ha- 
bitent toutes le continent de cette partie du monde, ou 
les iles qui en dépendent. Cependant trois espèces ne 
lui sont pas exclusivement affectées, attendu qu'on 
les trouve aussi, l’une, ou le Caméléon bilobé, en 
Géorgie, la seconde, ou le Caméléon vulgaire, dans 
le midi de l'Europe; et la troisième , qui est celle à 
nez fourchu, dans ce dernier pays et en Australasie. 

Il est remarquable que l'ile de Madagascar produise 
sept des espèces qui sont particulières à l’Afrique ; 
c'est-à-direles Caméléons Panthère, de Brookes, de 
Parson, à capuchon, à bandes, nasu et verruqueux. 
I1 en est deux cependant que l'on rencontre ésale- 
ment, le premier dans les îles de Maurice et de Bour- 
bon; le dernier dans celle-ci seulement, au moins 
d’près le récit des voyageurs. 


15. 


106 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 

Les quatre autres Caméléons réellement Africains 
sont répartis ainsi qu'il suit : un dans les pays voisins 
du cap de Bonne-Espérance, c’est le Caméléon nain ; 
deux, le tricornis et le senegalensis, en Guinée et 
dans la Sénégambie, et le quatrième, le Caméléon 
tigre, dans les îles Seychelles. 


Quant aux quatre espèces dont la patrie n’est pas 
circonscrite à l'Afrique , les contrées qu’elles habitent 
sont, pour le Caméléon vulgaire, les plus septentrio- 
nales ; la côte de Guinée pour le bilobé , et lile de 
Bourbon pour ceux que lon a nommés verruqueux et 
panthère. 


L’Asie ne produit que trois espèces qui ne sont 
pas même exclusives à cette partie du monde; c’est en 
Géorgie le Caméléon bilobé et dans l'Inde le vulgaire 
ainsi que celui à nez fourchu. 


En Australasie on ne rencontre que ce dernier, et 
en Europe que le premier ou le vulgaire. 


Les Caméléons paraissent donc pouvoir être aujour- 
d'hui considérés comme étant complétement étrangers 
au Nouveau-Monde ou aux deux Amériques, et il 
résulte de cet examen qu’en considérant la série des 
espèces de ce genre, dont la totalité est pour nous de 
quatorze, 


Onze sont exclusivement propres à l'Afrique; 
Une commune à l'Europe, à l'Asie et à l'Afrique; 
‘ Une qui se trouve également en Australasie, à 
l'Afrique et à l'Asie; 
Et enfin une dernière ; qu’on a trouvée en Âsie et 
en Afrique. 


OU SAURIÈNS CHÉLOPODES. 19% 
(IV. DES AUTEURS QUI ONT ÉCRIT SUR LES CAMÉLEONIENS. 


Comme cette famille ne comprend réellement qu’un 
seul genre, et que la plupart des observateurs ont 
dirigé leurs recherches sur l'espèce que nous y avons 
inscrite la première, et que nous avons laissée au 
premier rang, nous n'avons pas cru nécessaire d'éta- 
blir une classification des auteurs, soit comme na- 
turalistes, anatomistes, physiologistes, soit comme 
simples observateurs. Quelques-uns, tels que les voya- 
geurs, se sont bornés à faire connaître les habitudes 
de ce Saurien, et surtout à décrire ses formes bi- 
zarres ; d’autres plus instruits ont étudié sa structure 
intérieure et ses fonctions ; enfin quelques physiciens 
se sont contentés de donner des explications théo- 
riques sur sa manière de vivre, qui a été long-temps 
une question discutée par les savans, et surtout sur 
le phénomène de son changement de couleurs. Un 
autre arrangement méthodique ne pouvait en effet 
s’appliquer ici; car quelques auteurs, comme Perrault 
et Vallisnieri, auraient réuni tous ces titres. Nous avons 
donc pensé qu’une simple indication chronologique, 
sous forme de liste,suflirait au lecteur, parce que nous 
avons déjà cité les noms des auteurs et les titres des 
ouvrages dans lesquels ils ont eu occasion de parler du 
Caméléon. Nous ne mentionnerons pas les œuvres 
d'Aristote, de Pline, de Gesner, ni d'aucun des auteurs 
naturalistes systématiques qui ont traité du genre 
entier, dont ils ont fait l'histoire et décrit les espèces, 
parce que nous les avons précédemment fait connaître 
dans quelques cas particuliers; seulement nous les indi- 
querons en renvoyant à l’article qui leur a étéconsacré. 


; 95 LÉZARDS CAMÉLEÉONIENS. 


Liste chronologique des Caméléonographes. 


1628. FABER (John), déja cité dans le présent ouvrage, tom. r, 
pag. 314, parle dans cette dissertation, pag. 723, du changement 
de couleurs du Caméléon. 

1645. PANAROLI ( Dominique ), médecin de Rome, a donné 
une dissertation in-4° , publiée dans cette ville : elle a pour titre, 
en italien , {/ Cameleon!e essaminato. Cet auteur est souvent cité 
par Perrault, et surtout par Vallisnieri, parce qu'il avait dès lors 
donné des détails vrais sur l’organisation de ce Reptile. 

1646. KIRCHER (Athanasc), déja cité, tom.n1, pag. 668, a 
disserté sur le changement de couleurs du Caméléon, en men- 
tionnant cet animal dans le Muséum des Jésuites, qu'il a fait côn- 
naître, pag. 276, pl. 293, f. 44. 

1648. HERNANDEZ , voyez tom. 1, pag. 321, ne fait que citer 
le Caméléon, qu'il compare à d’autres Sauriens; mais à cette oc- 
casion, ses commentateurs ont donné plus de détails. qu'ils ont 
extraits des autres ouvrages où il était question de ce Saurien. 

1651. PEIRESC ( Nicolas-Claude de). On voit dans sa vie, écrite 
par Gassendi, qu'il avait bien observé le Caméléon , car il en fait 
connaître les habitudes , et il donne une explication de son chan- 
gement de couleurs. 

1653. WORMIUS ( Olaus), déjà cité, tom. 1, pag. 344, a dé- 
crit le Caméléon dans son Musée à Copenhague, pag. 315. 

1656. OLEARIUS ( Adam), dans la relation de son voyage en 
Tartarie et en Perse, a observé et décrit le Caméléon, pag. g, 
pl. 8, fig. 3. 

1667. MARMOL-CARVAJAT, Espagnol qui a donné une des- 
cription générale de l'Afrique, où il avait été prisonnier. Son ou- 
vrage a été traduit en francais; mais l'original, imprimé à Gre- 
nade, est de 1576. 11 avait fort bien observé les formes et les par- 
ticularités des mœurs et des habitudes du Caméléon Vulgaire. 

1668. ANON. Cité par Dryander, dans la bibliothéque de Banks, 
pour un mémoire imprimé dans le nouveau Magasin de Ham- 
bourg , sous le titre de Beschreibnng eine Chameleon. 119 Stück, 
pag. 396 à 417. 

1669. FRENTZEL (S.-F.), déjà indiqué, tom. 11, pag. 664, 
pour sa Dissertation latine sur le Caméléon, imprimée à léna. 

1672. PERRAULT (Claude). C'est un des principaux observa- 


BIBLIOGRAPHIE 7 190 
teurs et anafomistes, dont nous avons déjà indiqué les travaux, 
tom. 11, p. 670, a décrit le Cameléon dans le tom. n1 des Mem. 
de l'Acad. des sciences, pag. 39, pl. 9. 

1676. BLASIUS (Gérard) a donné une bonne compilation, 
extraite des ouvrages antérieurs sur l'anatomie du Caméléon en 
particulier , de celui de Perrault : il l'a intitulé ÆZnalome Came- 
leontis Parisiensium. C'est de lui que Laurenti a emprunté le nom 
par lequel il désignait l'espèce Vulgaire, C. Parisiensium, pag. 56, 
chap. 12, pl. n° r4. 

1677. GODDART ( Jonathan), déja cité dans lé présent ou- 
vrage , tom.11, pag. 66. Some observations of a Cameleon. 

16;8. SPON (Jacob), dans le premier des trois volumes de son 
voyage en Grèce et au Levant, a parlé du Caméléon, dont il a 
donné la description, en cherchant à expliquer la cause de son 
changement de couleurs. Il paraît que ses recherches ont été 
faites en commun avec Wheeler, dont nous parlerons plus bas. 

1681. CAMERARIUS. ( Voyez l'article suivant.) 

_— HOPFER (Bénédict }, président, et prohablemént l'auteur 


de la dissertation soutenue par Camerarius, ayant pour titre, én 


latin : De victu aereo, seu mirabili potiüs Cameleontis inedid. 

— GREW (Nehemias) a parlé du Caméléon à là page ;0 du 
Musée de la Société royale de Londres. 

1682. WHEELER (Gcorge) a eu occasion de parler du Camé- 
léon , qu'il avait bien observé dans son voyage en Se tom. 111, 
pag. 260. 

1690. MAJOR (Daniel) a publié à Kiel-une dissertation la- 
tine, sous ce titre : De ocüulo humano, Cameleontis et aliorum'anima- 
lum. Son travai! est purement anatomique. 

_ 1698. RAY (John), dans le Synopsis methodica quadrupédurn, 
pag. 276, à très bien décrit le Caméléon, et indiqué plusieurs par- 
ticularités de son histoire. 

1696. VALLISNIERI (Antoine) a donné en italien l'histoire 
la plus complète du Caméléon, sous ce titre : Istoria del Came- 
léonte Affricano. Nous en avons beaucoup profité. On en a publié 
une traduction francaise et une anglaise. 1l y en a un extrait dans 
les Transactions philosophiques , n° 137. 

1698. VOIGT (Gothofredus) à inséré, dans ses Curiositates 
phrsicæ, une dissertation de Cameleontis victu. 

DE BRUYN (Corneille), déjà cité dans ce présent ouvrage, 
tom. 11, pag. 663, pour son voyage : il y fraite du Caméléon. . 


A — 


—— 
RS 


200 LÉZARDS CAMÉLÈONIENS. 

1699. MALLEBRANCEHE, oratorien, dans ses Réflexions sur la 
lumière et les couleurs, a traité du changement qui s'opère sur la 
peau du Caméléon. On trouve un extrait de son mémoire dans 
l'Histoire de l’Academie des sciences, pag. 41. 

— CESTONT, pharmacien de Livourne, a très bien observé le 
Caméléon : Vallisnieri transcrit beaucoup de passages de ses lettres 
sur ce Reptile, quil avait bien observé. 

— MICHETTI (Eugène), médecin de Rome , a fait des recher- 
ches sur la structure du Caméléon. Son travail a été publié à 
Rome par J. Komarck, sous le titre de Vella notomia del Came- 
leonte in Roma. 

— RÉDI (Francois) avait disséqué le Caméléon : il en parle dans 
plusieurs de ses mémoires, en particulier dans celui qui est inti- 
tulé : Degli animali viventi, à l'occasion de sa nourriture , et aussi 
en traitant de la vésicule biliaire. 

1709. BOSMANN (G.), déja cité, tom. 1 , pag. 309. 

1707. KAALUND (J.). Voyez aussi tom. 11, pag. 668, il a donné 
sur le Caméléon une dissertation latine , in-4°. 

— LOCHNER , déja cité, tom. r, pag. 326, comme ayant publié 
le Musée de Besler, où il a figuré le Caméléon pl. 12, fig. 2. 

: 17920. VALENTINI (Michel-Bernard). On trouve dans son grand 
ouvrage in-folio, pag. 193 jusqu'a 206, “Æmphitheatrum xooto- 
micum , une très bonne description anatomique du Caméléon. 

1724. DUHAMEL (Jean-Baptiste), dans son Histoire de l'Aca- 
démie des sciences, a donné des analyses, et rapproché beau- 
coup de faits relatifs à l'histoire du Caméléon. 

1732. SCHEUCHZER (J.-J.), déja cité, tom. 1, pag. 337, a fait 
connaître, dans sa Physique sacrée, le Caméléon, dont il a donné 
une bonne figure tom. n1, pl. 262, fig. 8. : 

1734. SÉBA (Albert), déjà cité, tom. 1, pag. 338, a donné des 
descriptions et des figures du Caméléon , tom. 1, pl. 82 et 83. 

1739. PROSPER ALPIN, cité tom. 1, pag. 303, pour son His- 
toire d'Egypte , y a parlé du Caméléon. | 

1797. BANIÈRES , d'après Boërhave , paraît avoir attribué à la 
transpiration le changement de couleurs du Caméléon, dans son 
traité De luce et coloribus. | 

1743. SHAW (Thomas) a déjà été cité, tom. 1, pag. 359, 
pour son voyage, publié en anglais, où il traite du Caméléon 
de Barbarie, tom. 1, pag. 325. 

1748. MEYER (Jean-Daniel), que nous avons indiqué tom. 11, 


BIBLIOGRAPHIE. ZOL 


pag. 669 , a reproduit la figure du Caméléon d’après celle donnée 
par Cheselden dans son Ostéographie. 

1753. HUSSEM a inséré dans les Actes de la Société de Harlem, 
en hollandais, une dissertation sur les changemens de couleurs du 
Caméléon. 

1757. HASSELQUITZ (Frédéric), dont nous avons indiqué 
l'ouvrage tom. 1, pag. 320, y a donné, pag. 297, la description 
du Caméléon. 

1763. GRONOVIUS (Laurent-Théodore), a décrit, pag. 12, le 
Caméléon dans son Muséum : ouvrage cité tom. 1, pag. 31q. 

1766. BRAAM HOUCKGEEST , dans les Actes de la Société de 
Harlem , y a inséré un mémoire sur le Caméléon, 

1769. PARSON ( James) a fait connaître une espèce particu- 
lière qui a conservé son nom. Transactions philosophiques, vol. 58. 
On en trouve un extrait dans le Journal de physique. 

1773. KNORR (G.-W.), cité tom. r de cet ouvrage , pag. 325, 
a donné, dans le second volume de ses Deliciæ naturæ , p. 130, 
une description et une bonne ee pl. 59, d'un Caméléon 
mâle. 

1801. BRONGNIART ( Alexandre), dans son Essai d'une classi- 
fication des Reptiles, imprimé dans le Bulletin des Sciences de la 
Société philomatique, n° 36, et dans les Mémoires des Savans 
étrangers de l’Institut, une bonne figure du Caméléon à nez 
fourchu , provenant du voyage de Riche. 

1818. OKEN, d'Iéna , déja cité dans cet ouvrage, tom. 1, p. 670, 
a donné dans le 11° cahier de l'Isis, de l’année ci-dessus indiquée, 
la description et la figure des os de la tête d'un Caméléon, pl. 20, 
fig. 5. | 

1819. LEACH ( William Elfords), dansl'appendice, n° 4, p- 493, 
de la description des genres nouveaux découverts par Bowdish, 
a présenté l'histoire naturelle d’une te de Caméléon, qu'il 
a appelée Dilepis. 

1820. KUHL (Henri), déja cité, tom.r, pag. 323, a donné 
une monographie des Caméléons dans le Beitrage Zool., p. 102. 

— HOUSTON a écrit sur les changemens de couleurs des Ca- 
méléons. Edimburg, New philosoph. journal , n° 13. Cette disserta- 
tion a été analysée dans le Bulletin des Sciences naturelles, t. xix, 
n° 59, pag. 119. 

1824. CUVIER (G.), outre ses autres œuvres, déjà tant de 
fois citées, a donné en particulier, dans la 2° partie du 5° volume 


202 LEZARDS CAMÉLÉONIENS 


de son immortel ouvrage sur les ossemens fossiles, la description 
et la figure des différens os du Caméléon ordinaire, et la tête de 
l'espèce dite de Parson. 


— BORY DE SAINT-VINCENT, à l’article CAMÉLÉON , du Dic- 
tionnaire classique d'Histoire naturelle , en a décrit 9 individus. 

1827. GRAY (John Edwards), déjà cité, tom. 11, pag. 664, 
a publie, dans le Philosophical Magazine , tom. 11, pag. 09, 
une monographie du genre Caméléon, et il en décrit huit 
espèces. 

1829. SPITTAL (Robert) a cherché à expliquer lés modifica- 
tions de couleur de la peau des Caméléons dans l'Edimburg New 
philosoph. journal, pag. »g2. 

1830. VANDER-HOEVEN, déja cité tom. 11, pag. 67°, à fait 
. connaître comment les couleurs varient dans le Caméléon. 

— DÜVERNOY (G.-L.), professeur à Strashourg, a publié, 
dans les Mémoires de la Société d'Histoire naturelle de cette 
ville, une description anatomique , et des vües physiologiques 
sur la manière dont s'opérent la protraction et la rétraction de là 
langue ; et il a développé davantage ses idées à ce sujet, dans 
deux notés adressées à l'Institut en 1836, et publiées dans les 
numéros 10 et 14 du Compte rendu hebdomadaire, p. 187 et 349. 

1831. WIEGMANN (Arend Frédéric-Auguste), déjà cité, tom. r, 
pag. 344, et tom. 11, pag. 673, a donné dans l'Isis un mémoire 
sur un prétendu Caméléon du Mexique, qui est un Polychre. 

1832. GROHMANN a donné une description du Caméléon sous 
ce titre: Nuova descrizione del Cameleonte siculo. 

1834. MILNE EDWARDS, déjà indiqué , tom. 17, pag. 664, a 
donné une dissertation sur les changemens de couleur du Ca- 
méléon : ce mémoire est imprimé dans le tom.r, pag. 42, des 
Annales d'Histoire naturelle. 

1835. LESSON ( Réné Primevère), déjà cité, tom. r, pag. 527, 
et tom. 11, pag. 668, a décrit, dans ses Iustrations zoologiques, 
les deux Caméléons, qu'il désigne sous les noms spécifiques de 
Madécasse et de Noir, que nous avons fait connaïtré iei , sous les 
nttméros 11 et 13. 


| 
he: 


SAUP'ENS CHELOPODES. 


FAMILLE DES LÉZARDS CAMÉLÉONIENS OU 


GENRE CAMÉLEON: 


relevé : peau 


parsemée de tubercules. 


l ainsi que le ventre : casque. . . . . . . 


simple : peau de l'occiput 


L : museau sans lobes 


! dentelée surmonté d'un rebord saillant . 


/ prolongé en un 
long appendice fourchu . 


et non le dessous du ventre : museau 


petites pointes molles. 
Saillie du dos simple : gorge à 


lambeaux plats, dentelés. 


prolongé en | 


| non dentlelée : museau. 


arqués : crue | re 
s lobes 
san 


simple : sourcils 


REPTILES ; Ill. 


apetils#érainsiégaux teen tie JE TENEeNT 
a deux lobes. . . . 


‘ lambeau de peau comprimé et dentelé . . 


[corne ronde; une autre sur chaque orbite . . . 
fourche tuberculeuse redressée . . . . . . . . . 
adeuxulobes 20e. 


prolongés en pointes anguleuses . : . . . : . . 


DOM CCC ON SO OO 


à VULGAIRE. 

. VERRUQUEUX 
. Biron. 

. Du SENEGAL. 
. PANTHÈRE. 


. Nasu. 


À NEZ FOURCHU. 


. TIGRE. 


Nain. 


. À TROIS CORNES. 
- DE Parson. 

. À CAPUCHON. 

- À BANDES. 


. DE BROOKES. 


(En regard de la page 203.) 


OÙ SAUKIENS CHÉLOPODES. 203 


6 V. CARACTÈRES DU GENRE CAMÉLÉON ET DESCRIPTION 
DES ESPÈCES. 


GENRE UNIQUE. CAMEÉLÉON. — CHAMÆLEO, 


de tous les auteurs. 


Caracrères. Corps comprimé, à dos saillant, à queue 

prenante , arrondie, conique. Pattes grèles , élevées, toutes 
à cinq doigts réunis entre eux jusqu'aux ongles en deux 
paquets inégaux, l’un de deux, l'autre de trois. Peau gra- 
nulée, sans Le entuilées. ‘l'ête anguleuse , a occiput 
saillant, portée sur un cou gros et court. Langue cylindri- 
que, vermiforme , très allongeable , terminée par un tuber- 
cule charnu, mousse, visqueux, et déprimé à son centre. 
Yeux gros, saillans, mais recouverts par la peau d’une 
paupière unique, ne laissant au centre qu’un petit trou 
arrondi, dilatable, correspondant à la pupille. Point de 
tympan visible au dehors. 
D’après les détails que nous avons donnés dans les articles 
précédens sur les formes et la structure des Caméléoniens, 
qui ne constituent qu'un seul genre très naturel, nous 
avons dù nous borner à rappeler et à faire connaître, à 
l'aide d’un tableau synoptique, les quatorze espèces réunies 
maintenant en un seul groupe. Il nous a été impossible 
d'établir dans ce genre une sous-division naturelle, tant les 
individus se ressemblent entre eux, excepté par quelques 
particularités de conformation extérieure, de sorte que la 
distribution que nous allons en présenter est un arrangement 
tout-à-fait arbitraire , artificiel et systématique, uniquement 
destiné à rendre hs commode , plus prompte et pans facile 
la détermination des espèces. 


Voyez le tableau synoptique placé en regard. 


204 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 
1, LE CAMÉLÉON ORDINAIRE. Chamæleo Vulgaris, Cuvier. 


CaracTÈres. Occiput pointu et relevé en arrière, surmonté 
d'une forte carène curviligne. Corps couvert de petits grains 
serrés, subarrondis. Une crête dentelée sur la moitié du dos ; 
une autre plus ou moins prononcée depuis le menton jusqu'à 
l'anus. 

Il est aisé de s’apercevoir que l'espèce du Caméléon ordinaire 
se compose de deux races ou variétés, se distinguant bien l’une 
de l’autre et par le pays où elles vivent et par quelques différences 
dans les détails de leur organisation extérieure. Nous allons les 
faire connaître séparément. 


VARIÉTÉ À. 


CaracTÈres. Dentelures de la partie inférieure du corps fort 
courtes et serrées. 

SYNONYMIE. Chamæleon cinereus. Aldrov. Quad. ovip. pag. 670. 

Chameæleon. Worm. Mus. pag. 315. 

Chamæleon, Olear. Mus. pag. 9, tab. 8, fig. 5. 

Le Caméléon. Perr. Mém. Acad. Sc. tom. 3, part. 1°°, pag. 39, 
planche 5. 

The Chameleon. Ray. Synops. Quad. pag. 276. 

Le Caméléon. Bosm. Voy. Guin. pag. 252. 
E Chamæleon. Mus. Kircher, pag. 279, tab. 293, fig. AE 

Chamaæleon. Lochner, Mus. Besleri, tab. 12, fig. 2 

Chamæleon. Scheuchz. Phys. sac. tom. 3, tab. 15 , fig. D 

Chamæleo ceilonicus subcrocei coloris. Séba , tom. 1%, p.195, 
tab. 82, fig. 3. | 

Chamaæleon. Prosp. Alp. Hist. Egypt. tom. 9, fig. 2. (Mala.) 

Le Caméléon., Shaw, Voy. Tun. et Alg. tom. 1°, pag. 325. 

Lacerla Chamæleon. Linn. Amœænit. Acad. tom. 1°", pag. 2q0 
et 507. 

Lacerta Chamcæleon. Linn. Mus. Ad. Fred. tom. 1°, p. 49. 

Lacerta Chamæleon. Mus. Gronov. tom. 2, pag. 76, n°00. 

Chamæleon cinereus verus. Jonst. Hist. Nat. Quadrup. tom. 1°, 
tab. 79. | 

Lacerta Chamæleon, Hasselq. It. Palest. pag. 297. 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. 209 


‘ Chamæleon. Zooph. Gronov. pag. 12. 
Lacerta Chamæleon. Linn. Syst. Natur. pag. 364. 
Chamæleo Parisiensium. Laur. pag. 49. 
Chamæleo Zeylonicus. Laur. pag. 46. 
Lacerta Chamæleon. Gmelin. Linn. Syst. natur. pag. 1069. 


Le Chamæleon. Knor. Deli. natur. tom. 2, pag. 130,pl. 99, 
fig. 2. (Bonne figure.) 


Egyptian Chamæleon. Walc. exot. Anim. 

Le Caméléon. Lacép. Hist. Quad. ovip. tom. 1°, p. 337, pl. 22. 
Lacerta Chamæleon. Mus. Lesk. pag. 2q. 

Le Caméléon, Bonat. Encyc. meth. pl. 7, fig. 2. 

Chamæleon mutabilis. Meyer, Synops. Rept. 


Le Caméléon Farine Latreille, Hist. Rept. tom. 2, pag. 19, 
fig. sans n°. 

African Chamæleon. Shaw Gener. zool. tom. 3, pag. 262, 

Chamaæleon vulgaris. Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 181. 

Caméléon à casque plat, à dos lisse et à ventre dentelé en scie: 
(2° variété du Caméléon du Sénégal.) Daud. Hist. Rept. tom. 4, 
pag. 210? 

Caméléon trapu.s. Geoff. Rept. d'Égypt. pag. 134, pl. 4, fig. 3. 


Le Caméléon commun. Bosc. Nouv. Dict. d'Hist. nat. tom. 5, 
pag. 64. 

Le Caméléon trapu. Bosc. Nouv. Dict. d'Hist. nat. tom. à p. 64. 

Chamæleo Africanus. Kuhbl. Beïtr. Zool. pag. 104. 

Chamæleon carinatus. Merr. Amph. pag. 162. 

Chamaæleon subcroceus. Merr. Amph. pag. 162. 


Chamæleo vulgaris. Bory de Saint-Vincent, Dict. d'Hist, nat, 
tom. 5, pag. go. 

Chamæleo vulgaris. Gray, Philos. Magas. tom. 2, pag. 20. 

Le Caméléon ordinaire. Cuvier, Règn. anim. tom. 2, pag. 5g. 

Chamæleo Africanus, Guérin, Icon. Regn. anim. tab. 15, fig. r. 

Chamaæleon. Vander-Hæven, Icon. ad Illust. Color. mut. 

The common Cameleon. Griff. anim. Kingd. part. 25, pag. 153. 

Chamaæleo vulgaris. Gray, in Griff. anim. Kingd. 

Cameleo siculus. Grohm. Nuov. Descriz. del Camel. sicul. 


206 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


DESCRIPTION. 


Formes. Le dessus de la tête, considéré dans son contour hori- 
zontal, représente une ellipse allongée et pointue à ses deux 
bouts, dont l’antérieur est abaissé, tandis que le postérieur est 
fort relevé. La première moitié de cette partie supérieure de la 
tête forme une large gouttière inclinée en avant; la seconde, 
au contraire, s'élève en une crête arquée d'avant en arriere, de 
chaque côté de laquelle on voit quelquefois en avant une petite 
carène transversale. 

Cette crête, où mieux cette région postérieure de la tête, que 
l'on nomme le casque , est un peu plus courte et plus basse dans 
les femelles que chez les mâles. Mais, dans les deux sexes , les 
arcades surciliaires forment chacune une crête, qui d'un côté se 
prolonge jusqu'au bout du nez, et de l'autre jusqu'à la pointe de 
l'occiput, en décrivant une courbe dont la convexité est dirigée 
en bas. 

A droite et à gauche de l'occiput, il existe un repli de la peau 
dont le bord libre, légèrement curviligne, s'étend de haut-en bas 
depuis l'extrémité du casque jusqu'au niveau du condyle du 
maxillaire inférieur. Ce repli forme en cet endroit une sorte d'o- 
reille qui s'applique sur le côté du cou, et dont le développement. 
est plus grand chez les femelles que dans les mâles. Chez ceux-ci, 
la longueur de cet appendice cutané est deux fois moindre que 
sa hauteur ; chez celles-là, elle ne l'est qu'une fois. 

Le diamètre longitudinal de la tête, pris en droite ligne du 
bout du museau à son bord postérieur, est égal à la moitié de la 
longueur d'une patte de derrière. Le casque des mâles se pro- 
longe d’un tiers de plus en arrière, et celui des femelles d'un 
quart seulement. On compte dix-huit dents de chaque côté de la 
mandibule , et trente-huit en tout à la mâchoire inférieure. Ces 
dents, qui sont triangulaires , diminuent insensiblement de gros- 
seur à mesure qu'elles s'avancent vers l'extrémité des mächoires. 

En dessus et latéralement, la tête est revêtue d'écailles polÿ- 
gones très légèrement convexes , et d'un plus grand diamètre que 
les tégumens squammeux des autres parties du corps. Celles qui 
se trouvent sur les crêtes se terminent chacune en une petite 
pointé obtuse, ce qui rend ces dernières comme dentelées. Les 
scutelles ou petites plaques qui garnissent les bords libres des 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. 207 


lèvres, sont oblongues et à cinq pans. D'autres écailles, ayant une 
forme conique , existent sur la moitié du dos, où elles constituent 
une espèce de crête très basse et par conséquent fort peu appa- 
rente. il y en a d'à peu près semblables sur la ligne inférieure du 
corps, à partir du menton jusquà l'ouverture anale. IL arrive 
quelquefois à ces écailles de former deux rangs sous l'abdomen. 
Des écailles tuberculeuses se montrent sous la gorge. Le dessous 
des doigts en offre de carrées ou de rectangulaires qui y sont 
disposées en rangées transversales. 11 y en a de même figure for- 
mant des verticilles autour de la seconde moitié de la queue; la 
première ayant, comme les membres, des écailles granuliformes. 
Le reste du corps est tout entier revêtu de petits grains ovales ou 
arrondis , mais d'égale grosseur, et serrés les uns contre les autres 
lorsque l'animal ne se gonfle pas; car, dans le cas contraire, ils 
semblent être disposés par petits groupes de cinq à six chacun. 

Cozorariox. Plus haut , à la page 169, il a été parlé avec détails 
des changemens de couleur qu'éprouve le Caméléon Vulgaire en 
particulier. 11 nous suffira donc de répéter ici qu'il peut prendre 
une teinte blanche, qu'il peut devenir presque noir ; que tantôt 
ces deux couleurs sont disposées de telle sorte qu'il parait tigré 
ou bien zébré. Tantôt le fond de sa couleur est brun : et le long 
du corps se montre une suite de taches oblongnes d’un jaune 
sale. D'autrefois l'animal est jaune, avec des taches orangées, 
quadrangulaires de chaque côté du dos, et des anneaux de la 
même couleur autour des pattes et de la queue. Enfin on a vu 
son corps semé, sur un fond gris, de taches orangées , entremé- 
lées de taches jaunes moins élargies, et en ayant de plus, sur 'es 
flancs , deux séries de rectangulaires et blanchâtres. Dans eet état, 
les membres et la queue étaient jaunes, celle-ci offrant des demi- 
anneaux bruns, alternant avec d'autres demi-anneaux orangés , 
ceux-là étant nuancés on rayés de cette dernière couleur. 

Conservés dans l'alcool, tels qu'on les possède dans les collee- 
tions , les individus du Caméléon ordinaire , appartenant à cette 
variété, sont d'un brun gris ou noirâtre. La crête dentelée de la 
partie inferieure de leur corps est colorée en jaune pâle, de 
même que le dedans des doigts. Souvent leurs flancs offrent quel- 
ques grandes taches noires. 

Dimensions. Nous avons cru nous apercevoir que les Le 
sont un peu plus fortes que les mâles. Nous donnons ici les di- 
mensions de la plus grande que nous ayons observée. 


208 LÉZARDS CAMÉLIONIENS. 


LonNGUEUR TOTALE. 34”. Téte. Long. 5”; haut. 3° 2°”; larg. 2” 5” 


Cou. Long. 7. Corps. Long. 13”. Memb. ant. Long. 7”. Memb. 


LE] 29% ? 
post. Long. 7° 3°”. Queue. Long. 17”. 


Parrie. Notre variété À du Caméléon ordinaire ne paraît habi- 
ter que dans la partie septentrionale de l'Afrique. Nous ne l'avons 
jamais vu venir du Cap, ni du Sénégal. C’est en Égypte, à Tunis, 
à Tripoli, à Alger, en un mot, sur toute l'étendue des côtes 
africaines baignées par la Méditerranée qu’on l’a toujours ren- 
contrée. Elle vit aussi dans le midi de l'Espagne; et s'il faut en 
croire M. Grohman, naturaliste allemand, qui a séjourné quelque 
temps en Sicile, cette île la nourrirait également. Nous avouons 
ne l'y avoir pas trouvée , malgré les recherches que nous fimes 
dans ce pays pendant dix-huit mois, ni même avoir entendu dire 
qu'elle y existait par aucune des personnes auxquelles nous nous 
en sommes informé. 


VARIÉTÉ B. 


Caracrères. Dentélures de la partie inférieure du corps assez 
longues et écartées. 


SynonymiE. Chamæleo Mexicanus seu Cuapapalcatl, Séba, tom. x, 
pag. 152 , tab. 52, fig. 1. 

Chamaæleo orientaüs ex Amboind. Séba , tom. 1, p. 337, tab. 82, 
fig. 2. 

Chamæleo ex Africä, colore nigricante et pectine albo, etc. 
Séba, tom. 1, p. 134, tab. 83, fig. 4. 

Chamæleo Mexicanus. Laur. p. 45. 

Chamæleo Africanus. Laur. pag. 46. 

Chamaæleo calcaratus. Merr. Amph. pag. 162. 

Chamaæleo zebra. Bory de Saint-Vincent, Dict. Class. Hist nat. 
tom. 3, pag. 97, PL. sans n°. 


DESCRIPTION. 


Forwrs. Les individus de cette variété différent de ceux de la 
première ou de la variété À , en ce que leur casque est plus haut 
et plus long; en ce que les appendices cutanés, existant de chaque 
côté de l’occiput, sont moins développés ; enfin, en ce que les 
erêtes qui regnent sur le dessus et le dessous du corps se composent 


QU SAURIENS CHÉLOPODES. G. CAMÉLÉON. f. 209 


de dentelures plus longues, plus coniques et plus écartées. Celles 
dec s dentelures en particulier, qui se voient sous la gorge, sont 
tres-fortes et tres-pointues. 


CoLoraTion. Quant aux changemens de couleurs que l'animal 
peut , à sa volonté, faire subir à la peau qui l'enveloppe, nous 
ignorons s'ils sont les mêmes aue chez la variété A. Mais nous re- 
marquons que les individus conserves dans nos collections offrent 
en general une teinte plus foncée; que le jaune qui colore leur 
crête dentelée inférieure, ainsi que le dedans de leurs doigts, 
est plus vif; et que toujours les angles de la bou. he ou la com: 
missure des lèvres sont de cette dernière couleur. 


Dimensiows. À en juger par les individus des deux variétés que 
nous avons éte dans le cas d'observer, la premiere deviendrait un 
peu plus grande que la seconde , ainsi qu'on peut le voir en com- 


parant les mesures suivantes avec celles que nous avons données 
plus haut, 


Loncueur ToraLe. 40”. Téle. Long. 5° 8°; haut. 4° 3°”; larg. 3”. 
Cou. Long. 197”. Memb. antér. 7° 4°. Memb. post. 7” 6”. Queue. 
Long. 21”. 

Parrie. Cette variété B, qu on pourrait également dualier d'in- 
dienne, attendu qu'elle paraït être particulière aux Indes orien- 
tales, nous a ete envoyee de Pondichéry par M. Leschenault, 
M. Dussumier et M. Reynaud. Nous en possedons aussi un exem- 


plaire qui faisait partie des collections recueillies dans l'inde par 
Victor Jacquemont. 


Observations. Cette espèce est la plus anciennement connue, 
celle dont il est question dans les auteurs qui ont traité les pre- 
miers des choses naturelles. La plupart des muséographes cu sei- 
zieme et du dix-septième siecles en ont donné des figures souvent 
fort incorrectes, il est vrai ; mais parmi lesquelles il en est cepen- 
dant quelques-unes d'assez supportables. La meilleure est sans 
coutredit celle de Knorr. 

. Le Cameleon Vulgaire se trouve représenté plusieurs fois par 
Séba. D'abord dans la Planche 82, n° 3, du premier volume, 
d'aprés un individu quil dit venir de Ceylan, mais qui sans 
doute était une femelle de notre premiere variete. Ensuite, dans 
la meme planche, n% r et 2, et dans la suivante, n° 4; d'ap.ës 
des exemplañies originaires des Indes, on appartenant à uote 
seconde variete, quoique Seéja donne pour patrie, à l'un FAfri- 
REPTILES, LE. 1 4 


210 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


que, et à un auire le Mexique. Mais on sait qu'à cet égard Séba 
n'a jamais mérité la moindre confiance, ayant été souvent trompé 
par les personnes qui lui procuraient les objets de sa collection. 


2, LE CAMÉLÉON VERRIQUEUX. Chameæleo V'errucosus. Cuvier. 
(Voyez PI. 27, fig. 1.) 


CaracTÈrEes. Occiput pointu et relevé en arricre, surmonté d’une 
haute carène curviligne. Une forte crête dentelée sur le dos: une 
autre beaucoup plus faible sur la première moitié de la queue, 
sous la gorge et sous l'abdomen. Peau du corps revêtue de petits 
grains arrondis, entremélés de plus gros. Une rangée longitudi- 
nale d’écailles circulaires le long de chaque flanc. 

Synonyme. Chamæleo verrucosus, Cuvier. Rég. anim. fom, 2, 
pag- 60. 

Chamæleo verrucosus. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 154 

Chamæleo verrucosus, Gray, in Griffith’s Anim. Kingd. tom, 9, 


pag. 53. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête de cette espèce a la même forme que celle du 
Caméléon Vulgaire. Cependant la partie postérieure ou le casque 
en est peut-être un peu plus élevée. 

Sur les côtés de l'’occiput, on ne voit point de ces sortes d'oreilles 
qui existent chez l'espèce précédente, et que nous retrouverons 
beaucoup plus développées dans le Ciemæleo bilobus. 

Les dents sont au nombre de trente-deux à la mâchoire supé- 
rieure , et de trente seulement à l'inférieure. À l’une comme à 
l'autre, les huit ou neuf premières sont très petites et serrées, 
tandis que les autres sont d'un tiers plus fortes et légèrement es-. 
pacées, 

Sur le dos du Caméléon verruqueux, ilrègne une crête dente- 
lée, composée de fortes écailles dont la forme serait celle de petits 
cônes si elles n'étaient légérement aplaties latéralement. Cette crête 
se continue sur la première moitié de la queue, mais en dimi- 
nuant successivement de hauteur. Des écailles parfaitement co- 
niques et à sommet très aigu sont suspendues sous la ligne médio- 
longitudinale de la gorge, où elles constituent une crête dentelée, 
analogue à celle du dos, qui ne commence pas, comme dans 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. G. CAMÉLÉON,. 3. fl 
l'espèce précédente, à l'extrémité du maxillaire inférieur, mais 
un peu en arrière du menton, et qui ne se prolonge point non 
plus sans interruption jusqu'au cloaque. En effet, apres avoir 
disparu sous le cou, elle ne se remontre plus que sur la poitrine 
et l'abdomen. Là, elle est même fort courte, mais néanmoins ap- 
parente chez les jeunes sujets, au lieu qu'on l'apercoit à peine 
chez ceux qu’à leur taille on doit supposer être adultes. 

Les joues et les côtés du casque sont revêtus de grandes plaques 
squammeuses circulaires, entre lesquelles il en existe d’autres 
fort petites. Elles y sont disposées aussi irrégulièrement que celles 
de figure polygone qui garnissent la moitié amtérieure du dessus 
de la tête, Toutes les crêtes que présentent celles-ci sont tuber- 
culeuses. 

Aux tres petits grains qui couvrent la peau des membres et du 
corps, sen mêle un assez grand nombre de plus gros et de très 
convexes, lorsque l'animal est jeune, mais qui deviennent tout- 
à-fait plats avec l'âge. 

De chaque côté du dos, à partir de l'épaule jusqu'au-dessus 
de la cuisse , On remarque une série de seize ou dix-sept larges 
écailles circulaires qui, de même que les grains squammeux dont 
nous venons de parier, offrent une surface bombée chez les jeunes 
sujets ; tandis quelles sont parfaitement planes chez ceux que 
nous considérons comme adultes. Ce sont également des écailles 
granuliformes, maïs s'aplatissant néanmoins avec l'âge, qui re- 
vêtent la queue, où elles se trouvent assez irrégulièrement dis- 
posées, sur les parties latérales et placées en rangs transversaux 
sous la région inférieure. On peut même ajouter que ces der- 
nières affectent une forme quadrangulaire, comme celles qu'on 
remarque sous les doigts, 

Cororariox. li y a dans notre collection un jeune Caméléon de 
cette espèce, dont la couleur est d’un gris olivâtre. Elle en ren- 
ferme deux autres beaucoup plus grands, offrant une teinte 
marron sur toutes les parties du corps qui n’ont point perdu leur 
épiderme. Les endroits où celui-ci manque présentent une teinte 
grise ardoisée très claire. 

Dimensions. Le Caméléon verruqueux est, avec le Chamæleo 
Parsonii, celui qui atteint la plus grande taille, comme on peut 
le voir par les mesures suivantes. Longueur tolale, 55”. Téte. 
Long. 8” 5”; larg, 4” 2°”. Cou. Long. 1” 5°”. Corps. Long. 16”, Memb. 


29 


antér. Long. 10” 2°”. Memb, post, Long. 10” 5°”. Queue. Long. 29°. 


14. 


212 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


Parrie. Cette espèce est une de celles que produit l'île de Ma- 
dagascar, où les deux plus grands des trois individus que ren- 
feime notre collection ont ete recueillis par MM. Quoy et Gai- 
mard. Le troisième, celui d'après lequel M. Cuvier a établi l'espèce 
et le seul quil ait vu, avait été adressé de Bourbon à notre éta- 
blissement, par M. le baron Milius. 

Observalions. Nous ne connaissons aucune autre description 
originale du Cameleon Verruqueux que celle excessivement courte, 
mais bien caracteristique, que M. Cuvier a publiée dans le second 
volume de son règne animal. C'est une espèce si distincte de 
toutes les autres, même du Cameleon crdinaire auquel elle res- 
semble le plus, quil est impossible de la confondre avec au- 
cune de ses congénéres. La figure qui la représente dans notre 
planche 27, suppleera à ce que notre description aurait d'im- 
parfait. 


8. LE CAMÉLÉON TIGRE. Chamæleo Tigris, Cuvier. 


Caracreres. Casque pointu et couché en arriére, ayant sa ca- 
rene médio-longitudinale bifurquee en avant et dentelée, ainsi 
que les arètes surciliaires et temporales. Un petita ppendice cutané 
a l'extremite du menton. Des dentelures ecartées sous la gorge et 
sur la premiere moitie du dos. Grains de la peau du corps petits, 
plats, egaux et quadrangulaires. 

Synonyme. Chamæleo ligris. Cuv. Mus. Par. 

Chamuleo tigris et Seychellensis. Kulh. Beitr. Zool. pag. 104. 

Chamaleo tigris et Seychellensis. Gray, Philos. Magaz. tom. 2, 
pag. 219 et 214. 

Chamæleo ligris. Cuv. Reg. Anim. tom. 2, pag. Go. 

Chamaæleo tigris. Griff. Anim. Kingd. part. 25, pag. 153, 

Chamæleo tigris. Gray, in Griffith's Anim. Kingd. 

Chamæleo tigris. Gray, Spicieg. Zool. part. 1, pag. 3, tab. 4, 
fig. 2 et 2 a. 


DESCRIPTION. 


Formes, Le Caméléon Tigre a des formes plus grêles qu'añcun 
autre de ses congéneres. 

Son casque est pointu comme celui des deux espèces précé- 
dentes, mais il est couché en arrière, et l'arête qui le surmonte 


GU SAURIENS CHÉLOPODES. G. CAMÉLÉON, 3. 213 


longitudinalement, outre qu'elle n'est point arauce, se divise an- 
téricurement en deux branches ani vont aboutir, l'une à droite, 
l'autre à gauche, au tiers postcrieur de l'arcade surciliaire. Celle-ci 
forme une crête tuberculense qui, en avant, se prolonge presque 
jusqu'au bout du nez. En arritre de l'œil, sur la région tempo- 
rale, on remarque une autre arête épineuse qui coupe celle-ci 
en long et en droite ligne, pour remonter ensuite le long du 
bord postérieur du casque dont l'arête médiane est aussi hé- 
rissée de dentelures, daus sa portion simple comme dans sa por- 
tion hifurquée. 

11 est des individus qui offrent également quelques petits tu- 
bercules sur le front et sur le bord orbitaire postérieur. Chez ce 
Caméléon, la peau des côtés de l'occiput ne forme point des replis 
simulant des espèces d'oreilles. Nous avons compté quinze ou seize 
dents de chaque côté, à l'une et à l'autre mâchoire. La surface an- 
térieure de la tête, à partir du dessus des yeux, fait moins la gout- 
tière que dans les Caméléons Vulgaire et Verruqueux. Chez deux 
des individus que nous possédons, la partie du crâne comprise 
entre les deux branches de la carène du casque est très concave. 
Elle l'est beaucoup moins chez un troisième ; et chez deux autres 
elle est tout-àa-fait plane. La concavité du crâne, dans cet endroit, 
ne vient sans doule qu'avec l'âge; car c'est justement chez les 
deux plus grands exemplaires qu'elle est le plus prononcée. 

Les membres postérieurs sont un peu plus courts que les anté- 
rieurs. De petites écailles polygones, égales et tuberculeuses, 
garnissent le bout du museau et les lèvres. Celles qui revétent les 
autres parties de la surface de la tête ont la même forme et la 
même grandeur ; mais elles sont complétement plates. 

Cette espèce est encore une de celles sur le dos desquelies on 
remarque une petite crête dentelée. Mais cette crête, le Camé- 
Icon tigre ne la conserve pas pendant toute sa vie. Dans les jeunes 
sujets, les petites écailles pointues, très écartées, et au nombre 
de vingt environ qui la composent, occupent à peu près toute 
l'étendue du dos; mais à mesure que l'animal grandit, elles dis- 
paraissent peu à peu, en commencant par les dernières; en sorte 
qu'il finit par n'en plus conserver que quelques-unes de fort ob- 
tuses au-deseus des épaules. D'autres petites écailles, entièrement 
semblables à celles de la crête du dos, forment sous la gorge 
une série longitudinale qui est précédée d'un petit lambeau de 
peau comprimé, couvert de grains squammeux tres fins et dont 


214 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS ; 


les bords sont dentelés. Ce petit appendice est positivement situé 
sous la symphise du maxillaire inférieur. Les grains squammeux 
des autres parties du corps sont égaux et trés serrés. Il ne s'y 
mêle aucune espèce de tubercules. Ceux de la gorge et du ventre 
sont un peu arrondis et légèrement convexes. Ceux du dessous 
de la queue sont quadrangulaires et un peu bombés. 1l y en a de 
rhomboïdaux sur les membres, de triangulaires et de carrés sur 
les côtés du corps et de cette derniere figure, seulement, sur la 
région inférieure de la queue. Mais tous ceux-ci sont parfaite- 
ment aplatis. Le dessous des doigts en offre qui sont polygones 
et disposés en pavé, mais non par rangées transversales comme 
chez les deux espèces précédentes. 

CoLorATion. li existe dans notre collection trois individus du 
Caméléon tigre dont les parties du corps sont presque toutes 
semées de petites taches noires, sur un fond brun plus où moins 
fauve. Chez l'un d'eux, cette dernière couleur forme même ün 
cercle autour de quelques-unes de ses nombreuses taches noires. 
Tous trois ont le dessous du cou, la gorge et les lèvres jaunâtres. 
Ce systeme de coloration , comme en le pense bien, n’est pas 
celui que présente constamment l'espèce ; c'est le résultat d'un 
de ces changemens de couleurs que tous les Caméléons ont la 
faculté de faire éprouver à la peau qui les enveloppe. Ce qui le 
prouve, ce sont deux autres exemplaires appartenant également 
à notre Musée , lesquels offrent, l’un une couleur violacée uni- 
forme : l'autre une teinte jaune mêlée de grisâtre sur les régions 
inférieures. 

Dimewsrons. Nos trois petits échantillons ont de treize à quinze 
centimètres de long. Les deux plus grands en ont, l'un vingt-et-un 
et l'autre vingt-trois. C'est d'après ce dernier que nous donnons 
ici les mesures des principales parties du corps. 

Loncueur TOTALE. 23”. Téte. Long. 3” 5”; haut. 2” 27; larg. 
1” 5”. Cou. Long. 9”. Memb. ant. Long. 5”. Memb. post. Long. 
4” 6”. Queue. Long. 12. 

Parrre. Quatre des cinq individus d'après lesquels vient d'être 
faite la description qui précède, proviennent des îles Seychelles. 
Deux en ont été rapportés par Peron et Lesneur, et les deux autres 
séparément par MM. Dussumier et Eydoux. Quant au cinquième, 
son origine ne nous esi pas connue. 

Observations. C'est à Kubl qu'on doit la première description 
qui ait été publiée de cette espèce qu'il avait observée dans notre 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. G. GAMÉLÉON. 3. 915 
Musée , et dont il fit un double emploi sous le nom de Chamaæleo 
Seychellensis. L'individu type de son Chamæleo tigris portait déjà 
ce nom écrit de la main même de Cuvier sur le bocal qui le 
renfermait. C'est un des trois qui existaient seuls alors dans la 
collection , celui dont nous ne connaissons pas l'origine, ét qui, 
semblable à ceux que nous avons recus depuis, a le Corps parsemé 
de taches noires, 

Celui que Kuhl a nommé Chaméæleo Seychellensis a été établi 
sur les deux individus de Péron et Lesueur, dont la taille est un 
peu plus grande et la couleur uniforme, différences qui ne sont 
purement qu'individuelles, et non spécifiques ainsi que l'a pensé 
Kuh}, soutenu peut-être dans cette opinion par celle de Péron, 
d'apres les catalogues duquel ces deux exemplaires se trouvaient 
éliquetés : le Seychellensis. 

Il faut que M. Cuvier n'ait pas lu attentivement la description 
de ce prétendu Caméléon des Seychelles de Kuhl , description qu'il 
est facile de reconnaître pour être faite d’aprésles deux individus 
rapportés par Péron et Lesueur; où bien que lui-même les ait 
crus différens de l'individu nommé par lui Caméléon tigre, pour 
qu'il ait pu dire, dans une note de la seconde édition de son 
Règne animal, que le Caméléon que Kubhl appelait Seychellensis 
était probablement une femelle du Chamæleo pumilus. 

Maïs notre seconde supposition ne peut être admise que trés 
difficilement , car les deux Caméléons des Seychelles, de Péron et 
Lesueur, que M. Cuvier avait certainement bien examinés, n’ont : 
pu être regardés par lui comme appartenant au Caméléon nain, 
dont ils différent à tant d'égards; et, d’un autre côté, s'il les 
considérait comme distincts du Caméléon tigre, pourquoi ne les 
aurait-il pas cités comme tels dans cette seconde édition du Règne 
animal, où il a brièvement décrit toutes les espèces que renfer- 
mait notre Musée lorsqu'il la publia ? 

Quoi qu'il en soit, ce Chameæleo Seychellensis de Kuhl, adopte 
par M. Gray dans le mémoire qu'il a publié sûr le genre Chameæ- 
leo, dans le Philosophical Magazine, est une espèce à rayer des 
catalogues erpétologiques. Il n'existe encore d'autre figure du 


Caméléon tigre que celle représentée par ce dernier auteur dans 
ses Spicilegia zoologica. 


2:10 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 
&. LE CAMÉLÉON NASU. Cumæleon nasutus. Nobis. 


CaracTEREs. Casque triangulaire, couché en arrière; museau 


terminé par un pelit lambeau de peau comprimée. Quelques 
pointes molles isolées sur le dos des mâles. 


DESCRIPTION. 


Ce Caméléon est une espèce de tres petite taille fort voisine, 
mais néanmoins distincte du Caméléon tigre. Elle est remarqua- 
b'e en ce qu'elle porte à l'extrémilé du nez un appendice sem- 
blable à celui qui pend sous le menton de l'espèce précédente. 
Cet appendice est un lambeau de peau comprime, qui saille un 
peu au-dessus de la bouche; le bord anterieur en est arrondi , fai- 
blement festonné, et les côtés garnis d'écailles finement granu- 
leuses. 


Le casque a absolument la même forme que eelui du Caméléon 
tigre, c'est-à-dire qu il est triangulaire; mais au lieu d'offrir, sur 
la surface comme chez ce dernier , une arête médiane bifurquée 
en avant, il en présente deux formant un angle aigu, dont le 
sommet correspond à la pointe de l'occiput. Du reste, ces deux 
arêtes sont trés peu marquées, et celles qui surmontent les voûtes 
orbitaires ne le ne sont guere plus. Celles-ci se prolongent en 
avant jusqu'à la naissance du petit appendice nasal dont nous ve- 
nons de parler; et, en arriere , elles sont coatigués aux bords 
latéraux du casque. 


Les dents sont tricuspides, comprimées, et au nombre de seize 
à chaque mâchoire. 

Ce petit Caméléon est grêle dans ses formes. Il a le dos un peu 
arrondi, et celui-ci donne naissance à quelques petites pointes 
molles qu'on ne remarque pourtant que chez les individus males. 
L'un et l'autre sexes sont depourvus de dentelures sous la ligne 
medio-longitudinale du dessous du corps. De petites plaques po- 
lygones aplaties revélent le dessus et les côtes de la tete. Ce sont 
des grains squammeux tres-fins, qui se montrent sur les parties 
laterales du museau. Les ouvertuies des narines sont circulaires 
et dirigces obliquemnent en arriere, 


La peau de la gorge et de la poitrine est granuleuse. Sur le 


OU SAURIENS CHÉLOPODES« G. CAMÉLÉON. D. 217 
corps on voit des petites écailles arrondies et plates, se mêlant à 
d'autres dont la figure est oblongue ou triangulaire. Les membres 


en offrent de rhomboïdales, et le ventre et la queue de carrées. 
Sur cette dernivre elles forment des verticilles,. 


Cocorariow. il règne un brun foncé trés finement piqueté de 
noir sur les parties supérieures du corps. Le ventre est grisâtre. 
Une teinte orangeée apparaît sous forme de bande longitudinale 
de chaque côté du corps, et sous celle d'anneaux interrompus 
autour de la queue. 


Dimensions. Cette espèce de Caméléon est sans contredit la plus 
petite de celles que l’on connaît aujourd'hui. Les quatre individus 
tous de même taille , que nous possédons sont évidemment adul- 
tes; car parmi eux il se trouve une femelle dont le ventre est 
rempli d'œufs qui étaient prêts à être pondus. 

Voici les dimensions des diverses parties de leur corps : 

LoncuEur TOTALE, 8°. Téle. Long. 1” 5°’; haut. 8”; larg. 1”. 
Cou. Long. 3”. Corps. Long. 2°. Memb. antér. Long. 9”. Memb. 
postér. Long. 8°”. Queue. Long. 4° 5°”. 


Parrie. Cette intéressante espece de Caméléon vient de nous 
être adressée de Madagascar par M. Bernier. 


Observations. C'est une dé ouverte dont la science erpétologi- 
que est redevable à ce naturaliste. 


5. LE CAMÉLÉON NAIN. Chamæleo pumilus. Latreille. 


Canacrères. Casque triangulaire , allongé , étroit, à carène fort 
basse. Tête tuberculeuse. Une crête dentelée sur le dos et sur la 
queue. Des lambeaux de peau comprimes sous la gorge. Des petits 
grains inégaux tres serrés sur le corps, avec une ou deux series 
longitudinales de grandes écailles circulaires sur chaque flanc. 

SvnonvuiE. Chamaæleo Amboinensis. Séba, tom. 1, pag. 134, 
tab. 182, fig. 4 et 5? 

Chamaleo pumilus. Latr. Hist. Rept. tom. 2, p. 20, d'aprés 
Seba , dont il cite la planche 83, fig. 5. 

Chama leo pumilus. Daud. Hit. Rept. tom. 4, pag. 212, tab. 55. 

Le Chaméléon nain. Bosc. Nouv. Dict. d’Hist. nat. tom. 5, p. 64, 
PI. B, 6, fig. 8. 

: ‘Chamiæleo pumilus. Kuhl. Beitr. Zool. pag. 104. 

Chamæleo Murgaritaceus, Meyrem. Amph. pag. 16». 


218 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 
Chamcæleo pumilus. Bory de Saint-Vincent, Dict. Class. d'Hist. 
nat. tom. 3, p. 98. 
Chamæleo pumilus. Gray, Philos. Magaz. tom. 2, pag. 211. 
Le Caméléon nain. Cuv. Règn. anim. tom. 2, pag. 60. 
Chamæleo pumilus. Wagler, Nat. Syst. Amph. pag. 163. 
The Dwarf. Cameleon. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, PAS. 104: 
Chamæleon pumilus. Gray, In Griffith’s Anim. Kingd. tom. g, 
pag. 63. 


DESCRIPTION. 


Formes. Le Caméléon nain est ramassé dans ses formes. La tête 
est aplatie latéralement. Le contour horizontal de la partie supé- 
rieure représente un losange , dont l'angle antérietir est obtus et 
l'angle postérieur très aigu. En avant, le dessus de la tête est légè- 
rement concave, et est un peu incliné vers le bout du museau. 
En arrière, il offre sur la ligne médio- longitudinale une faible 
carène tuberculeuse de même que les bords latéraux du casque 
et les crêtes surciliaires qui se prolongent jusqu’au bout du nez. 

Sur les côtés de la tête, à droite et à gauche du casque, on voit 
une autre crête tuberculeuse formant un angle droit qui touche 
par sa base, d'un côté au milieu du bord orbitaire postérieur et 
de l’autre au dernier tiers de la marge du casque. Le cerele de 
l'orbite et la carène qui le surmonte sont garnis de tubercules. 
Toutes les écailles recouvrant le dessus du crâne sont plus ou moins 
convexes. Celles qui revêtent les joues sont polygones et aplaties. 

Les mâchoires sont armées chacune de trente dents triangu- 
laires, comprimées, ayant une petite pointe de chaque côté. 
Des lambeaux de peau minces, à bord inférieur arrondi et den- 
ticulé, pendent sous la gorge, où ils constituent une espéce de 
frange qui s'étend sur la région moyenne, depuis le menton jus- 
qu'à la poitrine. Mais cela, chez les mâles seulement; car chez 
les individus de l’autre sexe, cette frange sous-gutiurale se ter- 
mine à la naissance du cou. Le nombre de ces lambeaux de peau 
varie de douze à vingt. Ils sont moins développés chez les femelles 
que chez les mâles, et leur forme, qui est cblongue dans les pre- 
mieres , est presque circulaire chez les derniers. Dans les deux 
sexes ils diminuent de grandeur à mesure qu'ils s'éloignent du 
menton. Le diamétre des plus grands n'est pas tout-à-fait égal à 
celui de l'orbite. Une ligne de fortes écailles coniques s'étend sur 


QÙ SAURIENS CHÉLOPODES. G. CAMÉLÉON. D. 210 


la partie supérieure du corps, en diminuant successivement de 
grosseur, depuis les épaules jusqu'au dernier quart environ de la 
longueur de la queue. Ces écailles sont légèrement penchées en 
arrière, et laissent entre elles un intervalle équivalant à peu près 
à la moitié du diametre de leur base. 

Le ventre n'offre point de dentelures. Il est revêtu, comme le 
reste du corps, de petits grains serrés et sub-arrondis. Les côtés 
de celui-ci sont clair-semés d’écailles circulaires à surface convexe, 
qui quelquefois sont placées assez régulièrement pour former une 
ou deux rangées longitudinales. Lés membres et les parties laté- 
rales de la queue présentent de gros ét de petits tubercules entre- 
mêlés. Les écailles du dessous des doigts, qui sont granuleuses , y 
sont disposées en rangs transversaux. 


Cozorarion. Parmi les nombreux individus appartenant à cette 
espèce , qui font partie de nos collections, il s'en trouve qui sont 
d'un gris blanchâtre, d’autres offrent une teinte violacée avec 
des bandes ou des tâches jaunes sur les côtés du corps. Ceux-ci 
sont olivätres, ceux-là sont irréguliérement peints de noir, de 
brun et de fauve. 


Dimensions. La taille de ce Caméléon reste bien au-dessous de 
celle des précédens, à l'exception du C. nasique. Nous n'avons pas 
encore observé d'individu plus grand que celui dont nous donnons 
ici les dimensions des principales parties du corps. 

LONGUEUR TOTALE, 17”. Tête. Long. 2° 5°”; haut. 1” 5”; larg. 1”. 
Cou. 5” Corps. Long. 6”. Memb. antér. Long. 5° 7°”. Memb. 
post. Long. 5” 5°”. Queue. Long. 7” 57. 


Patrie, Les récoltes zoologiques faites au cap de Bonne-Espé- 
rance, par feu Delalande , ont fourni à notre musée plus de trente 
échantillons de Caméléon nain. M. Reynaud et MM. Quoy et Gai- 
mard en ont aussi envoyé quelques - uns du même pays. Mais ce 
n’est pas le seul qui produise cette espèce; car nous en avons un 
jeune sujet que Péron et Lesueur ont rapporté des iles Seychelles. 


Observations. Latreille et Daudin , qui ont les premiers décrit le 
Caméléon nain, ont eu tort, suivant nous, de citer comme étant 
le portrait de cette espèce, la figure n°5, de la planche 183, du 
tome premier de Séba. Cette figure nous semble plutôt être une 
mauvaise représentation du Caméléon du Sénégal. C'est ce qui 
nous a empéchés de placer dans notre synonymie du Caméléon 
nain le Chamæleo Bonæ Spei de Laurenti, pag. 46, n° 64 , et le 


220 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


Lacerla pumila de Gmelin, pag. 1069, n° 61, qui n'ont été éta- 
blis que d'apres la gravure de Séba que nous venons de citer. 

Mais il est présumable que c’est le jenne âge de l'espèce du pré- 
sent article, espèce que ce muséographe a eu l'intention de repré- 
senter dans la planche 182, n° 4 et 5 du même volume. 


6. LE CAMÉLÉON À BANDES LATÉRALES. Chamæleo lateralis, 
Gray. 


CaracTëres. Casque couché en arrière, fort bas, à carëène 
lécèrement arquée. Dos et ventre sans crêtes. Des dentelures très 
courtes sous la gorge. Grains de la peau petits, égaux, très con- 
vexes, semés d'autres grains semblables, mais un peu plus forts. 


Srnonvue. Chamcæeleo lateralis. Gray. An Griffith’s Anim. Kingd, 
tom. 9, pag. 53. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce a le corps trapu. Son casque est un peu 
plus court, moins pointu et surtout moins relevé que celui des 
espèces précédentes; la carène en est fort basse et légèrement 
arquée. Le pourtour de sa tête, vu en dessus, forme en avant un 
long angle aigu, et en arrière un autre angle court et obtus. Les 
crêtes surciliaires se prolongent jusqu'au bout du museau. Celui- 
ci est concave et légerement incliné. Les bords latéraux du casque, 
qui semblent continuer les carènes des orbites, en arriere, sont 
arqueés dans le sens opposé de celles-ci. Les arêtes de la tête n'of- 
frent point de dentelures. Les écailles qui les garnissent sont 
carrées, ainsi que celles du bord postérieur de l'orbite. Sur le 
museau, on en voit de polygones, convexes ou aplalies suivant 
les individus : celles qui revétent le crâne sont granuleuses ou 
bien tres faiblement carénées. 

Le ventre, la queue, ni le dos ne présentent de crêtes den- 
telées. 11 règne seulement sur toute l'étendue du dernier un dou- 
ble rang de petites écailles coniques fort courtes. On en remarque 
environ une vingtaine de semblables constituant une série longi- 
tudinale sous la gorge. Ce sont des grains squammeux extrême- 
ment fins, parfaitement arrondis et tres serrés, qui se montrent 
sur la surface de toutes les autres parties de l'animal; à ceux des 
flancs 1] se mêle quelques petits tubercules. 


OU SAURIENS CHELOPODES. G. CAMÉLEONK. 7 221] 


La queue ne fait pas tout-àa-fait la moitié de la longueur totale 
du corps. 

Les dents sont triangulaires, simples et trés pointues. Il en 
existe vingt-huit ou trente en bas, et trente-deux en haut. 


Cocorarion. Les trois individus de cette espèce que renferme 
la collection, ont le dessous du corps marque d'une large et belle 
bande jaune régnant depuis le menton jusqu'a l'anus. Ils en 
offrent une antie, mais moins prononcée, de chaque côté du 
corps. Celles-ci sont paralleles au dos et situees vers les deux tiers 
de sa hauteur. Le dessous des doigts est de la couleur de ces 
bandes. 

Denx de ces trois individus sont d’ailleurs comp'étement noirs ; 
l'autre présente une teinte plombee sur la partie superieure du 
corps, laquelle paraît être lavee de jaunâtre sur les régions infe- 
rieures. 


Druexsiows. Longueur totale. 19°. Tête. Long. 3”; haut. 27: 
larg. 13°”. Cou. Long. 5” Corps. Long. 6” 3°". Memb. antér. 
long. 4”. Memb. postér. Long. 3° 5”. Queue. Long. 8” 5”. Ces 
mesures sont celles du plus grand de nos trois échantillons. Les 


deux autres ont de quatorze à seize centimètres de long. 


Parmi. Les derniers, ou les plus petits, ont été envoyés de l'île 
Bourbon par M. le baron Milius. Nous devons celui de dix-neuf 
centimetres de long à M. Goudot, qui l'a adressé de Madagasiar. 


Observalions. 1 n'existe en ore aucun portrait de cette espèce. 
Elle n'est connue Ges naturalistes que par la très courte descrip- 
tion qu'en a publiee M. Gray, à la suite de la partie erpétologique 
de la traduction anglaise du Règne animal de Cuvier, faite par 
MM. Pidgeors et Griffith. 


7. LE CAMÉLÉON DU SÉNÉGAL. Chamaæleo Senegalensis. Cuvier. 
(Woyez pl 27, fig. »;) 


CaracrEres. Casque plat, presque arrondi en arrière. Arêtes 
surciliaires non réunies à leurs extrémités et ne se prolongeant 
pas tout-àa-fait jusqu'au bout du museau. Dessus et dessous du 
corps garnis de dentelures. Grains de la peau nombreux, petits 
et ecaux. 

… Synonxme. Lacerta Chamæleon , pileo plano. Linn. Syst. Nat. 

pag. 365. 


299 LÉZANDS CAMEÉLÉORIENS 

Chameæleo Promontorii Bonæ Spet. Séba. tom. 1, tab. 83, fig. 5. 

Chamæleo. Jonston. tom. r, tab. 79: 

Chameæleo Bonæ Spei. Laurenti. pag. 46, n° 64, d'après Séha. 

Chamæleo. Miller. Cymel. phys. pag. 22, tab. 11. 

Lacerta Chamæleon. Gmel. Syst. Nat. pag. 1069. 

Lacerta pumila. Gmel. Syst. Nat. pag. 1069, n° 6r. 

Common Cameleon. Shaw. Gener. Zool. tom. 3, pag. 253, 
tab. 76. 

Little Cameleon. Shaw. Gener. Zool, tom. 3, pag. 263. 

Chamæleo Senegalensis. Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 203. 

Caméléon à casque plat et à ventre dentelé en scie du Sénégal 
(17€ variété). Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 209. 

Chamæleo Senegalensis. Bory de Saint-Vine. Dict. class. d'Hist, 
nat. tom. 3, pag. 97. 

Chamæleo Senegalensis. Gray. Philosoph. Magaz. tom. 2 
pag. 212. 

Le Caméléon du Sénégal. Cuvier. Reg. anim. tom. 2, pag. 60. 

The Cameleon of Senegul. Griff. Anim. Kindg. tom. 9, pag. 154. 

Chamæleo Senegalensis. Gray. In Griflith’s Anim. Kingd. tom. 9. 
pag. 53. 


? 


DESCRIPTION. 


” Formes. La tête du Caméléon du Sénégal est du double plus 
longue qu'elle n'est haute en arrière. Le contour de sa surface 
supérieure, s'il ne se terminait angulairement du côté du nez, 
représenterait une figure ovale allongée. Le casque est horizonta- 
lement situé , et la carène qui s'élève de la ligne médio-longitudi- 
nale très peu prononcée. Ses bords font une légère saillie, qui se 
trouve continuée par les arêtes surciliaires. Celles-cise prolongent 
sur le museau, sans cependant arriver jusqu’à son extrémité où 
elles ne se réunissent pas ensemble, comme cela se voit chez le 
Caméléon panthère. La moitié antérieure du dessus de la tête est 
un peu concave et penchée en avant. La mandibule, de même 
que la mâchoire inférieure, est armée de vingt dents de chaque 
côté, Les membres sont d'égale longueur. La queue entre pour la 
moitié dans la longueur totale du corps. La surface du crâne est 
revêtue, ainsi que les joues, d'écailles polygones, plates et à peu 
prés égales entre elles. Ce sont les plus grandes de toutes celles de 
la tête. Il en existe quelques-unes, qui sont tuberculeuses, entre 


OÙ SAURIENS CHÉLOPODES. G. CAMÉLÉON. 7. 293 
le bord oxbitaire et la marine. Sur les lèvres, il y en a un pre- 
mierrang de pentagones et un second d'hexagonales. Les membres 
en sont garnis d'assez petites, ayant une forme rhomboïdale ; 
pourtant, sous les doigts, où elles sont placées en rangs transver- 
saux, elles prennent une figure ovalaire. 

Celles qui entourent et protégent la queue sont carrées, légère- 
ment bombées et disposées en anneaux. On voit d'autres écailles 
ayant la même figure que celles-ci, mais parfaitement plates, sur 
la partie la plus élevée du corps, où elles forment de chaque côté 
trois ou quatre séries longitudinales. Les autres régions de l'animal 
ne présentent plus que des grains squammeux, quelquefois sim- 
plement convexes, d’autres fois ayant leur sommet un peu pointu. 
Ces grains, qui sont égaux et trés serrés les uns contre les autres, 
n'ont pas toujours une forme arrondie ; souvent elle est ovalaire, 
et parfois elle approche de la quadrilatérale, La ligne moyenne 
du dos et celle de la partie inférieure du corps donnent naissance 
à une suite d'écailles coniques, qui constituent ce que nous appe- 
lons les crêtes dentelées supérieure et inférieure, et qui sont ici 
toutes deux fort basses. La première occupe non-seulement toute 
la région dorsale , mais se prolonge sur la presque totalité du 
dessus de la queue, en diminuant, bien entendu, de hauteur à 
mesure qu’elle s'éloigne de la tête. La seconde, ou l'inférieure, 
s'étend depuis le bout du menton jusqu'au cloaque, sans s’atté- 
nuer beaucoup vers son extrémité postérieure. 

Les écailles de cette crête ventrale, quoiqu'un peu comprimées, 
le sont moins que celles de la dorsale, qui de plus sont légere- 
ment penchées en arriere. Quelques individus ont aussi sous la 
queue , à son origine, une autre crête dentelée, mais elle est tres 
peu prononcée. 

Cozorarion. La plupart des individus de cette espèce que nous 
avons été dans le cas d'observer dans les collections, sont d’un 
gris jaunâtre. La nôtre en renferme deux celorés de la même 
manière, un autre sur toutes les parties duquel est répandu une 
belle teinte violette, et un quatrième présentant une couleur 
jaune légèrement salie. Nous en avons encore deux très jeunes, 
dont la couleur fauve où jaunâtre est mélangée de noir sur les 
côtés du corps. C’est un de ces deux individus en particulier que 
Daudin a décrit à la page 209 du 4° volume de son Histoire des 
Reptiles, et qu'il désigne par cette phrase: Caméléon à capuchon 
pyrramidal et à ventre dentelé en scie du Sénégal, 

Drusxsions. La taille du Caméléon du Sénégal est à peu près la 


224 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


même que celle de l'espèce ordinaire. Les dimensions suivantes 
sont celles du plus grand exemplaire de notre collection. 

LONGUEUR TOLALE. 28 . Téle. Long. 4”; haut. 2°”; larg. 1° 8”. 
Cou. Long. 8°. Corps. Long. 10°. Memb. antér. 6" 5°”. Memb. 
posler. (6,9 Oueue Pons si 

Parrie, Tous les individus de cette espèce, dont nous avons pu 
constater l'origine , venaient du Sénégal. Deux de ceux que nous 
possédons nous ont été envoyés de ce pays par M. Delcambre. 

Observations. Nous n'avons jusqu'ici trouvé dans les auteurs 
muséographes et autres, aucune bonne figure de cette espèce de 
Caméléon. La moins mauvaise est celle du Common Camelecn 
de Shaw, copiée, à ce qu'il paraît, du {ymelia physica de Müller 
( ouvrage que nous avons le regret de ne pas connaître ). Encore 
offre-t-elle une grande inexactitude, celle de ne pas représenter 
les dentelures de la partie inf rieure du corps. Nous croyons bien 
que c’est à cette espèce que doit être rapportée la figure du Cha- 
maleo Bonæ Spei de Seba, sans cependant oser l’affirmer. 

Ces mots variat pileo el carinato, écrits par Linné dans la 12° 
édition du Syslema naturæ, à propos de son Lacerta { himwleon 
indiquent suffisamment que sous ce nom il confondait le Cameléon 
vulgaire et le Caméléon du Sénégal, les seules espèces qu'on connût 
alors. Son éditeur Gmelin est le premier qui les distingua. Alors 
il conserva le nom de Lacerta Chamaleon à l'espèce à casque plat 
en y rapportant à tort celle figurée par Parson dans les Transactions 
Thilosophiques de Londres, ou notre Chamaleo Parsoni , et appela 
Lacerta Africana ie Cameleon Vulgaire. C'est le Cameleon du Se- 
négal, ou mieux la figure quenous présumons le representer dans 
le tome :, pl. 83, fig. 5, de l'ouvrage de Séba, qui a servi de type 
à la phrase caracteristique du Chama leo Bonæ Spei de Laurenti, 
espèce que Gmelin a inscrite sous le nom de Lacer!a puiila, 
et que Shaw a adoptée. 

Le Cameléon que Daudin appeile Caméléon à ventre dentelé en 
scie du Sénégal ( Chamwleo Senegalensis ), est positivement le 
même que celui du présent article; car la description qu'il en 
donne a éte faite sur un individu de notre collection. C'est un 
très jeune sujet, entre lequel et le Chameæleo Mericanus de Séba, 
il existe une si grande différence que nous ne concevons pas 
comment il s'est fait que Daudin les ait cités comme étant de la 
méme espece. 

Le Chamuleo Mexicanus de Daudin est un Caméléon Vulgaire 
de notre variété B, ou Indienne, qu'il est aisé de reconnaître à 


QU SAURIENS CHÉLOPODES. G. CAMÉLÉON. $. 295 


la longueur de son casque. La première variété du Caméléon à 
casque plat et à ventre dentelé en stie, que Daudin a décrite 
d'après Latreille, appartient évidemment au Caméléon du Séné- 
gal; mais la seconde, celle qu'il distingue par cette phrase : 
Caméléon à casque plat, à dos lisse et à ventre dentelé en scie de 
Ceylan, doit en être séparée , attendu qu'elle ne repose que sur la 
figure n° 3 de la planche 82 du tome r de Séba, figure que nous 
croyons bien être celle d’une femelle de notre Caméléon Vulgaire, 
variété À. 


8. LE CAMÉLÉON BILOBÉ. Chamæleo dilepis. Leach. 


Caracrëres. Casque plat; arêtes surciliaires non réunies anté- 
rieurement, et ne se prolongeant pas tout-àa-fait jusqu'au bout 
du museau. Un appendice cutané de chaque côté de l'occiput ; 
une crête dentelée sur le dessus et le dessous du corps. Peau garnie 
de grains nombreux , serrés, à pointes obtuses. 

Synonymie. Chamæleo dilepis. Leach. In Boodish's Ashantee ap- 
pend. n° 4, pag. 499. 

Chamæleo bilobus. Kuhl. Beitr. zool. pag. r04. 

Chamæleo dilepis. Gray. Spiciles. zool. part. 1 , pag. 2, tab. 3, 
fig. 4 ets. 

Chamaæleo planiceps. Merr. Amph. pag. 162, n° 3. 

Chamwæleo dilepis. Gray, Philos. Magaz. tom. 2, pag. 211. 


Chamæleo dilepis. Gray, Synops. In Griffith's Anim. Kingd, 
tom. 9, pag. 55. 


DESCRIPTION. 


Forues. Cette espèce ne diffère de la précédente que parce que 
les grains de sa peau sont un peu plus gros et à sommet aigu, et 
que de chaque côté de son casque il existe un appendice cutané, 
plus ou moins développé, suivant les individus. Chez quelques- 
uns, en effet, il est fort court, tandis que chez d'autres il couvre 
tout le haut du cou sur lequel il s'applique. Ces sortes d'oreilles 
sont plus hautes que longues, et arrondies en arrière. La peau 
épaisse dont elles sont formées est complétement nue en dessous ; 
en dessus elle est garnie d'écailles semi libles à celles des joues. 

Cororariox. Le système de ecloration qui nous a été offert par 
trois individus femelles, les senls que nous avons encore été dans 


: 
REPTILES, il, 19 


226 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


le cas d'étudier, est celui-ci : Un jaune vif colore la crête infé- 
rieure du corps, et une teinte fauve se montre sur les régions 
internes des cuisses : les autres parties de l'animal sont d’un brun 
bleuâtre ou olivâtre. Un de ces trois exemplaires a cependant la 
tête, les membres et la queue de couleur jaunûtre. 


Dimensions. Nous donnons ici la dimension de ce dernier indi- 
vidu comme étant celui qui a la plus grande taille. Zongueur 
totale. 33”. Tête. Long. 4° 5°” ; haut. 3”; larg. 2” 3°”. Cou. Long. 


1”. Corps. Long. 11° 5”. Memb. antér. Long. 7” 1°’. Memb. 
postér. Long. 7”. Queue. Long. 16°. 


Parrie. Ce même exemplaire nous vient de Tiflis, d'ou il a été 
envoyé par M. Fontanier , voyageur naturaliste de notre établis- 
sement. L'un des deux autres est étiqueté comme provenant du 
Sénégal; mais nous ignorons l'origine du troisième. Cette 
espèce habite aussi la côte de Guinée; car elle a été trouvée par 
M. Boodish , pendant le voyage qu'il fit à Ashantee. 


Observations. C'est même dans la relation de ce voyage que 
le docteur Leach l’a décrite et appelée Chamæleo dilepis, bien 
qu'elle füt déja indiquée dans l'ouvrage de Merrem, sous le 
nom de Planiceps. Cet auteur cite aussi le Dictionnaire d'histoire 
naturelle de Valmont de Bomare, tome II, page 295. Le Camé- 
léon bilobé est si voisin du Caméléon du Sénégal, que nous 
aurions été tentés de considérer l'un comme la femelle et l’autre 
comme le mâle, si nous ne nous étions assurés que, parmi les 
individus que nous possédons de ce dernier, il en existe bien 
réellement des deux sexes. 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. G. CAMEÉLÉON. 10. 227 


8. LE CAMÉLÉON À CAPUCHON. Chamcæleo cucullatus: Gray. 


Caracrères. Casque comprime, aplati, donnant naissance de 
chaque côté à deux appendices cutanés. Museau allongé. Grains 
de la peau ovales, inégaux. 


Synonyme. Chamæleo cucullatus, Gray. Synops. In: Griffith’s 
Anim. Kingd. tom. g. pag. 54. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce se distingue de la précédente par un lam- 
beau de peau de plus de chaque côté de l'occiput; par l'inégalité 
de ses écailles et par l'absence de toute crête dentelée sur le dessus 
comme sur le dessous du corps. 


Parrie. Elle est originaire de Madagascar. 

Observations. Ces détails sont les seuls que nous puissions don- 
ner sur ce Caméléon, qui ne nous est connu que par la courte 
description qu'en a publiée M. Gray dans son Synopsis, imprimé 
à la fin du neuvième volume de la traduction anglaise du Régne 
animal de Cuvier. 


10. LE CAMÉLÉON A TROIS CORNES. Chamæleo tricornis. 
Gray. ft fire LA 


Caracréres. Casque plat. Tête courte, armée de trois longues 
cornes, situées une devant chaque œil, la troisième au bout du 
museau. 

SYNONYME. Chamæleo Owenii. Gray. In Griffth's Anim. Kingd. 


DESCRIPTION. 


FormEs. La têle a la même forme que celle des deux espèces 
précédentes, mais les arêtes surciliaires ne fournissent pas de 
prolongemens sur le museau; en sorte que celui-ci, au lieu d'être 
caréné sur les bords, est légèrement arrondi. 

Mais ce qui distingue le mieux ce Caméléon, ce sont les trois 
véritables cornes dirigées en avant dont sa tête est armée. L'une 
est située tout-à-fait à l'extrémité du museau. Elle est arrondie et 


15. 


223 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 

faiblement comprimée; sa longueur est presque égale à celle dela 
tête. Les deux autres sont implantées sur le bord orbitaire anté- 
rieur. Un peu moins longues que la premiere, elles sont, comme 
elle, très légèrement recourbées, terminées en pointe obtuse, et 
offrent de faibles retrécissemens circulaires sur plusieurs points de 
leur étendue. On remarque aussi que cette espèce porte un lobe 
de peau de chaque côté de la partie postérieure de la tête. Mais 
son dos, sa queue et son ventre sont complétement dépourvus de 
dentelures. Les bords du casque présentent de faibles crénelures. 

Des écailles plates et polygones revêtent le dessus et les côtés du 
crâne. 

Le corps est garni de petits grains nombreux, carrés et fort 
peu bombes. 

Cororariox. Le seul individu de cette espèce que nous ayons 
observé est d’un brun grisâtre. Il fait partie de la riche collection 
appartenant à la Société zoologique de Londres. 

Druexsiows. 1l a environ quinze centimètres de longueur. 

Parrie. Cet exemplaire provient de Fernando-Po, sur la côte 
d'Afrique , d'où il a été rapporté par M. Owen. 


11. LE CAMÉLÉON PANTHEÉRE. Chameæleo pardalis. Cuvier. 


CaracrÈres. Casque plat, à caréne médio-longitudinale bien 
prononcée. Un rebord saillant au-dessus de la bouche, formé 
par la réunion des prolongemens des arêtes surciliaires. Dos et 
ventre dentelés en scie. De gros grains épars parmi les autres 
sur le corps. 

Synonymie. Chamæleo pardalis. Cuvier. Rés. anim. tom. 2, 
pag. 60. 

Chamæleo pardalis. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 154. 

Chamæleo niger. Lesson: 1llust. zool. tab. 34. 


DESCRIPTION. 


Fonues. En dessus, la tête du Caméléon Panthère offre un plan 
horizontal, la partie antérieure n'en étant plus inclinée comme 
chez les espèces précédentes. Son contour ne présente pas ab- 
sclument ia même forme dans tous les individus. Cette tête est 
toujours ellipsoïde et plus large en arrière qu'en avant; mais tan- 
tôt le museau est obtus, et le casque arrondi en arrière, tantôt les 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. G. CAMÉLÉON, II. 229 
extrémités de cette tête sont anguleuses, l’antérieure néanmoins 
étant toujours plus aiguë que la postérieure. La surface entière 
de la tête se trouve entourée ou circonscrite par un rebord sail- 
lant et crénelé, non interrompu ; attendu que les crêtes surci- 
liaires, en se prolongeant un peu au delà du museau où elles 
se réunissent, forment une pointe parfois aiguë, quelquefois 
obtuse. 1] arrive même que les extrémités de ces arêtes se di- 
latent assez en dehors pour former une espèce de second mu- 
seau qui serait posé au-dessus du premier, et plus large que lui. 

Le milieu du casque est longitudinalement coupé par une ca- 
rène saillante tres légérement arquée , mais aussi fortement cré- 
nelée que les bords du crâne. A partir du dessus des yeux jus- 
qu'au bout du nez, la surface de la tête est plus ou moins 
concave. 

Il y a vingt dents de chaque côté à la mandibule, et un sem- 
blable nombre à la mâchoire inférieure : les neuf ou dix pre- 
mières sont de moitié plus petites que les autres: mais toutes 
sont comprimées et triangulaires. Les membres sont d’un tiers 
moins longs que le tronc. La queue fait la moitié de la longueur 
totale du corps. Des plaques polygones, affectant parfois une 
figure circulaire, particulièrement sur le casque, couvrent le 
dessus et les côtés postérieurs de la tête. 

L'intervalle existant entre l'œil et le bout du museau est garni 
de petites écailles bombées où carénées, irrégulières dans la 
forme de leur contour. 11 y en a un cercle de granuleuses au- 
tour des narines. Les plaques orbitaires sont oblongues et pen- 
tagonales. 

1l règne, depuis la nuque jusqu'au dernier tiers de la queue 
environ, une crête dentelée qui s'atténue davantage à mesure 
qu'elle s'avance vers l'extrémité du corps. Les écailles qui la 
composent sont coniques, pointues et un peu penchées en ar- 
rière. Une autre crête, semblable à celle-ci, se montre sur la 
région abdominale; elle commence au menton et se termine à 
l'anus, quelquefois néanmoins après s'être interrompue un mo- 
ment sous le cou. Les écailles en sont de même longueur, et 
moins serrées que celles du dos. 

Chez les jeunes sujets, les grains de la pean du corps et des 
membres sont un peu pointus. Ils s’aplatissent avec l'âge, pren- 
nent même une figure quadrangulaire, et toujours il en existe 
de plus gros, convexes et circulaires, épars parmi les autres. 


230 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


On en remarque aussi de semblables à ces derniers sur la queue, 
dont les tégumens squammeux sont carrés et disposés en anneaux 
autour d'elle. 

Cororariox. Il s'en faut que tous les individus de cette espèce 
méritent le nom de Panthère que M. Cuvier lui a donné, d'apres 
un de ceux de notre collection, dont le système de coloration 
rappelle en effet celui d’une des plus belles espèces du genre Felis. 
Sur douze exemplaires nous n'en possédons qu'un seul qui soit 
dans ce cas, c’est-à-dire qui ait le corps semé de taches noires, 
cerclées de blanc sur un fond bleuâtre. Les autres pour la plu- 
part sont noirs , et il y en a deux d'une teinte fauve ; mais tous 
ont les lèvres colorées en jaune, et portent le long de chaque 
flanc une bande de cette couleur plus ou moins apparente et quel- 
quefois interrompue ou divisée en taches. 

Dimensions. Cette espèce parvient à une assez grande taille. La 
collection en renferme une série de douze individus, ayant de- 
puis vingt jusqu'a quarante-sept centimètres de longueur. Voici 
les diverses dimensions du plus grand : Zongueur totale. 47”. Téte. 
Long. 6” 5”; haut. 4° 5”; larg. 3” 5°”. Cou. Long. 1” 5”. Corps. 
Long. 14”. Memb. antér. Long. 8” 5°”. Memb. postér. Long. 8” 4” 
Queue.Long. 24”. 

Pare. Les îles de France, de Bourbon et de Madagascar pro. 
duisent toutes trois le Caméléon Panthere. Nous l'avons recu de 
la première par les soins de M. de Nivoy, de la seconde par ceux 
de M. Desjardins d'une part, et de MM. Garnot et Lesson de 
l'autre : et tout récemment nous en avons trouvé un trés bel 
exemplaire dans un envoi de Reptiles fort curieux, qui vient 
d'être fait de Madagascar au Muséum, par M. Bernier. Cet éta- 
blissement en possède un autre, provenant de la même îlé, qui 
lui a été donné par M. Prêtre. 

Observations. C'est l'individu même d'après lequel cet habile 
artiste a exécuté le dessin que M. Lesson a publié dans ses Illus- 
trations de zoologie, sous le nom de Caméléon noir. Jusque- 
là ii n'avait pas encore été question de cette espèce, ailleurs que 
dans la séconde édition du Règne animal, où elle se trouve trés 
succinctement indiquée plutôt que décrite. Il n’est donc pas éton- 
nant que M. Lesson ne l'ait pas reconnu, car voici ce que Cuvier 
ajoute aux caractères que nous avons nous-mêmes un peu déve- 


loppés : Son corps est semé irrégulièrement de taches rondes, 
noires, bordées de blanc. 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. G. CAMÉLÉON. 12. 231 


12. LE CAMÉLÉON DE PARSON. Chamæleo Parsoni. Cuvier. 


Caracrères. Surface de la tête tout-a-fait plane et inclinée en 
avant ; museau échancré ou divisé en deux lobes , courts, tuber- 
culeux, comprimés et redressés presque verticalement. Parties 
supérieure et inférieure du corps dépourvues de dentelures. 
Grains de la peau petits, quadrangulaires. 

Synonymie. Chamæleo rariss., ete. Parson, Philos. Transact. 
tom. 58, pag. 195, tab. 8, fig. 1-2 ; et Observations sur la Phy- 
sique de l’abbé Rosier , tome :, partie 2 , page 231. 

