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Full text of "Études sur la géoraphie botanique de l'Europe, et en particulier sur la végétation du plateau central de la France;"

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Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2009  with  funding  from 

University  of  Ottawa 


http://www.archive.org/details/etudessurlago08leco 


ETUDES 


U  GÉOGRAPHIE  BOTANIQUE  DE  L'EUROPE. 


ET  EN  PARTICULIER 


SUR  LA  VÉGÉTATION 


PLATEAU  CENTRAL  DE  LA  FRANCE. 


CIL.EBiMOII>T.FEBBAI«ID , 

IMPIUMERIE  DB  FERDINAND  TBIBÀUD. 


ÉTUDES 

SUR  I.A 

GÉOGRAPHIE  BOTANIQUE 

DE  L'EUROPE 


ET  EN  PARTICULIER 


m  LA  VÉGÉTATION  DU  PLATEAU  CEÏÏRAL  DE  LA  FRANCE; 


Henri  1iE€OQ, 

Professeur  d'Histoire  naturelle  de  la  -ville  de  Clermont-Ferrand* 


TOME  HUITIEME. 


►®^®^®«- 


A  PARIS, 

CHEZ  J.-B.   BAILLIÈRE, 

LIBRAIRE  DE  L* ACADÉMIE   IMPÉRIALE  DE  MEDECINE,   19,  RUE  IIAUTEFEUILLE. 

A  LONDRES,  chez  H.  BAILLIÉRE,  219,  regent-street. 

A  NEW-YORK,  chez  H.  BAILLIÉRE,  290,  broad-wat. 

A  MADRID,  CHEZ  C.  BAILLY-BAILLIÉRE,  calle  del  principe,  li. 

J858. 


QK 


LÏBUAKY 

UNIVEKSr.'y  ""■'  {'ALÏFOKNIA 
SANTA  r  •■ '^r.ARA 

^  ^'      CONTENU  DU  HUITIÈME  VOLUME. 


v.^ 


Famille  des  Labiées p.  1 

Genres  :  Lavandula ,  p.  ô.  —  Menlha,  j^.  1.  —  Ly- 
copus ,  /;.  16.  —  Salvia ,  p.  17.  —  Origanum ,  p.  25.  — 
Thymus,  p.  27.  —  Satureia ,  p.  31.  —  Calaminlha, 
p.  34.  —  Hyssopiis ,  p.  43.  —  Nepeta  ,  p.  45.  —  Melit- 
tis,  p.  49.  —  Lamium ,  p.  50.  —  Galeobdolon ,  p.  57. 

—  Galcopsis ,  p.  58.  —  Stachys,  p.  63.  —  Sideritis, 
p.  75.  —  Marrubium  ,  p,  77.  —  Ballota ,  p.  79.  — 
Leonurus,  p.  81.  —  Plilorais,  p.  82.  —  Scutellaria, 
p.  85.  — Pninella,  p.  88.  —  Ajiiga,  p.  93.  —  Teu- 
crium ,  p.  99. 

Famille  des  Verbénacées p.   108 

Genre  :  Verbena,  p.  108. 
Famille  des  Primulacées p.  111 

Genres  :  Pingiiicula ,  p.  114.  —  Utricularia ,  p.  118. 

—  Coris ,  'p.  122.  —  Lysimachia ,  p.  123.  —  Anagallis , 
p.  129.  —  Centunculus,  p.  134.  — Androsace  ,  p.  135. 

—  Primula,  p.  138.  —  Hottonia,  p.  145.  —  Solda- 
nella,  p.  147.  —  Cyclamen,  p.  149.  —  Samolus, 
p.  151.  —  Glaux,7J.  154. 

Famille  des  Globidariées p.  156 

Genre  t  Globularia,/).  156. 

Famille  des  Plumbaginées p.   158 

Genres  :  Plumbago,;?.  161.  — Statice,^.  162. 
Famille  des  Plantaginées p.  165 

Genres  :  Littorella ,  p.  168.  —  Plantago ,  p,  169. 
Famille  des  Amaranthacées p.   183 

Genre  :  Amaranthus,  p.  183. 
Famille  des  Chénopodées p.  188 

Genres:  Salsola,  j).  191. — Polychneraum,  ;j.  193. 

—  Chcnopodiiim,  7?.  194.  —  Blitum  ,  2^.  202. — Beta, 
p.  207.  —  Atriplei,/;.  208. 


Hj  CONTENU 

Famille  des  Polygonées p,  213 

Genres  :  Rumex,  p.  216.  —  Polygonum  ,  p.  235. 

Famille  des Tiiymélées p.  253 

Genres:  Stellera,/?.  254.  — Daphne,^.  255. 

Famille  des  Santalacées p.  262 

Genre  :  Thesium,;;.  262. 

Famille  des  Aristolochiées p.  266 

Genres  :  Aristolochia,  p.  266.  —  Asarura,  j9.  270. 

Famille  des  Empêtrées p.  272 

Genre  :  Empetrum ,  p .  272 . 

Famille  des  Euphorbiacées p.  275 

Genres  :  Croton,  p.  278.  —  Buîus,  p.  280.  — Eu- 
phorbia ,  p .  283 .  —  Mercurialis ,  p .  306 . 

Famille  des  Urticées p,  310 

Genres  :  Urtica,^.  314.  —  Parietaria,  p.  318.  — 
Humulus,;).  321.  — Cellis,  ;).  323.— Ulmus,  p.  325. 

Famille  des  Amentacées p.  331 

Genres  :  Fagus ,  p.  335.  —  Caslanea,  p.  345.  — 
Quercus,  p.  349.  —  Corylus,  p.  359.  —  Carpinus  , 
p.  362.  —  Salix,p.  364.  —  Populus,  j).  387.  —  Be- 
tula ,  /).  394.  —  Alnus ,  p.  402. 

Famille  des  Conifères p.  405 

Genres  :  Juniperus,  p.  409.  — Pinus,  p.  417. 

Famille  des  Alismacées p.  428 

Genres  :  Alisma,  p.  428.  —  Damazonium  ,  p.  433. 
—  Sagittaria,  p.  434. 

Famille  des  Butomacées p.  437 

Genre  :  Batomus ,  p.  437. 

Famille  des  Juncaginées p.  439 

Genres:  Scheuchzeria,|).  439. — Triglochin,/).  441. 

Famille  des  Potamées p.  444 

Genres  :  Potamogelon ,  p.  447.  —  Zanichellia  , 
p.  458. 

Famille  des  Lemnacées p.  460 

Genre  :  Lemna ,  p .  461 . 


DU  HUITIÈME  VOLUME.  Ylj 

Famille  des  Typhacées p.  467 

Genres  :  Typlia ,  p .  467 .  —  Sparganium ,  p .  469 . 

Famille  des  Aroïdées p.  473 

Genre  :  Arum  ,  p .  473 . 

Famille  des  Orchidées p .  477 

Genres  :  Orchis,  p.  480.  —  Gymnadenia  ,  p.  496. 
Himantoglossum,  p.  500.  —  Cœloglossum,  p.  501. 

—  Platanthera,  p.  503.  —  Nigritella,  p.  505. — 
Ophrys,  p.  507.  — Serapias,p.  512.  — Limodorum, 
p.  514.  —  Cephalanthera,  p.  516.  —  Epipactis, 
p.  519.  —  Listera,  p.  522.  — Neoltia,  p.  525.  — 
Goodiera ,  p .  527 .  —  Spiranthes ,  p .  529 . 

Famille  des  Iridées p-  532 

Genres  :  Crocus,  p.  535.  —  GladioUis,  p.  537.  — 
Iris ,  p .  540 . 

Famille  des  Amaryllidées p-  545 

Genres  :  Narcissus,  p.  548.  —  Galanthus,  p.  551. 

Famille  des  Asparaginées p .  553 

Genres  :  Asparagus,  p.  556.  — Streptopus,  p.  559. 

—  Paris,  p.  561.  —  Convallaria,  p.  563.  —  Maïan- 
themum,  p.  569.  —  Smilax ,  p.  571.  —  Ruscus, 
p.  573. 

Famille  des  Dioscorées p .  575 

Genre  :  Tamus,^.  575. 
Famille  des  Liliacées p.  578 

Genres  :  Tulipa,;?.  581.  — Lilium,  p  583.  — 
Erythronium,^.  585. —  Asphodelus,  p.  587. —  An- 
thericum  ,  p.  589. — Paradisia,p.  592.  — Ornitho- 
galam,p.  594.  — Gagea,  p.  597.  —  Scilla,p.  599. 

—  Muscari,  p.  605.  —  AUium,  p.  608.  —  Narthe- 
cium,  p.  622. 


Le  tome  9^  qui  terminera  notre  travail ,  est  sous  presse  et 
paraîtra  comme  celui-ci  dans  le  courant  de  1858. 11  contiendra  la 
fin  de  la  géographie  des  familles  européennes ,  et  les  conclusions 
générales  tirées  de  ces  études  géographiques.  11  renfermera 
également  une  table  alphabétique ,  et  quelques  cartes  relatives 
à  la  distribution  des  familles  et  des  espèces. 


GÉOGRAPHIE  BOTANIQUE  DE  L'EUROPE 


ET  EN  PARTICULIER 


SUR  CELLE  DU  PLATEAU  CENTRAL  DE  LA  FRANCE. 


SUITE  DES  COROLLIFLORES. 


■*T^^©ocr-— 


FAMILLE  DES  LABIEES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 


Latitude. 

Nigritie O^à  10» 

Abyssinie 10  à  10 

Algérie. . 33  a  36 

Roy.  de  Grenade. . .  36  à  37 

Sicile 37  à  38 

Portugal 37  à  4-2 

Royaume  de  Naples.  38  à  42 

Caucase 40  à  44 

Tauride 43  à  46 

Plateau  central ....  44  à  47 

VIII 


Long 

tude. 

18»  0. 

à    50E. 

67 

32   E. 

à  41  E. 

29 

5  0. 

à    0  E. 

21 

5  0. 

à    8  0. 

19 

10  E. 

à  13  E. 

22 

9  0. 

à  11  0. 

22 

11  E. 

à  16  E. 

19 

35  E. 

à  48  E. 

24 

31   E. 

à  34  E. 

:  19 

0 

à    2  E. 

25 

2  LABIÉES. 

Latitude.  Longitude. 

France 42  à  51  7  0.  à    6  E.  1 

Russie  méridionale. .   47  à  50  22  E.  à  49  E.  1 

Allemagne 45  à  55  2    E.  à  14  E.  1 

Carpalhes 49  à  50  19  E.  à  22  E.  1 

Angleterre .50  à  58  1    O.  à    7  0.  1 

Russie  moyenne ...   50  à  CO  17   E.  à  58    E.  1 

Scandinavie  entière.   55  à  71  3   E.  à  29   E.  1 

Danemarck 52  à  57  7   E.  à  12  E.  1 

Gotbie 55  à  59  10  E.  à  15  E.  1 

Suède 55  à  G9  10  E.  à  22  E.  1 

Norvège 58  à  71  2  E   à  10  E.  1 

Russie  septentr»^..   60  à  66  19  E.  à  57  E.  1 

Finlande 60  à  70  18  E.  à  28  E.  1 

Laponie 65  à  71  14  E.  à  40  E.  1 

EOROPE  ENTIÈRE 1 


2g 
25 
30 
24 
28 
24 
32 
28 
29 
35 
34 
35 
36 
65 
24 


Tableau  des  jJroportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 


Latitude. 

Irlande é  5l«à  55° 

Angleterre 50  à  58 

Allemagne 45  à  55 

Russie  moyenne  .  50  à  60 

Sibérie  de  rOural.  44  à  67 

Sibérie  altaïque. .  44  à  67 

Sibérie  du  Baïkal.  49  à  67 

Daburie 50  à  55 

Sibérie  orientale.  56  à  67 

Sibérie  arctique. .  67  à  78 

Kamtscbatka ....  46  à  67 
Pays  des  Tscbukhis.  » 

llesdel'Océanor".  51  à  67 

Amérique  russe. .  54  à  72 


Longitude. 

7°0.  à  13° 

0. 

23 

1  0  à   7 

0. 

:  28 

2  E.  à  U 

E. 

:  30 

17  E.  à  58 

E. 

:  24 

55  E.  à  74 

E. 

26 

66  E.  à  97 

E. 

26 

93  E.  àll6 

E. 

36 

110  E.  à  119 

E. 

42 

111  E.  à  163 

E. 

:  41 

60  E.  à  161 

E. 

0 

:  0 

148  E.  hl70 

E. 

1 

:  50 

155  E.  à  175 

0. 

0 

:  0 

170  E.  h  130  0. 

0 

.  0 

170  0.  à  130 

E. 

0 

0 

PROPORTIONS  RELATIVES.  3 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 

Latitude.       Altitude  en  mètres. 

Roy.deGr''%rég.alp.etniv.  36oà37o  1500  à  3500  1  :  21 

RoY.cleGrenade,rcg.niY..  36  à  37  2500  à  3500  1:  61 

Pyrénées 42  à  43  500  à  2700  1  :  37 

Pyrénées  élevées 42  à  43  15C0  à  2700  1  :  64 

Pic  du  Midi  de  Bagnères...  »  »  1  :  75 

Plat,  central,  rég.niontagn.  44  à  47  500  à  1900  1:  62 

Plateau  central,  sommets..  44  à  47  1500  à  1900  0  :  0 

Alpes 45  à  46  500  à  2700  1 :  55 

Alpes  élevées 45  à  46  1500  à  2700  1 :  116 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 

Latitude. 

Iles  du  Cap-Vert. .  12»à  14° 

Canaries 28  à  30 

Hébrides 57  à  58 

Orcades 59 

Shetland 60  à  61 

Feroë 62 

Islande 64  à  66 

Mageroë 71 

Spitzberg 79  à  80 

lie  Mel ville 76 

lie  J.  Fernandez.  .  33  h  40 S. 

Nouv. Zélande(nord).  35  à  42S. 

Malouines 52  S. 

La  nombreuse  et  remarquable  famille  des  Labiées  est 
dispersée  dans  toutes  les  parties  du  monde ,  mais  surtout 
dans  l'hémisphère  boréal.   Elle  attei.nt  son  maximum  en 


L 

ongi 

tude. 

24"  0. 

à 

27°  0. 

22 

15  0. 

à 

20  0. 

:  17 

8  0. 

à 

10  0. 

25 

5  0. 

à 

6  0. 

:     28 

3  0. 

à 

4  0. 

39 

9  0. 

49 

16  0. 

à 

27  0. 

59 

24  E. 

194 

10  E. 

à 

20  E. 

0 

0 

114  0. 

0: 

0 

76  0. 

0 

0 

171  0. 

à 

176  0. 

1 

205 

59  0. 

à 

65  0. 

0: 

0 

4.  LABIÉES. 

Europe ,  dans  les  parties  chaudes  de  la  7one  tempérée ,  dans 
le  royaume  de  Grenade,dans  le  raidi  de  l'Italie,  en  Crimée, 
où  elle  forme  1;19;  en  Sicile,  en  Portugal,  où  elle  fait 
1/22.  En  Algérie,  ces  plantes  offrent  encore  une  propor- 
tion très-élevée  comme  tout  autour  de  la  Méditerranée , 
puis  elles  s'éloignent  de  la  moyenne  européenne  qui  est  î/24, 
soit  au  sud  ,  soit  au  nord  ,  au  point  de  présenter  seulement 
1/67  en  Abyssinie,  et  1/G5  en  Laponie.  Elles  disparaissent 
presqu'entièrement  de  l'Afrique  tropicale,  à  moins  que  le 
climat  ne  soit  tempéré  par  des  montagnes.  —  Elles  devien- 
nent très-rares  dans  l'Amérique  du  sud  et  dans  l'Océanie. 
Elles  font  pourtant  1/48  à  Timor. 

Dans  le  sens  des  longitudes,  la  proportion  des  Labiées 
diminue  à  mesure  que  l'on  avance  vers  l'orient,  et  quand 
une  haute  latitude  s'ajoute  à  la  longitude ,  elles  disparais- 
sent tout-à-fait.  On  ne  connaît  aucune  Labiée  dans  l'Amé- 
rique russe,  et  déjà  au  Kamtschatka  elles  ne  font  plus  que 
1/50.  Mais  il  faut  observer,  à  l'égard  de  ces  plantes,  qu'à 
latitude  égale,  l'Amérique  est  bien  moins  riche  que  l'Eu- 
rope. Ainsi  les  États-Unis,  au  nord  de  la  Virginie,  de  39** 
à  46°  latitude  nord  ,  ont  1/36  ;  la  Géorgie  et  lu  Caroline, 
de  31°  à  35°  latitude  nord  ,  1/33  ,  et  le  centre  de  l'Amé- 
rique septentrionale,  de  35°  à  42°  latitude  nord,  1/25; 
tandis  que  les  Oores  des  contrées  situées  en  Europe,  sous 
les  mêmes  latitudes,  en  accusent  1/19  à  1/22.  L'Asie  pré- 
sente à  peu  près  les  mêmes  proportions  que  l'Amérique. 
Ainsi  rinde  anglaise,  de  1  à  35°  latitude  nord,  offre  1/50, 
la  Chine  1/37,  le  Japon  1/23;  mais  l'Arabie-Pétrée  et  le 
montSinaï,  qui  font  partie  de  la  région  méditerranéenne, 
donnent  la  proportion  très-forte  de  1/18. 

L'altitude  est  une  cause  d'affaibhssement  dans  la  pro- 
jortion  des  Labiées;  notre  troisième  tableau  le  démontre 


LAVA>DULA .  5 

de  la  manière  la  plus  évidente;  mais  si  en  Europe  et  dans 
les  zones  tempérées  l'élévation  est  un  obstacle  à  leur  déve- 
loppement, cette  élévation  leur  devient  au  contraire  favo- 
rable sous  la  zone  équatoriale.  C'est  à  celte  cause  qu'il  faut 
attribuer  la  proportion  de  1/31  dans  le  Pérou  septentrional, 
entre  4  et  12"  latitude  sud;  1/38  autour  du  Cliimboraço, 
1°  latitude  sud ,  et  1/25  pour  la  partie  centrale  et  tempé- 
rée du  Mexique. 

Les  îles  nous  montrent  égalité  de  nombre  et  même  aug- 
mentation dans  les  pays  chauds;  ainsi  les  Canaries  ont  1/17, 
le  groupe  du  cap  Vert  1/22  ,  les  Baléares  1/18  ,  tandis  que 
dans  les  pays  froids  les  Labiées  diminuent  ou  disparaissent 
dans  ces  conditions  insulaires. 

En  résumé,  M.  de  Ilumboldt  donne  comme  proportion 
moyenne  pour  la  zone  torride  1/40,  pour  la  zone  tempé- 
rée 1/25  et  0  pour  la  zone  glaciale. 

G.  XtAVAVSiyVIiA. ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ces  plantes, 
au  nombre  de  15  ,  sont  presque  également  partagées  entre 
l'Europe  et  l'Afrique.  Elles  sont  à  peu  près  toutes  du 
bassin  de  la  Méditerranée.  — 7  sont  africaines,  de  l'E- 
gypte, des  Canaries,  des  îles  du  cap  Vert,  de  Madère 
ou  de  la  Barbarie. — 6,  européennes,  sont  de  l'Espagne  , 
de  l'Italie  ou  des  îles  de  la  31éditerranée.  —  2  seulement 
sont  asiatiques.  L'une  habite  le  mont  Sinaï,  l'autre  les  Indes 
orientales. 

Lavandula  Stoechas,  Lin.  —  Ce  petit  arbuste  est  abon- 
damment répandu  dans  les  heux  secs  et  pierreux,  sur  les 
coteaux  ,  avec  le  Thymus  vulgaris,  le  Salureia  montana, 


6  LABIÉES. 

et  plusieurs  autres  Labiées  qui  recherchent  comme  lui  les 
localités  chaudes  et  bien  exposées.  —  Il  forme  de  petits 
buissons  à  tiges  rameuses  et  à  feuilles  blanchâtres,  un  peu 
cotonneuses.  Ses  fleurs  naissent  au  sommet  des  rameaux, 
entourées  de  bractées  élargies  qui  s'écartent  pour  leur  livrer 
passage ,  et  surmontées  de  bractées  colorées  qui  ajoutent 
encore  à  l'élégance  de  cette  espèce.  —  Les  fleurs  sont  d'un 
beau  bleu  violacé;  la  dent  supérieure  du  calice  porte  un 
petit  appendice  ;  la  corolle  est  grande.  Elle  contient  4  éta- 
mines,  dont  les  2  inférieures  atteignent  plus  haut  que  les 
2  autres.  La  fécondation  a  lieu  un  peu  avant  l'épanouisse- 
ment ,  et  les  anthères  répandent  leur  pollen  orangé  sur  un 
stigmate  bilamcllaire  qui  paraît  perforé.  —  Les  akènes  sont 
glabres.  —  Il  fleurit  en  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
siHceux  et  graveleux,  les  aliuvions  contenant  du  sable  et  des 
galets  quartzeux.  —  Il  habite  la  plaine  et  peut  s'élever  jus- 
qu'à 1,000™  dans  les  pays  chauds. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  croît  en  Provence ,  en  Es- 
pagne ,  aux  Baléares,  en  Algérie,  à  Madère,  aux  Canaries. 
—  Au  nord  ,  il  arrive  sur  le  bord  du  plateau  central.  — 
A  l'occident,  il  est  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  végète 
en  Italie,  en  Sicile,  en  Grèce,  en  Turquie,  dans  l'Asie 
mineure  et  tout  autour  du  bassin  de  la  Méditerranée. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Canaries SO*»      | Écart  en  latitude  : 

Nord,  France., 44       )  15° 

Occident ,  Madère 19  0.  "i Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Asie  mineure 35  E.  j  54° 

Carré  d'expansion 810 


MENTHA.  7 

Lavandula  Spica,  Lin.  —  Cette  lavande  (orme,  comme 
la  précédente,  de  petits  arbustes  à  la  souche  ligneuse,  aux 
rameaux  redressés  et  aux  feuilles  blanchâtres  et  fortement 
odorantes.  Elle  vit  dans  les  mêmes  lieux,  mais  on  la  dis- 
tingue aux  longs  pédoncules  dénudés  qui  soutiennent  ses 
épis  presque  toujours  interrompus.  Ses  calices  à  cinq  dents 
offrent  aussi  un  appendice  à  la  dent  supérieure  ;  ils  sont  vio- 
lacés, pulvérulents  et  striés.  La  corolle  est  bleue,  élargie  vers 
son  ouverture,  offrant  une  lèvre  supérieure  bifide  et  une 
inférieure  trifîde,  —  Elle  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente  et 
ï;e  trouve  en  plaine  sur  tous  les  terrains  ;  mais  elle  peut  aussi 
s'élever,  car  Requien  Ta  trouvée  sur  le  mont  Ventoux  ,  au 
sud,  de  672  à  1,646°^,  et  au  nord,  de  495  à  1,400"^. 

Géographie.  —  Cette  lavande,  à  laquelle  nous  réunissons 
ici  comme  variété  le  L.  vera^  DC.,  est  commune,  au  sud,  en 
Provence,  en  Espagne,  en  Algérie.  —  Au  nord,  elle  s'arrête 
aussi  sur  le  plateau  central.  —  A  l'occident,  elle  est  en 
Portugal.  —  A  l'orient,  elle  existe  aux  Baléares  ,  en  Italie, 
en  Sicile  ,  en  Grèce,  en  Turquie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Algérie 35°      "i  Ecart  en  latitude  : 

iVorrf,  France 44       ^  9° 

Occident,  Portugal 12  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orie7it ,  Grèce 22  E.  j  34'^ 

Carré  d'expansion 306 

G.  nzENTSA,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Le  nombre  des 
espèces  de  ce  genre  est  très -variable  dans  les  flores ,  car  on 


8  LABIÉES. 

a  considéré  comme  espèces  distinctes  une  foule  de  formes 
qui  ne  sont  réellement  que  des  variétés ,  en  sorte  que  l'on 
peut  réduire  à  30  les  types  spécifiques.  —  Près  de  20  ha- 
bitent l'Europe  et  surtout  l'Europe  centrale ,  fuyant  égale- 
ment les  pays  chauds  et  les  contrées  trop  froides.  —  5  es- 
pèces sont  asiatiques,  des  Indes  orientales,  de  la  Sibérie  et 
de  Ceylan.  —  En  Afrique ,  2  sont  originaires  de  la  Barba- 
rie et  1  du  cap  de  Bonne-Espérance.  —  On  ne  connaît  que 
2  menthes  américaines,  une  du  nord  ,  et  l'autre  du  midi  de 
ce  vaste  continent.  —  Une  seule  vit  à  Java. 

Memha  ROTUNDiFOLiA ,  Lin.  — Cette  menthe  recherche 
les  bords  des  fossés  et  des  chemins,  les  lieux  incultes,  un  peu 
humides.  Elle  y  vit  en  sociétés  nombreuses  ,  car  ses  racines 
sont  vivaces  et  traçantes.  Les  tiges  sont  droites,  garnies  de 
feuilles  sessiles,  épaisses,  très-ridées,  bosselées,  crénelées, 
arrondies  au  sommet  ,  et  très-odorantes.  Les  fleurs  sont 
disposées  en  épis  assez  grêles  accompagnés  de  bractées 
ovales,  lancéolées,  pointues.  Le  calice  est  campanule,  sans 
stries ,  la  corolle  est  rose  ou  blanche.  —  Elle  fleurit  en 
juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente , 
pourvu  que  le  sol  soit  humide.  — Elle  vit  en  plaine  ou  dans 
les  montagnes ,  mais  sans  s'élever  à  une  grande  hauteur. 
M.  Boissier  la  cite  dans  le  midi  de  l'Espagne  jusqu'à  1 ,000™, 
et  M.  Cosson,  en  Afrique,  dans  les  montagnes  de  l'Aurès. 

Géographie.  —  Au  sud ,  elle  habite  la  France ,  l'Es- 
pagne, l'Algérie,  Madère,  les  Canaries.  — Au  nord  ,  elle 
croît  en  France,  en  Belgique,  en  Allemagne,  en  Dane- 
marck  dans  l'île  de  Bornholm  seulement,  en  Angleterre  et 
en  Irlande.  —  A  l'occident,  elle  vit  en  Portugal.  —  A 
l'orient,  elle  existe  en  Suisse,  en  Italie,  en  Sicile,  en  Grèce, 


MENTHA.  9 

en  Turquie ,  à  l'île  de  Crète ,  en  Transylvanie ,  dans  le  du- 
ché de  Varsovie  et  dans  la  Sibérie  altaïque. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 30'»     "j  Écart  en  latitude  : 

JVorc?,  Danemarck 55       j  25^* 

Occident ,  Canaries 18  O. ,  Ecart  en  longitude  : 

Orient  y  Sibérie  altaïque 72  E.  j  90°  ' 

Carré  d'expansion 2250 

Mentha  sylvestris,  Lin.  —  Si  la  plupart  des  Labiées 
recherchent  les  lieux  secs  et  les  coteaux  exposés  à  toute 
l'ardeur  du  soleil ,  il  existe  aussi  dans  cette  grande  famille 
des  espèces  qui  préfèrent  les  bords  des  ruisseaux  et  qui 
vivent  à  l'ombre  des  aulnes  et  des  peupliers  qui  en  habitent 
les  rives.  Telles  sont  les  menthes  au  feuillage  odorant.  Le 
M.  sylvestris  qui  s'étend  si  facilement  par  ses  racines  tra- 
çantes, est  peut-être  l'espèce  la  plus  répandue.  Elle  vit  en 
groupes  nombreux ,  souvent  associée  à  Vlnida  dysenlerica, 
à  Y Eupatorium  cannahinunij  et  à  cette  foule  de  plantes  qui 
affectionnent  les  lieux  frais  et  humides ,  et  notamment  les 
sables  de  rivières.  —  Ses  tiges  élevées ,  garnies  de  feuilles 
oblongues,  blanchâtres  ou  même  cotonneuses,  selon  les  va- 
riétés, sont  terminées  par  de  longs  épis  de  petites  (leurs  pur- 
purines qui  donnent  à  cette  espèce  un  aspect  très-élégant.  — 
Ces  fleurs  sont  presque  régulières  ,  corpme  dans  toutes  les 
menthes ,  et  il  n'est  pas  rare  d'y  trouver,  comme  dans  les 
autres  espèces  du  genre,  des  fleurs  à  étamines  plus  saillantes, 
dont  les  stigmates  sont  avortés,  tandis  que  d'autres  offrent 
tous  les  caractères  de  fleurs  femelles  bien  conformées.  Les 


10  LABIÉES. 

étamines  des  menthes  sont  presque  égales  et  ne  présentent 
pas  les  caractères  didynamiques  des  autres  Labiées.  La 
fécondation  directe  ou  indirecte  semblerait  presque  assurée 
par  la  multitude  des  fleurs  qui  commencent  à  s'épanouir 
à  la  base  des  épis,  et  qui  continuent  ensuite  pendant  très- 
longtemps  jusqu'à  ce  que  l'épi  terminal  et  les  nombreux 
épis  latéraux  aient  fini  d'ouvrir  leurs  fleurs.  Malgré  ces 
circonstances^  on  trouve  assez  souvent  des  calices  qui  ne 
contiennent  pas  de  semences  ou  dont  une  partie  des  akènes 
ont  avorté.  —  Elle  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  soL  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente, 
recherche  l'eau  et  vit  en  plaine  et  dans  les  montagnes.  Nous 
la  rencontrons  encore  en  Auvergne  à  1,000""  d'altitude. 
Wahlenberg  l'indique  en  Suisse  jusqu'au-dessus  de  la 
limite  supérieure  des  hêtres.  M.  Boissier  l'a  trouvée  dans 
le  midi  de  l'Espagne,  depuis  600  jusqu'à  1,150™.  Lede- 
bour  l'indique  dans  le  Caucase  entre  400  et  800™ ,  et , 
dans  le  Taliisch  ,  jusqu'à  1 ,300™. 

Géographie.  —  Cette  menthe  se  trouve,  au  sud,  en  Es- 
pagne, dans  les  plaines  et  les  montagnes  de  l'Algérie,  en 
Egypte ,  à  Madère ,  au?  Canaries  et  sur  le  bord  des  ruis- 
seaux de  toute  l'Abyssinie.  —  Au  nord,  elle  est  répandue 
dans  toute  l'Europe  centrale  et  s'arrête  en  Danemarck  et 
dans  la  Gothie  australe,  arrivant  aussi  en  Angleterre  et  en 
Irlande.  —  A  l'occident,  elle  est  aussi  en  Portugal.  —  A 
l'orient,  on  la  trouve  en  Suisse,  en  Italie,  en  Sicile,  en 
Hongrie,  en  Croatie,  en  Transylvanie,  en  Dalmatie ,  en 
Grèce  ,  en  Turquie  ,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe , 
dans  le  Caucase ,  la  Géorgie  ,  le  Taliisch  et  dans  les  Sibéries 
de  l'Oural  et  de  l'Altaï.  —  Elle  est  encore  citée  au  cap 
de  Bonne-Espérance. 


MENTHA .  1 1 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Abyssinie 10"      1  Ecart  en  latitude  : 

A^ortZ,  Saint-Pétersbourg 60       j  oO'' 

Occident ,  Madère 19  O.^j  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  altaïque 96   E.  j  115» 

Carré  d'expansion 5750 

Me>tîi.v  aquatica,  Lin.  —  Cette  espèce  abonde  au  bord 
des  eaux ,  le  long  des  fossés  et  des  ruisseaux  où  elle  déve- 
loppe ses  racines  traçantes ,  ses  tiges  quadrangulaires  et  ses 
feuilles  vertes  et  parfumées.  — Ses  fleurs,  nombreuses  et  lila- 
cées  comme  celle  des  autres  menthes,  naissent  en  verticilles 
serrés  ,  ou  plutôt  en  paquets  à  l'aisselle  des  feuilles  supé- 
rieures, et  semblent  terminer  sa  tige.  Le  tube  du  calice  est 
oblong,  strié,  à  dents  triangulaires  à  la  base,  et  terminées  en 
pointes  allongées.  —  Cette  espèce  fleurit  en  juillet  et  en  août. 
Elle  offre  de  nombreuses  variétés ,  et  surtout  une  forme  hir- 
suta,  considérée  comme  une  espèce,  et  qui  est  assez  fréquente 
dans  les  lieux  desséchés  ,  mais  qui  ont  été  inondés  pendant 
l'hiver. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Indifférente  et  restant 
dans  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  la  rencontre  en  France  ,  en 
Espagne  ,  dans  les  ruisseaux  de  l'Algérie  ,  à  Madère  ,  aux 
Açores.  —  Au  nord ,  elle  existe  dans  toute  l'Europe  cen- 
trale, dans  la  Scandinavie,  jusqu'aux  frontières  de  la  La- 
ponie,  en  Angleterre  et  aux  Orcades  ,  ainsi  que  dans  la 
Finlande  australe.  —  A  l'occident,  elle  croît  aussi  en  Por- 
tugal, et  a  été  mentionnée  sur  quelques  points  de  l'Amé- 
rique septentrionale.  —  A  l'orient ,  on  la  rencontre  en 


12  LABIÉES. 

Suisse,  en  Italie,  en  Sicile,  en  Dalmatie,  en  Hongrie , 
en  Transylvanie ,  en  Grèce ,  en  Turquie  ,  en  Tauride  ,  dans 
le  Caucase ,  en  Géorgie ,  en  Palestine ,  sur  les  bords  du 
Jourdain  ,  dans  les  Russies  septentrionale,  moyenne  et  aus- 
trale, dans  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï  ,  du  Baïkal  et 
orientale.  —  Elle  est  indiquée  aussi  au  cap  de  Bonne-Espé- 
rance et  à  la  Nouvelle-Zélande. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Madère 33-      j Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Finlande C2  29<* 

Occident ,  Açores 30  0.  ^  Ecart  en  longitude  : 

One«; ,  Sibérie  orientale 103   E.j  193» 

Carré  d'expansion 5597 

Mentha  SATivA ,  Lin.  —  Cette  espèce  croît  dans  les 
champs  humides ,  sur  le  bord  des  étangs  et  des  ruisseaux. 
Elle  est  vivace  comme  les  précédentes,  très-variable  ,  et  res- 
semble au  31.  aquatica.  Elle  en  diffère  par  ses  verticilles 
de  fleurs  axillaires  ou  plus  espacés  :  son  calice  est  cylindri- 
que, non  campanule  ,  à  dents  lancéolées,  subulées  et  dres- 
sées. —  Elle  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  la  trouve  sur  tous 
les  terrains  pourvu  qu'ils  soient  humides ,  et  elle  reste  dans 
la  plaine  ou  dans  les  vallées  peu  élevées. 

Géographie.  —  Elle  yégète ,  au  sud ,  sur  le  plateau  cen- 
tral, aux  environs  de  Lyon,  en  Lombardie. —  Au  nord, 
en  Allemagne,  en  Bavière,  en  Danemarck,  en  Gothie, 
dans  la  Norvège  australe,  et  en  Angleterre  où  elle  a  sa  limite 
occidentale.  —  A  l'orient,  en  Suisse,  en  Hongrie,  en 
Croatie,  en  Transylvanie. 


MENTHA .  1 3 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Lombardie 45°      | Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Norvège  australe 59       j  IV 

Occident ,  Angleterre 7  0.  )  Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Transylvanie 21    E.  j  28« 

Carré  d'expansion 392 

Mentha  gextilis,  Lin.  — Elle  habite,  comme  les  autres 
menthes,  les  champs  humides  et  les  bords  des  ruisseaux. 
Elle  est  vivace  ;  sa  tige  est  droite ,  très-rameuse ,  un  peu 
pubescente,  garnie  de  feuilles  pétiolées,  ovales,  dentées 
et  pubescentes  sur  leurs  deux  surfaces.  Les  fleurs  sont  réu- 
nies en  Ycrticilles  axillaires ,  à  pédicelles  glabres  et  purpu- 
rins. Son  calice  est  oblong,  à  dents  lancéolées,  subulées  et 
dressées.  —  Elle  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Attitude.  —  Elle  végète  sur  tous  les 
terrains  humides  de  la  plaine  et  des  montagnes  peu  élevées. 
Géographie.  —  Au  sud,  elle  se  trouve  en  France,  en 
Espagne  ,  en  Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord  ,  en  Belgique, 
en  Allemagne,  en  Danemarck  ,  en  Gothie ,  en  Suède  ,  eu 
Norvège,  en  Finlande  et  en  Angleterre.  —  A  l'occident, 
elle  est  en  Portugal.  —  A  l'orient ,  elle  vit  en  Suisse  ,  en 
Autriche,  en  Hongrie,  en  Croatie  ,  en  Transylvanie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Sicile 37°     | Ecart  en  latitude  : 

A'orf/,  Finlande 61       i  24° 

Occident ,  Portugal 10  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Transylvanie 22  E.  i  32o 

Carré  d'expansion 768 


i4  LABIÉES. 

Mentha  arvessis,  Lin.  —  On  trouve  cette  espèce  vivace 
dans  les  champs  humides,  sur  les  bords  des  fossés,  sur  les 
sables  des  rivières.  Ses  liges  sont  carrées ,  très-ramifiées  et 
souvent  couchées  sur  le  sol.  Ses  feuilles,  d'un  vert  blanchâtre, 
sont  velues,  dentées.  Les  fleurs,  qui  naissent  en  glomérules 
axillaires  sont  lilacées.  Le  calice  est  court ,  en  forme  de  clo- 
che, et  hérissé  ainsi  que  le  pédicelle  de  poils  horizontaux. 
—  Cette  menthe  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  est  aquatique, 
presque  indifférente,  mais  plus  fréquente  sur  les  terrains  si- 
liceux et  sablonneux.  Elle  reste  en  plaine  ,  ou  s'élève  au 
plus  à  700  ou  800™. 

Géographie.  —  Au  sud ,  elle  croît  en  France  et  en  Es- 
pagne. —  Au  nord  ,  dans  toute  l'Europe  centrale  ,  toute  la 
Scandinavie,  y  compris  la  Laponie,  en  Finlande  ,  en  Angle- 
terre, en  Irlande,  aux  Orcades  et  aux  Feroëoii  elle  a  sa  limite 
occidentale.  —  A  l'orient,  elle  habite  la  Suisse  ,  l'Italie,  où 
Andrejiwski  la  cite  haute  de  5  pouces  ,  seulement  à  la 
source  thermale  d'Abano  ,  près  Padoue,  la  Hongrie,  la 
Croatie ,  la  Transylvanie  ,  la  Turquie ,  le  Caucase  ,  la  Géor- 
gie ,  les  Russies  septentrionale ,  moyenne  et  australe  ;  les 
Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale,  la 
Dahurie  et  le  Kamtschatka. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Swrf,  Royaume  de  Grenade... .     36°      |  Écart  en  latitude: 

Nord ,  Laponie 69       j  33° 

Occident ,  Feroë 9       )  Écart  en  longitude  : 

Orient,  Kamtschatka 170  E.-'  179" 

Carré  d'expansion 5907 

Mentha  PuLEGiuM ,  Lin.  —  Cette  jolie  menthe  forme 


MENTHA .  1 5 

des  buissons  couverts  de  fleurs,  sur  les  sables  des  rivières, 
sur  le  bord  des  chemins,  des  étangs  et  des  fossés,  partout 
où  les  eaux  ont  séjourné  pendant  l'hiver.  Elle  est  vivace. 
Ses  tiges  sont  grêles  et  rougeàtres ,  un  peu  velues,  souvent 
couchées  à  la  base  et  dressées  au  sommet.  Ses  feuilles  sont 
presque  rondes  et  glabres  ,  nerveuses ,  dentelées  et  portées 
sur  de  courts  pétioles.  Les  fleurs ,  d'un  joli  rose  lilas  ,  sont 
réunies  en  glomérules  compactes  aux  aisselles  des  feuilles 
et  forment  des  épis  interrompus.  Le  calice,  fermé  par  des 
poils  après  la  floraison,  retient  longtemps  les  akènes  prison- 
niers. Toute  la  plante  a  une  odeur  très-forte.  — Elle  fleurit 
en  juillet ,  août  et  septembre. 

Aalure  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente 
et  préfère  la  plaine  aux  régions  montagneuses. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  croît  en  France ,  en  Es- 
pagne ,  aux  Baléares ,  aux  Canaries ,  dans  les  marais  et  sur 
les  montagnes  de  l'Algérie  jusque  dans  l'Aurès  (Cosson)  ; 
sur  les  bords  des  étangs  près  d'Adona ,  et  dans  la  province 
de  Chiré  en  Abyssinie.  —  Au  nord  ,  elle  est  disséminée 
dans  l'Europe  centrale  ,  en  Belgique ,  en  Allemagne ,  en 
Danemarck  ,  en  Angleterre  et  en  Irlande.  — A  l'occident, 
elle  est  en  Portugal  et  aux  Canaries.  —  A  l'orient,  elle 
croît  en  Suisse ,  en  Italie,  en  Sicile  ,  en  Hongrie  ,  en  Croa- 
tie ,  en  Transylvanie,  en  Turquie,  en  Grèce,  à  l'île  de 
Crète,  en  Tauride  ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  dans 
les  Russies  moyenne  et  australe ,  et  dans  la  Sibérie  de  l'Ou- 
ral. —  Elle  est  citée  encore  au  ChiH ,  à  la  Conception  et 
dans  l'Inde  septentrionale. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

5mc^,  Abyssinie JO''      I Écart  en  latitude  : 

^ord ,  Angleterre 55       j  45° 


16  LABIÉES. 

Occident ,  Canaries 18  0.)  Ecart  en  longitude: 

Omn^  Sibérie 60  E.j  78° 

Carré  d'expansion 3510 

G.  iiircopus ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  On  en  connaît 
10  espèces  dont  6  habitent  rAmcrique  septentrionale,  attei- 
gnant au  nord  jusqu'à  lu  baie  d'Hudson.  —  2  espèces  seule- 
ment se  trouvent  en  Europe,  —  Une  autre  vit  dans  la  Sibé- 
rie du  Baïkal  —  et  la  dixième  est  originaire  de  la  Nouvelle- 
Hollande. 

Lycopus  EUROPJEUS  ,  Lin.  — -  On  rencontre  cette  plante 
commune,  le  pied  dans  l'eau,  à  la  queue  des  étangs  et  sur 
leurs  bords ,  le  long  des  fossés.  Elle  se  multiplie  par  ses 
racines  traçantes  et  forme  des  touffes  à  rameaux  redressés 
et  tétragoncs ,  un  peu  velus ,  garnis  de  feuilles  lancéolées , 
dentées ,  à  l'aisselle  desquelles  se  trouvent  des  paquets  de 
petites  fleurs  plus  ou  moins  régulièrement  verticillées.  La 
corolle  est  blanche ,  souvent  tachée  de  rose ,  presque  régu- 
lière, et  contient  de  2  à  4  ctamines;  tantôt  ces  étamines 
sont  saillantes ,  tantôt  elles  sont  incluses ,  et  l'on  trouve 
même  des  fleurs  unisexuées.  —  L'épanouissement  a  lieu  le 
matin ,  et  bientôt  après  la  fécondation  commence  par  l'ou- 
verture des  anthères  qui  répandent  un  peu  de  pollen  blanchâ- 
tre sur  les  stigmates  placés  le  long  de  la  lèvre  supérieure 
de  la  corolle.  —  Lors  de  la  dissémination  ,  les  calices  s'éta- 
lent et  les  akènes,  souvent  au  nombre  de  4,  lisses  et  trigo- 
nes ,  se  montrent  comme  saupoudrés  d'une  poussière  ré- 
sineuse. —  Fleurit  en  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  aquatique  et  in- 


SALVIA.  17 

différent ,  préférant  la  plaine  aux  montagnes.  \Yahlenber<T 
l'indique  en  Suisse  jusqu'à  la  limite  du  noyer.  Ledebbur 
le  cite  à  800™  dans  le  Breschtau. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  habite  la  France,  l'Espagne 
et  l'Algérie.  —  Au  nord  ,  il  existe  dans  le  centre  de  l'Eu- 
rope ,  en  Belgique ,  en  Allemagne  ,  dans  la  Scandinavie,  la 
Laponie  exceptée,  en  Finlande,  en  Angleterre  et  en  Irlande. 
—  A  l'occident,  il  vit  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  se 
trouve  en  Suisse,  en  Italie,  en  Sicile,  en  Dalmatie ,  en 
Hongrie,  en  Croatie  ,  en  Transylvanie ,  en  Grèce,  en  Tur- 
quie ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase ,  en  Géorgie,  au  mont 
Liban,  dans  les  Russies  septentrionale,  moyenne  et  australe, 
dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et 
orientale. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 35°      |  Ecart  en  latitude  : 

AW(/,  Finlande  centrale 62       i  27« 

Om(/en^  Irlande Il  O.)  Écart  en  longitude  : 

OnVn; ,  Sibérie  orientale 163  E.-'  1740 

Carré  d'expansion 4698 

G.  SALVIA ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  sau^^es 
constituent  un  des  grands  genres  du  règne  végétal ,  et 
aussi  un  des  plus  beaux.  A  l'exception  de  l'Océanie,  ces 
plantes  sont  disséminées  partout ,  et  il  est  probable  que  la 
liste,  qui  s'élève  aujourd'hui  à  332,  est  loin  d'être  com- 
plète. —  C'est  en  Amérique  que  se  trouve  leur  grand  centre 
de  réunion.  On  en  connaît  184  espèces  dans  le  Nouveau- 
Monde.  —  L'Amérique  septentrionale  en  possède  93  , 
viii  2 


18  LABIÉES. 

presque  toutes  équatorlales ,  du  Mexique ,  de  la  Nouvelle- 
Grenade,  de  la  Nouvelle-Espagne,  des  Antilles,  et  quel- 
ques-unes seulement  des  Etats-Unis.  — On  en  connaît  91 
dans  l'Amérique  du  sud  ,  toutes  rassemblées  au  Pérou  et 
au  Brésil.  On  voit  que  sur  ce  continent  elles  sont  réunies 
dans  la  partie  équinoxiale.  — L'Europe  est  aussi  très-bien 
partagée  en  Salvia;  on  y  cite  51  espèces  presque  toutes  de 
l'Europe  australe  :  de  l'Espagne,  de  l'Italie,  de  la  Grèce,  de 
l'île  de  Crète,  de  la  Crimée,  de  la  Turquie,  de  la  Hongrie,  de 
la  Provence,  et  quelques-unes  même  de  la  Russie.  —  43  es- 
pèces font  le  contingent  de  l'Asie  :  12  habitent  les  grandes 
Indes  et  l'Himalaya ,  4  la  Chine  et  le  Japon ,  toutes  les 
autres  sont  du  Caucase  ou  de  l'Asie  mineure ,  de  la  Syrie , 
de  la  Perse  ou  de  l'Arménie.  —  L'Afrique  en  possède 
aussi  43  ;  27  vivent  au  cap  de  Bonne-Espérance  ou  dans 
l'Afrique  australe,  12  habitent  le  nord  de  ce  continent,  la 
Barbarie  ,  l'Egypte,  1  croît  en  Abyssinie  ,  3  sont  dis- 
persées aux  Canaries  et  à  Madère.  —  Enfin  ,  on  indique 
un  Sahia  à  la  Nouvelle-Hollande. 

Salvia  officinalis.  Lin.  —  Les  coteaux  pierreux  ex- 
posés au  midi  sont  fréquemment  décorés  par  cette  plante  odo- 
rante, dont  les  souches  ligneuses,  à  écorce  légère  et  fendillée, 
se  divisent  en  rameaux  quadrangulaires  munis  de  feuilles 
grises  et  ridées.  Les  fleurs,  qui  paraissent  en  mai  et  en  juin, 
forment  des  épis  verticillés,  d'un  beau  bleu,  dont  les  an- 
neaux s'épanouissent  successivement.  Le  calice  est  coloré  en 
violet  et  la  corolle  semble  chercher  la  lumière  et  s'incliner 
de  ce  côté.  Elle  n'offre  que  les  2  étamines  inférieures  fertiles, 
et  même  chacune  de  ces  étamines  n'a-t-elle  qu'une  seule 
loge  insérée  à  l'extrémité  d'un  seul  connectif  allongé  ,  dont 
l'autre  extrémité  offre  quelquefois  une  poche  vide  ou  con- 


SALVIA.  19 

tenant  rarement  un  peu  de  pollen.  Le  style  bifide  se  ter- 
mine par  2  stigmates  inégaux.  Le  tube  de  la  corolle  est 
enflé  et  velu.  Après  la  fécondation  ,  qui  ne  dure  qu'un  jour  , 
les  calices  s'inclinent ,  et  plus  tard  ils  répandent  des  akènes 
un  peu  anguleux  qui  étaient  attachés  sur  une  large  glande 
nectarifère.  —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
calcaires  et  rocailleux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  La  sauge  est  méridionale  ;  elle  habite  la 
région  des  oliviers  ,  l'Espagne  et  l'Algérie ,  Madère ,  mais 
peut-être  est-elle  remplacée  dans  quelques-unes  de  ces 
contrées  par  le  S.  hispanorum  ,  Boiss. ,  qui  lui  ressemble 
beaucoup.  —  Au  nord,  elle  arrive  sur  le  bord  du  plateau  cen- 
tral, à  Ampuis  près  Vienne  en  Dauphiné,  et  en  Suisse  dans 
le  Tessin.  —  A  l'occident ,  elle  vit  en  Portugal  et  à  Madère. 
—  A  l'orient,  elle  croît  en  Italie,  en  Corse  ,  en  Dalmatie , 
en  Croatie ,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce. 

Limites  d'extension  de  Vespéce. 

Sud,  Madère 33°      ^  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Suisse 45       j  12<> 

Occident ,  Madère , . . .   19  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Grèce 22  E.  )  41** 

Carré  d'expansion 492 

Salvia  GLUTiNosA  ,  Lin.  —  Cette  belle  espèce  se  rencon- 
tre par  petits  groupes  dans  des  stations  très-différentes  ; 
tantôt  sur  le  bord  des  eaux  ou  sous  l'ombrage  des  forêts  , 
tantôt  sur  le  sol  scoriacé  des  volcans,  mêlée  au  Digitalis  lutea 
et  au  Sarothamnus  vulgaris.  —  Elle  s'élève  beaucoup  et 
présente  de  belles  et  larges  feuilles  d'un  vert  jaunâtre,  has- 


20  LABIÉES. 

lées  et  glutineuses,  — Les  fleurs,  d'un  jaune  pâle ,  forment 
au  sommet  des  tiges  des  épis  interrompus.  La  lèvre  supé- 
rieure du  calice  est  tronquée  ;  le  tube  de  la  corolle  est  annelé, 
la  lèvre  supérieure  grande  et  arrondie  est  courbée  en  voûte, 
comme  celle  du  S.  pralensis.  — Elle  fleurit  en  juillet  et 
en  août. 

Nature  du  soi.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente  ;  elle 
croît  aussi  en  plaine  et  dans  les  montagnes,  jusqu'à  SOO'" 
dans  l'Ardèche.  Wahlenberg  la  cite,  en  Suisse  ,  au-dessous 
de  la  limite  du  noisetier.  Ledebour  l'indique  dans  le  Bresch- 
taude  100  à  1,600«>. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  la  rencontre  dans  le  midi 
de  la  France ,  en  Espagne  ,  en  Grèce  et  dans  le  midi  de 
l'Italie.  —  Au  nord  ,  elle  croît  dans  les  forets  ombreuses  de 
la  Volhynie.  —  A  l'occident,  elle  reste  en  Espagne.  —  A 
l'orient ,  elle  végète  en  Suisse  ,  en  Italie  ,  en  Dalmatie,  en 
Hongrie  ,  en  Croatie,  en  Transylvanie,  en  Turquie,  dans 
le  Caucase  et  en  Géorgie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Grèce 38°      lEcart  en  latitude  ; 

Nord ,  Yolhynie 52       i  14» 

Occident ,  Espagne 5  0. 1  Écart  en  longitude  : 

Orient,  Géorgie 47  E.  )  52« 

Carré  d'expansion 728 

Salvia  iETHiopis ,  Lin.  —  Dès  l'automne  et  pendant  les 
belles  journées  d'hiver,  quand  la  neige  vient  de  disparaître , 
on  trouve  sur  quelques  coteaux  et  sur  le  bord  des  chemins, 
d'élégantes  rosettes  de  feuilles  incisées ,  à  bords  ondulés,  à 
surface  laineuse,  qui  sont  exactement  appliquées  sur  le  sol. 


SALVIA.  21 

Ce  sont  déjeunes  Saîvia  œthiopis  qui  attendent  le  printemps 
pour  se  développer.  Alors  il  sort  du  milieu  de  chacune  de  ces 
rosettes,  une  tige  feuillée  couverte  de  longs  poils  blancs,  lai- 
neux et  entremêlés.  Ces  tiges  se  développent  rapidement  et  se 
divisent  en  nombreux  rameaux  opposés ,  garnis  de  bractées 
bleuâtres,  à  l'aisselle  desquelles  naissent  successivement  des 
fleurs  pâles  et  d'un  bleu  lilacé.  La  plante  ressemble  alors  à  une 
pyramide  quadrangulaire  de  la  plus  grande  régularité.  —  Le 
calice  est  campanule,  le  tube  de  la  corolle  est  renflé  ,  la  lè- 
vre supérieure  à  trois  dents ,  est  aplatie  et  recourbée  en  faux. 
—  Ses  akènes ,  plongés  dans  l'eau ,  développent  un  réseau 
très-apparent,  à  mailles  mucilagineuses,  qu'ils  offrent  tou- 
jours lors  de  leur  germination.  —  11  fleurit  en  juin  et  juillet. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Nous  ne  connaissons  cette 
plante  que  sur  les  calcaires  compactes,  en  plaine  ou  sur  les 
montagnes ,  jusqu'à  600  et  800"  en  Auvergne,  et  jusqu'à 
1,600"°  au  mont  Genièvre  selon  de^Candolle. 

Géographie.  — Elle  est  méridionale  et  se  trouve,  au 
sud,  en  France,  en  Espagne  et  dans  les  champs  de  la 
Barbarie.  —  Au  nord  ,  elle  croît  en  Allemagne  dans  la 
Hesse.  —  A  l'occident,  en  Portugal.  —  A  l'orient,  elle 
végète  en  Piémont,  en  Lombardie,  en  Dalmatie,  en  Croatie, 
en  Hongrie  ,  en  Transylvanie  ,  en  Turquie  ,  en  Tauride  , 
dans  le  Caucase  ,  en  Géorgie  et  dans  le  Taliisch. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Barbarie 35°      ^Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Hesse 51        1  10° 

Occident ,  Portugal 10  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

On>M^,  Taliisch 47  E.)  57^ 

Carré  d'expansion 912 


22  LABIÉES. 

Salvia  Sclarea,  Lin.  —  Cette  sauge  habite,  comme 
la  précédente,  les  lieux  secs,  les  bords  des  chemins, 
la  hsière  des  vignes.  Elle  est  aussi  bisannuelle ,  montre 
de  bonne  heure  ses  rosettes  étalées  sur  le  sol ,  et ,  dès 
le  printemps ,  elle  développe  ses  tiges  munies  de  belles 
feuilles  rugueuses ,  finement  bosselées ,  velues  ,  hérissées  , 
d'un  vert  jaunâtre  et  pétiolées.  —  Ses  tiges  sont  pen- 
chées avant  la  floraison  ,  et  garnies  de  nombreuses  bractées 
d'un  rose  pâle  ou  lilacé  ,  à  l'aisselle  desquelles  se  trouvent 
des  fleurs  de  même  couleur,  dont  l'ensemble  constitue  un 
épi  tétragone.  Les  bractées  sont  concaves  ,  les  supérieures 
violacées.  Les  divisions  du  calice  sont  terminées  par  une 
pointe  dure  et  acérée.  —  Elle  fleurit  en  juin  ,  juillet  et 
août. 

Nature  du  sol.  —  AUitude.  —  C'est  une  plante  des  ter- 
rains calcaires,  compactes  et  argileux,  qui  s'élève  peu  dans 
les  montagnes,  et  que  Tenore  indique  en  Italie,  entre  100 
et  300"".  M.  l^oissier  la  cite,  dans  le  midi  de  l'Espagne, 
entre  800  et  1,300"» ,  et  Ledebour  dans  le  Talûsch,  entre 
700  et  1,300"\ 

Géographie.  —  Au  sud,  elle  se  trouve  en  France  et  dans 
le  midi  de  l'Espagne.  —  Au  nord  ,  on  la  connaît  en  France, 
en  Belgique  et  dans  l'Allemagne  méridionale.  —  A  l'occi- 
dent, elle  reste  en  Espagne.  —  A  l'orient ,  elle  habite  l'Ita- 
lie, la  Sicile,  la  Hongrie,  la  Croatie,  la  Transylvanie,  la 
Servie,  la  Mœsie  supérieure ,  la  Bulgarie  orientale,  la  Syrie, 
l'Arménie ,  la  Perse  et  l'Arabie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Arabie 29°      \  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Belgique 49       i  20» 


SALVIA.  23 

Occident,  Espagne 7        j  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Perse 49  E.  j  56" 

Carré  d'expansion 1120 

Salvia  pratensis  ,  Lin.  —  Les  prairies,  si  fraîches  et  si 
belles  quand  le  mois  de  mai  vient  développer  leur  parure , 
doivent  en  partie  leur  éclat  aux  Salvia  pratensis  dont  les 
magnifiques  épis  bleus  s'élèvent  au-dessus  des  corolles  dorées 
du  Rammcuïus  acris ,  près  des  calatliides  soufrées  du  Tra- 
gopogon  pratensis ,  ou  se  mélangent  aux  franges  roses  et 
délicates  du  Lychnis  flos-cuculi ,    variant  quelquefois   la 
nuance  de  sa  fleur  qui,  après  avoir  épuisé  la  gamme  de  l'azur, 
passe  à  l'albinisme  ou  au  rose.  Sa  floraison  se  prolonge  et 
dure  assez  longtemps  pour  figurer  encore  au  milieu  des 
disques  argentés  des  chrysanthèmes  et  des  grappes  légères 
du  Galium  verum.  —  Cette  sauge  est  vivace  et  habite  non- 
seulement  les  prairies,  mais  le  bord  des  chemins,  la  lisière 
des  bois ,  les  environs  des  sources  minérales.  Sa  tige  est 
haute,  velue ,  carrée  ,  simple  ou  rameuse  et  peu  feuillée.  Ses 
feuilles  radicales  ,  assez  nombreuses ,  sont  étalées  sur  le  sol 
en  forme  de  rosette.  Elles  sont  pétiolées,  ovales,  oblongues, 
échancrées  en  cœur  à  la  base  et  très-ridées;  celles  de  la  tige 
sont  sessiles,  embrassantes  et  pointues.  Le  calice  est  cam- 
panule ,  à   lèvre  supérieure  concave  et  marquée  de  deux 
sillons.  La  lèvre  supérieure   de  la  corolle  est   aplatie  et 
voûtée ,  sa  lèvre   inférieure  a  ses  lobes    latéraux  arrondis 
et  un  peu  tordus.  Le  style  sort  par  le  sommet  de  la  lèvre 
supérieure  et  se  recourbe  ensuite.  —  Elle  fleurit  en  mai , 
juin  et  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente  et 
croît  dans  la  plaine  et  dans  les  montagnes  jusqu'à  1,000 


24  LABIÉES. 

OU  1 ,200™  en  Auvergne,  et  de  700  à  1 ,400™  dans  le  Cau- 
case ,  d'après  Ledebour. 

Géographie.  —  Cette  plante  n'est  pas  très-méridionale, 
bien  que  la  plupart  des  sauges  le  soient.  —  Au  sud ,  on  la 
trouve  en  France  ,  dans  une  partie  de  l'Espagne  et  dans  le 
midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  elle  est  assez  répandue  dans 
tout  le  centre  de  l'Europe ,  en  Belgique ,  en  Allemagne  et 
en  Suède  où  elle  s'arrête,  ou  devient  sporadique  près  d'Upsal. 
Elle  habite  aussi  l'Angleterre  où  elle  trouve  sa  limite  occiden- 
tale. —  A  l'orient,  elle  occupe  la  Suisse,  l'Italie,  la  Hon- 
grie ,  la  Croatie,  la  Transylvanie ,  la  Turquie ,  le  Caucase , 
les  Russies  moyenne  etaustrale  et  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40°      | Ecart  en  latitude  : 

iVord,  Suède 60       i  20° 

Occident,  Angleterre 6  O.  | Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  de  l'Oural 60  E.  )  66« 

Carré  d'expansion 1320 

Salvia  verbenaca,  Lin.  — Cette  espèce  vivace  forme 
de  petits  groupes  sur  le  bord  des  champs  et  le  long  des 
chemins ,  quelquefois  aussi  au  milieu  des  prairies.  Elle  est 
moins  élégante  que  les  autres  espèces  dont  nous  avons  parlé; 
ses  tiges  sont  très-souvent  couchées.  Ses  feuilles,  d'un 
brun  vert  sombre ,  sont  dentées,  et  ses  fleurs  bleuâtres  sont 
réunies  en  petits  bouquets  verticillés  à  l'aisselle  des  feuilles 
supérieures.  Son  calice  est  aussi  campanule  ;  sa  corolle  non 
annelée  au  sommet ,  ne  s'ouvre  pas  complètement,  et  lors 
de  la  maturation  ,  le  calice  laisse  facilement  échapper  ses 
akènes  noirs  et  un  peu  anguleux.  —  Elle  fleurit  en  été  et 


ORIGANUM.  25 

continue  très-longtemps  sa  floraison.  Nous  l'avons  rencontrée 
associée  au  Coronilla  minima ,  à  V Astragalus  monspessu- 
lanus,  'dVIIelianthemiim  puîverulentum ,  au  Thymus  Ser- 
pyllimiy  etc. 

Nature  du  sol. — Altitude.  — Elle  recherche  les  ter- 
rains calcaires,  argileux  et  marneux,  ou  les  sables  mariti- 
mes ,  qui  remplacent  alors  par  les  matières  salines  le  calcaire 
qui  paraît  lui  être  nécessaire.  —  Elle  croît  en  plaine  et 
dans  les  montagnes.  M.  Boissier  la  cite  entre  600  et  1 ,600™. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  la  trouve  en  France ,  en 
Corse,  en  Espagne,  dans  les  champs  de  l'Algérie,  aux  Ca- 
naries et  à  Madère.  —  Au  nord  ,  elle  vit  en  Belgique ,  en 
Allemagne ,  en  Bavière ,  en  Angleterre  et  en  Irlande.  — 
A  l'occident,  elle  est  aussi  en  Portugal.  —  A  l'orient,  elle 
habite  la  Suisse ,  l'Itahe ,  les  Baléares ,  la  Sicile  ,  la  Hon- 
grie ,  la  Croatie  ,  la  Transylvanie  ,  la  Turquie,  le  Caucase  ,. 
la  Syrie,  l'Asie  mineure,  les  bords  de  la  Caspienne.  — Elle 
est  citée  aussi  au  cap  de  Bonne-Espérance. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Canaries 30^      "|  Ecart  on  latitude  : 

Nord,  Angleterre 57        j  27" 

Occident ,  Madère 19  0.  "j  Ecart  en  longitude  ; 

Orient ,  Mer  Caspienne 48  E.  i  67 ** 

Carré  d'expansion 1809 

G.  oaiGAsruM,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  On  connaît  en- 
viron 13  espèces  de  ce  genre.  8  habitent  les  parties  chaudes 
de  l'Europe  :  la  Grèce ,  l'île  de  Crète,  les  Baléares  et  l'Ita- 


26  LABIÉES. 

lie.  —  3  sont  asiatiques,  des  Indes  orientales  et  de  la  Pa- 
lestine. —  2  autres  sont  africaines,  l'une  de  la  Guinée, 
l'autre  de  l'Afrique  boréale. 

Origanum  vulgare  ,  Lin.  —  Les  lieux  secs  et  les  bords 
des  champs  se  couvrent  d'origan  dont  les  racines  traçantes 
font  une  plante  éminemment  sociale.  Ces  jolies  touffes,  aux 
tiges  ailées  et  purpurines  ,  aux  feuilles  glanduleuses  et  odo- 
rantes, se  mêlent  à  la  végétation  commune  des  bords  des 
chemins ,  et  fleurissent  au  milieu  de  l'été.  Les  fleurs  sont 
terminales  et  nombreuses,  situées  à  l'aisselle  de  feuilles 
avortées,  et  accompagnées  de  bractées  en  partie  vertes  et  en 
partie  violettes ,  qui  donnent  aux  bouquets  de  fleurs  l'appa- 
rence de  panachures.  Le  calice,  caché  par  les  bractées,  est 
strié  et  à  5  dents,  la  corolle  presque  régulière  est  blanche, 
lavée  de  rose,  et  les  étamines,  assez  régulièrement  espacées, 
répandent  un  pollen  blanchâtre  sur  un  stigmate  à  2  lobes. 
—  Il  arrive  assez  fréquemment  que  Torigan  est  dioïque.  Les 
mâles  ont  les  anthères  saillantes  et  le  stigmate  avorté  ;  les 
femelles  ont  la  corolle  plus  petite,  le  stigmate  développé,  et 
elles  manquent  nécessairement  d'étamines.  Le  fruit  est 
composé  de  4  akènes  arrondis ,  portés  sur  une  glande  nec- 
tarifère,  et  protégés  par  le  calice  dont  les  poils  obturateurs 
s'allongent  et  se  relèvent  lors  de  la  dissémination. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  L'origan  végète  sur 
tous  les  sols,  mais  il  semble  préférer  ceux  qui  sont  calcaires 
ou  volcaniques.  Il  s'élève  en  Auvergne  jusqu'à  800  ou 
1,000™.  Ledebour  l'indique  dans  le  Breschtau  jusqu'à 
1 ,600™ ,  et  dans  le  Taliisch  ,  entre  800  et  1 ,000™. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  végète  dans  le  midi  de  la 
France,  en  Espagne,  à  Madère  et  aux  Canaries.  —  Au 
nord  ,  il  croît  dans  toute  l'Europe ,  en  Scandinavie,  la  La- 


THYMUS.  27 

ponie  exceptée,  en  Finlande,  en  Angleterre  et  en  Irlande. 
—  A  l'occident ,  il  est  aussi  en  Portugal.  —  A  l'orient ,  il 
vit  dans  toute  l'Europe  ,  dans  le  Caucase  ,  en  Géorgie,  dans 
les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï,  du  Baïkal ,  orientale  et 
dans  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

5M(f,  Canaries 29°      I Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Finlande 63        j  34° 

Occident,  Madère 19  0.  )  Écart  en  longitude  : 

Oncn/,  Sibérie  orientale 163   E.)  182° 

Carré  d'expansion 6188 

G.  THYMUS,  Lm. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  thyms, 
presque  tous  un  peu  ligneux  ,  et  au  nombre  de  43  à  45 , 
recherchent  les  pays  chauds  des  zones  tempérées.  —  On 
en  connaît  32  en  Europe  :  de  l'Espagne  ,  du  Portugal ,  de 
la  Grèce,  de  l'Italie  ,  de  la  Corse  ,  des  Baléares ,  de  la  Sicile 
et  de  la  Provence.  —  7  à  9  vivent  en  Asie  ,  1  aux  Indes 
orientales  et  tous  les  autres  dans  le  Caucase,  l'Asie  mi- 
neure et  l'Arabie.  —  3  seulement  ont  été  cités  dans  l'Afrique 
méditerranéenne.  —  Un  seul ,  connu  en  Amérique,  habite 
le  Brésil. 

Thymus  vulgaris.  Lin.  —  Quoique  n'ayant  ni  stolons 
ni  racines  traçantes  ,  ce  petit  arbuste  est  abondamment  ré- 
pandu et  vit  en  société  nombreuse  sur  tous  les  coteaux  secs 
et  exposés  à  la  chaleur.  Comme  plusieurs  autres  Labiées  ,  il 
résiste  aux  plus  hautes  températures  de  nos  contrées  et  aux 


28  LABIÉES. 

sécheresses  prolongées  qui  en  sont  la  conséquence.  Ses  tiges 
très-rameuses  sont  munies  de  petites  feuilles  grisâtres,  arti- 
culées, très-odorantes,  et  les  fleurs,  très-abondantes, 
naissent  par  petits  groupes  à  l'aisselle  des  feuilles  supérieures. 
Leur  calice  marqué  de  13  stries  est  velu  à  l'intérieur  ;  la 
corolle  est  rose,  presque  régulière,  mais  pourtant  partagée 
en  deux  lèvres  ,  dont  la  supérieure  bifide  et  l'inférieure  tri- 
fide.  Les  étamines  sont  écartées.  —  Après  la  fécondation, 
la  jolie  manchette  de  poils  écailleux  qui  étaient  couchés 
contre  la  paroi  du  calice  ,  se  redresse  peu  à  peu  et  forme  une 
voûte  grillée  sous  laquelle  les  graines  naissent  à  l'abri,  et 
qui  s'ouvre  plus  tard  pour  leur  livrer  passage.  —  Il  fleurit 
au  printemps  et  pendant  tout  l'été. 

Nature  du  soL  —  AUitude.  —  Il  est  indifférent  à  la  na- 
ture chimique  du  sol,  et  recherche  les  terrains  rocailleux  des 
coteaux  et  des  montagnes.  De  Candolle  l'indique  à  0™  à 
Montpellier  et  à  2,000™  au  pic  d'Eredlitz. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  Provence  ,  dans  les 
Pyrénées,  en  Corse,  en  Espagne,  aux  Baléares.  — Au 
nord  ,  il  atteint  le  bord  du  plateau  central  de  la  France.  — 
A  l'occident ,  il  existe  en  Portugal.  —  A  l'orient ,  il  est  dans 
toute  l'Italie ,  en  Sicile  et  en  Grèce. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Royaume  de  Grenade 36°      \  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  France 44        }  8» 

Occident,  Portugal 10  O.  j  Ecart  en  longitude: 

Orient,  Grèce 21   E.  )  31« 

Carré  d'expansion 248  ^ 

Thymus  Serpyllum  ,  Lin.  —  Le  serpolet  est  une  char- 
mante espèce ,  dont  les  tiges  filiformes  et  rampantes,  garnies 


THYMUS.  20 

de  petites  feuilles  arrondies  et  parfumées,  forment  de  brillants 
gazons  sur  les  pelouses  et  sur  tous  les  sols  arides  et  rocail- 
leux. Ses  tiges  s'enlacent,  et  la  plante  entière  forme  un 
coussin  bombé  ,  sur  lequel ,  à  la  fin  du  printemps  et  pendant 
tout  l'été,  de  jolies  fleurs  roses  ou  carminées  se  succèdent  sans 
interruption.  Munies  de  taches  mellifères ,  ces  fleurs,  plus 
encore  que  celles  des  autres  Labiées ,  sont  constamment 
courtisées  par  une  multitude  d'insectes  différents ,  qui  pui- 
sent leur  nourriture  dans  leurs  corolles  béantes.  —  Le  ser- 
polet, dont  les  fleurs  et  les  fruits  offrent ,  au  reste,  les  mêmes 
caractères  que  le  Thymus  vidgaris,  a,  comme  ce  dernier,  des 
fleurs  presque  toujours  dioïques.  «  La  fleur  mâle,  ditVau- 
cher,  qui  a  remarqué  cette  dioëcie ,  renferme  4  étamines,  dont 
la  paire  supérieure  a  ses  filets  très-écartés  et  ses  anthères  fort 
saillantes,  tandis  que  l'inférieure  les  a  moins  saillantes  mais 
plus  rapprochées  ;  le  style  manque  souvent,  et  le  stigmate  est 
toujours  plus  ou  moins  avorté  ;  aussi  les  semences  sont-elles 
à  peu  près  stériles.  La  fleur  femelle  ,  de  son  côté,  a  2  stig- 
mates papiUaires ,  étalés  et  assez  égaux  ,  les  filets  demi-avor- 
tés  ,  et  les  anthères  dépourvues  de  pollen ,  mais  des  semences 
bien   conformées  ;   l'on  peut  même  reconnaître   les  deux 
sexes  à  la  simple  inspection  et  sans  aucun  examen  ;  les  touf- 
fes des  fleurs  mâles ,  qui  bordent  tous  nos  chemins  ,  sont  dif- 
fuses ,  élevées,  à  fleurs  grandes  et  d'un  rose  clair;  celles 
des  fleurs  femelles  sont ,  au  contraire ,  plus  serrées  et  moins 
élevées,  et  leurs  fleurs  beaucoup  plus  petites,  sont  d'un 
rouge  beaucoup  plus  foncé.  »  (Vaucher ,  t.  3  ,  p.  600.)  — 
Un  peu  plus  loin ,  Vaucher  fait  remarquer  que  les  Labiées 
polygamiques  ou  dioïques,  telles  que  lesUJentha,  Origanum 
et  Thymus ,  sont  toutes  des  plantes  à  corolles  à  peu  près  ré- 
gulières ,  ou  dont  les  lèvres  sont  tellement  étalées ,  que  le 
pollen  de  leurs  anthères  peut  aisément  se  répandre  à  distance, 


30  LABIÉES. 

tandis  que  toutes  les  Labiées  hermaphrodites,  comme  les  Za- 
mium,  les  Gahopsis,  les  Stackys,  les  Dracocephalum  ont  au 
contraire  leur  lèvre  supérieure  prolongée  en  une  voûte  destinée 
à  abriter ,  comme  sous  un  toit ,  les  anthères  cachées  au-des- 
sous. Ces  faits  sont  certainement  très-curieux  ,  mais  pour- 
quoi les  Teucrium  et  les  Ajuga  ,  qui  sont  hermaphrodites , 
manquent-ils  de  lèvre  supérieure  et  ont-ils  leurs  organes 
sexuels  entièrement  nus? —  Le  serpolet  offre  un  grand 
nombre  de  variétés  :  tantôt  ses  feuilles  sont  entièrement  gla- 
bres, tantôt  elles  sont  plus  ou  moins  velues,  plus  ou  moins  ci- 
liées. L'odeur  qu'elles  répandent  lorsqu'on  les  froisse  est  aussi 
très-variable,  et  rappelle  celle  de  la  térébenthine  du  thym 
ou  du  citron ,  ainsi  que  tous  les  intermédiaires.  On  rencontre 
sur  le  sommet  du  puy  de  Dôme  une  variété  à  larges  feuilles 
et  à  odeur  de  citron  que  Ramond  avait  déjà  remarquée  :  —  il 
fleurit  dès  le  mois  de  juin  ,  et  sa  floraison  continue  pendant 
une  grande  partie  de  l'été.  Linné  le  cite  en  fleur  à  Upsal , 
le  l^'^juin  1748. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  ha- 
bite aussi  la  plaine  et  les  montagnes.  Nous  le  trouvons 
jusque  sur  le  sommet  de  nos  plus  hautes  montagnes ,  à 
1 ,880>°.  De  Candolle  le  cite  à  0'"  en  Hollande  et  à  3,000™ 
au  mont  Calm.  Sur  le  mont  Ventoux,  il  commence  à  1 ,240™ 
au  midi  et  à  919  au  nord ,  et  continue,  selon  M.  Martins, 
jusqu'au  sommet  de  la  montagne.  M.  Boissier  l'indique  en- 
tre 1,300  et  2,900™  dans  le  midi  de  l'Espagne.  Dans  les 
Pyrénées ,  il  s'élève  très-haut.  Ramond  l'a  recueilli  sur  le 
Vignemal ,  à  3,000™  ,  il  l'a  vu  monter  jusqu'au  sommet  du 
pic  du  Midi,  où  il  l'a  trouvé  en  fleurs  du  11  septembre  au 
22  octobre  1810. 11  y  est  représenté  par  une  variété  à  fleurs 
très-petites  ,  en  petites  têtes  peu  garnies  ;  ses  étamines  sont 
h  peine  saillantes,  et  ses  feuilles  fortement  ciliées  ettrès-odo- 


SATUREIA.  31 

rantes.  Le  même  savant  a  vu  encore  ce  serpolet  des  mon- 
tagnes à  la  brèche  de  Roland  ,  à  plus  de  3,000"^  d'é- 
lévation absolue  ,  vivant  en  société  avec  le  Taraxacum 
officinale ,  avec  VApargia  pyrenaica  ,  le  Filago  leonto- 
podium,  le  Viola  biflora  et  le  Saxifraga  Aizoon.  Wah- 
lenberg  l'indique  aussi  dans  les  Alpes  à  une  très-grande 
altitude ,  jusque  parmi  les  neiges  éternelles ,  à  3,500™.  En- 
fin ,  Ledebour  mentionne  dans  sa  flore  plusieurs  variétés  qui 
dans  le  Taliisch  ou  dans  le  Caucase  s'élèvent  de  1,000  à 
2,000"  et  au  delà. 

Géographie.  —  Une  plante  qui  offre  un  si  grand  nombre 
de  variétés  et  qui  peut  supporter  un  si  grand  écart  d'altitude, 
doit  avoir  une  aire  d'expansion  très-large.  Nous  pouvons  d'a- 
bord lui  assigner  l'Europe  entière.  —  Au  sud ,  elle  existe  dans 
l'Afrique  septentrionale,  à  Madère  et  dans  diverses  parties  de 
l'Abyssinie. — Au  nord,  elle  atteint  la  Laponie,  les  archi- 
pels anglais,  les  Feroë  et  l'Islande.  —  A  l'occident,  on  la 
trouve  au  Groenland,  et  naturalisée  sur  quelques  points  des 
Etats-Unis.  —  A  l'orient,  elle  habite  le  Caucase,  la  Géorgie, 
le  Taliisch  ,  l'Himalaya  ,  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï, 
du  Baïkal  et  orientale  ,  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Abyssinie 10"     )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 70       )  (jO" 

Occident ,  Gro'énhnô 54        1  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  orientale 163   E.  i  217° 

Carré  d'expansion 13020 

G.  SATUREIA ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Il  est  com- 


32  LABIÉES. 

posé  d'environ  25  espèces.  —  16  européennes,  sont  dis- 
séminées comme  la  plupart  des  Labiées  dans  la  partie  aus- 
trale du  continent  :  en  Sicile  ,  en  Italie,  en  Espagne,  en 
Grèce  ,  en  Istrie  et  en  Dalmatie.  —  L'Afrique  en  pos- 
sède 6  dont  4  de  ses  rivages  septentrionaux  ou  de  l'Atlas , 
et  2  de  Ténériffe.  —  2  seulement  sont  connus  en  Asie 
et  habitent  le  Caucase.  —  Une  seule  croît  dans  l'Amérique 
septentrionale. 

Satureia  hortensis.  Lin.  — On  trouve  cette  espèce  dans 
les  champs  et  dans  tous  les  lieux  cultivés  où  elle  semble  natu- 
ralisée. Elle  croît  aussi  presque  spontanément  dans  les  jardins. 
C'est  une  petite  plante  rameuse,  à  feuillage  d'un  vert  sombre 
et  très-odorant ,  dont  les  branches  portent  de  petites  fleurs 
lilacées  disposées  en  verticilles  écartés  et  formés  d'un  petit 
nombre  de  fleurs  qui  se  tournent  vers  la  lumière.  —  Les  dents 
du  calice  sont  profondes  et  inégales,  les  anthères,  dans  les 
(leurs  hermaphrodites,  restent  dans  l'intérieur  de  la  corolle , 
mais  elles  font  saillie  dans  les  mâles ,  la  plante  étant  sou- 
vent polygame  comme  les  précédentes.  Le  pollen  est  blan- 
châtre ,  la  lèvre  inférieure  de  la  corolle  offre  3  taches  metti- 
fères.  Le  fruit  est  composé  d'akènes  nus.  —  Elle  fleurit 
pendant  tout  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Indifférente ,  elle  ha- 
bite la  plaine  et  plus  rarement  les  montagnes.  Ledebour  la 
cite  dans  le  Caucase  entre  600  et  800" ,  et  dans  le  Ta- 
liisch  jusqu'à  1,300'". 

Géographie.  —  Au  sud  et  au  couchant ,  le  midi  de  la 
France  ,  l'Espagne  et  le  Portugal.  —  Au  nord  et  au  levant, 
le  plateau  central ,  le  Tyrol ,  le  Piémont,  l'ItaHe ,  la  Dal- 
matie, la  Turquie,  le  Caucase,  la  Géorgie  ,  le  Taliisch,  les 
Sibéries  de  l'Altaï  et  du  Baïkal. 


SATtRElA.  33 

Limites  d' extension  de  l'espèce. 

Sud,  Espagne 40°      ) Ecart  en  latitude  : 

Nord,  France 45       i  5** 

Occident ,  Portugal 10  0.  ^  Ecart  en  longitude  : 

On>n^  Sibérie  du  Baïkal 116  E.j  126« 

Carré  d'expansion 630 

Satdreia  MONTANA,  Lin.  —  Les  rochers  exposés  au  so- 
leil et  les  coteaux  pierreux  offrent  les  touffes  demi-ligneuses 
de  cet  arbuste.  Sa  racine  est  grosse  et  très-dure  ;  la  tige  est 
rameuse,  garnie  de  rameaux  redressés  et  très-raides.  Ses 
feuilles  sontodorantes,  glabres,  entières,  piquantes  à  leur  ex- 
trémité et  ponctuées  en-dessous.  Les  fleurs  naissent  aux  ais- 
selles des  feuilles  supérieures.  Le  pédoncule  se  bifurque  , 
puisse  subdivise  encore,  et  les  fleurs  paraissent  à  l'angle  de 
chaque  division ,  mais  comme  ces  fleurs  recherchent  la  lu- 
mière ,  elles  forment  de  jolis  épis  bleus  unilatéraux.  —  Les 
divisions  du  calice  sont  à  peu  près  égales,  mais  dans  l'in- 
florescence ,  dit  Vaucher ,  elles  se  disposent  en  deux  lèvres , 
et  après  la  chute  de  la  corolle  elles  reprennent  leur  première 
situation,  et  l'on  remarque  alors  quelques  poils  rares  et  allon- 
gés qui  grillent  l'ouverture  du  tube  calicinal  redressé.  Les 
anthères  à  lobes  divariqués,  et  imitant  un  fera  cheval, 
s'ouvrent  par  leur  bord  supérieur ,  et  Ton  peut  voir  ici 
comme  dans  les  Thymus  ,  deux  sortes  de  fleurs ,  les  unes  à 
anthères  avortées  à  l'entrée  du  tube  et  à  stigmate  très-dé- 
veloppé  au-dessous  de  la  lèvre  supérieure,  les  autres  à  an- 
thères bien  conformées  au-dessous  de  la  même  lèvre,  et  à 
stigmate  avorté  placé  au-dessous.  —  Il  fleurit  en  juillet 
et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Cette    espèce   paraît 

VIII  3 


34  LABIÉES. 

spéciale  aux  terrains  calcaires  et  rocheux.  —  Elle  s'élève 
sur  les  montagnes  dans  les  contrées  très-chaudes.  De  Can- 
dolle  l'indique  à  50™  à  Agen  et  à  1,400™  à  la  butte  de 
Sars  et  à  Limoné.  Elle  commence  sur  le  Venteux  à  470™ 
au  nord,  à  420™  au  sud,  et  s'y  élève  à  1,590™.  M.Boissier 
l'a  recueillie  entre  2,100  et  2,200™  dans  le  midi  de  l'Es- 
pagne. 

Géographie.  —  Au  sud,  elle  habite  le  midi  de  la  France, 
l'Espagne  et  l'Algérie.  —  Au  nord  ,  elle  atteint  le  pla- 
teau central ,  le  Tyrol  et  elle  est  citée  en  Belgique  près  de 
Spa.  —  A  l'occident,  elle  existe  en  Portugal.  —  A  l'orient, 
on  la  rencontre  en  Italie,  en  Dalmalie,  en  Croatie,  en 
Turquie ,  dans  l'Epire ,  au  mont  Athos ,  dans  le  Caucase  et 
la  Géorgie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce, 

JSMrf,  Algérie 35**      ) Ecart  en  lotitud»?  : 

Nord ,  Belgique? 49       i  14» 

Occident ,  Portugal 10       )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 48  E.  )  58° 

Carré  d'expansion 812 

G.  CAIiAMIIOTHA  Mœuch. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Nous  réunis- 
sons sous  cette  dénomination  les  Melissa  et\es  Clinopodium. 
Il  résulte  de  cette  réunion  environ  32  espèces ,  dont  la  moi- 
tié fait  partie  de  la  végétation  européenne.  Elles  sont  origi- 
naires de  l'Europe  australe  :  de  l'Espagne,  de  l'Italie,  de 
la  Sicile ,  de  la  Corse ,  de  l'île  de  Crète  et  des  Pyrénées  ; 
une  espèce  croît  en  Carniole. — Après  l'Europe,  c'est 
l'Asie  qui  nourrit  le   plus  grand  nombre  de  ces  plantes. 


CALAMINTHA.  35 

11  existent  dans  cette  partie  du  monde  :  6  aux  Indes  orien- 
tales, les  autres  au  Népaul ,  à  la  Chine,  à  la  Cochinchine  , 
dans  la  Sibérie  altaïque  et  au  Liban.  —  5  Calamintha  crois- 
sent dans  les  parties  chaudes  de  l'Amérique  septentrionale, 
une  espèce  vit  en  Abyssinie.  —  Une  autre  est  citée  à  Java. 

Calamintha  Acinos  ,  Claiv.  —  Les  champs  en  friche,  les 
coteaux  et  les  bords  des  chemins  sont  quelquefois  couverts 
de  cette  petite  plante  annuelle,  dont  les  touffes  rameuses 
sont  étalées  sur  la  terre.  Elle  est  assez  fréquemment  associée 
à  VHeUoiropîum  europœum ,  à  VAphanes  arvensîs ,  et  à 
cette  multitude  de  plantes  qui  couvrent  la  terre  dès  qu'elle 
est  dépouillée  de  ses  moissons.  —  Sa  tige  est  droite  et  ra- 
meuse.  Ses  feuilles  sont  arrondies,   petites,  un  peu  cen- 
drées,  et  les  fleurs,  d'un  rose  lilacé ,  naissent  par  petits 
verticilles  aux  aisselles  supérieures.  Les  pédoncules  sont 
courts  et  raides ,  mais  ils  grandissent  pendant  la  floraison. 
La  fécondation  a  lieu  après  l'épanouissement.  Les  anthères 
ont  leurs  lobes  écartés  et  le  stigmate  est  placé  entre  les  an- 
thères supérieures.  Après  la  fécondation  ,  le  pédoncule  gran- 
dit encore  et  s'applique  contre  la  tige,  puis ,  à  la  maturité ,  le 
calice  qui  ne  s'ouvre  pas  et  qui  même  est  resserré  au  som- 
met, se  désarticule  et  tombe,  conservant  au  point  d'articula- 
tion   une    ouverture   qui    s'agrandit   et  par   laquelle    les 
graines  peuvent  se  disséminer.  —  Il  fleurit  pendant  l'été  et 
l'automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  le  trouve  sur  tous 
les  terrains ,  mais  il  a  une  préférence  pour  ceux  qui  sont 
calcaires  et  marneux  et  préfère  la  plaine  aux  montagnes;  il 
monte  cependant  à  1,000™  dans  le  centre  de  la  France,  et 
s'élève  à  la  même  hauteur  dans  le  Breschtau,  d'après  la 
flore  de  Ledebour. 


36  LABIÉES. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  connaît  cette  plante  en 
France ,  en  Espagne  et  en  Barbarie.  —  Au  nord  ,  elle  existe 
dans  toute  l'Europe  centrale  ,  jusque  dans  la  Laponie  et  la 
Finlande  australes  ,  ainsi  qu'en  Angleterre.  —  A  l'occident, 
elle  croît  en  Portugal.  —  A  l'orient,  elle  habite  la  Suisse, 
l'Italie,  la  Sicile,  la  Dalmatie,  la  Croatie  ,  la  Hongrie,  la 
Transylvanie,  la  Mœsie  supérieure,  l'Epire  ,  la  Grèce,  la 
Tauride,le  Caucase,  la  Géorgie,  le  Talusch  ,  les  Russie» 
septentrionale,  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 35°     | Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 66       |  31" 

Occident ,  Portugal 11  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Russie  moyenne 58  E.)  69** 

Carré  d'expansion 2139 

Calamintha  GRANDiFLORA  ,  Mœnch.  —  Les  majes- 
tueuses forêts  de  hêtres  ou  de  sapins  qui  couvrent  les  pen- 
tes des  montagnes  et  qui  pendant  l'été  servent  de  retraite 
aux  oiseaux  chanteurs  et  à  la  plupart  des  animaux,  ont 
aussi  parmi  les  végétaux  quelques  espèces  qui,  par  l'éclat  de 
leurs  fleurs,  ajoutent  encore  aux  charmes  de  leur  solitude. 
Tel  est  le  C.  grandiflora,  aux  racines  traçantes,  au  large 
feuillage  et  aux  belles  fleurs  pourprées.  Ses  racines  tracent 
dans  le  terreau  formé  par  la  chute  des  feuilles,  et  son  feuillage 
odorant  laisse  voir  dans  tout  leur  éclat  ses  fleurs  tardives  qui 
ne  se  montrent  qu'à  la  fin  de  l'été.  Les  feuilles  sont  d'un  vert 
foncé,  avec  de  profondes  dentelures  qui  répondent  chacune 
à  une  nervure  qui  rend  la  surface  de  chaque  feuille  réguliè- 
rement sillonnée.  Les  fleurs  naissent  en  petits  verticilles 
unilatéraux  ,  qui  ne  donnent  que  4  à  5  fleurs  à  corolle  ren- 


CALAMIMHA.  37 

fiée  à  leur  ouverture.  Les  deux  paires  d'étamines  n'ouvrent 
pas  en  même  temps  leurs  anthères;  les  2  supérieures  ac- 
compagnent les  stigmates  et  répandent  leur  pollen  par  le 
côté;  les  2  autres,  plus  courtes,  s'ouvrent  en-dessous  du 
stigmate.  —  Le  calice  grandit  un  peu  pendant  la  matura- 
tion ,  et  les  akènes  miînssent  abrités  sous  les  larges  feuilles 
de  la  plante. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Ce  Calamintha  recher- 
che les  terrains  siliceux  et  détritiques  des  montagnes,  sans 
être  exclu  des  sols  calcaires.  De  Candolle  l'indique  à  0  à 
Nantes  et  à  2,000'"  au  Lautaret.  Il  croît  à  1,400™  sur  le 
mont  Ventoux.  Nous  le  trouvons  en  Auvergne  jusqu'à  la 
limite  supérieure  du  sapin. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  existe  dans  les  Pyrénées,  en 
Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord  ,  il  est  en  Suisse  et  dans  la 
France  centrale,  où  il  trouve  aussi  sa  limite  occidentale.  — 
A  l'orient,  il  végète  en  Dalmatie,  en  Hongrie,  en  Croatie, 
en  Transylvanie,  dans  la  haute  Albanie,  laThrace,  la  Ma- 
cédoine, le  Caucase  et  la  Géorgie. 

Limites  d'extension  de  Vesjjèce. 

Sud ,  Sicile 37°      \  Ecart  en  latitude  : 

iVorc?,  Suisse 48       j  11° 

Occident ,  France 0       ]  ?xart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47  E.  '  47** 

Carré  d'expansion 51*7 

Calamintha  officinalis,  Mœnch.  —  Cette  espèce  fait 
partie  de  la  végétation  des  haies,  des  décombres  et  des 
lieux  habités.  C'est  une  plante  vivace,  dont  les  racines  sont 
traçantes  et  dont  les  feuilles  ,  molles  et  arrondies,  sont  cou- 
vertes en-dessous  de  glandes  ponctuées.  Les  fleurs  naissent 


38  LABIÉES. 

en  grappes  cachées  en  partie,  unilatérales,  et  qui  sont 
formées  de  cymes  dichotomes.  Le  calice  est  velu  intérieure- 
ment. La  corolle  est  d'un  rose  violacé  plus  ou  moins  foncé. 
Le  limbe  de  sa  lèvre  supérieure  est  redressé ,  et  la  lèvre  in- 
férieure est  plane  et  divisée  en  3  lobes.  Les  4  étamines  sont 
abritées  par  la  lèvre  supérieure;  les  deux  plus  grandes  ont 
au  milieu  d'elles  le  stigmate ,  dont  la  division  inférieure  est 
exactement  plongée  dans  un  pollen  blanchâtre  et  onctueux , 
tandis  que  les  deux  autres  anthères ,  situées  plus  bas,  ne 
paraissent  pas  utiles  à  la  fécondation  ,  et  font  partie  de  ces 
réserves  que  la  nature  fait  si  souvent ,  comme  pour  nous 
donner  des  exemples  de  prudence  et  de  sagesse.  —  Après 
la  fécondation ,  le  calice  ne  se  ferme  pas ,  mais  les  poils 
dont  il  est  pourvu  protègent  jusqu'à  leur  maturité  les  akè- 
nes secs  et  lisses  de  cette  espèce.  — Vaucher  fait  remarquer 
que  cette  plante  a  deux  espèces  de  (leurs.  Dans  la  première, 
les  étamines  sont  agrandies  et  les  anthères  arrivent  jus- 
qu'au sommet  de  la  lèvre  supérieure.  Dans  la  seconde,  dont 
les  tiges  sont  plus  faibles  et  les  fleurs  plus  petites ,  le  stig- 
mate atteint  bien  à  peu  près  la  même  hauteur  et  se  partage 
également  en  deux  lobes  stigmatoïdes,  mais  les  anthères 
restent  engagées  dans  l'intérieur  du  tube ,  oii  souvent  elles 
avortent.  Ainsi  donc,  des  deux  pieds,  l'un  est  hermaphro- 
dite,  et  Taulre  seulement  femelle.  —  Il  fleurit  en  juillet, 
août  et  septembre. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  s'é- 
lève à  peine  dans  les  montagnes . 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  existe  en  France,  en  Es- 
pagne, en  Barbarie,  aux  Açores  et  aux  Canaries.  — Au 
nord  ,  il  croît  en  France  ,  en  Belgique ,  en  Allemagne ,  en 
Bavière,  en  Angleterre  et  en  Irlande. —  A  l'occident,  il 
est  aussi  en  Portugal.  — A  l'orfent,  il  habite  la  Suisse, 


CALAMINTHA.  39 

l'Italie  ,  la  Sicile ,  la  Corse ,  les  Baléares ,  la  Hongrie ,  la 
Transylvanie ,  la  Croatie ,  la  Dalmalie ,  la  Turquie ,  la  Li- 
vonie,  le  Caucase,  la  Géorgie  et  l'Arménie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Canaries 29«      )  Ecart  en  latitude  : 

iVort/j  Angleterre 55        j  26° 

Occident ,  Açores 30  0.1  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Géorgie 47  E.  j  77« 

Carré  d'expansion 2002 

CalaminthaNepeta,  Clairv. — Voisine  de  la  précédente, 
cette  espèce  habite  aussi  les  lienx  secset  pierreux.  Ses  racines 
sont  également  vivaces;  ses  tiges,souvent  rameuses  et  couchées 
sur  le  sol,  sont  garnies  de  feuilles  rondes,  molles,  blanchâtres 
et  velues.  Les  fleurs,  petites  et  d'un  lilas  plus  ou  moins 
foncé,  sont  disposées  en  grappes  unilatérales.  Les  5  divi- 
sions du  calice  sont  presque  égales.  —  Elle  fleurit  en  juillet 
et  en  août.  —  Elle  offre  une  variété  ou  plutôt  une  espèce 
[C.meniœfolia ,  Boreau)  que  nous  lui  réunissons,  à  cause 
de  l'impossibilité  où  nous  nous  trouvons  de  séparer  son 
aire  géographique  de  celle  du  type. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  se  trouve  sur  les 
terrains  calcaires  et  rocailleux  de  la  plaine.  Elles'élève  à  460"* 
sur  le  versant  sud  du  mont  Ventouv.  —  Vahlenberg  l'in- 
dique en  Suisse,  dans  les  vallées  chaudes,  jusqu'à  la  hmite 
du  noyer. 

Géographie.  —  Au  sud,  elle  existe  en  France,  en  Corse, 
en  Espagne,  en  Algérie  et  aux  Canaries.  —  Au  nord,  elle 
croît  dans  une  grande  partie  de  la  France,  en  Belgique,  en 
Angleterre  et  en  Irlande.  —  A  l'occident ,  en  Portugal  et 
aux  Canaries.  —  A  l'orient,  elle  végète  en  Suisse  ,  en  Italie, 


4-0  LABIÉES. 

en  Sicile,  aux  Baléares,  en  Dalmatie ,  en  Hongrie,  en 
Croatie,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en  Turquie,  en  Tau- 
ride  ,  dans  la  Russie  australe  et  dans  la  Géorgie. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 30»      ^  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Angleterre 55       j  25« 

Occident,  Canaries 18  0.  j  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Géorgie 47   Y..]  65» 

Carré  d'expansion 1625 

Calamintha  Clinopodium  ,  Benth.  —  Le  clinopode 
est  une  de  ces  espèces  vulgaires  que  nous  sommes  habitués 
à  rencontrer  partout ,  le  long  des  chemins,  dans  les  haies, 
sur  les  décombres.  Ses  longues  tiges ,  munies  de  feuilles 
distantes,  se  ramifient  à  leur  base  et  fleurissent  successive- 
ment. Elles  montrent  depuis  le  mois  de  juin  jusqu'au  milieu 
de  l'automne  de  jolis  verticilles  de  fleurs  carminées.  Ces 
fleurs  sont  sessiles,  et  le  dernier  verticille  couronne  et  termine 
chaque  rameau .  Il  en  résulte  des  anneaux  serrés  et  globuleux 
dans  lesquels  la  fleur  centrale  paraît  la  première.  La  fleur 
est  protégée,  pendant  son  développement,  par  les  poils  blancs 
qui  bordent  les  divisions  du  calice.Vaucher  nous  donne  encore 
d'intéressants  détails  sur  la  fécondation  de  cette  espèce  : 
«  Elle  présente  ,  dit-il ,  aussi  deux  espèces  de  fleurs.  Dans 
les  premières,  les  étamines  sont  saillantes  et  les  stigmates 
souvent  mal  conformés  et  cachés  dans  l'intérieur  du  tube. 
Dans  les  secondes ,  les  stigmates  sont  saillants  et  les  anthères 
avortées  dans  l'intérieur  de  la  corolle  ;  mais  il  y  a  ici  plus 
qu'ailleurs  un  grand  nombre  d'intermédiaireset  l'on  rencon- 
tre souvent  des  fleurs  hermaphrodites  très-bien  conformées. 
A  l'époque  de  la  fécondation  ,  les  anthères  à  connectif  ren- 


CALAMINTHA.  41 

fié  et  glanduleux  ,  sont  rapprochées  par  paires  sous  la  lèvre 
supérieure,  et  leurs  deux  lobes  s'écartent  assez  pour  former 
une  croix  avec  les  deux  lobes  de  l'anthère  correspondante. 
Elles  s'ouvrent  antérieurement  sur  le  côté  ,  et  couvrent  de 
leur  poussière  blanche  le  lobe  inférieur,  allongé,  roulé  et 
aplati  du  stigmate  ,  de  même  que  les  2  rangées  de  poils  pa- 
rallèles et  humides  de  la  lèvre  inférieure  de  la  corolle.  Le 
nectaire  jaunâtre,  très-apparent,  remplit  le  fond  de  la  co- 
rolle de  son  humeur  miellée  »  qui  semble  sortir  de  pores 
placés  sur  les  bords  renflés  de  la  glande.  Lorsque  les  pluies 
sont  abondantes  et  continues  ,  les  anthères  découvertes  ne 
s'ouvrent  pas,  mais  elles  se  renflent  et  deviennent  transpa- 
rentes. Le  lobe  supérieur  du  stigmate  est  à  peu  près  avorté 
(t.  3  ,  p.  613).  »  Pendant  la  maturation  ,  es  calices  restent 
horizontaux  et  fermés  par  des  poils,  mais  quand  arrive  l'é- 
poque de  la  dissémination  ,  les  akènes  écartent  ces  poils  et 
sortent  des  calices  qui  se  sont  un  peu  inclinés ,  mais  qui  se 
redressent  et  persistent  quand  ils  sont  débarrassés  de  leurs 
semences. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  vit 
en  plaine  ou  dans  les  montagnes  peu  élevées.  Ledebour  le 
cite  cependant  jusqu'à  600™  dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  en  France,  dans 
le  midi  de  l'Espagne  et  en  Barbarie.  —  Au  nord  ,  il  s'étend 
dans  tout  le  centre  de  l'Europe ,  en  Scandinavie ,  la  Laponie 
exceptée,  en  Finlande ,  en  Angleterre  et  en  Irlande.  —  A 
l'occident,  il  vit  aussi  en  Portugal  et  il  est  indiqué  sur  plu- 
sieurs points  de  l'Amérique  du  nord  où  il  a  été  naturalisé. — 
A  l'orient,  il  occupe  la  Suisse  ,  l'Italie  ,  la  Sicile  ,  la  Dalma- 
tie,  la  Croatie,  la  Hongrie,  la  Transylvanie,  la  Grèce,  la 
Thrace,  l'île  de  Crète,  la  Tauride,  le  Caucase, la  Géorgie  , 
l'Arménie,  le  Taliisch  ,  les  llussies  septentrionale  ,  moyenne 


42  LABIÉES. 

et  australe,  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï  etduBaïkal, 
et  le  Japon. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Barbarie 35<>      | Écart  en  latitude  : 

.VorJ,  Finlande 64       i  29» 

Occident ,  UhnAe 12  0.| Ecart  en  longitude: 

Orient,  Japon 136  E.j  148« 

Carré  d'expansion 4292 

Calamintha  Melissa.  —  Si  les  climats  des  régions  tro- 
picales ont  la  puissance  de  développer  les  parfums  dans  les 
tissus  des  plantes ,  nos  régions  tempérées  ne  sont  pas  com- 
plètement dépourvues  des  mêmes  avantages.  La  mélisse  est 
une  des  plantes  les  plus  parfumées  que  nous  connaissions,  et 
ses  racines  vivaces  et  traçantes,  qui  donnent  à  chaque  ins- 
tant des  pousses  nouvelles,  en  font  une  espèce  sociale  qui 
vit  en  abondance  au  milieu  des  buissons,  dans  les  lieux 
pierreux  ,  mais  pourtant  humides  et  à  demi-ombragés.  • — 
Ses  belles  feuilles,  un  peu  réticulées,  sont  parsemées  de 
glandes  qui  se  brisent  fiicilement  et  d'où  s'échappe  alors 
cette  suave  odeur  de  citron,  mêlée  d'un  parfum  indéfinissa- 
ble. —  Les  fleurs  naissent  encore  aux  aisselles  supérieures 
des  feuilles,  en  verticilles  peu  garnis  que  la  lumière  ap- 
pelle d'un  seul  côté,  mais  les  pédoncules  se  redressent  con- 
tre la  tige  et  forment  ainsi  un  angle  droit  avec  le  calice  ,  qui 
reste  constamment  horizontal  et  ouvert.  La  corolle  est  blan- 
che. Lors  de  l'épanouissement ,  les  anthères  se  rapprochent 
par  paires,  et  leurs  loges,  qui  auparavant  étaient  parallèles  , 
s'écartent  et  finissent  par  prendre  une  position  presque  ver- 
ticale, et  c'est  alors  seulement  qu'elles  répandent  leur 
pollen  blanchâtre  comme  celui  delà  plupart  des  Labiées.  Le 


HYSSOPUS.  43 

calice  s'ouvre  un  peu  plus  à  l'époque  de  la  dissémination,  et 
malgré  les  poils  dont  il  est  alors  garni ,  les  graines  se  répan- 
dent avec  facilité.  —  Elle  fleurit  en  juin  et  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  croît  sur  les  terrains 
calcaires  et  rocailleux  ,  sur  les  basaltes,  et  devient  presque 
indifférente  en  se  rapprochant  des  habitations.  Elle  reste  en 
plaine  et  s'élève  à  peine  de  500  à  l.OOO""  dans  les  pays 
chauds. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  habite  la  France  ,  la  Corse  , 
le  midi  de  l'Espagne  et  l'Algérie.  —  Au  nord,  elle  croît  en 
France  et  en  Allemagne.  —  A  l'occident ,  elle  est  en  Por- 
tugal. —  A  l'orient ,  on  la  connaît  en  Suisse  ,  en  Italie,  en 
Sicile,  en  ûalmatie,  en  Croatie,  en  Transylvanie,  en 
Grèce ,  en  Turquie ,  en  Tauride  ,  dans  le  Caucase  ,  en  Géor- 
gie, dans  le  Tafiisch,  en  Arménie,  et  jusque  dans  le  sud 
de  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Algérie 35°      j  Ecart  en  latitude  : 

AVt/,  Allemagne 46       ^  11° 

Occident,  Portugal JO  0. ] Ecart  en  longitude  : 

On>n?,  Sibérie  de  l'Oural 62   E.i  72» 

Carré  d'expansion 792 

G.  HYSSOPUS,  Lin. 

Ce  petit  genre  ne  contient  que  4  espèces  :  2  sont  égyp- 
tiennes ;  les  2  autres,  européennes,  habitent  la  Crimée  et 
le  centre  du  continent ,  et  l'une  d'elles  arrive  en  Sibérie. 

Hyssopcs  OFFiciNALis,  Lin.  —  L'hysope  forme  des 
touffes  puissantes  et  quelquefois   très-multipliées   sur  les 


44  LABIÉES. 

vieux  murs  et  sur  les  coteaux  pierreux.  Ses  rhizomes  s'éten- 
dent dans  leurs  fissures  et  donnent  continuellement  de  nou- 
velles pousses  ,  garnies  de  feuilles  étroites  ,  luisantes ,  comme 
si  elles  étaient  vernies,  recouvertes  sur  leurs  deux  faces  de 
glandes  résineuses  et  odorantes ,  qui  existent  aussi  sur  les  pé- 
doncules et  les  calices. —  Les  fleurs  forment  au  sommet 
des  rameaux  de  longs  épis  bleus  ou  violets ,  composés  d'une 
multitude  de  petits  verticillesqui  se  tournent  du  côté  de  la 
lumière  et  rendent  les  épis  unilatéraux.  Le  calice ,  à  5  dents , 
est  marqué  de  15  nervures;  la  corolle  a  la  lèvre  supérieure 
échancrée ,  et  l'inférieure  étalée,  allongée  et  trifide.  La 
paire  inférieure  d'étamines  est  la  plus  allongée.  Ces  éta- 
mines  sont  d'abord  réunies  et  soudées  ,  mais  un  peu  après 
l'épanouissement ,  lorsque  la  fécondation  a  lieu  ,  elles  s'é- 
cartent, deviennent  bientôt  verticales,  et  s'ouvrent  dans 
leur  longueur  pour  répandre  un  pollen  formé  de  grains 
sphériques,  très-visibles  sur  les  deux  lobes  recourbés  du 
stigmate.  —  Les  dents  du  calice  se  rapprochent  et  se  fer- 
ment jusqu'à  la  dissémination  ,  mais  alors  elles  s'ouvrent  et 
laissent  sortir  2  akènes,  rarement  plus.  —  L'hysope,  com  me 
plusieurs  autres  Labiées  ,  offre  souvent  des  fleurs  polyga- 
mes. —  Il  épanouit  ses  fleurs  pendant  tout  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  11  recherche  les  ter- 
rains calcaires  et  rocheux,  et  devient  très-facilement  do- 
mestique, occupant  les  ruines  et  les  décombres.  —  Il  peut 
atteindre  une  assez  grande  altitude.  M.  Boissier  le  cite, 
dans  le  midi  de  l'Espagne,  entre  1,900  et  2,400™.  Le- 
debour  l'indique  entre  800  et  1,200'"  dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  trouve  l'hysope  en  France 
et  dans  le  midi  de  l'Espagne.  —  Au  nord  ,  il  se  trouve  dans 
la  France  centrale,  dans  la  Russie  moyenne,  à  Varsovie 
et  eu  Voihynie. —  A  l'occident,  il  reste  en  Espagne.  — 


KEPETA .  45 

A  l'orient,  il  végète  en  Suisse,  en  Italie  ,  en  Dalmatie,  en 
Croatie,  en  Transylvanie  ,  en  Tauride,  dans  le  Caucase,  en 
Géorgie,  dans  la  Russie  australe,  dans  l'Asie  septentrio- 
nale, en  Turquie,  en  Perse,  dans  les Sibéries  de  l'Oural  et 
de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Espagne 37»      j  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Pologne 54        1  17» 

Occident ,  Espagne 7  O.  j  Écart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Altaï 92  E.  j  99* 

Carré  d'expansion 1683 

G.  NEPETA,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  En  réunissant 
les  Glechoma  et  les  Nepela ,  on  trouve  environ  72  espèces. 
Ce  genre  est  principalement  asiatique  ;  on  en  compte  50  es- 
pèces dans  cette  partie  du  monde;  leur  centre  principal  est 
aux  Indes  orientales,  ou  les  catalogues  en  indiquent  23  : 
7  sont  de  la  Sibérie ,  9  du  Caucase  ;  les  autres  dispersés  en 
orient,  en  Arménie ,  en  Perse  ,  au  Népaul  et  au  Japon.  — 
L'Europe  a  17  Nepeta  :  de  la  Grèce,  de  l'Archipel,  de 
l'île  de  Crète  ,  de  l'Espagne ,  de  l'Italie ,  de  la  Sicile ,  de  la 
Sardaigneetdes  Pyrénées.  —  On  n'en  cite  que  4  en  Afri- 
que :  de  l'Atlas  ,  de  l'Egypte,  de  l'Abyssinie  et  de  Mada- 
gascar. —  On  n'en  connaît  qu'une  espèce  en  Amérique  ,  elle 
habite  le  Pérou. 

Nepeta  Cataria  ,  Lin.  —  Il  abonde  dans  les  broussail- 
les, sur  le  bord  des  chemins  et  surtout  autour  des  habita- 
tions. C'est  une  plante  domestique  qui  suit  l'homme  dans 
une  foule  de  localités.  Ses  tiges  s'élèvent  assez  haut  et  sont 


46  LABIEES. 

garnies  de  feuilles  blanchâtres,  ridées  et  odorantes.  Les 
tleurs  forment  des  grappes  terminales  d'un  bleu  sale  ou  rosé, 
dont  les  cymes  inférieures  sont  pédonculées  ,  tandis  que  les 
supérieures  sont  rapprochées  en  verticilles  uniflores  mais  uni- 
latéraux. Le  calice  est  strié.  Le  tube  de  la  corolle  est  aminci 
et  saillant ,  et  la  lèvre  supérieure  est  concave.  Les  anthères, 
rapprochées  par  paires,  ont  leurs  lobes  d'abord  divergents, 
ensuite  placés  verticalement  l'un  sur  l'autre,  et  elles  répan- 
dent alors  leur  pollen  blanchâtre  sur  le  stigmate  bifide.  Le 
fruit  est  formé  d'akènes  lisses  et  secs.  — Il  fleurit  en  juin  , 
juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  AlfÀtude.  —  Il  végète  dans  tous  les 
terrains  salifères,  autour  des  habitations  ,  plutôt  en  plaine 
que  dans  les  montagnes.  Ledebour  le  cite  dans  le  Breschtau 
à  500"™,  et  M.  Boissier  l'indique  en  Espagne  entre  600  et 
1,200'". 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  végète  en  France  et  dans  le 
midi  de  l'Espagne.  —  Au  nord,  en  France,  en  Belgique, 
en  Allemagne,  en  Scandinavie,  la  Laponie  exceptée,  en 
Finlande,  en  Angleterre  et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  il 
reste  en  Irlande.  —  A  l'orient ,  on  le  trouve  en  Suisse ,  en 
Italie  ,  en  Sicile ,  en  Dalmatie  ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en 
Transylvanie  ,  en  Turquie  ,  en  Tauride  ,  dans  le  Caucase,  en 
Géorgie  ,  dans  les  Russies  septentrionale ,  moyenne  et  aus- 
trale, dans  les  Sibériesde  l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Espagne 37»      ^^  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Finlande 61       j  24° 

Occident,  Irlande 12  0.\  Ecart  en  longitud**: 

Orient ,  Sibérie  de  l'Altaï 91  E.  j  103« 

Carré  d'expansion 2472 


NEPETA .  47 

Nepeta  Glechoma  ,  Benth.  —  Longtemps  avant  que  ies 
hirondelles  ne  soient  venues  nous  annoncer  le  printemps , 
le  lierre  terrestre  a  montré  sestleurs  azurées  sur  le  bord  des 
chemins  et  le  long  des  haies  des  prairies.  Il  est  accompagné 
au  Lamtnum  album,  du  Raiumcuhis  Ficaria,  du  Viola 
odorata,  et  souvent  aussi  le  bleu  marbré  de  ses  charmantes 
corolles  se  montre  auprès  des  diadèmes  empourprés  du 
Bellis  perennîs.  Ce  sont  de  fraîches  parures ,  des  décorations 
vernales  ,  sur  lesquelles  le  papillon  citron ,  échappé  aux  ri- 
gueurs de  l'hiver,  vient  ouvrir  ses  ailes  anguleuses,  et  oii 
les  diptères  éveillés  viennent  faire  entendre  les  premiers 
bourdonnements  de  la  saison.  Alors  le  Glechoma  dresse  ses 
rameaux  couchés  par  le  bas,  et  montre  ses  feuilles  festonnées, 
encore  rougies  par  les  froids  de  l'hiver.  Ces  feuilles  sont  d'a- 
bord appliquées  l'une  contre  l'autre  et  s'écartent  à  mesure 
qu'elles  se  développent,  pour  donner  à  leur  aisselle  de  pe- 
tits verticilles  de  2  à  3  fleurs.  Pendant  que  la  floraison  s'o- 
père ,  des  rejets  s'échappent  de  la  racine ,  tantôt  rampants 
sur  le  sol,  tantôt  s'allongeant  outre  mesure  et  montant  dans 
les  haies  et  les  buissons.  Ils  s'accrochent  alors  par  leur  tige 
ou  par  les  pétioles  tordus  de  leurs  feuilles.  Ces  dernières 
n'acquièrent  tout  leur  volume  qu'après  la  floraison.  Elles 
forment  des  séries  régulièrement  espacées ,  d'un  beau  vert. 
EHes  sont,  comme  celles  des  tiges  fertiles,  arrondies  et  créne- 
lées, munies  de  glandes  à  l'extrémité  de  leurs  crénelures, 
et  de  points  résineux  sur  toute  leur  face  inférieure. — Dans 
les  belles  matinées  du  printemps,  la  fécondation  s'opère  ; 
la  fleur  du  miHeu  du  verticille  terne  s'épanouit  la  première 
en  se  tournant  comme  les  autres  du  côté  de  la  lumière.  Les 
anthères  se  disposent  en  une  double  croix  au-dessus  du 
stigmate,  et  le  pollen,  sortant  lentement  par  la  fente  longi- 
tudinale des  loges ,  maintient   la   fleur  épanouie  pendant 


48  LABIÉES. 

plusieurs  jours.  —  Plus  tard  ,  le  calice  se  déjette  ,  et  les 
akènes  se  disséminent  en  tombant  des  pieds  femelles ,  car 
malgré  la  fécondation  tout  intérieure  ,  il  existe  souvent 
dans  cette  espèce  des  individus  unisexués.  —  Il  fleurit  de 
très-bonne  heure.  — l*'""  avril  1840,  environs  de  Cler- 
mont  ;  —  25  avril  1 829  ,  près  de  Riom  ;  —  1 2  mai  1 836, 
bords  de  l'Allier;  —  13  mai  1841,  base  du  puy  de  Dôme; 
—  7  mai  1748,  à  Upsal  (Linné);  —  le  7  mai  1771,  sur 
les  bords  du  Carassoum  ,  près  Korkina,  en  Sibérie  (Pallas). 

Nature  du  sol.  —  Allitude.  —  Il  est  indifférent  et  croît 
sur  tous  les  sols  humides  et  ombragés.  —  Il  s'élève  peu  dans 
tes  montagnes,  à  1,000™  environ  dans  les  pays  chauds. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  en  France , 
dans  le  midi  de  l'Espagne.  —  Au  nord  ,  il  est  plus  répandu 
€t  vit  en  France ,  en  Belgique ,  en  Allemagne  ,  en  Scandi- 
navie, en  Laponie  où  il  recherche  les  bords  des  chemins  ,  et 
les  rochers  les  plus  secs  jusque  dans  la  région  subalpine.  Il 
existe  aussi  en  Finlande ,  dans  le  pays  des  Samoyèdes  ,  en 
Angleterre,  aux  Orcades  et  en  Irlande.  — A  l'occident, 
il  croît  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  habite  la  Suisse, 
l'Italie  ,  la  Sicile  ,  la  Dalmatie,  la  Croatie  ,  la  Hongrie ,  la 
Transylvanie,  la  Grèce,  la  Turquie,  l'Epire,  l'Olympe 
bithynique  ,  la  Tauride  ,  le  Caucase,  la  Géorgie ,  lesRussies 
septentrionale,  moyenne  et  méridionale ,  les  Sibéries  de 
l'Oural ,  de  l'Altaï ,  du  Baïkal  oriental  et  le  Kamtschatka. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud  ,  Midi  de  l'Espagne 37^      )  Ecart  en  latitude  : 

A^on/,  Pays  des  Samoyèdes, . .     71        i  34° 

Occident,  Irlande 12       |  Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Kamtschatka 170   E.  j  182» 

Carré  d'expansion 6188 


MELITTIS. 


MEIITTIS,  Lin. 


Ce  genre  contient  2  espèces ,  Tune  de  i'Europe ,  l'autre 
du  Japon. 

Melittis  Melissophylloi ,  Lin.  —  Lorsque  les  taillis 
sont  peu  élevés  et  que  le  Campanida  persicifolia ,  le  Dian- 
iJms  Segiiieri,  le  Cirsium  erinythahs  peuvent  encore  s'y  dé- 
Aelopper,  on  rencontre  aussi  çà  et  là  ,  parmi  ces  Heurs  de  la 
forêt,  de  belles  touffes  de  Meliltis  dont  les  fleurs  blanches  et 
roses  attirent  immédiatement  les  regards.  —  La  racine  de 
cette  belle  espèce  pénètre  obliquement  dans  la  terre,  puis  eiie 
devient  traçante  et  donne  naissance  à  des  tiges  garnies  de  lar- 
ges feuilles  dentées  et  réticulées  comme  celles  de  la  mélisse. 
—  Lestleurs,  géminées  et  plus  souvent  ternées,  naissent  aux 
aisselles  supérieures ,  et  comme  elles  se  dirigent  constam- 
ment vers  le  point  le  plus  éclairé ,  elles  forment  des  épis 
unilatéraux.  —  Le  calice  est  membraneux  ,  irrégulièrement 
veiné ,  large ,  et  ne  se  referme  jamais  comme  les  calices  à 
nervures  parallèles  et  non  réticulées  ,  le  tube  de  la  corolle 
est  enflé  et  saillant.  La  lèvre  supérieure  est  entière  ,  l'infé- 
rieure trilobée  et  étalée.  Les  2  étamines  inférieures  sont  les 
plus  courtes;  les  anthères  sont  dydimes;  le  style  a  ses  2 
lobes  courts  ,  ovales  et  stigmatoïdes.  Nous  devons  encore  à 
Vaucher  de  curieuses  remarques  sur  la  fécondation  de  cette 
espèce.  «  Les  lobes  de  ses  anthères ,  dit  ce  grand  observa- 
teur ,  sont  d'abord  parallèles,  mais  ensuite  un  des  deux  se 
retourne  ,  de  manière  à  se  placer  immédiatement  sur  l'autre, 
et  en  même  temps,  le  sommet  des  filets  se  retourne  en 
dehors  et  les  2  lobes  se  trouvent  alors  disposés  en  demi- 
croix  :  c'est  dans  cette  position  que  s'opère  la  fécondation  ; 
les  anthères  s'ouvrent  sur  leurs  2  lobes,  et  renferment  alors 


50  LABIÉES. 

entr'elles  les  2  lobes  tronqués  des  stigmates.  Il  y  a  ici  un 
mouvement  spontané  de  l'extrémité  des  filets ,  qui  appar- 
tient à  la  plupart  des  Labiées  à  lèvre  voûtée ,  qui  mérite 
d'être  observé.  »  (t.  3,  p.  638.)  —  Les  akènes  sont  lisses 
et  finement  réticulés  à  la  loupe.  —  Cette  espèce  fleurit  de 
bonne  beure  :  —  13  mai  1830,  bois  de  Royat;  — 
25  mai  1846,  près  Billom  ;  —  9  juin  1836  ,  à  Durtol  ;  — 
22juin  1839, bois  du  petit  puy  de  Dôme;  — 26  juin  1826, 
près  Aydat  ;  —  13  juillet  1843  ,  bois  du  puy  de  Dôme. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  recherche  les 
terrains  graveleux ,  mais  paraît  indifférente  à  la  nature 
chimique  du  sol.  —  Elle  préfère  les  coteaux  et  les  monta- 
gnes, atteignant  jusqu'à  1,000"',  et  les  dépassant  rarement. 

Géographie.  —  Au  sud,  on  la  trouve  en  France,  en 
Espagne  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord,  elle  existe 
en  France,  en  Belgique,  en  Allemagne,  en  Bavière,  en 
Angleterre  et  en  Lithuanie.  —  A  l'occident ,  elle  est  en 
Portugal.  —  A  l'orient ,  elle  croît  en  Suisse  ,  en  Dalmatie, 
dans  la  Bulgarie  orientale ,  dans  la  Macédoine ,  au  mont 
Athos  et  en  Volhynie. 

*  Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud  y  Midi  de  l'Italie 40°      i  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Angleterre 53       i  13« 

Occident,  Portugal 10  O.  ^  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Yolhynie 26  E.  )  36« 

Carré  d'expansion 468 

G.  IiADSIUDE,  Lin, 

Distribution  géographirjue  du  genre.  —  Ce   genre  , 
composé  de  24  espèces  ,  est  en  grande  partie  européen.  — 


LAMIUM.  51 

17  Lamium  croissent  en  Europe  :  en  Italie ,  en  Grèce, 
en  Autriche,  en  Allemagne  et  en  France.  —  6  sont  asia- 
tiques :  2  des  Indes  orientales,  les  autres  du  Caucase,  de 
l'Asie  mineure  et  de  l'Orient.  —  Un  seul,  américain,  est 
du  Brésil. 

Lamium  amplexicacle ,  Lin.  —  II  vit  dans  les  lieux 
cultivés,  dans  les  vignes,  les  jardins,  les  décombres  ou  sur  les 
vieux  murs.  Annuel  et  printanier ,  on  le  voit  de  bonne 
heure  montrer  ses  petites  touffes  rameuses,  composées  de 
rameaux  dont  les  uns  sont  fertiles  et  les  autres  stériles ,  les 
uns  et  les  autres  garnis  de  feuilles  opposées  et  sessiles  qui 
semblent  former  sur  les  tiges  une  série  de  corbeilles  étagées. 
Les  feuilles  supérieures  sont  rapprochées  2  à  2 ,  plissées 
sur  leur  nervure  et  sur  leurs  bords  qui  présentent  un  liséré 
rouge  qui  s'efface  pendant  leur  développement.  On  voit 
sortir  de  ces  corbeilles  des  verticilles  de  fleurs  d'un  beau 
carmin  velouté ,  à  tube  allongé ,  à  lèvre  supérieure  dilatée, 
dans  laquelle  la  fécondation  s'opère  comme  dans  la  lleur 
du  L.  purpureum.  —  Le  calice,  dont  les  dents  ne  sont 
pas  piquantes ,  se  dilate  à  la  maturité  pour  faciliter  la  dis- 
persion des  akènes.  —  Le  L.  intermedium  de  la  Scandi- 
navie lui  est  parallèle.  —  Il  fleurit  depuis  le  printemps  jus- 
qu'en automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent ,  et 
végète  sur  tous  les  terrains  et  à  toutes  les  hauteurs ,  oîi  il 
suit  l'habitation  des  hommes  et  leurs  cultures.  —  M.  Boissier 
le  cite  en  Espagne  entre  1,600  et  1,900™,  et  Ledebour 
l'indique  à  1,800"^  dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Il  existe,  au  sud  ,  en  France ,  en  Espa- 
gne, aux  Baléares,  en  Algérie  dans  la  plaine  et  sur  les 
montagnes  jusque  dans  l'Aurès  ,  aux  Canaries.  —  Au  nord, 


52  LABIÉES. 

ii  est  assez  commun  dans  toute  l'Europe  centrale ,  dans  la 
Scandinavie,  laLaponie  exceptée ,  la  Finlande,  l'Angleterre, 
l'Irlande,  les  Hébrides  et  l'Islande.  —  A  l'occident,  il  est 
en  Portugal  est  s'est  naturalisé  aux  États-Unis.  —  A 
l'orient,  il  existe  en  Suisse,  en  Italie ,  en  Sicile,  en  Dal- 
matie,  en  Croatie ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie,  en  Grèce, 
en  Turquie ,  enTauride,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie, 
dans  les  Russies  septentrionale  ,  moyenne  et  australe  ,  dans 
les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï  et  du  Baïkal ,  dans  le 
Caboul  et  toute  la  chaîne  de  l'Himalaya. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 'iO^      )  Écart  en   latitude  : 

Nord ,  Finlande 65        j  35« 

Occident,  Islande 24  O.  )  Écart  en  longitude  : 

On>n^  Sibérie  du  Baïkal 116  F.)  140» 

Carré  d'expansion 4900 

Lamium  purpureum  ,  Lin.  —  Les  Lamium  vivent  rare- 
ment solitaires,  et  celui-ci  se  réunit  en  sociétés  nombreuses 
qui  forment  d'élégants  tapis  dans  les  champs  et  les  lieux 
cultivés ,  sur  le  bord  des  chemins  et  près  des  habitations. 
Il  est  souvent  associé  au  Senecio  vidgaris ,  au  Capsella 
hursa-pasioris,  au  SleUaria  media^  au  Fumaria  offtcinalis, 
à  Vllolosteum  umbellatum,  au  Tldaspi  perfoUaium,  et  ses 
feuilles  veloutées  et  souvent  rougeûtres  sont  serrées  les  unes 
contre  les  autres,  et  par  la  diminution  régulière  de  leurs  di- 
mensions, depuis  le  bas  de  la  tige  jusqu'à  son  somm.et,  elles 
donnent  à  la  plante  une  apparence  étagée  très-remarquable 
et  qui  simule  de  petites  pyramides  quadrangulaires  dont 
l'axe,  également  à  4  angles,  est  bien  plus  mince  à  la  base 
qu'au  sommet.  Annuel  ou  plutôt  bisannuel ,  il  végète  en 


LAMIUM.  53 

automne  et  se  montre  pendant  tout  l'hiver  avec  une  nuance 
de  rouge  foncé  par  le  froid  ,  que  la  plante  conserve  sou- 
vent pendant  toute  sa  vie.  Dès  le  mois  de  février  on  aper- 
çoit quelques  fleurs  qui  ne  tardent  pas  à  devenir  plus  nom- 
breuses, et  la  plante  offre  alors  des  touffes  purpurines  qui 
font  d'autant  plus  d'effet  que  souvent  la  neige  ,  à  demi- 
fondue,  contraste  encore  avec  le  carmin  velouté  de  ses  co- 
rolles. Les  fleurs  sont  verticillées,  mais  elles  se  disposent 
ordinairement  sur  2  rangs.  Le  calice  est  tubulé  et  strié  ;  la 
corolle  a  la  lè\re  supérieure  voûtée  et  la  gorge  porte  2  dents 
latérales.  Les  anthères  sont  à  2  loges  verticales  et  velues,  et 
s'ouvrent  sur  deux  stigmates  papillaires.  —  Après  la  fécon- 
dation ,  les  feuilles  s'abaissent  et  abritent  successivement  les 
calices  persistants  remplis  d'akènes,  comme  si  cette  plante, 
qui  fleurit  à  la  fin  de  l'hiver ,  craignait  même,  pour  la  ma- 
turité de  ses  graines,  les  chaleurs  du  printemps.  Dès  le 
mois  de  mai  elle  jaunit ,  répand  des  akènes  bordés  à  leur 
base  d'une  petite  frange  et  disparaît  de  la  scène  des  fleurs. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Il  est  indifférent,  domes- 
tique ,  et  suit  l'homme  à  une  grande  altitude. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  végète  en  France  ,  en  Corse, 
en  Espagne,  aux  Canaries.  —  Au  nord,  il  est  commun 
dans  toute  l'Europe  centrale,  dans  toute  la  Scandinavie, 
jusque  dans  TAltenfiord,  en  Finlande,  en  Angleterre,  en 
Irlande,  dans  tous  les  archipels  anglais  et  danois,  et  en 
Islande.  —  A  l'occident,  il  est  en  Portugal,  en  Islande 
et  aux  Canaries.  —  A  l'orient,  on  le  trouve  en  Suisse,  en 
Italie,  en  Dalmatie  ,  en  Hongrie,  en  Croatie,  en  Tran- 
sylvanie ,  en  Grèce ,  en  Turquie ,  en  Tauride  ,  dans  le 
Caucase  ,  la  Géorgie ,  dans  les  Russies  septentrionale  , 
moyenne  et  austra'e ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural  ,  de 
l'Altaï  et  du  Baïkal. 


54  LABIÉES. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 30*^      \  Ecart  en  latitude  : 

iVorrf,  A Itenfiord 70       j  40« 

Occident ,  Islande 21  0.\  Ecart  en  longitude  : 

Onen^  Sibérie  du  Baïkal 116   E.)  137» 

Carré  d'expansion 5480 

Lamium  incisum  ,  Willd.  —  Voisin  des  espèces  précé- 
dentes, il  a  des  rapports  avec  les  deux ,  de  là,  peut-être,  le 
nom  de  L.  hybridum.  Il  est  un  peu  moins  domestique  que 
les  autres ,  il  vit  le  long  des  chemins ,  quelquefois  le  long^ 
des  ruisseaux ,  et  se  trouve  moins  souvent  dans  les  jardins  et 
sur  les  décombres.  Il  a  le  port  du  L.  atnplexicaule ;  ses 
feuilles  florales  sont  incisées,  et  la  fécondation  est  la  même 
que  celle  des  autres  Lamium.  —  Il  fleurit  pendant  tout  le 
printemps. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  vit 
disséminé  sur  tous  les  sols ,  atteignant  aussi  les  montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  trouve  en  France  et  en 
Lombardie.  —  Au  nord  ,  il  croît  en  Belgique  ,  en  Allema- 
gne ,  en  Bavière  ,  en  Westphalie,  dans  le  Mecklembourg , 
en  Angleterre,  en  Irlande  ,  aux  Hébrides  et  aux  Shetland. 
—  A  l'occident,  il  reste  en  Irlande.  —  A  l'orient,  il  vé- 
gète dans  une  partie  des  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d^extension  de  l'espèce. 

Sudy  France 45°     \Ecart  en  latitude  : 

iVor</,  Saint-Pétesbourg 60       ]  15° 

Occident,  Irlande 12  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Russie  méridionale. .. .  43  E.-^  55* 

Carré  d'expansion .      825 


LAMIIJM.  55 

Lamium  MACULA TUM,  Lin. — Celte  espèce  s'éloigne  aussi 
des  lieux  habités.  On  la  rencontre  bien  dans  les  haies  des 
villages  et  autour  des  habitations,  mais  elle  se  trouve  encore 
dans  les  bois,  sur  le  bord  des  ruisseaux,  dans  des  heux 
entièrement  sauvages.  Elle  est  vivace ,  et  ses  racines  tra- 
çantes émettent  en  automne  des  rameaux  stériles  qui  res- 
tent verts  pendant  l'hiver.  Dès  le  commencement  du 
printemps ,  ses  tiges  fertiles  paraissent  avec  un  feuillage 
rougeâtre  qui  plus  tard  devient  d'un  vert  sombre.  Ses  tiges 
sont  faibles  et  couchées  dans  le  bas.  Ses  feuilles  sont  gran- 
des et  dentées.  Il  fleurit  en  avril  et  ses  tiges,  continuant  de 
s'allonger,  donnent  de  nouvelles  fleurs  pendant  une  partie 
de  l'été.  Le  calice  a  des  dents  aiguës.  La  corolle,  rose^  plus 
ou  moins  foncée  et  admirablement  marbrée  par  plusieurs 
tons  de  carmin ,  a  son  tube  contracté  en-dessous  de  l'an- 
neau qui  en  rétrécit  l'entrée ,  et,  au  contraire ,  dilaté  en- 
dessus.  Les  anthères  sont  velues,  et  les  calices  s'aplatissent 
pendant  la  maturation. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et 
croît  dans  la  plaine  et  sur  les  montagnes  basses. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  existe  en  France  ,  en  Espa- 
gne et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  il  habite  la  France ,  la 
Belgique ,  l'Allemagne ,  la  Bavière ,  le  Danemarck  et  la  Go- 
thie.  —  A  l'occident,  il  vit  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il 
habite  la  Suisse,  l'Itahe ,  la  Dalmatie,  la  Hongrie,  la 
Croatie ,  la  Transylvanie ,  le  Péloponèse  ,  la  Turquie  ,  la 
Tauride ,  le  Caucase  ,  les  Russies  moyenne  et  australe ,  et 
la  Sibérie  arctique,  au  détroit  de  Karik,  sur  la  mer  Glaciale. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Algérie ;i5»     )  Ecart  en  latitude  : 

Nord  y  Sibérie  arctique 71       )  36» 


56  LABIÉES. 

Occident ,  Portugal 10  O.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  arctique 145   E.  j  155° 

Carré  d'expansion 5580 


Lamium  ALBOi,  Lin.  —  Très-voisin    du  précédent,  ce 
Lamium  h  racines  vivaces  y'\i  en  sociétés  très-nombreuses, 
le  long  des  haies  et  des  murailles,  sur  le  bord  des  chemins, 
des  champs  et  des  fossés.  Il  accompagne  l'ortie ,  dont  il 
semble  avoir  emprunté  le  feuillage  ,  mais  il  est  dépourvu  de 
ses  poils  vénéneux.  Ses  belles  (leurs  blanches  naissent  au 
sommet  des  tiges  en  verticilles  réguliers ,  se  mêlent  aux  co- 
rolles bleues  du  Veronica  Chamœdrys ,  au\  ileurs  jaunes  des 
renoncules  ou  du  Primula  officinalis  ,  et  concourent  par 
leur  précocité,  à  l'ornement  des  campagnes  dès  le  commen- 
cement du  printemps.  — Ses  corolles  sont  droites,  à  lèvre 
supérieure  dilatée  et  voûtée.  Ses  anthères  sont  velues  et  ré- 
gulièrement disposées  par  paires  les  unes  au-dessus  des  au- 
tres. —  Pendant  la  maturation  ,  les  calices  se  resserrent  ;  en 
grossissant  les  uns  à  côté  des  autres,  ils  s'aplatissent  et 
cachent  les  akènes  ,  presque  toujours  au  nombre  de  4 ,  un 
peu triquêtres  et  tronqués  au  sommet. —  II  ileurit  en  mars, 
avril  et  mai. 

Nature  du  sol. —  Altitude. —  Il  est  indifférent.  Il  vit 
en  plaine  et  dans  les  montagnes ,  jusqu'à  1 ,000  et  1 ,200°*. 
Ledebour  le  cite  même  à  1 ,600'"  dans  le  Taliisch. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  rencontre  rarement  et 
toujours  disséminé  en  France  ,  en  Espagne  et  en  Algérie , 
au  sommet  de  l'Atlas,  près  Beiida.  —  Au  nord,  il  est 
beaucoup  plus  commun  et  répandu  dans  toute  l'Europe  cen- 
trale, dans  toute  la  Scandinavie,  la  Laponie  exceptée,  dans 
les  haies  et  les  lieux  incultes,  en  Angleterre  et  en  Irlande. 
—  A  l'occident ,  il  reste  en  Irlande.  —  A  l'orient,  il  existe 


GALEOBDOLON.  57 

en  Suisse ,  en  Italie ,  en  Croatie ,  en  Hongrie  ,  en  Transyl- 
vanie,  en  Tauride  ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  les 
Russies  septentrionale,  moyenne  et  australe,  dans  lesSibéries 
de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale,  et  en  Da- 
hurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 36°      1  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Finlande 64        (  28« 

Occident ,  Irlande 12  0.  [Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  orientale 162   E.  |  174® 

Carré  d'expansion 4872 

G.  GAi,s:cBDOi:.oiv ,  Adans. 

On  n'en  connaît  qu'une  seule  espèce  qui  est  d'Europe. 

Galeobdolon  LUTEUii,  Huds.  —  Lorsque  l'on  voit  la  pro- 
l'usion  de  Labiées  (jui  lleurissent  en  été  et  en  automne,  on  est 
étonné  que  la  nature  en  ait  aussi  réservé  pour  l'ornement  du 
printemps;  celle-ci  fait  partie  de  cette  fraîche  végétation  des 
bois  qui  reçoit  les  rayons  solaires  brisés  par  la  cime  ramifiée 
des  arbres,  ou  filtrés  à  travers  les  feuilles  naissantes  et 
translucides  du  hêtre,  à  cette  époque  roi  des  forêts.  Alors 
le  sol  des  bois  est  un  véritable  parterre  où  le  Galeobdoîon 
élève  ses  longs  épis  de  verticilles  orangés,  où  les  Myosotis 
montrent  le  bleu  pur  de  leurs  corolles  ,  où  le  Stellaria  Ho- 
lostea  incline  ses  étoiles  de  neige  sur  les  massues  pourprées 
à^?,  Arum,  tandis  que  VOxalis  Acetoselhi  se  réfugie  au  pied 
des  vieux  arbres,  et  que  Vlsopyrnm  thalictroides  étale  son 
feuillage  léger  près  des  épis  d'azur  de  YAjuga  reptans. 
Telles  sont  les  compagnes  ordinaires  de  notre  gracieuse  La- 


58  LABIÉES. 

biée.  —  Sa  racine  jaunâtre  s'étend  dans  le  terreau  des 
bois  et  propage  la  plante  par  des  rejets  rampants.  Ses  feuilles 
sont  en  cœur,  irrégulièrement  dentées,  d'un  vert  sombre, 
glabres  et  ridées.  Le  tube  de  la  corolle  est  rétréci,  et  le 
limbe ,  au  contraire,  est  élargi  en  une  voûte  redressée  qui 
forme  la  lèvre  supérieure,  et  en  une  lèvre  inférieure  trifide. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  II  est  indifférent ,  croît 
sur  tous  les  sols ,  mais  plus  particulièrement  sur  les  terrains 
détritiques.  —  Il  habite  la  plaine  et  les  montagnes.  Nous  le 
trouvons  auMont-Doreà  1,200™,  avec  Streptopus  amplexi- 
folius ,  Stellaria  nemorum  et  Abies  peclinata.  Wahlea- 
berg  l'indique  en  Suisse  dans  les  lieux  ombragés  et  humi- 
des ,  jusqu'à  la  limite  supérieure  du  hêtre. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  la  France,  l'Espagne  et  le  midi 
de  l'Italie.  — Au  nord  ,  la  France  ,  la  Belgique,  l'Allema- 
gne ,  le  Danemarck ,  la  Gothie  ,  la  Norwége  centrale ,  l'An- 
gleterre et  l'Irlande  ,  oii  il  trouve  sa  limite  occidentale. — 
A  l'orient,  la  Suisse,  le  Piémont,  la  Lombardie,  la  Dal- 
matie  ,  la  Croatie ,  la  Hongrie ,  la  Transylvanie  ,  la  Servie  , 
la  Thrace,  les  Balkans ,  les  Russies  moyenne  et  australe ,  et 
la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Espagne 40»      )  Ecart  en  latitude  : 

iVort/,  Norwége 61       i  21« 

Occident,  Irlande 13  0.| Ecart  en  longitude: 

Omn^  Sibérie  de  l'Oural 62  E.)  75« 

Carré  d'expansion 1575 

G.  GAi.i:oFSis,  Lin. 
Distribution  géographique  du  genre.  —  Il  contient  12 


GALEOPSIS.  59 

à  15   espèces,  toutes  de  TEurope  centrale    et  moyenne. 
L'une  d'elles  végète  aussi  dans  l'Araérique  septentrionale. 

Galeopsis  Ladânum,  Lin .  —  Un  peu  moins  commune  que 
la  suivante ,  cette  espèce  vit  comme  elle  près  des  habita- 
tions ,  sur  le  bord  des  chemins ,  et  elle  couvre  quelquefois 
les  champs  après  que  la  moisson  en  a  été  enlevée.  Elle  est 
alors  en  société  avec  VHeliotropiwm  europœum,  VAlche- 
mi  lia  arvensis ,  V  Euphorbia  exigua ,  et  quelquefois  le  Del^ 
phinium  Consolida  qui  reparaît ,  ou  le  Daucus  Carotta 
qui  développe  ses  ombelles  blanches.  —  Sa  racine  est  lon- 
gue et  peu  profonde.  Sa  tige  unique  se  ramifie  dès  la  base , 
et  produit  plusieurs  branches  horizontales  dont  la  longueur 
va  en  diminuant  près  du  sommet  de  lu  plante.  Ses  feuilles 
sont  glabres,  ovales,  lancéolées.  Ses  fleurs,  assez  grandes, 
colorées  en  rouge  violet  ou  en  blanc  jaunâtre,  ont  les 
anthères  brunes  et  le  pollen  jaune.  Elles  offrent,  dans  leur 
fécondation,  les  mêmes  caractères  que  cellesduG.  Tetrahil. 

—  Il  fleurit  pendant  tout  l'été  et  tout  l'automne. 
Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  rencontre  ce  Ga- 
leopsis sur  tous  les  terrains  ,  et  peut-être  plus  abondamment 
sur  les  sols  siliceux  et  graveleux  ,  sur  les  décombres  et  près 
des  lieux  habités  ou  cultivés.  Au  reste,  il  y  a  probablement 
plusieurs  espèces  réunies  sous  cette  dénomination ,  et  dont 
l'une  affectionnerait  le  calcaire,  l'autre  les  terrains  siliceux. 

—  Ce  sont  des  plantes  de  la  plaine  ou  des  montagnes  peu 
élevées. 

Géographie.  —  Il  est  très-difficile  d'établir  avec  certitude 
l'aire  d'expansion  des  Galeopsis.  Ils  ont  été  transportés  par- 
tout avec  les  cultures.  —  Au  sud ,  on  trouve  celui-ci  en 
France,  en  Espagne  et  dans  le  midi  de  Tltahe.  —  Au  nord, 
il  existe  dans  tout  le  centre  de  l'Europe ,  dans  tout  le  Da- 


00  LABIÉES. 

lîetïiarck ,  la  Gothie ,  la  Norvège ,  dans  la  Suède  et  la  Fin- 
lande australes,  en  Angleterre,  en  Irlande,  aux  Feroë  et 
en  Islande. —  A  l'orient,  il  croît  en  Suisse  ,  en  Dalmatie, 
en  Hongrie,  en  Croatie,  en  Transylvanie,  en  Turquie, 
dans  le  Caucase,  en  Géorgie  ,  en  Arménie ,  dans  lesSibéries 
de  l'Oural,  de  l'Altaï  et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Midi  de  l'Italie 40»      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Islande 65       j  25« 

Occident,  Islande 24       | Écart  en  longitude: 

Orient,  Sibérie  du  Baïkal 112  E.  j  136« 

Carré  d'expansion 3400 

Galeopsis  ochrolecca  ,  Lam.  —  C'est  encore  dans  les 
champs  cultivés  qu'il  faut  chercher  cette  espèce  qui  se  trouve 
aussi ,  mais  plus  rarement ,  sur  la  hsière  des  bois,  sa  vérita- 
ble patrie  ;  mais  la  terre  remuée  plaît  tellement  à  ces  plan- 
tes, qu'elles  abandonnent  leur  station  primitive,  pour  pro- 
fiter des  soins  que  l'homme  donne  à  d'autres  cultures.  — 
Annuelle  comme  les  autres ,  celle-ci  s'élève  peu  ,  se  ramifie 
plus  ou  moins,  selon  la  richesse  du  sol ,  et  se  fait  remarquer 
par  la  grandeur  et  le  coloris  de  ses  belles  corolles.  —  Sa  tige 
est  droite,  non  renllée  sous  les  nœuds.  Ses  feuilles  sont 
molles,  velues  et  presque  tomenteuses  en-dessous,  ovales 
ou  lancéolées  ,  dentées  en  scie.  Les  fleurs  forment  de  petits 
gîomérules  distincts  ,  munis  de  petites  bractées  linéaires 
et  pointues.  Le  cahce  est  couvert  de  poils  mous  et  glandu- 
leux. La  corolle ,  jaune ,  purpurine  et  marbrée  ,  a  son  tube 
beaucoup  plus  long  que  le  calice.  —  Il  tleurit  en  été  et  en 
automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  [croît  sur  les  terrains 


GALEOPSIS.  61 

siliceux  et  graveleux  de  la  plaine  et  des  montagnes   peu 
élevées. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  en  France  et 
enLombardie.  — Au  nord  ,  il  croît  en  France  ,  en  Belgi- 
que, en  Allemagne,  en  Bavière,  en  Danemarck ,  en  An- 
gleterre, en  Irlande  et  à  St-Pétershourg.  —  A  l'orient,  on 
le  rencontre  en  Suisse,  en  Autriche  ,  en  Croatie,  en  Hon- 
grie ,  en  Transylvanie  et  en  Lithuanie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  France 44**      "i Ecart  en  latitude  : 

iVorc? ,  Saint-Pétersbourg 60       )  16° 

Occident ,  Irlande 12  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Russie 28  E.  j  40« 

Carré  d'expansion 640 

Galropsis  Tetuahit,  Lin.  —  Dès  que  le  sol  a  été  fouillé 
par  l'homme,  soit  pour  creuser  des  fossés,  soit  pour  labourer 
des  champs  ;  aussitôt  que  des  forêts  séculaires  ont  été  abat- 
tues ,  et  si  même  sur  le  bord  d'une  clairière  le  vent  abat 
un  arbre  et  remue  la  terre  qui  depuis  plusieurs  siècles  était 
accumulée  sur  ses  racines  ,  aussitôt  on  voit  paraître  de  jeunes 
plantes  en  germination.  Elles  étalent  deux  larges  cotylédons 
verts  et  s'empressent  de  grandir  avec  rapidité.  Ce  sont  des 
Galeopsis  Telrahit  dont  les  graines  semblent  exister  partout 
en  réserve  et  attendetit  pour  germer  que  les  circonstances 
leur  deviennent  favorables.  La  plante  devient  rameuse,  hé- 
rissée de  poils  raides  et  piquants.  Ses  rameaux  sont  ouverts  ; 
ses  feuilles  sont  grandes  ,  pointues ,  à  dentelures  aiguës  et 
d'un  vert  sombre.  Ses  (leurs  se  montrent  depuis  l'été  jusqu'à 
a  fin  de  l'automne  ;  elles  sont  sessiles  et  réunies  en  paquets 


62  LABIÉES. 

à  l'aisselle  des  feuilles  supérieures.  Les  calices  sont  ordinai- 
rement d'un  brun  rouge  à  dents  très-aiguës  ,  divergentes 
et  piquantes  quand  elles  ont  vieilli.  Les  corolles  sont  roses  , 
violacées  ,  blanches  ou  même  jaunâtres ,  variant  de  couleur 
selon  les  localités  et  présentant  parfois  toutes  leurs  variétés 
dans  le  même  lieu.  Le  tube  de  la  corolle  est  saillant  et 
non  dilaté  au  sommet  ;  les  étamines  sont  recourbées  sur 
la  lèvre  inférieure,  les  filets  sont  engagés  dans  le  tube  de 
la  corolle  ,  tandis  que  le  style  est  roulé  en  spirale  à  sa 
base.  —  A  cette  singulière  structure  ,  il  faut  ajouter  celle 
des  anthères  bien  décrites  par  Vaucher.  «  Elles  ont  leurs 
2  lobes  disposés  d'abord  parallèlement,  puis  verticalement 
l'un  au-dessous  de  l'autre  ;  au  moment  où  elles  commencent 
à  répandre  leur  pollen ,  ce  qui  a  lieu  un  peu  avant  la  florai- 
son, on  observe  que  chaque  lobe  a  sa  surface  antérieure  for- 
mée de  2  valvules;  l'une  triangulaire,  bordée  de poilsà  sa  ligne 
d'ouverture ,  est  placée  à  la  base  du  lobe  supérieur  et  immé- 
diatement au-dessus  du  lobe  inférieur  ;  l'autre,  dont  la  ligne 
d'ouverture  est  nue  ,  occupe  le  sommet  des  2  lobes;  la  pre- 
mière, en  conséquence,  s'ouvre  de  haut  en  bas,  et  la  seconde 
de  bas  en  haut,  en  sorte  qu'elles  se  rencontrent  et  s'arrêtent 
mutuellement,  en  développant  les  poils  qui  bordent  alors  toute 
l'ouverture.  »  (Vaucher,  t.  3,  p.  648.)  Ces  anthères  sont 
glauques  et  répandent  un  pollen  jaune  sur  les  2  lobes  stig- 
matifères  du  style.  —  Les  akènes,  triangulaires,  mûrissent 
au  fond  des  calices  et  se  répandent  en  abondance.  Ils  con- 
tiennent une  grande  quantité  d'huile  qui  ne  les  empêche 
pas  dese  conserver  sous  terre  très-longtemps.  —  Cette  espèce 
très-sociale  ,  comme  nous  l'avons  dit ,  vit  aussi  avec  beau- 
coup d'autres  espèces  ;  avec  le  Lapsana  vulgaris ,  les 
bardanes  et  toutes  les  plantes  des  décombres  ,  avec  les 
Polygonwn  sur  les  sables  des  rivières  ,  avec  les  avoines  et 


STACHYS.  63 

les  seigles  dans  les  champs  ;  avec  le  Soïidago  virga-aurea, 
VAira  flexuosa  dans  les  bois  défrichés  ,  etc. ,  etc. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  Ce  Galeopsis  est  in- 
différent et  recherche  surtout  les  lieux  habités.  Il  s'élève 
comme  les  habitations ,  très-haut  dans  les  Alpes  auprès  des 
chalets  et  des  cabanes  des  pâtres.  Ledebour  l'indique  jus- 
qu'à 2,600°  dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Son  aire  est  artificielle.  Il  est  originaire 
des  forêts  dont  il  habite  les  clairières,  mais  aussitôt  que  des 
terres  voisines  sont  cultivées,  il  s'en  empare  immédiatement. 
—  Au  sud  ,  il  croît  en  France,  en  Espagne  ,  dans  le  midi 
de  l'Itahe.  —  Au  nord  ,  il  est  commun  dans  toute  l'Europe 
centrale ,  dans  toute  la  Scandinavie  ,  y  compris  la  Laponie 
oîi  il  reste  aussi  dans  les  cultures.  On  le  connaît  en  Angle- 
terre ,  en  Irlande,  dans  les  archipels ,  aux  Feroë  et  en  Is- 
lande oui  il  s'arrête  aussi  à  l'occident,  quoique  déjà  il  soit 
naturalisé  en  Amérique  ,  à  Terre-Neuve  et  au  Canada.  — 
A  l'orient ,  il  habite  la  Suisse ,  l'Italie ,  la  Dalmatie ,  la 
Croatie ,  la  Hongrie ,  la  Transylvanie  ,  le  Caucase ,  la 
Géorgie ,  l'Arménie  ,  toutes  les  Russies ,  les  Sibéries  de 
l'Oural ,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale  ,  la  Dahurie  et 
le  Kamtschatka. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40»      \  Ecart  en   latitude  : 

Nord ,  Mageroë 71       j  31<* 

Occident ,  Islande 25  O.  ^  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Kamtschatka 170   E.  )  195° 

Carré  d'expansion 6045 

G.  STACH7S ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  Stachijs 


64  LABIÉES. 

constituent  un  genre  nombreux  et  très-dispersé  ,  habitant 
toutes  les  parties  du  ntionde  excepté  l'Océanie.  — Sur  125 
à  130  espèces  connues,  40  environ  sont  européennes  et  vé- 
gètent dans  le  midi  ou  dans  le  centre  du  continent  :  en  Grèce, 
en  Dalmatie ,  en  Italie ,  en  Espagne ,  en  Corse ,  en  Crimée  , 
à  l'île  de  Crète  ,  en  France  et  en  Allemagne.  —  32  à  33 
Slachys  sont  africains,  presque  tous  du  Cap  et  de  la  pointe 
australe  de  l'Afrique  ,  car  sur  ce  nombre  2  seulement  habi- 
tent Madagascar  ,  5  l'Egypte  ou  les  côtes  de  l'Afrique  bo- 
réale. —  25  espèces  asiatiques  se  trouvent  en  grande  partie 
groupées  dans  le  Caucase  ,  la  Syrie  ,  l'Arabie  et  l'Orient , 
les  autres  aux  Indes  orientales  ,  à  la  Chine  ,  en  Sibérie  ,  en 
Dahurie  et  au  Kamtschalka.  —  L'ainérique  a  aussi  ses 
Stachijs ,  au  nombre  de  20  dans  le  nord  et  12  dans  le 
midi  de  ce  grand  continent  ;  les  premières  sont  surtout 
au  Mexique  et  en  Californie  ,  les  autres  au  Chili ,  au 
Brésil  et  au  Pérou. 

Stachys  germamca  ,  Lin.  —  Cette  plante  qui  habite  le 
bord  des  chemins  ,  les  lisières  des  champs  et  quelquefois  les 
prairies  ,  se  fait  remarquer  par  ses  feuilles  entières  ou  un  peu 
dentées,  ovales ,  recouvertes  comme  ses  tiges  par  une  laine 
feutrée  ,  très-douce  au  toucher.  Toute  la  plante  est  grise  ou 
blanche,  sans  nuance  de  vert;  elle  est  bisannuelle.  — Ses 
tieurs  sont  réunies  comme  celle  de  l'espèce  suivante,  eu 
verticilles  à  plusieurs  rangs,  formantdes  couronnes  écartées, 
séparées  par  des  bractées  également  cotonneuses.  —  Les  ca- 
lices sont  engagés  dans  ce  duvet;  la  corolle  est  d'un  rose 
violacé  et  la  fécondation  est  la  même  que  celle  du  5.  alpina. 
Le  calice  est  fermé  par  des  poils  qui  se  relèvent  dès  que  la  co- 
rolle s'est  détachée  ,  et  qui  se  disposent  en  un  tube  conique  et 
fermé.  Puis,  à  l'époquede  la  dissémination,  le  cône  s'ouvre  au 


STACHYS.  65 

sommet  et  laisse  passer  leurs  akènes.  —  Elle  fleurit  en  juillet 
et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  croît  sur  les  terrains 
calcaires  et  marneux  et  reste  dans  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  la  trouve  en  France  ,  en  Es- 
pagne ,  aux  Baléares.  —  Au  nord  ,  elle  est  en  France  ,  en 
Belgique  ,  en  Allemagne  ,  en  Angleterre  et  en  Russie  jusque 
dans  l'île  d'Osilie.  —  A  l'occident,  elle  vit  en  Portuiral.  — 
A  l'orient,  elle  végète  en  Suisse,  en  Italie,  en  Dalmatie, 
en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en 
Turquie,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie  ,  dans 
lesRussies  moyenne  et  australe  ,  dans  les  Sibéries  de  l'Ou- 
ral ,  de  l'Altaï  et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Grèce 38»      j Écart  en  latitude  : 

iVor(/,  lie  d'Osilie 53       i  15" 

Occident ,  Portugal 10  O.^Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  du  Baïkal 112  E.^  122» 

Carré  d'expansion ♦ .   1830 

Stachys  Heraclea  ,  AH.  —  Ce  Stachys  est  vivace  et 
croît  en  sociétés  plus  ou  moins  nombreuses  dans  les  champs 
incultes  ,  sur  les  coteaux  et  sur  le  bord  des  chemins.  Sa  ra- 
cine est  presque  ligneuse  ,  et  l'on  remarque  au  sommet, 
non-seulement  la  tige  florifère  qui  va  se  développer,  mais 
encore  le  rudiment  de  celle  de  l'année  suivante.  Les  feuilles 
radicales  sont  pétiolées  ,  oblongues  ,  crénelées  ,  couvertes 
comme  la  tige  et  le  reste  de  la  plante  de  poils  longs,  mous  et 
hérissés.  Les  fleurs,  de  couleur  purpurine,  sortt  disposées  en 
verticilles  d'autant  plus  rapprochés  qu'ils  sont  situés  plus  près 
du  sommet.  Les  bractées  sont  sessiles,  étalées  ou  réfléchies. 

Mil  5 


66  LABIÉES. 

ovales  à  la  base  et  rétrécies  en  pointe  au  sommet.  La  lèvre 
supérieure  de  la  corolle  est  entière  et  cachée  dans  de  longs 
poils.  —  Il  fleurit  en  juin  el  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
calcaires  et  marneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  et  à  l'est ,  il  existe  en  France , 
en  Corse  ,  en  Sardaigne ,  en  Espagne ,  en  Italie  et  en  Sicile. 
—  Au  nord  et  à  l'ouest  ,  il  s'arrête  aux  environs  de  la  Ro- 
chelle et  dans  le  Cher. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile 37"      )  Ecart  en  latitude  : 

iVort/,  France 46       j  9** 

Occident,  France 4  0.  i  Ecart  en  longitude  : 

Oncn^  Italie 15   E.  )  19° 

Carré  d'expansion , 171 

Staciiys  alpina,  Lin.  — Bien  que  les  forêts  nourrissent 
peu  de  Labiées,  celle-ci  les  habite  de  préférence  ,  pourvu 
qu'elles  ne  soient  pas  trop  fourrées.  Elle  y  forme  des  touffes 
épaisses  et  vigoureuses  aux  larges  feuilles  molles  et  velues, 
et  termine  ses  tiges  par  des  épis  composés  de  plusieurs  rangs 
de  verticilles  séparés  par  des  bractées  ,  épis  dont  le  sommet 
est  fréquemment  penché.  —  Le  calice  offre  des  dents  poin- 
tues ;  la  corolle,  d'un  violet  pâle  ,  agréablement  maculée  de 
carmin  ,  renferme  les  4  étamines  ,  mais  2  d'entre  elles  s'ou- 
vrent avant  la  floraison,  et  s'empressent ,  aussitôt  après  l'épa- 
nouissement, de  tordre  leurs  filets  et  de  sortir  d'une  prison 
dans  laquelle  elles  n'ont  plus  aucune  fonction  à  remplir.  Les 
2  autres  s'ouvrent  plus  tard  et  restent  enfermées  sous  la  lè- 
vre supérieure  où  la  fécondation  s'opère  par  le  contact  d'un 
pollen  blanchâtre  et  à  petits  grains.  Le  calice,  velu  à  l'inté- 


STACHYS.  67 

rieur,  redresse  ses  poils  à  la  maturité  et  laisse  tomber  des 
akènes  obtus.  —  Toute  la  plante  est  couverte  de  poils  trans- 
parents, capités  ,  glanduleux  ,  de  longueur  inégale.  Les  ca- 
lices surtout  sont  plus  glanduleux  que  les  autres  organes. 
Ces  mêmes  poils  blancs  existent  encore  sur  la  lèvre  supé- 
rieure de  la  corolle.  Les  anthères  sont  violettes.  —  Elle  fleu- 
rit en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  AUitude.  —  Ce  Stachys  est  indiffé- 
rent et  se  trouve  sur  tous  les  terrains ,  dans  les  plaines  et 
sur  les  montagnes.  De  Candolle  le  cite  à  40™  à  Liège  et  à 
1 ,400°^  dans  les  Alpes.  Ledebour  l'indique  depuis  400  jus- 
qu'à 2,000™  dans  le  Caucase,  le  Breschtau  et  le  Taliisch. 

Géographie.  —  Il  existe,  au  sud,  en  France,  en  Espagne, 
et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  croît  en  France, 
en  Belgique,  en  Allemagne,  et  en  Russie  près  de  Saint-Pé- 
tersbourg. —  A  l'occident ,  il  reste  en  Espagne.  —  A  l'o- 
rient ,  on  le  rencontre  en  Suisse ,  en  Dalmatie ,  en  Croatie , 
en  Transylvanie,  en  Grèce,  en  Turquie,  dans  le  Caucase  et 
en  Géorgie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Espagne 40°     ]  Ecart  en  latitude  : 

iVorc?,  Saint-Pétersbourg 60       )  20° 

Occident ,  Espagne 6  O.  j  Ecart  en  longitude  : 

Orient  f  Géorgie 47  E.  j  53° 

Carré  d'expansion 1060 

Stachys  sylvatica  ,  Lin.  —  De  tous  les  Stachys,  ce- 
lui-ci est  le  seul  qui  cherche  l'ombre  et  les  lieux  abrités. 
C'est  sur  la  lisière  des  bois  ,  à  l'abri  des  haies  et  au  sein 
même  des  forêts  qu'il  enfonce  ses  racines  vivaces,  tortueuses 


68  LABIÉES. 

et  rampantes ,  qu'il  développe  ses  belles  feuilles  pétiolées , 
triangulaires  ,  dentées  et  d'un  vert  pur  ,  qu'il  élève  ses  liges 
quadrangulaires  garnies  comme  ses  feuilles  de  poils  étalés  , 
et  qu'il  laisse  épanouir  ses  longs  épis  de  fleurs  carminées. — 
Ses  verticilles  ne  sont  formés  que  d'un  petit  nombre  de  fleurs 
qui  s'épanouissent  successivement  de  la  base  au  sommet  de 
l'épi. La  corolle,  d'un  carmin  violet,  offre  dans  son  intérieur 
des  macules  blanches  qui  contrastent  avec  sa  couleur  foncée, 
et  ses  filets  extérieurs,  aplatis,  se  déjettent  en  dehors  comme 
dans  tous  les  vrais  Slachys.  —  Les  racines  traçantes  et  sto- 
lonifères  de  cette  espèce  contribuent  à  la  rendre  sociale  ; 
aussi  la  trouvons-nous  par  petits  groupes,  souvent  associée 
au  Galeobdolon  luleum,  au  Circea  luteliana,  à  V Impa- 
tiens noli  tangere ,  au  Géranium  Rohcrlianum  et  à  toutes 
les  espèces  qui  recherchent  aussi  les  lieux  frais  et  ombragés. 
—  11  fleurit  en  juin  ,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  Il  préfère  les  calcaires 
et  les  sols  détritiques,  et  croît  également  bien  sur  les  terrains 
volcaniques.  Nous  le  trouvons  jusqu'à  1,200™.  Ledebour 
l'indique  dans  le  Breschtau  à  la  même  altitude. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  habite  la  France  ,  l'Espagne, 
et  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  est  répandu  dans  toute 
l'Europe  centrale,  dans  toute  la  Scandinavie,  en  Laponie, 
dans  les  vallées  inférieures  du  Nordiand  méridional ,  dissé- 
miné, mais  abondant  ;  il  existe  aussi  en  Finlande,  en  Angle- 
terre, dans  les  3  archipels  anglais  ,  non  aux  Feroë  ,  mais  en 
Islande  oii  il  trouve  sa  limite  occidentale,  s'il  n'existe  pas 
en  Amérique.  —  A  l'orient ,  il  occupe  la  Suisse,  l'Italie,  la 
Sicile ,  la  Hongrie ,  la  Croatie ,  la  Dalmatie  ,  la  Transyl- 
vanie, le  Péloponèse  ,  la  Turquie,  la  Tauride ,  le  Caucase  , 
la  Géorgie ,  les  Russies  septentrionale ,  moyenne  et  australe, 
les  Sibériesde  l'Oural  et  de  l'Altaï. 


STACHYS.  69 

Limites  d'extension  de  Vespèce, 

Sud ,  Grèce 37"      j  Écart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 70        j  33« 

Occident,  Islande 26  O."/ Écart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Altaï 97   E.  )  123« 

Carré  d'expansion 4059 

Stachys  PALUSTius,  Lin.  —  La  nature  a  répandu  les 
espèces  de  ce  genre  dans  toutes  les  stations.  Celle-ci  croît 
dans  les  marais,  le  long  des  fossés  et  des  cours  d'eau.  C'est 
une  plante  vivace,  à  racines  traçantes,  qui  se  multiplie  abon- 
damment et  qui  vit  associée  au  Lythnim  Salicaria ,  au 
Lysimachia  vulgaris  ,  au  Scirpus  maritimus  ,  et  à  divers 
Polygonum.  —  Sa  tige  est  simple,  droite,  un  peu  rou- 
geâtre  et  velue.  Ses  feuilles  sont  allongées,  pointues,  den- 
tées en  scie  ,  d'un  vert  sombre.  Ses  fleurs,  d'un  rose  violacé, 
sont  réunies  en  épi  verticillé.  Elles  offrent  les  caractères  des 
vrais  Stachys;  elles  ont  leurs  filets  extérieurs  aplatis  et 
déjetés.  —  Elle  fleurit  en  juillet  et  en  août.  — Nous  men- 
tionnons ici  le  S.  amhigua,  Smitb.,  qui  paraît  être  une  hy- 
bride des  S.  paluslris  et  S.  sylvatica;  ou  s'il  constitue  une 
espèce  distincte  et  non  une  hybride ,  il  a  été  trop  souvent 
confondu  avec  le  S.  paluslris  pour  que  nous  puissions  sépa- 
rer son  aire  géographique. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Cette  espèce  est  indiffé- 
rente ;  elle  accepte  tous  les  terrains  et  s'élève  peu  dans  les 
montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud ,  elle  vit  en  France,  en  Espagne, 
dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord ,  elle  végète  dans  tout 
le  centre  de  l'Europe ,  et  dans  toute  la  Scandinavie  ,  jusque 


70  LABIÉES. 

dans  la  Laponie  australe,  en  Finlande,  en  Angleterre,  en 
Irlande,  aux  Orcades,  aux  Hébrides  et  aux  Shetland.  —  A 
l'occident,  elle  existe  en  Portugal,  dans  l'Amérique  du  nord, 
dans  tout  le  Canada  jusqu'au  fort  Francklin  sur  la  rivière 
de  Makensie ,  sur  les  bords  de  la  Colombie ,  sur  la  côte  nord- 
ouest  et  à  Terre-Neuve.  —  A  l'orient,  elle  occupe  la  Suisse, 
la  Dalmatie  ,  la  Thrace  ,  la  Macédoine  ,  le  Péloponèse ,  la 
Tauride  ,  le  Caucase  ,  la  Géorgie,  les  Russies  septentrio- 
nale ,  moyenne  et  australe,  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Al- 
taï, du  Baïkal  et  orientale,  ainsi  que  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Grèce 37'*     | Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 66       )  29« 

Occident ,  Amérique 130  O,  )  Ecart  en  longitude  : 

Omw^  Sibérie  orientale 100   E.j  290» 

Carré  d'expansion 8410 

Stachys  ARVENSis,  Lin.  —  Petite  plante  annuelle  ré- 
pandue dans  les  champs  et  vivant  au  milieu  des  moissons, 
quand  celles-ci  laissent  des  clairières.  Elle  y  forme  de  petites 
touffes  plus  ou  moins  rameuses,  dont  les  branches  ou  les  tiges 
portent  à  l'aisselle  des  feuilles  supérieures  une  série  de  ver- 
ticilles  composés  chacun  de  6  fleurs.  La  corolle  est  blan- 
che ou  rosée  ,  et  déjà  les  2  étamines  extérieures  ont  ouvert 
leurs  anthères  avant  l'épanouissement,  et  se  déjettent  aus- 
sitôt que  la  floraison  s'opère.  —  Les  calices,  renflés  à  leur 
base,  s'inclinent  lors  de  la  maturité,  pour  répandre  les 
akènes.  —  Elle  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente  et 
croît  partout  dans  les  plaines. 


STACHYS.  71 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  végète  en  France ,  en 
Espagne,  en  Algérie ,  à  Madère,  aux  Canaries  et  aux  îles 
du  Cap-Vert.  —  Au  nord  ,  elle  est  disséminée  dans  une 
grande  partie  de  l'Europe  centrale  et  dans  la  Scandinavie, 
oii  elle  croît  aussi  dans  les  moissons  du  printemps  ,  jusque 
dans  la  Norvège  australe.  On  la  trouve  aussi  en  Finlande,  en 
Angleterre,  en  Irlande  et  aux  Orcades.  —  A  l'occident, 
nous  ajouterons  le  Portugal  aux  localités  citées.  —  A 
l'orient ,  elle  occupe  la  Suisse,  l'Italie  ,  la  Sicile ,  les  Ba- 
léares, la  Corse,  la  Sardaigne,  la  Dalmatie,  la  Hongrie,  la 
Galicie  ,  la  Grèce,  l'île  de  Crète,  la  Turquie,  le  Caucase, 
les  Russies  moyenne  et  australe  ,  et  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Iles  du  Gap- Vert 13»     | Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège . .  ^ 00       )  47® 

Occident ,  Iles  du  Cap-Vert 26  O.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Oural 71   E.  j  97° 

Carré  d'expansion 4559 

Stachys  annca  ,  Lin.  —  Cette  petite  espèce  est  extrê- 
mement commune  dans  les  champs  lorsque  la  moisson  a  été 
récoltée.  Elle  y  croît  avec  V lleliotropium  europœmn  , 
V Aphanes  arvensis  y  VEuphorbia  exigua  ,  le  Galeopsis  La- 
danum,  etc.  Elle  est  annuelle;  sa  tige  est  droite  et  rameuse; 
ses  feuilles  sont  pétiolées ,  légèrement  ridées  et  d'un  vert 
jaunâtre;  les  inférieures,  ovales,  oblongues,  crénelées  et 
un  peu  obtuses  ;  les  supérieures  plus  étroites ,  pointues 
et  dentées  en  scie.  Les  fleurs  sont  réunies  en  verticilles  aux 
aisselles  supérieures;  elles  sont  assez  grandes,  d'un  jaune 
pâle.  Le  calice  se  ferme  après  la  chute  de  la  corolle,  et  ne 


72  LABIÉES. 

s'ouvre  qu'après  la  maturation  complète  des  akènes.  —  Elle 
fleurit  pendant  l'été  et  l'automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  recherche  les  ter- 
rains calcaires  de  la  plaine  et  des  montagnes  peu  élevées. 
Lcdebour  l'indique  dans  le  Taliisch,  depuis  600  jusqu'à 
1,300'". 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  habite  la  France,  une  par- 
tie de  l'Espagne  et  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord ,  elle 
croît  en  France,  en  Belgique,  en  Allemagne  en  Dane- 
marck  et  en  Angleterre.  — A  l'occident,  elle  vit  en  Por- 
tugal. —  A  l'orient ,  on  la  cite  en  Suisse,  en  Dalmatie  ,  en 
Hongrie,  en  Croatie,  en  Transylvanien,  en  Turquie  au  mont 
Athos,  en  Tauride,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie  ,  dans  les 
Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud  ,  Midi  de  l'Jtalie 40*^      )  Ecart  en  longitude  : 

jYon/,  Saint-Pélersijourg 00        i  20" 

Occident,  Portugal 11  O.  j  Ecart  en  latitude  : 

Orient ,  Géorgie 47    E.  )  58» 

Carré  d'expansion 1160 

Stachys  recta.  Lin.  —  C'est  encore  une  plante  des 
champs,  mais  des  lieux  incultes,  des  pelouses  sèches,  des 
rochers  et  des  bords  des  chemins.  Elle  y  forme  des  touffes 
raides ,  d'un  vert  jaunâtre ,  munies  de  verticilles  qui  se  suc- 
cèdent pendant  tout  l'été.  —  Sa  racine,  vivace  ,  est  dure  et 
ligneuse.  Ses  tiges,  ordinairement  droites,  sont  quelquefois 
couchées  ou  obliques.  Ses  feuilles  sont  allongées,  velues  et 
légèrement  dentées.  Les  calices  ont  leurs  divisions  très-poin- 
tues; la  corolle  est  d'un  jaune  pâle,  marquée  de  taches  et 


STACHYS.  73 

de  veines  purpurines  ou  briquetées.  La  lèvre  supérieure  est 
droite,  redressée  et  très-écartée  de  l'inférieure.  Les  étn- 
mines  sont  déjetées  ,  et  les  calices  restent  ouverts  pendant  la 
maturation.  —  Eile  fleurit  pendant  tout  l'été. 

Nature  du  sol.  —  AUitude.  —  On  la  trouve  sur  tous 
les  terrains,  mais  elle  préfère  les  calcaires.  Elle  croît  ordi- 
nairement en  plaine.  Ledebour  la  cite  dans  le  Taliisch  jus- 
qu'à 1,200'". 

Géographie.  —  Au  sud,  elle  habite  la  France,  l'Espagne 
et  le  midi  de  l'Italie.  — Au  nord,  la  France  ,  les  Ardennes, 
l'Allemagne,  la  Lithuanie  et  l'île  d'Osilie.  — A  l'occident, 
elle  reste  en  Espagne.  —  A  l'orient,  elle  habite  la  Suisse, 
la  Dalmatie,  la  Hongrie,  la  Croatie,  la  Transylvanie,  la 
Turquie  ,  l'île  de  Crète,  le  Péloponèse  ,  la  Tauride  ,  le  Cau- 
case ,  la  Géorgie ,  le  Taliisch ,  les  Russies  moyenne  et  aus- 
trale. 

Lîmiles  d'exlcnsion  de  Vespèce. 

Sud,  Ile  de  Crète ijô**      |  Kcart  en   latitude  : 

iVor(/,  lie  d'Osiiie 57        )  22" 

Occident,  Espagne 5  0.)  Ecart  en  longitude: 

Or/cn^,  Russie  moyenne 58   E.  )  63" 

Carré  d'expansion 1386 

STACHYsBETOMCA,Benth.  — Jolie  plante  vivace qui  habite 
les  pelouses  des  heux  montagneux  où  elle  étale  ses  feuilles 
pétiolées  et  garnies  de  festons  arrondis  et  glanduleux.  Quel- 
ques feuilles  sessiles  naissent  aussi  sur  la  tige  rarement  rami- 
fiée et  qui  se  termine  par  un  épi  purpurin  ,  formé  de  verti- 
cilles  serrés  et  munis  de  petites  bractées  colorées.  —  Le 
calice  est  velu  ,  la  lèvre  supérieure  de  la  corolle  est  voûtée , 
l'inférieure  est  trifide.  Les  2  étamines  extérieures  se  peu- 


74  LABIÉES. 

chent  à  l'iiilérieur  et  rapprochent  leurs  anthères  qui  s'ou- 
vrent en  dedans,  du  côté  du  stigmate  qui  s'est  allongé  et  est 
venu  se  placer  au  milieu  des  anthères.  Ce  stigmate  cepen- 
dant ne  devient  apte  que  plus  tard,  et  il  n'étale  ses  deux 
branches  papillaires  qu'après  l'ouverture  des  anthères.  — 
Le  calice  ,  renfermant  les  akènes,  reste  nu  et  ouvert,  et  les 
semences  ,  recouvertes  de  glandes  brillantes  et  résineuses  , 
en  sortent  successivement.  —  La  bétoine  vit  en  sociétés  assez 
nombreuses  au  miHeu  des  graminées  et  des  autres  espèces 
des  stations  sèches.  On  voit  souvent  ses  élégants  épis  asso- 
ciés aux  panicules  légères  du  Briza  média ,  aux  corolles 
azurées  des  campanules,  au  Lotus  coruiculatus ,  etc.  — 
Cette  plante  fleurit  pendant  tout  l'été.  —  Dans  cette  espèce 
comme  dans  tous  les  Betonica ,  dit  M.  Gay,  l'axe  cauli- 
naire  primaire  ne  s'allonge  jamais  en  tige.  Ce  sont  les  ra- 
meaux ,  nés  à  l'aisselle  des  feuilles  de  la  rosette ,  qui ,  dans 
ces  plantes ,  jouent  le  rôle  de  tiges  florifères  (  Bull,  de  la 
Société  bot.  de  France,  t.  II,  p.  586).  C'est  un  exemple 
nouveau  et  curieux  de  la  génération  alternante,  comme 
celui  qui  a  été  indiqué  par  M.  Fabre ,  dans  le  Vicia  amphi- 
carpa. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Indifférente  à  la  nature 
chimique ,  elle  recherche  les  terrains  secs  et  graveleux  des 
plaines  et  des  montagnes.  Nous  la  trouvons  en  Auvergne 
jusqu'à  1,200  et  1,500'°.  Ledebour  la  cite  à  800m  dans  Je 
Breschtau ,  et  Wahlenberg  l'indique  jusqu'à  2,500™  dans 
les  Alpes  de  la  Suisse. 

