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Full text of "Flore pittoresque et mdicale des Antilles, ou, Histoire naturelle des plantes usuelles des colonies franaises, anglaises, espagnoles et portugaises;"

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Conservation  work  performed 

with  funds  from  the  1993/94 

NEW  YORK  STATE 

CONSERVATION/PRESERVATION 

DISCRETIONARY  GRANT  PROGRAM 


"S 


ET  MEDICALE 


DES  ANTILLES, 


OU 

TRAITÉ  DES  PLANTES  USUELLES 

DES   COLONIES  FRANÇAISES,   ANGLAISES,  ESPAGNOLES 

ET    POF..TUGAISES. 

DÉDIÉE   ET   PRÉSENTÉE  AU   ROI 

DOCTECÏ  El»  MÉDECINE  DE  LA  FACnLxi.  DE  PARIS  ,  ANCIEN  MEDECIN  DU  GOUVERNEMENT 
A  SAINT-DOMINGUE,  ET  FONDATEUR  DC  LYCEE  COLONIAL,  MEDECIN  DE  l'hOSPICE 
CCVlt  DS  BBAUaiONT,  ET  MEMBRE  DE  LA  SOCIÉTÉ  HNNÉENNE  DE  PARIS  ET  DE 
PLUSIEURS     AUTRES     SOCIÉtÉs     SAVANTES. 


Xe4'iite   paD   c).    Cso.  GDû)coiwtti/l/2'. 


Le  jus  exprimé  de  la  canne  à  sucre  ,  relui  du  citron  et  l'eau  limpide 
des  ruisseaux  qui  serpentent  dans  tous  les  jardins  ,  fournissent  a 
l'instant  une  boisson  salutaire ,   qu'une  feuille  fraîche  et  roulée  du 

-  bananier,  ou  qu'un  pétale  détaché  de  la  popote,  peuvent  retenir... 
Partout ,  dans  ces  climats  fortunés  ,  le  Caraïbe  trouvait  sous  ses 
pas  les  plantes  que  réclamait  la  maladie  d'un  père  ,  d'un  parent  ou 
d'ua-anai  1..  Ces  insulaires  avaient-ils  d'autres  moyens  curatifs  ?.... 

(discours  PRELIMINAIRE.) 

IinperilisslmcB  gentes  ,   herbas  in  auxiliuin  vulnertint 
inorborumqiie  noi'erunl.  C.  Cels. ,  ad  PrKS. 


TOME   TROISIEME. 


PARIS. 


5o; 


CHAPPRON ,  rue  de  la  Grande-Truanderie ,  n 
Veuve  RENARD,  libraire,  rue  Gaumartin  ,  n.  i^; 
Chez  i  LEVRAULT,  libraire ,  rue  de  la  Harpe  ,  n.  8i  ; 
'  MALEPEYRE,  libraire,  rue  Gît-le-Cœur,  u.  4; 
Et  chez  les  principaux  Libraires. 

1827. 


/  #^ 


j 


'2 


IFILOll  Ml©I(GâlLl 

DES   ANTILLES. 


IV"^  CLASSE. 


DES  SUBSTANCES  VEGETALES  QUI  PEUVENT  AGIR  SUR 
l'estomac,  OU  LE  CANAL  INTESTINAL,  PAR  LEURS 
QUALITÉS    VENENEUSES    OU    MEDICAMENTEUSES. 


PLANTES  TOXIQUES  CORROSIVES  , 

ET 

TOXIQUES  NARCOTIQUES. 


SOMMAIRE. 


l'iNTÉRÈT  de  la  société  faisant  un  devoir  aux  natura- 
listes voyageurs  de  signaler  au  public  les  végétaux  véné- 
neux qu'une  main  coupable  ,  ou  inexpérimentée  ,  pour- 
rait employer  ,  nous  traiterons  avec  le  plus  grand  soin 
la  classe  des  toxiques  que  nous  diviserons  en  deux  par- 
ties. Nous  ne  pouvons  donner  assez  de  renseigneraens 
pour  éclairer ,  du  flambeau  de  la  doctrine  et  de  Texpé- 

ToME  III.  —  "ig^  Livraison,  i 


(M 

rit'iice  ,  le  médecin  légiste  qui  lient  en  ses  mains  la  vie 
ou  la  mort  d'un  accusé. 

La  plupart  des  végétaux  de  cette  classe  ne  peuvent 
être  introduits  dans  le  conduit  alimentaire  ,  même  à  des 
doses  fractionnées  ,  sans  y  porter  le  trouble  et  la  désor- 
ganisation. La  reconnaissance  des  signes  qui  décèlent  la 
présence  des  poisons  est  donc  d'une  extrême  importance 
pour  le  médecin  ,  puisqu'il  doit  baser  son  traitement , 
et  déterminer  l'antidote  convenable  ,  d'après  la  nature 
des  symptômes  qui  se  présentent ,  et  l'altération  d'un  ou 
de  plusieurs  systèmes  de  l'économie.  On  divise  ces  signes 
en  deux  classes.  Les  uns  sont  généraux  et  communs  à 
tous  les  empoisoiinemens  \  les  autres  particuliers  ,  c'est- 
à-dire  relatifs  à  l'action  de  telle  ou  telle  substance  véné- 
neuse. C  est  pourquoi  l'on  reconnaît  l'influence  d'un 
narcotique  à  un  état  convulsif  ou  de  délire,  aux  nausées, 
aux  pandiculations  ,  à  une  tendance  irrésistible  au  som- 
meil,  à  la  stupeur,  à  la  létliargie  ,  aux  tremblemens, 
aux  soubresauts  ,  à  la  roideur  tétanique  de  la  mâchoire , 
au  regard  fixe ,  morne ,  hagard ,  symptômes  qui  déno- 
tent l'impression  du  narcotique  sur  les  nerfs  et  le  cer- 
veau ^  les  narcotiques  suspendant  soudainement  les  fonc- 
tions de  l'estomac  et  du  conduit  intestinal.  Le  poison 
chimique  ou  mécanique  ,  introduit  dans  les  voies  diges- 
tives  ,  produit  au  contraire  une  sensation  pungitive  et 
déchirante  ,  des  hémorragies ,  des  vomissemens  opiniâ- 
tres d'une  matière  porracée ,  des  sueurs  ,  des  mouve- 
mens  convulsifs  ,  la  tuméfaction  du  ventre  ,  et  des  diar- 
rées  excessives  ,  des  syncopes  ,  des  vertiges ,  et  plu- 
sieurs autres  symptômes  qui  appartiennent  à  certaines 
maladies  aiguës. 

Les  peuples  les  plus  anciens  ont  fait  usage  des  poisons 


(  3) 
|)our  st;  défaire  de  leursennemis.  Les  Francs  ,  dit  Alibert, 
dans  leurs  guerres  contre  îes  Maures ,  trempaient  leurs 
armes  dans  le   suc  de  Tellébore  noir  qui  croît  sur  les 
Pyrénées ,  et  dont  le  venin  est  si  subtil ,  qu'un  boeuf 
piqué  d'une  de  ces  flèches  meurt  en  huit  minutes.  De 
nos  jours  ,   l'art  de  fabriquer  les  poisons  n'est  que  trop 
connu  aux  colonies  où  l'exaltation  de  l'imagination ,  où 
la  soif  des  vengeances,   où  la  jalousie   implacable,   et 
toutes  les  passions  déchaînées  rendent  l'homme  honteux 
à  lui-m^me.  Que  de  plantes  ,  sous  la  zone  torride  ,  pro- 
curent aux  criminels  des  armes  à  leur  atroce  frénésie. 
La  plupart  des  plantes  laiteuses  qui  y  croissent  en  abon-' 
dance ,    surtout  ce   suc  qui    découle   des   arbres  de  ce 
genre,    et   produit,    par    oxigénation,    une  espèce    de 
caoutchouc,  offrent  à  l'homicide  une  source  empoisonnée, 
dans  laquelle  il  peut  tremper  ses  traits.    Les  végétaux 
vireux  lui  fournissent  aussi  ces   tristes  moyens  de  des- 
truction.  Mais  la  même  main  qui  plaça  ,  dans  les  solitu- 
des de  l'Amérique,  des  végétaux  nuisibles  ,  permit  aussi 
aux   plus  puissans   antidotes    de    les    accompagner.    Le 
mancenillier  donne  son  tronc  pour  appui  au  cèdre  blanc 
(  Bignonia  Leucoxylon),   et  la   terre  qui  laisse  à  regret 
paraître  le  sombre  feuillage  du  québec  ,  offre  au  malheu- 
reux, qui  eu  fait  usage,  l'antidote  que  son  sein  a  retenu 
pour    neutraliser  les  effets  funestes  de  son  feuillage.  Il 
n'existe  pas  ,  à  proprement  parler,   de  poisons  dans  la 
nature  -,  leur  action   n'est  que  relative  ,  puisqu'il  n'est 
aucune  substance  qui ,   convenablement   employée  ,    ne 
puisse  être  profitable  et  salutaire  aux  vivans. 

L'action  des  poisons  minéraux,  végétaux  et  animaux  ^ 
sur  notre  économie,  est  en  raison  directe  de  la  sensibi- 
lité constitutionnelle  de  Tindividu.  Alibert  a  prouvé  ce 


1* 


(  4  ) 

fait  en  donnant  de  fortes  doses  de  deutoclilorure  de  mer- 
cure à  des  animaux  dormeurs ,  tels  que  le  hérisson , 
qui  n'ont  éprouvé  que  de  l'agitation  et  une  forte  con- 
traction des  organes  gastriques  sans  que  la  mort  s'en- 
suivît, et  sans  qu'ils  en  parussent  fort  incommodés, 
(L'émétique  n'agit  pas  de  même  sur  tous  les  individus.  ) 
La  même  expérience  ,  faite  sur  des  animaux  d'une  sus- 
ceptibilité nerveuse  ,  très-excitable ,  les  a  fait  périr 
promptement.  On  sait  que  Sénèque  ,  impatient  de  quit- 
ter la  vie  ,  prit  vainement  du  poison  ,  sa  sensibilité  phy- 
sique étant  émoussée  par  une  hémorragie  copieuse  qu'il 
venait  d'éprouver.  Les  hommes  de  la  nature  sont  moins 
accessibles  à  l'influence  des  poisons  que  les  citadins 
efféminés  par  une  vie  luxurieuse ,  et  les  progrès  de  la 
civilisation.  L'estomac  des  Lapons  et  des  habitans  des 
autres  contrées  hyperboréennes  ,  est  peu  impressionna- 
ble ,  et  les  irritans  les  plus  actifs  peuvent  à  peine  dé- 
terminer la  contractilité  musculaire. 

L'action  délétère  des  substances  vénéneuses  change 
aussi  en  raison  des  divers  degrés  de  sensibilité  départis 
aux  différentes  espèces  d'animaux.  Le  Cabiai ,  que  le  D. 
Alibert  nourrit  pendant  quelque  temps  ,  sans  accident  , 
avec  des  racines  de  jusquiame,  mourut  subitement  lors- 
qu'on remplaça  cette  nourriture  par  de  la  ciguë. 

Les  remèdes  qui  calment  les  douleurs  s'appellent  ano- 
dins -,  ceux  qui  provoquent  le  sommeil  ,  ont  le  nom 
d'assoupissans  ,  d'hypnotiques  et  de  narcotiques. 

Les  narcotiques  n'agissent  pas  toujours  de  la  même 
manière  ,  et  leurs  parties  constituantes  diffèrent  donc 
entre  elles.  Or  ,  pourquoi  classer  l'opium  et  la  ciguë 
dans  la  même  catégorie  ,  puisque  les  prêtres  égyptiens 
et  ceux  d'Athènes  calmaient  l'ardeur   de   leurs  passions 


(  5  3 

avec  ïa  ciguë  ,  taudis  que  les  Orientaux  les  excitent  avec 
l'opium  ?  Cette  question  pourtant  peut  se  résoudre  eu 
songeant  que  l'opium,  à  petite  dose,  est  calmant ,  et  qu'à 
dose  plus  élevée  il  devient  excitant. 

La  ciguë  donne  des  niouveniens  épileptiques  ,  des  vo 
misscmens    convulsifs ,    des   contractions    de   nerfs    ef- 
frayantes ,  que  l'opium  ne  donne  pas. 

L'opium  ne  doit  point  s'administrer  s'il  y  a  trop  de 
fièvre  et  trop  de  plénitude  ,  ou  trop  de  faiblesse  e\  d'i- 
nanition. Il  faut  craindre  d'arrêter  ou  même  de  ralentir 
quelque  évacuation  naturelle  devenue  nécessaire. 

Si  l'opium  augmente  la  sueur,  il  diminue  par  consé- 
quent la  sécrétion  de  l'urine.  S'il  donne  au  sang  plus  de 
fluidité  et  d'activité  ,  administré  à  trop  forte  dose ,  il 
retarde  le  mouvement  de  la  bile  ,  engorge  les  viscères  , 
embarrasse  le  cerveau ,  engourdit  les  nerfs.  Mais  il  a  son 
correctif  puissant  (  même  à  la  dose  d'empoisonnement), 
dans  l'usage  du  suc  de  citron  qui  dissipe ,  comme  par 
encliantement,  jusqu'aux  moindres  vestiges  ,  ces  symptô- 
m.es  \  au  lieu  que  pour  l'empoisonnement  par  la  ciguë  , 
l'émétique  est  préférable.  Les  malades  qui  peuvent  vo- 
mir sont  ordinairement  guéris. 

Les  poisons  les  plus  redoutables  ,  comme  le  remar- 
que judicieusement  Alibert ,  sont  ceux  qui  attaquent  à 
la  fois ,  et  non  d'une  manière  successive ,  l'économie 
animale ,  parce  que  la  nature  n'a  pas  le  temps  nécessaire 
pour  coordonner  ses  pliénomènes  de  réaction ,  et  sa  ré- 
sistance est  infructueuse.  Plusieurs  poisons  aussi  n'ont 
point  d'action  directe  sur  les  nerfs  )  mais  dès  qu'ils  en- 
trent en  contact  avec  le  sang ,  alors  l'animal  meurt  sou- 
dainement. 

Chaque  système  de  notre  organisation  est  particulier 


(6) 

rement  affecté  par  telle  on  telle  substance  délétère.  Cer- 
tains poisons  introduits  dans  Festomac  ne  sont  pas  délé- 
tères ,  et  sont  promptenient  mortels  s'ils  sont  soumis  à 
l'action  des  absorbans.  Magendie  et  Delille  ont  prouvé 
cet  axiome  par  V up as -tienté qui ^  administré  à  lapins  pe- 
tite dose,  devient  le  stimulant  le  plus  énergique  de  la 
moelle  épinière ,  et  donne  promptement  la  mort  en 
frappant  le  système  nerveux  d'un  spasme  universel  qui 
suspend  les  fonctions  de  la  respiration. 

Les  poisons  Acres  sont  moins  énergiques  que  les  cor- 
rosifs ^  ils  ont  aussi  des  modes  d  action  très-différens  les 
mis  des  autres.  En  général  ils  produisent,  pour  la  plu- 
part, des  effets  beaucoup  plus  marqués  lorsqu'ils  sont 
injectés  dans  le  tissu  cellulaire  ou  les  vaisseaux ,  que 
lorsqu'ils   sont   ingérés    dans   Festomac  ;  néanmoins   ils 


réagissent  sur  cet  organe. 


Les  poisons  narcotico-àcrcs  diffèrent  des  premiers  ,  et 
encore  bien  qu'ils  aient  une  influence  sur  Festomac  et 
sur  les  intestins  ,  ils  agissent  particulièrement  sur  les 
systèmes  nerveux  et  circulatoire  -,  ce  qu'on  observe  dans 
l'empoisonnement  par  la  belladone  ,  les  datures  ,  la  jus- 
quiame ,  les  cbampignons  ,  dont  l'action  sur  Festomac 
est  lente. 

Les  poisons  narcotiques  ,  proprement  dits  ,  sont  les 
plus  dangereux  de  tous  *,  ce  qui  a  fait  dire  au  célèbre  Vau- 
quelin  ,  en  parlant  du  daphne  alpina  et  autres  bois  lai- 
teux ,  ((  que  les  plantes  acides  sont  rarement  à  craindre, 
))  mais  quil  faut  se  défier  des  autres.  »  En  effet  les 
alcalis  végétaux  sont  les  principes  actifs  des  poisons  les 
plus  énergiques.  Cette  cinquième  espèce  d'alcali  végé- 
tal est  due  à  M.  Pelletier  qui  l'a  trouvée  dans  l'écorce 
de  la  fausse  An gusture.  Pourtant  la  substance  la  plus  dé- 


(  7  ) 
lélère  ne  diffère  souvent  d'une  substance  salutaire  et 
nutritive  que  par  l'addition  ou  la  soustraction  d'une  pe- 
tite quantité  d'hydrogène  de  carbone  ou  d'azote.  L'ana- 
lyse chimique  ,  autrefois  très-imparfaite  ,  offre  mainte- 
nant des  résultats  plus  satisfaisans.  Si  elle  altère  souvent 
ce  qui  constitue  la  vertu  d'une  plante,  ce  qu'on  recon- 
naît à  l'insipidité  des  eaux  distillées  des  plantes  peu  odo- 
rantes ,  et  non  aromatiques  ^  le  feu  y  développe  quelque- 
fois des  principes  qui  n'existaient  pas  avant  que  le  mixte 
fût  soumis  à  son  action.  L'analyse  des  anciens  ne  four- 
nissait qu'une  huile  empyreumatique  ,  du  phlegme,  etc. , 
qui  se  formaient  par  la  chaleur.  L'analyse  de  nos  jours  . 
au  moyen  de  gaz  ,  est  bien  préférable. 

Au  dix-septième  siècle,  un  arrêt  du  Parlement  proscri- 
vit l'émétique  dont  l'utilité  est  maintenant  reconnue  in- 
contestable.   Les    préparations    héroïques  ,    tirées    des 
substances  végétales  vénéneuses  ,   durent  aussi  inspirer 
de  la  méfiance  ,  et  être  employées  ,    en  tremblant,  par 
les  praticiens  d'abord  incertains  ,  et  sans  expérience  sur 
leurs  effets.  La  science  a  fait  tant  de  progrès  dans  cette 
partie  de  l'art  de  guérir,  et  les  Fontana,  Fodéré,  les 
Orfila  ,  les  Magendie,  Roques,  et  beaucoup  d'autres  zélés 
observateurs,  ont  consacré  tant  de  veilles  à  des  expérien- 
ces multipliées  ,  dont  le  succès  était  destiné  à  l'humanité 
souffrante,  qu'on  marche  à  présent  d'un  pas  plus  assuré, 
en  profitant  des  travaux  de   ces  illustres  savans ,  paimi 
lesquels  on  doit  à  Magendie  d^avoir  prouvé  que  la  ma- 
nière (Vagir  des  médicamens  et  des  poisons  ,  esL  la  même 
sur  riiomme   que  sur  les  animaux.    Ces  plantes  héroï- 
ques,  soumises  au  creuset  du  chimiste  ,  et  leurs  parties 
constituantes   étant    signalées,    deviennent,    employées 
seules ,  des   médicamens  simples  ,  mais   d'une    éne-igie 
précise! 


(8) 

Quant  à  la  reconnaissance  des  plantes  vénéneuses  ,  ?f 
leur  port ,  nous  devons  prévenir  le  lecteur  f[ue  la  cou- 
leur,  presque  toujours  sombre  ,  glauque  ou  bleuâtre  du 
feuillage  de  ces  plantes  suspectes,  leur  aspect  sinistre, 
leur  odeur  vireuse  ,  leur  saveur  acre  ,  signalent  leurs 
propriétés  délétères  ,  dans  lesquelles  cependant  la  méde- 
cine ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit ,  est  parvenue  à  trou- 
ver de  puissans  secours.  Ainsi ,  comme  l'observe  judi- 
cieusement le  D.  Roques,  dans  le  système  physique,  le 
bien  est  toujours  placé  à  côté  du  mal  ;  d'où  résulte  une 
sorte  d'équilibre  qui  en  fait  l'harmonie.  Ils  semblent  aussi 
nous  avertir  que  partout  la  vie  et  la  mort  sont  en 
présence. 

Comme  les  bestiaux  ,  si  utiles  à  l'agriculture ,  péris- 
sent quelquefois  pour  avoir  brouté  de  ces  herbes  véné- 
neuses,  mêlées  à  leur  fourrage,  malgré  l'instinct  qui  les 
porte  à  s'en  garantir,  j'indique  les  végétaux  funestes 
dont  ces  animaux  domestiques  peuvent  faire  leur  pâture, 
afin  d'engager  à  en  extirper  la  race.  Dans  la  seconde 
partie  de  ce  volume ,  je  traite  des  plantes  reconnues  an- 
livénéneuses  par  les  naturels,  dont  l'expérience  a  été 
confirmée  par  des  praticiens  dignes  de  foi!  Que  de  puis- 
sans motifs  pour  s'attacher  à  faire  connaître  ces  dange- 
reux végétaux  !  Toutes  les  classes  de  la  société  y  sont 
intéressées,  et  particulièrement  les  magistrats,  les  mé- 
decins, les  propriétaires  colons,  et  les  personnes  ver- 
tueuses ({ui,  par  charité  évangélique,  aiment  à  secourir 
les  malheureux. 

(  Principes  généraux  du  traitement.  ) 
Le   traitement  à  opposer  à  ces  bubs tances  mortifères 


(9) 
est  Tariable.  En  règle  générale  de  toxicologie,  ii  est 
dangereux  de  suivre  une  théorie  purement  systémati- 
que sur  l'influence  de  tel  médicament.  D'après  l'analyse 
de  ses  principes  constiîuans,  il  est  préférable  de  con- 
sulter les  faits  que  rappellent  l'expérience,  l'observation, 
l'étude  de  la  nature  ,  et  de  ne  s'attacher  qu'aux  effets  des 
médicamens ,  et  à  leur  manière  d'agir  sur  notre  éco- 
nomie. C'est  ainsi,  toute  prévention  à  part ,  que  le 
médecin  aux  colonies  ,  abstraction  faite  pour  un  instant 
de  sa  théorie  répressive  ,  ne  doit  pas  dédiîigner  d'asso- 
cier l'expérience  ,  quoique  routinière  des  naturels  ,  aux 
moyens  rationnels  avoués  par  l'art  *,  car  ,  si ,  d'après  Or- 
fila  ,  l'albumine  ,  et  particulièrement  les  blancs  d'oeufs 
délayés  dans  l'eau ,  sont  le  véritable  antidote  du  sublimé 
<:orrosif  et  des  sels  cuivreux  *,  si ,  comme  Ta  découvert 
Gallet ,  le  sucre  dissipe  promptement  les  accidens  causés 
par  le  vert-de-gris  -,  si  la  poudre  de  charbon  de  bcîs 
bouillie  dans  de  l'eau  sucrée  aromatisée  est  encore  le 
contre-poison  du  sublimé  et  de  l'arsenic  ,  pourquoi  ne 
voudrait -on  pas  que  les  sauvages  aient  aussi  à  eux 
des  moyens  simples  tirés  de  la  nature?  Ne  sait-on  pas 
qu'une  forte  décoction  de  quinquina^  ou  de  noix  de  galle 
échauffée  à  36  ou  ^o° ,  peut  décomposer  l'émétique  ,  et 
arrêter  les  progrès  mortels  de  son  empoisonnement?  !  ! 
Le  premier  soin ,  dans  tous  les  cas  d'empoisonne- 
ment ,  est  d'exciter  ,  par  le  vomissement  ,  l'expulsion 
des  substances  présumées  délétères.  On  a  cru  que  l'es- 
tomac, déjà  gravement  impressionné  par  la  présence 
des  poisons  irritans,  avait  besoin  d'une  plus  forte 
dose  d'émétique  pour  opérer  sa  contraction  ^  mais 
c'est  une  erreur  qui  pourrait  devenir  funeste  ,  et  qu  un 
médecin  prudent   doit  rejeter.  Si  le  poison  est  encore 


(  «o  ) 
dans  l'estomac  ,  il  faut  clioisir  la  voie  la  plus  courte  ,  et 
le  faire  rejeter  par  les  voniissemens  ^  mais  s'il  a  franchi 
le  pylore  ,  et  qu'il  corrode  les  intestins  _,  il  est  préfé- 
rable de  l'expulser  par  les  voies  basses.  Ces  deux  moyens 
souvent  deviennent  nuls  et  même  contraires,  si  le  poison 
a  déjà  produit  des  ravages  ,  et  enflammé  la  muqueuse  ^ 
c'est  alors  qu'il  faut  recourir  aux  remèdes  adoucissans  ^ 
sédatifs  ,  ou  même  ,  selon  Alibert,  à  la  loi  des  affinités 
relatives.  Quand  le  poison  agit  très-rapidement  et  con- 
centre son  action  principale  sur  l'estomac ,  la  maladie 
devient  promptement  mortelle  ,  sans  présenter  des  symp- 
tômes très -graves.  Il  est  de  principe  également,  s'il  y 
a  gastrite  ,  de  ne  pas  employer  les  vomitifs  minéraux  , 
mais  de  titiller  le  pharinx  avec  une  plume  et  d'adminis- 
trer de  l'eau  chaude.  Il  sera  bon  de  se  rappeler  aussi 
qu'en  cas  d'évanouissement  prolongé,  il  est  dangereux 
de  faire  respirer  trop  long-temps  l'ammoniaque  liquide , 
le  gaz  qui  s'en  dégage  enflamme  le  pharynx  et  les  voies 
aériennes  ,  et  peut  occasioner  la  mort,  ainsi  que  l'a  re- 
marqué le  D.  Nysten. 

Nous  terminerons  ce  sommaire  un  peu  minutieux, 
mais  indispensable ,  par  observer  à  nos  lecteurs  que  si  les 
poisons  n'étaient  considérés  que  d'après  les  ravages  qu'ils 
exercent  sur  l'économie  ,  il  eût  été  dangereux  d'en  in- 
troduire l'histoire  dans  ce  livre  ^  mais  la  thérapeuti- 
que retire  souvent  de  la  manipulation  de  ces  plantes 
délétères  des  avantages  inappréciables  ,  et  que  rien  , 
souvent,  ne  peut  remplacer.  Une  plante,  évidemment 
vénéneuse,  a  quelquefois  les  mêmes  principes  que  d'au- 
tres espèces  innocentes  du  même  ordre ,  et  n'en  diffère 
que  par  son  activité ,  que  le  médecin  prévoyant  doit 
diminuer   en  fractionnant  les  doses.   Cest   dans  ce  cas 


(  ■'  ) 

qu'il  faut  soigneusement  apprécier  la  maladie,  le  tem- 
pérament, Tidiosyncrasie  ,  et  la  sensibilité  physique 
de  l'individu  qu'en  a  à  traiter. 

Dans  l'histoire  particulière  des  plantes  vénéneuses 
que  nous  allons  passer  en  revue  ,  nous  les  considérerons 
donc  sous  les  rapports  de  leurs  principes  nuisibles  ,  et 
sous  ceux  de  leurs  propriétés  médicamenteuses  utiles  à 
l'économie  ^  mais  nous  nous  tairons  et  jetterons  un  voile 
épais  sur  les  compositions  meurtrières  de  cette  classe 
réprouvée  des  Mages  ou  Caperlatas  de  l'Amérique.  Jl 
est  prudent  de  vouer  ces  recettes  anti-sociales  au  néant 
d'où  elles  n'auraient  jamais  dû  être  retirées,  et  dont  L« 
nature  frémit. 


AA/»  VV%  VV^  VV\  VV'»  VV%VV\  VVVVV*  CVV\VVVVVVV\ VVV VVVVVVVVX  VVVVV*  VV»  VX-VVVVVXAA/V^ 


i {_ 


MANCENILLIER     VENENEUX. 


(  Toxique  corrosif.  ) 


Synonymie.  Vulg.  l'arbre  de  mortj  Hippomane  mancinella , 
Lin.,  Spec.  Plant,  n.  i  ;  Monœcie  Monadelphie.  Juss.,  Eu- 
phorbiacées  folio  venenata,Mancinello  arbor  seu  Massini- 
lia  dicta.  Commell.,  Hort.,  vol.  i,p.  i3i,  tab.  68.  —  Ar- 
bor venenata  ,  Maneinello  dicta.  Raj. ,  vol.  2  ,  p.  1646.  — 
Juglandi  affinis  arbor  julifera ,  lactescens,  venenata,  pjri- 
folia,  Mancanillo  his  paris  dicta.  Sloan  Farn.,  129,  Hist.  2, 
p.  3,  tab.  iSg.  —  Mancanilla  pyrifani  ,  Plum.,  Gen.  p.  49, 
tab.  3o.  Niss.,  vol.  6 ,  tab.  109.  —  Catesb.  Carol.,  2,  p.  96., 
tab.  95. — Arbor  americana  Maneinello  dicta,  fructu  pomi  ve- 
nenato,nucleisseptenisetpluribus,  in  ossiculo  miiricato,  to- 
tidemloculis  dispcrsato,  inclusis.  Patr.  Alm.,  p.  44*  Pbyto- 
grapli. ,  tab.  142  ,  f.  4-  —  Hippomane  arboreum  ,  lactes- 
cens, raraulis  ternatis,  petiolis  glandula  notatis.  En  anglais, 
Manch-Ancel  ;  en  caraïbe,  Bougoutri.  —  C'est  le  Pon:iaro 
Picedo  d'Oviedo,  liv.  9,  cb.  12.  C'est  aussi  le  Fionii-Peril 
veleiio  du  même,  chap.  78,  ou  Massilinia  major. 

Caractères  génériques.  Fleurs  monoïques. — Dans 
les  mâles  ,  un  calice  bifide ,  un  seul  filament  cliargé  de 
quatre  anthères. — Dans  les  femelles,  un  calice  à  trois 
divisions  ,  plusieurs  stigmates ,  un  drupe  renfermant 
une  noix  multiloculaire  à  loges  monospermes. 

Caractères  particuliers.  Fleur  mâle.  Chaton:  pé- 
rianthe  bifide  •,  corolle  nulle.  Fleur  femelle,  Périanthe 
bifide  :,  corolle  nulle  ^   stigmates  à  trois   parties  ^  fruit  à 


/y.  ^J3. 


7/trat/arf  /)e,rcoiir/l/\.  /^i/ui 


(,3) 

îioyau  ^  feuilles  ovales ,  oblongues,  dentées  en  scie,   à 
deux  glandes  à  leur  base.  (Vivace.) 

Histoire  naturelle.  Cet  arbre  redoutable  ,  de  TA-  * 
mérique  équatoriale  ,  auquel  on  a  donné  le  nom  d'Hyp- 
pomane ,  parce  que  ses  chevaux  sauvages  qui  paissent 
son  feuillage  ou  mangent  de  les  pommes  deviennent 
furieux,  croit  sur  les  bords  de  la  mer,  et  ceint  les  anses 
des  plages  inondées  des  Antilles  \  il  appartient  aux  rives 
sablonneuses  de  l'Amérique  et  aux  marais  qui  en  sont 
voisins ,  et  qu'on  appelle  Salines  *,  on  pourrait  leur 
appliquer  ce  que  Rosset  dit  de  l'aune  et  du  peuplier  : 

Les  noirs  Mancenilliers  ,  amoureux  des  rivages  , 
Couronnent  les  marais  de  leurs  sombres  feuillages  ; 
Et  leur  corps  amphibie  ,  élevant  ses  rameaux, 
A  son  tronc  sur  la  terre ,  et  ses  pieds  sous  les  eaiix. 

Par  une  sorte  d'aberration ,  que  notre  insuffisance 
ne  peut  comprendre  ,  la  nature  loin  d'avoir  imprimé 
sur  le  Mancenillier  vénéneux  le  sceau  de  réprobation, 
en  signalant  son  approche  funeste  par  un  feuillage  sus- 
pect ,  des  fruits  ternes  ou  décolorés ,  par  des  émana- 
lions  nauséeuses,  a  pourvu  cet  arbre  perfide  de  tous  les 
charmes  qui  peuvent  inviter  le  voyageur  altéré  à  cueillir 
ses  fruits  séduisans  par  leur  odeur  agréable  de  citron, 
leur  forme  et  le  vif  éclat  de  leurs  couleurs.  Mais  mal- 
heur à  Timpiudent  qui  porte  ce  fruit  à  ses  lèvres  !  il 
trouve  une  mort  douloureuse  dans  une  pulpe  succu- 
lente,  qui  lui  promettait  une  sensation  agréable.  C'est 
ainsi  que  plusieurs  plantes  vénéneuses  ont  l'enveloppe 
séduisante  du  vice  -,  mais  par  une  admirable  prévoyance, 
le  Mancenillier  offre  un  tronc  pour  appui  au  Nandhiroba 


(  '4  ) 

OU  au  Mimosa  scandens ,   qui    en  deviennent  le  contre- 
poison. 

Toutes  les  parties  du  iVJancenillier  contiemient  un 
suc  laiteux  ,  abondant ,  vésicant  et  d'une  excessive  caus- 
ticité. Les  fruits  ,  semblables  aux  pommes  d'Api  ,  ont 
d'abord  une  saveur  insipide,  bientôt  remplacée  par  une 
sensation  acre  et  brûlante,  qui  excorie  en  peu  d'instans 
la  langue  et  le  palais  ^  c'est  un  des  plus  violens  poisons 
que  fournit  le  règne  végétal.  On  doit  redouter  ces 
fruits,  et  éviter  même  de  rester  long-temps  exposé  aux 
émanations  de  cet  arbre  ,  ou  d'être  atteint,  dit  Moreau 
de  Jonnès  ,  par  le  suc  corrosif  qui  découle  de  ses  feuilles 
quand  ell^s  sont  lavées  par  la  pluie ,  ou  brisées  par  le 
vent,  car  il  devient  vésicant,  ainsi  que  le  prouvent 
les  accide'ns  arrivés  à  M.  de  Tussac  et  à  deux  garçons  de 
serre  de  Paris.  Aussi,  quoique  cet  arbre  puisse  former 
des  allées  de  promenade  ,  par  la  beauté  de  son  aspect  et 
la  rapidité  de  son  accroissement ,  on  est  forcé  d'y  re- 
noncer -,  la  police  même  les  fait  arracher  à  mesure  qu'il 
en  renait ,  afin  d'en  détruire  l'espèce  ,  car  l'expérience 
prouve  qu'il  est  dangereux  de  dormir  à  l'ombre  d'un 
Mancenillier.  Un  nègre  y  fut  trouvé  mort. 

Le  bois  du  Mancenillier  qu'on  disait  nué  des  plus 
belles  couleurs  ,  est  au  contraire  mou,  très-blanc  et  fi- 
landreux ^  il  n'est  d'aucun  usage  ,  et  pas  même  bon  à 
brûler,  car  la  fumée  épaisse  qu'il  produit  est  non-seu- 
lement dangereuse  à  respirer,  mais,  selon  de  Tussac, 
peut  empoisonner  les  mets  qu'on  ferait  cuire  avec  ce 
beis.  On  ne  confiait  autrefois  le  soin  de  l'abattre  qu'à 
des  criminels  condamnés  au  supplice  :  encore  par  hu- 
manilé  faisait-on  allumer  autour  du  tronc  des  feux,  pour 
détruire  l'écorce  et  sou  sue  vénéneux  j  mais  on  se  con- 


(   i5  ) 
lente  à  présent  irètre  masqué  ,  et  de  se  garnir  les  mains 
de   gants. 

Les  poissons  et  les  erabes  mangent  impunément  des 
fruits  du  Mancenillier  ,  mais  ces  animaux  deviennent 
des  poisons  pour  Fiiomme  -,  c'est  ce  que  M.  deTussac  et 
moi  nous  avons  observé  plusieurs  fois  à  St.-Domingue. 

Il  est  prudent,  dans  la  saison  où  le  Mancenillier  pro- 
duit ses  fruits  ,  de  ne  manger  de  ces  poissons  ou  de  ces 
crustacées  ,  qu'après  les  avoir  éprouvés  en  les  mettant 
cuire  avec  une  cuiller  d'argent,  qui  noircit,  si  leur 
estomac  a  reçu  de  la  pulpe  de  ces  fruits. 

Enfin  tous  les  animaux  qui  mangent  de  ces  fruits  , 
excepté  l'Ara  ,  dit  Dutertre  ,  deviennent  malades  et  leur 
cliair  uoire  et  comme  brûlée.  Il  est  dangereux  de  man- 
ger de  ces  animaux-,  Plumier  en  a  fait  l'expérience  à  ses 
dépens.  S'il  arrive  qu'il  tombe  une  goutte  de  ce  suc  sur 
une  plaie ,  et  qu'on  n'y  remédie  pas  promptement ,  la 
gangrène  survient.  Lorsque  les  pommes  du  Mancenil- 
lier tombent  de  l'arbre ,  elles  ne  pourrissent  point 
comme  celles  d'Europe  ,  quand  bien  même  elles  tom- 
beraient dans  l'eau ,  mais  elles  deviennent  ligneuses  , 
dures  et  flottantes. 

Analyse  chimique.  La  tige  et  les  feuilles  produisent 
un  suc  laiteux  ,  lequel  condensé  offre  les  propriétés  du 
Caoutchouc.  Ces  parties  contiennent  beaucoup  de  tanin, 
de  l'acide  galiique ,  peu  de  gomme  et  de  résine ,  plus 
une  matière  féculente  verdàtre.  Le  miasme  délétère, 
qui  devient  si  funeste  aux  hommes  qui  le  reçoivent  , 
paraît  être  de  l'hydro-carbone  ,  combiné  au  gaz  hydro- 
gène carboné. 

PiiopRiÉTÉs  DÉLÉTÈRES.  Lcs  vcrtus  nuisiblcs  résident 


(   i6  ) 

dans  toutes  les  piirlies  de  Faibre  et  de  ses  fruits,  et 
particulièiement  dans  le  gaz  mortifère  qui  s'en  exhale. 
Tout  le  suc  laiteux  occasione  des  ampoules  doulou- 
reuses par  son  application  ,  et  excite  des  maladies  éry- 
sipéJateuses  ,  comme  le  prouve  Plumier  par  un  fait 
qui  lui  est  personnel,  et  qui  se  guérit  par  l'application 
de  compresses  imbibées  de  lait  froid  ,  circonstance  qui 
le  priva  de  donner  une  description  complète  de  cet  ar- 
bre qu'il  redouta  toute  sa  vie. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Sentiment  d'ardeur 
dans  la  bouclie ,  le  pharynx,  l'œsophage,  l'estomac 
et  les  intestins^  ventre  tuméfié  et  brûlant,  horripila- 
tions  ,  sueurs  froides  et  visqueuses  ,  syncopes  fréquen- 
tes ,  lèvres  ulcérées  causant  un  prurit  insupportable  , 
emphysème  de  la  tête.  Les  symptômes  augmentent  en 
raison  de  la  susceptibilité  nerveuse. 

Secours  et  antidotes.  On  doit  à  un  nègre  d'avoir 
indiqué  le  premier  une  infusion  des  feuilles  du  Médi- 
cinier  muîtifîde  ,  comme  antidote  du  poison  du  Man- 
cenillier.  Ce  remède,  qui  agit  comme  vomi-purgatif, 
remplit  la  première  indication  (  V^.  vol.  II ,  P.  i4^)-  Les 
moyens  à  employer  après  les  évacuations  sont  les  muci- 
lagineux  acidulés  et  les  potions  huileuses.  Tussac  re- 
commande ,  comme  spécifique ,  l'eau  salée  ou  l'eau  de 
mer.  Ainsi  la  nature  place  toujours  le  bien  à  côté  du 
mal.  Les  lotions  faites  avec  cette  eau  calment  aussi  la 
douleur  causée  par  l'excoriation  produite  par  le  suc  du 
Mancenillier.  On  trouve  encore  un  antidote  dans  le 
cèdre  blanc ( Bignonia  leucoxylon)^  qu'on  rencontre  tou- 
jours près  de  ces  arbres. 


(  -7  ) 

Les  nègres  appliquent  sur  les  pustules,  qu'excite  sur 
In  penu  le  lait  du  Mancenillier  ,  Tcau  elaire  qu'ils  re- 
cueillent avec  superstition  de  la  coquille  de  riierniite 
ou  soldat.  (Agatliine.) 

Plumier  indique  aussi  pour  rernède  ,  à  prendre  inté- 
rieurement ,  riuiilc  d'oli\e  et  l'eau  tiède  comme  vomitif 
adoucissant  ^  mais  il  faut ,  dil-il,  en  user  j)rompîement, 
car  une  heure  après  en  avoir  mangé,  il  n'y  a  plus  de 
remède  (ce  qui  me  paraît  un  peu  exagéré,  si  l'on  se 
rappelle  la  guérison  indiquée  plus  haut  )  et  l'on  ne 
fait  plus  que  languir,  et  traîner  une  vie  courte  et  mal- 
heureuse. 

On  emploie  k  l'extérieur  la  racine  pilée  du  Solajuini 
mexicamim  magno  flore  de  C.  B  -,  «  autrement  mer- 
»  veille  du  Pérou  ou  belle  de  nuit,  dont  les  feuilles  sont 
))  longues  d'une  palme  ,  larges  de  trois  pouces  ,  d'un 
»  vert  gai  ,  lisses  ,  polies  et  douces  comme  du  satin  , 
»  laquelle  plante  porte  des  fleurs  longuettes  comme  le 
))  lizet ,  mais  polypétales -,  elles  sont  violettes  par  de- 
))  hors  et  blanches  par  dedans,  fermées  de  jour  et  ou- 
»  vertes  de  nuit.  ))  Plumier  ajoute  que  cette  racine 
amortit  entièrement  le  venin  ,  et  que  même  elle  arrête 
la  gangrène  com.meuçante.  Il  appelle  cette  plante  herbe 
aux  flèches.  (Tom.  II ,  traité  III,  chap.  I ,  §  V.  ) 

Les  anciens  Caraïbes  empoisonnaient  leurs  flèches 
avec  le  suc  du  Mancenillier ,  et  celui  de  plusieurs  apo- 
cynées  fréquentes  dans  le  pays. 

Le  célèbre  Orfila  place  le  Mancenillier  au  rang  des 
poisons  narcotico-àcres.  Comme  il  ne  cause  ni  torpeur 
ni  assoupissement ,  j'ai  cru  devoir  le  placer  parmi  les 
caustiques. 

Tome  IIL  —  89^  Livraison.  2 


(   '8  ) 

Caractères  physiques.  Le  Mancenillier  parvient  or- 
dinairement à  une  élévation  de  vingt  à  trente  pieds  ^  on 
le  prendrait  au  premier  abord  pour  un  poirier  d'Eu- 
rope ^  son  écorce  est  lisse  ,  grise  ,  très-épaisse  et  lactes- 
cente \  ses  feuilles ,  pourvues  de  longs  pétioles  ,  sont, 
ovales  ,  pointues  ,  crénelées  en  leur  bord ,  alternes ,  d'un 
vert  obscur  et  luisant  en  dessus  ,  et  d'un  vert  plus  paie 
en  dessous.  Elles  sont  munies,  à  leur  base,  d'une 
glande  déprimée  rougeâtre.  Les  fleurs  sont  disposées  en 
cbatons,  ou  épis  lâches  et  terminaux.  Les  fleurs  mâles 
sont  agglomérées  ,  çà  et  là  sur  l'épi ,  en  paquets  arron- 
dis. Une  écaille  ,  munie  de  deux  glandes  à  sa  base,  sert 
d'involucre  à  chacun  de  ces  groupes  de  fleurs  ,  et  cha- 
cune d'elles  est  composée  d'un  périantlie  simple  ,  très- 
petit  et  bifide  à  sou  sommet.  Le  filet  est  surmonté  de 
quatre  anthères  didymes.  Les  fleuf-s  femelles  sont  si- 
tuées au  bas  de  l'épi  :  leur  périantlie  est  triphylle  et  ca- 
duc •,  l'ovaire  est  supère  ,  et  porte  un  style  court  qui  se 
partage  en  sept  stigmates  \  le  fruit  est  un  drupe  charnu, 
dont  le  noyau,  gros,  sillonné,  hérissé  de  pointes,  of- 
fre   plusieurs  loges  garnies,   chacune,  d'une  semence. 

Propriétés  médicinales.  Lherminier  ,  pharmacien 
à  la  Guadeloupe  ,  a  préparé  un  extrait  de  Mancenillier 
par  le  procédé  ordinaire ,  en  employant  des  feuilles 
oxidées.  Cet  extrait  peut  remplacer  ,  dit  ce  chimiste  , 
celui  du  Rlnis  toxicodendron  ,  et  son  emploi  peut  être 
nppliqué  à  la  maladie  aflVeuse  ,  connue  sous  le  nom 
û'eJephantiasis.  On  en  a  obtenu  des  succès  dans  le  trai- 
tement de  l'hémiplégie  ,  en  l'employant  graduellement 
depuis  douze  grains  jusqu'à  deux  gros. 


(  «9) 

Mode  d'administration.  La  dose  de  Texlraït  est  de- 
puis douze  grains  juscju'à  deux  gros ,  mais  pris  progrès 
sivemeiît. 


EXPLICATION    nrî    LA    PLANCHE   CENT  CINQUANTE-TROI'? , 

La  plante  est  presque  de  grandeur  naturelle. 

1 .  Fleur  mâle. 

2.  Fleur  femelle. 

3.  Fruit   coupé  transversalement. 


2* 


(     20     ) 


^A/«  \IV\  VV>IVVVVV^\X>VV'»VV*(VV>IV\'\A/V^/VVVV\*'VVVVVVlV\A(VVVVVVVVVVVVVVAAA'V»*^\/VVVV>M«^/\^^^ 


GLUTTIER    DES     OISELEURS. 


(  Toxique  corrosif.  ) 


Synonymie,  Vulg.  Mancenillier  à  feuilles  de  Laurier. —  Hip- 
pomane  biglandulosa ,  Linn.  ,  Monœcie  Monadelphie. — 
Juss.,  Euphorb.  Mancaiiilla  laurifoliis  oblongis  ,  Plum.  — 
Hippomane  foliis  ovato-oblongis,  serratis,  basi  glandulo- 
sis,  Linn.,  Spec. ,  p.  1191,  n.  'i. —  Hippomane  arboreum  , 
lactescens  ,  ramulis  ternatis,  pctiolis  glandulâ  notatis  , 
floribus  spicatis  mixtis,  Brown  ,  Hist.  Jam.  ,  p.  35 1.  —  Ti- 
tbymalus  arbor  americanus  mali  medicae  foliis  ampliori- 
bus  tenuissimè  crenatis,  succo  maxime  venoso,  Pluck.,  Ain. 
369,  t.  229,  f.  8.  —  Roi  ,  Suppl.  428.  Sapium  aucuparium 
foliis  oblongis,  acuminatis  ,  serrulatis  ,  petiolis  apice  bi- 
glandulosis,  Tussac. 

Caractères  génériques.  Fleurs  uuisexuelles  ,  réu- 
nies sur  le  même  chaton,  dont  les  femelles  occupent  la 
base.  — Fleurs  mâles  :  calice  monophylle  campanule  ,  à 
deux  ou  trois  divisions  obtuses  et  conniventes  *,  deux  ou 
trois  étamincs  dont  les  filamens,  plus  longs  que  le  calice, 
sont  réunis  seulement  à  leur  base  ,  écartés  dans  le  reste 
de  leur  longueur  ^  à  anthères  didymes.  —  Fleurs  fe- 
melles :  calice  petit,  monophylle  ,  campanule  ,  à  bord  à 
trois  ou  cinq  dents  ^  ovaire  supérieur,  ovale,  un  peu 
saillant  ^  style  court  ;  trois  stigmates  ouverts  et  subulés  ^ 
capsule  arrondie  ,  composée  de  trois  coques  ,  s'ouvrant 
par  trois  valves  fendues  en  deux  à  leur  sommet  ^  une 
semence  globuleuse  dans  chaque  loge. 


p/.  /.;/ 


J^kJai^re  .Av^wtty/rA  Ptè 


Otw&ri^/  Scu/n  • 


iUA'TiEii  lYES  ins'ELi^.vns 


(  ^i  ) 

Caractères  partict  liers.  Fleur  nuilc.  Chaton  :  pé- 
riantlie  bifide*,  corolle  nulle.  —  Fleur  femelle.  Périan- 
thetrifide-,  corolle  nulle  -,  stigmate  eu  trois  parties-,  cap- 
sule à  trois  coques  ^  feuilles  ovales  oblongues  ,  crénelées, 
à  deux  glandes  h  leur  base.  (  Vivace.  ) 

Histoire  naturelle.  Le  Gluttier  des  oiseleurs,  non 
moins  funeste  que  ses    congénères  ,  habite    les  mêmes 
lieux  que  le  précédent.  Il  fournit  aussi  du  caoutchouc  , 
mais  d'une  moindre  consistance  que  celui  du  Mancenil- 
lier  que  nous  venons  de  décrire  ^  c'est  pourquoi  il  sert 
aux  Antilles  de  glu  pour  prendre  les  oiseaux  que  ce  suc 
fait  périr ,  dit  Tussac  (  Journ.  de    Bot.   de  Desvaux , 
T.  I,  p.  171  ).  Il  sert  aussi  d'instrument  de  vengeance. 
C'est  dans  l'obscurité  des  nuits  ,  au  milieu  de  la  paix  de 
la  nature  et  du  sommeil  de  ses  maîtres  ,  que  le  nègre 
africain,  empoisonneur,  ourdit  ses  projets  de  mort.  Assis, 
en  fumant ,  à  la  porte  de  sa  case  ou  de  son  ajoupa,  son 
imagination  aigrie  par   des  craintes  d'esclavage   se  met 
d'accord  avec  ces  nuages  épais  qui  si  souvent  cachent  le 
disque  de  la  lune.  Son  plan  étant  bien  arrêté,  il  se  lève 
en  délire  ,  et  seul  possesseur  de  son  secret  fatal,  il  s  éloi- 
gne en  silence  de  sa  femme  et  de  ses  enfans  qu'il  laisse 
accroupis  une  partie  de  la  nuit  autour  d'un  foyer  fumeux 
entretenu   par    la   combustion   modeste   d'épis   de  Maïs 
privés  de  leurs  grains  ou  de  bouse  de  vache,  seul  moyen 
d'éloigner  lesmiryades  de  maringouins  qui  ne  leur  lais- 
seraient prendre  aucun  repos  sur  leur  natte ,  où  ils  cou- 
chent le  corps  nu  ,  et  souvent  couvert  de   ces  insectes 
dévorans. 

Excité  par  le  démon  du  meurtre  ,  ce  criminel  insensé 
s'enfonce  dans  l'épaisseur  des  bois  qui  l'environnent,  ou 


(  2^  ) 

se  plisse  au  milirn  des  lianes  sur  le  bord  des  rivières  ou 
de  la  mer,  et  y  cueille  la  pomme  du  MancenJllier  ,  la  fleur 
de  la  grande  Aristoloche,  les  Ahouaïs,  les  Apocins  et  au- 
tres végétaux  pernicieux  dont  il  fait  un  monstrueux  mé- 
lange  dans  les  chaudières  qu'il  destine  à  cet  usage,  et 
qu'il  transmet  à  ses  enfans  qu'il  fait  hériter  de  sa  haine 
injuste  contre  tous  les  blancs.  La  vertu,  la  bonté  de  ses 
mai  très  ne  peuvent  suspendre  un  instant  l'exécution  de 
son  arrêt  fatal.  Saint-Domingue  ,  si  long-temps  sous  l'in- 
fluence du  poison,  a  eu  le  triste  exemple  de  l'empoison- 
nement de  la  famille  entière  de  madame  la  comtesse  Ros- 
signol de  Robuste,  ma  parente  ,  par  ses  nègres  ingrats  , 
comblés  de  ses  dons ,  et  dont  elle  était  la  tendre  mère  ; 
c'est  au  moyen  du  suc  de  Mancenillier  donné  dans  le  café 
aux  enfans  et  grandes  personnes.  Cette  mère  inconsola- 
ble ,  regrettant  au  milieu  de  ses  douleurs  atroces  d'é- 
chapper à  la  mort  cruelle  dont  ses  enfans  étaient  frap- 
pés,  appritque  leurs  estomacs  phlogosés  avaient  été  ex- 
coriés. Qu'on  juge  à  présent  des  souflrances  que  ces  êtres 
innocens  ont  éprouvées  !  Les  coupables  furent  reconnus, 
et  ayant  avoué  leur  crime  ,  la  justice  les  livra  aux  flam- 
mes sur  le  lieu  même  qui  les  avait  vus  commettre  une 
telle  abomination.  Ils  montèrent  sur  1  échafaud  en  riant 
et  sans  repentir ,  en  annonçant  que  leur  mort  désirée 
devait  transporter  leurs  âmes  dans  leur  pays  pour  y  re- 
vêtir un  autre  corps.  C'est  là  leur  genre  de  superstition. 
(  Voyez  mon  essai  sur  les  mœurs  des  Guinéens  transpor- 
tés à  Saint-Domingue,  3*  vol.  de  mes  Voyages  d'un  na- 
turaliste.) 

Caractères  physiques.  Arbre  de  trente  pieds,  d'un 
port  élégant,  à  cime  luisante,  et  dont  les  rameaux  sont 


(  -^-^  ) 

nombreux  ,  longs  .  peu  divisés  ,  presque  toujours  étendus 
horizontalement.  Toutes  ses  parties  contiennent  un  suc 
caustique  ,  laileux,  qui  découle  goutte  à  goutte  lorsqu'on 
les  entame. 

Les  feuilles  sont  éparses  et  situées  principalement  vers 
l'extrémité  des  rameaux^  elles  sont  ovales,  lancéolées, 
dentelées  (  avec  quelques  dents  plus  grandes ,  éparses 
parmi  les  autres)  ,  d'une  consistance  coriace  ,  luisantes, 
à  veines  transversales  nombreuses.  Le  pétiole  est  court , 
rougeàtre,  et  porte,  à  la  naissance  du  disque  de  la 
feuille  ,  deux  glandes  oblongues ,  obtuses  et  ouvertes  , 
d'un  rouge  orangé.  Les  épis  sont  terminaux,  lâches,  un 
peu  épais,  verdàtres ,  longs  de  six  pouces^  les  fleurs 
sont  sessiles,  et  ont  chacune,  à  leur  base,  deux  glandes 
oblongues^  obtuses,  un  peu  planes  ,  d'un  vert  jaunâtre  -, 
les  calices  sont  d'un  noir  pourpré. 

Analyse  chimique.  Le  suc  de  ce  Mancenillier  étant 
parfaitement  semblable  à  celui  de  l'espèce  précédente  , 
nous  ne  croyons  pas  nécessaire  d'en  répéter  l'analyse. 

Propriétés  délétères.  Trente  grains  de  ce  suc,  don- 
nés à  un  chien,- lui  ont  fait  éprouver,  après  cinquante 
minutes,  les  symptômes  suivans  :  Ecartement  et  roideur 
tétanique  des  membres  ,  du  rachis  et  du  cou  \  chute  sur 
le  côté,  tremblement-,  relâchement  bientôt  suivi  d'une 
nouvelle  attaque  annoncée  par  des  mouvemens  convul- 
sifs  de  la  face  et  des  paupières  ^  immobilité  des  yeux  ,  di- 
latation de  la  pupille,  tétanos  général.  Il  n'y  a  ni  vomisse- 
ment, ni  bave  ,  ni  aboiement-,  la  langue  sort  de  la  bou- 
che ,  sa  couleur  est  pâle,  ainsi  que  celle  des  lèvres-, 
les  urines  coulent  involontairement,  et  la  respiration,. 


(  M  ) 

suspendue  par  la  contraction  des  muscles  du  tronc, 
amène  bientôt  la  mort.  L'extrait ,  mis  en  contact  avec 
les  blessures  ,  n'amène  aucune  suite  fàclieuse.  Il  n'en 
est  pas  de  même  si  on  le  fait  pénétrer  entre  des 
muscles ,  ou  sous  la  peau ,  ou  qu'on  en  enduise  une 
flèche. 

Autopsie.  Les  animaux  empoisonnés  par  les  fruits 
des  Mancenilliers ,  contiennent  encore  ce  poison  dans 
l'estomac  ou  le  duodénum,  qui  cependant  ne  sont  pas 
phlogosés  ^  mais  on  observe  le  passage  du  sang  noir  dans 
les  cavités  artérielles,  ce  qui  détermine  l'asphyxie. 
On  serait  porté  à  croire ,  dans  ce  cas  ,  que  ce  suc 
peut  corroder  la  membrane  muqueuse,  ou  agir  immé- 
diatement sur  les  nerfs  sans  causer  la  mort ,  qui  n'a  lieu 
qu'au  moyen  de  l'absorption  qui  forme  un  mélange  im- 
médiat du  poison  et  du  sang.  La  mort  provient  donc  de 
l'asphyxie  qui  résulte  de  l'immobilité  de  la  poitrine  , 
pendant  le  tétanos,  et  qui  suspend  la  respiration. 

Secours  et  antidotes.  Les  vomitifs  ou  purgatifs 
doivent  être  employés,  dans  le  premier  temps  de  Fem- 
poisonnement,  d'après  l'organe  où  l'on  présume  être  le 
poison.  Viennent  ensuite  les  boissons  mucilagineuses , 
acidulées ,  ou  l'eau  de  mer  ,  ou  bien  encore  un  autre 
contrepoison  réputé ,  le  Cèdre  blanc ,  Bignonia  Leu- 
coxylon,  dont  j'ai  déjà  parlé  dans  l'article  précédent.  Si 
ces  moyens  ne  iéuss"ssent  pas,  et  que  Timmobilité  du 
thorax  ,  suite  du  tétanos ,  menace  de  suHocation ,  il  faut 
dans  ce  péril  imminent ,  comme  le  conseillent  Deliie  et 
Magendie  ,  provoquer  un  exercice  respiratoire  arùficiel  , 
qui  donne  assez  de  temps  pour  faire  évacuer  le  poison. 


(25  ) 

Propriétés  médicinales.  Oîi  cMiiploie  l'exlrait  des 
feuilles  oxidées  dans  la  paralysie  et  les  afTections  cuta- 
nées rebelles.  J'en  ai  vu  d'assez  heureux  cfl'ets. 

Mode  d'administration.  L'extrait  se  donne  progres- 
sivement depuis  dix  grains  jusqu'à  deux  gros.  Quant  à 
l'antidote  par  le  Bignonia  Leucoxylon  ,  on  prend  sur-le- 
cliamp  le  suc  très-adoucissant  des  feuilles  de  cette  Big- 
none  à  l'intérieur  ,  à  la  dose  d'une  once  par  heure  ,  jus- 
qu'à diminution  des  symptômes.  Il  calme  bientôt  les 
douleurs  que  cause  le  suc  acre  des  Mancenilliers.  On 
peut  se  contenter  de  mâcher  les  feuilles  ,  et  de  les  appli-  , 
quer  sur  le  lieu  enflammé.  Ce  moyen  simple  réussit  tou- 
jours aux  naturels  du  pays  qui  l'emploient  uniquement 
avec  confiance  et  sécurité.  D'autres  recommandent,  pour 
les  éruptions  causées  par  le  contact  de  ce  suc  vénéneux, 
des  applications  d'huile  et  de  crème ,  ou  d'ammoniaque 
liquide  étendu  d'eau. 


EXPLICATION    DE     LA     PLANCHE    CENT     CINQIJâNTE-QUATRE  , 

La  plante  est  représentée  au  tiers  de  sa  grandeur  naturelle. 

1.  Fleur  mâle. 

2.  Fleur   femelle. 

3.  Semence. 

4-  Capbsule  entière. 


(  ■'■(>  ) 

MAACRxMLLIER  A  FEUILLES  DE  HOUX. 

(  Toxique  corrosif.  ) 


Synonymie.  Vulg.  Pomme  Zombi.  —  Hippomane  spinosa  , 
Linn.,  Monœcie  Monadelphie.  —  Jussieu,  famille  des  Eu- 
phorbes. —  Tithymalus  arborescens  pomiferus  aquifoliae 
foliis,  Plum. 

Caractères  génériques.  Fleur  mâle.  Cliaton^  pé- 
lianthe  bifide  ^  corolle  nulle.  Fleur  femelle.  Périanlhe 
trifide  ;  corolle  nulle  ^  stigmate  en  trois  parties  ^  fruit 
à  noyau. 

Caractî^res  particuliers.  Feuilles  comme  ovales, 
cientées ,  épineuses,  et  semblables  à  celles  du  grand 
Houx  d'Europe. 

Histoire  naturelle.  On  trouve  cette  espèce  dans  plu- 
sieurs îles  Antilles  et  à  Saint-Domingue,  particulière- 
ment au  Boucan  du  Latanier ,  vers  le  Port  à  Piment. 
Son  feuillage  est  plus  agréablement  varié  que  celui  des 
deux  autres  espèces,  et  ses  fruits  à  côtes  sont  ou  d'un 
jaune  d'or ,  ou  d'un  rouge  de  vermillon  ^  il  se  plait  sur 
les  bords  de  la  mer  ou  des  rivières.  On  trouve  souvent 
sur  ce  Mancenillier  un  gui  à  fruits  rouges  qui  est  très- 
vénéneux.  L'histoire  de  cet  arbre  me  rappelle  le  trait 
atroce  d'une  jeune  négresse  africaine  à  laquelle  on  avait 
confié  le  soin  de  nourrir  une  de    mes   nièces.  Oubliant 


/o^y 


I*' 


TAfo)/ore  J)f^(vu/'/t/\.  J'tnjt 


(tairtt^  J'eu^  . 


3Li:^^CE:N^lLIJEÎI  AFEriLOSS  oEiiorx. 


(  ^7  ) 

le  plus  sacré  des  devoirs,  et  se  meltcint  au-dessous  des 
animaux  si  dévoués  à  leurs  nouriissons  ^  insensible  au 
rrinie  d'abréger  les  jours  d  une  tendre  victime  qu'elle 
;dimentait  de  sa  propre  substance,  voulant  la  punir 
d'une  couleur  qu'elle  détestait  ,  elle  s'enfonça  sous 
desmangles  du  jardin  qui  recelaient  un  Mancenillierqui 
avait  échappé  aux  reclierclies  de  son  maître  ,  saisit  la 
pomme  fatale  qu'on  retrouva  auprès  d'elle,  et,  d'un  pas 
assuré  et  non  chancelant ,  elle  revint  sans  remords  se 
placer  à  l'ombre  d'un  Tamarinier  qui  bordait  la  grande 
case  -,  et  là  ,  pendant  l'absence  de  ses  maitres  ,  elle  re- 
garde sans  émotion  sa  fille  adoplive ,  et  laisse  échapper, 
à  demi-voix ,  ces  mots  qui  terminent  le  monologue  fa- 
milier à  cette  classe  d'individus  :  «  P'ti  mound'-ci-a-hà 
))   touè  va  porter  faute  à  parens  toué.  )) 

En  achevant  ces  mots  ,  sur  cette  infortunée , 
Elle  répand  le  suc  d'une  herbe  empoisonnée. 

Un  cuisinier  fidèle  ,  le  bon  Aza  .  qui  savait  Tappré- 
cier ,  et  se  méfiait  d'elle  ,  eut  à  peine  entendu  la  fin  du 
monologue,  qu'il  courut  avertir  ses  mitres  ;  mais,  liélas  ! 
Berthe  avait  fui ,  emportant  sa  victime.  On  la  chercha 
en  vain  pendant  long-temps  ,  et  se  voyant  découverte , 
elle  s'était  donné  la  mort  près  de  l'enfant  qui  rendait 
les  derniers  soupirs  au  milieu  des  angoisses  les  plus 
afi'reuses  ,  et  emporta  les  regrets  stériles  de  sa  mère 
inconsolable  dont  elle  était  l'unique  héritière.  Mais 
voilons  cette  scène  d'horreur  ! Les  Manceuilliers  of- 
frent un  moyen  de  défense  au  faible  rat  de  cannes  con- 
tre le  chien  son  ennemi^  car  les  fruits  de  cet  arbre 
l'empoisonnent  s'il  en  mange.  (Etudes  delà  nature  ,  t.  2, 


(  •>-«  ) 

p.  57  I .  )  Bernardin  de  SRÎnt-Pierre  avnit  dt-jà  fait  celte 
observatioii  en  Europe  ,  en  parlant  de  la  taupe  qui 
s'entoure  dans  son  souterrain  des  débris  du  Colchique. 

Caractères  physiques.  Cet  arbre  vient  presqu'aussi 
grand  que  les  précédens.  Son  bois  est  blanc  et  tendre  ^ 
son  écorce  épaisse  ,  unie  et  toute  marbrée  de  diver- 
ses couleurs.  Ses  branches  se  sous-di visent  plusieurs 
fois  en  deux  rameaux  étendus  comme  des  bras  ,  mais 
rougeâtres  et  garnis  de  plusieurs  feuilles  de  la  même 
grandeur  et  de  la  même  forme  que  celles  de  nos  Houx. 

Le  bout  des  derniers  rameaux,  continue  Plumier, 
dont  j'ai  emprunté  cette  description,  est  terminé  par 
une  queue  longue  d'environ  six  pouces,  toute  chargée 
de  plusieurs  petites  grappes  composées  de  très -petites 
graines  jaunes  en  façon  de  chaton.  Les  fleurs  sont  ses- 
siles  sur  les  rameaux  ,  un  peu  au-dessous  des  queues  ou 
chatons.  Les  fruits  sont  des  pommes  à  côtes  un  peu 
plus  grosses  que  nos  noix ,  jaunes  comme  la  pomme 
d'api  ,  ou  rouges  comme  le  minium.  Elles  ont  fort  peu 
de  pulpe  ,  mais  un  noyau  gros  et  très-dur. 

Analyse  chimique.  La  partie  la  plus  active  est  celle 
qui  se  dégage  à  l'état  de  gaz ,  lorsqu'elle  ne  reçoit  point 
directement  les  rayons  du  soleil.  Le  reste  de  l'analyse 
est  propre  à  tous  les  Mancenilliers. 

Propriétés  délétères.  Je  fis  avaler  à  un  jeune  cro  • 
codile  cinquante  gouttes  de  ce  suc  ^  il  éprouva  au  bout 
d'une  heure  une  roideur  tétanique,  et  des  convulsions  , 
au  milieu  desquelles  il  mourut.  J'eus  l'imprudence  de  mâ- 
cher une  de  ces  feuilles  ,  j'éprouvai  de  suite  une  cuisson 
brùhuite  ,  suivie    d'inflammation  ,    de  ptyalisme   et  de 


(  29  ) 

démangeaison  ^  le  lendemain  l'épiderme  se  leva.  L'eHct 
dii  suc  est  beaucoup  plus  prompt  s'il  est  injecté 
dans  les  veines  ,  ou  mis  en  contact  avec  le  tissu  cellu- 
laire sous-cutané  de  la  partie  interne  de  la  cuisse.  Ce 
suc  caustique  ,  qui  a  la  propriété  d'enflammer  les  mem- 
branes muqueuses  ,  exerce  une  action  stupéfiante  sur  le 
système  nerveux. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Ils  sont  les  mêmes 
que  ceux  des  deux  espèces  précédentes. 

Secours  et  antidotes.  Les  plantes  mucilagineuses , 
employées  seules ,  peuvent  à  peine  émousser  les  vertus 
caustiques  de  ce  Mancenillier  ^  c'est  pourquoi  l'on  doit 
recourir  aux  moyens  indiqués  dans  l'histoire  des  deux 
espèces  précédentes. 

Propriétés  médicinales.  On  emploie  son  extrait  dans 
les  fièvres  quartes  rebelles  ,  et  dans  toutes  les  lésions 
de  la  sensibilité  organique. 

Mode  d'administration.  (Voyez  ci-dessus  Gluttier 
des  Oiseleurs.  ) 


Explication  de  la  planche  cent  cinquante-cinq. 
La  plante  est  réduite  à  moitié  de  sa  grandeur  naturelle. 


C3o) 


iVV><VV*'V»*\\'»\'V\iVVVVV\'VVVVVVV\'VVV\VVVV\'VVVVVVVVV>^'VVVV^^/V\A/V\'VVVVVVV\>VVVVVVVV»'V\l^ 


LOBÉLIE  A  LONGUES  FLEURS. 


(  Toxique  corrosif.  ) 


Synonymie.  Vulg.  Québec.  —  Morz'  à  Cabrit.  —  Tliibé 
des  ruisseaux.  —  Lobelia  longiflora  ,  Lin. ,  Sjngénésic 
Monogamie.  —  Juss. ,  famille  des  Lobéliaeées;  Tournef.  , 
Rapuntium  tracbelium,  ch.  2  et  3.  —  Tracbelium  soncbi- 
folio  ,  flore  albo ,  tubulo  longissimo,  Plum.  —  Chevalier, 
p.  176.  —  Rapunculus  aquaticus  foliis  Cichorii,  flore  albo, 
tubulo  longissimo  ,  Duhamel. — En  espagnol  :  Matta  Ca- 
vallo.  —  Rabienta  Cavallos. 

Caractîires  génériques.  Calice  adhérent  :  limbe  à 
cinq  divisions -,  corolle  irrégulière,  tubulcuse ,  souvent 
fendue^  limbe  à  cinq  lobes  inégaux,  bilabiéj  étamines 
soudées  parles  filets  et  les  anthères;  style  terminé  par 
un  stigmate  ordinairement  bilobé  \  capsule  semi-infèrc  , 
couronnée  par  le  calice  ,  à  deux  loges  qui  s'ouvrent  en 
deux  valves  par  le  sommet  (Richard). 

Caractères  particuliers.  Tige  droite  ^  feuilles  al- 
ternes,  lancéolées,  dentées  ^  pédoncules  très-courts.  la- 
téraux -,  tube  de  la  corolle  filiforme  ,  très-long. 

Histoire  naturelle.  Cette  plante  ,  funeste  pour  tout 
ce  qui  a  vie  ,  aime  le  bord  des  rivières.  Lorscju'elle  n'est 
point  en  fleurs,  ses  feuilles  ressemblent  tant  aux  Pissenlits 
d'Europe  ,  que  douze  soldats  de  la  cinquièm.e  légère  au- 


/y.  .sb\ 


'/'hetn^0/^c  J}^^c^tt/*ùi\.  PtM^'  . 


Oti^r^ic/  \i*cu/f>. 


î>OBÉï.lE  A  L0NG1TË5  FI.flFK.^ 


(3,  ) 

raient  élé  viciimes  de  cette  méprise  à  Saint- Marc  (  île 
Saint-Domingne)  sans  les  secours  que  jefus  assez  heureux 
cle  leur  prodiguer.  Je  dinais  chez  le  général  Dessalines 
où  Ton  vint  m'annoncer  que  des  soldats  qui  venaient 
d'entrer  à  l'hôpital  ne  pouvaient  plus  parler.  Je  me  ren- 
dis sur-le-champ  auprès  d'eux,  et  les  trouvai  tous  affligés 
d'une  glossite  effrayante  ,  et  ne  pouvant  articuler  aucun 
son.  L'un  d'eux  ,  en  répondant  par  écrit  à  mes  ques- 
tions ,  m'annonça  qu'en  se  promenant  avec  ses  camara- 
des sur  le  bord  de  la  rivière  ,  ils  avaient  cueilli  du 
Pissenlit,  et  qu'ils  en  avaient  fait  une  salade.  Pressen- 
tant leur  erreur,  j'envoyai  un  infirmier  chercher  une 
touffe  de  Québec  qu'ils  reconnurent.  J'eus  le  bonheur 
de  les  guérir  par  le  traitement  indiqué  plus  bas.  Il  est 
malheureux  qu'une  aussi  jolie  plante  soit  aussi  redouta- 
ble :  car  elle  diapré  agréablement  les  bords  des  fontaines 
ou  les  rives  touffues  des  fleuves  aux  Antilles.  Quel- 
quefois : 

Le  Québec  élancé  se  peint  dans  les  ruisseauxj 
D'autres  fois  aux  regards  cache  sa  perfidie. 

Les  bestiaux  qui  fréquentent  les  pâturages  où  se  trouve 
cette  herbe  empoisonnée  en  meurent  souvent ,  ou  ,  s'ils 
n'en  ont  mangé  qu'une  petite  quantité,  ils  donnent  un 
lait  qui  transmet  à  ceux  qui  en  boivent  une  qualité  véné- 
neuse signalée  par  les  symptômes  propres  à  cette  Lobé- 
lie.  Les  chiens  ,  les  chats  qui  mangent  de  l'animal  en 
éprouvent  aussi  de  grands  accidens.  Cette  méprise  ,  en 
Europe  ,  a  lieu  pour  la  Ciguë  ,  car,  comme  le  dit 
Cas  tel  1 

La  Génisse  ,  au  retour  de  la  verte  saison, 
Ne  peut  sous  la  rosée  et  dans  l'herbe  menue 
Distinguer  à  l'odeur  l'infidèle  ciguë. 


(    32    ) 

Le  genre  Lohelia  est  consacré  à  Ja  mémoire  de  Ma- 
thieu LoBEL,  FJamaiid,  médecin  de  Jacques  I*r  roi  d'An- 
gleterre ,  et  botaniste  distingué  du  seizième  siècle. 

Catiactères  physiques.  Sa  tige  est  haute  d'un  pied  , 
herbacée,  rameuse,  feuillée  ,  hérissée  de  poils  courts. 
Ses  feuilles  sont  alternes,  lancéolées,  fortement  et  irré- 
gulièrement dentées,  presque  roncinées,  vertes,  molles, 
légèrement  velues  en  dessous ,  longues  d'environ  cinq 
pouces^  les  pédoncules  sont  axillaires,  solitaires,  uni- 
flores  ,  très-courts  ,  un  peu  velus  ainsi  que  les  calices  ; 
les  corolles  sont  blanches,  à  tube  filiforme,  long  de 
trois  ou  quatre  pouces ,  et  à  limbe  presque  régulier  ou- 
vert en  étoile. 

Analyse  chimique.  Les  tiges  récentes  et  la  touffe  de  la 
plante  fournissent  un  suc  laiteux  où  l'on  distingue  une 
grande  quantité  de  mucilage  joint  à  une  saveur  acre  et 
amère  \  mais  lorsque  la  plante  a  donné  ses  fruits ,  et 
qu'elle  est  moins  pourvue  de  principes  aqueux  ,  elle  ac- 
quiert ,  comme  les  Campanulées ,  une  saveur  acre  qui , 
dans  le  Québec ,  devient  caustique  et  corrosive. 

Propriétés  délétères.  Le  suc  du  Québec ,  appliqué 
sur  la  peau,  détermine  une  inflammation  et  une  phlogose 
de  l'estomac,  accompagnée  de  vomissemens  douloureux  , 
lorsqu'il  est  donné  à  l'intérieur.  Il  suffit  de  se  frotter  les 
yeux  après  avoir  touché  les  feuilles  pour  avoir  un  éry- 
sipèle  des  paupières.  Son  odeur  est  nauséabonde. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Les  personnes  qui  en 
ont  pris  à  l'intérieur  éprouvent  une  inflammation  de  la 
langue  qui  se  tuméfie  ,  sort  de  la  cavité  buccale,  et  cons- 


C  33  ) 
litue  Taffectiori  de  celte  partie,  R^peléeglossite.  Bientôt 
on  observe  des  nausées ,  vomissemens  ,  vertiges  ,  vision 
confuse,  fièvre  avec  exacerbations  irrégidières.  Enfin  le 
mal  se  termine  ou  par  la  paralysie  avec  coma,  ou  même 
par  la  mort  dans  six  ou  sept  jours.  Les  bœufs,  chevaux, 
mulets  ,  moutons  ou  cabris  qui  en  ont  brouté ,  enflent 
prodigieusement. 

Secours  et  antidotes.  Comme  les  remèdes  de  la  na- 
ture sont  toujours  supérieurs  aux  obstacles  ,  et  ses  com- 
pensations au-dessus  de  ses  dons  ,  on  trouve  aisément  les 
moyens  de  prévenir  une  mort  assurée  ,  eu  scarifiant  pro- 
fondément la  langue  ,  s'il   y  a  glossite ,  et  en  combattant 
tous  les  symptômes  inflammatoires  ,  alors  même  qu'on 
a   recours   aux  vomitifs  pour  expulser  la  matière  véné- 
neuse -,  puis  aux  savoneux ,  aux  adoucissans ,  comme  le 
lait,   et  à  l'extérieur  des   cataplasmes  émoîliens ,    hui- 
leux ,  si  l'on  veut  adoucir  l'érosion  produite  par  ce  suc. 
Certains  médicastres  noiîs  prétendent  découvrir  la  pré- 
sence du  suc  de  Québec  mêlé  aux  aiimens  ,  en  mettant 
cuire  avec  ,  un  oignon  blanc  ,  qui  devient  bleu  ou  brun 
noirâtre ,   si   ce    suc   délétère  y  est  mêlé  ,    et  qui  reste 
blanc  si  ces  mêmes  aiimens  ne  sont  point  empoisonnés. 
Le  docteur  Chevalier  faisait  avaler  une  once  d'orviétan 
dans  une  chopine  de  vin  aux  animaux  enflés  pour  avoir 
mangé  du  Québec.  Il  dit  avoir  guéri  par  ce  moyen  des 
mulets  ,   dont  l'un  entre  autres  était  empoisonné  dès  la 
veille  et  fort  enflé. 

Propriétés    médicinales.    Cette    espèce   de    Lobélie 
étant  administrée  par  une  main  prudente ,  et  après  avoir 
été  corrigée  de  ses  principes  caustiques,  est,  dit-on,  plus 
Tome  IlL  39*  Livraison.  3 


(H) 

puissante  encore  contre  les  maladies  vénériennes  que  la 
Lobélie  anti-syphilitique.  On  fait,  dans  les  douleurs 
aiguës ,  des  applications  stupéfiantes  avec  l'huile  dans 
laquelle  on  a  fait  bouillir  par  pinte  :  Québec  ,  une  once  ^ 
fleurs  de  Ketmie  Ambrette  ,  et  mucilas^e  de  Ketmie 
Gombo ,  de  chaque  une  once.  Les  mêmes  doses  des 
plantes  servent  pour  fomentations  en  substituant  à 
Fhuile  trois  livres  d'eau  réduites  à  deux  par  Tébullition. 
Lorsque  les  dartres  tendent  à  une  dégénérescence  par 
une  phlogose  imprévue,  on  doit,  dit  Alibert  ,  recourir 
sans  délai  aux  applications  narcotiques ,  opiacées  et  sa- 
turnines. Dans  ce  cas  on  associe  aux  quatre  onces  de  la 
décoction  ci-dessus  une  once  de  Laudanum  et  deux  on- 
ces d'acétate  de  plomb  liquide. 


EXPLICATION    DE    LA    PLANCHE    CEJST     CINQUANTE-SIX. 

La   plante   est  réduite   à  moitié   de  sa   grandeur   naturelle 

1.  Tube  des  étamines. 

2.  Capsule  coupée  transversalement. 


M.zJ- 


/  /woi/o/v  JJf<feotif'fi/\  J^mr  . 


ûa^rie/  ift<n^ 


AHiSTOI.Of:il  r.  A  Oft.lXI>ES  FLECHS 


(  35  ) 


^vvvvvvvvvvl^A'Vvvvvvvvvvv\^^vvvvvvvvvvv\A^<\v\•vvvv^/vvvvvvvvv\■v^(Vvvvv^^»AA.l^^\^^^ 


ARISTOLOCHE  (grande.) 


(  Toxique  corrosif.  ) 


Synonymie.  Vulg.  Tue-Cochon.  —  Poison  manger  de  cochon. 
Aristolochia  arborescens  ,  Linn.  Gynandrie  Hexandrie.  — 
Jqss.  ,  famille  des  Asaroïdes.  —  Richard.  Aristolochiées. — 
Tourn.  Personnées.  —  Aristolochia  grandiflora.  Swartz. 
Wilden.  Caulis,  siifirutescens,  infernè  suberosus,  ramulis 
herbaceis,  striatis,  foliis  alternis,  cordatis,  nervosis  ,  gla- 
bris  ,  acutis  ,  integris;  petiolis  longis  teretibus  ;  pedunculis 
unifloris  ;  corollas  florum  limbo  maximo  ,  in  appendioem 
longam  desinente.  Tussac.  BroAvn.  fVivace.) 


Cunt-FloTver 
Poisoned-H 


.p \ 

.*   '    >    des  Anglais  de  la  Jamaïque. 

eat.   .    j  o  1 


Cauactères  génériques.  Ovaire  infère^  calice  mo- 
nopétale ,  souvent  irrégulier ,  soudé  par  sa  base  avec 
Fovaire*,  étamines  au  nombre  de  six  à  douze,  libres  et 
distinctes ,  ou  soudées  ensemble  et  faisant  corps  avec 
le  style  et  le  stigmate^  le  style,  quand  il  est  libre,  est 
simple  et  terminé  par  un  stigmate  à  six  lobes.  Le  fruit 
est  une  capsule  à  six  loges  ,  qui  contiennent  chacune 
plusieurs  graines ,  attachées  à  Fangle  interne.  (  Ri- 
chard. ) 

Caractîlres  PARTICULIERS.  Fcuilles  altcmes ,  étamines 
Tome  III.  —  4o*  Livraison,  4 


(  36) 

soudées  avec  le  style  et  le  stigmate.  Feuilles  cordi formes 
lancéolées^  tige  relevée,  sous-ligneuse.  (Vivace.) 

Histoire  NATURELLE.  On  remarque  avec  admiration, 
dans  les  hautes  forêts  du  Nouveau-Monde ,  de  grandes 
Aristoloches  enibrasser  étroi«ement  le  tronc  des  arbres  , 
s'enlacer  dans  les  branches  ,  s'élever  en  tortillant  jusqu'à 
la  cime ,  et  détacher  de  cette  colonne  de  verdure,  de  lon- 
gues guirlandes  diversement  festonnées ,  qui  retombent 
vers  la  terre. 

Les  belles  fleurs  de  cette  liane  flexible  contrastent 
avec  le  vert  du  feuillage^  on  est  envieux  de  les  cueillir, 
mais  à  peine  une  d'elles  est-elle  arrachée  de  sa  tige, 
qu'une  odeur  cadavéreuse  ,  qui  a  beaucoup  de  rapport 
avec  la  \ulvaire  d'Europe  ,  semble  annoncer  sa  funeste 
influence  sur  l'économie.  Cette  odeur  ,  facilement  im- 
prégnée est  tenace,  et  se  dissipe  difiicilement  malgré 
tous  les  moyens  de  propreté  qu'on  emploie  pour  la 
détruire,  et  la  faire  oublier. 

La  fleur  de  cette  Aristoloche  ,  selon  Tussac,  porte  , 
parmi  les  nègres  des  colonies  anglaises,  le  nom  trivial 
et  impropre  de  Cunt-Flower  ,  que  la  décence  ne  permet 
pas  de  traduire  en  français.  Cette  fleur  a  d'ailleurs  des 
coideurs  ternes  et  jaspées  \  c'est  le  cas  de  faire  remarquer, 
d'après  l'auteur  de  Paul  et  ^irginie,  «  que  les  plantes 
»  vénéneuses  oflient ,  comme  les  animaux  nuisibles, 
»  d'aflreux  contrastes  par  les  couleurs  meurtries  de 
))  leurs  fleurs,  où  le  noir,  le  gros  bleu  et  le  violet 
))  enfumé  ,  sont  en  opposition  tranchée  avec  des  nuan- 
))  ces  tendres  ^  par  des  odeurs  nauséabondes  et  viru- 
»  lentes^  par  des  feuillages  hérissés,  teints  d'un  vert 
»  noir,  et  de  blanc  en  dessous  :  tels  sont  les  Aco- 
»   nits.    Je    ne     sais,  continue  le    savant   observateur, 


(3?) 

))  si  les  embryons  de  leurs  fruits  ne  présentent  pas,  dès 
))  les  premiers  instans  de  leur  développement ,  des  op- 
»  positions  dures  qui  annoncent  leurs  caractères  mal- 
))  faisans  :  si  cela  est,  ils  ont  encore  cette  ressemblance 
))   commune  avec  les  petits  des  bêtes  féroces.  » 

Tussac  prévient  qu'un  troupeau  de  cochons ,  avant 
été  conduit  dans  des  bois  où  croît  cette  Aristoloche, 
avait  entièrement  péri ,  après  en  avoir  mangé  les  ra- 
cines et  des  jeunes  tiges.  Il  invite  les  Colons  à  détruire, 
dans  les  environs  de  leurs  habitations,  cette  plante 
meurtrière  dont  les  nègres  empoisonneurs  savent  tirer 
un  parti  si  funeste. 

L'Aristoloche ,  dont  il  s'agit ,  étant  cultivée  en  Eu- 
rope,  demande  le  plein  air  et  le  soleil.  Elle  se  mul- 
tiplie de  couchages. 

Caractères  physiques.  L'Aristoloche  à  grandes 
fleurs,  dit  Tussac,  a  les  tiges  simples,  presque  ligneu- 
ses, et  subéreuses,  jusqu'à  quelques  pieds  au-dessus  du 
collet  de  la  racine  ^  se  divisant  et  subdivisant  en  une 
infinité  de  rameaux  herbacés ,  grêles,  filiformes,  striés, 
qui  s'entortillent  autour  des  arbres  ,  et  sont  ornés  de 
grandes  feuilles  alternes  ,  en  forme  de  cœur ,  à  nervures 
bien  prononcées.  Ces  feuilles  entières  ,  glabres  des  deux 
côtés  et  pointues,  sont  portées  par  des  pétioles  très- 
longs,  qui  sont  d'un  diamètre  plus  considérable  que  les 
tiges.  Les  pédoncules,  plus  longs  que  les  pétioles,  sont 
munis  de  feuilles-,  ils  sont  solitaires,  anguleux,  et 
munis,  vers  le  milieu  ,  d'une  bractée  ronde  perfoliée  ^  ils 
portent  une  seule  fleur  d'une  grandeur  et  d'une  forme 
extraordinaire^  elle  est  tubuleuse  ,  le  tube  qui  est  hexa- 
gonal ,  a  huit  à  neuf  pouces  de  long ,  et  plus  d'un  pouce 

4" 


(  38) 

et  demi  de  diamètre  dans  certaines  parties  :  au-dessus  de 
sa  base  ,  qui  est  pointue  ,  il  y  a  une  courbure  qui  forme 
une  espèce  de  ventre  ^  il  se  redresse  ensuite  ,  devient 
plus  étroit,  et  presque  égal  dans  son  diamètre,  jusque 
vers  son  sommet ,  où  il  se  courbe  encore  et  se  dilate  en 
forme  de  ventre  ,  se  termine  par  une  ouverture  ovale , 
oblique  ,  entourée  d'un  grand  limbe  plan ,  en  forme  de 
cœur^  de  sept  à  huit  pouces  de  diamètre^  ayant  des 
nervures  saillantes  ,  qui  partent  des  bords  de  l'orifice  , 
et  s'étendent  en  forme  de  rayons  jusqu'à  la  marge  du 
limbe ,  dont  la  pointe  se  termine  par  un  appendice 
linéaire  de  plus  d'un  pied  de  longueur.  Dans  l'intérieur 
de  l'orifice  de  la  corolle,  on  aperçoit  comme  un  double 
tube  adossé  à  l'autre ,  dont  les  bords  sont  crénelés  et 
garnis  de  duvet  pourpre.  Le  tube  de  la  corolle  est 
extérieurement  tortueux ,  et  d'une  couleur  blanchâtre  ^ 
le  dedans  est  d'un  pourpre  foncé ,  ainsi  que  l'orifice , 
qui  est  garni  de  poils  de  même  couleur  ^  le  dessus  du 
limbe  est  jaspé  de  blanc  jaunâtre  et  de  pourpre,  le 
dessous  est  blanchâtre. 

Les  étamines,  au  nombre  de  six,  sont  sessiles  sous  le 
style,  sur  une  petite  colonne  hexagone,  entourée  d'un 
anneau  cyathiforme  pourpre. 

L'ovaire  est  infère,  hexagone,  et  surmonté  de  six 
stigmates  linéaires. 

Le  fruit  est  une  capsule  oblongue ,  hexagone  ,  â  six 
loges  polyspermes,  s'ouvrant  par  sa  base  et  ressemblant 
à  un  encensoir.  Les  graines  sont  obrondes ,  compri- 
mées et  très-nombreuses. 

Propriétés   chimiques.    Le   suc    de    l'Aristoloche    à 


(39) 
grandes  fleurs  contient  de  Facide    galKque    et  un  prin- 
cipe gomnio-résineux. 

Propriétés  délétères.  Ayant  fait  avaler  à  un  rat  de 
cannes  une  cuillerée  du  suc  des  feuilles  et  de  la  tige 
de  cette  Aristoloclie  ,  il  mourut  au  bout  d'une  heure. 
Le  suc  produit  aussi  un  efi'et  vésicant  sur  la  peau. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Sa  tête  était  enflée  , 
ayant  acquis  le  double  de  son  volume. 

Secours  et  antidotes.  L'ammoniaque  étendu  d'eau, 
employé  intérieurement  et  extérieurement,  a  toujours 
rempli  le  but  qu'on  se  proposait. 

Propriétés  médicinales.  Je  ne  lui  en  connais  point. 


explication   de   la   plante  cent   cinquante-sept. 

La  plante  est  réduite  au  quart  de  sa  grandeur  naturelle. 
1.   Fruits  dont  les  valves  commencent  à  se  séparer. 


(  4o  )       ' 

'VVVVV»\iV\'VVW\'VVV»  VVVV\/VVVWV»'VVWV>'VVWVVW»  VVVVVVVVVVV\'VV»'WWVWVWWW\W\IV^  WXIVWWVW» 

AHOUAI  DES  ANTILLES. 

(  Toxique  corrosif.  ) 

Synonymie.  Bagag:e  à  collier  ;  noix  de  serpent  —  Gerbera 
Thevetia.  Linn.  Pentandrie  Monogynie.  —  Jussieu , 
famille  des  Apocynées.  —  Ahouai  nerii  folio  ,  flore  luteo. 
Plum.  Amer-  Icon.  18. —  Gerbera  foliis  linearibus  ,  lon- 
gissiniis  confertis.  Jacq.  Amer.  485tab.  34-  —  Nerisadfinis, 
anguslifolia  ,  lactescens  ,  flore  luteo.  Plucbn.  Alm.  p.  260, 
tab.  207,  f.  2.  —  Ycotli.  Hern.  Mex.  443-  Pluck.  t.  207,  f.  3. 

Caractères  génériques.  Fleurs  monopétalées  ,  fa- 
mille des  Apocynées,  arbres  reniplis  d'un  lait  caustique, 
et  munis  de  belles  fleurs.  Ils  ont  beaucoup  de  rapport 
avec  les  Tabernés  ,  les  Camériers  et  les  Francbipaniers. 
Fleur  à  calice  court ,  composé  de  cinq  folioles  pointues. 
Une  corolle  mouopétale  ,  infundibuliforme  ,  dont  le 
tube  ,  plus  long  que  le  calice  ,  est  resserré  ou  rétréci 
à  son  entrée  par  cinq  dents  presque  conniventes  ,  et 
s'évase  ensuite  en  un  limbe  campanule  ,  partagé  en 
cinq  découpures  oblongues  ,  obliques  ,  et  ouvertes  en 
étoile  -,  cinq  étamines  courtes  ,  renfermées  dans  le  tube 
de  la  corolle  ,  et  un  ovaire  arrondi ,  chargé  d'un  style 
filiforme  de  la  longueur  des  étamines  ,  et  terminé  par 
un  stigmate  bifide.  —  Le  fruit  est  une  noix  charnue, 
arrondie ,  ventrue  ,  et  qui  renferme  un  ou  deux  noyaux 
obtusément  anguleux.  (  Encycl.  méth.  ) 

Caractères  particuliers.  Feuilles  linéaires  ,  très- 
longues  ,  serrées  et  sessiles. 

Histoire  naturelle.  Cet  arbrisseau,  qu'on  rencontre 


J'/.Joé^. 


TTietn/ore  JJe^cauf/f/\  T^fiJ'  ■ 


{Ja^rt^/  tAut^t . 


■^« 


AOl'iiAi    i>KS  ANTILLES, 


(  4-  ) 

souvent  à  Cayenne  et  aux  Anlilles,  produit  un  fruit  vé- 
néneux qui  excite  le  vomissement.  L'écorce  de  l'arbre 
est  un  drastique  violent  que  les  naturels  emploient  pour 
se  purger  ,  ainsi  que  celle  du  Cerbera  manghas.  Les  na- 
turels du  pays  emploient  les  fruits  de  l'Ahouai  pour 
orner  leurs  jarretières  ,  leurs  tangas  ,  ou  leurs  ceintures, 
afin  d'entendre  le  bruit  que  font  ces  noyaux  secs  ,  lors- 
qu'ils se  heurtent  les  uns  contre  les  autres  ,  ce  qui 
remplace  pour  eux  les  grelots.  C'est  à  tort  que  le  Père 
Labat  recommande  l'amande  du  fruit  à' Ahouai  ,  ap- 
pliquée en  cataplasme  ,  comme  propre  à  neutraliser  le 
venin  de  la  morsure  du  serpent  à  sonnettes  ^  c'est  au 
contraire  un  poison  très-actif.  Sa  description  ,  qui  n'a 
aucun  rapport  avec  celle  de  l'Ahouai  ,  prouve  qu'il  a 
confondu  avec  le  Nand  Jiiroba  scandens  ,  vulgairement 
appelé  Noix  de  serpent. 