Lacerta Chameæleo. Gmel. Syst. Nat. pag. 1069, n° 20. 

Chamæleo Parsonii. Cuvier, Oss. Foss. tom. 5, pag. 269, PI. 16, 
fig. 30-31. Pour la tête osseuse. 

Chamæleo Parsonu. Gray, Philos. Magaz. tom. 2, pag. 213. 

Chamæleo Parsonit. Cuvier, Règ. Anim. tom. 2, pag. 60. 

Chamæleo Parsonii. Griff. Anim. Kingd. tom. g, pag. 155. 

Chamæleo Parsonit. Gray, Synops. In Griffith's Anim. Kingd. 
tom. g, pag. 94. 

Chamaæleo Madecassus. Lesson, Illustr. Zool. tab. 35. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête du Caméléon de Parson est à peine moins large 
en avant qu'en arrière. Les parties latérales en sont tout-a-fait 
perpendiculaires, et le dessus et le dessous parfaitement plans. 
Vue de profil, elle représente un triangle ayant deux de ses côtés 
égaux , et le troisième d’un tiers plus grand que chacun des deux 
autres. Le grand côté correspond à la face supérieure, et les 
deux petits aux faces postérieure et inférieure. 

On aura l'idée de la figure du contour horizontal du dessus de 
la tête, si l'on se représente celle d’un ovale oblong, tronqué en 
avant et contigu à l’un des petits côtés d’un rectangle. 

La surface du crâne est plane. Les crêtes surciliaires ne sont 
nullement arquées; elles forment, à droite et à gauche, une por- 
tion des bords du dessus de la tête , jusqu'à l'extrémité antérieure 
de laquelle elles se prolongent, pour se transformer de chaque 
côté et au-dessus du museau, en un lobe comprimé , presque 
vertical et hérisseé de tubercules anguleux. 

On aperçoit un rudiment de carène sur la ligne médio-longitu- 


232 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


dinale du casque: Le bord postérieur de celui-ci, qui est large et 
aplati, s’'avance en toit sur le cou, qu'il couvre sans y être adhé- 
rent, comme chez les autres espèces de Caméléons. 

Le Cameléon de Parson a des membres plus robustes, plus 
forts que tous ses congénères. Son système tégumentaire est fort 
simple sur le corps : on n'y voit effectivement que des petites 
écailles carrées, se dilatant un peu davantage à mesure qu'elles 
se rapprochent du dos. 

Des grandes plaques hexagonales, mêlées à d'autres plus petites, 
couvrent la surface du crâne en avant et en arrière. Sur la region 
inter-oculaire ce sont des écailles de même figure , mais plus pe- 
tites, parmi lesquelles il s'en trouve de convexes. Il existe une 
rangée de gros tubercules simples sur les bords du casque. Il yen a 
de beaucoup plus forts et anguleux sur le sommet des crêtes qui 
terminent le museau, et deux ou trois séries de petites, qui sont 
coniques ou pointues, sur le bord orbitaire supérieur. 

Les lèvres sont protégées chacune par une rangée de plaques 
pentagones ; l'extrémité de la supérieure en offre une du double 
plus large que les autres, laquelle est surmontée de quatre écailles 
granuleuses , placées sur une ligne transversale. Ce sont des pla- 
ques de même figure que celles du casque, mais d'un moindre 
diametre qui revêtent les joues. Le tranchant du dos, ni le dessus 
de la queue, ni le dessous du ventre, n'offrent de traces de den 
telures. 

Des grains excessivement fins garnissent les côtés du cou , la 
poitrine et le dedans des cuisses. 11 y en a sous la gorge et la 
région inférieure du cou, qui ressemblent à de très petites 
perles. 

CozorarTion. Les Caméléons de Parson, que nous avons obser- 
vés, sont tous d’un gris fauve ou jaunâtre. Quelques-uns nous 
ont offert un ruban jaune sur les côtés du corps. 

Druexsions. Cette espèce est la plus grande de toutes celles du 
genre auquel elle appartient. Nous en possédons un exemplaire 
qui n’a pas moins de cinquante-cinq centimètres de long. En voici 
d’ailleurs les principales mesures. 

Loxeueur roTaze. 55”. Téle, Long. 8”; haut. 5” 57”; larg. 3” 
5”. Cou. Long. 1” 4”. Corps. Long. 16”. Memb. antér. Long. 9. 
Memb. postér. Long. 8” 7”. Queue. Long. 30”. 

Patrie. Les deux premiers échantillons de cette espèce qu'ait 
possédés notre établissement, ont été rapnortés de Madagascar 


OU SAURIENS CHÉLOPODES,. G. CAMÉLÉON. 13. 233 


par MM. Quoy et Gaimard. Depuis, M. Ssanzin en a envoyé deux 
autres du même pays, et nous devons à la générosité de M. Dus- 
sumier d'en posséder un cinquième recueilli par lui à l’île de 
France. 

Observations. Le nom de Parson, donné par Cuvier à ce Camé- 
léon , est celui de la personne qui l'a fait connaître. La figure 
qu'elle en a publiée dans les Transactions philosophiques de Lon- 
dres , sans être parfaite, est néanmoins trés caractéristique. Aussi 
nous étonnons-nous que plusieurs auteurs, parmi lesquels nou; 
citerons Daudin et Merrem, l’aient prise pour celle du Caméléon 
à nez fourchu. Gmelin , de son côte , l’a considérée à tort comme 
une variété de son Lacerta Chamæleo. Ce Caméléon de Parson a 
été nommé Caméléon madécasse par M. Lesson, qui en a publié 
une assez bonne figure dans ses Illustrations de zoologie. 


13. LE CAMÉLÉON À NEZ FOURCHU. Chamæleo bifidus. 
Brongniart. ( Voyez PI. 27, fig. 3.) 


CaracrÈres. Casque plat, semi-circulaire. Museau prolongé en 
deux grandes branches droites et comprimées. Une crête dentelée 
sur la premiére moitié du dos. 

SynonymiEe. Chamæleo bifurcus. Brong. Bullet. Sociét. Philom. 
n° 56, fig. 2. 

Le Caméléon fourchu. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 18. 

Chameæleo bifidus. Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 217, pl. 54. 

Le Caméléon fourchu. Bosc. Nouv. Dict. d'Hist, nat. tom. 51, 
pag. 64. 

Chamaæleo bifurcus. Kuhl. Beitr. Zool. pag. 103. 

Chamæleo bifidus. Merrem. Amph. pag. 162. 

Chamæleo bifurcus. Cuvier, Ossem. foss. tom. 5, p. 269, pl. r6, 
fig. 32-53, pour la tête osseuse. 

Chamæleo bifurcus. Bory de St.-Vincent, Dict. class. d'Hist. nat. 
tom. à, pag. 98. 

Chamæleo bifurcus. Gray, Philos. Magaz. tom. 2, pag. 212. 

Le Caméléon à nez fourchu. Cuvier, Règ. anim. tom. », pag. 61. 

The Cameleon of the Moluccas. Griffith, Anim. Kingd. tom. 9, 
pag. 159. tab. sans n°. 

Chamæleo Lifidus. Gray, Synops. In Griffith's Anim. Kingd. 
ÉOM. 4, pag. 04. 


234 LHÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


DESCRIPTION. 


Formes. Rien ne caractérise mieux cette espèce que le prolon- 

gement de son museau en deux lames osseuses, fort épaisses, 
représentant une espèce de fourche qui, lorsque l'animal est 
adulte, entre pour les deux tiers environ dans la longueur to- 
tale de la tête. Ces deux branches comprimées et dentelées sur 
leurs bords supérieurs et inférieurs, sont droites, et s’écartent un 
tant soit peu l’une de l’autre, à mesure qu'elles s'éloignent du 
nez. Leur base occupe la totalité de l'extrémité antérieure de la 
tête, au-dessus de la bouche. Le front est concave ; le casque 
plat , sans la moindre arête, semi-circulaire dans son contour 
et légèrement incliné en avant: Les crêtes surciliaires sont à 
peine arquées et très peu saillantes. Elles se trouvent continuées 
antérieurement par les tranchants supérieurs de la proéminence 
furculaire. Le bord du casque est circonscrit par un cordon de 
gros tubercules pointus. On en voit un double rang de petits, 
simplement convexes, au-dessus de chaque @&il. Des séries longi- 
tudinales d’écailles en losanges et carénées garnissent les parties 
latérales des proéminences osseuses du museau, dont la pointe 
de chacune d’elles se trouve enveloppée d'une écaille conique. 
Le dessus de la tête offre de petites plaques polygones. La mâ- 
choire inférieure et la mandibule sont armées chacune de seize 
dents de chaque côté. Une trentaine d'écailles coniques hérissent 
le tranchant du dos, dans la moitié antérieure de son étendue. 
On ne remarque rien de semblable sous la région abdominale. 
Les plaques latérales sont pentagones. La partie la plus élevée 
du corps et la queue dans toute sa longueur, sont revêtues de 
petites plaques égales entre elles. Il en existe de rhomboïdales 
sur les membres; mais à la peau des autres parties du corps adhe- 
rent de très petites écailles granuliformes, qui, vers la région 
abdominale, se réunissent par petits groupes circulaires de cinq 
ou six, sur une ou deux séries longitudinales. 
Æ CoLorarron. Conservés dans l'alcool, ces animaux sont d'une 
teinte brune ou plombée; ils ont les angles de la bouche jaunes 
et des taches blanchâtres sur les parties latérales et inférieures 
du corps. ha 

Dimensions. Longueur totale, 42°. Tête. Long. 7” ; haut. 357; 
larg. 3”. Cou. Long. 1” 5”. Corps. Long. 11°”. Memb. antér. Long. 
75”. Memb. postér. Long. 8”. Queue. Long. 227. 


OU SAURIENS CHÉLOPODES. G. CAMÉLÉON. 14. 235 


Pare. La patrie du Caméléon à nez fourchu est plus étendue 
que celle d'aucun de ses congénères. On le trouve aux îles Mo- 
luques, à Bourbon, sur le continent de l'Inde, ainsi qu'à la 
Nouvelle-Hollande. M. Busseuil nous l'a rapporté de ce der- 
nier pays; M. le baron Milius, de Bombay et de Bourbon; et 
MM. Lesson et Garnot, des îles de la Sonde. 


Observations. C'est par M. Brongniart et dans le Bulletin de la 
Société philomatique de Paris que cette intéressante espèce de 
Sauriens a été décrite et représentée pour la premiere fois d'apres 
un individu rapporté des Indes occidentales par Riche. La figure, 
qui est fort bonne et dessinée par M. Brongniart, a été repro- 
duite dans plusieurs ouvrages. 


. LE CAMÉLÉON DE BROOKES. Chamaæleo Brookesiü. Gray. 


CaracTEREs. Tête cubique, bifurquée en avant. Point de carène 
dentelée sur le dessus, ni sur le dessous du corps. Une rangée 
d'épines de chaque côté du dos. Queue courte, grosse à sa base. 

Synonymie. Chamæleo Brookesiüi. Gray. Spicileg. Zool. part. x, 
pag. 2, tab. 3, fig. 3. 

Chamæleo superciliaris. Kubl. 


Chamæleo Brookesu. Gray. Synops. In Griffith’s Anim. Kingd, 
tom. g, pag. 93. 


DESCRIPTION. 


Formes. Rien de plus bizarre que la conformation de la tête de 
ce Caméléon. Ce qui surtout la rend telle, ce sont les deux longues 
et fortes pointes à trois angles, dirigées horizontalement en avant, 
que présentent son front, Ces espèces de cornes sont produites par 
les bords orbitaires superieurs qui, au lieu d'être bas et simple- 
ment arqués comme à l'ordinaire, s'élèvent au contraire beaucoup 
en formant un angle aigu. Il résulte de cette disposition que la 
tête, vue en dessus, offre une surface horizontale, qui serait 
rectangulaire dans son contour, sans la profonde échancrure angu- 
laire qui est pratiquée dans son bord antérieur, échancrure qui 
n'est autre que l'intervalle que laissent les cornes entre elles deux. 
C'est sous cette échancrure que se trouve situé le museau , qui est 
coupé presque perpendiculairement et légèrement concave. 


235 LÉZARDS CAMÉLÉONIENS 


Le bord postérieur de l’occiput forme un angle rentrant, au 
lieu d'être arrondi ou pointu , comme cela se voit chez les autres 
espèces, et au sommet de ce même angle viennent aboutir deux 
petites carènes longitudinales qui surmontent le casque. Un cor- 
don granuleux règne tout autour du crâne. La queue de cette 
espèce de Caméléon est proportionnellement plus courte que celle 
de ses congénères; la base en est aussi plus forte. Le dos, à droite 
et à gauche, est hérissé d'une rangée d’épines qui semblent être 
les pointes des apophyses vertébrales par lesquelles la peau aurait 
été percée. Il ny a pas d'apparence de dentelures sur la région 
dorsale supérieure, ni sur la ligne médio-longitudinale du ventre. 

Le corps est partout revêtu de très petites écailles granuli- 
formes. 


Cocoration. Nous ne possédons de cette espèce qu'un individu 
desséché, en fort mauvais état, dont la couleur est d’un gris 
fauve. 

Dimensions. Ses dimensions sont les suivantes : Zongueur to- 
tale. 8”, Téle. Long. 1 4°; haut. 1”; larg. 9”. Cou. Long. 0”. 
Corps. Long. 3” 7°”. Queue. Long. 3”. 

Patrie. Cet exemplaire a été rapporté de Madagascar par 
M. Goudot. 

Observations. C'est à M. Gray qu'on est redevable de a pre- 
miére description et de la premiere figure qu'on ait publiées de 
cette espèce. L'une et l'autre se trouvent dans les Spicilegia 
zoologica de cet auteur. 


SAURIENS ASCALABOTES.,. 


LD 
eÿ) 
NI 


CHAPITRE VL 


FAMILLE DES GECKOTIENS OU ASCALABOTES, 


\ 


6 I. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR CETTE FAMILLE ET SUR 
SA DISTRIBUTION EN SECTIONS ET EN GENRES. 


La famille dont nous entreprenons de faire connaître 
ici l’histoire réunit des espèces nombreuses, propres 
aux climats chauds, et dont les formes, la structure 
et les mœurs différent de celles de la plupart des autres 
Sauriens. Les Geckotiens offrent, dans l’ensemble de 
leur organisation et dans leurs rapports naturels, des 
caractères aussi positifs que ceux qui nous ont servi 
pour faire distinguer les deux groupes des Crocodiles 
et des Caméléons. En eflet, ce sont des Lézards qui 
n’atteignent pas de grandes dimensions ; leur tête est 
large et aplatie, leur cou rétréci; ils ont le tronc dé- 
primé, trapu, plus gros au milieu et le dos sans crête; les 
pattes courtes, fortes, peu élevées ; les doigts presque 
égaux en longueur et le plus souvent aplatis en des- 
sous , où ils sont garnis de lames régulières entuilées. 
Ils sont en outre remarquables et caractérisés par la 
brièveté et la largeur de leur langue charnue, peu 
protractile , libre cependant à son extrémité, qui est 
arrondie ou peu échancrée ; par le volume ou la gran- 
deur apparente de leurs yeux, dont la pupille offre le 
plus souvent une fente linéaire, comme chez presque 


238 LÉZARDS GECKOTIENS 

tous les animaux nocturnes, et dont les paupières 
sont courtes et réunies en une seule comme chez les 
Caméléons, mais en laissant entre elles une large 
ouverture par laquelle on voit se mouvoir une mem- 
brane clignotante. 

Tels sont les caractères naturels que nous allons 
examiner, chacun en particulier, en faisant briève- 
ment remarquer en quoi ils diffèrent de ceux qui 
s’observent dans les Reptiles des autres familles , et en 
indiquant avec soin les légers rapports qui les lient 
à quelques espèces d’ailleurs fort éloignées. 

La stature mal proportionnée , ou le peu de volume 
et de longueur des Geckotiens en général, puisque 
leur queue, égalant à peine en étendue celle du reste 
du corps, suffirait presque pour faire distinguer ces 
Reptiles d'avec les espèces d’un assez grand nombre de 
familles, en particulier de celles des Crocodiles, des 
Tupinambis ou Varans, des Iguanes et de la plupart 
des Lézards. 

L’aplatissement et la largeur de leur tête donnent à 
cette partie de leur corps quelque analogie avec celle 
des Crocodiles et des Caïmans, et surtout avec celle 
des Salamandres et des Tritons de l’ordre des Batra- 
ciens. Il se joint en effet à cette conformation d’une 
face aplatie, ou fortement déprimée, une bouche 
largement fendue qui permet un grand écartement 
des mâchoires, que l'animal peut laisser long-temps 
entr'ouvertes ; à cette circonstance en particulier est 
due la faculté que possèdent ces animaux de fermer 
l'entrée de leur arrière-gorge, et par conséquent de 
l'œsophage et de la glotte, en appliquant la base 
de leur langue dans une concavité pratiquée sur 
la partie postérieure du palais, pour clore com- 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES. 239 


plétement cette région, quand les mâchoires restent 
écartées et la bouche béante. À ces particularités il 
faut joindre l'absence des dents dans cette même région 
du palais , et en outre la forme et la disposition singu- 
lière de la langue , à l'examen de laquelle nous revien- 
drons bientôt. Nous devons cependant faire remarquer 
ici que chez les Geckos les orifices extérieurs des narines 
sont écartés, ce en quoi ils diffèrent beaucoup des 
Crocodiles. 

Le rétrécissement apparent du cou dépend autant 
de la largeur du crâne en arrière et de l'étendue du 
tronc à la hauteur des épaules, que d'un véritable 
étranglement ; cependant il donne en général à cette 
récion une forme toute particulière qu'on ne trouve 
guère que chez quelques Agames et dans plusieurs 
Stellions ou Cordyles. 

Par la dépression et la largeur de la partie moyenne 
du corps, les Geckotiens, à l'exception de quelques 
Platydactyles, se rapprochent encore des Crocodiles, 
des Agames et de quelques autres genres voisins de 
ces derniers ; mais; par cela même, ils diffèrent essen- 
tiellement des Varans ou Tupinambis, des Chalcides 
et des Scinques , dont le tronc est presque cylindri- 
que, et surtout des Caméléons, chez lesquels cette 
partie du corps est essentiellement comprimée. L’ab- 
sence de la crête les rapproche, il est vrai, des Varans, 
des Chalcides et des Scinques, dont ils se distinguent 
d'ailleurs par la forme et la disposition des écailles qui 
protégent leurs tégumens. 

Les pattes courtes, à doïgts distincts, à peu près 
égaux en longueur, deviennent un caractère des plus 
notables, par lequel les Geckos diffèrent d’abord des 
Caméléons , qui ont les pattes élevées , grèles et les 


240 LÉZARDS GECKOTIENS 

cinq doigts réunis entre eux jusqu'aux ongles en deux 
paquets ou faisceaux ; ensuite de presque tous les autres 
Sauriens, dont les doigts sont de longueur inégale , 
arrondis et allongés , surtout aux pattes postérieures. 

L’aplatissement et l'élargissement des doigts, garnis 
en dessous de petites lames , placées en recouvrement 
les unes sur les autres, devient le plus souvent un 
caractère essentiel, qui ne trouve d'analogue que dans 
le genre des Anolis, de la famille des Iguanes, chez 
lesquels l’avant-dernière phalange de chacun des doigts 
offre aussi un disque élargi , sous lequel on voit en 
dessous des stries lamelleuses, destinées également à 
faciliter leur adhérence quand ils grimpent sur des 
corps lisses. 

C'est surtout , comme nous l'avons dit, la forme de 
la langue, sa largeur et la faible échancrure de son 
extrémité libre qui distinguent les Geckotiens. En 
effet, quoique les Crocodiles aient aussi la langue 
charnue et entière, elle est chez eux adhérente de 
toutes parts au plancher de la bouche, dont elle ne 
peut sortir ; tandis qu'ici la partie antérieure est libre, 
puisqu'elle peut s'élever et se reporter en dehors sur 
les bords des lèvres. Cependant sa conformation est 
véritablement caractéristique; car elle n'est pas ren- 
fermée dans un fourreau, ni très allongeable ou pro- 
tractile, comme dans les Caméléons qui l'ont vermi- 
forme et tuberculeuse à la pointe, ou chez les Vara- 
niens chez lesquels l'extrémité libre est profondément 
fendue. Cette langue n’est pas dégagée dans toute sa 
longueur comme chez les Chalcides, les Scinques et les 
Lézards; elle n’a donc de rapports qu'avec celle des 
Iguaniens, qui diffèrent tant d’ailleurs par leurs pattes 
à doigts inégaux, très allongés, arrondis, et par la 


OU SAURIENS ASCALABOTES. a4r 


crête qui garnit leur dos, et qui le plus souvent se pro- 
longe sur la queue. 

Enfin les yeux, qui semblent privés de véritables 
paupières cutanées tant elles sont courtes et par la ma- 
nière dont elles peuvent se retirer sous le globe, font dis- 
tinguer ce genre de tous ceux qui comprennent les autres 
Sauriens : d'abord par leur volume, et, pour ainsi dire, 
par leur énormité relative , grosseur à laquelle l'orbite 
a dü se prêter dans la disposition particulière des pièces 
osseuses. Ensuite la fente linéaire de la pupille à bords 
dentelés , disposition qui n’a encore été reconnue que 
chez les Crocodiles, devient encore un caractère im- 
portant quand on peut l'observer sur l'animal vivant. 
Il est vrai de dire cependant que cette forme de la 
pupille n’a pas été observée dans toutes les espèces. 

Il résulte de l'examen rapide que nous venons de 
faire de toutes ces particularités, qu'on peut séparer 
les Geckotiens de tous les autres Sauriens, d’après les 
caractères que nous avons précédemment assignés à 
cette famille (1). En effet, d’après le simple examen des 
tégumens, on voit que dans les Scinques, les Lézards et 
les Chalcides , le sommet de la tête est couvert de sran- 
des plaques polygones ; tandis que chez les Geckos et 
dans les quatre autres familles , cette région est granu- 
leuse ou tout-à-fait nue, et que les Caméléons sont les 
seuls , avec les Geckos, dont la peau soit simplement 
tuberculeuse, puisqu'elle est couverte d’écailles cor 
nées chez les Crocodiles, les Varans et les Iguanes. Il 
est donc facile de donner des idées nettes et précises 
des particularités ou des notes essentielles qui les feront 
reconnaître aussitôt , et nous allons les présenter. 


_… 


(1) Voyez les deux tableaux insérés à la page 596 du second 
volume du présent ouvrage. 


REPTILES , II. 16 


242 LÉZARDS GECKOTIENS 

Leur corrs est trapu, déprimé, bas sur jambes ; 
leur ventre trainant, plat en dessous, plus grecs au 
milieu ; le dos est sans créte. 


Les PATTES sont courtes, à peu près de méme lon- 
SUEUT ; écartées , robustes ; à doigts de longueur pres- 
que égale , le plus souvent aplatis en dessous, élargis 
et garnis de lames transverses, entuilées ; à ongles va- 
riables , ordinairement crochus , acérés et rétractiles. 

Leur vère est large, aplatie ; à bouche grande ; à 
narines distinctes, latérales ; leurs yeux gros, à peine 
entourés par des paupières courtes, dont le bord in- 
férieur, dans le plus grand nombre des espèces, ne 
fait pas de saillie au dehors ; à prunelle ou fente pu- 
pillaire, quelquefois arrondie, mais le plus souvent 
dentelée, linéaire et légèrement frangée ; à conduit 
auditif, bordé de deux replis de la peau. 

Les nents sont petites, égales , comprimées, tran- 
chantes au sommet, entières, et implantées au bord 
interne des mächoires ; jamais 1! n'y en a au palais. 


Laneur courte, charnue, peu allongeable, libre 
à son extrémité, qu est arrondie, plate ou très fai- 
blement échancrée. 

Queue variable, peu allongée, souvent à plis ou 
enfoncemens circulaires , constamment sans crête 
dorsale. 


Pau à écailles granulées, égales, parsemée le 
plus souvent d'autres écailles tuberculeuses ; à pointes 
mousses ou anguleuses ; des pores aux cuisses ou 
au devant du cloaque, sur une méme ligne dans la 
plupart des espèces, et le plus souvent chez les mâles 
seulement. Les membres et les flancs quelquefois 
bordés de membranes frangées. 


OU SAURIENS ACALALOTES. 243 

On croit que le nom de Gzexo est une sorte d’ono- 
matopée, un mot imitatif du cri ou du son que pro- 
duit une des espèces observées des premières, ainsi 
que le Fockaie, le Geitje, sorte de voix que l’on a 
comparée aux sons que produisent les écuyers lors- 
qu'ils veulent calmer ou flatter les chevaux, en fai- 
sant claquer doucement la langue contre leur palais. 

La plupart des auteurs anciens, qui ont certaine- 
ment parlé de l’une des espèces de ce genre, parais- 
sent lavoir désignée sous le nom d’Æscalabotes 
(Acra\a6os-Acrala6@rh<). Aristote l’a citée souvent dans son 
Histoire des animaux (1); et tout ce qu'il en dit, 
en diverses occasions , se rapporte toujours assez bien 
au même animal. 

Presque tous les auteurs latins, depuis Pline, ont 
traduit ce nom par celui de $tellion. Gesner, en par- 
ticulier, a donné des explications fort savantes à ce 
sujet. Son érudition, toujours si admirable et si fé- 
conde, lui a fait rapprocher des passages des auteurs 
les plus anciens, par lesquels il démontre que sous 
ces mêmes noms d'Ascalabotes et de Galeotes, Aris- 
tophane et Théophraste ont parlé des petits Lézards 
que les Italiens désignaient déjà, de son temps, sous 
le nom de J'arertola, lesquels ont le corps trapu, 
court, et qui grimpent sur les murs des édifices et 
dans leur intérieur, pour y rechercher les Araignées 
dont ils se nourrissent. Il s'arrête particulièrement à 
cette idée, en disant que le mot zwh08xrn vient de ce 


(1) Entre Îles autres exemples nous citerons ce passage du lib. 1x, 
cap. 9, où il le compare aux pics, en parlant de sa manière de 
descendre la tête en bas. «Ilopeverai mavraæ Tporov, x, Ürrioc xaDamep 

ATnanaG@TeE 


16. 


244 LÉZARDS GECKOT:ENS 

qu'ils erimpent à la manière des chats, ou parce que 
leurs mouvemens s’exécutent sans bruit, d’xxxdoc, douce- 
ment, et de fais, marcher, Bern, grimpeur, scansor. 

Schneider, dans une dissertation particulière qu'il 
a publiée sur ce sujet, a porté plus loin ses recherches 
et démontré que les Stellions de Pline n'étaient autres 
que des Geckos. 

Quoi qu'il en soit de ces étymologies, nous voyons 
que Laurenti a le premier adopté le nom de Gecko, 
pour désigner le genre de Saurien qu'il avait établi et 
fort bien caractérisé à cette époque, où l’on ne con- 
naissait que trois espèces qu'il distingua. Depuis on 
a reconnu des différences essentielles entre les di- 
verses espèces quon a successivement rapprochées , et 
les naturalistes ont été obligés de les subdiviser ou 
de les partager en genres, qui ont entre eux beau- 
coup d’affinités de structure et de forme, de sorte 
que le nom générique, légèrement modifié, est de- 
venu celui d’une famille à laquelle on a donné suc- 
cessivement les dénominations de Gekkones (Gmelin), 
Stelliones (Schneider), Geckoides (Oppel), Ascalabotes 
(Merrem), Æscalabotoides (Fitzinger), Geckotudes 
(Gray), et enfin de Geckotiens (Guvier). 

Voici maintenant la partie historique, et par ordre 
chronologique, de l'établissement des genres dans 
cette famille des Geckotiens. 

Lrxwé, dans les premières éditions du Système de 
la nature jusqu’en 1766, date de la dernière édition, 
n'avait inscrit, dans le genre Lézard, que trois espèces 
des Geckos qu'il avait connues, d’après Brander, 
Edwards et Séba. 

Laurexri, en 1768, est le premier des auteurs systé- 
matiques qui ait établi le genre Gecko, en luiassionant 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 245 
des caractères naturels, et en y inscrivant trois espèces. 
Comme ces caractères étaient déjà fert bien exprimés 
pour cette époque, nous croyons devoir en donner la 
traduction. 

« Le corps des Geckos est trapu, sans crêtes , entiè- 
rement nu, ou couvert de petites écailles minces ; leur 
tête est fort grosse, à mâchoires peu tranchantes; leurs 
doigts sont élargis sur les bords, égaux en longueur, 
épais, garnis élégamment en dessous de lames embri- 
quées, plus gros et arrondis à l'extrémité libre, garnis 
d’un ongle recourbé, naissant en dessus ; leur cloaque 
est transversal ; chez les adultes, la peau du dos et de 
l’occiput est hérissée de tubercules rares; leur tête va 
en s’élargissant en arrière. » 

Gueun , lorsqu'il donna en 1788 une treizième édi- 
tion du $Systema naturæ de Linné, introduisit, dans 
une sixième division ou sous-cenre de celui du La- 
certa , sous le nom de Gekkones , cinq espèces qu’il ca- 
ractérisa par ces notes : cinq doigts lobés en dessous, 
non pointus; à corps verruqueux, et il y rapporta, 
outre l'espèce égyptienne, deux autres indiquées par 
Houttuyn , par Edwards et Sparmann. 

LacéPine en 1700, ScunemnEr en 1797, Cuvier en1708, 
Bronenrarr en18or, indiquèrent aussi ce genre Gecko. 

Davonx en 1803, dans Île tome quatrième de son 
Histoire naturelle des Reptiles, donna une descrip- 
tion complète du genre Gecko, qu'il divisa en trois 
sections d'après le nombre, la connexion des doists, 
la forme de la queue et la disposition des écailles. Il 
distingua les Geckos proprement dits, les Geckottes 
et les Geckos à queue plate. Il y inscrivit en tout 
quinze espèces, sans compter celle que Sparmann 
avait décrite sous le nom de Geïtje, que Gmelin y 


246 LÉZARDS GECKO TIENS 


avait cependant inscrite, et deux ou trois autres qu’il 
avait laissées avec les Anolis. 


Nous-mèmEes en 1806, dans la Zoologie analytique 
et dans nos cours publics, nous avions profité de ces 
travaux et établi le genre Uroplate; aussi en 1811, 
Or»rez, dans son ouvrage allemand , ou son Prodrome 
de la classification naturelle des Reptiles, a-t-il établi 
la famille des Geckoides d’après nos indications. 


Cuvier en 1817, dans le second volume du Règne 
animal , indiqua pour la première fois comme une fa- 
mille naturelle, sous le nom de Geckotiens, cette réu- 
nion de Sauriens ; il distribua les genres en six sections, 
que nous ne rapportons pas ici parce que depuis , en 
1829, dans la troisième édition du même ouvrage, il 
a corrigé et perfectionné ce même travail, dont nous 
allons donner l'analyse, comme la plus importante mo- 
nographie qui ait été écrite sur cette famille, et que 
beaucoup d'auteurs en ont depuis beaucoup profité. 

Cuvier regarde cette famille comme si naturelle , et 
réunissant des Lézards nocturnes tellement sembla- 
bles, que l’on pourrait, dit-il, les laisser dans un seul 
genre. Il en présente les caractères très détaillés , et 
il les divise ainsi qu'il suit : 

1° Les Praryracryzes, à doigts élargis sur toute 
leur longueur , garnis en dessous d’écailles transver- 
sales. Les uns n'ont pas d'ongles du tout, et leurs 
pouces sont fort petits : leur corps est couvert de tu- 
bercules courts; il est peint de couleurs vives. Ges 
espèces viennent de l'Ile-de-France. Il y en a quiont des 
pores aux cuisses, et d’autres qui en manquent ; mais 
l'auteur ignore si ce caractère n’est pas correspondant 


OU SAUKIENS ASCALABOTES. 247 


à la différence du sexe (1). D’autres Platydactyles, man- 
quent d'ongles aux pouces , ils en sont également pri- 
vés aux deuxièmes et cinquièmes doigts de tous les 
pieds , et n’ont pas de pores aux cuisses. Il y a encore 
dans cette division des espèces qui ne manquent d’on- 
gles qu'aux quatre pouces seulement, et qui ont une 
rangée de pores au devant du cloaque; d’autres qui 
n'ontaussi que quatre ongles , mais dont les pieds sont 
palmés et le corps bordé d’une membrane horizontale, 
avec ou sans festons à la queue. Enfin, parmi ces Pla- 
tydactyles, Cuvier place une espèce à pieds palmés, 
qui a des ongles à tous les doigts : il en forme une 
sixième sous-division. 

2° Les Hémiacryzes , qui ont la base de leurs doigts 
garnie d’un disque ovale, formé en dessous par un 
double rang d’écailles réunies en chevrons : du milieu 
du disque s'élève la deuxième phalange qui est grêle, 
et qui porte la troisième ou l’ongle à son extrémité ; 
toutes ont cinq ongles et la rangée de pores des deux 
côtés du cloaque, avec des écailles larges sous la queue, 
comme celles du ventre des serpens. 

3° Les Trécanacryzes, à doigts élargis sur toute leur 
largeur, garnis en dessous d’écailles transversales , 
partagées par un sillon profond où l’ongle peut se ca- 
cher entièrement. Guvier dit qu’ils manquent d'ongles 
aux pouces seulement ; qu'ils n’ont pas de pores aux 
cuisses , et que leur queue est garnie de petites écailles 
en dessus et en dessous. 

4 Les Pryonacrvzes, dont le bout des doigts est 


(1) Nous avons cru remarquer depuis, que les mâles seuls ont des 
pores fémoraux, de sorte que l'absence ou la présence de ces trous 
ne peut seryir à la distinction des espèces. 


218 LÉZARDS GECKOTIENS 
dilaté en plaque, et le dessous strié en éventail : le 
milieu de la plaque est fendu pour recevoir longle 
dans la fissure, et ces ongles sont fort crochus. Les 
uns ont les doigts libres et la queue ronde; d’autres 
ont la queue bordée d’une membrane de chaque côté, 
les pieds demi-palmés. Ils sont probablement aquati- 
ques. Ils appartiennent à notre division des Uroplates. 
5° Les SPnxrionacryzes. Petites espèces dont le bout 
des doigts est terminé par une pelote sans plis, mais 
avec des ongles rétractiles. Tantôt la pelote est 
double ou échancrée ; tantôt elle est simple et arrondie 
ou entière. 

6° Il y a des Sauriens qui, avec tous les autres 
caractères des Geckos, n'ont pas les doigts élargis; 
cependant leurs ongles, au nombre de cinq, sont en- 
core rétractiles. Cuvier en fait trois groupes : ceux qui 
ont la queue ronde, les doigts striés en dessous et den- 
telés aux bords, ce sont les Sténodactyles ; ceux qui, 
ayant aussi la queue arrondie, ont les doigts grêles et 
nus , qu'il désigne sous le nom de Gymnodactyles ; et 
enfin les Phyllures, dont la queue est déprimée ou 
aplatie horizontalement, en forme de feuille. 

Voici d’ailleurs un tableau synoptique de la famille 
des Geckotiens , que nous avons tracé d’après les con- 
sidérations qui avaient dirigé Cuvier dans cet arran- 
gement. Comme cette distribution analytique est au 
fond absolument la même que celle que nous avons 
adoptée et que nous reproduirons par la suite avec 
d’autres détails dont l'étude nous a servi pour mieux 
établir les caractères ; nous avons cru devoir présenter 
nettement ici la base de cette méthode naturelle. 


ASCALABOITES, 


URIENS 


«st 


Là 


NH 
ps 


OU 


*SATALOVAONNAN ‘4  * * + + *spnu 79 so[oiS ‘sossi| ? 
€ € 
Spioq e ‘snossop U9 S9117S ‘ S9JEIIP UOU 


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*STIXLOVAOXLX ‘Ÿ ° * * * ‘puuoag uo Sowuve] ‘9HUWIXOT ) 

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*SHIXLOVOINAFE °C *SUUP] 9P 2[qnop SUEI UN J9AE 95e E] 


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*SATALOVAALVI *G *SJOUTJSIP } 
j XNPIOW9F SaIOd : 2[4ISTA Ou 


*SHLOAVIVOSY * * * sqnu 
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*STIALOVAVOAH * * + * + + + *So[BuO S9[ JUEUOEO ‘JOUTJSTP ‘ SUO] np 700} 


*YAIANT) SAUAV € 


‘GNALLOMNAN SAG ATIAVA VI AG ANOÔLLAONAS NAVXIAVE 


s510p & 


250 LÉZARDS GECKOTIENS 

Mrrrem, en 1820, place les Geckos dans la classe 
des Pholidotes , et dans la première des cinq tribus, 
celle des Marcheurs ( Gradientia); mais il fait une 
même sous - tribu , sous le nom d’Ascalabotes, d’un 
grand nombre de genres qui n’ont entre eux que des 
rapports très éloignés ; car il y place les Iguaniens avec 


les Geckos. 


Nous ne mentionnons 1ci que pour mémoire les ou- 
vrages de LaTReLzE , qui adopta le travail et les des- 
criptions de Lacépède dans la petite édition du Buffon, 
publiée en 18071, et qui ne fit que changer les noms 
déja employés par les auteurs dans les familles na- 
turelles du règne animal, ouvrage quil publia 
en 1829. 

En 1826, M. Frrzncrr, dans sa nouvelle classifi- 
cation des Reptiles, a fait, comme nous l'avons dit, 
une tribu particulière de ceux qu’il nomme Monorrés 
ÉGAILLEUX , et qu'il distingue ainsi des Testudinés et 
des Cuirassés (1). Ces Reptiles monopnés écailleux sont 
eux-mêmes partagés en deux sous-tribus. Ceux dont 
les branches de la mâchoire inférieure sont soudées 
entre elles, qui sont les vrais Sauriens, tandis que 
ceux qui ont ces pièces séparées et distinctes à la 
symphyse forment la sous-tribu des Serpens. Dans le 
tableau synoptique qu’ilen donne, pag. 11 , ildistingue 
de suite les Ascazasoroïnes , auxquels il assigne pour 
caractère la présence d’une seule paupière; et il en 
donne le tableau synoptique que nous allons copier et 
qui présente en abrégé la marche suivie par l’auteur. 


(1) Voyez tome 1 du présent ouvrage, p. 270. 


OÙ SAURIENS ASCALAOBTES. 


*“IUATIAHY 
*ATALOVAQONALS 
*SALOIVIVISY 
*ATALOVGAXLVIX 
*NOOZOHDALT 
*HIALOVAVOAN J, 
*A'IALO VIN AT} 
“ATALIVAOXLJ 


*ALVIdOU(] 


* + + + + + oyqesoddo 359 no 931v09 s un | quop ) 
j s9Je[p mou 


* * ‘sorqesoddo uou ‘suas awmguwu 2] suep snoy 
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‘39{0] UOu XNPIOWUIY | 
onsnb soxod : jnu 
* ‘29qo] / :sjounsip uoqps un à 
09AU anonSuUO] U] 2707 SUEP 
> » > AUCREIXO 


tete tte. . * quowuelnos 9524 An2] v SEIeLP 


‘ * + * * oowudep uou Juowuanos 


anonb :aqurod efe 
Saimoraque 


"HHQUUYS ‘I sayzed sop sy810p v : oouraidop 


— —2e%———— 


"HONIZLIT IN AQ SHGIOLOAV'IVOSV SA AAÔOLLdONXS AVAIAVL 


252 LÉZARDS GECKOTIENS 


En 1827, M. Gray, dans l’Apercu de la distribution 
des genres des Reptiles Sauriens, qui se trouve insérée 
dans le tome second du Philosophical Magazin, n° 7, 
établit comme une quatrième famille, celle des Gec- 
kotides, qu’il caractérise ainsi : tête et corps dépri- 
més; écailles petites; doigts garnis en dessous le plus 
souvent d’écailles; goître simple; palais sans dents. 
Voici les noms des genres qu'il y place : Hémidactyle, 
Platydactyle, Gecko, Ptéropleure, Thécadactyle, 
Ptyodactyle, Phyllure, Eublepharis et Cyrtodactyle. 


Waezer, dans son Système naturel des Amphibies, 
publié en allemand en 1830, établit ainsi, à la page 
141, cette division des Geckotiens, qu’il place à la tête 
du troisième ordre, celui des Lézards, sous le nom de 
famille des Platyglosses, parce qu'ils ont une langue 
plate, charnue, libre et entière à son extrémité. Il y 
inscrit treize genres , dont nous allons faire connaître 
les noms avec les caractères essentiels qu'il leur as- 
signe. 

1. Piychozoon (Kuhl). Doigts largement palmés, 


tous munis d'ongles, le pouce excepté. 


2. Crossurus (Wagler). C'est notre genre Uroplatus 
en partie. Tous les doigts onguiculés , à demi palmés. 

3. Rhacoessa (Wagler).Cest encore un de nos Uro- 
plates. Tous les doigts onguiculés, lobés, réunis à 
leur base par une membrane; l'extrémité inférieure 
de la pointe des doigts formant une sorte de gaine 
aux ongles. 

4. Thecadactylus (Guvier). La pointe des doigts 
élargie et fendue, la racine des ongles comprimée, 
perdue dans les chairs ; pas dongle aux pouces. 


5. Platydactylus (Guvier). Les doigts formant une 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 253 
gaîne aux ongles , n'étant pas fendus à leur extrémité 
libre. 

6. Anoplopus (Wagler). Tous les doigts aplatis, 
sans ongles ; le pouce plus court. | 

7. Henudactylus (Guvier). Les doigts largement 
lobés , à l'exception des deux dernières phalanges qui 
sont libres et droites, toutes anguiculées ; le pouce plus 
court. É 

8. Piyodactylus (Cuvier). Les doigts simples, ter- 
minés par une écaille hémisphérique, rompue au 
milieu, lamelleuse en dessous, tous onguiculés. 

9. Sphæriodactylus (Cuvier). Tous les doigts ter- 
minés en disque lisse et entier en dessus , tantôt en- 
tier, tantôt fendu ; tous à ongles rétractiles. 

10. Ascalabotes (Lichtenstein). Tous les doigts 
courts, droits, forts, presque égaux en longueur, 
garnis d'ongles ; queue entière. 

11. Eublepharis (Gray). Doigts des Ascalabotes ; 
queue annelée. 

12. Gonyodactylus (Kuhl). Doigts simples, grêles, 
longs, inésaux, comme brisés ; le dernier des pattes 
antérieures , éloigné des autres , pouvant s’écarter. 

13. Gymnodactylus (Spix). Ce genre ne diffère du 
précédent que parce que les doigts ne sont pas comme 
brisés, mais droits. 

En 1835, M. le docteur Cocreau, dans le tome mr, 
205° livraison du Dictionnaire pittoresque, a pré- 
senté à l’article Gecko une division très détaillée de ce 
genre. Nous croyons devoir donner ici l'analyse de la 
partie systématique de l’arrangement qu’il propose. 

I. Dans une première division, qu'il nomme avec 
Cuvier les Praryracrvses, il range les espèces dont 
les doigts sont dilatés en massue dans toute leur lon- 


254 LÉZARDS GECKOTIENS 
gueur, ei garnis en dessous et en avant de lamelles en 
chevrons , et où l’on voit en arrière de petites écailles 
carrées, entuilées, verticillées. Parmi ces espèces, 1l 
en est (À) quelques-unes qui n’ont d'ongles à aucun 
des doigts. Ge sont les Ænoplopes de Wagler, qu'il 
subdivise 1° en ceux qui ont des pores au devant du 
cloaque, qu'il nomme Phelsuma quand ils ont le pouce 
plus court, et Pachydactylus quand le pouce est de 
la même longueur que les autres doigts; 2° en ceux 
qui n'ont pas de pores au devant du cloaque, tels que 
le Gecko ocellé de Cuvier, auquel il ne donne pas de 
nom particulier. D’autres Platydactyles (B) n’ont des 
ongles qu'aux troisièmes et quatrièmes doigts des 
pattes, et qui ne paraissent pas avoir de pores aux 
cuisses. Le Gecko des murailles et celui d'Egypte y 
sont rapportés. (G) Les Platydactyles, qui ne manquent 
d'ongles qu'aux premiers doigts, forment la troisième 
division. M. Cocteau y range les Geckos à gouttelettes 
et celui à bandes ou de Pandang. Une quatrième 
section des Platydactvles (D) comprend ceux qui sont 
privés d'ongles aux pouces comme les précédents, 
dont le corps est bordé d’une membrane, et qui ont les 
pattes palmées, comme les Prychozoon de Kuhl, et 
ceux qui n’ont pas cette membrane qui borde le corps, 
ni des pores au devant de l’anus : c’est l'espèce que 
Gray a désignée sous le nom générique de Pteropleura. 
Enfin les derniers Platydactyles, qui forment une cin- 
quième division (E), comprend les espèces qui ont 
des ongles à tous les doigts; telle est celle que l’on a 
désignée sous le nom de Gecko de Leach, laquelle 
atteint plus d’un pied de longueur. 

Il. Les Geckos qui ont les doigts semblables à ceux 
des Platydactyles, avec cette particularité que leurs 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 255 
dernières phalanges sont divisées, ou portent la marque 
d’un sillon dans lequel l'ongle peut se retirer entière- 
ment, et qui manquent cependant de cet ongle aux 
premiers doigts; tels sont les T'uicaracryzes de Cuvier, 
comme le Gecko lisse ou Mabouya des bananiers. 

III. Les Héminacryzes forment la troisième grande 
division ; leurs premières phalanges sont dilatées en 
massue, garnies de lamelles en chevrons et entiéres. 
L'avant-dernière articulation se détache libre , ronde 
et grêle, revêtue d’écailles embriquées , et porte un 
ongle rétractile en dessus. Ils se partagent en deux 
groupes suivant 1° qu'ils ont la queue simple , ronde, 
et plus ou moins annelée ; tels que les Geckos des 
Antilles, à écailles trièdres; ou qu'ils ont la queue 
aplatie horizontalement , c'est-à-dire déprimée, à 
bords tranchans et non frangés, tels que le Gecko 
bordé (Marginatus de Guvier). 

IV. La quatrième division comprend les Pryopac- 
ryces de Guvier, dont les doigts sont élargis en éven- 
tails, et tous armés d'ongles ; lavant-dernière phalange, 
qui se dilate ainsi, est échancrée pour recevoir l'ongle. 
Les uns ont la queue ronde, les doigts simples et li- 
bres, comme le Gecko d'Hasselquitz; d’autres ont la 
queue plus ou moins élargie par des appendices mem- 
braneux : ce sont nos Uroplates, comme les #ha- 
coesses et les Crossures de Wagler. 

V. Les Srnérionacryzes de Cuvier forment la cin- 
quième section. Ils ont l’avant-dernière phalange élar- 
gie en pelote, sans lames en éventail, et leurs ongles 
qui s’observent à tous les doigts sont rétractiles en 
dessous. Il y a là quatre sous-divisions. Suivant que 
la pelote est formée de deux écailles arrondies, sépa- 
rées entre elles par l’ongle, comme le Gecko porphyré 


556 LÉZARDS GECKOTIENS 


de Daudin. M. Cocteau y range les Diplodactyles, 
les Phyllodactyles, le Gecko cracheur ou sputateur à 
bandes de Lacépède. 

VI. Les Srénonacryres de Cuvier, qui ont les doigts 
ronds et grêles, munis d'ongles. Les uns à la queue 
ronde et simple, à lamelles dentelées sur les bords ; 
d’autres ont la queue annelée, comme les Eublepharis 
de Gray et de Wagler; d’autres ont les doigts allongés, 
grêles, comme brisés; tels sont les Goryodactyles de 
Kuhl. Queiques-uns ont la queue ronde, tels que les 
Gymnodactyles de Spix ; il en est qui, avec les doigts 
gréles et la queue ronde, ont un pli à la peau le long 
des flancs, comme les Cyrtodactyles ; 1l en est encore 
que l’on regarde comme des Geckos, quoiqu'ils aient 
les doigts grêles, la queue comprimée latéralement et 
surmontée d’une crête. On leur a donné le nom de 
Pristures. Enfin ces derniers sous-genres , sous le 
nom de Phytllures, ont les doigts grêles et la queue 
déprimée horizontalement, augmentée d’appendices 
comme frangés. Tel est le Lézard Plature de White. 

On voit, par cette analyse détaillée, que la classi- 
fication est à peu près la même que celle qui avait été 
indiquée par Cuvier, dans la dernière édition du 
Règne animal, et dont nous avons présenté ci-dessus 
un aperçu (1). 


(1) Au moment où nous livrons cette portion de notre manuscrit 
à l'impression ( 26 avril 1836), M. de Blainville fait paraître, dans 
la /€ livraison du tome 4 des Nouvelles Annales du Muséum, une 
analyse d’un système général d’erpétologie. Il place en tête de 
l’ordre, qu'il nomme les Saurophiens, page 244, la famille des 
Geckos. Mais, en adoptant les divisions établies par Cuvier, il en 
change tous les noms ainsi qu'il suit : les Platydactyles sont pour 
lui des Geckos ; les Hémidactyles, des Pemi-Geckos ; les Ptyodac- 
tyles, des Z'ers-Geckos ; les Sténodactyles , des Quart- Geckos ; enfin 
les Gymnodactyles , des Sub-Geckos. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 257 


Pour terminer ces généralités, et avant de passer à 
l'étude de l’organisation des Geckotiens , nous avons 
cru utile de réunir ici, par ordre alphabétique, les 
étymologies des différens noms sous lesquels on a 
désigné les groupes et les genres établis dans cette 
famille. 


Anorcorus (Wagler ), de æowdoc, non armé, inerme, et 
de mous, pied. 
ASCALABOTES (Lichtenstein ), asux)aëwrn. Nom donné 
par Aristote à une espèce. 
Crossurus (Wagler), de #po000ç, découpée, et de op, , 
queue ; queue fransée. | 
CyrropacryLius (Gray ), de xvsros, bossu , courbé, et de 
daxrudoc, dois gt. 
EE cure (Gray ), de sd, beau, belle, et de Bñozpoy, 
paupière. 
Gonyopactyius (Kuhl), de yovv, un angle, un coude, 
et de daxruloe, doigt. 
GimnNonacTyLus ( Spix), de youvoe, nu, à découvert, ét 
de darruhoc. 
HeuwimactyLus (Cuvier), de fous, par moitié, et de 
dazrudoc. 
PayLLobACTYLUS (Gray), de wôos, une lame, une 
feuille, et de drrruloc, 
 Payecunus ( Fitzinger), de sc, lame, feuille, et de 
oUpæ, queue. 
PrarypacTyLus (Cuvier), de rhariç, plat, aplati, et de 
darruoc. 
PreropLeura (Gray), de mrepiv, aile, et de mleuot, 
le côté. | 
_ Pryopacrszus (Guvier }, de æréovéve ntait qui se plisse, 
et de dryrudoc. 
Prxenozoox (Kuhl), de zrt£-uyos, pli, plissé, et de 
Ewey, animal. | 
REPTILES , lil. ! 


SI 


258 LÉZARDS GECKOTIENS 

SruertODACTYLUS (Cuvier), de oyzisioy, coupé en rond ; 
pourtour arrondi, et de dayTu)Oce è 

STEnopAGTYLUS ( Ouvier ), de orevos, rétréci, comprimé, 
et de dxzrudoc. 

TuEzcapacryLus (Guvier), de Sun, cachette , et de dxzxrudoc. 

Urorzarus (Duméril), de o&, la queue , et de marne, 
élargie. 

Urorornus ( Duméril) , de cp&, , queue , et de ropycé, je 
fais rond. 


6 IT. ORGANISATION DES GECKOTIENS. 


Nous aurons bien moins de détails à donner sur la 
structure de ces Sauriens, que ceux qu'il nous a été 
nécessaire d'exposer pour faire connaître l’organisation 
des espèces rangées dans les deux familles dont nous 
avons fait précéder l’histoire; car il existe ici la plus 
grande analogie dans les parties correspondantes. 
Nous nous reporterons donc à ce que nous en avons 
déjà dit dans le chapitre second du livre 1v, et nous 
indiquerons seulement les particularités qui nous 
seront offertes par les Geckotiens dans leurs princi- 
pales fonctions. 


1° Des organes du mouvement. 


Leur échine, dont le nombre des vertèbres varie, 
présente cette circonstance, qu'aucune espèce n'ayant 
de crête dorsale, il n’v a pas d’épines ou d’arêtes sail- 

) YA P P 
lantes dans la liogne loncitudinale supérieure. Meckel 
S S P 
dit aœue le corps des vertébres est creusé de deux 
q P 
cavités coniques, à peu près comme chez les pois- 
sons. Les trois ou quatre vertèbres cervicales anté 
rieures sont les seules privées entièrement de fausses 
côtes ou d'apophyses transverses articulées. Celles-ci 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 299 


commencent à se développer et vont successivement en 
augmentant de longueur et de courbure, jusqu'à la 
cinquième ou septième ; mais aucune ne se joint réel- 
lement à la grande pièce antérieure du sternum. Celles 
qui viennent ensuite se rendent directement et s’arti- 
culent avec cet os moyen. Les premières, au contraire, 
sont recouvertes par les os de l'épaule, et semblent être 
ainsi renfermées dans la poitrine. Il y a ensuite des 
côtes libres ou abdominales, presque en nombre égal à 
celui des vertèbres qui précèdent le bassin, au moins 
dans le Gecko à bandes (platydactyle). 

Dans le Gecko à gouttelettes, le sternum consiste 
d’abord en une plaque fort solide, qui recoit en avant, 
mais latéralement, dans deux échancrures anguleuses, 
les os coracoïdiens , qui sont larges et minces, et les 
claviculaires, qui, beaucoup plus antérieurs encore, 
sont étroits, allongés, aplatis, surtout dans leur ex- 
trémité sternale. En arrière, ce même plastron re- 
présente un rhombe, dont les deux faces postérieures 
donnent attache à trois paires de côtes. Enfin, de l’angle 
postérieur ou abdominal de cet os en plastron, par- 
tent deux petits os parallèles ou prolongemens ster- 
naux, le long desquels viennent se fixer, à l’aide de 
ligamens, trois autres paires de côtes. Il y a donc six 
côtes sternales ; mais en arrière de celles-ci, on peut 
encore en compter sept autres paires, qui par leur 
extrémité libre au abdominale, semblent se courber 
en angle obtus pour se diriger en avant, sans se joindre 
entre elles sur la ligne moyenne, comme dans les 
Caméléoniens. En tout, nous n'avons compté que 
dix-sept côtes, tandis qu’il y en a vingt-quatre dans 
le squelette du Gecko à bandes. Le nombre des côtes 
varie donc suivant les espèces. 


17e 


260 ÿ LÉZARDS GECKOTIENS 


La tête des Geckotiens offre des caractères généraux 
assez notables. Par sa largeur, son aplatissement et sa 
longueur, elle se rapproche de celle des Crocodiles. 
Les os en restent fort distincts, en raison des sutures 
qui ne paraissent pas s'effacer par l'effet de l’âge. Les 
particularités qui semblent les rapprocher des Cro- 
codiliens, sont d’abord la disposition des orbites, et 
ensuite le mode d’articulation des mâchoires entre 
elles. En effet, les excavations destinées à recevoir les 
yeux sont très grandes et incomplètes , en ce que leur 
cadre n’est pas complétement osseux en arrière, et 
ensuite parce que le plancher y manque complétement, 
de sorte que, dans le squelette, il y a communication 
de cette cavité avec la bouche. L’articulation de la 
mâchoire inférieure se fait entièrement en arrière, et 
l'os carré ou intra-articulaire est large, court, excavé 
dans sa face postérieure pour recevoir le muscle des- 
tiné à écarter les deux mâchoires, et à les maintenir 
long-temps dans cet état, où la gueule reste béante chez 
la plupart des individus (1). 

Les vertèbres caudales et les pelviennes présentent 
quelques variétés. Les premières sont faiblement arti- 
culées , ou leur corps se brise dans la partie moyenne, 
alors elles se séparent au moindre effort, de sorte que 
beaucoup d'individus perdent facilement la queue: 
quand cette partie s’est régénérée, on trouve des car- 
tilages à la place des véritables vertèbres osseuses, et 
la queue se présente alors avec des formes tout-à-fait 


(1) Cuvrer, dansla 2° partie du tome 5, sur les Ossemens fossiles, 
a représenté une tête de Gecko, pl. 16, fig. 27-28-20. 

Spix, dans sa Céphalogénésie, fig. 5 de la planche 9. 

Et Nirzsen, dans ie tome 7 des Archives de Physiologie de Meckef, 
PET He. 3-0. 


OU SAURIENS ASCALABOTES, 261 
bizarres , en rave, en toupie, en cœur, comme per- 
foliée, le plus souvent comprimée de haut en bas. 

Les membres sont composés des mêmes os que chez 
tous les autres Sauriens, et à peu près de formes sem- 
blables. Comme l’ensemble des os qui les composent est 
prolongé et assez robuste, les parties osseuses qui ré- 
pondent aux épaules , aux bras et aux avant-bras, ont 
peu de longueur ; mais ce sont surtout les petits os 
qui forment les pattes proprement dites ou les pieds, 
qui différent de ceux de la plupart des autres Sau- 
riens ; car ils sont presque tous disposés de manière à 
recevoir les cinq doigts de longueur égale, qui partent 
comme d'un centre pour former un cercle presque 
complet, excepté à la partie postérieure, le pouce ou 
le doigt externe ne pouvant pas se séparer notamment 
des autres pour se porter en arrière. Âu reste, nous 
reviendrons tout à l'heure sur la structure singulière 
de ces doigts, qui ne sont pas tous constamment ter- 
minés par des ongles; souvent , au contraire, il y en a 
de très remarquables , et ces ongles, par leur mode 
de rétraction et de mobilité, semblent avoir quelques 
analogies avec les griffes de certains mammifères 
du genre des chats. 

Voilà ce qui concerne la charpente osseuse en gé- 
néral ; mais elle doit varier dans les diverses espèces, 
ainsi que les muscles destinés à faire mouvoir ces dif- 
férens leviers. Ce qui est surtout très remarquable 
chez les Sauriens de cette famille, c’est la faculté qu'ils 
ont de grimper, de monter et de descendre sur des 
plans peu inclinés ou tout-à-fait verticaux, même sur 
les corps les plus lisses, tels que les marbres, les 
feuilles et les troncs dont les écorces sont très polies, 
et même de s’y tenir accrochés par les pattes, le ventre 


262 LÉZARDS GECKOTIENS 


en haut et le dos en bas, absolument de la même ma 

nière et par les mêmes procédés que certaines mou- 
ches dont les tarses sont dilatés, spongieux ou la- 
mellés et bilobés, ou comme les rainettes, dont les 
dernières phalanges sont élargies et épatées dars le 
même but. Déjà, comme nous lavons dit, Aristote 
fait mention de cette particularité, qui permet aux 
Ascalabotes de courir dans toutes Îles positions, même 
de descendre obliquement la tête en bas, et surtout de 
changer de lieu avec une si grande prestesse, que l'œil 
a la plus grande peine à suivre leurs mouvemens. 
Comme leur immobilité absolue succède rapidement 
à ce déplacement brusque; en outre, comme le plus 
ordinairement les teintes de leurs técumens semblent 
emprunter les couleurs des corps sur lesquels ils sont 
appelés à vivre, et auxquels ils ont la faculté d’adhé- 
rer en s’aplatissant, s’y agriffant et s’y collant, pour 
ainsi dire, ils disparaissent et se soustraient ainsi 
tout-à-fait à la vue. 


> Des organes de la sensibilité. 


Nous allons exposer les particularités que ces ani- 
maux présentent dans leurs organes sensitifs. 

La plupart, comme nous l’avons dit, ontia peau peu 
écailleuse ; il en est même quelques-uns , tels que les 
Uroplates chez lesquels les tégumens à grains très fins 
semblent presque nus,comme chez les Salamandres et les 
Tritons, avec lesquels on les a quelquefois confondus, 
au point de les décrire sous ces noms génériques. Ce- 
pendant, en général, ils ont la peau mince, peu adhé- 
rente aux muscles, dont on la détache facilement. Chez 
le plus grand nombre, on distingue au milieu du dos, 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 263 


et quelquefoissur les flancs, des tubercules granuleux, 
arrondis sur leurs bords, avec d’autres qui sont saillans 
au centre , et même comme taillés à facettes. Quand la 
peau est détachée du corps, et qu'on l’'examine à contre- 
jour, on voit qu’elle est régulièrement garnie de petits 
écussons minces, arrondis , enchâssés dans l'épaisseur 
du derme , et dont la forme et la distribution varient 
suivant les espèces, dans les régions du ventre, du 
cou , des cuisses, de la tête et de la queue. 

Généralement, la peau des Geckotiens est grise ou 
jaunâtre; mais il est des espèces chez lesquelles des cou- 
leurs assez vives se dessinent sur certaines parties du 
corps, on dit même qu'on y distingue des teintes de 
bleu, de rouge et de jaune, que l’animal fait paraître 
et disparaître, à peu près comme chez les Caméléoniens. 
Wagler ditaussique quelques voyageurs lui ont assuré 
que certains Geckos de l'Inde deviennent lumineux 
ou phosphorescens pendant la nuit. Il est des espèces 
dont les tésumens se prolongent sur les parties laté- 
rales du corps et de la queue, en membranes frangées 
ou festonnées régulièrement. 

On sait que les Geckotiens changent d’épiderme à 
certaines époques de l’année, et que leurs couleurs 
deviennent , après cette mue, d’une teinte beaucoup 
plus vive. Nous avons eu cccasion d'observer ce fait 
sur des individus vivans, et saisis en état de liberté au 
milieu de l'été, à Cordoue en Espagne. 

Dans un assez grand nombre de Geckotiens on voit, 
le long des cuisses et en dessous, une série de pores 
distribués à distance à peu près égale sur une même 
ligne; ces pores sont pratiqués, soit sur le bord, soit au 
centre, d'écailles plus dilatées que celles qui les avoi- 
sinent. Souvent leur orifice est teint d’une couleur 


264 LÉZARDS GECKOTIENS 

plus foncée. Il suinte, dit-on, par ces ouvertures, une 
humeur grasse. Wagler a fait faire l’analyse chimique 
par M. le professeur Vogel, de cette humeur extraite 
d’un Iguane, celui-ci n’y a trouvé aucune trace d’acide 
urique, mais bien de la stéarine unie à d’autres matières 
azotées. La présence ou l'absence de ces pores ne coïn- 
cide nullement avec les caractères génériques, de sorte 
que dans un même genre on observe des espèces qui 
en offrent, et d’autres chez lesquelles, tantôt les indi- 
vidus mâles, tantôt ceux des deux sexes, en sont tota- 
lement privés. 

La forme de la queue varie beaucoup : en général 
elle ne dépasse guère la longueur du tronc. Chez les 
espèces qui l'ont conique, et elles sont en plus grand 
nombre , on ne voit pas d'une manière évidente qu’elle 
en peut être l'utilité, à moins qu’elle ne serve à contre- 
balancer le poids de la région antérieure. Souvent on 
observe des étranglemens ou anneaux verticillés, dont 
le nombre varie; et, comme nous l'avons dit, les par- 
ties s’en détachent facilement; et, après cette rup- 
ture, il se reproduit un prolongement plus ou moins 
difforme ou bizarre, qui a été la cause que quelques 
individus, ainsi mutilés, ont été regardés comme ap- 
partenant à des espèces qui ont même reçu des noms 
triviaux d’après cette difformilé. Certaines espèces ont 
la queue aplatie, garnie de membranes latérales, sim- 
ples ou frangées. 

Ce sont surtout les pattes ou les doigts qui doivent 
être examinés ici; non réellement que ces appendices 
soient destinés à exercer un toucher actif, mais parce 
que leur disposition singulière et leur usage est véri- 
tablement tout-à-fait particulier, soit dans la station, 
soit dans la progression. Wagler dans ses observations 


OU SAURIENS ASGALABOTES. 265 
sur les Platyglosses a présenté des réflexions curieuses 
sur ce sujet ; nous en profiterons, mais ROUS Ex poserons 
ce que nous avons observé nous-mêmes. Nous avons 
déjà dit que les pattes proprement dites étaient très- 
courtes, comparativement à celles des autres Sauriens; 
que leurs doigts étaient à peu près ésaux en longueur, 
de manière que, quand ils élaient étalés ou écartés, ils 
formaient cinq rayons presque égaux , décrivant plus 
de la moitié d’un cercle, qui restait ouvert en arrière. 
Ge que ces doigts offrent de particulier dans le plus 
grand nombre des espèces, c’est que le dessous, ou la 
face palmaire ou plantaire en est excessivement dilatée, 
élargie, et garnie de lamelles placées en recouvrement 
d’une manière régulière, mais variable, dans les es- 
pèces. Enfin, que les ongles, qui manquent quel- 
quefois à tous les doigts, sont le plus souvent 
acérés, crochus , et plus ou moins rétractiles, consti- 
tuant des sortes de grifles, dont les pointes restent 
constamment aiguës. Quelquefois ces doigts sont réu- 
nis entre eux à leur base et comme à demi palmés. Dans 
quelques espèces même, que Cuvier a nommées des 
Ptyodactyles et des Sphériodactyles, l'extrémité de ces 
doigts s’épate, s’élargit considérablement en forme 
d’éventail ou demi-disque, à peu près comme dans les 
Rainettes. 

On sait que plusieurs insectes, tels que les mâles de 
quelques Dityques, des Crabrons et autres, ont les tarses 
antérieurs dilatés pour s’accrocher sur les élytres lisses, 
ou sur le corselet des femelles ; que la plupart des Or- 
thoptères, comme les Gryllons ; beaucoup de Diptè-es 
ont tous les articles des pattes ainsi disposés pour s'ac- 
crocher et se maintenir suspendus et en repos sur les 
corps les plus polis, et s’y maintenir en sens inverse de 


266 LÉZARDS GECKOTIENS 


leur propre poids. Les lames membraneuses et molles, 
qui garnissent le dessous des phalanges , présentent 
beaucoup de modifications, suivant les genres ; tantôt 
elles sont simples ou continues d’un bord à l’autre et 
dans ce cas elles offrent encoredes différences par rap- 
portaux sillons et aux courbes que décrivent ces lignes ; 
tantôt elles sont séparées longitudinalement par une 
rainure, elles sont complètes ou règnent dans toute la 
longueur ; quelquefois elles n'existent que sur les der- 
nières phalanges , enfin dans les derniers genres elles 
sont à peine distinctes. Comme c’est de leur disposi- 
tion, ainsi que de l'absence ou de la présence des ongles, 
que sont empruntés les caractères de la plupart des 
genres de cette famille, nous n’en parlerons pas ici. 
Les narines des Geckotiens présentent quelques 
particularités que nous devons noter. Leur orifice ex- 
térieur se trouve , non pas au centre du museau comme 
chez les Crocodiliens , mais il est séparé et situé un 
peu latéralement. Dans l’état frais on y distingue un 
bourrelet charnu, dont les contractions sont évi- 
dentes. Leur trajet est court dans l'épaisseur des os ; 
leur orifice interne ou buccal ne se voit pas dans l’état 
frais ; il est caché derrière un repli membraneux du 
palais, qui fait l'office d’une soupape ou d’un double 
voile, séparé par un tubercule moyen, arrondi, qui 
correspond, par son bord postérieur , à la partie libre 
ou moyenne de la langue. Cette même membrane, qui 
tient lieu du voile du palais, se prolonge en arrière et 
en dehors pour aboutir à la portion des gencives qui 
correspond à la jonction ou à la commissure des lèvres. 
Entre elles se trouve un espace fortement concave, 
dans lequel vient s'appuyer la base de la langue, pour 
permettre l’écartement des mâchoires sans laisser voir 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 267 
l'arrière -gorge quand la gueule est béante. D’après 
cette disposition, il est très probable que le sens de 
lodorat est peu développé chez les Geckotiens. D’ail- 
leurs, par les connaissances physiologiques acquises 
aujourd’hui , on conçoit d'avance que la respiration de 
ces animaux étant lente et arbitraire, la sensation des 
odeurs doit être en rapport avec cette circonstance 
organique. 

La langue des Geckotiens fournit un des caractères 
principaux de cette famille , en ce qu'elle est entière- 
ment charnue, mais libre seulement dans la moitié au 
plus de sa longueur. Dans cette portion dégagée, elle 
éprouve un aplatissement notable, et son bord libre 
est à peine échancré; Wagler dit avoir remarqué en 
dessous deux papilles lisses, anguleuses, aplaties, qui 
sont PARhARE dépendantes de la présence de glandes 
destinées à fournir une humeur muqueuse. Dans sa 
totalité la langue n’occupe guère que la moitié de la 
longueur des branches de la mâchoire inférieure. Dans 
son ensemble elle représente un fer de flèche échancré 
enarrière, terminé là par deux pointes aiguës, dirigées 
en dehors, et tout-à-fait adhérentes à la masse charnue 
du hache de la bouche. Cette portion postérieure 
de la langue est, pour ainsi dire, moulée par la con- 
cavité one de la voûte able, dans laquelle 
elle reste enfoncée lorsque l’animal écarte les mâchoi- 
res. Le dessus est recouvert de papilles courtes, très 
fines , quoique de même forme, et toujours très ser- 
rées du côté de la pointe, tandis que vers la racine 
elles sont un peu fongiformes ou tuberculeuses. Quoi- 
que ces Reptiles avalent leur proie vivante et presque 
entière, comme le permet la largeur de leur gosier, 
il est cependant probable qu'ils peuvent mâcher et être 


265 LÉZARDS GECKOTIENS 

doués par conséquent du sens du goût, puisque leur 
langue est molle, papilleuse, mobile et trés char- 
nue (1): 

Les oreilles sont apparentes dans les Geckotiens 
par deux conduits auditifs, ayant tantôt la forme de 
fentes, tantôt de trous ovales ou circulaires, dont les 
bords sont souvent arrondis et quelquefois dentelés ; 
ils peuvent, dit-on, se rapprocher. Wagler énonce 
qu’elles peuvent se fermer chez les Ptyodactyles et les 
Sphériodactyles. Le tympan en est enfoncé. La cavité 
audilive communique évidemment avec larrière- 
gorge, et l'air peut sy introduire comme dans tous 
les animaux à poumons toujours doués d’un organe 
répétiteur des sons qui lui sont transmis. Au reste, 
nous avons acquis la preuve que ces animaux perçoi- 
vent les plus petits bruits, et qu'ils ont l’ouïe très fine. 

Les yeux des Geckotiens sont énormes, relative- 
ment à leur taille: aussi les orbites creusées dans les 
os de la face sont-elles très vastes, de sorte que la 
saillie du globe de l'œil se voit, même dans l’intérieur 
de la bouche , comme chez quelques poissons. La con- 
vexité de la cornée paraît d'autant plus que ces ani- 
maux ne paraissent pas avoir de paupières, car celle 
qui existe réellement est unique, circulaire et adhé- 
rente au globe de l'œil par un repli intérieur. D'ail- 
leurs, les técumens passent réellement au devant du 
globe de l'œil , et on peut , en les dépouillant , enlever 
la totalité de la lame antérieure de la cornée comme 
chez les serpens et les poissons. C'est probablement en 


(1) Cuvier a fait connaître et figurer l'os lingual ou hyoïde d'un 
Gecko dans la 2€ partie du 5° volume de ses Ossemens fossiles, 
pag. 281, pl. 17, fig. 3. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 269 


raison de cette disposition que ces yeux ne paraissent 
pas humides, car l'humeur des larmes s’épanche très 
probablement entre les lames de cette cornée transpa- 
rente pour arriver dans les marines, comme M. Jules 
Cloquet la fait connaître chez les Ophidiens. Une autre 
circonstance , qui tient aussi à l'absence apparente des 
paupières, c'est que liris de ces animaux présente 
une pupille dont l'ouverture est quelquefois arrondie, 
mais le plus souvent elle offre une fente linéaire, et 
dont les bords sont frangés, de manière que l’ani- 
mal peut diminuer à volonté l'ouverture par laquelle 
la lumière et les images qu'elle produit parviennent 
sur la rétine. On dit que ces animaux sont noctur-- 
nes, ou quils voient pendant la nuit, cela se con- 
coit, car alors ils laissent une plus large entrée à la 
lumière ; mais il n’en est pas moins vrai qu'ils voient 
parfaitement pendant la plus vive action de la lumière, 
au plein soleil. Au reste les chats, qui ont dans l'œil 
une conformation analogue, ne sont pas seulement 
nocturnes ou nyctalopes; on sait qu'ils y voient par- 

faitement dans le jour. Cependant cette particularité 
de la conformation de la pupille les rapproche des 
Crocodiles et des Tritons, avec lesquels les Gecko- 
tiens ont quelque analogie, sous ce rapport comme 
sous plusieurs autres. 


3° Des organes de la nutrition. 


Les Geckotiens sont tous zoophages ; ils se nourris- 
sent d'insectes et d’autres petits animaux qu'ils avalent 
le plus ordinairement sans les diviser ; aussi leur œso- 
phage est-il d’un diamètre éoal à celui que présente 
l’écartement des mâchoires, qui, comme nous l'avons 


250 LÉZARDS GECKOTIENS 

dit , est très considérable ; par cette circonstance, que 
l'inférieure s'articule en arrière du crâne, comme chez 
les Crocodiles. 

Les dents sont nombreuses, et toutes de mémes 
forme et longueur ; il n’y en a pas qui soient attachées 
sur le palais. Elles ont des couronnes tranchantes, 
rangées sur une même ligne, et couvertes en dehors 
par les gencives , la base de la couronne émaillée est 
arrondie , mais les racines, reçues dans une gouttière 
longitudinale , ne sont adhérentes aux os que par leur 
face externe. Aussi Wagler a-t-il désigné ces dents 
sous le nom de pleurodontes, ou attachées sur le côté, 
tandis qu’elles sont libres en dedans ou dans le sillon 
qui les reçoit. Cependant, dans la plupart, la cou- 
ronne va en augmentant sensiblement de devant en 
arrière. Ces dents sont si rapprochées qu’elles semblent 
se toucher et former une lame dentelée fort tran- 
chante, mais pas assez longue pour entamer des ma- 
tières un'peu épaisses, de sorte que leurs morsures ne 
font pas de plaies. 

L'œsophage est Écessiverhont large. Dans plusieurs 
espèces que nous avons pu examiner , soit vivantes, 
soit après la mort, nous avons trouvé l’intérieur de 
ce canal fortement coloré de nuances diverses, mais 
cependant uniformes , en jaune orangé, et principale- 
ment en noir foncé : circonstance singulière dans une 
partie qui n'est guère exposée à laction de la 
lumière. La limite entre l’œsophage et l'estomac 
n'est pas évidente ; le jabot se continue, et le tout 
forme une sorte de sac longitudinal qui semble se 
rétrécir brusquement au point correspondant au py- 
lore, lequel n’est même appréciable que par ladiminu- 
tion du diamètre et sa position sur le bord libre et 
inférieur du foie 


OU SAURIENS ASCALABOTES, 271 


La portion du tube qui suit l'estomac offre des 
replis sinueux, et peut avoir trois fois la longueur de 
l’œsophage et du ventricule réunis ; ce canal se porte à 
gauche et se perd sur le côté d'un véritable cœcum 
large , portant un appendice, et se terminant par un 
gros tube qui aboutit au cloaque. 

Le foie est très-remarquable par sa forme tout-à- 
fait insolite; il est triangulaire, placé dans la ligne 
moyenne, mais son angle supérieur est tellement allon- 
gé, que dans quelques espèces il forme une pointe 
conique, qui a deux fois au moins la longueur de la 
base, cette pointe est logée au devant de l'estomac, 
dans l’espace que laissententre eux les deux poumons, 
quand ces deux organes sont gonflés par l'air. En bas, 
ce foie s’élargit et se partage en plusieurs lobes oulaniè- 
res arrondies, peu distinctes, excepté celui de gauche, 
qui est le plus long. Le droit est court, adhérent au 
péritoine mésentériel. C'est au-dessous du lobe moyen 
que la vésicule du fiel est placée, et qu’elle est appa- 
rente quand elle est remplie de bile. 

Il n’y a pas à ce qu'il paraît de pancréas bien dis- 
tinct, mais, dans le Gecko à goutteletteset dans l’'Uro- 
plate frangé nous avons observé une très petite rate, 
située sur la ponie gauche de l'estomac. 

Le cœur, varie à ce qu’il paraît, pour la forme. Gez 
le Gecko à gouttelettes il est large , plat : cependant 
il a la forme d’un cône assez régulier, dont la pointe 
est en bas, et la base, peu échancrée et large, est ap- 
puyée sur la racine des deux poumons. Dans l'Uro- 
plate, au contraire, le cœur est preportionnellement 
beaucoup plus petit, et semble formé de trois portions 
distinctes , mais rapprochées, deux supérieures, ar- 
rondies, ovales, quisimulent desoreillettes, et une autre 


2792 LÉZARDS GECKOTIENS 

plus petite, conique, placée au-dessous ; ce n'est pas 
sur la pointe inférieure, mais sur son bord droit, que 
vient aboutir la pointe du lobe supérieur du foie dont 
nous venons de parler. Nous n’avons pas suivi le sys- 
tème vasculaire, nous présumons qu’il ressemble par 
la distribution à celui des autres Sauriens. 

Voici ce que nous avons observé pour les organes 
de la respiration. Il n’y a pas de goître dans ces ani- 
maux, et nous ne savons pas comment se forme leur 
voix. Peut-être les mouvemens de la langue, la ma- 
nière dont elle est reçue dans la concavité du palais, 
se prête-t-elle à ce bruit très-particulier, à ce cri qui 
a fait désigner les Geckos sous plusieurs des noms 
qui semblent imitatifs du son qu’ils produisent : tels 
que Geitje-Tockaie- Gecko, ou d’après l’analogie 
des sons qu'ils produisent, Postillon-Claqueur-Cra- 
cheur-Sputateur, etc ; nous verrons bientôt que la dis- 
position de la trachée peut aussi aider à cet effet ; 
quoi qu'il en soit, nous allons indiquer les détails de 
structure que nous avons observés. 

La glotte se présente comme une fente longitudi- 
nale, garnie de deux grosses lèvres, qui forment une 
sorte de tubercule derrière la partie échancrée posté- 
rieure de la langue ; elle est entraînée par elle dans ses 
mouvemens , et elle vient par conséquent s'élever et 
s'appuyer dans la concavité du palais. La trachée est 
excessivement large, les anneaux cartilagineux sont 
très distincts et entiers en devant, tandis qu'ils sont 
membraneux sur le bord œsophagien. Cette circon- 
stance est cause que cette trachée s’aplatit considéra- 
blement. Elleest presque aussi longue que l'œsophage; 
mais, arrivée à la base du cœur, elle passe der- 
rière , et semble en être embrassée au moment où elle 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 273 


se divise en branches très-courtes. Les poumons for- 
ment véritablement deux sacs comme dans les sala- 
mandres , ils sont à-peu-près égaux en volume et en 
longueur. Leur cavité intérieure est unique, mais on 
distingue en dehors sur leurs parois membraneuses 
des cellules polygones , comme maillées : c’est dans l’é- 
paisseur des lignes qui les circonscrivent, que les vais- 
seaux artériels et veineux se divisent et se subdivi- 
sent en ramuscules très-déliés. Les poumons sont sé- 
parés entre eux, en avant par l’appendice supérieur du 
foie, en arrière est l'œsophage ; en bas ces organes vé- 
siculeux ne se prolongent pas au-delà du foie dont ils 
atteignent les grands lobes ou la partie élargie. 

Les reins n’offrent rien de particulier : nous les avons 
trouvés courts, arrondis, situés au bas de la colonne 
vertébrale presque dans le bassin. Leurs uretères sont 
par conséquent peu prolongés, ils viennent s'ouvrir 
directement dans le cloaque : il n’y a pas de vessie 
urinaire. | 

Dans plusieurs espèces nous avons observé en avant 
des pubis ou sous les parois abdominales, à la place de 
la vessie, des organes particuliers tantôt doubles, tantôt 
réunis en une seule masse aplatie, alongée. Ils nous 
ont paru être de nature graisseuse, soutenus d’une part 
par les os pubis, de l’autre ayant des prolongemens vas. 
culaires ou membraneux simples ou doubles qui remon- 
taient jusqu'au foie dans l'épaisseur du péritoine. Nous 
ignorons l'usage de ces parties; peut-être ne sont-ce 
que des appendices destinés à mettre en réserve une 
certaine quantité de matière alibile afin de subvenir à 
la nutrition pour le temps pendant lequel ces animaux 
restent, dit-on, dans un état d'engourdissement ou de 
sommeil léthargique, comme cela arrive aux nymphes 
de beaucoup d'insectes et à la plupart des animaux 

REPTILES , Ill. 18 


274 LÉZARDS GECKOTIENS 


hybernans. C’est ce qui arrive surtout aux Batraciens, 
chez lesquels les épiploons se chargent, pendant l'au- 
tomne, d’une matière grasse abondante qui disparaît 
peu de temps après la fécondation, pour se reproduire 
de nouveau avant l'hiver suivant. Comme nous n'avons 
pas été à portée d'étudier par nous-mêmes cette parti- 
cularité de l’organisation, nous l’indiquons seulement 
aux naturalistes qui pourront examiner des Geckos 
aux diverses époques de l’année. 


Des organes dela génération. 


Les organes mâles et femelles des Geckotiens nous 
offrent peu de particularités à noter. Tout fait présumer 
que la reproduction s'opère chez eux comme chez le 
plus grand nombre des Sauriens, les Crocodiles excep- 
tés. Il est certain que les mâles sont plus petits, plus 
sveltes, plus agiles, mieux et plus vivement colorés 
que les femelles; que leurs organes genitaux sont 
doubles et logés de chaque côté de la base de la 
queue, qui par conséquent est renflée à cette place, et 
que le rapprochement sexuel ne dure pas long-temps. 
Nous avons vu des œufs de Geckos que nous avons 
trouvés nous-mêmes en petit nombre, cinq ou six à la 
fois, déposés entre des pierres. Nous les avons recueil- 
lis ; ils étaient ronds , absolument sphériques, à coque 
calcaire assez solide, d’une teinte blanche sale, uni- 
forme; la surface en était légèrement raboteuse, ils 
ont produit, presque sous nos yeux, des petits Geckos 
parfaitement conformés et fort agiles; mais étant en 
voyage, nous n'avons pu les nourrir. Nous avons re- 
connu, sous leur abdomen, l'ouverture ombilicale par 
laquelle le vitellus avait été absorbé qui n'était pas 
entièrement oblitérée 


Où SAURIENS ASCALABOTES. 279 


$ IT. HABITUDES ET MOEURS ; DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE 
DES ESPÈCES. 


Nous avons maintenant peu de détails à donner sur 
les habitudes et les mœurs des Geckotiens, car en étu- 
diant les diverses modifications de leur structure et de 
leur conformation, les principales eirconstances de 
leur manière de vivre ont du être naturellement indi- 
quées. Il résulte en effet de cet examen, que la plu- 
part de ces Sauriens étant de petite taille, les besoins 
de leur alimentation n’exigeaient pas un développe- 
ment considérable dans les forces musculaires et sur- 
tout dans Îles moyens qui leur ont été accordés par la 
nature pour attaquer ou pour se défendre. Des ani- 
maux très-faibles sont la seule proie du plus grand 
nombre : ils se nourrissent de larves , de chenilles et 
d'insectes qu'ils se procurent le plus souvent en se 
mettant en embuscade ou en les chassant et les pour- 
suivant dans Îles trous et les cavités obscures où ceux- 
ci cherchent leur refuge. Ils semblent avoir étéen effet 
principalement construits dans ce but. Leurs pattes, 
munies en-dessous de lames imbriquées qui s’appli- 
quent exactement et adhèrent solidement sur la sur- 
face des corps, même les plus lisses, leur permettent 
de courir avec la plus grande prestesse sur tous les 
plans et dans toutes les directions , en se tenant même 
suspendus sous la page inférieure des feuilles. Le plus 
souvent des ongles crochus, acérés et rétractiles, com- 
me ceux qui forment les griffes des chats, leur don- 
nent la faculté de grimper sur les écorces des arbres, 
Ge pénétrer dans les fentes et les trous des rochers, 
de gravir les murailles à pic, d'en rechercher les 

19. 


276 LÉZARDS GECKOTIENS 


moindres cavités pour s’y tapir et y rester immobiles 
pendant des heures entières, accrochés et comme sou- 
tenus en l'air par les pattes, contre leur propre poids. 
Leur tronc aplati, flexible dans tous les sens , semble 
se mouler dans les creux où ils n’offrent presqu'au- 
cune saillie, et la teinte variable de leurs tégumens 
semble se confondre et s’accorder avec les couleurs des 
surfaces sur lesquelles ils reposent. Cette faculté pa- 
raît leur avoir été concédée autant pour masquer leur 
présence à la proie qu'ils épient, que pour les sous- 
traire à la vue de leurs ennemis et surtout à la re- 
cherche de quelques petits oiseaux de proie, les seuls 
animaux qu'ils puissent craindre. Serait-ce dans les 
mêmes intentions providentielles que la plupart des 
espèces seraient douées de la faculté de distinguer net- 
tement les corps dans l’obscurité des nuits, et de pour- 
voir alors à leur subsistance, lorsqu'ils poursuivent 
leur proie dans les lieüx les moins éclairés ? Leur pu- 
pille jouit en effet d’une mobilité semblable à celle 
qu’on observe dans les yeux des oiseaux et des mam- 
mifères nocturnes qui peuvent dilater excessivement 
leur prunelle quand ils ont besoin de recueillir les 
effets d’une lumière peu abondante et qui ont la fa- 
culté de la resserrer pour la réduire à une simple fente 
linéaire, quand les nerfs de l’intérieur de l’organe pour- 
raient être blessés ou affaiblis par les rayons éblouis- 
sans d’une trop grande clarté. Car dans les climats 
chauds que les Geckotiens habitent , ils sont appelés 
à supporter le plus grand éclat d’un soleil ardent, et 
cependant comme leur proie cherche à éviter aussi 
l’excessive chaleur du jour, ils sont obligés d'attendre 
la nuit pour aller à la chasse ou à la poursuite des in- 
sectes qui profitent eux-mêmes de l'obscurité et de 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 297 
l'abaissement de la température, afin de pourvoir à 
leurs besoins particuliers. 

On pourrait attribuer aux noms vulgaires par les- 
quels on désigne ces Reptiles, noms qui, pour la 
plupart, sont entachés d'idées fausses et de préju- 
gés, la sorte de crainte ou de dégoût que ces 
animaux inspirent. Les Geckos sont en effet un 
objet d'horreur et de répugnance, pour ainsi dire 
innée , dans les lieux où ils vivent et où cependant 
ils aiment à se rapprocher des habitations des 
hommes, peut-être afin d'y trouver en plus grand 
nombre les insectes qui y sont eux-mêmes attirés par 
les substances destinées à la nourriture des familles. 
Ils deviennent souventles victimes de la crainte qu'ils 
produisent parce qu’on les suppose imprégnés de venins 
subtils qu'ils transmettent par le seul attouchement, 
ou par leur salive que l’on accuse d’occasioner des 
éruptions sur la peau, telles que les dartres et la lè- 
pre, et même une sorte d’empoisonnement qui serait 
transmis par les matières destinées à la nourriture 
de l’homme ou des animaux, par cela seul que les 
Geckos y seraient tombés, y auraient touché, ou parce 
que les ongles de ces reptiles auraient effleuré la peau 
en passant pendant la nuit sur le corps des hommes 
ou de quelques autres animaux endormis. 

Cependant il faut avouer que la plupart des Gecko- 
tiens ont une apparence peu agréable et jusqu'à un 
certain point, une conformation hideuse; car leur 
peau paraît toutenue ou peu garnie d’écailles , quoi- 
que quelques-uns aient le dessus du corps hérissé 
d’épines ou de tubercules taillés à facettes ; leurs cou- 
leurs sont en général sombres ou ternes ; leur tête 
large, aplatie; à yeux gros, toujours à découvert et 


258 LÉZARDS GECKOTIENS 


qui paraissent immobiles par la brièveté des paupières: 
leur cou semble déchiré par la présence des fentes des 
oreilles. Maïs surtout, ce qui inspire une sorte d’ef- 
froi, c'est que leur vue étant excellente et constamment 
en action , ils échappent avec la plus grande prestesse 
à la main qui veut les saisir et aux moindres dangers 
qui les menacent. Leur hardiesse téméraire inti- 
mide les ennemis qu'ils attendent sans crainte, leurs 
mouvemens étant brusques, s’opérant sans bruit et 
avec la célérité la plus surprenante 

Distribution géographique. Les Geckotiens, dont 
on peut compter aujourd’ hui environ cinquante-cinq 
espèces différentes, sont répandus sur presque toute 
là surface du globe que nous habitons. Cependant. 
notre Europe est la partie du monde où on en a le 
moins observé, et l'Asie celle qui en nourrit un plus 
grand nombre. En effet il ny à d'espèces Européen- 
nes qu'un Platydactyleet un Hémidactyle et toutes les 
deux vivent èn même temps sur les côtes septentrio- 
nales de l'Afrique; et parmi les Asiatiques on en 
compte treize qui appartiennent aux trois genres Pla- 
en Hémidactyle et Gymnodactyle. Ces treize 
espèces sont originaires du continent de l'Inde ou des 
iles de son are ipel; où l’on en rencontre ésalement 
une autre qui se trouve aussi dans l'Afrique australe 
et dans les îles qui en sont voisines. 