Géographie.  —  Au  sud,  la  bétoine  vit  en  France,  en 
Espagne  et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  elle  est  commune  dans 
toute  l'Europe  centrale,  dans  le  Danemarck,  la  Gothie  et 
la  Finlande  australes,  en  Angleterre  et  en  Irlande.  —  A 
l'occident,  elle  vit  aussi  en  Portugal.  —  A  l'orient,  on  la 


SIDERITIS.  75 

connaît  en  Suisse,  en  Italie,  en  Dalmatie,  en  Hongrie,  en 
Croatie,  en  Transylvanie,  en  Turquie,  dans  le  Péloponèse 
et  la  Tauride,  dans  le  Caucase,  la  Géorgie,  dans  les  Russies 
septentrionale,  moyenne  et  australe,  dans  la  Sibérie  de 
l'Oural. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie 35°      |  Écart  en  latitude  : 

Nord,  Finlande 61       i  '26» 

Occident,  Irlande 14  0.  j Écart  en  longitude  : 

One/?;,  Sibérie  de  l'Oural 72E.  j  86° 

Carré  d'expansion 2236 

G.  SIDEBXTIS  ,  Lin, 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Il  comprend 
environ  50  espèces ,  dont  30  à  32  européennes.  Ces  plantes 
sont  surtout  concentrées  dans  l'Europe  australe  ,  et  princi- 
palement en  Espagne  ,  en  Sicile,  à  l'île  de  Crète  ,  en  Grèce, 
en  Italie  et  en  Crimée  ;  quelques-unes  habitent  les  Alpes 
australes.  —  9  à  10  espèces  seulement  sont  asiatiques, 
toutes  de  l'Orient ,  de  la  Syrie  ,  de  la  Palestine  ou  de  l'Asie 
mineure,  excepté  une  qui  croît  au  Japon.  —  L'Afrique 
possède  8  Sideritis  :  3  des  Canaries,  2  de  Madère,  2  de 
l'Egypte  et  1  du  cap  de  Bonne-Espérance.  —  Une  seule 
espèce  américaine  a  été  trouvée  au  Pérou. 

Sideritis  ROMAXA,  Lin.  —  Commebeaucoup  d'autres  La- 
biées ,  celle-ci  se  développe  dans  les  lieux  arides  et  incultes 
bien  exposés  au  soleil.  Elle  y  forme  de  petites  touffes  d'un 
vert  jaunâtre.  Sa  tige  est  rameuse ,  et  se  ramifie  d'abord 
près  de  la  racine  qui  est  annuelle.  Le  rameau  intermédiaire 
est  droit  et  reste  très-court.  Les  latéraux  s'étendent  en 


76  LABIÉES. 

rampant  et  sont  3  ou  4  fois  plus  longs.  —  Ses  lleurs,  réunies 
par  verticilles  rapprochés,  sont  disposées  en  épi.  Le  calice 
est  terminé  par  5  dents  épineuses.  La  corolle ,  d'un  jaune 
pâle  bordé  de  noir ,  a  la  lèvre  supérieure  droite ,  tandis  que 
l'inférieure  est  déjetée  par  en  bas.  Lors  de  l'épanouisse- 
ment, c'est  la  lèvre  supérieure  qui  se  développe  la  première, 
et  ses  2  lobes  sont  placés  l'un  au-dessus  de  l'autre,  tandis 
que  le  lobe  moyen  de  la  lèvre  inférieure  reste  engagé 
dans  le  tube  longtemps  encore  après  que  les  2  latéraux  se 
sont  dégagés.  Les  étamines  ne  sortent  pas  du  tube.  Les 
supérieures  sont  très-courtes  ;  les  inférieures,  plus  longues, 
ont  leurs  anthères  uniloculaires.  Lorsque  la  fécondation  a 
lieu  ,  le  stigmate  est  formé  de  2  lobes  dont  l'inférieur  est 
un  demi-cylindre  creux  enveloppant  le  supérieur  en  forme 
de  languette.  Les  loges  des  anthères  supérieures,  d'abord 
parallèles ,  sont  fixées  sur  un  petit  disque  qui ,  par  un  mou- 
vement de  torsion  ,  amène  la  loge  extérieure  au-dessus  de 
l'autre  ,  et  c'est  alors  que  le  pollen  se  répand.  —  Après  la 
floraison,  le  calice  reste  ouvert,  mais  garni  intérieurement 
d'une  petite  manchette  de  poils  qui  protège  des  akènes  lisses, 
un  peu  triangulaires  et  amincis  au  sommet.  —  Le  Sideritis 
fleurit  pendant  tout  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Allilude.  —  Il  végète  sur  tous  les 
terrains  calcaires  et  rocailleux ,  et  ne  s'élève  que  dans  les 
pays  très-chauds.  M.  Boissier  le  cite  depuis  0  jusqu'à  1 ,600™ 
dans  le  midi  de  l'Espagne. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  habite  la  France  ,  l'Espagne 
et  l'Algérie.  —  Au  nord ,  il  est  beaucoup  plus  rare  ,  et  at- 
teint à  peine  le  plateau  central  de  la  France.  —  A  l'occi- 
dent ,  il  existe  en  Portugal.  —  A  l'orient,  on  le  trouve  en 
Italie,  en  Sicile,  en  Dalmatie,  en  Grèce,  dans  la  Macédoine, 
aux  îles  deMéHta  et  de  Leri,  en  Syrie  et  dans  l'Asie  mineure. 


MAURLBirM.  77 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Syrie 34»     ") Écart  en  latitude  : 

Nord ,  France 44       ^  10" 

Occident ,  Portugal 10  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Syrie 34  E J  44" 

Carré  d'expansion 440 

G.  MABRUBIUM^  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Il  contient 
26  espèces,  dont  la  moitié  habite  les  parties  chaudes  de  l'Eu- 
rope :  l'Espagne  ,  la  Grèce ,  l'Italie ,  la  Sicile  et  l'Allemagne 
méridionale.  —  12  Murrubium  asiatiques  se  trouvent  dans 
le  Caucase  ,  la  Perse ,  la  Syrie  et  la  Géorgie ,  ainsi  que  dans 
la  Sibérie.  —  L'Afrique  et  l'Océanie  en  sont  dépourvues. 
—  J  espèce  vit  en  Amérique  à  la  Nouvelle-Espagne. 

Marrl'bium  vuLGAiiE,  Lin.  —  Les  plantes  communes 
offrent  un  intérêt  tout  particulier  ;  nous  les  rencontrons 
partout ,  nous  les  avons  constamment  sous  les  yeux  ,  et  si 
quelques-uns  des  phénomènes  physiologiques  qu'elles  pré- 
sentent nous  échappent ,  nous  ne  devons  nous  en  prendre 
qu'à  notre  indifférence.  Nous  assistons  à  leur  naissance  et 
à  leur  mort,  à  toutes  les  phases  de  leur  vie.  Le  marrube 
est  évidemment  dans  cette  catégorie  ;  nous  le  vovons  abon- 
dant sur  le  boni  des  chemins  ,  produisant  au  printemps  de 
petites  touffes  serrées  et  cotonneuses  qui  ne  tardent  pas  à 
grandir  et  à  montrer  des  feuilles  grises,  ridées  ,  odorantes, 
fixées  à  des  tiges  également  blanches  et  cotonneuses.  —  Les 
fleurs  naissent  par  paquets  verticillés  aux  aisselles  de  pres- 
que toutes  les  feuilles,  excepté  des  inférieures.  Le  calice, 


78  LABIÉES. 

également  laineux,  est  terminé  par  10  dents  crochues. 
La  corolle  est  petite  et  blanchâtre.  Avant  l'épanouissement, 
la  lèvre  supérieure  recouvre  l'inférieure  contre  laquelle  sont 
appliqués  extérieurement  les  deux  lobes  latéraux.  —  Les 
filets  des  étamines  sont  insérés  à  des  hauteurs  différentes 
au  tube  de  la  corolle ,  et  le  stigmate  a  son  lobe  inférieur 
élargi  et  étalé.  Le  pollen  est  blanchâtre,  épais  et  parsemé 
de  points  brillants.  —  Le  style  persiste  après  la  fécon- 
dation et  la  chute  de  la  corolle.  Le  calice  recourbe  forte- 
ment ses  dents ,  et  les  fleurs  sont  si  serrées  que  ces  dents 
s'enchevêtrent ,  et  tout  le  verticille  se  détache  à  la  fois , 
en  sorte  que  les  akènes,  obtus  et  non  tronqués,  ne  sortent 
qu'après  la  destruction  des  calices.  —  11  fleurit  pendant 
tout  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et 
recherche  les  lieux  secs  et  rocailleux.  11  habite  également 
la  plaine  et  les  montagnes.  11  remonte  en  Auvergne  sur  les 
coulées  de  lave  jusqu'à  1^200".  M.  Boissier  le  cite  dans 
le  midi  de  l'Espagne  de  0  à  1,600™,  en  remontant  le  lit 
desséché  des  torrents.  Ledebour  l'indique  dans  le  Taliisch 
à  1,350™. 

Géographie.  —  Plante  des  plus  communes  qui  s'étend , 
au  sud  ,  en  Espagne,  en  Algérie  ,  aux  Canaries,  à  Madère  , 
en  Syrie  et  dans  toute  la  région  méditerranéenne ,  excepté 
l'Egypte.  —  Au  nord ,  on  trouve  le  marrube  dans  l'Europe 
centrale ,  dans  le  Danemarck ,  la  Gothie ,  la  Norvège  et  la 
Suède  australe  ;  il  évite  la  Finlande  et  existe  en  Angleterre 
et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  il  est  en  Portugal,  et  il  est 
surtout  très-abondant  au  Canada  où,  malgré  cela,  on  doit 
le  considérer  comme  introduit.  —  A  l'orient,  il  habite  la 
Suisse ,  l'Italie ,  la  Sicile ,  les  Baléares ,  la  Dalmatie ,  la 
Croatie,  la  Hongrie,  la  Transylvanie,  la  Grèce ,  la  Turquie, 


BALLOTA.  79 

la  Tauride ,  le  Caucace ,  la  Géorgie  ,  la  Syrie ,  la  Servie  , 
l'Arabie-Heureuse,  Cachemire,  les  Russies  moyenne  et  aus- 
trale. 

Limites  d'extension  de  Vespèce, 

Sud,  Canaries 29«      j Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Suède 56       i  27» 

Occident,  Madère 19  0. 1  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Cachemire 78   E.  (  97<* 

Carré  d'expansion 2619 

G.  BAIiLOTA,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  Ballota , 
au  nombre  de  22,  appartiennent  presque  tous  à  l'Europe  et 
à  l'Asie.  —  On  en  connaît  il  dans  cette  dernière  partie 
du  monde  :  2  aux  Indes  orientales ,  3  de  l'Arabie,  les  autres 
de  l'orient ,  de  la  Syrie  et  de  la  Perse.  —  Les  9  espèces  eu- 
ropéennes sont  réparties  :  en  Grèce,  en  Espagne,  à  l'île 
de  Crète,  à  l'île  de  Chypre,  en  France  et  en  Bohême.  — 
2  africaines  habitent  l'une  l'Afrique  australe ,  l'autre  l'Afri- 
que boréale. 

Ballota  nigra  ,  Lin.  —  Ce  que  nous  venons  de  dire  du 
Marrubium  vulgare  s'applique  également  au  Ballota  nigra. 
Ces  deux  plantes  se  trouvent  souvent  ensemble  sur  le  bord 
des  chemins,  an  pied  des  murailles,  sur  les  décombres. 
Toutes  deux  sont  presque  domestiques.  Le  Ballota  pousse 
de  bonne  heure  en  touffes  serrées  comme  le  marrube.  Ses 
feuilles  ,  dans  leur  développement,  sont  repHées  et  non  ap- 
pliquées sur  la  nervure  moyenne.  Leur  partie  supérieure , 


80  LABIÉES. 

d'un  vert  foncé,  est  bosselée,  tandis  que  l'inférieure  est 
parsemée,  comme  les  tiges  et  le  calice,  de  petites  glandes 
libres,  arrondies,  qui  communiquent  à  la  plante  son  odeur 
forte  et  désagréable.  —  Les  fleurs  sont  disposées  en  verti- 
cilles  assez  serrés  que  la  lumière  paraît  rendre  unilatéraux. 
Les  calices  portent  5  dents.  La  corolle  est  d'un  rose  violet 
sale,  à  tube  annelé  intérieurement,  à  lèvre  supérieure 
droite  et  concave,  à  lèvre  inférieure  étalée  et  trifide.  Les 
étamines  sont  saillantes  ;  efles  s'ouvrent  le  matin  et  répan- 
dent un  pollen  blanc  et  onctueux  sur  un  stigmate  bilobé.  — 
Après  la  floraison ,  le  calice  s'étale  et  s'élargit,  formant  une 
sorte  de  corbeille  à  5  dents  écartées,  d'un  tissu  cartilagi- 
neux, et  il  en  sort  facilement,  à  l'époque  de  la  maturité,  des 
akènes  allongés  et  brillants.  —  Le  B.  urticœfolia,  de  la 
Bohême,  est  une  espèce  entièrement  parallèle  à  celle-ci.  — 
Il  fleurit  pendant  tout  l'été. 

Nature  du  sol . —  Allitude.  —  Il  est  indifférent  et  do- 
mestique, de  la  plaine  et  des  basses  montagnes.  11  croît  en 
Auvergne  jusqu'à  1,000'".  M.  Boissier  l'indique  jusqu'à 
ôOO'"  en  Espagne,  et  Ledebour  jusqu'à  1,200™  dans  le 
Caucase. 

Géographie.  —  Au  sud ,  le  Ballota  croît  en  France , 
en  Corse ,  en  Espagne  ,  aux  Baléares  ,  en  Algérie  et  à  Ma- 
dère. —  An  nord ,  il  végète  dans  tout  le  centre  de  l'Europe, 
en  Danemarck,  en  Gothie  ,  dans  la  Norvège  boréale,  dans  la 
Suède  et  la  Finlande  australes,  en  Angleterre  et  en  Irlande. 
—  A  l'occident,  il  est  en  Portugal.  —  A  l'orient,  on  le 
trouve  en  Suisse,  en  Italie,  en  Sicile,  en  Dalmatie ,  en 
Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Romélie,  en 
Tauride,  dans  le  Caucase  et  le  Taliisch,  en  Géorgie,  en 
Arménie,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 


LEONTRIS.  81 

Limites  d'extension  de  r espèce. 

Sud,  Madère 33"     )  Ecart  en  latiluile  : 

Nord ,  Norvège 64       )  3lo 

Occident ,  Madère 19  0.)  Ecart  en  longitude  • 

Orient ,  Russie  moyenne 53   E.  ^  72" 

Carré  d'expansion 22'.V2 

G.   LSONURUS  ,  Lin, 

Distribution  géographique  du  genre.  —  On  connaît  seu- 
lement 16  espèces  de  ce  genre.  9  sont  asiatiques,  et  se 
trouvent  surtout  dans  la  Sibérie ,  aux  grandes  Indes  et  au 
Népaul.  —  4  habitent  le  midi  ou  le  centre  de  l'Europe.  — ■ 

2  végètent  à  Java.  —  Ijne  seule  dans  l'Amérique  australe. 

Leonurcs  Cardiaca  ,  Lin.  —  Cette  espèce  appartient 
encore  à  la  longue  série  des  Labiées  domestiques.  Si  elle 
quitte  le  voisinage  des  habitations,  les  haies  des  jardins, 
c'est  pour  pénétrer  dans  ces  groupes  variés  qui  habitent  les 
sables  des  rivières  où  elle  acquiert  un  grand  développement. 
C'est  en  effet  une  plante  élevée,  dont  les  racines  vivaces, 
traçantes  ,  se  multiplient  à  l'infini ,  et  rendent  ainsi  le  Leo- 
nurus  très-social.  Ses   feuilles,    incisées  profondément  en 

3  lobes,  sont  souvent  pendantes  ou  au  moins  inclinées  sur 
leurs  longs  pétioles.  Les  supérieures  portent  à  leurs  aisselles 
•es  verticilles  de  fle-irs  qui  forment  un  long  épi  interrompu. 
Chaque  fleur,  munie  d'une  corolle  purpurine  à  lèvre  oblonf^ue 
et  entière,  reste  assez  longtemps  épanouie.  La  paire  infé- 
rieure des  étamines  est  plus  longue  que  la  supérieure.  Le 
pollen  est  blanchâtre  et  sort  d'anthères  velues,  recouvertes 
de  pointes  brillantes  particulières.  Lors  de  la  maturation  , 
les  dents  du  calice  se  réfléchissent ,  et  les  akènes  secs,  lisses, 

VIII  6 


82  LABIÉES. 

tronqués  au  sommet  et  presque  toujours  au  nombre  f^e  4 , 
tombent  et  se  disséminent.  —  Fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  C'esl  une  espèce  indif- 
férente comme  toutes  les  plantes  domestiques.  Elle  habite 
la  plaine  et  les  montagnes  peu  élevées.  Ledebour  la  cite 
jusqu'à  1,200™  dans  le  Caucase,  et  jusqu'à  1,300™  dans 
le  Taliiçch. 

Géographie.  —  Au  sud,  on  la  rencontre  en  France, 
en  Espagne ,  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  elle  ha- 
bite toute  l'Europe  centrale,  le  Danemarck  ,  la  Gothie,  la 
Norvège,  la  Suède  et  la  Finlande  australe,  l'Angleterre  et 
l'îrlande,  et  partout  elle  est  domestique.  —  A  l'occident, 
elle  reste  en  Irlande.  —  A  l'orient ,  on  la  trouve  en  Suisse  , 
en  Dalmatie  ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie  , 
en  Turquie,  en  TauriJe,  dans  le  Caucase  ,  eu  Géorgie,  dans 
les  Russies  septentrionale,  moyenne  et  australe,  dans  les 
Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï  et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  Ves^èce. 

Sud,  midi  de  l'Italie ^0'^      ■  Ecart  en  latitude  : 

jYor^,  Finlande 01        )  21» 

Occident  ,\r\ai\de 12  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  du  Baïkal.. . .    116   E.  \  128« 

Carré  d'expansion 2688 

G.  FHLOfiUS ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ce  genre  très- 
méridional  est  en  grande  partie  asiatique,  car  sur  42  espèces 
qui  le  composent,  24  appartiennent  à  l'Asie  ,  où  les  Phlo- 
mis  sont  partagés  en  3  groupes;  9  sont  des  Indes  orientales 
et  de  l'Himalaya  ;  3  habitent  la  Sibérie  ;  le  dernier  groupe, 


PHLOMIS.  83 

le  plus  considérable ,  est  formé  de  12  espèces  dispersées  en 
orient ,  en  Arabie ,  en  Syrie,  en  Arménie ,  en  Perse  et  sur 
divers  points  de  l'Asie  mineure.  —  L'Europe  en  possède 
14  espèces,  toutes  des  pays  chauds  :  de  l'Italie  ,  de  l'Es- 
pagne ,  de  la  Grèce,  de  l'île  de  Crète.  —  3  seulement  sont 
africaines  :  de  l'Egypte,  de  l'Atlas  et  de  la  Lybie.  —  Enfin 
on  cite  au  Brésil  une  seule  espèce  de  ce  genre. 

Phlomis  Lychmtis  ,  Lin.  —  Cette  jolie  plante  ligneuse 
croît  sur  les  coteaux  arides  oîi  Ton  remarque  ses  tiges  car- 
rées, velues  et  blanchâtres  ;  ses  feuilles  sont  étroites,  lan- 
céolées, pointues,  sessiles,  ridées,  blanchâtres  par  le  duvet 
dont  elles  sont  couvertes,  surtout  à  leur  surface  inférieure. 
Les  fleurs  sont  réunies  en  verticilles  velus ,  et  paraissent 
plongées  dans  le  duvet  ;  elles  sont  grandes,  axillaires,  d'un 
beau  jaune.  Le  calice  est  tubulé,  tronqué  mais  spinescent. 
La  corolle  a  son  tube  fermé,  à  peine  saillant.  La  lèvre  supé- 
rieure est  allongée  en  casque  aplati,  l'inférieure  est  étalée  et 
trifide.  La  paire  inférieure  des  étamines  est  plus  longue  que 
l'autre  ;  les  loges  sont  verticales  et  obtuses. — Les  akènes  sont 
secs ,  triangulaires  et  obtus.  —  Elle  fleurit  en  mai  et  en  juin . 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Ce  Phlomis  recherche 
les  terrains  calcaires  et  rocailleux.  Il  végète  en  plaine  et  sur 
les  coteaux  ;  mais  dans  le  midi  de  l'Espagne  il  atteint  jus- 
qu'à 1,150". 

Géographie.  —  Il  est  méridional,  et  n'est  connu  qu'en 
France ,  en  Espagne  et  en  Portugal. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Royaume  de  Grenade. . . .  36°  )  Écart  en  latitude  : 
Nord ,  France 44       )  8» 


84  LABIÉES. 

Occident,  Portugal 11  0.  J Écart  en  longitude: 

Omn^,  France 0       j  11" 

Carré  d'expansion 88 

Phloîuis  herba-venti.  Lin.  —  Plante  vivace  qui  croît 
dans  les  lieux  incultes ,  sur  les  coteaux  arides  et  sur  le  bord 
des  chemins.  Sa  racine  est  noirâtre,  ses  tiges  sont  nom- 
breuses ,  fermes ,  velues  et  rougeâtres.  Ses  feuilles  sont 
larges,  ovales,  obiongues ,  dentées,  d'un  vert  foncé  en 
dessus,  et  un  peu  blanchâtres  au-dessous.  Les  fleurs  naissent 
en  verticilles ,  réunies  8  à  10  ensemble.  Les  calices  et  les 
bractées  sont  hérissés  de  poils.  Les  divisions  du  calice  sont 
droites  et  laiicéolées,  la  corolle  est  grande,  d'un  rouge  vio- 
lacé. —  Elle  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  recherche  aussi  les 
terrains  calcaires  et  rocailleux  ,  et  reste  dans  les  plaines, 
s'élevant  cependant  à  plus  de  1,000"  dans  les  contrées 
chaudes  et  surtout  en  Afrique. 

Géographie.  ~  Au  sud ,  on  la  trouve  en  France  ,  en 
Espagne  et  en  Algérie.  —  Au  nord,  elle  reste  sur  le  bord  du 
plateau  central.  —  A  l'occident ,  elle  est  en  Portugal.  —  A 
l'orient ,  elle  est  indiquée  en  Italie ,  en  Sicile ,  en  Dalmatie  , 
en  Thrace ,  au  nord  et  au  sud  de  l'Hœmus,  dans  l'Attique , 
en  Tauride,  en  Syrie ,  dans  l'Asie  mineure  et  en  Perse. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 35**      \  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  France 44       j  9° 

Occident,  Espagne 8  O.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Perse 46  E.  ^  54° 

Carré  d'expansion 486 


SCUTELLARIA.  85 

G.  SCUTEXI.ABIA  i  Lin. 

Dtslribulion  géographique  du  genre.  —  On  en  connaît 
environ  75  espèces  dispersées  sur  le  globe  entier,  à  l'excep- 
tion de  l'Afrique.  —  25  Scutellaria  sont  asiatiques  ,  et 
leur  grand  centre ,  en  Asie ,  est  aux  Indes  orientales  où  l'on 
en  cite  10 ,  et  1  à  Ceylan.  On  en  mentionne  6  en  Sibérie, 
3  à  la  Chine  et  au  Japon  ;  les  autres  sont  de  l'Orient,  de 
l'Asie  mineure  et  de  la  Perse.  —  25  espèces  habitent  l'Amé- 
rique du  nord  ,  et  principalement  le  Mexique,  la  Californie, 
la  Nouvelle-Espagne  ,  la  Nouvelle-Grenade  et  Cuba.  — 
7  ou  8  seulement  font  partie  de  la  végétation  de  l'Amé- 
rique du  sud  et  vivent  au  Brésil  et  au  Pérou.  —  L'Europe 
a  J4  ou  15  Scutellaria,  presque  tous  de  la  partie  australe 
ou  moyenne  :  de  la  Grèce,  de  l'île  de  Crète  ,  de  la  Crimée 
ou  de  la  Russie  méridionale.  —  Enfin  ,  on  en  connaît  3  ori- 
ginaires de  la  Nouvelle-Hollande. 

SciTELLARiA  GALERiciLATA  ,  Lin.  —  Cette  curieuse 
Labiée  se  rencontre  sur  le  bord  des  eaux  avec  le  Lythrum 
Salicaria,  h  Lotus  tdiginosus,  le  Lycopus  europœus,  et  tout 
ce  cortège  de  plantes  aquatiques  qui  ne  quittent  pas  les 
rivières  et  les  étangs.  Elle  fleurit  tard  comme  les  espèces 
qui  l'accompagnent  le  plus  ordinairement.  —  Ses  racines 
traçantes  sont  munies  de  radicelles  verticillées  ;  ses  tiges 
rameuses  sont  garnies  de  feuilles  lancéolées ,  et  ses  fleurs 
géminées  sortent  de  l'aisselle  des  feuilles  supérieures  qui 
dégénèrent  en  bractées ,  de  plus  en  plus  courtes  à  mesure 
qu'elles  approchent  du  sommet.  «  Le  calice  est  un  tube 
presque  tronqué  ,  comprimé  à  son  orifice  et  surmonté ,  dans 
sa  partie  supérieure  ,  d'un  appendice  aplati  et  presque  orbi- 


86  LABIÉES. 

ruiaire  ;  le  tube  calicinal  s'entr'ouvre  pour  donner  passage 
à  une  corolle  exactement  fermée ,  qui  s'allonge  en  se  recour- 
bant ,  et  qui  dégage  d'abord  sa  lèvre  supérieure,  et  ensuite 
rinférieure,  dont  le  lobe  moyen  était  recouvert  par  les  2  la- 
téraux ,  souvent  réunis  à  la  lèvre  supérieure  ;  cette  corolle 
reste  entr'ouverte  en  dérobant  aux  regards   les   organes 
sexuels ,  qui  arrivent  à  peine  sur  les  bords  extérieurs  ;  lors- 
que la  fécondation  a  eu  lieu ,  la  corolle  tombe  et  le  calice 
ne  tarde  pas  à  se  refermer;   en  même  temps  l'appendice 
orbiculaire,  qui  n'était  qu'un  capuchon  aplati ,  se  renfle  in- 
térieurement ,  et  devient  la  loge  qui  reçoit  dans  son  sein 
le  gynobase  conique  et  allongé  ,  et  les  4  akènes  disposés , 
non  point  horizontalement  mais  verticalement ,  sur  la  face 
latérale  et  antérieure  du  gynobase  ;  peu  à  peu  les  akènes 
grossissent ,  et  lorsqu'ils  sont  mûrs ,  et  qu'on  ne  comprend 
pas  comment  ils  sortiront,  on  voit  le  cahce  se  séparer  hori- 
zontalement en  deux  pièces,  la  supérieure  qui  fermait  le 
capuchon  et  qui  se  détache   comme  un  couvercle,  et  l'in- 
férieure qui  subsiste  jusqu'à  la  fin  ,  et  sur  laquelle  le  gyno- 
base reste  courbé  (  Vaucher ,  t.  3  ,  p.  621).  — Elle  fleurit 
en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Aquatique  et  indifférente, 
recherchant  la  vase  détritique  des  lieux  humides ,  dans  la 
plaine  et  sur  les  montagnes  basses. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  la  trouve  dans  le  midi  de 
la  France  et  de  l'Italie,  dans  le  nord  de  l'Espagne.  —  Au 
nord,  elle  croît  en  France,  en  Belgique,  en  Allemagne  , 
dans  toute  la  Scandinavie;  en  Laponie  même  elle  embellit 
les  bords  des  lacs  et  des  ruisseaux,  se  mêle  aux  plantes  des 
marais ,  et  ajoute  à  la  variété  du  tableau  par  sa  fraîche 
verdure  et  le  bleu  vif  de  ses  corolles  ;  elle  ne  s'arrête  qu'à 
la  frontière  de  la  Laponie  uméenne.  Elle  vit  aussi  en  An- 


SCUTELLARIA.  87 

gleterre,  en  Irlande  et  aux  Hébrides.  —  A  l'occident,  on  la 
rencontre  en  Amérique  ,  aux  Etats-Unis  et  dans  les  con- 
trées arctiques  du  Canada  où  elle  s'étend  jusqu'au  66". — 
A  l'orient,  elle  habile  la  Suisse,  la  Dalmatie,  la  Croatie,  la 
Hongrie,  la  Transylvanie,  la  Turquie,  l'Olympe  bithynique, 
le  Caucase  ,  la  Géorgie,  les  Russies  septentrionale,  moyenne 
et  australe  ,  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et 
le  Kamtschatka. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie h.0^      j Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Canada 66       ^  26» 

Occident,  Amérique 130  O.  i  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Kamtschatka 170  E.-^  300° 

Carré  d'expansion 7800 

ScuTELLARiA  MiNOR ,  Lin.  —  Cette  miniature  habite 
aussi  le  bord  des  eaux  et  se  trouve  dans  les  terrains  tour- 
beux avec  d'autres  espèces  aussi  jolies  et  aussi  délicates. 
Telles  sont  le  Wahlenbergia  hederacea,  VAnagaUis  lenella, 
qui  disputent  aussi  aux  Sphagnum  les  sols  tourbeux  sur  les- 
quels VErica  Tetralix  élève  ses  buissons  fleuris.  —  Elle 
appartient  à  la  même  section  que  la  précédente,  elle  offre 
les  mômes  particularités  dans  sa  floraison  et  dans  son  déve- 
loppement. Sa  tige  est  grêle  et  très-rameuse  ;  ses  feuilles 
inférieures  sont  ovales,  cordiformes  et  obtuses;  les  supé- 
rieures sont  étroites  et  entières.  Les  fleurs,  petites  et  d'un 
bleu  pâle  ou  rougeâtre ,  naissent  aussi  géminées  à  l'aisselle 
des  feuilles  supérieures.  —  Elle  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Aquatique  et  préférant 
les  terrains  siliceux  et  détritiques.  Elle  recherche  les  lieux 


88  LABIÉES. 

lin  peu  monlagneux  et  se  tient  sou\ent  en  Auvergne  entre 
800  et  1,000'". 

Géographie.  —  Au  sud  ,  cette  petite  plante  ne  dépasse 
pas  le  Portugal.  —  Au  nord  ,  elle  croît  en  France  ,  en  Bel- 
gique ,  en  Allemagne,  en  Bavière,  dans  ie  Holstein ,  en 
Angleterre  et  en  Irlande  oii  elle  a  sa  limite  occidentale.  — 
A  l'orient,  elle  \it  en  Autriche,  en  Piémont,  en  Lombardie, 
en  Transylvanie,  en  Lithuanie,  puis  elle  parvient  tout  à 
coup  ,  comme  le  fait  observer  M.  deCandolle,  dans  la  Si- 
bérie du  Baikal ,  sautant  un  espace  de  plus  de  80  degrés. 

Limites  d'extension  de  r espèce. 

Sud ,  Portugal 41"      )  Ecart  en  latitude  : 

iVorf/,  Angleterre 56       j  15" 

Occident ,  it\ani\p 12  O  ^  Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Sibérie  du  Baïkal 110  E.  )  122« 

Carré  d'expansion 1830 

G.    PaUDJELLA  ,    Lin. 

Distribution  (jêographique  du  genre.  —  12  à  15  es- 
pèces composent  ce  genre  ,  et  5  ou  6  seulement  sont  euro- 
péennes. —  On  en  cite  4  dans  l'Amérique  du  nord.  — 
3  vivent  en  Asie,  c'est-à-dire;  1  aux  Indes  orientales, 
1  dans  l'île  d'Unalaska  ,  1  dans  le  Caucase ,  et  par  consé- 
quent toutes  trois  très-éloignées.  —  Une  espèce  habite  la 
Nouvelle-Hollande. 

Prunella  vulgaius  ,  Lin.  —  Nous  pouvons  citer  celte 
espèce  comme  une  plante  des  plus  communes ,  répandue 
partout  sur  les  pelouses  ,  le  long  des  chemins,  sur  le  bord 


PRUNELLA.  89 

des  champs.  Ses  racines  sont  vivaces  et  les  liges,  couchées  à 
leur  base,  se  propagent  et  s'enracinent  de  manière  à  former 
de  joHs  gazons.  Ses  feuilles  sont  ovales,  glanduleuses  et  sans 
odeur ,  d'un  vert  foncé.  Les  fleurs  sont  réunies  au  sommet 
des  tiges  où  elles  forment  des  épis  serrés  et  verticillés.  Elles 
sont  entremêlées  de  bractées  opposées,  violacées  ou  pur- 
purines ,  garnies  de  cils  sur  leurs  bords ,  et  au  sommet  de 
l'épi ,  on  remarque  plusieurs  paires  de  petites  bractées  tou- 
jours ciliées  et  colorées  ,  mais  qui  ne  donnent  plus  de  fleurs 
à  leur  aisselle.  Les  calices  sont  violets,  striés  et  ciliés.  Les 
anthères  sont  d'un  jaune  pâle.  La  corolle  est  d'un  beau  bleu, 
à  deux  lèvres,  la  supérieure  arrondie  et  voûtée,  l'inférieure 
a  3  lobes  latéraux  réfléchis,  dont  le  moyen  arrondi  est  cré- 
nelé. Avant  l'épanouissement,  la  lèvre  supérieure  recouvre 
entièrement  l'inférieure,  et  les  filets  des  étamines  sont  roulés 
sur  le  bas  ;  mais  ils  se  déroulent  à  l'époque  de  la  féconda- 
tion, et  les  anthères  se  rapprochent  d'un  stigmate  à  2  lobes. 

—  La  dissémination,  observée  par  Vaucher,  a  lieu  d'une 
manière  très-remarquable.  «  Après  la  fécondation ,  la  co- 
rolle tombe,  et  le  calice,  resté  nu,  est  entr'ouvert  pendant 
tout  le  cours  de  la  maturation  ;  ensuite  la  lèvre  inférieure  , 
qui  s'est  fendue  sur  les  côtés  presque  jusqu'à  la  base,  s'éloi- 
gne de  la  supérieure,  dont  les  deux  bords  s'écartent  et  les 
graines  sortent  ;  lorsqu'elles  sont  répandues  ,  cette  lèvre  in- 
férieure vient  s'appliquer  exactement  contre  la  supérieure 
qui  l'enveloppe  encore  de  ses  bords.  Cette  forme  de  dissé- 
mination rapproche  les  Pruneîla  des  ScuteUaria,  et  ne  s'exé- 
cute que  lorsque  la  saison  est  favorable  (  t.  3  ,  p.  617).  » 

—  Elle  fleurit  pendant  tout  Tété. 

\alure  du  soî.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente  et 
>it  aussi  dans  la  plaine  et  sur  les  montagnes.  M.  Boissier  la 
cite  entre  600  et  1,300""  dans  le  midi  de  l'Espagne,  et 


90  LABIÉES. 

Ledebour  h   1,400™  dans  le  Caucase,  et  à  1,000'"  dans 
le  Taliisch. 

Géographie. —  On  rencontre  ce  Prunella,  au  sud,  en 
France,  en  Espagne,  en  Algérie,  aux  Canaries.  — Au  nord, 
il  existe  dans  toute  l'Europe  centrale  ,  dans  la  Scandinavie, 
dans  les  prés  et  sur  les  pelouses  ,  dans  la  Laponie  ,  sur  les 
pentes  mêmes  des  montagnes  et  sur  les  bords  humides  des 
rivières,  aux  îles  Loffoden  ,  sur  les  bords  de  la  mer,  en 
Finlande  ,  en  Angleterre  et  en  Irlande,  aux  Orcades,  aux 
Hébrides,  aux  Shetland,  aux  Feroë  et  en  Islande.  —  A 
roccident ,  il  croît  en  Portugal ,  dans  le  nord-est  de  l'Amé- 
rique septentrionale ,  à  Terre-Neuve  ,  dans  la  Carohne  du 
sud,  au  Canada,  au  Saskatchawan ,  aux  sources  de  la  Co- 
lombie sur  la  côte  nord-ouest ,  dans  les  montagnes  du  Me- 
xique et  de  la  Nouvelle-Grenade.  —  A  l'orient,  il  habite  la 
Suisse,  l'Italie,  la  Sicile,  la  Croatie,  la  Dalmatie,  la  Hon- 
grie ,  la  Transylvanie  ,  la  Turquie  ,  la  Tauride  ,  le  Caucase, 
la  Géorgie,  le  Taliisch,  les  Russies  septentrionale,  moyenne 
et  australe,  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï ,  du  Baïkal 
et  orientale ,  l'île  de  Sitcha  ,  la  Perse  ,  la  Chine  ,  le  Japon  , 
Cachemire  et  l'Himalaya  ;  dans  l'hémisphère  austral ,  la 
terre  de  Van  Dicmen  et  la  Nouvelle-Galles  du  sud. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

5Mr/,  Nouvelle-Grenade 9^     1  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Loffoden 67       1  58° 

Occident ,  Amérique 130  O.^  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  îles  Aléoutiennes 180   E.  )  310» 

Carré  d'expansion 17980 

Prunella  grandiflora  ,  Jacq.  —  Les  pelouses  et  les 
lieux  secs  des  montagnes  présentent  souvent  de  gracieuses 


PRCNELLx\.  91 

associations  de  végétaux.  Elles  se  couvrent  au  milieu  de  l'été 
de  Galium  verum  aux  panaches  dorés  ,  de  Jasione  perennis 
aux  capitules  d'azur,  et  d'une  multitude  d'autres  espèces 
parmi  lesquelles  figure  le  Prunella  grand iflora.  Sa  tige  est 
droite  ou  couchée;  ses  feuilles  sont  pétiolées ,  entières  ou 
un  peu  découpées,  quelquefois  munies  d'oreillettes  à  leur 
base.  Les  fleurs  forment  de  beaux  épis  courts ,  serrés  et 
accompagnés  de  bractées  colorées.  Ces  fleurs  sont  très- 
grandes  ,  veloutées  ,  bleues ,  violettes ,  quelquefois  couleur 
de  chair  et  rarement  blanches.  La  corolle  offre  un  renfle- 
ment placé  au-dessous  de  la  lèvre  inférieure,  tandis  que  la 
lèvre  supérieure  se  coude  vers  le  milieu ,  et  devient  parallèle 
à  la  lèvre  inférieure.  Son  mode  de  fécondation  est  le  même 
que  celui  des  autres  Prunella.  Ses  akènes  sont  lisses  et 
oblongs.  —  !1  fleurit  pendant  tout  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  à  la 
nature  du  sol ,  et  préfère  la  montagne  à  la  plaine.  Walhen- 
berg  le  cite  jusqu'au-dessus  de  la  limite  du  sapin.  Nous  le 
trouvons  en  Auvergne  de  800  à  1,200™.  Ledebour  l'indique 
dans  leBreschtau  à  1,300™. 

Géographie.  —  Il  végète,  au  sud,  en  France,  en  Espagne 
et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  habite  la  France, 
la  Belgique,  l'Allemagne ,  le  Danemarck  et  la  Gothie.  —  A 
l'occident,  il  croît  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  est  en 
Suisse ,  en  Dalmatie,  en  Croatie,  en  Transylvanie,  dans  le 
Caucase ,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  midi  de  l'Italie 40°      )  Écart  en  latitude  : 

iVorrf,  Gothie 59       ^  19« 


92  LAUIEES. 

Occident ,  Portugal 10  0.  j  Écart  en  longitude  : 

Onmf,  Russie  moyenne 56  E.^  66*^ 

Carré  d'expansion   1254 

Prunella  alba,  Pall.  —  Cette  plante  se  trouve,  comme 
les  précédentes ,  sur  les  pelouses ,  dans  les  clairières  des 
bois  et  dans  les  lieux  secs  et  arides.  Elle  estvivace;  sa  tige 
est  dure,  rameuse;  ses  feuilles  sont  plus  ou  moins  velues, 
plus  ou  moins  découpées.  La  lèvre  supérieure  du  calice  est 
large,  à  3  lobes  courts  et  arrondis;  la  corolle  est  allongée, 
blanche  ou  jaunâtre ,  et  quelquefois  bleuâtre  ou  lilas.  — Elle 
fleurit  en  juin  ,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  préfère  les  terrains 
calcaires ,  mais  se  développe  aussi  très-bien  sur  les  sols  vol- 
caniques ,  dans  la  plaine  et  sur  les  montagnes  peu  élevées; 
jusqu'à  1 ,000  à  1 ,200™  en  Auvergne. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  la  France  ,  l'Espagne.  —  Au 
nord,  la  Belgique,  l'Allemagne.  — A  l'occident,  l'Es- 
pagne. —  A  l'orient,  la  Suisse,  l'Italie,  la  Sicile,  la  Dal- 
matie  ,  la  Croatie,  la  Hongrie  ,  la  Transylvanie,  la  Grèce  , 
la  Turquie,  l'île  de  Crète,  laTauride. 

Limites  d'extension  de  Vespèce, 

Sud,  île  de  Crète 35o      | Écart  en  latitude  : 

iVorrf,  Belgique 50       ]  15« 

Occident,  Espagne 8  0.|  Écart  en  longitude: 

Orient ,  Tauride 32  E.  j  40° 

Carré  d'expansion 600 

Prunella  hyssopifollv  ,  Lin.  —  Il  est  commun  le  long 
des  chemins,  sur  les  pelouses  et  sur  les  coteaux.  Il  est  vi- 


AJUGA.  93 

vace  ;  sa  tige  est  droite  ,  un  peu  velue  et  rameuse  ;  ses  feuilles 
sont  sessiles  ,  entières  ,  étroites  et  ciliées.  Ses  fleurs,  réunies 
en  épi  terminal,  sont  bleues,  lilas  ou  blanches,  accompa- 
gnées de  bractées  pourprées.  Le  limbe  de  la  corolle  et  sa 
lèvre  supérieure  sont  munis  de  poils  blancs.  —  Il  fleurit  en 
mai ,  et  continue  sa  floraison  pendant  une  grande  partie  de 
l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  sur  les  sols  cal- 
caires et  marneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Il  existe  dans  le  midi  de  la  France ,  en 
Espagne ,  en  Corse ,  en  Ligurie  ,  et  sur  les  rivages  du  Bos- 
phore. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Espagne 39<*      (Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  France 44        *  5» 

Occident ,  Espagne 7  0.)  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Turquie 27  E   )  34" 

Carré  d'expansion 170 

G.  AJUGA,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ce  joli  genre 
comprend  plus  de  30  espèces ,  dont  16 ,  ou  la  moitié ,  se 
trouvent  en  Asie.  On  en  connaît  6  aux  grandes  Indes,  2  au 
Népaul ,  3  en  Chine  et  au  Japon  ;  les  autres  dans  le  Cau- 
case, l'Orient,  l'Arménie,  la  Perse  et  la  Palestine.  —  9  ou 
10  habitent  ksj)arties  chaudes  ou  tempérées  de  l'Europe,  les 
lieux  frais  et  les  montagnes.  —  On  en  connaît  3  espèces  à 
la  Nouvelle-Hollande  et  1  à  la  terre  de  Diémen.  —  2  espèces 
habitent  l'Afrique  australe. 

Ajuga  reptans  ,  Lin.  —  Lorsque  le  bleu  du  ciel  paraît 


94  LABIÉES. 

au  milieu  des  nuées  que  les  brises  du  printemps  éloignent  de 
nos  climats  ,  quand  déjà  les  renoncules  ont  couvert  les  prai- 
ries de  leurs  bassins  dorés  ,  la  bugle  se  montre  aussi  et  vient 
rehausser  par  ses  épis  d'azur  l'or  des  renoncules  et  les 
rayons  argentés  des  pâquerettes.  C'est  une  de  ces  plantes 
communes  que  le  printemps  nous  ramène  et  qui  vient  orner 
ses  premiers  tableaux.  Elle  est  vivace  ,  ses  racines  sont  fi- 
breuses. Ses  feuilles,  entières,  sont  d'un  vert  luisant  et 
foncé.  Sa  tige  solitaire  se  présente  sous  la  forme  d'une  belle 
pyramide  quadrangulaire  où  chaque  fleur  est  abritée  sous 
une  bractée  colorée.  Cette  pyramide  est  formée  par  une 
série  de  verticilles ,  dont  chacun  présente  à  la  fois  quelques 
fleurs  épanouies,  en  sorte  que  l'épi  reste  pendant  longtemps 
chargé  de  ses  belles  corolles,  qui  du  reste  se  dessèchent  sans 
tomber.  —  Le  calice  est  campanule,  à  5  dents  ;  la  corolle  a 
la  lèvre  supérieure  petite ,  échancrée  ,  à  peine  apparente  et 
comme  remplacée  par  la  bractée  de  la  fleur  supérieure.  La 
lèvre  inférieure  est  allongée  et  trifide  ,  et  le  lobe  du  milieu , 
plus  grand  et  échancré,  constitue  presque  seul  le  brillant 
coloris  de  cette  espèce.  —  Les  2  étamines  inférieures  sont 
plus  grandes  que  les  2  autres  ;  leurs  loges  sont  superposées  et 
inégales,  et  s'ouvrent  à  leur  point  de  jonction.  La  fécon- 
dation est  extérieure  et  s'opère  au  moment  même  de  la  flo- 
raison ,  quand  la  lèvre  inférieure ,  qui  était  roulée  sur  la 
lèvre  supérieure ,  se  dégage  et  s'étale.  —  Le  calice  reste 
ouvert  pendant  la  maturation  ,  et  la  corofle  se  dessèche  peu 
à  peu ,  de  manière  à  abandonner  les  graines  qui ,  insérées 
latéralement  sur  le  réceptable,  ne  se  séparent  cependant 
qu'à  sa  destruction.  —  A  peine  cet  Ajuga  commence-t-il  à 
fleurir,  qu'il  part  du  collet  de  sa  racine  des  rejets  rampants, 
qui  s'éloignent  en  divergeant ,  portant  quelques  paires  de 
feuilles  qu'ils  étalent  sur  le  sol ,  puis  ils  émettent  des  ra- 


AJIGA.  95 

cines  qui  affranchissent  chaque  drageon  et  le  rendent  indé- 
pendant de  la  plante  mère,  qui  périt  dès  que  ses  graines  se 
sont  répandues. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente  à 
la  nature  du  sol  et  à  son  altitude.  On  la  trouve  jusqu'au- 
dessus  de  la  limite  des  hêtres  dans  les  prairies  des  hautes 
montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  la  rencontre  en  France ,  en 
Espagne  ,  dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord  , 
dans  toute  l'Europe  centrale,  en  Danemarck ,  en  Gothie  , 
en  Angleterre,  en  Irlande,  aux  Hébrides  et  aux  Orcades. 
—  A  l'occident,  elle  végète  en  Portugal.  —  A  l'orient, 
elle  croît  en  Suisse,  en  Dalmatie,  en  Croatie,  en  Hongrie  , 
en  Transylvanie ,  en  Thrace,  dans  le  Balkand'Estrapol,  à 
Constantinople  ,  à  l'île  de  Zante  ,  dans  le  Péloponèse ,  dans 
le  Caucase ,  en  Géorgie ,  dans  les  Russies  moyenne  et 
australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Sicile. 37»      ) Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Saint-Pétersbourg GO       j  23" 

Occident,  \r\ande 12  0.}Ecart  en  longitude: 

Orjen/,  Russie  moyenne 58  E.'  70"^ 

Carré  d'expansion 1610 

Ajuga  genevensis,  Lin.  — Quoique  les  caractères  de 
cette  espèce  dini-rent  à  peine  de  ceux  de  la  précédente,  elle 
en  est  évidemment  distincte  par  son  port  et  par  ses  habitudes. 
Elle  croît  rarement  au  milieu  des  prairies,  mais  souvent  sur 
le  bord  des  chemins^  sur  les  sables  des  rivières,  accompagnée 
de  VEuphorbia  Cyparissias,  du  Bellisperennis.  Elle  est  un 
peu  moins  vernale  que  la  précédente  ;  ses  fleurs  sont  plus 


9G  LABIÉES. 

grandes,  d'un  bleu  plus  pur;  son  calice  est  cotonneux,  ses 
bractées  sont  plus  développées  et  presque  toujoursd'un  beau 
violet.  —  Tandis  que  1'^.  reptans ,  s'entoure,  par  ses  rejets 
rampants ,  d'une  postérité  nombreuse  ,  celle-ci  qui ,  au  pre- 
mier abord  ,  paraît  privée  de  ce  moyen  de  reproduction  , 
émet  des  stolons  souterrains,  très-grêles,  très-allongés,  qui 
tracent  près  de  la  surface  ,  et  qui  bientôt  manifestent  leur 
présence  par  des  bourgeons  qui  se  développent  et  étalent  sur 
la  terre  2  ou  3  feuilles  radicales.  C'est  ainsi  que  se  multi- 
plient ces  groupes  â'Ajuga  qui  teignent  d'azur  des  espaces 
plus  ou  moins  étendus.  —  Elle  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Espèce  indifférente  et 
croissant  aussi  dans  la  plaine  et  dans  les  montagnes.  Lede- 
bour  l'indique  dans  le  Caucase  entre  1,200  et  2,000™,  et 
dans  le  Talûsch  entre  1,800  et  2,000™. 

Géographie.  —  On  trouve  cet  Âjuga,  au  sud,  en  France, 
en  Italie  ,  en  Turquie,  en  Macédoine.  —  Au  nord,  il  est 
plus  commun  et  répandu,  en  Belgique,  en  Allemagne,  dans 
le  Danemarck  et  la  Gothie  australe.  —  A  l'occident,  il 
reste  en  France.  —  A  l'orient,  il  végète  en  Suisse,  en 
Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Turquie,  en 
Tauridc ,  dans  le  Caucase ,  dans  les  Russies  moyenne  et 
australe ,  et  en  Géorgie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Macédoine 40"      )  Ecart  en  latitude  : 

iVort/,  Livonie 56       )  16" 

Occident ,  France 4  O.  "|  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie M   E.)  51« 

Carré  d'expansion 816 

Ajlga  PYRAMiDALis,  Lin.  —  Cette  belle  espèce  vit  plus 


AJLGA.  £7 

dispersée  encore  que  VA.  reptans.  On  la  renrontre  çà  et  là 
au  milieu  des  gazons  des  montagnes,  n'affectant  aucune 
société  particulière  et  paraissant  surtout  fuir  la  sienne.  Ce- 
pendant, si  lors  de  la  floraison  elle  n'a  pas  de  pousses  laté- 
rales, après  cette  époque  elle  produit  une  quantité  de  stolons 
plus  courts  et  plus  robustes  que  ceux  de  1'^.  reptans.  Outre 
ces  stolons,  1'^.  pyramidalis  émet  des  racines  rampantes 
qui  produisent  des  bourgeons  adventifs  dont  sortent  des 
feuilles  et  des  plantes  nouvelles.  Dans  tous  les  cas,  elle  forme 
une  magnifique  pyramide  quadrangulaire,  entièrement  cou- 
verte de  fleurs  bleues ,  roses  et  quelquefois  blanches ,  sépa- 
rées par  des  bractées  dont  la  nuance  est  en  rapport  d'inten- 
sité avec  la  couleur  des  fleurs,  mais  qui  sont  le  plus  ordi- 
nairement d'un  beau  rose.  —  C'est  une  de  ces  plantes  que 
la  nature  semble  avoir  jetées  au  hasard  sur  les  pelouses  si 
variées  des  montagnes ,  pour  nous  montrer  qu'elle  sait  répé- 
ter, en  les  variant,  ses  types  de  la  plaine  et  les  approprier 
aux  différences  du  climat  des  lieux  qu'elle  leur  assigne. 
—  Elle  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Cette  espèce  recherche 
les  terrains  siliceux  et  délritiques  ,  et  croît  habituellement 
dans  les  montagnes,  excepté  dans  les  contrées  septentrio- 
nales. Nous  la  trouvons  depuis  1,200  jusqu'à  1,S00"\  De 
Candolle  l'indique  à  1,500™  à  Montlouis;  Wahlenberg,  qui 
la  réunit  à  VA.  alpina  ,  dit  qu'elle  arrive  en  Suisse  jus- 
qu'aux neiges  éternelles.  Ledebour  la  mentionne  dans  sa 
flore  comme  atteignant  1,800™  sur  le  Caucase. 

Géographie.  —  Au  sud,  elle  habite  les  Pyrénées,  peut- 
être  l'Espagne ,  et  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  elle  vit 
disséminée  en  Belgique ,  en  Allemagne ,  en  Scandinavie  » 
jusque  dans  la  Laponie  australe  et  aux  Loffoden  ,  en  Angle- 
terre, aux  Hébrides  et  aux  Orcades  —  A  l'occident,  elle 
MU  "^ 


98  LABIÉES. 

existe  en  Portugal ,  au  Groenland ,  mais  seulement  jus- 
qu'au 60*^.  —  A  l'orient,  on  la  rencontre  en  Suisse,  en 
Hongrie,  en  Croatie,  en  Transylvanie,  en  Turquie,  au 
mont  Ilœmus ,  dans  la  Servie  et  les  Balkans  ,  dans  le  Cau- 
case ,  en  Géorgie ,  dans  les  Russies  septentrionale,  moyenne 
et  australe. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Midi  de  ITtalie 40»      j Ecart  en  latitude  : 

Nord,  lies  Loffoden 67       j  27« 

Occident,  Groenland 29  0.  i  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Géorgie 47   E.  j  76« 

Carré  d'expansion 2052 


Ajcga  Cham^pitys  ,  Schreb.  —  Le  port  de  cette  petite 
plante  annuelle  rappelle  celui  du  Teucrium  Botrys.  Elle 
croît  comme  lui  dans  les  champs ,  préférant  ceux  qui  sont 
incultes  mais  qui  ont  été  momentanément  cultivés.  Elle 
forme  de  petits  buissons  rameux  à  feuilles  profondément 
découpées  et  très-odorantes ,  à  l'aisselle  desquelles  naissent 
des  verlicilles  de  quelques  fleurs  d'un  beau  jaune.  —  Les 
anthères  ont  d'abord  leurs  2  loges  parallèles  et  très-dis- 
tinctes ,  ensuite  leurs  bords  se  soudent  par  leurs  grandes 
faces.  Elles  se  creusent  insensiblement  dans  leur  milieu , 
selon  Vaucher  ;  enfin  ,  la  face  supérieure  se  renverse  comme 
un  couvercle,  et  met  le  pollen  à  découvert.  Les  akènes  sont 
ponctués  ,  recouverts  de  glandes  résineuses  ,  et  sortent 
par  la  destruction  du  caHce.  —  Elle   fleurit  pendant  tout 

l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  C'est  une  plante  des  ter- 
rains secs  et  rocailleux  ,  qui  ne  végète  que  sur  les  cal- 
caires ou  sur  l'argile;  Andrejewski  en  cite  près  Padoue,  aux 


TECCRIUM.  99 

eaux  d'Abano  ,  une  variétée  naine  ,  croissant  sur  des 
terrains  arrosés  par  ces  eaux  thermales.  —  Elle  s'élève  peu. 
M.  Boissier  ne  la  cite  que  dans  sa  région  montagneuse  infé- 
rieure, et  Ledebour  dans  le  Taliisch  jusqu'à  1,300'". 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  la  trouve  en  France ,  en  Es- 
pagne et  en  Algérie  où  elle  est  indiquée  par  M.  Cosson 
dans  les  moissons  de  Sidi-Meid  ,  dans  les  bois  des  environs 
de  Lambèze  et  sur  le  Djebel-Tougour.  —  Au  nord  ,  elle 
est  disséminée  en  France,  en  Belgique,  en  Allemagne  et  en 
Angleterre  où  probablement  elle  a  été  introduite  par  les 
cultures.  —  A  l'occident,  elle  reste  en  Espagne.  —  A 
l'orient,  elle  habite  la  Suisse,  l'Italie,  la  Dalmatie,  la 
Croatie,  la  Hongrie,  la  Transylvanie,  la  Turquie,  l'Olympe 
bithynique  ,  le  Péloponèse ,  la  Tauride  ,  le  Caucase ,  la 
Géorgie,  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Algérie 35®     ^ Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Russie 53       j  18" 

Occident ,  Espagne 6  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47  E.  i  53» 

Carré  d'expansion 954 

G.  TEUCRIUM , JLi'n. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ce  grand  genre 
contient  au  moins  100  espèces  ,  dont  près  de  60  sont  euro- 
péennes. Presque  toutes  sont  de  l'Europe  australe  :  30  sont 
espagnoles;  les  autres  de  la  Grèce ,  de  l'île  de  Crète,  des 
Baléares  ou  de  la  Provence.  —  17  habitent  TAsie  ;  8  sont 
des  Indes  orientales  ;  9  sont  disséminées  dans  le  Caucase  » 


100  LABIÉES. 

l'Orient ,  l'Arabie,  l'Arménie  ,  la  Chine  ,  la  Cochincliine  et 
le  Japon.  —  Les  espèces  africaines  sont  moins  nombreuses  ; 
on  en  mentionne  10,  très-disséminées ,  dans  la  Barbarie, 
l'Egypte,  Madère,  les  Canaries  et  le  cap  de  Bonne-Espé- 
rance. —  Les  Teucriiim  sont  moins  répandus  en  Amé- 
rique; il  y  en  a  6  dans  la  partie  australe  du  continent  :  au 
Chili,  au  Brésil  et  au  Pérou. —  4  seulement  vivent  dans 
l'Amérique  septentrionale.  —  Il  en  existe  4  espèces  à  la 
Nouvelle-Hollande  et  1  à  Java. 

Teucrium  Scorodonia  ,  Lin.  — Cette  Labiée  vit  en  so- 
ciété très-nombreuse  sur  les  pentes  arides  des  coteaux,  dans 
les  lieux  incultes,  au  milieu  des  pierres.  Elle  offre  des  tapis 
d'un  vert  sombre,  dus  à  ses  feuilles  crénelées,  bosselées 
et  noirâtres ,  qui  répandent ,  quand  on  les  froisse ,  une  forte 
odeur  de  houblon.  —  Ses  fleurs  sont  disposées  en  longs 
épis  qui  terminent  la  tige,  et  ses  pédoncules  tordus  les  ra- 
mènent toutes  du  côté  où  les  appelle  la  lumière.  Sesverticilles 
rapprochés  sont  biflores,  et  ses  épis,  parfois  rameux ,  peuvent 
devenir  de  véritables  grappes  àrameaux  serrés.  La  dent  supé- 
rieure du  calice  est  ovale  et  élargie  ;  la  corolle  est  jaunâtre  et 
paraît  comraeles  autres  rcMcrmw  privée  de  lèvre  supérieure, 
bien  qu'elle  existe  ,  mais  à  divisions  petites  et  étroites ,  dont 
les  2  latérales  semblent  appartenir  à  la  lèvre  inférieure,  tan- 
dis que  celle-ci  est  arrondie  et  concave.  Les  étaminessont 
saillantes  hors  de  la  corolle  pendant  tout  le  temps  de  la 
fécondation,  qui  dure  plusieurs  jours.  Les  anthères  sont 
percées  d'un  petit  trou  comme  dans  les  autres  espèces  du 
genre  ,  et  leur  pollen  est  orangé.  —  Plus  tard  les  pédon- 
cules se  redressent  contre  la  tige  ,  mais  le  calice,  horizontal, 
se  ferme  pendant  la  pluie  ,  resserre  les  poils  qu'il  porte  à  son 
ouverture,  et  ne  les  écarte  qu'à  l'époque  de  la  maturité 


TEUCRILM.  loi 

pour  laisser  tomber  des  akènes  ridés.  —  Il  fleurit  en  juillet 
et  en  aoiit. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Ce  Teucrium  est  in- 
différent et  s'élève  peu  dans  les  montagnes  ,  atteignant  ra- 
rement 800  à  1,000°». 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France,  en  Corse, 
en  Espagne,  dans  le  Maroc,  en  Algérie  et  à  Madère.  —  Au 
nord,  il  végète  en  Belgique,  en  Allemagne  ,  enDanemarck  , 
dans  la  Norvège  australe,  en  Angleterre,  en  Irlande  ,  aux 
Hébrides  et  aux  Orcades.  —  A  l'occident,  il  vit  en  Portu- 
gal.—  A  l'orient,  on  le  connaît  en  Suisse,  en  Italie,  en  Si- 
cile, en  Grèce,  dans  le  Péloponèse,  aux  Cyclades. 

Limites  d^exiension  de  l'espèce. 

Sud ,  Madère 33»      \  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 59       j  26° 

Occident ,  Madère 19  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Grèce 23  E.j  42» 

Carré  d'expansion 1092 

Teucrium  Botrys,  Lin.  —  Cette  plante  croît  dans  les 
champs,  où  elle  devient  parfois  très-abondante  après  la  mois- 
son. Elle  habite  aussi  les  pelouses,  la  lisière  des  vignes,  et  se 
présente  sous  la  forme  de  petites  pyramides  verdoyantes  et 
rameuses ,  dont  les  branches  se  raccourcissent  à  mesure 
qu'elles  approchent  du  sommet,  et  dont  les  feuilles,  profon- 
dément découpées  et  velues,  sont  parsemées  en-dessous  de 
petites  glandes  blanchâtres.  —  Les  fleurs  sont  axillaires, 
assez  distantes  les  unes  des  autres,  et  leur  fécondation  a 
lieu  comme  dans  les  autres  Teucrium.  —  Le  calice  est  ren- 
flé à  la  base,  et  une  bosselure  nectarifère  de  la  corolle  corres- 


102  LABIÉES. 

pond  à  ce  reiiilement.  Les  akènes  restent  enfermes  dans  ce 
calice ,  dont  le  pédoncule  se  brise  ,  et  avant  leur  maturité  ils 
sont  eux-mêmes  recouverts  d'une  espèce  d'arille  qui  disparaît 
par  la  dessication.  —  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Plante  des  terrains  cal- 
caires et  marneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  la  trouve  en  France  ,  en 
Espagne  ,  aux  Baléares  et  en  Barbarie.  —  Au  nord  ,  en 
France ,  en  Belgique ,  en  Allemagne  ,  en  Angleterre  et  à 
Moscou.  —  A  l'occident,  elle  reste  en  Espagne.  —  A  l'o- 
rient, elle  est  citée  en  Suisse  ,  en  Italie,  en  Sicile,  en  Dal- 
matie. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Barbarie 35"      \ Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Moscou 56       )  21» 

Occident ,  Espagne 5  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Moscou 35  E.  j  40" 

Carré  d'expansion 840 

Teucuiem  Scoudium  ,  Lin.  — Il  fait  partie  des  Labiées 
marécageuses  qui  recherchent,  comme  les  Mentha,  les  Ly- 
copus  et  les  Scutellaria,  les  lieux  humides  des  prairies,  les 
marais  ou  le  bord  des  eaux.  Ses  racines  tracent  dans  la  vase 
ou  la  terre  humide  ,  et  émettent  des  tiges  garnies  de  feuilles 
ovales  et  crénelées  très-odorantes.  Les  ileurs  sont  axillai- 
res ,  réunies  le  plus  souvent  2  à  2.  Le  calice  est  campa- 
nule ;  la  corolle,  d'un  rose  violacé,  à  divisions  supérieures 
oblongues  et  crénelées.  La  fécondation  s'opère  comme  dans 
le  1\  Scorodonia ^  et  plus  tard,  lors  de  la  maturation  ,  les 
akènes  sortent  par  une  ouverture  latérale  du  calice  ou  par  la 
destruction  de  ce  dernier.  —  Il  fleurit  en  juillet  et  en  aoiît. 


TEUCRILM.  103 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  — Comme  toutes  les  plantes 
aquatiques ,  le  Scordium  croît  sur  la  plupart  des  terrains , 
mais  il  préfère  les  calcaires  ou  les  lieux  un  peu  salifères ,  et 
reste  dans  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France  ,  en  Corse  ,  en 
Espagne,  aux  Baléares  et  dans  les  prés  humides  de  l'Abys- 
sinie.  —  Au  nord  ,  il  cfoît  en  Belgique  ,  en  Allemagne  , 
dans  le  Danemarck,  la  Gothie  australe,  l'Angleterre  et 
l'Irlande.  —  A  l'occident ,  il  reste  en  Irlande.  — A  l'orient, 
en  le  trouve  en  Suisse ,  en  Italie,  en  Sicile  ,  en  Dalmatie  , 
en  Grèce,  en  Turquie,  à  l'île  de  Crète  ,  dans  le  Caucase, 
en  Géorgie ,  dans  l'Asie  mineure  ,  dans  les  Russies  moyenne 
et  australe ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

5m(/,  Abyssin ie 12*^      | Ecart  en  latitude: 

Nord,  Gothie 56       \  44° 

Occident ,  Irlande 12  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  altaïque 92  E.  1  104* 

Carré  d'expansion 4576 

Teucril'm  Cham^dris  ,  Lin.  —  Il  n'est  pas  rare  de  voir 
les  Labiées  rechercher  les  lieux  secs  et  bien  exposés  au  soleil, 
mais  cette  espèce  est  une  de  celles  qui  supportent  le  plus  faci- 
lement Id  sécheresse  et  la  chaleur.  On  voit  ses  tiges  et  ses 
racines  demi-ligneuses  s'étendre  en  gazonnant  sur  les  co- 
teaux les  plus  arides.  Ses  feuilles  lisses  et  crénelées  sont  sèches 
et  coriaces ,  et  ses  Ileurs  naissent  2  à  2  aux  aisselles  supé- 
rieures, formant  de  jolis  épis  purpurins.  Elles  sont  grandes, 
leurs  calices  incHnés  portent  5  dents  à  peu  près  égales ,  les 
divisions  supérieures  de  la  corolle  sont  oblongues  et  incli- 


104  LABIÉES. 

nées.  —  Lors  de  la  maturation ,  les  akènes  restent  empri- 
sonnés par  des  poils  dans  leur  calice  campanule,  et  ces  poils 
s'écartent  lors  de  la  dissémination  pour  leur  livrer  passage. 
—  H  fleurit  en  juillet  et  en  aoiît. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Ce  Teucrium  recherche 
les  terrains  calcaires  et  rocailleux ,  et  reste  dans  les  plaines 
ou  dans  les  montagnes  peu  élevées.  Wahlenberg  dit  qu'il 
peut  dépasser,  en  Suisse,  la  limite  du  noyer,  et  Ledebour 
le  cite  dans  le  Caucase  à  900™ ,  et  dans  le  Taliisch  entre 
800  et  ^aOO-". 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  habite  la  France ,  l'Espagne, 
la  Corse  ,  les  Baléares  et  l'Algérie  oiiM.  Cosson  l'a  trouvé 
dans  les  bois  des  environs  deLambèze,  sur  le  Djebel-Cheliah, 
le  Djebel-Tougour ,  etc.  —  Au  nord,  il  est  en  Belgique, 
en  Allemagne,  en  Livonie,  dans  l'île  d'Osilie  ,  et  en  Irlande 
où  il  a  sa  limite  occidentale.  —  A  l'orient,  il  vit  en  Suisse, 
en  Italie  ,  en  Sicile,  en  Dalmatie ,  en  Croatie ,  en  Hongrie  , 
en  Transylvanie  ,  en  Grèce,  en  Turquie ,  en  Tauride  ,  dans 
le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  les  Russies  moyenne  et  aus- 
trale ,  et  dans  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Algérie 35®      ^  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Livonie 57       j  22° 

Occident ,  Irlande 12  0.  jEcart  en  longitude  : 

Oncn^  Sibérie  de  l'Oural 60   E.  j  72» 

Carré  d'expansion 1584 

Teccricm  montanum  ,  Lin.  —  Il  végète  sur  les  coteaux, 
dans  les  lieux  secs  et  pierreux,  au  milieu  des  buissons.  Il  est 
vivace  et  presque  ligneux.  Sa  tige  est  rameuse,  couchée  ou 
étalée  sur  le  sol  en  forme  de  gazon.  Ses  feuilles  sont  poin- 


TECCRILM.  105 

tues,  lisses,  d'un  vert  pâle  en  dessus,  un  peu  blanchâtre  en 
dessous.  Ses  fleurs,  d'un  jaune  pâle,  sont  réunies  en  verti- 
cilles  capités,  et  sinîulant  un  coryrabe  aplati.  —  Il  fleurit  en 
juin  ,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  11  vit  sur  les  terrains  cal- 
caires et  rocailleux  ,  et  cela  d'une  manière  presqu'exclusive; 
s'il  se  montre  à  Fontainebleau,  c'est,  comme  l'a  fait  remar- 
quer M.  de  Schœnefeld  ,  sur  les  pointes  calcaires  qui  domi- 
nent les  grès.  —  Il  croît  en  plaine  et  dans  les  montagnes, 
quelquefois  même  presqu'à  la  limite  supérieure  du  sapin, 
ce  qui  a  lieu  en  Suisse  ,  selon  Walilenberg  ;  à  0  à  31ontpel- 
lier ,  et  à  1 ,500™  dans  le  Jura  ,  selon  de  Candolle. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  végète  en  France  et  en  Espa- 
gne. —  Au  nord ,  en  Belgique ,  en  Allemagne ,  en  Volhynie. 
—  A  l'occident,  il  reste  en  Espagne.  —  A  l'orient,  on  le 
cite  en  Suisse ,  en  Italie,  en  Sicile ,  en  Dalmatie,  en  Croatie, 
en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en  Roumélie,  en 
Albanie ,  au  mont  Athos  ,  sur  l'Olympe  bithynique ,  en 
Tauride,  en  Podolie  et  dans  la  Sibérie  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Grèce 38°      ^  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Volhynie 51       j  13° 

Occident ,  Espagne 5  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  altaïque 90  E.  (  95° 

Carré  d'expansion . .    1235 

Teccrioi  Polium,  Lin.  —  Cette  espèce  se  trouve  dans 
les  mêmes  conditions  que  les  autres ,  sur  les  coUines  sèches 
et  pierreuses.  Ses  tiges  ligneuses  et  à  demi-couchées  donnent 
naissance  à  des  rameaux  redressés,  garnis  de  feuilles  étroites 
plus  ou  moins  roulées,  blanches  et  tomenteuses.  C'est  une 


106  LABIÉES. 

plante  très-variable  par  ses  feuilles  et  par  ses  fleurs.  Celles-ci, 
en  verticilles  peu  nombreux ,  sont  réunies  en  têtes  terminales , 
velues  et  cotonneuses.  Les  dents  du  calice  sont  à  peu  près 
égales,  les  divisions  supérieures  de  la  corolle  inclinées,  les 
latérales  plus  petites.  La  couleur  varie  du  blanc  au  jaune  et 
du  rose  au  violet,  mais  ces  corolles,  qui  sortent  d'un  duvet 
blanc,  produisent,  quoique  petites,  un  très-bel  effet  sur  ces 
plantes.  —  Les  calices  enferment  les  akènes  par  les  poils 
nombreux  dont  ils  sont  garnis,  et  les  abandonnent  à  la  ma- 
turité. —  11  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  11  se  trouve  sur  les  ter- 
rains calcaires  et  rocailleux  de  la  plaine,  des  coteaux  et  des 
montagnes.  M.  Boissier  l'indique  dans  le  midi  de  l'Espagne, 
jusqu'à  1,600™,  sa  variété  mon/a?îMm  jusqu'à  2,400™,  et  sa 
variété  aureum  entre  1,600  et  2,900™.  Ledebour  le  cite 
dans  le  Taluscli  entre  1 ,000  et  1 ,300™. 

Géographie.  — Au  sud  ,  on  le  rencontre  en  France,  en 
Espagne  ,  en  Egypte ,  en  Algérie  où  M.  Cosson  l'indique 
depuis  les  cultures  arrosées  des  oasis ,  jusque  sur  les  mon- 
tagnes de  l'Aurès.  —  Au  nord ,  il  existe  sur  le  bord  du 
plateau  central  de  la  France ,  et,  dans  la  Russie  moyenne , 
à  Saratow  et  à  Orembourg.  —  A  l'occident ,  il  vit  en  Por- 
tugal. —  à  l'orient,  il  habite  l'Italie,  les  Baléares,  la  Si- 
cile ,  la  Dalmatie,  la  Grèce,  la  Turquie,  la  Tauride ,  le 
Caucase,  la  Géorgie,  les  Russies  moyenne  et  australe,  les 
Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï,  la  Syrie,  le  mont  Sinaï , 
l'Asie  mineure  et  la  Perse  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Egypte 30°     )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Orembourg 52       ^  22» 


TEL'CKIUM.  107 

Occident ,  Portugal 10  O.  ^  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Altaï 90  E.)  106" 

Carré  d'expansion 2332 

Teucricm  flavdm  ,  Lin.  —  Il  vit  encore  sur  les  coteaux 
et  dans  les  lieux  secs.  Sa  tige  est  ligneuse  ,  grêle ,  rameuse 
et  pubescente.  Ses  feuilles  sont  pétiolées,  ovales ,  arrondies, 
crénelées,  un  peu  épaisses ,  vertes  en  dessus  et  blanchâtres 
en  dessous.  Les  tleurs  sont  disposées  en  épis  terminaux , 
formés  de  petits  verticilles  à  3  fleurs,  séparés  par  de  courtes 
bractées.  Ces  fleurs  sont  jaunes,  et  la  fécondation  s'y  opère 
comme  dans  les  autres  Teucrium.  —  Il  fleurit  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
calcaires  et  rocheux  les  plus  exposés  au  soleil ,  et  n'habite 
les  montagnes  que  dans  les  pays  très-chauds. 

Géographie.  —  Au  sud ,  la  France ,  l'Espagne ,  les 
Baléares  et  les  collines  de  la  Barbarie.  —  Au  nord,  les 
bords  du  plateau  central  de  la  France.  — A  l'occident, 
l'Espagne.  —  A  l'o.ient,  l'Italie,  la  Sicile,  la  Dalmatie, 
la  Turquie  et  la  Grèce. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Barbarie 35°      | Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  France 44       i  9« 

Occident ,  Espagne 6  0.)  Ecart  en  longitude  ; 

Orient,  Grèce 23  E.  i  29« 

Carré  d'expansion 261 


108  VEUBÉNACÉES. 


FAMILLE  DES  VERBENACEES. 


Les  Verbénacées  forment  un  petit  groupe  qui  appartient 
encore  à  la  zone  tropicale ,  et  surtout  à  l'Amérique  équi- 
noxiale.  Elles  atteignent  à  peine  quelques  parties  des  zones 
tempérées  ,  et  fuient  presque  totalement  le  centre  et  le  nord 
de  l'Asie,  les  régions  polaires  et  les  montagnes.  —  Il  n'existe 
en  Europe  qu'un  très-petit  nombre  de  Verbénacées.  La  flore 
la  plus  riche,  celle  de  la  Sicile  ,  n'en  a  que  6  espèces,  celle 
du  midi  de  l'Italie  et  celle  du  Caucase  n'en  ont  que  4  es- 
pèces chacune ,  et  les  autres  llores  sont  réduites  à  2  ou  à 
une  seule  espèce. 

G.  VSHBlSXffA ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  On  compte  en- 
viron 110  à  120  espèces  de  verveines,  et  à  l'exception  de 
4  d'entr'elles,  toutes  appartiennent  à  l'Amérique.  —  La 
partie  sud  du  Nouveau-Monde  en  possède  à  peu  près  70, 
dont  le  plus  grand  nombre  habite  le  Pérou  ,  le  Brésil  et  le 
Chili.  Les  autres  sont  à  Monte-Vidéo,  Buénos-Aires ,  au 
Paraguay,  et  l'une  d'elles  arrive  jusqu'aux  Malouines.  — 
40  Verbena  croissent  dans  l'Amérique  du  nord ,  partie  au 
Mexique ,  à  Panama ,  et  en  Californie ,  ou  dispersés  à  la 
Nouvelle-Grenade ,  à  Saint-Domingue  et  dans  la  Caroline. 

—  On  en  cite  2  en  Asie,  aux  Indes  orientales  et  auNépaul. 

—  2  seulement  en  Europe,  et  encore  l'une  d'elles  végète 
aussi  dans  d'autres  parties  du  monde. 

Verbena  officiisalis ,  Lin.  —  La  verveine  ne  doit  la 


VERBENA.  109 

haute  réputation  dont  elle  a  joui  longtemps  ni  à  sa  beauté, 
ni  à  ses  vertus.  Aujourd'hui  complètement  oubh'ée,  elle  vé- 
gète humblement  le  long  des  chemins ,  mêlée  aux  plantes 
les  plus  vulgaires,  aux  Carduacées,  aux  Urlica,  à  VErin- 
gium  campestre.  —  Ses  racines  sont  traçantes,  et  ses  tiges 
quadrangulaires  sont  munies  de  feuilles  opposées ,  incisées , 
d'un  vert  foncé.  «  Tous  les  rameaux,  dit  Vaucher,  se  ter- 
minent par  un  épi  allongé  et  étroit  de  fleurs  violettes ,  char- 
gées chacune  d'une  bractée  courte  et  persistante;  le  tube 
corollaire  est  coudé  en  dessous  par  l'effet  de  la  lumière  ,  et 
garni  au  sommet  d'une  collerette  de  poils  qui  en  ferment 
exactement  Tentrée;  les  anthères  petites,  sessiles  et  intorses, 
sont  rapprochées  par  paires.  —  La  floraison  a  lieu  dès  le 
commencement  du  jour;  on  remarque  sur  chaque  épi  à  peu 
près  3  fleurs  en  pleme  vie ,  3  autres  plus  bas  qui  se  flétris- 
sent, et  3  autres  plus  haut  qui  doivent  s'épanouir  le  len- 
demain. La  fécondation  s'opère  dans  l'intérieur  renflé  du 
tube  qui  reste  fermé  au  sommet;  les  anthères  répandent  leur 
pollen  sur  les  poils  placés  au  haut  du  tube  et  sur  les  stig- 
mates ,  dont  la  lèvre  supérieure  est  avortée,  mais  dont  l'in- 
férieure est  visqueuse  et  déjetée.  Le  nectaire  qui  supporte 
l'ovaire  rempht  alors  le  tube  d'humeur  miellée.  —  Pendant 
la  maturation  ,  le  cahce  reste  appliqué  sur  le  fruit  ;  mais 
aux  approches  de  la  dissémination,  il  se  fend  en  deux  pièces, 
renfermant  chacune  deux  pyrènes  qui  ne  tardent  pas  à  se 
séparer  sans  qu'on  aperçoive  aucune  trace  de  l'enveloppe 
qui  les  avait  réunis.  La  bractée  qui  accompagne  le  fruit  per- 
siste jusqu'à  la  fin.  »  (Vaucher,  t.  3,  p.  693.)  —  Elle  fleurit 
pendant  tout  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  La  verveine  est  indif- 
férente et  presque  domestique  ;  mais  elle  reste  dans  les 
plaines,  et  s'élève  au  plus  de  800  à  1,000'". 


110  VERBÉNACÉES. 

Géographie.  — C'est  une  plante  très-comntiune  et  très- 
répandue.  Au  sud,  elle  existe  en  Espagne,  aux  Baléares, 
en  Algérie,  sur  le  Djebel-Tougour  ,  dans  les  montagnes  de 
l'Aurès,  et  dans  les  champs  aux  Canaries,  à  Madère,  en 
Abyssinie,  dans  la  province  de  Chiré  où  elle  fleurit  en  août, 
et  près  d'Adona ,  aux  îles  du  cap  Vert,  à  Saint-Jacobi , 
dans  la  vallée  de  Saint-Dominique.  — Au  nord,  elle  se 
trouve  en  France,  en  Belgique,  en  Allemagne,  en  Dane- 
marck ,  dans  la  Gothie  australe,  en  Angleterre  et  en  Irlande, 
—  A  l'occident ,  elle  croît  en  Portugal ,  et  a  sans  doute  été 
naturalisée  au  Mexique  et  au  sud-est  des  Etats-Unis,  oii 
la  cite  M.  A.  de  Candolle,  d'après  Beechey,  mais  oij  il  dit 
ensuite  (page  1153),  qu'elle  n'a  pas  encore  pénétré.  Elle 
croît  du  reste  à  Cuba ,  aux  îles  Galapagos,  au  Brésil  méri- 
dional et  à  Buénos-Aires.  —  A  l'orient,  elle  habite  la  Suisse, 
l'Italie,  la  Sicile,  laDalmatie,  la  Croatie,  la  Hongrie,  la 
Transylvanie,  la  Grèce,  la  Turquie,  la  Tauride,  le  Caucase, 
la  Géorgie ,  le  Taliisch,  les  Russies  moyenne  et  australe  ,  la 
Chine ,  le  Japon  et  les  bords  du  Gange.  —  Elle  est  indiquée 
aussi  au  cap  de  Bonne-Espérance.  Nous  négligerons  les  loca- 
calités  de  l'hémisphère  austral  et  celles  de  l'Amérique,  qui 
sont  dues  peut-être  à  des  cultures  ou  à  un  transport  artificiel. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Abyssinie 10**      )  Ecart  en  latitude  : 

iVorrf,  lie  d'Osilie 57       j  47° 

Occident ,  Madère 19  0.^  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Japon 135  E.  )  154° 

Carré  d'expansion 7238 


PRIMULACÉES.  1  1  1 


FAMILLE  DES  PRIMULACEES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 


Latitude.  Longitude. 

Nigritie O^à  10°  18°  0.  à    5«  E.  0 

Abyssinie 10  à  16  32    E.  h  41  E.  1 

Algérie 33  à  36  5  O.  à    6  E.  1 

Roy.  de  Grenade. . .   36  à  37  5  O.  à    8  O.  1 

Sicile 37  à  38  10  E.  à  13  E.  1 

Portugal 37  à  42  9  O.  à  11  O.  1 

Royaume  de  Naples.  38  à  42  11   E.  à  16  E.  1 

Caucase 40  à  44  35   E.  à  48  E.  1 

Tauride 43  à  46  31   E.  à  34   E.  1 

Plateau  central ....   44  à  47  0        à    2   E.  1 

France 42  à  51  7  0.  à    6  E.  1 

Russie  méridionale..   47  à  50  22  E.  à  49  E.  1 

Allemagne 45  à  55  2   E.  à  14  E.  1 

Carpathes 49  à  50  19  E.  à  22  E.  1 

Angleterre 50  à  58  1    0.  à    7  O.  1 

Russie  moyenne ...   50  à  60  17   E.  à  58    E.  1 

Scandinavie  entière.  55  à  71  3   E.  à  29   E.  1 

Danemarck 52  à  57  7   E.  à  12   E.  1 

Gothie 55  à  59  10  E.  à  15  E.  1 

Suède 55  à  69  10  E.  à  22  E.  1 

Norvège 58  à  71  2  E.  à  10  E.  1 

Russie  seplentri«. . .   60  à  66  19  E.  à  57  E.  1 

Finlande 60  à  70  18  E.  à  28  E.  1 

Laponie 65  à  71  14  E.  à  40  E.  1 

Europe  entière 1 


0 

333 

186 

143 

184 

117 

123 

132 

115 

78 

75 

111 

52 

59 

56 

96 

60 

59 

59 

61 

58 

54 

67 

54 

93 


112  PRIMCLACÉES. 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 


Latitude. 

Irlande 51»  à  55« 

Angleterre 50  à  58 

Allemagne 45  à  55 

Russie  moyenne  .  50  à  60 
Sibérie  de  rOural.  44  à  67 
Sibérie  altaïque. .  44  à  67 
Sibérie  du  Baïkal .  49  à  67 

Dahurie 50  à  55 

Sibérie  orientale.  56  à  67 
Sibérie  arctique. .  67  à  78 
Kamtschatka. ...  46  à  67 
Pays  des  Tschukbis.  » 

llesderOcéanor"'.  51  à  67 
Amérique  russe..  54  à  72 


Longitude. 

7°0.  à  13»  0. 

51 

1  0  à   7  0. 

56 

2  E.  à  14  E. 

52 

17  E.  à  58  E. 

96 

55  E.  à  74  E. 

71 

66  E.  à  97  E. 

95 

93  E.  àl16  E. 

60 

110  E.  à  119  E. 

59 

111  E.  à  163  E. 

34 

60  E.  à  161  E. 

:  52 

148  E.  à  170  E. 

:  64 

155  E.  à  175  0. 

:  29 

170  E.  à  130  0. 

:  45 

170  0.  à  130  E. 

:  37 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 

Latitude.  Altitude  en  mètres. 

Roy.deGr%rég.alp.etniv.  36oà  37»  1500  à  3500  1:  81 

Roy.deGrenade,rég.niv,   36  à  37  2500  à  3500  1  :  41 

Pyrénées 42  à  43  500  à  2700  1  :  27 

Pyrénées  élevées 42  à  43  1500  à  2700  1:13 

Pic  du  Midi  de  Bagnères. .               »  »  1  :  18 

Plat,  central,  rég.montagn.  44  à  47  500  à  1900  1  :  62 

Plateau  central,  sommets.  44  à  47  1500  à  1900  1  :  34 

Alpes 45  à  46  500  à  2700  1  :  27 

Alpes  élevées 45  à  46  1500  à  2700  1  :  13 


PROPORTIONS   IIELATIVES.  113 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 

Latitude.  Longitude. 

lies  du  Gap- Vert. .  12"à  14°  "ii^O.  à  27°0.  1:124 

Canaries 28  à  30  15  O.  à  20  O.  1:251 

Hébrides... 57  à  58  8  O.  à  10  O.  1  :    47 

Orcades 59  5  O.  à  6  O.  1  :    45 

Shetland 60  à  61  3  0.  à  4  0.  1  :    51 

Feroë 62  9  0.  1  :    74 

Islande 64  à  66  16  0.  à  27  0.  1  :    82 

Mageroë 71  24  E.  1  :    97 

Spitzberg 79  à  80  10  E.  à  20  E.  0  :      0 

lie  Melville 76  114  0.  0:0 

lie  J.  Fernandez.  .  33  à  40S.  76  0.  0:      0 

Nouv.Zélande(nord).  .35  à  42S.  171  O.  à  176  O.  1  :  308 

Malouines 52  S.  59  0.  à  65  O.  1  :    62 

Les  Primulacées  constituent  une  charmante  famille  qui 
fait  l'ornement  des  zones  tempérées  de  l'ancien  monde.  Elles 
ne  sont  pas  exclues  de  la  zone  tempérée  de  l'hémisphère 
austral ,  mais  elles  y  sont  plus  rares  et  se  rencontrent  aussi 
disséminées  sur  les  montagnes  de  la  zone  torride.  Elles  ap- 
partiennent en  grande  partie  à  l'Asie.  L'immense  chaîne  de 
l'Himalaya  ,  ainsi  que  la  Sibérie  ,  sont  les  contrées  les  plus 
favorisées  dans  la  distribution  des  plantes  de  cette  famille. 
Les  pays  chauds  qui  entourent  la  Méditerranée  ont  aussi  un 
certain  nombre  d'espèces,  puis  vient  le  nord  de  l'Amérique, 
et  enfin  l'Amérique  méridionale ,  le  cap  de  Bonne-Espé- 
rance etl'Océanie. 

Les  Lentibulariées  ou  Primulacées  aquatiques  que  nous 
réunissons  ici,  sont  dispersées  sur  le  globe  entier,  dans  les 
eaux  stagnantes  ou  peu  rapides,  et  dans  les  lieux  humides 
et  arrosés.  Elles  abondent  surtout  dans  la  zone  subtropi- 

Vlll  8 


114  PRIMCLACÉKS. 

cale  du  Nouveau-Monde  et  à  la  Nouvelle-Hollande,  et  sur 
l'ancien  continent  elles  préfèrent  aussi  la  zone  tropicale  ou 
subtropicale. 

Notre  premier  tableau  nous  montre  pour  la  famille  desPri- 
mulacées  une  augmentation  très-sensible  en  allant  de 
l'équateur  au  pôle ,  et  les  irrégularités  que  nous  trouvons 
dans  la  série  des  contrées  distribuées  dans  le  sens  des  lati- 
tudes ,  tiennent  à  la  présence  ou  à  l'absence  des  montagnes, 
qui  apportent  une  perturbation  dans  leurs  rapports.  L'in- 
fluence de  la  latitude  est  si  considérable,  que  del'Abyssinie 
à  la  Laponie,  deux  contrées  montagneuses,  on  trouve  pour 
le  premier  pays  1/186,  et  pour  le  second  1/54. 

Notre  second  tableau  présente  de  très-grandes  inégali- 
tés, mais  il  nous  montre  l'accroissement  très-considérable 
des  Primulacées  dans  la  Sibérie  ,  dans  la  Dahurie,  et  dans 
toute  l'Asie  orientale,  ainsi  que  dans  l'Amérique  russe.  Ces 
plantes  sont,  comme  les  Renonculacées,  plus  abondantes  dans 
le  nord  de  l'Asie. 

Quant  à  leur  augmentation  rapide  dans  les  montagnes, 
elles  ont  cela  de  commun  avec  les  Campanulacées;  elles  con- 
courent comme  elles  à  l'ornement  des  pelouses  élevées,  à 
la  décoration  des  rochers,  et  noire  troisième  tableau  est  trop 
significatif  pour  que  nous  insistions  davantage  sur  cette  ten- 
dance ,  qui  du  reste  concorde  avec  leur  préférence  pour  les 
régions  du  nord. 

Les  lies,  à  l'exception  des  archipels  anglais,  qui  font  ex- 
ception en  sens  contraire,  sont  moins  riches  en  Primulacées 
que  les  continents  dont  elles  sont  voisines. 

G.  PEMGI7ICUI.A ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ces  plantes 


PINGCICCLA.  115 

sont  partagées  en  3  centres  principaux  qui  sont  :  l'Amérique 
septentrionale  ,  l'Europe  et  l'Asie.  Sur  27  espèces  connues, 
10  croissent  dans  la  partie  nord  du  Nouveau-Monde  :  au 
Mexique  ,  à  la  Nouvelle-Guinée ,  en  Caroline  et  en  Géorgie. 
—  2  seulement  sont  de  l'Amérique  du  sud  ,  et  ont  été  trou- 
vées à  de  grandes  distances,  l'une  au  Pérou,  l'autre  sur  les 
terres  Magellaniques.  —  L'Europe  a  9  Pinginctila  très- 
disséminés  ,  en  France,  en  Italie,  en  Portugal ,  en  Livonie, 
en  Laponie  et  à  l'île  de  Chypre.  —  On  en  connaît  6  en 
Asie,  tous  du  nord  :  de  la  Sibérie,  de  la  Dahurie,  du 
Kamtschalka  et  des  îles  Aléoutiennes. 

PiNGCiCTLA  vuLGARis ,  Lin.  —  Si  la  famille  des  Lenti- 
bulariées  n'est  représentée  dans  nos  climats  que  par  un  très- 
petit  nombre  d'espèces,  ces  plantes  nous  offrent  des  carac- 
tères qui  méritent  toute  notre  attention.  Les  Pinguicula 
ne  sont  pas  précisément  aquatiques  comme  les  Utricularia  , 
mais  ils  ne  quittent  pas  les  lieux  humides,  les  bords  des 
sources  et  des  fontaines.  On  voit  leurs  rosettes  de  feuilles 
jaunâtres  étalées  au  milieu  des  mousses  ,  et  surtout  associées 
au  Barthramia  fonlana ,  au  Saxifraga  slellaris,  au  Trifo- 
lium  spadiceum,  contribuer  à  l'embellissement  de  ces  par- 
terres si  frais  et  si  remarquables  que  nous  présentent  les 
montagnes  et  les  contrées  du  nord.  Les  racines  du  Pingui- 
cula vulgaris  sont  de  véritables  tiges  traçantes,  des  rhizomes 
qui  rappellent  tout  à  fait  ceux  des  fougères,  et  parfois,  comme 
dans  la  variété  ^randi7?ora,  ces  rhizomes  émettent  des  ramifi- 
cations qui  s'étendent  aussi  sous  la  mousse  et  sous  le  sol  hu- 
mecté et  qui  reproduisent  la  plante. Pendant  que  la  tige  souter- 
raine se  détruit  d'un  côté,  elle  avance  de  l'autre  et  produit 
chaque  année  une  jolie  rosette  de  feuilles  grasses  et  lustrées 
très-entières  qui,  sont  roulées  dans  le  bourgeon  sur  leur  face 


116  PRIMUI.ACÉES. 

supérieure.  Elles  sont  formées  de  larges  cellules ,  et  dès 
qu'elles  se  développent ,  on  voit  sur  leur  surface  de  petits 
poils  glanduleux  qui  concourent  peut-être,  par  leur  sécrétion, 
à  donner  à  ces  feuilles  une  apparence  grasse  et  lustrée,  qui  les 
rend  aussi  insensibles  à  l'action  de  l'eau  que  les  plumes 
constamment  huilées  des  oiseaux  aquatiques.  — Dès  le  mois 
de  juin  on  voit  sortir  de  l'aisselle  des  feuilles  des  pédoncu- 
les purpurins  garnis ,  ainsi  que  le  calice  et  l'ovaire  ,  de  poils 
glanduleux.  Chaque  pédoncule  est  uniflore;  le  calice  est  à  2 
lèvres ,  la  supérieure  trifide  ,  l'inférieure  à  2  lobes  ;  la  corolle 
est  à  2  lèvres,  dont  la  supérieure  se  termine  en  un  éperon 
nectarifère.  Il  n'y  a  que  2  étamines,  dont  les  filets  tordus  à 
la  base  enveloppent  l'ovaire,  et  ouvrent  leurs  anthères  sur 
un  stigmate  bilabié,  mais  dont  la  lèvre  inférieure,  élargie  en 
une  membrane  papillaire,  paraît  seule  apte  à  recevoir  la 
poussière  fécondante.  —  Un  peu  plus  tard  la  corolle  se  dé- 
tache, et  l'ovaire  se  change  en  une  capsule  uniloculaire  qui 
se  fend  à  moitié  et  répand  un  grand  nombre  de  graines  très- 
fines.  —  Pendant  que  la  fécondation  des  premières  fleurs  et 
la  maturation  des  fruits  qui  leur  succèdent  s'accomplis- 
sent, de  nouveaux  pédoncules  s'élèvent  et  la  floraison  con- 
tinue pendant  longtemps.  Mais  déjà  tout  est  prêt  pour  l'an- 
née suivante  ;  un  bourgeon  est  au  centre  de  la  rosette  de 
feuilles,  il  est  destiné  à  passer  l'hiver;  aussi  les  feuilles  se 
recouvrent  et  s'emprisonnent,  et  si  l'on  écarte  ces  petites 
feuilles  concaves  et  transparentes ,  on  trouve  au  centre  du 
bourgeon  des  pédoncules  et  des  fleurs  rudimentaires  qui 
vont  passer  l'hiver  avec  leurs  vêtements  sous  une  couche 
puissante  de  neige,  et  se  réveiller  quand  cette  neige  fondue 
abandonnera  les  montagnes  et  quand  les  filets  d'eau  glacée 
descendant  vers  les  vallées,  donneront  de  nouveau  aux  campa- 
gnes leur  vie  et  leur  animation. 


PINGUICULA.  1  17 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Aquatique  et  presque 
indifférente  ,  elle  montre  cependant  de  la  prédilection  pour 
les  terrains  siliceux  et  volcaniques.  —  Elle  ne  descend  en 
plaine  que  dans  les  pays  du  nord.  Ailleurs  elle  vit  dans  les 
montagnes,  oîi  nous  la  trouvons  jusqu'à  1,600™.  De  Can- 
doUe  l'indique  à  1 ,000™  dans  les  Pyrénées  occidentales ,  et 
à  2,400  à  Néouvielleet  au  montViso. 

Géographie.  —  Nous  réunissons  ici  le  P.  vulgaris.  Lin., 
et  le  P.  grandiflora,  Lam.,  et  la  variété  tetniior ,  Wahl. 
Enfin  ,  nous  y  ajoutons  encore  le  P.  longifolia  ,  Ramond , 
qui  est  une  espèce  distincte,  mais  que  nous  ne  pouvons  pas  en 
séparer  géographiquement.  —  Au  sud  ,  on  rencontre  cette 
plante  en  France,  dans  les  Pyrénées,  en  Espagne,  dans 
le  midi  de  l'Italie  .  —  Au  nord,  elle  croît  en  France,  en 
Belgique,  en  Allemagne,  dans  toute  la  Scandinavie,  en 
Laponie,  même  sur  les  montagnes  ,  à  Hammerfest,  dans 
l'Altenfîord,  aux  Loffoden  et  à  Mageroë.  C'est  surtout  la 
variété  tenuior  ^  Wahl.,  qui  habite  les  montagnes  de  la 
Laponie;  là,  comme  au  mont  Dore,  elle  est  accompagnée 
du  Salix  lapponum  ,  de  V Eriophorum  vaginatum  ,  du 
TroUius  europœus ,  et  du  Viola  epipsila  qui  y  remplace  notre 
Viola palustris.  L'espèce  est  encore  indiquée  en  Angleterre, 
en  Irlande,  aux  3  archipels  anglai?,  aux  Feroë  et  en  Islande. 
—  A  l'occident,  on  la  trouve  dans  les  Asturies  ,  dans  l'Amé- 
rique septentrionale,  au  Groenland,  dans  les  contrées  boisées 
et  sauvages  de  la  rivière  de  Makensie ,  dans  les  montagnes 
Rocheuses  ,  au  Labrador ,  à  Terre-Neuve  ,  dans  les  parties 
élevées  de  la  Colombie.  —  A  l'orient,  elle  habite  la  Suisse, 
la  Hongrie  ,  la  Croatie  ,  la  Transylvanie  ,  la  Thrace,  la  Ma- 
cédoine ,  les  Russies  arctique ,  septentrionale  et  moyenne, 
la  Sibérie  du  Baïkal  et  l'île  de  Sitcha. 


118  PUIMULACÉES. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie. .......     40       j Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponk 71       j  31« 

„    .,        ,  ^  .  rtar.       (Ecart en  longitude: 

Occident  et  Orient ooO       {  .,^r.« 

Carré  d'expansion 11160 

G.  UTRICULAAIA,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —   Ces  plantes 
constituent  un  grand  genre  formé  d'environ  100  espèces, 
la  plupart  aquatiques  et  très-inégalement  dispersées  sur  la 
terre.  Les  3  centres  principaux  sont  :  la  Nouvelle-Hollande, 
les  Indes  orientales  et  les  Antilles.  —  On  en  connaît  à  peu 
près  30  en  Océanie,  28  de  la  Nouvelle-Hollande ,  1  de  Java, 
1  de  Van  Diemen.  —  29  espèces  habitent  l'Asie,  et  sur  ce 
nombre  25  sont  des  Indes  et  du  Népaul ,  3  de  la  Cochinchine 
et  l  de  Ceyian.  —  25  sont  connues  dans  l'Amérique  septen- 
trionale, et  la  moitié  de  ce  nombre  vit  aux  Antilles ,  les 
autres  sont  très-dispersées  dans  la  Caroline  ,  la  Virginie,  la 
Géorgie  et  sur  quelques  autres  points  des  Etats-Unis.  — 
L'Amérique  méridionale  en  a  5  :  du  Brésil,  du  Pérou  ou  du 
Chili.  —  En  Europe,  le  genre  n'est  représenté  que  par 
4  espèces  assez  semblables  et  moins  brillantes  que  celles  qui 
appartiennent  aux  autres  contrées. 

Utricclaria  vuLGAUis,  Lin.  —  La  puissance  des  milieux 
agit  d'une  manière  très-intense  sur  les  êtres  organisés,  et  les 
plantes  aquatiques  nous  montrent  tous  les  jours  l'influence 
de  cette  action.  Quoique  appartenant  à  des  familles  très- 


UTRICULARIA.  H  9 

difïïVentes,  elles  ont  toujours  quelques  traits  communs 
d'organisation  ,  des  moyens  singuliers  de  s'élever  au- 
dessus  des  eaux  ,  un  mode  de  fécondation  particulier,  une 
puissance  excessive  de  reproduction  ,  etc.  \J Ulricularia  est 
peut-être,  sous  ces  divers  rapports ,  une  des  espèces  le  plus 
intéressantes.  Ses  longues  tiges  ,  attachées  par  leurs  racines 
à  la  vase  des  marais ,  sont  garnies  de  ces  petits  aiguillons 
que  l'on  remarque  aussi  sous  les  feuilles  du  Trapa  natans 
et  qui  prennent  dans  le  Victoria  regia  de  si  grands  dé- 
veloppements. Ses  tiges  se  divisent  à  l'infini,  en  sorte  qu'il 
devient  très-difficile,  comme  dans  les  plantes  grasses ,  de  dis- 
tinguer les  feuilles  des  véritables  tiges.  On  remarque  sur 
ces  organes  de  petites  vésicules  transparentes ,  et  la  plante 
entière  est  immergée  ;  mais  cette  espèce  doit  paraître  à  la 
surface  des  eaux,  élever,  sur  l'azur  des  lacs  et  des  étangs, 
des  groupes  de  fleurs  orangées  ;  elle  doit  apporter  son  contin- 
gent de  parure  à  ces  plaines  liquides  oii  sur  d'autres  points  le 
Nymphœa  étale  ses  lys  d'albâtre  ,  et  où  le  Polygoniim  am- 
phibium  balance  ses  épis  d'un  rose  pur.  Alors  ces  vésicules 
que  l'on  apercevait  à  peine  et  qui  étaientmunies  d'une  ou- 
verture latérale  fermée  par  des  poils  feutrés,  se  remplissent 
de  gaz  comme  la  vessie  natatoire  des  poissons  ;  la  plante 
s'élève  et  vient  surnager,  soutenue  par  ses  flotteurs.  Des 
pédoncules  se  montrent  ;  ils  sont  verts  ou  purpurins ,  et 
supportent  3  ou  4-  fleurs  d'un  beau  jaune  orangé,  sur  les- 
quelles on  distingue  de  petite  veines  rougeâtres,  disposées 
en  caractères  hébraïques  et  rappelant  les  corolles  de  quelques 
calcéolaires.  Le  calice  est  formé  de  2  pièces,  et  la  corolle, 
personnée,  a  sa  lèvre  inférieure  enveloppée  par  la  supérieure, 
tandis  que  l'éperon  est  roulé  en  dehors.  Ces  fleurs  qui  pa- 
raissent vers  le  milieu  de  l'été  ne  durent  guère  qu'un  jour,  et 
souvent  même  elles  ne  s'épanouissent  que  pour  un  simulacre 


120  PRIMULACÉES. 

de  fécondation.  Cependant  la  corolle  s'entr'ouvre,  ses  2  éta- 
mines  se  courbent  vers  le  stigmate,  et  celui-ci  déploie  2  lames 
dont  une  paraît  stérile,  tandis  que  l'autre,  élégamment  fran- 
gée, se  présente  sous  la  forme  d'une  membrane  plissée  qui 
doit  recevoir  le  pollen  des  anthères.  —  La  corolle  tombe 
bientôt  après ,  le  calice  persiste ,  et  quand  toutes  les  fleurs 
se  sont  épanouies ,  le  pédoncule  se  retire  sous  l'eau  avec  la 
plante  entière  qui  s'y  replonge.  Le  calice  accompagne  une 
capsule  indéhiscente  ,  dont  les  graines  sont  presque  toujours 
avortées.  Mais  pendant  que  ces  tiges  flottantes  élèvent  leurs 
fleurs  au-dessus  des  eaux  ,  on  remarque  aux  extrémités  de 
leurs  ramifications  des  bourgeons  compactes  et  verdoyants 
qui  restent  aussi  à  l'état  latent,  comme  ceux  des  Myriophyl- 
lum,  des  Ceralophyllum ,  etc.,  pendant  toute  la  durée  de 
la  belle  saison.  A  l'automne  quand  les  tiges  périssent,  ces 
nombreux  bourgeons  se  détachent,  et,  abrités  sous  une  es- 
pèce d'enduit  résineux  et  insoluble  dans  l'eau,  ils  restent 
pendant  tout  l'hiver  plongés  dans  la  vase,  engourdis  comme 
les  reptiles,  et  se  réveillent  au  printemps  pour  donner  nais- 
sance à  des  tiges,  à  des  racines,  et  pour  recommencer  ce 
cercle  curieux  de  phénomènes  que  nous  venons  de  parcourir. 
Il  y  a  ici  lutte  évidente  entre  la  génération  gemmipare 
toujours  assurée,  et  la  génération  sexuelle  qu'une  tempête  ou 
une  inondation  peuvent  détruire. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Aquatique  et  indiffé- 
rente, elle  s'élève  peu  dans  les  montagnes. 

Géographie,  — Au  sud,  on  trouve  cette  plante  en  France, 
dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord,  elle  habite 
la  Belgique,  l'Allemagne,  la  Bavière,  toute  la  Scandinavie, 
la  Finlande,  l'Angleterre,  l'Irlande  et  les  archipels  anglais. 
—  A  l'occident ,  elle  vit  en  Portugal  et  en  Irlande.  —  A 
l'orient,  elle  croît  en  Suisse,  en  Dalmatic  ,  en  Croatie,  en 


LTRICCLARIA.  121 

Hongrie,  en  Transylvanie,  dans  le  Péloponèse,  dans  les 
Russies  septentrionale ,  moyenne  et  australe  ,  dans  les  Si- 
béries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  dans  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile 37°      )  Ecart  en  latitude  : 

A'orrf,  Laponie 68       ^  31« 

Occîrfé'n;,  Irlande 12  0.  "i  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Dahurie 1 19   E.  )  1 31« 

Carré  d'expansion 4061 

Utricularia  aiiNOR,  Lin.  —  Tout  ce  que  nous  venons 
de  dire  de  l'espèce  précédente,  s'applique  également  à 
celle-ci ,  mais  elle  est  plus  petite  dans  toutes  ses  parties. 
Elle  est  aussi  moins  exigeante  sous  le  rapport  de  l'eau.  Elle 
peut  vivre  parmi  les  Sphagnum  ,  sur  la  vase,  dans  les  lieux 
accidentellement  inondés,  oîi  elle  se  reproduit  facilement  par 
ses  bourgeons.  Elle  ne  fleurit  toutefois  que  si  ses  tiges  sont 
plongées  dans  l'eau,  etses  fleurs  paraissent  en  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Aquatique ,  et  pré- 
férant les  terrains  siliceux  des  plaines  et  des  montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  la  trouve  en  France  et  en 
Italie. —  Au  nord,  en  Bohême,  en  Allemagne,  en  Ba- 
vière, dans  toute  la  Scandinavie  ,  y  compris  la  Laponie;  en 
Finlande,  en  Angleterre,  en  Irlande  et  aux  Hébrides.  — 
A  l'occident ,  elle  reste  en  Irlande.  —  A  l'orient ,  elle 
existe  en  Suisse  ,  en  Transylvanie,  dans  les  Russies  moyenne 
et  australe,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud  ,  Italie 41°      )  Écart  en  latitude  : 

Nord,  Eaponip 68        I  27« 


122  PRIMULACÉES. 

Occident ,  Irlande 12  0."i Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Sibérie  altaïque 97   E.  i  109« 

Carré  d'expansion 2943 

G.  coais ,  Lin. 

Il  n'est  formé  que  d'une  seule  espèce. 

CoRis  MONSPELiENsis ,  Lin.  —  Tous  les  genres  de  beau- 
tés sont  réunis  dans  l'élégante  famille  des  Primulacées.  Les 
unes  sont  humbles  et  rampantes,  d'autres  grandes  et  dres- 
sées. H  en  est  qui  habitent  les  eaux  et  s'y  plongent  en  entier, 
d'autres  se  plaisent  sur  leurs  bords  arrosés,  tandis  que  le 
Coris  recherche  les  Heux  secs,  les  coteaux  pierreux,  et  brave 
impunément  les  feux  du  soleil  qui  anéantiraient  les  Primu- 
lacées des  forêts  et  des  lieux  humides.  Toutefois  le  Coris 
semble  au  premier  abord  s'écarter  un  peu  de  la  famille  à  la- 
quelle on  l'a  réuni.  ïl  est  presque  ligneux.  Ses  racines  tra- 
çantes sont  de  véritables  tiges  souterraines,  qui  émettent 
des  rameaux  florifères.  Ceux-ci  sont  garnis  de  feuilles  un 
peu  épaisses,  linéaires  et  réfléchies,  et  les  fleurs,  qui  parais- 
sent en  mai ,  naissent  presque  sessiles  en  épis  rameux  aux 
aisselles  supérieures  de  ses  feuilles.  Le  calice  est  ventru  ,  à 
5  dents  bordées  d'autant  de  pointes  épineuses;  chaque 
dent  porte  aussi  sur  le  dos  une  tache  rougeâtre  et  glandu- 
leuse. La  corolle  est  tubulée,  comme  celle  des  Primevères, 
d'un  beau  rose  violacé,  qui  se  conserve  après  la  dessi- 
cation  ;  ses  5  étamines  sont  déjetées ,  le  stigmate  est  sim- 
ple. —  Quand  la  fécondation  est  opérée,  le  calice  se  re- 
ferme très-exactement  et  la  capsule  mûrit  sousson  enveloppe. 
—  Plus  tard  le  calice  s'ouvre ,  et  la  capsuh  se  partage  en  5 
valves ,  laissant  tomber  5  semences  qui  paraissent  presque 


LYSIMACUIA.  123 

séparées  par  des  traces  de  cloison.  —  Il  fleurit  en  avril  et 
en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  végète  sur  les  terrains 
calcaires  et  rocailleux  de  la  plaine  et  des  montagnes. 
M.  Boissier  l'indique  de  160  à  1,900™  dans  le  midi  de 
l'Espagne,  et  M.  Cosson  l'a  trouvé  sur  les  montagnes  de 
l'Aurès  en  Algérie. 

Géographie.  —  Il  croît  au  sud  ,  en  France  ,  en  Espa- 
gne, aux  Baléares,  en  Algérie  dans  le  Sahara,  dans  les 
cultures  arrosées  des  oasis  et  sur  les  montagnes  (Cosson), 
dans  le  Maroc  et  en  Egypte.  - —  Au  nord ,  on  le  rencontre 
en  France,  sur  le  bord  du  plateau  central ,  dans  la  vallée 
du  Rhône.  —  A  l'occident ,  il  reste  en  Espagne  et  dans  le 
Maroc.  —  A  l'orient,  il  habite  l'Italie,  la  Sicile,  les  Ba- 
léares et  la  Grèce. 

'Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Egypte 30°     ]  Écart  en  latitude  : 

iVorrf,  France 44       i  14° 

Occident ,  Maroc 11  O.  I  Écart  en  longitude  : 

Orient,  Grèce 22  E.^  33° 

Carré  d'expansion 462 

G.  LTSXniACHIA  ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ce  genre  est 
formé  d'environ  45  espèces  dispersées  dans  toutes  les  parties 
du  monde,  mais  surtout  en  Asie,  en  Europe,  et  dans 
l'Amérique  septentrionale.  —  15  lysimaques  vivent  en 
Asie  :  6  aux  grandes  Indes ,  2  au  Népaul ,  2  en  Chine  ;  les 
autres  espèces,  au  Japon,  dans  la   Sibérie,   la  Dahurie, 


124  PRIMCLACÉES. 

le  Caucase  et  dans  l'Asie  mineure.  —  1 1  se  trouvent  en  Eu- 
rope ,  depuis  la  Tauride  et  l'île  de  Crète  jusqu'aux  Hébrides 
et  à  la  Belgique.  —  1 1  aussi  habitent  l'Amérique  du  nord, 
les  Etats-Unis  et  le  Canada. —  1  seulement  de  l'Amérique 
dusudestàBuenos-Aires.  — On  en  connaît  4  en  Afrique  : 
2  aux  Açores ,  1  en  Egypte ,  1  en  Abyssinie.  —  Enfin  4 
sont  indigènes  de  l'Océanie  :  3  de  Java  et  1  de  la  Nou- 
velle-Hollande. 

Lysimachia  vulgaris,  Lin.  — Parmi  les  plantes  qui 
ornent  le  bord  des  eaux ,  la  lysimaque  est  certainement 
une  de  celles  qui  produisent  le  plus  d'effet;  solitaire  ou 
groupée,  elle  élève  sur  les  sables  des  rivières,  sur  le  bord 
des  étangs  et  des  fossés ,  ses  longues  tiges  aux  feuilles  ver- 
ticillées  ,  et  les  bouquets  dorés  de  ses  fleurs  régulières,  élé- 
gamment posées  aux  aisselles  supérieures  des  verticilles. 
Elle  accompagne  les  saules  et  la  salicaire,  V Eupatorium  can- 
nabimim,  Vlnula  dyssenterica^et  ces  nombreuses  espèces  qui 
cherchent  comme  elle  la  fraîcheurdes  cours  d'eau  et  l'ombre 
de  leurs  fourrés.  Les  racines  traçantes  de  cette  espèce  don- 
nent un  grand  nombre  de  rejets  qui  sortent  de  terre  et  s'y 
étalent  en  plaçant  leurs  feuilles  sur  le  même  plan  ,  comme 
celles  du  L.  nummidaria  ,  mais  dans  les  tiges  florales  les 
feuilles  sont  ordinairement  ternées.  —  Les  calices  sont  garnis 
de  petites  glandes  couleur  de  minium,  dont  les  feuilles  sont 
aussi  parsemées.  La  corolle  ,  d'une  admirable  pureté,  s'étale 
en  étoile ,  et  les  5  étamines ,  un  peu  soudées  par  leur  base, 
sont  aussi  garnies  de  glandes  visqueuses.  —  Cette  espèce 
fleurit  tard  et  souvent  une  partie  des  fleurs  avortent.  Les 
autres  se  transforment  en  capsules  globuleuses  ,  polys- 
permes,  qui  s'ouvrent  en  5  valves  et  répandent  des  graines 
nombreuses  détachées  d'un  placentaire  central. 


LYSIMACHIA.  125 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  estindifl'érente,  reste 
dans  les  plaines  ou  à  la  base  des  montagnes.  Ledebour  la  cite 
à  1,000'^  dans  leBreschtau. 

Géographie.  —  Au  sud,  elle  croît  en  France,  dans  le 
nord  de  l'Espagne  ,  dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Sicile,  oii 
elle  s'approche  des  rivages.  —  Au  nord,  elle  vit  disséminée 
dans  toute  l'Europe  centrale ,  en  Scandinavie,  sur  les  bords 
des  ruisseaux  à  demi-ombragés  et  même  en  Laponie  oii 
elle  devient  très-rare  ;  elle  est  en  Angleterre  et  en  Irlande. 
—  A  l'occident,  elle  végète  en  Portugal.  —  A  l'orient, 
on  la  connaît  en-  Suisse,  en  Italie^  en  Dalmatie,  en  Hon- 
grie, en  Croatie  ,  en  Transylvanie ,  en  Thrace,  en  Tauride, 
dans  le  Caucase,  dans  les  Russies  septentrionale,  moyenne 
et  australe,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du 
Baïkal  et  orientale. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile. 37»      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 68       j  31" 

Occident,  Irlande 12  O.  |  Ecart  en  longitude: 

Orient,  Sibérie  orientale 160   E.  j  172° 

Carré  d'expansion 5332 

Lysimachia  ncmmularià.  Lin.  —  Cette  espèce  se  ren- 
contre partout  où  le  sol  humide  et  frais  est  ombragé  par 
quelques  arbres.  Le  bord  des  fossés  et  des  étangs,  la  lisière 
des  haies  et  les  sables  des  rivières  sont  les  lieux  qu'elle  pré- 
fère et  qu'elle  embellit.  Ses  longues  tiges  souterraines  et 
rameuses  tracent  sous  le  sol  humide ,  avancent  par  l'ex- 
tension de  leurs  rameaux ,  et  se  détruisent  par  le  côté  op- 
posé. Les  extrémités  de   ses  rameaux  souterrains  sortent 


126  PRIMULACÉES. 

de  terre,  mais  restent  constamment  appliqués  sur  le  sol.  Elles 
montrent  partout  de  petits  nœuds  d'où  partent  à  la  fois  des 
feuilles  et  des  racines ,  et  la  plante  fleurie  se  présente  sous 
l'aspect  d'une  guirlande  aux  feuilles  serrées  et  arrondies 
qui  portent  à  presque  toutes  leurs  aisselles  de  belles  fleurs 
jaunes,  étoilées.  Le  tube  de  la  corolle  est  parsemé  de  glan- 
des brillantes,  les  filets  des  étamines  sont  aussi  glanduleux, 
et  se  réunissent  en  une  sorte  de  godet ,  tandis  que  le  style, 
incliné  lors  de  la  fécondation ,  se  redresse  quand  elle  est 
opérée.  Pendant  l'hiver  ses  feuilles  rougissent ,  et  déjà  on 
voit  à  leur  aisselle  de  petits  bourgeons  qui  naissent  rare- 
ment des  deux  côtés  à  la  fois.  Ces  bourgeons  sont  d'un 
beau  vert,  se  dressent  immédiatement,  puis  s'inclinent,  et 
les  branches  qui  en  sortent  s'appliquent  sur  le  sol.  —  Elle 
fleurit  pendant  tout  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Indifférente  et  restant 
dans  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud ,  elle  habite  la  France,  l'Espagne 
et  l'Italie.  —  Au  nord,  elle  croît  en  Belgique,  en  Alle- 
magne, en  Danemarck ,  en  Gothie,  en  Norvège,  dans  la 
Suède  australe  ,  dans  les  prés  humides  et  accidentellement 
inondés ,  et  près  des  rivages  de  la  mer.  Elle  entre  à  peine 
en  Finlande  et  se  trouve  en  Angleterre  et  en  Irlande.  — 
A  l'occident,  elle  est  indiquée  en  Portugal.  —  A  l'orient, 
elle  existe  en  Suisse  ,  en  Dalmatie  ,  en  Hongrie ,  en  Croatie, 
en  Turquie,  en  Tauride,  dans  le  Caucase,  dans  les  Russies 
moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Espagne 38°     )  Écart  en  latitude  : 

iVor^f,  Norvège 60       )  22» 


LYSIMACHIA.  127 

Occident ,  Irlande 12       | Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Russie  moyenne 51   E.  )  63° 

Carré  d'expansion 1386 

Lysimachia  nemorum,  Lin.  —  Encore  une  de  ces  plantes 
charmantes ,  d'une  délicatesse  extrême,  qui  se  cache  à  l'om- 
bre des  forêts  humides ,  et  dont  les  tiges  couchées  sur  le  sol 
accompagnent  le  Pyrola  minora  VOxalis  AceloseUa,  et  la 
fraîche  végétation  des  bois.  Ses  feuilles  sont  Hsses  et  entières, 
ses  tiges  rosées  émettent  do  petites  racines  qui  fixent  la  plante 
sur  l'humus  produit  par  la  décomposition  des  feuilles ,  et  la 
multiplient  au  point  qu'elle  forme  parfois  des  gazons  éten- 
dus. —  Ses  fleurs  sont  toujours  axillaires  et  solitaires  ,  d'un 
jaune  pur ,  et  sa  corolle,  sensible  à  la  lumière  ,  se  f^rme  tous 
les  soirs  et  s'ouvre  le  matin;  mais  si  la  pluie  survient,  le 
pédoncule  s'abaisse,  les  pétales  se  rapprochent,  et  la  fleur  , 
ainsi  protégée,  attend  que  le  ciel  devienne  azuré  et  qu'un 
rayon  de  soleil ,  passant  au  milieu  du  feuillage,  vienne  l'aver- 
tir qu'elle  peut  ouvrir  sa  pure  corolle  et  se  livrer  à  ses  amours. 
Ensuite  le  pédoncule  se  recourbe  et  applique  sur  le  sol  une 
capsule  arrondie.  —  Elle  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Âllilude.  —  Elle  recherche  les  ter- 
rains irais,  siliceux  et  détritiques,  et  s'élève  très-facilement 
dans  les  montagnes.  Wahlenberg  l'indique  en  Suisse,  au- 
dessus  de  la  limite  des  sapins.  De  Candolle  la  cite  à  0  à 
Nantes,  et  à  l.GOO""  au  port  de  Paillère  et  dans  les  Alpes. 
Nous  la  trouvons  en  Auvergne  depuis  800  jusqu'à  1,500"'. 

Géographie.  —  Au  sud ,  elle  vit  dans  les  Pyrénées ,  en 
Espagne ,  en  Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord ,  elle  croît  en 
Belgique ,  en  Allemagne ,  en  Danemarck ,  dans  la  Gothie 
et  la  Norvège  australes,  en  Angleterre  et  en  Irlande.  —  A 
l'occident  elle  existe  en  Portugal.  —  A  l'orient,  elle  habite 


128  PRIMULACÉES. 

la  Suisse  ,  la  Hongrie,  la  Croatie  ,  la  Transylvanie,  et,  selon 
Ledebour,  le  Kamtschatka  ,  sans  toucher  aux  points  inter- 
médiaires. 

Limites  d^ extension  de  V espèce. 

Sud,  Sicile 38"      )  Ecart  en  latitude  : 

JVorrf,  Norvège 59       ^  21o 

Occident ,  Portugal 11  0.1  Ecart  en  longitude  : 

Oncw^,  Kamtschatka 150  E.  i  161^ 

Carré  d'expansion 3381 

Lysimachia  LiNUM  STELLATLM,  Lin.  — Cette  plante  est 
bien  différente  des  lysimaques.  Haute  de  quelques  centi- 
mètres ,  c'est  à  peine  si  on  la  voit  sur  les  coteaux  arides  et 
sur  les  pelouses  sèches  où  elle  disparaît  de  bonne  heure ,  et 
oii  il  est  toujours  difficile  de  l'apercevoir.  Quoiqu'annuelle, 
elle  paraît  très-vernale  ,  et  montre  ses  tiges  et  ses  feuilles 
lisses  et  d'un  beau  vert.  Dès  le  mois  d'avril,  on  re- 
marque à  l'aisselle  de  ses  feuilles ,  de  petites  fleurs  portées 
sur  de  courts  pédoncules.  Les  calices  sont  grands,  les  pé- 
tales petits,  rosés  et  obtus.  La  fécondation  s'opère  rapide- 
ment ,  et  chaque  pédoncule  porte  alors  une  petite  capsule 
arrondie,  à  5  valves ,  contenant  seulement  2  ou  3  graines 
striées,  étoilées  et  ombiliquées.  — Elle  fleurit  en  avril. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  la  trouvons  sur 
les  terrains  calcaires  et  rocailleux,  mais  elle  croît  en  Bretagne 
sur  le  sol  siliceux ,  à  Nantes  sur  les  sables  maritimes.  Elle 
s'élève  peu  ;  elle  est  pourtant  citée  par  M.  Boissier,  entre 
450  et  1 ,300™  dans  le  raidi  de  l'Espagne. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  vit  en  France ,  en  Espagne, 
en  Algérie  où  M.  Cosson  l'a  recueillie  sur  le  Djebel-Tougour, 
et  aux  Canaries.  —  Au  nord,  elle  s'avance  en  France 


A^AGALUâ.  129 

jusqu'à  Nantes  et  â  l'île  de  Noirmoutiers.  —  A  l'occident, 
elle  est  en  Portugal.  —  A  l'orient,  elle  habite  l'Italie,  la 
Sicile,  la  Dalmatie,  le  Péloponèse,  l'Archipel,  l'île  de 
Chypre,  le  Caucase ,  l'Asie  mineure  et  la  Géorgie  ,  jusqu'à 
Bakou. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Canaries 30»      I Écart  en  latitude  : 

Nord ,  France 47        (  IT® 

Occident,  Canaries 18  0.  (Ecart  en  longitude: 

Orient  y  Bakou 47   E.  *  65° 

Carré  d'expansion 1 1  Oô 

G.  ▲igAOAi.z.is,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  On  ne  connaît 
que  17  à  18  plantes  de  ce  genre,  et  12  d'entr'elles  sont 
européennes:  de  l'Espagne,  du  Portugal,  de  la  Sardaigne 
et  de  l'Europe  centrale.  —  3  habitent  l'Anaérique  du  sud  :  le 
Brésil ,  le  Pérou  et  le  Chili.  —  On  en  connaît  1  seule  dans 
l'Amérique  du  nord,  à  la  Jamaïque,  — et  les  3  espèces 
asiatiques  se  trouvent  :  l'une  au  Kamtschatka  ,  les  2  autres 
aux  Indes  orientales. 

Anagallis  ARVENSis ,  Lin.  —  Les  champs,  les  lieux 
cultivés  et  même  les  sables  des  rivières  sont  embellis  par 
cette  jolie  plante  annuelle.  Ses  tiges  rameuses  et  presque 
articulées  s'étendent  sur  le  sol.  Elles  sont  quadrangulaireset 
munies  de  feuilles  opposées  ou  ternées ,  dont  les  cellules  vo- 
lumineuses se  détachent  sur  les  bords  en  petites  vésicules 
glanduleuses.  Les  fleurs  naissent  solitaires  à  l'aisselle  des 
feuilles ,  portées  par  des  pédoncules  déliés  et  dressés ,  assez 

VIll  ^ 


130  PUIMCLACÉES. 

courts  d'abord,  mais  qui  s'allongent  rapidement  à  l'époque  de 
la  Iloraison.  Dès  le  mois  de  juin  les  fleurs  paraissent;  elles 
sont  d'un  rouge  de  brique,  s'ouvrent  le  matin  et  se  ferment 
le  soir  de  bonne  heure ,  pendant  plusieurs  jours.  Les  filets  des 
étamines  sont  garnis  de  poils  violets  transparents ,  articulés , 
de  la  plus  grande  beauté,  et  les  anthères,  d'un  jaune  d'or  , 
droites  avant  la  fécondation,  deviennent  horizontales  quand 
elles  ont  émis  leur  pollen.  —  Dès  que  la  fécondation  est 
opérée  ,  le  pédoncule  s'incline,  se  courbe ,  se  tord  ,  et  amène 
enfin  vers  la  terre  la  capsule  globuleuse  ,  surmontée  de  son 
style.  Cette  capsule  se  développe  avec  rapidité ,  accompa- 
gnée du  calice  qui  s'étale  encore  le  matin  pour  se  reîermer 
le  soir,  comme  s'il  avait  la  corolle  à  protéger.  La  trace  des 
5  valves  reste  marquée  sur  cette  capsule,  mais  elle  s'ouvre 
transversalement  comme  celle  du  Cenlunculus  et  répand  de 
petites  graines  déjà  rapprochées  du  sol  par  la  courbure  des 
pédoncules.  —  Pendant  longtemps  les  fleurs  se  succèdent  et 
les  fruits  les  remplacent ,  en  sorte  que  la  végétation  est  con- 
tinue pendant  toute  la  belle  saison. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  trouve  cette  plante 
sur  tous  les  terrains,  bien  qu'elle  préfère  ceux  qui-sont sili- 
ceux et  sablonneux.  Elle  préfère  la  plaine  aux  montagnes, 
et  s'élève  au  plus  à  1,000"^  dans  les  pays  chauds. 

Géographie.  ~ —  Cet  Anagallis  est  très-répandu  dans  toutes 
les  directions  ,  mais  sans  doute  naturalisé  dans  de  nombreu- 
ses localités.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  Espagne  ,  en  Corse , 
aux  Baléares,  en  Algérie  dans  les  moissons  ,  sur  les  mon- 
tagnes et  jusque  dans  les  cultures  arrosées  des  oasis  ,  en 
Egypte  ,  à  Madère  ,  aux  Açores  ,  aux  Canaries  et  en  Abys- 
sinie  où  il  est  commun  dans  les  champs.  —  Au  nord,  il  est 
aussi  très-commun  dans  toute  l'Europe  centrale,  en  Dane- 
raarck,  enGothie,  dans  la  Norvège  et  la  Suède  australe,  eu 


AHAGALLIS.  131 

Angleterre  et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  il  croît  en  Por- 
tugal ,  et  il  est  indiqué  dans  la  majeure  partie  de  rAmcri- 
que  du  nord  et  du  sud  ,  où  il  a  sans  doute  été  transporté. — 
A  l'orient,  on  le  trouve  en  Suisse,  dans  toute  l'Italie  ,  en 
Sicile,  en  Turquie,  en  Grèce  ,  en  Dalmatie,  en  Hongrie, 
en  Croatie,  en  Transylvanie,  en  Tauride,  dans  le  Caucase  , 
en  Géorgie,  au  mont  Sinaï,  dans  les  Russies  m  )yenne  et 
australe,  et  dans  la  Sibérie  de  l'Oural.  —  On  le  connaît 
encore  à  la  Nouvelle-Zélande  ,  au  cap  de  Bonne-Espérance, 
à  la  Nouvelle-Hollande ,  nu  Japon  ,  etc. 

Limites  d'extension  de  l'esplcc. 

Sud,  Abyssinie 10°      ) Écart  en  iatitud»?  ; 

Nord ,  Norvège. , Gl        j  5P 

Occident ,  Açores 30       •)  Ecart  en  longitude  : 

Orie?it ,  Sibérie  de  l'Oural C8   E.  »  08° 

Carré  d'expansion 4998 

Anagallisc.erci.ea  ,  Schreb.  —  Cette  espèce  ,  consi- 
dérée par  Linné  et  par  plusieurs  botanistes  comme  une  sim- 
ple variété  de  la  précédente,  croît  dans  les  mêmes  lieux  et 
présente  à  peu  près  les  mêmes  caractères.  Elle  en  diffère  par 
ses  fleurs  toujours  bleues,  et  par  ses  feuilles  ordinairement 
plus  larges  et  plus  souvent  ternées.  —  Elle  fleurit  également 
pendant  la  majeure  partie  de  l'année. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Comme  la  précédente. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  croît  en  France  ,  en  Espa- 
gne ,  aux  Baléares  ,  en  Barbarie,  aux  Canaries  et  à  Saint- 
Jacobi ,  l'une  des  îles  du  cap  Vert.  —  Au  nord  ,  on  la  trouve 
dans  toute  l'Europe  centrale  ,  en  Danemarck,  en    Gothie  , 


132  PRIMULACÉES. 

OÙ  elle  est  rare;  en  Angleterre  et  en  Irlande.  —  A  Tocci- 
dent,  nous  ajouterons  le  Portugal  aux  Canaries.  —  A 
l'orient,  elle  habite  la  Suisse  ,  l'Italie,  la  Sicile,  la  Dalma- 
tie,  la  Croatie,  la  Hongrie,  la  Transylvanie,  la  Grèce,  la 
Tlirace ,  la  Tauride ,  le  Caucase  ,  la  Géorgie ,  l'Arménie ,  la 
Russie  moyenne  et  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d*extension  de  Vespèce. 

Sud,  lies  du  Cap-Vert 13»      ^ Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Angleterre ,   58       ;  45° 

Occident ,  lie  du  Cap-Vert 26  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Oural 68  E.j  9X'> 

Carré  d'expansion 4230 

Anagallis  tenella  ,  Lin .  —  S'il  est  des  plantes  qui  com- 
mandent notre  admiration  par  la  majesté  de  leur  port,  parla 
magnificence  de  leurs  lleurs  ou  la  beauté  de  leur  feuillage , 
il  en  est  aussi  qui  n'attirent  notre  attention  que  par  la  délica- 
tesse de  leurs  formes,  par  la  pureté  de  leurs  corolles.  Tel  est 
ce  charmant  Anafjaîlis  dont  les  tiges,  d'une  extrême  débi- 
lité, rampent  sur  la  terre  humide,  sur  les  rochers  mouillés 
par  la  poussière  vaporeuse  des  cascades  ,  sur  les  mousses  ve- 
loutées dont  les  filets  d'eau  pure  entretiennent  la  fraîcheur. 
D'autres  tiges,  fructifères,  s'élèvent  à  peine  au-dessus  du  sol, 
mais  se  redressent  garnies ,  comme  les  précédentes,  de  pe- 
tites feuilles  arrondies,  opposées,  presque  sessiles ,  absolu- 
ment glabres ,  et  formées  de  grosses  cellules.  Elles  ne  sont 
plus  opposées  au  sommet  des  rameaux,  et  de  leur  aisselle 
sort  un  pédoncule  filiforme  ,  qui  porte  une  fleur  d'un  rose 
tendre  et  veiné.  Les  anthères  sont  d'un  jaune  pâle  et  les 


ANAGALLIS.  133 

filets  sont  entourés  de  beaux  poils  blancs,  formés  eux-mê- 
mes de  cellules  globuleuses  et  placées  bout  à  bout.  — Elle 
épanouit  ses  fleurs  en  juillet  et  en  août  et  s'associe  presque 
toujours  au  Wahlenbergia  hederacea  qui  rampe  avec  elle, 
et  dont  les  fleurs ,  comme  les  siennes ,  restent  dominées  par 
les  capsules  des  Barlhramia  et  des  grandes  mousses  des  fon- 
taines. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  rencontrons  cette 
plante  sur  les  terrains  siliceux  et  tourbeux,  mais  elle  croît 
sur  tous  les  terrains  pourvu  qu'ils  soient  arrosés.  —  Elle 
aime  les  lieux  élevés.  De  Candolle  la  cite  à  0  aux  Sables 
d'Olonne,  et  à  1,400™  sur  les  montagnes  de  l'Aubrac. 
M.  Boissier  l'indique  dans  le  midi  de  l'Espagne  entre  650 
et  1,300". 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  habite  la  France  ,  l'Espa- 
gne et  l'île  de  Crète.  —  Au  nord  ,  on  la  trouve  en  Belgique, 
en  Allemagne,  en  Bavière,  en  Danemarck,  en  Angleterre, 
en  Irlande  ,  dans  tous  les  archipels  anglais  et  aux  Feroë.  — 
C'est  évidemment  une  espèce  occidentale  qui  vit  aussi  en 
Portugal.  —  A  l'orient ,  elle  existe  en  Suisse,  enTyrol,  en 
Piémont,  en  Lombardie,en  Sardaigne  ,  à  l'île  de  Crète.  — 
Une  espèce  ou  une  variété  filiformis ,  remplace  notre  plante 
au  Brésil  ;  elle  fleurit  en  novembre  et  croît  aussi  dans  les 
marais  (Auguste  de  Saint-Hilaire). 

Limites  d^ extension  de  l^ espèce. 

Sud ,  lie  de  Crète 35®     ]  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  ¥eroé 62       }  27° 

Occident ,  Irlande 1 2  0.  |  Ecart  en  longitude 

Orient,  Ile  de  Crète 22  E.  J  34« 

Carré  d'expansion 908 


134  PKIMLLACÉES. 

G.  cEErTur:cui.us,  Lin. 

2  espèces  SGulemont  le  composent.  L'une  est  européenne, 
l'autre  de  la  Caroline. 

CrNTUNcrîxsMiNiMUS,  Lin.  — La  plus  petite  sans  doute 
de  toutes  les  Primulacr-cs ,  elle  croît  sur  les  terres  humides 
des  bords  des  étangs  et  des  fossés.  Elle  est  annuelle  et  si 
fugace,  QWQ  c'est  à  peine  si  on  peut  la  saisir  au  passage, 
bien  cpî'elle  attende  ordinairement  le  mois  de  juin  pour  pa- 
raître et  fructifier.  Elle  vit  en  petites  sociétés.  Ses  feuilles  sont 
alternes  ,  tendres  et  délicates  ,  ponctuées  en  dessous  et  gar- 
nies sur  leur  bord  de  petites  glandes  noires.  Les  Heurs  sont 
axillaires ,  blanclies,  mais  ne  s'ouvrent  complètement  qu'au 
soleil,  h  sépales  au  calice,  4  divisions  à  la  corolle  entraînent 
aussi  ce  nombre  Y  pour  les  étamines.  Q^^nd  la  fécondation 
est  opérée  ,  la  corolle  se  dessèche  et  persiste  ;  le  calice  se  res- 
serre, et,  à  la  maturité,  ce  calice  s'écarte  et  laisse  voir  une 
capsule  globuleuse  qui  s'ouvre  transversalement  comme  celle 
des  Plantago  ,  et  qui  porte  encore  le  style  et  la  corolle  des- 
séchés. —  Eile  ileurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nalure  dit  so/.  —  Allidide.  —  Le  Cenluncuhis  est 
iiidiiTércnt  et  croît  partout ,  mais  en  plaine. 

Giographir.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France  et  aux  Açores. 
—  Au  nord  ,  il  habile  la  France,  la  Belgique,  l'Allemagne, 
la  Bavière,  le  Danemarck ,  la  Gothie  et  la  Norvège  aus- 
trales, l'Angleterre  et  l'Irlande.  —  A  l'occident,  il  est  en 
Porlugid.  —  A  l'oiient,  on  le  connaît  en  Suisse,  en  Au- 
triche, dans  le  Tyrol ,  en  Bohème,  dans  le  Piémont,  en 
Lombardie,  en  Transylvanie,  dans  les  Russies  moyenne  et 
australe ,  et  dans  la  Sibérie  du  Baïkal.  —  Auguste  de  Saint- 


ANDHOSACE.  135 

Hilaire  l'a  trouvé  au  Brésil ,  et ,  près  d'un  lac  daus  la  ré- 
publique Argentine. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Açores 30°      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 59       ^  29° 

Occident ,  Açores 30  0.  )  Écart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  du  Baïka!....    116  eJ  146» 

Carré  d'expansion 4234 

G.  AWDmOSACEt  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  espèces 
de  ce  genre ,  au  nombre  de  plus  de  40  ,  embellissent  les 
régions  élevées  ou  celles  qui'avoisinentles  pôles.  —  19  sont 
européennes  :  des  Alpes,  des  Pyrénées,  des  montagnes  de 
la  Grèce  ou  de  la  Carinthie.  —  Un  nombre  égal  vit  er 
Asie,  surtout  en  Sibérie,  puis  aux  grandes  Indes,  au  Népaul, 
en  Chine,  dans  le  Caucase,  en  Perse  et  en  Orient.  — 
4  Androsace  sont  connus  dans  l'Amérique  du  nord  ,  jusque 
dans  la  partie  arctique  du  continent.  —  Une  seule  espèce 
vit  dans  l'Amérique  du  sud. 

Androsace  carnea,  Lin.  —  Quel  est  l'étonnement  et 
l'admiration  des  botanistes  qui  atteignent  pour  la  première 
fois  les  pelouses  et  les  rochers  élevés  des  montagnes,  en  y 
rencontrant  ces  espèces  sauvages  qui  refusent  la  civilisation 
de  nos  jardins,  les  soins  protecteurs  de  l'homme,  et  qui , 
craignant  de  perdre  leur  liberté,  ne  descendent  pas  môme 
sur  la  lisière  des  terrains  cultivés  des  montagnes.  Sur  ces 
pelouses  le  botaniste  est  frappé  de  la  multitude  des  fleurs  de 


13G  PUIMLLACÉES. 

VAJiemone  alpina,  du  Geum  montanum,  du  TIaspi  des 
montagnes,  de  l'azur  des  Gentiana  verna;  et  si  une  petite 
pointe  de  rocher  fait  saillie ,  il  y  voit  des  gazons  étalés  aux 
bouquets  de  Heurs  roses  et  carnées  ,  et  il  reconnaît  VAndro- 
sace  carnea ,  entourée  de  plaques  de  neiges  à  demi-fondues 
et  donnant  le  signal  du  printemps  pour  sa  station  privilégiée. 

—  Ses  rhizomes  ne  sont  pas  seulement  protégés  par  une 
couche  épaisse  de  neige ,  ils  s'insinuent  dans  les  fentes  des 
rochers ,  ils  conservent  les  feuilles  flétries  de  leurs  élégantes 
rosettes,  tandis  que  les  feuilles  nouvelles,  sorties  d'un  bour- 
geon central,  s'étalent  en  divergeant.  Elles  sont  linéaires, 
d'un  vert  sombre  et  rembruni,  roses  à  leur  base,  hérissées 
de  poils  simples  sur  leur  nervure,  et  de  leurs  aisselles  sor- 
tent quelques  pédoncules  rougeâtres  qui  se  terminent  par  des 
bouquets  de  fleurs  carnées.  Ces  fleurs  sont  presque  sessiles 
au  sommet  des  pédoncules  communs.  Leur  calice  est  per- 
sistant, pentagone,  à  5  dents.  La  corolle  est  en  roue,  à 
5  lobes  entiers ,  et  porte  ,  pour  fermer  son  tube  ,  10  petites 
écailles  qui  enferment  les  5  étamines.  La  fécondation  s'opère 
dans  l'intérieur  de  la  corolle ,  qui  persiste  quelque  temps. 

—  Le  fruit  est  une  capsule  qui  s'ouvre  en  5  valves  et  ré- 
pand un  petit  nombre  de  semences. 

Nature  du  sol.  —  Allilude.  —  Elle  recherche  les  ter- 
rains siliceux  et  détritiques  des  montagnes.  Nous  la  trou- 
vons en  Auvergne  entre  1,600  et  1,880",  et  par  consé- 
quent jusque  sur  nos  sommets  les  plus  élevés.  De  Candolle 
la  cite  à  1,500°  sur  les  ballons  des  Vosges,  et  à  3,500™ 
dans  les  Alpes.  Elle  est  aussi  une  des  jolies  espèces  de  la 
flore  du  pic  du  Midi.  Ramond  l'y  a  rencontrée  sur  les  deux 
sommets  le  8  août  1792,  et  le  28  juillet  1797.  Il  n'a  vu  , 
dit-il ,  que  la  variété  Ilalleri,  à  leuilles  ciliées,  qui  varie  elle- 
même  à  fleurs  blanches. 


ANDROSACE.  137 

Géographie.  —  Au  sud ,  elle  végète  dans  les  Pyrénées 
françaises  et  espagnoles.  — Au  nord  ,  elle  est  en  Suisse  et 
dans  les  Vosges.  —  A  Toccident ,  elle  reste  dans  les  Pyré- 
nées. —  A  l'orient ,  elle  vit  en  Tyrol ,  en  Piémont  et  en 
Lombardie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Pyrénées 42«      \  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Vosges 48       )  6« 

Occident ,  Pyrénées 3  O.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Lombardie 5  E. )  8® 

Carré  d'expansion 48 

Androsace  MAXIM  a  ,  Lin.  —  Si  l'espèce  précédente  ha- 
bite exclusivement  les  lieux  sauvages,  il  semble  au  contraire 
que  celle-ci  ait  voulu  montrer  les  caractères  des  androsaces 
aux  botanistes  qui  n'ont  pas  eu  le  bonheur  d'atteindre  les 
grands  jardins  de  la  nature,  à  ceux  qui  habitent  des  con- 
trées privées  de  montagnes.  Celle-ci  n'existe  que  dans  les 
champs  cultivés;  elle  vit  dans  les  moissons,  et  s'y  présente 
de  bonne  heure  au  printemps,  avec  le  Veronica  tripIujUos  , 
V Erisymum  orientale,  le  Gagea  arvensis,  les  jeunes  pousses 
du  Bunium  hulbo-caslanum ,  etc.  —  Quoiqu'annuelle  , 
elle  montre  dès  le  mois  d'avril  sa  rosette  de  feuilles  den- 
tées, régulièrement  disposées ,  et  dès  le  mois  de  mai  elle 
a  élevé  son  pédoncule  qui ,  parti  du  centre  étoile  formé  par 
ses  feuilles,  se  partage  au  sommet  en  5  rayons  qui  se  ter- 
minent par  des  fleurs.  —  Son  calice  est  très-développé ,  un 
peu  épais  et  se  présente  sous  la  forme  d'une  jolie  corbeille 
au  milieu  de  laquelle  se  trouve  posée  une  petite  corolle 
blanche  ou  rosée.  Le  tube  de  la  corolle  est  nu,  et  la  fécon- 
dation s'opère  le  matin  ,  quand  le  soleil   vient  frapper  la 


138  PRIMLLACÊES. 

lleur  et  la  forcer  de  s'ouvrir.  La  corolle  persiste ,  mais 
l'ovaire  grossit  et  finit  par  la  faire  disparaître.  Alors  la  capsule 
jaunit,  s'ouvre  en  5  valves,  réjiand  un  petit  nombre  de  graines 
anguleuses  ,  et  la  plante  desséchée  abandonne  le  terrain. 

Nature  du  sol.  — Allilude.  —  Celte  androsace  croît  sur 
les  terr;iins  calcaires  et  marneux,  et  reste  en  plaine  dans  nos 
climats.  En  Espagne  et  en  Algérie  elle  atteint  les  monta- 
tagnes.  M.  Boissier  l'indique,  dans  le  midi  de  l'Espagne, 
entre  1,900  et  2,100'",  et  M.  Cosson  l'a  rencontrée  en 
Algérie  sur  les  montagnes  de  l'Aurès.  Dans  le  Taliisch  elle 
se  trouve  entre  1,600  et  1,800™,  selon  Ledebour. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  vit  en  France  ,  en  Espagne, 
en  Algérie.  —  Au  nord  ,  elle  croît  en  France,  en  Belgique  , 
en  Allemagne,  sur  les  bords  du  Rhin,  dans  la  Russie 
moyenne  et  à  Kasan.  —  A  l'occident,  elle  reste  en  Es- 
pagne. —  A  l'orient,  elle  habite  la  Suisse  ,  le  Piémont,  la 
Lombardie,  la  Hongrie,  la  Transylvanie,  la  Turquie  ,  la 
Tauride,  le  Caucase,  la  Géorgie,  jusque  sur  les  bords  de  la 
Caspienne  où  Pallas  trouva  cette  espèce  ,  l'Arménie  ,  le  Ta- 
liisch ,  la  Syrie  et  la  Perse,  les  Russies  moyenne  et  australe, 
les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

5Mrf,  Perse 32°      | Ecart  en   latitude: 

Nord,  Kasan 57        i  25" 

Occident,  Espagne 7  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

On>«?,  Silférie  orientale 160    E.)  167° 

Carré  d'expansion 4175 

G.  i»2iirœui.A,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre. —  Les  primevères, 


PRIMULA.  139 

au  nombre  d'environ  80  ,  sont  presque  également  et  exclu- 
sivement distribuées  entre  l'Europe  et  l'Asie.  — On  en  con- 
naît 37  en  Europe  ,  et  leur  centre  principal  est  sur  les  mon- 
tagnes des  Alpes,  en  Suisse,  en  Piémont  et  en  Carintliie, 
en  Italie,  et  l'on  en  trouve  aussi  quelques-unes  en  France, 
dans  les  Pyrénées,  en  Espagne,  en  Grèce,  et  d'autres  en 
Ecosse,  en  Norvège  et  en  Laponie.  —  En  Asie  on  cite 
aussi  37  Primula .  dont  10  aux  Indes  orientales,  7  au 
Né()aul ,  10  en  Sibérie,  1  en  Dahurie,  2  aux  îles  Aléou- 
tiennes ,  les  autres  à  la  Chine  ,  au  Caucase ,  en  Arabie  et  en 
Perse.  —  L'Amérique  du  nord  n'a  qu'un  petit  nombre 
d'espèces  ,  dans  ses  régions  froides  ,  au  Canada  et  au  Groen- 
land. —  Une  primevère  croît  à  l'extrémité  de  l'Amérique 
australe,  sur  la  terre  de  Magellan. 

Primcla  gffictnalts,  Jacq.  —  Lorsqu'après  la  fonte 
des  neiges  l'herbe  des  prairies  commence  à  \erdir ,  et  que 
déjà  la  pâquerette  a  montré  ses  lleurs  blanches  teintées  de 
carmin,  le  printemps  s'annonce  d'une  manière  plus  certaine 
encore  par  l'apparition  des  primevères.  Messagère  fidèle  , 
quia  reçu  ,  comme  les  astres  de  l'espace,  les  ordres  du  Dieu 
de  l'univers,  elle  vient  épanouir  ses  fleurs  aux  premiers  beaux 
jours;  elle  laisse  échapper  de  sa  corolle  l'odeur  douce  et 
légère  du  printemps  et  nous  rappelle  le  bonheur  de  l'enfance, 
l'insouciante  existence  de  nos  premières  années.  —  Dès 
l'automne,  cette  plante  a  montré  le  bourgeon  terminal  de 
sa  tige  souterraine,  et  rhi\er  est  à  peine  écoulé,  que  ses 
feuilles  tendres,  d'un  beau  vert,  ridées  à  la  surface  et  rou- 
lées en  dehors  sur  leurs  deux  bords  ,  se  déroulent  et  s'éten- 
dent sur  la  terre.  De  nouvelles  racines  partent  de  leurs 
aisselles  et  fixent  la  primevère  sur  le  sol  des  prairies  ou  sur 
la  lisière  des  bois.  C'est  là  qu'elle  attend  le  Cardamine  pra- 


140  PIUMCLACÉES. 

tensis,\e  Luzula  campestris ,  le  Ranunculus  ficaria,  le 
Planlago  lanceolata ,  et,  toutes  ensemble  ,  ces  espèces  ver- 
nales  montrent  leurs  premières  fleurs.  —  La  primevère  élève 
les  siennes  sur  une  hampe  allongée,  au  sommet  de  laquelle 
les  pédoncules  articulés  forment  une  ombelle  simple  et  pen- 
chée. C'est  dans  cette  position  que  la  fleur  s'épanouit.  Son 
calice  blanchâtre  et  tomenteux  à  5  angles  prononcés ,  s'ou- 
vre au  sommet,  et  la  corolle  découvre  les  5  divisions  qui 
terminent  son  tube  allongé.  Le  limbe  est  d'un  jaune  pur  , 
marqué  de  5  taches  orangées  qui  l'embellissent  encore.  Tan- 
tôt les  5  étamines  viennent  fermer  l'entrée  du  tube,  tantôt 
elles  y  sont  incluses,  et  le  style  plus  ou  moins  allongé, 
laisse  le  stigmate  en-dessous  des  anthères  ou  l'élève  au-dessus 
des  organes  qui  doivent  le  féconder.  Quelles  que  soient  du  reste 
les  différences  de  position  de  l'organe  femelle,  la  fécondation 
est  presfjue  toujours  assurée.  Alors  les  calices  persistants  se 
redressent ,  la  capsule  s'ouvre  au  sommet  en  5  valves  bifides, 
et  les  graines  roussàtres  et  légèrement  tuberculées  se  répan- 
dent. La  primevère  se  perd  dans  l'herbe  des  prairies  quand 
sa  fleur  est  passée,  ses  feuilles  se  flétrissent ,  elle  abandonne 
aux  autres  végétaux  l'espace  qu'elle  occupait,  mais  elle  con- 
serve sous  le  sol  un  bourgeon  latent,  dans  lequel  les  hampes 
florifères  du  printemps  suivant  sont  déjà  indiquées  ;  elle  s'en- 
dort,  la  neige  arrive;  au  printemps,  le  réveil. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente  et 
végète  sur  tous  les  terrains,  dans  la  plaine  et  dans  les  mon- 
tagnes. En  Auvergne  elle  dépasse  à  peine  1,000".  Wahlen- 
berg  dit  aussi  qu'en  Suisse  elle  atteint  à  peine  la  limite 
du  hêtre  ;  de  Candolle  la  cite  cependant  à  1 ,500™  à  Villars- 
d'Allos  et  M.  Boissier  à  1,600™  dans  le  royaume  de  Gre- 
nade. Ledebour  mentionne  l'altitude  de  1 ,000™  dans  le 
Breschluu  et  dans  le  Taliisch. 


PKIMULA.  141 

Géographie.  —  Au  sud,  et  au  moyen  des  montagnes ,  la 
primevère  atteint  le  midi  de  l'Espagne  et  l'Algérie.  —  Au 
nord ,  elle  est  plus  commune  ;  elle  existe  dans  toute  l'Europe 
centrale ,  en  Danemarck ,  en  Gothie ,  en  Norvège ,  en  Fin- 
lande ,  en  Suède  ,  où  Linné  la  cite  en  fleur  à  Upsal  le  6  mai 
1748  ;  elle  est  encore  en  Angleterre,  en  Irlande,  aux  Orca- 
des  et  aux  Feroë.  —  A  l'occident ,  elle  vit  aussi  en  Por- 
tugal. —  A  l'orient ,  elle  s'étend  très-loin  ,  en  Suisse ,  en 
Italie  011  elle  devient  le  P.  suaveoîens ,  Boiss.;  en  Hongrie, 
en  Croatie,  en  Transylvanie,  en  Turquie,  dans  la  région 
alpine  surtout;  en  Grèce,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase, 
en  Géorgie  ,  dans  le  Taliisch ,  dans  les  Russies  septentrio- 
nale, moyenne  et  australe,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et 
de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 35^     )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 68       j  33« 

Occident,  Irlande 12       ")  Ecart  en  longitude: 

Onew^  Sibérie  de  l'Altaï 97  E.  '  109« 

Carré  d'expansion ^3597 

Primula  elatior,  Jacq.  —  Lorsque  le  feuillage  des 
forêts  est  encore  enfermé  dans  les  bourgeons  écailleux  qui  le 
protègent  contre  les  derniers  froids  de  l'hiver,  le  soleil  arrive 
librement  sur  le  sol  et  vient  échauffer  la  couche  de  terreau 
dont  il  est  recouvert.  Alors  une  foule  de  germes  ensevelis  se 
réveillent.  Abrités  des  vents  froids  de  la  plaine,  sollicités 
par  une  douce  température  ,  les  premiers  signes  de  la  végé- 
tation se  montrent  dans  les  bois  ;  c'est  alors  que  se  développe 
le  beau  Primula  elatior  qui  ressemble  un  peu  au  précédent 
mais  qui  en  diffère  à  la  fois  par  sa  station  ,  par  l'époque  un 


142  FR13IULACÉES. 

peu  [)!us  reculée  de  sa  floraison ,  par  ses  feuilles  molles  et 
cotonneuses,  et  surtout  par  l'ampleur  de  ses  corolles  et  leur 
belle  couleur  soufrée.  —  1!  y  a  toujours  dans  chaque  om- 
belle un  grand  nombre  de  Heurs  épanouies  en  môme  temps, 
non  qu'elles  s'ouvrent  toutes  ensemble,  maiscommechacune 
d'elles  dure  longtemps,  elles  s'attendent  et  forment  au 
sommet  de  la  hampe  un  magnifique  bouquet.  Plus  tard  ,  les 
fleurs,  moins  penchées  que  celles  du  P.officinnlis,  se  redres- 
sent encore,  et  la  capsule,  cylindrique  et  cartilagineuse,  s'ou- 
vre en  10  segments  roulés  en  dehors.  —  Quoique  la  fécon- 
dation soit  presque  assurée  dans  les  plantes  vernales  par  la 
multitude  d'insectes  qui  viennent  butiner  sur  leurs  fleurs,  elle 
manque  assez  souvent  dans  celte  espèce  sans  qu'on  puisse  en 
découvrir  la  cause.  —  Ses  compagnes  ordinaires  sont  le 
S'ailla  lifolia,  V Anemoue  nemorosa,  le  Corijdalis  bulbosa, 
et  souvent  le  Daphne  AJezercinn  c\u\  étend  ses  rameaux  cou- 
verts de  fleurs  pourprées  au-dessus  des  larges  ombelles  du 
Pritnula. 

ISalure  du  sol.  —  AUllude.—  Cette  primevère  est  indif- 
férente et  croît  sur  tous  les  terrains,  surtout  s'ils  sont  re- 
couverts d'une  couche  détritique.  Elle  vit  en  plaine  et  dans 
les  montagnes.  Nous  la  trouvons  en  Auvergne  jusqu'à 
1,200™.  DeCandolle  l'indique  à  30™  à  Angers  et  à  1,600™ 
à  Villars-d'AIIos.  Elle  s'élève  en  Suisse,  selon  Wallienberg 
bien  au  delà  de  la  limite  des  sapins,  jusqu'à  2,000'"  dans  le 
Caucase;  d'après  la  flore  de  Ledebour ,  son  altitude  serait 
entre  2,000  et  3,000™. 

Géographie.  — Au  sud,  elle  manque  dans  la  région  mé- 
diterranéenne mais  se  trouve  dans  les  Pyrénées,  dans  le 
nord  de  l'Espagne  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord , 
elle  habite  la  France,  quoiqu'elle  manque  sur  plusieurs 
points  et  notamment  à  Rocroy  et  à  Vervins  (comme  les  au- 


PHIMDLA.  143 

très  Primula,  selon  M.  de  Lafont)  la  Belgique,  TAIIema- 
gne  ,  la  Bavière  ,  le  Danemarck  boréal,  la  Gothie  australe, 
l'Angleterre,  l'Irlande  et  l'Islande  où  elle  a  sa  limite  occi- 
dentale. —  A  l'orient,  elle  existe  en  Suisse,  en  Hongrie,  en 
Croatie,  en  Transylvanie,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie, 
dans  les  Russies  moyenne  et  australe,  dans  les  Sibéries  de 
l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Midi  de  l'Italie 40«      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Islande 65        î  25" 

Occident ,  \s\aoc\e 22        j  Ecart  en  loTigitude: 

Onm/,  Sibérie  de  l'Altaï 89   E.  j  111» 

Carré  d'expansion 2775 

Primula  acaut.ts.  —  Jacq.  —  Plus  vernale  encore  que 
les  autres,  cette  espèce  abonde  le  long  des  ruisseaux  ,  dans 
les  pmiries  humides,  dans  les  bosquets;  elle  se  couvre  de 
fleurs  dressées  qui,  à  l'époque  oii  elles  paraissent,  portées  sur 
les  pédicelles  d'ombelles  radicales,  dépassent  les  touffes  ar- 
rondies de  leur  feuillage  et  les  couvrent  de  leurs  amples  co- 
roUtîS.  Presque  toujours  la  fleur  est  d'un  jaune  soufré,  mais 
on  en  trouve  aussi  des  variétés  à  fleurs  roses  ,  à  fleurs  saumo- 
nées ,  etc.  —  Elle  est  plus  sociale  encore  que  les  précéden- 
tes ;  ses  touffes  sont  ordinairement  rapprochées  et  ses  belles 
fleurs  contrastent  avec  le  Cardamine  pratensis  et  le  Callha 
palustris  le  long  des  ruisseaux,  avec  le  bleu  de  la  perven- 
che dans  les  bosquets  ou  avec  le  feuillage  rouge  et  les  ra- 
meaux rampants  du  lierre.  —  Tandis  que  les  autres,  à  fleurs 
penchées,  redressent  leurs  capsules  pendant  la  maturation, 
celle-ci  les  abaisse  ,  les  applique  sur  le  sol  en  allongeant  ses 


144  PRIMULACKES. 

pédoncules ,  comme  pour  les  soustraire  à  l'ombre  de  son 
feuillage  qui  grandit  promptement  après  la  Uoraison. 

Nature  du  sol.  — •  Altitude.  —  Tous  les  terrains  lui  con- 
viennent pourvu  qu'ils  soient  frais,  et  quoiqu'elle  préfère  la 
plaine,  on  la  trouve  aussi  dans  les  montagnes  à  1,500""  à 
Villars-d'Allos  selon  de  Candolle,  à  1,200°»  dans  le  Taliisch 
selon  la  ilore  de  Ledebour. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  manque  à  la  Provence , 
mais  se  trouve  dans  l'ouest  jusqu'aux  Pyrénées  ;  elle  existe 
en  Espagne,  en  Corse,  et  jusqu'en  Algérie,  oiî  M.  Reuter 
l'a  indiquée  comme  abondante  près  de  la  fontaine  d'Ain- 
tel-Azir ,  sa  seule  localité  connue.  —  Au  nord,  elle  est  com- 
mune en  France ,  mais  elle  manque  à  l'Auvergne ,  à  Ver- 
vins  et  à  Rocroy  selon  M.  de  la  Font.  Elle  est  indiquée  en 
Belgique,  mais  nous  ne  l'avons  pas  vue  à  Saint-Hubert  ni  dans 
la  majeure  partie  du  duché  du  Luxembourg  ;  elle  est  en  Alle- 
magne ,  en  Danemarck ,  en  Norvège  ,  dans  la  Gothie  aus- 
trale ,  en  Angleterre  ,  en  Irlande  ,  dans  les  archipels  anglais 
et  aux  Feroë.  —  A  l'occident ,  elle  vit  aussi  en  Portugal.  — 
A  l'orient,  elle  végète  en  Suisse,  en  Italie,  en  Sicile,  en 
Dalmatie,  en  Hongrie,  en  Croatie,  en  Transylvanie,  dans 
le  Péloponèse ,  la  Thrace  et  la  Macédoine ,  en  Tauride , 
dans  le  Caucase ,  en  Géorgie ,  dans  le  Taliisch  et  dans  la 
Russie  australe. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 


Écart  en  latitude 
31« 


Sud,  Algérie 37» 

Nord ,  Norvège 68 

Occident ,  Irlande 21  0.1  Écart  en  longitude 

Orient ,  Géorgie 47  E.  j  68« 

Carré  d'expansion 2108 


HOTTONIA.  145 

G.    HOTTONIA,   Lin. 

On  ne  connaît  que  3  llottonia  :  1  d'Europe ,  1  des  Inde? 
orientales ,  et  1  de  la  Géorgie  dans  l'Amérique  septen- 
trionale. 

HoTTONiA  PALCSTRis,  Lin.  —  Que  de  beautés  dans  les 
plantes  aquatiques  ,  que  de  mystères  cachés  au  fond  de  ces 
eaux  stagnantes  où  la  vie  se  présente  sous  des  formes  si  dif- 
férentes et  si  multipliées  !  Les  tiges  submergées  de  cette  es- 
pèce, ses  panaches  de  feuilles  verticillées,  forment  des  forets 
aquatiques  où  de  nombreuses  espèces  d'animaux  trouvent 
des  retraites  impénétrables.  On  y  voit  en  abondance  les 
hmnées  et  les  planorbes ,  le  Cypris  faha ,  des  infusoires 
sans  nombre ,  cette  poussière  de  vie  qui  s'agite  sous  l'in- 
fluence de  la  lumière ,  qu'un  rayon  de  soleil  appelle  à  la  sur- 
face et  qu'une  ride  de  l'eau  fait  plonger  dans  ses  ténébreux 
asiles.  Le  IloUonia  forme  en  effet  de  véritables  forêts 
dans  les  eaux  calmes  et  tranquilles.  Ses  longues  tiges  qui 
partent  d'une  rosette  centrale  amarrée  dans  la  vase  par  de 
puissantes  racines ,  se  divisent  et  se  subdivisent  au  moyen  de 
bourgeons  axillaires  qui  se  développent  pendant  tout  le  cours 
de  l'année,  et  qui,  semblables  à  ceux  des  Utricularia  et  des 
MyriophyUutn,  se  détachent  à  l'entrée  de  l'hiver  et  se  con- 
servent sous  l'eau.  Ses  feuilles,  transparentes  et  pectinées, 
sont  réunies  en  longs  plumets  submergés  que  le  moindre 
mouvement  des  eaux  fait  onduler.  Tantôt  elles  sont  d'un 
vert  pur,  d'autres  fois  et  plus  souvent  d'un  rouge  brun  comme 
la  plupart  des  plantes  aquatiques.  Le  HoUonia  se  reprodui- 
sant à  profusion  par  cette  génération  gemmipare,  fleurit  rare- 

VIII  10 


146  PRIMULACÉES. 

ment ,  mais  si  une  fois  la  floraison  s'annonce  ,  chaque  verti- 
cille  de  feuilles  s'approche  de  la  surface  de  l'eau,  de  longs 
pédoncules  s'élancent  dans  les  airs,  4  à  5  couronnes  de  fleurs 
blanches  ou  carnées  se  superposent,  et  la  surface  de  l'eau 
dormante  se  change  en  une  vaste  prairie  oii  les  fleurs  se  ba- 
lancent sous  l'impulsion  des  eaux  comme  le  font  les  pani- 
cules  des  graminées  poussées  par  les  courants  aériens.  — 
Chaque  fleur  offre  un  calice  à  5  divisions  ,  5  pétales  soudés 
par  la  base ,  5  étamines  situées,  comme  dans  les  Primula, 
tantôt  au-dessus,  quelquefois  au-dessous  d'un  stigmate  pa- 
pillaire.  Le  fruit  mûrit  au-dessus  de  l'eau.  Son  pédoncule  se 
recourbe,  et  plus  tard  sa  capsule  se  partage  en  5  valves  pour 
répandre  ses  graines  qui  descendent  lentement  dans  la  vase. 
—  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  ■ — Altitude.  — Aquatique,  indifférent, 
et  recherchant  les  plaines. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  vit  en  France  (excepté  dans 
la  réf^ion  des  oliviers)  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au 
nord  ,  on  le  trouve  en  France  ,  en  Belgique,  en  Allemagne  , 
en  Bavière,  en  Angleterre,  en  Irlande  et  aux  Shetland  , 
dans  la  Suède  méridionale. —  A  l'occident,  il  reste  en  Ir- 
lande. —  A  l'orient,  on  le  rencontre  en  Suisse  mais  rare- 
ment, en  Hongrie,  en  Croatie,  en  Transylvanie,  dans  les 
Russies  moyenne  et  australe  et  dans  la  Sibérie  de  l'Oural, 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud  y  Midi  de  l'Italie 40°      j  Ecart  en  latitude  : 

iVord,  Saint-Pétersbourg 60        (  20» 

Occident,  Irlande 21  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Omn/ ,  Sibérie  de  l'Oural 66  E.)  87» 

Carré  d'expansion 1740 


fOLDANFLI.A.  147 

G.  sox.r)ANEi.i:.A ,  L'H. 

On  ne  connaît  encore  que  4  Soldanella  qui  sont  tons  de» 
plantes  des  montagnes  de  l'Europe. 

Soldanella  alpina  ,  Lin.  —  Ceux  qui  n'ont  jamais 
parcouru  les  pelouses  des  hautes  montagnes  que  lu  neige 
n'abandonne  que  quelques  mois  de  l'année,  n'ont  aucune 
idée  de  la  promptitude  avec  laquelle  la  végétation  s'y  mani- 
feste dès  que  le  sol  se  dépouille  de  son  linceul  d'hiver. 
Presque  toutes  les  plantes  de  ces  hautes  ré.^'ions,  averties 
qu'elles  n'auront  que  quelques  jours  de  bonheur  et  de  li- 
berté, sont  constamment  prêtes  à  éclore.  La  soldanelle, 
comme  beaucoup  d'autres,  pouvant  végéter  sous  une  basse 
température,  prépare  ses  feuilles  à  l'extrémité  de  son  rhi- 
zome ;  elle  couche  ses  pédoncules  floraux ,  plie  les  franges 
de  sa  corolle,  enveloppe  le  tout  de  quelques  écailles,  et,  blo- 
tie  sous  la  neige  ,  elle  attend  quelquefois  plusieurs  années 
que  les  frimas  protecteurs  qui  la  couvrent  soient  fondus'par 
les  feux  du  soleil.  -^—Lorsque  tout  a  verdi  sur  ces  pelouses 
des  montagnes  et  que  des  tleurs  nombreuses  s'étalent  sur 
les  gazons ,  il  reste  encore  des  plaques  de  neige  dont  les 
bords  irréguliers  se  fondent  et  se  rétrécissent  tous  les  jours. 
Là  l'herbe  est  jaunie ,  les  bourgeons  roses  ou  jaunes  des 
grands  végétaux  ressentent  pour  la  première  fois  l'influence 
du  soleil ,  mais  une  petite  plante  suit  régulièrement  les  pro- 
grès de  cette  fusion  de  la  neige  et  entoure  chaque  lambeau 
glacé  d'une  brillante  bordure;  c'est  la  soldanelle.  Sa  racine 
est  un  rhizome  du  sommet  duquel  partent  de  petites  feuil- 
les épaisses,  lisses  et  réniformes,  peu  nombreuses,  et  qui 
ne  prennent  leur  développement  qu'après  l'apparition  des 


148  PRIMULACÉES. 

fleurs.  Avant  cette  époque,  elles  sont  courbées  sur  leur 
pétiole,  privées  d'écaillas,  et  plus  tard  seulement  glandu- 
leuses sur  les  bords  et  ponctuées  sur  leur  surface.  Des  ham- 
pes latérales  portent  des  (leurs,  toujours  en  petit  nombre, 
qui  résistent  assez  longtemps  sur  la  même  plante  et  qui  con- 
tinuant pendant   très-longtemps  sur  des  pieds  différents 
suivent  la  marche  rétrograde  des  neiges,  en  rétrécissant 
toujours  la  courbe  fermée  et  irrégulière  dont  elles  habitent 
la  lisière.  —  Le  calice  est  à  5  dents ,   les  5  pétales  vio- 
lets de  la  corolle  sont  frangés  comme  ceux  du  Lychnis 
flos-cuculi.   Leur  tissu  est  d'une   délicatesse  extrême  et 
parsemé  de  glandes  brillantes.  Les  étamines,  insérées  au 
fond  d'une  corolle  évasée,  ont  des  anthères  qui  se  prolon- 
gent en  arêtes,  tandis  que  les  filets  se  dilatent  à  leur  base 
en  une  membrane  frangée  dont  la  réunion  forme  un  godet 
nectarifère.  Les  parois  extérieures  des  anthères  sont  épais- 
ses et  cartilagineuses ,  mais  elles  s'auvrent  en  dedans  par 
une  fente  longitudinale  autour  de  laquelle  ses  bords  mem- 
braneux restent  un  peu  flottants.  Vaucher  à  qui  l'on  doit  cette 
observation,  ajoute  que  la  fécondation  a  lieu  au  moment  oiî 
la  lleur  est  encore  redressée  et  où  le  stigmate  traverse  le 
fourreau  des  anthères  qui  le  recouvrent  de  leur  pollen  bleuâ- 
tre ;  ensuite  la  ileur  se  renverse  et  le  stigmate  peut  encore 
recevoir  le  pollen.  La  capsule  est  cylindrique,  striée  en  spi- 
rale, munie  d'un  opercule ,  et  s'ouvre  ensuite  en  5  segments 
bifides.  Le  pédoncule  desséché  persiste  jusqu'au  printemps 
suivant,  puis  il  tombe  en  laissant  sa  trace  sur  la  tige  sou- 
terraine comme  les  feuilles  y  laissent  aussi  leur  cicatrice. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  préfère  les  terrains 
siliceux  et  détritiques  des  hautes  montagnes.  Nous  le  trou- 
vons en  Auvergne  entre  1,300  et  1 ,800".  De  Gandolle  lui 
assigne  pour  limite  inférieure  1 ,000™  dans  les  Alpes  et 


CYCLAMEN.  149 

pour  limite  supérieure  3,000™  dans  les  mêmes  localités. 
Wahlenberg  dit  qu'on  le  voit  en  Suisse,  depuis  la  zone  su- 
périeure du  hêtre  jusqu'à  la  limite  des  neiges,  où  il  fleurit 
en  suivant  leur  fusion  jusqu'au  mois  de  septembre.  Tenore 
l'indique  en  Italie  entre  1,600  et  1,800°^. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  ce  Soldanella  croît  dans  les 
Pyrénées  françaises  et  espagnoles  et  dans  le  midi  de  l'Italie. 
—  Au  nord  ,  il  se  trouve  dans  le  Jura.  —  A  Toccident,  en 
Espagne.  —  A  l'orient ,  en  Suisse ,  en  Hongrie ,  en  Croatie 
et  en  Transylvanie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Royaume  de  Naples 40"      ]  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Jura 47        (  T*» 

Occident ,  France 3  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Transylvanie 22  E.  '  25** 

Carré  d'expansion 175 

G.    CY-CI.AMEM,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ces  plantes, 
aunombre  de  16,  sont  presque  toutes  européennes,  à  l'ex- 
ception de  2  espèces  ,  dont  une  habite  la  Syrie  et  l'autre  la 
Géorgie.  —  Les  14  espèces  d'Europe  se  trouvent  dans  le 
midi  :  en  Grèce ,  en  Italie  ,  en  Corse  ou  en  France ,  occu- 
pant surtout  la  partie  orientale  de  ce  continent. 

Cyclamen  repandum  ,  Sibth.  —  Le  port  si  remarquable 
des  Cyclamen  les  distingue  facilement  de  toutes  les  autres 
Primulacées.  Cette  espèce  habite  les  buissons  ,  la  lisière  des 
bois,  et  présente  un  bulbe  aplati  ou  arrondi,  noirâtre  en 
dehors ,  blanc  en  dedans  ,  qui  persiste  intact  et  végète  en 


150  PUIMDLACÉES. 

grossissant  pendant  un  grand  nombre  d'années.  Aucun  re- 
jet ne  part  de  ce  bulbe,  il  ne  donne  pas  decayeux  ,  périt 
s'il  est  conpé  dans  son  centre,  et  par  conséquent  la  plante 
vit  dispersée  ou  entourée  seulement  de  jeunes  individus  pro- 
venant de  la  dispersion  de  ses  graines.  — Au  premier  prin- 
temps, le  Cyclamen  laisse  sortir  quelques  feuilles  du  centre 
de  ce  bulbe  ou  plutôt  d'une  tige  courte  et  souterraine  qui 
le  surmonte  et  qui  conserve  les  cicatrices  des  feuilles  des 
années  précédentes.  Ces  jeunes  feuilles,  généralement  pur- 
purines ,  sont  à  peine  déroulées  que  paraissent  aussi  des  pé- 
doncules rougeâtres  au  sommet  desquels  une  ileur  unique  se 
renverse.  Le  calice  est  campanule,  la  corolle,  rose,  a  le  tube 
renflé;  le  limbe  a  5  lobes  qui  se  réfléchissent  et  donnent  à 
la  fleur  une  apparence  singulière  et  élégante  à  la  fois.  Cette 
corolle  est  tordue  pendant  l'estivation.  Les  5  anthères,  pres- 
que sessiles  et  rapprochées,  sont  tuberculéesen  dehors,  lisses 
en  dedans  ,  et  s'ouvrent  à  l'intérieur  par  une  fente  qui  ré- 
pand un  pollen  jaunâtre.  Le  stigmate  n'est  pas  encore  apte 
à  le  recevoir,  et  il  se  peut  que  la  fécondation  soit  dioïque  ou 
monoïque.  —  Dès  que  les  fleurs  sont  flétries,  les  feuilles 
grandissent;  elles  sont  arrondies,  crénelées  sur  les  bords, 
roses-carminées  ou  violacées  en-dessous,  et  très-élégamment 
marbrées  en-dessus  de  taches  blanches  ou  d'un  vert  plus 
pâle.  Pendant  que  les  feuilles  grandissent,  l'ovaire,  accom- 
pagné du  calice,  se  transforme  en  une  capsule  globuleuse 
dans  laquelle  les  graines  sont  plongées  dans  une  masse  pul- 
peuse qui  fuit  paraître  le  fruit  un  peu  charnu.  Longtemps 
avant  sa  maturité ,  cette  capsule  se  rapproche  du  sol  par  la 
courbure  du  pédoncule  qui  s'incline  avec  tendance  à  la  spi- 
rale de  gauche  à  droite  ;  bientôt  la  spirale  se  dessine  ,  le  pé- 
doncule se  contracte  davantage  ,  forme  un  second  tour  de 
spire  ,  puis  un  troi}>ième  ,  et  enfin  les  spires  se  rapprochent , 


SAUOLUS.  12^1 

amènent  la  capsule  sur  le  sol ,  où  elle  achève  de  mûrir,  et 
souvent  môme,  si  la  terre  est  meuble,  l'entraînent  au-dessous 
de  sa  surface  oii  elle  répand  ses  semences.  —  Il  arrive  à  cette 
curieuse  espèce  de  fleurir  deux  fois ,  au  printemps  et  en 
automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  11  semble  préférer  les 
terrains  calcaires  et  marneux  ,  mais  on  le  trouve  aussi  sur 
ceux  qui  sont  siliceux.  Il  s'élève  peu  dans  les  montagnes. 

Géographie.  —  11  est  méridional  et  végète,  au  sud ,  en 
France,  en  Corse,  en  Sardaigne,  en  Espagne,  aux  Baléa- 
res et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  il  arrive  jusqu'au  bord  du 
plateau  central  de  la  France.  Sa  limite  occidentale  est  en 
Espagne. —  A  l'orient,  il  existe  en  Italie,  en  Sicile,  en 
Dalmatie,  dans  le  Péloponèse,  en  Turquie. 

Limites  d^extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Algérie 35o     1  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  France 44        j  9® 

Occîc^enf,  Espagne 4  0.    Ecart  en  longitude: 

Onen^  Grèce 22  E.  j  26° 

Carré  d'expansion 234 

G.  SAMOLUS,  Lin. 

8  espèces  sont  connues  jusqu'à  ce  jour.  —  4  habitent  la 
Nouvelle-Hollande,  —  1  est  au  cap  de  Bonne-Espérance, 
—  1  vit  à  l'île  de  Cuba,  —  Une  autre  dans  l'Amérique 
australe,  —  Une  dernière  occupe  presque  toute  la  terre  et 
par  conséquent  l'Europe. 