CA.RACTi:PtEs  PHYSIQUES.  Cet  arbrisscau  ,  de  douze  à 
quinze  pieds  ,  d'un  port  élégant ,  dont  les  rameaux  cy- 
lindriques sont  parsemés  de  tubercuJes  qu'ont  laissés  les 
feuilles  après  leur  chute,  est  abondamment  rempli  d'un 
suc  laiteux  très-caustique.  Ses  feuilles  sont  éparses  , 
étroites  ,  linéaires  ,  pointues  ,  très-entières  ,  glabres  , 
longues  de  quatre  à  cinq  pouces  ,  et  ramassées  vers  le 
sommet  des  rameaux.  Ses  fleurs  sont  jaunes  ,  grandes  , 
odorantes  ,  la  plupart  solitaires  stir  leur  pédoncule ,  et 
disposées  vers  l'extrémilé  des  branches  dans  les  aisselles 
des  feuilles.  Il  leur  succède  un  fruit  verdàtre  ,  arrondi, 
charnu  ,  laiteux,  et  qui  renferme  un  noyau  triangu- 
laire ,  qui  s'ouvre  seulement  d'un  côté  ,  et  comme  par 
un  sillon. 

Analyse  chimique.  La   décoction  des   feuilles  et  des 


(  40 

fruits  verts   donne    une    couleur    brune  ,    et   pour   ré- 
sultat,  un  principe  extractif  amer  gommo-résineux. 

PiioPRiÉTÉs  DÉLÉTÈRES.  Toutcs  Ics  parties  de  cette 
plante  sont  évidemment  vénéneuses.  Un  jeune  nègre  ^ 
qui  me  suivait  à  la  chasse ,  mangea  des  fruits  verts  de 
l'Ahouai  ,  et  éprouva  les  symptômes  suivans  : 

Symptômes  d'empoisonnement.  Pouls  faible  et  ver- 
miculaire  ,  nausées  et  borripilations  ,  délire  et  autres 
symptômes  nerveux  ,  tels  que  pleurs  et  ris  involontaires, 
convulsions  irrégulières  ;  agitation  extrême  ,  chants  , 
cris  et  loquacité  -,   regard  fixe  et  hagard:  carpologie. 

Secoxîrs  et  antidotes.  J'employai  d'abord  pour  vo- 
mitif de  l'eau  tiède  ,  et  je  titillai  Tarri ère-bouche  avec 
les  barbes  d'une  plume  imbibée  d'huile  ,  afin  d'éviter 
l'inflammation  de  l'estomac  déjà  irrité  par  la  présence 
de  cette  pulpe  corrosive*,  mais  le  malade  ayant  été  atteint 
du  coma  ,  je  fus  forcé  de  recourir  à  l'émétique  ,  et  je 
n'eus  qu'à  me  louer  de  ma  décision.  J'employai  ensuite 
tour  à  tour  les  boissons  gommeuses  et  acidulées  ,  et 
l'enfant  fut  parfaitement  guéri. 

Propriétés  médicinales.  Les  nègres  emploient  l'ex- 
trait de  la  plante  à  la  dose  de  deux  grains  dans  les  fièvres 
quartes  rebelles.  Je  n'en  ai  point  fait  usage- 

Mode  d'administration.  T1  parait  que  deux  grains 
équivalent  à  une  dose  de  quinquina.  On  pourrait  ob- 
tenir peut-être  plus  de  succès  de  l'extrait  alcoolique  , 
mais  il  faudrait  le  donner  à  dose  bien  fractionnée. 


explication  de  la  plante  cent  cinquante-huit. 

La    plante    est   réduite   à   moitié   de  sa   grandeur  naturelle. 

1 .  Fruit  entier. 

2.  Fruit  dépouillé  de  son  écorce. 


J'/.lâo 


y/ifot/or'e  /Jf^cortf/{7\  J^f'n.r  . 


(TtrÂ7-te/  ili'i/^  ■ 


corAiiK  TiiiniiLOiiiK 


(  43  ) 


vvvvvvvvvvv\A/vv•**vvv\>'vvv*vv\^/vvvvvvvvvvvvvvvvvvvv^A^vvvvvvl\(V  vvvvvvvvv  vv^  viw 


GOUARE  TRICHILIOIDES. 


(  Toxique   corrosif.  ) 


Synonymie.  Vulg-,  Bois  rouge,  Bois  a  balle.  Guarea  tri- 
chilioïdes  ,  Linn.  Oclandrie  Monogynlf^.  —  Jussieu  ,  famille 
des  Azedarachs.  —  Guidonia  nucis  Juglandis  foliis,  major. 
Plum.  Gen.  4-î  Burra.,Amer.  t.  i^'j  ^ï.  i.  —  Trichilia  foliis 
oblongo  -  ovatis  ,  pinnatis,  nitidis  ,  racemis  Iaxis.  Browii. 
Jam.  279.  —  Melia  (guara)  floribus  octandris.  Jacq. 
Amer.  126  ,  t.  176  ,  87 ,  et  Pict.  p.  53.  —  Jito  Marcg". 


Caràctèues  génériques.  Calice  moiiophylle  ,  court , 
ouvert ,  et  à  quatre  dents.  —  Quatre  pétales  linéaires  , 
pointus  ,  deux  ou  trois  fois  plus  longs  que  le  calice  ',  en 
outre  un  tube  particulier  ,  presque  cylindrique  ,  entier, 
ou  légèrement  crénelé  en  son  bord  ,  de  la  longueur  des 
pétales  ,  et  qui  environne  le  pistil.  —  Huit  étaniines  dé- 
pourvues de  filamens  ,  et  constituées  par  autant  d'aiithè- 
ses  sessiles  ,  attachées  au  bord  interne  du  tube.  —  Ovaire 
supérieur  ,  globuleux ,  surmonté  d'un  style  simple  ,  un 
peu  saillant  hors  du  tube  staminifère  ,  à  stigmate  en 
tète  orbiculaire  ,  aplatie  en  dessus.  —  Le  fruit  est 
une  capsule  épaisse  et  charnue  ,  sphéroïde  ,  ombiliquée 
légèrement  à  son  sommet ,  quadrilocuîaire  ,  se  parta- 
geant en  quatre  valves  ,  pourvues  chacune  d'une  se- 
mence oblongue  ,  tuniquée  en  son  côté  extérieur.  (  En- 
cycl.  méth.  ) 


(  44) 

Caractères  particuliers.  Calice  à  quatre  dents  j 
quatre  pétales  j  nectaire  cylindrique  ,  portant  les  an- 
thères à  son  ouverture  -,  capsule  à  quatre  loges ,  à  quatre 
valves  •,  semences  solitaires. 

Histoire  naturelle.  Le  Gouaré  est  un  arbre  laiteux 
qui  croît  dans  toutes  les  forêts  vierges  des  Antilles. 
On  le  rencontre  fréquemment  à  l'ile  de  Cuba  ,  à  Saint- 
Domingue  ,  à  la  Jamaïque  ,  à  Cayenne  et  dans  la 
terre-ferme  de  l'Amérique  méridionale  ,  où  les  nègres 
l'emploient  plus  souvent  comme  poison  que  comme 
médicament.  En  général  ,  la  plus  grande  partie  des 
plantes  et  des  arbres  qui  fournissent  un  suc  laiteux  > 
ou  qui  ont  une  odeur  désagréable  ,  sont  d'une  qualité 
pernicieuse  et  destructrice.  A  l'exception  de  quelques 
espèces  de  Convolvulacées  ,  et  d'une  seule  espèce  de 
Tithymale  ,  et  quelques  espèces  de  Periploca,  dont  on 
fera  connaitre  dans  leur  histoire  les  qualités  mauvaises  , 
il  faut  se  méfier  de  toutes  les  autres ,  ou  s'en  servir 
avec  la  plus  grande  réserve.  C'est  pourquoi  ,  ditPoupée- 
Desportes  ,  il  faut  se  mettre  en  garde  contre  toutes  les 
familles  des  Apocins  ,  des  Périploques  ,  des  Tithymales , 
des  Convolvulus  et  des  Figuiers.  On  le  nomme  Bois  à 
balle  ,  à  cause  de  la  forme  de  son  fruit. 

Caractères  physiques.  Le  Gouaré  a  beaucoup  d'ana- 
logie ,  par  sa  fructification  ,  avec  les  Azédarachs.  Il 
s'élève  à  la  hauteur  de  vingt-cinq  à  trente  pieds.  Ses 
feuilles  sont  alternes  ,  ailées  avec  impaire  ,  et  composées 
de  onze  folioles  et  plus  ,  ovales-lancéolées  ,  entières  , 
glabres  ,  opposées  ,  et  à  pétioles  propres  fort  courts  ; 
leur  pétiole  commun  est   long  d'un  pied  et  plus.  Les 


(  45  ) 
fleurs  sont  petites  ,  blanchâtres  ,  inodores  ,  et  disposées 
sur  des  grappes  axillaires  ,  composées,  longues  au  moins 
de  six  pouces.  Leurs  pétales  sont  veloutés  ou  cotonneux 
en  dehors. 

Analyse  chimique.  Le  suc  laiteux  du  Gouaré  contient 
du  mucilage  j  plus  ,  une  substance  résineuse  d'une 
saveur  acre  et  amère  ,  qui ,  en  s'épaississant ,  devient 
caustique. 

Propriétés  délétères.  Le  suc  gommo-résineux  de  cet 
arbre  agit  de  la  môme  manière  que  celui  du  Mance- 
nillier.  Il  excorie  la  peau  ,  et  est  promptement  mor- 
tifère s'il  est  pris  à  une  certaine  dose.  L'auteur  du  mot 
Impj^égîiation ,  du  Dictionnaire  des  sciences  médicales  , 
observe  avec  raison  «  que  les  substances  vénéneuses, 
quelle  que  soit  leur  origine, qui  ont  une  action  corrosive 
sur  la  peau  ,  ou  sur  les  surfaces  qu'elles  touchent ,  n'ont 
qu'une  action  tout-à-fait  locale  ,  et  de  laquelle  il  ne  peut 
résulter  ni  absorption  ni  imprégnation.  Le  Gouaré  est 
dans  ce  cas.  Au  contraire  ,  le  venin  de  la  vipère  ,  par 
exemple  ,  s'introduit  dans  l'économie  ,  y  porte  le  ra- 
vage et  même  la  mort.  L'imprégnation  alors  est  plus 
ou  moins  rapide  ,  et  marquée  par  des  phénomènes  gé- 
néraux plus  ou  moins  funestes.  Il  est  un  certain  nombre 
de  substances  animales  ,  végétales  ,  ou  même  minérales  , 
dont  l'absorption  cutanée,  pulmonaire  ou  gastrique,  revêt 
quelques-uns  des  caractères  de  l'imprégnation.  L'opium 
à  l'intérieur  ou  à  l'extérieur,  le  mercure  administré  de 
même  ,  etc.  ,  ont  une  action  qui ,  locale  d'abord,  s'étend 
à  toute  l'économie,  et  en  modifie  la  manière  d'être.  » 
On    trouve  aussi   aux  Antilles  le   Guarea   obtusifoUa  , 


(  4<3) 

foliis  subtiijugLs ,  foliolis  oho^atis  ,   extimis   jjiajonèus  , 
racemis  brevissimis ,  qui  a  les  mêmes  pi  opriélés. 

Symptômes  d'empoisoisnement.  Ils  sont  les  mêmes 
que  ceux  des  ISlanceiiilJiers. 

Secolrs  et  antidotes.  On  donne  une  infusion  des 
leuilles  dn  IMcdicinier  muîtilide  ,  qui  agit  comme  vomi- 
purgatif,  s'il  n'y  a  pas  trop  d'irritation^  et  dans  le  cas 
contraire  ,  des  mncilagineux  et  des  boissons  acidulées  ou 
huileuses  ,  suivant  l'indication. 

Propriétés  médicinales.  Le  suc  qu'on  retire  de  l'é- 
corce  de  cet  arbre  ,  est  un  violent  vomi-purgatif  dont 
on  tolère  l'emploi  dans  certaines  maladies  clironiques 
qui  résistent  aux  moyens  ordinaires.  (Voyez  ci-dessus  la 
classe  des  Drastiques.)  La  décoction  de  Fécorce  agit  avec 
moins  de  violence. 

Mode  d'administration.  Le  suc  concrète  se  donne 
depuis  dix  grains  jusqu'à  vingt-quatre.  —  Ou  prépare 
avec  ,  une  teinture  alcoolique  qui  ,  à  la  dose  d'une  demi- 
once  ,  remplace  la  teinture  hjdragogue  ,  appelée  vul- 
gairement   eau-de-vie  allemcnide. 


Explication  de  la  planche  cent  cinquante-nelif. 

La  plante  est  réduite  aux  deux  tiers  de  sa  grandeur  naturelle. 

1.  Fleur  entière. 

2.  Tube  des  étamines  ouvert. 

3.  Ovaire  et  pistil. 
4-  Fruit. 

5.  Semenee, 


P/.j/>'o. 


(47  ) 


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CESTREAU  NOCTURNE. 

(  Toxique  corrosif.  ) 

Synonymie.  Le  Galant  de  nuit.  — Cestruni  nocturnum.  Linn. 
Pentandrie  Monogjnie  Tournef.  Jasminoïdes  appendix. 
—  Juss.  famille  des  Solanées.  Cestrum  floribus  pediincu- 
latis,  fascieulis  pluribus  subpaniculatis  ,  coroUis  virescen- 
tibus,  baccis  albis  subsphaericeis.Lamk. — Jasminoïdes  foliis 
pisbaminis ,  flore  virescente  noetu  odoratissimo.  Dill. 
Eltb.  i83,t.  i53  ,  f.  i85. 

Caractèties  génériques.  Fleurs  nionopétales  de  la  fa- 
mille des  Solanées,  ayant  du  rapport  avec  les  Liciets, 
dont  elles  diffèrent  néanmoins  en  ce  que  les  filamens  de 
leurs  étamines  ne  sont  pas  velus  à  leur  base.  Feuilles 
simples  et  alternes  \  les  fleurs  presque  semblables  à  celles 
du  jasmin  viennent  par  bouquets  on  en  corymbes  axil- 
laires  -,  étamines  dans  quelques  individus  à  denticule  au 
milieu  ^  baie  uniloculaire  ,  polvsperme  *,  ovaire  supé- 
rieui  ,  arrondi,  surmonté  d'un  style  de  la  longueur  du 
tube  de  la  corolle  ,  à  stigmate  un  peu  épais  et  obtus. 

Caractères  particuliers.  Fleurs  pédonculées  \  feuil- 
les cordiformes  ovales,  (\ivace.) 

Histoire  inaturelle.  Les  bois  ombragés  où  se  plait 
le  Cestréau  qui  y  fleurit  en  août  et  septembre ,  exhalent 
le  soir  une  odeur  suave  et  agréable  qui  embaume  l'air  de 


(48) 
la  nuit ,  mais  trop  forte  pour  être  respirée  dans  les  ap- 
partemens. 

Les  Caraïbes  en  ornaient  leurs  temples  aux  jours  de 
cérémonie  ,  el  Todeur  de  ces  fleurs  égalait  celle 

des  parfums  aussi  doux  que  les  vœux 

Que  la  bouche  innocente  élève  vers  les  dieux. 

Castel. 

Caractères  physiques.  Le  Cestréau  nocturne  est  un 
arbrisseau  de  six  à  neuf  pieds ,  rameux  dans  sa  partie  su- 
périeure ,  et  dont  l'écorce  du  tronc  est  cendrée  et  légère- 
ment crevassée  ou  comme  subéreuse.  Ses  rameaux  sont 
cylindriques  ,  glabres ,  ponctués  ,  et  verdàtres  ou  d'un 
gris  roussàtre.  Ses  feuilles  sont  alternes  ,  pétiolées, 
ovales-pointues  ou  ovales-lancéolées,  glabres,  d'un  assez 
beau  vert  qui  ressemble  à  celui  des  feuilles  du  citronnier, 
et  quelquefois  panachées  d'un  blanc  jaunâtre.  Les  fleurs 
sont  verdàtres ,  viennent  par  faisceaux  pédoncules  et  un 
peu  en  panicule  ,  dans  les  aisselles  des  feuilles  supérieu- 
res. Leur  corolle  est  glabre,  à  tube  grêle  un  peu  courbé, 
et  à  divisions  émoussées  à  leur  sommet  et  légèrement 
irrégulières.  Il  leur  succède  des  baies  presque  spbéri- 
ques,  blanches  connue  des  perles,  biloculaijes,  et  un  peu 
moins  grosses  que  des  pois.  Il  vient  très-bien  en  serre. 

Analyse  chimique.  La  saveur  de  la  plante  est  fade 
et  herbacée  j  l'odeur  de  son  feuillage  est  fétide  et  nauséa- 
bonde. Du  reste  elle  offre  les  mêmes  principes  chimiques 
que  toutes  les  Solanées.  Je  n'ai  rien  de  complet  à  offrir 
à  ce  sujet. 

Propriétés  délétères.  Le  suc  du  Cestréau  peut  être 
absorbé  ainsi  que  celui  de  plusieurs  Solanées  ,  et  dans 


(  49  ) 
ce  cas  il  détruit  la  sensibilité,  et  rend  immobile.  Intro- 
duit dans  l'estomac  d'un  chat,  à  la  dose  de  six  gros, 
l'animal  est  mort  en  deux  heures  -,  cependant  ce  poison 
agit  plus  énergiquement  étant  mis  en  contact  avec  le 
tissu  cellulaire  de  la  partie  interne  des  cuisses. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Cris  plaintifs  ,  mou- 
vemens  eônvulsifs  généraux  ou  partiels,  faiblesse,  ou 
paralysie  des  membres,  particulièrement  des  abdomi- 
naux ;  dilatation  de  la  pupille  ;  abolition  des  organes  des 
sens ,  nausées  ,  vomissemens  ,  surtout  si  la  substance 
vénéneuse  a  été  appliquée  sur  la  peau  ulcérée  ou  sur 
le  rectum  ^  respiration  ordinaire. 

Autopsie.  J'observai  les  vaisseaux  des  ménînges  et  du 
cerveau  engorgés  de  sang  -,  les  poumons  violets  et  peu 
crépitans-,  les  ventricules  contenant  un  sang  coagulé^ 
nulle  trace  d'empoisonnement  dans  l'estomac  ,  les  poi- 
sons narcotiques  étant  promptement  absorbés  et  portés 
dans  le  torrent  de  la  circulation ,  où  ils  produisent  les 
mêmes  accidens  que  s'ils  eussent  été  injectés  dans  les 
poumons  ,  la  plaie  ,  le  péritoine  ou  les  veines,  et  le  tissu 
lamineux  sous-cutané. 

Secours  et  antidotes.  Il  faut  de  suite  provoquer  le 
vomissement  et  administrer  après  son  effet  des  boissons 
acidulées. 

Propriétés  médicinales.  Son  extrait  n'est  pas  à  dédai- 
gner dans  les  affections  spasmodiques  ,  et  particulière- 
ment dans  la  danse  de  saint  With,  dans  quelques  cas  de 
manie  et  d'épilepsie. 


(  5o  ) 

Mode  d'administration.  On  prépare  l'extrait  en  pi- 
lules qu'on  ordonne  progressivement  depuis  deux  jus- 
qu'à cinq,  mais  on  doit  en  continuer  pendant  long-temps 


l'usage. 


I1.XPLICATI0N  DE  LA  PLANCHE  CENT  SOIXANTE. 

La  plante  est  de  grandeur  naturelle. 

1.  Corolle  ouverte  pour  faire  voir  l'insertion  des 

étamines. 

2.  Calice  et  pistil. 

3.  Fruits. 


P/.JÔJ 


T/,e.„/. 


.^  X.//, 


GirrF/r  a rbome 8 cei^t. 


(  5i  ) 

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GOUET    ARBORESCENT. 


(  Toxique  cojtosIJ.  ) 


Synonymie.  Arum  arborescens,  Linn.  Gynandrie  Polyandrie. 
—  Tournef.  Classe  3.  Personnées.  Secl.  i.  —  Juss. ,  famille 
des  Aroïdes.  —  Ricliard,  Aroïdées.  —  Arum  caulescens 
rectum,  foliis  sagittatis.  Linn.  mill.  Dict.  n°  17.  —  Arum 
arborescens  ,  sagittariae  foliis.  Plum.  Amer.  44*  —  Tour- 
nef.  169.  —  Raj.  Suppl.  575.  —  Petiv.  Gaz.  t.  1 16  ,  f.  5.  — 
Aninga.  Pison. — En  anglais.  Tree  Arum.  —  En  malabarois. 
N'a-tsjémbic. 

CarActî:res  GÉiNÉRiQUES.  Spatlie  convolutée  roulée 
encornet,  peu  ouverte.  Spadice  clavifornie ,  nu  à  sa 
partie  supérieure  ,  couvert  inférieurement  de  trois  fleurs 
femelles  ,  qui  consistent  en  un  pistil  nu ,  dans  le  milieu 
d'étamines  qui  constituent  autant  de  fleurs  mâles.  Le 
fruit  est  une  baie  globuleuse  ,  pisiforme ,  renfermant  une 
graine.  (Richard.  ) 

Caractères  particuliers.  Spathe  raonopliylle  ,  cu- 
cuUée  :  spadice  nu  en  dessus ,  femelle  en  dessous ,  sta- 
minifère  dans  le  milieu.  Tiges  droites,  feuilles  sagittées. 
Amérique  méridionale.  (Vivace.) 

Histoire  naturelle.    Le   Gouet  arborescent  ,  ainsi 
que  tous  ses  congénères  ,  aime  à  développer  sa  végéta- 
tion dans  les  lieux  humides  et  ombragés  ,   où  il  fleurit 
Tome  IH. — ^x*"  Livraison,  5 


(    52    ) 

en  février  et  avril.  On  le  cultive  en  Europe  dans  quel- 
ques serres  où  il  se  fait  bientôt  remarquer  par  Télégance 
et  la  singularité ^e  son  port.  On  le  multiplie  de  graines 
venues  de  l'Amérique  méridionale  ,  sa  patrie  ,  ou  en 
éclatant  des  racines  dans  le  temps  où  sa  végétation  est 
inactive.  Il  aime  une  bonne  terre  ,  beaucoup  d'eau  et 
de  chaleur  ,  enfin  une  serre  tempérée  pour  l'hiver. 

Les  racines  sont  les  seules  parties  de  la  plante  qui 
soient  en  usage  dans  l'économie  domestique  ,  mais  il 
faut  leur  enlever  par  la  torréfaction  et  la  fermentation 
la  causticité  de  leur  suc  ,  et  alors  elles  procurent  une 
fécule  amilacée  dont  on  tirerait  srrand  narti  dans  tout 
autre  pays  que  celui  des  colonies  florissantes  où  le  Créa- 
teur verse  avec  profusion  ses  dons  et  ses  bienfaits  ,  et 
où  les  forêts  recèlent  tout  ce  qui  peut  assurer  l'existence 
du  voyageur  égaré. 

Caractères  physiques.  La  racine  de  cet  Arum  est  de 
la  grosseur  du  bras  ,    de  la  longueur  de  vingt  à  trente 
pouces  ,  blanchâtre  et  noueuse  en  dehors  ,  blanche  in- 
térieurement ,  tendre  et  d'une  saveur  douceâtre.    Elle 
ne  pousse  (ju'une  seule  tige  ,   droite  ,   haute  de  cinq  à 
six  pieds  ,  de  deux  à  trois  pouces  de  diamètre  ,  ferme  , 
cylindrique  ,   nue  et  noueuse.   Les  feuilles  couronnent 
la  tige  ,    et  y  forment  un  faisceau  terminal.    Elles  sont 
au  nombre  de  cinq  à  six  ,   d'un  pied  de  lougueur  ,  pé- 
tiolées  et  sagittées  ,    lisses  ,    membraneuses  ,  d'un  vert 
foncé  en  dessus  ,  et  plus  clair  en  dessous  ,  avec  des  ner- 
vures saillantes.  Le  pétiole   a   environ  un  pied  de  lon- 
gueur ,  et  est  creusé  en  forme  de  gaine  dans  sa  moitié 
inférieure  ,  cylindrique  dans  le    reste  de  son  étendue  , 
et  épais  de  trois  à  quatre  lignes.  Les  pédoncules  naissent 


(53) 

au  sommet  de  la  tige  ,  dans  les  aisselles  des  feuilles  , 
paraissent  plus  courts  que  les  pétioles  ^  ils  portent  cha- 
cun une  spatlie  oblongue  ,  pointue  ,  resserrée  ou  étran- 
glée vers  son  milieu  comme  le  col  d'une  calel)asse ,  épaisse 
comme  du  cuir  ,  lisse  ,  verte  en  dehors  ,  blanchâtre  en 
dedans  ,  avec  le  fond  d'un  rouge  obscur.  La  partie  in- 
férieure ou  fleurie  du  chaton  est  jaunâtre  ,  longue  d'en- 
viron deux  pouces  ,  et  la  supérieure  .  c[ui  est  nue  ,  est 
un  peu  plus  longue  ,  moins  épaisse  ,  d'une  couleur  pâle, 
et  comme  réticulée  en  sa  superficie.  Cette  partie  supé- 
rieure se  flétrit  et  tombe  ,  et  l'inférieure  devient  une 
espèce  de  grappe  ,  composée  de  plusieurs  baies  de  couleur 
pourpre,  et  de  la  grosseur  de  nos  pois  chiches.  (Encycl.)H. 

Analyse  chimique.  La  racine  de  cet  Arum  est  formée 
de  beaucoup  d'amidon  ,  d'un  suc  acre  et  laiteux,  causti- 
que et  brûlant ,  lorsque  la  racine  est  fraîche.  Ce  prin- 
cipe acre  est  très-volatil  et  soluble  dans  l'eau  ,  comme 
celui  des  familles  monocotylédonées. 

Propriétés  délétères.  Toutes  les  parties  de  la  plante, 
excepté  la  racine  ,  contiennent  une  sève  si  acre,  qu'étant 
appliquées,  fraîchement  coupées,  sur  la  langue,  elles  oc- 
casiônent  une  chaleur  mordicante  ,  bientôt  suivie  d'une 
douleur  vive ,  de  gonflement ,  et  surtout  d'une  abon- 
dante sécrétion  de  salive  ,  ce  qui  a  fait ,  dit-on  ,  employer 
cette  plante  par  des  maîtres  cruels  et  irréfléchis ,  qui 
la  faisaient  tenir  dans  la  bouche  de  leurs  nègres  jusqu'à 
l'aveu  de  leur  faute.  Ces  temps  de  barbarie  n'existaient 
plus  lors  de  mon  séjour  à  Saint-Domingue. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Un  jeune  chat,  auquel 
j'avais  fait  avaler  une  once  du  suc  des  feuilles ,  a  mani- 

5^^ 


(  54  ) 

festé  il  douleiu  ({lie  lui  Taisait  éprouver  le  contact ,  en 
éterniiant  et  se  roidissaut^  mais  il  paraît,  d'après  d'au- 
tres expériences  ,  que  ce  suc  vénéneux  n'est  pas  suscep- 
tible d'être  absorbé,  et  qu'il  ne  produit  son  effet  délé- 
tère que  lorsqu'il  est  introduit  dans  l'estomac. 

Secoues  et  antidotes.  On  emploie  contre  cet  em- 
poisonnement les  vomitifs  doux,  et  après  leur  effet ,  les 
boissons  mucilagineuses  ,  et  celles  acidulées  d'après  l'étal 
présent  du  malade. 

Propriétés  médicinales.  La  racine  dans  son  état 
naturel  est  un  drastique  violent  qu'emploient  certains 
nègres  ,  mais  dont  il  faut  user  avec  une  grande  précau- 
tion. Les  médicastres  du  pays  la  prescrivent  dans  les 
obstructions ,  et  en  topique  sur  les  reins  contre  le  lum- 
bago ,  et  l'huile  de  l'amande  des  fruits ,  en  frictions  con- 
tre les  douleurs  arthritiques.  Poupée  Desportes  et  Che- 
valier ont  recommandé  comnie  résolutifs ,  les  cata- 
plasmes faits  avec  ses  racines  contre  la  néphrite  ,  et  leur 
décoction  en  bains  ,  dans  les  douleurs  articulaires  ,  ré- 
centes et  anciennes. 

Mode  d'administration.  La  poudre  de  la  racine  s'ad- 
ministre en  pilules  depuis  deux  jusqu'à  six  grains  ,  et 
pour  purger  ,  à  celle  de  douze  à  vingt  -,  mais  je  n'en  con- 
seille pas  l'emploi. 


explication  de  la  planche  cent  soixante-un. 


La  plante  est  réduite  au  vingtième  de  sa  grandeur  naturelle. 


j'/.lô'jl 


TAeo^ore  Dt*4rr<>urfz/K  /^uta' 


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(  55  ) 


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f  / 


GOUET    VENENKUX 
(  Toxique    corrosif.  ) 

Synonymie.  Vulg.  Canne  marronne  ;  Canne  séguine  de  Ni- 
colson.  Canne  de  Madère. — Arum  seguinum  Linn.  Gjnan- 
drie  Polyandrie. — Tournef.  Personnées. — Juss.  et  Richard. 
Aroïdées.  —  Ariini  caulescens  suberectum  ,  foliis  lanceo- 
lato-ovatis.  Linn.  Jacq.  Amer.  23g,  t.  i5i,  etc.  Pict.  p.  117, 
t.  229.  Mill.  ic.  t.  295.  — -  Arum  caulescens,  Cannae  indicae 
foliis.  Plum.  Anar  J\^^  t-  61  et  t.  5i.  F.  H.  Tourneforl,  iSg. 
—  Arum  caule  geniculato  ,  Cannœ  indicae  foliis  ,  summis 
labris  dégustantes  mutos  reddens.  Sloan.  Jam.  Hist.  1  , 
p.  168.  Raj.  Suppl.  575.  —  Canna  indica  venenata  ,  ourari- 
forti.  Pluck.  Alm.  79.  —  xArum  caule  erecto  g:eniculato 
inferne  nudo  ,  foliis  oblongo-ovatis.  Brown.  Jam.  33i. 

Caractères  génériques.  Spatlie  monopliylle  crénelée-, 
spadice  nu  en  dessus ,  femelle  en  dessous  ,  staminifère 
dans  le  milieu.  (J.  H.  C.  ) 

Caractères  particuliers.  Tige  presque  relevée  *, 
feuilles  lancéolées,  ovales,  quelquefois  perforées  comme 
celles  du  Draconî'uun  pertuswn.  (Amérique  méridio- 
nale. \ ivace.  ) 

Histoire  na-tuhklee.  Cette  plinte  que  Ton  trouve 
fréquemment  aux  Antilles  ,  et  principalement  à  Saint- 
Domingue  ,  à  la  Martîni([ue,  à  Cuba  et  à  la  Jamaïque  , 
se  plait  dans  les  prés.  Les  bêtes  à  cornes  évitent  de 
fourrager  cet  Arum  ^  dont  le  suc  est  acre  ,  caustique  et 
vénéneux.  On  marque  le  linge  avec  le  suc  cle  ce  Gouet , 


(  56  ) 

et  les  caractères  tracés  ne  s'eiï'aceiit  jamais.  Quelques 
liabitans  ,  dit  Nicoîson  ,  font  entrer  cette  plante  dans  la 
composition  d'une  lessive  qui  sert  à  purifier  le  sucre. 

Caractères  physiques.  Cette  belle  plante  s'élève  à 
la  hauteur  de  cinq  à  six  pieds  ^  elle  a  l'aspect  d'un 
jeune  bananier,  ou  plutôt  d'un  balisier  par  la  ressem- 
blance de  ses  feuiîleri.  Sa  û^c  droite,  d'un  ponce  de 
diamètre  ,  cylindrique  ,  nue ,  articulée  ,  à  nœuds  très- 
rapprocliés  les  uns  des  autres  ,  verte  ,  à  substance  spon- 
gieuse ,  est  remplie  d'un  suc  laiteux  ,  vénéneux  et 
très-àcre.  Ses  feuilles  forment  un  bouquet  terminal  ^ 
elles  sont  grandes ,  rapprochées  les  unes  des  autres  , 
pétiolées  ,  ovales,  lancéolées  comme  celles  d'un  bali- 
sier ,  pointues  ,  très-lisses ,  garnies  en  dessous  de  ner- 
vures obliques:  ces  feuilles  sont  de  la  longueur  de  dix- 
huit  pouces,  et  ont  des  pétioles  canaliculés  inférieure- 
ment  ,  amplexicaules ,  et,  comme  l'a  observé  Jacquin  , 
échancrées  près  de  leur  sommet;  les  anciennes  feuilles  se 
fanent  et  tombent  à  mesure  qu'il  en  pousse  d'autres. 
Les  pédoncules  sont  plus  courts  que  les  pétioles,  nais- 
sent au  sommet  de  la  tige  dans  les  aisselles  des  feuilles, 
et  portent  des  spathes  oblongues  ,  lancéolées  ,  d'un  vert 
pâle  en  dehors  ,  et  de  couleur  pourpre  en  dedans.  Le 
chaton  est  comme  un  double  pilon  jaunâtre  ,  presque 
de  la  longueur  de  la  spathe  ,  et  dout  la  partie  supé- 
rieure ,  qui  se  flétrit  pendant  la  maturation  des  ovaires, 
est  chargée  d'espèces  de  verrues  tétragones  ,  appelées 
nectaires  par  Jacquin.  (  Encycl.  Méth.  ) 

AwALYSE  CHIMIQUE.  La  racinc  desséchée  des  Aruw 
produit  ,  selon  Bucholz  :  Huile  grasse  0,6.  —  Matière 
extractive  ,    analogue   au  sucre  incristallisablc  4  ?  4-  — 


(57  ) 

Gomme  5,6.  —  Madèrn  analogue  à  la  bassoriiic   i8.  — 
Amidon  et  eau  ^i  livres.  — Cent  parties  de   la  racine 
donnent  i  ,  3 ,  parties  de  cendre ,  qui  contient  du  car- 
bonate de  potasse  ,  du  carbonate   et  du  pliospliate    de 
cliaux.  (Chimie  organiqtie  de  Virey.  j 

PriOPraÉTÉs  délétères.  Donné  à  la  dose  de  deux  gros, 
le  suc  de  cet  Arum  est  si  irritant  qu'il  peut  occasio- 
ner  la  mort  en  quelques  heures,  en  enflammant  les  or- 
ganes avec  lesquels  il  est  mis  en  contact ,  et  en  parve- 
nant dans  le  torrent  de  la  circulation  par  le  secours  des 
absorbans.        ^ 

Symptômes  d'empoisonnement.  Action  directe  sur  le 
système  nerveux  dont  ce  suc  détruit  la  sensibilité:  étant 
seulement  appliqué  sur  des  plaies  ,  il  est  promptement 
absorbé  .  et  opère  souvent  avec  plus  d'énergie  que  s'il 
n'est  qu'introduit  dans  le  canal  digestif,  où  il  cause 
néanmoins  les  plus  grands  désordres. 

Secours  et  antidotes.  Ils  consistent  à  appliquer, 
dans  ce  cas ,  les  mêmes  moyens  thérapeutiques  que  pour 
les  Anun. 

Propriétés  médicinales.  J'ai  vu  de  si  terribles  effets  de 
l'emploi  de  cette  plante  par  les  médicastres  du  pays  , 
que  j'en  ai  toujours  redouté  l'usage  intérieurement. 


Explication  de  la  planche  cent  soixante-deux. 

La  plante  est  représentée  au  tiers  de  sa  grandeur  naturelle. 
1.  Fruit  entier. 


(  58  ) 


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COMOCLADE    DENTÉ. 


(  Toxique  corrosif.  ) 


Synonymie.  Vulg.  Guao  de  Cuba. — Comocladîa  dentata.  Lin. 
—  Juss. ,  famille  des  Balisiers.  Comocladia  foliolis  spinoso- 
dentalis.  Lin.  Jacq.  Amer.  i3  ,  tab.  178,  f.  4  5  et  Piet. 
p.  12  ,  t.  269  ,  f.  2. 

Caractèhes  GÉ^ÉRIQUES.  Arbre  à  fleurs  polype  talées  , 
de  la  famille  des  Balsaraiers,  ayant  des  feuilles  ailées 
avec  impaire,  et  des  fleurs  petites  et  paniculées.  Chaque 
fleur  a  :  I  "  un  calice  monophylle  -,  coloré  ,  ouvert  à  trois 
découpures  arrondies-^  20  trois  pétales  ovales  pointus, 
planes  ,  ouverts  et  plus  grands  que  le  calice  5  3*  trois 
étamincs  plus  courtes  que  les  pétales ,  et  dont  les  fila- 
mens  en  alêne  portent  de  petites  anthères  à  quatre 
sillons*,  4**  uîi  ovaire  supérieur,  ovale,  dépourvu  de 
style,  à  stigmate  simple  et  obtus.  Le  fruit  est  une  baie 
oblongue ,  obtuse ,  légèrement  courbée ,  marquée  de 
trois  à  cinq  points  supérieurement  et  contenant  un 
noyau  membraneux,  de  même  figure.  (  Encyc.  méth.) 

Caractères  particuliers.  Feuillage  du  grand  Houx  ^ 
fleurs  petites  réunies  en  panicules.  H. 

Histoire  naturelle.  Cet  arbre  pernicieux  se  ren- 
contre dans  plusieurs  forets   vierges    des    Antilles ,   et 


J'/.jô:?. 


2 /leorloif  /)e.fcvttrul^   Pifur 


(ùiàiuc/  Scttif/  . 


VA\\~ 


(  59  ) 
païticulièrenient  à  l'île  de  Cuba,  aux  euvirous  de  Saiut- 
Yago  et  de  la  Havane  où  je  l'ai  observé.  Le  suc  visqueux 
et  laiteux  qui  en  découle ,  par  l'incision  de  l'écorce , 
noircit  au  contact  de  Fair  et  est  propre  à  fournir  du 
caoutchouc  ^  il  taclie  les  mains  et  les  étoffes  d'une  ma- 
nière presque  ineffaçable  ^  il  est  assez  caustique  pour 
excorier  la  peau ,  détruire  le  derme  et  l'écailler  ;  enfin 
les  négresses  s'en  servent  comme  dépilatoire.  L'odeur  de 
ce  suc  est  très-fétide  et  a  beaucoup  de  rapport  avec 
celle  qui  s'exhale  du  sulfure  alcalin,  lorsqu'il  est  exposé 
à  l'air.  Les  habitans  de  ces  colonies  l'appellent  Guao 
et  évitent  de  dormir  à  l'ombre  de  son  feuillage. 

Caractères  physiques.  Le  Guao  est  un  arbre  qui 
s'élève  rarement  au-delà  de  vingt  pieds  -,  son  tronc  est 
droit,  peu  épais,  et  se  divise  à  la  hauteur  de  six  pieds 
en  plusieurs  branches  ,  dont  les  courbures  sont  paral- 
lèles et  qui  soutiennent  à  leur  extrémité  des  feuilles 
éparses ,  garnies  d'aiguillons  et  rapprochées  en  touffes 
ouvertes  ,  comme  dans  le  Brésillot.  Ces  feuilles  ramas- 
sées en  rosettes  terminales  sont  ailées  avec  impaire,  lon- 
gues d'un  pied  et  demi ,  luisantes  en  dessus,  composées 
de  six  à  dix  paires  de  folioles  oblongues  acuminées  , 
bordées  de  dents  épineuses  ,  veineuses  ,  et  un  peu  co- 
tonneuses en  dessous^  le  bois  est  vert  et  distile  un  suc 
laiteux  très-caustique ,  dont  les  émanations  sont  quel- 
quefois funestes  aux  ouvriers  qui  le  mettent  en  œuvre, 
s'il  n'est  pas  sec. 

Il  sort  de  l'aiselle  de  ces  feuilles  des  grappes  rameu- 
ses, paniculées,  longues  de  douze  à  quinze  pouces, 
pendantes,  et  chargées  d'un  grand  nombre  de  fleurs 
fort  petites,    rougeàtres,   ramassées,  et  comme  sessiles 


(  6o  ) 
sur   les    raniilicalioiis    des    pédoncules    communs.    Ces 
fleurs   sont  quadritides  et  létrandriques ,  les  baies  sont 
vertes  et  luisantes  ,  de  la  grosseur  des  fruits  du  platane 
d'Europe. 

Analyse  chimique.  Le  suc  duGuao  contient,  sur  cent 
parties,  soixante  de  résine,  trois  de  gomme,  deux  d'ex- 
trait amer,  et  trente-cinq  de  débris  ligneux. 

Propriétés  déléti^res.  Le  suc  du  Guao  est  si  acre  et 
si  corrosif,  qu'il  détruit  le  tissu  cutané  ,  et  y  laisse  l'em- 
preinte noire  qui  succède  à  l'application  du  nitrate  d'ar- 
gent fondu. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Ils  sont  les  mêmes 
que  ceux  des  espèces  précédentes. 

Secours  et  antidotes.  Ceux  de  tous  les  caustiques; 
des  vomitifs  doux  ,  et  des  boissons  et  lavemens  mucilagi- 
neux. 

Propriétés  médicinales.  Peut-être  ce  suc  combiné 
avec  quelque  correctif,  ofïiirait-il  quelques  avantages  à 
la  thérapeutique  comme  sternutatoire.  Visitant  une  am- 
bulance, je  me  rendais  aux  montagnes  des  grand  Chaos 
pour  y  rejoindre  la  colonne  en  marche,  lorsque  j'aper- 
çus deux  mulâtres  occupés ,  sur  le  bord  d'une  falaise , 
à  donner  des  soins  à  un  soldat  atteint  d'une  afTeclion 
comateuse  :  il  était  pâle ,  et  ces  braves  habitans  lui  pro- 
diguaient les  secours  qui  s'offraient  autour  d'eux.  Ils  lui 
insufflèrent,  à  l'aide  d'un  calumet,  un  peu  de  suc  de 
Comoclade,  adouci  avec  un  tiers  d'eau  de  fontaine.  Il  en 
résulta  un  mouvement  spasmodique  par  l'irritation  de 


(  6.  ) 
îa  membrane  piluitaire  ,  et  par  suite  d'éleniuemens  pro- 
loDgés  une  sécrétion  très-abondante  de  mucosités  na- 
sales qui  le  soulagèrent  à  l'instant.  Le  pauvre  soldat 
sortit  comme  d'un  rêve,  et  son  premier  soin  fut  de 
tendre  la  main,  en  signe  de  reconnaissance,  à  ses  deux 
bienfaiteurs.  J'ai  conclu  de  ce  fait  que  ,  sagement  admi- 
nistré, le  suc  de  Guao  pourrait  être  utilement  employé 
dans  quelques  cas  de  léthargie  ou  d'apoplexie  séreuse. 


EXPLICATION    DE    LA    PLANCHE    CENT    SOlXÂNTE-TROIS. 

La  plante  est  réduite  à  moitié. 

1.  Fleur  en  dessus. 

2.  Fleur  en  dessous. 


(-fe  ) 


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MOMORDIQUE    NEXIQUEN. 


(  Toxique  cor  rosisse.  ) 


Synonymie.  Vulgairement  Pomme  de  merveille.  Momordique 
Balsamine.  Momordica  Balsamina.  Lin.  Monoecie  Sjngé- 
nésie.  —  Jussieu  ,  famille  des  Cucurbitacées.  —  Tournef. 
Clas.  1.  Campan.  Sect.  7.  —  Commers.  H.  Amst.  54» 

Caractères  génériques.  Plantes  herbacées  \  tiges 
flexueuses  ^  et  souvent  grimpantes  ,  avec  ou  sans  vrilles 
axillaires  j  feuilles  alternes  pétiolées  ,  simples  ou  divisées 
en  lobes,  souvent  hérissées  de  poils  rudes  ou  tuberculeux. 
Fleurs  le  plus  souvent  unisexuées,  monoïques  et  axil- 
laires. Dans  les  fleurs  mâles  ,  le  calice  est  soudé  avec 
la  base  de  la  corolle  ^  cinq  étamines  insérées  au  fond 
de  la  corolle  ,  dont  quatre  soudées  deux  à  deux  par  les 
filets  et  les  anthères  -,  une  seule  libre  et  distincte.  An- 
thères uniloculaires  -,  étamines  à  la  fois  monadelphes  et 
synanthères.  —  Dans  les  fleurs  femelles  ,  même  forme , 
mais  l'ovaire  infère  constitue  rarement  un  renflement 
particulier  au-dessous  du  calice ,  souvent  trois  filamens 
stériles  *,  style  simple  ou  trifurqué  au  sommet ,  terminé 
par  trois  stigmates  épais  ,  glanduleux  et  ordinairement 
bilobés  \  ovaire  à  une  seule  loge  ,  contenant  six  ovules 


P/.2S4. 


J'Aeotit.v  /)artitui-/i7\.    Pmx 


yertrr     .  Icii/f> 


M 0>i O IIIH Ol^K  NEXÎO rKN 


(  63  ) 
et  plus  ^  le  fruit  est  une   péponide.   Les   graines   sont 
comprimées. 

Caractères  particuliers.  Fleur  mâle.  Calice  à  cinq 
divisions  ^  corolle  à  cinq  parties  \  trois  filets.  —  Fleur 
femelle.  Calice  à  cinq  parties  -,  corolle  à  cinq  divisions  ; 
style  trifide^  pédoncules  linéaires  très-longs,  munis  d'une 
bractée  cordiforme  vers  sa  base  ;  pomme  ou  baie  ou- 
vrant élastiquement.  Pommes  anguleuses  tuberculées  : 
feuilles  glabres  ,  ouvertes ,  palmées.  Originaire  de  l'Inde. 
(  Annuelle.  ) 

Histoire  naturelle.  Le  nom  deMomordique  ,  suivant 
Delaunay  ,  est  dérivé  du  latin  mordeo  ,  je   mords  ,    ce 
qui  exprime  ou  la  saveur  acre  et  mordante  et  la  qualité 
violemment    purgative   des    fruits  ,  ou  les  aspérités  pi- 
quantes dont   ceux  de   la  plupart   des  espèces  sont  re- 
vêtus. On  cultive  cette  plante  en  Europe  ,  et  pour  le 
faire  avec  succès  ,  il  faut  semer  ses  graines  sur  couche  , 
au  mois  d'avril,  ou  en  pleine  terre,  à  la  mi-mai.  Comme 
elle  a  des  vrilles  ,   et  qu'elle  s'élève  en  grimpant  à  la 
hauteur  de  trois  à  quatre  pieds  ,  il  est  à  propos  ,  con- 
tinue M.  Delauiïay,  de  la  placer  au  pied  d'un  treillage, 
au  grand  soleil.  Cette  plante  est  annuelle  et   amuse  les 
<;urieux.  Elle  ne  veut  pas  être  transplantée.  On  la  trouve 
communément  dans  l'Lide   et  dans   la    Guiaiie.    Elle  a 
fleuri  pour  la  première  fois  en  Europe  en  1688  et  1690. 
Comm,elin. 

Caractères  physiques.  Les  feuilles  de  cette  plante 
mmpante  ont  beaucoup  de  rapport  avec  celles  de  la 
vigne  ,  mais  elles  sont  iiifinimentplus  petites.  Les  fleurs, 


(  «4  ) 

qui  ont  peu  d'apparence  ,  sont  d'un  blanc  jaunâtre  -,  il 
leur  succède  un  fruit  de  la  grosseur  d'une  prune  de 
Mirabelle  long  ou  rond  ,  qui  rougit  ou  jaunit  ;  il  est 
couvert  de  tubercules  épineux.  Lorsqu'il  est  mûr  il 
s'ouvre  lui-même  ,  et  fait  paraître  des  graines  d'un 
rouge  vif,  dans  la  forme  de  celles  de  citrouille  ,  mais 
plus  petites. 

Analyse  chimique.  Je  retracerai  ici  ,  d'après  Bracon- 
not  (Journal  de  Physique ,  lxxxxiv  ,  292  )  ,  lanalyse  du 
Momordica  Elaterium  ,  dont  les  principes  sont  les 
mêmes  que  ceux  du  Momordica  Nexiquen.  Le  suc  de  la 
plante,  après  l'avoir  exprimé  ,  soumis  à  Tébullition,  filtré 
et  évaporé  ,  contient  :  principe  amer  4^^^  5  —  matière 
animale  34,7,  —  ^^^^^  combinaison  de  potasse  avec  un 
acide  analogue  à  l'acide  malique  2,8  ,  —  cliaux  combinée 
avec  le  même  acide  7  ,  —  nitrate  de  potasse  6,9, —  sul- 
fate et  hydroclilorate  de  potasse  et  perte  8,3.  —  D'après 
le  journal  de  Scliweiger  (Paris,  xxxii ,  339),  le  suc  ex- 
primé ,  épaissi  ,  qu'on  retire  du  fruit  du  Momordica  ou 
l'Elaterium ,  contient  :  résine  molle  avec  un  principe 
amer ,  12,  —  matière  exîraclive  26,  —  fibre  ligneuse  25 , 
—  fécule  28  ,  —  gluten  5,  —  eau  4- — (Virey  ,  Chimie 
organique  ,  p.  i46.  ) 

PROPRIÉTÉS  DÉLÉTÈRES.  Le  SUC  de  Ce  Momordique 
Nexiquen  ,  h  la  dose  de  deux  ou  trois  gros  ,  a  déterminé 
la  mort  d'un  très-gros  chien,  comme  l'avait  déjà  observé 
le  professeur  Orfila  ,  en  seize  heures  ,  soit  introduit 
dans  l'estomac  ,  soit  injecté  sous  ie  tissu  lamineux 
sous-cutané  de  la  partie  interne  de  la  cuisse  \  mais  il 
agit  moins  promptement  par  Fabsorption.  Il  agit  comme 


(  65  ) 

les  poisons  irritans  ,  en  enflammant  les  organes  avec 
lesquels  on  le  met  en  contact  ,  et  en  produisant  une 
irritation  spasmodique  au  genre  nerveux.  Outre  cette 
action  locale,  il  est  porté  par  Faction  des  absorbans  dans 
le  torrent  de  la  circulation,  et  agit  alors  particulièrement 
sur  le  rectum  qui  ,  d  après  Orfiîa  ,  se  trouve  toujours 
plilogosé  en  ce  cas. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Constriction  à  l'œso- 
pliage  -,  cavité  buccale  douloureuse  et  cuisante  :  même 
ardeur  dans  le  pharynx  ,  l'estomac  et  les  intestins  , 
d'abord  légère  ,  puis  atroce  ^  nausées ,  vomissemens 
de  matières  diversement  colorées  -,  elles  ne  font  point 
eiServescence  avec  les  alcalis,  ne  verdissent  pas  le  sirop 
de  violette,  altèrent  seulement  l'eau  de  tournesol  ^  cons- 
tipations ou  déjections  sanguinolentes-,  rapports  fétides, 
hoquets  ,  respiration  difficile  ^  pouls  accéléré  ,  petit  , 
serré  ,  quelquefois  intermittent  ;  soif  insupportable  , 
strangurie ,  crampes  ,  affection  tétanique  ,  extrémités 
froides  ,  convulsions  partielles  ou  générales  ,  anéantis- 
sement ,  face  hypocratique  -,  enfin  le  délire  et  la  mort. 

Secot:?lS  et  antidotes.  Vomitif  doux  et  boissons  mu- 
cilagineuses  -,  lavemens  de  même  nature. 

Propriétés  médicinales.  Quelques  empiriques  font 
usage  du  suc  de  jNexiquen  pour  exciter  les  évacuations 
chez  les  hydropiques  -,  mais  l'on  sent  tout  le  danger 
que  Ton  court  à  employer  un  moyen  aussi  désorga- 
nisateur. 

Mode  d'administration.   La   dose    de  ce  suc  réduit 
en  extrait  sec  est  de  six  à  douze   grains  ,  selon  les  tem- 


(6(i  ) 

péramens  *,  on  l'associe  à  quelque  sel  ou  quelque  sirop 
pour  émousser  sa  trop  grande  activité.  Il  serait  plus 
prudent  de  remployer  comme  latraleptiqiie  ,  en  fiictions 
à  la  partie  interne  des  cuisses. 


EXPLICATIOW   DE   LA   PLANCHE   CEKT  SOIXANTE-QUATRE, 

La  plante  est  représentée  aux  deux  tiers  de  sa  grandeur. 
4.    Fruit. 


P/-.  j6\i 


lA^oc/ofe  Deavour/zùi  T^iic  . 


fifi6/'ie^  i/cte/. 


rniAC'O^^TE    FOl.lTmXLE 


ÂMAJl^    B 


(  67  ) 

VV\VVVvVVVVVVVV«W*vVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVV\\'VVVVVVVVVVVvVV»Arvv^  yvw 

DRACONTE  POLYPHILLE. 

(  Toxique  coî^rôsîf.  ) 


Synonymie.  Dracontc  à  racines  tubéreuses.  —  Dracontium 
poljphillum  ,  Linn.  Gjnandrie  Polyandrie.  —  Juss.  ,  fa- 
mille des  Aroïdes.  —  Dracontium  scapo  brevissimo  ,  pé- 
tiole radicato  lacero  ,  foliolis  tripartitis;  Laciniis  pinnati- 
fidis.  Linn.  Hort.  Clist.  434-  —  Mille  dict. ,  no  2.  Thunb. 
H.  Jap.  2  34'  —  Dracunculus  americanus  ,  caule  aspero 
puniceo  ,  radiée  cyclaminis.  Tourn.  160.  —  Dracontium 
americanum  scabro  puniceo  caule ,  radice  cyclaminis. 
Herm.  Par.  gS.  Raj.  Suppl.  584.  —  Arum  polyphillum 
Dracunculus  ,  et  Serpentaria  dictum  surinamense  ,  etc. 
Pluck.  Alin.  52  ,  t.  i49î  f •  *  •  —  Konjaku  des  Japonais.  — 
En  anglais,  Trefoil  eaved  dragon. 


Caractères  génériques.  Plante  unilobée  de  la  famille 
des  Gouets,  ayant  beaucoup  de  rapports  avec  les  Lothos, 
dont  les  feuilles  ont  un  pétiole  engaîné  à  sa  base ,  et 
dont  les  fleurs  naissent  sur  un  chaton  accompagné  d'une 
spathe  oblongue  ,  cymbiforme  ou  ligulaire.  1°  Calice  de 
cinq  folioles  ovales,  obtuses,  colorées  et  presque  égales; 
2"  sept  étamines,  dont  les  filamens  portent  des  anthères 
droites,  oblongues,  quadrangulaires  ;  3°  un  ovaire  su- 
périeur ,  ovale ,  chargé  d'un  style  cylindrique ,  à  stig- 
mate trigoné.  Le  fruit,  produit  par  chaque  fleur,  est  une 
baie  arrondie  qui  contient  quatre  semences  ou  davan- 
tage. (Encycl.  Méth.) 

Tome  IlL  —  4*^  Lwraison.  6 


(  68  ) 

Caractères  particuliers.  Hampe  très-courte  5  pétiole 
radiqué  ,  lacéré  \  folioles  en  trois  parties  \  segmens  pin- 
natifides.  (Vivace.  Jol.) 

Histoire  naturelle.  L'odeur  cadavéreuse  de  la  fleur 
de  cette  plante,  au  moment  de  son  épanouissement,  la 
fait  éviter  par  le  timide  voyageur ,  qui  la  rencontre  fré- 
quemment à  Cayenne,  à  Surinam,  et  aux  autres  îles 
des  Antilles  où  elle  croit  naturellement.  Les  animaux 
s'en  éloignent^  les  criminels  seuls  en  combinent  les 
effets  ,  lorsqu'ils  sont  tourmentés  j)ar  la  soif  de  la  ven- 
geance. 

Caractères  physiques.  La  racine  de  ce  Draconte  est 
tubéreuse  comme  celle  du  Cyclame  d'Europe  ^  elle  pousse 
tme  feuille  dont  le  pétiole ,  haut  d'un  pied  à  un  pied  et 
demi,  est  moucheté  de  vert,  de  blanc  et  de  pourpre,  et 
a  son  épiderme  déchiré  et  comme  écailleux.  Ce  pétiole 
se  divise  à  son  sommet  en  trois  parties  ,  munies  com- 
munément d'une  ou  deux  ramifications,  et  qui  por- 
tent des  folioles  pinnatifides,  à  d-écoupures  lancéolées  et 
décurrentes.  Quelque  temps  après  que  celte  feuille  est 
fanée  ,  il  pousse  de  la  racine  une  hampe  très-courte  qui 
soutient  une  fleur  dont  la  spathe  est  en  capuchon  noi- 
râtre, coriace,  à  jiointe  recourbée,  environnant  un  très- 
petit  chaton.  Celle  fleur  a  une  odeur  fétide  et  cadavé- 
reuse dans  Finstant  de  son  épanouissement.  (Encyl. 
Méth.) 

Analyse  chimique.  La  racine  contient  beaucoup  de 
fécule  amilacée  ,  un  extrait  résineux,  et  un  suc  incristal- 
lisable  ,  d'une  âcreté  insupportable  ,  très-volatil  et  so- 
Jnble  dans  l'eau. 


(69) 
Propriétés  délétères.    Le  suc  caustique  exprimé  de 
la  racine   produit   les  mêmes  désordres  que  celui  des 
Arums.  Je  fis  périr  en  quelques  heures  un  perroquet  au- 
quel j'en  avais  fait  avaler  une  cuillerée. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Des  matelots,  ayant 
entendu  dire  que  cette  racine  était  aussi  bonne  à  manger 
que  celle  de  VArum  esciilenlum  (vulgairement  Cliou 
caraïbe  )  ,  en  firent  cuire  avec  du  bœuf  salé  ,  et  com- 
mirent rim_prudence  de  boire  le  bouillon.  On  les  trans- 
porta à  l'hôpital  Saint-Marc  ,  île  de  Saint-Domingue  ,  et 
j'observai  les  symptômes  suivans  :  un  court  délire  ,  des 
éclats  d'un  rire  involontaire  ,  des  gestes  forcés  ,  des 
étourdissemens ,  une  ivresse  maniaque.  Mais  je  fus  assez 
heureux  pour  neutraliser 

Le  poison  d'une  liqueur  mordante 
Qui  dans  leur  sein  livide  épanchée  à  grands  flots 
Calcinait  lentement  et  dévorait  leurs  os. 

Secours  et  antidotes.  Aux  premières  indications  de 
rempoisonnement ,  on  doit  faire  vomir  le  malade  ,  aci- 
duler  ses  boissons  ,  et  quelquefois  les  rendre  aromati- 
ques par  l'addition  de  l'une  des  plantes  reconnues  alexi- 
lères  par  les  naturels  ,  et  dont  je  donne  l'histoire  dans 
la  seconde  partie  de  ce  volume. 

Propriétés  médicinales.  Quoique  la  racine  soit  d'une 
âcreté  caustique,  néanmoins  les  Nègres  s'en  servent, 
particulièrement  au  Japon  ,  dans  les  cas  où  les  purgatifs 
sont  indiqués.  Ils  en  font  également  usage  comme  em- 
ménagogue. 

Mode  d'administration.  Une  once  de  la  racine  bouillie 

6* 


(  70  ) 
dans  trois  verres  d'eau  ,  et  qu'on  fait  boire  à  demi- 
heure  de  distance ,  ofTre  à  ces  insulaires  un  purgatif 
drastique  violent.  La  teinture  alcoolique  se  prescrit , 
comme  emménagogue  ,  à  la  dose  de  trente  gouttes  par 
tassée  d'infusion  d'une  plante  hystérique. 


EXPLICATION  DE   LA    PLAWTE  CENT  SOIXANTE-CINQ. 

1.  Bulbe  d'où  s'élève  une  fleur. 

2.  Feuille. 


PI.  ,Ô'S. 


/"Afvtùtfe  /)ejfoiirti'/\  r'm^ 


^uArt'f/  kCcu//: 


c;01  KT  IIEDERAC^E 


(?•  ) 


vvxvvvvvvvvvvvvvvvv*vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv\vv>ivvvvv>/vvvk(vvvvvk/v*vvvvvvvvvvvvvv^^ 


GOUET   HEDERACE. 


(  Toxique  cojTOsif.  ) 


Synonymie.  Vulgairement  Herbe  à  mécliant.  —  Arum  hede- 
raceum,  Linn.  Gynandrie  Polyandrie.  —  Tourn.,  clas.  3. 
Personnées.  ,  sect.  i.  —  Jussieu ,  famille  des  Aroîdes.  — • 
Arum  caulescens  radicans  ,  foliis  cordatis  oblongis  acumî  - 
natis  ,  petiolis  teretibus.  Linn.  Jacq.  Amer.  24o ,  t.  162. 
—  Colocosia  hederacea  sterilis  minor,  folio  cordato.  Plum. 
Amer.  Sg ,  t.  55.  —  Arum  americanum  scandens  ,  foliis 
cordiformibus.  Tournef.  159.. 


Caractères  génériques.  Spathe  monophylle  canelée  ; 
spadice  nu  en  dessus ,  femelle  en  dessous ,  staminifère 
dans  le  milieu. 

Caractères  particuliers.  Tige  radicante  -,  feuilles 
cordiformes  ,  oblongues  ,  aiguës*,  pétioles  arrondis.  (Jol. 
Vivace.) 

Histoire  naturelle.  Ce  Gouei  croît  dans  tous  les 
bois  montagneux  de  l'Amérique  méridionale ,   et  parti- 


(  72  ) 

culièiement   à    la    Martinique,    à    San-Yago   de    Cuba, 
à  Saint-Domingue  et  à  la  Jamaïque. 


Caractères  physiques.  La  tige  de  cette  plante  grimpe 
sur  les  arbres ,  et  s'aLlaclie ,  comme  un  lierre  ,  à  leur 
tronc  et  à  leurs  branches  par  de  petites  racines  vermi- 
culaires  qu'elle  pousse  de  ses  nœuds.  Cette  tige  est  cy- 
lindrique ,  épaisse  d'environ  un  pouce ,  glabre ,  grisâtre 
et  rameuse.  Les  feuilles  qui  viennent  sur  les  jeunes  ra- 
meaux sont  pétiolées  ,  cordiformes  ,  pointues  ,  lisses  ,  un 
peu  coriaces  ,  alternes  et  caduques.  Leurs  pétioles  sont 
cylindriques ,  et  presque  de  la  longueur  de  la  feuille 
qu  ils  soutiennent.  L'extrémité  de  chaque  rameau  pré- 
sente un  bourgeon  allongé  et  pointu  (comme  dans  les 
Figuiers),  lequel  venant  à  s'ouvrir  laisse  épanouir  une 
nouvelle  feuille,  et,  l'extrémité  du  rameau  s'allongeant , 
offre  un  autre  bourgeon  de  même  forme.  La  spathe  est 
grande,  ovale,  pointue,  épaisse,  colorée  antérieurement 
à  sa  base.  Le  chaton  est  cylindrique  ,  presque  de  la 
longueur  de  la  spathe  ,  se  flétrit  dans  la  partie  qui  est 
au-dessus  des  ovaires.  (Encycl.  Méth.) 


Analyse  chimique.  Elle  a  produit  le  même  résultat 
que  celui  de  l'essai  fait  avec  ses  congénères.  (  J^oyez 
ci-dessus  le  Gouet  arborescent.  ) 


Propriétés  délétîîres.  L'estomac  et  les  intestins  qui 
étaient  restés  en  contact  avec  le  suc  de  cet  Arum  que 
j'avais  fait  avaler  à  un  chat  ,  me  donnèrent  lieu  d'ob- 


(  73  ) 
server  une  inflammation  intense.  Les  poumons,  le  sang 
et  le  cerveau  offraient  les  altérations  communes  à  tous 
les  poisons  narcotiques.   (  Voyez  le  sommaire  qui  se 
trouve  au  commencement  du  3^  volume.  ) 


Symptômes  d'empoisonnement.  Cris  aigus,  agitation, 
mouvemens  convulsifs,  pupilles  dilatées  *,  chez  l'homme, 
délire,  pouls  fort,  fréquent,  régulier  ou  irrégulier, 
nausées,  vomissemens  opiniâtres,  évacuations  alvines, 
quelquefois  abattement,  assoupissement,  insensibilité 
et  frisson  général . 


SecoutxS  et  antidotes.  Un  Nègre  avec  lequel  je  gra- 
vissais les  montagnes,  pour  augmenter  mes  collections 
d'histoire  naturelle  ,  m'ayant  fait  remarquer  ce  Gouet 
qu'il  appelait  Herhe  à  méchant ,  me  dit  qu'il  était  véné- 
neux, et  qu'on  ne  connaissait  dans  le  pays  aucun  moyen 
plus  sur  pour  combattre  ce  poison  que  l'émulsion  de 
l'amande  du  fruit  de  l'Accacia  à  grande  gousse  (Mimosa 
scandens).  Sans  tourner  en  ridicide  cette  propriété  tant 
vantée,  je  ne  l'ai  employée  que  secondairement,  à  la 
vérité  avec  succès  ,  mnis  pourtant  après  avoir  mis  en 
usage  les  moyens  généraux  que  j'ai  indiqués  dans  les 
articles  précédens. 


Propriétés  médicinales.  Si  l'on  croit  pouvoir  en  at- 
tribuer à  ce  Gouet  ,  elles  doivent  être  les  mêmes  que 
celles  du  Gouet  arborescent  \  je  ne  lui  en  connais  pas  de 
particulières. 


(74) 


EXPLICA.TIO]>i  DE  LA   PLANCHE   CENT  SOIXAKTE-SIX. 

La  plante  est  représentée   au  quart  de  sa  grandeur  na- 
turelle . 


FI.  j6y. 


TTieotUtre  Zfed-coi^r6i/K  foia- 


ûaArce/  Sr 


ACÏIÏT     ÇAUSTIOI^E 


(  75  ) 

^;y^,^/VVV\^^(VVVVVVVVV\V<'VVVVVV^\^■VVV/VV»/VVVVV^AlVtVVVVVVVVVVVVV\(•'\AvVVVVVvVVVVVV\AlVVV^ 

ACHIT   CAUSTIQUE. 

(  Toxique  coiTOsif.  ) 

Synonymie.  Cissus  caustica.  Tussac,  t.  i,  p.  116.  — Linn., 
clas.  4î  ord.  1,  Tétrandrie  monogynie.  —  Juss. ,  clas.  i3, 
ord.  la.  Famille  des  Vignes.  —  Tournef.  Rosacées, 
sect.  11. 

CARACTÈRES  GÉNÉRIQUES.  Calice  entier  ,  petit  -,  corolle 
tétrapétale  \  quatre  étamines,  gerrae  entouré  jusqu'à 
moitié  du  disque  staminifère  *,  un  style  ;,  un  stigmate 
aigu  ;  le  fruit  est  une  baie  monosperme  ^  embryon  sans 
périsperrae. 

Caractères  particuliers.  Tige  sarmenteuse ,  ge- 
nouillée ,  succulente,  noueuse,  flexueuse  ,  à  feuilles 
ternées ,  ovales  et  obtuses  ^  pétioles  canaliculés  \  fleurs 
rouges  en  corymbes. 

Histoire  naturelle.  M.  Tussac  étant  le  premier 
qui  ait  décrit  cette  plante  ,  je  rends  ici  publiquement 
hommage  à  ses  talens  en  botanique,  en  composant  mon 
article  d'après  le  sien.  Il  raconte  que  le  docteur  Ste- 
wens ,  consul  américain ,  se  promenant  avec  lui  et 
MM.  Poiteau  et  Turpin  dans  les  bois  des  environs  du 
Cap ,  île  Saint-Domingue  ,  ce  dernier  eut  à  se  repentir 
d'avoir  soumis  à  la  dégustation  une  branche  de  cet  Achit 
qui  lui  cautérisa  la  langue,  et  le  mit  hors  d'état  de  pren- 


(  7ti) 
dre  part  à  un  repas  champêtre  préparé  sous  la   feuillée 
par  ces  célèbres  botanistes  au  milieu  de  leur  herborisa- 
tion. Il  fut  réduit  à  être  spectateur  de  la  gaieté  des  con- 
vives. 

Caractîîres  physiques.  L'Achit  caustique  a  beaucoup 
de  rapports  avec  l'Achit  trifolié  dont  il  ne  diffère  que 
par  la  couleur  rouge  de  ses  fleurs,  ce  dernier  les  ayant  ver- 
dâtres. 

Les  liges  très-multipliées  de  FAchit  caustique  sont 
sarmenteuses ,  rondes  ,  succulentes  ,  noueuses  ,  genouil- 
lées ,  presque  flexueuses ,  munies  de  vrilles  par  lesquelles 
elles  s'attachent  aux  arbres.  Les  feuilles  sont  alternes  , 
opposées  aux  vrilles ,  ternées.  Leur  pétiole  principal  est 
canaliculé,  et  muni  à  sa  base  de  deux  stipules.  Les  fo- 
lioles sessiles  sont  ovales  ,  obtuses ,  légèrement  échan- 
crées ,  glabres,  obscurément  crénelées,  nerveuses  et 
un  peu  épaisses  Les  jeunes  tiges,  au  lieu  d'être  lisses, 
comme  les  anciennes  ,  sont  verruqueuses.  Les  fleurs  cou- 
leur de  sang,  sont  disposées  en  corymbe.  Le  pédoncule 
est  opposé  aux  feuilles  ^  il  est  vert  jusqu'à  la  naissance 
des  pédoncules  particuliers ,  qui  sont  rouges.  Les  fleurs 
sont  petites ,  composées  d'un  calice  presque  entier , 
d'une  corolle  à  quatre  pétales  ^  de  quatre  étamines  oppo- 
sées aux  pétales,  insérées  dans  un  disque  hypogyne.  Le 
germe  ,  entouré  jusqu'à  moitié  du  disque.^ s taminifère  , 
est  surmonté  d'un  style  dont  le  stigmate  est  aigu.  Le 
fruit  est  une  baie  noire  ,  presque  ronde  ,  contenant  une 
seule  graine  dont  l'embryon  est  sans  périsperme.  Cet 
Achit  grimpe  sur  les  arbres  les  plus  élevés  ,  et  finit , 
dit  Tussac  ,  par  étoufler  le  bienfaiteur  qui  lui  a  servi 
d'appui. 


(  77  ) 
Analyse  chimique.  Le  suc  de  cet  acide  a  rougi  les 
couleurs  bleues  végétales.  Il  se  décompose  à  un  feu  vif. 
Il  se  combine  avec  toutes  les  bases  salines  et  forme  un 
sel  neutre.  Il  a  tant  d'affinités  avec  la  chaux  ,  que  c'est 
un  des  meilleurs  réactifs  qu'on  puisse  employer  pour 
reconnaître  le  phosphate  calcaire  dans  les  eaux  mi- 
nérales ,  dans  les  urines  ,  et  autres  liquides  de  cette 
nature. 

Propriétés  délétères.  Cet  Acliit  est  funeste  par  son 
acidité  caustique ,  et  introduit  dans  le  canal  digestif 
il  détermine  la  mort  par  suite  d'une  inflam.mation  des 
membranes  muqueuses  qu'on  trouve  d'un  rouge  ce- 
rise,  ou  marquées  de  taches  noires.  Ce  poison  ne  peut 
pas  être  absorbé  \  étant  injecté  dans  les  veines,  il  coagule 
le  sang,  comme  tous  les  acides  ;  appliqué  sur  la  peau,  il 
l'excorie. 

Symptômes  u  empoisonîvement.  Saveur  acide  brû- 
lante •,  chaleur  niordicante  des  menibrane-i  muqueuses 
de  l'appareil  digestif,  et  des  entrailles  -,  haleine  fétide  \ 
rapports  nidoreux  ,  nausées  ,  et  vomissemens  excessifs 
de  couleur  variable  ,  et  quelquefois  sanguinolens  ,  d'un 
goût  amer,  faisant  effervescence  avec  la  craie,  et  rougis- 
sant le  papier  bleu  ^  hoquet ,  déjections  souvent  invo- 
lontaires ,  respiration  difficile,  angoisse,  pouls  accéléré 
et  irrégulier;  soif  insupportable  ,  que  les  boisons  aug- 
mentent parce  qu  elles  sont  vomies  ^  frissons  ,  froid  des 
extrémités  ,  sueurs  visqueuses  et  froides  ,  dysurie  \  agita- 
lion  excessive  ,  mouvemens  convulsifs  de  la  face  et  des 
membres  j  prostration  générale  \  teint  devenant  livide  et 


(  78  ) 
plombé  ^    escarres  blanches  ou  noires  au  palais  :   dans 
ce  cas  toux  d'irritation  ,  aphonie  ,  etc. 

Secoubs  et  aktidotes.  On  n'a  rien  de  mieux  à  faire 
dans  ce  genre  d'empoisonnement  que  de  prescrire  d'a- 
bord les  neutralisans  absorbans  ,  tels  que  la  magnésie  , 
des  bains ,  des  saignées,  en  cas  de  pléthore  ,  des  potions 
etlavemensadoucissans,  des  fomentations  adoucissantes. 
Les  boissons  doivent  être  administrées  en  très-petite 
quantité.  Elles  sont  le  plus  souvent  rejetées.  Après  la 
première  période  inflammatoire  on  peut  recourir  au  gaa 
acide  carbonique,  à  l'acide  hydrocyanique  au  quart,  et  au 
sirop  de  morphine  ^  enfin  lorsque  les  dangers  sont  passés  , 
on  rétablit  les  fonctions  digestives  avec  le  sulfate  de 
quinine. 


EXPLICATION   DE    LA  PLAKCHE  CERT  SOIXAPJTE-SEPT. 


1 .  Fruit 


P/.//U>' 


y^nvi/or,-  /^i-.rfiaifrii/^  /\nj 


r.K8TireAr  veni 


i^M  a  à^    ^^  a 


(  79  ) 

«\«VVVVVV  VVV1^*VV\VVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVV  VVVVVV\(VVVVVVV^  ^,^ 

CESTREAU  MACROPHYLLE. 

(  Toxique  corrosif,  ) 


Synonymie.  Vulg.  Gestreaù  vénéneux  à  grandes  feuilles 
—  Cestrum  macropliyllum.  Vent. ,  Linn.  Pentandrie  mo 
nogynie.  — Tournef. ,  Jasminoïdes  ,  appendix.  —  Jussieu, 
famille  des  Solanées.  —  Cestrum  filamentis  denticulatis  ; 
foliis  ovato-oblongis  ,  acuminatis ,  glaberrimis  ,  floribus 
fasciculatis,  sessilibus.  Vent.  Choix  de  Plant.,  page  et 
tab.   18.  . 


Caractè:iies  génériques.  Fleurs  axillaires  réunies  en 
bouquets  \  corolle  infundibuliforme  ;,  étamines  dans 
quelques  individus  à  denticule  au  milieu  ^  baie  unilocu- 
laire  ,  polysperme  \  feuilles  simples  et  alternes. 

Caractères  particuliers.  Feuilles  tendres  j  fleurs 
sessiles  et  d'un  blanc  de  lait  à  leur  épanouissement  ^ 
filamens  des  étamines  pourvus  d'une  petite  dent  j  brac- 
tées apparentes. 

Histoire  naturelle.  Ce  Cestreau  ,  qu'il  est  facile  de 
confondre  avec  le  Cestreau  vénéneux,  a,  comme  tous  ses 
congénères ,  des  propriétés  délétères.  Il  est  assez  rare 
aux  Antilles,  où  cependant  on  le  rencontre  quelquefois 


(  8o  ) 

dans  les  bois  humides.  C'est  là  que  le  chasseur  sait  l'y 
découvrir,  et  qu'il  y  recueille  ses  graines  qu'il  mêle  à  de 
la  viande  hachée  pour  former  des  appâts  destinés  à  dé- 
truire les  bêtes  féroces.  Cette  plante  suspecte  ,  origi- 
naire de  l'Amérique  équatoriale  ,  exhale  de  ses  feuilles 
et  de  ses  fleurs  une  odeur  nauséabonde  ,  mais  qui  se 
change  le  soir  en  parfum  agréable.  Ce  Cestreau  peut  venir 
en  pleine  terre  dans  le  midi  de  la  France  ;  il  se  multiplie 
de  graines  et  de  boutures.  Il  demande  une  terre  substan- 
tielle. Cet  arbrisseau  a  été  découvert  à  Porto-Ricco  par 
Niedle. 


Caractères  phystques.  Ce  Cestreau  ,  que  Ventenat 
est  tenté  de  regarder  comme  une  variété  du  Cestjum 
Denenatum  ,  tant  les  rapports  entre  ces  deux  plantes 
sont  rapprochés  ,  en  diffère  cependant  par  l'époque  de  sa 
floraison  ,  par  ses  feuilles  beaucoup  plus  larges  ,  moins 
rapprochées  et  peu  coriaces  *,  par  ses  fleurs  entièrement 
sessiles  ,  et  d'un  blanc  de  lait  lorsqu'elles  sont  nou- 
vellement écloses  ,  par  les  filamens  des  étamines  cons- 
tamment pourvues  d'une  petite  dent  ,  enfin  par  la 
présence  des  bractées  peu  apparentes  dans  le  Cestrum 
lauj'ifolium  ou  uenenatum. 

Les  tiges  du  Cestreau  macrophylle  s'élèvent  à  la 
hauteur  de  six  à  sept  pieds  -,  elles  sont  revêtues  d'une 
écorce  d'ini  gris  cendré  5  ses  rameaux  sont  alternes  , 
chargés  de  feuilles  persistantes  même  pendant  la  saison 
des  secs  ,  ovales-oblongues  ,  pétiolées  ,  aiguës  ,  légère- 
ment ondulées,  répandant  ,  lorsqu'on  les  froisse  ,  une 
odeur  comparable  à  celle  du  noyer  d'Europe.  Les  fleurs 
sont  axillaires  ,  rapprochées  par  petits  bouquets  ,   d'un 


(Si) 
jaune  pâle  en  vieillissant  ,  puis  couleur  de  rouille  ,  ac- 
compagnées  de   bractées  droites,  linéaires,  caduques, 
couvertes   d'un    duvet     couleur    de    rouille.   (  EncycL 
Méth.  ) 

Analyse  chimique.  Toutes  les  parties  de  la  plante  sont 
plus  solubles  dans  l'eau  que  par  l'alcool.  Elles  four- 
nissent une  matière  volatile  nauséabonde  -,  une  partie 
extractive  résineuse  et  une  matière  analogue  à  la  bas- 
sorine^ 

Propriétés  uélétères.  Le  Cestreau  monoplivlle  est 
évidemment  vénéneux  comme  toutes  les  Solanées.  Il  peut 
être  absorbé  ,  et  dans  ce  cas  il  détruit  la  sensibilité  et  la 
motilité.  Il  agit  plus  lentement  lorsqu'il  n'est  qu'intro- 
duit dans  l'estomac. 

Symptômes  d'empoisdnnemejst.  Des  vomissemens,  des 
spasmes  ,  des  convulsions  ,  du  débite  ,  une  stupeur  pro- 
fonde ,  des  sueurs  copieuses  ,  un  flux  abondant  de  salive  , 
le  froid  des  extrémités  ,  etc.  Tels  sont  les  symptômes 
propres  à  l'action  délétère  des  narcotiques  sur  l'éco- 
nomie. 

Secours  et  antidotes.  Il  faut  administrer  les  émétiques 
et  les  boissons  acidulées  ,  surtout  si  le  malade  tombe 
dans  un  état  soporeux.  Dans  ce  cas ,  on  est  aussi  quel- 
<juefois  obligé  de  relever  les  forces  vitales  par  l'adminis- 
tration de  potions  éthérées  ou  de  substances  aromati- 
ques. S'il  y  a  par  trop  d'irritation,  les  boissons  rafraî- 
chissantes et  les  émuisions  douces  sont  naturellement 
indiquées. 


(    82    ) 

Propriétés  MÉDiciiNALEs.  Je  ne  lui  en  connais  point, 
mais  il  pourrait  remplacer  ,  je  crois  ,  le  Cestreau  noc- 
turne. (  Voyez  page  4;  de  ce  volume.  ) 


F.XPLICATIOPJ   DE   LA   PLAINCHE   CENT   SOIX AISTE-HUIT, 

1 .  Fleur. 

2.  Calice  et  pistil. 

3.  Fruit. 


(  83  ) 

vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv\vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv\vvvvvxvvvvvvvvv\vvvv\^^ 

DOLIC  A  FEUILLES  OBTUSES. 

(  Toxique  corrosif.  ) 

Synonymie.   Vulgairement  Pois  maritime  à  fruit  dur  et  se- 
mence variée.   —  Pois  makendals.   —  Pois  des  Sorciers. 

—  Doliclios  obtusifolius  ,  Linn.  Diadelphie  Décandrie.  — 
Tournefoït,  Phaseolus  ^  class.  lo.  Papillonacées.  — Jus- 
sicu ,  famille  des  Légumineuses.  —  Dolichos  volubilis, 
leguminibus  gladiatis  durso  tricarinatis  ,  foliis  ovalibus 
obtusissimis.  Lam.  —  Pbaseolus  maritimus,  fructu  duro , 
semine  variegato.   Plum.,  Spec.   8.   Jussieu,   v.   2  ,  t.  99. 

—  Katu-Tjaudi.  Rhéed.  Mal.  8,  p.  83,  t.  43.  —  Raj., 
suppl.  445. 

Caractèties  génériques.  Plante  à  fleurs  polypétalées 
de  la  famille  des  Légumineuses  ,  ayant  beaucoup  de  rap- 
ports avec  les  Haricots  ,  à  tige  communément  voliibile 
ou  grimpante,  à  feuilles  alternes,  composées  de  trois 
folioles,  et  à  fleurs  papillonacées  dont  l'étendard  est 
muni  de  deux  callosités  à  sa  base,  et  dont  la  carène  n'est 
point  contournée  comme  dans  les  Haricots. 

Calice  inonopliylle  ,  campanule  ,  persistant ,  court ,  et 
à  quatre  ou  cinq  dents  inégales  ^  corolle  à  étendard 
large,  arrondi,  réfléchi,  muni  à  sa  base  de  deux  callo- 
sités parallèles,  qui  compliment  les  ailes,  ovales,  ob- 
tuses, de  la  longueur  de  la  carène  lunulée ,  compritî'ée, 
dont  la  pointe  est  montante.  —  Dix  élamines  diadelpbi- 
qucs  à  anthères  simples.  —  Ovaire  supérieur,  linéaire, 
Tome  III.  —  43*^  Livraison.  7 


(  84.  ) 

conipiimt' ,  rlini  gt'  d'un  style  montant ,  ou  coïKlé  pres- 
qu'à  angle  droit  sur  l'ovaire,  velu  dans  sa  face  interne 
depuis  sa  partie  moyenne  jusqu'à  son  sommet,  à  stig- 
mate calleux  et  barbu.  —  Le  fruit  est  une  gousse 
oblongue ,  acuminée ,  bivalve  ^  semences  ovoïdes  ou 
elliptiques,  ayant  un  ombilic  sur  le  côté.  (Encycl. 
Méth.) 

Caractères  particuliers.  Tige  volubile  \  feuilles 
ovales,  obtuses^  pédoncules  multiflores. 

Histoire  naturelle.  Ce  Dolic  se  rencontre  fréquem- 
ment dans  les  halliers  du  bord  de  la  mer,  ou  sur  les 
bords  escarpés  des  tonens  des  sites  sauvages  de  l'Amé- 
rique équatoriale.  Il  a  beaucoup  de  rapport  avec  l'es- 
pèce appelée  Regulaiis  par  Linné.  Le  mot  Dolichos, 
qui  en  grec  signifie  long  ^  lui  a  été  probablement  donné  à 
cause  de  la  longueur  de  ses  gousses.  On  cultive  les 
Dolics  pour  les  fleurs  qui  sont  belles.  Ils  demandent  à 
être  semés  sur  couche  et  dans  un  pot ,  et  à  être  exposés 
à  un  giand  soleil. 

Caractères  physkjues.  Ce  Dolic  grimpe  sur  les  arbres 
les  plus  élevés.  Sa  racine  est  tubéreuse  ,  et  pousse  plu- 
sieurs troncs  ligneux,  quoique  spongieux,  blancs  inté- 
rieurement, et  recouverts  d'une  écorce  épaisse,  brune, 
ridée  ,  produisant  de  tous  côtés  des  tiges  plus  grêles  , 
rameuses,  volubiies  et  grimpantes.  Les  feuilles  sont 
couîposées  de  trois  folioles  ovoïdes  ,  très-obtuses ,  pres- 
que rondes ,  légèrement  velues  -,  les  pédoncules  sont 
axillaires  ,  longs  de  cinq  à  six  pouces,  et  portant  des 
fleurs  en  grappe  d'un  pourpre  violet  ou  bleuâtre.  Les 
gousses  sont  longues  de  cinq  à  six  pouces  seulement,  et 


(85) 

ses  graines  sont  d'abord  très-blanches  et  luisantes  dans 
leur  maturité ,  mais  elles  deviennent  grisâtres  et  mou- 
chetées ,  ou  parsemées  de  taclies  plus  foncées  en  cou- 
leur. • 

Analyse  chimique.  Ce  Dolic  ,  ainsi  que  beaucoup  de 
Légumineuses ,  même  comestibles ,  contient  un  principe 
amer  très-purgatif  que  MM.  Lassai gne  et  Feneulle 
nomment  Cathartine  •,  il  est  nauséeux  et  très-nuisible  à 
l'économie. 

Propriétés  délétï:res.  Ces  Dolics ,  dont  les  naturels 
se  méfient ,  quoique  d'une  saveur  douce  ,  deviennent  à 
leur  maturité  d'une  amertume  insupportable.  Leur  in- 
gestion dans  l'estomac  est  délétère,  et  même  meurtrière 
en  peu  de  temps  pour  les  hommes  et  pour  les  animaux. 
Cette  propriété,  disent  les  chimistes  cités  plus  haut, 
résulte  d'un  principe  dissoluble  dans  l'eau,  puisqu'en 
faisant  bouillir  ces  pois  amers  ,  ils  perdent  leur  mauvaise 
qualité  ,  et  que  l'eau  seule  se  charge  de  l'amertume  nui- 
sible. Cependant  les  rameaux  ,  les  feuilles  de  ces  Dolics  , 
deviennent  sans  danger  la  nourriture  des  bestiaux. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Ils  sont  les  mêmes 
que  ceux  des  substances  amères  et  irritantes. 

Secours  et  antidotes.  Le  vinaigre  pur  en  gargarisme 
arrête  à  l'instant  les  progrès  de  l'inflammation  de  la 
membrane  muqueuse.  On  lui  associe  les  émulsioiis  et 
les  mucilagineux  acidulés. 

Propriétés  mi^dtcinales.  Je  ne  lui  en  connais  point. 


(  86  ) 


EXPLICATION   DE    LA  PLANCHE  CENT  SOIXANTE -N  EtF, 

t 

Ln  plante  esl  m''d«ite  à  moitié  grandeur. 
i .  Semence, 


P/.2-J 


/7ieoi/ore  /)cjvou/-b7\.   Pi/ur 


/'e/\>e    <fvit/p 


r>01Jr  A  I^ETITES  (;OÎ^SSE.8  -3 


(  8;  / 

.«VV\VVVVVWVV\%  VVV\'V\'VWV»W\'VVV\VV\'WVVWV'Wk'WWVVV\VV\«VVVV«  WVW\VVVW\  Wt'WWWWX  vv«  w« 

DOLIC  A  PETITES  (iOClSSES. 

(  Toxique  co7TOSif.  ) 


Synonymie.   Vulg.   Pois  étranger  à  semence  petite  et  véné- 
neuse. —  DolicKos  minimus ,  Linn.  Diadelphie  Décandrie. 

—  Tournefort,  Phaseolus ,  clas.  lo.  Papillonacées,  sect.  2. 

—  Jussieu  ,  famille  des  Légumineuses.  —  Dolichos  volu- 
bilis ,  caule  perenni ,  tenuissimo  ,  diffuso  ,  foliis  rliombeis  ; 
Leguminibus  racemosis,  compressis,  villosis,  subdispermis  , 
Lam.  —  Phaseolus  fructu  minimo  ,  semine  variegato. 
Plum. ,  Spec.  8.  Juss.  ,  v.  2  .  t.  loo.  Tourn.  j^id.  — 
Phaseolus  minimus  fœtidus,  floribus  spicatis,  è  viridi-luteis, 
semine  maculato.  Sloan.  Jam.  Hist.  t ,  p.  182 ,  t.  1 15,  f.  l. 

—  Dolichos  nvinimus.  Jacq.  ,  obs.  i  ,  p.  34  5  *•  22. 


CA.nACTi:REs  géinériques.  Base  de  Péleiidard  à  deux 
callosités  parallèles ,  oblongues ,  qui  compriment  les 
ailes  en  dessous. 

Caractères  particuliers.  Volubile  -,  légumes  en 
grappe ,  comprimés ,  et  à  quatre  semences  \  f«mil]es 
rhomboïdes. 

Histoire  îsaturellk.  Ce  Dolic,  dont  les  gousses  sont 
infiniment  petites,  croit  particulièrement  à  la  Jamaïque  , 
à  la  Martinique,  à  Cuba,  à  Curaçao,  à  Saint-Chris- 
tophe,   à   Saint-Domingue,    au   milieu   des   halliers  du 


(  88  ) 
bord  de  la  mer,  ainsi  que  ]e  précédent.  Cultivé  en 
Europe  ,  il  conserve  ses  tiges  et  ses  feuilles  ,  daus  la 
serre  chaude  ,  pendant  tout  Tbiver.  Ce  Dolic  et  presque 
toutes  les  espèces  dont  l'Amérique  abonde  sont  suspects , 
et  ne  doivent  être  employés  qu'avec  la  plus  grande 
réserve. 

Caractères  physiques.    Les    tiges   de  ce  Dolic  sont 
menues,   presque   filiformes,    persistantes,  ligueuses  à 
leur  base,    volubiles  ,    grimpantes,  diffuses  ,  et  longues 
de  trois  à  quatre  pieds.   Ses  feuilles  sont   composées  de 
trois    folioles    rhomboïdales  ,    un   peu   pointues ,    assez 
petites,  ponctuées  en  dessous,  glabres  dans  leur  parfait 
développement ,   trinerves  à  leur  base  et  d'un  vert  gai. 
Les  pétioles  sont  un  peu  velus ,  ainsi  que  les  pédoncules 
et  la  partie  supérieure  des  tiges.  Les  fleurs  sont  petites, 
disposées  en  grappes  axillaircs,  îàcbes,  peu  garnies,  sur 
»  des  pédoncules  grêles,  un  peu  plus  longs  que  les  feuilles  : 
elles    ont   leur    calice    vert,    ponctué,    à   quatre    dents 
courtes,  et  la  cinquième  presqu'en  alêne*,  leur  étendard 
jaune ,  et  strié  de  brun  sur  le  dos  d'une  manière  remar- 
quable j    les   deux  ailes  d'un  beau   jaune ,   et  leur  calice 
pâle   ou  blanchâtre  ,   avec  une  taclie  presque   violette  à 
son   sommet.    Les   gousses    sont   à    peine   longues  d'un 
pouce,    un    peu    en    sabre,    comprimées,    acuminées, 
velues  ,   brunes  dans  leur  maturité  ,  et  ne  contiennent 
le  plus  souvent  que  deux  semences  qui  sont  lisses,  noi- 
râtres et  tachetées  de  blanc. 

Analyse  chimique.  Ce  Dolic  contient ,  ainsi  que  le 
précédent,  un  principe  amer,  tiès-purgatjf ,  nauséeux, 
et  dont  l'ingestion  inconsidérée  peut  devenir  mortelle. 


(89) 
Propriétés  délétères.  Poup^e-Desportes  ayant  si- 
gnalé ce  Dolic  comme  très-vénéneux,  je  voulus  en  faire 
l'épreuve  sur  une  poule  à  laquelle  je  fis  avaler  deux 
douzaines  de  semences.  Elle  éprouva  au  bout  de  deux 
heures  des  anxiétés ,  une  respiration  accélérée  ,  tomba 
sur  le  flanc,  se  débattit  beaucoup ,  et  mourut  en  rendant 
une  quantité  d'un  liquide  visqueux. 

Secours  et  antidotes.  On  doit  donner,  comme  dans 
le  cas  de  l'article  précédent,  les  boissons  acidulées  et 
gommo-acidules ,  ainsi  que  les  clystères  adoucissans. 

Propriétés  médicinales.  Je  ne  lui  en  connais  point. 


EXPLICATION   DE   LA   PLANCHE   CENT   SOlXANTE-DIX, 

La  plante  est  de  grandeur  naturelle. 
1 .   Semence. 


