l"» ■ V.
i:'
\
J- .
. ?-
^
h "
• *
^ <• ;
-k:
■sJ»^^'
k.
»'^'
Vr
/^,
./■•
A -
\ -
-> \
1»
V
r'^v
/ <.
Vr
/^,
\0
S TROPES ,
ov
DES DIÎ^RENS SENS
DANS ITèSQ^UEIS^
On peut prendre un même mot
dans une même langue.
uvrage utile pour Pitf elligence dp Auteurs,
& qui peut fer vit d*ihtrodudion à la
Rhétorique U' à la L^ogicjôce-
F^r M. DU MARS A I S.
à
Chez larVeiive de Jean-Batiste; Brc^ai ^
rue Sauic Jaques, au CheEi^nc Jean* . ,
MBMV
V
U Dec XXX.
. ' '»
V
i-
/^
i- -''
{
* *
»■
^ r
y
t»
:'
l On Tcnd ctez le même Libraire rExtosiTiôK
' de la Méthode raifonée pour aprendre la Langue
lajtine, & les Réponfes aux objeftioiis. Le prix eft
^^4. fous, broché.: ;^ /, , , , ^ '^
f^Onvend aufli la Prçface générale delà Gram-
iinaite, avec les ReVï exions ftir la méthode
[•enfeierîci'ïelon|vrRollln>di3cfo^^^^^^ •
n
m
; :^>.
■x
r
> c.
'W^. ^.■
W^T'* -^X-
VT
y
I
► >
r
5m
eft
^
%... ■ '■
JP^ÈRTIS SEMENT.
T E fuiç^ perAïadé par des eipérien* >
I ces réitérées , que la mécnode la
phis facile & la plus fure pour co-
mehcerà aprendre le latin, c'eft de
fefervir d'abord d'une interprétation
interlineaire , où la confltudion foie
toute faite , & où les rriots fous-en*
tendus (oient fupléés. 3'4père doher
biêAtôt au public (quelques unes de 1
ces ti'aduâ-ions.
Mais, quand les jeunes gens font
devenus capables de réflexion , on -
doit leur montrer les • règles de là
Grammaire , & faire avec eux les ob-
fefyations grammaticales qui font né-^
ceflaires pour Pintelligencedu texte n
qu'on explique. Ceft dans cette vue
que j*ai corapofé une Grammaire où
j*ai raflemble ces obfervations.
Je divife la Grammaire en fept-
parties ; c'eft-à-dire , que je penfe qucj
(
^
w
t-
► •»
.<7C&
/
■'»IL^
1^
r
■t.
/
f-
.!b^ .
les owervatiom <jjue l'on peut faire
^ fur jbfi mots", entant que fignes de
nos pensées , peuvent être réduites
fous fepè articles , qui font :
1. lii:^ conoiflance de la propod-
- tion ôc de la période, entant qu'elles
font composées de mots , dont les
termiriaifons & l'arangement leur
font fignifier ce qu'on a deflein qu'ils
Êgnifient \% ^
H. L'Orthographe :
m*. La Profoclie , ç'eft-a-dire , la
{)artie de la Grammaire, qui traite de
a pronoriciation des mots , & de la '
quantité des fylabes:
I\f* L'Etymôlogie. ^
V. Les préUminaires de la Syntaxe:
^ |*apcle ainfî la partie qui traité de la
nature des mots & de leurs proprié-
tés gràmmaticalçis , c*eft-à-dire , des
nombres , des gerires , des persones,
des terminaifons , elle contient ce
qu'on àpcle les Rudimèns ; '
yi> La Syntaxe: -.
'%
'• <
jtP'ERTI s SEMENT. r
VII. Enfin la conoifTance de^ di-j
fcrens Cens dans: lesquels un mtcme
mot eft employé dans une même lan-
gue. La conoifTance de ces diféréns ^^^
fens eft néce (Taire , pour avoir uxie *
véritable intelligence des m^ts , en-
tant que fignes dé nos pensées : ainfi
j'ai cru qu'un traité fur ce poiot aoar- .
tençit à la Grammaires & qu'il né
faloit pas atendre que lé^'ènfans euf-
fent parte fept ou huit ans dans l'é-^ ^
tude du latin, pour leur aprendre/,e
2ue x'eft que le fens propre &: le fens
^uré , & ce qu'on entend par Mé^
taphore ou pair Métonymie.
On ne peut faire aucune queftion*
fur les mots, qui ne puifle être rédui-
te fous quelan'un de ces fept articles.-
Tel eft le plan que je me fuis fait,
il y a lông-tems , de la Grammaire-
Mais, quoique ces diféremes par-r^
ties foient liées entre^ elles , de telle
forte qu'en lès réunifiant toutes en- '
■4b
/ .
^
/"
^
V-
V f,
P::'
t : ■■>.
^'t
|ei:m>Ie, elles formant tfti tout qu*oà
apclç ^Cjr4^w4/>f î cependant chacune
en particulier né fupose néceflàire-
ment que les conoiuances qu'on a
aquifes^àr l^usage de là vie. Il n'y a
guj^rie^e^ les préliminaires de la iyri-,
taxe qui doivent précéder héceflai-^
remeht la fynta^te ; les autres parties
peuvent aler aflfez indiférament l'une
avant Tau cî% : ainfî cette partie dé
Grammaire que jedone aujourd'hui;
ne- fupôÉànt pbint les aiïtres parties,
& pouvant fadiement y être ajoutée,
4oit être regardée corne un traité
particulier furies uopds & fur lesdi-
Férens fçns dans lesquels on pçut pren-
dre un même mot.
Nous avons dés traités particuliers
fur l'orthographe , fur la profodie , où
quantité , fur la fyntaxe , &c : en
voici un fur les tropes.
^ On rrte dira peut-être que je m'a-
rcte ici quelquefois â dès cliofés trog
^ AyBKT ISS EMENT. ^
aifée^ôc trop comunesimais les jeune»
jens ne vicnfent point daiîs le ipott*
le avec k conojflance de ces cHo^s
aifées & comiines ; ils ont befoin de
lès aprendre , s*ils veulent pafler a
la conoifTance de celles 'qui fonç
plus dificiles & plus ëlevé^*
D'autres, au contraire, trouveront
que ce traité contient des réflexions
qui font au defliis de la portée des
jeqnes gens \ mais je les ftrpiie d'ob-»
ferver que i'adrefle ma Grammaire
aux Maîtres. Je crois les maîtres ne-
ceflàirespour les raifons que j'expli-
que dans la préface ;générale de la
Grammaire. Mon 'objet eft que les
maitres trouvent dans cet ouvrage les
réflexions & les exemples dont ils
peuvent avoir befoin , liée n*efl: pour
eux-mêmes , au moins pour leurs élè-
ves. C'eft enfuite aux maitres à ré|ïer
l'usage de ces réflexions & 'de ces
exemples , félon les lumières , les ta-
* • • • •
a llij
•^
\
■/
/ ■
fWi^
^îcns & la portée de leurs disciples;
C*eft ùnelrcflexion que je prie le Lec-
teur de ne point perdre d!e vue , s'il
veut entrer dans ma pensée.
Au refte , je rapclé qiielcpiefois dans
ce traite certains point«,en difant que
j*cn ai parle plus au lohg qu dans la *
fyntaxe ou dans quelqu*autre partie
de la Grammaire , on doit me par-
donerile renvoyef ainfi à des ouvra-
..ges qui ne font point encore impri-
més , parce qu'en ces ocafions je ne dis
rien qu'on ne puiffe bien entendre
fans avoir recours aux endroits que
je rapèie , j'ai cru que puisque les au-
tres parties fuivront celle-ci , il y au-
roit plus d'ordre & de liaifon entre
elles , à fuposer pour quelque eems ce
que j'espère qui arivera,
2.
Cf
ERRATA.
ÏE ne crois pas qu*il y ait des fautes typogra-
phiques dans cet ouvrage {^r l'attention de» ♦
Imprimeurs , ou s*il y en a elles ne font pas bien
confidérables. Cependant, corne il n'y a point
encore en France de manière uniforme d'écrire,
je ne doute pas que chacun , félon fon parti ^ ne
trouve ici» un grand nombre de fautes.
Mais, I. mon cher Léârcur, avez- vous jamais mé-
dite fur l'Orthographe? Si vousîi'avcz point fait de
réflexions féricuféS fur cette partie de laGrammai-
te , (î vpus n'avez qu'une orthographe de hazard &c
d'habitude , permettez - moi de vous^ prier de ne
point vous areter à la manière dont ce livre cft orto-
gràphié, vous vous y acoutumercz infcnfib!ement;|
-2. Etes-vous partifan de l'anciène orthographe ?
Prenez «donc la peine de mettre des lettres doubles
qui ne fe prononcent, point , dans tous les mots
que vous trouverez écrits fans ces doubles lettres.
Ainfi , quoique félon Vos principes il faille avoir
égard à l'étimologie en écrivant , ajoutez une m
à home , quoiqu'on prononce ho - me , & que ce
mot viène du latin homo,_ Ajoutez' auflfi une m 1
corne , quoiqu'il fc prononce corne Rome , ôc qu'il
vièhc de l'italien corne, ou. de l'espagnol comte , ou du
latin ojHomodo : Enfin , mettez des- lettres doubles i
frrfone , quoiqu'il viène de perfina ', à do^er , qui
vient de donÀre\ à honeitr^ qui vient de honor^ à «<«-
tHrile , qui vient de naturdlis , &:c.
On vous dira peut-être qucies lettres font dei
Tignes , que tout 'figne doit ngnificr quelque chofe,
^u'ainiS une lettre double qui oc marque ni l'ctij
r
jf.
w
t
lÏÉDlogte > ni la prononciation d'un mot e/l un R-i "
^e qui nç fi^ine rien; n*iinport6: ajoutez-les tou«
jours , iktis||kes vos yeux ^ je né veut rien <fd
Wus Méfie i éc ponrvu que tous vous douiez U
âeine d'entrer dans l#rens de mes proie» ^ vous
IKMivez faire tout ce qu*ii vous plaira des figues qui
fervent à l'exprimer. *
Vous médire» peut-être que je me fuis écarté
de l'usage : mais je vous fuplic d'obferver , V,
Que je n'aiauciine manière d'écrire qui me foit par-
ticulière , & qui ne foit autorifcc par l'exemple de
plufieurs auteurs de réputation. ^
*• Le P. Bufier prétend même que le grand
nombre des Auteurs fuit aujourd'hui la nouvel^
6rthoeraphc,c'eft-à-dirc qu'on ne fuit plus cxacî^c-
mentranciène. J*4/ trouvé la nouvèle orthographe ^ -
dit-il , ( Gramm. Franc, pag. 38R. ) Jarts pins det
éleHX tiers des livres qui s*impriment depuis dix ans.
Le P. Bufier nome les Auteurs de ces livres. Le P.
Sànadon ajoute que depuis la fuputation du P. Bu-
fier le fiombre des partifans delà nouvèle orthogra-
phe s^efi beaucoup aurmenté (jr s*augtnente encore tous
lis jours, ( Poéfics ^'Horace. Préfece , page xvi i. >
Ainfî , mon cher Ledeur , je contiens que je m'é*
h>igne de votre usage > mais félon le P. Bufier & le
P. Sanadon , je me conformjp à l'usage le plus fuivi.
3. Etes vous partifah de ta nouvèle orthographel
Vous trouverez ici à réformer.
Le parti de l'anciènc orthographe & celui de la
nouvèle fe fubilivifent en bien des branches, de
quelque côté que vous foycz , retranchez ou ajou?
fez toutes hes lettres qu'il vous plaira & ne me
condâncz qu'après oue vous aurez vu mes raifon<i
dans mon traité de l'orthographe^ ,
« ■-■"r« ■
' \^*J^i
/
--=> -r
:>,\<îi:i
/ .
/.-
WJJ^
>■ ^■,}
im
DES TROP EST:
■■■v"' . ou "•■■ if.- ; '■-■'■/V
DES DlFERÈNS SEK $
3bans lefquek on peut prendre un mémo
mot dans une même langue»
P R E M I É R iE P A R T JE /
D& Iropes en^inirdL •
JiéJm
,émt tiil '
». ./ /i
A R.T I C LE PRE M ï Ê R,
Y A NT que de parler de* TMfé
particulier, je dois dke lÉi mèc
ides ûgmc^ eq géoà»! liniiqu^ kl
Xi;ppes 11^ J^nc quttTK espèce 1^
'1
V.
• *
r
/
<
^
fit^vent diieai^cre ch(^ , fînonqôe
Ibnt iks manières de parkr ck^-
de celles qui nefontpâsf^aréeèySc
un mol les Figurcj; font dés Figures, SC
Ut font {>as ce qui n'cft jwi^ Figurbs.
iydilieuï«^ bien loin que les Figures foîent
des manières de parler cloighées de celles qui
font naturcles & ordinaires , il n*y a rien de
* ' ■' ib naturel , de fî ordinaire , ôc de fi comun
£f#^.i#/4<pie les figures dans Je langage des hom^.
^ M. de Brettcville après avoir dit que les Fi-
^àts ne font autre ch'ofe que de certains tours i'ex-^
ffeS^M &, àt penfte dont m nêjefert foint cmum»
ment y ajoute i» qu'il n'y a rien de fi aifé â^ de fi
lUttlurel. J-ai pris fpuvent plaifir, dit-il, à en-
3^ tendre iks payiàas s'entretenir avec des Fi-
n gurcs de diîcours fi varices , fi vives , fi cloi-
Mgnées du vulgaire, que favois honte d*a-
«VoirElong-^Dems étudié rékxpience,voyimc
Sien eux une certaine lUiécit>riqdBe de nature
ifccaucoupptusperfiiafivcific plus éloqucm»
» que toutes nos Bjiétoriqiiosartificiélës* «
"Bu cfet , {0 fois perfiiadc qu'il fe ait phis
cb Figures un K>ur de marché à la Halle,qu*il
là if m âif m^plufieum jouts d'aflëmblées
I»a4éiii|im Ma que lei tipacB
Chéurt é
<» '
•y
^
i^ ^ n» GÉïfÉKJiZ: . v|!.
{félôij^ént du langage ordinaire des homes ,
te feroicnt au contraire les façons cte parler
fims Figurer qui s'en éipigncroiênt , s'H ctoit
{loilible de faire un difcours où il n*y eut que
des expreffions nqn figurées. Ce font encore
les ûçonsdc parler recherche^ , les Figures-
dq)lacées , & tirées de loin , qui s'écartent
de U mamire comune & fmplc de parler l corne
les parures afedécs s*éloigncnt de la manière
de s'habiller, quicften ufage parmi les ho?
nctes gens.
Les Apôtres croient perfcçutés , A; ils foù-
Iroicnt paticnmcnt les pcrfécutions : Qu y a-
t^il de plus naturel &: de moins éloigné du
langage ordinaire, que là peinture que feif
S. Paul de cette fituation & de cette conduite
des Apôtres > « On nous maudit , &: nous
» beniflbns : on nous pcrfccùte^ & nous fou-
» fit>ns la perfécution : on prononce des
» blafphémes contre nous , & nous répon-
•• dons par des prières. « Quoiqu'il y ait dans
CCS parbles de la fiîîipHcité , de la naïveté,
& qu'elleSpjB^'éîoignent en rien du langage
ordinaire S cependant elles continuent une
* Mâlcdiciraur , & benedidiniis : pcrfecnti^cm pitimor,
& fuiHiiéiiiQf < Marphcmimiif ^ 5c oubcfénas, u On, r. ^
9* lu
^ Ai; .
x'
v^
/
■c
/
Oraif. la.
ItbcHc Figure qn'on ApilcaHtithèfi,t*tM^
dite , opofition : nkuulirt eft opofè à ktnirr
péi^kider à foufrir: blrfpbtmes kpriérts.
Il n"y a rien de plus comun que tf adrcflcr
la parole à ceux à qui l'on parle, & de leur,
feirc des reproches quand pn n'cft pas col-
lent de leur conduite. ^ 0 Nation incrédule &
méchante ! s*écrie Jefus-Chrift , jitfyHes à quand ,
firm-je avec vous ! Jufques à quand aurai-je à vous
fiufrir ! C'eft une Figure très-fîmple qu'on
apèle apoflrophe,
M.Flcchicraucomencementdçfon'Orai-
i'^T^w Con fiirtlbrcde M, de Turttie , voulant dô-
JUr#i^#, oer une idée générale des exploits de Ton Hé.
ros^ dit » conduites d'atmces, ûégcs de pla-
• » ces , prifcs de villes , paflàges de rivières ,
» ataqucs hardies , retraites honorables, cam<
«pemens bien ordonés ; combats fqu^us,
» batailles gagiiées , éncmi^ vaincus par la
» force , diifîpés par l'adreflè , lafles par une
lifàge Hc noble patience : Où peutHXi trou-
» ver tant d^ de û puiflans exemples , cpt
•> dans les actions d'un home , ôcc. « ^
Il me femble qu'il n'y a rien daîhs ces pa«
rôles qui s^éloigne dii langage militaire le
^9:
C../
'Y'
** ^ gfnwitto incrédall Se pcnrérfa, Qjjo uTqiieYrÔToblGi
Clin 1 Qno a(^ pâûâr roi i i<«#f« #« 17^ U« •
piui i
qu'on
Ficch
autre
etKon
Dan
croyai
omnmm
que la
le (èns
ibn-fîls
fnes^ i
eftévii
2iichev(
cité d<
t^dre
<^es h<
ccft-à-
Il y
ufitéesl
Frofa^
une
inann
noflèï
>9men!
/
t1
pl
En GE'NESplÊ. 4
|)ltt« fimplc ? c cft là cependant une Figuro -^ .
qtfori' zpèhcongerkfy amas , aflèmblagc. Mv
Flcchicr la termine en cet exemple, par une
autre Figure qu on apèle interrogation , qui cft
cftcore UDÇ &çon de parler fort triviale dans:
Ic^lajigage ordinaire* - v ^ * r
Dans rAndricnc de Térence , Simon fc ^^ ^
croyant trompe par fon fils, lui dit, ^d ais. ^f ''^;-^ J
' mmm ^ . • Que dis-tu Je plus . . .^ vous voyez v.' i, \
que la pr«pofition n'eft. point entière , mais
le fens &it voir qiic ce pcre vouloir dkc k
fon-fils^ y ^e dis-tu le fins méchant de tons les ho- •
mes i Ces fîtçons de parler dans lelqûellcs ï\
cft évident qu il feut fupléer des mots, pour
achever d'exprimer une pcJ^éc que La ^^i^a^^^
cité de 1^ paflîon fe contente de faire en- ^
t^ddre, font fort ordinaires dans le langage
^cs homes. vOn apcle cette figuw Elii^fe *
c*eft-à-dire , omfion.