Samolus  Valerandi,  Lin.  --  Déjà  le  genre  Glaux  sem- 


152  PRIMULACÉES. 

ble  s'éloigner  desPrimulacées,  et  le  Samoîus  offre  aussi  une 
organisation  assez  différente.  Ce  n'est  pas  à  proprement  dire 
une  plante  maritime  comme  le  Glaux,  mais  une  espèce  qui 
cependant  préfère  les  eaux  un  peu  saumatres  aux  ruisseaux 
purs  et  rapides,  sur  le  bord  desquels  on  le  rencontre  quel- 
quefois. Il  y  forme  de  fraîches  rosettes  d'un  vert  pur  ou  un 
peu  glauque,  composées  de  feuilles  ovales  et  glanduleuses. 
La  tige  qui  sort  de  ces  rosettes  se  divise  en  rameaux  grêles, 
qui  se  subdivisent  eux-mêmes  en  pédoncules  alternes  ou  gé- 
minés, et  munis  d'une  petite  bractée  à  l'angle  de  leurcour^ 
bure.  —  Les  fleurs,  qui  se  succèdent  pendant  plusieurs  mois, 
sont  petites  et  blanches.  —  Leur  calice  est  persistant ,  adhé- 
rent, divisé  en  5  lobes.  Entre  les  5  lobes  de  la  corolle  rota- 
cée,  se  trouvent  5  écailles  qui  en  ferment  l'entrée.  — - 
Les  5  anthères,  jaunes  et  sagittées,  sont  enfermées  sous  ces 
écailles;  elles  entourent  un  stigmate  en  tête,  sur  lequel  elles 
répandent  en  abondance  leur  pollen  orangé.  —  Après  la  fé- 
condation la  corolle  se  détache,  le  calice  serre  plus  étroi- 
tement l'ovaire,  et  bientôt  la  capsule,  arrondie,  s'ouvre  au 
sommet  en  5  valves  et  répand  les  petites  semences  qui  cou- 
vrent son  placentaire  central.  — Quoique  munie  de  rejets 
rampants,  cette  plante  ,  au  moins  dans  notre  contrée  ,  vit  le 
plus  souvent  isolée  et  disséminée  le  long  des  ruisseaux  et  des 
fossés.  —  Elle  fleurit  pendant  l'été  et  l'&utomne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Tous  les  terrains  lui 
permettent  de  se  développer,  mais  elle  préfère  les  lieux  salés, 
les  sables,  et  est  maritime  comme  ses  congénères  delà  Nou- 
velle-Hollande. Andrewjeski  l'indique  à  la  source  thermale 
d'Abano  près  Padoue ,  croissant  à  54  degrés,  tempéra- 
ture de  l'eau.  Elle  végète  aussi  en  Siennois,  autour  du  grand 
bassin  de  Bagno-Vignone  ,  et  dans  tous  les  prés  salés  de  la 
Lorraine.  Elle  croît-en  plaine  et  sur  les  montagnes.  De  Can- 


SAMOIX'S.  153 

dolle  la  cite  à  0  en  Hollande  et  à  1,400°'  à  Mont-Louis. 
Ledebour  ne  l'indique  qu'à  400™  dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Il  est  peu  de  plantes  qui  aient  une  aire 
aussi  vaste.  —  Au  sud  ,  on  rencontre  le  Samolusen  France, 
en  Espagne,  aux  Baléares,  en  Afrique,  aux  Canaries,  à 
Madère,  aux  Açores ,  en  Algérie,  dans  les  cultures  arro- 
sées des  oasis  et  dans  les  montagnes  de  l'Aurès  ,  dans  les 
lieux  tourbeux  de  rAbyssinie,aux  îles  du  cap  Vert ,  dans  les 
lieux  aqueux  de  l'île  Saint-Vincent,  à  partir  de  160™  d'al- 
titude. —  Au  nord,  il  occupe  toute  l'Europe  centrale,  le 
Danemarck  ,  la  Gothie  ,  la  Suède  où  il  préfère  les  rivages , 
l'Angleterre  et  l'Irlande.  —  A  l'occident,  il  se  rencontre 
en  Portugal,  en  Amérique ,  au  Canada,  dans  tous  les  fonds 
humides  ,  près  des  sources  et  le  long  des  eaux  courantes,  de 
la  mer  Atlantique  à  l'océan  Pacifique ,  sur  la  côte  nord- 
ouest,  etc.  —  A  l'orient,  il  habite  la  Suisse,  l'Italie,  la 
Sicile,  la  Dalmatie ,  la  Hongrie,  la  Grèce,  l'île  de  Crète  , 
le  mont  Athos ,  la  Tauride,  le  Caucase,  la  Géorgie,  les 
Russies  moyenne  et  australe,  les  Sibéries  de  l'Oural  et 
orientale,  le  Kamtschatka  ,  la  Perse  et  la  côte  de  Coro- 
mandel.  —  Il  est  aussi  assez  répandu  dans  l'hémisphère 
austral,  sur  les  bords  du  Rio  de  la  Miquelette,  près  de 
Montevideo;  au  Chili,  à  la  Nouvelle-Galle  du  sud  et  au 
cap  de  Bonne-Espérance. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 


Sud,  Abyssinie lO**      | Ecart  en  latitude 

.Yon/,  Suède 66       )  56o 

Occident,  et  Onent 360        \  "^'"'^  '"  '""§'^"^' 

(  360" 

Ciirrc  d'expansion :20t60 


154  FRIMCLACÉES. 

G.  GLAUX,  Lin. 

Ce  genre  ne  contient  qu'une  seule  espèce. 

Glacx  MARiTiMA,  Lin.  —  Les  Primnlacées  n'habitent 
pas  seulement  les  bois,  les  prairies  et  les  rivages,  on  en 
trouve  aussi  qui  quittent  ces  rivages  salés  de  l'Océan  si  elles 
trouvent  dans  l'intérieur  des  terres  des  sources  minérales 
<jui  leur  fournissent  les  principes  chimiques  dont  elles  ont 
besoin  pour  végéter.  Tel  est  le  Glaux  marilima.  Ses  racines 
TJvaces  émettent  des  tiges  rameuses  et  traçantes  toutes  gar- 
nies de  feuilles  épaisses,  opposées ,  glauques  et  très-rappro- 
chées ,  en  sorte  que  la  plante  ,  redressant  l'extrémité  de  ses 
rameaux  et  vivant  en  société  nombreuse,  couvre  de  grands 
espaces  de  sa  fraîche  verdure.  —  Ses  Heurs,  petites  et  roses, 
sont  multipliées  comme  ses  feuilles  ,  mais  ce  sont  les  calices 
qui  sont  colorés ,  car  la  corolle  manque  comme  dans  les 
Atriplicées,  qui  vivent  avec  elle  dans  les  lieux  salés.  Les  5 
étamines  sont  insérées  sous  l'ovaire,  le  stigmate  est  capité, 
et  la  capsule,  uniloculaire,  s'ouvre  en  5  valves  et  répand  un 
nombre  égal  de  semences  globuleuses,  attachées  à  un  pla- 
centaire central.  —  C'est  à  la  fin  de  mai  que  commence  la 
floraison  du  Glaux,  elle  continue  longtemps  et  produit  un 
joli  spectacle  sur  le  bord  des  fontaines  minérales ,  sur  les 
rochers  ou  dans  les  prairies  arrosées  par  leurs  eaux.  Le 
Triglochin  marilimum  ,  le  T.  palustre ,  le  Lepidium  rude- 
raie,  VArenariamargir)ata,\e  Glyceria  dislans  et  \e  Plan- 
tago  marilima  sont  les  espèces  avec  lesquelles  le  Glaux  se 
trouve  le  plus  généralement  associé. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terraini 
salifères  des  plaines. 


GLACX.  155 

Géographie.  —  Au  sud,  on  le  rencontre  en  France,  en 
Espanjneet  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  croît  en 
Bel<;i(jue,  en  Allemagne,  en  Bavière  ,  dans  toute  la  Scandi- 
navie, jusque  sur  les  rivages  septentrionaux  du  Nortland  et 
du  Finmark,  en  Angleterre,  en  Irlande,  dans  les  archipels 
anglais,  non  aux  Feroë  ,  mais  en  Islande  et  dans  l'île  de 
Leyran ,  près  l'Islande.  —  A  l'occident,  il  végète  dans 
l'Amérique  septentrionale,  dans  les  marais  salés  du  Canada, 
à  la  baie  de  Murray  ,  à  Terre-Neuve,  sur  la  côte  nord-ouest 
delà  Colombie,  dans  les  marais  salifères  du  Saskalchawan. 
—  A  l'orient  ,  il  habite  la  Dalmatie ,  la  Transylvanie,  le 
Caucase,  les  plaines  de  la  Caspienne  et  de  l'Arménie,  les 
Russies  septentrionale  ,  moyenne  et  australe  ,  la  Sibérie  de 
l'Oural ,  où  il  s'éloigne  beaucoup  des  bords  de  la  mer  et  par- 
vient dans  l'intérieur  des  terres  où  il  indique  toujours  la 
présence  du  sel.  —  Pallas  le  cite  dans  ces  conditions,  associé 
à  diverses  espèces,  telles  que  :  Inula  hrilannica  ,  Anthémis 
Coiula,  PolendUa  fragariastrum,  Peganiim  Uarmala,  etc. 
I.edebour  l'indique  encore  dans  les  Sibériesde  l'Altaï  et  du 
Baïkal,  dans  la  Sibérie  orientale,  en  Dahurie  et  dans  l'île 
de  Sitcha. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40"      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 69       )  29° 

,    ,  r>  ■    .  nrr.       ,  Ecart  en 

nf  et  Orient 360 

Carré  d'expansion 10^40 


r\      j     ,    . /m  •     .  0/-A        i  Écart  en  longitude 

Occident  et  Orient 360  ^ 

i  360O 


156  GLOBULARIÉES. 


FA3IILLE  DES  GLOBULARIEES. 


Les  Globulariées  sont  réduites  à  un  seul  genre  que  l'on  pla- 
çait autrefois  avec  les  Primulacées  et  dont  il  diffère  par  de 
nombreux  caractères.  Leur  géographie  est  celle  du  genre 
Globularia . 

O.  GLOBULARIA,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  12  espèces  le 
composent.  8  sont  européennes  :  de  l'Espagne,  de  la  Grèce, 
de  l'Italie,  de  la  Provence  ou  des  Alpes.  —  3  espèces  asia- 
tiques habitent  les  Indes  orientales,  l'Asie  mineure  et  l'A- 
rabie-Pétrée.  —  Une  seule,  africaine,  est  originaire  de  l'île 
de  Madère. 

Globularia  vulgaris.  Lin.  —  Les  prés  secs  et  un  peu 
montagneux  sont  la  station  de  cette  espèce  dont  les  rhizo- 
mes traçants  s'épanouissent  à  leur  extrémilé  en  une  rosette 
de  feuilles  ovales  spatulées  et  consistantes.  —  Les  fleurs 
se  montrent  en  têtes  terminales  et  globuleuses  comme  celles 
des  Dipsacées  et  des  Synanthérées;  elles  sont  d'un  bleu 
pur  et  paraissent  en  mai.  La  floraison  se  prolonge  parce  que 
les  fleurs  extérieures  s'épanouissent  les  premières,  puis  se 
déjettent  en  dehors  pour  faire  place  à  la  rangée  suivante,  et 
ainsi  de  suite  jusqu'à  ce  que  le  capitule  entier  ait  accompli 
sa  fécondation.  Un  involucre  protège  ce  capitule,  des  brac- 
tées colorées  accompagnent  ses  fleurs.  Le  calice  est  simple  , 
la  corolle  hypogyne  et  à  deux  lèvres;  la  supérieure  offre  2  di- 


GLOUL'LARIA.  157 

visions  courtes  ou  avortées ,  et  rinférieure  3  plus  déve- 
loppées et  allongées.  Lesétamines,  dydinames,  ont  la  paire 
supérieure  plus  courte  comme  dans  la  plupart  des  Labiées. 
Les  anthères  sont  bleues  comme  la  corolle,  et  le  pollen  qui  a 
la  même  couleur,  tombe  sur  un  stigmate  allongé  et  bifide, 
apte  bien  avant  la  rupture  des  anthères,  et  qui,  selon  toute 
apparence  ,  est  fécondé  par  les  fleurs  antérieurement  épa- 
nouies. Le  fruit  est  monosperme  ,  surmonté  d'un  style  per- 
sistant ,  enveloppé  par  le  calice ,  défendu  par  les  poils  qui 
ferment  son  entrée.  Il  ne  contient  qu'une  seule  graine. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Ce  (j/oÔM/arm  croît  sur 
les  terrains  calcaires  ,  rocheux  ou  marneux ,  et  préfère  la 
plaine  et  les  coteaux  aux  montagnes. 

Géographie.  —  On  le  rencontre  en  France  ,  en  Espa- 
gne, dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord,  il 
végète  en  Belgique,  en  Allemagne,  dans  l'île  de  Gothland  et 
en  Russie.  —  A  l'occident,  on  le  trouve  en  Portugal.  — 
A  l'orient,  il  existe  en  Suisse,  en  Dalmatie  ,  en  Croatie, 
en  Hongrie ,  en  Transylvanie  ,  en  Turquie  ,  sur  l'Olympe 
bithynique,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  en 
Arménie ,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile 38**      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Russie 60       ^  22° 

Occident ,  Portugal 10  O.  j  Écart  en  longitude  : 

Orient,  Géorgie 47  E.  j  57° 

Carré  d'expansion 1 254 


158  PLUMBAGIKÉES. 


FAMILLE  DES  PLUMBAGIAEES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 


Latitude.  Longitude. 

Nigritie 0°à  lO»  IRoQ.  à    5°E.  1 

Abyssiiiie 10  à  16  32  E.  à  41   E.  1 

Algérie 33  à  36  5  0.  à    6  E.  1 

Roy.  de  Grenade...  36  à  37  5  0.  à    8  0.  1 

Sicile 37  à  38  10  E.  à  13  E.  1 

Portugal 37  à  42  9  0.  à  11  0.  1 

Royaume  de  Naples.  38  à  42  11   E.  à  16   E.  1 

Caucase 40  à  44  35  E.  à  48   E.  1 

Tauride 43  à  46  31  E.  à  34  E.  1 

Plateau  central ....  44  à  47  0        à    2   E.  1 

France 42  à  51  7  0.  à    6   E.  1 

Russie  méridionale..  47  à  50  22  E.  à  49   E.  1 

Allemagrie 45  à  55  2   E.  à  14   E.  1 

Carpathes 49  à  50  19  E.  à  22  E.  0 

Angleterre 50  à  58  1  O.  à  7     O.  1 

Russie  moyenne ...  50  à  60  17   E.  à  58  E.  1 

Scandinavie  entière.  55  à  71  3  E.  a  29  E.  1 

Danemarck 52  à  57  7   E.  à  12  E.  1 

Gothie 55  à  59  10  E.  à  15  E.  1 

Suède 55  à  69  10  E.  à  22  E.  1 

Norvège 58^71  2  E.  à  10  E.  1 

Russie  seplentrie...  60  à  66  19  E.  à  57   E.  1 

Finlande 60  à  70  18  E.  à  28  E.  1 

Laponie 65  à  71  14  E.  à  40  E.  1 

Europe  entière. 1 


937 
834 
129 
156 

99 
152 
181 
275 
249 
941 
106 
185 
301 
0 
271 
484 
351 
260 
252 
1157 
408 
867 
945 
712 

97 


rKOPORTIONS  RELATIVES.  159 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 


Latitude. 

rlande 51°  à  55° 

Angleterre 50  à  58 

Allemagne 45  à  55 

Russie  moyenne.. .  50  à  60 

Sibérie  de  l'Oural.  44  à  67 

Sibérie  altaïque. . .  44  à  67 

Sibérie  du  Baïoal. .  49  à  67 

Dahurie 50  à  55 

Sibérie  orientale...  56  à  67 

Sibérie  arctique.. .  67  à  78 

Kamtschatka 46  à  67 

PaysdesTschukhis.  »  )) 

Ilt's  de  l'Océan  or''.  51  à  67 

Amérique  russe.. .  54  à  72 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 

Latitude.  Altitude  en  mètres. 

Roy.deGr^rég.alp.etniv.  36oà37°  1500  à  3500  1  :  lé2 

Roy.deGrenade,rcg.niv..   36  à  37  2500  à  3500  1  :  122 

Pyrénées 42  à  43  500  à  2700  1  :  486 

Pyrénées  élevées 42  à  43  1500  à  2700  0  :      0 

Pic  du  iMidi  de  Bagnères...              »  »  1  :    75 

Plat,  central,  rég.monlagn.  44  à  47  500  à  1900  1:499 

Plaieau central,  sommets. .   44  à  47  1500  à  1900  0  :      0 

Alpes 45  à  46  500  à  2700  1 :  524 

Alpes  élevées 45  à  46  1500  à  2700  0  :      0 


Longitude. 

7°0.  à  13° 

0. 

323 

1  0.  à   7 

0. 

271 

2  E.  à  14 

E. 

301 

17  E.  à  58 

E. 

484 

55  E.  à  74 

E. 

135 

66  E.  à  97 

E. 

133 

93  E.  à  116 

E. 

242 

110  E.  à  119 

E. 

336 

111  E.  à  163 

E. 

709 

60  E.  à  161 

E. 

157 

148  E.  à  170 

E. 

0 

0 

155  E.  à  175 

0. 

J47 

170  E.  à  130 

0. 

498 

170  0  à  130 

E. 

296 

160  PLUMUAGINÉES. 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 

Latitude.  Longitude. 

Iles  du  Cap-Vert. .. .  12»  à  14»  24°  0.  à    27°  0.  1:    62 

Canaries 28  à  30  15  O.  à    20  0.1:112 

Hébrides 57  à  58          8  0.  à  10  O.  1 :  331 

Orcades 59                   5  O.  à  6  O.  1 :  365 

Shetland 60  à  61           3  0.  à  4  0.  1 :  309 

Feroë 62                   9  0.  1  :  297 

Islande 64  à  66  16  O.  à    27  0.1:413 

Mageroë 71  24  E.  0.      0 

Spitzberg 79  à  80  10  E.  à    20  E.  0  :      0 

IleMelville 76  114  0.  0:      0 

Ile  J.  Fernande/ 33  à  40 S.  76  0.  0:      0 

Nouv.Zélande(nord).  35  à  42  S.  171  O.  à  176  0.  0:      0 

Malouines 52  S.  59  O.  à    65  0.  1:125 

Cette  famille  est  presque  entièrement  littorale  et  appar- 
tient en  grande  partie  aux  rivages  de  la  Méditerranée  et 
aux  terres  découpées  de  l'Europe,  baignées  par  les  eaux  de 
^'Océan.  Ses  espèces  sont  aussi  assez  abondantes  en  Asie, 
dans  les  lieux  salés ,  autrefois  couverts  par  la  mer,  où  les 
Plumbaginées  sont  souvent  associées  aux  Chénopodées.  — 
Elles  préfèrent,  en  Europe,  les  pays  chauds  et  maritimes  ;  la 
Sicile,  le  royaume  de  Grenade,  le  Portugal,  et  la  Russie 
méridionale  sont  les  contréesles  plus  riches.  Les  Plumbaginées 
disparaissent  des  pays  froids  ou  y  sont  à  peine  représentées. 
—  Leur  distribution,  dans  le  sens  des  longitudes,  montre  seu- 
lement un  accroissement  dans  le  centre  de  l'Asie. — Les 
montagnes  ne  leur  sont  pas  favorables,  puisque  ce  sont  des 
plantes  en  partie  maritimes.  — Par  cette  même  raison  elles 


PLUMBAGO.  161 

sont  plus  abondantes  dans  quelques  îles  ;  mais  en  général 
leur  nombre,  relativement  à  l'ensemble  delà  ilore,  est  trop 
petit  pour  que  l'on  puisse  y  reconnaître  leurs  tendances  par- 
ticulières. 

G.   PÎ.UMBAGO.  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ces  plantes,  au 
nombre  de  14  à  15  vivent  très-disséminées  sur  la  terre.  — 
5  espèces  se  trouvent  en  Asie  :  3  aux  Indes  orientales  ,  1  en 
Sibérie,  1  en  Orient.  —  On  en  connaît  3  en  Afrique  :  une 
en  Abyssinie  et  2  au  cap  de  Bonne-Espérance.  —  3  Pîum- 
bago  végètent  dans  l'Amérique  du  nord  ,  au  Mexique  et  à 
la  Nouvelle-Grenade.  —  2  autres  se  trouvent  au  Pérou.  — 
Une  seule  espèce  existe  en  Europe  et  seulement  dans  la 
partie  australe  du  continent. 

Plcmbago  EUROP.EA,  Lin.  —  Cette  plante  vivacc  croît 
dans  les  lieux  incultes  et  pierreux.  Ses  tiges,  rameuses,  dures 
et  anguleuses,  sont  garnies  de  feuilles  sessiles ,  oblongues  et 
glanduleuses.  Ses  Heurs  terminales  ne  se  montrent  qu'au  mi- 
lieu de  l'été.  —  Le  calice  est  tubulé,  à  5  dents,  garni  de  petites 
glandes  pédicellées  et  visqueuses.  La  corolle,  d'un  rouge 
sale  et  vineux,  est  monopétale,  et  les  étamines,  au  nombre 
de  5  ,  à  filets  dilatés  à  la  base ,  correspondent  à  5  stigmates 
couronnant  un  seul  style  et  déjà  développés  dans  le  tube  de  la 
corolle,  quand  les  anthères  répandent  un  pollen  visqueux  et 
peu  abondant.  —  Le  calice  persiste  pendant  la  maturation; 
il  devient  même  un  peu  adhérent  à  l'ovaire,  puis  la  capsule 
s'ouvre  au  sommet  en  5  valves  pour  mettre  à  nu  une  seule 
graine  suspendue  à  un  cordon  filiforme  de  vaisseaux  nour- 
riciers. —  Tl  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

vin  41 


162  PLtMBAGlNÉES. 

Nature  du  sol.  —  AUitude.  —  Le  Plumbago  recherche 
les  terrains  calcaires  et  rocailleux  de  la  plaine  et  des  mon- 
tagnes. Il  croît  sur  le  mont  Ventoux  à  445"^  du  côté 
sud  ;  M.  Boissier  le  cite  entre  1,000  et  1,800'»  dans  le 
midi  de  l'Espagne;  Ledebour  à  1,000™  dans  le Taliisch.  Il 
a  été  trouvé  par  M.  de  Tchihatcheff  sur  le  plateau  basaltique 
du  mont  Argée,  dans  l'Asie  mineure,  à  la  grande  éléva- 
tion de  2,128"™. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France ,  en  Espagne, 
en  Algérie  et  à  Tunis.  —  Au  nord ,  il  s'arrête  sur  le  bord 
du  plateau  central.  —  A  l'occident,  il  est  en  Portugal.  — 
A  l'orient,  il  habite  l'Italie,  la  Sicile,  la  Dalmatie,  la  Croatie, 
le  Péloponèsc  ,  l'Archipel ,  la  Turquie,  le  Caucase,  la  Géor- 
gie et  une  bonne  partie  de  l'Asie  mineure. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Stid ,  Algérie 35»      i  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Dalmatie 45        I  10° 

Occident ,  Portugal 10  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient  y  Géorgie 47   E  J  57» 

Carré  d'expansion 570 


G.   STATICE  ,  Lin, 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  Statice , 
auxquels  nous  réunissons  les  Armeria ,  sont  des  plantes 
des  rivages  et  des  terrains  salés  ,  dont  on  compte  maintenant 
plus  de  150  espèces.  —  100  environ  sont  européens  et 
sont  presque  tous  rassemblés  sur  les  côtes  de  la  Méditerra- 
née et  dans  ses  îles  ,  en  Grèce  ,  en  Sardaigne ,  en  Espagne, 
en  Italie ,  en  Sicile ,  en  Corse ,  en  Dalmatie ,  en  Provence, 


STATICE.  103 

en  Tauride  et  même  en  Angleterre.  —  Les  espèces  asia- 
tiques, au  nombre  d'environ  26 ,  vivent  surtout  en  Sibérie 
et  au  Caucase,  dans  l'Altaï,  en  Chine,  en  Arabie,  en 
Perse  et  dans  l'Asie  mineure.  —  On  cite  aussi  26  Slatice 
en  Afrique ,  la  plupart  encore  sur  les  bords  de  la  Méditer- 
ranée, en  Egypte,  en  Barbarie  ,  dans  le  Maroc,  puis  aux 
Canaries  et  aux  Açores,  et  un  groupe  nombreux  existe  à 
la  pointe  australe  de  ce  même  continent.  —  Enfin  on  cite 
un  Statice  en  Caroline  ,  1  autre  au  Brésil.  —  1  seul  à  la 
Nouvelle-Hollande. 

Statice  plantagtnea  ,  AH.  —  II  est  bien  facile  de  re- 
connaître ce  joli  Stalicc  à  ses  touffes  nombreuses  et  d'un 
vert  sombre,  et  à  ses  têtes  de  (leurs  roses,  quelquefois  si 
nombreuses  et  si  rapprochées ,  qu'elles  rappellent  tout  à  fait 
les  charmantes  bordures  de  gazon  d'Espagne  qui  entourent 
nos  parterres.  Il  habite  les  pelouses,  les  prairies  des  mon- 
tagnes, les  bords  sablonneux  des  rivières.  Ses  tiges,  à  demi- 
souterraines  et  rameuses,  émettent  de  belles  rosettes  de 
feuilles  linéaires,  d'un  vert  foncé,  et  roses  ou  violacées  à 
leur  origine.  De  l'aisselle  de  ces  feuilles  sortent  des  hampes 
entièrement  nues,  et  remarquables  par  une  gaine  qui  res- 
semble à  un  involucre  rabattu  et  qui  descend  du  capitule 
des  fleurs.  Cette  gaine  est  rousse ,  allongée  et  souvent  fran- 
gée ou  déchirée  vers  le  point  où  elle  vient  s'arrêter.  —  L'in- 
florescence est  aussi  très-curieuse.  «  Chacune  des  bractées 
principales  du  capitule,  disent  MM.  Gaillard  ,  a  son  ouver- 
ture ou  ses  deux  bords  tournés  en  dedans,  et  renferme  plu- 
sieurs boutons  pourvus  aussi  de  leur  propre  bractée,  et  dis- 
posés de  manière  à  ce  que  les  plus  jeunes,  logés  à  la  base  et 
en  dehors  des  plus  grands  ,  forment  ainsi ,  en  se  dévelop- 
pant, une  véritable  cyme  unilatérale,  ce  qui  explique  la  longue 


164  PLD3IBAG1NÉES. 

durée  de  la  môme  tête  florale  (1).  »  Chaque  Heur  offre  un 
calice  scarieux  à  5  sépales ,  une  corolle  à  5  pétales  soudés. 
Les  étaraines,  au  nombre  de  5,  portent  de  petites  houppes 
de  poils  qui  s'entre-croisent  et  forment  un  joli  réseau,  qui 
reçoit  les  globules  du  pollen.  Ceux-ci  peuvent  aussi  s'atta- 
cher aux  stigmates  portés  par  5  styles.  Le  fruit  est  une  petite 
capsule  indéhiscente.  —  Sa  floraison,  qui  commence  en  juin, 
continue  quelquefois  pendant  une  partie  de  l'automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  II  recherche  les  terrains 
siliceux ,  volcaniques  et  graveleux ,  sans  être  exclu  d'une 
manière  absolue  des  calcaires.  Il  croît  en  plaine  et  dans  les 
montagnes,  des  bords  de  l'Allier  à  1,000™  en  Auvergne; 
à  0  aux  sables  d'Olonne;  à  2,000"  au  mont  Viso,  selon 
de  Candolle  ;  M.  Boissier  le  cite  seulement  en  plaine  ou  sur 
les  coteaux  dans  le  midi  de  l'Espagne. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  habite  la  France  et  l'Espagne. 
—  Au  nord ,  il  croît  en  Belgique  et  en  Allemagne.  —  A 
l'occident,  il  est  en  Portugal.  —  A  l'orient ,  on  le  rencontre 
en  Suisse,  en  Italie  et  en  Dalmatie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 


Sud ,  Midi  de  l'Espagne 'SQ^      \  Ecart  en  latitude 

Nord ,  Belgique 49       j  i;]*» 

Occident,  Portugal 10       j  Ecart  en  longitude 

Orient ,  Dalmatie 15  E.  |  25» 

Carré  d'expansion 325 


(1)  Mémoire  sur  le  développement  cl  la  formation  des  organes  floraux, 
Paris,  1835. 


PLANTAGINÉES.  165 


FAMILLE  DES  PLANTAGINEES. 


lableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 


Latitude.  Longitude. 

Nigritie 0°  à  10°   18°  0.  à    5»  E.  0 

Abyssinie 10  à  16  32   E.  à  41  E.  1 

Algérie 33  à  36  5  O.  à    6  E.  1 

Roy.  de  Grenade. .  »   36  à  37  5  O.  à    8  O.  1 

Sicile 37  à  38  10  E.  à  13  E.  1 

Portugal 37  à  42  9  0.  à  11  O.  1 

Royaume  de  Naples.  38  à  42  11   E.  à  16  E.  1 

Caucase 40  à  44  35   E.  à  48  E.  1 

Tauride 43  à  46  31   E.  à  34  E.  1 

Plateau  central ....  44  à  47  0        à    2  E.  1 

France 42  à  51  7  0.  à    6  E.  1 

Russie  méridionale. .   47  à  50  22  E.  à  49  E.  1 

Allemagne 45  à  55  2  E.  à  14  E.  1 

Carpathes 49  à  50  19  E.  à  22  E.  1 

Angleterre 50  à  58  1    O.  à    7  0.  1 

Russie  moyenne ...   50  à  60  17   E.  à  58    E.  1 

Scandinavie  entière.   55  à  71  3  E.  à  29  E.  1 

Danemarck 52  à  57  7   E.  à  12   E.  1 

Gothie 55  à  59  10  E.  à  15  E.  1 

Suède 55  à  69  10   E.  à  22  E.  1 

Norvège 58  à  71  2  E.  à  10  E.  1 

Russie  seplentr'^. . .  60  à  66  19  E.  à  57  E.  1 

Finlande 60  à  70  18  E.  à  28  E.  1 

Laponie 65  à  71  14  £.  à  40  E.  1 

Europe  entière.  .  . .  , 1 


0 
555 
88 
138 
143 
117 
154 
330 
249 
171 
168 
278 
194 
354 
226 
276 
251 
215 
194 
231 
204 
216 
188 
142 
263 


iiîii  l'LANTAGlNÉES. 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 


Latitude. 

Irlande 51» à  55» 

Angleterre 50  à  58 

Allemagne 45  à  55 

Russie  moyenne  .  50  à  60 
Sibérie  (le  rOural.  44  à  67 
Sibérie  altaïque. .  44  à  67 
Sibérie  du  Baïkal.  49  à  67 

Uahurie 50  à  55 

Sibérie  orientale.  50  à  67 
Sibérie  arctique..  67  à  78 
Kamtschatka. . . .  46  à  67 
Pays  des  Tschukhis.  » 

llesde  l'Océan  or".  51  à  67 
Amérique  russe. .   54  à  72 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 


Longitude. 

7«0.  à  13«0. 

162 

1  0  à   7  0. 

226 

2  E.  à  U  E. 

:  194 

17  E.  à  58  £. 

276 

55  E.  à  74  E. 

149 

66  E.  à  97  E. 

159 

93  E.  àll6  E. 

242 

110  E.  à  119  E. 

252 

111  E.  à  J6;j  E. 

236 

60  E.  à  161  E. 

:  157 

148  E.  à  170  E. 

:  225 

155  E.  à  175  0. 

0 

:   0 

170  E.  à  130  0. 

166 

170  0.  à  130  E. 

:  148 

Latitude.  Altitude  en  mètres. 

Roy.deGr'%rég.alp.etniv.  36" à  37»  1500  à  3500  1 

Roy.  de  Grenade,  rég.  ni  V.   36  à  37  2500  à  3500  1 

Pyrénées 42  à  43  500  à  2700  1 

Pyrénées  élevées 42  à  43  1500  à  2700  1 

Pic  du  Midi  de  Bagnères. .               »  »  1 

Plat. central, rég.  montagn.  44  à  47  500  à  1000  1 

Plateau  central,  sommets.  44  à  47  1500  à  1900  1 

Alpes 45  à  46  500  à  2700  1 

Alpes  élevées 45  à  46  1500  à  2700  1 


162 
61 
243 
159 
75 
499 
103 
262 
175 


PKOPOttTlONS  KELATIVES.  167 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 

Latitude.  Longitude. 

lies  du  Cap- Vert. .  12oà  14°  24°0.  à  27°0.  1:125 

Canaries 28  à  30  15  0.  à  20  0.1:111 

Hébrides 57  à  58  8  0.  à  10  0.  1  :    66 

Orcades 59  5  0.  à  6  O.  1  :    91 

Shetland 60  à  61  3  0.  à  4  O.  1  :    62 

Feroë 62  9  0.  1  :    42 

Islande 64  à  66  16  O.  à  27  O.  1  :  103 

Mageroë 71  24  E.  0:      0 

Spitzberg 79  à  80  10  E.  à  20  E.  0  :      0 

lie  Melville 76  114  0.  0:0 

lie  J.  Fernandez.  .  33  à  40S.  76  O.  0:      0 

Nouv.Zélande(nord).  35  à  42S.  171  0.  à  176  O.  1  :  308 

Malouines 52  S.  59  O.  à  65  0.  1  :  125 

Les  Plantaginées  ne  sont  exclues  d'aucune  partie  de  la 
terre;  mais  elles  préfèrent  les  régions  tempérées  de  l'hémis- 
phère boréal  et  suivent  les  rivages  de  la  Méditerranée  et  de 
l'Amérique  septentrionale,  — En  Europe ,  c'est,  comme 
nous  venons  de  le  dire ,  près  de  la  Méditerranée  qu'elles 
atteignent  leur  maximum,  en  Sicile  ou  sur  les  bords  de 
l'Océan,  en  Portugal,  en  Espagne.  En  Algérie,  elles  font 
1/88  de  la  flore.  C'est  la  proportion  connue  la  plus  consi- 
dérable. En  Laponie,  elles  font  encore  1^142;  mais  ce 
rapport  est  dû  à  la  persistance  de  quelques  espèces  très- 
répandues  et  à  la  diminution  rapide  du  chiffre  qui  repré- 
sente l'ensemble  des  espèces  de  la  flore.  — Le  tableau  qui 
nous  indique  les  rapports  dans  le  sens  des  longitudes  ne 
nous  offre  rien  de  particulier.  —  Le  3^  tableau  ,  au  con- 
traire ,  nous  démontre  que  la  proportion  des  Plantaginées 
augmente  rapidement  dans  les  montagnes,  et  cela  sans  ex- 


168  PLANTA  GINÉES. 

ception.  —  Enfin,  dans  les  îles  ,  nous  remarquons  une 
augmentation  réelle  du  chiffre  relatif  de  ces  plantes ,  au- 
tant par  leur  tendance  à  vivre  sur  les  rivages  que  par  la 
facilité  de  dispersion  que  présentent  leurs  graines  très-fines 
et  recherchées  des  oiseaux. 

G.    UTTOKELLA. 


On  n'en  connaît  qu'une  seule  espèce. 


LiTTOuELLA  LACUSTRis ,  Lin.  —  Les  bords  des  lacs  et 
des  étangs  nous  montrent  souvent  de  larges  bordures  d'un 
gazon  uniforme  et  d'un  beau  vert,  qui  s'étendent  jusque 
sous  l'eau  et  qui  appartiennent  à  cette  espèce.  Ce  sont  de 
petites  feuilles  linéaires  et  pointues  qui  prennent  sous  l'eau 
un  assez  grand  développement  et  qui  naissent  de  rhizomes 
ensevelis  et  rameux.  —  Quand  les  eaux  se  retirent  ou  que 
le  Lillorella  s'en  échappe  pour  végéter  à  l'air,  il  ne  tarde 
pas  à  fleurir.  Il  offre  de  petites  fleurs  blanchâtres  et  soli- 
taires formées  par  un  calice  à  4  sépales,  une  corolle  à 
4  pétales,  et  4-  étaminesdont  les  anthères,  jaunâtres  et  va- 
cillantes, sont  portées  sur  de  très-longs  filets.  Ce  sont  les 
fleurs  mâles  ordinairement  accompagnées  de  fleurs  femelles 
qui  n'offrent  que  3  sépales  et  un  stigmate  papillaire  égale- 
ment très-long,  souvent  apte  avant  l'ouverture  des  anthères, 
et  qui  vient  se  placer  près  d'elles  pour  en  recevoir  le 
pollen.  Le  vent  agite  si  fréquemment  les  anthères  longue- 
ment suspendues  des  fleurs  mâles  que  la  fécondation  mo- 
noïque ou  dioïque  paraît  assurée.  —  Le  fruit  est  une  capsule 
monosperme  qui  renferme  une  semence  allongée  et  osseuse. 
—  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  AUituâe.  — Le  Littorella  recher- 


PLANTAGO.  169 

che  les  terrains  aquatiques  et  siliceux  de  la  plaine  et  des 
montagnes  jusqu'à  l'altitude  de  800  à  1,000°^. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  dans  le  midi  de  la  France 
sans  en  atteindre  les  limites.  —  Au  nord ,  on  le  rencontre  en 
France  ,  en  Belgique,  en  Allemagne  ,  dans  toute  la  Scan- 
dinavie, jusque  dans  la  Laponie  australe  ,  en  Angleterre,  en 
Irlande ,  dans  les  archipels  anglais  et  aux  Feroë.  —  A  l'oc- 
cident, il  reste  en  Irlande.  —  A  l'orient,  il  habite  la 
Suisse,  la  Hongrie,  la  Croatie,  la  Transylvanie  et  la  Russie 
moyenne. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  France 44°      "iEcart  en  latitude  : 

iVon/,  Laponie 66       i  22« 

Occident,  Irlande 13  0.|  Ecart  en  longitude  : 

Onewf,  Russie  moyenne 46  E.)  59° 

Carré  d'expansion 1298 

G.  PX.ANTAGO,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ce  genre  très- 
naturel  est  très-répandu  sur  la  terre  et  se  trouve  représenté 
dans  toutes  les  parties  du  monde.  C'est  en  Europe  qu'il  do- 
mine ,  car  sur  150  espèces,  50  vivent  dans  le  midi  de  ce 
continent,  sur  les  bords  de  la  Méditerranée  ,  en  Italie  ,  en 
Espagne,  en  Sicile,  en  Grèce,  en  Tauride,  en  Dalmatie, 
en  Provence  ou  bien  en  Portugal ,  en  Hongrie  ,  et  quelques- 
unes  môme  sur  les  hautes  montagnes  de  la  Transylvanie. 
—  On  connaît  26  Plantago  dans  l'Amérique  du  sud  ;  ils 
sont  surtout  au  Chili  et  au  Pérou ,  puis  au  Brésil ,  à  Monte- 
Vidéo  ,  à  Buénos-Aires  et  enfin  ils  arrivent  au  détroit  de 
Magellan  et  à  la  Tcrre-de-Feu.  —  Il  y  en  a  moins  de  con- 


170  PLANTAGINÉES. 

nus,  17  à  18,  dans  l'Amérique  septentrionale.  Ils  en  occupent 
les  parties  tempérées,  les  Etats-Unis  et  le  Canada  ,  à  l'ex- 
ception de  quelques  espèces  qui  croissent  au  Mexique  et  à  la 
Nouvelle-Grenade.  —  24  espèces  sont  citées  en  Asie  ;  elles 
ont  pour  centres  principaux  la  Sibérie ,  d'où  elles  s'éten- 
dent en  Mongolie  ,  à  la  Chine ,  au  Kamtschatka  ,  et  aux 
îles  Aléoutiennes,  puis  aux  Indes  orientales  et  au  Népaul. 
Un  troisième  centre  se  trouve  dans  le  Caucase ,  en  Armé- 
nie ,  en  Syrie  et  dans  l'Asie  mineure.  —  L'Afrique  a  aussi 
ses  plantains  ;  on  y  en  connaît  25  ,  dont  8  sont  disséminés 
dans  les  îles  :  aux  Canaries ,  aux  Açores ,  à  Madère ,  à  l'île 
Maurice  et  à  Sainte-Hélène  ;  4  vivent  au  cap  de  Bonne- 
Espérance  et  les  autres  dans  la  partie  boréale  du  continent, 
en  Egypte  et  en  Barbarie,  3  seulement  atteignent  la  Numi- 
die  et  l'Abyssinie.  —  L'Océanie  n'est  pas  dépourvue  non 
plus  des  espèces  de  ce  genre  ;  on  en  mentionne  7  :  4  à  la 
Nouvelle-Hollande,  1  aux  Philippines,  1  aux  îles  Sand- 
wich et  1  à  la  Terre-de-Diémen. 

Plantago  major,  Lin.  —  Il  est  bien  difficile  de  savoir 
quelle  est  la  véritable  patrie  du  plantain.  Nous  le  trouvons 
partout  où  l'homme  a  pénétré.  Il  envahit  ses  jardins  et  la 
lisière  de  ses  champs ,  il  croît  entre  les  pavés  de  ses  rues  et 
se  plaît  surtout  sur  le  bord  des  sentiers  fréquentés  où  il  sem- 
ble attendre  comme  une  faveur  que  l'homme  le  piétine  et 
essaie  de  l'écraser.  Il  résiste  à  la  sécheresse  par  sa  racine 
puissante  et  fibreuse  ,  par  ses  larges  feuilles  souvent  creusées 
en  cuillère,  mais  entières  ou  simplement  froncées,  ondulées, 
et  traversées  par  de  grosses  nervures  très-saillantes  et  très- 
résistantes  au  nombre  de  9  à  11.  —  Dès  le  mois  de  mai , 
on  voit  sortir  des  épis  de  l'aisselle  des  feuilles.  Ils  s'allon- 
gent assez  rapidement  et  portent  plusieurs  centaines  de  (leurs, 


PLANTAGO.  171 

sessiles  sur  le  prolongement  du  pédoncule,  très-serrées  dans 
le  haut  de  l'épi ,  espacées  dans  le  bas.  La  iloraison  d'un  épi 
aussi  allongé  dure  très-longtemps  et  déjà  des  graines  sont 
mûres  à  la  base  que  des  boutons  existent  encore  au  sommet. 
—  Chaque  ileur  a  un  calice  à  4  divisions ,  une  corolle  sca- 
rieuse  et  persistante  à  4  lobes,  et  4  étaminesdont  les  anthè- 
res purpurines  ou  orangées  sont  la  seule  décoration  de  l'épi. 
Le  stigmate  est  saillant  et  papillaire,  et  dès  que  la  féconda- 
tion ,  toujours  certaine  ,  est  opérée  ,  la  capsule  polysperme 
grossit  et  s'allonge,  puis  elle  se  brise  en  travers  et  répand  les 
graines  nombreuses  qui  étaient  renfermées  dans  ses  deux 
loges.  C'est  le  plus  fécond  de  tous  les  plantains ,  dit 
M.  Barnéoud ,  dans  sa  Monographie;  chaque  capsule  con- 
tient jusqu'à  22  graines. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  se 
trouve  partout  près  des  lieux  habités ,  dans  les  plaines  et  sur 
les  montagnes.  De  Candolle  le  cite  à  2,000™  dans  les  Alpes, 
près  des  habitations,  et  Walhenberg  dit  qu'il  monte  jusque 
au-dessus  de  la  limite  des  sapins  ,  au-dessus  des  chalets. 

Géographie.  —  Le  plantain  habite  une  grande  partie 
de  la  terre.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  Espagne ,  en  Algérie  , 
dans  le  Sahara  ,  dans  les  cultures  arrosées  des  oasis ,  à  Ma- 
dère, aux  Canaries,  dans  les  lieux  aqueux  du  mont  Viride 
à  l'île  Saint-Vincent,  à  l'altitude  de  500'"  dans  l'île  Saint- 
Antoine  dans  l'archipel  du  cap  Vert,  dans  les  champs  in- 
cultes autour  d'Adona  en  Abyssinie.  —  Au  nord  ,  on  le 
trouve  dans  l'Europe  entière  ,  jusque  dans  la  Laponie,  dans 
l'Altenfiord  ,  en  Angleterre,  en  Irlande,  dans  les  archipels, 
aux  Feroë  et  en  Islande,  où  il  vit  près  de  sources  si  chaudes 
que  ses  feuilles  en  sont  crispées.  —  A  l'occident,  le  Por- 
tugal et  une  grande  partie  de  l'Amérique  du  nord  ,  à  Terre- 
Neuve,   cuix  Élats-rnis,  au  Canada  et  dans  les  terres  boi- 


Î72  PLANTAGINÊES. 

îjées  du  nord  jusqu'au  58°,  à  la  côte  nord-ouest.  —  A  l'o- 
rient ,  il  occupe  toute  l'Europe  ,  toutes  les  Russies,  le  Cau- 
case ,  la  Géorgie,  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du 
Baïkal  et  orientale,  la  Daliurie,  leKamtschatka ,  les  Aléou- 
tienneset  l'Amérique  russe.  — On  le  cite  encore  au  Chili, 
à  la  Nouvelle-Zélande  et  au  cap  de  Bonne-Espérance. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Abyssinie 10®      [Écart  en  latitude  : 

iVorc?,  Altenfiord 70       j  60° 

Occident  et  Orient 360       l^'^'^  '"  ^""Situdc  : 

(  3C0« 

Carré  d'expansion 21600 

Plantago  MEDIA,  Lin.  —  C'est  le  plus  élégant  des  plan- 
tains. Il  habite  non-seulement- le  bord  des  chemins  et  les 
lieux  cultivés ,  mais  encore  les  pelouses,  les  prairies  et  même 
la  lisière  des  bois.  Il  vit  en  société  avec  le  Betonica  of/ici- 
7ialis,  le  Lotus  corniculatus  ,  le  Briza  mcdia^  et  avec  les 
graminées  qui  ne  s'élèvent  pas  assez  pour  l'étouffer.  Sa  ra- 
cine est  fusiforme  ;  ses  feuilles  sont  étalées  sur  le  sol  en  une 
élégante  rosette  blanchâtre  ou  d'un  vert  grisâtre  ,  velues,  à 
nervures  sohdes  et  saillantes.  Il  existe  à  l'aisselle  de  ces 
feuilles,  d'oii  sortent  les  hampes  (lorifères ,  des  poils  longs  et 
blanchâtres;  Vaucher  pense  qu'ils  sont  destinés  à  protéger 
les  fleurs,  non  encore  développées,  contre  l'humidité  en  gé- 
néral, et  en  particulier  contre  l'eau  qui,  en  s'insinuantdans 
les  aisselles,  pourrait  altérer  les  jeunes  fleurs.  Il  appuie  cette 
explication  sur  ce  que  ces  poils,  qui  remplissent  ici  les  fonc- 
tions du  vernis  résineux  ou  gluant  si  commun  sur  les  bou- 
tons ou  les  calices  des  fleurs ,  manquent  presqu'entièrement 
dans  les  aisselles  stériles  et  sont  au  contraire  très-allongés  ù 


PLANTAGO.  17S 

la  base  des  feuilles  fertiles.  —  Au  mois  de  mai  les  pédoncu- 
les s'allongent  et  montrent  bientôt  des  épis  serrés ,  roses  ou 
lilas,  bien  plus  courts  que  ceux  du  P.  major,  mais  fleu- 
rissant comme  eux  de  la  base  ausommet  et  répandant  une 
odeur  suave  d'héliotrope.  Le  matin,  au  lever  du  soleil,  les 
longs  filets  des  étamines,  d'une  jolie  nuance  de  lilas,  plies  en 
deux  et  resserrés  dans  les  enveloppes  florales  ,  se  détendent, 
les  anthères  lancent  leur  pollen  ,  puis  deviennent  vacillantes, 
et  des  stigmates  papillaires  le  recueillent;  plus  tard  la  cap- 
sule se  brise  en  travers,  comme  celle  de  tous  les  plantains,  et 
répand  ses  semences  qui  sont  géminées  dans  chaque  loge. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  partout ,  mais 
il  semble  préférer  les  calcaires.  Il  peut  s'élever  très-haut,  et 
on  le  rencontre  sur  le  montVentoux,  à  14-30™  sur  le  ver- 
sant nord.  M.  Boissier  le  cite  en  Espagne  entre  1300  et 
1900°^.  Ledebour  l'indique  dans  le  Caucase,  entre  800  et 
1300™  ,  et  Wahlenberg  l'indique  aussi  au-dessus  de  la  H- 
mite  des  sapins. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  s'arrête  dans  le  midi  de  l'Es- 
pagne. —  Au  nord,  il  habite  toute  l'Europe,  jusque  dans  la 
Laponie australe,  mais  il  manque  aux  archipels  anglais  et  à 
l'Islande,  bien  qu'il  croisse  aux  Feroë.  —  A  l'occident,  il  est 
cité  en  Amérique  ,  mais  seulement  au  nord  et  dans  les  pro- 
vinces russes.  —  A  l'orient ,  il  occupe  encore  l'Europe  en- 
tière ,  toutes  les  Russies ,  le  Caucase ,  la  Géorgie ,  les  Sibé- 
ries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal,  orientale,  la  Dahurie 
et  l'Amérique  russe. 

Limites  d* extension  de  V espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Espagne 37°      ] Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 66       ^  29o 


174  PLAKTAGINÉES. 

Occident ,  Irlande 12  O.  ]  „ 

n  ■    .      A        •  ^OA  (Ecart en  longitude 

Orient ,  Amérique  russe  180  >  " 

-4-20=: 200  E.) 

Carré  d'expansion 6148 


Plantago  lanceolata,  Lin.  —  Une  des  plantes  les  plus 
communes  des  prairies,  ce  plantain  paraît  dès  que  la  neige  est 
fondue.  Ses  feuilles  allongées  et  lancéolées  se  dressent  au- 
dessus  du  gazon ,  et  les  bractées  noires  qui  accompagnent 
ses  fleurs  les  font  remarquer  dans  tous  les  lieux  gazonneux  où 
cette  espèce  fait  sa  résidence  habituelle.  On  le  voit  au  prin- 
temps avec  le Liizuîa  campestris,  le  Primula  officinaUs,  etc. 
Ses  hampes  ou  pédoncules  striés,  anguleux  et  souvent  con- 
tournés, s'allongent  très-vite  et  de  très-bonne  heure.  Dans 
presque  toutes  les  plantes ,  l'apparition  des  organes  mâles 
précède  ceux  des  organes  femelles.  C'est  l'inverse  dans  ce 
plantain.  Bien  longtemps  avant  l'épanouissement  des  fleurs 
on  voit  les  styles  saillants,  garnis  de  stigmates  papillaires, 
qui  se  distinguent  sur  les  bractées  noires  dont  l'épi  de  fleurs 
est  accompagné.  Plus  tard  la  floraison  commence  par  le 
bas  de  cet  épi.  Chaque  fleur  laisse  sortir  4  anthères  d'un 
blanc  jaunâtre  qui  vacillent  sur  de  longs  filets  et  dont  le 
pollen  s'échappe  par  jets.  Mais  alors  les  stigmates  et  les  sty- 
les sont  flétris  ;  l'ovaire  est  fécondé  et  le  pollen  de  ses  éta- 
mines,  emporté  par  le  vent,  n'opère  que  des  fécondations 
dioïques.  La  capsule  a  les  plus  grands  rapports  avec  celle  de 
l'espèce  précédente. 

Nature  dtisol. —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et,  quoi- 
que souvent  sauvage  dans  les  prairies  et  dans  les  bois,  il  suit 
l'homme  dans  ses  habitations  jusqu'à  2,000™  d'altitude,  dans 
les  Alpes,  près  des  chalets. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  vit  en  Franco,  en  Espagne, 


PLAXTACO-  175 

en  Algérie  et  sur  divers  points  de  l'Abyssinie  —  Au  nord  , 
il  habite  toute  l'Europe,  y  compris  toute  la  Laponie  et  l'Es- 
lande,  à  l'exception  des  Orcades.  —  A  l'occident,  il  existe 
en  Portugal  et  dans  l'Amérique  du  nord  ,  au  fort  Nor- 
mand ,  sur  les  bords  de  la  mer  Arctique  ,  dans  les  plaines  du 
Saskatchawan,  près  de  la  rivière  Rouge,  dans  les  terres  boi- 
sées au  nord  du  Canada.  —  A  l'orient,  l'Europe  entière  , 
les  Russies  septentrionale  ,  moyenne  et  australe ,  le  Caucase, 
la  Géorgie  ,  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï,  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Abyssinie. 10<*     )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 69        j  59° 

Occ{(/e«/,  Canada 110  0. 1  Ecart  en  longitude: 

Orient,  Sibérie  du  Baïkal 116   E.  j  226» 

Carre  d'expansion 13334 

Plantago  alpixa.  Lin.  —  Dès  que  l'on  arrive  dans 
les  hautes  montagnes  à  une  certaine  élévation ,  on  en  est 
averti  par  plusieurs  espèces  de  plantes ,  et  notamment  par 
le  Plantago  alpina  et  par  le  Trifolium  alpinum ,  qui  sont 
fréquemment  associés.  Ce  plantain,  dont  les  rhizomes  rameux 
et  traçants  sont  à  demi-souterrains,  forme  des  gazons  com- 
posés par  l'assemblage  de  rosettes  de  feuilles  linéaires,  d'un 
vert  sombre ,  un  peu  charnues  et  souvent  rougies  à  la  base 
par  le  froid  des  montagnes.  De  ces  rosettes  naissent  des 
hampes  velues ,  terminées  par  des  épis  assez  courts,  garnis 
de  bractées  violacées.  Les  fleurs  sont  verdàtres,  munies 
d'étamines  orangées  ou  violettes.  Les  capsules  sont  lisses. 
—  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  le  rencontre  sur  les 
terrains  siliceux,  volcaniques  ou  détritiques ,  où   il  vit  en 


176  PLANTAGINÉES. 

jpetites  touffes  disséminées  et  toujours  à  une  grande  hau- 
teur. Nous  le  trouvons  en  Auvergne  depuis  1,400™  jus- 
qu'à 1,800"'.  De  Candolle  le  cite  jusqu'à  3,000™  dans  les 
Pyrénées  où  il  est  aussi  indiqué  à  cette  altitude,  sur  le  Vigne- 
mal ,  par  Labaumelle.  Ramond  l'a  trouvé  en  petites  touffes 
éparses  au  sommet  du  pic  du  Midi.  Il  y  est  seul  et  non 
accompagné  du  TrifoUum  alpimim  qui,  dans  nos  mon- 
tagnes d'Auvergne ,  est  son  compagnon  ordinaire ,  mais  un 
peu  plus  bas  et  dans  toutes  les  Pyrénées ,  ces  plantes  sont 
associées  et  forment  des  pelouses  d'une  extrême  finesse  et 
souvent  d'une  grande  étendue.  Les  pâturages  où  ces  deux 
plantes  se  rencontrent ,  sont  réputés  les  meilleurs  pour  les 
moutons.  En  Suisse ,  il  ne  descend  jamais  sur  les  pentes  in- 
férieures des  montagnes,  selon  Wahlenberg ,  mais  il  monte 
même  au-dessus  de  la  limite  des  neiges  éternelles.  Il  croît 
aussi  très-haut  sur  les  montagnes  de  la  Corse  et  de  l'Italie, 
et  il  atteint  son  minimum  d'altitude  en  France ,  dans  le 
canton  de  Figeac  (Lot),  où  il  a  été  indiqué  par  M.  Puel. 

Géographie,  —  Au  sud  ,  il  végète  dans  les  Pyrénées , 
dans  le  centre  de  l'Espagne ,  en  Corse  et  dans  le  midi  de 
l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  vit  en  Suisse,  dans  le  Tyrol,  puis 
il  est  cité  en  Islande  et  aux  Feroë ,  quoique  manquant  dans 
le  vaste  intervalle  qui  sépare  ces  localités.  —  A  l'occident , 
nous  avons  cité  l'Islande.  —  A  l'orient,  il  existe  en  Italie, 
en  Turquie  ,  en  Transylvanie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40»      ^  Ecart  m  latitude  ; 

Nord ,  Islande C5       j  25» 

Occident  y  Islande 24       |  Écart  en  longitude: 

Orient ,  Transylvanie 22  E.\  46» 

Carré  d'expansion 1150 


PLANTAGO.  177 

Plantago  MARiTiMA ,  Lin.  —  Variable  comme  beau- 
coup de  plantes  maritimes ,  cette  espèce  vivace  se  montre 
sous  toutes  les  dimensions  ,  avec  des  feuilles  entières  ou  dé- 
coupées ,  linéaires  ou  élargies ,  mais  toujours  grasses  et 
consistantes,  et  s'élargissant  au  point  où  elles  viennent  s'insé- 
rer sur  des  rbizomes  rampants.  Ses  hampes,  assez  liautes , 
s'élèvent  au-dessus  des  feuilles.  Elles  sont  cylindriques , 
droites  et  pubescentes ,  terminées  par  un  épi  cylindrique, 
serré  et  allongé.  Les  bractées  sont  concaves,  obtuses  et  gla- 
bres. Les  étamines  sont  moins  saillantes  que  dans  les  autres 
plantains.  —  Il  fleurit  pendant  l'été  et  pendant  l'automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Cette  espèce  n'habite 
que  les  terrains  salés,  arrosés  ou  imprégnés  de  sel  ou  d'eaux 
minérales.  Il  y  ramifie  ses  tiges  souterraines  et  se  développe 
en  quantité  quelquefois  si  grande  qu'il  forme  de  véritables  ga- 
zons. Il  reste  dans  les  plaines  et  presque  toujours  sur  les  rivages. 

Géographie.  —  Il  habite  une  grande  partie  de  la  terre. 
Au  sud  ,  il  croît  en  France,  en  Espagr^,  en  Algérie  et 
dans  toute  la  région  méditerranéenne.  — Au  nord,  il  habite 
toute  l'Europe,  y  compris  la  Laponie  où  il  est  commun  sur 
tout  le  rivage  de  l'Océan  septentrional,  du  Nordland  et  du 
Finmark  jusqu'au  cap  Nord.  Là  il  s'éloigne  quelquefois  des 
rivages ,  mais  il  n'atteint  jamais  la  région  montagneuse.  Il 
existe  aussi  en  Angleterre ,  en  Irlande ,  dans  les  archipels 
anglais  et  danois,  en  Islande.  —  A  l'occident,  il  occupe  le 
Portugal ,  une  grande  partie  de  l'Amérique  du  nord  ,  Terre- 
Neuve  ,  le  Labrador,  le  Canada,  la  côte  nord-ouest  de  la 
Colombie,  et  Unalaska.  —  A  l'orient,  on  le  trouve  aussi 
dans  toute  l'Europe,  dans  toutes  les  Russies,  toutes  les 
Sibéries,  même  dans  la  Sibérie  arctique,  et  souvent  au  mi- 
lieu des  terres  chargées  de  sels  comme  près  du  lac  salé 
de  Koriiakofskoë ,  où  Pallas  le  rencontra  le  .5  juin  1771 

VIII  12 


178  PLANT  AGïNÉÉS. 

parmi  des  Salsoîa.  Il  vit  aussi  dans  la  Dahurie ,  auKamts- 
chatka  et  sur  les  îles  Aléoutiennes  d'oiî  il  va  joindre  l'Amé- 
rique. —  Dans  l'hémisphère  austral ,  on  le  cite  aussi  sur  un 
grand  nombre  de  points  :  au  cap  Horn ,  au  détroit  de  Ma- 
gellan ,  au  port  Famine  et  au  port  de  Grégory,  et  à  la  Nou- 
velle Zélande. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud  y  Algérie 35<>      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Cap^ord 71        (  36« 

Occident  et  Orient 360       (  „^^ 

I  360° 


^o 


Carré  d'expansion 12960 

Plantago  serpentina,  Lam.  —  Ce  plantain  vivace,  à 
racine  dure  et  presque  ligneuse  ,  croît  en  touffes  sur  les 
rochers  et  dans  les  heux  les  plus  arides.  Ses  feuilles  sont 
glabres,  subulées ,  serrées  les  unes  contre  les  autres,  et  for- 
ment parfois  des  gazons  considérables.  Elles  sont  entières  ou 
dentées.  La  hampe  est  terminée  par  un  épi  de  fleurs  oblong, 
souvent  penché  ou  incliné.  —  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  le  trouve  sur  les 
micaschistes ,  sur  les  granits ,  sur  les  arkoses  et  sur  presque 
tous  les  terrains  siliceux.  Il  n'est  pas  exclu  des  calcaires 
puisqu'on  le  cite  sur  le  mont  Ventoux  à  1,430™.  M.  Bois- 
sier  l'indique  dans  le  midi  de  l'Espagne  entre  2,000  et 
3,000"  ;  il  habite  aussi  les  montagnes  de  la  Corse. 

Géographie.  —  Au  sud,  le  midi  de  la  France  et  de  l'Es- 
pagne ,  la  Corse  et  l'Algérie.  —  Au  nord ,  il  arrive  dans  le 
Tyrol  et  la  Carniole.  —  A  l'occident ,  il  vit  en  Portugal.  — 
A  l'orient,  il  est  en  Italie,  en  Sicile,  en  Hongrie,  en  Croatie, 
en  Transylvanie,  en  Dalmatie  ,  en  Turquie. 


PLAMTAGO.  179 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Algérie 36°      \  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Transylvanie 49       i  13" 

Occident,  Portugal 10  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Transylvanie 22  E J  32** 

Carré  d'expansion 416 

PlantagoCoronopus,  Lin.  —  II  recherche,  comme  beau- 
coup de  plantains,  le  bord  des  chemins,  les  lieux  incultes. 
Il  est  annuel,  parfois  bisannuel ,  et  étale  sur  la  terre  une  ro- 
sette de  feuilles  dont  les  incisions  et  les  découpures  varient  à 
l'infini.  L'épi  florifère  part  du  centre  et  porte  un  assez  grand 
nombre  de  fleurs  qui  offrent  la  structure  ordinaire  des  fleurs 
des  plantains.  Les  calices  sont  ciliés;  les  laciniures  delà  co- 
rolle sont  très-aiguës  ;  les  anthères  jaunes  sont  leur  seul  orne- 
ment. Le  fruit  est  une  capsule  dont  la  cloison  porte  des  deux 
côtés  une  aile  qui  la  fait  paraître  tétragone.  Cette  capsule 
esta  2  loges  qui  contiennent  chacune  2  graines.  — Il  fleu- 
rit pendant  la  majeure  partie  de  l'année. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
siliceux  et  sablonneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  est  répanda  en  France,  en 
Espagne ,  aux  Baléares ,  en  Algérie ,  jusque  dans  les  cultures 
arrosées  des  oasis  ,  aux  Canaries ,  à  Madère  et  dans  toute  la 
région  méditerranéenne.  —  Au  nord,  il  est  aussi  très-ré- 
pandu en  France ,  en  Belgique ,  en  Bavière  ,  en  Danemarck, 
en  Gothie  ,  dans  la  Norvège  australe ,  en  Angleterre ,  en  Ir- 
lande, aux  Hébrides  ,  aux  Orcades  ,  au  Shetland  ,  aux  Feroë 
et  en  Islande.  — A  l'occident,  il  est  aussi  en  Portugal.  — A 
l'orient ,  il  croît  en  Suisse ,  en  Italie,  en  Sicile,  en  Dalmatie  , 
en  Grèce ,  en  Turquie ,  dans  le  Caucase  et  en  Géorgie. 


180  PLANTAGINÉES, 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Canaries 30^      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Islande 66       ^  36° 

Occident,  Islande 26  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Omw^  Géorgie 47  E.)  73« 

Carré  d'expansion 2628 

Plantago  Psyllium,  Lin.  —  Espèce  annuelle  qui  habite 
les  lieux  secs ,  les  coteaux  arides,  et  dont  la  tige ,  simple  à 
la  base  et  rameuse  au  sommet ,  est  toujours  un  peu  velue. 
Ses  feuilles  sont  opposées ,  fasciculées ,  linéaires ,  planes  , 
arquées  en  dehors  et  un  peu  visqueuses  au  toucher.  L'épi 
est  globuleux  et  comprimé,  accompagné  de  bractées  étroites 
et  pointues.  La  capsule  est  ovoïde ,  à  deux  loges  monosper- 
mes. —  Il  fleurit  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  préfère  les  terrains 
calcaires  de  la  plaine  ou  les  sables  maritimes. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  est  répandu  en  France  dans 
la  région  des  oliviers ,  en  Corse,  en  Espagne  ,  aux  Baléares, 
en  Barbarie  dans  les  moissons,  et  jusque  dans  les  cultures 
arrosées  des  oasis,  dans  toute  la  région  méditerranéenne,  ex- 
cepté l'Egypte  ,  aux  Canaries ,  aux  îles  du  cap  Vert  et  dans 
les  lieux  sablonneux  autour  d'Adona  en  Abyssinie. —  Au 
nord  ,  il  ne  va  pas  au  delà  du  plateau  central  de  la  France. 
—  A  l'occident,  il  est  en  Portugal.  — A  l'orient,  il  vit 
en  Suisse ,  en  Italie ,  en  Sicile ,  en  Sardaigne,  en  Tran- 
sylvanie ,  en  Dalmatie  ,  en  Grèce  ,  eu  Turquie ,  en  Syrie , 
Sur  le  mont  Sinaï  et  dans  l'Asie  mineure. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Abyssinie 10"      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  France 45       ^  35° 


PLANTAGO.  18Î 

Occident,  Iles  du  Cap- Vert. ...   25  O.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Asie  mineure 46   E.  )  71" 

Carré  d'expansion 2485 

Plantago  arenauia  ,  W.  et  K.  —  Il  est  annuel  et  croît 
souvent  en  abondance  dans  les  lieux  arides  et  sur  les  sables 
des  rivières.  Il  se  montre  parfois  tout-à-coup,  quand  on  creuse 
des  canaux  et  des  rivières,  sur  les  terres  remuées  qui  reçoi- 
vent l'influence  de  l'air.  Il  a  paru  en  quantité  sur  les  berges 
du  chemin  de  fer  dans  le  département  de  l'Allier.  Le  même 
fait  s'est  reproduit  en  Angleterre  et  dans  plusieurs  autres  lo- 
calités. —  La  racine  est  pivotante  et  donne  naissance  à  plu- 
sieurs tiges  droites  et  herbacées ,  hérissées ,  comme  le  reste 
de  la  plante  ,  de  poils  blancs  et  visqueux.  Les  feuilles  sont 
opposées  ,  linéaires,  étroites  et  généralement  entières.  Les 
pédoncules,  axillaires  et  redressés,  portent  des  épis  conoïdes  et 
compactes,  entourés  d'un  involucre  formé  par  le  développe- 
ment des  bractées  inférieures.  —  Il  fleurit  en  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  Il  recherche  les  terrains 
siliceux  et  sablonneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France  et  dans  le 
midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  vit  en  France ,  en  Belgique, 
sur  les  bords  du  Rhin,  en  Lithuanie.  —  A  l'occident,  il 
reste  en  France  et  en  Belgique.  —  A  l'orient ,  il  végète  en 
Autriche ,  en  Croatie,  en  Transylvanie ,  en  Turquie,  en  Tau- 
ride  ,  dans  le  Caucase ,  en  Géorgie,  dans  les  llussies  moyenne 
et  australe ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40'»      /  Ecart  en  latitude  : 

iVorrf,  Lithuanie 53       i  VV* 

Occident,  France 4  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Altaï 92   E.  ^  Or)" 

Carré  d'expansion 12Y8 


182  PLANTAGINÉES. 

Plantago  Cynops,  Lin.  —  Sous-arbrisseau  à  tiges  du- 
res et  tortues ,  à  feuilles  étroites ,  épaisses ,  opposées ,  for- 
mant de  petits  buissons  dans  les  champs  incultes  et  sur  le 
bord  des  chemins.  Les  rameaux  se  terminent  par  des  bour- 
geons dépourvus  d'écaillés,  qui  résistent  à  l'hiver  et  empê- 
chent cette  plante  de  s'avancer  dans  les  régions  septentrio- 
nales. Les  fleurs  sont  réunies  en  capitules  portés  par  de 
longs  pédoncules  qui  naissent  de  l'aisselle  des  feuilles  ; 
elles  sont  accompagnées  de  bractées  larges  et  souvent  folia- 
cées ;  la  capsule  s'ouvre  horizontalement,  plus  près  de  la 
base  que  d  u  sommet.  Elle  est  à  deux  loges ,  et  chacune 
d'elles  contient  une  semence  cornée  et  concave.  —  Il  fleurit 
pendant  tout  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  11  croît  sur  les  calcaires, 
dans  les  terrains  compactes  et  rocailleux  de  la  plaine.  Il  s'é- 
lève un  peu  dans  les  pays  très-chauds  et  atteint,  selon 
M.  Boissier,  jusqu'à  1,600'"  dans  le  midi  de  l'Espagne. 

Géogra'phie.  —  Il  est  méridional  et  se  trouve,  au  sud,  en 
France,  en  Espagne,  en  Algérie  et  aux  Canaries.  —  Au 
nord  ,  il  existe  en  Suisse ,  en  Autriche ,  et  en  France  jusque 
dans  le  Jura.  —  A  l'occident,  il  est  aux  Canaries.  —  A 
l'orient,  il  croît  en  Italie  et  en  Sicile  ,  en  Transylvanie, 
en  Turquie  et  dans  l'Asie  mineure. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 30"      )  Écart  en  latitude  : 

iVord,  France 48       j  18» 

Occident ,  Canaries 18  0.)  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Asie-Mineure 32  E.)  50« 

Carré  d'expansion 900 


AHÂRANTUÂCÉES.  183 


MONOCHLAMIDÉES. 


FAMILLE  DES  AMARANTHACEES. 


Ces  plantes,  assez  nombreuses,  sont  très-abondantes  dans 
la  zone  équatoriale  des  deux  continents.  Elles  deviennent 
moins  communes  dans  les  zones  subtropicales  ;  elles  dimi- 
nuent encore  dans  les  zones  tempérées  et  s'effacent  complète- 
ment des  pays  froids.  —  L'Europe  ne  possède  qu'un  petit 
nombre d'Amaranthacées  :  7  en  Sicile,  9  dans  le  midi  de 
l'Italie ,  3  ou  4  seulement  dans  quelques  autres  flores.  — 
Elles  disparaissent  entièrement  dans  le  sens  des  longitudes, 
c'est-à-dire  ,  vers  l'orient,  ainsi  que  dans  les  montagnes  et 
dans  les  îles.  Le  rapport  des  Amaranthacées  d'Europe  au 
reste  de  la  végétation  de  celte  même  contrée  est  1  :  648. 

G.  ARIABANTHUS,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  Amaran- 
thus  constituent  un  genre  assez  nombreux ,  composé  de  66 
espèces ,  dont  la  moitié  habite  l'Asie.  25  sont  des  Indes 
orientales  ou  du  Népaul ,  et  les  autres  sont  dispersées  en 
Chine  ,  au  Japon,  au  Caucase  et  en  Géorgie.  —  17  vivent 
dans  l'Amérique  septentrionale  ,  depuis  la  Jamaïque  jusqu'à 
la  Virginie  et  la  Pensylvanie.  —  4  seulement ,  de  l'Améri- 


184  AMAUANÏUACÉES. 

que  méridionale,  croissent  au  Pérou  et  au  Brésil.  —  L'Eu- 
rope n'a  que  10  Amaranlhus ,  tous  de  ses  régions  méridio- 
nales et  australes.  —  4  espèces  sont  indiquées  à  la  Nouvelle- 
Hollande.  —  Une  seule,  africaine,  végète  dans  la  Guinée. 

Amaranthus  SYLVESTRis ,  Dcsf.  —  Cette  espèce  est 
presque  domestique  ;  elle  vit  sur  les  décombres,  autour  des 
habitations,  sur  le  bord  des  chemins.  Elle  est  annuelle  et 
lève  en  grande  quantité  au  printemps.  Une  partie  des  jeunes 
plantes  périssent  pendant  la  chaleur  de  l'été  ;  les  plus  vi- 
goureuses survivent  et  montrent  des  tiges  élevées,  garnies 
de  feuilles  alternes ,  entières ,  qui  sont  presque  pendantes 
pendant  les  chaleurs  et  pendant  la  nuit.  Les  fleurs ,  mo- 
noïques, sont  axillaires,  réunies  par  petits  pelotons,  et  la 
partie  supérieure  des  tiges  continue  de  se  garnir  de  feuilles. 
—  Les  fleurs  sont  très-petites ,  vertes,  sans  éclat.  Leur  pé- 
rigone  est  foliacé,  et  leurs  étamines,  dont  les  anthères 
s'ouvrent  aussitôt  que  la  fleur  s'épanouit,  répandent  un 
pollen  abondant  sur  un  stigmate  aigrette.  La  fleur  se  flétrit 
le  jour  même  de  sa  fécondation  et  d'autres  lui  succèdent. 
Les  fruits  sont  de  petits  utricules  monospermes ,  munis 
d'un  couvercle  qui  s'ouvre  à  la  maturité,  et  la  plante  reste 
garnie  de  petites  capsules  béantes  dont  les  graines  se  sont 
répandues.  —  Il  fleurit  en  été  et  pendant  une  partie  de 
l'automne. 

Nature  du  sol,  —  Allilude.  —  Il  recherche  les  lieux 
habités  et  les  terrains  salifères  ,  indifférent  à  leur  nature 
physique.  Il  reste  dans  la  plaine  et  s'élève  à  peine  sur  les 
pentes  des  montagnes  dans  les  pays  très-chauds. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  habite  l'Espagne  ,  la  Barba- 
rie, les  cultures  arrosées  des  oasis  et  les  Canaries.  —  Au 
nord,  il  vit  en  France,  en  Belgique,  en  Allemagne,  en 


AMARANTHLS.  185 

Bavière  et  en  Russie  jusqu'à  Saint-Pétersbourg  ,  mais  tou- 
jours disséminé.  —  A  l'occident ,  l'Espagne  et  les  Cana- 
ries. —  A  l'orient,  il  croît  en  Autriche  ,  en  Italie,  en  Si- 
cile, en  Dalmatie  ,  dans  le  Péloponèse,  la  Tauride  ,  le  Cau- 
case, la  Géorgie,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 30°      \  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Russie 60       j  30« 

Occident ,  Canaries 18  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Russie  moyenne 52  E.)  70** 

Carré  d'expansion  c 2100 

Amaranthus  Blitum,  Lin.  —  C'est  toujours  le  môme 
type  qui  domine  dans  les  Amaranthus  ;  des  tiges  simples 
ou  rameuses  et  des  feuilles  entières  ;  mais  dans  cette  espèce 
les  feuilles  sont  presque  rondes ,  d'un  vert  noirâtre  et  sou- 
vent marquées  d'une  tache  brune  en  dessus.  Les  fleurs, 
quoique  axillaires,  se  rapprochent  au  sommet  de  la  plante 
où  elles  semblent  former  un  épi.  —  Les  fleurs  femelles  ont 
de  jolis  stigmates  aigrettes  et  saillants  pour  recueillir  le  pollen 
des  fleurs  mâles.  —  Elle  fleurit  en  été  et  en  automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  recherche  les  ter- 
rains salifères  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud,  cette  plante  vit  en  France ,  en 
Espagne,  à  Madère  et  aux  Canaries.  — Au  nord  ,  elle  est 
en  Belgique  ,  en  Allemagne,  en  Danemarck ,  en  Gothie  et 
en  Suède  oii  elle  devient  sporadique.  —  A  l'occident ,  elle 
croît  en  Portugal ,  à  Madère.  —  A  l'orient,  on  la  rencon- 
tre en  Suisse,  en  Italie,  en  Dalmatie,  en  Hongrie ,  en 
Croatie,  en  Traiisvlvaîiie ,  en  Grèce,  à  Athènes,  en  Tur- 


186  A^klAKANTUACÉES. 

quie ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase  ,  en  Géorgie ,  dans  les 
Russie»  moyenne  et  australe.  —  Elle  est  indiquée  aussi  au 
Pérou,  au  Chili,  à  Buénos-Aires  et  au  cap  de  Bonne- 
Espérance. 

Limites  d^ extension  de  l'espèce. 

Sud^  Canaries SO®     ^Éca^t  en  latitude  : 

Nord,  Russie 60       j  30« 

Occident,  Madère 19  0.-)  Ecart  en  longitude: 

On'en/ ,  Russie  moyenne 49  E.j  6S^ 

Carré  d'expansion 2040 

Amaranthus  prostratus,  Balb. — Commun  le  long  des 
murs  ,  sur  le  bord  des  chemins ,  cet  Amaranthus  a  des  ti- 
ges rameuses,  rougeâtres  et  couchées,  qui  se  terminent, 
comme  dans  l'espèce  précédente  ,  par  des  épis  de  fleurs 
formés  par  de  petits  pelotons  ramassés.  C'est  une  de  ces 
plantes  sans  élégance  que  le  botaniste  seul  distingue  au 
milieu  des  Cardiiacéeselâes  Polygonées  qui,  à  la  fin  de  l'été 
et  pendant  l'automne ,  lui  disputent  les  décombres. 

Nature  du  sol.  —  Allitude.  —  Il  croît  sur  les  terrains 
salilères  et  siliceux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France,  en  Espagne, 
aux  Baléares  ,  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  il  ne  dépasse  pas  la 
Belgique.  —  A  l'occident,  il  vit  en  Portugal.  —  A  l'orient, 
on  le  trouve  en  Autriche,  en  Italie,  en  Sicile  ,  en  Dalmatie, 
en  Croatie ,  en  Hongrie  et  en  Turquie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Algérie 35°     | Ecart  en  latitude  ; 

Nord,  Belgique 49        (  14'' 


AMARANTUL'S.  187 

Occident,  Portugal 10  0."|  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Turquie 29  E.  j  39° 

Carré  d'expansion 546 

Amaramhus  retroflexus,  Lin.  —  Il  est  annuel  et 

végète  sur  les  berges  des  chemins ,  sur  le  bord  des  champs 
et  sur  les  décombres.  Ses  tiges  sont  droites  et  fermes,  à 
rameaux  courts,  garnies  de  feuilles  longuement  pétiolées  , 
d'un  vert  pâle,  à  bords  ondulés.  Les  fleurs  sont  verdâtres 
et  réunies  en  glomérules  rapprochés  et  formant  ainsi  une 
espèce  de  panicule.  Les  mâles  ont  5  étamines  ;  les  femelles, 
placées  à  la  base  de  l'épi,  restent  constamment  fermées, 
tandis  que  les  mâles  étalent  leur  périgone.  —  Il  fleurit  en 
été  et  en  automne. 

Nature  du  sol.  —  Aîlitude.  —  Plante  des  terrains  sali- 
fères  et  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France ,  en  Espagne, 
en  Algérie.  —  Au  nord ,  en  Belgique ,  en  Allemagne  ,  en 
Lithuanie.  —  A  l'occident,  il  existe  en  Portugal.  — A 
l'orient,  il  habite  la  Suisse,  l'Autriche,  l'Italie,  la  Sicile,  la 
Dalmatie,  la  Croatie,  la  Transylvanie,  la  Hongrie,  la  Grèce, 
la  Turquie  ,  la  Tauride,  le  Caucase  ,  la  Géorgie  ,  les  Russies 
moyenne  et  australe ,  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Algérie 35"      |  Ecart  en  latitude  : 

iVord,  Lithuanie 54       J  19« 

Occident ,  Espagne 6  O.  I  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  altaïque 96  E.  j  102" 

Carré  d'expansion ♦ .   1938 


188  CHÉNOPODÉES. 


FAMILLE  DES  CHENOPODEES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  seîis 
des  latitudes. 


Latitude.  Longitude. 

Nigritie 0»àlO«18oO.  à    5«E.  1 

Abyssinie 10  à  16  32  E.  à  41   E.  l 

Algérie 33  à  36  5  0.  à    6  E.  1 

Roy.  de  Grenade...   36  à  37  5  0.  à    8  O.  1 

Sicile 37  à  38  10   E.  à  13  E.  1 

Portugal 37  à  42  9  O.  à  11  0.  1 

Royaume  de  Naples.  38  à  42  11   E.  à  16   E.  1 

Caucase 40  à  44  35  E.  à  48   E.  1 

Tauride 43  à  46  31   E.  à  34  E.  1 

Plateau  central 44  à  47  0        à    2   E.  1 

France 42  à  51  7  0.  à    6   E.  1 

Russie  méridionale..   47  à  50  22  E.  à  49  E.  1 

Allemagne 45  à  55  2   E.  à  14  E.  1 

Carpathes 49  à  50  19  E.  à  22  E.  1 

Angleterre 50  à  58  1  O.  à  7     0.  l 

Russie  moyenne ...   50  à  60  17    E.  à  58  E.  1 

Scandinavie  entière.   55  à  71  3  E.  à  29  E.  1 

Danemarck 52  à  57  7   E.  à  12  E.  1 

Gothie 55  à  59  10   E.  à  15  E.  1 

Suède 55  à  69  10  E.  à  22  E.  1 

Norvège 58  à  71  2  E.  à  10  E.  1 

Russie  septentr'^  . .   60  à  66  19  E.  à  57   E.  1 

Finlande 60  à  70  18  E.  à  28  E.  1 

Laponie 65  à  71  14  E.  à  40  E.  1 

Europe  entière 1 


468 

416 
58 
60 
58 
61 
77 
36 
37 
99 
85 
25 
72 

118 
54 
46 
62 
48 
50 
72 
64 
57 
63 

142 
85 


PROPORTIONS  RELATIVES.  189 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 

Latitude.  Longitude. 

Irlande 510  3  55"  7°0.  à    13°0.  1  :  54 

Angleterre 50  à  58  1  0.  à      7  0.  1  :  54 

Allemagne 45  à  55  2  E.  à    14  E.  1  :  72 

Russie  moyenne...   50  à  60  17  E.  à    58  E.  1  :  46 

Sibérie  de  l'Oural .  44  à  67  55  E.  à    74  E.  1  :  15 

Sibérie  altaïque. . .  44  à  67  66  E.  à    97  E.  1  :  20 

Sibérie  du  Baïcal..  49  à  67  93  E.  à  116  E.  1  :  47 

Dahurie 50  à  55  110  E.  à  119  E.  1:  56 

Sibérie  orientale...   56  à  67  111  E.  à  163  E.  1  :  70 

Sibérie  arctique.. .   67  à  78  60  E.  à  161   E.  1  :  157 

Kamtschatka 46  à  67  148  E.  à  170  E.  0  :  0 

PaysdesTschukhis.  »           «  155  E.  à  175  O.  0  :  0 

lies  de  l'Océan  or".   51  à  67  170  E.  à  130  O.  1  :  498 

Amérique  russe.. .   54  à  72  170  O    à  130  E.  1  :  72 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 

Latitude.       Altitude  en  mètres. 

Roy.deGr'%rég.alp.etniv.  36oà37o  1500  à  3500  0  :  0 

Roy.  deGrenade,  rég.  niv. .  36  à  37  2500  à  3500  0  :  0 

Pyrénées 42  à  43  500  à  2700  0  :  0 

Pyrénées  élevées 42  à  43  1500  à  2700  0  :  0 

Pic  du  Midi  de  Bagnères. . .              »  »  0  :  0 

Plat,  central,  rég.  monlagn.  44  à  47  500  à  1900  0:0 

Plateau  central,  sommets. .  44  à  47  1500  à  1900  0  :  0 

Alpes 45  à  46  500  à  2700  0  :  0 

Alpes  élevées 45  à  46  1500  à  2700  0  :  0 


190  CHKNOl'ODÉES. 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles, 

Lalilude.  Longitude. 

Iles  du  Cap-Vert....   12oà  li*'  24°  0.  à  27oO.  1:    89 

Canaries 28  à  30  15  O.  à  20  O.  1  :    48 

Hébrides 57  à  58  8  0.  à  10  0.  1 :    66 

Orcades 59  5  O.  à  6  0.  1  :  121 

Shetland 60  à  61  3  O.  à  4  0.  1 :    44 

Feroë 62  9  0.  1 :    74 

Islande 64  à  66  16  O.  à  27  0.1:137 

Mageroë 71  24  E.  1.194 

Spitzberg 79  à  80  10  E.  à  20  E.  0  :      0 

IleMelville 76  114  O.  0:      0 

lie  J.  Fernandez 33  à  40 S.  76  0.  0:     0 

Nouv.Zélande(nord).  35  à  42  S.  171  0.  à  176  0.  1 :    13 

Malouines 52  S.  59  O.  à  65  0.  0  ;     0 

Les  Chénopodées  constituent  une  très-nombreuse  famille 
qui  appartient  en  grande  partie  aux  régions  maritimes  de 
l'Europe  et  de  l'Asie  ,  ou  dont  les  espèces  s'attachent  aux 
pas  de  l'homme  et  s'éloignent  rarement  de  ses  habitations 
ou  de  ses  cultures.  Quoique  voisines  des  Amaranthacées, 
qui  abondent  sous  les  tropiques,  ces  plantes  sont  rares  dans 
la  zone  équinoxiale.  —  Dans  le  sens  des  latitudes ,  nous 
les  voyons  offrir  leur  maximum  dans  la  zone  moyenne ,  en 
Russie  ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase,  puis  diminuer  à  me- 
sure que  l'on  s'avance  vers  le  sud  ou  vers  le  nord.  —  Dans 
le  sens  des  longitudes ,  elles  acquièrent  une  prépondérance 
extrême  à  l'est ,  en  Asie ,  dans  les  plaines  de  la  Sibérie , 
dont  le  sol  salifère  paraît  avoir  subi  l'influence  des  eaux 
marines.  C'est  à  tel  point  que,  dans  la  Sibérie  de  l'Oural, 
elles  forment  le  1/15  et  dans  la  Sibérie  de  l'Altaï  le  1/20, 
tandis  que  la  moyenne  pour  toute  l'Europe  est  1/85.  —  Les 


SALSOLA.  191 

Chénopodées  manquent  totalement  dans  les  montagnes. 
Elles  ne  s'y  élèvent  qu'en  suivant  l'homme  dans  ses  ascen- 
sions ;  elles  marquent  quelque  temps  le  lieu  de  son  séjour 
momentané,  puis  elles  disparaissent  comme  lui.  —  11  n'en 
est  pas  de  même  dans  les  îles.  Le  voisinage  de  la  mer  en 
retient  quelques-unes ,  et  elles  s'y  présentent  à  peu  près 
dans  la  même  proportion  que  sur  les  continents  voisins. 

G.   SALSOLA,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  On  connaît  en- 
viron 50  Saîsoîa  qui  tous  sont  des  plantes  sans  beauté  et 
sans  fraîcheur.  Ils  constituent  en  partie  la  végétation  des 
rivages  et  des  lieux  salés.  —  L'Asie  est  leur  principale  pa- 
trie ;  on  en  compte  30  espèces,  dont  les  centres  principaux 
sont  aux  grandes  Indes,  dans  la  Sibérie  de  l'Altaï  et  dans 
le  Caucase.  Quelques-unes  vivent  en  Arabie.  —  Après  l'Asie, 
vient  l'Afrique  où  l'on  en  cite  12  espèces  qui  se  trouvent 
presque  toutes  en  Egypte  :  1  Salsola  vit  à  Mogador ,  1  à 
Sainte-Hélène  et  1  autre  le  long  du  canal  de  Mozambique. 
—  12  espèces  aussi  vivent  en  Europe ,  toutes  sur  les  côtes 
de  la  Méditerranée  ou  de  l'Océan,  en  Espagne,  en  Portugal, 
en  Sicile,  en  Provence  ou  en  Dalmatie.  —  3  se  trouvent  au 
Chili.  —  3  autres  aux  Etats-Unis  d'iVmérique.  —  3  encore 
sont  confinées  à  la  Nouvelle-Hollande. 

Salsola  Kali  ,  Lin.  —  Annuelle  comme  le  plus  grand 
nombre  des  Chénopodées  ,  cette  plante  croît  en  sociétés 
nombreuses  dans  les  lieux  cultivés  et  dans  ceux  qui ,  de  près 
ou  de  loin  ,  sont  exposés  aux  émanations  maritimes  ou  aux 
irrigations  d'eau  salée.  Sa  tige  est  dure  et  rameuse;  ses 
feuilles  étalées ,  subulées  et  même  épineuses  au  sommet. 


192  CHÛNOPODKES. 

Les  fleurs ,  verdàtres ,  naissent  solitaires  aux  aisselles  des 
feuilles  supérieures.  Elles  sont  remarquables  par  leur  péri- 
gone  qui  semble  formé  d'un  plateau  sur  lequel  les  5  sépales 
sont  insérés.  5  étamines  partent  aussi  de  la  base  du  périgone. 
Les  stigmates  sont  allongés.  Après  la  fécondation  la  base  du 
périgone  prend  de  l'accroissement,  s'épaissit  et  forme  une 
petite  couronne  à  5  loges  membraneuses.  —  Il  fleurit  en 
automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  lieux 
salés  et  maritimes  de  la  plaine ,  remontant  jusque  dans  le? 
Alpes  et  les  Pyrénées.  Nous  l'avons  trouvé  près  d'Aiiduze 
(Gard)  sur  des  dolomies  décomposées  avec  Trihulus  terres- 
tris  et  [heris  Prostii.  Il  semble  que  la  magnésie  ou  le  cal- 
caire puisse  dans  quelques  cas  remplacer  les  émanations  ma- 
ritimes. 

Géographie.  —  Au  sud  cette  espèce  occupe  une  partie 
du  littoral  de  la  Méditerranée ,  en  France,  en  Espagne,  aux 
Baléares  ,  en  Algérie  et  aux  Canaries.  —  Au  nord,  elle  suit 
également  les  rivages ,  en  France ,  en  Belgique ,  en  Alle- 
magne ,  en  Angleterre ,  en  Irlande  et  dans  toute  la  Scandi- 
navie jusque  près  de  la  Laponie.  — A  l'occident,  elle  est 
en  Portugal  et  aux  Canaries.  — A  l'orient,  elle  existe  en 
Autriche,  en  Italie ,  en  Dalmatie,  en  Grèce ,  en  Turquie, 
en  Tauride,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  en  Arménie,  dans 
les  Russies  septentrionale,  moyenne  et  australe,  dans  les 
terrains  salés  de  toutes  les  Sibéries ,  à  l'exception  de  la  Si- 
bérie arctique. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Canaries 30°      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Finlande 63       j  330 


POLYCHNEMIM.  193 

Occident,  Canaries 18  O.  ^ Ecart  en  longitude  : 

Orj'en/,  Sibérie  orienlale ICO   E.  )  178® 

Carré  d'expansion 5874 

G.  POLTCHiaEiaura ,  Lin. 

On  n'en  connaît  que  7  espèces  dont  4  sont  dispersées  en 
Europe.  —  1  habite  la  Sibérie.  —  1  autre  l'Amérique  cen- 
trale ,  Buénos-Aires.  —  La  dernière  ,  rAmérique  du  nord  , 
dans  l'Etat  de  Missouri. 

PoLYCHNEMUM  ARVENSE ,  Lin.  —  Il  se  trouve  assez  com- 
munément dans  les  champs.  Il  est  annuel  et  ne  paraît  qu'as- 
sez tard.  Ses  tiges  sont  couchées,  rameuses,  rouj^eàtres  et 
comme  articulées;  les  feuilles,  disposées  en  séries  quater- 
naires, sont  allongées,  subulées,  et  s'élargissent  à  leur  base 
en  une  membrane  transparente  qui  embrasse  la  tige.  —  Les 
fleurs  sont  sessiles  aux  aisselles  supérieures,  une  ou  deux 
ensemble,  et  protégées  par  3  bractées. — Le  périgone  est 
à  5  folioles  qui  s'écartent  sous  l'influence  de  la  lumière  so- 
laire ,  et  montrent  3  étamines  dont  les  anthères  sont  car- 
minées. Ces  étamines,  insérées  sur  un  disque  hypogyne,  ne 
tardent  pas  à  répandre  leur  pollen  sur  les  deux  stigmates. 
Aussitôt  la  fécondation  opérée,  la  fleur  se  referme.  Le  fruit 
est  un  utricule  ouvert  au  sommet,  mais  pourvu  d'un  opercule. 
II  se  détache  avec  son  périgone.  —  II  fleurit  pendant  tout 
l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  préfère  les  terrains 
calcaires  et  argileux  et  reste  dans  les  plaines. 

Géographie.  —  Nous  réunissons  géographiquement  les 
P.  arvense  et  P.  majus  ,  Braun  ,  bien  que  ces  plantes  nous 
paraissent  différentes.  —  Au  sud  ,  on  les  trouve  en  F'rance  , 
viii  ^3 


104  aiÉKOPODÉES. 

en  Espagne  ,  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord ,  elles 
existent,  au  moins  le  P.  arvense ,  en  France  ,  en  Belgique, 
en  Allemagne  et  en  Lithuanie.  —  A  l'occident,  elles  res- 
tent en  France  et  en  Espagne.  —  A  l'orient,  elles  croissent 
en  Suisse,  en  Italie ,  en  Dalmatie ,  en  Croatie ,  en  Hongrie, 
en  Transylvanie,  en  Turquie ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase, 
dans  les  Russies  moyenne  et  australe  et  dans  la  Sibérie  de 
l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud  ,  Midi  de  l'Italie 40»      )  Écart  en  longitude  : 

iVorrf,  Lithuanie 54       j  14» 

Occident,  Espagne 5  0. 1  Écart  en  latitude  : 

Orieiit ,  Sibérie  altaïque 92   E.  )  97» 

Carré  d'expansion 1358 

ù,  CHENOPODinm ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  On  rencontre 
aussi  les  formes  peu  élégantes  des  Chenopodium  dans  toutes 
les  parties  du  monde,  et  l'on  en  connaît  déjà  plus  de  60  es- 
pèces.—  22  vivent  en  Europe,  très-dispersées ,  ayant 
une  tendance  vers  les  rivages  et  les  lieux  salifères  ,  mais  al- 
lant presqu'indistinctement  du  sud  au  nord,  quoique  moins 
répandues  dans  la  Scandinavie.  —  15  habitent  l'Asie  et  sont 
concentrées  aux  Indes  orientales  et  au  Népanl ,  en  Sibérie, 
en  Chine  et  au  Japon.  — L'Amérique  du  sud  n'a  que  10 
espèces  :  du  Chili ,  du  Brésil  et  du  Pérou.  —  On  n'en 
compte  que  6  dans  l'Amérique  septentrionale ,  au  Mexique 
et  aux  Etats-Unis.  —  6  appartiennent  à  l'Afrique  et  sur- 
tout au  Cap  et  à  l'Egypte;  1  croît  en  Guinée ,  1  autre  aux 
Canaries. —  Dans  l'Océanie,  on  en  connaît  3  à  la  Nouvelle- 
Hollande  et  I  à  la  Nouvelle-Zélande, 


CHENOPODIUM.  195 

CnE>oroDiUM  HYBRiDUM,  Lin.  —  Il  est  annuel  et  croît 
dans  les  lieux  cultivés,  sur  le  bord  des  champs,  dans  les  vi- 
gnes et  les  jardins.  Sa  tige  est  droite ,  glabre  et  cannelée  , 
souvent  simple  et  garnie  de  feuilles  tendres,  très-anguleuses, 
d'un  vert  foncé.  Les  lleurs  sont  terminales,  réunies  en  glo- 
mérules,  disposés  eux-mêmes  en  une  sorte  de  panicule.  — 
Il  fleurit  pendant  l'été  et  pendant  l'automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  végète  sur  les  terrains 
salifères  de  la  plaine,  et  remonte  jnsque  dans  les  hautes  val- 
lées des  montagnes ,  où  on  le  trouve  autour  des  chalets  et 
des  burons. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France  et  dans  le  midi 
de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  existe  dans  tout  le  centre  de 
l'Europe,  en  Danemarck,  en  Golhie,  en  Norvège,  en 
Suède,  en  Finlande  et  en  Angleterre.  —  A  l'occident,  il 
reste  en  Angleterre.  —  A  l'orient,  on  le  rencontre  en  Hon- 
grie, en  Croatie,  en  Transylvanie,  en  Tauride,  dans  le 
Caucase,  en  Géorgie,  dans  les  Russies  septentrionale, 
moyenne  et  australe  ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Al- 
taï, du  Baïkal,  orientale,  et  dans  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  r espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40°      i  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Finlande 62       )  22o 

Occident ,  Angleterre 7  O.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  orientale 163   E.  j  170<* 

Carré  d'expansion 3740 

CiiENOPODiuM  URBicoi,  Lin.  — Annuel  et  commun  sur 
les  bords  des  chemins  et  des  fossés  ,  dans  les  rues  des  villa- 
ges, sur  les  sables  des  ri\ières.  Sa  tige  est  haute,  droite. 


196  CIIÉNOPODÉES. 

glabre  et  striée,  ordinairement  simple  et  garnie  de  feuilles 
pétiolées,  deltoïdes,  dentées,  épaisses,  d'un  beau  vert,  et 
glabres  des  deux  côtés.  Les  fleurs  sont  réunies  en  gloméru- 
les,  eux-mêmes  disposés  en  grappes  droites ,  axillaires  et 
redressées  contre  la  tige.  —  Il  fleurit  en  été  et  en  automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
salifères  des  plaines  et  peut  s'élever  à  1,000  à  1,200™  dans 
les  montagnes. 

Géographie.  — Au  sud,  il  croît  en  France,  en  Espa- 
gne et  aux  Canaries.  —  Au  nord  ,  dans  tout  le  centre  de 
l'Europe,  dans  toute  la  Scandinavie  ,  la  Laponie  exceptée , 
en  Finlande ,  en  Angleterre  et  en  Irlande.  —  A  l'occident , 
on  le  trouve  en  Portugal  et  aux  Canaries.  —  A  l'orient ,  il 
habite  la  Suisse,  l'Italie  ,  laDalmatie,  la  Croatie,  la  Hon- 
grie, la  Transylvanie,  la  Tauride,  le  Caucase  ,  la  Géorgie, 
les  Russies  septentrionale  ,  moyenne  et  australe ,  les  Sibé- 
ries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï,  et  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vesyàce. 

Sud,  Canaries 30°      J  Ecart  en  latitude  : 

iVorrf,  Finlande 62       \  32« 

Occà/en/,  Canaries 18  0.  )  Ecart  en  longitude: 

Omni,  Dahurie 119  E.j  137° 

Carré  d'expansion 4384 

Chenopodiûm  MURALE ,  Lin.  — Annuel  et  très-commun 
dans  le  voisinage  des  habitations.  Sa  tige  est  droite,  souvent 
rameuse  à  la  base ,  verte  ,  striée  ,  offrant  quelquefois  des 
angles  rouges.  Les  feuilles  sont  triangulaires,  pointues, 
d'un  vert  foncé,  les  plus  jeunes  un  peu  glauques.  Les  fleurs 
sont  réunies  en  glomérules  qui  forment  des  grappes  axillaires 


CHENOPODIL'M.  197 

et  unies  ,  qui  s'écartent  obliquement  en  dehors  et  s'élèvent 
un  peu  au-dessus  du  feuillage.  —  11  fleurit  en  été  et  en 
automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  préfère  les  terrains 
salifèrcs  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France,  en  Espagne, 
aux  Canaries,  à  Madère,  en  Egypte,  en  Algérie  dans  les 
champs  ,  dans  les  jardins ,  jusque  dans  les  cultures  arrosées 
des  oasis,  aux  îles  Saint-Jacobi  et  Saint-Vincent  au  cap 
Vert ,  dans  les  lieux  incultes  autour  d'Adona  en  Abyssinie  , 
où  il  fleurit  en  novembre.  —  Au  nord  ,  il  croît  dans  la  ma- 
jeure partie  de  l'Europe  et  arrive  jusqu'en  Suède ,  ainsi 
qu'en  Angleterre  et  en  Irlande. —  A  l'occident,  il  végète 
en  Portugal,  à  Madère  et  aux  Canaries.  —  A  l'orient,  il 
occupe  la  Suisse,  l'Italie,  la  Sicile,  la  Dalmatie  ,  la  Croa- 
tie ,  la  Hongrie ,  la  Transylvanie  ,  la  Grèce  ,  la  Turquie  ,  la 
Tauride,  le  Caucase,  la  Géorgie,  l'Arabie,  les  Russies 
moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Abyssinie. 10°      1  Ecart  en  latitude  : 

iVorrf,  Suède 58       j  48» 

Occident,  Madère 19  0.] Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47   E.  i  66» 

Carré  d'expansion 3168 

Chenopodidm  album  ,  Lin.  —  Cette  plante  est  une  des 
plus  répandues  dans  les  champs,  dans  les  jardins,  sur  les 
décombres,  sur  les  sables  des  rivières,  autour  des  sources 
minérales,  etc.  Annuelle  comme  les  précédentes,  elle  varie 
à  l'infini  parla  dimension  de  ses  tiges  généralement  élevées 
et  peu  rameuses ,  et  par  la  forme  de  ses  feuilles  qui,  cepen- 


198  cnÉxopoDÉEs. 

dant ,  restent  ovoïdes  ,  tronquées  à  la  base ,  quelquefois  en- 
tières, quelquefois  sinuées  et  jamais  divisées  en  3  lobes. 
Leur  surface  inférieure  est  recouverte ,  dans  cette  espèce 
comme  dans  quelques  autres,  d'une  poussière  glauque  dont 
les  globules  sont  visibles  à  l'œil  nu ,  à  peu  près  sphériques 
et  d'un  diamètre  très-varié.  On  aperçoit  surtout  ces  globu- 
les dans  le  premier  développement  de  la  plante.  Les  fleurs 
naissent  aussi  en  glomérules  disposés  en  grappes  ou  en  épis 
sur  les  rameaux.  Les  graines  sont  lisses  et  jamais  chagrinées. 

—  Elle  fleurit  pendant  la  majeure  partie  de  l'année. 
Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  recherche  aussi  les 

terrains  salifères  et  suit  l'homme  dans  les  montagnes  jusque 
dans  ses  stations  les  plus  élevées. 

Géographie.  [ —  Ce  Clienopodium  est  répandu  sur  la 
majeure  partie  de  la  terre.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France, 
en  Espagne,  en  Barbarie,  aux  Canaries,  à  Suint-Thomas 
en  Nigritie ,  dans  les  lieux  incultes  autour  d'Adona  en 
Abyssinie ,  où  il  fleurit  en  octobre.  —  Au  nord  ,  il  est  ré- 
pandu dans  toute  l'Europe,  dans  toute  la  Scandinavie,  en 
Laponie  où  il^trouve  sa  limite  à  70°  30',  en  Angleterre ,  en 
Irlande,  aux  Hébrides,  aux  Shetland,  auxFeroë  et  en  Is- 
lande. —  A  l'occident',  il  est  aussi  en  Portugal  et  à  l'île  de 
Cuba,  ainsi  que  dans  une  grande  partie  de  l'Amérique  du 
nord  ,  du  lac  Iluron  au  Saskatchawan  ,  aux  montagnes  Ro- 
cheuses et  au  lac  de  l'Ours.  —  A  l'orient,  il  végète  en 
Suisse  ,  en  Italie ,  en  Sicile  ,  en  Dalmatie  ,  en  Croatie  ,  en 
Hongrie  ,  en  Transylvanie ,  en  Grèce ,  en  Turquie  ,  en  Tau- 
ride,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  les  Russies  sep- 
tentrionale ,  moyenne  et  australe  ,  dans  les  Sibéries  de  l'Ou- 
ral ,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale,  et  dans  la  Dahurie. 

—  Dans  l'hémisphère  austral  il  est  cité  au  Chili  et  au  cap 
de  Bonne-Espérance. 


CHENOPODICM.  19^ 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Nigritie 0"     )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 70       )  70° 

Occî'rfen/,  Montag.  Rocheuses.   160  O.)  Ecart  en  longitude: 

Omn/,  Sibérie  orientale 163  E.j  323*^ 

Carré  d'expansion 22610 

Chenopodium  polyspermum  ,  Lin.  — :  Il  habite ,  comme 
les  autres,  les  lieui  cultivés  et  humides,  les  rues  et  les  abords 
des  villages.  Ses  tiges  sont  rameuses,  ses  feuilles  lisses  et 
entières.  —  Ses  grappes  de  (leurs  sont  réunies  aux  aisselles 
et  à  l'extrémité  des  rameaux.  Le  périgone  est  à  5  divisions , 
les  étamines  sont  au  nombre  de  5.  Il  y  a  2  stigmates.  Son 
périgoîie  ne  recouvre  pas  le  fruit  ;  il  s'entr'ouvre,  dit  Vau- 
cher,  avant  sa  maturité  et  laisse  voir  une  petite  baie  sèche 
dépourvue  d'utriculc  et  qui  achève  de  mûrir  à  l'air  libre  ;  la 
dissémination  a  lieu  pendant  tout  le  cours  de  l'été,  et  les 
tleurs  ,  les  unes  mâles ,  les  autres  femelles ,  se  succèdent  con- 
tinuellement. Elles  sont  disposées  en  cyme,  et  celle  qui  s'é- 
panouit la  première  est  placée  à  l'angle  de  la  première  di- 
chotomie ;  ensuite  vient  celle  de  la  seconde  et  ainsi  de  suite. 
—  Il  fleurit  pendant  l'été  et  l'automne. 

Nature  du  soL  — r  Altitude.  —  Terrains  salifères  de  la 
plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  trouve  dans  le  midi  de  la 
France  et  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  habite  le  centre  de 
l'Europe  ,  le  Danemarck  ,  la  Gothie  ,  la  Norvège  ,  la  Suède 
€t  la  Finlande  australe,  ainsi  que  l'Angleterre  où  il  rencon- 
tre sa  limite  occidentale.  —  A  l'orient ,  il  vit  en  Suisse  ,  en 
Autriche  ,  en  Dalmatie  ,  en  Croatie ,  en  Hongrie  ,  on  Tran- 
sylvanie ,  en  Turquie,  eu  Tauride,  dans  le  Caucase,  en 


200  CHÉNOPODÈES. 

Géorgie  ,  dans  les  Russies  septentrionale ,  moyenne  et  aus- 
trale ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï ,  du  Baïkal  et 
orientale. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Midi  de  ritalie 40»     |  Écart  en  latitude  : 

Nord,  Norvège 68       ^  28« 

Occident ,  Angleterre 7  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  orientale 163  eJ  170" 

Carré  d'expansion 4760 

Chenopodium  Vulvaria,  Lin.  —  Cette  plante  infecte 
abonde  le  long  des  murs,  dans  les  rues  des  villages  et  sur 
les  décombres  et  les  ruines  des  lieux  habités.  Elle  traîne  de 
longues  tiges  rameuses ,  garnies  de  feuilles  ovales,  entières, 
ayant  un  aspect  glauque  dû  à  une  infinité  de  globules  gras 
ou  résineux  qui  sont  sans  doute  la  cause  de  son  odeur  insup- 
portable. Ses  fleurs  sont  ramassées  aux  aisselles  supérieures 
des  feuilles,  et  finissent  par  former  des  épis  interrompus.  Ses 
graines  sont  brillantes  et  ponctuées.  —  Elle  fleurit  pendant 
l'été  et  l'automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Terrains  salifères  et 
graveleux  de  la  plaine  et  des  montagnes  peu  élevées. 
M.  Boissier  la  cite  en  Espagne  dans  sa  région  monta- 
gneuse et  Ledebour  l'indique  dans  le  Taliisch  entre  800 
et  1,300"'. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  est  commune  en  France  , 
en  Espagne  et  surtout  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  elle  habite 
la  France ,  la  Belgique  ,  l'Allemagne  ,  le  Danemarck  ,  la 
Gothie ,  et  atteint  à  peine  la  Suède  ;  elle  est  en  Angleterre. 
—  A  l'occident ,  elle  croît  en  Portugal.  —  A  l'orient ,  elle 
végète  en  Suisse ,  en  Italie  ,  en  Sicile ,  en   Dalmatie ,  en 


CHENOPODIOI.  20  i 

Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce ,  en  Tur- 
quie ,  en  Tauride  ,  dans  le  Caucase ,  en  Géorgie  ,  dans  les 
Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie 34®      )  Écart  en  latitude  : 

Nord,  Golhie 56       i  22° 

Occident,  Portugal 10  0.  | Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47  E.  )  57» 

Carré  d'expansion 1254 

Chenopodium  Botrys,  Lin. —  Annuel  comme  les  autres, 
il  paraît  moins  domestique  et  s'éloigne  des  habitations  pour 
vivre  le  long  des  chemins  et  surtout  sur  les  alluvions  des  ri- 
vières ;  il  forme,  par  les  nombreuses  ramifications  de  ses  ti- 
ges, de  petits  buissons  ou  de  petites  pyramides  assez  élégan- 
tes, à  feuilles  pinnatifides,  couvertes  de  petites  glandes 
pubescentes  qui  lui  donnent  une  odeur  aromatique  assez 
agréable.  Ses  lleurs  sont  disposées  en  cymes  sur  des  grappes 
allongées.  —  Il  lleurit  en  été  et  en  automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  préfère  les  terrains 
siliceux  et  sablonneux  de  la  plaine  ,  mais  il  remonte  dans 
les  vallées  à  une  assez  grande  altitude  ;  M.  de  Candolle  le 
cite  à  1,600™  dans  le  val  Saint-Nicolas. 

Géographie.  — Au  sud  ,  il  végète  en  France  ,  en  Espa- 
gne et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  il  habite  quelques  parties 
de  l'Allemagne  etatteint  même  la  Podolie.  — A  l'occident, 
il  vit  en  Portugal.  —  A  l'orient,  on  le  rencontre  en 
Suisse  ,  en  Autriche  ,  en  Italie  ,  en  Sicile  ,  en  Croatie  ,  en 
Hongrie  ,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce  ,  en  Turquie,  en  Tau- 
ide,  dans  lo  Caucase,  en  Géorgie,  en  Arménie,  dans  les 


202  XllÉNOPODÉES. 

Russies  moyenne  et  australe,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural 
et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce, 

Sud ,  Algérie. .....,,.. 35°      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  VoôoVie 49       i  U° 

Occident,  Portugal ...» 11  0.  j  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sihérie  allaïque 90   E.  j  101° 

Carré  d'expansion 14l4 

G.  BLITOM,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  On  connaît 
1 1  lilitum  dont  5  croissent  en  Europe  ,  surtout  dans  le  sud 
et  le  centre.  — 2,  asiatiques,  sont  indigènes  de  la  Sibérie  et 
de  la  ïartarie.  —  2  croissent  à  la  Nouvelle-Hollande.  — 
Et  2  dans  l'Amérique  du  nord ,  dans  l'Etat  du  Missouri. 

Blitum  virgatum.  Lin.  —  Il  est  annuel  et  croît  dans 
les  champs  et  sur  le  bord  des  chemins.  Ses  tiges  sont  dres- 
sées, un  peu  faibles,  glabres,  anguleuses  et  feuillées  dans 
toute  leur  longueur.  Les  feuilles  sont  alternes,  lisses,  d'un 
vert  foncé  ,  lancéolées  ,  un  peu  triangulaires ,  ponctuées  , 
dentées  ,  et  dégénèrent  en  bractées  placées  sous  des  glo- 
mérules  axillaires  qui  réunissent  les  fleurs.  Ces  glomérules 
sont  composés  de  fleurs  monoïques  dont  les  femelles  sont 
placées  près  du  sommet  et  les  mâles  en  dessous.  — 
Immédiatement  après  la  fécondation  ,  les  périgones  rou- 
gissent, deviennent  succulents,  et  forment,  par  leur  réunion, 
un  fruit  composé  qui  a  l'apparence  d'une  fraise;  après  la 
maturation  ,  la  semence  se  dégage  du  périgone  charnu  et 
coloré  ;   elle   mûrit  ensuite  à  découvert ,   en  prenant  une 


BLITDM.  203 

teinte  noire  ;  enfin  elle  se  sème  séparée  de  toute  enveloppe. 
—  Il  fleurit  en  juin  ,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Terrains  salifères  ou 
sablonneux  de  la  plaine  et  des  montagnes.  De  Candolle  l'in- 
dique à  0  à  Abbe\ille  et  à  Montpellier,  à  1,400™  à  Lans- 
le-Bourg.  Ledebour  le  cite  dans  le  Caucase,  entre  1,200 
et  2,700™  ,  et  dans  le  Taliisch  entre  1 ,600  et  2,000™. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  ce  Blilum  existe  en  France , 
en  Espagne  ,  en  Algérie  jusque  dans  les  cultures  arrosées 
des  oasis.  —  Au  nord,  il  se  trouve  en  Belgique  ,  en  Alle- 
magne ,  en  Danemarck  ,  en  Gothie,  en  Norvège ,  en  Suède, 
en  Finlande.  —  A  l'occident,  il  reste  en  Espagne  et  en 
Algérie.  —  A  l'orient ,  il  croît  en  Suisse  ,  en  Autriche  ,  en 
Piémont,  en  Transylvanie,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase, 
en  Géorgie,  dans  le  Taliisch,  dans  les  Russies  septentrio- 
nale, moyenne  et  australe,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de 
l'Altaï.  —  Pallas  cite  celle  plante  le  17  juin  1774, 
près  de  Moscou ,  à  Novo-Choperskaïa-Kriepost  ;  elle  était 
accompagnée  des  Gypsophila  muralis,  Linum  perenne ,  Hes- 
jieris  tristis.  Géranium  sanguineum ,  G.  palustre. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie 35°      ) Ecart  en   latitude  : 

Nord ,  Finlande 61        j  26« 

Occident ,  Espagne 6  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  altaïquc 00   E.  j  96** 

Carré  d'expansion 2406 

Blitum  bgnus-Henricus  ,  Meyer.  —  Si  cette  espèce  est 
aussi  commune  que  les  autres  Chénopodées  le  long  des  che- 
mins et  autour  des  habitations,  on  la  trouve  aussi  loin  du 
féjour  dos  hnmmrs,  dntis  les  bois  et  dans  les  hautes  vallées 


204  CllÊNOPODÉES. 

des  montagnes.  C'est  une  plante  vivace ,  à  racines  vigou- 
reuses ,  qui  pousse  plusieurs  tiges  fermes  et  striées ,  garnies 
(le  feuilles  triangulaires  et  hastées.  Ses  fleurs  naissent  en 
épis  axillaires  et  en  épis  terminaux  non  feuilles.  Les  stig- 
mates, papillaires,  sont  saillants  hors  du  périgone  long- 
temps avant  que  les  5  étamines  des  fleurs  mâles  soient  en 
état  de  répandre  leur  pollen.  Après  la  fécondation ,  le  péri- 
gone des  fleurs  femelles  se  resserre  et  les  semences  sont 
toutes  redressées.  —  Il  fleurit  pendant  une  grande  partie 
de  l'année. 

Nature  du  sol,  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  ter- 
rains gras,  fertiles  et  salifères,  et  croît  en  plaine  près  des 
habitations.  Il  est  essentiellement  domestique  ,  et  suit 
l'homme  et  les  animaux  partout,  même  à  une  grande  élé- 
vation. Nous  le  trouvons  en  Auvergne  à  1,600™  dans  les 
vallées  du  Mont-Dore  ,  et  à  1 ,860™  sur  le  plomb  du  Cantal. 
De  Candolle  le  cite  à  30™  à  Angers  et  à  2,000™  dans  les 
Alpes  et  les  Pyrénées.  Wahlenberg  dit  aussi  que  dans  la 
Suisse  on  le  trouve  jusque  près  des  chalets  les  plus  élevés,  et 
à  l'entrée  des  grottes  et  des  cavernes  où  les  troupeaux  s'abri- 
tent pendant  la  nuit. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France  ,  dans  les 
Pyrénées,  en  Espagne,  dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Sicile. 
—  Au  nord  ,  il  est  répandu  dans  toute  l'Europe  centrale  , 
dans  leDanemarck ,  la  Gothie ,  la  Norvège,  dans  la  Suède  et 
la  Finlande  australes,  en  Angleterre  et  en  Irlande  où  il  a 
sa  limite  occidentale,  et  où  déjà,  pent-ètre ,  il  est  natura- 
lisé comme  d.ins  l'Amérique  du  nord. —  A  l'orient,  il 
occupe  la  Suisse  ,  la  Dalmatie ,  la  Croatie  ,  la  Hongrie  ,  la 
Transylvanie,  la  Grèce  ,  la  Turquie,  les  Russies  septentrio- 
nale, moyenne  et  australe,  la  Sibérie  de  TOural  et  la  Da- 
hurio. 


BLITUM.  205 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Sicile 38''      | Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 62       j  24° 

Occident,  Irlande 12  O.  j  Ecart  en  longitude: 

Orient,  Dahurie 112  E. J  124° 

Carré  d'expansion 2976 

Blitcm  rubrum  ,  Rchb.  —  Il  s'éloigne  souvent  des  ha- 
bitations, et  vit  dispersé  sur  les  sables  des  rivières.  Il  est 
annuel  ;  sa  tige  est  droite ,  glabre  ,  striée  ;  ses  feuilles  sont 
rhomboïdales,rougeâtresetprofondémentdentées,  brillantes. 
Ses  lleurs  sont  réunies  en  épis  entremêlés  de  feuilles  plus 
petites  ou  de  bradées  qui  s'écartent  de  la  tige  centrale , 
surtout  dans  le  bas  de  la  plante.  La  semence  est  placée  ho- 
rizontalement dans  la  fleur  terminale  de  chaque  glomérulc. 
—  Il  fleurit  en  été  et  en  automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  — Il  préfère  les  terrains  sa- 
blonneux de  la  plaine  et  les  sables  maritimes. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France,  en  Corse  , 
en  Italie  et  en  Grèce.  —  Au  nord  ,  il  est  répandu  dans  tout 
le  centre  de  l'Europe  ,  en  Dcnemarck ,  en  Gothie  ,  en  Nor- 
vége  ,  dans  la  Suède  et  la  Finlande  australes,  en  Angle- 
terre et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  on  le  trouve  en  Amé- 
rique ,  dans  le  Saskatchawan ,  à  Terre-Neuve ,  à  la  côte 
nord-ouest.  —  A  l'orient ,  il  vit  en  Suisse  ,  en  Autriche  , 
en  Hongrie ,  en  Croatie ,  en  Transylvanie ,  en  Grèce ,  en 
Turquie  ,  dans  le  Caucase,  dans  les  Russies  septentrionale, 
moyenne  et  australe,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï, 
du  Baïkal ,  et  dans  la  Dahurie. 


200  CHÉNOIODKES. 

Limites  (Texlension  de  l'espèce. 

Sud  ,  Grèce 39°      •\  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 62       )  23® 

Occident,  Amérique 160  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Dahurie 118  eJ  278« 

Carré  d'expansion 6394 

Blitum  GLAUciJM ,  Koch.  —  On  le  rencontre  sur  les 
bords  des  chemins,  près  des  lieux  habités,  dans  les  rues 
des  villages  et  dans  les  marais  salés.  Il  est  annuel  ;  ses  tiges 
sont  longues,  un  peu  couchées,  rameuses,  cannelées,  et 
rayées  de  vert  et  de  blanc ,  quelquefois  striées  de  rouge  et 
luisantes.  Ses  feuilles  sont  obtuses ,  entières  ou  légèrement 
sinuées ,  vertes  en  dessus  et  glauques  en  dessous.  Les  (leurs, 
réunies  en  glomérules ,  forment  tantôt  de  petites  grappes 
rameuses  et  axillaires ,  tantôt  des  épis  terminaux  qui  dé- 
passent les  feuilles.  Les  semences  situées  horizontalement, 
sont  plus  nombreuses  que  celles  qui  sont  verticales.  —  Il 
fleurit  à  la  fin  de  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
sablonneux  et  salés  des  plaines,  et  s'élève  peu  dans  les  mon- 
tagnes. 

Géographie.  —  Au  sud  on  le  trouve  en  France  et  dans 
le  midi  de  l'Espagne.  —  Au  nord  ,  il  végète  en  France  ,  en 
Belgique,  en  Allemagne,  en  Danemarck ,  en  Gothie,  dans 
la  Norvège,  la  Suède  et  la  Finlande  australes  ;  il  existe  aussi 
en  Angleterre  oii  il  trouve  sa  limite  occidentale ,  quoique 
naturalisé  sur  quelques  points  de  l'Amérique  du  nord.  — 
A  l'orient,  il  est  en  Suisse,  en  Autriche,  eh  Italie,  en 
Hongrie  ,  en  Croatie  ,  en  Transylvanie ,  en  Tauride  ,  dans 
le  Caucase,  dans  les  Russies  septentrionale,  moyenne  et 


BETA .  207 

austraîe;  dans  les  Sibériesde  l'Oural,  de  l'Altaï  et  do  Baïkal, 
et  dans  la  Dahurie.  Il  croît  aussi  au  cap  de  Bonne-Espérance 
et  à  la  Nouvelle-Zélande. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  midi  de  l'Espagne 36o      |  Écart  en  latitude  : 

Nord,  Finlande. 61       i  25^ 

Occident,  Angleterre 7  0.  [Écart  en  longitude: 

Orient ,  Dahurie 193  E.  (  SOO» 

Carré  d'expansion 5000 

o.  BETA ,  Lin. 

Ce  petit  genre  ne  renferme  que  7  espèces ,  dont  5  sont 
européennes.  —  2,  asiatiques,  croissent  dans  le  Caucase  et 
aux  [ndcs  orientales.  —  La  septième  est  originaire  de 
Madère. 

Beta  vulgaris  ,  Lin.  —  Nous  n'avons  que  la  variété 
maritima  de  cette  espèce.  Elle  croît  dans  les  lieux  arrosés 
par  les  eaux  minérales,  où  elle  enfonce  sa  racine  pivotante 
et  bisannuelle.  Elle  donne  d'abord  des  feuilles  radicales 
vertes  ,  ovales ,  épaisses  et  fortement  nervées  et  pétiolées , 
et,  plus  tard,  une  tige  dressée,  sillonnée,  peu  rameuse,  qui 
est  terminée  par  de  petites  (leurs  verdàtres ,  réunies  en 
glomérules  sessiles  qui  sont  eux-mêmes  disposés  en  épis, 
et  entremêlés  de  feuilles  dont  les  dimensions  vont  en  dimi- 
nuant à  mesure  qu'elles  approchent  de  l'extrémité  des  ra- 
meaux. —  Lors  de  la  lloraison,  les  anthères  restent  abritées 
sous  les  lobes  du  périgone  et  attachées  sur  un  disque  charnu  : 
elles  répandent  leur  pollen  sur  deux  stigmates  papillaires. 


208  CnÉXOPODLES. 

presque  sessiles  sur  l'ovaire.  Dès  l'épanouissemcnl,  les  fleurs 
se  soudent  enlr'elies,  et  pendant  la  maturation  la  soudure 
augmente  ,  le  glomérule  devient  presque  charnu  ;  la  base  du 
périgone  est  réuni  intimement  au  fruit,  qui  tombe  soudé  et 
qui  contient,  pour  chaque  fleur,  une  semence  aplatie  et 
horizontale.  —  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Allilude.  —  Il  recherche  les  terrains 
salifères  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  rencontre  ce  Bêla  en  France, 
en  Espagne,  en  Algérie  dans  un  grand  nombre  de  loca- 
lités, en  Egypte  et  aux  Canaries.  —  Au  nord  ,  il  croît  en 
Belgique ,  en  Allemagne,  en  Danemarck  et  en  Russie  jus- 
que près  de  Saint-Pétersbourg;  il  est  aussi  en  Angleterre  , 
en  Irlande,  aux  Orcades  et  aux  Shetland.  — A  l'occident, 
il  reste  en  Irlande  et  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  végète 
en  Italie,  en  Sicile,  en  Dalmatie,  en  Grèce,  en  Turquie  , 
dans  le  Caucase,  en  Géorgie  ,  sur  les  bords  de  la  Caspienne 
et  dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Egypte 30°      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Russie ô9       i  29« 

Occident,  Irlande 12  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 4"    E.  i  o9° 

Carré  d'expansion 1711 

G.    ATSIFLEXi  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Plus  de  60  Atri- 
plex  sont  dispersés  sur  la  terre.  —  21 ,  européens,  recher- 
chent surtout  les  rivages  de  l'Europe  australe,  de  l'Espagne, 
du  Portugal ,  de  la  Provence,  de  la  Grèce  et  de  l'Italie.  — 


ATRIPLEX.  209 

16  espèces  asiatiques  croissent  en  grande  partie  dans  les 
terrains  salifères  de  la  Sibérie ,  aux  Indes  orientales  et  dans 
le  Caucase.  —  L'Amérique  septentrionale  en  a  7,  du  Mexi- 
que ,  de  la  Nouvelle-Grenade  et.  des  Etats-Unis.  — On  n'en 
connaît  encore  que  3  dans  l'Amérique  méridionale ,  du 
Chili  et  de  Monte- Video.  —  On  en  cite  7  en  Afrique  :  aux 
Canaries  ,  en  Egypte  ,  en  Lybie  ,  en  Numidie  et  au  cap  de 
Bonne-Espérance.  —  1  espèce  vit  aux  îles  Sandwich  et  6  à 
la  Nouvelle-Hollande, 

Atriplex PATULA  ,  Lin.  — On  le  trouve,  comme  les  au- 
tres Chénopodées,  au  milieu  des  décombres,  sur  le  bord  des 
chemins  et  des  fossés ,  autour  des  habitations  et  des  fumiers. 
Il  est  annuel,  et  ses  tiges  rameuses,  à  rameaux  divariqués, 
s'étendent  sur  le  sol.  Ses  feuilles  sont  étroites,  sagittées, 
lancéolées,  linéaires,  entières  ou  irrégulièrement  dentées. 
La  plante  est  tantôt  monoïque  ,    tantôt  et  plus  souvent 
dioïque  ;  ses  fleurs  sont  petites  et  disposées  en  épis  grêles 
au  sommet  de  la  tige  ou  des  rameaux.  Lors  de  la  dissémi- 
nation ,  on  distingue  ,  dit  Vaucher ,  deux  sortes  de  semences 
dans  cette  espèce  à' Atriplex ,  les  unes  renfermées  dans  des 
périgones   bivalves,    allongés,  triangulaires   et  fortement 
dentés;  les  autres  contenues  jusqu'à  pleine  maturité  dans 
leur  périgone  seulement  eutr'ouvert ,  avec  lequel  elles  tom- 
bent, et  qui  appartiennent  aux  fleurs  hermaphrodites  restées 
fertiles.  La  dissémination  a  lieu  en  automne.  La  semence 
de  la  fleur  hermaphrodite  tombe  avec  son  périgone  à  3  à 
5  divisions  et  son  utricule  comprimée,  et  la  fleur  femelle 
avec  ses  deux  valves  et  sa  semence  comprimée.  —  C'est 
une  forme  bien  remarquable ,  continue  Vaucher ,  que  celle 
des  fleurs  des  Atriplex  de  cette  division ,  les  unes  ayant 
un  périgone  bifide ,  les  autres  ayant  un  périgone  de  3  à 
VIII  1'* 


210  CUÉNOI'ODÉES. 

5  divisions;  les  unes  mâles,  sans  ovaire  visible  ;  les  autres 
hermaj)lirodites,  à  semences  plus  ou  moins  ovoïdes,  les  der- 
nières femelles  avec  des  semences  comprimées  ;  mais  au  mi- 
lieu de  ces  formes  bizarres  et  qui  dépendent  d'avortements 
nombreux ,  la  semence  conserve  sous  ses  deux  formes  la 
môme  organisation  intérieure.  »  (T.  4-,  p.  26).  —  11  fleurit 
en  été  et  en  automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Terrains  salifères  de  la 
plaine,  mais  pouvant  s'élever  dans  les  montagnes  avec 
l'homme  et  les  animaux  jusqu'aux  chalets  les  plus  hauts. 

Géographie.  —  Au  sud,  on  le  trouve  en  France,  en 
Espagne  et  en  Barbarie.  —  Au  nord,  il  existe  dans  toute 
l'Europe  centrale  et  dans  toute  la  Scandinavie,  la  Laponie 
exceptée ,  en  Angleterre  ,  en  Irlande ,  aux  archipels  anglais  , 
aux  Feroë  et  en  Islande.  —  A  l'occident,  il  vit  en  Portugal , 
en  Amérique  sur  les  bords  de  la  Walla-Wallah  ,  dans  les 
vallées  des  montagnes  Bleues  et  sur  la  côte  nord-ouest.  — 
A  l'occident ,  il  habite  la  Suisse  ,  l'Italie  ,  la  Sicile  ,  la  Dal- 
matie ,  la  Croatie ,  la  Hongrie ,  la  Transylvanie ,  la  Grèce,  la 
Turquie,  la  Tauride,  le  Caucase,  la  Géorgie,  les  Russies 
septentrionale,  moyenne  et  australe  ,  les  Sibéries  de  l'Ou- 
riil ,  de  l'Altaï  et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 34"      | Écart  en  latitude  . 

iN^orrf,  Islande GG       1  32° 

*  Occident ,  Amérique IGO  O.  ^  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  du  Baïkal.  . . .    ilG   E.  |  276° 

Carré  d'expansion 8832 

Atriplex  LATiFOLiA,  Wahl.  —  Plante  annuelle  qui 
végète  sur  le  bord  des  fossés,  dans  le  voisinage  des  eaux 


ATRIPLEX.  21  t 

minérales  et  des  fumiers.  Sa  tige  est  droite,  anguleuse,  ra- 
meuse et  diffuse,  garnie  à  sa  base  de  longs  rameaux  très- 
ouverts  et  couchés  sur  le  soi.  Ses  feuilles  sont  pétiolées, 
larges,  triangulaires,  dentées  et  très-glabres.  Ses  fleurs 
sont  réunies  en  glomérules ,  et  sont  munies  de  valves  sémi- 
nales très-grandes,  deltoïdes,  et  denticulées  sur  leur  ner- 
vure dorsale.  —  Elle  fleurit  en  été  et  en  automne. 

Nature  du  sol.  —  Allilude.  —  Terrains  salifères  de  la 
plaine. 

Géographie,  —  Au  sud,  on  la  trouve  en  France,  en  Es- 
pagne ,  en  Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord  elle  est  dissémi- 
née dans  l'Europe  centrale  ,  dans  toute  la  Scandinavie ,  jus- 
qu'à Hammerfest  et  à  Mageroë ,  sans  aborder  ni  l'Angle- 
terre ni  ses  îles ,  mais  elle  se  trouve  aux  Feroë.  —  A  l'occi- 
dent, elle  croît  en  Portugal .  — A  l'orient,  elle  se  rencontre  en 
Suisse,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce, 
en  Turquie ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase  ,  en  Géorgie,  dans 
les  Russies  septentrionale ,  moyenne  et  australe ,  dans  les 
Sibérie  de  l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Sicile 38»      ^  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Mageroë 71        j  33' 


0 


e: 


Occident ,  Feroë 9  O.  |  Écart  en  longitud 

Orient ,  Sibérie  de  l'Altaï 97   E.  j  106« 

Carré  d'expansion 3498 

Atrïplex  rosea,  Lin.  —  Il  est  annuel  et  habite,  comme 
les  •àuiiQ?»  Atriflex ,  le  voisinage  des  eaux  minérales  et  des 
fumiers,  ainsi  que  les  lieux  cultivés.  Sa  tige,  ligneuse  à  la 
base  ,  est  ronde,  rameuse  et  couchée  sur  le  sol.  Ses  feuilles 
sont  glauques  et  presque  blanches,  éparses,  à  peine  pétio- 


212  CHÉNOPODÉES. 

lées ,  ovales  ou  rhomboïdales,  et  très-inégalement  dentées. 
Les  fleurs  sont  petites  et  groupées  sur  les  dernières  divisions 
de  la  tige.  Les  fruits  sont  verticillés  ,  blanchâtres ,  composés 
de  2  valves  dentées  et  contenant  une  seule  graine  orbicu- 
laire  et  comprimée.  —  11  fleurit  en  automne. 

Nature  du  sol.  —  AJlilude.  —  11  préfère  les  terrains 
salifères,  gras  et  fertiles  de  la  plaine  ,  mais  il  peut  s'élever 
jusqu'à  1,000™  dans  les  contrées  les  plus  chaudes  de  l'Eu- 
rope. 

Géographie,  —  Au  sud  ,  cet  Atriplex  est  assez  commun 
en  France,  en  Espagne  et  en  Barbarie.  —  Au  nord  ,  il  est 
disséminé  en  France,  en  Belgique,  en  Allemagne,  en  Da- 
nemarck ,  en  Finlande ,  en  Gothie ,  en  Angleterre ,  aux  Hé- 
brides et  aux  Shetland. — A  l'occident,  il  croît  en  Portugal. 

A  l'orient,  on  le  trouve  en  Autriche,  en  Italie ,  en  Sicile, 

en  Hongrie ,  en  Croatie ,  en  Transylvanie ,  en  Grèce  ,  en 
Turquie,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  en 
Arabie  ,  en  Syrie,  dans  le  désert  de  El-Tor  près  du  Sinaï, 
dans  les  Russies  septentrionale ,  moyenne  et  australe ,  dans 
les  Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Linàles  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Syrie 32»      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Finlande G1        i  29° 

Occident ,  Portugal 10  0.)  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  altaïque 97   E,  (  107*^ 

Carré  d'expansion 3103 


POLYGONÉES.  213 


FAMILLE  DES  POLYGONEES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 


Latitude.  Longitude. 

NigntJe 0" à  10»  18°  0.  à    5»  E.  1 

Abyssitiie 10  à  16  32   E.  à  41  E.  1 

Algérie. .    33  à  36  5  O.  à    6  E.  1 

Roy.  de  Grenade. . .   36  à  37  5  0.  à    8  O.  1 

Sicile 37  à  38  10  E.  à  13  E.  1 

Portugal 37  à  42  9  0.  à  11  0.  1 

Royaume  de  Naples.  38  à  42  11   E.  à  16  E.  1 

Caucase 40  à  44  35   E.  à  48  E.  1 

Tauride 43  à  46  31   E.  à  34   E.  1 

Plateau  central ....   44  à  47  0        à    2  E.  1 

France 42  à  51  7  0.  à    6  E.  1 

Russie  méridionale. .   47  à  50  22  E.  à  49  E.  1 

Allemagne 45  à  55  2   E.  à  14  E.  1 

Carpathes 49  à  50  19  E.  à  22  E.  1 

Angleterre 50  à  58  1    O.  à    7  O.  1 

Russie  moyenne  —   50  à  60  17   E.  à  58    E.  1 

Scandinavie  entière.   55  à  71  3   E.  à  29   E.  1 

Danemarck 52  à  57  7    E.  à  12   E.  1 

Golbie 55  à  59  10  E.  à  15  E.  1 

Suède 55  à  69  10   E.  à  22   E.  1 

Norvège 58  à  71  2  E.  à  10  E.  1 

Russie  septentr'''. . .   60  à  66  19   E.  à  57   E.  1 

Finlande 60  à  70  18  E.  à  28  E.  1 

Laponie 65  à  71  14  £.  à  40  E.  1 

Europe  entière..  , 1 


937 

139 

129 

111 

92 

94 

85 

82 

88 

63 

106 

60 

89 

71 

59 

52 

58 

52 

48 

44 

64 

58 

55 

65 

131 


214  FOLYGONÉES. 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 


Latitude.  Longitude. 

Irlande 51° à  55°  7°0.  à    13»0. 

Angleterre 50  à  58  1   0  à      7  0. 

Allemagne 45  à  55  2   E.  à    14  E. 

Russie  moyenne  .   50  à  GO  17  E.  à    58  E. 

Sibérie  de  lOural.  44  à  67  *  55  E.  à    74   E. 

Sibérie  altaïque..   44  à  67  66  E,  à    97  E. 

Sibérie  du  Baïkal.  49  à  67  93   E.  àl16   E. 

Daburie 50  à  55  110   E.  à  119   E. 

Sibérie  orientale.   56  à  67  111    E.  à  163  E. 

Sibérie  arctique..   67  à  78  60  E.  à  161   E. 

Kamtscbatka 46  à  67  148   E.  à  170  E. 

Pays  des  Tscbukbis.               »  155  E.  à  175  O. 

Iles  de  l'Océan  or^^  51  à  67  170  E.  à  130  O. 

Amérique  russe..   54  à  72  170  O.  à  130  E. 


Tableau  des  proportions  relaiives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 


Latitude. 

Roy.deGr"'%rég.alp.  etniv.  36° à  37° 

Roy.deGrenade,rég. niv.  36  à  37 

Pyrénées 42  à  43 

Pyrénées  élevées 42  à  43 

Pic  du  Midi  de  Bagnères. .  » 

Plat,  central, rég.montagn.  44  à  47 

Plateau  central,  sommets,  44  à  47 

Alpes 45  à  46 

Alpes  élevées 45  à  46 


46 

59 

89 

52 

46 

47 

41 

39 

35 

.  15 

.  64 

:  37 

:  49 

:  37 

Altitude  en  mètres. 

1500  à  3500  1 • 

162 

2500  à  3500  1  • 

122 

500  à  2700  1 

108 

1500  à  2700  1 

79 

»  1 

:  75 

500  à  1900  1 

71 

1500  à  1900  1 

51 

500  à  2700  1 

131 

1500  à  2700  1 

.  88 

PKOi'ORTIONS  RELATIVES.  215 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 

Latitude.  Longitude. 

Iles  du  Cap-Yert. .    12»à  14°       240O.  à  27°0.  1:269 

Canaries 28  à  30         15  O.  à  20  0.  1  :  67 

Hébrides 57  à  58          8  0.  à  10  O.  1  :  37 

Orcades 59                    5  O,  à  6  0.  1  :  36 

Shetland 60  à  61           3  0.  à  4  0.  1  :  28 

Feroë 62                     9  0.  1  :  27 

Islande 64  à  66         16  O.  à  27  0.  1  :  37 

IMageroë 71                   24  E.  1  :  37 

Spitzberg 79  à  80         10  E.  à  20  E.  1  :  38 

lie  Melville 76                 114  O.  1  :  33 

lie  J.  Fernandez.  .   33  à  40S.     76  0.  0:  0 

Nouv.Zélande(nord).  35  à  42S.  171  O.  à  176  0.  1  :  101 

Malouines 52  S.              59  O.  à  65  O.  1  :  41 

Les  Polygonées  sont  assez  nombreuses,  et  s'étendent  dans 
toutes  les  régions  tempérées  du  globe.  Elles  sont  cependant 
plus  abondantes  sur  l'ancien  continent  que  sur  le  nouveau, 
où  plusieurs  espèces  tropicales  deviennent  arborescentes.  — 
En  Europe,  où  elles  font  1/131  de  la  végétation,  elles  attei- 
gnent leur  maximum  1  /44 ,  et  1  /48  en  Suède  et  en  Gothie, 
et  elles  restent  encore  prépondérantes  en  Russie,  en  Finlande 
et  en  Angleterre. Elles  diminuent  plus  rapidement  vers  le  midi 
que  vers  le  nord,  et  disparaissent  dans  l'Afrique  tropicale. 
—  Dans  le  sens  des  longitudes,  elles  se  comportent  un  peu 
comme  les  Chénopodées,  c'est-à-dire  que  leur  nombre 
augmente  à  l'est,  mais  en  même  temps  la  latitude  élevée 
vient  y  ajouter  son  iniluence  à  tel  point ,  que  de  1/131 ,  la 
moyenne  de  l'Europe,  ces  plantes  arrivent  à  1/47,  1/46 
et  à  1/41  dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï  et  du 
Baïkal ,  à  1/39  en  Dahurie  et  même  à  1/15  dans  la  Sibérie 


216  POLl'GONÉES. 

arctique,  en  sorte  que  leur  plus  grand  développement  numé- 
rique est  dans  le  nord  de  l'Asie.  —  Dans  les  montagnes, 
les  Polygonées  remplacent  les  Chénopodées  qui  n'y  parvien- 
nent pas,  et  leur  nombre  augmente,  sans  exception,  à 
mesure  que  l'on  s'élève.  —  Dans  les  îles,  ces  plantes  se 
trouvent  aussi  en  nombre  plus  considérable  que  sur  les  con- 
tinents voisins ,  les  îles  océaniques  agissant  dans  le  même 
sens  que  les  îles  atmosphériques. 

G.  RUMEX ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Le  nombre  des 
Rumex  connus  est  d'environ  120,  et  c'est  l'Europe  qui  est 
leur  principale  patrie.  On  y  compte  44  espèces,  très-dis- 
persées  partout,  depuis  les  bords  de  la  Méditerranée  jus- 
que dans  les  régions  arctiques.  — Après  l'Europe,  vient 
l'Afrique,  avec  28  à  30  Rumex,  dont  une  moitié  est  groupée 
au  Cap,  tandis  que  les  autres  sont  en  Egypte,  en  Abyssinie, 
en  Barbarie  et  aux  Canaries.  —  Les  asiatiques  ,  au  nombre 
de  23,  sont  principalement  des  parties  froides  de  ce  grand 
continent  :  de  la  Sibérie,  du  nord  de  la  Chine,  du  Kamts- 
chatka,  ou  de  l'Asie  mineure,  de  l'Orient,  de  l'Arabie, 
d'Alep  ou  du  Caucase.  Quelques-uns  seulement  croissent 
aux  grandes  Indes  et  au  Népaul.  — L'Amérique  du  sud  en 
a  11  :  du  Brésil ,  du  Pérou,  du  Chili ,  de  Buenos-Aires  et 
même  de  Magellan.  —  10  seulement  sont  connus  dans 
l'Amérique  du  nord,  dans  la  Californie,  la  Louisiane  et 
les  autres  parties  des  Etals-Unis.  —  4  Rumex  existent  à  la 
Nouvelle-Hollande,  à  la  terre  de  Van-Diemen  et  à  la  Nou- 
velle-Zélande. 

Rumex  maritimis.  Lin,  —  Il  végète  sur  le  bord  des 


RUMEX.  217 

eaux ,  sur  le  sable  des  rivières ,  dans  les  lieux  qui  ont  été 
inondés  pendant  l'hiver.  Il  est  annuel  ou  bisannuel  ;  sa 
racine  est  dure  et  d'un  beau  rose.  Sa  tige  est  droite  et 
rameuse  ;  ses  feuilles  sont  lancéolées  ,  linéaires  ,  entières  et 
presque  sessiles.  Les  fleurs  sont  nombreuses ,  verdàtres , 
axillaires,  et  occupent  à  peu  près  toute  l'étendue  de  la  tige. 
Les  valves  séminales  ont  des  dents  allongées  en  forme  de 
scie,  qui  font  paraître  les  glomérules  hérissés.  —  Il  fleurit 
en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  accepte  tous  les  ter- 
rains, mais  il  préfère  ceux  qui  sont  siliceux  et  sablonneux,  et 
reste  dans  les  plaines. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  trouve  ce  Rumex  en  France, 
en  Espagne  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  végète 
en  France,  en  Belgique,  en  Allemagne,  en  Danemarck, 
en  Gothie,  en  Norvège,  dans  la  Suède  australe  où  il  vit 
sur  les  bords  de  la  mer,  en  Angleterre  et  en  Irlande  où  il 
a  sa  limite  occidentale.  —  A  l'orient,  il  est  en  Suisse,  en 
Autriche,  en  Hongrie,  en  Transylvanie  ,  en  Tauride,  dans 
le  Caucase ,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe ,  dans  les 
Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  midi  de  l'Italie 40*^      1  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 68       )  28» 

Occident ,  Irlande 12  O.  ^  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  altaïque 93   E.j  101^ 

Carré  d'expansion 2996 

Rumex  conglomérâtes,  Murr.  —  On  le  rencontre  sur  le 
bord  des  fossés  et  des  ruisseaux,  dans  les  lieux  humides.  Il 


218  POLYGONÉES 

est  vivace;  sa  racine  est  droite,  ligneuse  et  profonde;  sa 
tige  est  striée ,  peu  rameuse  ;  ses  feuilles  sont  lancéolées  , 
très-aiguës ,  et  dégénèrent  en  pétiole.  Les  fleurs ,  verdâ- 
tres  ou  rougeâtres ,  sont  verticillées  sur  les  rameaux  supé- 
rieurs 011  elles  simulent  des  couronnes  suspendues.  Les 
valves  intérieures  du  périgone  sont  dentées  sur  les  bords 
et  tuberculeuses  à  leur  base.  —  [I  fleurit  à  la  fin  de  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  re- 
cherche les  sols  mouillés  des  plaines  et  des  basses  montagnes. 
M.  Boissier  le  cite  jusqu'à  1,000'"  dans  le  midi  de  l'Es- 
pagne. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France,  en  Espagne, 
en  Algérie  dans  la  plaine  de  Lambèze  et  dans  les  cultures 
arrosées  des  oasis  (Cosson).  —  Au  nord,  il  croît  en  Belgique, 
en  Allemagne  ,  en  Danemarck ,  en  Gothie ,  en  Angleterre , 
aux  Orcades  et  aux  Shetland.  — A  l'occident,  il  se  trouve  en 
Portugal  ;  il  est  aussi  naturalisé  en  Amérique.  —  A  l'orient, 
il  existe  en  Suisse,  en  Autriche,  en  Italie,  en  Sicile,  en 
Hongrie ,  en  Dalmatie ,  en  Croatie ,  en  Transylvanie  ,  dans 
le  Caucase ,  dans  les  llussies  moyenne  et  australe. 

Limites  d^exiension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 2X^      |  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Saint-Pétersbourg CO       1  26° 

Occident ,  Portugal 1 0  0.  i  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Caucase 46  E.  i  56» 

Carré  d'expansion 1456 

UuMEx  SANGUiNEus,  Lin.  —  II  habite  les  fossés,  les  bords 
des  étangs  et  des  rivières ,  les  bois  ombragés  et  marécageux. 
II  est  vivace  ;  sa  tige  est  droite  ,  d'un  brun  pourpré ,  simple 


RUMEX.  219 

OU  rameuse  au  sommet  seulement.  Ses  feuilles  sont  alternes, 
lancéolées ,  ponctuées ,  à  pétiole  rougeâtre  et  à  nervures 
très-ramifiées.  Les  (leurs,  petites,  verdàtres  ou  rougeâtres, 
sont  disposées  en  épis  allongés,  composés  eux-mêmes  de 
verticilles  superposés.  —  Il  lleurit  à  la  fin  de  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Aquatique  et  indifférent, 
reste  en  plaine  ou  dans  les  montagnes  peu  élevées. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  habite  la  France  et  la  Grèce. 
—  Au  nord,  il  se  trouve  en  France  ,  en  Belgique ,  en  Alle- 
magne, en  Bavière  ,  en  Danemarck,  en  Gothie  ,  en  Angle- 
terre et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  il  existe  en  Amérique  , 
à  Terre-Neuve ,  en  Virginie,  en  Pensylvanie,  au  Canada, 
jusqu'au  64®.  —  A  l'orient,  il  végète  en  Suisse,  en  Autriche, 
en  Croatie,  en  Transylvanie  ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie, 
dans  le  Taliisch,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Grèce 38"      <  Écart  en  latitude  ; 

Nord ,  Canada 64       '  26° 

Occident ,  Canada 75  0.  |  Ecart  en  longitude  ; 

Orient,  Talûsch 47  £.  j  122» 

Carré  d'expansion. . .    3172 

RuMEX  PULCHER,  Lin.  —  On  le  rencontre  dans  les  fossés, 
sur  le  bord  des  chemins,  et  souvent  près  des  lieux  habités  et 
sur  les  décombres.  II  est  bisannuel;  sa  tige  est  basse,  ra- 
meuse et  diffuse.  Ses  feuilles  inférieures  sont  elliptiques  et 
fortement  échancrées  à  la  base,  ayant  un  peu  la  forme  d'un 
violon.  Les  fleurs  sont  petites,  verdàtres,  et  disposées  en 
nombreux  verticilles  superposés  et  distincts.  Le  périgone 
intérieur  est  élégamment  frangé.  Les  fleurs  supérieures  sont 


mâles ,  elles  s'ouvrent  le  matin  et  répandent  leur  pollen  sur 
les  fleurs  inférieures  dont  les  unes  sont  hermaphrodites  et 
les  autres  femelles.  Les  houppes  des  stigmates  de  ces  der- 
nières sont  bien  plus  étalées  que  celles  des  fleurs  herma- 
phrodites. Lors  de  la  maturité  des  graines ,  le  pédoncule  se 
désarticule,  et  la  graine  se  détache  avec  le  périgone  desséché, 
comme  cela  a  lieu  dans  un  grand  nombre  de  Rumex.  —  Il 
fleurit  en  juin,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  Allitude.  —  Il  est  indifférent;  il  vit 
également  en  plaine  et  dans  les  montagnes.  Nous  le  trou- 
vons en  Auvergne  presqu'à  900'°.  M.  Boissier  le  cite  en  Es- 
pagne de  Oà  1,600™. 

Géographie.  —  Ce  /Jttweo;  s'avance,  au  sud*,  en  France, 
en  Espagne  ,  dans  les  champs  de  l'Algérie  ,  dans  les  cultures 
arrosées  des  oasis  ,  à  Madère  ,  aux  Canaries.  —  Au  nord,  il 
croît  en  France,  en  Allemagne  ,  en  Angleterre  et  en  Irlande. 
—  A  l'occident,  il  est  en  Portugal  et  à  Madère.  —  A  l'o- 
rient ,  on  le  trouve  en  Suisse ,  en  Italie,  en  Sicile  ,  en  Grèce, 
en  TuHjuic ,  en  Tauride,  dans  le  Caucase,  et  en  Géorgie  où 
il  est  très-commun. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Canaries 30»     |  Ecart  en  latitude  : 

Noi'd,  Angleterre 54        \  !24'' 

Occident ,  Madère 19  0.)  Ecart  en  longitude  • 

Orient ,  Géorgie 47   E.)  66» 

Carré  d'expansion 1584 

Rumex  obtusifolius  ,  Lin.  —  Il  se  trouve  dans  les  prai- 
ries et  dans  les  lieux  humides ,  sur  le  bord  des  ruisseaux  et 
des  rivières.  Il  est  vivace ,  à  racine  jaune,  à  tiges  droites  et 


RUMEX.  221 

peu  rameuses.  Ses  feuilles ,  longuement  pétiolées,  sont  lan- 
céolées, échancrécs  en  cœur  à  leur  base,  et  marquées  de  ner- 
vures saillantes  et  quelquefois  brunes  ou  rougeâtres.  Les 
fleurs  sont  disposées  en  une  panicule  assez  resserrée  ;  les 
valves  intérieures  du  périgone  sont  dentées  et  tuberculeuses. 
—  Il  fleurit  en  été  et  en  automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  11  est  aquatique  et  in- 
différent, et  peut  s'élever  sur  les  montagnes.  Nous  le  trou- 
vons jusqu'à  1,200™  en  Auvergne,  et  de  Candolle  l'indique 
aussi  à  1,200™  dans  les  Cévennes. 

Géographie.  —  Au  sud,  ce  Rumex  vit  en  France,  en 
Espagne  et  aux  Canaries.  —  Au  nord  ,  il  habite  la  Bel- 
gique,  l'Allemagne,  la  Scandinavie  ,  la  Laponie  exceptée, 
l'Angleterre ,  l'Irlande,  les  Hébrides  et  les  Orcades.  —  A 
Toccident ,  il  croît  en  Portugal ,  et  se  trouve  naturalisé  dans 
l'Amérique  du  nord.  —  A  l'orient ,  il  est  en  Suisse,  eu  Ita- 
lie ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Grèce, 
en  Turquie ,  en  Tauride  ,  dans  le  Caucase ,  dans  le  Taiiisch, 
dans  les  Russies  septentrionale,  moyenne  et  australe,  dans 
les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale. 

Limites  d'extension  de  f  espèce. 

Sud ,  Canaries 30»      \  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 04       )  34° 

Occident,  Canaries 18  0.  |  Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Sibérie  orientale 163   E.  )  181° 

Carré  d'expansion 6154 

Rumex  pratensis,  Mert.  etKoch.  —  Il  habite  les  prai- 
ries humides ,  les  bords  des  fossés  et  des  étangs  ;  sa  racine 
est  vivace,  pivotante;  sa  tige  est  droite,  striée,  peu  ra- 


222  POLYGONÉES. 

meuse;  ses  feuilles  sont  pétiolées,  lancéolées,  non  échan- 
crées  à  leur  base  :  le  limbe  est  un  peu  décurrcnt  sur  le  pé- 
tiole et  très-aigu  au  sommet.  Les  lleurs  ,  vcrdâtres  ou  rou- 
geàtres  ,  sont  verticillées  sur  les  rameaux  supérieurs  où  elles 
sont  suspendues.  Les  valves  intérieures  du  périgone  sont 
dentées  sur  les  bords  et  tuberculeuses  à  leur  base.  —  Il 
lleurit  en  été  et  en  automne. 

Nature  du  sol.  —  Alliiudc.  —  Aquatique  ,  indifférent, 
et  s'élevant  très-haut  sur  les  montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France  ,  en  Espa- 
gne. —  Au  nord  ,  il  croît  en  Belgique  ,  en  Allemagne  ,  en 
Danemarck  ,  en  Gothie,  en  Norvège,  dans  la  Suède  australe 
et  en  Angleterre.  —  A  l'occident,  il  reste  en  Espagne  et 
en  Angleterre;  il  est  aussi  indiqué  dans  le  nord  de  l'Amé- 
rique. —  A  l'orient,  il  habite  la  Suisse,  l'Autriche,  la 
Croatie  ,  la  Hongrie,  la  Transylvanie,  les  provinces  du  Cau- 
case,  la  Lithuanie  et  la  Podolie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Espagne 40''      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 63        )  23" 

Occident ,  Espagne 7  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Lithuanie 30  E.  ^  37« 

Carré  d'expansion 851 

Rlmex  crispus,  Lin.  —  Il  est  vivace  et  croît  dans  les 
champs  humides,  dans  les  prés  et  sur  le  bord  des  eaux.  Sa 
tige  est  droite ,  élevée ,  cannelée  et  peu  rameuse  ;  ses  feuilles 
sont  étroites ,  lancéolées  ,  ondulées  et  frisées  sur  leurs  bords. 
Les  feuilles  inférieures  sont  un  peu  obtuses  au  sommet.  Les 
fleurs,  verticillées  aux  aisselles  des  feuilles  supérieures ,  for- 
ment des  épis  rameux  et  touffus,  rapprochés  en  forme  de 


RCMEX.  223 

grappe.  Elles  sont  polygames  ou  monoïques.  Les  étamines 
sont  insérées  2  à  2  à  la  base  des  divisions  internes  du  pé- 
rigone ,  divisions  qui  restent  sans  changement ,  tandis  que 
les  divisions  extérieures  grandissent  pendant  la  maturation  , 
et  s'appliquent  contre  les  3  faces  du  fruit  avec  lequel  elles 
tombent  et  se  disséminent.  —  II  fleurit  en  juin,  juillet  et  août. 

Nature  du  soL  —  Altilude.  —  Aquatique  et  indiffé- 
rent, vivant  en  plaine  et  dans  les  montagnes  .31.  Boissier  le 
cite  dans  le  midi  de  l'Espagne  jusqu'à  1,300".  Wahlen- 
berg  dit  qu'il  est  commun  en  Suisse  près  des  villages  de  la 
])laine  et  de  la  montagne ,  oii  il  monte  très-haut,  près  des 
chalets,  jusqu'au-dessus  de  la  limite  des  hêtres.  Il  occupe 
souvent  en  Suisse  les  mêmes  stations  que  le  R.  alpinus  en 
Auvergne. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France,  en  Es- 
pagne, en  Afrique  ,  dans  la  plaine  de  Lambèze  et  sur  les 
montagnes  de  l'Aurès  (Cosson).  —  Au  nord,  il  habite 
toute  l'Europe  centrale  jusqu'à  l'extrémité  de  la  Laponie  , 
l'Angleterre,  l'Irlande,  les  archipels  anglais,  les  Feroë  et 
l'Islande.  —  A  l'occident,  il  végète  en  Portugal,  à  Terre- 
Neuve  et  au  Canada.  —  A  l'orient ,  on  le  trouve  en  Suisse, 
en  Autriche ,  en  Italie  ,  en  Sicile ,  en  Hongrie ,  en  Dal- 
matie  ,  en  Croatie,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en  Tur- 
quie ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase ,  en  Géorgie ,  dans  le 
Taliisch  ,  dans  toutes  les  Russies ,  dans  les  Sibéries  de  l'Al- 
taï et  du  Baïkal.  —  Ce  Rumex  est  indiqué  encore  à  la 
Nouvelle-Zélande. 

Limites  d'extension  de  Vespéce. 

Sud ,  Algérie .34°      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Altenhord 70       \  36° 


224  POLYGONÉES. 

Occident,  Canada C5  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  du  Baïkal. ...   116  E  j  181» 

Carré  d'expansion 6516 

RuMEX  MAxiMus  ,  Schrcb.  —  Il  est  vivace  et  habite  les 
prairies  et  les  lieux  humides.  Sa  lige  est  droite ,  ferme  et 
cannelée ,  rameuse  à  sa  partie  supérieure ,  à  rameaux  dres- 
sés et  allongés.  Ses  feuilles  radicales  sont  amples ,  lon- 
guement pétiolées,  assez  épaisses  ,  à  Lords  crénelés  et  on- 
dulés; les  caulinaires  sont  lancéolées  et  rétrécies  en  pétiole. 
Les  fleurs  sont  verdâtres,  réunies  en  verticilles  incomplets 
et  très-rapprochés ,  formant  par  leur  réunion  une  espèce  de 
panicule  ;  les  divisions  intérieures  du  périgone  sont  triangu- 
laires ,  cordiformes  et  denticulées  à  leur  base.  —  Il  fleurit 
en  juin,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol,  —  Altitude.  —  Indifférent  et  habitant 
la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  trouve  dans  la  France 
centrale.  —  Au  nord  ,  en  Belgique  ,  en  Allemagne  ,  en 
Bavière,  en  Danemarck,  en  Gothie ,  en  Suède.  —  A  l'oc- 
cident, il  reste  en  France.  —  A  l'orient,  il  est  en  Suisse  , 
en  Transylvanie,  dans  le  Caucase,  dans  les  Russies  moyenne 
et  australe. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Caucase 440      | Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Suède 56       -'  12o 

Occident ,  France 0        1  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Caucase 48  E.  J  48'' 

Carré  d'expansion 576 

RuMEX  HYDROLAPATHUM ,  Huds.  —  On  le  trouve  dans 


RoiEx.  225 

les  fossés ,  sur  le  bord  des  étangs  et  des  mares  d'eau  délais- 
sées par  le  débordement  des  rivières.  Il  est  vivace  ;  sa  tige 
est  droite,  forte,  cannelée,  rameuse  à  sa  partie  supérieure. 
Ses  feuilles  sont  lisses ,  coriaces ,  ondulées  et  crénelées  sur 
les  bords  ;  les  radicales  sont  très-grandes  ,  longuement  pé- 
tiolées  ,  atténuées  aux  deux  extrémités  et  décurrentes  sur  le 
pétiole.  Les  fleurs  sont  disposées  en  verticilles  incomplets, 
très-rapprochés  et  très-fournis,  formant  ensemble  une  pani- 
cule  dense  ,  volumineuse  et  dépourvue  de  feuilles.  Les  divi- 
sions intérieures  du  périgone  sont  ovales,  triangulaires,  ai- 
guës, munies  sur  le  dos  d'un  granule  oblong.  —  Il  fleurit  en 
juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Indifférent  et  aqua- 
tique ;  il  reste  dans  les  plaines. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  la  France  centrale  et  l'Italie. — 
Au  nord ,  l'Allemagne ,  la  Bavière,  le  Danemarck  ,  la  Go- 
thie ,  la  Suède  australe  et  l'Angleterre ,  où  il  trouve  sa  limite 
occidentale.  —  A  l'orient,  la  Suisse,  l'Italie,  la  Croatie,  la 
Hongrie,  la  Transylvanie,  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud  ,  Italie 4^°      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Saint-Pétersbourg 60       j  18° 

Occident  y  Angleterre 6  0.  \ Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Russie  moyenne 44  E.  )  50<^ 

Carré  d'expansion 900 

RuMEX  AQUATicus  ,  Lin.  —  Il  croît  aussi  dans  les  lieux 
humides,  sur  le  bord  des  rivières  ;  il  est  généralement  très- 
dispersé.  Sa  racine  est  vivace,  profonde  et  jaunâtre  ;  sa  tige 
est  haute ,  très-ferme  et  cannelée.  Ses  feuiUes  radicales  sont 
très-grandes ,  oblongues,  très-lisses,  glabres,  et  échancrées 

VIII  15 


226  POLYGONÉES. 

en  cœur  à  la  base.  Les  caulinaires  sont  longues ,  pointues 
et  ondulées.  Les  fleurs  sont  disposées  en  épis  formés  de 
verticilles  étages.  Les  divisions  du  périgone  sont  chargées 
de  tubercules  oblongs,  rouges  ou  bruns ,  dont  le  volume  est 
très-variable.  —  Il  fleurit  à  la  fin  de  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  végète  sur  les  terrains 
mpuillés  delà  plaine,  et  paraît  indifférent  à  la  nature  du  sol. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  trouve  en  France  et  dans 
le  Péloponèse.  —  Au  nord ,  il  est  disséminé  dans  toute  l'Eu- 
rope centrale  et  dans  toute  la  Scandinavie  jusqu'en  Laponie  ; 
il  est  aussi  en  Angleterre ,  aux  Hébrides  et  aux  Shetland.  — 
A  l'occident ,  on  l'indique  dans  l'Amérique  du  nord  ,  en 
Virginie  et  en  Pensylvanie.  —  A  l'orient ,  il  existe  en 
Suisse,  en  Dalmatie,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transyl- 
vanie ,  en  Grèce ,  en  Turquie ,  dans  le  Caucase  ,  en  Géorgie, 
en  Arménie  ,  dans  toutes  les  Russies  et  dans  la  Sibérie  de 
l'Oural. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Péloponèse 38»      j  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 68       j  30» 

Occident ,  Pensylvanie 80  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  de  l'Oural 71   E.  j  151» 

Carré  d'expansion 4550 

RuMEX  ALPiNCS,  Lin.  —  Ce  Rumex  est  une  des  plantes 
les  plus  remarquables  des  montagnes.  Sa  station  naturefle 
est  dans  les  lieux  humides  des  forets  de  sapins,  avec  le 
Sonchus  Plumieri^  le  S.alpinus,  le  Ranunculus  aconiti- 
folius  ,  le  Doronicum  austriacuni ,  etc.  ;  mais  il  sort  des 
bois  et  s'établit  sur  les  pelouses ,  le  long  des  ruisseaux ,  et 
quand  il  rencontre  des  lieux  habités ,  des  cases  construites 


RLMEX .  22T 

par  les  pâtres,  des  parcs  où  les  bestiaux  ont  passé  la  nuit> 
il  s'y  développe  en  quantité  prodigieuse.  Alors  il  devient 
social ,  serre  ses  rangs  et  exclut  tous  les  autres  végétaux  ,  à 
l'exception  du  Poa  annua  qui ,  profitant  des  mêmes  circons- 
tances, lutte  contre  lui  et  se  glisse  au  milieu  de  ses  tiges» 
Longtemps  après  que  les  pâtres  ont  abandonné  leur  séjour 
élevé  et  temporaire  ,  ce  Rumex  en  marque  la  place  et  s'y 
maintient  presque  indéfiniment.  —  C'est  une  plante  vigou- 
reuse, à  racines  vivaces  et  puissantes,  à  tiges  épaisses,  striées, 
trapues  et  rameuses.  Les  feuilles  radicales  sont  très-grandes, 
ovales,  lancéolées  ou  arrondies,  échancrées  à  leur  base, 
très-nerveuses  et  portées  sur  de  longs  pétioles.  Celles  de  la 
tige  sont  plus  allongées  et  toutes  pétiolées.  Les  stipules  de 
la  tige  ne  forment  pas,  comme  celles  des  Pohjgonum,  des 
cylindres  engainés ,  mais  après  avoir  protégé  la  jeune  feuille 
par  leur  enveloppe  transparente  et  scarieuse  ,  elles  se  déchi- 
rent irrégulièrement  et  flottent  longtemps  adhérentes  au 
nœud  ou  même  au  pétiole,  et  elles  se  dilatent  vers  le  bas 
pour  protéger  les  feuilles  non  encore  développées  et  toujours 
roulées  sur  leurs  bords.  Les  fleurs  sont  très-nombreuses , 
réunies  en  nombreux  verticilles  serrés  les  uns  contre  les  au- 
tres ,  et  formant  des  épis  très-denses  composés  de  fleurs  po- 
lygames. Les  mâles  sont  généralement  placées  au  sommet  ; 
les  femelles  sont  en  dessous.  Tous  les  matins,  peu  après  le 
lever  du  soleil ,  on  voit  les  étamines  répandre  des  nuages  de 
pollen  qui  atteignent  de  jolis  stigmates  étalés  et  plumeux. 
Les  valves  du  périgone  sont  dépourvues  de  tubercules.  Dès 
le  mois  de  juillet  la  plante  se  couvre  de  graines  qui  restent 
longtemps  fixées  sur  les  rameaux  et  qui  sont  colorées  en 
rouge  brun.  —  Elle  fleurit  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Presque  domestique  et 
aquatique ,  il  préfère  cependant  les  terrains  siliceux  et  dé- 


!228  l'OLYGONÉES. 

tritiques  ,  et  reste  dans  les  montagnes.  Nous  le  trouvons  en- 
tre 800  et  1,600".  De  Candolle  l'indique  à  2,000™  dans 
les  Alpes. 

Géographie.  —  Au  sud,  on  le  trouve  en  France,  dans 
les  Pyrénées  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord,  en 
Allemagne  et  en  Suisse.  Est-ce  bien  le  R.  alpinus  que 
Pallas  cite  sur  les  bords  de  la  Samara,  le  1 1  juin  1769,  dans 
les  fonds  humides?  —  A  l'occident ,  il  reste  dans  les  Pyré- 
nées. —  A  l'orient,  on  le  rencontre  en  Italie,  en  Croatie, 
en  Hongrie,  en  Transylvanie ,  en  Grèce  et  en  Turquie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Midi  de  l'Italie 40°      )  Ecart  en  latitude  : 

Aor^i,  Allemagne 50       i  10° 

Occident,  France 5  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Grèce 22  E.  i  27» 

Carré  d'expansion 270 

llcMEX  scuTATCS,  Lin.  —  Cette  plante  vit  toujours 
dans  les  lieux  rocailleux,  sur  les  vieux  murs ,  sur  les  cailloux, 
au  milieu  des  roches  éboulées.  Elle  vit  en  société,  et  ses  ra- 
cines vivaces,  presque  ligneuses,  s'étalent  à  la  surface  du  sol 
où  ses  tiges  sont  elles-mêmes  couchées  à  leur  base.  Ces  ti- 
ges se  redressent  et  sont  alors  cylindriques  et  herbacées.  Ses 
feuilles  sont  très-variables ,  lancéolées ,  obtuses  ou  pointues, 
munies  à  leur  base  de  2  oreillettes  plus  ou  moins  prolongées, 
vertes  ou  glauques  ,  mais  toujours  acides  et  un  peu  épaisses. 
Leurs  aisselles  inférieures  sont  chargées  de  petits  rameaux  à 
l'extrémité  desquels  s'étalent  de  petites  rosettes  qui  émet- 
tent quelquefois  des  racines  et  constituent  une  véritable  gé- 
nération alternante.  Les  fleurs  sont  clairsemées ,  disposées 


RUMEX.  229 

en  épis  grêles  ou  rameux ,  hermaphrodites  ou  polygames , 
à  valves  séminales  entières  et  arrondies.  Les  semences  sont 
triangulaires  et  suspendues.  —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

JSalure  du  sol.  —  AUitude.  ~  Il  semble  qu'il  y  ait  2 
espèces  confondues  dans  ce  type.  L'une,  à  feuilles  glauques, 
qui  recherche  les  régions  méridionales ,  les  terrains  calcaires 
et  les  plaines;  l'autre,  à  feuilles  vertes,  qui  s'avance  très-loin 
vers  le  nord  ,  qui  s'élève  très-haut  sur  les  montagnes  et  qui 
préfère  les  terrains  siliceux  et  rocailleux.  La  première  est  in- 
diquée par  Tenore  entre  100  et  300"»  dans  le  midi  de 
l'Italie.  La  seconde  croît  en  Auvergne  jusqu'à  1,8G0™  sur 
le  sommet  du  plomb  du  Cantal.  De  Candolîe  l'indique  à 
1,200"  dans  les  Cévennes;  Wahlenberg  la  cite  en  Suisse 
entre  les  pierres  éboulées ,  bien  au-dessus  de  la  limite  supé- 
rieure du  sapin.  Ledebour  la  mentionne  dans  le  Caucase 
entre  800  et  1 ,600™  ,  et  dans  le  Talûsch  à  1 ,000'». 

Géograjihie.  —  Au  sud  ,  ce  Rumex  vit  en  France  ,  dafis 
les  Pyrénées,  en  Espagne  et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  il 
habite  la  France ,  la  Belgique  ,  la  Bavière ,  quelques  parties 
de  l'Allemagne,  la  Gothie ,  la  Suède  et  l'Irlande,  mais 
sporadique  dans  ces  dernières  localités.  — A  l'occident,  il 
est  en  Portugal.  —  A  l'orient  il  vit  en  Suisse  ,  en  Italie ,  en 
Sicile  ,  en  Dalmatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Croatie ,  en  Tran- 
sylvanie, en  Grèce  à  Mélos  près  du  Monastère,  en  Tau- 
ride,  dans  le  Caucase,  dans  le  Taliisch,  en  Géorgie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Algérie 35°      j Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Suède 55       j  20'^ 

Occident,  Portugal 10  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47   E.  |  57o 

Carré  d'expansion 1 140 


230  POLYGONÉES. 

RuMEX  ARiFOLics,  Ail.  —  Cette  plante  vit  dans  les  bois, 
dans  leurs  clairières  et  dans  les  hautes  prairies  qui  en  sont 
voisines.  Tantôt  elle  s'abrite  sous  les  hêtres  avec  le  Steîla- 
rianemorum,  le  Doronicum  austriacum,  le  Prenanthes  pur- 
piirea  ^  tantôt  elle  profite  de  l'ombrage  des  sapins^  et  se 
développe  à  côté  du  Senecio  Cacaliastery  de  VAconitum  Ly- 
coctonum ,  des  myrtilles  et  des  framboisiers.  Elle  est  vivace 
et  dioïque.  Sa  tige  est  droite  ,  élevée  ,  cannelée  et  souvent 
rougeâtre.  Ses  feuilles  sont  d'un  vert  foncé,  ovales,  pointues, 
échancrées  à  la  base ,  et  munies  de  2  oreillettes  divergentes. 
Les  gaines  de  la  base  des  pétioles  sont  tronquées  ,  et  les 
nervures  partent  en  rayonnant  du  sommet  du  pétiole.  Les 
fleurs  sont  disposées  en  panicules  vertes  ou  rougeâtres.  Les 
anthères  s'ouvrent  le  matin  très-rapidement ,  et  lancent  au 
loin  des  jets  de  pollen,  ce  qui  n'empêche  pas  bon  nombre 
de  fleurs  femelles  de  rester  stériles.  — Elle  fleurit  en  juil- 
let et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Cette  espèce  habite  les 
terrains  siliceux ,  volcaniques  et  détritiques  des  montagnes. 
Nous  la  trouvons  entre  1,200  et  1,700". 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  la  trouve  en  France,  dans  les 
Pyrénées ,  en  Corse  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  , 
efle  existe  en  Suisse  et  sur  quelques  points  de  l'Allemagne. 
—  A  l'occident,  elle  ne  dépasse  pas  les  Pyrénées.  —  A 
l'orient ,  elle  végète  en  Croatie ,  en  Hongrie  et  en  Transyl- 
vanie. 

Limites  d'extension  de  Vespcce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40°      | Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Allemagne 49       j  9® 

Occident ,  Pyrénées 4  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Transylvanie 22  E.  )  26° 

Carré  d'expansion 234 


RCMEX.  231 

RuMEX  AcETOSA,  Lio.  —  C'est  une  des  plantes  les  plus 
communes,  dont  la  véritable  station  est  dans  les  bois,  comme 
celle  du  R.  arifolius,  mais  qui,  depuis  longtemps,  préfère 
nos  prairies ,  et  s'y  mêle  à  toutes  les  graminées  et  à  tous 
les  végétaux  qui  'es  composent ,  élevant  ses  pédoncules  pur- 
purins au-dessus  des  renoncules  dorées  et  des  élégants  myo- 
sotis, dépassant  les  légers  panaches  des  brizes  et  les  épis 
noirâtres  du  Plantago  îanceolala.  —  Elle  est  vivace;  ses 
racines  sont  amincies  et  forment  de  petits  rhizomes  ram- 
pants ,  dont  les  cicatrices  marquent  les  pousses  annuelles  et 
successives.  La  tige  est  droite,  striée,  garnie  de  feuilles  d'un 
vert  sombre,  un  peu  épaisses,  acides,  peu  nombreuses, 
obtuses  et  sagittées.  Les  gaines  ou  stipules  sont  acérées ,  un 
peu  déchiquetées  au  sommet.  Les  fleurs,  quelquefois  dioï- 
ques,  sont  disposées  en  grappes  rameuses.  Les  3  premières 
divisions  du  périgone  s'appliquent  immédiatement  sur 
l'ovaire ,  tandis  que  les  3  autres ,  qui  sont  extérieures , 
portent  à  leur  base  6  étamines  distribuées  2  à  2  entre  les 
3  divisions.  Les  anthères  offrent  souvent  des  nuances  d'un 
rouge  vif  carminé  à  l'extérieur ,  où  elles  sont  frappées  par 
la  lumière.  Elles  répandent  un  pollen  abondant  et  devien- 
nent bicornes  dès  que  le  pollen  est  sorti  ;  les  2  loges  s'écar- 
tent et  se  dessoudent  par  en  haut.  Malgré  cette  émission  du 
pollen ,  les  styles  s'étendent  le  long  des  angles  de  l'ovaire , 
et  font  passer  leurs  stigmates  pénicellés  entre  les  divisions 
du  périgone  pour  aller  au  devant  des  étamines ,  et  comme 
les  3  divisions  extérieures  sont  déjetées  pour  mettre  à  nu 
les  stigmates,  rien  ne  s'oppose  au  contact  du  pollen.  —  Elle 
fleurit  au  printemps ,  et  prolonge  souvent  sa  floraison  pen- 
dant l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Indifférent ,  croissant 
partout ,  sur  tous  les  sols ,  dans  les  plaines  et  sur  les  mon- 


232  POLYGONÉES. 

tagnes.  Nous  trouvons  cette  oseille  jusqu'au  sommet  des  nos 
plus  hautes  montagnes,  à  1,800"".  De  Candolle  la  cite  à 
1,600™  dans  les  Alpes;  M.  Boissier  entre  1,300  et  2,100'° 
dans  le  midi  de  l'Espagne;  Ledebour,  entre  800  et  1,200™ 
dans  le  Taliisch,  et  Lessing  la  cite  encore  à  600"  aux  îles 
Loffoden. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  a  ses  limites  dans  le  midi 
de  l'Espagne.  —  Au  nord,  elle  occupe  toute  l'Europe,  toute 
la  Scandinavie  ,  y  compris  la  Laponie  oii  elle  croît  dans  les 
lieux  cultivés  de  la  plaine  et  dans  les  montagnes  au  milieu 
des  saules  alpins ,  arrivant  aux  Loffoden  ,  à  Mageroë  et  au 
cap  Nord;  elle  existe  en  Angleterre  ,  en  Irlande,  dans  les 
archipels  anglais  ,  aux  Feroë  et  dans  les  dunes  de  l'Islande.- 
—  A  l'occident,  on  la  rencontre  en  Portugal ,  dans  l'Amé- 
rique du  nord  ,  au  Groenland  ,  à  Terre-Neuve,  au  Canada, 
dans  les  prairies  des  montagnes  Rocheuses.  —  A  l'orient, 
elle  occupe  la  Suisse  ,  l'Italie ,  la  Dalmatie  ,  la  Hongrie  ,  la 
Croatie ,  la  Transylvanie,  la  Grèce  ,  la  Turquie,  le  Caucase, 
la  Géorgie  ,  toutes  les  Russies  ,  toutes  les  Sibéries,  la  Da- 
hurie ,  le  Kamtschatka ,  les  îles  Aléoutiennes  et  l'Amérique 
russe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Espagne 36°      j  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Cap  Nord 71        (  35« 

Occident  et  Orient 360        \ ^'''' ^«'«"S^tude : 

i  360» 

Carré  d'expansion 1 2600 

RiJMEX  AcETosELLA,  Liu.  —  Ce  Rumex  est  vivace  et 
croît  en  sociétés  très-nombreuses  dans  les  champs  en  friche  , 
au  milieu  des  bruyères ,  sur  les  places  oii  l'on  a  charbonné 


BIMEX.  233 

le  bois  et  surtout  sur  les  sols  écobués.  Tl  se  mélange  à  VHy- 
pericumhiimifusum,  au  Draba  verna,  au  Dia^anum  jnir- 
pureiim ,  au  Pohjtrichum  piliferum ,  etc.  Il  est  parfois  si 
abondant  qu'il  colore  les  champs  en  rouge.  —  Ses  tiges  sont 
grêles  et  garnies  d'articulations  d'autant  plus  rapprochées 
qu'elles  sont  situées  plus  près  du  sommet  des  rameaux 
supérieurs  ;  les  feuilles  sont  pétiolées,  lancéolées,  pointues, 
sagittées  et  comme  divisées  en  3  lobes,  dont  les  2  laté- 
raux s'écartent  à  angles  droits ,  de  celui  du  milieu.  Aux  ar- 
ticulations naissent  de  petits  paquets  de  fleurs  suspendues. 
D'autres  fleurs  sont  réunies  en  épis  ou  en  grappes  au  som- 
met des  tiges.  Ces  fleurs,  qui  sont  ordinairement  dioïques, 
sont  munies  d'un  ovaire  triangulaire  ordinairement  coloré  en 
rose,  et  de  3  jolis  stigmates  étoiles  et  plumeux.  Les  graines 
qui  leur  succèdent  sont  aussi  triangulaires  et  vivement  co- 
lorées. —  Elle  fleurit  au  printemps  et  en  été. 