Nota.  Je  dois  ajouter  aux  propriétés  médicinales  du 
Momordique  Nexiqueii  ,  dont  j'ai  donné  l'histoire  , 
page  63  et  Q5  de  ce  volume  ,  que  ,  d'après  l'expérience 
du  D.  Chomel  ,  cette  plante  passe  pour  un  si  bon  vul- 
néraire ,  qu'on  l'a  nommée  Balsamina  par  excellence. 
Il  est  vrai  ,  dit  cet  observateur ,  que  l'huile  d'amandes 
douces  ,  dans  laquelle  son  fruit  mûr  ,  dépouillé  de  ses 
semences  ,  a  infusé ,  est  un  baume  incomparable.  Cette 
infusion  se  fait  au  soleil  et  au  bain-marie  -,  c'est  un  bon 


(  90  ) 
remède  pour  la  piqûre  des  tendons ,  et  pour  ôter  l'in- 
flammation des  plaies,  pour  les  hémorroïdes,  les  gerçures 
des  mamelles ,  les  engelures  ,  la  brûlure ,  la  chute  du 
rectum  :  elle  dessèche  les  ulcères  ;  et ,  injectée  dans  la 
matrice  ,  elle  soulage  considérablement  les  femmes  qui 
en  ottt  dans  cette  partie.  (Plantes  de  Chomel ,  p.  4940 


/7irtn/i>rp   Df^iVur/7/K  y^oviC  ■ 


Perre    ^l'ca/p 


X%1  03ÎE    FVM A3i  3 OAiE  , 


(  9'   ) 

vWVWtW»(VWWVVVVWVVWVWW  W».  VW  WWWV  W^  VWVW>AAA/VWW«/Wv\'VV\'VWWVWVVVVW'WV'V\  VWVW 

AMOME  PYRAAJJDALE. 

(  Toxique  corrosif.  ^ 

Synonymie.  Vulg.  Alpinie  rameuse.  —  Amomum  pyramidale. 
Amomum  caulibus  racemo  erecto  pyramidali  terminatis  , 
Lam.  —  Alpinia  racemosa ,  Linn.  ,  sp.  pi.,  p.  i.  Mo- 
nandrie  Monogynie.  —  Jussieu,  famille  des  Balisiers.  — 
Alpinia  racemosa,  alba ,  cannacori  foliis.  Plum.  nouv., 
p  26,  t.  2.  —  Paco-Seraca  Brasiliensibus.  Marco.  Barrèrc, 
p.  7.  —  Alpinia  roy.  pr.  Leis  ,  p.  12.  —  Zinziber  syl- 
vestre minus,  fruetu  è  caulium  summitate  exeunte.  Sloan., 
Hist.  Jam.  ,  t.  1  ,  p.  i65,  tab.  io5,  fig\  12. 


Caractères  génériques.  Corolle  à  six  divisions,  ven- 
true*, trois  lobes  ouverts. 

Caractères  particuliers.  Les  fleurs  en  grappes. 
(Vivace.  ) 

Histoire  naturelle.  Cette  plante  est  encore  peu 
connue',  elle  se  plaît  dans  les  endroits  les  plus  humides 
des  bois  de  l'Amérique  méridionale.  Burman  en  a  donné 
une  descriptioij  d'après  Plumier.  Poupée-Desportiîs  la 
signale  comme  très-dangereuse  à  employer.  Elle  est 
très-commune  à  la  Martinique.    , 

Caractères  physiques.  Les  racines  de  l'Alpinie  sont 
noueuses,    et    garnies   à    chaque   articulation    de    fibres 


(94  ) 


W*WWV\  V\'WW*%V«.'\%  t'%'VVWWW\'VWV\'W\A'\VVVWVV\'\WV'WVWVVVV  W\'i  WVWVWVV^  VVX  VWVX  VVW  tlW 


DE?^TELAIRE  SARMENTEUSE. 


(  Toxique  corrosif.  ) 


Synonymie.  Vulg.  Herbe  au  diable.  Plumbago  seandens  , 
Linn.  Pentandrie  Monogynie.  —  Tournef. ,  cl.  2,  in- 
fundib.  —  Jussieu ,  famille  des  Plombaginées.  —  Plum- 
bago foliis  petiolatis  ovatis  glabris,  caule  flexuoso  scan- 
dente  (lobis  corollarum  obtusis  ,  Lam.).  —  Plumbago 
betae  folio  amplioii.  Plum.,  cat.  3.  — Touin.  i4i.  —  Den- 
tellaria  lichnoïdes,  svlvatiea  seandens,  flore  albo.  Sloan. 
Jam. ,  bist.  1,  p.  2H,  t.  i33,  f.  i.  —  Plumbago  ameri- 
eana,  viticulis  longioribus  semper  virentibus.  Moris-  hist.  3, 
p.  199.  —  Niçois.  St.-Dom.  246.  —  Plumbago  tamni  folio 
et  facie,  floribus  racemosis'albis  ,  calice  punctato  et  gluti- 
noso.  —  Poup.  Desp.  —  Tumba-codiveli  Rbeed. 


Caractf:res  génériques.  Feuilles  simples  et  alternes*, 
fleurs  eu  épi  ou  bouquet  tei minai,  remarquables  par 
leur  calice  hérissé  et  glauduleu?':  ;  corolle  infundibuli- 
forme  •,  étamines  uou  saillantes  insérées  aux  écailles  qui 
forment  la  base  de  la  corolle  ,  cachent  Fovaire ,  et 
portent  des  anthères  oblongues  -,  ovaire  supérieur  fort 
petit,  ovale,  chargé  d'un  stvie  de  la  longueur  du  tube 
de  la  corolle  ,  à  stigmate  quinquéiide.  Le  fruit  est  une 
semence  unie,  ovale  -,  pointue  par  un  bout ,  et  enfermée 
dans  le  calice  de  la  fleur.  (Encycî.  Méth.  ) 


J'Lzt;! 


T'Annlore  /iefci>t/7-ik/x  T'onr 


/'.'/■ff      .  l'cii//)j-i/ 


l>ENll^ï^4ïliE 


(95) 
CAuACTÈnES  pAKTicuLiEKs.  Feuilies  pt'liolées,  ovales, 
glabres;  tige  tortueuse,  grimpante.  rVivnee.  .loi.) 

Histoire  NATURELLE.  Cette  jolie  plante,  dont  les  tiges 
faibles  ont  besoiri  d'être  soutenues ,  fleurit  depuis  aoùi 
jusqu'en  octobre.  Il  lui  faut,  en  serre,  une  bonne  terre, 
dit  Delaunay ,  l'exposition  au  plus  fort  soleil  et  un  arro- 
sement  ordinaire.  Il  lui  faut  pour  l'hiver  une  serre  chaude. 
On  la  multiplie  par  ses  graines  qui  mûrissent  dans  la 
serre.  Le  mot  français  Dentelaire  a,  dit-on,  été  doniK* 
à  cette  plante  parce  que  son  fruit  est  terminé  par  des 
dents.  Elle  est  fort  comnume  dans  les  hallicis  ,  où  elle 
croît  à  l'appui  des  citronniers  et  des  orangers  :  on  la 
trouve  aussi  dans  les  ravins  des  monts  liumides  et  des 
bois  escarpés. 

Caràctèr^es  physiqles.  Les  tiges  de  cette  Dentelaiie 
sont  glabres  ,  striées  ,  un  peu  coudées  en  zig-zag , 
feuillées ,  sarmenîeuses  et  presque  grimpantes  :  ses 
feuilles  sont  pétiolées,  ovales,  pointues,  glabres,  légè- 
rement ponctuées  en  dessous,  à  pétioles  .amplexicaules . 
et  conformées  à  peu  près  comme  celles  de  la  Bette.  Les 
fleurs  sont  blanches,  sessiles,  en  épi  terminal^  elles  ont 
leur  calice  hérissé  de  pointes  glutineuses  qui  soutiennent 
des  glandes  visqueuses  :  ces  pointes  grandissent  ,  et 
prennent  de  la  roideur  après  la  floraison  ,  de  sorte  que 
le  calice  est  alors  hérissé  et  accrochant  comme  les  fruits 
de  Trinuifetta  et  d'Urène.  Le  pistil  devient  un  iVm't 
mou,  rempli  de  deux  semences  ^  -a  tunique  àcs  graiues 
est  o])î(^iigne  .   et   si  lâche  (fu'elle  i-essemble  à  une  cap- 


su  i  e . 


ANALYSE  CHIMIOUE.  Toutcs  Ics  partics  de  la  plante  ont 


(9ti) 
une  snvcur  acre  et  brûlante,  et  particulièrement  la  ra- 
cine qui  Iburnit  à  la  distillation  une  huile  épaisse  et  très- 
âcrimonieuse. 

Propriétés  DÉLÏiTiiREs.  Lorsqu'on  mâche  les  racines 
de  la  Dentelaire  ,  on  éprouve  daîis  toute  la  cavité  buc- 
cale une  ardeur  cuisante  bientôt  suivie  d'une  excrétion 
salivaire  considérable.  Dans  son  état  de  fraîcheur,  étant 
introduite  à  la  dose  de  deux  gros  dans  Festomac,  elle 
agit  comme  les  poisons  irritans,  mais  elle  perd  beaucoup 
de  son  énergie  par  la  dessiccation. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Je  fus  appelé  pour  vi- 
siter un  malheureux  nègre  à  qui  un  autre  nègre  avait 
donné  pour  vomitif  une  once  de  suc  de  cette  Dentelaire , 
et  voici  les  symptômes  que  je  remarquai  :  langue  gonflée , 
saillante,  et  d'un  rouge  de  feu;  priapisme,  agitation 
convulsive,  riie  immodéré,  évacuations  supérieures  et 
alvines  immodérées  ,  et  tous  les  autres  symptômes  pro- 
pres à  l'empoisonnement  par  une  substance  irritante. 

Secours  et  ANTmoTES.  L'inflammation  étant  parvenue 
au  tube  intestinal ,  je  me  disj)ensai  de  faire  vomir  le 
malade  ,  qui  se  trouva  bien  d'un  traiiemeru  adoucissant, 
tel  que  boissons  mucilagineuses  gommées  ,  lavement  au 
lait,  dans  lequel  on  avait  fait  bouillir  quelques  fruits 
verts  de  Gombo  qui  fournit  beaucoup  de  mucilage. 

Propriétés  médicinalks.  On  a  beaucoup  vanté  les 
vertus  de  la  racine  de  Dentelaire  sarmenteuse  comme 
propre  à  remplacer  ripccacuanha.  Mais  quel  est  le  mé- 
decin prudent  qui  serait  assez  téméraire  pour  indiquer 
à  l'intérieur  un  remède  dont  la  causticité  est  évidente  et 


(97  ) 
si  réelle,  qu'on  se  sert  du  suc  de  la  racine  pour  détruire 
les  porreaux  et  les  vendues  ?  Il  agit  aussi  comme  vésicant. 
Cependant  les  liippiatres  emploient  les  branches  infusées 
dans  le  vinaigre  pour  remplacer  FEllébore.  La  vertu  de 
cette  plante  est  si  active,  dit  Pou]^)ée-Desportes ,  quon 
ne  laisse  Tonguent  dans  lequel  elle  entre  que  deux  ou 
trois  lieures  sur  la  plaie.  Ce  temps  suffit  pour  enlever 
et  consumer  les  chairs  baveuses  d'un  ulcèie.  On  lui 
associe  ordinairement  l'Herbe  à  blé  (\.  Dur.  Excit. 
siSS)  et  la  Mal  nommée  (Y.  Alex.  Ext.  22^).  Poupée- 
Desportes  indique  la  formule  suivante  d'un  onguent 
égyptien  fait  avec  les  plantes  coloniales  : 


Suc  d'Herbe  au  diable  ,  )  àà 

de  Mal  nommée  ,  f  ft  <> 

de  Citron  ,  )  âa 

d'Oranges  sûres  ,  j  j^  j 

Gros  sirop  ,  j^  jj 

Vert-de-gris ,  )     . 

Alun  calciné  ,  j  ^  ^ 


Les  guérisseurs  d'Amérique  prescrivent  des  topiques 
de  feuilles  de  Dentelaire  contre  l'engorgement  des 
glandes  squirreuses.  Mais  que  doit-on  attendre  de  pareils 
moyens  contre  l'alfection  redoutable  qui  se  montre  si 
souvent  rebelle  aux  ressources  de  Fart  et  du  traitement 
le  plus  rationnel.^  On  emploie  cependant  Ihuile  où  Ton 
a  fait  bouillir  la  Dentelaire  dans  les  cas  de  gale  invétérée 
et  d'autres  maladies  de  la  peau.  Ce  irailcment  a  cela 
d'avantageux,  qu'il  peut  être  employé  sans  préparation 
préalable,  et  sans  crainte  de  répercussion  du  virus. 
Cette  méthode  agit  en  excitant  une  légère  irrilaîion  ,  et 
provoquant  une  nouvelle   irruption,    suivie  immédiate- 


(  98  ) 
ment  de  la  dessiccation  des  boutons.  Il  ne  faut  pas  con- 
fondre la  gale  avec  le  prurigo  que  l'usage  de  cette  pré- 
paration augnienteiait. 

Mode  d'admi>'istratio]N.  On  prépare  l'huile  iatralep- 
tique  de  Dentelaire  avec  trois  onces  de  la  racine  pour 
une  livre  d'huile.  On  frictionne  matin  et  soir,  s'il  ne  se 
développe  pas  trop  d'irritation  ,  et  la  maladie  cède  ordi- 
nairement à  la  dixième  friction. 


EXPLICATIOIN   DE   LV    PLAISCilE    CE^T  SOiXAlSTE- DOUZE. 


1 .  Fleur  de  grandeur  naturelle. 

2.  Feuille  et  portion  de  la  tige. 


7 hnyt/iire  DctTotm/ti/x    /V/i.v 


/Vfér    Jrit/^>  ■ 


.stbamoijxï:  a'.i^i>:Kr.sE. 


(99) 


sV\vVVV'\'\vVVVVV»\»VV\\>\'VVVtVVV\'VVVVVVVVVVVVVV'V\\'X^*/VVVVVVVVi^/VV\\il'VVVVV«V>(VVVV^ 


STRAMOINE  EPINEUSE. 


(^Toxique  nnrcotico-dcre.) 


Synonymie,  Vulgairement  Pomme  épineuse.  Pomme-poison  à 
la  Guadeloupe,  l'iierbe  à  Sorciers.  — Datura  Stramonium  j 
pericarpiis  spinosis  ,  erectis  ,  ovatis;  foliis  ovatis  ,  glabris  , 
Linn.  Pentandrie  Monogynie.  — Jussieu ,  classe  8  ,  ordre  8  , 
famille  des  Solanées.  — Stramonium  fructu  spinoso  ,  rotun- 
do  ,  flore  albo  ,  simplici ,  Tournef.  clas.  2  ,  secl.  i ,  gen.  5. 
—  Datura  capsulis  ovatis ,  spinosis,  erectis;  foliis  glabris, 
ovatis,  multangulis  ,  Lamk. — Solanum  fcetidum ,  Pomo- 
spinoso  ,  oblongo  ,  flore  albo,  Baub.  — Solanum  mania- 
cum  Colpby ,  tab.  47-Icon.  —  Tatula,  CamerEpitom.  176. 
Icon.;  en  espagnol,  Estramonio ;  en  ^otXm^3l\s  ^  Estramonia ; 
en  anglais ,  Thorn-Apple. 

Caractères  génériques.  Calice  tubuleux ,  renflé  à  sa 
base  ,  à  cinq  angles  ,  à  cinq  dents  profondes  \  caduc  à 
l'exception  de  sa  partie  la  plus  inférieure  ,  qui  persiste 
et  se  renverse  en  deliors.  Corolle  très-grande  ,  infundi- 
buliforme  \  tube  à  cinq  angles  \  limbe  offrant  cinq  plis  , 
qui  se  terminent  supérieurement  par  cinq  tubes  très- 
aigus.  Cinq  étamines  incluses.  Stigmate  bilobé.  Capsule 
à  quatre  loges  ,  communiquant  deux  à  deux  par  leur 
sommet  \  à  quatre  valves  -,  graines  très-nombreuses  , 
réniformes  ,  chagrinées,  noires.  Genre  remarque  ble  par 
la  grandeur  de  ses  fleurs.  (Ricbard.  ) 

Tome  III.  —  44^  Livraison.  8 


(     100    ) 

Caractères  particuliers.  Péricarpes  épineux  ,  re- 
dressés ,  ovales  ^  feuilles  ovales  ,  glabres  annuelles. 
Amérique  et  Europe.  (  Jol.  ) 

Histoire  naturelle.  Cette  plante,  originaire  d'Amé- 
rique, se  trouve  dans  tous  les  champs  sablonneux  d'Eu- 
rope ,  où  elle  s'est  parfaitement  naturalisée.  Les  maken- 
dals  ,  ou  prétendus  sorciers  des  Colonies  ,  procurent  à 
leurs  malades  cette  espèce  d'enthousiasme  voluptueux , 
cfui  leur  fait  oublier  pendant  quelques  instans  les  maux 
qui  les  accablent. 

Breuvage  assoupissant  il  adoucit  leurs  maux. 
Le  sommeil  sur  leurs  jeux  épanche  ses  pavots. 
Tu  fuis,  tu  disparais,  image  fantasticpie  , 
L'homme  calme  succède  au  fougueux  frénétique. 

Delille. 

C'est  ainsi  que    certaines   négresses  galantes  endor- 
ment i'amant  qui  n'est  point  préféré  ,  pour  voler  dans 
les  bras  de  leur  vainqueur.  Le  feuillage  sombre  de  cette 
plante  ,  son   odeur  vireuse  et  nauséabonde  ,   sa   saveur 
amèie  et  narcotique  ,   signalent  ses  propriétés  délétères 
au   trop   confiant   observateur.    Toutes    ces  Stramoines 
flattent  la  vue  par  leurs  formes  ,  mais  elles  sont  toutes 
dangereuses  à  employer.  Il  y  a  une  espèce  à  fleurs  blan- 
ches, et  une  variété  à  fleurs  violettes,  stramoniiun  Aine- 
ricamiTiî   minus  alkekengi  folio.   On    croit  à  Saint-Do- 
mingue ,  m'assure  M.  le  colonel  Deneux  ,  que  la  décou- 
verte des  propriétés  somnifères  de  la  Stramoine  est  due 
à  un  nègre,  qui  s'en  servit  pour  assoupir  un  vieux  pro- 
priétaire 5  afin  de  lui  voler  ses  abeilles. 

Caractères  physiques.    Cette    plante   est    herbacée  , 
mais  sa   lige   est  forte  et  diffuse,  glabre,  droite,  cylin- 


(  loi  ) 
(îrique  ,  épaisse  ,  creuse  en  dedans  ,  très-branchue,  haute 
de  deux  ou  trois  pieds  ^  les  rameaux  en  sont  étalés  ,  un 
peu  comprimés  ,  tors  ou  légèrement  cannelés ,  garnis  de 
feuilles  amples  ,  alternes  ,  pétiolées  ,  ovales  ,  larges  , 
glabres  à  leurs  deux  faces  ,  vertes  ,  molles,  se  flétrissant 
dès  que  la  plante  est  arrachée  ,  anguleuses  et  sinuées  à 
leurs  bords  ^  les  angles  très-pointus  ,  inégaux. 

Les  fleurs  sont  grandes  ,  presque  solitaires ,  latérales  ; 
les  unes  axillaires  ,  les  autres  hors  de  l'aisselle  de» 
feuilles  ,  soutenues  par  des  pédoncules  courts  et  épais. 
Le  calice  est  long,  à  cinq  angles  ,  étroit ,  tubulé  ,  à  cinq 
dents  aiguës  ^  la  corolle  blanche  et  souvent  violette  ,  en 
forme  d'entonBoir  ,  plissée  ,  une  fois  plus  longue  que 
le  calice  ;  la  capsule  droite  ,  ovale ,  marquée  de  quatre 
sillons  ,  hérissée  de  toutes  parts  de  pointes  fortes  ,  roi- 
des  ,  très-aiguës  ,  droites  et  piquantes ,  divisée  inférieu- 
rementen  quatre  loges  ,  et  seulement  en  deux  à  la  partie 
supérieure-,  les  semences  noirâtres  ,  nombreuses,  ova- 
les ,  réniformes  ,  un  peu  comprimées.  (  Encycl.  ) 

Analyse  CHIMIQUE.  Cette  plante,  qui  répandune  odeur 
narcotique  et  repoussante  ,  fournit  étant  fraiche  :  Fibre 
ligneuse  3,i5,  — matière  gommeuse  o, 58  ,  — matière 
extractive  0,6,  fécule  verte  0,64  ,  albumine  o,i5  ,  — 
résine  0,12  ,  phospate  de  chaux  et  de  magnésie  o,23  . 
—  eau  91,25  ,  et  quelquefois  nitrate  dépotasse^  perte 
1,28.  (\irey    Chimie  organique.  ) 

Propriétés  délétères.  Cette  Stramoine  est  Tun  des 
plus  puissans  narcotiques  que  l'on  connaisse,  et  d'après 
son  analogie  avec  le  pavot,  il  peut  remplacer  l'opium  dans 
beaucoup  de  circonstances.  Un  gros  de  ces  semences 
infusées  dans  du  vin  produit  un  sommeil  léthargique  , 
dont  certains  malfaiteurs  ont  frappé  leurs  victimes  avant 

8* 


(    'O'-*   ) 
de   leiir    donner  la  mort.  D'autres  ]ei  mêlent  au  tabac. 
Ces  mêmes  graines,  pernicieuses  pour  l'homme  ,  ont,  dit- 
on  ,  la  propriété  d'engraisser  les  codions  en  les  faisant 
beaucoup  dormir. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Ivresse  ,  délire  fu- 
rieux ou  extravagant  ,  soif  ,  strangulation  ,  météorisme 
du  ventre  ,  chaleur  vive ,  rougeur  de  la  face,  paralysie  , 
tremblement  ,  mouvemens  convulsifs  et  sueurs  ,  etc. 

Secours  et  antidotes.  Les  vomitifs  sont ,  de  tous  les 
moyens,  les  plus  convenables  et  les  plus  prompts  pour 
arrêter  les  progrès  d'empoisonnement ,  et  lorsqu'on  pré- 
sume que  la  substance  délétère  n'est  plus  dans  les  voies 
digeslives  ,  on  fait  succéder  les  boissons  acidulées  et  les 
sels  volatils. 

Propriétés  médicinales.  Storck  a  signalé  les  avan- 
tages de  l'extrait  du  Stramonium  dans  la  cure  des  ma- 
ladies désespérées  ,  telles  que  les  vertiges,  la  démence, 
la  folie,  !  a  fureur  involontaire,  l'épilepsie,  etc.  Son 
usage  donne  une  faim  vorace  ,  mais  bientôt  suivie  de  légè- 
res coliques,  de  diarrhée  ou  de  constipation. Il provoaue 
aussi  la  sécrétion  de  la  salive  ,  de  la  transpiration,  et  le 
flux  urinaire.  Son  usage,  trop  long-temps  prolongé, 
donne  des  lassitudes  douloureuses  ,  une  démangeaison 
cutanée,  une  somnolence  marquée.  Il  agit  aussi  sur  le 
cerveau  comme  stupéfiant,  et  développe  des  névroses 
de  l'organe  visuel  ^  enfin  ,  il  peut  provoquer  l'entérite , 
le  narcotisme  et  la  mort. 

Il  y  a  moins  d'inconvénient  à  employer  cette  plante  à 
l'extérieur-,  c'est  pourquoi  on  l'applique  soit  en  bains  , 
injections,-  soit  en  topiques  sur  les  ulcères  cancéreux 
et  carcinomateux  ,  comme  sédatif  des  souffrances  de  la 
brûlure,  des  hémorrhoïdes  ,   et  autres  tumeurs  doulou- 


(  lo^-î  ) 
leuses,  dans  la  névrose  sciatique,  sur  les  mamelles,  afin 
de  prévenir  leur  engorgement  et  diminuer  leur  sécré- 
tion. En  calmant  la  douleur,  elle  permet  aux  malades 
de  recouvrer  le  sommeil  ,  et  elle  favorise  la  résolution 
des  engorgemens.  Les  nègres  fument  le  Datura  Siramo- 
nium  dans  les  spasmes  nerveux  de  la  poitrine  -,  ils  em- 
ploient les  feuilles  comme  maturatives. 

Mode  d'administplAtion.  Son  extrait  se  prescrit  inté- 
rieurement depuis  un  grain*  jusqu'à  douze  dans  les  né- 
vroses les  plus  rebelles  ,  mais  on  doit  en  suspendre  l'ad- 
ministration lorsqu'il  donne  des  symptômes  de  conges- 
tion cérébrale ,  ou  qu'il  dilate  la  pupille ,  que  le  pouls 
devient  petit  et  accéléré  ,  qu'il  y  a  soif  et  slrangulation. 
Extérieurement ,  il  est  moins  à  craindre  ,  et  uni  aux 
oléagineux ,  on  eu  forme  un  liniment  qu'on  emploie 
avec  avantage  pour  calmer  la  douleur  de  la  brûlure  et 
des  bémorrlioïdes.  Cette  huile  devient  alors  anodine, 
résolutive  et  adoucissante. 


EXPLICATION  DE  LA   PLANCHE   CENT  SOIXANTE-TREIZE. 


La  Plante  est  réduite  à  moitié  grandeur. 


1 .  Fleur  de  la  variété  violette. 

2.  Fruit. 


^ 


(  "o4  ) 

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STRAMOINE  SARMENTEUSE. 

(  Toxique  narxotico-dcre.  ) 

Stnontmie.  Vulgair.  Trompette  à  Mari-Barou.  — Datura 
sarmentosa,  Linn,  Pentandrie  Monogynie.  —  Juss.  ,  et 
Richard,  famille  des  Solanées.  — Toiirnef.  ,  clas.  2,  in- 
fundibuliformes.  —  Solandra  grandiflora ,  Swartz ,  Flor. 
Ind.  occid.  ,  vol.  i,  pag.  ^87,  tab.  9.  — Wilid.  Spec. 
Plant. ,  vol.  i,p.  536.  —  Persoon  ,  Sjnops.  Plant.,  vol.  1, 
pag.  218.  — Datura  capsulis,  globoso-conicis,  inermibus  ; 
caule  fruticoso ,  sarmentoso,  scandente,  L<amk. ,  Illustr. 
Gêner,  vol.  2 ,  p.  9  ,  n"  2296. 

Caractèues  génériques.  Corolle  infundibuliforme , 
plissée  \  calice  tiibulé ,  anguleux  .  caduc  -,  capsule  à  qua- 
tre valves. 

Caractères  particuliers.  Fleurs  d'une  grande  di- 
mension \  plante  sarmenteuse ,  grimpante ,  à  fruits  co- 
niques sans  aspérités. 

Histoire  isatup.elle.  Ce  très-bel  arbrisseau  sarmen- 
teux ,  que  Swartz  a  consacré  à  la  mémoire  de  Solander, 
croît  à  la  Jamaïque  ,  au  Pérou ,  et  dans  beaucoup  d'Iles 
Antilles ,  dans  les  fentes  des  rochers  ,  sur  les  grands 
arbres  auxquels  il  s'accroche  comme  une  plante  para- 
site. On  le  cultive  au  Jardin  des  Plantes  ,  à  Paris  ,  où 
il  demande  beaucoup  d'eau  ,  et  une  bonne  terre  mê- 
lée de  terreau  bien  consommé.  On  en  sème  les  graines 
en  mars  ,  sur  couche  chaude  et  sous  cloche  ,  dit  Delau- 
nay  ,  et  l'on  repique  les  jeimes  plants  dans  des  pots  se- 


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(  «oS  ) 
parés  pour  être  placés  autres-grand  soleil  quand  ils  sont 
repris  ,  ou  être  remis  aussitôt  sur  la  couche,  si  on  veut 
en  liâter  la  floraison,  et  faire  mûrir  les  s;raines.  Avant 
égaré  pendant  mes  voyages  les  dessins  du  Momordica 
Nexiquen  et  de  cette  Stramoine  sannenteuse  ^  M.  Achille 
Richard  me  remplaça  cette  perte  ,  et  je  lui  en  témoigne 
ici  toute  ma  reconnaissance. 

Rien  de  plus  majestueux  que  les  colonnades  formées 
pai-  les  liannes  de  toute  espèce ,  au  milieu  desquelles  on 
remarque  avec  surprise  les  belles  fleurs  de  ces  Stra- 
moines  \  combien  de  fois  je  les  admirai 

Mariant  leur  verdure  et  leurs  groupes  de  fleurs 
En  festons ,  près  de  moi  suspendant  leurs  couleurs. 

Chénedollé. 

Il  faut  avoir  été  témoin  du  réveil  de  la  nature ,  dans 
ces  beaux  climats  ,  pour  en  éprouver  souvent  de  déli- 
cieux souvenirs.  Rien  d  aussi  imposant  que  le  lever  du 
soleil  sur  ces  mornes  frais  et  couverts  d'arbres  antiques 
qui  embaument  Faii"  de  raille  parfums. 

La  plupart  des  tributs  de  l'empire  de  Flore 
Dans  leurs  habits  ce  fête  accompagnert  l'Aurore, 
Célèbrent  leur  hymen  au  milieu  des  concerts 
Dont  les  oiseaux  ravis  font  retentir  les  airs. 

Castel. 

Caractères  physiques.  Les  tiges  de  cette  Stramoine 
sont  très-longues  ,  rameuses  ,  sarmenteuses  ,  grimpantes, 
ligneuses,  glabres,  cylindriques,  garnies  de  feuilles 
ovales  ,  entières  ,  glabres  à  leur  surface  supérieure  ,  pu- 
bescentes  en  dessous,  ciliées  à  leurs  bords,  quelquefois 


(   .o6  ) 

entièrement  glabres.  Les  fleurs  sont  latérales,  solitaires, 
grandes,  pédoneulécs  ^  le  calice  allongé,  cylindrique, 
se  déchirant  latéralement  5  la  corolle  très-grande,  blan- 
che ,  lavée  d'une  teinte  pourpre  ,  quelquefois  un  peu 
jaunâtre,  en  forme  d'entonnoir*,  le  tube  long,  étroit, 
élargi  en  tête  de  clou  vers  son  orifice  ^  le  iimbe  divisé  a 
les  bords  en  lobes  non  acuminés  ,  crépus ,  frangés  ^  les 
capsules  glabres ,  ^globuleuses ,  un  peu  coniques ,  sans 
pointes  ni  aiguillons ,  partagées  en  quatre  loges  ,  conte- 
nant des  semences  nombreuses.  (Encycl.) 

Analyse  chimique.  Cette  plante  produit  une  huile 
volatile  et  un  principe  extractif.  Son  suc  ,  réduit  en  ex- 
trait, contient  du  nitrate  de  potasse  ,  et  a  beaucoup  de 
rapports  avec  l'opium.  Mais  l'opium  accélère  la  circu- 
lation .  et  est  fébrifuge,  tandis  que  les  autres  narcotiques 
ne  le  sont  pas.  Ces  narcotiques  vénéneux  occasionent 
une  lésion  plus  ou  moins  profonde  des  forces  sensitives. 

Propriétés  délétères.  Cette  plante  ,  narcotico-âcre  , 
possède  au  même  degré  les  principes  funestes  de  la  pré- 
cédente. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Délire  avec  loquacité^ 
glossite,  et  autres  accidens  que  j'ai  décrits  dans  le  pré- 
cédent article. 

Secours  et  antidotes.  Le  docteur  Récamier  a  confirmé 
l'observation  de  feu  M.  Sage,  que lorsqu'inie  plante  nar- 
cotique ordonnée  occasionait  des  pesanteurs  d'estomac, 
il  fallait  soumettre  la  plante  à  la  vapeur  d'eau  bouillante 
saturée  de  vinaigre  qui  lui  enlève  toute  son  odeur  vi- 
reuse.  Alors  ces  narcotiques  ne  produisent  plus  d'acci- 
dens  nerveux ,  et  pourtant  ne  perdent  rien  de  leur 
propriété  calmante.  L'opium  ,  pour  certains  individus  , 
ne  devient  calmant  que  lorsqu'il  a  été  traité  par  le  vinaigre. 


(  1^7  ) 

Propriétés  médicinales. -Le  Stramonium  a  été  vanté 
contre  le  rhumatisme  par  ZollickoiFer ,  les  érysipèles , 
la  brûlure,  les  inflammations,  les  ulcères  carcino- 
mateux,  etc.  Les  nègres  traitent  plusieurs  affections 
cutanées  ,  particulièrement  les  dartres  vives  et  les 
ulcères  ambulans  ,  avec  le  vinaigre  dans  lequel  on  a  mis 
infuser  un  gros  des  graines  par  livre  de  liquide.  L'ex- 
trait s'emploie  ,  par  application  ,  dans  les  douleurs  de 
dents  et  d'oreilles. 

Mode  d'admi3Sistratiois.  Pour  obtenir  la  teinture,  on 
met  une  once  de  ces  semences  macérer  dans  de  l'alcool; 
on  y  joint  une  once  d'extrait  d'opium,  et  deux  onces 
d'esprit  de  vin  camphré  aromatique.  La  dose  est  de  huit 
gouttes  par  jour.  On  l'augmente  jusqu'à  ce  qu'elle  pro-  . 
duise  le  vertige  ,  alors  on  diminue  la  dose.  On  peut 
aussi  l'employer  en  frictions  à  l'extérieur.  (Virey,  Jour- 
nal de  Pharmacie,  août  1822). 


EXPLICATION    de    la    PLANCHE  CENT    SOIXANTE-QUATORZE, 

La  Plante  est  réduite  au  tiers  de  sa  grandeur  nalurelle.^ 

1.  Fruit  entier  réduit  à  moitié. 

2.  Le  même  ouvert  transversalement. 

3.  Etamine. 


(  io8  ) 


.  VVVVVVVX VVVVVVVVVVVV\  VVVV\  VV\  VVV  VV\  VV\  VV\«/VVVVVVVVVVVVV\  VVV  VVVX.  VV\  VV  VVVVVVVVV  VVVVVV  VVV  '  V 


STRAMOINE  CORNUE. 


{Toxique  narcotico-dcre.^ 


Synonymie.  Datura  Ceratocaula,  Orleg-.  —  Linn.  ,  Pentan- 
drie  Monogjnie.  —  Jussieu  et  Richard,  famille  des  Sola- 
nées.  —  Tournef. ,  clas.  2  ,  infundibuliformes.  —  Datura 
pericarpiis  obovatis,  inermibus  ,  pendulis  ;  foîiis  ovato-lan- 
ceolatis  ,  undulatis,  subtico-tomentosis  ;  caulibus  dicboto- 
mis,  corniformibus.  Orteg.,  De  Cand.,  p.  11.  —  Pers. , 
Synops.  Plant.,  vol.  1,  p.  216,  n*>  7.  —  Datura  (Macro- 
caulis),  foliis  oblongis,  rependis,  subtùs  sericeis;  caule 
berbaceo,  infernè  piloso ,  supernè  g-labro,  sub-inflato. 
Rotb .  ,  N.  bot. ,  Beytr. ,  p.  1 69 ,  et  Jacq. ,  Icon. 


CARACTÈRES  GÉNÉRIQUES.  Caiicc  tuhuîé ,  aiigulcux  ^ 
une  corolle  infini dibiiliforme  et  plissée  -,  cinq  étamines  ^ 
un  style  ^  un  stigmate  à  deux  lames  -,  une  capsule  pres- 
que à  quatre  loges. 

Caractères  particuliers.  Fruits  ovulaires ,  sans  pi- 
quans  ^  feuilles  ovales  ,  lancéolées ,  ondulées  ,  tomen- 
teuses  en  dessous^  tiges  dicliotomes. 

Histoire  naturelle.  Cette  plante  élégante  croît  dans 
beaucoup  d'îles  Antilles,  et  particulièrement  à  Cuba. 
On  la  cultive  au  Jardin  des  Plantes  de  Paris.  En  Amé- 
rique ,  on  la  rencontre  au  milieu  des  forets  vierges  ,  au 


7'heottore  ffcrcou/'/i/'^  T'ut^   . 


da^rif^  t/r*'^ . 


KSTKâA^âoâ^'i'.  rtdSSArK 


(  1^9  ) 

pied  d'antiques  Mapous  ou  de  Baobabs  garnis  de  plantes 
grimpantes,  donî  les  tiges,  tapissant  la  forêt,  s'élèvent 
en  serpentant  ,  s'accrochent  aux  branches  de  ces  arbres 
monstrueux,  et  retombent,  balancées  parles  vents  ,  de 
l'extrémité  des  branches  en  festons  ou  en  colonnes  de 
toutes  couleurs.  La  Stramoine  cornue  ne  jouit  de  tout 
son  éclat  que  de  grand  matin  ou  le  soir  5  ses  belles 
fleurs  se  fanent  pendant  la  chaleur. 


Après  les  feux  d'i  jour ,  ces  plantes  inclinées 
Languissent  tristement  sur  leurs  tiges  fanées; 
Mais  lorsque  la  fraîcheur  a  coulé  dans  leur  sein  , 
Leurs  organes  vaincus  se  raniment  soudain; 
On  les  voit  reverdir,  et  pleines  de  souplesse 
De  leur  tête  à  l'envi  relever  la  noblesse. 

Castel. 


CaractèPlES  physiques.  Cette  plante  herbacée  produit 
plusieurs  tiges  droites  étalées  ,  épaisses  ,  cylindriques  , 
rameuses,  dichotomes ,  à  deux  cornes  ,  glabres  ,  purpu- 
rines ,  couvertes  d'un  nuage  glauque  ,  nues  à  leur  sur- 
face inférieure  ;  les  rameaux  situés  à  leur  partie  supé- 
rieure, grêles,  flexueux  ;  les  feuilles  alternes,  longuement 
pétiolées  ,  ovales-lancéolées  ,  inégales  à  leur  base  ,  si- 
nuées  ,  ondulées  ,  veinées  ,  tomenteuses  en  dessous  ^ 
les  inférieures  ovales,  lancéolées,  aiguës. 

Les  fleurs  sont  solitaires  ,  situées  entre  les  feuilles  et 
les  rameaux  ,  soutenues  par  des  pédoncules  courts ,  uni- 
flores  ,  épaissis  à  leur  partie  supérieure ,  droits  quand 
les  fleurs  sont  épanouies  ,  réfléchies  à  l'époque  de  la  ma- 
turité. Le  calice  est  tubulé ,  nerveux ,  un   peu  courbé  , 


(     110    ) 

tiès-enlier  ,  fendu  latéralement  -,  la  corolle  trois  fois 
plus  longue  que  le  calice  ^  le  tube  courbé,  à  cinq  angles, 
à  cinq  sillons ,  verdâtre  -,  le  limbe  grand  ,  étalé  ,  de  cou- 
leur blanche  ,  les  angles  violets  ^  dix  dents  au  sommet 
du  limbe  ;  cinq  filamens  un  peu  plus  courts  que  la  co- 
rolle 5  les  anthères  tétragones  ,  à  quatre  sillons  5  le  fruit 
est  une  capsule  glabre  ,  ovale  ,  obtuse  ,  sans  aucune 
pointe  ni  aspérité  ,  pendante  ,  de  la  grosseur  d'une  forte 
noix. 

Analyse  chimique.  On  reconnaît  dans  la  préparation 
de  cette  plante  une  odeur  nauséabonde  et  vireuse  ,  pro- 
pre à  toutes  les  plantes  narcotiques ,  et  particulière  aux 
Stramoines.  Sa  saveur  est  acre  et  amère.  Elle  est  narco- 
tico-acre  ,  et  plus  dangereuse  que  les  précédentes. 

PpxOpriétés  DÉLÉTÈPiEs.  C'cst  daiis  les  racines  et  les 
fruits  que  paraissent  résider  les  propriétés  les  plus  acti- 
ves et  les  plus  dangereuses  de  la  Stramoine  cornue. 
Les  feuilles  sont  acres  et  narcotiques. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Ils  sont  les  mêmes 
que  ceux  de  la  Stramoine  épineuse. 

Propriétés  médicinales.  Les  feuilles  de  ce  Datura 
appliquées  chaudement  ,  sans  autre  préparation  ,  soula- 
gent dans  la  sciatique.  On  maintient  aussi  quelquefois  sur 
la  partie  affectée  des  flanelles  imbibées  d'une  forte  décoc- 
tion. La  teinture  employée  prudemment  peut  remplacer 
celle  de  digitale  pourprée  dans  les  palpitations  ,  prise  au 
dedans  et  appliquée  sur  la  région  du  cœur.  On  la  fait  avec 
une  once  d'extrait  pour  six  onces  de  taffia  oud'éther  sulfu- 
rique.  Elle  se  donne  depuis  une  goutte  jusqu'à  huit.  Il  faut 
en  cesser  l'usage  s'il  survient  du  délire.  On  prépare  avec 
cette  teinture  et  la  farine  de  patates  un  très-bon  cata- 
plasme anodin.  Mais  c'est  principalement  contre  les  ma- 


(  m  ) 

ladies  du  système  nerveux  ,  les  spasmes  el  autres  mou- 
vemens  convulsifs  ,  la  cliorée  ,  etc.  ,  qu'on  peut  substi- 
tuer cette  plante  à  celles  douées  des  mêmes  propriétés  , 
et  plus  souvent  employées.  Cette  plante  ainsi  que  la  Jus- 
quiame  d'Europe  agit  d'une  manière  irritante  sur  le 
cerveau  ,  puis  sur  le  canal  intestinal. 

Le  docteur  Huffeland  m'ayant  fait  connaître  le  succès 
qu'il  éprouvait  des  injections  des  Stranioines  et  de  la 
Ciguë  dans  les  engorgemens  de  l'utérus  ,  je  me  plais  à 
rendre  public  le  moyen  précieux  dont  j'ai  eu  moi-même 
occasion  de  reconnaître  les  avantages  ;  mais  pour  les 
rendre  plus  certains,  et  ôter  à  ces  plantes  leurs  qualités 
vicieuses  ,  je  les  soumets,  avant  leur  application,  à  la 
vapeur  du  vinaigre  ,  qui  détruit  leur  propriété  délétère. 
Alors  les  Stranioines  ne  sont  plus  que  calmantes  ,  et  ne 
sont  plus  susceptibles  d'occasSoner  de  vertiges  ni  d'a- 
gacement au  système  nerveux  et  au  cerveau. 

Mode  d'administration.  On  fait  seulement  usage  de 
son  extrait.  La  plante  sèclie  est  mise  à  macérer  pendant 
trois  ou  quatre  jours  à  une  température  de  vingt  degrés 
dans  de  l'alcool  à  22°.  On  choisit  une  partie  de  feuil- 
les ,  fruits  et  racines  pour  quatre  parties  d'alcool  ;  on 
filtre  le  produit  de  la  macération  ^  on  soumet  à  la  dis- 
tillation ,  en  en  retirant  les  trois  quarts  \  on  fait  évapo- 
rer le  résidu  au  bain-marie.  Cet  extrait  est  d'une  belle 
couleur  verte.  Son  extrait ,  pour  éviter  tout  danger  ,  se 
donne  progressivement  depuis  deux  grains  jusqu'à  dix. 
A  l'extérieur  les  guérisseurs  nègres  emploient  en  fric- 
tions riiuile  dans  laquelle  on  a  fait  macérer  toute  la 
plante  ,  dans  les  douleurs  rhumatismales  et  ce  qu'ils 
appellent  la  maladie  sacrée,  et  contre  le  prurit  insuppor- 
table des  parties  génitales.  Ils    écrasent  les  fruits   verts 


(  "^  ) 

qu'ils  saupoudrent  de  sublimé  pour  guérir  les  pustules 
cliarbonneuses.  Les  graines  sont  somnifères  à  petite  dose, 
et  peuvent  au  besoin  remplacer  T'opium  ^  à  haute  dose 
elles  empoisonnent. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  CENT  SOIXANTE-QUINZE. 

La  Plante  est  rédui'e  à  moitié  de  sa  grandeur. 

1.  Fruit. 

2,  Semence. 


/V.y-(>\ 


TAeo(/orr  /)e,rcourti/\  /'itijc  , 


Pènv     Jci///> 


£a>3criKiEai  .^âA.-vior. 


(   i'3  ) 

MÉDICINÎER  A  CASSAVE. 

{Toxique  narcotico-dcre.) 


Synonymie.  Vulgairement  Manioc  amer ,  Manioque  blanc  , 
Mag-noc,  Manihot ,  Tapioca  ,  Mauroë  ,  Pain  des  nègres.  — 
JatropLa  Manihot;  foliis  palmatis  ,  lobis  lanceolatis ,  inte- 
gerrimis  laevibus,  Linn.  ,  Spec.  ,  pi.  5.  Monœcie  Monadel- 
phie.  —  Juss.  ,  famille  des  Eupborbiacées.  —  Arbor  suceo 
venenato,  radice  esculenta,  Bauh.  Pin.  90.  —  Manibot 
Tbeveti,  Juca  et  Cassavi.  J.-B.  Tournef.  ,  Ricinoides  ap- 
pendix,  — Plum.  Cat.  ,  p.  2omss.,  vol.  4jtab.  187.  —  Yucca 
foliis  Cannabinis,  Pluken.  —  Jatropba  foliis  palmatis, 
pentadactilibus,  radice  conico-oblongâ ,  carne  sublacteâ, 
Brown,  Jam.,  p.  iSg,  etc.  Maniiba  des  Brésiliens,  Juka 
des  Caraïbes. 


Caractères  génériques.  Plantes  lactescentes  ^  feuil- 
les lobées  ou  palmées  ;  fleurs  en  grappes  ,  monoïques  ; 
calice  coloré  à  cinq  divisions  profondes ,  quelquefois 
accompagné  d'un  caiicule  quinquéparti.  Dans  les  fleurs 
mâles  ,  dix  étamines  ,  dont  les  filets  sont  soudés  par  leur 
base  ;  dans  les  fleurs  femelles  l'ovaire  offre  trois  loges 
uniovulées  ,  et  présente  trois  styles  bifides  Le  fruit  est 
une  capsule  tricoqne.  (Richard.  ) 

Caractères   particuliers.   Feuilles    palmées  ;  lobes 
lancéolés,  très-entiers,   lisses^  dix  étamines.  (Vivace.  ) 

Histoire  naturelle.  Le  Manioc  croit  naturellement 
dans  les  contrées  chaudes  de  l'Afrique  et  de  l'Amérique , 


(  "4  ) 

et  il  y  est  cultivé  pour  l'utilité  de  sa  racine  ,  qui  après 
quinze  ou  dix-îiuil  mois  d'accroissement,  soumise  à 
certaine  préparation,  fournit  aux  habitans  du  Nouveau- 
Monde  une  nourriture  substantielle  et  économique  ^ 
mais  il  faut  avant  de  l'employer  extraire  le  suc  vénéneux 
de  sa  racine  volatile,  alors  la  partie  féculente  prend  le 
nom  de  farine  de  Manioc  ou  pain  de  Cassa ve.  Pour  le 
préparer  on  use  les  racines  fraîches  ,  après  en  avoir  en- 
levé l'écorce,  sur  une  feuille  de  fer-blanc  trouée  en  forme 
de  râpe  ,  ce  qu'on  appelle  gragevj  on  soumet  la  pâte  à 
une  pression  fortement  exercée  pour  en  extraire  tout  le 
suc,  et  on  lave  à  plusieurs  reprises  cette  pâte  dans  l'eau 
pour  obtenir  la  farine  de  Cassave  ,  qu'on  fait  séclier  ,  ou 
dont  on  forme  de  larges  et  fragiles  galettes  très-minces, 
et  qu'on  fait  cuire  sur  une  plaque  de  fer  bien  unie  ^  la 
cuisson  détruit  entièrement  les  principes  vénéneux  qui 
ne  sont  que  volatils.  L'eau  qui  a  servi  à  laver  la  farine 
de  Manioc  précipite  au  fond  des  baquets  une  grande 
quantité  de  fécule  amilacéc  ,  très-pure  ,  qu'on  fait  sécher 
et  qu'on  envoie  en  Europe  sous  le  nom  de  Tapioka  ou 
Conaque.  On  s'en  sert  comme  du  Sagou  ,  autre  fécule 
tirée  du  Palmier ,  et  de  FArrow-root  ,  que  foiunit  la  ra- 
cine du  Maranta  Indica  (\.  classe  des  résolutives), 
à  faire  des  gelées,  des  potages  ,  en  la  faisant  cuire  dans 
du  bouillon,  du  lait  ,  ou  de  l'eau  aromatisée.  La  Cassave 
au  contraire  ,  quoique  d'une  odeur  assez  peu  agréable, 
est  recherchée  avec  avidité  par  les  naturels  de  ces  riches 
contrées  ^  ils  la  préfèrent  au  pain  ,  et  nous  voyons  à  Pa- 
ris des  repas  somptueux  convoqués  par  des  Créoles  pour 
y  faire  manger  d'un  Calalou  Gombo  ,  d'un  court  bouillon 
pimenté  au  poisson ,  avec  la  modeste  Cassave  ,  qu'on 
s'empresse  de  trouver  exquise  ,  parce  qu'elle  reporte  l'i- 


(ii5) 

magination  aux  beaux  pays  qui  la  fournissent.  Il  existe 
plusieurs  espèces  de  Maniocs  amers  ou  vénéneux  ,  parmi 
lesquels  on  distingue  :   i°  le  Manioc  rouge   ou  violet  , 
blanc    en    dedans  :    Jatropha    foliis    laciniatis     purpu- 
ras centibiis  ^     radice    uiolaceâ   \    i^    le     Manioc    gris^ 
Jatropha    foliis   digitatis ,    radice   cinereâ  \   3^    le  Ma- 
nioc blanc  \  Jatropha    seu   Manihot  radice  alhâ  \    en- 
fin 4°  1^  Manioc  doux  ,  Pain  des  nègres  *,    Jatropha  fo- 
liis magis  laciniatis  ,  radice  dulci.  Cette  variété   est  con- 
nue sous  le  nom  de  Canianioc  ou  Manioc  doux,  dont  la 
racine  peut  être  mangée  sans  danger,  et  sans  préparation 
préalable  ,  crue,  bouillie  ,  ou  boucanée  sous  la  cendre. 
Deux  onces    de    Cassave   suffisent  pour    le   repas    d'un 
homme,  parce  qu'on  la  met  tremper  dans  de  l'eau,  avec 
du  bouillon  de  bœuf  ou  de  petit-salé,  et  qu'elle  s'y  gonfle 
prodigieusement.  La  Cassfive  se  conserve  des  années  sans 
se  détériorer  ,  pourvu  qu'on  la  préserve  de  lliumidité. 
Les  naturels  de  la  Guiane  ,   au  rapport  d'Aublet  ,  pré- 
parent avec  la  racine  du  Manioc  une  boisson  acidulée  , 
qu'ils  appellent  Vîcou,  tandis  qu'ils  donnent  les  noms  de 
Cachiri ,  Paya  ,  Vouapaya  ,  à  la  liqueur  alcoholique  pré- 
parée avec  le  Taffia  et  la  racine  de  Manioc  j  le  Cachiri 
passe,  parmi  eux,  pour  un  diurétique  très-puissant.  La 
fécule  a  reçu  de    la    Guiane  le   nom  de  Cipipa.    Selon 
Loiseleur  Deslongchamps  ,  le  suc   du  Manioc  privé  par 
l'ébullition  de  son  principe  délétère  ,  et  réduit  en  con- 
sistance de  sirop  ou  de  rob  ,  devient  un  assaisonnement 
d'un  goût  agréable  qui  excite  l'appétit  ,  et  qu'on   con- 
naît à  la  Guiane  sous  le  nom  de  Cabion  ^  il  sert  de  con- 
diment aux  rôtis  et  aux  ragoûts.  Le  Manioc  vient  de  graine 
ou  de  bouture  ,  comme  les  arbres  à  moelle  ,  et  se  plaît 
dans  les  terrains   secs  et  bien  exposés  au  soleil. 
Tome  IÏI.  —  /^4*  Livraison,  g 


(  "6) 

Caractères  physiques.    Le  Manioc  est  remarquable 
par  la  grosseur  de  sa  racine  ,   qui    est  charnue  ,   tubé- 
reuse ,  blanche  ,  pesant  jusqu'à  trente  livres  ,  et  remplie 
d'un  suc  blanc  et  laiteux  d'une  extrême  acre  té.  De  cette 
racine  part  une  tige  dressée  ,  haute  de  six  à  huit  pieds  , 
cylindrique  ,  pleine   de    moelle  et  revêtue  d'une  écorce 
verte  ou  rougeàtre  ,  noueuse  ,  garnie  dans  sa  partie   su- 
périeure de  feuilles  alternes,  longuement  pétiolées  ,  pro- 
fondément digitées  en  trois,  cinq  ou  sept  lobes,  ovales, 
lancéolés  ,  très-aigus  ,  un  peu  onduleux  sur  leurs  bords, 
d'une  couleur  verte  foncée  à  leur  face  supérieure  ,  glau- 
ques et  blanchâtres  inférieurement.  Quelques-unes  sont 
simples  ,  ovales,  lancéolées  j  celles  qui  ont  cinq  ou  sept 
lobes  sont  ombiliquées.  Les  pétioles  sont  glabres  ,  rou- 
geâtres  ,  accompagnées  de  deux  petites  stipules  lancéo- 
lées ,  pointues  et  caduques.  Les  fleurs  forment   des  es- 
pèces de   grappes  lâches   à  l'aisselle  des  feuilles  supé- 
rieures. Elles  sont  alternes  et  munies  de  petites  bractées. 
Ces  grappes  se  composent  de    fleurs  mâles   et  de  fleurs 
femelles.  Les  premières  offrent  un  calice  subcampanulé  , 
à  cinq  divisions  ,  d'un  jaune  rougeàtre  ,  velues  intérieu- 
rement ,  et  dix  étamiues.  Dans  les  fleurs  femelles  ,    les 
incisions  du   calice  sont   beaucoup  plus  profondes.   On 
voit  ,  dans  les  deux  sortes  de  fleurs  ,  une  glande  dépri- 
mée ,  qui  occupe  le  centre  des  fleurs  mâles  ,  et  qui  en- 
toure annulairement  la  base  de  l'ovaire  dans  les  fleurs 
femelles.  L'ovaire  est  à  trois  côtes,  et  se  change  eu  une 
capsule  tricoque.  Ce  fruit  est  glabre  ,   légèrement  ridé 
à   l'extérieur ,   composé  de    trois  divisions    renfermant 
chacune   une   sem.ence  luisante   de   la   forme    de  celles 
de  ricin  ,  d'un  gris  blanchâtre  ,  avec  de  petites  taches 
un  peu  plus  foncées. 


117  ) 

Dans  quelques  pays  de  FAmérique  ,  on  mange  les 
feuilles   du  Manioc  hacliées  et  cuites  dans  l'huile. 

AisALYSE  CHIMIQUE.  J'ai  répété  l'expérience  faite  à  la 
Guiane  par  le  docteur  Fermin  ,  et  j'ai  obtenu ,  en  dis- 
tillant à  un  feu  gradué  dix  livres  de  suc  récent  de  Ma- 
nioc ,  pour  premiers  produits  ,  un  liquide  très-limpide  , 
d'une  odeur  détestable  et  d'une  volatilité  extrême.  Il 
avait  la  vertu  terrible  de  l'acide  hydrocyanique  ,  et 
produisait  d'aussi  prompts  elfets.  Le  docteur  Fermin  en 
fit  l'essai  sur  un  nègre  empoisonneur  ,  qui  mourut  en 
dix  minutes  au  milieu  de  convulsions  horribles  et  de 
hurlemens  affreux. 

Propriétés  délétèr.es.  Les  mauvaises  qualités  des  Mé- 
diciniers  résident  particulièrement  dans  l'embryon  des 
graines  ,  tandis  que  le  périsperme,  nullement  vénéneux, 
offre  au  contraire  une  huile  douce ,  saine  et  agréable  au 
goût.  Le  suc  du  Manioc  fait  mourir  promptement  et 
l'homme  et  les  animaux  ,  dont  l'agonie  est  précédée 
d'anxiétés  .  de  convulsions  ,  de  salivation  ,  d'évacuations 
excessives  d'urine  et  de  matière  fécale.  Ce  poison  paraît 
avoir  l'acre  té  des  euphorbiacées. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Enflure  du  corps  , 
nausées  ,  vomissemens  ,  cardialgie  ,  évacuations  alvines 
abondantes,  avec  ténesme  ,  céphalalgie  intense  ,  suspen- 
sion ou  cessation  des  fonctions  visuelles,  froid  des  extré- 
mités ,  défaillances  ,  collapsus  général  et  la  mort.  Pi  son 
a  le  premier  observé  ces  symptômes  ,  indiqués  par  le 
docteur  Orfila ,  et  dont  j'ai  eu  occasion  d'apprécier  la 
vérité. 

Secours  ET  antidotes.  Le  sucre  donné  à  grande  dose^ 
Vesax  de  mer  ,  remède  indien  pour  les  hommes ,  en  v 
ajoutant  pour  les  bestiaux  des  feuilles  récentes  du  Rou- 


(  "«8  ) 
couyer  {Bixa  orellana  pi.  iv ,  vol.  i«') ,  sont ,  dit-on ,  les 
contre-poisons  assurés  contre  Fempoisonnement  par  le 
Manioc  ,  mais  il  est  plus  prudent  de  recourir  aux  moyens 
avoués  par  Tart ,  et  d'associer  les  mucilagineux  et  quel- 
quefois les  antispasmodiques  dont  on  fait  usage  avec  suc- 
cès dans  Fempoisonnement  par  les  substances  acres. 

Autopsie.  L'ouverture  des  cadavres  ne  fait  voir  au- 
cune trace  d'inflammation  de  l'estomac  ,  souvent  même 
on  y  retrouve  le  suc  qui  n'a  subi  aucune  altération  ;  l'es- 
tomac seulement  se  trouve  rétréci  de  moitié. 

Propriétés  médicinales.  La  râpure  toute  fraîche  de 
la  racine  est  estimée  résolutive ,  et  employée  par  les  na- 
turels dans  le  traitement  des  ulcères  extérieurs. 


EXPLICATION  DE   LA   PLANCHE   CENT   SOIXANTE-SEIZE. 

La  Plante  est  réduite  à  moitié  de  sa  grandeur  naturelle. 

1.  Racine. 
9..  Fleur  mâle. 

3.  Fleur  femelle. 


/V.  /■ 


7'/ii-oi^<irf  /V.<-,v>///-///\     Pinj- 


/Vrr/"    ■  frii/p 


a^îCLLA9MKVK  A  VVXnA.V.^  Ï)K  NSrOTlA.^ 


(  1^9  ) 


^vvv^^vY^lV\'vvv\  vvvvv\\  vvvvvvv\'vvvv\\  i\\vv\  vx^/vxx'vvv  vx^x  vv\  vx'vvx  \  i'\'vv\'\  vx'vvvx  tvvvv\\vvvv\\^;Vvv>i 


BELLADONE  ARBORESCENTE, 


A    FEUILLES    DE    NICOTIANE. 


(  Toxique  narcotique.  ) 


Synonymie.  Atropa  arborescens.  Lin.  Pentandric  Monogjnie. 
—  Tournef.  Campanif.,  seci.  i.  —  Juss.,  famille  des  Sola- 
nces.  —  Atropa  caule  fruticoso  foliis  ovato-oblongis.  Pou- 
pée Desportes.  —  Belladona  frutescens ,  flore  albo  nico- 
tianae  foliis.  Plum.,  spee.  i.  Icon.  4^,  f.  i.  En  anglais  : 
Deadly  Night-Shade ,  Deadly  Dwale.  —  En  espagnol  : 
Belladama. 


Caractères  génériques.  Genre  de  plantes  ou  arbris- 
seaux dont  les  feuilles  sont  simples ,  alternes  ou  radicales, 
et  les  fleurs  en  forme  de  cloche,  ayant  beaucoup  de  rap- 
port avec  les  Coquerets  et  les  Morelles  ,  mais  en  diffé- 
rant en  ce  que  leurs  baies  ne  sont  point  enfermées  dans 
un  calice  vésiculeux ,  et  des  Morelles  ,  en  ce  que  leur 
corolle  n'est  point  en  roue,  et  que  leurs  étamines  ne  sont 
point  réunies  ou  conniventes.  Type  du  genre  :  Calice 
monopétale  persistant ,  à  cinq  divisions  \  corolle  mono- 
pétale à  cinq  lobes  égaux  *,  cinq  étamines  moins  longues 
que  la  corolle  '-,  étamines  non  réunies  ^  anthères 
Tome  III.  —  45*  Livraison.  lo 


(     I20    ) 

épaisses  et  montantes  ;  ovaire  supérieur  ovoïde  ,  sur- 
monté d'un  style  aussi  long  que  les  étamines ,  un  peu 
incliné  ,  terminé  par  un  stigmate  en  tête  -,  baie  globu- 
leuse entourée  à  sa  base  par  le  calice  de  la  fleur  -,  à  deux 
loges  ,  renfermant  beaucoup  de  semences  ovales  ou  ré- 
niformes. 

Caractères  particuliers.  Tige  sous-ligneuse  ,  pédon- 
cules serrés  *,  corolles  retournées  ^  feuilles  oblongues. 
(  Vivace  ). 

Histoire  naturelle.  Le  nom  de  Belladone,  ou  Belle- 
Dame  ,  a  été  donné  à  ce  genre ,  parce  que  son  eau  dis- 
tillée,  employée  comme  cosmétique,  conserve  la  fraî- 
cheur de  la  jeunesse  ,  et  répare  des  ans  l'irrénarable  ou- 
trage :  tandis  que  ,  par  ses  vertus  ,  on  lui  donne  le  nom 
redoutable  de  l'inexorable  parque  (  Atropos)  chargée  de 
couper  le  fil  de  nos  jours.  Les  peintres  en  miniature  pré- 
parent un  fort  beau  vert  avec  le  suc  des  baies  ,  qui 
d'abord  donne  une  couleur  pourpre  recherchée  par  les 
teinturiers. 

L'homme  impie  ,  toujours  prêt  à  accuser  le  Créateur 
des  objets  qu'il  croit  inutiles  ,  parce  qu'il  n'en  peut 
comprendre  l'emploi  ,  a  fourni  une  idée  juste  et  phi- 
losophique à  M.  Marquis,  professeur  de  botanique  à 
Rouen  ,  dans  une  idylle  sur  les  Solanées.  Son  héros  , 
après  avoir  murmuré  de  l'existence  des  poisons  ,  dit  : 

Me  souvenant  alors  que  du  cancer  rongeur 
Ces  poisons  redoutés  ont  cahné  la  douleur, 
Qu'à  leur  vertu  souvent  on  vit  céder  l'ulcère; 
J'ai  reconnu  partout  l'attenlion  d'un  père, 
Et  des  biens  et  des  maux  j'ai  compris  le  lien  ; 
J'ai  béni  V  Eternel ,  et  j'ai  dit  :  tout  est  bien. 


(     121     ) 

Caractères  physiques.  Ce  petit  arbre ,  qui  ressemble 
au  pommier,  a  le  bois  blanc  ,  tendre  et  plein  de  m.oelle  , 
recouvert  d'une  écorce  ridée  et  blanchâtre.  Ses  rameaux 
sont  garnis  de  feuilles  alternes  ,  ovales-lancéolées,  très- 
entières  et  portées  sur  des  pétioles  fort  courts.  Les  pé- 
doncules sont  courts,  simples ,  ramassés  en  faisceau  dans 
les  aisselles  des  feuilles,  et  soutiennent  chacun  une  fleur 
blanchâtre ,  à  corolle  tubuleuse ,  dont  les  découpures 
sont  réfléchies  en  dehors  *,  les  étamines  sont  saillantes 
hors  de  la  corolle.  Les  baies  sont  sphériques,  pendantes 
et  enveloppées,  à  leur  base  ,  par  le  calice. 

Analyse  CHIMIQUE.  Le  célèbre  Vauquelin  a  démontré 
que  cette  plante  narcotique  et  toutes  celles  qui  produi- 
sent des  effets  analogues ,  sont  riches  en  charbon  ,  en 
hydrogène  et  azote  ,  tandis  que  les  substances  très-oxi- 
génées  produisent  des  effets  contraires.  Il  résulte  de 
cette  analyse  ,  dit  le  D.  Roques,  que  le  suc  de  Belladone 
contient  une  substance  amère,  nauséabonde,  soluble  dans 
l'alcool,  formant  avec  le  tannin  une  combinaison  inso- 
luble ,  et  fournissant  de  l'ammoniaque  par  Fa  décomposi- 
tion au  feu;  plus  du  nitrate,  muriate,  sulfate,  oxalate  et 
acétate  de  potasse  :  c'est  cette  substance  amère  qui  con- 
tient la  vertu  narcotique  ,  ou  alcali  végétal,  découvert 
par  M.  Brande,  et  auquel  il  a  donné  le  nom  d'yétropin. 

Propriétés  délétères.  La  vertu  narcotique  de  cette 
plante  m'engagea,  étant  privé  d'opium,  à  en  mêler  à  du 
taffia  pour  engourdir  les  nègres  chargés  de  ma  garde  jus- 
qu'au moment  du  massacre  des  blancs  :  c'est  un  moyen 
que  j'employai  pour  moi  et  plusieurs  compagnons  d'in- 
fortune ,  afin  de  tromper  la  surveillance  de  nos  satellites 
qui  devaient  nous  conduire  à  la  mort.  Plusieurs  ani- 
maux broutent  impunément  le  feuillage.  Je  perdis  l'usage 


10* 


(  1^2  ) 

de  la  parole,  et  ma  langue  s'enfla  prodigieusement  pour 
*.  en  avoir  dégusté  à  Saint-Domingue,  en  herborisant  sur 
les  belles  montagnes  de  Plaisance. 

Symptômes  d'empoisonnement*  Véritable  ivresse  , 
loquacité  5  délire  accompagné  de  ris  sardoniques,  ver- 
tiges, soif  ardente,  nausées,  chaleur  d'entrailles  ,  fai- 
blesses ,  mouvemens  convulsifs  -,  grincemeus  de  dents  ^ 
dilatation  et  immobilité  des  pupilles  ;  rougeur  et  gonfle- 
ment du  visage  et  trismus.  Dans  le  second  temps  ,  on 
observe  un  état  soporeux ,  soubresauts  des  tendons  ,  pâ- 
leur mortelle ,  pouls  petit ,  dur  et  fréquent  \  frisson 
universel ,  enfin  la  mort ,  si  le  malade  n'est  point  se- 
couru. Ij'autopsie  ofï're  des  taches  gangreneuses,  et  des 
érosions  aux  organes  de  la  digestion  \  le  foie  et  les  pou- 
mons enflammés  ,  des  plaques  bleuâtres  sur  le  dos  ou 
aux  jambes  ^  de  l'écume  à  la  bouche.  Le  corps  enfle  et  se 
putréfie  de  suite. 

Secours  et  antidotes.  On  donne ,  dès  qu'on  est  ap- 
pelé ,  une  bonne  dose  d'émétique  ,  car  l'estomac  a  été 
frappé  d'insensibilité  par  la  présence  de  ce  narcotique. 
Si  ce  moyen  ne  suffit  pas  ,  on  provoque  le  vomissement  à 
l'aide  d'une  plume  introduite  dans  l'arrière  -  bouche. 
Les  boissons  acidulées  conviennent  ensuite.  Si  on  est 
appelé  long-temps  après  ,  et  qu'on  soupçonne  inflamma- 
tion de  l'estomac  ,  on  se  garde  bien  de  donner  l'émé- 
tique  qui  aggraverait  les  symptômes ,  mais  on  recom- 
mande les  boissons  mucilagineuses,  celles  émulsionnées, 
puis  acides  ,  enfin  toniques.  Le  lait  augmente  les  accideus 
de  rempoisonnement. 

Propriétés  médicinales.  Quelques  praticiens  des  co- 
lonies ,  à  l'exemple  des  médecins  allemands  .  ont  cher- 
ché à  utiliser   la  partie  narcotique  de  la  Belladone  ,  et 


(    123) 

Tont,  disent-ils,  employée  avec  un  certain  succès  dans  plu- 
sieurs cas  de  manie  ,  mélancolie,  d'épilepsie  et  autres 
névroses  -,  on  lui  attribua  même  une  prétendue  vertu 
anti-hydropliobique ,  que  la  raison  doit  repousser,  dans 
la  crainte  d'une  sécurité  qui  pourrait  devenir  funeste  y 
la  décoction  de  la  Belladone  remplace  avantageusement 
les  têtes   de  pavots  pour    les    clystères   qu'on  prescrit 
au  début  des  dyssenteries  si  communes  aux  colonies. 
Son  succès  le  mieux  constaté ,  et  dont  le  docteur  Marc 
parait  avoir  été  le  premier  observateur,  eut  lieu  dans  un 
cas   de  coqueluche  rebelle  qui  céda  promptement  à  ce 
moyen.  L'application  des  feuilles  en  topique  sur  les  pau-^ 
pières  dispose  les  yeux  à  l'opération  de  la  cataracte.  Ces 
mêmes  topiques    soulagent   les    personnes   affectées  de 
cancers ,  de  tumeurs  scropliuieuses   et  autres  engorge- 
mens  glanduleux. 

L'utilité  des  bains  et  des  fumigations  est  incontestable 
dans  le  traitement  du  tétanos  traumatique    si  fréquent 
aux  colonies,  si  l'on  veut  éviter  l'opération.  Après  avoir 
dilaté  la  plaie  et  saigné  le  malade  ,  si  le  pouls  n'est  pas 
trop  faible ,   on  cautérise  ,   puis  on  applique  des    cata- 
plasmes de  feuilles  de  Belladone  5  on  donne  à  l'intérieur 
des  potions  anti-spasmodiques,  opiacées,  graduées.  On 
met  le  malade  dans  un  bain  composé  avec  une  forte  dé- 
coction de   la  plante.  Huit  grains  de  camphre ,  autant 
de  musc  ,  et  vingt  grains  d'opium  dissous  dans  un  verre 
d'émulsion,  se  donnent  en  trois  fois.  On  augure  bien  de  ces 
moyens  si  la  sueur  qui  termine  heureusement  la  maladie  , 
et  qui  est  symptomatique  ,  commence  par  la  tête  et  les  ex- 
trémités. Elle  se  forme  au  contraire  sur  la  poitrine  et  le 
bas-ventre,  si  elle  est  critique.  Dans  tous  les  cas  il  faut 
éviter  l'humidité. 


(  «^4  ) 

Alors  on  substitue  aux  cataplasmes  anodins  ,  des  li- 
nimens  volatils ,  et  à  Fémulsion  une  tisane  amère  et  laxa- 
tive.  Les  frictions  huileuses  ,  d'après  la  remarque  du 
D.  Larrey  ,  sont  inutiles,  celles  mercurielles  dangereuses 
et  aggravantes. 

Elles  peuvent  même  produire  la  folie  ,  des  hépatites  -, 
le  tabac,  tant  recommandé,  est  peu  utile  ainsi  que 
les  alcalis  ;  les  vésicatoires  même  ne  suspendent  pas  la 
marche  effrayante  et  rapide  de  cette  terrible  maladie. 
Le  moxa  et  le  cautèie  actuel  qu'on  recommande  ne 
réussissent  pas  toujours.  En  thèse  générale  ,  il  faut  te- 
nir les  blessés  dans  une  température  chaude  ,  égale  -,  ex- 
traire les  corps  étrangers  ,  panser  doucement  au  moyen 
de  compresses  fenêtrées ,  ne  panser  les  plaies  récentes 
que  lorsque  la  suppuration  est  bien  établie  ,  afin  d'éviter 
une  trop  grande  irritation.  Le  régime  doit  être  doux ,  le 
repos  absolu.  En  cas  de  résorption  ,  on  applique  le  vési- 
catoire  le  plus  près  possible  de  la  plaie.  La  cessation 
subite  de   la  suppuration  est  du  plus  sinistre  augure. 

J'ose  espérer  que  le  lecteur  me  pardonnera  cette  di- 
gression sur  le  traitement  du  tétanos  dans  les  pays 
chauds  en  faveur  de  mon  motif,  et  ce  livre  étant  particu- 
lièrement consacré  aux  praticiens  et  aux  chefs  de 
famille. 

ÎMoDE  d'administration.  On  emploie  quelquefois  les 
baies  ,  mais  plus  souvent  les  feuilles  et  les  racines,  pour 
en  f;\ire  un  sirop.  Ces  mêmes  parties  étant  séchées  à 
l'ombre  ,  et  réduites  en  poudre  ,  s  administrent  à  la 
dose  d'un  à  six  grains  par  jour  ,  suivant  làge  du  malade 
et  la  nature  de  la  maladie.  On  fait  un  extrait  avec  le  suc 
épaissi  de  ses  feuilles ,  et  une  teinture  alcoholique ,  qui 
se  prescrit  par  gros.  Les  bains  formés  avec  la  décoction 


(    1^5    ; 
des  feuilles  de  Belladone  sont   évidemment  anti-spas- 
modiques. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE   CENT  SOIXANTE-DIX-SEPT. 

1.  Calice  ouvert. 

2.  Etamine. 

3.  Baie  entière. 

4-  Baie  coupée  perpendiculairement. 


(  '^6) 


k^lVt\VVVVVV\^VVVVVVV\ltVMX'VVV\lVVVVVVVVVvVVVVVW\/\V\^/VVVVVV«/VVvVVi/VVVV\^(VVvVVUVVVVVVV^ 


FRANCHIPANIER  BLANC. 


(^Toxique  narcotico-âcre.) 


Synonymie.  Vulgairement  Bois  de  Lait.  Plumerîa  alba.  Linn. 
Pentandrie  Monogynie.  —  Tournef.,  Appendix.  — Juss., 
famille  des  Apocjnées.  —  Plumeria  arborea,  foliis  oblongis, 
revolutis,  pedunculis  supernè  tuberosis.  Jacq.  Amer.,  36, 
tab.  174,  f.  12,  et  Plot.,  p.  235t.  38.  — Plumeria  flore  niveo, 
foliis  longisangustis  et  acuminatis,  Plum.,  spec.  20.  Tourn., 
669.  — Burn.  Amer.,  t.  23i.  —  Apocjnum  amerieanum 
frulescens,  longissimo  folio,  flore  albo,  odoratissimo.  Comm. 
Hort.  2, p. 47,  t.  26.  — Nerium  arboreum,  altissimum,  folio 
angusto  ,  flore  albo.  Sloan.  Jam.  Hist.  2,  p.  62.  —  Quaub- 
Tlepatli ,  Chupireni ,  Arborignea  de  Hernandez. 


Caractères  génériques.  Fleurs  monopétalées ,  de  la 
famille  des  Apociués  ,  ayant  des  rapports  avec  leCaméner 
et  IcLaurose  ,  arbrisseaux  laiteux,  à  cime  lâche  ,  médio- 
crement rameuse,  à  feuilles  simples,  éparses,etramassees 
au  sommet  des  rameaux,  à  fleurs  pédonculées  ,  terminales, 
fort  belles ,  répandant  communément  une  odeur  très- 
agréable.  —  Fleurs  à  calice  court,  presque  entier^  co- 
rolle monopétale  infundibuliforme  ,  à  limbe  ample  , 
contourné  avant  son  épanouissement ,  et  partagé  en  cinq 
découpures  ouvertes  ,    obliques ,   plus   longues   que   le 


/y.  j-s. 


JTtevflore  Dea-couffz7\.  Pai,x' 


/i^rée  ,r,'u//' 


Flf^ANCTîîPAr^^lEU    BL.\>:C'.. 


(  127  ) 
tube  ]  cinq  étamines  enfermées  dans  le  tube ,  insérées 
sur  lui  ,  portant  des  anthères  oblongues ,  pointues , 
conniventes  j  ovaire  supérieur ,  bifide  ,  surmonté  d'un 
style  bifide  à  stigmates  pointus.  Le  fruit  est  composé  de 
deux  follicules  longs ,  s'ouvrant  d'un  seul  côté  ,  conte- 
nant des  semences  nombreuses ,  aplaties  ,  ailées  d'un 
côté  ,  embriquées  sur  un  placenta  libre ,  auquel  elles 
adhèrent  par  leur  aile.  (Enc.  ) 

Caractères   particuliers.  Feuilles  lancéolées ,   rou- 
lées, pédoncules  tubéreux  supérieurement.  (Jamaïque.) 

Histoire  naturelle.  Cet  arbre  élégant  dont  on  pare 
les  jardins  des  colonies  ,  transporté  de  la  Terre-Ferme 
par  le  marquis  d'Angène,  et  dédié  au  père  Plumier,  croît 
naturellement  à  la  Martinique ,  à  la  Guadeloupe ,  à 
Cuba  ,  à  la  Jamaïque  ,  à  Saint-Domingue ,  et  autres  îles 
Antilles  ,  aux  lieux  pierreux  des  rivages  de  la  mer,  où  il 
fleurit  dans  les  mois  de  janvier  et  de  février.  Les  bos- 
quets qui  le  recèlent  émanent  une  suave  odeur  ,  com- 
parable à  celle  de  la  tubéreuse  ^  et  la  jeune  vierge  ,  aux 
jours  de  fête  ,  orne  avec  les  guirlandes  qu'elle  com- 
pose ,  les  autels  du  dieu  qu'elle  implore  ,  et  se  couronne 
de  cette  fleur  embaumée. 

De  tes  bouquets  la  pénétrante  odeur 
Vient  ranimer  la  vieillesse  étonnée; 
La  jeune  fille,  aux  autels  d'hjménée  , 
En  pare  encore  sa  mourante  pudeur. 

Campenon  ,  Maison  des  champs. 

Les  parfumeurs  recherchent  cette  odeur  fugace  ,  qu'ils 
savent  fixer  dans  leurs  pommades  et  leurs  huiles  cosmé- 


(     .28    ) 

tiques.  Le  suc  laiteux  qui  découle  de  toutes  les  parties 
de  l'arbre  lorsqu'on  en  casse  les  branches ,  lui  a  fait 
donner  le  nom  de  Bois  de  lait.  Il  vient  en  Europe  en 
serre  chaude  ,  et  on  le  multiplie  par  boutures. 

Caractères  physiques.  Cet  arbrisseau  ,  qui  n'est 
qu'une  variété  de  l'espèce  à  fleurs  rouges  que  je  décris 
dans  la  classe  des  Plantes  béchiques  ^  s'élève  à  environ 
quinze  pieds  de  hauteur  \  sa  cime  est  lâche  et  peu  ra- 
meuse ,  et  abonde  en  suc  laiteux.  Ses  rameaux  sont  longs, 
nus,  marqués  des  cicatrices  des  anciennes  feuilles  qui 
font  paraître  leur  superficie  comme  réticulée  et  rabo- 
teuse -,  ils  se  terminent  chacun  par  une  touffe  de  feuilles 
presqu'en  rosette,  pétiolées ,  oblongues,  à  bords  réflé^ 
chis  ou  roulés  en  dessous  \  ces  feuilles  sont  longues 
d'un  pied  ,  larges  de  deux  pouces  environ  ,  un  peu  poin- 
tues, vertes  et  luisantes  en  leur  face  supérieure,  nerveuses 
et  vert-pomme  en  dessous.  Il  nait  du  milieu  des  feuilles 
un  ,  deux  ou  trois  pédoncules  ,  divisés  à  leur  sommet  ,  à 
ramifications  épaissies  et  tuberculeuses  ,  et  qui  portent 
des  corymbes  de  fleurs  blanches ,  ayant  le  centre  jau- 
nâtre, et  répandant  une  odeur  très-suave.  A  ces  fleurs 
succèdent  des  follicules  longs  ,  d'environ  six  pouces  , 
d'un  demi-pouce  d'épaisseur,  coriaces  ,  noirâtres  ,  et 
lisses  en  leur  superficie. 

Analyse  chimique.  La  tige  et  les  feuilles  du  Franchi- 
panier  fournissent  un  suc  laiteux ,  caustique  et  gommo- 
résineux.  Les  fleurs  étant  mâchées  ,  sont  d'une  saveur 
acre  et  brûlante. 

Propriétés  délétères.  LesucduFranchipanier,  donné 
à  haute  dose ,  produit  les  mêmes  accidens  que  les  Eu- 
phorbiacées. 

Symptômes    d'empoisonnement.    Clialeur   acre    à    la 


(  1^9  ) 
bouche,  à  l'œsophage  ,  à  l'estomac,  aux  intestins-,  nau- 
sées  et  vomissemens  ^  ventre   balonné ,  horripilations  , 
sueurs  froides  et  visqueuses ,  syncopes  fréquentes  et  au- 
tres accidens  nerveux. 

Secours  et  antidotes.  On  ne  peut  employer  rien  de 
plus  efficace  ,  après  avoir  fait  vomir  le  malade  ,  que  le  jus 
d'orange  à  haute  dose  ,  ou  toute  autre  boisson  acidulée. 

Propriétés  médicinales.  Suivant  Hernandez  ,  le  lait 
du  Franchipanier  est  caustique  ,  et  les  Indiens  ,  avec  une 
dose  de  quatre  oboles ,  purgent  les  sérosités  des  cachec- 
tiques ,  des  hydropiques  et  des  nègres  affectés  de  pians. 
Il  avoue  néanmoins  que  ce  remède  est  fort  dangereux ,  et 
qu'il  est  plus  prudent ,  si  on  l'emploie  comme  purgatif, 
d'en  appliquer  une  petite  quantité  sur  l'ombilic.  Mais  il 
dit  aussi  que  ce  lait  est  un  grand  remède  contre  les  af- 
fections cutanées  ,  dartres ,  gales ,  etc.  ^  qu'enfin  ,  les 
Indiens  en  prennent  au  poids  de  deux  dragmes  contre 
les  fièvres  de  rechutes,  mais  qu  il  pensa  en  crever 
pour  s'en  être  servi. 

Mode  d'administration.  A  l'exemple  des  Indous,  les 
naturels  des  Antilles  font  usage  contre  le  flux  de  sang 
du  remède  suivant,  que  M.  le  aocteur  Leschenault  de 
la  Tour  avait  déjà  fait  connaître  :  Prenez  semences 
de  Franchipanier  ,  girofles  ,  muscades  ,  macis  ,  demi- 
once  de  chaque  *,  on  torréfie  le  tout  à  vaisseau  clos  ,  on 
pile  le  mélange  ,  qu'on  imbibe  de  suc  de  fleurs  de  Bana- 
nier ,  et  l'on  ajoute  ,  opium,  une  once  ]  ou  laisse  évaporer 
l'humidité  de  la  pâte  ,  qu'on  divise  ensuite  en  pilules  du 
poids  de  dix  grains.  La  dose  est  d'une  pilule  trois  lois 
le  jour,  en  buvant  après  une  demi-verrée  d'infusion  de 
Simarouba.  On  évite,  pendant  le  traitement ,  le  laitage  , 


(  i3o  ) 
les  corps  gras  et  les  acides ,  et  Ion  est  ordinairement 
guéri  en  kuit  ou  dix  jours. 

Ces  moyens  me  semblent  bien  incendiaires  ! 


EXPLICATION  DE   LA  PLANCHE  CENT  SOIXANTE-DIX-AUIT. 

I.  Fruit. 


ZAn/t/on"  /f^n\t//f-///K.J^u' 


Pfre^-  J'cfi/. 


i;a L ¥. i\ A   S  o VE  vyi 


(    r3.    ) 


VVVVVVVVVVVVVVVII%VVV\VVMWVVVVVVVVV\A'VVVVVVV\A/VVVA'VVVVV\'\^«\>lVVVVVVVVVVVVV\'ViVVVV\  VVM       VWVW 


GALEGA  SOYEUX  DES  ANTILLES. 


(^Toxique  narcotico-âcre.) 


Synonymie.  Vulgairement  Bois  à  enivrer,  Lavanèze,  Mort  à 
Poissons.  Galega  sericea.  Linn. ,  Diadelphie  Décandrie  ; 
Jussieu,  Légumineuses;  Tournef.,  Papilionacées.  Galega 
foliis  subquindecemjugis,  foliolis  oblongis  subtùs  sericeo- 
candicantibus  j  racemo  terminal!.  Lamark.  —  Galega  fru- 
tescens,  flore  purpureo ,  foliis sericeis.  Plum.  Spec.  8.  Burm. 
Amer,  1. 135.  Surian.  Herb.,  n®  333.Herba  fruticosatoxica 
astragalo  afEnis  leguminosa  et  tomentosa ,  folio  subineano 
sericeo ,  flore  purpureo  spicato.  Vaill.  Herb.  Cat.  mss.  706, 
683.  —  Ouaboubuc.  Surian.  i44-  En  anglais,  Goat^s-Rue ; 
en  espagnol ,  Rut  a  de  Cabra. 

Caractères  génériques.  Plantes  à  fleurs  polypétalées 
de  la  famille  des  Légumineuses  ,  et  qui  ne  diffèrent  des 
indigotiers  que  par  leurs  gousses  comprimées  \  on  les 
dislingue  par  leur  calice  campanule  ,  à  cinq  dents  aiguës  , 
presque  égales,  parleurs  gousses  droites  allongées ,  un  peu 
comprimées  ,  souvent  bosselées  par  la  saillie  des  se- 
mences ,  munies  sur  chaque  valve  de  stries  transverses 
ou  obliques. 

Caractères  particuliers.  Tige  ligneuse,  fleurs  pa- 
pilionacées ^  dix  étamines  ,  souvent  diadelphiques  ^ 
ovaire  supérieur  ,  oblong ,  grêle  ,  se  terminant  en  un 
style  court  ,  montant ,  à  stigmate  simple  ,  un  peu  glo- 
buleux. 


(  i3.  } 

Histoire  naturelle.  Ce  joli  arbrisseau  ,  abandonné 
à  la  végétation  naturelle ,  se  fait  promptement  remar- 
quer dans  les  forêts  vierges ,  tandis  qu  en  juillet  et  août , 
il  fait  rornement  des  bosquets ,  si  Fart  est  chargé  de  sa 
culture.  Il  aime  une  terre  grasse  et  humide.  On  le  mul- 
tiplie de  graines  et  de  pieds  éclatés  5  c'est  même  ce  der- 
nier moyen  qu'on  préfère  en  Europe  -,  il  ne  craint  pas 
la  gelée.  Le  nom  Galega  lui  a  été  donné  par  les  Italiens. 
Les  naturels  donnent  son  feuillage  aux  bestiaux-,  et  cer- 
tains habitans  des  colonies  mangent  les  feuilles  de 
Galéga  en  salade  ,  ou  cuites  comme  anti-méphy tiques!  ! 
On  amorce  le  poisson  avec  la  râpure  de  la  racine  , 
mêlée  avec  de  la  mie  de  pain,  et  on  en  fait  des  boulettes, 
qui  ne  manquent  pas  leur  effet.  Cette  même  poudre  dé- 
truit la  vermine  des  enfans  -,  mais  ce  moyen  n'est  pas 
aussi  sûr  que  l'application  de  la  cévadille. 

Aublet  assure  qu'à  la  Guiane  ,  cette  plante  est  culti- 
vée sur  toutes  les  habitations  ,  parce  qu'on  en  fait  usage 
pour  enivrer  les  poissons. 

Caractèues  physiques.  La  racine  du  Galéga  soveuxest 
épaisse,  presque  napiforme,  rameuse ,  ligneuse  ,  blanche, 
garnie  de  fibres, etmunie  d'uneodeurforte  et  nauséabonde. 
Elle  donne  naissance  aune  tige  droite ,  de  l'épaisseur  d'un 
doigt,  haute  de  trois  ou  quatre  pieds,  ferme,  contenant 
de  la  moelle,  striée  ,  anguleuse  ,  et  couverte  d'un  duvet 
court  et  cotonneux  dans  sa  partie  supérieure.  Les  feuilles 
sont  alternes,  longues  presque  d'un  pied,  ailées  avec 
impaire  ,  et  composées  d'environ  quinze  paires  de  fo- 
lioles oblongues  ,  presque  linéaires  ,  un  peu  obtuses  ,  et 
chargées ,  principalement  en  dessous  ,  de  poils  soyeux  et 
couchés  qui  les  font  paraître  blanchâtres.  Les  stipules 
sont  en  alêne.  Les  fleurs  viennent  en  une  grappe  droite 


(  '33  ) 

et  terminale  ,  avec  quelques  ébauches  de  grappes  lalé- 
,  raies,  situées  dans  les  aisselles  supérieures,-  elles  sont 
pédicellées  ,  nombreuses  ,  purpurines  ,  et  ont  une  grande 
tache  jaune  à  la  base  de  leur  étendard.  Les  pédoncules . 
les  calices  et  les  fruits  sont  couverts  d'un  duvet  soyeux 
et  blanchâtre.  Ces  fruits  sont  des  gousses  linéaires, 
étroites,  comprimées,  longues  de  trois  pouces,  et  qui 
contiennent  des  semences  réniformes  ,  panachées  de 
brun  et  de  blanc. 

Analyse  chimique.  Le  feuillage  est  insipide  et  inodore 
étant  sec.  La  racine  contient  une  huile  volatile,  —  P^ésine 
molle ,  d'une  saveur  acre  et  brûlante  ;  extractif  astrin- 
gent ,  gomme  ,  bassorine  ,  fibre  ligneuse  et  eau. 

Propriétés  délétères.  Ainsi  que  les  narcotiques  ,  le 
Galéga  soyeux  jouit  d'une  propriété  vénéneuse  très-éner- 
gique -,  cependant  il  exerce  une  action  locale  peu  in- 
tense ^  mais  à  peine  absorbé ,  il  porte  le  trouble  dans 
le  système  nerveux,  et  particulièrement  sur  le  cerveau. 
L'action  de  l'extrait  qu'on  obtient  par  une  évaporation 
lente ,  est  beaucoup  plus  intense ,  si  on  l'a  injecté  dans 
les  veines,  qu'appliqué  sur  le  tissu  cellulaire.  Pris  àFin- 
térienr,  il  agit  peu  sur  l'estomac,  mais  également  sur 
l'homme  et  les  animaux. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Engourdissement,  pe- 
santeur de  tète  ,  somnolence  ,  assoupissement ,  vertiges  , 
délire  gai  ou  furieux ,  mouvemens  convulsifs  ,  faiblesse 
des  membres  ,  ciiîatation  de  la  pupille  ,  vomissemens  , 
pouls  plein  et  fréquent. 

Secours  et  antidotes.  Doux  vcmitifs  ,  boissons  aci- 
dulées. 

Propriétés  médicinales.  On  a  cru  cet  arbrisseau  doué 
de  vertus  alexitères;  mais  je   douttî  de  cette  assertion, 


(  i34) 

n'étant  point  aromatique.  Les  mëdicastres  recomman- 
dent la  décoction  de  ses  feuilles  dans  les  fièvres  exan- 
thématiques  ,  la  cliorée ,  l'épilepsie  ,  et  certaines  affec- 
tions vermineuses.  Je  ne  puis  m'arrèter  à  ces  prétendues 
propriétés  de  la  tige  ^  mais  il  me  semble  qu'on  pourrait 
employer  le  snc  de  la  racine  dans  tous  les  cas  où  les 
narcotiques  sont  indiqués,  c'est-à-dire  contre  les  con- 
vulsions ,  la  goutte  ,  comme  résolutif  sur  les  engorge- 
mens  ,  les  tumeurs  scrophuleuses  ,  les  squirrlies  ^  le  suc 
de  la  racine  et  de  la  partie  corticale  passe  pour  éméto- 
cathartique  ,  mais  il  est  dangereux.  On  l'applique  exté- 
rieurement sur  la  morsure  des  bêtes  venimeuses  ,  sur 
les  bubons  syphilitiques ,  le  sarcocèle  commençant  ;  on 
prescrit  le  feuillage  en  bains  et  fumigations. 

Mode  d'àdmiîiistration.  Le  suc  des  feuilles  se  donne 
conune  purgatif  à  la  dose  d'une  à  deux  onces  ,  et  à  celle 
de  quatre  onces  dans  une  infusion  vineuse.  La  teinture 
de  la  racine  produit  de  la  narcotine. 


EXPLICA.TION  DE  LA  PLANCHE    CENT  SOIXANTE-DIX-NEUF. 

1.  Graine. 


yv.y/^o 


y/u'ot^ore  J3eieoaurtii<.  /'mr 


JVref    licu^Bji/. 


/UaAâivajJs  ecahlatk. 


(  i35  ) 

vvvvvvvx^vvvvvvvvvvx^-.^/v^vvvvvvvvv\^vvvx^^-v^vvv^^A/vvv.v^^,vv^.^^i^^^^ 


AMARYLLIS  ÉCARLATE. 


{Toxique  narcotico-dcre.) 


Synonymie.  Vulgairement  Belladone.  Lis  rouge.  —  Ama- 
ryllis Punicea.  Linn.  Hexandrie  Monogynie;  Jussieu,  fa- 
mille des  Narcissoïdes.  Tournefort,  Liliacées.  —  Lilium 
americanum,  puniceo  flore,  Belladona  dictum.  Herm.  Par. 
194,  t.  194.  —  Lilium  rubrum.  Mérian.  Surin.  22.  Ama- 
ryllis. Mill.  Dict.,  tab.  23. 