Il y a^ la yérité,quelqucs figures qui ne font
ufîtécs que ditns l^ile fubjimc : telle eft la
Profapopiei qui conufte à feirc parler un mort^
une perfonc abfente , ou même les chofcs
inanimées. » Ce tombeau* s'ouvriroit , ces oraif. fo-
uoiTémens fc rcjoindroiçnt pour inc dire :^^^j^^;'f •
vt Pourquoi viens-tu mentir pour moi , qui ne ^yiOet,
n rncrni» iajDwis pour petfone ) Laiflcs-moi ^
1
iiii
'^
^
■. \
,*
*
^'
é- ■ '-■^ÉS- TU 0 EST ' ■ -' '-
# ti^ofo dans le fi^n de la vciité , U ne vkoa
it|Kis troubler ma paix ^ par la ilatede qutf
» j*ai haïe, et CeftUinfi <yic M. Flêchier pré*
Tiientfës auditeur;.; &: ks affiire, par cei^e
profopopée , que la ilat^ie n*aura point de
rt dans rélbgc qu il va Émp de M. le Duc
de Monta^cr.
Hors iMi petit noinbrc de figures fcmbla-
blés, refervccs pour le ftîle élevé , les autresi
fc trouvent tous les jours dans lc(lilele plus
finxple, & dans le langage le plus comun.
Qu'eft-cc donc que Içs figures } Ce mot fe
prend ici dans un fcns métaphorique. Figitre
dans le fens propre , c eft la forme éxtcrieiirc
d'un corps. Tous les corps font^tendus, mais
/ outre cette propriété générale d être étendus,
(ils ont encore chacun leur figuré àc leur for<
me particulière: , qui ait que chaque corps
/ paroit à nos yeux-diférent d un autre corps :
il en eft de même àcs expreffions figurées,
elles font d*abord conoitre ce qu on peniè \
t elles ont d'abord cette propriété générale qui
convient à toutes les phrafes âc à tous les af*'
.^nblages de mots , àc qui confifte à fignifier
quelque chofe , en vertu de la conftruâion
• gtammaticafe > mais de plus les expr^iions
%îuée$ ont encoix une ntodiÇcatiôa particu*
-^
N
^
-:^ EU CENERA£: ; , -f-
liérè qpi leur cft propre , & c cft<n vertu d^
cette modification particulière , que Tondit
ikie cipéce à paît de chaque forte de figure.
L^aïuithcfe ^ par exemple, eft diftinguce des
autres manières de parler , en ce que dans cet
aflcmblage de mots qui forment rantithcfe ,
les mots font opofés les uns aux autres 5 ainû.
quand* on rencontre des exemples de ce? for-
tes d'opofitioJls de mots , on Içs raportc à
l'antithèle.
Il apoftxophe cftdifcrente des autres figurcJ,
parce que ce n eft que dans laportrophc qu on
adreflè tout d*un coup la parole à quelque
pcrfone prélente , ou ab fente, Sec*
Ce n eft que dans la Profopopéc que 1 on fait
I^rlcr les morts, les abfens, ou les êtres ina*
nimcs : il en cft de même des autres figures,
elles ont chacune leur caractère particulier^
qui les diftinguc des autres alTemblages de
mots , qui font un fens dans li langage ordi-*
nairc des homes.
Les Gramfoairiens & les Rhéteurs ayant
6it des obfervations fur les diferentes ma-
nières de parler, ils ontfiiitdes claflès par-
ticulières de ces difêrentes manières , afin dé
mettre plus d*ordre & darangcmcnt dant
leurs ic&ixions. I^ manières de parler dans
A ni;
->#•
^^-
V
.y
Caraft.Des
ou?rag.
\
/
1 ht S TROtES
Idquetles ils n'ont remarqué d'autre fré-î
priété que celle de ^re conoitre ce qu'on
peniè^ font apclécsfimplcmcnt ^ryrx, tx^^
ptffionsi fèmdes \ mais celles qui expriment
non (culemcnt des pcnfées, mais encore des
pcnfces énoncées dune manivTC particulière
qm leur done un, caradére propre , celles-là^
dis-je , font apclées figum , parce quelles pa-
roiflcnt , pour ainfi dire , fous une forme par-
ticulière , &: avec ce caradiére propre qui les
diftingue les unes des autres , &: de tout co
quincft que phrafeou exprcffioit.
M. de laBruyére dit » qu il j a de certaines
^^ » chofes dont la médiocrité eft infuportable:
^ j) la poéfîc , la mufiquc , la peinture , & \t
» difcoiffs public, <( Il n'y a point là de figure î -
c cft-à-dire, que toute cetf5 phrafe ne fait autre
chofe qu'exprimer la penfée de M 4e la Briiyé-
re,fans avoir de plus un de ces tours qui ontua
caradéfe particulier : Mais quand il ajoute ,
•• Quel fuplice que d'entendre déclanwr pom-v
» peufement un ' froid difcours , ou pronon-
» ccr de médiocres vers avec emphafe ! « C'eft
la même pçtifée i mais de plus elle eft expri-
mée fous la forme particuliérç dMa (urprifc
lie Tadmiratron , c'eft une figure.
Inu^cz'voiis pour uii moment une muk
, Elf G-E NE RAI. *
titudc dcfol(kts,clQntlcsunsnontcpcrha,
bit ordinaire quils avaient avant leur enga-*
gcment , &c les autres ont l'habit^ uniforme
de leur régiment : ceux-ci ont tous un habit
qui les dîftinguc , &c qui Êiit conoitre de
quel régiment ils font : les uns font habillés
de rouge , les autres de bleu , de blanc , de
jaune , &c. II en eft de même des aflèmblagcs.
de mots qui compofent le difcours > un Ic^
déur inftruit raporte un tel mot , une telle
phrafe à une telle efpécç de figure, félon qu'il
* y reconoit la forme , le fîgne, lecaradtérc
de cette figure ; les phrafes & les mots, qui
n ont la marque d'aucune figure particulière,
font corne les foldats qui n'ont Fhabit d'au-
cun régiment : plies nont d'autres modifica-
tions que çeilçs qui font néceflairespour Êiirç
conoitre ce qu'on peu (è.
Il ne faut point s'ctôner Çi les figures, quand
elles font employées à propos , donent de la
vivâxrité , de la force , ou de la grâce au dif
cours 5 car outre la propriété d'exprimer les
pcnfées , côme tous les autres aflèmblagcs de
mots , elles ont encore , fi fofe parler ainfi ,
l'avantage de leur habit, je veux dire, de leur
modification particulière , qui fort à réveiller
Vatention , à plaire , ou à toucher^
jt ^
«?
/"
r
•\
♦Corneille,
Horaccs.
M* m,
.♦* la. Ni-
|H> t> Ê S TKVrÊ
Kïais, quoi^pie icsiigures bien placées €tn^
bcii^nt le difcours , & qu'cllcslfoicnt ,poar
ainfi dire , le langage de rimagination & des
paf&ons > il ne faut pas croire que le di(coufs
ne tire fcs beautés que cfes figures. Nous
avons plufieurs exemples eh tout genre d*c-
crire, où toute la beauté confifte daAs ^
pcnféc exprimée fans figure : Le pérc des
trois Horaces ne fâchant point encore le
ihotif de la fuite de ton fils, aprend avec dou-
leur' qu*il n a pjs réfifté iux trois Guriaces :
* S?5 voulie'i^yoMs quil fh contre trois ^ lui &
JuIie,g«V/w2o«n<t> répond le pcre.
"^^^ Dans une autre tragédie de Corneille,
Prufias dit qu'en une ocafîon dont il s*agit ,
i\ veut fe conduire en fére , en mari. Ne foycz
ni l'un ni lautrc , lui dit Nicoméde :
^ PRÛSIAS
Et quedois-je être >
NICOMEDE
i
Roi.
, 11 n'y a point là de figure , & il y a cepen-
dant beaucoup de fublime dans ce fcul mot :.
voidun qreii^ffl©ï>lus fimplc,
•\
EV GENERAL, x«
Enratn j pour &tisfairc à nos lâches envies.
Nous paflbns près des Rois tout le téms de nos vies, Malkcrbé,
A. (ôuflfrir àc& mépris , à ployer les genbux: ^|J[* ^ J!^
Cç qu'ils peuyenc n'ef^ riejii ils (ont ce que nous cx.LV*
^ Tomes , ^
VcritaWement homes ,
Et meurent corne nous^
Je pourois raporter un grand notnbrc
d'exemples pareils , énoncés fans figure , &
dont la penféer ièule fait le prix. Ainfî^quand
onxiit que les figures embéliflent lediiçours,
on veut dire feu 1 cment, que dans les ocafions
où les figures ne fcroicnt^int déplacées , le
mén;ie fonds de penfee fera exprimé d'une
manière ou plus vive ou plus noble; ou plus
agréable par le fecours des figures , que fi on -,
1 exprimoit fans figure.
De tout ce que je viens de dire /on peut ^
former cette définition lies figures : Les Fi-
G u R 1 s font des manières de parler diftin-
guées des autres par une modification par-
ticulière, qui Î3dt quon les réduit chacune ^
à une efpcce à part , &: qui les rend , ou
plus vives ^ ou plus nobles ^ ou plus agréa-
bles que les manières de parler , qui expri-
ment le même fonds dé pcnfce , fins âvok "*
daùtrç modificatj^ particulière.
\
\y
tm^S^ltîlBpE^
A K T I C L E 1 1,
Divifi^n dis Figurt$,
ON divife les. figures en Sfjgures de p<m-
fées , fyûrafententiânm,^ Schémata > &: tn
m^ïJtx' figures dç mots^ figune verhhmn. Il y a cette
«unMk. (li^rence , dit Ciceron , ^ çntre les figures de
penfees & les figures de mots ^ que Içs figures
de pei^fëcs dépendent uniquementt du tour de
rîniajjination 5 elles nç confiftent que dans,
la manière particulière depenfer oudefen^
^ . (î;r,enfbrce que la figure dçmeure toujours.
h^ m6me ^ quoiqu'on vicne à changer Is:^
Viçts qui Tcxprimcnt : De quelque manière
que M. Flcchiçr eût feirparlçr M. de Mpn-
^ Uttfier dans la profopopce que f ai raportcc ^
ci-deflus, il auroit &it une profopopée : Aa
cçntraitc , les figures de mots font telles que
fi vous changez les parolf s , la. %ute s'éva-
nouit >;par exemple , lorique mjÊ^^^ ^'^"^
armée navale , je dis qu'elle' croît comppfôe
de cent voiles ; c*eft une figure de mots dont
^ ' .► ',♦. «t. .
• lut» conformatiénem verbèrum & Senicntiinun liot
l;;^t(çft.« <)ttàiil Tcrbdium toilitur , û rçtbi mujtixii , feii-
tctimram pÀnunct , quibufcumqne mbis uù ycUs. Cié^^
\
m.
^
«oùs parlerons dans la fuite $ voiles cft là pour
nfoiffeaux : que fi je fubftituc le mot de vaiffeamc
à celui de «i»i/ex,f exprime également ma pca-
ïce > mais il n> a plus de figure.
ART I CL E I >L . -
Divifion des figures de mots. \
IL y a quatre diférentes fortes de f^gùroç ^
qui regardent les mots. • ,
I^ Celles que le^ Grammairiens apèlcnt '
figumdediaion: elles regardent les change-
mens qui arivent dans les lettres ou dans les
fvlabes des mots 5 telle eft , par exemple, la
fyncope, ccft le retranchement d une lettre
ou d une fylabe au milieu, d'un mot , fciaa
^virAm pour virorum , &c.
, a^ Celles qui regardent uniquement la
Miftfuâion > car exemple : lorlqu Horace .
fpiant de Clcopatre , dit monftrum , qua ... ^ i*^^
nôusdifon^ ft^nçoïsUplHpartdes homes di- V-'^'^^'
fini i & noii fiw dit : Oh fait alors la colîflru- •
âfion feion le fens. Cette figure s'zfclc fyllefife.
rai traite aUlcurs de ces fortes de figurç^>
ainfi)e n en parlerai point ici.
t\ Il y a quelques figures de mots , dans ^
k^icUcs ks mot$conftrvcnt leur fignifior;. ,
/
-rr
-^_
■^si«-
tfHIÉpn:^ , trik cftla répétition , &c. Céft
lux Rhéteurs à parler de cei fortes dcfigu^
tes, aùffibkri tifost dès figures de penRcs. Dans
les unes & dans les autres, là figure ne Côm
fiOe point dans le changement de fignifica*
tioû des mots, ainû clles^nc font point de
monfujet. i
4*. Enfin il y a des figures de mots qa*on
àpèie Tf^ss les mots prèncnt par ces figures
dcs^fîgnifications difcrcntes de leur fignifica-*
tion propre. Ge font là les figures dont j'cn-
ticpcens de parler dans cette, partic^de la
Gramxnaire.
A R. T I C L E I V.
Définition Jcs Trofeu
LES Tropes font des figures par lefquel
on Élit prendre à un mot une figni
tion, qui n^eft pas préciicment la
tiùn pio^ de ce mot t ainfi pour entendre
ce qpc c'^ qu'un trope , il faut comdBKxa:
par bien comprendre cequec^eftque la%Bii«
fication propre d'un mot \ nous l'explique^ "^
rons biçn-tôt.
0»%ires font apelces mpes du grec mf^
/
j
/
ne. Elfcsfontainfiapelëcs^ parce que quand
oa prend un mot dans le fens figuré , oti le
tourne, pour ainii dire, afin de lui faire (i*
^lifîer ce qu^il ne fignifie point dans le fenj
propre : voiles dans le fens propre ne (ignifio
point vmffeoHx , les voiles ne font qu'une par-
tie du vaiflèau : cependant voiles fe dit quel»
quefois pour véffe^aux , corne nous l'avons
déjà remarque, ^ '
Les tropes font des figures , puifque ce font
^les manières de parler , qui , outre la pro-
priété de feirê ccnoitre ce quon penfe, font
encore diftinguées par quelque diférence par-
ticulière, qui &itqu*fHiies raportc chacune
à une' efpcce à part.
Il y a dans les tropes une modification ou
diférence générale qui les rend tropes, & qui
ks diftinguc des autres figures : elle confifté
en ce qu un mot eft pris dans une fignifica-^
tion qui n*cft pas précifcment fa fîgnificatiort
propre : mais de plus chaque, tropc difcre
d'un autre tropc, &: cette difcrcncé particu*
liérc confiAedans la manière dontuïi mot s'é-
carte de'fa lignification propre 5 parotcmpjc:
Un) a f lus de PytMts» Ait Louis XIV. d'im-
mottèlc mémoire , loi%c (bn pctit-fîls le
J^c tf An^ , ^ujourdliai thUlse V- *t
v^ .v~^
. -y
/
A
T^ROfSS
lll^^la^oiiroiie cfEipagne. LoimXlfl
, yoiù ks Pyrénées avoient été
abîmées ou Anéanties } nolement t perlbnd
n'entendit cette expr effion à la lettre , ôc dans
k fens pippre! elle avott un fens figuré. Bol-
ieauÊiiïàntallUfîon^àceqa'en 1664.leB.oi
envoya au iècours de l'Empereur des troupe^
^ défirent les Turcs , &c encore à ce que Sa
Mâjefié établit la compagnie d^ Indes ^ dit )
Diùxmà Quand je Vois ti fagcfTc «..«...; ^ .
#a Rot. Rendre à ï^jiigk éperdu Ùl première vigueur
y Là France fous tes loix maitrifer la Fortune
£t nos voiflcaux domunt l'un & l'autre Neptunex . «
Ni M^/ir ni Neftune ne fe prènent point là
dbns le fens propre. Telle eft la modiRcation
ou diference générale, qui NÉiit que ces &$ons
de parler font des tropes< <
^ Mais quelle efpéce particulière de trope ?
cela dépend de la manière dont un mot s'é*
carte de ia fignification propre pour en prei>^
dcè une autre. Les Pyrénéen dans le fbns pro^ >
pre font de hautes montagnes qui fcpa^ent
la.France & TEipagne : // ny a fins 4i Pyrénhs^
c^ei^-dire ^ plus de feparatipn » plus de diyjr*
^ , plus <dlc gucuc ; iToiV sma à l'avenir
^\ine bone încell^eiTcc caxtt la Frismce^ &:
l*Efpâgnc t c'eft une métonymie du ûgDe; ou
une métalépfe : les Pyrénéenne feront plus
un figne 4e féfpatation» ^
l'Aigle cft le fymbolé de TEmpirei rEnj^^
pcrcur porte un aigle à deux têtes dans
ics armoiries : ainfi ^ danï l'exemple que
ie viens de râportcr ^ t'MigU iSgnifié TAlIe-
nugne^^C'eft le fignc pour la chofefignifiée:
c*eft une métonymie. *
Neptune étoit le Dieu de la mer , il cft prii
dans le même exemple pour TOcean , pour
la mer des Indes orientales &: occidentales^
c'eft encore une métonymie. Nous ^remar-
querons dans la fuite ces difcrences particîu-
liéres qui font les difcrfentes efpéccs de tropcs*
H y a autant de ttopc^ qu*il y a de manières
difirentes , par Icfquellés on done à un mot
^ne fignîfieatioii qui n'eft pas précifément 1*
-fignification propre de ce mot t AveugU dans
le fenypropre, fignific une perfone qui eft
privée de fufage de la vue : G je me fers do
ce mot pour marquer ceux qui ont été guéri*
de leur aveuglement /corne quand Jefus*
. Chrift ^ dit , kt aveugles voient , âlori irveugUi
tfcft phis dans le fcns propre, ^1 éft darts Urt
|bns qocici PhUofophçs apcknt fin^ divifti
XLv* /<
^RW
/
I ^
r
['
ce fiuisdivifi eft un trope , puiTqu'alôts ^eùm
l|i^ £[gnifii ceux qui ont été aveugles ,& tioii
p2S ceux qui le font* Ainfi outre les trop»
dont on parle ordinaitement , f ai cru qu'il ne
jètoit pas inutile ni étrai^cr à mon fujct ,
d'expliquer encore ici^ les autres fens dans
lefquels un même mot peut être pris dans le
jdifcours.
ARTICLE V.
Zi tfMté des Trofes ejl dt$ reffort de U Gr^t^-
maire *^ On doit eo99o$$re les Trofes pour bten
' entenJ^ les Atueurs^ ^four avoir des eonoif-
' fonces exodes dans Fart de foderà" décrire.