L'Afrique ne possède en propre que douze espèces , 
savoir : une de chacun des genres Hémidactyle, Phyÿl= 
lodactyle et Sténodactyle, deux Gÿmnodactyles ; deux 
Ptyodactyles et cinq qui ont dû être toutes rangées avec 
les Platydactyles. Parmi ces cinq dernières espèces A fri- 
caines , une à pour patrie commune Île cap de Bonne- 
Espérance , Madagascar et Maurice; une seconde, le cap 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 259 
et la dernière des îles que nous venons de nommer; 
une troisième habite le Sénégal et les îles de Téné- 
riffe et de Madère; une quatrième, les Seychelles et 
une cinquième enfin se trouve en Egypte. Le seul Hé- 
midactyle qui soit particulier à l'Afrique est originaire 
de l'Ile-de-France ; comme le seul Gymnodactyle que 
possède cette partie du monde, vient des côtes de Bar- 
barie et le seul Sténodactyle de l'Égypte. Les deux 
Ptyodactyles proviennent l’un de FFSspte l'autre de 
Madagascar. 

Le nombre des Geckotiens nou de jusqu'ici en 
Amérique s'élève à douze éspèces. Ily a parmi elles 
trois Sphériodactyles qui vivent aux Antilles; deux 
Gymnodactyles qu’on trouve l’un dans les mêmes îles 
ét l’autre au Brésil ; deux Platÿdactyles dont un pro- 
Yient encore des Antilles et l’autre de la partie sep- 
tentrionale du Nouveau-Monde. Enfin un Ptyodactyle 
ün Hémidactyle et trois Phyllodactyles , tous les cinq 
originaires de la partie méridionale de l'Amérique. 

Il existe soit dans l’Australasie, soit dans la Polÿ- 
nésie douze espèces de Geckotiens dont l'habitation 
n'est pas complétement limitée, à l'exception de deux 
espèces qui n'ont encore été observées qu àla Nouvelle- 
Hollande. Ces espèces appartiennent aux genres sui- 
vans : à celui du Sténodactyle, qui n’en réclame 
qu'une seule , deux aux Gymnodactyles et trois à cha- 
cun des genres Phyllodactyle, Hémidactyle et Platy- 
dactyle. 

Voici une table érumérative de là répartition géo- 
graphique des espèces : elle présente un résumé synop- 
tique des détails que nous venons d'exposer. 


260 LÉZARDS GECROTIENS 


Répartition des Geckotiens d'après leur existence 


géographique. 


Noms des genres 
de la famille 
DES GECKOTIENS. 


Afrique. 
Australasie 


espèces. 


Amérique. 
inconnue. 


# 
= 
D 
TT 
. 
= 
=) 
< 


PLATYDACTYLE . 3 17 


Aux deux. 
et Polynésie. 


À HEMIDACTYLE. . 

1 PTYODACTYLE. . . 
PHYLLODACTYLE. 
SPHÉRIODACTYLE 
: GYMNODAGTYLE. 


STENODACTYLE . . 


| Nombre des espèces 
dans chaque partie 
du monde, « . « . 


f IV. DES AUTEURS QUI ONT ÉCRIT SUR LES GECKOTIENS. 


Nous avons fait connaître , dans le premier article de 
ce chapitre, les ouvrages des naturalistes systématiques 
qui ont donné une classification de la famille des Gec- 
kotiens, nous ne rappellerons pas ici les titres de ces 
livres, mais nous avons cru qu'il serait utile de pré- 
senter séparément la liste des mémoires ou des traités 
particuliers relatifs à une ou à plusieurs espèces des 
Sauriens de cette famille, et nous la disposerons dans 
l'ordre chronologique. 


BIBLIOGRAPHIE. 281 

1637. ALDROVANDI, deja cité tom.1, pag. 233, a représenté 
avec les Quadrupèdes ovipares, liv. 1, pag. 654, d'une maniere 
tres reconnaissable, le Platydactylus Fascicularis, qu'il nomme 
Lacertus Facetanus Tarentula. 

1655. WORMIUS ( Voyez tom. 1, pag. 344), pour son Muséum, 
y a reproduit, pag. 314, la figure du Zacertus Facetanus d’'Al- 
drovandi. 

1658. PISON, dont l'ouvrage a été indiqué tom.1, pag. 332, 
y a donné une mauvaise figure du Platydactylus guttatus, chap.5, 
pag. 57, sous le nom de Salamandra Indica. 

— FLACOURT (le sieur de), Histoire de la grande île de Ma- 
dagascar, in-4°, y a décrit, pag. 159, le Famocantrata, qui est le 
Ptyodactyle frange. 

1699. PERRAULT (C1.). Forez tom. 11, pag. 670, a donné la 
description anatomique de deux Geckos qui étaient des Platy- 
dactylus guttatus, sous le nom de Tockaie, figurés pl. 66 et 67 de 
ses Mémoires sur les Animaux, tom. 117, 2° partie, pag. 281, et 
dans les Observations sur la Physique, pag. 47, pl. 5, fig. 12, 
par les jésuites missionnaires de la Chine. 

1714. FEUILLÉE (L.), dont nous avons donné le titre de 
l'ouvrage, tom. 1 du présent, pag. 315, y a fait connaître cette 
espèce particulière d'Uroplate , que nous avons nommée P/yodac- 
tylus Feuillæi. 

1718. RUYSCH (H.), déja cité tom.r, pag. 335, pour son 
Theatrum Animalium, y a introduit une mauvaise figure de notre 
Platydactylus muralis. 

1734. SÉBA (A), déjà indiqué tom. r, pag. 338 , a fait graver 
dans son Trésor, à la pl. 108 du premier volume, la figure d'un 
Platydactyle à gouttelettes dans presque tous les âges : il y a neuf 
dessins différens de la même espece. 

1700. OSBECK, cité par nous, tom. 1, pag. 350, a décrit, 
pag. 134 à 280, le Lacerta Chinensis, qu'on a nommé depuis 
Gecko Osbeckii, mais qu'il est difficile de reconnaître. 

17951. EDWARDS, dont nous avons mentionné l'ouvrage sur 
les Oiseaux, dans le premier volume de celui-ci, pag. 314, y a 
représenté l'Æemidactylus Verruculatus, qu’il nomme petit Lézard 
gris et moucheté. 


1733. KNORR, cité dans notre premier volume, pag. 52?, 


292 LÉZARDS GECKOTIENS. 


pour son ouvrage intitulé Deliciæ Naturæ, a donné une assez 
bonne figure du Platydactyle à gouttelettes, à cela près qu'il y 
est représenté avec trois ongles de trop à chacune des pattes. 


1782. HOUTTUYN, déjà indiqué tom. un, pag. 667, a décrit 
dans les Actes de l'Académie de Zélande, en hollandais, trois 
espèces de Geckos. ÿ 


1783. HERMANN, déja cité tom. 1, pag. 321, et tom. 11, p. 666, 
atrès bien décrit les Geckos dans le 1° de ces Die pag: 291), 
en parlant d’une espèce. 


1784. SPARMANN , cité tom. 1, pag. 340, et tom.11, pag. va 
a décrit dans le dernier ouvrage cité, les Geckos Sputateur et 
Geitje. 

1788. LACÉPÉDE , dont nous avons fait connaître les travaux, 
tom. 1, pag. 243, et tom. 11, pag. 268, a fait représenter, dans 
son Histoire naturelle des Quadrupèdes ovipares, le Platydactylus 
Vittatus, tom.1, pl. 29, et le Plyodactylus Fimbriatus, pl. 30; 
il lui a donné le nom de Zéte-Plate. 


1790. WHITE, cité tom.r, pag. 343, pour son voyage, y a 


fait connaître un Gecko, pag. 246, pl. 3, fig. 2, qui est le 
Gymnodactylus Phyllurus. 


1797: SCHNEIDER, dont le nom et lés ouvrages sont déja in- 
diques par nous, tom. 1, pag. 338, et tom. 11, pag. 67r, a fait 
connaître , dans les Actes de Munich , une espèce de Geckotiens, 
désignée sous le nom de Stellio Platyurus. En particulier, dans 
le second cahier de sa Physiologie des Rertiles, il a décrit sous 
les noms de Stellio Gecko, le Platydactylus Guttatus ; sous celui.de 
Stellio Mauritanicus, Y Hemidactylus Verruculatus ; le Stellio per- 
Joliatus, ou notre Platyd. Thecadactylus; le Sputator, qui est 
un Spheriodactylus ; le S. Platyurus, qui est l’'Zemidactylus mar- 
gtnatus; le S, Phyllurus, qui est un Gymnodactylus ; le S. Fim- 
briatus, qui est un Piyodactylus; enfin les S. Tetradactylus et le 
Brasiliensis, dont nous n'avons pas pu reconnaître la Synonymie. 


1801. BRONGNIART ( Alex.), cité tom. 1, pag. 244, a donné, 
dans le Bulletin de la Société Philomatique, n° 36, la deserip- 
tion succincte et la figure n° 3 a. b. du Platydactylus vittatus. 


1809. CREVELDT de Bonn, cité dans le second volume de cette 
Erpétologie ; pag. 663, a décrit à la pag. 266 et figuré pl. 8 du 


BIBLIOGRAPHIE: 283 


Magasin des naturalistes de Berlin, le Lacerta komalocephala, qui 
est un P/ychozoon de Kuhl, pour nous un Platydactylus. 


1810. RAFINESQUE,, cité tome 1, pag. 334, pour son ouvrage 
sur les nouveaux genres d'animaux de Sicile, y a donné, pag. 9, 
une mauvaise description de l'Æemidactylus verruculatus, qu'il 
nomme Gecus cyanodactylus. 


1850. KUHL, cité tome 1, p.323, a indiqué dans cet ouvrage, 
comme espèce nouvelle, sous le nom de Gecko annulatus, le jeune 
âge du Platydactylus gutlatus ; et dans l'Isis, 1822, pag. 479, ia 
établi le genre Ptychozoon, d'aprèsle Platydactylus homalocephalus 
indiqué par Créveldt. 

— TILESIUS a décrit dans le tom. vrr des Mémoires de l'aca- 
démie de Saint-Pétershbourg le Platydactylus homalocephalus, qu'il 
a figuré pl. ro ; et sur la pl. 11, le Stellio Argyropis. 


1822. WOLF, cité par nous, tom.+:, pag. 344, et tom: #1; 
pag. 63, a décrit dans le premier Mémoire, et figuré pl. 20, 
fig. 2, le Gecko trièdre , qui est un Zemidactylus. 

— LICHTENSTEIN, déjà cité dans cet ouvrage, tom. 1, p. 325, 


et tom. 1, pag. 669, a fait connaître le genre Stenodactylus, dont 
il a donné les caractères. 


1824. SPIX. Voyez tom. 1, pag. 340, et tom. 11, pag. 672, a 
représenté et décrit bien imparfaitement le Gecko aculeatus, 
pag. 16, pl. 18, fig. 3, c'est l'Hémidactyle Mabouya ; pag. 17, 
pl. 18, fig. », le Thecadactylus pollicaris ? et le Gyrmnodactylus 
Gechoides , fig. 1 de cette même planche. 


1829. NEUWIED (le prince Maximilien de }, cité tom. 1, p. 32g, 
et tom. 11, pag. 670 , a fait connaître dans le premier des ou- 
vrages indiqués sur les animaux du Brésil, et représenté dans le 
recueil des planches publié séparément, le Gecko incanescens et 
le G. armatus, qui sont des Hémidactyles Mabouya. 


1826. RUPPEL, dans l'ouvrage que nous avons cité tom. 1, 
pag. 335, a représenté le Piyodactylus guttatus, pag. 13, pl. 4; 
c'est celui qui a été désigné sous le nom d'Aasselquitzii et le Ste- 
noductylus Scaber, pag. 15, pl. 4, fig. 2, qui est pour nous un 
Gymnoductylus. ( Voyez plus bas en 1635.) | 


.— RISSO ( Voyez dans cet ouvrage, tom.1, pag. 334), a donné 
dans le tom. 111 de l'ouvrage indiqué, la deseription incomplète 


284 LÉZARDS GECKOTIENS 
du Gecko Mauritanicus, qui est notre Zemidactylus verruculatus. 
1828. GEOFFROY (Isidore) a donné dans l'ouvrage que nous 
avons indiqué tom. 1, pag. 317, sur les Reptiles d'Égypte, la 
description de plusieurs Geckotiens, savoir : du Gecko annulaire, 
représenté pl. 5, fig. 6 et 7, qui est notre Platydactylus Ægyp- 
tiacus ; du Gecko lobé, même planche, fig. 5, qui est le Pro- 
dactylus Hasselquitzü. En 1832, dans ses Études Zoologiques, il a 
décrit et fait représenter le Platydactyle Cépédien. 


1828. GRAY. Voyez tom. n du présent ouvrage, pag. 665, 
où nous avons fait connaître ses principales recherches sur les 
Geckos. Dans ses Spicilegia Zoologica, il a établi le genre Phyllo- 
dactylus, auquel il a donné pour type le Gecko Porphyreus de 
Daudin ; et en 1830, la figure et la description du Crtodactylus 
pulchellus. En 1832, M. Graÿ a établi le genre Diplodactylus et 
décrit l'espèce nommée par lui Vitlatus, à la page 40 de la se- 
conde partie de Proceedings of the Commitee of science and 
Correspondance of the Zoological Society of London. 


182q. LESSON, déja cité tom. 1, pag. 325, et tom. n1, p. 668, 
a fait connaître dans ce dernier travail, pag. 311, pl. 5, fig. 1, 
l’Hémidactyle à écailles triedres. 


1831. EICHVALD (Édouard), Zoologia specialis, tom. ru, 
pag. 181. Cet auteur a décrit dans cet ouvrage le Gymnodactylus 
Caspius et le Gyrmnodactylus pipiens de Pallas. 


1834. BONAPARTE, déja cité dans notre premier volume, 
pag. 307, a figuré et décrit dans la Faune Italienne, le Platy- 
dactylus muralis et l'Hemidactylus verruculatus. 11 nomme le 
premier Æscalabotes Mauritanicus, et le second Æemidactylus 
triedrus. 


— WIEGMANN , déjà cité dans le premier et dans le second 
volume, et surtout dans ce dernier, pag. 673, a décrit le Platy- 
dactylus guttatus, l'Hemidactylus mutilatus, Peruvianus, ie Phytlo- 
dactylus tuberculosus, et le Diplodactylus Gerrhopygus. Dans les 
Mémoires des Curieux de la Nature, de Berlin, tome xvir, partie 
première, pag. 235 à 242, pl. 18. 


1835. RUPPEL (Édouard), déjà cité, a décrit et représenté 
dans un ouvrage ayant pour titre : Neue Wirbelthiere zu der 
Fauna von Abyssinien, etc., l'Hemidactylus flaviviridis, tab. 6, 
fig. 3, et le Pristurus flavipunctatus , même planche, fig. 5. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 285 


$ V. DES GENRES ET DES ESPÈCES DE GECKOTIENS EN 
PARTICULIER. | 


D’après la simple considération de la forme et de la 
structure des doigts , on peut partager les Geckotiens 
en deux groupes assez naturels: le premier se compose 
des espèces dont les pattes ont les doigts élargis sur 
toute ou partie de leur longueur, et supportent des 
ongles rétractiles ; le second réunit les Geckotiens qui 
ont les doigts arrondis ou mêmelégèrement comprimés, 
et dont les ongles ne sont ni crochus, ni susceptibles 
de rentrer dans une sorte de gaine destinée à les rece- 
voir. 

Les espèces qui sont rangées dans le second groupe 
sont peu nombreuses: ce sont celles qui ont donné 
lieu à l'établissement des genres Æscalabotes (Lich- 
tenstein) Stenodactylus (Fitzinger) Gymnodactylus 
(Spix) Gonyodactylus (Kuhl), Pristurus (Rüppel), 
Cyrtodactylus et Eublepharis (de Gray). Cependant, 
suivant nous, ces genres ne se distinguent pas les uns 
des autres par des caractères assez nets , assez tranchés, 
et qui ne portent pas sur des considérations assez impor- 
tantes pour que nous ayons cru devoir les adopter 
complétement et nous avons conservé la distribution 
faite par G. Cuvier , enadmettant ceux des Gymnodac- 
tyles et des Sténodactyles, en ne séparant pas toutefois 
de ces derniers ceux qu’il nommait les Phyllures. 

# Le groupe des Geckotiens à doigts dilatés en travers 
est beaucoup plus nombreux enespèces parmi lesquelles 
malheureusement il n’est pas plus facile d'établir de 
bonnes divisions génériques. Au reste la même difi- 
culté se présente constamment en histoire naturelle , 


286 LÉZARDS GECKROTIENS 
quand les familles sont constituées sur des nn 
parfaites comme l’est celle des Dani. qui, jusqu'à 
un certain point, ne forment qu'un seul genre. Tels 
sont par exemple dans la classe des reptiles les Croco- 
diliens , les Caméléoniens et les Scincoidiens. Aussi 
‘bien convaincus de cette difficulté et du peu d’avan- 
tages qui résulterait pour la science de multiplier les 
genres quand il n’y à pas lieu de le faire d'une ma- 
nière naturelle, n’avons-nous pas adopté ceux proposés 
par différens erpétolozistes: tels sont les suivans: 
Anoplopus de Wagler Pachydactylus de Wiesmann, 
Crossurus de Wagler, Piychozoon de Kuhl ou Ptero- 
_pleura deM. Gray. Nous nous sommes bornés, comme 
pour les Geckosdontles doigts sont étroits, àla division 
de G.Cuvier, à deux modifications près cependant qui 
sont :d’avoir réuni les Thécadactyles aux Platydactyles 
et retiré de la division des Sphériodactyles certaines 
espèces à disques disitaux divisés en deux dans la par- 
tie inférieure, pour les placer, à l'exemple de M. Gray, 
dans un genre particulier sous lenom de Phyllodactyles 
indiqué par ce dernier auteur. 

Entre ces genres , dont le nombre est de sept, deux 
seulement, ce sont ceux des Gymnodactyles et des 
Sténodactyles , appartiennent au groupe des espèces à 
doists étroits et qui, par cela même, ne peuvent être 
confondus avec les cinq autres qui constituent la prin- 
cipale division des véritables Geckotiens offrant en 
travers une dilatation, sur tout ou partie de leurs 
doigts. Quant aux différences que présentent entre 
eux ces genres Sténodactyle et Gymnodactyle, elle 
consiste en ce que le premier offre des doigts cylin- 
driques mais néanmoins pointus à leur extrémité libre, 
fort peu allongés , garnis en dessous d’écailles granu- 


OU SAURIENS ASCALABOTES. 28 
leuses et de dentelures sur leurs côtés; au lieu que 
les doigts chez les Gymnodactyles , sont très-longs et 
généralement fort grêles , revêtus sous leur face infé- 
rieure , de lamelles transversales , et surtout, ce qui 
les caractérise, dépourvus de dentelures sur leurs 
bords. 

Parmi les genres dont les doigts sont plus ou moins 
élargis , si l’on met à part ceux qui n'offrent cet élar- 
gissement que sous les extrémités des doigts, tels 
que les Ptyodactyles, les Phyllodactyles et les Sphé- 
riodactyles , ne resteplus que les Platydactyles et 
les {/émidactyles, qu'on peut facilement distinguer 
entre eux. Chez les premiers en eflet la dilatation des 
doigts s’observe sous toute leur longueur , tandis que 
dans les seconds, cet élargissement n'existe qu'à la 
base où il offre un grand disque , ovale du centre, du- 
quel s'élèvent, en-dessus, les deux dernières phalanges 
qui ressemblent à une sorte de petit crampon. On re- 
marque aussi que le dessous de la queue des Platydac- 
tyles n'offre pas comme celle des Hémidactyles une 
bande longitudinale de grandes scutelles élargies en 
travers, et disposées absolument de la même manière 
que celles qui garnissent le ventre de la plupart des 
serpens. 

Les Sphériodactyles sont reconnaissables au petit 
disque circulaire, ressemblant quelquefois À une 
petite pelote lisse, qui existe à l'extrémité de cha- 
cun de leurs doigts, qui de plus sont dépourvus 
d'ongles. En cela ce genre diffère bien évidemment 
de ceux des Ptyodactyles et des Phyllodactyles dont 
les deux paires de pattes sont munies d’ongles, logés 
chacun dans une petite fente qui partage lonpei- 
tudinalement en deux parties, la portion dilatée de 
leurs doigts, laquelle est échancrée sur son bord anté- 


288 LÉZARDS GECKOTIENS 


rieur. Mais les Ptyodactyles ont le dessous de ce dis- 
que échancré et garni de petites lames rayonnées et 
disposées en petit comme les touches d’un éventail 
lorsqu'elles sont étalées ; au lieu que les Phyllodactyles 
n'offrent sous cette partie dilatée de leurs doigts, que 
deux petites écailles, lisses, séparées l’une de l’autre 
par le sillon, au fond duquel l'ongle peut également 
se placer et se soulever à volonté. 

Pour compléter cette revue des genres que les divers 
erpétologistes ont proposé d'admettre dans la famille 
des Geckotiens, il nous en reste encore un à men- 
tionner. Nous voulons parler du Sarrouba , genre ainsi 
nommé par Fitzinger, et Chiroperus par Wiesmann; 
mais les caractères, et peut-être même l'existence de 
cet animal ne sont-ils pas assez bien établis pour que 
nous ayons cru devoir l’inscrire dans le catalogue de la 
science. Il ne repose en effet que sur un individu 
unique, de l’île de Madagascar, qui n’a été indiqué 
aux naturalistes que par une note communiquée à La- 
cépède par Bruguières. On reconnaît toutefois, par 
cette description, que c'était un Geckotien voisin du 
Ptyodactyle frangé, à tel point que nous le soupçon- 
nerions de n'en être qu'un exemplaire mutilé. Ce 
Sarroubé, comme l’appelle Lacépède, qui l’a rangé à 
tort parmi les Salamandres, n’aurait eu que quatre 
doigts à chaque main ; sa queue était aplatie comme 
celle des Uroplates ; mais il aurait manqué des franges 
membraneuses qui bordent le corps de l'espèce qui à 
étè nommée Fimbriatus. | 

À l’aide du tableau synoptique qui suit, on pourra 
voir la manière simple et commode, pour l’observa- 
tion, dont nous avons partagé en genres, au nombre 
de sept seulement , cette famille des Geckotiens. 


ASCALABOTES. 


SAURIENS 


OÙ 


ER se ee + + ee à à + à à + « « + + asnopnutus 


+ STALDYAONALS 
2ININQQUI 90UJ P SI&UL *SSALIS UOU 


: HTALOYAONNAN) ‘O eee se epe De 2° + 7% * SJ9ALIY U9 99147S 


“HIALDVAOIIEHAG GO * *" ** " * * * * ossi] ojdus ne] 
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“xixLOVaoTTAEg ‘ ‘ * ‘sonbejd xnop (Le SERRE DEAN 
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*ATALIVAINAN °G e e e e ® LU L] e e e ee o * e e L] e e e L ° e e à CI e e e e e e ‘osuq % SL5ARI9 

MTALOVAREVIT UE eee uaereses ttes: +: 'anonduof Ano[ 9j00} SUEP 

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‘SNALLONOH9 SIA ATINAVA VI HG SHUNH9 SA ANOLLAONAS AVATAVIL 


PRE RTE MENT lo 


DA ot OM VER PE CEE V 


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EXAPERAT 


HET SIT PRE AE 


FEES 


0 


REPTILES ; HIT. 


200 LÉZARDS GECKOTIENS 


Ir GENRE. PLATYDACTYLE. PLATYDAC- 
TYLUS. Curvier. 


(Platydactylus etThecadacty lus de Cuvier et de Gray.) 


Caracrères. Doigts élargis plus ou moins sur toute 
leur longueur, et garnis en dessous de lamelles trans- 
versales, imbriquées, entières ou divisées par un 
sillon médian longitudinal. 


Cette phrase caractéristique indique d'avance, pour ainsi 
dire , que nous avons réuni en un seul, les deux genres que 
Cuvier avait distingués comme Platydactyle et Thécadac- 
tyle ou toutes les espèces de Geckotiens dont les doigts, 
transversalement dilatés sur toute ou presque toute leur 
longueur, sont garnis en dessous de lamelles entières ou 
quelquefois séparées en deux lignes longitudinales par un 
sillon. C’est qu'effectivement ces deux genres ne peuvent 
plus rester séparés. On connaît aujourd'hui des espèces 
intermédiaires qui viennent, jusqu'à un certain point , dé- 
truire les caractères qui avaient été adoptés pour les faire 
distinguer. La seule différence que Guvier avait indiquée 
comme propre à les caractériser, consistait en ce que 
dans les Thécadactyles on voit sous l’extrémité des doigts 
une scissure au fond de laquelle rentre l'ongle, qui ne 
peut d’ailleurs opérer sa sortie que sous la partie inférieure 
et non au-dessus du disque. Mais il est des Platydactyles 
dont la gaîne qui renferme longle, présente également son 
ouverture sous lextrémité du doigt, sans que pour cela 
celui-ci soit creusé d’an sillon : c’est ce qu’on peut observer, 
par exemple, dans le Platydactyle des Seychelles. Il en est 
certains autres qui, avec un sillon, ont l’ouverture de la 
gaîne de l’ongle située au-dessus ou à l'extrémité du disque, 


8 
ainsi qu'on l'observe dans le Platydactyle demi-deuil. Or 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PLATYDACTŸLE. 2OL 
faut-il, d’après cela, se décider à former deux genres dis- 
tincts de ces deux espèces qui, rigoureusement , n'appar- 
tiennent ni aux Platydactyles, ni aux Thécadactyles de 
Cuvier? Nous ne le pensons pas. Mais, suivant nous, on 
doit les considérer comme le lien qui unit ces deux groupes 
et qui exige de n’en former qu’un seul. Nous y avons donc été 
forcés, et nous n'avons pas adopté les divisions que divers 
Erpétolosistes ont établies parmi les espèces auxquelles Cu- 
vier donne le nom de Platydactyle. Nous croyons devoir 
franchement en faire l’aveu, car cette distinction ne paraît pas 
assez naturelle, Si l’on étudie avec soin nos Geckotiens pla- 
tydactyles , il devient évident que les caractères sur lesquels 
reposent les subdivisions dernièrement introduites , sont loin 
de mériter l'importance qu’on y attache. On voit que ces 
caractères, tirés de la présence ou de l’absence des ongles, 
du développement ou du non développement d'une mem- 
brane, soit entre les doigts, soit sur les parties latérales 
du corps et de la queue, se reproduisent dans des espèces 
très différentes d’ailleurs, ou qu'ils ne se retrouvent pas 
chez celles qui se ressemblent beaucoup par d’autres points 
de leur organisation, Ainsi, par exemple, le Platydactyle 
des Seychelles, dont tous les doigts sont garnis d'ongles, a 
du reste beaucoup plus de rapports avec le Platydactyle Cé- 
pédien , qui n’en offre pas un seul, qu'avec celui qui porte 
le nom de Leach , et dont les cinq doigts sont tous ongui- 
culés. Cette dernière espèce, dont tous les doigts sont pal- 
més, et dont les flancs sont garnis de membranes analogues 
à celles du Plactydactyle homalocéphale, en diffère davan- 
tage, sous plusieurs rapports, que du Platydactyle de 
Duvaucel, qui a les doigts et les côtés du corps dépourvus 
d'appendices membraneux. 

Nous aurons cependant égard à ces différences : elles 
nous serviront même à former un assez grand nombre de 
. petits groupes ; mais, nous le déclarons d’avance , nous les 
considérerons moins comme établis d’après les rapports na- 
turels des espèces entre elles, que comme un moyen arti- 


19. 


202 LÉZARDS GECKOTIENS 


ficiel qui conduit d’une manière très commode et facile à 
leur détermination. 

Notre genre Platydactyle est le plus nombreux de la 
famille des Geckotiens. La plupart des espèces qui s’y trou- 
vent réunies se laissent assez aisément distinguer les unes 
des autres. Il y en a qui n’ont pas d'ongles du tout : c’est 
le plus petit nombre. Quelques - unes, au contraire, ont 
tous les doigts onguiculés. Chez d'autres, les quatre pouces 
en sont seuls dépourvus : il en est qui en manquent non- 
seulement aux pouces, mais encore au second et autroisième 
doigt de chaque patte. 

Les doigts sont rarement très inégaux en longueur, ce- 
pendant on remarque que le troisième est toujours le plus 
long , et le pouce le plus petit. Ils peuvent être très élargis 
sur toute leur longueur, ou fort peu dilatés en travers, et 
seulement jusque vers la moitié de la dernière phalange. 
En général les lamelles sous-digitales , dont la direction est 
toujours en travers, sont à peu près égales vers les bords, 
qui sont échancrés chez quelques espèces, tantôt antérieu- 
rement , tantôt sillonnées en longueur sur la ligne médiane 
inférieure de chaque doigt , et ce sillon est assez profond en 
avant pour que l’ongle puisse s’y loger. Tel est en particu- 
lier ce qu’on peut voir dans l’espèce que nous avons indiquée 
sous le numéro quatre , et que nous avons nommée Théco- 
nyx, quoiqu’elle appartienne bien réellement au genre Pla- 
tydactyle. 

Chez quelques Plaitydactyles les pattes sont palmées , et 
la totalité du corps horizontalement circonscrite, soit par 
des membranes flottantes, comme dans l'espèce nommée 
Homalocéphale, soit par un repli de la peau , comme dans 
celle dite de Leach; mais la plupart ont les doigts libres, 
et les flancs dérourvus de franges. Cependant il est rare 
que sur les parties latérales du corps on n’aperçoive pas un 
léver pli formé par la peau. Un très petit nombre d’espèces 
ont la pupille arrondie ou circulaire, et chez celles-là la pau- 
pière cerne complétement le pourtour de l'œil, tandis que 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PLATYDACTYLE 203 


le bord palpébral inférieur est rentré dans Porbite chez ceux 
dont la prunelle est elliptique. 

Tous les Platydactyles ont les narines situées sur les côtés 
du museau , bornées en avant par la plaque rostrale et par 
la première labiale, en arrière par trois ou quatre petites 
scutelles très souvent quadrilatères. Chez plusieurs espèces la 
portion supérieure de la paupière renferme dans son épais- 
seur une lame osseuse très mince. Quelques-unes ont les 
bords des oreilles légèrement dentelés. Toutes présentent 
deux pores ovales percés dans la peau, immédiatement en 
arrière de l’anus. Parfois il arrive aux individus des deux 
sexes d’avoir, soit au devant du cloaque, soit le long de la 
face interne des cuisses, une ou plusieurs rangées d’écailles 
crypteuses; mais ce'a ne s’observe en général que chez les 
mâles. 

Certains Platydactyles ont les grains de ia peau sembla- 
bles entre eux ou uniformes, tandis que d’autres les ont 
semés de tubercules, tantôt arrondis, tantôt coniques. Le 
pius grand nombre des premiers se distinguent des seconds 
par un corps plus svelte, plus arrondi, en un mot par 
une physionomie qui rappelle en quelque sorte la forme des 
Scincoïdiens plutôt que celle dela plupart des autres Gecko- 
tiens. Nous nous sommes fondés sur ces différences pour 
établir parmi nos Platydactyles deux grandes sections , que 
nous avons de nouveau partagées d’après la présence ou l’ab- 
sence complète des ongles , le nombre de ceux-ci et l'existence 
ou le défaut d’une membrane entre les doigts. Ces deux divi- 
sions ont été par nous indiquées par un nom simple, propre 
à être exprimé brièvement. La première sera celle des Ho- 
MOLÉPIDOTES (1), ou à écailles semblables entre elles. La 


seconde portera le nom d’Hérérorérnotes, ou à écailles 
dissemblables. 


Le tableau suivant présente cette distribution. 


_@ De ouciws, semblablement, xsridwros, écailleux : éTÉPOG » 
diversement, A\s7idwroc, écailleux. 


204 LÉZARDS GECKOTIENS 


TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES 


quatre seulement 0 0.0 
palmés ou réunis par une 
a ongles membrane... . 
| Homolépidotes. cinq 
, E , 
égaux entre eux : non pales El re 
doigts 


; sans Ongles; pOuCe. Meier ele 
Peau à grains 


dentelés : peau à tubercules 
deux : bords du 
Hétérolépidotes. | trou de l'oreille. 


inégaux : ongles non dentelés. - . 
réunis entre eux par une membrane 
quatre: 
» 


doigts 


HON LEUNIS = ÉCAUIES à 2 6 UE 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PLATYDACTYLE. | nt) 


DU GENRE PLATYDACTYLE. à 


SES 


RTS 
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een D Ur e (eee r ele s7 2», e lstie ces) etliel tel elle tmilet ler ee 3. P. Dewi-peuir. 


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ee CR Nes MORE e me MAR OT D DE LEA CE: 


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aveciun sillon ten lonsneure 1.1". Ce P. Tuécowyx. 


UNE 


copiques: 1.1.4, DR TM TO NP DES SE TCHeLLeS, 
sans sillon ; écailles 
6. 


+ 


arrondies . DE Duvaucez. 


EME 


4 
4 
ae) 
L2 


de longueur Ordinaire. .. ..: . #1. 1. OcELzr. 


DT 


: 
y 


très court ou rudimentaire. PAU D ESA REC AE LEE . CÉPÉDIEN. 


EE 


Se 
ge) 


relevés par une forte carène . . . + Vuzcaire. 


RTS 


DS 


| 


D'Ecvyrre. 


DE Mixeerr. i 


lenticules sur le dos, © 00. 


sans erène | 
tous ovales, convexes.. . . . . - . . 11. 


. Dezazanne. ii 


9 
Tr © 


. Howarocépuaze. || 
{ 


el e\Wee Ne) er ta Re ren here le dollielte le) ste tete /Terlete literie 17. 


arrondies, granuleuses, parsemées de tubercules. 16. P. Du Japon. 


espacés entre eux. . . . 12. P. À GouTrELeTTEs. il 
coniques | 
plates, mélées trés rapprochés. . . - . 15. P. Mowarque. h 
de tubercules ï 
ie Las be bandes brunes. 14. P. À DEux BANDES. 

os à 


une bande blanche. . 13. P. À BANDE. 


D DEN Eee 
PT TETE er 


SEA 


EYE EX 


RE Re 


296 LÉZARDS GECKOTIENS 


Le Division. PLATYDACTYLES HOMOLÉPIDOTES. 


Toutes les espèces appartenant à cette division sont re- 
couvertes, en dessus, de grains squammeux très serrés les 
uns contre les autres, égaux, uniformes; c’est-à-dire au 
milieu desquels on ne voit point de tubercules épars ou dis- 
posés par séries longitudinales. Les Platydactyles Homolé- 
pidotes ont d’ailleurs une physionomie tout-à-fait différente 
de celle des Platydactyles Hétérolépidotes, attendu qu'ils 
ne sont pas déprimés comme ces derniers, et que leur cou, 
au lieu d’être étranglé, se confond avec le corps et la tête 
dont la figure est celle d’une pyramide à quatre faces. En 
un mot, ils ressemblent plus aux Scincoïdiens par len- 
semble de leurs formes , qu'aux Geckotiens en général. 

Comme parmi ces Platydactyles Homolépidotes, il existe 
des espèces à doigts libres et d’autres qui les ont garnis de 
membranes, nous avons pu naturellement en former deux 
subdivisions que nous nommons : la première celle des 
Fissipèdes ; la seconde celle des Palmipèdes. 


1e Suspivision. HomoLépinotes FissiPèpes. 


Les Platydactyles de cette subdivision sont à la fois privés 
de membranes interdisitales et de plis ou de franges sur les 
côtés du corps. Il en est parmi eux qui ont des ongles à tous 
les doigts , et d’autres quien manquent, ceux-ci aux pouces 
seulement, ceux-là aux quatre pattes, 


de: Fissipèdes inonouiculés. 


Ces Platydactyles sont complétement dépourvus d'ongles, 
quisemblent être remplacés sur l’extrémité de chaque doigt 
par une petite écaille pointue et relevée en carène arquée. 
Très probablement cette conformaiion des pattes corres- 
pond à quelques particularités de leur manière de vivre. 

Ils constituent pour Wagler et pour M. Gray un groupe 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES. G. PLATYDACTYLE, 207 
ou genre particulier, que le premier nomme Anoplopus, 
et le second en fait un sous-genre qu’il appelle Phelsuma. 

Nous devons faire remarquer que le principal caractère 
assigné à ce groupe par ces deux auteurs, celui d’avair le 
pouce beaucoup plus court que les autres doigts, est vrai 
à l'écard d’une des deux espèces qu’ils y rapportent ( Pla- 
tydactylus Cepedianus), mais faux à l'égard de la seconde 
(Platydactylus Ocellatus), chez laquelle le pouce est au 
contraire très développé. 

Cette différence, jointe à plusieurs autres, peut même 
jusqu’à un certain point, faire considérer ces deux Platy- 
dactyles à doigts mutiques, comme les types de deux petits 
groupes distincts. | 

Nous ne pouvons pas savoir dans lequel de ces deux 
groupes il conviendrait de placer une troisième espèce de 
Platydactyle sans ongle, que M. Gray n’a point décrite, 
mais simplement signalée dans son Synopsis Reptilium , 
imprimé à la fin du neuvième volume de la traduction du 
Règne animal de Cuvier. M. Gray nomme cette espèce 
Platydactylus ornatus. Al la dit être brune, avec six 


rangées de taches rouges ovales sur le dos. Sa patrie est la 
Nouvelle-Hollande. 


a. Inonguiculés à pouce bien développé. 


( Pachydactylus, Wiegmann.) 


Ceux-ci se font remarquer : 1° par le peu d'égalité qui 
règne dans la longueur de leurs doigts , qui sont en même 
temps très peu dilatés et seulement à leur extrémité ; 2° en 
ce que ce n’est que sous cette même extrémité quil existe 
de ces lamelles transversales qui garnissent toute la surface 
inférieure des doigts des autres Platydactyles sans ongles; 
3° en ce que la pupille est elliptique et le bord inférieur de 
la paupière rentré dans l'orbite ; 4° enfin, en ce que ni l’un 
ni l’autre sexe n’offrent de pores anaux ou fémoraux. 

x, La manière dont M. Wiegmann caractérise son genre 


208 LÉZARDS GECKOTIENS 


Pachydactyle, nous fait présumer qu'il appartient à ce 
groupe. Peut-être même la seule espèce qu'il y rapporte 
(Pachydactylus Bergii) n'est-elle pas différente de notre 
Plaiydactylus Ocellatus, qui vient du cap de Bonne- 
Espérance, de même que l’individu qu'il a décrit. 


1. PLATYDACTYLE OCELLÉ. Platydactylus ocellatus. Oppel. 


CaracrEnes, Museau court, épais; dos brun, semé de taches 
blanches ; une bande noire derrière l'œil: dessous du corps et 
bords des paupières blancs ; gorge piquetée de noir. 

SYNONYMIE. Gecko ocellatus. Opp. note manusc. 

Gecko ocellatus, G. inunguis. Cuv. Règ. Anim. (1'° édit.) tom. 3, 
pag. 46, tab. 5, fig. 4. 

Gekho ocellatus. Merrem. Amph. pag. 43, spec. 18, et inunguis, 
1bid. spec. 17. 

Flatydactylus ocellatus. Cuv.Reg. Anim, (2° édit.) tom. 2, 
pag. 52 ; et chid. PI. inunguis, pl. 5, fig. 4. 

Gecko inunguis, et G. ocellatus. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, 
Pag. 142. 

Eyed Platydactyle. Gray, Synops. in Griffith's Anim. Kingd. 
tom. 9, pag. 47. | 

Gecko inunguis. Schinz. Naturgesch. und abbild. Rept. pag. 73, 
tab. 15, fig. 1, et occllatus, fig. 2. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce est de fort petite taïlle. Sa tête à un peu 
plus de largeur que de hauteur. Les orifices antérieurs des narines 
sont placés latéralement à l'extrémité d'un museau court et obtus; 
ils sont circulaires et entourés de trois ou quatre petites écailles. 

Les yeux sont grands; leur pupille est oblongue, verticalement 
placée et comme frangée ou festonnée sur les bords. La paupière 
unique, qui garnit les orbites, ne paraît pas former un cercle 
complet autour de l'œil, attendu que son bord inférieur est 
rentré ou replié en dedans. Les dents sont nombreuses, petites, 
coniques , fort rapprochées les unes des autres, sans cependant se 
toucher. 

Extérieurement, l'oreille n'offre qu'un simple petit trou un peu 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES. G. PLATYDACTYLE. I. 209 


ovale, dont l'entrée n’est pas bordée d'écailles différentes de celles 
qui revêtent les régions voisines. 

Le cou est gros, arrondi, ainsi que le dessus du corps, dontla 
partie inférieure est plane. 

Les pattes antérieures ont un peu plus de la moitié de la lon- 
gueur du tronc; les postérieures sont environ d'un cinquième 
plus grandes: toutes quatre se terminent par cinq doigts dé- 
pourvus d'ongles, cylindriques dans les deux premiers tiers de 
leur longueur, et légèrement épatés dans le dernier. Sous l’extré- 
mité des doigts, on voit quatre ou cinq petites lames imbriquées, 
situées en travers, et dont le bord libre est légèrement arqué en 
dedans. Le reste de l'étendue inférieure des doigts est revêtu 
d’écailles étroites, semblables à celles du dessus, ét disposées sur 
trois rangées longitudinales, dont la médiane est un peu plus 
dilatée que les deux autres. Les doigts de la main, à l'endroit 
où ils sont attachés, forment une ligne circulaire. Celui du milieu 
est un peu moins court que le second et le quatrième, et ceux-ci 
un peu plus longs que les deux externes, 

Parmi les doigts, des pieds il y en a un dont la base est fixée un 
peu plus haut que celle des autres, c'est le cinquième, qui, à 
cause de cela, paraît plus court que celui du milieu, quoiqu'il 
soit réellement aussi long. Il existe encore entre le cinquième doigt 
et le quatrième un plus grand écartement qu'entre les autres. Le 
premier est moins allongé que le second et le quatrième, maisle 
troisième ou le médian est plus court. 

Dans cette espèce, ni l’un ni l’autre sexe n'offre des pores, 
soit le long des cuisses, soit au devant de l'anus. Les mâles ont 
de chaque côté de la base de la queue trois fortes écailles coni- 
ques, ressemblant à des épines. Elles sont placées côte à côte sur 
une ligne longitudinale. La queue est arrondie, fort grosse à sa 
base , trés grêle à sa pointe. Le museau se termine par une grande 
scutelle en triangle. Nous en avons compté huit plus petites et de 
forme rectangulaire, garnissant de chaque côté les bords de la 
lèvre supérieure : en tout, l’inférieure en offre onze, dont les 
trois médianes se replient sous le menton. 

Des grains extrêmement fins revêétent la surface et les parties 
latérales de la tête. Il s’en montre de plus forts et légérement co- 
niques, serrés les uns contre les autres, sur la peau du dos et 
des flancs. Ce sont de petites écailles piäles. lisses et imbriquées 
qui protégent les régions pectorale et abdominale. 11 y en a de 


300 LÉZARDS GECKOÔTIENS 


pareilles autour de la queue, et de plus petites sous les membres, 
dont le dessus est très finement granuleux. 

Cororariox. Le fond de la couleur de la partie supérieure du 
corps varie du brun grisâtre au brun foncé. Les individus de cette 
dernière teinte sont parsemés de très petits points blancs, qu'on 
retrouve plus dilatés et environnés d’un cercle noir chez les in- 
dividus grisâtres; mais les uns et les autres laissent voir en ar- 
rière de l’œil une bande noire qui s'étend jusqu'à l'épaule. Un 
blanc pur colore les bords des paupières, aussi bien que le ventre 
et la gorge, qui est piquetée de noir. 

Drwensrows. Ce platydactyle est une des plus petites espèces de 
la famille des Geckotiens. Les mesures suivantes ont été prises sur 
un des exemplaires de notre musée. Longueur totale. 7”. Tête. 
Long. 1”; haut. 5°”; larg. 6°”. Cou. Long.4”. Corps. Long. 2” 5”. 
Memb. antér. Long. 1” 1°”. Memb. poster. Long. 1” 4”. Queue. 
Long. 29. 

Parrie. Le Platydactyle ocellé est originaire de l'Afrique aus- 
trale, d’où Delalande nous en a rapporté plusieurs échantillons. 
Il se trouve probablement aussi à l'Ile-de-France. 

Observations. Il est évident pour nous, que le Gecko inunguis 
de Cuvier, est une espèce purement nominale, faite d’après des 
individus du Gecko ocellatus, dont les taches blanches étaient peu 
ou point marquées, ainsi que cela arrive souvent. Pourtant les 
figures que ce naturaliste a données de ces deux espèces, dans 
son règne animal, pourraient laisser penser le contraire, attendu 
que celle du Gecko inunguis le représente avec un pouce assez 
court; mais cela est certainement une incorrection du dessin. Les 
individus observés par Cuvier, qui existent encore aujourd'hui 
dans la collection , nous en fournissent la preuve. 


b. Inonguiculés, à pouce rudimentaire. 


(Platydactylus. Subdiv. a. Wiegmann.) 


À ce groupe appartiennent les espèces de Platydac- 
tyles Homolépidotes à doigts libres et dépourvus d’on- 
gles, qui offrent les caractères suivans : 1° un pouce extré- 
mement court; 2° des lamelles transversales sur toute la 
surface inférieure des doigts, qui sont très dilatés, parti- 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. FLATYDACTYLE. 3. 301 


culièrement à leur extrémité ; 3° une ouverture pupillaire 
arrondie , et une paupière formant un cercle complet au- 
tour du globe de Pœil, c'est-à-dire dont le bord inférieur 
n’est pas rentré dans l'orbite, comme cela se voit dans les 
autres Platydactyles ; 4° des pores fémoraux chez les indi- 
vidus mâles. 

Ce groupe correspond à la subdivision & du genre Platy- 
dactyle de M. Wiesmann. Il ne comprend encore qu'une 
seule espèce, le Platydactyle Cépédien. 


2, LE PLATYDACTYLE CÉPÉDIEN. Platydactylus Cepedianus. 


CaracrÈres. Museau court, légérement déprime. Dos d’un brun 
violacé, uniforme, ou bien marqué de taches rouges ou aurores. 


Synonyme. Gecko Cépédien. Peron, manusc. 

Gecko Cépédien. Cuv. Règ. anim. (1° édit.) tom. 2, pag. 46, 
tab. 5, fig. 5. 

Gekko Cepedianus, Merr. Amph. pag. 43, spec. 16. 

Platydactylus Cepedianus. Cuv. Règ. anim. (2° édit.) tom. 2, 
pag. 92. 

The Cepedian Gecko. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 143. 

Cepedian Platydactyle. Gray. Synops in Griffith’s Anim. Kingd, 
pag: 47. 

Platydactyle Cépédien. Isid. Geoff. Etud. Zool. Rept. part. 1, 
pl. 5. 


DESCRIPTION. 


Formes. Ce Platydactyle a le museau moins court et moins épais 
que l'espèce précédente. Les dents, au nombre de treize environ 
à chaque mâchoire, sont courtes et coniques. C'est tout-à-fait à 
l'extrémité du museau que se trouvent situées , l'une à droite 
l'autre à gauche, les ouvertures nasales qni sont petites, ovales 
et obliques, avec leurs bords entourés de quatre ou cinq scu- 
telles dont la forme est variable suivant les individus. On compte 
de chaque côté huit plaques labiales supérieures et sept infé- 
rieures, toutes quadrilatérales. L’écaillerostrale, très dilatée en 
travers , a son bord supérieur légèrement arqué, Celle qui garnit 


302 LÉZARDS GECKOTIENS 


la pointe du maxillaire inférieur est triangulaire , ayant son som- 
met replié inférieurement. Il existe sous le menton six autres 
plaques qui s'articulent avec celles des trois premières paires de 
la lévre inférieure. 

- L'œil est proportionnellement moins grand que chez les autres 
Platydactyles. La paupière qui en garnit le contour forme un 
cercle complet bordé d'écailles granuleuses, excessivement fines. 
La pupille est parfaitement circulaire. L'entrée du méat auditif 
est resserrée et de figure ovalaire. Le cou est presque aussi fort 
que le corps, et arrondi en dessus. 

La queue, lorsqu'elle est entière, entre pour moitié dans la 
longueur totale de l'animal. Elle est arrondie, et diminue de 
diamètre à mesure qu'elle s'éloigne du corps. Les côtés de celui-ci 
sont assez renflés, et sa région inférieure offre une surface plane. 
Couchée le long du flanc, la patte postérieure n’atteint pas tout- 
à-fait à l'aisselle. L'antérieure n’a guère en longueur que la 
moitié de celle du tronc. 

À l'exception du pouce, qui, pour ainsi dire, n'est qu’à l’état 
rudimentaire , les doigts ressemblent à de petites palettes, étant 
trés plats, trés dilatés, et arrondis à leur extrémité ; tandis que 
la base, particulièrement celle du troisième et du quatrième, en 
est fort grêle. Les quatre premiers, y compris le pouce, sont éta- 
gés ; c'est-à-dire qu'à partir de celui-ci, ils augmentent successi- 
vement de longueur. Le cinquieme doigt n'est qu'un peu plus 
long que le second. Tous cinq portent en dessous de petites 
lames entières, simples et imbriquées. On remarque sous chaque 
cuisse de dix à dix-neuf pores, disposés sur une seule et même 
ligne, dont une des extrémités vient aboutir un peu en avant de 
l'ouverture cloaquale. Sur le dessus de la queue , il existe de pe- 
tites écailles plates, circulaires et polygones , formant des bandes 
transversales. Les régions pectorale et abdominale, ainsi que le 
dessous de la queue et des membres, sont revêtus d'écailles en 
losange, disposées comme les tuiles d’un toit. Les autres parties 
de l'animal sont recouvertes de petits grains très serrés, arrondis; 
mais qui , avec l’âge, peuvent prendre sur le dos une forme un 
tant soit peu conique. Nous possédons un individu qui est dans ce 
cas , et dont les écailles qui garnissent la base de la queue sont 
même légerement carénées. 

Cororarron. Dans l’état de vie, ce Geckotien est agréablement 
peint de bleu et d'orangé, celui-ci se dessinant sur celui-là, soit 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PLATYDACTYLE. 2. 303 


en bandes étroites ou allongées, soit en taches plus ou moins di- 
latées, isolées ou confluentes. Ordinairement, ces dernières se 
montrent sur le milieu du dos; et les premières sont situées en 
long sur les flancs, et en travers sur la tête et la queue. Les 
régions inférieures sont blanchâtres. Aprés la mort, sa cou- 
leur bleue se change en brun violacé, et l’orangé devient rouge- 
brique. C’est du moins le système de coloration que nous offrent 
la plupart des individus de notre collection, dans laquelle il s’en 
trouve un dont la partie supérieure du corps présente une cou- 
leur lie de vin uniforme. 


Drmensrows. Ce dernier individu est le plus grand de son espèce 
que nous ayons encore été dans le cas d'observer. Nous en pré- 
sentons ici les dimensions. 

LoNeuEUrR TOTALE. 17° 9°”. Tête. Long. 2” 5”; Cou. Long. r”. 
Corps. Long. 6”. Memb. antér. Long. 2”. Memb. postér. Long. 3”. 
Queue. Long. 3”. 

Parrie. On trouve le Platydactyle Cépédien à Maurice, à Bour+ 
bon et à Madagascar. La collection en renferme des échantillons 
provenant de ces trois îles. La plupart ont été rapportés de la 
première par Péron et Lesueur ; depuis aussi il en a été envoyé 
d’autres par M. Desjardins. On doit ceux de Bourbon à M. Les- 
chenault et à MM. Lesson et Garnot; et le seul que nous pos- 
sédions de l’île de Madagascar, à M. Petit , chef de bureau au 
Ministere de la marine. 

Observations. Nous ne connaissons qu'un seul portrait de cette 
espèce, c'est celui que M. Isidore Geoffroy a fait graver dans ses 
Études zoologiques, et qui a été reproduit dans le Magasin de 
Zoologie de M. Guérin. Malheureusement cette figure manque 
d'exactitude, en ce que le dessinateur a donné à ce Gecko des 
ongles à tous les doigts, quand il n’en a réellement pas un seul. 


B. Fissipèdes onguiculés. 


_ Les quatre espèces appartenant à ce groupe ont l’ouver- 
ture pupillaire elliptique, et le bord inférieur de la paupière 
rentré dans lorbite ; mais trois d’entre elles offrent des on- 
gles à tous les doigts, tandis que la quatrième en manque 
aux pouces des quatre pattes. 


304 LÉZARDS GECKOTIENS 


a. Espèces à pouces mutiques ou sans ongles. 


3. LE PLATYDACTYLE DEMI-DEUIL. Platydactylus Lugubris. 
( Nobis. ) 


Caractères. Pouces mutiques des lamelles en chevrons sous tous 


les doigts; peau du dos finement granuleuse. Dessus du corps 
blanc, relevé de taches noires. 


SYNONYMIE ? 
DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce de Platydactyle est, parmi les Homolépi- 
dotes , la seule qui manque d'ongles aux pouces. Ses doigts sont 
conformés de la même manière que ceux des Platydactyles Té- 
tronyx Hétérolépidotes, avec cette différence toutefois queles cinq 
ou six premières lamelles imbriquées qui en revêtent la surface 
inférieure sont anguleuses on en chevrons, comme chez le plus 
grand nombre des Hémidactyles. Les doigts ont plus d’inégalité 
que dans les deux espèces précédentes ; ils sont un peu plus al- 
longés et moins dilatés à leur base qu'à leur extrémité. Nous 
ignorons si les mâles sont pourvus de pores, n'ayant encore ob- 
servé que deux individus de l’autre sexe, chez lesquels nous n'en 
avons pas apercu. L'un a perdu sa queue, et l'autre en offre 
une qu'à sa forme en rave, nous supposons avoir été reproduite, 
Ce Platydactyle a une grande plaque rostrale rectangulaire , à 
chaque angle supérieur de laquelle se trouve située une des ou- 
vertures nasales. Celles-ci sont circulaires et bordées en arrière 
par deux petites scutelles carrées; inférieurement, elles le sont 
par la première plaque labiale. La lame écailleuse qi recouvre 
l'extrémité du maxillaire inférieur est en triangle et peu dilatée. 
Le dessous du menton offre de petites plaques polygones. La peau 
de la gorge est granuleuse , comme celle de toutes les parties su- 
périeures du corps. Ce sont des écailles sub-hexagonales qui re- 
vêtent le ventre et la poitrine, Celles qu’on voit sur la queue, 
en dessus comme en dessous, sont d'un plus petit diametre, de 
figure carrée, et disposées en verticilles. 


CoLorarion, Nous avons donné le nom de demi-deuil à ce Pla- 


OÙ SAURIENS ASCGALABOTES. G. PLATYDACTYLE. 3. 300 
Platydactyle , à cause de la couleur blanchätre de son dos, qui 
est relevée par des points et des taches d'un noir d'ébène. Les 
premiers sont épars sur toute la surface du corps, Les autres 
se montrent au nombre de quatre ou cinq, ayant une forme 
anguleuse , sur les reins ; et en même nombre, mais ressemblant 
davantage à de petites raies, entre les deux épaules. Une bande 
noire, passant sur l'œil, est imprimée sur l’une comme sur l’autre 
partie latérale de la tête. Le dessous du corps est blanc. 

Dimensions. Longueur tolale. 7”. Téte, Long. 1”; haut. 4”; 
larg. 5”. Cou. Long. 4”. Corps. Long. 8”. Memb. antér. Long. 
3” 1°”. Memb. post. Long. 1” 5”. Queue. Long. 2” 8”. 

Parrie. Cette petite espèce nous a été RS de l'île d'Otaïti, 
par MM. Lesson et Garnot. 

Observations. Elle est, parmi les Homolépidotes, le représentant 
des Platydactyles Tétronyx de la division des Hétérolépidotes. 


b. Espéces à cinq ongles ou pentonyx. 


Nous connaissons trois espèces de Platydactyles Homo- 
lépidotes fissipèdes ayant cinq ongles à chaque pied. L’une 
d'elles n’a pas les doigts élargis sur toute leur étendue : 
car la phalange onguéale est déprimée et dépasse la portion 
discoïdale qui est même fort étroite. La seconde espèce et 
la troisième ont au contraire les doigts tres dilatés en tra- 
vers et sur toute leur longueur ; mais les lamelles sous-di- 
gitales de l’une sont entières, tandis que celles de l’autre 
sont partagées longitudinalement par un sillon au fond 
duquel se trouve logé l’ongle en avant. Ces différences 
dans la structure des doigts de trois espèces , qui se ressem- 
blent beaucoup d’ailleurs, ne sont pas assez importantes 
pour donner fieu à l'établissement de trois genres ou sous- 
genres particuliers. Néanmoins, afin de les mieux faire re- 
marquer , 1l nous a paru convenable de présenter ces espèces 


comme les types de trois petits groupes, que nous indique- 
rons par les lettres &, 6, y. 


REPTILES ; HE. 


06 LEZARDS GECKOTIENS 


« Doigts élargis sur toute leur longueur, à lamelles 
inférieures transverses, partagées par un sillon lon- 
güudinal profond, où l’ongle peut se cacher entiè- 
rement. 


( Thecadactylus de Cuvier ; Thecodactylus de Gray, 
de Wagler et de Wiegmann.) 


La seule espèce qui fasse partie de ce groupe est aussi 
la seule qui constituait le genre Thécadactyle de Guvier, 
adopté par la plupart des erpétologistes. Tous , et Cuvier 
lui-même, l'ont signalée comme dépourvue d'ongles aux 
pouces des deux paires de pattes, et cependant elle en 
offre à ces doigts-là comme aux autres. Seulement, il est 
vrai qu'ils sont fort petits, mais pas assez cependant pour 
qu’on ne puisse les apercevoir sans le secours de la loupe, 
chez les sujets d’une certaine grosseur, lorsqu'on écarte les 
bords du sillon, au fond duquel ils sont situés. 

D'après cela, on voit qu’il y a peu de différence entre cette 
espèce et la précédente ou le Platydactyle Demi-Deuil, dont 
le pouce est mutique, et sous les doigts duquel il existe 
déjà la trace du sillon longitudinal. 

Le représentant de ce premier groupe des Homolépidotes 
Fissipèdes pentonyx diffère encore de ceux des deux sui- 
vans, en ce qu’il manque complétement de pores anaux et 
fémoraux. 

En voici du reste la description détaillée. 


&. LE PLATYDACTYLE THÉCONYX. Platydactylus Theconyx. 
Nobis. 
( Voyez pl. 35, fig. 2.) 
Caracrères. Doigts très élargis, munis chacun d'un ongle logé 
au fond d’un sillon longitudinal creusé sous leur extrémité anté- 
rieure: écailles du dos tres fines, granuleuses ; pas de pores fe- 


moraux. 
Syvonyuie. Gecko rapicauda. Houttuyn, Act. Academ. Harl, 


tom. g, pag. 522, tab-3) fig: re 


OÙ SAURIÈNS ASCALABOTES. €. PLATYDACTYLE. 4. 30% 


Lacerta rapicauda. Gmel. Syst, Nat. pag. 1068. 

Stellio perfoliatus. Schneïid. Amph. Phys. tom. 2, pag. 26. 

Perfoliated Gecko. Shaw, Gener. Zool. tom. 3 , pag, 268. 

Gecko Læœvis. Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 112. 

Gecko Surinamensis. Idem, pag. 126. 

Gecko rapicauda. Idem, pag. 141, tab. 57. 

Gecko Lœvis. Merr. Amph. pag. 42, spec. 11. 

Le Gecko lisse. Bory de Saint - Vincent, Dict. Class. hist. nat. 
tom. ?, pag. 182. 

Le Gecko lisse. Cuv. Règ. anim. tom. 2 , pag. 55. 

The Smooth Gecko. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 143. 

Gecko Lœvis. Schinz. Naturg. und. Abbid. der Rept. pag. 74, 
tab. 34. (D’après Daudin:) 


DESCRIPTION. 


Formes. Ce Platydactyle est, avec l'espèce dite de Duvaucel, le 
seul de tous les Homolépidotes dont le cou soit faiblement étran- 
glé, c’est-à-dire un peu plus étroit que le corps et la tête. Cette 
dernière a beaucoup d'épaisseur. En arrière sa surface est légere- 
ment convexe ; en avant ou sur le museau, elle offre un creux 
ayant la forme d'un rhombe, dont le sommet de l'angle posté- 
rieur est ouvert. Sur le bout du museau, derriérela plaque rostrale, 
qui est rectangulaire , se voit une paire de plaques carrées, de 
chaque côté de laquellé sont situées les narines. Celles-ci, dont le 
contour esé circulaire, sont bornées chacune en avant par la 
plaque rostrale , et par la lahbiale la plus rapprochée de celle-ci, 
Leur bord postérieur n'est pas garni d’écailles différentes de celles 
qui revêtent les autres régions latérales du museau. Ces écailles 
sont petites, oblongues, renflées ou carénées. Les scutelles cou- 
vrant les lèvres sont au nombre de douze de chaque côté pour la 
supérieure, et de dix seulement pour l’inférieure. Celle de ces 
scutelles, qui est située à l'extrémité du maxillaire inférieur, est 
petite, comparativement à celle qui occupe la même place chez 
les autres Platydactyles. Elle a la forme d’un triangle, dont le 
sommet ne dépasse pas le bord inférieur des plaques labiales. Les 
dents sont sub-coniques , et au nombre d'au moins quatre-vingts 
à chaque mâchoire. L'ouverture externe des oreilles est un trou 
plutôt circulaire qu'ovale et de médiocre grandeur. 

Le bord inférieur de la paupière ne fait point de saillie én de- 


20. 


308 LÉZARDS GECKOTIENS 


hors; le supérieur est garni d'un cordon composé d'un double 
rang de petites écailles tuberculeuses et oblongues. Les doigts 
sont, à peu pres, de même longueur, largement dilatés et 
creusés en dessous d'un sillon longitudinal, au fond duquel est 
logé un ongle crochu et trés rétractile. Cet ongle se trouve 
ainsi complétement caché, et ne devient visible que lorsque l’a- 
nimal le fait sortir de sa gaîne , ce qui a lieu en dessous et non en 
dessus, comme chez les autres Platydactyles, celui des Seychelles 
excepté. M. Cuvier refuse un cinquième ongle à ce Geckotien ; 
mais nous pouvons assurer qu il existe au pouce des quatre pattes, 
très petit, ilest vrai, mais néanmoins apparent, même sans le 
secours de la loupe chez les individus d'une certaine taille. Les 
lamelles sous-digitales sont nombreuses et partagées en deux lon- 
gitudinalement. Le doigt médian en offre plus de vingt paires. 

Les individus de l'un ou de l’autre sexe n'offrent pas de pores, 
soit sous les cuisses, soit au devant de l’anus. Mais, comme cela se 
voit presque chez tous les Geckotiens, il en existe deux sur le bord 
de la lèvre postérieure du cloaque. La queue entre pour la moitié 
dans la longueur totale de l'animal. Elle est arrondie et légère- 
ment effilée ; mais lorsqu'elle a été cassée, ce qui arrive tres sou- 
vent, elle repousse plus grosse , moins longue , ayant en un mot, 
comme on le dit, la forme d'une petite rave. Les écailles qui la 
recouvrent sont petites, plates et quadrilateres, elles sont un 
peu entuilées , et disposées par verticilles. Ce sont également des 
écailles imbriquées , mais de forme rhomboïdale, qui constituent 
l'écaillure des parties inférieures du corps, à l'exception de la 
gorge, qui est granuleuse. Les régions supérieures offrent toutes 
des petits grains qui font ressembler leur peau à du galuchat 
extrêmement fin. 

CozorarTion. Nous possédons des individus appartenant à cette 
espèce, qui présentent en travers du corps des bandes noires sur 
un fond brun grisâtre, et d’autres qui sont tachetées ou marbrées 
de brun sur un fond fauve. Quelques-uns ont les tempes mar- 
quées d’une ou deux raies noires , en même temps que la surface 
de leur tête est semée de points de cette derniere couleur. Ceci 
ne se voit pas dans plusieurs autres exemplaires, parmi lesquels. 
il s’en trouve un dont le dessus du corps est complétement gris. 
En général , une teinte d'un blanc jaunâtre colore seule les par- 
ties inférieures ; mais parfois il se montre quelques taches brunes, 
La queue est annelée de noir. 


k EE Ù 

OU SAURIENS ASGALABOTES. G. PLATYDACTYLE. 4. 300 
Drmexsions. Longueur totale. 13” 1°”. Téte. Long. 3” 7°; haut. 
. Cou. Long. 1” 2°. Corps. Long. 8°. Memb. 


Memb. poster. Long. 4” 7°. Queue. Long. 


29 


108 lare.-2)) 4 
antér. Long. 3° 9°. 
947 
Parrre. Toutes les Antilles nourrissent ce Platydactyle qui se 
trouve aussi sur le continent d'Amérique ; car M. Adolphe Barrot 
a donné à notre Musée deux exemplaires qu'il avait rapportés de 
 Carthagene. La collection renferme des échantillons envoyés de 
la Guadeloupe par M. l'Herminier, et de la Martinique par 
MM. Moreau de Jones, Plée et Goudot aïîne. 
Il en existe un autre donné par Levaillant qui l'avait lui-même 
rapporté de Surinam. 


Observations. Ce Geckotien, connu dans nos îles des Antilles 
sous le nom de Mabouia des bananiers, a été décrit et figuré pour 
la premicre fois par Houttuyn, dans le tome neuvième des Actes 
de Flessingue. Cet auteur le nomma Gecko rapicauda. à cause de 
la forme en rave que présentait la queue reproduite de l'individu 
qu'il avait observé. 11 faut aussi rapporter à cette espèce le Stellio 
perfoliatus de Schneider , ainsi que les Gecko rapicauda , Surina- 
mensis et Lœvis de Daudin, qu'il a considérés comme distincts 
les uns des autres à cause de quelques différences dans le système 
de coloration ou dans la forme de la queue. C'est aussi l'espèce 
qui constituait à elle seule le genre Thécadactyle de Cuvier. 


6. Doigts élargis sur toute leur longueur, à lamelles 
inférieures transverses, entières ; ouverture de la gaïtne 
renfermant l’ongle, située sous le doigt, tout-à-fait 
a l'extrémité et un peu de côté. 


Il n’y a non plus qu’une espèce appartenant à cette sub- 
division. Ses doigts, moins une fissure longitudinale sur 
leur face inférieure , ressemblent tout-à-fait à ceux du Pla- 
tydactyle Théconyx. Mais elle a de plus que lui une ran- 
gée de pores au devant de louverture du cloaaue. 


310 LÉZARDS GECKOTIENS 


8. LE PLATYDACTYLE DES SEYCHELLES. Platydactylus Sey- 
chellensis. Nobis. 
( Vorez pl. 28, fig. 1.) 


CaracrÈres. Tête pyramido-triangulaire, Un sillon tout le long 
du dos. Peau du dessus du corps à grains coniques, très serrés. 
Régions supérieures et inférieures d’une teinte fauve, ayec deux 
séries de taches couleur marron le long de la région rachidienne. 

SYNONYMIE ? 


DESCRIPTION. 


Formes. Ce Platydactyle est un de ceux de la division des Homo- 
lépidotes qui, par l'ensemble de ses formes, ressemble le plus à 
certaines espèces de Scincoïdiens. Il a le cou et le corps fort gros 
et arrondi en dessus. La tête est courte et pointue en avant. La 
queue fait à peu près la moitié de la longueur totale du corps : 
bien qu'épaisse à sa base, elle est assez effilée dans le reste de son 
étendue; la peau qui l'enveloppe offre de distance en distance des 
plis qui la rendent comme annelée. Les ouvertures des narines 
sont latérales, médiocres, de forme subtriangulaire , à angles ar- 
rondis. L'espace qui les sépare l’une de l’autre est creusée en gout- 
tiere. Leur bord antérieur est garni de quatre écailles polygones, 
semblables à celles qui revêtent le bout du museau. Immédiate- 
ment derriere elles, et sur la surface entière des parties latérales, 
supérieure et inférieure de la tête, on ne voit plus que des grains 
squammeux, extrêmement fins, ayant la forme de petits cônes. 
Cette figure est aussi celle que présentent les écailles du dessus et 
des côtés du corps , mais d'une maniere mieux prononcée : celles- 
ei sont d’ailleurs plus fortes, particulièrement sur les épaules et 
sur les flancs. 

Un sillon, formé par la peau, règne tout le long de la région 
dorsale. Les écailles granuleuses qui le tapissent sont beaucoup 
moins développées que celles des régions voisines. Sous ce rap- 
port celles des membres leur ressemblent. La mâchoire supérieure 
est garnie d’une centaine de petites dents coniques et égales. Nous 
n'en avons compté que quatre-vingts et quelques à la mâchoire 
inférieure. 11 y a trente-et-une plaques labiales supérieures, y 
compris celle qui se trouve au bout du museau, laquelle est 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PLATYDACTYLE. D 311 


quadrilatérale oblongue, avec son bord supérieur cintré en de- 
dans. Les scutelles qui garnissent la lèvre inférieure sont au nom- 
bre de trente-trois; sous le menton il en existe quatorze autres 
qui forment un second rang derrière celles-ci. 

Les yeux sont grands, et la paupière qui en protége le con- 
tour ne présente un rebord granuleux que dans les deux tiers 
de sa circonférence, l'autre tiers ou l'inférieur étant rentré dans 
l'orbite. Sur le bord supérieur de cette paupière, et un peu en 
arriere, naissent quelques petites pointes molles simulant des cils. 
La pupille est oblongue et verticalement placée. 

L'ouverture auriculaire est une simple fente ovale. Au devant 
de l’anus on voit vingt-huit pores disposés sur deux lignes, don- 
nant la figure d’un V à branches renversées. Cependant nous ne 
voudrions pas assurer que de semblables pores existent chez les 
femelles, n'ayant eu l'occasion d'observer que deux individus 
mâles. 

Les membres du Platydactyle des Seychelles sont robustes, et 
ses doigts fort élargis sur leur surface inférieure, dont toute l'é- 
tendue est garnie de petites lamelles transversales et entuilées. 
Chaque doigt est armé d'un ongle rétractile et recourbé qui sort 
de sa gaîne, dont l'ouverture se trouve en dessous, un peu cou- 
ché sur le côté. Ce sont de petites écailles subovales, plates et 
lisses qui revêtent le dessous du corps : la queue en offre de po- 
lygones, formant des verticilles autour d'elle. La plupart de ces 
écailles sont lisses: cependant celles de la région supérieure la 
plus rapprochée du corps sont longitudinalement surmontées de 
deux ou trois faibles carènes. 

CoLorarion. Il règne sur toutes les parties du corps du Gecko 
des Seychelles une teinte fauve, sur laquelle se montrent, à 
droite et à gauche de la ligne moyenne et longitudinale du dos, 
une série de taches couleur marron, qui, chez un de nosindi- 
vidus, sont arrondies et isolées; tandis que chez un second elles 
sont au contraire oblongues et confluentes. 

Dimensions. Ces deux exemplaires sont à peu prés de la même 
taille. Voici les dimensions du plus long. 

LONGUEUR TOTALE. 29° 9”. Téle, Long. 3 ; haut. 1” 2°”; larg. 
Cou. Long. 1°” 5°”. Corps. 8”. Membre antér. Long. 3” 5°”. Memb. 
postér. Long. 4” 2°”. Queue. Long. 13” 7” 


Parme, Cette espèce, ainsi que l'indique le nom par lequel 


312 LÉZARDS GECKOTIENS 
nous la désignons, est originaire des îles Seychelles. Les deux 


seuls exemplaires que nous en possédions ÿ ont été recueillis par 
Péron et Lesueur. 


7. Doigts peu dilatés en travers, et seulement jusqu'à 
la pénultième phalange; point de sillon sur leur face 
inférieure. 


Outre qu'elle a les doigts fort étroits et non dilatés trans- 
versalement jusqu’au bout , l’unique espèce de ce dernier 
groupe des Homolépidotes fissipèdes pentonyx s'éloigne en- 
core de celles des deux premiers par l'existence d’une 
double rangée d’écailles crypteuses le long de la face infé- 
rieure de chaque cuisse. Ceci au contraire la rapproche de 
l'espèce qui vient après elle, ou du Platydactyie de Leach, 
de la subdivision des Homolépidotes palmipèdes, chez le- 
quel ces écailles crypteuses des régions fémorales sont en- 
core plus nombreuses. 


6. PLATYDACTYLE DE DUVAUCEL. Platydactyle Duvaucelu. 
Nobis. 


CaracrÈres. Gris, ondé de brun en dessus; grains de la peau 
extrêmement fins; bord supérieur de la paupière bien développé. 
Un double rang de pores fémoraux. 

SYNONYMIE ? 


DESCRIPTION. 


Formes. Chez cette espèce, la tête au lieu d’être épaisse, et le 
cou largement arrondi, comme chez le commun des Platydac- 
tyles Homolépidotes, sont l'une un peu déprimée, et l'autre lége- 
rement rétréci, ainsi qu'on le remarque dans les espèces de la 
division des Hétérolépidotes. Le museau du Platydactyle de Du- 
vauce] forme un angle obtus en avant. À son extrémité aboutis- 
sent les narines, dont les ouvertures sont d'une médiocre étendue. 
Ovales dans leur forme, et placées l’une à droite, l’autre à gau- 
che, elles sont environnées par quatre petites scutelles anguleuses, 


OU SAURIERS ASCALABOTES. G. PLATYDACTYLE. 6. 313 
par la première labiale et par l’un des bords de la rostrale. 
Cette dernière plaque, fort dilatée en travers, a cinq pans, dont 
les deux supérieurs forment un angle très ouvert, offrant à son 
sommet une légère échancrure dans laquelle se trouve recu 
le bord d'une petite plaque surmontant le bout du museau, 
placée qu'elle est entre deux des scutelles nasales. Les labiales su- 
périeures sont au nombre de douze de chaque côté, et les infé- 
rieures de onze, augmentant de diamètre à mesure qu'elles se 
rapprochent de l'extrémité du menton, où l'on voit une autre 
plaque de figure triangulaire, à sommet replié en dessous. Ces 
plaques labiales supérieures et inférieures sont pentagones et plus 
hautes que longues. Sous le menton adhèrent quelques scutelles 
polygones, d'un diamètre moindre que celles de figure ovale qui 
sont rangées le long des branches du maxillaire inférieur. Le 
bord supérieur de la paupiére de ce Platydactyle est plus déve- 
loppé que chez aucun autre de ses congénères. 1l est du reste fort 
mince, et garni d'une double dentelure composée de petites 
écailles coniques. Comme c’est l'ordinaire , le bord qui lui est op- 
posé est rentré dans l'orbite. L'ouverture de l’oreille est grande et 
ovalaire. Nous avons compté plus de quatre-vingts dents à chaque 
mâchoire. Les membres sont forts, et les antérieurs d’un quart 
plus courts que les postérieurs. Les einq doigts qui les terminent 
n offrent pas une plus grande inégalité de longueur que celle qu’on 
remarque chez la plupart des Platydactyles ; mais, outre qu'ils 
sont moins élargis, ils ne le sont pas non plus dans toute leur 
étendue longitudinale , comme cela se voit dans l'espèce que nous 
avons appelée des Seychelles, ou bien dans celle qu'on nomme 
Cépédienne. Le disque lamelleux des doigts du Gecko de Duvaucel 
s'arrête à la phalange qui précède l’onguéale ; en sorte qu'à partir 
de ce point, l'extrémité digitale est étroite, comprimée et légé- 
rement arquée,. Tous les doigts sont onguiculés. 

Chez les individus mâles, il existe au devant de l'anus, ou sur 
la région interfémorale, des écailles crypteuses disposées en lignes 
formant des chevrons, au nombre de cinq, qui s’'emboîtent les 
uns dans les autres. Le dernier de ces chevrons, ou le plus rap- 
proché de l'ouverture cloaquale , se compose de cinq écailles, 
celui qui le précède de neuf, le troisième de quatorze, et les 
deux premiers de quarante-six chacun. Ces deux-ci s'étendent 
sous les cuisses. Les trous de ces pores se trouvent indiqués chez 
les femelles, par de légers enfoncemens sur la surface des écailles, 


31 4 LÉZARDS GECKOTIENS 


dans lesquelles ils devraient être percés. La longueur de la queue 
est la moitié de celle de l'animal. Elle est subarrondie et assez 
effilée, quand elle n'a pas été reproduite ; car alors, comme 
cela arrive presque généralement, sa forme est celle d’une rave. 
Des verticilles de petites écailles carrées entourent cette partie 
terminale du corps. Le dessus de celui-ci et la surface de la tête, 
excepté cependant le museau, qui offre un pavé d'écailles poly- 
gones et légèrement convéxes, sont entièrement revêtus de grains 
squammeux , égaux et très serrés, beaucoup plus fins que des 
grains de millet. La peau de la gorge offre la même écaillure ; 
mais toutes les autres parties du corps supérieures et inférieures 
se trouvent garnies de petites écailles ovo-rbomboïdales, lisses, 
aplaties, et disposées comme les tuiles d’un toit. 

Cocorarion. Nos individus paraissent avoir perdu leur couleur 
par l'effet de l'alcool. Ils sont blanchätres en dessous et gris en 
dessus, marbres ou ondés de brun fauve. 

Dimensions. Longueur totale. 25°” 9°’. Tête. Long. 3” 3”; 
haut. 1°; larg. 2° 1°”. Cou. Long. 1° 6”. Corps. Long. 7”. Memb. 
antér. Long. 4”. Memb. postér. Long. 5” 5°”. Queue. Long, 14”. 

Patrie. Ce Platydactyle se trouve au Bengale. Nous en possé- 
dons plusieurs échantillons, qui ont été envoyés de ce pays par 
feu Alfred Duvaucel. ( 

Observations. Cette espèce, moins la palmure des pattes et le 
plissement de la peau des parties latérales du corps, offre la plus 
grande ressemblance avec le Platydactyle de Leach. Nous la con- 
sidérons comme nouvelle. 


Ile Suepivision. — HoMoLÉPIDOTES PALMIPÈDES. 


Rien ne distingue les Homolépidotes Palmipèdes des 
Homolépidotes Fissipèdes que des membranes interdigitales 
et un large pli de la peau qui borde le contour hori- 
zontal du corps des premiers et qu’on ne retrouve pas dans 
les seconds. On n’en connaît encore aujourd’hui qu’une 
espèce, dont les palmures ne s'étendent pas jusqu’au bout 
des doigts, qui, du reste, sont tous armés d’un ongle 
à leur extrémité. 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES.,. @. PLATYDACTYLE. "7. 319 


7. LE PLATYDACTYLE DE LEACH. Platydactylus Leachianus. 
Cuvier. 


CaracrTÈres. Tête, cou, corps et membres garnis latéralement 
d'une bordure simple, formée par un long pli de la peau. Parties 
supérieures revêtues de grains très fins, lisses et égaux. 

Srvonymie. Platydactylus Leachianus. Cuv. Reg. anim. tom. », 
pag. 94. 

Ascalabotes Leachianus. Griff. Anim, Kingd. tom. 9, p. 145. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête de ce Platydactyle est assez allongée: c’est-à- 
dire qu’elle a en longueur le double de sa largeur postérieure. 
Ayant la forme d'une pyramide à quatre faces, elle ressemble 
beaucoup plus à celles de certains Lézards ou de quelques espèces 
de Scinques qu'à des Geckotiens en général. Le museau se ter- 
mine en pointe obtuse, à droite et à gauche de laquelle se mon- 
trent les ouvertures nasales, qui sont circulaires et d’an petit dia- 
metre. Les écailles qui en occupent les bords sont au nombre de 
sept pour chacune. Parmi ces sept écailles nasales, de figure poly= 
gone, il y en a une notablement plus grande que les autres; c’est 
celle qui touche à la plaque rostrale. Celle-ci, très dilatée en tra- 
vers, serait rectangulaire, si ce n'était son bord supérieur qui 
offre plusieurs petits angles obtus. À droite et à gauche il s'articule 
avec les deux plus grandes des plaqnes nasales, et au milieu avec 
deux autres plaques, suivies d'une troisième et d’une quatrième, 
avec lesquelles elles forment un carré, au milieu duquel ik s’en 
trouve une cinquième d’une moindre dimension. Le restant de la 
surface du museau est revêtu de petites écailles plates et à plusieurs 
pans, disposées en pavé. Les scutelles labiales sont quadrilatérales 
et plus hautes que larges. En haut on en compte dix-sept de 
chaque côté de la plaque rostrale : en bas il y en a trois, y com- 
pris celle qui garnit l'extrémité du menton, et dont la figure est 
triangulaire, comme chez le plus grand nombre des Platydac- 
tyles. Mais ici elle n'est pas, comme cela arrive ordinairement, 
plus etendue que les plaques qui la bordent à droite et à gauche. 
Sous le maxillaire inférieur et le long des scutelles labiaies, il 
existe des écailles ovalaires, dont le nombre des rangées longitu- 


316 LÉZARDS GECKOTIENS 
dinales, qui n’est que ds deux sous le menton, se trouve doublé 
au niveau de la commissure des lévres. 

Soixante-huit dents sont implantées sur les bords internes de 
la mêchoire supérieure, et soixante seulement sur ceux de l'infé- 
rieure., Ces dents, droites et comprimées, ne sont pas plus larges 
à leur base qu'à leur sommet, qui est tranchant. La paupière 
forme un cercle complet autour du globe de l'œil. 

Le trou auriculaire est une simple fente ovale faite en long, 
dont le contour ne présente pas de trace de dentelures. 

Les pattes antérieures ont en longueur la moitié, et les posté- 
rieures le tiers de celle du tronc. 

Une large membrane réunit les doigts de la main, depuis leur 
base jusqu'à l'antépénultième phalange. On observe la même 
chose entre le quatrième et le cinquième doigts des pieds; mais 
la palmure des trois autres intervalles digitaux de ces derniers 
s'avance jusqu'à l'avant-dernière articulation. Tous les doigts de 
ce Geckotien sont très dilatés en travers, et excessivement minces, 
excepté cependant à leur extrémité; celle-ci au contraire est lé- 
gerement comprimée, et saille un peu en avant du disque, dont 
la surface inférieure est divisée transversalement en petites lames 
imbriquées. Ces doigts, tous armés d'ongles rétractiles , sont iné- 
gaux en longueur. Aux mains comme aux pieds, c'est le pouce 
qui est le plus court ; aprés lui c’est le second doigt ; après celui-ci 
le cinquième, ensuite le troisième; ce qui fait que le quatrième 
est le plus long des cinq. 

Une des choses qui frappent le plus dans la conformation exté- 
rieure du Platydactyle de Leach , c’est un large pli que forme la 
peau dans toute l'étendue du contour horizontal du corps. Ce- 
pendant nous ne pouvons pas positivement assurer que ce pli 
s'étende aussi sur les bords de la queue, attendu que cette partie 
du corps manque au seul individu de cette espèce que nous en 
ayons encore vu. Mais cette sorte de frange ou de bordure, haute 
de plusieurs lignes , qui commence de chaque côté à l'extrémité 
du menton, suit le dessous de la branche du maxillaire inférieur, 
arrive à l'épaule aprés avoir longé le cou, et descend le long du 
bord antérieur du bras jusqu'au pouce. Elle est en quelque sorte 
continuée autour de la main, par l'élargissement des doigts et la 
membrane qui réunit ceux-ci. Ensuite elle remonte du Po 
doigt jusqu'au coude, du coude à l’aisselle, et à partir de là elle 
se développe jusqu’à l'anus, après avoir suivi les côtés du ventre 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PLATYDACTYLE. 7. ; 917 


et contourné la patte de derriere de la même maniere que celle 
de devant. 

La surface entière de la peau des parties supérieures du corps 
et des membres est couverte de grains excessivement fins. Ceux 
des pattes, des côtés du cou et des flancs le sont même plus que 
ceux du dos. Mais tous sont ahsolument de même forme, c'est- 
a-dire subovales et lisses. La totalité des régions inférieures offre 
de très petites écailles circulaires et plates. 1l y en a plus de cent 
sur une surface triangulaire de la région préanale, qui offrent 
sur leur centre un petit pore ayant l'air d’avoir été percé avec la 
pointe d’une aiguille. 


Cororarion. En dessous, le Platydactyle de Leach présente une 
teinte blanchâtre, uniforme ; mais en dessus il est semé partout 
sur un fond gris de larges taches d'un blanc pur. 

Dimensions, Longueur totale. Tête. Long. 6” ; haut. 2” 2”. 


larg. 3” 2°”. Cou. Long. 1” 7”. Corps. Long. 12” 5°”. Memb. ant. 
Long. 6” 5°”. Memb. post. Long. 7” 5”. Queue ? 


Parrie. Nous ignorons quelle est la patrie de ce Platydactyle, 
dont nous n'avons jusqu'ici observé qu'un échantillon, provenant 
d'un don fait par M. Leach à M. Cuvier, qui l'a déposé dans la 
collection du Muséum. 


999 


Observations. Cette espèce n'est inscrite sur les Catalogues de la 
science que depuis la publication de la seconde édition du Règne 
animal, dans lequel M. Cuvier n'a fait, pour ainsi dire, que la 


citer. Elle est le type de la subdivision d du genre Platydactyle 
de M. Wiesmann. 


IL Divisrow. PLATYDACTYLES HÉTÉROLÉPIDOTES. 


Les Platydactyles Hétérolépidotes ont bien, de même 
que les Homolépidotes, le dessus du corps garni de petites 
écailles granuleuses ou aplaties ; mais ils offrent toujours, 
épars entre celles-ci, des tubercules tantôt simplement con- 
vexes, tantôt coniques ou taillés à facettes. 

Ce qui les en distingue pour le moins autant, c’est l’ha- 
bitude de leurs corps, l’ensemble de leurs formes, qui sont 
celles de la plupart des Geckotiens. 

Les Platydactyles Hétérolépidotes n’ont plus, en effet, 


ET, 


NS à LÉZARDS GEGKOTIEKS 

la tête de figure pyramido-quadrangulaire, ni le cou , ni le 
dos arrondis des Homolépidotes, ce qui donne à ceux-ci 
quelque chose de la physionomie des espèces comprises 
dans les familles des Scinques et des Lézards. Leur tête, 
ainsi que leur corps, est au contraire déprimée, leur cou 
étranglé et souvent enveloppé d’une peau lâche, formant 
plusieurs plis transversaux. Tous ont l’ouverture pupillaire 
elliptique, et le bord inférieur de la paupière rentré dans 
l'orbite. 

L'existence , dans cette seconde division comme dans la 
première, d'espèces à pattes palmées et d’autres ayant les 
doigts libres , nous a permis de la subdiviser de la même 
manière, c’est-à-dire , en Hétéroiépidotes Palmipèdes et en 
Hétérolépidotes Fissipèdes. Ce sent ces derniers que nous 
commencerons par faire connaître. 


1e SUBDIVISION. HÉTÉROLÉPIDOTES FissiIPÈDESs. 


Les Hétérolépidotes Fissipèdes ont non-seulement les 
doigts libres, mais aussi les côtés du corps, ceux de la 
queue et les bords des membres tout-à-fait dépourvus de 
membranes sembiables à celles qu’on voit chez des espèces 
de leur division , dont les pattes sont palmées. Il n’y ena 
aucun parmi eux qui soit complétement privé d'ongles, ou 
qui en offre à tous les doigts, comme cela arrive à plusieurs 
Homolépidotes Fissipèdes. Le moins qu’ils en aient à cha- 
que pied c'est deux, et le plus quatre. Aussi, avons-nous 
pu, d’après cette simple considération, les partager en 
Dionyx ou espèces à deux ongles, et en Tétronyx ou 
espèces à quatre ongles. 