Caractères  génériques.  Plante  unilobée  de  la  fa- 
mille des  Narcisses  ,  ayant  beaucoup  de  rapport  avec  les 
Hémantes  et  les  Panerais  ,  offrant  pour  caractères  :  une 
fleur  sans  calice ,  enfermée  lors  de  son  développement , 
soit  seule,  soit  avec  d'autres,  dans  une  spatlie  mem- 
braneuse s'ouvrant  par  le  côté  et  se  divisant  en  deux 
parties.  Corolle  campanulée ,  divisée  en  six  pièces  lan- 
céolées, munie  dans  son  bord  intérieur  de  six  petites 
écailles  pointues.  Six  étamines  dont  les  filamens ,  sou- 
vent inclinés ,  soutiennent  une  anthère  oblongue  ^ 
ovaire  inférieur  ,  ovale  ,  arrondi  ,  surmonté  d'un  style 
filiforme  terminé  par  un  stigmate  à  trois  divisions.  Cap- 
sule ovale  ,  à  trois  loges  ,  s'ouvrant  par  trois  valves ,  et 
contenant  plusieurs  semences. 

Caractères  particuliers.  Spatlie  multiflore.  Corolles 
Tome  IIl.  —  ^5^  Livraison.  11 


(  136  ) 

campanulées  égales  ,  réfléchies  sur  l'onglet-,  sexes  incli- 
nés. Les  feuilles  sont  radicales.  (Vivace). 

Histoire  naturelle.  Cette  superbe  plante  se  trouve 
dans  les  bois  ombragés ,  à  Surinam  ,  à  Cayenne  et  aux 
Antilles.  On  la  cultive  en  Europe  dans  les  jardins  des 
curieux,  où  elle  fait  le  plus  bel  ornement  de  la  saison. 
Le  mot  Amaryllis  est  dérivé  du  verbe  A'MAPïSSf2  qui  si- 
gnifie je  brille.  Elle  se  multiplie  par  les  cayeux.  On  la 
conserve  dans  de  la  terre  de  bruyère  médiocrement  ar- 
rosée ,  et  on  la  tient  à  l'exposition  du  soleil ,  abandon- 
née aux  soins  de  la  nature ,  au  milieu  des  plantes  de 
toute  espèce  dont  elle  est  environnée 

Oh  !  combien  chaque  fleur ,  en  ce  riant  dédale , 
Enivre  l'odorat  des  parfums  qu'elle  exhale  I 

Boîs  JOLIN. 

Caractères  physiques.   La  lige  de  l'Amaryllis  écar- 
late  est  une  hampe  nue  ,  haute  de  douze  à  quinze  pou- 
ces Il  portant  à  son  sommet  une  ombelle  magnifique  de 
deux  à  quatre  fleurs  campanulées,  évasées,  teintes  d'un 
beau  rouge  écarlate  ,  et  ayant  leur  fond  d'une  couleur 
pâle  ou   d'un  blanc  jaunâtre  plus  ou  moins    abondant. 
Lorsque  la  plante  est  en  fleur  ,^  elle  se  dépouille  de  ses 
feuilles,   mais    elles   sont    remplacées  par   d'autres  qui 
bientôt    se  fanent  et  se    détachent   de  l'oignon  qui  les 
nourrissait  pour  faire   place  à   de  nouvelles  fleurs.  Ces 
feuilles   ressemblent   à  celles  des  Narcisses.  Les  fleurs 
paraissent  en  septembre  ou  octobre. 

Analyse  chimique.  Les  pétales  contiennent  une  ma- 
tière   colorante ,    rouge  ,    résineuse  ^   une  partie   cxtrac- 


(  13,  ) 

live,  de  la  gomme  et  de  la  fibre  ligneuse*,  roiguoii ,  un 
principe  volatil ,  et  une  matière  extractive ,  acre  et 
amère  ,  de  la  bassorine  et  beaucoup  d'amidon. 

Propriétés  délétères.  L'oignon  fournit  un  poison 
irritant  qui  peut  donner  la  mort  en  deux  ou  trois  heures 
de  temps  à  la  dose  de  trois  gros.  Il  est  émétique  ,  il  en- 
flamme les  membranes  avec  lesquelles  il  est  mis  en  con- 
tact ,  et  est  plus  facilement  absorbé  et  porté  dans  le 
torrent  de  la  circulation.  Il  agit  particulièrement  sur  le 
système  nerveux  ,  en  détruisant  la  sensibilité  ,  et  sur  la 
membrane  muqueuse  de  l'estomac  qu'il  enflamme. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Constriction  à  la 
gorge  ,  chaleur  acre  et  mordicante  ,  douleur  buccale ,  du 
pharynx  ,  de  l'estomac  et  des  intestins  ^  nausées,  vomis- 
semens  de  couleur  variable,  mêlés  de  stries  sanguino- 
lentes ;  ne  faisant  point  eifervescence ,  et  ne  verdissant 
pas  le  sirop  de  violette^  diarrhée  coUiquative  ,  déjec- 
tions sanguinolentes  ,  rapports  fétides  ,  hoquet ,  pouls 
accéléré  ,  dyspnée  ,  soif  insupportable  ,  dysurie  ,  cram- 
pes ,  froid  des  extrémités  ,  convulsions  ,  face  hypocra- 
tique. 

Secours  et  antidotes.  Vomitifs  doux ,  boissons  aci- 
dulées. 

Propriétés  médicinales.  L'infusion  des  belles  fleurs 
de  l'Amaryllis  est  estimée  anti  -  spasmodique  ,  et 
quelquefois  employée  avec  avantage  dans  les  maladies 
nerveuses  et  la  coqueluche.  Quelques-uns  recommandent 
le  sirop  d'Amaryllis  dans  la  dyssenterie  ;  mais  je  n'en 
ai  pas  fait  usage.  Les  bulbes  sont  acres  et  provoquent  le 
vomissement. 

Mode  d'administration.  L'infusion,  le  sirop,  ou  l'ex- 
trait, se  donnent  à  des  doses  variées  selon  l'àgc  du  ma- 


(   >38  ) 
lade  et   le   caractère  de  la   maladie.  L'extrait   étant  nn 
poison,  doit  s'administrer  avec  la  plus  grande  circons- 
pection. 


EXPLICATION    DE    LA    PLANCHE  CENT    QUATRE-VINGT, 

1.  Etamine. 

2.  Fruit. 


7'/.j/iy 


7'/'it-i>iJorr  /^e.ri*/ur/i/\  Paui 


FATUNIE     AILKE, 


(  '39  ) 


\\IVV\IV\'WV'VVV>^VWk'VVW'V  i^W  VWWV  VWvW WVWVV\^/W\  WWWVWVWVW VWV\A>W^V\'V\'W  wv vv\  vw 


PAULLINIE  TERNEE. 


{Toxique  narcotique.) 


Stnontmie.  Vulgairement  Liane  à  scie,  ou  Curaru.  — Liane 
à  empoisonner  les  flèches.  —  PauUinia  Gururu,  Linn.  Oc- 
tandrie  Trig-ynie  ,  famille  des  Savonniers.  —  PauUinia  foliis 
ternatis,  petiolis  marginatis  ;  foliolis  cuneiformibus  ,  oblu- 
sis,  subdenlatis.  Lin.  Spec.  plant.  2,  p.  524. —  Mill.,  Dict., 
n.  3.  —  PauUinia  foliis  ternatis  ;  foliolis  obtusis  ,  vix  denti- 
culatis ,  glabris,  desinentibus  in  petiolum  proprium.  Hort. 
Cliff.  i5i.  —  Gururu  scandens ,  tripbyUa.  Plum.,  gen.  34? 
ic.  111,  fig.  2.  —  Paullinia*foliis  ternatis,  petiolis  margina- 
tis.  Jacq.,  Observ.  bot.,  p.  5,  pag.  n,  tab.  6i,  fig.  4-  — 
PauUinia  (Gururu)  capsulis  pyriformibus,  obtusis;  foliis 
ternatis;  foliolis  oblongis  ,  dentato-serratis,  subacuminatis; 
petiolis  alatis.  Scbumacher.  Act.  Hist.  nat.,  haf.  5,  p.  2, 
p.  121.  —  Wild.  Spec.  Plant.,  vol.  2,  p.  460  (  Vivace  ).  — 
Kaka.  —  Toddaly.  —  Malab.  —  Espino  do  Ladrao.  Espag. 
—  Gururu.  —  Ape.  —  Garaib. 


\>- 


Cahâctèhes  GF,?fÉRiQUES..  Plaute  à  fleurs  polypélalées, 
de  la  famUle  des  Savonniers  ,  à  tiges  grimpantes,  sarmen- 
teuses  ,  les  feuilles  binées  ,  ternées  ,  ou  ailées  avec  im- 
paire ou  sur-composées  *,  les  fleurs  disposées  en  grappes, 
dont  les  pédoncules  sont  solitaires  ,  axillaires ,  munis 
dans  leur  milieu  de  deux  vrilles. 

Tome  IIL  ■ —  4^*  Livraison,  12 


i9 


r  î4o  ) 

Caractères  particuliers.  Calice  à  quatre  folioles  ; 
quatre  pétales  glanduleux  à  leur  base;  trois  capsules  py- 
riformes  ,  sans  ailes  membraneuses.  Feuilles  ternées  ; 
pétioles  marginés.  (Amer,  mérid.) 

Histoire  naturelle.  Ce  genre  a  été  consacré  à  un  bo- 
taniste suédois;  la  singularité  de  son  feuillage  toujours 
vert ,  de  sesfleuis  et  de  ses  fruits  qui  produisent  un  joli 
contraste  avec  la  verdure  ,  fait  rechercher  cette  liane 
pour  Tornement  des  jardins  et  la  garniture  des  cour- 
tines de  verdure.  En  Europe  elle  vient  très  bien  en  terre 
substantielle  ,  à  une  exposition  méridionale  ;  on  la  mul- 
tiplie de  marcottes ,  boutures ,  rejetons ,  et  aussi  de  grai- 
nes qu'on  sème  au  printemps  ,  et  qu'il  faut  repiquer  dans 
des  pots  séparés.  Les  jeunes  plants  fleurissent  la  seconde 
année  ,  s'ils  sont  exposé-  à  Fombre  ,  et  surtout  s'ils  sont 
fréquemment  arrosés.  En  Amérique  la  Paullinie  porte  ses 
fruits  en  août  et  septembre.  * 

Caractères  physiques.  La  liane  h  scie  se  distingue  par- 
ticulièrement par  ses  feuilles  simplement  ternées.  Elle  a 
des  tiges  flexibles  ,  sarmenteuses  ,  grimpantes  ,  lisses  , 
garnies  de  vrilles  qui  sortent  de  i'aisseîle  des  feuilles. 
Ces  dernières  sont  alternes,  ternées,  munies  de  longs 
pétioles  ailés  dans  toute  leur  longueur.  Les  folioles  sont 
presque  sessiles  ,  oblongues,  assez  grandes ,  obtuses  à  leur 
sommet ,  quelquefois  aiguës  .  munies  .  excepté  à  la  basé  , 
de  dentelures  écartées  ,  acuminées  ;  les  grappes  de  fleurs 
sortent  avec  les  vrilles  de  l'aisselle  des  feuilles  ;  elles  res- 
semblent ,  ainsi  que  leurs  fruits  ,  à  celles  du  Paullinia 
Curassavica  ,•  mais  les  fruits  ont  la  forme  d'une  poire 
plus  fortement  prononcée.    (Encycl.  méth.) 


\ 


(  ■4-  ) 

Analyse  chimique.  Toute  Ja  plante  produit  un  priii- 
eipe  extractif  amer  gommo-résineux  ,  comparable  à  To- 
pium  ;  plus  un  alcali  véa^étal  d'une  odeur  erapyreuma- 
tique  volatile. 

Propriétés  délétères.  Ce  sont  les  semences  que  les 
nègres  pécheurs  emploient  de  préférence  pour  enivrer 
les  poissons.  On  les  prépare  en  les  écrasant .  puis  en  les 
malaxant  avec  du  moussa  (farine  de  maïs) ,  ou  de  la  cas- 
save  (farine  de  Manioc.)  Prises  à  une  forte  dose ,  ces  se- 
mences produisent  les  mêmes  résultais  funestes  que  les 
stramoines  dont  il  a  été  parlé  plus  haut.  Les  sauvages  de 
la  Guiane  enduisent  du  suc  venimeux  de  cette  plante  le 
bout  de  leurs  flèches  ,  afin  d'en  rendre  les  plaies  mor- 
telles. 

Symptômes  d'empoisonnemeist.  Les  malades  éprou- 
vent des  étourdissemens ,  des  vertiges  ,  une  ivresse  d'a- 
bord gaie  ,  et  remplacée  bientôt  par  un  délire  frénétique; 
ils  deviennent  furieux  ,  menacent ,  frappent  ceux  qui  les 
environnent,  puis  tombent  dans  un  affaissement  suivi 
d'un  écoulement  involontaire  d'urine  et  de  matières  fé- 
cales ,  de  convulsions  et  de  la  mort. 

Secours  et  antidotes.  On  doit  administrer  à  ces 
malheureux  le  traitement  le  plus  convenable  pour  l'em- 
poisonnement par  les  narcotiques  ,  c'est-à-dire  de  doux 
vomitifs  ,  s'il  n'y  a  pas  trop  d'irritation  ,  des  lavemens 
laxatifs,  si  le  poison  a  franchi  l'estomac  ,  et  est  parvenu 
au  tube  intestinal  ;   enfin  des   boissons  acidulées. 

Propriétés  médicinales.  On  emploie  comme  stupé- 

12* 


(  i4->.  ) 

iians  les  racines ,  et  Tliuile  où  Fou  a  fait  bouillir  les 
fruits,  comme  linimenl  anodin.  Les  naturels  recomman- 
dent l'usage  des  bains  du  feuillage  de  cette  Paullinie 
dans  les  cachexies  dont  les  nègres  surtout  sont  si  souvent 
affectés  aux  colonies.  Ils  les  estiment  non  moins  utiles 
dans  l'anasarque,  la  bouffissure  et  l'enflure  des  pieds. 

Mode  d'admi]mstratiow.  La  dose  pour  les  lotions  est 
d'une  forte  poignée  pour  deux  livres  d'eau  réduites  à 
moitié.  Pour  les  bains  six  poignées  pour  une  voie  d'eau. 
Les  racines  et  les  fruits  se  font  bouillir  dans  l'huile  ,  à 
la  dose  d'une  demi-livre  de  chaque  pour  deux  livres 
d'huile.  Cette  préparation  remplace  le  baume  tranquille 
dans  les  névralgies. 


£XPLICATIO]N    DE    LA  PLANCHE  CENT  QUATRE-VINGT-T  N. 

La  plante  est  réduite  au  tiers  de  sa  grandeur. 

1.  Fleur  entière. 

2.  Fruit  coupé  transversalement,  dont  les  valves  sont 
écartées,  et  les  cloisons  opposées  aux  sutures  des 
valves. 

3.  Semences. 


/y,  y/Î2 


^m.KISA.SSIKI!  A  Fi^.llU.KS  LAKGE5. 


(  i4:^  ) 


VVVVVV«VVVVVVVVVV\V\VVVVlVVVV\'VV\v\VV\^VWWVvWv\\lVVVV\l\\l\\VV\V\\VVVV\\VV>VX\VV\VVW«'\V\V 


CALEBASSIER  VEAEAEUX. 


(  Joxique  narcoiico-dcre.  ) 


Syn "NYMiE.  Calebassier  à  feuilles  larges.  Arbre  à  Couis.  — 
Crescentia  latifolia  cucurbitina.  Linn.  Didynamie  Angyo- 
spt;rmie.  —  Juss.,  famille  des  Solanées.  —  Crescentia  foliis 
ovitis  petiolatis  alternis  ,  fructu  ovato  acuminato  ;  semini- 
bus  orbiculatis  compressis.  Lam.  —  Cujete  latifolia  ,  fructu 
putamine  frag-ili.  Plum.  Gen.  23.  Burm.  Amer.,  tab.  109.  — 
Crescentia  foliis  alternis,  lato-ovatis,  obtusis,  râmis  laevibus 
erectis  ;  fructu  ovato,  subtrigono  ,  acuminato.  Tussac. 


Caractères  génériques.  Fleurs  niouopétalées ,  per- 
sonnées  ,  à  feuilles  simples  et  alternes ,  ou  par  paquets. 
Calice  eu  deux  parties ,  égal  -,  corolle  gibbeuse  ;  baie  pé- 
diculée  à  une  loge  ;  contenant  beaucoup  de  semences 
en  forme  de  cœur ,  biloculaires  et  nichées  dans  une 
pulpe. 

Caractères  particlliers.  Feuilles  alternes  ,  larges, 
ovales  ,  obtuses  ^  rameaux  relevés  -,  fruit  ovale  ,  presque 
triangulaire  et  acuminé.  (\ivace.) 

Histoire  katurelle.  Ce  Calebassier.  bon  à  signaler, 
pour  qu'on  puisse  se  mettre  eu   garde  contre   sa  dange- 


(  44  ) 

reusc  influence,  et  le  détruire  toutes  les  fois  qu'on  le 
rencontre  ,  habile  les  lieux  ombragés  des  lagons  maréca- 
geux, ou  le  bord  des  rivières-,  tandis  que  les  autres  ca- 
lebassiers  ne  réussissent  que  dans  les  terrains  secs.  Les 
fruits  des  calebassiers  se  nomment  machamona  en  Gui- 
née ^  cohjne  ou  cuiefé ,  ou  hjguero  dans  la  Nouvelle- 
Espagne  .  et  couis  dans  les  colonies  françaises.  On  voit 
aux  colonies  cet  arbre  des  lagons  révéré  par  les  nègres 
empoisonneurs  qui  Fentourent  t^n  certains  jours  de  fête, 
dansent  en  marmottant  leurs  imprécations,  et  extraient 
des  fruits  la  pulpe  qui  doit  donner  la  mort.  Les  nègres 
policés  ont  renoncé  depuis  long-temps  à  ces  jongleries  5 
mais  on  doit  tout  redouter  des  nègres  africains ,  qui  ne 
savent  point  oublier  leurs  coutumes  superstitieuses. 

Caractères  physiques.  Le  Calebassier  à  feuilles  lar- 
ges diffère  beaucoup  du  Calebassier  à  feuilles  longues , 
par  la  forme  de  ses  feuilles  ,  et  par  celle  de  ses  fruits 
beaucoup  plus  petits  et  jdus  mous.  C'est  un  arbre  dont 
la  cime ,  fort  ample  et  bien  garnie  ,  donne  beaucoup 
d'ombrage.  Son  tronc  ,  sans  être  fort  baut,  ni  droit ,  est 
beaucoup  plus  épais  que  le  corps  de  l'homme.  Son  bois 
est  solide  et  recouvert  d'une  écorce  d'un  gris  roussàtre. 
Il  pousse  des  branches  nombreuses ,  ramifiées  ,  feuillées 
et  très-ouvertes.  Les  feuilles  ne  viennent  point  par  pa- 
quets, comme  dans  l'espèce  à  feuilles  longues.  Elles  sont 
alternes  ,  pétiolées  ,  ovales ,  entières,  très-glabres,  assez 
semblables  à  celles  des  citronniers  ,  et  ont  eriviron  six 
pouces  de  longueur  sur  une  largeur  de  trois  pouces.  Les 
rameaux,  au  lieu  de  végéter  horizontalement ,  sont  rele- 
vés, et  ils  sont  unis  au  lieu  d'être  noueux.  Les  fleurs  sont 
plus  blanches  que  dans  les  autres  Calebassiers.    Elles 


(  145  ) 

produisent  des  fruits  ovalair  es  de  la  forme  de  nos  citrons  , 
mais  plus  gros.  Leur  coque  est  souple  ,  mince  et  fragile, 
renfermant,  dans  une  pulpe  blanchâtre,  beaucoup  de 
semences  orbiculaires  comprimées  ,  d^  la  grandeur  d'une 
pièce  de  cinq  sous  de  France  ,  et  qui  semblent  formées  de 
deux  reins  joints  ensemble  par  leur  côté  intérieur.  Ces 
semences  sont  brunes,  se  divisent  en  deux  lobes  ,  et  ont 

■s,  

la  chair  amère.  (Encycl.  ) 

Analyse  chimique.  La  pulpe  des  fruits  de  cette  es- 
pèce dangereuse  nous  a  produit  une  huile  grasse  ,  une 
matière  semblable  à  la  cétine  -,  du  tannin  très-styptique, 
rnatière  animale  particulière  ,  mucilage  ,  albumine  , 
acide  acétique  -,  Acétate  d'ammoniaque  ,  phosphate  de 
potasse  et  de  l'eau. 

Propriétés  délétères.  M.  Tussac ,  dans  sa  belle 
Flore  ,  cite  ,  au  sujet  des  qualités  délétères  de  ce  fruit  , 
un  événement  malheureux  arrivé  au  Mirbalais  ,  île  de 
Saint-Domingue  ,  dans  le  temps  que  ce  canton  a  été  en  la 
possession  des  Anglais.  «  Cinq  soldats  ,  dit-il,  avant  ren- 
contré des  fruits  de  ce  Calebassier,  eurent  l'imprudence 
d'en  goûter  ,  ils  leur  trouvèrent  le  goût  de  concombre  , 
et  en  mirent  plusieurs  dans  la  chaudière  où  ils  faisaient 
leur  soupe  ^  ils  péiirent  tous  les  cinq.  » 

Symptômes  d'empoisonnement.  Coliques  ,  flatuosités  , 
vomissemens  et  déjections  alvines  involontaires-,  mouve- 
mens  convulsifs ,  frissons ,  pouls  intermittent ,  sueurs 
colliquatives  et  la  mort. 


(  "46) 
Secouus  et  antidotes.  Vomitifs  doux  au  début,  puis 
boissons  gommeuses  et  acidulées. 

Propriétés  médicinales.  Je  ne  lui  en  connais  aucune. 


EXPLICATION    DE   LA    PLANCHE    CENT  QUATRE-VINGT-DEUX. 

i.  Graine. 


//./.yj. 


y^A^ot/a^r  jOf,rfr*tj/'/f/\  /^in.i 


yv/'f*' 


'r KFii  I? o  .^ F.  vf;>^e :vF;r.sE. 


(  '47  ) 


\^/VVVV^WVVVVVV\VVVVVVi/VVVVVVV\VVVVVVVVVVV\\VVVVVVVVVVVVV\A^ 


*  r 


TEPHROSE  VENENEUSE. 


(  Toxique  narcotique.  ) 


Synonymie.  Tephrosia  toxicarîa.  Tussac,  vol.  i,  p.  i44«  — 
Linn.,  class.  17,  ord.  4«  Diadelphie  Décandrie.  —  Juss., 
class.  i4j  ord.  2.  Légumineuses. 


Caractères  GÉNÉRIQUES.  Calice  tubuleux  inégal  à  cinq 
dents  \    corolle   papilionacée  irrégulière  *,  dix   étamines 
monadelphes.    Légume    comprimé  ,     un    peu    arqué  , 
coriace. 

Caractères  particuliers.  Racines  tubéreuses-,  tige 
herbacée  ,  cannelée  ,  villeuse  \  feuilles  pinnées  égalemenlj 
folioles  oblongues  lancéolées,  villeuses  en  dessus,  gar- 
nies de  longs  poils  argentés  par-dessous^  stipules  distin- 
gués du  pétiole  5  grappes  de  fleurs  terminales. 

Histoire  naturelle.  Cette  plante  a,  dit-on,  été  appor- 
tée d'Afrique  aux  Antilles  par  les  nègres  ;  elle  ne  s'y  est 
que  trop  bien  naturalisée  ,  dit  Tussac  ,  par  l'iibus  que 
font  quelquefois  les  Créoles  de  ses  mauvaises  qualités. 
Les  nègres  pécheurs  recherchent  la  Téphrose  dont  ils 
mêlent  les  feuilles  à  leurs  appâts ,  après  les  avoir  pilées 
entre  deux  pierres.  Cet  appât   peut  enivrer ,  et  même 


(  '48  ) 
faire  périr  le  poisson  dans  les  rivières.  Ils  mêlent  cette 
espèce  de  pâte  avec  de  la  cassave.  Le  poisson  ,  quoique 
mort  par  ce  moyen,  ne  fait  aucun  mal  à  ceux  qui  en 
mangent.  Les  chèvres  broutent  avec  avidité  les  feuilles 
de  celte  plante,  que  l'on  cultive  dans  presque  toutes  les 
habitations,  sous  le  rapport  d'utilité  et  d'agrément,  car 
elle  mérite;  une  place  dans  les  parterres. 

Caractères  physiques.  Cette  plante  ,  selon  Tussac  , 
a  des  racines  tubéreuses  vivaces,  d'où  sortent  des  tiges 
annuelles  d'environ  deux  pieds  et  demi  à  trois  pieds  au 
plus.  Ces  tiges  sont  épaisses,  cannelées,  couvertes  de 
poils  fauves  ;  elles  sont  garnies  de  feuilles  alternes,  pin- 
nées,  dont  les  folioles  oblongues  ,  lancéolées,  bordées 
de  jaune,  sont  couvertes  sur  la  surface  supérieure  de 
poils  courts,  grisâtres  ,  et  par-dessous  de  longs  poils  ar- 
gentés. A  côté  de  chaque  pétiole  ,  il  y  a  deux  stipules  en 
forme  d'alêne.  Les  fleurs  ,  de  coulrur  pourprée  ,  sont 
disposées  sur  une  grappe  terminale,  garnie  de  stipules. 
Le  calice  des  fleurs  est  tubuleiix,  à  cinq  dents  inégales. 
La  corolle  est  composée  d'un  étendard  ouvert ,  pourpré, 
ayant  à  sa  base  une  tache  jaune  ^  les  ailes  sont  oblongues, 
et  la  carêue  arquée.  Les  étamines  monadelphes  sont  au 
nombre  de  dix.  Le  germe  ,  posé  obliquement  sur  son 
réceptacle  ,  est  plat ,  oblong ,  velu  ,  surmonté  d'un  style 
recourbé  à  stigmate  pointu.  Le  fruit  est  une  gousse 
oblongue  comprimée,  un  peu  arquée,  couverte  d'un, 
duvet  grisâtre:  les  graines  sont  un  peu  réniformes-, 
marquées  de  points  noirs  et  de  points  blancs.  Cette 
plante  se  trouve  en  fleurs  pendant  une  grande  partie  de 
1  été.  Les  tiges  périssent  tous  les  ans.  Elle  se  plaît  dans 
les  terres  arides  et  exposées  au  soleil. 


(  i49  ) 
Analyse  chimique.  Cette  plante,  qui  a  beaucoup  de 
rapport  avec  le  galéga  soyeux ,  contient  beaucoup  d'acide 
carbonique  \  une  eau  jaune  acidulé ,  saturée  d'am- 
moniaque ;  une  huile  visqueuse  noire  ,  du  charbon  et  de 
la  cendre. 

Propriétés  délétères.  Les  noirs  ,  infidèles  à  leurs 
maîtres ,  exercent  contre  eux  une  vengeance  inhumaine, 
en  versant  dans  les  mets  qu'ils  leur  ont  préparés  ,  le  suc 
vénéneux  de  la  Téphrose.  L'effet  du  suc  mortifère  de  la 
Téphrose  est  plus  prompt  s'il  est  injecté  dans  les  veines, 
ou  mis  en  contact  avec  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  de 
la  partie  interne  de  la  cuisse.  Il  agit  promptement  sur  le 
système  nerveux  par  sa  vertu  stupéfiante. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Ardeur  et  spasme  de 
l'œsophage  ,  de  l'estomac  et  des  intestins  5  ventre  bal- 
lonné ,  somnolence  ;  frissons ,  ris  sardonien  ,  sueurs  froi- 
des et  visqueuses ,  syncopes  fréquentes ,  symptômes 
nerveux. 

Secours  et  antidotes*.  Doux  vomitif,  boissons  muci- 
lagiueuses  et  acidulées.    " 

Propriétés  médicinales.  Les  racines  ,  d'une  odeur 
nauséabonde ,  sont  indiquées  par  les  naturels  comme 
anti-psoriques  par  excellence.  On  a  vu  des  galles  invété- 
rées qui  avaient  résisté  à  tous  les  moyens ,  céder  aux  lo- 
tions réitérées  d'une  décoction  rapprochée  de  ses  racines. 

Mode  d'administration.  On  ne  1  emploie  qu  exté- 
rieurement. La  dose  est  d'une  poignée  par  pinte  d'eau 
bouillante  réduite  à  moitié.  Le  suc  de  la  plante  a  plus  de 


(    -So  ) 
vertu  ,  et  peut  remplacer  la  cévadille ,  ce  terrible  agent 
destructeur  des  Sarcoptes. 


EXPLICATION   DE    LA    PLANCHE    CENT    QUATRE-VINGT-TROIS. 

La  plante  est  réduite  aux  deux  tiers  de  sa  grandeur. 

1.  Calice. 

2.  Une  des  ailes  détachées,  montrant  son  long  onglet. 

3.  Tube  formé  par  les  filets  des  étaraines. 

4.  Ovaire. 


yy.  /<94. 


TTu^étr*'  /M»^cotrrft/x.  Pt^»**-  • 


Pflr-rt'     Sr€t/n  . 


IIArVOLFE  F.I-ANniATME* 


(  i5i  ) 


,  V\\WVVVV\VVVVVVVVVVVVVV\VVVVV\VVVVVVVVVVV\'VV\VVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVV\^VVVVVVVVVVVVVVVVVV%\^|\^ 


RAUVOLFE  BLANCHATRE. 


(  Toxique  narcotico-âcre .  ) 


Synonymie.  Bois  laiteux  à  feuilles  longues  et  étroites.  — 
Rauwolfia  canescens.  Linn,  Pentandrie  Monog"ynie.  — 
Juss.  ,  famille  des  Apocvnées.  —  Rauwolfia  foliis  quater- 
nis,  oblongo-ovatis ,  acuminatis,  pubescentibus  ;  floribus 
terminalibus  axillaribusque.  Wilden.  Spec.  Plant.,  vol.  i, 
p.  1218,  n.2. — Rauvolfia  subpubescens.  Linn. Spec.  Plant., 
vol.  i,p.  3o3.  —  Rauwolfia  birsuta.  Jacq^  Amer.  Aj^n.  1. 
—  Rauwolfia  fructîcosa,  foliis  verticillatis,  tenuissimè  vil- 
losis.  Brown.  Jam.  180.  —  Rauwolfia  tetraphjUa,  angusti- 
folia.  Plum.  Gen.  19.  Icon.  236,  fig.  2.  — Solani  fructufru- 
ticosa  ,  foliis  laurinis  oblongis  ,  integris ,  subtus  hirsutis. 
Sloan.  Jam.  173.  Hist.  2,  p.  107,  tab.  211,  fig.  1.  —  Arbor 
Svcopbora  Jamaïcensis  ,  foliis  minoribus.  Pluk.  Phytogr. 
266,  fig.  2. 

Caractères  génériques.  Plantes  dicotylédones  ,  à 
fleurs  complètes-,  monopétalées ,  de  la  famille  des  Apo- 
cynées  ,  à  tiges  droites  •,  feuilles  verticillécs  ou  quater- 
nées,  les  fleurs  souvent  terminales  ,  ou  en  corymbe  \  ca- 
lice fort  petit ,  h  cinq  dents  -,  corolle  infundibuliforme  \ 
drupe  globuleux  à  deux  semences.  (Encycl.) 

Caractères  particuliers.  Fleurs  contournées  ;  baie 
succulente,  disperme^  feuilles  comme  pubescentes.  (Vi- 
vace.  ) 


(  >à'-  ) 
Histoire  naturelle.  Cet  arbrisseau  ,  qui  croit  eu 
Amérique  aux  lieux  secs  ,  el  parmi  les  broussailles  ,  se 
rencontre  assez  fréquemment  à  la  Jamaïque ,  à  Cuba  ,  à 
St.-Domingue  et  autres  îles  Antilles.  On  a  soin  de  le  dé- 
li^uire  sur  les  habitations ,  car  il  y  offre  aux  malfaiteurs 
un  objet  de  tentation  qui  peut  les  porter  à  commettre 
quelque  crime.  Je  l'ai  remarqué  en  Europe  dans  plusieurs 
jardins  de  curieux,  où  il  se  plait  exposé  à  un  demi-so- 
leil ,  en  terre  fraîche  de  bruyère ,  et  il  se  propage  par 
graines  et  par  l'éclat  de  ses  racines. 

Caractères  physiques.  Cet  arbrisseau,  selon  le  sol 
où  il  est  exposé,  varie  de  proportions  ,  car  on  en  ren- 
contre depuis  la  taille  d'un  pied  jusqu'à  celle  de  huit. 
Ses  jeunes  rameaux,  médiocrement  velus,  sont  garnis 
de  feuilles  quaternées  ,  ovales,  rétrécies  à  leur  base,  ai- 
guës à  leur  sommet,  entières  à  leur  contour  ,  rugueuses, 
velues  ,  supportées  par  des  pétioles  cylindriques  et  velus. 

Les  fleurs  sont  fort  petites  ,  rougeàtres  et  sans  odeur  : 
«lies  sont  disposées  en  grappes  sur  des  pédoncules  com- 
muns,  rameux,  qiiaternés ,  terminaux;  leur  calice  est 
composé  de  cinq  petites  folioles  lancéolées:  les  décou- 
pures du  lymbe  de  la  corolle  sont  presque  carrées  ,  un 
peu  échancrées  à  leur  sommet,  à  peine  obliques.  Les 
poils  qui  en  garnissent  l'orifice  sont  confus  et  sans  or- 
dre. Le  fruit  est  un  drupe  presqu'à  deux  lobes  ,  d'abord 
de  couleur  rouge  ,  et  qui  devient  ensuite  presque  noire  ; 
il  renferme  deux  noix  rugueuses  ,  planes  d'un  côté  ,  con- 
vexes de  l'autre  ,  à  deux  loges  ,  contenant  un  seul  noyau , 
rarement  deux. 

Analyse  chimique.  Le  suc  laiteux  du  Rauvolfe  con- 


(  «53  ) 

tient  une  résine  cassante  et  dure  ,  du  caout-chouc,  une 
matière  exlractive  ,  une  substance  glutineuse  ,  un  acide  , 
de  Talbiimine  et  de  Teau. 

Propriétés  délétères.  J  ai  observé  que  les  quabtés 
malfaisantes  de  cet  arbrisseau  sont  plus  exaltées  lorsqu  il 
a  pris  son  accroissement  au  milieu  des  rochers  exposés 
à  un  grand  soleil ,  que  lorsqu'il  végète  dans  un  bas-fond, 
et  lorsqu'il  est  abrité  par  les  grands  arbres  des  foréîs. 
On  m'a  assuré  que  ses  émanations  seules ,  après  une  on- 
dée ,  suffisaient  pour  causer  les  plus  graves  accidens  à  ceux 
qui  s'en  approchaient  alors  ,  et  se  reposaient  sous  son  om- 
brage. Comme  ce  fait  ne  ma  été  attesté  qu'à  l'époque  de 
mon  départ  pour  l'Europe,  et  que  je  n'ai  pu  vérifier 
cette  assertion  ,  je  ne  me  prononce  point  à  cet  égard.  Ce 
que  je  puis  affirmer,  c  est  que  toutes  les  parties  de  l'ar- 
brisseau sont  lactescentes  et  vénéneuses. 

Symptômes  d'empoisoknemewt.  Douleur  buccale ,  cons- 
triction  du  pharynx ,  ardeur  cuisante  à  l'estomac  et  aux 
intestins  ^  nausées  ,  vomîssemens  de  matières  qui  ne  font 
point  effervescence  sur  le  carreau,  et  ne  verdissent  point 
le  sirop  de  violettes.  Constipation  ou  diarrhée  sanguino- 
lente -,  rapports  nidoreux  .  hoquet ,  dyspnée;  pouls  accé- 
léré ,  petit,  serré  et  souvent  intermittent:  soif  ardente  , 
dysurie  ,  convulsions,   froid  des  extrémités  et  la  mort. 

Secouks  et  antidotes.  Les  doux  vomitifs  convenant 
au  début  dans  tous  les  cas  d'empoisonnement,  lorsqu'il 
n'y  a  pas  trop  d'irritation ,  je  leur  fais  succéder  le  jus  des 
oranges ,  du  citron  ,  et  quelques  boissons  émollientes  , 
mucilagineuses  ou  aromatiques  ,  suivant  les  cas. 


C  t54  ) 

Propriétés  médicinales.  Les  principes  acres  de  ce  Rau- 
volfe  Féloignent  du  formulaire  pliarmaceutique  des  pré- 
parations à  employer  à  l'intérieur  -,  mais  il  offre  des  res- 
sources à  la  méthode  iatraleptique  ,  et  son  extrait  com- 
biné avec  riiuile  de  licin,  forme  un  liniment  qu'on  peut 
prescrire,  et  qui  réussit  presque  toujours  dans  les  affec- 
tions chroniques  de  la  peau  ,  ΀  ptiriase,  les  dartres  et 
autres  maladies  rebelles. 

Mode  d'administration.  Un  gros  de  l'extrait  de  Rau- 
volfe  sufiit  pour  quatre  onces  d'huile  de  Ricin. 


explication  de  la  planche  cent  quatre-vingt-quatre, 

La  plante  est  réduite  à  moitié   de  grandeur  naturelle. 

1.  Corolle  ouverte  pour  laisser  voir  l'insertion  des  éta- 
mines. 

2.  Le  calice  et  le  pistil. 


JV.  jSS 


27i*ot/orf  Demtrur/i/x  J'enj- 


V'Jwi?  Scu/p  . 


^^HôllElJ.E.  .S033BI1K 


(  -55  ) 

^VVVWVVVVVWVWWVVVWVWVVVVWVVW«WVWVWVWVkrV\  vwvvvvvwwwvwvvwv\^awvww>  VW  vw 

MORELLE  SOMBRE. 

{Toxique  naixotîque.) 

Synonymie.  Vulgairement  Amourette  francLe  ou  Tabac  mar- 
ron. Solanum  triste  ,  Linn,  Pentandrie  Monogjnie.  — 
Tourn.  Ljcopersicon,  cl.  2,  infundibul.  —  Juss.,  famille  des 
Solanées.  —  Solanum  caule  inermi  frutescente  ;  foliis  lan- 
ceolato-ovatis,  subrepandis,  glabricymis ,  brevibus ,  late- 
ralibus,  Lam.  Jacq.  Amer.,  p.  5o,  tab.  4oj  f-  2.  Solanum 
non  aculealum  de  Nicolson. — En  caraïbe  Onléonmelé  , 
Aguaraquja. — En  espagnol,  Hierba  mora. — En  portu- 
gais, Herva  moura. — En  anglais,  Black  nightsbade. — 
Nellen-tsjunda  ,  en  malabarois.  —  En  créole,  Bredes-mo- 
relles. 

Caractèties  génériques.  Calice  subcanipanulé  à  cinq 
divisions,  persistant^  corolle  rotacée  *,  tube  très-court: 
limbe  à  cinq  divisions  étalées.  Les  anthères  sont  allon- 
i^ées  ,  conniventes  ,  s'ouvrent  par  un  petit  trou  pratiqué 
au  sommet  de  chaque  loge  ,  et  forment  une  espèce  de 
petite  pyramide  centrale.  Baie  à  deux  loges  ,  entourée  à 
sa  base  par  le  calice  persistant. 

Caractères  particuliers.  Tiges  sans  épines  sous- 
ligneuses -,  feuilles  lancéolées,  oblongues,  glabres-,  grap- 
pes presque  en  cime. 

Histoire  naturelle.  Cet  arbrisseau  de  peu  d'éclat , 
la  Morelle  aux  grains  d'or,  aux  longs  bras  sinueux, 
croît  aux  Antilles  sur  le  bord  des  rivières  vi  parmi  les 
broussailles.  Il  y  fleurit  en  mai.  Ce  genre  ,  type  de  la 
famille  des  Solanées,  fournit  des  plantes  suspectes.  Les 
propriétés  calmantes  et  narcotiques  des  espèces  de  cette 
Tome  III.  —  47*  Livraison.  l'S 


(  '56  ) 
olasse  lonr  ont  fait  donner  ,  dit  Mordant  De  Lannay  ,  le 
nom  de  Solaiumi,  de  solare  ^  consoler  (adoucir  les  dou- 
leurs). Selon  rhorlicnlteur ,  4e  nom  français  Morelle  dé- 
riverait de  la  couleur  noire  des  fruits  de  l'espèce  la  plus 
commune  \  Mos  elle  serait  en  ce  cas  le  féminin  de  Tad- 
jectif  wo/'c^^w ,  qui  sert  à  indiquer  la  couleur  noire  d'un 
cheval.  En  Europe  on  multiplie  la  plupart  des  Morelles 
par  leurs  graines  semées  sur  couche  au  printemps  ;  Tan- 
née suivante  ce  plant  donne  fleurs  et  fruits  ,  si  l'on  a  soin^ 
de  Farroser  et  de  l'exposer  au  soleil. 

Cakactîi'res  physiques.  Cet  arbrisseau  s'élève  à  pvès 
de  douze  pieds.  La  coideur  noire-verdàtre  de  ses  liges  et 
de  ses  feuilles  lui  donne  un  aspect  triste  et  désagréable. 
Ses  feuilles  sont  pointues  ,  alternes ,  longues  de  sept  à 
huit  pouces  sur  deux  pouces  et  demi  de  large  :  elles  sont 
lisses,  entières,  aiguës  à  leurs  deux  extrémités,  se  ré- 
trécissent à  leur  base  en  forme  de  pétiole.  Ses  fleurs  sont 
des  grappes  latérales ,  portées  d'abord  sui-  un  pédoncule 
comuîun  ,  épais,  long  ,  qui  se  divise  en  pédoncules  pro- 
pres ,  formant  uîie  cime  presque  ombellée.  Les  fleurs^ 
sont  petites,  blanches,  nombreuses.  Les  piemières 
fleurs  se  détachent  facilement  sans  mûrir,  ce  qui  fait 
que  le  pédoncule  commun  parait  comme  couvert  de 
cicatrices.  Les  baies  sont  globuleuses  ,  d'un  jaune  sale  , 
renfermant  une  pulpe  glaireuse  sucrée  ,  et  contenant 
beaucoup  de  petites  graines  plates  et  arrondies.  Il  y  a 
une  variété  à  fleurs  violettes. 

AîiALYSE  CHIMIQUE.  Lcs  fcuillcs  dc  ccttc  plautc  ,  frois- 
sées entre  les  doigts  ,  répandent  une  odeur  vireuse  et 
nauséabonde.  Elles  fournissent  de  Fhuile  volatile  et 
de  l'extraclif  légèrement  amer.  On  doit  à  M.  Desfosses, 


(  i57  ) 
pliarmacien  à  Besançon  ,  la  découverte  de  la  Solanine. 
C'est  dans  les  baies  principalement  qu  elle  se  trouve  en 
abondance  ;  elle  v  existe  à  Fétat  de  nialale.  Pour  Fob- 
tenir,  on  traite  par  Fammoniaque  le  suc  iiltré  de  ces 
baies  ^  on  détermine  par  ce  moyen  la  précipitation  d'un 
dépôt  grisâtre.  Ce  dépôt  reçu  sur  un  filtre  ,  lavé  et  traité 
par  l'alcool  bouillant ,  donne  par  Févaporation  la  base 
salifiable  qui  se  trouve  assez  pure ,  si  on  a  opéré  sur  des 
baies  parfaitement  mûres.  Mais  si  on  traite  le  suc  des 
baies  encore  vertes  ,  la  Solanine  reste  unie  à  une  certaine 
■fruantité  de  cloropliylle  dont  on  a  beaucoup  de  peine  à 
ia  débarrasser.  Etant  pure  ,  la  Solanine  ollre  une  poudre 
blancbe  ,  opaque  ,  nacrée,  sans  odeur,  légèrement  amère 
et  nauséabonde.  Son  amertume  se  développe  par  sa  dis- 
solution dans  les  acides  ,  surtout  l'acide  acétique.  Les 
sels  qu'elle  forme  avec  eux  sont  incristallisables.  Leur 
solution  offre  une  masse  gommeuse  ,  transparente  et  fa- 
cile à  pulvériser.  La  Solanine  est  insoluble  dans  l'eau 
froide.  L'eau  chaude  n'en  dissout  pas  1/8,000;  l'alcool 
en  dissout  une  petite  portion.  Elle  ramène  au  bleu  ;  le 
papier  de  tournesol  rougit  par  les  acides  ;  elle  s'unit 
même,  à  froid ,  avec  les  acides,  propriété  que  partagent 
les  alcalis  végétaux. 

Propriétés  délétères.  Deux  ou  quatre  grains  de 
Solanine  introduits  dans  l'estomac  d'un  chien  ont  excité 
des  voniissemens  violens  ,  suivis  d'un  assoupissement  qui 
a  duré  plusieurs  heures.  Si  Fhomme  avale  une  petite 
quantité  de  Solanine  il  éprouve  à  la  gorge  un  senti- 
ment très-vif  d'irritation.  Portée  dans  la  bouche,  elle 
offre  une  saveur  nauséabonde  ,  amère ,  et  qui  le  devient 
beaucoup  plus  ,  si  on  dissout  la  substance  dans  un  peu 
d'acide  acétique.  i3* 


(  i58  ) 

Symptômes  d'empoisonnement.  Voniissemens ,  ver- 
tiges ,  affaiblissement  de  la  vue  ,  le  narcotisme  ,  etc. 

Secours  et  antidotes.  Les  acides  végétaux  et  bois- 
sons mucilagineuses.  Dans  le  cas  d'affection  soporeuse  , 
on  fait  frictionner  tout  le  corps  avec  du  vinaigre. 

Propriétés  médicinales.  Les  Morelles  exercent  sur 
les  propriétés  vitales  du  système  nerveux  une  action 
sédative  comparable  à  celle  de  la  ciguë  et  de  la  jusquiame. 
Leur  usage  prolongé  réussit  dans  le  traitement  du  rliu- 
matisme  chronique  et  de  Flijdropisie.  On  n'emploie  que 
Tacétate  à  la  dose  d'un  quart  de  grain.  Il  produit  des 
nausées  ,  mais  point  de  tendance  au  sommeil.  Ses  pro- 
priétés vomitives  paraissent  plus  développées  que  celles 
de  Fopium  ^  tandis  que  ses  propriétés  narcotiques  le  sont 
évidemment  moins.  On  l'emploie  pour  remplacer  l'ex- 
trait de  Morelle.  Le  naturels  estiment  la  décoction  des 
racines  dans  les  fièvres,  catliarrcs ,  strangurie ,  et  en  y 
ajoutant  le  cardamoiue''^  ils  l'ordonnent  comme  carmi- 
native.  Selon  eux  ,  le  suc  des  feuilles  ou  des  racines  dans 
du  vin  guérit  les  défaillances  et  le  prurit  incommode 
qui  Hffecle  certaines  parties  du  corps.  Ils  s'en  servent  à 
petite  dose  pour  arrêter  les  vomissemens  ,  tandis  qu'à 
rrande  dose  ils  sont  excités  par  cette  plante  héroïque. 
Appliqué  extérieurement  en  cataplasme  ,  le  feuillage  est 
utilement  employé  dans  le  gonflement  atonique  des 
glandes  et  des  articulations. 

Mode  d'administration.  La  dose  de  l'extrait  est  d'un 
à  cinq  grains*,  celle  de  la  Solanine  d'un  à  trois  grains. 


EXPLICATION    DK    LA     PLANCHE     CENT    QUATRE    VINGT-CINQ, 

La  njynle  csi  icprtsontée  denii-grandt'ur  naturelle. 


P/.  u9Û. 


TAaoCi^-re  jfenvurti/K  ]Pi/ia 


./Vwc   .Cru^ 


3ÏOKELLE  MA>011F03i3li^.  . 


(  1%  ) 

VVVVVVvV\VVV*'VVVVVVVVV\'VV\'\'V\A'VVVVVVvVVV\'VVVVVVVVVVVV\*/V\iVVVVVVWVV»/\^VVVVVVV\'VVVVVV\VVVvV"lV\V 

MORELLE  MAM^^lIIORME. 

(  Toxique  jiaj'CoUque.  ) 

Synonymie.  Vulgairement  Morelle  molle  ,  Amourelte  bâ- 
tarde. Pomme -Poison ,  Pomme-Teton  ,  ou  Poire  de  Ba- 
chelier, Mérian  Surin.,  27,  t.  27.  —  Solanum  mammosum  , 
Linn.  Pentandrie  Monogynie.  —  Tournef ,  infundibuii- 
formes.  -Juss.  ,  famille  des  Solanées.  —  Solanum  caule 
aculeato  ,  lierbaceo  ;  foliis  cordalis ,  angulato-lobatis  ,  utrin- 
que  villosis  ,  aculeatis,  Vir.  Cliff.  i5,  Hort.  4^5.  —  Sola- 
num barbadense,  spinosum ,  annuum;  fruetu  aureo,  ro- 
tundiore  ,  pyri  parvi  inversi  forma  et  magnitudine,  Pluck. 
Pbjt.,  tab.  2  25  ,  f.  1.  —  Solanum  foliorum  nervis  et  acuîeis 
flavescentibus  ,  fruclu  mammoso.  Plum.  V.  iv,  p.  3y. 

.  Caractères  physiques.  Corolle  en  rosette  ;  antlières 
comme  coalisées ,  ouvertes  par  le  sommet  par  deux  pores  *, 
baie  à  deux  loges. 

Caractères  particuliers.  Tige  aiguillonnée  .  herba- 
cée ^  feuilles  cordi  formes  ,  à  angles  et  lobées,  velues 
des  deux  côtés,  aiguillonnées.  (Annuelle.) 

Histoire  naturelle.  Le  dessin  de  cette  plante  ,  re- 
marquable par  son  port  et  les  beaux  aiguillons  jaunes 
dont  le  dessous  des  feuilles  est  armé,  me  rappelle  l'en- 
droit fatal ,  en  sortant  du  Cap  (  ile  Saint-Domingue  )  , 
appelé  la  Fossette^  où  tant  de  blancs  furent  impitoya- 
blement égorgés  par  les  nègres  révoltés.  Cette  Moreliey 
croît  en  abondance  auprès  des  tanneries  et  le  long  des 
vieux  murs  détruits  partie  par  le  temps  et  partie  par 
rincendie.  On  Temploie  beaucoup  en  médecine.  (Jn  la 


(    'fio  ) 

cultive  en  Europe  où  elle  demnndc  les  mêmes  soins  que 
la  précédente. 

CarActèties  physiques.  Cette  plante  ,  à  nervures  et 
aiguillons  jaunes  ,  s'élève  ,  avec  une  tige  garnie  de  longs 
poils  ,  aiguillonnée  et  herbacée ,  à  la  hauteur  de  trois  à 
quatre  pieds.  Ses  épines  sont  fortes  ,  jaunâtres  ^  les  unes 
droites  ,  d  autres  un  peu  recourbées  vers  leur  pointe. 
Elle  pousse  des  rameaux  peu  nombreux.  Ses  feuilles 
sont  grandes,  la  plupart  plus  larges  que  longues,  en 
forme  de  cœur,  divisées  en  lobes  inégaux,  anguleux^ 
velues  des  deux  côtés  ,  garnies  de  quelques  piquans  sur 
leurs  côtes.  Ses  fleurs  naissent  éparses  sur  les  tiges  et 
les  branches  ;  le  pédoncule  se  divise  dès  sa  base  en  deux 
parties.  Tune  ordinairement  uniflore,  et  l'autre  réuni- 
fiée de  nouveau,  et  formant  un  corvmbe.  Le  calice  est 
à  cinq  dents  étroites,  linéaires,  inégales  ,  sans  picj[uans , 
chargé  de  longs  poils  blanchâtres.  La  corolle  est  d'un 
bleu  pâle  ,  petite  ^  il  lui  succède  des  fruits  jaunes  de  la 
grosseur  d'une  forte  corme  renversée. 

Akalyse  chimique.  Cette  Morelle  exhale  une  odeur 
légèrement  fétide,  comme  tous  les  narcotiques,  et  fait 
éprouver  à  la  dégustation  une  saveur  fade  et  herbacée. 
Elle  fournit  une  matière  amère ,  nauséabonde  ,  soluble 
dans  l'alcool ,  et  donnant  de  l'ammoniaque  par  la  dé- 
composition au  feu. 

Propriétés  délétères.  Tous  les  fruits  des  Solanées 
ont  une  vertu  froide  et  narcotique  ,  ce  qui  constitue  cette 
Morelle  sédative ,  anodine  et  répercussive. 

SvMPTÔMrs  d'kmpoisoinnemeint.  Assoupissement ,  dou- 
leurs du  pharynx  ,  inappétence  ^  au  réveil  ,  ivresse  et  fu- 
rcm  ,  manie  avec  penchant  au  suicide.  Yeux  hagards  et 


(  i6i  ) 

immobiles  ,  visage  riant.  Paralysie  de  Tœsopliage.  Agita- 
tion avec  soubresauts,  perte  de  connaissance  pendant 
vingt-quatre  heures.  Convulsions  en  avalant.  Excrétion 
de  sang  par  le  nez  et  l'anus.  Le  troisième  jour  on  remar- 
que des  vomissemens  sanguins  et  purulens  ,  des  aphtes 
au  palais  ,  perte  de  la  vue  et  de  la, parole.  Enfin  la  mort 
devient  le  terme  de  ces  souiTrances  ,  si  on  néglige  d'em- 
ployer les  moyens  avoués  par  l'art. 

Secours  et  antidotes.  Les  acides  végétaux  sont  le 
contre-poison  de  toutes  les  Morelles.  C'est  ainsi  qu'on 
peut  prescrire  une  limonade  de  citrons  ou  de  tamarins  , 
une  eau  miellée  avec  le  sirop  de  Ketmie  acide  (  oseille 
de  Guinée  ). 

Propriétés  MÉDICINALES.  Je  l'ai  administrée  avec  succès 
à  dose  fractionnée  ,  dans  de  violentes  cardialgies  ,  dans 
plusieurs  autres  douleurs  nerveuses,  et  dans  beaucoup 
d'affections  locales  douloureuses  ,  dans  la  cure  des  dar- 
tres rongeantes,  et  des  autres  maladies  de  la  peau  ,  re- 
belles aux  moyens  ordinaires.  C'est  par  sa  vertu  sédative 
qu'elle  convient  en  topiques  dans  les  cas  d'ischurie  spas- 
modique  ,  la  strangurie  et  les  douleurs  néphrétiques.  On 
en  recommande  les  topiques  contre  les  brûlures  et  pour 
le  soulagement  des  hémorroïdes. 

Mode  d'administration.  On  applique  le  feuillage  de 
cette  plante  calmante  ,  soit  en  bains  ,  soit  en  fomenta- 
tions ou  en  cataplasmes  sur  les  abcès  douloureux  ,  les 
furoncles  et  les  panaris  ,  et  particulièrement  la  décocyon 
dans  les  pansemens  des  ulcérations  doulouieuses  des 
seins,  et  dans  ceux  des  ulcères  cancéreux.  J'ai  calmé  par 
son  usage  les  douleurs  atroces  de  l'ulcération  utérine. 
J'employais  de  préférence  la  décoction  du  fruil.  La  dose 


(  i62  ) 

à  rinlérieur  est  d'un  à  deux  grains  de  la  poudre  sèche 
des  feuilles.  .i 


EXPLICATION   DE    LA   PLANCHE    CENT   QUATRE-VINGT-SIX. 

La  plante  est  au  tiers  de  grandeur  naturelle. 
1.  Fruit  coupé  verticalement. 


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MORELLE  MÉLONGÈjNE. 

(  Toxique  naicotique.  ) 

Synonymie.  Vulgairement  Méloiigène  ,  Aubergine ,  Mayenne , 
Méringeanne  ,  Béringène  ,  Bréhème.  Plante  à  œuf,  plante 
qui  pond.  —  Solanum  melongena  ,  Lin. ,  Pentandrie  Mono- 
gynie.  — Tourn.  Lycopersicon  arborescens,  cl.  2.  Infun- 
dibul.  —  Juss.  ,  famille  des  Solanées.  —  Solanum  caule 
inermi ,  herbaceo;  foliis  ovatis  ,  sinuatis ,  tomentosis; 
ealycibus  rariter  aculeatis.  Lam.  illust.  Gen. ,  n.  2348. 
Solanum  caule  inermi  ,  herbaceo  ;  foliis  ovatis  tomentosis  , 
pedunculis  pendulis  incrassatis  ;  ealycibus  inermibus.  Lin. , 
Syst.  veg.  188.  —  Solanum  pomiferum  fructu  oblongo. 
Baub.  Pin.  167.  —  Pluck.  Pbyt.  226  ,  f.  2.  —  Pjra  insana 
Caesal.  —  Melongena  (  ovigera  )  fructu  ovato  albo.  Hort. 
Paris.  —  Melongena  fructu  oblongo  violaceo.  Tourn.  inst. 
R.  h.  i5i.  En  italien  ,  Melanzana^  de  malè  insana.  — En 
portugais,  Belingela.  —  En  congo  ,  Mecumba.  — En  mala- 
barois  ,  Nila-Barudena. 

Caractères  génériques.  Corolle  en  roue  ^  les  anthè- 
res souvent  réunies,  s'ouvrant  au  sonnnet  par  deux 
trous  ^  calice  persistant  à  cinq  divisions,  ainsi  que  la 
corolle^  ovaire  supérieur,  arrondi,  surmonté  d'un  style 
filiforme,  plus  long  que  les  étamines^  le  stigmate  est 
obtus.  Le  fruit  est  une  baie  arrondie,  quelquefois  ovale, 
glabre  ,  à  deuï  loges,  entourée  à  sa  base  par  le  calice  de 
la  fleur.  Le  réceptacle  des  semences  est  convexe,  charnu, 
adiié  à  la  cloison  de  chaque  côté:  chaque  loge  renferme 
un  grand  nombre  de  semences  arrondies  ,  comprimées  , 
éparses  dans  la  pulpe. 

Caractères  particuliers.   Tige  sans  épines,  sous-li- 


(  '64  ) 

gueuse^  feuilles  ovales,  velues;   pédoncules  pendans, 
épaissis;  calices  hérissés  d'épines.  (Annuelle.) 

Histoire  naturelle.  Le  nom  ds  plante  à  œuf,  piaule 
qui  pond,  a  été  donné  à  la  Mélongène,  à  cause  de  la 
ressemblance  de  son  fruit  avec  celui  de  la  poule.  Ce 
fruit  fonrnit  une  nourriture  très-recherchée  dans  les 
colonies  ,  où  il  s'en  fait  une  jurande  consommation.  Il  ne 
devient  préparation  culinaire,  qu'autant  qu'il  est  par- 
faitement mûr  ;  autrement  il  est  très-acre  et  astringent , 
ce  qu'on  reconnaît  à  la  couleur  noire  qu'acquiert  le  fruit 
coupé  et  exposé  au  contact  de  l'air  et  de  la  lumière  ;  on 
prévient  cet  inconvénient  en  partageant  les  fruits  en 
deux ,  dans  leur  longueur,  et  eu  les  saupoudrant  de  sel, 
puis  en  les  pressant  une  heure  après ,  pour  eu  exprimer 
l'eau  saturée.  Originaire  de  l'Amérique  méridionale, 
l'Aubergine  se  culti.ve  dans  tout  le  midi  de  la  France  ; 
elle  conserve  ses  diverses  variétés.  On  sème  les  graines 
sur  couche  ,  dès  le  mois  de  mars,  ou  on  repique  les  plants 
dans  des  pots  qu'on  enterre  dans  une  couche  modéré~ 
ment  chaude.  L'Aubergine  aime  la  chaleur  et  de  fréquens 
arrosemens  ;  dans  les  colonies  et  dans  le  midi  de  l'Eu- 
rope ,  on  mange  les  Aubergines  en  salade,  ou  cuites 
comme  des  concombres  ;  quelquefois  coupées  par  tran- 
ches minces,  trempées  dans  l'huile  et  cuites  en  pa- 
pillotte;  d'autres  foi^  on  fait  un  hacliis  de  sa  chair,  de 
champignons,  de  mie  de  pain,  de  lait;  on  fait  cuire  cet 
amalgame  au  four  de  campagne,  dans  la  peau  même  du 
fruit,  qui  est  très-coriace  :  c'est  ce  qu'on  appelle,  dans  le 
pays,  Béringène  fai^cie.  Les  noirs  les  font  bouillir  après 
les  avoir  pelées,  ou  bien  ils  les  font  cuire  simplement  sur 
le  gril,  puis  les  coupent  par  quartiers,  et  les  mangent 
avec  de  l'huile  et  du  beurre  ,  du  se!  et  du  poivre;  cepen- 


(   i65  ) 

danl  cet  aliment,  froid  et  insipide,  ne  convient  pas  à  tous 
les  estomacs,  il  est  aussi  difficile  à  digérer  que  le  cham- 
pignon, et  donne  des  vents,  des  indigestions  et  des  fièvres. 
Caractères  physiques.  L'Aubergine  a  une  racine  fi- 
breuse, peu  profonde-,  sa  tige  s'ëlève  de  douze  à  dix- 
huit  pouces  de  hauteur^  elle  est  cylindrique,  cotonneuse, 
surtout  vers  le  haut ,  roussàtre  ,  quelquefois  violette  , 
rameuse  et  herbacée.  Ses  feuilles  sont  ovales ,  termi- 
nées en  pointe  ,  quelquefois  obtuses ,  entières  ,  sinuées 
sur  leurs  bords  ,  marquées  de  fortes  nervures  ,  et  soute- 
nues par  de  longs  pétioles.  Elles  sont  plus  ou  moins 
cotonneuses ,  mais  toujours  davantage  en  dessous  qu'en 
dessus  ,  qui  est  d'un  beau  vert  foncé  ^  les  fleurs  naissent 
sur  les  branches  tantôt  solitaires  ,  tantôt  portées  sur  un 
pédoncule  commun ,  qui  se  divise  en  deux  ou  trois  au- 
tres ,  garnis  d'un  duvet  très-épais  et  blanchâtre  ,  qui  se 
voit  également  sur  le  calice  et  sur  la  corolle.  Le  calice  a 
cinq  divisions  obtuses,  linéaires,  garnies  de  quelques 
épines  rares  et  courtes.  La  corolle  est  d'un  bleu  pour- 
pre ,  quelquefois  rose  ou  blanche,  divisée  en  cinq.  Les 
étamines  ont  leurs  anthères  grosses  et  courtes ,  un  peu 
rapprochées.  A  m.esure  que  le  fruit  mûrit ,  les  pédon- 
cules s'inclinent  et  se  renflent  ,  particulièrement  vers 
leur  sommet.  Ce  fruit  est  une  baie  pendante,  très- 
grosse,  allongée,  cylindrique,  lisse,  kiisanlCj  douce  au 
toucher,  un  peu  ferme  ,  dont  la  peau  est  ordinairement 
violette,  blanche  ou  jaunâtre.  La  chair  est  blanche,  et 
renferme  des  semences  arrondies  ou  réniformes  ,  placées 
en  serpentant. 

Analyse  chimique.  Les  fruits  de  l'Aubergine  donnent 
les  mêmes  résultats  que  l'espèce  précédente ,  si  ce  n'est 
que  j'y  ai  trouvé   de  plus  une  certaine  quantité  d'acide 


(  '66  ) 

gallique.  Le  principe  vénéneux  qu'ils  renferment  a  une 
saveur  désagréable  qui  pourtant  est  sans  danger ,  puis- 
qu'on l'emploie  dans  les  sauces  et  dans  les  mets. 

PROPraÉTÉs  DÉLÉTÈRES.  L'Auberginc  est  évidemment 
narcotique,  et  son  suc,  pris  à  l'intérieur,  cause  des  ver- 
tiges et  tous  les   symptômes  qu'offrent  les  synoptiques. 

Propriétés  médicinales.  L'usage  médical  de  la  Bé- 
ringène  se  borne  à  des  cataplasmes  anodins  et  résolutifs  , 
contre  les  cancers ,  les  hémorroïdes  ,  les  brûlures ,  les 
plilogoses  externes ,  enfin  dans  tous  les  cas  où  Ion  fait 
usage  des  solanées.  Cœsalpin  l'appelle  Pyro  insana,  par- 
ce qu'il  la  croyait  difficile  à  digérer,  et  susceptible  de 
causer  des  flatuosités  ^  mais  cette  vertu  pernicieuse  n'est 
point  redoutée  des  créoles  qui  en  mangent  à  presque 
tous  les  repas  ,  sans  en  ressentir  aucune  incommodité. 
J'ai  vu  le  suc  de  l'Aubergine  instillé  dans  ]'oreilIe  ,  ou 
fixé  sur  les  dents,  au  moyen  d'un  peu  de  coton,  calmer 
les  douleurs  atroces  de  l'otite  etde  l'odontalgic.  Fockius 
a  écrit  de  la  Béringène  : 

Fj'uctibus  in  patriâ  solani  narcotica  vis  est  : 
India  at  è  contra  solanum  producit  edule  ; 
Destituunt  medicum  sic  medica  mala  saporem; 
Naturamque  nouam  Europea  in  sinibus  illa. 
O  quoque  sit  jttinam  !  vehimur  quum  per  mare  ad  Indos 
Longum  iter;  infâmes  liceat  deponere  mores  ! 

Mode  d'administration.  Les  feuilles  ,  anodines  et  ré 
solutives,  s'emploient  en  forme  de  cataplasme. 


explication  de  Ll  PLANCHE   CENT   QUATRE-VINGT-SEPT 

La  plante  est  au  tiers  de  sa  grandeur  naturelle. 

1.  Fruit  de  la  variété  violette. 

2.  Graine. 


F/.jSS. 


Tn«>dore  Dcffourfi/x  /  mu- 


J^e^v  SciiJp  . 


.     ----^j 


Mfi?ï!Eî.l.K  A  FKl^ïi;i.>:.S  l>'ArAXTïlE. 


(    ^6;    ) 

xxvvvv\^AA/vv•*vvv\A'\'vvv%^vv\\vvvv\/vvvvwvv\'VVv\^vv'^•vvvvv^«.vvvvvvv^(vvvvvvv\\».^\vv^'v\^v\'vv^'» 

M0RELLE  A  FEUILLES  D'ACANTHE. 

(  Toxique  narcotique.  ) 

Synonymie.  Amourette  blanche  épineuse.  Roquesie.  —  Sola- 
num  arborescens  spinosum  acantlii  folio  tomentoso.  Fi.?, 
p.  3o  ,  vol.  \v.  — Solanum  fructicosum  ,  aculeatum,  acantlii 
folio,  floribus  albis,  fructu  coccineo  ,  vel  luteo.  Poupée 
DespOites.  —  Solanum  Roquesianum,  ramulis  dicboto- 
mis  ,  acantbi  foliis  petiolatis  tomentosis  suprà  glabris  ,  flori- 
Lus  albo-roseis,  fructibus  luteo-coccineis  ,  foliis,  caule  , 
petiolisque  aculeatis.  L. 

CaractèPvES  génériques.  Calice  suljcampanulé  à  cinq 
divisions ,  persistant  \  corolle  en  roue  \  tube  liès-court  ^ 
limbe  en  étoile  -,  les  anthères  conniventes,  plus  courtes 
que  le  pistil,  s'ouvrant  par  un  petit  trou  pratiqué  au 
sommet  de  chaque  loge  ,  et  formant  une  espèce  de  py- 
ramide centrale  ^  baie  à  deux  loges ,  entourée  à  sa  base 
par  le  c  alice  persistant. 

Caractères  particuliers.  Fruit  charnu  bacciforme  \, 
tige,  feuilles  et  pétioles  garnis  d'épines  aroites,  roides 
et  jaunâtres. 

Histoire  naturelle.  Qu'il  me  soit  permis  de  consa- 
crer cette  espèce  peu  connue  au  docteur  Roques ,  eu 
reconnaissance  des  services  qu'il  a  rendus  à  l'art  de  gué- 
rir. C'est  un  hommage  que  j  adresse  publiquement  au 
savant  auteur  de  la  Phytographie  médicale.  Cette  Mo- 
relle  élégante  se  trouve  dans  les  halliers,  auprès  des  an- 
ciennes murailles,  et  sur  un  sol  aride,  où  la  variété  de 
ses  couleurs  la  fait  bientôt  remarquer.  On  la  cultive 
pour  les  propriétés  médicinales  qu'on   lui  a  leconnucs, 


(  .6S  ) 

et  elle  exige  les  mêmes  soins  que  ses  cod génères. 
Cependant  on  ne  doit  point  l'employer  inconsidéré- 
ment. 

CàPvâctères  physiques.  La  Morelle  à  feuilles  d'acan- 
the offre  à  l'œil  une  tige  tortueuse  de  deux  pit^ds  de 
hauteur,  dure,  ligneuse,  quoiqu'annuelle ,  et  hérissée 
de  piquans  jaunes  ]  ses  larges  feuilles  sont  pourvues  de 
longs  pétioles  garnis  de  pointes  cordiformes  ,  entières 
et  divisées  en  plusieurs  loLes  obtus,  à  la  manière  des 
feuilles  d'acanthe,  vertes  dessus,  et  d'un  vert  glauque  , 
cotonneux  en  dessous ,  traversées  dans  leur  longueur  par 
des  côtes  garnies  de  piquans  jaunes  ou  bruns,  selon 
leur  exposition  au  soleil.  Les  fleurs  portées  sur  des  pé- 
doncules étalés ,  dichotomes  ,  sont  latérales ,  presque 
simples.  Les  fleurs  sont  d'un  blanc  mat,  glacé  de  rose, 
en  forme  a'étoiles,  à  cinq  pétales  droits-,  les  étamines 
réunies  en  faisceau,  caractère  des  solanées ,  sont  plus 
courtes  que  le  pistil  qui  les  surmonte.  Les  pédoncules 
trui  portent  les  fruits  se  bifurquent  et  se  recourbent^ 
ils  sont  garnis  de  cinq  à  sept  baies  succulentes,  passant 
du  jaune  au  rouge,  à  deux  loges  contenant  des  graines  un 
peu  aigrelettes. 

La  racine  est  moyennement  grosse,  légèrement  velue, 
et  de  couleur  brune. 

Analyse  chimique.  La  saveur  de  cette  Morelle  est 
amère  ,  puis  douceâtre  -,  ses  baies  sont  légèrement  aci- 
dulés ,  ce  qui  corrige  leur  qualité  narcotique  et  la  neu- 
trahse  en  partie*,  les  feuilles  ont  une  odeur  fétide  et  une 
saveur  herbacée.  L'odeur  cesse  par  la  dessiccation,  mais 
le  principe  amer  devient  plus  prononcé. 

Propriétés  délétères.  Cette  plante ,   donnée   à  trop 


(   ^^9  ) 
tbrte  dose,  pourrait  devenir  vénéneuse,  et  entraîner  de 
graves  accidens  qu'on  peut    prévenir  dès   les  premiers 
symptômes  de  rempoisonnement. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Vomissemens,  spas- 
mes, convulsions  ,  délire  ,  stupeur  ])rofonde,  sueurs  co- 
pieuses ,  salivation  opiniâtre ,  etc. 

Secours  et  antidotes.  Le  plus  sûr  moyen  de  remédier 
aux  effets  délétères  de  cette  Morelle ,  est  d'employer  au 
début  les  vomitifs ,  puis  les  boissons  acidulées. 

Propriétés  médicinales.  On  peut  trouver  dans  cette 
Morelle  un  moyen  auxiliaire  pour  combattre  les  affec- 
tions cutanées,  mais  c'est  au  médecin  à  déterminer  son 
usage  ,  les  maladies  de  la  peau  devant  être  traitées  d'a- 
près Fidiosyncrasie  de  l'individu  et  l'état  présent  de 
raffection.  Les  praticiens  des  colonies  font  le  plus  grand 
cas  ,  dans  le  traitement  des  rhumatismes ,  de  l'huile 
anodine  et  résolutive  que  voici  : 

Prenez  :  fruits  de  Morelle  à  feuilles  d'acanthe  ,  une 
livre ^  fleurs  du  INIartynia  et  du  Québec,  de  chaque, 
demi -once  ^  huile  d'Arachide-,  deux  livres. 

On  obtient,  en  traitant  selon  l'art,  une  huile  que  les 
naturels  recherchent  contre  les  douleurs  arthritiques. 
Poupée -Desportes  et  Chevalier  anciens  médecins  à 
Saint-Domingue,  prescrivaient  souvent,  comme  résolu- 
tive ,  la  tisane  de  racines  d'amourette  épineuse  à  fleurs 
blanches,  et  de  quelques  feuilles  d'avocatier,  comme 
spécifique  des  fluxions  de  poitrine  du  pays.  Je  suis  loin  de 
vouloir  critiquer  cette  prescription,  mais  il  me  semble 
que  cette  tisane  merveilleuse  ne  peut  être  employée 
dans  tous  les  temps  de  la  maladie.  Ils  recommandaient 
aussi  l'application  de  cataplasmes  faits  avec  les  baies  de 


(  170  ) 

cette  Morelle ,  et  qu  ils  regardaient  comme  d'excellens 
maturatifs.  Cette  Morelle  peut  être  remiplacée  par  le 
Solanuni  arborescens  foliis  anguslis  et  aculeatis,  Plum., 
t.  IV,  p.  3i. 

Mode  d'administration.  On  prescrit  quatre  gros  des 
tiges,  pour  deux  livres  d'infusion  ou  de  décoction^  on 
peut  ajouter  à  la  boisson  un  nuage  de  lait  qui  la  rend 
plus  agréable.  L'extrait  se  prescrit  à  la  dose  de  quatre 
grains  qu'on  augmente  graduelle  oient. 


EXPLICATION   DE    LA  PLANCHE   CENT  QUATRE-VINGT-HUIT. 

1.  Baie  ouverte  parle  milieu. 


P/.  iS,^. 


J'erce  %lcal. 


(  '7'  ) 

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APOCIN  A  FRUIT  HÉRISSÉ. 

{^Toxique  narcotico-âcie,) 

Synonymie.  Apocin  épineux,  Apocvnuni  fructu  spinoso.  — 
Liiin.  Pentandrie  Digynie.  —  Tourn.  Campanif.  —  Juss. 
famille  des  Apocynées.  —  Apocynnm  scaru.ens  siliquis  to- 
menlosis  et  aculeatis.  Plum.  69.  vol.  11.  —  Apocjnuiïî 
scandens  siliquis  ovatis,  aculeatis,  foîiis  ovato-cordatis.  D. 
En  anglais  Milky-Dogsbam. 

Caractères  génériques.  Herbes  et  arbrisseaux  lac- 
tesceas  ^  feuilles  opposées  ou  verticillées  ;  sans  stipu- 
les -,  calice  à  cinq  divisions  ;  corolle  monopétale  ré- 
gulière ,  ayant  l'entrée  de  son  tube  unie  ou  garnie 
d'appendices  de  formes  variées  ^  cinq  étamines  libres  et 
distinctes  ,  tantôt  monadelphes  et  recouvrant  l'ovaire  ; 
le  pollen  tantôt  pulvérulent  ,  tantôt  réuni  en  masses 
solides  *,  pistil  géminé  ou  unique  ,  provenant  de  la 
soudure  des  deux  ovaires  ^  le  fruit  est  un  follicule  sim- 
ple ou  double  ,  plus  rarement  une  baie.  Dans  les  pre- 
mières ,  le  fruit  est  unilocuîaire  et  contient  un  grand 
nombre  de  graines  imbriquées  ,  souvent  ornées  d'une 
aigrette  soyeuse  qui  part  de  la  base.  Les  graines  ren- 
ferment un  embryon  plane ,  avant  la  radicule  supé- 
rieure. 

Cara'ctères  particuliers.  Tige  grimpante  et  lactes- 
cente ;  feuilles  opposées,  cordifornies. 

Tome  HI.  —  48^  Liçf raison.  i4 


(  l-o  ) 

Histoire  naturelle.  Pour  exprimer  le  caractère  mal- 
faisant d'une  plante  vénéneuse  (dit  le  séduisant  auteur 
de  Paul  et  Virginie),  la  nature  rassemble  des  opposi- 
tions heurtées  de  formes  et  de  couleurs  qui  sont  des  si- 
gnes de  malfaisance  ^  telles  que  les  formes  rentrantes  et 
hérissées,  les  couleurs  livides  ,  les  verts  âtres,  et  frap- 
pés de  blanc  et  de  noir,  les  odeurs  virulentes.  Cepen- 
dant au  milieu  de  ces  écarts  apparens,  la  nature  est  tou- 
jours bonne  mère  puisqu'elle  place  partout  le  remède  à 
côté  du  mal  :  le  sol  offre  à  chaque  pas  des  antidotes 
propres  à  neutraliser  les  effets  délétères  de  ces  plantes 
suspectes.  La  reproduction  de  cette  classe  est  curieuse  : 
dans  les  Apocins  le  fruit  s'ouvre  ,  les  graines  se  diver- 
gent en  aigrette  et  le  vent  les  emporte  ,  ce  que  Castel  a 
très-bien  décrit  dans  son  poëme  sur  les  plantes,  où  il  dit 
avec  grâce  : 

L'une  a  pour  s'élever  des  panaches  mobiles, 
L'autre  , 

Une  aigrette  plumeuse  ou  des  ailes  agiles. 

On  se  sert  du  duvet  cotonneux  qui  adhère  aux  se- 
mences ,  quoique  très-court ,  dans  la  fabrication  des 
chapeaux  et  des  étoffes  ,  en  le  mêlant  au  coton  et  à  la 
laine,  etc. 

Caractèires  physiques.  Cet  Apocin  a  une  tige  grim- 
pante dont  les  feuilles  sont  en  forme  de  cœur ,  peu 
épaisses  ,  opposées ,  blanchâtres  ,  cotonneuses  en  des- 
sous, et  vertes  en  dessus.  Les  fleurs  disposées  par  bou- 
quets sont  rougeàtres.  Les  fruits  ,  deux  à  deux,  sont  de 
forme  ovoïde  ,  revêtus  d'aspérités  et  renfermant  des  se- 
mences aigrettées.  Le  fruit  est  couvert  de  deux  écorces  , 


(  '73  ) 
îa  première  est  verte  et  membraneuse  *,  la  seconde  est 
mince  ,   unie  et  de  couleur  jaunâtre  ^  elles  contiennent 
Un  duvet  cotonneux  adhérent  aux  semences  ,  et  qui  est 
peu  susceptible  d'être  filé  parce  qu'il  est  trop  court. 

Analyse  chimique.  Le  suc  laiteux  de  cet  Apociii  con- 
tient de  la  résine  dure ,  du  caoutchouc ,  une  matière  ex- 
tractive  ,  une  substance  glutineuse  ,  de  l'aibumine  et  un 
peu  d'acide  tartrique  :  eau  60,9  parties  sur  cent.  Les 
graines  ,  racines  et  écorces  sont  amères  et  fournissent 
du  tannin  et  un  extractif  particulier. 

Propriétés  délétères.  Les  apocynées  eu  général  ont 
un  principe  acre  et  stimulant  ^  ces  plantes  lactescentes 
ont  beaucoup  de  rapport  avec  les  Cerbera.  Dans  les 
premiers  temps  de  l'envahissement  de  Saint-Domingue 
par  les  flibustiers  ,  ils  employaient  le  fruit  comme 
épreuve  judiciaire  sur  les  individus  accusés  de  crimes 
non  prouvés  ^  s'ils  ne  succombaient  pas  à  l'action  de  ce 
breuvage  mortel,  ce  qui  dépendait  de  la  quautité  et  delà 
disposition  de  l'accusé,  il  était  alors  déclaré  innocent.  Ce 
suc  agit  en  déterminant  une  phlogose  intense  des  or- 
ganes avec  lesquels  il  est  mis  en  contact ,  et  par  suite 
une  excitation  vive  du  système  nerveux  :  il  agit  plus 
sûrement  étant  ingéré  que  par  l'absorption. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Le  suc  de  cette  plante 
obtenu  en  triturant  les  feuilles  avec  de  l'eau ,  étant  in- 
troduit dans  l'estomac,  enflamme  toutes  les  membranes 
qu'il  atteint  ^  Tanière -bouche  est  rouge  seulement,  mais 
les  désordres  sont  plus  effrayans  si  l'on  examine  les  vis- 
cères où  ce  suc  caustique  a  séjourné  -,  c'est  pourquoi  on 
y  observe  des  ecchymoses  formées  par  du  sang   extra- 

«4* 


(  '-4  ) 

vase  du  tissu  sous-muaueux  j  quelquefois  de  véritables 
eschares  gangreneuses  ;  quelquefois  il  Y  a  perforation  de 
l'estomac  ,  comme  je  l'ai  observé  chez  un  jeune  nègre 
qui  avait  été  victime  sinon  de  sa  gourmandise,  au  moins 
de  sa  curiosité.  L'estomac  et  le  rectum  sont  toujours  le 
siège  de  l'inflammation  ,  tandis  qu  elle  n'offre  aucune 
trace  dans  les  intestins  grêles. 

Secours  et  ain^tidotes.  Vomitif  doux  s'il  n'y  a  point 
trop  d'irritation  et  si  l'on  soupçonne  le  poison  d'être 
encore  dans  Tistomac.  Boissons  gommeuses  et  acidu- 
lées. 

Propriétés  médicinales.    D'après    la     dose   plus    ou 
moins  forte  de  ce  suc  1  liteux,  il  agit  comme  vomitif  ou 
comme  catliartique,  mais  son  emploi  laisse  toujours  des 
traces  brûlantes  de  son  passage  sur  les  membranes  qu'il 
plilogose  :  c'est  donc  un  véritable  poison  à  une  dose  un 
peu  élevée  ,  à  dix  ou  douze  grains  par  exemple.  Le  suc 
laiteux  des  Apocins,  appliqué  extérieurement,  est  dépila- 
toire.  Les  vieux  nègres  des  colonies   regardent  comme 
un  puissant  diurétique  la  décoction  des  feuilles,  de  l'é- 
corce  et  de   la  racine  dans  les  liydropisies  désespérées. 
Ils  pi  éparent  ainsi  la  racine  de  cette  plante  après  l'avoir 
mise  en  poudre.  Prenez  :  raciues  sèclies  d'Apocin,  une 
once,  oxiniel ,  une  livre  ;  la  dose  est  d'un  gros  tous  les 
matins.  Les  feuilles  pilées  et  appliquées  en  cataplasmes 
sont  regardées  comme  résolutives  et  recommandées  par 
les  praticiens  contre  Tengorgement  des  glandes  lympha- 
tiques.Quelques  médicastres  préparentdesbains  généraux 
avec  le  feuillage  de  cet  Apocin  et  celui  du  Tahernœmon- 
tana  îactescens,  décrit  au  premier  volume  de  cette  Flore , 
dans  les  douleurs  rhumatismales  ou  arthritiques. 


(.75) 

Mode  d'administration.  La  dose  de  l'oxiinel  apociné 
est  d'un  gros.  A  l'extérieur ,  uue  poignée  des  fleurs  , 
feuilles  et  racines. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE   CENT  QUATRE-VINGT-NEUF. 

I.  Graine.  . 


Nota.  -—Depuis  l'impression  de  la  quarante-septième 
livraison  ,  M.  Bonastre  m' ayant  communiqué  l'analyse 
récente  du  Solanum  manimosinn  faite  par  B.  Morin , 
pharmacien  à  Rouen  ,  et  indiquée  dans  le  Journal  de  chi- 
mie médicale ,  pharmacie  et  toxicologie  -,  je  m'empresse 
delà  transcrire.  (Février  iS^S,  p.  84.) 

Selon  M.  Morin  la  Morelle  mammiforme  contient  : 

i".  De  l'acide  malique  libre  ^ 

2°.  Du  malate  de  solanine  \ 

3°.  De  l'acide  gallique  ^ 

4*.  De  la  gomme  ; 

5°.  Une  matière  colorante  jaune -, 

6°.  Un  principe  nauséabond  ayant  quelque  analogie 
avec  le  principe  nauséeux  des  légumineuses  5 

7".  De  l'huile  volatile  en  petite  quantité  5 

8*.  De  la  fibre  ligneuse  5 

9"^.  Enfin  quelques  sels  minéraux. 


(  '76) 


VV%VVVVVV'.V>A/VVvVVvVVlVVVWVVVVk/VVVVVi\<VVVV«AfVVVVVVVVVVVVVtVV vvvvvvvvv^vv  vwvwtwvwwx  «v^wtr 

APOCIN  TACHETÉ. 

(^Toxique  narcotico-âcre.^ 

) 

Synonymie.  Vulgairement  Corne-Cabrît.  Liane  à  Cabrit.  — 
Apocynum  maculatum,  Linn.  Pentandrie  Digjnie.  —  Juss» 
famille  des  Apocynces.  —  Apocynum  scandens  silicis  ma- 
culosis  et  fructu  maculoso.  Plum.  vol.  2,  p.  74. 

Caractères  génériques.  Plantes  à  fleurs  monopéta- 
lées  ,  ayant  beaucoup  de  rapports  avec  les  Asclépiades  , 
les  Echiles,  les  Périploques  ,  dont  les  fleurs  sont  dispo- 
sées par  bouquets  presque  corynibi formes,  petites,  mais 
agréables  à  la  vue  ^  calice  monopliylle,  petit,  persistant 
et  à  demi  divisé  en  cinq  parties  \  corolle  monopétale  , 
campanulée  ,  courte  ,  dont  les  cinq  découpures  sont 
quelquefois  roulées  en  dehors  \  cinq  corpuscules  ovales 
qui  entourent  les  ovaires  -,  cinq  étamines  à  filets  courts 
et  soutenant  des  anthères  oblongues,  droites  ,  pointues, 
conniventes  \  stigmates  plus  grands  que  les  ovaires.  Le 
fruit  est  composé  de  deux  follicules  longs,  acuminés , 
unilocul aires  ,  s'ouvrant  chacun  d'un  seul  côté  par  une 
fente  longitudinale,  renfermant  des  semences  très-pe- 
tites ,  nombreuses,  ornées  d'une  longue  aigrette  soyeuse 
et  attachées  autour  d'un  placenta  libre  et  en  alêne. 

Caractî:res  particuliers.  Fruits  débiscens  ,  quel- 
quefois solitaires  ,  mais  ie  plus  souvent  réunis  deux  à 
deux  par  la  base. 


^y-  <y" 


J'en  fi  e  J'.itJp . 


(  >77  ) 
HiSTOiuE  2SAT1TRELLE.  L'Apociii  Come-Cabrît  croît 
aux  lieux  incultes  ,  sur  les  mornes  arides  où  l'on  remar- 
que ses  tiges  flexibles  et  tortueuses,  se  détachant  des  ro- 
chers caverneux  et  pendantes  en  festons  balancés  par 
Tair,  attirer  les  chèvres  légères  qui  les  saisissent  adroite- 
ment au  milieu  de  leurs  oscillations. 

D'autres  aux  trônes  mousseux,  à  la  branche  légère, 
Ont  confié  l'espoir  d'un  mutuel  amour. 

Tout  le  monde  sait  qu'on  désigne  sous  le  nom  de  Ca- 
hrit  une  espèce  de  chèvre  à  poil  ras  et  à  petites  cornes 
recourbées,  commune  aux  Antilles,  où  l'on  en  rencontre 
des  troupeaux  immenses.  La  vaste  habitation  de  M.  Ros- 
signol Desdunes  père,  aïeul  de  mon  épouse,  et  appelée 
l'Etable,  canton  de  l'Artibonite,  lie  Saint-Domingue  ,  la 
plus  richeen  végétation  que  j'aie  jamais  rencontrée,  offrait 
d'immenses  pâturages  à  des  milliers  d'animaux  de  toute 
espèce  :  elle  avait  quatre  lieues  de  superficie,  et  elle  était 
bordée  parla  mer,  la  rivière  limoneuse  de  l'Artibonite, 
la  rivière  limpide  et  profonde  de  l'Esterre  ,  enfin  par  la 
grande  route.  C'est  là  que  je  formai  mes  belles  collec- 
tions d'histoire  naturelle  dans  les  trois  règnes ,  et  c'est 
là  qu'on  eut  la  barbarie  de  les  livrer  aux  flammes  à  mes 
pieds  ,  après  m' avoir  attaché  au  fatal  poteau  où  je  devais 
être  massacré. 

Caractères  physiques.  La  tige  de  cette  plante  grim- 
pante est  ligneuse  ,  les  feuilles  sont  cordiformes  et  d'un 
vert  obscur ,  les  fleurs  sont  blanchâtres  et  remplacées 
par  des  fruits  déhiscens ,  quelquefois  solitaires ,  mais  le 
plus  souvent  attachés  deux  à  deux  par  la  base*,  ils  sont 
de  forme  cylindrique,  beaucoup  plus  longs  que  larges  , 
recourbés ,  lisses  ,  d'un  vert  glauque  et  poudreux,  mar- 


(  '78  ) 
qués  ça  et  là  de  taches  différentes-,  ils  s'ouvrent  en  deux 
dans  toute  leur  longueur  lors  de  leur  maturité,  et  laissent 
échapper  des  graines  aigrettées  et  cannelées. 

Pour  toujours  exilé  ,  peut-être  ,  de  ces  belles  pro- 
priétés, de  ce  paradis  terrestre,  séjour  enchanteur  pour 
un  peintre  et  un  ami  de  la  nature,  je  puis  répéter  d'après 
Tityre  : 

Et  vous  chèvres,  jadis  mes  compagnes  heureuses  , 
Je  ne  vous  verrai  plus  sur  la  croupe  des  monts  , 
Pendre  du  haut  des  rocs  bérissés  de  buissons  , 
Et  tandis  que  je  chante  au  bord  d'une  onde  pure, 
DeVjdpocin-Cabritéhrancher  la  verdure!!! 

Delille. 

Analyse  chimique.  Le  suc  laiteux  contient  une  résine 
acre  ,  du  caoutchouc  ,  une  substance  extractive  amère  , 
une  gomme  jaunâtre,  de  l'albumine,  de  l'eau,  delhuile 
grasse  ,  et  de  l'acide  tartrique  en  petite  quantité. 

Propriétés  délétères.  Les  anciens  Caraïbes  empoi- 
sonnaient leurs  flèches  avec  l'extrait  des  Apocins  qui 
sèche  sur  le  fer  et  forme  un  enduit.  Lorsqu'ils  voulaient 
se  servir  de  ces  flèches ,  ils  humectaient  le  fer  avec  leur 
salive.  A  petite  dose  le  suc  laiteux  de  cet  Apocin  paraît 
enivrer  ;  à  moyenne  dose  il  cause  un  délire  furieux  ^  à 
forte  dose  il  donne  la  mort. 

Symptômes  d'empoisokkemeist.  Fièvre  violente  ,  pal- 
pitations, convulsions,  perte  de  connaissance  ,  au  réveil 
esprit  aliéné,  mort  au  bout  de  vingt-quatre  heures. 

Secours  et  antidotes.  Deux  jeunes  négresses  qui  , 
par  un  dépit  amoureux,  voulurent  s'empoisonner  toutes 
deux  ,  prirent  le  suc  d'Apocin  qui  devint  mortel  poui-  la 
plus  jeune  parce  qu'elle  ne  voulut  rien  prendre,  tandis 


(  '79  ) 
que  je  sauvai   l'aînée  au   moyen  d'un  vomitif  et  d'une 
infusion  aromatique  acidulée. 

Propriétés  médicinales.  Les  pharmacopées  améri- 
caines signalent  la  Liane  à  Cabrit  comme  émolliente  et 
relâchante.  Les  auteurs  prétendent  que  le  suc  visqueux 
et  laiteux  qui  en  découle,  appliqué  sur  les  piqûres,  en 
fait  sortir  les  épines  ou  autres  corps  étrangers  qui  y  ont 
pénétré.  Minguet,  ancien  habitant  de  Saint-Domingue 
qui  s'est  occupé  toute  sa  vie  de  l'étude  des  plantes 
usuelles  de  cette  colonie,  recommandait  l'application  de 
ce  suc  dans  l'hémorragie  des  blessures. 


EXPLICATION  DE  LA   PLANCHE  CENT  QUATUE-VINGT-DIX. 

La  plante  est  représentée  demi-grandeur  naturelle. 
1.  Fruit  coupé  transversalement. 


(   >8o  ) 

VV^;<*^XVVVV\VVVVV»VVVVVVVV»VV»VVVVV»VVVVVVVVVVVVVVVVVVVV»VVWV'VVVVVVVV**VVV\'VV\'V^ 

APOCm  CITRON. 

(  Toxique  narcotico-âcre.  ) 

Synonymie.  Vulgairement  Tue-Chien.  Apocynum  citrifo- 
lium  ,  Linn.  Pentandrie  Digynie.  —  Juss.  Apocjnées.  — 
Apocynum  scandens  majus  siliquis  citri-formibus.  Pluni. 
fig.  B.  A.,  pi.  73,  vol.  2.  —  Periploca  scandens  foiiis  con- 
volvuli.  Poup.-Dcsp, 

Caractères  génériques.  Calice  monophylle  ,  petit  , 
persistant  et  à  cinq  divisions  ^  corolle  monopétale  ,  cani- 
panuîée  ,  courte  ,  divisée  en  cinq  parties  roulées  en  de- 
hors 5  cinq  corpuscules  glanduleux  placés  à  la  base  in- 
terne de  la  corolle  •,  cinq  étamines  dont  les  filets  sou- 
tiennent des  anthères  bifides  et  qui  ne  sortent  pas  de  la 
fleur  ;  deux  ovaires  supérieurs  dont  les  styles  ont  leurs 
stigmates  bilobés-,  le  fruit  est  composé  de  deux  folli- 
cules longs ,  acuminés  ,  uniloculaires ,  s'ouvrant  par 
une  seule  fente  longitudinale,  contenant  des  semences 
fort  petites,  fort  nombreuses,  aigrettées  et  attachées  au- 
tour d'un  placenta  libre  et  en  alêne.  Toutes  les  parties 
de  cette  plante  donnent  un  suc  laiteux  vénéneux. 