A y rcfte ce traite me paroit être une
partie eflèntièle de la Grammaire,. ptii(^
qu*il cft du reffort de la Grammaire de faite
entendre la véritable lignification des mots,
le en quel Ifens ils font employés dans le
difcours»
Il n'eft pas poffiblc de bien expliquer Ta»-
tcûr mêmç le -plus facile , (ans avoir recours
aux conoifEincesdont je parle ici. Les livres
que Ton met d'abord entre les mains des co*-
inençans , aufli-bien que les autres livres ^ fonc
pleins de n)ocs pris dans des fens détourna
« élol
ces me
,Tîtyi
Sylvé;
jfôw , a;
jtoicnt
bécflî
ficiens
J
r ■ ' •
£^n GÈffERÀL. 1^
II; éloignes de la première lignification dp
CES mots) par exemple: /
Tityrc , tu paculx , rteubans fub tégminc fagi , Virg. Sdi
$yl\éfiicm , tcnui , mufam mcditâtis , avénâ* »' ^* **
f^oK j méditex^ une Mufe , c cû-à-dirc , unecbm^
fon , v0Us vous cxerct'^à chanter. Les Mufcs c^
^oicnt regardées dans le Paganifme corne les
I)ccifts qui infpiroient les Poètes &: les Mi»-
ficiens,ainfi Mufe'fc prend ici pour la chan^
fon même , c'cft la caufe pour Téfet , c'eftunc
métonymie particulière , qui étoit en ufagc
en latin \ nous Icxpliquerons dans la fuitc^
Aiféna dans le kn$ propre , veut dire de Ti^»
veine , mais parce que les Bergers fe fcrvirent
fiç petits tuyaux de blé ou d'aveine pour en
^ij:e une forte de flûte, come font encorf
If^ enfans à la campagne^J^elà par extenfioil
on a apelé avéna un chalumeau , une fluie dé
Berger.
On trouve un grand nombre de cesfortd ,
de figures dans le Nouveau Tcftamcnt , datii
rimitatipn de J. C^dans les Cibles de Phcri
drc , en un mot , dans les livres mêmes qui
' font écrits le plus Amplement , & par lefque^i
on cômehce s aûifi ic demeure toujours coQ^
1
'V,
I
%
/ :
r
^•r-
%-
S
t
^^ûacu 4^ jcptte paxtie n'^ point ctràiigêî^
A la ôraimnakcy â^ q^*uftCianmuirien4oil
avoir une conoiflànce détaillée des trope^'
itifùoCbi Je conviens, fî Ton veut; qu'on peut bien
^^byec- patlet iàns jamais avoir apris les noms par-
ticuliers de ces figures. Combien de per«
•ibnes & fervent d*expreiEons métaphori*
<]ue8 yùm lavoir précifement ce que c*eft que
méilfphore \ C'eft alnfi qu'il y avoit plus ât
Molière q|aarante ans que le Bourgeois-Gentilhome
J^^^*^- 'épU de U Fr^e, fims qu'ilenfut rien. Ces co-
Ici: 4. / tibiflànces ne font d'aucun u(àge pour £iire
$in xompte , ni pour bien conduire une matfèn ,
itei aâ. coine dit M'* Jourdain , mais elles font uti-
H*t^3' Jc^ Ayiccçfliircs à ceux qui ont befoiade
JkSIf!^^^ de parler & d'écrire > elles mettent
i^iiC l'ordrc^dans les idé^ qu'on fe forme des
^gioU ^ elles fervent à dc^éler le vrai liens des
plltoles, à rendre raifon du difcours y de do«
IKàt de la précifion âc de la iufteflè. >
^es Sciences &: les Arts ne font que des ob»
|cryatiod$ fer la pratique : î'ufage ôc la pratî*
g^ént précédé toutes les fciemres ôc tous les
^urts i mais les fciencessâ^ les arts ont enfuite
|ttdè^lionc la pratique. Si Jiïoliére n a voit pas
étudie lui-même les obiervations détaillées de
i^ de parler & d'écrire , fe5.^iéccs n'aoroteot
0
4-
été que c
vérité , î
auroit r
fcs talcr
vations
fai(îr le
On y
chanter
tes , les
ont cha
dçsfa,i
rejette
la Muii
Nos ]
lation <
ce de 1'
la Phy
{>lunei]
la pefa
■ tems ô
dans 1<
^abus S
V
/ I
EN GENERAL. it
été que des pièces informes , où le génie , à la ■
vérité , auroit pîtru quelquefois : mais qu'on;
amoit renvoyées à Icnfance de la Comédie :
fcs talcns.ont été pcrfectioncs par les obfci:- .
vations , &: c*cft l'art mêm^ qui lui a.apris à
faifir le ridicule d'un art déplacé. ^
On voit tous ks. fours des .perfones qui
chantent agréablement , fans conoitre les no-
tes , les clés , ni les règles de la Mufique , elles
ont chante pendant bien d:s années dcs/o/ àc .
dçsfa , fins le (avoir; faut- il pour cela qu'tjlcs
rcjcçtent les fccours qu'elles peuvent tirer de
la Mufique , pour perfedioncr leur talent.
Nos pères ont vécu fans conoitre la circu-
lation du fang; fau^il négliger la conoilTan-
cc deTAnatomie^ &: ne taut-il plus étudier
la Phyfique , parCe qu'on a rcfpiré pendant
|)lurieurs (iécles fans favoir que l'air eut de'
la pcfanteur àc de l'élafticité ^ ^ Tout a foh
- tcms &c fesufagcs , &: Molière nous déclare
dans fes préfaces , qu'il ne fc moque que .des
^abus &: du hdiculc. " . ^ .
^ '-
^
f
^
* Biij •
v^
«l
>
/
J
I»
tES TKOFES
R Ti CLE y I.
Sens Frofn, Sens Figuré. .
Avant que dcntrcr dans Icdctàil de cha-
«]ucTropc,il cft néccffaire dcbicn corn-
prendre la diférencc qu'il y, a entre le fens
propre & le fens figuré. i. .
Un mot eft employé dans le difcours , ou
dans le fens propre, ou en général dans un
fens figuré , quel quepuiffe être le nom que
les Rhéteurs donent enfuite à ce fens figure.
Le fens propre d'un mot,ceft la première li-
gnification du mot : Un mot eft pris dans le
fens propre , lorsqu'il fignifte ce pourquoul
a été premièrement établie par exemple : Le
feu brAU, U lumière nous icldre , tous ces mots-
là font dans le fens propre. '
Mais, quand un m>Tfti»ris dans un autre
fens , il paroit aloK , pour ainfi dire , fous une
forms^ipruntée , fous une figure qm n eft
pas fa figure namrèle. c'eft-à-dire . celle qu .
aeuc d'abord ; alors on dit quece mot eft au
figuré 5 par exemple : Le feu devoi jeux U
Ifcu de timagination. U lumière de Pefpnt , U clar-
té (Pundifcours. ^
' Mafyue dans le fens propre , fignifie une for-
te de couvctture de toile citée ou de quelque
«r
J»-
EN GENERAlu Iks
autre maticrc,qu*ônfcmcçfurlc vUkgepour
fc dcguifcr ou pour fc garantiriles injures de
Vair. Ce n'cft point dans ce fcns propre que
Malherbe prenoit le mot de Tttafyue , lorfqu il ^
difoit qu*à la Cour il y'avoit plus de nufques
que de vifagcs : mafqHes cft là dans un fens fi*
gurc , $c fe prend pour perfones dijfimulées. , pout ^
ceux qui cachent leurs véritables fcntimcns,
qui fe démontent, pour ainfi dire,le viiâgç, 6c
prènent dés mines propres à marquer une fi- .
tuation d'efprit &: de cœur toute autre quo
celle où ils font cfedivement. .
Ce mot 0oix y{vox) a été d'abord éta-
bli pour fignifier le fon qui fort de la bouche
des animaux, &: furtout de la bouchfc des ho-
mes : On dit d'un home , qu'il a la voix mâle
ou fémiQJIie , douce ou rude , claire où en-
rouée , foible ou forte , enfin aiguë , flexible»'
grêle , caffee , &:c. En toutes ces ocafions iw*
cft pris dans le fens propre , c'eft-à-dire , dans
le feiîspour lequel ce mot a été d'abord éta-
4>li î mais quand on dit que le mnfimge nefauroit
itouferU voix de U vérité dans le fond de nos cœnn,
alors voix cft au figuré, il fc prend pour inA
firatian intériem , remords , &c. On dit aufli que
tant ifue le Peuple Jmf écouta la voix de Dieu, c elt-
àKUr«, tant qi^l obéît à fcs comatidemcns,
1
/"
HES TROP ES
H^ fitt àffifié. Les hrtbis entendent la voix du paf^
$eur, on ne veut pas dire feulement qu'elles re^
cpnoifïèm (à voix &:la<liftinguentdçlavoî}C
d'un autre home, ce qui fetolt le fèn^propre)
on veut marquer principalement qu'elles lui
obcilTent , ce qui eft le fens figuré. La voix du
fangyla voix de la nature ^ ceft-à-dirCy les mou-t
vemens intérieurs que nous reffentons à Tpca^
fion de quelque accident arivé à un patent,
&c. La voix du petite efl la voix de Dieu , c'eft^
à-dire , que le fentimcnt du peuple , dans les
matières qui font de fon reffort , eft le vcritar-
ble fcntiment. ' ^
C eft par la voix qu'on dit fon avis oans les
délibérations , dans les élections , dans les af-
femblées où il s'agit déjuger i enfuite, par ex^
tcnfîon , on a apelc voix^ le fcntiment d'un
particulier, d'un Juge 5 ainfî en ce fens, voix
Ûgnifie avis , opinion , 'fufrage : il a eu toutes les
voix y c'eft-à-dire , tous les fufrages > briguer les
voix , la pluralité des voix 5 // vaudm^tnieux j s'il
çtoit poflîble , pejer (es voix que de les compter ,
c'eft-à-dirc, qu'il vaudroit mieux fuivrc l'avis
de ceux qui font les plus favans Qc les plus
j(cnfés,que de fe laiflèr.entraincTau fcntiment;
^veugle du plus grand nombrç,
Fqîx fi^niâe auiS dans un fens çtçndu,^^;(^«
T.
UN. GENEKAL. »^
nentypriére. Dieu a écouté la voix defimfimle, &c.
Tous CCS difércns Cens du mot voix , qui ne
font pas prccifément l^prcmicr fcns,qui fcal
cft le fens propre, font autant de fens figofés*
A R T I C L E V I I.
Jiéflcxions générales fur U Sens Figuré.
I.
Origine du Sens Figuré,
LA liaifon qiril y a entre les idées acccf^
foires, je veux dire, entre les idées qui ont
raport les unes aux autres , eft la fourcc &: le
principe des divers fens figurés que Ton do^
ne aux mots. Les objets qui font fur nous des
impreffions , font toujours acompagnés de di-
férentes circonftances qui nous frapcnt , de
par lefquelles nous désignons fouvent, ou les
objets mêmes qu elles- n ont fait quacompa-
gncr, ou ce|ix dont elles nous réveillent le
fouVenir. Le nom pro^c de Tidée acceifoire
eft fouvent plus préfent.à l'imagination que
Je nom de l'idée principale , 8c fouvent auiE
ces idées accdibircs , déûgnant les objets avec
plus de circonftances que ne fcroient les noms
propres de ces objets , les peignent ou avec
plus d-cncrgie , ou avec pl^s d'agrément. De
\.
>ê
-i^
z'
/
. (
là le %ne pour la chdfe figntfiéc, là cxai»:
poàr réfet ^ la parde pour le tout, l'antécè*
rfent pour le cotiféqaént , & lés autres^ICcHteâ
de tropes émt ie parlerai dafis la fuite. Qo<
tnrFiine de ces idées ne fàuroit être réveillée
iàns exciter fautre, il arive que i*expreffion
^jRgurfe eft auffi facilement entendue que (i
Ton Icièrvoit du motvpropre î clic eft même
ordinairement plus vive & plus agréable
" quand elle dft employée à propos, parce quel-^
te réveille plus d*urte image > elle atachc^ou
a mule Timagination & donc aifêment à de«
vter à 1 cfprit.;
' ' II. ■ • ■
■■''•-'■ - ' "''
Ufsges ù» éfets des Trofts,
iTUn des plus fréquens ufàgcs des tropes
cfeft de réveiller une idée priàcipale , par le
]ii03ren de quelque idée accefToirc : c*e(t ainfi
<pi*Qti'dit cent voiles pour cent vaiiicaux v cent
6uf ejpour cent mâifons > il aime la bouteille,
<di-à-dire, il aime le vimle fer pour Tépce» la
plume ou le ftile pour la manière d'écrire, &ci
: 2^ Les tropes douent plus (f énergie à #ios
coi^cedGions. Qpand nous fomes vivement fira^
pés decpielque pènfêe , nous xvcm eiq>rimon9
a^ùamt aVccfLnqplicitàrobîctquinous oci%
^1
f
/?
Xy GENERAL. xj
^ k ptéfente ^oa^avec les idées acceflbires
qui l'acompagnent , nous prononçoas fei
noms de ces Images qui nous fiapent, ainfi
nous aCvons haturèlement recours ^ aux tro-
pes , d'où ii arrive que nous febns mieux (ba;
tir aux autfes ce que nous Tentons nous-mê-
mes : delà viènent ces façons de parler , il tf
inflamé de colère ^ il eft tombé dans mu ermrp^fièrt^
fUti^rU réputation y s'enivrer d^pléfir, &c.
^. Les Tropes ornent le difcours. M''FIc-
chier voulant parlcf de Tinfouôion qui diP^
pofàM'le Di^cde Montaufier à Eure abjura-^
tibn de rhcréfîe , au Ijeu de dire fimplement
qu'il fc fitinftruirc, que les miniftres de j. C^
lui aprircnt les dogmcsde la Religion Catho-
lique > &c lui découvrirent les erreurs de Thé*
féfie , s'exprime en ces termes : » Tombca;
» tombezs, voiles importuns qui lui couvrez U
» vérité de iios miftcres : & vous , Prêtres de
»Jéius-Chrift éprenez le glaive de la parole i^
«& coupez fagemcnt jufqu aux racines de
• Terreur , que la naiiïàncc & Tcducation
n avoientNàit.croitre dans Ton ame. Mais par
H combien de liens était- il retenu !
Outre rApoftrophe 9%ure de penfêe , qui
fc trquve da«s ces paroles ^ les Tropes eniouti
]e principal oromcoi ; Tmha^vmks , coirun:^
é»
^
• »
/
A ^
■♦
ÇJSS TROPES
le ^ahe^xoitpex^it/ii^^aMX mines ytrûim\
» IM^ ^tottCie$ ces expttflions font au?
< V ^^ ^ tropes qui forment des images, dont
fimaginadoneft agréablement ocupée.
;»; 4. Les Tropes rendent kdifcoucs plus no^
bk: les idées comunes au(quelles nous fomes
i . âcoutumés,n'cxcitent.pointen nouscefcnti-»
\ittcnt d'admiration & de furpnfè , qui élève
. i h^me: en ces ocaiions on a recours aux idées
;u:^p9bires, qut prêtent , pour ainfi dire, des
lûibits plus nobles à ces idées comunes : Toh%
les homes meuwit également s voilà une penfée
€|>|;nune : Horace a dit :
Ijf.iM^ iWîAi mors , aequo pulfat pcde pâupcrum tabérnas
. Regùmquc turres.
On dit la. périphrafe fimplc & naturèlfi
çic Malherbe a Élite de ces vers.
*■'■'■ * - ■ , ■' .
Li mort a des rigueurs à nulle autre pareilles ^
V^ii^ On a beau U prier
L* qruèle qu'elle eft fe bouche les oreilles
Et nous jaiflè crier!!
^m V "^ :'•
Le pàotre en fa cabane ^ où le chaume ie couvre ^
f, /^ V Eftlujetàfcs loix^
Et b garde qui yeille ^uz bari^res du Itouvr^ V ^
.^ u^ 14*^ difesd pis «•! Roif* ^ i *
Lti.
a
<^
nurfiJè,
VN GENERAL.^ -%i
n Au lieu de dire que c'eft un Pkénicieii , qpi
a inventé les cara^res de récriture , ce qui fe»
roit une expreilion trop ûmplc pour la Poé*
fie , Brébeuf a dit : ^
C'cft de lui que nous vient cet art ingénieux
pc peindre la parole S>c de parler aux yeux ,
Et par les traits divers des figures tracées , __
IX>ner de h couleur & du corps aux penfecs. ♦ '
•^5. Les tropcs font d'un grand uûgc pour
déguifer deà| idées dures ,defagréables , trite^
ou contraires à la modcftie \ on en trouvera
des exemples dans Tarticle de l'euphémifbip
& dans celui de la périphrafer^^ *
6. Enfin les ^ropes enrichiflent une languis
en multipliant Tufage d*un même mot^ ib
doncnt à un mt)t une fîgnificâtiôn nouvèlc,**
foit parce qu'on l'unit avec d'autres mots ^
auf^ueis fouvent il ne (è peut joindre dans le
Icris. propre, fôit parce qu'on s'en fcrt par cf-
tenfîon& par reflcmblàncc, pour fupléer aux
termes qui manquent dans la langue.
" Mais il ne faut pas croire avec quelques Sa*
Tans ^ que lestropes jizkntdakwd hè mvemh ^iVaf%MEx
r*';;..,-" ■ '\ ■ /■, '' - ■■-■■■ ' . ■:• ■■ ^
. « Plunicesprimi , Àiàie fi cr^<)itiir,«ifi "^
ManAiram , rûdibas , roccoi %aire figûdi, •^''^
liK lu. V, ft&e. * . ;
^
UÈikà^
.y
/
In bcBcs
'f ?;> ■''"î
ces.otr
MMÛOia.
II. p.
S4tf. ac Ci-
Tmwu
Voff. inft.
mi.* L. If.
C^Vi.n.14.