Nature  du  soî.  —  Altitude.  —  Ce  Rumex  recherche 
les  terrains  siliceux  ,  graveleux  et  sablonneux  des  plaines  et 
des  montagnes.  Nous  le  trouvons  très-abondant  en  Auver- 
gne, entre  800  et  1,000™.  Wahlenberg  le  cite  en  Suisse 
sur  les  plus  hauts  sommets;  nous  l'avons  trouvé  à  1,400™ 
dans  les  montagnes  du  Forez.  M.  Boissier  dit  qu'il  croît 
dans  le  midi  de  l'Espagne  depuis  0  jusqu'à  2,300™.  Lede- 
bour  le  mentionne  dans  le  Taliisch  entre  400  et  800™,  et 
Lessing  aux  Loffoden  entre  215  et  350™. 

Géographie.  —  Son  aire  est  aussi  très-vaste.  Au  sud , 
il  occupe  la  France  ,  l'Espagne  et  les  Canaries.  —  Xu  nord, 
toute  l'Europe,  y  compris  la  Scandinavie  et  même  laLapo- 
nie  ,  ou  Wahlenberg  l'indique  dans  les  lieux  brûlés,  culti- 
vés et  fumés,  même  dans  les  montagnes,  mais  abondant 
surtout  autour  des  parcs  des  rennes;  il  est  aussi  en  Angle- 
terre, en  Irlande,  aux  archipels  anglais,  aux  Feroë  et  en 


234  POLYGONÉES. 

Islande.  —  A  l'occident,  il  croît  en  Portugal ,  en  Amérique 
à  Terre-Neuve ,  au  Groenland  ,  au  Canada  ,  dans  le  Sas- 
katchawan  et  sur  la  côte  nord-ouest.  — A  l'orient,  il  existe 
en  Suisse ,  en  Italie  et  dans  tout  le  reste  de  l'Europe  ,  dans 
le  Caucase  ,  en  Géorgie ,  en  Arménie ,  dans  toutes  les  Rus- 
sies,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et 
orientale  et  dans  la  Daliurie.  —  On  le  cite  encore  au  Cap  et 
aux  Malouïnes  où  il  a  certainement  été  introduit. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Canaries 30"      | Ecart  en  latitude  : 

jVon/,  Laponic 71        i  41*^ 

Occident ,  Amérique 180  O.  | Ecart  en  longitude  : 

Onewf,  Sibérie  orientale 163  E.i  343" 

Carré  d'expansion 14063 

RuMEx  iNTERMEDius,  DG.  — Plante  vivace ,  souvent 
confondue  avec  la  précédente  et  qui  croît  aussi  dans  les 
cbamps  incultes  ,  dans  les  vignes  et  sur  les  coteaux  pierreux. 
Ses  racines  fibreuses  se  renilent  quelquefois  en  tubercu- 
les allongés  ;  ses  tiges  sont  droites,  simples;  ses  feuilles 
radicales  sont  nombreuses ,  longuement  pétiolées  ;  les  cau- 
linaires  sont  oblongues  ou  lancéolées,  à  oreillettes  longues  et 
un  peu  divergentes.  Les  gaines  sont  membraneuses,  allon- 
gées, incisées  et  ciliées.  Les  fleurs  sont  réunies  en  demi-ver- 
ticilles  très-rapprocbés ,  formant  une  panicule;  elles  sont 
portées  par  des  pédicelles  déliés  et  articulés.  — Elle  fleurit 
en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  recherche  les  ter- 
rains calcaires  des  plaines  et  des  montagnes  peu  élevées. 
M.  Boissier  la  cite  jusqu'à  650™. 


POLYGONUM.  235 

Géographie.  —  On  la  trouve,  au  sud  ,  en  France ,  en 
Corse ,  en  Espagne  et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  sur  le  bord 
du  plateau  central  de  la  France.  —  A  l'occident,  en  Espa- 
gne. —  A  l'orient ,  en  Piémont  et  en  Sicile. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 35°      | Ecart  en  latitude  : 

Nord,  France 44       1  9° 

Occident ,  Espagne 6  0.  | Ecart  en  longitude  : 

Onmf,  Sicile 12   E.  j  18» 

Carré  d'expansion 1C2 

G.  FOS.7GOKUM ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ils  constituent 
un  genre  nombreux  formé  d'environ  190  espèces  dispersées 
dans  toutes  les  parties  du  monde.  —  L'Asie  seule  en  a  90, 
et  sur  ce  nombre  32  habitent  les  Indes  orientales ,  24  le 
Népaul  et  16  sont  disséminées  dans  toute  l'étendue  de  la 
Sibérie.  Les  autres  végètent  à  la  Chine  ,  à  la  Cochinchine  , 
au  Japon ,  en  Perse ,  en  Géorgie  ,  en  Arménie  et  sur  le 
Caucase.  Une  espèce  est  citée  à  Ceylan.  —  On  connaît  en 
Europe  28  à  30  Pohjgonum  préférant  en  général  la  partie 
australe  à  la  région  moyenne ,  et  fuyant  le  nord  de  ce  con- 
tinent à  peu  d'exception  près.  L'Espagne  ,  la  Corse ,  l'Ita- 
lie ,  la  Grèce  et  la  Sicile  sont  les  pays  qui  en  sont  le  mieux 
pourvus ,  puis  viennent  la  Hongrie  ,  la  France  et  l'Allema- 
gne. —  25  espèces  croissent  à  la  Nouvelle-Hollande,  à  Java 
et  aux  Moluques.  —  18  occupent  l'Amérique  du  nord  ,  le 
Mexique,  la  Nouvelle-Grenade,  les  Etats-Unis  et  la  Cali- 
lornie,  —  15  vivent  dans  la  partie  sud  du  Nouveau-3Ionde, 


236  POLYGONÉES. 

presque  toutes  au  Brésil ,  quelques-unes  au  Chili  et  au  Pé- 
rou. —  Enfin  l'Afrique  a  aussi  ses  Polygonum  :  en  Egypte  , 
au  Sénégal ,  en  Abyssinie  ,  en  Barbarie  et  môme  au  cap  de 
Bonne-Espérance.  Ces  diverses  localités  en  fournissent  14 
espèces.  —  La  plupart  des  espèces  de  la  section  des  avi- 
culare  appartiennent  à  l'Asie  tempérée  et  à  la  Nouvelle- 
Hollande.  Il  est  très-remarquable  que  plusieurs  d'entr'elles 
représentent  les  formes  anormales  des  Casiiarina ,  formes 
que  l'on  retrouve  en  Corse  dans  le  P.  cquiseli forme. 

PoLYGONCM  BisTORTA ,  Lin.  —  Lorsque  les  pluies  du 
printemps  ont  humecté  la  terre,  et  que  l'eau  provenant  de  la 
fusion  des  neiges  des  montagnes  s'écoule  avec  rapidité  sur 
leurs  pentes ,  on  voit  partout  de  brillantes  associations  où 
régnent  les  épis  roses  de  la  bistortejes  tiges  verticillées  de 
V Equisetum  sylvalkum  ,  les  fleurs  globuleuses  du  TroUius, 
ou  les  touffes  vigoureuses  du  Rammculus  acomlifoUus.  Le 
véritable  printemps  pour  les  montagnes  est  l'époque  où  ce 
beau  Polijgonum  se  couvre  de  fleurs  et  se  charge  de  décorer 
pendant  longtemps  les  prairies  et  les  clairières  des  bois. — 
Ses  racines  sont  de  profonds  rhizomes  à  chair  rouge,  ordi- 
nairement contournés  sur  eux-mêmes,  et  qui  chaque  année, 
produisent  de  bonne  heure  un  bourgeon  central  qui  ne 
donne  que  des  feuilles,  et  des  bourgeons  latéraux,  dont 
chacun  produit  une  tige  fertile,  simple  et  sans  rameaux.  — 
Ses  feuilles  allongées ,  plus  ou  moins  larges ,  sont  d'un  beau 
vert  en-dessus,  souvent  glauques  en-dessous,  et  traversées 
par  une  grosse  nervure  dont  la  couleur  carminée  tranche  or- 
dinairement avec  le  vert  du  limbe  ;  quelquefois  même  ces 
feuilles  deviennent  d'un  rouge  vif,  et  ressemblent  de  loin  à 
des  fleurs  éclatantes  disséminées  sur  la  verdure  des  prés. 
Une  ou  deux  feuilles  caulinaires  embrassent  la  tige,  qui  se 


POLYGONCM.  237 

termine  par  un  épi  serré,  entremêlé  de  bractées  colorées.  — 
Ses  fleurs  ne  s'ouvrent  jamais  entièrement;  leurs  3  stig- 
mates sont  saillants,  et  des  8  étamines  qui  les  entourent,  il  y 
en  a  3  qui  répandent  leur  pollen  en  dehors.  Le  fruit  est  un  ca- 
riopsequi  sesèmeaveclepérigone.  Après  la  dissémination,  la 
tige  fournie  par  le  bourgeon  foliacé  persiste  ,  elle  se  recourbe 
sur  elle-même  et  produit  au  printemps  suivant  des  pousses 
nouvelles,  dont  celle  du  milieu  est  encore  foliacée.  Ainsi  se 
perpétue ,  jusque  dans  les  contrées  oii  sa  graine  ne  peut 
mûrir,  cette  belle  espèce  qui ,  par  ce  moyen,  occupe  de 
grands  espaces  et  devient  une  plante  éminemment  sociale. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  rencontre  la  bistorte 
sur  tous  les  terrains ,  mais  elle  préfère  ceux  qui  sont  siliceux. 
Elle  habite  la  plaine  et  les  montagnes.  Nous  la  trouvons  en 
Auvergne  jusque  sur  les  sommets  les  plus  élevés  :  sur  le 
puy  de  Dôme,  sur  le  sommet  de  Montoncelle  et  sur  le 
plomb  du  Cantal  à  1,860*".  De  Candolle  la  cite  à  20"  sur 
les  bords  du  Loiret  et  à  1,800"^  dans  les  Alpes  et  dans  les 
Pyrénées.  C'est  une  des  espèces  les  plus  communes  des  hautes 
prairies  du  mont  Cenis ,  à  2,000™,  oii  elle  est  associée  au 
Centaurea  montana,  au  Campanula  barhata,  et  à  plusieurs 
centaines  d'espèces  alpines.  Ledebour  l'indique  dans  tout  le 
Caucase  entre  1,400  et  3,000°^. 

Géographie.  —  Elle  s'étend  sur  une  grande  partie  de  la 
terre.  —  Au  sud,  en  France,  dans  les  Pyrénées,  en  Espa- 
gne ,  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  elle  existe  dans 
toute  l'Europe  ,  excepté  en  Laponie  oii  sa  présence  est  dou- 
teuse ,  mais  elle  habite  le  pays  des  Samoïèdes,  l'Angleterre  , 
l'Islande  ,  oiielle  croît  abondamment  dans  la  vallée  de  Raar- 
darval.  —  A  l'occident,  elle  habite  aussi  l'i^mérique  du 
nord  ,  le  Missouri  et  l'intérieur  du  nord-ouest  de  ce  conti- 
nent,   oii  M.  Hooker  dit  qu'elle  tient  le  milieu  entre   le 


238  POLYGONÉES. 

P.  Bistorta  et  P.  viviparwn.  —  A  l'orient,  on  la  ren- 
contre en  Suisse,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylva- 
nie ,  en  Grèce  ,  en  Turquie  sur  le  Balkan  d'Etropol ,  dans 
le  Caucase  ,  en  Géorgie  ,  en  Arménie  ,  dans  toutes  les  Rus- 
sies  ,  dans  toutes  les  Sibéries ,  au  Japon  ,  dans  le  pays  des 
Tschukhià ,  en  Dahurie ,  au  Kamtschatka ,  dans  les  îles 
Aléoutienneset  dans  l'Amérique  arctique.  —  Pallas  cite  ce 
Polygomim  en  Sibérie,  associé  aux  espèces  suivantes  :  Ado- 
nis apemima,  Orobus  luleus ,  Anémone  narcissiflora ,  Ca- 
calia  haslata ,  Buplevrum  longifolium ,  Lathyrus  pisifor- 
mis ,  etc. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40°      | Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Sibérie  arctique 74       ^  34° 


Occident  et  Orient 360 


Écart  en  longitude: 
3600 
Carré  d'expansion 12240 

PoLYGOMJM  VIVIPARU3I ,  Lin.  —  Lorsque  l'on  s'élève 
dans  les  montagnes  et  que  l'on  a  dépassé  la  zone  oii  la  bis- 
torte  cesse  de  croître ,  on  la  trouve  remplacée  par  une  es- 
pèce voisine  ,  vivace  comme  elle ,  au  milieu  des  pelouses,  et 
souvent  associée  au  Pîantago  alpina ,  au  Trifolium  alpi- 
num,  à  VOrchis  alhida,  auLycopodium  Selago.  Elle  ressem- 
ble au  P.  Bistorta  ,  mais  ses  feuilles  sont  plus  étroites ,  ses 
tiges  moins  élevées,  et  ses  fleurs  également  réunies  en  épis, 
mais  moins  serrées,  sont  loin  d'avoir  autant  d'éclat.  Elles 
sont  d'un  rose  pâle,  ou  blanches,  ou  verdâtres ,  accompa- 
gnées de  bractées  cylindriques  et  tronquées.  —  Souvent  une 
partie  de  ces  lleurs  avorte  et  l'autre  ne  mûrit  pas  ses  grai- 
nes ;  mais  le  pédicelle  se  renfle  et  se  transforme  en  une  vé- 


POLYGONCM.  239 

ritable  bulbille  sessile  dans  une  bractée  scarieuse  ,  qui  se 
détache  comme  les  semences  pour  reproduire  cette  espèce. 
C'est  surtout  dans  les  pays  froids  que  l'on  remarque  ce  phé- 
nomène des  fleurs  remplacées  par  des  bulbilles,  comme  si  la 
nature  avait  prévu  que  la  rigueur  du  climat  s'opposerait  à  la 
maturité  des  semences.  En  effet,  dans  les  régions  arctiques 
et  sur  les  hautes  montagnes,  il  est  impossible  de  rencontrer 
des  graines.  —  Ce  Pobjgonum  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  - —  Attitude.  —  Il  croît  sur  les  terrains 
siliceux  et  détritiques  de  la  plaine  dans  les  régions  arctiques, 
et  sur  les  hautes  montagnes  dans  les  autres  contrées.  Nous  le 
trouvons  en  Auvergne  jusqu'à  1,880°^,  c'est-à-dire,  sur  les 
plus  hauts  sommets.  Il  arrive  dans  les  Alpes  jusqu'au  mi- 
lieu des  neiges  éternelles  à  2,500™,  et  ne  descend  jamais 
au  delà  de  la  limite  supérieure  des  sapins.  En  Italie,  Tenore 
l'a  rencontré  entre  1,800  et  2,000".  Ledebour  l'indique 
dans  le  Caucase  entre  1,800  et  3,000°^.  M.  JMartins  l'a 
vu  à  690  et  à  700™  au  sommet  de  la  montagne  de  3Ial- 
lingsfall  à  Vinderoë,  une  des  Feroë  ;  Lessing  le  mentionne 
à  620™  aux  îles  Loffoden. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  se  trouve  en  France ,  dans  les 
Pyrénées  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord ,  il  existe 
sur  toutes  les  montagnes  de  l'Europe,  dans  les  prés  et  les 
pâturages  élevés ,  en  Scandinavie  et  même  en  Laponie  ; 
mais  dans  les  montagnes  élevées  et  dans  les  Alpes  mariti- 
mes jusqu'au  cap  Nord;  c'est,  dit  Wahlenberg,  la  variété 
alpinum,  dont  les  feuilles  inférieures  sont  elliptiques  et  les 
fleurs  roses  très-élégantes  ;  la  racine  de  cette  variété  est 
aussi  beaucoup  plus  grosse  et  noueuse.  On  rencontre  encore 
ce  Pohjgonumen  Angleterre,  aux  Shetland  ,  aux  Feroë  ,  en 
Islande  et  au  Spitzberg.  —  A  l'occident,  il  habite  diverses 
parties  de  l'Amérique,  le  Canada,  le  Groenland,  les  côtes 


240  POLYGONÉES. 

et  les  îles  de  la  mer  Arctique  ,  l'île  Melville ,  les  terrains 
tourbeux  des  montagnes  Rocheuses,  le  Labrador,  la  cote  nord- 
ouest  et  le  détroit  de  Behring.  —  A  l'orient ,  il  vit  dans 
les  montagnes  de  la  Suisse,  des  Carpatlies,  du  Caucase,  de 
la  Géorgie  et  de  l'Arménie  ,  dans  toutes  les  Russies  ,  dans 
toutes  les  Sibéries,  en  Dahurie,  au  Kamtschatka,  aux  îles 
Aléoutiennes  et  dans  l'Amérique  arctique. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40"      (Écart  eu  latitude  : 

Nord,  Spitzberg 80       i  40« 

Occident  et  Orient 360        |  «,.^ ° 

Carré  d'expansion 14400 

PoLiGONUM  AMPHiBiiM,  Lin.  —  Sur  un  vaste  bassin 
d'eau  tranquille ,  dont  le  miroir  azuré  reflète  les  collines 
d'alentour ,  au  milieu  d'une  troupe  brillante  d'oiseaux  aqua- 
tiques qui  s'agitent  en  tous  sens ,  s'élèvent  des  parterres  li- 
mités dont  les  (leurs  disposées  en  épis  carminés  viennent 
rehausser  les  corolles  blanches  des  Nymphœa.  Ce  sont  des 
Pohjgonum  amphibium  dont  la  brise  qui  ride  la  surlace  des 
eaux  balance  doucement  les  fleurs.  —  De  ses  racines  im- 
plantées dans  la  vase  s'élèvent  des  tiges  creuses  et  renflées 
qui  portent  des  feuilles  allongées ,  glabres  et  longuement 
pétiolées.  Ces  feuilles  viennent  nager  sur  les  eaux,  et  les  pé- 
doncules coudés  amènent  au-dessus  de  leur  niveau  de  char- 
mantes fleurs  dont  la  fécondation  s'opère  dans  l'aimosphère. 
Son  périgone  est  à  5  divisions,  ses  étamines  sont  au  nombre 
de  5  et  son  ovaire  unique  est  entouré  de  5  glandes.  —  Si 
l'eau  vient  à  manquer  à  ce  Polygonum ,  il  est  assez  flexible 


Î'ÔLYGONUÏÏ.  ^41 

|)our  accepter  de  vivre  sur  la  terre;  alors  il  se  modifie;  ses 
'îiges  ne  sont  plus  creuses,  elles  sont  pleines;  ses  feuilles 
sont  velues,  et  ses  fleurs  sont  loin  d'offrir  des  épis  aussi 
serrés  que  lorsqu'il  habite  leseaux,  11  est  vrai  qu'il  reste  or- 
dinairement stérile  et  se  reproduit  par  les  rejets  de  sa  racine. 
—  11  fleurit  en  juin,  juillet  et  août.  Le  P.  vaccinifolium,  de 
l'Himaiaya,  semble  lui  être  parallèle;  mais  c'est  une  espèce 
terrestre  dont  le  port  participe  à  la  fois  des  P.  amphibium , 
P.  Persicaria  et  P.  aviculare. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Indifférent,  il  croît 
dans  les  eaux  tranquilles  de  la  plaine. 

Géographie.  —  On  le  rencontre ,  au  sud  ,  en  France , 
d  ans  le  midi  de  l'Italie ,  en  Sicile ,  dans  les  étangs  et  les  eaux 
dormantes  de  l'Abyssinie.  —  Au  nord  ,  il  végète  dans  toute 
l'Europe,  y  compris  la  Scandinavie,  la  Laponie',  l'Angle- 
terre, ses  archipels  et  l'Islande.  —  A  l'occident,  il  est  en 
Portugal ,  dans  l'Amérique  du  nord ,  au  Canada ,  au  Sas- 
katchavsan  ,  au  lac  de  l'Esclave  ,  à  la  côte  Nord-Ouest ,  au- 
tour du  fort  Vancouvert  et  de  Wallah-Wallah ,  au  détroit 
de  Fura.  —  A  l'orient,  il  est  indiqué  en  Suisse  ,  en  Autri- 
che, en  Hongrie,  en  Croatie,  en  Dalmatie,  en  Transylva- 
nie ,  en  Turquie,  en  Tauride,  dans  les  provinces  du  Cau- 
case, dans  toutes  les  Russies,  toutes  les  Sibéries,  aux  In- 
des orientales  ,  à  la  Chine ,  au  Japon  et  en  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Abyssinie 10°      ]  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 70       )  60° 

Occident ,  Amérique. 180  O.]  Ecart  en  longitude  : 

On>7i^,  Sibérie  orientale 163   E.)  343° 

Carré  d'expansion 20580 

viii  ^^ 


242  POLYGONÉES. 

PoLYGONUM  LAPAxniFOLiUM ,  Llfi.  —  Il  CFOÎt  en  sociétés 
nombreuses  le  long  des  fossés  et  sur  les  sables  des  rivières. 
Il  s'y  développe  quelquefois  en  si  grande  quantité  que  ses  ti- 
ges, pressées  les  unes  contre  les  autres  et  ses  branches  enla- 
cées, forment  de  petites  forets  herbacées  qu'il  est  difficile  de 
traverser.  Si  les  individus  s'écartent  sur  quelques  points,  les 
clairières  sont  envahies  par  des  menthes  ,  par  Y Evpalorium 
cannahlnum,  par  17/tu/a  dissenlerica ,  VArlcmisia  vuhja- 
ris,  etc.  C'est  une  plante  annuelle  qui  lève  à  la  fin  du  prin- 
temps, qui  grandit  ets'allonge  avec  rapidité,  et  dont  les  fleurs 
paraissent  à  la  fin  de  l'été.  —  Ses  tiges,  rouges  et  rameuses, 
sont  garnies  de  feuilles  allongées  qui  y  sont  fixées  par  des 
stipules  soudées,  formant  une  véritable  gaîne  qui  recouvre  et 
enferme  les  jeunes  pousses.  —  Les  fleurs,  roses  ou  blanches, 
naissent  en  épis  serrés,  d'abord  presque  droits,  mais  bien- 
tôt penchés  par  le  poids  des  semences  qui  mûrissent  successi- 
vement abritées  sous  le  périgone  persistant.  Pendant  long- 
temps de  nouvefles  fleurs  se  montrent  sur  les  épis,  et  de  nou- 
veaux épis  naissent  anx  aisselles  des  feuilles.  Le  périgone, 
blanc  ou  d'un  rose  pâle,  se  fonce  de  plus  en  plus,  après  s'être 
refermé  sur  la  graine ,  de  telle  sorte  que  la  plante  semble 
toujours  chargée  de  fleurs.  Ses  graines,  aplaties  et  concaves 
sur  les  deux  faces,  se  sèment  avec  le  périgone. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  aquatique ,  et  vé- 
gète sur  tous  les  sols  pourvu  qu'ils  soient  humides.  Il  reste 
dans  les  plaines  ou  sur  les  montagnes  peu  élevées. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  vit  en  France,  et  atteint  le 
midi  de  l'Espagne.  —  Au  nord ,  il  croît  en  France,  en  Bel- 
gique, en  Aflemagne,  en  Scandinavie,  même  en  Laponie, 
en  Finlande  ,  en  Angleterre  et  en  Irlande.  —  A  roccident, 
il  reste  en  Espagne.  —  A  l'orient ,  il  existe  en  Suisse,  eu 
Italie  ,  en  Sicile  ,  en  Dalmatie ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie ,  eu 


POLYGONCM.  243 

Transylvanie,  en  Grèce,  en  Turquie,  en  Tauride ,  dans 
^e  Caucase ,  en  Géorgie ,  dans  les  Russies  septentrionale  , 
moyenne  et  australe;  dans  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Al- 
taï, du  Baïkal  et  dans  la  Dahurie. 

Limites  d^ extension  de  V espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Espagne 36"^      ) Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie C5       )  29^ 

Occident ,  Espagne 6  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Dahurie 119  E.  )  125» 

Carré  d'expansion 3625 

PoLYGONUJU  Persicaria  ,  Lin.  —  Annuel  comme  tous 
ceux  de  sa  section  ,  il  croît  en  abondance  le  long  des  fossés, 
sur  le  bord  des  eaux,  autour  des  habitations,  et  devient, 
pour  ainsi  dire ,  une  plante  domestique.  —  Ses  tiges  sont 
souvent  rouges  et  rameuses;  ses  feuilles,  sont  lancéolées, 
presque  toujours  marquées  d'une  tache  noire  ou  brune  en 
fer  de  lance,  et  ses  épis  ,  roses  et  dressés,  persistent  pen- 
dant longtemps  avant  de  répandre  des  graines  dont  les 
angles  sont  arrondis.  —  Ces  graines  se  conservent  presque 
indéfiniment  dans  le  sol  ou  dans  la  vase  des  étangs  et  des 
lieux  humides ,  et  c'est  une  des  plantes  que  l'on  voit  paraître 
le  plus  promptement  sur  les  terres  remuées  ou  sur  le  sol 
des  étangs  que  l'on  met  en  culture.  —  Elle  commence  à 
lleurir  en  été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  La  persicaire  est  indif- 
férente ,  et  vit  sur  tous  les  sols  humides  des  plaines  et  des 
montagnes  peu  élevées  ;  elle  monte  cependant  avec  les  cul- 
tures, et  suit  l'homme  dans  ses  migrations.  Elle  arrive  ainsi 
autour  des  chalets  dans  les  hautes  régions. 


244  POLYGONÉES. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  la  rencontre  en  France,  en 
Espagne,  en  Algérie,  dans  l'île  de  Crète,  à  Madère,  aux  Ca- 
naries. —  Au  nord,  dans  toute  l'Europe,  dans  toute  la 
Scandinavie  jusqu'au  70" 30',  où  elle  vit  dans  les  champs  et 
près  des  habitations.  Elle  est  aussi  en  Angleterre,  en  Irlande, 
dans  les  archipels  anglais,  aux  Feroë  et  en  Islande.  —  A 
l'occident,  outre  le  Portugal,  Madère  et  les  Canaries,  elle  est 
citée  par  Ilooker  sur  plusieurs  points  de  l'Amérique  du  nord, 
mais  nous  présumons  qu'il  a  confondu  avec  notre  P.  Persi- 
caria,  des  types  particuliers  comme  il  le  fait  lui-même  pres- 
sentir.—  A  l'orient,  elle  habite  la  Suisse,  l'Italie,  la  Dal- 
matie,  la  Croatie,  la  Hongrie,  la  Transylvanie,  la  Grèce, 
la  Turquie ,  la  Tauride ,  le  Caucase ,  la  Géorgie,  toutes  les 
Russies ,  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et 
orientale,  et  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 30»      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Altenliord 70       i  40° 

Occident ,  Islande 26  O.  I  Ecart  en  longitude  : 

Onenf,  Sibérie  orientale 163   E.-'  ISO» 

Carré  d'expansion 7560 

PoLYGONUM  MITE,  Schrank.  —  Cette  espèce  commune 
se  trouve  dans  les  lieux  frais ,  sur  le  bord  des  rivières ,  le 
long  des  fossés  oii  elle  vit  en  sociétés  souvent  très-nom- 
breuses. Elle  est  annuelle;  sa  tige  est  droite,  simple  ou 
rameuse  ,  souvent  rougeâtre  ;  ses  feuilles  sont  lancéolées  , 
non  tachées,  et  les  gaines  sont  velues  et  ciliées.  Les  Heurs, 
roses  ou  blanches,  sont  disposées  en  épis  grêles  et  interrom- 
pus, ordinairement  penchés,  munis  de  bractées  ciliées.  Les 


POLYGO^UM.  "  2i5 

graines  sont  noires,  très-luisantes  et  plus  ou  moins  trigones. 

—  Elle  fleurit  à  la  fin  de  l'été. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  Aquatique,  indifférent 
et  habitant  les  plaines. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  la  France  et  le  midi  de  l'Italie. 

—  Au  nord,  la  Belgique,  l'Angleterre,  l'Allemagne,  le 
Danemarck  et  la  Gotiiie.  —  A  l'occident ,  l'Angleterre.  — 
A  l'orient,  la  Suisse,  l'Autriche,  la  Hongrie  ,  la  Dalmatie  , 
la  Transylvanie,  le  Caucase  et  la  Lithuanie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40°     | Écart  en  latitude  : 

Nord, Gothie 59       j  19» 

Occident ,  Angleterre 0        i  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Caucase 46  E.  )  52» 

Carré  d'expansion 988 

PoLYGONUM  Hydropiper  ,  Lin,  —  Il  est  bien  rare  qu'à 
la  fin  de  l'été  les  fossés  où  s'épanchent  des  eaux  de  fumier 
ou  ceux  même  qui  bordent  les  champs  cultivés ,  ou  qui  avoi- 
sinent  les  habitations ,  ne  soient  pas  peuplés  de  ce  Polijgo- 
num,  qui  vit  avec  les  Bidens  ,  avec  le  Panicum  Crus-galli, 
avec  les  J/tsma  ouïe  Potentilla  anserina.  —  Ses  tiges  sont 
grêles  et  vertes,  ses  feuilles  allongées  et  d'une  saveur  poi- 
vrée ,  non  tachées ,  et  ses  épis  allongés ,  moins  serrés  que 
ceux  du  P.  Persicaria,  sont  toujours  inclinés. — Ses  feuil- 
les, comme  celles  des  autres  Polygonum  ,  sont  redressées 
dans  le  bourgeon  ,  roulées  en  dehors  et  enveloppées  d'une 
stipule  scarieuse  qu'elles  percent  ensuite.  —  Il  fleurit  en  été 
et  en  automne. 

Nature  du  soL  —  Altitude.  —  Aquatique  et  indiffé- 


246  rOLYGONÉES. 

rent  ;  vit  en  plaine  et  dans  les  montagnes  près  des   lieux 
habités  et  dans  les  champs  après  la  moisson. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  la  France  ,  le  centre  de  l'Es- 
pagne ,  l'Algérie  et  Madère.  —  Au  nord  ,  toute  l'Europe, 
y  compris  le  Danemarck,  la  Gothie  ,  la  Norvège ,  la  Suède 
et  là  Finlande  australe  ,  l'Angleterre  ,  l'Irlande  ,  les  Orca- 
des,  les  Shetland,  les  Feroë  et  l'Islande.  —  A  l'occident, 
le  Portugal ,  Madère  ,  le  Canada  et  le  Saskatchawan.  —  A 
l'orient,  la  Suisse,  l'Italie  ,  la  Sicile  ,  la  Croatie  ,  la  Hon- 
grie, la  Transylvanie,  la  Grèce,  la  Turquie,  le  Caucase, 
toutes  les  Ru^sies ,  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï ,  du 
Baïkal,  orientale,  et  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Madère 33®      ) Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Finlande 62       i  29« 

Occident ,  Canada 64       ]  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  orientale 163   E.  )  227» 

Carré  d'expansion 4583 

PoLYGONTM  MINUS  ,  Huds.  —  Ou  le  trouvc  dans  les  lieux 
marécageux  et  en  partie  inondés,  sur  le  bord  des  étangs  et 
des  mares.  Il  est  annuel  ;  ses  tiges  sont  diffuses ,  très-ra- 
meuses et  d'un  beau  rouge.  Ses  feuilles  sont  lancéolées- 
linéaires  ,  arrondies  à  la  base  et  rétrécies  au  sommet.  Les 
gaines  sont  munies  de  longs  poils  ciliés.  Les  fleurs  sont 
d'un  beau  rouge  et  disposées  en  épis  grêles  et  lAches.  Les 
graines  sont  noires,  très-luisantas ,  trigones  ou  arrondies. 
—  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Terrains  aquatiques  et 
siliceux  des  plaines. 


POLYGONUM.  247 

Géographie.  — Au  sud,  la  France,  l'Espagne  et  le 
midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  la  Belgique,  l'Allemagne,  la 
Scandinavie,  la  Laponie  exceptée,  l'Angleterre  et  l'Irlande. 
—  A  l'occident,  le  Portugal.  —  A  l'orient,  la  Suisse,  la 
Hongrie  ,  la  Croatie ,  la  Transylvanie  ,  le  Caucase  ,  la  Géor- 
gie, lesRussies  moyenne  et  australe,  les  Sibéries de  l'Ou- 
ral ,  de  l'Altaï ,  du  Baïkal  et  orientale. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  ]^îidi  de  l'Italie 40°      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 62        j  22° 

Occident,  Portugal 10       'i  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  orientale 163   E.  j  173o 

Carré  d'expansion 3806 

PoLYGOXUM  AvicuLARE,  Lin.  —  Vu  des  faits  les  plus 
curieux  de  l'élude  des  végétaux  et  de  leurs  rapports,  est  cer- 
tainement de  trouver  dans  un  même  genre  de  plantes ,  des 
Heurs  et  des  fruits  dont  les  ressemblances  sont  telles,  qu'il 
est  impossible  de  les  séparer,  et  de  voir  ces  principaux  or- 
ganes de  la  plante  accompagner  des  parties  essentielles  à  la 
végétation  et  qui  n'ont  plus  aucun  rapport.  C'est  ainsi  que 
dans  le  genre  qui  nous  occupe  le  P.  avicidare  a  un  port  en- 
tièrement différent  des  autres.  Il  se  présente  lui-même  avec 
des  caractères  tellement  distincts,  que  l'on  doit  sans  doute 
reconnaître  qu'il  constitue  un  groupe  plutôt  qu'une  espèce 
unique.  Tantôt,  en  effet,  c'est  une  plante  rampanle,  à  tige 
très-rameuse,  à  feuilles  vertes  et  ovales ,  sortant,  comme 
les  fleurs  qu'elles  portent  à  leurs  aisselles  ,de  stipules  plus  ou 
moins  larges,  transparentes  et  bilobées;  tantôt  ce  sont  des 
tiges  dressées ,  à  larges  feuilles  ovales,  ou  bien  des  rameaux 


2iS  paLVGo>EEs. 

aphyîles,  ressemblant  à  des  liges  d'Equisetum,  et  s' a\\on~ 
géant  indéfiniment  sur  la  terre.  Toutes  ces  variétés  ou  espè- 
ces sont  annuelles  ;  les  unes  vivent  en  société  sur  la  terre  pié- 
tinée ,  le  long  des  chemins,  entre  les  pavés  des  rues,  les 
autres  se  dressent  dans  les  champs ,  sur  le  Lord  des  fossés  , 
ou  s'étalent  en  gazon?  enlacés  sur  les  sables  des  rivières.  — 
Dans  toutes  ces  plantes»  les  fleurs  sont  petites ,  blanches  ou 
rosées,  et  elles  naissent  réunies  en  petits  paquets  dans  les  ais- 
selles, d'où  elles  sortent  une  à  une  pour  s'épanouir,  pen- 
dant très-peu  de  temps. — Les  anthères  extérieures  s'ouvrent 
en  dehors,  les  autres  en  dedans,  et  les  3  stigmates,  sur- 
montés de  papilles ,  sont  immédiatement  fécondés.  Les 
graines  sont  noires ,  brillantes,  et  tombent  accompagnées  du 
périgone. —  !1  fleurit  pendant  toute  l'année. 

Nature  du  sol. — Allilude.  — Quoique  indifférent,  il  pré- 
fère les  terrains  salifères,  les  rues  et  les  promenades  publiques, 
le  voisinage  des  habitations.  Il  vit  en  plaine  et  dans  les  mon- 
tagnes où  i!  suit  l'homme  ,  ses  chalets  et  ses  cultures  ,  jus- 
qu'à 2,400'",  altitude  qu'il  atteint  d^ns  les  Alpes,  selon 
de  (^andolle.  M.  Boissier  en  cite  une  variété  qui,  dans  le 
midi  de  l'Espagne,  atteint  jusqu'à  3,200", 

Géographie.  —  C'est  une  des  pfantes  les  plus  répandues- 
sur  la  terre.  —  Au  sud,  elle  vit  en  France  ,  en  Espagne, 
en  Algérie ,  en  Egypte  ,  à  Madère,  aux  Canaries  et  dans  di- 
verses parties  de  l'Abyssinie.  —  Au  nord  ,  elle  occupe  toute 
l'Europe  jusqu'à  la  Laponie  australe  ,  l'Angleterre  et  ses 
archipels,  l'Irlande,  lesFeroe  et  l'Islande.  — A  l'occident,, 
on  la  rencontre  en  Portugal ,  en  Amérique ,  au  Groenland  , 
au  Canada,  à  Terre-Neuve,  où,  selon  de  La  Pilaye,  elle 
offre  une  variété  à  feuilles  panachées  de  pourpre  ;  au  Labra- 
dor, dans  le  nord-ouest  de  TAmérique ,  où  elle  varie 
comme  en  Europe,  selon  M.  lïooker,  et  renferme  proba- 


POLYGONCM.  249 

blement  oussî  picsiears  espèces  distinctes.  —  A  l'onent, 
elle  vit  dans  toute  l'Earope  ,  dans  le  Caucase  ,  la  Géorgie  , 
les  grandes  Indes  et  presque  toute  l'Asie  tempérée,  dans 
toutes  les  Russies ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï, 
du  Baïkal,  orientale,  dans  la  Dahurie  et  l'île  de  Sitcha.  — 
Elle  est  encore  indiquée  sur  plusieurs  points  de  l'Australie, 
au  cap  de  Bonne-Espérance,  etc. 

Limites  d'extension  de  Fespèce, 

Sud,  Abyssinic ÎO"      ^  Ecart   en  latitude  ; 

Nord ,  Laponie 06       j  5  "*^ 

Occide^it  el  Orient 3G0       J  ^-'''''  ^"  '^"S'^"^*^  ' 

(  360« 

Carré  d'expansion 231 GG 

PoLYGOMM  Bellaudi,  Ail. —  Il  croît  dans  champs ,  le 
long  des  fossés,  dans  les  lieux  salifères  et  humides.  Il  est 
annuel  et  ressemble  au  P.  maritimum.  Sa  tige  est  droite^ 
ferme  et  striée.  Ses  stipules  sont  très-grandes,  membra- 
neuses^ blanches  et  déchiquetées  sur  leurs  bords.  Les  feuilles 
inférieures  sont  oblongues ,  les  supérieures  linéaires  et 
pointues.  Les  fleurs  ,  petites  et  d'un  blanc  rosé  ,  sont  axil- 
laires.  —  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  soi.  —  Altitude.  —  I!  recherche  les  terrain» 
aquatiques ,  salifères  et  marneux  de  la  plaine. 

Géographie.  — Âa  sud,  il  vit  en  France,  en  Espagne, 
en  Algérie  jusque  dans  l'xAurès.  —  Au  nord,  il  atteint  b 
Belgique,  TEsthonie  et  la  Lithuanie.  —  A  l'occident ,  il 
reste  en  France.  —  A  l'orient,  il  habite  l'Italie ,  la  Sicile, 
la  Dalmatie  ,  la  Hongrie  ,  la  Transylvanie ,  la  Grèce ,  h 
Tiiuride ,  le  Caucase ,  la  Géorgie  ,  le  Taliisch ,  les  Russief. 


250  POLYGONÉES. 

moyenne  et  australe ,  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï  et 
orientale. 

Limites  cV extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie> 34°     ]  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Esthonie o9        )  25" 

Occident ,  France 2       i  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  orientale 160  E.  )  162" 

Carré  d'expansion 4050 

PoLYGONCM  Co>voLVULUS,  Lin.  —  La  terre  recèle  dans 
son  sein  une  foule  de  semences  qui  restent  dans  un  som- 
meil létbargitjue  jusqu'à  ce  que  des  circonstances  favorables 
se  présentent  pour  leur  développement.  Le  P.  Convolvulus 
se  trouve  dans  ces  conditions.  Ses  graines  dispersées  dans 
les  champs  lèvent  à  l'abri  d'une  vive  lumière  ,  sous  la  pro- 
tection des  céréales  qui  verdissent  et  s'élèvent.  Les  jeunes 
plantes .  munies  de  quelques  feuilles  sagittées,  restent  long- 
temps sans  prendre  d'accroissement,  et  les  plus  précoces  s'en- 
roulent autour  des  chaumes,  cherchant,  en  contournant  leurs 
pétioles ,  à  profiter  le  plus  possible  de  la  lumière  qui  pé- 
nètre sous  le  feuillage  des  moissons.  A  peine  leurs  (leurs 
verdàtres,  réunies  en  petites  grappes  axillaires  ,  commen- 
cent à  paraître,  que  la  faux,  en  détruisant  leurs  supports,  les 
entraîne  avec  eux.  Mais  ce  Potygonum  repousse  de  sa  base, 
et  d'ailleurs,  de  nombreux  individus  qui  languissaient  étiolés 
sous  les  chaumes,  croissent  alors  avecproniptitu.de.  Ils  pren- 
nent un  feuillage  brun  ou  rouge,  ils  s'élèvent  peu,  privés 
de  point  d'appui,  et  les  fleurs,  qui  naissent  à  cette  époque, 
donnent  aussi  naissance  à  des  cariopses  triangulaires ,  sur 
lesquels  le  périgone  reste  appliqué  sans  changer  de  forme, 
comme  cela  a  lieu  dans  le  P.  dumetorum,  —  C'est  toujours 


POLYGONCM.  251 

à  la  fin  de  l'été  que  cette  plante  lleurit,  mêlée  au  Galeop- 
sis  Ladaniim,  à  Vlleliothropinm  europœiim,  et  à  ces  végé- 
taux tardifs  qui  attendent  que  les  campagnes  soient  dé- 
pouillées de  leurs  richesses  pour  y  croître  en  pleine  liberté. 

Nature  du  sol.  — AUilude.  —  Il  est  indifférent,  et 
croît  dans  les  plaines  et  sur  les  montagnes.  Ledebour  le 
cite  dans  le  Caucase  jusqu'à  2,000'". 

Géographie.  —  Plante  très-répandue,  comme  toutes 
celles  des  moissons.  Au  sud  ,  elle  occupe  la  France,  l'Es- 
pagne ,  l'Algérie  ,  Madère  et  les  Canaries.  —  Au  nord  ,  on 
la  trouve  dans  tout  le  centre  de  l'Europe  ,  jusque  dans  la 
Laponie  où  elle  se  rencontre  dans  les  champs  des  colons  , 
en  Irlande  et  en  Islande.  —  A  l'occident,  elle  existe  aussi 
en  Portugal.  —  A  l'orient,  elle  est  en  Suisse,  en  Italie,  en 
Sicile  ,  en  Dalmatie  ,  en  Hongrie ,  en  Croatie  ,  en  Transyl- 
vanie, en  Grèce,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie, 
aux  Indes  orientales,  en  Chine  et  au  Japon,  dans  toutes 
les  Russies,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du 
Baïkal  et  orientale,  dans  la  Dahurie  et  le  Kamtschatka. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Canaries 30"      ) Écart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 08        j  38» 

Occident ,  Canark's 18  O.  I  Ecart  en  longitude: 

Om«/,  Kamtschatka 170   E.  ^  188» 

Carré  d'expansion 7144 

PoLYGOXDM  DCMETORCM,  Lin.  —  Quoique  nous  soyons 
bien  loin  dans  nos  climats  d'avoir  ce  grand  nombre  de  plantes 
grimpantes  et  enlaçantes  qui  rendent  les  forets  des  régions 
tropicales  impénétrables  ,  nous  avons  cependant  des  espèces 


252  POLYGOJiÉES. 

qui,  par  la  rapidité  de  leur  croissance  et  la  faculté  ({u'eiics 
ont  de  s'enrouler  autour  des  corps  voisins ,  jouent  le 
rôle  de  ces  lianes  multipliées  sous  les  tropiques  et  qui  man- 
quent à  nos  contrées.  De  ce  nombre  est  le  P.  dumetorum. 
—  Ses  longues  tiges ,  rondes  et  non  anguleuses  comme 
celles  de  l'espèce  précédente ,  pénètrent  dans  les  haies  et 
les  buissons  ;  elles  s'enrouleiit  de  droite  à  gauche  sur  toutes 
les  branches  qu'elles  rencontrent,  elles  s'y  attachent,  et 
leurs  feuilles  sagittées,  portées  sur  des  pétioles  assez  longs, 
se  mêlent  à  celles  des  arbrisseaux  qui  leur  prêtent  leur  appui. 
Les  fleurs  sont  axillaires  et  réunies  par  petits  bouquets  qui 
poussent  à  la  fin  de  l'été  au-dessus  des  haies  qui  sont  cou- 
ronnées par  cette  plante  sarmenteuse.  Ces  ileurs  sont  vertes, 
sans  éclat,  et  s'ouvrent  seulement  quelques  heures  dans  la 
matinée.  Les  étamines  sont  au  nombre  de  8 ,  et  l'ovaire 
triangulaire,  presque  soudé  au  périgone,  porte  3  styles  et  3 
stigmates.  —  Après  la  fécondation  ,  les  carènes  des  3  sépales 
extérieurs  se  relèvent  en  ailes  membraneuses  et  blanchâlres; 
elles  restent  fixées  à  des  semences  (rianf:ulaires  et  noires  qui 
tombent  avec  elles  quand  l'articulation  qui  les  attachait 
à  lagra  pe  si'  brise  et  i^ur  donne  la  liberté.  —  Il  fleurit  en 
juillet  et  en  août. 

NaUiredu  soL  —  Altitude,  —  ïl  est  indifférent  à  la  na- 
ture du  sol,  et  préfère  la  plaine  aux  montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  végète  en  France  ,  dans  le 
midi  de  l'Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord,  dans  toute  l'Eu- 
rope centrale,  dans  la  Scandinavie  jusqu'en  Suède  et  dans 
la  Finlande  australe.  Il  est  indiqué  comme  naturalisé  en  An- 
gleterre. —  A  l'occident,  il  reste  en  France.  —  A  l'orient, 
il  s'étend  en  Suisse  ,  en  Dalmatie,  en  Croatie,  en  Mongriey 
en  Transylvanie ,  dans  la  Thrace  septentrionale  ,  la  Tauride, 
le  Caucase  ,  la  Géorgie,  les  Russies  septentrionale ,  moyenne 


THYMÉLÉES.  253 

et  australe  ,    les    Sibéries    de   l'Oura!  ,   de    l'Altaï ,    du 
Baïkal  et  orientale. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Sicile 39''      ^i Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Finlande 62       j  ^  23° 

Occident ,  France 4  0."|  Ecart  en  longitude  : 

On e?2Y,  Sibérie  orientale 1(33  E.i  167° 

Carré  d'expansion 384-1 


FAMiLLE  DES  THYMELEES. 


Ces  plantes  appartiennent  aux  deux  hémisphères,  et  re- 
cherchent les  régions  tropicales  ou  les  parties  des  zones 
tempérées  qui  en  sont  voisines.  Elles  sont  assez  rares  en 
Amérique,  mais  prépondérantes  au  cap  de  Bonne-Espé- 
rance et  à  la  Nouvelle-Hollande.  Un  petit  nombre  seule- 
ment vit  en  Europe  et  fait  seulement  1/314  de  sa  flore. 
Les  pays  chauds  de  ce  continent  sont  ceux  qui  sont  le  plus 
favorisés  ;  ainsi  la  Sicile  en  a  8  espèces  ,  le  royaume  de  Na- 
ples  en  a  9 ,  le  midi  de  l'Espagne  en  a  1 1 ,  et  toutes  les 
autres  flores  se  réduisent  au  chiffre  de  2  à  4,  et  même  à 
une  seule  espèce  dans  les  régions  du  nord.  —  Cette  pau- 
vreté se  maintient  à  l'est  en  avançant  en  Asie.  —  Elle  se 
manifeste  également  dans  les  montagnes  et  plus  encore  dans 
les  îles  de  l'hémisphère  boréal ,  qui  sont  à  peu  près  toutes 
dépourvues  de  Thymélécs. 


251  THYMÉLÉES. 

G.  STELLERA,  Lin. 

Très-petit  genre ,  composé  seulement  de  4  espèces ,  tou- 
tes originaires  de  la  Sibérie  et  de  la  Dahurie ,  et  dont  une 
seule  arrive  en  Europe. 

Stellera  Passerina,  Lin.  — Cette  espèce  annuelle 
passe  souvent  inaperçue  dans  les  champs  et  sur  le  bord  des 
vignes ,  où  elle  devient  quelquefois  très-commune.  —  Ses 
tiges  sont  grêles  ,  simples  ou  rameuses  ,  et  garnies  de  feuilles 
glauques ,  un  peu  visqueuses  à  cause  des  glandes  blan- 
châtres dont  leurs  deux  surfaces  sont  parsemées.  Les  fleurs 
naissent  aux  aisselles  des  feuilles  supérieures,  réunies  en 
glomérules  sessiles  ,  entourés  de  poils  cotonneux  et  de  brac- 
tées. Le  périgone  est  tubulé  ,  quadrifide,  et  les  8  étamines 
entourent  un  ovaire  surmonté  d'un  style  court  et  d'un  stig- 
mate en  tète.  Ces  petites  fleurs,  à  peine  apparentes  ,  s'ou- 
vrent le  soir,  sont  fécondées  pendant  la  nuit,  et  se  refer- 
ment le  matin  suivant.  Quelques  fleurs  femelles  sont  presque 
toujours  mêlées  à  celles  qui  sont  hermaphrodites. —  La 
fleur  fécondée  ne  s'ouvre  plus,  son  périgone  est  soudé  à  l'o- 
vaire ,  qui  s'allonge  et  se  transforme  en  une  petite  baie 
verte  à  l'extérieur,  et  renfermant  une  seconde  enveloppe 
noire  et  crustacée,  —  Il  Ileurit  à  la  fin  de  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Cette  espèce  recherche 
les  terrains  calcaires  et  marneux  de  la  plaine ,  et  peut  aussi 
s'élever  dans  les  montagnes.  — M.  Boissier  la  cite  entre 
800  et  1 ,300»  dans  le  midi  de  l'Espagne. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  habite  la  France ,  l'Espa- 
pagne  et  l'Algérie.  —  Au  nord  ,  on  la  trouve  en  France  , 
en  Belgique ,  en  Allemagne  et  en  Volhynîe.  —  A  l'occi-' 


DAPHNE.  255 

dent,  elle  reste  en  Espagne.  — A  l'orient,  elle  \it  en 
Suisse,  en  Autriche,  en  Italie,  en  Hongrie,  en  Dalmatie, 
en  Croatie  ,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce  ,  en  Tauride  ,  dans 
le  Caucase,  en  Géorgie,  en  Perse,  dans  la  Russie  australe 
et  dans  la  Sibérie  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Algérie aô*^      1  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  A'oihynie 51        j  16° 

Occident,  Espagne 7  O.  j  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  allaïque 92  E.  j  99° 

Carré  d'expansion 158i 

G.   BAFHNE  ,  Litl. 

Distribution  géographique  du  genre.  — On  connaît  en- 
viron 50  espèces  de  ce  genre,  très-disséminées  sur  la  terre. 
—  20  appartiennent  à  l'Asie  et  se  trouvent  surtout  aux 
Indes  orientales  et  au  Xépaul  ;  quelques-unes  existent  en 
Chine,  au  Japon  et  en  Sibérie,  quelques  autres  dans  le 
Caucase  et  dans  l'Asie  mineure.  —  L'Europe  a  17  à  18 
Daphne  qui  végètent  presque  tous  dans  ses  régions  austra- 
les :  en  Italie,  en  Provence  ,  en  Grèce,  à  l'île  de  Crète ,  en 
Corse,  ou  bien  dans  les  montagnes  des  Alpes.  —  L'Amé- 
rique n'est  pas  très-riche;  7  ont  été  rencontrés  dans  sa 
partie  nord  ,  au  Mexique ,  à  la  Nouvelle-Grenade  et  aux 
Antilles.  —  En  seulement  est  connu  dans  le  sud  du  nou- 
veau monde ,  dans  les  Andes  de  Quito.  — On  en  indique  3 
espèces  en  Océanie  :  2  à  Java  ,  1  aux  îles  des  Amis.  —  En 
Afrique  une  seule  est  mentionnée;  elle  est  du  cap  de  Bonne- 
Espérance. 


256  TUYMÉLÉES. 

Daphne  Gmdium  ,  Lin.  —  Abondammsnt  répandu  sur 
les  collines  sèches  et  rocailleuses ,  ce  Daphne  forme  des 
groupes  élégants  qui  se  mêlent  aux  romarins  et  aux  lavan- 
des ,  aux  cistes  et  à  toute  cette  série  de  végétaux  qui  s'em- 
pressent au  printemps  de  jeter  leur  voile  de  verdure  et  de 
fieurs  sur  l'aridité  des  rochers.  — -  Ses  tiges  ,  presque  sim- 
ples ,  marquées  de  cicatrices ,  portent  un  grand  nombre  de 
feuilles  éparses  et  lancéolées.  Les  fleurs  sont  réunies  en 
grappes  jaunâtres  au  sommet  des  rameaux;  elles  paraissent 
au  printemps,  et  pendant  que  les  baies  auxquelles  elles  don- 
nent naissance  commencent  à  mûrir  ,  les  aisselles  inférieures 
émettent  de  nouvelles  branches  qui  se  dressent  et  s'allon- 
gent avec  rapidité  et  dépassent  bientôt  la  hauteur  de  la  tige 
principale  dont  la  floraison  a  arrêté  la  croissance.  C'est  un 
arbrisseau  charmant  dont  l'élégance  consiste  particulière- 
ment dans  le  feuillage  et  dans  les  baies  globuleuses  et  d'un 
beau  rouge  qui  contrastent  avec  lui. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  — Il  recherche  les  terrains 
siliceux  et  graveleux  de  la  plaine  et  des  coteaux.  Dans  le 
midi  de  l'Espagne  il  se  trouve  entre  600  et  1,600"^,  selon 
M.  Boissier. 

Géographie,  —  Au  sud  ,  il  habite  la  France ,  l'Espagne, 
l'Algérie,  les  Canaries  et  toute  la  région  méditerranéenne  à 
l'exception  de  l'Egypte.  —  Au  nord  ,  il  arrive  sur  le  bord 
du  plateau  central  de  la  France.  —  A  l'occident,  il  est  en 
Portugal  et  aux  Canaries.  —  A  l'orient,  il  végète  en  Italie, 
en  Sicile ,  en  Dalmatie  et  en  Grèce. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Canaries 30^     \  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  France 44       )  14® 


DAPHNE,  257 

Occident ,  Canaries 18  0.  J  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Grèce 22  EJ  40« 

Carré  d'expansion 560 

Daphne  Cneoroi  ,  Lin.  —  Ses  tiges  ligneuses  et  ram- 
pantes se  cachent  sur  les  pentes  herbeuses  des  montagnes, 
dans  les  lieux  battus  par  les  vents  ;  mais  elles  sont  fixées 
par  de  puissantes  racines.  Ses  rameaux  dressés  sont  garnis 
de  petites  feuilles  consistantes  et  rapprochées,  et  se  terminent 
par  de  jolis  bouquets  de  fleurs  roses  et  odorantes ,  sessiles  au 
centre  de  la  rosette  foliacée.  Ce  n'est  que  dans  les  mois  de 
mai  ou  de  juin  que  ces  fleurs  paraissent ,  car  elles  étaient 
primitivement  enfermées  avec  les  feuilles  dans  des  écailles 
qui  formaient  un  bourgeon  terminal.  Les  fleurs  ont  un  pé- 
rigone  velu  et  quadrifide,  dans  l'intérieur  duquel  les  8  éta- 
mines  répandent  leur  pollen  orangé.  Le  fruit  est  une  baie 
uniloculaire  et  monosperme. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  sur  les  terrains 
calcaires  et  rocheux,  depuis  0  dans  les  Landes  jusqu'à  2,400°* 
dans  les  Pyrénées,  selon  de  Candolle.  II  existe  dans  la  Lo- 
zère à  800™  environ.  Walhenberg  le  cite  dans  la  Suisse 
septentrionale,  dans  la  région  alpine  inférieure,  au-dessus  de 
la  limite  de.*  sapins,  jusqu'à  2,200™,  où  il  est  abondant. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  habite  les  Pyrénées,  le  centre 
de  l'Espagne  et  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  existe  dans 
le  midi  de  l'Allemagne  et  en  Lithuanie.  —  A  l'occident,  il 
reste  en  Espagne.  —  A  l'orient,  on  le  rencontre  en  Suisse, 
en  Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie  et  en  Volhynie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40"      j  Écart  en  latitude  : 

iVor(/,  Lithuanie 54        (  14" 

VIII  17 


2258  ÏUVMÉLÉES. 

Occident ,  Espagne 4  O.  |  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Volhynie 27  E.  j  SI® 

Carré  d'expansion 434 

Daphne  alpina  ,  Lin.  —  C'est  au  milieu  des  montagnes, 
dans  les  fentes  des  rochers ,  aux  lieux  pierreux  et  escarpés , 
qu'il  établit  son  séjour.  Il  se  présente  sous  la  forme  d'un 
arbrisseau  rameux  ,  raccourci  et  tortueux,  dont  les  branches 
forment  de  petits  buissons  dénués  de  feuilles  à  leur  base ,  et 
montrant  une  écorce  cendrée.  Les  feuilles  sont  presque  tou- 
tes réunies  au  sommet  des  rameaux;  elles  sont  d'un  vert 
pâle,  et  pubescentes  dans  leur  jeunesse  seulement.  Les  (leurs, 
d'un  blanc  jaunâtre  et  parfumées,  naissent  à  l'aisselle  des 
feuilles  et  sont  remplacées  par  des  baies  noires  et  arrondies. 
—  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
calcaires  et  rocheux  des  montagnes.  Nous  le  trouvons  à 
700™  dans  la  Lozère.  De  Candolle  le  cite  à  300™  à  Greno- 
ble et  à  1,400™  à  Briançon. 

Géographie.  —  Au  sud  et  à  l'orient ,  on  le  trouve  dans 
les  Pyrénées,  dans  les  Apennins,  en  Grèce,  sur  le  Par- 
nasse et  sur  l'Olympe ,  et  à  l'île  de  Crète.  —  Au  nord  et 
à  l'occident ,  il  atteint  le  Jura ,  le  Tyrol ,  la  Croatie  ,  la 
Hongrie  ,  la  Transylvanie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce, 

Sud ,  lie  de  Crète 35«      |  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Transylvanie 47       i  12» 

Occident ,  France 3  0.^  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  lie  de  Crète 23   E.j  26« 

Carré  d'expansion 312 


DAPHNE.  259 

Daphne  Mezereum  ,  Lin.  —  Lorsque  les  fleurs  du  prin- 
temps, qui  s'abritaient  l'hiver  sous  les  feuilles  mortes  des  bois, 
les  soulèvent  et  viennent  timidement  présenter  leurs  corolles 
aux  premiers  rayons  du  soleil  ;  dans  cette  saison  oii  chaque 
jour  amène  un  progrès  de  la  nature  et  ajoute  à  nos  sens  une 
jouissance  nouvelle ,  déjà  un  arbrisseau  rameux  montre  sur 
son  écorce  grise  des  boutons  qui  essaient  aussi  de  se  dégager 
de  leurs  écailles.  Il  présente  des  pousses  annuelles  super- 
posées, et  au-dessous  du  bourgeon  vert  et  terminal  qui  ren- 
ferme encore  les  feuilles ,  on  voit  dispersés  sur  le  bois  des 
deux  années  précédentes  les  groupes  de  fleurs  qui  vont 
s'épanouir.  Elles  sont  réunies  3  ou  4  ensemble  et  leur  dou- 
ble enveloppe  purpurine  s'entr'ouvre  et  parfume  la  forêt.  Le 
Samhucus  racemosa  se  développe  auprès  de  ce  Daphne,  le 
Dentaria  pinnata  élève  ses  fleurs  lilacées  au  niveau  des 
siennes,  le  Scilla  bifolia ,  V Anémone  w^morosa  s'empres^ 
sent  aussi  de  s'ouvrir;  mais  il  les  domine  et  attire  tous 
les  regards  sur  ses  girandoles  carminées.  Ses  fleurs  conti- 
nuent de  s'épanouir,  et  le  bourgeon  supérieur  se  développe; 
ses  jolies  feuilles  ovales,  d'un  vert  gai,  se  montrent  en  une 
rosette  élégante,  et  lorsque  le  feuillage  est  entièrement  déve- 
loppé ,  lorsqu'une  pousse  nouvelle  s'est  en  quelque  sorte 
ajoutée  aux  anciennes  ,  des  baies  ovales  et  d'un  rouge  écla- 
tant apparaissent  au-dessous  du  feuillage  et  donnent  encore 
au  séjour  que  le  Daphne  a  choisi  un  ornement  plus  dura- 
ble que  les  fleurs  qui  l'embellissaient  au  printemps. — Voici 
quelques  dates  précises  défloraison.  —  l*"""  avril  1839,  à 
la  Chartreuse  de  Pontgibaud  ;  — 3  avril  1852,  bois  de  la 
Goulie;  —  8  avril  1827,  base  du  puy  de  Dôme;  — 
28  avril  1 833 ,  au  puy  de  Côme  ;  —  1 2  mai  1 833  ,  bois  au 
bas  du  puy  de  Dôme.  —  24  mai  1842,  au  puy  de  Pariou; 


2G0  TUYMÉLÉIiS. 

—  2  avril ,  moyenne  de  4  ans  pour  leTyrol  septentrional , 
selon  Unger. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  Il  est  indifférent  et  croît 
sur  tous  les  terrains  ,  bien  qu'il  semble  préférer  les  sols  dé- 
triti'jues  des  forêts.  Il  babite  la  plaine  dans  le  nord  ,  et  par- 
tout ailleurs  il  préfère  les  montagnes.  Nous  le  trouvons  en- 
tre 800  et  1,200™.  De  Candolle  l'indique  à  400™  à  Autun 
et  à  Genève,  et  à  2,000™  dans  les  Pyrénées  et  dans  les 
Alpes.  En  Suisse,  dit  Wablenberg,  il  abonde  dans  toutes 
les  forêts  subalpines  et  il  monte  quelquefois  jusqu'à  1 ,800™. 
Tenore  l'indique,  en  Italie,  entre  800  et  1,200™.    ' 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France  ,  dans  les 
Pyrénées,  en  Espagne  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au 
nord  ,  il  habite  la  France,  la  Belgique,  l'Allemagne,  toute 
la  Scandinavie  y  compris  la  Laponie  où  il  vit  dans  les 
bois  épais ,  et  l'Angleterre  où  il    a  sa  limite    occidentale. 

—  A  l'orient ,  il  est  cité  en  Suisse  ,  en  Dalmatie,  en  Hon- 
grie, en  Croatie,  en  Transylvanie,  dans  le  Caucase,  dans 
toutes  les  Russies ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Al- 
taï et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Midi  de  l'Italie 40«      j  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie C8        j  28° 

Occident,  Angleterre 6  O.  )  Écart  en  longitude  : 

On>/2^  Sibérie  du  Baïkal....   116   E.i  122» 

Carré  d'expansion 3416 

Daphne  Laureola,  Lin.  —  C'est  encore  dans  les  bois, 
au  milieu  des  buissons ,  près  du  houx  ,  du  Sambucus  race- 
mosa  ou  du  Rubus  idœus ,  que  l'on  aperçoit  les  tiges  élan- 


DAPHNE.  261 

(éeset  quelquefois  rameuses  de  ce  Daphne.  Il  conserve  en 
hiver  son  élégant  feuillage.  Le  vernis  qui  recouvre  ses  feuil- 
les entières  et  épaisses  le  met  à  l'abri  de  l'eau  du  ciel  et  de 
celle  qui  résulte  de  la  fonte  des  neiges.  Sous  la  rosette  de 
feuilles  qni  termine  chacun  de  ses  rameaux,  naissent  éparses 
de  petites  fleurs  vertes  dont  les  anthères  orangées  relèvent 
la  couleur  foliacée  ,  et,  pendant  que  les  fruits  commencent  à 
grossir,  on  voit  au  milieu  de  ces  rosettes  le  jeune  bourgeon 
qui  doit  continuer  la  branche  et  la  surmonter  ,  comme  cela 
a  lieu  dans  le  D.  Mesereum.  Ses  baies  sont  ovales  et  noires 
quand  elles  sont  mûres.  —  Il  fleurit  en  février  et  en  mars. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  sur  les  terrains 
calcaires  et  détritiques,  préférant  les  montagnes  aux  p!aines. 
Nous  le  trouvons  entre  900  et  1,200™.  Ramond  le  cite  à 
300™  dans  les  Pyrénées  ,  de  Candolle  à  400™  à  Autun  et  à 
2,000™  dans  les  Alpes  et  dans  les  Pyrénées.  M.  Boissier 
l'a  rencontré  en  Espagne,  entre  1,000  et  2,000™. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  habite  la  France ,  les  Pyré- 
nées et  l'Espagne.  —  Au  nord,  il  végète  en  Belgique  et  en 
Angleterre.  —  A  l'occident ,  il  est  en  Portugal.  — A  l'o- 
rient ,  on  le  trouve  en  Suisse  ,  en  Italie  ,  en  Sicile  ,  en  Dal- 
matie,  en  Croatie,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce  sur  l'Olympe 
bithy  nique. 

Limites  d^ extension  de  l^ espèce. 

5urf,  Midi  de  l'Espagne 36"      ^  Écart  en  latitude: 

AVJ,  Angleterre 57       j  21° 

Occident ,  Portugal 10  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Grèce. 22  E.  j  32° 

Carré  d'expansion 672 


262  SANTALACÉES. 


FAMILLE  DES  SANTALACEES. 


Ces  plantes  forment  un  petit  groupe  dont  les  espèces  ne 
son  nulle  part  abondantes  ,  quoique  disséminées  partout 
à  l'exception  de  l'Afrique  et  de  l'Amérique  tropicales.  Le 
cap  de  Bonne-Espérance  et  la  Nouvelle-Hollande  sont  leurs 
centres  de  prédilection ,  et  elles  se  retrouvent  aussi  dans 
l'Asie;  souvent  môme,  dans  les  contrées  chaudes  et  dans 
l'hémisphère  austral,  elles  sont  représentées  par  des  espèces 
ligneuses.  En  Europe ,  les  Santalacées  sont  peu  nombreuses 
et  peu  répandues;  elles  font  seulement  1;648  de  la  végé- 
tation, et  c'est  à  peine  si  l'on  en  compte  8  à  10  espèces 
dans  chaque  dore.  Elles  disparaissent  au  nord,  n'augmen- 
tent pas  dans  le  sens  des  longitudes ,  existent  à  peine  dans 
les  montagnes,  et  s'effacent  presque  complètement  des  îles. 

G.  THESIUM.  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ces  plantes , 
au  nombre  de  50  environ ,  appartiennent  toutes  à  l'ancien 
continent  et  à  l'Océanie  ;  on  n'en  connaît  aucune  en  Amé- 
rique. —  L'Afrique  est  leur  principale  patrie;  car,  sur  50  es- 
pèces, 25  l'habitent;  c'est-à-dire,  que  23  sont  originaires 
du  cap  de  Bonne-Espérance  et  2  de  l'Abyssinie.  —  14  es- 
pèces sont  connues  en  Europe:  en  Grèce,  en  Sicile,  en 
Italie  ,  en  Hongrie,  en  France  et  en  Allemagne.  —  10  vi- 
vent en  Asie ,  presque  toutes  de  la  Sibérie  altaïque  et  de  la 


THESIUM.  263 

Dahurie  ;  1  des  Indes  orientales,  1  du  Caucase,  1  de  l'Asie 
mineure.  —  2  seulement  habitent  l'Océanie,  une  à  Java, 
l'autre  à  la  Nouvelle-Hollande. 

Thestum  HUMiFUSUM,  DC  —  Le  rhizome  souterrain  de 
cette  espèce  donne  naissance  à  de  nombreuses  racines  qui 
chercheut  celles  des  plantes  voisines  ,  y  implantent  leurs 
suçoirs ,  et  vivent  en  parasites.  Leurs  tiges  sont  grêles  et 
couchées,  souvent  rameuses,  garnies  de  feuilles  nombreuses, 
étroites ,  épaisses  et  glauques ,  recourbées  d'abord  sur  leur 
face  supérieure ,  et  se  redressant  ensuite.  Les  pédoncules 
sont  axillaires,  simples  ou  rameux ,  adhérant  quelquefois 
par  leur  base  aux  pétioles  des  feuilles,  et  munis  comme  eux 
de  petits  renflements  articulaires  qui  permettent  leurs  mouve- 
ments. Les  fleurs  sont  petites,  vertes  en  dehors,  blanches 
en  dedans  ;  elles  s'épanouissent  dans  les  mois  de  juin  et  de 
juillet,  et  restent  ouvertes  jusqu'à  ce  que  le  pollen  de  leurs 
5  étamines,  entourées  d'un  faisceau  de  poils,  soit  tombé  sur 
le  stigmate  papillaire.  Alors  le  limbe  du  périgone  se  redresse, 
couronne  le  fruit  qui  est  strié  longitudinalement  et  tombe 
désarticulé.  Ce  fruit  est  une  capsule  monosperme  et  indé- 
hiscente. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
calcaires  et  marneux  des  plaines  et  des  montagnes.  De  Can- 
doUe  le  cite  jusqu'à  1,600™  dans  le  Jura.  M.  Boissier  l'in- 
dique entre  000  et  2,100™  dans  le  midi  de  l'Espagne.  Nous 
le  trouvons  en  x\uvergne,  jusqu'à  1,200™. 

Géographie .  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France  ,  en  Espagne 
et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  il  végète  en  France,  en  Bel- 
gique et  en  Angleterre.  —  A  l'occident,  il  reste  en  Espa- 
gne. —  A  l'orient ,  il  vit  en  Suisse  ,  en  Italie,  en  Carniole, 
en  Dalmatie  et  en  Transvlvanie. 


264  SANTALACÉES. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie 35®     )  Ecart  en  latitude  : 

iVorc?,  Angleterre 53       i  18» 

Occident ,  Espagne 6  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

On>n^ ,  Transylvanie 22   E.  i  28<* 

Carré  d'expansion 504 

Thesium  pratense  ,  Ehrli.  —  Il  habite  les  bois,  les  pâ- 
turages ,  les  pentes  herbeuses  des  montagnes  oii  il  croît  au 
milieu  des  graminées.  11  est  vivace  ;  ses  tiges  sont  nom- 
breuses, à  demi-dressées  jusqu'à  l'époque  de  la  floraison, 
puis  couchées  sur  le  sol.  Ses  feuilles  sont  linéaires,  un  peu 
glauques  et  assez  nombreuses.  Ses  fleurs ,  petites  et  ver- 
dâtres,  sont  disposées  en  une  grappe  étalée,  jaunes,  unila- 
térales et  solitaires  au  sommet  de  pédicelles  allongés.  Les 
fruits  sont  globuleux  et  striés  longitudinalement.  —  11  fleu- 
rit en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  végète  sur  les  terrains 
siliceux  et  détritiques  des  montagnes.  Nous  le  trouvons  en 
Auvergne  jusqu'à  1,200  et  1,300™. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France  et  dans 
le  nord  de  l'Espagne.  —  Au  nord  ,  il  vit  en  Allemagne  ,  en 
Bohême.  —  A  l'occident ,  dans  les  Asturies.  —  A  l'orient, 
en  Suisse ,  en  Tyrol,  en  Lombardie  ,  dans  le  Caucase. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Espagne 41**      i Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Bohême 50       i  9« 

Occident,  Asturies 8  O.  |  Écart  en  longitude: 

Orient,  Caucase 43  E.  )  51» 

Carré  d'expansion 459 


THESICM.  265 

Thesium  alpinum,  Lin.  —  Il  est  vivace  et  habite  les 
pentes  herbeuses  des  montagnes,  vivant  souvent  en  société 
du  Buplevnim  longifoUum  ,  du  Gnaplialium  norvegicum , 
du  Fesluca  spadicea,  du  Crépis  grandiflora  ,  etc.  Ses  tiges 
sont  grêles ,  simples ,  nombreuses ,  entièrement  garnies  de 
feuilles  étroites  ,  linéaires,  et  au  moins  aussi  longues  vers  le 
sommet  des  tiges  que  dans  le  bas.  Les  (leurs  sont  petites , 
verdâtres  ,  souvent  à  4  divisions ,  unilatérales ,  sessiles  ou 
portées  sur  de  courts  pédoncules  accompagnés  d'une  longue 
feuille.  —  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  Nous  le  trouvons  en 
Auvergne  sur  les  terrains  siliceux,  volcaniques  et  détritiques 
des  montagnes,  jusqu'à  l'altitude  de  1,600™.  Il  vit  aussi 
sur  le  calcaire,  puisqu'il  est  cité  sur  le  mont  Ventoux.  Wah- 
lenberg  l'indique  un  peu  au-dessus  de  la  limite  des  sapins  , 
et  de  Candolle  lui  assigne  son  minimum  à  30™  à  Angers, 
et  son  maximum  à  2,000™  dans  les  Alpes. 

Géographie.  — Au  sud,  il  se  rencontre  en  France,  en 
Espagne  et  dans  l'Atlas,  près  de  Mascara.  —  Au  nord,  on 
le  trouve  en  France ,  en  Allemagne  et  dans  la  Gothie  bo- 
réale. —  A  l'occident,  il  reste  en  Espagne.  —  A  l'orient, 
il  existe  en  Suisse,  en  Italie,  en  Croatie,  en  Hongrie  ,  en 
Transylvanie,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe,  et  dans 
la  Sibérie  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Algérie 30°      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Gothie 59       }  23° 

Occident ,  Espagne 6  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Onen<,  Sibérie  du  Baïkal 110   E.^  116° 

Carré  d'expansion. 2668 


266  AUISTOLOCHIÉES. 


FAMILLE  DES  AKISTOLOGHIEES. 


Celte  famille  ,  composée  seulement  de  quelques  genres, 
atteint  son  jjIus  grand  développement  dans  l'Amérique  équi- 
noxiale.  On  rencontre  aussi  quelques  types  autour  du  bassin 
de  la  Méditerranée;  quelques  espèces  sont  disséminées  dans 
les  zones  tempérées  des  deux  hémisphères ,  mais  ces  plantes 
sont  rares  en  Asie  et  manquent  au  cap  de  Bonne-Espérance 
et  à  rOcéanie  extra-tropicale.  —  En  Europe,  où  elles  font 
seulement  1/572  ,  les  flores  les  plus  riches  n'en  ont  pas  plus 
de  6  espèces  ,  et  ce  sont  des  flores  méridionales  ,  car  au  nord 
les  Aristolochiées  diminuent  et  disparaissent.  —  Elles  s'éloi- 
gnent plus  encore  des  régions  orientales ,  des  montagnes  et 
des  îles. 

G.  ARISTOX.OCHIA,   Lltl. 

Distribuliun  géographique  du  genre.  —  Les  Aristolo- 
ches ,  au  nombre  de  90  espèces  environ ,  ont  une  grande 
influence  sur  les  paysages  tropicaux.  La  plupart  ont  des  ti- 
ges ligneuses  ,  grimpantes  et  volubles ,  dont  l'accroissement 
est  si  rapide  que  l'on  pourrait,  pour  ainsi  dire,  suivre  de 
l'œil  le  développement  de  leur  extrémité.  Quelques-unes 
d'entre  elles  offrent  des  fleurs  d'une  grandeur  démesurée  ,  et 
tout,  dans  ces  plantes  singulières,  offre  aux  botanistes  un 
puissant  intérêt. —  60  espèces  sur  90  vivent  dans  le  Nou- 
veau-Monde. 36  font  partie  de  la  végétation  de  l'Amérique 
du  nord  ,  mais  elles  en  recherchent  les  parties  chaudes  :  les 
Antilles ,  la  Nouvelle-Grenade  ,  le  Mexique ,  l'île  de  Cuba, 
et  quelques-unes  vivent  à  la  Louisiane  ,  à  la  Caroline  et  en 


ARiSTOLOCHIA.  267 

Virginie.  24  aristoloches  croissent  dans  l'Amérique  du  sud  ; 
presque  toutes  au  Brésil ,  un  petit  nombre  au  Pérou  et  au 
Chili.  —  On  connaît  en  Europe  12  espèces  de  ce  genre  , 
toutes  de  l'Europe  australe  :  de  la  Grèce ,  de  l'île  de  Crète, 
de  l'Espagne,  du  Portugal  et  de  l'Italie.  —  12  aussi  sont 
originaires  de  l'Asie,  et  surtout  des  Indes  orientales,  de  Su- 
rinam  et  de  Sumatra.  On  en  cite  aussi  quelques-unes  à  la 
Chine  ,  au  Japon  ,  et  dans  l'iVsie  mineure.  —  4  se  trouvent 
en  Océanie  ,  à  Timor  ,  à  Luçon  et  à  la  Nouvelle-Calédonie. 
—  2  seulement  sont  indiquées  en  Afrique  ,  à  l'île  de  Mas- 
careigne. 

Aristolochia  rotunda  ,  Lin.  —  11  est  vivace  et  croît 
dans  les  lieux  rocailleux  ,  sur  les  coteaux.  Sa  racine  est  ar- 
rondie, charnue;  elle  donne  naissance  à  des  tiges  faibles, 
anguleuses  et  rameuses,  garnies  de  feuilles  sessiles,  alternes, 
échancrées  en  cœur  à  leur  base  et  obtuses  au  sommet.  Les 
fleurs  sont  grandes,  jaunâtres,  munies  d'une  languette  pur- 
purine ,  solitaires  et  axillaires.  —  Il  fleurit  en  juin  et  en 
juillet. 

Nature  du  sol.  —  AUitude.  —  Il  croît  sur  les  terrains 
calcaires  et  marneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  trouve  en  France,  en  Es- 
pagne, en  Algérie.  —  Au  nord,  il  s'arrête  sur  le  bord  du  pla- 
teau central ,  dans  le  Tessin  et  en  Carniole.  —  A  l'occident, 
il  reste  en  Espagne.  —  A  l'orient ,  il  végète  en  Suisse  ,  en 
Italie,  en  Dalmatie ,  en  Sicile,  en  Grèce  ,  en  Servie  ,  en 
Bulgarie. 

Limites  d^extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 35"      ) Ecart  en  latitude  : 

,Vorrf,  Carniole 47       )  12» 


208  AIUSTOLOCHIÉES. 

Occident ,  Espagne 4  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Bulgarie 25  EJ  29" 

Carré  d'expansion 31-8 

Aristolochia  Pistolociiia  ,  Lin.  —  Cette  espèce  vé- 
gète sur  les  coteaux  arides,  parmi  les  pierres  éboulées,  où 
elle  est  souvent  accompagnée  de  Y Aslragalus  jmrpureus. 
Elle  est  vivace;  sa  racine  est  fasciculée,  à  fibres  nombreuses  et 
cylindriques.  Ses  tiges  sont  grêles,  faibles,  anguleuses  et 
souvent  ramifiées;  ses  feuilles  sont  pétiolées,  cordiformes , 
crénelées  sur  les  bords  et  d'un  vert  jaunâtre.  Les  fleurs 
naissent  solitaires  à  l'aisselle  des  feuillls;  elles  sont  jaunâ- 
tres avec  la  lèvre  supérieure  recourbée  et  d'un  brun  pour- 
pré. —  Elle  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  AUiludc.  —  Elle  préfère  les  terrains 
calcaires  et  rocailleux  des  plaines. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  habite  la  France ,  l'Es- 
pagne, la  Sardaigne  et  le  Portugal.  —  Au  nord,  elle  atteint 
le  bord  du  plateau  central  de  la  France.  —  A  l'orient , 
elle  arrive  dans  la  Servie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Espagne 30*^      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  France 44       ^  8" 

Occident,  Portugal 10        i  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Servie 19   E.  )  29" 

Carré  d'expansion 232 

AiusTOLOCiiiA  Clematitis,  Lin.  — C'est  seulement  vers 
le  milieu  du  printemps  que  les  racines  fibreuses  decette  espèce 
produisent  de  jeunes  pousses  que  l'on  voit  sortir  du  sol ,  le 
long  des  haies,  dans  les  buissons  et  les  lieux  incultes.  Ces 


ARISTOLOCHIA.  269 

pousses,  d'un  vert  jaunâtre,  offrent  un  bon  nombre  de  feuilles 
enroulées  les  unes  sur  les  autres.  Mais  à  mesure  que  la  tige, 
mince  et  fortement  striée,  s'allonge,  les  feuilles  se  déroulent 
et  s'étendent;  elles  sont  échancrées  en  cœur,  marquées  de 
nervures  saillantes  et  disposées  d'une  manière  toute  parli- 
culière.  Aux  aisselles  supérieures  naissent  des  bouquets  de 
fleurs  jaunàlres  et  pédonculées  ,  à  périgone  allongé  et  fermé 
par  une  languette  recourbée  qui  rappelle  les  opercules  des 
Nepenlhes.  Lors  de  l'épanouissement,  cette  languette  se 
redresse,  et  le  tube  évasé  de  la  (leur  est  ouvert  aux  insectes 
qui  viennent  bientôt  savourer  le  miel  que  sécrètent  les  nec- 
taires. Les  6  étamines,  placées  sur  le  pistil,  et  qui  s'ouvrent 
en  dehors  des  stigmates ,  abandonnent  leur  pollen  que  les 
insectes  dispersent  et  répandent  sur  une  colonne  papillaire 
où  ces  stigmates  sont  fixés.  Malgré  ce  puissant  concours 
de  messagers  ailés ,    des  fleurs  nombreuses    restent   sté- 
riles, et  dans  quelques-unes  seulement,  l'ovaire  ,  qui  était 
placé  sous  la  Heur,  grossit  et  s'incline.  Il  devient  charnu, 
offre  6  angles  plus  ou  moins  marqués  et  6  loges  qui  ren- 
ferment un  nombre  très-variable  de  semences.  —  Il  fleurit 
en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Cette  aristoloche  recher- 
che les  terrains  calcaires  et  marneux  de  la  plaine  et  des  mon- 
tagnes peu  élevées. 

Géographie.  —  Au  sud,  elle  se  trouve  en  France,  dans 
le  midi  de  l'Italie  ,  en  Sicile.  —  Au  nord  ,  elle  croît  en  Bel- 
gique ,  en  Allemagne,  en  Danemarck ,  en  Gothie.  —  A 
l'occident,  elle  reste  en  France.  —  A  l'orient,  elle  est  en 
Suisse ,  en  Autriche  ,  en  Hongrie  ,  en  Dalmatie,  en  Croatie, 
en  Turquie,  en  Tauride,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie, 
dans  les  Russies  movenne  et  australe. 


270  ARISTOLOCHIÉES. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Sicile SS*»      |Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Gothie 56       I  18° 

Occident,  Vrance 3  0.\  Ecart  en  longitude: 

Orient,  Russie  moyenne 54  E.j  57** 

Carré  d'expansion 1026 

G.  AS  ARUM,  Lin. 

On  n'en  connaît  que  5  espèces ,  dont  4  de  TAmérique 
septentrionale  et  1  de  l'Europe. 

AsARLM  EUROP^oi ,  Lin.  —  Il  est  un  certain  nombre  de 
plantes  qui  n'excitent  aucun  intérêt  chez  les  personnes 
étrangères  aux  beautés  de  la  nature ,  tandis  que  ces  mêmes 
plantes  ont  au  contraire  un  grand  attrait  pour  ceux  qui 
cherchent  à  soulever  un  coin  du  voile  qui  nous  dérobe  en- 
core tant  de  mystères.  Il  semble  que  1'^.  europœum  cherche 
lui-même  à  se  cacher  à  nos  yeux.  Il  tapisse  dans  les  bois  les 
sols  un  peu  humides  ,  ombragés  et  rocailleux;  quelquefois  la 
pervenche  aux  longues  tiges  rampantes ,  se  glisse  parmi  ses 
feuilles  et  relève  leur  sombre  verdure  par  le  doux  éclat  de 
ses  fleurs  bleues.  Ces  deux  plantes  réunies,  entremêlées, 
forment  des  tapis  agrestes,  qui ,  par  leur  harmonie  avec  le 
silence  et  l'obscurité  des  forêts,  portent  dans  tous  les  sens  le 
calme  du  bonheur.  L'asaret  conserve  sa  verdure  presque 
toute  l'année.  Il  a  pour  racine  une  souche  rampante  qui  pré- 
pare dès  l'automne  le  bourgeon  qui  doit  naître  au  printemps  ; 
déjà  l'on  distingue  ce  bourgeon  allongé  dans  lequel  le  bouton 


ASARCM.  271 

florifère  est  entouré  de  bractées  et  de  ses  deux  feuilles  nou- 
velles. Au  printemps  les  écailles  s'écartent ,  les  deux  feuilles 
réniformes  grandissent  et  montrent  leur  limbe  d'un  vert  som- 
bre. La  fleur  est  solitaire  ,  d'un  brun  rouge  ;  «  son  péri- 
gone  ,  dit  Yaucher ,  est  un  godet  verdâtre  ,  velu  en  dehors, 
et  tapissé  en  dedans  d'une  membrane  épaisse,  d'un  rouge 
livide  ,  recouverte  de  poils  noirs  et  de  renflements  glan- 
duleux ;  ses  3  lobes  valvaires  et  nectarifères  s'entr'ouvrent 
à  la  fécondation  et  laissent  voir  un  style  épais  et  central  ter- 
miné par  un  stigmate  à  6  rayons  étoiles  ,  autour  duquel 
sont  rangées  12  étamines  ,  insérées  au  fond  de  la  fleur,  pro- 
longées en  filets  et  chargées  chacune  d'une  belle  anthère 
noirâtre  à  2  loges  séparées.  —  A  la  fécondation  ,  c'est-à- 
dire  à  l'entrée  du  printemps,  et  lorsque  les  deux  feuilles  ca- 
chent encore  la  fleur,  on  voit  sortir  de  l'extrémité  des  6 
lobes,  dont  est  formé  le  chapiteau  stigmatoïde ,  un  stigmate 
floconneux  et  rougeâtre  ;  en  même  temps  6  des  anthères,  dé- 
jetées au  fond  de  la  fleur  et  alternes  aux  lobes  du  chapi- 
teau ,  se  relèvent  contre  le  pistil  qu'elles  recouvrent  en  ré- 
pandant sur  leurs  stigmates  plumeux  leur  pollen  formé 
de  petites  molécules  sphériques  et  blanchâtres  ;  lorsque  l'o- 
pération est  achevée,  les  6  autres  se  relèvent  à  leur  tour  et 
se  serrent  de  même  contre  le  pistil ,  et  il  ne  reste  au  centre  de 
la  fleur  que  le  chapiteau  étoile.  —  Après  la  fécondation ,  la 
fleur  se  penche  vers  la  terre ,  et,  à  la  dissémination,  la  cap- 
sule se  fend  en  3  lobes  et  découvre  ses  6  loges ,  formées  de 
parois  détruites  dans  leur  milieu,  et  portant  sur  leur  bord 
central  3  ou  4  semences  allongées.  »  (T.  4,  p.  80.) 

Nature  du  sol. —  Altitude.  —  Il  paraît  indifférent  à  la 
nature  du  sol.  —  Nous  le  trouvons  sur  les  terrains  détriti- 
ques et  siliceux  des  montagnes,  vers  1,000  à  1,200". 
Tenore  l'indique   dans  le  midi  de    l'Italie  entre  800  et 


272  EMPÊTRÉES. 

1,200'",  dans  les  vallées ,  au  milieu  des  bois.  Ledebour  le 
cite  à  1 ,000""  dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France  et  en  Grèce. — 
Au  nord,  il  croît  en  France  ,  en  Belgique ,  en  Angleterre, 
en  Danemarck,  en  Gothie  et  en  Suède  ,  toujours  dans  les 
buissons.  —  A  l'occident ,  il  reste  en  France  et  en  Belgique. 
—  A  l'orient ,  il  se  trouve  en  Suisse,  en  Italie  ,  dans  le  Cau- 
case, en  Géorgie,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe  ,  et 
dans  la  Sibérie  de  l'Oural,  où  Pallas  l'a  trouvé  commen- 
çant à  fleurir  le  16  mai  1770  ,  en  société  du  Paris  qiiadri- 
folia  et  du  Viola  mirabilis.] 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Grèce 38®      | Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Suède 01        j  23° 

Occident ,  Belgique 0        )  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Oural 08  E.  j  68» 

Carré  d'expansion 1564 


FAMILLE  DES  EMPETREES. 


Tout  petit  groupe  dont  les  espèces  habitent  les  montagnes 
ou  les  régions  froides  ,  l'Amérique  boréale  ou  les  terres  Ma- 
gellaniques.  Une  seule  espèce  parvient  en  Europe. 

G.  sr^FETKUM  ,  Lin. 

On  n'en  connaît  jusqu'ici  que  deux  espèces,  dont  l'une 
habite  les  hautes  montagnes  et  les  régions  septentrionales 


EMPEÏRUM.  273 

de  l'hémisphère  boréal ,  et  l'autre  les  régions  froides  de  l'hé- 
misphère austral. 

Empetrum  nigrum,  Lin.  —  Cet  arbrisseau,  très-rameux 
et  rampant,  se  glisse  au  milieu  des  herbes  des  montagnes  ou 
parmi  les  plantes  des  marais.  Ses  branches  sont  garnies  de 
feuilles  nombreuses ,  oblongues  ou  linéaires,  et  un  peu  rou- 
lées sur  leurs  bords.  Les  fleurs,  petites  et  blanchâtres,  pa- 
raissent aux  aisselles  supérieures  des  rameaux  ;  elles  sont 
unisexuelles.  Le  calice  est  à  3  divisions ,  et  la  corolle  for- 
mée de  3  pétales  alternes  aux  sépales;  3  étamines  à  anthères 
biloculaires  qui  s'ouvrent  par  2  fentes.  L'ovaire  est  libre  et 
posé  sur  un  disque  charnu  ;  il  est  surmonté  d'un  style  dont  le 
stigmate  est  étoile  et  à  9  rayons.  —  Le  fruit  est  une  espèce 
de  baie  noire  dans  laquelle  on  rencontre  9  loges  qui  chacune 
contiennent  une  semence.  —  VE.  rubrum,  du  détroit  de 
Magellan  ,  est  parallèle  à  cette  espèce.  —  Il  fleurit  en  juin 
et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Nous  ne  le  connaissons 
que  sur  les  terrains  volcaniques  ,  siliceux  et  rocheux.  Nous 
le  trouvons  en  Auvergne  sur  nos  plus  hauts  sommets,  jus- 
qu'à 1,800™.  DeCandolle  le  cite  à  1,600™  dans  le  Jura, 
et  à  3,000™  au  mont  Calm.  Wahlenberg  dit  qu'on  le  trouve 
en  Suisse  sur  les  sommets  qui  s'élèvent  au-dessus  des  neiges 
éternelles,  au  Saint-Gothard  à  partir  de  2,400™,  limite 
de  ces  neiges,  et  il  descend  dans  les  marais  à  1,800™. 
M.  Watson  l'indique  dans  les  monts  Grampiens  à  1,350™, 
à  Vinderoë  il  atteint  encore  700™.  Ledebour  le  mentionne 
entre  2,400  et  3,000™  dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  trouve  en  France,  dans 
les  Pyrénées ,  en  Espagne  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au 
nord,  on  le  rencontre  en  France,  en  Belgique,  en  Alle- 


274  EMPÊTRÉES. 

magne,  dans  toute  la  Scandinavie,  tantôt  dans  les  marais, 
tantôt  sur  les  montagnes  les  plus  élevées.  En  Laponie,  il 
est  extrêmement  commun,  dans  les  champs  et  sur  les  col- 
lines les  plus  sèches  des  régions  sylvatique  et  subalpine  ,  sur 
les  Alpes  maritimes ,  mais  il  devient  rare  sur  les  sommets 
où  il  est  toujours  dépassé  par  VAndromeda  tetragona.  Il 
atteint,  du  reste ,  l'Altenfiord ,  le  cap  Nord ,  et  arrive  même 
au  Spitzberg.  Il  existe  en  Angleterre,  en  Irlande,  aux  Hé- 
brides, aux  Orcades,  aux  Feroë  et  en  Islande.  —  A  l'oc- 
cident ,  il  vit  dans  les  Asturies  et  dans  l'Amérique  du  nord, 
à  Terre-Neuve  où  il  croît  avec  VAndromeda  cahjculata ,  et 
où  il  fleurit  sous  la  neige  quand  le  dégel  a  commencé ,  au 
Groenland ,  sur  les  côtes  du  Canada  ,  à  la  baie  de  Murray , 
sur  les  bords  de  la  mer  Arctique  et  dans  ses  îles.  —  A  l'o- 
rient, on  le  connaît  en  Suisse,  en  Croatie,  en  Hongrie, 
en  Transylvanie  ,  en  Turquie  ,  dans  le  Caucase  ,  dans 
toutes  les  Russies ,  dans  toutes  les  Sibéries,  dans  le  pays 
des  Tschukhis  ,  au  Kamtschatka  ,  aux  îles  Aléoutiennes 
et  dans  l'Amérique  russe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud  ,  Midi  de  l'Italie 40»      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Spitzberg 80        j  40» 

Occident  et  Orient 3C0        I  ,^^® 

'^  360° 

Carré  d'expansion 14400 


EUPHORBIACEES. 


275 


FAMILLE  DES  EUPHORBïACÉES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 


Latitude.  Longitude. 

Nigritie 0°  à  10°  18°0.  à    5°  E. 

Abyssinie 10  à  16  32  E.  à  41    E. 

Algérie 33  à  30  5  0.  à    6  E. 

Roy.  de  Grenade...   36  à  37  5  O.  à    8  O. 

Sicile 37  à  38  10  E.  à  13  E. 

Portugal. 37  à  42  9  O.  à  11  0. 

Royaume  de  Naples.  38  à  42  11   E.  à  16   E. 

Caucase 40  à  44  35  E.  à  48   E. 

Tauride 43  à  46  31  E.  à  34  E. 

Plateau  central ....   44  à  47  0        à    2   E. 

France 42  à  51  7  0.  à    6   E. 

Russie  méridionale..   47  à  50  22  E.  à  49  E. 

Allemagne 45  à  55  2  E.  à  14  E. 

Carpathes 49  à  50  19  E.  à  22  E. 

Angleterre 50  à  58  1  0.  à  7     O. 

Russie  moyenne...   50  à  60  17    E.  à  58  E. 

Scandinavie  entière.   55  à  71  3  E.  à  29   E. 

Danemarck 52  à  57  7   E.  à  12  E. 

Gothie 55  à  59  10   E.  à  15  E. 

Suède 55  à  69  10  E.  à  22  E. 

Norvège 58  a  71  2  E.  à  10  E. 

Russie  septentr>e,..   60  à  66  19  E.  à  57   E. 

Finlande 60  à  70  18  E.  à  28  E. 

Laponie 65  à  71  14  E.  à  40  E. 

Europe  entière 


26 

55 

65 

81 

69 

101 

71 

94 

79 

72 

103 

85 

87 

106 

90 

84 

219 

216 

194 

231 

245 

433 

189 

712 

79 


276  EUPHORBIACÉES. 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 


Latitude.  Longitude. 

Irlande 51° à  55»  7«0.  à    13»0.  1 

Angleterre 50  à  58  1  0.  à      7  0.  1 

Allemagne 45  à  55  2  E.  à    14  E.  1 

Russie  moyenne...  50  à  60  17  E.  à    58  E.  1 

Sibérie  de  rOural.  44  à  67  55  E.  à    74  E.  1 

Sibérie  altaïque. . .  44  à  67  66  E.  à    97  E.  1 

Sibérie  du  Baïcal . .  49  à  67  93  E.  à  116  E.  1 

Dahurie 50  à  55  110  E.  à  119  E.  1 

Sibérie  orientale...  56  à  67  111  E.  à  163  E.  1 

Sibérie  arctique...  67  à  78  60  E.  à  161  E.  0 

Kamtschatka 46  à  67  148  E.  à  170  E.  0 

PaysdesTschukhis.  »           »  155  E.  à  175  0.  0 

Iles  de  l'Océan  of'.  51  à  67  170  E.  à  130  O.  0 

Amériquerusse. . .  54  à  72  170  0   à  130  E.  0 


121 

90 

87 

84 

62 

82 

181 

168 

354 

0 

0 

0 

0 

0 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 


Latitude.  Altitude  en  mètres. 

Roy.deGr'Srég.alp.etniv.   36°à37o  1500  à  3500  1 

Roy.deGrenade,rég.niv..   36  à  37  2500  à  3500  0 

Pyrénées 42  h  43  500  à  2700  1 

Pyrénées  élevées 42  à  43  1500  à  2700  0 

Pic  du  Midi  deBagnères...              »  »  0 

Plat,  central,  rég.montagn.  44  à  47  500  à  1900  1 

Plateau  central,  sommets..   44  à  47  1500  à  1900  0 

Alpes 45  à  46  500  à  2700  1 

Alpes  élevées 45  à  46  1500  à  2700  0 


121 
0 

243 
0 
0 

124 
0 

524 
0 


PROPORTIONS  RELATIVES.  277 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 

Latitude.  Longitude.    • 

Iles  du  Cap- Vert 120  0  14°  24«0.  à  27°  O.  1:    26 

Canaries 28  à  30  15  0.  à  20  O.  1 :    38 

Hébrides 57  à  58          8  0.  à  10  O.  1 :  331 

Orcades 59                   5  0.  à  6  0.  0 :      0 

Shetland 60  à  61           3  0.  à  4  0.  1  :  309 

Feroë 62  9  0.  0:0 

Islande 64  à  66  16  O.  à  27  O.  0  :      0 

Mageroë 71  24   E.  0.      0 

Spitzberg 79  à  80  10  E.  à  20  E.  0  :      0 

lie  Melville 76  114  0.  0:0 

lie  J.  Fernandez....  33  à  40 S.  76  0.  1:    60 

Nouv.Zélande(nord).  35  à  42  S.  171  0.  à  176  0.  1:616 

Malouines 52  S.  59  0.  à  65  0.  0:      0 

La  nombreuse  et  singulière  famille  des  Euphorbiacées 
imprime  aux  contrées  où  elle  domine  un  caractère  particu- 
lier. C'est  surtout  dans  l'Amérique  équinoxiale  que  ces 
plantes  abondent  et  se  présentent  sous  les  apparences  les 
plus  singulières.  Elles  sont  aussi  très-répandues  dans  l'Afri- 
que tropicale,  où  elles  forment  jusqu'à  1/28  de  la  végéta- 
tion ,  puis  dans  les  Indes  et  dans  l'Australie  équatoriale , 
où  elles  font  1/30.  En  somme  ,  M.  de  Humboldt  indique 
1/35  pour  l'ensemble  de  la  zone  torride  ,  1/80  pour  la  zone 
tempérée  boréale  et  1/500  pour  la  zone  glaciale.  On  voit 
que  leur  proportion  diminue  rapidement  de  l'équateur  au 
pôle.  —  Eu  Europe,  où  notre  premier  tableau  indique  une 
moyenne  de  1/79  ,  les  Euphorbiacées  atteignent  leur  maxi- 
mum en  Sicile  et  dans  le  royaume  de  Naples ,  1/69  et  1/71 , 
et  il  y  a  ensuite  assez  d'irrégularités  dans  leurs  proportions. 


278  EUPHORBIACÉES. 

Mais  aussitôt  que  l'on  atteint  la  Scandinavie  ,  cette  propor- 
tion s'abaisse  avec  rapidité  ,  et  en  Laponie  il  ne  reste  plus 
qu'une  seule  euphorbiacée.  Dans  le  sens  des  longitudes  elles 
ne  nous  présentent  rien  de  particulier  ;  la  latitude  semble 
seule  agir  sur  elles  et  les  exclure  des  régions  arctiques  ou 
voisines  du  cercle  polaire.  —  Les  montagnes  sont  loin 
d'être  favorables  aux  Euphorbiacées  ;  ces  plantes  diminuent 
sur  leurs  pentes  et  disparaissent  de  leurs  sommets.  — Les 
îles  ne  leur  conviennent  qu'autant  qu'elles  sont  situées  sous 
des  latitudes  assez  basses ,  car  dans  le  nord  elles  conservent  à 
peine  1  ou  2  espèces  ;  ainsi  l'Angleterre  ,  qui  nous  donne  la 
proportion  de  1/90  ,  n'a  plus  qu'une  seule  euphorbiacée 
aux  Hébrides  et  aux  Shetland  ,  et  aucune  aux  Orcades. 

G.  CHOTON,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  On  connaît  plus 
de  210  espèces  de  Croton,  dont  les  trois  quarts  sont  amé- 
ricains. On  en  compte  plus  de  80  dans  l'Amérique  du  nord 
et  presque  tous  des  contrées  chaudes ,  des  Antilles  surtout, 
du  Mexique  et  de  la  Nouvelle-Grenade,  —  60  vivent  dans 
la  partie  méridionale  du  nouveau  monde  et  plus  particuliè- 
rement au  Brésil  et  au  Pérou  ;  3  espèces  sont  originaires  du 
Chili,  3  autres  de  Monte-Video.  —  L'Asie  possède  28  à 
30  Croton ,  dont  le  centre  est  aux  Indes  orientales  et  à 
Ceylan.  Un  autre  groupe  moins  nombreux  habite  la  Chine, 
et  quelques  espèces  seulement  se  trouvent  en  Palestine.  — 
L'Afrique  en  a  16  ,  très-disséminés  :  à  Madagascar,  à  Mas- 
careigne,  au  cap  Vert,  à  la  Sénégambie,  en  Guinée,  en 
Abyssinie  ,  en  Egypte ,  et  même  au  cap  de  Bonne-Espé- 
rance. —  15  espèces  vivent  en  Océanie ,  presque  toutes  à 
Java   et  à  la  Nouvelle-Hollande  ;    1   est  aux  Moluques  , 


CROTON.  279 

1  autre  à  la  Nouvelle-Calédonie.  —  Enfin  3  Crolon  seule- 
ment ont  été  rencontrés  dans  l'Europe  australe. 

CrotoxN  TiNCTORiUM  ,  Lin.  —  Les  sables  des  rivières , 
les  bords  des  chemins  et  la  lisière  des  champs  nous  présen- 
tent souvent  cette  espèce  annuelle  ,  dont  les  feuilles  lar- 
ges et  cotonneuses  sont  munies  de  2  glandes  à  leur  base. 
Ses  fleurs  sontmonoïques,  en  épis  pédoncules,  et  opposées  aux 
feuilles  alternes.  Les  fleurs  mâles  sont  sessiles  et  portent  un 
double  périgone  à  cinq  lobes  dont  l'intérieur  est  pétaloïde  , 
et  un  nombre  indéterminé  d'étamines  à  filets  soudés.  Ces 
fleurs  disparaissent  dès  que  la  fécondation  est  opérée.  Les 
fleurs  femelles  ont  aussi  un  périgone  et  six  stigmates  papillai- 
res.  Après  la  fécondation  leurs  pédicelles  s'épaississent , 
s'allongent  et  se  recourbent ,  de  telle  sorte  que  ses  fruits,  à 
3  coques  tuberculées,  sont  suspendus  à  l'époque  de  la  matu- 
rité. —  Il  fleurit  en  mai,  juin  et  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  le  trouvons  sur 
les  terrains  siliceux  et  sablonneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France  ,  en  Espagne  et 
en  Algérie.  —  Au  nord ,  il  arrive  sur  le  bord  du  plateau 
central  de  la  France.  —  A  l'occident,  il  est  en  Portugal. 
—  A  l'orient ,  il  végète  en  Corse,  en  Sardaigne,  en  Italie, 
en  Sicile ,  en  Dalmatie ,  en  Grèce ,  en  Turquie ,  dans  le 
Caucase  et  la  Géorgie ,  jusque  près  d'Élisabethpol  et  de 
Lenkoran. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Barbarie 35»      \ Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  France 44       i  9° 

Occident ,  Portugal 11  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Lenkoran 47  E.  )  58» 

Carré  d'expansion 522 


280  EDPHORBIACÉES. 

G.  Buxus ,  Lin. 

On  ne  connaît  encore  que  7  espèces  de  ce  genre  ;  2  ha- 
bitent l'Europe.  —  2  végètent  dans  l'Amérique  australe. 
—  1  à  la  Jamaïque.  —  1  à  la  Nouvelle-Hollande.  —  1  en 
Chine.  C'est  un  de  ces  genres  peu  nombreux  dont  les  espè- 
ces sont  très- dispersées ,  mais  qui  croissant  presque  toujours 
en  société  ,  ont  une  grande  importance  dans  la  végétation. 

Bdxus  semperviuens  ,  Lin.  —  Les  végétaux  qui,  par 
leur  organisation  spéciale  peuvent,  conserver  pendant  l'hiver 
une  parure  dont  les  autres  sont  alors  dépourvus ,  ont  sur 
ceux-ci  de  bien  grands  avantages.  Ils  ne  peuvent ,  il  est 
vrai,  se  présenter  au  printemps  avec  cette  fraîche  verdure  qui 
est  l'apanage  des  régions  tempérées  et  des  contrées  du  nord, 
mais  lorsque  les  arbres  sont  dépouillés,  ceux-ci  persistent 
avec  leurs  branches  feuillées ,  ils  percent  la  neige  qui  couvre 
la  terre  et  rendent  moins  triste  le  paysage  de  l'hiver.  — 
Le  buis  est  tellement  répandu  dans  certaines  contrées  dans 
les  lieux  secs  et  pierreux  des  montagnes,  ses  individus  sont 
si  nombreux  et  si  serrés,  qu'il  imprime  aux  régions  où  il 
abonde  un  caractère  tout  particulier.  —  Son  tronc  tortu  et 
noueux  acquiert  une  grande  dureté  par  suite  de  la  lenteur 
de  son  accroissement.  Son  écorce  est  d'un  jaune  verdâtre, 
et  ses  feuilles,  solides  et  vernissées,  sont  jaunâtres  en  dessous 
et  d'un  vert  foncé  en  dessus.  La  pluie  glisse  sur  elles  sans 
les  mouiller.  —  Tous  les  ans  ces  feuilles  se  renouvellent;  on 
les  voit  sortir  au  printemps  de  bourgeons  enveloppés  d'é- 
cailles  scarieuses  sous  lesquelles  ces  feuilles  opposées  sont 
appliquées  sans  plissement.  —  Les  feuilles  du  buis  tombent 
comme  celles  des  autres  arbres ,  mais  fortement  constituées 


Bcxus.  281 

pour  braver  les  frimas,  solidement  fixées  par  une  sorte  d'em- 
pâtement sur  des  rameaux  que  la  légère  décurrence  de  leur 
pétiole  rend  quadrangulaires,ce  n'est  qu'à  la  fin  de  la  troi- 
sième année  que  ces  organes  se  détachent  et  abandonnent 
leurs  supports.  De  là  cette  abondance  de  feuillage  qui  sem- 
ble rendre  sa  végétation  éternelle.  —  Les  boutons  à  fleurs 
naissent  aux  aisselles  des  feuilles  de  l'année  précédente,  et 
chacun  d'eux  donne  naissance  à  une  seule  fleur  femelle  ,  en- 
tourée, comme  celle  des  euphorbes,  par  un  certain  nombre  de 
fleurs  mâles,  4  ou  5,  munies  d'un  périgone  trifide,  tandis  qu'il 
a  4  divisions  dans  la  fleur  femelle.  Chaque  fleur  mâle  offre, 
aussi  deux  pétales  ,  une  petite  écaille  bilobée  et  4  éta- 
mines  appliquées  contre  un  ovaire  avorté.  La  fleur  femelle  a 
3  pétales  et  1  ovaire  surmonté  de  3  stigmates.  — Dès  le 
commencement  du  printemps  la  floraison  s'opère,  et  la  fleur 
femelle  ,  entourée  d'étamines  nombreuses ,  peut  d'autant 
moins  échapper  à  une  fécondation  certaine,  que  le  buis  vit  tou- 
jours en  société  et  que  ses  anthères  saillantes  répandent  un 
pollen  sec  et  granuleux,  qui  s'attache  facilement  sur  les  trois 
stigmates  étalés.  —  Bientôt  les  fleurs  mâles,  devenues  inu- 
tiles se  désarticulent  et  tombent.  L'ovaire  grossit  et  se  trans- 
forme en  une  capsule  arrondie,  à  trois  pointes ,  qui  s'ouvre 
au  commencement  de  l'automne,  en  trois  valves  bicornes  par- 
tageant l'axe  central  en  trois  portions  et  contenant  chacune 
une  coque  disperme.  Ces  coques  elles-mêmes  s'ouvrent 
ensuite  avec  élasticité  en  2  valves,  et  projettent  des  semen- 
ces noires  et  brillantes  qui  couvrent  le  sol  environnant. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  Le  buis  est  généralement 
cité  sur  le  calcaire  compacte^  et  l'on  sait  qu'il  couvre  le  Jura 
et  toutes  les  collines  calcaires  de  l'est  de  la  France.  Il  est 
tout  aussi  commun  sur  les  causses  calcaires  de  la  Lozère. 
Dans  celte  dernière  contrée  on  le  trouve  aussi  sur  les  mi- 


282  EUPHORBIACÉES. 

caschistes ,  mais  en  dessous  des  calcaires  et  par  conséquent 
sur  des  terrains  arrosés  par  des  eaux  calcarifères.  On  le  ren- 
contre fréquemment  en  Auvergne  ,  sur  les  basaltes,  dont  la 
base  est  le  pyroxène,  et  qui  contiennent  encore  du  calcaire; 
mais  il  existe  également  en  abondance  sur  le  plateau  cen- 
tral, sur  du  granit  compacte  ou  sur  des  porphyres;  nous  l'a- 
vons trouvé  en  Auvergne  sur  ce  terrain  de  porphyre,  très- 
vigoureux  ,  s'élevant  à  3  à  4  mètres  de  hauteur ,  et  associé, 
lui ,  plante  des  terrains  compactes ,  au  Sarothamnus  vidgaris 
qui  caractérise  les  terrains  détritiques ,  à  l'alisier ,  au  Stcl- 
laria  llolostea,  à  VAcercampestre,  au  Belulaalha.  A  Bes- 
sège  ,  dans  le  Gard  ,  nous  avons  vu  du  buis  de  toute  beauté 
sur  le  grès  houiller  et  sur  les  sables  d'alluvions.  —  En  Au- 
vergne nous  le  rencontrons  en  plaine  ou  plutôt  sur  les  co- 
teaux ,  et  à  une  faible  élévation  ;  dans  le  Jura  il  monte 
jusqu'à  1 ,200™.  Il  existe  sur  le  mont  Ventoux  entre  540  et 
1,330™;  il  y  commence  en  général  oii  le  Quercus  Ilex 
finit ,  et  c'est  vers  1 ,000™  qu'il  est  le  plus  abondant.  Lede- 
bour  le  cite  dans  le  Taliisch  à  1,000™.  Il  s'associe  aux 
pins  et  aux  sapins  et  monte  à  1 ,000™  dans  les  montagnes 
de  la  Thessalie  ,  telles  que  l'Olympe ,  mais  non  en  Bosnie , 
en  Servie ,  dans  le  Balkan ,  ni  dans  la  Macédoine  orientale. 
(  Boue.  )  «  Cet  arbrisseau  si  robuste  ,  dit  Ramond  ,  se  com- 
porte dans  les  montagnes  comme  les  arbustes  les  plus  déli- 
cats. Sur  les  premiers  degrés  des  Pyrénées  ,  il  couvre  tous 
les  coteaux  ,  tant  du  côté  de  la  France  que  du  côté  de  l'Es- 
pagne. Là  s'ouvrent  devant  lui  les  grandes  vallées  orientées 
du  nord  au  midi;  il  s'y  jette,  mais  c'est  pour  n'en  plus 
sortir  ;  en  vain  les  embranchements  de  ces  vallées  lui  of- 
frent de  toutes  parts  d'autres  vallons  à  peupler,  il  franchit 
ces  ouvertures,  et  continuant  sa  route  dans  la  direction  qu'il 
a  adoptée  ,  il  monte  du  nord  au  midi ,  s'arrête  au  pied  de  la 


ECPHORBIA.  283 

crête  de  la  chaîne,  vers  2,000  mètres  d'élévation  absolue  , 
et,  reparaissant  de  l'autre  côté  à  la  même  hauteur,  il  descend 
au  midi  dans  cette  même  direction  dont  il  a  constamment 
refusé  de  s'écarter.  »  (  Ami.  du  Muséum  ,  t.  4  ,  p.  4-02.  ) 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  trouve  en  France ,  en 
Espagne,  aux  Baléares,  dans  le  midi  de  l'Italie,  en  Grèce. 
—  Au  nord,  il  croît  en  France  jusque  sur  le  rocher  cal- 
caire de  Charlemont  (Ardennes) ,  et  sur  les  rochers  près 
d'Avesnes  (Nord)  ;  en  Belgique  et  en  Angleterre.  —  A 
l'occident,  il  croît  en  Portugal.  —  A  l'orient ,  outre  les  lo- 
calités citées,  il  habite  la  Suisse,  la  Dalmatie  ,  l'Epire  ,  la 
Thessalie,  le  Caucase,  la  Géorgie  et  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 


Sud ,  Grèce 38°      )  Ecart  en  latitude  ; 

Nord ,  Angleterre 52       ^  14° 

Occident,  Portugal 10  O.  i Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Sibérie  de  l'Oural 68  E.  j  78° 

Carré  d'expansion 1092 

G.    EUFHORBZA,    Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  euphorbes, 
très-répandues  sur  la  terre  puisqu'on  en  connaît  à  peu  près 
360  espèces,  constituent  un  genre  dont  le  rôle  est  très-im- 
portant dans  les  scènes  de  la  nature.  Les  unes  sont  des  her- 
bes sans  éclat,  mais  dont  le  port  original  appelle  l'atten- 
tion ;  les  autres  sont  munies  de  bractées  colorées  qui  simu- 
lent des  fleurs  brillantes  ;  il  en  est  qui  sont  arborescentes  et 
forment  des  bosquets,  tandis  que  d'autres  encore  habitant 
les  rochers  ou  les  sables  arides,  se  montrent  comme  des  co- 


284  EUPHORBIACÉES. 

lonnes  ou  de  grands  candélabres ,  offrant  de  loin  l'appa- 
rence des  Cactus.  — On  connaît  des  euphorbes  dans  toutes 
les  parties  de  la  terre,  et  dans  l'Europe  seulement  on  en 
cite  100  espèces.  Elles  sont  dispersées  partout,  mais  elles 
sont  plus  nombreuses  dans  l'Europe  australe  ;  l'Espagne  , 
le  Portugal,  l'Italie ,  la  Grèce  ,  l'île  de  Crète  et  la  Provence 
sont  les  contrées  oij  elles  abondent.  D'autres  vivent  en  Corse, 
en  Dalmatie,  en  Tauride  ,  en  Autriche,  en  Hongrie  et  en 
France.  Un  petit  nombre  est  propre  au  Bannat ,  à  la 
Russie  et  à  l'Angleterre,  mais  leur  proportion  diminue  à 
mesure  que  l'on  avance  vers  la  zone  glaciale.  —  Après 
l'Europe  ,  c'est  l'Afrique  qui  nourrit  la  plus  grande  quantité 
d'espèces.  On  y  en  cite  80,  et  la  moitié  existe  au  cap  de 
Bonne-Espérance  ou  à  la  pointe  australe  et  dans  ses  envi- 
rons. Les  îles  africaines  en  ont  aussi  beaucoup  d'espèces  spé- 
ciales, car  17  à  18  croissent  à  Madagascar,  à  Mascareigne, 
à  l'île  Bourbon  ,  à  Madère  et  aux  Canaries.  Les  autres  sont 
indigènes  de  la  Numidie,  de  la  Guinée,  de  l'Abyssinie,  de 
la  Mauritanie  et  surtout  de  l'Egypte.  —  L'Asie  en  possède, 
comme  l'Afrique  à  peu  près  80.  Ellesy  sont  comme  groupées, 
car  30  végètent  aux  Indes  orientales  et  au  Népaul ,  13  à 
14  dans  la  Sibérie ,  20  dans  le  Caucase  ou  dans  l'Asie  mi- 
neure, la  Judée,  l'Orient  et  l'Arabie.  Les  autres,  peu  nom- 
breuses, sont  disséminées  à  la  Chine  et  à  Ceylan.  — Le 
Nouveau-Monde  est  également  riche  en  euphorbes;  on  en 
a  décrit  54  dans  l'Amérique  du  nord  ;  elles  en  habitent  les 
parties  chaudes,  les  Antilles  d'abord,  puis  la  Nouvelle- 
Espagne,  la  Nouvelle-Grenade,  le  Mexique  et  ensuite  la 
Californie  et  les  Etats-Unis.  —  35  sont  indiquées  dans  l'A- 
mérique du  sud  et  toutes  sont  réunies  au  Pérou  ,  au  Brésil  et 
au  Chili;  1  seulement  à  Monte-Video.  —  12  espèces  jus- 
qu'à présent  ont  été  citées  en  Océanie ,  4  aux  îles  Sand- 


EUPHORBIA.  285 

wich  ,  4  à  Java  ,  2  aux  îles  de  la  Société  ,  1  à  Norfolk  et  1  à 
la  Nouvelle-Zélande. 

EuPHORBiA.  Cham^esyce,  Lin.  —  Petite  plante  annuelle 
qui  croît  dans  les  champs  et  sur  le  bord  des  chemins.  Sa  tige 
est  droite  d'abord,  mais  bientôt  il  en  sort  des  rameaux  se- 
condaires qui  la  font  périr,  et  ceux-ci  s'étendent  sur  le  sol , 
se  divisent  et  se  subdivisent  de  manière  à  former  une  espèce 
de  réseau  de  branches  rougeâtres  cylindriques ,  garnies  de 
petites  feuilles  ovales,  arrondies,  opposées,  un  peu  denti- 
culées ,  parfois  échancrées  au  sommet  et  munies  de  stipules. 
Les  Heurs  sont  petites ,  axillaires ,  ordinairement  soHtaires 
et  rougeâtres.  Les  capsules  sont  glabres  et  les  graines  tuber- 
culeuses et  striées.  —  Il  fleurit  en  juin  ,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  végète  indistinctement 
sur  les  calcaires  et  sur  les  sables,  et  reste  dans  les  plaines. 
M.  Boissier  le  cite  jusqu'à  2,000™  dans  le  midi  de  l'Espagne. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France ,  en  Corse, 
en  Espagne  ,  en  Algérie  ,  sur  les  sables  et  dans  les  cultures 
arrosées  des  oasis ,  et  jusque  dans  les  vallées  sablonneuses 
de  Saint-Vincent ,  aux  îles  du  cap  Vert.  —  Au  nord  ,  il 
reste  dans  le  midi  de  la  France ,  en  Dalmatie ,  et  atteint  en 
Russie  Kasan  et  le  Simbirsk.  —  A  l'occident ,  il  est  en  Por- 
tugal et  aux  îles  du  cap  Vert.  —  A  l'orient ,  on  le  trouve  en 
Italie  ,  en  Sicile ,  en  Turquie  ,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce  ,  à 
l'île  de  Crète ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase ,  en  Géorgie ,  en 
Syrie,  en  Palestine,  en  Perse ,  dans  les  Russies  moyenne  et 
australe  et  dans  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  Vespece. 

Sud,  Iles  du  cap  Vert IS*^      ]  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Russie 53       i  40» 


286  EUPHORBIACÉES. 

Occident,  lies  du  cap  Vert. ...   26  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  de  l'Oural 62  E.  )  88° 

Carré  d'expansion 3520 

EuPHORBiÀ  HELioscopiA,  Lin.  —  La  symétrie  est  ce  qui 
frappe  le  plus  dans  cette  espèce.  Ses  ombelles  régulières, 
leur  évolution  dichotomique  ,  le  vert  pur  de  la  plante  et 
son  développement  précoce,  lui  font  jouer  un  rôle  assez 
actif  dans  le  cortège  du  printemps.  Il  est  annuel  et  se  trouve 
abondamment  répandu  dans  les  champs  et  dans  les  jardins , 
dans  tous  les  lieux  cultivés  et  jusque  dans  les  rues  des  villa- 
ges où  on  le  voit  en  société  des  Alriplex  ,  du  Chenopodium 
vuîvaria  et  de  VHordeum  murinum.  Ses  feuilles  sont  vertes, 
arrondies,  larges  et  crénelées.  Ses  ombelles  régulières  sont 
quinquéfîdes  etglabres;  les  ombelles  des  rameaux  sont  d'abord 
trifides ,  ensuite  une  ou  deux  fois  bifides.  Il  n'y  a  dans  cette 
espèce  ,  comme  dans  toutes  celles  où  l'ovaire  s'incline ,  que 
4  bractées  nectarifères  au  lieu  de  5.  La  5*^  avorte  et  se  trouve 
remplacée  par  l'ovaire  couché.  Les  bractées  sont  entières  et 
les  fruits  sont  hsses.  —  Il  lleurit  pendant  toute  l'année. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  Il  est  indifférent  et  ha- 
bite la  plaine  ou  les  montagnes  peu  élevées  et  reste  autour 
des  lieux  habités. 

Géographie.  — Au  sud  ,  on  le  rencontre  en  France  ,  en 
Espagne  ,  en  Algérie  jusque  dans  les  montagnes  de  l'Aurès, 
à  Madère,  aux  Canaries.  —  Au  nord ,  il  existe  dans  toute 
l'Europe  centrale,  dans  toute  la  Scandinavie,  la  Laponie 
exceptée,  en  Finlande,  en  Angleterre,  en  Irlande,  aux  Hé- 
brides et  aux  Shetland .  —  A  l'occident ,  il  est  en  Portugal , 
aux  Canaries  et  à  Madère.  —  A  l'orient,  dans  toute  l'Eu- 
rope ,  dans  le  Caucase ,  la  Géorgie  ,  les  Russies  septentrio- 
nale ,  moyenne  et  australe ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et 
de  l'Altaï. 


ECPIIORBIA.  287 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 30°     )  Ecart  en   latitude  : 

Nord,  Finlande 66       )  36° 

Occident ,  Madère 19  O. 

Orient,  Sibérie altaïque 112  E. 


Ecart  en  longitude 
131« 


Carré  d'expansion 4716 

EuPHORBiA  PLATYPHYLLA ,  Lin.  —  On  le  trouve  sur  le 
bord  des  champs  humides  et  des  fossés.  II  est  annuel  ;  sa 
tige  est  simple,  droite,  élevée ,  garnie  de  feuilles  lancéolées, 
denticulées  et  déjetées  vers  le  bas  de  la  plante,  et  velues 
ainsi  que  les  bractées.  Les  fleurs  naissent  aux  aisselles  des 
feuilles  et  au  sommet  de  la  plante  qui  se  ramifie  beaucoup. 
L'ombelle  est  à  5  rayons.  L'involucre  a  ses  bractées  exté- 
rieures jaunâtres  et  arrondies.  Les  fruits  sont  hérissés  et 
marqués  de  3  bandes  longitudinales  lisses.  —  Il  fleurit  à  la 
fin  de  l'été  et  en  automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et 
reste  dans  la  plaine. 

Géographie.  —  On  rencontre  cette  euphorbe,  au  sud  , 
en  France  ,  en  Espagne  ,  en  Algérie  et  aux  Canaries.  —  Au 
nord  ,  elle  existe,  en  Belgique,  en  Allemagne,  en  Bavière  et 
en  Angleterre. — A  l'occident,  nous  avons  cité  les  Canaries. 
—  A  l'orient,  elle  vit  en  Suisse,  en  Italie,  en  Sicile,  en  Dalma- 
tie  ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie ,  en  Transylvanie ,  en  Grèce  , 
en  Turquie  ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase  ,  en  Géorgie  ,  dans 
les  Russics  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 30»     )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Angleterre 53       j  23° 


288  ECPHORBIACÉES. 

Occident ,  Canaries 18  O.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Géorgie 47  E.  j  65» 

Carré  d'expansion 1495 

EuPHOBiA  STRiCTA,  Lin.  —  Il  végète  sur  le  bord  des 
champs  humides,  le  long  des  fossés,  sur  les  sables  des 
rivières.  Il  est  annuel ,  comme  E.  platijphylla  auquel  il 
ressemble  et  dont  il  diffère  par  sa  tige  moins  haute  et  moins 
forte ,  par  ses  feuilles  plus  petites  et  plus  minces ,  par  ses 
fleurs,  ses  capsules  et  ses  graines  également  plus  petites. 
La  capsule  a  3  sillons  profonds  couverts  de  tubercules  sail- 
lants. —  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol. —  Altitude.  —  Il  est  indifférent,  et 
vit  dans  les  plaines. 

Géographie.  — Au  sud ,  la  France  centrale,  la  Géorgie. 
—  Au  nord  ,  la  Belgique  ,  l'Allemagne,  la  Bavière  et  l'An- 
gleterre. —  A  l'occident,  l'Angleterre.  —  A  l'orient,  la 
Lombardie,  la  Dalmatie,  la  Transylvanie,  le  Caucase  et  la 
Géorgie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce, 

Sud  ,  Géorgie 42»      )  Écart  en  latitude  : 

iVorrf,  Angleterre 52        j  10° 

Occident ,  Angleterre 6  0.1  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47   E.  |  53° 

Carré  d'expansion 530 

Elpiiorbia  hyberna  ,  Lin.  —  Cette  belle  espèce  se 
trouve  sur  les  pelouses ,  dans  les  clairières  des  bois ,  au  mi- 
lieu des  buissons  où  elle  naît  toujours  en  touffes  volumi- 
neuses et  produit  beaucoup  d'effet.  Elle  est  vivace  ;  sa  tige 
est  simple,  Hsse  ,  garnie  de  feuilles  sessiles,  larges,  obtuses 


EIPHOIIBIA.  289 

et  très-glabres ,  d'un  vert  d'autant  plus  jaune  qu'elles  ap- 
prochent davantage  du  sommet  de  la  plante.  L'ombelle  est 
composée  de  5  à  6  rayons  courts  et  bifides.  A  l'aisselle  de 
ces  rayons  et  à  leur  bifurcation  naît  une  fleur  solitaire  et 
pédicellée.  Les  feuilles  florales  sont  ovales ,  d'un  jaune  ver- 
dâtre.  Les  5  bractées  de  l'involucre  sont  longues  et  obtuses. 
La  capsule  est  volumineuse  ,  couverte  de  petites  écailles,  et 
contient  des  graines  lisses  et  brunâtres.  —  11  fleurit  en  mai 
et  en  juin. 

Nature  du  sol.  — -  Altitude.  —  Cette  plante  croît  sur 
les  terrains  siliceux  et  détritiques,  en  plaine  à  Saint-Calais , 
en  Irlande,  selon  de  Candolle,  et  à  1,600'"  à  Esquiéry, 
dans  les  Pyrénées,  où  nous  l'avons  vue  très-abondante.  En 
Auvergne  elle  croît  entre  800  et  1,400'". 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  la  trouve  en  France ,  dans 
les  Pyrénées,  en  Corse  et  en  Sardaigne.  —  Au  nord,  elle 
vit  en  France ,  en  Angleterre  et  en  Irlande  où  elle  trouve 
aussi  sa  limite  occidentale. —  A  l'orient,  elle  existe  en 
Suisse  et  en  Galicie. 

Limites  d' extension  de  Vespèce. 

Sud,  Sardaigne 40°      )  Ecart  en  latitude  : 

A^orrf ,  Angleterre. 52       j  12* 

Occident,  Irlande 12  0."|  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Galicie 21   E.  j  33" 

Carré  d'expansion 390 

EupnoRBiA  DULCis,  Jacq.  —  Il  habite  les  lieux  frais  et 
ombragés ,  les  haies ,  les  bois  couverts  et  les  prairies  des 
montagnes  voisines  des  forêts.  Sa  racine  vivace  est  noueuse 
et  traçante;  ses  tiges  droites,  garnies  de  feuilles  obtuses  et 

VllI  i9 


290  ElPnOUBlACÉES. 

toujours  glabres.  L'ombelle  est  à  5  rayons  2  fois  bifurques. 
Les  divisions  extérieures  de  l'involucre  sont  entières  et  d'un 
pourpre  foncé.  Les  capsules  sont  jaunes,  et  hérissées  de  poils 
blancs  et  plus  tard  de  petits  tubercules  saillants.  —  Il 
fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  soL  —  Altitude.  —  Il  est  presque  indiffé- 
rent et  semble  pourtant  avoir  une  prédilection  pour  les  cal- 
caires; il  vit  en  plaine  et  peut  s'élever  dans  les  montagnes. 
On  le  trouve  à  480'"  sur  le  versant  sud  du  mont  Ventoux,  et 
de  Candolle  le  cite  à  1,200'"  dans  les  Cévennes. 

Géograpliie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France  ,  en  Espagne  , 
dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  en  France  ,  en  Belgi- 
que ,  en  Allemagne,  en  Bavière  ,  en  Thuriiige  et  en  Lithua- 
nie.  — A  l'occident,  il  reste  en  Espagne.  —  A  l'orient , 
il  est  en  Suisse,  en  Croatie,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie, 
en  Turquie  ,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud  ,  Midi  de  l'Italie 40"      i  Écart  en  longitude  : 

Nord,  Lithuanie 54       i  14° 

Occident,  Espagne 4  0.)  Ecart  en  latitude  : 

Orient ,  Russie  moyenne 58   E.  )  G2*' 

Carré  d'expansion 868 

EuPHORBiA  DuvALii ,  Lec.  et  Lamt.  —  On  le  rencontre 
sur  les  débris  des  rochers,  dans  les  lieux  secs  et  arides.  Il  est 
vivace  et  paraît  intermédiaire  entre  £*.  angulata,  Jacq.,  et 
E.  verrucosa,  Lam.  Il  diffère  du  premier  par  ses  tiges  non 
ailées,  anguleuses ,  et  par  les  tubercules  de  sa  capsule  ,  al- 
longés-cylindriques; du  second,  par  les  foHoles  des  involu- 
celles,  rhomboïdalcs,  aussi  larges  que  longues,  par  les  rameaux 


EUPIIORBIA.  291 

florifères  qui  naissent  à  l'aisselle  des  feuilles  supérieures ,  par 
ses  feuilles  plus  petites  et  ses  rayons  plus  allongés.  —  11 
fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Terrains  calcaires  et 
rocailleux  des  plaines  et  des  coteaux. 

Géographie.  —  On  ne  connaît  cette  espèce  que  dans  les 
départements  du  Gard  et  de  la  Lozère  sur  un  espace  de  2  de- 
grés environ. 

EuPHORBiA  VERRUcosA,  Lam.  —  Il  habite  les  bords  des 
chemins,  les  broussailles,  les  prés  secs  et  les  coteaux.  Sa 
racine  est  vivace,  grosse,  charnue,  jaunâtre  et  ligneuse  dans 
son  intérieur.  Il  en  sort  plusieurs  tiges  simples ,  faibles  et 
couchées  sur  le  sol  où  la  plante  forme  une  espèce  de  gazon. 
Les  feuilles  sont  larges ,  un  peu  velues  et  à  peine  dentées. 
L'ombelle  est  petite,  à  folioles  d'un  beau  jaune.  Les  brac- 
tées de  l'involucre  sont  entières  et  quelquefois  réduites  à  2 
seulement.  La  capsule  est  hérissée  de  tubercules  mamelonnés. 
—  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
calcaires  et  marneux  de  la  plaine  et  des  basses  montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  la  France  ,  l'Espagne  et  TAl- 
gérie  jusque  dans  l'Aurès,  et  Madère.  —  Au  nord,  en  Bel- 
gique et  dans  l'Allemagne  méridionale.  —  A  l'occident, 
l'Espagne  et  Madère.  —  A  l'orient,  la  Suisse,  l'Italie,  la 
Sicile ,  la  Hongrie ,  la  Transylvanie  et  la  Grèce. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie 33o      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Belgique 49       ^  1G« 


292  EUPnORBIACÉES. 

Occident,  Madère. 19  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Grèce 22  E.  J  41'» 

Carré  d'expansion . . . ., 656 

EuPHORBiA  siFFRCTicuLOSA ,  Lcc.  et  Lamt.  — Il  végète 
dans  les  lieux  rocailleux  ,  sur  le  bord  des  chemins  et  sur  les 
coteaux.  Il  est  vivace  et  ressemble  par  le  port  à  VE.  verru- 
cosa;  mais  il  en  est  très-dil'férentparla  forme  des  tubercules 
de  la  capsule  et  par  sa  tige  ligneuse.  Ce  dernier  caractère  le 
rapproche  de  VE.  spinosa ,  dont  il  diffère  par  sa  capsule 
couverte  de  tubercules  hémisphériques,  par  ses  branches  non 
rameuses  ,  velues  ,  plus  grosses  et  moins  raides,  et  par  ses 
feuilles  réfléchies  ,  de  forme  différente. —  Il  fleurit  au  prin- 
temps. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Terrains  calcaires  et 
rocailleux  de  la  plaine.  Cependant  M.  Boissier  le  cite  sous 
le  nom  deE.  flavescens  entre  600  et  1,900™  dans  le  midi 
de  l'Espagne. 

Géographie.  —  Il  croît  dans  les  départements  du  Gard, 
du  Var,  de  l'Hérault  et  de  Vaucluse,  et  dans  le  midi  de 
l'Espagne. 

Limites  d'extension  de  l'espèce 

Sud  ,  Espagne 36<»      ^  Ecart"  en  latitude  : 

Nord,GaT(\ 44       1  8° 

Occident ,  Espagne 7  O.)  Ecart  en  longitude  : 

Oncnf,  Département  du  Var. . .     4  E.-'  11° 

Carré  d'expansion 88 

EuPHORBiA  PROCERA  ,  Bieb.  —  On  le  rencontre  dans  les 
bois  et  dans  les  lieux  marécageux.  Il  est  vivace;  sa  racine 
est  forte ,  épaisse  ;  sa  tige  droite  et  vigoureuse  ;  ses  feuilles 


EUPHORBIA  293 

sont  oblongues,  lancéolées ,  obtuses  ou  un  peu  pointues  dans 
le  haut  de  la  plante,  velues  sur  les  deux  surfaces,  denticulées 
et  sessiles.  L'ombelle  est  à  5  rayons  qui  offrent  chacun 
3  branches  bifurquées.  Les  bractées  florales  sont  ovales  et 
jaunâtres  ainsi  que  les  fleurs.  Les  bractées  de  l'invoiucresont 
entières  et  les  capsules  hérissées  de  poils  lon^s  et  épars,  et 
quelquefois  entièrement  lisses.  — 11  fleurit  en  juin  et  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  ne  connaissons 
cette  plante  que  sur  les  terrains  siliceux  ,  tourbeux  et  détri- 
tiques des  montagnes,  vers  1,000  à  1,200™;  elle  descend 
dans  le  département  de  la  Creuse  à  GOO™,  et  se  trouve  en 
plaine  sur  plusieurs  points  de  la  France. 

Géographie,  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France  ,  en  Espa- 
pagne  ,  en  Grèce  ,  dans  le  Péloponèse.  —  Au  nord  ,  en  Al- 
lemagne ,  en  Autriche,  en  Podolie.  —  A  l'occident,  en 
Espagne.  —  A  l'orient,  dans  les  Russies  moyenne  et  aus- 
trale ,  dans  le  Caucase,  la  Tauride,  la  Géorgie  et  la  Sibérie 
de  rOural. 

Limites  d'extension  de  Vespcce. 

Sud ,  Grèce 38*^      )  Ecart  en  latitude  : 

iWfi,  Podolie 49        )  11» 

Occident,  Espagne 4  0.  <  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Oural 62  E.  )  GO» 

Carré  d'expansion 726 

EcpiiORBiA  Gerardiana  ,  Jacq.  —  Espèce  vivace  qui 
croît  dans  les  lieux  incultes  et  pierreux,  le  long  des  che- 
mins, sur  les  pelouses  sèches.  Ses  tiges  sont  herbacées, 
simples  et  droites  ,  et  s'échappent  de  rhizomes  rameux.  Les 
feuilles  sont  alternes,  glauques  ,  lancéolées-linéaires  et  poin- 
tues. L'ombelle  offre  plusieurs  rayons  bifurques,  accorapa- 


294  EUPHORBIACÉES. 

gnés  de  feuilles  florales  jaunes ,  larges,  arrondies  et  obtu- 
ses. Les  bractées  de  l'involucre  sont  entières ,  au  nombre  de 
4,  et  l'ovaire,  déjeté,  est  souvent  fécondé  indirectement 
comme  dans  plusieurs  autres  espèces  de  ce  genre.  La  cap- 
sule est  glabre  et  lagraine  très-lisse.  11  fleurit  au  printemps. 

Nalure  du  sol.  —  Altitude.  —  Terrains  calcaires  et  ro- 
cailleux de  la  plaine.  Ledebour  l'indique  dans  le  Taliisch 
entre  1,400  et  l.OOO'". 

Géographie.  —  Au  sud,  cet  eupborbe  vit  en  France ,  en 
Corse,  en  Grèce.  —  Au  nord  ,  il  croît  en  France  ,  en  Bel- 
gique, en  Allemagne,  en  Bavière,  en  Voihynie.  — A  l'oc- 
cident, il  reste  en  France.  —  A  l'orient,  il  existe  en  Suisse, 
en  Italie',  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en 
Turquie,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  les  Russies 
moyenne  et  australe  ,  et  dans  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Grèce 38"     ]  Ecart  en  latitude  : 

AWrf,  Yolhynie 51       i  13« 

Occident ,  France 0       |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  de  l'Oural 72  E.  )  72" 

Carré  d'expansion. . . . , 936 

EupnoRBiA  AMYGDALOÏDES ,  Lin.  • —  Il  existc  parmi  les 
plantes  des  genres  qui,  plus  que  les  autres,  concourent  à  don- 
ner au  paysage  un  aspect  caractéristique.  Tels  sont  les" 
Genista  f\Q%  Ericay  les  Euphorbia.  Par  leur  multitude  ,  par 
leur  port,  ces  genres  décorent  et  embellissent  les  campa- 
gnes et  les  forêts.  C'est  surtout  dans  cette  dernière  station 
que  se  trouve  l'ii.  amygdaloïdes ,  associé  par  conséquent 
aux  espèces  némorales  ;  mais  on  le  rencontre  aussi  le  long  des 
chemins,  parmi  les  broussailles,  mêlé  à  Vllelleborus  fœtidus, 


EUPHoiyiiA.  295 

à  YEvphorbia  Cyparissias ,  etc.  Il  est  vivace;  ses  racines 
sont  longues  et  vigoureuses;  on  y  distingue  deux  sortes  de 
tiges  ,  les  unes  fertiles  ,  les  autres  stériles  ;  ces  dernières  re- 
poussent du  sommet  dès  le  milieu  de  l'hiver, et  sont  rem- 
placées ,  Tannée  suivante ,  par  d'autres  qui  présentent  le 
même  mode  de  végétation.  La  tige  est  ordinairement  d'un 
rouge  vif  et  carminé  du  côté  oii  elle  reçoit  la  lumière.  Les 
feuilles  ,  régulièrement  disposées  en  spirale,  se  rapprochent 
au  sommet  et  simulent  une  rosette ,  du  milieu  de  laquelle 
la  hampe  florifère  s'élève.  Presque  nue  d'abord  ,  elle  se  gar- 
nit peu  à  peu  de  petites  feuilles  molles  ,  pubescentes ,  surtout 
à  leur  base,  et  un  peu  réfléchies,  qui  produisent  chacune  à 
leur  aisselle  des  pédicelles  filiformes  et  dressés,  qui  tous 
portent  des  fleurs  et  d'élégantes  bractées.  Au  sommet  on 
voit  un  involucre  de  5  bractées  et  une  ombelle  de  cinq 
rayons ,  dont  chacun  se  termine ,  comme  les  pédicelles 
inférieurs,  par  une  fleur  souvent  mâle  et  stérile,  posée  au 
centre  d'une  coupe  élégante  et  foliacée,  et  par  2  coupes  plus 
petites,  contenant  chacune  une  fleur,  dont  le  pistil  à  3 
branches  et  à  6  stigmates  est  toujours  bien  conformé.  La 
première  fleur  épanouie  est  celle  qui  termine  la  tige ,  au 
centre  de  l'ombelle  générale  ;  elle  est  remplacée  par  les  5 
autres, qui  occupent  lecentrede  la  seconde  ombelle;  à  celle- 
ci  succèdent  les  10  autres  de  l'ombelle  tertiaire ,  et  ainsi 
de  suite.  Les  fleurs  des  rameaux  suivent  le  même  ordre  d'é- 
volution ,  mais  la  fleur  centrale  paraît  un  peu  plus  tard  que 
celle  de  la  tige.  — Dans  tous  les  euphorbes,  dit  Vaucher, 
les  pistils  et  les  étamines  se  succèdent  dans  un  ordre  cons- 
tant ;  au  moment  où  le  pistil  sort  d 'une  fleur ,  on  voit  égale- 
ment paraître  tous  les  pistils  des  fleurs  du  même  rang,  et 
l'on  peut  être  à  peu  près  certain  que  les  fleurs  correspondantes 
ont  aussi  le  même  nombre  détamines  saillantes.  —  Le  rouge 


296  EUPHORBIACÉES. 

vif  de  la  tige ,  le  jaune  pâle  des  bractées ,  les  appendices  des 
fleurs  en  forme  décroissant,  et  l'admirable  régularité  de 
toutes  les  parties  de  cette  plante,  la  rendent  très-remarqua- 
ble. —  Elle  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Espèce  indifférente  à  la 
nature  du  sol,  habitant  également  la  plaine  et  les  monta- 
gnes. Nous  la  trouvons  en  Auvergne  jusqu'à  1,200'".  Le- 
debour  la  cite  dans  le  Caucase  entre  1,800  et  2,200™. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  végète  en  France,  en  Es- 
pagne ,  dans  le  midi  de  l'Italie ,  en  Sicile.  —  Au  nord  ,  elle 
est  en  Belgique  ,  en  Allemagne  ,  yf  l'île  d'Osilie ,  en  Angle- 
terre et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  elle  croît  aussi  en  Por- 
tugal. —  A  l'orient ,  elle  existe  en  Suisse,  en  Dalmatie,  en 
Hongrie  ,  en  Croatie  ,  en  Transylvanie ,  en  Turquie  ,  au 
mont  Athos  ,  dans  le  Caucase,  la  Géorgie,  la  Tauride,  la 
Russie  australe  et  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Sicile 38»      | Ecart  en  latitude  : 

iVorrf,  lie  d'Osilie 59       j  21» 

Occident ,  Irlande 12  0.  |  Ecart  en  lorjgitude  : 

Onen^  Sibérie  de  l'Oural 72  E.)  84» 

Carré  d'expansion 1764 

EuPHORBiA  CHARACiAS,  Lin.  —  II  croît  sur  les  rochers, 
sur  les  coteaux  incultes  et  le  long  des  chemins,  oii  il  forme 
des  touffes  vigoureuses  à  souches  frutescentes  et  dures.  Ses 
tiges  atteignent  parfois  un  mètre  de  hauteur  ;  elles  sont  du- 
res ,  cylindriques ,  velues  ,  tuberculeuses  ,  rougeàtres  et  gar- 
nies de  feuilles  nombreuses,  lancéolées,  spatulées,  molles 
et  couvertes  de  duvet.  Ces  tiges  sont  terminées  par  des  om- 


EIPHORBIA.  297 

belles  multifides,  à  rayons  plusieurs  fois  bifides,  et  compo- 
sent une  ombelle  compacte  et  ramassée,  au-dessous  de  la- 
quelle on  remarque  un  grand  nombre  de  fleurs  solitaires,  axil- 
laires  et  longuement  pédonculées.  Les  bractées  de  l'involu- 
cre  sont  larges,  obtuses,  tronquées  au  sommet  et  d'un 
brun  rouge.  Sa  capsule  est  recouverte  de  poils  denses  ;  les 
graines  sont  grosses,  ovoïdes  et  luisantes.  —  Il  fleurit  en 
mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  Il  se  rencontre  sur  tous 
les  terrains  rocailleux  et  paraît  préférer  le  calcaire.  —  Il  vit 
en  plaine  et  dans  les  montagnes  ;  à  480™  sur  le  versant  sud 
du  mont  Ventoux  ;  à  965™  sur  l'Etna ,  entre  650  et  950™ 
dans  le  midi  de  l'Espagne. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  habite  la  France  ,  l'Espagne 
et  les  Baléares.  —  Au  nord,  il  s'arrête  sur  le  bord  du  pla- 
teau central.  — A  l'occident,  il  est  en  Portugal.  — A  l'o- 
rient, en  Italie,  en  Sicile,  en  Turquie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce, 

Sud,  Midi  de  l'Espagne 3G<^      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  France 44  8° 

Occident ,  Portugal 10  0. 1  Écart  en  longitude  ; 

Orient ,  Turquie 20  E.  |  30» 

Carré  d'expansion , 240 

Elphorbta  Cyparissias,  Lin.  —  Il  est  vivace  et  vit  en 
sociétés  nombreuses  sur  les  coteaux  incultes,  dans  les  champs 
pierreux  ,  sur  les  sables  des  rivières  et  sur  le  bord  des  che- 
mins. Il  est  souvent  accompagné  de  VHellehorus  fœtidus  , 
du  Linaria  vulgaris  et  de  nombreuses  carduacées.  Il  a  la 
forme  d'un  petit  arbre  vert  dont  le  feuillage  et  parfois  même 
la  plante  entière  rougissent  fortement  en  automne  et  simu- 


298  tUPUOllBIACÉI-S. 

lent  de  loin  des  tleurs  qui  seraient  éparses  sur  les  pelouses 
décolorées.  —  Sa  racine  est  traçante  ;  ses  tiges  sont  droites , 
simples  ,  garnies  surtout  au  sommet  de  feuilles  nombreuses, 
étroites,  linéaires  et  glauques.  Du  centre  de  la  rosette  su- 
périeure naît  une  ombelle  multifide,  à  rayons  plusieurs  fois 
bifides ,  au-dessous  de  laquelle  naissent  presque  toujours 
des  rameaux  stériles  et  feuilles  qui  la  dépassent.  Les  brac- 
tées sont  jaunes  et  échancrées  en  forme  de  croissants.  Il  ar- 
rive souvent  que  les  (leurs  extérieures  sont  les  seules  fertiles 
et  que  celles  du  milieu  de  l'ombelle  avortent.  Dans  tous  les 
cas,  dès  que  le  fruit,  d'un  beau  vert  et  tuberculeux,  com- 
mence à  grossir  ,  les  bractées  de  l'involucre  deviennent  oran- 
gées. —  Il  lleurit  en  avril ,  mai  et  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  — Il  est  indifférent  et  vit 
sur  tous  les  sols,  mais  il  est  plus  fréquent  sur  les  calcaires, 
sur  les  sables  maritimes  et  sur  les  terrains  volcaniques.  Il 
vit  en  plaine  et  sur  les  montagnes  peu  élevées  ,  atteignant 
facilement  1,000'°.  Walilenberg  l'indique  en  Suisse  jus- 
qu'au-dessus delà  limite  des  sapins. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  végète  en  France ,  dans  le 
nord  de  l'Espagne  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  , 
il  est  assez  répandu,  en  Belgique,  en  Allemagne,  et  s'ar- 
rête en  Lithuanie  et  dans  la  Gothie  australe.  —  A  l'occident, 
il  reste  en  Espagne.  — A  l'orient ,  il  croît  en  Suisse,  en 
Dalmalie  ,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en 
Turquie ,  dans  le  Caucase ,  dans  les  Kussies  moyenne  et  aus- 
trale ,  dans  les  Sibéries  de  l'Altaï  et  du  lîaïkal  et  dans  la 
Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vcspèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40°      )  tcart  en   latitude  : 

Nord,  Gothie 50       j  16*» 


EUPHOUBIA.  299 

Occident ,  Espagne 4  0.)  Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Dahurie 119   E.  )  123« 

Carré  d'expansion 19C8 

EuPHORBiA  PORTLANDiCA ,  Lin.  —  On  le  trouve  sur  le 
bord  des  champs ,  dans  les  lieux  salifères.  Sa  station  ordi- 
naire est  sur  les  sables  maritimes.  II  est  vivace;  sa  tige  est 
un  peu  ligneuse  à  la  base ,  garnie  de  rameaux  alternes , 
presque  tous  florifères,  et  de  feuilles  linéaires,  oblongues,  gla- 
bres et  ponctuées.  Le  sommet  delà  plante  est  divisé  en  3  à 
5  rameaux  plusieurs  fois  dichotomes.  Les  bractées  sont  lar- 
ges, cordiformes,  un  peu  ponctuées;  celles  de  l'involucre 
sont  jaunes,  lancéolées,  au  nombre  de  4.  La  capsule  offre  des 
tubercules  sur  ses  angles  ;  les  graines  sont  réticulées.  —  Il 
fleurit  en  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Allilude.  —  Terrains  salifères  de  bi 
plaine. 

Géographie.  —  Il  est  confiné  sur  les  côtes  de  la  France, 
à  Nantes ,  à  Cherbourg ,  à  Bordeaux,  à  Dunkerque  ,  en  An- 
gleterre et  en  Irlande,  et  se  retrouve  près  d'Anduze  dans  le 
département  du  Gard. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  France 44"      -v Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Angleterre 5  )  11° 

Occident,  Irlande 12  0."|  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  France 0       j  12° 

Carré  d'expansion 132 

EcPHORBiA  MC^ENSis,  Ail.  — Ilest  vivace  et  forme  des 
touffes  dans  les  lieux  secs  et  pierreux ,  sur  les  pentes  rocail- 
leuses des  coteaux.  Sa  souche  est  ligneuse;  ses  tiges  sont 


300  EUPIIOUBIACÉES. 

droites,  élevées,  rougeûtres  et  glabres.  Ses  feuilles,  un  peu 
épaisses  ,  sont  espacées,  glauques  ,  ovales  ou  oblongues,et 
terminées  en  pointe.  L'ombelle  est  composée  de  5  à  1 0  rayons 
une  seule  fois  bifides.  Les  feuilles  florales  sont  ovales;  les 
supérieures  semi-orbiculaires  et  entières.  La  capsule  et  les 
graines  sont  glabres  et  lisses.  —  Il  lleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
calcaires  et  rocailleux  de  la  plaine  et  des  montagnes.  Il  pa- 
raît atteindre  en  Asie  une  prodigieuse  élévation.  M.  de 
Tchiatchcff  l'a  rencontré  sur  le  mont  Argé,  en  Asie  mineure, 
et  il  remonte  jusque  sur  le  cône  même  du  volcan,  sur 
des  rapilli  entremêlés  de  bandes  de  neige  et  jusqu'à  la  hau- 
teur de  3,841"*,  sommet  de  la  montagne.  Est-ce  bien 
VE.  nicœensis?  M.  Balansa  ne  l'a  pas  vu  dans  les  mêmes 
lieux  et  m'a  affirmé  qu'aucune  plante  ne  croît  sur  le 
mont  Argé  à  cette  altitude.  M.  Boissier  l'indique  dans  le 
midi  de  l'Espagne  entre  1 ,300-  et  2, 100™. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  végète  en  France,  en  Espagne 
et  en  Algérie  jusque  sur  les  montagnes  de  l'Aurès.  —  Au 
nord  ,  il  s'arrête  sur  le  versant  des  Cévennes.  —  A  l'occi- 
dent ,  il  est  en  Portugal.  —  A  l'orient,  en  Italie,  en  Dal- 
matie  ,  en  Croatie,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie,  en  Grèce, 
en  Tauride  ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  l'Asie  mi- 
neure, et  dans  la  Russie  australe. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Suûf,  Algérie 34°      )  Ecart  en   latitude: 

Nord ,  France , 44       ^  lO'' 

Occident,  Portugal 10  0.|  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47   E.  )  57'* 

Carré  d'expansion 570 


EIPIIORBIA.  301 

EiPHORBiA  SF.RRATA,  Lin.  —  Il  croît  aussi  dans  les 
lieux  secs  et  pierreux,  dans  les  champs  incultes.  Il  est  vivace  ; 
sa  tige  est  droite  ,  ses  feuilles  sont  sessiles  ,  ovales ,  ponc- 
tuées, à  dentelures  fréquentes  et  aiguës.  Celles  des  rameaux 
stériles  sont  étroites  et  presque  linéaires.  Les  feuilles  tlo- 
rales  sont  très-larges  et  cordiformes.  Les  bractées  exté- 
rieures de  l'involucre  sont  rougeàtres,  et  terminées  chacune 
par  2  dents  courtes  et  épaisses.  Les  capsules  sont  glabres. 
—  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  - —  AUilude.  —  Il  préfère  les  terrains 
calcaires  et  rocailleux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  habite  la  France ,  l'Espagne, 
les  Baléares  ,  la  Barbarie,  l'Egypte  et  les  Canaries.  —  Au 
nord  ,  il  s'arrête  sur  le  versant  des  Cévennes.  —  A  l'occi- 
dent, il  est  en  Portugal.  —  A  l'orient ,  en  Italie. 

Limites  d' extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 30'>      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  France 44       j  14** 

Occident ,  Canaries 18  O.  ")  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Italie 15  E.)  33« 

Carré  d'expansion  » 462 

EupiiORBiA  SEGETALis  ,  Lin.  —  Espèce  annuelle  qui  se 
trouve  dans  les  champs  cultivés;  sa  tige  est  droite  ou  ra- 
meuse, garnie  de  feuilles  glabres  et  linéaires  qui  se  détachent 
souvent  dans  le  bas  de  la  plante,  et  tombent  sur  le  sol. 
Ces  feuilles  ont  des  formes  très-variables.  Les  fleurs  sont  dis- 
posées en  ombelles  quinquéfides  ,  à  rameaux  plusieurs  fois 
bifides.  Les  feuilles  florales  sont  larges,  demi-orbiculaires  et 
cordiformes.  Le  fruit  est  triangulaire,  lisse  entre  les  angles, 


302  .KIPIIORBIACÉES. 

et  un  peu  rude  sur  ces  derniers.  —  Il  fleurit  en  mai ,  juin 
et  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Cet  euphorbe  recherche 
les  terrains  calcaires  et  marneux,  préférant  la  plaine  aux 
montagnes.  M.  Boissier  le  cite  depuis  0  jusqu'à  2,100™ 
dans  le  midi  de  l'Espagne. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France  ,  en  Espa- 
gne ,  en  Algérie ,  à  Madère  et  aux  Canaries.  —  Au  nord  , 
il  arrive  sur  le  versant  des  Cévennes  ;  il  est  cité  aussi  en  Bel- 
gique et  dans  le  Hainaut  oii  je  ne  l'ai  jamais  rencontré , 
ainsi  que  dans  le  Valais.  —  A  l'occident,  il  est  en  Portu- 
gal. —  A  l'orient,  il  vit  en  Italie,  en  Dalmatie ,  en  Hon- 
grie ,  en  Croatie  ,  en  Transylvanie  ,  à  l'île  de  Crète. 

Limites  d'extension  de  Vespece. 

Sud ,  Canaries 30°      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Valais 47       ^  17° 

Occident ,  Madère 19  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Ile  de  Crète 22  E.  j  41» 

Carré  d'expansion 697 

EcpiiORBiA  Peplus  ,  Lin.  — Petite  plante  annuelle  d'un 
beau  vert,  qui  abonde  dans  les  lieux  cultivés,  dans  les 
champs,  les  vignes  et  les  jardins.  Sa  tige  est  glabre,  cylin- 
drique et  rameuse.  Ses  feuilles  sont  ovales,  arrondies  ,  ob- 
tuses, très-entières.  Sa  tige  se  divise  en  3  rameaux  soute- 
nus par  3  feuilles  semblables  aux  autres,  et  plusieurs  fois 
bifides.  Les  4  bractées  extérieures  de  l'mvolucre  sont  d'un 
jaune  verdâtreetà2  pointes.  Le  fruit  est  lisse,  glabre,  obtus, 
à  angles  saillants,  et  marqués  d'une  rainure.  —  Il  fleurit 
pendant  la  majeure  partie  de  l'année. 


EtPlIORBIA.  303 

Nature  (In  soL  —  Altitude.  —  Presque  domestique, 
tous  les  terrains  lui  conviennent,  et  il  atteint  les  hauteurs 
moyennes  auxquelles  l'homme  transporte  ses  habitations. 

Géographie.  —  Comme  les  plantes  annuelles  et  domes- 
tiques, celle-ci  est  très-répandue.  Au  sud,  elle  existe  en 
France  ,  en  Espagne ,  en  Algérie  jusque  dans  les  cultures 
arrosée  des  oasis,  à  Madère  et  aux  Canaries.  — Au  nord  , 
elle  est  dans  toute  l'Europe,  la  Laponie  exceptée,  en  An- 
gleterre et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  elle  est  mentionnée 
en  Portugal.  —  A  l'Orient,  elle  se  trouve  en  Suisse,  eu 
Italie,  en  Sicile,  aux  Baléares,  en  Hongrie,  en  Dalma- 
tie ,  en  Croatie,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en  Turquie, 
dans  les  Russies  septentrionale ,  moyenne  et  australe ,  et 
dans  lesSibérics  de  l'Oural  et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Canaries 30''      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Finlande C6       -'  36" 

Occident,  Madère 19  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  du  Baïkal 110   E.^  129" 

Carré  d'expansion 4G44 

EuPHORBiA  FALCATA,  Lin.  — Il  est  très-abondaut  dans 
les  champs  cultivés,  surtout  après  l'enlèvement  des  moissons, 
le  long  des  chemins ,  etc.  Il  est  annuel,  à  tige  basse  et  très- 
rameuse.  Les  feuilles  sont  linéaires ,  oblongues ,  ovales  ou 
spatulées ,  toujours  terminées  par  une  pointe  acérée  et  plus 
ou  moins  glauques.  Celles  de  la  tige  qui,  du  reste,  sont  très- 
courtes,  tombent  facilement,  mais  il  en  naît  constamment 
de  nouvelles  sur  les  rameaux  qui  d'abord  naissent  au  nom- 
bre de  3 ,   puis  qui  se  bifurquent  à  l'infini ,  en  sorte  que 


304  EUPIIORBIACÉES. 

la  plante  a  l'apparence  d'un  petit  buisson.  La  fleur  n'a  que 
4  bractées  à  son  involucre  ,  dans  l'intervalle  desquelles 
l'ovaire  pédicellé  se  déjette ,  mais  à  l'époque  de  la  matu- 
rité, le  pédicellé  de  la  capsule  se  redresse,  et  les  graines 
s'échappent  entre  les  valves  élastiques  du  fruit;  puis  ce  même 
pédicellé  redressé  reste  en  saillie ,  et  surmonté  de  l'axe 
desséché  de  la  capsule.  —  Il  fleurit  en  été  et  en  automne. 

Nature  du  sol.  —  AllUude.  —  11  recherche  les  ter- 
rains calcaires,  compactes,  marneux  et  argileux  de  la  plaine. 
Ledebour  en  cite  une  variété,  acuminata,  jusqu'à  1,000" 
dans  le  Taliisch. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  rencontre  en  France,  en 
Espagne,  en  Algérie  jusque  dans  le  Sahara.  —  Au  nqrd, 
il  habite  en  Thuringc,  sur  les  bords  du  Rhin.  —  A  l'occi- 
dent ,  il  reste  en  Espagne.  —  A  l'orient ,  il  est  en  Suisse  ,  en 
Italie  ,  en  Sicile  ,  en  Dalmatie ,  en  Croatie ,  en  Hongrie ,  en 
Transylvanie  ,  en  Grèce ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase  et  en 


Géorgie. 


Limites  d'extension  de  Vespèce. 


Sud,  Algérie |  Ecart  en  latitude  : 

AVc?,  Allemagne 49       )  15» 

Occident ,  Espagne 6  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47  E.  j  b'S^ 

Carré  d'expansion 795 

EupnoRBiA  ExiGUÂ.  Lin.  — Très-petite  plante  annuelle, 
commune  dans  les  cultures  et  dans  les  champs,  sur  le  bord 
des  chemins  et  sur  les  sables  des  rivières.  Sa  tige  est  simple 
ou  rameuse ,  garnie  de  feuilles  linéaires,  épaisses,  ponc- 
tuées, d'un  vert  glauque  et  un  peu  élargies  à  leur  base. 
L'ombelle  est  formée  de  3  rayons  (  parfois  de  2  ou  de  4  ) , 


EUPHORBIA.  305 

plusieurs  fois  bifurques.  L'involucre  est  partagé  en  8  brac- 
tées ,  dont  les  4  extérieures  sont  purpurines  et  en  forme  de 
croissant.  La  capsule  est  lisse;  les  graines  sont  petites,  tu- 
berculeuses et  presque  carrées.  —  Il  fleurit  en  été  et  en 
automne. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  préfère  les  terrains  cal- 
caires et  marneux,  et  reste  ordinairement  dans  les  plaines 
ou  dans  les  montagnes  peu  élevées. 

Géographie.  —  Il  est  très-répandu ,  comme  la  plupart 
des  plantes  des  moissons.  On  le  rencontre ,  au  sud  ,  en 
France,  en  Espagne,  en  Algérie  jusque  dans  les  cultures 
des  oasis ,  et  aux  Canaries.  —  Au  nord ,  il  se  trouve  en  Bel- 
gique, en  Allemagne,  en  Danemarck,  dans  la  Gothie  australe, 
en  Angleterre  et  en  Irlande.  —  A  l'occident ,  il  est  en 
Portugal.  —  A  l'orient,  il  habite  la  Suisse,  l'Italie,  la  Si- 
cile, la  Dalmatie  ,  la  Croatie  ,  la  Hongrie  ,  la  Transylvanie, 
la  Grèce ,  la  Turquie ,  la  Tauride  ,  le  Caucase ,  la  Géorgie , 
la  Lithuanie  et  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 30"      )  Écart  en   latitude  : 

Nord,  Gothie 56       )  26« 

Occident ,  Canaries 18  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  de  l'Oural 60  E.  i  78» 

Carré  d'expansion 2028 

EuPHORBiA  Lathyris,  Liu.  —  Ce  grand  euphorbe  vit 
clans  les  champs ,  le  long  des  vignes ,  et  reste  souvent  au- 
tour des  habitations.  Il  est  bisannuel  ;  sa  racine  est  droite  et 
profonde;  sa  tige  est  élevée  et  fistuleuse ;  ses  feuilles  sont 
oblongues ,  sessiles,  glauques  ou  cendrées,  et  régulièrement 
viu  2<^ 


306  EUPHORBIACÉES. 

opposées  en  formant  4  rangs  très-distincts.  L'ombelle  est 
quadrifide  ,  à  rameaux  plusieurs  fois  bifides.  Les  capsules  , 
assez  volumineuses  et  lisses  ,  se  renflent  pendant  la  matu- 
ration ,  et  deviennent  spongieuses  ,  puis  elles  se  rident  par 
la  dessication.  —  Il  fleurit  en  mai ,  juin  et  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  à  la 
nature  du  sol  et  préfère  la  plaine  aux  montagnes. 

Géographie.  —  Il  existe,  au  sud,  en  France,  en  Espagne, 
à  Madère,  aux  Canaries.  —  Au  nord,  il  croît  en  France, 
en  Belgique  et  en  Angleterre  ,  mais  il  y  est  évidemment 
naturalisé.  —  A  l'occident ,  il  vit  en  Portugal.  —  A  l'o- 
rient, il  végète  en  Suisse  ,  en  Italie  ,  en  Sicile  ,  en  Dalraa- 
tie,en  Croatie,  en  Transylvanie  ,  dans  l'Ukraine  et  la  Si- 
bérie de  l'Oural  où  il  est  cité  avec  doute  par  Ledebour. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

5Mf/ ,  Canaries 30**      |  Ecart  en  latitude: 

iVorr/,  France 45       j  15» 

Occident,  Canaries 18  O.  | Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Russie  méridionale. ...   28  E.  )  46® 

Carré  d'expansion 690 

G.  MEacuniALis ,  Lin. 

Ce  petit  genre  est  composé  seulement  de  8  espèces,  dont 
6  habitent  l'Europe  ,  et  plus  particulièrement  l'Europe  aus- 
trale ,  à  l'exception  de  2  espèces  qui  s'avancent  vers  le 
nord.  — 1,  asiatique,  croît  à  la  Cochinchine.  —  1,  afri- 
caine, végète  au  cap  de  Bonne-Espérance. 

Mercurialis  perenms,  Lin.  —  Les  bois  et  les  pelouses 
herbeuses  sont  parsemés  de  cette  espèce,  dont  les  individus  ne 


MERCURIALIS.  307 

vivent  jamais  solitaires,  mais  réunis  en  nombreuses  sociétés. 
Il  est  facile  de  les  reconnaître  à  leur  rhizome  rampant  qui 
trace  sous  le  sol  et  s'allonge  toujours.  C'est  la  tige  elle-même 
qui  s'incline  et  émet  des  racines  à  ses  articulations  inférieu- 
res; tous  les  ans  le  même  phénomène  se  renouvelle,  tous 
les  ans  de  nouvelles  ramifications  partent  de  ces  rhizomes  qui 
sont  formés  de  nœuds  rapprochés.  Les  tiges ,  ordinairement 
fertiles ,  naissent  en  abondance  de  ces  rhizomes.  Elles  sont 
déjà  préparées  à  l'entrée  de  l'hiver,  mais  des  stipules  blan- 
châtres, et  réunies  4  ensemble  ,  les  protègent  jusqu'au  prin- 
temps ;  à  cette  époque ,  ces  tiges  s'élèvent;  elles  sont  garnies 
de  feuilles  opposées  et  dentées ,  qui  bleuissent  en  séchant , 
et  sont  accompagnées  de  stipules  blanchâtres  et  membra- 
neuses qui  tombent  de  bonne  heure.  —  Les  fleurs  sont 
axillaires,  et  leurs  sexes  sont  séparés  sur  des  individus  dif- 
férents. Les  fleurs  femelles  naissent  soHtaires  sur  des  pédon 
cules  raccourcis;  le  périgone  est  à  3  divisions,  etl'ovaiit 
est  divisé  en  deux  lobes  par  un  profond  sillon.  —  Les  fleurs 
mâles ,  disposées  en  épis  peu  garnis ,  offrent  ce  même  péri- 
gone et  contiennent  un  certain  nombre  d'étamines ,  dont  les 
anthères  dydimes  répandent  leur  pollen  sur  2  stigmates 
frangés.  —  Le  fruit  est  formé  de  2  coques  qui  s'ouvrent  à  la 
maturité ,  et  dont  les  graines  sont  chassées  avec  élasticité. 
—  Ilfleuriten  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Allitude.  —  Ce  Mercurialis  préfère 
les  terrains  calcaires ,  volcaniques  et  détritiques  de  la  plaine 
et  des  montagnes.  Nous  le  trouvons  en  Auvergne  jusqu'à 
1,300°^  sur  les  pentes  du  puy  de  Dôme.  Wahlenberg  l'in- 
dique en  Suisse  jusqu'à  la  limite  du  hêtre. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  rencontre  en  France  ,  en 
Espagne ,  en  Grèce,  en  Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord  ,  il 
se  trouve  dans  toute  l'Europe  australe,  en  Danemarck,  en 


308  EUPHORBIACÉES. 

Gothie ,  dans  la  Norvège  ,  la  Suède  et  la  Finlande  australes, 
en  Angleterre  et  en  Irlande ,  où  il  a  sa  limite  occidentale. 
—  A  l'orient,  il  végète  en  Suisse,  en  Dalmatie,  en  Tau- 
ride  ,  en  Turquie ,  dans  le  Caucase,  dans  les  Russies  sep- 
tentrionale ,  moyenne  et  australe,  et  dans  la  Sibérie  de 
l'Oural. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud  y  Sicile 38°      |  Ecart  en  latitude-. 

Nord,  Finlande 66       i  28« 

Occident ,  Irlande 12  O.  '\  Ecart  en  longitude  : 

Orieîit,  Sibérie  de  l'Oural 60  E.j  72» 

Carré  d'expansion 2016 

Mekccrialis  annua,  Lin.  —  Extrêmement  commune 
dans  les  lieux  cultivés ,  cette  plante  se  propage  abondam- 
ment dans  les  jardins  ,  le  long  des  haies,  et  paraît  être  en- 
tièrement domestique.  Ses  graines,  répandues  sur  le  sol  en 
très-grande  quantité  ,  lèvent  à  des  époques  très-différentes, 
selon  la  profondeur  à  laquelle  elles  se  trouvent  accidentelle- 
ment enfouies.  Ses  tiges  ,  presque  quadrangulaires,  sont  fai- 
bles, herbacées;  ses  feuilles  arrondies,  dentées  et  d'un  vert 
jaunâtre.  Ses  fleurs  femelles  sont  sessiles ,  mais  les  mâles 
sont  disposées  en  épis  lâches  et  interrompus  sur  un  axe  al- 
longé et  fdiforme.  Ces  fleurs  ont  un  périgone  membraneux  et 
valvaire  qui  persiste  dans  la  fleur  femelle  et  tombe  avec  l'épi 
dans  la  fleur  mâle.  Les  3  lobes  du  périgone  de  ces  fleurs 
s'ouvrent  le  matin  avec  élasticité  et  restent  étalés  pendant 
que  ses  étamines  se  redressent.  Alors  elles  ouvrent  leurs  an- 
thères par  le  milieu  de  leurs  deux  lobes  sphériques.  Cet 
épanouissement  des  fleurs  mâles  ne  dure  qu'un  jour.  Le  len- 
demain un  autre  lui  succède,  et  ainsi  de  suite  pendant  long- 


MERCURIALIS.  309 

temps ,  en  sorte  que  les  pieds  femelles  sont  presque  cons- 
tamment enveloppés  dans  un  nuage  de  pollen.  —  Les  deux 
coques  du  fruit  sont  monospermes ,  soudées  à  un  axe  central 
et  s'ouvrent  aussi  avec  élasticité.  —  Elle  fleurit  pendant 
toute  l'année  à  l'exception  de  l'hiver  pendant  les  gelées. 

JSature  du  sol.  —  Altitude.  —  Espèce  essentiellement 
domestique,  indifférente  et  suivant  l'homme  partout. 

Géographie.  —  Cette  espèce  s'est  répandue  sur  un  vaste 
territoire  sans  que  l'on  puisse  savoir  au  juste  de  quelle  con- 
trée elle  est  originaire.  Au  sud  ,  on  la  trouve  en  France ,  en 
Espagne ,  aux  Baléares  ,  en  Algérie  jusque  dans  le  Sahara, 
aux  Canaries.  —Au nord,  elle  vit  en  Belgique,  en  Alle- 
magne, en  Danemarck  et  en  Angleterre  oii  elle  a  été  aussi 
importée.  —  A  l'occident,  elle  existe  en  Portugal.  —  A 
l'orient,  en  Suisse  ,  en  Italie  ,  en  Sicile,  en  Dalmatie,  en 
Croatie,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie,  en  Grèce  ,  en  Tur- 
quie ,  en  Tauride  et  dans  la  Russie  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Canaries 30°     | Écart  en  latitude  : 

Nord,  An^]eteTTe 57       J  27" 

Occident ,  Canaries 18  0.|  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Tauride 34  E.  i  52*' 

Carré  d'expansion 1404 


310  rRTICÉES. 


FAMILLE  DES  URTICEES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 


Latitude.  Longitude. 

Nigritie. O^à  10»  18°  O.  à    5°E.  1 

Abyssinie 10  à  16  32   E.  à  41  E.  1 

Algérie..    33  à  36  5  0.  à    6  E.  1 

Roy.  de  Grenade...  36  à  37  5  0.  à    8  O.  1 

Sicile 37  à  38  10  E.  à  13  E.  1 

Portugal 37  à  42  9  0.  à  11  0.  1 

Royaume  de  Naples.  38  ^42  11  E.  à  16  E.  1 

Caucase 40  à  44  35  E.  à  48  E.  1 

Tauride 43  h  46  31   E.  à  34  E.  1 

Plateau  central ....  44  à  47  0        à    2  E.  1 

France 42  à  51  7  0.  à    6  E.  1 

Russie  méridionale..   47  à  50  22  E.  à  49  E.  1 

Allemagne 45  h  55  2   E.  à  14  E.  1 

Carpathes 49  à  50  19  E.  à  22  E.  1 

Angleterre 50  à  58  1    O.  à    7  0.  1 

Russie  moyenne ...   50  à  60  17   E.  à  58    E.  1 

Scandinavie  entière.  55  à  71  3   E.  à  29  E.  1 

Danemarck 52  à  57  7    E.  à  12   E.  1 

Gothie 55  à  59  10  E.  à  15  E.  1 

Suède 55  h  69  10   E.  à  22  E.  1 

Norvège 58  à  71  2  E.  à  10  E.  1 

Russie  seplentri«...   60  à  66  19  E.  à  57  E.  1 

Finlande 60  à  70  18  E.  à  28  E.  1 

Laponie 65  à  71  14  E.  à  40  E.  1 

Europe  entière 1 


39 

50 
168 
208 
151 
152 
220 
220 
125 
171 
268 
222 
368 
266 
226 
387 
251 
187 
194 
231 
306 
217 
189 
355 
270 


PROPORTIONS  RELATIVES.  311 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 


Latitude. 

Irlande ol°à  55» 

Angleterre 50  à  58 

Allemagne 45  à  55 

Russie  moyenne  .  50  à  60 
Sibérie  de  rOural.  4i  à  67 
Sibérie  altaïque. .  4i  à  67 
Sibérie  du  Baïkal.  49  à  67 

Dahurie 50  à  55 

Sibérie  orientale.  56  à  67 
Sibérie  arctique. .  67  à  78 
Kamtschatka. ...  46  à  67 
Pays  des  Tschukhis.  » 

llesdel'Océanor''.  51  à  67 
Amérique  russe..   54  à  72 


Longitude. 

7°0.  à    13° 

0. 

;  121 

1   0  à      7 

0. 

:  226 

2  E.  à    14 

E. 

;  368 

17  E.  à    58 

E. 

;  387 

55  E. à    74 

E. 

;  213 

66  E.  à    97 

E. 

;  478 

93   E.  àl16 

E. 

290 

110  E.  à  119 

E. 

0  : 

0 

111   E.  àl63 

E. 

1    ; 

:  179 

60  E.  à  161 

E. 

0  ; 

0 

148  E.  àl70 

E. 

0  : 

0 

155  E.  à  175 

0. 

0 

0 

170  E.  à  130 

0. 

1  : 

;  498 

170  0.  à  130 

E. 

0  ; 

0 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 


Latitude.  Altitude  en  mètres. 

Roy.deGr*%rég.alp.etniv.  36°à  37»  1500  à  3500  0:  0 

Roy.  de  Grenade,  rég.niv.   36  à  37  2500  à  3500  0:  0 

Pyrénées 42  à  43  500  à  2700  0  :  0 

Pyrénées  élevées 42  à  43  1500  à  2700  0  :  0 

Pic  du  Midi  de  Bagnères. .               »  »  0  :  0 

Plat. central, rég.montagn.  44  à  47  500  à  1900  0:  0 

Plateau  central, sommets.   44  à  47  1500  à  1900  0:  0 

Alpes 45  à  46  500  à  2700  0  :  0 

Alpes  élevées 45  à  46  1500  à  2700  0  :  0 


312  €RTICÉES. 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 


Latitude. 

lies  du  Cap-Vert. ,   12^k  U'^ 

Canaries 28  à  30 

Hébrides 57  à  58 

Orcades 59 

Shetland 60  à  61 

Feroë 62 

Islande 64  a  66 

Mageroë 71 

Spitzberg 79  à  80 

lleMelville 76 

lie  J.  Fernandez.  .  33  à  40  S. 
Nouv.Zélande(Dord).  35  à  42  S. 
Malouines 52  S. 