A. Hétérolépidotes fissipèdes Dionyx. 
(Ascalabotes , Fitzinger; T'arentola, Gray; Platy- 
dactylus B., Wagler, Wiegmann. }) 


Ces Platydactyles Dionyx out les doigts des mains presque 
égaux en longueur, c’est-à-dire que leur inégalité est moins 


OU SAURIENS ASCALABOTES. @. PLATYDACTYLE. Ô. 319 


sensible que chez les Tétronyx. Leurs tubercules sont plus 
forts que ceux de ces derniers, et presque toujours taillés à 
facettes. Ils portent, tout le long du ventre, un petit bour- 
relet formé par un plissement de la peau, lequel s'étend en 
droite ligne de l’aisseile à Ja région inguinale. 

Les seuls doigts que ces Platydactyles aient garnis d'ongles 
sont le troisième et le quatrième de chaque pied : aucune 
des espèces qui sont dans ce cas n'offre d’écailles percées de 
pores, soit au devant de l'anus, soit sur la face interne des 
cuisses. Mais toutes ont une petite lame osseuse ou cartila- 
gineuse contenue dans l'épaisseur de la peau sous laquelle 
se trouve abrité le globe de l'œil. Certaines d’entre elles 
présentent de petites dentelures sur le bord de leur trou 
auditif externe. 

Ce groupe des Hétérolépidotes Fissipèdes à deux ongles 
à chaque patte, comprend une partie des Ascalabotes de 
Fitzinger , les T'arentola de Gray, et il correspond à la se- 
conde des deux subdivisions établies par Wagler dans son 
genre Platydactyle. 


8. LE PLATYDACTYLE DES MURAILLES. Platydactylus muralis, 
Nobis. 


CaracrÈres. Dessus du corps offrant des bandes transversales 
de tubercules ovales, relevés d’une forte carène, et entourés à 
leur base ou de fortes écailles ou d’autres petits tubercules,. 

SYNONYME. Lacertus facetanus. Aldrov. Quad. Ovip. lib. : 
pag. 654. 

_ Lacertus facetanus. Mus. Worm. pag. 314. 

Lacerta tarentula. Jonst. Hist. nat. Quad. tom. :, tab. 7% 

Lacerta tarentula. Ruisch. Theat. Anim. tom. 2, tab. 77 - 

Lacerta Mauritanica. Linn. Syst. nat. pag. 361, exlus. syno- 
nim. seb. mus. 1, tab. 108, lig. 2, 6, 7. (Platydact. guttatus.) 

Gecko muricatus. Laur. Tab. Rept. pag. 44, n° 58. 

Lacerita Mauritanica. Gmel. Syst. nat. fom. 1, pag. 1061. 

Le Geckotte. Lacep. Hist. nat. Quad. Ovip. tom. 1, pag. 420, 

Le Gechotte. Bonnat. Erpet. pag. 192, tab. 11, fig. 1. 

Gecko de Mauritanie. Latreille, Hist. Rept. tom. 2, pag. 49. 


? 


320 LÉZARDS GECKOTIENS 


Geckotte. Shaw. Génér. Zool. tom. 3, pag. 267. 

Mauritanic Gecko. Id. pag. 269. 

Gecko fascicularis. Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 144. 

Gecko Mauritanicus. Bosc. Dict. d'Hist. nat. tom. 12, pag. 513. 

Gecko stellio. Merr. Amph. pag. 43. spec. 15. 

Le Gecko de murailles. Borÿ de Saint-Vinc. Dict. class. hist. 
nat. tom. 7, pag. 181. 

Gecko Mauritanicus. Risso. Hist. nat. tom. 3, pag. 

Le Gecko des murailles. Cuv. Règ. Anim. tom. » , pag. 52. 

Platydactylus fascicularis. Wagl. Syst. Amph. pag. 142. 

The wall Gecko. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 143. 

Flatydactylus fascicularis. Gray. Synops in Griffith’s Anim. 
Kingd. tom. 9, pag. 48. 

Gecko fascicularis. Schinz. Naturg. Abbild. Rept. pag. 73, 
tab. 15. 


Ascalabotes Mauritanicus. Charl. Bonap. Faun. Ital. pag. sans n°, 
tab. sans n°. 


DESCRIPTION. 


Formes. Bien que déprimée, la tête de ce Platydactyle est assez 
épaisse en arrière. Le museau offre un plan incliné en avant, 
où il se termine en angle ohtus. Les narines sont deux petits 
trous arrondis, qui sont circonscrits, chacun, en avant et en 
haut, par une graade écaille subtrapézoïdale , en arrière par 
deux plus petites, de forme quadrilatérale ou pentagone, et in- 
férieurement par le bord supérieur de la premiére plaque la- 
biale. La rostrale, qui est une fois plus large que haute, a quatre 
pans, dont le supérieur est légérement anguleux. Elle se fait re- 
marquer par un petit sillon régnant perpendiculairement depuis 
le sommet de l'angle, qui forme son bord supérieur, jusqu'a son 
centre. De chaque côté de cette plaque rostrale, il existe neuf 
autres scutelles quadrilatérales, garnissant les bords de la lévre 
supérieure. L'inférieure en offre un égal nombre à droite et à 
gauche du menton, dont l'extrémité et le dessous sont recouverts 
par une grande plaque en triangle, à sommet tronqué et dirigé 
en arriére. On voit encore deux autres petites plaques attenantaux 
labiales, de chaque côté du sommet de celle qui couvre le menton. 
La paupière, dont le cercle est complet, n'est pas extrêmement 
courte, elle forme un pli rentrant sous le bord supérieur de 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PLATYDACTYLE. O. 321 


l'orbite, et sur le haut il existe un petit bourrelet granuleux. La pu- 
pille est oblongue et verticale. Nous comptons cinquante-six dents 
en bas et soixante en haut. Elles sont toutes coniques, égales et 
serrées les unes contre les autres. L’oreille est ovale et assez ou- 
verte. Le cou est bien distinct de la tête et du corps; c'est-à-dire 
qu'il est moins élargi que ces deux parties : la peau qui l'en- 
veloppe est plissée transversalement. La patte antérieure, d’un 
huitième plus courte que la postérieure, n'a guère que les trois 
quarts de la longueur du tronc. Les doigts de la main sont à peu 
près égaux entre eux. Aux pieds de derrière, les deux premiers 
sont un peu plus courts que les trois autres. Tous ces doigts sont 
trés-aplatis, et parmi eux il n’y a que le troisième et le quatrième 
de chaque patte qui soient munis d'ongles. 

Cette espèce ne paraît avoir ni pores anaux, ni pores fémoraux. 
Les mâles ont la base de la queue hérissée d’un rang d’'épines de 
chaque côté. Cette queue, quand elle n’a point été brisée, offre 
en dessus, dans toute son étendue , des épines formant des demi- 
anneaux. Elle est d'ailleurs subarrondie ou légérement déprimée ; 
et les écailles de sa région inférieure sont plates, inégales et im- 
briquées. 

Le dessus de la tête est tout entier revêtu de petites plaques po- 
lygones et convexes, disposées en pavé. Sous la gorge , il y en a de 
semblables, si ce n’est qu'elles sont parfaitement plates et lisses. 
Celles du ventre et du dessous des membres sont ovales et à peine 
imbriquées. En dessus, ce sont des tubercules de forme ovale, 
relevés d’une forte carène, dont la base est souvent entourée 
d’autres tubercules semblables à ceux qui se montrent sur le cou, 
le dos et les membres; mais sur ces derniers ils paraissent être ré- 
pandus assez irréguliérement; tandis que sur le corps ils y sont 
disposés par bandes transversales, comme on voit, sur le dos des 
Crocodiles, les écussons qui composent leur cuirasse. Les espaces 
que laissent entre eux ces tubercules sur la surface de la peau, 
sont remplis par de très fines écailles granuleuses. 

CoLorarion. Parfois ce Platydactyle offre sur toutes les parties 
supérieures de son corps un gris cendré comme poussiéreux ; 
tandis que les régions inférieures sont blanchâtres. Tantôt au con- 
traire il est d'un brun tres foncé, avec des taches grisâtres, for- 
mant des bandes en travers du dos et de la queue : alors le ventre 
paraît être d’un blanc plus clair. Ce sont les jeunessujets, en par- 
ticulier, qui présentent ce dernier mode de coloration. 

REPTILES , HIT. 21 


LD 


3292 Aa LÉZARDS GECKOTIENS 


- Drmensioxs. Voici celles d’un des plus grands individus. 

LONGUEUR TOTALE. 19° 1°. Téte. Long. 2° 4”; haut. 1” 2°”; Larg. 
>”. Cou. Long. 1”. Corps. Long. 5” 1°”. Membr.antér. Long.2” 6”. 
Membr. post. Long. 4”. Queue. Long, 6” 5”. 

Parme. Le Platydactyle vulgaire paraît habiter les îles de la Mé- 

diterranée aussi bien que les pays qui forment le bassin de cette 
mer. Nous l'avons recu d'Espagne, et nous l'y avons nous-mêmes 
observé ; nous en avons recu de Toulon, de Marseille, de Rome, 
&e Sicile, de Grèce, des côtes de Barbarie et d'Égypte. Cette es- 
pèce est le seul représentant qu'ait en Europe le genre Platy- 
dactyle. 
* Elle se tient d'ordinaire dans les vieux murs; cependant on la 
voit quelquefois courir sur ceux des maisons habitées. Elle se 
nourrit de toute sorte d'Insectes ; mais particulièrement de Mou- 
ches et d’Araignées. 

Observations. En Provence, ce Platydactyle est connu sous le 
nom vulgaire de Türente ; en Italie sous celui de Tarentola. Tout 
porte à croire que c'est le Saurien que les anciens latins nom- 
maient Sellio. C'est sans doute dans cette idée que Merrem l'a 
désignée de la même manière ; car c'est le Geckotien qu'il appelle 
Gekko Stellio. 

Le nombre de noms différens que ce Platydactyle a reeus est 
presque égal à celui des auteurs qui en ont fait mention, ainsi 
qu'on peut le voir par la Este placée en tête de cet article. La 
plupart des erpétologistes se sont plu à citer, comme se rappor- 
tant au Platydactyle des murailles, une ou deux des figures com- 
posant la planche 108 du second volume de l'ouvrage de Séba : 
c’est selon nous une erreur; car ces figures, de même que celles 
qui les accompagnent , appartiennent évidemment au Platydae- 
tyle à gouttelettes. . 


9, LE PLATYDACTYLE D'ÉGYPTE. Platydactylus Ægrptiacus. 
Cuvier. 


Caracreres. Des tubercules coniques, qui sontisolés sur les flancs; 
d'autres tubercules convexes sur le dos. Bord antérieur du trou 
auditif légèrement dentelé. 

SxnonwymE. Le Gecko annulaire. 15. Geoff. Égypt. Rept. Hst. 
natur. pl. 5, fig. 6-7. 

Gecko de Savigny. Audouin, Égypt. Suppl. pl. 1, fig. 1. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. Ge PLATYDACTYLE. O. 329 


Platydactylus Ægypliacus. Cuv. Règ. anim. tom. 2, pag. 53. 
Gecko Ægyptiacus. Gif. Amim. Kingd. tom. 0, pag. 144. 


Platydactylus Ægyptiacus. Gray. Synops. Ia Griffith's Anim. 
Kingd. tom. 9, pag. 48. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce, quoique trés voisine de la précédente, 
s'en distingue cependant par plusieurs caractères qui ne per- 
mettent pas qu'on la confonde avec elle. Chez le Platydactyle 
d'Égypte, le bord antérieur de l'ouverture auriculaire est plus 
sensiblement denteié que chez le Platydactyle commun. Les tu- 
bercules qui surmontent la surface de la peau de ses parties su- 
périeures ne sont ni relevés en carènes, ni si rapprochés les uns 
des autres. Ceux des membres et des côtés du corps, où ils for- 
ment quatre rangées longitudinales, sont assez petits et simple- 
ment coniques. La région dorsale, le dessus du cou et celui de la 
base de la queue, en offrent d'un moindre diamètre et dont la 
forme est lenticulaire. Ils composent aussi sur ces parties des sé- 
ries disposées parallélement à celles des flancs. En général , ces 
séries sont au nombre de quatre, mais quelquefois on en compte 
une de plus. 

Cozorariow. Le système de coloration lui-même , sans être bien 
différent de celui du Platydactyle ordinaire, ne lui ressemble pas 
complétement. Ce qu'il présente de plus caractéristique, ce sont 
quatre taches d'un blanc pur, placées sur le dos, entre les deux 
épaules, comme aux quatre angles d’un carré. Ces quatre taches 
sont largement , mais presque toujours incomplétement cerclées 
de noir. Quelquefois il arrive aux deux qui sont les plus rappro - 
chées de la tête de se réunir, en prenant une figure semi-circu- 
laire, tandis que les deux autres demeurent toujours isolées. 

Druexsiows. Le Platydactyle d'Égypte paraît en outre ae “* 
des dimensions un peu plus étendues que l'espèce dif mer 
railles. Voici, au reste, celles qui nous sont offer’” par un des 
échantillons de notre Musée. 

LONGUEUR TOTALE : 18°” di Tête, Lonr "3; haut. 1” 2: 

D: 
larg. 2° 3”. Cou. Long. : . Corps. T° ER ; 9. AS antér. 
Long. 47 Met poster. loue - . Queue. Long. 675 

Pare. Nous ne sac hionss as qu'on ait jusqu ici rencontré cette 
espèce ailleurs qu’en He pte. La collection en renferme plusieurs 
exemplaires. Les pr/MieTs qui y ont été déposés proviennent des 


21: 


324 LÉZARDS GECKOTIENS 


récoltes faites par M. Geoffroy, pendant la mémorable expédi- 
tion française en ce pays. On doit ceux dont elle s'est enrichie 
nouvellement à deux officiers de marine distingués, MM. Joannis 
et Jorès, auxquels les sciences naturelles sont loin d’être étran- 
gères. 

Observations. Ce Platydactyle se trouve représenté dans deux 
des planches du grand ouvrage sur l'Égypte, mais non d'une 
maniére parfaitement exacte dans l’une et dans l’autre. Cepen- 
dant il est vrai de dire que le portrait de la planche première 
du supplément n'offre d'inexact que la forme convexe des tuber- 
cules des flancs, lesquels devraient être coniques ; au lieu que 
les deux figures de la planche n°5, représentant encore cette 
espèce sous le nom de Gecko annulaire, et de variété du Gecko 
annulaire, ont des ongles à tous les doigts, quand elles ne de- 
vraient en offrir qu'au troisième et au quatrième de chaque 
patte. Le dessinateur a commis une autre erreur, en faisant une 
pupille ronde à ce Gecko, chez lequel elle est bien certainement 
vertico-oblongue. Il paraît aussi que les modeles de ces figures 
étaient des individus décolorés, car elles n'indiquent pas la 
moindre trace des taches blanches du dos dont nous avons parlé 
dans la description. 


10. PLATYDACTYLE DE DELALANDE. Platydactylus Delalandu. 
Nobis. 


CaracrEres. Tubercules dorsaux simples, ovales, très faible: 


blement carénés; ceux des côtés du corps coniques. Bords du 
trou auditif non dentelés. 
SYNONYMIE ? 


DESCRIPTION. 
& Fons Ce Platydactyle diffère des deux précédens: 1° en ce 
À “ture externe de son oreille est plus étroite que la leur, 
et que le boru 


ntérieur n’en est nullement dentelé ; 2° en ce que 
les tubercules me. 


nesont ni lent ] varmi les petits grains de la peau de son dos 
PIUARR comme chez le Platydactyle d'Égypte, ni 


relevés en f : As i 

Re di OETES EUR Fri * entourés à leur base d'autres petits 
Ù ee on observe Us Je Platydactyle des murailles. 

Les tubercules qu’on voit sur le d 


sont simples, ovales, 
plus forts, affectant u 


98 Q+ Platydactyle de Delalande 
et un peu en dos ane, I] y en a d'un peu 
ne forme conique, le ne de la partie su- 


OU SAURIENS ASCALABOTES, G&, FLATYDACTYLE, IE, 325 


périeure des flancs. La queue de cette espèce est, comme celle 
du Platydactyle ordinaire, hérissée en dessus et latéralement d’é- 
cailles épineuses, composant six séries longitudinales très ré- 
gulières. 

Cozorarion. Les individus que nous avons observés présentent 
une teinte générale d'un brun fauve clair. 

Dimensions. Les dimensions du plus grand d’entre eux sont 
celles-ci : Longueur totale : 15° 7°". Téte. Long. 2” 7°"; haut. 1” 37”; 
larg. 2”; Cou. Long. 8”. Corps. Long. 5” 7”. Memb. ant. Long. 3”. 
Memb. post. Long. 4. Queue. Long. 6” 5”. 

Parme. Delalande, à qui nous dédions cette espèce de Platy- 
dactyle, l'a le premier envoyé au Muséum de l'île de Ténériffe. 
Plus tard on l’a recue de celle de Madère, par les soins de 
M. Gallot; et en dernier lieu, du Sénégal, par M. Delcambre. 

Observations. Nous avouons qu'il existe une trés grande res- 
semblance entre ce Platydactyle et les deux précédens. Pour- 
tant nous croyons bien qu'il constitue une espèce particulière. 
C'est aux naturalistes qui auront l'occasion de l’étudier sur un 
plus grand nombre de sujets que nous n'avons pu le faire, à vé- 
rifier les caractères que nous lui assignons ici. 


11. LE PLATYDACTYLE DE MILBERT, Platydactylus Milbertu, 
Nobis. 


CaracrÈères, Bords internes des trous auriculaires dentelés. Tu- 
bercules des parties supérieures du corps égaux, ovales et sim- 
plement convexes. Queue annelée de noir. Un trait de la même 
couleur derrière chaque œil. 

Synonymie. Platydactylus Americanus. Gray. Synops. In Grif- 
fith’s Anim. Kingd. tom. g, pag. 44 ! 


DESCRIPTION. 


Forues. Ce qui distingue particulièrement cette espèce des 
deux précédentes, c’est l'égalité qui règne’ dans la grosseur des 
tubercules des parties supérieures de son corps.Ces tubercules qui 
sont ovales dans leur contour, et dont la surface est convexe, 
sans offrir la moindre trace de carène, ne laissent que très peu 
d'intervalles entre eux. Ils sont disposés de manière à former dix 
séries longitudinales sur le cou, douze sur le dos et huit seule- 
ment sur les reins, il existe encore deux autres séries le long de 


356 LÉZARDS GECKOTIENS 


chaque flanc. Les écailles caudales sont polygones, verticillées, 
imbriquées, plates et la plupart égales. Les plus fortes d’entre 
elles forment hnit ou neuf bandes transversales placées à une 
certaine distance les unes des autres, depuis la naissance de 
la queue jusque vers la moitié environ de son étendue. Celle-ci, 
qui est assez effilée, entre pour la moitié dans la longueur to- 
tale de l’animal. La plaque rostrale est rectangulaire. Derrière 
elle, c’est-à-dire sur le bout même du museau, on en remar- 
que deux autres de figure carrée. Chacune d'elles, avec la ros- 
trale, la labiale la plus voisine de celle-ci, et deux autres petites 
plaques placées en arriére, circonscrivent l'ouverture nasale, qui 
ést petite, latérale et circulaire. 

Le méat auditif est ovale, offrant de petites dentelures en scie 
tout autour de son bord interne. / 

Les scutelles qui garnissent les deux mâchoïires ne présentent 
rien qui distingue le Platydactyle de Milbert de ceux du même 
groupe que nous avons fait connaître avant lui. 

La pupille est oblongue et verticalèment située. 

On n’aperçoit d'écailles crypteuses ni au-devant de l'anus, ni 
le long des cuisses. La conformation des doigts est la même que 
dans les autres Platydactyles Dionyx. 

Cororarion. Le Platydactyle de Milbert est d'un gris blan- 
châtre, mélangé de brun sur lé dessus du corps et des mem- 
bres. Un trait brunûtre partant de l'œil et passant au-dessus de 
l'oreille, va aboutir à l'épaule. Des anneaux noirs entourent l’ex- 
trémité de la queue, sur le reste de l'étendue de laquelle et en 
dessus se montrent des bandes transversales de la même couleur. 

Druensions. L'exemplaire dont nous donnons ici les dimen- 
sions est lé seul que nous nous soyons encore trouvé dans le cas 
d'observer. 

Loncueur TOTALE. 8” 4”. Téte. Long. 1” 5”; haut. 5°”; larg. 1”. 
Cou. Long. 5”. Corps. Long. 1” 8”. Memb. ant. Long. 1” 3”. 
Memb. postér. Long. 1” 7”. Queue. Long. 4” 6”. 

Parier, Cette éspèce nous a été envoyée de New-Yorck par 
M. Milbert. 

Observations. C'est une des nombreuses découvertes erpétolo- 
giques dont la science est redevable au zèle de ce naturaliste 
voyageur. Nous croyons bien que l'espèce mentionnée par M.Gray, 
sous le nom de Platydactylus Americanus, dans le Synopsis placé 
à la suite du neuvième volume de la traduction anglaise du Règne 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PLATYDACTYLE. II. 327 
animal de Cuvier, est la même que la nôtre. Cela nous paraît 
d'autant plus probable qu'il l'indique comme établie d’après un 
individu de notre collection. Ce serait alors le même sujet dont 
il vient d'être question, car le Musée n'en possède pas un second 
individu. 


B. Âétérolépidotes fissipèdes Tétronyx. 


( Platydactylus , Fitzinger; Gecko, Gray; Platydac- 
tylus a, Wagler; Platydactylus y, Wiegmann.) 


Ges Platydactyles ne manquent d'ongles qu'aux quatre 
pouces. Leur paupière ou mieux la peau qui recouvre le 
globe de l'œil ne renferme pas dans son épaisseur une lame 
cartilagineuse, ainsi que cela s’observe chez les Dionyx. Il 
règne aussi moins d'inégalité dans la longueur de leurs 
doigts que dans ceux de ces derniers. Les tubercules, qui 
sont semés au milieu des petites écailles qui revêtent la peau 
des parties supérieures du corps sont plus nombreux et 
moins forts que ceux des espèces appartenant au groupe 
précédent. Les seuls individus mâles offrent des écailles 
crypteuses, soit au devant de Panus, soit le long des cuisses 
en dessous. Il faut cependant en excepter l’espèce appelée 
Guttatus, dont la femelle est pourvue de pores anaux, de 
même que le mâle. Ces Platydactyles Tétronyx ont géné- 
ralement des formes moins ramassées que les Dionyx. 
Leur queue surtout est plus grêle, plus efhilée que celle de 
ceux-ci. C’est à eux que Fiizinger a réservé le nom géné- 
rique de Platydactylus, M. Gray les a réunis dans une sub- 
division du genre Platydactyle à laquelle il donné le nom 
de Gecko. Wagler et M. Wiegmann les ont aussi distingués 
des autres Plactydactyles sans toutefois leur donner de nom 
particulier. Nous connaissons cinq espèces de Platydac- 
tyles Tétronyx auxquelles il faudrait en ajouter deux 
autres, celles que M. Gray a indiquées comme nouvelles 
dans son Synopsis Repülium, imprimé à la suite de la 
partie erpétologique du Règne animal de MM. Pidgeons et 


328 LÉZARDS GECKOTIENS 

Griffith. Mais nous en soupconnons au moins une d’être pu- 
remert nominale, c'est-à-dire le jeune âge du Platydac- 
tylus Triedrus. Cest celle qu'il appelle Gecko Revesti, et 
qu’il caractérise de la manière suivante : « Des bandes trans- 
» versales composées de taches blanches , imprimées sur un 
» fond noir ; des écailles tuberculeuses plus grandes que ces 
» taches. » Chine. 

L'autre, ou son Gecko Madagascariensis , originaire du 
pays dont il porte le nom, a des écailles lisses avec de larges 
tubercules sur les côtés , et des pores fémoraux et subanaux 
disposés sur deux lignes droites divergentes. Le jeune porte 
une ligne latérale noire et blanche. 


12. LE PLATYDACTYLE À GOUTTELETTES. Platydactylus 
guttatus, Cuvier. 


( Voyez pl. 28, fig. 4.) 


Caracréres. Dessus du corps semé de gouttelettes blanches sur 
un fond gris roussätre, avec douze rangées longitudinales de 
forts tubercules assez distants les uns des autres, entremélés d’é- 
cailles carrées, imbriquées, lisses et plates. 


Synonymie. Salamandra Indica. Jacob. Bont. in Pis. Ind. utr. 
re nat. etmed. chap. 5, pag. 57. 

Gekko Ceilonicus. Séba, tom. 1, pag. 170, tab. 108, fig. 1-9. 

Lacerta cauda tereti mediocri, pedibus. .. Mus. Adolph. Freder, 
tom. 1, pag. 46. 

Lacerta Gecko, Linn. Syst. Nat. pag. 365. 

Gekko teres. Laur. pag. 44. 

Gekko verticillatus. Laur. pag, 44. 

Salamandre ou Gecko de Linneus. Knorr. Delic. Nat. tom. 2, 
tab. 56, fig. 3. 

Stellio Gecko. Schneïd. Amph. Phys. tom. 2, pag. 12. 

Lacerta Gecko. Gmel. Syst. Nat. pag. 1068. 

Common Gecko. Shaw. Gener. Zool. tom. 3, pag. 266, tab. 77. 

Gecko guttatus. Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 122, tab. 49. 

Lacerta guttata. Hermann. Obs. zool. pag. 156. 

Gecko verus. Merr. Amph. pag. 42. 

Gecko annulatus. Kuhl. Beiïtr. Zool. pag. 1532. 

Gecko verus. Gray. Zoolog. Journ. 1828, pag. 223. 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES. &. PLATYDACTYLE, 12, 329 
Le Gecko à gouttelettes. Cav. Règ. anim. tom. 2, pag. 53. 
Platydactylus guttatus. Guer. Icon. Regn. anim. tab. 13. 

The Gecko. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 144. 


Common Gecko. Gray. Synops. In Griffith’s Anim. Kingd. 
tom. 9, pag. 48. 


DESCRIPTION. 


Formes, Le Platydactyle à gouttelettes a les côtés postérieurs de 
la tête extrêmement renflés. Le museau est court, et sa surface, 
immédiatement en avant des yeux, offre une légère concavité. 
Chaque mâchoire porte quatre-vingts dents, ayant la forme de 
celles de la plupart des Geckotiens. Les ouvertures externes des 
narines sont deux trous ovales, situés, l’un à droite, l’autre à 
gauche de l'extrémité du museau. Les bords de chacun de ces 
deux trous se trouvent formés en avant par une scutelle qui tient 
à la plaque rostrale , inférieurement par le haut de la labiale qui 
touche à celle-ci, en arrière par trois petites écailles carrées, et 
en haut par deux autres écailles de petit diamètre, subovalaires 
dans leur contour et à surface convexe. La plaque rostrale est pen- 
tagone et une fois plus étendue en largeur qu'en hauteur. Les pla- 
ques labiales supérieures sont au nombre de quatorze de chaque 
côté : la première, qu'on peut appeler naso-labiale, attendu qu'un 
de ses bords forme une partie de celui de la narine, et qu’elle tient 
par un second à la nasale antérieure , se compose de cinq pans. 
Toutes celles qui la suivent sont quadrilatérales, ainsi que les scu- 
telles de la lévre inférieure dont le nombre total ne s'éléve qu'a 
vingt-cinq. L'œil est grand. La paupiere qui l'entoure n'offre 
point inférieurement de bourrelet écailleux, comme on le re- 
marque sur le reste de sa circonférence. Ce bourrelet est formé 
par deux rangées de petites écailles quadrangulaires appliquées, 
l’une sur la surface externe, l’autre sur la surface interne du 
bord palpébral. 

La pupille est vertico-oblongue, et le méat auditif très ouvert. 
Ce dernier offre une fente oblique de haut en bas, dont les bords 
ne sont pas dentelés. 

Les membres n'ont rien de particulier dans leur forme. La 
queue , qui est subarrondie, entre pour la moitié dans la totalité 
de la longueur de l'animal. Le dessus de la tête est revêtu de 
petites écailles polygones extrêmement solides, dont la surface est 


330 LÉZARDS GECKOTIENS 


simplement convexe où légèrement carénée. D'autres petites 
écailles, également polygones, mais bien moins solideset tout-à-fait 
plateset lisses, garnissent les régions dorsale et collaire supérieures. 
Les latérales en offrent qui ont une figure carrée. Les unes et les 
autres sont entremélées de gros tubercules, formant douze ran- 
gées longitudinales qui s'étendent : les huit médianes, depuis la 
nuque jusqu'a l'origine de la queue; et les quatre externes le 
long des flancs seulement. Chez les jeunes sujets, tous ces tuber- 
cules sont lenticulaires ; mais avec l’âge ils deviennent coniques, 
à l'exception pourtant de ceux des deux séries correspondantes à 
la ligne moyenne du dos, qui conservent toujours leur première 
forme. Ces deux séries se distinguent encore des autres, en ce 
qu'elles ne laissent presque pas d'intervalle entre elles, 11 y a six 
bandes longitudinales de tubercules coniques sur la quete, 
autour, de laquelle ils forment des demi-anneaux. Les autres té- 
gumens de cette partie du corps sont des écailles carrées, dispo- 
sées par verticilles et comme les tuiles d’un toit. Les écailles qui 
garnissent le dessus de la queue sont rhomboïdales et entremélées 
de tubercules semblables à ceux des côtés du corps. Sous celui-ci, 
comme sous la gorge, sous les cuisses et sous les bras, on voit 
des scutelles subovales très pen imbriquées. 

Les deux sexes ont au devant de l'anus quatorze ou seize écailles 
crypteuses, disposées sur une ligne légérement anguleuse. Sur le 
bord postérieur de l'ouverture cloaquale, on observe que la 
peau est percée de deux pores placés à une certaine distance 
l'un de l'autre. 

Cocorarion. Le fond de la couleur de ce Geckotien est tantôt 
d'un gris cendré, tantôt d'un gris roussâtre en dessus; mais tou- 
jours il estsemé d'un grand nombre de larges taches orangé pâle, 
qui passent au blanc quand l'animal à demeuré quelque temps 
dans l'alcool. Sur la tête , ce sont plutôt des lignes que des taches 
orangées que l'on y voit ; en général, ces lignes ne sont ni régu- 
lières, ni disposées de la même manière chez tous les individus. 
Pourtant il est rare que , sur le vertex , il n'y en ait pas deux qui 
se réunissent pour former un angle aigu. Un blanc jaunâtre co- 
lore les parties inférieures de l'animal. Les taches des jeunes su- 
jets sont plus foncées, et répandues sur une teinte d'un brun 
chocolat. La queue offre des anneaux de cette dernière couleur, 
‘altérnant avec des cercles orangés. 

Dimensions. Longueur totale. 27° 8". Tète. Long. 4” 67; haut. 


OU SAURIENS ASCGALABOTES. G. PLATYDACTYLE. 13. 331 


1° 6°” ; larg. 3” 5°”. Cou. Long. 1” 5°”. Corps. Long. 8° 7°. Memb. 
antér. Long. 4’. Memb. postér. Long. 6”. Queue. Long. 13°. 

Ces mesures sont celles d'un exemplaire de notre Musée. 

Parrie. On trouve le Gecko à gouttelettes sur le continent et 
dans tout l'archipel de l'Inde. Les échantillons qui figurent dans 
nos collections ont été envoyés de Pondichéry par M. Lesche- 
nault; de Java par MM. Diard, Duvaucel, Lesson et Garnot. 
Nous en avons de Manille, qui ont été rapportés par M. Milius, 
et de Timor, par Péron et Lestieur. 


13. LE PLATYDACTYLE A BANDE. Platydactylus Vitiatus. 


Cuvier. 


CaracrÈres. Parties supérieures semées d'un tres grand nombre 
de grains extrêmement fins. Dos fauve, offrant une bande longi- 
tudinale blanche , bifurquée en avant. 

Synonyme. Gecko vitiatus. Houtt. in act. Vliss. tom. 9, p. 325, 
tab. 2. : 

Le Gecko. Lacép. Hist. Nat. ovip. tom. 1, pl. 29. 

Stellio bifurcifer. Schn. Amph. Phys. tom. 2, pag. 22. 

Lacerta vittata. Gmel. Syst. Nat. tom. 1, pag. 1067. 

Gecko vüttatus. Latr. Hist. Rept. tom. 2, pag. 61. 

Gecko vittatus. Brong. Bull. soc. phil. n° 36, p. 90, tab. 6, fig. 3. 

Gecko vittatus. Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 156. 

White striped Gecko. Shaw, Gener. Zool. tom. 3, pag. i7t. 

Lacerta zeylonica. Nau, Entd.u Beob. 1, S. 254. 

Lacerta unistriata. Shaw. Natur. miscell. tab. 86. 

Gecko vittatus. Merr. Amph. pag. 42, spec. 13. 

Le Platydactyle à bande. Cuv. Reg. Anim. tom. 2, pag. 53. 

The banded Gecko. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 144. 

Gecko vittatus. Gray. Synops. in Griffith’s Anim. Kingd. p. 40. 


DESCRIPTION. 


Forwes. Cette espèce a des formes plus sveltes que le Platydac- 
tyle à gouttelettes. Son chanfrein offre un enfoncement de figure 
rhomboïdale. Les ouvertures des narines sont ovales et dirigées 
en arrière. Elles sont situées de chaque côté de l'extrémité du 
museau sur le bord de la plaque rostrale qui, par ce moyen, 
les cerne en partie. Le reste de leur contour est circonscrit 


(4 


332 LÉZARDS GECKOTIENS 


par quatre plaques quadrilatérales. La lame rostrale est à quatre 
pans et trés dilatée, ayant ses deux angles supérieurs échan- 
crés en croissant. Nous avons compté quatre-vingts dents à la mé- 
choire supérieure; l'inférieure en a quelques-unes de moins, Le trou 
auriculaire est une grande ouverture ovale sans la moindre dente- 
lure sur ses bords et dont le plus petit diamètre est situé d'avant 
en arriére. La paupiere et la pupille ressemblent à celles du 
Platydactyle à gouttelettes. 

Les deux lèvres sont garnies chacune de quatorze paires de 
plaques, sans compter la rostrale pour la supérieure, ni celle qui 
enveloppe le bout du menton pour l'inférieure. Les membres 
postérieurs sont d’un tiers plus longs que les antérieurs. Les doigts 
des uns et des autres sont très plats et très élargis. La queue est 
plus grêle que dans aucune des espèces précédentes. Un pavé de 
petits grains protége la surface de la tête. Sur le cou, le corps et 
les membres se trouve un nombre considérable de tubercules 
granuliformes extrêmement fins. On voit des squammelles sub- 
arrondies et plates sous la gorge, mélés à des grains plus ténus et 
d'autres ovalaires et convexes le long des branches du maxillaire 
inférieur. Parmi les premières on en voit d’autres un peu plus 
grandes ayant la forme de petites lentilles. La poitrine et l’ab- 
domen sont recouverts d'écailles en losange, subimbriquées. Sous 
les membres il en existe de même forme, mais plus petites et à 
surface bombée. Ce sont de très minces écailles carrées qui gar- 
nissent le dessus de la queue, laquelle offre de distance en dis- 
tance des demi-anneaux de tubercules granuliformes. En dessous, 
cette partie terminale du corps est revêtue de petites plaques qua- 
drilatérales et imbriquées, parmi lesquelles on en distingue de plus 
dilatées en travers qui constituent deux séries moyennes et lon- 
gitudinales. Chez cette espèce, les mâles seuls offrent des pores le 
long des cuisses. On en compte vingt-six de chaque côté, disposés 
sur une seule et même ligne qui s'étend depuis le jarret jusques 
un peu en avant de l'anus. Ces pores sont de simples trous ar- 
rondis, percés chacun dans une écaille qui fait une légere saillie 
au-dessus de la peau. Ces pores diminuent successivement de dia- 
mètre en descendant le long de la cuisse. Les individus mâles se 
distinguent encore des femelles par deux tubercules squammeux 
situés à droite et à gauche de la base de la queue. 

Cozorarion. Le dessus du corps de ce Platydactyle est d'un 
brun-marron clair, qui passe quelquefois au fauve. Tout le long 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. FLATYDACTYLE. 13. 333 


du dos il règne une large bande blanche qui, au-dessus des 
épaules, se divise en deux branches passant chacune sur le 
côté du cou et au-dessus de l'oreille, pour aller aboutir au bord 
orbitaire postérieur. En arriére, cette même bande blanche se 
prolonge sur la base de la queue où elle se termine en palette 
échancrée. La queue offre en général une teinte plus foncée que 
le corps. Elle est toujours entourée de quatre ou cinq beaux et 
larges anneaux de la même couleur que la bande dorsale. Toutes 
les parties inférieures sont blanchâtres. 

Dimensions. La taille de cette espèce reste au - dessous de celle 
du Platydactyle à gouttelettes; au moins n’avons-nous jamais vu 
d’individu ayant des dimensions plus grandes que celles-ci. Zon- 
gueur totale. 24”. Téte.Long. à”; haut. 1”; larg. 2”. Cou. Long. 
1”. Corps. Long. 8”. Memb. antér. Long. 3” 7” 
Long. 5”. Queue. Long. 12”. 

Patrie. On trouve le Platydactyle à bande à Ambhoine , à Bou- 
rou et à Vanicoro, d'où nous l'avons recu par les soins de 
MM. Quoy et Gaymard. Il vit aussi à la Nouvelle-Zélande; car 
MM. Lesson et Garnot nous en ont rapporté un échantillon re- 
cueilli par eux dans ce pays. 

Observations. On doit la connaissance de cette espèce à Hout- 
tuyn, qui en publia le premier une description et une figure dans 
le tome neuvième des Actes de l’Académie de Flessingue. Le Bul- 
letin de la Société philomatique en renferme un second portrait 
gravé avec quelques autres Sauriens sur la planche qui accom- 
pagne le mémoire dans lequel M. Brongniart proposa la division 
généralement adoptée aujourd'hui, de la classe des Reptiles en 
quatre ordres. C'est à tort que M. Cuvier, dans son Règne animal, 
a cité la figure du Gecko représentée sur la planche vingt -neuf 
du premier volume des quadrupèdes ovipares de Lacépède, 
comme étant celle du Platydactylus guttatus. Le modéle de cette 
figure appartenait sans aucun doute à l'espèce du Platydactyle à 
bande; rien ne le prouve mieux que l'indication, sur la région 
préanale, d’une suite d'écailles crypteuses, dont la disposition 
représente un V à branches renversées. Ceci est en effet un des 
caractères qui distinguent le Platydactyle à bande de celui à gont- 
telettes, lequel offre bien aussi de ces écailles crypteuses ; mais, 


en moindre nombre et placées sur deux lignes droites, formant 
un angle tres ouvert. 


. Memb. post. 


334 LÉZARDS GECKO TIENS 


14. LE PLATYDACTYLE À DEUX BANDES. Platydactylus 
Bivittatus. Nobis. 


Caracrères. Dessus du corps revêtn de petites écailles plates et 
lisses, parsemées de grains tres fins. Dos marqué de deux bandes 
brunes sur un fond violacé. 

SYNONYMIE ? 


DESCRIPTION. 


Formes. Les tubercules de cette espèce sont un pet moins fins 
et un peu plus espacés que chez le Platydactyle à bande. Les 
écailles au milieu desquelles ils sont semés ne sont pas non plus 
granuleuses, mais aplaties et lisses. Nous avons reconnu que l’élar- 
gissement de ses doigts est moins considérable. Les pores fémo- 
raux ressemblent à ceux de l'espèce précédente. 

Cozorarion. Mais son système de coloration est très différent. 
Au lieu d être fauve ou marron, ce Platydactyle offre une teinte 
violacée, de laquelle se détachent deux rubans bruns qui s'éten- 
dent parallèlement de chaque côté du dos, depuis le con jusque 
sur la racine de la queue. On voit aussi antour de celle-ci quel- 
ques anneaux de la même couleur que le dessus du corps, alter- 
nant avec des cercles semblables, pour la teinte, à celle des 
bandes dorsales. 

Diwensions. Longueur totale. 24” 47. Tête. Long. 3 ps 
haut. 1”; larg. >”. Cou. Long. 1” 1”. Corps. 7° 5°”. Memb. anter. 
Long. 3” 5°”. Memb. poster. Long. 4” 7°”. Queue. Long. 12° 3”. 

Parme. Nous n'avons encore observé que deux individus de 
cette espèce qui ont été rapportés, l’un de la Nouvelle-Guinée, 
l'autre de l’île Waigiou, par MM. Quoy et Gaymard. 

Observations. I pourrait se faire que ce Platydactyle à deux 
bandes ne soit qu'une variété du Platydactylus pittatus, dont il 
ne diffère bien réellement que par le système de coloration. Ce- 
pendant nous ayons cru devoir les séparer, sauf à reconnaitre 
notre erreur, dès que de nouvelles observations l'auront con- 
statée. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PLATYDACTYLE. 19. 339 


15. LE PLATYDACTYLE MONARQUE. Platydactylus Monarchus. 
Schlegel. 


Caracrëres. Dessus du corps revêtu de nombreux tubercules 
coniques entremélés de très petites écailles polygones aplaties. 
Dos brun, ayant sur la ligne médio-longitudinale une série de six 
ou sept paires de taches noires. Deux plaques oblongues sous le 
menton. È 

Synonyme. Platydactylus monarchus. Schlegel. Mus. Leyde. 


DESCRIPTION. 


Formes, L'ensemble des formes de ce Platydactyle est le même 
que celui des deux espèces que nous venons de faire connaître. 
La tête est assez déprimée, et les tempes sont fort peu renfiées. 
On remarque de même que chez les Platydactylus vittatus et bivit- 
tatus, que le dessus du museau offre une dépression on mieux 
une légère concavité de figure rhomboïdale. Les dents sont fines, 
et au nombre de quatre-vingts en haut comme en bas. 

Les narines se montrent de chaque côté de l'extrémité du mu- 
sean environnées par la plaque rostrale, la première labiale et 
trois autres plaques situées deux en haut et'une en arrière. 

Les yeux n'offrent rien de particulier; mais les trous auricu- 
laires sont moins grands que chez les deux dernières espèces. 
Leur contour est ovale et dépourvu de toute dentelure. Les dis- 
ques sous-digitaux, garnis de petites lames transversales imbri- 
quées, ne sont certainement pas aussi épatés que chez aucune des 
espèces de Platydactyles qui précédent. Les doigts au reste ont la 
même inégalité. La queue entre pour les quatre huitièmes et 
demi dans la longueur totale de l'animal. Elle est sub-arrondie 
ou très légèrement déprimée, peu forte à sa naissance et très 
mince à son extrémité. Il y à au devant de l'anus une ligne an- 
guleuse d'environ quarante écailles crypteuses, qui s'étend à 
droite et à gauche sur chaque cuisse. Des grains très fins revêtent 
le dessus de la tête; on en voit d'un peu plus forts et affectant 
une forme ovale , sur les côtés du museau. La lèvre supérieure est 
garnie de vingt-quatre plaques rectangulaires , sans compter la 
rostrale. L'inférieure en offre dix, ayant une forme carrée de 
chaque côté de la scutelle en triangle qui termine le menton, sous 


336 LÉZARDS GECKOTIENS 


lequel on voit une paire de plaques oblongues environnées de 
scutelles arrondies. La peau des régions supérieures et latérales 
du cou et du corps est protégée par de petites écailles plates, sub- 
arrondies, au milieu desquelles se trouvent épars un grand 
nombre de petits tubercules coniques, entourés à leur base d'un 
rang d'écailles redressées contre eux, 


Le dessus du crâne et les tempes sont clair-semés de petits grains 
arrondis. On en voit d’un peu plus forts sur les membres, parmi 
les écailles rhomboïdales qui les recouvrent. Ce sont des écailles 
subovales imbriquées qui garnissent les régions supérieures et 
latérales de la queue, dont le dessus porte une rangée longitudi- 
nale de scutelles élargies comme celles qui revêtent la même 

partie chez la plupart des Serpens. On voit sur le dessus de la 
_ queue huit ou neuf rangées transversales de petites épines cou- 
chées en arrière. De fines écailles arrondies, disposées en pavé se 
montrent sous la gorge. Sous le ventre et les membres il en existe 
de rhomboïdales et légérement imbriquées. Les mâles ont de 


chaque côté de la racine de la queue trois tubercules squam- 
meux. 


Cozorarion. Une teinte brune colore les parties supérieures du 
corps de ce Platydactyle , sur la tête duquel on voit des mar- 
brures noires. Le dessus de la queue offre de distance en distance 
de larges bandes de la même couleur. Six ou sept grandes taches 
noires se montrent de chaque côté de la ligne médiane du dos, 
où elles forment deux séries longitudinales et parallèles. Le dessous 
du corps est d’un gris blanchâtre. 


Druexsions. Longueur totale. 19”. Téte. Long. 2” 7°’; haut. 8”: 
larg. 1° 5°”. Cou. Long. 6”. Corps. Long. 5” 2”. Memb. antér. 
Long. »” 8”. Memb. postér. Long. 3” 8”. Queue. 10” 5”. 


Parrie. Cette espèce est originaire d'Amboine. 


Observations. Le nom qui nous aservi à désigner cette espèce est 
celui sous lequel il nous en a été envoyé un exemplaire du Musée de 
Leyde. Nous ne sachions pas qu'il ait déjà été fait mention de ce 
Platydactyle dans aucun ouvrage d’erpétologie. 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES. G. PLATYDACTYLE. 16. 337 


16. LE PLATYDACTYLE DU JAPON. Platydactylus Japonicus. 
Schlegel. 


Caracreres. Grains de la peau arrondis et excessivement fins, 
clair-semés d’autres grains semblables, mais moins petits. Six ou 
sept plaques hexagones sous le menton. Dos grisâtre, nuagé de 
brun. 

Synonyme. Platydactylus Japonicus. Schlegel. Mus. Leyde. 


DESCRIPTION. 


Forues. Le museau du Platydactyle du Japon est court; ses 
narines sont circulaires et circonscrites chacune par la plaque 
rostrale, la première labiale et trois autres plaques fort petites et 
anguleuses. 11 y a de quarante à quarante-deux dents pointues à 
chaque mâchoire, onze plaques labiales carrées de chaque côté de 
la rostrale et dix de forme pentagone, à droite et à gauche de la 
scutelle qui couvrel'extrémité du menton. Sous celui-ci sont appli- 
quées six ou sept plaques hexagonales, dont deux sont oblongues. 
Le méat auditif est vvale et peu ouvert. L'élargissement des doigts 
est médiocre et la queue trés-effilée. Cette partie du corps fait la 
moitié de la iongueur totale de l'animal. 

Le mâle offre au devant de l'anus une rangée transversale de sept 
ou huit écailles crypteuses. Les individus de ce sexe portent aussi 
quatre tubercules obtus de chaque côté de la base de la queue. Le 
système tégumentaire de la partie supérieure du cou et du corps 
de ce petit Geckotien est absolument le même que celui du Camé- 
léon à lignes latérales ; c’est-à-dire qu'il se compose de grains 
squammeux d'une extrême finesse, auxquels s'en mêlent d'autres 
arrondis comme eux, mais un peu plus forts. On observe la même 
chose sur le dessus des membres postérieurs et le derrière des 
avant-bras. Le bord antérieur de ceux-ci et la région supérieure 
des bras sont, ainsi que le dessous du ventre et des quatre pattes, 
revêtus d'écailles rhomboïdales, lisses et imbriquées. La peau de 
la gorge est lâche et garnie de grains squammeux. 

CozorarTiox. Les deux individus appartenant à cette espèce, 
que notre collection renferme, n'offrent pas le même mode de 
coloration. Tous deux, il est vrai, sont grisâtres en dessus; mais 

REPTILES, I. 22 


338 LÉZARDS GECKOTIENS 
la femelle l'est uniformément, tandis que le mâle laisse voir sur 
ce fond de couleur une marbrure d’une teinte brun-noirâtre. 

L'œil est coupé longitudinalement par un trait blanc, et la 
queue est alternativement grise et blanchâtre. Un blanc sale 
règne sur toutes les régions inférieures. 

Druexsioxs. Longueur totale, 12° 5°”. Téte, Long. 1” 7”; haut. 
5°; larg. 1” 1°”. Cou. Long. 5°”. Corps. Long. 4”. Memb. antér. 
Long. 2”. Memb. postér. Long. 2” 5°”. Queue. Long. 6” 5”. 

Parrie. Ce Platydactyle, qui est bien distinct de tous ses con- 
génères , vient du Japon. Les deux exemplaires, d’après lesquels 
la description qui précède a été faite, ont été donnés à notre 
Musée par celui de Leyde. | 

Observations. Nous avons conservé à ce Platydaetyle le nom 
sous lequel il nous a été adressé par M. Schlegel , qui le fera sans 
doute connaître dans la partie erpétologique du Voyage au Japon 
de M. de Siéboldt, à laquelle il travaille en ce moment. 


2° SUBDIVISION. HÉTÉROLÉPIDOTES PALMIPÈDES. 


(Ptychozoon, Kuhl, Fitzinger, Wagler, Wiegmann ; 
Pteropleura, Gray.) | 


Nous trouvons ici la répétition de ce que nous avons vu 
chez les Platydactyles Homolépidotes; c’est - à - dire une 
espèce qui compose à elle seule la subdivision des Palmi- 
pèdes, et dont le contour horizontal du corps est garni 
d’une frange s'étendant aussi le long des bords interne et 
externe des membres : cette espèce est le Platydactyle Ho: 
malocéphale. Toutefois, entre la bordure qu'il présente et 
celle du Platydactyle de Leach, type des Homolépidotes 
Palmipèdes, il existe cette différence, que l’une est formée par 
de grandes membranes flottantes, amincies sur leurs bords ; 
tandis que l’autre n’est que le résultat d'un repli de la 
peau, lequel est étroit, épais, et arrondi sur sa marge ex- 
terne, Ce sont ces développemens membraneux des parties 
latérales du corps de notre Hétérolépidote Palmipède qui, 
joints aux palmures de ses pattes, le distinguent des Hétéro- 
lépidotes Fissipèdes. Il manque d'ongles aux quatre pouces, 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES. Ge PLATYDACTYLE. 17. 339 


comme les Piatydactyles Tétronyx de sa subdivision ; 
et, parmi les individus de son espèce, il n’y a non plus que 
ceux du sexe mâle qui offrent des écailles crypteuses le 
long de la face interne des cuisses, 


Sa queue est apiatie; lœil a son ouverture pupillaire 
elliptique et le bord inférieur de sa paupière rentré dans 
l'orbite. | 

Ce Platydactyle Homalocéphale a été considéré par Kuhl 
comme devant former un senre particulier, qu'il a appelé 
Ptychozoon ( animal plissé }, dénomination qu'ont adoptée 
la plupart des auteurs. M. Gray a préféré le nommer 
Pieropleura ( ailes sur les côtés ). 


17. LE PLATYDACTYLE HOMALOCÉPHALE. Platydactylus 
homalocephalus. 


( Voyez pl. 28, fig. 6, et pl. 29, fig. s et 2.) 


CaracrÈres. Tempes, flancs, membres et queue bordés d'une 
membrane. Dessus du corps revêtu d'écailles lisses en pavé, parse- 
mées de quelques tubercules sur les côtés du dos. 


SYNONYMIE. Lacerta homalocephala. Creveldt, Mag. der naturf. 
Fr. zu Berl.tom. 3, pag. 266, tab. 8. 

Gecko homalocephalus. Tilesius, Mem. Acad. Petersb. tom. 7, 
tab. 10. 

Piychozoon homalocephalum. Kuhl. Isis, 1822, S. 475. 

Piychozoon homalocephalum. Fitz. Verzeich. der Zool. Mus. zu 
Wien. pag. 47. 

Pieropleura Horsfieldii. Gray, Philos. Magaz. tom. 2, pag. 56. 

Pteropleura Horsfieldii. Gray, Zool. Journal, pag. 221(1827), 
pag. 222. 

Platydactylus homalocephalus. Cuv. Reg. anim. tom. 2, pag. 54. 

Piychozoon homalocephalum. Wagl. Amph. pag. 141. | 

Platydactylus homalocephalus. Griff. Anim. Kingd. tom. g, 
pag. 145. 

Pteropleura Horsfieldii. Gray, Synops. in Griffith’s Anim. Kingd. 
tom. 9, pag. 49. 

Ptychozoon homalocephalum. Wiegm. Herpet. Mexican, pag, 20. 

22e 


340 LÉZARDS GECKOTIENS ! 


DESCRIPTION. 


Formes. Ce Geckotien est sans contredit un des plus remarqua- 
bles du genre Platydactyle. Il doit particulièrement cela aux 
membranes qui garnissent ses tempes , les parties latérales de son 
corps, les bords antérieurs et postérieurs de ses pattes et les 
côtés de sa queue. Aucune de ces membranes n'est soutenue dans 
son épaisseur par quelque pièce osseuse, comme cela se voit, 
par exemple , chez les dragons, pour les espèces d'ailes qu'ils por- 
tent le long des flanes, ou chez les Chlamydosaures pour cette 
large collerette plissée qui orne les parties latérales du cou. Ceile 
des membranes du Platydactyie homalocéphale qui garnit le côté 
postérieur, à droite et à gauche, est située sous le trou auditif, 
s'étendant depuis l'angle de la bouche jusqu'au milieu du cou. 
Les deux membranes temporales donnent à la tête un tiers de 
plus en largeur que n'en a le crâne. Leur bord libre est tres 
arqué. Les membranes garnissant le derrière du bras et le genou 
ont à peu prés la même figure et la même étendue que la bor- 
dure membraneuse du dessous de l'oreille ; mais celles qui élar- 
-gissent le devant des bras etle derrière des pattes postérieures 
sont plus longues : l'une, à bord libre rectiligne , s'étend depuis 
l'épaule jusqu'au pouce; l’autre, à bord libre et bilobé, depuis la 
base de la queue jusqu'au cinquième doigt. Les membranes des 
flancs sont les plus développées de toutes; elles règnent, le long 
de ceux-ci, de l’aisselle à l’aine ; leur bord externe est curviligne, 
et leur plus grand diametre transversal n’est que moitié de celui 
du corps. En dehors, ces membranes sont trés minces; mais en se 
rapprochant du corps elles prennent une certaine épaisseur, 
laquelle est due à des faisceaux de muscles, qui, à la solidité prés, 
ressemblent aux rayons mous des nageoires de certains poissons. 
Ces muscles se voient tres bien au travers de la peau, qui est fort 
mince, lorsquon oppose au jour cette expansion. Toutes les 
membranes de la tête, du corps et des membres sont entières; 
tandis que celles de la queue sont découpées en festons d’une ma- 
niere si nette et si régulière, qu'on croirait que ce travail a été 
fait à l'emporte-pièce. Les dents arrondies de ces festons sont gau- 
frées, c'est-à-dire convexes en dessus et concaves en dessous. Elles 
sont au nombre de douze de chaque côté quand la queue est 
entière, car en arrière elle n’est pas découpée, mais seulement 


OU SAURIENS ASCALABOTES, G. PLATYDACTYLE. 17. 341 


gauffrée dans une étendue qui équivaut tantôt au quart, tantôt 
au tiers de sa longueur. Cette queue est déprimée, mais non 
tout-àa-fait plate. Le museau est court et obtus en avant. Sur le 
chanfrein on remarque un enfoncement rhomboïdal. Chaque 
mächoire est armée d'environ soixante-dix dents. On voit sur le 
bout du nez deux plaques carrées qui sont soudées en avant 
à la rostrale, dont la figure est rectangulaire. Elles forment 
chacune de son côté, avec deux autres petites plaques et la pre- 
miére labiale, ie contour ou les bords des narines. Celles-ci 
sont petites et circulaires. Les scutelles labiales sont au nombre 
de neuf à droite et à gauche de la rostrale, comme de chaque 
côté de l’écaille de figure triangulaire qui garnit le menton. Sous 
celui-ci sont situées, le long du maxillaire, huit plaques hexa- 
gones, dont les deux médianes sont oblongues. Le trou auditif 
est de grandeur médiocre et sans dentelures sur les bords. Les yeux 
sont grands et à paupière semblable à celle des autres Platydac- 
tyles. Les cinq doigts de chaque pied sont réunis jusqu'à leur 
extrémité par une très large membrane. Les individus mâles 
laissent voir au devant de l'anus une vingtaine de pores percés 
chacun dans une écaille qui est comme tubuleuse. Ces pores sont 
rangés sur deux lignes qui forment un V à branches légèrement 
renversées en dehors. Il n'en existe pas chez les femelles ; mais les 
écailles dans lesquelles ils devraient exister offrent une faible 
dépression sur leur centre. Le bord postérieur de l'anus présente 
deux autres pores ovales ; mais ceux-là sont percés dans la peau. 
Les mâles ont un gros tubercule de chaque côté de la racine de 
la queue. Le dessus du museau est couvert de gros grains, la plu- 
part oblongs, à surface inégalement renflée : celui du crâne et du 
cou en offre de tres fins et arrondis. Ce sont des petites écailles 
plates, pentagones et juxta-posées qui revêtent la partie supé- 
rieure du corps. Cette écaillure ressemble assez à celle des dra- 
gons. Les côtés du dos sont clair-semés de petits cones squammeux 
à sommet couché en arrière. Le dessus des membranes latérales 
du corps est recouvert d'écailles rectangulaires, disposées par 
lignes transversales ; en dessous il s'en montre de pentagones, plus 
petites et extrêémement minces. 

La surface des appendices membraneux du dessous des oreilles 
est garnie décaiiles pentagonales et hexagonales en pavé dont le 
centre est légerement convexe : les plus rapprochées du bord 
externe sont de moitié plus petites que les autres, 


342 LÉZARDS GECKOTIENS 


Des écailles ressemblant à celles des carpes garnissent les 
pattes de devant et les membranes qui les bordent ; seulement 
celles qui recouvrent ces dernières sont plus dilatées que les 
autres. Sur le dessus des pattes dé derrière, il existe de petites 
écailles carrées ou pentagones, lisses, un peu épaisses et à peiné 
imbriquées; mais leur surface inférieure et leur bord antérieur 
en portent d’autres qui ne différent pas de celles du dessus des 
bras. 

L'écaillure de la région caudale supérieure ressemble à cellé 
du corps, si ce n'est toutefois que les tubercules qui en font 
partie sont disposés en petits rangs transversaux , correspondant 
aux intersections que présentent les membranes de la queue: Ces 
membranes sont revêtues en dessus d'écailles plus grandes qué 
celles de la queue elle-même, écailles dont le bord postérieur est 
arrondi et qui sont disposées comme les tuiles d’un toit et par 
rangs parallèles au sens longitudinal du corps. En dessous, les 
bordures caudales offrent un pavé de petites écailles carrées où 
pentagones , et la queue en est garnie de même forme , mais plus 
grandes et imbriquées. Sur les branches du maxillaire inférieur 
se voient des écailles un peu renflées, de forme ovale ou hexago- 
nale. De petits grains squammeux pentagones tapissent la surface 
de la gorge. La poitrine, le venire et le dessous des pattes de 
devant sont protégés par des écailles rhomboïdales. 

Cocorarion. Les parties supérieures de l'animal sont brunes ; 
pourtant la région dorsale, en général, est fauve et offre, de 
distance en distance, des lignes noires en chevrons, dont le 
sommet est dirigé en arrière. Un ruban noir on brun très foncé 
part du bord postérieur de l'œil et vient aboutir en arrière de 
l'épaule, après avoir longé le cou. Au-dessus du ruban noir 
post-orbital dont nous venons de parler, on voit une tache blan- 
châtre; c'est-à-dire de la même teinte que les membranes des 
flancs et de la tête, et que le dessous du corps. Les lévres sont 
également blanchâtres. Tel est au moins l'arrangement des teintes 
qui nous est offert par des individus que leur séjour dans l'alcool 
a probablement décolorés. 

Druensions. Longueur totale. 16” 3°”. Téte. Long. 2” 7°’: haut. 
8”; larg. 1” 7°”. Cou. Long. 8°”. Corps. Long. 5” 8”. Memb. ant. 
Long. 3”. Memb. poster. Long. 4”. Queue. Long. 7°. 


Parme. Nous n'avons jusqu'ici vu venir ce Platydactyle que dé 
l'ile de Java. Deux des quatre exemplaires que nous possédons ont 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. HÉMIDACTYLE. 343 


été envoyés de cette île par M. Diard ; les deux autres proviennent 
d'un échange fait avec le musée de Leyde. LETTRE 


Observations. La connaissance de ce Platydactyle est due à 
Creveldt, qui en a publié, sous le nom de ZLacerta homalocephala ; 
une description et une figure dans le tome troisième des Actes des 
curieux de la nature , de Berlin. Plus tard, Kuhl établit, d'après 
cette espèce, dans l'Isis de 1822, un genre particulier qu'il nomma 
Ptychozoon , pendant que de son côté M. Gray en faisait également 
le type d’un genre qu'il nommait Pferopleura , et auquel il refu- 
sait des pores fémoraux. Il est aisé de voir que l'individu observé 
par ce naturaliste était une femelle; car, ainsi que nous l'avons 
dit plus haut, les individus de ce sexe n'offrent effectivement pas 
d'écailles crypteuses sous les cuisses. 


. En terminant la description de ce genre Platydactyle, nous 
croyons devoir faire remarquer que si, dans l’état actuel de nos 
connaissances acquises, nous avons ainsi réuni les espèces, c’est 
parce qu'elles sont encore en petit nombre. Il pourra bientôt ar- 
river que ce groupe ait besoin d'être partagé, lorsque d’autres 
individus viendront à être reconnus comme devant faire partie 
de quelques-unes des divisions précédemment indiquées. 

Il y a en effet des caractères suffisans pour adopter l'établis- 
sement de quelques-uns des genres précédemment proposés. Tel 
est celui qui comprendrait les espèces dont tous lés doigts sont 
dépourvus d'ongles, comme celle que Wagler à établie sous le 
nom d'Ænoplopus, et celle que M. Gray a indiquée comme devant 
former le genre Phelsuma. Peut-être aussi le genre Thécadactyle, 
fondé par Cuvier, pourrait-il être adopté, s'il réunissait plus 
d'une espèce, et en ne se bornant pas à la simple disposition des 
ongles, mais plutôt à leur existence réelle et complète, et à celle 
du sillon qui les recoit ? Enfin les pattes palmées et la membrane 
cutanée qui borde le corps du Platydactyle de Leach serait aussi 
une sorte de jallon qui indiquerait un genre particulier, qui 
devrait être placé tres près de celui dés Ptychozoons, 


344 LÉZARDS GECKOTIENS 


II GENRE. HÉMIDACTYLE.—ÆEMIDACTT- 
LUS. Guvier, Gray, Wagler, Wiegmann. 


Caractères. Base des quatre ou cinq doigts de 
chaque patte élargie en un disque du milieu duquel 
s'élèvent les deux dernières phalanges, qui sont grèles. 
Face inférieure de ce disque revêtue de feuillets en- 
tuilés, le plus souvent échancrés en chevron. Une 
bande longitudinale de grandes plaques sous la 
queue. 


Le principal, nous pourrions même dire le seul véritable 
caractère générique des Hémidactyles réside dans lélargis- 
sement de cette base de leurs doigts ( quelquefois à l’excep- 
tion des pouces) , en un disque ovale ou oblong , au centre 
duquel se trouve, comme implantée en dessus, la portion 
du doigt qui se compose de la phalange onguéale, et de 
celle qui la précède, portion qui est toujours extrêmement 
grêle. 

A l’aide de ce caractère , qui leur est tout-à-fait propre, 
ainsi que leur nom l’indique d’ailleurs , les Hémidactyles ne 
peuvent être confondus avec aucun des autres Geckotiens à 
doigts aplatis dans toute ou partie de leur longueur. D'une 
part, il les distingue des Ptyodactyles, des Phyllodactyles 
et des Sphériodactyles , dont la dilatation des doigts n'a lieu 
qu’à leur extrémité libre; d’autre part, chez les Platydac- 
tyles, cette dilatation existe sur toute ou presque toute l’é- 
tendue des doigts. Quant à l’échancrure en chevrons des 
lamelles sous-digitales , ainsi qu’à la présence sous la queue 
de grandes plaques imbriquées semblables à celles qui re- 
couvrent le ventre des Serpens, ce sont deux caractères qui 
ont perdu un peu de leur valeur aujourd’hui et qui ne peu- 


OU SAURIENS ASCALABOTÉS. G. HÉMIDACTYLE. 345 


vent plus être considérés que comme secondaires ; parce que 
depuis l'époque où Cuvier a établi le genre Hémidactyle, de 
nouvelles observations ont fait connaître des espèces de 
Platydactyles chez lesquelles, ce premier caractère se re- 
trouve ,en même temps que les plaques sous - caudales sob- 
servent chez tous les Sphériodactyles, et que d’ailleurs cette 
échancrure des feuillets sous-digitaux ne se rencontre pas 
dans tous les Hémidactyles. 

Il y a certaines espèces parmi les Hémidactyles chez les- 
quelles les pouces ne ressemblent pas aux autres doigts ; 
c'est-à-dire qu'ils n’offrent aucune portion grêle, étant 
dilatés transversalement sur toute leur longueur’, comme 
ceux des Platydactyles, étant de plus dépourvus d'ongles. 
Cette particularité, sans avoir en elle-même rien d’impor- 
tant, nous à cependant semblé assez remarquable pour 
que nous ayons cru devoir partager ces Hémidactyles en 
deux sections, ce qui d’ailleurs a été déjà proposé par 
M. Wiesmann. En sorte que nous aurons une division des 
espèces à doigts bien complets ou des DaAcTyLoTÈLESs (1) qui 
ont cette partie des pattes de même forme et largeur dans 
toute leur étendue, et celle des DacryLorères (2) dont les 
pouces ont l'air d’être tronqués, n'étant pas terminés en 
avant , comme les autres doigts, par une portion grêle. 

Il y a aussi des Hémidactyles dont les écailles, dans la 
partie supérieure du corps, sont égales entre elies ou uni- 
formes , et d’autres qui les ont mélangées avec des tubercules 
arrondis ou taillés à facettes ; mais ces Homo- et Hétérolépi- 
dotes n'offrent pas d’autres différences entre eux, comme 
celles que nous avons trouvées dans les Platydactyles. Tous 
ont une physionomie, un ensemble de formes semblables. 
Ainsi leur tête et leur tronc sont lésèrement déprimés, et 
le cou plus étroit que ces deux parties du corps qu'il réunit. 
Nous ne connaissons qu’une seule espèce d'Hémidactyles qui 


(1) De Juxruroc, doigt, et de exc, complet, parfait, terminé. 
(2) De la même initiale, et de repos, manqué, mutilé, tronqué. 


346 : LÉZARDS GECKOTIENS 


ait l'ouverture de la pupille arrondie ; toutes les autres l'ont 
elliptique. Tous, et sans aucune exception, ont le bord 
inférieur de la paupière rentré dans l’orbite. Certains d’entre 
eux manquent des écailles crypteuses ou garnies de pores 
sous les cuisses ; et, parmi les espèces qui en sont pourvues , 
on n’a reconnu que des individus mâles. 

Nous ne connaissons encore que deux espèces du genre 
Hémidactyle dont les pattes soient palmées ou plutôt 
semi-palmées ; car la membrane ne réunit les doigts que 
dans la moitié de leur étendue. L’une de ces deux espèces a 
les côtés du corps garnis d’une membrane flottante et en- 
tière ; l’autre n’en offre pas de traces, mais elle a les bords 
de la queue aplatis et découpés en feston , ainsi que cela se 
trouve dans quelques autres Hémidactyles. 

Tous les Erpétologistes ont admis le genre Hémidactyle 
établi par Guvier. Nous en reconnaissons seize espèces , 
sur lesquelles il en est douze que nous avons étudiées sur 
un très grand nombre d'individus, pour la plupart. Les 
quatre autres ne nous sont connues que par des figures 
ou des descriptions. Le premier est notre Hémidactyle de 
Séba, ou la Salamandre d'Arabie, comme la nomme ce 
muséographe. C’est une espèce de Geckotien que quel- 
ques auteurs ont confondue avec la Salamandre noire dé 
Feuillée, qui est un Ptyodactyle; tandis que d’autres 
auteurs, tels que Wagler et M. Wiegmann, l'ont prise 
pour type d’un genre particulier qu'ils nomment Crossurus. 
La seconde et la iroisième sont les Hémidactyles, que 
Wiesmann a nommés l’une Mutilé, et l'autre Péruvier , 
et ils nous semblent bien distincts de tous ceux que ren- 
ferme notre Musée. Nous n’avons pas la même opinion 
sur le Gecko argyropis de Tilésius, que cet auteur a dé- 
crit et figuré dans les mémoires de l'Académie de Saint- 
Pétershbourg (1). Nous croyons cette espèce fort voisine 


oo CE OPEN 


(1) Tome vu, pag. 354, pl. 2, fig. jet 2. 


| OU SAURIENS ASCALABOTES. @. HÉMIDACTYLE. 347 


de celles que nous avons nommées Hémidactyles de Coc- 
teau et de Leschenault, sans pouvoir assurer qu’elle appar- 
tienne à l’une ou à l’autre, ou qu’elle en soit tout-à-fait 
différente. 

Enfin nous devons citer aussi une espèce dont M. Ruppel 
n’a encore publié que la figure dans un ouvrage parais- 
sant par livraisons, qui a pour titre : Neue Wirbelthiere 
zu der Fauna von Abyssinien gehorig, etc. Cette espèce 
nous paraît être distincte de toutes celles du même genre 
qui se trouvent décrites dans le présent volume; la place 
qu'elle devrait y occuper serait à côté de lPHémidactyle 
de Cocteau, car ce Saurien lui ressemble par la forme de ses 
doigts et de sa queue, aussi bien que par les écailles uni- 
formés qui revêtent les parties supérieures dé son corps. 
Sa couleur est d’un vert clair tirant sur le jaunâtre, ce 
qui, en particulier, lui a valu le nom de Flaviviridis de 
la part du savant voyageur auquel on en doit la découverte. 
Elle est originaire d’Abyssinie. j 

Le tableau suivant donnera une idée des caractères spéci- 


fiques les plus saillans que présentent les espèces du genre 
Hémidactyle. 


LÉZARDS GECKOTIENS 


TABLÉAU SYNOPTIQUE 


DACTYLOPÈRES. 


élargis sous toute leur longueur et à lames sous-digitales + . . . . . .s 


[7,1 
d 
3 s semées de tubercules, , . : 
2 L ronds : dos 
se DACTYLOTELES. /allongés : a écailles 
8 queue à 
= bords 
re pnon palmées: égales à peu près entre elles, 
a pouces 
tranchans minces, denticulés. . . . . . 
tres courts écailles du dos. RENE .4 


rétrécis à la pointe. 


a demi palmées : les côtés du tronc. . . . . .. . . . . . . . . ." 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. HÉMIDACTYLE. 349 


DU GENRE HÉMIDACTYLE, 


LR] 
ENTIELES 0e de 2 D a Mae one) RASE DPE TS eine te ALT ON te 


| 
| 
| 


| échancrées ou en du menton 


ronde : menton NE 
\ chevron : queue. . 


quatre. . . 


déprimée , denticulée . . . . 


larges ; dos noires . . 
trièdres : disques a taches 
des doigts blanches. 
nombreux 
La e 
CÉROIES SN Rene 
COHIQUeS A. DMRPOINTUMAUMA NT UNE RS 4 
en petit nombre et arrondis, mousses, , . . . . . 
® + oe OMC e « ® oo ® + ee eo e e e è e e e e e © © a o e 


D a ati 


sans membranes ou arrondis, 4: , 4, ce » + + « « 


 Csemées de petits tubercules arrondis. . . . . . . . 


de membranes it ele ce 


1, H. 
2, 
3.:H. 
4. H. 
6. H. 
5H: 
7. H. 
S. H. 
9. H, 
10. H. 
12. H. 
13. H. 
1i. H. 
14. H. 


15, H. 


ï 
OUALIEN. k 
DE PERON., F 
VARIE. 
Mourir. 
TACHETE. 
ÉCAILLES-TRIEDRES. |} 


VERRUCULEUX, Û 
Mavoufa, 


DE LESCHENAULT. Li 


E4 
ju 


DE Cocteau. 
DE GARNOT. 
PERUVIEN. 
BRID£. 
Bornk. 


DE SEBa. 


LÉZARDS GECKOTIENS 


Cv 
QU 
© 


Fe SECTION. DACTYLOPÈRES, 


OU A POUCES CONME TRONQUÉS. 


(Peropus, Wiesmann. ) 


Ainsi que nous l'avons déjà dit en traitant du genre 
Hémidactyle, les pouces des espèces de cette division ne 
sont pas grêles dans leur portion libre, de sorte que les 
autres doigts ayant leurs deux dernières phalanges élevées 
au dessus d’un disque formé par la dilatation en travers de 
la base de ces mêmes doigts, font que les pattes paraissent 
comme mutilées. En outre, ces pouces manquent d'ongles, 
en même temps qu’ils sont élargis sur toute leur longueur. 

On pourrait encore subdiviser, à la rigueur, cette section 
des Dactylopères suivant que les lamelles sous-digitales 
offrent des échancrures en chevrons ou à angles rentrans, 
comme cela peut être observé dans la plupart des espèces 
de ce genre Hémidactyle, ou suivant que ces lames sont 


entières, ainsi que cela se voit dans le plus grand nombre 
des Platydactyles. 


À. H. Dactylopères à lames sous-disitales entières. 


1. L'HÉMIDACTYLE DE L'ILE OUALAN.Æemidactylus Oualensis. 
Nobis. 
( Voyez pl. 28, fig. 7.) 


CaracrÈres. Dessous du menton garni d'une rangée transver- 
sale de six scutelles, dont deux médianes hexagones oblongues 


et quatre latérales , petites et ovales. Queue forte , arrondie. Des 
pores préanaux chez les mâles. 


SYNONYMIE ? 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête de cet Hémidactyle est un pen déprimée. Son 
museau est étroit et obtus au bout. Sur la ligne moyenne, on 
voit un sillon longitudinal qui est un moment interrompu en ar- 
rière des narines. Celles-ci sont médiocres, latérales, circulaires 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES. CG. HÉMIDACTYLE. I. 3DI 


et percées chacune à l’un des angles supérietirs de la plaque ros- 
trale, qui est rectangulaire et fort dilatée. Elles sont circonscrites 
dans le reste de leur contour par quatre plaques irrégulièrement 
quadrilatérales , si ce n'est pourtant une seule et plus grande, 
dont la figure est carrée. Il y a vingt-quatre scutelles sur la lèvre 
supérieure et vingt-six sur l'inférieure, sans compter celle qui 
garnit l'extrémité de la mächoire inférieure. Deux plaques hexa- 
gonales oblongues sont appliquées sous le menton ; et le long du 
bord de chaque branche du maxillaire, règnent deux rangées de 
petites écailles ovales. L'œil est grand et la pupille elliptique. Le 
bord de la paupière offre un double rang d'écailles coniques ; 
mais cela dans les deux tiers seulement de sa circonférence , car 
le tiers inférieur en est dépouvu. On remarque aussi que les écail- 
les de l’un de ces deux rangs sont plus petites que celles de l’autre. 

Cet Hémidactyle est remarquable en ce que ses pouces ressem- 
blent tout-à-fait à ceux des Platydactyles Tétronyx ; c’est-à-dire, 
qu'ils sont élargis sur toute leur longueur, et de plus, dépourvus 
d'ongles. Les disques de ses autres doigts sont ovales et bien dila- 
tés. Le dessus est garni sur ses bords de deux rangs de petites pla- 
ques carrées ; et surson centre, du milieu duquel s élévent les deux 
dernières phalanges , de petits grains squammeux disposés par li- 
gnes circulaires. 

Chez cette espèce, les lamelles sous-digitales ne sont pas échan- 
crées ou en chevrons comme chez la plupart des Hémidactyles , 
mais entières ou légèrement curvilignes. On voit au-devant de 
l'anus vingt-quatre ou vingt-six pores qui sont beaucoup plus 
prononcés chez les individus mâles que chez ceux de l’autre sexe. 
Chez les femelles, en effet, on n’apercoit qu'un léger enfoncement 
sur la surface des écailles, tandis que chez les mâles, elles sont 
presque tuhuleuses. La queue est longue, grêle, arrondie en 
dessus et plate en dessous. Elle porte une petite dentelure en scie 
sur ses côtés; sa région inférieure est garnie d’une bande de scu- 
telles transversales, semblable à celles qui garnissent le ventre de 
la plupart des serpens. Quant à sa face supérieure , elle est revé- 
tue de grains squammeux parfaitement semblables à ceux de toutes 
les autres parties supérieures du corps sans exception. Ces grains 
sont arrondis, extrêmement fins, gaux, serrés les uns contre 
les autres et disposés en quinconce. En dessous, il n’y a que la 
gorge qui n'offre point d'écailles imbriquées. Celles qui la revé- 
tent sont arrondies, plates et en pavé. Les écailles qui garnissent 
les membres sont petites et semblables pour la forme, à celles 


352 LÉZARDS GECKOTIENS 


du corps. L'écaillure de la poitrine et du ventre se compose de pe- 
tites pieces rhomboïdales entuilées. 

Gororarion. Le dessus du corps de ce Platydactyle Oualien est 
teint d'un brun chocolat plus ou moins clair, qui, chez quelques 
individus , paraît uniforme ; tandis que chez d'autres, il laisse ap- 
paraître quelques taches ou certaines lignes noirâtres, les unes sur 
les côtés du corps, les autres sur le cou, et en long, au nombre 
de trois ordinairement. Les régions inférieures de l'animal sont 
blanches. 

Dimensions. Longueur totale. 13” 3”. Tête. Long. 2° 1”; hant. 
8”; larg. 1° 1°”. Cou. Long. 5°”. Corps. Long. 4” >”. Memb. ant. 
Long. 1° 8”. Memb. post. Long. 2” 4”, Queue. Long. 6” 5”. 
Parme. Oualan, Taïti, Vanicoro et Tongatabou, sont quatre 
îles où l’on a trouvé ce Platydactyle. Tous les individus que nous 
possédons y ont été recueillis par MM. Lesson et Garnot. 


LL] 


B. Z. Dactylopères à lames sous-digitales échancrées. 


2. L'HÉMIDACTYLE DE PÉRON. Xémidactylus Peronii. Nobis. 
CMoreztpl/ 30; fier.) 


CaracrTEres. Six ‘scutelles sous le menton; des pores fémoraux 
chez les mâles ;"queue déprimée , élargie à sa base ; pupille ellip- 
tique. 


DESCRIPTION. 


Formes. L’hémidactyle de Péron a le museau court et obtus, la 
pupille elliptique , l'ouverture auriculaire médiocre, simple et de 
forme presque ronde. Il laisse compter neuf paires de plaques sur 
chacune de ses lèvres , sans comprendre les deux qui garnissent , 
l’une le bout du nez, l’autre l'extrémité du menton. Celle-ci est 
en triangle et celleà rectangulaire ; les autres plaques labiales 
ont une figure carrée. 

Les narines sont situées aux angles supérieurs de la plaque ros- 
trale , derrière laquelle en dessus se voient deux petites scutelles 
quadrilatérales, On remarque aussi deux tres petites plaques un 
peu arrondies sur le bord postérieur de chaque ouverture nasale. 
Six plaques sont appliquées sur le menton où elles forment une 
rangée transversale. Les deux plus grandesde cessix plaques sont 
les médianes dont la figure est pentagone très oblongue. Les deux 
plus petites sont les externes, qui sont ovales. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. HÉMIDACTYLE, 3. 353 


Les quatre pouces sont dépourvus d'ongles: leur face infé- 
rieure est garnie de,onze lamelles échancrées. Il en existe deux de 
plus sous chacun des autres doigts, dont la base est étroite et gar- 
nie de petites écailles granuleuses. La queue est trés-déprimée et 
beaucoup plus large à sa base qu’à sa pointe. La région inférieure 
est protégée par une bande de plaques transversales qui cepen- 
dant n'arrive pas tout-à fait jusqu'à son extrémité. De chaque 
côté de cette bande de scutelles, il existe de petites écailles imbri- 
quées. Le dessus de la queue, le dessous du cou et toutes les par- 
ties supérieures du corps, sont revêtus de grains squammeux 
égaux et tres-serrés. Ce sont des écailles lisses, imbriquées et à 
bord libre anguleux qui recouvrent la poitrine , le ventre et le 
dessous des membres. Le mâle seul, dans cette espèce, offre des 
pores fémoraux. On en compte trente-six, formant au devant de 
l'anus un angle trés ouvert dont les côtés s'étendent sur toute la 
longueur des cuisses. Ces pores sont de simples trous dont le dia- 
mètre est presque aussi grand que celui des écailles dans lesquelles 
ils se trouvent percés. 

Cozorariow. Les sujets adultes sont d’un gris cendré ou bien 
brunâtre. Les jeunes ont des taches de couleur marron, semées 
sur un fond jaunâtre. 

Dimensions. Longueur. totale. 8” 9”. Téte. Long. 1” 6” : haut. 
6°”; larg. 1”. Cou. Long. 4”. ui Long. 3” 2” | Mont. ant, 
Long. 1” 5°”. Memb. post. Long. 1” 9”. Queue. Lune. 377 

Parrie. Cet Hémidactyle est ae de Le do Les 
individus que nous possédons ont été rapportés de ce pays par 
Péron et Lesueur. 


3. L'HÉMIDACTYLE VARIE. Hemidactylus Variegatus. Nobis. 


CaracrErEs. Quatre scutelles sous le menton , des pores fémo- 
raux chez les mâles seulement.Pupille arrondie, Dos fauve ou brun, 
varié de marron ou de noirâtre. 

SYNONYMIE ? 


DESCRIPTION, 


. Foruss. Cette espèce, quoique bien voisine de la précédente, 
s’en distingue cependant par la forme arrondie de sa pupille, par 
deux plaques de moins sous le menton, par le nombre de ses 
pores et par son système de coloration. En effet , au lieu d'offrir, 

REPTILES, Il. 23 


354 LÉZARDS GECKOTIENS 

comme l'Hémidactyle de Péron, six scutelles sons l'extrémité de 
la mâchoire inférieure, on ne Ini en voit que quatre dont les deux 
médianés sont aussi beaucoup plus courtes. Il n'y a que les cinq 
on six dernières lames sous-digitales qui soient divisées longitudi- 
nalemént; les quatre ou cinq autres, celles qui sont à la base du 
doigt , qui est étrôite, sont entitres. Des pores, au nombre de 
treize , forment un petit angle obtus au devant de l'ouverture 
cloacale. 


Cororarion. Nous possédons trois individus qui offrent une 
‘teinte marron répandue en lignes et en taches confluentes sur 
les parties supérieures du corps dont le fond de la couleur est 
fauve. ils montrent des taches subarrondies sur le crâne et quatre 
lignes longitudinales sur le museau. Deux de ces raies, qui sont 
situées au devant de l'œil, se continuent non-seulement sur le 
cou, mais aussi sur les côtés du corps. Le dessous de celui-ci est 
blanc jaunâtre. Nous avons un quatrième individu dont le fond 
de la couleur est gris, et qui offre quelques séries de taches blan- 
châtres situées en dedans et en dehors des deux raies noires qui 
sont sur les côtés du corps. 


Dimensions. Longueur totale. . . .? Tête. Long. 1” >"; hat. 
5”; larg. 8”. Cou. Long. 5”. Corps. Long. 2” 8”. Memb. 
antér. Long. 1” 2°”. Memb. postér. 1° 57”, Queue ? 


Parme. Nos trois échantillons de couleur marron ont été rap- 
portés de la terre de Vandiemen au Muséum par Péronet Lesueur ; 
ét celui de couleur grisâtre l'a été de la baie des Chiens- Marins 
par MM. Quoy et Gaimard. 


&. L'HÉMIDACTYLE MUTILÉ. Aemidactylus mutilatus. 
Wiesmann. 


Caracrères. Queue déprimée, à côtés tranchans, denticulés: 
Écailles rachidiennes plus petites que celles des côtés du corps. 
Doigts médians des pattes postérieures réunis à leur base. 


Synonyme. Memidactylus mutilatus. Wiegm. Beitr. zur zool. 
act. Acad. Cæs. Leop, Carol. nat. curios. tom. 17, part.r, p. 288. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. HÉMIDAOTYLE. 4. 38 


DESCRIPTION. 


Formes. Le dessus de la tête de cette espèce est revêtu d'écailles 
arrondies , uniformes. Sur le museau, l'intervalle qui sépare ses 
narines est revêtu de petites plaques. Celle qui garnit l'extrémité 
du menton est de médiocre étendue, à cinq pans, et contiguë en 
arrière à quatre autres petites plaques, dont les deux médianes 
sont pentagones oblongues, etles deux latérales sub-trapézoïdales. 

Il existe aussi quelques petites plaques derrière celles qui gar- 
nissent la lévre inférieure. Les écailles de la partie supérieuré 
du corps sont petites, lisses, convexes et polygones ; on remarque 
que celles de la région rachidienne sont moins dilatées que celles 
du côté du tronc. On en voit d’arrondies sous la gorge et d'hexa- 
gonales sous le ventre et sur la poitrine. La queue est déprimée ; 
mais cependant arrondie en dessus. Le dessous en est plat, et les 
côtés sont amineis on tranchans , garnis dans toute leur longueur 
de petites pointes dirigées en arriére, ce qui les rend denteles 
comme la lame d'une scie. Le pouce n'est pas divisé comme les 
autres doigts en une portion grêle et une portion élargie. Il est 
dilaté dans toute sa longueur, et manque complétement d'ongle. 


Cozoration. Les parties supérieures du corps se montrent d'une 
teinte grise, avec des taches brunes bien peu prononcées. En des- 
sous l'animal est blanchâtre. 


Parrie. Cette espèce a été trouvée à Manille. 


Observations. Elle ne nous est connne que par la description de 
M. Wiegmann dont celle-ci est la traduction. 


ije SECTION. DACTYLOTÉÈLES, 


OÙ A CINQ DOIGTS COMPLETS ET RÉTRÉCGIS A LA POINTE. 


Tous ceux-ci ont les cinq doigts de chaque pied terminés 
par une portion grêle et toujours armés d’un ongle. Mais, 
parmi eux, ii en est qui offrent des membranes palmaires 
aux quatre pattes et d’autres qui en sont privés. De là les 
deux subdivisions que nous avons établies, ou celles des 
Dactylotèles fissipedes et des Dactyloteles palmipèdes. 

23. 


356 LÉZARDS GECKOTIENS 


2° SEcrion.— Suspivision À. DacryLorëLes:lissiPèpes. 


Les espèces d'Hémidactyles ayant des ongles à tous les 
doigts, et ces mêmes doigts complétement libres ou non 
réunis par une membrane, sont les plus nombreuses du 
genre. Aucune d’elles n’a non plus de franges , ni sur les 
côtés du corps, ni sur ceux de la queue, laquelle est tantôt 
arrondie, tantôt déprimée , et quelquefois alors à bords 
amincis et dentelés. 


5. L'HÉMIDACTYLE À TUBERCULES TRIÈDRES. Hemidactylus 
triedrus. Daudin. | AE 
Caracreres. Dessus du corps garni de nombreux et forts tuber- 
cules trièdres. Sept ou huit écailles crypteuses sur le haut de la 
face interne de chaque cuisse (chez les mâles). Queue grosse, 
subarrondie ; tempes brunes, bordées de taches blanches; d'autres 
taches blanches, distribuées sur des bandes brunes, en travers 
du dos. 


SyxonymiEe. Gecko triedrus. Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 155. 

Gecko triedrus. Merr. Amph. pag. 41. 

Gecko trièdre. Wolf. Abbild. und Beischr. merk naturg. Ge- 
genst. tab. 20, fig. 2. 

Hemidactylus triedrus. Less. Voy. Ind. orient. Bellang.- Rept. 
pag. 311, pl. d, fig. 1. 


DESCRIPTION. 


Forues. Le museau de cet Hémidactyle est court, un peu élargi 
à son extrémité , de chaque côté de laquelle et un peu en dessus 
s'ouvrent les narines. Celles-ci sont petites, circulaires , hordée: 
chacune en avant par un des côtés supérieurs de la plaque ros- 
traie ; en haut par une scutelle carrée ; en arrière, par deux au- 
tres plus petites et arrondies, et en bas par la première labiale. 