î-
ims fnfm^ te ip'ils'aicnt c(mmbné dcfnis à là
iffMié (^ à Pûmment dné^com^ de même àpeitprèf
^eksvêtmensontèté mployis éms le cmnctmmà
foiêrcommrle tarps & le défende centre le froid y &
enflée mafervi à temhèlir & à i*pmer. Je ne tr^i$
pas qu'il y ait un afTez grand nombre de môt^
qui fupiéent à ceux qui manquent , poUr pou*
voir dire que tel ait été le premier Ôâ le
principal ufàge des trojses. D'âilloirs ce
tCcSt point là y qe me femble , la marche i,
jppur .ainfi dire y de la nature , ^magina-^
çion a trop de part dans le langage ëc.
dans la conduite des homes , pour a?oit
<^ précédée en ce point par la néceffité. Si
i|ûlis diibns d'un home qui marcte aivac trop
de Icotear, qu'^ vaplusleme^nm iifitfl^i $mmf^
i\in autre , quU va piuf ajjit fii«> mmr d^
P^UGEonc , qui/ fe laiffe ew^pancrm térrm4iefi$
t^fiornsy àcç. Ceft que la vivacité avec laquel4
1$ japusre&ntons ce que nous voulons exjiriri
mer, excite en nous ces images ^ nousen fon
nifi$ ûcupés Icsprcmiet&^iBj; poi» nom «ftr-
voQS cofuitc pour mctj?e en ^uiQl^e ipcte def
vaut les yeux des autres ce que nous voulons
lÉiir fiire ernoodre. Les iièmes< n'ont pàihc
" É , ^ib àvoècnt çi^ i^ils tfavoicai cm|
'
:EN GEVERAl. j^
ées tenne$ propres pour exprimer ces idées ,
ni fi rexpreflîon figurée feroit plus agréable
que Texprcffion propre , ils ont fuivi les mou- „
veniensde leur imagination,& ce queieur in£
piroit le defir de feirc fcnttr vivement aux au-
tres ce qu'ils fentoient eux mêmes Vivement.
Les BJiéteurs ont enfuite remarque que telle
cxprefiîon étoit plus noble ,^lle auxre plus
énergique , celle-là plus agréable , celle-ci
moins dure v ei\ un mot , ils ont fait leurs ob^
frrvations fur le langage dâ homes. »
: Je prendrai la liberté à ce fujet , de m'arêtet
un moment fur une remarque de^peu d'inif
portance : ceft que pour faire voir que ron^y^, gyyi-.
fithftitue quilquefoU des termes figurés à ia place des Tome ii«
mm propres qui tifanquent , ce qui C&. très vcrita- ^ *^'
ble , Ciceron , (^intilien -ôc M': Rollin , qui
penfè &: qui parle corne ces grands bornes^
difènt que c^cQ: par emprunt & par métapbàtt
^Wmapelèffmvaai'le bourgeon delà *vigne :panc^
difènt-ils , quU ny avoit point de mot propre pour
exprimer. Mais fi nous en croyons les Etymo^
logiftes , geuma eft le mot propre pour figni-
^ le bourgeoade la vigne , & ç*a été enluite
far figure que lc$ Latins ont doné ce nom
a\ix perles ôc aux piems précieufos. En à&t^
c'cft toujours le plus comua 8c le plus conoT
— ^
\/
«.;"-'
r-
^
s.
r
Q>
ai
eft le Vtoftc\ 6cqai& prête enfuite âti
finsfiguré» Les laboureurs du pays latin cch
Boiflbient les bourgeons des vignes 6c dès ar*
bm, 6c leur avoient donÊ un nom avant que
d'avoir vu des perles Ôç des pierres précieufes :
mais coniie on dona enfuite par figure ôc ptx
imkation ce même nom aux perles 6c anx
pierres précieufes , 6c qu'aparemracnr Cicé-
lon, Quintilieiï 6c M^- Rollin ont* va plus
de perles qi» de bourgeons de vignes , ils ont
cm que le n^n de ce quilet^ 4^oit plus conu
éloit le nom propre , 6c que le figuré étoïc
celui de ce qu'ils conoiflbient moins.
Yeibi cniiflitiô mftitûu éft inépùe atnCt, frtqacAtku éti,
|fiftari6nK. Namx«iiM»ir« vit a , lifxériim tjfi im hêrkit §
Utmsflgttti » éciam rùftici idicuiit. tic, de Orator £.■ 1 1 u
»» tff. aiiferxxxTiii*
■' )
Neceffitéte r^ftici disant gemmam in vitibos. Qnid etûM
4|prait«iiiui) j^mi/. ioiUc. ocac. Ii6. ti i i,eMf\€Mcufhê
Qtmms eft id (jùod in atb6rtbus toméfcit cufà pJlrexe .
JidpiMir à /#»• , id eft, gigno ; hinC Margatita & deincept
ipnit ^fii preti6fat dicitur jtmms « /. . anod habet quo*
^jne ^esocnit cajut hisc func ?crba , «» lapi^ôs gemmas vo*
•-Civéit à fimilitàdtne gémmimm quas m tjti&is fire ar-
V ^n^| C^rwmas > fçùmam etùm piépriè font p(ipttU«i|0»
a» iiiK.<iio vîtes cm'ittunt : 8c gemourc vices dicùnrur , auni
^gODaMtcniiKiuit. • Mmrtimi Lexie§H\ rocegimmà,
X J6«Mlâ 6ciiks Vitis prépriè:. i. gemma deinde generile
et Ikpdum fumoCUwu àMf f^étkfi Tlnjsmn fV
I»"' - ' > ■■ ■■ ' "■' ■"" • ,■
£!*"'!-""' ■ 5i "' '" ■■" '^ ■ '■ ■■ ■ >»■ #r ■ ■•■•■• .
cieu
xcm
plao
fimp
fans
EN- GENERAI.
Il
m*
Ce qu\n ioit thftrvir > é^ ce qiton Jioii Mte9
^^^ ff^frS^ ^i Trofes idrfourquoi
ils fUifinti^
-Les Tropes cjui ne produifent pas les éfets
' que je viens de remarquer , font dcfedhicux.
Us doivent furtoat être clairs , £iciles , fe prc-
&nter naturèlement ^ n'être mis en œuvre
quen tems & lieu. Il ny a rien de plus ridi-
cule en tout genre que l'afèdation àc le>dé«
fiut.de convenance. Molière dans (es Pré*
cieufes , nous fournit un grand nombre d'e-
xemples de ces expreffions recherchées & dé-
placées. La convenance depiandc qu'on diiè
Amplement à un laquais; donex^ des fièges ^
^fàns aler chercher le détour de lui dire ivùitu" Lci Ptcc.
feXç^ousici les comoditésdela eonverfaticn. Déplus, ^à. Se 1x4
lies idées acceflbires ne jouent point , fi f ofe
parler ainfi y dans le langage des Préciou-
IH dC'|ioiiére,^ ou ne jouent point corne
elles joaeât dans Timaginâtion d'un home
fcnCèiLeceàfeiller des gfMes ^ fOUi dire le mi» ibid. Sctn
lOir : cctuenun^temàe qun cefamenil de vcms em- _.
fo|(^, pour dire allejicz- vous. • ' ^ **
Toutes CCS cxpréffiom tkces de loin & hOr» -
««^
\
t
km place, inarguent une trop grande
cbntqition d^^it , dt font ièntir tpjfiytrH
font pa^^fft pefpMf de p^dér aiiiâ^ à runif-
fon du bon Vms.îc yçux diie qu'elles HTonc
trop éloignées de la inanicre de penièr , de
0smxMi qUiJ opt Te^pc^ dxoit Ae jute , & <pû
ibnteiit iesiçQnveoaiicss. Cocix qm ctittàxac
txQf Comment dans k difœurs tombent
fixiwnt dabs ce définit , fiuis s'en apercerôir»
iis ft £Mren| l^q gré d'une ezpirâipQ qui leur
fonrait briUiuitei^ qtii ku^
^ ibadeil que les auti^s en dàivcm £tic suffi
âtisfiûts qu'ils k £pm eux m&ufls.
- Oa oé doit donc kfiarvir de Trqpes qiie
l0l6]«.'ils& jMiiai^^
9UÏk foftt ticés du &4etj que lesiidces ac*
çifliMoes ks iom uaiciei ott^^
kfi tfiTplrmt ; ik pkâtent ak», mais il ne
iiiut p^t kt akr ctieccfacr dans la vue de
Mini^ Jeueftoîsdoocpatqnec^Attsttdefiga*
y & l'on peut patkr aiafi. QiioBque ce
/
^l^^** *^^ ^^^f B^PHiWrw •^•§ ^W^^^^PnpSM^^ ^^P^^jJj^^^Wr «f^**
tion
UQ^^
"îSV
/
|l<^ILoUii\^, ^ crois i4titot qpie itt txp^
figurèei» ét^tfnt delagRtce au di&QUis, parce*
iqtt€ V cfdliie lâ%dotx t^
êçk &à tMfmks mages <qi^eltH m tràSk è ti^
mffii^doâ V^i \3ai motypâr' ks idées ftnffi>te^
& aci^flbites.
I. Il B'7 a pcttt'toej^oihtde mot quiM fe
prène en quelque ftnis %irè , c'eft-à-dir^çloi^
gné deià fignÛkattoa^topite Ac pniukive.
Les mots les plus comum ^ qitf^ieviènent
fbuvent dans le difcours , font ceus ^ foa(
pris le plus fréquemmdH dans 4}n ibns figuc^
4c quij^tm plus granâ jiombit de cesiôr^
tes de feiis : tds bm^tat^^ âÊm , ént^ eottUitr^
II. UniikitneconfoveFasjiaiiriatraducv
;lfefis%utés qi^adans la kngUB
bngiuale : chi^|iu langueu des cxptdHons fr
gurées qui kiiâvit^pa^ticul^fts, foit parte
que ces ctpmSaiai ibnc titées de certains
ufiigâs établis dans^ia payiifcJflftonns danli
tm^oMtic t^oic par qiKlMe âiMie ^oifim p^ -
- Ci;
M
n
r
%--
r
^
— 1
/
</
/
^,
-^
w»
t>Ei rROfE.S.
, il, ■ '
ttÉi^m art^ttaite. I»es difirèos ih^ figuré|
du mot fvôMr/que notis avons remarqués ^
ne font p^ tous entUàge en latin , on ne ilit
point vox\oùi fufrag^« Nous difons fêncr
%inne, ce q^ ne feroit pas entendu en iatin
par y»^ nivUiam : au contraire , morm géren
«^tof^eft uhe façon de parler latine, qui ne
ièroit pas entendue en françois ^ fi on fe con-
tentoit de la tendit mot à mot, & que l'on
. uaduifit , porter U coutume à*qitelqHim , au lieu
de dire , faire voir à quelqu'un quon fc con-
forme à Ton goût, à ÙL manière de vivre, être
complaifànt , lui obéir. Il en dï de même de
vkem gérere , vcrh^ dort , ôc d'un grand nom-
bre;d*au(tes façons de parler que j'ai remar-
qtécs ailleurs, ôt que la pratique de la verfioa
iifterlineairè aprendr^f
Ainfî , quand il s'agit de traduire en une au-
tre langue quelcpic expreffion figurée , le tra«
duâcur trouve fouvènt que fà langue n'adopte
point la figure de la langue originale, alors il
doit avoir recours à quelque autre expreffion
figurée de fà propre langue , qui réponde » s'il
cft poflSble , à celle de fbn auteur.
Le but de ces fortes de tradudions n'eftque
de fiiire entendre la penfce d'un auteur) ainC
wdoit atoo l'audia A la il^cfiféc 4^ aoQ à la
/
y;
gjl GRNEKAL. %T
lettre , & parler corne Tuteur lui même au- 1|
roit parle , fi la languf dans laquelle on le
traduit avoit ct;é fo langue nâturèle. Mais
quand il s'agit de ^re entendre une langue
étrangère,on doif alors traduire litéralement^
afin it Édre comprendre ic tour original de
cette langue.
/ ^
àbferv/^thn fur les Diffionsirer
/ LutinS'Frdfkois,
/ ...
Nos Didionaires n'ont point affcs remar-
que ces difcrences» je veux dire,Jes divers fens
que lonpdone par figurcà uo même mot darfs
une même langue > & les difèrentes fignifica*
tions que cellHjui traduit eft oblige de doner
à un micme mot ou à une même expreffion ,
pour £iire entendre la penfée de Ton auteur^
Ce font deux idées fort difèrentes que nos
Didionaires confondent -, ce qui les rend
moins utiles 4^ fouvent nuifibtes aux comen-
çans. Je vais fiurc entendre ma penfée par cet
exemple.
Forter, fe rend en latin dans le (cns propre
par fine : mais quand nous difons porter ewwey
porter U parole y fe porter ken oiinM/,&c,onne
fi: (ht plos de fm pour rendre ces &çons de
\
»
/
pÉiitfr oi htàh : là lat^e htine a fcf expreC
fibiu partknliétfl» ]^ut ks atpiimeri |unr
de cdol qnipsrie latin ; Aio^ quand oii. cotH
qoi lui dontm 00 fens figuré , on inanquiefoir
d'exa^tude dans les Diâionaices françois^
latirjs , fi l'on difoit d^abord fimpicmcnt que
^/trr fe rend en latin par /eiTT, m;«iU^
P ourquoi donc tombe - t-on dans la même
fimtie dans les Diâionalres latins -françois,
\ <fiiand il s^agic dt traduire un mot kAi^ Pour^
<fX(H joint-on à la fignification propre d*ua
mot , quelqu'autre fignification figurée qu'il
• Voytt le n^a Jamais tout fcul en latin f La figiro^n'eft
^iaioMirc qœ dans notre toui; firançois , parce que nous
latin -iran- r a* • «
|oi$, impri- uous fervons d une autre image , ôc par con^
"* m^d"*R "^^"^ ^^ motrtout difcrens ; par exemple:
p. Tachart', * Mittm figuific , dit-ou > euvoyer , retenir ,
"^d^ucM* arêtcr, écrire, n*eft-ce pas corne ûloadifoit
tresDiaio. dansle Diâionaire firançois-Iatin .quc/yorr^r
Minium. It^e^çM
**4<wp. ni Jamais wif/err n'a eu lafîgmficatipq de
%%, Ir!^ ^«w>* tarher^iècfire dans Timaginatioiid'ua
• Hec Âa, Home qui parloit latîn. Qtialti4 Tét<;npe a
^
\^^^
EN G EMBUAI. î»
frittm avoit toujouirs dans fon tfytit la fign^
iicaacion /mvf^r: envoyez kift de vous vos
larmes > vdbe eoiète, comè on tenyo^c tout
ce dont on veut Gt étAke. Que fi en ces ocr
fions nous difons plutôt , menei^ vos kmes %
9ttenr:(j9me cdht f <fcà que pour expriaier ce
ièns y nous avons tecoun à unc^ métaphore
pri(Me l'aétion que Ton ôk quand on retient
\ un cheval jfvec le firein,ou quand on empêche
qu'une thofe ne tombe ou ne s*cchape. Ainfî
il &a( toujours distinguer les deux fortes de
traduâions dont i'ai parlé ailleurs, (^nd on
ne tradtût que pour Aire entendre la penfée
d^ auteur , on doit rendre ^ s'il eft poffible *
^gure par figure ^ fans s*atacher à traduire ii-
liEraiement ; mais quand il s*agit de doner Tin^
telligence d'une langue , ce qui eft lé but des
Didtionairef , ondoit traduire litéralement^
afin dé faire tnt^dre le fens figuré qui eft en
u(àge en cette langue à Tégard d un ceruin
mot ; autrement c*eft tout confondre; \^
9
i*
*rérT^ti
WJ
cuus , Téïa
Didionaires nous diront que «^ fignifie 7^ damac a.
feuy de la même manière quils nous difènc que ^* ^^'
miftfn* veut dire4ir^l«er,i>r^mr^ car et^ La- ▼. 3^. Jl
tins crioient aqiuuy mpias , * c*eft-à-dire , af- i*^(JJ^*"
fine atpm , quand le feu avoit pris à la maifon, dimm ^ m-
& nous aioM alors 4» /wr, c'eft.à-dirc,*^'*^^^
G iiij
{
7%y
\
teuc , il ^ut d'abord doQCi: à mi mot (à iigiti*
fic^ÛQnpr9iM:e,c>fl;4lKJite, celle qu'il avoit
dans rima^nation de Tauteur <pu s'ca cft iièr*
' vi^Sç enfuite on le tcaduit , fi Ton veut y feloQ
la Uadu<lion des penfées , c'eft à^ire ;, à la
manière dont on rend le même fonds de pcn-
Ice , félon V\i&gc d'une autre langue.
Âfyten ne fîgnifie donc point en latin rete^
tnr y non plus que pèlUrc , qui veut fUtt^affer*
-^Sx Tçrcncc a dit lâcrpnas mitte , Virgile a dit
"' dans le même Cens y Uaymas dUiâa pelle Çrekft.
ChalTez les larmes de Çréufe , c'eft^à^dire ,
les larmes que vous répandez pour Tamoup
de Crciife , ceiïczde pleurer votre chère Créii»:,
iê^retenezles larmes que vous répandez pour
ramour d'elle , confolcz-YoïiSr ^
Mktere ne veut pas dire lUHi plus en latin
laire ; & quand on trouve nantit epiJMamali'^
9» , cela veut dire dans le latin , emxyer um
kwre i f«f/^'Mi y. Se nous difons plus ordinai,
rement , écrin nnf lettre à quelquim. Je ne fini-^
rois point fi je vouloôs rapQtter ici un plus
grand nombred'exemples du peud'exadim^
de de oqt ineilleurs Diâionaires s menés fiu
jfmxw» n9X la mort if N/vfi le bateau^ ^c« ^
> •
îje v<K«lrpi8 donc que nos Diûiofiftîw do*
naffcnt d^abord à un mot latin U figpîfica-
tim propre qac ce mot avoit dan$ rimagint-
tion des auteurs latins : qu'cnfuitc ils ajou-
taffent les divers fens figures que les Latini
donoicnt à ce mot. Mais quand il arive qu'un
mot joint à un autre , forme une cxpreffion
figurée, un fcns, une penfée que nous rendons
en notre langue , par une image difcrcnte de
celle qui ctoit^cn ulage en latin : alors je voir
drois diftingucr : - -
"^1. Si Pexplication litérale qu'on a déjà do-
née du mot latin, fiifitpour &itf entendre
à la lettre l'expreffion figurée , ou la penfée
litérale du latin s çn ce cas , je me contente-
Tois de rendre la pcîifée à notre manière ; par
exemple : mttefe envoyer , mtte irm , retenez
vôtre colère , miitere'fpifiolam alkm, écrire uiï^
lettre à quelqu'un.