Caractères  particuliers.  Feuilles  opposées,  ovales, 
auriculées  *,  fleurs  stelliformes. 

Histoire  naturelle.  Les  Apocynées  sont  réputées 
vénéneuses  principalement  pour  les  chiens  s'il  faut  s'en 
rapporter  à  l'étymologie  qu'en  donne  M.  Dclauiiay  dans 
son  Almanach  du  bon  jardinier,  qu'il  compose  de  yJpo  , 
Longé  ,  gare ,  Kjon ,    Canis ,  Chien  ,  ce  qui  le  fait  ap- 


/y 


JOJ. 


T'Â^*.^t\*  Mej'countûi.   /^ui    . 


J*i*ree  Jru^' 


AFOCIN    riTltON 


(  i8i  ) 

peler  Tue-Chien.  On  cultive  les  Apocyuées  dans  les 
bonnes  terres  un  peu  légères  -,  il  faut  les  arroser  à  rap- 
proche de  la  floraison  ,  et  pendant  l'accroissement  des 
fleurs,  elles  demandent  un  moyen  soleil  de  préférence  à 
une  exposition  en  plein  midi  ^  on  les  multiplie  de  graines 
semées  en  mars  ,  ou  par  l'éclat  des  pieds  après  que  la 
plante  a  donné  ses  graines.  Ces  plantes  demandent  l'o- 
rangerie. 

Caractères  particuliers.  Cette  espèce  rampe  comme 
la  précédente^  les  tiges  ont  la  même  grosseur  et  la  même 
longueur  ^  elles  sont  fort  unies ,  dit  Plumier,  grises  et 
garnies  à  chaque  nœud  de  deux  feuilles  opposées  ,  de 
même  grandeur  et  figure  ,  quoiqu'elles  soient  un  peu  plus 
enfoncées  vers  le  pédicule  5  les  fleurs  sont  steliiformes , 
rougeâtres ,  et  les  fruits  qui  pendent  au  bout  de  quel- 
ques branches  fort  courtes,  sont  jaunes  et  ressemblent 
très-bien  à  des  citrons  raboteux ,  relevés  par  des  arêtes 
et  composés  d'une  écorce  mollasse  ,  très-blanche ,  lai- 
teuse en  dedans  et  marbrée  au  dehors  de  vert  et  de 
jaune,  renfermant  dans  le  milieu  un  amas  un  peu  plus 
grand  qu'un  œuf  de  plusieurs  semences  écailleuses  roux- 
tannées  et  ornées  chacune  d'une  petite  aigrette  très- 
blanche. 

Analyse  chimique.  Mêmes  principes  que  ses  congé- 
nères. 

Propriétés  délétères^  Les  blessures  faites  par  des 
flèches  chargées  du  suc  des  Apocins  sont  mortelles  , 
tandis  que  la  décoction  des  feuilles  de  la  même  plante 
est  seulement  purgative.  La  mort  est  plus  prompte  en- 
core si  le  venin  est  parvenu  à  la  circulation  par  intUvS- 
susception.  Les  chairs  des  animaux  ne  contractent  au- 


(  18^  ) 
cune  propriété  malfaisante  pourvu  qu'on  enlève  le  mor- 
ceau qui  a  été  en  contact  avec  le  poison. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Mal  de  gorge  ,  inap- 
pétence ;  au  réveil ,  ivresse  et  fureur  :  yeux  hagards  et 
immobiles  ,  visage  riant,  paralysie  de  l'œsophage*,  d'au- 
tres fois  agitation  convulsive,  perte  de  connaissance  ;  vo- 
missemens  et  déjections  sanguines. 

Secours  et  antidotes.  Si  l'on  est  appelé  à  temps,  on 
doit  d'abord  recourir  à  un  vomitif,  puis  à  de  la  limo- 
nade de  tamarins  ,  ou  à  toute  autre  boisson  acidulée. 
S'il  y  a  afl'ection  soporeuse ,  on  fait  frictionner  le  corps 
avec  du  vinaigre.  Les  absorbans  réussissent  quelquefois 
à  l'intérieur. 

Propriétés  médicinales.  Les  végétaux  vénéneux  pris 
à  l'intérieur,  avec  une  sage  réserve,  semblent  entraver  la 
marche  des  maladies  chroniques  en  emoussant  la  sensi- 
bilité organique.  C'est  ainsi  que  Ton  prévient  par  leur 
usage  les  accidens  qui  déterminent  plusieurs  espèces  de 
phthisies.  Le  suc  de  cet  Apocin,  pris  à  l'intérieur,  fait  di- 
later la  pupille,  ainsi  que  tous  les  narcotiques.  On  a  re- 
marqué que  les  espèces  vivaces  ont  plus  d'énergie  que 
les  espèces  annuelles,  et  qu'il  faut  les  administrer  à 
moindre  dose.  Poupée-Desportes,  médecin  à  Saint-Do- 
mingue, et  Minguet  le  naturaliste,  faisaient  infuser  au 
soleil  une  grande  quantité  de  ces  feuilles  dans  une  bai- 
gnoire :  ils  attribuaient  à  ces  bains  une  vertu  fébrifuge. 

Mode  d'administration.  La  dose  du  suc  comme  vo- 
mitif est  de  lo  à  12  grains  en  trois  doses,  à  demi-heure 
de  distance  ,  et  celle  des  feuilles  est  de  plusieurs  poi- 
gnées. 

explication  de  la  planche  cent  quatre-vingt-onze. 
1.  Graine. 


T'Aeoaori'  /h\i\-ou/-/t7\  y'r/t,r  . 


Y.Vin TE  TOliliU Lie l/.SK 


8?)  ) 


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ECHITE  TORULEUSE. 

(  Toxique  narcotico  -  acre,  ) 

Synonymie.  Vulgairement  Liane  Mangle.  —  Echites  torulosa. 
Linn.  —  Pentandrie  Monogynie.  Juss.  Famille  des  Apocy- 
nées.  Echites  pedunculis  subracemosis  ,  foliis  lanceolalis, 
acuminatis  (folliculis  torulosis.)  Lin.  Jacq.  Amer.  33  t.  27, 
Pict.  22,  t.  34-  —  Apocynum  scandens  ,  foliis  amygdali ,  si- 
liquis  emeri.  Plum.  Spec.  2  ,  Burm.  Amer,  t.  27  ,  f.  1  •  — 
Tournef.  92.  —  Nerium  sarmentosum  scandens  ,  ramulis 
tenuibus  ,  folliculis  gracilibus,  torosis.  Brown.  Jam.  iSi, 
t.  16,  r.  2.  — Periploca  siliquis  angustissirais  etlongissimis 
scorpioidis.  Poup.-Desp. 

Caractères  génériques.  Plantes  ligneuses,  sarmen- 
leuses  et  grimpantes,  à  suc  propre  laiteux,  à  feuilles 
simples  et  opposées,  à  fleurs  infundibuliformes,  pédon- 
culées  et  axillaires ,  auxquelles  succèdent  des  follicules 
géminés,  longs,  la  plupart  cylindriques,  contenant  des 
semences  à  aigrettes  \  calice  à  cinq  découpures  pointues; 
corolle  infundibuiiforme  beaucoup  plus  longue  que  le 
calice  ;  cinq  glandes  environnant  les  ovaires  ;  cinq  éta- 
mines  non  saillantes  hors  de  la  fleur,  à  filamens  attachés 
au  tube  de  la  corolle;  anthères  oblongues,  convergentes  ; 
deux  ovaires  supérieurs  surmontés  d.\in  seul  style 
pourvu  d'un  stigmate  à  deux  lobes.  Pour  finit  deux  fol- 
licules longs,  grêles  ,  uniloculaires ,  univalves  et  conte- 
nant des  semences  aigrettées  ,  imbriquées  autour  d'un, 
placenta  libre  et  longitudinaL 


(  i84  ) 
Caractères    particuliers.     Pédoncules     presque     à 
grappes  ;    feuilles   lancéolées  ,    aiguës.    Jamaïque.  (Vi- 
vace.  ) 

Histoire  naturelle.  On  a  donné  à  cette  plante  le 
nom  de  Liane  mangle  parce  qu'elle  se  trouve  au  milieu 
des  mangles  et  des  palétuviers  qui  bordent  le  rivage 
de  la  mer.  Elle  s'y  multiplie  à  profusion  et  ne  souffre  au- 
tour d'elle  aucune  sorte  d'herbes.  Le  coton  de  ses  grai- 
nes est  court,  mais  en  le  mêlant  à  d'autres  produits  de 
plantes  à  filature,  il  offre  encore  quelque  avantage. 
Cette  plante  cultivée  en  Europe  demande  un  bon  ter- 
rain \  mais  elle  produit  avec  peu  de  terrain  de  quoi  en- 
semencer cent  fois  davantage.  Les  graines  en  Europe 
sont  mûres  en  août  et  s'ouvrent  en  septembre.  Quelques 
voyageurs  prétendent  que  l'écorce  et  la  partie  ligneuse 
de  cette  Ecbite  sont  semblables  à  celles  du  lin  et  du 
chanvre ,  et  qu'elles  peuvent  les  remplacer  en  les  fai- 
sant rouir  et  en  les  préparant  de  même  que  ces  plantes 
d'Europe.  La  filasse  que  fournit  cette  écorce  ainsi  pré- 
parée, est  souple  ,  fine  et  d'une  blancheur  qui  lui  per- 
met d'être  employée  à  faire  des  toiles.  N'ayant  pu  véri- 
fier ce  fait,  je  ne  le  donne  pas  pour  certain. 

Caractères  physiques.  Cette  espèce  est  remarquable 
par  ses  fruits  grêles,  toruleux  et  comme  noueux  ,  à  la 
manière  de  ceux  des  Coronilles  \  ses  tiges  sont  ligneuses, 
menues  ,  cylindriques  ,  volubiles  et  grimpantes  ;  ses 
feuilles  sont  glabres,  pétiolées,  lancéolées,  pointues, 
longues  d'un  à  deux  pouces^  les  fleurs  sont  petites  ,  de 
la  figure  d'une  croix  de  Malte,  elles  naissent  environ 
six  ensemble  en  bouquets  ombelliformes ,  pédoncules  et 
axillaires.  Les  fleurs  sont  blanches  ou  purpurines  et  assez 


(  >85  ) 

semblables  à  celles  du  Jasmin ,  sinon  que  les  pétales 
sont  tronqués.  C'est  au  père  Plumier  que  l'on  doit 
leur  découverte.  Les  follicules  sont  presque  filiformes  et 
ont  plus  de  six  pouces  de  longueur. 

Analyse  chimique.  Les  produits  sont  les  mêmes  que 
ceux  des  Apocynées. 

Propriétés  délétères.  Le  suc  concret  de  l'Echite 
toruleuse  est  vénéneux  à  haute  dose,  et  détermine  une 
violente  irritation  des  organes  avec  lesquels  elle  est  mise 
en  contact ,  et  par  suite  une  vive  excitation  du  système 
nerveux.  Il  est  rarement  absorbé  ,  et  agit  plus  tôt  lors- 
qu'il est  introduit  dans  l'estomac. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Yomissemens  ,  syn- 
cope ,  délire  et  autres  signes  propres  aux  narcotiques. 

Secours  et  antidotes.  Eau  gommeuse  acidulée. 

Propriétés  médicinales.  Quelques  médjcastres  font 
entrer  dans  leurs  compositions  mystiques  la  décoction 
des  jeunes  pousses  et  des  jeunes  rameaux  de  cette  plante 
pour  la  guérison  des  maladies  vénériennes.  L'Echite 
offre  une  propriété  émé tique  ou  purgative  due  au  suc 
propre  laiteux  et  très-abondant,  qui  découle,  à  la  moin- 
dre déchirure,  de  la  tige,  ou  à  la  trituration  des  feuilles. 
Les  nègres  se  purgent  aussi  avec  les  graines  :  elles  sont 
huileuses,  d'une  saveur  d'amande*,  mais  elles  deviennent 
nauséabondes,  provoquent  des  évacuations  copieuses  cl 
accompagnées  de  coliques  si  la  dose  est  trop  forte. 

Mode  d'administr\tion.  La  dose  du  suc  laiteux  con- 
crète est  de  12  a  i5  grains  pris  en  trois  doses  ,  à  demi- 
heure  de   distance.  L'infusion  des  feuilles  à  froid  et  à 


(  i86  ) 

petite  dose  est  purgative;  à  moyenne  dose  elle  est  énrié- 
tique. 


EXPLICATION    DE     LA    PLÀIVCHE    CEINT    QUATRE-VINGT-DOUZE. 

/ 

La  plante  est  réduite  à  moitié  de  g^randeur. 


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(  '8?  ) 


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CAMÉRIER  A  FEUILLES  LARGES. 


(  Toxique  narcotico  -  acre.  ) 


Synonymie.  Cameraria  latifolla.  Lin.  Pentandrie  Monogjnie. 
Juss.  Famille  des  Apocynées.  Cameraria  foliis  ovatis  utrin- 
què  acutis  transversè  striatis.  Lin.  Mill.  Jacq.  Amer.  87, 
lab.  182,  f.  86. —  Cameraria  lato  mjrti  folio.  Plum.  Jen.  18. 
Icon.  72,  f.  1.  —  Cameraria  arborea  foliis  ovatc-acumina- 
tis,nitidis,  rigidis,  reflexis.  Brown.  Jam.  182  En  anglais, 
Camerary. 


Caractères  génériques.  Feuilles  simples  et  oppo- 
sées •,  fleurs  contournées  ;  follicules  géminées  contenant 
des  semences  munies  d'ailes  membraneuses.  Calice  mo- 
nophylle  ,  très-court  et  à  cinq  dents  ^  corolle  infundi- 
buliforme  ,  à  tube  renflé  à  sa  base  et  à  son  sommet ,  à 
limbe  plane  ,  partagé  en  cinq  lobes  lancéolés  ,  tournés 
un  peu  obliquement.  Cinq  étamines  petites  \  anthères 
conniventes  ^  ovaire  supérieur  à  deux  lobes  ,  stigmate 
bifide  ou  à  plusieurs  crénelures.  —  Follicules  oblongs  , 
comprimés  ,  liastés  ,  ayant  deux  lobes  opposés  à  la  base , 
écartés  horizontalement  l'un  de  l'autre  ,  univalves  ,  ren- 
fermant plusieurs  semences  ovales  ,  aplaties  ,  terminées 
par  une  aile  membraneuse  et  embriquëe. 

Caractères  particuliers.   Feuilles  ovales,  aiguës  des 
ToMR  m.  —  49*^  Livraison.  i5 


(  .88  ) 

deux  côtés,  striées  transversalement.  Fruits  folliculaires, 
lancéolés  ,  uni  valves. 

Histoire  naturelle.  Cet  arbre  suspect  croît  dans  les 
forêts  humides  de  l'Amérique  méridionale  où  il  fournit 
aux  malfaiteurs  un  suc  vénéneux  dont  souvent  ils  font 
une  dangereuse  application.  La  couleur  tannée  de  ses  fruits 
semble  prévenir  le  voyageur  de  ses  qualités  malfaisan- 
tes :  aussi  regrette-t-on  de  lui  voir  disputer  le  terrain  aux 
lianes  bigarrées  et  utiles  qui  offrent  tant  d'avantages  à 
l'homme. 

Tel  un  insecte  impur  ,  caché  dans  nos  fontaines  , 
De  leurs  plus  belles  eaux  empoisonne  le  cours. 

Chenedollé. 


Les  nègres  marrons  préparent  avec  le  suc  laiteux 
qui  transsude  de  cet  arbre  un  poison  dont  ils  endui- 
sent la  pointe  de  leurs  flèches  ,  et  qui  a  beaucoup  de 
rapport  avec  le  poisou  apprêté  par  les  Galibis  de  la 
Guiane  et  appelé  Woorara,  dont  ces  sauvages  arment 
leurs  sarbacanes  pour  abattre  les  singes  qui  peuplent 
leurs  forêts,  ou  dévastent  leurs  vergers.  Les  animaux 
frappés  de  ces  flèches  empoisonnées  éprouvent  en  tom- 
bant des  convulsions  horribles  qui  prouvent  que  le  poi- 
son acre  agit  sur  le  système  nerveux.  Cependant  on  peut 
manger  la  chair  des  animaux  frappés  de  ces  flèches  ,  si 
l'on  a  eu  soin  d'enlever  la  partie  qui  se  trouve  en  con- 
tact avec  le  poison.  Les  nègres  marrons  font  un  extrait 
presque  sec  du  suc  du  Camérier  ,  qu'ils  mêlent  avec  les 
sucs  de  Cei  bera  Allouai  des  Antilles  et  des  Mancenilliers  ^ 


(  -89  ) 
ils  renferment  dans  des  feuilles  du  balisier ,  et  le  trans- 
mettent à  leur  famille  pour  des  usages  homicides. 

Cette  plante  a  été  consacrée  par  Plumier  ,  à  Caméra- 
ria  ,  botaniste  célèbre  du  seizième  siècle  ,  qui  ,  le  pre- 
mier ,  a  figuré  dans  ses  écrits  les  détails  de  la  floraison  et 
de  la  fructification. 

Ca«actères  physiques.  Cet  arbre  élevé  ,  rameux  et 
d'un  aspect  sinistre  ,  abonde  en  un  suc  laiteux  très- 
blanc.  Son  tronc  est  droit  et  épais  ;  ses  petits  rameaux 
sont  la  plupart  fourchus  *,  ses  feuilles  sont  opposées  , 
pétiolées  ,  ovales,  acuminées  ,  très  -  entières  ,  un  peu 
roides  ,  luisantes  ,  et  remarquables  par  des  stries  paral- 
lèles et  transversales.  Les  fleurs  sont  blanches,  pédon- 
culées ,  et  terminent  les  rameaux.  Les  fruits  ,  d'un  jaune 
tanné  ,  sont  posés  horizontalement  ,  à  la  base  l'un  de 
l'autre  ,  et  ont  la  forme  d'un  gros  gland  strié  ,  mais 
aplati  d'un  côté  et  convexe  de  l'autre. 

On  trouve  encore  aux  Antilles  le  Camérier  à  feuilles 
linéaires  ,  et  celui  à  fleurs  jaunes  dont  les  propriétés 
sont  analogues.  , 

Analyse  chimique.  Le  Camérier  donne  par  sa  décom- 
position les  mêmes  principes  que  les  autres  apocynées  , 
c'est-à-dire  le  suc  laiteux  :  résine  dure  ,  caoutchouc  , 
matière  extractive  ,  substance  gliitineuse  ,  de  l'albumine, 
et  de  l'acide  tartrique  .  enfin  de  l'eau. 

Propriétés  délétères.  Il  paraît  ,  d'après  des  expé- 
riences réitérées  que  j'ai  été  à  portée  de  faire,  que  le  suc 
du  Camérier  porte  spécialement  son  action  sur  le   sys- 

i5' 


(  190  ) 

tènie  nerveux  ,   et   particulièrement   sur  le  cerveau  ^  et 
qu'il  agit  aussi  par  la  voie  de  l'absorption. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Inflammation  des  mem- 
branes muqueuses ,  etc.  ^  autres  signes  propres  aux  apo- 
cynées. 

Secours  et  antidotes.    Les  boissons   gommeuses  et 

acidulées. 

/ 

Propriétés  médicinales.   Je  ne  lui  en  connais  pas. 


EXPLICATION    PE  LA    PLAWCHE   CENT  QUATIIE-VINGT-TREIZE. 

1.  Gousse. 

î?.  Graine  ailée. 


/y.  z<i4 


2'^f»^re  Z^krenuT'li^TL.  J^inay . 


K^rPiiOllBE  ÀBMArTÉE.*^  KrAlILATES. 


(  -9'  ) 


WVVVVV«VVVV«VVVVVVVVVVVVVVVVVVVV\VVWVVVVVVVVVVVVVVViVVVVVVVV»VVVVVVVVVVVVV\M^«VVVVk'«VVVVVVVV 


EUPHORBE  A  BRACTÉES  ÉCARLATES. 


(  Toxique  narcotico-âcre.  ) 


Synonymie.  Fleur  de  Feu.  —  Euphorbia  Punicea.  Jacquin , 
3  vol.,  p.  5,  pi.  4^4-  Icon.  des  PI.  rares.  — Linn.  Dodécan- 
drie  Trigynie.  Juss.,  classe  des  Euphorbes. —  SwartzProd. 
—  Ait.  Kew.  2,  p.  i43  —  Euphorbia  umbellâ  quinquefidâ, 
trifida,  involiicellis  ovalibus,  acuminatis ,  coloratis  ,  capsu- 
lis  glabris  ,  foliis  obovato-lanceolatis^subtùsg'laucis.  Swartz. 
Flor.  Ind.  Occid.,  2,  p.  873.  —  Smith,  Icon.  pict.  3,  tab.3. 
Jacq.,  Icon.  Pvar.  3,  tab.  484?  etc.,  col.  2,  p.  179. 


Caractïeres  génériques.  Corolle  de  quatre  ou  cinq 
pétales  ,  assise  sur  le  calice  5  calice  nionopliylle  ,  ventru  *, 
capsule  à  trois  coques  ,  pédicellée  ,  élastique. 

Caracter.es  particuliers.  Ombelle  quinquéfide  ,  tri- 
tide  \  involucelles  ovales ,  acuminées  ,  colorées  \  capsules 
glabres  ;  feuilles  lancéolées  cunéiformes,  glauques  par- 
dessous. 

Histoire  naturelle.  On  rencontre  cette  Euphorbe 
sur  diverses  montagnes  de  la  Jamaïque  ,  de  Cuba  ,  de 
Saint-Domingue  et  des  autres  Antilles  ,  au  milieu  des 
broussailles  et  des  lierres  ,  où  Féclat  de  ses  fleurs  la  fait 


(  '9^  ) 
bientôt  remarquer.  Les  fruits  et  les  feuilles,  jetés  dans 
l'eau  ,  enivrent  les  poissons  qui  surnagent  à  sa  sur- 
face ,  comme  s'ils  étaient  privés  de  la  vie  ,  ce  qui  laisse 
aux  peclieurs  le  temps  de  les  prendre.  On  peut  les  man- 
ger sans  danger,  après  les  avoir  vidés. 

Caractères  physiques.  Les  tiges  de  celte  Euphorbe 
superbe  sont  ligneuses  ,  et  s'élèvent  à  quinze  ou  vingt 
pieds  ,  rameuses  à  leur  sommet  ^  l'écorce  est  d'un  gris 
argenté ,  portant  ça  et  là  les  vestiges  des  anciennes  feuil- 
les. Les  rameaux  sont  lisses  ,  dicliotomes  ,  étalés  ,  ren- 
flés à  leur  bifurcation  ;  ils  portent  ,  vers  leur  sommet  , 
des  feuilles  agrégées  ,  presque  sessiles  ,  ovales  ,  lan- 
céolées ,  à  peine  aiguës  ,  pendantes  ,  d'un  vert  foncé  en 
dessus,  et  marquées  de  nervures  horizontales  très- régu- 
lières ^  glauques  en  dessous  ,  souvent  d'un  rouge  écarîate 
à  leur  base  ^  les  ombelles  droites  terminales ,  à  cinq 
rayons  trifides  ,  pubescens  -,  les  involucres  partiels  com- 
posés de  deux  folioles  sessiles  ,  oblongues  ,  acuminées  , 
entières  ,  d'un  beau  rouge  -,  les  fleurs  jaunâtres  :  le  calice 
ventru  ,  pubescent ,  pileux  en  dedans  -,  cinq  à  six  pétales 
jaunes ,  tronqués  ,  persistans ,  insérés  sur  les  bords  du 
calice  ^  douze  à  quinze  étamines  entremêlées  avec  des 
filets  nombreux  ^  l'ovaire  pédicelle  ,  incliné  ,  d'un  vert 
rougeâtre  *,  le  style  rouge,  trifide  à  son  sommet;  les  stig- 
mates noirs  ,  obtus  \  les  capsules  glabres ,  arrondies  ,  de 
la  grosseur  d'une  petite  cerise  \  les  semences  glabies  et 
brunes. 

Analyse  chimique.  Cette  Euphorbe  répand  un  suc 
laiteux  qui  fournit  une  résine  acre  \  un  peu  de  caout- 
chouc ,  une  substance  extractive  ,  une  gomme  jaunâtre  , 


(  '93  ) 

de  l'aJbumine  ,  de  l'eau  ,  de  l'huile  grasse  ,  et  de  l'acide 
tartrique  en  petite  quantité. 

Propriétés  délétères.  Les  semences  de  cette  Eu- 
phorbe doivent  leur  âcreté  à  un  principe  vénéneux  qui 
réside  dans  l'embryon  ,  propriété  que  partage  le  suc  lactes- 
cent qui  découle  de  toute  la  plante  incisée  ,  lequel  est  de 
nature  gommo-résineuse. 

Symptômes  d'empoisonnement.  Inflammation  de  la 
langue  et  de  la  cavité  buccale  ^  vésication  ,  vomissemens 
et  superpurgation  ^  convulsions  ,  etc. 

Secours  et  antidotes.  Saignées ,  mucilagineux ,  opia- 
cées, et  surtout  boissons  acidulées. 

Propriétés  médicinales.  L'Euphorbe  rouge  ainsi  que 
ses  congénères  est  émélique  ,  drastique  et  caustique.  Sa 
semence  offre  un  violent  purgatif  aux  nègres  qui  la  re- 
cherchent ,  malgré  les  dangers  qui  surviennent  à  son 
imprudente  administration.  Le  suc  laiteux  de  la  plante  , 
appliqué  sur  les  verrues  ,  les  ronge  et  les  dissipe.  Quatre 
grains  du  suc  de  cette  Euphorbe  ,  malaxés  avec  de  la 
magnésie  ,  sont  ordonnés  avec  avantage  dans  la  syphilis 
par  les  praticiens  du  pavs.  Comme  topique  ,  le  suc  lai- 
teux de  cette  Euphorbe  est  administré  ,  avec  certain 
succès  ,  dans  le  traitement  de  la  teigne  ,  et  contre  cer- 
tains cas  d'odontalgie  ,  comme  épispaslique ,  car  il  est  si 
causlitjue  qu'il  sert  souvent  aux  négresses  de  dépilatoire. 

Mode  d'administration.  La  dose  des  graines  est  de 
une  à  quatre  au  plus  ,  encore  un  médecin  prudent  doit- 


(  '94  ) 
il  bannir  de  son  domaine  cette  médication  trop  héroïque. 
Leur  teinture   alcoolique  se  prescrit  par  gros  dans  Thy- 
dropisie.   On  ne  doit  jamais  employer  ces  graines  qu'a- 
près les  avoir  fait  sécher  ou  torréfier. 


EXPLICATION  DELA  PLANCHE  CENT  QUATRE-VINGT-QUATORZE. 

Partie  supérieure  de    la    tige  fleurie  ,  moitié  de  grandeur 
naturelle. 

1.  Une  fleur. 


OHFÏLÎE  CKTADILLE  . 


Pffeu  Scu/^. 


95  ) 


vwv  wvvww  v%%vv\A\vvvvvv^\\^\^v^^'vvvvvvv\vvvvvvvvvvvv^/vvvvvvv'Vv'Vv  vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv  vvv 


ORFILIE  CÉVADILLE. 


(  Toxique  corrosive.  ) 


Synonymie.  Vulgairement  Cébadille,  Poudre  de  Capucin. 
Veratrum  Sabadilla.  Linn.  Polygamie  Monoécie.  Jus  s.  Mo- 
noeotjlédones  ,  famille  des  Juncinées.  —  Colchicacées  de 
De  Candolle.  —  Veratrum  Sabadilla.  —  Veratrum  race- 
mo  spicato  ,  simplici  ,  floribus  secundis  ,  pedunculatis , 
subnutantibus.  Retz.,  Obs.  bot.,  pars  i,  p.  3i,  n.  107.  — 
Gmel.j  Syst.  nat.,  vol.  1,  p.  689,  n.  4-  —  Veratrum  Saba- 
dilla ,  racemo  simplici;  floribus  secundis  ,  subnutantibus. 
Wild.  Spec.  Plant.,  vol.  4î  P«  897,  n.  5.  — Orfilia  racemo 
simplici,  floribus  hermapbroditis ,  spicatis,  secundis,  sub- 
nutantibus ,  fructibus  tripbyllis.  D. 


CARACTiiREs  GÉNÉRIQUES.  Plante  monocotylédoiie  , 
à  fleurs  polygames,  à  feuilles  ovales  nerveuses^  des  gai- 
nes oblongues  ,  entières  ^  fleurs  polygames  disposées  en 
panicule  ;  calice  (ou  corolle)  à  six  découpures  égales, 
colorées  \  six  étamines  -,  trois  ovaires  distincts  ^  trois  styles 
courts  :,  trois  capsules  oblongues  à  deux  valves  -,  plusieurs 
semences  membraneuses.    (Encycl.  ) 

CARACTi:RES  PARTICULIERS.  Flcurs  hermaphrodites  et 
quelquefois  mâles  par  avortement  de  Tovaire  ;  fruits  à 
trois  loges  ,  contCDant  chacune  tiois  semeiKcs  obtuses 


(   -96) 

à  l'une  des  exlrén}ités  ,  et  presque  imbriquées ,  retenues 
par  un  pédicule  très-court  à  la  suture  intérieure. 

Histoire  naturelle.  J'ai  cru  devoir  rendre  hommage 
aux  belles  découvertes  du  docteur  Orfîla  ,  en  lui  consa- 
crant cette  espèce  de  Varaire  qui  n'a  jamais  été  figurée  , 
et  que  je  me  suis  procurée,  par  de  grands  sacrifices  ,  d'un 
capitaine  de  navire  marchand  venant  du  Mexique.  Les 
événemens  politiques  de  Saint-Domingue  m'ont  privé  de 
ces  plants  rares  et  précieux.  En  effet ,  il  n'existe  pas  de 
plante  qui  ait  ,  plus  que  la  Cévadille ,  éveillé-  l'attention 
des  naturalistes,  et  qui ,  malgré  leurs  études ,  soit  moins 
connue.  Les  semences  de  ce  végétal  héroïque,  étant 
les  seules  parties  employées  en  médecine  ,  ont  été  regai- 
dées  par  quelques  observateurs  comme  provenant  d'une 
graminée  ,  et  d'après  leur  forme  nommées  Hordeolum 
(petite  orge),  tandis  que  plusieurs  autres,  fondés  sur 
leurs  propriétés  ,  les  rapportaient  aux  Delphinies  ,  et  les 
rapprochaient  des  Staphisaigres.  Quelques  botanistes , 
ayant  enfin  mieux  examiné  la  Cévadille  ,  lui  ont  assigné 
le  rang  qu'elle  doit  occuper  dans  la  division  naturelle  ,  et 
l'ont  mise  à  sa  véritable  place,  en  la  forçant  d'augmenter, 
comme  espèce  ,  le  genre  YarâipiE. 

En  effet ,  la  Cévadille  est  réellement  une  espèce  bien 
caractérisée  de  ce  génie.  Elle  croit  en  abondance  au 
Mexique,  et  presque  sur  toutes  les  côtes  qui  avoisinenl 
le  golfe  de  ce  nom.  Les  Indiens  ,  qui  en  font  un  certain 
commerce  ,  ont  soin  ,  pour  éviter  qu'on  ne  reconnaisse  le 
végétal  qui  la  produit ,  de  dénaturer  le  panicule  par  le 
froissement  ;  et  par  une  légère  torréfaction  ,  de  faire 
perdre  aux  graines  leur  faculté  germinative.  Je  cultivais, 
à  Saint-Domingue  ,    les  deux  plants   qui  m'avaient  été 


(^97) 
cédés,  sur  uii  sol  humide  ,  gai  ni  de  Mangliers,  et  près  de 
la  rade  des  Gonaïves  ,  où  ils  paraissaient  se  plaire.  Plus 
heureux  que  mes  prédécesseurs  ,  je  puis  tracer  les  carac- 
tères génériques  de  ce  végétal  ,  ayant  eu  plus  d'une  fois 
Toccasion   de   les  étudier  avec   soin    sur  des    individus 


vivans. 


Caractères  physiques.  La  Cévadille  est  une  plante 
herbacée  qui  s'élève  à  la  hauteur  de  trois  à  quatre  pieds. 
Sa  tige  est  simple ,  cylindrique  ,  souvent  légèrement  sil- 
lonnée à  ses  extrémités.  Les  feuilles  sont  nombreuses  , 
toutes  radicales  ,  disposées  en  rosettes  ,  droites  sur  le 
pétiole  qui  est  vaginant  à  sa  base  -,  plantaginiformes  , 
ovales  ,  oblongues  et  décurrentes  sur  le  pétiole  ,  obtuses 
à  leurs  extrémités  ,  garnies  de  huit  à  quatorze  nervures 
simples  ,  partant  de  la  base  de  la  feuille  et  se  perdant  à 
son  sommet  en  décrivant  un  demi-cercle.  Leur  couleur 
est  d'un  vert  terne  ,  glauque  en  dessous  ,  légèrement 
luisant  à  leur  face  supérieure.  La  tige  florale  offre  une 
panicule  ample  ,  très -simple  ,  et  quelquefois  rameuse; 
alors  les  ramifications  sont  alternes.  Les  fleurs  ,  en  grand 
nombre  ,  sont  réfléchies  ,  presque  pendantes  ,  supportées 
par  des  pédoncules  très-courts  ,  et  réunies  deux  à  trois 
ensemble.  Elles  sont  disposées  ,  par  séries,  en  spirales, 
et  sortent  d'un  point  saillant^  lorsqu'elles  se  dessèchent, 
1er.  fleurs  hermaphrodites  se  trouvent  alors  placées  uni- 
latéralement ,  et  les  points  qui  donnaient  naissance  aux 
autres  sont  alors  marqués  par  leur  chute  ou  leur  avorte- 
ment,  et  laissent  des  empreintes  granulées  ineflaçables. 
Les  fleurs  sont  hermaphrodites ,  les  unes  mâles,  et  les 
autres  renferment  les  deux  sexes. 

Fleurs  mâles.  Calice  à  six  divisions  persistantes  ,  très- 


(  '98  ) 

piofoiides  5  slellées  ,  étalées  ,  droites  ,  ovales  ,  lancéo- 
lées ,  sans  autres  nervures  que  la  médiane  d'un  noir 
pourpre  très-intense.  Point  de  corolle  ;  six  étamines 
moins  longues  que  les  divisions  du  calice  ,  et  dont  les 
filamens  ,  élargis  à  leur  base  ,  soutiennent  des  anthères 
quadrangulaires ,  presque  bilobées  ,  trois  ovaires  rudi- 
mentaires  sans  styles. 

Fleurs  hermaphp».odites.  Calice  et  étamines  comme 
celles  des  fleurs  mâles.  Les  filets  antliérifères  entou- 
rant trois  ovaires  oblongs ,  réunis,  obtus  à  leur  sommet 
qui  est  surmonté  de  trois  styles  aigus  ,  quelquefois  élar- 
gis et  à  stigmate  simple. 

Le  fruit  est  composé  de  trois  capsules  qui ,  par  la  for- 
me ,  se  rapprochent  des  fruits  des  Deiphinies.  Elles  s'ou- 
vrent par  le  haut  ,  et  sont  déhiscentes  à  l'intérieur  ^ 
leur  suture  donne  naissance  à  de  légers  filets  ou  pla- 
centas ,  servant  d'attache ,  qui  ,  au  nombre  de  trois  dans 
chaque  valve  ,  sont  disposés  par  imbrication. 

La  semence  est  contournée  ,  obtuse  à  une  de  ses  ex- 
trémités, pointillée  d'un  noir  de  suie,  d'un  goût  fade  , 
puis  aussitôt  amer,  mais  par  suite  acre  et  nauséeux. 

Cette  plante  babite  les  bois  humides  du  Mexique  et 
de  quelques  lies  Antilles. 

Analyse  chimique.  Les  graines  contiennent  un  prin- 
cipe résineux  extrêmement  actif,  à  base  salifiable  ,  que 
les  chimistes  ont  nommé  Yératrine.  Ce  sel  ,  sous  la 
forme  d'une  poudre  blanche  inodor»;,  est  peu  soluble 
dans  l'eau  froide  ^  l'eau  bouillante  dissout  un  millième  de 
son  poids,  et  lui  donne  une  càcreté  simsiblc.  11  est  très- 
soluble  daijsl'éther.    et    plus    encore   dans   l'alcool.   Il 


(  199  ) 
est  insoluble  dans  les  alcalis  ,  et  soluble  dans  tous  les 
acides  végétaux  ^  il  salure  tous  les  acides ,  et  forme 
avec  eux ,  selon  Magendie  ,  des  sels  incristallisables ,  et 
qui,  par  son  évaporation,  prennent  l'apparence  de  gom- 
me. Le  sulfate  seul  présente  des  rudimens  de  cristaux 
quand  il  est  avec  excès  d'acide.  La  Yéralrine  ramène  au 
bleu  le  papier  de  tournesol  rougi  par  les  acides.  Elle  se 
liquéfie  à  une  chaleur  de  cinquante  *,  elle  ressemble  alors 
à  la  cire  ,  et  prend  une  couleur  ambrée  par  le  refroidis- 
sement ,  etc.  La  Vératrine  tirée  de  la  Cévadille  produit, 
suivant  MM.  Dumas  et  Pelletier,  carbone  ^G^'jS,  azote 
5,o4^  hydrogène  8,54,  oxigène  19,60,  vératrine  99,93. 
L'acide  cévadique  se  trouve  dans  les  semences  j  il  cris- 
tallise en  aiguilles  blanches  nacrées  ,  fusibles  à  20°  ^  se 
sublimant  à  une  température  plus  élevée.  Il  est  soluble 
dans  l'eau  et  l'alcool. 

D'après  une  analyse  plus  récente  ,  faite  par  MiNL  Pel- 
letier et  Caventou  ,  la  Cévadille  contient  une  matière 
grasse  composée  d'élaïne  ,  de  stéarine ,  et  d'acide  céva- 
dique ^  cire  ,  gallate  acide  de  vératrine  ^  matière  colo- 
rante jaune  -,  gomme  et  débris  ligneux.  Les  cendres  sont 
composées  de  sous-carbonate  de  potasse  ,  de  sous-carbo- 
nate de  chaux  ,  de  chlorure  de  potassium  et  de  silice. 
{^Journal  de  Pharmacie^  août  1820.) 

Propriétés  délétères.  La  Vératrine,  prise  à  la  dose 
seulement  de  quelques  grains  ,  donne  la  mort  au  milieu 
des  plus  violentes  convulsions  ,  en  enflammant  les  mem- 
branes muqueuses.  Elle  possède  une  saveur  acre,  et  tou- 
tes les  Vératrines  exercent  sur  les  animaux  une  action 
sembable.  Suivant  Magendie,  ils  doivent  cette  propriété 
à  un  alkali. 


(    1>.00    ) 

Symptômes  d'empoisonnement.  Sensation  brûlante  à 
la  bouclie  ,  au  larynx  ,  à  Foesopliage  ,  à  l'estomac  et  aux 
intestins  ;  vomissemens  et  déjections  copieuses  ,  accélé- 
ration du  sang  et  de  la  respiration  ;  ventre  tuméfié  ,  roi- 
deur  taténique,  sueurs  froides  et  visqueuses  ,  et  autres 
symptômes  propres  aux  poisons  acres.  (  Voyez  les  Man- 
cenilliers,  page  i6  de  ce  IIP  volume.  ) 

Secours  et  antidotes.  Boissons  mucilagiiieuses  et  aci- 
dulées ,  après  un  doux  vomitif,  si  l'on  est  appelé  à 
temps. 

Propriétés  médicinales.  La  Cévadille  est  un  végétal 
précieux  dont  on  ne  saurait  trop  étudier  et  bien  appré- 
cier les  propriétés  :  à  dose  ordinaire  et  graduée  par  un 
médecin  habile  ,  elle  offre  tour  à  tour  :  i^  un  médica- 
ment intraleptique  très-employé  pour  la  destruction  des 
animaux  parasites  de  l'homme  -,  2^  un  vermifuge  puis- 
sant ;  3°  un  spécifique  contre  le  toenia ,  en  lui  associant 
l'éther  et  l'huile  de  Ricin-,  4°  m^  vomitif*,  5°  et  à  plus 
haute  dose  un  poison  redoutable. 

Depuis  quelques  années  nombre  d'essais  ont  été  faits 
sur  cette  plante.  Peu  ont  réussi ,  parce  que  souvent  des 
doses  trop  faibles  à  l'extérieur  ne  causaient  que  des  ver- 
tiges, et  à  lintérieur  que  des  nausées  ^  souvent  aussi  la 
plante  entière  ,  avariée  par  la  traversée  ou  par  une  des~ 
siccation  mal  combinée,  ne  produisait  aucun  effet. 

L'Orfilie  Cévadille  est  un  médicament  très -employé 
aux  Antilles  dans  les  maladies  rebelles.  Extremis  mor- 
bis ,  extrema  remédia  exquisitè  optima.  Celse.  Les  nè- 
gres ,  qu'une  grande  habitude  rend  cisconspçcts  sur 
l'emploi  de   certains  végétaux,    usent   de   celui-ci  sans 


(    20I     ) 

crahue  et  sans  danger.  Il  serait  à  désirer  qu'un  séjour 
prolongé  aux  lieux  où  croit  la  Cévadille  pût  donner  à  de 
bons  observateurs  la  facilité  de  faire  une  analyse  exacte 
de  cette  plante,  et  par  suite  les  amener  à  rendre  plus 
utile  à  riiomme  un  des  remèdes  les  plus  énergiques  et 
les  plus  précieux  que  lui  ait  accordés  la  nature. 

La  Vératrine  excite  la  salivation  et  réternuemenf,  à 
un  quart  de  grain  en  clystère ,  elle  détermine  des  éva- 
cuations copieuses  ;  à  dose  plus  élevée  ,  elle  provoque 
des  vomissemens.  Magendie  l'a  donnée  à  deux  grains  en 
viïigt-quatre  heures  à  un  vieillard  frappé  d'apoplexie 
quelque  temps  auparavant ,  ce  qui  prouve  que  Tétai  du 
système  neiveux  influe  beaucoup  sur  la  manière  d'agir 
des  médicamens. 

La  Vératrine  convient  dans  les  cas  où  il  est  nécessaire 
d'exciter  promptement  de  fortes  évacuations  alvines  ^ 
chez  les  vieillards  dont  le  ventre  est  paresseux,  et  chez 
lesquels  il  existe  une  accumulation  de  matières  fécales. 
La  Cévadille  en  poudre  est  un  violent  sternutatoire  ^  les 
nègres  l'emploient  pour  faire  périr  leurs  dragoneaux, 
leur  vermine,  et  dans  les  battes  pour  déterger  les  ulcères 
des  bestiaux  remplis  de  vers  crinons.  C'est  aussi  un  spé- 
cifique contre  la  tœnia. 

Mode  d'administration.  Dans  l'emploi  de  l'Orfilie 
Cévadille  ,  comme  anthelmentique  ,  on  dispose  le  malade 
par  des  laxatifs  tels  que  la  rhubarbe  ,  le  tamarin  ,  ou  le 
sulfate  de  soude  ^  le  lendemain  à  jeun  on  lui  donne  de- 
puis vingt-quatre  grains  jusqu'à  trente-six  de  la  pondre 
de  Cévadille  ,  avec  une  demi-once  d'huile  de  ricin  et  un 
gros  d'éther.  On  fait  boire  pendant  l'eflet  d'une  infusion 
de  racines  de  grenadier.  Le  malade  vomit  presque  tou- 


(    202    ) 

jours  le  ver  s'il  occupe  Festomac.  On  répète  ce  traite- 
ment pendant  quatre  jours  si  le  ver  n'est  point  rendu, 
mais  on  divise  chaque  dose  par  moitié  qu'on  fait  prendre 
le  matin  et  le  soir.  On  purge  le  cinquième  jour  avec 
inuriate  de  mercure  doux,  scammonéc  d'Alep ,  de  chaque 
douze  grains^  gomme  gutte ,  trois  grains. 


EXPLICATION  DE  LA   PLANCHE   CENT  QUATRE-VINGT-QUIN:&E. 

La  plante  est  réduite  au  tiers  de  sa  grandeur. 

1 .  Feuille  au  trait. 

'1.  Portion  d'une  panicule  gr.  nat. 

3.  La  même  chargée  de  capsules. 

4.  Capsule  détachée. 

5.  Coupe  transversale  de  la  même. 

6.  Une  des  trois  capsules  séparée  et  ouverte. 

7.  Semences. 

8.  Organes  sexuels  hermaphrodites. 

9.  Les  mêmes,  maies. 


/'Af*^/f9/ne    lf^.-r$>*t/'f.'i\   /"V, 


P<PfV*'    »/(V7(^. 


noi s-a viiA^^'T  KiiVTii Hi>'E 


(  2o3  ) 


%%\VM\v«vv\A^/«\iv^vv«vv\vvvvv*vvvvv\vvvvvvv\Avvvvvvvvvvvvvv«vvvvv^vvvvvvvv\vv\^^ 


BOIS-IVRANT  DE  LA  JAMAÏQUE, 


(  Toxique  narcotique.  ) 


Synonymie,  Vulgairement  Mort  à  Poissons.  —  Piscidia  Erj- 
thrina.  Linn.  Diadelphie  Décandrie.  Juss.  Famille  des 
Légumineuses.  —  Piscidia  foliis  ovalis.  Linn.  Jacq.  Amer. 
209.  —  Icttlijomathia  foliis  pinnatis  ovatis  ,  racemis  ter- 
minalibus,  siliquis  quadrialatis.  Brown.  Jam.  296.  Coral 
arbor  polypliilla  non  spinosa,  fraxini  folio,  siliqua  alis  fo- 
liaceis  extantibus  rotae  molendinariaefluviatilis  aucla.  Sloan. 
Jam.  Hist.  2,  p.  39,  tab.  196,  f.  45.  —  Pseudo-Acaeia  sili- 
quis alatis.  Plum.  Spec.  9.  Burra.  Amer.,  t.  233,  f.  2. 


Caractères  génériques.  Fleurs  polypétalées ,  ayant 
des  rapports  avec  les  Rohinia,  des  feuilles  ailées  avec 
impaires ,  et  produisant  des  gousses  remarquables  par 
quatre  ailes  longitudiïiales  et  membraneuses  dont  elles 
sont  munies  à  l'extérieur. 

Caractères  particuliers.  Folioles  ovales  ;  stigmate 
aigu*,  légume  ailé  sur  quatre  rangs. 

Histoire  naturelle.  Cet  arbre  croît  à  la  Jamaïque  et 

aux  Antilles  ,  où  les  nègres  l'emploient  pour  enivrer  les 

poissons,  qui  surnagent  et  peuvent  être  pris  à  la  main 

dès  qu'ils  ont  avalé    des  fruits  ou  des  feuilles   écrasés 

Tome  IIL  —  49®  Livraison.  16 


(  M  ) 

qu'on  leur  jette.  Cette  propriété  est  commune  à  beau- 
coup de  plantes  de  l'Amérique.  On  peut  manger  le  pois- 
son sans  crainte.  Le  nom  d'Erytlirine  est ,  selon  M.  De- 
launay,  dérivé  de  Fadjectif  grec  erythros  qui  signifie 
rouge ,  ce  qui  exprime  la  belle  couleur  écarlate  des  fleurs 
de  cette  famille.  En  Europe  on  tient  cet  arbre  en  serre  , 
et  on  le  perpétue  en  semant  ses  graines  sur  une  couche 
tiède  recouverte  de  son  cliâssis.  La  plante  fleurit  mieux 
quand  on  lui  donne  de  la  chaleur.  Dans  le  premier  âge 
cet  arbre  a  besoin  de  la  tannée. 

Caractères  physiques.  Le  Bois-Ivrant  est  un  arbre 
d'environ  vingt-cinq  pieds  de  hauteur,  droit,  de  peu 
d'ornement ,  et  qu'on  reconnaît  facilement  à  son  port 
singulier  et  négligé.  Les  feuilles  tombent  tous  les  ans; 
elles  sont  ailées  avec  impaire ,  et  ont  leurs  folioles  ovales 
et  très-entières.  Les  fleurs  viennent  en  grappes  rameu- 
ses ,  et  produisent  des  gousses  qui ,  selon  Sloane ,  res- 
semblent par  leurs  ailes  aux  roues  de  moulins   à  eau. 

La  fleur  a  un  calice  monophylle ,  campanule  et  à  cinq 
dents  inégales  ;  une  corolle  papilionacée  dont  l'étendard 
est  échancré  et  relevé  ou  réfléchi  en  dessus  ,  et  qui  a  ses 
ailes  aussi  longues  que  l'étendard  ,  et  sa  carène  en  crois- 
sant et  montante  *,  dix  étaniines  dont  neuf  ont  leurs  filets 
réunis ,  dans  leur  partie  inférieure ,  en  une  gaine  qui  en- 
veloppe le  pistil,  le  filament  de  la  dixième  étant  libre  j 
un  ovaire  supérieur  ,  oblong  ,  comprimé  ,  pédicule  , 
chargé  d'un  style  en  alêne  ,  ascendant ,  et  dont  le  stig- 
mate est  aigu. 

Le  fruit  est  une  gousse  oblongue  ,  linéaire  ,  pédicu- 
lée ,  un  peu  comprimée  ,  uniloculaire ,  à  valves  presque 
réunies  dans  les  interstices  des  semences ,  et  munie  ex- 


(    205     ) 

térieurement  de  quatre  ailes  longitudinales  larges  el 
membraneuses.  Les  semences  sont  oblongues  et  un  peu 
ré  ni  forme  s. 

On  trouve  aussi  très-fréquemment  aux  Antilles  une 
nuire  espèce  d'Erythrine  qui  jouit  des  mêmes  propriétés  : 
c'est  VErythrina  corallodendi  on  folio  singulari  oblongo  , 
siliquâ  pland  de  Plumier.  Eryllirine  à  gousses  planes. 

Analyse  chimique.  La  dissolution  aqueuse  du  prin- 
cipe amer  de  FErythrine  forme  des  précipités  avec  les 
sulfates  de  fer  et  de  cuivre  -,  il  est  soluble  dans  l'éther  j 
son  amande  buileuse  devient  bleuâtre  par  les  acides,  et 
d'un  brun  rougeâtre  par  les  alcalis. 

Propriétés  délétères.  Le  suc  du  Bois-Ivrant  sert  à 
enduire  les  flèches  et  les  poignards  des  sauvages.  Le  gi- 
bier atteint  de  ces  armes  meurtrières  ne  contracte  aucune 
propriété  vénéneuse.  Il  paraît  qu'il  agit  directement  sur 
le  cerveau  et  sur  le  système  nerveux. 

Symptômes  d'empoisoknemekt.  Voyez  ceux  de  la  plante 
précédente. 

Secours  et  antidotes.  Même  secours  que  pour  l'em- 
poisonnement par  la  vératrine. 

Propriétés  médicinales.  Je  ne  lui  en  connais  pas. 

Nota.  On  peut  consulter  pour  le  complément  des 
toxiques  les  classes  des  Epispastiques  et  des  Tactiles  exci- 
tantes ^  les  Alpina ,  les  Dracunculus ,  les  Emerus  ,  les 
Plumeria,  les  Astragalus  ,  les  Belladona  ,  plusieurs  Bi- 
gnonia^  les  Galega,  les  ]Nicotiaiia,   les   Phaseolus ,    les 


(    206    ) 

Plumbago  ,  les  Ricinoïdes  ,  les  Solanées  ,  lesSpigelia, 
les  Cameraria  ,  les  Tabernsemontana ,  les  Valdia ,  les 
Aroïdées ,  TUrcéole  élastique  ,  etc. 


EXPLICATION    DE    LA    PLANCHE    CENT   QUATRE-VINGT-SEIZE. 

La  plante  est  représentée  demi-grandeur  naturelle. 

1.  Etamine. 

2.  Silique. 

3.  Semence. 


(   207    ) 


¥■=  CLASSE. 


DES  SUBSTANCES  VEGETALES  REPUTEES,  AUX  ANTILLES, 
PROPRES  A  SERVIR  d'aNTIDOTES  AUX  POISONS  PRIS 
INTÉRIEUREMENT.  PLANTES  DITES  ALEXITERES  IN- 
TERNES. 


Xjes  anciens  donnèrent  le  nom  d'antidotes  aux  remèdes 
capables  de  neutraliser  les  poisons  minéraux  ,  végétaux  , 
ou  animaux.  Ils  n'étaient  autre  chose  que  des  excitans 
plus  ou  moins  diffusibles  ,  susceptibles  de  pénétrer  dans 
les  routes  de  la  circulation ,  par  suite  de  leur  ingestion 
dans  Testomac.  Le  mot  latin  alexiterius  ^  formé  du  grec 
aXtluv ,  chasser  ,  et  é^p  ,  animal  sauvage  et  venimeux , 
était  consacré  à  toute  substance  qui  servait  de  remède  à 
la  piqûre  des  insectes  venimeux ,  ou  à  la  morsure  des 
serpens ,  comme  on  donnait  le  nom  d'alexipbarmaque  , 
dérivé  du  grec  ecxduv ,  chasser  ,  et  ÇupfiUKov ,  poison  ,  à 
toute  substance  douée  de  la  vertu  d  arrêter  les  ravages 
de  l'empoisonnement.  Maintenant  les  deux  noms  sont 
indifféremment  usités  dans  l'un  ou  l'autre  cas. 

On  employa  d'abord  ces  médicamens ,  peut-être  trop 
préconisés  ou  trop  dépréciés  ,  dans  tous  les  cas  d'empoi- 
sonnement interne  ou  externe,  et  depuis,  quelques  an- 
ToME  III. — 5o^  LtWaisoTï.  17 


(     208     ) 

ciens  praticiens  (onservent  encore  ce  nom  aux  substan- 
ces qu'ils  croient  capables  de  détruire  les  principes 
morbifiques  ,  de  régénérer  les  humeurs  vicieuses  et  cor- 
rompues ,  qui  causent ,  disent-ils  ,  les  fièvres  putrides  , 
malignes  ,  et  de  mauvais  caractère. 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  plupart  des  alexîpharmaques  con- 
tiennent des  principes  amers  ,  acres  ,  volatils  ,  extrême- 
ment diffusibles  ,  et  susceptibles  de  pénétrer  tous  les 
systèmes  ,  et  d'exciter  vivement  les  propriétés  vitales. 
Leur  action  immédiate  est  de  fortifier  les  organes ,  d'ac- 
célérer la  circulation  ,  et  de  provoquer  la  sueur.  D'après 
ces  propriétés  reconnues ,  le  médecin  instruit  doit  sa- 
voir quand  il  faut  les  éloigner  ou  les  prescrire.  On  con- 
çoit que  les  alexipbarmaques  aromatiques  peuvent  être 
funestes  dans  la  période  inflammatoire  ,  ou  dans  les  fiè- 
vres ataxiques  ,  annoncées  par  le  désordre  tumultueux 
des  propriétés  vitales  ,  dans  les  congestions  du  système 
capillaire  ,  dans  celles  du  cerveau  et  des  poumons.  Ils  of- 
frent moins  de  dangers  dans  les  fièvres  adynamiques  ,  où 
les  forces  abattues  ont  besoin  d'être  relevées. 

Les  hommes  de  l'art  qui  fout  encore  la  médecine  des 
symptômes,  appliquent,  dans  les  cas  d'empoisonnement , 
de  syncopes,  de  défaillance,  d'évanouissemeus ,  les 
préparations  appelées  cordiales  ou  alexilères,  comme 
propres  à  rétablir  les  fonctions  troublées  delà  circulation, 
et  à  neutraliser  les  effets  vénéneux ,  ou  à  s'opposer  à  la 
contagion  des  maladies  endémiques  et  pestilentielles  5 
mais  on  conçoit  que  les  cordiaux  ne  peuvent  avoir  d'ac- 
tion prompte  et  directe  que  sur  l'estomac  ,  et  non  sur  le 
coeur  que  le  vulgaire  confond  toujours.  En  général,  il 
faut  être  très-réservé  sur  l'emploi  répété  de  ces  remèdes 
incendiaires,  sous  un  climat  où  tout  tend  à  l'exaltation 


(  '-^'09  ) 
et  à  la  dégénérescence  ,  parce  qu'ils  troublent  souvent 
les  intentions  de  la  nature.  Il  vaut  mieux ,  par  un  traite- 
ment doux  et  non  pertuibateur  ,  l'aider  dans  ses  efforts, 
que  de  tenter  des  transpirations  forcées,  des  éruptions 
incertaines  ,  et  des  sueurs  qui,  souvent  même,  ne  sont 
pas  critiques. 

Le  but  que  nous  nous  proposons  dans  la  classe  des 
alexitères  ,  est  de  signaler  aux  médecins  ,  aux  pharma- 
ciens, et  aux  insulaires  des  belles  contrées  de  FAméii- 
que ,  des  végétaux  dont  une  longue  expérience  a  cons- 
taté  l'utilité  contre  les  empoisonnemens  ,  propriétés 
qu'on  voudrait  en  vain  contester,  puisque  journelle- 
ment, aux  Colonies  ,  on  trouvo  l'occasion  d'en  apprécier 
les  avantages. 

Ce  n'est  donc  pas  sans  fondement  que  les  naturels  des 
Antilles  accordent  des  vertus  réelles  etprédses  à  certai- 
nes plantes  dont  ils  ont  fait  mille  fois  l'heureuse  appli- 
cation en  faveur  de  l'humanité  souffrante.  Des  faits 
avérés  font  taire  des  suppositions  imaginaires  ,  et  M.  Bo- 
nastre  vient  de  confirmer  la  possibilité  d'une  vertu 
alexitère  dans  plusieurs  fruits  de  l'Amérique  ,  justement 
célèbres  par  leurs  propriétés  ,  tels  que  ceux  du  Nan- 
dhiroba  ,  de  l'Acacie  à  grandes  gousses  ,  dont  il  a  bien 
voulu  me  communiquer  les  analyses  soignées  avec  tout 
le  talent  et  toute  la  précision  dont  il  est  capable.  Cet  in- 
fatigable chimiste  a  trouvé  dans  les  amandes  de  ces  deux 
fruits  ,  entre  autres  ,  une  quantité  étonnante  d'albumine; 
et  l'on  sait  quelle  est  la  vertu  neutralisante  de  l'albu- 
mine dans  l'empoisonnement  par  le  sublimé  corrosif  et 
les  sels  cuivreux.  L'albumine  se  trouve  encore  dans  les 
crucifères,  le  papaver,  le  café  et  plusieurs  autres  aro- 
matiques. Youii  une  découverte  (jui,  sert  à  apprécier  le 

'7' 


(  2I«  ) 

tact  naturel  dont  îa  Providence  a  cloué  ces  insulaires 
exposés  à  vivre  au  milieu  des  substances  vénéueuses  , 
afin  de  pouvoir  s'en  préserver,  ou  d'en  arrêter  les  efl'els 
par  ces  antidotes  qu'ils  rencontrent ,  le  plus  souvent , 
auprès  des  plantes  suspectes  et  vénéneuses. 

Or ,  les  nègres  ,  privés  des  ressources  de  l'analyse  , 
ont  surpris  ,  par  un  instinct  naturel  ,  des  antidotes  dans 
certains  fruits  amandes  \  d'autres  dans  le  suc  des  citrons 
et  des  oranges  ^  ceux-ci  dans  la  partie  corticale  et  aroma- 
tique de  plusieurs  fruits  \  c'est  tout  ce  qu'on  peut  dési- 
rer de  la  classe  des  alexitères ,  puisqu'on  y  trouve  des 
émulsions ,  des  huiles  ,  de  l'albumine  et  des  substances 
aromatiques. 

Ces  réactifs  ,  étant  modifiés  d'après  les  différens  temps 
de  l'empoisonnement ,  émoussent  les  sucs  caustiques  du 
mancenillier ,  du  québec ,  de  la  spigélie  ,  des  dolics  et 
autres  plantes  d'une  nature  acre  et  corrosive. 

On  emploiera  ,  au  contraire  ,  la  saignée  ,  les  bains  ,  la 
tbériaque  ,  les  infusions  aromatiques  et  sudorifiques  , 
contre  les  qualités  vénéneuses ,  narcotiques  et  mortifè- 
res des  sucs  du  maniliot ,  des  bell adonnes  et  des  sola- 
nées.  La  racine  tant  renommée  de  la  sensitive  épineuse 
doit  en  partie  sa  vertu  alexitère  à  sa  propriété  vomitive. 
(Voyez  classe  des  émétiques  ,  vol.  2.) 

Toutefois,  responsables  envers  la  société  des  accidens 
qui  peuvent  résulter  d'une  intempestive  application  des 
antidotes  généraux  qui  ne  réussissent  pas  toujours  ,  et 
qui  pourraient  jeter  dans  une  sécurité  funeste  ceux 
qui  en  feraient  un  usage  exclusif ,  les  médecins  ne  doi 
vent  pourtant  point  rejeter  des  moyens  avoués  par  des 
siècles  d'une  expérience  positive  et  concluante. 


T/. 


I7t^i!,ifreJJe,n-<>ur/TÏ%.  Ahj- 


/{'ree  Jeti^  ■ 


MIRA^^IE    G-1L4C 


(  ^''  ) 


WWVV  \V%\^^IA\  VWVWWV'VX'VlWVWVWVWVWVVX  WWX^WWWWWWWWWVWWVtVl  VWWWVW^ÏVVVV 

MIKANIE. 

(  Alexitère   interne.  ) 

Synonymie.  Vulg-.  Guaco  de  la  Nouvelle-Grenade.  Eupalo- 
rium  Mikania.  Lin.  Syngénésic  polygamie.  —  Touroef. 
Cl.  12.  Flosculeuses.  Sect.  3.  Juss.,  famille  de  Corymbifères. 
—  Willdenow  Spec.  PI.  lom.  3  ,  pag.  1742. 

Cahactères  génériques.  Réceptacle  nu  ^  aigrette  plu- 
meuse  ;  calice  imbriqué  ,  oblong  ,  style  demi  -  bifide 
long. 

Câractîîres  paplTiculiebs.  Fleurs  en  corymbes  \  ai- 
grette pileuse  \  calice  à  quatre  ou  six  folioles  ,  contenant 
autant  de  fleurs  ;  tige  grimpante  -,  feuilles  opposées  , 
ovales  ,  dentées  ,  marquées  sur  les  bords  par  des  courbu- 
res peu  sensibles ,  prolongées  en  ai\gle  aigu  sur  le  pétiole, 
pointues  au  sommet. 

Histoire  naturelle.  Cette  plante  précieuse ,  origi- 
naire delà  Nouvelle-Grenade  ,  a  été  naturalisée  aux  An- 
tilles où  on  la  rencontre  assez  fréquemment.  Elle  mé- 
rite 5  par  ses  propriétés  bien  constatées  ,  d'être  placée 
dans  le  sanctuaire  d'Hygie.  Le  botaniste  qui  travaille 
autant  pour  l'humanité  que  pour  la  gloire  ,  sourit  ,  lors- 
qu'au milieu  de  la  riche  végétation  de  l'Amérique  ,  il 
peut  découvrir 

Ces  puis.sans  végétaux 

Qui  de  l'avide  Parque  émoussent  les  ciseaux. 

(Castel.) 


(    -il  2     ) 

M.  Zéa  ,  qu'une  mon  prématurée  a  enlevé  à  la  science, 
se  plaisait  à  cultiver,  dit  le  docteur  Alibert ,  le  guaco  de 
ses  propres  mains ,  et  il  le  conservait  connne  une  de  ses 
possessions  les  plus  précieuses  ,  parce  qu'il  lui  a  servi  à 
défendre  beaucoup  d'hommes  contre  les  serpens  qui  in- 
festent le  royaume  de  Santa-Fé.  Ces  serpens,  continue 
l'Arcliiàtre  ,  sont  en  une  telle  abondance  dans  ces  lieux  , 
et  les  effets  de  leurs  atteintes  sont  si  terribles,  que  -, 
malgré  l'atlrait  de  For  ,  on  a  été  forcé  d'abandonner  plu- 
sieurs villages.  C'est  surtout  au  Ghoco  ^  si  célèbre  par  le 
platine  dont  il  est  la  patrie,  que  se  rencontrent  les 
serpens  les  plus  venimeux,  et  c  est  laque,  depuis  long- 
temps ,  on  employait  le  guaco  pour  en  guérir  les  morsu- 
res. Quelques  nègres  se  transmettaient  ce  secret,  auquel 
ils  mêlaient  des  prières  ,  des  cérémonies  et  autres  actes 
superstitieux.  Aussi  le  vulgaire  ,  frappé  des  effets  dont 
il  ignojait  la  cause  ,  croyait  qu'il  y  avait  de  la  magie. 
M.  Mutis  ,  à  force  d'adresse,  parvint  à  le  découvrir,  et 
à  faire  de  nombreuses  expériences  sur  son  application  , 
qui  furent  couronnées  de  succès.  Personne  ne  meurt  à 
présent  de  la  morsure  des  serpens  •,  les  animaux  eux- 
mêmes  guérissent ,  quand  on  est  à  portée  de  leur  faire 
boire  le  suc  de  guaco. 

Le  genre  Mihania  a  été  établi  par  Willdenow  ,  et  c'est 
le  célèbre  Mutis,  de  Santa-Fé,  qui  a  fait  Ife  premier 
connaitre  ses  propriétés  médicales  ,  dans  la  Flore  de  Bo- 
gota, comme  antidote  contre  la  morsure  de  certains  ser- 
pens. M.  le  baron  de  Humboldt  et  M.  Bonpland  ont 
confirmé  les  vertus  de  ce  puissant  végétal. 

Caractères  physiques.  La  racine  de  la  Mikanie  est 
viyace  ,  très-rameuse  ,  s'enfonçant  profondément  dans  la 


(  ^'3  ) 

terre.  La  tige  est  herbacée  ,  cylindrique  ,  grimpant  sur 
les  arbres  à  trente  pieds  de  hauteur.  Les  rameaux  sont 
opposés  ,  couverts  dans  leur  partie  supérieure  d'une  lé- 
gère pubescence.  Les  feuilles  sont  également  opposées  , 
ovales  ,  longues  de  quatre  à  six  pouces  sur  deux  ou  trois 
de  largeur  ;  marquées  sur  les  bords  par  des  courbures 
peu  sensibles  ,  et  légèrement  dentelées  ^  prolongées  en 
angle  aigu  sur  le  pétiole  ;  pointues  au  sommet,  rarement 
acuminées  ^  glabres  en  dessous  ,  marquées  de  veines  peu 
saillantes  ,  âpres  en  dessus  ,  très-minces  ,  membraneu- 
ses ^  pétioles  grêles  ,  longs  d'un  à  deux  pouces  ,  embras- 
sant en  partie  la  tige  ,  et  presque  réunis  par  leur  base  , 
convexes  en  dehors  ,  et  marqués  intérieurement  d'un 
sillon  peu  profond. 

Corymbe  terminal  composé  d'un  grand  nombre  de 
fleurs  ,  et  situé  à  l'extrémité  des  jeunes  rameaux^  fleurs 
d'un  blanc  terne  ,  rassemblées  par  petits  faisceaux 
pédicellés  ^  calice  composé  de  quatre  folioles  ,  renfer- 
mant quatre  fleurs  ou  fleurons  hermaphrodites  -,  folioles 
lancéolées  membraneuses. 

Fleurons.  Tube  grêle  ,  cylindrique ,  de  même  lon^ 
gueur  que  le  calice  ^  limbe  en  forme  de  cloche  ,  divisé  eu 
cinq  parties  égales. 

Etamines.  Au  nombre  de  cinq  renfermées  dans  la  co- 
rolle. Anthères  réunies  en  tube. 

Pistil.  Ovaire  linéaire^  style  simple^  deux  stigmates 
blancs  écartés  l'un  de  l'autre. 

Gj^aine.  Cunéiforme  ,  couronnée  par  une  aigrette  ses- 
sile ,  rougeàtre ,  et  composée  d'un  grand  nombre  de 
rayons  couverts  de  poils  courts.  (Willdenow^ ,  Humboldt.) 


(    2.4    ) 

AisALYSE  CHIMIQUE.  Toulc  Ja  plante  exhale  une  odeur 
forte  ,  pénétrante  et  nauséabonde ,  mais  je  n'ai  pu  m'en 
procurer  l'analyse,  quoique  ayant  rencontré  plusieurs 
fois  la  plante  dans  mes  voyages. 

Propriétés  médicinales.  M.  Mutis  ,  dans  l'intérêt  de 
la  science  et  de  l'numanité  ,  dit  encore  le  D.  Alibert , 
voulait  recherclier  si  l'inoculation  du  ^z^aco  rend  l'homme 
inaccessible  à  la  morsure  des  serpens  pour  toute  la  vie  , 
ou  seulement  pour  quelque  temps  ,  comme  les  nègres  le 
prétendent  ^  mais  il  fut  troublé  dans  ses  belles  expérien- 
ces par  le  refus  qui  lui  fut  fait  par  la  haute-cour  de  jus- 
tice ,  siégeant  à  Santa-Fé  ,  de  les  faire  sur  des  criminels 
condamnés  à  mort. 

Il  parait  certain  qu'on  peut  porter  impunément  sur 
soi  les  serpens  les  plus  venimeux  ,  et  provoquer  leurs 
blessures  ,  moyennant  le  procédé  suivant.  Les  nègres 
pratiquent  sur  l'adepte  six  incisions  ,  deux  aux  pieds  , 
deux  aux  mains ,  et  une  à  chaque  côté  de  la  poitrine.  On 
exprime  le  suc  des  feuilles  de  guaco  ,  qu'on  verse  sur 
les  incisions  ,  comme  lorsqu'on  veut  inoculer  la  variole. 
Avant  l'opération ,  on  fait  avaler  deux  cuillerées  du  suc 
à  celui  qui  va  être  initié.  On  l'avertit  qu'il  doit  prendre 
le  même  suc  chaque  mois ,  pendant  l'espace  de  cinq  à 
six  jours  \  car  ,  s'il  néglige  de  le  faire  quelque  temps ,  la 
vertu  du  suc  s'évanouit ,  et  il  aura  besoin  d'une  nouvelle 
inoculation.  C'est  à  cette  précaution  que  M.  Mutis  et 
le  savant  Corrégidor  de  Zipaquira  attribuent  les  effets 
préservatifs  du  guaco.  Toutefois  ,  l'usage  le  plus  ordi- 
naire est  de  porter  sur  soi  des  feuilles  de  cette  plante  , 
dans  les  lieux  infestés  des  serpens,  pour  s'en  délivrer  ; 
car  l'odeur  seule  leur  imprime  un  état  de  stupeur  ou 


(    2l5    ) 

d'engourdissement.  (AlILert.  Nouv.  Elem.  de  Thérap. , 
t.  2 ,  p.  5oo.) 

Mode  d'administration.  Le  suc  de  giiaco  ou  sa  décoc- 
tion se  donnent  à  une  dose  indéterminée.  On  applique 
extérieurement  le  marc  sur  les  blessures. 


EXPLICATION  DELA  PLANCHE  CENT  QUATRE-VINGT-DIX-SEPT. 

Le  rameau  est  réduit  aux  deux  tiers  de  sa  grandeur  natu- 
relle. 

1.  Fleurons  renfermés  dans  un  calice  imbriqué. 

2.  Fleuron  séparé. 

3.  Semence. 


(  ^'6  ) 


VVVVVVvV\VVV\VVi'VVVVV%/VVVV%VVVVVVVVVVVVVVVVVWVVVVVVVVVVVVVVVVVVVVV^'^VVV%VVVVVV^ 

'    €V  '  '  '  Cet, 
NA.\DHIROBE  A  FEUILLES  DE  LIERRE. 


(  Alexitere  interne.  ) 


Synonymie.  Vulg.  Liane  contre-poison  ;  Boîte  à  savonnette  ; 
Coucourout.  Noix  de  serpent.  En  caraïbe,  Avila. — Ghandi- 
roba.  Marcg.  Brasil.  46  —  Sloan.  Jam.  84-  Hist.  i  ,  pag. 
200.  Fevillea  cordifolia.  Lin.  Diœcie  pentandrie.  Juss. , 
famille  des  Cucurbitacées.  —  Adanson  ,  les  Bryones.  —  Fe- 
villea foliis  cordatis,  integris  ,  subtriangulatis.  Poiret.  Fe- 
villea foliis  cordatis ,  angulatis.  Sjst.  végét.  7/}3  — Nan- 
dhiroba  scandens,  foliis  hederaceis  angulosis.  Plum.  genr,. 
20,  ic.  109.  —  Fevillea  foliis  crassioribus  glabris  ,  quando- 
que  cordatis  ,  quandoque  trilobis.  Brown.  Jam.  374. 

Caractères  génériqites.  Tiges  grimpantes:  feuilles 
alternes,  en  cœur  ou  trilobées,  munies  de  vrilles  dans 
leurs  aisselles  avec  des  fleurs  axillaires.  Le  caractère  es- 
sentiel du  genre  est  d'avoir  les  fleurs  dioïques  ,  le  calice 
et  la  corolle  divisés  en  cinq;  dix  étamines  ,  dont  cinq 
stériles  \  une  baie  à  demi-inférieure  ,  à  trois  loges. 

Caractères  particuliers.  Fleur  maie.  Calice  quin- 
quéfide  ;  cinq  étamines  ;  nectaire^  cinq  filets  connivens. 
—  Fleur  femelle.  Calice  quinquéfide  -,  trois  styles  ; 
pomme  dure,  à  trois  loges,  corticée  ;  feuilles  cordifor- 
mes ,  anguleuses ,  et  quelquefois  trilobées  comme  dans 
le  lierre. 


JV.  z^.f 


J/tèoilore  /i^jrvur/t/x.  Pai-X" 


finie  %jSruùt- 


-NANIHIlOliE  AFKril,LES  l>K  l.iEllïiK. 


(  ^I?  ) 

HisTOïKE  NATURELLE.  La  liaiiC  grimpante  du  Naudhi- 
lobe    offre    à  Foeil  une  riche  verdure,   et  d'autant  plus 
agréable  ,  qu'elle  est  entremêlée  de  fleurs  et  d'un  grand 
nombre   de   fruits   dont  cette    liane   est    tout   à  la  fois 
cliargée.  Elle  se   tresse  en   guirlandes  entre  les  arbres , 
ou  tapisse  ,  en  serpentant ,  l'ajcupa  de  l'habitant  des  Co- 
lonies ,   et  lui   fournit  des  berceaux   pour  ombrager   sa 
tète^  elle  a  du  rapport  avec  la  bryone  d'Europe  pour  les 
caractères  botaniques.  Le  Nandhiroba  ou  Ghandiroba  est 
un  nom  brésilien  ,   qui  désigne  ,  selon  Marcgrave  ,   une 
liane  à  feuilles  de  lierre  ,  qui  grimpe  à  la  manière  des 
grenadilles.    On  en  distingue   trois  espèces  qui    ont  les 
mêmes  propriétés.  Les  feuilles  sont  tantôt  en  cœur  ,  tan- 
tôt à  trois  lobes  sur  le  même  pied.  C-tte  liane  croit  na- 
turellement dans  l'Amérique  méridionale  ,  à  la  Martini- 
que ,  à  Saint-Domingue ,  aux  Antilles  ,  d'où  l'on  en  rap- 
porte  en  Europe   les  fruits  qui,  selon  Yirey,  faisaient 
partie  des  anciennes  pharmacies  du  temps  de  Lémery  . 
mais  dont  on  néglige  maintenant  le  commerce  ,  ce  qui 
fait  qu'on  n'en  trouve  plus  en  Europe  que  d'anciennes  , 
par  conséquent    rances  et  privées  de  leurs  vertus  évi- 
demment alexitères.  Pendant  mes  fondions  de  médecin 
du  gouvernement  à  Saint-Domingue ,  j'eus  à  traiter  d'un 
empoisonnemient  le  général  en  chef  des  noirs,   Dessali- 
nes ,   et  il  fut  parfaitement  guéri  par  l'usage   de  cette 
précieuse  amande  du  Nandhirobe.  A  l'époque  de  l'arri- 
vée de  l'expédition  du  général  Leclerc ,  les  blancs  qui  se 
trouvaient  alors  dans   File ,  avant  tous  été  condamnés  à 
mort,  je  trouvai,   dans  l'épouse  de  cet  homme  cruel, 
une  protectrice  puissante  qui ,  plustard  ,  me  sauva  plu- 
sieurs fois  la  vie  ,  ainsi  que  j'ai  eu  plaisir  à  le  déclarer 
dans  le  troisième  volume  de  mes  f^oyages  d'un  Natura- 


(  2i8  ) 
liste.  Il  me  semble  encore  entendre  dire  à  cet  ange  tulé- 
laire  qui  clierchait  à  apitoyer  sur  mon  sort  son    farou- 
che  époux  :  Epargnez  votre  médecin -,  a\fez-vous  oublié 
que  vous  lui  devez  la  vie  ,  et  que 

Ces  végétaux  puissans  qu'ici  l'on  voit  éclore  , 
Bienfaits  nés  dans  ces  champs  de  l'astre  quon  adore  ; 
Par  les  soins  de  Phradate ,  avec  art  préparés  , 
Firent  sortir  la  mort  de  vos  flancs  déchirés  ? 

(  Voltaire.) 

Les  fruits  tombés  au  pied  des  arbres  en  sont  entraî- 
nés par  les  grandes  pluies  ou  avalanges  ,  et  cbariés  par 
les  rivières  qui  les  disséminent  sur  leurs  rivages. 

Caractères  physiques.  Le  Nandliirobe  est  une  plante 
dont  la  tige  est  sarmenteuse  et  grimpante  *,  elle  est  gar- 
nie de  vrilles  simples  et  roulées  en  spirales  qui  naissent 
dans  l'aisselle  des  feuilles  opposées  aux  pédoncules  des 
fleurs.  Les  feuilles  sont  en  cœur  ou  trilobées  sur  le  même 
individu.  Elles  sont  alternes  ,  épaisses  ,  un  peu  charnues; 
grandes,  ovales,  très-arrondies  à  leur  base  ,  plus  larges 
que  longues  \  divisées  vers  leur  sommet  en  trois  angles 
écartés  -,  plus  ou  moins  prononcées  \  vertes ,  lisses  ,  lui- 
santes et  glabres  des  deux  côtés  ;  portées  sur  de  longs 
pétioles  tendres  et  cylindriques.  Les  fleurs  en  roue  ,  de 
couleur  isabelle,  paraissent  en  décembre  et  janvier.  Elles 
naissent  dans  Faisselle  des  feuilles  ,  en  opposition  avec 
les  vrilles  portées  sur  de  longs  pédoncules  ,  et  disposées 
en  grappes.  Les  fleurs  mâles  sont  stériles  -,  les  fleurs  fe- 
melles sont  portées  sur  un  embryon  qui  se  change  en 
un  fruit  sphérique  de  cinq  pouces  de  diamètre ,  revêtu 
d'une  écorce  verte  ,  recouvrant  ime  enveloppe  ligneuse, 


(  ^'9  ) 
cassante  et  réticulée.  Ce  fruit  est  divisé  ,  dans  le  milieu 
de  sa  largeur ,  par  lui  petit  bourrelet  troué  à  plusieurs 
distances  ,  et  à  la  faveur  duquel  il  s'ouvre  lors  de  sa  ma- 
turité. Ce  fruit ,  qu'on  appelle  boîte  à  savonnette  ^  à  cause 
de  sa  partie  inférieure  et  de  son  couvercle  ,  contient,  au 
milieu  de  sa  pulpe  ,  huit  à  dix  noix  fauves  ,  convexes 
d'un  côté  et  concaves  de  l'autre  ,  épaisses  d'un  doigt. 
L'amande  qui  se  trouve  sous  l'enveloppe  fauve  est  d'un 
goût  amer  et  otFre  un  souverain  contre-poison. 

Analyse  chimique.  Il  résulte,  d'une  analyse  récente 
faite  par  M.  Bonastre  dont  on  connaît  l'exactitude,  que 
l'amande  du  jN andhirobe  ,  étant  vieille,  est  privée  de  l'al- 
bumine qui  constitue  sa  vertu  anti-vénéneuse  ,  et  qu'en 
se  desséchant ,  la  substance  grasse  ou  huileuse  se  rancit 
tellement,  qu'elle  décompose  les  autres  parties.  On  y 
trouve  une  substance  appelée  par  M.  Vauquelin  colo- 
cynthine  ,  ce  qui  explique  la  vertu  purgative  de  cette 
amande  à  haute  dose.  Elle  est  très-amère  ,  mais  ni  rési- 
neuse ,  ni  gommeuse  ,  et  elle  laisse  déposer  chaque  fois 
qu'on  l'évaporé  des  flocons  blancs  qui  sont  solubles  dans 
l'alcool  et  dans  l'eau.  Ils  sont  d'une  amertume  extrême, 
La  matière  grasse  est  si  rance  et  a  tellement  absorbé 
l'oxigène  de  l'air,  qu'on  a  beaucoup  de  difficulté  à  la 
dissoudre ,  même  dans  l'éther.  Dissoute  dans  la  potasse 
caustique  ,  elle  est  en  partie  soluble  dans  l'eau.  On  la 
précipite  par  un  acide;  sa  rancîdité  est  excessive.  Une 
dissolution  de  colocynthine  précipite  par  une  infusion 
de  noix  de  galle  ,  ce  qui  est  commun  avec  l'albumine  *, 
mais ,  d'un  autre  côté ,  l'albumine  est  insoluble  dans 
l'alcool ,  ce  qui ,  par  conséquent ,  l'en  éloigne.  M.  Bo- 


(  ^IfJ  ) 

nastre  regrelle  de  n'avoir  pas  opéré    d'après  des  fruits 
encore  récens. 

M.  Drapiez  (Journal  de  Pliarm.  ,  août  1820)  vient  de 

*  prouver  ,  par  de  nombreuses  expériences  ,  que   le  fruit 

du  feviUea  cordifolia  est  un  puissant    antidote  contre 

les  poisons  végétaux.    Cette  opinion  avait   été  ,   depuis 

long-temps  ,  émise  par  les  naturalistes. 

M.  Drapiez  a  empoisonné  des  chiens  par  le  Rhas  toxi- 
codendron  ^  la  ciguë  et  la  noix  vomique.  Tous  ceux  qui 
furent  abandonnés  à  Peffet  du  poison  moururent ,  tan- 
dis que  ceux  à  qui  on  "administra  le  fruit  du  fewillea  cor- 
difolia recouvrèrent  la  santé  après  une  courte  indispo- 
sition. 

Il  s'assura  également  que  cet  antidote  n'agissait  pas 
seulement  dans  l'estomac  ;  il  en  appliqua  extérieurement 
dans  des  blessures  préalablement  empoisonnées  ,  et  il 
blessa  deux  jeunes  chats  avec  deux  flèches  qui  avaient 
été  trempées  dans  le  jus  du  mancenillier.  On  appliqua 
à  l'un  d'eux  un  cataplasme  formé  avec  le  fruit  du  feuil- 
lea  cordifolia,  et  l'autre  fut  laissé  sans  application.  Le 
premier  n'éprouva  d'autre  inconvénient  que  celui  de  sa 
blessure  ,  et  guérit  promptement  ;  tandis  que  l'autre 
tomba  en  convulsion  au  bout  de  très-peu  de  temps  ,  et 
mourut.  - 

Il  semble  ,  d'après  ces  expériences  concluantes  ,  que 
l'opinion  entretenue  des  vertus  de  ce  fruit ,  dans  les 
contrées  où  il  est  produit,  est  bien  fondée.  Ou  doit  dé- 
sirer, en  conséquence,  qu'il  soit  introduit  en  pharma- 
cie, comme  un  médicament  très-important^  mais  il  est 
nécessaire  de  connaître  s'il  perd  ses  propriétés  et  s'il  se 
conserve  plus  de  deux  ans  après  avoir  été  récolté. 

L'analyse  que  vient  de  faire  M.  Bonaslrc ,  de  graines 


,(    22  1     ) 

tiès-aiicienues,  juge  la  question  ,  en  prouvant  que  cette 
amande  a  besoin  d'être  employée  h  l'étal  de  fraiclieur , 
pour  être  douée  de  ses  propriétés  -,  car  au  lieu  d'albu- 
mine que  doune  le  fruit  du  mimosa  scandens ,  celui  du 
\\eux  fei^illea  n'a  donné  à  M.  Bonastre  qu'une  matière 
rance  ,  un  principe  amer,  et  aucune  trace  d'albumine 
(  antidote  du  sublimé  )  qu'on  y  trouve  lorsque  ie  fruit 
est  encore  récent ,  et  qu'ii    n'a   subi  aucune  altération. 

Propriétés  médicinales.  Les  amandes  du  Nandhirobe, 
étant  très-amères  ,  sont  employées  comme  contre-poison 
de  la  morsure  de  tous  les  serpens  en  Amérique;  de-là 
leur  nom  de  noix  de  sejpent.  On  les  pèle  et  on  les  ap- 
plique en  topique  sur  la  blessure.  On  en  prend  aussi  in- 
térieurement à  liante  dose.  Cette  amande  devient  purga- 
tive. 

Selon  Minguet ,  on  exprime  l'amande  du  Nandhirobe 
pour  en  extraire  l'huile  qu'on  administre  aux  personnes 
enîpoisonnées.  Elle  entre  aussi  dans  la  composition  des 
onguens.  On  regarde  l'amande  comme  fébrifuge ,  et, 
dans  ce  cas  ,  les  Espagnols  en  préconisent  l'émulsion 
qu'ils  préparent  après  avoir  pilé  l'amande  récente.  Les 
flibustiers  en  portaient  toujours  avec  eux  dans  leurs 
croisières  pour  la  guérison  de  leurs  blessures  reçues  à 
l'abordage.  L'émulsion  se  prescrit  aussi  dans  les  gonor- 
rhées.  On  regarde  les  semences  comme  de  dangereux 
emménagogues. 

Mode  d'admitvistratiois.  Une  graine  privée  de  l'en- 
veloppe et  râpée  suffit  pour  une  émulsion.  La  dose  de 
riiuile  est  d'une  cuillerée.  Quelquefois  on  râpe  l'amande 


(    222    ) 

dans  du  vin  de  Madère  pour  obtenir  plus  sûrement  une 
polion  cordiale. 


EXPLiCATIOK  DE  LA  PLANCHE  CEKT  QUATRE-VINGT-DIX-HUIT> 

Rameau  réduit  à  moitié  grandeur. 

1.  Fruit  dont  on  a  enlevé  l'opercule  au-dessus  des  im- 

pressions calicinales. 

2.  Semence  dont  la  partie   spongieuse  de  l'extérieur 

est  enlevée  en  partie. 

3.  Fleur  maie. 

4*  Une  des  étamines  séparée. 

5.  Une  des  écailles  alternes  avec  les  étamines, 

6.  Fleur  femelle. 

7.  Un  des  styles  détaché. 


/'/■^i'y. 


J /leoJofe  7)ej'Ci'7/rfz/x.  ./^-^•^' 


JVrée  Scjt/p 


IIIG.\ONE  A  GlilFFES. 


(    223    ) 


<IAi\  (V\A  ^(VWVV>  <VVVVV\(VV^'VVWVV\^(VVVVVVVVVV>  VV^♦A/VVV^'VV\A/V  ^/V  VV»  %V /VV»(VV^A/V  ^/v\^ 


BIGNONE  GRIFFE-DE- CHAT. 


(^Alexitère  interne.) 


Synonymie.  Vulg.  Liane  à  cliat.  Lierre  de  Saint-Domingue. 
Bignonia  unguis  Cati.  Lin.  Didynamie  angiospermie.  — 
Tourn.  Personnées.  • — Juss.  Bignones.  Bignonia  foliis  eon- 
jugatis  ;  cirrho  brevissimo  arcuato  tripartito.  Lin.  mill, 
Dict.  no  5.  Bignonia  Americana,  capreolis  aduncis  donata , 
siliquâ  longissimâ.  Tournef.  164.  —  Gelseminiim  indicum 
hederaceum  tetraphyllum ,  folio  subrotundo  ,  acuminato. 
Sloan.  Jam.  90,  Hist.  1  ,  p.  208.  —  Clematis  quadrifolia , 
flore  digitalis  luteo,  claviculis  aduncis.  Plum.  Amer.  80, 
t.  94.  —  Clematis  mjrsinites ,  amplioribus  foliis  ,  Ameri- 
cana, tetrapbyllos.  Pluk.  Alam.  109,  t.  i63,  f.  2.  —  En 
caraïbe  Reremouly ,  Céresé. 

Caractères  génériques.  Fleurs  monopétalées  ,  per- 
sonnées ,  à  feuilles  opposées  -,  calice  quinquéfîde  ,  en 
forme  de  godet  5  corolle  à  gorge  campanulée ,  quinqué- 
fîde ,  ventrue  en  dessous  ^  silique  ou  capsule  siliqueuse 
à  deux  loges  5  semences  membraneuses  ,  ailées. 

Caractères  particuliers.  Feuilles  conjuguées ,  vrilles 
très-courtes  ,  arquées  en  trois  parties. 

Histoire  naturelle.  Cette  Bignone  croît  dans  les  îles 
de  Bahama  ,   aux   Antilles  et  à  Cayenne  ^  on  la  cultive 
assez  facilement  en  Europe.  Elle  se  perpétue  deboutn- 
ToME  in.  —  5oe  Livraison.  i8 


(  ^^4  ) 

Tes  ou  de  butlage ,  c'esl-à-dire  en  amoncelant  une  cer- 
taine quantité  de  bonne  terre  autour  des  jeunes  rejetons 
qu'auront  produits  les  racines  d'un  vieux  tronc  coupé 
rez-terre.  Le  genre  Bignonia  a  été  consacré  par  Tourne- 
fort  à  M.  l'abbé  Bignon ,  savant  distingué.  Ce  génie 
renferme  de  belles  espèces.  Cette  liane  ,  garnie  de  vrilles 
ou  mains  qui  ressemblent  à  des  griffes  de  chat ,  et  par 
lesquelles  elle  s'accroche  aux  arbres  voisins  des  forêts  , 
et  aux  rochers ,  est  recherchée  en  Amérique  pour  ses 
propriétés  alexitères  et  apéritives. 

Caractères  physiques.  Cette  Bignone  pousse  des  sar- 
mens  fort  menus  ,  de  couleur  cendrée  ,  entrecoupés  par 
des  nœuds  assez  près  les  uns  des  autres  ,  et  qui  s'atta- 
chent sur  les  rochers  ou  sur  les  troncs  des  arbres  ,  de  la 
même  manière  que  nos  lierres.  Ses  feuilles  sont  oppo- 
sées 5  et  leurs  pétioles  ,  qui  ont  à  peine  un  pouce  de  lon- 
gueur ,  portent  chacun  deux  folioles  ovales  ,  pointues  , 
vertes  ,  glabres  et  nerveuses.  Le  pétiole  commun ,  qui 
soutient  chaque  paire  de  folioles  ,  se  termine  en  une 
vrille  courte  ,  et  communément  divisée  en  trois  parties 
courbées  en  crochet.  Les  fleurs  sont  jaunes,  sans  odeur, 
et  viennent  dans  les  aisselles  des  feuilles  ,  portées  sur 
des  pédoncules  simples  ,  longs  d'un  pouce  ,  ou  un  peu 
plus.  Elles  produisent  des  capsules  qui  ont  près  de  deux 
pieds  de  longueur,  sur  environ  un  pouce  de  large  ,  sont 
pointues  ,  fort  aplaties  ,  et  de  couleur  tannée  ,  étant 
mûres. 

Analyse  chimique.  Cette  Bignone  contient  une  ma- 
tière colorante  ^  un  principe  doux ,  gommeux ,  qui  pré- 
domine \  une  matière  amilacée  j  un  acide  malique  \  du 
tannin  et  de  Thydrochlorate  de  potasse. 


(    225    ) 

Propriétés  médicinales.  Le  sage  praticien  Poupée- 
Desportes  recommande  Fusage  de  cette  plante  ,  toutes 
les  fois  qu'on  doit  employer  les  apéritifs.  Les  naturels 
font  entrer  dans  leurs  antidotes,  contre  les  substan^.'^s 
vénéneuses  ,  et  surtout  la  morsure  des  serpens ,  toutes 
les  parties  de  cette  Bignone  liane  à  chat ,  dont  ils  combi- 
nent l'action  avec  celle  des  cressons  de  savanes  ,  grand 
et  petit ,  dont  j'ai  donné  l'histoire.  (Vol.  \" ^  classe  des 
anti-scorbuliques  ,  pag.  igB.) 