Longji 

tude. 

24°  0.  à 

27«0. 

1: 

67 

15  0.  à 

20  0. 

1  : 

91 

8  0.  à 

10  0. 

1  : 

110 

5  0.  à 

6  0. 

1  : 

182 

3  0.  à 

4  0. 

1  : 

154 

9  0. 

1  : 

297 

16  0.  à 

27  0. 

1  : 

;  206 

24  E. 

1: 

;  194 

10  E.  à 

20  E. 

0; 

:      0 

114  0. 

0: 

0 

76  0. 

1 

:    30 

171  0.  à 

176  0. 

1; 

:  102 

59  0.  à 

65  0. 

1; 

:    62 

Nous  réunissons,  sous  la  dénomination  générale  d'Urticées^ 
plusieurs  ordres  distincts  mais  si  peu  répandus  en  Europe 
que  nous  avons  cru  ne  devoir  en  faire  qu'une  seule  famille  ; 
ce  sont  :  les  Urticées  proprement  dites,  les  Artocarpées,  les 
Cannabinées  ,  les  Morées ,  les  Celtidées  et  les  Ulmacées.  Le 
nombre  de  ces  espèces  s'élèverait  à  plus  de  1,200.  Mais  les 
véritables  Urticées  sont  réduites  à  500,  et  M.  Weddell,  qui 
s'est  occupé  de  la  distribution  géographique  de  cette  famille, 
dit  que  le  Nouveau-Monde  a  1/3  de  ce  nombre  ,  l'Asie  avec 
la  Malaisie  un  autre  tiers,  et  l'Océanie  et  l'Afrique  ,  à  parts 
égales,  les  9/10  du  tiers  restant.  L'Europe  n'en  revendi- 
que qu'une  douzaine  d'espèces.  Les  Urticées  sont  donc  des 
plantes  des  régions  tropicales  ou  subtropicales ,  qui  s'avan- 
cent peu  dans  les  zones  tempérées.  Quelques  espèces  seule-' 
ment  paraissent  domestiques  et  suivent  l'homme  et  ses  ha- 


l'IlOl'ORTIONS  RELATIVES.  313 

bitations,  mais  le  nombre  en  est  très-restreint  ;  c'est  une 
exception  dans  cette  famille.  Il  est  vrai  que  ces  Urlicées 
cosmopolites  sont  en  même  temps  très-sociales ,  à  tel  point 
que ,  d'après  M.  Weddell ,  il  n'y  aurait  peut-être  pas  beau- 
coup d'exagération  à  dire  :  «  que  les  5  ou  6  espèces  d'orties 
et  de  pariétaires  qui  pullulent  autour  de  nos  demeures,  cou- 
vrent presqu'autant  de  terrains  que  les  nombreuses  espèces 
répandues  sous  les  climats  équatoriaux.  » 

«  Un  des  points  les  plus  intéressants  à  constater  dans 
cette  distribution,  continue  M.  Weddell,  c'est  l'inégale 
répartition  des  espèces  entre  les  continents  et  les  îles  :  effec- 
tivement ,  la  proportion  entre  les  Urticées  et  les  autres  pha- 
nérogames ,  dans  les  archipels  équatoriaux,  est  souvent  de 
5  à  6  pour  100,  tandis  que  sur  les  continents  voisins ,  cette 
proportion  n'est  plus  que  de  2  pour  100.  Ces  données  per- 
mettraient presque  d'assigner  à  priori,  aux  Urticées,  un 
double  foyer  d'irradiation  ;  l'un  au  Nouveau-Monde,  dans 
les  Antilles  ;  l'autre  dans  l'ancien,  parmi  les  îles  de  l'archi- 
pel indien  ;  hypothèse  que  la  flore  de  ces  pays  viendrait 
pleinement  confirmer.  » 

Les  Cannabinées  sont  originaires  de  l'Asie ,  de  l'Europe 
moyenne  et  de  l'Amérique  boréale. 

Les  Celtidées  appartiennent  surtout  à  l'Asie  et  à  l'Amé- 
rique tropicale  et  subtropicale. 

Les  Ulmacées  sont  disséminées  dans  toutes  les  régions 
tempérées  de  l'hémisphère  boréal. 

Considérées  dans  leur  ensemble  ,  les  Urticées  vont  en  di- 
minuant de  l'équateur  au  pôle  ,  et  n'entrent  que  pour  une 
très-faible  part  dans  lu  végétation  de  l'Europe.  —  Les 
longitudes  ne  paraissent  pas  avoir  une  grande  influence 
sur  leur  distribution.  C'est  toujours  la  latitude  qui  l'em- 
porte.   —   Elles  sont  nulles  dans  les  montagnes.  —  Et 


314  URTICÉES. 

nous  avons  indiqué  ce  qu'elles  offrent  de  particulier  dans  les 
îles. 

O.  UBTZCA  ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre,  —  Ce  genre  est 
extrêmement  répandu  sur  le  globe,  car  on  en  connaît  main- 
tenant près  de  250  espèces  appartenant  pour  la  plupart  à  la 
zone  torride  etaux  régions  subtropicales.  Les  Uriica,  quoique 
très-répandus,  ont  des  centres  où  ils  sont  groupés  en  très- 
grand  nombre.  —  On  en  cite  65enOcéanie,  dont  42  à  Java, 
4  aux  îles  de  la  Société ,  4  à  la  Nouvelle-Hollande  ,  3  aux 
Moluques,  2  aux  îles  Sandwich  ,  3  à  Timor  ;  les  autres  aux 
Philippines,  à  la  Nouvelle-Calédonie,  à  la  Nouvelle-Zélande, 
etc.  —  L'Asie  est  aussi  très-riche  en  Urtica  ;  sur  62  espèces, 
45  sont  réunies  aux  Indes  orientales,  3  au  Népaul ,  3  en 
Chine  et  au  Japon ,  très-peu  dans  la  Sibérie  et  la  Dahu- 
rie,  et  6  à  7  espèces  dans  le  Caucase,  l'Asie  mineure  et 
l'Arabie.  —  90  habitent  les  deux  Amériques  ;  50  font  par- 
tie de  la  végétation  de  l'Amérique  du  nord ,  et  la  moitié 
croît  aux  Antilles,  puis  à  la  Nouvelle-Grenade,  au  Mexi- 
que, et  enfin  quelques-unes  aux  Etats-Unis.  —  40  vivent 
dans  l'Amérique  du  sud  ,  réunies  au  Pérou,  au  Brésil  et  au 
Chili.  Quelques-unes  cependant  atteignent  les  terres  de  Ma- 
gellan. —  L'Afrique  est  moins  riche,  on  n'y  compte  qu'une 
vingtaine  d'orties;  un  groupe  de  6  est  à  Mascareigne,  3  à 
Madagascar ,  3  à  Maurice  ,  1  à  Madère ,  1  aux  Canaries , 
les  autres  au  cap  de  Bonne-Espérance  et  en  Abyssinie; 
presque  toutes,  comme  on  le  voit,  se  trouvent  dans  les 
îles.  —  L'Europe  est  bien  plus  pauvre  ;  ses  Uriica  sont 
réduits  à  7,  tous,  excepté  2,  de  l'Europe  australe. 

Urtica  pilclifera,  Lin.  —  Il  recherche  le  voisinage 


URTICA,  315 

des  habitations  et  croît  aussi  dans  les  lieux  incultes  et  pier- 
reux. Il  est  annuel,  et  vit  souvent  en  société.  Sa  tige  est 
faible,  simple  ou  rameuse;  ses  feuilles  opposées,  pétiolées, 
ovales,  ponctuées,  fortement  dentées,  et  munies,  comme  les 
autres  orties ,  de  poils  piquants  et  brûlants;  ses  fleurs  sont 
aussi  monoïques,  les  femelles  constituent  des  glomérules  ar- 
rondis flottant  sur  les  pédoncules ,  et  les  mâles  sont  sessiles, 
en  petits  pelotons,  tantôt  dans  les  aisselles  supérieures,  et 
tantôt  entremêlées  aux  femelles.  Dans  la  dissémination,  les 
femelles  se  séparent  en  laissant  échapper  une  semence  len- 
ticulaire et  brillante.  —  Il  fleurit  au  printemps  et  en  été. 

Nature  du  soL  —  Altitude.  —  Il  préfère  les  terrains 
calcaires  et  rocailleux  des  plaines. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France,  en  Espagne  , 
à  Tunis ,  en  Algérie.  —  Au  nord,  on  le  trouve  en  Thuringe 
et  en  Irlande  où  il  a  sa  limite  occidentale.  —  A  l'orient,  il 
croît  en  Italie,  en  Dalmatie,  en  Transylvanie,  en  Grèce, 
en  Turquie,  en  Tauride,  dans  le  Caucase  et  en  Géorgie, 

Limites  d^extension  de  l'espèce. 

Sud,  Barbarie 35»      ^  Écart  en  latitude  : 

Aï)rrf,  Irlande 53       j  18" 

Occident ,  Irlande 11  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47  E.  1  58° 

Carré  d'expansion ». .   1044 

Urtica  TRENS ,  Lin.  — Cette  espèce,  plus  commune 
encore  que  VU.dioica,  s'élève  moins  et  se  ramifie  davantage. 
Elle  est  annuelle  et  d'un  beau  vert.  Ses  feuilles  sont  moins 
grandes ,  plus  nombreuses,  et  garnies,  comme  toutes  les  or- 
ties, de  poils  à  suc  brillant  et  vénéneux.  Elle  est  monoïque. 


316  LRTICÉES. 

Les  fleurs  des  deux  sexes  naissent  à  l'aisselle  des  feuilles  su- 
périeures et  continuent  de  se  produire  à  mesure  que  la  tige 
s'élève  ;  ces  fleurs  sont  irrégulièrement  entremêlées.  Après 
la  fécondation,  la  fleur  mâle  se  détache  et  tombe,  la  fleur 
femelle  perd  ses  élégants  stigmates  disposés  en  panache , 
elle  resserre  son  périgone  et  ne  l'ouvre  plus  que  pour  ré- 
pandre la  graine  unique  qu'il  protège.  — Elle  fleurit  pen- 
dant l'été  et  l'automne. 

Nature.du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente  et 
domestique  ;  elle  croît  en  plaine  ou  dans  les  montagnes  ;  elle 
y  suit  l'homme,  ses  habitations  et  ses  cultures,  jusqu'à 
2,000'"  et  au  delà. 

Géographie,  —  Son  aire  est  en  partie  artificielle,  comme 
celle  de  toutes  les  plantes  domestiques.  —  Au  sud  ,  on  la 
rencontre  en  France ,  en  Espagne  ,  en  Algérie ,  aux  Cana- 
ries et  en  Abyssinie.  —  Au  nord ,  elle  est  dans  toute  l'Eu- 
rope, jusque  dans  l'Altenfiord,  à  Hammerfest,  en  An- 
gleterre, en  Irlande  ,  dans  les  archipels  anglais,  en  Islande 
et  non  aux  Feroë.  —  A  l'occident ,  elle  croît  en  Portu- 
gal ,  et  elle  est  citée  sur  les  plateaux  habités  du  Mexique  et 
au  Canada,  localités  où  elle  a  certainement  été  introduite. 
—  A  l'orient,  elle  est  dans  toute  l'Europe,  dans  le  Caucase, 
en  Géorgie ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï,  du 
Baïkal ,  orientale  et  en  Dahurie.  —  Elle  est  citée  encore  à 
la  Nouvelle-Zélande  et  aux  Malouines. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Abyssinie 10°      ) Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Altenfiord 70       (  60« 

Occident ,  Islande 24  O.  I  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  orientale 163  E.  (  187° 

Carré  d'expansion 11220 


t'RTICA.  317 

Urtica  dioica  ,  Lin.  —  S'il  est  une  plante  qui  s'attache 
à  l'homme  et  le  suive  dans  ses  migrations  lointaines ,  c'est 
sans  contredit  cette  espèce.  On  la  trouve  partout,  le  long 
des  chemins ,  au  pied  des  murs ,  dans  les  lieux  habités 
comme  dans  ceux  qui  sont  abandonnés  depuis  longtemps. 
Elle  est  vivace  ,  et ,  dès  que  le  printemps  arrive ,  on  voit  ses 
touffes  épaisses,  d'un  vert  sombre  ,  qui  sortent  du  sol  avec 
vigueur.  Ses  tiges  sont  rougeâtres,  souvent  carrées  et  ve- 
lues. Elles  s'élèvent  avec  rapidité  et  bientôt  elles  sont  gar- 
nies de  feuilles  opposées  et  dentées,  munies,  sur  leur  ner- 
vure ,  de  poils  blancs  et  transparents.  Chacun  de  ces  poils , 
creux  dans  l'intérieur,  est  fixé  sur  une  glande  à  venin  qui 
verse  dans  la  plaie  sa  liqueur  corrosive ,  et  produit  la  sensa- 
tion brûlante  et  douloureuse  qui  se  manifeste  dès  qu'on  est 
piqué  par  des  orties.  Au  mois  de  juin ,  cette  plante  com- 
mence à  montrer  ses  fleurs.  Elle  estdioïque  ,  et  chacun  de 
ses  groupes,  né  originairement  d'un  seul  individu  et  pro- 
pagé par  bourgeons,  n'offre  jamais  qu'un  seul  sexe.  Les 
fleurs  sont  disposées  en  petites  grappes  rameuses  et  axillaires, 
munies  d'un  périgone  verdâtre  et  foliacé  ;  tantôt  elles  renfer- 
ment un  ovaire  simple,  surmonté  d'un  stigmate  plumeux  ; 
tantôt  4  étamines  ,  dont  les  filets  courbés  en  arc  ont  leurs 
anthères  emprisonnées  dans  les  lobes  du  périgone.  Tous  les 
matins ,  au  lever  du  soleil ,  un  grand  nombre  de  ces  fleurs 
mâles  s'épanouissent ,  les  4  filets  se  détendent  avec  élas- 
ticité, les  anthères  abandonnent  en  même  temps  leur  pollen  , 
et  un  nuage  de  poussière  fécondante  s'élève  au-dessus  des 
plantes  et  se  trouve  entraîné  par  la  brise.  —  Les  fruits , 
qui  avortent  rarement,  sont  de  petites  capsules  sèches,  qui 
s'ouvrent  et  répandent  une  seule  graine  aplatie. 

Natuî^e  du  sol.  —  AUilude.  —  Elle  recherche  les  lieux 
habités  ou  les  terrains  calcaires  et  volcaniques  de  la  plaine 


318  UIITICÉES. 

et  des  montagnes,  où  elle  s'élève  jusqu'à  2,000™  dans  les 
Alpes  et  les  Pyrénées.  Nous  l'avons  trouvée  au  mont  Cenis 
à  2,200™.  Nous  l'avons] jue  au  mont  Dore,  évidemment 
sauvage  ,  dans  les  forêts  de  sapins,  vers  1,400™,  en  société 
du  Sonchus  alpimis ,  du  Rumex  alpinus ,  au.  Doronicum 
austriacum,  etc.  Nous  [l'avons  rencontrée  également  sponta- 
née, croissant  en  société  du  Scolopendrium  officinale,  sur 
des  basaltes  et  des  travertins  calcaires,  aux  environs  de  Vic- 
ie-Comte. M.  Martins  la  cite  sur  le  montVentoux,  entre 
1,240  et  1,910™  sur  le  versant  sud  ,  et  à  1,996'"  sur  le 
versant  nord,  c'est-à-dire  jusqu'au  sommet.  Ledebour  l'in- 
dique aussi  à  1,800™  dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Cette  ortie  existe  dans  toute  l'Europe. 
Au  sud  ,  elle  croît  aussi  en  Algérie.  — Au  nord ,  elle  est  ré- 
pandue dans  les  cultures  et  autour  des  habitations  des  La- 
pons, au  pied  des  montagnes,  sur  les  rochers  du  Northland  ; 
elle  est  en  Angleterre  et  en  Irlande ,  dans  les  archipels ,  aux 
Feroë,  en  Islande  où  elle  a  sa  limite  occidentale.  —  A 
l'orient ,  toute  l'Europe ,  le  Caucase ,  la  Géorgie,  les  Sibéries 
de  l'Oural ,  de  l'Altaï ,  du  Baïkal ,  orientale  ,  et  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespéce. 

Sud,  Algérie 35«      | Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 71        )  36» 

Occident,  Islande 22  0.  (Ecart en  longitude: 

On>w^,  Sibérie  orientale  ... .   163  E.  )  185» 

Carré  d'expansion 6660 

G.  PARIETAHIA,    Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  pariétaires, 
au  nombre  de  25  espèces,  sont  très-dispersées  sur  le  globe. 


PARIETARIA.  319 

et  se  trouvent  en  nombre  plus  grand  en  Europe  que  par- 
tout ailleurs.  10  espèces  y  végètent  dans  sa  partie  aus- 
trale ,  en  Italie,  en  Sicile,  en  Grèce  et  en  Portugal.  — 
8  existent  en  Afrique  ,  disséminées  en  Egypte ,  à  Ténériffe, 
à  Madère  ,  à  l'île  de  France ,  à  Mascareigne  et  au  cap  de 
Bonne-Espérance.  —  3  espèces  asiatiques  ont  été  recueil- 
lies aux  Indes  orientales ,  en  Sibérie  et  en  Arménie.  — Un 
Parietaria  croît  à  Timor ,  1  autre  à  la  Nouvelle-Zélande. 
—  On  n'en  connaît  que  2  en  Amérique,  le  premier  dans  la 
Floride,  le  second  dans  la  Pensylvanie. 

Parietaria  erecta,  Mert.  et  Koch.  —  H  y  a  non- 
seulement  rapport  d'organisation  entre  les  pariétaires  et  les 
orties,  mais  encore  rapport  de  station.  Le  P.  erecta  croît 
sur  les  vieux  murs  ou  à  leur  pied ,  sur  les  décombres  où  il 
implante  ses  racines  vivaces ,  et  où  il  montre  au  printemps 
ses  feuilles  d'un  beau  vert,  ovales  et  amincies  au  sommet, 
rétrécies  à  la  base  en  longs  pétioles  qui  viennent  s'attacher 
à  des  tiges  vertes  et  transparentes.  Ses  fleurs,  polygames, 
sont  réunies  aux  aisselles  supérieures,  en  petits  glomérules 
disposés  sur  des  pédoncules  dichotomes.  Les  fleurs  femelles 
sont  placées  aux  dichotomies  et  protégées  par  une  bractée 
sessile ,  les  hermaphrodites  naissent  solitaires  au  sommet 
des  divisions  du  pédoncule ,  ou  bien  aux  points  où  il  se 
courbe  ,  et  sont  toujours  entourées  de  3  bractées  ;  les 
mâles  ont  4  étamines  à  filets  élastiques  qui  se  redressent 
tout  à  coup  comme  ceux  des  orties,  et  produisent  comme 
elles,  dès  le  matin,  un  nuage  de  poussière  vivifiante  ;  un 
stigmate  en  pinceau  reçoit  ce  pollen  qui  se  dissémine  dans 
l'air ,  et ,  quand  la  fécondation  a  eu  lieu ,  le  pcrigone 
quadrifide  des  fleurs  hermaphrodites  s'allonge  et  se  dilate; 
celui  des  fleurs  femelles  reste  plus  court  et  plus  étroit.  Mal- 


320  i  UT  ici' ES. 

gré  ces  différences,  la  maturation  s'ojjôrc  de  même ,  le  péri- 
gone  reste  adhérent,  et  quand  la  graine,  d'un  noir  brillant 
et  lisse,  a  acquis  toute  sa  perfection,  elle  se  détache  et  tombe 
entraînant  avec  elle  son  périgone  velu  qui  lui  facilite  sans 
doute  les  moyens  de  s'accrocher  aux  murs  et  aux  rochers  ou 
elle  fixe  sa  résidence.  —  La  pariétaire  fleurit  pendant  la 
majeure  partie  de  l'été. 

Nature  du  sol.  —  AUiludc.  —  Elle  végète  sur  les  ter- 
rains salifcres  ou  calcaires  ,  près  des  habitations ,  et  s'élève 
très-peu  dans  les  montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  la  trouve  en  France ,  en 
Espagne  et  en  Algérie.  —  Au  nord,  elle  existe  en  Belgique, 
en  Allemagne  ,  en  Bavière ,  en  Danemarck  ,  dans  la  Gothie 
australe,  en  Angleterre  et  en  Irlande.  —  A  l'occident, 
elle  est  en  Portugal.  —  A  l'orient,  elle  végète  en  Suisse, 
en  Italie,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en 
Turquie  ,  en  Tauridc  ,  dans  le  Caucase  ,  en  Géorgie  ,  dans 
le  Taliisch ,  dans  les  Ru&sies  moyenne  et  australe ,  et  dans 
la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  Vetpèce. 

Sudy  Algérie 35*>      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Golhie 5G       î  21« 

Occident ,  Irlande 12  0.  |  Écart  en  longitude  : 

Onen^  Sibérie  de  l'Oural 60  E.j  72» 

Carré  d'expansion 1512 

Parietaria  diffusa  ,  Mert.  et  Kock.  —  On  le  trouve 
aussi  sur  les  vieux  murs,  snr  les  décombres  et  sur  les  rochers. 
Il  diffère  peu  du  précédent,  dont  il  est  même  considéré 
comme  une  variété  par  M.  Weddell.  Il  est  vivace  ;  ses  tiges 
sont  rameuses  et  très-diffuses  ;  ses  feuilles  sont  velues,  ponc- 


PABIETARIA.  321 

tuées  et  d'un  vert  foncé  ;  ses  bractées  décurrentes  sur  le  ra- 
meau. Les  fleurs  sont  réunies  en  petits  glomérules  sur  la 
tige  et  ses  divisions.  La  graine  est  ellipsoïde.  —  Il  fleurit  aussi 
pendant  tout  l'été. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Espèce  des  terrains  sali- 
fères,  presque  domestique,  mais  croissant  aussi  sur  les  rochers 
granitiques,  schisteux,  basaltiques,  sur  les  travertins  et  les 
calcaires  jurassiques ,  ^n  plaine  ou  à  une  faible  altitude. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  existe  en  France  ,  en  Es- 
pagne ,  sur  les  rochers  maritimes  des  Baléares  ,  en  Algérie  , 
à  Madère  et  aux  Canaries.  —  Au  nord ,  elle  croît  en  Alle- 
magne, en  Bavière.  —  A  l'occident ,  elle  est  en  Portugal 
et  aux  Canaries.  —  A  l'orient,  elle  habite  la  Suisse,  l'Italie, 
la  Sicile,  la  Dalmatie,  la  Transylvanie,  la  Grèce,  la  Tur- 
quie ,  la  Tauride ,  le  Caucase  et  la  Géorgie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Canaries.  . , 30»      )  Ecart  en  latitude  : 

iVorti,  Allemagne 49       j  19» 

Occident ,  Canaries 18  0.) Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Géorgie 47  E.  )  65» 

Carré  d'expansion 1235 

G.  HUSXULUS^  Lin. 

Il  ne  contient  qu'une  seule  espèce. 

HcMULCs  LcpuLus  ,  Lin.  —  Le  houblon,  tout  en  con- 
servant les  caractères  des  Urticées ,  s'en  éloigne  par  son  port 
et  par  la  beauté  de  ses  guirlandes  envahissantes.  Il  végète 
avecune  rapidité  extrême,  et  chaque  année,  au  printemps , 
on  voit  sortir  de  ses  racines  traçantes  de  jeunes  pousses  rou- 
geétres  ouviolacées  qui  s'élancent  dans  l'air.  On  y  remarque 

VllI  21 


322  miTicÉEs. 

la  trace  de  feuilles  opposées  et  de  stipules  soudées ,  mais 
rien  ne  se  développe  et  le  sarment  dressé  semble  osciller  au 
hasard  pour  chercher  un  point  d'appui.  Dès  qu'il  l'a  trouvé, 
cette  tendance  que  l'on  remarquait  déjà  à  s'enrouler  de 
droite  à  gauche,  se  manifeste  plus  fortement  encore;  ses 
larges  feuilles  palmées,  à  pétioles  enflés  à  la  base ,  et  oppo- 
sées 2  à  2  sur  la  tige  ,  se  déploient  dans  toute  leur  beauté  , 
et  la  plante  se  transforme  alors  en  une  liane  sarmenleuse  qui 
atteint  la  cime  des  aulnes  et  des  saules  qui  bordent  les  ri- 
vières ,  qui  monte  sur  les  charmes  et  les  érables  des  haies, 
et  qui  souvent  laisse  flotter  au  gré  du  vent  les  longues  spi- 
rales onduleuses  de  ses  tiges  stériles  ou  fructifères.  Ces 
dernières  sont  dioïques  ,  les  unes  ont  des  grappes  de  fleurs 
mâles ,  les  autres  des  cônes  de  fleurs  femelles  disposés  en  pa- 
nicule.  Les  premières  ont  un  périgone  membraneux,  verdAtre 
et  étalé,  et  4  étaraines  dont  les  anthères  pendantes  sont 
couvertes  de  petites  glandes  dorées.  Elles  s'ouvrent  au  som- 
met et  répandent  des  jels  de  pollen.  Les  fleurs  femelles  for- 
ment des  cônes  pédoncules  dont  chaque  écaille  est  chargée 
à  son  aisselle  d'un  ovaire  terminé  par  2  styles.  A  mesure 
oue  la  maturation  s'approche,  les  cônes ,  formés  d'écaillés 
opposées,  grandissent  et  prennent  une  forme  quadrangulaire, 
ils  se  suspendent  à  leur  pédoncule,  et  le  houblon  qui  répand 
alors, une  odeur  forte  et  aromatique  devient  une  plante 
d'une  grande  élégance.  Il  forme  de  véritables  berceaux  sur  la 
cime  des  arbres,  passant  de  l'un  à  l'autre  comme  les  lianes 
des  grandes  forêts  équatoriales ,  et  laisse  pencher  ses  cônes 
parfumés  sur  les  ihurs  jmnesûeVInuIadysenterica,  sur  les 
bouquets  pourpres  de  VEupalorium  cannahinum,  sur  les 
thyrses  dorés  du  Lysimachia  viilgaris  ou  sur  les  touffes  pur- 
purines des  menthes  aquatiques.  Une  partie  de  ses  petites 
fleurs,  protégée  par  les  écailles  du  cône,  avorte  le  plus  ordi- 


CELTIS.  323 

nairement,  et  celles  qui  persistent  se  transforment  en  petites 
semences  épaisses  et  aplaties,  portant  à  leur  sommet  un  om- 
bilic écailleux  et  à  leur  intérieur  un  embryon  spiral.  —  Il 
fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol,  —  Aîtiliide.  —  Il  paraît  indifférent  à  la 
nature  du  sol  ;  il  vit  en  plaine  et  dans  les  montagnes  peu 
élevées.  Ledebour  le  cite  jusqu'à  1,000"  dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  trouve  en  France ,  en 
Espagne  ,  dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord, 
on  le  rencontre  en  Belgique,  en  Allemagne,  dans  toute  la 
Scandinavie  ,  la  Lcponie  exceptée ,  en  Angleterre  et  en  Ir- 
lande. — A  l'occident,  il  est  aussi  en  Portugal.  —  A  l'orient, 
il  croît  en  Suisse  ,  en  Dalmatie ,  en  Hongrie ,  en  Croatie  , 
en  Transylvanie ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie , 
dans  les  Russies  septentrionale,  moyenne  et  australe,  dans 
les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Sicile 38^      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norwége 98       -'  30** 

Occident ,  Irlande 110)  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  orientale 163  £.  |  174" 

Carré  d'expansion 5220 

G.  CELTIS,  Lin. 

Distribution  géographiqne  du  genre.  —  Les  Celtis,  au 
nombre  de  19,  sont  presque  tous  de  grands  arbres  originaires 
de  l'Asie  et  de  l'Amérique.  Les  9  espèces  asiatiques  sont 
presque  toutes  réunies  aux  Indes  orientales  :  une  seule  vit 
en  Arménie,  une  autre  sur  le  Caucase.  —  9  Celtis  sont 
américains  ;  8  du  Mexique  ou  des  Etats-Unis  et  un  seul  du 
Brésil.  —  Enfin  une  espèce  est  européenne  ou  africaine. 


324  IRTICÉKS. 

Celtis  australis  ,  Lin .  —  Le  Celtis  est  un  grand  arbre 
à  écorce  grise  et  à  cime  rameuse,  qui  croît  disséminé  dans 
les  lieux  pierreux.  Quoique  muni  de  bourgeons  écailleux,  il 
s'avance  peu  vers  le  nord,  et  ses  feuilles,  qui  tombent  en  au- 
tomne, sont  remplacées  au  printemps  par  un  feuillage  qui  ne 
conserve  pas  longtemps  sa  fraîcheur.  Ces  feuilles,  plissées  sur 
leur  nervure  moyenne,  se  déploient  au  mois  d'avril  et  se  dis- 
posent alternativement  sur  les  rameaux  avec  une  admirable 
régularité.  Elles  sont  inégales  à  leur  base,  dentées  et  à 
triples  nervures  ,  rudes  au  toucher,  et  sont  accompa- 
gnées de  stipules  colorées  qui  tombent  à  leur  naissance.  Les 
fleurs  naissent  aux  aisselles  des  feuilles  ;  elles  sont  verdâtres 
et  sans  éclat,  et  portées  sur  de  longs  pédoncules.  Les  mâles 
occupent  la  base  des  jeunes  rameaux  et  les  hermaphrodites 
le  sommet.  Aussi ,  dans  cette  espèce  comme  dans  beau- 
coup d'autres ,  la  fécondation  est  indirecte  et  les  Heurs  d'un 
rameau  sont  souvent  fécondées  par  celles  d'un  autre  ,  car  les 
stigmates  des  fleurs  hermaphrodites  sont  aptes  avant  leur 
propres  étamines.  Le  fruit  est  un  drupe  bleuâtre  et  pédon- 
cule, qui  persiste  en  hiver  et  ne  tombe  le  plus  ordinairement 
qu'au  printemps  suivant.  —  Il  lleurit  en  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  paraît  indifférent  à  la 
nature  du  sol  et  croît  dans  les  plaines  et  sur  les  montagnes 
peu  élevées.  Tenore  dit  qu'il  vit  isolé  dans  les  bois  de  sa 
région  némorale  entre  300  et  800™,  et  qu'il  descend  jus- 
qu'aux plaines  maritimes  du  royaume  de  Naples.  Dans  les 
montagnes  de  l'Aurès  il  s'associe  au  Nerium  Oleander ,  et 
forme  d'épais  massifs  dans  le  lit  des  rivières  (Cosson). 

Géographie.  —  C'est  un  arbre  méridional  répandu  en 
Espagne  et  dans  l'Algérie.  —  Au  nord,  il  s'avance  jusque 
sur  le  bord  du  plateau  central  de  la  France  et  en  Tyrol.  — 
A  l'occident,  i!  vit  en  Portugal.  —  A  l'orieni,  il  se  rencon- 


CLMis.  325 

tre  en  Italie  ,  en  Sicile  ,  en  Hongrie,  en  Croatie,  en  Dal- 
matie ,  en  Grèce,  en  Turquie,  dans  le  Caucase  et  en  Géorgie. 

Limites  cVextension  de  l'espèce. 

Sud,  Algérie 3V      |  Ecart  en  latitude  : 

iVort/,  Tyrol 45       j  11» 

Occident,  Portugal 10  O.  |  Ecart  en  longitude: 

Orient,  Géorgie 47   E.  j  57® 

Carré  d'expansion G27 

G.  UEiMUS,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  30  espèces  de  C8 
genre  habitent  l'Europe,  l'Asie  et  l'Amérique  septentrio- 
nale. Ce  sont  de  grands  arbres  dont  14  sont  indiqués  en 
Europe  oii  ils  sont  presque  toujours  disséminés  et  forment 
rarement  des  forêts.  Quelques-unes  de  ces  espèces  ne  sont 
probablement  que  des  variétés  ;  on  les  trouve  dans  toute 
l'Europe  tempérée.  —  8  espèces  vivent  en  Asie,  aux  In- 
des orientales  surtout,  en  Sibérie,  à  la  Chine  et  dans  le 
Caucase.  —  7  font  partie  de  la  belle  végétation  arbores- 
cente de  l'Amérique  du  nord .  —  Une  seule  croît  dans  l'Amé- 
rique australe. 

Ulmus  campestris,  Lin.  —  L'orme,  dans  nos  contrées, 
n'est  pas  un  arbre  forestier  ;  c'est  à  peine  si  on  le  rencon- 
tre dans  les  bois.  11  est  commun  dans  les  haies,  sur  le  bord 
des  chemins ,  où  souvent  il  a  été  planté,  mais  oîi  souvent 
aussi  il  naît  de  graines  transportées  par  les  vents.  Il  consti- 
tue un  grand  arbre  à  la  cime  très-rameuse  ,  à  laquelle  les 
derniers  rameaux,  divisés  à  l'infini,  donnent  un  aspect  léger 


326  URTICÉES. 

et  aérien.  En  effet,  on  le  distingue  pendant  l'hiver  aux  ra- 
mifications infinies  de  ses  branches  qui  sont  garnies  de  bour- 
geons alternes  et  d'un  bourgeon  latéral  supérieur  qui  pro- 
longe chaque  rameau.  Ces  bourgeons  sont  petits  et  rougeâ- 
tres,  et  leur  développement  est  tardif.  Avant  qu'ils  n'ouvrent 
leurs  écailles,  on  en  voit  d'autres  plus  gros  et  plus  précoces, 
placés  sur  la  même  branche  ,  enveloppés  de  bractées  brunes 
et  arrondies  et  qui  renferment  des  glomérulesde  fleurs.  Ces 
bourgeons  fertiles  s'ouvrent  à  la  fin  de  l'hiver;  alors  l'orme 
change  d'aspect,  il  se  couvre  de  fleurs  d'un  rouge  brun  foncé. 
Chaque  bouton  en   renferme  15  ou  20,  dont  le  périgone 
à  5  lobes  s'ouvre  avec  rapidité.  Par  un  beau  jour  de  soleil 
toutes  les  fleurs  d'un  orme  sont  épanouies  et  leurs  5  anthè- 
res également  rougeâtres  répandent  des  nuages  de  pollen. 
Un  grand  nombre  de  fleurs  mâles  accompagnent  les  fleur» 
hermaphrodites ,  et  leurs  anthères  saillantes  fécondent  tout 
autour  d'elles  les  pistils  surmontés  de  2  stigmates  papillaires. 
—  La  floraison  des  ormes  dure  quelquafois  très-longtemps, 
car  si  le  soleil  en  fait  éclore  !es  flears  ;  ''  ^rrive  souvent  que 
le  froid  survient  et  les  maintient  longtempc  dans  un  état 
complet  d'inaction.  —  Aussitôt  que  l'ovaire  aplati  est  fé- 
condé, il  grandit  sans  se  séparer  du  périgone  qui  se  dessèche 
et  forme  comme  une  collerette  à  sa  base  ;  il  prend  une  cou- 
leur d'un  vert  tendre  avec  une  tache  rose  vers  son  centre,  et 
cet  ovaire  est  alors  transformé  en   une  samare  aplatie  , 
échancrée  au  sommet  et  contenant  primitivement  2  graines 
dont  une  est  constamment  avortée.  —  L'orme ,  à  l'époque 
de  sa  fructification,  est  couvert  de  verdure,  avant  môme  que 
les  bourgeons  ne  soient  éclos.  Ce  sont  ses  samares  si  nom- 
breuses qui  lui  donnent  l'aspect  feuille,  et  avant  que  les  au- 
tres arbres  n'aient  acquis  leur  feuillage  ,  l'orme  a  pris  déjà 
deux  aspects  différents.  —  Enfin  ses  feuilles  paraissent  pen- 


ULMCs.  327 

dant  que  le  vent  détache  et  entraîne  ses  fruits  élargis  qui 
tourbillonnent  un  instant  dans  les  airs  et  retombent  sur  le 
sol  à  de  grandes  distances.  Les  feuilles  étaient  pliées  sur  leur 
nervure  ordinaire  et  plissées  en  éventail  sur  leur  nervure  se- 
condaire. Elles  sont  deux  fois  dentées ,  inégales  à  leur  base, 
rudes  au  toucher  et  régulièrement  alternes.  Ces  feuilles 
nombreuses  changent  une  troisième  fois  le  port  de  l'arbre 
qui  les  porte.  Elles  sont  d'un  vert  sombre;  elles  jaunissent 
sans  rougir  à  l'automne  ,  et  le  vent  qui  vient  siffler  dans  la 
cime  touffue  de  cet  arbre  en  emporte  au  loin  les  feuilles 
mourantes  et  décolorées,  —  Une  de  ses  formes,  VUlmus 
suberosa ,  diffère  à  peine  de  VU.  car}ipestri& ,  et  n'en  est 
peut-être  qu'une  variété.  Mais  si  ses  caractères  botaniques 
ne  sont  pas  assez  tranchés  pour  le  Faire  considérer  comme 
une  espèce  distincte  ,  il  joue  dans  le  paysage  un  rôle  tout 
particulier  parles  ailes  subéreuses  qui  naissent  sur  ses  bran- 
ches. On  le  remarque  comme  VÂcer  campestris  dans  les 
paysages  d'hiver,  lorsque  les  arbres  privés  de  leur  feuillage 
n'impressionnent  plus  que  par  :a  variété  de  leurs  cimes  et 
la  couleur  ou  les  appendices  de  leur  écorce. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  îl  n'est  exclu  d'aucun 
terrain ,  mais  ii  semble  préférer  les  calcaires.  2  croît  dans 
la  plaine  et  dans  les  montagnes.  M.  Soissier  le  cite  dans  le 
midi  de  l'Espagne  entre  850  et  1,300™.  Ledebour  l'in- 
dique dans  îe  Caucase  et  dans  le  Taliisch  jusqu'à  2,200'". 
En  Suisse ,  selon  VVahlenberg ,  i!  n'atteint  pas  la  limite  su- 
périeure du  hêtre. 

Géographie.  —  L'orme  est  assez  méridional  ;  il  existe 
dans  le  midi  de  la  France,  en  Espagne  et  en  Algérie,  oii  il 
semble  se  trouver  dans  sa  véritable  patrie,  car  il  y  forme 
des  forêts  ou  au  moins  des  bosquets ,  souvent  associé  au 
Fraxinus  australis.  —  Au  nord,   il  n'est  peut-être  pas 


328  rRTicÉES. 

complètement  indigène  et  il  est  disséminé  dans  toute  l'Eu- 
rope, jusque  dans  les  îles  de  la  Baltique,  en  Danemarck  et 
en  Suède  où  il  est  seulement  sporadique  ;  il  est  aussi  en  An- 
gleterre et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  il  vit  en  Portugal. 
—  A  l'orient,  on  le  connaît  en  Suisse ,  en  Italie,  en  Sicile, 
en  Dalmatie ,  en  Hongrie ,  en  Croatie ,  en  Transylvanie , 
en  Grèce,  en  Turquie,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase,  en 
Géorgie,  dans  le  Taliisch,  dans  les  Russies  moyenne  et 
australe ,  dans  les  Sibéries  de  l'Altaï ,  du  Baïkal  et  dans  la 
Daliurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 35''      ]  Ecart  en  latitude  : 

iNVi,  Suède 56       )  21° 

Occident ,  Portugal 10  0- 1 Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Dahurie 119  E.  1  129« 

Carré  d'expansion 2709 

Ulmus  MONTANA,  Smith.  —  On  le  trouve  partout  dans 
les  lieux  montagneux ,  dans  les  haies ,  sur  les  rochers  et 
quelquefois  sur  la  lisière  des  bois.  Son  tronc  droit  s'élance  à 
une  certaine  hauteur,  puis  il  se  divise  en  rameaux  réguliers 
recouverts  d'une  écorce  hsse  et  grise.  Ces  branches,  quand 
elles  ne  sont  pas  contrariées,  atteignent  de  grandes  dimen- 
sions et  donnent  naissance  à  d'autres  rameaux  qui  finissent 
aussi  par  se  pencher  vers  la  terre  et  donnent  à  l'arbre  un 
aspect  pleureur.  Il  arrive  même  que  ces  branches,  garnies 
lie  leur  large  et  beau  feuillage ,  s'inchnent  au  point  de  tou- 
cher le  sol  et  forment  ainsi  de  vastes  berceaux  de  verdure, 
sous  lesquels  on  peut  s'abriter  du  soleil  ou  de  la  pluie.  — 
Ses  fleurs  précèdent  aussi  ses  feuilles  ;  elles  sont  plus  gran- 
des que  celles  de  VU.  cantpestris,  elles  ont  plus  souvent 


uLMus.  329 

u  etamines  que  5,  et  répandent  aussi,  lors  de  leur  épanouis- 
sement vernal ,  des  nuages  de  poussière  qui  pourraient  fé- 
conder au  loin  tous  les  ormes  de  la  contrée.  Presque  toutes 
les  fleurs  sont  pourtant  hermaphrodites.  Les  samares  mû- 
rissent plus  lentement  que  les  autres ,  elles  attendent  les 
feuilles,  et  il  n'est  pas  rare  de  voir,  dans  le  mois  de  juin  , 
VU.  montana  portant  à  la  fois  ses  fruits  ailés  et  ces  belles  et 
larges  feuilles  qui  en  font  une  espèce  tout  à  fait  distincte. 

Nature  du  soi.  —  Altitude.  —  Il  se  trouve  principale- 
ment sur  les  terrains  siliceux  et  volcaniques.  Un  individu 
magnifique  existe  à  Peyralade ,  entre  Saint-Flour  et  Chau- 
des-Aiguës, sur  la  Dolérite.  Un  autre,  qui  mesure  7  mètres 
de  circonférence  à  hauteur  d'homme,  vit  à  Allagnat,  sur 
le  basalte ,  à  la  base  du  puy  de  Dôme.  11  se  développe 
admirablement  sur  les  coulées  de  laves.  Il  préfère  les  mon- 
tagnes aux  plaines  et  atteint  facilement  1,000  à  1,200™. 

Géographie.  —  Au  sud,  on  le  trouve  en  France,  dans 
les  F) rénées,  en  Espagne  et  en  Grèce.  —  Au  nord  ,  il  est 
disséminé  dans  toute  l'Europe  centrale,  en  Danemarck,  en 
Gothie ,  en  Norvège  ,  en  Suède ,  en  Finlande ,  en  Angle- 
terre ,  en  Irlande  et  aux  Hébrides.  —  A  l'occident,  il  vit 
en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  croît  en  Suisse  ,  en  Italie,  en 
Dalmatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  dans  les  parties 
basses  de  la  vallée  de  l'Aspropotamos  et  dans  les  vallées  des 
montagnes  de  Bosnie  et  de  l'Herzégovine  (Boue). 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Grèce 39°      "j Ecart  en  latitude  : 

iVorcf,  Finlande G6       j  27° 

Occident ,  Irlande 11  0.  | Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Grèce 21  E.^  32° 

Carré  d'expansion 864 


330  L'RTICÉES. 

Ulmcs  effusa,  Wild.  —  Tout  ce  que  nous  venons  de 
dire  des  espèces  précédentes  peut  aussi  s'appliquera  celle-ci. 
A  peine  la  connaît-on  dans  quelques  forets  à  l'état  sau- 
vage. Son  aspect  et  son  port  sont  les  mêmes  que  ceux  des 
autres  ormes ,  sa  structure  est  la  même  comme  sa  précocité, 
mais  ses  fleurs  pendantes  et  longuement  pédicellées,  et  ses 
samares  plus  petites  et  suspendues ,  le  distinguent  essentiel- 
lement des  autres.  —  Il  fleurit  en  mars  et  en  avril. 

Nature  du  sol.  —  Alli/ude.  —  On  le  trouve  sur  les 
terrains  siliceux  et  volcaniques  des  plaines  et  des  mon- 
tagnes. 

Géographie.  —  Cet  orme  ne  s'avance  pas  au  sud  et  ne 
dépasse  guère  le  plateau  central  de  la  France. —  Au  nord, 
il  est  plus  répandu  :  en  Belgique,  en  Allemagne,  en  Da- 
nemarck  et  [dans  les  îles  de  la  Baltique  ;  il  atteint  la  Fin- 
lande. —  A  l'occident,  on  ne  le  connaît  qu'en  France,  à 
moins  d'admettre  que  \'U.  americana ,  Wild.,  rui  existe 
en  Pensylvanie  et  sur  plusieurs  points  de  l'Amérique  du 
nord,  n'en  soit  une  variété.  — A  l'orient,  en  I3  rencontre 
en  Suisse  ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie  ,  en 
Tauride,  dans  le  Caucase  et  dans  les  Russies  septentrio- 
nale, moyenne  et  australe;  il  est  limité  par  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  Vespèce, 

Sud,  Caucase 4'i.»      | Ecart  en  latitude  : 

iVorf/,  Finlande 62       i  IS» 

Occident ,  France 0  O.  j  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Oural 58  E.  )  58« 

Carré  d'expansion 1044 


AMENTACÉES.  331 


FAMILLE  DES  AMEXTACEES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 


Latitude.  Longitude. 

Nigritie 0°  à  10"  IS^O.  à    ô^E.  0 

Abyssinie 10  à  16  32  E.  à  41   E.  1 

Algérie 33  à  36  5  O.  à    6  E.  1 

Roy.  de  Grenade. . .   36  à  37  5  O.  à    8  O.  1 

Sicile 37  à  38  10  E.  à  13  E.  1 

Portugal 37  à  42  9  0.  à  11  O.  1 

Royaume  de  Naples.  38  à  42  11  E.  à  16    E.  1 

Caucase 40  à  44  35  E.  à  48   E.  1 

Tauride 43  à  46  31  E.  à  34  E.  1 

Plateau  central 44  à  47  0        à    2  E.  1 

France 42  à  51  7  0.  à    6   E.  1 

Russie  méridionale..  47  à  50  22  E.  à  49  E.  1 

Allemagne........  45  à  55  2  E.  à  14  E.  1 

Carpathes 49  à  50  19  E.  à  22  E.  1 

Angleterre 50  à  58  1  0.  à  7     O.  1 

Russie  moyenne ...   50  à  60  17    £.  à  58  E.  1 

Scandinavie  entière.   55  à  71  3    Z.  a  29  E.  1 

Danemarck 52  à  57  7   E.  à  12  E.  1 

Gothie 55  à  59  10   E.  à  15  E.  1 

Suède 55  à  69  10  E.  à  22  E.  1 

Norvège .58  à  71  2  E.  à  10  E.  1 

Russie  septentr^e. ..   60  à  66  19  E.  à  57  E.  1 

Finlande 60  à  70  18  E.  à  28  E.  1 

Laponie 65  à  71  14  E.  à  40  E.  1 

Europe  entière 1 


0 
417 
129 
104 
85 
54 
67 
100 
93 
61 
71 
69 
44 
35 
33 
38 
29 
36 
34 
24 
27 
28 
28 
21 
75 


332  AMENTACÉES. 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 


Latitude. 

Irlande 51°  à  55° 

Angleterre  ......  50  à  58 

Allemagne 45  à  55 

Russie  moyenne.. .  50  à  60 

Sibérie  de  rOural.  44  à  67 

Sibérie  altaïque. . .  44  à  67 

Sibérie  du  Baïcal. .  49  à  67 

Dahurie 50  à  55 

Sibérie  orientale...  56  à  67 

Sibérie  arctique.. .  67  à  78 

Karptschatka 46  à  67 

PaysdesTscbukhis.  »  » 

IlesdeTOcéanor"'.  51  à  67 

Amérique  russe.. .  54  à  72 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 

Latitude.  Altitude  en  mètres. 

Roy.deGr'%rég.alp.etniv.   36oà37o  1500  à  3500  1:121 

Roy.deGrenade,rég.niv..   36  à  37  2500  à  3500  1  :  122 

Pyrénées 42  à  43  500  à  2700  1  :    40 

Pyrénées  élevées 42  à  43  1500  à  2700  1  :    35 

Pic  du  Midi  de  Bagnères...              «  »  1  :    75 

Plat,  central,  rég.monlagn.  44  à  47  500  à  1900  1:    38 

Plateau  central,  sommets..   44  à  47  1500  à  1900  1:    25 

Alpes 45  à  46  500  à  2700  1 :    31 

Alpes  élevées 45  à  46  1500  à  2700  1 .    3S 


Longitude. 

7°0.  à  13° 

0. 

28 

1  0.  à   7 

0. 

33 

2  E.  à  U 

E. 

44 

17  E.  à  58 

E. 

38 

55  E.  à  74 

E. 

64 

66  E.  à  97 

E. 

43 

93  E.  à  116 

E. 

33 

110  E.  à  119 

E. 

40 

111  E.  à  163 

E. 

54 

60  E.  à  161 

E. 

:  9 

148  E.  à  170 

E. 

.  20 

155  E.  à  175 

0. 

24 

170  E.  à  130 

0. 

:  38 

170  0  à  130 

E. 

:  27 

PROPORTIONS  RELATIVES.  333 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 

Latitude.  Longitude. 

IlesduCap-Yert 1:i»à  14»  2V0.  à  27''0.  0:     0 

Canaries 28  à  30  15  0.  à  20  0.  1  :  .503 

Hébrides 57  à  58  8  0.  à  10  O.  1  :    -51 

Orcades 59  5  O.  à  6  O.  1  :    40 

Shetland 60  à  Ci  3  O.  à  4  0.1:103 

Feroë 62  9  0.  1  :    49 

Islande 64  à  66  16  O.  à  27  O.  1  :    23 

Mageroë 71  24   E.  1;    16 

Spitzberg 79  à  80  10  E.  à  20  E.  1  :    38 

lie  Mel ville 76  114  0.  1:    67 

lie  J.  Fernandez....   33  à  40 S.  76  0.  0:      0 

Nouv.Zélande(nord).  35  à  42  S.  171  O.  à  176  0.  1:154 

Malouines 52  S.  59  O.  à  65  0.  0:     0 

La  grande  famille  des  Amentacées  est  celle  qui  a  le  plus 
d'importance  en  Europe,  non  par  le  nombre  de  ses  espèces, 
mais  [»ar  leur  grand  développement,  et  surtout  par  l'asso- 
ciation de  ses  nombreux  individus.  Presque  toutes  les  forêts 
européennes  sont  formées  par  des  Amentacées;  les  bois,  les 
taillis  ,  les  pentes  des  montagnes  leur  doivent  leur  fraîcheur 
et  leur  manteau  de  verdure.  Sans  ces  végétaux,  les  zones 
tempérées  seraient  privées  de  leur  plus  bel  ornement;  la 
terre  y  serait  sans  ombrage  et  les  animaux  sauvages  sans 
retraites  et  sans  abris;  sans  eux  ,  les  régions  polaires  sem- 
bleraient livrées  à  une  affreuse  stérilité.  Dans  ces  tristes 
contrées,  quand  le  vent  des  hivers  vient  emporter  les  feuil- 
les ,  les  campagnes  sont  encore  ornées  par  quelques  arbres, 
sur  lesquels  vient  s'attacher  un  givre  soyeux  qui  étincelle 
sous  les  feux  éclatants  de  l'aurore  polaire,  et  que  le  soleil  dé- 
coloré ne  peut  anéantir. 


334  -  AMENTACÉES. 

Nous  réunissons  sous  la  dénomination  à' Ameniacées 
trois  familles  distinctes  :  les  CupidifcreSy  les  Saîicinées  et 
les  BéluUnécs. 

Les  Cupulifères  appartiennent  pour  la  plus  grande  partie 
aux  régions  tempérées  de  l'hémisphère  boréal  et  surtout  à 
l'Amérique  septentrionale.  Elles  manquent  dans  le  nord  de 
l'Asie,  et  si  elles  se  retrouvent  sous  la  zone  torride,  ce 
n'est  jamais  qu'à  une  grande  élévation;  l'Afrique  n'en  pos- 
sède qu'un  petit  nombre  d'espèces,  et  l'hémisphère  austral 
n'en  offre  aussi  qu'une  très-faible  proportion. 

Les  Saîicinées  sont  surtout  abondantes  dans  les  zones 
tempérées  et  froides  de  l'hémisphère  boréal,  surtout  en  Eu- 
rope et  en  Amérique.  Elles  sont  plus  rares  en  Asie  et  man- 
quent à  peu  près  complètement  sous  les  tropiques,  si  ce 
n'est  sur  les  hautes  montagnes  ;  quelques-unes  se  trouvent 
dans  l'Afrique  boréale. 

Les  Bétulinées  préfèrent  aussi  les  parties  tempérées  et 
froides  de  notre  hémisphère,  mais  quelques-unes  atteignent 
les  lieux  élevés  de  l'Asie  et  de  l'Amérique  tropicale. 

En  somme ,  les  Amentacées  font  partie  de  la  végétation 
arborescente  de  notre  hémisphère  et  vont  en  augmentant  en 
nombre  de  l'équateur  aux  régions  polaires.  En  Europe , 
leur  proportion  moyenne  1/75  est  à  peu  près  atteinte  en 
France ,  puis  ce  nombre  diminue  au  point  d'arriver  à 
1/104  dans  le  midi  de  l'Espagne  ,  malgré  les  montagnes; 
1/129  en  Algérie,  1/417  en  Abyssinie,  à  cause  des  mon- 
tagnes ,  et  0  en  Nigritie.  —  Au  contraire,  en  allant  au 
nord,  nous  trouvons  1/33  en  Angleterre,  1/29  en  Scandi- 
navie et  1/21  en  Laponie.  —  M.  de  Humboldt  donne  les 
proportions  1/800  pour  la  zone  torride,  1/45  pour  la  zone 
tempérée  ,  1/20  pour  la  zone  glaciale. 

Dans  le  sens  des  longitudes ,  nous  voyons  la  proportion 


FAGLS.  335 

des  Amentacées  varier  d'un  lieu  à  un  autre,  mais  se  tenir 
pourtant  au-dessus  de  la  moyenne  de  l'Europe.  Cette  pro- 
portion arrive  même  à  1/20  pour  le  Kamsclialka,  et  à  1/9 
pour  la  Sibérie  arctique,  3Iais  si  nous  comparons  l'ensemble 
de  l'Amérique  du  nord  à  l'ensemble  de  l'Europe  ,  les  rap- 
ports sont  bien  différents,  1/75  pour  l'Europe,  1/25  pour 
l'Amérique. 

Notre  troisième  tableau  nous  montre  que  l'altitude  a 
moins  d'inlluence  que  la  latitude ,  puisque  les  rapports  res- 
tent à  peu  près  les  raêniies. 

Nous  ne  trouvons  pas  non  plus  de  jurandes  différences 
entre  les  îles  et  les  continents,  et  d'ailleurs  leur  peu  d'éten- 
due ne  permet  pas  de  tirer  des  conclusions  bien  précises  re- 
lativement à  leurs  proportions. 

G.  PAGUS,  Lin. 

Les  hêtres  sont  bien  moins  répandus  que  les  chênes,  car 
on  n'en  connaît  encore  que  7  espèces,  dont  une  seule  est 
européenne.  —  2  habitent  Java.  —  2  autres  l'Amérique 
septentrionale.  —  Il  en  existe  2  aussi  dans  l'Amérique  du 
sud,  l'une  au  Chili,  l'autre  à  la  Terre-de-Feu  et  au  détroit  de 
Magellan. 

Fagus  sylyatica.  Lin.  —  La  majesté  du  hêtre,  son 
port  élancé  et  l'ombre  épaisse  de  ses  mystérieuses  forêts  lui 
attirent  l'admiration  des  hommes  sensibles  au  grand  spec- 
tacle de  la  nature.  Habitant  de  la  terre  plus  d'un  siècle  avant 
nous,  il  nous  reporte  à  l'existence  de  ceux  qui  nous  ont 
précédés  dans  l'ordre  des  temps,  qui  comme  nous  se  sont 
reposés  à  la  fraîcheur  de  son  feuillage  ;  il  lie  par  de  doux 
souvenirs  le  passé  au  présent  de  la  vie,  et  nous  montre 
dans  le  développement  annuel  de  ses  bourgeons  un  symbole 


336  AMENTACÉES. 

d'avenir  et  d'espérance.  Le  hêtre  doit  partager  avec  le  chêne 
le  sceptre  des  forêts.  Il  est  un  des  arbres  qui  ont  le  plus  de 
majesté.  Son  tronc,  droit  à  la  base,  se  divise  bientôt  en 
branches  vigoureuses  et  étagées,  dont  l'écorce  lisse  et  grise 
annonce  toute  la  vigueur.  Ses  rameaux  divisés  et  flexueux, 
ses  bourgeons  allongés  et  symétriquement  protégés  par  des 
écailles  brunes  et  demi-transparentes,  le  distinguent  en  hiver 
des  autres  arbres  avec  lesquels  il  est  parfois  associé.  Il  at- 
teint des  hauteurs  énormes,  un  volume  prodigieux.  En  exa- 
minant avec  attention  les  bourgeons  qui  sont  situés  sur  ces 
branches,  on  voit  qu'ils  sont  de  grosseur  inégale.  Celui  qui 
termine  le  rameau  et  qui  est  destiné  à  l'allonger  ,  ne  contient 
que  des  feuilles,  les  autres  ont  souvent,  au  milieu  de  leur 
jeune  feuillage ,  les  rudiments  des  fleurs.  Ceux-là  sont  plus 
volumineux  et  moins  allongés  que  les  autres.  Les  jeunes 
feuilles  sont  plissées  avant  leur  développement  sur  leur  ner- 
vure moyenne,  et  froncées  sur  leurs  nervures  latérales.  Cha- 
cune d'elles  s'appuie  aussi  sur  celle  qui  en  est  le  plus  rappro- 
chée. —  Vers  la  fin  d'avril  ou  dans  le  commencement  de 
mai ,  selon  l'altitude  ou  la  température,  les  bourgeons  s'en- 
tr'ouvrent ,  et  l'on  aperçoit  le  vert  pur  des  feuilles  souvent 
rehaussé  par  le  rose  tendre  de  stipules  caduques  ou  d'écaillés 
intérieures.  Ces  feuilles ,  qui  étaient  restées  longtemps  in- 
décises sur  le  jour  de  leur  épanouissement ,  se  développent 
alors  avec  rapidité,  et  bientôt  l'arbre  offre  le  spectacle  impo- 
sant d'une  voûte  feuillée  impénétrable  à  la  pluie,  et  sous 
laquelle  la  lumière  solaire  n'arrive  qu'en  filtrant  ses  rayons 
à  travers  un  feuillage  demi-transparent.  Les  feuilles  et  les 
jeunes  pousses  sont  velues ,  mais  plus  tard  ces  feuilles  sont 
hsses  et  lustrées  et  peuvent  persister  pendant  longtemps. 
C'est  à  l'aisselle  de  ces  jeunes  feuilles  que  naissent  les  fleurs 
qui  sont  monoïques.  Les  mâles,  réunies  en  tête  globuleuse^ 


FAGIS.  337 

sont  placées  aux  aisselles  inférieures  ,  sur  des  pédoncules  al- 
longés qui  se  recourbent  et  en  suspendent  les  chatons  arron- 
dis. Les  femelles  sont  géminées  ou  ternées  aux  aisselles  supé- 
rieures, fixées  par  de  courts  pédoncules,  droites  et  jamais  in- 
clinées. Chaque  fleur  mâle  est  formée  d'un  périgone  à  6  di- 
visions profondes,  scarieuses  et  velues,  et  de  8  à  9  étamines 
à  anthères  verdâtres   qui  abandonnent   promptement  un 
pollen  abondant.  Chaque  fleur  femelle  offre  un  involucre  à 
4  divisions  duvetées  à  l'intérieur,  et  recouvertes  d'épines 
molles  et  presque  semblables  aux  stigmates  qu'elles  entou- 
rent. Les  deux  ovaires  sont  trigones  et  terminés  chacun  par 
3  styles  dont  les  stigmates  sont  papillaires  sur  les  bords. 
Chacun  de  ces  ovaires  renferme  3  loges  à  2  semences  cha- 
cune, mais  2  de  ces  loges  s'oblitèrent,  et  celle  qui  reste 
n'amène  le  plus  ordinairement  qu'une  seule  graine  à  matu- 
rité. Le  péricarpe  est  presque  épineux,  il  s'ouvre  et  laisse 
tomber  cette  graine  volumineuse,  triangulaire,  dont  les  co- 
tylédons épais  sont  remplis  d'huile.  —  Dans  le  hêtre  comme 
dans  beaucoup  d'autres  Amentacées ,  les  fleurs  mâles  sont 
situées  en  dessous  des  fleurs  femelles,  et  de  plus  suspendues 
de  telle  manière  que  la  fécondation  est  indirecte  et  que  le 
pollen  d'une  branche  féconde  nécessairement  les  fleurs  d'une 
branche  intérieure.  —  Le  sol  des  forêts  est  jonché  de  fleurs 
mâles  qui  se  détachent  après  leur  courte  apparition.  Plus 
tard ,  une  partie  des  fruits  avorte,  se  désarticule  et  tombe , 
et  ensuite  les  faînes ,  aux  enveloppes  brunes  ,  précèdent  la 
chute  des  feuilles.  Celles-ci  prennent ,  avant  de  mourir , 
des  nuances  de  brun  et  de  pourpre  qui  contrastent  avec  la 
sombre  verdure  des  autres  arbres  de  la  forêt ,  avec  le  rouge 
vif  des  cerisiers  ou  le  jaune  d'or  que  prend  la  cime  mourante 
des  bouleaux.  Puis  ces  feuilles  abandonnent  leurs  rameaux, 
et  contribuent  puissamment  à  former  la  couche  de  terreau 

VIII  22 


338  AMENTACÉES. 

fertile  dans  laquelle  les  graines,  ensevelies  pendant  l'hiver, 
germent  au  printemps  et  ouvrent  leurs  larges  cotylédons 
plissés,  d'un  beau  vert  en  dedans  et  d'un  blanc  satiné  en 
dehors.  Quelquefois  ces  feuilles  séminales  sont  d'un  jaune 
pur  et  paraissent  étiolées  ;  elles  ne  verdissent  pas  ^  leur  tissu 
paraît  sans  vie,  il  ne  prend  pas  de  bleu;  il  est  analogue 
aux  taches  jaunes  des  feuilles  panachées.  —  Mais  le  terreau 
si  abondant  formé  par  la  décomposition  des  feuilles  de  cet 
arbre ,  ne  profite  pas  seulement  au  développement  de  ses 
graines,  il  abrite  pendant  l'hiver  une  foule  de  germes  qui  se 
développent  au  printemps,  et  parmi  lesquels  nous  citerons  seu- 
lement :  Prenanlhes  purpurea,  Conjdalis  solida,  Slellaria 
nemorum,  Isopyrum  ihaliciroïdesy  AlUiim  ursinwriy  Scilla 
Lilio-IJyacinthus,  Ilex  Aquifolium ,  Monotropa  Hypopilis, 
Neollia  nidus-avis ,  Asperula  odorata ,  Phallus  impudi- 
cus,  et  cette  admirable  série  de  champignons  charnus  qui 
font  en  automne  l'ornement  des  forêts. 

Nature  du  sol.  —  Le  hêtre  croît  sur  tous  les  terrains, 
et  en  Auvergne  il  se  trouve  partout,  excepté  sur  les  calcai- 
res ,  dont  la  région  n'est  pas  assez  élevée  et  où  il  ne  ren- 
contrerait pas  une  humidité  suffisante.  II  se  développe  très- 
bien  sur  les  granits  et  y  acquiert  de  très-grandes  dimen- 
sions. Les  terrains  volcaniques  lui  conviennent  peut-être 
plus  que  les  autres.  Un  des  plus  beaux ,  et  peut-être  le  plus 
beau  du  plateau  central ,  se  voit  à  Juilles ,  dans  le  canton 
de  Latour ,  sur  un  plateau  basaltique  ;  ses  branches  sont 
immenses  et  occupent  un  espace  considérable.  En  général 
ces  hêtres  isolés,  de  même  que  tous  les  arbres,  ont  un  as- 
pect tout  différent  de  celui  qu'ils  offrent  dans  les  forêts.  Libres 
dans  leur  développement,  débarrassés  des  entraves  de 
l'association  qui  les  gêne  et  les  maintient  dans  un  état  de 
luttes  continuelles ,  ils  prennent  de  très-grandes  dimensions 


FAGUS.  339 

et  le  tronc  n'est  plus  la  partie  principale  de  l'arbre.  En  effet, 
si  on  pouvait  réunir  en  un  seul  faisceau  les  branches  multi- 
pliées qui  forment  la  cime  du  hêtre  de  Juilles,  on  aurait,  au 
lieu  d'un  tronc  conique  que  l'on  attribue  aux  grands  arbres, 
un  cône  renversé  comme  dans  plusieurs  palmiers.  L'absence 
des  branches  dans  ces  derniers  est  sans  doute  la  cause  de 
la  forme  de  leur  stipe.  Nous  pourrions  citer  une  multitude 
d'autres  exemples.  Les  scories  des  volcans  modernes  de  la 
chaîne  des  monts  Dômes  nous  m.ontrent  partout  les  res- 
tes des  magnifiques  forêts  de  hêtre  qui  les  couvraient  autre- 
fois. L'Etna  en  a  aussi  de  très-beaux  ,  cependant  on  consi- 
dère en  général  le  hêtre  comme  un  arbre  des  terrains  calcaires. 
Dans  le  Jura  il  est  très-vigoureux ,  mais  on  le  trouve  aussi 
partout  dans  les  Vosges.  Il  abonde  dans  le  Siennois,  sur  les 
terrains  volcaniques  du  Montamiata  ,  oii  ses  feuilles  ont  at- 
taquées, comme  sur  le  plateau  central ,  parle  Cympsfagi^ 
qui  y  développe  des  galles  aux  tubercules  roses.  A  Châ- 
teauneuf,  Puy-de-Dôme ,  il  croît  très-bien  sur  le  porphyre 
le  plus  compacte;  ^Yahlenberg  dit  bien  qu'il  est  abon- 
dant dans  les  Carpathes,  sur  les  terrains  calcaires  ,  et  qu'il 
devient  rare  sur  les  granits  ;  mais  les  localités  citées  en  Suède 
par  Wahlenberg  lui-même,  et  par  plusieurs  autres  auteurs, 
et  les  observations  discutées  par  M.  Alphonse  de  Candolle, 
dans  sa  géographie  botanique,  doivent  faire  considérer  le 
hêtre  comme  dépendant  beaucoup  plus  du  degré  d'humi^ 
dite  du  sol  et  de  l'atmosphère  que  de  la  nature  chimique  ou 
physique  du  terrain. 

Altitude.  —  Cet  arbre  habite  la  plaine  dans  le  centre  et 
dans  le  nord  de  l'Europe,  où  il  s'arrête  vers  le  60^  degré. 
Mais,  à  mesure  que  l'on  avance  vers  le  sud,  il  s'élève  sur 
les  montagnes ,  quoique  dans  le  centre  de  la  France  on  le 
rencontre  en  plaine ,  jusque  dans  le  Bourbonnais  ;  tandis 


340  AMENTACÉES. 

qu'à  l'est  il  s'élève  davantage.  Voici  du  reste  une  série  d'al- 
titudes que  nous  avons  recueillies  dans  le  travail  de  M.  Ch. 
Martins ,  sur  le  mont  Venloux  (Annales  des  sciences  natu- 
relles ^  botanique,  t.  10,  p.  237),  dans  la  géographie  bo- 
tanique de  M.  A.  de  Candolle  (t.  1,  p.  273),  ou  d'après 
nos  propres  recherches  et  observations  : 

A  Ghristiana ,  par  59**  sur  le  bord  de  la  mer 0 

A  Kiel ,  Danemarck,  sur  le  bord  de  la  Baltique  réuni 

en  forêts 0 

Montagnes  de  l'Angleterre 91  à  182 

Forêt  noire 710 

Carpathes  (Wahlenberg.) 1256 

Albanie  (Boue) 950  à  1300 

Jura  (de  Candolle) 1600 

Jura,  au  Chasserol  (Thurmann) 1500 

Alpes  bavaroises ,  limite  supérieure 1381 

Alpes,  Grimsel  (Martins) 985 

Riesengebirge  ,  Silésie  autrichienne  (Schneider). . .      747 

Hochgebirge ,  Silésie  (Wimmer) 1299 

Alpes  Algauer,  côté  occidental  (Sendtner) 1381 

Id.,  côté  oriental  (Ser.dtner) 1348 

Suisse  septentrionale ,  limite  supérieure  (  Hegetsch- 

weiler  et  Heer) 1364 

Suisse  centrale,  moyenne  (Wahlenberg) 1322 

Terrain  calcaire  du  nord  de  la  Suisse ,  pentes  exposées 

au  soleil  (Heer) 1478 

Id.,  pentes  septentrionales  (Heer) 1267 

Id.,  moyenne  (Heer) 1380 

Suisse  septentrionale ,  Tyrol  (  Unger) 1315 

Salève  (A.  de  Candolle) 1600 

Oberland  Bernois ,  forêts  (Kasthoffer) 1202 


FAGDS.  341 

Oberland  Bernois ,  individus  isolés  ne  mûrissant  plus 

leurs  fruits  (Kasthoffer) 1462 

Suisse  méridionale  (Wahlenberg) 1428 

Vallée  d'Uri  (Wahlenberg) 942 

Vallée  de  Hasli  (  Wahlenberg  ) , 974 

Alpes  des  Grisons,  côté  septentrional  (Moritzi).. . .    1299 

Alpes  du  Tessin  (Heer) 1516 

Col  de  Tende  (  Schouw  ) ,  moyenne 1 567 

Bugey  (Thurmann) 1200 

Dauphiné  (Thurmann) 1300 

Mont  Cenis,  côté  de  l'Italie  (Schouw) 1598 

Scheeberg,  au  nord  de  Fiume ,  montagnes  cotières 

d'Istrie  (Hen(ler) 1559 

Nord  de  Venise  ,  sur  Dolomie  (Fuchs),  limite  supé- 
rieure      1 624 

Apennins  (Schouw),  moyenne 1836 

Midi  de  l'Italie  (Tenore) ,  minimum 800 

Id.,  (Tenore),  maximum 1200 

Etna  ,  nord  (Gemellaro) 1770 

Id.,  sud  (Gemellaro) 2085 

Id.,  (  Schouw) 1949 

Id.,  (Prestl  et  Philippi) 1927 

Auvergne  ,  maximum 1500 

Id. ,  minimum 700 

Mont  Ventoux ,  sud  (  Martins  ) 1666 

Id.,  nord  (Martins) 1576 

Versant  septentrional  des  Pyrénées  (Parrot) 1591 

Canigou  ,  limite  supérieure  (Massot) 1623 

Caucase  ,  minimum  (  Meyer) 600 

Id.,  maximum  (Meyer) 1400 

Taliisch  ,  minimum  (Ivleyer) 800 

Id.,  maximum  (Meyer) 1900 


342  AMENTACÉES. 

On  voit ,  par  cet  exposé,  que  le  hêtre  peut  s'accommoder 
d'altitudes  très-différentes  et  que  souvent  il  dépasse  les 
moyennes  indiquées ,  mais  alors  il  reste  rabougri ,  à  l'état 
de  buisson,  et  ne  fructifie  plus.  Ses  écarts ,  selon  l'exposi- 
tion et  les  versants  des  montagnes ,  sont  quelquefois  assez 
considérables  ;  cet  écart  est  en  moyenne  de  279™  pour  les 
Alpes,  de  289™  pour  le  mont  Ventoux,  et  il  atteint  jusqu'à 
400™  sur  l'Etna. 

A  ces  diverses  altitudes,  et  surtout  à  ses  limites  moyenne 
et  supérieure ,  le  hêtre  est  souvent  en  lutte  avec  le  sapin 
Abies  pectinata  et  A.  exceîsa).  Sur  les  montagnes  de  l'Au- 
vergne, le  sapin  domine  ordinairement  le  hêtre  et  lui  per- 
met seulement  d'aborder  ses  clairières,  mais  il  semblerait 
que  peu  à  peu  le  hêtre  devienne  dominant,  et  ce  fait  curieux  a 
été  confirmé ,  au  mont  Dore  même,  lors  de  la  réunion  de  la 
société  Botanique  de  France ,  par  un  savantsuédois,  M.  Vau- 
pell,  de  Copenhague.  «  S'il  est  vrai,  dit-il,  comme  l'assurent 
les  habitants ,  que  le  hêtre  ne  s'est  introduit  dans  les  sapins 
que  depuis  peu  de  temps  et  qu'il  tend  toujours  à  ^gagner ,  il 
y  a  une  grande  analogie  avec  ce  qui  se  passe  dans  d'autres 
pays.  En  effet,  en  Danemarck ,  un  examen  attentif  des  ar- 
bres ensevelis  dans  les  tourbières  a  permis  de  constater  que 
c'est  depuis  2,000  ans  environ,  que  le  hêtre  qui ,  aujour- 
d'hui ,  constitue  essentiellement  les  forêts  naturelles,  a  en- 
vahi ces  forêts  composées  jadis  uniquement  de  pins  fPinus 
syhestnsj ,  de  chênesoude  bouleaux.  La  destruction  du  pin 
a  été  si  complète,  que  de  nos  jours  il  ne  reste  plus  dans  le 
pays  un  seul  pied  de  cette  essence  qui  soit  réellement  sau- 
vage. Pour  trouver  des  pins,  il  faut  fouiller  les  tourbières, 
d'où  on  retire  chaque  année   (surtout  dans  l'île  de  See- 
land),  une  énorme  quantité  de  troncs  et  de  cônes  apparte- 
nant au  P.  syîvesiris;  par  contre,  dans  ces  mêmes  tour- 


FAGCS.  343 

bières,  on  ne  rencontre  jamais  ni  branches,  ni  feuilles,  ni 
fruits  de  hêtre.»  —  «  En  Hollande,  continue  M.  Vaupell , 
on  a  constaté  les  mêmes  faits.  A  l'époque  oii  César  péné- 
tra dans  la  Bretagne  (aujourd'hui  l'Angleterre),  il  n'y  trouva 
pas  le  hêtre  qui  y  est  si  répandu  de  nos  jours.  Enfin  ,  il  est 
probable  que  les  forêts  de  hêtres  qui  existent  en  Normandie, 
résultent  aussi  de  l'envahissement  de  cet  arbre.  Dans  tous 
ces  pays,  le  hêtre  est  un  intrus.  Sa  marche  envahissante  se 
dirige  toujours  de  l'ouest  vers  l'est,  et  dans  cette  migration, 
il  a  déjà  atteint  les  limites  de  la  Russie  d'Europe.  A  l'île  de 
Moen  ,  en  Danemarck ,  le  hêtre  a  succédé  au  chêne  et  au  sa- 
pin. Comment  expliquer  de  pareils  faits  ?  Quelques  natura- 
listes ,  dit  M.  Vaupell ,  sont  d'avis  que  la  végétation  des 
orêts  subit,  de  siècle  en  siècle,  des  alternances  régulières  , 
analogues  à  celles  que  l'on  appelle  en  agriculture  des  asso- 
lements. Mais  l'envahissement  du  hêtre  me  paraît  un  phé- 
nomène tout  différent.  Il  remonte  à  1,000  ou  2,000  ans, 
et  j'aimerais  mieux  ,  quant  à  moi ,  le  regarder  comme  une 
migration  assimilable  à  celle  des  plantes  qui  émigrent  des 
formations  anciennes  ,  pour  s'établir  sur  de  récents  terrains 
d'alluvion.  »  (Bulletin  de  la  soc.  bot.  de  France,  t,  3,  p. 
483 .  )  Il  semble ,  malgré  cette  note  intéressante  de  M.  Vau- 
pell ,  que  cet  arbre  subisse  quelquefois  les  effets  de  l'alter- 
nance ;  ainsi  M.  de  Candolle  rapporte  l'observation  faite  par 
M.  Mengy  de  la  probabilité  de  la  disparition  du  hêtre  dans 
\a  fagîie  de  Trelon  (nord);  mais  j'ai  pu  dans  ma  jeunesse 
constater  dans  cette  belle  forêt  que  le  chêne  envahit  aujour- 
d'hui, la  présence  de  vieux  hêtres,  qui,  presque  seuls,  cons- 
tituaient la  futaie  sous  laquelle  je  récoltais  de  magnifiques 
espèces  de  champignons  charnus.  J'ai  vu  le  même  fait  se  re- 
produire dans  la  forêt  des  Ardennes  et  le  hêtre  chassé  de 
ses  antiques  domaines  parle  bouleau  et  le  genévrier. 


344  AMENTACÉES. 

Géographie.  —  Un  arbre  qui  s'élève  aussi  haut  sur  les 
montagnes ,  ne   peut  atteindre  des  contrées  bien  méridio- 
nales;  cependant,  au  sud,   on  a  rencontré    le  hêtre  en 
France ,  dans  une  partie  de  l'Eepagne ,  dans  le  midi  de 
l'Italie  et  en  Sicile ,  s'échelonnant ,  dans  ces  divers  pays  à 
des  altitudes  différentes ,  et  c'est  à  peine  si,  en  plaine  et 
dans  les  conditions  les  plus  favorables,  il  atteint  43  degrés. 
—  Au  nord ,  il  est  commun  en  France  ,  en  Belgique  ,  en 
Allemagne,  en  Scandinavie,  oii  sa  limite  existe  à  Alver- 
sund,  en   Norvège,  par  ôO^Sl';  en  Suède  il  arrive  à  bS'^ 
sur  la  côte  sud-ouest ,  et  à  57®  sur  la  côte  sud-est  ;  il  existe 
en  Angleterre ,  en  Irlande,  en  Ecosse,  jusqu'au  57".  —  A 
l'occident,  il  reste   en  Irlande  et  dans  les  Asturies.  —  A 
l'orient,  il  croît  en  Suisse,  en  Italie,   en  Dalmatie,en 
Hongrie  ,  en  Transylvanie ,  en  Turquie ,  sur  l'Olympe  by- 
thinique,  en  Tauride  ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,   jus- 
que sur  les  bords  de  la  Caspienne  ;  dans  les  Russies  moyenne 
et  australe  ;  en  s'avançant  ainsi  à  l'est ,  le  hêtre  s'abaisse  en 
latitude  ,  comme  le  démontre  très-bien  la  carte  publiée  par 
M.  A.  de  Candolle ,  et  il  s'abaisse  à  tel  point ,  qu  après  avoir 
dépassé  le  GO*'  parallèle  ,  il  descend  en  Tauride  au  45"^  et  le 
suit  jusqu'à  la  Caspienne.  —  La  courbe  formée  par  les  li- 
mites du  hêtre  dans  les  plaines  de  l'Europe  suit  à  peu  près 
la  même  ligne  isothermede  7,5  centigrades.  Sa  limite  la  plus 
septentrionale,  sur  la  côte  orientale  delà  Norvège, n'atteint 
pas  celle  de  4,9  ,  tandis  que  sur  les  bords  de  la  Caspienne 
elle  descend  presque  à  l'isotherme  de  JO.(Ch.  Martins, 
Ann.  des  sciences  nat.,i.  10,  p.  237.  )  —  Quant  à  la  com- 
pensation entre  la  latitude  et  l'altitude ,  on  peut  calculer 
que  168"  égalent  1  degré  ,  et  que  242'"  correspondent  en 
latitude  à  un  décroissement  en  température  de  l*' pour  la 
moyenne  de  l'année. 


fl  CASTANEA.  345 

Limites  d^extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile 38<*      \  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège GO       j  22° 

OcctWe/i?,  Irlande 12  0.| Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Mer  Caspienne 45  E.  )  57" 

Carré  d'expansion 1254 

G.  CASTANEA,  MUlcr. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  châtaigniers 
sont  pour  la  plupart  de  grands  arbres  dont  on  connaît  1 5  es- 
pèces, distribuées  en  2  centres  principaux.  — Le  premier 
et  le  plus  nombreux ,  est  formé  de  6  espèces  des  Indes 
orientales  et  1  de  la  Chine.  —  Le  second  se  compose  de 
5,  originaires  de  Java.  —  2  châtaigniers  vivent  dans  l'Amé- 
rique du  nord,  et  un  seul,  végétal  gigantesque,  vit  dans 
l'Europe  méridionale. 

Castanea  vulgarts,  Lam.  —  Près  du  hêtre  se  place 
le  châtaignier,  qui  est  aussi  un  des  plus  beaux  arbres  du 
continent  européen.  Plus  que  le  hêtre  encore,  il  devient 
énorme,  et  son  tronc,  entouré  d'une  écorce  grise  et 
gercée ,  offre  presque  toujours  les  indices  d'une  torsion  in- 
décise dans  un  sens  ou  dans  un  autre.  Ses  branches  sont 
largement  étagées ,  et  ses  bourgeons  volumineux,  qui  s'ou- 
vrent très-tard  ,  laissent  sortir  des  feuilles  allongées  et  régu- 
lièrement dentées,  couvertes,  dans  leur  jeunesse ,  d'une 
poussière  résineuse,  et  qui  deviennent  ensuite  d'un  beau 
vert  et  cartilagineuses.  Lorsqu'à  la  fin  de  juin  toutes  ces  feuil- 
les se  sont  entièrement  développées,  on  voit  paraître  sur  les 


346  A3IEINTACÉES.  * 

branches  fertiles  et  au  sommet  de  l'arbre,  une  multitude  de 
(leurs ,  dont  les  mâles,  disposées  en  brillants  panaches,  font 
du  châtaignier  la  plus  belle  décoration  des  vallées  sauvages 
des  montagnes.  Là  encore ,  les  fleurs  mâles  naissent  de 
boutons  particuliers,  situés  en-dessous  des  femelles,  mais 
elles  sont  dressées  en  longs  chatons ,  d'un  blanc  jaunâtre  et 
d'une  odeur  désagréable.  Elles  sont  réunies  le  long  de  leur 
axe  par  petits  faisceaux  composés  de  plusieurs  fleurs.  Cha- 
cune d'elles  offre  un  calice  à  6  divisions  et  15  à  20  éta- 
mines ,  dont  les  longs  filets  ,  repliés  sur  eux-mêmes ,  se  dé- 
bandent instantanément  et  lancent  des  nuages  de  pollen 
jaunâtre.  Ces  fleurs  sont  si  nombreuses ,  que  souvent  elles 
tombent  sans  s'épanouir,  ou  du  moins  avant  que  plusieurs 
de  leurs  étamines  n'aient  ouvert  leurs  loges  ou  déployé  leurs 
filets.  Les  fleurs  femelles ,  au  nombre  de  3  à  4,  à  la  dernière 
aisselle,  occupent  la  base  d'un  axe  qui  porte  aussi  quelques 
fleurs  mâles ,  mais  qui  se  désarticule  et  tombe  peu  après 
qu'elles  sont  épanouies.  Elles  sont  enfermées  dans  un  in- 
volucre  hispide,  qui  s'accroît  après  la*fécondation  et  de- 
vient un  péricarpe  épineux.  Chacune  d'elles  a  un  périgone 
coriace  et  quinquéfide  ;  l'ovaire  est  à  6  loges,  à  2  ovules 
chacune  ,  et  se  termine  par  6  styles  cornés  et  fisses  qui  peu- 
vent cependant  retenir  leur  pollen  et  le  transmettre  à  des 
stigmates  peu  apparents.  De  nombreux  avortements  ont 
lieu  comme  dans  le  hêtre  ,  car,  à  l'époque  de  la  dissémina- 
tion ,  l'involucre,  d'un  beau  vert  jaunâtre  et  fortement 
hérissé,  s'ouvre  en  4  valves  satinées  à  l'intérieur  ,  et  met  à 
découvert  3  châtaignes ,  dont  2  extérieures ,  plus  grosses  , 
et  une  intérieure ,  aplatie  et  pressée  par  les  2  autres.  Cette 
graine,  d'un  beau  brun,  est  toujours  marquée  d'un  large 
ombilic,  et  ses  cotylédons,  soudés,  restent  enfouis  pen- 
dant la  germination,  et  se  transforment  en  une  matière  su- 


CASTANEA.  347 

crée  et  nutritive  qui  alimente  le  grand  arbre  dans  le  pre- 
mier mois  de  son  existence. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Le  châtaignier  est  pres- 
que complètement  exclu  des  terrains  calcaires ,  mais  il  vé- 
gète très-bien  sur  les  granits ,  sur  les  micaschistes  ,  les 
grès  houillers ,  les  grès  du  lias  ,  les  alluvions  siliceuses ,  les 
molasses  et  les  laves  des  volcans  modernes.  En  Auvergne , 
où  il  n'est  pas  commun,  on  le  trouve  sur  les  falaises  graniti- 
ques qui  bordent  le  bassin  de  la  Limagne  ;  on  ne  trouve  plus 
que  le  noyer  sur  les  terrains  calcaires  dont  les  bords  viennent 
s'appuyer  sur  ces  falaises  ;  mais  si  un  courant  de  laves  sépare 
les  deux  terrains ,  les  deux  arbres  vivent  mêlés  sur  cette  lave. 
Le  terrain  granitique  lui  convient  parfaitement.  Près  de  Vis- 
contat ,  canton  de  Saint-Rémy  (  Puy-de-Dôme),  on  voit  un 
énorme  châtaignier  dont  les  branches  sont  mutilées.  Il  a 
9  mètres  de  circonférence  à  hauteur  d'homme.  Son  tronc 
est  creux  et  six  personnes  pourraient  y  dîner  autour  d'une 
petite  table.  Trois  autres  châtaigniers  d'une  grande  beauté  et 
surtout  d'une  grande  vigueur  existent  aussi  à  Frissonet,  prés 
de  Vollore.  Ils  sont  aussi  sur  le  granit.  On  voit  le  châtai- 
gnier sur  le  lias  ferrugineux  d'Alais  oiî  il  vit  avec  le  chêne 
vert.  Il  est  très-commun  dans  la  Lozère,  oii  il  prospère  sur 
les  granits  et  surtout  sur  les  micaschistes.  Il  végète  dans  les 
vallées  creusées  dans  le  terrain  primitif  et  s'élève  presque 
jusqu'au  calcaire  dont  il  marque  la  limite.  Si  une  montagne 
est  entièrement  schisteuse,  les  châtaigniers  en  couvrent  le 
sommet  ;  si  elle  a  ,  au  contraire  ,  un  chapeau  calcaire,  l'ar- 
bre fuit  ce  terrain  et  n'atteint  pas  même  sa  limite,  comme 
si  les  éboulis  calcaires  lui  étaient  contraires.  Aussi  ces  pla- 
teaux ou  causses  sont  presque  désolés ,  privés  de  végétation 
arborescente,  tandis  que  des  châtaigniers  touffus  ornent 
tous  les  sols  schisteux.  Il  constitue ,  près  de  Florac ,  sur  tou- 


348  AMENTACÉES. 

tes  les  pentes  des  montagnes,  de  magnifiques  bosquets.  Une 
jolie  pelouse  s'étend  sous  ces  beaux  arbres,  et  le  soleil  qui  se 
glisse  dans  les  éclaircies  de  leurs  branches  vient  échauffer  la 
terre  et  lui  faire  produire  quelques  fleurs.  Le  Bellisperennis^ 
le  Veronica  Chamœdris ,  VAjuga  genevensis,  le  Dianthus 
carMwsmnorwm,  rompent  l'uniformité  de  la  verdure.  Quand 
le  sol  est  moins  uni ,  que  le  gazon  n'a  pu  le  couvrir,  on  y 
voit  les  touffes  vigoureuses  et  multipliées  de  Vllelleborus 
fœtidus,  de  VAsclepias  Vinceloxicum ,  du  Silène  in flala  , 
de  VEuphorbia  cyparissias,  et  çà  et  là  le  Digilalis  purpurea . 
De  très-beaux  châtaigniers  vivent  encore  sur  le  granit  au  Vi- 
gan.  On  trouve  cependant  de  vastes  terrains  primitifs  si- 
tués dans  les  mêmes  conditions  et  qui  sont  dépourvus  de 
châtaigniers.  De  Candollc  a  fait  depuis  longtemps  cette  re- 
marque dans  le  centre  de  la  France.  «  Les  départements  de 
la  Creuse  ,  du  Puy-de-Dôme  ,  de  la  Corrèze  et  de  la  Haute- 
Vienne  ,  forment ,  dit-il ,  un  plateau  granitique  fort  sembla- 
blement  homogène  ;  si  les  deux  premiers  de  ces  pays  sont 
complètement  dépourvus  de  châtaigniers,  les  deux  autres  en 
sont  entièrement  couverts.  » 

AUilude.  —  Cet  arbre  croît  en  plaine  et  sur  les 
montagnes,  mais  toujours  à  une  faible  altitude.  De  Can- 
dolle  l'indique  à  1,400'"  dans  les  Apennins.  M.  Boissier 
entre  800  et  1,600™  dans  le  midi  de  l'Espagne.  Tenore  le 
cite  dans  le  royaume  deNaples  entre  300  et  800™.  En  Tur- 
quie, selon  M.  Boue  (Voyages,  t.  1,  p.  426),  il  forme  çà  et 
là  de  petits  bois,  surtout  dans  la  Turquie  occidentale  ,  à  des 
niveaux  au-dessous  de  600™.  Mais  il  s'élève  bien  plus  haut 
dans  le  sud.  Il  abonde  principalement  dans  la  Croatie  tur- 
que, à  l'ouest  du  Verbas  à  5  à  600™,  dans  l'Albanie  supé- 
rieure il  se  tient  vers  500™.  Mais  sur  la  pente  méridio- 
nale du  Schad  ,  il  s'élève  jusqu'à  800™. 


QUERCUS.  349 

Géographie.  —  Au  sud,  il  se  trouve  en  France ,  dans  le 
midi  de  l'Espagne ,  en  Corse  ,  en  Sardaigne.  —  Au  nord  , 
il  croît  en  France ,  peut-être  spontanément  en  Belgique  et 
dans  le  raidi  de  l'Angleterre. —  A  l'occident ,  il  est  en  Por- 
tugal. —  A  l'orient ,  il  existe  en  Italie  ,  en  Sicile ,  en  Dal- 
matien en  Croatie,  en  Turquie,  en  Grèce,  en  Tauride  , 
dans  le  Caucase  et  en  Géorgie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Espagne 36«     | Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Angleterre? 50       i  14» 

Occident ,  Portugal. 10  0.  i  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Géorgie 47  E.  )  57^ 

Carré  d'expansion 798 

G.   QUERCUS^  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  chênes 
sont  pour  la  plupart  de  grands  et  beaux  arbres ,  vivant  en  so- 
ciété et  composant  de  magnifiques  forêts.  Ce  sont  eux  sur- 
tout qui  décorent  la  zone  tempérée  de  l'hémisphère  boréal. 
Leur  nombre  s'élève  aujourd'hui  à  environ  200.  —  Leur 
patrie  principale  est  l'Amérique  du  nord ,  où  plus  de  80  es- 
pèces sont  distribuées  sur  les  montagnes  du  Mexique,  de  la 
Nouvelle-Espagne ,  de  la  Nouvelle-Grenade ,  et  dans  les 
plaines;  de  la  Caroline  ,  de  la  Virginie  ,  des  autres  parties 
des  Etats-Unis  et  du  Canada.  La  beauté  des  forêts  de 
l'Amérique  du  nord  est  due  en  grande  partie  à  ces  arbres 
majestueux.  —  Après  l'Amérique ,  un  autre  centre  est  aux 
Indes  orientales ,  car  sur  52  espèces  qui  se  trouvent  en  Asie, 
33  croissent  aux  grandes  Indes  ou  dans  le  Népaul ,  s'éle- 


350  A3IENTACÉES. 

vantjusqu'à  uneassez  grande  hauteur  sur  les  flancs  des  monta- 
gnes. Un  autre  groupe  de  10  à  12  espèces  vit  à  la  Chine  et 
au  Japon  ;  les  autres  chênes  asiatiques  croissent  sur  le  Cau- 
case ,  en  Syrie  ou  dans  l'Asie  mineure.  —  Les  chênes  euro- 
péens ,  au  nombre  de  40  environ,  sont  très-dispersés  ,  mais 
la  majeure  partie  reste  dans  l'Europe  australe,  en  Espagne, 
en  Italie ,  en  Sicile  ,  en  Portugal  ;  quelques-uns  en  Hon- 
grie ,  en  France  et  en  Allemagne.  —  Ces  arbres  sont  aussi 
très-abondants  sur  les  montagnes  de  Java,  oii  Ton  en  a  re- 
connu 17  espèces.  —  Enfin  ,  2  seulement  sont  spéciale- 
ment propres  à  l'Afrique,  l'un  croît  à  Madère,  l'autre  en 
Mauritanie. 

QuERCus  SESsiLiFLORA ,  Ehrh.  —  Grandeur,  puissance 
et  majesté,  tels  sont  les  attributs  du  roi  de  nos  forêts  ,  de 
ces  arbres  gigantesques  qui  voient  s'écouler  plusieurs  généra- 
tions dans  leur  vie  bien  plus  que  séculaire.  Leur  tronc ,  sim- 
ple d'abord  et  quelquefois  tortuej^x  dès  son  origine,  recou- 
vert d'une  écorce  lisse  et  comme  vernissée  dans  sa  jeunesse , 
se  divise  en  une  cime  étendue.  Des  bourgeons  bruns  et 
écailleux  sont  disposés  sur  ses  branches,  et  l'un  d'eux  est 
toujours  situé  à  leur  extrémité ,  chargé  de  continuer  les 
pousses  de  l'année  précédente.  A  la  fin  d'avril ,  dans  nos 
climats,  ces  bourgeons  s'entr'ouvrent  et  de  jeunes  feuilles 
d'un  vert  tendre  paraissent  en  abondance  et  sont  parfois 
surprises  parles  gelées  du  printemps.  A  peine  le  chêne  a-t- 
il  revêtu  cette  parure  si  fraîche ,  que  ses  Heurs  se  montrent 
à  l'aisselle  de  ses  feuilles  ;  les  unes  sont  mâles  et  nombreu- 
ses ,  réunies  par  petits  paquets  le  long  d'un  axe  allongé 
et  filiforme  qui  (lotte  au  gré  du  vent.  Un  petit  périgone, 
plus  ou  moins  découpé  ,  s'ouvre  pour  laisser  sortir  un 
nombre  déterminé  d'étaraines,  qui  aussitôt  répandent  dans 


QUERCDS,  351 

l'air  des  nuages  d'un  pollen  abondant.  A   la    môme  épo- 
aue  ,  des  fleurs  femelles  naissent  au-dessus  des  fleurs  mâles 
et  retiennent  le  pollen  qui  tombe  des  branches  supérieures 
sur  leurs  stigmates  en  massues  glutineuses.  Ces  fleurs  sont 
formées  de  petites  écailles  scarieuses ,  au  milieu  desquelles 
est  un  ovaire   à  3  loges  dispermes.  —  Dès  que  la  féconda- 
tion est  opérée,  les  chatons  mâles  se  détachent  et  tombent, 
l'ovaire  grossit,  ses  loges  s'atrophient,  les  semences  avor- 
tent ,  une  seule  persiste  et  grossit  pendant  que  l'involucre 
écailleux  agrandit  et  soude  ses  bractées  et  les  transforme 
en  une  cupule  élégante  oîi  le  gland  reste  fixé  jusqu'à  l'é- 
poque de  sa  maturité.  Les  feuilles,  qui  tous  les  jours  se  fon- 
cent davantage  ,    se   développent  entièrement  pendant  la 
maturation  ;  elles  sont  larges  et  sinueuses  sur  leurs  bords, 
à  nervures  très-saillantes  en  dessous  ,  et  généralement  dis- 
colores et  plus  pâles  à  leur  partie  inférieure;  mais  rien  n'est 
plus  variable  que  leur  forme  et  leur  grandeur.  A  la  fin  de 
l'automne ,  ces  feuilles  se  flétrissent  et  se  dessèchent  sans 
tomber  ;  elles  persistent  pendant  l'hiver,  et  au  printemps , 
le  jeune  bourgeon  qui  grossit  à  leur  aisselle,  fait  l'effet  d'un 
levier  ,  et ,  s'appayant  à  la  fois  sur  le  pétiole  roidi  et  sur  le 
rameau  qui  le  supporte ,  il  renverse  les  feuilles  qui  disparais- 
sent pour   permettre  à  l'arbre  de  reprendre   sa  fraîche  et 
nouvelle  parure.  —  Sa  floraison,  dans  nos  climats,  a  lieu 
en  avril  et  en  mai.   Sa  foliation  ne   commence  qu'à   la 
fin  d'avril,  après  un  repos  absolu  de  110  jours  environ, 
tandis  que  le  hêtre ,  placé  dans  les  mêmes  conditions ,  se 
repose  149.  M.  Quetelet  a  calculé  l'ouverture  de  ses  bour- 
geons pour  Bruxelles,  pour  une  moyenne  de  10  années, 
au  25  avril  ;  M.  Heer  indique  la  même  phase  à  Madère , 
le  20  février. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Ce  chêne  est  presque 


352  AMENTACÉES. 

indifférent  et  se  trouve  à  peu  près  sur  tous  les  terrains.  — 
Il  ne  s'élève  pas  très-haut  ;  en  Auvergne ,  il  atteint  à  peine 
600";  de  Candolle  le  cite  à  1,200™  dans  les  Alpes  et  dans 
le  Jura.  Wahlenberg  dit  cependant  que  dans  la  Suisse  sep- 
tentrionale il  constitue  des  forêts  assez  clairsemées  sur  le 
versant  des  montagnes  basses  et  se  trouve  partout ,  mais 
qu'il  devient  rare  au-dessus  de  la  limite  supérieure  du  ceri- 
sier. On  trouve  pourtant  encore  le  (?.sesst7i/?ora  à  1,1 00*", le 
Q.  pedunculata  ne  s'élève  pas  aussi  haut.  Sur  le  mont 
Ventoux,  il  croît  à  520™  au  sud ,  à  700™  au  nord;  il  se 
trouve  encore  rabougri  à  1,130™  sur  le  versant  sud  (Mar- 
tins).  Ledebour  le  mentionne  à  800™  dans  le  Caucase,  et 
il  cite  une  variété  ibcrica  comme  vivant  dans  le  TalUsch, 
entre  300  et  2,200™.  Tenore  cite  le  Q.  robur  (sans  autre 
désignation)  entre  300  et  800™,  dans  le  royaume  de  Na- 
ples.  M.  Martins  lui  assigne  800™  comme  maximum  sur  le 
Grimsel.  Le  chêne  {Q.  robur,  lequel?)  monte  sur  l'Etna 
à  1,700™  au  nord  et  à  l'ouest,  el  à  2,100™  au  sud  et  à  l'est. 
En  Auvergne,  le  Q.  sessiliflora  le  plus  élevé  que  nous  ayons 
vu,  croissait  sur  le  granit  à  la  Forêt  près  de  Seychalles,  can- 
ton de  Saint-Rémy ,  à  650™  environ  ;  il  était  isolé  et  d'un 
volume  prodigieux. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  trouve  ce  chêne  en  France, 
dans  le  nord  de  l'Espagne,  en  Italie,  en  Sardaigne  et  en 
Grèce.  —  Au  nord  ,  il  est  répandu  en  France ,  en  Belgique , 
en  Allemagne ,  oii  il  forme  de  magnifiques  forêts  ;  il  atteint 
le  Danemarck ,  la  Gothie  et  la  Norvège ,  où  il  s'arrête  au 
60°  57'.  —  A  l'occident,  il  vit  en  Portugal,  en  Angle- 
terre et  en  Irlande,  jusqu'au  59°.  —  A  l'orient,  il  existe 
en  Suisse  ,  en  Italie  ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie ,  en  Transyl- 
vanie ,  en  Grèce ,  en  Turquie ,  en  Tauride ,  dans  le  Cau- 
case, la  Géorgie,  le  Taliisch  ;  dans  la  Russie  moyenne  jus- 


QUERCUS.  353 

qu'à  Saint-Pétersbourg  et  dans  l'île  d'Osilie,  à  Moscou  et 
dans  la  Russie  australe. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Grèce   39®      )  Écart  en  latitude  : 

iVorrf ,  Norvège 61       i  22« 

Occident ,  Irlande 11  0.  )  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Woiga 45  E.  j  56° 

Carré  d'expansion 1232 

QuERCcs  PEDUNCULATA.  Ehrli.  —  Roi  comme  le  précé- 
dent, majestueux  comme  lui  et  longtemps  confondu  sous  le 
nom  linnéen  de  Q.  robur,  avec  le  Q.  sessiliflora,  ce  bel 
arbre  offre  les  mômes  caractères ,  mais  ses  glands ,  portés  sur 
de  longs  pédoncules  ,  le  font  distinguer.  Il  fleurit  comme  le 
Q.  sessiliflora  dans  le  courant  du  mois  de  mai,  et  ses  fruits 
mûrissent  aussi  en  automne  et  se  détachent  par  un  large 
ombilic  de  leur  capsule  protectrice. 

Nature  du  sol.  —  Il  est  aussi  assez  indifférent;  mais  sur 
le  plateau  central  il  habite  surtout  les  granits ,  les  argiles 
sableuses  et  les  laves.  On  en  voit  à  Pontgibaud  un  grand 
nombre  sur  la  lave  du  puy  de  Corne  et  sur  le  bord  de  la 
Sioule,  qui  offrent  des  formes  très-différentes.  Le  port  et  le 
feuillage  diffèrent  peu  ,  mars  les  glands  sont  loin  d'être  sem- 
blables. On  trouve  beaucoup  de  diversité  dans  leur  grosseur 
et  dans  leurs  formes ,  dans  les  dimensions  de  la  cupule ,  dans 
le  nombre  de  fruits  portés  sur  chaque  pédoncule.  On  voit  de 
gros  glands  courts  et  arrondis  dans  de  petites  cupules, 
d'autres  à  demi-enfoncés  dans  cet  involucre  qui  s'est  beau- 
coup agrandi.  Il  y  a  des  glands  ovales,  allongés,  et  parfois 
les  cupules  sont  si  larges  que  le  gland  semble  plutôt  posé 

VIII  23 


354  AMENTACÉES. 

qu'entouré  et  serré  par  ces  petites  bractées.  Ordinairement 
il  n'y  a  qu'un  gland  sur  chaque  pédoncule  et  un  second 
avorté ,  mais  certains  arbres  amènent  à  la  fois  leurs  deux 
fruits  à  une  complète  maturité.  Les  pédoncules  sont  quel- 
quefois si  longs  que  le  gland  est  pendant;  d'autres  fois  le  fruit 
est  dressé  parce  que  son  support  est  très-court,  et  ce  dernier 
vient  même  à  manquer  totalement.  On  ne  peut  voir  que  de 
simples  variétés  dans  toutes  ces  différences. — Près  deChâ- 
teauneuf  (Puy-de-Dôme) ,  on  trouve  sur  le  granit  compacte 
et  peut-être  sur  le  porphyre  ,  un  chêne  magnifique  dont  les 
branches  sont  immenses.  —  On  en  voit  de  plus  beaux  en- 
core sur  les  argiles  sableuses ,  près  de  Thiers  et  notamment 
au  château  de  Lavaure.  —  Un  autre  également  admirable 
végète  sur  le  granit,  aux  Granges,  canton  d'Olliergues. 

Altitude.  —  Cet  arbre  s'élève  un  peu  moins  que  le  précé- 
dent, cependant  de  Candolle  le  cite  à  1,200"^  dans  le  Jura. 
Nous  ne  le  trouvons  pas  en  Auvergne  au-dessus  de  700™. 
Ledebour  l'indique  dans  sa  flore  à  800™  dans  le  Caucase. 
Géographie.  —  Au  sud,  il  existe  en  France,  en  Espa- 
gne jusque  dans  le  centre ,  en  Sardaigne  et  en  Grèce.  — 
Au  nord  ,  il  arrive  comme  le  précédent  en  Suède  et  en  Nor- 
vège, même  en  Finlande  ,  et  en  Angleterre  jusqu'au  58*^. 
—  A  l'occident,  il  se  trouve  en  Portugal.  — A  l'orient,  il 
est  en  Suisse ,  en  Itahe  ,  en  Dalmatie  ,  en  Croatie ,  en  Hon- 
grie ,  en  Transylvanie ,  en  Turquie ,   en  Tauride  ,   dans  le 
Caucase,  en  Géorgie,  dans  le  Taliisch ,  dans  les  Russie» 
septentrionale ,  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Grèce 39**      ]  Écart  en  latitude  : 

Nord,  Norvège 63       )  2i« 


QLERCCS.  355 

Occident ,  Portugal 10  O.  '|  Écart  en  longitude  : 

Orient  j  Russie  moyenne. .....   50  E.  j  60** 

Carré  d'expansion 1440 

QuERCUS  ptJBESCENs,  Wild.  —  Même  type  que  le  pré- 
cédent ;  il  forme  peut-être  un  arbre  moins  élevé  et  plus 
rameux.  Ses  bourgeons  laissent  épanouir  des  feuilles  ten- 
dres et  pubescentes ,  d'un  vert  grisâtre,  qui  sont  mêlées 
à  de  nombreux  chatons  suspendus,  mais  en  vieillissant 
ces  feuilles  prennent  aussi  de  la  consistance  et  se  fon- 
cent en  couleur  comme  celles  des  autres  espèces.  Ses  fruits 
sont  sessiles,  ordinairement  réunis  par  petits  groupes  et 
moins  gros  que  ceux  des  chênes  précédents.  —  Il  fleu- 
rit en  avril. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  vit  sur  tous  les  ter- 
rains, mais  il  semble  préférer  ceux  qui  sont  calcaires  et  mar- 
neux. Nous  le  trouvons  aussi  en  Auvergne  sur  les  basaltes,  et 
nous  l'avons  vu  au  Vigan  constituer  avec  des  Cistus  des 
bosquets  sur  le  terrain  primitif.  Il  s'élève  peu  dans  les  mon- 
tagnes. Il  ne  dépasse  pas  500™  sur  le  plateau  central  de  la 
France.  M.  de  Candolle  l'indique  ,  d'après  Philippi ,  entre 
1,000  et  1,600"  sur  l'Etna. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  assez  commu- 
nément en  France,  en  Espagne,  jusque  dans  le  centre, 
dans  le  midi  de  l'Italie  ,  en  Sicile.  — Au  nord  ,  il  est  moins 
répandu  ;  il  atteint  cependant  la  Belgique,  les  bords  du 
Rhin,  et  la  Podolie.  —  A  l'occident ,  il  végète  en  Portugal. 
—  A  l'orient ,  il  est  en  Suisse,  en  Dalmatie,  en  Croatie  , 
en  Hongrie  ,  en  Transylvanie ,  dans  l'Albanie ,  la  Haute- 
Mœsie  ,  la  Bulgarie,  la  Servie  ,  le  Péloponèse  ,  la  Tauride, 
dans  le  Caucase  et  la  Géorgie ,  dans  les  Russies  moyenne  et 
australe. 


356  AMEMACÉES. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile 38"      I  Ecart  en  latitude  ; 

Nord,  Podolie 50  12° 

Occident ,  Poitugal 10  0.  )  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47  E.  j  57" 

Carré  d'expansion 684 

QcERCUS  Ilex  ,  Lin.  —  Très-différent  de  nos  chênes  à 
feuilles  caduques  ,  celui-ci  constitue  des  forêts  qui  conser- 
vent pendant  l'hiver  un  feuillage  terne  et  monotone  qui  sem- 
ble éternel.  Jamais  il  n'offre  ce  caractère  de  fraîcheur  que 
présentent  nos  forêts ,  quand  les  arbres  qui  les  composent 
ouvrent  leurs  bourgeons  écailleux.  Son  tronc  est  peu  élevé  et 
rameux  ;  ses  (euilles  ovales ,  entières  ou  dentées,  sont  très- 
souvent  blanchâtres  et  cotonneuses  en  dessous  et  d'un 
vert  sombre  en  dessus.  Ca*  feuilles  varient  à  l'infini,  et  il  en 
est  de  même  des  fruits  qui  sont  de  toute  grosseur  et  mon- 
trent la  forme  arrondie  jusqu'à  l'ovale  le  plus  allongé  ;  tou- 
tes ces  variétés  sur  un  très-petit  espace  et  quelquefois  sur  le 
même  arbre.  —  Il  lleurit  en  mai  et  en  juiu. 

—  Nature  du  sol.  —  AUitude.  —  Ce  chêne  est  indiffé- 
rent ,  mais  on  le  rencontre  en  France  plus  souvent  sur  les 
calcaires  que  sur  tout  autre  sol.  Il  constitue  à  peu  près  tous 
les  bois  du  département  du  Gard  et  d'une  grande  partie  du 
midi  de  la  France.  On  le  trouve  pourtant  mélangé  au  chêne 
ordinaire,  qui  atteint  de  très-grandes  dimensions  dans  le 
midi  comme  dans  le  nord  ;  le  Q.  Ilex  ne  devient  jamais 
aussi  grand,  mais  on  en  voit  de  très-gros  sur  les  causses,  en- 
fonçant leurs  solides  racines  au  milieu  des  blocs  calcaires.  Il 
y  est  ordinairement  associé  aux  Phyllirea ,  au  Jimiperus 
OxicedruSy  au  llosa  sempervirens ,  au  Pistacia  Terehen- 


QUERCUS.  357 

thuSy  etc.  ■ —  Il  croît  en  plaine  et  sur  les  montagnes  ;  dans  le 
midi  de  la  France  il  atteint  ÔSS""  sur  le  versant  sud  du 
mont  Ventoux,  et  618""  sur  le  versant  nord.  Il  dépasse 
1,000'a  dans  le  midi  de  l'Espagne,  et  atteint  1,300™  sur 
les  flancs  de  l'Etna.  Tenore  lui  assigne  seulement  300™  dans 
le  midi  de  l'Italie.  D'après  M.  Martins ,  le  nombre  de  mè- 
tres d'altitude  qui  doit  compenser  un  degré  de  latitude,  est 
pour  cet  arbre  de  216,  et  ce  chiffre  est  de  284  pour  faire 
l'équivalent  de  1  degré  de  décroissement  en  latitude  sur  la 
moyenne  annuelle. 

Géographie.  —  Au  sud ,  le  chêne  vert  croît  en  France , 
en  Espagne  ,  en  Algérie  jusque  sur  les  montagnes  de  l'Au- 
rès ,  dans  toute  la  région  méditerranéenne  ,  l'Egypte  ex- 
ceptée, en  Palestine  au  désert  de  Saint-Jean-Baptiste, 
près  de  Jérusalem  (Bové).  —  Au  nord,  il  arrive  sur  le  re- 
vers méridional  du  plateau  central  de  la  France,  entre 
Alais  et  Villefort ,  et  sur  les  bords  de  la  mer  à  Nantes ,  et 
à  l'île  de  Noirmoutiers ,  oii  il  forme  un  bosquet  mêlé  au 
Rhamnus  Alalernus.  A  l'occident ,  il  existe  en  Portugal , 
—  A  l'orient ,  il  végète  en  Italie ,  en  Sicile ,  en  Dalmatie , 
en  Hongrie,  en  Grèce  ,  en  Turquie,  dansl'Albanie moyenne, 
en  Thessalie ,  dans  toute  la  Macédoine  maritime  et  la  Syrie. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Jérusalem 32''      |  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  France 47       1  15« 

Occident,  Portugal 1 0  O.  )  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Syrie 33   E.  -^  43« 

Carré  d'expansion 045 

QuERCUs  cocciFERA ,  Lin^  —  Il  croît  dans  les  lieux  secs 


358  AMENTACÉES. 

et  incultes ,  où,  loin  de  s'élever  comme  les  précédents,  il  ne 
forme  que  des  buissons  bas  et  rameux.  Ses  feuilles  sont  pe- 
tites, minces,  nombreuses,  glabres,  luisantes,  ovales, 
bordées  de  dents  allongées  et  épineuses.  Les  glands  sont  pe- 
tits et  ovales,  enfermés  dans  une  cupule  hérissée  en  de- 
hors de  pointes  raides  ,  ouvertes  et  très-dures.  Ce  gland 
ne  grandit  sensiblement  qu'une  année  après  sa  fécondation, 
et  il  ne  tombe  qu'au  bout  de  18  mois.  —  11  fleurit  en 
avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  sur  tous  les  ter- 
rains, mais  il  préfère  les  calcaires.il  habite  la  plaine  et  les 
montagnes.  M.  Boissier  le  cite  dans  le  midi  de  l'Espagne 
entre  300  et  1,600°». 

Géographie.  —  Il  est  plus  méridional  que  le  précédent. 
Au  sud  ,  il  végète  en  France ,  en  Espagne ,  en  Corse ,  en  Al- 
gérie ,  en  Syrie  près  de  Jérusalem  ,  dans  le  désert  de 
Saint-Jean-Baptiste,  oii*Bové  l'a  vu  mêlé  au  Q.  llex. 
—  Au  nord  ,  il  se  tient  à  une  petite  distance  au  sud  du 
plateau  central  de  la  France ,  n'atteignant  même  pas 
Alais  ;  il  est  en  Dalmatie.  —  A  l'occident,  il  croît  en  Por- 
tugal. —  A  l'orient,  il  existe  en  Italie,  en  Sicile,  en 
Grèce ,  au  mont  Athos ,  en  Albanie,  en  Thrace  et  en  Syrie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Jérusalem 32»      | Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Dalmatie 44       i  12» 

Occident,  Portugal 10  O."!  Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Syrie.. .' 33  E.  j  43° 

Carré  d'expansion 516 

G.  CORTI.US,  Lm. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  noisetiers 


CORYLBS.  359 

sont  de  jolis  arbrisseaux  peu  nombreux  sur  la  terre ,  mais 
vivant  souvent  en  société  ,  et  formant  les  taillis  des  forêts  et 
les  buissons  des  montagnes.  On  n'en  connaît  que  10  espè- 
ces. 4  sont  européennes, du  centre  et  du  midi  de  ce  continent. 
—  3  sont  asiatiques  :  2  des  Indes  orientales ,  1  de  la  Si- 
bérie. —  3  habitent  l'Amérique  septentrionale,  contrée  oii 
presque  tous  les  arbres  et  arbrisseaux  de  l'Europe  ont  leurs 
espèces  parallèles. 

CoRYLrs  AvELLANA,  Lin.  —  Il  existe  dans  les  forêts  des 
arbres  dont  les  cimes  élevées  et  largement  feuillées ,  consti- 
tuent des  voûtes  de  verdure ,  sous  lesquelles  les  rayons  brû- 
lants du  soleil  ne  peuvent  pénétrer.  Il  en  est  d'autres,  de 
taille  moins  élevée,  qui,  craignant  l'ombre  de  ces  futaies, 
restent  sur  la  lisière  des  bois,  ou  s'aventurent  dans  leurs  clai- 
rières ,  ou  forment  ailleurs  des  taillis  fourrés  et  buissonneux. 
De  ce  nombre  est  le  noisetier,  dont  les  branches,  longues  et 
(lexibles,  paraissent  en  hiver,  recouvertes  d'unépiderme 
fauve  et  léger  ,  sous  lequel  la  moelle  corticale  s'étend  sous 
la  forme  d'une  lame  verte  etcelluleuse.  Avant  que  le  prin- 
temps n'ait  signalé  son  arrivée ,  et  quelquefois   même  en 
janvier  ou  février,  le  noisetier,  stimulé  par  quelques  beaux 
jours,  allonge  des  chatons  mâles,   qui  bientôt  suspendus, 
écartent  leurs  écailles  qui  portent  chacune  8  étaminesuni- 
loculaires,  et  jettent  dans  l'air  de  petits  nuages  d'un  pollen 
inutile,  puisque  les  fleurs  femelles  n'ont  pas  encore  paru. 
Plus  tard  ,  de  nouveaux  chatons   fleurissent  encore ,  mais 
alors  des  bourgeons  écailleux  ,  assez  gros  et  arrondis,  situés 
en  dessous  des  fleurs  mâles,  laissent  sortir  du  milieu  des  jeu- 
nes feuilles  qui  sont  encore  complètement  endormies ,  de 
petites  houppes  d'un  carmin  très-vif,  qui  sont  les  stigmates 
géminés  de  plusieurs  ovaires  réunis.  Le  noisetier  offre  alors 


360  AMENTACÉES. 

un  aspect  très-singulier ,  il  est  couvert  de  chatons  allongés  et 
i-uspendus  ,  que  le  moindre  vent  fait  osciller ,  et  à  moins  que 
des  froids  très-rigoureux  ne  surviennent,  la  fécondation  est 
assurée.  Peu  après ,  les  chatons  mâles  sont  llétriset  se  déta- 
chent ,  les  stigmates  sont  desséchés ,  et  les  ovaires  fécondés 
restent  plus  d'un  mois,  et  quelquefois  deux,  ensevelis  au 
milieu  des  jeunes  feuilles  et  des  écailles,  sans  donner  signe  de 
vie.  Enfin  ,  le  printemps  arrive  ,  et  le  noisetier  ,  comme  les 
autres  arbres ,  s'empresse  d'ouvrir  ses  bourgeons  et  de  mon- 
trer ses  feuilles  et  ses  jeunes  pousses  de  l'année.  Ces  orga- 
nes sont  velus,  et  parfois  couverts,  dans  leur  jeunesse,  de 
poils  rouges  et  transparents.  De  belles  feuilles  arrondies  , 
dentées,  à  nervures  saillantes,  garnissent  les  rameaux,  et 
dès  le  mois  de  juillet,  on  voit  à  leur  aisselle  les  fleurs  mâles 
qui  doivent  s'ouvrir  pendant  l'hiver.  Elles  se  présentent  sous 
la  forme  de  chatons  raccourcis,  entourés  d'un  duvet  grisâtre, 
et  restent  ainsi  très-longtemps  sans  prendre  d'accroisse- 
ment; mais  alors  cesse  l'inertie  des  ovaires  fécondés.  Ils 
grossissent  ;  les  2  stigmates  correspondent  à  2  ovules,  dont 
l'un  avorte  presque  constamment,  et  le  péricarpe  osseux  est 
entouré  d'un  périgone  développé  et  accrescent,  qui  le  couronne 
d'une  membrane  élargie  et  découpée  sur  ses  bords.  L'inté- 
rieur du  fruit  est  entièrement  rempli  d'une  moelle  blanche 
et  spongieuse ,  qui  diminue  et  disparaît  à  mesure  que  la  ma- 
turation s'avance,  puis  enfin  les  noisettes  sont  miîres,  elles 
brunissent ,  leur  embryon  remplit  le  noyau  ,  et  elles  se  déta- 
chent de  leur  cupule  en  conservant  la  trace  du  large  ombilic 
par  lequel  elles  y  étaient  fixées. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Le  noisetier  croît  sur 
tous  les  terrains ,  dans  les  plaines  et  sur  les  montagnes.  Nous 
le  trouvons  très-abondant  en  Auvergne  sur  les  sols  volcani- 
ques où  il  arri\e  à  1,200'^  d'altitude.  M.  Massotle  cite  au 


CORYLUS.  "  361 

Canigou  à  1,623™.  M.  Martins,  sur  le  mont  Ventoux  à 
995"'  et  sur  le  Grimsel  à  1 ,060'°,  M.  Wattson  à  450™  dans 
les  monts  Grampians  et  M.  Sendtner  à  1  jSTS'"  dans  les  Al- 
pes bavaroises.  Wahlenberg  le  mentionne  en  Suisse  dans  les 
haies  et  sur  la  lisière  des  bois  ,  partout  jusqu'à  la  limite  su- 
périeure du  cerisier  à  1,060'°.  Sur  quelques  points ,  ajoute- 
t-il ,  il  monte  beaucoup  plus  haut  que  la  limite  du  hêtre,  à 
1,350™.  Il  recherche  plutôt  qu'il  ne  fuit  le  voisinage  des 
hautes  montagnes.  En  Turquie,  il  forme  çà  et  là  de  petits 
bois ,  surtout  dans  la  moyenne  Albanie ,  le  Balkan  et  la 
Mœsie  supérieure.  Ils  abondent  dans  les  régions  basses  et 
s'élèvent  quelquefois  à  un  niveau  supérieur,  à  1,000'"  (Boue, 
voy.  t.  i,  p.  427).  Ledebour  l'indique  dans  le  Caucase  en- 
tre 400  et  1,300'°. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  trouve  cet  arbrisseau  en 
France ,  en  Espagne  ,  dans  le  royaume  de  Naples  ,  en  Sicile. 
Il  est  cité  en  Algérie,  mais  il  y  est  très-probablement  natu- 
ralisé. —  Au  nord  ,  il  habite  tout  le  centre  de  l'Europe,  la 
Scandinavie,  y  compris  le  sud  de  laLaponie,  la  Finlande, 
l'Angleterre,  l'Irlande,  les  Hébrides,  les  Orcades,  et  il  a 
laissé  des  débris  dans  la  tourbe  aux  Shetland  où  il  n'existe 
plus.  —  A  l'occident,  il  est  aussi  en  Portugal.  —  A  l'o- 
rient ,  il  vit  en  Suisse ,  en  Dalmatie ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie, 
en  Transylvanie,  en  Grèce,  en  Turquie ,  en  Tauride,  dans 
le  Caucase,  en  Géorgie  ,  dans  les  Russies  septentrionale  , 
moyenne  et  australe.  Ledebour  cite  en  Dahurie  une  variété 
daliurica  qui  peut-être  est  une  espèce.' 

Limites  cVextension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile 38°      )  Ecart  en  latitude  ; 

Nord,  Laponie 65       j  27" 


362  AMENTACÉES. 

Occident ,  Portugal 10  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Russie  moyenne 58  E.\  68*^ 

Carré  d'expansion 1836 

G.  CARPINUS,  Li7l. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  7  espèces  seule- 
ment composent  ce  petit  genre.  Ce  sont  des  arbres  très-élé- 
gants dont  3  appartiennent  à  l'Europe  ,  2  aux  Indes  orien- 
tales et  2  à  l'Amérique  septentrionale.  —  On  nepeut  mécon- 
naître le  parallélisme  qui  existe  dans  presque  tous  les  genres 
de  la  famille  des  Amentacées,  entre  l'Europe,  l'Amérique 
septentrionale  et  les  montagnes  de  l'Himalaya.  La  flore  fos- 
sile elle-même  rappelle  ce  parallélisme. 

Carpincs  Betulcs  ,  Lin.  —  Le  charme  végète  dans  les 
bois ,  sur  leur  lisière  et  dans  les  haies.  Son  écorce  est  grise  et 
peu  fendillée,  sa  cime  très-rameuse  et  ses  branches  garnies 
de  bourgeons  plus  ou  moins  allongés,  selon  les  organes  qu'ils 
renferment,  et  toujours  recouverts  d'écaillés  brunes  et  stipu- 
laires.  Ces  bourgeons  s'ouvrent  au  printemps  en  même  temps 
que  ceux  du  hêtre  et  de  la  plupart  des  arbres  des  forêts.  On 
voit  alors  de  jeunes  feuilles  d'un  vert  pur ,  élégamment  plis- 
sées,  accompagnées  de  stipules  roses  et  caduques,  et  le  charme 
prend  place  parmi  ces  arbres  au  feuillage  naissant  qui  donne 
aux  forêts  leur  plus  fraîche  et  leur  plus  belle  parure.  A  peine 
ses  feuilles  commencent-elles  à  paraître  que  les  fleurs  se 
montrent  aussi.  Elles  sont  monoïques.  Les  mâles  sortent  de 
boutons  particuliers  placés  près  du  sommet  des  rameaux  sur 
les  brindilles  de  l'année  précédente.  Elles  sont  disposées  en 
nombreux  chatons  qui  s'incHnent  et  écartent  leurs  écailles 
pour  mettre  les  étamines  au  jour.  Chaque  écaille ,  ciliée  à 


CARPINUS.  363 

sa  base,  porte  ordinairement  10  à  12  étamines,  dont  les  filets 
sont  courts  et  les  anthères  velues.  Elles  s'ouvrent  en  2  val- 
ves et  répandent  un  pollen  abondant.  —  Les  chatons  fe- 
melles sont  placés  au-dessus  des  mâles  et  contiennent  dans 
l'intérieur  de  chaque  écaille  2  ovaires  terminés  chacun  par 
2  styles  pourprés  et  papillaires.  D'autres  écailles,  plus  petites 
et  glanduleuses  au  sommet,  sont  placées  à  l'intérieur  de  la 
première  et  destinées  à  prendre  de  l'accroissement  et  à  ac- 
compagner les  fruits.  Lorsque  la  fécondation  doit  avoir  lieu, 
les  fleurs  femelles  s'élèvent  au-dessus  des  boutons  où  elles 
étaient  enfermées,  leurs  écailles  s'écartent  pour  découvrir  les 
stigmates ,  puis  elles  se  redressent  et  s'agrandissent  après 
la  fécondation  pour  protéger  les  jeunes  fruits.  —  C'est 
alors  seulement  que  le  charme  se  couvre  de  son  élégant  feuil- 
lage et  montre  ces  feuilles  ovales  et  dentées,  gaufrées  sur 
leurs  nervures  secondaires  et  fixées  à  de  courts  pétioles.  L'o- 
vaire devient  uniloculaire  par  avortement.  Les  écailles  qui 
l'accompagnent  s'allongent  du  côté  extérieur,  et  le  fruit,  qui 
est  une  espèce  de  nucule  ,  se  présente  avec  une  enveloppe 
osseuse  et  fortement  striée  qui  en  recouvre  une  autre  d'un 
beau  vert. 

Nature  du  sol.  —  AHilude.  —  Le  charme  est  indiffé- 
rent à  la  nature  du  sol.  Il  vit  dans  les  plaines  et  dans  les 
montagnes.  En  Auvergne,  il  ne  dépasse  pas  800".  Wah- 
lenberg  le  cite  en  Suisse  jusqu'à  la  limite  supérieure  du 
noyer.  M.  Boue  dit  qu'en  Turquie  il  reste  dans  les  basses 
montagnes,  et  que  dans  l'Epire  il  est  remplacé  par  le  Car- 
piuus  orienialis.  Ledebour  l'indique  dans  le  Caucase  entre 
700  et  1,400"  ;  dans  leBreschtau,  entre  400  et  800™,  et 
dans  le  Taliisch  à  1,000™. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  se  trouve  en  France,  dans 
le  midi  de  l'Italie ,  en  Grèce.  —  Au  nord  ,  on  le  rencontre 


364  AMENTACÉES. 

dans  toute  l'Europe  centrale  ,  en  Danemarck  ,  dans  la  Gothie 
australe,  en  Angleterre  et  en  Irlande,  où  il  atteint  sa  limite 
occidentale.  —  A  l'orient ,  il  vit  en  Suisse ,  en  Dalmatie  , 
en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Turquie, 
dans  la  haute  Albanie,  en  Tauride,  dans  le  Caucase,  en 
Géorgie ,  en  Mingrélie  oii  il  habite  les  forêts  et  où  d'Ur- 
ville  a  rencontré  des  arbres  de  la  plus  grande  beauté  ,  dans 
les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Grèce 39**      ) Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Danemarck 57       ^  18» 

Occident ,  Irlande 12  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 40   E.  ^  58® 

Carré  d'expansion 1044 

G.  SALix,  Lin, 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  saules , 
destinés  par  la  nature  à  orner  les  contrées  les  plus  froides  de 
la  terre,  répandent  un  charme  particulier  sur  les  régions 
polaires  qui  sans  eux  seraient  privées  de  toute  végétation 
arborescente.  Tous  cependant  sont  loin  de  s'élever  en  ar- 
bres élégants  ou  en  arbrisseaux  verdoyants  ;  plusieurs  d'en- 
tre eux ,  quoique  ligneux ,  rampent  sur  le  sol ,  y  ensevelis- 
sent leurs  tiges,  s'endorment  sous  la  neige  pendant  de  longs 
hivers,  et  ne  montrent  au  printemps  que  déjeunes  rameaux 
redressés  qui  cherchent  à  jouir  de  la  douce  influence  de  la 
courte  saison  des  fleurs.  Ce  genre  difficile,  «  la  croix  et  le 
scandale  des  botanistes,  »  dit  Endlicher,  est  loin  d'être 
entièrement  connu.  Ses  espèces ,   souvent  confondues  ou 


sALix.  3G5 

réunies ,  ne  diffèrent  quelquefois  que  par  des  caractères  in- 
saisissables, et,  en  attribuant  au  genre,  comme  le  faitSteudel, 
180  à  190  espèces,  on  est  peut-être  bien  loin  encore  d'en 
atteindre  le  chiffre  réel.  —  L'Europe  est  la  partie  du  monde 
qui  en  nourrit  le  plus  ;  85  à  90  espèces  y  sont  dispersées , 
mais  la  plupart  appartiennent  aux  régions  boréales ,  à  la 
Scandinavie  et  surtout  à  la  Laponie ,  à  l'Angleterre  et  à 
l'Ecosse  ;  d'autres  vivent  en  France ,  en  Belgique  ,  en  Alle- 
magne, en  Russie;  quelques-unes  en  Hongrie,  en  Autri- 
che ,  en  Italie,  et  d'autres  se  réfugient  sur  les  hautes  mon- 
tagnes des  Alpes  et  des  Pyrénées.  —  L'Asie  a  aussi  un 
nombre  assez  considérable  de  ces  arbres  ;  on  en  mentionne 
45  partagés  en  deux  centres  principaux  :  les  grandes  Indes 
d'abord ,  où  l'on  en  connaît  1 5  espèces ,  et  la  Sibérie  où  l'on 
en  cite  18.  Les  autres  se  trouvent  en  Chine,  au  Japon  ,  en 
Dahurie  ,  aux  îles  Aléoutiennes.  —  L'Amérique  du  nord 
est  encore  la  patrie  des  saules.  36  espèces  croissent  au  Mexi- 
que ,  aux  Etats-Unis  ,  au  Canada  et  jusque  dans  l'Amérique 
arctique  ,  car  les  saules  recherchent  toujours  les  pays  froids 
et  les  montagnes. —  On  n'en  cite  que  4-  dans  l'Amérique  du 
sud,  au  Pérou ,  où  M.  d'Orbigny  en  indique  une  espèce  qui 
lui  rappelait ,  par  sa  forme  élancée  ,  les  peupliers  de  l'ancien 
monde,  au  Chili  et  en  Patagonie.  —  L'Afrique  n'est  pas  riche 
en  ce  genre,  mais  pourtant  on  y  cite  12  espèces  :  en 
Egypte ,  en  Barbarie  ,  dans  les  montagnes  de  l'Abyssinie  , 
au  Sénégal ,  au  cap  de  Bonne-Espérance,  à  Sainte-Hélène, 
à  Madagascar  et  aux  Canaries.  —  Un  seul  Salix  est  indiqué 
à  Java. 

Salix  pentandra.  Lin.  —  Ce  bel  arbre  croît  dans  les 
lieux  humides  des  montagnes,  dans  les  forêts  de  sapins, 
dans  les  prairies  ,  où  il  s'arrondit  en  magnifiques  buissons 


366  AMENTACÉES. 

qui  indiquent  de  loin  le  cours  sinueux  des  ruisseaux  et  des 
torrents  qui  descendent  avec  bruit  des  hauteurs  voisines.  Il 
borde  les  prairies  marécageuses ,  ombrageant  les  TroUius  et 
les  narcisses  qui  croissent  à  ses  pieds  et  parfumant  les 
vallées  de  son  feuillage  odorant.  Tantôt  c'est  un  arbrisseau 
dont  la  cime  arrondie  simule  un  oranger,  tantôt  c'est  un 
grand  arbre  dont  l'écorce  grise  est  fendillée.  Ses  feuilles 
sont  vertes  des  deux  côtés ,  finement  réticulées ,  un  peu 
visqueuses  et  dentées.  Elles  sont  pétiolées  sur  des  rameaux 
à  écorce  verte  et  lisse.  Les  fleurs  naissent  après  les  feuilles 
et  sont  disposées  en  chatons  odorants  et  courts.  Les  mâles 
ont  5  étamines  ;  les  femelles ,  moins  nombreuses  que  les 
mâles ,  se  transforment  en  capsules  courtes  et  pédicellées 
qni  s'entr'ouvrent  et  livrent  au  vent  des  montagnes  des  se- 
mences couronnées  par  de  légères  aigrettes  argentées.  — 
Il  fleurit  en  ma^et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  sur  les  terrains 
siliceux,  tourbeux  et  volcaniques  des  montagnes.  En  Au- 
vergne, on  le  trouve  depuis  TOO'"  jusqu'à  1,400"'.  DeCan- 
dolle  le  cite  au  mont  Cenis  à  2,000™.  Tenore  dit  au  con- 
traire que  dans  le  midi  de  l'Italie  il  reste  au  niveau  de  la 
mer.  Wahlenberg  le  cite  çà  et  là ,  en  Suisse ,  dans  les  lieux 
subalpins. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  dans  la  France 
centrale ,  dans  les  Pyrénées  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  — 
Au  nord,  il  existe  en  Belgique,  en  Allemagne,  dans  toute 
la  Scandinavie  y  compris  la  Laponie,  jusqu'au  70°  27'.  Sa 
véritable  patrie,  dit  Wahlenberg,  paraît  être  le  Nordiand 
suédois.  On  l'y  trouve  ayant  un  tronc  de  la  grosseur  du 
corps  d'un  homme.  Les  chatons  femelles  sont  épais  et  courts, 
les  feuilles  sont  le  plus  souvent  oblongues  ;  la  plupart  ce- 
pendant sont  tellement  élargies  dans  le  milieu  du  limbe 


SALix.  367 

qu'elles  prennent  la  forme  elliptique.  On  trouve  encore  ce 
saule  en  Angleterre ,  en  Irlande  et  en  Islande ,  et  nullement 
dans  les  archipels  qui  semblent  autant  de  relais  entre  ces 
diverses  contrées.  —  A  l'occident ,  il  reste  en  Islande.  — 
A  l'orient,  il  croît  en  Suisse,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en 
Transylvanie ,  en  Turquie ,  dans  le  Caucase ,  dans  toutes 
les  Russies,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du 
Baïkal  et  orientale,  dans  la  Dahurie  et  le  Kamtschatka. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40»      | Ecart  en  platitude  : 

AVi/,  Altenfiord 70       )  30° 

Occident,  Islande 22  0.  ")  Ecart  en  longitude  : 

Onenf ,  Kamtschatka 170  E.)  192« 

Carré  d'expansion 5760 

Salix  FRAGiLis.  Lin.  — Ce  saule  est  commun  sur  le  bord 
des  rivières  et  des  ruisseaux ,  oii  il  s'élève  en  arbres  de 
moyenne  grandeur  et  où  il  reste  aussi  sous  forme  de  buis- 
sons rameux.  Ses  rameaux  sont  nombreux,  un  peu  étalés, 
fragiles  à  leur  point  d'attache  et  couverts  d'une  écorce  verte. 
Ses  feuilles  sont  oblongues ,  lancéolées ,  denticulées ,  très- 
lisses,  et  se  terminent  en  pointe  allongée.  Les  feuilles  in- 
férieures de  chaque  pousse  sont  plus  petites  et  plus  obtuses. 
Ses  fleurs  paraissent  après  les  feuilles  en  chatons  cylindri- 
ques ,  allongés  et  clairsemés.  Le  pédoncule  porte  3  à  5  feuil- 
les dont  la  supérieure  est  plus  longue  que  les  autres.  L'axe 
du  chaton  est  velu.  Les  fleurs  mâles  ont  2 ,  3  et  rarement 
4  étamines.  Les  capsules  sont  allongées ,  pédicellées  et  en- 
tièrement glabres.  —  11  fleurit  en  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol,  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 


368  AMENTACÉES. 

humides  et  siliceux  de  la  plaine  et  des  montagnes.  DeCan- 
dolle  le  cite  à  0  à  Abbeviile  et  à  1 ,500™  dans  les  Alpes  et  le 
Jura.  Tenore  l'indique  au  niveau  delà  mer  seulement,  et 
en  Auvergne  il  se  tient  aussi  entre  300  et  800™.  Ledebour 
le  mentionne  entre  400  et  800™  dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France ,  en  Espa- 
gne, en  Italie,  en  Sicile.  —  Au  nord,  il  existe  en  Belgi- 
que ,  en  Allemagne ,  en  Danemarck ,  en  Gothie ,  dans  la 
Suède  et  la  Finlande  australes,  en  x\ngleterre  et  en  Irlande. 
—  A  l'occident,  il  est  en  Portugal.  —  A  l'Orient,  il  ha- 
bite la  Suisse ,  la  Dalmatie ,  la  Croatie ,  la  Hongrie ,  la 
Transylvanie  ,  la  Grèce  ,  la  Turquie  ,  la  Tauride ,  le  Cau- 
case, la  Géorgie,  les  Russies  septentrionale,  moyenne  et 
australe,  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï  et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Sicile 38"      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Finlande G3        '  25« 

Occident,  Portugal 10        )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  du  Baïkal . . . .   1 IG   E.  j  1 26» 

Carré  d'expansion 3150 

Salix  alba.  Lin.  —  Les  bords  des  rivières  et  des  fossés, 
les  prairies  humides ,  les  îles  des  lacs ,  des  étangs  et  des 
cours  d'eau  nous  offrent  cet  arbre  magnifique  ,  le  plus  beau 
de  tous  les  saules  ,  mais  que  nous  trouvons  rarement  dans 
toute  la  plénitude  de  sa  végétation.  C'est  alors  un  grand 
arbre  dont  l'écorce  est  lisse  et  cendrée ,  souvent  verte  ou 
rouge  sur  les  jeunes  rameaux.  Il  s'élève  en  pyramide  comme 
les  peupliers ,  et  ses  branches  llexibles ,  presque  toujours 
agitées  par  le  moindre  vent ,  nous  montrent  alternativement 


sALix.  369 

ie  vert  pur  ou  le  duvet  argenté  de  ses  feuilles.  Ses  feuilles 
sont  allongées  ,  pointues ,  denticulées.  Ses  fleurs ,  qui  nais- 
sent aussi  après  l'apparition  des  feuilles,  sont  disposées  en 
chatons  jaunes,  odorants,  oblongs,  clairsemés  et  flexibles. 
Les  fleurs  mâles  ont  2  étamines  velues  à  leur  base.  —  Il 
fleurit  en  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et 
végète  sur  tous  les  sols  mouillés  de  la  plaine  et  des  monta- 
gnes peu  élevées.  De  Candolle  l'indique  jusqu'à  1,500", 
dans  les  Alpes  et  dans  le  Jura  ;  Ledebour  le  cite  dans  le 
Caucase,  entre  400  et  1,000™. 

Géographie.  —  Cet  arbre  est  très-répandu  sur  le  plateau 
central  de  la  France,  oii  les  mâles  sont  bien  plus  communs 
que  les  femelles,  ce  qui  est  l'inverse  de  ce  qui  a  lieu  pour  le 
S.  pentandra.  Nous  doutons  cependant  qu'il  y  soit  bien 
spontané.  —  Au  sud ,  il  vit  en  Espagne,  en  Italie  ,  en  Si- 
cile. —  Au  nord  ,  dans  toute  l'Europe  centrale  ,  en  Dane- 
marck ,  en  Gothie  ,  dans  la  Suède  et  la  Norvège  aus- 
trales, à  Saint-Pétersbourg,  en  Angleterre  et  en  Irlande. 
—  A  l'occident,  il  existe  en  Portugal.  —  A  l'orient, 
dans  toute  l'Europe  ,  dans  le  Caucase  ,  la  Géorgie  ,  les 
Russies  moyenne  et  australe  ,  les  Sibéries  de  l'Oural, 
de  l'Altaï  et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Sicile 38^     ) Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Russie 60       j  22» 

Occident,  Irlande 11       \  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  du  Baïkal 1 16  E.  i  127° 

Carré  d'expansion 2794 

Salix  AMYGDALiNA  ,  Lin.  —  Ce  joli  Salix  est  commun 


VIII 


24 


370  AMENTACÉES.  * 

sur  le  bord  des  eaux  ,  dans  les  fourrés  des  bords  des  rivières 
et  des  ruisseaux,  oii  il  forme  quelquefois,  à  lui  seul,  de  petits 
bosquets.  Il  reste  le  plus  souvent  à  l'état  d'arbrisseau.  Son 
écorce  est  grise  et  se  détache  chaque  année  par  plaques 
minces;  celle  des  jeunes  rameaux  est  d'un  pourpre  foncé  et 
presque  noir.  Les  feuilles  sont  minces,  oblongues,  fermes, 
dentées ,  lisses  des  deux  côtés ,  et  accompagnées  de  2  sti- 
pules dentées  ou  réniformes.  Les  fleurs  sont  en  chatons 
oblongs,  nombreux,  bien  garnis,  d'un  beau  jaune  et  à  3  éta- 
mines.  Ses  capsules  sont  ovales,  obtuses,  et  les  stigmates 
sessiles.  —  11  fleurit  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  le  trouve  sur  tous 
les  sols  humides  ;  il  préfère  cependant  les  terrains  siliceux 
et  sablonneux  et  reste  dans  les  plaines  ou  dans  les  monta- 
gnes peu  élevées. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France ,  en  Espagne  , 
en  Grèce.  —  Au  nord  ,  il  est  disséminé  dans  toute  l'Europe 
centrale ,  jusque  dans  la  Scandinavie  où  il  croît  aussi  le  long 
des  rivières  et  surtout  dans  les  lits  rocailleux  abandonnés 
par  les  eaux  torrentielles.  Il  s'arrête  aux  limites  de  la  La- 
ponie  et  se  trouve  aussi  en  Angleterre  et  en  Irlande.  —  A 
l'occident ,  il  végète  en  Portugal.  —  A  l'orient ,  on  le  ren- 
contre dans  la  Suisse  basse ,  en  Italie ,  en  Dalma'tie ,  en 
Croatie ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie ,  en  Turquie ,  dans 
le  Caucase ,  en  Géorgie  ,  dans  les  Russies  septentrionale , 
moyenne  et  australe  ,  dans  les  Sibéries de  l'Oural,  de  l'Al- 
taï et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 


Sud ,  Grèce 39°     )  Ecart  en  latitude 

Nord ,  Laponie 65       ^  26" 


s  ALIX.  371 

Occident ,  Portugal 10  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  du  Baikal 116  E.  j  126» 

Carré  d'expansion 3276 

Salix  pcrpurea  ,  Lin.  —  Cet  arbrisseau  est  très-répandu 
le  long  des  eaux,  dans  les  lieux  humides  où  il  forme  des 
buissons  aux  rameaux  allongés  et  presque  simples.  L'écorce 
des  vieux  pieds  est  cendrée  ,  celle  des  jeunes  branches  est 
hsse ,  quelquefois  verdâtre  et  presque  toujours  d'un  rouge 
purpurin.  Les  chatons  naissent  avant  les  feuilles.  Ils  sont 
courts  ,  très-serrés  et  cotonneux.  Ils  sont  situés  sur  les  bran- 
ches de  l'année  précédente.  Les  fleurs  mâles  offrent  une 
seule  anthère  à  4  loges  formée  de  2  étamines  soudées. 
Cette  anthère,  d'abord  rouge,  devient  jaune  quand  elle  est 
couverte  de  pollen ,  noire  quand  elle  est  défleurie.  Efle  s'ou- 
vre en  4  valves.  La  capsule  s'ouvre  en  2  parties  creusées 
en  nacelle  et  met  à  découvert  des  graines  munies  de  soie 
blanche  et  argentée.  Pendant  ce  temps,  les  feuilles  se  dé- 
veloppent ;  elles  sont  presque  opposées ,  presque  sessiles, 
lancéolées-linéaires ,  un  peu  dentées  en  scie  vers  le  sommet , 
glabres  et  souvent  glauques  en  dessous.  Après  la  chute  des 
chatons ,  on  voit  naître  sur  le  point  même  qui  portait  le 
chaton  desséché  1  ou  2  bourgeons  foliacés  qui  se  dévelop- 
pent et  regarnissent  la  branche.  —  Il  fleurit  en  avril  et  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  II  végète  sur  tous  les 
terrains  mouillés ,  mais  il  semble  préférer  ceux  qui  sont  si- 
liceux et  sablonneux.  II  vit  en  plaine  et  dans  les  montaf^nes. 
M.  Boissier  le  cite  entre  1,300  et  1,900™  dans  le  midi  de 
l'Espagne. 

Géographie.  —  Il  est  plus  méridional  que  les  précé- 
dents. —  Au  sud  ,  il  atteint  le  midi  de  l'Espagne  et  l'Al- 
gérie. —  Au  nord ,  il  est  répandu  dans  tout  le  centre  de 


372  AMENTACÉES. 

l'Europe ,  en  Danemarck ,  en  Gothie  ,  dans  la  Norvège  aus- 
trale où  il  devient  un  peu  domestique,  en  Angleterre,  en 
Irlande  et  en  Islande.  —  A  l'occident ,  il  vit  encore  en 
Portugal.  —  A  l'orient,  on  le  rencontre  en  Suisse,  en 
Italie,  en  Sicile,  en  Dalmatie,  en  Croatie,  en  Hongrie, 
en  Transylvanie  ,  en  Grèce  ,  en  Turquie ,  en  Tauride ,  dans 
le  Caucase ,  en  Géorgie ,  dans  les  Russies  moyenne  et  aus- 
trale ,  dans  les  Sibéries  de  l'Altaï  et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud  y  Algérie 35"      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Islande 65       )  30° 

Occident ,  Islande 22  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

On>n/,  Sibérie  du  Baïkal..    .    116  E.j  138« 

Carré  d'expansion .    4H0 

Salix  rubra  ,  Huds.  —  Il  croît  comme  les  autres  sau- 
les dans  les  lieux  humides ,  sur  les  bords  des  ruisseaux  et 
des  rivières.  C'est  un  arbrisseau  peu  élevé,  dont  l'écorce  est 
grise,  cendrée  ou  rougeâtre,  selon  l'âge  des  rameaux.  Ses 
feuilles  sont  longues  ,  lancéolées  ,  linéaires  ,  très-légère- 
ment dentelées,  un  peu  pubescentes  en  dessous  et  accom- 
pagnées de  stipules  linéaires  et  aiguës.  Les  chatons,  qui  se 
développent  avant  les  feuilles,  sont  cyhndriques,  sessiles,  et 
portent  à  leur  base  quelques  bractées.  Les  fleurs  mâles  ont 
2  étamines  un  peu  soudées  parles  filets,  et  les  périgones  sont 
bruns,  ovales  et  velus.  Les  ovaires,  sessiles  et  soyeux,  sont 
surmontés  de  styles  allongés  munis  de  stigmates  aplatis.  — 
Il  (leurit  en  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  aquatique  ,  indif- 
férent et  habite  les  plaines  ou  les  montagnes  peu  élevées. 


sALix.  373 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  en  France  et 
en  Lombardie.  —  Au  nord  ,  il  existe  en  Belgique  ,  en  Al- 
lemagne ,  en  Danemarck ,  en  Gothie  et  en  Suède  où  il  est 
seulement  sporadique  ,  en  Angleterre  ,  où  il  trouve  sa  li- 
mite occidentale.  —  A  l'orient,  il  est  cité  en  Suisse,  en 
Croatie ,  en  Hongrie ,  en  Transylvanie  ,  dans  le  Caucase  et 
dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  cV extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Lombardie 45°      ^  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Angleterre 56       j  11" 

Occident,  Angleterre 6  0.  \  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Caucase.. 46  E. )  52» 

Carré  d'expansion 572 

Salix  viminalis,  Lin.  —  On  le  trouve  sur  le  bord  des 
rivières  ou  planté  dans  les  lieux  humides.  Il  ne  forme  jamais 
un  arbre  ,  mais  un  arbrisseau  dont  l'écorce  de  la  tige  est 
brune,  verte  ou  pointillée ,  tandis  que  celle  des  rameaux,  qui 
sont  très-flexibles,  est  d'un  pourpre  presque  noir.  Ses  feuilles 
sont  minces,  très-longues,  un  peu  soyeuses  en  dessous  et 
légèrement  roulées  sur  leurs  bords.  Les  chatons  mâles  sont 
oblongs,  cylindriques,  sessiles  et  clairsemés.  Les  styles  des 
fleurs  femelles  sont  allongés.  —  Il  fleurit  en  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  sur  tous  les  ter- 
rains pourvu  qu'ils  soient  humides,  et  reste  en  plaine  ou  dans 
les  montagnes  peu  élevées. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  végète  en  France  et  en  Espa- 
gne. —  Au  nord  ,  en  Belgique  ,  en  Allemagne  ,  en  Dane- 
marck ,  dans  la  Gothie  et  la  Norvège  australes ,  en  Angle- 
terre et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  il  est  en  Portugal.  — 


374"  AMENTACÉES. 

A  l'orient ,  il  existe  en  Suisse ,  en  Italie,  en  Dalmatie,  en 
Hongrie,  en  Croatie,  en  Transylvanie ,  en  Grèce,  en  Tur- 
quie ,  dans  les  Russies  septentrionale ,  moyenne  et  australe, 
dans  les  Sibéries  de  l'Altaï  et  du  Baïkal  et  en  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Espagne 39°     |  Écart  en  latitude  : 

Nord,  Finlande Gl       j  22« 

Occident ,  Portugal 11       ")  Écart  en  longitude  • 

Orient ,  Dahurie 119  eJ  130« 

Carré  d'expansion 2860 

Salix  Seringeana,  Gaud.  —  Arbrisseau  qui  croît  dans 
les  lieux  humides  et  pierreux  et  reste  ordinairement  sous  la 
forme  de  buisson.  Ses  rameaux  très-flexibles  sont  munis  de 
feuilles  lancéolées ,  minces ,  réticulées  avec  stipules  lan- 
céolées. Ses  chatons  sont  précoces  et  cylindriques.  — Il  fleu- 
rit en  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  ne  le  connaissons 
que  sur  les  terrains  calcaires  et  rocailleux. 

Géographie.  — Au  sud  ,  il  a  sa  limite  dans  la  Lozère.  — 
Au  nord ,  il  croît  en  Belgique  ,  près  de  Luxembourg.  —  A 
l'occident,  il  reste  en  France.  —  A  l'orient,  on  le  connaît 
en  Tyrol ,  en  Carniole  et  en  Suisse  ;  dans  cette  dernière  con- 
trée, la  femelle  a  été  trouvée  dans  le  Simmenthal ,  sur  les 
bords  du  lac  deThoun  à  l'embouchure  de  la  Kandel ,  et  le 
mâle  uniquement  aux  environs  de  Vevey. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  France 44**      \  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Belgique 51        (  13° 


SALix.  375 

Occident ,  France 0  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Tyo\ 10  E.  j  10« 

Carré  d'expansion J  30 

Salix  incana,  Schrank.  —  Il  végète  en  abondance  le 
long  des  rivières  et  des  torrents ,  où  il  vit  en  société  et  où 
il  ("orme  de  charmants  bosquets;  il  reste  le  plus  ordinaire- 
ment très-près  des  eaux  ,  et  c'est  à  lui  que  l'on  doit ,  en 
grande  partie ,  cette  fraîche  verdure  qui  annonce  le  prin- 
temps sur  les  rives  des  fleuves  et  de  leurs  îles ,  dans  les 
régions  méridionales.  Il  ne  s'élève  pas  en  arbre ,  mais  il 
constitue  de  grands  arbrisseaux  dont  l'écorce ,  d'un  vert 
brun,  est  assez  souvent  ponctuée.  Les  feuilles  sont  nom- 
breuses ,  très-longues ,  presque  entières ,  d'un  vert  assez 
foncé  en  dessus,  cotonneuses  en  dessous  et  à  bords  légère- 
ment roulés.  Les  chatons  paraissent  avant  les  feuilles.  Ils 
sont  minces ,  allongés  et  toujours  un  peu  courbés  à  l'épo- 
que de  la  fécondation;  leur  axe  est  velu,  garni  d'écaillés 
allongées  et  couchées  les  unes  sur  les  autres.  Les  éta- 
mines ,  au  nombre  de  2 ,  sont  soudées  par  leurs  filets ,  et 
répandent ,  au  moment  même  où  elles  apparaissent ,  un 
pollen  glutineux  comme  celui  de  tous  les  saules.  Les  stig- 
mates sont  libres,  verdàtres.  La  capsule  est  glabre ,  verte, 
puis  jaunâtre  ,  allongée  et  pédicellée.  —  Il  fleurit  en 
avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  aquatique  et  re- 
cherche les  terrains  vaseux ,  détritiques  ou  sablonneux  de 
la  plaine  et  des  montagnes  peu  élevées. 

Géographie.  — Au  sud  ,  il  vit  en  France,  dans  les  Py- 
rénées ,  en  Espagne  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord, 
il  existe  en  Belgique,  en  Allemagne ,  en  Bavière.  —  A  l'oc- 
cident, il  reste  en  Espagne.  — A  l'orient ,  on  le  trouve  en 


376  AMENTACÉES. 

Suisse,  enDalmatie,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylva- 
nie ,  en  Turquie.  ^ 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Midi  de  l'Italie 40«      j  Écart  en  latitude  : 

iVorrf,  Belgique 50  10° 

Occident ,  Espagne 5  0.  | Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Transylvanie 22   E.  i  27« 

Carré  d'expansion 270 


Salix  cinerea  ,  Lin.  —  Arbrisseau  plus  petit  que  le  S. 
caprœa  ,  mais  plus  répandu  encore ,  et  formant  des  buissons 
et  quelquefois  des  cimes  arrondies  dans  les  haies ,  dans  les 
bois  humides  et  sur  le  bord  des  eaux  oiî  il  contraste  par  son 
feuillage  d'un  gris  cendré  avec  le  vert  pur  des  autres  arbres. 
Son  écorce  est  grise  ou  verdûtre ,  celle  des  rameaux  est 
brune ,  et  les  branches  sont  fréquemment  pubescentes  au 
sommet.  Ses  feuilles  sont  ovales,  un  peu  oblongues ,  rétré- 
cies  a  la  base,  pointues,  un  peu  crénelées  et  ondulées  sur 
les  bords  et  couvertes,  surtout  en  dessous,  de  poils  courts  et 
serrés  qui  leur  donnent  une  couleur  cendrée.  Elles  offrent 
des  nervures  réticulées,  de  couleur  rousse,  dans  une  variété 
décrite  par  de  Candolle  sous  le  nom  de  S.  rufinervis,  et 
qui  est  peut-être  une  espèce  tranchée.  Les  stipules  sont 
arrondies,  un  peu  dentées.  Les  fleurs,  un  peu  moins  précoces 
que  celles  du  S.  caprœa,  naissent  pourtant  de  très-bonne 
heure.  Les  chatons  mâles  sont  ovoïdes,  presque  sessiles,  garnis 
d'écaillés  brunes  ,  obtuses  et  de  longs  poils  soyeux.  Les  filets 
des  étaraines  sont  glabres  et  très-longs  après  l'anthèse. 
Les  chatons  femelles  sont  oblongs,  moins  soyeux  que  les 
mâles ,  garnis  d'ovaires  coniques  et  velus.  Le  style  est  court 


s  ALIX.  377 

et  terminé  par  2  stigmates  aplatis.  —  Il  fleurit  en  avril  et 
en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  le  trouve  sur  tous  les 
terrains  frais  et  humides,  mais  il  préfère  les  sols  siliceux.  Il 
existe  également  dans  les  plaines  et  dans  les  montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  trouve  en  France  ,  dans 
le  nord  de  l'Espagne  ,  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord, 
i!  existe  dans  toute  l'Europe  centrale,  dans  toute  la  Scan- 
dinavie ,  jusqu'à  la  Laponie  australe ,  en  Finlande ,  en  An- 
gleterre ,  en  Irlande  et  dans  les  archipels  anglais.  —  A  l'oc- 
cident, il  vit  aussi  dans  les  Asturies.  —  A  l'orient,  on  le 
connaît  en  Suisse  ,  en  Dalmatie  ,  en  Croatie ,  en  Hongrie  , 
en  Transylvanie  ,  en  Grèce  ,  en  Turquie ,  dans  le  Caucase  , 
en  Géorgie ,  dans  les  Russies  septentrionale,  moyenne  et 
australe  ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal 
et  au  Kamtschatka. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

5mc^,  Midi  de  l'Italie 40®      |  Écart  en  latitude: 

Nord,   Laponie 66        (  26° 

Occident ,  Asturies 10  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Kamtschatka 170  E.  *  180» 

Carré  d'expansion 4680 

Salix  CAPiLŒiA,  Lin. — Ce  saule  est  un  des  plus  communs; 
il  est  répandu  partout  dans  les  bois  humides ,  oii  souvent  il 
se  mêle  aux  hêtres  et  aux  sapins ,  sur  le  bord  des  rivières 
et  des  torrents  des  montagnes ,  dans  les  haies ,  dans  les 
buissons  et  même  sur  les  coteaux.  11  s'élève  en  arbre  et 
offre  alors  une  écorce  grise  et  fendillée  sur  le  tronc ,  une 
écorce  verte  et  lisse  sur  ses  rameaux.  Ou  voit  de  très-bonne 


378  AMENTACÉES. 

heure ,  sur  les  branches  de  l'année  précédente ,  de  gros- 
boutons  dont  l'enveloppe  extérieure  est  formée  d'une  seule 
écaille.  C'est  une  tunique  conique  parfaitement  close  ,  sou- 
dée à  sa  base  tout  autour  du  cône  qu'elle  renferme.  Cette 
écaille  est  brune  et  comme  vernissée  au  dehors  pour  défen- 
dre et  protéger  les  fleurs  qui  sont  toutes  formées  pendant 
l'hiver.  Cette  saison  finit  à  peine  que  ces  enveloppes  se  dé- 
sarticulent et  tombent ,  et  l'on  voit  sortir  des  poils  soyeux 
qui  entourent  les  fleurs,  de  nombreuses  étamines  qui  s'allon- 
gent presque  instantanément  sous  l'influence  du  soleil.  C'est 
au  sommet  du  chaton  que  les  premières  fleurs  s'épanouis- 
sent. La  floraison  continue  en  descendant  ;  mais  elle  a  heu. 
d'une  manière  inégale  par  la  situation  môme  du  chaton , 
car  les  fleurs  supérieures,  tournées  du  côté  de  la  lumière 
quand  le  chaton  est  incHné ,  s'ouvrent  avant  celles  qui  sont 
moins  éclairées ,  en  sorte  que  l'épanouissement  a  heu  par 
couronnes  obliques,  dont  la  portion  la  plus  élevée  est  toujours 
la  plus  éclairée.  Le  pollen  des  saules  ne  s'échappe  pas  en 
nuages  de  poussière  comme  celui  des  peupliers  ;  il  est  lourd 
et  visqueux ,  et  la  brise  du  printemps  qui ,  à  cette  époque , 
emporte  le  parfum  des  fleurs  qui  éclosent  en  abondance  ,  ne 
peut  entraîner  dans  les  airs  la  poussière  vivifiante  des  an- 
thères. Ce  sont  les  insectes  qui  sont  chargés  de  ce  soin  ;  aussi 
voit-on  constamment  les  chatons  entourés  d'essaims  qui 
bourdonnent,  et  sous  le  ciel  glacé  de  la  Laponie,  comme 
sur  les  zones  élevées  des  montagnes ,  le  réveil  des  insectes 
coïncide  avec  la  floraison  de  ces  saules  qui ,  les  premiers , 
signalent  la  vie  au  sein  des  forêts  depuis  si  longtemps  silen- 
cieuses. Les  chatons  femelles  sont  oblongs ,  portés  sur  un 
pédicelle  un  peu  plus  long  et  garni  de  quelques  feuilles 
soyeuses  ;  la  capsule  est  pubescente ,  pédicellée  et  renflée 
à  la  base.  —  Au-dessous  des  boutons  à  fleur  se  trouvent 


SALix.  379 

des  bourgeons  plas  petits  et  pointus ,  d'un  jaune  verdâtre , 
appliqués  contre  l'écorce  verte  des  branches,  et  qui  ne  mon- 
trent leurs  feuilles  qu'après  la  floraison.  Ces  feuilles  sont 
épaisses  ,  ovales ,  ridées ,  larges ,  un  peu  dentées  ou  ondu- 
lées sur  les  bords,  velues,  blanchâtres  ou  cotonneuses  en 
dessous.  —  Les  graines  aigrettées  de  ce  saule  et  des  autres 
espèces ,  comme  celles  des  peupliers ,  germent  en  général 
très-vite  et  lèvent  en  quelques  jours ,  lorsque  le  vent  les 
dépose  sur  la  terre  humide  des  bords  des  rivières ,  et  sur- 
tout si  d'autres  végétaux  les  ombragent.  Il  n'est  pas  rare 
de  voir,  à  la  fin  de  l'automne ,  ces  lieux  couverts  de  jeunes 
arbres  qui  déjà  ont  atteint  10  à  15  centimètres  de  hauteur. 
—  Le  saule  marceau  fleurit  en  mars  et  en  avril,  quelquefois 
en  février. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Il  est  indifférent,  croît 
sur  tous  les  terrains ,  et  s'élève  aussi  dans  les  montagnes. 
Tenore  ne  l'indique  en  Italie  que  de  100  à  300™,  tandis 
que  M.  Boissier  le  cite  en  Espagne  entre  1,900  et  2,100™; 
dans  le  Caucase  il  atteint  2,400,  et  1,400™  dans  le  Ta- 
liisch.  En  Auvergne,  il  ne  dépasse  pas  1 ,200™.  M.  E.  Robert 
le  mentionne  en  Islande  avec  le  bouleau ,  et  il  dit  que  le 
saule  s'élève  plus  haut  sur  les  montagnes ,  et  qu'il  arrive  à 
la  limite  des  neiges  perpétuelles. 

Géographie.  —  Il  croît ,  au  sud  ,  en  France  et  jusque 
dans  le  midi  de  l'Espagne.  —  Au  nord  ,  il  existe  dans 
toute  l'Europe ,  même  en  Laponie ,  dans  les  lieux  secs  et 
fertiles  de  la  région  sjlvatique  ;  ses  jeunes  feuilles  ,  dit 
Vahlenberg ,  y  brillent  par  la  présence  d'un  duvet  très- 
dense.  Il  est  aussi  en  Angleterre ,  en  Irlande ,  aux  Feroë 
et  en  Islande.  —  C'est  dans  cette  dernière  contrée  qu'il 
rencontre  sa  limite  occidentale.  —  A  l'orient ,  il  vit  aussi 
dans  toute  l'Europe,  dans  le  Caucase,  la  Géorgie,  l'Ar- 


380  AMENTACÉES. 

ménie,  toutes  les  Russies,  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Al- 
taï, du  Baïkal  et  orientale. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Midi  de  Espagne 36»     ^  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 69       j  33° 

Occident ,  Islande 21  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

On'enf,  Sibérie  orientale 163   E.  »  184*^ 

Carré  d'expansion 6072 

Sàlix  aurita  ,  Lin.  —  On  le  rencontre  dans  les  bois , 
dans  les  prés  tourbeux  ,  sur  les  bords  marécageux  des  lacs 
et  des  étangs,  11  ressemble  au  précédent,  mais  il  s'élève 
moins.  Il  est  plus  buissonneux .  Il  lleurit  aussi  avant  de  feuiller. 
Ses  chatons  sont  ovales  ;  les  filets  des  étamines  sont  soudés 
et  les  fleurs  accompagnées  d'écaillés  lancéolées  et  velues.  La 
capsule  est  oblongue,  les  feuilles  sont  ovales,  un  peu  lan- 
céolées, accompagnées  de  stipules  larges  et  persistantes. —  Il 
fleurit  en  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
humides,  siliceux  et  détritiques,  préférant  les  montagnes 
aux  plaines.  Nous  le  trouvons  en  Auvergne  jusqu'à  1,200"". 
Ledebour  le  cite  dans  le  Caucase  jusqu'à  2,200"". 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  >it  en  France  et  dans  le 
midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  dans  toute  l'Europe  jusque 
dans  les  forêts  humides  de  la  Laponie  ,  en  Angleterre  ,  en 
Irlande  et  dans  les  archipels  anglais.  —  A  l'occident ,  il 
ne  dépasse  pas  l'Irlande,  —  A  l'orient,  il  existe  en  Suisse, 
en  Dalmatie ,  en  Croatie ,  en  Hongrie ,  en  Turquie  ,  dans 
le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  toutes  les  Russies  et  dans  la 
Sibérie  de  l'Altaï. 


SALIX.  381 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40«      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 68       j  28'» 

Occident ,  Irlande 1 2  O.  "^  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  altaïque 97   E.  j  109» 

Carré  d'expansion 3052 

Salix  phylicifolia  ,  Lin.  — Ce  saule  ,  qui  constitue 
des  buissons  rameux  et  souvent  rabougris ,  croît  abondam- 
ment dans  les  lieux  tourbeux  et  marécageux ,  le  long  des 
ruisseaux  et  sur  les  pentes  des  montagnes.  Son  écorce  est 
glabre ,  mince ,  d'un  beau  rouge  ;  ses  feuilles  sont  pétiolées, 
obtuses,  un  peu  ondulées,  dentées  ,  très-glabres  et  un  peu 
glauques  en  dessous.  Les  chatons  paraissent  peu  de  temps 
après  l'épanouissement  des  feuilles  ;  ils  sont  assez  longs  , 
cylindriques  ;  leur  axe  est  pubescent  ;  les  étamines ,  au  nom- 
bre de  2, 3  ou  4,  ont  les  filets  jaunes  et  allongés.  Les  ovaires 
sont  allongés ,  glabres ,  d'un  vert  foncé  et  se  transforment 
en  capsules  pédicellées.  —  lUleurit  en  mai ,  en  juin  ,  ou  en 
juillet ,  selon  son  altitude. 

Nature  du  sol.  - —  Altitude.  —  Terrains  tourbeux ,  si- 
liceux et  détritiques  des  montagnes.  Il  atteint  en  Auvergne 
1,500™. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  trouve  dans  le  centre  de 
la  France  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord ,  il  est 
disséminé  dans  l'Europe  centrale  ,  dans  la  Scandinavie  ,  et 
arrive  en  Laponie  oùil  est  commun  dans  les  lieux  ombragés; 
il  vit  aussi  en  Angleterre  où  il  a  sa  limite  occidentale.  —  A 
l'orient,  il  végète  en  Suisse ,  dans  les  buissons  humides  de  la 
plaine  et  de  la  montagne,  en  Hongrie  ,  dans  toutes  les  Rus- 
sies,  dans  la  Sibérie  du  Baïkal  et  au  Kamtschatka. 


382  AJIENTACÉES. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Midi  de  l'Italie 40»      |  Ecart  en  latitude  . 

Nord,  Laponie 70       i  30» 

Occident ,  Angleterre 7  O.  |  Ecart  en  longitude  : 

Onew/ ,  Kamtschatka 170   E.  î  177o 

Carré  d'expansion 5310 

Salix  repens,  Lin.  —  Comme  l'indique  son  nom,  ce 
saule  offre  des  tiges  rampantes  souvent  cachées  dans  les 
Sphagmim  ou  dans  les  herbes  des  marais  et  des  lieux  tour- 
beux où  il  végète.  Ses  rameaux,  munis  d'une  écorce  grise 
ou  jaunâtre,  se  redressent  au-dessus  des  mousses.  Ils  sont 
munis  de  feuilles,  dont  les  inférieures  sont  opposées  et  les 
supérieures  alternes  ;  ces  feuilles,  portées  sur  des  pétioles 
très-courts,  sont  ovales,  entières,  légèrement  velues  en  des- 
s  s,  et  couvertes  en  dessous  d'un  duvet  serré  qui  les  fait  pa- 
raître soyeuses ,  glauques  ou  argentées.  Les  jeunes  pousses 
de  l'année  sont  velues.  Les  chatons  sont  petits,  elliptiques , 
presque  sessiles ,  accompagnés  de  2  ou  3  feuilles  florales.  La 
fleur  mâle  a  2  étamines.  —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  végète  sur  les  terrains 
siliceux,  tourbeux  et  détritiques  des  montagnes  et  des  plaines, 
car  M.  Lloyd  l'indique  à  Nantes  sur  les  sables  maritimes  où 
il  joue  un  grand  rôle.  En  Auvergne  nous  le  rencontrons  en- 
tre 1,200  et  1,500™. 

Géographie. —  Au  sud,  il  existe  en  France,  dans  les 
Pyrénées.  — Au  nord  ,  il  croît  en  Belgique  ,  en  Allemagne , 
dans  une  grande  partie  de  la  Scandinavie,  en  Angleterre, 
en  Irlande  et  en  Islande  où  il  habite  les  prairies  herbeuses, 
et  où  il  trouve  sa  limite  occidentale.  —  A  l'orient ,  il  vit 
en  Suisse,  en  Autriche ,  en  Hongrie  ,  en  Croatie  ,  en  Tran- 


sALix.  383 

sylvanie,  dans  toutes  les  Russies ,  dans  les  Sibéries  de  l'Ou- 
ral, de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  en  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Pyrénées 43°      ,  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Islande 65       j  22® 

Occident ,  Islande 20  O.  ^  Écart  en  longitude  : 

One/?/,  Dahurie 119  E.}  139° 

Carré  d'expansion 3058 

Salix  lappoxum  ,  Lin.  —  Ce  saule  est  abondamment 
répandu  dans  les  marais  des  montagnes ,  dans  les  lieux  tour- 
beux et  arrosés  parles  eaux  froides  qui  résultent  de  la  fonte 
des  neiges.  Il  forme  de  nombreux  buissons  toujours  peu 
élevés  et  souvent  rabougris  par  la  masse  pesante  des  neiges 
qui  les  compriment  pendant  une  partie  de  l'année.  Il  est 
généralement  accompagné  du  Cardamine  pratensis  ,  du 
Caltha  jmhistns ,  du  Saxifraga  stellaris  ,  du  Narcissus 
pseudo-Narcissus,  de  Y Eriophorum  vaginatum,  et  plus  tard 
du  Swertia perennis  et  an Menyanthes  trifoliata.  Son  écorce 
est  grise  ou  jaunâtre  ;  ses  feuilles  sont  étroites ,  presque 
lancéolées,  plutôt  canescentes  que  glauques,  garnies  de 
poils  argentés,  surtout  en  dehors,  et  quelquefois  velues  des 
2  côtés.  Les  chatons  sont  pédoncules.  Les  mâles  sont  ova- 
les, munis  d'étamines  d'un  rouge  orangé  ou  briqueté,  entou- 
rées d'écaillés  brunes.  Les  femelles,  un  peu  plus  allongées,  ont 
le  stigmate  sessile  et  bilobé,  couché  dans  le  duvet  qui  re- 
couvre l'ovaire.  Les  capsules  sont  sessiles,  épaisses,  obtuses, 
couvertes  d'un  coton  dense.  —  Il  fleurit  en  mai ,  en  juin  et 
en  juillet,  selon  l'altitude. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  le  trouvons  en 


384  AMENTACÉES. 

Auvergne  sur  les  terrains  siliceux ,  tourbeux ,  volcaniques 
et  détritiques  des  montagnes,  depuis  1 ,200  jusqu'à  1 ,700™. 
Il  recouvre  à  cette  hauteur  de  petits  espaces  circonscrits ,  et 
forme  un  grand  nombre  de  groupes  distincts,  et,  comme 
cela  arrive  presque  toujours ,  chaque  groupe  est  formé  par 
un  seul  sexe.  Un  fait  curieux  est  que  les  groupes  mâles  sont 
toujours  plus  rapprochés  des  lieux  où  la  neige  persiste  pen- 
dant l'été ,  de  telle  sorte  que  des  femelles  ont  déjà  laissé 
échapper  leurs  graines  cotonneuses,  quand  des  groupes  de 
mâles  se  dégageant  lentement  des  dernières  masses  de  neige 
sous  laquelle  ils  étaient  ensevehs ,  montrent  seulement  alors 
leurs  étamines  briquetées.  Il  est  certain  que  ce  ne  sont  pas 
ces  plantes  tardives  qui  peuvent  féconder  les  femelles  déjà 
fructifiées  ,  mais  comme  ce  saule  est  étage  sur  une  zone  de 
300  à  400™  et  è  des  expositions  diverses ,  les  premiers  mâ- 
les qui  fleurissent  suffisent ,  sans  doute ,  pour  répandre  le 
pollen  à  de  grandes  distances,  et  les  mâles  frileux  qui 
restent  si  longtemps  abrités  sous  leur  manteau  de  neige ,  ne 
sont  plus  qu'un  luxe  inutile  ,  une  partie  de  ce  superflu  que 
la  nature  prodigue  dans  certaines  circonstances.  — En  Lapo- 
nie  ,  il  reste  également  dans  les  montagnes ,  dépassant  600™ 
avec  les  genévriers.  Il  y  habite  les  hautes  vallées,  dit 
Walhenberg,  et  il  constitue  les  derniers  arbrisseaux  qui  for- 
ment aussi  sur  les  plateaux  des  saussaies  au  feuillage  ar- 
genté. De  là ,  il  descend  le  long  des  rivières  dans  les  ré- 
gions sylvatique  et  sous-sylvatique. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  existe  sur  le  plateau  central 
de  la  France  et  dans  les  Pyrénées.  —  Au  nord ,  en  Suisse 
oiî  il  est  très-rare,  dans  la  Scandinavie,  dans  la  Laponie, 
jusqu'au  cap  Nord,  en  Angleterre,  aux  Orcades,  aux  Feroë, 
en  Islande.  —  A  l'occident ,  il  végète  sur  les  terres  septen- 
trionales de  l'Amérique.  —  A  l'orient ,  il  croît  en  Lom- 


SALix.  385 

bardie?  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  dans 
toutes  les  Russies ,  dans  toutes  les  Sibéries  et  dans  l'Amé- 
rique russe. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Pyrénées 43°     ]  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Cap  Nord 71        |  28» 

Occident  et  Orient 360         ^'^'^  '"^  '""8'*"^'  "• 

j  360'> 

Carré  d'expansion 10080 

Salix  herbacea  ,  Lin.  —  C'est  encore  sur  les  mon- 
tagnes et  dans  les  régions  polaires  de  notre  hémisphère  qu'il 
faut  aller  chercher  ce  saule  si  différent  de  ces  beaux  arbres 
que  nous  avons  décrits.  Toujours  gêné  par  le  froid ,  toujours 
défiant  d'un  hiver  qui,  pour  lui,  dure  9  mois  de  l'année,  il 
enfonce  sous  les  végétaux  herbacés  et  sous  les  pierres  ébou- 
lées, sa  tige  traçante  et  rameuse.  A  mesure  que  les  neiges 
se  fondent ,  il  hasarde  au  dehors  quelques  rameaux  qui  se 
dressent  à  peine  et  sur  lesquels  on  aperçoit  quelques  feuilles 
lisses,  presque  rondes,  sessiles,  transparentes  et  quelquefois 
un  peu  échancrées  au  sommet ,  veinées  en  dessous.  Les 
chatons  terminent  les  rameaux.  Ils  sont  protégés  dans  leur 
jeunesse  par  le  pétiole  dilaté  de  la  feuille  avortée ,  et  sont 
formés  d'une  seule  écaille  capuchonnée.  Les  chatons  mâles, 
accompagnés  de  quelques  petites  feuilles  laurinées,  et  com- 
posés d'écaillés  foHacées ,  s'ouvrent  dès  que  la  neige  les 
abandonne ,  mais  successivement  et  lorsque  la  température 
le  permet ,  de  manière  que  le  pollen  ne  reste  pas  exposé 
aux  intempéries  de  la  saison.  Tous  les  chatons  sont  pau- 
ciflores  ;  les  femelles  ont  encore  moins  de  fleurs  que  les 
mâles ,  2 ,  3 ,  4  ou  5  seulement ,  dont  le  stigmate  est 


386  AMENTACÉES. 

souvent  quadrifide,  et  il  en  résulte  autant  de  capsules  lisses, 
assez  grandes ,  presque  sessiles ,  et  qui  prennent  généra- 
lement des  teintes  de  rouge.  Après  la  floraison ,  il  sort , 
près  du  chaton ,  un  nouveau  rameau  revêtu  de  feuilles  qui 
portent  des  bourgeons  à  leur  aisselle  ,  bourgeons  qui  doi- 
vent se  développer  l'année  suivante  en  rameaux  destinés 
aussi  à  porter  des  fleurs.  Il  résulte  de  ce  mode  de  végé- 
tation de  jolis  gazons  verdoyants  formés  par  ce  saule 
sur  les  pelouses  des  montagnes,  et  associés  aux  nombreuses 
espèces  qui  végètent  pendant  l'été  si  court  de  ces  liantes 
régions. 