Fm^cia , Province , de pm ou pmul ôc de
vînàf^lieï, obliger , ou félon d'autre?, de
viiicrrr vaincre : c'étoit le nom générique que
les Romains donoicnt aux pays dont ib s'c-
toient rendus maitrcs hors de l'Italie. On dit
^ans le fcns propre , ffpvinciam ciftft , Ma-
f^ ,3)rendre le gouvefticment d*une provin-
Ifç jô^êtïc Eut gouverneur 5 lie on dit par
-#
?^'-
V'^^
yli^Mà^ feçcKi dcpafkr ktioe
éfl%ép êktgtiâe^ db la fi«K»çoifc , & qaç la
fcmc n^ peut pafr aififadeiM être entendue»
teDiaionakcÉdcfvrcMcntrexpiiqQer d'abord
licêfak^àeRt^«éèfirakeaf0^»r laphrafefram
çoiic qui répond à la latine \ par exemple,
^cft4-d&é , pcr*é fcn ttans&r Éi peine , per-
are foh latin. fJKâlavétcrft «aie briipe avant
Àfellc f&t <^îtc^ nç «rëlt qlie delà boac&:
II^Dit I^ KMpie. Ôtt »e^ 4<^ V^ tùoàmû
i^di^ttim^j^ ^jamais to*rait^fiff^*
âl%tin ^éxcl^ Ut^Xtm ^a;^ W^
^a telle y il cR évidait qjie
liiiàl^^ dtftine lang^3bi*»'«*^<^<^
iBot ifam îa ht^ drigjnalé * àinfi élkà^Yie
lil^c^Witiori ajet îïc lîàitc feilàn^
gp^tchi ifequc Pôtt dotfié à tin niême
"- dàiw «ne nlême langôeV & nbii pàà des
' '^^Ifcs dont bd peot « ftrvir en
penfçe.
4î
mmmtmmmmm'm ,
D £ S T R O P E S.
S E G O N DEPART I E.
Des Tropes en fsrticuUer.
LaCatàchrese.
Abus , Extenfion , 01V Imitàtioth
LEs langues les plus riches n'ont point un
aflez grand nombre de mots pour expri-
mer chaque idée particuhère, p^r un terme
qui ne foit que le ligne propre de cette idée>
ainfi Ton eft fquvent obligé d emprunter le
mot propre de quelqu autre idée, quia kplus
jierapprt à celle qu'on veut exprimer > par
exemple : Tufage ordinaire e(t de clouer des
fers fous les pies des chevaux /ce qui s'apclc
ferrer un cheval : que s'il arive qu'au lieu de fer
on fe Terved argent , ori dit alors que les che-
vaux ^ohx ferrés dtargent , plutôt que d Inventer
un nçiuveau niot qui ne fcroit pas entendu :
on ferre auffid argent unc.ca«sètc, &c. alors
ferrer (ignifie par extenfion, garnir d'argent au
Jiei; de fer. On dit de même aUr à cheval fur
m bâtQn , c'cû- à-dire , fe mettre fur un bâton
^ t
Abufio»
y V
/
r
/
\
\
'44 LA CATAÇHRESE.
de la même manière quon fc place à che-
val.
Hor.i^Sar. . Liiderc par impar •, cquitarc in ariindinc longâ.
3. ». X48. i)ans les ports de mer on dit bâtir un véffeaHy
* quoique Je mot de bâtir ne fc dife proprement
que des màifons ou autres édifices : Virgile ^
'JEn.x.y.x<r. S cft fervi d'adificâr^ , bâtir , en parlant du che-
Cic. proie- val de Troie ; &c Cicéronadit, adificârè daf-
n. s. ailier •' ' j /^' / o
IV. ferai pleuvoir pour vous des p^ms du Ciel , où ces
• pains , c'ctoit la mâne : Moïfe en la mon-
Ei«kJ. ch. ^trant,dit aux Juifs , voila le pain que Dieuvous x
«fi. V.4.& ^^^^ ^^^^ i,/i;r^. Ainii la mâneiut apelée pain
par exteniion.
?drn'c/(/j , paricide , fc dit en latin & en Fran-
çois , non feulenient de celiii qui tue fon
père , ce qui eft le premier ufage de ce mot >
mais il fe dit encore par exteniion de celui
qui fait mourir fa mcre , ou quelqu'un de fes
parens , ou enfin quelque perfone facrée.
. Ainfi la Catachrcfe eft , pour ainfi dire , un
écart que certains mots font de leur première
figniftcation , pour en prendre une autre qui
y a quelque raport , &: c'cft auffi ce qu'on
apèlemeny/o»:part^emplej/I'Mi//e fedit par
cxtenfion ou imitation des chofes qui font pla-
tes & minces, corne les feuilles des plantes;
ZA CATACHRES^E.^ 4t
4Ul 4it me feuille de papier y une feëHie de ferbianc^,
ime feuille dot , une feuille dtètain > qu on met <leH
cière ks miroirs : une feuille de carum ;ie ukjc
lève par feuilles 5 les feuilles ttun para^vent , &C.
La langue,qui eft le principal organe de \z
parole, a donc Ton nom par métonymie 5^
piar exreniion au mot générique dont on fe
(èrt pour marquer les idiomes ^ < le langage
des diférentes natiolk i langue latine , langue
franfùife.
Glace , dans le fens propre , c eft de Feau ge-^
lée : ce mot lignifie enfile par imitation ,
par extention^ un verre poli» une glace de toi*
roir , une glace de carofle,
Gtaçe ûgnifie encore une forte de compô-
fition de fucre & de blanc dœuf ^ que 1 on
coule fur les bifcuits ^ou qiie 1 on met fur ks
ôuits confits.
Enfin y glace Ce dit encore au plurier , d une
fprte de liqueur congelée.
Il y a même des mots qui ont perdu Icoc
première lignification » & n ont retenu que
celle qu'ils ont eue par extenfion : /îonr,)ïf njp-
font y fe difpient autrefois des arbres ^ det
plantes qui font en fkurs î aujourd'hui OQ
dit plus* brdinairemcnt fleurir au propre èo
florir au.figutéi ii ce n'cft à rinfijoitif > c*dt
,t
-..-^^
/
I
' i,<
{■
iL
■«■■■ <-i • ■■■«<.
■ * r * j f .. •■ • » '
$ys Ê,
» périls 0»âB»^^
auiitroisvpitmte V ptii^ipâi^ t^ au)dur^
4*hui en firançois il fîgnifie , un fouven^ oa
Lt mot tmf^mét, EÉïpecdir , ne fiit d'à-
bord qftfmitltiid'hoiiearqti^ k^firidsits do-
noietit dans le caïkip à leur Général , quand
fl s*é^e difti^ilé pàç quelque expédition
inémocablé : on li'avoit s^aâié à ce i»il>t au-
«oneidéède fètlVs^ràineté^ duiéAis«iêmedie
Jules Ccfiir, qui avoir bien la réalité de fou-
Veialn^ mâis^ goàvèrâbk 1km la ferme
de randène Rèpubliqp»6. Ce mot perdit fon
iÉlÉÉ^^!^!^^ i^ là fin <fa règne
ttSÉr^phisàufd.
^tlMs tradiiiibns
|ÉépNilÉeiit
91
5
. V
14 CJtTACHtiÉJit' m
lioftttctocootrodsq^ ~^
lie n^ vknt ^ dans l'dlif it , nous Yzf^m
]o6 Motifieur/« C^penda^
vent lè hâtçr àc courir pour venir au ïècouis
de que1qu\in , on a donc ïniènfibkiûent à4X
motparextcnikm le£ensd*i^rou/fcoMti|; • : <"
f^ftfit, lèlpnFcrizonius ^ vient du grec f<l» "/^
& f^oMtfî , dom le ptenuer iignifie roii^ ivri^^
l'autre iH>i!rr>enforte que ces verbes marquent: û»a. iw^
tinc a&ion qui fe àît avec cfort èc momé- ^ ^.^^
ment vers quelque objet : ainfi ; .
I. Ire premier fens deptor^ , c'cft ofer vm^
fe porter avec ardeur vers un objet 5 enfuite on
dont à ce mot par exteniion plu^kti» autroi
iènsy qui font use fuxte-du prenlkr.
2* llfiffûBc fouhakeriavoirihr%mtJd€mih
der ; pètere cônfûUtum , higuer le €w^dat\
pétere nuptiasaliciijns, mhmber uât^é^l^
9HmétUige,
$. Aktfmi^n i tukfcinihi pctairi clbum, tctJîcmb;,
4* AltrHiêK ^iuif$*im ^ &c en confèqoehce le V*" *^'
jtvyr , Pméftf, ykgikadit imÊhmGatatia ^yw,4^
5* Enfin fkm veut dke par «xtet^Gon akr ^ ^* ^*
4
«^.«i«,.giioiis «rEnée , après leur naufrage , A^
iaandcatit à Ilkba qa*il leurfoitpennis deic
mettre cif étar cTalcr en Italie^ dans le La-
thim , ou du moins d*alcr trouver le Rxrf
AceOe. . / *
■ itUiain Icti laciûmque pcumuSé
• • ••« *•••
• • • •
Ac îaf2. Sicaotae (àlteçi redéfque panius
^ Unde hue advéâi regémque pecimus Accilcn.
La riponfe de Didon eft digne de remarque :
Scu TÔsHcrpériam mignamfaturniaque arva,
Sive Etids fines ^ regéaiquc' optât is Acéften.
■'■'■.■ ■ '^
oit vous voyez qoLoptâtis explique petamiu»
Wkp MsL Aév^nert fignifie tourner vers : advérten agmen
u.?. îjf. jgfifi^ tourner fon armée vers la ville J fi*v«»
éÊM^nerty tourner fon vaifTeau vers quelque
endroit , y aborder : enfuite on l'a dit par mé*
taphore de l'efprit) advèrtere anhnMmyadvértere
màttemi tourner Tdprit vers quelque objets
Ëdre atention , £ûre réflexion y confîdérer : on
a m£me Eût un mot compofè de itiimMm 6c
à^aévkrum \ aaim^vérurt^ confidérer , remar-
qiuer, examiner.
/ Mais parce qu'on tourne ft>n efprit, foo
idfenrnncat , ycti ceux qui nom oot ofenfti,
qC
ÎS^qu'oi
ten£Lbn
animaév
ientime
tre les
noient
* Jnin
cette p;
Ira furo
Imperai
Cesfo
par lui
jours ré
à-dire I
répond
fe prcr
mand<
au mol
dantn<
çnrr, n
Offid
ville >
boui:eu
tus^fe
ftitbo
r
lÀ VA TÂCHER es È. 49
ji: qu'on veut punir > on a donc cnfuitc pâJ:^x-
tenfion k fens dtpitnir à animaévérterey yerbérihus
anknaévetûbaà in civesV^ ï\sxoMmo\cût leur rcf- q^^ ^^^
fentiment ^ leur colère , avec des Verges con.
tre les citoyens, c'eft-à-dire, qu'ils condâ-
norent au fouet les citoyens. Remarquez qu a-
nimusS'Ç^ prend alors dans le fcns de colère^ ^ ^^^^
* ArùfOmy^ Faber , fe prend fouvent pour Th*f.v.iii*i
cette partie de lame, qua impetus habet & motus, '***•
Ira furor brcvis cit -, animum rcgc , qui ni(î paret p *^* * *'
Imperat; hune frcnis , hune tu compcfec çaténa. ixy
Ces fortes d*exten{ions doivent être au torifccs
par Tufàge d'u*ie langue , &: ne font pas tou-
jours réciproques dans une autre langue ; c eft-
à-dire que le mot François ou alemand , qui
xcpond au mot latin , felpii le fens propre , ne
ic prend pas toujours en françois ou^cn ale-
mand dans le même fens figure que l'on donc
au mot Jatin : demander répond à pètere h cepen-
dant nous ne diibns point demofuier pâkr ata^
^MfT, ni pour 4Zrr^. -• . >-
Ofpidb dans fon origine eft le datif do/^pû^^Km,
ville > ofpî(/o pour Al ,:pi//^ , au datif. Lesla-*
bouteors en s'entretenant enfemblc , dit Fet
tus\ fc dcmandoient Tun à Fautrc ^ avcavous
ftit boQ€ récolta ? S^ nf^onMàtur .^qumàm
V D
K'
/
/
4
u
SÏÏ-À
♦
Tcrtnce A-
l* le. $• ▼.
*4'
»■:
S
niélifpidojkis effet y fcn apols pour nourir tbu^
te la ville : 6c delà oft venu qubn a dit ^p«
fA/o adverbialement, pour beaucoup $ èiW m
confiutkdmem venit ut dicerétuTy 6ppido/»ro valdè,
multùm. F^us. V. Oppido
Dont vient de imdè , ou. plutôt de de undè^
comc nous difons delà^ dedans, Aiiquid déderis
ÉndèutâtHr^ donez lui un peu d'argent f^ont-il
puiflc vivre en le mctant à profit : ce mot ne
fe prend plus aujourd'hui dans fa fignification
primitive 5 on ne dit pa$ la ville dont je viens ^
mais dtoà je viens,
; Frûpinàre , boire à la faute de quelqu'un , ell
un mot purement grec, qui veut dire à la lec
tre boire le premier. Quand les anciens vou-'
loient exciter quelqu'un à^^ire , ôc faire à
pou près à fbn égard ce que nous apelons boi-
re à U fonte 7 ils prenoient une coupe pleine àf
vin , ils en butoient un peu \cs premiers , 6c
enfuite ils j>rcfentoient la coupe à celui qu'ils
Youloient exciter à boire. ^ Cet ufâge s'eft
confervc en Flandre « en Holaûde , 6c dans le
* H!c Regdu ^Tcm gemmis aurique popâfcit .
Ilbpkticqiu mero pAteram. . » •
wmmmm ^ iji otmiÀm Uticum liUrii hua^Km ,
Primâque Ubîco fummo cenus itùôt ore :
Tarn ltd« dédit incréf ittns ; iU< im^i^r haufit
jjwiinénrfm pàitsam , * pkao fk pcâiuc «tto. Jùh I* 7}%%
-\
Ï^A tATACftkÊsk ^t
Kord : on fait Teflai, c*cft-à-di^ , qu'âvàrtt
que de vous préfenter le vafe ^ on en boit un
ï>cu , pour vous marquer que vous pouvez en
boire (ans rien craindre. Delà , par cxtcnfion *
par imitation ; on s'eft fervi de propinare pour ,
iivnrquelqnun , U trahir pour faire pîaifir à $m au-
tre i le UvreTy le <hn€r comt on done la coupe
à boire après avoir fait i'eflai. Je voms le U-' .
^re y dit Tcrencé, en fe fervant par cxtcn-
fion du mot propino , moqut'S^^vpus de lui tamquU '^^^- ^«n-
Hfous flaira , hune vobis deridéndum propino. ^c irni/tc
Nous avons vu c* ns la cinquième par- ^
tie de cette Grammaire,que la prcpo(ition fu-
plcoit aux raports qu'on ne fauroit marquer
par les terminaifons des mots 5 qu'elle mar-
quoit un raport général ou une circonftance
générale , qui étoit enfuite déterminée par le
mot qui fuit la prcpofition : ^
Or , ces raports ou drconftanccs générales
font prefque infinies , ôc le nonibre des pré-
positions eft extrêmement borné 4 niais pour
fupléer à celles qui manquent, on done di-
vers ufagcs à la même prépofition.
Chaque prépofition a fa première ûgciiR-
cation > elle a Qi deftination principale , (oiv
premier fens propre ) ⣠enfUite par extcnfion,
J^imâCAiion^parabus^en un motpar caca>^
«. Dij '
x,-y'
r
-jK-
W}
â\.
?■';■ e. •>
;|t ^)B'A CATâ CURES E.
ditèiê, on la ait fèrvir à marquer d*aatres
raports qui ont quelque analogie avec la def-
dnation principale de la prépofîtion , àc qui
font iufifamment indiqués par le fens du mot
qui eft lié à cette prçpoiîtion > par exemple :
■ LiTprépofition in eft une prcpofition ^
Jiçu,c*eft-à-<iire , que fon preMer ufàge eft de
marquer la circonftance gçiiérale d'être dans
un lieu : Céfar fut tué dans le finat » mrer dans
me maifon , ferrer dans une caffette.
Enf^îte on contidère par métaphore les di-
icrentes fituations dé Tefprit & du cj)rp^, les
diférens états de la fortune , en un mot les
diférentes manières d être , corne autant de
lieux où rhome' peut fe trouver > & alors on
dit par exteniîon , être dans la joie , dans la crain-
Uy dans lé deffein , dans ia bone oh ions la mauvaife
finune , dans une parfaite fanté , dans le defordre
dans fépée'j dans la robe , dans le doute ^ àCQ.
~ On £ç Çex% aufiî de cette prépeiTtiôn pour
marquer le tems : c'eft encore par extenfion,
par imitation s on cQnfidère le tems come un
lieu , noh me in tkmpore hoc videat fenex ^ ceft le
dernier vers du quatrième ade de l'Andiiène
dcTérence.
<UU ic $bi font des adveJ|>e'S' de lieu 7 on les
Mt ktvit aufli par imitationpour marquer le
tems y h
dits y ap
jnr^afiij
dcr vot
Onp
les autre
bre d'au
»Lap
^^»gcau,
» de lieu
» marcher
» maitre >
Enfuii
cheflès ^
. par imj
après fa L
» Âprh
» par un
» lieu à c
)> ques.
»trc, il
demitin , ,
m Ce
^fage r/2|
»ler onl
» Lç Tit
»peiai
LACATAC^RÉSE. if
tcmSyhac uti é^y après que ces mots fuient
dits , après ces paroles. Non tu ibi natum ^ ( ob^
jurgajïij n alâtcs^vous pas fur le champ gron-
der votre fils ? ne lui dites-vous rien alors \
On peut foire de pareilles obfervations fur
les autres prcpofijions , & filr un grand nom-
bre d'autres mots. *
» La prépofition après.dit M. TAbé de Dan-
^»gcau , * marque premièrement poftériorité
» de lieu entre des perfones ou des chofes:
» marcher après quelqu'un \ le valet court apra fin
» maître y les Confeillers fint affis après Us Prèfidens.
Enfuite , con^dcrant les lioneurs , les ri^
che(res;&:c , corne des êtres réels, on. a dit
par imitation , courir après tes honeurs yfiupirer
après fa liberté.
» Apres , marque auflî poftériorité de tcms,
» par une efpcce d extcnfion de la quantité àé
»lieuàcelledetems. Pierre eft ariyé après Jac^
» ques. Quand un home marche après un au-
» trc, il arive ordinairement plus tard ; après
demain , apûs dmé , 6cc,
uCe TahUau ffi fé^i après U Titien. Ce pa^
^f^ge eft fait iPaprès nature : ces foçonsdc par-
nier ont raport à lia .poftériorité de tcms:
» Lç Titien avok feit letablcau avant que le
• pcînuc le copiât $ la luturc avoit forme 1«
V. 8f.
TércBce;
Andr. A<i;
I. fc. 1. f^
111.
*FcuiIIô vol
lance fut la
prépo^cioa
Mfrh.