Mode  d'administration.  On  emploie  le  suc  des  feuil- 
les à  la  dose  d'une  cuillerée ,  et  la  décoction  des  racines 
et  des  autres  parties  de  la  plante  à  celle  de  quatre  onces. 
On  préfère  la  teinture  alcoolique  lorsqu'il  n'y  a  point  de 
symptômes  inflammatoires. 


explication  de  la  planche  cent  quatre-vingt-dix-neuf. 

La  plante  est  réduite  aux    deux  tiers  de  sa  grandeur  na- 
turelle. 

1.  Portion  d'une  silique. 

2.  Semences  imbriquées  dans  une  moitié  de  silique, 

3.  Semence. 


(     226    ) 

/«/\'«WWV\'WVVWW\V»VWMW<>VV\  VVVfVV\IVV»iVV\'VV\'VV»'VVN'VV»(VV\'VV»'V\'V'V%''V\,<iVVVVWWVVV^*V>W*  'iV» 

ACACIE  A  GRANDES  GOUSSES. 

(  Alexitère  interne.  ) 

Synonymie.  Vulg.  Cacone  grimpante,  Liane  à  bœuf;  châtai- 
gnes de  mer  ,  ou  cœur  de  St. -Thomas.  — Mimosa  scandens. 
Lin.  Polygamie  monœcie.  Tournef.  Cl.  20.  Arbres  mono- 
pétales. Sect.  2.  Acacia,  id.  Jussieu ,  famille  des  légumi- 
neuses. Acacia  scandens  flore  subviridi  racemoso  ,  siliquis 
magnis.  Plum.  2^  vol.  Perim-Kaku-Valli.  Rheed.  Mal. 
8,  t.  32,  33  et  34.  Rumph.  Vol.  V  ,  tabl.  4.  — Pluck. 
Tab.  211. 

Caractères  génériques.  Calice  double  :  l'extérieur  à 
cinq  dents",  Tintérieur  plus  grand  ,  monosépale,  régulier 
et  tubuleux.  Etamines  en  nombre  variable ,  monadel- 
plies.  Fleurs  généralement  petites  ,  disposées  en  épis  ou 
en  têtes  globuleuses.  Végétaux  herbacés  ou  ligneux, 
ayant  en  général  les  feuilles  décomposées.  (Richard.) 

Caractîlres  particuliers.  Feuilles  doublement  pin- 
nées,  conjuguées  sans  épines  ,  terminées  par  une  vrille  *, 
folioles  bijii-uées.  Tige  grimpante  à  la  hauteur  de  plus 
de  cent  pieds. 

Histoire  NATURELLE.  Le  genre  Mimosa.,  comme  l'ob- 
serve judicieusement  M.  Delaunay ,  encore  très-nom- 
breux, a  été  cependant  restreint  par  Linné.  Les  Grecs  , 
dit-il ,  avaient  donné  ,  par  antiphrase  ,  le  nom  d'akakia, 
qui  signifie  innocence  ,   à  la  première  espèce  qu  ils  ont 


y/tcotiiy/-c  />e^fc<.'(tr/l7\  /i/i.v 


/*e/-f<?   iPrn^ . 


ATACIE  A  €RAX1>ES  GOr^SES 


(  2^7  ) 
connue  et  qui  était  très-épineuse.  Linné  a  changé  ce 
nom  en  celui  de  mimosa  ,  qui  exprime  mieux  une  qua- 
lité m,ime ,  commune  à  tous  _,  celle  de  fléchir  sous  les 
doigts  qui  les  touchent ,  comme  la  sensitive  ,  etc.  ,  ou  de 
marquer  leur  sommeil  en  abaissant  ou  rapprochant  leurs 
rameaux  et  leurs  folioles.  Ce  dernier  nom  du  grec  mimos, 
comédien  ,  est  dérivé  du  verbe  mimeomai ,  imiter,  faire 
des  gestes. 

Cette  liane  ,  très-grosse  ,  dit  Chevalier ,  se  développe 
rapidement  si  les  racines  pivotent  dans  un  lieu  humide  ; 
elle  court  d'arbre  en  arbre  ,  quelquefois  plus  d'une 
demi-lieue.  Elle  se  plait  et  fait  l'ornement  rustique  de 
ces  belles  et  silencieuses  forêts  que  la  hache  a  toujours 
respectées  ,  et  où  souvent 

Ni  bergers ,  ni  chasseurs  égarés  dans  leur  course  , 
De  ces  asiles  frais  n'ont  troublé  les  gazons. 

Elle  croit  dans  les  montagnes,  et  rapporte  des  semen- 
ces farineuses  renfermées  dans  d'énormes  légumes  de 
trois  à  quatre  pieds  de  longueur  sur  quatre  pouces  de  large, 
et  qui  servent  de  nourriture  à  beaucoup  d'Indiens  ou  de 
naturels  des  Antilles.  Les  nègres  appellent  les  fruits 
tombés  de  leurs  gousses  châtaignes  de  mer  ,  parce 
qu'au  milieu  des  ouragans ,  ces  fruits  ,  transportés  par  les 
avalanches  ou  par  les  torrens  qui  descendent  des  mon- 
tagnes ,  se  mêlent  aux  eaux  des  rivières  ,  en  garnissent 
les  rives  ,  puis  ,  à  la  première  crue  ,  sont  chariés  vers 
la  mer. 

A  flots  impétueux  ,  les  fleuves  débordés 

Précipitent  leur  cours  sur  les  champs  inondés. 

Ils  entraînent  troupeaux,  bergers,  arbres  ,  cabanes. 

(de  Saint -Ange.) 


(    228    ) 

Les  amandes  de  ces  fruits  sont  recherchées  par  les  co- 
chons marrons  et  les  boeufs. 

Les  nègres  vident  ces  graines  qu'ils  appellent  caconeSy 
et  après  avoir  enlevé  en  entier  l'amande ,  ils  en  font 
des  bourses  à  escalins  en  adaptant  à  l'ouverture  du  haut 
un  liseré  de  bois  d'acajou  ou  de  citronnier  ,  qui  ferme 
l'entrée  au  moyen  d'une  coulisse.  Les  dames  créoles, 
passionnées  pour  leur  pays  ,  ne  dédaignent  pas  ces  bour- 
ses où  elles  renferment  des  pièces  d'or.  Les  amandes  , 
quoique  amères  ,  se  mangent  avec  plaisir  lorsqu'on  les 
fait  bouillir  ou  boucaner. 

Cab^actères  physiques.  Les  tiges  de  cette  liane  sont 
cylindriques  ,  épaisses  ,  fort  longues  ,  sarmenteuses 
et  grimpantes  ;  le  pétiole  commun  de  chacune  de  ses 
feuilles  fournit  une  couple  de  pinnules  chargées ,  l'une 
et  l'autre ,  d'une  ou  deux  paires  de  folioles ,  et  se  ter- 
mine par  une  vrille  simple  ou  bifide  -,  les  folioles  sont 
ovales-obloDgues  ,  obtuses  ,  quelquefois  échancrées  , 
avec  une  très-petite  pointe  dans  leur  échancrure  ,  vertes, 
lisses  et  un  peu  coriaces.  Les  fleurs  sont  petites  ,  blan- 
châtres ,  polypétales  ,  décandriques  et  disposées  en  épis 
grêles.  Les  fruits  sont  les  plus  grands  de  tous  ceux  des 
plantes  légumineuses  que  l'on  connaît.  Ce  sont  des  gous- 
ses longues  de  deux  ou  trois  pieds,  larges  de  trois  à 
quatre  pouces  ,  aplaties  ,  enflées  aux  endroits  où  sont 
les  semences,  coriaces  et  entourées  par  un  cordon  li- 
gneux qui  naît  du  pédoncule  auquel  elles  sont  attachées. 
Ces  gousses  énormes  renferment  chacune  sept  à  neuf  se- 
mences larges  de  deux  pouces  ,  un  peu  aplaties  sur  les 
côtés  ,  arrondies  en  rein  ou  en  coeur  ,  et  d'un  rouge  brun 
comme  les  châtaignes ,  au  moins  lorsqu'elles  sont  sèches. 


(    229    ) 

Analyse  chimique.  Ce  n'est  pas  sans  fondement  que 
les  naturels  ont ,  de  tout  temps  ,  proclamé  les  vertus 
anti-vénéneuses  de  l'amande  de  ces  fruits,  à  l'état  de  fraî- 
cheur. M.  Bonastre  ,  dont  les  talens  en  cliimie  sont  con- 
nus ,  vient  tout  récemment  de  me  communiquer  l'ana- 
lyse suivante  ,  qui  sert  à  prouver  que  l'albumine  qu'on 
y  trouve  en  grande  quantité  peut  servir  à  neutraliser  la 
plupart  des  poisons.  Ses  reclierclies  lui  fournirent  : 
lo  considérablement  d'albumine  ;  2"  de  la  fécule  ^  3o  de 
la  gliadine  ;  4°  ^^  ^^  gomme  acide  ;  5"  de  la  résine  acre 
très-blanche  ^  6°  une  huile  grasse  incolore  j  ^o  une  ma- 
tière extractive  ^  «8°  des  traces  d'acide  gallique  ^  90  un  peu 
de  sucre  ^   10°  de  la  fibre  blanche. 

Propriétés  médicinales.  La  Cacone  grimpante  est  re- 
cherchée comme  alexitère.  L'écorce  verte  des  siliques  est 
estimée  vulnéraire ,  et  contient  une  résine  diaphane 
blanche  et  gommeuse  ,  laquelle  durcit  en  se  séchant. 

Mode  d'administration.  On  râpe  l'amande  qu'on 
donne  en  substance  à  une  dose  indéterminée,  pulvéri- 
sée et  infusée  pendant  une  nuit.  Elle  convient  aux  fébri- 
citans.  Il  serait  à  souhaiter  qu'on  pût  en  garnir  les  offi- 
cines européennes  j  elle  mérite  ,  dit  le  D.  Jourdan , 
de  figurer  dans  nos  pharmacies  à  plus  juste  titre  que  tant 
d'inutiles  drogues  qui  les  encombrent ,  sans  utilité  pour 
l'humanité. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENTS. 

La  plante  est  réduite  au  tiers  de  sa  grandeur  naturelle. 

1.  Chaton. 

2.  Semence  dont  une  portion  corticale  est  enlevée  pour 

laisser  voir  l'amande. 


T/ifoifcre  Jff.rcotfy/i/x  /''n. 


VMWAIW.   Li^lXE   A  i; 0^:111 


(    23l     ) 

PAREIRE  A  FEUILLES  RONDES. 
(  Alexitère  interne.  ) 

Synonymie.  Liane  à  cœur.  Liane  à  serpent.  Liane  quinze 
jours.  Pareira  brava.  Caapeba  butua;  bcrbe  Notre-Dame. 
—  Gissampelos  (  Pareira  )  foliis  peltatis  ,  cordatis  ,  emar- 
ginatis.  Lin.  ,  Diœcie  Monadelpbie.  —  Jussieu,  Class.  i3  , 
ord.  17,  famille  des  Ménispermes.  —  Gissampelos  scandens, 
foliis  peltatis  ,  orbieulatis  ,  cordatis  ,  villosis  ;  floribus  mas- 
culis  ,  racemosis  ;  femineis  spicatis ,  spicis  folialis.  Brown  , 
Jam.  ,  p.  357.  —  Gissampelos  foliis  margine  petiolatis. 
Burm  ,  Amer.  5  p.  5G  ,  tab.  67,  fig.  2.  —  Gaapeba  folio  or- 
biculari  ,  ncn  umbilicato.  Plum. ,  Gen.,  pi.  33  ,  t.  29. — 
Glematis  baccifera  ,  glabra  et  villosa  ,  rotundo  et  umbili- 
cato folio.  Sloan.  ,  Jam.,  85.  Hist.  1  ,  p.  200.  —  En  espa- 
gnol ,  Pareira  hrava,  —  En  portugais  ,  Pareira  hrava  do 
BrasiL  —  En  anglais ,  Gissampelos  ,  iVild-Vine,  —  En 
brésilien,  Caapeba  membrocq.  —  Natsjatam,  Rheed.  Hort . 
mal.,  vol.  7,  p.  1  ,  tab.  1. 

Caractères  génériques.  Fleurs  pol3^pétalées  ,  de  la 
famille  des  Ménispermes  -,  plantes  grimpantes ,  à  feuilles 
alternes-,  fleurs  très -petites  et  disposées  en  grappes 
axillaîies,  latérales  ou  terminales-,  fleurs  dioïques.  Dans 
les  mâles ,  un  calice  à  quatre  folioles  ,  point  de  corolle  *, 
quatre  étamiues  dont  les  filets  sont  réunis  et  attachés 
sur  un  disque  dans  le  centre  de  la  fleur.  Dans  les  fe- 
melles ^  un  calice  d'une  seule  pièce  \  trois  stigmates  ,  une 
baie  globuleuse,  monosperme.  (Encycl.) 

Caràctîsres  particuliers.  Feuilles  cordiformcs  ,  pres- 
que orbiculaires  ,  velues  en  dessous  \  fleurs  mâles  et  fe- 
melles en  épis  ,  et  garnies  de  bractées. 

Histoire  naturelle.  Cette  racine  fameuse,  rapportée 
en  France  en  1688  par  Ameîot ,  à  son  retour  de  l'am- 
bassade de  Portugal ,  fut  mise  ensuite  en  réputation  par 
Locbner  ,  en  Allemagne.  Elle  croît  aux  lieux  montueux 

Tome  III.  —  5i^  Lii^raison,  19 


(    23l    ) 

de  rAmérique  ,  au  Brésil ,  à  Saint-Domingue ,  à  Cuba  , 
à  la  Jamaïque  ,  à  la  Martinique  et  dans  les  autres  îles 
Antilles  ,  où  les  nègres  en  font  le  plus  grand  cas  comme 
remède  et  comme  alexitère.  Pareira  hrava  •  en  portu- 
gais ,  signifie  vigne  sauvage  ou  bâtarde  \  butua  ,  en  in- 
dien, signifie  bâton.  , 

Cahactères  physiques.  C'est  à  tort  qu'on  a  confondu 
dans  l'Encyclopédie  le  Pareira  hrava  avec  le  Menisper- 
mum  coculus  c\m  fournit  la  coque  du  Levant.  Les  fruits 
et  les  feuilles  diffèrent  essentiellement,  puisque  les  fruils 
comprimés  à  une  seule  loge  du  Pareira  braua  sont  ac- 
compagnés de  bractées  sessiles ,  tandis  que  ceux  du  3Ie- 
nispermuTTL  coculus  sont  en  grappes  lâches,  à  trois  coques 
dépourvues  de  bractées.  (  Voy.  Flore  du  Dict.  des  Se. 
médicales,  35*  livr.  ) 

Les  racines  du  Pareira  brava  sont  dures  ,  tortueuses  , 
et  rugueuses,  brunes  à  l'extérieur  ,  jaunes  à  l'intérieur; 
inodores  et  très-amères  ,  et  marquées  par  beaucoup  d'an- 
neaux concentriques.  ^ 

Les  tiges  sont  ligneuses  ,  grimpantes,  cylindriques, 
striées,  pubescentes,  pourvues  de  feuilles  alternes,  pé- 
liolées  ,  presque  orbiculaires  ,  écliancrées  en  cœur,  en- 
tières ,  mucronées  à  leur  sommet,  vertes  et  glabres  en 
dessus,  velues  ,  soyeuses  et  blanchâtres  en  dessous  ;  re- 
marquables par  sept  nervures  divergentes  et  rameuses. 

Les  fleurs  mâles  sont  petites  ,  disposées  en  panicules 
courtes  ,  latérales  ,  pédonculées  ,  solitaires  ou  géminées, 
à  peine  de  la  longueur  des  pétioles;  leurs  rnmifications 
velues  ,  dicho tomes  ,  presque  capillaires  ;  de  très-petites 
bractées  velues  ,  à  peine  sensibles. 

Les  fleurs  femelles  sont  réunies  en  grappes  plus  allon- 
gé<îs ,  lomenieuscs  et  pendantes  ,   plus  longues   que  les 


,       '  (  233  ) 

feuilles ,  réunies  d'une  à  trois  dans  l'aisselle  des  pétioles, 
accompagnées  de  bractées  sessiies  de  même  forme,  mais 
plus  petites  que  les  feuilles.  Les  fruits  sont  des  baies 
rougeàtres  comprimées  ,  un  peu  gibbeuses  ,  à  une  seule 
loge  ,  bérissées  de  longs  poils  caducs,  amincies  et  ridées 
à  leurs  bords.  (FI.  du  Dict.  des  Se.  méd.  ) 

Analyse  chimique.  La  racine  du  Pareira  brava  ana- 
lysée par  Neumann  lui  a  produit  plus  du  quart  de  son 
poids  d'un  extrait  alcoolique,  et  une  petite  quantité  d'ex- 
trait aqueux.  Son  infusion  aqueuse  noircit  légèrement  par 
le  sulfate  de  fer. 

Propriétés  MÉDICINALES.  Les  vertus  de  cette  racine  , 
quoique  contestées  par  les  réformateurs  systématiques 
et  impitoyables  de  la  médication  végétale  ,  n'en  sont  pas 
moins  réelles  et  mille  fois  reconnues  aux  colonies  dans 
les  népliriles  calculeuses  et  les  dysuries.   Elle  divise  évi- 
demment les  matières  visqueuses  qui  engouent  les  bron- 
cbes  des  poumons ,   et  elle  facilite  l'expectoration  d'une 
manière  prompte  et  sensible.  On  l'emploie  aussi  dans  la 
gonorrbée  et  pour  arrêter  certaines  bémorragies.  Pou- 
pée-Desportes  ,  praticien  célèbre  ,   instruit  par  une  ex- 
périence  consommée  ,     proclame   comme  supérieure  à 
toute  autre  ,  dans  les  gonoribées ,  une  tisane  faite  avec 
les  feuilles  de  cette  liane  à  cœur,  l'écorce  de  la  liane  à 
savon  ,  les  racines    du  petit  balisier  ,  du  Marcgrave  à 
ombelles  ,  de  la  malnommée  et  de  la  verveine  puante  -, 
mais  les  racines  de  Vlierhe  à  colet ,   infusées  à  froid  , 
l'emportent ,  dit-il,  sur  toutes  les  autres.  Certes  Tasser- 
lion  véridique  d'un  médecin   aussi  distingué  peut  bien 
aussi  l'emporter  sur  les  suppositions  exagérées  des  par- 
tisans de  la  doctrine  du  docteur  Sangrado  ,  qui ,  par  es- 
prit de  contradiction  ,  n'écrivent  dans  leur  cabinet  î'bis- 

19* 


(  234) 
toire  des  plantes  que  pour  les  décrier  et  pour  en  renier 
les  propriétés.  Quoi  qu'il  en  soit ,  j'ai  éprouvé,  pendant 
six  ans  ,  dans  les  hôpitaux  que  je  desservais,  la  liane  à 
cœur,  et  j'ai  toujours  eu  à  me  louer  de  son  usage.  Je 
dirai  de  même  de  l'utilité  des  feuilles  appliquées  sur  les 
plaies  et  sur  les  ulcères  dont  elles  accélèrent  notablement 
la  cicatrisation.  Que  ces  mêmes  détracteurs  osent  renier 
au  suc  de  cette  liane  sa  faculté  de  neutraliser  incontinent 
les  morsures  des  serpens  venimeux  !  J  ai  mille  faits 
exacts  et  bien  observés  qui  m'autorisent  à  publier  la 
propriété  de  ce  précieux  don  de  la  nature  ,  observations 
faites  dans  tous  les  cas  surtout  où  les  moyens  généraux, 
quoique  rationnels  ,  avaient  échoué  ,  et  où  la  perte  des 
malades  était  assurée  ,  malgré  la  cautérisation  pratiquée 
dans  un  temps  opportun,  et  dont  cet  antidote  végétal 
triompha.  Sur  cinq  nègres  mordus  par  des  serpens  ,  et 
entrés  à  l'hôpital  de  Saint-Pierre  (  Martinique  ) ,  trois 
furent  guéris  en  employant  le  Pareil  a  bi'auaj  les  deux 
autres  périrent  en  quatre  heures  de  temps  pour  n'avoir 
puleleur  administrer.  On  conçoit  que  de  l'Europe  on  ne 
peut  se  permettre  de  traucber  aussi  brusquement  sur  une 
semblable  question,  et  qu'il  est  téméraire  de  vouer  inexo- 
rablement à  l'oubli  des  plantes  précieuses  qu'on  n'y  a 
point  employées.  Studio  doctor  ,  expeiienliâ  rnedicus, 
INioDE  d'admikistfxAtiok.  Cette  racine  se  donne  en 
poudre  depuis  une  dragrae  jusqu'à  deux  gros.  Trois  gros 
suffisent  pour  deux  livres  d'eau  qu'on  fait  réduire  à 
moirié.  La  dose  de  la  teinture  alcoolique  est  d'un  ^ros. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT  UN. 

1.  Portion  du  rameau  d'un  individu  maie.  —  2.  Fleur  raale. 
—  '».   Fruit.   —  4-   Fleur  femelle. 


/y.  joj 


y7n\'iiare  JA'j'iViif/fJ-K  /'i/>.v 


yi'rvc  >.firi/^ . 


AlUKSTOI^OriFK  A":^^Gl^ïril>K 


(  235  ) 


^(^A'v\^(vv»lVV^^/vvvv\vv^'vv^^'V^^^^'vv*^\'»<vv^vv/vvvvvA^^^lVv^<vvvvv>^(V»»vv^A,\vvt;^'vvvvv^'vx^ 


ARISTOLOCHE  AjNGUICIDE. 


(^Alexitère  inteime.) 


Synonymie.  Vulg.  Liane  à  corbillon.  —  Manarou.  Arislolo- 
chia  anguicida.  Lin.  Gynandrie  Hexandrie. — Tournefort, 
classe  des  Personnées.  —  Jussieu,  famille   des   Asaroïdes. 

—  Aristolochées  de  Rictard.  —  asaroïdes.  Aristolochia 
foliis  cordato-acuminatis ,  caule  volubili  fruticoso  ,  pedun- 
culis  solitariis  ,  slipulis  cordatis.  Jacq.  ,  Amer.  282,  tab. 
i44« —  Aristolocbia  mexicana  ,  flore  acutiore.  Moris.  Hist. 
3  ,  p.  609  ,  sect.  12,  t.  17,  f.  7.  —  Aristolochia  scan- 
dens  ,  foliis  ad  basim  auriculatis.  Pliim.  —  Carelu-Vegou. 
Malab.  —  Aster  fusi-lusit.  —  Kokerlingen  Belg-.  —  En 
espagnol,  Aristoloquia.  En  anglais,  long-rooted-Birthwort. 

—  Apinel  au  Brésil. 


Caractères  génériques.  Calice  lubuleux  à  la  base  -, 
limbe  irrégulièrenieiii  conformé  ,  soit  en  oreille  d'âne  , 
soit  en  corne  d'abondance  -,  six  étamines  soudées  et  con- 
fondues au  centre  de  la  fleur  avec  le  style  et  le  stigmate^ 
capsule  obovoïde  ,  inférieure  ,  à  six  côtes  et  à  six  loges 
polyspermes  \  semences  aplaties.  (Richard.)  Tiges  grim- 
pantes  qui  s'entortillent  autour  des  arbres  ou  arbrisseaux 
qui  se  trouvent  près  d'elles. 

CarActî:res  particuliers.  Feuilles  cordiformes,  ai- 
guës j  tige  volubile ,  sous-ligneuse  -,  pédoncules  solitaires  y 
stipules  cordiformes.  (Vivacc.  ) 


(  '.36  ) 

Histoire  NATURELLE.  Le  nom  de  cette  plante,  suivant 
Cicéron  et  d'après  Delaunay,  est  dû  à  un  certain  Aris- 
tolochus  qui ,  le  premier  ,  fît  usage  de  T Aristoloche. 
D'autres  le  composent  de  deux  mots  grecs,  u^iu-roç  ^ 
excellent ,  et  Xolia  ,  îocliies  ,  pour  indiquer  contre  cruelle 
uialadie  la  médecine  emploie  plusieurs  espèces.  Quoi 
qu'il  en  soit,  ou  dans  les  forêts  vierges  ou  dans  les  bois 
d'agrément,  on  observe  toujours  avec  plaisir  le  feuillage 
singulier  de  toutes  les  espèces  de  cette  famille.  C'est  ici 
le  cas  de  dire  avec  Poiret  que  «  tout  ce  que  le  Créateur 
des  mondes  expose  aux  yeux  de  riiomme  ,  son  être 
privilégié  ,  il  l'embellit  ,  il  en  fait  pour  nous  autant 
d'objets  de  jouissance,  tandis  qu'il  semble  avoir  refusé 
l'élégance  à  tout  ce  qu'il  dérobe  à  nos  regards.  En  effet, 
quelle  différence  entre  la  cime  fleurie  et  verdoyante 
d'un  bel  arbrisseau  ou  d'une  liane  élégante  et  la  masse 
grossière  de  ses  racines  divisées  en  rameaux  informes , 
tortueux  et  charités  d'une  chevelure  en  désordre  !  » 
Quant  à  la  culture  de  ces  plantes  exotiques  ,  elles  de- 
mandent le  plein  air  ,  une  bonne  terre  et  l'exposition 
au  soleil.  On  les  multiplie  facilement,  soit  de  couchages 
faits  au  printemps  et  qu'on  peut  lever  l'automne  sui- 
vant ,  soit  de  semences  quand  elles  mûrissent. 

Caractères  physiques.  Cette  espèce  ,  qui  a  beaucoup 
de  rapport  avec  l'Aristoloche  odorante  ,  soit  pour  les 
formes  ,  soit  pour  les  propriétés  ,  est  cependant  d'ail- 
leurs ,  dit  Jacquin  ,  désagréable  et  nauséabonde.  Ses  ra- 
cines sont  cylindriques  et  rameuses,  contiennent  une 
moelle  blanchâtre  pleine  d'un  suc  amer, fétide,  et  d'une 
couleur  orangée  ,  et  sont  recouveries  par  une  écorce 
brune  et  subéreuse.  Ses  tiges  sont  ligneuses  ,   subéreu- 


(  '3,  )  ^ 

ses  et  persistantes  dans  la  partie  inférieure  ^  la  supérieure 
est  striée  ,  presque  glabre,  s'entortille  autour  des  arbres 
et  grimpe  jusqu'à  environ  dix  pieds  de  hauteur.  Les 
feuilles  sont  alternes  ,  pétiolées ,  en  cœur  allongé  et 
pointu  5  glabres  des  deux  côtés  ,  munies  de  veines  ré- 
ticulées en  dessous  ,  et  ont  leur  pétiole  pubescent.  On 
observe  à  leur  base  des  stipules  en  cœur  qui  embrassent 
la  lige.  Les  fleurs  sont  axillaires  ,  solitaires,  et  portées 
chacune  sur  un  pédoncule  plus  ou  moins  long.  Elles 
sont  d'un  vert  jaunâtre  ,  avec  des  stries  et  des  veines 
pourpres  ,  et  ont  leur  languette  lancéolée  ,  pointue  , 
canaliculée  ou  oonnivcnte  postérieurement. 

Analyse  chimique.  Geoffroy  a  observé  le  premier 
que  le  suc  des  racines  des  Aristoloches  rougit  le  papier 
bleu  ,  et  Bergius ,  que  l'infusion  aqueuse  n'est  point  al- 
térée par  le  sulfate  de  fer^  ce  qui  explique  îa  propriété 
alexitère.  On  obtient  aussi  de  ces  racines  un  extrait 
gommo-résineux  très-amer.  Si  on  les  traite  par  l'eau  , 
l'extrait  est  peu  abondant  ,  d'une  saveur  salée  et  peu 
amère.  On  y  trouve  aussi  une  huile  volatile  ,  un  prin- 
cipe amer,  jaune  ^  un  extrait  gommo-résineux,  de  l'a- 
midon ,  de  l'albumine  ^  un  peu  d'acide  malique  et  phos- 
phoriquc  ,  combinés  avec  la  potasse. 

Propriétés  médicina.les.  Les  Aristoloches  se  trouvent 
en  abondance  dans  les  bois  et  dans  les  halliers  de  l'A- 
mérique, où  l'on  en  observe  un  grand  nombre  d'espèces 
dont  la  plupart  sont  employées  en  médecine  par  les  na- 
turels du  pays  qui  sont  autorisés  à  en  louer  les  proprié- 
lés.  Cependant  les  feuilles  de  l'espèce  sarmenteuse  à 
vrilles  ,  très-commune  sur  les  bords  de  la  mer  de  la 
partie  sud-ouest  de  Saint-Domingue  ;  produisent  un  suc 


(  238  ) 

causlique  très-dangereux  pour  les  bêtes  cavalines.  L'es- 
pèce qui  nous  occupe  ici  n'a  que  des  vertus  précieuses  , 
surtout  pour  remédier  à  la  morsure  des  serpens  et  in- 
sectes venimeux.  Il  suffit  d'introduire  deux  ou  trois 
gouttes  du  suc  de  sa  raciue  dans  la  gueule  d'un  serpent, 
pour  l'enivrer  au  point  de  pouvoir  le  manier  impuné- 

■s. 

ment  ,  et  le  laisser  reposer  sur  son  sein  sans  avoir  rien 
à  en  craindre  ,  au  moins  pendant  quelques  heures.  C'est 
ainsi  que  les  jongleurs  d'Amérique  étonnent  le  peuple 
crédule  5  tout  en  l'instruisant  des  moyens  cju'ils  doivent 
employer  poiîr  se  garantir  des  blessures  nriortelles  de  ces 
reptiles  dangereux  dont  leurs  contrées  sont  infestées. 
Si  on  lui  fait  avaler  une  plus  grande  quantité  de  ce  suc  , 
tout-à-coup  son  corps  entre  en  convulsion  ,  et  il  meurt 
en  peu  de  tem.psf  Le  suc  parait  avoir  plus  de  vertu 
étant  combiné  avec  la  salive  de  Fliomme  par  la  mastica- 
tion. L'odeur  seule  de  cette  racine  ,  au  rapport  de  Jac- 
quin  ,  fait  fuir  ces  animaux  immondes.  L'homme  même 
peut  avaler  quelques  gouttes  de  ce  suc  sans  en  être  in- 
commodé. A  plus  haute  dose  ,  il  occasionerait  néan- 
moins des  vomissemens.  Quant  aux  propriétés  extérieu- 
res de  l'Aristoloche  anguicide  ,  il  est  certain  ,  et  je  le 
répète  d'après  ma  propre  expérience,  que  ce  même  suc 
appliqué  sur  la  morsure  récente  d'un  serpent  venimeux, 
ou  pris  même  à  l'intérieur ,  guérit  infailliblement  et 
presque  subitement ,  ce  qu'on  ne  peut  attendre  de  tout 
autre  moyen  ordinaire.  J'ai  neutralisé  en  peu  d'instans , 
au  moven  de  cette  plante,  le  virus  venimeux  introduit  par 
la  piqûre  dangereuse  des  araignées  crabes  ,  des  scorpions, 
des  scolopendres  et  de  l'araignée  à  cul  rouge  ,  espèce 
de  tarentule,  qui  avait  excité  de  vives  douleurs  et 
plusieurs  accidens   propres  aux  substances   vénéneuses. 


Je  dois  aussi  la  signaler  comme  diurétique,  sudorifique 
et  difficile  à  remplacer  dans  les  afFections  muqueuses  de 
la  vessie,  la  chlorose,  les  fièvres  intermittentes,  la  leu- 
coplilegmasie  ,  l'asthme  humide  ,  lanorexie  glaireuse. 
Les  Indiens  remploient  journellement  en  lotion  ou  eu 
topique  contre  l'arthrodynie  chronique.  Dans  certains 
cas  d'atonie  de  la  matrice  ,  les  insulaires  prescrivent 
cette  Aristoloche  pour  provoquer  l'expulsion  du  fœtus 
et  des  lochies  supprimées.  Cette  plante  acre  et  amère 
agit  alors  comme  emménagogue  excitante.  C'est  aussi  un 
détersif  excellent  qu'on  peut  employer  avec  avantage 
dans  le  pansement  des  ulcères  atoniqucs.  Poupée-Des- 
portes  recommande  la  poudre  de  racine  dans  les  diar- 
rhées chroniques  ,  et  en  forme  tin  opiat  qu'il  appelle 
anti-cachectique . 

La  décoction  des  feuilles,  tiges  et  racines,  est  évi- 
demment alexitère  et  anti-syphilitique  par  excellence. 
Les  racines  s'emploient  de  préférence  contre  les  cé- 
phalées rebelles  ,  certains  frissons  symptomatiques  ,  et 
contre  les  tumeurs  vénériennes  et  autres. 

Mode  d'administration.  Les  feuilles  et  les  tiges  se 
prescrivent  par  poignées. 

La  dose  de  l'extrait  résineux  et  de  la  poudre  est  d'un 
gros.  Celle  de  la  teinture  alcoolique  est  de  trente  à 
quarante  gouttes. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT  DEUX. 

i.   Racine. 


N 


(  ^4"  ) 


•VV\V\A'\A/%'VV»VV\\A/%VV%\>V\\/VVVVVV\>\\^/VV»iV»,'S\A*VV'VV»V\rt**'VVV>VV'»V\A/VV»'VV^>*IVVVVV\'»  VVVi^^ 

EUPATOIRE  AYA-PANA. 


(  Alexitère  interne,  ) 


Synonymie.  Eupatorium  Aya-Pana.  Vent.  —  Lin. ,  Syngé- 
nésie  Polygamie  égale.  Tourn.  ,  cl.  12,  flosculeuses.  Juss.^ 
famille  des  Corymbifères.  —  Eupatorium  foliis  lanceolatis, 
integerrimis  ;  inferioribus  oppositis,  superioribus  alternis , 
calicibus  inaequalibus  ,  multifloris.  Vent.  hort.  Malm.  1  , 
p.  3  ,  tab.  3  ,  et  Galend.  Tubing.  i8o3 ,  p.  196.  —  Trat- 
tenick,  Thesaur.  ,  tab.  16.  —  Willd.  Spec.  plant.  3,  pag. 
176g. 


Caractères  gékériques.  Involucre  cylindrique,  formé 
d'écaillés  unisériées  ,  linéaires  \  réceptacle  plane  ^  fleu- 
rons du  centre  réguliers,  mâles  ou  imparfaitement  her- 
maphrodites -,  demi-fleurons  de  la  circonférence  femel- 
les ,  fertiles,  tantôt  ligules  ,  tantôt  tubuleux  ,  et  à  cinq 
dents  inégales  -,  fruit  terminé  par  une  aigrette  simple  ou 
sessile.  Les  capitules  sont  tantôt  solitaires  au  sommet 
d'une  hampe  simple  ,  tantôt  disposés  en  épis.  (  Ri- 
chard. ) 

CARACTÎiRES  PARTICULIERS.     FcuillcS  SCSsilcS  ,    laucéo- 

lées  ,  glabres  à  leurs  deux  surfaces ,  et  d'une  odeur  de 
menthe  ,  opposées  inférieurcment ,  les  supérieures  al- 
ternes -,  fleurs  purpui  incs. 


jv.  o„:r 


y/ieoJore  /Je./'<-our/r/\.  Z'i-ftti-  . 


yîv'r'i»    ,Cl4^- 


Ki'rATOlliK  AVA-i*AXA- 


(  24i  ) 

Histoire   naturelle.     Les   liabitans  du  Brésil  ,  dit 
Aubert  Du  Petit-Thouars  ,  ont   donné    le  nom   d'Ava- 
Pana  à  une  plante  de   leur  pays  ,    à   laquelle  ils    attri- 
buent de  grandes    propriétés.    Elle  fut   transportée    en 
T'jgi  à  l'ile  de  France  par  Augustin  Baudin  ,  qui  la  dé- 
roba adroitement  à  un  Brésilien  qui  la  lui  avait  refusée. 
Cette  plante  ,  regardée  comme  une  panacée ,  était  mise 
en  usage  contre  les  empoisonnemens  par  les  minéraux  , 
par  les  végétaux  et  par  les  animaux.  On  l'applique  avec 
avantage  à  l'Ile-de-France  ,  où  il  n'y  a  point  de  reptiles 
dangereux  ,    à   guérir    les  empoisonnemens   occasionés 
par  la  chair  de  plusieurs  espèces  de  poissons  pêcliés  sur 
certaines  plages   et  dans  certaines    saisons.    L'Aya-Pana 
V  remédiait  efficacement ,   et  produisait  des   merveilles 
dans  les  affections  tétaniques.  Mais  ou  lui  accorda  peut- 
être  des   éloges  trop  fastueux  ,  puisque  dans    l'entlicu- 
siasme  général  on  l'appliquait  à  toutes  les  maladies   in- 
ternes   et  externes  ,   ce    qui    la  fit  bientôt    discréditer 
parce  qu'elle  ne  répondit  pas  dans  les   résultats  à  l'at- 
tente qu'on  s'en  était  formée.  Quoi  qu'il  en  soit  ,  elle 
a  conservé  une  partie  de  son  crédit.  Elle  est  indigène  du 
Brésil  -,  elle  se  trouve  non  loin  du  fleuve  des  Amazones. 
On  la  rencontre  actuellement  aux  Antilles  ,  où  il  est  à 
croire   qu'elle  a  été  propagée   par  quelque   main  bien- 
i'aisante.    On  l'y  perpétua   d'abord   de   marcottes.  Elle 
s'y  multiplia  avec  une  promptitude  extraordinaire.  Tou- 
tes les  boutures  qu'on  ficlie  en  terre  sont  chevelues  au 
bout  de  quinze  joui»s  ,  et  propres  à  être  transplantées. 
11  suffit  même  de  recouvrir  les  branches  d'un  peu   de 
terre  ^  elles  ne  tardent  pas  à  faire   des  racines  à  toutes 
les    articulations  ,    et    on    peut  les  détacher    du  plant 
sans  qu'elles   en    éprouvent    d'altération. 


(  ^4^  ) 

Caractères  physiques.  L'Aya-Paua  est  un  peîit  ar- 
brisseau dont  les  tiges  sont  droites  ,  fermes ,  presque 
simples  ou  un  peu  rameuses  ,  brunes  ,  grêles  ,  hautes 
de  trois  pieds.  Les  rameaux  garnis  de  feuilles  presque 
sessiles ,  lancéolées  ,  très-entières  ,  longues  de  deux  ou 
trois  pouces  ,  à  peine  larges  d'un  pouce ,  d'une  odeur 
de  menthe  ,  glabres  à  leurs  deux  surfaces  ,  très-aiguës  à 
leur  sommet,  rétrécies  en  pétiole  à  leur  base  ,  à  nervures 
un  peu  saillantes  en  dessous,  lâchement  réticulées  ,  pres- 
que longitudinales  ^  les  feuilles  inférieures  opposées  , 
les  supérieures  alternes.  Les  fleurs  sont  purpuri- 
îies  ,  disposées  en  un  corymbc  terminal  ;  les  calices 
presque  simples  ,  à  folioles  inégales  ,  à  fleurs  nom- 
breuses. 

Analyse  chimique.  Le  docteur  Alibert  ayant  confié 
des  feuilles  d'Aya-Pana  à  M.  Cadet,  il  résulta  de  l'exa- 
men  de  ce  dernier,  que  la  décoction  des  feuilles  a  fourni 
un  extrait  brun  d'une  odeur  herbacée  ,  légèrement  aro- 
matique 5  que  la  saveur  est  assez  analogue  à  l'odeur  ; 
que  cette  décoction  précipite  en  vert  sombre  la  disso- 
lution de  sulfate  de  fer  ,  mais  qu'elle  rie  trouble  pas 
la  solution  de  gélatine  ,  ce  qui  prouve  ,  continue  l'ar- 
tchiàtre  ,  que  le  principe  astringent  qu'elle  contient  est 
de  l'acide  gallique  et  non  du  tannin. 

Propriétés  médicinales.  La  saine  pathologie  ne  pou- 
vant épouser  l'erreur  des  enthousiastes  qui  ont  fait  de 
l'Aya-Pana  une  plante  miraculeuse  ,  il  y  aurait  néan- 
moins de  l'exagération  à  lui  refuser  des  propriétés  que 
des  expériences  exactes,  répétées  sans  prévention,  ont 
constatées.  Je  l'ai  employée  avec  succès  comme  stimu- 
lante dans  plusieurs  affections  scorbutiques. 


(  243  ) 
Le  suc  récent  de  la  plante  étant  employé  contre  la 
morsure  des  animaux  venimeux  peu  de  temps  après  Fac- 
cident  ,  guérit  soudain  le  malade  et  fait  cesser  tous 
les  symptômes  alarmans.  J'ai  eu  la  satisfaction  de  voir 
confirmer  mes  expériences  par  une  anecdote  citée  dans 
les  Elémens  de  Thérapeutique  du  docteur  Alibert.  Il 
ajoute  aussi ,  d'après  la  communication  de  M.  Siéber  , 
naturaliste  envoyé  au  Brésil  ,  que  lorsqu'on  tarde  à 
employer  ce  moyen ,  on  ne  peut  prévenir  la  suppu- 
ration ^^  quoique  le  suc  neutralisant  fasse  céder  l'inflam- 
mation et  l'enflure.  Le  traitement  alexitère  par  l'Aya- 
Pana  est  d'en  administrer  l'infusion  éminemment  sudo- 
rifique  en  même  temps  qu'on  applique  sur  les  bles- 
sures des  feuilles  contusées  ,  recouvertes  d'une 
compresse  imbibée  d'une  forte  décoction  de  la  même 
plante. 

Mode  d'administuation.  L'infusion  des  feuilles  d'Aya- 
Pana  paraît  devoir  être  préférée  à  toute  autre  prépara- 
tion. Je  l'obtenais  en  jetant  une  livre  d'eau  bouillante 
sur  deux  onces  de  feuilles  vertes.  Cette  boisson  ,  légè- 
rement aromatique,  est  fort  agréable  ,  surtout  lorsqu'on 
la  sucre  et  qu'on  l'acidulé  agréablement  avec  le  suc 
du  limon.  On  obtient  ,  en  augmentant  la  dose  des 
feuilles  ,  un  sirop  purgatif  dont  les  effets  sont  très- 
doux. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT  TROIS. 

1.  Fleur  entière. 

2.  Un  des  fleurons  sépares. 


C  M4  ) 

fV\^VVV\V\'VV>VV\\\'>^/VVVV\VVVV\VVVVVV^iVVl\/V\\AA'VV^'V\^\\^/V^ 

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BIGNONE  A  ÉBÈNE. 

(  Alexitere  interne.  ) 

Synonymie.  Vulg.  bois  d'ébène  vert.  — Bignonia  leucoxilon. 
Lin.  ,  Didynamie  Angiospermic.  Tournefort,  classe  des 
Personnées.  —  Jussieu  ,  famille  des  Bignones.  Bignonia 
foîiis  digitatis  ,  foliolis  integerrimis ,  ovatis  ,  acuminatis. 
Lin.  —  Leucoxjlon  arbor  siliquosa  ,  quinis  foliis  ,  flori- 
bus  nerii  ,  alato  semine.  Pluch.,  Alm.  2i5  ,  tab.  200,  f.  4- 
—  Bignona  Leucoxjlon  fruticosa  ,  lloribus  luteis.  Lœfl. 
Amer.,  p.  36i,  n"  186.  —  i*"^  variété.  Bignonia  arbor 
hexaphyllà  ,  flore  maximo  luteo  ,  ebenus  vulgô  vocata. 
Barr.  fr.  Equin.  22  ,  vulgairement  Vébène  verte  ou  le  bois 
à'ébène  vert. —  2^  variété.  Bignonia  arbor  hexaphyllà,  ligno 
citrino.  Barr.,  ibid.  Vulgairement  Yébêne  jaune.  —  Qua- 
raïba  Pison.  Bras. ,  p.  i65.  —  Guira-Pariba.  Marcg.  Bras. 
1 18.  (  Encycl.  ) 

CARACTÈrLES  généPlIques.  Plantes  à  fleurs  monopéta- 
lées,  de  la  division  des  Pei  sonnées,  ayant  du  rapport 
avec  les  Digitales  et  les  Gratioles  -,  arbrisseaux  dont  les 
feuilles  sont  communément  opposées  ,  et  dont  les  fleurs 
campanulées  ou  infundibuliformes  ont  un  aspect  agréa- 
ble ,  et  d'assez  belles  couleurs  ;  calice  quinquéflde  en 
forme  de  godet  ;  corolle  à  gorge  campanulée  ,  quin- 
quéflde ,  ventrue  en  dessous^  silique  ou  capsule  sili- 
queuse  à  deux  loges  :  semences  membraneuses   ailées. 

Caractères  particuliers.  Feuilles  digitées  5  folioles 
très-entières,  ovales,  aiguës  *,  calice  à  deux  lèvres  ^  lèvre 
inférieure  bifide.  (Vivacc.)  Jolyc. 


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I 


(  ^45  ) 

Histoire  naturelle.  Ces  arbres  ,  du  plus  bel  as- 
pect lorsqu'ils  sont  cliargés  de  leurs  fleurs  d'or,  éton- 
nent trois  fois  par  an  les  yeux  du  voyageur  curieux  qui 
aime  à  s'enfoncer  dans  les  belles  forets  du  Nouveau- 
Monde  ,  où  ils  se  font  remarquer  par  la  beauté  et 
par  la  multiplicité  de  leurs  fleurs  ^  et  quoique  les  feuil- 
les tombent  tous  les  ans  ,  ce  qui  n'est  pas  ordinaire 
aux  arbres  des  colonies  ,  ils  se  trouvent  enveloppés  par 
une  végétation  si  belle  ,  si  persistante  ,  qu'à  peine  on 
s'en  aperçoit  ,  car  on  ne  peut  dire  des  forêts  de  l'Amé- 
rique comme  de  celles  de  l'Europe  qui ,  pendant  l'hiver, 
portent  le  deuil  de  la  nature  : 

Arbres  dépouillés  de  verdure  , 
Malheureux  cadavres  des  bois  , 
Que  devient  aujourd'hui  celte  riche  parure 
Dont  je  fus  charmé  tant  de  fois? 

(  J.-B.  Rousseau.) 

L'espèce  que  nous  décrivons  et  qui  se  trouve  aux  An- 
tilles et  si  communément  à  Saint-Domingue  dans  les 
forêts  solitaires  et  silencieuses  du  morne  inhabité  de 
la  Gonave  ,  situé  au  milieu  du  canal  du  Port-au- 
Prince  ,  a  tant  de  rapport  avec  les  deux  variétés  que 
j'indique  dans  la  synonymie  ,  qu'il  est  inutile  d'en  dé- 
tailler les  descriptions.  Outre  les  vertus  médicinales  , 
que  je  ne  puis  cependant  attester  ,  les  fleurs  fraîches 
jetées  dansTeau  lui  communiquent  une  odeur  agréable. 
On  se  sert  de  cette  eau  pour  arroser  les  temples  le  ma- 
tin ,  et  en  purifier  l'air  croupissant.  Le  bois  est  recher- 
ché par  les  tourneurs  et  par  les  ébénistes. 

CarActï:res  physiques.  Cette  espèce  de  Bignone,  qui 
a  beaucoup  de  rapports  avec  la  Bignonia  Pentaphylla  , 
s'en  distingue  cependant   facilement  par  la   forme   des 


(  '46  ) 
folioles  de  ses  feuilles  ,  qui  sont  terminées  en  pointe  , 
et  par  la  belle  couleur  jaune  de  ses  fleurs.  C'est  un 
arbre  qui  quitte  les  feuilles  tous  les  ans  :  ses  feuilles 
sont  opposées,  pétiolées,  digitées  et  composées  de  cinq 
folioles  ovales-oblongues  ,  pointues  ,  entièrement  gla- 
bres et  inégales.  Les  variétés  i  et  2  sont  remarquables 
en  ce  que  leurs  feuilles  ont  la  plupart  six  folioles  ,  et 
qui  sont  beaucoup  plus  grandes  que  celles  de  la  pre- 
mière. (  Encycl.  ) 

Analyse  chimique.  Cette  Bigiione  donne  un  principe 
amer  et  de  la  résine.  Elle  fournit  aussi  beaucoup  de 
tannin.  Le  principe  amer  cristallise  en  aiguilles  d'un 
blanc  jaunâtre. 

Prophiétés  MÉDiciiVÀLEs.  Lcs  uaturcls  u' attribuent  pas 
tous  à  cette  plante  la  propriété  alexitère  que  certains 
raédicastres  lui  reconnaissent.  Je  n'ai  point  eu  occasion 
d'en  observer  les  effets  ,  aussi  me  contcnterai-je  de  ré- 
péter qu'on  emploie  la  décoction  de  ses  fleurs  et  sa  ra- 
cine contre  la  morsure  des  serpens  ^  mais  je  conseille 
aux  médecins  prudens  de  ne  point  se  fier  à  un  prétendu 
antidote  dont  Felïicacité  n'est  point  assez  reconnue.  On 
conçoit  de  quelle  importance  il  est  de  ne  pas  rester  dans 
une  sécurité  funeste,  lorsque  la  mort  d'un  homme  dé- 
pend de  quelques  momens  perdus  sans  agir. 


EXPLICATION    DE   LA     PLANCHE  DEUX  CENT  QUATRE. 

4.   Silique. 

2.  Tronc  fendu  pour  laisser  voir  les  nuances  cfu  bois, 


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ZÉDOAIRE. 

(  Alexitere  interne.  ) 

STrfONTMiE.  Vulg.  Herbe  à  Kœmpfer.  —  Herbe  à  mal  d'esto- 
mac. —  Kœmpfer  rotunda  foliis  lanceolatis  petiolatis. 
Linné  ,  Monandrie  monogynie.  Jussieu  ,  classe  4»  ordre  2  , 
famille  des  Balisiers.  —  Zedoaria  radice  rotunda.  Rai. 
append.  ,  p.  648.  —  Colchicum  Zeylanicum  ,  flore  violœ 
odore  et  colore  ephemero.  Herm.  Prod. ,  pag.  324.  Burm. 
Zeyl.  ,  pag.  67.  —  Colchicum  Zeylanicum  Hermanni. 
Breyn.  Prod.,  pag.  76.  —  En  anglais,  Zedoary. — En 
portugais  et  en  espagnol,  Zedoaria.  —  En  malabarois, 
Malan-Kua.  Rheed.  Hort.  mal. 

Catiactères  géwériqtjes.  Plantes  monocotylédones  : 
fleurs  complètes,  monopétales  ,  irrégulières,  solitaires, 
qui  s'élèvent  immédiatement  des  racines  \  feuilles  toutes 
radicales.  Corolle  monopétale  à  double  limbe  ^  l'inté- 
rieur partagé  en  trois  découpures  étroites.  L'intérieur 
irrégulier,  à  quatre  découpures  ,  une  droite  ,  étroite,  les 
trois  autres  fort  larges ,  celle  du  milieu  bifide  ^  une  an- 
thère géminée  ,  un  stigmate  à  deux  lames  -,  une  capsule 
à  trois  loges. 

Caractères  particuliers.  Feuilles  radicales  lancéo- 
lées ,  vertes  en  dessus  ,  et  violettes  en  dessous. 

Tome  HT.  —  52®  Livraison.  20 


(  ^4B  ) 

HisToiHC  NiTURELLE.  Je  parle  ici  de  la  Zédoaire  ,  non 
qu'elle  soit  indigène  aux  Antilles ,  mais  parce  qu'elle  y 
a  été  naturalisée  ,  et  qu'on  l'y  rencontre  en  pleine  terre 
dans  plusieurs  jardins.  La  Zédoaire  dont  le  pourpre  du 
dessous  des  feuilles  relève  l'éclat  de  leur  verdure ,  est 
originaire  des  Indes-Orientales.  Les  habitans  de  Ceylan 
et  de  l'Ile  Saint-Laurent  font  confire  au  sucre  la  racine 
encore  verte  de  la  Zédoaire ,  et  en  font  usage  comme  du 
gingembre.  Toute  la  plante ,  distillée  avec  l'eau  com- 
mune ,  fournit  une  huile  essentielle ,  dense  ,  épaisse , 
qui  se  fige ,  et  prend  la  forme  du  camphre  le  plus  fin  ; 
on  l'emploie  contre  les  poisons  et  la  morsure  des  ani- 
maux venimeux. 


Caractères  physiques.  Les  racines  de  la  Zédoaire , 
ainsi  que  toute  la  plante  ,  sont  très-odorantes  ,  blanches 
en  dedans  ,  revêtues  d'une  écorce  cendrée  ,  composées 
de -bulbes  ovales,  arrondies,  quelquefois  deux  à  deux, 
lisses  et  fibreuses»  Les  feuilles ,  longues  de  sept  à  huit 
pouces  ,  sont  toutes  radicales  ,  d'un  vert  gai  en  dessus  , 
lancéolées  ,  aiguës  ,  glabres  ,  très-entières  ,  violettes  en 
dessous ,  et  s'emboitant  les  unes  les  autres  par  une  base 
rétrécie  en  un  pétiole  vaginal. 

Les  fleurs  sortent  immédiatement  des  racines  ,  hors 
d'une  spatlie  divisée  en  deux  portions.  Leur  corolle  est 
bleue  ,  quelquefois  mélangée  de  pourpre ,  de  rouge  et 
de  blanc  ,  d'une  odeur  très-agréable  ,  et  comparable  à 
celle  de  1^  violette.  Son  tube  est  grêle  ,  allongé  ,  divisé 
à  son  limbe  en  trois  découpures  extérieures  ,  allongées  , 


(  M9  ) 

fort  étroites ,  souvent  réfléchies  en  dehors  -,  les  trois  in- 
térieures larges  ,  ovales  ,  mucronées  ^  Vinteruiédiaire  bi- 
fide, (  Encycl.  ) 


Ai^ALYSE  CHIMIQUE.  Lcs  racincsde  la  Zédoaire  sou- 
mises à  Pexanien  par  M.  Morin ,  pharmacien  à  Rouen  , 
lui  ont  donné  les  mêmes  produits  que  le  gingembre, 
c'est-à-dire  que,  traitées  par  ralcohol,il  y  a  reconnu  une 
matière  résineuse,  une  huile  volatile,  de  l'acide  acé- 
tique libre  ,  de  l'acétate  de  potasse ,  de  l'osmazôme,  de  la 
gomme,  une  matière  végéto -animale,  du  soufre,  du 
l'amidon  ,  du  ligneux  ;  les  cendres  lui  ont  fait  découvrir 
du  sous-carbonate  ,  de  l'hydrochlorate  et  du  sulfate  de 
potasse  -,  du  phosphate  de  chaux  ,  de  l'alumine  ,  de  îa 
silice  ,  de  Foxide  de  fer  et  de  l'oxide  de  manganèse. 


Propriétés  médicinales.  N'écrire  l'histoire  des  plan- 
tes que  pour  refuser  de  croire  à  leurs  propriétés ,  c'est 
vraiment  inconcevable  ,  et  pourtant  d'après  l'analyse  ci- 
dessus  on  voit  qu'on  est  fonde  d'attribuer  à  la  Zédoaire  , 
comme  aux  autres  espèces  aromatique:!  ,  une  vertu  alexi- 
tère,  ou,  si  on  l'aime  mieux,  stimulante ,  peu  importe  le 
mot.  Car  si  ces  mêmes  détracteurs  modernes  accordent 
des  vertus  puissantes  et  alexitères  à  la  Serpentaire  de 
Virginie,  je  ne  sais  pourquoi  ils  la  refusent  à  la  Zédoaire 
qu'ils  n'ont  probablement  pas  éprouvée  ni  analysée.  Or, 
pourquoi  accuseraient-ils  d'ignorance  des  lois  de  V écono- 
mie animale ,  d'imposture  et  dune  ai'eugle  crédulité ,  des  • 
praticiens  instruits  et  véridiques ,  dont  le  talent  supé- 


20* 


(  9,5o  ) 

rieur  et  la  sagesse  d'observation  ne  peuvent  être  contes- 
tées ,    et  qui    riraient  de  pitié  en   entendant  dire  à  ces 
docteurs  (  studio  )   que  la   Zédoaire  n'a  pas  la  propriété 
d'arrêter  les   progrès  d'une  blessure  envenimée  ,  parce 
que  \qs  anciens ,   forts  de  leur  pratique  ,   ont  pour  eux 
une  expérience  sans  cesse  renouvelée  ,  et  contre  laquelle 
doivent  se  briser    toutes  les  suppositions?  Quoi  qu'il  en 
soit,  il  est  reconnu  aux   colonies   par  les  naturels,   et 
confirmé  par  les  praticiens  de  rx\mérique,  que  les  raci- 
nes de  Zédoaire  étant  douées  des  vertus  aromatiques  les 
plus  diffusibles  ,  doivent  être  recommandées  dans  l'inap- 
pétence ,  et  l'atonie  des  premières  voies  ,  dans  les  affec- 
tions vermineuses  ,  les  flatuosités  ,  la  chlorose  et  l'hypo- 
condrie ,   dans  l'aménorrhée   et  l'hystérie  asthéniques  , 
dans  l'asthme  humide   et  les  engorgemens  muqueux  des 
poumons  ,  et  tous  les  cas  où  les  toniques  sont  indiqués  \ 
dans   les    affections   lymphatiques,    chez  les   personnes 
grasses,  dent  les  digestions  sont  lentes  et  laborieuses  ^ 
mais  son  usage  est  contraire  aux  tempéramens  pléthori- 
ques, aux  sujets  maigres  ,  délicats  et  d'une  susceptibilité 
nerveuse  très-e:altée.  C'est  un  très-bon  sudorifique  ,  un 
bon  anti-scorbutique  \  les  marins  peuvent  le  certifier. 
On  la  recommande   aussi  lorsqu'il   s'agit   de   ranimer  la 
circulation.    Quelques  personnes  ont  arrêté  ,    par    son 
usage,  des  vomissemens  excessifs.  Les  nègres  font  avec 
toute    la   plante  un  onguent  qui  sert  à  réunir  en  vingt- 
quatre  heures  les   blessures   récentes.  Ils  emploient  le 
suc  des  racines  contre  l'anasarque. 

Mode  d'admiisistration.  On  administre  la  poudre  de 
la  racine  depuis  quatre  jusqu'à  douze  grains  ^  en  décoc- 


fi 


(  ^5i  ) 

lion  on  en  infusion,  à  la  dose  d'un  gros  pour  deuxlivres 
d'eau  ^  en  teinture  ,  depuis  un  gros  jusqu'à  deux. 


EXPLICATION    DE   LA     PLAîSCHE     DEUX    CENT    CINQ, 

La  planche  est  représentée  demi-grandeur. 


(  25^>.  ) 

VALÉRIANE  PATAGONELLE. 

(  Alexitère  interne.  ) 

Synonymie.  Vulg.  Patagon  tassole-gloiiterone  velue. Boerhaa- 
via  caulens  laevi,  diffuso  ;  foliis  ovalis.  Lin.  ,  Monandrie 
monog-ynie.  Jussieu,  famille  des  Nictages.  —  Philantropos 
villosa,  foliis  subtùs  argenteis.  Burm.  Valerianella ,  foliis 
subrotundis  subtùs  argenteis.  PI.  V,  IV,  p.  i48.  —  Vale- 
riana  bumilis  flore  rubente,  folio  rotundo  subtùs  argentée. 
Poup.  Desp,  —  Boerbaavia  dififusa,  foliis  ovatis  ;  eaule  dif- 
fuso, glabro  ;  fluribus  subumbellatis  ;  fructibus  clavatis  , 
sulcatis  ,  muticis.  Swartz ,  Obs.  ,  p.  lo.  —  Valerianella  fo- 
folio  subrotundo,  flore  purpureo  ;  semine  oblongo,  striato  , 
aspero.  Sloan.  Jarn.  91.  liai,  suppl.  ,  244*  —  En  espa- 
gnol et  en  portugais  ,  Valeriana  Patagone.  —  En  anglais, 
Valerian. 

Caractères  génériques.  Fleurs  incomplètes  de  la 
famille  des  Nictages  ,  ayant  beaucoup  de  rapports  avec 
les  Valérianes;  plantes,  la  plupart  glutineuses  ,  dont  les 
feuilles  sont  opposées  ,  et  les  fleurs  presque  disposées  en 
ombelle.  Les  fleurs  ont  un  calice  très-petit,  d'une  seule 
pièce  ,  resserré  à  son  orifice  ,  où  il  s'élargit  en  un  limbe 
campanule  \  point  de  corolle  -,  une  à  trois  étamiues  ;  une 
semence  recouverte  par  !a  base  anguleuse  du  calice.  Ces 
espèces  sont  pourvues  d'un  périanthe  sur  lequel  la  co- 
rolle est  entée.  Ce  périanthe  est  anguleux,  à  gorge  ou- 
verte et  peisislante  ,  et  qui ,  renfermée  ensuite  ,  forme 
une  croûte  sur  la  semence. 


//  .■.'II. 


J n^oj€^ré  Pf^ctfurit/\  /^rrju' 


jPA-^^    Jct^fff' 


VAi,Ji;ilfA^'ELLK 


(  253  ) 

(.AHACTÈRES     PARTICULIERS.     Tige    lisSC    OU   VeluC  ,    (llf- 

fuse  \  feuilles  ovales,  feuilles  blanches  en  dessous.  Fleurs 
pourprées  et  monandriques. 

Histoire  naturelle.  On  donne  à  cette  plante  le  nom 
vulgaire  de  Patagon ,  parce  que  ses  feuilles  sont  argen- 
tées et  rondes  comme  cette  espèce  de  monnaie.  Ces 
feuilles  sont  employées  comme  comestibles ,  et  on  les 
associe  aux  plantes  potagères  dont  on  fait  les  calalous. 
Cette  plante ,  selon  Plumier,  a  des  rapports  avec  le 
Caapomonga  ,  ou  Ema  Dovina  de  Marcgrave  ,  liv.  I , 
chap.  XIII ,  mais  sa  racine  a  un  tout  autre  goût.  Les 
Martiniquais  l'emploient  contre  la  morsure  desserpens. 

Caractères  physiques.  La  Patagonelle  a  une  racine 
pivotante  de  cinq  à  six  pouces  de  longueur  ,  et  de  la 
grosseur  d'une  rave  moyenne  •,  elle  est  grisâtre  au  de- 
hors, et  blanche  en  dedans^  d'une  odeur  aromatique  et 
pénétrante.  Elle  jette  cinq  à  six  tiges  tantôt  droites  , 
tantôt  couchées  à  terre  ,  rondes  ,  rougeâtres  ,  épaisses  de 
deux  à  trois  lignes  ,  toutes  velues  d'un  duvet  blanc  \  elles 
sont  garnies  de  plusieurs  nœuds  tuméfiés  ,  et  de  plu- 
sieurs branches  noueuses  de  même  -,  à  chaque  nœud  se 
développent  des  fouilles  opposées  ,  attachées  à  des  pédi- 
cules de  plus  d'un  pouce  de  longueur  ,  et  velues  ,  ainsi 
que  les  tiges;  rondes  ou  cordiformes,  d'environ  deux 
pouces  d'étendue,  fort  tendres  ,  charnues  ,  ondées  ,  ve- 
lues à  l'entour  ,  unies  et  d'un  vert  foncé  par  dessus ,  ar- 
gentées par  dessous  ,  chargées  de  quelques  côtes  obli- 
ques et  velues. 

Il  naît  de  l'extrémité  des  branches  et  des  tiges  d'au- 
tres plus  petites ,  fort  courtes  ,  et  de  celles-ci  d'autres  en- 


(  254  ) 
core  plus  menues  ,  et  garnies  au  bout  d'un  bouquet  eu 
forme  d'ombelle  ,  de  très  -  petites  fleurs  purpurines  , 
composées  de  cinq  pétales  et  d'une  à  deux  étamines.  Le 
fruit  est  presque  ovale  ,  peu  anguleux  et  couvert  de 
petits  tubercules  glutineux^  il  est  taillé  à  cinq  angles  , 
et  il  s'attache  aussi  facilement  aux  îiabits  que  le  Gloute- 
ron  d'Europe. 

Analyse  chimiotje.  La  racine  de  la  \alérianelle  con- 
tient beaucoup  d'humidité  ;  mais  étant  sécliée  elle  a 
produit  un  principe  aromatique  soluble  dars  Fcau ,  in- 
soluble dans  l'alcohol  et  dans  l'éther  ,  que  la  gélatine  ne 
peut  précipiter  5  de  la  fécule  ;  un  extrait  gomm.eux  ,  et 
une  huile  volatile  et  aromatique. 

Propriétés  médicinales.  La  natuie  aiomatiquede  la 
lacine  de  cette  plante  prouve  quelle  peut  être  son  action 
directe  sur  notie  économie.  Flic  pénètre  promptenient 
tous  les   appareils  de  la  vie  or:;anique  et  de  la  vie  ani- 
male. Administrée  à  haute  dose  ,  elle  peut  provoquer  le 
vomissement   en  excitant  trop  la  membrane    muqueuse 
de  l'estomac  ,  qu'elle  corrobore  ,  si  on  l'administre  à  des 
doses  fractionnées.  Alors  elle  est  tonique  et  vermifuge  ^ 
elle  provoque  par  la  même  raison  la  sueur,  les  règles  et  les 
urines,  ^iais  son   action  la  plus  directe  est  celle  qu'elle 
exerce  sur  le  système  nerveux  ,  comme  étant  douée  d'une 
vertu   anti-spasmodique  par  excellence.    On  l'a  souvent 
administrée  avec  succès  contre  cerlaines  épilepsies ,  sur- 
tout celles  produites  par  les  affections  morales,  ou  celles 
causées  par  la  présence  des  vers.  On  n'a  qu'à  se  louer  de 
son  usage  dans  l'hystérie,  lachorée,  la  colique  saturnine, 
lu  névralgie  facialti  et  la  contracture  des  membres,  dan-. 


(  255  ) 

la  paralysie  ,  riiéiiiicranie  ,  la  leucoplilegmasie  et  les 
névroses  de  la  rétine.  Nous  devons  la  considérer  ici 
comme  propre  à  remédier  à  l'action  des  substances  vé- 
néneuses ,  ou  à  la  morsure  des  animaux  venimeux. 

Mode  d'administration.  La  dose  en  poudre  est  de- 
puis dix  grains  jusqu'à  un  scrupule,  soit  délayée  dans 
du  vin  ,  ou  en  électuaire  en  lui  associant  le  miel  ou  le 
sirop  de  fleurs  d'oranges.  Son  infusion  ,  que  l'on  fait  à 
vaisseau  clos  ,  à  cause  de  la  subtilité  de  son  arôme ,  se 
prescrit  par  once  de  la  racine  fraîclie  pour  deux  livres 
d'eau  bouillante  ^  l'iiuile  volatile  se  donne  à  la  dose  de 
cinq  à  dix  gouttes  dans  une  tassée  de  son  infusion. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT  SIX. 

La  plante  est  représentée  de  grandeur  naturelle. 

1.  Fleur. 

2.  Coupe  du  fruit. 


f  256  ) 


^lVtVV>'VV\VV>VV\VV't'VV\VVVVV>^AAV\AlVV>%^JVV\'V\AVV^VV\VV\^/V>VV^VV\\A>^JVV^/V\A<VVVVVVVV^VV^/^^ 


DORSTÈNE  A  FEUILLES  DE  BERCE. 


(  yilexitère  interne.  ) 

Synonymie.  Dorstenia  Contrayerva,  scapis  radiatis,  foliis 
pinnatifido-palmatis  ,  serratis  ,  receptaculis  quadrangulis. 
Lin.  ,  class.  4-  Tétrandrie  Monogjnie.  —  Jussieu  ,  clas.  i5  , 
ordre  3  ,  Orties.  —  Tournefort ,  cl.  i5  ,  Apétales.  —  Dors- 
thenia  sphondjlii  folio  ,  dentariœ  radiée.  Plum.  Gen.,  29. 
Burm.  Amer.,  t.  119.  —  Cjperus  longus  odorus  peruanus. 
Bauliin  Pin. ,  i4.  —  En  anglais  ,  Contrayerva.  En  espa- 
gnol, Contrayerba. 

Caractères  génériques.  Plantes  à  feuilles  péliolées , 
ordinairement  radicales  \  à  fleurs  incomplètes  ,  situées 
en  grand  nombre  sur  des  réceptacles  communs  ,  charnus, 
aplatis  et  pédoncules.  Fleurs  quelquefois  hermapliro- 
dites.  Les  mâles  sessiles  ,  nombreuses  sur  un  réceptacle 
commun,  pédoncule,  charnu  ,  orbiculaire  ou  elliptique. 
Calice  à  quatre  divisions  obtuses  ,  et  quntre  étamines 
fort  courtes.  —  Les  femelles  également  sessiles  ,  nom- 
breuses sur  un  réceptacle  charnu  ,  aplati ,  orbiculaire 
ou  quadrangulaire  ,  ou  quelquefois  lacinié.  Ovaire  supé- 
rieur ,  ovale  ,  paraissant  frangé  au  sommet ,  et  chargé 
d'un  style  court,  à  stigmate  simple.  — Le  fruit  consiste 
en  plusieurs  semences  arrondies,  acuminées,  solitaires  , 
piquées ,  ou  enfoncées  dans  la  chair  pulpeuse  du  récep- 
tacle commun  qui  les  porte. 


/y.  20/ 


J%Bmdrrr  ^Mvur^ZilPmjr 


Pém.  Sevjff  ■ 


l>ORSTElVE    CONTRAYERVA. 


(  ^57  ) 

Caracïèiies  particuliers.  Scapes  à  raciDes  ;  feuilles 
pinnatifides,  palmées,  dentées  en  scie  -,  réceptacle  à  qua- 
tre angles  ,  ouvert ,  au  lieu  d'être  fermé  comme  dans  les 
figuiers  (vivace).  Mexique,  Antilles. 

Histoire  naturelle.  Cette  plante  fameuse,  originaire 
du  Pérou  ,  fut  remise  par  le  célèbre  Drake  ,  à  l'Ecluse 
qui  donna  à  cette  racine  le  nom  de  Drakena.  Plumier  , 
qui  de  son  côté  l'avait  découverte  aux  Antilles,  lui  consa- 
cra le  nom  du  botaniste  Dorsten  ,  d'où  il  fît  le  nom 
Dorstenia  ,  que  conserva  Linné  ,  ainsi  que  le  mot  es- 
pagnol Contrajerba  ,  qui  veut  dire  :  contre-poùon. 
Différens  voyageurs  ont  aussi  rencontré  cette  plante 
curieuse  au  Mexique  ,  à  l'ile  Saint-\incent  et  aux  Antil- 
les. On  cultive  maintenant  cette  plante  en  Europe  , 
dans  plusieurs  jardins  de  curieux.  Elle  aime  une  terre 
un  peu  humide  et  l'abri  du  soleil. 

Caractères  physiques.  La  Dorstène  est  très-remar- 
quable par  ses  fleurs  réunies  en  grand  nombre  sur  un 
réceptacle  épais  ,  charnu  ,  élargi  et  quadrangulaire  , 
semblable  à  celui  de  la  figue ,  si  ce  n'est  qu'il  est  plane 
et  très-ouvert ,   au  lieu  d'être  fermé. 

La  racine  du  Contrayerva  est  Ionique  de  deux  à  trois 
pouces,  un  peu  tubéreuse,  très-noueuse,  comme  écail- 
leuse  ,  garnie  de  fibres  longues  et  rameuses  qui  s'éten- 
dent de  tous  côtés ,  et  ressemblent  un  peu  à  celle  de  la 
Dentaire  ,  ou  à  celle  du  sceau  de  Salomon  -,  elle  pousse 
de  son  collet  cinq  n  six  feuilles  pélioîées,  pinnatifides  , 
presque  palmées,  à  découpures  ovales,  lancéolées,  poin- 
tues, légèrement  et  inégalement  dentées  dans  leur  con- 
tour.  Ces  feuilles   sont  d'un  vert  foncé  ,    chargées  de 


(  258  ) 

jtoils  courts  un  peu  rares,  légèrement  âpres  au  toucher, 
et  longues  de  cinq  à  sept  pouces  ,  en  y  comprenant  leur 
pétiole.  Elles  ressemblent,  au  premier  abord,  à  celles 
de  la  Berce  -,  mais  elles  sont  beaucoup  plus  petites.  Les 
rampes  naissent  de  la  racine  entre  les  feuilles  *,  elles  sont 
nues,  longues  d'environ  quatre  pouces,  et  portent  cha- 
cune un  réceptacle  ou  placenta  quadrangulaire ,  onde, 
sinueux  ou  anguleux  en  ses  bords  ,  aplati  en  dessus  , 
large  d'un  pouce  et  couvert  de  petites  fleurs  sessiles. 

Analyse  chimiole.  La  racine  de  Contiayerua ,  com- 
posée  de  troncs  noueux  et  tubercules ,  et  jetant  de 
toutes  parts  des  filets  rameux  ,  est  d'un  rouge  brun  à 
l'extérieur  ,  et  d  un  blanc  pâle  intérieurement  ,  d'une 
odeur  aromatique,  d'une  saveur  amcre  et  acre  qui  laisse 
pendant  long-temps  à  la  bouche  une  sensation  brûlante. 
Elle  contient  tant  de  mucilage  que  la  décoction  aqueuse 
peut  à  peine  s'échapper  du  filtre.  On  en  retire  un  ex- 
trait aqueux  et  un  extrait  alcoholique  qu'on  doit  pré- 
férer au  premier.  La  dissolution  de  sulfate  de  fer  ne 
reconnait   aucun  principe  astringent  dans  cette  racine. 

Propriétés  médicinales.  Sans  vouloir  être  toujours 
en  guerre  avec  les  antagonistes  de  ïa  médication  végétale 
des  naturels  du  Nouveau-Monde ,  j'affirmerai  pourtant 
avec  vérité  ,  et  pour  Kavoir  éprouvé  moi-même  plu- 
sieurs fois  ,  que  cette  racine  employée  fraîche  guérissait 
subitement  et  comme  par  miracle  les  morsures  des  ser- 
pens  si  nombreux  à  la  Martinique,  en  neutralisant  leur 
influence  délétère.  On  l'emploie  aussi  comme  diapho- 
rétique,  cordiale,  dans  certaines  circonstances  de  fièvres 
lentes  nerveuses  ^  on  y  a  recours  lorsqu'il  est  besoin 
d'activer  la  circulation  ,  de  stimuler  l'estomac  et  les  in- 


(  259  ) 

testins  ^  elle  agit  alors  comme  stomachique  et  carmina- 
tive.  Elle  favorise  puissamment  aussi  l'éruption  languis- 
sante des  affections  cutanées-,  elle  arrête,  employée  en 
gargarisme  ,  les  progrès  de  l'angine  gangreneuse ,  si 
souvent  funeste.  Quoique  les  praticiens  des  Antilles  la 
recommandent  à  la  fin  de  la  dyssenterie,  j'engage  à  n'en 
point  faire  usage  dans  une  maladie  où  les  excitans  sont 
contraires. 

Mode  d'admiivistpvAtion.  La  dose  de  la  poudre  de 
cette  racine  est  depuis  trente  grains  jusqu'à  deux  gros. 
On  en  prescrit  pareillement  l'infusion.  La  teinture  al- 
coholique  est  de  trente  à  quarante  gouttes. 


EXPLICATIOTî    DE   LA    PLANCHE    DEUX   CENT  SEPT. 

La  plante  est  réduite  à  la  moitié  de  sa  grandeur  naturelle. 

1.  Coupe  verticale  du  réceptacle. 

2.  Semence. 


(  (  26o  ) 

STRUMPFIE  xMARITIME. 

(  Alexitere  interne.  ) 

SyNONYivnE.Vulg.  faux  Romarin.  —  Strumpfia  maritima.  Lin. 
Syngénésie  monogaraie.  Jussieu.  Plantes  d'un  siège  in- 
certain. —  Strumpfia  follis  linearibus  ,  subverticiiîalis, 
ternis,  pcdunculis  axillaribus  ,  multifloris.  Laraark.  — 
Strumpfia  maritima.  Lin.  Spec.  Plant.,  voL  2,  pag.  i3i6. 

—  Jacquin.  Slirp.  Amer.,  p.  218.  —  Juss.  Gêner.  ,  p.  436. 

—  Willd.  Spec.  Plant.,  vol.  i,  pag,  1162.  —  TLjmelea 
frutescens,  Rosmarini  folio ,  flore  albo.  Plura.  Spec.  Plant, 
amer.  ,  pag.  17.  Et  Rurm.  Amer.,  tab.  261  ,  fig.  i. 

Caractères  génériques.  Plantes  dicotylédones ,  à 
fleurs  complètes  ,  polypétalées  ,  dont  la  place  dans  l'or- 
dre naturel  n'est  point  encore  reconnue  *,  arbrisseaux 
exotiques  à  l'Europe ,  à  feuilles  étroites ,  presque  verti- 
ciliées ,  munies  de  stipules  \  fleurs  axillaires  presque  en 
grappes. 

Caractèr^es  particuliers.  Calice  persistant,  supé- 
lieur,  à  cinq  dents  \  cinq  pétales  \  cinq  étamines  réunies 
par  leurs  anthères  ^  un  style  ;  un  stigmate  ;,  une  baie 
monosperme. 

Histoire  naturelle.  Cet  arbrisseau,  d'un  port  assez 
élégant  et  peu  commun  pour  ses  formes  ,  croît  dans  les 
contrées  méridionales  de  l'Amérique ,  où  son  odeur  forte 
mais  peu  agréable  le  fait  chercher  au  milieu  du  feuillage 


P/.   -'ofi. 


T/téoJore  J/escaurûk.  Jvur 


J\'rvt-  <y.-»/f> 


^TIU^li'FiK  MAKITl^iE  . 


(  =«61  ) 
des  forêts  où  il  se  plaît ,  pour  les  vertus  alexitères  que 
l'expénence  lui  a  reconnues.  Quelquefois  on  rencontre 
la  Strumpfie  sur  des  monticules  renfermant  des  mines 
qui  bordent  les  rivages  de  la  mer.  On  le  prendrait  de 
loin  pour  un  buisson  de  Romarin. 

Caractères  physiques.  Cet  arbrisseau  s'élève  à  la 
hauteur  de  trois  pieds  environ,  a  une  tige  droite  qui  se 
divise  en  rameaux  cylindriques,  de  couleur  cendrée,  et 
qui  paraissent  comme  articulés  parles  impressions  circu- 
laires qu'y  laissent  les  attaches  des  feuilles.  Celles-ci 
sont  ternées ,  assez  semblables  à  celles  du  Romarin  ,  li- 
néaires, presque  verticillées  .^  munies  de  stipules  petites  , 
aiguës,  noirâtres,  alternant  avec  les  feuilles. 

Les  fleurs  sont  axillaires,  réunies  en  petites  grappes, 
sur  un  pédoncule  commun  fort  court ,  deux  fois  moins 
long  que  les  feuilles  ^  chaque  fleur  portée  sur  un  pédi- 
celle  fort  court.  La  corolle  est  blanche ,  petite ,  à  cinq 
pétales.  Les  fruits  sont  des  baies  molles,  blanchâtres, 
de  la  grosseur  d'un  petit  pois. 

Analyse  chimique.  La  Strumpfie  maritime  fournit 
à  l'examen  une  huile  aromatique  jaune,  d'une  saveur 
acre,  et  qui  donne  avec  l'acide  nitrique  une  résine  jaune  ^ 
plus,  une  matière  extractive  gommeuse,  de  la  fibre  li- 
gneuse avec  une  matière  analogue  à  la  Bassorine. 

Propriétés  médicinales.  Les  expériences  des  prati- 
ciens du  pays  s'accordent  pour  reconnaître  dans  la 
Strunipfie  une  efficacité  incontestable  dans  le  traitement 
des  blessures  venimeuses ,  celui  des  fièvres  ataxiques  et 
adynamiques.  C'est  assez  faire  connaître  que  cet  arbris- 
seau a^it  comme   excitant.    On  doit  en   recommander 


(    262    ) 

l'emploi  dans  les  fièwes  de  mauvais  caractère,  si  la  stu- 
peur est  cousidérahle ,  lorsque  le  pouls  fuit  sans  le  tou- 
cher, et  s'il  est  à  peine  perceptible ,  en  cas  de  délire  et 
de  pétéchies. 

Mode  d'admikistration.  La  poudre  des  feuilles  se 
prescrit  depuis  dix  grains  jusqu'à  un  gros.  On  l'associe 
avec  avantage  au  quinquina  ,  au  camphre  et  à  l'anmio- 
niaque.  Dans  certains  cas,  on  en  ordonne  l'infusion  ou 
la  décoction  en  y  ajoutant  une  eau  spiritueuse. 


EXPLICATION    DE  LA     PLANCHE  DEL'X  CEKT  HUIT. 

La  planche  est  demi-grandeur  naturelle. 

1.  Calice. 

2.  Etamines  et  pistil. 

3.  Fruit. 

4.  Coupe  du  même. 


M.  ^. 


Tlieodore  Ji&rcouritZK.  J'rruc  ■ 


Peree   Jcit^- 


llEinVïC; IF.  BALJ4AM 1  l^'E RE . 


(  263  ) 


A/VX W«V\'«^'VWWWWV> WtW^  VWMAVW^MkWX  VV^^VV  «. VVWVWA  W\  V\A/VWW\VV«  WW»  %X>VVVV« W»  W> 


HEDWIGIE  BALSAMIFÈRE. 


(  Alexitère  aromatique.  ) 


Synonymie.  Vulg.  Sucrier  de  montagne;  Bois  Cochon.  Hed- 
•wigia  balsamifera  Swartz.  Lin.  Hcxandrie  monog-ynie.  Jus- 
sieu,  famille  des  Térébinthacées.  Burscra  balsamifera.  D. 
—  Arbor  excelsa  aromatica,  terebinthi  foliis  et  facie  ,  flori- 
bus  racemosis  albis ,  fructu  cordiformi ,  lignoso  ,  ex  viridi 
nigricante.  —  Fruita  sanctae  Belgae  en  espagnol. 


Caractères  génériques.  Calice  triphille-,  corolle  de 
trois  pétales-,  capsule  charnue,  à  trois  valves,  mono- 
sperme. 

Caractères  particuliers.  Cette  plante  varie  par  son 
calice  quinquefide  ,  par  cinq  pétales,  huit  étamines,  un 
stigmate  triûde.  Feuilles  longues  et  étroites  rangées 
par  paires,  fort  éloignées  les  unes  des  autres,  et  termi- 
nées par  une  impaire.  Fruits  en  grappes. 

Histoire  naturelle.  Le  genre  Hedwigie,  créé  par 
Swartz,  dans  sa  Flore  de  t  Amérique  ^  vol.  2  ,  p.  6^2, 
classé  par  Jussieu  parmi  les  Bursera  et  les  Icica^  a  été 
rappelé  sous  le  nom  de  Bursera  gummi fer  a  par  Persoon, 
Synopsis  plant.  1  ,  pag.  5^4*  Palisot-Beauvois  le  rap- 
ToME  m.  —  53*"  Lii'raison.  21 


(  î64  ) 

porte  kVIcica.  Je  croîs ,  au  contraire  ,  d'après  la  distinc- 
tion évidente  des  espèces ,  qu'on  doit  conserver  le  nom 
de  Bursera  gunimifera  au  Gommier  blanc  et  à  sa  variété 
à  écorce  rouge  ,  qui  habitent  les  plaines  et  quelquefois 
les  côtes,  et  consacrer  particulièrement  le  nom  d'Hed- 
-wigia  hahamifera  à  l'arbre  appelé  ,  par  les  naturels , 
Sucrier  de  montagne^  Bois  Cochon  j  car,  en  effet,  on  ne 
le  trouve  que  dans  les  mornes  qui  servent  de  retraite 
aux  cochons  qui  ont  quitté  l'état  de  domesticité  pour 
vivre  à  l'état  sauvage.  Les  principaux  caractères  servant 
à  faire  distinguer  le  Gomart  de  î'Hedwigie  balsamifère 
consistent  en  ce  que  les  sept  folioles  de  ce  dernier 
sont  lancéolées  comme  dans  le  saule  ou  l'olivier,  et 
non  ovales  et  acuminées  comme  dans  le  Gomart.  (Voyez 
t.  II ,  pi.  97.) 

La  confusion  qui  a  régné  jusqu'ici  entre  les  trois  es- 
pèces suivantes,  1°  l'Hedwngie,  2"  le  Gommier  rouge 
ou  Gomart.^  3°  et  le  Gommier  blanc  à  fruits  en  grappes, 
nous  a  déterminé  à  établir  les  caractères  sensibles  qui 
les  font  distinguer.  1°.  Dans  I'Hedwigie  de  Swartz , 
Bursera  balsamifera,  on  remarque  sept  folioL  s  longues  , 
étroites,  lancéolées  et  éloignées^  les  fruits  sont  pyri- 
formes  ,  cannelés  ,  verts  et  noirâtres  en  mûrissant. 
2".  Dans  le  Gommier  rouge  ou  Gomart  d" Amérique,  Bur- 
sera gunimifera ,  on  observe  seulement  cinq  folioles 
grandes  et  larges^  les  rameaux  sont  disposés  en  croix; 
les  fruits  sont  triangulaires,  à  côtes  saillantes,  ovales, 
plus  larges  à  la  base,  et  d'un  vert  rougeâtre.  3°.  Enfin  , 
dans  le  Gommier  blanc  à  fruits  en  grappes,  Bursera  fo- 
liis  angustiorihuSy  etc. ,  les  cinq  folioles  sont  infiniment 
plus  petites-,  les  fruits  ne  sont  pas  plus  gros  que  des 
groseilles  ^  à  grappes  sphériques  et  crochus  à  leurs  extré- 


(  i65  ) 

mites  -,  ils  sont  d'un  brun  noirâtre  à  l'état  de  maturité. 
J'ai  remarqué  que  le  nombre  des  noyaux  dans  chaque 
fruit,  et  celui  des  divisions  de  la  fleur,  sont  souvent 
variables. 

Le  nom  de  Bois  Cochon  a  été  donné  à  cet  arbre  pré- 
cieux, par  la  découverte  qu'en  fit  un  nègie  poursuivant 
un  cochon  marron  qu'il  avait  grièvement  blessé ,  et  qu'il 
surprit  entamant  l'écorce  résineuse  pour  en  couvrir 
ses  blessures. 

Tout  ressent  son  pouvoir,  quand  le  cabrit  blessé 
Emporte  au  fond  des  bois  le  trait  qui  l'a  percé, 
Suivant  et  le  besoin  ,  et  son  instinct  pour  maître. 
Parmi  les  végétaux  il  sait  le  reconnaître. 

Delille  ,  traduct.  de  l'Enéide  ,  liv.  xn. 

Ce  suc  résineux  en  coulant  a  la  consistance  du  miel  ; 
mais  il  devient  solide  et  même  friable  par  le  contact  de 
l'air,  et  passe  au  jaune.  Alors 

L'ambre  de  leurs  rameaux  distille  en  larmes  d'or. 

Ce  suc  contient  une  huile  ambrée,  jaune,  volatile  ,  qui 
remplace  la  gomme  élémi  et  le  taca-mahaca.  Les  boar- 
geons  entrent  aux  colonies  dans  l'onguent  populeum. 

On  emploie  souvent  aux  Antilles  cette  résine  pour 
remplacer  Tencens. 

L'encens  qui  de  Saba  fit  l'antique  opulence  , 
Comme  un  nuage  au  loin  qui  dans  l'air  se  balance, 
S'élevait  lentement,  et  planait  sur  les  champs. 

Caractères  physiques.  L'Hedv\'igie  est  un  arbre  aro- 
matique qui  s'élève  à  soixante  pieds  environ ,   ressem- 
ai* 


(  266  ) 

Liant  beaucoup  aux  térébinthes  par  ses  feuilles ,  par  ses 
fleurs  blanches ,  rameuses ,  et  par  ses  fruits  ligneux 
d'un  vert  noirâtre.  Sa  tige  est  très-élevée  ,  droite  et  co- 
lossale ,  quelquefois  de  cinq  à  six  pieds  de  circonférence. 
Son  écorce  est  unie ,  d'un  roux  cendré  ^  l'enveloppe  cel- 
lulaire verdâtre  \  le  liber  rougeâtre  et  très-gommeux.  Le 
bois,  dîl  Poupée  Desportes,  est  solide,  fendant,  rou- 
geâtre ,  flexible  sans  être  incorruptible  \  cependant  très- 
utile  pour  bâtir  et  faire  des  barriques  à  sucre.  Le  tronc 
se  partage  en  plusieurs  branches  et  a  des  feuilles  un  peu 
plus  longues  et  plus  larges  que  celles  du  térébinthe  ,  et 
d'un  vert  jaunâtre ,  comparables  à  celles  du  saule  ou  de 
l'olivier.  Elles  sont  rangées  par  paires  le  long  d'une 
côte  et  fort  éloignées  les  unes  des  autres  ;  il  y  en  a  une 
qui  termine  rextrémité.  Les  fleurs  blanches  ont  un  ca- 
lice à  trois  divisions  ^  un  calice  à  cinq  pétales  ,  six  à  huit 
étamines.  Le  fruit  vient  en  grappes,  et  acquiert  la  gros- 
seur d'une  aveline  à  trois  côtes,  de  la  forme  d'une  poire 
renversée.  L'enveloppe  est  charnue,  verte,  coriace,  et 
renferme  trois  noyaux  oblongs  qui  contiennent  une 
amande  de  la  même  figure ,  amère  et  huileuse. 

Analyse  chimique.  D'après  l'analyse  toute  récente 
que  M.  Bonastre  vient  de  faire  de  la  résine  du  Sucrier  et 
qu'il  a  eu  la  bon  té  de  me  communiquer,  ce  suc  résineux  , 
de  couleur  rouge  foncée,  de  consistance  tenace,  molle, 
et  adhérant  fortement  aux  mains,  d'une  odeur  térébin- 
thacée,  mais  point  aussi  agréable  que  celle  du  baume  de 
tacamaque,  donne  ,  par  la  distllation  dans  l'eau  et  avec 
assez  de  difficulté  ,  une  huile  essentielle  d'un  jaune  am- 
bré, fluide,  transpareiUe ,  plus  légère  tjue  l'eau,  d'une 
saveur  âci  e  et  forte.  Les  propriétés  particulières  de  cette 


(  ^«7  ) 
huile  sont  que  si  Ton  vei  se  quinze  à  vingt  gouttes  d'acide 
sulfurique  sur  six  de  cette  huile,  elle  prend  de  suite  une 
couleur  jaune  safranée  très-foncée.  Si,  au  contraire,  c'est 
de  l'acide  nitrique ,  il  se  développera  une  couleur  rosée, 
puis  cramoisie,  enfin  une  autre  d'une  couleur  amaranthe 
superbe,  et  telle  qu'on  pourrait  l'obtenir  avec  la  plus  belle 
laque  carminée  possible.  C'est  à  tort  qu'on  a  donné  le 
nom  de  baume  à  la  résine  du  Sucrier  de  montagne ,  puis- 
qu'il ne  contient  pas  d'acide  benzoïque.  Il  est  composé 
d'une  résine  soluble  brune  -,  d'une  sous-résine  pulvéru- 
lente ^  d'un  extrait  amer  contenant  des  sels*,  et  d'une 
huile  essentielle. 