Nature  du  sol.  —  AUitude.  —  Il  végète  sur  les  terrains 
siliceux  et  détritiques  des  montagnes ,  presque  toujours  à 
une  grande  élévation.  Nous  le  trouvons  en  Auvergne  à 
1,700™.  De  Candolle  lui  donne  pour  minimum  ,  dans  les 
Alpes  et  les  Pyrénées,  2,000'",  et  pour  maximum  ,  dans 
les  mômes  localités,  3,000™.  VVahienberg  le  cite  jusqu'à 
2,100"'  au  milieu  des  neiges  du  sommet  du  Saint-Gothard. 
M.  Marlins  l'a  trouvé  de  326  à  700"'  dans  l'île  de  Vinde- 
roë ,  et  Lessing  jusqu'à  020'"  aux  Loffoden. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  arrive  sur  les  hautes  mon- 
tagnes, jusque  dans  les  Pyrénées.  —  Au  nord  ,  il  est  plus 
commun  et  se  trouve  en  Allemagne,  dans  toute  la  Scan- 
dinavie, jusque  dans  l'Altenfiord ,  en  Angleterre,  en  Ir- 
lande ,  aux  Hébrides ,  aux  Orcades ,  aux  Feroë ,  en  Islande 
et  au  Spitzberg.  —  A  l'occident,  il  existe  au  Groenland, 
au  Labrador,  à  la  côte  nord-ouest  de  l'Amérique  et  dans 
les  îles  arctiques  du  Nouveau-Monde.  — A  l'orient ,  il  ha- 
bite la  Suisse ,  la  Lombardie ,  la  Croatie ,  la  Hongrie ,  la 
Transylvanie  ,  les  Russies  arctique  et  septentrionale ,  la  Si- 
bérie arctique  ,  les  Sibéries  de  l'Altaï  et  du  Baïkal,  et  la 
Dahurie. 


popuLcs.  387 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Pyrénées 43°      ^ Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Spitzberg 80       i  37» 

Occident,  Amérique 180  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Omwi,  Sibérie  arctique 161    eJ  341° 

Carré  d'expansion 1 2617 

G.  FOPULUS,  Lin. 

Bistrihulion  géographique  du  genre.  —  Les  peupliers 
sont  peut-être  de  tous  les  arbres  ceux  qui  diversifient  le  plus 
les  scènes  de  la  nature.  Tantôt  c'est  leur  forme  élancée  et 
pyramidale,  tantôt  c'est  leur  ample  feuillage,  et  d'autres  fois 
l'extrême  mobilité  de  leurs  feuilles  qui  les  font  distinguer 
dans  les  groupes  ou  dans  les  forêts.  —  On  en  connaît  25  es- 
pèces, dont  plus  de  la  moitié,  14 ,  font  l'ornement  des  par- 
ties boisées  de  l'Amérique  septentrionale.  —  8  Populus 
sont  originaires  de  l'Europe ,  de  l'Italie  ,  de  la  Grèce  ou  du 
centre.  —  3  espèces  asiatiques  habitent ,  l'une  les  Indes 
orientales ,  une  autre  la  Syrie  ,  et  la  troisième  la  Sibérie. 

PopuLCS  ALBA ,  Lin.  —  Le  règne  végétal  a  ses  colosses 
comme  le  règne  animal ,  et  certains  arbres  par  leur  volume 
prodigieux  et  leur  longue  existence  dépassent  la  grosseur  et 
la  longévité  des  animaux.  Tel  est  le  P.  alha,  quand  il  peut 
enfoncer  ses  racines  dans  les  alluvions  mouillées  des  rivières, 
'et  s'élever  en  pleine  liberté  sous  l'influence  du  soleil  du  midi. 
Son  tronc  s'élance  couvert  d'une  écorce  grise  et  lisse  d'abord, 
mais  qui  bientôt  se  fendille  et  s'écaille  comme  celle  des  vieux 
chênes.  Des  branches  noueuses ,  en  rapport  d'étendue  avec 


388  AMENTACÉES. 

le  volume  du  tronc ,  constituent  une  cime  arrondie  ou  étalée 
qui  fait  la  beauté  de  cette  espèce.  Elle  est  dioïque ,  et  ses 
branches  sont  chargées  de  deux  sortes  de  bourgeons.  Les 
uns,  stériles,  doivent  donner  des  feuilles  ;  les  plus  précoces 
sont  fertiles  et  contiennent  les  fleurs.  Au  mois  de  mars  et 
d'avril ,  les  chatons  velus  sortent  de  leurs  écailles  et  restent 
suspendus  et  flottants.  Ils  s'échappent,  comme  toutes  les 
fleurs  hâtives  ,  du  bois  de  l'année  précédente  ;  chaque 
écaille ,  chez  les  individus  mâles,  offre  un  assez  grand  nom- 
bre d'étamines  situées  dans  une  coupe  membraneuse ,  et 
chaque  fleur  femelle,  semblablement  conformée,  montre  un 
ovaire  surmonté  de  4  stigmates  papillaires  et  glutineux.  Les 
anthères  s'ouvrent  longiludinalement  par  le  milieu  de  leurs 
loges ,  et  répandent  un  pollen  grisâtre  si  abondant  que  le 
sol  de  la  forêt  en  est  couvert  au  pied  des  arbres.  Les  arbres 
mâles  ou  femelles  se  distinguent  alors  à  leur  port.  Les  mâles 
sont  plus  chargés  de  chatons.  Dans  les  femelles  ces  organes 
sont  moins  nombreux  et  plus  grêles,  et  dans  tous  deux  ils 
naissent  de  préférence  sur  les  extrémités  des  branches  su- 
périeures. Lorsque  les  chatons  mâles  jonchent  le  sol ,  et 
que  les  femelles  s'allongent  et  verdissent,  les  bourgeons 
écailleux ,  mais  non  résineux  de  ce  peuplier,  s'entr'ouvrent, 
et  il  en  sort  de  jeunes  feuilles  presque  perdues  dans  un  coton 
très-dense.  Peu  à  peu  elles  se  développent;  leur  surface 
supérieure  devient  lisse  et  d'un  vert  brun  ,  l'inférieure,  ve- 
loutée, est  grise  ou  éclatante  de  blancheur.  L'arbre  est  alors 
le  plus  bel  ornement  des  lieux  oii  il  se  rencontre.  Ses  larges 
feuilles  anguleuses  se  multiplient.  Souvent  même  le  bour- 
geon terminal  se  développe  et  continue  si  la  branche  est  vi- 
goureuse, et  des  feuilles  dont  la  forme  est  parfois  différente 
de  celle  des  premières ,  se  montrent  en  automne  sans  que 
les  premières  soient  tombées.  Plus  ordinairement,  la  branche 


popuLcs.         ,  389 

s'arrête  au  sommet,  et  un  bourgeon  latéral  contient  le  ra- 
meau de  l'année  suivante.  Pendant  ce  développement,  les 
capsules  sont  mûres ,  elles  s'ouvrent  en  deux  valves ,  et  les 
graines  paraissent  couronnées  de  petites  masses  cotonneuses 
et  légères.  Une  fois  dégagées  de  la  compression  qui  agissait 
sur  elles ,  ce  coton  étend  ses  filets ,  se  détache  des  graines 
et  forme  des  flocons  semblables  à  la  neige  que  le  vent  en- 
traîne dans  les  airs.  La  graine,  séparée  et  très-fine ,  tombe 
sur  le  sol  ou  s'envole  à  son  tour,  et  parfois  aussi,  libre  et 
mollement  enveloppée  du  léger  coton  qui  l'entoure  et  l'em- 
prisonne, elle  part  au  souflle  du  vent  et  s'arrête  au  gré  du 
hasard. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Cet  arbre  végète  sur 
tous  les  terrains  ,  mais  il  préfère  les  sols  sablonneux  et  hu- 
mides et  s'élève  peu  dans  les  montagnes. 

Géographie.  — Au  sud,  il  est  répandu  dans  le  midi  de 
la  France ,  en  Espagne ,  et,  dans  le  midi  de  ce  royaume, 
c'est  à  peu  près  le  seul  arbre ,  dit  M.  Coissier ,  que  l'on 
trouve  spontané  dans  les  parties  chaudes  du  littoral.  Il 
existe  en  Afrique,  dans  l'Atlas,  près  de  Blidah  ;  il  est 
magnifique  aux  environs  de  Philippeville  (Cosson).  —  Au 
nord,  il  vit  en  Belgique,  en  Allemagne,  en  Danemarck, 
eu  Gothie ,  dans  la  Suède  australe ,  en  Angleterre  et  en 
Irlande.  —  A  l'occident ,  on  le  cite  en  Portugal.  —  A  l'o- 
rient, il  est  rare  en  Suisse  ,  mais  assez  répandu  et  quelque- 
fois énorme,  en  Italie,  en  Sicile,  en  Dalmatie,  en  Croatie, 
en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Tauride,  en  Grèce,  en 
Turquie ,  dans  le  Caucase ,  en  Géorgie ,  autour  de  la  mer 
Noire  et  sur  les  bords  de  la  Caspienne,  dans  les  Russies 
moyenne  et  australe,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Al- 
taï, duBaïkal,  en  Dahurie  et  au  Ramtschatka. 


390  AMENTACÉES. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Barbarie 35**      I Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Suède 56       )  21«> 

Occident ,  Portugal 11  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Kamtschatka 170   E J  181» 

Carré  d'expansion 3801 

PopuL€s  Tremula,  Lin.  —  Le  peuplier  blanc  n'est  pas 
le  seul  arbre  de  ce  genre  qui  se  mêle  à  la  végétation 
vigoureuse  des  forêts.  Le  tremble  se  mélange  à  la  futaie , 
il  en  occupe  les  clairières,  et  souvent  on  le  voit  seul  essayer, 
au  milieu  des  bruyères ,  les  prémices  d'une  forêt ,  et  faire 
osciller  son  jeune  feuillage  rougi  par  les  fraîches  matinées. 
Cet  arbre  croît  avec  rapidité  ;  sonécorce,  verte  et  tendre,  se 
détache  facilement;  elle  brûle  avec  flamme  sans  être  dessé- 
chée. Ses  branches  offrent  deux  sortes  de  boutons  résineux, 
dont  les  uns  s'ouvrent  dès  la  fin  de  l'hiver  pour  livrer  pas- 
sage aux  fleurs ,  tandis  que  les  autres  se  montrent  plus  tard 
et  laissent  sortir  ces  feuilles  arrondies  et  crénelées  aux  pé- 
tioles aplatis  qui  animent  les  bois  et  les  campagnes  de  leurs 
perpétuelles  agitations.  En  effet,  quand  tout  semble  calme  et 
silencieux  dans  les  forêts,  quand  les  feuilles  des  autres 
arbres  sont  immobiles  sur  leurs  rameaux ,  on  entend  tout 
à  coup  un  bruissement  léger  ;  c'est  la  brise  qui  voyage  mys- 
térieusement ,  mais  qui  frémit  sur  le  feuillage  tremblant  du 
peuplier.  —  Ses  graines  suspendues  mûrissent  et  s'envolent 
comme  celles  du  précédent. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  le  rencontre  sur  tous 
les  terrains ,  mais  il  semble  préférer  ceux  qui  sont  siliceux 


popcLcs.  391 

et  volcaniques.  Nous  le  trouvons  en  Auvergne  sur  les  pouz- 
zolanes pures,  sur  les  alluvions ,  sur  les  laves  modernes.  Il 
atteint  facilement  1,000  à  1,200"^  d'altitude,  parmi  les 
bois  et  les  bruyères  ,  et  se  développe  abondamment  dans  les 
terres  écobuées  et  sur  les  places  où  l'on  a  fait  du  charbon. 
M.  Massot  le  cite  à  1,640™  sur  le  Canigou ,  et  M.  Sendlner 
à  1,308™  dans  les  Alpes  bavaroises.  Tenore  l'indique  en 
Italie  dans  les  dunes  de  sable ,  au  niveau  de  la  mer.  Wah- 
lenberg  dit  qu'en  Suisse  il  habite  les  forets  de  la  plaine  et 
des  montagnes ,  qu'il  s'élève  à  peine  à  la  hmite  supérieure 
du  hêtre ,  mais  qu'il  reste  toujours  moins  grand  qu'en  La- 
ponie ,  et  d'autant  plus  rabougri  qu'on  s'élève  davantage. 
Ledebour  l'indique  dans  le  Caucase  entre  500  et  1,300™. 
Géographie.  —  Au  sud,  on  le  rencontre  en  France ,  dans 
une  partie  de  l'Espagne ,  dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Sicile. 

—  Au  nord ,  il  est  répandu  dans  toute  l'Europe  centrale 
et  dans  toute  la  Scandinavie ,  y  compris  la  Laponie  oii  il 
croît  dans  les  lieux  humides  et  surtout  au  pied  des  mon- 
tagnes jusqu'à  Hammerfest,  et  môme  jusqu'au  70°  40'.  On 
le  trouve  aussi  en  Angleterre ,  en  Irlande ,  aux  Hébrides 
et  aux  Orcades.  —  A  l'occident,  il  existe  en  Portugal. 

—  A  l'orient,  en  Suisse,  en  Dalmatie,  en  Croatie,  en 
Hongrie,  en  Transylvanie  ,  en  Turquie,  en  Bulgarie,  au 
mont  Athos  ,  en  Thrace  ,  en  31acédoine ,  en  Tauride,  dans 
le  Caucase,  en  Géorgie,  à  Elisabethpol,  dans  toutes  les 
Russies,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï ,  du  Baïkal , 
orientale,  et  dans  la  Dahurie. 

Limites  cVexlension  de  l'espèce. 

Sud,  Sicile 38"      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 70       j  32» 


392  AMENTACÉES. 

Occident  y  Portugal 10  0.  )  Écart  en  longitude  : 

On'm^ ,  Sibérie  orientale 163  eJ  173» 

Carré  d^expansion 5536 

PopuLLS  MGRA,  Lin.  —  La  rapidité  et  la  lenteur  dans 
le  développement  sont  deux  caractères  opposés  que  l'on 
remarque  dans  les  arbres.  Les  peupliers,  et  notamment  le 
P.  nigra  qui  recherche  les  lieux  humides  ,  les  bords  des  ri- 
vières et  des  ruisseaux  ,  s'y  développe  avec  vigueur.  Ses 
graines  y  lèvent  très-vite,  et  de  petits  taillis  de  saules  et  de 
peupliers  se  forment  au  bord  des  eaux  si  rien  ne  vient  arrê- 
ter leur  essor.  —  Cet  arbre,  dont  l'écorce  est  d'un  gris  jau- 
nâtre ,  assez  pâle ,  offre  à  la  fois  des  bourgeons  pointus , 
rapprochés  des  branches,  et  d'autres  situés  au  sommet  des 
rameaux ,  plus  gros  et  plus  arrondis  ;  ces  derniers  renfer- 
ment les  fleurs.  Au  printemps  les  bourgeons  fertiles  s'ou- 
vrent les  premiers,  et  déjà,  depuis  quelques  temps,  les  écailles 
des  fleurs  mâles  se  sont  détachées,  quand  celles-ci,  portées 
sur  un  axe  flexueux  se  suspendent  aux  rameaux.  Alors  leurs 
étamines  s'allongent  et  les  anthères  restent  pendantes  à  l'ex- 
trémité de  leurs  fdets.  Les  moindres  vents  en  enlèvent  des 
ondes  de  pollen  dont  quelques  parcelles,  tombant  sur  les  stig- 
mates charnus  et  glutineux,  assurent  leur  fécondité.—  Peu 
de  temps  après,  le  soleil  fond  la  résine  abondante  dans  la- 
quelle les  bourgeons  stériles  sont  immergés ,  une  odeur  bal- 
samique est  répandue  dans  les  campagnes,  c'est  le  parfum 
du  printemps  que  les  jeunes  feuilles  conservent  encore  pen- 
dant quelques  semaines.  Elles  sont  jaunes  et  transparentes, 
imprégnées  de  résine  qui  leur  permet  de  résister  aux  brouil- 
lards et  aux  pluies  ,  ou  à  la  neige  fondue  qui  vient  quelque- 
fois les  inonder.  Peu  à  peu  ces  feuilles  verdissent  et  s'éten- 
dent. Le  vent  les  agile  à  chaque  instant  en  imprimant  un 


popuLLS.  393 

léger  mouvement  de  torsion  à  leur  pétiole  aplati.  Les  cap- 
sules, espacées  sur  un  pédoncule  allongé,  gonflées  par  leurs 
aigrettes ,  flottent  au  milieu  du  feuillage ,  et  la  saison  n'est 
pas  encore  avancée  que  ces  capsules  s'entr'ouvrent  et  que  l'air 
se  charge  de  flocons  d'une  extrême  finesse  qui  sont  les  voiles 
aériennes  de  ce  peuplier  des  rivages.  —  Ses  feuilles ,  à  cette 
époque,  ont  atteint  tout  leur  développement,  elles  ne  se  fon- 
cent plus  en  couleur  ;  elles  perdent ,  au  contraire ,  le  bleu 
qu'elles  ont  acquis  ;  elles  deviennent  d'un  beau  jaune  comme 
celles  du  bouleau,  et  jonchent  le  sol  des  prairies  où  le  col- 
chique montre  encore  quelques  fleurs  tardives. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Ce  peuplier  est  indiffé- 
rent et  croît  sur  tous  les  sols ,  pourvu  qu'ils  soient  humides. 
Il  s'élève  peu  dans  les  montagnes,  et  c'est  à  peine  si  en  Au- 
vergne il  atteint  800  à  1,000"".  Dans  le  midi  de  l'Espagne, 
M.  Boissier  le  cite  entre  650  et  1,600™. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  végète  en  France  et  jus- 
que dans  le  midi  de  l'Espagne.  —  Au  nord,  on  le  trouve 
dans  tout  le  centre  de  l'Europe,  en  Lithuanie,  en  Angle- 
terre ,  mais  il  n'entre  pas  en  Scandinavie.  —  A  l'occi- 
dent, il  est  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  existe  en  Suisse, 
en  Italie ,  en  Sicile ,  en  Dalmatie ,  en  Croatie ,  en  Hon- 
grie ,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en  Turquie,  en  Tau- 
ride,  dans  le  Caucase ,  dans  toute  la  Géorgie,  dans  les  Russies 
moyenne  et  australe,  et  dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de 
l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Swrf,  Midi  de  l'Espagne 36°      )  Ecart  en  latitude: 

iVorrf,  Angleterre 56       j  20° 

Occident,  Portugal 11  0.  j  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  allaïque 97  E.  |  1 18° 

Carré  d'expansion 2360 


394  ameivtâcées. 

O.  BETULA,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  bouleaux, 
comme  les  saules ,  font  l'ornement  des  paysages  des  mon- 
tagnes et  des  régions  polaires  ,  où  ils  se  présentent  au  prin- 
temps avec  leur  fraîche  verdure  et  oii  ils  contrastent  en  au- 
tomne par  leurs  feuilles  jaunissantes.  On  en  connaît  32  es- 
pèces, dont  12  américaines  habitent  les  plaines  et  les  mon- 
tagnes des  Etats-Unis,  du  Canada  et  de  l'Amérique  arcti- 
que ;  une  seule  végète  dans  les  montagnes  du  Mexique.  — 
Une  autre  lui  est  parallèle  à  la  Terre-de-Feu ,  à  la  pointe 
australe  du  Nouveau-Monde.  —  11  Beluïa  sont  originaires 
de  l'Asie ,  des  Indes  orientales  ,  du  Népaul ,  de  la  Sibérie  et 
du  Kamtschatka.  —  8  espèces  vivent  en  Europe  :  en  Italie , 
en  Sicile ,  en  Allemagne  et  en  Suisse. 

Betula  alba  ,  Lin.  —  Arbre  des  neiges  et  des  hivers  , 
le  bouleau  semble  annoncer,  par  sa  blanche  ccorce,  sa  force 
de  résistance  à  l'inclémence  des  saisons.  Son  bois  tendre  et 
peu  coloré  est  abrité  par  plusieurs  couches  superposées  d'un 
épiderme  épais  et  résineux  qui  s'enlève  transversalement 
comme  celui  du  cerisier,  et  qui ,  laissant  parfois  une  petite 
couche  d'airentre  ses  feuillets ,  empêche  le  froid  de  pénétrer 
jusqu'au  cœur  de  l'arbre.  Sa  cime  rameuse  est  formée  de 
branches  llexibles  et  suspendues  qui  rappellent  quelquefois 
l'aspect  du  saule  pleureur.  Tantôt  les  bouleaux  croissent  so- 
litaires sur  les  pentes  élevées  des  montagnes,  d'autres  fois  ils 
se  réunissent  en  bosquets  ou  en  véritables  forêts,  et  partout 
ils  ont  la  plus  grande  influence  sur  le  paysage.  Ils  se  mélan- 
gent aux  hêtres ,  aux  chênes  et  aux  saules  des  bois  ;  ils  s'é- 
lèvent en  bocages  daus  les  marais  tourbeux.  Ils  s'associent 


BETULA.  395 

au  Juniperus  communis,  nuPinussylvestris,  au  Sarotham- 
nusvulgaris,  et  l'hiver,  quand  le  brouillard  congelé  se  trans- 
forme en  givre  qui  remplace  le  feuillage ,  le  bouleau  est  alors 
l'arbre  des  frimas  ;  ses  rameaux  sont  garnis  de  blancs  pana- 
ches, ses  branches  principales  sont  couvertes  de  glaçons,  et  le 
soleil  qui  vient  briller  un  instant  dans  les  cristaux  frangés  de 
sa  cime  ,  détruit  cette  parure  hivernale ,  magnifique  et 
triste  emblème  de  deuil  et  de  désolation.  Mais  si  le  bouleau 
prête  à  l'hiver  sa  cime  vacillante  pour  y  suspendre  ses  glaces 
soyeuses  ,  le  printemps  lui  apporte  en  échange  une  de 
ses  plus  fraîches  parures.  Ses  bourgeons  résineux  sont  en- 
tr'ouverts ,  ses  feuilles  plissées  sortent  de  leur  prison  et  éta- 
lent au  soleil  leurs  tissus  transparents  et  délicats.  C'est  le 
luxe  des  climats  du  nord  et  l'annonce  aérienne  des  beaux 
jours,  alors  que  la  terre  est  encore  cachée  sous  un  voile  de 
neige.  Ces  feuilles  résineuses  enduites  d'un  vernis  imper- 
méable ,  sont  à  l'abri  de  l'eau  dégelée  qui  s'écoule  sur  elles, 
et  dès  qu'elles  paraissent  la  floraison  commence.  Les  fleurs 
mâles  et  les  fleurs  femelles  sont  séparées  sur  des  chatons  dis- 
tincts. Les  premiers,  qui  terminent  les  rameaux,  sortent  de 
boutons  formés  dès  l'année  précédente.  Ce  sont  ordinaire- 
ment 2  chatons  allongés  et  suspendus  qui  portent  une  série 
de  fleurs  à  3  écailles  dont  la  centrale  est  uniflore  et  arrondie 
et  dont  les  latérales  sont  stériles.  6  étamines  sont  placées 
sur  l'écaillé  principale;  elles  ont  leurs  filets  courts  qui  por- 
tent chacun  2  anthères  uniloculaires.  —  Les  fleurs  femelles, 
également  disposées  en  chatons,  sortent  des  bourgeons  de 
l'année.  Ces  chatons  sont  formés  d'écaifles  rapprochées,  à 
3  lobes  caduques,  et  abritant  3  fleurs.  Chaque  ovaire 
porte  2  stigmates  papillaires  d'un  rouge  vif.  —  La  dispo- 
sition des  chatons  mâles  et  des  chatons  femelles  est  telle, 
que  les  fleurs  mâles  d'un  rameau  ne  peuvent  féconder  les 


396  AMENTACÉES. 

fleurs  femelles  de  ce  même  rameau.  Leur  fécondation  est 
indirecte ,  mais  les  branches  du  bouleau  sont  étagées  et  le 
pollen  qui  descend  des  branches  supérieures  tombe  nécessai- 
rement sur  les  chatons  femelles  qui  sont  situés  au-dessous 
d'elles  ,  en  sorte  que  les  chatons  mâles  des  dernières  bran- 
ches paraissent  seuls  inutiles.  Pendant  que  la  fécondation 
s'opère,  les  feuilles  grandissent  et  se  multiplient.  Suspendues 
comme  celles  des  trembles  par  un  pétiole  aplati ,  le  moindre 
vent  les  fait  osciller,  et  ce  bruissement  des  feuilles  qui  anime 
si  fortement  les  campagnes  que  parcourent  les  brises  et  le  zé- 
phir,  appartient  surtout  à  cet  arbre  si  abondamment  répandu 
dans  les  lieux  aérés.  —  Les  fleurs  mâles  se  détachent  du 
sommet  des  branches;  l'ovaire  des  fleurs  femelles  grossit 
pendant  que  les  écailles  qui  les  accompagnent  s'élargissent, 
et  il  se  transforme  en  une  petite  samare  uniloculaire  et  mo- 
nosperme par  l'avortement  d'un  des  ovules  préexistants. — 
Vers  le  milieu  de  l'automne,  les  feuilles  des  bouleaux  de- 
viennent d'un  jaune  pur  et  contrastent  alors  avec  le  feuil- 
lage brun  du  hêtre,  avec  les  feuilles  rouges  des  cerisiers  et  des 
viormes  et  surtout  avec  le  feuillage  toujours  vert  du  genévrier 
et  du  Pinus  sylvestris.  Au  printemps  la  dissémination  com- 
mence. Les  cônes  remplis  de  graines  sont  pendants;  les 
écailles  supérieures  se  détachent  en  môme  temps  que  les 
graines,  et  après  quelques  jours  il  ne  reste  plus  sur  les  bran- 
ches fertiles  que  l'axe  fihforme  sur  lequel  ces  écailles  étaient 
implantées.  —  C'est  vers  le  20  du  mois  d'avril  que  le  bou- 
leau montre  ses  feuilles  sous  notre  chmat.  Pallas  cite  les 
bouleaux  de  Sarapoul,  situés  à  de  bonnes  expositions,  qui 
montraient  leurs  boutons  le  7  avril  1773  (t.  5,  p.  49), 
et  il  dit  ailleurs  que  cet  arbre  bourgeonnait  seulement  le 
11  juin  1772  vers  Obderskoï,  près  la  mer  Glaciale  (t.  4  , 
p.  24).  Les  saules  et  les  bouleaux  ne  commencent  à  mon- 


BETULA.  397 

trer  leurs  feuilles,  en  Sibérie,  sur  les  bords  du  lenissei  qu'à 
la  fin  de  juin  (t.  4,  p.  458).  Tandis  qu'aux  environs 
d'Uléaborg,  d'après  Acerbi ,  il  prend  ses  feuilles  le  25  mai 
et  les  perd  vers  le  25  septembre. 

ISature  du  sol.  —  Le  bouleau  végète  sur  tous  les  ter- 
rains, mais  il  a  une  préférence  marquée  pour  ceux  qui  sont  sili- 
ceux ,  sablonneux,  volcaniques  ou  détritiques.  Il  recherche 
aussi  les  sols  tourbeux. 

Altitude.  -  Il  est  échelonné  en  Europe  sur  une  ligne 
verticale  de  3, OOO^.DeCandolle  lui  assigne  ce  maximum  dans 
les  Alpes.  Mais  à  cette  hauteur  il  ne  se  présente  plus  qu'en 
buissons  rabougris.  Voici,  du  reste,  un  certain  nombre  d'al- 
titudes qui  ont  été  réunies  par  M.  A.  de  Candolle  dans  sa 
Géographie  botanique  (t.  1,  p.  280),  M.  Schouw  a  re- 
cherché sa  hauteur  degré  par  degré,  depuis  le  70"  jusqu'au 
59°  ;  il  donne  les  chiffres  suivants ,  tous  applicables  aux 
montagnes  de  la  Scandina\ie  : 


uleliM. 


70  degrés 480 

67** ,  sur  le  Sulitelma  à  l'ouest 375 

—  —       à  l'est 682 

On  voit  combien  est  grande  l'influence  de  l'exposi- 
tion sous  les  hautes  latitudes. 

Entre  la  mer  Glaciale  et  legolfede  Bothnie,  les  bou- 
leaux,selonMM.  Bravais  etMartins,cessentdecroîtreà     380 
A  cette  élévation  ,  ils  deviennent  rabougris  et  s'ar- 
rêtent entièrement  à 432 

Dans  les  mêmes  contrées,  L.  de  Buch  assigne  pour 

limite  supérieure 504 

63  à  64  ,  Scandinavie 806 

62  à  63         —        1011 

6*  —        1071 


398  AMENTACÉES. 

60,  Scandinavie 1098 

60           —        à  l'ouest 597 

59  à  60  —          932 

Ecosse  ,  monts  Grampians 640 

Montagnes  de  la  Silésie  ,  maximum 1300 

—                    —         minimum    845 

Monts  Carpathes  ,  moyenne 1110 

—  —            minimum 845 

Alpes  orientales  ,  maximum 1550 

Suisse  centrale  et  septentrionale,  maximum 1787 

—  —                  —               moyenne 1300 

—  occidentale  ,  maximum 1980 

—  —  moyenne 1785 

—  italienne 1950 

Pyrénées  ,  Canigou  ,  côté  ouest ,  moyenne 1987 

Caucase  méridional ,  moyenne 2340 

Etna  ,   revers  nord  et  ouest,  minimum 1981 

—  revers  sud  et  est,  maximum 2176 

—  moyenne 2080 

Turquie  d'Europe 1040 

Aux  îles  Loffoden  il  atteint  encore 340 

Le  bouleau  ,  dit  Wahlenberg  ,  est  très-commun  dans  les 
montagnes  basses  delà  Suisse  ;  il  monte  jusqu'à  la  limite  du 
hêtre  et  vit  alors  dans  les  marais  ;  il  atteint  jusqu'à  1,700""  et 
à  ces  hauteurs  il  devient  rabougri.  En  Auvergne,  on  le  trouve 
depuis  300  jusqu'à  1,400°». 

Géographie.  —  Cet  arbre  est  peu  méridional,  et  quoique 
commun  dans  le  centre  de  la  France ,  sur  le  plateau  cen- 
tral, il  est  arrêté  dans  la  direction  du  sud  par  la  température, 
et  la  présence  des  calcaires  ;  il  n'arrive  pas  à  Mende.  Il  se 
montre  plus  au  sud  dans  les  montagnes ,  en  Espagne,  en 
Italie  ,  en  Sicile.  —  Au  nord ,  il  est  commun  et  disséminé 


BETULA.  399 

par  petits  groupes  formant  souvent  des  bosquets  dans  tous 
les  terrains  sablonneux  du  nord  oii  il  est  surtout  associé  au 
Pimis  sylvestris  et  au  Jiiniperus  communis.  On  le  trouve 
dans  toute  la  Scandinavie  jusque  vers  le  70°  40'.  Dans  ces 
localités  de  la  Laponie  ,  il  monte  encore  dans  les  régions 
subalpines ,  il  s'approche  de  la  limite  des  neiges  où  il  est, 
dit  Wahlenberg  ,  le  seul  arbre  qui  forme  des  bosquets  clair- 
semés et  épars.  Il  monte  jusqu'aux  cols  des  montagnes  en 
suivant  les  ruisseaux.  On  le  trouve  aussi  dans  la  région  in- 
feralpine  duNordland  ,  au  pied  des  montagnes,  sur  les  pen- 
tes desquelles  il  monte  davantage,  et  se  rencontre  plus  rare- 
ment que  sur  le  versant  suédois.  Il  se  montre  aussi  dans 
toutes  les  vallées  intérieures  du  Finmarck  et  sur  les  flancs  des 
Alpes  maritimes.  Mais  les  derniers  que  l'on  rencontre ,  en 
s'élevant  sur  les  sommets  de  la  Scandinavie,  ne  sont  que  des 
arbrisseaux  faibles  et  rabougris.  Un  peu  plus  au  sud,  dans  la 
Laponie,  les  bouleaux  offrent  un  autre  caractère.  «  La  ri- 
vière d'Alten ,  dit  Acerbi ,  nous  parut  être  une  des  plus  belles 
que  nous  eussions  vues  dans  le  cours  de  nos  voyages  au  nord. 
Elle  est  formée  à  son  commencement  par  une  suite  de  lacs 
d'étendue  et  de  forme  différentes  ,  entremêlés  d'îlots  cou- 
verts de  bouleaux,  espèce  de  paysage  qui,  loin  d'avoir  une 
apparence  âpre  et  sauvage,  serait  de  nature  à  plaire  encore 
dans  un  climat  tempéré  (Acerbi ,  t.  2,  p.  341).»  —  Il  existe 
une  grande  différence  entre  la  limite  des  arbres  sur  l'ancien 
et  sur  le  nouveau  monde  ,  car,  d'après  les  relations  du  capi- 
taine Back  ,  les  dernières  apparences  d'arbres  ,  de  broussail- 
les et  de  pins  rabougris  se  montrent  à  63°  15'  latitude  nord, 
sur  le  bord  des  eaux  méridionales  qui  tombent  dans  le  grand 
lac  de  l'Esclave ,  tandis  que  sur  la  côte  occidentale  de  la 
Norvège,  comme  nous  venons  de  le  voir,  on  suit  les  bou- 
leaux jusque  sous  le  70°  parallèle  (Back,  expéd.  dans  les 


400  AMENTACÉES. 

régions  arctiques,  revue  Britan.,  avril  1836).  —  Le  bou- 
leau est  répandu  en  Angleterre  et  en  Irlande,  mais  il  n'existe 
plus  que  dans  les  tourbières  des  Shetland  et  des  Feroë.  Tou- 
tefois il  s'est  conservé  en  Islande  où  on  le  rencontre  dans 
les  golfes,  dans  les  fiords ,  sur  les  pentes  des  vallées  qui 
viennent  aboutir  à  la  mer.  Ces  arbres  sont  presque  tous 
rampants  et  contournés.  Dans  l'intérieur  des  terres,  ils  for- 
ment de  petits  groupes  dans  les  lieux  les  plus  abrités,  et  quoi- 
que les  Irlandais  ,  dit  M.  E.  Robert,  décorent  ces  brous- 
sailles du  nom  de  forêt ,  il  est  impossible  de  s'y  égarer.  On 
trouve  encore  cet  arbre  dans  le  voisinage  des  glaciers,  mais 
partout  il  cache  son  tronc  tortueux  sous  les  pierres  et  sous 
la  mousse  pour  s'abriter  du  froid  ;  il  élève  à  peine  quelques 
rameaux,  qui  plus  tard  se  recourbent,  deviennent  ram- 
pants et  contribuent  à  augmenter  les  ramifications  delà  tige 
qui  n'est  plus  qu'un  rhizome  souterrain.  Dans  ces  condi- 
tions,  il  est  presque  toujours  mêlé  au  B.  nana ,  qui  parfois 
le  remplace  complètement.  —  A  l'occident,  outre  l'Islande, 
on  le  rencontre  en  Portugal  oii  il  est  très-rare  et  réfugié  sur 
les  montagnes,  et  au  Groenland.  — A  l'orient ,  il  existe  en 
Suisse,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie;  il  forme 
de  petits  bois  dans  le  sud  de  la  Servie ,  il  est  disséminé  en 
Bosnie  et  sur  le  pied  méridional  du  Balkan  ;  il  est  aussi  dans 
le  Caucase  ,  dans  toute  la  Géorgie ,  dans  toutes  les  Russies, 
dans  toutes  les  Sibéries  et  en  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile 38°      \  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 70        \  32° 

Occident ,  Groenland 45  O.  I  Ecart  en  longitude  : 

Orient  y  Sibérie  orientale 163  E.  i  208° 

Carré  d'expansion 6656 


BETULA.  401 

Betula  pubescens,  Ehrh.  —  On  le  rencontre  dans  les 
bois  et  dans  les  marais  élevés.  C'est  un  arbre  moins  haut  que 
le  précédent,  se  présentant  assez  souvent  en  buissons  ou  en 
touffes  rameuses  plus  ou  moins  rabougries ,  selon  l'altitude. 
L'écorce  des  branches  est  fauve  ou  rougeâtre ,  et  ses  jeunes 
rameaux  dressés,  sont  tantôt  glabres,  tantôt  velus  ou  pubes- 
cents.  Les  feuilles  sont  ovales,  quelquefois  un  peu  rliom- 
boïdales ,  aiguës  et  dentées  en  scie,  d'un  vert  sombre  en 
dessus,  et  d'un  vert  plus  pâle  en  dessous,  oiî  les  nervures 
sont  un  peu  saillantes  et  réticulées.  Celles  des  jeunes  bran- 
ches sont  enduites  à  leur  naissance  d'une  sorte  de  vernis 
glutineux.  Les  chatons  femelles  sont  dressés.  —  Il  fleurit 
en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  habite  les  terrains 
siliceux  et  rocailleux ,  les  sols  volcaniques ,  détritiques  et 
tourbeux.  Il  recherche  les  lieux  élevés.  Nous  le  trouvons 
en  Auvergne  jusqu'à  1,500™.  De  Candolle  l'indique  aussi 
à  cette  altitude  dans  le  Jura  et  à  Baréges. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  existe  dans  les  Pyrénées  et 
dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord,  on  le  trouve  dans 
une  grande  partie  de  l'Europe  ,  dans  toute  la  Scandinavie , 
dans  les  lieux  rocailleux  et  dans  les  marais ,  même  en  Lapo- 
nie  jusqu'au  70°  40'.  Pallas  cite  aussi  un  bouleau  à  larges 
feuilles  près  de  la  mer  Glaciale,  dans  des  marais  où  il  est 
mêlé  à  VAndromeda  polifolia  comme  sur  les  bords  des 
lacs  élevés  de  l'Auvergne.  —  A  l'occident ,  il  est  en  Portu- 
gal. —  A  l'orient,  il  est  indiqué  en  Suisse,  en  Croatie,  en 
Hongrie,  en  Transylvanie,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie, 
dans  les  Russies  septentrionale ,  moyenne  et  australe ,  et 
dans  le  Kamtschatka ,  sans  qu'il  soit  cité  par  Ledebour  dans 
aucune  des  Sibéries. 

VIII  26 


402  AMENTACÉES. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud  >  Midi  de  l'Italie 40°      I  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 70       j  30» 

Occident,  Portugal 10  O.  ^  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Kamtschatka 170  E.)  180« 

Carré  d'expansion 5400 

G.  AiiBins,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ces  arbres  et 
arbrisseaux  ,  au  nombre  de  24 ,  appartiennent  en  nombre 
presqu'égal  à  l'Asie ,  à  l'Europe  et  à  l'Amérique  septen- 
trionale. — ,  Les  9  espèces  asiatiques  sont  très- dispersées  : 
4  sont  du  Caucase,  1  de  la  Syrie,  1  du  Japon  ,  1  du  Né- 
paul ,  1  de  la  Sibérie  et  la  dernière  des  îles  Aléoutiennes. 
—  8  croissent  en  Amérique ,  au  Mexique ,  aux  Etats-Unis, 
au  Canada  ;  une  seule  est  de  la  partie  australe  du  conti- 
nent. —  L'Europe  a  7  Alnus  :  de  l'Italie ,  de  la  Bohême , 
de  la  France  ou  de  l'Allemagne. 

Alnus  glutinosa,  Gœrtn.  —  L'aulne,  répandu  partout 
à  profusion,  habite  à  la,  fois  les  forêts  et  les  bords  des  cours 
d'eau.  Il  s'élève  sous  la  forme  de  pyramides  élégantes ,  aux 
branches  étagées,  à  l'écorce  noire  et  au  sombre  feuillage. 
Quelquefois  il  forme  à  lui  seul  de  véritables  bosquets ,  ou 
bien  il  se  mêle  au  peuplier  noir ,  aux  diverses  espèces  ,de 
saules  et  embellit  avec  eux  le  bord  des  rivières  et  des  ruis- 
seaux. Ses  racines  sont  fréquemment  garnies  de  tubercules 
ligneux  et  rougeôtres ;  son  bois,  incorruptible,  rougit  dès 
qu'il  a  le  contact  de  l'air,  et  la  longévité  de  cet  arbre  est 


ALNUS.  403 

excessive.  —  On  le  distingue  en  hiver  à  son  écorce  d'un 
brun  violacé,  toute  parsemée  de  lenticelles,  à  ses  bourgeons 
violets   très-durs  et  couverts  de  cire,  à  ses  chatons   qui 
prennent  la  même  nuance ,  et  se  couvrent  aussi  de  cette 
couche  résineuse  qui  les   met  complètement   à  l'abri  de 
l'humidité.  Dès  le  commencement  du  mois  de  juillet ,  on 
aperçoit  sur  les  aulnes  les  chatons  qui  doivent  fleurir  après 
l'hiver.  Les  premiers  jours  du  printemps  excitent  leur  déve- 
loppement bien  avant  celui  des  feuilles.  Les  chatons  mâles 
s'allongent  et  restent  suspendus.  Ils  sont  nombreux,  pana- 
chés de  jaune  et  de  violet.  Leur  axe  s'allonge ,  et  permet 
de  distinguer  des  écailles  peltées ,  plus  ou  moins  crénelées 
sur  les  bords,  et  sous  chacune  desquelles  on  distingue  3  fleurs 
munies  d'une  espèce  de  périgone  à  4  divisions  et  de  4  éta- 
mines.  Les  chatons  femelles ,  réunis  4  à  4  sur  des  pédon- 
cules rameux,  se  redressent  et  forment  de  petits  cônes  écail- 
leux,  où  chaque  écaille  montre  une  fleur  à  deux  styles  pur- 
purins. La  masse  du  pollen  qui  tombe  des  chatons  mâles 
est  considérable,  et  lorsque,  dans  les  mois  de  mars  et  d'avril, 
l'aulne  est  couvert  de  cette  multitude  de  chatons ,  il  cons- 
titue un  des  types  les  plus  remarquables  et  des  plus  étranges 
que  nous  ayons  dans  nos  contrées.  —  A  peine  la  féconda- 
tion est-elle  opérée  que  les  feuilles  visqueuses  et  odorantes 
de  l'aulne  sortent  de  leurs  bourgeons.  Elles  sont  arrondies , 
larges  et  d'un  vert  foncé.  A  mesure  que  la  saison  avance , 
de  nouvelles  feuifles  ,  qui  étaient  pliées  et  enveloppées  dans 
leurs  stipules  résineuses,  se  développent  successivement,  et 
cette  végétation  continue  ne  s'arrête  qu'à  l'entrée  de  l'hiver, 
quand  la  chaleur  devient  insuffisante  pour  l'exciter;  aussi 
le  feuillage  de  l'aulne  ne  prend  pas ,  comme  celui  des  autres 
arbres,  une  livrée  d'automne;  il  reste  vert  et  luisant,  et 
persiste  jusqu'aux  gelées  sans  perdre  de  son  éclat.  —  Les 


404  AMENTACÉES. 

lleurs  mâles  sont  tombées  depuis  longtemps ,  mais  les  cha- 
tons femelles  ont  grandi ,  ils  se  sont  transformés  en  petits 
cônes  d'un  vert  foncé,  courts  et  ovales,  dont  chaque  écaille 
s'est  épaissie.  Ces  fruits,  au  nombre  de  4  sur  le  même  pé- 
doncule ,  sont  inclinés  et  recourbés  de  telle  manière  que 
l'inférieur  est  terminal  et  le  plus  gros.  Ces  cônes  noircis- 
sent à  l'automne  ,  ouvrent  leurs  écailles  à  la  fin  de  cette 
saison,  et  répandent  des  graines  anguleuses  et  aplaties.  Le 
pédoncule  qui  soutient  ces  cônes  se  raidit  et  devient  ligneux. 
Aussi  persistent-ils  jusqu'au  delà  du  printemps  suivant,  et 
il  n'est  pas  rare  de  voir  sur  la  même  branche  les  cônes 
noircis  et  desséchés  de  l'année  précédente  et  les  chatons 
nouveaux  et  suspendus  dont  le  vent  entraîne  des  nuages 
de  pollen. 

Nature  du  soL  —  Altitude.  —  On  le  rencontre  sur  tous 
les  terrains  un  peu  mouillés ,  mais  principalement  sur  les 
sols  siliceux  et  graveleux.  Lorsque  les  ruisseaux  descendant 
des  terrains  primitifs  déposent  leurs  alluvions  sur  des  terrains 
calcaires,  on  voit  l'aulne  indiquer  par  sa  présence  la  disper- 
sion de  ce  sol  entraîné.  —  Il  végète  du  reste  dans  la  plaine 
et  dans  les  montagnes.  En  Auvergne ,  il  s'élève  jusqu'à 
1,000".  Wahlenberg  le  cite  en  Suisse  dans  les  lieux  hu- 
mides de  la  plaine  et  des  basses  montagnes ,  commun  jus- 
qu'à la  limite  supérieure  du  noyer ,  et  montant  même  à 
900™.  Ledebour  en  cite  des  variétés  dans  le  Caucase  et 
dansleTaliisch,  qui  atteignent  aussi  1,000™;  M.  Wattson 
donne  sa  limite  dans  les  monts  Grampians  à  480™. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  se  trouve  en  France ,  en 
Espagne ,  et  il  est  indiqué  par  Desfontaines  le  long  des  ruis- 
seaux près  delaCalie,  en  Algérie.  — Au  nord  ,  il  est  très- 
répandu  dans  le  centre  de  l'Europe ,  en  Danemarck ,  en 
Gothie ,  dans  la  Norvège ,  la  Suède  et  la  Finlande  austra- 


CONIFÈRES.  405 

les.  En  Laponie ,  il  est  remplacé  par  l'^.  incana  qui  prend 
son  aspect  et  devient  presque  glabre.  Il  habite  l'Angleterre, 
l'Irlande  et  les  Hébrides.  —  A  l'occident,  il  croît  en  Portu- 
gal ,  et  VAlnus  indiqué  au  Canada  et  à  la  côte  nord-ouest 
de  l'Amérique,  est  probablement  une  espèce  différente.— 
A  l'orient ,  il  se  trouve  en  Suisse ,  en  Italie,  dans  le  royaume 
de  Naples,  oii  il  se  montre  près  des  étangs,  n'occupant  ja- 
mais que  de  petites  étendues  et  remplacé,  selon  Tenore,  par 
1'^.  cordifolia,  Ten.  Il  est  aussi  en  Sicile ,  en  Croatie  ,  en 
Hongrie  ,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce  ,  en  Turquie ,  dans  le 
Caucase  ,  en  Géorgie,  dans  le  Taliisch,  dans  les  Russies  sep- 
tentrionale ,  moyenne  et  australe,  dans  les  Sibéries  de  l'Ou- 
ral ,  de  l'Altaï  et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Algérie 35"      ^  Ecart  eu  latitude  : 

iVorf/,  Finlande 62       )  27» 

Occident ,  hhnde 12  0.  |  Ecart  en  longitude: 

Orient,  Sibérie  du  Baïkal 116  E.  j  128« 

Carré  d'expansion 3456 


FAMILLE  DES  CONIFERES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 

Latitude.  Longitude. 

Nigritie. O^à  10°  18°  0.  à    5°  E. 

Abyssinic 10  à  16  32   E.  à  41  E. 

Algérie. .    33  à  36  5  0.  à    6  E. 

Roy.  do  Grenade. . .  36  à  37  5  0.  à    8  O. 


0 

0 

1 

833 

1 

168 

1 

156 

406  CONIFÈRES. 

Latitude.  Longitnde. 

Sicile 37«à  38«  10°  E.  à  13«  E.  1 

Portugal 37  à  42  9  0.  à  11  O.  1 

Royaume  de  Naples.  38  à  42  11  E.  à  16  E.  1 

Caucase 40  à  44  35  E.  à  48  E.  1 

Tauride 43  à  46  31  E.  à  34  E.  1 

Plateau  central 44  à  47  0  à    2  E.  1 

France 42  h  51  7  0.  à    6  E.  1 

Russie  méridionale. .   47  à  50  22  E.  à  49  E.  1 

Allemagne 45  à  55  2  E.  à  14  E.  1 

Carpathes 49  à  50  19  E.  à  22  E.  1 

Angleterre 50  à  58  1  O.  à    7  O.  1 

Russie  moyenne . .     50  à  60  17  E.  à  58    E.  1 

Scandinavie  entière.  55  à  71  3  E.  à  29  E.  1 

Danemarck 52  à  57  7  E.  à  12   E.  1 

Golhie 55  à  59  10  E.  à  15  E.  1 

Suède 55  à  69  10  E.  à  22  E.  1 

Norvège 58  à  71  2  E.  à  10  E.  1 

Russie  septentr'«. . .  60  à  66  19  E.  à  57  E.  1 

Finlande 60  à  70  18  E.  à  28  E.  1 

Laponie .........  65  à  71  14  E.  à  40  E.  1 

Europe  entière. 1 


184 
166 
171 
236 
249 
267 
201 
371 
195 
133 
339 
193 
351 
1300 
339 
231 
245 
96 
236 
178 
237 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 

Latitude.  Longitude. 

Irlande 5l«à  55«       1^0.  h    13«0.  1  :  323 

Angleterre 50  à  58         1   0  à      7  0.  1  :  339 

Allemagne 45  à  55        2   E.  à    14  E.  1  :  195 

Russie  moyenne  .   50  à  60       17  E.  à    58  E.  1  :  193 

Sibérie  de  rOural.  44  à  67       55  E.  à-    74   E.  1  :  149 

Sibérie  altaïque. .   44  à  67       66  E.  à    97   E.  1  :  159 

Sibérie  du  Baikal.  49  à  67       93   E.  àll6  E.  1  :  132 

Dahurie 50  à  55     110  E.  à  119   E.  1  :  92 

Sibérie  orientale.   56  à  67     111   E.  à  163  E.  1  :  88 


PKOl'ORTIONS  RELATIVES.  407 

Latitude.  Longitude. 

Sibérie  arctique..   67« à  78«  60«  E.  à  161"  E.  1:     39 

Kamtschatka....   46  à  67  148   E.  à  170  E.  1   :  150 

Pays  des  Tschukhis.              »  155  E.  à  175  0.  0  :       0 

llesde l'Océan or^'.  51  à  67  170  E.  à  130  0.  1  :     62 

Amérique  russe..   54  à  72  170  O.  à  130  E.  1  :  148 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 

Latitude.        Altitude  en  mètres. 

Roy.deGr"'%rég.alp.etniv.  36«à  37»  1500  à  3500  1:  81 

Roy.  de  Grenade,  rég.  ni  V.   36  à  37  2500  à  3500  1:  61 

Pyrénées 42  à  43  500  à  2700  1  :  139 

Pyrénées  élevées 42  à  43  1500  à  2700  1  :  160 

Pic  du  Midi  de  Bagnères. .               »  »  0  :  0 

Plat,  central, rég.  montagn.  44  à  47  500  à  1900  1  :  99 

Plateau  central,  sommets.  44  à  47  1500  à  1900  1  :  103 

Alpes 45  à  46  500  à  2700  1  :  104 

Alpes  élevées 45  à  46  1500  à  2700  1  :  116 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 

Latitude.  Longitude. 

Iles  du  Cap-Vert. .   12»à  14°  24°0.  à  27«0.  0:      0 

Canaries 28  à  30  15  0.  à  20  0.1:159 

Hébrides 57  à  58          S  0.  h  10  0.  1  :  165 

Orcades 59                     5  0.  à  6  0.  1  :  182 

Shetland 60  à  61           3  0.  à  4  0.1:154 

Feroé 62                     9  0.  1  :  297 

Islande 64  à  66  16  O.  à  27  0.1:413 

Mageroë 71  24  E.  1  :  194 

Spitzberg 79  à  80  10  E.  à  20  E.  0  :      0 

lie  Melville 76  114  0.  0:0 

Ile  J.  Fernandez.  .   33  à  40S.  76  0.  0:      0 

Nouv.Zélande(aord).  35  à  42S.  171  0.  à  176  O.  1  :    47 

Malouines 52S.  59  O.  à  65  O.  0  :      0 


408  CONIFÈRES. 

Nous  réunissons  sous  la  dénomination  générale  de  Coni- 
fères des  plantes  qui  ont  entr'elles  les  plus  grands  rapports, 
mais  que  les  botanistes  modernes  ont  séparées  en  plusieurs 
ordres  sous  les  noms  de  :  Ciipressinées,  AbiétinéeSy  Taxi- 
nées  et  Gnélacées  ou  Ephédrées. 

Les  Cupressinées  recherchent  plutôt  les  pays  chauds  que 
les  régions  froides;  elles  habitent  l'Europe  moyenne  et  mé- 
diterranéenne ,  l'Asie  orientale,  l'Amérique  boréale ,  le  cap 
de  Bonne-Espérance  et  la  Nouvelle-Hollande. 

Les  Abiétinées  sont  répandues  dans  toute  la  zone  tem- 
pérée de  l'hémisphère  boréal. 

Les  Taxinées  se  trouvent  dans  les  deux  zones  tempérées 
du  globe  ,  mais  elles  sont  bien  plus  fréquentes  dans  l'hémis- 
phère austral. 

Enfin  les  Gnétacées  sont  dispersées  partout,  mais  cepen- 
dant plus  répandues  dans  l'hémisphère  austral. 

Ces  groupes,  réunis  et  composant  la  famille  des  Conifères, 
ont  une  grande  importance  dans  l'aspect  des  contrées  oi» 
vivent  leurs  espèces.  Ce  sont  en  général  de  grands  arbres  qui 
croissent  en  société  et  forment  d'immenses  forêts  ténébreu- 
ses oii  souvent  la  lumière  peut  à  peine  pénétrer.  Ces  arbres 
conservent  une  verdure  éternelle  qui ,  pendant  l'hiver,  con- 
traste avec  la  neige  qui  couvre  les  montagnes  et  les  régions 
du  nord,  et  qui  pendant  l'été  se  détache  de  l'azur  du  ciet 
ou  du  vaporeux  lointain  du  paysage.  Ailleurs  des  groupes 
isolés  étendent  au-dessus  des  prairies  leurs  branches  régu- 
lières et  étagées ,  ou  bien  se  réunissent  pour  ceindre  des 
montagnes ,  pour  orner  les  pentes  des  vallées ,  et  quelques 
espèces  finissent  même  par  arriver  jusqu'aux  neiges  éter-» 
nelles. 

Dans  le  sens  des  latitudes ,  on  voit  en  Europe  les  Coni- 
(ères  diminuer  en  nombre  à  mesure  que  l'on  approche  de 


JCNIPERUS.  409 

l'équateur ,  à  moins  que  des  montagnes  ne  viennent  com- 
penser la  latitude.  — Aussi  la  moyenne  de  l'Europe  étant 
1/237,  nous  arrivons  à  1/96  dans  la  Russie  septentrionale, 
à  1/178  en  Laponie  et  à  1/133  dans  les  Carpathes;  mais 
le  Danemarck  ,  malgré  sa  situation  ,  n'a  qu'un  seul  conifère 
parce  qu'il  n'a  pas  de  montagnes  ,  tandis  que  l'Algérie  en  a 
1/168  à  cause  de  l'Atlas,  et  le  royaume  de  Grenade  1/156 
à  cause  de  la  Sierra  qui  le  traverse. 

Dans  le  sens  des  longitudes  le  nombre  des  Conifères  va  en 
angmentant  à  mesure  que  l'on  se  dirige  vers  l'orient,  et  ce 
fait  est  si  évident,  que  dans  le  nord  de  l'Amérique  la  propor- 
tion est  1/103,  tandis  que  pour  l'ensemble  de  l'Europe 
elle  n'est  que  1/237. 

Dans  les  montagnes ,  la  proportion  est  toujours  relati- 
vement plus  forte  que  dans  les  plaines,  mais  si  on  dépasse 
une  certaine  élévation,  cette  proportion  va  en  s'abaissant, 
ce  qui  était  facile  à  prévoir ,  puisque  les  espèces  arborescen- 
tes cessent  plus  tôt  que  les  plantes  vivaces  et  herbacées. 

Les  îles  ne  nous  offrent  rien  de  particulier,  si  ce  n'est  la 
forte  proportion  de  ces  plantes  à  la  Nouvelle-Zélande. 

G.  JUSJXFERUS,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  Juniperits 
constituent  des  arbres  ou  des  arbrisseaux  plus  ou  moins  éle- 
vés, au  feuillage  sombre  et  persistant,  qui  ont  une  très-grande 
influence  sur  le  spectacle  des  grandes  scènes  de  la  nature. 
Leurs  fruits  ,  généralement  colorés  en  rouge  ou  en  noir , 
presque  toujours  très-nombreux ,  les  rendent  parfois  très- 
élégants.  On  en  connaît  aujourd'hui  près  de  40  espèces 
échelonnées  sous  toutes  les  latitudes ,  depuis  la  pointe  aus- 
trale de  l'Amérique  jusqu'au  cap  Nord.    —  On  en  compta 


410  CONIFÈRES. 

13  en  Asie,  dont  6  à  la  Chine ,  1  au  Japon  ,  2  au  Népaul, 

I  en  Dahurie,  1  dans  le  Caucase,  1  en  Syrie,  1  en  Armé- 
nie. —  On  en  cite  une  douzaine  en  Europe,  vivant  en  Es- 
pagne ,  en  Grèce ,  en  Sicile ,  en  Provence ,  ou  bien  dans 
l'Europe  boréale  et  sur  les  hautes  montagnes.  —  8  Jimipe- 
rus  font  partie  de  la  végétation  arborescente  de  l'Amérique 
du  nord  ,  des  montagnes  du  Mexique  ,  des  Etats-Unis  et  du 
Canada.  —  Un  seul  croît  dans  l'Amérique  du  sud ,  au  cap 
Horn.  —  Un  seul  aussi  est  africain  et  se  trouve  au  cap  de 
Bonne-Espérance. 

JcNiPERUS  NANA,  Willd.  —  Peut-étre  existe-t-il  des  in- 
termédiaires entre  cette  espèce  et  la  suivante ,  mais  il  est 
douteux  pourtant  que  leurs  stations  peu  différentes  puissent 
produire  dans  le  port  des  changements  aussi  considérables. 

II  forme  dans  les  lieux  élevés  de  larges  buissons  étalés  sur  le 
sol ,  dont  les  branches  tortueuses  divergent  d'un  centre  com- 
mun et  s'étalent  sur  les  pelouses  ou  sur  les  bruyères  qu'elles 
forcent  à  la  retraite.  Ses  feuilles  sont  nombreuses  et  serrées 
les  unes  contre  les  autres ,  glauques  au  moins  dans  leur  jeu- 
nesse, et  quand  les  neiges  qui  persistent  si  longtemps  se 
sont  retirées ,  ce  genévrier,  qui  a  beaucoup  d'analogie  avec 
le  J.  communis ,  se  couvre  aussi  de  fleurs  dioïques  et  ne 
miîrit  ses  fruits ,  très-gros  et  bleuâtres ,  qu'après  deux  années 
révolues.  —  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Ce  genévrier  croît  sur 
tous  les  terrains ,  mais  ,  en  Auvergne ,  nous  ne  le  trouvons 
que  sur  les  sols  siliceux  et  volcaniques  où  il  acquiert  une 
grande  vigueur.  Les  plus  beaux  buissons  que  nous  ayons 
rencontrés  ,  étaient  sur  le  trachyte  ou  sur  le  phonolite.  Ils 
couvraient  entièrement  les  rochers  et  la  pelouse ,  formant 
des  rosaces  étalées  de  3  à  4  mètres  de  diamètre,  toujours 


JUNIPERrS.  411 

arrondies ,  aplaties ,  déprimées  à  la  fois  par  leur  mode  de 
croissance  et  par  le  poids  des  neiges  qu'elles  ont  à  suppor- 
ter pendant  l'hiver.  Ces  larges  touffes  se  dégarnissent  dans 
le  centre ,  tout  en  restant  très-vigoureuses  à  leur  circonfé- 
rence. —  Il  recherche  les  montagnes  élevées  et  nous  le 
voyons  en  Auvergne  entre  1,500  et  1,800™.  M.  Cosson  le 
cite  en  Afrique  sur  le  sommet  du  Djebel-Cheliah ,  dans 
l'Aurès,  et  M.  Durieu*dans  la  zone  supérieure  duDjurjura 
qui  atteint  2,000™.  Ramond  en  cite  un  individu  à  200™  au- 
dessous  du  sommet  du  Pic-du-Midi  de  Bagnère.  «  C'est, 
dit-il ,  l'arbrisseau  qui  s'est  le  plus  hasardé  sur  la  pente.  Il 
est  vieux,  tordu,  rabougri,  tout  couché  et  collé  contre 
terre  à  environ  2,760  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 
Il  y  est  demeuré  seul  depuis  des  siècles  ,  dominant  à  peine 
les  touffes  du  Vaccinium  uliginosum  qui  rampent  autour 
de  lui.  »  Sur  le  mont  Argée ,  qui  est  la  plus  haute  monta- 
gne de  l'Asie  mineure,  et  dont  le  sommet  est  défendu  par 
un  escarpement  trachytique  ,  M.  de  Tchihatcheff ,  a  trouvé 
le  J.  7«a»a  jusqu'à  l'altitude  de  2,600  mètres.  Il  remplace  le 
Quercus  nana  qui  croît  au-dessous  et  termine  la  végétation 
arborescente  de  cette  montagne  de  la  Cappadoce.  M.  Boissier 
l'indique  aussi  dans  le  royaume  de  Grenade,  dans  la  zone  al- 
pine et  nivale,  entre  1 ,600  et  2,800™.  En  Sibérie  il  atteint 
encore  600™,  et  dans  les  Alpes  il  se  tient  ordinairement 
entre  1,700  et  2,500™.  En  Turquie,  d'après  M.  Boue,  il 
vit  dans  la  région  alpine  associé  aux  pins  et  aux  sapins. 

Géographie.  — Au  sud,  les  montagnes  lui  permettent 
d'arriver  sur  les  Pyrénées  ,  dans  le  midi  de  l'Espagne  et  en 
Afrique  dans  l'Aurès.  — Au  nord  ,  il  s'étend  très-loin ,  sur 
les  montagnes  de  l'Allemagne  ,  de  la  Norvège,  de  la  Suède , 
en  Laponie  ,  en  Angleterre  ,  aux  Hébrides ,  aux  Orcades , 
aux  Shetland  et  en  Islande  où  il  est  seul  de  sa  famille  et  où 


412  CONIFÈRES. 

il  ne  croît  qu'au  milieu  des  accidents  de  terrain  et  des  aspérités 
protectrices  que  lui  offrent  les  courants  de  lave  moderne. 
On  le  trouve  plus  particulièrement  dans  l'île  de  Thingoë 
qui  est  formée  par  les  deux  branches  de  la  rivière  de  Skial- 
fande,  et  là  il  mûrit  ses  fruits.  —  A  l'occident ,  de  La  Py- 
laie  le  cite  à  Terre-Neuve,  enfoui  et  rampant  sous  la  mousse 
et  les  lichens.  —  A  l'orient ,  il  existe  en  Suisse  ,  en  Italie  , 
en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie ,  en  Turquie ,  dans 
les  Russies  arctique  et  septentrionale ,  dans  les  Sibéries  do 
l'Oural,  de  l'Altaï  et  duBaïkal,  en  Dahurie,  au  Kamts- 
chatka  ,  et  à  l'île  de  Sitcha. 

Limites  d^ extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie 34**      ^  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 70       j  30» 

Occident ,  Terre-Neuve 58  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Aléoutiennes 180  E.  |  238« 

Carré  d'expansion 8568 

JuNiPERUS  coMMUNis,  Lin.  —  Quand  l'hiver  a  ramené  la 
neige  dans  nos  contrées  et  qu'elle  cache  sous  un  voile  épais 
les  plantes  desséchées  que  la  saison  a  flétries ,  on  rencontre 
avec  plaisir  les  buissons  toujours  verts  du  genévrier,  dont  les 
cimes  sont  souvent  les  seules  parties  qui  sortent  des  fri- 
mas qui  recouvrent  le  sol.  C'est  en  quelque  sorte  un 
gage  d'avenir  que  l'hiver  nous  laisse  au  milieu  de  ses  ri- 
gueurs. L'aspect  du  genévrier  est  très-variable  ;  tantôt  il  forme 
des  buissons  rabougris ,  aux  tiges  tortueuses  et  rougeûtres , 
aux  rameaux  étalés.  Tantôt  il  s'élève  en  arbrisseau  pyra- 
midal, ou  bien  il  inchne  ses  branches  et  semble  imiter  les 
rameaux  flottants  du  bouleau  avec  lequel  il  se  trouve  sou- 


^  JUSIPERCS.  413 

vent  associé.  Sous  l'un  ou  l'autre  de  ces  états,  il  rompt  la 
monotonie  des  landes  et  des  bruyères  ,  il  forme  des  groupes 
avec  les  genêts,  la  digitale  et  le  Ptcris  aquiUna.  Sa  tige  se 
ramifie  par  de  petits  bourgeons  que  l'on  trouve  en  hiver  aux 
aisselles  des  feuilles  supérieures.  Ses  feuilles  acérées ,  nom- 
breuses et  pointues,  d'un  vert  sombre  et  quelquefois  rou- 
geâtres  en  dessus  ,  grises  ou  marquées  en  dessous  de  deux 
lignes  argentées  ,  sont  presque  décurrentes  sur  les  rameaux 
et  accompagnées  à  leur  base  d'une  glande  résineuse. —  Dès 
le  commencement  du  printemps  le  genévrier  fleurit.  Les 
individus  mùlcs ,  ordinairement  plus  nombreux  que  les  fe- 
melles, sont  munis  de  petits  chatons  écailleux  ,  dont  les 
écailles  verticillées  cl  peltéec  renferment  un  nombre  indéter- 
miné, souvent  6  à  8,  d'anthères  uniloculaires.  Les  femelles 
sont  formées  de  3  écailles  concaves  et  rapprochées  en  une 
petite  sphère.  —  Quand  la  fécondation  a  eu  lieu  par  suite 
de  l'émission  d'un  pollen  très-abondant ,  les  écailles  pren- 
nent de  l'accroissement ,  elles  se  soudent ,  et  le  genévrier 
femelle  se  couvre  de  baies  vertes  qui  restent  ainsi  pendant 
plus  d'une  année.  Dans  le  courant  de  la  seconde  année  elles 
bleuissent,  puis  se  couvrent  d'une  poussière  glauque  et  ci- 
reuse, et  enfin,  au  bout  de  deux  années ,  elles  s'ouvrent  un 
peu  au  sommet  et  laissent  voir  trois  cariopses  osseux  et  mo- 
nospermes ,  enfermés  sous  des  écailles  épaissies  et  parfu- 
mées. Ces  baies  vertes  ou  mûres  sont  marquées,  à  leur  par- 
tie supérieure ,  d'une  petite  étoile  à  3  rayons  divergents 
qui  rappelle  la  bouche  des  sangsues. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  sur  tous  les  ter- 
rains, en  plaine  et  dans  les  montagnes.  Nous  le  rencontrons 
en  Auvergne  jusqu'à  1,500™,  mais  au-dessus  il  est  rem- 
placé par  le  J.  nana.  De  Candolle  le  cite  à  0  à  Montpellier,  et 
à  3,000"^  dans  les  Alpes  et  dans  les  Pyrénées,  mais  c'est  à 


414  COMPÈRES. 

l'espèce  précédente  qu'il  faut  rapporter  cette  dernière  me- 
sure. Sur  le  mont  Ventoux  il  arrive,  au  sud  ,  de  1,240  à 
1,800";  au  nord,  de  920  à  IjSSO"".  Schouw  dit  qu'il  est 
très-commun  dans  les  Alpes  jusqu'à  1,700™,  et  au-dessus  , 
il  est  aussi  remplacé  par  le  J.  nana.  Ledebour  l'indique  dans 
le  Caucase,  entre  800  et  1,800™;  et  Lessing  l'a  trouvé 
aux  Loffoden,  jusqu'à  325™. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  existe  dans  les  Pyrénées ,  en 
Espagne,  dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Grèce.  —  Au  nord, 
il  est  commun  dans  toute  l'Europe  ,  même  en  Laponie,  en 
Angleterre ,  en  Irlande ,  dans  tous  les  archipels  et  aux 
Feroë.  —  A  l'occident ,  il  croît  en  Portugal ,  au  Groenland , 
à  Terre-Neuve,  au  Canada  près  du  lac  Huron  et  sur  la 
côle  occidentale  de  l'Amérique  du  nord ,  jusqu'à  Sitclia  ; 
mais  il  est  très-probable  qu'il  existe  dans  ces  indications 
quelque  confusion  avec  l'espèce  précédente.  —  A  l'orient,  il 
se  trouve  en  Suisse ,  en  Dalmatie ,  en  Croatie,  en  Hongrie, 
en  Transylvanie ,  en  Turquie ,  en  Tauride,  dans  le  Caucase, 
en  Géorgie,  sur  le  Taliisch ,  dans  toutes  les  Russies,  dans 
les  Sibéries  de  l'Oural,  de  TAItaï,  du  Baïkal  et  orientale, 
et  dans  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Grèce 38**      1  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Mageroë 71       j  33« 

Occident ,  Amérique 160  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Onm«,  Sibérie  orientale 163  E.i  323'* 

Carré  d'expansion 10059 

Jns'iPERUs  OxYCEDRCS,  Lin.  —  Il  forme  en  général  un 
arbre  plus  élevé  que  les  précédents ,  il  est  moins  buisson- 
neux, et  prend  sa  place  sur  les  coteaux  arides  avec  les  chênes 


JUNIPERUS.  415 

verts,  les  cistes  et  les  PlnjUirea.  Sa  verdure  est  aussi  per- 
pétuelle ,  mais  sombre  et  quelquefois  rougeâtre ,  et  l'arbre , 
en  s'élevant  sur  une  seule  tige  et  portant  une  cime  ar- 
rondie ,  forme  souvent  à  lui  seul  de  petites  forets.  Ses 
feuilles  acioulaires  sont  comme  ternées  sur  les  rameaux  ,  et 
marquées  en  dessous  de  2  raies  glauques.  Ses  fleurs,  qui 
s'épanouissent  en  automne  et  qui  sont  dioïques,  produisent 
des  fruits  rouges  et  volumineux  qui  donnent  à  cette  espèce 
un  aspect  tout  particulier. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  se 
trouve  sur  tous  les  terrains  secs  et  rocailleux  des  plaines  et 
des  montagnes.  Tenore  l'indiquQ  seulement  au  niveau  de  la 
mer,  sur  les  dunes  et  les  sables,  dans  le  midi  de  l'Italie, 
tandis  que  dans  le  midi  de  l'Espagne ,  M.  Boissier  le  cite 
entre  450  et  1,800"\  Il  croît  à  540°»  sur  le  versant  sud 
du  montVentoux,  et  à  peu  près  à  la  même  altitude  sur  les 
causses  des  départements  du  Gard  et  de  l'Hérault.  Il  est 
encore  indiqué  par  Schouw,  dans  les  Appennins,  entre  350 
et  1,000°». 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  se  trouve  en  France ,  en  Es- 
pagne ,  aux  Baléares  et  en  Afrique  jusque  sur  les  mon- 
tagnes de  l'Aurès  (Cosson) ,  à  Madère  et  aux  Canaries.  — 
Au  nord ,  il  s'arrête  sur  les  bords  du  plateau  central  de  la 
France  et  en  Dalmatie.  —  A  l'occident ,  il  vit  aussi  en 
Portugal.  —  A  l'orient ,  on  le  rencontre  en  Italie ,  en  Sicile, 
en  Grèce,  en  Turquie,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase  ,  en 
Géorgie ,  et  dans  l'Asie  mineure. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Canaries 30®      ■) Ecart  en  latitude  : 

iVorf/,  France 44       ]  I40 


416  CONIFÈRES. 

Occident ,  Madère 19  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Onm^  Géorgie 47  E.j  47« 

Carré  d'expansion 024 

JcNiPERUS  Sabina,  Lin.  —  Celui-ci  habite  encore  les 
coteaux,  les  lieux  arides,  et  se  présente  sous  des  aspects  très- 
différents.  Tantôt  il  rampe  sur  le  sol  et  redresse  ses  ra- 
meaux ,  tantôt  son  tronc  s'élève  et  ses  branches  étendues 
forment  une  cime  étagée.  Ses  feuilles  sont  opposées ,  rap- 
prochées, et  présentent  au  sommet  des  rameaux  des  imbrica- 
tions à  4  rangs  de  feuilles  obtuses.  Les  fleurs  naissent  en 
chutons ,  mais  les  baies  bleuâtres  qui  succèdent  aux  fleurs 
femelles  sont  penchées  et  souvent  pédicellées.  Toute  la 
plante  a  une  odeur  très-désagréable.  —  Elle  fleurit  en 
avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol. — Altitude.  —  Cette  espèce  recherche 
les  terrains  calcaires,  rocaifleux,  et  vit  également  dans  les 
plaines  et  sur  les  montagnes.  Nous  la  trouvons  dans  l'Ardè- 
che  à  une  faible  altitude.  De  CandoUe  la  cite  à  0  à  Pise  et 
à  2,000"  dans  les  Alpes  du  Dauphiné.  M.  Boissier  l'indi- 
que entre  1,700  et  2,700"'.  Selon  Tenore,  elle  végète  dans 
le  midi  de  l'Italie  entre  1 ,200  et  1,600'»,  et,  d'après  Le- 
debour ,  elle  atteint  2,600™  dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Au  sud,  la  sabine  habite  la  France  et 
le  midi  de  l'Espagne  oii  elle  vit  à  une  grande  élévation, 
associée  au  Juniperus  nana.  —  Au  nord ,  on  la  trouve  dans 
le  Tyrol,  dans  le  Canada ,  dans  la  Sibérie  orientale.  —  A 
l'occident,  en  Portugal ,  dans  l'Amérique  du  nord,  dans 
tout  le  Canada  jusqu'au  Saskatchawan ,  sur  les  montagnes 
Rocheuses,  au  lac  Huron.  — A  l'orient,  nous  pouvons 
citer  la  Suisse ,  la  Dalmatie ,  la  Transylvanie ,  la  Grèce ,  le 
Caucase ,  l'Asie  mineure,  les  Russies  moyenne  et  australe, 


PINUS.  417 

les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale, 
et  la  Dahurie.  —  Il  est  remarquable  que  cette  espèce  (si 
toutefois  la  plante  américaine  est  bien  identique),  s'avance 
bien  plus  vers  le  nord  en  Asie  et  en  Amérique  que  sur  le 
continent  européen.  C'est  précisément  le  contraire  de  ce  qui 
a  lieu  le  plus  ordinairement. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

5M(i,  Midi  de  l'Espagne 36"      )Ecart  en  latitude: 

iVorrf,  Sibérie  orientale, .... .     56       ^  20" 

Occident ,  mont,  rocheuses. . .   125  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  orientale 163  E.  j  288" 

Carré  d'expansion 5760 

G.  FIMUS,  Lin> 

Distribution  géographique  du  genre.  —  En  conservant 
le  genre Pmws  tel  qu'il  a  été  formé  par  Linné,  c'est-à-dire 
en  y  laissant  les  Abies  et  les  Larixy  nous  y  trouvons  plus 
de  100  espèces,  presque  toutes  sociales,  gardant  pour  la 
plupart  leur  feuillage  pendant  l'hiver  ,  atteignant  quelque- 
fois d'énormes  dimensions  et  ayant  toujours  la  plus  grande 
importance  dans  la  décoration  des  scènes  de  la  nature.  La 
forme  pyramidale  des  uns,  les  dispositions  en  parasol  de  plu- 
sieurs d'entr'eux,  le  feuillage  glauque  ou  argenté  des  autres, 
leurs  cônes  dressés  ou  étalés  sont  autant  de  caractères  qui  les 
différencient  et  qui  les  éloignent  de  la  forme  commune  aux 
autres  végétaux  arborescents.  —  Le  Nouveau-Monde  est  la 
principale  patrie  desPmws,  et  l'Amérique  du  nord,  si  re- 
marquable déjà  par  le  nombre  de  ses  chône«,  de  ses  Magno^ 
lia ,  de  ses  SaliXj  en  nourrit  seule  au  moins  50  espèces.  Ce 
Vlll  -"^ 


418  CONIFÈUES. 

sont  des  arbres  quelquefois  très-élevés,  immenses,  qui  habi- 
tent princi(3alement  les  montagnes  de  la  Californie  et  du 
Mexique  ,  la  Caroline  ,  les  autres  contrées  des  Etats-Unis  et 
les  plaines  du  Canada. —  L'Amérique  du  sud  n'en  a  que  2  ou 
3  espèces  :  au  Brésil  et  au  Chili.  —  L'Asie  a  aussi  des  pins 
qui  lui  sont  propres ,  au  nombre  de  24  environ  :  6  habitent 
la  Sibérie ,  5  les  Indes  orientales  ,  4  le  Népaul ,  quelques- 
uns  vivent  dans  les  monts  Himalaya  ,  d'autres  à  la  Chine , 
en  Orient,  en  Syrie.  Une  espèce  végète  à  l'île  de  Sitcha. 
—  L'Europe  a  aussi  24  à  25  Pinus  ,  les  uns  de  l'Europe 
australe,  les  autres  de  l'îlalie,  presque  tous  des  régions 
montagneuses,  et  plusieurs  d'entr'eux  atteignent  le  centre  et 
même  les  zones  les  plus  froides  du  continent.  —  2  espèces 
seulement  sont  citées  en  Afrique ,  aux  Canaries.  —  Une 
seule  croît  à  Timor.  On  voit  que  ces  arbres  fuient  l'hémis- 
phère austral,  où  ils  sont  remplacés  par  de  plus  belles  espè- 
ces ,  les  Araucaria ,  les  Podocarpus ,  etc. 

PiNUS  SYLVESTRis  ,  Lin. —  La  nature  a  destiné  cette  es- 
pèce à  habiter  les  contrées  les  plus  sauvages  de  la  terre  ; 
elle  lui  a  donné  une  énorme  puissance  de  vie  et  de  végéta- 
tion, et  l'a  organisée  pour  supporter  à  la  fois  les  chaleurs  de 
l'été  et  les  rigueurs  de  l'hiver.  A  toutes  les  époques  de  l'an- 
née on  le  reconnaît  à  son  feuillage  toujours  persistant, 
mais  son  port  varie  avec  l'âge.  Jeune ,  il  est  couvert  de  ra- 
meaux réguliers  qui  lui  donnent  un  peu  l'aspect  d'une  pyra- 
mide ,  mais  bientôt  il  perd  ses  branches  les  plus  basses,  son 
tronc  s'élève  droit  ou  légèrement  courbé,  couvert  d'une 
écorce  rouge  qui  se  détache  en  plaques  écailleuses,  et  l'arbre 
arrivé  à  sa  grande  période  de  développement  se  montre  avec 
une  cime  aplatie ,  des  branches  tortueuses  et  des  feuilles  aci- 
culaires  et  dressées.  C'est  ainsi  qu'il  forme  ces  bouquets 


piNus.  419 

dispersés  qui  tranchent  par  leur  feuillage  sur  les  campagnes 
nivelées  par  la  neige;  c'est  ainsi  qu'il  revêt  les  plateaux  et 
les  pentes  des  montagnes ,  tantôt  seul  de  son  espèce ,  tantôt 
réuni  aux  hêtres  et  aux  bouleaux ,  plus  rarement  au  sapin 
qui  cherche  à  s'élever  davantage.  Ses  feuilles  dures  ,  ar- 
rondies d'un  côté,  aplaties  de  l'autre,  sont  réunies  et  ap- 
pliquées 2  à  2  dans  une  petite  gaine;  elles  sont  d'un  vert 
sombre  et  marquées  de  petites  [séries  blanches  formées  par 
les  stomates.  Ces  feuilles  sont  d'abord  réunies  au  sommet 
des  rameaux  et  recouvertes  d'écaillés  roussâtres  enveloppées 
de  résine.  Elles  passent  ainsi  l'hiver  sous  la  protection  d'un 
tissu  et  d'un  vernis  qui  les  abritent  du  froid  et  de  l'humidité. 
D'autres  boutons,  également  enveloppés  d'écaillés  brunes, 
sont  situés  sur  le  bois  de  l'année  qui  vient  de  s'écouler, 
en  dessous  du  faisceau  de  feuilles  terminal.  Ce  sont  les  bou- 
tonsquirenfermentjsousuneenveloppecomraune ,  toute lasé- 
rie  des  chatons  de  fleurs  mâles.  A  la  fin  de  mai,  quand  l'allon- 
gement des  jeunes  pousses  déchire  les  écailles  protectrices  et 
les  emporte  dans  leur  croissance,  les  fleurs  mâles  brisent 
aussi  leur  enveloppe.  On  voit  alors  de  nombreux  chatons 
qui  forment  un  faisceau  et  qui  sont  composés  d'écaillés  por- 
tant 2  anthères  uniloculaires.  Ces  anthères  s'ouvrent  et  ré- 
pandent des  nuages  de  pollen  jaune  et  soufré.  En  même 
temps  paraissent  les  fleurs  femelles  situées  à  la  base  des  jeu- 
nes pousses  de  l'année.  Ce  sont  de  petits  cônes  roses  ou 
purpurins  formés  d'écaillés  pointues,  et  portant  chacune  à  leur 
base  2  ovaires  à  stigmates  glanduleux.  Ces  fleurs  femelles, 
toujours  situées  au-dessus  des  mâles,  sont  fécondées  par  les 
chatons  mâles  des  branches  supérieures.  Pendant  que  cette 
fécondation  s'opère,  les  écailles  des  fleurs  femelles  s'écartent 
pour  recueillir  plus  facilement  le  pollen.  Alors  la  féconda- 
tion est  terminée ,  les  chatons  mâles  se  détachent  en  lais-^ 


420  CONIFÈRES. 

sant  leurs  cicatrices  sur  la  branche  ,  les  jeunes  pousses  s'al- 
longent avec  rapidité  et  laissent  sortir  de  leur  gaîne  trans- 
parente leurs  fcuiiies  géminées;  les  écailles  des  fleurs  fe- 
melles se  resserrent  et  prennent  du  développement ,  le  pé- 
doncule qui  soutenait  le  cône  se  courbe  et  s'incline ,  et  le 
pin  entre  dans  une  phase  nouvelle  de  sa  vie ,  dans  celle  de 
la  maturation.  Le  cône  vert  présente  ses  écailles  devenues 
ligneuses  ;  il  résiste  à  l'hiver  et  il  continue  de  grossir  au 
printemps.  A  la  fin  de  la  seconde  année  les  graines  sont 
mûres.  Les  cônes,  inclinés,  bruns  et  tout-à-fait  ligneux,  ou- 
vrent leurs  écailles  sous  l'influence  de  la  chaleur  solaire  en 
commençant  par  le  sommet ,  et  les  graines  ,  revêtues  d'une 
membrane  mince  et  ailée,  tombent  au  pied  de  l'arbre  ou  sont 
emportées  par  les  vents.  —  Tant  que  cet  arbre  est  jeune, 
il  ne  donne  que  des  fleurs  femelles  qui  sont  fécondées  dioï- 
quement.  Plus  tard  ,  il  a  des  fleurs  des  2  sexes,  et  quand  il 
devient  vieux  ,  il  arrive  très-souvent  qu'il  ne  donne  plus  que 
des  fleurs  mûIes. 

Nature  du  sol.  —  Il  recherche  les  terrains  siliceux  ,  ro- 
cheux ,  rocailleux ,  graveleux  ou  sablonneux  ,  oiî  il  vit  géné- 
ralement en  société  et  où  il  constitue  souvent  des  forêts 
trés-étendues. 

Altitude.  —  Le  pin  sylvestre  croît  en  plaine  et  dans  les 
montagnes,  mais  ses  limites  en  altitude  sont  très-variables. 
En  Auvergne  on  ne  le  trouve  pas  au-dessous  de  700  à  800™, 
à  moins  qu'il  n'ait  été  planté,  et  il  arrive  jusqu'à  1,050  et 
1,100™,  se  laissant  dépasser  parla  plupart  des  autres  arbres, 
à  l'exception  du  chêne  ,  et  restant  toujours  au-dessous  du 
sapin  ,  du  hêtre  et  du  bouleau  ;  bien  que  souvent  il  se  mé-  ^ 
lange  avec  eux ,  il  les  abandonne  dès  qu'ils  s'élèvent.  De 
Candolle  lui  donne  pour  limite  400"  à  Genève  et  1 ,600™  dans 
les  Alpes  et  les  Pyrénées.  Ramond  dit  que  dans  cette  der- 


piNUS.  421 

nière  chaîne  il  arrive  à  2,150",  et  qu'il  est  le  dernier  ar- 
bre en  altitude.  Wahlenberg  le  dit  abondant  dans  la  Suisse 
septentrionale ,  sur  les  montagnes  inférieures  ,  plus  rare  dans 
les  hautes  montagnes,  arrivant  pourtant  à  la  limite  du  hôtre, 
quelquefois  à  la  limite  supérieure  du  sapin.  Il  atteindrait  au 
Grimsel  1,810™  comme  maximum,  et  seulement  1,400™, 
comme  moyenne,  dans  les  Alpes  bavaroises.  Sa  limite  su- 
périeure sur  la  pente  méridionale  des  Alpes  est ,  selon 
Schouw,  en  moyenne,  à  1,670™,  mais  elle  atteint  2,000™, 
et  sur  la  pente  septentrionale  elle  ne  dépasse  guère  1 ,330™. 
Il  peut  descendre  à  700™  et  même  à  350™  comme  sur 
les  bords  du  Tagliamento.  Dans  les  diverses  parties  du 
Caucase  on  le  trouve  indiqué  dans  la  flore  de  Ledebour 
entre  800  et  2,400™.  Tenore  l'a  rencontré  dans  le  midi 
de  l'Italie  entre  800  et  1,200™.  Il  croît  sur  l'Etna  à 
2,000™  sur  les  versants  nord  et  ouest,  et  à  2,250™  sur  les 
pentes  sud  et  est.  M.  Boissier  l'a  vu  dans  le  midi  de  l'Es- 
pagne,  constituant  des  forêts  entre  1,600™  et  2,100™. 
Dans  le  nord  de  l'Europe  le  pin  vit  en  plaine,  formant  des 
bois  étendus  ou  des  bosquets  et  s'élevant  encore  sur  les 
collines  à  200  ou  300™. 

Géographie,  —  Nous  avons  cité  cet  arbre  sur  les  mon- 
tagnes du  midi  de  l'Espagne  oiî  il  a  sa  limite  méridionale. 
—  Au  nord ,  il  est  très-répandu  dans  l'Europe  centrale 
et  dans  toute  la  Scandinavie.  Il  a  sa  limite  en  Norvège  à 
70°  et  dans  la  Russie  occidentale  à  69**.  Wahlenberg  le  dit 
très-commun  dans  la  région  sylvatique  et  sous-sylvatique  de 
toutes  les  Laponies.  Ses  cônes  y  sont  toujours  solitaires, 
presqu'opposés  sur  les  rameaux.  Tous  sont  penchés  même 
à  leur  maturité.  Dans  les  parties  hyperborées  de  la  Scandi- 
navie, les  derniers  pins  restent  rabougris,  épars  au  miheu 
des  bouleaux  plus  élevés.  Jamais  cependant  on  ne  les  trouve 


422  CONIFÈRES. 

rampants  ou  couchés ,  ce  qui  tient  sans  doute ,  dit  Wahlen- 
terg ,  à  ce  que  le  froid  les  arrête  avant  que  le  vent ,  par  sa 
violence,  ne  les  empêche  de  croître;  dans  la  Dalécarlie,  sur 
les  montagnes  subalpines ,  on  ne  voit  que  des  pins  tor- 
tueux ,  croissant  au-dessus  des  bouleaux  et  contournés  par 
les  tempêtes.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'on  ne  rencon- 
tre plus  aucun  bouquet  de  pins  dans  la  région  alpine  de  la 
Laponie  et  à  peine  peut-on  dire  que  cet  arbre  existe  dans  la 
région  subalpine  méridionale  de  cette  contrée,  II  végète  en 
Angleterre  et  en  Irlande  et  y  trouve  sa  limite  occidentale. 
• —  A  l'orient ,  on  le  connaît  en  Suisse ,  en  Italie  ,  en 
Lalmalie  ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie  , 
en  Grèce,  en  Turquie,  sur  l'Olympe  bithynique,  en  Tau- 
ride  ,  dans  le  Caucase ,  en  Géorgie ,  dans  toutes  les  Russies , 
dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï  oii  il  ne  dépasse 
pas  en  latitude  le  66°  degré ,  dans  les  Sibéries  du  Baïkal 
et  orientale ,  et  dans  la  Dahurie. 

Limites  d^exlension  de  l'espèce. 

Sud ,  midi  de  l'Espagne 37**      )  Ecart  en  latitude  . 

Nord,  Norvège 70       f  33« 

Occident ,  Irlande 12  0.^  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  orientale 163  E.i  175"* 

Carré  d'expansion 5775 

Pmus  PYRENAiCA,  Lap.  —  On  rencontre  ce  bel  arbre 
dans  les  Cévennes ,  oii  il  forme  seul ,  ou  mélangé  au  châtai- 
gnier ,  d'assez  vastes  forêts ,  occupant  de  préférence  la  zone 
élevée  au-dessus  de  ces  châtaigniers.  Plusieurs  de  ces  arbres 
atteignent  45™  de  hauteur  et  présentent  une  cime  bien 
fournie,  munie  de  rameaux  dressés.  Les  feuilles  sont  aussi 


piNus.  423 

dressées,  efc  presque  appliquées  sur  les  rameaux.  Elles  offrent 
à  leur  base  des  écailles  allongées  recouvrant  toujours  le  point 
d'insertion  de  leur  feuille,  sur  les  branches  de  l'année,  et 
surtout  sur  celles  de  l'année  précédente.  Les  arbres  les 
plus  jeunes  n'ont  que  des  fleurs  femelles  ,  et  souvent 
même  la  première  année  de  leur  floraison  il  n'y  a  qu'un 
seul  cône  de  pistils  au  sommet  de  la  flèche  centrale.  Les 
années  suivantes  on  en  voit  plusieurs  ,  mais  il  y  a  très-peu 
d'arbres  jeunes  qui  donnent  des  fleurs  mâles.  Ces  dernières 
se  montrent  sur  des  arbres  déjà  âgés ,  et  les  rameaux  qui 
supportent  les  chatons  d'étamines  sont  loin  de  présenter  le 
même  développement  que  ceux  qui  portent  les  fleurs  fe- 
mefles.  Quelques  pieds  assez  rares  ne  donnent  que  des  fleurs 
mâles.  Les  cônes  sont  solitaires  ou  géminés,  presque  ses- 
siles ,  formés  d'écaillés  ovales ,  à  écusson  rhomboïdal  et  ca- 
rénées en  travers,  qui  s'ouvrent  pour  répandre  des  graines 
elliptiques,  juste  deux  ans  après  l'apparition  des  fleurs  fe- 
melles. —  Il  fleurit  à  la  fin  de  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  ne  le  connais- 
sons que  sur  le  terrain  siliceux  et  rocailleux  ,  sur  les 
gneiss,  le  micaschiste  et  le  grès  houiller,  à  la  hauteur  de 
400  à  800™. 

Géographie.  —  Si ,  comme  nous  pensons  qu'on  doit  le 
faire,  on  sépare  cette  espèce  du  P.  Laricio,  elle  reste  conCnée 
dans  les  Cévennes  et  dans  les  Pyrénées  espagnoles,  occupant 
au  plus  4  à  6  degrés  carrés. 

PiNCS  PiCEA,  Lin.  {Abies  pectinata,  DC.)  —  Il  est  de 
tous  les  arbres  celui  qui  constitue  les  forêts  les  plus  sombres 
et  les  plus  ténébreuses  ;  il  s'associe  par  milliers  d'individus, 
et  offre  souvent  dans  un  espace  restreint  tous  les  âges  de  la 
vie ,  depuis  le  jeune  sapin  qui  lève  avec  son  verticille  de 


424  CONIFÈRES. 

cotylédons  jusqu'à  la  pyramide  élégante  dont  les  bran- 
ches inclinées  viennent  toucher  la  terre  et  ombrager  le  vieux 
tronc  abattu  par  le  temps,  et  que  les  mousses  viennent  en- 
vahir. C'est  à  peine  si  quelques  plantes  peuvent  vivre  sous 
leur  ombre  mystérieuse  ;  le  Vaccinium  Myrtillus ,  le  31e- 
lampyrum  pratense ,  les  pyroles  et  le  Listera  cordata 
sont  à  peu  près  les  seules  espèces  qui  fructifient  sous  ces 
sombres  arceaux  de  verdure.  Des  lichens  filamenteux,  des 
Usnea ,  des  Cornicularia ,  des  Physcia ,  pendent  de  leurs 
branches  ou  s'attachent  à  leurs  troncs.  C'est  un  admirable 
spectacle  de  suivre  dans  ces  forets  toutes  les  phases  de  la 
vie  de  ces  arbres,  depuis  l'époque  de  leur  naissance  jusqu'à 
leur  adolescence  séculaire,  et  depuis  leur  plus  beau  déve- 
loppement jusqu'à  l'époque  de  leur  décrépitude.  Leurs  ra- 
meaux^ régulièrement  étages  et  souvent  verticillés,  sont  gar- 
nis de  feuilles  solitaires  ,  rapprochées  et  disposées  sur  deux 
rangs.  Elles  sont  d'un  vert  sombre  en  dessus,  rayées  en 
dessous  de  deux  lignes  argentées,  et  presque  sessiles  sur 
leurs  rameaux.  Ces  feuilles  persistent  pendant  plusieurs  an- 
nées ,  puis  elles  tombent  en  laissant  sur  les  branches  des 
cicatrices  disposées  en  spirales  et  formant  des  lignes  plus 
ou  moins  régulières.  Au  printemps ,  ces  arbres  fleurissent , 
et  leurs  nouveaux  bourgeons  éclosent  ;  les  jeunes  feuilles 
s'échappent  d'écaillés  résineuses  sous  lesquelles  elles  étaient 
arrangées  en  faisceaux  symétriques  ,  et  bientôt  elles  se  dis- 
posent sur  deux  rangs.  Les  fleurs  mules  sont  réunies  en  petits 
chatons  solitaires ,  et  chaque  écaille  offre  2  anthères  qui 
s'ouvrent  au  sommet  et  répandent  en  abondance  un  pollen 
jaune  et  très- fin.  Tout  le  sol  de  la  forêt  est  couvert  de  cette 
poussière  fécondante  que  le  vent  enlève  et  transporte  quel- 
quefois à  de  grandes  distances.  Les  fleurs  femelles  naissent 
aux  sommets  des  arbres,  mais  au  lieu  d'être  unies,  comme 


PINDS.  425 

dans  les  pins ,  aux  bourgeons  foliacés ,  elles  sortent  une  à 
une  de  boutons  séparés.  Elles  forment  de  jolis  cônes  dres- 
sés, d'un  beau  vert,  dont  les  écailles  arrondies  s'écartent 
pour  que  le  pollen  puisse  pénétrer  sur  les  stigmates.  Chaque 
écaille  est  chargée  de  deux  ovaires  à  stigmates  globuleux.  — 
C'est  à  la  fin  de  mai  que  la  floraison  s'opère.  Dès  que  la 
fécondation  est  terminée,  les  écailles  se  resserrent  contre  leur 
axe.  Elles  grandissent,  deviennent  ligneuses,  et  les  cônes 
dressés  mûrissent  à  la  fin  de  l'année.  Au  printemps  suivant , 
ces  écailles  se  détachent ,  entraînent  avec  elles  les  deux 
graines  ailées  qui  étaient  à  leur  base ,  et  l'axe  du  cône  reste 
dressé  jusqu'à  ce  que  la  chute  soit  complètement  accomplie. 
—  Le  sapin  n'est  pas  toujours  seul  pour  constituer  des  forêts; 
on  le  trouve  quelquefois  associé  au  hêtre ,  au  bouleau ,  au 
tremble  et  à  quelques  saules,  mais  le  plus  ordinairement  il 
est  seul ,  et  ses  individus  serrés  laissent  le  sol  libre  à  leur 
pied.  C'est  sous  l'obscurité  protectrice  de  leurs  branches 
superposées ,  que  se  développent  en  automne  cette  multi- 
tude de  champignons  charnus ,  dont  les  vives  couleurs  et 
les  formes  variées  changent  la  forêt  en  un  véritable  jardin 
interdit  aux  rayons  du  soleil. 

Nature  du  sul.  —  Altitude.  —  Il  croît  sur  tous  les  ter- 
rains, mais  en  Auvergne  il  est  constamment  sur  les  sols 
primitifs  et  volcaniques ,  les  terrains  calcaires  ne  lui  offrant 
pas  une  altitude  suffisante.  C'est  en  effet  un  arbre  des  hautes 
montagnes,  dont  la  zone  est  comprise  sur  le  plateau  central 
de  la  France,  entre  600  et  1,500™,  et  qui  trouve  entre 
1,200  et  1,300™  son  maximum  de  bien-être.  De  Candolle 
lui  assigne-,  comme  minimum,  200™  dans  le  Palatinat,  et 
comme  maximum ,  1 ,600™  dans  les  Alpes  et  les  Apennins. 
Schouw  dit  qu'il  est  répandu  sur  toute  la  masse  des  Alpes , 


^"26  CONIFÈRES. 

de  l'est  à  l'ouest ,  et  qu'on  le  trouve  surtout  à  la  hauteur  de 
700  à  1,400",  mais  il  descend  jusqu'à  350™.  Il  croît  dans 
la  chaîne  entière  des  Apennins  ;  dans  la  partie  nord  de  cette 
chaîne  ,  la  région  de  cet  arbre  occupe  de  350  à  1,500™  ; 
dans  la  partie  sud,  de  700  à  1,800™  {Ann.des  sciences  nat. 
bot.,  3^  série,  t.  3 ,  p.  239).  Beaucoup  d'autres  mesures 
ont  été  données  pour  les  diverses  parties  de  la  chaîne  des 
Alpes,  elles  sont  toutes  entre  les  extrêmes  indiqués  par 
Schouw.  Dans  les  Carpathes,  Wahlenberg  indique  une  zone 
comprise  entre  974  et  1,169™.  11  est,  d'après  Thurmann, 
une  des  plantes  directrices  des  altitudes  dans  le  Jura  ,  et 
c'est  de  700  à  1,100™  qu'il  forme  le  plus  de  forêts  à  lui 
seul.  Dans  le  nord  ,  vers  sa  limite ,  près  de  Dresde  ou  de 
Breslau  ,  il  descend  à  peu  près  dans  la  plaine  ,  et  se  tient 
entre  100  et  200™;  mais  dans  le  midi  il  s'élève  beaucoup, 
puisqu'il  est  cité  sur  le  mont  Athos  jusqu'à  1,700™,  et 
sur  le  Canigou,  dans  les  Pyrénées,  à  1950™  ,  et  c'est  le 
point  le  plus  élevé  où  on  le  connaisse.  Tenore  l'indique  dans 
le  midi  de  l'Italie ,  entre  800  et  1 ,200°.  Il  mentionne  sur- 
tout ceux  qui  croissent  sur  les  flancs  orientaux  du  Siles.  «  Ils 
atteignent  de  130  à  150  pieds  de  hauteur,  et  leurs  cimes 
noirâtres  semblent  vouloir  disputer  aux  nues  l'empire  des 
régions  aériennes.  » 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  dans  le  centre 
de  la  France ,  dans  les  Pyrénées ,  dans  le  midi  de  l'Italie ,  en 
Grèce  et  en  Sicile.  — Au  nord ,  il  existe  dans  les  Vosges , 
dans  le  Jura ,  en  Silésie ,  à  Dresde  et  sur  quelques  au- 
tres points  de  l'Allemagne,  et  sur  les  Carpathes.  —  A 
l'occident,  il  reste  dans  les  Pyrénées.  —  A  l'orient,  on  le 
trouve  en  France ,  en  Suisse ,  où  il  est  bien  moins  répandu 
que  le  P.  Abies;  en  Hongrie,  en  Croatie,  en  Transylvanie, 


PiKus.  427 

en  Grèce,  en  Turquie,  dans  le  Caucase  et  dans  l'Asie-Mi- 
neure  septentrionale. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Sicile 38"      |  Ecart  en  latitude  : 

A'orc^,  Principauté  de  Waldeck.   51       -'  13° 

Occident ,  Pyrénées 5  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orienta  Caucase , 46  E.j  51° 

Carré  d'expansion 663 


428  ALISMACÉES. 


MONOCOTYLÉDONES. 


FAMILLE  DES  ALIS3IACEES. 


Cette  famille  ne  renferme  qu'un  petit  nombre  de  plantes 
disséminées  sur  toute  la  terre,  mais  habitant  de  préférence 
les  eaux  stagnantes  des  régions  tropicales  et  tempérées. 
Nulle  part  elles  ne  sont  abondantes ,  moins  encore  en  Eu- 
rope qu'ailleurs ,  car  les  flores  les  plus  riches  de  cette  partie 
du  monde ,  telles  que  celles  de  la  France  et  de  la  Russie 
moyenne  ,  n'en  ont  pas  plus  de  6  espèces ,  et  la  proportion  , 
relativement  à  l'ensemble  de  la  végétation  européenne ,  est 
seulement  de  1  à  648. 

G.  ALXSMA  ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  Aîisma  sont 
des  plantes  aquatiques  qui  recherchent  les  lieux  tourbeux  et 
les  marécages ,  et  dont  quelques-unes  nagent  à  la  surface 
des  eaux.  On  en  connaît  24  espèces  :  6  sont  eu- 
ropéennes, la  plupart  de  l'Europe  australe  ,  mais  quelques- 
unes  cependant  s'avancent  très-loin  vers  îe  nord.  —  6  sont 
asiatiques  :  des  Indes  orientales  et  du  Népaul,  —  8  habitent 
le  Brésil.  —  3  seulement  ont  été  indiquées  dans  l'Amérique 
du  nord.  —  Une  seule,  africaine,  croît  en  Guinée. 


ALISMA.  429 

Alisma  Plantago ,  Lin.  —  Les  plantes  aquatiques  sont 
profondément  modifiées  selon  le  milieu  dans  lequel  elles  se 
développent,  et  les  organes  qui  sont  destinés ,  selon  les  cir- 
constances, à  végéter  dans  l'eau  ou  dansFair  atmosphéri- 
que, changent  de  forme  comme  de  fonction  ,  selon  cette 
alternative.  L'A.  Plantago  est  vivace,  et  ses  graines,  qui 
tombent  dans  l'eau,  descendent  sur  la  vase  oui  elles  ne 
lardent  pas  à  germer;  on  voit  alors  les  jeunes  plantes  qui 
élèvent  leurs  feuilles  et  viennent  flotter  à  la  surface  ,  jusqu'à 
ce  que  la  gelée  saisisse  le  liquide  qui  les  soutient.  Le 
printemps  suivant  l'accroissement  continue,  et  V Alisma, 
dès  la  seconde  ou  la  troisième  année  ,  se  présente  avec  une 
sorte  de  bulbe  allongé,  formé  par  la  base  fibreuse  des  an- 
ciennes feuilles ,  et  d'où  partent  des  racines  ramifiées  qui 
s'enfoncent  dans  la  vase.  Ses  feuilles  radicales ,  variables 
dans  leur  forme ,  sont  pétiolées  ,  munies  de  grosses  nervu- 
res parallèles ,  de  petites  nervures  transversales ,  et  bordées 
par  un  filet  fibreux  qui  les  maintient  toujours  dans  une  com- 
plète intégrité.  Avant  leur  entier  développement,  ces  feuil- 
les sont  roulées  sur  leurs  deux  bords  supérieurs,  et  logées, 
à  la  base  des  feuilles  déjà  développées,  dans  un  sillon  bordé 
de  deux  prolongements  membraneux.  Les  feuilles,  dressées, 
sont  presque  toujours  portées  hors  de  l'eau  par  des  pétioles 
renflés  etlacuneux  qui  renferment  beaucoup  d'air  dans  leurs 
tissus.  Quelquefois  plusieurs  de  ces  feuilles ,  qui  restent  sub- 
mergées, sont  transparentes  et  amincies  à  leur  base.  Du  mi- 
heu  des  feuilles  s'élève  une  hampe  verte  et  légèrement  tri- 
gone  ,  nue  à  sa  base  ,  et  qui  plus  haut  est  garnie  de  4  ou  5 
verticilles  de  fleurs.  De  chacun  de  ces  nœuds  partent  3  pé- 
doncules principaux ,  et  3  autres  moins  développés  ;  ces  6 
pédoncules  sont  verticilles  à  leur  tour ,  mais  ces  verticilles 
secondaires  sont  moins  garnis,  et  le  dernier  ressemble  un  peu 


430  ALISMACÉES. 

à  une  ombelle  simple.  Chaque  nœud  fournit  encore  plu- 
sieurs pédicelles  uniflores  qui  s'élèvent  à  des  hauteurs  dif- 
férentes et  se  développent  successivement;  enfin  tous  les 
verticilles  primitifs  ou  secondaires  sont,  de  plus  ,  garnis  d'in- 
volucres  protecteurs.  —  La  fleur  est  formée  de  3  sépales 
rayés,  blanchâtres,  à  rebords  membraneux  ,  et  de  3  pétales 
demi-transparents,  à  teinte  rosée  et  à  onglet  blanchâtre; 
entre  chaque  pétale  sont  placées  2  étamines  qui  s'ouvrent 
en  dehors  et  fécondent,  sur  les  fleurs  voisines,  les  stigmates 
papillaires.  Les  fleurs  qui  s'ouvrent  les  premières  sont  celles 
du  verticille  inférieur,  mais  dans  chaque  verticille  la  fleur  ter- 
minale commence  à  s'épanouir ,  et  les  autres  successivement 
et  assez  tard  pour  qu'on  puisse  y  remarquer  des  fleurs  qui  ré- 
pandent déjà  leurs  graines,  d'autres  qui  les  mûrissent,  et 
d'autres  enfin  qui  ne  sont  pas  encore  développées.  Ce  mode 
de  floraison  fait  que  cet  Alisma  reste  longtemps  garni  de 
fleurs  ;  chacune  d'elles  s'ouvre  le  matin  et  se  referme  pour 
toujours  avant  le  coucher  du  soleil.  Les  pétales  se  roulent 
sur  eux-mêmes,  tandis  que  les  calices  restent  étalés ,  et 
pendant  que  les  fleurs  avenir  dégagent  insensiblement  leurs 
pétales ,  dont  les  bords  se  recouvrent,  et  les  préparent  à  l'é- 
panouissement du  lendemain.  — Après  la  fécondation,  les 
carpelles,  triangulaires,  sillonnés,  et  comme  bilobés ,  se 
disposent  en  verticille  régulier  sur  le  réceptacle ,  puis  ils  se 
détachent  et  tombent  à  la  surface  de  l'eau  (  Vaucher ,  t.  4  , 
p.  220  ).  \J Alisma  vit  dans  les  eaux  en  petites  sociétés  ou 
en  touffes  séparées.  11  est  souvent  uni  au  Veronica  Jiecca- 
bunga^aiVL  Ghjceria  fluitans  ^  et  à  toutes  les  espèces  qui 
cherchent  comme  lui  les  eaux  dormantes  ou  le  bord  vaseux 
des  rivières  et  des  étangs. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  vit 
dans  les  eaux  ou  sur  les  sols  vaseux.  11  reste  ordinairement 


ALISMA .  43  1 

dans  les  plaines ,  mais  il  peut  s'élever  dans  les  montagnes 
jusqu'à  la  limite  supérieure  du  hêtre. 

Géographie.  —  Son  aire  est  très-vaste.  Au  sud  ,  il  existe 
en  France  ,  en  Espagne ,  en  Algérie  et  en  Abyssinie  sur  le 
bord  des  étangs  et  dans  les  lieux  inondés  de  la  province  de 
Chizé.  —  Au  nord  ,  il  atteint  la  Laponie ,  TAngleterre  et 
l'Irlande  sans  entrer  dans  les  archipels.  —  A  l'occident ,  il 
vit  en  Portugal ,  au  Canada  et  dans  le  Saskatchawan.  —  A 
l'orient ,  il  végète  en  Suisse ,  en  Italie ,  en  Sicile  ,  en  Dalma- 
tie  ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie ,  en  Grèce  , 
en  Turquie,  en  Tauride,  dans  le  Caucase  ,  en  Géorgie,  dans 
toutes  les  Russies ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï , 
du  Baïkal  et  orientale  ,  dans  la  Dahurie  et  le  Kamtschatka. 
—  On  cite  encore  cet  AUsmak  la  Nouvelle-Hollande. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Abyssinie lO'*     | Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 69       j  59» 

Occident ,  Canada 75  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

OrîVn^,  Kamtschatka 170  E.  j  245» 

Carré  d'expansion 14455 

Alisma  natans,  Lin. — Cette  espèce  devient  parfois  très- 
commune  dans  les  lacs,  les  fossés  et  les  eaux  peu  profondes. 
Elle  offre  deux  sortes  de  feuilles ,  les  unes  fixées  au  fond  de 
l'eau  près  des  racines  et  d'autres  ovales  et  flottantes  aux- 
quelles de  longs  pétioles  filiformes  permettent  de  monter  ou 
de  descendre  suivant  le  niveau  du  liquide  qui  les  soutient. 
Ses  fleurs,  blanches  et  grandes,  solitaires  ou  réunies  en  om- 
belles très-lâches  ,  viennent  ordinairement  s'épanouir  dans 
l'air ,  et  restent  quelquefois  plongées  dans  le  liquide  où  elles 


-432  ALISMACÉES. 

ouvrent  néanmoins  leurs  corolles. D'autres  fois, au  contraireja 
plante  devient  terrestre  et  végète  entièrement  dans  l'air  atmos- 
phérique; aussi  cette  espèce,  dit  M.  Chatin  ,  peut,  avec  le 
Trapa  natans  et  quelques  autres,  être  considérée  comme 
«  le  type  d'une  série  de  plantes  flottantes,  dont  les  feuilles 
ont  l'épiderme  de  la  face  supérieure  (à  la  fois  cliromulifère 
et  stomatifère),  organisé  pour  la  vie  amphibie  ,  c'est-à-dire, 
pour  respirer  aussi  bien  dans  l'eau  que  dans  l'air.  »  (Bullet* 
de  la  soc.  Bot.  de  France  ,  t.  2,  p.  675). 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  croît 
dans  les  eaux  tranquilles  des  plaines  et  des  montagnes.  Nous 
le  trouvons  en  Auvergne  entre  800  et  1,500™. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  reste  sur  le  plateau  central 
de  la  France  et  dans  la  Gironde.  —  Au  nord  ,  il  existe  en 
France,  en  Belgique  ,  en  Allemagne,  en  Bavière,  en  Da- 
nemarck  et  dans  la  Norvège  australe ,  en  Angleterre  et  en 
Irlande.—  A  l'orient,  il  est  cité  en  Autriche  et  en  Russie, 
en  Lithuanie  et  en  Livonie.  C'est  une  espèce  occidentale. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  France 440     |Ecart  en  latitude  ! 

Nord,  Norvège 59       j  lo» 

Occident ,  Irlande 12  O.  j  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Lithuanie 30  E.  j  42» 

Carré  d'expansion. , , 630 

Alisma  ranunccloides.  Lin. —  Il  croît  en  sociétés  nom- 
breuses sur  le  bord  des  eaux  et  offre  des  feuilles  linéaires , 
radicales,  pointues,  et  portées  sur  de  longs  pétioles,  et  des 
tiges  allongées ,  terminées  par  quelques  fleurs  grandes  et  ro- 
ses qui  ne  s'ouvrent  que  pendant  peu  de  temps.  Les  pédon- 


DAMAZONirM.  433 

cules  sont  très-longs ,  ses  capsules  sont  anguleuses ,  réunies 
en  petites  têtes ,  mais  non  verticillées.  —  Elle  fleurit  en  été. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  Elle  est  aquatique ,  in- 
différente à  la  nature  du  sol,  et  reste  dans  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud,  la  France ,  l'Espagne  et  l'Al- 
gérie.—  Au  nord ,  l'Allemagne ,  la  Bohême ,  le  Danemarck, 
la  Gothie  ,  l'Angleterre  et  l'Irlande.  —  A  l'occident ,  le  Por- 
tugal. —  A  l'orient,  la  Suisse,  l'Italie,  la  Sicile,  la  Dal- 
raatie,  la  Croatie  et  la  Lithuanie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 35°      ') Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Danemarck 56       )  21^ 

Occident ,  Irlande 12  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Lithuanie 30  E.  j  4'i<» 

Carré  d'expansion 882 

G.  DAMAZOSffZUni. 

On  n'en  connaît  que  2  espèces ,  dont  une  habite  à  la  fois 
l'Europe  et  l'Afrique  boréale,  tandis  que  l'autre  est  à  la 

Nouvelle-Hollande. 

Damazomoi  stellâtum,  Delarbre.  —  Il  est  vivace 
et  croît  sur  le  bord  des  étangs  et  dans  l'eau  dormante  des 
fossés.  Ses  feuilles  radicales  sont  pétiolées ,  ovales ,  oblon- 
gues,  échancrées  en  cœur  à  leur  base,  et  entourent  des 
hampes  courtes  portant  à  leur  sommet  1  ou  2  verticilles  de 
fleurs  petites  et  blanches  accompagnées  d'un  involucre  de 
3  folioles  membraneuses.  Les  carpelles,  aplatis  et  terminés 
en  pointe ,  sont  disposés  en  une  étoile  régulière.  —  Il  fleurit 
pendant  la  majeure  partie  de  l'été. 

vni  28 


434  AUSMACÉES. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  aquatique ,  indiffé- 
rent et  reste  dans  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France,  en  Espagne 
et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  en  France ,  en  Angleterre  et  en 
Russie.  —  A  l'occident,  en  Portugal.  — A  l'orient,  il  est 
en  Italie ,  en  Sardaigne ,  en  Sicile  ,  en  Dalmatie ,  dans  le 
Caucase  et  dans  les  plaines  salifères  près  de  la  Caspienne. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Algérie 36®      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Moscou 56       )  20» 

Occident ,  Portugal 11  O.  )  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Mer  Caspienne 47  E.  j  58« 

Carré  d'expansion 1160 

G.  SAGITTARIA,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ces  jolies  plan- 
tes, dont  le  nombre  dépasse  aujourd'hui  30  espèces,  sont 
à  peu  près  toutes  étrangères  à  l'Europe  et  se  présentent 
surtout  dans  les  eaux  de  l'Amérique  du  nord.  On  en  cite 
17  qui ,  presque  toutes,  à  l'exception  de  1  ou  2  du  Mexi- 
que et  de  la  Nouvelle-Grenade ,  croissent  dans  la  partie 
tempérée  du  Nouveau-Monde ,  aux  Etats-Unis  et  au  Ca- 
nada. —  7  espèces  végètent  dans  l'Amérique  du  sud,  au 
Brésil,  au  Chili  et  à  Monte-Video.  —  8  sont  citées  en  Asie  : 
aux  Indes  orientales ,  à  la  Chine ,  au  Népaul ,  en  Dahurie  et 
à  Surinam. 

Sagittaria  SAGiTT^FOLiA ,  Lin.  —  Cette  espèce  est 
une  des  plus  élégantes  parmi  celles  que  la  nature  a  chargées 


SAGITTARIA.  435 

(le  décorer  le  bord  des  eaux  et  de  cacher  la  fange  des  étangs. 
Ses  racines,  tubéreuses  et  blanches,  produisent  des  espèces  de 
bourgeons  formés  de  membranes  superposées  qui  s'ouvrent 
par  le  côté  et  reproduisent  abondamment  la  plante  ;  aussi 
elle  vit  en  sociétés  nombreuses ,  dont  les  individus ,  serrés 
les  uns  contre  les  autres,  couvrent  de  grands  espaces  sur  le 
bord  des  eaux.  Les  premières  feuilles  sont  simples,  demi- 
transparentes,   allongées,  et  restent  submergées.  Ce  sont 
ordinairement  les  seules  que  possède  la  plante  dans  sa  pre- 
mière période  de  croissance,  c'est-à-dire  dans  sa  première 
année.  Dès  le  commencement  de  la  seconde,  d'autres  feuilles , 
à  limbe  sagitté  et  porté  sur  un  long  pétiole  spongieux  et  trian- 
gulaire, s'élèvent  au-dessus  du  liquide  ,  et  au  milieu  d'elles  , 
naît  la  tige  également  à  3  angles  et  qui  se  termine  par  un 
épi  de  fleurs  verticillées  3  à  3.  Ces  fleurs  sont  monoïques. 
Chacun  des  verticilles  est  entouré  de  3  bractées.  Les  fleurs 
mâles ,  plus  nombreuses,  sont  placées  au-dessus  des  autres. 
Elles  offrent,  comme  les  femelles,  un  périgone  à  6  divisions, 
dont  3  extérieures  persistantes  et  calicinales,  et  3  intérieu- 
res blanches  et  pétaloïdes,  roses  à  leur  base,  qui  persistent  long- 
temps sans  se  fermer  et  sans  se  rouler  comme  ceux  des  Alisma. 
Les  étamines  sont  nombreuses,  à  filets  élargis,  à  anthères  bru- 
nes qui  s'ouvrent  en  dehors  et  laissent  tomber  leur  pollen  oran- 
gé sur  les  stigmates  en  lamelles  papillaires  des  fleurs  femelles 
situées  aux  verticilles  inférieurs.  Ces  fleurs  ont  en  effet  des 
ovaires  nombreux,  ramassés  en  tête ,  qui  se  transforment  en 
petites  capsules  aplaties,  bordées  et  monospermes.  —  Les 
feuilles  du  Sagittaria  deviennent  quelquefois  flottantes,  ainsi 
que  la   plante  entière.  M.  Kirschleger  a  trouvé ,  près  de 
Strasbourg ,  cette  plante  avec  des  feuilles  longues  de  2  mè- 
tres ,  larges  de  2  à  3  centimètres,  presque  transparentes ,  et 
il  a  vu  aussi  sa  tige  florifère  flexueuse ,  longue  de  1  à  2  mè- 


436  ALISMACÉES. 

très  et  également  flottante  (Bull,  de  la  Soc.  bot.  de  France, 
t.  3,  p.  542).  —  M.  Germain  a  cité  le  Sagiltariaf  ainsi 
que  le  Convolvidus  sepium ,  comme  ayant  des  tiges  descen- 
dantes. «  Cette  espèce ,  dit-il,  émet  à  l'aisselle  de  ses  feuil- 
les deux  sortes  de  rameaux  ;  les  uns  sont  ascendants,  aériens, 
florifères  et  fructifères  ;  les  autres  sont  de  couleur  blanche 
nacrée  et  d'aspect  radiciforme  ;  ils  présentent  des  feuilles 
réduites  à  des  écailles  membraneuses  ;  leur  longueur  dépasse 
quelquefois  5  à  8  décimètres  et  est  en  rapport  avec  la  pro- 
fondeur du  terrain  et  de  l'eau.  Ces  rameaux  ou  rhizomes,  qui 
s'enfoncent  verticalement  de  haut  en  bas  dans  le  sol,  sont, 
pendant  leur  premier  état,  cylindriques  dans  toute  leur  éten- 
due ;  ils  se  terminent  par  une  extrémité  aiguë,  qu'une  coupe 
longitudinale  montre  constituée  par  déjeunes  feuilles  emboî- 
tées, et  qui  constitue  un  bourgeon  terminal.  L'axe  de  ce 
bourgeon  se  renfle  insensiblement ,  devient  charnu  et  prend 
une  forme  globuleuse  ;  cet  accroissement  de  volume  a  lieu 
dans  le  courant  de  l'automne  :  dès  les  premiers  froids,  la 
plante  mère ,  frappée  de  mort ,  disparaît  après  avoir  dissé- 
miné ses  graines  ;  les  rhizomes  radiciformès  eux-mêmes ,  se 
détruisent,  et  leur  bourgeon  terminal  charnu,  enfoncé  de 
haut  en  bas  dans  la  vase ,  est  la  seule  partie  de  la  plante  qui 
reste  vivante.  Ces  corps  charnus,  d'aspect  bulbiforme,  repro- 
duisent chacun  la  plante  au  printemps  suivant ,  le  bourgeon 
qui  la  termine  s'aUonge  en  se  recourbant  de  bas  en  haut  et 
s'épanouit  en  une  rosette  de  lames  foliacées  qui  émet  des 
fibres  radicales  à  sa  base.  Une  nouvelle  plante  mère  est  dès 
lors  constituée  et  joue  le  môme  rôle  que  la  plante  de  l'année 
précédente.  »  (Inslitut,  23  janvier  1856,  p.  31.) 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  — Aquatique  et  indifférent, 
il  reste  en  plaine  ou  dans  les  lieux  peu  élevés. 

Géographie.  —  Au  sud ,  cette  plante  croît  en  France  et 


BUT03IACÉES.  437 

dans  le  centre  de  l'Espagne.  —  Au  nord ,  elle  est  disséminée 
dans  toute  l'Europe  centrale,  en  Danemarck,  en  Gothie,  en 
Norvège,  en  Finlande  ,  dans  la  Suède  australe,  en  Angle- 
terre et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  elle  vit  aussi  en  Portu- 
gal et  dans  l'Amérique  du  nord  le  long  de  la  rivière  de 
Colombie  et  de  Walla-Wallah ,  sur  la  côte  nord-ouest  ;  au 
Canada ,  à  Terre-Neuve  et  au  Saskatchawan.  —  A  l'orient, 
on  la  connaît  en  Suisse ,  en  Lombardie,  en  Croatie,  en  Hon- 
grie ,  en  Transylvanie ,  en  Turquie ,  en  Géorgie ,  dans  toutes 
les  Russies,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du 
Baïkal,  orientale,  dans  la  Dahurie  et  au  Kamtschatka. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Espagne 40°      I  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Finlande 62       )  22o 

Occident,  Amérique 125  O.  ^  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Kamtschatka. 170  E.  )  295° 

Carré  d'expansion 6490 


FAxlIlLLE  DES  BUT03IACEES. 


Les  plantes  de  cette  famille  sont  moins  nombreuses  en- 
core que  celles  de  la  précédente  ,  elles  vivent  aussi  dans  les 
eaux  stagnantes  des  régions  tempérées  et  tropicales.  Une 
seule  espèce  habite  l'Europe. 

G.  BUTOMUS I  Lin. 

4  Butomus  sont  décrits  dans  les  ouvrages  de  botanique  ; 


438  BCTOMACÉES. 

tous  4  sont  asiatiques,  des  Indes  orientales ,  du  Népaul ,  de 
la  Sibérie,  et  l'une  de  ces  espèces  habite  aussi  l'Europe. 

BuTOMUS  UMBELLATUS,  Lin.  —  Pendant  que  la  surface 
des  eaux  tranquilles  ou  doucement  agitées  offre  les  par- 
terres flottants  des  Nymphœa  et  des  Potamogeton,  leurs  bords 
sont  ornés  de  l'élégant  Bulomiis  qui  laisse  épanouir  ses  om- 
belles colorées  près  des  Sparganiiim  et  des  fourrés  d'Equi- 
setum.  Ses  racines  traçantes  et  horizontales ,  blanches  et 
charnues,  sont  enfouies  dans  la  vase  et  donnent  tous  les  ans 
de  nouveaux  rejets.  Ses  feuilles  radicales  sont  allongées , 
étroites,  et  ses  hampes  élevées,  remplies  de  moelle  à  l'in- 
térieur, paraissent  au-dessus  des  autres  végétaux.  Elles  sont 
terminées  par  un  bouton  fermé ,  dont  les  bractées  scarieuses 
et  demi-transparentes  laissent  apercevoir  les  fleurs  qui 
doivent  bientôt  se  développer.  En  effet ,  cette  espèce  de 
spathese  divise,  et  15  à  20  fleurs,  disposées  en  une  gracieuse 
ombelle,  s'épanouissent  successivement.  Elles  sont  brunes  et 
roses ,  formées  de  3  sépales  extérieurs  d'un  brun  rouge  et 
de  3  sépales  intérieurs  roses ,  concaves  et  arrondis.  Les 
étamines  sont  au  nombre  de  9,  dont  3  intérieures,  et  répan- 
dent un  pollen  orangé  sur  6  stigmates  en  languettes  papil- 
laires.  Le  fruit  est  formé  par  6  petites  capsules  uniloculaires. 
—  11  est  vivace  et  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Presqu'indifférent ,  il 
recherche  un  peu  les  vases  calcaires  et  reste  dans  les  plaines. 
Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France  et  dans  le  midi 
de  l'Italie.  —  Au  nord ,  il  habite  la  Belgique ,  l'Allemagne, 
la  Bavière ,  le  Danemarck ,  la  Gothie ,  la  Norvège ,  la  Fin- 
lande ,  la  Suède  australe ,  l'Angleterre  et  l'Irlande.  —  A 
l'occident,  il  croît  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  végète  en 
Suisse,  en  Dalmatie  ,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transyl- 


JCNCAGIN'ÉES.  439 

vanie ,  en  Turquie  ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase,  en  Géor- 
gie ,  dans  toutes  les  Russies ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural , 
de  l'Altaï,  du  Baïkal ,  et  dans  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce, 

Sud  ,  Midi  de  l'Italie 40°      J  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 66        i  26*» 

Occident,  Irlande 12  O.  I  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Dahurie 119   E.  |  131° 

Carré  d'expansion 3406 


FAMILLE  DES  JUNCAGINEES. 


Les  espèces  peu  nombreuses  de  cette  petite  famille  vivent 
dans  les  marais  tourbeux  de  l'Amérique  et  de  l'Europe  , 
mais  cette  dernière  contrée  n'en  nourrit  qu'un  petit  nombre , 
car  les  flores  les  plus  riches  n'en  possèdent  que  3  espèces. 

G.  SCBSUCEZEKIA ,    Lin. 

Genre  formé  d'une  seule  espèce  qui  habite  à  la  fois  l'Eu- 
rope ,  l'Asie  et  l'Amérique. 

ScHECCHZERTA  PALUSTRis,  Lin.  —  C'cst  à  peine  si  l'on 
distingue  cette  espèce  au  milieu  des  joncs  et  des  Sphagnuni 
où.  elle  fait  sa  résidence.  On  la  trouve  toujours  dans  les  lieux 
tourbeux ,  sur  le  bord  des  lacs  ou  sur  leurs  îles  flottantes. 
Ses  longues  racines,  que  l'on  peut  considérer  comme  des 
rhizomes,  tracent  dans  la  vase  et  émettent  des  tiges  assez 


440  JUNCAGINÉES. 

courtes  et  noueuses,  fléchies  alternativement  à  chaque  nœud 
et  munies  de  feuilles  simples  et  rétrécies  qui  sont  fixées  par 
des  gaines  courtes  et  renflées.  Les  fleurs,  verdâtres  sans 
éclat ,  naissent  au  sommet  de  la  tige  en  une  petite  grappe 
peu  garnie  entremêlée  de  quelques  bractées.  Les  étamines  , 
au  nombre  de  6 ,  sont  extrorses ,  allongées ,  portées  sur  de 
courts  filets  et  opposées  aux  6  divisions  du  périgone.  Elles 
répandent  leur  pollen  ou  sur  leurs  propres  fleurs  ou  sur  les 
fleurs  voisines  et  fécondent  des  stigmates  adnés  au  sommet 
des  ovaires.  — Le  fruit  est  formé  de  petites  capsules  di- 
vergentes ,  aplaties,  à  deux  valves,  et  contenant  chacune  un 
petit  nombre  de  graines.  —  Il  est  vivace  et  fleurit  en  juin 
et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  — Altitude. — Terrains  aquatiques,  si- 
liceux et  détritiques  de  la  plaine  et  des  montagnes.  Nous  le 
trouvons  en  Auvergne  jusqu'à  1,300°*.  M.  de  Candolle  l'in- 
dique à  1,400™  dans  le  Jura. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  dans  les  Pyré- 
nées. —  Au  nord ,  il  vit  en  AHemagne,  en  Bavière ,  en  Da- 
nemarck,  en  Gotliie,  en  Norvège,  en  Suède,  en  Finlande, 
en  Laponie  dans  les  marais  froids  et  profonds  mêlé  à  une 
multitude  de  Carex;  il  est  aussi  en  Angleterre.  — A  l'occi- 
dent,  il  habite  l'Amérique  du  nord^  la  baie  d'IIudson,  les 
points  élevés  des  montagnes  Rocheuses.  —  A  l'orient ,  il 
existe  en  Suisse  ,  oii  déjà  il  fructifie  rarement  dans  le  nord 
de  cette  contrée ,  selon  Wahlenberg  ;  en  Croatie ,  en  Hon- 
grie, en  Transylvanie,  dans  toutes  les  Russies  et  dans  les 
Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï  jusqu'au  Ienisseï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Pyrénées 43»     ] Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 69       ^  26» 


TRIGLOCHTN.  441 

Occident ,  Amérique 125  0.  i  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Ienisseï 90  E.  j  215« 

Carré  d'expansion , 5590 

G.  THIGLOCHIN  ,  Lin, 

Dislribution  géographique  du  genre.  —  Il  est  formé  de 
18  espèces  qui  recherchent  les  Heux  tourbeux  et  maréca- 
geux. 5  croissent  dans  ces  conditions  à  la  Nouvelle-Hollande. 
—  4  européennes  végètent  en  Sicile ,  en  Italie  ou  dans  le 
centre.  —  4  de  l'Amérique  du  sud  habitent  le  Pérou  et  le 
Chili.  —  3  de  l'Amérique  du  nord  ont  été  rencontrées  au 
Mexique  et  à  la  Caroline.  —  Enfin  2,  africaines,  font  partie 
de  la  végétation  du  cap  de  Bonne-Espérance. 

Triglociiin  MARITIMU3I,  Lin.  — Cette  espèce  vivace 
habite  les  bords  de  la  mer  et  les  lieux  arrosés  par  les  eaux 
minérales.  Elle  vit  en  société  nombreuse  et  forme  des  touffes 
d'un  vert  sombre  dont  les  feuilles,  longues  et  presque  cylin- 
driques, sont  élargies  à  la  base  en  gaines  superposées  et 
forment  comme  une  espèce  de  bulbe  à  tuniques.  Les  pé- 
doncules ou  les  hampes  portent  un  grand  nombre  de  Ceurs 
vertes ,  disposées  en  un  épi  serré ,  dont  la  floraison  ,  qui 
commence  à  la  base,  continue  pendant  longtemps.  Son  fruit 
arrondi  est  à  6  loges  distinctes.  — Cette  espèce  est  souvent 
associée  au  Glyceriadislans,  à  VArenaria média,  au  Glatix 
maritima,  au  Trifolium  inaritimum,  etc. —  Elle  fleurit  en 
juin ,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Terrains  sahfères  de  la 
plaine. 

Géographie.  —  Au  sud ,  ce  Triglochin  croît  en  France 
et  en  Espagne.  —  Au  nord ,  il  est  beaucoup  plus  répandu , 


442  JUNCAGINÉES. 

le  long  des  rivages  et  dans  les  lieux  salés  de  toute  l'Europe , 
jusque  dans  la  Laponie,  dans  l'Altenfiord  et  dans  la  plupart 
des  fiords  intérieurs  duFinmark,  en  Angleterre,  en  Irlande 
et  dans  tous  les  archipels ,  y  compris  les  Feroë  et  l'Islande. 
—  A  l'occident,  il  existe  en  Portugal,  dans  l'Amérique  sep- 
tentrionale ,  à  Terre-Neuve ,  au  Labrador ,  au  Canada  ,  à  la 
côte  nord-ouest,  au  Saskatchawan  et  aux  montagnes  Rocheu- 
ses. —  A  l'orient,  il  se  trouve  en  Suisse,  dans  le  nord  de 
l'Italie  ,  en  Dalmatie,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie,  dans 
les  déserts  de  la  Caspienne  ,  dans  toutes  les  Russies  ,  dans 
les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale, 
dans  la  Dahurie  et  dans  l'île  de  Sitcha. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Espagne 41°      ) Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Altenfiord 70       j  29« 

Occident  et  Orient 360       J  «^  J 

Carré  d'expansion 10440 

Triglochin  palustre  ,  Lin.  —  On  le  rencontre  sur  le 
bord  des  eaux,  dans  les  lieux  marécageux  ,  avec  les  joncs  et 
les  autres  plantes  aquatiques.  —  Ses  racines  sont  vivaces  et 
traçantes  ;  elles  donnent  continuellement  des  pousses  for- 
mées de  feuilles  étroites,  creusées  en  gouttière,  et  engaînées 
à  leur  base.  Les  individus  qui  doivent  fructifier  laissent  sortir 
des  hampes  très-minces,  sur  lesquelles  une  vingtaine  de 
fleurs  sont  disposées  en  épis.  Chacune  d'elles  est  portée  sur 
un  pédoncule  solitaire  et  dépourvue  de  bractées.  Le  périgone 
est  caduc,  à  6  divisions,  dont  3  extérieures  étalées,  et  3  in- 
térieures redressées  ;  les  6  étamines  sont  opposées  à  ces  di- 


TRIGLOCHIN,  443 

visions  ;  elles  s'ouvrent  en  dehors  et  répandent  un  pollen 
blanchâtre  sur  3  stigmates  plumeux.  Après  la  fécondation , 
les  ovaires  grossissent  et  se  transforment  en  un  fruit  à  trois 
pointes  recourbées.  —  Il  fleurit  en  juin ,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Terrains  salifères  de  la 
plaine  et  des  montagnes  peu  élevées. 

Géographie.  —  Son  aire  est  aussi  très-étendue.  Au  sud , 
il  croît  en  Espagne  et  dans  les  prés  humides  de  l'Algérie. — 
Au  nord ,  il  existe  dans  toute  l'Europe ,  jusque  dans  les 
lieux  marécageux  de  la  Laponie  et  du  pays  des  Samoïèdes  ; 
il  est  aussi  en  Angleterre,  en  Irlande,  dans  les  archipels, 
aux  Feroë  et  en  Islande ,  où  il  végète  souvent  avec  une 
grande  vigueur  autour  des  sources  minérales,  soumise  une 
température  de  21  degrés.  —  A  l'occident,  on  le  trouve  en 
Portugal  et  dans  l'Amérique  septentrionale  ,  à  Terre-Neuve, 
au  Labrador  et  sur  le  Saschatkawan  ,  dans  le  nord  du  Ca- 
nada. —  A  l'orient,  il  habite  la  Suisse,  l'Italie ,  la  Croatie , 
la  Hongrie  ,  la  Transylvanie ,  la  Tauride  ,  le  Caucase  ,  la 
Géorgie  ,  toutes  les  Russies ,  toutes  les  Sibéries ,  la  Sibérie 
arctique  exceptée ,  la  Dahurie  ,  le  Kamtschatka  et  l'île 
d'Unalaska. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie 35''      )  Ecart  en  latitude  . 

Nord ,  Laponie 70       j  35" 

Occident ,  Canada 130  0.  )  Écart  en  longitude  : 

Orient,  Aléoutiennes 180  E.  j  310» 

Carré  d'expansion 10850 


444  POTAMÉES. 


FAMILLE  DES  POTAMEES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  cens 
des  latitudes. 

Latitude.  Longitude. 

Nigritie 0°  à  10«  ISoQ.  à    5»  E.  0  :       0 

Abyssinie 10  à  16  32  E.  à  41   E.  1  :  555 

Algérie 33  à  30  5  0.  à    6  E.  1  :  187 

Roy.  de  Grenade...   36  à  37  5  0.  à    8  O.  1  :  310 

Sicile 37  à  38  10  E.  à  13  E.  1  :  151 

Portugal 37  à  42  9  O.  à  11  0.  1:190 

Royaume  de  Naples.  38  à  42  11   E.  à  16   E.  1  :  206 

Caucase 40  à  44  35  E.  à  48  E.  1  :  301 

Tauride 43  à  46  31  E.  à  34  E.  1  :  499 

Plateau  central 44  à  47  0        à    2  E.  1  :  157 

France 42  à  51  7  O.  à    6  E.  1   :  201 

Russie  méridionale..  47  à  50  22  E.  à  49  E.  1  :  202 

Allemagne 45  à  55  2  E.  à  14  E.  1  :  107 

Carpathes 49  à  50  19  E.  à  22  E.  1  :  211 

Angleterre 50  à  58  1  0.  à  7     O.  1  :     01 

Russie  moyenne ...   50  à  60  17   E.  à  58  E.  1  :     72 

Scandinavie  entière.   55  à  71  3  E.  à  29  E.  1  :     51 

Danemarck 52  à  57  7  E.  à  12  E.  1  :     43 

Gothie 55  à  59  10  E.  è  15  E.  1:     50 

Suède 55  à  69  10  E.  à  £2  E.  1:     52 

Norvège 58  à  71  2  E.  à  10  E.  1:     63 

Russie  septentrie...   60  à  66  19  E.  à  57  E.  1  :     51 

Finlande 60  à  70  18  E.  a  28  E.  1  :     47 

Laponie 65  à  71  14  E.  à  40  E.  1  :     71 

Europe  entière 1  :  221 


PROPORTIONS  RELATITES.  i45 

Taobczi  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
,  des  longitudes. 


Latitude. 

Irlande 51°  à  55" 

Angleterre 50  à  58 

Allemagne 45  à  55 

Russie  moyen  ne.. .  50  à  GO 

Sibérie  de  l'Oural.  44  à  67 

Sibérie  altaïque. . .  44  à  67 

Sibérie  du  Baïcal . .  49  à  67 

Dahurie 50  à  55 

Sibérie  orientale...  56  à  67 

Sibérie  arctique. . .  67  à  78 

Kamtschatka 46  à  67 

Pays  des  Tscbukhis.  »  » 

lies  de  l'Océan  or"'.  51  à  67 

Amérique  russe. . .  54  à  72 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 


Latitude. 

Roy.deGr"'%rég.alp.etniv.  36°  à  37° 

Roy.  deGrenade,rcg,  niv. .  36  à  37 

Pyrénées 42  à  43 

Pyrénées  élevées 42  à  43 

Pic  du  Midi  de  Bagnères. . .  » 

Plat,  central,  rég.montagn.  44  à  47 

Plateau  central ,  sommets. .  44  à  47 

Alpes 45  à  46 

Alpes  élevées. 45  à  46 


Longitude. 

7«0.  à  13° 

0. 

:  88 

1  0.  à   7 

0. 

:  61 

2  E.  à  14 

E. 

:  107 

17  E.  à  58 

E. 

:  72 

55  E.  h  74 

E. 

:  149 

66  E.  à  97 

E. 

;  239 

93  E.  à  116 

E. 

:  181 

110  E.  à  119 

E. 

:  252 

111  E.  àl63 

E. 

;  142 

60  E.  à  161 

E. 

0  : 

0 

148  E.  à  170 

E. 

0  ; 

0 

155  E.  à  175 

0. 

0  : 

0 

170  E.  à  130 

0. 

1  ; 

:  166 

170  0  à  130 

E. 

0  ; 

0 

Altitude  en  mètres. 

1500  à  3500  0  : 

:  0 

2500  à  3500  0  : 

:  0 

500  à  2700  0  ; 

:  0 

1500  à  2700  0  : 

:  0 

»  0  : 

:  0 

500  à  1900  0  ; 

:  0 

1500  à  1900  0  : 

:  0 

500  à  2700  0  ; 

:  0 

1500  à  2700  0  : 

:  0 

446  POTAMÉES. 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 

Latitude.  Longitude. 

Iles  du  Gap- Vert 12«>à  14°  24"  0.  à    27"0.  1:269 

Canaries 28  à  30  15  0.  à    20  O.  1  :  172 

Hébrides 57  à  58  8  0.  h    10  0.  1  :  66 

Orcades 59  5  O.  à      6  0.  1 :  33 

Shetland 60  à  61  3  0.  à      4  O.  1 :  44 

Feroë 62  9  0.  1:  59 

Islande 64  à  66  16  O.  à    27  O.  1 :  46 

Mageroë 71  24  E.  0.  0 

Spitzberg , .  79  à  80  10  E.  à    20  E.  0  :  0 

lleMelville 76  114  O.  0:  0 

lie  J.Fernandez....  33  à40S.  76  0.  0:  0 

Nouv.Zélande(nord).  35  à  42  S.  171  0.  à  176  0.  0:  0 

Malouines 52  S.  59  O.  à    65  0.  0:  0 

La  famille  des  Potamées  ou  Nayades  habite  les  eaux  dpu- 
ccs  ou  salées ,  préférant  celles  qui  sont  stagnantes  ou  peu 
animées,  à  celles  qui  coulent  avec  vitesse,  sans  cependant 
être  totalement  exclues  des  cours  d'eau  rapides.  Elles  se  trou- 
vent ,  comme  la  plupart  des  plantes  aquatiques  ,  dans  toutes 
les  parties  du  monde  et  surtout  dans  les  zones  tempérées. 
Comme  leur  nombre  reste  à  peu  près  le  même  dans  toutes 
les  parties  de  l'Europe ,  il  en  résulte  que  leur  proportion 
augmente  à  mesure  que  le  chiffre  d'une  tlore  diminue.  C'est 
ainsi  que  nous  trouvons  1/61  en  Angleterre,  1/51  en  Scan- 
dinavie, 1/43  en  Danemarck,  tandis  que  pour  l'Europe 
entière  le  rapport  est  1/221.  La  proportion  s'abaisse  dans 
les  pays  chauds ,  parce  que  les  eaux  y  sont  généralement 
moins  abondantes  ,  et  dans  les  pays  très-froids  parce 
qu'elles  sont  trop  longtemps  congelées.  —  Le  tableau  rela- 


POTAMOGETON.  447 

tif  aux  longitudes  ne  nous  apprend  rien.  —  Celui  qui 
indique  leur  proportion  dans  les  montagnes  est  réduit  à  0, 
ce  qui  devait  avoir  lieu  ,  puisque  les  cours  d'eau  des  ré- 
gions élevées  sont  trop  rapides  et  trop  souvent  congelés. 

—  Leur  proportion  dans  les  îles  est  à  peu  près  la  môme 
que  sur  les  continents. 

G.  POTAMOGETON ,  Lin. 

Distribution  géog^^aphique  du  genre.  —  On  a  décrit  65 
à  70  Potamogeton.  Ce  sont  tous  des  plantes  aquatiques, 
vivant  en  sociétés  nombreuses,  couvrant  quelquefois  les  eaux 
de  leurs  feuilles  nageantes ,  ou  se  laissant  doucement  ba- 
lancer par  les  courants.  40  espèces  vivent  en  Europe  et 
surtout  dans  le  centre  du  continent,  dispersées  dans  toutes 
les  contrées.  —  12  croissent  en  Asie,  moins  éparses  que 
celles  d'Europe  :  6  aux  Indes  orientales ,  3  en  Sibérie ,  1  à 
la  Cochinchine,  1  à  l'île  d'Unalaska,  1  en  Syrie.  —  On  en 
connaît  6  dans  l'Amérique  du  nord  :  aux  Antilles ,  au 
Mexique,  à  la  Nouvelle-Grenade  et  aux  Etats-Unis.  —  3 
seulement  de  l'Amérique  australe  sont  du  Brésil  et  du  Chili. 

—  3  autres  végètent  en  Afrique  :  aux  Canaries ,  au  cap  de 
Bonne-Espérance  et  à  Madagascar. 

Potamogeton  natans  ,  Lin.  —  Les  eaux  tranquilles  des 
lacs  et  des  étangs  peu  profonds  sont  presque  toujours  cou- 
vertes des  feuilles  ovales  et  nageantes  de  cette  curieuse  es- 
pèce. Elle  fixe ,  comme  les  autres  Polamogetony  ses  raci- 
nes vivaces  dans  la  vase ,  et  de  là  s'élèvent  des  liges  ordinai- 
rement rameuses, articulées  etlacuneuses  dans  leur  intérieur, 
comme  celles  de  presque  toutes  les  plantes  aquatiques.  Des 
feuilles  submergées ,  membraneuses  et  allongées ,  presque 


448  POTAMÉES. 

toujours  transparentes ,  restent  fixées  aux  articulations  de 
la  tige;  d'autres,  roulées  sur  leurs  bords,  entourées  d'abord 
de  stipules  translucides,  s'approchent  lentement  de  la  sur- 
face ,  ouvrent  les  spathes  stipulaires  qui  les  retiennent  capti- 
ves, et,  allongeant  leurs  pétioles,  viennent  llotter  sur  le  li- 
quide. Elles  s'y  appliquent  exactement;  elles  sont  vertes  ou 
brunes,  ovales  ,  à  nervures  parallèles ,  et  persistent  entières 
ou  rongées  par  les  insectes,  pendant  toute  l'année.  Les  tleurs 
sont  disposées  le  long  d'un  axe  qui  est  aussi  protégé  par 
des  membranes  qui  s'ouvrent  lors  de  la  floraison  ,  et  laissent 
voir  tous  ces  épis,  qui  font  saillie  au-dessus  des  eaux  et  qui , 
soutenus  par  leurs  larges  feuilles  et  par  leurs  tiges  lacuneuses, 
fleurissent  dans  l'atmosphère.  Chacune  de  ces  fleurs  sessiles 
est  composée  d'un  périgone  à  4  divisions ,  de  4  anthères  ses- 
siles ,  alternes  aux  divisions  du  périgone ,  et  de  4  ovaires 
qui ,  à  l'époque  de  la  maturité ,  sont  transformés  en  4  nu- 
cules  monospermes.  —  Cette  plante  est  presque  toujours 
associée  à  plusieurs  espèces  aquatiques ,  elle  est  en  lutte 
continuelle  avec  elles,  et  voudrait  posséder  seule  le  sceptre 
des  eaux  tranquilles.  Ses  individus  sont  quelquefois  si  nom- 
breux ,  qu'ils  couvrent  la  surface  entière  des  étangs. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Eaux  calmes  de  la 
plaine  et  des  montagnes. 

Géographie.  —  Aucune  plante  n'est  plus  généralement 
répandue.  Elle  habite  toute  l'Europe  sans  aucune  excep- 
tion. —  Au  sud,  elle  se  trouve  en  Afrique,  en  Barbarie, 
à  Madère ,  aux  Canaries  et  dans  les  eaux  stagnantes  de 
l'Abyssinie.  —  A  l'occident ,  on  la  rencontre  en  Amérique, 
au  Canada  jusqu'à  la  baie  d'Hudson ,  à  la  côte  nord- 
ouest,  aux  Antilles.  — A  l'orient,  elle  existe  dans  toutes 
lès  Sibéries,  la  Sibérie  arctique  exceptée,  en  Dahurie  et 
aux  Aléouticnnes.  —  On  cite  encore  cette  espèce  dans 


POTAMOGETON.  4-49 

l'Inde,  au   cap  de  Bonne  -  Espérance ,   au  Chili  et  à  la 
Nouvelle-Zélande. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Abyssinie 10°      j Écart  en  latitude  : 

Nord  y  Laponie 68       j  58° 

Occident  et  Orient 360       )  ^'^''*  ^"  longitude  : 

j  360° 

Carré  d'expansion 20880 

PoTAMOGETON  RUFESCENS ,  Schrad.  —  Plante  vivace  et 
submergée  qui  vit  dans  les  eaux  tranquilles ,  à  fond  vaseux. 
Ses  tiges  sont  longues  et  cylindriques  ;  ses  feuilles  sont 
minces,  alternes ,  oblongues  et  rétrécies  aux  2  extrémités, 
presque  sessiles ,  garnies  d'un  grand  nombre  de  nervures 
parallèles,  très-entières,  de  couleur  brune  ou  rousse,  et 
transparentes.  Les  feuilles  supérieures,  également  submer- 
gées, sont  un  peu  plus  fermes  et  plus  longues  ;  toutes  sont 
accompagnées  de  stipules  élargies  et  lancéolées.  L'épi  est 
serré,  cylindrique  et  saillant  au-dessus  des  eaux.  —  Il  fleurit 
en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  dans  les  eaui 
calmes  des  montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  ne  dépasse  pas  le  plateau 
central  de  la  France  et  Bordeaux.  — Au  nord ,  il  croît  en 
Belgique ,  en  Allemagne ,  en  Angleterre ,  en  Islande  et 
dans  toute  la  Scandinavie,  dans  les  eaux  les  plus  froides 
des  plaines  et  des  montagnes.  _  H  a  sa  limite  occidentale 
en  Islande.  —  A  l'orient ,  il  est  cité  en  Suisse ,  en  Au- 
triche ,  en  Croatie ,  dans  les  Russies  septentrionale  et 
moyenne,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  TAItaï,  du  Baïkal 
et  orientale ,  dans  la  Dahurie  et  à  l'île  d'Unalaska. 

VIII  29 


450  POTAMÉKS. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  France 45*'      )  Ecart  en  latitude  : 

iVorrf,  Laponie 68       j  23» 

Occident ,  Islande 25  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

On>«f,  lies  Aléoutiennes. .. .   180  E,  )  205* 

Carré  d'expansion 4715 

PoTAMOGETON  HETEROPHYLLUS ,  Schrcb.  —  On  le  tfouve 
comme  le  précédent  dans  les  lacs  froids  et  peu  profonds.  Il 
offre  des  tiges  grêles ,  articulées  et  rameuses  ;  des  feuilles 
inférieures  sessiles ,  membraneuses,  oblongues  et  presque 
linéaires,  tandis  que  les  supérieures  sont  coriaces,  pétiolées, 
ovales,  lustrées  en  dessus,  d'un  vert  brun,  et  flottantes  à  la 
surface  de  l'eau.  Les  fleurs  sont  réunies  en  épi  serré.  —  Il 
fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Eaux  stagnantes  des 
plaines  et  des  montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  trouve  en  France  et  dans 
le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord ,  il  est  très-disséminé  dans 
l'Europe  centrale ,  en  Scandinavie ,  en  Angleterre ,  en  Ir- 
lande ,  aux  Orcades  et  aux  Shetland.  —  Il  a  sa  limite  occi- 
dentale en  Irlande  et  peut-être  en  Amérique.  —  A  l'orient, 
il  végète  en  Suisse ,  en  Italie ,  en  Turquie ,  et  dans  les  Rus- 
sies  septentrionale  et  moyenne. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40       )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 66       j  26" 

Occident ,  Irlande 12  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Russie  moyenne 55  E.  )  67° 

Carré  d'expansion 1742 


POTAMOGETO!».  451 

PoTAMOGETON  LUCENs ,  Liii.  —  Il  est  commun  dans  les 
lacs  et  les  étangs.  Ses  tiges  sont  très-longues ,  articulées, 
garnies  de  feuilles  larges,  luisantes  et  transparentes,  dont 
le  sommet  est  rétréci  en  une  pointe  allongée.  Les  stipules 
sont  très-grandes  ,  aussi  longues  que  les  articulations  de  la 
tige.  L'épi  est  cylindrique  et  pédoncule.  —  Il  fleurit  en 
juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Eaux  dormantes  ou 
courantes,  à  fonds  vaseux,  argileux  ou  calcaires. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  la  France,  le  midi  de  l'Italie, 
la  Sicile  et  l'Algérie.  —  Au  nord  ,  le  centre  de  l'Europe , 
le  Danemarck ,  la  Golhie,  la  Norvège,  la  Finlande,  la 
Suède  australe,  l'Angleterre,  l'Irlande,  les  Orcades ,  les 
Shetland,  les  Feroë  et  l'Islande.  —  A  l'orient,  la  Suisse, 
la  Dalmatie,  la  Croatie,  la  Hongrie,  la  Transylvanie,  la 
Grèce ,  la  Turquie ,  toutes  les  Russies ,  les  Sibéries  de 
l'Oural,  de  l'Altaï ,  du  Baïkal  et  orientale. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 35°      \  Ecart  en  latitude  : 

AV(i,  Finlande 66       j  31» 

Occident ,  Islande 25  0.  ^  Ecart  en  longitude  : 

On'enf ,  Sibérie  orientale 163  E.  j  188° 

Carré  d'expansion 5828 

PoTAMOGETOiN  PERFOLiATUs,  Lin.  —  Il  habite  les  étants, 
les  rivières  et  les  fossés  profonds.  Ses  tiges  sont  grêles  ,  ra- 
meuses, garnies  de  feuilles  assez  nombreuses,  ovales, 
échancrées  en  cœur  à  leur  base,  embrassantes,  très-nervées 
et  d'un  vert  foncé.  Les  épis,  qui  naissent  successivement  aux 
aisselles  des  feuilles  supérieures,  sont   soutenus   par  des 


AÔ2  POTAMÉES. 

pédoncules  qui  dépassent  les  feuilles ,  et  composés  chacun 
de  10  à  15  fleurs.  — Il  fleurit  en  juin  ,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  Aquatique  et  indifférent, 
il  préfère  les  eaux  tranquilles  ou  peu  agitées  de  la  plaine  à 
celles  des  montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  existe  en  France,  en  Espagne 
et  en  Algérie.  — Au  nord,  on  le  rencontre  dans  toute  l'Eu- 
rope, y  compris  l'Angleterre,  l'Irlande,  les  Hébrides,  les  Or- 
cades,  les  Feroë  et  l'Islande. — A  l'occident,  il  croît  en  Portu- 
gal et  en  Amérique,  dans  la  rivière  de  l'Esclave  et  dans  diverses 
localités  du  nord  du  Canada.  — A  l'orient ,  il  est  en  Suisse, 
quoique  peu  abondant ,  ainsi  que  les  autres  Pofamogeion , 
à  cause  de  la  rapidité  des  cours  d'eau  des  montagnes  ;  en 
Italie  ,  en  Dalmatie  ,  en  Croatie ,  en  Hongrie ,  en  Transyl- 
vanie, en  Turquie ,  en  Géorgie ,  dans  toutes  les  Russies , 
dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal,  orientale, 
et  dans  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 35®      ^  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 66       j  31« 

Occident,  Canada 75  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Onew^ ,  Sibérie  orientale 163   E.j  238<* 

Carré  d'expansion 7378 

PoTAMOGETON  CRispus.  Lin.  —  Il  croit  dans  les  eaux 
peu  dormantes  et  plus  ou  moins  agitées,  dans  les  étangs, 
sur  les  bords  des  rivières  oh  il  forme  d'épais  tapis  d'un  beau 
vert,  et  constitue  de  véritables  forêts  submergées,  habitées 
par  les  mollusques  d'eau  douce  et  les  insectes  aquatiques. 
Ses  tiges  sont  longues ,  un  peu  rameuses ,  garnies  de  feuilles 
lancéolées,  oblongues,  traversées  par  une  nervure  saillante. 


POTAMOGETON.  453 

luisantes,  translucides  et  ondulées.  Les  feuilles  inférieures 
sont  distantes  et  alternes ,  les  supérieures,  rapprochées, 
paraissent  opposées.  Les  stipules  sont  courtes,  membraneu- 
ses et  ciliées  au  sommet.  Les  pédoncules  axillaires  amènent 
au-dessus  des  eaux  des  épis  courts  et  arrondis  composés 
seulement  de  5  à  7  fleurs.  — M.  Clos  a  décrit  avec  soin,  dans 
le  Bulletin  de  la  Soc.  bot.  de  France  (t.  3,  p.  351),  le 
singulier  mode  de  reproduction  gemmipare  de  cette  espèce. 
Des  bourgeons  cornés  se  séparent  de  la  plante ,  ils  gagnent 
le  fond  de  l'eau,  mais  ces  bourgeons  restent  stationnaires, 
ne  se  développent  pas  et  donnent  naissance  à  un  bourgeon 
axillaire  qui  constitue  une  plante  nouvelle ,  offrant  ainsi 
l'exemple  d'une  génération  alternante  des  mieux  caractéri- 
sées. —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol. — Altitude.  —  Aquatique,  indifférent, 
il  vit  en  plaine  ou  dans  les  montagnes  peu  élevées. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  rencontre  en  France,  en 
Espagne,  en  Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord,  il  existe  dans 
tout  le  centre  de  l'Europe ,  dans  la  Scandinavie  où  il  vit 
dans  les  rivières  et  dans  les  eaux  courantes ,  mais  il  n'en- 
tre pas  en  Laponie.  Il  est  aussi  en  Finlande ,  en  Angleterre, 
en  Irlande,  aux  Shetland  et  en  Islande.  —  A  l'occident,  il 
croît  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  existe  en  Suisse ,  en  Dal- 
matie  ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie ,  en  Tau- 
ride,  en  Turquie,  en  Géorgie,  dans  le  Taliisch ,  dans  toutes 
les  Russies ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï  et  du 
Baïkal. 

Limites  d^ extension  de  V espèce. 

Sud ,  Sicile 38»      ]  Ecart  en  latitude  : 

A'ort/,  Islande 66       i  28» 


454  POTAMÉES. 

Occident ,  Islande 26  0.  \  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  du  Baïkal 116  E.  î  142° 

Carré  d'expansion 3976 

PoTAMOGETON  DENSUS.  Lin.  —  Il  diffère  de  la  plupart 
de  ses  congénères  en  ce  qu'il  préfère ,  aux  eaux  calmes  et 
tranquilles ,  celles  qui  sont  animées  d'une  certaine  vitesse. 
Ses  longues  tiges  sont  dirigées  dans  le  sens  du  courant,  et 
comme  le  mouvement  du  liquide  ne  permettrait  pas  à  des 
feuilles  nageantes  de  s'étaler,  la  plante  en  est  privée,  et  toutes 
ses  feuilles  sont  nues ,  submergées  et  privées  de  stomates. 
Ces  feuilles  sont  sessiles,  d'un  beau  vert  lustré,  engainantes 
à  leur  base.  Les  pédoncules  naissent  à  la  bifurcation  des 
branches,  entourés  de  spathes  qui  tombent  quand  les  fleurs 
arrivent  à  la  surface  de  l'eau.  L'épi  ne  porte  ordinairement 
que  5  fleurs,  dont  4  latérales  et  une  supérieure,  disposées 
à  peu  près  comme  celles  de  VAdoxa.  Après  la  floraison,  les 
tiges,  qui  continuent  de  s'allonger,  font  enfoncer  les  épis 
dans  l'eau  oii  les  graines  mûrissent  et  se  disséminent.  Mais 
cette  espèce  possède  encore  un  autre  mode  de  reproduction. 
Ses  tiges  se  brisent,  leurs  fragments  sont  emportés  par  le  cou- 
rant et  bientôt  ils  se  fixent  dans  la  vase  par  déjeunes  raci- 
nes axillaires  et  deviennent  autant  de  plantes  distinctes.  — 
Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Aquatique,  indifférent, 
des  plaines  ou  des  montagnes  peu  élevées. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France  ,  en  Espa- 
gne ,  dans  les  rivières  de  l'Algérie ,  dans  l'Oued  Batna,  etc. 
— Au  nord,  il  est  assez  commun  dans  toute  l'Europe  centrale 
et  il  entre  en  Danemarck  et  en  Angleterre.  —  A  l'occident, 
il  vit  en  Portugal.  —  A  l'orient ,  il  est  indiqué  en  Suisse,  en 


POTAMOGETON  i  455 

Italie,  en  Sicile,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Grèce, 
en  Turquie  et  dans  la  Russie  moyenne. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie 35°      i  Ecart  en  longitude  : 

iVorrf,  Danemarck 56       )  21° 

Occident,  Portugal 11  0. 1  Ecart  en  latitude  : 

Orient ,  Russie  moyenne 53  E.  )  64" 

Carré  d'expansion 1344 

PoTAMOGETON  PUSiLL€S.  Lin.  —  Il  est  vivace  et  vit  en 
sociétés  nombreuses  dans  les  fossés  et  dans  presque  toutes  les 
eaux  dormantes.  Ses  tiges  sont  grêles,  cylindriques,  très- 
faibles  et  rameuses.  Elles  semblent  articulées  et  sont  garnies 
de  feuilles  linéaires  ressemblant  à  de  minces  filets  et  dépour- 
vues de  gaines.  Les  stipules  sont  caduques,  embrassantes 
et  plus  larges  que  les  feuilles.  Ces  stipules  enveloppent  à  leur 
naissance  les  fleurs  disposées  en  épis  latéraux.  Ces  épis  s'élè- 
vent comme  une  petite  forêt  au-dessus  des  eaux  ;  les  fleurs , 
peu  nombreuses ,  y  sont  disposées  par  étages  ;  elles  s'ouvrent 
toutes  en  même  temps,  et  au  lever  du  soleil  on  aperçoit  les 
jets  de  pollen  qui  s'échappent  des  anthères  pour  imprégner 
des  stigmates  papillaires  et  spongieux ,  et  l'eau  reste  couverte 
de  ce  pollen  blanchâtre.  —  Il  fleurit  en  juin ,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Aquatique,  indifférent, 
reste  dans  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud ,  ce  Potamogeton  végète  en 
France ,  en  Espagne ,  en  Rarbarie ,  à  Madère ,  aux  Canaries, 
aux  îles  du  Cap-Vert,  dans  les  eaux  de  l'Abyssinie,  au  cap 
Coast,  à  Angola,  en  Nigritie.  —  Au  nord,  il  existe  dans 
tout  le  centre  de  l'Europe ,  en  Scandinavie  et  même  en  La- 


456  POTAMÉES. 

ponie ,  où  Wahlenberg  le  cite  dans  le  fond  des  lacs  et  des 
rivières  de  la  Laponie  sylvatique  ,  dans  le  fleuve  Luleâ.  Il  y 
croît  ordinairement  dans  les  eaux  profondes ,  à  la  manière 
des  conferves,  et  n'atteint  jamais  la  surface;  cependant  il 
fructifie.  On  le  trouve  encore  en  Angleterre ,  en  Irlande,  aux 
Orcades,  aux  Feroë  et  en  Islande. — A  l'occident,  nous  avons 
cité  le  Cap-Vert.  —  A  l'orient ,  il  est  indiqué  en  Suisse ,  en 
Italie,  en  Sicile,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en 
Turquie,  en  Géorgie,  dans  toutes  lesRussies,  dans  les  Sibéries 
de  l'Oural,  de  l'Altaï  et  du  Baïkal.  —  On  le  cite  encore  au 
Brésil  et  au  cap  de  Bonne-Espérance. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

5MfZ,  ^ig^itie 0"     )  Ecart  en  latitude: 

iVorû^,  Laponie 67       i  67" 

Occident,  Iles  du  Cap-Vert, . .     26  0  (  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  du  Baïkal 116   E.i  142" 

Carré  d'expansion 9514 

PoTAMOGETON  MONOGYMS  ,  Gay.  —  Il  croît  comme  les 
autres  dans  les  eaux  dormantes  et  tranquilles ,  et  ressem- 
ble beaucoup  au  P.  pusitlus  ,  avec  lequel  il  a  été  certaine- 
ment confondu  ,  mais  il  en  diffère  par  ses  rameaux  fascicules 
à  l'aisselle  des  feuilles  alternes  ,  et  surtout  par  ses  fleurs  mo- 
nogynes.  —  Il  fleurit  en  juin  ,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Eaux  tranquilles  et  fonds 
vaseux  ,  argileux  ou  calcaires  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud ,  la  France,  probablement  l'Es- 
pagne et  les  Canaries.  —  Au  nord,  la  France,  la  Belgi- 
que, l'Angleterre  ,  l'Allemagne  et  la  Russie  jusqu'à  Saint- 
Pétersbourg.  —  A  l'occident,  les  Canaries.  —  A  l'orient. 


POTAMOGETOK .  457 

l'Autriche ,  la  Lombardie  ,  la  Hongrie  ,  la  Russie  près  de 
Saint-Pétersbourg. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Canaries 30°      )  Ecart  en   latitude  : 

Nord ,  Russie 60        )  30*^ 

Occident ,  Canaries. 18  O.  /Ecart en  longitude: 

Orient],  Russie 27   E.  j  45° 

Carré  d'expansion 1350 

PoTAMOGETON  PECTINATUS ,  Lin .  —  Il  habite  les  fossés 
profonds  et  tranquilles  ,  oii  il  étale  de  longues  tiges  filifor- 
mes, rameuses  et  articulées  ,  garnies  de  feuilles  linéaires, 
engainantes  à  leur  base  ,  alternes,  mais  opposées  au  nœud 
supérieur;  l'épi  est  grêle,  pédoncule  ,  et  assez  souvent 
formé  de  petits  verlicilles  superposés.  —  Il  fleurit  en  juillet 
et  en  aoiit. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Aquatique  et  préfé- 
rant les  fonds  vaseux  et  calcaires  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  la  France ,  l'Espagne  ,  et  les 
eaux  de  l'Abyssinie,  où  il  fleurit  en  novembre.  —  Au  nord, 
toute  l'Europe  centrale  ,  toute  la  Scandinavie  ,  jusque  sur 
les  rivages ,  dans  les  mares  d'eau  marine  ,  y  compris  la  La- 
ponie  ;  en  Angleterre  ,  en  Irlande  ,  aux  Orcades  ,  au  Shet- 
land et  en  Islande.  —  A  l'occident ,  en  Amérique  ,  du  Ca- 
nada à  la  rivière  des  Anglais ,  et  de  la  baie  d'Hudson  aux 
lacs  Alpins  des  montagnes  Rocheuses;  à  la  côte  nord-ouest 
et  à  la  rivière  de  Colombie.  —  A  l'orient ,  la  Suisse ,  l'Ita- 
lie, la  Sicile,  la  Dalmatie,  la  Croatie,  la  Hongrie  ,  la  Tran- 
sylvanie ,  la  Grèce ,  la  Turquie,  la  Géorgie  ,  toutes  les  Rus- 
sies,  les  Sibériesde  l'Oural,  deTAItaïetdu  Raïkal, 


458  POTAMÉES. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud  y  Abyssinie 10"      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 68       i  58« 

Occident,  Amérique 160  0.^  Ecart  en  longitude: 

Orient,  Sibérie  du  Baïkal 110  E.  )  276« 

Carré  d'expansion 16008 

G.  ZANICHEI.I.IA,£m. 

Distribution  géographique  du  genre,  —  Ces  plantes  , 
dont  on  ne  connaît  que  9  espèces,  vivent  dans  les  eaux  peu 
profondes,  et  réunies  en  touffes  denses  et  très- fournies.  6 
sont  européennes:  de  l'Allemagne,  de  l'Italie  ou  de  la  Go- 
thie.  Elles  préfèrent  le  nord  au  sud.  —  2,  asiatiques,  se  trou- 
vent, l'une  Qux  Indes  orientales,  l'autre  à  la  Cochinchine. 
—  La  dernière  est  de  l'Afrique  boréale. 

Zanichellia  PALUSTRis ,  Lin.  —  Si  les  espèces  qui  peu- 
plent les  eaux  ne  sont  pas  toutes  brillantes  par  leurs  fleurs 
ou  remarquables  par  la  beauté  de  leur  feuillage  ,  elles  sont 
au  moins  très-intéressantes  par  leur  manière  de  vivre  et  de 
se  propager.  Ce  Zanichellia  a  des  racines  vivaces,  fixées 
dans  la  vase,  et  de  ces  racines  partent  des  tiges  nombreuses 
et  rameuses ,  cylindriques ,  amincies  et  articulées  ;  ses  feuil- 
les inférieures  sont  alternes  et  engaînées,  mais  les  supérieures 
sont  opposées ,  et  toutes  sont  linéaires ,  transparentes  et 
constamment  submergées.  Ses  racines  se  renouvellent  conti- 
nuellement en  sortant  de  l'aisselle  des  feuilles  inférieures  ,  et 
fixent  la  plante,  qui  avance  ainsi  lentement  dans  le  sens  où 
le  courant  l'entraîne.  —  Lestleurs,  monoïques,  naissent 


ZANICHELLIA.  459 

aux  aisselles  supérieures,  abritées  parla  dilatatioQ  de  la 
base  des  feuilles  et  par  une  double  spathe  membraneuse. 
L'extérieure  contient  la  fleur  mâle,  formée  par  une  écaille  et 
une  seule  étamine,  dont  l'anthère  a  de  2  à  4  loges.  Les 
fleurs  femelles  sont  placées  dans  la  seconde  spathe  ;  elles  ont 
un  périgone  campanule  et  renferment  de  2  à  6  ovaires  ter- 
minés par  des  stigmates  allongés,  et  s'élargissant  au  som- 
met en  une  surface  papillaire.  A  l'époque  de  la  fécondation, 
le  filet  de  l'étamine  s'allonge  au  point  de  placer  l'anthère 
près  du  stigmate,  et  la  fécondation  s'opère  sous  l'eau  au 
moyen  d'un  pollen  blanchâtre.  Les  capsules  sont  monosper- 
mes, sessiles  et  aplaties.  —  Il  fleurit  pendant  tout  l'été. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  aquatique  el  pré- 
fère les  fonds  vaseux  de  la  plaine.    . 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  yégète  en  France ,  en  Algé- 
rie ,  en  Egypte  et  aux  Canaries.  —  Au  nord  ,  il  existe  dans 
toute  l'Europe  tempérée  ,  en  Danemarck,  en  Gothie ,  dans 
la  Norvège  et  la  Suède  australes,  en  Angleterre  et  en  Ir- 
lande. —  A  l'occident,  en  Portugal,  aux  Canaries,  et,  selon 
Hooker  ,  dans  le  nord-ouest  de  l'Amérique  ,  dans  la  rivière 
de  Colombie. — A  l'orient,  il  est  en  Suisse  ,  en  Italie,  en 
Sicile ,  en  Dalmatie  ,  en  Croatie ,  en  Hongrie ,  en  Transylva- 
nie ,  en  Turquie ,  en  Géorgie ,  dans  les  Russies  septentrio- 
nale, moyenne  et  australe ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de 
l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Canaries 30°      )  Ecart  en  latitude  : 

iVord,  Finlande 61        )  31» 

Occident,  Amérique  du  nord. .    130  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Onmï,  Sibérie  de  l'Altaï 97  E.  (  227« 

Carré  d'expansion 7037 


160  LEMNACÉES. 

Zanichellia  PEDiCELLATA,  Ffies.  —  II  ressemble  beau- 
coup au  précédent  et  constitue  comme  lui  des  touffes  épaisses 
fixées  sur  la  vase  des  mares  et  complètement  submergées. 
Ses  tiges  sont  très-longues,  fines,  roussâtres  et  striées. 
Ses  feuilles  sont  vertes,  aciculaires  etternées.  Les  fruits  sont 
pédoncules,  souvent  tuberculeux  sur  le  ventre,  c'est-à-dire 
sur  la  partie  saillante,  et  munis  d'un  style  allongé,  surmonté 
lui-même  d'un  stigmate  obtus.  Ils  sont  roussâtres  quand  ils 
sont  mûrs.  —  11  lleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Celte  espèce  aquatique  est  probable- 
ment indifférente.  Nous  ne  la  connaissons  que  sur  les  fonds 
vaseux  et  calcaires  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  la  France  et  l'Espagne.  —  Au 
nord,  l'Europe  centrale,  le  Danemarck  et  la  Gothie  aus- 
trale. —  A  l'occident,  l'Espagne.  —  A  l'orient,  la  Suisse, 
la  Croatie,  la  Hongrie ,  la  Russie  moyenne  et  la  Géorgie. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud  ,  Espagne. . ,  : 40»      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Gothie 56       j  16" 

Occident ,  Espagne 5  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47   E.  -^  52» 

Carré  d'expansion 832 


FA3IILLE  DES  LEMNACEES. 


Ces  petites  plantes  vivent  à  la  surface  des  eaux  stagnan- 
tes sous  la  zone  tempérée,  et  s'avancent  un  peu  vers  les  ré- 


LEMNA.  461 

gions  froides.  Elles  sont  peu  nombreuses  ,  et  5  espèces  seu- 
lement se  trouvent  en  Europe ,  fuyant  généralement  les 
montagnes  comme  un  grand  nombre  de  plantes  aquatiques. 

G.  IiEMNA,  Lin. 

Les  Lemna,  qui  sont  si  multipliés  à  la  surface  des  eau^ 
dormantes ,  sont  au  nombre  de  8  seulement.  4-  sont  assez 
répandus  dans  toutes  les  contrées  de  ce  continent;  un  est 
propre  à  la  Hongrie,  un  autre  à  l'Italie.  —  Un  seul  , 
asiatique  ,  vit  à  Surinam.  —  Un  seul,  africain,  a  été 
trouvé  en  Egypte. 

Lemna  minor,  Lin.  —  La  nature  a  non-seulement  des 
plantes  qui,  fixées  dans  la  vase,  se  développent  au  sein  des 
eaux  et  embellissent  leur  surface  de  leurs  fleurs ,  mais  elle  a 
destiné  aussi  des  espèces  à  flotter  librement  sur  les  plaines 
liquides ,  comme  elle  a  suspendu  dans  l'air  ces  orchidées 
tropicales  qui  se  balancent  au  sommet  des  branches.  Les 
Lemna  couvrent  les  eaux ,  ondulent  avec  elles  sous  l'impul- 
sion du  vent,  et  transforment  en  prairies  aquatiques  des  ma- 
rais remplis  d'eaux  croupissantes.  Le  Lemna  minor  est  un 
des  plus  communs,  c'est  aussi  la  plus  petite  de  toutes  les  es- 
pèces. Chaque  plante  consiste  en  une  feuille  ovale  ou  arron- 
die. Il  sort  d'une  petite  fossette,  placée  au-dessous  de  cette 
expansion  foliacée  ,  des  racines  d'abord  courtes,  renfermées 
dans  une  gaîne  et  qui  s'allongent  ensuite  et  se  terminent 
par  un  bouquet  de  spongioles.  Ces  racines  sont  entièrement 
libres,  et  l'on  se  demande  comment  ces  organes  peuvent  s'en- 
foncer perpendiculairement  dans  le  liquide,  au  lieu  de  res- 
ter flottants  comme  les  feuilles.  Ici ,  comme  dans  certaines 
plantes  grasses,  la  feuille  n'est  à  proprement  parler  qu'une  di- 


462  LEMNACÉES. 

latation  de  la  tige,  et  quand  la  plante  se  multiplie  par  gem- 
mes ce  sont  de  véritables  expansions  qui  s'en  détachent.  La 
nouvelle  plante  sort  d'entre  les  deux  surfaces  de  cette  masse 
foliacée  et  devient  bientôt  libre  de  toute  adhérence.  Les  in- 
dividus se  multiplient  ainsi  avec  une  extrême  rapidité  jus- 
qu'à ce  que  toute  la  surface  de  l'eau  soit  couverte.  —  Lors- 
que la  plante  fructifie ,  c'est  à  la  fin  du  printemps  ;  alors  , 
dit  Vaucher  qui  l'a  observée  avec  soin ,  on  aperçoit  sur  le 
bord  de  la  feuille  une  petite  étamine  chargée  d'une  anthère 
biloculaire  ou  de  2  anthères  blanchâtres  et  uniloculaires  ;  elle 
est  bientôt  suivie  d'une  seconde  semblablement  conformée, 
et  qui  sort,  comme  la  première,  d'un  petit  sac  membra- 
neux ;  vis  à  vis  de  ces  étamines  et  à  l'extrémité  opposée ,  on 
voit  paraître  le  pistil ,  dont  le  stigmate  papillaire  et  presque 
transparent ,  a  la  forme  d'un  petit  entonnoir ,  en  sorte  que 
ce  Lemna  serait  monoïque  s'il  portait  toujours ,  lors  de  la 
fécondation  ,  des  étamines  d'un  côté  et  des  pistils  de  l'autre, 
mais  Vaucher  a  trouvé  des  individus  stériles  et  d'autres  qui 
n'avaient  que  des  fleurs  mâles  ou  des  fleurs  femelles.  Si  l'on 
observe  avec  attention  les  Lemna ,  à  l'approche  de  l'hiver, 
on  voit,  continue  Vaucher ,  qu'ils  descendent  au  fond  de 
l'eau  011  ils  s'accumulent  quelquefois  en  couches  très-épais- 
ses, et  en  visitant  au  printemps  ces  divers  amas,  on  recon- 
naît à  leur  surface ,  des  lentilles  qui  ne  sont  plus  que  des 
pellicules  blanchâtres  et  au-dessous  des  lentilles  vertes  qui 
ont  résisté  à  la  gelée, et  qui,  soulevées  par  la  dilatation  de  l'air 
qu'elles  renferment ,  viennent  bientôt  nager  à  la  surface  de 
l'eau.  Cette  plante  vit  aussi  sur  les  pierres ,  sur  les  murs  hu- 
mides contre  lesquels  elle  applique  alors  ses  racines.  —  Elle 
fructifie  au  printemps. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Eaux  croupissantes  de 
la  plaine. 