#
' -H,
.— -^
y\
«
iP.i
m-
IW.L.V.
Trad. p.
Rem. p.
478.
HciodXa.
Pline, L, 7.
€.60.
fi|>âyfagç avant qètc le peintre le repréfcntat.
Ceft ainfî que les prcpcifitions latines « &r
fub marquait aiifll le tems , corne je 1 ai £iit
voir en parlant de ces prépofîtîons.
» Il mcfemble , 4^' M. TAbc de Dangeau,
» cjuil fèroit fort utile de fairç voir cornent
» on eft venu,à doncttous ces divers ufages à
»un ménlemotî ce qui eftcdmunà laplu-
» part des langues.
Le mot âiheurcs op«e, n*a fignifié d'abord
que le tems >. enfeitc par extenfîon il a iigni-
fic les quatre fâifons de Tannée. Lorfqu Ho-
mère dit que defuis k comencemçnt des tems les
'f.H lires veillent à la garde du haut Olympe , & que
le foin des portés du ciel leur eft confié , Madame
Dacicr remarque qu Homère apèle les heures .
ce que nous apelons /w/oi/ôw. -
Hérodote dit que les Grecs ont pris des Ba-
biloniens lufage de divifer le jour en douze
parties. Les Romains prirent enfuite cet ufa-
ge des Grecs, il ne fut introduit chez les Ro-
mains qu'après la première guerre punique:
ce fut vers ces tcms-là que par une autre ex-
tcnfionron dona le nom d*/?ciwf 5 aux douze
parties du jour , 6c aux douze parties âc la
nuit > celles-ci ctoient divifèes en quatre vcil-
k&V <^^t chacune comprcQoit trois hmies*
V.4.
LA C ATAC HRE^SE. fj
Dan> le langage de TEglife , les jours de
la fcnuinc qui fuivcnt le dimanche font ape-
Ics ferics par extenfîon.
Il y avoit parmi les anciens des fétës &: des
fériés , les fêtes croient des jours Sokmnels où
Ton faifoit des jeux &:des facrifices avec pom-
fe : les fériés' étoient feulement des jours de
repos où Ion s'abftenoit du travail. Feftus
prétend que ce mot vient à feriéndis vi£iimis.
L'année chréticne començoit autrefois au
jour delPâques ; ce qui étoit fondé fur ce paf-
fage de S. Paul ; ^uomodb Chnflus nfuMxlt à ^om^
mortuis , îta & nos in novhâtc vitx ambulémuSi
L'Empereur Conftantin ordona que Ton
s'abftiendroit de toute oeuvre fèrvile pendant
la quinzaine de Pâques , & que ces quinze
jours feroient /ma :ccla fut exécurédu moins
pour la première femaine 5 ainfi tous les jours
de cette première femaine furent furies. Le
lendemain du dimanche d'après Pâques fut
la féconde férié > ainfi des autres. L on dona
cnfuitc par cxtenfion , par imitation , le noi^
de fme féconde , troiftéme , quatrième , &;c , aux
autres jours dzs femaines fuivantes , pour évi-
ter de leur doncf les noms profanes des Dieux
desipayens.
Ccft ainûquc chez les Juife , le nom de
r Diii)
€i
^
/
/'
>>
\0{fabhatum) qui fîgnîfic rtfos , fut donc ai»
jféptiémje iour <fc la femâinc , en mémoire do
ce qu'en ce jour Dietf ic rcpofà, pour ainfl
dire , en ceflknt de créer de nouveaux êtres :
enfuite par extcnfion on dona le même nom
à tous les jours de la fcniaine , en ajoutant
premier , fécond y troifiémeyôcc, prima, fecunda^ Ôcc ,
fabbatorum, Sàbhatum fe dit aufli de la femaiiie.
On dona encore ce nom à chaque feptièmc
année , qu on apela année fahatique , &c enfin à
Tannée qui arivoit après fcpt fois fcpt ans. Se
cetoit le jubilé des Juife 5 tems de rcmiflîon,
àc reftitution , où chaque particulier rentroit
dans Tes anciens héritages aliénés, 6ç où les
çfclaves dcvenoient libres.
Notre verbe akr fignifie dans le ïèns propre
fi tnmjpofier d'un lieu à un autre : mais enfuite
dans combien de fcns figurés n'e(b-il pas em-
plo)^ par extenfîon ! Tout mouvement qui
aboutit à quelque fin j toute.maniére de pro-
céder , de iç conduire , d atcindre à quelque
but 5 enfin tout ce qui peut être, comparé à
des voyageurs qui vont enfemble , s*exprime
par le verbe aler\ je vais , ou je vas > aler àfesfiu^
tUfrdroitM but : il ira loin , c'eft-à-dire , il fera
fie grands progrès , aler étudier^ aler lire , d:c.
Devm vci|t dite dans Iç icas proprç Ait
i>f CATACHRESE. st
Mgèpar les loixàpayerou i faire quelque chofe :
on le dit cnfuitc par cxtçnfion de tout ce.
qu'on doit feire par bicnfeancc, par politcflc,
nous devons aprendrc ce que nous devons aux au^
très & ce que les autres nous doivent.
Devoir fc dit encore par extcnfion ^c pe qui
arivera , corne fi c étoit une dette qui dut çtrc
payée : ]e dois fortir : inflruijhxfvous de ce que voifs
êtes , de ce que vous nétes pas , & de ce que vous
dtvex, être , c cft-à-dire , de ce que vous ferez >
de ce à quoi vous êtes deftiné;
Notre verbe auxiliaire avoir , que nous
avons pris des Itafiens, vient dans fon origine
du verbe hahére , avoir , poffeder. Céiàr a dit
qu*il envoya au devant toute la cavalerie
qu'il avoit affemblée de toute la province,
quem coaBum habèba$^ Il dit encore dans le mê-
me km avoir les fermes tenues à bon marché , c cft-
à-dire , avoir pris les fermes à bon marché , les tenir
à bas prix. Dans la fuite on s'eft écarté de cette
fignification propre d*avoir, &: on a joint ce
verbe par métaphore & par abus, à un fupin^
un participe ou adjedifîce font des termes ab-
ftraits dont on parle eome dé chofes réelles :
amâviy j'ai aimé,^i^eo amàtumy^Siimé eft alors un
flipin^un nom qui marque le fêntiment que le
Yerbc figniâe > je poflede le ientimcnt d*ai-
(
Câfsr pPà^
ff>$/ît eqtUm
tatum Mv-
nem qutm
ex »mui
fr9vimc$À.
çtÀHum
Cxfar d^
bello GilU
co« L. I.
VedigÀlim
pMfvo pri'
tio ridttn'^
ftm hmtérè»
Idem ibid*
Noftram a-
dolefcén.
cùmliabciil
dcfpidiMin,
Ter, Eun,
Aft.z.fc. 3^
:i ■
^^'
- - -A ■■ •"■".'
^A C4TACHRESE.
Met , ccpie un autre poficde ià montre. Ovt
cft fî fort açoutumc à CCS Êiçons de parler^
qu'oii ne fàtit plus atcritiôn à Taiiciène fîgnifi-
cation propre d'avoir 5 on lui en donc une au-
tre qui ne fîgnifie avoir que par figure, &: qui
marque en deux mots le même fens que les
Latins cxprimoient eti un feul mot. Nos
Grammairiens qui ont toujours raporté notre
Granlmairc à. la Grammaire latine, difent
qu'alors avoir eft un verbe auxiliaire , parce
qu il aide le fupin ou le participe du verbe à
marquer le même tems que le verbe latin fl~
gnific en lîn fèul mot. ^
^tre \ avoir y faire , font les idées les plus {im-
pies, les plus comunes,& les plus intéreflan-
. tes pour rhome : or les homes parlent tou-
jours dcitout par comparaifon à eux mêmes;
delà vient que ces mots ont été le plus dé-
tournés à des ufages diferens : être ajjisy étre{^
aimé^ &C. avoir de tardent , avoir peur^avoir bon-
te y Mir quelque chofe faite, &C en moins de
mots avoir fait.
• Déplus, les homes rcalifcnt leurs abftrac-
îions i ils en parlent par imitation , corne ils
parlcpt des objets réels ; ainfi ils fe font fer-
vis du mot avoir tn parlant de chofes„ inani-
mées & de chofes abftraitcs. On dit cm viUi
LACATACHRESB. ï>
éàeu^ Ikuts de tour , cet owurage a des Mfauts % Us
palpons ont leur ufage h il adetefpritydadeUver"^^^
n» .• & cnfuite par imitation & par abusÇî/ a
aimé Jla lu \ &CC. ^
Remarquez en paflÊint quc'Ie verbe 4 eft
alors au prjéfent , &c que la fignificatioh du
prétérit n*c^ que dans le fupin ou participe.
On a fait auflî du mot //un terme abftrait qui
rcpréfente une idée générale , Fctre en géné-
ral î il y a des homes qui difcnt , Uludquod e/î,
ibi hahet homines quidicunc^ dans la bone latini- ^
té oh prend un autre tour , corne nous l'a-
vons remarqué ailleurs.
Notre il dans ces^ façons de parler répond
au n?j des Latins : Prôpiks metumresf itérât ^Iz T.LivLL.i:
chofe avoir été proche de la craime : c'eft-.à- ^ ^^"
dire, il y avoir eu fujet de craindre. Resitafe
hahet\ il efl ainfi. Res tua àgitar /i\ s'agit de
vos intérêts, &c.
Ce n cft pas feulement la propriété étavoit
qu on a atribuéc à des êtres inanimés & à des
idées abftraites , on leur a auilî atribué celle
de vouloir : on dit cela vem dire , au lieu de cela
figaifie S un tel verbe veut un tel cas h ce bois ne veut
fas brûler i cette clé ne vem pas tourner , &c. Ce$
&çons de parler figurées font fi ordinaires /
qu'on ne s'aperçoit pas même de la figure.
<!i.
«k
{
/
% ¥■
.1
K
. •'
/
W» LA CATACHKESE:
^ Xa fi^iâcation de^mots ne leur a pas itè
donée dans une ailèmblée générale de chaque
peuple , dont le rcfultat ait été fignifié à cha*
que particulier qui éft venu dans le mondé >
cela s cft 6it infenfîblcmcnt & par 1 éduca-
tion : les enfons ont lié la fîgnification des
mots aux idées que lufage leur a fait conoi-
trc que ces mots iignifioient.
I- A mefure qu* on nous a doné du pain,
& qu'on nous a prononcé le mot ^ain s d'un
côté le pain a gravé par les yeux fon image
dans nôtre cerveau , & en a excité Tidée : d'un
autre côté le fon du mot /?4m a,£iit auflî foa
impreflion par les oreilles , dÉforte que ces
^ deux idées acceflbires , c'eft-à^l|fç , excitées
en nous en même tems , ne fauroient fc ré-
veiller (eparément fans que l*unc excite l'au-
tre.
2. Mais parce que la conoiflance des au-
tres mots qui fignifîent des abfbadions ou
des opérations de reJ[|>rit , ne nous a pas été
dxi;iée d une manière aufli fenûblcs que d'aiU
leurs la vie des homes eft courte, &:quils
font plus ocupés de leurs befoins &: de leur
bien être , que de cultiver leur efprit & de
perfedioner leur langage > corne il y a tant
de variété ^ d*inconftancc dans leur fitua^
«
»
'la CATACHRESE. 6t.
tion , dans Icut état , dans leur imagination^
dans les difércntcs relations qu ils ont \cs uns
avec les autres > que par la dificultc que les
homes trouvent à prendre les idées précifes
de ceux qui parlent , ils retranchent ou ajou-
tent prefque toujours à ce qu on leur dit >
que d ailleurs la mémoire neft ni aflez fidèle
ni aflez fcrupuleufe pour retenir àc rendre
exadement les mêmes mots & \ts mêmes
fons , & que les organes de la parole n ont
pas dans tous les homes une conformation a(^
fez uniforme pour exprimer les fons précife-
ment de la même manière > enfin come les
langues ne font point aflez fécondés pour
fournir à chaque idée un mot précis qui y
réponde : de tout cela il eft arivé que \çs en-
fans fe font mfeQfiblement écartés de la iha*
nière.de parler de leurs pères , come ils fc
font écartés de leur manière de vivre & de
s'habiller > ils ont lié au même mot des idées
diférentes &: éloignées , ils ont doné à ce mê-
me mot des fignifications empruntées^ & y
ont ataché uii tour diferent d'imagination i
ainfi les mots n'ont pu garder long-tems une
fimplicité qui les rcfl:raignit à un feul ulagcî
c eft ce qui a caufé plufieurs irrégularités apa*
rentes dans la Grammaire & dians le régime
V-'
r
* Sr
\
tA CATACRÈ.BSE.
nitMs; on n^ea M(it i»mdi»«ur<»k^ par
tet condflàtice cfe feuf ircmièie origine> 5^
de récafl, pour âinfî dire, qu'un mot a fait de
û ptftnûèié fighïRcâtion &: de fon premier
uiàgc : aiflfî cette figure mérite une atention
particulière > elle règne en quelque forte fuit
toutes tes autres figures.
' Av^t que de finir cet article', je croi^ qu1l
rfcft pas inutile d obferver que la catachrèfc
û'eft pas toujours de la même efpccè.
I. Il y a la catachrèfc qui fe feit lorfqu^oit
f donc à un mot une fignifieation éloignée >
qui n'eft qu'une fuite de la fignification pri-
itutive : ccft ainfî quc/ucciiriwT fignifie aider,
Iccourir ^ fèten , àtaquer : Ammadvértere , pu-
nir : ce qui peut fbuvcntïtre raporté à la
]iiétakp(e> dont nous f arlerons dans la fuite.
II. La féconde efpéce de catachrèife n*e(t
proprement qu'une forte de métaphore , c'eft
lodqu'il y a imitation de comparaiibn , corne
quand on dit ferrer ttargmt , fernUe de pa^
pkr.ôcc,
W
V
V
H
mm
CÀ'J
II.
La Métonymie.
T E nîot de Mèi^onymc fîgnific tranfpofition
-*-' ou changement de nom , un nom pour
un autre. /
En ce fens cette figure comprend tous les
autres tropes j car dans tous les tropes , un
mot n eunt pas pris dans le Ç^tis qui lui eft
propre , il réveille une idée qui pôuroit être
exprimée par un autre mot. Nous remar-
quêtons dans la fuite ce qui diftinguç propre*
ment la métonymie des autres tropçsi
. Les maitres de lart reftraignent la méto-
nymie aux ufàges fuivans.
i.TLa cause pour l*£ F e t ; ^ar exem-
ple : vivre de fon travail , c*cft-àkiire , vivre
dç ce qu'on gagne en travaillant.
Les Païens regardoient Ccrès come lâ
Déeflc quiavoit £iit fortir le blé de la terre ,
&: qui avoit apris aux homes la manière d*cn
&ircdu pain : ilscfoioieht que Bacchusétoit
le Dieu qui avoit trouve Tufagc du vin 5 ainfi
ils donoient au blé le nom de Cérès , & au vin
le liom de Bacchus $ on en trouve un grand
tbmbre d'exemples dans les poctc;» : Virgile
Mtrên/fum,
Change-
ment de
nom <iê
dans la
compofî-
cion mar-
qncchaoge^
ment, & éê
/
X.
/
V
N-,
IN
'••■■u
' » r%.
'*'*f.'
h^h>
^^ jËB. ^Icok. Implémut "oturis iaçcbi. Madame del
M^ff.uf' HouiMcesaÊûtunebaladecfentlerefiretncâ^
L'amour languit fans Bacchus 8c Cèrès.
é*cÔ: à traduôion de ce t>aflàgc de Tèrei^ce^
/bf Céiwr cSr Uhtrofnget Venus. Ceft-à-dirc,
'^iSU^. Œ^oa ne fongp guère à faire Fambur quand
on n'a pas dequoi vivre. VirgUç a dit r
* / w irim Ctercm corruptam undis ccrcali^ua arma
Exp^diunt fcfli rcrumv • .
Scàrrbn', dans (a tra4uaion burlefque , fe
tot d abord de la rticme figure > mais voyant
bien que cette feçon de parier ne feroit point
attendue en notre langue, il en ajoute l'e»-
plication:
Lors fut des vaiflcaux dcfcendue
Toute la Cérès corompuc ; ' ''
En langage un peu plus humain ^
C'cft ce dequoi Ton fait dtf pain.
Ovide a dit /qu'une lampe prête à s'étein-
dre fe ralume quand on y verfe Pallas, ^ c eft-
i-dirc de l'huile , ce flit Pallâs , félon la Éiblc,
^ Ciyi» •!» all^mit Aniuu luy motibAïuit rcniit -
j^tnffU>Mi mt4itUimmUf^ Ovii. Txift.X. if-
*•«•"•*• :. - .. qui
li ir„-: 'V-"
I".:. ~,
-*'■
ocanon l
iVir^tra-
9cftk L* I*
&eri&i]
k^ainfi
Bacchu
Onn
ËLçonsd
' ganifmt
préfidoi
vcnteur
cainpo
avec ta
vas-tu \
une xoi
corcati
lant pa
unemé
fe fert d
vin doi
«
Autd
Ncpt
Dieu d
guerre
«tpo
favapt
lèatfo
V.
£ji MàrpnTMtE:
|^Iij>remièrefitrortirrolivierdelatetiei .
&'eii&igna aux homes l'art de £Ure 4c l'huit
le ; ainfî Palks fe prend pour Thuile , come <
Bacchus pour le vin.
On raporte à la n^cmc cfpèce de figure les
ËLçons de parler où le nom des DjeUx du Pa-
' ganifme fe prend pour la chofc à quoi ils
préfidoient , quoiqu'ils n'en fiiflicnt pas les in-
venteurs : Jupiter fe prend pour Tair, Vul--
cain pour le feu : ainfî pour dire , où vas-tit
avec ta lanterne \ Plaute a dit , ^Hoàndtukt pUut,
t» , aui VulcÀnmn m corm^conclkfiamgerisY Où Amph-Aée;
« I • IC* g I « ^*
vas-tu toi qui portes Vulcain enferme d^ns iij.
une .corne J ttViTgiXt JuritVulcanus h ^çn- jEn. |. li.
corc au premier livre des Gcorgiqucs , vou- '^*'
lant parler du vin cuit ou du refîné que Eût •
une ménagère de la campagne , il dit qu'elle
fe fert de Vulcain pour dUfîper l'humidité du
vin doux.