Propriétés  médicinales.  Le  Sucrier  de  montagne 
jouit  aux  colonies  d'une  réputation  méritée  quoiqu'un 
peu  exagérée.  On  l'emploie  peut-être  quelquefois  in- 
considérément dans  trop  de  maladies.  Comme  on  ne 
peut  croire  à  l'existence  d'une  panacée,  je  me  contente- 
rai d'indiquer  les  cas  où  son  usage  est  de  quelque  utilité. 
Poupée  Desportes  recommande  son  écorce  comme  fébri- 
fuge *,  l'ordonne  dans  les  tisanes  pectorales  et  apéritives  , 
ainsi  que  l'huile  tirée  des  noyaux  du  fruit,  qui  remplace 
l'huile  d'amandes  douces.  Dans  les  coliques  bilieuses  et 
celles  du  poitou ,  après  les  saignées,  le  vomitif,  les  bains 
et  lavemens  mucilagineux  et  oléifères ,  si  les  douleurs 
continuent ,  on  doit  recourir,  dit  ce  praticien  ,  au  baume 
de  Sucrier  qui ,  uni  à  l'eau  de  casse  et  à  l'opium  ,  pro- 
duit des  merveilles.  Quelques-uns  obtiennent  un  baume 
acoustique  en  mettant  digérer  au  bain  de  sable  ,  dans  un 
matras,  deux  onces  d'huile  de  ben  (  i®^  vol.,  pi.  27, 
pag.  i3i  )  et  quatre  gros  de  résine  de  Sucrier.  On  l'in- 
troduit dans  l'oreille  ,    au  moyen  d'un  peu  de  ouate, 


(  268  ) 

dans   les   otites  provenant  de  transpiration  interceptée. 
J'ai  vu  des  efi'ets  surprenans  des  vapeurs  de  cette  résine 
dissoute  dans  Téther  et  aspirées  fréquemment  dans  la 
phtliisie  laryngée,  deuxième  période.  On  en  fait  aussi  des 
fomentatiojis  dans  les  douleurs  d'estomac  par  dispepsie 
ou   digestions   lentes  et   laborieuses ,  dans  les   coliques 
venteuses  ,  contre  le  vomissement  5  dans  les  maladies  de 
la  peau ,  il  remplace  le  baume  de  tolu  ,  dans  toutes  les 
préparations  pour  les  maladies  de  poitrine.  Certains  mé- 
dicastres  recommandent  les  bains  d'une  décoction  de  ses 
feuilles  dans  les  affections  rliumatismales  ,  les  érysipèles  et 
le  plitliiriase.  On  emploie  avec  succès  dans  certaines  ma- 
ladies calculeuses,  bilieuses,  dans  la  graveîle  ,  les  ulcères 
des  reins,  de  îa  vessie  et  du  vagin ,  et  à  la  fin  des  blen- 
norrhagies ,  la  mixture  suivante  :  prenez  alcohol  rectifié 
^iij^  mêlez   avec  buile   essentielle   de    Sucrier  ^  viij. 
Remuez  avec  soin  ,  et  ajoutez  peu  à  peu  acide  nitrique 
concentré  deux  onces.  Distillez  à  une  douce  chaleur  pour 
retirer  moitié  du  mélange.   Cette  préparation  se  prend 
par  gouttes  intérieurement,  de  vingt  à   quarante,  dans 
du  miel  ou  un  jaune  d'œuf.   On   s'en  trouve  très-bien 
dans  les  calculs  biliaires  ,  l'ictère,  l'engorgement  du  foie; 
et  à  l'extérieur,   contre   les   rhumatismes.    Enfin    cette 
même  préparation  prise   intérieurement  est  alexitère , 
tandis  qu'à  l'extérieur  on  en  couvre  les  blessures  enve- 
nimées au  moyen  de  plumaceaux  de  charpie.  C'est  aussi 
un  excellent  vulnéraire.  Le  docteur  Chevalier  a  guéri  en 
peu  de  jours  plusieurs  nègres  dont  les  mains  avaient  été 
écrasées  par  des  moulins  à  sucre ,  avec  du  tafia  où  l'on 
avait  mis  de  cette  résine  en  digestion.   Et  à  ce  sujet  ,  il 
me  souvient  qu'étant  inspecteur-général  des  armées  des 
noirs  ,  parmi  lesquels  j'étais  retenu  prisonnier,  un  nom- 


(  ^^î)  ) 

mé  Sangsouci ^  l'un  dc«  premiers  inûrniieis  de  nos  am- 
bulances, envieux  de  porter  un  unifoiine  brodé  comme 
le  mien  ,  insinua  au  soupçonneux  Dessalines  que  je  de- 
vais l'empoisonner  dans  un  breuvage  que  je  lui  avais 
préparé  à  la  suite  d'une  commotion  iboracique  qu'il 
avait  éprouvée  en  descendant  d'un  bastingage.  Le  géné- 
ral ,  méfiant,  refusa  de  boire  la  potion  que  j'avalai  de- 
vant lui.  La  vérité  étant  reconnue,  le  général  fit  subir  à 
Sangsouci  la  peine  du  talion.  Il  fut  fusillé  à  ma  place. 

Mode  d'administration.  La  dose  du  sirop  est  d'une 
cuillerée  dans  une  infusion  d'herbe  au  charpentier.  Celle 
de  la  teinture  est  de  vingt  à  vingt-cinq  gouttes. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT  NEUF. 

1.  Calice, 

2.  Fleur  entière. 

3.  Graine  coupée  transversalement. 

4-  Coupe  du  tronc  et  larmes  de  la  résme. 


(  270  ') 


)VMW«^A/WVVVV\%AAWWWV\AAAA'MA'VV«  'VV\«/VVVVVVV<  WMWVWX  WV<W^<WMIMl«  W\>WVWVVWVVWWVV« 


HOUMIRI  BAUMIER  ROUGE. 


(  Alexitère  aromatique.  ) 

Synonymie.  Faux  Styrax.  —  ArLre  à  brai.  —  Bois  rouge. 
Houmiri  balsamifera.  Lin.  Penlaiidrie  polyandrie. — Juss. , 
famille  des  Térébintliacées.  —  Houmiri  balsamifera.  Aublet 
Guiane  ,  564  j  t.  225.  Terebinthus  procera  balsamifera  ru- 
bra.    Barr. ,   France   équinoxiale.  —  En  espagnol,  Arbol 

a  Brea. 

Caractères  génériques.  Ordre  douzième  de  la  classe 
des  Dicotylédones  polypétales  ,  à  étamines  périgynes  de 
Jussieu.  Calice  découpé  en  plusieurs  divisions  \  corolle 
polypétale  ;,  étamines  définies  :  ovaire  supère  \  un  ou 
plusieurs  styles  \  autant  de  stigmates  ;  une  baie  ou  une 
capsule  multiloculaire  \  feuilles  alternes ,  ordinairement 
composées  sans  stipules  -,  fleurs  petites 5  point  de  péri- 
sperme:  tiges  ligneuses.  (Térébintliacées.) 

Caractères  particuliers.  Calice  à  cinq  divisions  -, 
corolle  à  cinq  pétales  attachés  au  réceptacle  \  vingt 
étamines  périgynes  \  ovaire  supère  ,  ovoïde  \  style  sim- 
ple ,  velu;  fruit  à  cinq  loges. 

HisTOii.F.  naturelle.   Oii  Tcncontre  à  Cayenne ,  à  la 


p/.l 


'ja. 


T/uvt^ûr^  J%^\xnfrù/i  J'i.ij' 


J\:ré^  Jcii/p . 


HOF^iflti  ilAr.MIEil  itorcK. 


(  271  ) 

Guiane  et  dans  les  forêts  des  Antilles  cet  arbre  résineux, 
et  il  est  nommé  Bois  rouge  par  les  Créoles  -,  Houmiri 
parles  Garipous,  et  T'oun* par  les  Coussaris.  Frappé  par 
la  hache  impitoyable  ,  il  coule  de  toutes  ses  parties  un 
liquide  épais  rouge  balsamique ,  d'une  odeur  fort  agréa- 
ble et  qu'on  peut  comparer  à  celle  du  Styrax.  Cette  li- 
queur se  concrète  promptement  par  le  contact  de  l'air  , 
et  durcit  en  se  séchant ,  pour  former  une  résine  rouge , 
cassante,  transparente  ,  et  d'une  agréable  odeur  ,  si  l'on 
en  répand  sur  les  charbons.  Les  sacrificateurs  parmi  les 
infidèles  ,  et  les  ministres  de  nos  autels  en  parfument, 
aux  colonies,  leurs  temples,  et  dès  que  le  jeune  aspirant 
a  répandu  sur  des  charbons  consaciés  cette  poudre  odo- 
riférante , 

Des  nuages  d'encens  dans  les  airs  sont  perdus. 

Celte  liqueur  balsamique  n'est  point  acre,  et  peut 
remplacer  intérieurement,  à  dose  fractionnée  ,  le  baume 
du  Pérou  dont  son  parfum  la  rapproche.  Les  nègres 
emploient  l'écorce  de  cet  arbre  précieux  à  faire  des  tor- 
ches pour  s'éclairer  la  nuit.  Afin  d'obtenir  plus  de  ré- 
sine du  Houmiri ,  les  indigènes  ont  soin  d'allumer  auprès 
un  grand  feu ,  ce  qui  facilite  l'écoulement  de  cette  ré- 
sine. On  répète  deux  fois  par  année  cette  manœuvre 
qui  n'endommage  aucunement  l'arbre.  On  prépare  avec 
cette  résine  un  brai  qui  se  durcit  à  l'air ,  résiste  à  l'eau 
et  au  frottement ,  et  par  conséquent  est  fréquemment 
employé  pour  calfater  les  vaisseaux  et  enduire  les 
caisses  d'emballage    qu'on   transporte   en   Europe  ,    et 


(  ''v^^  ) 

dont  le  conlciiu  ciaiiil  riiuniidilé  el   les  avaries  de  la 
traversée. 

Cauactèhes  physiques.  Cherchant  toujours  à  rendre 
hommage  aux  découvertes  de  ceux  qui  ont  observé  avant 
moi ,  loi  sque  leurs  descriptions  sont  exactes  ,  je  vais 
transcrire  ici  celle  d'Aublet.  Le  tronc  de  cet  arbre  ,  dit- 
il  ,  s'élève  à  cinquante  et  même  soixante  pieds  ou  plus, 
sur  deux  pieds  de  diamètre.  Son  écorce  est  épaisse  , 
rougeàtre  ,  ridée  et  gercée.  Le  bois  est  dur  et  d'un 
rouge  brun  :  il  pousse  à  son  sommet  plusieurs  grosses 
branches  qui  s'étendent  en  tout  sens  ,  et  se  partagent  en 
rameaux  feuilles.  Ses  feuiUes  sont  alternes  ,  semi-am- 
plexicaules  ,  ovales  ,  oblongues  ,  pointues  ,  glabres  , 
vertes  et  entières.  Les  feuilles  naissantes  sont  rougeà- 
tres  ,  et  ont  leurs  bords  roulés  en  dedans.  Sur  les  jeunes 
arbres ,  les  feuilles  ont  six  pouces  de  longueur  el  deux 
pouces  de  largeur  ;  mais  sur  les  arbres  de  haute  futaie, 
elles  n'ont  que  deux  pouces  et  demi  de  longueur  sur 
une  largeur  d'un  pouce  et  demi.  Les  fleurs  sont  blan- 
ches ,  très-petites,  naissant  aux  extrémités  des  rameaux, 
en  corymbes  terminaux  et  axillaires  un  peu  serrés. 
Chaque  ramification  du  corymbe  et  chaque  fleur  ont 
à  leur  base  une  petite  écaille. 

Chaque  fleur  a  :  i®  un  calice  divisé  profondément  en 
cinq  découpures  pointues  ^  2^  cinq  pétales  lancéolés  , 
attachés  au  réceptacle  et  plus  gnmds  que  le  calice  ^ 
30  vingt  étamines  dont  les  filamens ,  aussi  attachés  au 
réceptacle,  sont  libres,  et  portent  des  anthères  arron- 
dies et  à  deux  loges  ^  4*^  ^^  ovaire  supérieur  ,  ovoïde  , 


(  ^73  ) 
surmonté  J'im  style  simple,    velu,    plus  long  que  les 
étamines,  à  stigmate  à  cinq  rayons.  Le  fruit  n'est  point 
complètement  connu   :    l'ovaire  coupé   en  travers  pré- 
sente cinq  loges  monospermes.   (Encycl.) 

Analyse  chimique.  Les  produits  du  Houmiii  sont 
semblables  à  ceux  de  la  résine  élémi  ,  c'est-à-dire 
deux  substances  résineuses  bien  distinctes,  l'une  soluble 
à  l'alcobol  froid  ,  et  l'autre  à  Falcohol  bouillant  seule- 
ment. 

Propriétés  médicinales.  Quelques  praticiens  ont 
employé  à  l'intérieur  la  résine  Houmiri  dans  certains 
cas  dephthisie  •,  mais  son  usage  le  plus  habituel  est  pour 
la  confection  des  onguens ,  baumes  ,  emplâtres  ,  etc. 
C'est  un  stimulant  qu'on  prescrit  dans  les  catarres, 
les  gonorrliées  et  les  diarrhées  chroniques  -,  mais 
lorsqu'il  n'y  a  plus  de  symptômes  inflammatoires.  Ap- 
pliquée sur  la  peau  et  maintenue  pendant  quelque 
temps ,  elle  excite  la  rubéfaction ,  ainsi  que  la  poix  de 
Bourgogne  ^  c'est  pourquoi  plusieurs  rhumatisans  se 
sont  bien  trouvés  de  son  application.  L'huile  essentielle 
qu'on  en  retire  a  été  préconisée  comme  avantageuse 
dans  le  traitement  du  tœnia  ^  mais  à  une  dose  de  plu- 
sieurs onces  qui  ,  irritant  violemment  la  muqueuse 
intestinale  ,  occasione  des  coliques  et  des  déjections  co- 
pieuses qui  ordinairement  entraînent  lever,  mais  quel- 
quefois le  malade  :  aussi  ne  doit-on  l'employer  qu'avec 
réserve  et  circonspection.  Dans  l'épilepsie  on  la  prescrit 
jusqu'à  la  dose  de  deux  onces.  Je  n'ai  jamais  vu  de  succès 


(  '-74  ) 

de  son  usage  dans  cette  terrible  maladie ,  mais  je  puis 
vanter  ses  propriétés  comme  alexitère.  On  fait  avec  , 
une  eau  qui  remplace  celle  appelée  eau  de  goudron. 


\ 

EXPLICATION  DE  LÀ  PLANCHE  DEUX  CENT  DIX* 

La  plante  est  représentée  demi-grandeur. 
1.  Fleur. 


PI.  :i 


zn. 


77i<\i,/orc  7K\>\-4}ur-f//\./'mw 


J'eri'e   Jl'it^  ■ 


AL.SAMiSi:n  11013  BK  ilO^K. 


(  275  ) 


I 

BALSAMIER  DE  LA  JAMAÏQUE. 

(  ^lexitère  aromatique.  ) 

Synonymie.  Vulg.  Bois  de  roses ,  Bois  de  Rhodes  de  la 
Jamaïque.  —  Amjris  balsamifera.  Lin.  Octandrie  mono- 
gynie.  —  Juss. ,  famille  desTérébinthacées.  —  Amyris  foliis 
bijugis.  L.  Amyris  arboreus,  foliis  bijiigatis  ovatis  glabris, 
racemis  Iaxis  terminalibus.  Brown.  Jam.  208.  Lauro  affinis 
terebinthi  folio  alato,  ligno  odorato  candido  ,  flore  albo. 
Sloan.  Jam.  List.  2,  p.  24-  Tab.  168 ,  f.  4i- —  Lucinium, 
Pluck.  Alm.  228.  Tab.  201  ,  fig.  3. 

Caractères   GÉ^'ÉRIQUES.  Arbres  ou  arbrisseaux  dont 
le  suc  est  ordinairement  coloré  ou  résineux,  tantôt  bal- 
samique et  d'une  odeur  agréable  \  dans  d'autres  espèces  , 
très- acre  et  caustique.    Feuilles   alternes    ou   simples, 
le  plus  souvent  ailées  avec  impaire;  fleurs  petites,  poly- 
pe talées  et  disposées  en  grappes  ou  en  panicules  com- 
munément   terminales;    calice   à    trois    ou    six    décou- 
pures régulières  ;  trois  à  six  pétales  égaux  en  rose  ou  en 
étoile  ;   trois  ou  dix  étamines  lorsqu'elles  sont  herma- 
phrodites   ou   mâles  ;    l'ovaire   supérieur    est    surmonté 
d'un   à  cinq  styles  courts  lorsqu'elles  sont  hermaphro- 
dites ou  femelles.  Le  fruit  varie,  et  dans  le  plus  grand 
nombre   c'est  une  baie  ou  noix  uniloculaire ,   caractère 
qui  dislingue  les  Balsamiers  des  Iciquiers ,  dont  les  fruits 
contiennent  plusieurs  osselets. 


(  ^76  ) 

Caractères  particuliers.  Fruit  ou  baie  di  upacée , 
ovale ,  arrondie  et  renfermant  un  seul  noyau  ^  feuilles 
bijuguces. 

Histoire  naturelle.  On  donne  dans  le  commerce  le 
nom  de  Bois  de  roses  ou  de  Rhodes  à  des  morceaux  de 
bois  compactes  ,  longs  et  tortueux,  extérieurement  blan- 
châtres ,  intérieurement  jaunâtres  \  d'une  saveur  amère , 
d'une  odeur  de  rose,  provenant,  dit-on,  d'un  arbrisseau 
qui  croit  dans  File  de  Barancas  (  Convohidus  ScopariuSy 
Lin.  Pentandrie  monogynie)  -,  d'autres  le  rapportent  au 
Genisla  Canarlensis  -,  ceux-ci  au  Con^^ohidus  Jloridus , 
ceux-là  au  Cordia  Gerascanlhus,  Ce  n'est  point  de  ces 
plantes  qu'il  est  question  ici-,  le  bois  de  Bliodes  pro- 
venant de  ces  espèces  ,  ainsi  que  son  huile  volatile ,  est 
plutôt  employé  comme  parfum  que  comme  médicament. 
Le  Balsamier  de  la  Jamaïque  ,  au  contraire  ,  croit  spon- 
tanément aux  Antilles  dans  les  bois  et  les  lieux  pierreux. 
Il  répand  en  brûlant  une  odeur  extrêmement  agréable 
que  la  sensualité  asiatique  des  créoles  se  plaît  à  prolon- 
ger. Cette  odeur  parfume  lair,  et  l'on  croit  respirer  des 
roses.  Il  diftere  essentiellement  du  bois  de  Rhodes  ou 
de  Chypre  que  fournit  un  arbre  du  Levant ,  sur  la  na- 
ture duquel  on  n'est  pas  généralement  d'accord.  Le  nom 
de  Rhodes  a  été  donné  à  ces  bois  ,  à  cause  du  mot  grec 
fohv  -,  qui  veut  dire  rose. 

Caractï:res  physiques.  Ce  Balsamier  s'élève  à  environ 
vingt  pieds  de  hauteur.  Son  bois  est  blanc  ,  assez  solide, 
résineux,  d'une  odeur  agréable,  et  il  est  recouvert 
d'une  écorce  brune  phis  ou  moins  foncée.  Ses  rameaux 
sont  garnis  de  feuilles  ailées  ^    composées  de   deux  ou 


(  ^77  ) 
trois  paires  de  folioles  ovales  ,  avec  une  petite  pointe 
-.souvent  énioussce  ou  échancrée  j  lisses  ,  glabres  .  et  sou- 
tenues chacune  par  un  pétiole  court.  Ses  fleurs  sont 
blanches  ,  petites  -,  elles  ont  presque  l'aspect  de  celles  du 
Sureau  ^  elles  sont  terminales  au  sonruct  des  ramaux ,  et 
disposées  en  grappes  courtes  ,  lâches  et  paniculées. 

Analyse  chimique.  On  obtient  par  la  distillation  de 
ce  Balsamier  une  huile  essentielle ,  volatile  ,  d'abord 
dorée  ,  puis  jaunâtre  *,  d'une  odeur  pénétrante  et  suave. 
Le  principe  résineux  et  acre  de  ce  bois  le  rend  propre  , 
lorsqu'il  est  pulvérisé,  â  irriter  la  membrane  pitui- 
taire.  Les  naturels  s'en  servent  ainsi  que  d'un  certain 
Qiiamoclit, 

Propriétés  médicinales.  Le  Balsamier  de  la  Jamaïque 
jouit  des  mêmes  piopriétés  que  tous  les  baumes  naturels. 
Leur  huile  essentielle,  étant  acre  et  irritante,  pro- 
duit en  général  une  vive  excitation  sur  la  membrane 
muqueuse  du  canal  intestinal  et  des  voies  urinaires  , 
ce  qui  rend  souvent  leur  action  purgative  et  surtout  diu- 
rétique. Souvent  même  ils  excitent  l'inflammation  de  la 
membrane  muqueuse  de  la  vessie.  Ils  stimulent  puissam- 
ment les  tissus  capillaire  ,  dermoïde  et  muqueux  ,  sur- 
tout celui  de  l'estomac  et  des  poumons,  en  favorisant  les 
exhalations  de  cet  organe.  Leur  influence  aromatique 
ranime  l'énergie  du  système  nerveux.  On  ne  les  emploie 
plus  avec  enthousiasme  comme  autrefois  pour  la  cure 
des  plaies  et  des  ulcères,  qui  le  plus  souvent  n'ont  besoin 
que  d'être  soustraits  au  contact  de  l'air ,  ainsi  que  l'a 
prouvé  la  saine  chirurgie  moderne,  qui  néanmoins  ne 
désapprouve  pas  la  prescription  de  certaines  préparations 


(  278  ) 

balsamiques  daus  la  cure  des  ulcères  atoniques  et  sordi- 
des, et  dans  les  dégénérescences   gangreneuses.   Il  faut 
aux  colonies  être  très-avare  de  ces  moyens  incendiaires  qui 
réussissent  mieux  sous  un  climat  froid  et  humide.  Sans 
les  proscrire  de   la  thérapeutique,  on  peut  v  recourir 
dans  les  affections  nerveuses  accompagnées  d'une  débi- 
lité marquée  ,  et  dans  les  paralysies.   Mais  on  doit  les 
employer  avec  la  plus  grande  circonspection  dans  les  af- 
fections chroniques  de  Forgane  pulmonaire,  de  la  vessre 
et  du  canal  intestinal ,  surtout  s'il  y  a  de  la  fièvre  ,  de  la 
douleur  ,  une  toux  sèche  et  de  riiémoptysie  5  au  com- 
mencement de  la  formation  des  tubercules  seulement , 
on  peut  permettre  les  fumigations  sèches  chez  les  per- 
sonnes lymphatiques    et  d'un  tempérament  muqueux , 
parce    qu'ils    peuvent    ranimer    l'énergie    du    poumon 
affaibli,  agir  comme  anti-spasmodique  en  aidant  la  res- 
piration,  et   faciliter   la  résolution    des   tubercules.    Je 
n'ai  point  éprouvé   les  propriétés  alexitères  du  Balsa- 
mier  de  la  Jamaïque  ,  que  d'autres  praticiens   ont  van- 
tées -,  je  laisse  à  l'expérience   à  prononcer  à  cet  égard. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DELX  CENT  ONZE. 

Le  dessin  est  demi-grandeur  naturelle. 

1.  Fleur. 

2.  Baie  entière. 

3.  Baie  coupée  pour  laisser  voir  l'amande. 


//.-v_- 


J'e/'e^  J'cu/c  ■ 


(  ^79  ) 

BALSAMIER  ÉLÉMIFÈRE. 

(  Alexitère  aromatique.  ) 

Synonymie.  Vulg.  Gomme  Elémi.  — Elemnî.  —  Arayris  ele- 
mifera  ,  foliis  ternatis  quinato-pinnatisque  subtùs  tomento- 
sis.  Lin.  Octandrie  monogynie.  —  Jussieu,  famille  des 
Térébinthacées. —  Cornus  racemosa,  trifolia  et  quinquefo- 
lia.  Plum.  Icon.  loo.  —  Frutex  trifolius  resinosus  ,  floribus 
tetrapetalis  albis  racemosis.  Catesb.  Carol.  2  ,  t.  33,  f.  3.. 
—  Amyris  elemifera.  Wild.  2  ,  p.  333. 

Caractères  génériques.  Fleurs  hermaphrodites  ^  ca- 
lice à  quatre  dents  et  persistant  \  corolle  de  quatre 
pétales  5  huit  ëtamines  \  ovaire  à  trois  loges  monosper- 
mes  ,  surmonté  d'un  style  et  d'un  stigmate  simples  ; 
drupe  légèrement  charnu  ,  contenant  ordinairement 
un  seul  noyau  monosperme  par  avortement.  Arbris- 
seaux exotiques  ,  ayant  les  feuilles  trifoliolées  ou  im- 
paripinnées.  (Richard.) 

Caractères  particuliers.  Feuilles  ternées  et  pinnées 
par  cinq,  velues  en  dessous.  (  Antilles  ,  Caroline.) 
(  VivRce.  ) 

Histoire  naturelle.  Le  Balsamior  élémifère  ,  oricîi- 
naire  de  la  Caroline  ,  s'est  parfaitement  naturalisé  aux 
Antilles.  Le  suc  de  cet  arbre  n'étant  point  gommeux, 
mais  résineux  ,  c'est  donc  mal  à  propos  qu'on  l'appelle 
Gonmie  Eléîui,  Quelques  auteurs  ont  aussi  confondu  ce 
Tome  III.  —  53®  Livraison.  22 


(   28o  ) 

Balsamier  avec  Vlclcariba  des  Brésiliens  ,  arhor  hrasi- 
liensis  ,  gummi  Elemi  simile  fundens ,  foliis  pinnatis  , 
JJosculis  verticillatîs ,  fiuctu  olwœ  Jîgurâ  et  magnitu- 
dine f  Rai,  Hist.  i546.  — D'autres  l'ont  pris  pour  le 
Terehinlhus  major  ^  Betulœ  cortice,  friictu  triangulari^ 
de  Sloan ,  Jamaïq.  —  On  trouve  en  effet  chez  les  dro- 
guistes deux  espèces  de  résine  Elémi,  l'une  apportée 
d'Ethiopie  en  gros  morceaux  cylindriques  enveloppés  de 
feuilles  ,  d'un  blanc  verdâtre  ,  mollasse  ,  d'une  saveur 
désagréable,  d'une  odeur  de  fenouil,  s' enflammant  faci- 
lement ,  et  se  dissolvant  dans  les  huiles  comme  les 
vraies  résines.  La  seconde  espèce  qui  vient  de  TAmé- 
rique  ,  des  Antilles,  de  la  Nouvelle -Espagne  et  des 
Indes-Occidentales  ,  coule  abondamment  du  Balsamier 
élémifcre  et  ressemble  beaucoup  à  celle  d'Ethiopie.  On 
fait  avec  la  résine  Elémi  et  le  baume  de  tolu  des  pastilles 
pour  embaumer  l'air  des  appartemens. 

Tel  l'encens  d'Hyémen  ,  dans  un  jour  solennel , 
Touche  à  peine  le  feu  qu'on  présente  à  l'autel , 
Que  des  mains  du  lévite  à  la  voûte  brillante 
On  le  voit  s'élever  en  nuée  odorante. 

(  Castel  ,  les  Plantes  ,  cb.  XI.  ) 

Caractères  physiques.  Le  Balsamier  élémifère ,  Cor- 
nus racemosa  de  Plumier  ,  est  un  arbrisseau  dont  les 
rameaux  portent  des  feuilles  alternes  et  qui  sont  compo- 
sées de  trois  à  cinq  folioles  situées  par  paires  sur  un 
pétiole  commun  ,  à  l'exception  de  la  foliole  qui  les  ter- 
mine. Ces  folioles  sont  ovales,  pointues,  légèrement 
crénelées  ,  velues  en  dessous  ,  et  pointillées  ou  perfo- 
rées, selon  Plumier.  Les  fleurs  sont  petites  et  disposées 
en  panicule  an  sommet  des  rameaux.  Elles  produisent 


(    28.     ) 

des  baîes  globuleuses  qui  cou  lie  mi  eut  un  noyau  arrondi 
i^t  osseux. 

Analyse  chimique.  On  doit  à  M.  Bonastre  une  ana- 
lyse très-bien  faite  et  très-détaillce  (Journ.  de  pharma- 
cie, août  1822)  de  la  résine  Élémi.  Comme  notre  plan 
ne  nous  permet  pas  de  la  transcrire  ,  nous  y  renvoyons 
le  lecteur.  Selon  ce  célèbre  chimiste  ,  cette  résine  est 
particulièrement  remarquable  par  la  phosphorescence 
de  la  sous-résine.  Cent  parties  de  résine  Elémi  sont 
composées  :  i^  résine  claire  ,  soîuble  à  froid  dans  Tal- 
cohol,  60.  —  7.^  Matière  résineuse  blanche,  opaque,  so- 
îuble dans  Talcohol  bouillant,  2.^. — 3^  Huile  volatile, 
12 -5o.  —  Extractif  amer  ,  2.  —  Impureté,  i-5o. 
Total   100,   5o. 

On  sophistique  la  résine  Elémi  avec  celle  du  Pimis 
ausfralis ,  mais  la  fraude  est  reconnaissable  ,  dit  M.  Bo- 
nastre ,  en  ce  que  la  véritable  résine  Elémi  donne 
par  l'alcohol  deux  espèces  de  résines  ,  et  la  fausse  est 
entièrement  soluble  à  froid.  La  vraie  ,  traitée  par  la 
soude  caustique  ,  forme  un  savonule  d'une  pâte  ferme  , 
tandis  que  la  fausse  en  donne  un  très-mou. 

Propriétés  médicinales.  On  accorde  généralement 
des  propriétés  fondantes  à  la  résine  Elémi ,  lorsqu'on 
l'emploie  pour  ramollir  et  résoudre  les  tumeurs  des  ar- 
ticles ,  pour  remédier  aux  piqûres  des  tendons  •,  on  la 
prescrit  aussi  comme  détersive  ,  contre  les  contusions  , 
surtout  pour  les  blessures  de  la  tête  ,  et  fortifier  les 
nerfs  après  les  luxations.  Pison  l'ordonnait  en  topiques 
dans  les  douleurs  internes  ,  contre  les  maux  d'estomac 
et  contre  les  flatuosités.  Les  hippiàtres  y  ont  recours 
dans  les  piqûres  des  pieds  des  chevaux.  Je  l'ai  souvent 


(    28î    ) 

vu  administrer  anx  Antilles,  à  l'extérieur,  comme  alexi- 
tère-,  mais  je  n'ai  pu  recueillir  assez  d'expérience  en 
faveur  de  sa  vertu  neutralisante ,  pour  me  prononcer  et 
la  signaler  comme  un  remède  infaillible.  On  l'emploie 
rarement  intérieurement,  parce  (|u'elle  ne  peut  être  dis- 
soute par  le  suc  gastrique.  Elle  est  recommandable  en 
fumigation  sèche  dans  les  catarres  chroniques  du  va- 
gin ,  dan.s  la  stérilité  causée  par  la  sur;ïbondance  des 
mucosités  de  cet  organe-,  dans  les  gonorrhées,  les  fluenrs 
blanches  et  la  suppression  (  hroniquc  des  règles  ;  dans 
les  cas  de  rhumatismes  opiniâtres.  On  l'administre  alors 
en  frictionnant  la  partie  avec  la  teinture  tirée  de  cette 
résine  par  l'alcohol. 

Mode  D'ADMiis'isTPtATiojv.  Trois  livres  d'axonge  ,  et 
une  livre  et  demie  de  térébenthine  de  Venise  et  de 
résine  Elémi,  traitées  par  la  chimie  ,  procurent  un 
excellent   digestif. 


EXPLICATION    DE    L\    PLAKCHE    DEUX    CI-NT    DOUZE. 

Le  dessin  est  fait  demi -grandeur  natu'^elle. 

1.  Fleur  renversée. 

2.  Baie. 

3.  Graine 


P/.:ij3 


Tfi.\t^rv  Jf'if'vriilx.  ycnJ- 


J'fjre.e  Je  ■ 


LAliUEÏi  PEC  au  itIN 


(  ^83  ) 


IV\*V\AS^/VVV^VV*VVVVVVVVVVVVVVVVV»VV»'VVVVVVVVVVV»'VVVVVVVV\VVV(>*(VWVVVV^ 


LAURIER  PECHURIM. 


(  Alexitere  aromatique.  ) 


Synonymie.  Fève  de  Péchurim.  —  Laurus  Pechurim.  Lin. 
Ennéandrie  Monogynie.  —  Laurus  Pechurim.  Richard. 
Laurinées.  —  Ocotea  Pechurim  de  Humboldt.  —  Jussieu  , 
famille  des  Laurinées. 


Caractères  génériques.  Fleurs  unisexuées  ,•  calice  à 
quatre  ou  six  divisions  plus  ou  moins  profondes  ;  étami- 
nes  de  six  à  douze  ,  ayant  les  filets  appendiculés  à  la 
base  \  anthères  biloculaires  \  ovaire  ovoïde  5  stigmate  un 
peu  creusé  en  gouttière  :  drupe  enveloppée  à  la  base  par 
le  calice  persistant»   (Richard.) 

Caractîîres  particuliers.  Fleurs  disposées  en  pani- 
cules*,  fruit  renfermant  une  seule  graine  dont  l'embryon 
dépourvu  d'endosperme  est  renversé^  ses  deux  cotylédons 
sont  très-épais.  Feuilles  alternes  ,  coriaces  ,  luisantes  , 
veinées  et  persistantes.  Celles  des  jeunes  rameaux  sont 
de  couleur  rose  jaspée  de  jaune. 

Histoire  naturelle.  J'ignore  pourquoi  le  célèbre 
do  Humboldt  a  donné  le  nom  d^  Ocotea  à  cet  arbre  qui 

Tome  III.  —  54°  Livraison.  îi3 


(  '-84  ) 
a   les   caractères  des  Laurinées  ,  ne  fût-ce  que  par  le 
fruit  qui  ne  renferme  qu'un  noyau  bilobé  ,   tandis  que 
le   caractère   des    fruits  des    Ocotea   est   :    une  capsule 
arrondie  ,  à  quatre  ,  cinq   ou  six  loges  enfermées  dans 
le  calice ,  et  contenant  un  très-grand  nombre  de  semences 
fort  petites.   Ce  laurier  de  l'Amérique  méridionale  est 
encore  peu  connu  ,    et  n'a  jamais   été    décrit    que  par 
M.  de   Humboldt  qui   Fa  observé  proche  de   Cumana  , 
dans   les  missions  d'Ariba.    On  le  trouve  rarement  aux 
Antilles  -,    mais  il  croît  naturellement  le  long  des  ruis- 
seaux  qui  versent  leurs  eaux  dans  1  vjrenoque.  On  dis- 
tingue dans  le  commerce  deux  espèces  de  fèves  Péchurim, 
la  grande  et  la  petite.   M.  Bonastre  ,  d'après  le  rapport 
de  certains  voyageurs ,  voulut  s'assurer  si  l'on  pourrait 
fabriquer  du  chocolat  avec  la  fève  Péchurim;  mais  voici 
ce  qu'il  rapporte  de  sou  essai.    «  J'ai  voulu  vérifier  si  les 
fèves  Péchurim  torréfiées ,  broyées   et  réduites   en  pâte 
avec  la  quantité  convenable  de  sucre  ,  pourraient  imiter 
le   véritable   chocolat  ;   mais    il   est  facile   de   prévoir  \ 
d'après  l'examen  chimique  ,   combien  ce  prétendu  cho- 
colat doit  être  désagréable  au  goût  ,  et  l'est  en  effet  •,  la 
saveur  amère  ,    piquante    et    empyreumatique     de     la 
résine,  l'arôme  camphré  de  l'huile  essentielle,    le  peu 
de  liant  de  la  pâte  ,  quand  on  veut  l'unir  avec  le  ^ucrp  , 
forment    du  tout  un  chocolat   très-imparfait   et    d'une 
saveur  détestable.   Laissons  donc  aux  habitans  du  Para- 
guay  et  des  bords  de  l'Orénoque  le  chocolat  Péchurim  , 
si  toutefois  ils  l'emploient  à  cet  usa^re  ,  et  contentons- 
nous  de  celui  du  Theobroma  cacao  aromatisé  avec  la  can- 
nelle et  la  vanille.   »  *  ' 

M.    le  Breton  ,   pharmacien  distingué  de   la  rue  de 


(    9M    ) 

Richelieu  ,  n°  98,  a  fait  le  premier  une  leinlure  avec 
la  fève  Pécliurim  qu'on  applique  en  médecine  comme 
iatraleptique,  et  dont  il  a  composé  une  liqueur. 

Caractères  physiques.  Le  laurier  Pécliurim  est  un 
arbre  d'une  assez  haute  stature.  Les  rameaux  sont 
glabres  ,  feuilles  ,  divisés  ,  un  peu  roides  ,  tuberculeux 
et  raboteux  avec  une  écorce  grisâtre  sur  le  vieux  bois. 
Les  feuilles  sont  alternes,  k  pétioles  rouges,  ovales, 
lancéolées  ,  glabres  aux  deux  surfaces  ,  veinées,  un  peu 
luisantes  en  dessus  ,  larges  de  deux  pouces  environ  ,  sur 
cinq  à  six  de  longueur.  Les  feuilles  terminales  sont  d'un 
jaune  mat  nuancé  de  rose.  Les  fleurs  sont  petites  ,  her- 
maphrodites ,  verdàtres  ,  disposées  en  panicuîe  courte  , 
axillaire  et  terminale  ,  assez  peu  garnie  ^  les  pédoncules 
sont  rameux  ,  veloutés  dans  leur  jeunesse  ,  et  munis 
sous  leurs  divisions  ,  ainsi  qu'à  la  base  des  fleurs  ,  de 
petites  bractées  oblongues  ,  concaves  ,  veloutées  et  ca- 
duques. Les  fruits,  de  la  grosseur  d'un  œuf,  offrent  une 
pulpe  verdàtre  contenant  un  novau  aromatique  bran  , 
à  écorce  lisse  ,  qui  se  divise  en  deux  lobes  ou  osselets  , 
qui,  étant  râpés,  ont  l'odeur  de  sassafras,  d'où  leur  vient 
le  nom  de  noix  de  sassafras.  Ces  lobes  sont  convexes 
extérieurement  et  recouverts  d'une  coque  ou  pellicule 
rugueuse  ,  d'un  brun  foncé.  Intérieurement  ils  sont 
concaves  ,    lisses  et  de  couleur  marron  clair. 

;iT  Tiia. 
Ajnalyse  chimique.  D'après  le  travail  soigné  fait  ré- 
cemment par  M.  Bonastre  et  inséré  dans  le  journal  de 
Pharmaiu'i«î  (j^nvipr  ïB?5)  ,  on  VQit  que  la  fève  Péchu- 
rim  donne  par  la  distillation  dans  l'eau  une  huile  essen- 
tielle d  un  blanc  sale  ,  brunissant  par  le  contact  de  l'air. 

■       I 


(  oM  ) 

Elle  est  acre  et  amère,  et  se  concrète  à  une  température 
moyenne  -,  son  arôme  est  un  composé  de  l'odeur  de  lau- 
rier et  de  sassafras.  Une  portion  de  cette  huile  est  so- 
luble  dans  Falcohol ,  et  c'est  la  partie  la  plus  aromatique; 
l'autre  partie  est  insoluble  dans  Talcohol  froid.  Le  résidu 
épuisé  par  Talcoliol  et  traité  par  certains  réactifs  produit 
une  matièri3  colorante  d'un  rouge  brun  d'hyacinthe. 
L'incinération  produit  un  liquide  très-aîkalin. 

5oo  parties  ont  produit   :  huile  volatile  concrète,  i5. 

—  Huile  fixe  butyreuse  ,  5o.  —  Stéarine  ,  i  lo.  — Ré- 
sine glutineuse  ,    i5.  —  Matière  colorante  brune,  ^o. 

—  Fécule  ,55.  —  Gomme  soluble ,  60.  —  Gomme  qui 
a  rapport  avec  l'adraganthe ,  6.  —  Acide  uni  à  une 
substance  étrangère  ,     2.   —  Sucre  incristallisable  ,  4* 

—  Résidu  salin  ,  ^  et  demi.  —  Parenchyme  ,  100. 
Humidité,  3o.  —  Perte  ,  6. 

Propriétés  médicinales.  Quoique  je  n'aie  pas  eu 
l'occasion  d'employer  le  laurier  Péchurim  à  l'état  frais , 
cependant  je  me  suis  assuré  qu'il  possède  à  un  très-haut 
degré  les  propriétés  des  Laurinées.  On  peut  consulter 
les  articles  suivans  des  myrtes  ,  et  l'on  y  trouvera  les 
mêmes  propriétés  médicales  que  posssède  le  laurier 
Péchurim. 


EXPLICATION    DE    LA     PLANCHE    DEUX    CENT   TREIZE. 

La  plante  est  réduite  à  moitié. 

i .  Portion  de  la  graine  ,  de  grosseur  naturelle. 


1^1.224 


77i,'o,f^rf  Jfejarti/-ti7t  J'mje  ■ 


3îmTE  A  FEUILLE  S  PE  LAFIIIER. 


(  '.8,  ) 


HAA  V\^  VO'VVMWWVX'VV\<V'VXW«W\^(W'VVVVV%  VV»/WVV\A  VV\^iV^W^  W\V\A'WVW>'\Aj><V\A VXA'WVWWWW» 


MYRTE  A  FEUILLES  DE  LAURIER. 


(  Alexiière  aromatique .  ) 


Synonymie.  Vulg.  Bois  d'Inde,  bois  haut-goùt. —  Mjrtus  ca- 
ryopHillata.  Lin.  Icosandrie  Mono^ynie.  —  Tourn.  Arbres 
rosacés,  —  Juss.  Famille  des  Myrtes.  —  Mjrtus  aromatica 
foliis  obovatis  ,  pedunculis  axillaribus  compositis  ;  floribus 
alternis.  Lam.  —  Acbourou  des  Caraïbes. 

Myrtus  arbor  odoratissima  ,  foliis  Lauro-Cerasi  rigidis  ,  triste 
viridibus  ;  floribus  albis  et  mag^nis  ;  baccis  nigris  et  crassis. 
Poupée-Desp.  —  Myrtus  arbor  pereximia  Lauro-Cerasi  fo- 
liis rigidis  et  triste  viridibus  ,  aromatica ,  floribus  albis  co- 
rymbosis.  —  Myrtus  arborea  aromatica  ,  foliis  laurinis. 
Solan.  Jam.  i6l.  Hist.  2.  p.  76.  t.  191,  fig^.  1. 


Cahactères  GÉNÉB.IQUES.  Fleurs  polypétalées  avant 
beaucoup  de  ressemblance  avec  les  Goyaviers  et  les  Jam- 
boisiers  ;  feuilles  simples,  opposées  ^  fleurs  pédonculées 
latérales  ou  terminales,  disposées  en  corymbe  ou  en  pa- 
nicule  ,  mais  quelquefois  solitaires  dans  Faisselle  des 
feuilles.  Ces  dernières  sont  perforées  comme  dans  le 
Mille-Pertuis. 


(  288  ) 

Caractères  particuliers.  Calice  supérieur  divisé  en 
cinq  parties,  avec  bourrelet  à  l'insertion  des  étamines: 
la  corolle  de  quatre  à  cinq  pétales  insérés  sur  le  calice  *, 
étamines  nombreuses  ^  anthères  arrondies  -,  ovaire  infé- 
rieur surmonté  d'un  style  simple  avec  stigmate  obtus  5 
baie  à  deux  ou  trois  loges  :,  semence  réniforme.  —  Pé- 
doncules 3-fides,  mulddores  ^  feuilles  comme  ovales 
non  ponctuées. 

Histoire  naturelle.  Ce  Myrte  ,  que  Von  confond 
souvent  avec  le  suivant ,  en  diffère  cependant  ^  mais  iî 
a  les  mêmes  propriétés.  Il  exhale  une  odeur  des  plus 
agréables.  On  trouve  dans  ses  feuilles  ,  dit  Nicolson  , 
un  goût  qui  semble  être  un  mélange  de  l'aromaticité  du 
clou  de  girofle  ,  de  la  noix  muscade  et  de  la  cannelle. 
C'était  l'épicerie  des  premiers  habitans  de  Saint-Do- 
mingue et  des  Caraïbes  *,  ils  en  mettaient  dans  toutes 
leurs  sauces.  Ces  baies  produisent  le  meilleur  effet 
lorsqu'on  les  associe  aux  substances  qu'on  met  confire 
dans  le  vinaigre ,  et  qu'ils  aromatisent  d'une  manière 
fort  dgréable.  On  en  fait  aussi  une  liqueur  très-suave 
connue  aux  lies  sous  le  nom  de  bois  d'Inde.  Cet  arbre 
ne  se  trouve  que  dans  les  mornes.  Ce  Myrte  est  doué 
plus  que  toutes  les  autres  espèces  de  propriétés  aroma- 
tiques. Outre  les  avantages  des  feuilles  et  des  fleurs  du 
Myrte,  on  se  rappelle  toujours  avec  intérêt  qu'il  sert  de 
couronne  aux  amans  heureux  et  à  la  déesse  de  la  beauté  , 
dont  les  temples  étaient  ornés  de  guirlandes  de  Myrte. 

Caractères  physiques.  La  tige  du  bois  d'Inde  est 
droite,  haute  et  peu  grosse.  Son  écorce  est  d'un  noir 
cendré.  Le  bois  est  dur  ,  pesant,    gris  et  incorruptible. 


(  ^89  ) 
Il  se  divise  en  rameaux  dont  les  tiges  ,  surtout  les  jeunes  , 
sont  à  quatre  angles  bien  prononcés ,  avec  une  membrane 
dëcurrente  sur  chaque  angle.  Les  feuilles  sont  opposées, 
entières,  ovales,  presque  elliptiques,  mais  en  général 
plus  rétrécies  à  leur  base  qu'à  leur  sommet ,  qui  est  obtus 
et  élargi.  La  substance  des  feuilles  est  très-épaisse  ,  dure, 
membraneuse  ,  finement  ponctuée  ,  glabre  des  deux 
cotés.  Les  pétioles  sont  très-courts  ,  un  peu  élargis  ,  se 
prolongeant  dans  le  milieu  de  la  feuille  sous  la  forme 
d'une  très-grosse  nervure  arrondie,  et  qui  forme  sur  le 
dessus  de  la  feuille  un  sillon  longitudinal.  Les  feuilles 
sont  axillaires  ,  placées  vers  l'extrémité  des  rameaux  , 
portées  sur  des  pédoncules  d'abord  opposés  ,  qui  se  di- 
visent ensuite  plutôt  en  rameaux  alternés  et  presque 
simples,  que  par  bifurcation  ,  ce  qui  forme  une  panicule 
étalée.  Le  calice  est  campanule,  divisé  en  cinq  petites 
dents  larges,  obtuses.  Les  fleurs  sont  blanches,  composées 
de  cinq  pétales  et  d'un  très-grand  nombre  d'étamines. 
Le  fruit  est  une  baie  d'un  noir  bleuâtre ,  arrondie  et 
ombiliquée. 

Analyse  chimique.  Les  baies  et  les  feuilles  soumises 
aux  expériences  ont  produit  une  huile  volatile  d'une 
saveur  piquante  ,  du  tannin  ,  de  la  gomme ,  des  sels  à 
base  de  chaux  et  une  matière  colorante  jaune. 

Propriétés  médicinales.  Les  baies  et  feuilles  de  ce 
Laurier  sont  stomachiques,  antiseptiques  et  astringentes. 
On  en  retire  une  huile  essentielle  aromatique.  Les  dé- 
coctions qu'on  prépare  avec  le  Myrte  sont  utiles  dans 
beaucoup  de  circonstances  ,  et  lorsqu'il  s'agit  de  resser- 
rer les  sphincters   trop  relâchés.    On    emp'oie   son   eau 


(  290  ) 

distillée  comme  cosmétique.  On  recommande  les  bains 
de  Myrte  à  feuilles  de  laurier  dans  l'anasarque  et  dans 
les  affections  œdémateuses. 

Mode  d'administration.  L'huile  essentielle  se  pres- 
crit par  gros,  et  on  la  combine  avec  d'autres  substances 
iatraleptiques  pour  être  employée  au  dehors.  La  décoc- 
tion des  feuilles  depuis  une  once  jusqu'à  quatre. 


EXPLICATION    DE    LA    PLANCHE    DEUX    CENT    QUATORZE. 

La  plante  est  réduite  à  moitié. 

1.  Fleur. 

2.  Baie  entière. 

3.  Baie  coupée  transversalement. 


ÏTn'ixftyre  J^ej-cîmrfi/x.  J'ma^  . 


Per<>^  Jr 


MYRTFa    ahomatiofe 


(  ^91  ) 


l^^<VVV«VVV\VVVVVVVVVVVVV\'VV«<V\AVV%'VVX%V«ltM\lVV\>^l%>VV«'VV«^A/\^A/«VV\AA'«(V\AA/VVV\A'VVWV^  IVV« 


MYRTE  A  FEUILLES  DE  CITRON. 


(  Alexîiere  aromatique,  ) 


Synonymie.  Vulg.  Poivre  de  la  Jamaïque.  Myrte  Piment  , 
Myrte  tout-épice.  —  Bois  d'Inde  ;  bois  z' amour. —  Myrtus 
Pimenta.  Lin.  Icosandrie  Monogynie.  —  Juss.  Dicotyledon 
Polypet.  Ordre  VIL  Famille  des  Myrtes.  —  Mirtus  arbo- 
rescens  citri  foliis  glabris  ,  fruetu  racemoso  earyopliilli  sa- 
pore.  Poup.  Desp.  —  Laurus  aromaticus.  Claris.  Rob.  — • 
Piper  jamaicensis.  D.  — Myrtus  altissima  fruetu  caryophilli 
sapore.  Plum.  —  Myrtus  citri-folia.  Lam.  —  Caryophillus 
aromaticus  americanus,  Lauri  acuminatis  foliis,  fruetu  or- 
biculari.  Pluck.  Alm.  88.  tab.  i55.  f.  4«  Caryophillus  foliis 
oblongo-ovatis  ,  alternis  ,  racemis  terminalibus  et  latera- 
libus.  Brown.  Jam.  247. 


Caractères  génériques.  Calice  à  cinq  dents  \  cinq 
pétales,  baies  à  trois  loges.  —  Semences  réniformes. 

Caractères  particuliers.    Feuilles  opposées-ovales. 

Histoire  naturelle.  L'analogie  qui  existe  entre  les 
familles  des  végétaux  a  fait  reclierclier  les  feuilles  nom- 
breuses de  ce  Myrte  pour  le  tannage  des  cuirs.  L'espèce 
qui  nous  occupe  croît  naturellement  aux  Antilles ,  dans 
les  Indes -Occidentales,  ainsi  que  dans  les  bois  septen- 


(  ^9^  ) 

trionaux  de  la  Jamaïque  ,  et  principalement  sur  les  re- 
vers des  collines  auxquelles  ces  arbres  ,  toujours  verts , 
donnent  un  aspect  sombre  et  silencieux ,  si  recheiché 
par  les  amans  qui  ont  consacré  le  Myrte  à  Vénus. 

Sous  le  simple  lambris 
Des  myrtes  verts  et  des  rosiers  fleuris 
Entrelacés  par  la  main  du  mystère , 
L'Amour  conduit  les  enfans  de  Cypris. 

(Ma.i.f\i.â.tke.  Narcisse,  ch.  i.) 

Lorsque  cet  arbre  est  en  fleurs,  il  est  d'une  blancheur 
éblouissante  ^  les  fruits  qui  leur  succèdent  étant  parve- 
nus à  leur  maturité ,  on  en  fait  la  récolte  pour  les  faire 
sécher  au  soleil.  Ils  perdent  en  se  desséchant  la  couleur 
verte  qu'ils  avaient  primitivement,  pour  en  prendre 
une  d'un  roai^e  clair ,  ou  rouge-brun  ponctué  de  gris. 
Ainsi  que  ses  congénères,  le  Myrte  Piment  exhale  une 
odeur  suave,  et  il  suffit  de  loucher  son  feuillage  pour  se 
parfumer  les  doigts.  Tous  les  Myrtes  se  multiplient  et  se 
cultivent  de  même,  c'est-à-dire  de  graines,  de  mar- 
cottes ,  de  boutures  et  rejetons.  Il  leur  faut  une  terre 
substantielle  et  meuble.  Ils  aiment  le  soleil  et  l'eau , 
qu'on  doit  leur  prodiguer  pour  qu'ils  conservent  leur 
feuillage.  En  Europe  ,  ce  Myrte  demande  la  serre  chaude. 
Ses  feuilles  opposées,  grandes,  ovales  et  lisses,  répan- 
dent une  odeur  très-aromatique  de  girofle,  et  ses  baies 
font  partie  des  épices  et  sont  employées  par  les  parfu- 
meurs. Le  mot  Myrtos,  en  grec,  &i§mûe  parfum.  Les 
ramiers  sont  friands  des  baies  de  cet  arbre,  qui  donnent 
à  leur  chair  une  qualité  exquise. 

Caractères  physiques.   Cet  arbre  est  très-beau,  re- 
marquable par  ses  larges  et  belles  feuilles  ,  et  par  Todeur 


(293  ) 

infiniment  agréable  de  ses  fleurs.  Il  se  divise  en  rameaux 
quadrangulaires  ailés  ,  d  une  couleur  brune  ,  couverts  de 
leuilles  ovales  lancéolées,  terminées  en  pointe  aiguë, 
très-eniières ,  vertes  et  luisantes  en  dessus ,  ternes  et 
pales  en  dessous,  glabres.  longues  de  six  pouces  envi- 
ron, sur  deux  de  largeur,  portées  sur  des  pédoncules 
fortement  colorés  d'un  brun  rougeàtre,  d'environ  quatre 
lignes  de  long  ,  plats  en  dessus  ,  arrondis  en  dessous. 
Les  grappes  de  fruits  ou  baies  sont  terminales  ,  noires  , 
spliériques  et  ombiliquées.  Chaque  pédoncule  commun 
en  supporte  d'autres  qui  sont  alternes  et  de  différentes 
grandeurs.  Cette  panicule  est  très-étalée,  et  contient  un 
très-srand  nombre  de  fleurs. 

Les  fruits  sont  des  baies  dispermes,  recouvertes  d'une 
coque  épaisse  ,  rugueuse ,  partagée  en  deux  loges  pres- 
que égales  ,  et  contenant  chacune  une  amande. 

Analyse  chimique.  Les  végétaux  qui  composent  la 
famille  des  Myrtes ,  d'après  les  savantes  recherches  de 
M.  Bonastre,  abondent  principalement  en  acide  gallique, 
en  tannin  et  en  huiles  essentielles  ,  dont  plusieurs  sont 
plus  pesantes  que  l'eau  ,  ainsi  qu'en  d'autres  produits 
immédiats  moins  importans,  il  est  vrai,  mais  qui  ont  entre 
eux  la  plus  grande  analogie.  (  Vovez  son  excellent  Mé- 
moire inséré  dans  le  Journal  de  Pharmacie.  Avril  iSi5,) 

Propriétés  médicinales.  Toutes  les  parties  de  l'arbre 
étant  aromatiques  et  astringentes  ,  on  les  applique  avec 
succès  dans  les  syncopes  qui  surviennent  après  la  morsure 
des  serpens  venimeux,  dans  les  ménorrhagies  ,  î'épis- 
taxis,  le  flux  excessif  des  hémorroïdes,  et  dans  les  der- 
niers temps  d'une  diarrhée  chronique  ,   mais  avec    tir- 


(  ^94  ) 

conspection.  On  fait  avec  ses  feuilles  simplement  ré- 
cliautfées  des  fomentations  dans  les  cas  de  luxations.  L'eau 
distillée  du  Myrte  Piment  est  déteisive  ,  astringente 
et  utilement  employée  pour  fortifier  les  parties  et  raf- 
fermir les  gencives.  On  la  prescrit  en  gargarisme  dans 
certaines  angines.  Le  vin  où  l'on  a  fait  bouillir  des 
feuilles  et  des  fleurs  de  cet  arbre  est,  dit-on,  stomachique, 
et  propre  à  prévenir  les  aigreurs  du  pvrosis  ,  à  arrêter  le 
hoquet ,  à  remédier  au  relâchement  de  la  luette  ,  à  la 
chute  du  fondement  et  de  la  matrice.  L'huile  qu'on 
obtient  par  la  macération  des  baies  est  très-recomman- 
dable  pour  les  onctions  de  l'épigastre  dans  la  dyspepsie , 
et  comme  iatraleptique.  On  en  a  vu  de  bons  effets  inté- 
rieurement et  extérieurement  dans  la  îeucophlegmasie. 

Mode  d'administration.  Le  sirop  du  suc  des  fruits 
se  prescrit  à  la  dose  d'une  demi-once  à  une  once,  dans 
une  infusion  d'une  des  plantes  alexitères.  Le  rob  s'admi- 
nistre à  moitié  dose. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT  QUINZE. 

Le  dessin  est  réduit  à  moitié. 

1.  Fleur. 

2.  Grappe  de  baies. 

3.  Baie  entière. 

4-  Baie  coupée  transversalement  pour  faire  voir  les 
loges. 


pr  jij6\ 


2/l^»Jf*^rr*'  J^é'^rkTU^t//  X  J^àta-  - 


Per^e    ScK^ 


A]:vto>es:me  al  ex  itère 


(295) 


<s/vv  vv%  v\^^/v«  vvvv>AAAA  vv«  vv\  vxAiMA/vvxMMM/vx^^A  A/v«  v\AA^/^^^lVVV\^\^lVV\^'v^AA^lV^ 


ANTIDESME  ALEXITERE. 


(  Alexitère  aromatique.  ) 


Synonymie.  Antidesma  alexitaria.  Lin.  Dioécie  Pentandrie. 
Jus.  Siège  incertain.  Antidesma  foliis  ovato-oblongis  ;  spicis 
foliis  brevioribus  ;  baccis  cjlindraeeis.  Noeli-Tali.  Rbeed. 
Mal.  4j  p«  1^5.  tab.  56.  Bestram.  Bram.  et  anc.  Encycl. 
Berberis  indica  aurantiae  folio.  En  espagnol,   Cordoreira. 


Caractèues  GÉNÉPiiQUES.  FlouFs  iiicomplètcs  ^  ar- 
bres ou  arbrisseaux  dont  les  flr;urs  ,  disposées  en  épis  , 
ressemblent  à  des  (liàtons.  Fleurs  toutes  unisexuelles  , 
les  mâles  séparées  des  femelles  sur  des  pieds  différens. 
Fleurs  mâles.  Calice  à  cinq  folioles  concaves  -,  cinq  éta- 
mines  dont  les  filets  déliés  dépassent  le  calice ,  et  sup- 
portent des  anthères  arrondies  et  semi-bifides.  Lin. — 
Fleurs  femelles.  Calice  très-petit  et  à  cinq  divisions  5 
ovaire  supérieur,  ovale,  chargé  de  trois  styles  courts, 
mêmes  stigmates.  Baie  ovale  ou  cylindrique  contenant 
une  seule  graine  ovoïde.  La  pulpe  de  ce  fruit  est  un  brou 
succulent  plus  ou  moins  épais. 

Caractères  PARTICULIERS.  Fleur  mâle.  Calice  5-phylle; 
corolle  nulle  ;  anthères  bifides.  Femelle.  Calice  S-phylle-, 


(  296  ) 

corolle  nulle  ;   5    stigmates  ^   baie   cylindrique    monos- 
perme. 

Histoire  naturelle.  Cet  arbre,  toujours  vert,  croit, 
naturellement  sur  la  côte  de  Malabar  et  dans  l'Inde.  On 
le  rencontre  actuellement  assez  souvent  aux  Antilles, 
où  il  paraît  se  plaire,  et  où  la  couleur  rouge  de  ses  fruits 
le  fait  distinguer ,  et  appelle  le  désir  du  voyageur  altéré 
qui  trouve  dans  sa  pulpe  un  acide  légèrement  astrin- 
gent propre  à  étancber  sa  soif.  Son  écorce  est  employée 
aux  Indes  pour  faire  des  cordes,  et  y  remplace  le  chan- 
vre. Ses  fruits  y  sont  recherchés  par  les  naturels,  et 
sont  aussi  rafraîcliissans  que  ceux  du  Vinettier.  Ses 
feuilles  passent  pour  Pantidote  de  la  morsure  du  serpent 
appelé  Hérétimandel  par  les  Malabares.  Cette  morsure 
ne  fait  pas  mourir  sur-le-champ,  mais  les  chairs  se  cor- 
rompent peu  à  peu,  tombent  en  sphacèle ,  et  le  malade 
succombe  après  des  douleurs  atroces  et  continuelles.  On 
ne  guérit  de  cette  horrible  maladie  qu'en  buvant  Teau 
d'une  décoction  de  ses  feuilles  ,  à  laquelle  on  a  ajouté  le 
fruit  du  Mangien  mariné  au  sel.  (Encyl.  méth.) 

Caractères  physiques.  L'Antidesme  alexitère  est  un 
arbre  de  grandeur  moyenne  ,  dont  le  tronc  est  médio- 
crement épais.  Le  bois  blanc  est  recouvert  d'une  écorce 
cendrée  ,  elles  rameaux  sont  nombreux  et  verdàtres.  Ses 
feuilles  sont  alternes  ,  ovales,  oblongues,  pointues,  très- 
entières  ,  un  peu  épaisses,  glabres,  lisses  et  d'un  vert 
noirâtre  en  dessus,  munies  en  dessous  de  quelques  ner- 
vures latérales  qui  partent  de  leur  côte  moyenne  ,  et 
portées  chacune  sur  un  pétiojç  très-coyrt.  ]Les  fleurs 
sont  pje|;ites,   d'une  couleur  herbacée  j  çans  ,odeur,  et 


(  297  ) 
naissent  en  petits  épis  axillaires ,    plus  courts  que  les 
feuilles  qui  les  accompagnent. 

Les  fruits  sont  de  petites  baies  oblongues,  presque 
cylindriques  ,  d'uii  beau  rouge  lorsqu'elles  sont  mûres  , 
comparables  à  celles  de  TEpine-VinetJ^e ,  d'une  saveur 
acide  un  peu  astringente,  et  monospérmes.  (Encycl. 
méth.  ) 

Analyse  chimique.  L'acide  du  fpui^, rougit  les  cou- 
leurs bleues  végétales  ,  l'acide  concentré  les  brunit.  La 
décoction  offre  beaucoup  de  tannin  ,  d'où  lui  vient  en 
partie  sa  vertu  alexilère. 

Propriétés  médicinales.  L'Antidesme  n'est  pas  seu- 
lement alexitère ,  l'écorce  de  sa  racine  est  astringente  et 
détersive  *,  on  l'emploie  dans  les  décoctions  pour  les  cours 
de  ventre  et  la  dysenterie.  Le  fruit  est  recliercbé  dans 
les  mêmes  maladies  ,  et  dans  celles  bilieuses.  On  en  met 
une  poignée  pour  chaque  pinte  de  liquide.  Le  rob  fait 
avec  ses  fleurs  convient  dans  les  caîharres  chroniques 
adynamiques.  Le  suc  des  baies ,  combiné  avec  le  ni- 
trate de  potasse  ,  convient  dans  la  dysurie  et  la  gastro- 
entérite. 

Mode  d'administration.  On  confit  les  fruits  au  su- 
cre ,  on  en  fait  un  sirop  ,  des  gelées  qu'on  ajoute  aux 
juleps  astringens  et  rafraîcliissans.  Le  rob  fait  avec  une 
décoction  rapprochée  de  ses  fleurs  ,  se  prescrit  à  la  dose 
d'une  once.  La  décoction  des  feuilles  par  verrées.  J'y 
faisais  ajouter  le  sirop  des  fruits  ,  ces  principes  acides  et 
saccharins  convenant  dans  beaucoup  de  cas  d'empoison- 
nement. 


(  298  ) 

EXPLICATION    DE    LA    PLANCHE    DEUX    CENT    SEIZE. 

La  plante  est  réduite  à  moitié. 

1.  Branclie  chargée  de  fruits. 

2.  Fleur  femelle  décomposée. 

3.  Baie  entière. 
4*  Baie  ouverte. 

5.  Fleurs  mâles  en  grappe. 

6.  Fleur  mâle  de  grandeur  naturelle. 


/y.  217. 


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CONISE   OBOIIAXTK 


(  299  ) 

CO^'YSE  ODORANTE. 

{yllexitère  interne.) 

Synonymie.  Vulg.  Grande-Sauge.  Conyza  odorata.  Lin.  Syn- 
génésie  polygamie  superflue;  Tournef.   Glas.  12.  Floscul. 

—  Jussieu,  famille  des  Gorymbilères.  —  Conyza  fruticosa, 
foliis  ovatis  petiolatis  subdentatis  tomenlosis  ,  floribus  co- 
rymbosis  aggregatis  ,  calvcibus  hemispbaericis.  Lara.  — Go- 
nyza  arboreseens  purpurea,  verbasci  folio  unduiato.  Phim., 
spec.  9.  Burm.  Amer.,  t.  97  ,  folium  separatum.  Tourn.  455. 

—  Gonyza  major  odorata,  S.  Baccbaris  floribus  purpureis 
midis.  Sloan.  Jam.  Hist.  1  ,  p.  258,  t.  i52  ,  f.  1. 

CAriACTÈrtES  GÈNÉuiouEs.  Flcurs  composées,  de  la  di- 
vision des  Flosci'Jeuses  Corymbi fores ^  herbes,  arbustes, 
ou  arbiisseaux  à  feuilles  simples  et  alternes,  et  dont  les 
jfleurs  viennent  communément  en  corvmbe  termin '.1.  La 
fleur  est  composée  d'un  calice  commun  ,  oblong  ou  ar- 
rondi, et  embriqué  d'écaillés  pointues.  Fleuioiis  beima- 
plirodites ,  lubulés  ,  quinquéfîdes  ,  nom'nrcux  ,  placés 
dans  son  disque,  et  de  fleurons  femelles  k  limbe  trifide, 
situés  à  la  circonférence.  Ces  fleurons  sont  posés  sur  un 
réceptacle  nu,  et  entourés  par  le  calice  commun.  Le 
fruit  consiste  en  plusieurs  petites  semences  oblongucs, 
chargées  chacune  d'une  aigrette  simple  et  sessile. 
Tome  IÎL  —  55^ Li\^raison.  24 


(  3oo  ) 

Caractères  particuliers.  Tige  ligneuse  ,  feuilies 
ovales,  dentées  en  scie,  comme  duvetées,  aiguës  :  tisre 
en  corymbe  ;  coi  olles  comme  globuleuses.  (Amer,  mérid.) 

HiSToniK^NATURELLE.  Lcs  Conjses  ,  suivant  l'auteur 
de  cet  article  dans  rEncyclopédie  par  ordre  de  matières, 
ne  diiTèient  des  Bacchantes  qu'en  ce  que  leurs  fleurons 
ne  sont  point  mêlés  parmi  les  liermaplirodites  ;  mais  ce 
caractère  est  si  mal  établi,  que  peut-être  serait-il  plus 
convenable  de  réunir  ces  deux  genres.  On  les  distingue 
des  Giiaplialiuîn  par  leur  calice  non  scarieux,  et  dont 
les  écailles  ne  sont  point  arrondies^  et  des  Eupatoires, 
en  ce  que  tous  leurs  fleurons  ne  sont  point  hermaphro- 
dites. Cet  arbrisseau  ,  dont  Todeur  est  forte  .  mais  agréa- 
ble ,  se  plait  dans  toute  T Amérique  méridionale  ,  dans 
les  endroits  humides,  et  fait  partie  des  espèces  odorantes 
qui  garnissent  les  lagons  ou  le  bord  des  rivières.  On 
rencontre  encore  souvent  aux  Antilles  la  Conyse  en 
arbre,  la  Conyse  à  feuilles  de  Coignassier,  la  Conyse 
lobée,  la  Conyse  Alopecuroïdes ,  et  la  Conyse  en  épis. 
Certains  nègres  de  Guinée  offrent  la  Conyse  odorante  à 
leurs  dieux,  et  en  brûlent  en  se  prosternant.  Ils  jonchent 
de  leurs  feuilles  les  tombeaux  de  leurs  amis. 

Caractî^res  physiques.  La  Conyse  odorante  forme  un 
arbrisseau  de  quatre  ou  six  pieds  de  hauteur  ,  dont  la 
tige  est  droite,  de  Tépaisseur  du  pouce,  à  écorce  gri- 
sâtre ,  et  à  rameaux  cotonneux  et  feuilles.  Ses  feuilles 
sont  ovales,  ou  ovales-oblongues,  pétiolées^  les  unes 
entières ,  les  autres  légèrement  dentelées  -,  molles  ,  co- 
tonneuses ,  particulièrement  en  dessous  ,  et  d'un  vert 
cendré  ou  blanchâtre.  Elles  sont  longues  de  quatre  ou 


(  3oi  ; 
cinq  pouces,  sur  plus  de  deux  pouces  de  largeur.  Les 
fleurs  sont  purpurines,  disposées  en  corymLes  denses, 
composés  et  terminaux,  sur  des  pédoncules  courts  et 
cotonneux.  Les  calices  sont  iiémispliériques ,  embriqués 
d'écaiîles  cotonneuses  ,  courtes  et  un  peu  obtuses.  Les 
fleurons  liermaplirodites  occupent  le  disque  de  la  fleur, 
et  les  femelles  sont  en  assez  grand  nombre  à  sa  circon- 
férence. 

Analyse  chimique.  Le  suc  exprimé  de  la  Conysc 
odorante ,  à  l'époque  de  la  floraison ,  a  produit  une  cire 
résineuse,  une  matière  extractive  avec  malate  de  potasse, 
un  extractif  gommeux ,  un  principe  colorant,  de  l'al- 
bumine ,  une  substance  glutineuse  dans  la  fécule  verte , 
et  un  peu  de  nitrate  de  potasse. 

PROPPaÉTÉs  MÉDICINALES.  Sou  odcuF  aromatiquc ,  com- 
parable à  celle  de  la  Sauge  d  Europe,  la  fait  employer 
dans  les  mêmes  circonstances.  Les  nègres  recherchent 
la  Conyse  odorante  pour  Futiliscr  en  cas  de  blessures 
faites  par  les  animaux  venimeux.  On  l'emploie  aussi  dans 
les  bains  chauds  et  clans  les  fomentations  contre  les  pa- 
ralysies. L'infusion  de  ses  feuilles  est  stomachique  ,  et 
les  sommités ,  mêlées  aux  alimens  ,  excitent  l'appétit  et 
facilitent  la  digestion.  En  général,  et  comme  l'observe 
judicieusement  Virey,  les  plantes  aromatiques  doivent 
être  employées  comme  alexitères. 

On  rencontre  aussi;,  aux  Antilles,  la  Conyse  lobée,  vul- 
gairement appelée  Herhe  à  Piques ,  et  qui  est  estimée 
comme  aîexitère.  Sa  saveur  est  amère,  aromatique^  son 
extrait  contient  de  l'acide  acétique  libre ,  autant  de 
chaux  et  de  potasse  \   elle  convient  dans  les  affections 

24* 


(    302     ) 

séreuses  du  bas-ventre,  dans  les  obstructions  ,  dans  les 
engorgeniens  squirieux  du  mésentère,  dans  les  pâles 
couleurs  et  les  anorexies.  Elle  est  fort  commune  à  la 
Guadeloupe. 

Mode  d'administrations'.  La  Conyse  odorante  se  pres- 
crit au  dedans  par  infusion  tnéïforme  ,  et  au  dehors  par 
décoction.  On  fait  avec  les  fleurs  et  les  graines  une  li- 
queur alcoholique  qu'on  administre  par  cuillerée  à  café. 

EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEL'X  CENT  DIX-SEPT. 

La  plante  est  réduite  à  moitié. 
1 .  Fleuron  ouvert. 


M.  ^^. 


T'AxvJ'are  /fe^courM'^  J'iftur 


(rairu^  ScuA  ■ 


sArGK  A  ri.Ern^  Bi.A.^rfOi.s 


(  3o3  ) 


(vvx vv^'VV>w\vv>vv%:Vv\  vv»wvvv%vvvw»ivvw».'*w^x'v»'Vv*v\A vvvvwv^A■vww^'W^w^'VV^\v^  ■.v\'vv»**^ 


SAUGE  A  FLEURS  BLANCHES. 


(yilexitère  interne.) 


Synonymie.  Salvia  Leucantha.  Cavan.  Lin.  Décandrie  Mo- 
nogynie.  —  Jussieu  ,  famille  des  Labiées.  —  Tourn.  Clas. 
4.  Labiées.  —  Salvia  foliis  lanceolatis  ,  longis  ,  rugosis  , 
crenulatis  ;  floribus  spicatis,  calicibus  tomentoso-vioiaceis. 
Cavan.  Icon.  Rar.  Page  16,  n"  22,  tab.  24.  —  Salvia  foliis 
lanceolatis  ,  serratis  ,  rugosis  ,  subtùs  incavis  5  calicibus 
densissimè  incano-violaceo-tomentosis.  Vabl.  Enuni.,  Plant, 
vol.  1,  pag.  252,  n''  71.  —  Salvia  foliis  lineari-lanceolatis  , 
crenulatis  ,  rugosis  j  floribus  verticillato-spicatis,  calicibus 
tomentosis.  Willd.  Spec-  Plant,  vol.  1  ,  page  12g  ,  n"  5. 
En  espagnol ,  Salvia.  —  En  portugais-  Salvetta.  —  En  an- 
glais ,  Sage. 


Caractères  géjsériques.  Plantes  dicotylédones  ,  à 
fleurs  complètes  ,  monopétalées  ,  irrégulières  ,  de  la  la- 
mille  des  Labiées ,  lierbes  ou  sous-arbrisseaux  à  feuilles 
opposées  ,  entières  et  cjuelquelois  pinnatifides  ^  fleurs 
verlicillées  en  épis,  munies  de  bractées.  Calice  à  deux 
lèvres  -,  corolle  en  gueule  -,  les  filamens  des  étamines  al- 
tacliés    transversalement    sur    un  pédicule  ,   et    comme 


(  3o4  ) 
fourclius  ^  ovaire  à  quatre   divisions  ;   quatre    semences 


souvent  muciiagineuses. 


Caractères  particuliers.  Tige  quadrangulaire,  feuilles 
crénelées,  cotonneuses  en  dessous  ^  fleurs  également  to- 
menteuses. 

Histoire  naturelle.  Toutes  les  espèces  de  cette  fa- 
mille nombreuse  jouissent  plus  ou  moins  des  propriétés 
toniques  ,  diaphorétiques  et  alexitères.  La  Sauge  à  fleurs 
blanches,  originaire  du  Mexique,  se  rencontre  dans 
plusieurs  lies  Antilles,  où  elle  est  préconisée  comme 
alexitère.  Les  nègres  l'emploient  comme  condimeiit  , 
et  la  mélangent  quelquefois  aux  herbages  ,  ou  brèdes 
qui  servent  à  former  leurs  calalous.  Ils  la  recherchent 
aussi  pour  fumer  leurs  aiguillettes  de  bœuf,  de  cabri  et 
de  cochon  marron.  Les  feuilles  de  cette  Sauge  rempla- 
cent celles  du  Thé  ,  et  sont  tout  aussi  agréables.  On 
veut  toujours  ce  qu'on  n'a  pas,  et  c'est  bien  le  cas  d'ob- 
server ici  que  les  Chinois  donnent  deux  caisses  de  Thé 
vert  pour  une  seule  de  Sauge. 

CARiCTÈRES  PHYSIQUES.  Scs  tigcs  soiit  quadraugu- 
laires  ,  droites  ,  rameuses  ,  hautes  de  cinq  pieds  environ, 
garnies  de  feuilles  opposées  ,  pétiolées  ,  étroites,  lancéo- 
lées, longues,  ridées,  crénelées  à  leur  contour  ,  blan- 
châtres, et  tomenteuses  en  dessous,  d'un  vert  foncé  à 
leur  face  supérieure,  supportées  par  des  pétioles  courts, 
presque  connivens  ,  munis  à  leur  base  de  glandes  très- 
petites,  semblables  h  des  points  bruns. 


(  3o5  ) 

Les  fleurs  sont  disposées  en  longs  épis  terminaux, 
interrompus,  composés  de  verticilles  à  plusieurs  fleurs 
couvertes  d'un  duvet  lomenleux,  lanugineux,  violet. 
Le  calice  est  de  même  couleur,  très -velu,  à  deux  lè- 
vres j  la  lèvre  supérieure  aiguë ,  entière  *,  l'inférieure 
légèrement  bifide.  La  corolle  est  blanche,  une  fois  plus 
grande  que  le  calice  -,  sa  lèvre  supérieure  en  voûte  vers 
son  sommet,  plissée  ,  entière,  velue  ^  l'inférieure  a  trois 
découpures  arrondies  ,  presqu'égales  ,  qui  offrent  en  des- 
sous une  petite  bosse  courte.  (Encycl.  méth.) 

Analyse  chimique.  La  Sauge  blanclie  conîieîit  une 
huile  volatile  ,  un  extrait  résineux,  une  substance  gom- 
meuse  ,  de  la  gomme,  une  autre  sorte  de  gluten,  de  la 
fibre  ligneuse,  du  nitrate  de  potasse ^  et  quelques  ma- 
tières azotées. 

Propriétés  médicinales.  On  attribue  tant  de  pro- 
priétés aux  Sauges  oihcinales  ,  que  l'école  de  Salerne 
trouvait  étonnant  qu'on  pût  mourir  quand  on  en  pos- 
sédait un  pied  dans  son  jardin. 

Cur  moriatur  homo  ,  cui  Saluia  crescit  in  horto. 

Cette  plante  héroïque  est  douée,  il  est  vrai,  de  pro- 
priétés incontestables  \  c'est  pourquoi  on  la  recom- 
mande comme  tonique  pour  rappeler  l'appétit ,  activer 
la  circulation  dans  la  chlorose  et  les  syncopes  ner- 
veuses. Elle  produit  de  bons  eiiets  dans  l'asthme  hu- 
mide et  la  toux  catarrhale.  Lifusée  dans  du  vin,  elle 
modère  les  sueurs  débilitantes  qu'éprouvent  les  conva- 


(  3o6  ) 

îescens.  Eu  gargarisme  ,  elle  guérit  les  aphllies  et 
autres  ulcérations  de  la  bouche ,  et  fortifie  les  gencives. 
La  poudre  des  feuilles  séchées  offre  Un  très-bon  ster- 
nutatoîre.  Appliquée  en  sachet  dans  les  infiltrations  du 
tissu  cellulaire  et  dans  les  échymoses,  elle  agit  comme 
tonique  et  résolutive.  Les  nouveaux  fumeurs  préfèrent 
cette  Sauge  au  Tabac.  J'ai  guéri ,  par  ce  moyen  et  par 
la  seule  infusion  de  cette  plante  ,  un  ancien  militaire 
qui  5  par  suite  de  campement  dans  des  endroits  humi- 
des ,  était  affecté  d'un  asthme  tellement  intense  ,  qu'il 
lui  était  impossible  de  conserver  la  position  horizontale. 
La  décoction  des  feuilles  et  des  fleurs  fortifie  les  nerfs, 
ramollit  les  tumeurs  et  dissipe  les  enflures.  Cette  plante, 
ainsi  que  les  Labiées  ,  excite  l'action  des  organes,  et  dé- 
veloppe momentanément  les  fonctions  de  la  vie.  On  em- 
ploie aussi  cette  plante  comme  emménagogue  pour  sti- 
muler l'utérus.  On  conçoit  que,  d'après  ces  propriétés  sti- 
mulantes ,  il  serait  inconvenant  de  prescrire  cette  plante  à 
des  tempéramens  irritables  ^  et  même  en  cas  de  paralysie 
et  de  tremblemens  musculaires,  elle  ne  doit  être  indi- 
quée que  si  le  sujet  est  lymphatique  ,  ou  peu  impres- 
sion uable  ^  il  en  est  de  même  si  l'on  a  à  traiter  une 
leucorrhée  invétérée  ,  ou  une  ménhorragie  rebelle,  ainsi 
qu'un  rhumatisme  errant.  On  apprécie  ses  vertus  contre 
les  poisons,  et  dans  le  cas  de  maladies  contagieuses  et 
quelques  fièvres  d'accès. 

Mode  d'administration.  On  prépare  avec  les  fleurs 
de  Sauge  une  conserve  et  une  eau  distillée.  La  dose  de 
la  poudre  est  d'un  gros,  soit  en  suspension  dans  une 
infusion  ,    soit  en  pillulcs  ou  en  opiat.    La  teinture  aï- 


(  3o7  ) 

coîiolique  se  prescrit  par  un  gros.  L'huile  essentielle  se 
donne  depuis  cinq  jusqu'à  dix  gouttes  dans  un  jaune 
d'oeuf. 

EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT  DIX-HUIT. 

La  plante  est  dessinée  demi-grandeur  naturelle. 

1 .  Calice. 

2.  Corolle. 


(  3o8  ) 


^V\\AA'VV>iVV«A/V>'VV\<VV\A/V>\'VX\/V«^iV%iVV't'VVX  VVVVV>A/V'^VV\^V«'VVIVV%VV\/VV\IVVVVV\VV\V\A'VVX^ 


ORANGER  A  FEUILLES  DE  MYRTE. 


(^udlexitere  interne.^ 


Synonymie.  Aurantium  mjrtifolluni.  Lin.  Polyadelpîiie  ico- 
sandrie.  —  Tournefort.  Clas.  21.  Arbres  rosaces.  Sect.  6. 
—  Juss. ,  famille  des  Orangers.  En  espagnol,  Naianj'o/  en 

:     portugais  ,  Tarangeira;  en  anglais,  Orange-tree. 


Caractères  génériques.  Calice  à  cinq  divisions  ;  cinq 
pétales  -,  environ  vingt  étamines  -,  les  filamens  comprimes, 
réunis  inférienrement  en  cylindre,  divisés  en  plusieurs 
faisceaux  antliérifères  ;  un  style  5  un  stigmate  en  tête  ^ 
une  baie  celluleuse,  partagée  en  plusieurs  cloisons  mem- 
braneuses, longitudinales,  entourée  d'une  écorce  épaisse, 
ridée  et  glanduleuse  j  ses  semences  sont  cartilagineuses. 
(FI.  d.  D.) 

Caractères  particuliers.  Feuilles  très-petites  et  très- 
rapprochées.  Epines  courles  et  dures. 

Histoire  r;ATURELLE.  Il  suffit  de  prononcer  le  mot 
Oranger  pour  que  Fimagination  se  reporte  au  milieu  des 
belles  forêts  du  Nouveau -Monde  ,  où  les  pommes  d'or 
de  cet  arbre  enchanteur  contrastent  si  bien  avec  la  riche 


(  3o9  ) 

verdure  de  leur  feuillage  et  la  blaucîieur  de  leurs  fleurs  j 
car  on  y  voit  toujours  ensemble  les  progrès  de  la  végé- 
tation.   L'Oranger  qui  nous    occupe    a  toutes   ces  pro- 
priétés,  et  ne  diiTère  de  TOranger  de  la  Chine  que  par 
quelques  caractères  botaniques  ,  tels  qu'un  feuillage  plus 
serré  et  des  feuilles  très-petites-,  par  des  épines  courtes 
et  des  fleurs  moins  développées ,  ainsi  que  par  des  fruits 
infiniment  plus  petits-,  aussi  la  stature  de  l'arbre  est-elle 
beaucoup  moins  élevée.  Il  n'atteint  guère  que  laliauîeur 
de  dix  à  douze  pieds-,   son  bois  est  également  dur,  d'un 
blanc  jaunâtre  ,  d'un  grain  compacte,  fin  et  uni.  Par  une 
sage  prévoyance,  le  Créateur,  selon  l'observation  juste 
de  Virey,   a   garanti  les  germes  des  semences  des  végé- 
taux en  les  entourant  d'un  périsperme  oléagineux  -,  car 
toutes    les   huiles   fines    des  végétaux  se   trouvent  dans 
cette  partie  presque  uniquement  :  de  même  l'épiderme 
de  tous  les  animaux  terrestres  est  naturelleuient  huilé 
par  cette  merveilleuse  prévoyance.  C'est  daprès  cela  que 
le  D.  \  irey  a  reconnu  aux  huiles  volatiles  la  propriété 
de  préserver  les  plantes   de  la  moisissure.    On  sait  que 
lorsqu'il  se  forme  des  moisissures  sur  la  surface  des  grais- 
ses ,  ou  des  huiles,  c'est  lorsque  ces  dernières  contiennent 
encore  des  substances  mucilagineuses,  ou  gélatineuses, 
capables  de  passer  à  la  fermentation  acide  et  à  la  putré- 
faction :   mais   quand  les    corps  gras  sont  parfaitemicnt 
purs,   ces  végétaux  ne  s'y  développent  pas.  Suivant  le 
même  chimiste ,  plusieurs  parties  fort  délicates  des  végé- 
taux souffrent ,    et  même  périssent  par  l'application  des 
huiles  volatiles.  Celles  que  les  fleurs  et  d'autres  parties 
des  plantes  forment  et  recèlent  naturellement  sont  ren- 
fermées toujours  dans  de  petits  utriculcs  particuliers  qui 


(3io) 

les  isolent  du  parenchyme.  Ainsi,  dans  les  semences  des 
Ombellifères ,  dans  Fécorce  du  fruit  des  Hespéridées , 
riiuile  volatile  est  séparée  de  l'embryon  de  la  semence , 
car  son  contact  immédiat  ferait  périr  le  germe.  Le  doc- 
teur Mac-Cullocli ,  d'Edimbourg ,  empêche  l'encre  de 
moisir  en  y  jetant  un  peu  de  Gérofle  ou  de  son  huile 
volatile.  Le  Camphre  produit  le  même  effet.  On  confit 
les  jeunes  fruits  avant  leur  maturité-,  les  cuisiniers  re- 
cherchent Fécorce  comme  condiment. 


Caractères  physiques.   On  a  déjà  reniarqué ,  diiPoi- 
ret,  que  même  dans  les  individus  sauvages  il  y  avait  très- 
peu  de  différence  entre  les  Orangers  et  les  Citronniers  ^  à 
plus  forte  raison  parmi  les  variétés  produites  par  Fart  ou 
par  la  nature.  L'Oranger  à  feuilles  de  Mvrle  offre  à  l'as- 
pect un  feuillage  diffus,  serré,  sans  ordre,  partie  opposé, 
partie  alterne.  Les  feuilles  sont  persistantes  ,  ovales,  ai- 
guës, lancéolées  ,  et  petites  comme  celles  du  Myrte  ,  lé- 
gèrement dentées,  très-proches  les  unes  des  autres-,  les 
fleurs  sont  blanches  comme  celles  de   l'Oranger  ordi- 
naire ,  très-odorantes  ,  et  par  bouquets  à  l'extrémité  des 
rameaux.   Les  fiiamens  sont  réunis  en  faisceau  par  une 
membrane  ,  qui  ensuite  se  déchire  en  plusieurs  segmens 
chargés   chacun  d'un  certain  nombre   d'étamines.   Les 
fruits  sont  de  la  grosseur  et  de  la  forme  d'une  pomme 
d'api  moyenne,  le  plus  souvent  sessiles,  d'un  jaune  doré 
à  l'extérieur  et  pointillé ,  et  blanc  en  dedans  ,  divisés  en 
plusieurs  loges  par  des  cloisons  membraneuses  et  trans- 
parentes, renfermant  chacune  des  semences  sans  pcris- 
permc. 


(3ii  ) 

Analyse  chimique.  Les  Hespéridées  de  Des  vaux,  ou 
Orangers,  offrent  abondamment  un  acide  citrique  fort 
agréable,  quelquefois  ccmibiné  à  un  principe  amer, 
comme  dans  la  Bigarade,  ou  à  un  principe  colorant 
rouge  ,  comme  dans  l'Orange  de  la  Chine  ,  mais  plus 
souvent  contenant  une  matière  sucrée  dans  une  pulpe 
vésiculeuse.  L'enveloppe  extérieure  de  ces  fruits  est  em- 
preinte d'une  huile  volatile  suave  ,  dans  un  parenchyme 
fongueux ,  amer.  Les  feuilles  et  les  fleurs  des  Orangers , 
selon  Boullav,  contiennent  aussi  une  huile  essentielle 
volatile  cj[u'on  obtient  facilement  par  la  distillation.  La 
fleur  surtout,  indépendamment  de  cette  huile,  produit 
de  l'acétate  de  chaux  ,  de  l'acide  acétique  en  excès ,  de 
l'albumine  ,  un  principe  jaune  amer  ,  soluble  dans 
l'alcohol,  insoluble  dans  l'éther,  et  une  matière  gom- 
meuse. 

Propriétés  MÉDicmALES.  D'après  Fexamen  chimiifue 
des  parties  constituantes  du  feuillage ,  des  fleurs  et  des 
fruits  des  Orangers  qui  offrent  un  acide,  de  l'albumine, 
du  tannin,  etc.  ,  il  est  facile  de  concevoir  pourquoi  les 
naturels  les  emploient  contre  les  empoisonnemens.  L'eau 
distillée  des  fleurs  est  cordiale ,  hystérique  et  vermifuge. 
Elle  fortifie  l'estomac,  active  la  circulation,  fait  mourir 
les  vers  des  enfans,  et  apaise  les  contractions  de  l'uté- 
rus. Son  usage  journalier  dans  les  maladies  nerveuses 
sert  à  prouver  qu'elle  est  éminemment  anti-spasmodique. 
Poupée-Desportes  recommande  comme  détersive,  dans 
la  gonorrhée  et  la  leucorrhée ,  une  tisane  faite  avec  une 
once  de  limaille  d acier,  un  demi-gros  de  sel  ammoniac, 
une  pincée  d'écorce  d'orange-myrthe,  de  liane  à  savon, 


(  3i..  ) 

de  gommier  et  de  bois  marie  ^  une  demi -pincée  de 
verveine  puante  pour  trois  chopines  d'eau  réduites  à 
deux. 

Mode  d' administration.  Les  naturels  recommandent 
la  poudre  d'écorce  sèclie  de  Torange-myrte  à  la  dose 
d'un  gros  dans  une  infusion  hystérique  contre  les  tran- 
chées des  nouvelles  accouchées.  Ils  préparent  aussi  avec 
une  pincée  de  safran  introduit  dans  une  bigarade  qu'on 
fait  cuire  sous  la  cendre,  et  qu'on  met  infuser  dans  une 
bouteille  de  vin  blanc,  un  remède  i^mménagogue  dont 
ils  font  le  plus  grand  éloge.  Ils  appliquent  aussi  sur  le 
nombril  des  jeunes  enfans  attaqués  de  vers  une  orange 
creusée  et  remplie  de  deux  gros  de  thériaque  et  bou- 
canée sous  la  cendre  chaude.  Les  médecins  prescrivent 
Veau  distillée  à  la  dose  d'un  à  quatre  gros.  Poupée-Bes- 
portes  donne  encore  la  composition  des  bols  fébrifuges 
suivans.  Prenez  écorce  d'orange-myrte  et  de  citronnier 
pulvérisés  ,  un  gros  de  chaque*,  sel  ammoniac  et  limaille 
de  fer  porpliyrisée ,  de  chac[ue  un  scrupule  5  sirop  de 
fleurs  d'orange  ,  quantité  suffisante. 

EXPLICATION    DE    LA    PLANCHE    DEUX  CENT   DIX-NELF. 

La  planche  est  dessinée  de  demi-grandeur. 


jy.  22i 


T%eo€/at^  De^rour^h/K,  J*ù^œ 


(^èfie/  Sett^  - 


OHAIVGËR  PA^n^EÎ.MOrS'K  -rilADEi^ . 


3i3  ) 


^/v»vv>vvvvv^%v^v\.^\'V'^'VV\v\'»'vv\vv^lVV^vv»vi'»vv^^AAvv\xv\^/v>vv*vv\^,v'/vv*'Vv^vv^vv^'vv\vv*/vv-\  w» 


ORANGER  PAMPELMOUSSE. 


{Alexitère  interne.) 


Synonymie.  Vulg.  Chadec  ,  ou  Citron  des  Barbades.  Chadock, 
ou  ScLaddeck ,  tête  d'enfant.  —  Citrus  Decumana.  Lin. 
Polvadelphie  icosandrie.  Tournef.  —  Arbres  rosacés.  — 
JussieUj  famille  des  Orangers.  —  Citrus  petiolis  alatis  , 
foliis  obtusis  emarginatis.  Lin. ,  sjst.  reg.  58o.  —  Malus 
Aurantia  fruclu  rotundo  maximo  pallescente  caput  buma- 
num  excedente.  Sloan.  Jam.  212.  Hist.  1  ,  p.  4i  ?  tab.  12, 
fol.  2,3.  Limo  Deeumanusj  Pampelmoes.  Rumpb.  Amb.  2, 
p.  g6  ,  t.  24  ,  f.  2.  —  Aurantium  fructu  omnium  maximo 
Pampelmus  dicto.  Burm.  Zeyl. ,  p.  Sg. -—  Citrum  arbor 
eximia,  foliis  majoribus,  fructu  maximo  et  acriori.  Poupée- 
Desportes. 


Caractères  génériques.  Calice  5-fîde,  cinq  pétales 
oblongs  ^  antbères  à  vingt  filets  connés  en  divers  corps  ^ 
baie  à  neuf  loges-,  loges  vésiculeuses. 

Caractères  particuliehs.  Pétioles  ailés-,  feuilles  ob- 
tuses ,  émarginées. 


(  3.4  ) 

HisTOiiiE  NATURELLE.  L'Omiiger  Pampeimoussc  diffère 
de  l'Oranger  par  ses  feuilles  et  par  ses  fruits  plus  grands, 
par  ses  fleurs  plus  en  grappes,  et  par  ses  grappes  ve- 
lues. 11  a  été  apporté  des  Indes  par  le  capitaine  Clia- 
dock  ou  Schaddeck  ,  auquel  les  liabitans  des  Indes  oc- 
cidentales Font  consacré  par  reconnaissance.  Cet  arbre 
parait  avoir  dégénéré  par  la  culture.  On  lui  reconnaît 
pour  variétés:  lo  le  Pampelmousse  des  Barbades ,  ou 
Schaddeck  sans  épines,  dont  les  feuilles  sont  épaisses, 
ovales-,  les  fruits,  ainsi  que  les  feuilles,  ont  le  talon 
très-large  -,  i^  le  Pampelmousse ,  ou  Pampelnioës  du 
Levant  j  3^  le  Pampelmousse  d'Amérique  :  le  fruit  est 
aigre  et  sa  chair  d'un  jaune  pàle^  ^o  le  Citronnier  de 
Combara ,  ou  Citron  à  la  grecque  ,  dont  les  feuilles  sont 
presque  rondes,  crénelées  ;  l'aile  des  pétioles  est  plutôt 
ovale  qu'en  cœur,  aussi  grande  et  souvent  plus  longue 
que  la  feuille.  Les  épines  sont  plus  fortes. 