La plaque qui protége le bout du menton est tres dilatée, 
pentagone et repliée en dessous, où elle forme un angle aigu qui 
s'avance entre deux paires de scutelles hexagonales placées sur 
une ligne transversale. Le bord inférieur de la paupière rentre 


OU SAURIENS ASCALABOTÉS. G. HÉMIDACTYLE. D. 357 


sous le globe de l'œil, au devant duquel au contraire s'avance le 
bord supérieur, qui est garni d'une faible dentelure écailleuse. 


Les oreilles sont bien ouvertes et de forme ovale. Il y a’ fort 
peu d'inégalité dans la longueur des doigts. Tous sont revêtus en 
dessous de huit lames imbriquées , à l'exception du pouce qui n’en 
offre que sept. On observe que la peau fait un léger pli le long 
du ventre. La queue est forte, subarrondie, longue comme le reste 
du corps, et hérissée en dessus de tubercules pareils à ceux du dos. 
Ces tubercules , qui sont plus forts que dans aucune autre espèce, 
ont une forme triédre ; ils offrent deux faces latérales et une face 
postérieure. On en compte huit séries longitudinales, s'étendant 
depuis le milieu du cou jusqu'a la naissance de la queue, sur 
laquelle on n’en apercoit que six. Les flancs et le dessus des cuisses 
sont protégés par de semblables tubercules, mais ils n’y sont pas 
disposés avec ordre. La surface du crâne et celle de la nuque sont 
semées de tubercules arrondis. La peau de la gorge est granu- 
leuse; celle du ventre revêtue d’écailles hexagonales, imbriquées 
comme on en voit sous les bras et sous les cuisses. Sur la surface 
interne de celles-ci, à droite et à gauche de la région préanale, 
il existe une série de sept à huit pores transverso-ovales, percés 
chacun dans une écaille ayant elle-même une forme ovalaire. 


Cozorariox. Les doigts, le museau et la surface crânienne of- 
frent une couleur de chair extrêmement pâle , qui passe au fauve 
sur le dos et les membres. Mais ceux-ci sont transversalement 
coupés par des bandes brun-marron relevées d'une série également 
transversale de cinq à six taches du blanc le plus pur. Les tempes 
sont aussi colorées en brun-marron , et bordées en haut et en bas 
d'une série de points blancs, qui quelquefois se confondent pour 
former une seule et même ligne. La queue est annelée de blanc et 
de brun marron.Une teinte blanchätre régne sur les parties infe- 
rieures du corps. 


 Drwensrons. Longueur totale. 13” 9°”. Téte. Long. 2” 5”; haut. 
1”; larg. 1” 6”. Cou. Long. 6”. Co Long. 4” 8°". Memb. antér. 
Te 2 Cl Memb. post. Long. 2” 9’, Queue. Long. 6”. 


Jeune ace. Le fond de la couleur des jeunes sujets est plus 
foncé. Leurs taches blanches sont plus dilatées ; mais tuber- 
cules sont à peine apparens. 


Parrie. Cette charmante espèce d'Hémidactyle nous a été en- 


358 LÉZARDS GECKOTIENS 


voyée de Ceylan par M. Leschenault, et rapportée de la côte de 
Malabar par M. Dussumier. Nous possédons aussi l'exemplaire 
type de l'espèce, c'est-à-dire celui d'après lequel Daudin l’a dé- 
crite pour la premiere fois. 


6. L'HÉMIDACTYLE TACHETÉ. Hemidactylus maculatus. Nobis. 


CaraoTErEs. Dos gris, largement tacheté de noir et garni de 
tubercules subtrièdres, disposés en séries longitudinales. Une 
rangée de pores le long de chaque cuisse ( chez les mâles ). 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce devient plus grande qu'aucune des pré- 
cédentes. Ses bords orbitaires supérieurs sont presque aussi relevés 
que ceux de l'Hémidactyle de Leschenault. Aussi son front, comme 
celui de ce dernier, forme-t-il la gouttiere. Les narines n’offrent 
rien de particulier ni dans leur situation, ni dans leur figure. 
Une dentelure, composée d'un seul rang d'écailles, garnit le 
bord libre de la portion supérieure de la paupière. Les plaques 
labiales ressemblent à celles de l'espèce précédente. L’oreille est 
ovale et fort ouverte. Les doigts sont médiccrement élargis, et 
le pouce n’est que d’un tiers moins long que le second doigt. Les 
lamelles imbriquées qui revêtent leur face inférieure, n'ont 
pas cette forme en chevron qu'on remarque chez le plus grand 
nombre des antres espèces d'Hémidactyles. Elles sont rectan- 
gulaires, offrant une très faible échancrure triangulaire au 
milieu de leur bord antérieur. On compte neuf de ces lamelles 
sous chaque pouce , et de dix à treize sons les autres doigts anté- 
rieurs et postérieurs. La queue a un quart de plus en longueur 
que le reste de l'animal; elle est forte et légèrement deprimée à 
sa base, grêle et arrondie à sa pointe. Des tubercules arrondis 
sont répandus sur le crâne et sur la nuque. A partir de celle-ci 
jusqu à l'extrémité du tronc, le dos en offre de subtrièdres, dis- 
posés par rangées longitudinales laissant peu d'espace entre elles. 
D'autres tubercules de même forme entourent circulairement ;, de 
distance en distance, le dessus et les côtés de la queue, dont la 
face inférieure est garnie de grandes plaques hexagonales. Le long 
de la région interne de chaque cuisse il y a chez les individus mâles 


QU SAURIENS ASCALABOTES. G. HÉMIDACTYLE, 7 359 


une série de petits pores semi-subovales percés chacun assez près 
du bord antérieur d'une écaille pentagone. 


Cozorarion. Un gris cendré colore les parties supérieures de cet 
Hémidactyle dont le dos et le dessus du cou sont marqués en tra- 
vers de grandes taches anguleuses noires. Ces taches forment des 
bandes de trois ou quatre chacune, qui souvent se confondent 
les unes avec les autres. Autour de la queue se montrent delarges 

‘anneaux noirs , séparés par desintervalles de couleur blanche. Les 

régions inférieures de l'animal offrent une teinte blanchâtre. Une 
bande flexueuse de la même couleur que les taches du dos se voit 
au-dessus de chaque ouverture auriculaire, d’où elle s'étend jus- 
qu'au bout du nez, en passant par dessus l'œil. Deux raies égale- 
ment noires, formant.un grand V, sont imprimées sur le museau. 
Nous possédons plusieurs jeunes sujets, sur le dos desquels il n’y 
a pas la moindre apparence de ae ar 


cDPasions: Longueur foièles 24) x. Téte. Lons.3 x ; haut. 
large. 2°, Cou. Long. 1°. Gr Long. 8”. Memb, antér. Long. 
F 7. Memb. post. Long. 5° 2°”. Queue. Long. 12”. 


Pare. Les Indes orientales, les Philippines et l'ile Maurice 
produisent cette espece. Nos plus grands échantillons viennent de 
Bombay. Nous en avons de jeunes sujets qui nous ont été envoyés 
des Philippines, de l'Ile-de-France, du Bengale et de Pondichéry 
par MM. Quoy, Gaimard, Dussumier, Duvancel , et Leschenault. 


Observations. Les jeunes‘ individus ayant leurs tubercules du 
dos un peu moins saillans que les sujets adultes, il en résulte qu'ils 
ont une certaine ressemblance avec l'Hémidactyle mabouya. C'est 
peut-être ce qui a fait dire à M. Cuvier (Règne animal, tom. 2) 
qu'il existe dans l'Inde des Hémidactyles si semblables au Mabouya, 
qu'on serait tenté de penser qu'ils y ont été transportés par des 
vaisseaux, 


7. L'HÉMIDACTYLE VERRUCULEUX. Hemidactylus V erruculatus. 
| Cuvier. 


CaracrÈRes. Parties supérieures grisâtres marbrées de brun. 
Pos garni de tubercules subtriédres. Disques digitaux étroits. 
Une rangée d'écailles crypteuses disposées en chevrons, au devant 
de l'anus. 


360 LÉZARDS : GECKOTIENS 


Synonyvmie, Le pelit lézard gris et mouchete: Sie Hist, natur. 
ois. rar. pl. 204. 


Gecus Cyanodactylus. Rafin. Carat. di aleuni e nuove, etc. 
pas9;: 

Hemidactylus Verruculatus. Cuv. Reg. anim. tom. 2 , pag. 54. 

Hemidactylus Granosus. Rüpp. Atl. Rept., tab. 5, fig. 1. 

Gecko Verruculatus. Griff. Anim. Kingd., tom. 9, pag. 146. 

Hemidactylus Verrucosus. Gray. Synops., in Griffith ’s Anim, 
Kingd , tom. g, pag. 50. | 

Hemidactylus Triedrus. Charl. Bonap. Faun. Ital., pl. sans n°, 
fig. 2. 

Hemidactylus Verruculatus. Bor. et Bib. _ scient. mor. 
Rept., pag. 68, tab. 11, fig. 2,a,b, SM gérie. -:.:2: 


ui 


DESCRIPTION. 


Formes. L'Hémidactyle Verruculeux a læ tête courte, le mu- 
seau fort obtus , et la surface du crâne légèrement convexe. Les 
narines et les plaques labiales ressemblent à celles des deux es- 
péces précédentes. Les scutelles qui garnissent l'extrémité de la 
mâchoire inférieure sont grandes, triangulaires et repliées sous 
le menton , où, à sa droite et à sa gauche, il existe deux plaques 
subhexagonales. 

L'ouverture des oreilles est ovalaire et médiocre. Le bord de la 
paupière inférieure est un peu rentré dans l'orbite. Les doigts sont 
moins élargis que dans toutes les espèces que nous avons étudiées 
jusqu'ici. Le pouce est assez allongé. On compte sept feuillets im- 
briqués sous sa face inférieure. Le nombre de ces feuillets varie 
pour les autres doigts de huit à douze. La queue fait un peu plus 
de la moitié de la longueur totale du corps. Elle est légèrement 
effilée , un peu déprimée à sa base et arrondie dans le reste de 
son étendue. Des tubercules ressemblant à des petits cônes bas et 
faiblement comprimés sont disposés en rangslongitudinaux fort 
rapprochés les uns des autres, depuis la nuque jusqu’à la nais- 
sance de la queue. Celle-ci offre de distance en distance des ran- 
gées transversales d'écailles épineuses ; mais cela en dessus seule- 
ment , le dessous étant, comme à l'ordinaire, revêtu de plaques 
transversales entuilées. De simples petits tubercules arrondis sont 
semés sur le crâne et sur les tempes. Des grains squammeux ex- 
cessivement fins revêtent la gorge , tandis que des écailles rhom- 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. HÉMIDACTYLE. 7. 361 


boïdales se montrent sur la poitrine et sous le ventre. On voit, 
au devant de l'anus chez les individus mâles, sept ou huit et 
quelquefois dix pores ovales percés chacun au milieu d’une écaille 
en losange. 


Cocorariox. Le système de coloration des parties supérieures de 
cet Hémidactyle , se compose en général d’une teinte grise plus ou 
moins claire, parfois même roussâtre , sur laquelle sont répan- 
dues des marbrures brunes, Mais on rencontre aussi des individus 
chez lesquels ces couleurs sont très foncées , ce qui les fait pa- 
raître presque noirs. Alors, les régions inférieures, qui sont or- 
dinairement blanches, prennent aussi une teinte sombre. Le plus 
souvent les côtés du museau, entre l’œil et la narine , sont mar- 
qués d'une bande noire. 


Drmexsions. Longueur totale. 12° 1°”. Téte. Long. 1” 6”; haut. 
5°”: larg. 1”. Cou. Long. 5”, Corps. Long. 4” 2°”. Memb. antér. 
Long. 2” 1°”. Memb. post. Long. 2”. 5°”. Queue. Long. 5” 8”. 

Ces dimensions sont celles d'un des plus grands individus que 
nous ayons observés. 


Pare. L'Hémidactyle Verruculeux habite, comme le Platydac- 
tyle Vulgaire tout autour de la Méditerranée. C’est la seule espèce 
de ce genre que produise l'Europe. La collection renferme des 
individus recueillis à Toulon par M. Reynaud, à Rome par 
M. Bailly, en Sicile par nous-mêmes, et en Grèce par les mem- 
bres de l'expédition scientifique de Morée. Ce ne sont pas, au 
reste , les seuls pays qui produisent l'Hémidactyle Verruculeux ; 
car M. Leprieur nous l'a envoyé du Sénégal, et M. Fontainier de 
Trébizonde. Il faut que cette espèce soit aussi d’origine améri- 
caine, car M. Dorbigny a rapporté du Chili un Hémidactyle entre 
lequel et le Ferruculatus il nous a été impossible de trouver la 
plus légère différence. 


Osservarions. C'est à tort que le prince de Musignano considère 
l'Hémidactyle à écailles trièdres de Daudin comme appartenant à 
l'espèce de l'Hémidactyle Verruculeux, auquel, à cause de cela 
sans doute, il a conservé la qualification de Triedrus. Ce qui nous 
en donne la certitude, c'est l'examen que nous avons pu faire de 
l'individu même observé par Daudin , lequel existe encore dans 
noire collection, 


362 LÉZARDS GECKOTIENS 


8. L'HÉMIDACTYLE MABOUIA. Hemidactylus Mabouia. Cuvier. 


CaracTÈrEs. Fauve clair en dessus, avec des taches pentagones 
brunes au travers du dos. Celui-ci semé de petits tubercules co- 
niques. Des pores formant une ligne continue sous les deux 
cuisses. 

SyxonvymiEe. Gecko Mabouia, Mor. deJonn. monogr. Geck. ma- 
bouya des Antilles. 

Gecko Aculeatus. Spix. spec. nov. Lacert. Bras. pag. 16, tab. 18, 
fig. 3. : nca 
ER ERENES Jo Id- loc. cit. pag. 17, tab. 18, 
ÉCRRTN : 

Bt Incanescens. Princ. neuw. Beitr. zur. naturg. Von Braz. 
Tom. 1, pag, 101; reise nach. Braz., B. r , pag. 106 et recueils 
pl. col. d’anim. : pl. sans n°, fig. 2. 

Gecko Armatus. Id. Beiïtr. zur naturg. Tom. 1, pag. 104; 
reize nach. B. : , pag. 106 et rec. pl. col. ser pl. sans n°, 
fig. 3-6. 

Hemidactylus Mabouia. Cuv. reg. anim. Tom. >; pag. DA 

Gecko Mabouia. Griff. Anim. Kingd. Tome 9, pag. 146. 

Gecko Mabouia. Gray. Synops. in Griffith ‘s Anim. Kingd. tom. 
9, pag. 91. 


DESCRIPTION. 


Forues. L'Hémidactyle mabouia se distingue des espèces con- 
génères dont la partie supérieure du corps est garnie de nombreux 
tubercules, en ce que les siens sont plus petits, plus espacés et ré- 
pandus plus irrégulièrement, Au premier aspect, ces tubercules 
paraissent simplement coniques ; mais quand on les examine à la 
loupe, où s'aperçoit qu'ils offrent une forme trièdre, comme 
ceux de toutes les espèces qui précèdent. On remarque aussi que 
ces tubercules sont finement striés de haut en bas, à leur base. Il 
y en a de vraiment granuliformes sur le crâne et les tempes; et, 
comme c’est le cas le plus ordinaire , ce sont des écailles hexago- 
nes ne revêtent les régions pectorale et abdominale : écailles qui, 
vues à la loupe , ont leur bord libre finement dentelé, Les lamelles 
sous-digitales sont fortement échancrées en cœur. Les quatre pou- 
ces en offrent chacun cinq; les seconds et les troisièmes doigts 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. HÉMIDACTYLE. 8. 363 


antérieurs et postérieurs sept, et tous les autres huit. Il existe 
sous les cuisses des mâles trente à quarante écailles crypteuses, 

disposées sur une seule et même ligne, s'étendant d’un jarret à 
l'autre, en passant sur la région préanale. Ces écailles sont qua- 

drilatérales et le trou dont chacune d'elles est percée a la forme 
d'un ovale trés oblong. Le méat auditif est peu ouvert et comme 

semi-circulaire. Ni les plaques labiales, nila rostrale n’ont rien de 
particulier dans leur figure. Les deux plus grandes des quatre 
scutelles appliquées sous le menton , ressemblent à des rhombes, 

et les deux autres sont très variables dans leur forme. La queue 

est effilée et hérissée , sur ses faces supérieures et latérales, de 
petites épines disposées en lignes longitudinales. Deux faibles tu- 

bercules sont implantés sur l'un comme sur l’autre côté de la ra- 

cine de la queue des individus mâles. 

Cozorarion. Le dessus du corps de l'Hémidactyle mabouia offre, 
placées les unes à la suite des autres, cinq ou six larges taches 
brunes à cinq côtés , dont les deux postérieures forment un angle 
aigu. La largeur de ces tâches est égale à celle du dos dont le fond 
de la couleur est le même que celui des autres parties de l’animal : 
c'est-à-dire fanve-clair où blanchätre. Quelques bandes brunes 
effacées coupent le dessus des bras en travers. Des espèces de ta- 
ches anguleuses, non mieux marquées, se voient sur la première 
moitié de la queue , qui est annelée de noir dans le reste de son 
étendue. Les tempes et le museau sont nuancés de brun. 

Dimensions. Longueur totale, 12° 9°”: Téte. Long. 1” 7°” ; haut. 
8"; larg. 1” 3°”. Cou. Long. 5”. Corps. Long. 4”. Memb. antér. 
Long. 2° 67. Memb. post. Long. 2” 5”. Queue. Long. 6” 2”. 

Patrie. Cette espèce est extrêmement commune aux Antilles, 
où elle vit dans les maisons. On l'y nomme Mabouia des murailles, 
pour la distinguer du Platydactyle théconyx , qu’on appelle Ma- 
houia des bananiers. Elle se trouve également à Cayenne et an 
Brésil, nous l'avons recue du premier de ces deux pays par les 
soins de M. Poiteau , et du second par ceux de MM. Gallot, Vau- 
tier et Gaudichaud. M. Barrot l'a rapportée de Carthagène, et 
M. Plée et M, Droz l'ont envoyée de la Martinique, 

Observations. Les Gecko Incanescens et Armatus du prince 
Maximilien , ainsi que celui nommé 4culeatus par Spix, sont trois 
espèces qu'il faut rapporter à l'Hémidactyle Mabouia, Il pourrait 
même se faire que le Thecadactylus pollicaris de ce dernier natu- 
raliste n’en soit pas non plus différent. C'est au reste l'opinion de 
Cuvier. 


364 LEZARDS GECKOTIENS 


9, L'HÉMIDACTYLE DE LESCHENAULT. Aemidactylus Lesche- 
naultii, Nobis. 


CaracrÈres. Bords orbitaires saillans et prolongés sur le museau. 
Des petits tubercules épars au milieu des grains de la peau du 
dos. Celui-ci offrant une suite de grands cercles subrhomboïdaux. 
Pouce assez développé; queue très légèrement déprimée. Vingt- 
six pores fémoraux (chez les mâles). Ils sont ovales et percés fort 

près du bord antérieur des écailles. * 


® DESCRIPTION. 


Formes. Le bord orbitaire supérieur de cet Hémidactyle fait, 
au-dessus du crâne, une légère saillie qui se prolonge en avant, 
absolument de la même manière que chez le crocodile rhombifere; 
en sorte que le front offre une surface enfoncée, ayant la figure 
d'un losange ouvert à ses deux extrémités. Trois plaques subqua- 
dri-latérales , dont une, un peu plus dilatée que les deux autres, 
bordent en arrière chaque ouverture nasale qui , en avant, tou- 
che à la scutelle rostrale et à la premiere labiale. Le dessous du 
menton est garni de deux plaques hexagonales oblongues, à droite 
‘et a gauche desquellesil y en a une autre d’un plus petit diamètre. 
La paupière forme presque un cercle complet autour du globe de 
l'œil, tant le bord inférieur en est peu rentré dans l'orbite. Les 
trous auriculaires sont grands et ovales. Les pouces, de moitié 
moins longs que les seconds doigts, ont leur surface inférieure 
garnie de sept lamelles imbriquées. On en compte neuf sous 
chacun des autres doigts, à l'exception des troisièmes et qua- 
trièmes postérieurs qui en offrent une de plus. Il y a sur la 
face interne de l’une et de l’autre cuisses un rang de treize 
écailles qui, tout près de leur bord antérieur, sont percées 
d'un pore ovale dont le plus grand diamètre est placé en travers. 
Ces deux lignes d’écailles crypteuses sont bien distinctes l’une de 
l'autre; c’est-à-dire qu’elles ne se prolongent pas sur la région 
préanale pour s’y réunir comme cela se voit chez d’autres espèces 
et chez la précédente en particulier. La queue est forte et légère- 
ment déprimée dans sa première moitié; elle est au contraire 
très effilée et arrondie dans le reste de son étendue. Sa longueur 
totale fait environ la moitié de celle de l'animal. En dessus, elle 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. HÉMIDACTYLE. 10. 36) 


présente de faibles plis transversaux; sur les côtés, deux ou trois 
séries longitudinales de petites épines, et en dessous , une longue 
et large bande de plaques entuilées. Le dos est clair-semé de pe- 
tits tubercules coniques au milieu des grains extrêmement fins 
qui garnissent la peau qui l'enveloppe , ainsi que celle de la gorge, 
du dessus des membres et de la queue. Ce sont des écailles plates, 
sub-hexagonales et légèrement entuilées qui revétent la poitrine , 
le ventre et la face inférieure des quatre pattes. 


:Cozorarron. Les régions inférieures de l'Hémidactyle de Lesche- 
nault sont blanches ; les supérieures ont pour fond de couleur un 
gris clair sur lequel se montre une teinte brunâtre, formant des 
bandes transversales sur les membres, et circonscrivant , sur Île 
dos , une série de grandes taches ardoisées. Ces taches ne ressem- 
blent précisément, ni à des ovales, ni à des losanges , mais tien- 
nent de l’une et de l’autre de ces figures. On en compte cinq ou 
six formant une espèce de chaîne qui règne depuis la nuque jus- 
qu’à la racine de la queue. Les flancs offrent des raies brunes plus 
plus ou moins dilatées ou ramifiées. 


Dimensions. Long. tot. 16” 4”. Téte. Long. 3” ; haut. 1° 1°”; 
larg. 1” 7°”. Cou. Long. 5°”. Corps. Long. 5” 7°”. Memb. antér. 
Long. 3” »””. Memb. post. Long. 3” 7°”. Queue. Long. 7” 2””. 


Patrie. La collection ne renferme que deux échantillons de 
cette espèce de Platydactyle; l'un a été envoyé de Ceylan par 
M. Leschenault; l’autre est sans origine connue. 


Observations. L'espèce d'Hémidactyle décrite et présentée par 
M. Tilésius, pag. 334, pl. 11 du 7"° volume des Mémoires de 
l'Académie de St-Pétersbourg, est fort voisine de celle-ci. Peut- 
être même n'en est-elle pas différente. 11 la nomme Sellio argy- 
ropis, et la dit originaire de l’île Nuckahiwa. 


10. L'HÉMIDACTYLE DE COCTEAU.. Hemidactylus Coctæi. 
Nobis. 


 Caacrëres. Pouce bien développé, peau du dos grisâtre et uni- 
formément granuleuse. Six écailles crypteuses (chez les mâles) 
sous chaque cuisse. Queue élargie, épaisse, très légèrement dé- 
primée à sa base, grêle, effilée, arrondie à sa pointe. 


366 LÉZAPDS GECKOTIENS 
DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce à la même habitude du corps que l'Hémi 
dactyle de Leschenault. Ellé en diffère principalément en ce que 
ses bords orbitaires supérieurs ne forment point de saillies : en ce 
qu'on ne voit point de tubercules mêlés aux grains de la peau; 
enfin en ce qu'elle n'a que six pores à chaque cuisse ; pores qui 
n'existent que chez les individus mâles. Les lames entuilées qui 
constituent la face inférieure des doigts sont au nombre de neuf 
à chaque pouce , et de onze ou douze pour chacun des autres 
doigts. 

Cozorarion. Un gris uniforme colore toute la partie supérieure 
du corps; tandis que l'inférieure est blanche. 

Dimensions. Longueur totale, 16° 7°”. Téte. Long. :” 3°”; haut: 
9”; larg. 1” 6°”. Cou. Long. 6”. Corps. Long. 5” 4”. Memb. antér. 
Long. 2” 7°. Memb. post. Long. 3” 5”. Queue. Long. 4” 8”. 

Parrie. Cette espèce est, comme la précédente, originaire des 
Indes orientales. Nous l'avons recue du Bengale par les soins de 
M. Duvaucel , et de Bombay par ceux de M. Dussumier. 


11. L'HÉMIDACTYLE BRIDÉ. Hemidactylus frenatus. Schlegel. 


Caracrèes. Écailles de la peau parsemées le long des côtés du dos 
de quelques petits tubercules granuliformes. Queue subarrondie, 
offrant en dessus des rangs transversaux de petites épines; des 
écailles crypteuses, formant une seule et même ligne légèrement 
anguleuse au-devant de l'anus. Pouce court, 

SYNONYME. Zemidactylus frenatus. Schleg. Mus. Leyd. 


DESCRIPTION. 


Fonurs. Cet Hémidactyle est une petite espèce, que la forme 
presque arrondie de sa queue et la présence , sur les côtés du dos, 
de petits tubercules épars parmi les grains tres fins de sa peau, 
suffiraiént seules pour faire distinguer de la suivante ou de l'Hé- 
midactyle de Garnot, de même que la brièveté du pouce et de 
la ligne continue que forment les pores des deux cuisses chez les 
mâles, doivent empêcher qu'on ne la confonde avec l'espèce pré- 
cédente, chez laquelle on ne voit point d'écailles crypteuses ati 


OU SAURIENS ASCALABOTES. ©. HÉMIDACTYLE. II. 367 


devant de l'anus, mais seulement sur les régions fémorales. Les 
narines et les plaques labiales ressemblent à celles des Hémidac- 
tyles Bordé et de Garnot. Le méat auditif est un tant soit peu 
plus petit. 11 existe un trés faible pli de la peau le long des côtés 
du ventre. Quatre petites scutelles soudées aux plaques läbiales, 
deux d’un côté et deux de l'autre, garnissent le dessous de l'ex- 
trémité antérieure du maxillaire inférieur. Il arrive quelquefois 
qu'il y en a deux de plus. Les quatre pouces sont tres courts ; les 
lamelles qui les revêtent en dessous sont au nombre de cinq; on 
en compte une de plus aux seconds, aux troisièmes et aux qua- 
trièmes doigts antérieurs ; sept aux seconds et aux derniers pos- 
térieurs, de même qu’au petit doigt antérieur; enfin huit aux 
avant-derniers des pattes de dérrière. Il y a vingt-six pores fé- 
moraux disposés sur une seule ligne, s'étendant d'un jarret à 
l’autre en passant devant l'anus. Ces pores sont des trous sub- 
ovales, dont l'ouverture occupe presque toute la surface des 
écailles dans lesquelles ils sont percés. La queue n'a pas précisé- 
ment en longueur la moitié de celle de l'animal , mais peu s'en 
faut : elle est arrondie et offre en dessus des demi-cercles de 
petites épines. 

Cocoration. Parmi les individus que nous possédons, il s’en 
trouve qui sont d'un gris foncé, ou bien d'un gris clair ; d’autres 
sont couler de chair, piquetés de brun, avec des anneaux de 
cette dernière teinte autour de l'extrémité de la queue ; et ils ont 
sur chaque côté de la tête , une raie brune traversant l'œil pour se 
continuer jusqu'a l'épaule. Enfin il en est qui sont comme mar- 
brés de brun sur un fond fauve. Quelques-uns ont une.bande 
brune qui s'étend du bout du museau jusqu'à l'oreille, en passant 
par l'œil. 

Drwensioxs. Le plus grand des échantillons que nous avons exa- 
minés offre les mesures suivantes. 

Loncueur rora1E : 9° 4”, Téte, Long. 1” 5°”; haut. 5”; larg. 9”. 
Cou. Long. 4” on Long: 3 3 . Memb. antér. FO 
Memb. poster. boue. 2”, Queue Long. 4" 2°” 

Parrie. Cette espèce habite l'Afrique sestEnlé et paraît être 
répandue dans tout l'archipel des grandes Indes. Delalande nous 
l'a rapportée du Cap; MM. Quoy et Gaimard l'ont tronvée à 
Madagascar. M. Desjardins l'a énvoyée de l’ile-de-France, et 
M, Reynaud de Ceÿlan. On l'a reçue d’Amboine par les soins de 
MM. Lesson et Garnot; et de Java et de Timor, par l'intermé= 


308 LÉZARDS GECKOTIENS 


diaire du Musée de Leyde. Nous en avons plusieurs échantillons 
recueillis aux îles Mariannes par M. Gaudichaud ; et d'autres 
envoyés du Bengale, par MM. Diard et Duvaucel. 


Observations. Le nom de Frenatus, qui nous a servi pour désigner 
cette espece, est celui sous lequel elle nous a été envoyée du 
Musée de Leyde. 


12. L'HÉMIDACTYLE DE GARNOT. Hemidactylus Garnotii. 
Nobis. 


Caracreres. Queue aplatie, amincie et denticulée sur ses bords. 
Grains de la peau très fins et égaux. Sous le menton, quatre 
petites plaques formant un carré qui ne touche, à droite ni a 
gauche, aux scutelles labiales. 


SYNONYMIE P 


DESCRIPTION. 


Formes. La physionomie de cette espèce a beaucoup de ressem- 
blance avec celle de l'Hémidactyle bordé. Sa queue‘a la même 
forme, quoiqu'elle soit cependant moins aplatie et plus longue à 
proportion. Ses côtés, au lieu d'être frangés, sont légèrement 
dentelés. On n’apercçoit sur les côtés du ventre et sur le bord 
postérieur des cuisses qu'un faible pli de la peau au lieu d'une 
membrane flottante. Le museau est un peu moins obtus. Il y a 
bien aussi, comme chez l'Hémidactyle bordé, quatre scutelles 
sous le menton ; mais, outre qu'elles ne sont pas dilatées, leurs 
bords latéraux ne se soudent pas avec ceux des plaques labiales. 
Les doigts de l'Hémidactyle de Garnot sont libres dans toute leur 
longueur. Ils sont aussi plus effilés que ceux de l'Hémidactyle 
bordé, et offrent en dessus un plus grand nombre de lames en 
chevrons. On en compte six aux pouces, sept aux orteils, neuf 
aux seconds doigts des quatre pattes, dix aux troisièmes, douze 
aux quatrièmes antérieurs, quatorze aux quatrièmes postérieurs 
et onze à chacun des derniers. Des écailles grenues, plus fines 
que celles de l'Hémidactyle bordé , revêtent la gorge et le dessus 
du corps, dont les tégumens inférieurs ressemblent à ceux des 
mêmes parties chez cette dernière espèce. Nous ignorons si les 
mâles sont pourvus de pores fémoraux; attendu que les deux 


OU SAURIENS ASCALABOTES. ©. HÉMIDACTYLE. 19. 369 


individus que nous avons examinés sont deux femelles qui n en 
offrent pas la moindre trace. 

Cozorarion. Une teinte couleur de chair, salie de res est 
répandue sur la surface supérieure du corps qui laisse apercevoir 
quelques indices de taches blanches fort distantes les unes des 
autres. Les régions nai es sont de la même couleur que ces 
taches. 

Dimensions. Longueur totale. 10° 1°”. Tête. ns 1” 5”; haut. 
»” ; larg, 4”. Cou. Long. 4”. Corps. Long. 3” 2” 
Long. 1” 8°”. Memb. poster. Long. 2” 47 . Queue. te 5u 

Parme. On doit la découverte de cet Hémidactyle à MM. diet 
et Lesson qui en ont rapporté de l'île de Taïti deux exemplaires, 
les seuls que nous ayons encore été dans le cas d'observer. 


. Memb. antér. 


13. L'HÉMIDACTYLE PÉRUVIEN. #emidactylus Peruvianus. 


Caracrères. Écailles du dos égales, presque circulaires. Queue 
déprimée , à tranchans arrondis, garnis de quelques épines. 

Synonyme. Hemidactylus Peruvianus. Wiegm. Beiïtr. zur zool. 
act. acad. Cæs. Leop. Carol. nat. eur. tom. 17, part. 1, 


pag. 240. 
DESCRIPTION. 


Formes. Le dos et les côtés du corps sont revêtus d'écailles polÿ- 
gones, arrondies et lisses, aussi peu dilatées les unes que les au- 
tres. La plaque du menton est de moyenné grandeur ; sa figure 
est celle d’un triangle. Derriére elle, sont placées en carré, 
quatre plaques dont les deux antérieures sont pentagones oblon- 
gues et les deux postérieures petites et circulaires. La queue offre 
une longueur à peine égale à celle du reste de l'animal. Elle est 
déprimée , mais moins sur sa région moyenne que sur ses bords, 
qui forment chacun un tranchant arrondi, garni de quelques 
épines , dirigées en arrière. En dessus elle est revêtue de petites 
écailles élargies , en dessous de grandes plaques ou scutelles. im- 
briquées au nombre de quarante-six. Les doigts sont libres et tous 
conformés de la même manière ; mais le pouce est beaucoup plus 
court que les quatre autres, et néanmoins onguiculé comme eux. 
Les disques de ces doigts sont fort étroits. 

Cocorarionx. Le dos, ou mieux toutes les parties supérieures 


REPTILES , TT. 24 


3-0 LÉZARDS GECKOTIENS 
sont grises, offrant des taches blanches arrondies, mêlées à 
des marbrures noirâtres. Le dessous du corps est d'un blanc 
pâle. 

 Dimensioxs. Corps. Long. 1” 1°”. Queue. Long. 2”. 

Parnie. Cet Hémidactyle se trouve au Pérou. 

Observations. Onen doit la découverte aM. Meyen, et l'inscrip- 
tion sur les registres de la science à M. Wiegmann , qui en a pu- 
blié la description dans le tom. vir des Mémoires des Curieux 
de la nature de Berlin. C'est cettemême description que nous re- 
produisons ici, n'ayant pas encore eu l'occasion d'observer aucun 
échantillon appartenant à cette espèce. 


2° SECTION. — SUBDIVISION B. DACTYLOTÈLES PALMIPÈDES. 


L'une des deux espèces qui composent cette subdivision 
porte le long de chaque flanc une membrane flottante : c'est 
l'Hémidactyie Bordé, dont la queue est simplement amincie 
et denticulée sur ses bords; tandis que l’autre espèce, ou 
VHémidactyle de Séba, a la queue latéralement garnie de 
larges festons, mais n'offre point sur les côtés de son corps 
la moindre apparence d’un développement cutané en forme 
de frange ou de bordure. 

Ce petit groupe est parmi les Hémidactyles le pendant 
des Hétérolépidotes palmipèdes parmi les Platydactyles. 


14, L'HÉMIDACTYLE BORDÉ. Aemidactylus Marginatus: 
Cuvier. 


( Vorez pl. 30, fig. 2.) 


CaracrÈrEs. Flancs et cuisses garnis d'une membrane ; queué 
aplatie, à bords amincis et frangés ; doigts palmés. 

Synonymie. Sellio platyurus. Schneïd, amph. Physiol., pag 30, 
spec. f. et Denkscchriften der Münchener akademie. 1811.tab5, 
fig. 3. 

Lacerta Schneideriana. Shaw. Gener. Zool. tom. 3, p. 278. 

Gecko platyurus. Merrem. Amph. p. 41. 

Hemidactylus platyurus. Wiegm. Beitr. zur. zoolog. act. acad. 
Cæs. Leop. Carol. nat. cur. tom, 17, part. 1, p. 288. 

Hemidactylus marginatus. Wiegm. amph. pag. 149. 

Hemidactylus marginatus, Cuv. Regn. anim. tom. 2, pag. 54. 


OU SAURIENS ASCALABÜTES. G. HÉMIDACTYLE, 1{. 971 


Gecko marginaius. Gift. Anim. Kingd. tom. g, pag. 147. 
Hemidactylus marginatus. Gray. Synops. in Griffith's Anim. 
Kingd. tom. 9, p. ot. 


DESCRIPTION. 


Formes. En arrière, les narines de l’Aemidactylus Marginatus 
sont bordées par trois petites écailles carrées ; et en avant par une 
portion de la plaque rostrale ét le pan supérieur de la labiale qui 
touche à celle-ci. Cette plaque rostrale est grande , carrée et lége- 
rement repliée sur le bout du museau, où elle offre un petit en- 
foncement vers le milieu de son bord: On compte onze paires 
de scutelles labiales supérieures de forme rectangulaire, et huit 
inférieures seulement, ressemblant, les trois premieres et les plus 
grandes , à des carrés et les autres a des quadrilateres oblongs. 
La plaque qui garnit l'extrémité de la mâchoire inférieure est 
tres dilatée et triangulaire. Son sommet s'avance sous le menton 
entre deux scutelles rhomboïdales, touchant aux plaques labiales 
ainsi que les suivantes, dont la figure est presque triangulaire. Les 
ouvertures auriculaires sont deux petits trousarrondis. La paupière 
ne forme pas un cercle complet autour de l'orbite ; c'est-à-dire, 
que le bord inférieur en est rentré sous le globe de l'œil. Le corps 
est plus déprimé que dans la plupart des autres espèces, et se 
trouve élargi de chaque côté , ainsi que le bord postérieur des 
pattes de derrière par une membrane de peau mince, large de 
quelques ligne:. Sous l'oreille, la peau forme un petit pli qui est 
néanmoins plus épais que les membranes latérales du corps. 
Les doigts sont excessivement aplatis et réunis à leurs bords 
par une membrane courte, mais cependant bien apparente. 
Les lamelles en chevrons qui en garnissent la surface inférieure, 
sont parfaitement distinctes les unes des jautres. Elles ont 
une figure cordiforme. Il y en à cinq sous chaque pouce, 
neuf sous le doigt médian antérieur et sous les trois derniers pos- 
térieurs ; mais sept seulement sous les autres. Le pouce est assez 
court. Chez les mâles, il règne sur la partie interne de chäqué 
cuisse une suite de pores qui forment une ligne continue passant 
devant l'ouverture anale. Ces pores, au nombre de trente-six, 
offrent un orifice subovale assez grand. La queue , large à sa base, 
se rétrécit à mesure qu'elle s'éloigne du corps. Elle est déprimée, 
et a ses bords tranchans et frangés. Sa longueur ne fait pas tout: 

24. 


352 LÉZARDS GECKOTIENS 


à-fait la moitié de celle de la totalité de l'animal. De petits grains 
squammeux fins, égaux et serrés recouvrent les régions supé- 
rieures. Les inférieures offrent des écailles plates. Ii y en a de pe- 
tites, polygones et en pavé sous la gorge, de sub-rhomboïdales et 
imbriquées sur le ventre et sous les membres. La ligne médio-lon- 
gitudinale du dessous de la queue est protégée par une suite de 
larges scutelles imbriquées, de chaque côté desquelles se mon- 
trent de petites écailles ovales, également imbriquées. 


Cozorarion. Un gris ardoisé colore le dessus du corps, sur cha- 
cun des côtés duquel est imprimée une bande noirâtre plus ou 
moins apparente qui s'étend depuis le bord postérieur de l'œil 


jusqu à la racine de la queue. Les parties inférieures de l'animal 
sont blanches. 


Dimensions. Longueur totale. 10”. Téte. Long. 1” 6°”; haut. 6”; 
larg. 1” 2°”. Cou. Long. dE Corps. Long. 4”; haut. 67”; larg. 1” 
6°”. Memb. antér. Long. 2”. Memb. postér. Long. »” 5”. Queue. 
Long. 47. 


PATRIE. L'Hémidactyle Bordé se trouve au Bengale et dans 
l'île de Java. Nous avons des individus venant de ces deux pays. 


.. Observations. Cette espèce était depuis long-temps décrite et 
figurée par Schneider sous le nom de Séellio platyurus , lorsque 
Cuvier la mentionna comme nouvelle , sous celui de Marginatus, 
dans la seconde édition de son Règne animal. 

C'est à tort que notre grand naturaliste refuse des membranes 
palmaires aux pieds de cet Hémidactyle : il en offre, au con- 
traire, de très sensibles qui réunissent ses doigts dans la première 
moitié de leur longueur. Ceci est cause que M. Wiegmann accuse 
Wagler d'avoir commis une erreur en rapportant l'Femidactylus 
marginatus de Cuvier au Stellio platyurus de Schneider, parce qu'il 
a, dit-il, les pieds semi-palmés. Schneider, il est vrai, ne parle 
pas de cette conformation, mais on a la preuve de l'existence de 
cette palmure dans l'individu même qui, après avoir servi à sa 
description , a passé de la collection de Bloch dans celle du musée 
de Berlin, où M. Wiegmann l'a examiné. 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES. G. HÉMIDACTVEE. 19. 393 
15. L'HÉMIDACTYLE DE SÉBA. Zemidactylus Sebæ. Nobis. 


Caracrëres. Point de plis latéraux, ni sur le corps, ni sur les 
membres. Queue très longue, ayant ses côtés garnis d’une frange 
festonnée. 

Synonymie. Salamandra aquatica ex Arabid, seu Salamandra 
cordylus Ægyptiaca. Séba , tom. 2, pag. 109, tab. 103, fig. 2. 

Lacerta caudiverbera. Linn. pag. 359, n° 2. 

Caudiverbera Ægyptiacu. Laur. Synops. Rept. pag. 43. 

Lacerta caudiverbera Ægyptiaca. Gmel. Syst. nat. tom. +, 
pag. 1098. 

Scallop-Tailed Gecko, Shaw. Gener. Zool. tom. 5, pag. 276, 
tab. 78, fig. 1. 

Gecko caudiverbera. Merr. Amph. pag. 40. 

Crossurus caudiverbera. Wagl. Syst. amph. pag. 141. 


DESCRIPTION. 


Formes. Si le portrait de cette espèce, publié par Séba , est 
exact , elle a la tête en forme de pyramide subquadrangulaire. Son 
cou, son corps nises membres ne portent pas de franges sur leurs 
parties latérales. Le ventre est large et arrondi. La queue de l’Hé- 
midactyle de Séba est d’un tiers plus longue que le reste de l’ani. 
mal. Elle est assez grêle et garnie latéralement d'une membrane 
découpée en festons, qui s'élargissent davantage à mesure qu'ils 
s'éloignent du corps. Les doigts portent tous des ongles ; ceux des 
mains sont presque entierement palmés ; ceux des pieds ne le sont 
qu'a moitié. La tête est recouverte de petites écailles; celles du 
museau sont d'un diametre un peu plus grand que les autres. Séba 
dit bien que la peau du corps en est dépourvue ; mais de cela, il 
ne faut pas conclure qu'elle soit nue, mais seulement garnie de 
grains extrêmement fins. Il paraît qu'elle est semée de petits tu- 
bercules , qui sont entourés d'écailles également peu dilatées. 
Les membres offrent des tégumens squammeux disposés en pavé. 

Cororarron. 1! règne sur le dessus du corps une teinte d’un 
jaune sale, semé de taches stelliformes blanchâtres, ayant leur 
centre rouge. Des pointes de cette derniere couleur se voient sur 
le milieu de la queue, qui est colorée en jaune clair, tandis 


que les parties latérales de ses membranes festonnées sont d'un 
rouge vif. 


4 


374 LÉZARDS GECKOTIENS 


Dimensions. L'individu qui a servi de modele à la gravure de 
Séba avait à peu pres les dimensions suivantes : Longueur tolale. 
30” 4”. Tête. Long. 5” 5°”. Cou. Long. 1 4°. Corps. Long. 10” 
5°”. Memb. antér. Long. 8”. Memb. post. Long. 12”, Queue. 
Long. 22”. 

Parrie. Séba s'est si souvent trompé sur l'habitation des animaux 
qu'il à représentés, que nous nous garderions bien d'affirmer, 
d’après lui, que ce Platydactyle est originaire d'Arabie. Dans tous 
les cas, c’est une espèce fort rare qui ne se trouve aujourd'hui 
dans aucune collection d'Europe, à moins pourtant que l'indi- 
vidu même de Séba, que celui-ci dit avoir donné à l'empereur 
de Russie, n'existe encore conservé dans quelqi:> musée de cet 
empire. 


Observations. Le seul témoignage que l’on possede de l'existence 
de cet Hémidactyle, c'estla figure qu'en a publiée Séba. Néanmoins, 
nous n'hésitons pas à le considérer comme appartenant à une 
espèce distincte de toutes celles qui sont aujourd'hui inscrites sur 
les catalogues erpétologiques, et particulièrement du Geckotien 
que Linné a confondu avec elle sous le nom de Zacerta caudi- 
verbera. Nous voulons parler de la Salamandre aquatique et noire, 
décrite et représentée par Feuillée dans son Journal d'observations 
physiques, mathématiques et botaniques. Pour se convaincre de 
cela, il suffit de comparer les figures de cette derniere avec celle 
de la Salamandre d'Arabie de Séba ; on reconnaïtra alors qu'elles 
ont été faites d’après deux Geckos tres différens ; car la Salaman- 
dre de Feuillée appartient très certainement au genre Ptyodactyle, 
et la Salamandre de Séba à celui des Hémidactyles, à en juger par 
la manière dont les pattes sont représentées. Notre Hémidactyle 
de Séba est devenu pour Wagler le type d'un genre particulier, 
qu'il a appele Crossurus , et auquel il assigne comme caractères 
essentiels : les doigts à demi palmés, tous onguiculés. Merrem, 
dans la synonymie du Gecko fouette-queue ( caudiverbera), à 
évidemment confondu cette espèce avec d’autres, et principale- 
ment avec le Ptyodactyle de Feuillée. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PTYODACTYLE, 379 


IT GENRE. PTYODACTYLE. — PTYODAC- 
TYLUS. Cuvier. 


Garacrères. Æxtrémités des doigts dilatées en un 
disque offrant une échancrure en avant, et en dessous 
des lamelles imbriquées disposées comme les touches 
d’un éventail ouvert. Cinq ongles à toutes les pattes, 
placés chacun au fond d’une bsaut pratiquée en long 
sous la portion élargie du doigt. 


Tels sont les caractères essentiels des Ptyodactyles, ca- 
ractères à l’aide desquels on peut facilement les distinguer 
des quatre autres genres qui composent avec eux la famille 
des Geckotiens. 

D'abord cette circonstance de n’avoir les doigts élargis 
qu'à leur extrémité terminale, les isole de suite des Hémi- 
dactyles, qui ont, au contraire, cette mème extrémité très 
grêle, et des Platydactyles dont les doigts sont dis en 
travers sur toute leur longueur. 

D'un autre côté, la présence d'ongles et de fenillets en 
éventail sous leurs disques digitaux empêche qu'on ne les 
confonde avec les Sphériodactyles qui manquent des uns 
et des autres. Il ne reste plus, par conséquent, que les 
Phyllodactyles, qui offrent aussi, il est vrai, des ongles 
et une fissure longitudinale pour les recevoir ; mais la sur- 
face du disque dans laquelle est creusée cette fissure est 
lisse, unie; c’est-à-dire sans lamelles imbriquées disposées 
en ou 

Tous les Ptyodactyles ont lPouverture pupillaire plus 
haute que large et frangée sur ses côtés. Le bord inférieur 
de leur paupière ne saille point en dehors de Porbite, 
tandis que le supérieur est assez développé, présentant en 


36 LÉZARDS GECKOTIENS 
outre des petites pointes moiles, simulant jusquà un cer- 
tain point, des cils. 

La partie postérieure de la tête étant assez élargie, et le 
cou au contraire un peu plus étroit, il en résulte que celui- 
ci paraît comme étranglé. 

Les Ptyodactyles, en général, ont les pattes fort grèles. 
Aucun d’eux ne nous a offert d’écaiiles crypteuses sous les 
cuisses, ni sur la région préanale ; mais on remarque tou- 
jours deux pores percés dans la portion de la peau qui avoi- 
sine le bord postérieur de l'ouverture du cloaque. 


Chez quelques espèces, les écailles qui revêtent les par- 
ties supérieures du corps sont égales ou uniformes entre 
elles ; chez d’autres, elles sont semées de tubercules arron- 
dis. L'écaillure de la queue est la même dessous que 
dessus. 


Les Ptyodactyles qui, ainsi qu'on vient de le voir, se 
ressemblent par un grand nombre de points de leur orsga- 
nisation , peuvent néanmoins, si l’on a égard à la confor- 
mation de leurs pattes, qui sont palmées ou non palmées, 
et de leur queue, qui est arrondie ou bien déprimée, peu- 
vent, disons-nous, se partager assez naturellement en deux 
groupes que quelques erpétologistes ont considérés comme 
devant former deux genres particuliers. Nous, nous ne les 
vegarderons pas comme tels, mais comme de simples divi- 
sions analogues à celles que nous avons établies parmi les 
Platydactyles et les Hémidactyles. 

La première, ou celle des Urotornes (1), comprendra les 
espèces , ou plutôt la seule encore connue aujourd’hui, qui 
a Les doigts libres et la queue arrondie. 


La seconde, que depuis long-temps nous avons désignée 
par le nom d’Uroplate (2), renfermera les Ptyodactyles 


(x) De cp, queue, et de opros, rendu ronde, fait ronde, 
tourné en rond. 
(2) De oùoi, queue, et de rnarvc, élargie, plate. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PTYODACTYLE. 377 
dont les doigts sont réunis par une membrane palmaire, et 
dont la queue est très élargie en travers. 

À cela près, notre genre Ptyodactyle demeure tel qu'il a 
été établi par Guvier. 


Le tableau suivant indique la manière dont nous avons 
rangé les espèces qui le composent. 


GPTL BIRT Pants, 


TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÈCES DU GENRE PTYODACTYLE. | 


M AELONUIS Se 0.00 RON TE PE D TASSE LQUIST. 
FE 

& une membrane 

-& entiers : flancs déchiquetée. . 2. P. Francé. 

3 avec 

a un simple repli 

Ct | aplatis de la peau . « 3. P. Ravr. 


festonnés et surmontés d'une crête. 4. P. DE Feurrrée, 


le Division. LES UROTORNES. 
(Genre Ptyodactylus de Wagler et de Wiegmann.) 


Aux deux principaux caracteres des Urotornes, qui sont 
d'avoir la queue arrondie et les mains et les pieds garnis de 
membranes palmaires, on peut encore ajouter les suivans : 
1° les doigts, dans leur portion non dilatée, sont grêles, 
arrondis et garnis en dessous de petites écailles transver- 
sales comme on en voit chez iles Gymnodactyles. 2° Il 
existe, sous le menton, des plaques plus dilatées que celles 
qui garnissent les lèvres. 3° Les narines sont tubuleuses et 
positivement situées sur le dessus du museau, chacune à 
l’un des deux angles supérieurs de la plaque rostrale. 

C'est aux Ptyodactyles ainsi conformés que Wagler et 
par suite M. Wiegmann ont réservé le nom de Ptyodactyle 
proprement dit, les ayant génériquement séparés des Uro- 
plates que le second de ces auteurs, à l’exemple du pre- 
mier, a nommés Âhacoessa, comme pour dire : Déguenillés. 


3 78 LÉZARDS GECKOTIÈNS 


1. LE PTYODACTYLE D'HASSELQUIST. Ptrodactylus Hassel- 
quistii. Nobis. 
( Voyez pl. 33, fig. 3.) 


Caracreres. Doigts libres; queue arrondie; dos brun-roussâtre, 
tacheté de blanc. 

SynonymiE. Lacerta Gecko. Hasselq. Reis. pag. 356. 

Stellio Hasselquistit. Schneïid. Amph. Phys. part. 2 , pag. 13. 

Gecko ascalabotes, Merr. Amph. pag. 40. 

Gecko Lobatus. Geoff. Rept. Egypt. tab. 5, fig. 5. 

Cécho UE SE Savigny. Rept. Egypt. (Suppl.) tab. r, 
fig. 2. 

Le Gecko des maisons. Bory de Saint-Vincent, Dict. class, d’hist. 
natur. tom. 7. pag. 182. 

Pérodactylus guttatus. Rüpp. atl. der Reïs. nordl. Afrik. Rept. 
pag. 15, tab. 4. 

Le Gecko des maisons. Cuv. Règ. anim. tom. 2 , pag. 56. 

The house Gecko. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 148. 

Gecko lobatus. Schinz. Naturg. Abbid. Rept. pag. 74, tab. 17. 

Gecko maculatus. Idem , tab. 16. 


DESCRIPTION. 


Formes. Le museau de ce Platydactyle est court , épais et incliné 
en avant, le bout en est large et arrondi. Le front offre un en- 
foncement, dont les bords donnent la figure d’un losange ouvert 
en arrière. L’angle antérieur de ce losange se prolonge jusqu'aux 
narines en saillie arrondie, de chaque côté de laquelle on remar- 
que un creux bien prononcé. Les ouvertures nasales sont tuber- 
culeuses et situées sur le museau. Elles sont circonscrites par la 
plaque rostrale , la premiere labiale et trois autres scutelles par- 
ticulières. La rostrale est quadrilatérale, avec ses deux angles su- 
périeurs très aigus. Au bord inférieur des plaques labiales d'en 
bas est soudé un autre rang d'écailles, pour la plupart ovales et 
d'un petit diamètre. La scutelle garnissant le bout du menton est 
peu développée : sa figure est celle d’un triangle isocele. Les dents 
sont légèrement courbées en arrière, nombreuses , peu fortes et 
pointues. L'œil est grand , et son ouverture pupillaire elliptique 
et frangée. Sur la portion postéro-supérieure du bord de la pau- 
piére , on voit des petites écailles molles et pointues simulant des 


’ 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PTYODACTYLE. I. 379 


cils. Le bord inférieur ne fait pas de saillie en dehors. Le méat 
auditif a ne forme semi-circulaire ou en croissant. 

Les membres sont longs et maigres: couchés le long du corps, 
les postérieurs atteignent l'oreille, et les antérieurs la naissance de 
la cuisse. Les doigts sont également tres grêles : leur extrémité seule 
est dilatée en un petit disque transverso-rhomboïdal, échancré anté- 
rieurement, dont la face inférieure est garnie de petites lamel- 
les, disposées comme les touches d’un éventail ouvert. Ces la- 
melles sont au nombre de dix ou douze paires. En dessous, le 
reste de l'étendue des doigts est revêtu d’une bande longitudinale 
de petites plaques rectangulaires; en dessus, on voit des écailles 
sub-rhomboïdales disposées comme les tuiles d'un toit. Chaque 
doigt est armé d'un ongle crochu enfoncé dans une gaîne, dont 
l'ouverture est située au fond de l'échancrure que nous avons dit 
exister en avant de la portion dilatée du doigt. La queue , arron- 
die dans sa forme, est très grêle, comparativement à celle des 
autres Geckotiens. Elle présente à sa base un fort renflement , sur 
lequel , à droite et à gauche, on remarque une paire de tuber- 
cules. Des grains squammeux trés fins garnissent les parties supé- 
rieures du corps; et, à ceux du dos et des cuisses, se mélent de 
petits tubercules coniques disposés d’üne maniere peu régulière. 
De fines squammelles arrondies ou ovales adhérent à la peau de la 
gorge ; tandis qu'on en voit de sub-rhomboïdales sous la poitrine 
et sous le ventre. 

Les mâles n'ont pas plus que les individus de l’autre sexe, 
d'écailles crypteuses le long des cuisses ou sur la région préanale. 

Cozorariox. Des taches d’un brun pâle, entremélées de taches 
blanches, sont jetées sur la couleur roussâtre des parties supé- 
rieures du corps, à l'exception de la queue cependant, qui est 
coupée transyersalement par de larges bandes alternes, brunes et 
roussätres. Une teinte blanche règne sur toute la surface infé- 
rieure de l'animal. 

Drmexsions. Longueur totale, 14” 1°”, Tête, Long. 2” aie haut. 
. 13 larg. 1° 6°”. Cou. Long. 6”. Corps. Long. 5”. Memb. antér. 
Long. ” 6°”. Memb. post. Long. 5”. Queue. Long. 6” 3”, 

Pare. C'est en Écypte qu’on trouve le Ptyodactyle d'Hassel- 
quist. Les échantillons que renferme notre musée, ont été ap- 
portés de ce pays, les uns par M. Geoffroy, les autres par MM. Bové 
et Rüppel. 

Observations. Cette espèce est bien évidemment le Zacerta 


340 LÉZARDS GECKOTIENS 

Gecko, dont Hasselquist parle dans la relation de somvoyage, et 
que Linné n'a évidemment pas reconnu, car le Lacerta Gecko de 
l'auteur du Systema Naturæ a pour synonyme notre Platydac- 
tylus guitatus. C'est aussi cette espèce que M. Geofiroy a ap- 
pelée Gecko lobé, et dont il existe deux excellentes figures dans 
le grand ouvrage sur l'Égypte. M. Rüppel l’a également fait re- 
présenter dans son ouvrage portant pour titre, {las der Riese 
ün nordlichen Africa, comme une espèce particulière à laguelle 
il a donné le nom de Guttatus. 


Ile Division. PTYODACTYLES UROPLATES. 


(Genres Uroplatus, Fitzinger; AÆRhacoessa , Wagler 
et Wiesmann.) 


Les doigts de ces Ptyodactyles sont sensiblement élargis, 
même dans leur portion non dilatée en disque. Ils sont 
réunis par une membrane dans la moitié basilaire de leur 
longueur, ce qui rend îes pattes demi-palmées. À l’excep- 
tion de la portion qui offre des lamelles disposées en éventail, 
la face inférieure des doigts est garnie d’un pavé de petites 
écailles carrées etconvexes ; mais c'est surtout par la configu- 
ration de la queue queles Uroplates se font remarquer, forme 
dont aucun Saurien, d’une famille autre que celle des Asca- 
labotes, n'offre d'exemple. Cette queue est élargie latérale- 
ment de manière à ressembler quelquefois à une feuille fort 
mince, entière ou festonnée sur les bords. La portion sail- 
lante de la paupière, ou la supérieure, est’ gaufrée. Les 
marines, dont l'ouverture est dirigée en arrière, sont situées, 
une de chaque côté, derrière la plaque rostrale, et les 
écailles qui les entourent n’offrent pas un plus grand dia- 
mètre que celles des régions voisines. Le bout du menton 
n’est pas non plus protégé par des scutelles plus développées 
que les plaques labiales. 

Cette seconde division de nos Ptyodactyles correspond au 
genre Üroplatus de Fitzinger, et à celui de Rhacoessa 
de Wagler et de M. Wiegmann. 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES. G. PTYODACTYLE. 2. JOI 


3. LE PTYODACTYLE FRANGÉ. Ptyodactylus fimbriatus. 
Cuvier. 


(Voyez pl. 35, fig. 4.) 


CaracrÈres. Pattes demi-palmées, corps garni horizontalement 
d'une bordure déchiquetée ; queue déprimée, élargie par une 
large membrane entière, arrondie à son extrémité terminale. 

Synonyme. Famocantrata. Flacourt. Hist. Madag. pag. 199. 

La Téte plate. Lacép. Hist. Quad. ovip. tom. 1, p. 429, pl. 50. 

Stellio fimbriatus. Schn. Amph. Phys. part. 2, pag. 32. 

Laceria fimbriata. Donnd. Zool. Beiïtr. tom. 3, pag. 138. 

Gecko fimbriatus. Latr. Rept. tom. 2 , pag. 54. 

Fimbriated Gecko. Shaw. Gener. Zoolog. tom. 3, pag. 272, 
tab.,78, fig. 2. 

Gecko fimbriatus. Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 160, tab. 52. 

Gecko fimbriatus. Bosc. Nouv. Dict. d'Hist. natur. tom. 12, 
pag. 519. 

Gecko fimbriatus. Merr. Amph. pag. 40. 

. Le Gecko frangé. Bory de Saint-Vincent, Dict. class. d'Hist. nat. 
tom. 7, pag. 183. 

Le Gecko frangé. Cuv. Règ. anim. tom. 2, pag. 56. 

The fringed Gecko. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 149. 

Gecko fimbriatus. Schinz. natur. Abbild. Rept. pag. 74, tab. 13. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête d'aucune espèce de Geckotien n'est aussi dé- 
primée que celle du Platydactyle frangé. Son contour horizontal 
représente la figure d’un triangle isocele, dont le sommet serait 
faiblement arrondi. Les tempes sont renflées et les yeux énormes. 
L'espace interoculaire forme la gouttière ; le front est parfaite- 
ment plan, bordé de chaque côté d’une faible carène rectiligne 
qui se prolonge, en se courbant, jusqu'au-dessus de l'ouverture 
nasale. En dehors de cette carène, qui est la continuation de la 
crête formée par le bord orbitaire supérieur, la surface du mu- 
seau offre un plan trés incliné, et en dedans de sa portion arquée 
une surface horizontale , surmontée d’une double saillie médio- 
crement longitudinale, séparant deux enfoncemens ovalaires. Les 
ouvertures externes des narines regardent en arriére ; elles sont 
situées latéralement, et sous une espèce de voûte recouverte parune 


282 LEZARDS GLCKOTIENS 


portion du pavé d'écailles polygones et plates qu’on remarque sur 
le bout du museau, qui est légèrement creusé. La plaque rostrale 
est quadrilatérale, plus large que haute, ayant son bord posté- 
rieur curviligne. On compte trente-quatre scutelles labieles à sa 
droite , et un égal nombre à sa gauche. Il ÿ én à soixante-douze 
tout autour de la mâchoire infériéure. Le nombre des dents est 
de plus de cent dix à chaque mâchoire. Elles sont courtes, fortes, 
-serrées et à pointé obtuse. L'orifice externe du conduit auditif 
est médiocre , simple et sub-ovale. La longueur des membres est 
moins considérable que chez le Ptyodactyle d’'Hasselquist : elle 
égale la totalité de celle du tronc pour les pattes de derricre, et 
les trois quarts seulement pour les pattes de devant. Les doigts 
sont déprimés sur toute leur étendue; mais ils ne sont dilatés en 
disque qu'à leur extrémité terminale. Ce disque a la forme d'un 
ovale court, échancré antérieurement. Les lamelles en éventail 
qui en garnissent la surface inférieure sont au nombre de dix 
paires. Le dessous des doigts, en arrière de leur disque, ‘est garni 
de petites écailles carrées, disposées en pavé. Ces mêmes doigts 
antérieurs et postérieurs sont réunis, dans la moitié de leur lon- 
gueur, par une membrane large et élastique. Chacun d'eux ést 
pourvu d'un ongle crochu et très rétractilé que l'animal a la 
faculté de retirer complétement dans une gaîne dont l'ouverture 
ést située sous l'extrémité digitale, au fond de l’échancrure qui 
y existe. La queue, qui n'entre guère que pour les deux cin- 
quièmes dans la longueur totale du corps, a quelque ressem- 
blance, pour la forme, avec celle du Castor. C'est comme une 
feuille allongée, s'élargissant davantage à mesure qu'elle se rap- 
proche de son extrémité. Elle est par conséquent déprimée, mais 
néanmoins pas tout-à-fait plate. Cet élargissement de la queue 
du Ptyodactyle frangé est dû à la présence sur ses côtés d'une 
membrane trés dilatée dont les surfaces supérieure et inférieure 
sont revêtues , ainsi que le corps de la queue lui-même, de pe- 
tites écailles carrées, plates et lisses. Cette queue n'est pas la seule 
partie du corps qui offre une.semblable bordure ; toutes les au- 
tres, sans même en excepter les membres, sont élargies de la 
même manière, c’est-à-dire que le contour horizontal de l'animal 
est garni d'une frange moins grande que la membrane caudale, 
et ses bords ne sont pas entiers, mais déchiquetés, ou offrant 
des dentelures irrégulières, qui elles-mêmes sont denticulées. 
La portion supérieure de la paupière, laquelle est légèrement 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES. G. PTYODACTYLE. 2. 309 


gaufrée, se trouve aussi avoir son bord libre un tant soit peu 
découpé. Des écailles en pavé, carrées, polygones, en un mot 
semblables à celles de la queue, se montrent sur toutes les autres 
parties du corps. Au milieu de ces écailles sont épars, sur les 
régions dorsales et fémorales, de petits tubercules arrondis qui, 
lorsque l'animal est jeune, sont répandus jusque sur la tête et la 
totalité de la surface supérieure des membres. 

Cocorarion. En dessus , il règne une teinte fauve ou roussâtre, 
quelquefois uniforme, d’autres fois offrant, soit des veinures, 
soit des marbrures, ou bien des raies ou même des bandes trans- 
versales brunes. Nous avons un individu dont la tête est nuancée 
de fauve et de marron. Un jeune sujet nous montre ses parties 
supérieures veinées de noir, sur un fond blanehâtre. La pre- 
miere de ces deux couleurs forme, sur les fesses, des vermicu- 
lations comme on en voit sur les mêmes parties de presque toutes 
les espèces de grenouilles et de rainettes. Ces différens modes 
de coloration viennent en quelque sorte confirmer ce que les 
voyageurs ont rapporté touchant cette espèce, qu'elle a la faculté 
de chauger de couleur comme les Caméléons. 

Dimessions. Longueur totale. 30° 2”. Téte. Long. 5” 5”; 
haut. 2”; larg. 4”. Cou. Long. 1” 7°”. Corps. Long. 11° 5°”. Memb. 
antér. Long. 7”. Memb. postér. Long. 10”. Queue. Long, 11° 5°. 

Parme. Cette espèce paraît être particulière à l'île de Madagas- 
car. Notre collection en renferme une belle suite d'échantillons 
de tous âges, de la plus grande partie desquels on est redevable 
à deux savans médecins naturalistes, MM. Quoy et Gaimard. 
MM. Sganzin et Bernier ont aussi, chacun de leur côté, beau- 
coup contribué à compléter cette suite. 

Nous né voudrions pas assurer que le Ptyodactyle frangé vive 
aussi au Sénégal, ainsi que l'ont avancé Lacépède et Daudin, 
d’après, disent-ils , le témoignage d'Adanson; mais ils ne citent 
rien à l'appui de ce témoignage; et nous n’avons nous-mêmes rien 
trouvé , ni dans les écrits de ce voyageur, ni dans les objets de 
notre Musée provenant de sa collection, qui puisse nous le faire 
admettre. 

Observations. Le premier livre dans lequel cette remarquable 
espèce de Geckotiens se trouve mentionnée, est l’histoire de Ma- 
dagascar, publiée par Flacourt en 1658. La description qu'en 
donne ce voyageur, bien que fort incomplète, suffit néanmoins 
pour faire reconnaitre l'animal dont il a voulu parler. Il nous 


384 LÉZARDS GECKOTIENS 
È 


apprend que les Madécasses le nomment Ffamocantrata, et qu'il 
se nourrit exclusivement d'insectes. C'est, du reste, ce que con- 
firment les observations faites également à Madagascar, et com- 
muniquées à Lacépède par Bruguières, qui s'accorde à dire, avec 
Flacourt, que ce Saurien a l'habitude de se tenir appliqué 
contre l'écorce des arbres. Il ajoute même que pendant la pluie 
on le voit sauter de branche en branche. Ceci, il faut bien l’a- 
vouer, à lieu d'étonner de la part d’un lézard dont presque toute 
l'organisation extérieure, c'est-à-dire la palmure des pattes, la 
forme aplatie de la queue, et jusqu'aux membranes qui le bor- 
dent , dénotent au contraire des habitudes aquatiques. Lacépède 
a fait graver, dans son histoire des Quadrupèdes ovipares, une 
figure de ce Geckotien, laquelle n’a d'autre mérite que de donner 
une idée de l’ensemble de ses formes. Au reste, c’est encore le 
seul dessin original que nous ayons à citer. Daudin, Shaw et 
plusieurs autres auteurs l'ont reproduit dans leurs ouvrages. 


3. LE PTYODACTYLE RAYÉ. Ptyodactylus lineatus. Nobis. 
( Voyez pl. 31, fig. 1-3.) 


CaractÈRes. Pattes demi-palmées ; un simple pli de la peau le 
long de chaque flanc. Queue arrondie, bordée latéralement d’une 
membrane quise termine en pointe. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête du Ptyodactyle rayé est moins élargie, et par 
conséquent plus effilée que celle du Ptyodactyle frangé. La face 
n'est pas non plus tout-a-fait aussi déprimée. L'espace inter-ocu- 
laire ne forme point la gouttiere comme dans cette derniere 
espèce ; mais le museau présente aussi, seulement d’une maniere 
moins prononcée, deux arêtes latérales qui prennent naissance 
au bord antérieur de l'œil, et qui sont légérement arquées en 
dehors, dans une portion de leur étendue. De chaque côté de cette 
double saillie médio-longitudinale et en arriere des narines, il 
existe un faible enfoncement de figure ovale. Les orifices nasaux 
ressemblent exactement à ceux de l'espèce précédente; mais la 
plaque rostrale est rectangulaire, moins haute ou plus dilatée en 
travers. À sa droite comme à sa gauche, on compte vingt-cinq 
scutelles labiales de figure quadrilatérale oblongue , de même que 
celle de la fièvre inférieure sur le contour de laquelle il en adhére 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G.PTYODACTYLE. 3. 385 


cinquante. Les dents, ainsi queles ouvertures auriculaires, ne 
différent pas de celles du Ptyodactyle frangé. La portion supérieure 
du cercle palpébral est la seule qui saille en dehors de l'orbite. 
Elle est remarquable en ce qu'elle est faiblement gaufrée, et que 
son bord donne naissance à quelques petites pointes molles, 
parmi lesquelles on en observe une beaucoup plus longue que les 
autres, et qui est en outre revêtue d'écailles semblables à celles 
du reste de la paupière. Les membres sont extrêmement grêles et 
relativement plus courts que dans les deux espèces que nous 
avons décrites précédemment. Couchées le long des flancs, les 
pattes de derrière n'atteignent pas aux aisselles, et c'est à peine 
si celles de devant arrivent aux deux tiers de la longueur du 
tronc. 

Les doigts n'ont rien qui les distingue de ceux du Ptyodactyle 
frangé , si ce n'est cependant leur échancrure terminale, qui est 
peut-être un peu plus prononcée. La queue offre à peu prés la 
même longueur, mais non la même forme. Elle est réellement 
arrondie au lieu d'être déprimée, et rétrécie en arriere au lieu 
de l'être en avant. La membrane flottante et entière qui la borde 
latéralement est aussi moins dilatée. C'est la seule qu'on re- 
marque sur les parties du corps du Ptyodactyle rayé. Un simple 
repli de la peau paraït cependant en tenir lieu le long des flancs, 
sur la ligne qui conduit directement de l'aisselle à la région 
inguinale. Une seule sorte d'écailles revêt toutes les parties du 
corps, autres que les doigts et le tour de la bouche. Ces écailles 
sont fort petites, polygones , plates, juxta-posées où en pavé. Les 
côtés extérieurs des disques digitaux offrent de petites dentelures 
penchées en avant. 11 y a deux pores contigus sur le bord posté- 
rieur du cloaque ; mais on n'en voit ni sur la région anale, ni sous 
les cuisses. 

Cororarion. Les couleurs du seul individu appartenant à cette 
espèce que nous ayons été dans le cas d'observer, paraissent avoir 
été détruites par suite de son séjour dans l'alcool. Il est tout en- 
tier d'un blanc jaunâtre, offrant sur ses parties supérieures cinq 
ou six lignes brunâtres qui s'étendent parallèlement à peu d’in- 
tervalle les unes des autres , depuis la tête jusqu'à la naissance de 
la queue. 

Druexsions. Longueur totale. 22” 0°”. Tête. Long. 3” 7'”; haut. 
1” 4”; larg. 2” 3”. Cou. Long. 1” 2°”. Corps. Long. 9’. Memb. 
antér. Long. 5”. Memb. postér. Long. 7". Queue. Long. 9”. 

REPTILES , III. 25 


LE] 


386 LÉZARDS GECKOTIENS 


Parme. Nous ignorôns quelle est la patrie du Ptyodactyle rayé ; 
car l'étiquette de l'exemplaire déposé depuis long-temps dans 
notre Musée n'indique en aucune maniere le pays d’où il a été 
envoyé. 

Observations. Cette espèce, bien distincte de la précédente, 
l'est certainement aussi de la suivante, ou du Ptyodactyle de 
Feuillée, sur la queue duquel règne une crête verticale, qui se 
prolonge en avant sur lé dos. Nous ne faisons cette remarque 
que parce que M. Cuvier avait étiqueté l'individu que nous venons 
de décrire comme étant de la même espèce que le Ptyodactyle 
de Feuillée, 


4. LE PTYODACTYLE DE FEUILLÉE. Péyodactylus Feuillæi. 
Nobis. 


CaracTÈREs. Pattes demi-palmées. Flancs non garnis de merñ- 
branes. Une bordure festonnée de chaqué côté de la queue, la- 
quelle est, ainsi que le dos, surmontée d’une crête mMembraneuse. 

SynonvMie. Salamandre aquatique et noire. Feuill. Journ. des 
Observ. phys. mathém. etc. tom. 1, pag. 319. 

Lacerta caudiverbera. Linn. Syst. Natur. pag. 859, n° 2. 

Caudiverbera Peruviana. Laurent. Synops. Rept. pag. 43. 

Lacerta caudiverbera. Gmel. Syst. Nat. pag. 1058 , n° 2. 

Caudiverbera Peruviana. Shaw. Gener. Zool. tom. 3, pag. 277. 

Gecko cristatus. Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 167. 

Gecko caudiverbera. Merr. Amph. pag. 46. 

Le Fouette-Queue Bory de Saint-Vinc. Dict. class. d'Hist. nat. 


tom. 7, pag. 199. 
Le Fouette-Queue ou Gecko du Pérou. Cuv. Règ. anim. tom. 5, 


pag. 92. 
The Peruvian Gecko. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag: 149. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête est épaisse et le muséau pointu. Fort ouvertes 
et placées l’une à droite, l'autre à gauche de ce dernier, les na- 
rines sont bordées chacune par un grand cercle charnu, que 
l'animal ouvre et ferme de temps à autre, de même que si c'était 
deux paupières. Les mâchoires sont ornées chacune d'une ran- 
gée de petites dents pointues et un peu crochues. La langue est 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. ÏTYODACTYLE. 4. _ 307 
épaisse, large, vermeillé, et entièrement attachée au plancher 
inférieur de la bouche. Ce Ptyodactyle peut gonfler sa gorge de 
manière à la faire ressembler extérieurement à un gros goître. 
Les yeux sont grands, plus longs que larges, et couverts par 
deux paupicres aussi trés developpées. De même que chez les 
grenouilles, les membres antérieurs sont beaucoup plus courts 
que ceux de derriere. Ils se terminent tous quatre par cinq doigts 
qu'une membrane réunit entre eux dans les deux tiers de leur 
longueur; l'extrémité de chacun dé ces doigts est dilatée en un 
large disque arrondi et surmonté d’une crête qui tient lieu 
d'ongle, dit Feuillée, mais qni probablement est une saillie pro- 
duite par l'ongle lui-même , placé au fond d'une fissure existant 
sous le bout du coigt, ainsi que cela se remarque chez plusieurs 
Geckotiens, et particulièrement chez les Ptyodactyles. Le corps 
est étroit vers la poitrine, et au contraire élargi et comme renflé 
vers sa partie moyenne. On compte quatorze où quinze paires 
de côtes. La queue entre pour la moitié à peu près dans la lon- 
gueur totale du corps ; elle est étroite et ronde à sa naissance, s'é- 
largissant ensuite peu à peu, de manière à présenter une forme 
assez semblable à celle d'un aviron arrondi à son extrémité. Cet 
élargissement de la queue est produit par le développement, sur 
chacun de ses bords, d’une membrane offrant des festons ou 
des dentelures arrondies. Cette même queue se trouve surmontée 
d'une crête membraneuse, qui prenant naissance sur le front et 
se continuant sur le dos, se prolonge jusqu'a son extrémité, 
en augmentant graduellement de hauteur. La peau est revêtue 
de petits grains squammeux qui la rendent chagtinée comme 
celle du Caméléon vulgaire. 

Cororarion. Ce Geckotien est peint d'un noir tirant sur le bleu 
d'indigo, excepté cependant sur les paupières et sous le ventre, 
où ce noir, en devenant plus clair, prend une teinte ardoisée. 
L'iris est jaune safran et la pupille d’un bleu foncé. 

Dimensions. Longueur totale. 45° 5”. 

Parrie. Cette espece est originaire du Chili, où elle a été-dé- 
couverte par le père Feuillée, dans une source d’eau vive, à peu 
de distance de la ville de la Conception. 

Observations. Elle est, à ce qu'il paraît, fort rare, car elle n’a 
été rencontrée depuis par aucun voyageur, pas même par Molina, 
qui en parle comme s'il l'avait vue, mais qui n'a point assez 
changé les termes de sa description, pour qu'on ne s'aperçoive 


25. 


388 LÉZARDS GECKOTIENS 


de suite que c’est une simple copie de celle de Feuillée, que 
nous avons nous-mêmes reproduite ici. Cette description , sans 
être trés détaillée , suffit néanmoins, ainsi que la figure qui l’ac- 
compagne, laquelle n’est pas non plus tres bonne, pour faire recon- 
naître, non-seulement que le Saurien qui en est le sujet appar- 
tient au genre Ptyodactyle, mais encore quil est bien distinct 
des deux autres espèces à queue plate, que nous avons pu ob- 
server en nature. Nous devons répéter ici ce que nous avons 
déjà dit à l’article de l'Hémidactyle de Séba, que plusieurs au- 
teurs, au nombre desquels se trouvent Linné et Daudin en par- 
ticulier, ont eu le tort de citer sous le même nom, c’est-à-dire 
comme étant de la même espèce que la Salamandre noire de 
Feuillée, ou notre Ptyodactylus Feuillæi, tandis que la Salamandre 
d'Arabie de Séba est notre Æemidactylus Sebæ, qu'à la seule 
inspection des doigts on reconnaît pour étre génériquement dif- 
férens. 


IVe GENRE. PHYLLODACTYLE. -— PHYLLO- 
DACTYLUS. Gray. 


(Phyllodactylus et Diplodactylus de Gray et de 
 Wiegmann, Spheriodactylus de Cuvier et de 
Wagler, au moins en partie.) 


Caracrires. Tous les doigts garnis d'ongles , dilatés 
à leur extrémité libre en un disque subtriangulaire, 
offrant en dessous une surface unie, plane ou con- 
vexe; mais toujours creusée sur la longueur par un 
sillon médian au fond duquel l’ongle est logé et paraît 
être enfoncé. 


Le genre Phyllodactyle a été établi par M. Gray pour y 
ranger toutes les espèces de Geckotiens dont les doigts sont 
dilatés à leur extrémité et offrent là en dessous une face 
plate, lisse, partagée longitudinalement par une ligne en- 
foncée au devant de - laquelle l’ongle est caché. Nous y 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES. G, PHYLLODACTYLE. 389 


avons réuni les Diplodactyles du même auteur qui ne dif- 
fèrent des Phyllodactyles qu’en ce que la face inférieure de 
la portion dilatée du doigt, au lieu d’être plane , semble 
garnie de deux petits tubercules, placés, l’un à droite, 
l'autre à gauche de la fissure ou du sillon dont nous ve- 
nons de parler (1). 

On ne peut confondre les Phyllodactyles, qui ont les 
doigts élargis dans toute ieur longueur, ni avec les Hé- 
midactyles qui n’offrent cette dilatation que dans la portion 
basilaire ou radicale. Ils se distinguent aussi très bien des 
Ptyodactyles par cela seul qu’ils manquent, sous le bout des 
doigts, de feuillets imbriqués , disposés comme les touches 
d'un éventail étalé ; et des Sphériodactyles en ce qu'ils ont 
de plus qu'eux des ongles et une fissure sous le disque 
élargi qni termine leurs doigts. 

Les Phyliodactyles, au moins ceux que nous avons pu 
vbserver , ont tous l'ouverture de la pupille verticale, le 
bord inférieur de la paupière rentré dans l'orbite et les 
narines situées, l’une à droite, l’autre à gauche de l’ex- 
trémité du museau. Aucun d'eux n'a de pores fémoraux, 
ni un second rang de plaques derrière celui que forment les 
Jabiales inférieures. Ces Geckotiens ont des écailles carrées 
ou arrondies disposées par anneaux ou en verticilles au- 
tour de la queue. Tous, un seul excepté dont le cou est 
légèrement étranglé, ont cette partie du corps arrondie 
et confondue avec la tête et le tronc. Il résulte de cette 
conformation que leur physionomie est la même que celle 
des Platydactyles Homolépidotes. La plupart ont les écailles 
qui garnissent la superficie du corps uniformes ou égales 
entre elles, quelques-uns offrent des tubercules carénés. 

La partie dilatée de leurs doigts constitue une sorte de 
disque ou d’élargissement triangulaire en arrière duquel on 
remarque en dessous une suite de petites lames transver- 


PEER O1 


() Voyez dans l'atlas de cet ouvrage la planche 33, n° 5. 


390 LÉZARDS GECKOTIENS 


sales entières et non imbriquées chez le plus grand nombre 
des espèces ; mais qui, chez quelques-unes, sont entuilées 
et échancrées en chevrons sur le bord antérieur. 

Ün de ces Phyllodactyles que nous avons nommé Stro- 
phure, a la faculté de rouler en dessous l’extrémité de sa 
queue, à peu près comme le font les Caméléons. C’est une 
particularité qui n’a été jusqu'ici observée dans aucune 
espèce de Geckotiens, et qui probablement sert à l’animal 
comme d'une cinquième patte pour se soutenir suspendu 
aux branches des arbres sur lesquels il grimpe. 

Notre genre Phyllodactyle comprend ane partie des 
Sphériodactyles de Cuvier et de Wagler (1); les Phyllodac- 
tyles et les Diplodactyles de Gray : deux genres qui ont été 
adoptés et augmentés chacun d’une espèce qui y a été 
inscrite par M. Wiezgmann. Le nombre de celles que nous 
allons faire connaître est de huit ; c’est-à-dire trois de plus 
que n’en ont décrit les erpétologistes. En voici le tableau 
synoptique. 


(1) Puisque l’occasion s’en présente, nous croyons devoir faire 
remarquer ici que Wagler, tout en adoptant le genre proposé pär 
Cuvier et en lui assignant les mêmes caractères, a changé sans 
motif valable, le nom qu'il cite, et selon nous fort à tort. Il l'ap- 
pelle Sphærodactylus : ce qui d’après l'étymologie signifierait doigt 
globuleux; tandis que le créateur du mot Spheriodactyle a eu cer- 
tainement l'intention d'exprimer que le doigt est coupé en rond; 
qu'il a son pourtour arrondi : ce qu’expriment en eïlet les deux 
mots grecs : Zœaior un disque plat et Aaxrunoc le doigt. C’est un 
léger reproche auquel Wagler s’est au reste moins souvent exposé 
que Merrem et plusieurs autres erpétologistes. | 


391 


G. FHYLLODACTYLE. 


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392 LÉZABRDS: GECKOTIENS 


2. PHYLLODAGTYLE DE LESUEUR. Phyllodactylus Lesueurü. 
Nobis. 


CaracrÈres. Lames sous - digitales en chevrons. Une suite de 
rhombes bruns sur le dos. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce a les tempes légèrement renflées, le cou 
gros, arrondi et la queue sub-fusiforme, c’est-à-dire pointue au 
bout et plus grosse au milieu qu'à sa base. Quoique déprimée , 
elle est fort épaisse et arrondie latéralement. La longueur des 
pattes postérieures est égale aux deux tiers de l'étendue longitu- 
dinale du tronc; celle des antérieures, à la moitié seulement. Les 
pouces sont d’un tiers plus courts que les seconds doigts; le cin- 
quième est aussi moins long que le quatrième ; mais les trois 
autres ont à peu près la même longueur. En dessous, tous les 
doigts offrent trois ou quatre lames en chevrons, fort épaisses, 
situées entre celles de la portion basilaire, qui sont rectangu- 
laires, et les deux petites plaques qui garnissent la face infé- 
rieure de l'extrémité digitale. En dessus comme en dessous, la 
queue, qui varie de longueur, est garnie de petites écailles car- 
rées, disposées par verticilles. Ce sont des lamelles écailleuses hexa- 
gonales et plates, qui revêtent le ventre et le dessous des mem- 
bres ; mais la peau de la gorge est couverte de petits grains qui 
deviennent plus gros à mesure qu'ils approchent du menton. On 
peut observer des grains en quinconces qui tapissent les régions 
supérieures des autres parties du corps. 

Les ouvertures nasales sont situées aux deux angles supérieurs 
de la plaque rostrale. En bas, elles touchent au bord supérieur 
de la première lahiale ; en haut, à une des deux plaques carrées 
qui couvrent le museau; en arrière, elles sont bornées par deux 
écailles convexes , un peu moins petites que celles qui les suivent. 
On voit deux pores percés dans la peau sur le bord postérieur du 
cloaque. 

Cororarion. Les parties supérieures sont fauves avec quelques 
traits bruns sur les membres ; mais ce qui caractérise surtout cette 
espèce, c’est d'offrir la figure d’une chaîne formée par des losanges 
bruns, placés les uns à la suite des autres, et cela depuis le dessus 
de la tête jusqu'à l'extrémité de la queue. Les jeunes sujets ont une 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PHYLLODACTYLE. 2. 303 


bande fauve le long du rachis, laquelle est bordée d'une ligne 
anguleuse brune. Les côtés du dos et les flancs sont brun-mar- 
ron, semés de points blancs. 

Druexsiows. Longueur totale. 9” 6”. Téte. Long. 1” 5°”; haut. 
5°”; larg. 1”. Cou. Long. 8”. Corps. Long. 3” 5°”. Membr. antér. 
Long. 1” 5°”. Membr. post. Long. 2”.Queue. Long, 3” 8”. 

P:rRE. Ce Phyllodactyle vit à la Nouvelle - Guinée et à la Nou- 
velle - Hollande. La collection en renferme depuis long-temps des 
échantillons rapportés de ce dernier pays par Péron et Lesueur, 
où il en a été recueilli d'autres, ainsi que dans le premier, par 
MM. Quoy et Gaymard. 


LE] 


2. LE PHYLLODACTYLE PORPHYRÉ. Phytlodactylus porphy- 
reus. Nobis. 


( Voyez pl. 33, n°5.) 


CaracTÈres. Lamelles sous-digitales transverso-rectangulaires, 
plaque mentonnière aussi peu dilatée que les labiales; de figure 
triangulaire et à sommet tronqué. Dos à écailles granuleuses, 
marbré ou piqueté de brun sur un fond fauve. 

Synowymie. Gecko porphyreus. Daud. Hist. Rept. tom. 4, 
pag. 190. 

Gecko phorphyreus. Merr. Amph. pag. 45. 

Le Gecko porphyre. Cuv. Reg. anim. tom. 2, pag. 97. 

Sphærodactylus porphyreus. Wagl. Amph. pag. 145. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce ressemble à la précédente par l'ensemble 
de ses formes. Ce qui l'en distingue particulièrement , c'est de 
n'avoir point de lamelles sous-digitales en chevrons. Toutes celles 
qu'on y voitsont quadrangulaires. Les narines sont situées et entou- 
rées de la même manière que celles du Phyllodactyle de Lesueur. 
L’écaillure du corps ne differe pas non plus de celle de ce dernier. 

Cozorarion. Il n'existe donc plus entre eux d’autres différences 
que dans le mode de leur coloration. Chez l'espèce qui fait le 
sujet dé cette description, il se compose à peu près des mêmes 
couleurs que chez le Phyllodactyle de Lesueur, seulement les 
teintes sont autrement distribuées. Le brun y domine davantage, 
ets y montre sous la forme de marbrures ou de vermiculations 
assez dilatées, ou bien il n’y est distribué que par petits points. 


394 LÉZARDS GECKOTIENS 


Dimensions. Longueur totale. 10”. Téte, Long. 1” 3°”; haut. 5”; 
larg. 8°". Cou. Long. 8”. Corps. Long. 3”, Memb. antér. Long. 1” 
5”. Memb. post. Long. 1” 8”. Queue. Long. 5” 2 

Parrre. Il faut que cette espèce appartienne à la fois à l'Afrique 
et à la Nouvelle-Hollande ; ear il nous a été impossible de trouver 
la moindre différence entre des individus recueillis au Cap par 
Delalande, ou à Madagascar par MM. Quoy et Gaymard, et d’au- 
tres rapportés de Port-Jackson par Péron et Lesueur. Daudin a 
signalé cette espèce comme venant d'Amérique , mais c'est certai- 
nement par erreur ; car le seul individu qu'il a observé fait en- 
core aujourd hui partie de notre collection , et rien sur l'étiquette 
que porte le bocal n'indique qu'il ait été envoyé de ce pays. 