Aut dolcis mufU Vulcano d jcoquit lium6rcm.^
Neptune' fe prend pour la mer ; Man Je
Dieu de la guecre fe prend foUvent pour ht
guerre méme^oupoor Iaft>rtuiiedelaguer-«
re ^ pour révénemoit des combats , raideur^
TaYaptage des combacam : Les hiAoriensdi^
feat fimycac qu*oa acûmbatu avec un Maa
Georg. i.?J
. —•
/
Bi' '*
i"^!
^m-
't'
w ;ivao^»»P «gai » ^»€if<^ ^^*^^ > ^^^ ^
<iiçc^ dpmWK ; ykmMéou ♦ quand Faya»*
tàgccft tantôt d'Un côté U untot de Tautirç,
iCfAwcQfBCJJrcndrc l^pufc pour l'cfet que
lijB 4iire4*(iQ Qéncral œqus à la lettre, nç doit
Itfcxntcndu qut de fon annpe » |1 en cft de f
ipgxne loriqu on donc le npm de Tautcur à *
lie» Quvragçs : Il a lu Ciccron, Hoi;ace, Vir-.
iplç 5 c'cft - à -dire , , to ouvragci dç Cicc*
3£fus-Chj;ift lui-mcn^e s'cft frrvi de là mé-
tonymie en ce icns , loriqu il a ,dit ,wparlant
Uc.cm, dc3 Juifirvils ont Moifc^ les prophètes ,
ç'ctt-à-dire^ ils ont te Uvrcs de Moitié & ceux
desprophites. •■'■,':
\ On donc fouvttit le nom de l'ouvrier %
Couvra^p: VOfi dit d'un drap que c*cft un Vath
RobaiSyUnRoiijfcaiê , un P^pw», c'çfihà-dirc,
un dr^p de la mj^u£à&\irt de Van^B^oba^s,
ou de celle de Rouiïeau , &c. Ceft ainfi
qioa donc le nom du peiftcrt au ta61«H| :
on dit f ai TU im beau J(€i»iMNt , potir 4iÎ!6
lin Ixau abkau £iit par le lleabrant. On
'^d'un cuikitteneftâoqws, ipi'â atmgrand
nomim de C^U^ .c^dk-à-diBe , nn gtand
m^h
'■•«,.,.'/',,
X
%n ti
triàrchc
qucr to
lantdu
compar
)»quiréj
»expl6i
Au ii
Vent A\
fcrt à k
quuné
kscâra
bette mm
' JLzp
étYEc
pofitioi
laman
ture&
Flmm
quiéci
' StUt
dnnpri
ttetU
.^
'^^iicitmve (bavent dam rEcriturc SdUnm
iaeobytfrael y JmU , ^ font d<ls noms dé Pa*^
triàrchei ,)>ris àam un l^n^ étenàu pour maiv.
qucr tout te Peuple Juif. M. FIcchier , par-'
lant daiàge & vaillant Machabée, auquel il
compare M. de Turène , â dit » cet home (SniTofift:
»qui réjodiffoit Jacob par les vertus & par feif 3^*"?,^
«exploits. « Jacoh , deft^-dire le Peuple JuiC
Au îieu du nom de Téfet y on te fett fou«
vent du nom de la caufe inftmmentàte qui
iêrt à le produire ! ainfi pour dire , que quel^
qu'un écrit bien , c*eft-à-dire , qu*il forme bien
les caraôèrcs de 1 écriture > on dit quV/ a mtt
heite mam,
> La ptme ttt auffi une caufe infonmentate
def rEcriture , & par conféqi^ent de la com«
pofition ; ainfî fimte fc dit par métonymie dé
la manière dé former les caraâèresde récii»
tttie St de la manière de compoiet.
Fimm fc piend auffi pour Fauteur même,
i^f itm koneplme , c'eft-à<dire , c*eft un auteot
tfnécikbkntc'élihièdeHùsmitkumfimi^
i^eft^-due y on de nos meilleurs aatear&
^ «fiîAr %nifié auffi par figure la nunièt»
dTcxprimer les penfies^
V/Z^ anciens avoisnt deux manières de foré
mec kt cotaâères dt fcaitute i Fiine êtoic
■ Eii , ^^
(
^^
/
%
If^ MErONJMfE.-
y^n peignant les lettres , ou fur des
&uill&d arbres y ou fur des peaux préparées,
ou fur la petite membrane intérieure de Té-
corce de certains arbres -, cette membrane
s'apèle en latin liber , d'où vient livre, \ ou fur
de petites tablètes faites de Tàrbriflcau p^py-
ms , ou fur de la toile , &:c. Ils écrivoient
alors avec de petits rofcaux , ôc dans la fuite
ils fè fervirent audî de plumes come nous.
L'autre manière d'écrire des anciens ctoit
.incidkndo , en gravant les lettres fur des lames
de plomb ou de cuivre ) ou bien fur des tablâ-
tes de bois , enduites de cire. Or pour graver
les lettres fur ces lames , ou fur ces tablètes
ils fe fervoient d'un poinçon , qui étoit poin-
tu par un bout &: aplati par l'autre : la poin-.
te fèrvoit à graver , & lextrémitc aplatie fer-
voit à éÊicet > & c'efl pour cela qu*Horace a
dit fHUm vénère , tourner le fUle , pour dire ,
kfacer y cpriger y retouchera un ouvrage» Ce poin-
• de riKtf. çon s'apcloit StUus y * Stile : tel eft le fens
cobmdu .' propre de ce mot ; dans le fens figuré , il fi-
fêtitêcêU' gnifie la manière dcxpriiner les penfccs.C'eft .
en ce feiis que l'on dit , te ftile fublime , le
(Hle fîmple , le fUle médiocre , le ftile foûte-
m^, le flile grave/leftile comique > le ftile
hiflSrique , le ftiie poétique , le ftilc de iâ con*
vcrlàtion , ôcc.
X. V. 7>"
•#.
Outre
primer 1<
venir au]
cela on 2
coire lefl
culière d
dit d'un i
ou au COI
bar^flc , l
lc,c'cft.à
on recoft<
cV àfàdc
Stile fe,
nières de
*rcns uCig
flilcduP
Notaires
•« autres uf
ceux dor
^ Pinceau
quelquef
Hile : on
un favan
Voici
^Ecriture
Icfet. Si
/iM70, ellt
£A METONYMIE, 69
Outre toutes ces manières difércntcs.dex^
primer les penfées, manières qui doivç^fcon-
venir aux fujets dont on parle , & que pour
cela on apèle ftile de convenance > il y a en-
core le ftile pcrfoiieJ -, c eft la manière parti-
culière dont chacun exprime (es penfécs. On
dit d'un auteur que fon ftile eft clair ôc facile,
ou au contraire que Ton ftile eft obfcur , em- -
barçiflc, &:c ;,on recoiioit un auteur à Con fïi-
Je, c'eft-à-dire^ à fa manière d'écrire, corne
on recotoit un hbrnc à ia voix , à fcs gcftes,
&: à (à démarche.
Stile fe prend encore pour lés difércntes ma-
nières de faire les procédures félon lesdifc-
'rens uCigcs étabhs en chique iurifdidlion : le-
ftile du Palais, le ftile du ConfeiL le ftile des
Notaires , ôcc. Ce mot a ehcoife plûiicurs
* autres ufagcs qui viènent par cxtenfîoïi de
ceux dont nous venons de parler.
Pinceau , putrfc fon fçns propre , fedit auffî
quelquefois par mctqny mie, corne plume ôc
Jiile : on dit d'un habile peintre , que ccft
un favant />/ik^4K.
Voici encore quelques exemples tires de
TEcriture Sainte où la caufe eft prife pour
1 efet. Si ^ peccâverit anima f^rtàbit iniqu/tâtem *[
fmm^ elle portera foo iniquité, c^eft-à-dire,
Elij
t
Lcvi
<• Il
ï..
-y
^
■'^
r
<ISS> ,
1»
\.
.^y
T(k
-*
IfidLCTii %fdac A fou iniquité* Imt DiminifoMié.
t* f» i0Sm pecêM^ oà vous voy^ que pat la cc^
lèie3,#| Seigneur', il £it^ entendre la feise ^
%tnL c rff ntie (bitc de la colère^ iV«» mrkhkurofus
*^ ^' ''^ mmenàm tui 4fudu wfiiHe matiè , opus , Navrége,
cfrft-à-dire, le ialaire , la récompcnfc qui cft
due à rotttticr à càufe de fon travail . Tobic
* • a dit la même chofe à fon fils tout fimplc-
msntiflMcifmqHetibi âliquidùperâtus^fMerUyJù'
Ijmeimèrtèdem nflitue^ & tnercer mercenâmmapud
komtinhno%remi^at. Le Prophète Ofée dit*
que les Prêtres mangeront les pèches du peu-
jj, pie , petcita pipuli met cimedeni , c^eft^l-dire , ks
Viftimès iûfertes pour les péchés,
I^L X'EFE'r ^oun LA CAUSE ^ corne
iQtfqtfÔvide cKt que le mont Pélion n'a
Mmm , L point &*ottAres , nec baket Félkm timbras > c^-
*»'^ x^3- i-dire, qu'il n'a point d'arbres, qui font la
caufe de Tombre f /ow^np , (pu eft Kft t dei
arbres,eft prifeicipout les arbres mêmes.
Dans la Géncfe , il eft dit de Rébecca que
,„ deux hâtions étoicnt en felle 5 ^ c*eft-à-dire,
£&u & Jacob , les përe^ de deux nationslja^
çQbdes Jiûi&> Eiàudes Iduméens,
Orée^c
f^
'^pMf
tel IhiK m 6tero cuo. , Se duo p6pti|i ex fentfc
A
i-V •
V
y
JEn, t. fU
Lib.i.Oi^
éis, h mort &t les niahdlci remteiit^lc^ ^^ \. !
Mbirfii#?ir^nr*/fap^lcfbntdnc<fePyr^n«- ^'^'^'^ .
cféccnc une fontaine con&crée âu« Mufet.
Uâplkation à la pocfic rend pâle , corne tour
te autre aplication„ violente. Par la mteic
raifon Virgile a dit la trifte vicïlkiïè.
Palléntcs habitant morbi triftifque Sentôus.
£t Horace , pMUda mors. La mort, la maladie,
de les fontaines confacrées aux Mufes ne font
point pâles ; mais cites produifent la pâleurs
ainfi on donc à \i caufe une cpitète qui ne
convient qu'à i'éfct.
ni. Le COi^TENANT PÔUH lE CONTENU : CO-
me quand on dit,i/ dmeU ^wr«7fc,c'cft-à-dirc,//
aimé le vin. Virgile dit que Didon ayant prc^
lèrtté à Bitias une coupe d'or pleine de vin ,
Bitias la prit 6c fe lava , ianfa de cet orfUin}
€^eft4-dire, de là liqueur contenue dans cette
> coupe d'or.
/. ... . . . . illcimpigcr haufit
' Spumâhtem ptteram , Se plcno fc proiuit auro.
jimoc^ pris pour la coupe , c*eft la matière
pour la chofe qui en eft faite , nousîparlerom
bientôt de cette eQ)èce de %urc , enfuite la
coHpc eft prifc pour le vin.
Xc ciel , où les anges & Ici iàints iouiflcrtt
Eiii)
/
743»
X. n
/
a
■ 1
I
rVpce. |M£ Dieit im^ Imfimr k fetêm et càll
&^ ffwr4«rirf.-J*Ji fkbè^omtkekl&conmvm^
vtXvL 4^ f en£uk ptod^e à foa père: le ùdSkr^
ito'tiïî ***^ auffl {Kior les Dieux du Paganiûnc.
iftcônfpec-» «^ X«<«w>^tt« dri^ Akx4mdn\ c'cft-^-dire,
511^ L tepcuplcs de U terre fc fournirent à lui : Kor
^c ». T. 3. iMr ifc/2ifr8»w U conduiu iAf^ns , c*^-à*dirc ,
l^Roioains dcÉiprouvèrent : Toirtr tEwtoft
s'eft rcjouie à la iiaiflànce du Dauphin î
:ç*eft^-dirc , tous les fouvcrains , tous les peu-
iples de l'Europe fc font réjouis.
Lucrèce a dit que les chiens de chaffc inei-
itoicnt imefmft en mouvement» * où Ion
voit qu il prend laforeft pour les animaux
. jijui font dans la foreft.
Un mé£ù prend auffi pour les petits oifcaux
i|tti ibot encore au nid. '
. Çarccr , prifon, fç dit en Utin d'un home qui
mérite la prifon.
' IV. Le NOM DUXiEUjOÙunechofcfcfiiit,
fe prend pour la chose même ; on dit un Can-
4^ , au lieu de dire , un chapeau Eût 4 Cau-
dcbec , ville de Normandie.
On dit 4e certaines étofes , cefi une MarfaUe,
# ^eplre pla^ £Utttm canibûf^ ci^. Utef U i;
a
^€ft-à-dire , une écofe ée 'hjsàÉÊbÛûatit^^^
Aiarièille : c'^mie Féffe , c'eft^-doe^mietci^
le peinte qui vient de Periê. ^^ - *
-' A propos de ces fortes de noms,f obffitvttai
ici une mépri&de M. Ménage , quia £té ftt«
vie par les auteurs du di^onaire univedèl,
apelé comuncmcnt DidionairedeTrcvouÉi
c'eft au (ujct d*unc forte de lame d'cpée qu'on
apèie Olmde : les olindes nous vièneot d'Ale-
magne , ôc fiirtout de la ville de Solingen , dans
le cercle de Weftphalic : on prononce SoUaf
gue. Il y a aparence que c'eft diinom de cette
villcque les épées dont je parle , ont été ape-
léesdes o^des par abus. Le nom doUndey nom
ronunefque , étoit déjà conu , corne le nom
de SUvie y ces fortes d abus font aflêz ordi-
naires en feit d*ctimologic : Quoiqu'il en foit,
M. Ai énage & lès Auteurs du Oidionaire de
Trévoux n*ont point rencontre hcureufe-
ment , quand ils ont dit que Us OUndes oui été
ttinft apelèes de U /ville iOlinde dans UBrèfil^dôi
ils nous difènt que ces fines de M^sfim venues.
j^ ouvrages de fer ne viènent point de ce
pays-là : il nous viait du BréiU une forte de
bois que nousapelons M){/^ il en vient auffi
du fucre, du tabac, du baume , de For , do
Targent , &:ç : mais on y porte le' &r de ÏEix-
rope , & furtout le fer travaille.
1
(
_s*Tt
/
^
g0 .£i^
Umm^ €^^à4ire ^ uit Ëibre ou un coutitau
^ Qft«tonç#ttii le iiomdci>4»^ à unçibnc
k^^de foie , qui a étc^febriqucc oi^nai*
ttmfiot dans la ville de Damas s on a depuis
Imifié cem forte d*éto£b à Venife , à Gènes , à
iion , A:c. ainû on dit Dwma$ de Vemfe , dt
ldm(^c* On donc çncotc ce nom à une fortd
éepnsncydont la pqni^âeurie de façon ^u el«
le imite Tétofe don^nous venons de parler.
î^-ëi&am cft une/ville rfltalic dans la Ro*
assigne : on y a tiouvc la manière de Élire
m^ forte de vaille de terre verniflec qu'on
9^<t dfUfdiéme h on a dit enfiiite par méto*-
m^ipîe q^*on fipt d&îoït bellesy^^»^^ enHo*
J^de , à Nevcrs , à Rouen » &€•
Ç^ ainfi qqe le Lycée fc prend pour kft dit
CJ{dés4'Artfx>^fOU pour la doârine qu' A«
j^BSX^ tn&ignoit dans le Lycée* Le Forfique
, ièfctnd pour la Philofophie que Zenon er^i»
fi^piioit à fe» difciples dam le Portique.
IMii Lycée étoit un lieu prèscTAthènes ^ oà
Aréott^eitipgmut la Pbiloi^ph^
mmam avcciès dÛciplesi ik. fiaient apdés
^
que i'es diibiples d* Adftote nt foat pûfo de A
ce ièntiiiienté ■"
Les anciens avoient éc magfiHîques fÉOttl^
ques publics où ils aloieiït fe ficomener ^ if c.
toient des galeries baffes fouccnues par des co^
loncs ou par dcsarcadcs ^ à peu près corne là
Place Royale de Paris, & a>mc fc« cloittcs
de certaines grandes maifons teligiaifts.' Jly
en as^pit un entr'autrcs fort célèbre à Athè?
nés, où le philofophe Zénott tenoit fon ccolcj
ainfi paç ie Pûmque on ontoad fouvent la phir
lofophie de Zenon , la doarinc ds^ Stoïdcasj
car les difciples de Zénm fiircrtt apelés Stdi^
$k»s du grec fioa iCpxi fignific furHque* Lt For-*
0qHe nUfl pas toujours (facord amec le Lytéo , c'efl>
à<ltre, que les fentimens de Zéfioil ne font
pas toujours conforntes à ceux d'Ariftote. ^
Buouflëau , pour dire que Cicéron dans fa
maifon de campagne mcditoit la phîlofophie
d'Ariftote & cclk de Zenon , s'expliqpie en
cesterhies: •: /
Ccft là que ce Romain , cîont rétoquente Voîx ,
l^an foug i^i^^tiô Cônain y Ctû^âSi KèpMique^
r«n2&iic (on comt dans Vkt^èééei bix , ^
4 ^i'; ifit dtt Lycée ^& du Poni^ttOi ^
ÀmkmU
téis
.-'s/'
RouflêatT,
r
r
\
»A
vé\ II.
îl^iâe>n €idt&ii|èa^ k phitoTophie. Ce Uo»
âtt apc^ ^/^Mtfmtfydu nom de Iba ancien po^
tdSSsm s delà la doâxine de Platon fut apélée
MfMmk. Oh done adffi par ^xtenfion le
Éomé'AcéMme à diférentes aflèmblées de (à^
vans ^ui s*apUquent à cultiver les langues ,
les ioentes , ou les beaux arts.
Robert Sorbon , confeflcur & aumônier
4e & Louis , infUtua dans TUniverfîtc de Pa-
ris cette Êimeufe école de Théologie , <pi
du nom de fofi fondateur eft apelée Sofhone :
R tionf de Siffione (è prend auffi par figure
pour les Dodeors de Sorbone, ou pour les
ftntimensqu'on y eofeigne : LaSorbane enfei^
giii ipie U pmJpnKe EtcUfiaftique fie peut kêranx
Roit 'liseourones qite Dieu a mfe$ fu% leurs têtet^
ti êjbenfer lem fumets du ferment de fidélité. Re*
T. gitQinmeumnoneft.dehocmundo.
c.
I .^.