Le  port  de  l'Oranger  des  Pampelmousses  est  majes- 
tueux ;  il  joint  la  noblesse  des  formes  à  la  riche  dimen- 
sion des  feuilles  et  des  fruit'S  qui  sont  énormes.  La  vue 
et  l'odorat  sont  également  satisfaits  à  la  rencontre  d'un 
de  ces  arbres  dans  les  jardins  enchantés  des  Hespérides. 

Le  parfum  qu'il  exhale  embaume  nos  vallées; 
Toujours  blanchi  de  fleurs,   il  ajoute  à  leur  prix 
Le  vert  des  fruits  naissans  à  l'or  des  fruits  mûris. 

(ROSSET.) 

On   multiplie  cet  oranger  par  greffe.   Il  se  propage 
aussi   de  marcottes  faites  comme  celles  du  Grenadier. 


(  3i5  ) 
Les  branches  prennent  difficilement  de  bouture  ^  le  se- 
mis et  la  greffe  sont  donc  les  plus  sûrs  moyens  de  le  re- 
produire. Les  semences  de  Bigarades  doivent  être  pré- 
férées parce  qu'elles  donnent  des  sujets  plus  vigoureux, 
et  qu'on  peut  greffer  beaucoup  plus  tôt  les  sujets  qu'on 
en  obtient.  Le  meilleur  terreau  pour  ce  genre  de  cul- 
ture se  compose  avec  parties  égales  de  fumier  de  coucbe 
et  de  moutons,  de  marc  de  raisin  et  de  feuilles  pour- 
ries. Ce  terrain  étant  bien  consommé,  on  le  mêle  avec 
quatre  parties  de  terre  franche  et  douce. 

Le  quartier  des  Pampelmousses  est  ainsi  nommé  à 
rile-de-France  ,  belle  patrie  de  Paul  et  Virginie  ,  par  la 
quantité  des  arbres  de  cette  espèce  qu'on  y  rencontre. 
Ce  souvenir  aimable  qui  ne  peut  vieillir,  et  sera  de  tous 
les  âges  ,  conserve  à  cet  épisode  ,  modèle  inimitable 
de  grâces  et  de  sentiment,  des  lauriers  que  la  basse  ca- 
lomnie voudrait  en  vain  ternir.  Cette  couronne  ,  tressée 
par  le  bon  goût ,  doit  rester  éternellement  sur  la  mo- 
deste tombe  de  l'illustre  auteur  des  Harmonies  de  la 
Nature. 


Caractères  physiques.  Cet  Oranger  diffère  des  autres 
par  ses  pétioles  ailés,  et  par  ses  fruits  d'une  grosseur 
monstrueuse,  ordinairement  plus  forts  que  la  têie  d'un 
enfant.  L'arbre  est  d'une  grandeur  médiocre.  Il  se  di- 
vise en  rameaux  étalés  avec  ou  sans  aiguillons.  Les 
feuilles,  parsemées  de  points  transparens  comme  dans 
tous  ses  congénères ,  sont  dentées ,  éparses ,  ovales  , 
Tome  III.  —  55*  Lh'raison.  25 


(3,6) 
quelquefois  obtuses  et  échancrées  à  leur  sommet  ^  les 
pétioles  sont  garnis  d'une  aile  cordiforme  d'une  gran- 
deur remarquable.  Les  fleurs  sont  disposées  en  grappes 
légèrement  tomenteuses  et  plus  longues  que  dans  les 
autres  espèces.  La  corolle  est  blanche,  très- odorante  , 
composée  de  cinq  pétales  réfléchis.  Son  fruit  est  une 
Laie  sphéroïde  d'un  jaune  verdàtre ,  divisée  intérieu- 
rement en  douze  loges  et  plus  ^  la  pulpe  est  rouge  ou 
blanche,  aigre  ou  douce.  L'écorce  est  excessivement 
épaisse  ,  très-peu  volumineuse  et  fongueuse,  d'une  sa- 
veur très-amère.  Les  semences  sont  ovales  ,  presqu  ai- 
guës ,  au  nombre  de  deux  ou  trois  dans  chaque  loge. 


Analyse  chimique.  Le  suc  du  fruit  contient  un  prin- 
cipe amer,  de  la  gomme,  de  l'acide  malique ,  de  l'acide 
citrique  ,  et  beaucoup  d'eau.. 


PROPraÉTÉs  MÉDICINALES.  La  poudre  des  feuilles  étonne 
quelquefois  les  praticiens  par  ses  effets  dans  le  traitement 
des  maladies  nerveuses,  de  l'hystérie,  del'hypochondrie, 
ajouterai-je  de  Tépilepsie?  La  décoction  des  feuilles  a  guéri 
plusieurs  enfans  affectés  de  convulsions  et  de  catalepsie  , 
et  uti  homme  d'un  certain  âge ,  qui  avait  perdu  l'usage 
de  ses  facultés  intellectuelles ,  et  particulièrement  sa 
mémoire.  Deux  onces  de  la  décoction,  dit  Alibert,  chan- 
gèrent sa  situation  ,  et  dans  l'espace  de  six  jours  tous 
les  accidens  se  dissipèrent.  Or  les  produits  des  feuilles 
des  Orangers  divers  étant  les  mêmes  ,  j'ai  préféré  étayer 


(3i7) 

mon  assertion  de  faits  curieux  qu'affirme  rarclnàlre  que 
de  faire  des  citations  de  faits  qui  me  sont  personnels  , 
et  parfaitement  identiques  avec  les  premiers.  Ranoë  , 
médecin  danois,  a  soulagé  promptement  une  femme  de 
trente  ans  dans  ime  violente  hémorragie  utérine  ,  avec 
une  forte  décoclion  d'écorce  d'Oranger.  On  peut  faire 
le  chocolat  et  le  café  avec  cette  décoction  ,  et  dans  d'au- 
tres cas  la  rendre  vineuse.  Le  suc  acide  des  Oranges 
sures  et  des  Schaddecks  convient  pour  neutraliser  la 
vertu  narcotique  des  alcalis  végétaux.  C'est  pourquoi 
l'on^  peut  faire  usage  sans  inconvénient  de  la  morelle 
tomate,  qui  joint  à  la  propriété  narcotique  des  solanées 
un  acide  qui  en  devient  le  correctif.  L  huile  essentielle 
de  l'écorce,  que  Ton  obtient  au  moyen  de  râpes,  et  le 
tabac  vert  combinés  avec  l'huile  de  Sésame  se  prescri- 
vent en  embrocations  sur  l'épigastre  dans  la  cardialgie 
et  la  dispepsie. 


Mode  d'administration.  La  dose  de  la  poudre  est 
depuis  un  scrupule  jusqu'à  deux  dans  de  la  coniiture  , 
ou  en  suspension  dans  un  liquide  \  celle  des  feuilles  , 
une  pincée  pour  une  infusion  d'une  pinte.  Le  sirop  des 
fleurs  est  principalement  employé  dans  les  affections 
nerveuses.  On  sait  que  l'eau  distillée  de  fleurs  d'o- 
ranges est  préférable  lorsqu'on  n'a  choisi  que  les  pé- 
tales ^  le  calice  et  les  autres  parties  nuisent  à  la  déli- 
catesse de  son  parfum,  et  lui  communiquent  une  odeur 
vireuse^ 


*  (3'8) 

EXPLICATIOT*    DE  LA    PLANCHE    DEUX  CETÎT  VIKGT. 

La  figure  est  au  quart  de  sa  grandeur  naturelle. 
1.  Graines. 


P/.221. 


J^^Jare  J)et-ivurtû.\.  J'ina- 


COlLÎNSOmE. 


(  3i3  ) 


IVV^*,VVV*A'VV»'VVVVV<  VW»VVVVVVVV»  VVVVVVlVV\iV».îVV'»VV»VV^  VV»  VV\AA/»\/V»^^  /V^-Wt^V» 


COLLINSOiME  DU  CANADA. 


(^Alexitère  externe.) 


Synonymie.  Collinsonia  canadensis.  Lin.  Diandrie  Monogy- 
nie.  —  Jussieu ,  famille  des  Labiées.  —  Collinsonia.  Hort. 
ClifiF.  i4,  t.  5.  Cold.  Noveb.  8.  Kalm.  it.  2  ,  p.  Siy. 


Caracteiies  GÉNÉPdQUEs.  Corollc  illégale*,  à  lèvre  in- 
férieure niullifide  ,  capillaire.  Une  semence. 

Caractères  particuliers.  Le  fruit  consiste  en  une 
semence  globuleuse,  située  au  fond  du  calice;  les  trois 
autres  avortent. 

Histoire  naturelle.  Cette  belle  Labiée  dont  les  amis 
de  rhumanité  soufîrante  savent  tirer  un  parti  avanta- 
geux dans  certains  empoisonnemens  ,  croit  nalMrelle- 
ment  dans  les  forêts  du  Canada  et  de  la  Virginie.  Je  l'ai 
rencontrée  plusieurs  fois  aux  Antilles,  et  particulière- 
ment à  Saint-Yago  de  Cuba  et  à  Saint-Domingue.  On  la 
propage  de  graines  semées  en  pleine  terre ,  et  garanties 
par  de  la  litière  contre  les  grands  froids  ,  ou  de  boutures 
Tome  ïll.  —  56*  LU'raison.  26 


(    320    ) 

faifes  en  été  à  rombre.   Ou  doit  tenir  en  Europe  cette 
plante  ,  pendant  l'hiver  ,  dans  une  serre  tempérée. 

Caractères  physiques.  Cette  belle  plante  ,  de  la  fa- 
mille des  Labiées  ,  qui  se  rapproche  des  Sauges  par  quel- 
ques rapports  ,  a  des  feuilles  qui  ressemblent  beaucoup 
a  celles  de  V Hy  drangea.  Ses  liges  sont  droites  ,  tétrago- 
nés ,  assez  simples  ,  hautes  de  deux  à  trois  pieds.  Ses 
feuilles  sont  opposées  ,  presqu'en  cœur  ,  pointues ,  den- 
tées en  scie,  glabres  ,  ridées  ,  et  portées  sur  des  pétioles 
courts.  Elles  ont  quatre  à  cinq  pouces  de  largeur  sur 
une  longueur  de  plus  de  six  pouces  ,  en  y  comprenant 
leur  pétiole.  Les  fleurs  sont  jaunâtres,  nombreuses  et 
disposées  au  sommet  de  chaque  tige  sur  une  panicule 
pyramidale,  à  ramifications  opposées. 

Chaque  fleur  a  :   i°  un  calice  monophylle,  campanule  , 
court,    persistant,  à   cinq   dents  pointues  et  inégales  ; 
2*^  une  corolle  monopétale  infundibuliforme ,  beaucoup 
plus  longue  que  le  calice  ,  irrégulière  ,  à  lèvre  supérieure 
presque  nulle  ,  le  limbe  à  sa  place  étant  divisé  en  quatre 
dents  fort  courtes  ,  et  à  lèvre  inférieure  grande ,  frangée, 
partagée  en  beaucoup  de  découpures  capillaires  \  3°  deux 
étamines  plus  longues  que  la  corolle  ,  dont  les  filameus 
droits  et  sétacés  portent  de  petites  anthères  vacillantes; 
4**  un  ovaire  supérieur  ,  quadrifide  ,  chargé  d'une  grosse 
glande,  et  d'un  style  sétacé  aussi  long  que  les  étamines, 
incliné  ,  purpurin,  à  stigmate  bifide. 

Le  fruit  consiste  en  une  semence  globuleuse  située  au 
fond  du  calice.  Le  nombre  naturel  des  semences  parait 
devoir  être  quatre ,  comme  dans  les  autres  Labiées  ; 
mais  il  n'y  en  a  qu'une  qui  vienne  à  perfection  ,  les  trois 
autres  avortent.  (  Encycl.  ). 


(  3^1  ) 

A;]SALYSE  CHIMIQUE.  Si  V OU  vei  se  daiis  une  îiifusion 
de  Collinsonie  une  dissolution  de  sulfate  de  fer,  on  y 
reconnaît  la  présence  de  l'acide  gallique.  L'eau  se  sa- 
ture des  principes  amer  et  astringent  ^  mais  le  principe 
aromatique  ,  comme  dans  beaucoup  de  Labiées  ,  no  peut 
être  extrait  que  par  ralcohol.  Cependant  l'eau  distillée 
de  la  plante  offre  un  certain  arôme.  On  remarque  à  la 
surface  un  peu  d'huile  essentielle. 

Propriétés  médicinales.  La  Collinsonie  offre  aux 
voyageurs  d'outre-mer  et  aux  habitans  de  ces  rives  for- 
tunées un  des  toniques  les  plus  puissans  pour  combattre 
la  myotilité  nerveuse.  Elle  est  recommandable  dans  les 
fièvres  de  mauvais  caractère  ,  dans  l'atonie  des  viscères 
abdominaux  que  l'on  observe  dans  Thypocondrie  et 
l'hystérie  :  dans  les  fièvres  muqueuses  continues  ou  in- 
termittentes, dans  la  dyspepsie,  dans  les  cas  d'épuise- 
ment signalé  par  des  digestions  lentes  ,  dans  une  torpeur 
de  la  locomotion  et  de  la  mémoire  et  dans  beaucoup  de 
cas  de  mélancolie.  Je  l'ai  souvent  prescrite  dans  des  cas 
de  leuchorrée  chronique  ,  par  suite  de  morosité  et  d'une 
vie  sédentaire  ,  ainsi  que  dans  les  sueurs  nocturnes  qui 
affaiblissent  si  prodigieusement  les  malades.  On  ne  doit 
pas  en  faire  usage  si  la  peau  est  sèche  et  brûlante. 

On  fait  beaucoup  de  cas  de  son  infusion  vineuse  pour 
laver  les  blessures  faites  par  les  animaux  venimeux, 
comme  aussi  pourdéterger  les  aphthes  des  nouveau-nés. 

Mode  d'administration.  Une  pincée  de  feuilles  sert 
pour  une  livre  d'eau  bouillante.  L'eau  distillée  se  combine 
avec  d'autres  moyens  pour  la   confection  d'une  pulioii 

2b* 


(    322    ) 

antî-spasmodique.  La  teinture  alcoholique  se  mêle  aux 
infusions  aqueuses  qu'on  veut  alcoholiser  :  la  dose  est 
d'une  cuillerée  à  café  pour  une  livre  d'infusion. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT  VINGT-UN. 

La  plante  est  dessinée  demi-grandeur. 

1.  Fleur  vue  de  face. 

2.  Calice  vu  de  face. 

3.  Graine. 


i 


JV.  :.'22 


l'At-Oi/orc  JK\fC)turli/\  J^m^v  • 


SARMETE  r©>:i>KE. 


(  323  ) 


IW»  V^^  VV«IW'»'VWVVWV»'W»'VV»'W%WW\VVV'»  WA'VWW^  WN'WVW  WX W>/VV»'W>'VV>W\iWX'VVVWVVVVW« 


SARRIETTE  CONDEE. 


(^u4lexitère  externe,) 


Synonymie.  Saturcia  americana.  Lin.  Didynamie  Gymno- 
spermie.  —  Juss. ,  famille  des  Labiées.  —  Tournef.  Clas.  4> 
sect.  3.  —  Satureia  foliis  linearibus  ,  obtusis  subarcuatis; 
floribus  solitariis ,  sessilibus  ;  caule  fruticoso  ,  subaculeato. 
Poiret.  —  Satureia  Condea.  Juss.  —  Condaea  frutescens, 
Satureiœ  foliis;  flore albo.  Desportes.  —  Plum.  Miss.  Desc. 
Plant.  Amer. 


Caractères  génériques.  Plantes  dicotylédones ,  a 
fleurs  labiées  ,  verticillées  ou  axillaires  ,  ayant  des  feuil- 
les opposées  ,  ponctuées  dans  quelques  espèces.  Le  ca- 
lice strié  ,  à  cinq  dents  ;  une  corolle  labiée  à  quatre  lo- 
bes-,  le  lobe  supérieur  presque  blanc;  quatre  étamines 
à  peine  aussi  longues  que  la  corolle. 

Caractères  particuliers.  Feuilles  sessiles  et  légè- 
rement épineuses  sous  leur  principale  nervure  \  fleurs 
axillaires  et  fasciculées. 

Histoire  naturelle.  On  doit  la  connaissance  de  cette 
plante  utile  au  docteur  Poupée-Desportes  qui  le  premier 


(3^4  ) 
l'a  recueillie  à  Saint-Domingue.  On  l'emploie,  ainsi  que 
la  Sarriette  d'Europe,  pour  relever  le  calalou  et  l'aro- 
matiser \  elle  se  sème  d'elle-même.  Humble  comme  la 
violette  ,  et  toujours  cachée  sons  l'herbe  où  son  parfum 
la  fait  découvrir,  elle  est  broutée  avec  ardeur  par  les 
cabrits.  On  peut  lui  appliquer  les  deux  vers  que  M.  De- 
fontanes  adresse  à  la  violette  : 

Et  toi  qui  te  cachas,  plus  humble  que  tes  sœurs, 
Sarriette  à  mes  pieds  verse  au  moins  tes  odeurs. 

La  Sarriette  effilée  (  Satureia  vîmiriGa  ),  commune  à 
la  Jamaïque,  jouit  des  mômes  propriétés. 

Caractères  physiolks.  Cette  plante  a  des  tiges  gla- 
bre^.^  ligneuses  ,  cjlindnques  ,  divisées  en  ramçaiix  grê- 
les, légèrement  anguleux,  nombreux,  rougeâtres>  hé- 
rissés sur  leurs  angles  de  très-petites  pointes  épineuses , 
garnies  de  feuilles  opposées  ,  presque  sessiles  ,  linéaires  , 
lancéolées,  étroites,  longues  d'environ  un  pouce,  en- 
tières, la  plupart  obtuses  à  leur  sommet  j  rétrécies  en 
un  pétiole  court  a  leur  base,  vertes  et  glabres  à  leurs 
deux  faces,  un  peu  courbées  en  arc ,  munies  sur  leur 
dos,  le  long  de  la  principale  nervure,  de  très-petites 
pointes  épineuses  :  des  aisselles  de  ces  mêmes  feuilles 
sortent ,  ou  de  petits  rameaux  courts  ,  ou  d'autres  feuilles 
plus  courtes  ,  presque  fasciculées.  Les  fleurs  sont  très- 
petites  ,  blanchâtres  ,  solitaires  ,  sessiles ,  axillaiies  et 
opposées.  (  Encycl.  ), 

Analyse    chimique.    L'eau    se    charge    proniptcment 
d'une  partie  extractîve  anière  ,  et  l'infusion  brunit  si  on 


(  325  ) 

y  ajoute  du  sulfate  de  fer.  On  obtient  de  cette  pknte, 
par  l'intermède  de  ralcohol ,  un  principe  résineux  très- 
abondant.  L'huile  essentielle  de  cette  Sarriette  décom- 
pose le  muriate  de  mercure  suroxidé  :  sa  couleur  est 
facilement  altérée  par  l'eau  de  chaux. 

Propriétés  médicinales.  Plusieurs  praticiens  des  An- 
tilles ont  employé  avec  succès  la  Sarriette  Condée  contre 
les  atonies  du  système  nerveux,  telles  que  vertiges,  pa- 
ralysie et  contractions  de  l'estomac.  Elle  soulage  les 
personnes  affligées  d'asthme  nerveux,  et  surtout  celles 
affectées  de  chlorose  compliquée  d  une  débilité  des  vis- 
cères de  l'abdomen  ,  ou  d'une  trop  grande  susceptibilité 
organique  de  ces  parties.  Son  infusion  vineuse  convient 
dans  les  diarrhées  chroniques  qu'on  observe  si  souvent 
aux  colonies  ,  et  qui  ,  en  épuisant  les  forces  ,  conduisent 
le  malade  à  un  marasme  redoutable.  Quelques-uns  re- 
commandent l'injection  dans  Toreille  d'une  forte  infu- 
sion de  cette  plante  dans  le  cas  d'affection  soporeuse  , 
mais  j'ignore  jusqu'à  quel  point  on  peut  compter  sur  ce 
remède.  On  prescrit  volontiers  son  infusion  dans  les 
angines  muqueuses.  Cette  plante  offre  un  bon  béchi- 
que  incisif.  On  en  fait  des  applications ,  le  plus  chaude- 
ment possible,  dans  les  douleurs  rhumatismales,  et  en 
fomentation  pour  bassiner  les  parties  nerveuses  et  mus- 
culeuses  trop  affaiblies  et  trop  gonflées  ;  dans  les  œdèmes 
chroniques  et  les  gangrènes  atoniques  des  vieillards. 
J'ai  éprouvé  de  bons  effets  de  son  huile  essentielle  comme 
moyen  auxiliaire  dans  plusieurs  cas  d'empoisonnemens 
par  les  narcotiques. 

Mode  d'administration.   On  emploie  communément 


(  326  ) 

la  Sarriette  Coudée  en  infusion  aqueuse  on  vineuse.  Son 
huile  es^^entielle  se  prescrit  à  la  dose  de  deux  à  quatre 
gouttes  dans  un  jaune  d'œuf. 

EXPLICATION    DE  LA  PLANCHE   DEUX  CENT  VINGT-DEUX. 

La  plante  est  dessinée  de  grandeur  naturelle. 

1.  Fleur. 

2.  Calice  entier. 

3.  Calice  ouvert. 
4«  Graine^ 


M.  323. 


TA€t>*Jor'e  yWrt»«^/fA.  ../fcïJ*  - 


CKIIMAXDUKE  KKXFLKK 


(327  ) 


\^A  VV>  VVI\^A'%  VV»  VV^\VVVV\\A/»  VV\  VV\ VV>  VV\  VV»>A/» VV\  VV\  VV»  VV>  VV»  VV\ VV»/VV\  VV»  VV-»  VV»^/V^  VV» 'VV*  vv^ 


GERMANDREE  RENFLEE. 


{Alexitère  externe.) 


Synonymie.  Teucrium  inflatum  Swartz.  Lin.  Didynamie 
Gymnospermie.  —  Jussieu ,  famille  des  Labiées.  —  Tour- 
nefort  Teucrium,  Chamaedris  ;  Chamaepitis  ;  Polium.  cl.  4» 
Labiées.  —  Teucrium  foliis  oblongis  ,  acuminatis  ,  inaequa- 
liter  serratis,  pubescentibus  ;  spicis  sessilibus,  terminali- 
bus  ;  calicibus  inflalis,  villosis.  Swartz.  Prod.  88.  et  Flor. 
Ind.-Occid.   3,  p.  ioo3. — Aiton.  Hort.  Kew.  2.  p.  277. 

—  Teucrium  subbirsutum  ,  foliis  ovatis  ,  dentato-serralis  ; 
spicis  strictioribus,  crassis  ,  terminalibus.  Brown.  Jam.  267. 

—  Eu  espagnol,  Camedrio ;  Encinilla.  — En  anglais,  Ger- 
mander. 


Caractères  génériques.  Plantes  a  fleurs  monopéta- 
lées,  de  la  famille  des  Labiées,  à  feuilles  opposées  et  à 
fleurs  axillaires  ou  terminales  ,  remarquables  par  leur 
corolle ,  dépourvues  de  lèvre  supérieure  peu  sensible , 
et  partagée  en  deux  dents  ,  d'entre  lesquelles  sortent  les 
étaniines  \  calice  monoplivUe  \  corolle  monopétalc  irré- 
gulière -,  quatre  étamines  didynamiques  ,  portant  des  an- 


(  328  ) 

thères  ovoïdes  ;  fruit  contenant  quatre  semences  nues 
au  fond  du  calice. 


Caractères  particuliers.  Fleurs  inférieures  ,  quel- 
quefois verticillées  ;  calice  renflé  et  pubescent. 

Histoire  naturelle.  La  Germandiée  renflée  ,  dont 
l'odeur  est  comparable  à  celle  du  Marrube  ,  croît  à  la 
Jamaïque  ,  aux  lieux  ombragés  et  gazonneux.  Je  Fai  ren- 
contrée à  Saint-Domingue  et  dans  les  environs  de  Saint- 
Yago-de-Cuba. 


Caractères  physiques.  Les  tiges  de  cette  Germandrée 
sont  hautes  de  deux  pieds  ,  droites  ,  médiocrement  ra- 
meuses ,  fragiles ,  pubescentes  ;  les  feuilles  pétiolées , 
oblongues ,  acuminées  ,  obtuses  à  leur  base  ,  pubes- 
centes, inégalement  dentées  en  scie  ^  les  pétioles  allon- 
gés ,  pubescens  ;  les  grappes  solitaires  ,  terminales  , 
longues  de  deux  ou  trois  pouces  ;  les  fleurs  inférieures 
souvent  verticillées;  de  petites  bractées  lancéolées,  ai- 
guës ,  de  la  longueur  des  fleurs-,  le  calice  renflé  ,  pubes- 
cent \  sa  division  supérieure  plus  grande  \  les  autres 
égales  ,  aiguës  -,  la  corolle  purpurine  :  le  lobe  intermé- 
diaire de  la  lèvre  trois  fois  plus  grand  que  les  latéraux , 
ovales,  convexes.  (Encycl.) 


Analyse  chimique.  Cette  Germandrée  ,  ainsi  que  ses 
congénères,  fournit  un  extrait  amer  qu'on  obtient  par 


(  339  ) 

Tintermède  de  Teau  et  de  Talcohol  -,  Textrait  aqueux 
est  beaucoup  plus  amer  que  Fexirait  résineux  obtenu 
par  l'alcohol. 


Propriétés  médicinales.  D'après  son  analyse  clii- 
niique  ,  il  paraîtrait  que  cette  Geimandrée  possède  des 
vertus  médicamenteuses ,  et  qu'on  peut  l'employer  comme 
tonique  ,  diurétique  ,  sudorifique  ,  atténuante  ,  inci- 
sive, etc.  Quelques  praticiens  l'ont  recommandée  dans 
les  engorgemens  de  la  rate  ou  splénite  chronique  ^  l'ic- 
tère ,  qui  en  est  un  symptôme  ^  les  obstructions  des  vis- 
cères ,  la  ménorragie  ,  certaines  fièvres  rebelles  ,  l'ana- 
sarque  à  son  début,  l'asthme  et  les  autres  engouemens 
des  bronches  pulmonaires.  Quelques  novateurs  qui  ne 
décrivent  les  plantes  que  pour  contester  ridiculement 
leurs  propriétés,  disent  de  toutes ,  et-en  particulier  de 
telle  ou  telle  ,  qu'elle  ne  peut  exercer  une  plus  grande 
influence  que  telle  autre  qui  a  les  mêmes  vertus  î  mais 
ce  n'est  pas  là  refuser  une  vertu  qu'ils  reconnaissent. 
C'est  un  mauvais  genre  que  le  moyen  âge  nous  a  donné 
de  tout  désapprouver  par  un  excès  d'amour-propre  qui 
nous  porte  à  croire  que  nous  ne  pouvons  plus  rien  ap- 
prendre ,  et  que  nos  devanciers  sont  des  sots  et  des  su- 
perstitieux ,  comme  si  de  nos  jours  nous  guérissions 
mieux  et  plus  promptement  !  O  fatalité  des  systèmes  !... 
On  la  recherche  dans  certains  cas  d'empoisonnement, 
lorsque  la  période  inflammatoire  est  moins  intense. 


Mode  d'administration.  On  prescrit  l'infusion  aqueuse 
ou  vineuse  de  la  Germandrée  renflée.  Son  extrait ,   sui- 


(  33o  ) 

vaut  les  cas  ,  se  donne  à  la  dose  d'un  gros.  La  poudre , 
quelquefois  utile  comme  fébrifuge  ,  étant  associée  à  celle 
du  pépin  de  citron  des  halliers  ,  augmente  de  vertu. 

EXPLICATION  DE  LA   PLANCHE  DEUX  CENT   VINGT-TROIS. 

La  plante  est  dessinée  demi-grandeur  naturelle. 

1 .  Calice. 

2.  Corolle. 

3.  Ovaire  surmonté  du  pistil. 


y'/.22S. 


jnieoJare  //e,)'C4?nr/z7--.  JkhiV  . 


3IO>Mr;SiE    TIMPBTLLE. 


(  33i  ) 


W«VV«'VV«\'\AVV%  VV%  VV^  VV«  \.V«  V\%VVt  VV^'XAA  W>  WWV^  WXXVNWk  W>W«  V\A  W\'VV%VV%VV«\'V>.VV>W^ 


MONNIÈRE   TRIPHYLLE. 


(  Alexitère  interne  et  externe.  ) 


Stnontmie.  Monnieria  trifolia.  Lin  Spec.  Plant,  vol.  3, 
p.  376.  Diadelptie  Pentandrie.  Juss.  Plantes  d'un  siège 
incertain.  — Jaborandi.  i.  Pison.  Brass.  p*  2i5.  —  Mon- 
nieria trifolia.  Aublet.  Guiane.  vol.  2,  p.  73 1;  vol.  4> 
t.  293. — Monnieria.  Juss.gen.  Plant,  p.  421.  Lam.  illust. 
t.  596. 


Caractères  génériques.  Herbe  à  fleurs  monopéta- 
lées ,  ayant  du  rapport  avec  les  Borraginées.  On  la  dis- 
tingue par  le  calice  irrégulier  à  cinq  divisions  ^  la  co- 
rolle monopétale  ,  à  deux  lèvres  *,  deux  filamens  chargés , 
le  supérieur  de  deux  ,  l'inférieur  de  trois  anthères  ;  cinq 
capsules  monospermes. 

Caractères  particuliers.  Calice  persistant  ,  à  cinq 
découpures  *,  deux  filamens  aplatis  ,  chargés  de  deux 
anthères  cornées.  Cinq  capsules  comprimées  pour  fruit. 

Histoire  naturelle.  La  Monnière  triphylle  croît 
naturellement  dans  File  de  Cayenne  ,  et  dans  beaucoup 
d'autres  lieux  de  l'Amérique  méridionale.  On  la  ren- 


(  332  ) 

contre  en  fleurs  et    en    fruits  ,    clans  presque    tous  les 
mois  de  l'année. 

CARACTÈPiEs  PHYSIQUES.  La  racîne  de  la  Monnière  est 
rameuse  et  composée  de  beaucoup  de  fibres.  Elle  donne 
naissance  à  une  lige  herbacée,  droite  ,  cylindrique,  gri- 
sâtre ,  feuillée  ,  médiocrement  brancbue  ,  souvent  di- 
cholôme ,  qui  acquiert  jusqu'à  un  pied  et  demi  d'éléva- 
tion. Cette  tige  est  giabre  ,  dure  ,  et  d'une  consistance 
presque  ligneuse  vers  la  base  ^  mais  elle  a  les  sommités 
légèrement  velues  ou  pubescentes.  Les  feuilles  sont  mé- 
diocrement grandes  ',  les  inférieures  opposées ,  les  su- 
périeures alternes.  Chacune  de  ces  feuilles  est  composée 
de  trois  folioles ,  légèrement  pédicellées,  ovales,  oblon- 
gues ,  pointues ,  entières  ,  velues  des  deux  côtés  ,  molles , 
minces ,  vertes ,  plus  pâles  en  dessous ,  nervées  obli- 
quement ,  finement  et  obscurément  criblées  de  points 
transparens  ,  longues  de  près  de  deux  pouces  sur  une 
largeur  de  neuf  à  dix  lignes  ,  et  portées  à  l'extrémité 
d'un  pétiole  commun,  cylindrique,  velu,  qui  souvent 
n'a  guère  moins  de  longueur  qu'elles.  La  foliole  moyenne 
est  plus  grande  et  plus  fortement  pédicellée  que  les  la- 
térales :  celles-ci  ont  leur  moitié  intérieure  un  peu 
moins  large  que  l'autre  moitié.  Il  vient  aux  sommités 
de  la  plante,  soit  entre  ses  divisions  ou  dichotomies, 
soit  dans  les  aisselles  des  feuilles  supérieures ,  des  pé- 
doncules isolés  ,  plus  ou  moins  longs  ,  qui  se  partagent 
à  l'extrémité  en  deux  ramifications  florifères,  diver- 
gentes, recourbées  en  deliors  ,  obscurément  flexueuses , 
dépourvues  de  bractées.  L'une  des  fleurs  est  située  dans 
la  bifurcation  du  pédoncule  5  les  autres  sont  rangées 
près  à  près  le  long  du  côté  interne  ou  supérieur  des  ra- 


(  333  ) 

mifications.  Elles  sont  blanches,  assez  petites,  portées 
sur  des  pédoncules  propres  fort  courts ,  et  forment , 
parleur  assemblage,  des  épis  bifides,  ouverts  de  ma- 
nière à  présenter  une  sorte  de  corymbe  analogue  à  ceux 
qu'on  rencontre  dans  plusieurs  Borraginées. 

Chaque  fleur  offre  :  i°  un  calice  persistant,  divisé  fort 
bas  en  cinq  découpures  inégales  *,  l'une  supérieure,  li- 
néaire, plus  allongée,  couchée  sur  la  corolle-,  une  se- 
conde extérieure,  lancéolée,  une  fois  plus  courte  que  la 
précédente.  Les  trois  autres  courtes  et  obtuses  ; 

2».  Une  corolle  monopétale  ,  irrégulière ,  composée 
d'un  tube  cylindrique,  arqué,  rétréci  à  son  milieu^  et 
d'un  limbe  à  deux  lèvres  *,  la  supérieure  entière,  ovale, 
arrondie  à  l'extrémité  ;  l'inférieure  droite  quadrifide  ,  à 
découpures  oblongues ,  obtuses  5 

3°.  Deux  filamens  aplatis,  membraneux,  dont  l'un, 
supérieur,  concave,  bifide  au  sommet,  est  chargé  de 
deux  anthères  cornées  ;  valves  du  côté  interne ,  les- 
quelles entourent  et  cachent  le  stigmate  *,  pendant  que 
l'autre,  inférieur,  plane,  trifide  ,  en  soutient  trois, 
arrondies,  très-petites,  que  M.  Poiret  croit  stériles-, 

4°.  Un  ovaire  supérieure,  arrondi,  à  cinq  angles  et 
à  cinq  lobes ,  accompagné  à  sa  base ,  du  côté  inférieur  , 
d'une  petite  écaille  ovale  appelée  nectaire  par  Linné  , 
et  surmonté  d'un  style  filiforme ,  qui  se  termine  par  un 
stigmate  capité  ,  oblong  ,  plane  intérieurement ,  orbicu- 
laire  et  à  bord  tranthant. 

Le  fruit  consiste  en  cinq  petites  capsules  ovales  ,  com- 
primées ,  monospermes  ,  qui  s'ouvrent  longiiudinalement 
en  deux  valves.  Les  semences  sont  ovales,  noiiâtres, 
finement  chagrinées  ou  tuberculeuses ,  et  ont  le  bord 
interne  plus  droit  et  plus  obtus  que  Texterne.  Chacune 


(  334  } 

d'elles  est  environnée  d'une  coilFe  ou  tm.ique  propre, 
sèclie,  bivalve,  caduque.  (  Encycl.  ). 

Analyse  chimique.  On  obtient  par  la  distillation  de  la 
racine  de  la  Monnière ,  un  huile  épaisse  et  très-acre  ; 
plus,  un  extrait  résineux. 

Propriétés  médicikales.  Les  propriétés  de  la  Mon- 
nière paraissent  résider  dans  une.  matière  résineuse  qu'on 
obtient  par  l'alcoliol  ^  en  sorte  que  l'extrait  spiritueux  pos- 
sède plus  de  vertus  subtiles  que  l'extrait  aqueux.  La 
Monnière  agit  sur  notre  économie  comme  excitant  acre  ; 
c'est  ainsi  que  Pison  l'a  caractérisée  le  premier  :  il 
ajoute  que,  prise  intérieurement,  elle  provoque  les 
sueurs  et  les  urines,  qu'elle  est  alexipharmaque ,  et  qu'il 
a  été  lui-même  témoin  de  ses  bons  effets  sur  un  capi- 
taine qui  avait  mangé  des  champignons  vénéneux. 

Mode  d'administration.  La  dose  de  la  poudre  de  la 
racine  est  depuis  cinq  jusqu'à  vingt  grains  sous  forme 
d'opiat,  en  décoction,  depuis  un  scrupule  jusqu'à  un 
gros.  On  peut  la  confire  au  sucre  en  la  coupant  par 
tranches. 

EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT  VINGT-QUATRE. 

La  plante  est  dessinée  à  moitié  de  sa  grandeur. 

1.  Racine. 

2.  Fleur. 

3.  Calice. 

4.  Ovaire. 


/y. -^^. 


77i,'t>4/are  J}f^xvuf'tilx  jPài^r  ■ 


Aiii.s''roa.oc:iif:  i^oattl-ke • 


'(  335  ) 


VW\\WWVWVVVW  WVVW WXVW  VWVWtWWWWWVt/WWV W« VW  WV WVWVWWW\WVVVWV\WVVV\  « 


ARISTOLOCHE  PONCTUÉE. 


(uélexitère  interne  et  externe.) 


Synonymie.  Aristolochia  punctata.  Lin.  Gynandrîe  Hexan-' 
drie.  —  Juss.  Famille  des  Aristoloches  j  Tournef.  Classe  3- 
Personnées.  —  Aristolocliia  foliis  cordatis,  ad  basîm  auri- 
culatis  ,  caule  volubili  ;  lingulis  florum  longis ,  tribus  punc- 
tulorum  rubentium  ordinibus  maculatis.  Poiret.  —  Aristo- 
lochia folio  cordiformi ,  flore  longissimo  j  atro  purpureo  , 
radice  repente.  Plum.  Spec.  5.  Burm.  Amer.  t.  34-  En 
anglais,  Rooted  Birthwort ;  en  espagnol,  Aristoloquia. 


Caractères  GÉNÉRIQUES.  Plantes  à  fleurs  incomplètes  , 
grimpantes ,  h.  fleurs  dont  le  calice  est  d'une  seule 
pièce ,  coloré  ,  tubulé  ,  irrégulier ,  ventru  à  sa  base  , 
élargi  vers  son  orifice,  et  dont  le  bord,  tronqué  obli- 
quement et  sans  divisions,  se  termine  d'un  côté  par 
une  languette  plus  ou  moins  longue  :  en  six  anthères 
Tome  III.  —  67*  Livraison,  27 


(  336  ) 
ftessiles  ,  portées  sur  le  pistil ,  et  situées  au-dessous  des 
divisions  du  stigmate  ;  et  en  un  ovaire  inférieur  ,  ovale  , 
oblong ,  anguleux  ,  surmonté  d'un  style  très-coiut  ,  que 
termine  un  stigmate  concave  ,  à  six  divisions.  Le  fruit 
est  une  capsule  ovale,  hexagone,  et  divisée  intérieu- 
rement en  six  loges  qui  renferment  chacune  des  se- 
mences aplaties  ^  feuilles  alternes  ,  fleurs  axilîaires. 
(  Encycl.  ) 


Caractères  particuliers.  Feuilles  auriculées,  tige  vo- 
lubile ,  fleurs  jaunâtres  à  languette  longue  et  ponctuée. 


.  Histoire  naturelle.  Ayant  eu  Foccasion ,  dans  le  cours 
de  cet  ouvrage,  de  décrire  plusieurs  espèces  d'Aristo- 
loches ,  j'ai  indiqué  l'étymologie  de  ce  nom ,  dérivé  du 
grec  et^iTToç ,  excellent ,  et  de  >iOKtu ,  lochies ,  parce  que 
cette  plante  paraît  douée  de  propriétés  hystériques. 
Les  Aristoloches  aiment  la  chaleur  et  se  plaisent  le  long 
des  haies  ou  au  pied  des  arbres  ou  arbustes  qui  doivent 
leur  servir  de  tuteur.  En  Europe  ,  ces  plantes  demandent 
le  plein  air  ,  une  bonne  terre  et  l'exposition  au  soleil. 
On  les  multiplie  ft^cilement  ,  soit  de  couchages  faits  au 
printemps,  et  qu'on  peut  lever  Paaiomme  suivant ,  soit 


(337) 
de  semences ,    quand  elles   mûrissent.    Elles   aiment  la 
terre  de  bruyère. 

Caractères  physiques.  La  racine  de  T Aristoloche 
ponctuée  est  longue  de  deux  pieds ,  épaisse  d*un  pouce 
et  demi,  rameuse,  noirâtre  et  ridée  en  dehors,  jau- 
nâtre en  dedans  ,  et  s'enfonce  perpendiculairement  dans 
la  terre.  Elle  pousse  une  tige  un  peu  plus  grosse  qu'une 
plume  d'oie  ,  qui  fournit  quantité  de  rameaux  fort  longs  , 
menus  ,  lesquels  s'entortillent  autour  des  arbres  de  leur 
voisinage.  Ces  rameaux  sont  munis  de  feuilles  alternes  , 
pétiolées  ,  cordiformes  ,  larges  à  leur  base  ,  où  elles  ont 
deux  lobes  arrondis  en  oreillettes  ,  vertes  en  dessus  ,  et 
d'une  couleur  pâle  en  dessous.  Les  fleurs  sont  axil- 
laires ,  solitaires ,  soutenues  par  d'assez  longs  pédon- 
cules 5  et  ont  trois  pouces  de  longueur.  Elles  sont  jau- 
nâtres ,  droites  ,  tubulées  ,  et  se  terminent  par  une  lan- 
guette un  peu  étroite  et  fort  longue  ,  qui  est  marquée 
en  dedans  de  troi?  rangées  de  points  rouges.  Les  fruits 
sont  des  capsules  ovales,  hexagones  et  noirâtres.  Les  se- 
mences sont  aplaties. 

Analyse  cHmiQt  e.  Le  suc  de  la  racine  rougit  le  pa- 
pier bleu ,  et  son  infusion  aqueuse  n'est  point  altérée 
par  le  sulfate  de  fer.  Son  odeur  nauséeuse   et  sa  saveur  ^ 

acre  et  amère  annoncent  qu'elle  possède  une  vertu  mé- 

27' 


(  336  ) 

dicameiiteuse.  On  en  obtient  un  extrait  gommo-iésinôu'x 
très-court ,  qui  a  beaucoup  de  rapports  avec  celui  dé 
i'Aloës. 


Propriétés  médIcinàles.  On  ne  peut  douter  aux  colo- 
nies de  la  vertu  alexitère  de  cette  Aristoloche  qu'on  y 
met  sans  cesse  à  l'épreuve  ;  on  l'administre  intérieure- 
ment et  extérieurement.  On   use  de  ce  dernier  moyeu 
lorsqu'il  s'agit  de  rappeler  les  lochies  supprimées  ,  ou  de 
provoquer  les  menstrues.  Son  infusion  édulcorée  offre 
au  médecin  un  diurétique  et  un  emménagogue ,  tandis 
qu'on   ordonne   la   poudre   dans   son  infusion    vineuse 
dans   les   cas    de    chlorose  ,   de   leuco  -  phlegmasie  ,   de 
fièvres  intermittentes ,   d'asthme  humide   et  d'anorexie 
glaireuse.   Extérieurement ,  les  noirs  s'en  servent  pour 
déterger  les  ulcères   sordides  et  atoniques.   C'est  avec 
regret  que  j'adresse  quelques/reproches  à  ces  vastes  es- 
prits qui  comptent  pour  rien  les  libéralités  du  Créateur  j 
et  qui  ne  voient  dans  toutes  les  merveilles  qui  les  en- 
tourent 5  que  des  choses  purement  naturelles  et  dues  au 
hasard.  Pour  moi ,  que  ce  sophisme  révolte  ,  je  répéterai 
avec  le  vertueux  chantre  des  Harmonies  de  la  Nature  , 
que   u  je  préfère  un  cep  de  vigne  à  une  colonne  ^   et 
))  j'aime  mieux  enrichir  ma  patrie  d'une  seule  plante 
»  médicinale  ou  alimentaire .  que  du  bouclier  d'argent 
)j  de  Scipion.  » 


(  339  ) 
Mode  d'administration.   La  poudre   de  la  racine  et 
l'extrait  se  prescrivent  à  la  dose  d'un  gros. 

EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT  VINGT-CINQ. 

La  plante  est  représentée  demi-grandeur  naturelle. 


(  34o  ) 


AAA.VVVVVVVV»\A(<VV\\VVVV«VVVVVX  VV^VM^AAVVVVV>  VV^  VV-IVVX  VV>  V\\VV>'VV%  VVXVV^  VV>  Vi^lVV«a^^ 


POIVRIER  A  FEUILLES  TRANSPARENTES. 


(^Alexitere  externe.^ 


Synonymie.  Vulg.  Petite  queue  de  Lézard.  Herbe  à  Couresse. 
—  Piper  procumbens.  Lin.  Diandrie  trigjnie.  —  Jussieu , 
famille  des  Orties.  —  Saururus  minor  procumbens,  Botrj- 
tis  folio  crasso  ,  cordato.  Plum.  impr.  p.  54,  et  vol.  IV, 
p.  78.  —  En  anglais,  Cuves s-Estail. 


CaractèpuES  génériques.  Plantes  dicotylédones ,  à 
fleurs  incomplètes  ,  grimpantes  ou  rampantes ,  dicho- 
tômes  ,  à  rameaux  presque  articulés  ^  feuilles  alternes  ou 
opposées  ^  fleurs  axiliaires  ou  opposées  aux  feuilles  dis- 
posées en  un  cbaton  étroit,  allongé.  Le  caractère  essen- 
tiel est  d'avoir  des  fleurs  réunies  en  un  chaton  fili- 
forme ,  point  de  calice  ni  de  corolle ,  deux  anthères 
presque  sessiles  \  une  baie  à  une  seule  semence. 

Caractères    tarticuliers.     Feuilles   transparentes. 
Tige  rampante. 


/y.  :i:^(>. 


TTt^adore  7M^ci>urft7\.  Poi^t , 


vnïxm^: u  riixy s i'Aio:^' i^ 


(  34i  ) 

Histoire  natuuellf:-  On  appelle  à  la  Martinique 
Herbe  à  Couresse  le  Poivrier  à  feuilles  transparentes. 
Ou  en  trouve  une  quantité  considérable  au  quartier  du 
Fort-Saint-Pierre  ,  infecté  d'animaux  venimeux;  comme 
si  la  nature  indiquait  ce  moyen  curalif ,  car  elle  place 
toujours  le  remède  à  côté  du  mal.  On  l'appelle  Herbe  à 
Couresse ,  nom  d'un  serpent  menu  et  long ,  chamarré 
de  noir,  de  jaune  et  de  gris.  Cette  couleuvre  est  peu 
venimeuse,  car  on  la  manie  sans  danger,  mais  elle  est 
ennemie ,  dit-on ,  des  autres  serperis  venimeux.  Elle  les 
attaque ,  les  presse  si  fort  en  les  entortillant  qu'elle  les 
étouffe  :  on  prétend  dans  le  pays,  que  si  elle  se  sent 
mordue  par  ces  serpens,  elle  a  recours  à  cette  plante 
comme  à  un  contre-poison,  d'où  lui  vient  le  nom  de 
Plante  utile  à  la  Couresse.  Voilà  du  merveilleux ,  mais 
tout  n'est-il  pas  merveille  dans  la  création  I  On  ne  peut 
approfondir  beaucoup  de  ces  faits:  multa  latent  in  maj  es- 
tate  naturœ. 


Caractères  physiques.  La  racine  est  menue  et  fi- 
breuse ,  traçante  j  la  tige  est  courte  ,  épaisse  de  deux  à 
trois  lignes,  ronde,  unie,  tendre,  blanchâtre,  un  peu 
purpurine ,  entrecoupée  de  quelques  nœuds  ,  et  poussant 
aussi  quelques  branches  noueuses  de  même  grosseur  et 
de  même  consistance.  On  remarque  à  chaque  nœud  une 
ou  deux  feuilles  d'un  pouce  d'étendue,  cordiformes,  ten- 
dres, épaisses  comme  celle  du  pourpier,  mais  transpa- 
rente^, lisses,  d'un  vert  foncé  en  dessus,  blanchâtre 
par  dessous,  avec  des  nervures  dans  leur  longueur,  ac- 
compagnées d'autres  nervures  latérales  arquées.  Il  se 
trouve  à  chaque  nœud  un  ou  deux  fruits  de  deux  à  trois 


(  34-^  ) 

pouces  de  longueur,  et  d  une  ligne  d'épaisseur,  sembla- 
bles à  la  queue  d'un  rat  ou  d'un  petit  lézard.  Ces  fruits 
sont  couverts  de  quantité  de  grains  ronds,  d'abord  verts, 
puis  jaunâtres  et  enfin  noirs  à  l'époque  de  leur  maturité. 
Cette  plante  rampe  ,  et  elle  n'a  que  deux  pieds  d'étendue  -, 
chaque  fleur  offre  :  i°  un  spadice  très-simple  ,  filiforme  , 
chargé  de  fleurs^  point  de  calice,  de  très-petites  écailles 
entre  chaque  fleur  ^  2°  point  de  corolle^  3°  deux  éta- 
mines  -,  les  filamens  à  peine  sensibles  ^  deux  anthères 
opposées  ,  arrondies  ,  situées  à  la  base  de  l'ovaire  •,  4"  ^^^ 
ovaire  supérieur,  grand,  ovale,  sans  style  sensible, 
surmonté  de  trois  stigmates  sétacés,  hispides.  Le  fruit 
est  une  baie  arrondie  ,  charnue ,  à  une  seule  loge ,  ren.- 
fermant  une  seule  semence  globuleuse. 

Analyse  chimique.  Je  ne  l'ai  point  éprouvée. 

Propriétés  médicinales.  Tous  les  Saururus  ont  des 
propriétés  alexitères  plus  ou  moins  prononcées ,  mais 
pour  les  employer  avec  plus  de  sûreté,  il  faut  scarifier 
la  blessure  avant  d'appliquer  dessus  le  suc  de  la  plante  5 
telle  est  la  méthode  des  naturels,  et  ils  guérissent  in- 
continent !  Je  fus  appelé  pour  traiter  un  nègre  qui  ve- 
nait d'être  mordu  par  le  serpent  appelé  Fer-de-Lance  ^ 
les  progrès  du  venin  étaient  effrayans.  La  jambe  était 
horriblement  tuméfiée  5  j'avais  employé  infructueuse- 
ment tous  les  moyens  avoués  par  l'art.  Un  nègre  se 
présente  et  me  demande  la  permission  d'appliquer  le 
remède  du  pays.  Le  malade  était  sans  espoir  de  guérison^ 
il  s'agissait  de  la  vie  d'un  homme ^  je  ne  balançai  pas; 
je  vis  en  peu  d'instans  le  venin  neutralisé  par  l'applica- 
lion  simple  d'un  topique  d'herbe  «"i  Couresse.    Tous  les 


(  343  ) 

accidens  cessèrent  à  la  troisième  application.  Comment 
avec  des  faits  semblables  refuser  de  croire  à  la  vertu 
des  plantes  puisqu'elles  sont  indiquées  par  des  milliers 
d'expériences  heureuses  ? 

î 

EXPLICATION  DE   LA  PLANCHE  DEUX  CENT  VINGT-SIX. 

La  plante  est  dessinée  demi-grandeur  naturelle. 


(  344  ) 


<W%  VV«  VX^  «W»  VVVWV  VV\  VV>  VV\  VVWWW^t^A  W>  WWV»  VVWV\'VV»  W»  WVWMWWVX  VV'X'VSA'W  XVXA^A*  WV 


EUPHORBE  A  FLEURS  EN  TETE. 


(^Alexitère  externe.) 


Synonymie.  Vulg.  la  Malnomraée.  Réveil-matin  des  jardins, 
velu  et  dentelé.  —  Poil-de-Chat  ;  Herbe  à  Serpens.  Eu- 
phorbia  capitata.  Lin.  Dodécandrie  trigynie.  — Jussieu, 
famille  des  Eupborbes.  — Tournef.  Titbjmalus.  Cl.  1. 
Campan.  Eupliorbia.  Subdicbotoma  villosa,  foliis  ovali- 
bus,  acutis,  serrulatis,  oppositis,  pedunculis  unis.  S.  bieapi- 
tatis  axillaribus.  Poirct. — Tithjmalus  americanus,  humifu- 
sus,  serratus  ,  floribus  in  capiluluin  alis  adhaerens  congestis. 
Plum.  Spec.  2.  mis.  4-  t«  4*  —  Tithymalus  dulcis  parietariae 
foliis  hirsutis,  floribus  ad  catdium  nodos  conglomeratis. 
Slonn.  Jam.  Hist.  i.  p.  197.  Raj.  Suppl.  43i-  —  Caacica 
S.  Herba  colubrina.  Pis.  Bras.  3ii.  et  Marcgr.  7.  — Ti- 
thrmalus  botrjoides  zeylanicus,  cauliculis  villosis  ;  Burm. 
Zel.  223.  t.  104.  — Eupborbia  birla.  Lin. — Peplus  hor- 
tensis  birsuta  et  serrata.  —  En  caraïbe,  Araouebara,  Caa- 
tia.  Alaourou  Coulri. 


Caractères  géisériques.  Corolle  de  quatre ,  souvent 
de  cinq  pétales,  assise  sur  le  calice  ^  calice  monophylle, 
ventru  \  capsule  à  trois  coques  ,  pédiculée  ,  élastique. 

CARACTiiRES  PARTICULIERS.   Dicliotômc  j   fcuillcs  dcn- 


Pr   22/. 


T^e^^'iore  /Kvcvur/e/\  /'i/t.r  ■ 

El'i'IiOitilK     rAPITKE. 


(  345  ) 
tées  en  scie,  ovales,  aiguës-,  pédoncules  en  tètes  axil- 
laires  j  tiges  poilues.  (Annuelle.) 

Histoire  naturelle.  KEupliorbe  à  fleurs  en  tète  est 
d'un  grand  secours  dans  la  médication  des  naturels  des 
Antilles.  Son  suc  est  blanc  et  laiteux  comme  celui  des 
Tithymales  ^  les  habitaiis  l'appellent  la  Malnommée  ou 
Poil-de-Chat.  C'est  l'herbe  la  plus  difficile  à  détruire 
lorsqu'elle  se  plaît  dans  un  terrain.  Elle  repullule  per- 
pétuellement, mais,  dit  Plumier,  elle  récompense  de 
son  importunité  par  ses  grandes  vertus.  C'est  le  meilleur 
alexitère  qu'on  ait  éprouvé  contre  la  morsure  des  Ser- 
pens  \  c'est  pourquoi  les  Portugais  l'appellent  Derua 
Cobra  ,  Herbe  à  Serpens.  On  rencontre  aux  Antilles 
deux  Malnommées  :  la  première,  à  feuilles  de  Parié- 
taire, dont  le  fruit  ressemble  à  des  verrues-,  la  deuxième, 
à  feuilles  de  Serpolet^  espèce  de  Titbymale,  dont  les 
vertus  sont  astringentes ,  et  convenable  à  la  fin  des 
diarrhées  pour  les  empêcher  de  passer  à  l'état  chroni- 
que. Cette  plante  précieuse  croit  aux  Indes  orientales 
et  occidentales ,  où  les  serpens  venimeux  se  rencontrent 
souvent. 

Caractères  physiques.  Les  racines  fibreuses  de  la 
Malnommée  poussent  plusieurs  tiges  menues  ,  rondes  , 
rougeàtres ,  chargées  de  poils  jaunâtres  ou  roussàtres , 
principalement  vers  le  sommet.  Elles  sont  étalées,  plus 
ou  moins  couchées,  feuillées  et  un  peu  rameuses.  Les 
feuilles  sont  opposées,  presque  sessiles,  ovales,  oblon- 
gues  ,  larges  d'un  demi-pouce,  et  longues  dun  pouce, 
pointues  ,  dentelées  au  bout ,  un  peu  scabres ,  légère- 
ment velues  en  dessous,  et  ont  à  lebir  base  un  coté  plus 


(  346  ) 
étroit  \  elles  sont  dessus  d'un  beau  vert  glacé  de  rouge. 
Il  naît  alternativement  dans  les  aisselles  des  feuilles  des 
pédoncules  communs  solitaires  ,  quelquefois  à  peine 
longs  d'une  ligne ,  et  quelquefois  ayant  jusqu'à  quatre 
lignes  de  longueur.  Ces  pédoncules  soutiennent  quan- 
tité de  fleurs  très-petites ,  d'un  blanc  rouge  pâle ,  ra- 
massées en  une  tête  simple ,  ou  qui  semble  simple  sur 
les  pédoncules  les  plus  courts,  et  en  têtes  géminées  sur 
les  plus  longs ,  ce  qui  arrive  souvent  sur  le  même  indi- 
vidu. Les  calices  sont  chargés  de  poils  courts  ainsi  que 
les  capsules.  Le  fruit  est  triangulaire  ,  de  la  grosseur 
d'un  grain  de  millet,  rouge  d'abord  et  vert  ensuite. 

Analyse  chimique.  Le  suc  laiteux  de  l'Euphorbe 
Malnommée  contient  :  une  résine  acre  ,  du  caoutchouc, 
une  gomme  brunâtre ,  une  matière  extractive ,  de  l'al- 
bumine ^  véritable  antidote ,  une  huile  grasse ,  de  Tacide 
tartarique  en  petite  quantité,  et  un  peu  d'eau. 

Propriétés  médicinales.  Marcgrave  et  Pison  recom- 
mandent, comme  témoins  oculaires  en  mille  circonstan- 
ces, l'Euphorbe  Malnommée  pour  arrêter  les  ravages 
des  blessures  venimeuses.  Ils  l'employaient  pilée ,  et 
tout  simplement  appliquée  en  topique  sur  les  morsures 
des  bêtes  venimeuses.  Pison  assure  que  cette  plante 
étant  mâchée  et  appliquée  sur  la  morsure  des  serpens , 
non-seulement  apaise  la  douleur  atroce  qu'éprouve  le 
malheureux  patient ,  mais  même  qu'elle  neutralise  ce 
venin  et  guérit  les  plaies.  Il  dit  aussi  qu'une  pincée  de 
sa  poudre ,  prise  dans  un  véhicule  convenable ,  fortifie 
le  cœur,  et  répare  les  forces  perdues  par  la  violence  du 
venin.  Poupée-Desportes  prescrit  pour  tisane  lénitive 


(  347  ) 

dans  la  gonorrhéc,  les  feuilles  delà  Liane  à  cœur,  Vé- 
corce  de  la  Liane  à  savon ,  les  racines  du  petit  Balisier, 
du  Marcgrave  à  ombelles  ,  de  la  IMalnommée ,  de  la  Ver- 
veine puante,  et  surtout  les  racines  de  l'Herbe  à  Collet, 
auxquelles  il  donne  par-dessus  toutes  la  préférence. 

Mode  d'administration.  La  décoction  se  fait  avec 
une  poignée  de  la  plante  pour  deux  livres  d'eau  qu'on 
fait  réduire  d'un  tiers  ^  l'infusion ,  au  moyen  d'une  forte 
pincée  pour  une  tassée  d'eau  bouillante.  La  poudre 
s'administre  depuis  un  scrupule  jusqu'à  un  demi-gros. 

EXPLICATION  DE  LA   PLANCHE  DEUX  CENT  VINGT-SEPT. 

La  plante  est  dessinée  demi-grandeur. 

1.  Feuille  de  grandeur  naturelle. 

2.  Fruit  vu  au  microscope. 


(  348  ) 


^v\^AAA/v\vv>vv^vv^vv>\^A/vv\v^^^/v\^/v•^vv»vv^vv^vv^^AA^A/vvvvvv\^^^lVv^vvx^^^A/v>vv^'vv^^/v^'^^^ 


EUPHORBE  ÉCARLATE. 


{^Alexitère  externe.) 


SynonYxMIE.  Eupliorbia  punicea.  Swartz. — Lin.  Dodécandrie 
trigjnie.  —  Juss.  famille  des  Euptorbes.  —  Tournef.  Ti- 
thvmales.  —  Euphorbia  umbella  quinquefidâ,  trifidâ;  in- 
volucellis  ovalibus,  acuminatis  ,  eoloratis;  capsulis  glabris  ; 
foliis  obovato-lanceolatis ,  subtùs  glaucis.  Swartz.  Flor. 
Ind.  Occid.  2.  page  873.  —  Ait.  Hort.  Kew.  2.  pag.  i43. 
—  Smith j  Icon.  pict.  3.  tab.  3.  —  Jacq.  Icon.  rar.  3. 
tab.  484  >  *^t  coll.  2.  p.  179.  * 


Caractères  génériques.  Corolle  de  quatre  et  souvent 
cinq  pétales,  assise  sur  le  calice^  calice  monopiiylle  , 
veutru  ^  capsule  à  trois  coques,  pédiculée  ,  élastique. 

Caractères  particuliers.  Tige  ligneuse  \  rameaux 
dichotômes  ^  feuilles  presque  sessiles ,  ovales  ,  lancéo- 
lées ,  d'un  rouge  vif  souvent  à  leur  base. 

Histoire  naturelle.  L'Euphorbe  écarlate,  par  la  bi- 
garrure des  couleurs  de  son  feuillage  et  de  ses  fleurs, 
offre  des  contrastes  qui  flattent  la  vue.  Cette  plante  croît 


/y.  :.':^S'. 


'/7n-j,ùu;-  7)i'^^ûi/rfi7\  Pt/i.v  ■ 


EUlMîOiUlE   ETÀIâLATK 


.      ■  (  349  ) 

à  la  Jamaïque,  sur  les  montagnes  où  Swartz  Ta  oljsdNce 
l'un  des  premiers.  Les  insulaires  l'emploient  en  cas  de 
blessures  venimeuses. 

Cauactères  physiques.  Les  tiges  de  cette  Eupliorhe 
sont  ligneuses  et  s'élèvent  fi  quinze  ou  vingt  pieds,  la- 
meuses  à  leur  sommet  ^  les  rameaux  lisses  ,  dicliotùmes  , 
étalés,  renflés  à  leur  bifurcation  *,  ils  portent  vers  leur 
sommet  des  feuilles  agrégées,  presque  sessiles ,  ovales, 
lancéolées,  à  peine  aiguës,  d'un  vert  foncé  en  dessus, 
glauques  en  dessous  ^  souvent  d'un  rouge  écarlate  à  leur 
base,  les  ombelles  droites,  terminales,  à  cinq  ravons 
trilides  ,  pubescens  :  les  invoîucres  partiels  composés  de 
deux  folioles  sessiles,  oblongues  ,  acuminées,  entières, 
d'un  beau  rouge;  les  fleurs  jaunâtres^  le  calice  ventru, 
pubeseent ,  pileux  en  dedans  -,  cinq  à  six  pétales  jaunes  , 
tronqués,  persistans,  insérés  sur  les  bords  du  calice^ 
douze  à  quinze  étamines  entremêlées  avec  des  filets  nom- 
breux ^  l'ovaire  pédicellé,  incliné,  d'un  vert  rougeàtre  ; 
le  style  rouge ,  trifide  à  son  sommet  ]  les  stigmates 
noirs,  obtus  ^  les  capsules  glabres,  arrondies,  de  la  gros- 
seur d'une  petite  cerise  ^  les  semences  glabres  et  brunes. 

Analyse  chimique.  Le  suc  laiteux  dont  cette  plante 
abonde  a  une  saveur  un  peu  salée,  et  rougit  considéra- 
blement le  papier  bleu. 

Propriétés  médiciisales.  La  principale  vertu  de  l'Eu- 
pliorbe  écarlate  est  d'être  alexitère ,  et  c'est  d'après 
l'indication  qui  m'en  a  été  donnée,  que  j'ai  fait  à  cet 
égard  des  expériences  concluantes.  On  Tcmploie  de  la 
même  manière  et  à  défaut  de  Fespèce  précédente ,  la  3/aZ- 


(  35o  ) 

nommée.  Comme  souvent  on  l'emploie  en  médecine  dans 
les  cas  d'hydropisie  ,  de  jaunisse,  d'obstruction  des  vis- 
cères, et  des  fièvres  quartes  ou  autres  maladies  chroni- 
ques rebelles,  on  a  la  précaution  de  la  faire  macérer 
dans  du  vinaigre  pendant  vingt-quatre  heures  avant  de 
s'en  servir,  afin  de  détruire  son  âcreté. 

Mode  d'administration.  On  administre  cette  plante 
en  substance,  après  la  macération  indiquée,  depuis  uri 
scrupule  jusqu'à  une  drachme. 

EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT  VINGT-HUIT . 

La  plante  est  dessinée  au  tiers  de  sa  grandeur. 
1.  Fruit. 


h 


/y.^- 


DiiACONTE  l^EKFOMKE. 


(  35r  ) 


^/vvvvvvv'♦'VVVVV%vvvvv^^/vvvv<(»/v*vv\■vv»^/v■»vvvvv^lVVvvv^'VVVVv\v^'^^/v»^AA'V\^vvvvvv^ 


DRACONTE  A  FEUILLES  PERFORÉES. 


(  Alexitère  externe.  ) 


Synonymie.  Vulg.  Bois  de  Couleuvre.  Dracontîum  pertusum. 
Linn.  Gjnandrie  Polyandrie.  Juss.  famille  des  Aroïdes.  — 
Dracontium  foliis  pertusis,  caule  scandente.  Linn.  Mili. 
Dict.  n"  I.  Et  Icon.  t.  296.  —  Arura  liederaceum, amplis  fo- 
liis perforatis.  Plum.  Amer.  4o-  t.  56.  5y.  —  Tournef.  i5g. 
Rag-.  suppl.  578.  Moris.  sec.  i3.  t.  6.  f.  28.  —  Lignum  co- 
lubrinum.  i.  Acostoe.  DalecK.  Hist.  1911.  Ed.  Gall.  v.  2. 
p.  673.  En  anglais  :  Dragon  Herb,  Hobly  Eoderj  en  espa- 
gnol :  Elitta-di-Maravara. 


Câhactîîres  génériques.   Plantes    uiiilobées ,    de    la 
famille  des  Genêts  ,  ayant  des  rapports  avec  les  Pothos  ; 
dont  les  feuilles    ont  un  pétiole  erigaîné  à   la   base,  et 
dont    les  fleurs    naissent    sur    un    chaton   accomnasrné 
d'une  spatheoblongue,  cymbiforme  et  ligiilaire.  Calice 
de  cinq  folioles  colorées  et  presque  égales  ,  sept  étami- 
nes  et   filamens  portant  des  anthères  ,    droites ,   oblon- 
gues ,    quadrangulaires  ;     un    ovaire    supérieur,    ovale, 
chargé  d'un  style   cylindrique  ,    à  stigmate  trigone.  Le 
Tome  III.  —  58*  Lwraison.  28 


(352  ) 

fruit  produit  par  chaque  fleur  est  une  baie  arrondie  con- 
tenant quatre  semences  ou  plus. 

Caractères  particuliers.  Feuilles  perforées,  lige 
grimpante  5  ayant  les  plus  grands  rapports  avec  le  Lo- 
thos. 

Histoire  ]saturelle.  La  perforation  régulière  des  feuil- 
les de  cet  Arum  au  milieu  de  leurs  nervures  les  rend 
d'un  aspect  curieux  et  remarquable  :  on  peut  les  comparer 

A  ce  lierre  aux  cent  mains  ,  à  la  vigne  amoureuse 
Embrassant  de  l'ormeau  la  tige  vigoureuse. 

Le  mot  Draconte  a  été  donné  à  cette  plante  par  Théo- 
pbraste  ,  à  cause  de  la  ressemblance  qu'il  croyait  lui 
trouver  avec  le  dragon  ,  ê^pu>cov. 

On  multiplie  cet  Arum  en  France  par  boutures  ,  et  de 
graines  venues  du  pays  ,  que  l'on  sème  en  bonne  terre. 
Il  faut  aux  jeunes  plantes  beaucoup  d'eau  et  de  chaleur 
p  Tidant  leur  végétation,  et  la  serre  tempérée,  ou  au 
moins  une  bonne  orangerie  pour  l'hiver. 

Caractères  physiques.  Cette  plante  s'attache  contre 
les  troncs  d'arbres  ,  de  la  même  façon  que  nos  lierres.  Sa 
tige,  qui  monte  en  serpentant,  a  un  peu  plus  d'un  pouce 
de  grosseur,  paraît  comme  écaillée  par  l'elfet  des  cica- 
trices des  feuilles  tombées  ,  et  s'attache  aux  arbres  par 
quantité  de  racines  vermiculées  et  latérales.  Ses  feuilles 
sont  alternes,  pétioîées,  ovales,  lancéolées,  pointues, 
arrondies  à  leur  base,  et  la   plupart  remarquables  par 


(  353  ) 

lies  ouvertures  oblongues,  placées  entre  les  nervures  la- 
térales. Ces  feuilles  sont  iïrandes ,  lisses ,  dun  beau 
vert,  ont  jusqu'à  un  pied  et  demi  de  longueur  sur  une 
largeur  de  neuf  à  dix  pouces  ,  et  leur  pétiole  s'insère  par 
une  gaine  courte,  fendue  en  devant.  Les  spatlies  nais- 
sent dans  les  aisselles  des  feuilles  supérieures  ^  elles  sont 
ovales,  lancéolées  ,  cymbiformes,  longues  de  plus  de  six 
pouces,  lisses  et  d'un  blanc  jaunâtre  en  leur  face  in- 
terne. Le  chaton  est  cylindrique  ,  obtus  ,  jaune  ,  long 
d'environ  cinq  pouces  sur  un  pouce  de  diamètre  ,  et 
ressemble  en  quelque  sorte  à  un  épi  de  maïs. 

Analyse  chimique.  La  racine  de  cet  Arum  desséchée 
et  soumise  aux  réactifs  produit  une  huile  grasse  ,  une 
matière  extractive  analogue  au  sucre,  ciistallisable  ^  de 
la  gomme  ,  une  espèce  de  bassorine  ,  de  l'amidon  et  de 
l'eau. 

Propriétés  médicijnales.  Comme  dans  presc[ue  toutes 
les  familles  monocotylédonées,  les  racines  seules  offrent 
des  propiiétés  utiles  à  la  médecine,  et  dont  l'économie  do- 
mestique sait  aussi  tirer  parti.  Cependant  le  suc  Acre 
et  caustique  de  cette  espèce  ne  permet  point  de  l'em- 
ployer intérieurement.  On  en  use  comme  d'un  escaro- 
tique  trè5-a(  tif  pour  neutralisera  l'instant  et  décompo- 
ser le  virus  des  morsures  venimeuses  j  et  les  naturels 
n'ont  qu'à  se  louer  d'une  découverte  peut-être  due  au 
hasard  ,  mais  qui  n'en  est  pas  moins  précieuse  à  Tliuma- 
nité. 

Mode  d'administration.  On  exprime  tout  simplement 
sur  la  plaie  le  suc   de   Draconle ,  qu'on  renouvelle  tous 

28* 


V  (  354  ) 

les  quarts-d'heure.  Des  médicastres  du  pays  font  usage 
de  bains  de  la  décoction  dans  certaines  maladies  de  la 
peau. 

EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT   VINGT-NEUF. 

Le  dessin  est  réduit  au  huitième  de  grandeur  naturelle. 


JV.  :>3o 


JUMÛ^reM^a^urîuZ^na' 


(  355  ) 


<M^W\%V«)V\A(W\'W\WVVV'«  V'V\^/V>VVWWVV\  VVVVVt'VV«VV\^/VVVV\VV\VV\<VV>'VV'«VVVVV\^A'\'W'VVWW«Wt 


POIVRIER  A  QUEUE  RECOURBÉE. 


{Alexîtère  externe.) 


Synonymie.  Vulgairement:  Queue  de  Lézard  à  fruit  recourLé. 

—  Queue  z'a  Rat'.  —  Piper  foliis  ovato-lanceolatis,  nervis 
alternis  ,    spicis   uncinatis.    Linn.  Heptandrie  Tétragjnie. 

—  Juss.  Famille  des  Naïades.  —  Piper  frutescens  ,  diffu- 
sum  ,  flexile  ;  foliis  ovatis;  venis  plurimis,  obliqua  arcuatis, 
refertis.  Brown.  Jam.  121.  n°  3.  —  Piper  longum,  folie 
nervosoj  pallidi  viridi^  humilius.  Sloan.  Hist.  1.  p.  i35. 
tab.  87.  fig.  2. 

Saururus  arborescens  fructu   adunco.  Plura.  p.   5g.  tab.    77. 
C'est  le  Nhandi  et  Jaborandi  de  Pison. 


Caractères  génériques.  Fleurs  en  chaton  -,  spadice 
filiforme  couvert  de  fleurs  rarement  environnées  d'une 
spallie  ^  calice  et  corolle  nuls  -,  deux  anthères  à  la  base 
de  l'ovaire  ^  style  nul^  trois  stigmates  hispides,  une  baie 
monosperme  \  tige  frutescente. 

Caractères  particuliers.  Les  épis  très-lougs  ,  recour- 
bés d'une  manière  sensible  et  opposés  à  chaque  feuille. 


(  356  ) 

Histoire  naturelle.  On  trouve  cette  Pipérinée  à  épis 
recourbés  sur  le  bord  des  ruisseaux  du  petit  Goave  et 
du  Port  de  Paix,  à  Haïti ,  et  dans  les  environs  de  Saint- 
lago ,  île  de  Cuba  ,  surtout  auprès  de  rembarcadère  où 
les  marins  vont  puiser  de  Teau.  Son  port  est  pittoresque , 
et  annonce  une  nature  sauvage.  On  la  multiplie  par  mar- 
cottes ,  et  plus  sûrement  des  boutures  faites  en  avril 
sur  couclic  ,  sous  cloche  et  à  l'ombre  :  elles  prennent 
racines  en  deux  mois. 


Caractèubs  physiques.   Ce  Poivrier  ressemble  parfai- 
tement aux  noisetiers  d'Europe  *,  ses  racines  produisent 
douze  tiges  droites,  longues,  grosses  comme  le  bras, 
noueuses  et  articulées-,  le  bois  blanchâtre  est  fragile 5 
l'écorce    cendrée   est    rugueuse    et   comme    recouverte 
d'aspérités  semblables  à  des  verrues  ^  les  tiges  poussent 
au-delà  de  leur  moitié  des  branches  qui  se  dirigent  vers 
la  cime-,  celles-ci  en  produisent  d'autres  plus  menues, 
entrecoupées  de  nœuds  éloignés  d'un  pouce  ,  avec  une 
feuille  à  chaque,  semblable  à  celle  du  Laurier  Amande,  de 
la  longueur  de  neuf  pouces  sur  trois  ;  elles  sont  rudes  , 
d'un  vert  paie  en  dessous  ,  traversées  par  une  nervure 
saillante,  et  quelques  côtes  courbes,  blanches,  traver- 
sées par  plusieurs  veines  ^  le  dessus  est  d'un  vert  très- 
tendre. 

Yis-à-vis  de  chaque  feuille  ,  à  l'insertion  du  pétiole  de 
la  seconde  feuille  qui  n'existe  pas  ,  s'élève  un  fruit  ou 
chaton  recourbé,  de  couleur  pâle,  relevé  et  imitant  la 
queue  d'un  lézard  -,  il  a  environ  six  ou  sept  pouces  de  lon- 
gueur sur  trois  lignes  de  largeur  à  la  base  :  ces  fruits  sont 


(357  ) 
courbés  vers  le  même  côté,  et  couverts  de  grains  en 
losange  disposés  comme  par  anneaux  serrés. 


Analyse  chimique.  Les  fruits ,  les  feuilles  et  Técorce 
de  ce  Poivrier  ont  une  saveur  acre  ,  chaude  et  assez 
agréable,  qui  est  due  à  une  huile  volatile  particulière-, 
on  trouve  aussi  une  résine,  une  matière  sommeuse  colo- 
rée  ,  un  principe  extractif  amer  et  quelques  substances 
salines. 


Propriétés  médicinales.  Les  feuilles  et  racines  de 
toutes  les  espèces  de  Poivrier  étant  acres ,  les  naturels 
les  conservent  sèches  pour  les  employer  dans  les  bains 
contre  les  oedèmes,  et  particulièrement  la  leucophleg- 
masie.  Les  Brésiliens ,  qui  ont  découvert  la  vertu  de 
ce  Poivrier  aux  Portugais  ,  s'en  servent  au  lieu  de 
Pyrèthre  ;  ils  en  font  une  panacée  ,  et  surtout  le 
recommandent  comme  alexitère.  Une  poignée  de  la  ra- 
cine fraîche  pilée  et  infusée  dans  du  bon  vin  chasse  la 
force  du  venin  parles  sueurs  et  par  les  urines.  Comme 
sternutatoire  ,  les  feuilles  séchées  et  aspirées,  après  avoir 
été  réduites  en  poudre,  excitent  vivement  la  membrane 
pituitaire  par  son  aigreur  mordicante.  Poupée-Desportes 
prescrit  cette  racine  en  masticatoire  comme  dérivatif  du 
catarrhe  oculaire  ,  et  Marcgrave  lui  attribue  les  mêmes 
vertus  dans  Todontalgie  ,  à  la  lin  des  gonorrhées  ,  et 
contre  les  graviers  des  reins  et  de  la  vessie. 


Mode  d'administration.  La  dose  des  feuilles  pour  les 


(  3.08  ) 

bains  est  de  deux  poignées.  On  ne  doit  jamais  passer 
celle  de  douze  grains  comme  sternutatoire. 

EXPLICATION    DE    LA    PLANCHE    DEUX    CENT    TRENTE. 

Le  dessin  est  réduit  à  moitié  de  sa  grandeur. 

1.  Fruit. 

2.  Graine. 


/y,  3jj. 


IVi^ai/o/'c  ^^^o  *  *-'i*f  'it  ^  j  (ftt> 


J^ere^   Sc^i^Ip  ■ 


GO  TET    011E1L;LE. 


(  36o  ) 

lleuris  dans  toute  leur  longueur,  ainsi  que  dans  les  Dra- 
contes  et  les  Pothos  ,•  mais  les  fleurs  des  Potlios  ont  de 
plus  un  calice  qu'on  ne  trouve  pas  dans  les  Gouets ,  ni 
dans  les  Galles. 

HisïoinE  NATURELLE.  Gctte  plante  est  pariiculière- 
ment  connue  à  Saint-Domingue  ,  à  Guba  ,  à  Porto- 
Rico  et  à  la  Jamaïque,  où  elle  croît  dans  les  forêts  liumi- 
des.  Les  noirs,  inspirés  par  un  tact  naturel,  savent  y 
recourir  dans  les  dangers  qu'entraînent  les  morsures 
des  bêtes  venimeuses.  J'ai  vu  plusieurs  bons  effets  de 
son  application.  Le  chevelu  doré  et  soyeux  de  cette 
plante  grimpante  sur  les  arbres  ou  sur  les  rochers,  pro- 
duit un  assez  joli  effet.  Comme  toutes  les  Aroïdées  d'A- 
mérique 5  le  Gouet  oreille  réclame  beaucoup  d'eau  et 
de  chaleur  pendant  sa  végétation,  et  une  bonne  oran- 
gerie pour  l'hiver.  On  le  multiplie  de  graines  ou  d'é- 
clats de  ses  racines  ,  mais  il  faut  changer  la  terre  qui 
doit  être  bonne. 

Caractères  physiques.  La  forme  des  feuilles  fait 
reconnaître  cette  espèce  au  premier  coup-d'œil.  Sa  lige 
grimpe  et  rampe  sur  les  troncs  d'arbres  ,  et  s'y  attadie 
par  de  petites  racines  qu'elle  pousse  de  ses  noeuds.  Elle 
est  cylindrique,  plus  épaisse  que  le  pouce  ,  lisse,  nue, 
noueuse  avec  des  cicatrices  annulaires  ,  et  comme  les 
autres  ,  d'une  nature  spongieuse ,  remplie  d'un  suc  lai- 
teux très-acre.  Cette  tige  pousse  plusieurs  rameaux  qui 
s'étendent  de  deux  côtés.  Les  feuilles  naissent  au  som- 
met de  la  lige  et  des  rameaux  :  elles  sont  alternes,  très- 
rapprochées  ,    pétiolées  ,  composées    de  trois   folioles , 


(  36i  ) 

dont  très-souvent  les  deux  latérales  ont  à  leur  base  ex- 
térieure un  petit  lobe  obtus  qui  les  fait  paraître  oreil- 
lées.  Dans  les  individus  jeunes  et  cultivés,  les  trois  fo- 
lioles sont  simples  et  les  deux  latérales  sont  remarqua- 
bles,  en  ce  que  leur  bord  intérieur  est  presque  droit, 
et  l'extérieur  est  recourbé  en  portion  de  cercle.  Ces 
feuilles  sont  lisses,  d'un  vert  plus  clair  en  dessous  qu'en 
dessus^  leur  pétiole  est  long,  creusé  en  gouttière  infé- 
rieurement,  et  engainé  ou  amplexicauîe  à  sa  base.  Les 
pédoncules  naissent  dans  les  aisselles  des  feuilles,  por- 
tent chacun  une  spatlie  longue  de  neuf  à  dix  pouces  , 
rétrécie  et  comme  étranglée  dans  sa  parlie  moyenne  , 
verte  en  dehors  ,  et  même  en  dedans  en  sa  languette 
supérieure  *,   mais  d'un   très-beau  rouge  dans  sa  partie 


inférieure  et  interne. 


Analyse  chimique.  Ainsi  que  toutes  les  Aroïdes  ,  le 
Gouet  oreille  produit  une  huile  grasse ,  un  principe  su- 
cré ,  de  la  gomme  ,  de  l'amidon  et  de  l'eau. 

Propriétés  médicinales.  C'est  probablement  à  cause 
de  la  vertu  caustique  du  suc  laiteux  que  contient  cette 
Draconte  ,  que  les  insulaires  l'emploient  avec  avantage 
extérieurement  contre  la  morsure  des  serpens  et  autres 
bètes  venimeuses.  Ce  caustique  paraît  neutraliser  le 
poison  par  sa  violence.  Des  guérisseurs  ignorans  ont 
l'audace  d'employer  intérieurement  cet  Arum  contre  les 
œdématies,  l'anasarque,  et  autres  infiltrations  du  tissu 
cellulaire^  mais  je  conseille  d'en  proscrire  l'usage,  comme 
pouvant  avoir  des  résultats  funestes. 

Mode  d'adivunistrAtion.  On  emploie  le  suc  exprimé 


(  362  ) 

des  racines  dont  on  imbibe  des  plumaceaux -,  ou,  si  l'on 
ne  peut  s'en  procurer  une  assez  grande  quantité,  on  a 
recours  à  une   décoction  concentrée  des   racines   et  de 


la  tiçre. 


EXPLICATION    DE   LA    PLAKCHE    DEUX  CETST  TRENTE-LKE. 

Le  dessin  est  réduit  au  quart  de  sa  grandeur. 


7ïi.,'./.'rc   /Kj;ciir/tA  An.c    . 


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P\ruUii¥Ai  A  ViSO    rr.ViLLKS. 


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(  364  ) 

plus  bel  aspect  lorsqu'il  est  chargé  de  ses  fleurs.  Les 
liabitans  de  Cayenne  lui  ont  donné  le  nom  de  Cacao 
sauvage.  Les  Galibis  en  mangent  les  semences  cuites 
sous  la  biaise.  Le  Pachirier  se  trouve  sur  le  bord  des 
fleuves,  où  Téclat  de  ses  vives  couleurs  et  le  gracieux 
contraste  des  fleurs  avec  la  verdure  appellent  prompte- 
ment  l'œil  avide  de  l'admirateur  des  merveilles  de  la 
nature.  L'or  et  la  rose  composent  cette  fleur  ravissante. 
On  trouve  cet  arbre  curieux  dans  les  magnifiques 
serres  du  château  de  Voisin,  appartenant  à  M.  le  comte 
de  Saint-Didier.  Cette  riche  collection  est  due  aux  soins 
et  au  goût  exquis  de  M.  Soulanges  Bodin,  dont  l'établis- 
sement de  Fromont  excite  l'enthousiasme  des  curieux,  et 
qui  a  su  réunir  à  Voisin ,  par  un  choix  délicat  et  raisonné, 
tout  ce  qui  peut  flatter  la  vue  et  l'odorat. 


Caractères  physiques.  Le  Pachirier  à  cinq  feuilles  est 
un  arbre  dont  le  tronc  est  très-rameux ,  et  qui  s'élève 
ordinairement  à  quinze  ou  vingt  pieds  de  hauteur,  sur 
un  à  deux  de  diamètre.  Son  écorce  est  cendrée,  et  son 
bois  mou  et  spongieux.  Ses  rameaux  s'étendent  en  tous 
sens  ,  et  sont  garnis  de  feuilles  alternes  ,  pétiolées,  com- 
posées de  trois  à  cinq  folioles  ovales,  lancéolées,  pointues, 
presque  sessiles,  lisses,  vertes,  très-entières  \  ces  folioles 
sont  de  grandeur  inégale,  et  la  moyenne  a  souvent  sept 
pouces  et  plus  ;  elles  sont  disposées  en  matière  de  digi- 
talions  à  l'extrémité  d'un  pétiole  commun,  long  de  cinq 
à  six  pouces,  muni  à  sa  base  de  deux  stipules.  Les  fleurs 
sont  magnifiques  ,  longues  de  plus  d'un  pied ,  comme 
tubuleuses  ,  veloutées,  jaunâtres,  solitaires,  et  dispo- 
sées dans  les  aisselles  des  feuilles.  Les  pédoncules  sont 


(  365  ) 

très-épais  et  fort  courts.  Les  pétales  d'or  tombent  de 
bonne  heure  ,  et  laissent  à  découvert  un  gros  faisceau 
d'étamines  ,  dout  les  filamens  sont  rougeâtres ,  et  les 
anthères  d'un  beau  pourpre.  Le  fruit  ressemble  un 
peu  à  celui  du  Cacaoyer,  ce  qui  a  d'abord  fait  donner  à 
cet  arbre  le  nom  de  Cacaoyer  sauvage  par  les  habitans 
de  Cayenne.  C'est  une  capsule  ovoïde  ,  velue ,  rou- 
geàtre,  relevée  de  cinq  côtes  arrondies. 


Analyse  chimique.  Les  fleurs  et  les  graines  contien- 
nent du  mucilage  ainsi  que  toutes  les  autres  Malvacées. 
J'ai  égaré  dans  mes  voyages  la  note  complète  de  son 
analyse. 


Propriétés  médicinales.  Le  Pachirier  a  une  partie 
des  propriétés  du  Cacao  ,  avec  lequel  les  Galibis  le  com- 
parent ;  et  quoique  possédant  les  vertus  des  Malvacées, 
on  lui  attribue  des  vertus  alexitères.  Les  habitans  de 
Cayenne  et  de  la  Guiaiie  font  des  achars  avec  les 
jeunes  fruits,  et  emploient  les  feuilles  et  les  fleurs  dans 
leurs  Calalous.  Ces  fleurs  sont  évidemment  émollientes. 
Comment  pouvoir  se  rendre  compte  de  la  vertu  alexiière 
de  cette  plante,  si  ce  n'est  à  cause  des  parties  mucilagi- 
neuses  dont  elle  jouit?  Quoiqu'elle  soit  recommandée 
par  les  praticiens  du  pays,  je  n'ai  jamais  été  dans  le  cas 
d'observer  son  influence  ,  soit  dans  les  empoisonnemens, 
soit  dans  le  cas  de  morsures  de  bêtes  venimeuses. 


Mode  d'administration.  Les  médicastres  prescrivent 


(  36G  ) 
à  rintéiieur  et  à  l'extérieur  sa  décoction  tiès-rapprochée. 

EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE  DEUX  CENT  TRENTE-DEUX. 

Cette  plante  est  dessinée  à  moitié  de  sa  grandeur. 

1.  Fruit. 

2.  Graine. 


FIN    DU    TROISIEME    VOLUME. 


é 


(  36;  ) 


TABLE 


DES  MATIEFxES  CONTENUES  DANS  LE  TROISIEME  VOLUME. 


Trente-neuvième  livraison. 

Planches.  Pages. 

Sommaire  des  Toxiques  (  OU  Plantes  vénéneuses)     .     .  i 

Blancenill'er  vénéneux i53  12 

Glu^ier  des  oiseleurs i54  20 

Mancenillier  à  feuilles  de  Houx i55  26 

Lobélie  à  longues  fleurs.  (  Québec.  ) i56  3o 

Quarantième  livraison. 

Aristoloche  à  grandes  fleurs 167  35 

Ahouaï  des  Antilles i58  ^o 

Gouaré  trichiioïde iSq  ^3 

Gestreau  nocturne 160  fyj 

Quarante-unième  livraison. 

Gouet  arborescent 161  5i 

Gouet  vénéneux 162  55 

Comoclade  denté.  (  Guao  de  Cuba:  ) i63  58 

Momordique  Nexiquen 164  62 

Quarante-deuxième  livraison. 

Draconte  poîyphylle i65  67 

Gouet  hédéracé 166  71 

Achit  caustique .     .     .     ,  167  75 

Cestreau  macrophylle 1G8  70 

29 


1 


(  368  ) 

Quarante-troisième  lis^raison. 

Planchgs.  Pages. 

Dolic  à  feuilles  obtuses i6q  83 

Dolic  à  petites  gousses i  p-o  87 

Amome  pyramidale. ini  m 

Dentelaire  sarmenteuse i'-2  94 

Quarante-quatrième  liuraison. 

Stramoine  épineuse .     .  inS  oo 

Stramoine  sarmenteuse ii|j;4  loA 

Stramoine  cornue 1^5  108 

Médicinier  manioc.     . .     .  i-jô  ii3 

Quaj'antc ^cinquième  livraison. 

Belladone   arborescente '77  HQ 

Franchipanier  blanc 178  126 

Galcga  soyeux 179  i3i 

Amaryllis  écarlate 180  i35 

Quarante -sixième  livraison. 

Paulinie  ailée 181  189 

Calebassier  vénéneux 182  i^3 

Téphrose  vénéneuse i83  147 

Ranyolfe  blanchâtre 184  i5i 

Quarante  septième  livraison. 

Morelle  sombre i85  i55 

Morelle  mammiforrae 186  iSq 

Morelle  mélongène 187  i63 

Morelle  à  feuilles  d'Acanthe. 188  167 

Quarante-huitième  livraison.   . 

Apocin  à  fruit  hérissé ^89  171 

Apocin  tacheté 19°  '7" 

Apocin   citron 191  180 

Echite  toruleusc  . ^9^  *°^ 


(  369  ) 

Quarante-neuvième  livraison . 

Planches.  Pa§es- 

Camérier  à  feuilles  larges igS  187 

Euphorbe  à  bractées  écarlates 194  igt 

Orphilie  cévadille igS  igS 

Bois  ivrant  de  la  Jamaïque 196  2o3 

Cinquantième  livraison. 

Sommaire  des  alexitères 207 

Mikanie  guaco ;     ...  197  211 

Nandhirobe  à  feuilles  de  Lierre 198  216 

Bignone  à  griffes 199  223 

Acacia  à  grandes  gousses 200  226 

Cinquante-unième  livraison. 

Paraire  liane  à  cœur 201  281 

Aristoloche  anguicide .  202  235 

Eupatoire  aya-pana 2o3  240 

Bigonne  à  ébène 2o4  244 

Cinquante-deuxième  livraison. 

Zédoaire 2o5  247 

Valérianne  patagonelle 206  262 

Dorstène  contrayerva 207  256 

Strumpfie  maritime 208  260 

Cinquante-troisième  livraison. 

llcdwigie  balsamifère.     ...-,• 209  263 

Houmiri  baumier   rouge 210  270 

Balsamier  de  la  Jamaïque.  (Bois  de  Rodes.  )     ....  211  276 

Balsamier  élémifère 212  279 

Cinquante-quatrième  livi^aison. 

Laurier  péchurim 2i3  ^83 

Myrte  à  feuilles  de  Laurier 2i4  287 

Myrte  à  feuilles   de  Citron 2i5  291 

Antidesme  alexitère 216  292 


(  370  ) 

Cinquante'Cinquième  livraison. 

Planches.  Pages. 

Conyse  odorante aiij  29g 

Sauge  à  fleurs  blanches 218  3o3 

Oranger  à  feuilles  de  myrte 219  3o8 

Oranger   pampelmousse 220  3i3 

Cinquante-sixième  livraison. 

Collinsonie * 221  319 

Sarriette  condée 222  323 

Germandrée  renflée 223  32^ 

Monnière  triphylle 224  33 1 

Cinquante-septième  livraison . 

Aristoloche  ponctuée 226  335 

Poivrier  herbe  à  couresse 226  34© 

Euphorbe  mal  nommée 227  344 

Euphorbe  écarlate 228  348 

Cinquante-huitième  livraison. 

Draconte  perforée 229  35 1 

Poivrier  à  queue  recourbée 23o  355 

Gouet  oreille 23i  SSg 

Pachirier  à  cinq  feuilles 332  363 


FIN    DE    LA    TABLE    DU    TROISIEME    VOLUME. 


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Descourti 


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