Observations, Cette espèce, décrite pour la première fois par 
Daudin , sous le nom de Gecko porphyreus, avait été placée par 
Cuvier dans son genre Sphériodactyle, d’où nous avons nécessaire- 
ment dü la retirer pour la ranger parmi les Phyllodactyles, sa 
véritable place. C'est à tort que M. Gray cite ce même Gecko 
porphyrreus de Daudin comme étant de la même espèce que son 
Phyllodactylus pulcher; car celui-ci est couvert de tubercules, 
tandis que celui-là n’en offre pas un seul. 


299 
e 


3. LE PHYLLODACTYLE GYMNOPYGE. Phyllodactylus gym- 
nopygus. Nobis. 


CaracTÈres. Doigts grêles, à plaques sous- digitales rectangu- 
laires. Une surface triangulaire dénuée d'écailles au devant de 
l'anus. 

SYNONYMIE ? 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce a quelque chose de plus svelte, de plus 
élancé que les deux précédentes. Sous ce rapport, elle tient un 
peu des Gymnodactyles. Ce qui la caractérise le mieux , c'est l'ab- 
sence complète d'écailles sur une surface triangulaire, comprise 
entre le bord anal et les cuisses. À cet endroit, la peau est tout-à- 
fait nue. La tête se présente sous la forme d’un triangle isocèle 
allongé. Le museau arrondi en dessus, et légèrement déprimé à 
son extrémité, de chaque côté de laquelle sont situées les narines. 
Celles-ci sont ovales-et circonscrites en avant par une partie de la 


OU SAURIENS ASCALABOTES. GC. PHYLLODACTYLE. 3. 395 


plaque rostrale et de la premiere labiale , et en arrière par deux 
scutelles anguleuses. La plaque rostrale est tres dilatée, repliée 
sur le museau, et pentagone dans sa forme. Un sillon longitudinal 
la partage par le milieu , et l'on voi que la partie la plus avancée 
sur le museau forme un angle, dont le sommet est faiblement 
échancré. On ne compte que huit plaques labiales de chaque côté 
delarostrale, celle d’entre elles qui touche à cette plaque estrec- 
tangulaire, de même que les six dernières; mais elle est plus basse 
que la seconde, qui est pentagonale. I] n’y a non plus que seize la- 
biales inférieures, huit à droite et huit à gauche de la lame écail- 
leuse qui se trouve appliquée sur le bout de la mâchoire. Cette 
plaque de figure ovo-subtriangulaire occupe sous le menton un 
espace plus long que large. L'ouverture du conduit auditif est 
simple et ovale. Le bord inférieur de la paupière est rentré dans 
l'orbite. Les doigts sont grèles et garnis en dessous de petites 
lames transverses, depuis leur base jusqu'a la plaque échancrée 
qui les termine. La queue est arrondie dans toute son étendue ; 
elle finit en pointe extrêmement fine. De petites écailles granu- 
leuses recouvrent la tête et le cou. 11 y en a d'ovales et plates sur 
le dos ; de carrées, disposées en verticilles autour de la queue , et 
d'imbriquées, ayant une forme rhomboïdale sous le ventre et sur 
les membres. Celles qui revêtent la gorge sont sub-ciroulaires et 
en pavé. On ne voit de pores ni sur les cuisses ni au devant de 
l'anus. 


Cocorarion. Le dessous de l’animal est entièrement blanc; mais 
ses parties supérieures offrent une teinte fauve ou couleur de 
chair vermiculée de brun sur la tête, nuagé de la même couleur 
sur le dos et les membres, et piqueté de brunâtre sur la queue. 
Cette couleur forme encore quatre bandes appliquées en long, 
deux sur le milieu et une sur chaque côté du museau. La paupière 
est blanche, Nous avons un jeune sujet sur le dos dnquel le brun 
forme comme des bandes transversales, de même que sur la région 
supérieure de la queue. | 


Dimensions. Longueur totale. 8” 9°”. Téte. Long. 1” 8”; haut. 
4"; larg. 8°”. Cou. Long. 4°”. Corps. Long. 3°”. Memb. antér. Long. 
15. Memb. postér. Long. 2”. Queue. Long. 4” >”. 


Parnie. Ce Phyllodactyle est encore la seule espèce américaine 
que nous connaissions. La collection en renferme deux individus 
quu ont été recueillis au Chili par M. Dorhigny. 


396 LÉZARDS GECKOTIENE 


4. LE PHYLLODACTYLE TUBERCULEUX. Phyllodactylus 
tuberculosus. Wiegmann. 


CaracTEres. Dessus du corps garni de douze ou quatorze ran- 
gées longitudinales de tubercules ovales et carénés. Plèque du 
dessous du menton pentagone, très dilatée. 

SYNONYME. Phyllodactylus tuberculosus. Wiegm. Beitr. zur 
Zool. Act. Acad. Cæs. Leop. Carol. Nat. Cur. tom. 17, part. 1, 
pag. 241, tab. 18, fig. 2. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce a le crâne et le museau recouverts d’é- 
cailles arrondies, convexes, uniformes et disposées en pavé. Sur 
l'occiput on en voit de semblables pour la forme, mais d’un plus 
petit diamètre, et entremélées de quelques autres un peu plus 
dilatées , de figure ovale et carénées. Les ouvertures externes des 
narines sont ovalaires, et situées aux deux angles supérieurs d’une 
grande plaque rostrale. Quelques petites scutelles subquadrilaté- 
rales garnissent le dessus du museau. La plaque qui se trouve 
appliquée sur le bout du maxillaire inférieur est ovo-pentagonale 
et repliée sous le menton. A sa droite et à sa gauche, se voit une 
scutelle à cinq pans, derrière laquelle il en existe quatre ou cinq 
autres plus petites, disposées sur une ligne transversale. On 
compte neuf plaques labiales de chaque côté en haut, et huit 
aussi de chaque côté en bas. Ce sont de petites écailles circulaires 
et lisses qui revètent le dessus du dos, sur lequel se montrent 
douze ou quatorze rangées longitudinales de tubercules ovales 
fortement carénés. Les petites plaques écailleuses qui protégent 
le ventre sont hexagonales, affectant néanmoins une figure cir- 
culaire ; celles des parties latérales de la queue ressemblezit à des 
ovales tronqués. Elles sont carénées, et parmi elles s'en mélent 
quelques-unes de plus petites, qui ont l'air de former des bandes 
transversales. La queue est arrondie et terminée en pointe assez 
grêle. Sous la région inférieure, sont appliquées des plaques po- 
lygones ovales, dilatées en travers, formant une bande longi- 
tudinale. 11 n'existe point de pores fémoraux. 

CoLorarion. Un gris clair, tacheté de gris noirâtre, règne sur 
les parties supérieures, tandis que les régions inférieures sont 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. PHYLLODACTYLE. 0. 307 


blanchâtres, La queue offre des anneaux dc la même couleur 
que les taches du dos. 

Dimensions. Nous ne pouvons pas les indiquer d’une manière 
positive, n'ayant pas eu ce Saurien sous les yeux. 

Par:1e. Ce Phyllodactyle est originaire de Californie. 

Observations. Nous ne le connaissons point en nature. La des- 
cription qu'on vient de lire est une traduction de celle que 
M. Wiegmann a publiée dans un mémoire inséré dans les Actes 
des Curieux de la nature, de Berlin, et où il a fait l’histoire des 


Reptiles recueillis par M. Meyen, pendant le cours d'un voyage 
autour du monde. 


S, PHYLLODACTYLE GENTIL. Phyllodactylus pulcher. Gray. 
(Voyez pl. 53, n° 5.) 


Caractères. Dos garni de tubercules triangulaires. 


SynonymrEe. Phyllodactylus pulcher. Gray, Spicilegia Zool. 
part. 1, pag. 3, tab. 3, fig. r, «a et b. 


DESCRIPTION. 


Formes. La partie supérieure du corps et des membres est re- 
vêtue de larges tubercules à trois faces. La poitrine et l’abdomen 
offrent des écailles élargies, triangulaires, lisses et imbriquées. La 
gorge est couverte de petits grains squammeux. 

Les membres sont courts, mais robustes, et les plaques labiales 
assez grandes. La rostrale est très dilatée en travers. 

Cozorarion. Ce Geckotien offre des marbrures brunes sur un 
fond blanchâtre. 

Dimensions. Téte. Long. 2” 5°”. Corps. Long. 4” 8”. Queue» 

Observations. Ces détails, empruntés à M. Gray, sont les seuls 
que nous soyons dans le cas de donner sur cette espèce, qui ne 
nous est pas connue en nature. 


G.LE PHYLLODACTYLE STROPHURE. Phyllodactylus strophurus. 
Nobis. 


( Voyez pl. 32, fig. 1.) 


CarAcTÉRES. Parties supérieures grises, clair-semées de tuber- 
cules blancs. Queue arrondie ayant l'extrémitéenroulée en dessous. 


LÉZARDS GECKOT:ENS 


Ch 
(æ) 
ee 


DESCRIPTION. 


Forues. La tête est épaisse. L'on peut dire de son contour hori- 
zontal qu'il est plutôt ovale que triangulaire.Le museau est court, 
convexe; arrondi en avant et presque aussi large que l’occiput. 
Les uarines sont percées chacune à l'un des angles supérieurs et 
latéraux de la plaque rostrale. Cette plaque constitue done une 
partie de leur contour, lequel est complété par la première la- 
biale et trois petites plaques carrées. La plaque rostrale, plus 
dilatée dans son sens transversal que dans le vertical , offre cinq 
côtés, dont deux forment sur le dessus du museau un angle à 
sommet échancré. Douze plaques carrées adhérent aux lèvres 
de chaque côté. IL en existe une de forme triangulaire et d'un 
très petit diamètre, à l'extrémité de la mâchoire inférieure. Les 
yeux sont très ouverts. La partie de la paupière qui est la con- 
tinuation de la voûte orbitaire, a son bord garni de légers tu- 
bercules dont quelques-uns ressemblent à de petits cônes tres 
pointus. Les doigts sont fort aplatis, et garnis en dessous de 
lamelles transversales minces et échancrées en cœur en avant. 
La queue n’a guère en longueur que les deux tiers de celle du 
reste du corps. Elle est arrondie, et se termine brusquement en 
une pointe, qui peut se recourber ou s'enrouler en dessous, 
comme cela se voit chez une espèce d'Agame, et plus évidemment 
encore chez les Caméléons. Cette queue , du reste, paraït très 
flexible et bien moins susceptible de se casser que celle des autres 
Geckotiens. La peau de ce Phyllodactyle est revêtue de très petites 
écailles, égales et plates sur les régions inférieures du corps ; 
écailles qui sont hexagonales sous les membres, et subcirculaires 
sous le ventre et sous la gorge, où le long du bord des branches 
du maxillaire on n'en voit pas de plus dilatées que les autres, 
ainsi que cela se remarque souvent chez les Geckotiens. Quelques- 
unes des écailles garnissant la surface de la tête sont légèrement 
convexes. Celles du dessus et des côtés du corps sont plates, clair- 
sémées de petits tubercules peu élevés, ou bien d'écailles circu- 
laires d’un diamètre trois fois plus grand que celui des autres. Sur 
le dessus de la queue, ou voit successivement, depuis sa racine 
jusqu'aux deux tiers de sa longueur, deux rangs transversaux de 
tubercules , et deux rangs de très petits grains squammeux ; mais 
à partir de cet endroit les rangs de grains augmentent de plus en 


OU SAURIENS ASGALABOTES. G. PHYLLODACTYLE. 7. 309 


plus jusqu'à la pointe caudale. La paume des mains €t la plante 
des pieds sont granuleuses. 

CoLorarion. Tout le dessus du corps offre un gris cendré, relevé 
par le blanc qui colore les petits tubercules du dos. Des piquetures 
noires se laissent apercevoir sur les membres et sur les parties 
latérales de la queue ,-aussi bien que sous toutes les régions infé- 
rieures de l'animal, qui sont blanches. Sous la queue et sur le 
bout du museau, il existe de petites lignes flexueuses de res 
noire. Le tour de la paupiere est blanc. 

Diméwsiows. Longueur totale. 9” 1”. Tête. Long. 1” 2°”; haut. 
5”; larg. 8°”. Cou. Long. 3”. five Long. 2” 3°”. Memb. anter. 
Long. 1” 4”. Memb. post. Long. 1” 5”. Queue. Long. 2” 6”. 

Patrie. Ce Phyllodactyle est une espèce Australasienne, que 
MM. Quoy et Gaymard ont trouvée à la baie des Chiens marins, à 
la Nouvelle-Hollande. 


7. LE PHYLLODACTYLE GERRHOPYGE. Phyllodactylus 
Gerrhoprgus. Wiegmann. 


CaracrÈres. Deux petites pelotes ovales sous le bout de chaque 
doigt. Région préanale protégée par une grande plaque cordi- 
forme. 

Synowvmie. Diplodactylus Gerrhopygus. Wiegmann. Beitr. zur 
Zool. Act. Acad, Cæs. Leop. Carol. Cur. tom. 17, part. 1, 
pag: 242. 


DESCRIPTION. 


Formes. La surface supérieure de la tête est revêtue d'’écailles 
arrrondies d'égale grandeur, serrées et lisses. Celles du dos sont 
de même forme, d’un plus petit diamètre. Il existe, tout-à-fait à 
l'extrémité du museau, deux plaquesrostrales de figure pentagone, 
Les ouvertures des narines sont situées , l’une à droite, l’autre à 
gauche, immédiatement au-dessus des deux premieres scutelles 
labiales. En arrière, elles sont limitées par trois petites plaques 
particulières. Dix lames écailleuses adhèrent à la lèvre supérieure, 
et huit seulement à l’inférieure. La plaque qui enveloppe la pointe 
du maxillaire inférieur est presque campanuliforme. Des écailles 
circulaires se voient sous la gorge ; celles d’entre elles qui avoi- 
sinent le menton sont un peu plus dilatées que les autres. 

Les squamelles abdominales sont arrondies. La région préanale 
est protégée par une large plaque écailleuse divisée en deux, et 


400 LÉZARDS GECKOTIENS. 


dont l’ensemble du contour offre la figure d’un cœur renversé. 
Des anneaux d'écailles uniformes, sub-hexagonales et lisses en- 
tourent la queue dans toute son étendue. 

Les doigts sout grêles et recouverts, dans leur moitié infé- 
rieure , d'écailles scutiformes élargies. Le dessous de leur extré- 
mité, c'est-à-dire de leur portion dilatée, est garni de deux petites 
pelotes ou verrues cornées, ovales, épaisses, entre lesquelles 
l'ongle peut complétement se retirer. 

Cozorarrox. La couleur de ce Phÿllodactyle est d’un gris clair 
avec des bandes transversales brunes ou noirâtres sur le dos et sur 
la queue. 

Dimensions. Corps. Long. 2”. Queue. Long. 2” 2”. 

Parrie. Cette espèce est originaire du Pérou. 

Observations. Elle ne nous est connue que par cette description, 
qui est la traduction de celle qu’en a publiée M. Wiegmann dans 
un mémoire inséré dans les Actes des Curieux de la nature, de 
Berlin. 


8. LE PHYLLODACTYLE A BANDE. Phytllodactylus vittatus. 


Caracrères. Brun, avec une bande dorsale plus foncée. Des 
taches jaunes sur les membres et la queue. 

SYNONYMIE. Diplodactylus vittatus. Gray. Proceed. of the com- 
mitt. of sc. and corresp. of the Zool. Societ. of Lond. part. 2 
(1832), pag. 40. 


DESCRIPTION. 


Formes. Les doigts sont sub-cylindriques, si ce n’est à leur extré- 
mité antérieure qui est dilatée, offrant en dessous, de chaque 
côté de la fente longitudinale qui y est pratiquée, un petit ren- 
flement ovale et uni. Les écailles du dos sont petites et lisses. 
Celles du ventre sont un peu plus grandes. Les cuisses sont privées 
de pores. 

Cozorarion. 11 y a de chaque côté du corps deux rangées de 
petites taches qui deviennent plus larges sur la région supérieure 
de la queue. 

Dimensions. Longueur de la téte et du corps. 5” 5”. Queue. 
Long. 3” 5”, 

Patrie. Ce Phyllodactyle vit à la Nouvelle-Hollande. 

Observations. 1] ne nous est connu que par les détails descriptifs 
qui précédent ; détails que nous avons empruntés à M. Gray. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. Ge SPHÉRIODACTYLE.  4OI 


Ve GENRE. SPHÉRIODACTYLE. — SPA ÆRIO- 
DACTY LUS. Cuvier. 


(Sphæriodactylus de Gray, Wiegmann et Wagier.) 


Caracrèëres. Doigts sub-cylindriques, sans ongles, 
offrant sous leur extrémité antérieure un petit disque 
circulaire entier. 


Les Sphériodactyles sont des Geckotiens de fort petite 
taille, qui se distinguent des deux genres précédens , en ce 
qu’ils sont complétement privés d'ongles, et que le dessous 
de l’extrémité de leurs doigts est lisse et entier , c’est-à-dire 
sans fissure longitudinale , ni lamelles entuilées disposées 
en éventail. Les doigts des Sphériodactyies sont presque 
arrondis ou cylindriques , excepté à leur extrémité libre , où 
ils offrent sous leur face inférieure de petites lames trans- 
versales à peine imbriquées. 

L’ensemble de leur conformation est le même que chez les 
Scincoïdiens, ou que chez les Platydactyles Homolépidotes. 
La tête de ces petits Ascalabotes s’unit tellement au cou 
qu’elle semble s’y confondre , tant cette région est courte, 
grosse et arrondie. Leur museau court, triangulaire et 
aplati fait que la tête offre une certaine ressemblance avec 
celle des jeunes Autruches. 

Les Sphériodactyles ont une pupille arrondie , et leurs 
paupières forment aussi un cercle complet autour de l'œil. 
Ils ont sur le dos de petites écailles égales partout et assez 
épaisses. Sous le ventre il y a des scutelles minces, plates 
et imbriquées, et sous la queue une bande longitudinale de 
lamelles écailleuses dilatées en travers. Ge dernier caractere 
jeur est commun avec Îles Hémidactyles. Aucune espèce ne 
nous a offert de pores fémoraux. 

Tel que nous l’adoptons, le genre Sphériodactyle n’est 

REPTILES , Il. | 26 


402 LÉZARDS GECKOTIENS 


pas absolument le même que celui qui à été établi par Cu- 
vier ; nous avons cru devoir adopter les modifications que 
Jai a fait subir M. Gray, qui en a distrait les espèces pour- 
vues d'ongles , et qui ont une fente sous le bout des doigts; 
c'est avec ces espèces que ce dernier auteur a formé le 
genre Phyllodactyle, que nous décrirons plus tard. 


Voici le tableau synoptique des trois seules espèces, qui 
composent aujourd'hui le genre des Sphériodactyles. 


TABLEAU SYNOPTIQUE DES ESPÉCES DU GENRE 
SPHÉRIODACTYLE, 


ÊDos a écailles { plus petites que les latérales. . . 3. S. Bizarre. 


médianes 


semblables : / à bandes trarisverses, 1. S. SPUTATEUR. 
corps 


piqueté de blanc, . . 2. S. À PETITS POINTS, } 


2. LE SPHÉRIODACTYLE SPUTATEUR. Sphæriodactylus sputator. 
Cuvier. 


Caracreres. Museau pointu. Des bandes transversales alternes, 
les unes noires où brunes, les autres fauves ou blanchâtres tout 
le long du corps. 


SyNonvmiE. Lacerta sputator. Sparm. Nov. Act. Stockh. tom. 5, 
peg. 164, tab. 4, fig. 1-3. 
Lacerta sputator. Gmel. Syst. Nat. pag. 1076, n° 72. 
Le Sputateur. Lacép. Quad. ovip. tom. 1, pag. 409, pl. 28, 
fig. 1 et 2. 
_ Stellio sputator. Schneïd. Ampb. Phys: part. 2, pag. 29. 
Anolis sputator. Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 99. 
Gecko sputaior. Bosc. Dict. d'Hist. nat. tom. 12, pag. 514. 
Gecko sputator. Merrem: Amph. pag. 45. 
Le Gecko sputateur à bandes. Cuv. Reg. anim. tom. 2, pag, 67. 
Sphærodactylus sputator. Wagl. Syst. Amph. pag. 143. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G« SPHÉRIODACTYLE. 1. 403 


The spitling Gecko. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 150. 

Sphæriodactylus sputator. Gray. Synops. in Griffith's. Anim. 
Kingd. tom. 9, pag. 52. 

Gecko sputator. Schinz. Naturgesch Ahbild. pag. 75, tab. 13. 


DESCRIPTION. 


Forwes. La partie antérieure de la tête, ou le museau, vue en 
dessus, offre deux lignes réunies en angle aigu. Elle diminue sen- 
siblement d'épaisseur en s'avancant vers sa pointe. Sa longueur est 
d'un tiers plus grande que la largeur du front. Ce museau offre 
quatre angles, et par conséquent quatre faces distinctes et planes. 
Les deux latérales sont penchées en dedans, en raison de ce que 
le diamètre transversal de la supérieure est moindre que celui 
de l'inférieure. La paupière, dont le bord est garni d’un cordon 
granuleux, forme un cercle complet autour du globe de l'œil. 
Celui-ci n'est pas d’un grand diamètre , et a son ouverture pu- 
pillaire arrondie. Le bout du museau est enveloppé, ou mieux, 
se trouve emboîte dans une grande plaque triangulaire, articulée 
en arrière et en dedans avec trois autres plaques : une médiane, 
pentagone et fort petite, qu'elle recoit dans une échanerure, et 
deux latérales à celles-ci, de moyenne grandeur, affectant une 
figure triangulaire. C'est par le bord d'une de ses plaques, par 
celui de derrière de la rostrale, et le supérieur de la première 
labiale, que se trouve circonscrite chaque ouverture nasale, la- 
quelle est petite, subeirculaire, et située tout-à-fait sur le côté 
du museau. La plaque rostrale est partagée dans presque toute 
sa longuéur par un sillon assez profond. Il y a cinq scutelles 
quadrilatérales, oblongues, sur chaque côté de la lèvre supé- 
rieure ; et deux seulement sur l'inférieure, dont la première 
offre une surface triple de celle de la bébtide: La plaque qui pro- 
tége l'extrémité du maxillaire inférieur est aussi trés dilatée ; sa 
figure tient de celle du triangle. Tout le long du dos la peau 
forme un petit pli qui correspond à la colonne vertébrale. Les 
membres antérieurs ont en longueur la moitié, et les postérieurs 
les trois quarts de celle du tronc. Les doigts sont grêles, presque 
ronds, et les petits disques qui les terminent antérieurement et 
en dessous sont lisses et à peu prés circulaires. Sur le reste de leur 


surface inférieure on compte de neuf à douze lamelles trans- 
versales, légerement imbriquées, 


26. 


40% | LÉZARDS GECKOTIENS 


La queue est arrondie, forte à sa base et très pointue à son 
extrémité. À l'exception d'une bande de scutelles transversales 
qui en garnit la région médio-longitudinale inférieure, on ne 
voit sur toute la surface que de petites écailles sub-arrondies et 
disposées comme les tuiles d'un toit. Nous n'avons pas aperçu de 
pores sous Îes cuisses des individus que nous avons examinés. Des 
écailles arrondies, convexes , juxta-posées, recouvrent toutes les 
parties supérieures du corps. Le ventre en offre de rhomboï- 
dales et entuilées. Sous la gorge il y en a de granulées, excepté 
tout près du menton, où l'on aperçoit quelques petites plaques 
ovales. 

Cozorariox. Le corps est entouré de dix larges anneaux blancs, 
séparés par autant de cercles noirs. Le premier est situé entre 
l'œil et l'oreille, le second vers la nuque, le troisième au niveau 
des épaules ; il y en a deux qui entourent l'abdomen et les cinq 
autres restent pour la queue. La face est noire, mais relevée par 
deux raies blanches, s'étendant de l’œil au bont du nez. Chez les 
jeunes sujets, les bandes noires sont remplacées par des brunes, 
et il y en a de roussâtres qui couvrent les blanches, de manière 
à ne laisser voir que les bords de celles-ci. 

Dimensions. Longueur totale. 5” 8”. Téte. Long. 9”; haut. 3”, 
larg. 4°”. Cou. Long. 3°”. Corps. Long. 2”. Memb. antér. Long. 7”. 
Memb. post. Long. 1”. Queue. Long. 2° 6”. 

Parme. On trouve ce Sphériodactyle dans toutes les Antilles, 
et particulièrement à Saint-Domingue, d’où il nous a été envoyé 
en grand nombre par M. Alexandre Ricord. 

Ce nom de. Sputateur ou Cracheur aura été donné probable- 
ment à ce Saurien , parce que son cri aura été comparé au bruit 
que ferait l'animal s’il crachaït, ou s'il voulait, à l’aide de l’air 
chassé rapidement de ses poumons, produire l'expulsion de sa 
salive. C’est peut-être par suite de cette opinion qu'on à, dit-on, 
le préjugé dans le pays, qu'il faut éviter de l'approcher et de 
l'irriter, parce qu'il lance une sorte de salive ou de crachat noir, 
qui fait venir des ampoules sur les parties du corps où cette hu- 
meur vient à tomber. 

Observations. Le portrait de cette espèce, fait d'une maniere 
très reconnaissable , se trouve dans un des manuscrits du pére 
Plumier, qui sont déposés à la bibliothéque de notre établisse- 
ment. Daudin l'avait reconnu comme nous ; car il le cite à l'ar- 
ticle de son Anolis sputateur, qui n'est autre que l'espèce que 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. SPHÉRIODACTYLE. 2. 40 


nous venons de faire connaître. Sparmann et Lacépède ont aussi, 
chacun de leur côté, décrit et représenté le Sphériodactyle spu- 
tateur, et nous pensons comme eux, que l'on doit considérer 
comme n'en étant que de simples variétés les individus gris, 
ondés de noirâtre, dont ils parlent. M. Cuvier aurait alors eu 
tort de citer la figure de Lacépède, qui représente cette variété 
du Splrériodactyle sputateur comme une espèce particulière, 
qu'il qualifie de grise. Mais nous croyons plutôt que lorsqu'après 
avoir parlé du Sphériodactyle à bandes, l'illustre auteur du 
Règne animal ajoute qu'il en existe une autre espèce d’un cendré 
uniforme, il avait en vue de désigner l’espécesuivante, notre Sphé- 
riodactyle à très petits points, qu'il a certainement observé dans 
notre collection, et qui, au premier abord, lui parut se rap- 
porter à la variété grise du Sputateur de Lacépéde. 


2. LE SPHÉRIODACTYLE A TRÈS PETITS POINTS. Sphæriodac= 
tylus punctatissimus. Nobis. 


Caracrères. Parties supérieures du corps roussâtres, piquetces 
de blanc. 


DESCRIPTION. 


Forues. Nous n'avons trouvé, dans l’organisation extérieure de 
cette espèce, rien autre chose qui püt la faire distinguer de la 
précédente que son système de coloration. 


Cocorariox. Loin d'offrir des bandes transversales comme le 
Sphériodactyle sputateur, notre Sphæriodactylus purctatissimus est 
en dessus, tout piqueté de blanc sur un fond roussâtre. Chez la 
plupart des individus que nous avons observés, ces piquetures 
blanches s'étendent depuis le hout du museau jusqu'à l'extrémité 
de la queue; tandis que chez quelques-uns, elles sont rempla- 
cées, sur les régions céphaliques, par des raies flexueuses de la 
même couleur. Les parties inférieures présentent une teinte blan- 
châtre, uniforme sous le ventre et la queue, vermiculée de rous- 
sâtre sous la gorge. 


DE 


Dimensions. Longueur totale. 7” 8”. Téte. Long. 1°; haut. 5"; 
larg. 5°”. Cou. Long. 3”. Corps. Long. 2” 5°”. Memb, antér. Long. 


29? 


8”. Memb. postér. Long. 1°. Queuc. Long. 47. 


LE 


406 LÉZARDS GECKOTIENS 


Parrie. La patrie de cette espèce est la même que celle dm Sphé- 
riodactyle sputateur. C'est également à M. Alexandre Ricord que 
le Muséum est redevable des échantillons qu'il possède, 


3. LE SPHÉRIODACTYLE BIZARRE. Sphæriodactylus. fantas- 
ticus. Cuvier. 


Caridreres. Corps fauve; tête noire, vermiculée de blanc : 
écailles rachidiennes plus petites que celles des autres parties 
du dos. 

Synonyuie. Sphæriodactylus fantasticus. Cuv. Coll, du Mus. 


DESCRIPTION. 


Formes. Le museau de ce Sphériodactyle est de même forme, 
mais plus court que celui de l'espèce précédente. L’extrémité où 
toute la partie située à Favant des narinessemble comme emboîtée 
dans la plaque rostrale, dont le bord postérieur est rectiligne. Im- 
médiatement derrière ce bord se trouve ne rangée transversale 
de huit écailles ou petites plaques, dont les quatre médianes s'ar- 
ticulent avec lui; tandis que les quatre autres, deux à droite et 
deux à gauche, en sont séparées par l’ouverture nasale. Cette 
plaque est circulaire et tout-à-fait latérale. Il y a de chaque côté 
trois scutelles labiales inférieures et trois supérieures : celles-ei 
sont rectangulaires et à pen prés de même dimension ; mais celles- 
là sont sub-trapézoïdales et d'un diamètre différent, puisque la 
premiere est trois fois plus grande que les deux dernières ensemble. 
La lame écailleuse, qui enveloppe le menton, est tres dilatée et 
de figure sub-rhomboïdale. La paupière forme un cercle complet 
autour de l'œil, dont l'ouverture pupillaire est arrondie. L'entrée 
du conduit auditif a la même forme. Le cou n'offre pas d’étran- 
glement. La longueur des pattes antérieures est à peine égale à 
celle de la moitié du tronc. Les pieds de derrière sont un peu 
moins courts. Les doigts sont grêles, ayant le petit épatement 
de leur extrémité hsse et circulaire. Leur face inférieure est 
transversalement garnie de cinq à six petites lames écailleuses. La 
queue entre pour un peu plus de la moitié dans la longueur totale 
du corps. Elle est arrondie , très forte à sa naissance, et tres effilée 
dansle reste de son étendue. En dessus, ce sont des écailles ovales, 
imbriquées et lisses qui la recouvrent ; en dessous c'est une 


OÙ SAURIENS ASCALABOTES. G. SPHÉRIODACTYLE 3. 405% 
seule bande de scutelles rhomboïdales très dilaftées en travers. Un 
pavé de grains squammeux uniformes se montre sur toutes les par- 
ties de la tête, ainsi que sur le cou. Le dessus du corps est revêtu 
d’écailles fort épaisses, subrhomboïdales , légèrement carénées ét 
disposées comme les tuiles d'un toit. Cependant il n’en existe pas 
de cette sorte sur la région rachidienne ; celles qu'on y remarque 
sont beaucoup plus petites et granuleuses. Les écailles pectorales 
et les abdominales sont minces, en losanges et imbriquées. On 
n'apercçoit de pores, ni le long des cuisses, ni au devant de 
l'anus. 

Cocorariox. Ce petit Saurien a toutes les parties dü corps d’un 
fauve grisâtre, excepté la tête, qui est d’un noïr profond , fine- 
ment vermiculé de blanc très pur. 


Varréré. Nous n’avons pas osé proposer comme espèces déter- 
iminéés des individus , auxquels la description qu'on vient de lire 
conviendrait en tous points, si ce h'était le système de coloration 
de la tête, semblable à celle du reste du corps, offrant de cha- 
que côté, en arrière des yeux, une bande blonde qui va se ter- 
miner à l’occiput et sur le crâne , où l’on voit un dessin égale- 
ment de couleur blonde ; représentant la figure d'un cœur. 


Dimensions. Longueur totale. 6” 4°. Téte. Long. 8°”; haut. 3”; 
larg. 5°”. Cou. Long. 3°”. Corps. Long. 1” 8”. Memb. antér. Long. 
8”: Memb. postér. Long. 1”. Queue. Long. 3” 5°”. 


Patrie. Ce Sphériodactyle se trouve à la Martinique. Le Mu- 
séum en a recu de M. Plée plusieurs beaux échantillons. 


Observations. Nous avons conservé à cette espèce le nom de Fan- 
tasticus , sous lequel nous l'avons trouvée étiquetée par M. Cu- 
vier, probablement à cause de la singulière physionomie que 
présentent les individus, dont la couleur noire de la tête est re- 
haussée par les lignes du blanc le plus pur qui la parcourent en 
tous sens. 


LÉZARDS GECKOTIENS 


+ 
e 
G 


VI GENRE. GYMNODACTYLE. — GYMNO- 
DACTYLUS. Spix. 


(Stenodactylus de Fitzinger (en partie); Gymnodac: 
tylus de Guvier, Wagler et Wiesmann; Cyrio- 
dactylus de Gray, ou Gonyodactylus de Kuhl et 
de Wagler; Phyllurus de Cuvier; Pristurus de 
Rüppel. ) 


Caracrères. Cinq ongles non rétractiles à tous les 
pieds; doigts non dilatés en travers, ni dentelés sur 
les bords ; le cinquième des pattes postérieures versa- 
tile ou pouvant s’écarter des autres à angle droit. 


Sous ce nom de Gymnodactyle , que Spix a créé pour dé- 
signer un genre de Geckotien, dans lequel il n’a rangé 
qu'une seule espèce, le Gymnodactylus geckoides (1), 
nous réunissons tous les Ascalabotes à doigts étroits, dont 
les bords sont dépourvus de dentelures , le dessous garni 
de lames transversales au lieu d’écailles granuleuses , et le 
cinquième doigt des pattes postérieures susceptible de s’é- 
carter assez des autres doigts pour former un angle droit. 

C'est en particulier ce qui distingue les Gymnodactyles 
du genre Sténodactyle, le seul qui, comme eux, parmi la 


(1) La figure de ce Gymnodactylus geckoides de Spix ressemble 
tellement au Gymnodactylus scaber, que , dans notre opinion, c’est 
réellement cette dernière espèce qu’elle représente, espèce que ce 
voyageur aura recueillie sur les côtes septentrionales de l'Afrique, 
et donnée comme originaire d'Amérique, ainsi que cela lui est 
arrivé pour plusieurs autres Reptiles. ( Voyez à la page 421, n°8 
du présent volume, ) 


OU SAURIENS ASCALABOTES, G. GYMNODACTYLE. 409 
famille des Geckotiens , n'ait ni les ongles rétractiles ni au- 
cune partie des doigts dilatée en travers. 

Il y a peu de Gymnodactyles qui aient les doigts presque 
arrondis. Chez eux, en général, ces parties terminales des 
pattes sont allongées, grêles et plus ou moins comprimées. 
Cet aplatissement de droite à gauche est moins prononcé à 
la base du doigt qu'à sa partie antérieure, qui, presque 
toujours , est légèrement arquée. 

Les doigts de la plupart des Gymnodactyles paraissent 
comme brisés ; cela vient de ce que la troisième phalanse, 
qui ordinairement est assez courte, peut se relever de ma- 
nière à former un angle droit avec la seconde, ainsi qu'avec 
la quatrième , qui conserve sa position horizontale. 

C'est même sur ce caractère que Kulh s’est fondé pour 
établir le genre Goniodactyle , adopté par Wagler et 
Wiegmann , et M. Gray celui de Cyrtodactylus , auquel 
plus tard, avec raison, il a réuni les Gymnodactyles de 
Spix et les Phyllures de Cuvier. 


On peut partager les Gymnodactyles en deux divisions 
tout-à-fait analogues à celles que nous avons établies parmi 
les Platydactyles, c’est-à-dire en Homolépidotes et en 
Hétérolépidotes ; mais nous les appellerons ici, à cause de la 
différence que présentent les écailles du dos, les uns Æo- 
monotes , ou à dos semblable à lui-même; et les autres He- 
téronotes , parce que les écailles sont de formes et de gros- 
seurs différentes sur le dos. 


Nous présentons dans le tableau synoptique qui va suivre, 
la marche analytique à l’aide de laquelle on arrivera sans 
peine à la détermination des douze espèces réunies jusqu’ici 
dans ce genre. Nous n'avons indiqué, parmi les caractères 
naturels , que ceux qui sont le plus évidens, ou du moins les 
plas faciles à comparer; car il en est d’autres auxquels on 
pourrait altacher beaucoup plus d'importance; mais nous 
n'avons pu les mettre en opposition. 


LEZARDS GECKOTIENS 


10 


+ 


*SAUNN] 34 


*AUATIXET 
*STANYI Y 
*ANDIANO( 14 
*AUAUV IN 
“ILINAN) 

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*SINAY£ SLNIO4 Ÿ 


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*ANÜINVLIHA VI 


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| 


"A'IXALOVAONNAD AUNAO NA SAIAASA SAT HAÔLLAONXS AVAIAVL 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. GYMNODACTYLE,. I. 41 ll 


fre Division. GYMNODACTYLES HOMONOTES. 


À ce caractère d’avoir les écailles du dos égales entre 
elles, ces Gymnodactyles joignent encore ceux d'avoir fa 
pupille arrondie et la paupière entière ; c'est-à-dire formant 
un cercle complet autour de l'œil, qui est aussi moins 
srand que chez les espèces de la seconde division. Aucun 
de ces Gymnodactyles “omolépidotes n'offre de pores sous 
les cuisses, ni au devant du cloaque. Nous n’en avons non 
plus jamais observé un seul chez lequel ia peau formât un 
pli le long de chaque flanc. Ils sont tous de fort petite 
taille. 

On peut les partager en deux groupes , d’après la con- 
formation de leur queue, qui est ou arrondie et sans 
crête, où comprimée latéralement , et surmontée d’un rang 
de petites écailles redressées. 


Ë. LE GYMNODACTYLE DE TIMOR. Gymnodactylus Timoriensis. 
| Nobis. 


CaracrÈres. Extrémité de la mâchoire inférieure garnie d'une 
trèsgrande plaques’articulant en arrière par nn angle très ouvert 
à deux seutelles hexagones six écailles labiales inférieures seu- 
lement. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête de ce Gymnodactyle est fort épaisse. Sa forme 
est celle d'une pyramide à quatre faces. Le museau est court, 
mais néanmoins pointu ; la plaque dite rostrale, qui en protége 
l'extrémité, est pentagone et un peu plus dilatée dans son sens 
transversal que dans son diamètre vertical. En haut, elle $arti- 
cule avec une paire de plaques hexagones qui sont situées tout-à- 
fait sur le museau, et que séparent deux très petites écailles pla- 
cées l'une devant l’autre. C’est entre l'une de ces plaques hexagones 
et l'angle latéro-supérieur dela plaque rostrale que se trouve per- 
cée la narine, dont l'ouverture est fort petite et parfaitement 


41 D LÉZARDS GECKOTIENS 

circulaire. On compte cinq paires de plaques labiales, toutes 
rectangulaires . mais diminuant de longueur à mesure qu'elles se 
rapprochent de l'angle de la bouche. La lèvre inférieure ne pré- 
sente que trois plaques, dont une fort petite de chaque côté de 
celle qui garnit le menton. Cette scutelle mentonnière, qui est 
tres développée, ressemble à un losange, Elle est immédiatement 
suivie d'une rangée transversale de quatre écailles polygones. Les 
yeux ne sont pastrès grands. La paupière qui les protége forme 
un cercle complet autour de l'œil, sans offrir de pli circulaire 
bien sensible. La prunelle est arrondie, et le méat auditif très 
petit et ovale. 

Les doigts sont longs et gréles et se terminent par des ongles 
assez courts. Ils offrent plutôt un léger aplatissement latéral qu'une 
forme arrondie. Leur face inférieure est protégée par une bande 
longitudinale de lamelles écailleuses, élargies et sub-imbriquées. 
Un pavé de petites écailles hexagonales arrondies et faiblement 
bombées revêt la surface du museau. Le crâne, les joues, aussi 
bien que le dessus et les côtés du corps, offrent des grains squam- 
meux, égaux, serrés les uns contre les autres. De tres petites 
écailles circulaires , à surfaces légerement convexes, garnissent 
la peau de la gorge. 11 en existe de plus dilatées, plates, sub- 
imbriquées, et affectant une forme hexagonale, sous le cou, sur 
la poitrine et sur l'abdomen. Cette espèce de Gymnodactyle n’a 
ni pores préanaux, ni pores fémoraux. 


Coorariox. Un brun grisâtre est répandu sur les parties laté- 
rales du corps ; tandis que le dessus de la tête et le dos présentent 
une teinte roussâtre. Quelques petites taches brunes se montrent 
sur le crâne; on en voit de plus dilatées et peu distinctes les 
unes des autres de chaque côté de la région rachidienne. Une 
raienoire, interrompue de distance en distance, règne le long des 
flancs. Toutes les parties inférieures de l’animal offrent un gris 


roussatre. 


LE 


Dimensions. Longueur totale . . ? Tête. 1” 1. Cou. Long. 3°. 
Corps. Long. 2” 1°”. Memb. ant. Long. 1” 2”. Memb. post. Long. 


2? 


1” 3”. Queue. Long. ? 
Parrie. Ce Gymnodactyle vient de l'ile de Timor. 


Observations. C'est une espèce encore inédite dont on doit la 
découverte à M. Gaudichaud. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. @. GYMNODACTYLE. 2. Â13 


D, LE GYMNODACTYLE DE GAUDICHAUD. Gymnodactylus 
Gaudichaudii. Nobis. à 


CaracrTeres. Une plaque mentonniére médiocrement dilatée. 
Cinq paires d’écailles labiales inférieures. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce a les plus grands rapports avec le Gym- 
nodactyle de Timor. Cependant elle s’en distingue particulière- 
ment par deux plaques de plus de chaque côté de celle qui enve- 
loppe le hout du menton. Elle a donc cinq paires de plaques 
labiales inférieures, plaques qui sont quadrilatères , oblongues, 
et qui diminuent graduellement de grandeur en s’avancant vers 
l'angle de la bouche. L’écaille mentonnière offre une figure sub- 
rhomboïdale. Elle est médiocrement dilatée, et s'articule en ar- 
riére avec deux petites plaques polygones. La plaque rostrale a 
peu de hauteur, mais est assez étendue dans son sens transversal. 
Elle offre cinq côtés : deux latéraux fort petits, un inférieur tres 
large, et deux supérieurs assez grands, qui forment un angle 
aigu, de chaque côté duquel sont situées les narines. Chacune 
d'elles se trouve placée entre un des bords de la rostrale et trois 
petites écailles à plusieurs pans. La lèvre supérieure est garnie de 
six paires d'écailles quadrilatères, oblongues, fort étroites. La 
prunelle a une figure arrondie, et le bord palpébral forme un 
cercle complet autour du globe de l'œil. Le méat auditif ressemble 
à celui de l'espèce précédente. 

Les doigts sont droits, grêles, sub-arrondis, et de longueur 
moyenne. Leur face inférieure est protégée par une bande d'é- 
cailles quadrilatères et imbriquées. Les ongles sont courts, mais 
néanmoins crochus. La queue, qui se termine brusquement en 
pointe , est arrondie et plus forte vers sa région moyenne qu'à sa 
base. Sous ce rapport, elle ressemble à celle des Sphériodactyles 
et de beaucoup de Phyllodactyles. La surface entière de cette 
partie terminale du corps est revêtue de nombreuses petites écailles 
imbriquées, ayant leur bord libre arrondi. On ne voit de pores 
ni le long des cuisses, ni au devant du cloaque. De petites plaques 
lisses et plates, qui à la première vue paraissent ovalaires, mais 
qui ont réellement plusieurs pans, recouvrent le dessus et les 


414 LÉZARDS GECKOTIENS 


côtés du museau. Le crâne en offre de granuleuses et égales entre 
elles ; c'est-à-dire complétement semblables à celles qui garnissent 
le cou, le dos et les flancs. La poitrine et l'abdomen sont pro- 
tégés par des lames écailleuses , plates et lisses , ressemblant à des 
losanges. 

Cororariow. Ce petit Geckotien est diversement peint de fauve, 
de brun et de noirâtre. Néanmoins on remarque que cette der- 
niere couieur forme des marbrures supportées par les deux au- 
tres, qui règnent, la première sur la tête, la seconde sur le corps, 
la queue et les membres, 

.Druessions. Longueur totale. 578 


229 


LE] 


. Tête. Long. 9”. Cou. Long. 
4”. Corps. Long. 2”. Memb. antér. Long. 9°”, Memb. postér. Long. 
He 1 Queue Long:s2/5%%;:l) : | 

Parrie. Le Gymnodactyle de Gaudichaud est originaire du 
Chili. Le seul individu que renferme la collection a été rapporté 
de Coquimbo , par le savant voyageur dont il porte le nom. 


3. LE GYMNODACTYLE MAURITANIQUE. Gymnodaetylus 
Mauritanicus. Nobis. 
CaracTÈres. Une plaque en losange sous le menton, suivie de 
deux autres plus petites et de forme triangulaire, Cinq paires de 
scutelles labiales inférieures. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce a la tête légérement déprimée. En avant, 
elle se termine en pointe obtuse et arrondie. Les narines, par- 
faitement circulaires, sont ouvertes de chaque côté du museau, et 
entourées par la plaque rostrale , la première labiale et trois scu- 
telles polygones. La figure de la plaque rostrale est celle d'un pen- 
tagone. A sa droite, ilexiste cinq écailles labiales, et un semblable 
nombre à sa gauche. La lévre inférieure est garnie de cinq plaques 
de chaque côté de celle qui protége le menton , laquelle est fort 
grande et de forme rhomboïdale. Derrière elle, il existe deux 
plaques triangulaires. L'ouverture pupillaire est arrondie, et la 
paupière entiere, c’est-à-dire formant un angle complet autour 
de l'œil. Les doigts sont d'une extrême gracilité, allongés, arron- 
dis et armés d'ongles fort courts et peu crochus. On n'observe 
ni d'écailles crypteuses ni le long des cuisses, ni sur la région 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. GYMNODACTYLE. 4. 415 


préanale. La queue a en longueur la moitié environ de celle de 
l'animal. Elle est médiocrement forte et cylindrique jusque vers 
le dernier quart de son étendue, lequel forme une pointe assez 
grêle. Des écailles épaisses, cireulaires, juxta-posées, revêtent 
toutes les parties supérieures du corps; les régions inférieures en 
offrent de plus grandes ayant une forme rhomboïdale. Il faut tou- 
tefois en excepter la gorge, dont la peau est granuleuse. 

Cozorarion. En dessus, ce petit Geckotien présente une teinte 
ardoisée, semée d'un grand nombre de petits points bruns, aux- 
quels se mêlent quelques taches blanches cerclées de noir. 

Le dessous du corps est uniformément blanchâtre, excepté la 
gorge qui est piquetée de brun. 

Dimensions. Longueur totale. 2" 9". Tête. Long. 8". Cou. Long. 
3”. Corps. Long. 1° 5”. Memb. antér. Long. 9”. Memb. postér. 
Long. 1” 1°”. Queue. Long. 3”. 

Parrre. Cette espèce a été donnée au Muséum d'histoire natu- 
relle par un professeur de cet établissement, M. Flourens, qui 
l'avait recue d'Alger avec quelques autres Reptiles. 


&. LE GYMNODACTYLE A GORGE BLANCHE. Gymnodactylus 
albogularis. Nobis. 


Caracrères. Une trés grande plaque mentonnière, suivie de 
quatre scutelles placées sur une ligne transversale, et ayant à sa 
droite, comme à sa gauche, quatre écailles labiales, dont deux 
excessivement petites. Gorge blanche. 


DESCRIPTION. 


Formes. Ce Gymnodactyle a des formes sveltes et élancées. En 
arrière des yeux, la tête est presque aussi haute que large. Le 
museau est court et arrondi au bout. La plaque rostrale est 
grande, et plus étendue dans le sens transversal que dans son 
sens vertical. Elle offre cinq pans, un inférieur , deux latéraux et 
deux supérieurs qui forment un angle assez ouvert, de chaque 
côté duquel s'ouvrent les narines. De cette manière, chacune de 
celles-ci se trouve bornée , en avant, par la plaque rostrale ; en 
haut, par une des deux scutelles rhomboïdales placées sur le mu- 
seau, en arrière par une autre plaque d’un moindre diamètre, 
et inférieurement par une quatrième encore plus petite, 


 16 .  LÉZARDS GECKOTIENS 


Une très grande écaille protége le bout de la mâchoire infé- 
rieure. Sa figure est à peu près celle d’un losange. Derrière cette 
écaille , tout-à-fait sous le menton, on en voit, sur une même 
ligne transversale, quatre très petites ayant plusieurs pans. La 
lèvré supérieure supporte , de chaque côté de la plaque rostrale , 
cinq lames écailleuses quadrilatères-oblongues. La lévre inférieure 
n'en offre que quatre paires , les deux premières fort dilatées , les 
deux dernières au contraire fort petites. Nous comptons cin- 
quante dents environ à la mâchoire supérieure, et quelques- 
unes de moins à l'inférieure. Elles sont toutes à peu prés de 
même longueur, mais les antérieures laissent un peu plus d’in- 
tervalles entre elles que les latérales. La paupière forme un cercle 
complet autour de l'œil, dont l'ouverture pupillaire est arrondie. 
Les trous des oreilles sont ovales. Les doigts de cette espèce sont 
encore plus grêles que ceux de la précédente. Ils offrent tous un 
léger aplatissement de droite à gauche, et des petites écailles 
transversales sous leur face inférieure. Le premier, ou le pouce, 
est faiblement arqué dans le sens de sa longueur ; tandis que les 
quatre autres n'ont que la dernière phalange qui présente cette 
forme, les précédentes s’articulent entre elles à angles droits et 
opposés, ce qui fait que les doigts paraissent comme brisés à trois 
endroits différens. Les ongles sont assez forts et très crochus. La 
queue, qui est arrondie et excessivement effilée , entre pour beau- 
coup plus de la moitié dans la longueur totale du corps. Un pavé 
d'écailles polygones , les unes plates, les autres coniques où sim- 
plement convexes, se montre sur le museau. Toutes les parties 
supérieures du corps, autres que les membres et la queue, qui 
porte des petites écailles imbriquées plates, sont revêtues de grains 
squammeux, égaux entre eux, affectant parfois une forme rhom- 
boïdale. La peau de la gorge est granuleuse ; mais celle du ventre 
et de la poitrine se trouve garnie d'écailles en losange, plates et 
placées en recouvrement les unes sur les autres. Le dessous de la 
queue offre une bande de grandes plaques sur sa région médio- 
longitudinale. Les cuisses ne sont point percées de pores ; on n’en 
voit point non plus au devant de l'anus. 

Cocorariox. Nous avons donné à ce Gymnodactyle la qualifica- 
tion d'Ælbogularis , parce qu’en effet le dessous de la tête, et même 
celui du cou, offre un blanc extrêmement pur. Cette couleur se 
montre aussi sur le bas- ventre, sous les cuisses et la queue. Un 
noir profond colore les flancs et les parties Jatérales du corps, 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. GYMNODAC®TYLE. D. A17 


Toutes les régions supérieures de l'animal présentant une ue 
ardoisée. La poitrine est d'un gris blanchâtre. 
Dimensions. Longueur totale. 8”. Tête, Long. 1”. Cou. Long. 4”. 


Corps. Long. 2” 1°”. Memb. anter. Long. 1” 3°”. Memb. post. Long. 
1” 6”. Queue. Long. 4° 5”. 


Parrie. Nous avons recu ce Gymnodactyle de l’île de la Marti- 
nique par les soins de M. Plée. 11 se trouve aussi à Cuba ; Car nous 
en avons vu plusieurs individus parmi les objets d'histoire na- 
turelle recueillis dans cette île par M. Ramon de la Sagra. 


58. LE CYMNODACTYLE A POINTS JAUNES. Gymnodactylus 
ftavipunctatus. Ruppel. 


CaracTéRes. Dos surmonté d’une très petite crête dentelée, qui 
se prolonge sur la queue. Celle-ci aplatie latéralement. Dessus du 
corps vert, ponctué de jaune. 

Syvonvure. Pristurus flavipunctatus. Rupp. Neue Wirbelth. zu 


der Faun. von Abyss. Rept, tab. 6, fig. 3. 
Pristurus flavipunctatus. qHeoue Coct. Dict. FDAQre d'hist. nat. 
tom. 3, pag. 500. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espece est la seule de toute la famille à laquelle 
elle appartient , dont le dos soit surmonté d'une crête. Cette crête, 
formée de petites écailles comprimées , est à la vérité fort basse ; 
mais elle se prononce davantage sur la queue, où elle se conti- 
nue. La queue elle-même offre un caractère encore unique parmi 
les Geckotiens ; c'est l'aplatissement quelle présente de droite à 
gauche, comme cela se voit chez beucoup d'Iguaniens. L'ensemble 
de la conformation de ce Gymnodactyle est d’ailleurs le même-que 
celui des quatre espèces précédentes. L'écaillure de son dos se 
compose de petits grains squammeux uniformes. Il à les doists 
grêles et sub-arrondis, l'ouverture de la pupille circulaire et sa 
paupière forme un cercle complet autour de l'œil. On ne lui voit 
point de pores aux cuisses. 


Cozorarion. Le dessus du corps présente un gris olivâtre, fine- 
ment ponctué de jaune. Le dessous est blanc. 


Dimensions. £ongueur totale, 3” 9". Tête. Long. 9°”, Cou. Long. 
REPTILES , IT. 27 


"% 


418 LÉZARDS GECKOTIENS 
3”. Corps. Long. 2”. Memb. antér. Long. 1” 5”. Memb. poster. 
Long. 1” 7 à Queue. Long. 4? 77. 

Parrie. Ce Gymnodactyle vient de l'Abyssinie. 

Observations. On en doit la découverte à M. Ruppel, qui ena 
fait le type d'un genre particulier, nommé Pristure, que nous 
n'avons pas cru devoir adopter. La description qui précède est la 
reproduction de celle qu'a publiée le savant naturaliste que nous 
venons de nommer; car nous n'avons pas encore eu l'occasion 
d'observer un seul exemplaire de l'espèce dont elle est le sujet. 


2° Division. GYMNODACTYLES HÉTÉRONOTES- 


Toutes les espèces appartenant à cette division ont les 
parties supérieures du corps semées de tubercules plus ou 
moins développés. Toutes également ont l'ouverture pu- 
pillaire e liptique et le bord inférieur de la PR ne 
faisant poi int de saillie en dehors de l'orbite. On n’en remar- 
que non plus aucune qui m’ait le cou légèrement rétréci. 
Cette conformation particulière semble établir une sorte 
d'analogie de ces espèces avec les Hétérolépidotes parmi les 
Platydactyles. Parmices Gymnodactyles Hétéronotes, il en 
est dont la face inférieure des cuisses ou bien la région 
préanale est garnie d’un ang d’écailles crypieuses, tandis 
que d’autres en sont complétement dépourvus. Enfin, les 
uns ont la queue arrondie et les écailles du dessous du corps 
rhomboïdales et imbriquées, et les autres la queue apla- 
tie et toutes leurs régions inférieures revêtues de grains 
squammeux extrêmement fins. Ces derniers en particulier 
manquent de pores, 


6. LE GYMNODACTYLE DE DORBIGNY. Gymnodactylus Dor- 
bignu. Nobis. 


Caracrères. Des petits tubercules lenticulaires mélés aux grains 
de la peau des parties supérieures du corps. Huit paires de lames 
écailleuses sur la lèvre inférieure. Plaque mentonnière médiocre 
et de forme hexagone, de même que deux autres petites plaques 
qui la suivent immédiatement. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. GYMNODACTYLE, 6. 410 


DESCRIPTION. 


Formes. Le Gymnodactyle de Dorbigny a la tête assez allongée, 
et proportionnellement plus aplatie que les espèces précédentes. 
Le bord supérieur de la plaque rostrale forme deux angles aigus. 
Les ouvertures nasales , autour desquelles la peau est légèrement 
gonflée, sont situées, l'une à droite, l’autre à gauche, positive- 
ment au - dessus de la ligne de jonction de cette dernière plaque 
avec la première labiale. En sorte que chacune de ces ouvertures 
se trouve circonscrite par la rostrale , la première labiale et trois 
autres plaques à plusieurs angles. Huit paires d’écailles oblongues 
garnissent chacune des deux lèvres; mais celles de la supérieure 
sont quadrilatérales, tandis que celles de la seconde sont penta- 
gones. 

La plaque qui recouvre le bout du maxillaire inférieur est d’un 
fort petit diamètre. Sa figure est hexagonale, ainsi que celle des 
deux scutelles placées l’üne a côté de l’autre, immédiatement der- 
riére elle. Le dessous de la tête et même celui du cou offrent des 
grains squammeux arrondis. Un pavé de petites écailles polygo- 
nes , plates et lisses, revêt la surface entière du museau. L'œil est 
plus grand que chez aucune des espèces du groupe précédent, et 
le bord inférieur de la paupière fort mince qui l'entoure est, si- 
non tout-à-fait rentré dans l'orbite, au moins fort peu saillant en 
dehors. La pupille a une forme vertico-elliptique, et ses côtés 
frangés. Le trou auditif est ovale, très peu ouvert et placé à l'ar- 
riére de la tête, à pen prés sur la même ligne que l'angle de la 
bouche. 

Longs, droits et grêles, les doigts sont aussi très faiblement 
comprimés et garnis en dessous , sur toute leur longueur, de pe- 
tites écailies quadrilatères, imbriquées , disposées sur une seule et 
même ligne. La queue a , en étendue, la moitié environ de celle 
de la totalité de l'animal. Elle est arrondie et assez eftilée, dimi- 
nuant graduellement de grosseur à mesure qu'elle s'éloigne du 
corps. Les écailles qui la revêtent sont sub-quadrilatères, plates, 
lisses et imbriquées. Le dos et le dessus du cou offrent de petits 
tubercules lenticulaires mêlés à des grains squammeux extrême- 
ment fins. La peau de la gorge est granuleuse ; les écailles de la 
poitrine et du ventre ressemblent à des losanges. 

Cozorarron. Un blanc tant soit peu grisätre est répandu sur 


27° 


420 LÉZARDS GECKOTIENS 


toutes les parties inférieures de ce Gymnodactyle. Ses régions su- 
périeures sont grises, marquées d'un grand nombre de petits 
points, également d'une teinte grise, mais plus foncée. Le bord 
de la paupière est d'un blanc pur. 

Dimensions. Longueur totale. 8” 5”. Tête, Long. 1” 3”. Cou. 
Long. 4”. Corps. Long. 3”. Memb. antér. Long. 1” 5”. Memb. 
postér. Long. 2”. Queue. Long. 4”. ; 

Parate. Cette espèce habite le Chili. Nous en avons un exem- 
plaire recueilli dans la province de la Laguna, par M. d'Orbigny, 
et trois autres que M. Gaudichaud a rapportés de Valparaiso. 


292 


7. LE GYMNODACTYLE A BANDES. Gymnodactylus fasciatus. 
Nobis. 


Caracrères. Des tubercules sub-triédres sur le dessus du corps. 
Doigts arrondis, médiocrement allongés, un peu arqués à leur 
extrémité terminale. Une plaque mentonnière en triangle, suivie 
de deux écailles rhomboïdales. Sept paires de scutelles sur la lèvre 
inférieure. 


DESCRIPTION. 


Formes. Ce Gymnodactyle a le museau large et arrondi, une 
plaque rostrale quadrilatère, plus dilatée transversalement que 
verticalement, et derrière cette plaque deux autres plus petites, 
de figure carrée. Les narines sont arrondies : chacune d'elles se 
trouve située à l'un des deux angles supérieurs de l'écaille ros- 
trale. Le dessus et les côtés du museau sont protégés par un pavé 
d'écailles polygones aplaties. La lèvre inférieure, de même que 
la supérieure, est garnie de sept paires de lames écailleuses, ayant 
une forme quadrilatérale oblongue. Le bout du maxillaire infé- 
rieur offre une scutelle en triangle, derrière laquelle ou sous le 
mentonon en voit deux autres de moindre diamètre et en lo- 
sange. Le bord inférieur de la paupière rentre dans l'orbite, et 
la pupille est vertico-oblongue. Quant aux trous auriculaires , ils 
sont petits et ovales. Les doigts ont proportionnellement moins 
de longueur que ceux du Gymnodactyle de d'Orbigny. Ils sont 
aussi un peu plus forts, arrondis et droits jusqu'à la derniere 
phalange, qui est légèrement arquée. Leur face inférieure offre 
une rangée longitudinale d’écailles quadrilatères oblongues,; un 


OU SAURIENS ASCALABOTES,. G. GYMNODACTYLE. S. 42x 


peu entuilées. Les ongles sont excessivement courts. La queue est 
arrondie, présentant en dessous, comme celle des Hémidactyles, 
une bande de scutelles élargies dont la forme est hexagonale. Le 
crâne est chagriné de grains squammeux, arrondis, inégaux en 
grosseur. Sous la gorge , il existe de petites écailles circulaires, 
légèrement convexes. On compte, sur le dessus et les côtés du 
corps, douze séries longitudinales environ de tubercules trian- 
gulaires, relevés d'une caréne, et plus épais en arrière qu’en 
avant. Entre ces tubercules, très rapprochés les uns des autres, 
sont de petites écailles granuleuses. On en voit d'assez dilatées , 
plates et en losanges sur le ventre et la poitrine. Il n’y a point de 
pores fémoraux, ni de pli de la peau le long de chaque flanc. 


Cozorarion. Des bandes transversales brunes sur un fond gri- 
sâtre, sont ce qui constitue le mode de coloration de la partie 
supérieure du corps de ce Gymnodactyle. La tête, également 
grisâtre en dessus, offre quelques-uns de ses tubercules colorés 
en brun, et une raie de la même couleur qui s'étend, en passant 
sur l'œil, du bout du museau au-dessus de l'oreille. Toutes les 
régions inférieures sont blanches. 


99 299 


Dimensions. Longueur totale... p Tête. Long. 1” 3”. Cou. Long. 
3". Corps. Long. 3”. Memb. antér. Long. 1” 5°”. Memb. postér. 
Long. 2”. Queue. Long... ? 


Pare. Le seul exemplaire appartenant à cette espèce que 
nous ayons encore été dans le cas d'observer, a été envoyé de la 
Martinique au Muséum d'Histoire naturelle, par M. Plée. 


8. LE GYMNODACTYLE RUDE. Gymnodactylus scaber. Nobis. 


CaracrÈres. Des tuhercules trièdres sur le dos. Doigts allongés, 
grêles, comprimés, brisés à angles droits. Plaque du bout du 
maxillaire inférieur ayant une forme triangulaire. Quatre scu- 
telles sous le menton. Une rangée transversale de pores préanaux. 


SYNONYME. Gymnodactylus Geckoïdes Spix, Lacert. Bras. p. 17, 
tab. 18, fig. 1 ? 
ÉStenodactylus scaber. Ruppel, Atl. zu der. Reis in Nordi. Afrik. 
Rept. pag. 19, tab. 4, fig. 2. 
Gymnodactylus Geckoïdes. Cuv. Règ. anim. tom. 2, pag. 58 ? 
Gymnodactylus Gechoïdes. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, p. 151 ? 


422 LÉZARDS GECKOTIENS 

Cyrtodactylus Spixi. Gray. Synops. in Griffith’s. Anim: Kingd. 
tom. 9, pag. 52? 

Gecko scaber. Schinz naturgesch ABbilb. Rept. pag. 79, tab. 16, 
et Gecko Gymnodactylus, pag. 75, tab. 16, 


DESCRIPTION. 


Forues. Ce Gymnodactyle a des formes sveltes et élancées. Ses 
membres sont longs et grêles ; sa queue est ronde et très effilée, 
La plaque rostrale est grande et a quatre pans presque égaux. 
Les narines, dont la forme est ovalaire, sont situées l’une à 
droite , l’autre à gauche, entre l'angle supérieur de cette plaque 
et trois écailles polygones. On compte neuf ou dix paires de scu- 
telles sur chaque lèvre. La lame écailleuse qui garnit l'extrémité 
de la mâchoire inférieure offre une figure triangulaire. En arriere, 
elle s'articule avec deux plaques hexagonales , qui sont suivies de 
deux autres dont la forme est trapézoïde : en sorte qu'il existe 
quatre plaques sous le menton. La pupille est plus haute que 
large ; ses côtés sont anguleux. Le bord inférieur de la paupiére 
ne fait point de saillie en dehors de l'orbite. L'ouverture de l'o- 
reille est grande et ovale. 

Les doigts paraissent comme brisés à plusieurs endroits, attendu 
que les phalanges qui les composent s’articulent, à angle droit, 
l’une avec l’autre. La derniere est légérement arquée. Les doigts 
sont légèrement comprimés, et garnis en dessous d'un rang de 
petites plaques quadrilatérales imbriquées, dilatées en travers. 
Les ongles sont grands et crochus. La peau des flancs fait un pli 
qui, de chaque côté, s'étend de l’aine à l’aisselle. 

Le dessous de la tête, c’est-à-dire la gorge, est revêtu de pe- 
tites écailles plates, lisses et circulaires. Il en existe sur la poitrine 
et l'abdomen, qui non-seulement sont plus dilatées, mais dont 
la figure est hexagone. La peau des fesses est granuleuse. On voit 
au devant de l'anus une rangée transversale de quatre à huit 
écailles quadrilatérales, percées chacune d'un pore ovale. Des 
verticilles de grandes écailles quadrilatérales, oblongues, surmon- 
tées d’une carène qui se termine en pointe en arrière, entourent 
les deux tiers supérieurs du contour de la queue. Ces verticilles 
sont séparés l’un de l’autre par un demi-annean de petites écailles 
imbriquées. La région caudale inférieure est garnie d'une bande 
de larges scutelles hexagonales. Un pavé d'écailles polygones re- 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. GYMNODACTYLE. O. 423 


vêt le dessus et les côtés du museau. Des grains squammeux, con- 
vexes, mêlés à d’autres grains beaucoup plus petits, recouvrent 
le crâne. Le dos offre une espèce de cuirasse formée de gros tu- 
bercules trièdres, disposés en séries longitudinales, au nombre 
de dix ou douze. Ces tubercules ne sont séparés les uns des autres 
que par un ou deux rangs de petites écailles plates et imbriquées 
qui les entourent. 

CoLorarron. Une teinte d'un gris pâle est répandue sur les par- 
ties supérieures de ce Gymnodactyle, dont le dessous du corps 
est blanc. Quelques petites taches brunes se montrent sur les 
lèvres. Le dos en offre d'assez dilatées, qui semblent y être dis- 
posées sur trois lignes longitudinales. Le dessus de la queue est 
coupé transversalement par des bandes brunûtres. 

Dimensions. Longueur totale. 7” 7°”. Tête. Long. 1” 3°”. Cou. 
Long. 4”. Corps. Long. 2” 9”. Memb. antér. Long. 2”. Memb, 
postér. Long. 2” 6”, Queue. Long. 4” 57. 

Parrie. Le Gymnodactylus scaber est originaire de l'Afrique 
septentrionale ; mais, ainsi que plusieurs autres reptiles de cette 
partie de l'Afrique, on le trouve également en Grèce. La collec- 
tion en renferme des exemplaires recueillis dans ces deux pays, 
les uns en Égypte, par M. Ruppel; les autres en Morée, par 
MM. les membres de la commission scientifique, dirigée par M. le 
colonel Bory de Saint-Vincent, 

Observations. Le Gymnodactyle rude est l'espèce que M. Ruppel 
a représentée dans l'Atlas de son Voyage dans le nord de l'Afrique, 
sous le nom de Sfenodactylus scaber. Nous soupconnons forte- 
ment le Gymnodactylus Geckoïdes de Spix de n’en être pas diffé- 
rent. Et il n'y aurait en cela rien qui düt étonner, puisque nous 
savons positivement que ce voyageur a décrit et représenté dans 
son ouvrage, comme américaines, des espèces qu'il avait recueillies 
à Gibraltar. Telles sont en particulier l'Emys Caspica et le Psam- 
nophis lacertina, qu'il a appelées Emys Picta et Natrix lacertina. 


9. LE GYMNODACTYLE GENTIL. Gymnodactylus Pulchellus. 
Nobis. 


CaracrEres. Dessus du corps offrant de gros tubercules trièdres 
mêlés à de petites écailles aplaties. Trois larges bandes de cou- 
leur marron en travers du dos. Une figure en fer à cheval, de la 
même couleur, au-dessus des épaules. Une autre sur l’occiput. 


424 LÉZARDS GECKOTIENS 


Synowrmie. Cyrlodactylus pulchellus. Gray. Phtlosoph. Magaz. 
tom. ?, pag. 06; Zool. Journ. (1828), pag. 224, et llust. of Ind. 
Zool. by Gener. Hardw. part. 7, tab. 7. 

Gonyodactylus pulchellus. WNagl. Amphib. pag. 144. 

Cyriodactylus pulchellus. Gray. Synops. in Griflith's Anim. 
Kingd. tom. 9, pag. 91. 


DESCRIFTION. 


Forues. Le contour horizontal de la tête de ce Gymnodactyle 
a la figure d’un triangle isocèle. La ligne médio-longitudinale dm 
museau est creusée d’un sillon peu profond. Les bords orbitaires 
supérieurs font chacun une légère saillie. Les yeux sont énormes. 
La pupille est elliptique. La portion inférieure de la paupière 
est rentrée dans l'orbite; mais la portion supérieure s'avance 
beaucoup au-dessus du globe de l'œil. Elle est remarquable en ce 
que son bord libre est protégé par denx rangs superposés d’é- 
cailles ayant la forme des tuiles dont on se sert pour garnir la 
partie la plus élevée du toit d'une maison. Ces écailles, par consé- 
quent convexes d'un côté et concaves de l'autre, sont placées les 
unes en dessus, les autres en dessous du bord de la paupière, de 
manière que dans la partie coneave d’une plaque se trouvent recus 
les côtés contigus de deux autres plaques. La scuteile rostrale est 
pentagone. Les lévres sont garnies chacune de dix paires de lames 
écailleuses, qui ressemblent à des quadrilateres oblongs. La plaque 
qui protége le bout du maxillaire inférieur représente un triangle 
rectangle. Un de ses angles se trouve engagé entre deux écailles 
rhomboïdales qui revêtent le dessous du menton, avec les deux. 
autres plaques sous-latérales à celles-ci. L'ouverture auriculaire 
est grande et de figure ovale. Les doigts sont fort allongés; la 
seconde moitié en est beaucoup plus comprimée que la première ; 
la dernière phalange est assez arquée. Cette espèce est une de 
celles, parmi les Gymnodactyles, chez lesquelles les angles que 
forment les phalanges, par la maniere dont elles s’articulent entre 
elles, sont les plus prononcés. Les ongles sont forts et crochus. 
La face inférieure des doigts est revêtue d’un rang d’écailles im- 
briquées , plus larges que longues. 
La queue entre tout au plus pour la moitié dans la longueur 
otale de l'animal ; elle est ronde et grêle. Une bande de scutelles 
élargies protége sa face inférieure ; la supérieure et les deux la- 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. GYMNODACTYLE, G. 420 


térales offrent des écailles quadrilatérales formant des verticiles. 
Sous toute la longueur de chaque cuisse, il règne une rangée 
d'écailles carrées , à l’un des angies desquelles on remarque un 
petit pore arrondi. Ces deux lignes décailles se prolongent un 
peu en avant du cloaque. L'espace qui les sépare alors est tres 
étroit et comme enfoncé. Le dessus des cuisses et la surface en- 
tiére du dos sont hérissés de petits tubercules pointus, qui sont 
semés au milieu de fines écailles aplaties et juxta-posées et ad- 
hérentes à la peau de cette partie du corps. On voit aussi sur le 
crâne quelques autres petits tubercules semblables. Sous la gorge, 
il existe des écailles granuleuses, et sur la poitrine et l’abdo- 
men, on en observe de plates et imbriquées, ressemblant à des lo- 
sanges. 


CoLorarion. Une teinte fauve est répandue sur le dessus du 
corps. Une bande brun-marron, liserée de blanc, s'étend, en 
contournant l'occiput, du bord posterieur d’un orbite à l’autre. 
Une seconde bande de même couleur, et ayant à peu prés la même 
figure, c'est-a-dire celle d'un fer à cheval, couvre les épaules. 
On en compte successivement trois autres, mais simplement trans- 
versales, depuis le premier tiers de la longueur du dos environ 
jusqu'aux reins. Enfin la base de la queue en supporte une sixième, 
Les quatre dernières sont, comme les deux premières, de cou- 
leur brun marron et liserées de blanc. 


Dimexsrons. Longueur totale. 20” 6”. Téte. Long. 3” 1°”. Cou. 
Long. 1”. Corps. Long. 6” 5°”. Memb. antér. Long. 4”. Memb. 
postér. Long. 5” 4°”. Queue. Long. 10”. 


Parrie. Cette belle espèce de Gymnodactyle est originaire du 
Bengale. Le Muséum en possède un seul exemplaire, qui lui a été 
donné par le savant erpétologiste, M. Thomas Bell, de Londres. 


Observations. M. Gray, qui a le premier décrit cette espèce, l’a 
signalée comme manquant de pores fémoraux; c’est une erreur 
qui provient sans doute de ce que l'individu ou les individus 
observés par ce naturaliste étaient des femelles ; car chez l'exem- 
plaire mäle dont nous venons de donner la description, ces 
pores sont très apparens. Le Gymnodactylus pulcher, que M. Gray 
ainsi que M. Wiegmann rangent parmi leurs Gonyodactyles, est 
fort bien représenté dans les Illustrations de la Zoologie indienne 
publiées par le général Hardwick, sous la direction de M. Gray. 


426 LÉZARDS GECKOTIENS 


10. LE GYMNODACTYLE MARBRE. Gyrmnodactylus marmoratus. 
Nobis. 


Caracrëres, Des petits tubercules coniques épars au milieu des 
écailles granuleuses des parties supérieures du corps. De larges 
marbrures noirâtres sur le dos. 

SYNONYME. Gonyodactylus marmoratus. Kuhl. 


Cyrtodactylus marmoratus. Gray, Synops. in Griffith's Anim. 
Kingd. tom. 9, pag. 51. 


DESCRIPTION. 


Forues. La tête est fortement déprimée. Vue en dessus, elle 
représente un triangle isocèle à sommet légèrement obtus. Les 
tempes sont assez renflées. Le ventre ne l’est pas du tout; ilest, 
au contraire , tout d’une venue avec le cou qui est à peine un peu 
plus étroit que lui. La peau des flancs fait un pli bien prononcé 
qui s'étend directement de chaque côté de l’aisselle à laine. Les 
membres sont proportionnellement plus forts et plus épais que 
ceux de l'espèce précédente; mais les doigts ont exactement la 
même forme. Le premier ou le pouce est légèrement arqué dans 
toute sa longueur ; les quatre autres ne le sont qu’à leur extrémité. 
Leur troisième phalange, qui est très courte, forme, avec la 
seconde, en se relevant d'une manière presque verticale, un 
angle droit dont le sommet est dirigé en bas, et avec la quatrième, 
qui reste située horizontalement, un autre angle droit dont le 
sommet se trouve être au-dessus du doigt. Les onglessont robustes, 
crochus et très comprimés , de même que les deux dernières pha- 
langes. Les ouvertures nasales sont médiocres. Aucune plaque 
particulière ne les borde en arrière, où l’on ne voit que de fines 
écailles granuleuses parfaitement semblables à celles qui revêtent 
la surface entière de la tête. Leur position est latérale. Elles occu- 
pent chacune un des angles supérieurs de la plaque rostrale dont 
la figure est quadrangulaire. On compte vingt-deux écailles labia- 
les supérieures et dix-huit inférieures seulement. La plaque men- 
tonniére est, de même que chez l'espèce précédente, en triangle 
rectangle , offrant d'un côté comme de l’autre, sous le menton, 
une écaille rhomboïdale , en dehors de laquelle on en remarque 
une autre beaucoup plus petite de figure à peu près circulaire. 


OU SAURIENS ASCALABOTES, G. GYMNODACTYLE. I11. 427 


Le bord libre de la portion supérieure de la paupière offre deux 
rangées d’écailles présentant la même forme et la même disposition 
que chez le Gymnodactyle Gentil. La pupille est vertico-oblongue 
et le trou auditif a la figure d'un ovale penché en arriere. Des 
grains de forme conique , en grand nombre, sont semés au milieu 
des écailles granuleuses qui revêtent toutes les parties supérieures 
du corps, sans même en excepter les bras. Ce sont aussi des 
écailles granuleuses, mais excessivement fines, qui tapissent le des- 
sous de la tête et celui du cou. À partir de la poitrine , jusqu'a la 
racine de la queue , l’écaillure de la partie inférieure du corps se 
compose de petites lames minces , unies, ovales ou presque cir- 
culaires et disposées comme les tuiles d'un toit. On fait la même 
remarque à l'égard du dessous des cuisses. Celui des bras est cha- 
griné. Les fesses sont granuleuses. Sur la région préanale le long 
des bords d’un enfoncement en forme de V à branches renversées, 
on remarque une dizaine de pores largement ouverts dans des 
écailles de figure presque circulaire. La queue est de la même 
longueur que le reste du corps, arrondie et aussi effilée que celle 
d'un rat. Elle présente , en dessus comme en dessous, de petites 
écailles polygones extrêmement serrées, faiblement imbriquées, 
et se dilatant un tant soit peu davantage à mesure qu'elles se rap- 
prochent de la région inférieure. 

Cozorarion. Des bandes, où plutôt de larges marbrures trans- 
versales de couleur brune sur un fond fauve , constituent le mode 
de coloration du dos et du dessus du cou du Gymnodactyle au- 
quel, à cause de cela, on a appliqué l'épithète de marbré. La sur- 
face des membres est également marbrée de brun et celle de la 
tête piquetée de la même couleur. Il existe une bande brunâtre 
derrière chaque œil. Une teinte d’un gris fauverègne sur les régions 
inférieures ; et la queue, dans toute son étendue, est alternative- 
ment annelée de noir et de blanc. 

Dimensions. Longueur totale, 8° 5”. Téte. Long. 2° 2°". Cou. 
Long. 6”. Corps. Long. 5”. Memb. antér. Long. 3”. Memb, postér. 
Long. 45”, Queue. Long. 8” 5”. 

Pare. On trouve le Gymnodactyle marbré dans l’île de Java. 
Nous en possédons deux exemplaires originaires de cette île, qui 
ont été envoyés du Musée de Leyde à notre établissement, 

Observations. Cette espèce est précisément celle d'après laquelle 
Kuhl a établi son genre Gonyodactyle. Elle fait partie des Cyrto- 
dactyles de M. Gray. 


428 LEZARDS GECKOTIENS 


11. LE GYMNODACTYLE PHYLLURE. Gymnodactylus phyllurus. 


Nobis. 


CaracrÈres. Queue aplatie en forme de feuille. Dessus du corps 
tout hérissé de petites épines. 

SyNonymIE. Lacerta plaiura. White. Journ. new South Wales, 
pag. 246, tab. 3, fig. 2. 

Séellio phyllurus. Schneid. Amph. Phys. part. 2, pag. 3r. 

Lacerta platura. Shaw, Gener. Zool. tom. 3, pag. 247, et Nat. 
Misc. tom. 2, tab. 65. 

Stellio platurus. Daud. Hist. Rept. tom. 4, pag. 24. 

Lezard discosure, Lacép. Ann.Mus. d'Hist. nat. tom.4, pag. 191.. 

Agama piatyura. Merr. Amph. pag. 5r. 

Agama discosura. Idem. 

Phyllurus Cuvicrit. Bory de Saint-Vincent. Dict. class. d'Hist. 
nat. tom. 7, pag. 183, pl. sans numéro. 

Phyllurus platurus. Cuv. Règ. anim. tom. » , pag. 58. 

Phyllurus platurus. Guér. Icon. Règ. anim. tab. 14, fig. r. 

Gymnodactylus platurus. Wagl. Amph. pag. 144. 

Phyllurus platurus. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 15r. 

Cyrtodactylus platurus. Gray. Sinops. in Griffith’s Anim. Kingd 
tom. 9, pag. 52. 

Gecko platicaudus. Schinz. naturgesch. Abbild. Rept. pag. 79, 
tab. 17. 


DESCRIPTION. 


Formes. Aucun Gymnodactyle n'a la tête plus aplatie que 
celui-ci. Elle est triangulaire, et fort élargie en arrière, où, de 
chaque côté, elle offre une pointe sous laquelle se trouve préci- 
sément située l'ouverture médiocre et ovale de l'oreille. La peau 
adhère intimement aux os du crâne, dont la surface est excessi- 
vément raboteuse. Les narines sont latérales, peu ouvertes et 
circulaires. 11 existe une petite plaque quadrangulaire entre cha- 
cune d'elles et la rostrale. Celle-ci, très dilatée en travers, se 
compose aussi de quatre côtés, dont le supérieur est échancré. 
Les écailles labiales sont d’un petit diamètre ; la lèvre supérieure 
en supporte quatorze paires, et l'inférieure douze environ. La 
plaque qui garnit l'extrémité de la mâchoire inférieure a quatre 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. GYMNODACTYLE. II. 429 


côtés, et est une fois plus large en avant qu'en arrière. On ne 
voit point de scutelles sous le menton. La portion de la paupière 
qui s’avance sur le globe de l'œil forme un pli parallele au bord 
de l'orbite, pli sur lequel on remarque une série de petites écailles 
épineuses. Son bord libre est simplement granuleux. L'ouverture 
pupillaire a une forme elliptique. Les membres sont longs et 
maigres, et les doigts qui les terminent à peu près égaux entre 
eux. Le pouce est légérement courbé, les autres doigts offrent 
aussi deux espèces de brisures anguleuses, de même que chez les 
deux espéces précédentes ; mais cependant elles sont beaucoup 
moins sensibles. Tous les doigts ont à peu près le même degré 
d'aplatissement latéral dans toute leur étendue. Leur face infé- 
rieure présente un rang d’écailles quadrilatères, plus larges que 
longues. Les ongles sont courts et fort recourbés. L’étroitesse du 
cou parait plus considérable qu'elle n’est réellement, à cause de 
la largeur de l'occiput. Les flancs sont légérement cintrés en 
dehors ; ils offrent de chaque côté un pli rectiligne qui en par- 
court toute l'étendue, depuis le bras jusqu'a la cuisse. La queue, 
dont la longueur est à peu de chose près la même que celle du 
tronc, se fait principalement remarquer par sa forme, qu’on 
peut jusqu'a un certain point comparer à celle d’une feuille de 
lilas un peu allongée. Quoique fort aplatie, elle conserve néan- 
moins une certaine épaisseur dans sa région moyenne ; mais ses 
bords sont extrémement minces. Ses deux faces offrent un pavé 
de petites écailles polygones, aplaties, excepté cependant vers sa 
partie la plus éloignée, où l'on remarque de petites pointes ex- 
trêémement serrées les unes contre les autres. Les individus fe- 
melles, aussi bien que ceux du sexe mâle, portent un petit 
groupe d'épines de chaque côte de la racine de la queue , qui est 
étranglée à cet endroit. 

On n'observe ni pores fémoraux, ni pores préanaux. Le dessus 
de la tête, celui des membres, la poitrine et le ventre, sont re- 
vêtus d'écailles arrondies, plates, disposées en pavé. Des tuber- 
cules coniques, et si pointus qu'ils ressemblent à de véritables 
épines, hérissent toutes les parties supérieures du corps, à l’ex- 
ception cependant de la tête, des doigts et de la queue. Ces tu- 
bercules, dont la surface est légèrement striée de bas en haut, 
sont entremêlés de petites écailles plates et à plusieurs pans. 

Cozorarion. En dessous, le Gymnodactyle phyllure offre une 


430 LÉZARDS GECKOTIENS 


teinte blanchâtre uniforme. En dessus, il est marbré de noi- 
râtre sur un fond gris plus ou moins foncé. 


Dimensions. Longueur totale. 22” 6”. Téte. Long. 2” 8°”. Cou. 
Long. 1”. Corps. Long. 9” 3”. Memb. antér. Long. 3” 8°”. Memb. 
post. Long. 4” 8”. Queue. Long. 9’ 5”. 


Patrie. Le Gymnodactyle phyllure est originaire de la Nou- 
velle-Hollande. La collection en renferme une belle suite d’échan- 
tillons dont on est redevable à Péron et Lesueur, à M. Busseuil, 
et à MM. Quoy et Gaymard. 


Observations. Nous n'avons pas cru devoir, comme M. Cuvier, 
placer dans un genre particulier le Gymnodactyle phyllure, qui 
ne differe bien réellement de ceux avec lesquels nous le rangeons 
que par la forme de sa queue. Or, cette dépression de la queue 
ne nous semble pas être un caractère assez important pour qu'on 
doive établir un genre d’après lui seul. Au reste, nous ne sommes 
pas les seuls erpétologistes de cet avis, puisqu'il est vrai que 
Wagler, M. Gray et M. Wiegmann avaient déjà réuni les Phyllures 
de Cuvier aux Gymnodactyles de Spix. 


12. LE GYMNODACTYLE DE MILIUS. Gymnodactylus Miliusi. 
Nobis. 
( Vorez pl. 33, fig. 1.) 


CaracTÈRes. Dessus du corps de conleur marron, avec des raies 
blanches en travers, et parsemé de tubercules coniques. Doigts 
courts, droits, arrondis. Une petite plaque mentonnière quadri- 
latère. Queue déprimée. Ni pores fémoraux , ni preanaux. 


Syxoxvmie. Phyllurus Miliusii. Bory de Saint-Vincent, Dict. 
class. d'hist. nat. tom. ;, pag. 183, pl. sans numéro. 

Crrtodactylus Miliusi. Gray,Synops. in Griffith’s Anim. Kingd. 
tom. 9, pag. 92. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce a la tête courte et épaisse. Son cou et son 
corps sont proportionnellement assez étroits. On remarque sur le 
front un enfoncement ayant la figure d’un ovale ouvert en arriére. 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. GYMNODACTYLE. 12. 431 


Les narines sont parfaitement circulaires et situées l’une à droite, 
l'autre à gauche du museau, sur le bord d’une petite plaque arron- 
die qui s'articule avec un des angles supérieurs de la rostrale. 
Celle-ci est presque quadrilatérale et plus dilatée en largeur qu'en 
hauteur. Les lèvres supportent chacune douze paires de lames 
écailleuses. L’extrémité du maxillaire inférieur est protégée par 
une scutelle à quatre pans, dont les deux latéraux sont arqués en 
dedans , et l'inférieur et le postérieur en dehors. 11 n’y a de pla- 
ques ni sous le menton, ni derriere les ouvertures nasales. La 
portion inférieure de la paupière est extrêmement courte ; mais 
la supérieure est très développée : elle forme deux plis parallèlesau 
contour de l'orbite. La pupille aune forme elliptique, et le trou de 
l'oreille , qui est assez ouvert , ressemble à un ovale. Les membres 
sont minces et les doigts médiocrement allongés. Ces derniers sont 
presque cylindriques, c’est-à-dire arrondis et à peu près de même 
grosseur dans toute leur longueur. Leur extrémité terminale es 
légérement arquée , tandis que le reste de leur étendue est droit. 
Les ongles sont extrêmement courts. La face inférieure des doigts 
ést garnie d'une bande de petites lames transversales à peine 
imbriquées. Le long de chaque flanc, la peau forme un pli qui 
s'étend directement du bras à la cuisse. Il n’existe de pores ni le 
le long des cuisses, ni sur la région préanale. Le bord de l'espèce 
de lèvre qui ferme l'ouverture du cloaque est légerement angu- 
leux. La queue, fort étroite à sa racine, se trouve subitement 
élargie de chaque côté jusque vers la moitié de sa longueur par 
un développement fort épais de la peau qui l'enveloppe. En sorte 
qu'elle parait déprimée dans cette portion de son étendue; tandis 
que la seconde portion , qui se termine en pointe tres fine, est 
simplement arrondie. 

L'écaillure des parties supérieures du corps, c'est-à-dire du cou, 
du dos, des membres et de la région élargie de la queue, se com- 
pose d'écailles arrondies, plates et d’une extrême finesse. A ces 
écailles se mêlent beaucoup de petits tubercules coniques souvent 
très pointus, ainsi que cela se voit sur la queue, par exemple. 
Sur le crâne, ces tubercules coniques sont remplacés par d’autres 
tubercules moins forts et lenticulaires. Le dessus du museau est 
revêtu d'nn pavé de petites plaques polygones. Quant à ses côtés, 
ils présentent , de même que le bout de la queue et tout le dessous 
de l'animal, une surface tres finement chagrinée. 