LEMNA .  463 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  rencontre  cette  plante ,  en 
Espagne,  en  Algérie,  à  Madère,  aux  Açores,  aux  Cana- 
ries, et  jusque  sur  les  eaux  de  l'Abyssinie.  —  Au  nord, 
elle  croît  daus  toute  l'Europe,  excepté  en  Laponie;  elle  ne 
se  trouve  pas  non  plus  en  Angleterre,  ni  dans  les  archipels, 
mais  seulement  en  Irlande.  —  A  l'occident ,  on  la  cite  en 
Portugal ,  dans  l'Amérique  du  nord ,  au  Canada  ,  à  la  Nou- 
velle-Angleterre ,  dans  la  Caroline  du  sud  et  même  à  la 
Nouvelle- Grenade.  — A  l'orient,  on  la  rencontre  en  Suisse, 
en  Italie,  en  Sicile,  en  Dalmatie,  en  Croatie,  en  Hongrie, 
en  Transylvanie,  en  Grèce,  en  Turquie ,  en  Tauride,  en 
Géorgie  ,  dans  toutes  les  Russies ,  dans  les  Sibéries  de 
l'Oural ,  de  l'Altaï  et  du  Baïkal  ;  elle  est  encore  mention- 
née au  Chili,  à  la  Nouvelle-Galles  du  sud,  à  la  terre  de 
Diémen ,  à  la  Nouvelle-Zélande. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Abyssinie 10°      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Finlande 62       i  52» 

Occident,  Canada 76  0.  | Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  du  Baïkal 116  E.)  192° 

Carré  d'expansion 9984 

Lemna  trisdlca.  Lin.  — Comme  la  précédente,  cette 
espèce  recouvre  la  surface  des  eaux  et  y  forme  de  vastes 
tapis  flottants  au  milieu  desquels  les  limnées,  les  physes 
et  les  planorbes  viennent  chercher  le  soleil  et  passer  douce- 
ment leur  vie.  Ses  frondes  sont  d'un  beau  vert,  minces, 
oblongues  ,  lancéolées,  un  peu  sinuées,  munies  d'une  ner- 
vure médiane  et  réunies  le  plus  ordinairement  par  3.  Ces 
frondes  sont  vivipares,  et  les  jeunes  feuilles  qu'elles  produi- 


464  LEMNACÉES. 

sent  partent  tantôt  de  leur  pointe ,  tantôt  de  leurs  parties 
latérales.  Les  deux  jeunes  feuilles  latérales  qui  donnent  à 
cette  plante  une  apparence  ternée  ,  sont  fixées  à  un  pétiole 
blanchâtre  qui  subsiste  encore  lorsque  ces  frondes  produi- 
sent à  leur  tour  de  nouvelles  feuilles  ,  en  sorte  que  souvent 
bon  nombre  de  frondes  restent  soudées  et  forment  de  lar- 
ges rosettes  à  la  surface  de  l'eau. 

Nature  du  soL  —  Altitude.  —  Elle  habite  les  eaux 
calcaires  ou  celles  qui  reposent  sur  des  terrains  calcaires,  et 
reste  dans  les  plaines. 

Géographie.  —  Son  aire  est  aussi  très-étendue.  Au  sud, 
elle  végète  en  France,  en  Espagne,  en  Italie,  en  Sicile. 

—  Au  nord  ,  elle  est  disséminée  dans  toute  l'Europe  jusque 
dans  la  Laponie  méridionale  ,  en  Angleterre  et  en  Irlande. 

—  A  l'occident,  elle  croît  en  Portugal ,  en  Amérique,  dans 
le  nord  des  États-Unis  et  au  Canada  jusqu'au  58°  de  la- 
titude. —  A  l'orient,  on  la  connaît  en  Suisse,  dans  les 
eaux  de  la  plaine,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylva- 
nie, en  Grèce  ,  en  Turquie  ,  en  Géorgie  ,  dans  toutes  les 
Russies  ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï  et  du  Baï- 
kal.  —  On  la  cite  aussi  au  Bengale  ,  à  la  Nouvelle-Galles  du 
sud  et  à  la  terre  de  Diémen. 

Limites  d*extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile 38»     |  Ecart  en  latitude  : 

JVord,  Laponie 66       ]  28» 

Occident ,  Canada 80  O.  ^  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  du  Baïkal 116   E. J  196° 

Carré  d'expansion 5488 

Lemna   polyrhiza.    Lin.   —   Cette   curieuse    espèce 


LEMNA.  465 

flotte  comme  les  autres  à  la  surface  des  eaux  tranquilles  et 
presque  toujours  disséminée ,  mais  associée  au  L.  minor 
ou  au  L.  gibba.  Ses  frondes  sont  relativement  grandes , 
planes  des  deux  côtés ,  ovales  ou  presque  orbiculaires,  ver- 
tes en  dessus,  brunes  ou  violacées  en  dessous  et  munies  de 
fibrilles  fasciculées.  —  Dans  cette  espèce,  selon  Vaucher,  le 
pétiole  que  l'on  remarque  dans  le  L.  trisulca,  se  trouve  ap- 
pliqué sur  la  face  inférieure ,  quoiqu'il  naisse  entre  les  deux 
surfaces.  Il  paraît  en  juin,  et  il  ressemble  à  un  style;  en  le 
suivant  dans  l'intérieur  de  la  lentille ,  on  remarque  à  sa  base 
plusieurs  lenticelles  superposées,  enveloppées  séparément 
par  une  membrane  transparente,  et  placées  des  deux  côtés 
du  pétiole  aplati  et  blanchâtre.  —  Il  fleurit  au  printemps. 

Nature  du  sol.  — ÂUilude.  — Espèce  aquatique,  in- 
différente et  habitant  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  vit  en  France  et  dans  le 
midi  de  l'Italie. —  Au  nord  ,  elle  est  dispersée  dans  le  centre 
de  l'Europe  et  pénètre  dans  toute  la  Scandinavie  sans  entrer 
en  Laponie.  Elle  est  indiquée  en  Angleterre  et  aux  Feroë. 
■ —  A  l'occident,  elle  reste  en  Angleterre  ,  car  il  n'est  pas 
certain  qu'elle  se  trouve  en  Amérique.  — A  l'orient,  elle 
végète  en  Suisse ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Transylva- 
nie ,  en  Géorgie,  dans  les  Russies  septentrionale,  moyenne 
et  australe,  et  dans  la  Sibérie  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 39«      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège » 63       j  24<> 

Occident,  Angleterre 6  0.  | Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  rAItaï 97   E.  |  103» 

Carré  d'expansion 2472 


Vlll 


30 


4G6  LEMNACÉES. 

Lemna  GiBBA,  Lin.  —  Cette  espèce  est  peut-être  plus 
commune  encore  que  le  L.  minor,  et  tout  ce  que  nous  avons 
dit  de  cette  dernière  peut  aussi  convenir  à  celle-ci.  Elle  a 
pour  caractères  des  frondes  vertes ,  épaisses ,  planes  en 
dessus,  mais  très-bombées,  spongieuses  et  lacuneuses  en  des- 
sous. Elles  sont  arrondies  ou  ovales ,  non  pétiolées ,  sans 
apparence  de  nervure;  elles  sont  munies  d'une  fibrille  soli- 
taire, et  ne  se  soudent  que  momentanément  2  ou  3  ensemble. 
—  On  la  trouve  au  printemps. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  — J^lle  est  aquatique,  in- 
différente ,  et  reste  dans  les  plaines. 

Géographie.  —  Au  sud,  la  France,  l'Espagne,  les  Ca- 
naries, et  sur  l'eau  des  puits  en  Algérie  (Cosson).  —  Au 
nord  ,  l'Europe  centrale,  le  Danemarck,  la  Gothic  ,  la  Nor- 
vège ,  la  Suède  et  la  Finlande  australe ,  l'Angleterre  et  l'Ir- 
lande.—  A  l'occident,  le  Portugal  et  le  nord  des  Etats- 
Unis.  —  A  l'orient,  la  Suisse ,  l'Italie ,  la  Sicile  ,  la  Dalma- 
tie,  la  Croatie,  la  Hongrie,  la  Transylvanie,  la  Géorgie, 
les  Russies  moyenne  et  australe,  et  la  Sibérie  duBaïkal. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Canaries 30°      )  Ecart  en  latitude  : 

AVrf,  Finlande 62       i  32» 

Occident ,  Amérique 48  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

Onen^,  Sibérie  duBaïkal 116  E.i  164° 

Carré  d'expansion 5248 


TYPHACÉES.  467 


FAMILLE  DES  TYPHACEES. 


Les  T\  phacées  sont  encore  des  plantes  des  terrains  aqua- 
tiques ou  très-marécageux,  qui  sont  dispersées  sur  tous  les 
points  du  globe.  L'Europe  cependant  n'en  possède  qu'un  pe- 
tit nombre  ,  mais  leurs  individus  sont  tellement  abondants, 
qu'ils  impriment  souvent  un  cachet  très-original  aux  lieux  où 
ils  ont  fixé  leur  séjour.  Les  pays  froids  ou  tempérés  leur 
conviennent  mieux  en  Europe  que  les  régions  plus  chaudes. 
—  La  longitude  paraît  sans  action  sur  elles.  —  Elles  sont  à 
peu  près  nulles  dans  les  montagnes  et  peu  abondantes  dans 
les  îles. 

G.  rrrPHA ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  On  connaît  jus- 
qu'à présent  9  espèces  de  ce  genre.  Ce  sont  des  plantes 
aquatiques ,  élevées  et  d'un  vert  glauque  ,  qui  jouent  un 
grand  rôle  dans  la  nature  par  leur  masse  et  l'étendue  du 
terrain  qu'elles  recouvrent.  5  espèces  sont  européennes  , 
plutôt  septentrionales  que  méridionales.  —  1  est  africaine 
et  vit  en  Egypte.  —  2  habitent  le  Pérou.  —  Une  autre 
Saint-Domingue. 

Typha  latifolia,  Lin.  — Les  plantes  aquatiques  sem- 
blent plus  variées  encore  que  celles  qui  vivent  sous  la  dépen- 
dance exclusive  de  l'atmosphère  ,  et  comme  le  plus  souvent 
elles  se  réunissent  en  sociétés  nombreuses ,  elles  ont  sur  le 
paysage  une  très-grande  influence.  Le  Typha  est  sans  con- 


468  TYPHACÉES. 

.  tredit  une  des  plus  apparentes  ;  il  croît  en  abondance  dans 
les  eaux  peu  profondes  ,  sur  le  bord  des  étangs  ,  le  long  des 
rivières  à  cours  peu  rapide.  Là  ,  il  enfonce  dans  la  vase  de 
puissants  rhizomes  rameux,  qui  s'étendent  en  tous  sens  par 
des  rejets  souterrains ,  et  qui  émettent  de  jeunes  pousses 
entourées  de  membranes  protectrices.  Il  en  sort  de  petits 
faisceaux  de  feuilles  allongées,  glauques,  qui,  serrées  les 
unes  contre  les  autres  ,  s'écartent  au  sommet  et  forment  de 
vastes  forêts  aquatiques.  Une  tige  cylindrique  ,  lisse  et  sans 
nœud  ,  sort  du  milieu  de  ces  feuilles  et  se  termine  par  2  épis 
serrés  et  superposés ,  enveloppés  de  plusieurs  spathes  qui 
sont  très-caduques  ;  la  plus  longue  entoure  entièrement  l'épi 
femelle,  et,  chose  rare  dans  les  monocotylédones ,  elle  est 
articulée.  Dès  que  l'épi,  ou  les  épis  mâles,  quelquefois  au 
nombre  de  2  et  enveloppés  chacun  d'une  petite  spathe, 
sont  sur  le  point  de  répandre  leur  pollen ,  opération  qui 
dure  longtemps,  la  spathe  de  l'épi  femelle  tombe  immédia- 
tement et  il  reste  nu.  Les  fleurs  sont  du  reste  d'une  admira- 
ble simplicité  ;  les  femelles  forment  l'épi  inférieur,  tandis 
que  les  supérieures  sont  mâles. Toutes  sont  très-rapprochées  : 
les  mâles  formées  d'une  seule  étamine,  ou  plutôt  d'un  seul 
filet  à  2  anthères;  les  femelles  formées  d'un  ovaire  pédi- 
cellé  et  aigrette.  Un  pollen  jaune  et  abondant  sort  des  éta- 
mines ,  et  tombe  doucement  et  longtemps  sur  les  stigmates, 
couvrant  quelquefois  les  feuilles  de  la  plante  et  la  surface  de 
l'eau.  Un  peu  plus  tard ,  cet  épi  supérieur  de  fleurs  mâles  se 
détruit  et  disparaît ,  tandis  que  les  fleurs  femelles,  réunies, 
forment  une  massue  brune  etallongée ,  composée  d'une  infi- 
nité de  semences  aigrettées.  Alors  la  dissémination  commence 
par  le  haut  de  l'épi ,  et  ses  aigrettes  des  plus  délicates ,  et  des 
plus  légères ,  cédant  à  la  moindre  action  du  vent ,  se  préparent 
aux  plus  lointains  voyages.  —  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août* 


SPARGANIUM.  469 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Aquatique  ,  indifférent, 
le  Typha  croît  partout ,  mais  ne  s'élève  pas  dans  les  hautes 
montagnes.  Ledebour  le  cite  sur  le  promontoire  septentrio- 
nal du  Caucase,  entre  400  et  l.OOO"». 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  se  trouve  en  France ,  en  Es- 
pagne et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  il  vit  dans  toute  l'Europe 
centrale,  en  Danemarck,  en  Gothie ,  en  Norvège,  en  Suède 
et  en  Finlande  australes,  en  Angleterre  et  en  Irlande  jus- 
qu'au 58°.  —  A  l'occident,  il  végète  en  Portugal,  dans 
l'Amérique  du  nord  ,  à  Terre-Neuve  ,  dans  tout  le  Canada, 
jusqu'à  la  côte  nord-ouest ,  au  fort  Franklin,  aux  Etats- 
Unis  jusque  dans  la  Caroline  du  sud.  —  A  l'orient ,  il  ha- 
bite la  Suisse ,  l'Italie  ,  la  Sicile ,  la  Dalmatie,  la  Croatie,  la 
Hongrie,  la  Transylvanie,  la  Grèce,  la  Turquie,  la  Tau- 
ride  ,  le  Caucase ,  la  Géorgie ,  Elisabethpol  et  Lenkoran  , 
les  Russies  moyenne  et  australe ,  les  Sibéries  de  l'Oural,  de 
l'Altaï ,  du  Baïkal  et  orientale.  —  Ce  Typha  est  encore  in- 
diqué à  la  Nouvelle-Zélande. 

Limites  d'extension  de  Vespéce. 

Sud ,  Algérie 35°      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Finlande 62        }  27« 

Occident,  Amérique 125  O.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  orientale 163  E.  j  288» 

Carré  d'expansion 7776 

G.  SFARGANIUra,  Lin. 

Ce  que  nous  avons  dit  des  Typha  s'applique  aussi  aux 
Sparganium  ;  ce  sont  des  plantes  aquatiques  et  très-sociales 
dont  on  connaît  seulement  6  espèces.  3  vivent  dans  les  eaui 


470  TYPHACÉES. 

et  les  marais  de  l'Europe.  —  2  sont  asiatiques  et  croissent 
l'une  aux  Indes  orientales  ,  l'autre  en  Dahurie.  —  Une 
dernière  végète  dans  l'Amérique  septentrionale. 

Sparganium  ramosum.  Huds,  —  La  famille  des  Typha- 
cées  nous  rappelle  des  formes  tout  à  fait  étrangères ,  et  les 
Sparganium ,  aquatiques  comme  les  Typha ,  sont  plus  cu- 
rieux encore  par  leur  mode  d'inflorescence  et  par  des  rap- 
ports éloignés  avec  la  famille  exotique  des  Pandanées.  Ils 
vivent  en  nombreuses  sociétés  dans  les  eaux  peu  profondes 
et  tranquilles ,  dans  les  fossés ,  à  la  queue  des  étangs ,  et 
leurs  rhizomes  s'enfoncent  dans  la  vase ,  où  ils  se  ramifient 
et  produisent  quelques  rejets  rampants.  La  plante  reste  en- 
sevelie pendant  tout  l'hiver,  souvent  protégée  par  une  couche 
puissante  de  glace.  Au  printemps,  on  voit  paraître  de  gros 
turionsd'oii  sortent  des  feuilles  triangulaires  à  la  base,  en- 
gaînées,  creusées  en  gouttière,  à  limbe  allongé  et  souvent 
un  peu  fléchi.  Le  tissu  de  ces  feuilles  offre  un  grand  nombre 
de  lacunes  séparées  par  de  petits  diaphragmes  médullaires, 
en  sorte  que  la  partie  plongée  dans  l'eau  reste  toujours  gon- 
flée d'air.  Le  pédoncule  fructifère  sort  du  milieu  des  feuilles 
et  porte  à  son  sommet  une  espèce  de  grappe  aplatie  ,  formée 
de  capitules  arrondis  ,  dont  les  uns,  inférieurs  sont  femelles, 
les  autres  mâles  et  supérieurs,  et  tous  ordinairement  placés 
aux  points  de  flexion  de  ce  pédoncule.  Toutes  ces  fleurs  sont 
sessiles  et  forment  des  gloraérules  arrondis.  Les  étamines  sont 
presque  nues  et  à  peine  accompagnées  de  quelques  écailles 
irrégulières.  Chaque  anthère  est  biloculaire  et  répand  une 
assez  grande  quantité  de  pollen.  Les  fleurs  femelles  ont  une 
espèce  de  périgone  peu  saillant,  et  présentent  un  stigmate 
blanc  et  papillaire  qui  reçoit  le  pollen  des  capitules  supérieurs. 
Alors  les  fleurs  mâles  disparaissent ,  les  ovaires  se  dévelop- 


SPARGANIOI.  471 

pent  et  offrent  de  grosses  têtes  arrondies,  formées  de  pe- 
tits drupes  sessiles  et  ponctués  ♦  verts  d'abord  ,  puis  jaunes 
et  lustrés  lors  de  la  maturation.  Il  n'y  a  ici  aucune  spalhe 
pour  protéger  les  fleurs,  mais  un  simple  enduit  résineux 
qui  s'oppose  à  l'action  nuisible  que  l'humidité  pourrait  exer- 
cer sur  elles  et  qui  disparaît  lors  de  la  floraison.  11  n'y  a  pas 
d'aigrette  pour  transporter  les  graines  ,  mais  une  enveloppe 
durable  qui  leur  permet  de  séjourner  longtemps  dans  l'eau. 
—  11  lleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Aquatique  ,  indifférent, 
reste  en  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  rencontre  en  France , 
dans  le  midi  de  l'Espagne  et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  il  vé- 
gète dans  toute  l'Europe  centrale,  en  Danemarck ,  en  Go- 
thie ,  dans  la  Suède ,  la  Norvège  et  la  Finlande  australes ,  en 
Angleterre  et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  il  est  en  Portu- 
gal. —  A  l'orient ,  il  habite  la  Suisse ,  l'Italie ,  la  Sicile  ,  la 
Dalmatie ,  la  Croatie,  la  Hongrie ,  la  Transylvanie,  la  Grèce, 
la  Turquie,  laTauride,  le  Caucase,  leTaliisch,  la  Géorgie, 
les  Russies  septentrionale  ,  moyenne  et  australe,  les  Sibéries 
de  l'Oural ,  de  l'Altaï  et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie 35°      | Écart  en   latitude  : 

Nord,  Finlande 62       j  27° 

Occident,  Portugal 10  0.| Ecart  en  longitude: 

0^J>/^^  Sibérie  du  Baïkal 116  E.i  126°     - 

Carré  d'expansion 3402 

Sparganium  siMPLEX.  Iluds.  — Il  diffère  du  précédent 
par  ses  tiges  simples  et  non  rameuses ,  par  ses  feuilles  planes 


472  TYPHACÉES. 

et  non  triangulaires  ou  carénées.  Il  est  plus  petit  dans  toutes 
ses  parties;  il  croît  aussi  dans  la  vase,  sur  le  bord  des  lacs 
et  des  étangs.  Il  devient  quelquefois  flottant  et  stérile,  avec 
des  feuilles  longues  de  80  à  120  centimètres,  étalées  sur 
l'eau ,  et  il  a  été  confondu  dans  cet  état  avec  le  S.  natans. 
Il  en  diffère  par  ses  fruits  munis  de  styles  persistants  et  allon- 
gés. —  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  vit  sur  tous  les  ter- 
rains ,  préférant  cependant  les  fonds  siliceux  et  détritiques  : 
nous  le  trouvons,  en  plaine  et  dans  les  montagnes,  jusqu'à 
1,200™  d'altitude. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France ,  en  Espagne  et 
dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  est  en  Belgique,  en 
Allemagne ,  dans  toute  la  Scandinavie,  la  Laponie  exceptée, 
en  Angleterre  et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  on  le  cite  en 
Amérique  ,  à  Terre-Neuve  ,  depuis  le  Canada  jusqu'au  fort 
Franklin.  —  A  l'Orient,  il  vit  en  Suisse,  en  Croatie,  en 
Hongrie  ,  en  Transylvanie ,  en  Bosnie ,  dans  les  Russies  sep- 
tentrionale ,  moyenne  et  australe ,  dans  les  Sibéries  de  l'Ou- 
ral, de  l'Altaï,  du  Baïkal ,  et  au  Kamtschatka. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Midi  de  l'Italie 39<>      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 64       j  25® 

Occident ,  Amérique 120  0.|Ecart en  longitude: 

Orient ,  Kamtschatka 170  E.  )  290» 

Carré  d'expansion 7250 


A  RO  IDÉES.  473 


FAMILLE  DES  AROIDEES. 


Grande  et  magnifique  famille  qui  décore  de  son  large  et 
plantureux  feuillage  les  forêts  vierges  de  la  zone  torride  ,  et 
qui  se  présente  dans  tout  son  luxe  dans  l'Amérique  équi- 
noxiale.  Les  Aroïdées  deviennent  beaucoup  plus  rares  dans 
les  zones  tempérées,  et  s'effacent  des  régions  polaires.  L'Eu- 
rope n'en  possède  qu'un  petit  nombre  :  9  en  Sicile,  la  con- 
trée la  plus  riche,  8  en  Italie,  5  en  Allemagne;  et  leur 
proportion,  relativement  à  l'ensemble  de  la  végétation,  est  de 
1  :  487.  —  Dans  le  sens  des  longitudes,  leur  nombre  se 
soutient  en  Europe  et  en  Asie  ;  mais  si  ces  plantes  sont  abon- 
dantes sur  les  montagnes  des  Andes ,  dans  les  belle?  et  pro- 
fondes forêts  qui  en  tapissent  les  flancs,  elles  ne  croissent 
pas  sur  nos  montagnes  européennes.  —  Elles  disparaissent 
à  peu  près  complètement  dans  les  îles  de  l'Europe. 

G.  ARuni,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  — 60  espèces  sent 
réparties  sur  différents  points  du  globe  ,  mais  ,  comme  les 
autres  Aroïdées  ,  elles  se  rencontrent  surtout  dans  les  pays 
chauds  ou  au  moins  très-tempérés.  —  30  Arum  vivent  en 
Asie  ,  et,  sur  ce  nombre ,  15  sont  mêlés  à  la  riche  végéta- 
tion des  Indes  orientales  ;  d'autres  croissent  au  Népaul ,  à 
la  Chine  ,  au  Japon  ,  à  Ceylan  ,  et  quelques-uns  seulement 
dans  le  Caucase,  la  Svrie  ,  la  Palestine,  ou  l'Arabie.  — 


474  AROÏDÉES. 

On  en  connaît  en  Europe  9  espèces  toutes  de  l'Europe  aus- 
trale ,  et  dont  1  ou  2  seulement  s'avancent  dans  les  pays 
froids  sans  dépasser  le  cercle  polaire.  —  8  sont  mention- 
nées dans  l'Amérique  du  nord ,  aux  Antilles,  au  Mexique, 
aux  Etats-Unis.  —  10  habitent  le  sud  du  Nouveau-Monde 
et  sont  presque  toutes  confinées  dans  les  belles  forêts  du 
Brésil.  —  Une  seule  espèce  est  citée  en  Afrique,  dans  la 
Sénégambie. 

Arum  vulgare,  Lin.  —  C'est  encore  une  espèce  com- 
mune, où  la  nature  s'est  plue  à  nous  montrer  les  combinai- 
sons les  plus  ingénieuses  et  les  plus  inattendues.  A  peine 
la  graine  commence-t-elle  à  germer,  que  l'embryon  ,  cylin- 
drique ,  allonge  sa  radicule  et  que  la  plumule  sort  par  une 
lente  longitudinale.  Bientôt  un  petit  tubercule  se  forme  à 
la  base  de  la  première  feuille ,  et  commence  à  prendre  de 
l'accroissement.  Il  devient,  dès  la  seconde  année ,  une  espèce 
de  bulbe,  et  les  années  suivantes,  il  se  détruit  à  sa  base, 
pendant  que  le  sommet  produit  une  nouvelle  plante,  et  que 
sa  circonférence  donne  une  multitude  de  tubercules  nou- 
veaux qui  se  séparent  ensuite  de  la  plante  mère.  La  pousse 
qui  doit  fructifier  sort  de  terre  dès  le  commencement  du 
printemps ,  abritée  sous  des  membranes  transparentes  qui 
se  déchirent  et  laissent  sortir  des  feuilles  sagittécs  qui  étaient 
roulées  sur  elles-mêmes ,  de  droite  à  gauche.  Ces  feuilles 
sont  d'un  beau  vert,  lustrées  et  souvent  marquées  de  taches 
noires.  Elles  ont  leurs  bords  limités  par  deux  nervures  dont 
l'une  ,  extérieure,  moins  visible  que  l'autre  ,  reçoit  les  ner- 
vures diverses  qui  traversent  le  limbe.  Après  le  développe- 
ment des  feuilles,  on  voit  paraître  la  spathe  ,  verte,  mem- 
braneuse et  quelquefois  pourprée,  roulée  sur  elle-même  de 
droite  à  gauche,  et  terminée  par  une  pointe  plus  ou  moins 


ARUM.  475 

allongée.  Dans  les  beaux  jours  de  mai,  la  spathe  ,  d'un  tissu 
réticulé,  se  déroule  entièrement ,  sa  base  s'échauffe  et  la  fé- 
condation commencedans  son  intérieur.  On  ne  voit  en  dehors 
qu'un  spadice  allongé  et  terminé  en  massue ,  coloré  en  un 
pourpre  livide.  En  dessous  de  la  massue  se  trouvent  de  nom- 
breuses fleurs  mâles,  formées  chacune  d'une  seule  anthère  à 
4  loges .  et  disposées  en  spirale  régulière.  En  dessous  se 
trouve  une  couronne  de  poils  blancs,  et  plus  bas  encore 
des  verticilles  d'ovaires,  surmontés  chacun  d'une  petite  ca- 
vité ciliée  et  remplie  de  liqueur  miellée.  C'est  sur  cet  ap- 
pareil ,  clos  de  toutes  parts  par  la  base  renflée  de  la  spathe , 
que  tombe  à  profusion  le  pollen  des  anthères.  Dès  lors  les 
ovaires  grossissent  lentement ,  recevant  peut-être  quelque 
nourriture  du  spadice  qui  disparaît  peu  à  peu.  Les  feuilles 
grandissent  aussi ,  le  pédoncule  très-court  qui  soutenait 
la  spathe ,  s'allonge ,  puis  la  spathe  se  détruit  peu  à  peu. 
Enfin  on  voit  de  gros  épis  d'un  beau  vert,  portés  sur  de  longs 
pédoncules  privés  de  feuilles  et  composés  de  baies  sessiles 
et  serrées.  Peu  à  peu  ces  baies  jaunissent  ;  elles  de\iennent 
orangées ,  et  enfin  d'un  beau  rouge  écarlate.  C'est  ainsi 
qu'elles  se  montrent  en  automne  au  milieu  des  bois,  parmi 
les  pervenches  ,  ou  sous  les  berceaux  de  clématite ,  dans 
les  haies,  dans  les  buissons  et  dans  tous  les  lieux  où  V  Arum 
nous  rendait  témoins  au  printemps  du  curieux  spectacle  de 
sa  naissance ,  de  son  développement  et  de  ses  amours. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  — Il  est  indifférent  et  croît 
partout,  dans  les  prairies  et  les  montagnes.  Nous  le  trouvons 
en  Auvergne  jusqu'à  1,000'". 

Gc'orjrapliie.  —  Au  sud  ,  il  habite  la  France,  l'Espagne 
et  la  Barbarie.  —  Au  nord  ,  on  le  trouve  en  Belgique  ,  en 
Allemagne ,  en  Danemarck ,  en  Gothie ,  en  Angleterre  et 
en  Irlande.  —  A  l'occident,  il  est  aussi  en  Portugal.  — A 


476  AROÏDÉES. 

l'orient,  on  le  connaît  en  Suisse,  en  Italie,  en  Croatie,  en 
Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en  Turquie  et  dans  la 
Russie  moyenne  jusqu'en  Lithuanie ,  à  Varsovie. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Barbarie 35»      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Danemarck 57       ^  22» 

Occident,  Portugal 11  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Grèce 24  E.  j  34» 

Carré  d'expansion ♦  .  748 

Arum  italtcum,  Mill.  —  Cet  Arum  ressemble  au  pré- 
cédent, mais  il  en  diffère  par  ses  dimensions  plus  grandes 
et  par  sa  précocité  qui  fait  remarquer ,  pendant  l'hiver , 
et  quelquefois  même  avant  cette  saison  ,  les  jeunes  pousses 
de  son  feuillage.  Ses  feuilles ,  parfois  marbrées  de  blanc  et 
jamais  tachées  de  brun,  sont  échancrées  à  leur  base  en 
2  oreillettes  grandes,  pointues  et  divergentes.  La  spathe est 
grande,  d'un  vert  jaunâtre ,  très-étalée  et  munie  d'un  spa- 
dice  d'un  beau  jaune  et  non  pourpré.  Les  anthères  répan- 
dent leur  pollen  par  des  pores  latéraux.  —  Il  fleurit  en  avril, 
15  jours  au  moins  avant  le  précédent. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  croît 
en  plaine  ou  à  une  faible  altitude. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  est  indiqué  en  France,  en 
Espagne  et  en  Algérie.  —  Au  nord ,  il  atteint  la  Normandie 
et  la  Carniole.  — •  A  l'occident,  il  est  en  Portugal.  —  A 
l'orient,  on  le  trouve  en  Italie,  en  Sicile,  en  Dalmatie,  en 
Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie  et  en  Grèce.  —  Il 
est  remplacé  dans  le  Caucase  par  VA.  albospathum,  Stev. , 
qui  lui  est  entièrement  parallèle. 


ORCHIDEES.  477 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie SS**      |  Ecart  en  latitude  : 

iVord,  France 48       j  13» 

Occident,  Portugal 11  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Grèce 22  eJ  33» 

Carré  d'expansion 429 

'-  -       -..  ■  —  .  . — -  .    .  ^  ■    ■    -i 

FAMILLE  DES  ORCHIDÉES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 


Latitude.  Longitude. 

Nigritie 0°à  lO*»  18°  O.  à    5°  E. 

Abyssinie 10  à  16  32    E.  à  41  E. 

Algérie 33  à  36  5  0.  à    6  E. 

Roy.  de  Grenade. . .  36  à  37  5  O.  à    8  O. 

Sicile 37  èi  38  10  E.  à  13  E. 

Portugal 37  à  42  9  O.  à  11  O. 

Royaume  de  Naples.  38  ^  42  11   E.  à  16  E. 

Caucase 40  à  44  35   E.  à  48  E. 

Tauride 43  à  46  31   E.  à  34  E. 

Plateau  central ....  44  à  47  0        à    2   E. 

France 42  à  51  7  O.  à    6  E. 

Russie  méridionale. .  47  à  50  22  E.  à  49  E. 

Allemagne 45  à  55  2    E.  à  14  E. 

Carpathes 49  à  50  19  E.  à  22  E. 

Angleterre 50  à  58  1    0.  à    7  O. 

Russie  moyenne  . .  50  à  60  17   E.  à  58    E. 

Scandinavie  entière.  55  à  71  3  E.  à  29   E. 

Danemarck 52  à  57  7    E.  à  12   E. 

Gothie 55  à  59  10  E.  à  15   E. 


72 

49 

58 

64 

40 

66 

47 

62 

48 

.  46 

:  75 

:  79 

:  54 

:  Mi 

:  38 

:  40 

:  41 

:  42 

:  40 

478  ORCHIDÉES. 

Latitude.  Longitude. 

Suède 55»  à  69»   lO»  E.  à  22»  E.  1 

Norvège 58  à  71       2  E.  à  10  E.  1 

Russie  seplentr'^. . .   60  à  66     19  E.  à  57   E.  1 

Finlande 60  à  70     18  E.  à  28   E.  1 

Laponie 65  à  71     14  E.  à  40  E.  1 

Europe  entière. 1 


41 

40 
41 

35 
40 

87 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 

Latitude. 

Irlande 5l«à  55» 

Angleterre 50  à  58 

Allemagne 45  à  55 

Russie  moyenne  .  50  à  60 
Sibérie  de  rOural.  44  à  67 
Sibérie  altaïque. .  44  à  67 
Sibérie  du  Baïkal.  49  à  67 

Dahurie 50  à  55 

Sibérie  orientale.  56  à  67 
Sibérie  arctique..  67  à  78 
Kamtschatka. ...  46  à  67 
Pays  des  Tschukhis.  » 

llesde  l'Océan  or"'.  51  à  67 
Amérique  russe..   54  à  72 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 


Longitude. 

7»0.  à  13« 

0. 

1 

51 

1  0  à   7 

0. 

1 

38 

2  E.  à  14 

E. 

1 

.  54 

17  E.  à  58 

E. 

1 

40 

55  E.  à  74 

E. 

1 

48 

66  E.  à  97 

E. 

1 

108 

93  E.  àl16 

E. 

1 

60 

110  E.  à  119 

E. 

1 

48 

111  E.  à  163 

E. 

1 

35 

60  E.  à  161 

E. 

0 

0 

148  E.  à  170 

E. 

1 

41 

155  E.  à  175 

0. 

0 

0 

170  E.  à  130 

0. 

1 

:  37 

170  0.  à  130 

E. 

1 

:  148 

Latitude.  Altitude  en  mètres. 

Roy.deGr'%rég.alp.etniv.  36»à  37»  1500  à  3500  1 

Roy.deGrenade,rég.niv.   36  à  37  2500  à  3500  0 

Pyrénées 42  à  43  500  à  2700  1 

Pyrénées  élevées 42  à  43  1500  à  2700  1 

Pic  du  Midi  de  Bagnères. .               »  »  0 

Plat,  central, rég.montagn.  44  à  47  500  à  1900  1 


243 

0 

54 

80 

0 

41 


PROPORTIONS  RELATIVES.  479 

Latitude.        Altitude  en  mètres. 

Plateau  central,  sommets,  ii^à  47"   1500  à  1900  1  :  25 

Alpes 45  à  46      500  à  2700  1  :  55 

AFpes  élevées 45  à  40     1500  à  2700  1  :  87 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 

Latitude.  Longitude. 

Iles  du  Cap-Vert. .  12»  à  14°  24°  0.  à  27°  0.  1:269 

Canaries 28  à  30  15  O.  à  20  0.1:201 

Hébrides 57  à  58  8  0.  à  10  O.  1  :  110 

Orcades 59  5  O.  à  6  O.  1  :    60 

Shetland .'..  60  à  61  3  0.  à  4  0.  1  :    44 

Feroë 62  9  0.  1  :    42 

Islande 64  à  66  16  O.  à  27  0.1:    37 

Mageroë 71  24  E.  1  :    64 

Spitzberg 79  à  80  10  E.  à  20  E.  0  :      0 

lie  Melviile...'...  76  114  O.  0:0 

lie  J.  Fernandez.  .  33  à  40S.  76  0.  0:      0 

]Souv.Zélande(nord).  35  à  42S.  171  O.  à  176  O.  1  :    61 

Malouines 52  S.  59  O.  à  65  O.  1  :    62 

Les  Orchidées  semblent  avoir  été  créées  pour  embellir  la 
terre,  pour  couvrir  de  ileurs  éclatantes  les  troncs  décrépits 
des  forets  tropicales,  pour  émailler  nos  prairies  et  orner  nos 
bosquets  du  printemps.  Ce  sont  des  plantes  qui  souvent  dé- 
daignent la  terre  et  se  suspendent  aux  branches  des  végé- 
taux ligneux.  Les  Monocotylédones  nous  offrent  de  grandes 
différences  dans  leurs  diverses  familles.  A  peine  reconnais- 
sons-nous les. fleurs  des  Graminées,  des  Joncées  et  des  Cy- 
péracées,  qui  sont  petites  et  sans  éclat,  et  voilà  dans  les  Or- 
chidées les  couleurs  les  plus  belles  et  les  plus  variées ,  les 
formes  les  plus  ravissantes  et  les  plus  suaves  parfums.  Elles 
empruntent  à  la  fois  l'ampleur  des  Iridées ,  les  formes  anor- 
males des  Scitamminées ,  l'éclat  des  Amaryllidées.  —  Les 


480  ORCHIDÉES. 

Orchidées  sont  dispersées  sur  le  globe  entier,  mais  elles  ha- 
bitent surtout  les  forêts  humides  et  ténébreuses  des  zones 
tropicales  oii  elles  vivent  parasites  sur  les  arbres.  Dans  les 
zones  tempérées  ,  ces  plantes  sont  moins  répandues  et  ordi- 
nairement elles  vivent  sur  la  terre  ou  paraissent  sur  les  raci- 
nes d'autres  végétaux.  En  dehors  des  tropiques,  elles  sont 
bien  plus  nombreuses  dans  l'hémisphère  austral  que  dans  le 
boréal.  Ainsi  le  Codonorchis  Lessonii  est  une  charmante 
orchidée  portant  une  seule  et  grande  fleur  comme  les  Cy- 
pripedium  et  croissant  sur  les  terres  les  plus  australes. 

L'Europe  ne  présente  pas  un  très-grand  nombre  d'Or- 
chidées, puisque  la  proportion  ,  pour  le  continent  entier,  est 
seulement  1/87.  Leur  nombre,  cependant,  est  proportionnel- 
lement plus  grand  en  allant  vers  le  pôle  que  vers  l'équateur, 
car,  tandis  qu'elles  ne  font  que  1/75  en  France,  elles  font 
1/40  en  Laponie ,  1/35  en  Finlande.  —  Leur  distribution 
dans  le  sens  des  longitudes  ,  pour  les  latitudes  élevées  ,  ne 
présente  rien  de  particulier  et  accuse  plutôt  une  augmen- 
tation qu'une  diminution  ,  puisqu'elles  font  1/37  dans  les 
îles  de  l'Océan  oriental.  —  Dans  les  montagnes  leur  pro- 
portion diminue  avec  l'altitude.  — Leur  dispersion  dans  les 
îles  n'offre  rien  de  particulier. 

G.    ORCBIS,    LUI. 

distribution  géographique  du  genre.  —  Les  Orctiis 
forment  le  type  le  plus  européen  de  la  grande  famille  des 
Orchidées.  Leur  nombre  dépasse  85,  et  60  espèces  sont  eu- 
ropéennes. On  les  rencontre  dans  les  bois,  dans  les  prairies 
et  sur  les  coteaux  de  toutes  les  régions  de  ce  continent.  Ce-^ 
pendant  l'Europe  australe  et  surtout  l'Italie  ,  la  Sicile ,  l'Es- 
pagne ,  le  Portugal ,  la  Grèce ,  l'île  de  Crète  et  la  Provence  j 


ORCHIS.  481 

sont  les  pays  qu'ils  préfèrent.  Bon  nombre  d'espèces  se  dé- 
veloppent aussi  dans  les  prairies  de  la  France,  de  l'Alle- 
magne, de  l'Angleterre  et  même  de  la  Suède.  —  L'Asie  a 
environ  une  douzaine  d'Orchis  que  l'on  rencontre  surtout 
dans  les  parties  les  plus  rapprochées  de  l'Europe,  dans  le 
Caucase ,  dans  l'Orient ,  en  Palestine  ,  et  quelques-unes  aux 
Indes  orientales,  au  Népaul ,  en  Sibérie,  au  Kamtschatka 
et  jusque  dans  l'île  d'Unalaska.  —  On  ne  connaît  en  Afrique 
que  6  plantes  de  ce  genre  :  2  de  l'Afrique  boréale  ,  2  de 
l'île  Maurice,  1  des  Canaries  et  1  de  Madère.  —  H  y  a  peu 
à'Orchis  en  Amérique;  on  en  cite  5  dans  la  partie  nord  : 

3  dans  la  Caroline  ,  1  à  la  Martinique,  1  à  la  Cruyane.  — 

4  dans  la  partie  sud  ,  dont  3  au  Brésil  et  1  aux  Malouines. 

Orchis  fusca,  Jacq.  —  Une  des  plus  grandes  jouissan- 
ces que  nous  puissions  éprouver  dans  la  recherche  des  plan- 
tes consiste  dans  l'étonnement  et  l'admiration  que  les  fleurs 
excitent  en  nous ,  par  la  variété  innombrable  de  leurs  formes, 
par  la  distribution  et  les  nuances  de  leurs  couleurs;  on  peut 
dire  que  la  nature  se  montre  inépuisable  dans  ses  inven- 
tions ;  on  peut  le  dire  surtout  en  parlant  de  ces  brillants 
Orchis  si  répandus  dans  nos  campagnes.  Celui-ci  est  le  plus 
beau.  Il  habite  les  bosquets,  les  bois  taillis,  les  coteaux 
buissonneux  ,  les  lieux  à  demi-ombragés.  Ses  bulbes  sont  en- 
tiers, volumineux  ;  ses  feuilles  sont  lisses,  oblongues,  d'un 
beau  vert.  Sa  tige  est  droite  et  élancée,  et  se  termine  par 
une  magnifique  pyramide  de  fleurs  blanches  et  brunes  ,  avec 
des  nuances  de  pourpre.  Les  divisions  supérieures  du  péri- 
gone  sont  droites  ,  aiguës  ;  l'inférieure  est  divisée  en  4  la- 
nières opposées  ou  rapprochées  ,  souvent  séparées  par  une 
petite  pointe,  d'un  liîas  pâle  pointillé  de  pourpre.  Dans  cette 
espèce  comme  dans  les  autres ,  la  fécondation  s'opère  d'une 


111 


31 


482  ORCHIDÉES. 

manière  toute  particulière.  Les  loges  anthérifères  s'ouvrent 
plusieurs  jours  après  que  la  fleur  est  tout-à-fait  épanouie,  et 
les  anthères  elles-mêmes  se  redressent  sur  leur  support  pour 
se  rejeter  ensuite  sur  le  stigmate  ,  ou  quelquefois  même  elles 
tombent  tout  entières  sous  la  forme  de  petites  massues  glu- 
tineuses.  La  floraison  dure  assez  longtemps.  L'axe  de  l'épi 
s'allonge  et  les  dernières  fleurs  avortent.  —  11  fleurit  en 
mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  préfère  les  terrains 
calcaires,  argileux  et  marneux  des  plaines  et  des  coteaux. 

Géographie.  —  Au  sud,  cet  Orcliis  vit  en  France,  en 
Espagne  et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  on  le  trouve  en  Belgi- 
que ,  en  Allemagne,  dans  les  îles  de  Gothland  et  d'OEland , 
et  en  Angleterre.  —  A  l'occident,  il  vit  en  Portugal.  — 
A  l'orient ,  on  le  rencontre  en  Suisse ,  en  Autriche ,  en  Italie, 
en  Sicile,  en  Dalmatie,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Tran- 
sylvanie, en  Turquie,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase,  en 
Géorgie,  dans  les  Uussies  moyenne  et  australe,  dans  les  Si- 
béries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud  y  Algérie 35"      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Ile  d'Osilie 59       i  2i« 

Occident ,  Portugal 10  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Altaï 90  E.)  100° 

Carré  d'expansion 2400 

Orchis  galeata,  Lam.  —  On  le  trouve  dans  les  bois 
taillis ,  parmi  les  broussailles  ,  sur  les  coteaux  ,  oii  il  vit  or- 
dinairement dispersé.  Ses  bulbes  sont  ovoïdes  ;  ses  feuilles 
sont  oblongues  ;  sa  tige  est  droite  ,  ferme  ,  et  terminée  par 
un  bel  épi  de  fleurs  roses  et  carminées.  Ses  bractées  sont 


OKCHis.  483 

plus  courtes  que  l'ovaire.  Les  divisions  externes  du  périgone 
sont  pointues,  conniventes,  et  réunies  en  une  espèce  de  cas- 
que d'un  rose  pâle.  Le  labelle  est  à  3  lobes  latéraux  et  li- 
néaires ;  l'éperon  est  courbé  ,  moitié  moins  long  que  l'ovaire. 
—  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
calcaires  et  marneux  de  la  plaine  ,  il  peut  cependant  s'élever 
dans  les  montagnes.  Wahleriberg  le  cite  en  Suisse  jusqu'à  la 
limite  supérieure  des  sapins. 

Géographie.  — Au  sud  ,  on  le  rencontre  en  France ,  dans 
les  montagnes  de  l'Espagne  et  du  midi  de  l'Italie.  —  Au 
nord ,  il  végète  en  Belgique  ,  en  Allemagne ,  en  Bavière ,  en 
Danemarck,  en  Gothie  ,  à  Saint-Pétersbourg  et  en  Angle- 
terre. —  A  l'occident ,  il  reste  en  Espagne.  — A  l'orient ,  il 
végète  en  Suisse  ,  en  Croatie,  en  Hongrie  ,  en  Transylva- 
nie ,  en  Turquie  ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase ,  en  Géor- 
gie ,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe ,  dans  la  Sibérie 
de  l'Oural  jusqu'au  55°  de  latitude,  dans  les  Sibéries  de  l'Al- 
taï ,  du  Baïkal ,  orientale ,  et  dans  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Royaume  deNaples....      40**      |Ecart  en  latitude: 

Nord,  Russie 60       ]  20° 

Occident,  Espagne 6  0.  ^  Ecart  en  longitude  : 

On>n^  Sibérie  orientale 163  E.j  169® 

Carré  d'expansion 3380 

Orchis  tSTLLATA,  Lin.  —  Il  habile  les  prés  où  l'herbe 
est  courte,  les  coteaux  et  les  pelouses.  Ses  tubercules  sont 
entiers;  ses  feuilles  sont  étroites,  d'un  vert  glauque  et  ar- 
genté. Sa  tige  est  droite,  peu  feuillée,  et  terminée  par  un 
épi  dense  de  fleurs  petites  et  sessiles.  La  partie  supérieure  de 


484  ORCHIDÉES. 

l'épi,  composée  de  boutons,  est  d'un  pourpre  foncé  et 
presque  noir,  et  paraît  comme  brûlée.  La  partie  inférieure, 
formée  par  les  fleurs  épanouies ,  est  panachée  de  lilas  pâle 
et  de  pourpre  violacé.  La  division  inférieure  du  périgone 
est  partagée  en  3  lobes  principaux ,  dont  celui  du  milieu 
est  plus  allongé  et  divisé  en  deux.  —  11  fleurit  en  mai  et 
en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  le  plus  ordinai- 
rement sur  les  calcaires  ,  mais  nous  le  trouvons  en  Auvergne 
sur  les  terrains  siliceux,  primitifs  et  volcaniques  ,  depuis  la 
plaine  jusqu'à  1,000"  d'altitude.  Wahlenberg  l'indique  en 
Suisse  jusqu'à  la  limite  du  sapin  ,  partout ,  mais  rare  et  dis- 
séminé. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  rencontre  en  France  et 
dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord ,  il  vit  en  Belgique  ,  en 
Allemagne,  en  Danemarck,  en  Gothie,  en  Angleterre  et  à 
Saint-Pétersbourg.  —  A  l'occident,  il  reste  en  Angleterre. 
—  A  l'orient,  il  existe  en  Suisse  ,  en  Dalmatie  ,  en  Croatie, 
en  Hongrie  ,  en  Transylvanie  ,  en  Bosnie  ,  dans  les  Russies 
moyenne  et  australe ,  et  dans  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Midi  de  Tltalie 40"      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Saint-Pétersbourg 60       i  20« 

Occident ,  Angleterre.  » 6  O.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  de  l'Oural 70   E.  )  70» 

Carré  d'expansion 1520 

Orchis  coriophora  ,  Lin.  —  On  le  trouve  dans  les  prai- 
ries et  sur  les  pelouses.  Ses  tubercules  sont  entiers  et  arron- 
dis ;  ses  feuilles  sont  lancéolées ,  linéaires ,  et  sa  tige  peu 
élevée  porte  un  épi  serré  d'un  pourpre  un  peu  livide ,  ré- 


oRCHis.  485 

pandant  la  plus  détestable  odenr  de  punaise.  Les  divisions 
supérieures  du  périgone  sont  rapprochées  et  d'un  rouge  sale  ; 
l'inférieure  est  verdâtre,  recourbée  et  à  3  lobes,  dont  les 
2  latéraux  sont  dentés.  L'éperon  est  recourbé  et  dirigé  vers 
la  terre.  — Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  le  rencontrons  sur 
les  terrains  siliceux  et  graveleux  jusqu'à  1 ,000"™  d'élévation  ; 
mais  dans  d'autres  contrées ,  il  vit  aussi  sur  le  calcaire. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  la  France  ,  l'Espagne  et  la  Bar- 
barie. —  Au  nord,  la  Belgique  et  l'Allemagne  méridionale. 
—  A  l'occident,  le  Portugal.  —  A  l'orient,  la  Suisse, 
l'Italie,  la  Dalmatie,  la  Croatie  ,  la  Hongrie,  la  Transyl- 
vanie, la  Grèce,  la  Turquie,  la  Tauride  ,  le  Caucase,  la 
Géorgie,  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Barbarie 35"      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Lithuanie 55       i  20" 

Occident,  Portugal 1 0  O.  |  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47   E.  t  57° 

Carré  d'expansion 1140 

Orchis  globosa  ,  Lin.  —  On  voit  cet  Orchis  sur  les  pen- 
tes herbeuses  des  montagnes,  au  milieu  de  toutes  les  espèces 
fleuries  qui  constituent  ces  brillants  tapis  de  verdure.  Ses 
tubercules  sont  entiers  et  oblongs.  Sa  tige  est  élevée  et  gar- 
nie de  feuilles  oblongues.  Les  fleurs  réunies  en  un  épi, 
dont  l'axe  est  très-court  forment  un  capitule  presque  glo- 
buleux ,  d'un  rose  carminé  et  très-élégant.  Ces  fleurs  sont 
nombreuses  ,  assez  petites.  La  division  inférieure  du  périgone 
est  courte ,  à  3  lobes  ,  dont  celui  du  milieu  a  3  dents.  L'é- 


486  ORCHIDÉES. 

peron  est  plus  court  que  l'ovaire.  Les  fleurs  offrent  des  situa- 
tions différentes;  celles  du  bas  de  l'épi  ont  conservé  leur 
forme  ordinaire,  avec  l'ovaire  contourné  et  la  lèvre  infé- 
rieure pendante  ;  les  latérales  ont  la  lèvre  inférieure  tour- 
née tantôt  à  droite ,  tantôt  à  gauche ,  et  les  fleurs  supé- 
rieures ont  cette  même  lèvre  supérieure.  —  Il  fleurit  en 
juin  ,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  le  trouvons  en  Au- 
vergne sur  le  terrain  siliceux ,  volcanique  et  détritique  ,  à 
l'élévation  de  1,200  à  1,500'".  Mais  il  croît  ailleurs  sur  les 
calcaires ,  car  de  Candolle  le  cite  à  1 ,200""  dans  le  Jura  et 
à  1,800"  au  col  de  l'Arche.  Wahlenberg  dit  qu'il  vient  en 
Suisse,  dans  les  Heux  exposés  au  midi,  jusque  vers  la  limite 
des  sapins  à  2,000™.  Ledebour  le  mentionne  dans  le  Cau- 
case entre  1,500  et  2,400'". 

Géographie.  — Au  sud  ,  il  vit  en  France  et  dans  le  midi 
de  l'ItaHe.  —  Au  nord  ,  on  le  rencontre  en  Belgique  ,  en 
Allemagne  et  en  Voihynie.  —  A  l'occident,  il  est  en  Por- 
tugal. —  A  l'orient,  il  végète  en  Suisse,  en  Croatie,  en 
Hongrie ,  en  Transylvanie  ,  en  Bosnie  ,  dans  le  Caucase,  en 
Géorgie  et  dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40°      | Écart  en  latitude  : 

iVorrf,  Voihynie 51       )  11» 

Occident ,  Portugal 10  0.  |  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47   E.  )  57o 

Carré  d'expansion 627 

Orchis  morio  ,  Lin. —  C'est  un  des  Orchis  les  plus  com- 
muns. On  le  rencontre  dans  tous  les  prés  secs,  parmi  les  buis- 


ORCHis.  487 

sons ,  dans  les  clairières  des  bois.  Il  vit  le  plus  ordinairement 
en  société,  et  présente  dans  ses  fleurs  toutes  les  nuances  de 
pourpre ,  de  rose ,  de  lilas ,  de  carné,  et  passe  môme  entière- 
ment à  l'albinisme  dans  quelques  variétés.  Ses  tubercules 
sont  entiers  et  ovoïdes  ;  ses  feuilles  radicales  sont  lancéolées, 
celles  de  la  tige  sont  étroites  et  peu  nombreuses.  Les  fleurs, 
assez  grandes,  forment  un  épi  court  et  peu  garni.  La  divi- 
sion inférieure  offre  4  lobes,  dont  2  latéraux  crénelés  et  ré- 
fléchis. Ces  fleurs  répandent  quelquefois  une  odeur  de  vanille 
très-prononcée.  —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  11  est  indifférent,  on  le 
trouve  sur  tous  les  terrains ,  dans  les  plaines  et  sur  les  co- 
teaux. Nous  ne  le  trouvons  plus  au-dessus  de  1,000™.  Le- 
debour  l'indique  à  cette  même  altitude  dans  le  Taliisch. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  en  France  et 
jusque  dans  le  midi  de  l'Espagne.  —  Au  nord,  il  est  ré- 
pandu en  France,  en  Belgique,  en  Allemagne,  en  Dane- 
marck  ,  en  Gothie ,  jusque  dans  la  Norvège  australe ,  l'An- 
gleterre, l'Irlande  ,  les  Orcades,  les  Shetland  et  l'Islande. 
—  A  l'occident,  il  vit  en  Portugal.  — A  l'orient,  il  habite 
la  Suisse,  l'Italie,  la  Sicile,  les  Baléares,  la  Dalmatie ,  la 
Croatie  ,  la  Hongrie  ,  la  Transylvanie ,  la  Grèce  ,  la  Turquie , 
la  Tauride ,  le  Caucase ,  la  Géorgie ,  les  bords  de  la  Cas- 
pienne ,  les  Russies  moyenne  et  australe ,  les  Sibéries  de 
l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Espagne 37°      j Écart  en  latitude  : 

iVorrf,  Islande 66       S  29o 

Occident ,  Islande 25  0.  ]  Écart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Altaï 97  E.  )  122« 

Carré  d'expansion 3538 


488  ORCHIDÉES. 

Orchis  mascula,  Lin.  —  Quand  les  prairies  ont  repris 
leur  parure  du  printemps  et  que  les  bourgeons  des  arbres  des 
forêts  commencent  à  s'ouvrir  ,  on  voit  paraître  sur  ces  fonds 
de  verdure  les  fleurs  purpurines  des  Orchis.  Déjà ,  depuis 
l'automne  précédent,  le  tubercule  de  cette  plante  a  com- 
mencé à  se  développer  près  du  bulbe  flétri  qui  a  donné  la  fleur 
et  qui  s'est  épuisé  par  son  dernier  effort  lors  de  la  matura- 
tion des  graines.  Dès  la  fin  de  l'hiver,  des  feuilles  ovales  et 
lustrées,  souvent  tachées  de  macules  noires  rapprochées, 
s'étalent  sur  le  sol  et  y  forment  une  élégante  rosi&tte.  De  son 
milieu ,  il  sort,  dès  le  mois  d'avril ,  une  hampe  abritée  sous 
des  feuilles  avortées  et  demi-transparentes ,  qui  s'ouvrent 
sur  le  côté  et  laissent  sortir  leurs  éclatants  épis  de  fleurs 
pourprées  et  presque  sessiles.  Chacune  de  ces  fleurs  se  ter- 
mine par  un  éperon  ;  toutes  restent  longtemps  épanouies  jus- 
qu'à ce  que  les  masses  polliniques  glutineuses  s'en  soient 
échappées  et  se  soient  fixées  sur  le  stigmate ,  soit  naturelle- 
ment ,  soit  par  le  concours  des  insectes  qui  transportent  in- 
volontairement ces  masses  fécondantes  et  ne  s'en  débarrassent 
que  par  l'action  glutineuse  du  stigmate.  Bien  avant  que  la 
fleur  ne  se  flétrisse  ,  l'ovaire  grossit  et  perd  lentement  sa  tor- 
sion. «  Le  péricarpe  paraît  alors  formé  de  3  pièces  rappro- 
chées ,  dont  les  lignes  de  suture  sont  recouvertes  par  autant 
de  bandes  longitudinales ,  plus  étroites  et  plus  minces  que 
les  valves  proprement  dites.  Ces  bandes  restent  étroitement 
appliquées  sur  les  sutures  jusqu'à  la  maturité.  Alors  elles  se 
soulèvent  en  même  temps  que  les  valves  des  péricarpes  s'é- 
cartent les  unes  des  autres  et  laissent  échapper  leurs  graines 
qui  se  répandent  au  gré  du  vent  ;  ces  graines ,  attachées  à 
3  réceptacles  longitudinaux  placés  au  milieu  de  chaque  valve, 
sont  très-petites,  scrobiformes  et  formées  d'un  petit  sac  ré- 
ticulé renfermant  la  graine    proprement   dite    (Vaucher, 


oRCHis.  489 

t.  4,  p.  243).  »  Les  autres  espèces  ont  les  fruits  conformés 
de  la  même  manière  et  répandent  de  même  leurs  graines 
presqu 'imperceptibles.  —  Le  tubercule  de  cet  Orchis,  comme 
celui  des  autres ,  prend  naissance  sur  le  bord  de  l'ancien  et 
toujours  du  même  côté ,  en  sorte  que  la  plante  change  de 
place  tous  les  ans  et  avance  toujours  du  même  côté.  Dans 
l'espace  de  30  années,  elle  a  parcouru  au  plus  1  mètre,  en 
sorte  qu'il  lui  faut  environ  30,000  ans  pour  faire  un  kilo- 
mètre. —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent ,  on 
le  trouve  sur  tous  les  terrains,  et,  en  Auvergne,  principa- 
lement sur  ceux  qui  sont  siliceux  et  détritiques.  Il  habite 
la  plaine  et  les  montagnes.  Nous  le  trouvons  jusqu'à  1,000™. 
M.  Boissier  le  cite  entre  600  et  1,600™  dans  le  midi  de 
l'Espagne;  Wahlenberg  l'indique  en  Suisse,  jusqu'à  la  limite 
supérieure  du  sapin. 

Géographie.  — Au  sud  ,  il  existe  en  France,  en  Espagne 
et  en  Barbarie ,  dans  les  prés  humides  et  sur  les  montagnes. 

—  Au  nord  ,  il  occupe  tout  le  centre  de  l'Europe  ,  le  Dane- 
marck,  la  Gothie ,  la  Norvège  australe,  l'Angleterre,  l'Ir- 
lande, les  Orcades  ,  les  Shetland,  les  Feroë  et  l'Islande. 

—  A  l'occident,  il  existe  aussi  en  Portugal.  —  A  l'orient, 
il  est  indiqué  en  Suisse,  enitahe,  en  Corse,  en  Dalmatie, 
en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en 
Turquie ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase  ,  en  Géorgie , 
dans  les  Russies  moyenne  et  australe  ,  et  dans  la  Sibérie 
de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie 35°      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Islande 65       ^  30» 


490  ORCHIDÉES. 

Occident ,  Islande 24  0.  |  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  de  l'Oural 62  EJ  86« 

Carré  d'expansion 2580 

Orciiis  LAXiFLORA,  Lam.  —  On  le  trouve  dans  les 
prés  humides ,  au  milieu  des  graminées ,  sur  le  bord  des 
ruisseaux  d'irrigation  et  quelquefois  dans  les  bois  un  peu 
mouillés.  Ses  bulbes  sont  entiers,  ses  feuilles  sont  allongées, 
étroites  et  pliées  en  gouttières.  La  tige  est  élevée  et  se  ter- 
mine par  un  épi  très-lûche  de  fleurs  d'un  beau  rouge ,  quel- 
quefois roses  ou  blanches.  La  division  inférieure  du  périgone 
est  à  3  lobes ,  dont  les  2  latéraux  très-grands  et  crénelés , 
dépassant  de  beaucoup  celui  du  miheu  qui  est  raccourci  et 
à  peine  échancré.  —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  — On  le  rencontre  sur  tous 
les  terrains ,  pourvu  qu'ils  soient  humides ,  dans  les  plaines 
et  sur  les  coteaux. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  vit  en  France  ,  en  Espagne , 
à  l'île  de  Crète.  — Au  nord  ,  on  le  rencontre  en  Belgique, 
dans  quelques  parties  de  l'Allemagne ,  en  Danemarck  et  en 
Gothie.  —  A  l'occident ,  il  reste  en  Espagne.  —  A  l'orient , 
il  existe  en  Suisse,  en  Itahe,  en  Sicile,  en  Dalmatie,  en 
Transylvanie ,  en  Grèce ,  en  Turquie ,  en  Tauride ,  dans  le 
Caucase  et  en  Géorgie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  lie  de  Crète 35°     | Écart  en  latitude  : 

Nord,  Gothie. 56       j  21° 

Occident ,  Espagne 7  0.^  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47   E.  j  54° 

Carré  d'expansion 1134 


ORCiiis.  491 

Orchis  palcstris  ,  Jacq.  —  On  le  trouve  dans  les  prés 
marécageux  où  il  vit  dispersé.  Il  ressemble  un  peu  au  précé- 
dent, mais  il  en  diffère  par  ses  fleurs  plus  serrées,  près  du 
double  plus  grandes,  à  labelle  très-large ,  ayant  le  lobe  du 
milieu  émarginé,  tantôt  plus  long,  tantôt  plus  court,  ou 
égalant  les  latéraux ,  à  éperon  un  peu  plus  court  que  l'ovaire, 
dirigé  en  bas  ou  horizontai  ;  par  ses  bractées  toutes  plus  lon- 
gues que  l'ovaire,  les  inférieures  les  surpassant  2  ou  3  fois, 
par  sa  tige  plus  élevée ,  plus  robuste,  et  par  sa  floraison  plus 
tardive.  —  Il  fleurit  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude,  —  Nous  ne  le  connaissons 
que  sur  le  terrain  calcaire  et  marneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  la  France ,  le  midi  de  l'Italie ,  la 
Sicile  et  la  Sardaigne.  —  Au  nord  ,  la  Belgique ,  quelques 
parties  de  l'Allemagne  et  l'île  de  Gothland.  —  A  l'occident , 
la  France.  —  A  l'orient ,  la  Suisse ,  la  Dalmatie ,  le  Bannat, 
la  Hongrie ,  la  Transylvanie ,  la  Grèce  et  la  Tauride. 

Limiles  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Sicile 38*^     |  Ecart  en  latitude 

Nord ,  Gothland 57       ]  19« 

Occident,  France 0       )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Tauride 34  E.  )  34** 

Carré  d'expansion 646 

Orchis  sambucina.  Lin.  —  Il  se  trouve  dans  les  prés  secs, 
sur  les  pelouses,  parmi  les  bruyères,  et  souvent  il  est  accom- 
pagné de  V Orchis  mascula,  du  Saxifraga  granulata,  de 
V  Anémone  montana,  etc.  Il  offre  2  variétés  très-distinctes, 
l'une  à  fleurs  d'un  jaune  pâle  beaucoup  plus  commune,  l'autre 
à  fleurs  d'un  beau  rouge  et  beaucoup  plus  rare.  Quelquefois 


492  ORCHIDÉES. 

ces  variétés  vivent  isolées,  d'autres  fois  elles  se  mélangent, 
mais  la  variété  jaune  est  presque  toujours  dominante.  —  Ses 
tubercules  sont  palmés  ou  bifides  et  mt^me  entiers.  Les  feuil- 
les inférieures  sont  obtuses  et  les  supérieures  pointues.  L'épi 
est  assez  court.  Les  bractées  sont  lancéolées ,  plus  ou  moins 
colorées,  selon  la  couleur  des  fleurs.  Les  divisions  supérieures 
du  périgone  sont  courtes  et  ouvertes  ;  l'inférieure  est  presque 
plane  et  divisée  en  3  lobes  arrondis  et  peu  prononcés  ;  l'épe- 
ron est  épais ,  obtus  et  plus  court  que  l'ovaire.  — 11  fleurit  au 
printemps.  Voici  quelques  dates  précises  de  floraison  :  27 
avril  1828  ,  bois  du  puy  de  Dôme;  — 5  mai  1836,  bois  de 
Royat; — 6 mai  1827,au  puy  deChopine;  — 12  mai  1842, 
à  Combrondc  ;  —  12  mai  1833  ,  bois  du  puy  de  Dôme  ;  — 
27  mai  1841  ,  puy  de  Pariou  ;  —  15  juin  1845 ,  puy  de 
Corne  ;  —  3  juillet  1845 ,  bois  du  puy  de  Dôme. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  rencontrons  cet  Or- 
chis  sur  les  terrains  siliceux  et  détritiques  des  montagnes. 
Nulle  part  nous  ne  l'avons  vu  mieux  développé  que  sur  les 
basaltes  et  les  trachytes  ou  sur  les  scories  des  volcans.  Nous 
le  trouvons  entre  500  et  1 ,500™.  De  Candolle  le  cite  à  0  à 
Abbeville  et  à  1 ,600""  à  VilIard-d'Alos  et  au  port  d'Oo. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  végète  en  France,  dans  les 
Pyrénées ,  en  Espagne  ,  dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Sicile. 
—  Au  nord  ,  il  croît  en  Belgique ,  en  Allemagne  ,  en  Dane- 
marck,  enGothie,  en  Suède,  en  Norvège,  en  Finlande  et 
jusque  dans  la  Laponie  australe ,  se  tenant  principalement 
dans  les  parties  maritimes  de  la  Scandinavie.  Il  n'est  pas 
indiqué  en  Angleterre  mais  aux  Feroë.  —  A  l'occident,  il  est 
en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  existe  en  Suisse,  en  Dalmatie, 
en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en 
Turquie ,  dans  le  Caucase ,  en  Géorgie,  dans  les  Russies  sep- 
tentrionale, moyenne  et  australe. 


oRCHis.  493 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Sicile 38"      ^  Ecart  en  latitude  : 

Nord,Upome 66       )  28» 

Occident ,  Portugal 10  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47   E.  )  57° 

Carré  d'expansion 1596 

Orchis  maculata,  Lin.  —  Les  prairies,  les  pelouses, 
les  bois ,  les  bruyères ,  sont  le  séjour  de  cette  espèce  qui 
montre  partout  ses  fleurs  réunies  en  élégantes  pyramides  et 
offrant  toutes  les  nuances  du  lilas ,  du  blanc  et  du  violet ,  dis- 
posées de  mille  manières  différentes ,  en  points  ,  en  lignes , 
en  zigzag  ou  en  réseau.  —  Ses  racines  sont  palmées  ;  sa  tige 
est  assez  haute,  garnie  de  feuilles  étroites  et  presque  tou- 
jours couvertes  de  macules  noires  disposées  avec  plus  ou 
moins  de  symétrie.  La  division  inférieure  du  périgone  est 
presque  plane  et  partagée  en  3  lobes,  dont  les  2  latéraux 
sont  dentés.  Les  bractées  ne  dépassent  pas  la  fleur.  —  Il 
fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  soL  —  Altitude.  —  On  le  rencontre  sur  tous 
les  terrains,  mais  il  semble  préférer  ceux  qui  sont  siliceux. 
Il  croît  en  plaine  et  sur  les  montagnes  oîi  il  atteint  souvent 
1,000  à  1,200". 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  végète  en  France ,  en  Espa- 
gne ,  en  Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord  ,  dans  toute  l'Europe 
centrale ,  dans  toute  la  Scandinavie ,  môme  en  Laponie ,  jus- 
jusqu'à  Hammerfest,  en  Angleterre,  en  Irlande,  aux  Hé- 
brides ,  aux  Shetland ,  aux  Feroë  et  en  Islande.  —  A  l'occi- 
dent, il  est  aussi  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  est  assez 
rare  en  Suisse  et  plus  commun  en  Hongrie,  en  Transylvanie 


494  ORCHIDÉES. 

et  dans  le  Bannat  ;  on  le  trouve  aussi  en  Grèce ,  en  Turquie, 
dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  toutes  les  Russies,  dans 
les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale, 
dans  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Sicile 38"      ) Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Altenfiord 70       i  32o 

Occident ,  Islande 25  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  orientale 163  E.  '  188'' 

Carré  d'expansion 6016 

OiiCHis  LATiFOLiA,  Lin.  —  Cet  Orchis  est  peut-être  le 
plus  commun  ;  il  abonde  dans  toutes  les  prairies  marécageu- 
ses, dans  les  clairières  bumides  des  forêts.  Il  vit  associé  au 
TroUius  europœns,  au  Narcissus  poeticus ,  au  Pedicularis 
paluslris,  au  Cirsium  palustre,  au  Veratrum  alhum,  au 
Lychnis  flos-cuculi,  etc.  Ses  fleurs,  disposées  en  longs  épis 
très-garnis,  munis  de  longues  bractées  colorées,  offrent 
toutes  les  nuances  de  pourpre  et  de  violet,  et  descendent 
jusqu'à  l'albinisme.  —  Ses  racines  sont  palmées  ou  au  moins 
divisées  à  leur  extrémité  inférieure.  Sa  tige  est  assez  élevée, 
fistuleuse  et  garnie  de  feuilles  oblongues  ,  lancéolées  et  poin- 
tues ;  les  inférieures  plus  larges  et  souvent  tachées  de  noir 
ou  de  brun;  la  division  inférieure  du  périgone  est  large ,  à 
3  lobes  peu  marqués ,  dont  les  2  latéraux  sont  réfléchis  et 
dentés.  L'éperon  est  conique.  —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
siliceux,  tourbeux  et  détritiques;  mais  on  le  rencontre  aussi 
sur  les  calcaires.  Il  habite  la  pliiine  ou  les  montagnes.  Nous 
le  trouvons  en  Auvergne  entre  500  et  1 ,200"".  Ledebour  le 


ORCHis.  495 

cite  dans  le  Caucase  à  1,500°^.  En  Suisse,  Wahlenberg  ne 
l'indique  que  dans  les  prés  marécageux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France,  en  Espa- 
gne et  en  Algérie  jusque  dans  les  montagnes  de  l'Aurès, 
sur  le  Djebel-Cheliah  (Cosson).  —  Au  nord  ,  il  est  répandu 
dans  toute  l'Europe,  en  Laponie,  aux  Loffoden  ,  dans  les 
marais  près  du  temple  d'Enonteckis ,  en  Angleterre  ,  en 
Irlande ,  dans  tous  les  archipels  anglais  et  danois ,  et  en 
Islande.  —  A  l'occident,  il  est  aussi  en  Portugal.  —  A 
l'orient,  il  se  trouve  en  Suisse,  en  Italie,  en  Sicile,  en 
Hongrie,  en  Transylvanie,  dans  le  Bannat,  en  Grèce,  en 
Turquie  ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  toutes  les  Rus- 
sies,  dans  toutes  les  Sibéries,  la  Sibérie  arctique  exceptée  , 
dans  la  Dahurie,  au  Kamtschatka  et  à  l'île  d'Unalaska. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Algérie 34°      ] Écart  en  latitude  : 

iVorc?,  Laponie C6       i  32» 

Occident ,  Islande 24  0.  | Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Aléoutiennes 180  E.  j  104° 

Carré  d'expansion 6528 

Orchis  incarnata,  Lin.  —  Il  vit  dans  les  prés  maréca- 
geux ,  sur  le  bord  des  lacs ,  parmi  les  Caîtha  palustris , 
le  Carex  îimosa,  etc.,  et  toujours  isolé  et  disséminé.  Il 
ressemble  beaucoup  à  VO.  latifoUa.  Ses  tubercules  sont 
divisés ,  ses  feuilles  sont  allongées ,  lancéolées  et  serrées 
contre  la  tige  qui  est  fistuleuse.  Ses  fleurs,  souvent  de  cou- 
leur blanche ,  forment  un  épi  allongé  ,  serré  ,  muni  de  lon- 
gues bractées  et  présentent  à  peu  près  les  caractères  de 
celles  de  VO.  latifolia.  —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 


496  ORCHIDÉES. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  ne  le  connaissons 
que  dans  les  terrains  imbibés  et  tourbeux  des  régions  volca- 
niques. M.  Mougeot  l'indique  sur  calcaire  dans  les  Vosges. 
—  Il  croît  en  Auvergne  de  1,000  à  1,200™  d'altitude. 

Géographie  —  Au  sud  ,  la  France  ,  l'Espagne.  —  Au 
nord,  la  Belgique,  l'Allemagne,  toute  la  Scandinavie  jus- 
qu'à la  Laponie  australe  ,  et  l'Angleterre.  — A  l'occident, 
le  Portugal.  —  A  l'orient,  la  Suisse,  le  nord  de  l'Italie, 
la  Dalmatie,  la  Transylvanie,  le  Peloponèse ,  la  Géorgie  et 
la  Russie  moyenne. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Espagne 39°      ) Ecart  en  latitude  : 

iVord,  Laponie. . , 66       j  27" 

Occident ,  Portugal 10  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47  E.  ^  57° 

Carré  d'expansion 1539 

G.  GYMNADENIA  ,  R.  Brown. 

Distribution  géographique  du  genre. —  Ce  genre  con- 
tient 27  à  30  espèces  ,  dont  10  à  12  africaines  :  8  espèces 
sont  réunies  à  l'île  Maurice ,  2  à  Madagascar  et  1  en  Nu- 
midie.  —  7  sont  asiatiques  :  5  des  Indes  orientales,  1  de 
la  Sibérie  ,  1  de  la  Dahurie.  —  7  à  8  sont  européennes  et 
se  trouvent  en  Espagne ,  en  Italie  ,  en  Tauride  ou  dans  le 
centre  de  l'Europe. — On  en  connaît  3  dans  l'Amérique 
septentrionale. 

Gymnadema  CoNOPSEA ,  R.  Brown.  —  Quand  les  scènes 
brillantes  que   nous  olfrent   les  Orchis    ont  disparu   des 


GYMNADENIA.  497 

prairies  et  des  forêts  où  résident  ces  admirables  végétaux  , 
on  trouve  encore  sur  les  pelouses,  au  milieu  des  bruyères, 
une  espèce  plus  tardive  qui  vient  clore  la  série  des  gracieux 
tableaux  que  nous  présente  cette  famille,  c'est  le  G.  Co- 
nopsea ,  dont  le  bulbe  palmé  produit  des  feuilles  étroites , 
une  tige  mince  ,  élancée  ,  terminée  par  un  long  épi  de  fleurs 
roses  et  parfumées.  Ces  fleurs  sont  serrées  les  unes  contre 
les  autres ,  terminées  par  un  long  éperon  recourbé  et  aminci. 
La  base  de  leur  labelle  est  rétrécie,  et  présente  deux  ren- 
flements allongés  contre  lesquels  s'appuient  intérieurement 
les  plaques  visqueuses  du  stigmate.  —  Il  fleurit  en  juin  et 
en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  sur  tous  les 
terrains,  et  préfère  ceux  qui  sont  siliceux,  graveleux  et  sur- 
tout volcaniques.  Il  végète  en  plaine  et  sur  les  montagnes. 
En  Auvergne ,  on  le  trouve  principalement  entre  800  et 
1,000™.  Ledebour  le  cite  dans  le  Breschtau  entre  1,600 
et  2,400™,  et  dans  le  Taliisch  entre  1,000  et  2,200™. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  trouve  en  France ,  en 
Espagne ,  en  Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord  ,  il  habite  tout 
le  centre  de  l'Europe ,  y  compris  la  Laponie  jusque  dans 
l'Altenfîord,  l'Angleterre,  l'Irlande,  les  Orcades  et  les 
Shetland.  — A  l'occident,  il  vit  en  Portugal.  —  A  l'o- 
rient, il  occupe  la  Suisse  ,  la  Dalmatie,  la  Croatie,  la  Hon- 
grie ,  la  Transylvanie  ,  la  Grèce  ,  la  Turquie,  la  Tauride  ,  le 
Caucase ,  la  Géorgie  ,  toutes  les  Russies,  toutes  les  Sibéries, 
la  Sibérie  arctique  exceptée,  et  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Sicile 38®      (Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Altenfiord 70       ^  32» 

VIII  32 


498  oRcniDÉEs. 

Occident,  Portugal 11  0.  |  Écart  en  longitude  i 

Orient,  Sibérie  orientale 163   E.  j  174** 

Carré  d'expansion 5568 

Gymnadema  albida  ,  Rich.  —  A  peine  aperçoit-on 
celte  petite  espèce  nu  milieu  des  plantes  vigoureuses  qui 
forment  le  fond  de  la  végétation  dans  les  prairies  des  mon- 
tagnes. Ses  tiges  allongées,  garnies  de  quelques  feuilles, 
élèvent  cependant  des  épis  de  petites  fleurs  blanches  ou 
verdâtres  au-dessus  des  graminées  ,  et  l'on  distingue  alors 
cette  orchidée  souvent  accompagnée  du  TrifoUiim  aljn-- 
nnm  ,  du  Lycopodium  Selago,  du  Plantago  alpina  ,  du 
Polygonum  vivipanim  ,  etc.  Au  reste,  le  parfum  de  vanille 
qu'elle  exhale  suffit  souvent  pour  déceler  sa  présence.  — - 
Sa  racine  est  formée  d'un  seul  bulbe  appliqué  contre  la 
tige  et  enveloppé  d'une  membrane  blanchâtre.  Ce  bulbe 
est  souvent  profondément  enfoui,  et  donne  naissance  à  3  ra- 
cines cylindriques  et  allongées  au-dessous  desquelles  on 
aperçoit  celles  de  l'année  précédente.  Les  fleurs  ont  un 
labelle  trifide  et  deux  poches  anthcrifères.  —  Il  fleurit  en 
juillet  et  en  aoîit. 

Nature  du  soi.  • —  Altitude.  —  Il  préfère  les  terrains 
siliceux  et  détritiques,  les  sols  volcaniques  oii  il  vit  toujours 
très-dispersé.  Nous  le  trouvons  entre  800  et  1,800'"  sur  le 
plateau  central.  De  Candolle  l'indique  à  200™  dans  les  fa- 
gnes  des  x\rdennes,  et  à  1,800™  à  Esquierry  dans  les  Py- 
rénées, et  sur  le  Cantal.  Il  est  mentionné  à  350™  dans  les 
marais  de  Rocroy,  à  360™  aux  îles  Loffoden.  Wahlenberg 
l'indique  dans  la  Suisse  septentrionale  jusqu'à  2,100™  ,  et 
en  Laponie  dans  les  alpes  Luléennes ,  aux  lieux  herbeux  et 
humides  les  mieux  exposés.  «  La  plante  lapone  est  très- 
remarquable  ,  dit  le  savant  auteur  que  nous  citons  ;  sa  racine 


GYMNADENIA.  499 

est  formée  de  radicelles  lombricoïdes ,  atténuées  et  réunies 
sous  forme  de  mains.  Une  autre  griffe,  placée  au-dessus,  est 
destinée  à  la  plante  de  l'année  suivante ,  et  chaque  année 
il  naît  ainsi  un  nouveau  bourgeon.  Ses  feuilles  sont  oblon- 
gues  et  plus  pointues  que  dans  la  plante  suédoise;  son  épi 
est  plus  lâche  et  plus  court  ;  ses  fleurs  un  peu  plus  grandes  j 
ses  pétales  plus  pointus  ,  entièrement  blancs,  à  labelle  jau- 
nâtre; l'éperon  est  cylindrique  et  obtus.  » 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  se  trouve  dans  les  Pyrénées 
et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord,  il  est  disséminé 
dans  toute  l'Europe  jusque  dans  la  Laponie  et  à  l'île  de  Ma- 
geroë  ,  en  Angleterre  ,  en  Islande,  aux  Orcades,  aux  Shet- 
land ,  aux  Feroë  et  probablement  en  Islande  ,  car  nous  pen- 
sons que  c'est  lui  qui  est  indiqué  dans  le  Voyage  en  Islande, 
(t.  1,  p.  330),  par  cette  phrase  :  «  VOrchis  à  fleur  blan- 
che, que  l'on  ne  voit  que  dans  la  lande  occidentale  de  Skard, 
et  sur  presque  tous  les  coteaux,  qui  en  sont  tapissés;  il 
répand  aux  alentours  le  parfum  le  plus  agréable  :  Ton- 
gle  des  pétales  est  rouge.  La  plante  a  trois  feuilles  à  sa  tige, 
opposées  l'une  à  l'autre  à  des  distances  égales.  »  —  A  l'oc- 
cident, outre  l'Islande,  il  est  mentionné  au  Groenland.  — 
A  l'orient,  il  habite  la  Suisse,  la  Dalmatie ,  la  Croatie  ,  la 
Hongrie ,  la  Transylvanie  ,  les  Russies  arctique  ,  septentrio- 
nale et  moyenne ,  et  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  Ves'péce, 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40<>      ^ Ecart  en  latitude  : 

iVor(/,  Mageroë 71       j  31» 

Occident ,  Groenland 65  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Oural 74  E.  )  139« 

Carré  d'expansion i309 


500  ORCHIDÉES. 

G.  BIMAMTHOGI.OSSUM ,  Spreng. 

On  ne  connaît  que  4  espèces  de  ce  genre  :  3  européennes 
du  sud  et  du  centre  de  ce  continent.  —  1  asiatique  habite 
la  Géorgie. 

HiMANTHOGLossuM  HiRCiNUM ,  Rich.  — Quand  les  cha- 
leurs du  mois  de  mai  ont  réveillé  les  germes  engourdis  que 
renferme  la  terre  ,  on  trouve  cette  plante  singulière  dissémi- 
née sur  les  pelouses  et  les  pentes  arides  des  coteaux ,  au 
milieu  des  taillis  clairsemés  des  forets.  Sa  racine,  qui  avait 
donné  naissance  à  des  feuilles  ovales  et  luisantes,  produit 
alors  une  tige  enveloppée  de  feuilles  engainantes,  puis  enfin, 
un  long  épi  couvert  de  fleurs  d'un  brun  livide  ou  violacé, 
qui  s'annonce  de  loin  par  la  forte  odeur  de  bouc  qu'il  ré- 
pand. Ses  fleurs,  très-nombreuses,  naissent  à  Taisselle  de 
bractées  aiguës.  Les  5  divisions  supérieures  du  périgone  sont 
redressées,  puis  un  peu  voûtées,  tandis  que  l'inférieure  , 
ou  labelle  ,  est  allongée,  étroite,  ponctuée  et  maculée  de 
violet.  Celle-ci  se  subdivise  en  3  lanières,  dont  les  2  latérales 
sont  petites ,  ondulées,  et  celle  du  milieu  très-longue  et  tor- 
tillée en  un  ruban  qui  n'est  que  le  développement  en  spirale 
de  cette  lanière  roulée  sur  elle-même  dans  la  lleur  avant 
son  épanouissement.  —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude, —  Il  recherche  les  terrains 
calcaires  et  marneux  des  plaines  et  des  coteaux. 

Géographie,  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France  et  jusque  dans 
le  midi  de  l'Espagne.  —  Au  nord  ,  il  se  trouve  en  Belgi- 
que, en  Allemagne  ,  en  Angleterre  ,  en  Lithuanie,  à  l'île 
d'Osilie.  —  A  l'occident,  il  ne  va  pas  au  delà  de  l'Espa- 
gne. —  A  l'orient ,  il  végète  en  Suisse  ,  en  Italie  ,  en  Corse, 


COELOGLOSSUM.  501 

en  Sicile,  en  Dalmatie,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Tran- 
sylvanie ,  en  Grèce  ,  en  Turquie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Espagne 36»      ^  Ecart  en  latitude  : 

iVorrf,  Ile  d'Osilie 59       j  23« 

Occident ,  Espagne 7  0.| Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Turquie 23  E.  j  aO" 

Carré  d'expansion 690 

G.  cœ:]:.ogi.ossuiii  ,  Hartm. 

Distribution  géographique  du  genre. —  Ce  genre,  dans 
lequel  nous  comprenons  les  Habenaria  et  les  Peristylus  , 
contient  24  espèces,  dont  11  sont  asiatiques.  C'est  encore 
aux  grandes  Indes  qu'elles  se  trouvent  concentrées  ,  car  9  y 
végètent  ;  1  est  au  Népaul  et  la  dernière  à  l'île  d'Unalaska. 
—  5  vivent  en  Europe  dans  le  midi,  dans  le  centre  et  1  en 
Islande.  — On  en  cite  3  dans  l'Amérique  du  nord.  —  3  en 
Afrique  :  1  de  l'Atlas  et  2  de  l'île  Bourbon. —  Enfin  2  es- 
pèces croissent  à  Java. 

CoELOGLossuai  vmiDE,  Hartm.  —  On  aperçoit  difficile- 
ment cette  plante  au  milieu  des  pelouses  sur  lesquelles  elle 
est  disséminée  parmi  les  Graminées  et  les  autres  espèces 
de  cette  station.  Sa  couleur  verte  permet  à  peine  de  la  dis- 
tinguer. Ses  bulbes  sont  en  partie  palmés ,  ses  feuilles,  ova- 
les et  peu  nombreuses  ;  son  épi  est  formé  de  fleurs  vertes 
assez  serrées  les  unes  contre  les  autres ,  portées  sur  un 
ovaire  tordu  ,  et  munies  d'un  périgone  à  divisions  redressées 
en  casque  ,  vertes  et  quelquefois  nuancées  de  rouge  brun  et 
entremêlées  de  bractées  assez  longues  et  saillantes  au-dessous 


502  ORCHIDÉES. 

des  (leurs;  le  labeile  est  étalé,  terminé  par  un  éperon,  et  les 
loges  qui  contiennent  le  pollen  sont  éloignées  l'une  de  l'au- 
tre. —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  en  Auvergne 
sur  les  terrains  siliceux  ,  détritiques  et  volcaniques.  Mais  on 
le  trouve  aussi  sur  le  calcaire ,  car  M.  J.  Rémy  le  cite  à 
Charlemont  (Ardennes) ,  à  231™.  —  Nous  ne  le  trouvons 
que  sur  les  montagnes  entre  800  et  IjOGO"*.  De  Candolle 
le  cite  à  50"^  à  Orléans  et  à  Liège  ,  et  à  2,200'"  à  la  Tour- 
rette.  Aux  Lolfoden,  il  atteint  encore  360™,  selon  Lessing; 
dans  le  Caucase,  Ledebour  l'indique  entre  1 ,600  et  2,400™, 
et  dans  le  Breschtau  jusqu'à  2,900™. 

Géographie.  — Au  sud,  il  habile  la  France,  le  nord  de 
l'Espagne  ,  le  midi  de  l'Italie  et  la  Sicile.  —  Au  nord  ,  if 
existe  dans  toute  l'Europe  jusqu'en  Laponie.  Il  s'y  trouve, 
dit  Wahlenberg,  dans  les  lieux  herbeux  inferalpins  du  Nord- 
land  ,  et  aussi ,  mais  plus  rarement ,  sur  les  pentes  humides 
des  Alpes  Luléennes.  Dans  ces  localités  élevées,  il  se  montre 
avec  des  fleurs  plus  grandes  et  rougeâtres,  et  quelquefois 
l'épiderme  des  feuilles  et  des  bractées  est  soulevé  en  forme 
de  vésicules  à  leur  surface  inférieure.  Il  arrive  en  Laponie  , 
jusqu'à  Mageroc  ;  il  vit  aussi  en  Angleterre ,  en  Irlande , 
anx  Hébrides  ,  aux  Shetland  ,  aux  Feroë  et  en  Islande  où  il 
a  sa  station  la  plus  occidentale.  —  A  l'orient,  il  est  en 
Suisse  ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie  ,  en  Tur- 
quie ,  dans  le  Caucase ,  en  Géorgie ,  dans  toutes  les  Russies, 
dans  les  Sibéries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï ,  du  Baïkal,  et  dans  la 
Dahurie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Sicile 38®     | Ecart  en  latitude  : 

A^orrf,  Mageroë 71        )  33® 


PLATANTHERA.  503 

Occident,  Islande 26       | Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Dahurie 119  E.  !  l/j.S'» 

Carré  d'expansion 4785 

O.  PLATANTSERA ,  Rich. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Il  existe  plus 
de  50  espèces  de  ce  genre,  et  presque  toutes  sont  asiatiques 
ou  américaines.  —  Ces  dernières,  au  nombre  de  24,  se 
trouvent  dans  l'Amérique  septentrionale,  et  s'avancent  jus- 
que dans  les  régions  boréales.  —  On  en  connaît  20  en  Asie, 
dont  12  aux  Indes  orientales,  1  au  Népaul,  2  au  Japon, 
1  à  la  Chine ,  3  au  Kamtschatka ,  1  à  Unalaska  et  1  en 
Arabie.  —  5  seulement  vivent  en  Europe,  dans  le  midi  et 
dans  le  centre.  —  2  sont  à  Java.  —  là  Madagascar. 

Platanthera  bifolia  ,  Rich.  —  On  trouve  au  milieu 
de  l'été,  dans  les  bois  taillis,  sur  les  pelouses  et  parmi 
des  bruyères,  cette  curieuse  espèce  dont  les  deux  feuilles, 
ovales  et  d'un  vert  jaunâtre,  s'étaient  déjà  montrées  depuis 
longtemps.  La  tige  se  termine  par  un  épi  assez  lâche  de 
fleurs  d'un  blanc  verdàtre  ,  qui  répandent  souvent  une 
odeur  de  vanille.  Son  éperon  est  allongé  ,  mais  sans  ren- 
flement et  filiforme  ;  l'anthère  est  à  loges  divergentes  et  à 
glandes  nues;  les  masses  de  pollen,  jaunâtres  et  très-élas- 
tiques, sortent  entièrement  des  enveloppes  et  s'attachent  au 
stigmate  couvert  de  liqueur  miellée.  —  Il  fleurit  en  juin 
et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  se  trouve  sur  tous 
les  terrains,  mais  il  semble  préférer  ceux  qui  sont  siliceux , 
détritiques  et  volcaniques.  Il  vit  dans  les  plaines  et  sur  les 
montagnes.  En  Auvergne ,  il  occupe  une  zone  située  entre 


504  ORCHIDÉES. 

800  et  1,200".  Ledebour  l'indique  dans  le  Caucase  entre 
1,800  et  â.OOO"»,  et  dans  le  Taliisch  jusqu'à  1,000». 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  vit  en  France  et  jusque  dans 
le  midi  de  l'Espagne.  —  Au  nord ,  il  existe  dans  toute 
l'Europe  centrale,  dans  toute  la  Scandinavie,  jusque  dans 
la  Laponie  méridionale ,  oii  il  occupe  les  localités  les  plus 
exposées  au  midi.  Il  est  aussi  en  Angleterre  et  en  Irlande 
oii  il  a  son  habitation  la  plus  occidentale.  —  A  l'orient , 
il  végète  en  Suisse,  en  Italie  ,  en  Dalmatie ,  en  Croatie,  en 
Hongrie ,  en  Transylvanie ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase  , 
dans  toute  la  Géorgie ,  toutes  les  Russies ,  dans  les  Sibérie» 
de  l'Oural ,  de  l'Altaï,  du  Baïkal ,  orientale ,  dans  la  Da- 
hurie  et  le  Kamtschatka. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud  y  Midi  de  l'Espagne 37®      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 66       i  29" 

Occident ,  Irlande 12  0.|  Ecart  en  longitude  : 

Onm^,  Kamtschatka.......   170   E.  1  182® 

Carré  d'expansion 5278 

Platanthera  chlorantha  ,  Cust.  —  On  trouve  cette 
orchidée  dans  les  mêmes  localités  que  l'espèce  précédente , 
dans  les  bois  et  les  bruyères,  sur  les  pelouses  des  montagnes. 
Elle  a  absolument  le  même  port  que  le  P.  hifolia  ;  elle  en 
diffère  seulement  par  sa  fleur  verdâtre  ,  par  sa  colonne  sta- 
minifère  épaissie,  par  les  loges  divergentes  de  ses  anthères, 
et  par  son  nectaire  renflé.  —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  le  trouvons  aussi 
sur  les  terrains  siliceux  et  détritiques ,  entre  800  et  1,200'" 
d'altitude. 


NIGRITELLA.  505 

Géographie.  —  Au  sud,  la  France,  l'Espagne,  le  midi 
de  l'Italie  et  la  Sicile.  —  Au  nord ,  la  Belgique ,  l'Alle- 
magne ,  la  Bavière ,  l'Angleterre  et  la  Scandinavie ,  jus- 
qu'aux limites  de  la  Laponie.  —  A  l'occident,  l'Angleterre. 
—  A  l'orient,  la  Suisse,  la  Sardaigne,  la  Dalmatie ,  la 
Turquie  ,  le  Caucase ,  la  Géorgie  ,  la  Finlande  et  la  Sibérie 
de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile 38**      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 65       I  27» 

Occident ,  Angleterre 6  0.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  altaïque 95  E.  i  101® 

Carré  d'expansion 2727 

G.  BirXGaiTEI.I.A ,  Rich. 

Ce  très-petit  genre  ne  renferme  que  3  espèces ,  toutes 
rois  européennes. 

NiGRiTELLA  ANGUSTiFOLiA ,  Rich.  —  II  est  rare  de  ren- 
contrer parmi  les  vives  couleurs  dont  sont  ornées  les 
fleurs  de  nos  montagnes,  ces  tons  rembrunis  qui  n'appar- 
tiennent pas  ordinairement  aux  brillantes  enveloppes  des  or- 
ganes de  la  fécondation.  C'est  pourtant  le  contraste  qui  nous 
est  offert  par  cette  espèce ,  quand  elle  croît  sur  les  pelouses, 
entourée  des  fleurs  orangées  du  Potentilla  aurea ,  des  co- 
rymbes  verdoyants  et  des  feuilles  satinées  de  V Âlchemilla 
alpina,  et  des  épis  bleus  du  Polygala  vuïgaris.  —  Ses 
bulbes  sont  blancs  et  régulièrement  palmés ,  ses  feuilles 
étroites  ;  ses  fleurs  d'un  brun  noir ,  réunies  en  un  épi  res- 
serré et  presque  globuleux  ,  répandent  dans  l'air  le  suave 


506  ORCHIDÉES. 

parfum  de  la  vanille ,  ou  rappellent  à  la  fois  l'odeur  de  la 
rose  et  celle  du  benjoin.  Chaque  fleur  possède  un  périgone 
membraneux  dont  le  labelle  est  concave  et  un  peu  éperonné; 
Tanthère  a  ses  loges  séparées ,  divergentes  à  la  base  et  sou- 
vent allonf^ées.  Son  ovaire  n'est  pas  contourné,  et  ses  graines 
sont  arrondies  et  beaucoup  plus  grosses  que  celles  des  Or- 
chis.  —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Nous  ne  le  connaissons 
en  Auvergne  que  sur  les  terrains  siliceux,  détritiques  et 
volcaniques  des  montagnes,  vers  1,200  à  1,300™,  mais 
il  croît  ailleurs  sur  le  calcaire ,  puisque  de  Candolle  le  cite 
à  1 ,000™  dans  le  Jura ,  et  à  2,000™  dans  les  Alpes.  Wah- 
lenberg  dit  que,  dans  la  Suisse  septentrionale,  il  est  com- 
mun au-dessus  des  sapins,  jusqu'aux  neiges  éternelles,  et 
qu'il  descend  jusque  dans  des  localités  où  les  sapins  ne  peu- 
vent plus  vivre.  Cet  auteur  ajoute  que  l'odeur  de  cette  plante 
paraît  duc  à  des  glandes  pédicellées ,  qui  sont  situées  sur  le 
bord  des  bractées. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  végète  dans  les  Pyrénées  et 
dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord,  il  occupe  quelques 
points  de  l'Allemagne,  la  Norvège,  la  Suède  et  l'Islande 
cil  il  trouve  sa  limite  occidentale.  —  A  l'orient,  il  existe 
en  Suisse,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en 
Grèce  ,  en  Turquie  ,  en  Livonie ,  en  Lithuanie  et  dans  la 
Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 38°      j  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Islande (56       ^  28° 

Occident ,  I«.lande 22  O.  ^Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  de  l'Oural 70  E.  }  92° 

Carré  d'expansion 3576 


OPHRYS.  507 

G.    OPHR7S  ,    Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ces  espèces , 
des  plus  curieuses  dans  cette  intéressante  famille ,  sont  au 
nombre  de  40  environ.  26  habitent  l'Europe  et  se  trouvent 
dans  toute  sa  partie  australe  :  en  Italie  ,  en  Corse ,  en  Es- 
pagne ,  en  Portugal ,  en  Tauride,  en  Grèce  ,  à  l'île  de  Crète 
et  en  Provence.  —  5  appartiennent  au  Brésil  et  au  Pérou. 

—  2  à  la  Guyane  et  à  la  Caroline.  —  4  Ophrys  vivent  en 
Barbarie.  —  2  dans  l'Asie  mineure.  —  là  Java. 

Ophrys  muscifera,  Huds.  —  On  le  rencontre  dans  les 
bois  taillis  et  dans  les  lieux  à  demi-ombragés,  où  il  vit 
toujours  isolé  et  dispersé.  —  La  racine  est  formée  de  2  tu- 
bercules presque  globuleux  ;  sa  tige  est  faible  ,  verte  ;  ses 
feuilles  sont  oblongues ,  étroites ,  lisses  et  d'un  beau  vert. 
Ses  fleurs,  peu  nombreuses ,  ressemblent  comme  celles  des 
autres  Ophrys  à  des  insectes  suspendus. Elles  représentent  des 
mouches  panachées  de  vert  et  de  violet  bleuâtre.  Les  3  di- 
visions supérieures  du  périgone  sont  verdâtres  ;  les  2  moyen- 
nes très-petites  et  brunes  ;  l'inférieure,  pendante,  simule  le 
corps  de  l'insecte  et  se  trouve  marquée  d'une  tache  bleuâtre. 
Ses  masses  polliniques  sont  retenues  par  un  globule  gluti- 
neux.  Le  stigmate,  couvert  d'une  substance  visqueuse,  est 
situé  dans  une  poche  verticale  ;  l'ovaire  n'est  pas  contourné. 

—  Fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  sur  les  terrains 
calcaires  et  argileux  de  la  plaine  et  des  coteaux. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  habite  la  France  ,  le  nord  de 
l'Espagne  ,  l'Italie  et  la  Sicile.  —  Au  nord  ,  il  est  disséminé 
dans  le  centre  de  l'Europe,  en  Angleterre,   et  dans  une 


508  ORCHIDÉES. 

grande  partie  de  la  Scandinavie  oii  il  croît  dans  les  prés  hu- 
mides et  calcaires.  — A  l'occident,  il  reste  en  Angleterre. 
—  A  l'orient ,  on  le  trouve  en  Suisse  dans  les  prés  humides 
de  la  plaine  et  des  montagnes,  en  Croatie ,  en  Hongrie,  en 
Transylvanie  ,  en  Grèce  ,  et  dans  la  Russie  moyenne. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Sicile 38"      ]Ecart  en  latitude: 

Nord ,  Norvège 63       ^  25» 

Occident ,  Angleterre 6  0.)  Ecart  en  longitude  : 

On'ewf,  Kussie  moyenne 30  E.i  36« 

Carré  d'expansion 900 

Ophrys  APiFERA  ,  Huds.  —  Cette  curieuse  espèce  se 
trouve  dispersée,  ou  réunie  en  petits  groupes  sur  les  coteaux 
pierreux  et  sur  les  pelouses.  Sa  racine  consiste  en  2  tuber- 
cules globuleux.  Ses  feuilles  sont  oblongues,  lancéolées,  et  ses 
fleurs,  qui  rappellent  la  forme  d'une  abeille,  sont  peu  nom- 
breuses et  réunies  en  épi  lâche  accompagné  de  bractées. 
Le  labelle  est  brun,  couvert  de  petites  papilles  qui  le  font 
paraître  velouté ,  et  il  est  marqué  sur  son  milieu  de  deux 
petites  taches  qui  paraissent  un  peu  luisantes.  Dans  le  bou- 
ton, ce  labelle  est  roulé  en  dedans  sur  lui-même,  et  ses  deux 
taches  vertes  sont  miroitantes.  Plus  tard,  il  se  roule,  au 
contraire ,  en  dehors.  —  11  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  le  rencontre  sur  les 
terrains  calcaires  et  marneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  croît  en  France ,  en  Espa- 
gne et  en  Algérie.  —  Au  nord,  il  existe  en  France  ,  dans 
une  partie  de  l'Allemagne,  en  Angleterre  et  en  Irlande.  — 
A  l'occident,  il  vit  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  est  en 


OPHRYS.  509 

Suisse,  en  Italie,  en  Corse,  en  Sicile,  en  Dalmatie,  en 
Transylvanie,  en  Grèce  et  en  Turquie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Algérie 35<>      i Ecart  en  latitude  : 

iVort/,  Angleterre 55       j  20° 

Occident ,  VoT\u^â\ 11  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Grèce 23  E.  )  34° 

Carré  d'expansion 680 

Ophrys  arachxites  ,  Reich.  —  Il  végète  dans  les  prés 
secs  et  sur  les  coteaux  incultes.  Sa  racine  est  formée  de  2  tu- 
bercules presque  globuleux  ;  ses  feuilles  sont  oblongues  et 
pointues;  sa  tige  porte  au  sommet  4  à  5  fleurs  assez  grandes 
et  tout  aussi  curieuses  que  celles  des  espèces  précédentes. 
Les  divisions  du  périgone  sont  étalées,  blanchâtres,  avec 
une  raie  verte  dans  le  milieu  ,  et  prennent  une  teinte  brune 
en  vieillissant.  Le  labelle  est  entièrement  couvert  de  poils 
soyeux  et  luisants  ;  il  est  bombé  et  divisé  en  3  lobes  arron- 
dis, de  couleur  brune,  et  marqué  d'un  réseau  à  mailles  po- 
lygones. La  colonne  qui  porte  les  organes  de  la  reproduction 
est  allongée  et  terminée  en  bec.  L'anthère  est  formée  de 
deux  masses  polliniques  portant  chacune  à  leur  base  un  ren- 
flement glanduleux.  Ces  2  masses  sortent  de  leur  enveloppe 
lors  de  la  fécondation,  et  tout  en  restant  fixées  au  renflement 
par  leurs  filets,  elles  se  déjettent  sur  le  stigmate ,  y  adhèrent , 
s'y  soudent  et  disparaissent  peu  à  peu.  —  Il  fleurit  en  juin 
et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  le  trouve  sur  les  ter- 
rains calcaires  et  marneux  des  plaines  et  des  coteaux. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France ,  en  Espagne  , 


510  OUCHIDÉES. 

en  Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord ,  il  est  en  Belgique ,  en 
Allemagne  et  en  Angleterre  ,  et  à  l'île  d'Osilie.  —  A  l'occi- 
dent, il  végète  aussi  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  existe 
en  Suisse  ,  en  Dalmatie  ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Tran- 
sylvanie et  en  Turquie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Sicile 38**      I  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  lie  d'Osilie 59       î  21» 

Occïrfewf,  Portugal 10  O.n  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Turquie 24  E.  j  36» 

Carré  d'expansion 756 

Opiirys  ARANiFERA ,  Iluds.  —  11  habite  aussi  les  pelou- 
ses et  les  coteaux  où  il  vit  dispersé.  Ses  tubercules  sont 
globuleux  ;  ses  feuilles  inférieures  sont  oblongues,  lancéolées 
etétalées;  les  supérieures  étroites  et  engainantes.  Les  fleurs, 
peu  nombreuses,  formant  un  épi  très-lûcbe,  rappellent  la 
forme  d'une  araignée.  Les  divisions  du  périgone  sont  pla-^ 
nés,  très-étalées ,  vertes  et  oblongues.  Lelabelle  est  ovale, 
muni  à  sa  base  de  2  petites  saillies,  bombé,  couleur  de 
rouille,  velu,  mais  marqué  de  petites  raies  glabres  et  pa- 
rallèles. —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Comme  presque  tous  les 
Ophrys ,  il  affectionne  les  terrains  calcaires  et  marneux  de 
la  plaine  et  des  coteaux. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  se  trouve  en  France ,  en  Es- 
pagne ,  à  l'île  de  Crète.  —  Au  nord  ,  il  habite  la  Belgique , 
l'Allemagne  et  l'Angleterre.  —  A  l'occident ,  il  vit  en 
Portugal.  —  A  l'orient,  on  le  rencontre  en  Suisse,  en 
Italie ,  en  Corse  ,  en  Sicile ,  en  Dalmatie ,  en  Croatie  ,  en 


OPHRYS.  511 

Hongrie  ,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce,  en  Turquie  et  dans 
le  duché  de  Warsovie. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  rie  de  Crète 35®      | Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Angleterre 54       j  19° 

Occident ,  Portugal 10  O.  ^  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Turquie 23   E.  j  33° 

Carré  d'expansion 627 

Ophrys  amropophora.  Lin.  —  C'est  toujours  avec  un 
étonnement  raêlé  d'admiration  que  l'on  contemple  les  formes 
bizarres  des  Orchidées,  qui  sont  bien  loin  pourtant  d'offrir 
dans  nos  climats  toutes  les  beautés  qu'elles  déploient  dans 
les  régions  tropicales.  On  est  surpris  cependant  de  trouver 
cet  Orphys  dans  les  taillis,  sur  le  bord  des  bois,  oii  il  étale  à 
la  fin  de  mai  ses  fleurs  verdâtres  et  singulières.  Ses  deux 
bulbes  sont  arrondis  et  couronnés  de  grosses  radicules. 
Ses  feuilles  sont  ovales  et  jaunâtres ,  et  ses  fleurs ,  disposées 
en  épi ,  ont  un  périgone  dont  les  parties  supérieures  sont 
relevées  en  forme  de  casque,  tandis  que  le  labelle  offre  4  di- 
visions que  l'on  a  comparées  aux  4  membres  d'un  homme 
suspendu.  Son  ovaire,  sessile ,  est  fortement  tordu.  Lors 
de  la  fécondation ,  les  masses  polliniques  sortent  de  leur 
enveloppe  et  adhèrent  à  un  stigmate  glutineux;  puis  le  fruit 
mûrit,  les  péricarpes  s'ouvrent,  et  des  graines,  d'une  extrême 
finesse  comme  celles  des  autres  Orchidées,  se  disséminent 
au  moindre  vent.  —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  vit  sur  les  terrains 
calcaires  et  marneux  de  la  plaine  et  des  coteaux.  M.  Boissier 
le  cite  jusque  près  de  1,000"'  dans  le  midi  de  l'Espagne» 


512  ORCHIDÉES. 

Géographie.  —  Au  sud ,  la  France ,  l'Espagne  et  l'Al- 
gérie, où  il  est  cité  sur  le  Djebel  Tougour  par  31.Cosson. — 
Au  nord,  la  Belgique,  l'Allemagne  et  l'Angleterre.  —  A 
l'occident,  le  Portugal.  —  A  l'orient,  la  Suisse,  l'Italie, 
la  Sicile  ,  la  Dalraatie ,  la  Grèce,  la  Turquie  et  la  Lithuanie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Algérie 35*^      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Angleterre   54       j  19° 

Occident,  Portugal 10  0.  jEcarten  longitude: 

Orient ,  Lithuanie 30   E.  -^  40» 

Carré  d'expansion 760 

G.  SERAFIAS  ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Il  contient  plus 
de  20  espèces,  toutes  de  l'Europe  ou  du  Brésil;  12  vivent 
ensemble  dans  ce  dernier  empire.  —  9,  indiquées  en  Eu- 
rope ,  se  trouvent  en  Italie ,  en  Espagne  ,  en  Portugal ,  en 
Grèce,  en  Autriche,  en  France  ou  en  Belgique. 

Serapias  pseudo-cordigera  ,  Moric.  —  Il  croît  dans 
les  prés  secs  et  sur  les  coteaux.  Sa  racine  offre  2  tuber- 
cules arrondis  ;  ses  feuilles  sont  lancéolées-linéaires ,  et  les 
fleurs  sont  disposées  en  un  épi  allongé  ,  accompagnées  de 
grandes  bractées  lancéolées  et  ponctuées  ;  les  3  divisions 
externes  du  périgone  sont  soudées  dans  toute  leur  lon- 
gueur ;  les  2  intérieures  sont  ovales  et  traversées  par  3  ner- 
vures. Le  labelle  est  d'un  pourpre  foncé,  presque  noir, 
divisé  en  3  lotes ,  dont  le  médian  est  très-long  et  pubes- 
cent.  —  Il  fleurit  en  mai. 


SERAPIAS.  513 

Nature  du  soi.  —  Altitude.  —  Nous  ne  le  counaissons 
que  sur  les  terrains  siliceux  et  sablonneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud ,  le  midi  de  la  France  et  l'Es- 
pagne. —  Au  nord,  le  Tessin ,  le  Tyrol.  —  A  l'occident, 
l'Espagne.  —  A  l'orient,  l'Italie,  la  Grèce,  la  Turquie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Espagne 38®     \  Ecart  en   latitude  : 

Nord,  Tyrol 4-6       j  8° 

Occident ,  Espagne 7  0.1  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Grèce 22  E  ^  29° 

Carré  d'expansion ..   232 

Serapias  LiNGUA,  Lin.  — Cette  jolie  orchidée  vit  isolée 
sur  les  pelouses  et  sur  les  sables  des  rivières,  oii  elle  enfonce 
ses  2  bulbes  ,  celui  de  l'année ,  qui  est  sessile  ,  et  celui  de 
l'année  «snîvante,  qui  paraît  pédicellé.  Mais  ce  pédicelie 
n'est  autre  chose  qu'un  Hen  de  communication  qui  relie  ces 
2  bulbes  et  permet  au  second  de  s'éloigner  un  peu  du  pre- 
mier. Ses  feuilles  ,  assez  nombreuses ,  pliées  en  gouttière  et 
engainantes,  ne  sont  plus  au  sommet  que  de  véritables 
gaines  ,  d'où  s'échappe  un  épi  composé  d'un  très-pelit  nom- 
bre de  fleurs,  quelquefois  de  2  seulement.  Ces  fleurs,  d'un 
rouge  violacé ,  ont  un  grand  labelle  purpurin  ,  très-appa- 
rent ,  terminé  encore  par  une  lèvre  pendante.  L'anthère , 
située  au  sommet  du  style ,  a  2  masses  polliniques  logées 
dans  2  petites  cavités  operculées.  L'ovaire  est  droit ,  jamais 
tordu.  —  Il  fleurit  au  mois  de  mai. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Nous  le  trouvons  sur  les 
terrains  siliceux  et  sablonneux  delà  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France  ,  en  Espa- 
VIII  33 


514  ORCHIDÉES. 

gne  et  en  Algérie.  — Au  nord  ,  il  arrive  jusque  dans  la  Bre- 
tagne, où  il  a  été  détruit  sur  quelques  points,  et  entr'autres 
dans  la  vallée  du  Chetif,  bourg  d'Urgola,  où  il  croissait  dans 
les  prairies  au  bord  de  la  route  de  Quimper  (  de  la  Pilaye). 
—  A  l'occident ,  il  est  en  Portugal.  —  A  l'orient,  il  vé- 
gète en  Italie ,  en  Sicile,  en  Corse ,  en  Dalmatie ,  en  Grèce 
et  à  l'île  de  Crète. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Ile  de  Crète 35°     )  Ecart  en  latitude  : 

iVor^i,  Bretagne ^8       )  13» 

Occident ,  Portugal 10       ]  Ecart  en  longitude  : 

Onent,  Grèce 22  E.  '  32« 

Carré  d'expansion 416 

G.  LIMODOnUM,  Lin. 

Distribution  géograr)hiqne  du  genre.  — Sur  10  espèces, 
4  sont  européennes  :  de  l'Espagne ,  de  la  Corse  et  de  la 
Tauride.  —  4  sont  asiatiques  :  des  Indes  orientales,  du 
Népaul  et  du  Japon.  —  1  vit  au  Brésil. —  1  autre  à  Saint- 
Domingue. 

Ltjiodorum  ABouTivuM  ,  Lin.  —  C'est  toujours  un  spec- 
tacle intéressant  pour  un  botaniste  que  la  rencontre  d'une 
espèce  sans  feuillage  ,  sans  nuance  de  verdure,  et  que  l'on 
est  tenté  de  considérer  pour  cette  raison  comme  plante  pa- 
rasite. Il  n'a  pas  été  constaté  cependant  que  le  L.  abortivum 
tienne  aux  racines  d'autres  végétaux;  il  croît,  il  est  vrai , 
dans  les  bois ,  sur  les  coteaux  ,  au  milieu  des  buissons  ,  sou- 
vent réuni  en  petits  groupes ,  mais  ses  racines  ne  paraissent 


LIMODORUM.  515 

nullement  adhérentes.  Cette  racine  est  un  corps  allongé  et 
solide  d'oii  sortent  des  radicules  plus  ou  moins  nombreuses. 
La  partie  inférieure  de  ce  bulbe  se  détruit ,  mais  la  partie 
supérieure  offre  toujours  le  germe  de  la  prochaine  tige  qui 
doit  se  développer ,  puis  une  autre  destinée  à  survivre  à  la 
première  et  ainsi  de  suite.  Les  tiges  sont  épaisses ,  viola- 
cées ,  ou  même  d'un  brun  violet ,  dépourvues  de  feuilles  , 
mais  pourvues  de  gaines  membraneuses  de  la  même  couleur. 
Les  fleurs ,  accompagnées  de  bractées  et  souvent  unilatérales, 
sont  au  nombre  de  8  ou  10,  quelquefois  plus;  elles  sont 
grandes,  violettes,  et  redressées  sur  un  pédoncule  court  et 
tordu.  Le  labelle  est  coudé  et  éperonné  en  dessous,  les  an- 
thères ,  rapprochées  par  le  haut  et  écartées  par  le  bas  ,  sont 
logées  dans  deux  petites  cavités  operculées;  elles  en  sortent 
pour  donner  issue  à  leur  pollen  onctueux  et  pulvérulent,  qui 
s'attache  au  stigmate  couvert  d'une  sécrétion  visqueuse.  — 
Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  croît 
dans  les  plaines  ou  sur  les  montagnes  peu  élevées. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  trouve  en  France  ,  en 
Espagne,  et  en  Algérie  sur  les  coteaux  boisés  de  la  plaine 
de  Lambèze  (Cosson).  —  Au  nord  ,  il  est  plus  rare  et  très- 
disséminé,  en  France,  en  Belgique,  dans  le  grand  duché  de 
Bade,  en  T) roi.  —  A  l'occident,  il  croît  en  Portugal. — 
A  l'orient ,  il  existe  en  Suisse  ,  en  Italie  ,  en  Corse  ,  en  Si- 
cile ,  en  Grèce,  en  Turquie  ,  en  Tauride  ,  dans  le  Caucase , 
en  Géorgie  et  sur  quelques  points  de  la  Russie  moyenne. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Âlgéri  e 35"      j  Ecart  en  latitude  : 

Nord    Russie  moyenne 51        |  16*> 


516  ORCHIDÉES 

Occident ,  Portugal 10  0  ]  Ecart  eh  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47   E.  j  57« 

Carré  d'expansion 912 

G.    CEFHALANXHEBA  ,  Rich. 

On  n'en  connaît  que  7  espèces,  dont  6  sont  indigènes 
de  l'Europe  et  1  des  Indes  orientales. 

Cephalanthera  PALLENS ,  Rich.  — Cette  Orchidée  ha- 
bite les  bois  à  demi-ombragés,  où  elle  vit  solitaire  ou  réunie 
en  petits  groupes.  Ses  racines  sont  fibreuses;  ses  feuilles 
sont  ovales ,  lancéolées  ;  ses  fleurs ,  d'un  blanc  jaunâtre ,  sont 
réunies  au  sommet  de  la  tige.  Les  divisions  du  périgone 
sont  presque  régulières  ;  le  labelle  est  dépourvu  d'éperon, 
et  l'anthère  terminale  est  libre.  L'ovaire  est  glabre  et  tordu. 
«  On  trouve  dans  cette  espèce ,  dit  Vaucher ,  une  columelle 
terminée  par  une  demi-voûte  épaisse  ,  charnue  et  d'un  beau 
blanc  ;  sous  cette  voûte  sont  placées  deux  loges ,  qui  s'ou- 
vrent en  2  pièces ,  renfermant  chacune  une  masse  très-fria- 
ble, qui  se  partage  en  deux  massules  allongées,  et  sortent 
de  leur  loge  pour  laisser  tomber  leur  pollen  sur  une  petite 
conque  inférieure,  toute  recouverte  d'humeur  miellée;  le 
stigmate  est  sans  doute  la  languette  saillante  qu'on  voit  au 
milieu  de  la  conque.  »  —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Allilude.  —  On  le  trouve  sur  tous  les 
terrains,  mais  il  préfère  ceux  qui  sont  calcaires,  argileux 
ou  marneux.  Il  peut  s'élever  dans  les  montagnes  ;  Ledebour 
l'indique  dans  le  Talijsch  jusqu'à  1,200*^. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  croît  en  France,  en  Espa- 
gne ,  en  Italie ,  en  Sicile.  —  Au  nord  ,  il  vit  disséminé  dans 
l'Europe  centrale ,  jusque  dans  le  nord  du  Danemarck ,  en 


CEPHALANTHERA.  517 

Angleterre  età  rîled'Osilie.  —  A  l'occident,  il  est  en  Por- 
tugal. —  A  l'orient ,  il  est  indiqué  en  Suisse ,  en  Dalraatie, 
en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en 
Turquie,  en  Tauride,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  dans 
lesRussies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Sicile 38"      ^  Ecart  en  latitude  : 

iVorrf,  Ile  d'Osilie 59       j  21« 

Occident ,  VoTtuga] 11  0.  ]  Écart  en  longitude  : 

Ori>n/,  Géorgie 47   E.i  58** 

Carré  d'expansion ,    ...   1218 

Cephalamhera  ENSiFOLiA  ,  Ricb.  —  C'est  encore  dans 
les  bois  taillis  des  montagnes  et  parmi  les  buissons  que  l'on 
rencontre  cette  Orchidée  ;  elle  y  vit  très-dispersée.  Ses  raci- 
nes sont  fibreuses;  ses  feuilles  allongées,  pointues,  nervées 
et  disposées  sur  2  rangs.  Les  fleurs  sont  blanches,  dres- 
sées, assez  nombreuses,  munies  de  quelques  bractées,  dont 
les  2  inférieures  les  dépassent  en  longueur.  La  division  infé- 
rieure du  périgoneou  labelle  est  plus  courte  que  les  autres  et 
rayée  de  pourpre.  —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent;  nous 
le  trouvons  sur  les  terrains  siliceux  ,  volcaniques  et  détriti- 
ques vers  800™  d'altitude.  Il  est  indiqué  sur  le  calcaire,  dans 
le  Tyrol ,  par  Unger.  On  le  rencontre  dans  les  Ardennes 
sur  le  sol  schisteux. 

Géographie.— Au  sud,  la  France,  l'Espagne,  l'Italie 
et  la  Sicile.  — Au  nord  ,  l'Europe  centrale ,  le  Danemarck, 
la  Gothie,  la  Norvège,  la  Suède  australe,  et  l'Angleterre  où 
se  trouve  sa  limite  occidentale. —  A  l'orient,  la  Suisse,  la 


518  ORCHIDÉES. 

Dalraatie ,  la  Croatie  ,  la  Hongrie ,  la  Transylvanie,  la  Grèce, 
la  Turquie,  la  Tauride  ,  le  Caucase ,  la  Géorgie  ,  les  Russie* 
moyenne  et  australe  ,  et  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile 38»      "j  Ecart  en  latitude  : 

iVort/,  Norvège 60       )  22° 

Occt'rfen/,  Angleterre 7  0. ")  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Oural 65   E.l  72° 

Carré  d'expansion 1584 

Cephalanthera  rcbra  ,  Rich.  —  Cette  jolie  plante  , 
dont  la  lleur  rappelle  un  peu  celle  de  certaines  Orchidées  des 
tropiques,  vit  dans  les  taillis  et  quelquefois  sur  les  pelouses 
et  dans  les  champs,  sur  la  lisière  des  hois.  Ses  feuilles  sont 
étroites,  lancéolées,  disposées  sur  2  rangs,  et  les  inférieures 
sont  réduites  à  des  gaines.  Ses  Ileurs,  d'un  joli  rose,  sont  réu- 
nies en  grappes  lâches  au  sommet  des  liampes.  L'ovaire  est 
pubescent ,  le  labelle  est  aigu  et  strié  ;  chaque  masse  anthé- 
rifère  est  divisée  dans  sa  longueur  en  2  lobes  plus  petits  , 
qui  se  déjettent  souvent  et  s'accrochent  au  stigmate  immé- 
diatement placé  au-dessous. —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  habite  les  terrains 
calcaires  et  volcaniques  de  la  plaine,  et  des  montagnes  peu 
élevées  jusqu'à  la  limite  supérieure  du  hêtre.  Ledebour  le 
cite  dans  le  Taliisch  entre  700  et  1,200™. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France ,  et  dans  le 
midide  l'Espagne.  —  Au  nord ,  on  le  trouve  disséminé  dans 
toute  l'Europe  centrale  ,  en  Danemarck ,  en  Gothie  sur 
terrain  calcaire,  et  en  Angleterre  où  il  a  sa  limite  occidentale. 
—  A  l'orient,   il  habite  la  Suisse,  l'Italie,  la  Sicile,  la 


EPIPACTIS.  519 

Dalmatie,  la  Croatie ,  la  Hongrie ,  la  Transylvanie ,  la  Grèce 
sur  le  mont  Parnasse,  la  Turquie,  la  Tauride,  le  Caucase, 
la  Géorgie,  les  Rnssies  moyenne  et  australe,  et  la  Sibérie 
de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  iMidi  de  l'Espagne 36°      I  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Gothie 59       I  23° 

Occîrfcnï ,  Angleterre G  0. 1  Ecart  en  longitude: 

Omn^,  Sibérie  de  l'Oural 65   E.i  71° 

Carré  d'expansion 1633 

G.  SFIPACTIS,  Crantz. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  9  espèces  le 
composent,  et  6  croissent  en  Europe  dispersées  dans  le  centre 
et  dans  le  sud.  — 2  sont  asiatiques,  des  Indes  orientales  et 
duNépaul.  —  1  seule,  américaine,  habite  les  terres  de  Ma- 
gellan. 

Epipactis  latifolta  ,  Ail.  —  La  plupart  des  Orchidées 
sont  des  plantes  sauvages  qui  s'éloignent  des  lieux  cultivés, 
et  celle-ci  comme  les  autres  se  trouve  au  milieu  des  buissons 
et  dans  les  taillis  des  forêts.  Ses  racines  sont  traçantes,  très- 
profondes,  et  la  tige  qu'elles  produisent  offre  à  sa  base  un 
bourgeon  destiné  à  produire  une  plante  nouvelle.  Les  feuilles 
sont  assez  larges ,  ovales ,  engainantes ,  à  nervures  parallèles. 
Les  fleurs  sont  verdètres ,  assez  nombreuses;  l'oNaire  est 
aminci  à  sa  base  en  un  pédoncule  tordu  ,  et  le  périgone  est 
très-étalé.  —  Cette  plante  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente  et 
végète  sur  tous  les  terrains.  Nous  la  trouvons ,  en  Auver- 


520  ORCHIDÉES. 

gne,  en  plaine  ou  sur  les  coteaux ,  mais  elle  peut  s'élever. 
Wahlenberg  l'indique  en  Suisse  jusqu'à  la  limite  du  hêtre. 
Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  végète  en  France  ,  dans  le 
midi  de  l'Espagne ,  en  Algérie  dans  les  hois  des  environs  de 
Lambèze  (Cosson).  —  Au  nord  ,  elle  existe  dans  toute 
l'Europe  centrale,  et  dans  toute  la  Scandinavie  jusque  dans 
l'Allenfiord;  elle  est  aussi  en  Angleterre  et  en  Irlande.  — 
A  l'occident,  elle  vit  en  Portugal.  —  A  l'orient,  en  Suisse, 
en  Italie ,  en  Sicile  ,  en  Dalmatie  ,  en  Croatie  ,  en  Hongrie  , 
en  Transylvanie,  en  Grèce,  en  Turquie,  en  Tauride,  dans 
le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  les  Russies  septentrionale, 
moyenne  et  australe ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de 
l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Algérie 35°     "i  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Altenfiord 70       1  35» 

Occident ,  Portugal 10  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  altaïque 92  E. i  102° 

Carré  d'expansion 3570 

Epipactis  rubiginosa  ,  Gaud.  —  Il  se  trouve  dans  les 
lieux  buissonneux,  sur  les  coteaux.  Sa  racine  est  fd)reuse  ;  sa 
tige  est  droite,  un  peu  inclinée  ,  garnie  de  feuilles  ovales 
dont  les  nervures  sont  garnies,  comme  le  haut  de  la  tige,  de 
petites  aspérités.  Les  lleurssont  disposées  en  grappes  assez 
denses,  verdâtres,  et  munies  de  bractées  dont  les  inférieures 
sont  aussi  longues  que  les  pédicelles  qui  soutiennent  ces  fleurs. 
Le  périgone  est  étalé ,  et  ses  3  divisions  externes  sont  fur- 
furacées.  —  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et 
reste  ordinairement  en  plaine. 


EPIPACTIS.  521 

Géographie .  —  Au  sud  ,  on  le  trouve  en  France  et  jus- 
que dans  le  midi  de  l'Espagne.  —  Au  nord  ,  il  est  disséminé 
et  reste  dans  le  centre  de  l'Europe ,  atteignant  cependant 
la  Russie  moyenne,  Saint-Pétersbourg  et  l'île  d'Osilie.  — 
A  l'occident,  il  est  en  Angleterre  et  peut-être  en  Portugal. 
A  l'orient ,  il  habite  la  Suisse  ,  l'Italie  ,  la  Croatie  ,  la  Hon- 
grie ,  la  Transylvanie,  la  Grèce,  le  Caucase,  les  Russies 
moyenne  et  australe  ,  et  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  IVlidi  de  l'Espagne 36°      1  Ecart  en  latitude  : 

iVort/,  Saint-Pétersbourg 60        |  24<* 

Occident ,  Angleterre 6  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Oural 60  E.  j  66« 

Carré  d'expansion 1584 

Epipactis  palustrts  ,  Crantz.  —  Il  se  trouve  dans  les 
prés  marécageux,  souvent accompagnédu  Sivertiaperennis, 
du  Veratrum  album  ,  du  Comarum  palustre ,  etc.  Il  vit 
réuni  en  petits  groupes  assez  circonscrits.  Sa  racine  est 
fibreuse  ;  sa  tige  est  droite  ,  un  peu  pubescente  ,  garnie  de 
feuilles  étroites,  lancéolées,  glabres  et  nervées.  Les  (leurs 
sont  verdâtres,  disposéesen  épi  lâche  au  sommet  de  la  plante. 
Le  labelle  est  arrondi,  obtus,  égal  aux  divisions  du  périgone. 
L'ovaire  est  tomenteux.  —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  aquatique  et  indif- 
férent, vivant  en  plaine  ou  dans  les  montagnes.  Nous  le 
trouvons  dans  la  Lozère  et  dans  l'Aveyron  entre  600  et 
800™.  Wahlenberg  dit  qu'en  Suisse  il  monte  à  peine  jus- 
qu'à la  limite  du  noyer. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France  ,  en  Espagne 


522  ORCHIDÉES. 

et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  est  dispersé  dans 
toute  l'Europe,  jusqu'à  la  frontière  méridionale  de  la  La- 
ponie.  Il  est  aussi  en  Angleterre  et  en  Irlande  où  il  a  sa  li- 
mite occidentale.  —  A  l'orient ,  il  habile  la  Suisse ,  la  Dal- 
matie ,  la  Croatie ,  la  Hongrie ,  la  Transylvanie ,  la  Tauride  , 
le  Caucase,  la  Géorgie,  les  Russies  moyenne  et  australe, 
les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Midi  de  l'Italie 40®     | Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 65        j  25" 

OcciV/en/,  Irlande 12  0.  | Ecart  en  longitude: 

Orient^  Sibérie  orientale 163  E.  J  175° 

Carré  d'expansion 4375 

G.  I.XSTERA,  R.  Brown, 

On  ne  connaît  que  3  espèces  de  ce  genre.  2  sont  de  l'Eu- 
rope centrale ,  et  1  des  Indes  orientales. 

Listera  ovata  ,  R.  Brown.  —Cette  plante  est  commune 
dans  les  pâturages ,  dans  les  taillis  et  sur  le  bord  des  bois. 
Elle  se  fait  immédiatement  remarquer  à  ses  deux  grandes 
feuilles  ovales  ,  d'un  beau  vert,  et  presqu'opposées  ,  du  mi- 
lieu desquelles  s'élève  une  hampe  nue  et  très-longue  ,  qui 
porte  un  grand  nombre  de  fleurs  d'un  vert  jaunâtre.  Cha- 
cune de  ces  fleurs  est  munie  d'un  périgone  à  deux  lèvres, 
dont  les  divisions  supérieures  sont  réunies  en  forme  de  ras- 
que,  et  d'un  labelle  déjeté  et  bifide,  dépourvu  d'éperon. 
L'anthère  est  libre ,  sessile  et  persistante  ,  le  pollen  est  fari- 
neux. Sa  racine  est  fibreuse  et  très-divisée.  —  Elle  fleurit 
en  mai  et  en  juin. 


LISTERA.  523 

Nature  du  sot.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente  et 
vit  dans  la  plaine  ou  sur  les  montagnes.  Nons  la  trouvons 
eu  Auvergne  jusqu'à  800™.  M.  Boissier  la  cite  dans  le  midi 
de  l'Espagne  à  1,700™.  Wahlenberg  l'indique  en  Suisse 
dans  les  prés  sylvatiquesjusqu'à  la  limite  supérieure  du  sapin. 

Géographie.  —  Au  sud ,  elle  habite  la  France  et  l'Es- 
pagne. —  Au  nord  ,  elle  croît  dans  toute  l'Europe  jusque 
dans  la  Laponie  et  la  Finlande  australes,  en  Angleterre,  en 
Irlande  et  en  Islande  oii  elle  a  sa  limite  occidentale.  — A 
l'orient,  elle  vit  en  Suisse  ,  en  Italie,  en  Sicile  ,  en  Corse, 
en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en 
Turquie ,  en  Tauride,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie  ,  dans 
les  Russies  septentrionale  ,  moyenne  et  australe ,  dans  les 
Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Espagne 37°      /  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Laponie 66        j  29» 

Occident,  Islande 22  0.  )  Écart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  altaïque 90  E. i  112» 

Carré  d'expansion 3248 

Listera  cordata  ,  R.  Brown.  —  Lorsque  l'on  pénètre 
dans  les  forêts  de  sapins,  et  que  l'on  arrive  sous  les  arbres 
séculaires  qui ,  par  l'entrecroisement  de  leurs  branches ,  for- 
ment les  voûtes  les  plus  ténébreuses ,  le  sol  est  presque  dé- 
pourvu de  végétation ,  et  si  parfois  des  tapis  d'une  fraîche 
verdure  s'étendent  sous  ces  ombrages,  ils  sont  dus  à  des 
mousses,  à  des  Ilypman  enlacés,  ou  à  quelques  groupes 
d'Oxalis  Aceloseîla ,  à  de  petites  sociétés  de  Circœa  alpina. 
Mais  si  l'un  de  ces  vieux  géants  de  la  forêt  s'est  affaissé 


524  ORCHIDÉES. 

SOUS  la  puissance  du  temps ,  son  cadavre  à  demi-décomposé 
gît  sur  le  sol ,  les  mousses  le  revêtent  de  leur  manteau  de 
velours,  les  jungermanes  luttent  avec  elles  pour  l'envahir, 
et  sur  le  léger  gazon  que  forment  ces  plantes ,  on  voit  avec 
surprise  le  Listera  cordata,  le  seul  qui,  dans  nos  climats, 
représente  la  riche  tribu  des  Orchidées  parasites  des  régions 
tropicales.  Cette  plante  est  d'une  délicatesse  extrême  ;  sa 
tige  est  brune ,  ses  racines  fasciculées  s'étendent  sur  le  bois 
mort,  au  milieu  des  mousses,  ou  sur  la  couche  mince  de 
terreau  que  le  bois  a  fourni  par  sa  décomposition.  La  base  de 
la  tige  est  chargée  d'un  petit  bourgeon  protégé  par  une  seule 
écaille,  et  deux  feuilles  cordiformes  et  presqu'opposées  nais- 
sent vers  son  milieu.  Puis  la  hampe  se  prolonge  et  se  ter- 
mine par  un  épi  de  quelques  fleurs  brunAtres ,  frêles  et  déli- 
licates.  Ces  petites  fleurs  ont  un  labella  trifide  qui  fait  partie 
d'un  périgone  persistant.  Après  la  fécondation  l'ovaire  gros- 
sit, il  atteint  plus  tard  sa  maturité,  et  il  s'ouvre  par  des 
fentes.  Pendant  tout  ce  temps  le  périgone  reste  intact ,  et  il 
semble  que  la  plante  soit  encore  en  fleur  quand  déjà  ses  grai- 
nes presqu'imperceptibles  se  sont  répandues  dans  l'air  calme 
de  leur  séjour.  —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Presque  parasite  sur  le 
bois  décomposé ,  ce  Listera  habite  les  montagnes.  Nous  le 
trouvons  en  Auvergne  dans  toute  la  région  des  sapins  ;  il  est 
surtout  abondant  vers  1 ,200'".  De  Candolle  le  cite  à  1 ,200"^ 
dans  le  Jura,  et  à  1,600"^  à  Voiron  et  au  Saint-Bernard. 

Géographie.  — Au  sud,  cette  espèce  vit  en  France,  dans 
les  Pyrénées  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord,  elle 
se  trouve  disséminée  dans  une  partie  de  l'Europe,  laissant 
de  grands  espaces  libres  sans  les  occuper.  Elle  végète  en 
Scandinavie ,  en  Suède  ,  dans  les  marais  couverts  de  mousse, 
dans  les  forêts ,  en  Laponie,  dans  les  bois  ombragés  et  tour* 


NEOTTIA.  52  a 

beux,  jusque  dans  l'Ailtenflord  ;  elle  est  en  Angleterre,  en 
Irlande  et  aux  Orcades.  —  A  l'occident,  elle  existe  dans 
les  forêts  américaines,  à  Terre-Neuve ,  au  Labrador,  au  lac 
Winipeg,  au  Saskatchawan  et  à  la  côte  nord-ouest  ;  selon 
Nuttal,  elle  s'avancerait  au  raidi  jusqu'à  New-Jersey  dans 
les  Etats-Unis.  —  A  l'orient ,  elle  habite  la  Suisse ,  la  Croa- 
tie, la  Hongrie,  la  Transylvanie,  la  Bosnie,  le  Caucase,  la 
Géorgie ,  les  Russies  arctique ,  septentrionale  et  moyenne , 
les  Sibéries  de  l'Oural  et  orientale,  et  les  îles  Aléou- 
tiennes. 

Limités  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40°      ]Écart  en  latitude  î 

Nord,  Laponie 70       '  30" 

Occident  et  Orient 360        f  ^'^'^  ^'^  '^"^^^^^'^  '- 

\  360° 

Carré  d'expansion 10800 

G.  MEOTTXA. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  Neoltia 
sont  des  Orchidées  peu  brillantes ,  dont  les  espèces ,  au 
nombre  de  13  à  14  seulement,  sont  très-disséminées.  — ■ 
5  vivent  en  Asie ,  à  Ceylan  ,  aux  grandes  Indes ,  à  la  Chine , 
au  Kamtschatka  et  à  Unalaska.  —  3  habitent  le  centre 
de  l'Europe.  —  2  se  trouvent  dans  les  îles  africaines ,  à 
Bourbon  et  à  la  Trinité.  —  2  végètent  dans  l'Amérique  du 
sud.  —  Une  seule  est  indiquée  au  Brésil. 

Neottia  nidus-avis,  Rich.  — Celui  qui,  dans  les  mois 
de  juin  et  de  juillet,  herborise  pour  la  première  fois  sous 
les  voûtes  assombries  des  vastes  forêts  de  hêtres  ou  de  sapins, 


526  OUCHIDÉES. 

est  surpris  de  rencontrer ,  parasite  sur  les  racines  les  plus 
déliées  de  ces  arbres  ,  une  plante  presque  nue  ,  sans  feuilles 
et  sans  verdure  ,  et  qui  dès  sa  naissance  a  pris  la  triste  cou- 
leur fauve  que  les  feuilles  acquièrent  en  automne  quand  elles 
jonchent  le  sol  de  leurs  tissus  desséchés.  Si  l'on  fouille  la  terre 
autour  de  cette  singulière  espèce ,  on  trouve ,  dans  le  terreau 
formé  par  la  décomposition  des  feuilles,  une  masse  arrondie 
composée  de  grosses  fibres  attachées  à  un  centre.  Rarement 
cette  plante  est  solitaire,  mais  elle  est  réunie  par  petits 
groupes  peu  nombreux  qui  proviennent  sans  doute  de  la  re- 
production gemmipare  des  premiers  individus.  Il  est  souvent 
difficile  ici,  comme  pour  les  Orobanches,  de  trouver  le  con- 
tact du  parasite  et  de  la  racine  nourricière.  Vaucher  pense 
même  que  ce  JSeollia  est  indépendant.  «  Lorsqu'on  examine 
ses  racines ,  dit-il ,  qui  présentent  dans  leur  ensemble  comme 
un  nid  d'oiseau ,  on  voit  quelques-unes  d'entr'elles  s'allon- 
ger et  se  ramifier  en  étoiles  au  sommet ,  pour  émettre  de  ce 
centre  étoile  une  petite  tige  conique  et  toute  recouverte  de 
radicules  non  encore  développées;  c'est  cette  tige,  déjà 
renflée  en  bulbe  et  remarquable  par  sa  blancheur,  qui  est 
destinée  à  former  la  plante  nouvelle  de  la  nouvelle  année.  » 
Les  feuilles,  dans  cette  espèce,  sont  remplacées  par  des  gaines 
lancéolées,  couleur  de  feuille  morte;  les  fleurs  sont  dispo- 
sées en  épi  accompagné  de  bractées  ;  elles  sont  serrées  les 
unes  contre  les  autres ,  de  la  même  couleur  fauve  que  le  reste 
de  la  plante.  L'éperon  n'existe  pas  ;  l'anthère  est  terminale 
et  lisse,  remplie  de  pollen  farineux  et  non  glutineux  comme 
celui  de  la  plupart  des  Orchidées. —  Plus  tard  les  fleurs  dis- 
paraissent ,  les  capsules  grossissent  et  elles  persistent  dessé- 
chées jusqu'à  l'époque  où  les  tiges  nouvelles  viennent  placer 
leurs  fleurs  sous  ces  épis  mûris  de  l'année  précédente.  — 
Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 


GOODIERA.  527 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  II  est  indifférent  à  la 
nature  du  sous-sol,  et  végète  dans  la  couche  détritique  qui 
le  recouvre.  Nous  le  trouvons  entre  800  et  1,000™.  Wah- 
lenberg  le  cite  en  Suisse  jusqu'à  la  limite  du  hêtre  ,  et  Le- 
debour  à  700™  dans  le  Taliisch. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  trouve  ^  en  France  ,  dans 
le  nord  de  l'Espagne,  dans  le  midi  de  l'Italie,  et  en  Sicile. 
—  Au  nord ,  il  vit  aussi  disséminé  dans  les  forêts  de  la  Bel- 
gique ,  de  l'Allemagne  et  de  la  Scandinavie,  la  LajDonie 
exceptée  ;  il  habite  aussi  l'Angleterre,  et  l'Islande  oiî  il  trouve 
sa  limite  occidentale.  — A  l'orient,  il  existe  en  Suisse,  en 
Dalmatie ,  en  Hongrie,  en  Croatie ,  en  Transylvanie,  en 
Grèce, en  Turquie,  enTauride,  dans  le  Caucase,  en  Géor- 
gie ,  dans  les  Russies  septentrionale,  moyenne  et  aus- 
trale, et  dans  la  Sibérie  de  l'Oural. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Sicile 38°      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Islande 65       i  21^ 

Occident ,  Islande 24  0.  j  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Sibérie  de  l'Oural 70  E.  j  94» 

Carré  d'expansion 2538 

G.  GOODIEBA ,  R.  Brown. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ses  10  espèces 
sont  très-disséminées  :  3  sont  asiatiques ,  des  Indes  orien- 
tales et  du  Népaul.  —  3  sont  des  îles  africaines  :  de  Mas- 
careigne  et  de  Madère.  —  2  existent  dans  l'Amérique  sep- 
tentrionale. —  1  au  Brésil.  —  1  seule  en  Europe. 

GooDiERA  REPENs,  R.  Brown.  —  Cette  curieuse  espèce 


528  ORCHIDÉES. 

croît  sur  le  sol  détritique  des  forêts  d'arbres  verts  et  notam- 
ment dans  celles  du  Pinus  sylvestris.  Son  rhizome  rampe  à 
la  surface  du  sol ,  entre  la  terre  elle-même  et  la  couche  de 
mousse  ou  de  débris  de  feuilles  qui  la  recouvrent.  Elle  re- 
cherche ,  comme  la  plupart  des  Orchidées  ,  un  sol  spongieux 
où  l'air  puisse  facilement  pénétrer.  Ce  rhizome  se  ramifie,  et 
chacun  des  bourgeons  qui  termine  un  rameau  vient  s'épa- 
nouir en  une  rosette  de  feuilles  radicales,  pétiolées,  dont  les 
nervures,  apparentes,  forment  un  joli  réseau  à  leur  surface. 
Ces  feuilles,  d'un  beau  vert,  laissent  sortir  de  gaines  tu- 
bulées,  glanduleuses  et  pubescentes,  une  tige  qui  se  ter- 
mine par  un  épi  de  fleurs  blanches  disposées  en  spirale. 
Le  labelle  est  dépourvu  d'éperon  ,  mais  bossu  en  dessous. 
Son  anthère  est  libre,  mobile  et  operculée.  —  Fleurit  en 
juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude,  —  Cette  plante  est  pres- 
que parasite  comme  le  Listera  cordata;  le  sous-sol  lui  est 
indifférent,  pour>u  qu'elle  trouve  une  couche  suffisamment 
épaisse  de  débris  d'arbres  verts.  Ces  deux  plantes  paraissent 
représenter,  dans  les  forêts  de  conifères ,  la  brillante  série 
des  Orchidées  parasites  de  la  zone  lorride.  —  Celle-ci  recher- 
che les  coteaux  et  même  les  montagnes.  Nous  la  trouvons  en 
Auvergne,  très-rare,  vers  600'".  De  Candolie  la  cite  à 
300""  à  Raiserslautern  et  à  1,400'"  à  Lans-le-Bourg. 

Géographie.  —  Au  sud ,  ce  Goodiera  végète  en  France 
et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  on  l'indique  très- 
disséminé  en  Allemagne ,  en  Scandinavie ,  en  Angleterre. 
Il  vit  dans  les  bois  épais  et  moussus  de  la  Laponie ,  oii  il 
arrive  jusque  dansl'Altenfiord. —  A  l'occident,  on  le  cite 
à  Terre-Neuve ,  dans  les  bois  des  montagnes  Rocheuses ,  au 
Saskatchawan,  au  fort  Franklin.  —  A  l'orient,  il  habite  la 
Suisse,  la  Dalmatie,  la  Croatie,  la  Hongrie,  laTransylva- 


SPIRANTHES.  529 

nie,  le  Caucase,  les  Russies  arctique,  septentrionale  et 
moyenne ,  et  les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï ,  du  Baïkal  et 
Orientale. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40*»      j Écart  en  latitude  : 

Nord,  Lapon'ie 70  30" 

Occident ,  Amérique 125  0.  )  Ecart  en  longitud<*  : 

Orient ,  Sibérie  orientale 163  eJ  288° 

Carré  d'expansion 8640 

G.  SFIBANTHES,   Rich. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ces  curieuses 
Orchidées ,  au  nombre  de  28  à  30,  sont  aussi  très-dissé- 
minées.  L'Asie  en  a  10  :  aux  Indes  orientales  ,  au  Népaul  , 
à  la  Chine,  en  Sibérie  et  à  Unaiaska.  —  8  se  trouvent 
dans  l'Amérique  du  sud  et  surtout  au  Pérou  ;  les  autres  au 
Brésil  et  au  Chili.  —  4  seulement  sont  connues  dans  l'Amé- 
rique du  nord.  —  En  Afrique  3  ou  4  Spiranthes  sont  en- 
core situés  dans  les  îles,  à  la  Trinité  et  à  Mascareigne.  — 
2  sont  européennes.  —  Une  seule  habite  la  Nouvelle- 
Hollande. 

Spiranthes  ^stivalis  ,  Rich.  —  C'est  une  plante  des 
prairies  humides  où  elle  se  montre  en  été ,  en  juin  et  en 
juillet.  Ses  bulbes  allongés  et  cylindriques  sont  au  nombre 
de  3  ou  4.  Ceux  qui  doivent  fournir  les  tiges  nouvelles  sont 
fusiformes,  cachés  dans  la  base  intérieure  de  la  pousse  de 
l'année,  et  placés  à  côté  des  bulbes  plus  ou  moins  dessé- 
chés de  l'année  ou  même  des  années  précédentes.  Les 
feuilles   radicales   sont    lancéolées-linéaires,    en   rosette. 


VllI 


3i 


530  oRcniikES. 

et  les  feuilles  caulinaires  ont  presque  la  mi^mc  forme.  Les 
leurs,  petites,  d'un  blanc  verdàtre,  sont  disposées  en  un  épi 
ipiral,  qui  doit  cette  disposition  à  la  torsion  de  la  tige.  Le 
périgone  est  à  2  lèvres,  il  est  dépourvu  d'éperon.  Lors  de 
la  fécondation,  l'anthère,  formée  de  deux  petites  masses  de 
pollen  onctueux  et  pulvérulent,  se  répand  sur  le  stigmate  qui 
est  visqueux  et  nectarifère. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  le  trouve  sur  les  ter- 
rains siliceux  et  graveleux  de  la  plaine,  mais  il  est  probable 
qu'il  est  indifférent. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  en  Corse  et  en 
Grèce. — Au  nord,  il  croît  en  France,  en  Belgique,  en 
Allemagne  et  en  Angleterre.  —  A  l'occident,  il  vit  en 
Portugal  et  à  Terre-Neuve.  —  A  l'orient ,  il  est  en  Suisse , 
en  Piémont ,  en  Lombardie  et  en  Croatie. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Grèce 39°      \  Ecart  en  latitude  : 

TVorrf,  Angleterre 51       j  12» 

Occident,  Terre-Neuve 57  O.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Grèce 22  E.j  79« 

Carré  d'expansion 048 

Spiranthes  actcmnalis  ,  Rich.  —  On  le  rencontre  dans 
les  prairies  lorsque  déjà  l'herbe  flétrie  permet  aux  espèces 
tardives  de  se  développer  à  l'air  libre.  Ses  feuilles  radicales 
sont  ovales,  courtes,  disposées  en  un  faisceau  latéral;  les 
caulinaires  sont  petites,  bractéilormes.  Sa  hampe  estaxillaire 
et  garnie  dans  toute  sa  partie  supérieure  de  petites  fleurs  blan- 
châtres, disposées  en  spirales,  et  placées  de  telle  manière 
que  la  première  correspond  à  la  4%  la  2»^  à  la  5^  et  ainsi  de 


SHRANTHES.  531 

suite.  Ces  fleurs  sont  sessiles.  La  fécondation  a  lieu  comme 
dans  l'espèce  précédente.  —  Il  fleurit  en  août  et  en  sep- 
tembre. 

Nature  du  sol.  —Altitude.  — 11  est  indifférent,  et  croît 
sur  les  sols  détritiques  des  plaines  et  des  montagnes.  Lede- 
bour  le  cite  dans  le  Caucase  entre  1,600  et  1,800™. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  habite  la  France ,  l'Espagne 
et  l'Algérie.  —  Au  nord,  il  est  disséminé  dans  le  centre  de 
l'Europe,  jusque  dans  le  Danemarck  et  à  Saint-Péters- 
bourg. Il  est  aussi  en  Angleterre  et  en  Irlande.  —  A  l'oc- 
cident ,  on  le  trouve  en  Portugal.  —  A  l'orient ,  il  végète  en 
Suisse  ,  en  Italie,  en  Sicile  ,  en  Dalmatie,  en  Croatie,  en 
Hongrie ,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce  ,  en  Turquie  ,  au  mont 
Athos,  à  l'île  de  Crète,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie  et 
dans  la  Russie  moyenne. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Algérie 35°     )  Ecart  en  latitude  : 

AV(/,  Saint-Pétersbourg 60       i  25° 

Occident ,  Irlande 12  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 46  E.  j  58° 

Carré  d'expansion .  - 1450 


532  IRIDÉES. 


FAMILLE  DES  IRIDEES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 

Latitude.  Longitude. 

Nigritie 0oàl0oi8°O.  à    S^E.  0:       0 

Abyssinie 10  à  16  32  E.  à  41  E.  1  :  166 

Algérie 33  à  36  5  0.  à    6  E.  1  :  1:20 

Roy.  de  Grenade...  36  h  37  5  O.  à    8  0.  1  :  186 

Sicile 37  à  38  10  E.  à  13  E.  1  :  103 

Portugal 37  à  42  9  0.  à  11  O.  1:126 

Royaume  de  Naples.  38  à  42  11   E.  à  16  E.  1  :  128 

Caucase 40  à  44  35  E.  à  48  E.  1  :  118 

Tauride 43  à  46  31  E.  à  34  E.  1  :  164 

Plateau  central 44  à  47  0        à    2  E.  1  :  269 

France 42  à  51  7  0.  à    6  E.  1   :  201 

Russie  méridionale..  47  à  50  22  E.  à  49  E.  1  :  131 

Allemagne 45  à  55  2  E.  à  14  E.  1   :   144 

Carpathes 40  à  50  19  E.  à  22  E.  1  :  532 

Angleterre 50  à  58  1  0.  à  7  0.  1  :  452 

Russie  moyenne ...  50  à  60  17   E.  à  58  E.  1  :  193 

Scandinavie  entière.  55  à  71  3  E.  à  29  E.  1  :  439 

Danemarck 52  à  57  7   E.  à  12  E.  1   :  433 

Gothie 55  à  59  10  E.  à  15  E.  1  :  679 

Suède 55  à  69  10  E.  à  22  E.  0  :       0 

Norvège 58  à  71  2  E.  à  10  E.  0  :       0 

Russie  septentrie...  60  à  66  19  E.  à  57  E.  1   :  430 

Fmlande 60  à  70  18  E.  à  28  E.  0:       0 

Laponie 65  à  71  14  E.  à  40  E.  0  :       0 

Europe  entière 1  :  111 


PROPORTIONS  RELATIVES.  533 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 


Longitude. 

7°0.  à    13«0. 

1 

:  480 

1  0.  à      7  0. 

1 

:  452 

2  E.  à    14  E. 

1   : 

144 

17  E.  à    58  E. 

1   : 

:   193 

55  E.  à    74  E. 

1 

:  186 

66  E.  à    97  E. 

1  ; 

:  217 

93  E.  à  116  E. 

1 

:  121 

110  E.  à  119  E. 

1 

:     92 

111   E.  àl63  E. 

1   : 

:   177 

60  E.  à  161   E. 

0  ; 

0 

148  E.  à  170  E. 

1 

:  225 

155  E.  à  175  0. 

0  : 

0 

170  E.  à  130  0. 

1 

:  249 

170  0   à  130  E. 

0  ; 

0 

Latitude. 

Irlande 51°  à  55" 

Angleterre 50  à  58 

Allemagne 45  à  55 

Russie  moyen  ne.. .  50  à  60 

Sibérie  de  l'Oural.  44  à  67 

Sibérie  altaïque. . .  44  à  67 

Sibérie  du  Baïcal. .  49  à  67 

Dahurie 50  à  55 

Sibérie  orientale...  56  à  67 

Sibérie  arctique. . .  67  à  78 

Kamtschatka 46  à  67 

Pays  des  Tschukhis.  »  » 

Iles  de  l'Océan  or''.  51  à  67 

Amérique  russe. . .  54  à  72 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 


Latitude. 

Roy.deGr''%rég.alp.etniv.  36°  à  37° 

Roy.deGrenade, rég.niv. .  36  à  37 

Pyrénées 42  à  43 

Pyrénées  élevées 42  à  43 

Pic  du  Midi  de  Bagnères. . .  » 

Plat,  central,  rég.montagn.  44  à  47 

Plateau  central ,  sommets. .  44  à  47 

Alpes 45  à  46 

Alpes  élevées 45  à  46 


Altitude  en  mètres. 

1500  à  3500  1 

:243 

2500  à  3500  0 

:      0 

500  à  2700  1  ; 

:243 

1500  à  2700  1  : 

160 

»  0: 

:      0 

500  à  1900  0  : 

:      0 

1500  à  1900  0  : 

;      0 

500  à  2700  1  : 

:524 

1500  à  2700  1  ; 

:  350 

534  miDÉEs. 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 


Latitude.  Longitude. 

Iles  du  Cap-Vert. .. .   12° à  14°  24° 0.  à  27°0.  0 

Canaries 28  à  30  15  O.  à  20  O.  1 

Hébrides 57  à  58          8  0.  à  10  O.  0 

Orcades 59                   5  0.  à  6  O.  0 

Shetland 60  à  61           3  0.  à  4  0.  0 

Feroë.... 62                   9  0.  0 

Islande 64  à  66  16  0.  à  27  0.  0 

Mageroë 71  24  E.  0 

Spitzberg 79  à  80  10  E.  à  20  E.  0 

lleMelville 76  114  0.  0 

Ile  J.  Fernandez 33  à  40  S.  76  0.  0 

Nouv.  Zélande  (nord) .  35  à  42  S.  171  0.  à  176  0.  J 

Malouines 52  S.  59  O.  à  65  0.  0 


0 
167 
0 
0 
0 
0 
0 
0 
0 
0 
0 
200 
0 


Le  beau  groupe  des  Iridées,  si  remarquable  par  l'am- 
pleur et  le  magnifique  coloris  de  ses  fleurs ,  a  dispersé  ses 
espèces  sur  toutes  les  parties  de  la  terre  ,  mais  c'est  surtout 
dans  les  parties  tempérées  les  plus  voisines  des  tropiques 
qu'elles  se  rencontrent  en  plus  grande  abondance.  Ces  plan- 
tes sont  assez  rares  sous  les  tropiques,  et  sont  nulles  sous  les 
zones  glaciales.  La  pointe  australe  de  l'Afrique  est  la  partie 
du  globe  oii  leur  proportion  est  la  plus  forte.  —  En  Europe, 
le  rapport  des  Iridées  est  seulement  de  1/11 1  ,  et  nulle  part, 
ci  ce  n'est  en  Sicile  ,  dans  le  sens  des  latitudes  ,  cette  propor- 
tion n'est  dépassée.  —  Dans  le  sens  des  longitudes,  c'est 
en  Dahurie  seulement  que  le  rapport  devient  plus  grand  et 
atteint  1/92.  —  Dans  les  montagnes,  les  Iridées  disparais- 
sent presque  entièrement ,  et  il  en  est  à  peu  près  de  môme 
dans  les  îles. 


CROCUS.  535 

G.  CROCUS,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  Crocus , 
dont  les  variétés  sont  multipliées  à  l'infini  dans  les  jardins, 
ne  sont  pas  très-nombreux  en  espèces.  30  au  plus  ont  une 
origine  certaine,  et  presque  tous  sont  européens.  Leur  sé- 
jour est  dans  l'Europe  australe ,  en  Italie ,  en  Sicile ,  en 
Corse ,  en  Tauride  ,  en  Grèce ,  en  Hongrie.  —  4  seule- 
ment habitent  l'Asie ,  et  ont  été  trouvés  en  Syrie  et  sur- 
tout dans  l'Asie  mineure. 

Crocus  vernus  ,  Ail.  —  II  y  a  bien  peu  de  plantes  plus 
printanières  que  celle-ci;  elle  attend  à  peine  la  fonte  des 
neiges ,  et  souvent  elle  s'y  trouve  ensevelie  quand  de  beaux 
jours  trompeurs  l'appellent  à  la  lumière  avant  que  les  nua- 
ges chargés  de  frimasn'aient  abandonné  les  contrées  qu'elle 
habite.  C'est  alors  un  joli  spectacle  de  voir  les  pelouses  et  les 
prairies  se  couvrir  de  Ileurs  avant  que  les  graminées  n'aient 
montré  leurs  premières  feuilles.  Ce  Crocus  ,  il  est  vrai,  ne 
laisse  pas  encore  sortir  son  feuillage ,  mais  son  périgone 
blanc  ou  violet ,  souvent  strié  par  ces  deux  couleurs ,  s'ouvre 
au  soleil  et  se  ferme  la  nuit  ou  sous  l'influence  d'un  ciel 
nuageux.  Chacune  de  ces  fleurs  naît  d'un  bulbe  ovoïde,  en- 
touré de  tuniques  réticulées.  Un  bulbe  nouveau  se  forme, 
comme  dans  les  glaïeuls,  au  sommet  de  celui  qui  existe  ;  le 
plus  ancien  s'entoure  de  bulbillesqui  ne  tardent  pas  à  acqué- 
rir une  existence  indépendante^  et  c'est  du  sommet  et  pres- 
que du  milieu  de  ce  bulbe  ancien  ,  que  sort  la  pousse  qui 
doit  d'abord  fleurir  et  ensuite  se  développer.  — La  féconda- 
tion a  lieu  dans  le  bouton  plusieurs  jours  avant  l'épanouis- 
sement. Les  stigmates ,  d'une  belle  couleur  orangée ,  ont 


536  IRIDÉES. 

leurs  crêtes  frangées  appliquées  contre  les  commissures  des 
trois  anthères ,  et  ces  franges  sont  garnies  ,  dans  le  bouton 
môme,  de  gros  grains  de  pollen  globuleux.  Ces  franges  ce- 
pendant restent  serrées  les  unes  contre  les  autres,  et  ne  s'é- 
talent que  lors  de  l'épanouissement ,  qui  dure  plusieurs 
jours;  ensuite  la  corolle  se  flétrit;  l'ovaire  ,  pédicellé,  reste 
abrité  sous  le  sol,  et  les  feuilles,  qui  sortaient  à  peine  d'une 
gaine  transparente  ,  grandissent  et  viennent  au  jour.  Elles 
sont  vertes,  linéaires,  marquées  d'une  ligne  blanche  dans 
leur  milieu.  Quand  elles  ont  atteint  tout  leur  développement, 
elles  s'écartent  puis  s'étalent ,  et  l'ovaire ,  dont  le  pédoncule 
s'allonge ,  arrive  à  la  lumière.  Il  est  alors  transformé  en  une 
capsule  blanche  ,  à  3  loges,  qui  s'ouvre  en  3  valves,  et  qui 
répand  des  graines  fauves,  arrondies  et  assez  grosses.  — 
L'époque  de  la  floraison  est  très-variable  ,  elle  commence  en 
mars  et  se  perpétue  jusque  dans  le  mois  de  juin,  en  suivant 
les  zones  d'altitude.  Nous  l'avons  vu  en  fleur  dans  les  prairies 
de  Langogne  dès  les  premiers  jours  d'avril,  et  nous  l'avons 
trouvé  le  18  juin  1845,  sur  les  pentes  méridionalesde  la  mon- 
tagne de  la  Lozère ,  ouvrant  sa  corolle  à  mesure  que  la  neige 
disparaissait. 

Nature  du  sol  — Altitude.  —  Il  végète  sur  les  terrains 
siliceux,  mais  volcaniques  et  détritiques  des  montagnes. 
Nous  le  trouvons  en  Auvergne  sur  nos  plus  hauts  sommets , 
sur  le  plomb  du  Cantal  à  1,850'".  Il  y  fleurit  en  juin,  à 
mesure  que  la  neige  fond,  et  y  présente  ses  variétés  blanches 
et  violettes;  il  ne  descend  pas  au-dessous  de  600™.  Thur- 
man  dit  qu'il  abonde  dans  le  Jura  ,  sur  le  calcaire,  et  qu'il 
est  nul  dans  les  Vosges.  De  Candolle  le  cite  à  200™  à  Turin 
et  à  2,000™  dans  les  Alpes.  Wahlenberg  l'indique  en  Suisse, 
depuis  la  limite  supérieure  du  hêtre  jusque  bien  au-dessus 
de  la  limite  du  sapin.  Gussone  le  mentionne  aussi  en  Sicile, 


GLADIOLtS.  537 

sur  les  flancs  de  l'Etna  où  il  fleurit  en  avril ,  et  où  la  variété 
blanche  est  aussi  plus  commune  que  la  variété  violette. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  trouve  en  France  ,  dans 
les  Pyrénées,  en  Espagne  et  en  Algérie.  —  Au  nord,  il 
existe  au  Wurtemberg  ,  en  Bavière  et  atteint  à  peine  le 
Danemarck.  —  A  l'occident,  il  est  en  Portugal.  —  A  l'o- 
rient, il  croît  en  Suisse  ,  en  Italie  ,  en  Sicile ,  en  Dalmatie, 
en  Croatie ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie  ,  en  Bosnie , 
en  Servie  ,  en  Macédoine. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Algérie 35°     |  Ecart  en  latitude  : 

iVorc?,  Danemarck 52       j  17° 

Occident,  Portugal 9  0.  jEcarten  longitude  : 

Orient ,  Turquie 23  E.  )  32« 

Carré  d'expansion 544 

G.  GLADIOLUS  ;,  Lill. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  glaïeuls 
sont  d'admirables  plantes  aux  fleurs  vivement  colorées  pour 
la  plupart ,  et  qui  presque  tous  ajoutent  leur  éclat  à  la  belle 
végétation  du  cap  de  Bonne-Espérance.  En  effet,  on  con- 
naît maintenant  près  de  100  Gladiolus ,  et  90  au  moins 
sont  du  Cap.  Un  seul  est  indiqué  à  Madagascar.  —  On 
en  cite  7  en  Europe ,  des  parties  australes  et  orientales 
de  ce  continent,  de  la  Grèce ,  de  l'Italie,  de  la  France,  de 
la  Tauride  et  de  l'Autriche.  —  Un  seul  a  été  trouvé  en 
Amérique  dans  la  Patagonic. 

Gladiolus  segetcm  ,  Gawler.  —  Vers  la  fin  du  mois  de 


538  IRIDÉES. 

mai ,  avant  que  les  moissons  ne  soient  encore  couronnées 
de  leurs  épis,  on  distingue,  au  milieu  de  la  verdure  des  cé- 
réales ,  des  fleurs  d'un  rouge  éclatant  et  disposées  sur 
deux  séries  presque  parallèles.  Ce  sont  des  glaïeuls  qui 
naissent  ainsi  dans  les  champs  et  s'y  perpétuent  malgré  les 
labours  qui  viennent  chaque  année  déranger  leurs  bulbes. 
Ces  derniers,  déprimés,  enveloppés  d'un  réseau  fibreux, 
périssent  comme  les  tubercules  des  colchiques  ,  après  avoir 
donné  une  tige  florifère ,  mais  un  autre  bulbe  naît  au-dessus 
du  premier,  et  des  bulbilles  naissent  encore  en  abondance, 
soit  du  bulbe  lui-même,  soit  des  radicules  qui  s'en  échappent. 
La  tige  est  simple ,  munie  de  feuilles  plissées,  ensiformes  et 
engainantes ,  et  les  fleurs  offrent  un  périgone  à  6  divisions 
irrégulièrement  disposées.  11  semble  que  cette  fleur  ait  deux 
lèvres,  une  supérieure,  l'autre  inférieure.  Les  étamines  sont 
au  nombre  de  3  ;  les  anthères  sont  allongées.  Le  style  se 
divise  en  3  stigmates  dont  les  lames  sont  plissées  en  deux 
jusqu'au  moment  de  la  fécondation  ;  alors  elles  se  déploient 
en  cuillerons  élégamment  frangés  sur  les  bords,  et  se  déjet- 
tent contre  la  lèvre  supérieure,  tandis  que  les  anthères,  ex- 
troses,s'incHnent  sur  l'inférieure  pour  s'ouvrir.  Chaque  fleur 
naît  accompagnée  de  2  bractées  qui  persistent  pendant  la 
maturation,  et  le  fruit  est  une  capsule  trigone ,  à  trois  loges, 
renfermant  un  assez  grand  nombre  de  semences.  —  Il  fleurit 
en  mai. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  Il  recherche  les  terrains 
calcaires  et  marneux  de  la  plaine. 

Géographie,  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France  ,  en  Espagne, 
en  Algérie  et  aux  Canaries.  —  Au  nord,  il  reste  dans  le 
centre  de  la  France,  et  atteint  Noirmoutiers.  —  A  l'occi- 
dent ,  il  se  trouve  aussi  en  Portugal.  —  A  l'orient,  on  le 
cite  en  Italie ,  en  Sicile ,  en  Corse,  en  Dalmatie,  en  Croatie, 


GLADiotrs.  539 

en  Grèce ,  en  Turquie ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase ,  en 
Géorgie  ,  dans  le  Taliisch. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Canaries 30°      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  France 47        '  17» 

Occident,  Canaries 18  0.|  Ecart  en  longitude: 

Orient,  Talusch 47  E.  i  65» 

Carré  d'expansion 1105 

Gladiolus  communis,  Lin.  —  Ce  glaïeul  croît  dans  les 
prairies  et  non  dans  les  moissons,  et  ressemble  beaucoup 
au  précédent.  Sa  tige  est  droite ,  cylindrique ,  et  son  bulbe 
est  entouré  d'un  tissu  formant  au  sommet  quelques  mailles 
étroites  et  allongées.  Ses  feuilles  sont  linéaires ,  aiguës;  ses 
lleurs  sont  disposées  en  épi  unilatéral  sur  un  pédoncule 
flexueux.  Les  stigmates  sont  étroits,  glabres  dans  leurs  deux 
tiers  inférieurs,  et  s'élargissent  en  un  limbe  papillaire.  La 
capsule  est  5  3  angles  et  contient  des  semences  brunes  et 
bordées  d'une  large  membrane.  —  Il  lleurit  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  11  est  indifférent  et 
reste  ordinairement  dans  les  plaines.  Ledebour  le  cite  à  800"" 
dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  croît  en  France,  en  Corse, 
aux  Baléares ,  à  Madère.  —  Au  nord ,  on  le  trouve  en  Alle- 
magne ,  à  Francfort ,  à  Stettin  ,  en  Russie  ,  en  Lithuanic 
et  en  Voihynie.  —  A  l'occident,  il  est  à  Madère.  —  A 
l'orient,  on  le  trou\e  en  Italie,  en  Dalmatie,  on  Croatie, 
en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Tauride,  dans  le  Caucase, 
en  Géorgie ,  dans  les  Russics  moyenne  et  australe. 


540  IRIDÉES. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Madère 33®      |  Écart  en  latitude  : 

A^orrf,  Lithuanie 55       i  22» 

Occident ,  Madère 19  O.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Simbirsk 46  E.  j  65° 

Carré  d'expansion 1430 

G.  IRIS ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  iris,  dont 
on  connaît  environ  100  espèces,  constituent  un  genre  aux 
fleurs  éclatantes,  que  la  nature  a  distribué  principalement 
en  Europe  et  en  Asie.  —  On  en  cite  40  dans  cette  dernière 
partie  du  monde ,  et  la  majeure  partie  de  ce  contingent 
végète  dans  les  diverses  parties  de  la  Sibérie  ,  en  Dahurie, 
à  la  Chine  et  au  Japon.  Quelques  espèces  sont  réparties  aux 
Indes  orientales  et  au  Népaul ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie, 
en  Perse  et  en  Orient.  —  L'Europe  a  34  à  35  iris  qui  occu- 
pent surtout  ses  parties  australe  et  moyenne  :  l'Italie  ,  l'Es- 
pagne ,  le  Portugal ,  la  Grèce  ,  Tîle  de  Crète ,  la  Hongrie, 
la  Bohème ,  le  centre  de  l'Allemagne  et  de  la  France  et 
même  la  Russie.  —  L'Amérique,  quoique  moins  riche,  en 
possède  aussi  quelques  espèces,  1 1  environ  :  de  la  Californie, 
de  la  Géorgie ,  de  la  CaroUne ,  de  la  Virginie  et  même  du 
Canada.  —  On  n'en  connaît  que  2  dans  l'Amérique  méri- 
dionale ;  elles  sont  du  Brésil.  —  L'Afrique  en  a  11 ,  dont 
5  du  cap  de  Bonne-Espérance,  4  de  la  Mauritanie  et  2  de 
l'Egypte. 

Iris  GEUMANiCA  ,  Lin.  ~  C'est  sur  les  rochers  et  sou- 


IRIS.  541 

vent  sur  les  vieux  murs  que  l'on  rencontre  cette  espèce  aux 
larges  fleurs.  Ses  rhizomes  noueux ,  rameux  et  traçants  la 
réunissent  en  sociétés  nombreuses ,  et  végètent  avec  une 
telle  vigueur,  que  s'ils  permettent  à  l'iris  de  déployer  toutes 
les  richesses  de  son  périgone,  ils  détournent  à  leur  profit  la 
nourriture  destinée  à  former  ses  graines,  et  la  plante  est 
généralement  stérile.  Ses  larges  feuilles  engaînées  ,  ensi- 
forraes  et  nervées ,  forment  des  touffes  d'un  vert  glauque, 
et  dans  le  mois  de  mai  on  en  voit  sortir  des  tiges  lisses  et  cy- 
lindriques ,  un  peu  flexueuses ,  qui  ne  tardent  pas  à  offrir 
quelques  fleurs.  Celles-ci  sont  enveloppées  dans  des  spathes 
superposées,  qui  s'ouvrent  par  un  de  leurs  côtés,  et  qui 
laissent  épanouir,  pour  quelques  jours  seulement,  les  brillants 
tissus  de  leur  corolle.  La  couleur  varie  du  bleu  pâle  au  viohît 
foncé ,  et  les  3  pétales  extérieurs,  réfléchis,  sont  munis  de 
belles  séries  de  poils  collecteurs  orangés  qui  reçoivent  le 
pollen  de  3  anthères  extrorses.  —  Il  fleurit  en  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Aïlitude.  —  Cet  iris  recherche  les 
sols  rocheux  de  la  plaine  ,  et  ne  s'élève  pas  dans  les  mon- 
tagnes. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  végète  en  France ,  en  Es- 
pagne, en  Algérie  et  aux  Canaries.  —  Au  nord  ,  il  atteint 
l'Allemagne  méridionale ,  le  nord  de  la  France  et  même  la 
Lithuanie.  —  A  l'occident,  le  Portugal  et  les  Canaries. 
—  A  l'orient,  il  est  indiqué  en  Suisse,  en  Autriche,  en 
Itahe ,  en  Sicile  ,  en  Hongrie ,  en  Croatie,  en  Transylvanie, 
en  Grèce,  en  Tauride,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 30°      )  Ecart  en  latitude  ! 

Nord ,  Lithuanie 54       )  24" 


542  1  RIDÉ  ES. 

Occident ,  Canaries 18  0.  j  Écart  en  longitude  : 

Orient,  Tauride 34  E.  j  52° 

Carré  d'expansion 1248 

Iris  olbiensis,  lïénon.  — Il  croît  en  touffes  très-serrées 
sur  les  rochers;  il  enfonce  ses  rhizomes  rameux  dans  leurs  fis- 
sures ou  les  laisse  ramper  à  leur  surface.  Sa  tige  est  droite, 
très-ferme ,  un  peu  plus  longue  que  les  feuilles.  Celles-ci 
sont  ensiformes  et  pointues.  Les  fleurs,  au  nombre  de  1  ou  2, 
jaunes ,  violettes  et  quelquefois  blanches ,  sont  portées  sur 
des  pédoncules  courts  et  fermes.  Les  stigmates  sont  beaucoup 
plus  courts  que  les  divisions  du  périgone.  La  capsule  est 
grosse ,  ovoïde  et  trigone.  —  Il  fleurit  en  avril. 

Nature  du  soL  —  Allilude.  —  Nous  ne  le  connaissons 
que  sur  les  terrains  calcaires  et  rocheux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Il  occupe  une  partie  du  midi  de  la  France, 
depuis  Ilyères jusqu'à  Anduze,  c'est-à-dire  une  surface  d'en- 
viron 4  degrés. 

Iris  pseudo-Acorus ,  Lin.  —  Un  des  plus  beaux  spec- 
tacles que  nous  présentent  les  campagnes  est  la  vue  d'un 
lac  azuré  dont  les  eaux  doucement  agitées  balancent  les 
fleurs  du  nénuphar  et  les  feuilles  flottantes  des  Potamogeion, 
et  dont  les  lames  soulevées  par  le  vent  viennent  expirer  sur  les 
rives  parmi  les  Typha  aux  lourdes  massues ,  et  les  touffes 
à' Iris  aux  larges  fleurs  soufrées.  Cette  dernière  espèce  est 
en  effet  une  de  celles  que  l'on  rencontre  le  plus  souvent  sur 
le  bord  des  ruisseaux,  dans  les  prés  humides  et  marécageux, 
le  long  des  rivières  et  des  étangs.  Ses  puissants  rhizomes 
sont  solidement  implantés  dans  la  vase  ;  ses  feuilles  ensi- 
formes, emboîtées  les  unes  dans  les  autres,  se  développent 
activement  dès  les  premiers  jours  du  printemps ,  et  bientôt 


IRIS.  543 

après,  une  tige  verte  et  solide  s'élève  du  milieu  de  ce  feuil- 
lage. Elle  porte  encore  quelques  feuilles  demi-avortées , 
puis  enfin  les  spatlies  qui  la  terminent  s'entr'ouvrent  et  les 
fleurs  s'en  échappent.  Elles  développent  leur  périgone  d'un 
jaune  pur,  brillent  quelques  jours  au-dessus  des  eaux,  et 
des  capsules  pesantes ,  exactement  remplies  par  des  graines 
fauves  et  aplaties,  se  suspendent  aux  pédoncules  qui  main- 
tenaient les  fleurs  dressées,  s'inclinent  peu  à  peu,  finissent 
par  toucher  la  surface  de  l'eau ,  puis  elles  s'y  plongent  et  y 
disséminent  leurs  graines.  —  11  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  AUilude.  —  11  est  aquatique ,  indif- 
férent, et  vit  en  plaine  ou  sur  les  montagnes  peu  élevées. 
En  Auvergne  il  ne  dépasse  pas  OOO'". 

Géographie.  —  Au  sud  ,  ce  bel  iris  croît  en  France,  en 
Espagne,  en  Algérie  et  à  Madère.  —  Au  nord,  il  est  ré- 
pandu dans  toute  l'Europe  centrale ,  dans  toute  la  Scandi- 
navie, la  Laponie  exceptée,  en  Angleterre,  en  Irlande,  dans 
les  archipels  anglais  et  danois.  —  A  l'occident ,  il  est  aussi 
en  Portugal.  — A  l'orient,  il  habite  la  Suisse,  l'Italie,  la 
Sicile,  la  Dalmatie,  la  Hongrie,  la  Croatie ,  la  Transylvanie, 
la  Grèce ,  la  Turquie  ,  le  Caucase  ,  la  Géorgie ,  les  llussies 
septentrionale,  moyenne  et  australe,  les  Sibéries  de  l'Oural, 
de  l'Altaï  et  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Madère 33°      \  Ecart  en  latitude  : 

iV^orrf,  Norvège 64       j  31° 

Occident,  Madère 19  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  du  Baïkal IIG  E.  j  135» 

Carré  d'expansion 4185 

Iris  fjetidissima  ,  Lin.  —  On  rencontre  cet  Iris  dans 


54i  IRIDÉES. 

les  haies,  dans  les  bosquets,  au  milieu  des  buissons.  Il 
forme  des  touffes  d'un  vert  sombre,  dont  les  feuilles  sont 
étroites,  nervées,  et  exhalent  une  mauvaise  odeur  lors- 
qu'on les  froisse.  Ses  fleurs  sont  peu  apparentes ,  d'un  lilas 
bleuâtre,  sale  et  veiné.  Ses  graines,  d'un  beau  rouge  orangé, 
persistent  pendant  tout  l'hiver,  fixée  sa  la  capsule  qui  s'ouvre 
en  trois  valves.  Elles  contribuent  à  orner  les  bosquets  pen- 
dant que  la  neige  couvre  encore  la  terre ,  et  contraste  par  sa 
blancheur  avec  leur  éclat.  —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  II  recherche  les  terrains 
argileux  et  calcaires ,  mais  ne  les  exige  pas  d'une  manière 
absolue.  11  reste  en  plaine  ou  sur  les  coteaux  peu  élevés, 
excepté  dans  les  contrées  très-chaudes  ;  car  M.  Boissier  le 
cite  à  1,000'»  dans  le  midi  de  l'Espagne. 

Géographie,  —  Au  sud,  il  existe  en  France,  en  Espagne, 
sur  les  collines  de  l'Algérie  et  aux  Canaries.  —  Au  nord, 
il  est  rare  en  France ,  mais  se  retrouve  dans  l'ouest,  en  An- 
gleterre et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  il  vit  aussi  en  Por- 
tugal. —  A  l'orient ,  il  est  en  Italie,  dans  le  Tyrol ,  en  Si- 
cile ,  en  Hongrie ,  en  Turquie  et  dans  le  Caucase. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud  ,  Canaries 30°      [Écart  en  latitude  : 

Nord,  Angleterre 55       )  25" 

Occident ,  Canaries 18  O.  |  Ecart  en  longitude  ; 

Orient,  Caucase 46  E.  j  64" 

Carré  d'expansion 1600 


ÀiUARYLLIDÉES, 


54o 


FAMILLE  DES  AMARYLLIDEES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 


Latitude.  Longitude. 

Nigritie 0°  à  10«  18°0.  à    5«  E.  0 

Abyssinie 10  à  16  32  E.  à  41  E.  1 

Algérie 33  à  36  5  O.  à    6  E.  1 

Roy.  de  Grenade...   36  à  37  5  O.  à    8  0.  1 

Sicile 37  à  38  10  E.  à  13  E.  1 

Portugal 37  à  42  9  O.  à  11  O.  1 

Royaume  de  Naples.  38  à  42  11  E.  à  16  E.  1 

Caucase 40  à  44  35  E.  à  48  E.  1 

Tauride 43  à  46  31  E.  à  34  E.  1 

Plateau  central 44  à  47  0        à    2  E.  1 

France 42  à  51  7  O.  à    6  E.  1 

Russie  méridionale..  47  à  50  22  E.  à  49  E.  1 

Allemagne 45  à  55  2  E.  à  14  E.  1 

Carpathes 49  à  50  19  E.  à  22  E.  0 

Angleterre 50  à  58  1  O.  à  7  O.  1 

Russie  moyenne..*   50  à  60  17  E.  à  58  E.  Q 

Scandinavie  entière.   55  à  71  3  E.  a  29  E.  1 

Danemarck 52  à  57  7  E.  à  12  E.  l 

Gothie 55  à  59  10  E.  à  15  E.  1 

Suède 55  à  69  10  E.  à  22  E.  1 

Norvège 58  a  71  2  E.  à  10  E.  1 

Russie  septentrie.  ..   60  à  66  19  E.  à  57  E.  0 

Finlande 60  à  70  18  E.  à  28  E.  0 

Laponie 65  à  71  14  E.  à  40  E.  0 

Europe  entière 1 

VIII  3."i 


0 

416 

280 

186 

184 

108 

280 

472 

499 

471 

144 

1113 

365 

0 

678 

0 

586 

433 

675 

600 

612 

0 

0 

0 

141 


546  AMARYLIDÉES. 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 


>  Latitude. 

Irlande 51°  a  55*» 

Angleterre 50  à  58 

Allemagne 45  à  55 

Russie  moyen  ne.. .  50  à  60 

Sibérie  de  l'Oural .  44  à  67 

Sii)érie  altaïque. . .  44  à  67 

Sibérie  du  Baïcal . .  49  à  67 

Dahurie 50  à  55 

Sibérie  orientale...  56  à  67 

Sibérie  arctique. . .  67  à  78 

Kamtschatka 46  à  67 

Pays  des  Tschukhis.  »  » 

Iles  de  l'Océan  or^  51  à  67 

Amérique  russe.. .  54  à  72 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 

Latitude.  Altitude  en  mètres. 

Roy.dcGr'%rég.alp.etniv.   36»h37»  1500  à  3500  0  :  0 

Roy.deGrenade,rég.niv..   36  à  37  2500  à  3500  0  :  0 

Pyrénées 42  à  43  500  à  2700  0  :  0 

Pyrénées  élevées 42  à  43  1500  à  2700  0  :  0 

Pic  du  Midi  de  Bagnères...              »  »  0  :  0 

Plat,  central,  rég.montagn.  44  à  47  500  à  1900  0  :  0 

Plateau  central,  sommets..   44  à  47  1500  à  1900  0  :  0 

Alpes 45  à  46  500  à  2700  0  :  0 

Alpes  élevées. 45  à  46  1500  à  2700  0  :  0 


Longitude. 

7«0.  à  13° 

0. 

1 

.  322 

1  0.  à   7 

0. 

1 

678 

2  E. à  14 

E. 

1 

365 

17  E.  à  58 

E. 

0  : 

0 

55  E.  à  74 

E. 

0 

0 

66  E.  à  97 

E. 

1 

1200 

93  E.  à  116 

E. 

0 

0 

110  E.  à  119 

E. 

0 

0 

111  E.  àl63 

E. 

0 

0 

60  E.  à  161 

E. 

0 

0 

148  E.  à  170 

E. 

0 

0 

155  E.  à  175 

0. 

0 

0 

170  E.  à  130 

0. 

0 

0 

170  0  à  130 

E. 

0 

0 

PROPORTIONS  RELATIVES.  547 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 


Latitude.  Longitude. 

Iles  du  Cap-Vert... .  12»  à  14»  24^0.3  27°0.  0 

Canaries 28  à  30  15  0.  à  20  0.  1 

Hébrides 57  à  58  8  0.  à  10  O.  0 

Orcades 59  5  0.  à  6  0.  0 

Shetland 60  à  61  3  0.  à  4  O.  0 

Feroë 62  9  0.  0 

Islande 64  à  66  16  0.  à  27  0.  0 

Mageroë .  71  24  E.  0 

Spitzberg 79  à  80  10  E.  à  20  E.  0 

lleMelville 76  114  O.  0 

Ile  J.  Fernandez 33  à  40  S.  76  0.  0 

Nouv.  Zélande(nord).  35  à  42  S.  171  0.  à  176  0.  0 


0 
833 
0 
0 
0 
0 
0 
0 
0 
0 
0 
0 


Malouines ........   52  S.  59  O.  à    65  O.  0  ;     0 

La  famille  des  Amaryllidées  a  des  représentants  sur 
toute  la  terre  ,  mais  ils  sont  évidemment  plus  abondants 
dans  l'hémisphère  austral  que  dans  l'hémisphère  boréal. 
—  L'Europe  n'en  possède  qu'un  petit  nombre  ,  dont  le 
rapport  au  total  de  la  végétation  est  de  1  :  141.  Ce  sont 
les  parties  australes  de  ce  continent  qui  en  nourrissent  la 
plus  grande  partie,  et  le  Portugal  seul  dépasse  la  moyenne 
européenne.  Cette  moyenne  est  à  peu  près  atteinte  pour 
la  France,  1;144,  mais  les  pays  du  nord  en  restent  très- 
éloignés.  —  La  longitude  n'a  pas  d'induence  sur  leur  dis- 
tribution ,  ou  si  elle  en  exerce  une  ,  c'est  dans  le  sens  de 
leur  diminution  vers  l'orient.  —  Les  Amaryllidées  dispa- 
raissent totalement  des  montagnes,  et  des  îles  situées  aune 
latitude  élevée. 


548  AMARYLLlDÉESi 

G.  VARCISSnS,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Il  est  très-dif- 
ficile de  fixer  le  nombre  des  Narcissus.  Leurs  espèces  sont 
assez  naal  déterminées,  et  certaines  formes,  considérées  par 
quelques  auteurs  comme  de  simples  variétés ,  sont  pour 
d'autres  des  types  distincts.  En  supprimant  ces  variétés  ,  et 
quelques  espèces  cultivées  dont  on  ne  connaît  pas  l'origine, 
il  reste  environ  56  espèces  de  ce  genre.  —  Presque  toutes , 
50  au  moins ,  sont  européennes  et  à  peu  près  toutes  de 
l'Europe  australe  :  de  l'Espagne  ,  du  Portugal ,  des  Pyré- 
nées ,  de  la  Provence ,  de  l'Italie ,  de  la  Sicile ,  de  la  Grèce, 
de  Chypre  ;  c'est  à  peine  si  2  ou  3  de  ces  espèces  arrivent 
dans  l'Europe  centrale.  —  On  connaît  4  narcisses  dans  le 
nord  de  l'Afrique.  —  2  en  Orient. 

Narcissus  psecdo-Narcissus  ,  Lin.  —  Il  existe  un  cer- 
tain nombre  de  plantes  toujours  prêtes  à  fleurir  quand  le 
printemps  arrive.  Ce  sont  celles  dont  la  végétation  est  au- 
tomnale, qui  préparent  leur  nourriture  et  leurs  bourgeons 
pendant  que  les  feuilles  des  arbres  se  détachent ,  et  qui ,  en- 
foncées plus  ou  moins  profondément  dans  la  terre  ,  s'ac- 
croissent et  se  nourrissent  à  l'époque  où  les  végétaux  aériens 
entrent  dans  la  plus  complète  inaction.  Alors  les  bulbes  de 
ces  plantes  émettent  leurs  racines ,  et  déjà  dans  leur  centre 
de  nouveaux  bourgeons  se  préparent  pour  remplacer  celui 
qui  va  fructifier  et  périr.  Les  bois  et  les  pacages  se  couvrent 
de  bonne  heure  des  grandes  fleurs  de  ce  narcisse.  Il  y  vit  en 
société ,  souvent  uni  à  VEndymion  nutans ,  ou  au  Scilla 
Lilio-Hyacinlhus ,  au  Luzula  pilosa  et  au  Viola  odorata. 


NARCISSUS.  549 

Son  périgone  est  d'un  jaune  soufré ,  et  sa  grande  couronne, 
à  bords  ondulés,  est  du  jaune  orangé  le  plus  beau  et  le  plus 
pur.  Ce  large  godet  abrite  les  étamines  et  le  pistil,  et  la  fé- 
condation s'opère  comme  dans  l'espèce  suivante.  —  Il  fleurit 
depuis  le  commencement  d'avril  jusqu'à  la  fm  de  juillet  et 
même  d'août,  selon  les  altitudes. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  croît  sur  les  sols  sili- 
ceux ,  détritiques  et  volcaniques.  Nous  le  trouvons  en  plaine 
et  sur  le  sommet  de  nos  plus  hautes  montagnes  jusqu'à 
1,850'°. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  existe  en  France,  en  Espa- 
gne ,  dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord  ,  il  est 
commun  dans  toute  l'Europe  centrale,  et  il  arrive  en  Dane- 
raarck  ,  en  Gotliie  ,  et  même  en  Norvège  et  en  Suède  ;  il  est 
aussi  en  Angleterre  et  en  Irlande.  — A  l'occident ,  il  vit  en 
Portugal.  —  A  l'orient ,  il  habite  la  Suisse ,  la  Dalmatie  ,  la 
Croatie  ,  la  Hongrie  ,  la  Transylvanie  et  le  Caucase. 

Limites  d'extension  de  Vespèce, 

Sud,  Sicile 38°      ) Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 60        !  22° 

Occident,  Irlande 12  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Caucase. 46   E.  j  58^* 

Carré  d'expansion 1276 

Narcisses  poeticcs  ,  Lin.  —  Quand  les  prairies  se  cou- 
vrent de  fleurs  et  nous  annoncent  la  plus  belle  saison  de 
l'année,  le  narcisse  abandonne  au  zéphir  les  doux  parfums 
qui  s'échappent  de  son  périgone  d'un  beau  blanc.  Il  se  mon- 
tre en  abondance ,  en  société  nombreuse ,  à  côté  des  TroUius 
aux  fleurs  jaunes  et  globuleuses,  près  du  Géranium  sylvati- 


550  AMARYLLIDÉES. 

cum  à  l'élégant  corymbe  ,  mêlé  au  Daclylis  glomerata ,  h 
VAvena  satîva,ai\i  Lychnis  flos-cucuU ,  et  à  ces  brillantes 
Orchidées  qui  viennent  partager  avec  lui  le  sol  humide  et  à 
demi-tourbeux  des  prairies.  —  Le  bulbe  de  cette  espèce  est 
.ovale  et  allongé;  il  produit  dès  l'automne  des  racines  fi- 
breuses et  abondantes ,  et  sa  végétation  commence  ;  mais 
aussitôt  que  les  gelées  de  l'hiver  viennent  à  cesser ,  ses 
feuilles,  au  nombre  de  3  à  4,  d'un  vert  glauque  et  allongées, 
montrent  leur  pointe  au  sommet  d'une  enveloppe  membra- 
neuse. Elles  se  développent,  et,  en  même  temps,  une 
hampe  fistuleuse  et  striée  s'élève  ,  terminée  par  une  spathe 
monophylle  ,  qui  s'ouvre  par  le  côté  et  laisse  sortir  la  fleur. 
Celle-ci  s'incline,  par  la  torsion  de  sa  hampe,  du  côté  où  elle 
peut  recevoir  le  plus  de  lumière  ;  son  périgone  s'étale  et  laisse 
voir  un  élégant  godet  d'un  jaune  verdètre,que  relève  un  liséré 
rouge  et  ondulé.  Les  6  étamines,  insérées  sur  2  rangs,  font  à 
peine  saillie  au  dehors  du  tube  de  la  corolle,  et  les  3  stigma- 
tes en  sont  trop  rapprochés  pour  que  la  fécondation  ne  soit 
pas  assurée;  aussi  l'ovaire  grossit,  se  penche  vers  la  terre, 
et  se  transforme  en  une  capsule  à  3  loges  et  à  3  valves ,  ren- 
fermant des  graines  noires  ,  brillantes  et  globuleuses.  —  Il 
fleurit  depuis  la  fin  d'avril  jusqu'à  la  fin  de  juin  ,  selon  l'al- 
titude. 

Nature  du  sol.  --  Altitude.  —  Nous  trouvons  ce  nar- 
cisse sur  les  terrains  siliceux ,  volcaniques  et  détritiques  de 
la  plaine  et  des  montagnes,  jusqu'à  l'altitude  de  1,200™. 

Géographie,  —  Au  sud,  il  croît  en  France ,  dans  le  midi 
de  l'Italie ,  en  Grèce  sur  l'Hélicon.  —  Au  nord ,  il  atteint 
la  Belgique ,  la  Bavière.  —  A  l'occident ,  il  reste  en  France. 
—  A  l'orient,  on  le  trouve  en  Dalmatie  ,  en  Croatie,  en 
Hongrie,  en  Transylvanie  et  en  Turquie. 


GALANTHCS.  551 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Grèce 38°      1  Ecart  en  latitude  : 

iVort/,  Belgique 50  12« 

Occident ,  France 4  O.  |  Écart  en  longitude  : 

Orient,  Turquie 24  E.i  28° 

Carré  d'expansion 336 

Narcissus  JCNCiFOLirs,  Req.  —  Cette  espèce  habite  les 
lieux  secs  et  escarpés ,  les  rochers  dans  lesquels  l'eau  a 
creusé  des  cavités  où  la  terre  végétale  s'est  rassemblée.  Ses 
bulbes  sont  bruns  et  ovales  ;  ses  feuilles,  allongées  et  cylin- 
driques, ne  sont  pas  enveloppées  d'une  membrane  transpa- 
rente comme  celle  des  espèces  précédentes.  La  fleur  est 
aussi  solitaire,  d'un  beau  jaune,  et  légèrement  penchée.  — 
Il  fleurit  en  avril. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
calcaires  et  rocailleux  de  la  plaine  et  des  montagnes  peu 
élevées. 

Géographie.  —  On  ne  connaît  encore  cette  plante  que 
dans  le  midi  de  la  France ,  en  Espagne  et  en  Portugal. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Espagne 40°      )  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  France 44       ^  4° 

Occident ,  Portugal 10  O.  I Écart  en  longitude: 

Orient ,  France 2  E.  I  12° 

Carré  d'expansion 48 

G.  GALANTHUS,  Lin. 

On  ne  connaît  que  2  espèces  de  ce  genre,  dont  une  habite 
le  centre  de  l'Europe  et  l'autre  la  Tauride. 


552  AMAilYLLIDÉES. 

Galanthus  nivalis,  Lin.  — Charmante  messagère  des 
beaux  jours ,  cette  espèce  les  précède  et  ne  les  attend 
pas.  Ses  bulbes ,  enfouis  sous  le  sol  et  groupés  par  petites 
touffes  ,  sont  disposés  pendant  tout  l'hiver  à  profiter 
des  premières  éclaircies.  Dès  l'automne  ,  des  radicules 
blanches  sortent  de  la  base  de  ces  bulbes  ,  et  sous  la 
neige ,  qui  dans  le  mois  de  février  recouvre  la  terre  ,  deux 
feuilles,  entourées  d'une  spathe  transparente,  renfermant 
le  bouton  entre  leurs  deux  faces  intérieures  ,  arrivent  au 
niveau  du  sol ,  et  attendent  patiemment  que  la  tempéra- 
ture s'élève  ;  alors  la  hampe  se  développe  pendant  que  les 
feuilles  s'allongent  ;  le  bouton  ,  d'abord  dressé  ,  entouré 
d'une  spathe  hermétiquement  fermée,  sort  de  sa  prison  pro- 
tectrice ,  porté  sur  un  pédoncule  flexible  ,  qui  s'incline  et 
suspend  la  fleur.  Elle  ouvre  les  3  blanches  divisions  de  son 
périgone  et  laisse  voir  les  3  intérieures,  blanches  et  striées 
de  vert,  et  ses  6  étamines  orangées.  Après  la  fécondation, 
Tovaire,  globuleux,  grossit,  la  spathe  se  détache,  et  le  fruit 
«'inclinant  successivement  à  mesure  que  sa  pesanteur  aug- 
mente ,  achève  de  mûrir  sur  le  sol  et  s'ouvre  en  3  valves 
pour  répandre  ses  graines. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  vé- 
gète en  plaine  et  dans  les  montagnes.  Nous  le  trouvons  en 
Auvergne  jusqu'à  1 ,000""  d'altitude. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France ,  dans  les 
Pyrénées ,  dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Sicile.  —  Au 
nord ,  il  vit  disséminé  dans  l'Europe  centrale  ,  jusque  dans 
le  Danemarck ,  la  Gothie ,  la  Norvège  et  la  Suède.  Il  est 
aussi  en  Irlande  où  il  a  sa  limite  occidentale.  —  A  l'o- 
rient ,  il  habite  la  Suisse,  la  Dalmatie ,  la  Croatie ,  la  Tran- 
sylvanie ,  le  Péloponè^e ,  la  Turquie ,  la  Volhynie ,  la  Po- 
dohe  et  la  Géorgie. 


ASPARAGINÉES.  553 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Sicile. 38°      ]  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 59       i  21» 

Occident,  Irlande 11  O.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47  E.  )  58° 

Carré  d'expansion 1218 


FAMILLE  DES  ASPARAGIIVEES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 


Latitude. 

Nigritie O^à  lO» 

Abyssinie 10  à  16 

Algérie 33  à  36 

Roy.  de  Grenade. . .  36  à  37 

Sicile 37  à  38 

Portugal 37  à  42 

Royaume  de  Naples.  38  &  42 

Caucase 40  à  44 

Tauride 43  à  46 

Plateau  central ....  44  à  47 

France 42  à  51 

Russie  méridionale..  47  à  50 

Allemagne 45  à  55 

Carpatlies 49  à  50 

Angleterre 50  à  58 

Russie  moyenne ...  50  à  60 

Scandinavie  entière.  55  à  71 


Long 

'tude. 

18°  0. 

à  5°E. 

0 

0 

32  E. 

à  41  E. 

333 

5  0. 

à  6  E. 

210 

5  0. 

à  8  0. 

372 

10  E. 

à  13  E. 

199 

9  0. 

à  11  0. 

190 

11  E. 

à  16  E. 

205 

35  E. 

à  48  E. 

184 

31  E. 

à  34  E. 

149 

0 

à  2  E. 

157 

7  0. 

à  6  E. 

252 

22  E. 

à  49  E. 

202 

2  E. 

à  14  E. 

236 

19  E. 

à  22  E. 

152 

1  0. 

à  7  0. 

193 

17  E. 

à  58  E. 

242 

3  E. 

à  29  E. 

251 

554  ASPARAGINÉES. 

Latitude.  Longitude. 

Danemarck 52  à  57»     7»  E.  à  12»  E.  1 

Golhie 55  à  59     10  E.  à  15  E.  1 

Suède 55«à  69     10  E.  à  22  E.  1 

Norvège 58  à  71       2  E.  à  10  E.  1 

Russie  seplentr"^. . .   60  à  66     19  E.  à  57  E.  1 

Finlande 60  à  70     18  E.  à  28  E.  1 

Laponie 65  à  71     14  E.  à  40  E.  1 

Europe  entière. 1 


186 
194 
165 
175 
173 
189 
178 
374 


Tableau  des  'proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 

Latitude.  Longitude. 

Irlande 5l»à  55»       7»0.  à    13«0.  1  :  971 

Angleterre 50  à  58         1   O  à      7  0.  1  :  193 

Allemagne 45  à  55        2   E.  à    14  E.  1  :  236 

Russie  moyenne  .   50  à  60       17  E.  à    58  E.  1  :  242 

Sibérie  de  rOural.  44  à  67       55  E.  à    74   E.  1  :  163 

Sibérie  altaïque. .   44  à  67       66  E.  à    97  E.  1  :  217 

Sibérie  du  Baïkal.  49  à  67       93  E.  àl16  E.  1  :  161 

Dahurie 50  à  55     110  E.  à  119  E.  1  :  112 

Sibérie  orientale.   56  à  67     111    E.  à  163  E.  1    :  142 

Sibérie  arctique..   67  à  78       60  E.  à  161   E.  0  :  0 

Kamtscbatka....   46  à  67     148   E.  à  170  E.  1   :  113 

Pays  des  Tscbukbis.              w     155  E.  à  175  0.  0  :  0 

IlesderOcéanor='\  51  h  67     170  E.  à  130  O.  1  :  124 

Amérique  russe..  54  à  72     170  0.  à  130  E.  1  :  98 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 


Latitude.  Altitude  en  mètres. 

Roy.deGr%rég.alp.etniv.  36«à  37o  1500  à  3500  0 

Roy.deGrenade,rég.niv.  36  à  37  2500  à  3500  0 

Pyrénées 42  à  43  500  a  2700  1 


0 

0 

162 


PROPORTIONS  RELATIVES.  555 

Latitude.        Altitude  en  mètres. 

Pyrénées  élevées 42°  à  43"  1500  à  2700  0  :       0 

Pic  du  Midi  de  Bagnèies. .               »  »  0  :       0 

Plat,  central, rég.montagn.  44  à  47  500  à  1900  J  :     83 

Plateau  central,  sommets.  44  à  47  1500  à  1900  0:       0 

Alpes 45  à  46  500  à  2700  1  :  174 

Alpes  élevées 45  à  46  1500  à  2700  0  :       0 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 


Latitude.  Longitude. 

Iles  du  Cap- Vert. .   12«à  14<*  24<'0.  à  27oO.  0 

Canaries 28  à  30  15  O.  à  20  O.  1 

Hébrides 57  à  58  8  O.  à  10  O.  0 

Orcades 59  5  0.  à  6  0.  0 

Shetland 60  à  61  3  0.  à  4  O.  0 

Feroë 62  9  O.  0 

Islande 64  à  66  16  O.  à  27  O.  0 

Mageroë 71  24  E.  0 

Spitzberg 79  à  80  10  E.  à  20  E.  0 

lie  Melville 76  114  0.  0 

lie  J.  Fernandez..   33  à  40S.  76  0.  0 

Nouv.  Zé lande  (nord).  .35  à  42S.  171  0.  à  176  O.  1 

Malouines 52  S.  59  0.  à  65  O.  0 


0 
100 
0 
0 
0 
0 
0 
0 
0 
0 
0 
308 
0 


Les  Asparaginées  ou  Smilacinées  constituent  un  groupe 
nombreux  ,  dont  les  espèces  sont  très-dispersées ,  mais  dont 
la  plus  grande  partie  habite  le  Nouveau-Monde  et  surtout 
l'Amérique  boréale.  Une  autre  partie  de  cette  famille  végète 
dans  rinde  tropicale  et  en  Australie.  Enfin  une  portion  se 
trouve  en  Europe  et  dans  l'Asie  boréale.  —  Les  Asparagi- 
nées européennes  ne  sont  pas  très-nombreuses ,  car  les  flores 
les  plus  riches  n'en  mentionnent  pas  plus  de  16  à  18  ,  et  la 
proportion  pour  l'Europe  entière  n'est  que  1  :  374.  Quel- 


556  ASPARAGINÉES. 

ques-unes  de  ces  espèces  sont  si  généralement  répandues , 
que  toutes  les  flores  locales  présentent  une  proportion  plus 
grande  que  la  moyenne  ,  mais  il  n'y  a  du  reste  rien  de  cons- 
tant dans  la  graduation  de  ces  proportions  du  sud  au  nord  , 
car  nous  trouvons  1^199  en  Sicile,  et  1/178  en  Laponie. 

—  Dans  le  sens  des  longitudes  on  remarque  une  progression 
irrégulière  mais  constante  vers  l'orient ,  à  tel  point ,  que 
l'Irlande  n'a  que  1/971 ,  c'est-à-dire  une  seule  Asparaginée, 
et  l'Amérique  russe  en  possède  1/98.  —  Dans  les  monta- 
gnes ,  les  zones  moyennes  conservent  leur  proportion  ,  mais 
les  zones  élevées  sont  dépourvues  d'Asparaginées. —  Les  îles 
se  comportent  comme  les  zones  élevées  des  montagnes. 

G.  ASPARAGUS  ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  Asparagus 
forment  un  type  tout  particulier ,  qui  appartient  presque  en 
entier  à  l'ancien  continent.  On  en  connaît  55  espèces  ,  dont 
30  sont  africaines,  et  presque  toutes  du  cap  de  Bonne-Es- 
pérance. En  effet,  20  font  partie  de  la  curieuse  végétation 
de  la  pointe  australe  de  l'Afrique;  5  vivent  aux  Canaries, 
et  les  autres  à  Madère  ,  à  l'île  Maurice,  à  l'île  de  France  et 
en  Barbarie. —  15  espèces  sont  asiatiques  :  des  Indes  orien- 
tales ,  de  la  Sibérie ,  de  la  Chine ,  du  Japon  ,  de  la  Dahurie 
et  de  l'Arabie.  —  L'Europe  n'en  a  que  8,  des  bords  de  la 
Méditerranée  ,  de  la  Tauride ,  de  l'Italie  et  de  la  Provence. 

—  2  seulement  sont  citées  dans  toute  l'Océanie,  1  à  Timor, 
1  à  la  Nouvelle-Hollande. 

Asparagus  officinalis,  Lin.  —  Il  est  dispersé  dans  les 
buissons  ,  sur  le  sable  des  rivières,  presque  toujours  solitaire. 
Ses  racines,  ou  plutôt  ses  tiges  souterraines,  consistent  dans 


ASPARAGUS.  557 

une  souche  ou  une  sorte  de  plateau ,  qui  chaque  année 
donne  de  jeunes  pousses  de  son  centre  et  émet  également 
de  nouvelles  racines  qui  remplacent  celles  de  l'année  précé- 
dente. Les  bourgeons ,  recouverts  d'écaillés ,  et  toujours  vo- 
lumineux, sortent  de  terre  au  printemps;  ils  grandissent 
très-rapidement,  et  bientôt  on  remarque  une  lige  élancée  , 
d'oii  s'échappent  de  nombreux  rameaux,  minces ,  étages  et 
garnis  de  feuilles  linéaires  ,  qui  donnent  à  la  plante  une  ex- 
trême légèreté.  De  petites  fleurs,  verdâtres  et  portées  sur  un 
pédoncule  incliné  ,  naissent  solitaires ,  mais  rapprochées  2 
ou  3  ensemble  à  l'aisselle  des  feuilles.  Elles  sont  dioïques  ; 
les  mâles  se  désarticulent  et  tombent;  les  femelles  donnent 
naissance  à  des  baies  arrondies  ,  vertes  d'abord  ,  mais  bien- 
tôt d'un  rouge  vif,  dont  la  nuance  contraste  avec  le  beau 
vert  du  feuiUage.  —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
siliceux  et  sablonneux  des  plaines. 

Géographie.  —  Au  sud ,  la  France  ,  l'Espagne  ,  les  Ba- 
léares ,  l'Algérie  et  Madère.  —  Au  nord ,  toute  l'Europe 
centrale,  le  Danemarck,  la  Gothie,  la  Norvège  australe  et 
l'Angleterre.  —  A  l'occident,  l'Espagne  et  Madère.  —  A 
l'orient ,  la  Suisse  ,  l'Italie  ,  la  Sicile ,  la  Dalmatie  ,  la  Croa- 
tie, la  Hongrie ,  la  Transylvanie,  la  Turquie  ,  la  Grèce ,  la 
Tauride,  le  Caucase,  la  Géorgie,  les  Russies  moyenne  et 
australe,  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Madère 33°      j  Ecart  en  latitudf  : 

Nord ,  Norvège 60       i  27° 

Occident,  Madère 19  0.  | Ecart  en  longitude  ; 

Onmi,  Sibérie  de  l'Altaï 97   E.  j  116° 

Carré  d'expansion 3132 


558  ASPARAGINÉES. 

AsPARAGCS  TENUiFOLius  ,  Lam.  —  On  le  rencontre  dans 
les  lieux  incultes ,  sur  les  coteaux  pierreux  oii  il  vit  ordinai- 
rement solitaire.  Sa  souche  ressemble  à  celle  de  la  précédente 
et  donne  également  naissance  à  des  turions  écailleux  qui  se 
développent  très-rapidement.  Ses  feuilles ,  aciculaires ,  sont 
disposées  par  petits  faisceaux  de  15  à  20 ,  et  situées  à  !a  fois 
sur  la  tige  et  les  rameaux.  Les  fleurs  sont  verdatres,  ordi- 
nairement solitaires  et  hermaphrodites;  elles  produisent  des 
baies  d'un  rouge  pâle.  —  11  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Terrains  calcaires  et 
marneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud ,  cet  Asparagus  vit  en  France, 
dans  le  midi  de  l'itahe  et  en  Sicile.  —  Au  nord,  il  est  rare , 
et  atteint  le  Tyrolet  la  Podolie.  —  A  l'occident,  il  reste  en 
France.  —  A  l'orient,  il  croît  en  Dalmatie,  en  Croatie,  en 
Hongrie ,  en  Transylvanie  et  en  Podolie. 

Limites  d^extension  de  Vespece. 

Sud ,  Sicile 38°      ^  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Podolie. 49       j  11« 

Occident ,  France 0       )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Podolie 26  E.  (  26« 

Carré  d'expansion 286 

Asparagus  acutifolius,  Lin.  —  Cette  plante  se  pré- 
sente communément  au  milieu  des  buissons ,  dans  les  Heux 
pierreux  et  arides  ,  où  elle  enfonce  ses  souches  puissantes  et 
vigoureuses.  Ses  tiges  sont  munies  de  petites  feuiUes  courtes 
et  linéaires,  et  ses  fleurs,  dioïques ,  ne  diffèrent  en  rien 
de  celles  des  autres  espèces.  Chaque  année  il  sort  delà  sou- 
che souterraine  de  nouvelles  tiges ,  qui  doivent  porter  des 


STREPTOPUS.  559 

fleurs,  et  les  anciennes  n'en  continuent  pas  moins  d'exister 
pendant  longtemps  ,  mais  sans  fructifier  de  nouveau.  Il  cons- 
titue un  arbrisseau  branchu  ,  à  feuilles  piquantes ,  vertes , 
nombreuses,  et  réunies  en  faisceaux  très-rapprochés.  Le» 
fleurs  sont  solitaires ,  d'un  blanc  jaunâtre  ,  et  portées  sur  de 
courts  pédoncules.  —  II  fleurit  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  végète  sur  les  terrains 
calcaires  et  marneux  de  la  plaine.  De  Candolle  le  cite  à 
900°^dansleRoussinon. 

Géographie.  —  Au  sud,  on  le  trouve  dans  le  midi  de  la 
France,  en  Espagne,  en  Corse,  aux  Baléares,  dans  les 
champs  et  sur  les  collines  de  la  Barbarie.  —  Au  nord  ,  il 
atteint  le  Tyrol  et  la  Carniole.  —  A  l'occident,  il  est  en 
Portugal.  —  A  l'orient,  il  existe  en  Italie,  en  Sicile,  en 
Dalmatie  ,  en  Croatie ,  en  Grèce ,  en  Turquie  et  dans  l'Asie 
mineure. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud  ,  Barbarie S.")**      1  Ecart  en  longitude  : 

iVord,  Tyrol 48       i  13» 

Occident,  Portugal 11  O.  j  Ecart  en  latitude  : 

Orient ,  Asie  mineure 33   E.  j  45» 

Carré  d'expansion 585 

G.  STBEFTOPUS,  Mich. 

On  n'en  connaît  que  5  espèces.  3  sont  de  l'Amérique  du 
nord,  et,  sur  ces  3,  une  espèce  parvient  en  Europe.  —  Les 
2  autres  sont  asiatiques,  des  Indes  orientales  et  du  Népaul. 

Streptopus  AMPLEXiFOLius  ,  DC.  —  Quoique  cette  es- 
pèce n'offre  rien  d'éclatant ,  c'est  une  de  ces  plantes  que  les 


560  ASPARAGIISÉES. 

botanistes  rencontrent  avec  le  plus  de  plaisir  et  qui  leur 
montre  ce  vert  tendre  ,  ces  tissus  délicats  qui  appartiennent 
aux  espèces  qui  fuient  le  grand  soleil  et  vont  demander  pro- 
tection aux  arbres  des  forêts.  C'est  sous  la  couche  épaisse 
de  leurs  feuilles  décomposées,  et  parfois  au  milieu  des  dé- 
bris de  roches  amoncelées,  que  ceStreptopus  ramifie  ses  rhi- 
zomes. Ces  derniers  donnent  naissance  à  des  tiges  simples  ou 
rameuses  ,  noueuses  et  fléchies  alternativement  de  droite  à 
gauche  et  de  gauche  à  droite.  A  chaque  inflexion  naît  une 
feuille  ovale ,  arrondie ,  alterne  ,  dilatée  à  sa  base  et  embras- 
sant la  tige  par  deux  oreillettes  arrondies.  De  l'aisselle  de 
ces  feuilles  sortent  des  pédoncules  solitaires  et  allongés, 
coudés  et  presque  divisés  en  deux ,  mais  ne  portant  qu'une 
seule  fleur  qui ,  suspendue  comme  celle  des  Polygonalum , 
vient  s'ouvrir  sous  les  feuilles.  Elle  est  blanchâtre  ,  à  6  di- 
visions dont  3  externes ,  creusées  à  leur  base  de  fossettes 
nectarifères,  et  3  intérieures,  marquées  de  sillons  qui  sécrè- 
tent aussi  de  l'humeur  miellée.  Les  anthères,  au  nombre  de 
6  ,  portées  sur  de  courts  filets,  s'ouvrent  en  dehors,  et  le 
stigmate  ,  en  forme  de  tube  et  bordé  de  papilles  ,  semble  ne 
pouvoir  être  facilement  imprégné  sans  le  concours  des  insec- 
tes. Ceux-ci ,  à  ce  qu'il  paraît ,  ne  lui  font  pas  défaut ,  car 
la  plupart  des  fleurs  sont  fécondes,  et  dans  le  mois  de  juillet 
cette  espèce  s'est  embellie  par  la  présence  de  baies  ovales, 
luisantes  et  toujours  suspendues,  d'un  rouge  éclatant  et 
contenant  3  loges  à  2  graines  chacune.  —  Cette  plante  vit 
assez  dispersée.  Nous  l'avons  trouvée  associée  à  VÂrabis  ce- 
bennensis  ,  au  Ranunculus  platanifoHus ,  au  Bosa  aJpina, 
au  Saxifraga  rolundifolia,  etc.,  presque  toujours  au  pied 
de  VAbies  pectinala.  —  Elle  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  ne  la  connaissons 
que  sur  terrains  primitifs  et  volcaniques,  siliceux  et  rocail- 


PARIS.  561 

leux,  et  toujours  dans  les  montagnes  entre  1 ,000  et  1 ,500™ 
d'altitude.  Wahlenberg  l'indique  aussi  dans  les  forêts  de 
sapins  vers  1,600". 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  trouve  en  France  ,  dans 
les  Pyrénées  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  — Au  nord  ,  il  vé- 
gète dans  les  Alpes  allemandes.  —  A  l'occident,  il  est  au 
Groenland  ,  à  Terre-Neuve  ,  oii  il  remplace  avec  le  S.  roseus 
notre  Convallaria  Polygonatum.  —  A  l'orient,  il  existe 
en  Suisse,  en  Croatie,  en  Transylvanie,  au  Kamtschatka 
et  aux  îles  Aléoutiennes.  C'est  une  des  plantes  les  plus  dis- 
séminées que  l'on  connaisse. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40       j  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Groenland 60       j  20° 

Occident ,  Groenland 55  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Aléoutiennes 180  E.  j  235« 

Carré  d'expansion 4700 

G .  PARIS ,  Lin. 

On  ne  connaît  encore  que  6  espèces  de  ce  genre  singu- 
lier. 5  sont  disséminées  en  Asie  :  en  Sibérie  ,  au  Népaul, 
au  Caucase  et  en  Arménie.  —  Une  seule  est  européenne. 

Paris  quadrifolia  ,  Lin.  —  Quel  est  celui  qui,  dans  ses 
promenades  solitaires  au  milieu  des  forêts,  n'a  pas  été 
frappé  de  l'originalité  de  cette  espèce  ?  Sans  couleur  et  sans 
éclat  elle  attire  l'attention  et  se  distingue  parmi  VAsperula 
odorata  ,  \e  Monotropa  llypopitys  ^  VAllium  ursinum,  le 
Galeobdulon  hiteiim  et  les  autres  plantes  némorales  dont  elle 
est  entourée.  Son  rhizome  trace  et  s'avance  sous  le  sol  de  la 

VIII  36 


562  ASPARAGINÉES. 

forêt ,  et  dès  le  printemps  son  extrémité  sort  de  terre , 
traçant  encore  et  protégée  par  une  simple  écaille.  Alors  la 
tige  se  montre  et  porte  au  sommet  un  cornet  de  4  feuilles 
enroulées,  tandis  qu'à  sa  base  un  jeune  bourgeon  solitaire 
paraît  inactif  et  attend  l'année  suivante  pour  se  réveiller 
et  grandir.  Quand  ses  4  feuilles  (quelquefois  5)  ovales, 
pointues ,  larges  et  veinées ,  se  sont  tout-à-fait  épanouies  , 
elles  laissent  apercevoir ,  au  milieu  d'elles ,  un  bouton  soli- 
taire qui  s'ouvre  régulièrement  en  8  parties,  dont  4  plus 
grandes  et  calicinales  ,  4  plus  étroites  et  intérieures  ;  8  éta- 
mines  à  anthères  sagittées  accompagnent  ce  périgone  ;  elles 
se  redressent ,  se  retournent  et  viennent  placer  leur  pollen 
en  face  des  4  stigmates  papillaires  que  supporte  un  ovaire  à 
4  loges.  Cet  ovaire  grossit ,  il  devient  une  baie  noire  que  les 
divisions  du  périgone  accompagnent  souvent,  et  chacune  de 
ses  loges  renferme  6  à  8  graines.  —  Elle  fleurit  en  mai  et 
en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  La  parisette  est  indiffé- 
rente a  la  nature  chimique  du  sol,  mais  elle  recherche  les 
terrains  détritiques  des  plaines  et  des  montagnes.  Nous  la 
trouvons  encore  en  Auvergne  à  1 ,000™  d'élévation.  Wahlen- 
berg  dit  que  dans  la  Suisse  septentrionale  elle  vitdans  les  heux 
ombragés  à  la  base  des  montagnes,  et  qu'elle  atteint  à  peine 
la  limite  du  hêtre. 

Géographie.  —  Au  sud ,  elle  vit  dans  les  Pyrénées  fran- 
çaises et  espagnoles  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord, 
elle  est  commune  dans  toute  l'Europe  centrale,  et  se  trouve 
dans  toute  la  Scandinavie  jusque  dans  la  Laponie,  dans 
les  bois  bien  fournis  de  terreau.  Elle  est  citée  en  fleur  à  Uléa- 
borg  le  30  juillet  1795,  et  le  12  juillet  1797  (Acerbi). 
Elle  est  aussi  en  Angleterre  ,  en  Irlande  et  dans  le  midi  de 
l'Islande,  où  elle  est  rare  et  oii  elle  trouve  sa  limite  occi- 


CONVALLARIA.  563 

dentale.  —  A  l'orient ,  elle  habite  la  Suisse  ,  la  Dalmatie  , 
la  Hongrie ,  la  Croatie ,  la  Transylvanie  ,  la  Turquie ,  le 
Caucase,  la  Géorgie,  toutes  les  Russies,  les  Sibéries  de 
l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Royaume  de  Naples 40»      | Écart  en  latitude  î 

Nord,  Altenfiord 70       i  30« 

Occident,  Islande . .   26  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Omn^,  Sibérie  al  laïque 97  E.  )  123® 

Carré  d'expansion 3690 

6.  COXaTAIiLABIA  ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ces  plantes,  au 
nombre  de  26  environ  ,  sont  très-dispersées  :  1 1  sont  asia- 
tiques et  vivent  aux  Indes  orientales  et  au  Népaul ,  en  Si- 
bérie ,  au  Japon  ,  dans  le  Caucase  et  en  Orient.  —  L'Eu- 
rope en  a  7  espèces ,  dont  1  ou  2  méridionales ,  les  autres 
du  centre  ou  du  nord.  —  6  habitent  l'Amérique  du  nord  et 
principalement  les  Etats-Unis  où  elles  sont  parallèles  aux 
nôtres.  —  2  seulement  sont  connues  dans  l'Amérique  du 
sud  ,  toutes  deux  du  Rrésil. 

CoNVALLARiA  VEUTiciLLATA ,  Lin.  —  On  voit  daus  les 
bois  élevés  et  sur  les  pentes  herbeuses  des  montagnes  cet 
élégant  muguet  dont  les  tiges,  munies  de  feuilles  glauques, 
étagées  et  verticillées ,  rappellent  un  peu  les  formes  des 
Equisétacées.  Ses  racines  sont  traçantes,  et  ses  fleurs,  sus- 
pendues sur  des  pédoncules  qui  naissent  entre  les  feuilles , 


564  ASPARAGLNÉES. 

restent  cachées  sous  le  feuillage.  Ses  fleurs,  cylindriques  et 
verdâtres,  ont  un  périgone  à  6  divisions  ,  dont  3  extérieures 
et  3  intérieures,  toutes  garnies  intérieurement  au  sommet 
de  petits  amas  de  poils  blanchâtres  et  feutres.  Les  6  éta- 
mines  sont  serrées  contre  le  pistil,  et  quoique  la  féconda- 
tion semble  assurée ,  il  arrive  souvent  que  les  fruits  avortent 
et  que  les  fleurs  ne  sont  remplacées  que  par  un  petit  nom- 
bre de  baies  rouges,  suspendues  comme  elles.  —  Il  fleurit 
en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  ïl  préfère  les  terrains 
primitifs  et  volcaniques ,  schisteux  ,  siliceux  et  détritiques.  Il 
vit  dans  les  montagnes  et  atteint,  en  Auvergne,  1,600™. 
Ledebour  le  cite  dans  le  Caucase  à  1,400™.  Aux  Loffoden, 
il  monte  encore  à  360™ ,  selon  Lessing. 

Géographie .  —  Au  sud,  il  habite  la  France,  les  Pyrénées, 
le  nord  de  l'Espagne  et  le  midi  de  l'Italie.  • —  Au  nord,  il 
vit  très-disséminé  dans  l'Europe  centrale ,  dans  la  Scandi- 
navie ,  et  il  arrive  en  Laponie.  On  le  trouve,  dit  Wahlen- 
berg,  dans  les  lieux  très-ombragés  et  dans  les  vallées  étroites, 
au  pied  des  hautes  montagnes  du  Nortland.  Il  est  disséminé, 
mais  abondant.  On  le  rencontre  aussi,  mais  plus  rarement, 
dans  le  Finmarck.  Cette  plante,  méridionale  pour  la  Laponie, 
reste  confinée  dans  les  vallées  les  plus  sauvages ,  d'un  accès 
presqu'impossible  aux  botanistes,  et  qui  sont  seulement  fré- 
quentées par  les  ours.  —  A  l'occident,  il  est  en  Angleterre. 
—  A  l'orient ,  on  le  rencontre  en  Suisse,  en  Croatie,  en 
Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Turquie,  en  Tauride ,  dans 
le  Caucase  ,  en  Géorgie  ,  dans  les  Russies  septentrionale  et 
moyenne  ,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï.  Est-ce 
bien  la  môme  plante  que  cite  Pallas  sur  les  rochers  de  Kiatka 
enDahurieJt.  4,  p.  379)? 


CONVALLARIA.  565 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 39°      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  lies  Loffoden 68       j  29° 

Occident,  Angleterre 6  O.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Sibérie  altaïque. ......   97   E.  )  103° 

Carré  d'expansion 2987 

CoxvALLARiA  PoLYGONATrM ,  Lin.  —  A  cctte  brillante 
époque  de  l'année  oii  les  primevères  et  les  violettes  ornent 
et  parfument  la  lisière  des  bois ,  on  voit  sortir  sur  le  sol 
ameubli  des  forêts  déjeunes  pousses  glauques  et  enroulées 
qui  partent  d'un  rhizome  souterrain ,  et  qui  plus  tard  lui 
laisseront  une  cicatrice  comme  trace  de  leur  naissance.  Ce 
sont  les  bourgeons  du  C.  Polygonatum.  Bientôt  ces  feuilles 
ovales,  arrondies  et  nervées,  s'étalent  en  restant  sessiles 
et  fixées  sur  la  tige  parleurbase  élargie  en  anneau.  Elles  sont 
glauques  et  régulièrement  alternes  sur  une  tige  gracieuse- 
ment inclinée.  Ces  feuilles  offrent  à  la  lumière  leuf  face  su- 
périeure,et  cachent  des  fleurs,  souvent  solitaires,  qui  sortent 
de  l'aisselle  des  feuilles  à  mesure  que  celles-ci  se  déroulent 
du  bas  en  haut  de  la  tige.  Ces  fleurs ,  assez  grandes  et 
suspendues,  sont  d'un  vert  jaunâtre  et  persistent  longtemps. 
Elles  sont  remplacées  par  des  baies  d'un  bleu  foncé.  — 
Celte  espèce  vit  solitaire*  ses  individus  sont  rarement  rap- 
prochés ,  mais  elle  admet  près  d'elle  une  foule  de  plantes 
iiémoralesqui  recherchent  aussi  la  lumière  diffuse  des  forêts. 
—  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  II  est  indifférent  à  la  na- 
ture chimique  des  terrains ,  mais  il  recherche  les  sols  détri- 
tiques et  ameublis.  On  le  trouve  en  plaine  et  dans  les  mon- 
tagnes. Nous  le  rencontrons,  en  Auvergne  comme  en  Suisse, 


566  ASPARAGINÉES. 

jusqu'à  la  limite  des  hêtres.  M.  Boissier  le  cite  dans  le  midi 
de  l'Espagne  vers  1,600™.  Ledebour  l'indique  entre  200 
et  1,000™  dans  le  Caucase. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France  et  en  Espagne. 
—  Au  nord,  il  existe  dans  toute  l'Europe  centrale,  dans 
toute  la  Scandinavie,  la  Laponie  exceptée,  et  en  Angle- 
terre.—  A  l'occident,  il  est  aussi  en  Portugal.  — A  l'orient, 
on  le  rencontre  en  Suisse,  en  Italie;  il  est  remplacé  en  Sicile 
par  le  C.  Broteri ,  Guss.  ;  il  est  indiqué  en  Dalmatie ,  en 
Croatie ,  en  Hongrie ,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en  Tur- 
quie, en  Tauride,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  les 
Russies  septentrionale,  moyenne  et  australe  ,  dans  les  Sibé- 
ries  de  l'Oural ,  de  l'Altaï,  du  Baïkal,  et  dans  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Espagne 36<»     |  Ecart  en  latitude  : 

iVord,  Norvège 63       1  27» 

Occident,  Portugal 10  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Onew^,  Sibérie  orientale 163   E.)  173" 

Carré  d'expansion 467 1 

CoNVALLARiA  MULTiFLORA ,  Lin.  —  Cette  plante,  bien 
voisine  de  la  précédente,  croît  aussi  dans  les  mêmes  lieux. 
Elles  s'élève  davantage,  elle  est  plus  glauque;  ses  feuilles 
sont  plus  nombreuses,  encore  plus  régulièrement  disposées. 
Sa  tige  forme  un  arc  plus  courbé  à  son  sommet.  Ses  fleurs, 
suspendues,  naissent  plusieurs  ensemble  à  l'aisselle  des 
feuilles.  Elles  sont  plus  petites  et  plus  vertes  que  dans  l'es- 
pèce précédente.  Une  partie  des  fleurs  avorte  et  tombe  ,  et 
les  fruits  sont  des  baies  rouges  et  suspendues.  —  Elle  fleurit 
en  mai  et  en  juin. 


CONVALLARIA.  567 

Nature  du  sol.  —  AUitude.  —  Elle  est  indifférente  à 
la  nature  du  terrain ,  et  vit  sur  le  sol  détritique  des  plaines 
et  des  montagnes  peu  élevées. 

Géographie.  —  Au  sud,  elle  croît  en  France  et  dans  le 
midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  on  la  trouve  dans  toute  l'Eu- 
rope centrale ,  en  Danemarck,  en  Gothie ,  dans  la  Norvège, 
la  Suède  et  la  Finlande  australes ,  ainsi  qu'en  Angleterre. 
—  A  l'occident,  on  la  cite  dans  l'Amérique  du  nord  ,  du 
Canada  au  Saskatchawan.  — A  l'orient,  elle  habite  la  Suisse, 
la  Dalraatie,  la  Hongrie ,  la  Croatie,  la  Transylvanie,  la 
Turquie ,  la  Tauride ,  le  Caucase ,  la  Géorgie ,  les  Russies 
septentrionale,  moyenne  et  australe,  les  Sibéries  de  l'Oural, 
de  l'Altaï,  du  Baïkal ,  et  la  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40»      |  Ecart  en  latitude  : 

iVurrf,  Norvège 62       j  22« 

Occident,  Amérique 80  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Dahurie 119   E.  j  199« 

Carré  d'expansion 4378 

CoNVALLARiA  MAiALis,  Lin.  —  Quand  le  souffle  du  prin- 
temps a  ramené  la  fraîche  verdure  des  forêts,  et  que  les  oi- 
seaux chanteurs  ont  repris  possession  de  leurs  bosquets ,  la 
nature  achève  son  œuvre  de  magnificence  en  faisant  éclore 
le  muguet ,  parfum  délicieux  que  la  brise  enlève  et  qu'elle 
transporte  en  ondes  invisibles  pour  annoncer  partout  la  vic- 
toire des  beaux  jours  sur  la  saison  des  frimas.  Alors  tout 
s'anime  dans  la  forêt ,  et  les  corolles  transparentes  du  mu- 
guet deviennent  le  signal  de  la  vie ,  le  réveil  de  tous  les 
germes  engourdis.  C'est  en  effet  dans  les  bois  que  cette 
plante  a  fixé  son  séjour.  Ses  tiges  souterraines  et  ses  racines 


568  ASPARAGINÉES. 

souvent  verttcillées  s'étendent  et  se  ramifient  dans  la  couche 
d'humus  que  les  siècles  ont  accumulé.  Le  sommet  de  cha- 
cune de  ces  branches  souterraines  se  termine  par  deux  feuil- 
les emboîtées.  L'extérieure  a  un  pétiole  demi-cylindrique 
où  s'engaîne  celui  de  la  feuille  intérieure,  et  déjà,  à  la  base 
de  ces  deux  feuilles,  existe  le  bourgeon  qui  prépare  ses  or- 
ganes pour  paraître  l'année  suivante.  La  hampe,  qui  porte 
les  fleurs  et  qui  naît  séparée  et  en  dehors  des  feuilles,  est 
demi-cylindrique;  elle  s'allonge  pendant  que  ses  deux  belles 
feuilles  ovales  se  déroulent,  et  enfin  chaque  fleur,  en  grelot 
translucide,  accompagnée  d'une  petite  écaille, s'ouvre  penchée 
vers  la  terre.  Les  6  anthères  sont  serrées  près  du  stigmate , 
la  fécondation  s'opère  ;  ensuite  les  feuilles  s'agrandissent 
encore ,  et  quelques  baies  rouges  ,  à  2  ou  3  graines ,  nous 
annoncent  que  tout  passe  avec  le  temps  ,  le  parfum  ,  le  prin- 
temps et  son  gracieux  cortège. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  à  la  na- 
ture du  sous-sol  ,  et  vit  sur  le  terrain  détritique  des  forêts. 
Il  recherche  les  coteaux  et  les  montagnes  peu  élevées.  Nous 
le  trouvons  en  Auvergne  jusqu'à  1,400"".  Ledebour  l'in- 
dique dans  le  Caucase  entre  600  et  800™.  Wahlenberg  le 
cite  dans  la  Suisse  septentrionale,  dans  les  forêts  sèches  des 
vallées  des  montagnes,  jusqu'à  la  limite  supérieure  du  hêtre, 
et  jamais  au-dessus. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  le  muguet  croît  en  France  ,  en 
Espagne  et  dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord,  il  vé- 
gète dans  les  bois  de  l'Europe  centrale  et  dans  toute  la 
Scandinavie ,  ainsi  qu'en  Angleterre;  «  en  Laponie,dit 
Wahlenberg  ,  on  le  rencontre  sur  les  pentes  méridionales 
des  montagnes  où  il  est  rare ,  et  toujours  placé  sur  le  bord 
des  eaux  et  dans  les  îles  basses  des  rivières.  C'est  en  s'a- 
brilant  ainsi  sur  le  bord  des  fleuves,  dont  le  courant  rapide 


MAIANTHEMUM.  569 

et  les  eaux  abondantes  impriment  à  l'atmosphère  ambiante 
un  mouvement  continuel ,  que  cette  espèce  parvient  à  se 
maintenir  sous  un  climat  trop  froid  pour  elle.  »  —  A  l'occi- 
dent, il  habite  le  Portugal.  —  A  l'orient,  on  le  trouve  en 
Suisse,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en  Tau- 
ride  ,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  toutes  les  Russies, 
dans  les  Sibéries  de  l'Oural,  du  Baïkal  et  en  Dahurie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40»      | Ecart  en  latitude  : 

AVrf,  Laponie 67        i  27« 

Occident ,  Portugal 10  0.  -^  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Dahurie 119  E.j  129° 

Carré  d'expansion 3483 

G.  MAiANTHEianiH ,  Wig. 

Distribution  géographique  du  genre.  — Les  14  espèces 
de  ce  genre  sont  partagées  presque  exclusivement  entre 
l'Amérique  et  l'Asie.  Les  7  espèces  asiatiques  sont  disper- 
sées en  Sibérie,  en  Dahurie  ,  aux  Indes  orientales,  en 
Arabie,  et  l'une  d'elles  arrive  en  Europe.  —  Les  améri- 
caines ,  au  nombre  de  6  ,  végètent  dans  le  nord  de  l'Amé- 
rique. —  L'Afrique  n'en  a  qu'une  ,  de  l'île  Saint-Jacobi 
de  l'archipel  du  cap  Vert. 

Maianthemum  bifolium,  DC.  —  Parmi  les  plantes  so- 
ciales qui  recherchent  l'ombre  des  forêts,  on  distingue  le 
lé'^er  Maianthemum ,  dont  les  rhizomes ,  munis  déracines 
verticillées ,  s'étendent  en  traçant  dans  l'humus  qui  recouvre 
le  sol.  Au  commencement  du  printemps  ses  deux  feuilles 
sortent  de  terre  et  se  déroulent;  elles  sont  d'un  beau  vert, 


570  ASPARAGINÉES. 

alternes ,  pétiolées  et  cordiformes ,  ayant  quelque  ressem- 
blance avec  celles  des  Smilax.  La  tige  se  termine  par  un 
petit  épi  dont  les  pédicelles  sont  blancs  comme  les  fleurs. 
Le  périgone  offre  4  divisions  blanches  ,  réfléchies  ,  qui  lais- 
sent à  découvert  4  étamines ,  dont  le  pollen  jaune  s'échappe 
lors  de  l'épanouissement  et  féconde  2  stigmates  papillaires. 
Un  petit  nombre  de  fruits  succède  à  ces  fleurs  rapprochées 
et  nombreuses;  ce  sont  des  baies  rougeâtres  et  dispermes 
qui  se  détachent  au  milieu  de  l'été.  —  Cette  espèce  fleurit 
dès  le  mois  de  mai  et  se  mêle  à  VOxalis  Acetosella  ,  à  VAl- 
Uum  ursinum  ,  au  Paris  quadrifolia  ,  etc.  Elle  est  rempla- 
cée dans  les  bois  du  Canada  par  le  M.  canadense,  et  dans 
ceux  de  la  Sibérie  par  le  31.  trifoUalum ,  qui  lui  sont  pa- 
rallèles. —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  à  la 
nature  chimique  du  terrain  ,  mais  il  recherche  les  sols  dé- 
tritiques des  forêts  des  montagnes.  En  Auvergne  on  le  trouve 
entre  800  et  1,500'°. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France  et  en  Es- 
pagne. —  Au  nord  ,  il  occupe  toute  l'Europe  centrale  et 
toute  la  Scandinavie  ,  y  compris  la  Laponie.  —  A  l'occi- 
dent, il  est  indiqué  à  Terre-Neuve  et  dans  le  nord  du  Ca- 
nada ;  est-ce  bien  le  31.  bifolium  ?  —  A  l'orient ,  il  croît 
en  Suisse,  en  Piémont,  en  Lombardie,  en  Croatie,  en 
Hongrie ,  eu  Transylvanie  ,  dans  toutes  les  Russies ,  dans 
les  Sibéries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  duBaïkal  et  orientale, 
en  Dahurie ,  au  Kamtschatka  et  dans  l'île  de  Sitcha. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Espagne 42°     ^  Ecart  en  latitude  : 

Nordy  Laponie 70       )  28° 


SMILÂX.  571 

Occident ,  Canada 60  0.  |  Ecart  en  longitude  : 

OnenMIe  Sitcha 180  E.j  240» 

Carré  d'expansion 6720 

G.  SMILAX,   Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Les  Smilax , 
au  nombre  de  112  environ,  sont  dispersés  sur  toutes  les 
parties  de  la  terre,  mais  leur  principale  patrie  est  l'Améri- 
que. En  effet,  on  en  connaît  65  dans  le  Nouveau-Monde. 
46  font  partie  de  la  végétation  de  l'Amérique  du  nord ,  et 
presque  tous  habitent  la  zone  équatoriale  ou  les  pays  qui  en 
sont  voisins  ;  les  2/3  vivent  aux  Antilles  et  à  Cuba,  à 
Saint-Domingue  ,  à  la  Jamaïque ,  à  la  Guyane  ;  les  autres 
au  Mexique  ,  à  la  Nouvelle-Grenade  et  dans  les  Etats-Unis 
du  sud.  —  19  se  trouvent  dans  l'Amérique  du  sud  et  sur- 
tout au  Brésil  et  au  Pérou  ;  un  très-petit  nombre  au  Chili  et 
à  Monte-Video.  — Les  Smilax  ont  encore  un  autre  cen- 
tre en  Asie ,  oii  l'on  en  a  mentionné  30  espèces  ,  dont  23 
appartiennent  aux  grandes  Indes;  les  autres  se  trouvent  au 
Népaul ,  en  Chine  ,  à  la  Cochinchine ,  dans  le  Caucase  et  en 
Syrie.  —  8  existent  en  Océanie  :  à  la  Nouvelle-Hollande, 
à  la  Nouvelle-Calédonie  et  aux  Philippines.  —  L'Europe 
n'en  a  que  5  ,  toutes  de  sa  partie  australe  :  de  l'Espagne, 
de  la  Grèce  et  de  l'Italie.  —  Enfin ,  4  espèces  africaines  ha- 
bitent la  Barbarie ,  Madère  ,  Ténériffe  et  Mascareigne. 

Smilax  aspera  ,  Lin. —  Quoiqu'il  existe  sous  la  zone 
tempérée  bien  moins  de  plantes  grimpantes  et  épineuses  que 
dans  les  pays  chauds,  on  en  trouve  cependant  quelques  es- 
pèces si  communes  et  si  enlaçantes ,  qu'elles  obstruent  la 
marche  etrelient  d'autres  plantes  en  fourrés  impénétrables. 


572  ASPARAGINÉES. 

Ce  Smilax  est  de  ce  nombre  ;  ses  tiges  minces  et  longues 
s'insinuent  à  travers  les  branches  des  arbres  ,  se  mêlent  aux 
buissons,  envahissent  les  haies,  et  semblent  n'avoir  aucune 
limite  à  leur  croissance.  Il  est  dioïque  ;  les  mâles  sont 
bien  plus  communs  que  les  femelles,  mais ,  dans  les  deux 
sexes,  les  tiges  sont  munies  d'aiguillons  recourbés  et  forte- 
ment piquants,  et  de  feuilles  en  cœur,  luisantes  en  dessus, 
à  nervures  saillantes  en  dessous  et  parfois  même  épineuses. 
A  la  base  de  ces  feuilles  se  trouve  une  stipule  qui  serre  le 
pétiole  et  se  prolonge  de  chaque  côté  en  une  vrille  qui 
permet  au  SmtVao;  de  s'accrocher  aux  arbres,  dese  suspendre 
à  leurs  branches  et  déjouer  le  rôle  pittoresque  de  ces  lianes 
qui  tombent  en  guirlandes  des  arbres  de  la  zone  torride.  — 
Deux  sortes  de  tiges  sortent  de  ses  racines  fasciculées  :  les 
unes  sont  stériles  et  s'allongent  avec  une  grande  rapidité, 
ce  sont  celles  qui  montent  si  vite  sur  les  arbres  ;  les  autres 
sont  fertiles  et  s'arrêtent  dans  leur  développement  ;  les  vril- 
les y  manquent  ou  sont  réduites  à  desimpies  filets  avortés. 
Dans  l'intérieur  de  la  stipule,  sur  ces  dernières  tiges,  se 
trouve  le  bourgeon  de  l'année  suivante  ,  et  dans  le  pétiole 
dilaté  et  creusé  en  gouttière  qui  porte  la  feuille  ,  le  pédon- 
cule roulé  de  bas  en  haut  et  dilaté  au  sommet ,  comme  celui 
du  lierre,  pour  porter  une  ombelle  de  fleurs.  Ces  dernières 
sont  petites,  herbacées  et  blanchâtres;  leur  périgone  offre 
6  divisions  réfléchies,  qui  laissent  à  découvert  les  6  étamines 
des  fleurs  mâles  et  les  3  stigmates  papillaires  et  étalés  des 
fleurs  femelles.  —  Après  les  fleurs,  on  remarque  de  jolies 
ombelles  de  baies  rouges  ou  noires  qui  restent  longtemps 
fixées  sur  leurs  pédicelles  et  qui  contiennent  chacune  2  ou  3 
graines.  —  11  fleurit  en  septembre  eten  octobre. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  vit 
sur  les  terrains  rocailleux  des  plaines. 


Rcscts.  573 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  en  France ,  en 
Corse,  aux  Baléares  et  jusque  dans  le  midi  de  l'Espagne  et 
à  Madère.  —  Au  nord  ,  il  s'arrête  sur  le  bord  du  plateau 
central  delà  France  eten  Carniole.  — A  l'occident,  il  vit 
en  Portugal.  —  A  Torient ,  il  habile  l'Italie,  la  Sicile  ,  la 
Dalmatie ,  la  Croatie,  la  Grèce ,  la  Turquie,  l'île  de  Chy- 
pre et  la  Géorgie. 

Limiles  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Madère 33°     ] Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Carniole 46       i  13° 

Occident,  Madère 19  0.  /  Ecart  en  longitude  . 

On'en^,  Géorgie 47  E.-'  66" 

Carré  d'expansion 858 

G.  KUSCUS.  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  11  en  existe  au 
moins  lia  12  espèces.  7  sont  européennes  et  toutes  de  la 
Grèce  ou  de  l'Italie,  l'une  d'elles  s'avançant  dans  l'Europe 
centrale.  —  3  sont  africaines,  du  cap  de  Bonne-Espérance 
et  des  Canaries.  —  Une  seule,  américaine,  croît  à  la  Nou- 
velle-Espagne. 

Ruscus  ACCLEATUS  ,  Lin.  —  La  nature  semble  avoir 
épuisé  toutes  les  combinaisons  pour  varier  les  formes  avec  les 
mêmes  organes,  et  la  plante  dont  nous  parlons  est  un  nouvel 
exemple  de  ces  types  particuliers  qui  excitent  à  juste  titre 
toute  notre  admiration.  Nous  trouvons  ce  Ruscus,  qui  toute 
l'année  conserve  sa  verdure,  dans  les  bois  à  demi-ombra- 
gés, sur  les  coteaux  pierreux.  Ses  racines  sont  traçantes,  ou 


574  ASPARAGINÉES. 

plutôt  ses  tiges  sont  souterraines  et  abritées  sous  le  sol  comme 
celles  des  fougères  et  de  presque  toutes  les  plantes  mono- 
cotylédones  vivaces.  Cette  tige  donne  tous  les  ans  naissance 
à  de  nouveaux  bourgeons  qui  existent  en  même  temps  que 
ceux  des  années  précédentes.  Ces  jeunes  bourgeons  sont  en- 
veloppés à  leur  naissance  d'écaillés  ou  de  stipules  blanchâ- 
tres et  demi-transparentes,  et  bientôt  ces  tiges,  molles  et  her- 
bacées, montrent  des  feuilles  souples,  ovales,  lancéolées, 
d'un  vert  clair  qui  se  fonce  de  plus  en  plus  à  mesure  que 
leur  tissu  s'endurcit.  Ces  feuilles  sont  tordues  à  leur  base  et 
dirigées  dans  tous  les  sens.  Lorsque  ces  plantes  ont  passé 
l'hiver,  on  remarque  au  printemps,  sur  la  face  de  la  feuille 
opposée  à  la  lumière,  un  bouton  qui  s'épanouit  en  avril  ou 
en  mai,  et  offre  le  singulier  spectacle  d'une  fleur  blanchâtre 
et  étoilée  posée  près  du  milieu  de  la  feuille.  Ces  fleurs 
sont  dioïques.  Leur  périgone  est  à  6  divisions;  les  mâles 
ont  6  étamines  à  anthères  uniloculaires  ;  les  femelles  un 
ovaire  simple  comme  son  style  et  son  stigmate.  Le  pollen, 
qui  est  onctueux,  ne  peut  que  bien  difficilement  être  em- 
porté par  lèvent:  il  faut  ici,  comme  dans  beaucoup  d'autres 
espèces,  le  contact  de  ces  insectes  printaniers  empressés  de 
butiner  sur  les  premières  fleurs  de  la  saison.  Il  arrive  que 
plusieurs  de  ces  fleurs  femelles  avortent;  maisbeaucoupd'au- 
tres  sont  fécondes  et  l'on  voit  alors  des  baies  assez  volumi- 
neuses, d'un  rouge  vif,  à  3  loges  dispermes,  posées  sur  les  mê- 
mes feuilles  où  les  fleurs  sont  écloses  au  printemps.  Pendant 
l'hiver  ces  fruits  se  détachent  et  tombent  sur  la  terre.  Le  ra- 
meau aérien  qui  a  donné  ses  fruits  persiste  encore  longtemps, 
conservant  sa  verdure,  puis  il  finit  par  se  dessécher  et  périr, 
pendant  que  la  tige  souterraine  continue  à  montrer  de  nou- 
veaux bourgeons. 

Nature  du  sol.  —  Altitude,  —   Il  croît  sur  les  terrains 


DIOSCORÉES.  575 

calcaires,  argileux  et  rocailleux,  ainsi  que  sur  les  basaltes.  Il 
n'atteint  les  montagnes  que  dans  les  pays  chauds.  M.  Bois- 
sier  le  cite  entre  1 ,000  et  1 ,300™  dans  le  midi  de  l'Espagne. 
Géographie.  —  Au  sud ,  il  vit  en  France,  en  Espagne 
et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  il  atteint  la  Belgique  et  l'An- 
gleterre. —  A  l'occident ,  il  est  en  Portugal.  —  A  l'orient, 
il  végète  en  Suisse ,  en  Italie  ,  en  Sicile  ,  en  Dalmalie  ,  en 
Hongrie ,  en  Croatie  ,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce ,  en  Tur- 
quie, enTauride  ,  en  Géorgie  et  dans  le  Taliisch. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Algérie 35°      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Angleterre 55       j  20° 

Occident ,  Portugal 11  O.)  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Talûsch 47  E.  )  58» 

Carré  d'expansion 1160 


FAMILLE  DES  DIOSCOREES. 


Ces  plantes  sont  assez  répandues  dans  les  régions  tropi- 
cales et  subtropicales  du  monde  entier,  mais  elles  sont  très- 
rares  dans  les  zones  tempérées.  La  flore  de  l'Europe  n'en 
possède  que  2  espèces. 

G.   TAMUS  ,   Lin. 

On  n'en  connaît  que  2  espèces  ;  l'une  est  de  l'île  de  Crète 
et  l'autre  de  l'Europe  centrale. 


576  DIOSCORÉES. 

ÏAMUS  coMMUMS ,  Lin.  —  Le  Tamus,  commun  dans 
nos  taillis,  sur  la  lisière  des  bois  ou  dans  les  buissons  ,  sur 
le  bord  des  eaux ,  est  pour  nos  climats  le  seul  représentant 
d'une  famille  des  régions  chaudes  de  la  terre.  Ses  mœurs 
sont  des  plus  curieuses  à  connaître.  Dutrochet,  qui  a  étudié 
avec  soin  sa  germination ,  dit  qu'il  sort  de  terre  avec  un 
seul  cotylédon  foliacé  ,  transparent  et  promptement  caduc  ; 
de  la  base  de  l'embryon  qui  est  sphérique  ,  sort  une  radi- 
cule velue  ,  et  du  sommet  une  petite  feuille  longuement 
pétiolée  qui  disparaît  bientôt  avec  la  feuille  cotylédonaire 
et  la  racine;  il  ne  reste  plus  que  l'embryon  qui  s'épaissit ,  et 
là  se  termine  le  travail  d'évolution  de  la  première  année. 
La  seconde ,  cet  embryon  s'allonge  en  une  tige  souterraine 
qui  s'étend  assez  loin  et  se  bifurque  ;  cette  tige  produit  de 
son  sommet  et  de  l'aisselle  de  sa  feuille  caduque  des  tiges 
annuelles.  Alors  la  plante  est  formée,  mais  elle  n'a  pas 
encore  fleuri.  La  troisième  année,  comme  les  suivantes,  le 
Tamus  est  formé  d'un  tubercule  arrondi,  assez  volumineux, 
qui  présente  de  la  manière  la  plus  régulière  la  génération 
alternante.  Il  en  sort  au  printemps  une  pousse  à  jets  cylin- 
driques et  sans  feuilles  jusqu'à  une  grande  hauteur.  La 
tige  principale,  ainsi  produite  par  génération  gemmipare , 
se  détruit,  mais  auparavant  elle  donne  naissance,  aux  ais- 
selles qui  sont  à  sa  base,  à  de  jeunes  individus  qui  la  rem- 
placent et  qui  prennent  un  accroissement  très-rapide.  Ils 
s'enroulent  de  droite  à  gauche  sur  tous  les  végétaux  voisins, 
en  pendant  que  le  tubercule  émet  aussi  des  radicelles  verti- 
cillées  et  des  rejets  souterrains ,  les  feuilles  se  développent. 
Celles-ci  sont  d'abord  très-petites,  appliquées  les  unes  sur 
les  autres  sans  pli  et  sans  croisement ,  puis  elles  grandissent 
et  deviennent  cordiformes  et  d'un  vert  lustré,  marquées  de 
nervures  convergentes  au  sommet  ;  leur  pétiole  est  souvent 


TAMUS.  57"/ 

voluble ,  et  de  plus  elles  ont  encore  à  leur  base  deux  petits 
organes  qui  tiennent  la  place  de  vrilles.  Ce  pétiole  est  ren- 
flé à  son  point  d'articulation  ;  aussi  ces  feuilles  exécutent- 
elles  divers  mouvements  pour  s'étaler  au  jour  et  sortir  des 
buissons  sur  lesquels  la  plante  s'appuie.  Lorsque  le  Tamus 
a  acquis  tout  son  développement,  les  (leurs  paraissent  en  pe- 
tites grappes  aux  aisselles  des  feuilles  supérieures.  Elles  sont 
dioïques.  Les  mâles,  plus  nombreuses,  forment  des  grappes 
plus  lâches  et  plus  allongées  que  les  femelles;  leur  périgone  est 
à  6  divisions  qui  restent  ouvertes  et  réfléchies  pendant  que  les 
6  anthères ,  d'un  jaune  verdâtre  et  à  2  loges  très-distinctes, 
s'ouvrent  en  dehors  et  se  couvrent  d'un  pollen  adhérent.  Les 
femelles  sont  réunies  en  grappes  plus  courtes  et  plus  serrées; 
elles  ont  un  ovaire  infère,  surmonté  d'une  style  trifide  et  de 
3  stigmates  réfléchis  et  papillaires.  Ces  fleurs  femelles  sont 
météoriques,  elles  se  ferment  la  nuit,  et  quoique  les  in- 
sectes soient  probablement  chargés  de  la  fécondation  ,  c'est 
dans  leurs  courses  diurnes  qu'ils  doivent  l'opérer.  Dès  qu'elle 
est  effectuée  ,  les  fleurs  mâles  se  détachent  et  tombent,  les 
feuilles  se  flétrissent  bientôt  et  les  tiges  se  dessèchent,  tan- 
dis que  les  plantes  femelles,  prenant  une  nouvelle  vigueur, 
acquièrent  un  feuillage  plus  large  et  plus  lustré ,  se  suspen- 
dent en  élégantes  girandoles  aux  arbres  et  aux  buissons  et 
soutiennent  de  longues  grappes  de  baies  d'un  rouge  vif,  qui 
font  le  plus  magnifique  contraste  avec  le  vert  des  feuilles. 
Ces  baies  ont  3  loges  qui  souvent  renferment  chacune  deux 
semences  et  elles  se  détachent  entières  de  leurs  pédoncules. 
—  Ainsi  ce  ne  sont  "pas  les  premières  tiges  qui  sortent  du 
tubercule  qui  reproduisent  la  plante,  mais  des  individus  de 
forme  différente  qui  naissent  entre  leurs  écailles  avant  que  ces 
tiges  ne  périssent,  comme  cela  a  lieu  dans  plusieurs  espèces 
de  Vicia,  — 11  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

VIII  37 


578  LILIACÉES. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  11  est  indifférent  et  reste 
dans  les  plaines.  Cependant  Wahlenberg  dit  que  dans  la 
Suisse  il  monte  un  peu  sur  les  pentes  des  montagnes. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  croît  en  France ,  en  Espa- 
gne, aux  Baléares,  en  Barbarie,  à  Madère,  aux  Canaries. 
—  Au  nord  ,  il  végète  sur  quelques  points  de  l'Allemagne, 
en  Belgique  et  en  Angleterre.  —  A  l'occident ,  il  vit  aussi 
en  Portugal.  —  A  l'orient,  on  le  trouve  en  Suisse,  en 
Italie ,  en  Sicile ,  en  Dalmatie ,  en  Hongrie  ,  en  Croatie  , 
en  Transylvanie,  en  Grèce,  à  l'île  de  Crète,  en  Turquie, 
en  Tauride  ,  en  Géorgie  et  dans  le  Taliisch. 

Limites  d^ extension  de  l'espèce. 


Sud ,  Canaries 30<>      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Angleterre 55       i  24« 

Occident ,  Madère 19  0.  "|  Ecart  en  longitude 

Orient ,  Géorgie 45  E.  )  64" 

Carré  d'expansion 1600 


FAMILLE  DES  LILIACEES. 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  latitudes. 


Latitude.  Longitude. 

Nigritie 0»àl0«18°O.  à    5«E.  1 

Abyssinie 10  à  16  32   E.  à  41  E.  1 

Algérie 33  à  36  5  0.  à   6  E.  1 

Roy.  de  Grenade.. .  36  à  37  5  O.  à    8  0.  1 

Sicile 37  à  38  10  E.  à  13  E.  1 

Portugal 37  à  42  9  O.  à  11  O.  1 


937 

72 
40 
69 
33 
36 


PROPORTIONS  RELATIVES.  579 

Latitude.  Longitude. 

Royaume  de  Naples.  38°  à  42°  11»E.  àl6"E.  1 

Caucase 40  à  44  35   E.  à  48  E.  1 

Tauride 43  à  46  31   E.  à  34  E.  1 

Plateau  central ....   44  à  47  0        à    2  E.  1 

France 42  à  51  7  O.  à    6  E.  1 

Russie  méridionale..   47  à  50  22  E.  à  49  E.  1 

Allemagne 45  à  55  2   E.  à  14  E.  1 

Carpathes 49  a  50  19  E.  à  22  E.  1 


Angleterre 50  à  58  1    O.  à    7  0.  1 

Russie  moyenne  . .     50  à  60  17   E.  à  58    E.  1 

Scandinavie  entière.  55  à  71  3   E.  à  29  E.  1 

Danemarck 52  à  57  7   E.  à  12  E.  1 

Gothie 55  à  59  10  E.  à  15  E.  1 

Suède 55  à  69  10  E.  à  22  E.  1 

Norvège 58  à  71  2  E.  à  10  E.  1 

Russie  seplentr"^. . .   00  à  66  19  E.  à  57   E.  1 

Finlande 60  à  70  18  E.  à  28  E.  1 

Laponie 65  à  71  14  E.  à  40  E.  1 

Europe  entière. 1 


39 
39 
42 
57 
46 
42 
46 
76 
97 
56 
65 
59 
59 
72 
81 
144 
118 
178 
42 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  longitudes. 


Latitude. 

Irlande 51°à  55« 

Angleterre 50  à  58 

Allemagne 45  à  55 

Russie  moyenne  .  50  à  60 
Sibérie  de  rOural.  44  à  67 
Sibérie  altaïque. .  44  à  67 
Sibérie  du  Baïkal.  49  à  67 

Dahurie 50  à  55 

Sibérie  orientale.  56  à  67 
Sibérie  arctique. .  67  à  78 


Longitude. 

7°0.  à    130  0. 

138 

l   0  à      7  0. 

97 

2   E.  à    14  E. 

46 

n  E.  à    58  E. 

56 

55  E.  à    74  E. 

38 

66  E.  à    97  E. 

33 

93   E.  àl16  E. 

57 

110  E.  à  119  E. 

56 

111   E.  àl63  E. 

88 

60  E.  à  161   E. 

:  157 

580  LILIACÉES. 

Latitude.  Longitude. 

Kamtschatka 46» à  67°  148»  E.  à  170»  E.  1   :  56 

Pays  des  Tschukhis.              »  155  E.  à  175  O.  1  :  73 

Ilesdel'Océanor'^  51  à  67  170  E.  à  130  O.  1  :  249 

Amérique  russe..  54  à  72  170  0.  à  130  E.  l  :  99 

Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  le  sens 
des  altitudes. 


Latitude. 

Roy.deGr"'%rég.alp.etniv.  36» à  37» 
ïJoy.  deGreiiade,rég.  niv.   36  à  37 

Pyrénées 42  à  43 

Pyrénées  élevées 42  à  43 

Pic  du  Midi  de  Bagnèies. .  » 

Plat,  central, rég.montagn.  44  à  47 
Plateau  central,  sommets.  44  à  47 

Alpes 45  à  46 

Alpes  élevées. 45  à  46 


Tableau  des  proportions  relatives  des  espèces  dans  les  îles. 

Latitude.  Longitude. 

Iles  du  Cap- Vert. .   12»à  14»  24*'0.  à     27»0.  0:      0 

Canaries 28  à  30  15  O.  à     20  O.  1  :    43 

Hébrides 57  à  58  8  0.  à     10  O.  1  :  165 

Orcades 59  5  0.  à       6  0.1:176 

Shetland 60  à  61  3  0.  à      4  0.  1  :  154 

Feroë 62  9  0.                   1  :  297 

Islande 64  à  66  16  O.  à     27  0.  0  :      0 

Mageroë 71  24  E.                    1  :  194 

Spitzberg 79  à  80  10  E.  à     20  E.  0  :      0 

lleMelville 76  114  0.                    0:0 

lie  J.  Fernandez.  .   33  à  40S.  76  0.                    0:      0 

Nouv.Zélande(nord).  35  à  42S.  171  0.  à  176  0.  1  :  125 

Malouines 52S.  59  0.  à     65  O.  1  :    77 


Altitude  en  mètres. 

1500  à  3500  1 

69 

2500  à  3500  1 

.  122 

500  à  2700  1 

39 

1500  à  2700  1 

106 

»  0 

0 

500  à  1900  1 

33 

1500  à  1900  1 

103 

500  à  2700  1 

65 

1500  à  2700  1 

113 

TULIPA.  581 

Cette  éclatante  famille ,  remarquable  par  la  beauté  de  ses 
fleurs  et  souvent  par  leur  soudaine  apparition  lorsque  les 
pluies  vernales  viennent  éveiller  la  végétation,  a  des  repré- 
sentants sur  le  globe  entier.  Cependant  les  régions  voisines 
des  tropiques  sont  plus  riches  que  les  autres ,  et  en  Europe  , 
oii  la  proportion  des  Liliacées  est  de  1;42,  nous  voyons  cette 
proportion  réduite  à  1/178  en  Laponie,  et  portée  au  con- 
traire à  1/39  dans  le  Caucase  et  dans  le  midi  de  l'Italie , 
atteindre  1/36  enPortugal  et  même  1/33  en  Sicile. —  Notre 
second  tableau  nous  montre  que  ces  plantes  deviennent  pré- 
pondérantes dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï ,  oij 
elles  font  partie  de  la  brillante  végétation  printanière  de  ces 
contrées.  —  Dans  les  montagnes  elles  diminuent  avec  l'alti- 
tude.—  Dans  les  îles,  elles  disparaissent  tout  à  fait  ou  se 
trouvent  en  moindre  proportion  que  sur  les  continents. 

G.  TULIPA  ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  — Ses  espèces, 
au  nombre  de  25 ,  se  trouvent  exclusivement  en  Asie  et  en 
Europe.  Cette  dernière  partie  du  monde  en  a  14  ,  qui  sont 
toutes  du  midi,  et  végètent  :  en  Italie,  en  Grèce,  en 
Espagne,  à  l'île  de  Crète  et  en  Provence.  —  Les  tulipes 
asiatiques ,  au  nombre  de  11,  ont  leur  centre  principal  en 
Sibérie,  et  les  autres  sont  en  Perse,  dans  le  Caucase,  en 
Géorgie  et  aux  Indes  orientales. 

TcLiPA  SYLVESTRis ,  Lin.,  et  T.  Celsiana,  DC.  —  Si 

quelques  espèces  de  ce  beau  genre  ont  été  transportées  dans 
nos  jardins  et  sont  devenues  l'ornement  de  nos  parterres  ,  il 
en  est  d'autres  qui  ont  conservé  toute  leur  simplicité  et  qui 


582  LILIACÉES. 

croissent  encore  dans  les  champs  et  dans  les  prairies.  Telles 
sont  les  T.  syîvestris  et  T.  Celsiana  ,  longtemps  confondues, 
et  dont  la  dernière  diffère  de  la  première  en  ce  qu'elle  est 
plus  petite  dans  toutes  ses  parties,  et  que  sa  ûeur  est  droite 
au  lieu  d'être  inclinée  avant  la  floraison.  Leur  bulbe  est  so- 
lide et  compacte  comme  celui  de  toutes  les  tulipes,  il  en 
sort,  un  peu  sur  le  côté ,  une  tige  munie  de  quelques  feuilles 
glauques  et  allongées  ,  et  qui  se  termine  par  une  fleur  jaune 
et  solitaire.  Les  6  divisions  du  périgone  sont  pointues,  les 
3  extérieures  sont  roulées  sur  leurs  bords  pendant  l'estiva- 
tion  ;  les  3  intérieures  se  recourbent.  Les  6  étamines  ont 
les  filets  velus  à  la  base  et  les  anthères  vacillantes  sur  l'extré- 
mité des  filets.  La  fleur  ne  s'ouvre  que  pendant  le  milieu  du 
jour  sous  l'influence  de  la  lumière  solaire,  et  le  pollen  se 
répand  sur  3  stigmates  papillaires  et  sessiles.  Le  fruit  est 
une  capsule  à  3  loges ,  qui  s'ouvre  en  3  valves  et  répand 
des  graines  nombreuses  et  aplaties  ,  disposées  dans  chaque 
loge  en  deux  séries  parallèles.  —  Cette  tulipe  fleurit  en 
avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  est  indifférente  et 
reste  dans  les  plaines. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  la  trouve  en  France  ,  en  Es- 
pagne et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  on  la  cite  en  Belgique, 
en  Angleterre,  en  Danemarck,  en  Gothie  et  dans  la  Nor- 
vège méridionale  ,  mais  ces  localités  du  nord  sont  peut-être 
un  peu  douteuses;  la  plante  y  est-elle  bien  spontanée?  — 
A  l'occident,  elle  est  en  Portugal.  —  A  l'orient ,  elle  vé- 
gète en  Suisse,  en  Italie  ,  en  Sicile  ,  en  Dalmatie  ,  en  Hon- 
grie ,  en  Croatie ,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce  ,  en  Turquie , 
en  Tauride ,  dans  le  Caucase ,  en  Géorgie ,  dans  les  Russies 
moyenne  et  australe,  et  dans  la  Sibérie  de  l'Oural. 


LILICM.  583 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Barbarie 35»      |  Écart  en  latitude  : 

iVor^i,  Lithuanie 55       )  20» 

Occident,  Portugal 10  0.| Écart  en  longitude: 

Orient,  Sibérie  de  l'Oural 72  E.)  82« 

Carré  d'expansion c 1G40 

G.  LILIUM,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Il  existe  plus 
de  50  espèces  de  ce  beau  genre ,  qui  est  partagé  entre  l'Eu- 
rope ,  l'Amérique  du  nord  et  l'Asie.  —  Le  grand  centre  est 
dans  cette  dernière  partie  du  monde  ;,  oii  l'on  en  compte  au 
moins  30,  dontlO  figurent  dans  la  llore  du  Japon.  Les  autres 
sont  au  Népaul,  en  Sibérie,  en  Dahurie,  en  Chine,  dans 
le  Caucase,  en  Perse  et  en  orient.  —  L'Europe  a  10  à  12 
espèces  de  lis,  préférant,  comme  la  plupart  des  Liliacées, 
les  climats  du  sud  aux  régions  du  nord.  Ils  vivent  en  Italie , 
en  Espagne ,  dans  les  Pyrénées ,  en  Provence ,  et  quelques 
espèces  se  tiennent  dans  la  Russie  méridionale.  —  9  à  10 
Lilium  font  partie  de  la  tlore  de  l'Amérique  septentrionale. 

LiLiUM  Martagon,  Lin.  — Les  bois  taillis  et  les  prairies 
fertiles  qui  les  avoisinent  nous  montrent  ce  beau  lis  dispersé 
avec  les  plantes  némorales.  h'Orobus  niger,  le  Melittis  Me- 
lissophyJhun ,  VAUium  victoriale ,  le  Centaurea  monlana 
sont  souvent  ses  compagnons  et  contribuent  comme  lui  à 
l'ornement  de  ces  lieux  sauvages.  Le  bulbe  est  jaune  et 
écailleux,  et,  dès  le  printemps,  il  laisse  sortir  de  terre  le 
bourgeon  foliacé  d'où  la  tige  doit  bientôt  s'élancer.  A  côté 
de  ce  bourgeon ,  à  sa  base ,  paraît  déjà  le  germe  qui  l'année 


584  LILIACÉES. 

suivante  remplacera  la  plante  qui  va  se  développer.  La  tige 
est  garnie  de  plusieurs  étages  de  feuilles  ovales ,  luisantes 
et  verticillées,  et  elle  se  termine  par  un  épi  de  fleurs  dont 
les  boutons,  d'abord  redressés,  se  penchent  pour  fleurir. 
Alors  le  périgone  ,  quelquefois  entouré  de  poils  lanugineux, 
s'entr'ouvre;  ses  6  divisions,  d'un  joli  rouge  de  laque,  parse- 
mées de  points  bruns, quelquefois  roses  ou  blanches, s'écartent 
un  peu  ,  s'étendent,  se  réfléchissent,  et  finissent  par  se 
rouler  sur  elles-mômes.  Elles  restent  longtemps  dans  cet 
état ,  et  les  6  étamines,  à  anthères  vacillantes  ,  répandent 
leur  pollen  briqueté  sur  les  3  stigmates  que  le  style  amène 
au-dessous  de  leur  niveau.  Chaque  division  du  périgone  est  en 
outre  marquée  d'un  sillon  nectarifère.  Après  la  fécondation  , 
le  périgone  se  désarticule ,  le  pédoncule  se  coude  en  se  re- 
dressant et  présente  des  capsules  presque  hexagonales.  A 
leur  maturité,  ces  capsules  s'ouvrent  en  3  valves  et  répan- 
dent des  graines  nombreuses,  fauves,  aplaties  et  presque 
ailées,  qui  y  sont  disposées  sur  deux  rangs  dans  chaque 
loge.  —  Voici  quelques  dates  précises  de  floraison  :  26  juin 
1836  ,  bois  de  Saint-Saturnin  ;  —  14  juillet  1835,  bois 
de  Royat;  — 21  juillet  1839,  Pessade,  près  le  Mont-Dore; 
22  juillet  1825,  pentes  du  puy  de  Dôme;  — 25  juillet  1841, 
cratère  de  Pariou. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  le  trouvons  en 
Auvergne  sur  les  terrains  siliceux ,  volcaniques  ,  primitifs  et 
détritiques,  entre  600  et  1,600™  d'altitude;  mais  il  croît 
ailleurs  sur  le  calcaire.  De  Candolle  le  cite  à  0  à  Nice, 
à  400™  à  Genève  et  à  1,600™  dans  le  val  d'Eynes.  Te- 
nore  l'indique  en  Italie,  dans  les  vallées,  au  milieu  des  bois, 
entre  800  et  1,200™.  M.  Pucl  l'a  trouvé  préside  Figeac  à 
300™  seulement. 

Géographie.  —  Au  sud ,  ce  lis  croît  en  France ,  dans  le 


ERYTHROMCM.  585 

nord  de  l'Espagne ,  dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Grèce. 

—  Au  nord  ,  il  est  assez  rare ,  mais  il  existe  dans  la  Russie 
moyennejusqu'à  l'île  d'Osilie,  et  en  Sibérie  jusqu'au  61°  30'. 

—  A  l'occident,  il  est  en  Portugal.  — •  A  l'orient,  on  le 
rencontre  en  Suisse ,  en  Hongrie  ,  en  Croatie ,  en  Tran- 
sylvanie ,  en  Turquie  ,  dans  le  Caucase  ,  en  Géorgie,  dans 
les  Russies  moyenne  et  australe  ,  dans  les  Sibéries  de 
l'Oural ,  de  l'Altaï ,  du  Baïkal ,  orientale ,  dans  la  Dahu- 
rie  et  au  Kamtschatka. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Grèce 38*^      | Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Sibérie 61       )  23° 

Occident ,  Portugal 10  O.  "l  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Kamtschatka 170  E.  i  180° 

Carré  d'expansion 4140 

G.  saTTHaoNiura  ;  Lin. 

Ce  genre ,  peu  nombreux ,  ne  contient  que  8  espèces. 
7  se  trouvent  dans  l'Amérique  du  nord  et  principalement 
aux  Etats-Unis  ,  la  8^  est  européenne. 

Erythronium  dens-canis,  Lin.  —  Création  du  prin- 
temps ,  beauté  passagère  ,  cette  espèce  se  montre  dans  les 
bois  et  dans  les  prairies  où  elle  est  très-commune,  mais  tou- 
jours dispersée  et  en  société  du  Corydalis  bidbosa  ,  du  Viola 
odorata ,  du  Scilla  Lilio-Hyacinthus ,  du  Scilla  bifolia 
et  surtout  de  V Anémone  nemorosa.  Son  mode  de  repro- 
duction ou  plutôt  de  substitution,  par  sa  racine,  a  été  très- 
bien   observé   par  Vaucher.  «  Sa  racine,  dit-il,  est   un 


586  ULIACÉES. 

bulbe  allongé,  non  écailieux,  qui  porte  au-dessous  de  sa  base 
4  à  5  disques  aplatis  ,  liés  entr'eux  et  chargés  de  radicules 
sur  leur  face  infère  et  bombée  ;  ces  petits  corps  lenticulaires 
sont  les  bases  d'autant  de  bulbes  qui  se  sont  succédé  et 
s'implantent  les  uns  sur  les  autres ,  et  l'on  voit  encore  à  la 
base  de  la  plante  de  l'année  un  disque  semblable  aux  au- 
tres et  garni  de  ses  radicules.  En  ouvrant  le  bulbe  de  l'an- 
née ,  on  y  trouve  une  bulbille  intérieure  qui  en  renferme  elle- 
même  une  autre  ,  dont  l'on  observe  distinctement  la  forme, 
en  sorte  qu'un  Enjlhronium  vivant  porte  à  sa  base  extérieure 
les  restes  de  4  à  5  bulbes  ,  et  dans  son  intérieur  les  rudi- 
ments de  3  à  4  nouveaux  bulbes  non  encore  développés. 
Dans  les  jeunes  plantes  qui  n'ont  encore  que  des  feuilles , 
on  n'aperçoit  aucun  de  ces  disques  extérieurs  qu'on  trouve 
dans  celles  qui  donnent  actuellement  des  ileurs  (t.  4,  p. 
338  ).  »  Mais  cette  plante  se  perpétue  par  sa  racine  sans  se 
multiplier,  et  cela  explique  pourquoi  on  ne  la  trouve  jamais 
en  touffes.  —  2  feuilles  qui  semblent  provenir  des  tuniques 
du  bulbe  qui  se  développera  l'année  prochaine,  accompa- 
gnent la  ileur  tardive  de  l'année  précédente.  Ces  2  feuilles, 
engaînées  l'une  dans  l'autre  ,  se  déroulent  et  montrent  alors 
un  large  Hmbe  arrondi,  panaché  de  vert  glauque  et  de  brun, 
et  offrant  souvent  une  grande  élégance  dans  l'irrégularité  de 
ses  macules.  La  Ileur,  toujours  solitaire,  est  penchée  sur 
son  pédoncule ,  mais  elle  est  à  peine  épanouie  ,  que  les  di- 
visions de  son  périgone  se  réfléchissent  comme  les  pétales 
des  Cyclamen.  Ses  fleurs  sont  blanches  ou  roses  ;  chacune 
des  divisions  intérieures  offre  à  sa  base  un  renflement  frangé. 
Les  6  étamines  sont  pendantes  ,  leurs  anthères  pivotent,  et 
le  pollen,  pourpré  et  adhérent,  vient  presque  toucher  les 
3  stigmates  papillaires  portés  par  le  style.  —  Après  la  fé- 
condation ,  le  périgone  se  détache  ,  le  pédoncule  redresse  la 


ASPHODELCS.  587 

capsule,  et  celle-ci,  presque  triangulaire,  s'ouvre  en  3  valves 
et  montre  des  semences  ovales  et  cornées ,  attachées  à  un 
axe  central  situé  dans  le  fond  de  la  capsule.  En  juin  toute  la 
plante  a  disparu. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  le  trouvons  sur  les 
terrains  siliceux,  primitifs  et  volcaniques  des  montagnes. 
Il  recherche  les  sols  détritiques.  Il  ne  dépasse  pas  en  Au- 
vergne l'altitude  de  800°».  De  Candolle  le  cite  à  0  à 
Bayonne  et  à  Pise ,  et  à  2,000™  dans  les  Pyrénées  à  la 
Maladetta. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  végète  en  France  et  en  Espa- 
gne. —  Au  nord,  il  reste  dans  la  France  centrale  et  dans 
la  Suisse  occidentale.  —  A  l'occident,  il  croît  en  Portugal. 
—  A  l'orient ,  il  se  trouve  en  Piémont ,  en  Lombardie  ,  en 
Dalmatie,  en  Hongrie,  en  Croatie,  en  Transylvanie ,  en 
Bosnie ,  dans  le  Caucase  ,  en  Géorgie  et  dans  la  Sibérie  de 
l'Oural. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Espagne. 40<*      | Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  France 40       j  6" 

Occident,  Portugal 10  O.  )  Ecart  en  longitude: 

OnVn^  Sibérie  de  l'Oural 74  E.i  84« 

Carré  d'expansion 504 

G.    ASFHOSSLUS ,   Liu. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  On  en  connaît 
environ  17  espèces,  dont  10,  européennes,  se  trouvent  dans 
les  régions  méridionales  :  en  Grèce,  en  Italie  ,  en  Espagne , 
à  l'île  de  Crète  ,  en  Portugal ,  en  Istrie ,  en  Dalmatie,  en 
Tauride.  — 4  sont  asiatiques  et  dispersées,  aux  Indes  orien- 


588  LILIACÉES. 

taies, dans  le  Caucase  et  en  Géorgie.  —  3,  africaines,  exis- 
tent en  Barbarie  ,  à  Mogador  et  aux  Canaries. 

AsPHODELUs  ALDUS,  Mill.  — Cette  cspèce ,  rare  et  dis- 
séminée dans  notre  circonscription  ,  se  trouve  dans  les  lieux 
incultes  et  pierreux.  Ses  racines  sont  volumineuses  et  for- 
mées d'une  espèce  de  souche ,  de  laquelle  s'échappe  de 
nombreuses  radicelles  en  fuseau.  Les  feuilles  sont  radicales, 
assez  nombreuses  ,  allongées,  et  de  leur  centre  sort  une  tige 
peu  élevée  ,  terminée  par  un  épi  de  fleurs  blanches.  De  pe- 
tites bractées ,  courtes ,  d'un  brun  foncé  et  dentées ,  sont 
entremêlées  à  ces  fleurs ,  qui  s'éloignent  un  peu  de  la  tige 
pour  fleurir.  Elles  offrent  alors  un  périgone  à  6  divisions , 
marquées  d'une  ligne  brune  ou  rougeâtre  dans  le  milieu; 
6  étamines,  dont  les  filets  élargis  entourent  l'ovaire  globu- 
leux, el  dont  les  6  anthères  se  rapprochent  avec  le  style  de 
la  division  supérieure  du  périgone.  Le  fruit  est  une  capsule 
renflée,  un  peu  ellipsoïde,  à  3  loges,  qui  ne  renferment 
chacune  que  1  ou  2  graines  anguleuses.  —  11  fleurit  en 
mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Allitude.  —  Il  est  indifférent  et  vé- 
gète dans  les  plaines  et  sur  les  montagnes.  De  Candolle  l'in- 
dique à  0  dans  le  Languedoc  et  à  1,600™  dans  les  Pyré- 
nées. Nous  l'avons  trouvé  en  Auvergne  à  1,200™,  et 
M.  Boissier  l'indique  à  1,650™  dans  le  midi  de  l'Espagne. 

Géographie.  —  Nous  réunissons  sous  le  même  titre  2 
formes  qui  constituent  sans  doute  2  espèces  :  A.  albus  et 
A.  ramosus ,  et  qu'il  nous  est  impossible  de  séparer  avant 
que  M.  J.  Gay  n'ait  publié  le  travail  qu'il  prépare  en  ce  mo- 
ment sur  ce  genre.  Au  sud ,  il  existe  en  France,  dans  toute 
l'Espagne  ,  en  Barbarie  et  aux  Canaries.  —  Au  nord  ,  il 
ne  dépasse  pas  le  plateau  central  en  France ,  mais  il  arrive 


ANTHERICIM.  589 

dans  le  Tyroletdansla  Carniole.  —  A  l'occident ,  il  est  en 
Portugal  et  aux  Canaries.  —  A  l'orient,  il  habite  la  Suisse 
italienne,  l'Italie,  la  Sicile,  la  Hongrie,  la  Croatie,  la 
Dalmatie  ,  la  Grèce,  la  Turquie  ,  le  Balkan  ,  l'Epire  et  le 
Parnasse. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Canaries 30°      | Ecart  en  latitude  : 

Nord, Tyrol 46       )  16° 

Occident,  Canaries 18  O.  )  Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Grèce 22  E.  j  40» 

Carré  d'expansion 640 

G.  ANTHEniCUM,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Sur  60  espèces 
qui  le  composent  35  sont  africaines ,  et  à  l'exception  d'une 
seule,  citée  dans  l'Afrique  boréale ,  toutes  sont  groupées  au 
cap  de  Bonne-Espérance.  —  L'Asie  en  possède  8  très-dis- 
séminées  :  aux  Indes  orientales ,  au  Népaul ,  en  Sibérie , 
au  Japon,  en  Arabie,  en  Syrie  et  à  l'île  de  Rhodes.  — 
6,  européennes,  habitent  :  la  Grèce,  l'Espagne,  la  Sardai- 
gne  et  la  Valachie.  —  6  Anthericum  vivent  dans  l'Amé- 
rique du  nord  :  au  Mexique  ,  à  la  Nouvelle-Grenade  et  aux 
Etats-Unis.  —  5,  de  l'Amérique  du  sud ,  occupent  le  Bré- 
sil ,  le  Pérou  et  Buenos- Ayres. 

A>THERicu3i  LiLiAGO,  Lin.  —  Cette  plante  croît  sur  les 
pelouses ,  dans  les  lieux  secs ,  sur  les  coteaux  pierreux,  dans 
les  buissons.  Ses  racines  sont  épaisses  et  rameuses.  Sa  hampe, 
nue  et  cyHndrique,  porte  un  certain  nombre  de  grandes 
(leurs  blanches ,  disposées  en  une  grappe  lâche  unilaté- 
rale ,  et  dont  l'épanouissement  éphémère  se  termine  pour 


590  LILIACÉES. 

chacune  d'elles  dans  la  même  journée.  Ses  feuilles  radicales 
sont  longues  et  pliées  en  gouttières.  —  Elle  fleurit  en  mai 
et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Âllitiide.  —  Cet  Ânthericum  est 
indifférent  et  recherche  seulement  les  lieux  rocailleux  ;  il 
habite  la  plaine  et  les  montagnes.  Nous  ne  le  trouvons  pas 
au-dessus  de  800™,  maisde  CandoUe  le  cite  à  1,200"  dans 
les  Alpes  et  dans  le  Jura.  Wahlenberg  l'indique  en  Suisse 
jusque  près  de  la  limite  supérieure  du  sapin. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France  ,  en  Espagne 
et  en  Barbarie ,  mais  il  est  remplacé  dans  le  royaume  de 
Grenade  par  une  espèce  parallèle,  À.  bœlicum,  Boiss.,  qui 
probablement  existe  aussi  en  Afrique.  —  Au  nord  ,  il  est  en 
France,  en  Belgique ,  en  Allemagne,  en  Danemarck,  en 
Golhie.  —  A  l'occident ,  il  reste  en  France.  —  A  l'orient , 
il  habite  la  Suisse,  l'Italie,  la  Dalmatie,la  Hongrie,  la 
Croatie  ,  la  Transylvanie,  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 


Ecart  en  latitude 
21» 


Sud,  Barbarie Sô** 

Nord,  Gothie 56 

Occident ,  France 4  0.| Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Russie 42   E.  j  46" 

Carré  d'expansion 966 

Anthericum  ramosum  ,  Lin.  —  Il  croît  parmi  les  buis- 
sons, sur  les  coteaux  et  sur  la  lisière  des  taillis.  Ses  racines 
sont  allongées ,  réunies  en  faisceaux  ;  ses  feuilles ,  longues , 
à  demi-pliées  et  creusées  en  gouttière.  Ses  tiges  rameuses  , 
munies  de  petites  bractées,  se  subdivisent  en  pédicelles  ar- 
ticulés, dont  chacun  porte  une  fleur  blanche  à  6  divisions 
étalées.  Les  6  élamines  offrent  des  filets  en  alêne  et  des 


AMHERICOI.  591 

anthères  attachées  par  le  dos.  Le  style  est  simple  ,  le  stig- 
mate trifide.  «  La  fécondation,  dit  Vaucher,  s'accomplit 
dans  la  journée;  la  fleur  s'étale  le  matin,  et  en  quelque 
temps ,  ses  anthères  se  tournent  vers  le  stigmate  légèrement 
penché,  et  saupoudrent  de  leur  pollen  jaune  les  3  goutte- 
lettes d'humeur  miellée  placées  sur  les  rainures  de  l'ovaire; 
lorsque  l'opération  est  achevée ,  la  fleur  se  referme  lente- 
ment en  rapprochant  ses  anthères  du  stigmate  saillant  et 
fortement  papillaire;  la  fécondation  s'accomplit  ainsi,  et  le 
lendemain ,  les  fleurs  de  la  veille  forment  une  tubulure 
étroite,  imprégnée  d'humeur  miellée  ,  et  parachèvent  ainsi 
la  fécondation.  »  Après  cet  acte  l'ovaire  grossit  et  se  trans- 
forme en  une  capsule  redressée,  à  3  loges,  à  3  valves  et  à 
graines  anguleuses.  —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altilude.  —  Il  recherche  les  ter- 
rains calcaires  etrocaifleux  des  plaines. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  existe  en  France  ,  en  Espa- 
gne et  dans  le  raidi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  se  trouve 
en  France ,  en  Belgique ,  en  Allemagne ,  en  Danemarck  et 
en  Gothie.  —  A  l'occident,  il  reste  en  France.  —  A  l'o- 
rient, il  vit  en  Suisse,  en  Dalmatie  ,  en  Hongrie,  en  Croa- 
tie ,  en  Transylvanie ,  en  Tauride ,  dans  le  Caucase ,  en 
Géorgie ,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie SO"      )  Ecart  en  latitude  ; 

Nord,  Golhie 58        \  19° 

Occident ,  France 0        1  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Géorgie  ... ....   46  E.  (  46® 

Carré  d'expansion 874 

Anthericcm  PLANiFOLiCM,  Lin.  —  On  le  trouve  dans 


592  LILIACÉES. 

les  lieux  marécageux  ,  dans  les  prairies.  Ses  racines  sont 
formées  de  fibres  épaisses.  Ses  feuilles  sont  allongées,  pla- 
nes et  quelquefois  tortillées.  La  hampe  est  nue,  et  les  fleurs, 
d'un  beau  blanc  à  l'intérieur  et  d'un  rose  violacé  en  dehors, 
sont  disposées  en  une  panicule  lâche  ,  accompagnée  de  brac- 
tées caduques.  Les  filets  sont  barbus,  géniculés  et  munis 
d'appendices  au  sommet.  Les  anthères  sont  versatiles  ;  la 
capsule,  arrondie,  renferme  des  semences  globuleuses.  — 
Il  fleurit  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  vé- 
gète en  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  existe  en  France  et  en  Al- 
gérie. —  Au  nord  ,  il  est  cité  en  Angleterre. —  A  l'occi- 
dent, il  vit  en  Portugal.  — ^A  l'orient,  en  Corse  etenSar- 
daigne.  C'est  une  espèce  occidentale. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Algérie 35»      |  Ecart  en  latitude  : 

iVorrf,  Angleterre 51       j  16» 

Occident,  Portugal 12  O.)  Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Sardaigne 6  E.  •'  18" 

Carré  d'expansion 288 

G.  FARADISIA;  MaZZUg. 

Il  est  formé  d'une  seule  espèce  européenne. 

Paradisia  LiLiASTRUM,  Bcrt.  — On  aperçoit  de  loin, 
sur  les  pentes  herbeuses  des  montagnes,  les  grandes  fleurs 
blanches  de  celte  espèce.  Elle  fait  partie  de  cette  élégante 
végétation  qui  déploie  son  luxe  dans  les  mois  de  juin  et  de 
juillet,  et  offre  simultanément  la  plus  grande  partie  de  ses 


PAKADISIA.  593 

richesses.  Ses  racines  sont  des  rhizomes  qui  laissent  échapper 
à  leur  extrémité  des  feuilles  allongées  et  creusées  en  gout- 
tière, du  centre  desquelles  s'élève  une  tige  qui  porte,  sur  un 
seul  côté,  ses  belles  fleurs  d'un  blanc  de  lis.  Le  périgone  est 
à  6  divisions  inégales,  marquées  chacune  de  3  nervures  qui 
se  réunissent  en  une  petite  pointe;  les  étamines  ,  au  nom- 
bre de  6  ,  alternativement  grandes  et  moyennes,  se  redres- 
sent vers  le  haut  de  la  (leur  avec  le  stigmate,  et,  pendant 
ce  temps ,  la  fleur  elle-même  se  place  horizontalement  à 
l'extrémité  de  son  pédoncule.  Alors,  de  petites  masses  de 
pollen  orange  tombent  sur  ce  blanc  périgone  qui ,  peu 
de  temps  après  se  flétrit  et  enveloppe  ,  en  se  roulant ,  le  stig- 
mate peut-être  déjà  fécondé,  mais  bien  sur  de  l'être  par 
le  contact  de  ce  pollen  mûri  sous  l'influence  du  soleil. 
Après  cette  fécondation  le  pédoncule  se  redresse,  l'ovaire 
devient  une  capsule  allongée,  à  6  angles;  elle  s'ouvre  en 
3  valves  et  répand  des  semences  anguleuses. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Cette  belle  plante  re- 
cherche les  terrains  siliceux  ,  volcaniques  et  détritiques  des 
montagnes.  Nous  la  trouvons  dans  la  Haute-Loire  de  1 ,200 
à  1,400"  d'altitude.  De  Candolle  l'indique  à  1,000™  dans 
les  Alpes  de  Tende  et  à  2,000™  au  col  d'Allos.  ^yahlen- 
berg  la  cite  ,  en  Suisse,  dans  les  prairies  alpines ,  entre  la 
limite  des  sapins  et  2,100™. 

GéugrajjJiie.  —  Au  sud  ,  la  France  et  l'Espagne.  — Au 
nord,  le  Tvrol  et  la  Suisse. — A  l'occident,  le  Portugal.  — 
A  l'orient,  le  Piémont  et  la  Lombardie. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Espagne 40°      /  Écart  en  latitude  : 

Nord,  Tyrol 46       ]  6» 

VIll  38 


594  LILIACÉES. 

Occident,  Portugal 12  O.  |  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Lombardie 10  E.)  22» 

Carré  d'expansion 1 32 

G.    ORNITHOGALUM  ,    Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ces  plantes,  au 
nombre  de  78  à  80,  sont  inégalement  partagées  sur  le 
globe.  La  plus  grande  partie,  42  à  44  ,  appartient  à  l'A- 
frique, et,  à  l'exception  de  1  espèce  qui  vit  dans  l'Atlas,  et 
de  3  qui  croissent  en  Egypte,  toutes  les  autres  sont  origi- 
naires du  cap  de  Bonne-Espérance.  —  L'Europe  possède 
20  ornithogales  :  de  la  Grèce  ,  de  l'Italie ,  de  la  Sicile ,  de 
la  Provence  ,  de  l'Espagne  ,  du  Portugal ,  de  la  Hongrie , 
de  la  Dalmatie  ,  de  l'Autriche  et  de  la  France.  —  8  seule- 
ment sont  connus  en  Asie  :  aux  Indes  orientales ,  dans  la 
Sibérie  de  l'Altaï ,  en  Dahurie ,  dans  le  Caucase  ,  en  Arabie 
et  en  Syrie.  —  On  en  cite  7  espèces  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale :  5  au  Chili ,  2  au  Pérou.  —  Une  seule  est  indi- 
quée dans  l'Amérique  du  nord ,  en  Californie. 

Ornithogalum  pyrenaïcum ,  Lin.  —  Il  habite  les  bois 
oii  il  vit  toujours  solitaire  et  dispersé.  Son  bulbe  est  ovoïde; 
ses  feuilles  sont  étroites ,  linéaires ,  un  peu  canaliculées , 
étalées  sur  le  sol.  Elles  ont  peu  de  durée,  et  dès  qu'elles  sont 
flétries ,  on  voit  une  hampe  entièrement  nue  s'élever  avec 
rapidité.  On  n'aperçoit  aucune  bulbille  extérieure ,  mais  la 
hampe  centrale  donne  un  nouveau  bourgeon  de  sa  base  in- 
térieure. Un  peu  plus  tard ,  les  fleurs  se  montrent  en  un  épi 
solitaire  qui  occupe  le  tiers  supérieur  de  la  hampe.  L'épi  est 
presque  cylindrique  ;  mais  à  mesure  qu'il  fleurit  les  pédon- 
cules s'écartent  de  la  tige,  et  ils  s'en  rapprochent  après  la 


ORNITHOGALUM.  595 

floraison.  Les  bractées ,  élargies  à  leur  base  ,  sont  subulées , 
très-aiguës;  les  segments  du  périgone  sont  étroits,  d'un  vert 
jaunâtre  dans  le  milieu,  d'un  blanc  sale  sur  les  bords.  Après 
la  fécondation ,  le  périgone  se  rapproche  et  persiste  assez 
longtemps  autour  delà  capsule.  —  Il  fleurit  en  juin  eten  juiflet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  préfère  les  terrains 
calcaires  et  marneux  de  la  plaine  et  des  montagnes  peu  éle- 
vées. Nous  le  trouvons  jusqu'à  800™.  Ledebour  le  cite  dans 
le  Talûsch  entre  800  et  1,300™. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  habite  la  France  ,  le  nord  de 
l'Espagne  ,  la  Grèce,  l'île  de  Crète  et  Tunis.  —  Au  nord  , 
il  existe  en  Belgique,  en  Allemagne  et  en  Angleterre.  —  A 
l'occident,  il  reste  en  Angleterre. —  A  l'orient,  on  le 
trouve  en  Suisse  ,  en  Italie  ,  en  Croatie ,  en  Hongrie  ,  en 
Transylvanie ,  en  Turquie ,  en  Tauride ,  en  Géorgie  et  dans 
le  Taliisch. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Ile  de  Crète 35®      ^  Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Angleterre 53       \  18° 

Occident,  Angleterre 7  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Taliisch 47  E.  i  54» 

Carré  d'expansion » .   972 

Ornithogalum  umbellatum  ,  Lin. —  Espèce  commune 
dans  les  champs,  dans  les  prairies,  dans  les  sables  d'alluvions, 
et  se  multipliant  par  ses  bulbilles  avec  une  incroyable  rapi- 
dité. Cesbulbilles,  pédonculées,  naissent  non-seulement  à  la 
base  et  à  l'extérieur  du  bulbe  principal ,  mais  encore  de  son 
intérieur  et  de  l'extrémité  des  racines  fasciculées.  Tous  ces 
bulbes  sont  blancs  et  formés  de  tuniques  superposées.  Les 
feuilles  sont  étroites ,  radicales,  d'un  vert  sombre  et  traver- 


596  LILIACÉES. 

«ées  par  une  large  nervure  blanche.  La  hampe  se  termine 
par  une  ombelle  irrégulière  dont  les  fleurs  extérieures  sont 
éloignées  du  centre  par  de  longs  pédoncules  étalés,  tandis 
que  l'intérieure,  brièvement  pédonculée,  reste  droite  au  mi- 
lieu des  autres.  Les  (leurs  sont  blanches  en  dedans  et  vertes 
en  dehors,  comme  si  elles  étaienl  formées  de  deux  enveloppes 
soudées.  Elles  sont  très-météoriques  ,  s'ouvrent  à  11  heures 
du  matin,  se  ferment  à  2  ou  3  heures  du  soir,  ou  restent  closes 
si  la  pluie  survient,  si  le  soleil  se  cache.  3  de  leurs  6  éta- 
mines  ont  les  filets  dilatés  ;  le  style  est  simple,  le  stigmate 
est  obtus.  Le  fruit  est  une  capsule  à  3  loges  qui  renferme  des 
semences  globuleuses.  —  Elle  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Cet  ornithogale  préfère 
les  terrains  calcaires,  mais  il  n'est  pas  exclu  des  autres  sols. 
Il  croît  en  plaine  et  dans  les  montagnes.  De  Candolle  le 
cite  à  1,600™  dans  la  Lozère,  et  M.  Boissier  entre  900  et 
1,300""  dans  le  midi  de  l'Espagne. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  végète  en  France  ,  en  Espa- 
gne ,  en  Algérie  jusque  dans  les  montagnes  de  l'Aurès ,  à 
Madère.  —  Au  nord ,  il  existe  en  Belgique ,  en  Allema- 
gne, en  Danemarck,  en  Gothie ,  en  Norvège  et  en  Suède. 
Il  est  en  Angleterre  ,  mais  probablement  naturalisé.  —  A 
l'occident ,  il  existe  en  Portugal  et  à  Madère.  — A  l'orient, 
on  le  trouve  en  Suisse ,  en  Itahe  ,  en  Sicile ,  en  Dalmatie  , 
en  Hongrie ,  en  Croatie,  en  Transylvanie,  en  Grèce,  en 
Turquie,  en  Tauride,  dans  la  Géorgie,  dans  le  Taliisch, 
dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Madère 33»      \  Écart  en  latitude  : 

iVorrf,  Suède 64       )  31« 


GAGEA.  597 

Occident ,  Madère. 19  O.  "j  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Kazau 49  E.  j  68« 

Carré  d'expansion 2108 


G.  GAGEA ,  Salisb. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ces  plantes , 
longtemps  réunies  aux  Ornilhogalum ,  sont  au  nombre  de 
30  ,  et  19  d'entr' elles  font  partie  de  la  végétation  de  l'Eu- 
rope. Elles  sont  disséminées  dans  l'Europe  centrale  ,  en  Al- 
lemagne ,  en  France  ,  en  Bohême ,  en  Russie ,  en  Tauride 
et  en  Espagne.  —  L'Asie  n'en  a  que  8 ,  des  Indes  orien- 
tales, de  la  Sibérie  et  du  Caucase.  —  On  en  cite  1  espèce 
dans  l'Afrique  boréale  ,  1  à  Buenos-Ajres,  1  dans  l'Amé- 
rique septentrionale. 

Gagea  arvensis  ,  Schiilt.  —  On  remarque  de  très-bonne 
heure,  dans  les  champs  cultivés,  cette  petite  espèce  qui  sort  à 
peine  de  terre  et  qui  montre  ses  fleurs  jaunes  et  étoilées.  Ses 
bulbes  sont  doubles,  redressés  et  enfermés  dans  une  tunique 
commune  du  milieu  de  laquelle  sort  la  hampe.  L'un  de  ces 
bulbes  porte  des  feuilles  radicales ,  c'est  le  principal  ;  l'autre 
ne  fleurit  que  l'année  suivante.  Chacun  de  ces  petits  bulbes 
est  donc  annuel  ou  bisannuel.  Dans  cette  espèce  les  feuilles 
radicales  sont  géminées  et  creusées  en  gouttières  ;  les  feuilles 
florales  sont  aussi  géminées  et  presque  opposées  à  la  base 
de  pédoncules  rameux,  velus,  et  formant  une  espèce  de 
corymbe.  Les  fleurs  sont  jaunes  en  dedans  et  vertes  en  dehors. 
Les  anthères  sont  redressées  et  insérées  par  leur  base  au 
sommet  des  filets.  Le  style  est  entier ,  le  stigmate  trigone, 
et  la  capsule ,  qui  s'ouvre  en  3  valves ,  répand  des  graines 
arrondies  et  brunes  qui ,  l'année  de  leur'  germination ,  ne 


508  LILIACÉES. 

développent  absolument  que  leur  cotylédon.  —  11  fleurit  en 
mars  et  en  avril. 

Nature  du  sol.  — Altitude.  —  Il  croît  sur  les  terrains 
calcaires  et  marneux  des  plaines  et  des  coteaux.  Il  végète 
aussi  très-bien  sur  les  basaltes. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  existe  en  France ,  dans  le 
midi  de  l'Italie,  en  Grèce  et  en  Sicile.  —  Au  nord,  on 
le  trouve  en  Belgique ,  en  Allemagne  et  en  Danemarck  oii 
il  est  sporadique.  —  A  l'occident ,  il  reste  en  France.  — 
A  l'orient,  il  habite  la  Suisse,  la  Dalmatie ,  la  Hongrie , 
la  Croatie ,  la  Transylvanie ,  la  Tauride ,  les  provinces  du 
Caucase  ,  la  Géorgie ,  les  Russies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Grèce. 36«     |  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Russie 56       j  20» 

Occident ,  France 4        )  Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Tauride 47  E.  )  51« 

Carré  d'expansion 1020 

Gagea  lbtea  ,  Schiilt.  —  Moins  répandue  que  la  pré- 
cédente, cette  plante  habite  les  bois,  les  bords  sablon- 
neux des  rivières ,  et  se  développe  aussi  dès  le  premier  prin- 
temps, dispersée,  et  souvent  accompagnée  de  VIsopyrum 
thalictroïdes ,  de  ï Anémone  ranunculoïdes  ^  de  VOxalis 
Acetosella,  etc.  Sa  racine  est  un  bulbe  ovale,  solide,  re- 
dressé ,  qui  entoure  la  base  de  la  hampe  et  porte  une  feuille 
solitaire  sans  bulbe  accessoire.  Les  feuilles  florales  sont  gé- 
minées, presque  opposées,  et  les  fleurs,  peu  nombreuses, 
sont  réunies  en  une  espèce  d'ombelle.  —  Il  fleurit  en  avril 
et  en  mai.  Linné  le  cite  en  fleur  àUpsal  le  26  avril  1748. 


SCILLA.  599 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent,  et 
recherche  les  terrains  détritiques  des  plaines  et  des  mon- 
tagnes. Nous  le  trouvons  en  Auvergne  entre  600  et  1 ,000". 
De  Candolle  l'indique  à  1,500°»  à  Esquiéry,  et  à  2,500™ 
dans  l'Allée  blanche.  Wahlenberg  le  cite  seulement  jusque 
dans  la  région  alpine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  en  France  , 
en  Espagne  et  en  Grèce.  —  Au  nord  ,  il  est  très-disséminé 
dansTEurope  centrale  et  dans  la  majeure  partie  de  la  Scan- 
dinavie, dans  la  Finlande  australe  et  en  Angleterre. —  A 
l'occident,  il  est  en  Portugal,  —  A  l'orient,  on  le  ren- 
contre en  Suisse,  en  Itahe,  en  Croatie,  en  Hongrie,  en 
Transylvanie ,  en  Turquie ,  en  Géorgie ,  dans  les  Russies 
septentrionale ,  moyenne  et  australe ,  dans  les  Sibéries  de 
l'Oural ,  de  l'Altaï  et  du  Baïkal ,  dans  la  Dahurie  et  au 
Kamtschatka. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Grèce 37»     )  Écart  en  latitude  : 

Nord,  Norvège 64       )  ^  27» 

Occident,  Portugal 10  0.|  Écart  en  longitude  : 

On■e«^  Kamtschatka 170  E.)  180« 

Carré  d'expansion 4860 

G.  SCII.LA ,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Ce  genre,  re- 
marquable par  la  beauté  de  ses  fleurs  bleues ,  contient  50 
espèces.  30  vivent  en  Europe  et  particulièrement  dans  sa 
partie  australe  :  en  Portugal ,  en  Espagne ,  en  Italie ,  en 
Sicile ,  en  Corse  ,  en  Provence ,  en  Sardaigne ,  en  Tauride 


600  LILIACÉES. 

et  en  Croatie.  —  12  habitent  l'Afrique,  et  sur  ce  nombre  4 
sont  du  cap  de  Bonne-Espérance ,  6  se  trouvent  en  Barbarie, 
1  en  Numidie  et  1  à  Ténériffe.  —  On  cite  6  Seilla  en 
Asie  :  aux  Indes  orientales,  au  Japon  ,  en  Sibérie,  dans  le 
Caucase  et  en  Géorgie.  —  Un  seul  est  indiqué  au  Pérou. 
—  Un  seul  à  la  Nouvelle-Hollande. 

SciLLA  ACTUMNALis ,  Lin.  —  Il  fait  partie  de  la  végéta- 
tion des  pelouses  sèches ,  des  coteaux ,  où  il  se  montre  très- 
tard,  en  juillet  et  en  août,  quand  le  soleil  a  brûlé  toutes  les 
plantes  du  printemps.  Le  bulbe  est  ovoïde  et  peu  profondé- 
ment enfoui;  il  donne  naissance  à  quelques  feuilles  radica- 
les, tenues  ,  filiformes,  plus  courtes  que  la  tige,  et  qui  sont 
ordinairement  flétries  quand  celle-ci  se  présente.  Elle  est 
grêle  et  lisse  ,  et  se  termine  par  un  petit  corymbe  irrégu- 
lièr  de  fleurs  d'un  bleu  pâle  ou  HIacé.  Les  divisions  du  pé- 
rigone  sont  étalées  et  persistent  jusqu'à  la  maturité,  accom- 
pagnant une  capsule  déprimée ,  qui  renferme  des  graines 
noires  et  chagrinées. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  vit 
sur  toutes  les  pelouses  des  plaines  et  des  coteaux. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  végète  en  France ,  en  Espa- 
gne et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  on  le  rencontre  en  Belgique, 
en  Allemagne  et  en  Angleterre.  —  A  l'occident,  en  Portu- 
gal. —  A  l'orient,  en  Italie,  en  Sicile,  en  Dalmatie,  en 
Grèce  ,  en  Turquie ,  en  Tauride ,  en  Géorgie ,  en  Orient  sur 
les  sables  maritimes  de  Beyrouth. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud ,  Algérie So**      |  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Angleterre 52       i  17« 


SCILLA.  601 

Occident ,  Portugal 10  O.  |  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 46  E.  i  56» 

Carré  d'expansion 952 

SciLLA  VERNA ,  Huds.  —  On  le  trouve  dans  les  lieux  in- 
cultes ,  dans  les  prés  secs  et  les  coteaux.  Son  bulbe  est  ovoïde 
et  laisse  sortir  3  à  5  feuilles  épaisses  ,  légèrement  courbées 
en  gouttière,  dressées  et  moins  hautes  que  la  tige.  Celle-ci 
est  ferme,  lisse  et  cylindrique,  et  porte  au  sommet  4  à  8 
fleurs  que  des  pédicelles  allongés  réunissent  en  une  espèce 
d'ombelle  accompagnée  de  bractées  allongées.  Les  divisions 
du  périgone  sont  d'un  bleu  pâle,  marquées  d'une  nervure 
bleue  plus  foncée.  L'ovaire  et  les  étamines  sont  d'un  beau 
bleu;  la  capsule  est  presque  globuleuse. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  — Nous  ne  le  connaissons 
que  sur  les  terrains  primitifs  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  les  Pyrénées  et  l'Espagne.  — 
Au  nord  ,  l'Angleterre  et  les  Feroë,  les  Orcades  et  les  Shet- 
land. —  A  l'occident,  les  Asturies.  —  A  l'orient,  la 
France. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Midi  de  l'Espagne 3G<»     )  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Feroë 62       i  26» 

Occident,  Feroë 9  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  France 0       )  9» 

Carré  d'expansion 234 

SciLLA  BiFOLiA  ,  Lin.  —  Fille  du  printemps ,  compagne 
inséparable  de  l'anémone  des  bois,  du  Daphne  Mezereum y 
de  V Erythronium  dens  canis  et  du  cortège  brillant  que  les 
beaux  jours  nous  ramènent ,  cette  plante  ne  quitte  le  séjour 


602  LILIACÉES. 

des  forêts  que  pour  celui  des  prairies  qui  s'y  trouvent  encla- 
vées et  dont  les  arbres  ont  disparu  Son  bulbe,  blanc  et  peu 
volumineux,  est  arrondi  et  formé  de  tuniques  superposées. 
Il  en  sort,  à  la  fin  de  l'hiver,  2  feuilles  qui  s'étalent  sur  la 
terre  après  avoir  protégé  un  épi  de  charmants  boutons  ré- 
gulièrement alternes,  que  le  développement  de  leurs  pédi- 
celles dispose  en  une  grappe  lèche  et  écartée;  alors  ils  s'épa- 
nouissent et  présentent  l'azur  le  plus  vif,  le  bleu  de  la  tur- 
quoise passant  à  l'outremer.  Les  ovaires  et  les  étamines  sont 
bleus;  le  stigmate,  glanduleux,  est  apte  avant  les  anthères. 
Après  la  fécondation,  l'ovaire  grossit  promptement;  la  hampe 
s'allonge  et  s'affaiblit,  et  les  fruits  l'entraînent  et  la  couchent 
avec  eux  sur  le  sol.  Plus  tard  ,  ces  fruits  verts ,  spongieux  et 
arrondis,  s'ouvrent  en  3  valves,  et  l'on  trouve  dans  cha- 
que loge  1  ou  2  graines  assez  grosses,  munies  à  leur  base 
d'un  arille  épais  et  comme  gélatineux.  —  Il  fleurit  en  avril 
et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  — C'est  une  plante  indiffé- 
rente, qui  recherchecependant  les  terrains  détritiques  et  qui, 
en  Auvergne,  atteint  facilement  1,200™  d'altitude.  Elle 
croît  en  Grèce ,  sur  le  sommet  du  Taygète. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  vit  dans  les  Pyrénées ,  en 
Espagne ,  à  l'île  de  Crète.  — -  Au  nord  ,  elle  habite  la  Bel- 
gique ,  l'Allemagne ,  la  Volhynie.  —  A  l'occident ,  elle 
reste  en  Espagne.  —  A  l'orient,  on  la  trouve  en  Suisse,  en 
Italie ,  en  Sicile ,  en  Dalmatie  ,  en  Hongrie,  en  Croatie  ,  en 
Transylvanie ,  en  Grèce,  en  Turquie,  en  Tauride ,  dans  le 
Caucase ,  en  Géorgie ,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe. 


Limites  d'extension  de  Vespèce, 

ZïHe 35<*      .  Écart 

Nord,  Volhynie 51        i  16« 


Sud ,  Ile  de  Crète 35<*      .  Écart  en  latitude  : 


SCILLA.  '603 

Occident ,  Espagne 3  0.  |  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47  E.  j  50"» 

Carré  d'expansion. 800 

SciLLA  Lilio-Hyacinthus ,  Lin.  —  Cette  espèce,  la 
plus  sociale  de  tous  les  Scilla,  couvre  de  grands  espaces  dans 
les  forêts ,  et  tapisse  leur  sol  d'une  verdure  fraîche  et  lustrée. 
Ses  individus  se  touchent  et  s'étendent  en  tapis  avant  que 
les  arbres  ne  se  soient  encore  couverts  de  leur  feuillage ,  et 
quand  leurs  fleurs  bleues  ou  hlas  s'épanouissent,  elles  for- 
ment le  fond  d'un  parterre  auquel  viennent  s'associer  les 
belles  fleurs  blanches  du  Denlaria  pinnata ,  les  corolles 
soufrées  du  Primuïa  e/atior ,  V Anémone  nemorosa,  VAdoxa 
moscalellina,  déjeunes  feuilles  roulées  de  VAthyrium  Fiîix 
fœmina,  des  groupes  de  houx  ,  de  framboisier  et  de  Sam~ 
bucus  racemosa.  Ses  bulbes,  enfouis  sous  les  feuilles  mortes 
à  demi-décomposées,  sont  jaunes  et  écailleux  ;  ses  feuilles 
sont  radicales  ,  allongées  et  luisantes.  La  hampe  qui  sort 
du  centre  de  leur  rosette  porte  10  à  12  fleurs,  d'abord 
réunies  en  un  faisceau,  mais  dont  les  pédicelles  s'écartent 
avant  l'épanouissement. Le  périgone  est  ouvert,  à  6  divisions; 
les  6  étamines  ont  leurs  fdets  dilatés,  les  anthères  oscillantes. 
L'ovaire,  à  3  angles,  se  transforme  en  une  capsule  trian- 
gulaire et  à  3  loges.  —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  ne  connaissons  ce 
Scilla  que  sur  les  terrains  siliceux  ,  primitifs,  volcaniques  et 
détritiques  des  montagnes,  entre  800  et  1,400"™.  De  Can- 
dolle  le  cite  à  0  à  Dax  et  à  Orléans,  et  à  1,600'°  à  Es- 
quierry. 

Géographie.  —  Au  sud ,  cette  plante  entre  à  peine  en 
Espagne  ,  et  reste  dans  les  Pyrénées  françaises  et  espagnoles. 
-  -  Au  nord ,  elle  ne  dépasse  pas  les  départements  de  la  Creuse 


604  LILIACÉES. 

et  de  l'Allier.  —  A  l'occident ,  elle  atteint  Bayonne.  —  A 
l'orient,  elle  est  limitée  par  le  plateau  central  de  la  France. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Pyrénées, 42**     | Écart  en  latitude: 

Nord ,  France 46       j  4® 

Occident ,  Bayonne 4  0.^  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  France 1    E.  j  5" 

Carré  d'expansion 20 

SciLLA  NCTANS,  Smith.  —  Chaque  contrée  de  l'Europe 
possède  au  moins  une  espèce  de  scille  pour  décorer  le  sol  de 
ses  forêts  avant  que  le  feuillage  des  arbres  ne  vienne  ar- 
rêter les  rayons  du  soleil,  mais  aucune  ne  produit  un  plus 
bel  effet  que  le  S.  milans.  Elle  vit  en  société,  ou  plutôt  ses 
individus  presque  solitaires ,  mais  rapprochés ,  s'étendent 
sur  de  vastes  espaces,  mêlant  leurs  grappes  bleues  aux 
fleurs  orangées  du  Narcissus  pseudo-Narcissiis  et  aux  co- 
rolles étoilées  de  V Anémone  nemorosa.  Ses  bulbes,  assez 
gros,  donnent  naissance  à  des  feuilles  nombreuses,  allongées, 
étalées  en  rosette  sur  le  sol,  et  du  milieu  desquelles  sort 
une  hampe  penchée  à  son  extrémité,  qui  se  déploie  lente- 
ment et  finit  enfin  par  se  dresser  pour  ouvrir  ses  fleurs. 
Celles-ci  sont  bleues;  les  3  divisions  extérieures  du  péri- 
gone  sont  roulées  en  dehors.  Le  pollen  est  blanchâtre  ; 
chaque  pédicelle  est  muni  à  sa  base  de  2  bractées.  —  Ses 
bulbes  sont  enveloppés  d'une  tunique  blanche ,  très-épaisse, 
sous  laquelle  se  trouvent  des  bulbilles  qui  finissent  par  la 
percer  et  se  faire  jour  à  l'extérieur.  —  Elle  fleurit  en  avril 
et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  vit  sur  les  terrains 


MUSCARI.  605 

primitifs  et  détritiques  des  plaines  et  des  montagnes  peu 
élevées. 

Géographie.  —  Cette  plante  est  trés-disséminée  dans  ses 
stations.  Elle  existe  ,  au  sud  ,  dans  les  Pyrénées  et  en  Es- 
pagne. —  Au  nord  ,  elle  se  trouve  en  France,  en  Belgique, 
en  Allemagne ,  en  Bavière  ,  en  Angleterre ,  en  Irlande  et 
aux  Hébrides,  où  elle  a  sa  limite  occidentale.  —  A  l'orient, 
elle  habite  la  Lombardie  et  l'Illyrie. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Espagne 40*^      | Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Hébrides 58       i  18° 

Occident,  Hébrides 10  O. -.Ecart  en  longitude  : 

Orient,  lllyrie 12  E.  j  22» 

Carré  d'expansion 396 

G.  rauscAHi,  Mill. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  On  n'en  connaît 
que  11  espèces,  dont  7  sont  européennes ,  de  la  Sicile  ,  de 
l'Italie  et  du  centre  de  l'Europe.  —  3  sont  asiatiques ,  de  la 
Perse,  de  l'Orient  et  de  l'Asie-Mineure.  — 1  est  africaine, 
de  la  Barbarie. 

McscART  COMOSUM  ,  Mill.  —  Cette  plante  curieuse 
abonde  dans  les  champs,  sur  les  pelouses  et  les  coteaux  oii 
elle  fleurit  en  mai  et  en  juin.  Elle  offre  des  bulbes  volumi- 
neux et  rougeâtres,  d'une  forme  régulière,  et  qui  rappellent 
ceux  de  la  jacinthe  des  jardins.  Ce  bulbe  porte  entre  ses 
tuniques  intérieures  un  grand  nombre  de  bulbilles  pédon- 
culéesqui,  chaque  année,  reproduisent  la  plante  indépen- 
damment de  la  bulbilic  qui  se  trouve  à  la  base  de  la  hampe 


606  LILIACÉES. 

centrale.  Cette  hampe,  élevée  et  munie  de  quelques  feuilles 
allongées  et  pliées  en  gouttière ,  sort  du  bulbe  principal, 
et  se  termine  par  un  long  épi  de  fleurs  dont  l'épanouisse- 
ment commence  à  la  base  pour  s'arrêter  avant  d'être  au 
sommet.  En  effet ,  les  fleurs  inférieures  sont  fertiles ,  elles 
offrent  un  périgone  ovale,  renflé  dans  son  milieu,  et  partagé 
au  sommet  en  6  dents.  Les  fleurs  supérieures  manquent 
d'organes  de  la  reproduction  ;  leurs  pédicelles  violets  sont 
redressés  au  lieu  d'être  rabattus,  et  leur  ensemble  forme 
comme  un  élégant  bouquet  au  sommet  de  la  tige.  Après  la 
fécondation,  l'ovaire,  triangulaire,  grossit  et  se  transforme 
en  une  capsule  trigone,  à  angles  saillants,  presqu'ailée.  Elle 
s'ouvre  au  sommet,  ses  3  valves  se  fendent  par  le  milieu,  et 
les  graines  noires  qui  étaient  réunies  2  à  2  dans  chaque  loge 
se  dispersent  sur  le  sol.  —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  II  est  indifférent  et  vit 
dans  les  plaines  ou  dans  les  montagnes.  Ledebour  le  cite 
dans  le  Taliisch,  entre  1,000  et  2,000"". 

Géographie.  —  Au  sud,  il  végète  en  France,  en  Espagne 
et  en  Algérie.  —  A  nord  ,  il  existe  dans  l'Allemagne  méri- 
dionale et  en  Belgique  oii  il  est  rare.  —  A  l'occident ,  il  est 
en  Portugal.  —  A  l'orient,  on  le  trouve  en  Suisse,  en 
Itahe,  en  Sicile,  en  Dalmatie,  en  Hongrie,  en  Croatie, 
en  Transylvanie ,  en  Tauride ,  en  Géorgie ,  dans  le  Taliisch, 
dans  la  Russie  australe. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud^  Algérie 35"     ") Ecart  en  latitude  : 

iVorrf,  Belgique 50       ^  15« 

Occident ,  Portugal 10  0. 1  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 48  E.  )  58^ 

Carré  d'expansion 870 


MCSCARI.  607 

MuscARi  RACEMosuM,  Mill.  —  Cette  jolie  espèce  abonde 
dans  les  champs ,  dans  les  vignes  ,  sur  le  bord  des  chemins 
cil  ses  individus  sont  nombreux  et  souvent  mêlés  au  Tussi- 
lago  Farfara ,  au  Thlapsi  perfoUatum ,  au  Fumaria  offi- 
cinalis  ,  etc.  Ses  bulbes  rougeâtres  portent  à  leur  base  et  à 
l'extérieur  un  grand  nombre  de  petites  bulbilles.  Du  milieu 
du  bulbe  principal  sortent  quelques  feuilles  allongées,  étroi- 
tes, cylindriques  et  roulées  sur  elles-mêmes,  puis  une  hampe 
nue  ,  verte  ou  rougeâtre  ,  qui  est  terminée  par  un  épi  serré 
de  charmants  grelots  bleus  liserés  de  blancs  et  répandant 
une  odeur  suave.  Les  dernières  fleurs  du  sommet  de  l'épi 
avortent  comme  celles  du  31.  comosum ,  mais  l'axe  ne  s'al- 
longe pas  pour  les  élever  au-dessus  des  autres.  —  Il  fleurit 
en  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  préfère  les  terrains 
calcaires  et  marneux,  et  vit  dans  les  plaines  et  dans  les  mon- 
tagnes. M.  Boissier  le  cite  à  1,800""  dans  le  midi  de  l'Es- 
pagne. Ledebour  l'indique  entre  800  et  2,600i"  dans  le 
Breschtau. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  est  commun  en  France ,  en 
Espagne  et  en  Barbarie.  —  Au  nord ,  on  le  rencontre  en 
Allemagne,  en  Belgique  et  en  Angleterre,  où  il  est  pro- 
bablement naturalisé.  —  A  l'occident,  il  vit  en  Portugal. 
—  A  l'orient ,  il  est  en  Suisse  ,  en  Italie  ,  en  Hongrie  , 
en  Dalmatie ,  en  Croatie  ,  en  Transylvanie  ,  en  Grèce  ,  en 
Turquie,  en  Tauride,  dans  le  Caucase,  en  Géorgie  et  dans 
la  Russie  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Barbarie 34°      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Belgique 49       i  15» 


608  LILIACÉES. 

Occident ,  Portugal 11  0.  | Ecart  en  longitude: 

On>«^  Géorgie 47   E.)  58« 

Carré  d'expansion 870 

MuscARi  BOTRYOÏDES,  Mill.  —  Cette  espèce  croît  aussi 
dans  les  champs  et  dans  les  lieux  incultes.  Elle  ressemble  à 
la  précédente,  mais  elle  en  diffère  par  ses  feuilles  plus  larges, 
redressées  et  dépassant  les  épis  florifères.  Les  fleurs  sont  ino- 
dores. —  Elle  fleurit  en  avril  et  en  mai. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Elle  végète  sur  les  ter- 
rains calcaires  et  marneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  elle  se  trouve  en  France,  en 
Italie  et  en  Sicile.  —  Au  nord,  on  la  rencontre  disséminée 
en  Allemagne,  en  Bavière ,  en  Belgique,  en  Danemarck, 
en  Gothie,  et  sporadique  en  Suède  et  en  Norvège.  —  A 
l'occident,  elle  reste  en  France,  —  A  l'orient,  elle  est  en 
Suisse,  en  Dalmatie,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en 
Croatie,  en  Bosnie  et  en  Géorgie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile 38"      1  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Gothie 58       )  20" 

Occident ,  France 0       ]  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 47  E.  )  47» 

Carré  d'expansion 940 

G.  ALLiuai,  Lin. 

Distribution  géographique  du  genre.  —  Parmi  les 
200  espèces  qui  composent  ce  grand  genre ,  on  en  compte 
110  qui  habitent  l'Europe,  et  si  quelques-unes  s'avancent 


ALLICM.  609 

en  Allemagne  et  en  Russie,  presque  toutes  restent  dans 
l'Europe  australe  :  en  Grèce  ,  en  Italie  ,  en  Sicile ,  en  Espa- 
gne ,  en  Portugal,  à  l'île  de  Crète,  en  Tauride,  en  Corse, 
en  Provence  ,  en  Dalmalie  et  en  Hongrie.  —  L'Asie  a  60 
^//à<m,  dont  les  deux  tiers  appartiennent  aux  diverses  régions 
de  la  Sibérie,  et  l'autre  tiers  aux  Indes  orientales,  à  la 
Chine,  au  Japon  ,  au  Caucase  ,  à  la  Géorgie  et  à  l'Asie  mi- 
neure. —  15  sont  mentionnés  dans  l'Amérique  du  nord, 
quelques-uns  au  Mexique,  la  plus  grande  partie  aux  Etats- 
Unis  et  au  Canada.  —  On  en  cite  seulement  4  dans  le  sud  du 
Nouveau-Monde  ,  3  au  Chili,  1  au  Brésil.  —  L'Afrique  a 
aussi  ses  AlUum  ,  et  ses  10  espèces,  à  l'exception  de  4 
qui  sont  du  cap  de  Bonne-Espérance ,  appartiennent  à  l'Afri- 
que boréale,  à  la  Barbarie  et  à  l'Egypte. 

Alltijm  victoriale.  Lin.  —  Les  pentes  herbeuses  des 
montagnes  nous  offrent  cette  grande  espèce  qui  tantôt  vit 
solitaire  et  d'autres  fois  forme  de  vastes  tapis.  Quelques  vé- 
gétaux lui  sont  associés,  et  l'on  distingue  parmi  eux  le  Gé- 
ranium sylvaticum  ,  le  Pedicularis  foliosa  ,  le  Centaurea 
montana ,  le  Luzula  maxima ,  le  Ranunculus  platanifo- 
lius ,  etc.  Ses  racines  sont  des  espèces  de  rhizomes  munis 
d'un  plateau  d'oii  s'échappent  d'un  côté  des  radicelles,  et 
qui  de  l'autre  s'allongent  en  un  bulbe  recouvert  d'un  tissu 
fibreux.  Ce  tissu  est  formé  par  les  fibres  desséchées  et  super- 
posées de  la  base  des  anciennes  feuilles.  De  ce  plateau  part 
la  tige  florifère ,  et  à  côté  d'elle  se  trouvent  des  bourgeons 
qui  doivent  se  développer  dans  les  années  suivantes.  Les 
feuilles  sont  engainantes,  larges,  arrondies  et  plissées  en 
éventail.  Les  fleurs,  d'un  blanc  verdâtre,  sont  enfermées 
dans  une  spathe  scarieuse  qui  se  déchire  pour  les  laisser 
sortir.  Les  étamines  sont  saillantes  et  dilatées  à  la  base. 
VIll  '^^ 


610  LILIACÉES. 

La  capsule  s'entr'ouvre  au  sommet  et  contient  dans  chaque 
loge  2  semences  noires  et  dures.  —  Il  lleurit  en  juin  et  en 
juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Cet  Allium  se  trouve 
en  Auvergne  sur  les  terrains  siliceux ,  volcaniques  et  détri- 
tiques des  montagnes,  entre  1,000  et  1,700"".  De  Can- 
dolle  le  cite  sur  le  calcaire  dans  le  Jura  à  OOO""  comme  mi- 
nimum d'altitude.  Unger  l'indique  dans  le  Tyrol  sur  le  cal- 
caire. Ledebour  le  mentionne  dans  le  Caucase  entre  700  et 
1,700'". 

Géographie.  —  Au  sud,  il  croît  en  France,  dans  les 
Pyrénées,  en  Espagne  ,  dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Sicile. 
—  Au  nord ,  il  végète  en  Suisse  et  dans  les  Vosges.  — 
A  l'occident,  il  est  en  Portugal.  —  A  l'orient,  on  le  trouve 
en  Croatie ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie  ,  dans  la  Thrace 
orientale,  dans  le  Caucase,  dans  les  Sibéries  de  l'Oural, 
de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale,  dans  la  Dahurie  et  le 
Karatschatka. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Sicile 38»     ■\  Ecart  en  latitude  : 

A^(9r(/ ,  Sibérie  orientale 57       ;  19** 

Occident ,  Portugal 10  O.  |  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Kamtschatka 170  E.  )  180° 

Carré  d'expansion 3420 

Allium  ursinum  ,  Lin.  —  Cette  curieuse  espèce  vit  dans 
les  forêts ,  dans  les  lieux  frais  et  ombragés  où  elle  se  déve- 
loppe en  abondance.  Elle  forme  des  groupes  d'un  beau  vert, 
au  milieu  desquels  se  montrent  des  fleurs  d'un  blanc  de 
lait.  Ses  bulbes  croissent  dans  le  terreau  formé  par  la  décom- 
position des  feuilles,  et  présentent  une  organisation  toute 


ALLIUM.  611 

particulière.  Vaucher,  qui  a  observé  avec  soin  leur  déve- 
loppement ,  le  décrit  ainsi  :  «  Première  année  ;  germina- 
tion ,  feuille  séminale  chargée  à  sa  base  d'une  bulbe.  2^  an- 
née; cette  bulbe  donne  de  son  centre  une  nouvelle  bulbe 
dont  on  aperçoit  le  rudiment  dès  la  première  année.  3*^  an- 
née ;  la  bulbe  de  la  seconde  année  développe  de  son  centre 
2  ou  plusieurs  bulbes  ,  les  unes  chargées  d'une  et  quelque- 
fois de  deux  feuilles  ,  dont  une  toujours  renflée  et  bulbifère 
à  sa  base  ,  les  autres  florifères  renfermant  une  hampe  laté- 
rale ,  une  feuille  enveloppant  et  une  feuille  bulbifère ,  et 
ainsi  à  l'indéfini  (t.  4,  p.  373).  »  Ses  feuilles,  toutes  radi- 
cales, sont  larges  et  d'un  beau  vert,  portées  sur  un  long  pé- 
tiole qui  forme  à  sa  base  une  gaine  cylindrique.  La  hampe 
est  nue  ,  latérale  et  lisse.  Ses  fleurs  sont  étalées  ,  d'un  beau 
blanc ,  et  ses  étamines  sont  plus  courtes  que  le  périgone. 
—  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  le  trouvons  sur  les 
terrains  siliceux  ,  primitifs ,  volcaniques  et  détritiques  des 
coteaux  et  des  montagnes,  jusqu'à  l'altitude  de  1,200'". 
Wahlenberg  le  cite  aussi  en  Suisse,  dans  les  bois  de  la 
plaine  et  des  montagnes,  jusqu'à  la  limite  supérieure  du 
hêtre ,  et  ajoute  qu'il  atteint  quelquefois  la  gbne  supérieure 
des  sapins. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  se  trouve  dans  les  Pyrénées , 
en  Espagne  ,  dans  le  midi  de  l'Italie  et  en  Sicile.  —  Au 
nord  ,  il  existe  dans  l'Europe  centrale,  jusque  dans  la  Suède 
et  la  Norvège  australes,  aux  îles  d'Aland  et  d'Osilie,  en 
Angleterre  et  en  Irlande  oîi  il  a  sa  limite  occidentale.  — 
A  l'orient ,  il  habite  la  Suisse ,  la  Dalmatie ,  la  Hongrie , 
la  Croatie,  la  Transylvanie,  la  Géorgie,  les  Russies  moyenne 
et  australe,  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï,  et  le 
Kamtschatka. 


612  LILIACÉES. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Sicile 38°      )  Ecart  en  latitude  : 

TVorrf ,  Iles  d'Aland 60        \  22» 

OccAdcnt ,  hhnàe 12  O.j  Ecart  en  longitude: 

Orient,  Kamtschalka 170   E.  j  182o 

Carré  d'expansion 4004 

Allium  roseum  ,  Lin.  —  Elégante  espèce  qui  végète 
dans  les  champs  et  dans  les  vignes,  sur  le  bord  des  chemins. 
Il  sort  de  sa  racine  bulbeuse  et  arrondie,  des  feuilles  planes, 
engainantes  et  plus  courtes  que  la  tige.  Celle-ci  est  cylin- 
drique ,  et  terminée  par  une  ombelle  de  Heurs  roses  ,  enfer- 
mée d'abord  dans  une  spathe  d'une  seule  pièce  et  persistante, 
qui  se  partage  en  deux  pour  laisser  sortir  les  fleurs.  L'om- 
belle est  presque  plane,  bien  fournie.  Le  périgone  a  ses 
divisions  obtuses,  il  s'ouvre  le  matin  et  se  referme  le  soir. 
—  Il  fleurit  en  avril  et  en  mai. 

Nalure  du  sol.  — Allilude.  —  Terrains  calcaires  et  mar- 
neux de  la  plaine. 

Géographie^ —  Au  sud,  cet  ail  vit  en  Provence,  en 
Corse,  en  Espagne  ,  aux  Canaries,  et  en  Barbarie  jusque 
dans  le  Sahara.  —  Au  nord  ,  il  atteint  à  peine  le  bord  du 
plateau  central  de  la  France  et  la  Dalmatie.  — A  l'occident, 
il  reste  en  Espagne.  —  A  l'orient ,  il  végète  en  Corse,  en 
Italie,  en  Sicile  ,  en  Grèce  et  à  l'île  de  Crète. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Canaries 30<*      (Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Dalmatie 44       ^  14" 


ALLILM.  613 

Occident ,  Canaries 18  0.  ^  Ecart  en  longitude  : 


Orient ,  Ile  de  Crète 23  E.  j  4l« 

Carré  d'expansion 574 

Allidm  fallax  ,  Don.  —  On  le  trouve  sur  les  coteaux, 
dans  les  lieux  arides  et  dans  les  fentes  des  rochers.  Sa  racine 
est  une  espèce  de  rhizome  rameux,  au  sommet  duquel  s'im- 
plante un  bulbe  allongé  qui  donne  naissance  à  la  hampe 
latérale  de  l'année  et  aux  feuilles  carénées  de  l'année  sui- 
vante. Ce  rhizome  s'accroît  encore  par  sa  base  spongieuse 
de  bulbes  qui  naissent  successivement.  Les  feuilles  sont  dis- 
tiques et  se  flétrissent  promptement.  La  hampe  est  angu- 
leuse, recouverte  près  de  sa  base  par  les  gaines  raccourcies 
des  feuilles  latérales.  Les  fleurs  sont  disposées  en  ombelles 
penchées  avant  la  floraison,  et  entourées  d'une  spathe  courte 
et  persistante  qui  se  fend  en  2  ou  3  lobes.  Le  périgone  est 
rose  et  campanule  ;  les  anthères  sont  saillantes  ,  mais  la 
fécondation  est  indirecte  ,  car  le  stigmate  est  toujours  en 
retard  sur  l'ouverture  des  anthères.  —  11  fleurit  en  juillet 
et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  11  est  indifférent ,  et 
croît  sur  le  sol  rocheux  des  coteaux  et  des  montagnes.  De 
Candolle  le  cite  àO  à  Marseille  ,  et  à  2,400™  au  pic  d'E- 
reslitz,  dans  les  Pyrénées. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  trouve  en  France  et 
dans  le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  est  disséminé 
dans  une  grande  partie  de  l'Europe,  en  Danemarck ,  en 
Gothie.  —  A  l'occident ,  il  reste  en  France.  —  A  l'orient , 
il  existe  en  Suisse  ,  en  Autriche  ,  en  Dalmatie ,  en  Croatie  , 
en  Hongrie,  en  Transylvanie,  dans  les Russies  moyenne  et 
australe. 


614  LILIACÉES. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 39"      ) Écart  en  latitude  : 

Nord,  Golhie 55       j  16» 

Occident ,  France 0       \  Ecart  en  longitude  : 

Orient,  Russie  moyenne 42   E.  j  42° 

Carré  d'expansion. ...» 672 

Allicm  suaveolens  ,  Jacq.  —  On  le  rencontre  dans  les 
lieux  frais ,  sur  le  bord  des  ruisseaux  et  quelquefois  dans  les 
marais.  — Son  rhizome  est  entièrement  recouvert  de  gaines 
superposées ,  fournies  par  les  anciennes  et  par  les  nouvelles 
feuilles  dont  la  base  est  élargie.  Il  repousse  chaque  année  de 
son  sommet,  et  produit  des  feuilles  linéaires ,  planes,  mar- 
quées en  dessous  de  nervures  saillantes,  et  une  tige  arrondie 
qui  se  termine  par  une  ombelle  serrée,  globuleuse,  penchée, 
protégée  par  une  spathe  qui  se  divise  en  deux  segments  ova- 
les. La  base  des  filets  des  étamines  est  munie  de  2  appen- 
dices latéraux.  Lors  de  la  fécondation  ,  le  périgone  s'étale 
et  les  anthères  s'approchent  alternativement  du  stigmate 
qui  est  porté  sur  un  long  style.  —  Il  fleurit  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  reste 
dans  les  plaines. 

Géographie.  —  Au  sud,  les  Pyrénées  et  le  midi  de  l'Ita- 
lie. —  Au  nord  ,  le  Valais  ,  le  Tyrol  et  l'Allemagne  méri- 
dionale. —  A  l'occident,  la  France. —  A  l'orient,  la  Hongrie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Midi  de  l'Italie 40°      (Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Suisse 47       )  7° 


ALLIUM.  615 

Occident ,  France 0       )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Hongrie 20  E.  j  20« 

Carré  d'expansion 140 

Allitjm  MULTiFLORCM ,  DC.  —  On  le  trouve  dans  les 
vignes  et  sur  le  bord  des  chemins.  Son  bulbe  est  ovoïde  et 
recouvert  de  nombreuses  tuniques  superposées  qui  séparent 
les  cayeux.  Sa  tige  est  droite,  cylindrique  ,  garnie  à  sa  base 
de  feuilles  planes  et  glabres ,  plus  courtes  que  la  tige.  L'om- 
belle est  arrondie  ,  très-fournie  ,  enveloppée  d'une  spathe 
membraneuse  et  caduque.  Le  périgone ,  d'un  rose  plus  ou 
moins  foncé,  a  ses  divisions  lancéolées  et  pointues,  les 
étamines  ont  leurs  filets  alternativement  simples  ou  tricus- 
pides.  —  Il  fleurit  en  mai  et  en  juin. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Nous  le  trouvons  sur  les 
calcaires  et  les  terrains  marneux  de  la  plaine. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  on  le  rencontre  en  France  et 
en  Algérie.  —  Au  nord  et  à  l'occident,  il  reste  en  France. 
—  A  l'orient,  il  est  indiqué  en  Grèce. 

Limites  d'extension  de  V espèce. 

Sud,  Algérie 35**      i  Ecart  en  latitude  : 

Nord,  Yrance 46       (  11» 

Occident ,  France 0       |  Ecart  en  longitude  : 

Orienty  Grèce 22  E.)  22» 

Carré  d'expansion 242 

Allium  sPHiEROCEPHALUM ,  Lin.  —  Il  est  commuu  dans 
les  champs,  dans  les  vignes,  sur  les  coteaux.  Son  bulbe, 
qui  paraît  simple  ,  est  formé  de  2  ou  3  bulbilles  ,  dont  les 
supérieures  sont  pédicellées.  La  hampe  latérale  est  soudée  à 
la  base  du  bulbe,  et  l'on  aperçoit  de  bonne  heure  dans  les  bul- 


616  LILIACÉES. 

billes  la  hampe  future.  La  tige  est  garnie  de  feuilles  minces, 
fistuleuses  et  à  peu  près  cylindriques.  Les  fleurs  forment  une 
tête  serrée,  enfermée  dans  une  spathe  courte,  membraneuse 
et  qui  s'ouvre  en  2  pièces.  Ces  fleurs  sont  roses  ou  purpu- 
rines ;  les  filets  des  étamines  sont  alternativement  tricuspides, 
et  à  la  base  de  l'ovaire  se  trouve  un  nectaire  en  godet.  Les 
pédicelles ,  très-courts ,  rendent  l'ombelle  sphérique  ,  mais 
peu  à  peu  les  supérieures  s'allongent  et  donnent  à  l'ombelle 
la  forme  d'un  cône.  —  Il  fleurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  et  se 
trouve  sur  tous  les  terrains,  souvent  sur  les  calcaires.  M.  Lloyd 
le  cite  comme  jouant  un  grand  rôle  sur  les  sables  maritimes 
de  Nantes. — En  Auvergne,  nous  le  trouvons  en  plaine. 
De  Candolle  le  cite  à  0  à  Nantes  et  à  Gènes ,  et  à  1,500'» 
à  Montlouis.  M.  Boissier  l'indique  dans  le  midi  de  l'Espa- 
gne de  0  à  1,900™.  Ledebour  le  mentionne  dans  le  Ta- 
lùsch  à  2,200™. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  vit  en  France  ,  en  Espagne  , 
en  Algérie,  aux  Canaries. — Au  nord,  il  occupe  la  ma- 
jeure partie  de  l'Europe  centrale  ,  le  Danemarck  et  l'Angle- 
terre. —  A  l'occident ,  il  est  aussi  en  Portugal.  —  A  l'o- 
rient ,  il  existe  en  Suisse ,  en  Italie ,  en  Sicile  ,  en  Dalmatie  , 
en  Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie,  en  Turquie,  dans 
le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  les  Russies  moyenne  et  australe . 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud,  Canaries 30»      ) Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Angleterre 52       )  22» 

Occi(/e«^,  Canaries 18  0.| Ecart  en  longitude: 

Orient ,  Ta\\isài 47    E.  î  65» 

Carré  d'expansion 1430 


ALLIUM.  617 

Alliem  vineale,  Lin.  —  On  le  trouve  dans  les  vignes 
et  dans  les  moissons  où  il  vit  dispersé.  Son  bulbe  est  ovoïde 
etd'une  structure  très-remarquable.  11  porte  à  sa  base,  après 
l'époque  de  la  floraison  ,  3  à4bulbilles  longuement  pédon- 
culées  et  logées  dans  les  enveloppes  superposées  de  la  base 
de  la  tige.  Ce  bulbe  contient  encore,  sous  une  enveloppe 
cartilagineuse  ,  la  hampe  qui  est  latérale  et  aplatie.  Les 
feuilles  sont  cylindriques  et  fistuleuses.  L'ombelle  est  bul- 
bifère,  souvent  partagée  en  deux  et  protégée  par  une  spathe 
tapissée  à  l'intérieur  d'un  duvet  blanchâtre.  —  11  fleurit  en 
juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  On  le  rencontre  sur 
tous  les  terrains ,  mais  il  préfère  les  calcaires  et  reste  dans 
les  plaines. 

Géographie.  —  Au  sud  ,  il  croît  en  France  ,  en  Espa- 
gne ,  aux  Canaries.  —  Au  nord  ,  dans  tout  le  centre  de  l'Eu- 
rope ,  en  Scandinavie ,  la  Laponie  exceptée  ,  en  Angleterre 
et  en  Irlande.  —  A  l'occident,  il  est  aussi  en  Portugal.  — 
A  l'orient,  il  existe  en  Suisse,  en  Italie,  en  Sicile,  en 
Croatie,  en  Dalmatie ,  en  Hongrie,  en  Transylvanie,  en 
Turquie  ,  et  dans  la  Russie  moyenne. 

Limites  d'extension  de  l'espèce. 

Sud ,  Canaries 30°      )  Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Norvège 62       '  32» 

Occirfen^,  Canaries 18  0.  )  Ecart  en  longitude  : 

Oriewf,  Russie  moyenne 55  E.  j  73° 

Carré  d'expansion 2336 

Allium  oleraceum  ,  Lin.  —  11  croît  dans  les  haies,  dans 
les  taillis  et  sur  le  bord  des  chemins.  Son  bulbe  est  solitaire 


618  LILIACÉES. 

et  donne  naissance  à  une  tige  droite  et  feuillée  ,  toujours  un 
peu  tordue  avant  la  floraison.  Ses  feuilles  sont  marquées  en 
dessous  de  7  à  9  nervures  un  peu  saillantes.  Les  fleurs,  pres- 
que toujours  mêlées  à  des  bulbilles  et  quelquefois  remplacées 
par  elles,  souvent  pendantes  lors  de  l'épanouissement ,  sont 
renfermées  dans  une  spathe  qui  s'ouvre  en  2  pièces ,  dont 
l'une  est  terminée  par  une  longue  pointe.  Les  étamines  sont 
subulées ,  réunies  à  leur  base  par  une  membrane.  Lors  de  la 
fécondation  et  avant  que  les  stigmates  ne  soient  nubiles , 
chaque  anthère  s'en  approche  et  y  répand  un  pollen  blan- 
châtre. Les  bulbilles  de  l'ombelle  sont  terminées  par  une 
pointe  verte  et  très-courte. — Il  fleurit  en  juin,  juillet  et  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  est  indifférent  à  la 
nature  du  sol  et  préfère  la  plaine  aux  montagnes. 

Géographie.  — Au  sud  ,  il  se  trouve  en  France  et  dans 
le  midi  de  l'Italie.  —  Au  nord  ,  il  est  disséminé  dans  toute 
l'Europe  ,  dans  toute  la  Scandinavie,  jusque  dans  la  Lapo- 
nie  australe  ,  et  en  Angleterre.  —  A  l'occident ,  il  reste  en 
Angleterre.  —  A  l'orient ,  il  vit  en  Suisse ,  en  Hongrie  ,  en 
Croatie ,  en  Transylvanie ,  dans  les  Russies  septentrionale , 
moyenne  et  australe  ,  et  dans  la  Sibérie  du  Baïkal. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Royaume  de  Naples 40®      ^  Ecart  en  latitude  : 

A^orrf,  Laponie 66       j  26» 

Occident,  Angleterre 6  0.-\  Ecart  en  longitude  : 

Onm^  Sibérie  du  Baïkal 110  E.j  116» 

Carré  d'expansion 3016 


Allium  flavum,  Lin.  — On  rencontre  cet  ail  dans  les 
lieux  pierreux  ,  dans  les  champs ,  sur  les  coteaux  incultes  et 


ALLICM.  619 

sur  les  rochers.  II  s'y  trouve  ordinairement  en  sociétés  assez 
nombreuses.  Sa  racine  est  bulbeuse  ;  sa  tige  est  cylindrique, 
garnie  de  feuilles  étroites  ,  demi-cylindriques  ,  un  peu  fis- 
tuleuses  et  d'un  vert  glauque.  Ses  fleurs ,  d'un  beau  jaune, 
sont  disposées  en  une  ombelle  lâche  ,  protégée  par  une  spa- 
the  qui  s'ouvre  en  2  parties  et  dont  une  des  pièces  est  ter- 
minée par  un  long  appendice.  Les  étamines  sont  simples  et 
font  saillie  hors  du  périgone. —  Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
calcaires  et  rocailleux  de  la  plaine  et  des  coteaux.  Nous  le 
trouvons  aussi  en  Auvergne  sur  le  basalte. 

Géographie.  —  Au  sud ,  il  existe  en  France  ,  en  Italie , 
en  Sicile  et  en  Grèce.  —  Au  nord  ,  il  croit  en  France  et 
dans  la  Podolie  australe.  —  A  l'occident ,  il  reste  en  France. 
—  A  l'orient,  on  le  rencontre  en  Autriche ,  en  Dalmalie, 
en  Croatie  ,  en  Hongrie ,  en  Transylvanie  ,  en  Tauride ,  dans 
le  Caucase,  en  Géorgie,  dans  lesRussies  moyenne  et  australe. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud ,  Grèce 37*^      ]  Ecart  en  latitude  : 

iVord,  Podolie 48       i  11« 

Occident ,  France 0       )  Ecart  en  longitude  : 

Orient ,  Géorgie 48  E.  j  48» 

Carré  d'expansion 528 

Allium  PANicuLATUM ,  Lin.  —  Il  vit  aussi  dans  les 
champs  et  sur  les  coteaux  arides  ,  très-disséminé.  Sa  racine 
est  bulbeuse  ;  sa  tige  est  cylindrique  ,  garnie  de  feuilles  al- 
longées, menues,  demi-cylindriques.  Les  fleurs  sont  dis- 
posées en  une  ombelle  très-lâche  et  comme  paniculée,  que 
protège  une  spathe  à  deux  divisions ,  dont  l'une  se  prolonge 


620  LILIACÉES. 

en  pointe.  Les  fleurs  extérieures  sont  suspendues  sur  leur 
pédoncule.  Le  périgone  est  purpurin  ou  violacé.  Les  filets 
des  étamines  sont  réunis  à  leur  base  par  une  membrane,  et 
les  anthères  font  saillie  hors  du  périgone.  —  Il  fleurit  en 
juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Allilude.  —  11  croît  sur  les  terrains 
siliceux  et  détritiques  des  plaines  et  des  montagnes.  De 
Candolle  le  cite  à  0  à  Narbonne  et  à  1 ,600"^  dans  le  Jura. 
Ledebourle  mentionnedans  leCaucase  à  1 ,600  et  à2,000™. 

Géographie.  —  Nous  réunissons  à  cette  espèce  VA.  in- 
terniedium  ,  DC,  que  nous  considérons  comme  distincte, 
mais  dont  il  nous  est  impossible  de  séparer  l'aire  géographi- 
que par  suite  de  la  confusion  des  2  espèces.  — Au  sud  ,  il 
croît  en  France  et  en  Algérie.  —  Au  nord  ,  on  le  trouve 
dans  la  France  centrale  ,  en  Tyrol  et  dans  la  Yolhynie. 
—  A  l'occident ,  il  et.t  en  Portugal.  —  A  l'orient ,  il  végète 
en  Italie  ,  en  Sicile  ,  en  Corse  ,  en  Hongrie,  en  Transylva- 
nie, en  Galicie ,  en  Grèce,  en  Turquie,  en  Tauride ,  dans 
le  Caucase  ,  en  Géorgie  ,  dans  les  llussies  moyenne  et  aus- 
trale, dans  les  Sibéries  de  l'Oural  et  de  l'Altaï. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Algérie 35"      ) Ecart  en  latitude  : 

Nord ,  Yolhynie 50       i  15° 

Occident,  Portugi! 10  0.  )  Ecart  en  longitude: 

Orient,  Sibérie  altaïque 90   E.  j  100» 

Carré  d'expansion 1500 

Allicm  sch^noprâsum  ,  Lin.  —  Il  croît  sur  les  rochers 
mouillés  par  les  eaux  et  dans  les  lieux  humides ,  dans  les 
prairies.  Il  forme  de  jolies  touffes  d'un  beau  vert,  au  mi- 


ALLIUM.  621 

lieu  desquelles  se  distinguent  ses  ombelles  violettes  ou  lila- 
cées.  Son  rhizome,  peu  apparent,  donne  naissance  à  plu- 
sieurs bulbes  rapprochés.  Ses  feuilles ,  très-menues,  filifor- 
mes ,  pointues  et  fistuleuses  ,  sont  aussi  longues  que  la  tige. 
Les  fleurs  naissent  en  têtes  serrées,  accompagnées  d'une 
spathe  de  2  pièces  plus  courtes  que  l'ombelle.  Ses  étamines 
sont  simples ,  réunies  à  la  base  par  leurs  filets.  Les  anthères 
se  retournent  et  répandent  successivement  leur  pollen  au- 
dessus  du  stigmate.  —  Il  (leurit  en  juin  et  en  juillet. 

Nature  du  sol.  —  Altitude.  —  Il  recherche  les  terrains 
siliceux  et  rocailleux  des  collines  et  des  montagnes.  M.  Bois- 
sier  l'indique  dans  le  midi  de  l'Espagne  entre  2,100  et 
2,500"".  Ledebour  lecite  dans  le  Caucase  jusqu'à  2,300™. 
Wahlenberg  le  mentionne  dans  sa  flore  de  la  Suisse,  dans 
les  lieux  humides,  sur  les  pentes  des  Alpes,  depuis  la  limite 
supérieure  du  sapin  jusqu'à  2,200"°. 

Géographie.  —  Au  sud,  il  atteint  le  midi  de  l'Espagne. 

—  Au  nord,  ilesttrès-disséminé,  mais  il  arrive  jusque  dans  la 
Laponie  oii  Wahlenberg  l'indique  sur  les  rivages  herbeux  et 
humides  de  toutle  Finmarck  et  assez  commun  dans  les  îles 
du  Nordland  septentrional.  Il  est  aussi  en  Angleterre.  —  A 
l'occident,  il  est  cité  dans  l'Amérique  du  nord,  dans  les  con- 
trées boisées  du  Canada  ,  depuis  le  lac  de  l'Ours  jusqu'aux 
montagnes  Rocheuses,  dans  les  prairies  à  Terre-Neuve, 
près  de  la  rivière  de  Wallah-Wallah  ,  sur  la  côte  nord-ouest. 

—  A  l'orient ,  on  le  trouve  en  Suisse  ,  en  Italie  ,  en 
Corse,  en  Croatie  ,  en  Hongrie  ,  en  Transylvanie,  dans  le 
Caucase ,  en  Géorgie  ,  dans  toutes  les  Russies  ,  dans  les  Si- 
béries  de  l'Oural,  de  l'Altaï,  du  Baïkal  et  orientale,  dans 
la  Dahurie ,  au  pays  des  Tschukhis ,  au  Kamlschatka  et 
dans  l'Amérique  russe. 


622  LILIACÉES. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 


Sud,  Midi  de  l'Espagne 36"     | Écart  en  latitude 

Nord ,  Altenfiord 70       j  34° 

Ecart  en  longitude 
3G0° 
Carré  d'expansion 12240 


Occident  et  Orient 360        j*^^'»"'  *^"  '""» 


G.  NAHTHECIUIIS ,  Suds. 

On  n'en  connaît  que  3  espèces ,  dont  2  de  l'Amérique  du 
nord  et  la  3"  européenne. 

Narthecium  ossiFRAGUM ,  Huds.  —  On  ne  rencontre 
cette  espèce  que  dans  les  lieux  marécageux  ,  touroeux ,  en 
partie  inondés,  où  elle  croît  souvent  en  très-grande  quantité, 
associée  aux  Carex ,  aux  Eriophorum  ,  au  Drosera  rotun- 
difolia,  au  D.  intermedia,  au  Lycopodium  immdalum,  au 
Veronica  scutellata,,  etc.  Ses  rhizomes  tracent  dans  la  tourbe 
ou  dans  la  vase,  et  de  leur  extrémité  sortent  des  feuilles  allon- 
gées, engaînées,  et  rappelant  en  petit  celles  des  Iris.  Du 
milieu  de  ces  feuilles  sort  une  hampe  terminée  par  un  épi  de 
fleurs  jaunâtres,  presque  sessiles,  et  offran  tun  périgone  à  6 
divisions.  Les  étamines,  au  nombre  de  6,  ont  les  filets  lai- 
neux et  persistants  ,  les  anthères  jaunes  ;  l'ovaire  est  pyra- 
midal ,  surmonté  d'un  style  court.  Le  fruit  est  une  capsule 
pointue ,  assez  fréquemment  colorée  en  rouge  vif.  Elle 
s'ouvre  en  3  valves  et  réj»and  des  graines  enveloppées  dans 
un  petit  sac  membraneux,  dont  les  2  extrémités  dépassent 
la  graine  et  la  rendent  ovale. — Il  fleurit  en  juillet  et  en  août. 


NARTHECIUM.  623 

Nature  du  sol.  —Altitude.  —  Il  recherche  les  sols  aqua- 
tiques, siliceux  et  tourbeux  des  montagnes.  Nous  le  trou- 
vons de  800  à  1,000°^  d'altitude.  De  Candolle  le  cite  à 
0  à  Dax  et  à  1,400"!  au  port  de  l'Erce. 

Géographie.  —  Au  sud ,  on  le  trouve  en  France ,  dans 
les  Pyrénées ,  en  Corse  et  dans  le  nord  de  l'Espagne.  —  Au 
nord  ,  il  existe  dans  toute  l'Europe  centrale  ,  dans  toute  la 
Scandinavie  et  même  dans  la  Laponie  ,  dans  les  lieux  arrosés 
au  pied  des  rochers  exposés  au  midi,  dans  les  vallées  subal- 
pines du  Nordland  méridional.  Il  est  aussi  en  Angleterre  , 
en  Irlande  et  dans  tous  les  archipels  anglais  et  danois,  mais 

non  en  Islande.  —  A  l'occident,  il  existe  en  Portugal.  

A  l'orient,  il  habite  l'Autriche  ,  la  Hongrie  et  la  Livonie. 

Limites  d'extension  de  Vespèce. 

Sud,  Portugal 40°      j Écart  en  latitude  : 

Nord ,  Laponie 68       J  28° 

Occident ,  Portugal 10  0.  )  Écart  en  longitude  : 

Orient ,  Livonie 26  E.  '  36° 

Carré  d'expansion 1008 


FIN  1)U  TOME  EUITIÈME. 


Ucrmonl,  iinpr.  ilt  Ferdinand  lliibuud' 


Urr- 


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Santa  Barbara 


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