432 . LÉZARDS GECKOTIENS 


CocoraTioN. Deux teintes, l'une blanche, l'autre brun-marron. 
se montrent sur le corps du Gymnodactyle de Milius. La première 
non-seulement règne sur toutes les régions inférieures, mais re- 
paraît sous forme de taches et de raies transversales sur les parties 
supérieures où la seconde est répandue depuis le bout du musean 
jusqu'a l'extrémité de la queue. Les:régions qui offrent des raies 
blanchessont le cou, où il en existe deux fort étroites, et la queue, 
où l'on en compte quatre ou cinq assez larges. Les taches blanches 
sont semées sur le museau, sur les tempes et sur les membres; 
sur le dessus du corps, elles forment des bandes transversales au 
nombre de cinq ou six environ. 


- Dimensions. Longueur totale. 13” 9°”. Téte. Long. 2° 37. Cou. 
Long. 6”. Corps. Long. 4” 6”. Memb. antér. Long. 2” 9”. Memb. 
post. Long. 3” 6”: Queue. Long. 6” 57”. 


Parrie. Ce Gymnodactyle vit à la Nouvelle-Hollande. Le Mu- 
séum en posséde deux échantillons dont il est. redevable à 
MM. Quoy et Gaymard. 

Observations. Pour compléter l'histoire de notre genre Gymno- 
dactyle, nous ajouterons qu'il correspond , avec quelques légères 
particularités, à celui que M. Gray a indiqué sous le nom de Cyr- 
todactyle dans un de ses derniers travaux sur l'Erpétologie. En 
effet, les seules différences qui existent entre ces deux genres 
consistent en ce que, d’une part, M. Gray range avec ses Cyr- 
todactyles les Sphériodactyles, qui pour nous constituent un petit 
groupe générique particulier appartenant à la division des Gecko- 
tiens à doigts dilatés ; et que, de l’autre part, nous avons réuni à 
nos Gymnodactyles le genre Pristure de M. Rüppel, établi sur ce 
simple caractère d’avoir la queue comprimée et surmontée d'une 
faible crête écailleuse. 


ose. mm caen 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. STÉNODACTYLE. 433 


, VII GENRE. STÉNODACTYLE. — STENO- 
DACTY LUS. Fitzinger. 


(Ascalabotes de Lichtenstein et de Wagler ; fteno- 
dactylus de Cuvier, Gymnodactylus de Wiegmann 
(en partie ). 


Caracrëres. Doists cylindriques pointus au bout, 
à bords dentelés et à face inférieure granuleuse. 


Les pattes des Sténodactyles ont une apparence tout- 
à-fait différente de celle des Gymnodactyles. Ceia tient, 
d’une part, à la forme droite et arrondie de leurs doigts, 
et d'une autre, àce que ni le pouce, ni le cinquième doigt 
des pieds de derrière ne peuvent que très peu s’écarter en 
dehors. En dessous, ces doigts, qui se terminent en pointe 
aiguë , sont garnis de petites écailles granuleuses, et de 
chaque côté de petites dentelures. C’est par cela même en 
particulier qu'ils sont faciles à distinguer des Gymnodac- 
tyles qui manquent de dentelures aux doigts, et qui, au 
lieu de grains squammeux, offrent des petites lames écail- 
leuses imbriquées et dilatées en travers. On peut ajouter 
qu'ils n’ont point de pores fémoraux , ni de plis le long des 
côtés du corps; que leur pupille est elliptique , que les 
écailles qui garnissent leur dos sont toutes semblables ; 
qu'ils ont le bord supérieur de la paupière bien développé, 
et l’inférieur, au contraire , excessivement court. Enfin que 
leur queue, très renflée à sa racine, est excessivement grêle 
dans le reste de son étendue. 

M. Fitzinger qui a établi ce genre, y rangeait le Gym- 
nodactylus Geckoüies de Spix, l’Ascalabotes Stenodac- 


REPTILES , I. 20 


34 LÉZARDS GECKOTIENS 
tylus de Lichtenstein , et le Zacerta pipiens de Pallas. 
Mais de ces trois espèces nous ne conservons que la seconde ; 


RS 


attendu que nous avons dû placer la première avec nos 
Gymnodactyles, où lPappelait la conformation de ses doigts, 
et que nous avouons ne pas savoir si la troisième mérite 
réellement d’être admise dans le genre Sténodactyle, 
w'ayant pu nousen faire une idée assez précise d’après 
la description qu’en a publiée le célèbre voyageur que nous 
venons de nommer. 

Notre genre Sténodactyle ne se composera donc, quant 
à présent , que d’une seule espèce, le Sténodactyle tacheté, 
dont la description va suivre. 


1. LE STÉNODACTYLE TACHETÉ. Séenodactylus guttatus. 
| Cuvier, 


MOPorez pl97 02") 


CaracTeres. Dos gris tacheté de blanc. 


Synonymre. L'Agame ponctué. Is. Geoff. Rept. d'Égypte, tab. 5, 
Hong 

Trapelus Savignyi. Audouin. Reptiles d'Egypte, Suppl. pl. r, 
fig. 3 et 4. 

Ascalabotes Stenodactylus. Lichtenst., Verz. der Dubl. des 
Berl. Mus. 1823, S. 102. 

Stenodactylus guttatus. Cuv. Reg. anim. tom. 2, pag. 58. 

Ascalabotes Stenodactylus. Wagl. Amph. pag. 143. 

Stenodactylus guttatus. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 161. 

Eullepharis guttatus. Gray. Synops. in Gxiffith's. Anim. Kingd. 
tom. 9, pag. 49. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête est tres aplatie ; son contour horizontal à la 
figure d’un triangle isocele, Les narines sont latérales, petites et 
ovalaires ; chacune d'elles est bornée au haut et en arrière par 
trois plaques anguleuses , et en avant et en bas, par la premiere 
labiale et la rostrale. Celle-ci est un quadrilatère plus large que 


OU SAURIENS ASCALABOTES. G. STÉNODACTYLE. 1. A39 


haut. Son hord supérieur s'articule avec deux des écailles nasales 
et une troisième écaille située tout-a-fait sur le milieu du museau. 
On compte douze paires de scutelles sur l’une comme sur l’autre 
lèvre. La plaque mentonnière est grande et à peu près carrée. 
L’œil est énorme, la pupille elliptique etle bord inférieur de la 
paupière rentré dans l'orbite. On n'observe pas que le cou soit 
beaucoup plus étroit que la tête. Les côtés du corps sont renflés. 
Les membres sont grêles et tout d’une venue; c'est-à-dire que, 
de même que chez les Caméléons, les bras ne sont pas plus forts 
que les avant-bras, et les cuisses plus grosses que les jambes. 
Les doigts sont droits, cylindriques, terminés par des ongles al- 
longés, pointus et peu arqués. Ceux des pattes de derrière sont 
plus grêles que ceux des pattes de devant. Le cinquième doigt 
est très court et inséré sur le tarse, beaucoup plus en arrière 
que les autres. Les côtés de ces doigts sont garnis de petites den- 
telures, et leur face inférieure offre un pavé de petites écailles 
granuleuses. La queue entre pour la moitié dans la longueur to- 
tale de l'animal: elle est arrondie et excessivement grêle. Chez 
les individus mâles, ia base en est très renflée et hérissée de 
chaque côté de douze ou quinze tubercules épineux, constituant 
un groupe de figure à peu pres carrée. Cette queue offre sur 
toute son étendue, en dessus comme en dessous, des petites écailles 
polygones, plates et juxta-posées. Un pavé de petites plaques à 
plusieurs pans revêt le dessus de la tête. Ce sont des grains 
squammeux , extrêmement fins, qui garnissent la gorge. Sous le 
corps et sous les membres on voit de petites écailles aplaties 
comme celles qui tapissent le dos et la région supérieure des 
pattes ; mais elles sont d’un moindre diamètre. 


CozorarTion. Des gouttelettes blanche: répandues sur un fond 
gris est ce qui constitue le mode de coloration du dessus du corps 
de ce petit Geckotien. Le dessous en est entièrement blanc. Des 
demi-anneaux noirs se voient de distance en distance sur la ré- 
gion supérieure de la queue. Le tour des narines et les bords de 
paupières sont blancs. 


Dimensions. Long. tot. 10° 5”. Téte. Long. 1” 8°”. Cou. Long. 4”. 
Corps. Long. 3° 3°”. Memb. ant. Long. 2° 4”. Memb. post. Long. 
3 1. Queue. DO E D 

Parme. Le Sténodactyle tacheté se trouve en Égypte. 

M, Isidore Geoffroy, qui en a fait la description dans le grand 


28. 


436 LÉZARDS GECKOTIENS. 


ouvrage publié aux frais du gouvernement , n’a pu malheureuse- 
ment donner que très peu de détails sur ce Saurien, dont il n’a 
vu qu'un dessin colorié, mais parfaitement exécuté. Voici com- 
ment il en décrit les couleurs, qui doivent avoir bien changé 
dans les individus que nous avons trouvés conservés dans la 
liqueur : « Corps brun, avec de petites taches noirâtres, peu 
distinctes , assez régulierement disposées sur le dos. Les flancs sont 
d'un lilas bleuâtre, mais d’une nuance trés claire. » 

M. Isidore Geoffroy s'était déja apercu que ce Saurien, qu'il 
placait avec doute parmi les Agames, avait cependant plus de 
rapports avec les Geckotiens par les formes générales, la confor- 
mation de la langue, et surtout par la disposition LE petites 
écailles qu recouvrent le corps. 

Quant à M. Audouin, comme il n'avait pas sous les yeux les 

pièces originales d'apres lesquelles M. Savigny avait fait peindre 
et graver les planches, il s'est contenté, dans les explications 
sommaires de ces gravures du supplément, d'en déterminer les 
espèces. Il a cru devoir rapporter celle-ci au genre Trapelus ou 
Changeant de Cuvier, puisque ce grand naturaliste, dans la 
deuxième édition du Règne animal, avait lui-même indiqué 
cette figure comme celle d'un jeune individu dont le corps 
était lisse. 
Observations. Cette espèce, l'Ascalabotes Stenodactylus de Lich- 
tenstein , est une de celles que Fitzinger a placées dans son genre 
Sténodactyie. Elle est le type de celui de Cuvier, et la seule que 
nous ayons trouvé à placer dans le groupe dont nous traitons 
ici. Elle compose également à elle seule le genre Æscalabotes de 
Wagler, fait partie des Gymnodactyles de M. Wiegmann, et se 
trouve être un £Eublepharis pour M. Gray. 


VARANIENS PLATYNOTES, 437 


CHAPITRE VIL 


FAMILLE DES VARANIENS OU PLATYNOTES (1). 


& [. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR CETTE FAMILLE. 


Quoique nous ayons précédemment fait connaître 
les modifications générales et essentielles que les Sau- 
riens de ce groupe présentent dans leur conforma- 
tion, nous croyons cependant devoir les rappeler ici, 
afin d'établir d’abord et de faire contraster ensuite les 
notables différences qui caractérisent cette famille, et 
qui ont autorisé son isolement pour l'étudier séparé- 
ment. Voici ces caractères : 

1° Corps fort allongé, arrondi et sans crête dorsale: 
soulevé sur deux pattes fortes, à doigts distincts, très 
longs, mais inésaux ; tous armés d'ongles forts. Queue 
légèrement comprimée, deux fois au moins plus lon- 
gue que le tronc. | 

2° Peau garnie d’écailles enchässées , tuberculeuses, 
saillantes, arrondies tant sur la tête que sur le dos et 
les flancs ; constamment distribuées par anneaux ou 
bandes circulaires , parallèles sous le ventre et autour 
de la queue. 


3° Langue protractile, charnue, semblable à celle des 


> 


a (1) Nous croyons devoir reproduire ici l'étymologie de ce nom 
tout-àa-fait grec aaruyeroc, qui a le dos plat, iarge. Latuin dorsum 
habens 


438 LÉZARDS VARANIENS 


Serpens, c'est-à-dire allongeable, rentrant dans un 
fourreau, étroite et aplatie à la base, profondément 
fendue et séparée en deux pointes qui peuvent s’écar- 
ter comme dans les Ophidiens. 

Ces trois principaux caractères suffisent, comme 
nous allons l’exposer , pour faire distinguer les Vara- 
niens des sept autres familles comprises dans l’ordre 
des Sauriens. Cependant il en est encore plusieurs 
autres que nous exposerons par la suile, et qui sont 
tirés de la forme et de la disposition des dents, des 
narines , des conduits auditifs. Afin que les particula- 
rités en soient mieux saisies ou appréciées , nous allons 
passer en revue les diverses familles , en nous bornant 
à indiquer les différences principales dont l’absence 
pourra être regardée comme indiquant autant de ca- 
ractères négatifs pour les Varaniens. 

1° Les Croconitiexs ont constamment, aux paites 
postérieures, les doigts réunis à leur base par des 
membranes, et quelques-uns sont toujours privés 
d'ongles. Leur peau est protégée par des écussons à 
arêtes saillantes , et leur ventre recouvert de plaques 
carrées. Leur queue est garnie de crêtes simples ou 
doubles ; enfin leur langue est adhérente et non pro- 
tractile. Nous ne tenons pas compte des autres carac- 
tères sur lesquels nous aurons occasion derevenir, tels 
que la forme , le nombre et le mode d'implantation des 
dents ; la disposition de la pupille, le rapprochement 
des orifices extérieurs des narines, de leur prolon- 
gement dans l’épaisseur des os de la face, des oper- 
cules osseux des oreilles, de la conformation de lor- 
gane mâle, qui est toujours simple , etc. 

2 Les Caméréonens ont, il est vrai, la langue 
très extensible et reçue dans un fourreau; maïs elle 


OU SAURIENS PLATYNOTES. 439 


est vermiforme et terminée par un tubercule mousse. 
Leurs doigts ne sont pas séparés, puisqu'ils forment 
une pince composée de deux paquets inégaux et Oppo- 
sables. Leur queue est à peu près de la longueur du 
tronc ; elle est prenante, se recourbe en dessous, et 
elle sert à l'animal pour s accrocher. Le corps est com- 
primé et caréné. L’œil, très gros , n'a qu une paupière 

très développée et RE il n’y à pas de conduit 
auditif externe apparent. 

3° Les Grcroriens ont la langue large, plate, à 
peine échancrée à son extrémité libre; leur corps est 
trapu, court ; les doigts sont larges, plats , à peu près 
d'égale longueur. Les yeux sont gros, avec des pau- 
pières excessivement courtes. 

4 Les Ieuanrews diffèrent surtout par la structure 
de la langue sans fourreau à la base, dont la pointe 
est seulement échancrée. Ils ont le té souvent une 
crête ou une arête dorsale, un goître ; les écailles qui 
recouvrent leur peau sont libres en partie et placées 
les unes sur les autres, comme des tuiles ; plusieurs 
ont des dents au palais, et les maxillaires sont d’une 
toute autre forme. 

5° Les Lacertiens se distinguent des Varaniens, 
avec lesquels ils ont cependant , il faut l'avouer, de 
très grands rapports : 1° par la présence des plaques 
polygones qui recouvrent leur tête; 2° par la forme 
des écailles du dos et du ventre, et par leur queue qui 
n'est pas comprimée ; 3° par la forme et la disposition 
des dents qui ne sont pas espacées, obtuses et coni- 
ques , mais placées sur une même ligne et tranchantés 
à leur sommet dans le sens antéro-postérieur. 

6° Les Cuarcinrens sont faciles à distinguer de prime 
abord , en ce que leur peau est recouverte entièrement 


440 LÉZARDS VARANIENS 


d’écailles toujours semblables les unes aux autres, 
régulièrement distribuées par anneaux ou par verti- 
cilles ; parce que leur tronc est tellement allongé qu'il 
se confond souvent avec l'origine de la queue, et parce 
qu'il offre fort souvent un pli ou une rainure longi- 
tudinale sur les flancs. 

7° Enfin les Scncoïprexs diffèrent des Varaniens, 
parce qu'ils ont aussi des écailles semblables sur 
toutes les parties du corps, et que constamment elles 
sont superposées à peu près comme celles des pois- 
sons ou comme les tuiles d’un toit. 

À ces caractères généraux, purement différentiels , 
il s’en joint un grand nombre d’autres tirés des formes 
de l’organisation et des mœurs, ainsi que nous aurons 
occasion de le démontrer par la suite; cependant il 
faut remarquer qu'il résulte de cet examen, que les 
Varaniens différent absolument de toutes les espèces 
distribuées dans les sept autres familles par des parti-. 
cularités évidentes et faciles à dénoter, comme nous 
l’exposons ici. 

Savoir, des Crocodiliens, par les doigts qui sont 
tous munis d'ongles, et jamais palmés à la base : par 
les tubercules cutanés, qui ne sont ni carrés, ni garnis 
d’arêtes saillantes; par la langue protractile ; enfin par 
la forme des dents, des pupilles, des conduits auditifs, 
et surtout par les organes génitaux mâles qui sont 
doubles. Des Caméléoniens , parce que leur langue est 
fourchue à la pointe ; les yeux à deux paupières dis- 
tinctes , ainsi que les conduits auditifs. Le corps plu- 
tôt déprimé que comprimé; par la longueur relative 
de la queue, qui n’est jamais préhensile. Des Grecko- 
tiens, par la forme et l'inégalité de la longueur des 
doigts , les mouvemens de la langue, la présence des 


OÙ SAURIENS PLATYNOTES. 441 


paupières mobiles. Des Jguaniens, par les écailles du 
tronc , l'absence d’une crête dorsale, la conformation 
vaginale de la langue. Des Lacertiens, par la différence 
des tégumens de la tête et du corps, et par la forme 
des dents. Enfin des Chalcidiens et des Scincoidiens, 
par la forme du tronc non arrondie, et par l'origine 
de la queue bien distincte; par la structure de la 
langue, et surtout par la forme et la disposition des 
écailles. 

Les noms sous lesquels on a désigné cette famille 
sont tout-à-fait sinsuliers, et nous pouvons dire tous 
très fautifs par leur origine. Cependant, comme ils 
sont adoptés , ils exigent de notre part une explication 
qui trouvera sa place dans l'abrégé historique que 
nous allons présenter ici. 

Il est nécessaire de savoir d’abord que Linné et la 
plupart des naturalistes méthodiques avaient placé ces 
Sauriens dans le grand genre Lézard ( Lacerta). Dau- 
din est le premier qui ait distingué la plupart des 
espèces pour les réunir sous le nom générique de 
Tupinambis , dénomination qui avait été employée 
par Lacépède pouf désigner l'individu dont mademoi- 
selle de Mérian avait parlé sous ce même nom, par suite 
d'une méprise dont voici l’occasion. Marcgrave, dans 
son Histoire du Brésil, qui est écrite en latin, avait 
dit , livre 6, chapitre 11 , en parlant d’une espèce de 
Monitor , que les Brésiliens lappelaient Téju-Guazu, 
et les habitans du Topinamboux, 7émapara. (Brasi- 
liensibus Tejuguazu et Temapara Tupinambis.) Le 
nom d’un peuple a été pris pour celui de l'animal, et 
la méprise est devenue d'autant plus singulière, que , 
par une faute d'impression qui se trouve répétée dans 
quelques ouvrages, ce dernier terme est ainsi défi- 


442 LÉZARDS VARANIENS 
guré, T'upinambisou , sauve - garde d'Amérique, la 
conjonction ou ayant été réunie au premier nom. 

Cuvier, tout en laissant ce genre dans celui quil 
nomme Lézard, en fit cependant un premier groupe 
sous la dénomination de Monitors proprement dits; 
mais par malheur il se trouve que le véritable Moni- 
tor avertisseur , ou Sauve-garde d'Amérique, est main- 
tenant rangé dans un autre groupe , parce qu'il est en 
effet plus voisin des Lézards. 

Oppel adopta, comme nous l’avions fait nous-mêmes 
dans la Zoologie analytique, le genre Tupinambis de 
Daudin; mais, d’après les caractères qu’il lui assigna, 
il dut en éloigner avec raison plusieurs espèces que ce 
premier auteur y avait introduites. 

Merrem, en admettant aussi dans son système des 
Amphibies ce genre de Daudin avec toutes ses espèces, 
en changea le nom et traduisit, en lui donnant la ter- 
minaison latine, la désignation arabe de Ouaran en 
Varanus, et ce dernier nom restera très probable- 
ment, parce qu il indique pour type l'espèce d'Egypte. 

Fitzinger est à peu près le premier auteur qui ait 
considéré ces Sauriens comme constituant une fa- 
mille distincte, qu’il nomma les Æméivoides, parce 
qu'en effet, à la plupart des véritables Varaniens, il 
joignit les Monitors, les Améivas et les Téjous, 
avec plusieurs autres genres dont on ne connaît que 
des débris fossiles. 

M. Gray, dans la Synoptique des genres de Sau- 
riens qu'il a consignée, en 1827, dans le 7° numéro 
du tome x du Philosophical Magazin , a rangé dans 
une première famille, sous le nom de Varanides, les 
genres f’aranus et Dracæna de Merrem, et les a fort 
bien caractérisés. 


OU SAURIENS PLATYNOTES. 443 


Enfin Wagler les a véritablement séparés, en les 
plaçant tout-à-fait à la fin de l'ordre des Sauriens, 
très près de celui des Ophidiens , auxquels ils ressem- 
blent en effet par la forme des os du crâne et de la 
face, et surtout par la configuration et la structure 
de la langue ; mais, par une analogie forcée, tirée de 
cette dernière partie, il les place à la suite des Ca- 
méléons, qu'il range dans une quatrième famille. 
Nos Varaniens sont pour Wagler des Lézards Théco- 
glosses Pleurodontes, et il les distribue en quatre 
genres , qu'il nomme : 1° Æéloderme, d’après Wieg- 
mann; 2° //ydrosaure; 3° Polydédale; et 4° Psam- 
mosaure, d'après Fitzinger, et voici comment il ex- 
prime les caractères de chacun d'eux. | 

1° Le genre Âeloderma, établi et désigné sous ce 
nom par Wiesmann en 1820, dans l'Isis, est ainsi ca- 
ractérisé par Wagler. Narines situées sur les côtés de 
la pointe du museau , entre trois grandes écailles ; la 
peau du dos couverte de plaques tuberculeuses, os- 
seuses, homogènes ; le ventre garni d’écussons carrés, 
oblongs et plats. On n'en connaît encore qu’une espèce, 
provenant de la Nouvelle-Espagne ou du Mexique. 

2 Le genre //ydrosaure, nommé ainsi par Wagler, 
a pour caractères : Narines latérales: situées dans 
l'angle antérieur du museau, près de son extrémité ; 
écailles du dos petites, menues, chagrinées; queue 
annelée, comprimée latéralement; dents grêles à bords 
en scie. Ce sont des espèces d'Asie et de la Nouvelle- 
Hollande. 

3° Sous le nom de Polydédale, notre auteur établit 
un genre qu'il dénote de la manière suivante : Narines 
situées entre les yeux et la pointe du museau : pla- 
cées trés haut et immédiatement sous l'angle externe 


444 LÉZARDS VARANIENS 


du museau , leur orifice est allongé, oblique, à demi 
fermé en avant par la peau, écailles du dos disposées 
par bandes; elles sont très serrées; leur forme est 
ovale-oblongue, saillantes au milieu et comme bossues, 
entourées d’un limbe granulé. Les dents maxillaires 
postérieures sont fort droites. Les pattes de derrière 
sont robustes , droites et entières. Ce genre comprend 
des espèces d'Afrique et des Indes occidentales. 


4° Le Psammosaure a été aussi séparé des autres 
Sauriens, sous le nom composé du grec, et qui signifie 
Lézard des sables. C’est M. Fitzinger qui l’a désigné 
ainsi. Il aurait pour caractères : Narines situées au 
devant des yeux, présentant des orifices allongés, 
obliques ; écailles du dos semblables à celles des Poly- 
dédales ; queue arrondie, mais sub-triangulaire vers 
la pointe ou extrémité libre. 


On verra par la suite, dans les articles consacrés 
aux descriptions d'espèces, et par la synonymie que nous 
en donnerons , combien Wagler a dü faire violence aux 
lois sénéralement admises dans les méthodes naturelles 
pour distribuer ainsi en quatre genres les sept espèces 
qu'il a rapportées à cette division des Thécoglosses. En 
effet les Varaniens ne nous semblent pas susceptibles 
d’être partagés en plus de deux genres naturels, ceux 
de Varan et d'Héloderme. On a bien proposé d’éta- 
blir des distinctions parmi les espèces qui composent 
le premier; mais les caractères sur lesquels elles re- 
posent, caractères qui sont tirés de la conformation 
de la queue , de la position plus ou moins avancée des 
narines sur les côtés du museau , ou bien de quelques 
lésères différences dans la forme des dents, ne nous 
paraissent pas offrir assez d'importance , assez de va- 


OU SAURIENS PLATYNOTES. 44D 


leur pour servir à faire séparer des animaux qui se 
ressemblent tant d’ailleurs. 

Car, il faut bien le dire, cette rondeur que présente 
la queue de quelques espèces est loin d’être parfaite. 
Il existe toujours un certain aplatissement dans cette 
queue, qui n’est pas non plus absolument dépourvue 
de la crête ou carène plus ou moins développée dans 
les Varans qui ont cette partie terminale du corps 
comprimée. Si maintenant nous considérons les dents, 
nous voyons qu’elles changent de forme avec l’âge; 
que le Varan du Nil, par exemple, avant de les avoir 
tuberculeuses les a comprimées , comme celles du Varan 
Bigarré, ou quelque autre, que l’on a placé dans un 
genre différent. Enfin, peut-on raisonnablement sépa- 
rer d’une manière méthodique deux espèces, parce que 
l'une à les narines situées au bout du museau, et l’au- 
tre à égale distance de l'œil et du bout du nez, quand 
surtout il en existe une troisième chez laquelle ces 
narines ne sont situées ni au milieu ni au bout des 
côtés du museau, mais positivement entre ces deux 
points ? 

Contentons-nous d'indiquer ces différences, mais 
ne nous en servons pas pour établir des divisions, et 
par cela même créer de nouveaux noms. Ce serait 
augmenter sans nécessité les difficultés déjà trop 
nombreuses dont la science est hérissée. 


446 LÉZARDS VARANIENS 


6 Il. ORGANISATION DES VARANIENS. 


La structure des Sauriens de cette famille n’exige- 
rait pas de nous une étude particulière, si leur sque- 
lette et surtout la portion correspondante à la tête 
n'avait offert des dispositions singulières , auxquelles 
l'anatomie comparée a dû mettre une grande impor- 
tance, parce qu'elle y a indiqué un véritable passage 
naturel de l’ordre des Lézards à celui des Serpens. 
C'est principalement encore parce que, parmi les 
ossemens des Reptiles fossiles de la plus grande di- 
mension, découverts à Maëstreicht et dans d’autres 
localités, Cuvier a reconnu et le premier démontré 
les plus grands rapports entre les squelettes de ces 
animaux perdus et ceux des Varaniens encore existans 
aujourd'hui. Aussi dans son grand ouvrage, ce savant 
naturaliste a-t-il fait figurer avec soin et pris essen- 
tiellement pour types de ses descriptions anatomiques 
des Sauriens de la division des Lézards, les squelettes 
de trois espèces de Monitors qui correspondent réelle- 
ment à nos Varaniens. 

Ne pouvant faire aussi bien que lui, nous extrai- 
rons de ses recherches la plupart des détails ostéolo- 
giques qui nous seront nécessaires (1). 

Les os qui composent la tête dans le Varan du Nil 
forment un cône allongé, déprimé, à pointe mousse, 
à région frontale et pariétale planes. Les orbites sont 
rondes et en occupent la partie moyenne ; les narines 
s'ouvrent au palais presqu’à la hauteur des orbites. Il 


(1) Cuvier, Ossemens fossiles, tom. 5, 2€ partie, pag. 255 et 
suiv. pl. 16 et 17. 


OU SAURIENS PLATYNOTES. 447 


n’y à qu'un intermaxillaire qui porte quatre dents de 
chaque côté. Il remonte par une apophyse comprimée 
jusque vers le milieu des narines pour s'unir à une 
saillie semblable de l'os nasal, qui est Den et qui, 
s’élargissant dans le haut, s'y Du de pour s'unir aux 
deux aa Ceux-ci, Dlatés entre lesorbites, ont en 
dessous une lame qui, se rapprochant réciproquement, 
complète le canal des nerfs olfactifs. Les os maxillaires 
recoivent en avant la partie élargie de l’intermaxil- 
laire, laquelle a en dessous, derrière les dents , une 
apophyse saillante par laquelle elle s’unit, au moyen 
d’une rainure, aux os vomériens qui occupent le mi- 
lieu du palais. Ces mêmes os maxillaires forment aussi 
les côtés du museau ou les joues. L’os frontal antérieur 
et le lacrymal n’offrent rien de particulier ; mais le 
jugal n’est qu’un stylet arqué et pointu qui n'atteint 
ni le frontal postérieur ni le temporal, en sorte que 
l'orbite est incomplète comme dans les Geckos. 
Cuvier décrit sous le nom d'os surcilier une pièce 
particulière s’unissant à la partie élargie du bord or- 
bitaire du frontal antérieur qui protége le dessus de 
l'œil et qui se retrouve dans les oiseaux. La suture 
fronto-pariétale est presque droïte et transversale, 
c'est sur les limites externes de cette ligne que s’arti- 
culent sur les deux os les frontaux postérieurs qui, 
prolongés en arrière en une apophyse gréle, s’unis- 
sent obliquement au temporal pour former l’arcade 
zygomatique L'os pariétai est impair, en forme de 
bouclier élargi antérieurement ; sur ses côtés sont creu- 
sées les fosses temporales ; en arrière il est fourchu. 
Vers le milieu de ce pariétal on remarque un trou qui 
correspond au centre du crâne. Dans l’échancrure pos- 
térieure du pariétal est logé l’occipital supérieur , qui 
a tout-à-fait la forme de la portion annulaire d’une 


448 LÉZARDS VARANIENS 

vertèbre. L'os que Cuvier nomme tympanique et qui 
sert à l'articulation de la mâchoire, est solide, presque 
droit et de forme prismatique. 

_ Le plancher du crâne est concave. Il est creusé sur 
le basilaire et le sphénoïde. La fosse pituitaire est 
grande et séparée de ceïle du cerveau par une lame 
saiilante de ce dernier os. 

Les palatins sont courts ; ils s'unissent aux vomers, 
aux frontaux antérieurs , aux maxillaires , aux trans- 
verses et aux ptérygoïdiens , Mais point entre eux, et 
cependant ils forment de chaque côté une partie du 
plancher de l'orbite et les lames ptérygoïdiennes sem- 
blent en faire la suite ; ils restent également écartés 
entre eux. Ils s'appuient sur l’apophyse latérale du 
sphénoïde, et ils vont se terminer en arrière en une 
pointe. Sur le milieu de la partie supérieure des pté- 
rygoïdiens sarticule une verge osseuse, grêle et 
_ droite, que Cuvier a nommée la columelle. 

Les vomers , qui correspondent au milieu du palais, 
s'étendent de l’intermaxillaire aux palatins; ils sont 
creusés en avant en un petit canal. 

On voit à la partie antérieure de chaque narine en 
bas un os excavé en forme de cuiller. Cuvier les regarde 
comme des cornets inférieurs. 

Dans le Varan du Nil il y a onze dents à! chaque 
maxillaire outre les huit intermaxillaires, les anté- 
rieures sont coniques et pointues; les postérieures 
mousses ou en massue. D’autres Varaniens ont les 
dents tranchantes, en nombre variable, et leurs cor- 
nets inférieurs ont une autre forme (1). 


DAT RTS er , LS 


Gi) M. Georrroy Saint-Hiraire, dans le grand ouvrage sur 
l'Egypte, a donné des figures de ces têtes osseuses de Varans; et 
: 2 LUE 
Camps fils, dans les Annales du Muséum , tom. 19, pl. 11, fig. 9, 


OU SAURIENS PLATYNOTES. 449 


C'est avec intention que nous nous sommes livrés à 
cette étude approfondie et détaillée de la forme et des 
connexions des os de la tête dont nous avons revu la 
description et vérifié les particularités sur les sque- 
lettes de trois espèces différentes rapportées à trois 
genres divers. En effet, d’une part Cuvier n'aurait 
pu, sans cet examen, donner à ses recherches sur les 
ossemens fossiles ce degré de précision qui l’a porté à 
reconnaître combien sont nombreux les rapports de 
conformation entre les Varaniens existans aujourd’hui 
et les Sauriens perdus dont les os et surtout ceux de 
Ja tête, ont été retrouvés dans les carrières de Maës- 
treicht, dans les schistes de la Thuringe, à Manheim 
en Franconie, dans les environs d'Oxford en Angle- 
terre. Cuvier lui-même avait indiqué comment ces os 
de la tête des Varaniens avaient des rapports avec ceux 
qui leur correspondent dans les Reptiles de l’ordre 
des Serpens, ce que Wagler a si bien développé dans 
son ouvrage (1). Il insiste particulièrement sur la ma- 
nière dont les os de la face semblent être suspendus 
au crâne, et peuvent, jusqu’à un certain point, se 
mouvoir et s’écarter transversalement ; sur l'orbite 
dont le cercle est incomplet ; sur la faible jonction de la 
symphyse des branches de la mâchoire inférieure. 

En continuant cette étude, nous dirons que les 
dents des Varaniens sont toujours aplaties à la racine, 
qui est logée dans la longueur d’un sillon, lequel 
constitue une alvéole commune et qui n’aurait pas de 
bord interne. Leurs couronnes, ou parties libres, sont 
le plus ordinairement pointues, courbées en arrière. 
n’y à jamais de denis au palais. L’os hyoïde est formé 


(1) Waezer, Natürliches System der Amphibien, page 261. 
REPTILES ; I. 29 


450 LÉZARDS VARANIENS 

de parties grèles, allongées, dont la médiane ou l'im- 
paire, qui en constitue le corps ou l'os lingual, est 
plus court que les cornes, au nombre de quatre, deux 
en avant et deux derrière, formées chacune de deux 
pièces articulées, et dont les antérieures présentent un 
élargissement notable dans le point où elles se con- 
tournent pour se mouvoir l’une sur l’autre. 


L'échine offre plusieurs particularités. D'abord la 
région du col, quoique formée de sept vertèbres au 
plus, est cependant proportionnellement plus allon- 
gée que chez les autres Sauriens, ce qui donne à 
animal une physionomie toute particulière. Cuvier (1) 
en a représenté toutes les pièces importantes. Les der- 
nières vertèbres cervicales portent des côtes asternales 
ou des apophyses transverses articulées qui ne se 
joignent pas au sternum. Il n’y à véritablement que 
quatre côtes de chaque côté qui lui envoient des pro- 
longemens pour s’y articuler réellement. Les autres, au 
nombre de quinze ou seize, sont tout-à-fait libres et 
soutiennent les parois abdominales. À peine peut-on 
compter deux vertèbres lombaires. Il n’y en a égale- 
ment que deux pelviennes ou sacrées, remarquables 
par la grosseur et la solidité de leurs apophyses trans- 
verses. Âu reste, ces dernières éminences vont en 
s'élargissant considérablement dans les premières ver- 
tèbres de la queue, et puis en diminuant successive- 
ment de manière à s’oblitérer tout-à-fait dans la série 
nombreuse de ces os caudaux, qui sont au delà de 
quatre-vingt dans quelques individus, quand Îa 
queue n’a pas été mutilée, car alors les pièces qui 


(1) Cuvier, Ossemens fossiles, tom. 5, 2€ partie, pl. 187, p. 253. 


OU SAURIENS PLATYNOTES. 451 


les remplacent réstent cartilagineuses et péu dis- 
tinctes les unes des autres. 

Le sternum est joint et corroboré par les os anté- 
rieurs ou inférieurs de l'épaule. Il est formé antérieu- 
rement d’une pièce allongée, unique et très solide, 
qui se dilate en avant en deux branches latérales pro- 
longées considérablement et un peu recourbées en 
arrière. l'extrémité postérieure de cet os moÿen se 
porte en arrière pour pénétrer dans une sorte de plas- 
tron cartilasineux de forme rhomboïdale ou de carré 
dont deux des côtés sont dirigés en avant pour recevoir 
les clavicules ou les os que Cuvier nomme Coracoï diens. 
C’est sur les bords postérieurs que vont se joindre les 
deux paires de côtes. C'est aussi vers la pointe posté- 
rieure de ce rhombe que viennent aboutir, par une 
pièce commune ; la troisième paire de côtes ster- 
nales (1). 

L’épaule des Varaniens est forte et solide. Le scapu- 
lum est solidement uni et confondu avec les clavicules 
et l'os coracoïdien, et c’est dans le point de leur réu- 
nion qu'est formée la cavité ou l’échancrure articulaire 
dans laquelle se meut la tête de l'os du bras. 

Le bassin n'offre rien de particulier à cette famille : 
es trois pièces qui la forment concourent à la produc- 
tion de la cavité cotyloïde. L’ilium est allongé et se 
porte en arrière pour s’articuler avec les deux ver- 
tébres sacrées ou pelviennes. Les pubis et les ischions 
sont très évasés, fort distincts, et, comme ils ne se 
joignent pas, ils laissent entre eux un trou unique 
qui est considérable, de sorte quil semble y avoir 


ë (1) Géorrroy Sainr-Hizaire, Philosophie anatomique, PI. 11, 
g. 20. 


2 9: 


432 LÉZARDS VARANIENS 


deux symphyses pubiennes, l’une en avant et l’autre 
derrière. Ce grand intervalle dans l’état frais est rem- 
pli par un ligament aponévrotique qui donne attache 
aux muscles de la cuisse. 

L'os du bras ressemble un peu à celui des oiseaux ; 
mais il n'offre pas le trou par lequel pénètre chez ces 
derniers l'air qui provient du poumon: Les deux os 
de l’avant-bras ni ceux des pattes ne présentent au- 
cune particularité digne de remarque ou différente de 
ce qu’on observe chez les autres Sauriens. 

L’os de la cuisse n’a pas de rapports avec celui des 
oiseaux. Il a, comme le remarque Cuvier, la plus 
grande analogie de forme et de position avec celui du 
Crocodile, ce qui tient à la manière dont la patte pos- 
térieure se meut sur le tronc et à la direction du pied. 
I! s'articule en même temps avec le péroné et avec le 
tibia, et il y a une rotule qui roule sur une poulie 
moyenne. Dans les Varaniens, le péroné est très élargi 
et aplati à son extrémité tarsienne. 

Tel est en abrégé la description de lostéologie des 
Varaniens sur laquelle nous n'avons tant insisté , nous 
le répétons, que parce que les particularités qui la 
distinguent se retrouvent dans les débris fossiles de 
plusieurs Sauriens dont les espèces paraissent avoir 
été anéanties, ou avoir appartenu à une autre et plus 
ancienne disposition du globe que nous habitons. 

Nous ne croyons pas que les muscles des espèces de 
cette famille puissent offrir le même intérèt sous ce 
rapport. Au reste, le lecteur trouvera à cet égard des 
détails dans les ouvrages d'anatomie comparée de 
Cuvier, de Meckel et de Carus. 

Quant aux mouvemens généraux, ils sontabsolument 
ceux de la plupart des Sauriens. Cependant, d’après 


OÙ SAUKIENS PLATYNOTES,. 403 
les renseigmens obtenus des voyageurs , il parait que 
ces Reptiles ne grimpent guère; ils ne vivent pas sur 
les arbres, ni dans les rochers. Quelques-uns habitent les 
plages sablonneuses des pays les plus chauds. Ceux-là 
ont la queue arrondie et conique ; ils sont essentielle- 
ment terrestres , aussi les a-t-on quelquefois désignés 
sous le nom de Crocodiles terrestres, soit à cause de leur 
forme générale, soit par rapport à leurs grandes di- 
mensions. D'autres fréquentent les bords des rivières et 
des lacs qu'ils traversent à la nage, et dans lesquels 
même ils entraînent leur proie vivante en se réunis- 
sant en commun pour lattaquer dans l’eau et la faire 
noyer. Ceux-là ont la queue plus comprimee et pa- 
raissent s’en aider dans l’action de nager. 

Nous parcourrons rapidement les organes de la sen- 
sibilité dans les Sauriens de cette famille, parce qu'ils 
n’ofirent véritablement de différences bien notables 
que celles qui sont sous la dépendance des organes des 
sens et même uniquement dans les appareils extérieurs, 
et c'est sous ce point de vue que nous allons les faire 
connaître. 

Les tégumens offrent une disposition toute particu- 
lière dans ce que les Allemands ont désigné sous le 
nom grec latinisé de Prorwosis, ce que nous avons 
plusieurs fois appelé l’'£caillure, c'est-à-dire larran- 
gement ou la distribution des écailles. D'abord, chez 
les Varaniens , toute la surface de la peau est recou- 
verte de tubercules non imbriqués, le plus souvent 
arrangés par séries transversales ; cependant celles du 
dessous du corps, quoiqu'à peu près égales entre elles, 
diffèrent un peu suivant les régions où on les observe. 
En général elles sont légèrement tuberculeuses ou ar- 
rondies ; mais avec le centre pius élevé que le disque 


LC « 
j 


454 LÉZARDS VARANIENS 

et chacune d'elles se trouve quelquefois comme cernée 
par une série annulaire de petits points saillans très 
réguliers , et dont la symétrie est telle qu’elle semble 
être une sorte d'ornement. Aussi Wagler a-t-il donné 
à l’un des genres qu'il a établis dans cette famille une 
dénomination qui indique cette particularité (1). Le 
dessous du corps présente des séries transversales plus 
régulières ; mais les petites plaques en sont planes, 
allongées , presque hexagones. Les écailles qui recou- 
vrent le crâne ne sont pas semblables à celles du dos, 
mais plates et à plusieurs pans : c’est le contraire de 
ce qui se voit dans l'espèce que M. Wiegmann a fait 
connaître sous le nom d’Æ/eloderma. Les tubercules 
qui garnissent le dessous de la mâchoire varient par 
leur étendue. Les plus extérieurs, ceux qui recouvrent 
les bords des lèvres, sont plus grands, irrégulièrement 
arrondis et distribués ; mais ceux de la région moyenne 
forment des séries longitudinales parallèles qui vont 
en décroissant depuis le bout de la mâchoire jusqu’au 
cou. Vers la ligne médiane , il semble qu'il y ait un 
sillon longitudinal qui permettrait l’écartement. des 
deux branches de la mâchoire inférieure, ainsi que 
cela s’opère dans les Serpens. Il n'existe pas de collier 
ou de grandes écailles formant un demi-cercle en des- 
sous et au devant de la poitrine, comme dans nos Lé- 
zards; mais il y a là un pli transversal de la peau, 
et les. granulations qui lui correspondent sont alors 
plus petites, Tout le dessous du corps et des membres 
est en général d’une teinte plus pâle et garni de pla- 
ques lisses, régulières, qui sont même distribuées en 


(1) Hoaudaidarcc, Polydædalus; affabrè, mulia artificio factus. 


OU SAURIENS PLATYNOTES. 455 
quinconce sous les cuisses. Le dessus des pattes est 
revêtu d’écailles semblables à celles du dos, et le plus 
souvent piquetées ou colorées de la même manière. La 
queue participe aussi de la disposition des écailles, 
tant en dessus qu'inférieurement ; mais ici elles sont 
généralement disposées par bandes transversales où 
annulaires, avec cette particularité, que les bandes 
inférieures sont si larges qu’elles correspondent à trois 
ou quatre rangs des supérieures. Jamais il n’y a de 
pores aux cuisses , et le cloaque offre une fente trans- 
versale, dont les bords ou les lèvres antérieure et 
postérieure ne sont pas recouvertes d’écailles de forme 
particulière. 

Les doigts arrondis, allongés , sont au nombre de 
cinq à chaque patte. Ils sont tout-à-fait distincts et 
séparés dès leur base, de longueur inégale et constam- 
ment garnis d'ongles. Aux pattes antérieures, c'est le 
pouce ou le doigt interne qui est le plus court; cepen- 
dant il atteint l’avant-dernière phalange du deuxième 
doigt. Pour la longueur, le doigt externe vient en- 
suite ; puis le second doigt, et enfin le troisième et le 
quatrième sont les plus allongés, surtout le troisième ; 
mais l'inégalité est encore plus notable aux pattes de 
derrière : car les quatre doigts internes vont successi- 
vement en augmentant de longueur. Lie quatrième est 
trois fois plus long que le pouce; tandis que le cin- 
quième est intermédiaire en longueur aux deux pre- 
miers, et beaucoup plus libre ou indépendant dans 
ses mouvemens , surtout pour l’écartement. Au reste, 
sous ce rapport, les pattes des Varaniens ont la plus 
grande analogie avec celles des Lézards proprement 
dits ou les Autosaures. 

Les couleurs de la peau varient du noir au vert plus 


456 LÉZARDS VARANICHS 

ou moins foncé, avec des taches ŒUL paraissent dé- 
pendre des tubercules, dont les teintes, diversement 
groupées, offrent des dessins plus ou moins résuliers, 
et représentent des mosaïques admirablement serties. 
De sorte qu'on pourrait employer avec succès dans 
l’industrie la peau de ces Sauriens, convenablement 
préparée, pour en recouvrir de petits ustensiles ou 
des bijoux, comme on le fait avec le Galuchat. Elle 
est en effet composée d’un derme fibreux très solide, 
et les granulations de matière cornée, quelquefois 
même calcaire, qui s’y trouvent Hate avec la plus 
grande symétrie , comme de petites pierres serties où 
enchâssées, permettrait d’en revêtir les étuis de cer- 
tains meubles ou de bijoux qui résisteraient très bien 
aux frottemens. 

Les narines, quant à leur orifice extérieur, varient 
un peu dans les diverses espèces; cependant elles 
sont toujours latérales, maïs plus ou moins rappro- 
chées du museau. Leur irajet est court; elles s’ou- 
vrent dans la bouche par deux fentes longitudinales 
qui se voient dans la concavité du palais, au devant 
de la région correspondante du plancher des orbites. 
Les espèces qui vont souvent dans l’eau offrent une 
sorte de poche ou de cavité servant à l'entrée des 
fosses nasales; tandis que, chez les espèces tout-à- “fait 
terrestres, la fente est plus large, plus allongée, et 
plus rapprochée de l'orbite. Il est cependant très 
probable que les narines et les conduits qui y abou- 
tissent servent plutôt à l’acte de la respiration qu'à 
la perception des odeurs dont ces animaux ne doivent 
pas éprouver le besoin, leur respiration étant d’ailleurs 
lente et arhitraire. 

La langue des Varaniens présente, comme nous 


DU SAURIENS PLATYNOTES. 40 


l'avons déjà dit, un caractère particulier : elle est 
charnue, très extensible, et peut offrir alors une lon- 
oueur à peu près double de celle de la tête; elle est 
de forme cylindrique dans les trois quarts de son 
étendue, et sen autre quart forme deux pointes coni- 
ques, dépourvues de papilles, recouvertes d’un épi- 
derme corné, mince, flexible; ces parties peuvent 
s'écarter l’une de l’autre comme si la langue était fendue 
régulièrement dans sa longueur. On voit en eflet en 
dessous un sillon longitudinal dans la région papil- 
leuse et charnue, ce qui a fait même donner, par 
quelques auteurs , à cette famille de Sauriens, le 
nom de Æissilingues. Gette langue peut rentrer à sa 
base de plus de moitié de sa longueur, dans une sorte 
de fourreau ou de gaîne, et elle est le plus souvent 
colorée dans la partie qui reste hors de l’étui, oùon 
la distingue par la teinte, même lorque le Reptile 
ne l’a pas poussée au dehors. 

Les yeux sont grands : par leur situation ils cor- 
respondent à peu près à la partie moyenne de la tête 
et sur la même ligne que les narines. Les paupières 
mobiles sont minces, et les tégumens en sont très 
finement granulés ; leur commissure se trouve sur une 
ligne tout-à-fait horizontale et fort allongée. L’infé- 
rieure est beaucoup plus grande, elle paraît aussi 
plus mobile que la supérieure, qui reste presque 
toujours baissée. Il paraît que l’œil ne présente d’ail- 
leurs aucune différence notable d’avec celui des autres 
Lézards. 

Les conduits auditifs sont très apparens, situés fort 
bas, et pour ainsi dire derrière le crâne. On les voit 
à la région postérieure de la commissure des mâ- 
choires ; ils offrent une sorte de déchirure oblique- 


458 LÉZARDS VARANIENS 


ment transversale ; ils sont peu profonds, et laissent 
distinguer la membrane tympanique dirigée oblique- 
ment de dehors en dedans et en arrière. D’après les 
recherches anatomiques qui ont été faites dans quel- 
ques espèces, sur la disposition des parties inté- 
rieures de l’organe de l’onïe , il paraît que les Vara- 
niens ne présentent sous ce rapport aucune différence 
importante. 


On voit par ce qui précéde combien sont nom- 
breuses les modifications offertes par les organes du 
mouvement, surtout pour les parties solides ou osseuses 
de la tête et du tronc; les organes des sens, en parti- 
culier la langue et les tézumens, en ont également 
présenté qui sont très propres à fournir des carac- 
tères accessoires à ceux qui distinguent extérieure- 
ment les Sauriens de cette famille. 


Nous ne croyons donc pas devoir entrer dans d’au- 
tres détails sur les organes de la nutrition et de la 
reproduction chez les Varaniens. Ils ne nous offri- 
raient réellement aucune particularité bien impor- 
tante. D'ailleurs, nous en avons traité d’une manière 
sénérale dans les considérations par lesquelles nous 
avons fait précéder l’histoire des Sauriens, en par- 
lant, dans le volume précédent, de leur structure et 
de leurs fonctions (x). 


EEE ET RES SE RE 


(1) Voyez dans le tome 2, aux pages 635 à 659, les articles 
III et IV. 


OU SAURIENS PLATYNOTES. 459 


III. HABITUDES ET MOEURS ; DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE. 


Les Varans sont ceux de tous les Sauriens qui, 
après les Crocodiles, atteignent les plus grandes di- 
mensions; de sorte que les premiers historiens natu- 
ralistes, tels qu'Hérodote et Ælien, en les désignant 
par le même nom, les ont regardés comme des espèces 
terrestres. Il y a parmi ces Reptiles, qui ont tous la 
queue fort longue, deux races assez distinctes par 
leur conformation, nécessairement en rapport avec 
leurs mœurs. Les uns sont éminemment terrestres , et 
vivent loin des eaux dans les lieux déserts et sablon- 
neux , les autres sont aquatiques, et habitent les bords 
des rivières et des lacs. Chez les premiers, la queue 
est tout-à-fait conique et presque arrondie, et semble 
devoir être entièrement inutile et même fort génante, 
à moins qu'elle ne soit destinée à faire contre-poids au 
reste du tronc, comme le pense Wagler; tandis que 
chez les seconds qui ont aussi, comme mous l'avons 
fait remarquer, un très grand nombre de vertèbres 
caudales d’une forme particulière, on peut en conce- 
voir facilement l’usage. En eïfet, les os qui forment la 
base de cette queue sont très développés, surtout 
dans le sens des apophyses transverses, et elles offrent 
là de très fortes attaches aux muscles ; ensuite on voit 
que les apophyses ou épines dites supérieures et in- 
férieures , ont pris un fort grand accroissement, de 
manière à offrir la plus grande étendue dans le sens 
verlical , aux dépens de la ligne qui s'étend de droite 
à gauche. Comprimée dans tout le reste de sa lon- 
gueur , cette queue devient un organe du mouvement 
très puissant lorque l'animal est plongé dans l’eau, 


460 LÉZARDS VARAN'ENS 

d'autant mieux qu'elle est le plus souvent surmontée 
d’une crête formée par une ou deux séries d’écailles 
aplaties ; aussi le Varan aquatique s'en sert-il comme 
d’une véritable rame destinée, par des ondulations ra- 
pides et répétées , à faciliter ses mouvements à la sur- 
face de l’eau. Là son tronc, rendu plus léger à l’aide 
de l’air dont les poumons se sont remplis, reste émergé, 
et semble être dirigé comme par cet immense gou- 
vernail, qui remplit en même temps l'office d’un 
aviron. 

Quant au mode de progression sur la terre, quoique 
les membres des Varaniens soient bien développés, 
que leurs pattes soient profondément divisées en 
doigts allongés et armés d'ongles crochus, il ne paraît 
pas, d’après ce qu'en ont rapporté les voyageurs qui 
ont observé ces Reptiles vivans, qu'ils s’en servent 
pour grimper sur les arbres ou sur les rochers. La 
plupart habitent les plaines désertes ou les rivages, 
ils courent avec vitesse ; mais leur allure est toujours 
sinueuse, et se rapproche de celle des serpens, à 
cause de leur longue queue, qui, en s'appuyant sur 
le terrain à droite et à gauche, pousse le corps en 
avant, et peut, dans quelques cas, faciliter leurs 
sauts ou leur projection sur la proie qu'ils poursuivent, 
quand ils en sont assez rapprochés. 

Aucun de leurs organes des sens ne paraît d’ailleurs 
plus développé que Îles autres. Cependant, après les 
Crocodiles, ce sont les Sauriens dont les fosses na- 
sales présentent le plus détendue en longueur. Nous 
avons déjà dit que le mode de leur respiration et la 
position élevée des orifices extérieurs des narines ne 
semblaient pas devoir Les faite jouir du sens de l’odorat 
d’une manière plus parfaite. Plusieurs espèces vont, 


OU SAURIENS PLATYNOTES. A6: 


dit-on, pendant la nuit pourvoir à leur nourriture; en 
se livrant à la recherche des insectes nocturnes, cepen- 
dant leur œil ne présente pas de disposition particu- 
lière propre à leur donner ainsi la faculté de voir dans 
l'obscurité, car il a peu de volume, et la pupille nous 
a paru arrondie dans toutes Îles espèces que nous 
avons examinées. 

Comme tous les Sauriens, les Varans se nourrissent 
de matières animales et surtout de gros insectes, tels 
que les blattes, les sauterelles, les grillons , les sca- 
rabées ; les grandes espèces attaquent aussi les ani- 
maux vertébrés. Les voyageurs rapportent qu'ils re- 
cherchent les œufs des oiseaux aquatiques et des 
Crocodiles; que souvent on a trouvé dans leur esto- 
mac des Caméléons, de petites Tortues, des Pois- 
sons. M. Leschenault de Latour nous a laissé à cet 
égard des notes intéressantes, dans lesquelles il ra- 
conte que ces Varans se réunissent sur les bords des 
rivières et des lacs, pour attaquer les animaux qua- 
drupèdes qui viennent s’y désaltérer, qu'il les a vus 
attaquer un jeune cerf lorsqu'il cherchait à traverser 
une rivière à la nage, afin de l'y faire noyer. Il dit 
même avoir trouvé l’os de la cuisse d’un mouton dans 
l'estomac d’un individu qu'il disséquait. 

Distribution géographique. À l'exception de l'Eu- 
rope, on a observé des espèces de Varaniens dans 
toutes les autres parties du monde. Il est cependant 
notable que l'Amérique n’en possède qu'une seule, la 
même qui à servi à établir le genre Héloderme par 
Wiesmann, en 1829; car l’A/eloderma horrida pro- 
vient du Mexique. Les autres Varaniens ou mieux les 
Varans, proprement dits, semblent avoir été répartis 
dans Îles régions suivantes : quatre en Asie, trois en 


462 LÉZARDS VARANIENS,. 


Afrique et quatre dans l'Océanie. De ces quatre der- 
nières, deux ont été observées à la Nouvelle-Hollande : 
ce sont les Varans désignés sous les noms spécifiques 
de Poell et de Varié; un autre, celui qui est appelé 
Chlorostigma , se trouve dans les îles des Papous, et 
la quatrième, ou le Varan de Timor, dans l'ile dont 
il porte le nom. 

En Asie il existe quatre espèces : celles dites jau- 
nètre, du Bengale, de Diard et à deux bandes. Toutes 
quatre vivent également sur le continent de l’Inde et 
dars les îles qui en dépendent. 

L° Afrique ne nourrit que trois Varans : ilyena 
deux en Égypte, laquatique dit du Nil et le Terrestre 
où du désert ; le troisième, nommé de Picquot a été 
recueilli au Sénégal. 

Il reste une dernière espèce de Varanien, dont on 
ne connaît pas encore très bien la patrie, c’est le 
Varan à gorge blanche. 

Aïnsi, en résumé, voici l'indication des régions de 
la terre dans lesquelles on a reconnu les treize espèces 
de Varaniens qui sont bien connues. Une seule en 
Amérique, c'est l'Héloderme; pas en Europe ; quatre 
en Asie ; trois en Afrique; quatre en Océanie, et une 
dont on ignore l’origine. 


BIBLIOGRAPHIE. 463 


$ IV. DES AUTEURS QUI ONT ÉCRIT SUR LES VARANIENS ;, 
ET INDICATIONS DU TITRE DE LEURS OUVRAGES. 


Comme la famille des Varaniens est peu nom- 
breuse en espèces , puisqu'elle n’en réunit aujourd'hui 
que treize pour la totalité; nous aurions pu nous dis- 
penser de faire connaître dans un article particulier les 
auteurs qui ont publié des détails sur ces Reptiles , soit 
dans les ouvrages généraux, soit dans des mémoires 
spéciaux. Pour les citations , il était important d’indi- 
quer dans l’ordre chronologique les écrits qui ont eu 
pour objet les espèces de cette famille et nous en don- 
nons ici la date. La plupart de ces auteurs ayant été 
déjà nommés dans les deux premiers volumes de cette 
Erpétologie , avec l'indication du titre de leurs ouvra- 
ges, nous nous contenterons d’y renvoyer le lecteur, 
en énonçant seulement les particularités qui sont re- 
latives aux Varaniens. 


1651. HERNANDEZ (Voyez tom.r, pag. 321) a mentionné 
dans son ouvrage sur les animaux du Mexique, l'espèce de Vara 
nien dont on a fait depuis le genre Héloderme. 


1655. WORMIUS ( Foy. tom.1, pag. 344), dans son Muséum, 
a représenté , pag. 119, sous le nom de Lacertus indicus, un Varan 


qui est probablement le même qu'on à nommé depuis Benga- 
lensis. 


1716. LOCHNER , dans le Musée de Besler, cité tom. 1, pag. 326, 
a donné la fisure du J’aranus bivittatus, sous le nom de Lacertus 
indicus. 

1734. SÉBA , dans son Trésor, cité tom. > pag. 338, a repré- 
senté beaucoup d'espèces de Varans, savoir : Tome 1, le Ben- 
galensis, pl. 185, fig. 2, 3 et 4; pl. 186, fig. 4 et 5 ; pl. 98, fig, 3; 
pl. ror, fig. 1 ; pl. 105, fig. : et 2. 

Tom. , pl. 32, fig. 6; pl. 49, fig. 2. Le #7, niloticus. 


464 LÉZARDS VAKHANIENS. 

Tom. 1, pl. 94, fig. et»; pl. 100, fig. 3; et tom. n, pl. 105, 
fig. 1. Le #7. bivittatus. 

Tom. 1, pl. 94, fig, 3; pl. 97, fig. 2; pl. 99, fig, 2 

Tom. "x, pl. 80, fig. 2 ; pl. 48, fig. 2; pl. 86, fig: 2. 

1797. HASSELQUITZ ( Voyez tom.1, pag. 320) a parlé du 
Varan du Nil, pag. 561. 

1779. FORSKAEL (tom.:, pag. 319), cite, pag. 13, n° 2, l’es- 
pèêce précédente. 

1:87. SPARMANN ( Voyez tom. 11, pag. 672) a donné des dé- 
tails sur un Varan que nous présumons être celui du Nil (tom. m1, 
pag. 260 de la traduction francaise). 

1788. LACÉPEÉDE (déja cité tom. 1, pag. 243, et tom. nr, 
pag. 668), à la pl. 18, 1° vol. , a fait connaître le Tupinambis ; 
mais il a confondu ce Varan avec le Monitor ou Sauve-garde d’A- 
mérique. Cette erreur a été cause que la plupart des Varans ont 
recu depuis le nom de Tupinambis, qui certainement, d'aprés 
sa bizarre étymologie, ne pouvait s'appliquer qu'au Téjuguacu 
d'Amérique. 

1790. WHITE ( Voyez tom. 1, pag. 343, et tom. 11, pag. 675) a 

fait connaïître, dans le journal de son Voynge: pag. 286, pl. 3, 
fig. 2, le FVaranus varius. 
- — SHAW, cité tom. 1, pag. 339, a décrit et figuré dans ses Mé- 
langes, tom. 11, pag. 83, le F’aranus varius ; et dans sa Zoologie 
générale, il a reproduit les figures de Séba, qui représentent 
les Varans à deux bandes et celui du Bengale. 


1802. DAUDIN ( Voyez tom. 1, pag. 250, et tom. 11, pag: 663) 
a désigné les Varans sous le nom de Tupinambis; il en décrit 
treize comme espèces; mais il n'y en a réellement que quatre qui 
soient des Varans distincts. Ainsi le Monitor est un Lacertien. 
Le Maculatus est un Améiva. Le Zacertinus est une dragonne. 
L'Indicus est le Bengalensis, de même que le Cepedianus.L'Elegans, 
l'Ornatus,\ Exanthematicus et le Stellatus sont de la même espece 
que le Miloticus. Les deux espèces qui n’ont pas donné lieu à de 
doubles emplois sont les Tupinambis bigarré et à gorge blanche. 

1804. HERMANN ( tom. 1, pag. 321 ) a décrit à la page 264, 
sous le nom de Lacerta monitor , le Varanus bivittatus. 


1820. MERREM ( tom. 1, pag. 262 ) a établi sons le nom de 
Varanus , pag. 58 à 60, le genre qui conserve ce nom. iuyta 


BIBLIOGRAPHIE. 465 


inscrit onze espèces, qui sont : le Farius, l'Elegans , le Guttatus, 
Punctatus, Taraguira , Scincus (notre F. arenarius ), \'Ornatus, 
Dracæna,\ Exanthematicus , l'Argus et le Bilineatus. Cependant 
ces onze espèces sont réduites à quatre dans le présent ouvrage, 
savoir : Varanus Arenarius, Bengalensis, et ses variétés Guttatus, 
Punctatus et Argus; Niloticus.( Les variétés du même sous les noms 
d'Ornatus, Dracæna et Elegans.) L'espèce qu’il nomme Taraguira 
est la Sauve-Garde, le Bilineatus un véritable Scinque et l'Exan- 
thematicus est d'une autre famille. La quatrième espèce est l’4/bo- 
gularis, qu'il ne cite que comme une variété £ de l'Ornatus. 

1820. Kuhl (Foyez tom. 1, pag. 323, et tom. 11, pag. 668) men- 
tionne à la page 124 le Tupinambis Cepedianus (notre Bengalensis), 
ainsi que celui qu'il a nommé /ndicus. Le Maculatus est un Améiva. 
Le Griseus (que Daudin a cité dans $on Catalogue méthodique 
sous le n° 5 du genre Varan, tom. vur, qui nous parait être celui 
du désert ). Le JViloticus, qui est le même que celui qu'il a 
nommé Ornatus. Le Lacertinus (qui est une Dragonne). Le Ho- 
nitor ( qui est une Sauve-Garde). Enfin le Bivitéatus, que Kuhl a 
fait le premier connaître. 

1826. Fitzinger, cité tom. 1, pag. 276, a établi le genre Psam- 
mosaurus pour le Varan du désert, celui que nous avons nommé 
Arenarius. 

— RUPPEL ( Voyez tom. 1, pag. 335) a fait représenter, sous 
le nom d'Ocellé, un Varan voisin de celui qui a été décrit comme 
Albogularis, à gorge blanche. 


1827. GRAY (tom. pag. 317, et tom. 11, pag. 665 ), dans la 
Relation du Voyage de King en Australie pour la partie des 
Reptiles, p. 427, y a décrit le V’aranus varius. 

— GEOFFROY (Isidore) ( Voyez tom. 1, pag. 317, ettom.1r, 
pag. 665) a décrit dans l'ouvrage d'Egypte les Varans du Nil 
etle Terrestre, qui sont représentés dans la planche 3, fig. r et ». 


1829. LESSON (Voyez tome r, page 325, et tome 11, page 668) 
a décrit, dans le Voyage de Bellanger, notre F’aranus Bengalensis 
sous deux noms différens, le Guttatus et le Punctatus , en les con- 
sidérant comme deux espèces distinctes; et celui qu’il a nommé 
FVittatus est notre Varanus bivittatus. 

— CUVIER (Voyez tome 1, page 252, et tome 11, page 663) 
place dans le genre des Tupinambis, le Monitor du Nil, le Monitor 


REPTILES 4 III. 30 


466 LÉZARDS VARANIENS 
terrestre { Arenarius }, et le Monitor à deux rubans, notre Para 
nus bivitlaius. 

— VWIEGMANN (Voyez tome 1, page 544, et tome 1, page 
673). Dans l'Isis de l'année indiquée on trouve, à la page 67 , la 
description de l'Æeloderma horridum ; et l'année suivante il l’a 
fait représenter dans son Âerpetologia Mexicana. 

Guérin a fait graver, dans sen Iconographie du Règne animal 
de Cuvier, pl. 3, fig. r, un jeune Varan du Bengale, qu'il a nommé 


Monitor gemmatus. 


1831. GRIFFITH et PIDGEONS , dans la traduction en anglais 
du Règne animal de Cuvier, ont représenté un jeune Varan du 
Nil, qu'ils ont appelé, d' après Leach, Monitor pulcher, 


— GRAY ( Voyez tome, page 267, et tome K1, page 665 ) . 
dans le Synopsis ali du volume précédent, a indiqué 
par des phrases caractéristiques les Varans dits Monitor bivittatus, 
Varius, Flavescens, ocellatus, Chlorostigma, Timorensis, viridis 
(nous ne savons à quelle espèce rapporter ce dernier ), Exanthe- 
matieus, d'après Daudin, Bengalensis, ornatus, qui est le même 
que le Wiloticus, le Nebulosus (qui est notre Varan de Diard ), 
l Heraldicus , quinous paraît être une variété du Bengalensis ; le 
Monitor pulcher ( qui est un jeune Viloticus ), le Monitor Scincus 
(c'est notre F’aranus Arenarius ), le Monitor Albogularis; et Helo- 
derma. Tous ces détails se trouvent consignés entre les pages 25 


à 28. 

— SCHINZ (Voyez De Le page 337, et tomerr, page 671)a 
donné des copies lithographiées et colorées des Varans du Nil, du 
Terrestre, d’après l'ouvrage sur l'Égypte, de l'Æeloderma horri- 
dum , d'après la figure de Wagler , et du F'aranus ocellatus , d'a- 
près Ruppel. 


OÙ SAURIENS PLATYNOTES. G. VARAN. 407 


CENRE. VARAN. — FARANUS. Merrem. 


( Tupinambis de Daudin et d'Oppel; 72 aranus et 
Psammosaurus de Fitzinger ; Monitor de Cuvier et 
de Gray ; Psammosaurus , Hydrosaurus et Poly- 
dædalus de Wagler et de Wiesmann.) 


Caracrères. Des écailles enchâssées à côté les unes 
des autres dans la peau, et entourées d’une série 
annulaire de très petits tubercules. Dos de la queue 
plus ou moins tranchant. Un pli sous le cou en avant 
de la poitrine. 


Les Varans composent un des genres les plus naturels et 
les plus faciles à distinguer de l’ordre des Sauriens. Ce sont, 
en génér al, de gr andes espèces de tailles élancées, à tête 
ayant la figure d’une pyramide à à quatre faces, à cou allongé 
et oi , à queue très développée et de forme plus ou 
moins triangulaire. 

La tête des Varans est recouverte de plaques polygones 
très rarement bombées. Presque toujours il en existe une 
circulaire et un peu plus dilatée sur le milieu du crâne. 
T'elles espèces ont les r ésions sus- or bitaires garnies de petites 
écailles égales entre elles ; telles autres offrent sur ces mêmes 


régions une rangée D Lee de scutelles beaucoup plus 
larges que lite 


Quoi qu’en ait dit Wagler, aucun Varan n’a Mille 
imbriquées sur le corps ; Le seules qui soient disposées de 
cette manière sont celles qui revétent le dessus des doigts. 
Ces dernières sont aussi les seules qui, avec les petites rte 
de la surface et des côtés de la tête, n’aient pas leur contour 


30. 


468 LÉZARDS VARANIENS 


garni de tubercules granuleux. Toutes les écailles des Varans 
sont percées d’un ou plusieurs pores. Si Pon fait attention à 
leur forme, on voit que sur la queue, sur les doigts et sur les 
régions abdominales, elles sont quadrilatérales, et que sur 
toutes les autres parties du corps, en exceptant cependant 
le dessus et les côtés de la tête, elles offrent une figure 
ovale plus ou moins rétrécie. Ces écailles peuvent être Hoi 
convexes ou carénées. 


La position qu’occupent les narines sur les côtés du museau 
varie suivant les espèces. Ainsi, tantôt elles sont fort rap- 
prochées des yeux, tantôt elles sont situées presque au bout 
du nez, ou bien entre ces deux points, un peu plus en avant, 
un peu plus en arrière. Quelquefois elles ressemblent à de 
simples fentes linéaires ; chez d’autres elles sont ovales, ou 
bien tout-à-fait arrondies. 

De la position des ouvertures nasales dépend celle des 
poches ou des espèces d’évents , dont nous avons dit que les 
Varans sont pourvus. Si ces ouvertures nasales sont plus 
près des yeux que du bout du nez, les évents sont placés 
devant elles ; si, au contraire, elles sont plus rapprochées 
de l'extrémité du museau que des yeux, elles sont placées 
derrière. 

La forme des dents n’est pas non plus constante. En gé- 
néral , elles sont très comprimées , simplement tranchantes, 
ou finement dentelées sur leurs bords. Mais chez quel- 
ques espèces elles le sont si peu qu’elles paraissent coni- 
ques, particulièrement les postérieures, qui, avec l'âge, 
deviennent même tuberculeuses. Leur nombre est de 
vingt à vingt-quatre en bas, et de vingt-huit à trente en 
haut, où l’on compte huit petites intermaxillaires. 

La peau du cou des Varans forme un léger pli trans- 
versal en avant de la poitrine. Aucun d’eux n’a de pores 
sous les cuisses. Les doigts, généralement très develop- 
pés, sont dans quelques cas assez courts. 


La queue est toujours très longue; elle a une forme 


QU SAURIENS PLATYNOTES, G+ VARAN. 469 
triangulaire, c’est-à-dire que le dessous en est plat, et 
que ses côtés se compriment de manière à en rendre tran- 
chante la partie supérieure, qui, eu outre, est surmontée 
d’une double carène dentelée en scie. Mais, dans quelques 
espèces, cette partie terminale du corps perd à la fois et 
sa double carène et sa forme triangulaire , sinon dans toute 
son étendue, au moins dans la première moitié de sa lon- 
gueur, qui est alors presque arrondie. 


‘Cette différence dans la conformation de la queue des 
Varans, différence qui, comme on le comprend aisé- 
ment, se trouve en rapport avec lhabitude qu'ont les 
uns de vivre sur les bords des eaux, et celle qu'ont les 
autres de ne fréquenter que les lieux arides et déserts , 
nous a permis de les partager en deux sections , qui seront 
celle des Vcrans terrestres et celle des J’arans aqua- 
tiques. 


Le tableau systématique qui suit, indique d’un seul coup 
d'œil le nombre des espèces que renferme chacune de ces 
deux sections. Comme il ne comprend que les genres Varan 
et Héloderme, dont le dernier n’est formé lui-même que 
d’une seule espèce, nous avoss cru devoir indiquer de suite 
les caractères essentiels et comparatifs des douze Varans ; 
d’abord d’après la forme de la queue et des doigts, et en- 
suite suivant les diverses situations des narines et la confi- 
guration particulière des écailles , surtout de celles qui sont 
placées au-dessus de l'orbite, parce qu’elles diffèrent beau- 
coup entre elles par leur étendue respective. 


LEZARDS VARANIENS 


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OU SAURIENS PLATYNOTES. G. VARAN. [. 471 


Ie SECTION. VARANS TERRESTRES. 
‘1. LE VARAN DU DÉSERT. ( Varanus Arenarius.) Nobis. 


CaracTÈRes, Queue presque ronde, non carénée. Narines ou- 
vertes en fentes obliques près des yeux. De chaque côté, derriere 
ceux-ci, une ligne noire s'étendant sur le cou. 

Synonyme. Ouaran el-hard des Arabes. 

Le Crocodile terrestre d'Hérodote. 

Animal Lacertosum terrestre, Crocodilo simile, etc. Prosp. Alp. 
Hist. nat. Ægypt. pag. 217, tab. r1. à 

© Ouaran. Forsk. Descript. Anim. Ægypt. 

Varanus Scincus. Merr. pag. 59, n° 6. 

Psammosaurus griseus. Fitzing. Neue Classif. der Rept. , etc. 
pag- 90. 

* Tupinambis Arenarius (Ouaran de Forskal). lai. Fan  Rept. 
d'Égypt. tom. 1, pag, 129, tab. 5, fig. 2. 

Le Monitor terrestre d’ Égypte. Cuv. Rég. anim. tom. », pag. 26. 

Tupinambis griseus. Daud. Hist. Rept. tom. 8 » Pag- 392. 

Psammosaurus scincus. Wagl. Syst. Amph. pag. 165. 

Tupinambis Arenarius. Bory de Saint-Vinc. Dict. class. d'Hist. 
nat. tom. 16, pag. 432. 

The land Monitor of Egypt. Griff. Anim. Kingd. t. 9, pag. 110. 

Monitor scincus. Gray. Synops. in Griffith's Anim. Kingd. 
tom. 9, pag. 27. ne 

Varanus terrestris. Schinz. Naturgesch. Abbild. Rept. pag- 94, 
tab. 32, Ent De 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête du Varan du Désert a la forme d'une pyramide 
a quatre faces. Les ouvertures externes des narines sont deux 
fentes obliques, situées une de chaque côté du museau , un peu 
en avant de l'œil. Les dents sont médiocres, aiguës, lésérement 
comprimées et un peu recourbées en arrière. L’oreille est ovale ; 
le dessus de la tête offre un pavé composé de petites écailles apla: 
ties, et à plusieurs pans. Celles de ces écailles qui recouvrent les 
régions supra-orbitaires sont plus petites que les autres. On en 
remarque une seule de forme circulaire : elle.est aussi la plus 
grande de toutes, ef située sur le milieu du vertex. Les doigts 


472 LÉZARDS VARANIENS 


sont peut-être proportionnellement un peu moins allongés que 
ceux des espèces qui viennent immédiatement aprés celles-ci. 
Leur face inférieure est garnie de petits tubercules arrondis, en- 
tourés d’une série annulaire d'écailles granuleuses. Ces tuber- 
cules se trouvent disposés par rangées transversales de quatre ou 
cinq pour chacune. Le dessus des doigts est recouvert d'écailles 
quadrilatérales oblongues, formant aussi des rangs transversaux 
légérement entuilés. Les ongles sont très longs , trés comprimés, 
pointus et faiblement arqués. La queue, à peu près arrondie 
dans le premier tiers de son étendue, se montre légèrement aplatie 
de droite à gauche dans le reste de sa longueur, qui est d'un 
quart plus considérable que celle du corps, du cou et de la tête, 
mesurés ensemble. Si parfois le dessus de la moitié postérieure de 
la queue est surmonté d'une carène formée d'écailles triédres , 
comme cela se voit chez le plus grand n<mbre des Varans, cette 
carène est très peu prononcée. Les écailles de toutes les parties 
du corps, autres que celles du dessus de la tête et des doigts, 
quelle que soit leur forme, sont entourées chacune d'un rang 
de petits grains squammeux. Ces écailles sont simplement ovales 
sous le cou et les quatre membres , également ovales, mais un 
peu en dos d'âne sur la région supérieure et les côtés du corps, 
coniques sur le dessus du cou, circulaires sur les bras. et quadri- 
latérales oblongues sous le ventre et sur toute l'étendue de la 
queue, autour de laquelle elles forment des verticilles. 
CoLorarion. La collection renferme trois individus de l'espèce 
du Varan du désert, qui tous trois offrent un mode de coloration 
différent. Le plus grand, celui que M. Geoffroy a rapporté d'É- 
gypte et le modèle de la figure de l'Ouaran de Forskal, qui est 
représenté dans le grand ouvrage sur cette partie de l'Afrique, 
est d’un brun clair sur le dos, avec quelques taches carrées d'un 
jaune verdâtre et pâle. Il offre d'autres taches, ou plutôt des 
bandes transversales de la même teinte sur le dessus de la queue, 
Notre second et notre troisième exemplaires sont jaunâtres; mais 
celui-là l’est uniformément, tandis que chez l’autre, à la cou- 
leur jaunâtre se mêle une teinte brune, dessinant des bandes 
transversales, au nombre de plus de douze sur la queue et de 
cinq seulement sur le dos, où l’on voit de plus, dans les inter- 
valles que laissent les bandes entre elles, des points bruns, comme 
il y en a de semés sur le dessus des quatre membres. Il existe aussi 
de chaque côté du cou deux rubans bruns, qui prennent nais- 


OÙ SAURIENS PLATYNOTES. G. VARAN. 2. A5 5 
sance, l’un à l'angle postérieur de l'œil, l’autre sur le bord de l'o- 
reille. Les ongles sont jaunes. 

Drmexsiows. Longueur totale, 94”. Téte. Long. 8”. Cou. Long. 8”. 
Corps. Long. 30”. Memb. ant, LORE 14°. Memb. post. Long. 17”. 
Queue. Long. 48”. 

Parrie. Le Varan “e désert a originaire d' Égypte. M. Isidore 
Geoffroy, qui en a donné, dans le grand ouvrage sur cette partie 
de l'Afrique, la premiere et la seule description détaillée qui 
existe encore aujourd'hui, nous apprend que sa maniere de vivre 
est tout-à-fait différente de celle des autres Varans , et du Varan 
du Nil en particulier. En effet, loin de fréquenter le bord du 
fleuve , il vit dans les lieux secs et arides, habitudes qui se trou- 
vent être en rapport avec la conformation de sa queue, dont la 
forme arrondie n’est pas propre à la natation. Il paraït aussi que 
le Varan du désert est moins carnassier que celui du Nil; car, 
lorsqu'on le retient en captivité, au lieu de se jeter sur sa proie 
avec avidité, comme le fait ce dernier, on ne parvient à le nour- 
rir qu'en lui mettant dans la bouche des morceaux de chair, et 
en employant la violence pour les lui faire avaler. 

Observations. Cette espèce est celle dont parle Hérodote, sous 
le nom de Crocodile terrestre. C'est très probablement aussi le 
Lézard que les anciens désignaient par le nom de Scinque, qu'on 
a depuis appliqué d’une manière générique à d’autres Sauriens 
qui different à beaucoup d'égards des Varans. C’est sans doute 
pour cela que Merrem appelle notre Varanus Arenarius, Varanus 
scincus. Fitzinger en a fait le type d’un genre particulier, nommé 
Psammosaure, ou Lézard des Sables ; genre que Wagler et 
Wiegmann ont adopté ; ce que nous n'avons pas cru devoir faire, 
par les motifs que nous avons fait valoir plus haut , lorsque nous 
avons traité de la famille des Varaniens en général. 


2, LE VARAN DE TIMOR. Faranus Timoriensis. Nobis. 


CaracTÉRes. Queue presque cylindrique , sans arête écailleuse 
bien prononcée; narines arrondies , situées un peu plus près de 
l'extrémité du museau que de l'œil. Dos d’un brun olivâtre semé 
d'ocelles jaunes. 

SYNONYME. Monitor Timoriensis. Gray. Synops. in Griffith's 
anim. Kingd. tom. 9, pag.-26, exclus. synon. Tupinambis macu- 
latus. Daud. tom. 3, pag. 48.( Ameiva..….?) 


474 LÉZARDS VARANIENS 


DESCRIPTION. 


Formes. On compte trente dents environ, adhérentes au bord 
interne de la mâchoire supérieure de ce Varan et vingt ou vingt- 
deux à l’inférieure. Elles sont assez écartées les unes des autres, com- 
primées, pointues, légèrement arquées, un peu tranchantes , mais 
non dentelées. La tête, par sa forme, ne diffère en rien de celle de 
l'espèce précédente; c'est dire qu'elle ressemble à une pyramide à 
quatre faces. Percées, comme à l'ordinaire, sur les parties latérales 
du museau, les ouvertures nasales sont parfaitement rondes, et un 
peu plusrapprochées de l'extrémité de celui-ci que del’angle anté- 
rieur des paupieres. Les plaques qui garnissent le bord des lèvres 
ont excessivement peu de hauteur, si ce n’est pourtant les trois ou 
quatre qui, de chaque côté, avoisinent en haut la plaque rostrale, 
et en bas celle dite mentonnière. Ces deux plaques, qui ont cha- 
cuné cinq pans, sont plus dilatées en hauteur qu’en largeur. De 
petites scutelles polygones, plates et juxta-posées, revêtent le 
dessus et les côtés du museau. D'autres, semblables pour la figure, 
mais d'un moindre diamètre , et peut-être un peu bornbéés, gar- 

_nissent la surface du crâne ; enfin, il y en a de plus petites que 
celles-là sur les tempes et sur les régions sus-orbitaires. La mem- 
brane du tympan est un peu enfoncée dans le trou auriculaire, 
lequel ressemble à une fente vertico-oblongue, dont les deux bords 
paraissent pouvoir se rapprocher l'un ‘de l’autre comme deux 
sortes de lèvres. Les membres sont forts, et les doigts qui les 
terminent bien développés. Ces derniers sont armés d'ongles cro- 
chus et très acérés. La queue a près d’une fois et demie la lon- 
gueur du reste du corps. Tout-à-fait à sa racine, elle est plutôt 
quadrilatère que ronde; mais immédiatement apres elle s’arron- 
dit en dessus sans diminuer beaucoup dé largeur jusque vers le 
second tiers de son étendue; puis à partir de ce point jusqu'a 
son extrémité on la voit peu à peu se comprimer et perdre à la 
fois de son épaisseur. Néanmoins , elle est loin d'être aussi mince 
que celle d'aucune des espèces qui vont suivre. Elle offre de plus 
un caractère qui Jui est commun avec le Varan du désert, et qui, 
par cela même, la distingue de tous ses autres congénères; c'est 
d'avoir les écailles de ses deux rangées médio-longitudinales su- 
périeures assez basses pour qu'elles ne forment point de éarène 
bien apparente. Les squamelles des parties supérieures de ce 


OU SAURIENS PLATYNOTES. G. VARAN. 2. 475 


Varan sont en général peu dilatées, relativement à la largeur du 
cercle granuleux qui les entoure; car il se compose souvent de 
deux et même de trois rangs de petits tubercules. Ceci se voit en 
particulier sur le dos et sur le cou; ces écailles, dont la forme 
est ovale, ne sont pas positivement carénées, mais ce qu'on peut 
appeler en dos d'âne. Celles qui revêtent les régions inférieures 
du cou et des membres ont aussi une figure ovale, mais la surface 
en est très légèrement convexe. Elles n’offrent d’ailleurs qu'un seul 
rang de petits grains autour d'elles. Les scutelles pectorales sont 
plates, de même que les abdominales, mais la figure de celles-là 
est ovalaire ; tandis que celles-ci sont quadrangulaires oblongues. 
Ni les unes ni les autres n’ont de petits grains le long de leurs 
bords latéraux. Une forte carène surmonte chacune des écailles 
quadrilatères qui forment des verticilles autour de la queue. Des 
tubercules presque sphériques, bien distincts les uns des autres, 
garnissent la paume et la plante des pieds , ainsi que le dessous 
des doigts, où ils sont disposés par séries transversales, de trois ou 
quatre pour chacune. : 

Cororarion. Toutes les parties supérieures du corps de ce Varan 
présentent une teinte d'un brun olivâtre. Le dessus du cou et le 
dos sont assez régulièrement marqués en travers de petits cercles 
noirs , au milieu desquels se montrent quatre ou cinq écailles 
colorées en jaune. Les membres et la queue offrent des pique- 
tures de cette dernière couleur ; mais le dessus de la tête est uni- 
colore. On voit un trait jaune en arrière de l'œil qui, quelque- 
fois , s'étend jusque sur le cou, en passant au-dessus de l'oreille. 
Chez les individus adultes , il se mêle tout au plus quelques points 
bruns à la teinte fauve du dessous du corps ; tandis que chez les 
jeunés sujets non - seulement on en voit un grand nombre, mais 
il existe de plus des lignes en zigzags en travers de la poitrine ét 
de l'abdomen ; ét d’autres lignes figurant une sorte de réseau sous 
les cuisses 

Dimensions. Longueur toiale. 59”. Tête. Long. 5”. Cou. Long. 
6”. no. Long. 14”. Memb. anter. Long. 6” He Memb. post. 
Long. 9”. Queue. Long. 34”. 

On voit par ces dimensions, qui sont celles d’un individu que 
nous avons tout lieu de croire adulte, sue pans Set n en 
pas üné aussi grande taille que ses congénères. ; 

Patrie. Nous n'avons jusqu ici encore vu venir ce Varan que 
de l'île de Timor. Notre collection HÉRIÉENE une > belle suite 


456 LÉZARDS VARANIENS 


d'echantillons, dont une partie provient des récoltes faites en com- 
mun par Péron ct Lesueur, et l'autre d'un riche envoi de Reptiles 
qui nous ont été récemment adressés du musée de Leyde. 


Observations. M. Gray, qui a eu occasion d'observer ce Saurien 
dans notre musée, le cite dans son Synopsis, imprimé à la suite 
du neuvième volume de la traduction anglaise du Règne animal, 
sous le nom par lequel nous le désignons nous-mêmes ; mais nous 
devons relever l'erreur qu'il a commise en rapportant à ce V’ara- 
nus Timoriensis le Tupinambis maculatus de Daudin, qui n'ap- 
partient pas même au genre Varan. Il ne doit point rester le 
moindre doute à cet égard , attendu que Daudin dit positivement 
dans sa description que son Tupinambis maculatus a des plaques 
sur la tête comme les Sauve-Gardes, et des écailles crypteuses 
sous les cuisses. Or, ni l'un ni l’autre de ces caractères n’appartien- 
nent aux Varans. Ils indiquent plutôt que c’est parmi les Améivas 
ou les Lézards qu'il faut chercher l'espèce à laquelle Daudin les 
attribue. 


II: SECTION. VARANS AQUATIQUES. 
3. LE VARAN DU NIL. V’aranus niloticus. Nobis. 


CARACTÈRES. Queue comprimée, surmontée d’une haute carène ; 
narines ovales, situées entre l'œil et le bout du museau; des 
chevrons jaunâtres sur la nuque ; des bandes d’ocelles de la même 
couleur en travers du dos. 


Synonymie. Lacerta Amboinensis elegantissima. Séba, tom. 1, 
pag. 147, tab. g4, fig. r et 2. 

Lacerta ceilonica visu jucunda. Séba, tom. 1, pag. 157, tab. 100, 
fig. 3. 

Lacerta ceilonica. Yd. pag. 165, tab. 105, fig. 1. 

Lacerta eximia ceilonica tigridis instar maculata. Séba, tom. 2, 
pag. 49, tab. 49, fig. 2. 

Lacerta major, Tilcuetzpallin in Nova Hispania dicta. Id. tom. 1, 
pag. 152, tab. 97, fig. 2. 

Lacertus tejuguacu oculeus, seu Saurus dictus ceilonicus. Séba, 
Lom. 3, pag. 111, tab. 105, fire 

Lacerta Nilotica. Hasselq. lter. Ægypt. Palest. pag. 361. 

Lacerta Nilotica. Linn. Syst. Nat. pag. 569. 


OU SAUKIENS PLATYNOTES. G. VARAN. 9. 477 


Stellio Saurus. Laur. Specim. Amph. pag. 56. 

Lacerta Nilotica. Forsk. Descript. Anim. Ægypt. pag. 19, n° 2. 

Lacerta Capensis. Sparmann, Voy. au cap Bonn.-Esp. trad. 
franc. tom, 5, pag. 260. 

Lacerta Nilotica Gmel. Syst. Nat. pag. 1079. 

Scincus Niloticus. Schneïd. Hist. Amphib. Fasc. secund. p. 195. 

Lézard du Nil. Lat. Hist. Rept. tom. 1, pag. 246. 

Tupinambis Niloticus. Daud. Hist. Rept. tom. 3, pag. 51. 


Tupinambis elegans. Daud. xx, p. 37. Exclus. Synon. Séb. tom.r, 
tab. 86, fig. r et 2. ( Varanus Bengalensis jeune), tom. 2, tab. 30, 
fig. 2 , ettab. 68, et Stellio salvator, Laur. ( Varanus bivittatus.) 


Tupinambis stellatus. Daud. Hist. Rept. tom. 5, pag. 59, tab. 3r. 
Exclus. Synon. Séba, tom. 1, tab. 99, fig, 2. (Varanus bivittatus.) : 


Tupinambis ornatus. 1d. tom. 8, pag. 302, et Ann. Mas. Hist. 
Nat. tom. 2, pag. 240, tab. 48. 


V'aranus elegans. Merr. Amph. pag. 58. Exclus. Synon. Séba, 
tom. 1, tab. 99, fig. 2; tom. 2, tab. 80, fig. 2, et tab. 86, fig. 2. 
( Varanus bivittatus. ) 

Faranus ornatus. Merr. Amph. pag. 59. Exclus. Var. B. ( Vara- 
nus albogularis.) 

Tupinambis Niloticus. Kuhl. Beitr. pag. 124, 

Tupinambis stellatus. Id. pag. 129. 

Tupinambis ornatus. Id. pag. 129. 

Le grand Monitor du Nul. Cuv. Ossem. foss. tom. 5, part. 2, 
pag. 296. 

Varanus Niloticus. Fitzing. Neue Classif, der Rept. pag. 50. 


Monitor Niloticus. Isid. Geoff. ouv. Égypt. tom. 1, pag. 121, 
tab. 5, fig. 1. 


Le Monitor du Ml. Cuv. Règ. anim. tom. 2, pag. 25. 

Polydædalus Niloticus. Wagl. Syst. Amph. pag. 164. 

Tupinambis Niloticus. Bory de Saint-Vincent, Dict. class. d'Hist. 
nat. tom. 16, pag. 432. | 

The Monitor of the Nile. Griff. Anim. Kingd. tom. 9, pag. 100. 

Monitor Niloticus. Gray. Synops. in Griffith’s Anim. Kingd. 
tom. 9, pag. 25. 


Monitor Niloticus. Schinz. naturgesch. Abbild, Rept. pag. 94, 
tab. 3r, fi2. 1. 


428 LÉZARDS VARANIENS 
DESCRIPTION. 


Forwes. La tête a la forme ordinaire, c’est-à-dire celle d'une 
pyramide à quatre faces. Les dents sont courtes, au nombre de 
vingt-deux à la mâchoire inférieure , et de trente à la supérieure, 
parmi lesquelles on moe huit intermaxillaires fort petites. 
Les cinq ou six premières maxillaires sont très peu. comprimées, 
ou presque coniques, et les postérieures tuberculeuses ou à cou- 
ronne tout-à-fait arrondie. Il est vrai de dire cependant que ceci 
ne s observe que chez les sujets adultes, car les jeunes individus 
ont toutes leurs dents maxillaires un peu aplaties sur les côtés. 
Les narines ressemblent à des trous ovales; elles sont placées en 
long, l’une à droite, l’autre à gauche du museau, positivement 
entre l'extrémité de celui-ci et le bord antérieur de l’&il. La sur- 
face et les côtés de la tête sont revêtus de. petites plaques poly- 
gones aplaties; mais on remarque que celles de ces plaques qui 
garnissent les régions sus-orbitaires et les tempes sont un peu 
moins dilatées que les autres. Le Varan du Nil a les membres 
bien développés. Ses doigts sont longs et ses ongles crochus, 
comprimés et très acérés. La queue est une demi-fois plus 
longue que le restant du corps. Elle est fortement aplatie de. 
droite à gauche dans la presque totalité de son étendue , et la 
carène, ou plutôt la crête qui la surmonte , est plus haute que 
chez aucune autre espèce du genre Varan. Le dos et les régions 
supérieures du cou et des membres présentent des écailles ovales, 
convexes, ou en dos d'âne, qui sont entourées chacune de deux 
rangs de petits tubercules granuleux (1). Celles du dessous du cou 
et des pattes ont également une forme ovale , mais elles sont apla- 
ties. Les écailles rostrales et les caudales sont quadrangulaires, 
les unes lisses, et les autres légèrement carénées. Sous les doigts, 
on remarque des lignes transversales entourées de petites écailles 
granuleuses. 

CoLorarion. La couleur générale des parties supérieures des 
individus qui ont déjà acquis une certaine taille, est d'un gris 
verdâtre, piqueté de noir. Sur la nuque, ils offrent quatre ou 
cinq chevrons jaunes, emboîtés les uns dans les autres, Ce 
leur sommet dirigé enaärrière. À partir des épaules jusqu'a la 
racine de la queue, l’on voit sept ou huit rangs transversaux d'o- 


(1) Voyez PI. 35, n° 4. 


ou SAURIENS PLATYNOTES. 479 


celles d'un jaune verdâtre. La queue présente dans sa « première 
moitié des bandes circulaires, composées d’ocelles semblables à 
ceux du dos, et dans le reste de son étendue, des anneaux de la 
même couleur que ces ocelles. Le dessus des membres est semé de 
points également jaunes-verdâtres, qui quelquefois se réunissent en 
petits groupes de quatre ou cinq chacun. Le devant de l'épaule 
est marqué d’un large ruban noir. Il en existe un assez étroit et 
liseré de vert pâle, sur chaque tempe. Le dessous du corps est 
blanchâtre, avec des bandes brunes en travers du ventre, et un 
dessin réticulaire de la même couleur sous les cuisses. Les ongles 
sont noirs. 

Jeune ace. Le mode de cootatibn des jeunes sujets < se fait par- 
ticulièrement remarquer par des nuances beaucoup plus foncées. 
Cependant on voit en travers du crâne des lignes jaunes, qui 
disparaissent avec l’âge. Leur présence en particulier peut servir 
à faire distinguer les jeunes Varans du Nil des jeunes Varans du 
Bengale, qui n’en offrent jamais, Sur chaque tempe, qui est de 
la même couleur que ces lignes, se trouve. imprimée en long une 
bande noire. La teinte jaune pâle, qui est répandue sur les par- 
ties inférieures, est coupée transversalement de raies d'un noir 
foncé, couleur qui est aussi celle du dessin réticulaire qui existe 
sous les cuisses. Les lignes jaunes en chevrons de la nuque sont 
surtout très apparentes ; on en compte ordinairement quatre ou 
cinq. C'est d'après un individu dans cet état que Daudin a établi 
son Tupinambis elegans. 

Dimensions, Longueur totale. 1’ 38. Téte. Long. 12°. Cou. Loue. 

110 ip Long. 4”. Es antér. Long. 25”. Memb. poster. 
Long. 29”. Queue. Long. 71°. 

Patrie. Il est trés probable que cette espèce vit dans la plu- 
part, si ce n'est dans tous les fleuves de l'Afrique. On sait qu'elle 
est très commune dans le Nil, qu'elle se trouve dans le Séné- 
gal, dans les rivières du cap de Bonne-Espérance, où en par- 
ticulier elle a été vue par Sparmann et Levaillant. M. Sandré 
de Bordeaux a donné au Muséum un jeune individu qui avait été 
péché pres de Sierra Leone, dans une rivière nommée le grand 
Galbar. Daudin a certainement été induit en erreur lorsqu' il a 
dit que son Tupinambis elegans était d'origine américaine, car le 
Varan du Nil, dont il est tout simplement le jeune âge, ne se 
rencontre pas ailleurs qu'en Afrique. , 

Observations. Ce Varan, que Hasselquitz ‘ Linné, F orskal et 
Gmelin ont appelé Lacerta Nilotica, se trouve gravé plusieurs 


480 LÉZARDS VARANIENS 


fois et en difiérens âges, dans l'ouvrage de Séba. Il a été décrit par 
Daudin sous quatre noms différens. Ainsi le Tupinambis elegans a 
été établi sur un très jeune sujet de son Tupinambis Niloticus ; 
son Tupinambis stellatus d'après un individu un peu plus âgé, et 
l'espèce qu'il à appelée ornée a eu pour type un exemplaire 
adulte qui existe encore aujourd’hui au Musée, et dont les cou- 
leurs étaient parfaitement conservées. 


4. LE VARAN DU BENGALE. f’aranus Bengalensis. Nobis. 


CarACTERES. Queue comprimée ou triangulaire, surmontée 
d’une carène fortement dentelée. Narines en fentes obliques, pla- 
cées positivement entre l'œil et le bout du museau. Corps brun ou 
brun-fauve , parfois piqueté de noir chez les adultes, orné d’o- 
celles jaunes chez les jeunes, un trait noir derrière chaque œil. 

Synonymie. Lacertus Indicus. Worm. Mus. pag. 313. 

Lacerta Americana maculata. Seb. tom. 1, pag. 136, tab. 85, 
fig. 2 et 5. 

Lacerta Americana Argus dicta. 1. fig. 4. 

Lacertus Stellatus Mauritanus. Id. pag. 138, tab. 86, fig. 4 
et ». 

Lacerta Brasiliensis Taraguica Aycuraba dicta. Id. pag. 154, 
tab. 98, fig. 5. 

Lacerta Americana, maxima, Cordylus et caudiverbera dicta. 
Id. tom. 1, pag. 198, tab. ro1. 

Lacerta Alia Ceilonica. Id. pag. 166, tab. 109, fig. 2. 

Lacerta Ceilonica maculis albis et nigris notata. Id. tom. 2, p. 32, 
tab. 32, fig. 3. 

Lacerta Americana, jucundè maculata, seu oculata. Id. tom. 2, 
pag. 69, tab. 68, fig. 2. 

Lacerta dracæna. Linn. Syst. Nat. pag. 560 , n° 5. 

Stellio Salvaguardia. Laur. Synops. Rept. pag. 57, n° 92. 

Lacerta dracæna, Gmel. Syst. Nat. pag. 1059. 

Dracæna Lizard. Shaw. Gener. Zool. tom. 3, p. 218, tab. 67 

Tupinambis Bengalensis. Daud. Hist. Rept. tom. 3, pag. 67 
Exclus. Synonym. Séba , tom. 1, tab. 105, fig. 1. (Varanus Nilo- 
ticus. ) 

Tupinambis Indicus. Daud. Loc. cit. pag. 46, tab. 30. 

Tupinambis Cepedianus. Daud. Loc. cit. pag. 43, tab. 29. 

Varanus guttatus. Merrem. Amph. pag. 58, n°3. 


OU SAURIENS PLATYNOTES. G. VARAN. 4. 481 


Varanus punctatus. Mer. Loc. cit. pag. 59, n° 4. 

V'aranus Argus. Merr. Loc. cit. pag. 6o, n° 10, 

Tupinambis Cepedianus. Kuhl. Beitr. zur zool. pag. 124, n° 2. 
Tupinambis Indicus. Kuhl. loc. cit. 

Tupinambis Bengalensis. Kubl. loc. cit. pag. 125. 

Varanus guttatus. Less. Voy. Ind. orient. Bell. Rept. pag. 308. 
Varanus punctatus. Less. loc. cit. pag. 309. 

Monitor gemmatus. Guér. Icon. Regn. anim. tab. 3, fig. 1. 


Monitor Bengalensis. Gray, Synops. in Griffith’s Anim. Kingd. 
tom. q, pag. 26. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête ressemble à une pyramide à quatre faces fort 
allongées. Le dessus du crâne est plan, mais celui du museau 
offre, d'avant en arriére, un renflement qui est coupé longitu - 
dinalement par un sillon peu profond. Les narines sont deux 
fentes obliques ouvertes, l'une à droite, l'autre à gauche du mu- 
seau , positivement au milieu de l'espace existant entre l'angle an- 
térieur de l'œil et le bout du nez. Des petites plaques aplaties et à 
plusieurs pans garnissent le dessus de la tête. Parmi ces plaques, 
on remarque celles qui revêtent l’espace inter-oculaire, et le dessus 
et les côtés de la partie antérieure de la tête, comme étant les 
plus grandes, et celles des tempes, de l’occiput et des régions 
sus-orbitaires, comme étant les plus petites. Trente dents sont 
implantées sur la mâchoire supérieure, et vingt-quatre sur l'infé- 
rieure; quoique courtes et robustes , elles sont légèrement compri- 
mées, mais non tranchantes ni dentelées. Celles qui sont le plus 
avancées dans la bouché sont aussi les plus fortes ; mais nous ne 
croyons pas qu'avec l'âge, elles deviennent tuberculeuses comme 
chezle Varan d'Égypte. Des écailles ovales et bombées, entourées 
de petits grains tuberculeux, règnent sur toutes les parties supé- 
rieures, excepté sur la queue où l’on en voit de quadrargulaires 
oblongues et fortement carénées. Ce sont aussi des écailles à quatre 
pans plus longues que larges, qui revèêtent les régions abdominales et 
le dessous de la queue ; mais ces écailles sont plates et lisses, 1] yen 
a d’ovales et unies sous le cou et sous les quatre membres. Des on- 
gles extrémement forts arment les doigts, qui enx- mêmes sont 
assez gros. La queue à la forme d'un trois-quarts, aplatie qu'elle 
est en dessous , et comprimée de chaque côté vers sa partie supé. 

REPTILES , III, 3 


483 LÉZARDS VARANIENS 


rieure , qui présente un tranchant dentelé en scie, à cause de la 
double carène écailleuse qui la surmente. Cette forme de la queue 
du Varan du Bengale est en particulier un des caractères qui 
servent à le distinguer du Varan du Nil, dont cette partie du 
corpsest plus aplatie latéralement etsurmontée d’une haute carène. 

CoLorarion. Les individus adultes que renferment nos collec- 
tions sont en dessus piquetés de noir, les uns sur une teinte d'un 
brun grisâtre , les autres sur une couleur roussâtre. En dessous 
il y en a qui offrent une teinte plus claire , uniforme , tandis que 
d'autres ont le dessous du cou et de la gorge couverts de points 
noirs, souvent trés dilatés. Chez tous ces individus, on remarque 
un trait noir derriere chaque œil et une ligne jaune en long sur 
tous les doigts. Dans cet état , le V. du Bengale se rapporte au Tup. 
Indien de Daudin. Des sujets moins âgés nousoffrent un mode de 
coloration un peu différent. Ainsi, leurs parties supérieures sont 
semées , sur un fond grisâtre, de petites taches noires ; marquées 
d’un point blanc au milieu. Ceux-la ont quelques lignes noires en 
chevrons sur la nuque, le ventre uniformément blanchätre, le 
dessous du cou piqueté de brun, et celui de la tête marqué en 
travers de trois à quatre raies d'un brun extrêmement pâle. C'est 
alors le Tupinambis Bengalensis de Daudin. D'autres individus, 
encore plus jeunes que ces derniers, nous montrent épars sur toute 
la surface du corps un nombre considérable de petites taches jau- 
nes, environnées d'un cercle noir, et sur leurs membres de fines 
piquetures jaunes. Quant à leurs régions inférieures , elles présen- 
tent depuis le bout du menton jusqu'a l'origine de la queue une 
suite de bandes transversales brunes, assez dilatées et fort rap- 
prochées les unes des autres. Leurs tempes sont chacune marquées 
d'un trait noir. Enfin les très jeuucs Varans du Bengale ont bien, 
sur le même fond de couleur que les précédens, des espèces d'o- 
celles ou d'yeux jaunes; mais ils sont en moindre nombre et 
ont l'air d’être disposés avec quelque symétrie, c’est-à-dire par 
bandes transversales, au nombre de quinze ou seize sur toute la 
longueur du dos. Les bords supérieurs du crâne sont jaunes et 
leurs tempes sont plus largement marquées de noir. Cest sur un 
individu ainsi coloré que Daudin a établi son Tupinambis Cépédien. 

Dimensions. Longueur totale. 1’ 42”. Téte. Long. 10°. Cou.Long. 
14”. Corps. Long. 38”. Memb. antér. Long. 20”. Memb. postér. 
Long. 23”. Queue. Long. 80°”. 

Parme, La collection renferme une suite nombreuse d'indi- 


OU SAURIENS BLATYNOTES. G. VARAN. 9. 483 


vidus de tous âges, appartenant à l'espèce dn Varan du Bengale. 
Flusienrs nous ont été adressés de ce pays par MM. Duvaucel et 
Bellanger. D'autres ont été envoyés de Pondichéry par M. Les- 
chenault, ou de Trinomalée dans l'Hindoustan, par M. Reynaud. 


Observations. C'est à cette espèce que se rapporte le Lacerta 
Dracæna de Linné, et par conséquent la figure d'après laquelle il 
l'a établi, nous voulons dire le Lacerta maxima caudiverbera de 
Séba (tom. r, tab. ror ), que Cuvier avait d'abord cru le même 
que le Varan du Nil, mais que plus tard il a reconnu pour appar- 
tenir réellement au Varanus Bengalensis. Il ne peut y avoir le 
moindre doute à cet égard, puisque nous possédons dans la 
collection l'individu même qui a servi de modele à la gravure 
de Séba. C'est à tort que Lacépède a rapporté cette même gra- 
vure à sa Dragonne, qui n’est pas même un Varan, mais un 
Saurien de la famille des Lézards proprement dits, ou des La. 
certiens. 


5. LE VARAN NÉBULEUX. V'aranus nebulosus. Nobis. 
( Payez pl. 35, n°2, pour la tête, et n° 3, pour les écailles. ) 


Caraorëres. Museau tres allongé. Narines en fentes situées entre 
le bout du museau et l'angle des paupières. Une rangée de plaques 
sus-orbitaires hexagones plus grandes que les autres. 

Synonyme. Tupinambis nebulosus. Cuv. Coll. du Mus. 

Monitor nebulosus. Gray. Synops. in Griffith’s Anim. Kingd. 


tom. 9, pag. 27. 


DESCRIPTION. 


Formes. Cette espèce est une de celles du genre Varan dont le 
museau est le plus pointu. Les orifices externes des narines qui 
ressemblent à des fentes obliques sont situées de chaque côté de 
ce museau positivement entre le bout du nez et le bord antérieur 
de l'œil. Nous avons compté, à chaque mächoire, trente et une 
dents pointues, comprimées, tranchantes, mais non dentelées, 
et sur chaque levre cinquante petites plaques pentagones, non 
compris l'ecailie rostrale, ni la mentonnière , qui sont l'une à 
einq pans, et l'autre triangulaire. L’écaillure de la surface de la 
tête se compose de petites plaques polygones aplaties, en général 


31. 


484 LÉZARDS VARANIENS 


disposées assez irrégulièrement. Pourtant , sur chaque région sus- 
orbitaire, on en remarque six ou huit de figure hexagonale 
formant une série longitudinale légèrement curviligne. L'ouver- 
ture de l'oreille est grande et de forme ovale. Les membres, ainsi 
que les doigts, sont bien développés, et les ongles qui arment 
ceux-ci sont longs, tres pointus et légèrement arqués.La queue a en 
longueur un quart de plus que celle de la tête, du cou et du corps 
mesurés ensemble. Elle est arrondie à sa racine, et triangulaire 
dans tout le reste de son étendue, en raison de l'aplatissement 
latéral que présente sa partie supérieure , qui est surmontée d’une 
double arête écailleuse dentelée de scie. Les écailles qui revêtent 
le dessus du corps du Varan nébuleux sont à proportion plus pe- 
tites que dans le Varan du Bengale. Elles sont toutes à peu près 
du même diamètre, ovales et bombées sur le cou et le derriere 
des bras, carénées sur le dos et les cuisses , et plates sur les régions 
brachiales antérieures. Des petits tubercules arrondis, entourés 
d'un cercle de grains excessivement fins, garnissent la paume et 
la plante des pieds, ainsi que le dessous des doigts, où on les voit 
former des lignes transversales de quatre ou cinq pour chacune. 
Les plaques écailléuses du ventre sont carrées et lisses; celles de 
la queue ont la même figure ; mais elles offrent une carène sur 
leur ligne médio-longitudinale. 

Cozorarion. Tout le dessus du corps présente un brun olivâtre 
pointillé de jaunâtre. Cette dernière teinte paraît dominer sur la 
queue, dont la première moitié est semée de petits carrés bruns, 
et la portion terminale annelée de la même couleur. Le dessus de 
chaque doigt est marqué d’une ligne jaune, couleur qui est aussi 
celle qui règne sous les membres et la queue; mais ici elle est 
uniforme, tandis que là elle présente des raies d'un brun pâle 
qui y dessinent une sorte de réseau. Les régions abdominales sont 
nuancées de brun et de jaunâtre. Le dessous du cou offre des 
marbrures, et celui de la tête des bandes transversales de ces 
deux couleurs. | 

Druensions. Longueur totale. 63”. Téte. Long. 6”. Cou. Long. 7 . 
Corps.Long. 17”. Memb. antér. Long. 10”. Memb. postér. Long.13. 
Queue. Long. 43°. 

Para. Cette espèce de Varan habite les Indes orientales. Nous 
en possédons trois individus qui ont été envoyés au Muséum, l'un 
de Siam, par Diard; l’autre du Bengale, par M. Belanger, et 
le troisième de Java. par M. Leschenault. 


OU SAURIENS PLATYNOTES. G: VARAN. 6. 485 


6, LE VARAN DE PICQUOT. Z’aranus Picquotit. Nobis. 
( Voyez pl. 35, n°5, pour les écailles.) 


CaracTËRes. Museau obtus, offrant de chaque côté, un peu plus 
prés de son extrémité que du bord de l'œil, une ouverture nasale 
ovale-oblongue. Une série d’écailles sus-orbitaires, plus dilatées 
que les autres. Parties supérieures du corps qui sont jaunâtres, 
avec des bandes plus sombres en travers , sont revêtues de tuber- 
cules épars, fortement carénées. 

Synonvmie. Monitor flavescens. Gray, Zool. Journ. tom. 3, 
pag. 229, lllustrat. of Indian, Zoolog. by gener. Hardw. part. 13 
et 14, tab. 15, et Synops. in Griffith s Anim. Kingd. tom. 9. 


DESCRIPTION. 


Formes. Le Varan de Picquot a quelque chose de moins svelte 
dans ses formes que les Varans du Nil, du Bengale et Nébuleux. 
Sa tête est proportionnellement plus courte que celle de ces es- 
pèces , et le triangle que représente son contour horizontal est 
aussi moins formé. Les ouvertures externes des narines, dont 
la forme est ovale, sont placées sur les côtés du museau , un peu 
plus près de son extrémité que de l'angle antérieur des paupières. 
C'est aussi, comme chez les trois espèces précédentes, en avant 
de ces ouvertures , sur le bout même du museau , que se trou- 
vent situées les poches nasales, qui en particulier sont assez 
courtes. La mâchoire supérieure est armée de trente dents, huit 
petites en avant et onze de chaque côté; mais nous n’en avons 
compté que neuf ou dix sur chaque branche du maxillaire 
inférieur. Toutes les dents latérales de ce Varan sont robustes, 
arrondies à leur base, comprimées à leur pointe, qui est légè- 
rement courbée en arriere. Nous avons compté vingt paires de 
plaques labiales supérieures et dix-huit inférieures. Ces plaques 
sont petites et pentagones. L'écaille rostrale et la mentonnière, 
qui ont la même figure, sont un peu plus dilatées. Parmi les scu- 
telles polygones et aplaties qui revêtent la surface de la tête, on 
en remarque sur chaque région sus-orbitaire, cinq ou six qui 
forment une série curviligne. Les écailles du dessus du cou et du 
dos sont ovales, étroites et relevées d'une trés forte caréne. On 
remarque que les grains squanimeux qui les entourent sont d’une 
extrême finesse, et qu'elles ne sont pas assez rapprochées les 


486 LÉZARDS VARANIENS 


unes des autres pour empêcher la peau à laquelle elles adhérent, 
de former dans leurs intervalles de petits plis anguleux. Sous le 
cou et les bras il existe des écailles circulaires; la poitrine et la 
partie inférieure des cuisses en offrent d'ovales, et les régions ab- 
dominales de quadrangulaires. Celles de la queue ont la même 
forme, mais elles sont carénées. Les membres sont forts, les doigts 
courts, les ongles grêles, pointus et peu arqués. 

CoLorariox. En dessus, ce Varan offre un fauve roussâtre au- 
quel se mêlent des teintes brunes, dessinant sur le dos et la queue, 
soit des espèces de bandes transversales, soit une sorte de réseau 
à mailles anguleuses. En dessous il est uniformément peint de 
jaunâtre, excepté sous le cou, où l’on compte sept à huit ru- 
bans transversaux en zigzags d'un brun excessivement pâle. Les 
ongles sont jaunes. 

Dimensions. Longueur totale. 69”. Téte. Long. 6”. Cou. Long. 6”. 
Corps. Long. 20”. Memb. antér. Long. g”. Memb. post. Long. 1°”. 
Queue. Long. 37 . 

Parme. Cette espèce vit au Bengale, où ont été recueillis paf 
MM. Lamarre-Picquot et À. Duvaucel, les exemplaires qui font 
partie de nos collections. 

Observations. Nous avons tout liéu de croire que c'est notre 
Varan de Picquot qui se trouve figuré sous le nôm de Monitor 
_flavescens, dans les Illustrations de la zoologie de l'Inde, du ge- 
néral Hardwick. Cependant nous n'osons pas l’assurer définitive- 
nent, car cette figure du Monitor flavescens le représente avec 
des écailles non carénées, ce qui est contraire chez notre espèce; 
mais cela pourrait être une faute du dessinateur. 


7. LE VARAN À DEUX BANDES. Varanus bivittatus. Nobis. 


Caricrères. Narines ovales situées vers le tiers antérieur de la 
longueur du museau. Une série curviligne de grandes écailles sus- 
orbitaires. Un ruban noir sur chaque tempe. Des ocelles jaunés 
disposées par bandes transversalés sur le dos. Dents tranchantes 
à bords dentelés. 

Syxonvur. Lacertus Indicus ? Loch. Mus. Besl. pag. 42, tab. 17, 
fig, 3. 

Lacerta Mexicana. Seb. tom. 2, pag. 31, tab. 50, fig. 2. 

Lacerlus Americanus, amphibius Tupinambis dictus. Id. tom. 2, 


pag. 91, tab. 86, fig. 2. 


OU SAURIENS PLATYNOTES. G. VARAN. 7. 487 

Stellio salvator. Laur.Synops. Rept. pag. 56, n° go. 

Monitor Lizard, Shaw. Gener. Zool. tom. 3, pag. 214, tab. 66 
( cop. Seb.). 

Lacerta monitor ? Herm. Observ. Zoolog. pag. 2954. 

Tupinambis bivittatus. Kuhl. Beitr. zur Zool. pag. 125, n° 15, 

Tupinambis bivittatus. Boié. Isis, tom. 18, pag. 205. 

Monitor elegans. Gray. Zool. Journ. tom. 3, pag. 229. 

Varanus vittatus. Less. Voy. Ind. Orient. Bell. Rept. pag. 307. 

Le Monitor à deux rubans. Cuv. Règ. Anim. tom. », pag. 26. 

Hydrosaurus bivittatus. Wagl. Natur. Syst. Amph. pag. 164. 

The double-banded Monitor. Griff. Anim. Kingd. tom. q 
pag. 110. 

Monitor bivittatus. Gray. Synops. in Griffiths Anim. Kingd. 
tom. 9, pag. 29. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête du Varan à deux bandes est fort allongée, Sa 
partie antérieure forme une longue pointe arrondie, de chaque 
côté de laquelle, et presqu'au bout , se trouvent situés les trous 
nasaux, dont la figure est ovale. Les poches nasales ne s'étendent 
pas en avant sur le museau comme chez les espèces précédentes ; 
mais en arriére, et jusqu'au niveau du bord antérieur de l'orbite. 
La bouche est armée de cinquante-quatre dents, vingt-quatre en 
bas et trente en haut. Parmi les supérieures il y en a huit, lesinter 
maxillaires, qui sont fort petites ; les vingt-deux autres, de même 
que les inférieures, sont longues ; légèrement courbées , compri- 
mées , à bords tranchans , et finement dentelées. Ces dents sont 
assez écartées les unes des autres. Le bord de la lévre supérieure est 
garni detrente paires d'écailles, et celui de l'inférieure de vingt- 
cinq seulement. Sur chacune des régions sus-orbitaires on voit, 
comme chez le Varan chlorostigme, une bande curviligne de pla- 
ques hexagonales deux fois moins dilatées en long qu'en travers. 
Le reste de la surface de la tête offre un pavé d'écailles polygones 
à peu prés de même diamètre entre elles. Pourtant celles qui 
revêtent le crâne paraissent un peu plus petites. Le méat auditif, 
à l'entrée duquel se montre tendue la membrane tympanique, 
est tres large et de forme presque circulaire. Les tégumens du 
dos sont absolument les mêmesque ceux du Varan de Picquot, si 
ce n'est que les écailles qui les recouvrent sont un peu plus petites. 


188 LÉZARDS VARANIENS 


Ces écailles ont effectivement une forme ovale tres étroite: elles 
sont surmontées d'une haute carène, et laissent voir entre elles , 
lorsque la peau n'est pas distendue, les petits plis angulenx que 
celle-ci y forme. Le dessus des membres offre des écailles sem- 
blables à celles du dos ; mais le dessous en porte qui sont ovales 
légèrement bombées et lisses. Sur la poitrine, on en voit de po- 
lygones , et sur l'abdomen il y en à de carrées, longitüdinalement 
coupées par une faible carene. Bien qu'assez longs, les doigts sont 
forts et armés d'ongles puissans. La queue varie de longueur, 
mais elle entre toujours pour beaucoup plus de la moitié dans la 
longueur totale du corps. Relativement à la forme, elle ressemble 
à celle de tous les Varans aquatiques. Quant à son écaillure, elle 
se compose de petites pièces carénées et non carénées formant de 
nombreux verticilles. 

Cozonariow. Le dessus du corps des Varans adultes à deux ban- 
des est brun ou noir. On y voit une belle teinte jaune dessiner de 
chaque côté du cou un long ruban qui se prolonge jusqu’à l'œil, 
sur le dos six ou sept séries transversales de petits anneaux bien 
distincts les uns des autres, et sur le museau et la queue des 
bandes également transversales, dont le nombre et la largeur sont 
très variables. Les pattes et le dessus du cou sont piquetés ou ponc- 
tués de jaune. Cette couleur règne à peu prés seule sur les régions 
inférieures de l'animal, puisqu'il est vrai qu'il n'existe que quel- 
ques raies noires coupant en travers le dessous du cou et celui des 
mâchoires. Pourtant on apercoit aussi quelquefois la teinte foncée 
des flancs formant une ligne de dentelures aiguës de chaque côté 
de la région abdominale. Non-seulement les couleurs des jeunes 
sujets sont plus vives, mais les dessins qu’elles forment sont plus 
distincts. Sur le dos ils ont des taches jaunes au lieu d’anneaux. 

VarieTE. Quelquefois on rencontre des individus compléte- 
mentnoirs. C’est en particulier le cas de l’un de ceux de notre col- 
lection , et qu'à cause de cela M. Cuvier avait considéré comme 
une espèce particulière, qu'il a décrite sous le nom de Mgricans , 
dans la seconde édition du Règne animal. 

Dimensions. Longueur totale. 1’ 57”. Téte. Long. 12”. Cou. Long. 
17”. Corps. Long. 44”. Memb. antér. Long. 22”. Memb. postér. 
Long. 28”. Queue. Long. 84”. 

Parme. On tronve le Varan à deux handes à Java, dans les îles 
Philippines et aux Moluques. Plusieurs des échantillons que nous 
possédons ont été recueillis à Java par M. Leschenault et MM. Quoy 


OU SAURIENS PLATYNOTES. G. VARAN. 8. 480 


et Gaymard. D’autres ont été envoyés de Manille par MM. Phi- 
libert, Busseuil et Godefroy ; enfin nous en avons un d'Amboine 
qui a été donné par M. Lesson. 

Observations. Séba a représenté cette espèce d’une manière tres 
reconnaissable dans son jeune âge et dans son état adulte. C'est 
une de ces figures en particulier que Shaw a reproduite dans sa 
Zoologie générale, sous le nom de Zacerta monitor, et à laquelle 
il rapporte à tort trois autres figures de Séba (n® r et 2 du tom. 1, 
pl. 94, et n°2, pl. 97), qui sont les portraits de deux jeunes Va- 
rans du Nil, et d’un troisième individu de la même espèce qu'on 
peut regarder comme étant adulte. Ce Varan à deux bandes, type 
du genre Hydrosaure de Wagler, n’a nullement les écailles im- 
briquées , ainsi que l'a avancé ce savant erpétologiste. 


8. LE VARAN CHLOROSTIGME. Varanus chlorostigma. Nobis. 


Caracréres. Narines circulaires placées sur les côtés du museau, 
un peu plus pres de son extrémité que de l'angle antérieur des 
paupières. Une série curviligne de sept ou huit plaques plus larges 
que longues sur chaque région sus -orbitale. Dents tranchantes 
finement dentelées sur leurs bords. Dessus du corps noir, semé de 
points jaunes. 

SyNonymiE. Monitor chlorostigma. Cuv. Coll. Mus. 

Monitor chlorostigma. Gray, Synops. in Griffith's Anim. Kingd. 
tom. g, pag. 


DESCRIPTION. 


Formes. La tête du Varan chlorostigme, quoique bien effilée, 
ne l'est pas tout-a-fait autant que celle du Varan à deux bandes. 
Le museau est moins long que celui de ce dernier. Les narines, 
au lieu d'être ovales, sont circulaires et moins grandes. Elles ne 
sont pas non plus si rapprochées du bout du nez, c’est-à-dire que 
la place qu'elles occupent, chacune de leur côté, se trouve située 
à peu près au milieu de l’espace qui existe entre l'œil et l’extré- 
mité du museau , mais néanmoins plus près de ce dernier point 
que de l'autre. Les poches nasales sont oblongues, elles produisent 
chacune un léger renflement sur le museau, au-dessus et un peu 
en arrière des orifices externes des narines. Nous n'avons compté 
que six petites dents intermaxillaires, en haut comme en bas. 


490 LÉZARDS VARANIENS 


Celles-ci, qui ont une certaine longueur, sont tres comprimées, 
tranchantes, dentelées sur leurs bords et légérement arquées en 
arrière. Le bord de la lèvre supérieure est garni de cinquante-trois 
plaques, y compris la rostrale , et celui de la lévre inférieure de 
quarante-neuf, en comptant aussi l'écaille mentonniére. Les scu- 
telles polygones, qui revêtent la surface de la tête, forment des 
bandes longitudinales sur le museau et des séries circulaires sur 
le crâne. Lesrégions sus-orbitaires supportent chacune sept ou huit 
grandes écailles quadrilatères oblongues, placées à la suite les 
unes des autres sur une ligne légerement courbée. Sous le rapport 
de la forme , la queue et les membres du Varan chlorostigme 
ressemblent tout-à-fait à ceux du Varan à deux rubans. Mais les 
tubercules de son dos, du dessus de son cou et de ses pattes ne 
sont ni si étroits ni si fortement carénés que ceux de ce dernier. 
Leur figure est ovale , et leur surface présente sur sa ligne médio- 
longitudinale une arête à peine sensible. De même que chez la 
plupart des espèces du même genre la queue est entourée de ver- 
ticilles, composés de petites écailles à quatre pans, plus longues 
que larges, surmontées d'une faible carène longitudinale. On en 
voit de même forme sous le ventre , mais elles sont lisses. 
 CocorarTion. Toutes les parties supérieures du Varan chloro- 
stigme sont semées sur un fond brun qui, chez certains individus, 
se réunissent par petits groupes, au nombre de quatre à sept quel- 
quefois, mais rarement plus. Le dessous du corps est coloré de 
jaune clair; tantôt d’une maniere uniforme, tantôt offrant des 
piquetures brunes sur la poitrine et les parties latérales de l’ab- 
domen , ou bien ayant le ventre, la gorge et le dessous des mem- 
bres, ensemble ou séparément, parcourus par des lignes en 
zigzags aussi de couleur brune, s'anastomosant les unes avec les 
autres. Quelques sujets ont le dessous des mâchoiïres barré de 
noir. 

Dimensions. Longueur totale. 1’ 21”. Tête. Long. 10”. Cou. Long. 
17”. Corps. Long. 35”. Memb. antér. Long. 20°. Memb. post. Long. 
24”. Queue. Long. 59 . 

Parme. Le Varan chlorostigme a pour patrie la Nouvelle-Gui- 
née , la Nouvelle-Irlande, la Terre des Papous et les îles qui en 
sont voisines, telles que celles dé Rawack, Waïgiou, ete. La col- 
lection renferme des individus qui ont été recueillis dans ces dif- 
férens pays par MM. Quoy et Gaymard. 


OU SAURIENS PLATYNOTES. G. VARAN. O. 491 


9. LE VARAN BIGARRÉ. l’aranus varius. Merrem. 


Caracréres. Narines circulaires situées sur les côtés du museau, 
plus près de son extrémité que du bord antérieur de l'orbite. 
Plaques sus-orbitaires petites, égales entre elles.Dents extrêmement 
comprimées, garnies de fines dentelures sur leurs bords. Dos brun, 
piqueté de jaune, coupé transversalement par des bandes noires 
alternant quelquefois avec des séries de taches j sAAubes Écailles du 
corps fort petites. 

Synonyuie. Lacerta varia. Shaw. Journ. of a Voy. to new south 
Wales, p. 246, tab. 5, fig. 2. 

The variegated Lizard. Shaw. Nat. Miscell. tom. 3, pag. 83. 

The variegated Lizard. Shaw. Gener. Zool. tom. 3, pag. 215. 

Tupinambis variegatus. Daud. Hist. Rept. tom. 3, pag. 76. 

Varanus varius. Merr. Amph. pag. 58. 

Tupinambis variegatus. Kuhl. Beitr. zur, Zool. pag. 129, n° 10. 

Varanus varius. Gray. In King's Voy. to Austral, tom. 2. 
pag. 427. 

Hydrosaurus variegatus. Wagl. Natur. Syst. Amph. pag. 1:64. 

Monitor vartius. Gray.Synops. in Griffith's Anim. Kingd, tom. 9, 
pag. 25. 


DESCRIPTION. 


Forwes. La forme de la tête du Varan bigarré est la même 
que celle du Varan à deux bandes. Sés trous nasaux , comme 
ceux de ce dernier, s'ouvrent jusqu'à l'extrémité du museau, 
mais ils sont circulaires au lieu d'être ovales. La poche na- 
sale, dans laquelle chacun d'eux donne entrée, occupe sur le 
museau l'espace compris entre leur bord supérieur et le bord an- 
térieur de l'œil. Ces deux poches se manifestent extérieurement 
par deux renflemens oblongs, séparés l’un de l’autre pâr un sillon 
longitudinal. Les plaques qui recouvrent la surface de la tête sont 
polÿygones , un peu convexes , ét toutes à peu près de même gran- 
deur, excepté celles des deux régions sus-orbitaires, dont le dia- 
mètre est un peu plus petit. Aucune des espèces que nous avons 
étudiées jusqu'ici ne nous a offert des dents maxillaires aussi com- 
primées et aussi tranchantes. Leur minceur est telle qu'elles sont 
transparentes. Elles sont finement dentelées devant et derriere. 
On en compte onze ou douze à chaque mächoire. Comme c'est 


492 LÉZARDS VARANIENS 

l'ordinaire, les dents intermaxillaires sont petites, presque arron- 
dies , pointues et au nombre de huit. Les plaques marginales des 
lévres ne se distinguent des autres ni par leur grandeur, ni même 
par leur figure. Les membres ni la queue n’ont rien de particu- 
lier dans leur forme. Mais ce qui peut servir à faire distinguer le 
Varan bigarré de la plupart de ses congénères, c’est la petitesse 
des écailles qui protégent ses parties supérieures. Ces écailles, dont 
la largeur est plus d'une fois moindre que la longueur, sont caré- 
nées ou en dos d'âne et entourées chacune d’une série ovalaire com- 
posée de deux ou de plusieursrangs de grains squammeux extrême- 
ment fins. C'est au moins ainsi qu'elles se présentent sur le cou, le 
corps et les membres. Sur la queue elles sont encore plus étroites, 
affectant une forme quadrilatérale, et n’ont pas de petits grains 
le long de leurs bords latéraux. Les écailles des régions inférieures 
sont lisses. Parmi elles , il ÿ en a de carrées, telles que les abdo- 
minales, et d’ovales, comme celles du cou et de la poitrine ; 
mais les unes sont convexes et les autres planes. Sous les membres, 
il en existe de deux sortes. Les tubercules squammeux qui gar- 
nissent la face inférieure des doigts sont si petits qu'ils se per- 
dent au milieu du cercle granuleux qui les entoure. On en compte 
jusqu'à dix sur chacune des quinze à vingt lignes transversales 
qu'ils constituent suivant la longueur des doigts. 

Cocorarion. En général, le cou, le dos et la queue du Varan 
bigarré offrent une teinte brune très finement piquetée de jaune 
que coupent en travers des bandes rectilignes bien nettement 
tracées d’un noir profond. Dans ce cas, le dessus des membres est 
pointillé de jaune , etle dessous du corps offre , sur un fond fauve 
ou roussätre, un réseau noir composé de mailles en losanges. 
D'autres individus présentent des séries de gros points jaunes qui 
alternent avec les bandes noires de leurs régions dorsales. Ceux- 
là ont d’autres points jaunes sur le dessus des cuisses, et quelques 
bandes noires transversales sur leurs régions inférieures, depuis 
le bout du menton jusqu'à l'extrémité de la queue. On observe 
aussi quelques chevrons noirs sur leur cou et des anneaux jaunes 
autour de leurs bras. Enfin, il en est dont le mode de coloration 
différe de celui que nous venons d'indiquer en dernier lieu, en 
ce qu'on ne voit point de raies anguleuses sur leur cou, et que les 
bandes transversales noires du dessous du corps sont remplacées 


par un semé de gouttelettes de la même couleur. 
1 9 29 277 
Dimensions. Longueur totale. 1” 35°”. Téte. Long. 10°. Cou. 


OU SAURIENS PLATYNOTES. G. VARAN. 10. 403 


Long. 14”. Corps. Long. 27”. Memb. antér. Long. 19°. Memb. 
post. Long. 22”. Queue. Long. 84”. 

Parrie. Cette espèce de Varan est particulière à la Nouvelle- 
Hollande. Les échantillons qui figurent dans notre Musée ont été 
rapportés de ce pays par MM. Quoy, Gaymard et Busseuil. 

Observations. Cette espèce est une de celles que Wagler a ran- 
gées dans son genre Hydrosaure, établi sur ces caractères d’avoir 
les narines situées prés de l'extrémité du museau, les bords des 
dents dentelés, et les écailles simples et imbriquées, c'est-à- 
dire sans petits tubercules granuleux à l’entour, et placées en 
recouvrement les unes sur les autres. Pour ce qui est de la posi- 
tion des narines et de la forme des dents, nous avons trouvé l’ob- 
servation de cet erpétologiste tres exacte; mais il n'en est pas de 
même de ce qu'il dit des écailles, qui chez ce Varan, pas plus 
que chez aucun autre, ne sont imbriquées, ni dépourvues de 
granulations squammeuses sur le bord de leur contour. 


10. LE VARAN DE BELL. Varanus Bellu. Nobis. 
( Voyez pl. 35, n° 1.) 


CaracrÈRes. Narines arrondies, situées près de l'extrémité du 
museau. Corps, membres et queue coupés en travers par de larges 
bandes noires, alternant avec des bandes également larges , mais 
jaunâtres, le plus souvent pointillées de noir. 


DESCRIPTION. 


Formes. L'ensemble des formes du Varan de Bell est le même 
que celui du Varan bigarré. Sa tête, également fort allongée, 
ressemble aussi à une pyramide à quatre faces. Les dents sont 
longues, grêles, comprimées, pointues, un peu courbées et très 
finement dentelées sur leurs bords. On en compte au plus vingt- 
quatre à chaque mâchoire. Les ouvertures externes des narines 
sont deux trous arrondis que l’on observe de chaque côté du mu- 
seau , tout près de son extrémité. Des plaques polygones aplaties 
et juxtàa-posées garnissent la surface entière de la tête. Il y en a 
de deux grandeurs : les moins dilatées se voient sur les régions 
suprà - orbitaires et sur les côtés du crâne ; celles qui le sont le 
plus recouvrent le milieu du vertex, l’espace inter-oculaire et le 
dessus du musçau, dont les côtés offrent, à peu de chose près, la 


494 LÉZARDS VARANIENS 

même écaillure. Les tempes sont protégées par un pavé de petites 
écailles circulaires. Sur la nuque , il existe des tubercules ovales 
entourés chacun d'un cercle granuleux, comme toutes les écailles 
des autres parties du corps, celles de la tête et du dessus des 
doigts exceptées. Bien que fort allongés , les doigts sont robustes 
et armés de grands ongles crochus, acérés et très comprimés. 
Leur face inférieure offre des rangs transversaux de groupes 
carrés, composés chacun d'une vingtaine de petits tubercules 
granuleux. Leur surface est protégée par des écailles lisses, qua- 
drilatères, oblongues, formant des séries transversales légerement 
entuilées. La queue entre pour beaucoup plus de la moitié dans 
la longueur totale de l'animal. Elle ne commence à prendre une 
forme aplatie de droite à gauche que vers le second tiers de son 
étendue; mais la double carène écailleuse qui la surmonte se ma- 
nifeste beaucoup plus tôt. Des groupes de petits tubercules granu- 
leux , semblables à ceux du dessous des doigts garnissent la paume 
et la plante des pieds. Ce sont des écailles ovales et légèrement 
bombées qui revêtent les régions inférieures du cou et des mem- 
bres; il en existe de quadrilatères, et plates au-dessus des poi- 
gnets, et d'ovales très étroites et fortement carénées sur le cou, 
le dos et les quatre membres. Les écailles pectorales sont ovales 
et lisses, celles de l'abdomen et de la queue quadrangalaires 
oblongues et relevées d’une carène dans le sens de leur longueur. 
En général, l’écaillure du Varan de Bell, comme celui du Varan 
bigarré , se compose de pièces beaucoup plus petites que celles de 
la plupart des Varans que nous avons fait connaître ou dont il 
nous reste à parler. 

Cocorarion. Deux teintes bien différentes , l’une d’un noir pro- 
fond , l’autre d’un jaune pâle ou blanchätre, sont répandues sur 
la surface du corps de cette espèce de Varan. La première règne 
sur. toutes les parties inférieures, et se montre sur les supérieures 
en presqu'aussi grande quantité que la seconde. On la voit d’'a- 
bord former sur le dessus de la tête cinq taches arrondies, placées 
de la même manière que les cinq points dont est marqué l’un des 
côtés d'un dé à jouer; puis elle a une sixième tache en arriere de 
celles-ci sur le milieu de la région postérieure du crâne; ensuite 
une septième assez dilatée pour couvrir une partie de l’occiput ; 
enfin elle dessine une figure en croissant sur la nuque. En avant 
des épaules , cette même couleur jaune, mais alors ponctuée de 
noir, représente la figure d'un fer à cheval, dont les branches un 


OU SAURIENS PLATYNOTES. G.: VARAN. 11. 405 


peu resserrées , s'étendent, l'une à droite, l'autre à gauche, le 
long du cou. Elle se montre ensuite, toujours ponctuée de noir, 
sur toutes les autres parties de l'animal, sous forme de larges 
bandes transversales alternant avec d'autres bandes, qui n'en 
différent que par leur belle teinte noire. Les ongles sont de cette 
derniere couleur. 
DIMENSIONS- Longueur totale, 1’ 4”. Tête. Long. 8”. Cou. Long. 
Coma. Long. 26”. Memb. ant. Long. 15”. Memb. pass one 
. Queue. Long. 60”. 
ci Le Varan de Bell habite la Nouvelle-Hollande. Nous 
n’en avons encore observé que deux exemplaires, un dans la col- 
lection de M. Bell , l'autre dans celle de notre établissement. 


11. LE VARAN À GORGE BLANCHE. Varanus Albogularis. 


Caracréres. Narines en fentes obliques , situées près des yeux. 
Doigts gros et courts. Écailles du dos petites, ovales, convexes, 
sans carènes, mais entourées d'un large cercle granuleux. Dos 

‘brun fauve, offrant en travers des bandes en zigzags, composées 
d’ocelles ou d'anneaux jaunâtres. 

Synonyme. Tupinambis jalbigularis. Daud. Hist. Rept. tom. 3, 
pag. 72, tab. 52. 

Varanus ornatus. Var. Merr. Amph. pag. 59. 

Tupinambis albogularis. Kuhl. Beïtr. zur Zool. pag. 125, n° 9. 

Polydædalus albogularis. Wagler. Natur. Syst. Amph. pag. 164. 

Monitor albogularis. Gray, Synops. in Griffith's Anim. Kingd. 
tom. 9, pag. 28. 


DESCRIPTION. 


Formes. Ce Varan se distingue de suite de toutes les espèces 
précédentes, par des formes plus ramassées, par ses doigts plus 
courts et plus gros. Son museau est aussi moins allongé. Ses na- 
rines, qui ressemblent à des trous oblongs, sont situées obli- 
quement tout près du bord antérieur de chaque orbite. Toutes 
les petites plaques polygones qui revélent le dessus et les parties 
: latérales de la tête sont aplaties et de même diamètre. Nous igno- 
rons quelle est la forme des dents, attendu que la tête osseuse de 
l'individu qui sert à notre description a été enlevée. Les membres 
sont gros et les doigts courts; mais les ongles sont très longs, 


496 LÉZARDS VARANIENS 


épais, arqués, et à pointes mousses. La queue ne présente rien 
de particulier dans sa forme. 

Le cou, le dos et les membres offrent la même écaillure : elle 
se compose de petites pièces ovales, lésèrement bombées, autour 
de chacune desquelles on voit trois et même quatre séries circu- 
laires de très petits grains squammeux. 

Les écailles du ventre et de la queue sont des quadrilatères 
oblongs à angles arrondis. La surface des unes est lisse, mais 
celle des autres offre une faible carène sur la ligne médio-longi- 
tudinale. 


CozLorarion. L'exemplaire que nous avons sous les yeux a toutes 
les parties inférieures d'une teinte jaunâtre. En dessus, depuis 
la tête jusqu'au bout de la queue, il offre un brun clair qui se 
répand sur les flancs et sur les côtés de la queue, en formant 
de larges, mais très courts rubans verticaux. 

Les parties latérales du cou sont de la même couleur que le 
dessous du corps, et se trouvent marquées chacune tout pres de 
l'épaule d’une grande tache brune. Deux lignes jaunâtres et pa- 
rallèles se montrent sur le dessus d1 cou, tandis que, sur le dos, 
des anneaux de la même couleur constituent cinq ou six séries 
de chaînes transversales, placées à peu près à la même distance 
les unes des autres. Les ongles sont jaunâtres, les membres offrent 
des nuances de la même couleur, sur un fond brun. 


Druexsions. Longueur totale. 1’ 7”. Tête. Long. 11°. Cou. Long. 
8”. Corps. Long. 40”. Membr. antér. Long. 7”. Membr. poster. 
Long. 28”. Queue. Long. 487. 


Parme. Nous ignorons quelle est la patrie de cette espèce, qui 
ne nous est connue que par un seul individu, le même dont 
Daudin a donné la description dans son Histoire naturelle des 
Reptiles, dans l'article que nous avons cité. 


12. LE VARAN OCELLÉ. Varanus ocellatus. Rüppel. 
Caracrères. Tête courte; doigts peu allongés; queue compri- 
mée, carénée ; narines en fentes, situées entre l'œil et l'extrémité 
du museau. De grandes écailles sur le corps, et particulièrement 
sur le cou ; celles du crâne tuberculeuses. 


Synonyme. Varanus ocellatus. Rüppel. Atl. zu der Reis. in 
Nordl. Afrik. Rept. pag. 21, tab. 6. 


QU SAURIENS PLATYNOTES. G, VARAN. 12. 497 


Monitor ocellatus. Gray, Synops. in Griftith's Anim. Kingd, 
tom. 9, pag. 20. 

Varanus ocellatus. Schinz. Naturg. Abbild. der Rept. pag. 94, 
tab. 33, fig. 2. 


DESCRIPTION. 


Formes. Ce Varan, de même que celui appelé à gorge blanche, 
est plus épais, plus ramassé dans ses formes que ses congénères. 
Sa tête est aussi plus courte, et ses doigts sont plus gros et moins 
allongés. Les écailles qui le revêtent étant d’un plus grand dia- 
mètre que celles de l'espèce précédente, c’est un caractère qui 
peut servir à l’en faire distinguer. Les dents du Varan ocellé sont 
courtes et presque coniques, où même tuberculeuses, au moins 
les postérieures; car celles qui sont rapprochées du bout des mâ- 
choires ont encore une forme un peu comprimée et légèrement 
courbée en arrière. Nous en avons compté vingt-quatre en haut 
et vingt-quatre en bas, augmentant successivement de grosseur 
à mesure qu'elles se rapprochent du gosier. Une fente oblique, 
placée positivement entre l'œil et le bout du nez, est ce qui con- 
stitue de chaque côté du museau l'ouverture nasale. Les écailles 
qui garnissent le dessus de la tête en arrière de la ligne corres- 
pondante au bord antérieur des yeux, ressemblent à des tuber- 
cules. La surface du museau est revêtue de petites plaques à plu- 
sieurs pans. La briéveté des doigts de cette espece, relativement 
à ceux de la plupart de ses congénères, les fait paraître plus gros. 
Les ongles sont réellement un peu moins longs, mais toutefois 
crochus et bien acérés. La queue entre pour la moitié environ 
dans la longueur totale de l’animal. Elle commence à se com- 
primer à très peu de distance de sa base, immédiatement en ar- 
rière de laquelle apparaît la double carène dentelée qui sur- 
monte cette partie du corps dans tout le reste de son étendue. 
Sur le ventre, sous la queue et sur le devant des bras, il existe 
des écailles quadrangulaires, oblongues, aplaties. Partout ailleurs, 
excepté sur la tête, où nous avons dit que ces écailles étaient 
polygones, on en voit d’ovales, lésérement convexes, et largement 
entourées de petits grains squammeux. Il est à remarquer que 
celles du dessus du cou sont plus grandes et plus épaisses que 
celles du dos. 


REPTILES, JU. 32 


49% LÉZARES VARABIENS 

Cocorariox. Nous ne possédons de cette espèce de Varan que 
deux exemplaires empaillés. Le dessus de leur corps est d'un gris 
fauve uniforme , et le dessous d’une teinte plus claire, également 
uniforme. Mais il paraît que, dans l’état de vie, le Varan ocellé 
a ses parties inférieures colorées en jaune clair, les supérieures 
en jaune roussâtre , et le dos orné de taches blanches cerclées de 
brun. C'est du moins ainsi que, dans son Atlas, M. Rüppel a 
représenté un Varan auquel, sauf la différence de coloration, 
les deux exemplaires dont nous venons de parler ressemblent 
exactement- 

Dimensions. Longueur totale. 82”. Téte. Long. 7”. Cou. Long. 
8”. Corps. Long. 28”. Memb. antér. Long. 13”. Memb. poster. 
Long. 14” 1’. Queue. Long. 39”. 

Patrie. Le Varan ocellé est d’origine africaine. M. Rüppel l'a 
trouvé en Abyssinie, et les deux individus de notre Musée vien- 
nent du Sénégal. 

Observations. Cette espèce a tant de rapports avec la précédente 
qu’il pourrait se faire que les individus décrits ainsi, comme deux 
espèces distinctes, ne soient que des variétés dépendantes de la 
différence apportée par l'âge ou par le sexe. 


OU SAURIENS PLATYNOTES. G. HÉLODERME. 1. 409 


II: GENRE. HÉLODERME. — HELODERM A. 


Wiegmann. 


( /leloderma de Wagler et de Gray.) 


Caracrères. Ecailles ou tubercules du corps simples 
ou non entourés de petits grains squammeux. Queue 
arrondie. Le cinquième doigt des pieds postérieurs 
inséré sur la même ligne que les quatre autres. 


Les Hélodermes n’ont pas, comme les Varans , les écailles 
ou les tubercules qui les revêtent entourés de petits grains 
squammeux. Les cinq doigts de chacune des pattes posté- 
ri. ures sont insérés sur une même ligne transversale , tandis 
que dans les espèces de l’autre genre des Varaniens, le cin- 
quième est attaché sur le tarse plus en arrière que les autres. 
Les dents différent aussi, à ce qu'il paraît, de celles des 
Varans, en ce qu’elles ne sont pas comprimées. Enfin, un 
autre caractère des Hélodermes, c’est d’avoir la queue vé- 
ritablement arrondie dans toute son étendue, ce qu’on 
n’observe chez aucune des espèces de Varans. 


Le genre Héloderme, dont on doit l'établissement à 
M. Wiegmann, ne renferme encore qu'une seule espèce, 
lHéloderme hérissé, dont la description va suivre. 


1. L'HÉLODERME HÉRISSÉ. Aeloderma horridum. Wiegmann. 
( Vorez pl. 36.) 


Caracréres. Dessus du corps brun, offrant de larges taches 
rousses, semées de points jaunâtres. Cinq anneaux de cette der- 
nière couleur autour de la queue. 


SYNonymiE. De Calletepon seu monoxillo mucronato, quod pri- 


valim Temacuilcahaya vocant, Lacerta Novæ Hispanie. Hernan. 
Hist, Nov, Hispan. cap. 2, pag. 315. 


32. 


5oo LEZARDS VARANIENS 


Heloderma horridum. Wiegm. Isis. 1829, pag. 625. 

Heloderma horridum. Wagl. Amph. pag. 164, et Descript. et 
Icon. Amph. Fasc. 2, tab. 18. 

Heloderma horridum. Grey, Synops. in Griffith’s Anim. Kingd. 
tom. 9, pag. 28. 


Heloderma horridum. Schinz. Naturgesch. Abbild. Rept. pag. 95, 
tab. 33, fig. 1. 


DESCRIPTION. 


Formes. Les dents de l’Héloderme hérissé sont grêles, presque 
droites, très pointues et creusées d'un sillon profond. La tête a 
la forme d’une pyramide tétraèdre ; elle est aplatie de haut en 
bas, et obtusément arrondie à son extrémité antérieure, de chaque 
côté de laquelle sont situées les narines. Celles-ci, dont la forme 
est à peu près ovale, sont circonscrites par trois plaques. Le dessus 
du bout du nez est garni de quatre scutelles ayant la forme, les 
premières, de pentagones rétrécis en arrière , et les secondes de 
rhombes étroits.On compte vingt scutelles labiales supérieures. La 
surface de la tête comprenant le front, le vertex et l'occiput , est 
hérissée de grandes plaques, ou plutôt de gros tubercules osseux, 
dont le contour, bien qu'a plusieurs pans, affecte cependant 
une figure circulaire. Ces tubercules sont disposés par séries an- 
nulaires , s'emboîtant les unes dans les autres. Ce sont aussi des 
tubercules, mais ayant une forme conique, qui recouvrent la 
surface du dos , où on les voit rangés par lignes transversales. 
De petites écailles plates et lisses occupent la poitrine et la ré- 
gion abdominale. Sur la région antérieure de l’une, elles sont 
arrondies et disposées sans ordre, tandis que, plus en arrière et 
sur la surface entière de l’autre, elles offrent une forme trian- 
gulaire , et constituent des séries transversales. 

Les quatre membres ont à peu prés la même longueur. Les 
bras sont couverts de plaques osseuses, convexes, presque poly- 
gones, et les avant-bras ont de grandes écailles planes et circulaires. 
11 règne peu d’inégalité dans la longueur des doigts antérieurs. Le 
médian est le plus long ; aprés lui viennent le second et le qua- 
trième, qui sont un peu moins courts que les deux externes. 
Aux pattes de derrière, on remarque que c’est le troisième et le 
quatrième, dont la grandeur est la même, qui sont les plus longs, 
et le cinquième le plus petit. La face externe des cuisses et des 


OU SAURIENS PLATYNOIES. G. HÉLODERME. LI. DOI 


jambes est protégée par des tubercules hémisphériques, et leur 
face interne par de grandes écailles sub-arrondies et planes. Tous 
les doigts sont recouverts de scutelles presque semi-lunaires, di- 
latées en travers. Les ongles sont arqués, comprimés et très 
aigus. 

"La, queue, dont la forme est arrondie et la longueur à près 
égale à celle du tronc, offre des verticilles composés en dessus 
de gros tubercules, et en dessous d’écailles planes quadrangu- 
laires. | - 

Cororarion. Ce Saurien est en dessus d'un brun noir, qui 
passe au brun pale sur les régions inférieures. La tête est uni- 
colore, mais le cou et le dos présentent des taches rousses, semées 
de points jaunâtres ou blanchätres. Le ventre est lavé de fauve, 
sur un fond brun. Le noir bran du dos se montre aussi sur la 
queue , qui est annelée de roussâtre. 

. Dimensions. Longueur totale. 77°. Téte. Long. 7”. 5”. Queue. 
Long. 53. 

ParTrie. Ce do nien est cree du Mexique, où l’on croit 
a tort que sa morsure peut occasionner la mort. 

Observations. Nous n’avons pas encore eu l’occasion d'observer 
nous-mêmes aucun individu de l'Héloderme hérissé. La descrip- 
tion qu'on vient de lire est, en grande partie, la reproduction 
de celle que M. Wiegmann a publiée dans son Erpétologie du 
Mexique, d'après un exemplaire envoyé de ce pays an Musée de 
Berlin , par M. Deppe. 


5o2 LÉZARDS VARANIENS 


$ V. DES VARANIENS FOSSILES ET DE QUELQUES AUTRES 
ESPÈCES PERDUES DES GENRES VOISINS. 


Nous avons fait pressentir, en exposant avec quel- 
ques détails l’ostéologie des Varaniens, combien les 
modifications éprouvées par les os de la face et du 
crâne, chez ces animaux , étaient importantes à con- 
naître. En effet, c'est par suite de cet examen parti- 
culier, que Cuvier est parvenu à assigner la véritable 
place que devaient occuper, dans l’ordre des Reptiles, 
les débris fossiles de quelques espèces gigantesques 
trouvées dans le sein de la terre, et sur lesquels les 
géologistes avaient dû commettre les plus grandes 
erreurs, par défaut de notions positives en anatomie 
comparative. Cette première circonstance reconnue 
de l’analogie dans les os de la tête, qui se rappro- 
chent un peu de ceux des Serpens, a mis bientôt sur 
la voie pour retrouver, dans Îles autres parties du 
squelette, des rapports et des concordances avec les 
Varaniens, qu'on était alors bien éloigné de soup- 
conner. 

Cependant il faut avouer qu'à l'époque où Guvier 
se livrait à ses recherches sur les ossemens fossiles, il 
n'avait pas encore suffisamment distingué les Vara- 
niens des Iguaniens , à tel point même qu'il avait 
laissé le nom de Tupinambis, par lequel il désignait, 
comme l'avait fait Daudin, le genre des Varans, le 
Monitor ou Sauve-Garde d'Amérique, qui est d’une 
autre famille, et par conséquent d’un autre genre, 
puisqu'il a des plaques anguleuses sur la tête. Aussi 
dans son grand ouvrage, a-t-il rapproché les fossiles de 
la famille qui nous occupe, de ceux qui ont évidem- 


OU SAURIENS PLATYNOTES FOSSILES. 503 


ment appartenu à des animaux de la division des 
Iguanes. 
Dans la seconde partie du tome cinquième de ses 
Recherches sur les ossemens fossiles, Cuvier a donné 
les plus grands détails sur cette division importante 
de l’'Oryciologie, puisque ces débris semblent avoir 
appartenu à des animaux d’un monde primitif. Il a 
consacré autant d’articies séparés à quatre principales 
espèces. Nous allons présenter une analyse de chacun 
de ces petits mémoires , en indiquant les recherches 
nouvelles auxquelles ses premiers travaux ont donné 
lieu depuis ; parce qu ils ont excité un grand intérêt 
parmi les géologistes, surtout en Angleterre, en AI- 
Jemagne , et même aux États-Unis d’ Re 


1° Des Sauriens du genre des Monitors, trouvés dans 
les schistes pyriteux de la T huringe et dans d’autres 
contrées de l_A lemagne. 


C’est en 1710, dans les Mélanges de la Société 
royale de Berlin, que Spener a fait connaître le pre- 
mier ces débris fossiles, regardés d’abord comme pro- 
venant d’une sorte de Crocodile, et auxquels dans 
ces derniers temps Meyer a donné le nom de Proto- 
rosaurus (1), qu'il aurait peut-être mieux désignés par 
le terme de Protosaurus , rpurosxipns, Ce qui aurait 
signifié le premier Lézard engendré, primogenitus. 

Cuvier, dans cet article, fait connaître le gisement 
des mines de sulfure de cuivre argentifère où se ren- 
contrent ces ossemens, unis à d'autres qui proviennent 


(1) Henmanx von Meyer, Palæologica, 1832, pag. 208 


504 | LEZARDS VARANIENS -? 
évidemment de poissons. D’après les dessins et les 
gravures des quatre échantillons principaux, notre 
célèbre géologue à pu reconstruire ou se faire l'idée 
d'un individu complet, en rattachant au tronc les 
parties séparées dans chaque morceau. Avec la tête, 
la patte antérieure et presque toute la queue, fournies 
par la gravure de Spener (1), la patte postérieure et 
une grande partie du tronc données par Link (2); les 
côtes, la queue, les deux membres postérieurs bien 
complets et plusieurs parties de ceux de devant, figu- 
rés par Swedenborg (3); enfin par le bassin que 
Guvier (4) a fait reproduire, ainsi que la patte pos- 
térieure, la première d’après un dessin de M. Wachs- 
mann. La tête a seule suffi dans la détermination du 
genre de ce Saurien, parce que la mâchoire supé- 
rieure, en particulier, n’est garnie que de onze dents, 
dont la série s'arrête sous l’angle antérieur des orbites, 
ce qui est un des caractères du genre Tupinambis ; et, 
comme l’a dit Cuvier, ce premier trait une fois saisi, 
tous les autres le confirment. Cinq doigts très inégaux 
en longueur aux pattes de derrière, dont le quatrième 
est le plus long. Cr, ce nombre et cette proportion 
des doigts ne conviennent nullement aux Crocodiles. 
Cinq autres doigts presque égaux aux pattes de devant, 
et dans le dernier des genres que nous venons de nom- 
mer, le petit doigt est sensiblement moindre et plus 
court en proportion. 


(1) Spexer, Miscellanea Berolinensia, 1710 , tom. 1, pag. 92, 
fig. 24 et 25. 

(2) Linx (Henry), Acta eruditorum, 1718, pag. 188, pl. 2. 

(3) Swenensorc, Principia rerum naturalium , pag. 168, pl. 2, 
1734, in-fol. ù 

(4) Cuvier, Ossemens fossiles, tom. 5, 2° partie, pl. 9, 
fig. 1 et 2. 


OU SAURIENS PLATYNOTES FOSSILES. 505 


La longueur totale du squelette paraît avoir été de 
trois pieds. Une des plus notables différences avec 
les squelettes des Tupinambis ou Varans se voit dans 
les apophyses épineuses des vertèbres du dos, qui 
sont beaucoup plus élevées , et dans la longueur rela- 
tive des os de la jambe à proportion de la cuisse et 


du pied. 


2° Du grand Saurien fossile de Maestricht, auquel 


M. Conybeare a donné le nom de Mosasaurus. 


C'était, à ce qu'il paraît, une sorte de Lézard mons- 
trueux pour la taille, qui atteignait ceile des grands 
Crocodiles. Il différait des Varans parce qu'il avait 
des dents fixées aux os plérygoïdiens comme les igua- 
nes. Il a été d’abord recueilli dans les carrières creu- 
sées au pied des collines calcaires de la vallée de la 
Meuse prés de Maestricht. Sa découverte a donné lieu 
à beaucoup de coniroverses. On a regardé ces débris 
fossiles comme provenant d'un Cétacé, d’un Croco- 
dile, d’un Poisson ou d’un grand Serpent , et enfin 
pour un Saurien de quelque genre particulier. Cette 
dernière opinion a été d’abord émise par Adrien 
Camper (1), confirmée ensuite et mieux établie par 
Cuvier , dans l’article que nous analysons. 


Après l'exposition des diverses manières dont les 
auteurs qui l’ont précédé avaient cherché à recon- 
naître les analogies indiquées ci-dessus , notre savant 
naturaliste ayant fait dessiner et graver la plupart 


(1) Journal de Physique, vendémiaire an 1x, Lettre à G. Cuvier. 


506 LÉZARDS VARANIENS 


des ossemens les plus importans, tels que la tête 
trouvée en 1730 , et conservée aujourd'hui dans notre 
Musée national, il établit de la manièrela plus positive 
que cette tête fixe irrévocablement cet animal entre 
les Monitors et les Iguanes; mais, ajoute-t-il, quelie 
énorme taille ! Aucune des espèces des deux genres 
précédens n’a peut-être pas la tête longue de plus de 
cinq pouces, tandis que la sienne approchait de quatre 
pieds. La tête, et surtout les dents et les mâchoires 
étant données , tout le reste est bien près de l'être, au 
moins pour ce qui regarde les caractères essentiels. 
Les vertèbres du col, du tronc, de la queue, sont ve- 
nus corroborer sa première opinion, et lui ont per- 
mis de reconnaître que l’animal devait être aquatique, 
et nageur à la manière des Crocodiles , en faisant agir 
la queue de droite à gauche, et non de haut en bas 
comme les Cétacés. Cependant l'os en chevron des 
vertèbres dela queue est soudé avecle corps de la ver- 
tébre, et c’est un caractère de ces os dans les Poissons. 
Le nombre total des vertèbres paraît avoir été de cent 
trente-trois. Quelques Monitors en ont offert cent 
quarante-sept, et le plus grand nombre qu’on ait 
trouvé dans les Crocodiles a été de soixante huit. 
Cuvier a fait la remarque que la queue de cet animal, 
d'après la forme des vertèbres qui la forment , devait 
trés vraisemblablement être cylindrique à la base , et 
élargie dans le sens vertical, en même temps qu’elle 
était aplatie sur les côtés, et plus encore que celle des 
Crocodiles , ressemblant à une véritable rame. Cuvier 
termine son résumé en disant qu'il reste constant que 
le grand animal de Maestricht a dû former un genre 
intermédiaire entre la tribu des Sauriens sans dents au 
palais, qui sont nos Varamiens, et celle qui comprend 


OU SAURIENS PLATYNOTES FOSSILES. 5o7 


les espèces à dents palatines ou plutôt ptérys soïdien- 
nes , tels que les Iguanes, qui diffèrent beaucoup d'ail- 
leurs de la famille des Crocodiliens. 


3° Du Geosaurus, grand reptile fossile des environs 
de Manheim, nommé par Soemmering Lacerta 
gigantea et Halilimnosaurus, par Ritgen. 


Les débris de ce Saurien ont été recueillis dans une 
mine de fer en grains, dans un banc plus marneux , 
dans le canton de Meulenhardt. Ils ont été décrits 
en 1816, dans les mémoires de l’Académie de Munich, 
par Sébee (1), avec des figures dont Cuvier (2) 
a donné des copies réduites. D’ après l'examen détaillé 
auquel il s’est livré, il se croit autorisé à considérer 
cet animal comme devant appartenir à un nouveau 
genre de l’ordre des Sauriens ; mais aucune des par- 
ties n'étant entière, on ne peut donner les dimensions 
précises du corps de cet animal. La configuration de 
la tête et celle des dentsle rapprochent de Monitors ; 
il y a dans l'orbite des lames osseuses qui apparte- 
naient à la paupière supérieure, ou à celles qu'on re- 
trouve dans la sclérotique de ces mêmes Monitors, et 
qui n'existent pas dans les Crocodiles. Celle des ver- 
tébres qu'on a pu observer, ainsi que les pubis et les 
fémurs, se rapprochent cependant un peu des os qui 
leur correspondent dans les Crocodiles. Cuvier pré- 
sume que l'individu auquel les os ont appartenu pou- 
vait être long de 12 à 13 pieds. environ. 


(1) Densch, de Academ. za München, tom, 6, pag. 37, fig. 
a 10. 
(2) Tom. 5, 2° partie, pag. 338, pl. 21, fig. 2 à 8. 


508 LÉZARDS VARANIENS 


4° Du Mégalosaure, très grande espèce de Saurien, 
découverte près d'Oxford par M. Buckland. 


Les os de ce Saurien ont été découverts à l’état 
fossile à Stonesfield, dans le comté d'Oxford et à 
douze milles de cette ville. Leur gisement est un banc 
de schiste et d'argile feuilleté. Les principaux mor- 
ceaux qui ont été recueillis sont un fragment de mä- 
choire, avec une dent développée et plusieurs germes, 
ainsi qu'un os de Îa cuisse (1), cinq vertèbres, un os 
de l’épaule, et plusieurs autres fragmens qui sem- 
blaient avoir été roulés ou usés par le frottement, de 
manière à ne pas permettre leur détermination. 

Les dents paraissent analogues à celles du Géosaure 
de Manheïm ; elles sont comprimées , aiguës, arquées 
vers l’arrière et à deux tranchans, finement dentelées, 
plus épaisses en devant, où les crénelures semblent 
avoir été usées ; leurs germes de remplacement, reçus 
dans des alvéoles distincts, percent la mâchoire au côté 
interne des dents en place. Elles ont par conséquent 
la plus grande ressemblance avec celles des Varaniens. 
À juger de la longueur de ces dents et du fémur, com- 
parée avec ces mêmes parties dans les Varans, Cuvier 
estime que l'animal pouvait avoir près de cinquante 
pieds de longueur et même de soixante-dix pieds, 
proportion vraiment effrayante. 

Il paraît, d’après M. Mantell, que des débris de 


ce même Saurien fossile se retrouvent dans un sable 


(1) Cuvier, Ossemens fossiles, tom. 5, part. 2, pag. 344, 
pl. 21, fig. 9-10 et 18-19. 


OU SAURIENS PLATYNOTES FO3SILES. 509 


ferrugineux de la forêt de Tilgate, dans le comté de 
Sussex. Il a été décrit sous le nom d’/guanodon, 
dans un ouvrage anglais particulier, qui a pour titre: 
Illustrations de la géologie de Sussex. 

Jaeger, dans son ouvrage sur les os fossiles de Rep- 
tiles du Wurtemberg, imprimé en allemand, en 1828, 
à Stutigard , in-4°, a décrit d’autres ossemens de Sau- 
riens , qui paraissent aussi être fort voisins des Vara- 
niens, entre autres deux espèces d'un genre qu'il 
nomme Phytosaure, et le docteur Harlan, dans le 
3° volume du journal de l’Académie des sciences na- 
turelles de Philadelphie, en a fait connaître un autre 
sous le nom de Saurocéphale. On trouve enfin dans 
les Transactions de la société philosophique d’Amé- 
rique pour 1830, un nouveau genre de Saurien fos- 
sile décrit par M. Hays, sous le nom de Saurodon , 
dont les débris fossiles ont été trouvés dans le New- 
Jersey, ainsi que ceux du genre précédent. 


FIN DU TOME TROISIÈME. 


TABLE MÉTHODIQUE 
DES MATIÈRES 


CONTENUES DANS CE TROISIÈME VOLUME. 


SUITE DU LIVRE QUATRIÈME. 


DE L'ORDRE DES LÉZARDS OU DES SAURIENS. 


CHAPITRE IV. 
FAMILLE DES CROCODILIENS OU ASPIDIOTES. 


$ I. Considérations générales et distribution en sous- 
genres. 
Caractères essentiels. 
$ IT. Organisation des Crocodiliens. 
1° Des organes du mouvement. 
2° Des organes de la sensibilité. 
3° Des organes de la nutrition. 
4 Des organes de la génération. 
6 III. Habitudes et mœurs, distribution géographi- 
que. 
4 IV. Partie historique et bibliologique. 
1° Indication par ordre chronologique des auteurs 
principaux qui ont écrit sur l’histoire naturelle 
des Crocodiles. 
2° Indication, dans le même ordre, des principaux 
ouvrages sur l'anatomie et la physiologie des 
Crocodiles. 
6 V. Des trois sous-genres qui composent la famille des 
Crocodiliens, et des espèces en particulier. 
Tableau synoptique des espèces (en regard ). 


57 


63 


TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. bri 


Ie Sous-Genre : Caïman. 65 
re Espèce. Caïman à paujieres osseuses. 67 
Variété A. 69 
Variété B. 72 

2. Caïman à museau de brochet (pl. 25 et pl. 26). 75 

3. Caïman à lunettes. 79 

4. Caïman cynocéphale. 07 

5. Caïman à points noirs. ot 
Ile Sous-Genre : Croconize. 93 
se Espèce. Crocodile rhombifère. 7.97 

2. Crocodile de Graves. IOI 

3. Crocodile vulgaire. | 104 
Variété A. Jbid. 
Variété B. 100 
Variété C. 118 
Variété D. III 

4. Crocodile à casque. 113 

5. Crocodile à deux arêtes. 115 

6. Crocodile à museau effilé. 119 

7. Crocodile à nuque cuirassée. 126 

8. Crocodile de Journu. 129 
III: Sous-Genre : GAvrAL. 132 
1. Gavial du Gange (pl. 26, fig. 4). 134 


$ VI. Des Crocodiliens fossiles et des débris osseux 
qui ont appartenu à des genres voisins dont 
les espèces ne se trouvent plus vivantes au- 


jourd’hui. 141 
Du genre Ichthyosaure en particulier. 146 
Du genre Plésiosaure. 149 


CHAPITRE V. 


FAMILLE DES CAMÉLÉONIENS OU CHÉLOPODES. 


$ 1. Considérations générales sur cette famille. 153 
Caractères essentiels. 154 


5r2 TABLE MÉTPODIQUE 


6 II, Organisation des Caméléoniens. 160 
1° Des organes du mouvement. 162 
20 Des organes destinés aux sensations. 166 
3° Des organes de la nutrition. 192 
4° Des organes de la reproduction. 189 

$ IT. Habitudes et mœurs : distribution géographi- 
que des espèces de Caméléoniens. 192 
$ IV. Des auteurs qui ont écrit sur les Caméléoniens. 197 
Liste chronologique. 198 

$ V. Caractères du genre Caméléon, et description 
des espèces. 203 

Lableau synoptique des espèces (en regard). 
1. Caméléon ordinaire. 204 
2. Caméléon verruqueux (pl. 27, fig. 1). 210 
3. Caméléon tigre. 212 
4. Caméléon nasu. 216 
5. Caméléon nain. 217 
6. Caméléon à bandes latérales. 220 
7. Caméléon du Sénégal (pl. 27, fig. 2) 221 
8. Caméléon bilobe. 225 
9. Caméléon à capuchon. 227 
10. Caméléon à trois cornes. Ibid. 
11. Caméléon Panthère. 226 
12. Caméléon de Parson. 231 
13. Caméléon à nez fourchu (pl. 27) fig. 3). 233 
14. Caméléon de Brookes. 235 
CHAPITRE VI. 
FAMILLE DES GECKOTIENS OU ASCALABOTES. 

$ I. Considérations générales sur cette famille et sur 
sa distribution en sections et en genres. 237 
Caractères essentiels des Geckotiens. 242 

Historique de cette famille par ordre chronologi- 
que. 244 
Tableau synoptique des genres d’après Cuvier. 249 


(DES MATIÈRES. Br3 


Tableau synoptique d’après M. Fitzinger. 251 
Etymologie des noms des Geckotiens par ordre al- 

phabétique. 297 

$ II. Organisation des Geckotiens. 

1° Des organes du mouvement. 258 
2° Des organes de la sensibilité. 262 
3° Des organes de la nutrition. 269 
4° Des organes de la génération. 274, 


$ HI. Habitudes et mœurs. Distribution géographique. 275 
Répartition synoptique des régions de la terre où 


se trouvent les Geckotiens. 280 

$ IV. Des auteurs qui ont écrit sur les Geckotiens. 281 
$ V. Des genres et des espèces de Geckotiens. 285 
Tableau synoptique de la division en sept genres. 209 
I Genre : PLATYDACTYLE. 290 
Tableau synoptique des espèces de ce genre. 294 


le Division : PLATYDACTYLES HOMOLÉPIDOTES. 296 


1. Platydactyle ocellé. 295 

2. Platydactyle Cépédien (pl. 28, n° 2). 301 

3. Platydactyle demi-deuil. 304 
4. Platydactyle Théconyx ( pl. 33, fig. 2 ). 306 

5. Platydactyle des Seychelles (pl. 28, fig. 1 ). 310 

6. Platydactyle de Duvaucel. 312 

7. Platydactyle de Leach (pl. 28, n°6). 315 
IT Division : PLaTypaGTyLES HÉTÉROLÉPIDOTES. 317 

8. Platydactyle des murailles. 319 
9. Platydactyle d'Egypte (pl. 28, n° 4). 322 

. 10. Platydactyle de Lalande. 324 
11. Platydactyle de Milbert. 325 
12. Platydactyle à souttelettes. 326 

. 13. Platydactyle à bande. 331 
14. Platydactyle à deux bandes. 334 
15. P atydaciyle monarque. 335 
16. Platydactyle du Japon. 337 


REPTILES , Il. 33 


514 TABLE MÉTHODIQUE 


17. Platydactyle homalocéphale ( pl. 28 , fig. 6, et 


pl 20) us neb2)e 339 
le Genre. HÉMIDACTYLE. 344 
Tableau synoptique des espèces de ce genre. 343 


Fe Section. DacryLorères ou à doigts tronqués. 350 
A. A lames sous-digitales entières. 
1. Hémidactyle de l'île Oualan (pl. 28, fig. 7). 350 


B. A lames sous-digitales échancrées. 


2. Hémidactyle de Péron (pl. 30, fig. 1). 352 
3. Hémidactyle varié. . 353 
4. Hémidactyle mutilé. 355 
Il: Section : DacryLoTèLes ou à doigts complétement 
élargis dans toute leur longueur. 355 


Subdivision À. DAGTOLYTÈLES FISSIPEbES. 


5. Hémidactyle à tubercules trièdres (pl. 28, n° 8). 356 

6. Hémidactyle tacheté. 358 

7. Hédactyle verruculeux. 359 

8. Hémidactyle mabouia. 362 

9. Hémidactyle de Leschenault. 364. 

10. Hémidactyle de Cocteau. 365 
11. Hémidactyle bridé. 366 
12. Hémidactyle de Garnot. 368 
13. Hémidactyle Péruvien. | 369 

Subdivision B. DicrrroTÈLEs PALMIPÉDES. 

14. Hémidactyle bordé ( pl. 30, fig. 2). 372 
15. Hémidactyle de Séba. 373 
Ilé Genre : PryopAcTYLe. | 375 
Tableau synoptique des espèces de ce genre. 377 


T° Division : LEs UroTORNES ou à queue ronde. bid. 
1. Ptyodactyie d'Hasselquitz (pl. 33, fig. 3). 378 
IT: Division : UROPLATES ou à queue déprimée. 379 


2. Ptyodactyle frangé ( pl. 33, fig. 4 ). 381 


3. Ptyodactyle rayé ( pl. 31, fig. 1-4). 384 

4. Ptyodactyle de Feuillée. 386 

IVe Genre : PnyrLoDnacTyLe. 388 

Tableau synoptique des espèces de ce genre. 391 

1. Phyllodactyle de Lesueur. 392 

2. Phyllodactyle porphyré (pl. 33, n° 5 ). 393 

3. Phyllodactyle gymnopyge. 394 

4. Phyllodactyle tuberculeux. 396 

5. Phyllodactyle gentil (pl. 33, n°). 397 

6. Phyllodactyle strophure (pl. 32, n° ). JIbid. 

7. Phyllodactyle serrhopyge. 399 

8. Phyllodactyle à bande. {do 

Ve Genre : SPHÉRIODACTYLE. 4or 
Tableau synoptique des espèces de ce genre. 

1. Sphériodactyle sputateur. _ 402 

2. Sphériodactyle à très petits points. 405 

3. Sphériodactyle bizarre. ( Voyez pl. 32, n° 2.) 406 

VJe Genre : GYMNODACTYLE. 408 

Tableau synoptique des espèces ce genre. 410 

fre Division : GymnopacTyLes Homowotes. 4x 

1. Gymnodactyle de Timor. Jbid. 

2. Gymnodactyle de Gaudichaud. 413 

3. Gymnodactyle Mauritanique. 414 

4. Gymnodactyle à gorge blanche. 415 

5. Gymnodactyle à points jaunes. 4x7 

Ile Division : GymwopacTyLe HÉTÉRONOTES. * 418 

6. Gymnodactyle de Dorbigny. _ 419 

7. Gymnodactyle à bandes. {20 

8. Gymnodactyle rude ( pl. 33, n°6). 421 

9. Gymnodactyle gentil. 423 

10. Gymnodactyle marbré. 426 

11. Gymnodactyle phyllure. 425 

12. Gymnodactyle de Milius (pl. 33, fig. 1). 430 


DES MATIÈRES. 515 


33. 


516 TABLE MÉTHODIQUE 
Q 


He Genre : STÉNODACTYLE. 
. Sténodactyle tacheté ( (pl. 34, fig. ds 


- CHAPITRE VII. 


FAMILLE DES VARANIENS OU PLATYNOTES. 


$ I. Considérations générales sur cette famille et sur 
les genres qui la composent. 
Caractères essentiels comparés aux sept autres fa- 
milles, 
Historique par ordre chronologique. 
. Des deux genres en particulier. 
$ II. Organisation des Varaniens. 
Des organes du mouvement : desos en particulier. 
$ LIT. Habitudes et mœurs ; distribution géographique 
des espèces de Varaniens. 


$ IV. Des auteurs qui ont écrit sur les Varaniens : in- 


dication du titre de leurs ouvrages. 


Ie". Genre : Varan. 
Tableau synoptique des espèces de Varaniens. 
1. Varan du désert. 
. Varan de Timor. 
. Varan du Nil (pl. 55, n°4 ; ses écailles). 
. Varan du Bengale, 
. Varan nébuleux (pl. 35, n° 2 et 3). 
. Varan de Picquot (pl. 35, n° 5). 
. Varan à denx bandes. 
. Varan chlorostigme. 
9. Varan bigarré. 
10. Varan de Bell (pl. 55, n° :). 
11. Varan à gorge blanche. 
12. Varan ocellé. 


Il Genre : Héloderme. 
1. Héloderme hérisse. 


DONI OO Ot EN © D 


437 


438 
442 
444 
445 
446 


459 


463 


467 
470 
47: 
473 
476. 
480 

483 
485 
486 
489 
491 
493 
495 
496 


499 
500 


DES MATIÈRES. Mr 7 

$ V. Des Varaniens fossiles et de quelques autres es- 

pèces perdues des genres voisins. 502. 

1° Des Sauriens du genre des Monitors , trouvés | 
dans les schistes pyriteux de la Thuringe et 

dans d’autres contrées de l'Allemagne. 503 
2° Du grand Saurien fossile de Maëstricht, au- 
quel M. Conybeare a donné le nom de Hosa- 

saurus. : 111805 
30. Du Geosaurus, grand Reptile fossile des 
environs de Manheim, nommé par Soemme- 
ring Lacerta gigantea et par Ritgen Aali- 


limnosaurus. 507 
4° Du Megalosaurus, très-grande espèce de 
Saurien découverte par M. Buckland. _ 508 


FIN DE LA TABLE. 


Page 22, ligne dernière de la note, papillæ , lisez pupillæ. 

Page 75, aprés la ligne : Caïman À MuSEAU DE FROQRÉE, ajoutez : : 
(Voyez pl. 25 et 26.) 

Page 79, avant : LE GAÏMAN à LUNETTES , , ajoutez: LÉ n° 3. 


Page 129, ligne première : LE CROCODILE DE JOURNU, n° 1, lisez n° 8. 
Page 134, ligne seconde : fig. 4, lisez fig. 2. 
Page 193, CHAPITRE 1V, lisez CHAPITRE Y. 


Page 235, mettez le n° 14 avant LE CAMÉLÉON DE BROOKES. 


Page 301, après : LE PLATYDACTYLE CÉPÉDIEN » ajoutez: ( _ oyez. 


p.28, n°2.) 

Page 319, après : LE PLATYDACTYLE DE LEACH, FAR ac Vo 7 
pl-28, n°6.) 

Page 322, après . LE PLATYDACTYLE D'ÉGYPTE , cjoutez : (Woyez 
pl. 28, n°5.) 


Page 356, aprés : L'HÉMIDACTYLE A ÉCAILLES TRIÉDRES , ajoutez : - 
( Vorez pl. 28, n° 8.) 

Page 370, ligne 9 : de Berlin, lisez de Bonn. 

Page 397, ligne 9 : idem. 

Page 400, ligne 17 : idem. 

Page 406, après : LE SPHÉRIODACTYLE BIZARRE , ajoutez : ( Foyez 
pl. 33, n°2.) 

Page 421, après : LE GYMNODACTYLE RUDE, ajoutez : ( Voyez pl. 33, 
n° 6.) 

Page 423, après : LE GyMNODACTYLE GENTIL, ajoutez: (Woyez 
pl. 35, n° 7.)