Quiimilc: ^ thns ma vieiiiedê languiâante ,
^ukf. t^tïe que je t^rts pèfe i liia rtain tremblante.
iw^four mejîieiti aqmtcr des foins
. manéi laR0M&. Ai^lçiS^tte fe piend
ffmcit , pour la dignité de Mac£chal deFraa^
ce» k cbafeandtCaniimd, & même fiinjkmcnft
k dr-fwi» fe dit pour le Cairdinalat^ v.
Lépée fc prend pour la profeiBon militais
k Robe pour la Magiftratutc , 6c pour Péttt
de ceux qui fuivent le barreau.
Al U fin fai quité la Robe pour l'Epéc. jS^'t«.r7
Ciccron a dit que les armes doivent céder f'^'^f'
à la robe.
Cidam arma toga h comUat laârea Ungua.
C'cft-à-dire, corne il l'explique lui même,^
que la paix remporte fur la guerre , & que
les vertus civiles 6f pacifiques font préféra-
bles aux vertusniilitaircs. '
« La lance , dit Mczerai , étoit autrefois la *^^
» phis noble de toutes les armes dont fc Ict- j^ance , i»
«viflcnt lesGentyshomesfrançois :« la que. ^-^^^
flottille étoit auffi plus fouvent q^aujour-/
d'hur entre les mains des femmcsiDelà on dit
€0 plufieurs ocafibns Umu pour fignificr "
liome,& 4pf€mmUe pour marquer une
Sûù : fUfqmPmk ù lance en ^imomUe , Ccft-^-
, ^^
^
\ ^'*
ï^%?;
''^
^'lepf lance Ks fermes ne âio^
à là çcHuoiie f 9uis ks Rpi^sMi^
0tiM$^^^ &: de Suède ^
^ iiâËMc§kr àrimpitede
^^ Ceft.ainfî que du tems des B^onuins les
.^^ . fmfitimx ît pteooient pour f autorité cônfu^
V - biiel ka aigletromaines , pour les ârmdes
des Bsonuins qui avotent des aigles iKmr em
Ipigiiei» L'iUglecpiieft k phts fbk dos oif^^
Ét^mcat ^ était k fymbole de kTiâoité dûtt
jtt'JSgfï^kfllà'^' .' • : • f n
«*ft.Ci^ ^1^14^ a dit ^Cadliça, aptes avoir raiH
gè fiSD armée en batailk, fit un oorpsdefe*
ierve da autres èofeignes , cVft-àKiice des au '
V |. tics tioapesqui lui reftoient , >%m /^ i»
MMÀî grffiif ft/faf if
,09ttcQttvf;foiavent dam ksaii^^
jftJtpctf fbkt, pom dire k/fiBictfr , /gf ;eM»
iMr|fBsi /p'eft aiipA que n(ftis difons £uxi^
I^Ei^f^àiin^jtQiie
p 1^ i8^4<lii»^ vous n^
aexp^bjeocç. Ç^i^s les ci^veipc blancs^ fe
1^
••#
^^loi^'cUvéa fymbôies âoa^m anoM §
(bmf lèrris ac d^ iioiu nous^^
qiiçlqaefois.potir inar^ier ou certalc
Vinitét; oa certaines nattions , ou ehfia lé Vl-
xes & les vertus, ces iymboies, di$^)é, foii|
&uv«nr àtnpibyét pour ittàr({uet la cl
dont ifefont le fymbole.
M»
Env^in ou X/«0 belgique
Il voit l'^/j/# gecmaxiiquf
^ Uni fous Icf tifpdrds.
Par IrZioiibelgique le poète entend les Prof
vinces unies des pays 1>as:par T^i^âr germani«
^e^ il entend l'Allemagne $ A^ par les ZAi4>
panU il défigne f Angleterre qui a des léopttdî
4BU|siès armoiries. '^
Ode fur k
*^ priTedc Na-
' mor.
Mais qui £ûc enfler la Sambre;»
Sous les JumâHX éfrayds )
Sûosiv J«m«ar, cV&àKlile, à là fin du mois
de JriUd & aa cotnciiceinent dn mois de Jo^
iLe Bm affiégea Namiir le 20. de Maf t^pi;
flc la ville fiit prife àumoisde ïuin (miÉoàL
Clia^^ clioi» de raimée eft dâS^é |iu: lia
figat vis-à^vis dnqttdi k fideil iè troqnre d»*
fttble as. dTon mois ott CflEViroa, Mqa^
i*l«:riftœoisiiaivaixL.. ,..;■';: ,.\. • ,:':lf^
\À.
«•li»
N.
;/
)>alme
fionui
toàre y â
hviâi
rc fpir:
»A
»6uco
» celui
»»ncrvc
»tc ; à
i>dc Ba
» feuille
VI. :
CONCR
près le
fervçrai
nieabi
eft'blanç
nouvel ei
ditHoi
jours ciel
^itnovM,
icferbi
^ompl
Cm
|>Ottr
k %
<•,<■
LÀ MErONTMÏE. «^ '/'" [
^)iaïmc du martirc. Il y a da]ii«cette cxprcf»
Son uncmétonymié , p4i^ fe pvcnd pour «Wf^
foirr y â^ de plus rexpreffionefi métaphorique; >
h viâoire ck>nt on veut parler eft ucieyidoi*
rc fpirituèle. »,
» A l'autel de Jupiter , dit le P. de Moiit- XntK|. itsw»
»&ucon , on nictoit des feuilles de hêtre: à P^"l* '!**"**
>» celui d'Apollon , de laurier : à c<lui de Mi-i *> ^ * <
»' nerve , d olivier : à Tau tel de Venus , de myr-
» te : à celui d*Hercule , de peuplier : à celui *
^) de Bacchus , de lierre ; à celui de Pan ^ des *
5) feuilles de pin.
VI. Le nom ABSTRAIt POUR tE
CONCRET. Texplique dans un article ex* ''\j '
près le fens abftrait & le fens concret , f ob- *
fcrvçrai feulement ici que Wtflicibf/iréft un ter-
me abftrait > mais quand je dis ^ que «p4pifr
cfï'blmiç , bianc^ alors un terme concret. Un
nouvel efcLwage fe forme tous les jours pour vous ,
dit Horace,, c*eft-à-dirc , vous avet tous les
jours de nouveaux efclaves. Tibijirûhus crtf. Hôhl,>. t,
oVjkwc Shrviths eft un terme abftrait, au lieu ^•'•^* ^''
de/rr^-,ouwwi4iiiiiw^wri^iy2fri;/^^^ Horacclir.
àiàm^ , au defiiis de Tenviè, c'eft^-dirc, *' ^- *••
triomphant de mei envieux.
û?/Kii, garde,conrervation,re pirend en latin
pour ceux qui gardent, ii#«piBf 15/?^ i/*rifiV f^^^^"^
J
•«
— V
/
/
IX.
.CI
.▼•&
ï3
tf Zvï METONYMIE.
. Spes , 1 clpéfancc , fc dit fouvcnt pour ce
c» qu on cfpèrc. ^y^vi qué: diffèrtur affi'tgit ânhnam.
Petïtiùy demande , fc dit auflî pour la cho-
• fc demandée. JDedit mihi dôminus pctitiônem
Il •
meam.
i.&b.j.. C*eft ainfi que Phèdre a dit , tua calâmitas non
fenûret , c eft;-à-dire , tu calamitôfus non fent'ires,
/ # Tua calâmUas eft un terme abftrait , au lieu que
tH calamitôfus e(S4c concret. Credens coUi longitû-
♦ibiaefeb 8. dtnem * pour collum longum : &: encore corvi
ibid.fab. fiupor ^^ qui eft Tabftrait , pourirorvMj yij»piV/«f
qui eft le concret. Virgile a dit de même ,
♦•• Gcorg. ferri rigor ^^^ qui eft labftrait , au lieu de M-
rU 1. V.I43- y^^ rïgidum qui eft le concret.
y 1 1. Les parties du corps qui font regar-
dées come le fiège des pallions &: des fenti-
niens intérieurs , fe prèncnt pour les fenti-
mens mêmes : c'eft ainfi qu'on dit il a du cœur,
siL ciUida . c eft-à-dire , du courage.
Vb« cor. Obfervcz que les anciens regardoiçnt le
'A^a'i. f" cœur come le ficge de la fageflc , de Tefprit ,
4. V. 7ii de ladreiTe : ainfi hàbet cor * dans Plante , ne
con)îT*) veut pas dire come parmi nous, elle a du
d€ têffrif courage ,*mais elle a de Icfprit; vir cordàtus
ttê^I/*^ veut dire en latin un home defens , qui a un
p/^urr/.nof bondifceruement.
£-**^*K V Gornutus , phUofophc Stoïcien , qui fut le
maitrc
mentat(
fur ces
tulântiff
*» fplene
»dc lap
on a d'^
Perfe
le bcfoj
à parler
La c(
^-
. /
rf
tA METONYMIE if
maitrc de Perfc , &r qui a été enfuite le co- '
mcntateur de ce poète, fait cette remarque
fur ces paroles de la première fatire : Sum pe-
juiÂntifplcnecach'mno. )> Phyfici dicimt hômines
». fplene ridére , felle irafci , jécore amare,ror-
» de fâpere & pulmône jadtâri. « Aujourd'hui
on a d'autres lumières.
Perfe dit que le ventre c'eft-à-dire , la faim > pcrfc.
k bcfoin , a fait aprendre aux pies & anx corbeaux Prolog.
à parler,
La cervèle fe prend auiïî pour lefprit , le
jugement ; O U hclleMte ! s'écrie le renard dans ^ , 4uant*
Phèdre ,qutl domage.elle na point decervtle !. On ^-^brumnoa
dit d'un étourdi que c'eft une tête.fans cervèle: j^^^et. ?\u
Ulyfïèdit à Uryalc , félon la traduction de
Madame Ûacier , ;e«ne home vous avei^ tout l'air Odyff. T.w
/«» écervd/ff :c'eft-à-dire,come elle l'explique P* ^^'
dans fes fa vantes remarques, vous ave'^^tout l'air
d\n home peu fage. Au contraire, quand on dit^
ce^ un home de tête.c'efl une bone téiè^ on veut dire
que celuidont on parle , eft un habile home ^
un homeïfe jugement. ^^ tête lui a toumé.ccd-
à-dire , qu'il a perdu le bon fens , la préfence
d'efprit. Avoir de Utéte, fc ditautîi rigurément
d'un opiniâtre : Tète de fer ^ fè dit d'un hoiftC
apliqué fans relâche , àc encore d'un cntctc*
Lu langHt , qui cft le principal or^-anc de U
Fij
^j^
\
f* LA METONYMIE.
p^olc y fc prend poiir ia parole : cefi nne mi^
€hant€ Lmméy c'cft-à-dirc, c*eft un mcdifànt
avoir k langue bien fendue ^ c'eft avoir le ta-
lent de la parole^ ccft parler facilement.
VI 1 1 . Le nom du maitrc de la maifon fc
Atu 1. T. prend auffi pour la maifonJqu*il ocupe : Vir-
^"- p\cxâxt^jamproxmus ardetùiâlegonyC^c^'k'ditCy
le feu a déjà pris à la maifolii d'Ucalégon.
On done auflî aux piècw de monoie le
nom du Souverain donc elles portent Tcm-
FUutiBzc- preinte. Dncéntos Philippos reddat anrsos : qu* elle
chidaa.ir. rende deux cens Philipes rfor : nous dirions
deux cens £o|(iV d*or.
Voilà les principales cfpèccs de hictony-
mie. Quelques uns y ^uteqt la métonymie
par laquelle on nome ce qui précède pour ce
qui fuit , ou ce qui fuit pour ce qui précède;
c cft ce qu on apèle l* Antécédent pour le
Conséquent ou le Conséquent pour
l'Antécédent , on en trouvera des exemples
dans la méiolepfe qui n*efl qu une efpéce de
métonymie à laquelle on a doné un nom par-
ticulier : au lieu qu'à l'égard des autres efpè-
^^ ces de métonymie, dont nous venonsde par-
Ul , on iè contente de dire métonymie de la
cauie pour Téfet , métonymie du contenant
pour ic contcmi, oiàtpDymicdaiigQC, &c.
E'fjmmf"''''"^''
xxxxsx
LA ?
mie
pour fai
précède
ouvre, ]
lien, af
autre , e
cèdent
pour la
idées ac
Le pa
fe fait
fort : Je
tager. *
Le fo
fors en 1;
ge mên
partage
doné au
* Cuinqi
tcrram , p
cribitc eai
Silo mina
Métal ep s e. -
• / J" , * ' ■■'.:■.
LA Métalepfc eft une cfpècc de mctonyA m.ti^.v^„.
mie, par laquelle on exprime ce qui fuit Jjl^^f'^'^T
pour foire entendre ce qui précède h ou ce qui trans. a«^
précède pour faire entendre ce qui fuit 5 elle ^'••'*>'**
ouvre , pour ainfi dire., la porte , dit Quinti-
lien , afin que vous paffiez d une idée à une
autre, ex àlioin âliud viam pneflat ; ccft Tante- inft.orat.I.
cèdent pour le conféqucnt , ou le confequent; " *• ^ ^'^
pour lantécédcnt , 6c c*eft toujours le jeu des
idées acceflblres dont J'une réveille l'autre.
Le partage des biens fe fcfoit fouvent &:
fe fait encore aujourd'hui , en tirant au ^j
fort : Jofuc fe fervit de cette manière de par-
tager. * '
Le fort précède le partage > delà vient que
fors en latin fe prend fouvent pour le parta-
ge même , pour la portion qui eft échue en
partage -, c'eîl le nom de l'antécédent qui e(t
doné au confeqt^t» '' v
* Cuœque furrexllTcnt mi , ut p^rgcrcnt ià dcTcrib^ndâm
terram , prarcépù cis Jôfue diccns : circùitfe tcrram Ôc dcC-
cribitc eam ac revrrtimini ad me : ut hic coram d6inino ^ in
Silo miuam Tofaii foitcm. /•/»# ^ ch. z vi 1 1 . v. t..
i. ->
/
/ "/
\
î.
/'
%i lA metalepse:
$m fignifîc, encore jugement , arrêt , cç-
toit le fôrt qui décidoit chez ks Romains,
du rang dans lequel chaîjue caufe de voit être
plaidée : ^ ainlî quand on a dit fors pour
jugement, on a pçis lantéçedent pour Iç coa-
féquent. . /
Sortes en latin fc prend encore pour un ora-
i . cle, foit parc.ç qu il y avoit des oracles qui fe
/ ~^~Tcnd6ieht par le fort, foit parce que les rc- .
ponfes des oracles étoient corne autant de
- < jugeriiens qui régloient la deftinéc , le paxta<
. ge , 1 état de ceux qui les confultoient/
Cr^didi, On croit avant que de parler j je crois , -^
^3^bcû- ^^^ ^^ Prophète , ^ ç eft pour cela que je par-
•2rsfmn.P£ Je : 11 ny a point là de métalepfe : mais il y .
115. v.^. ^ une raétalepfe quand on fe fert de par^
kr ou de dire px)Ur fignifter croire > direz-
. VQus après cela que je ne fuis pas de vos amis^
'■^'eft-à-dire , çroirez-vous ? aurez vous fujct .
de dire > . ♦
. Cedo veut dire dans le fens ptQpreJe ehie , )e me
■* Ex more fomiho qon audicbintur fcaûràt , nifî pcr for-
tem ordinitç. Tcihporc quo caufac âudiebântur , convcnié-
banc omncs , undc & conciUum : & cr fqrtc diérum 6rdi-
ncm" accipi/ébam\ quo„ poft dicm trigéfîmura fuas cauf^s^
•■ V*xcqiicrcntur,undcçft Wf»«w wo^/*^Scrvius»»«//l*^F'/rJi/i^
./ '^ Ncc vcro Ks fine forte datât, fine jû^icç fcdes, Mn. 1. vi, /
0Ct
'^ m .'
•>.
iiiÉ« i m»' 1' I
' N^ M^-^. '
i ^
bf^SI#w"»^"
LA MErALEPSE. t?
rens\ cependant, par une mctalepfc de l'antccc-
' dent pour le conféquent ; ceio fignifie fouvent
dans les meilleurs auteurs dites ou done^ : cette
lignification vient de ce que quand quelqu'un
veut nousparler&: que nous parlons toujours
nous mêmes , nous ne lui douons pa^ Ic^tbns
de s'expliquer : éco«re:?:r»wp/;nous dit-il ; hé bien
je Vous cède , je vous écoute , parlez 3 cedo,dic.
Quand on v^ut nous doner quelque chofe,
nous rcfufonsTouvent par civilité , on nous
^ prcflc d accepter , &: enfin nous répondons je
vous céde,')Q VOUS obéis , je pie rens , doneX., ceda^
da ; cedo quS eft ' le plus poli de ces deux mots ,
- cft demeuré tout feul dans le langage ordi- '
nairé fans ét?e fuivi âc die ou de da qu'on fu«
prime par ellipÈ^ : cedo fignifie alors ou l'un _
où l'autre de ces deux mots , félon le fens > i^
c'eft ce qui précède pour ce qui fuit i &: voilà
pourquoi on dit également cedo.^oit quôn
parle -à une feule périone, ou àplufieursi ; v ,.
car tout l'ufage de ce mot , dit un ancien comci;
. Grammairien , c'eft de demander pour foi , ^"^^^
; cedo fib) pofcit & eftimmobile, m Ungu*
On raporte de mcm^ à la métalepfe ces. fa- ^^'^^^^ ;P*
çons de parler , il oublie les bienfaits, c'cft-à-dirc> ccdô.
il neft pas reconoiffànt. Souvene^^-vous de
notre convention , c'cft-à-dire , obferyei û9tï«
p '■'•.■
w
liiu'ii'i
-^
•f' f
'^T'
,A»M)U I ■■■!■■■ »i* Il I ■» i»
Nr
■ ■ ■' ■ ■■
I ^111 II «Il iatt
{ .
i
aes mobi-
les ignocaut
& ludiri-
cant.
phic.a£t. I V.
le. 3. V. 13.
/
Rac. ]^i-
i thrid. /a6t.
V. fc. ^<
crn.
r-
t8 Z y«^ METAL EFSE.
convention : Seigneur^ ne vous rtffouvenex, point
de nos fautes , ceft-à-dirc, ne nous en puniflez
Quero om- point , acofdcz nous en le pardon : Je ne vous
conois pas , c'eft-à-dire , je ne fais aucun cas de
vous , je vous mcpriTe , vous êtes à mon égard
corne n étant point.
// a été , il a vécu , veut dire fou vent il efl
mort y c'eft rantécédent poui: le confcquent.
. . . . , C'ciî cft fait , Madame, &: j'ai vccu , ^
c cft-à-dire , je me meurs.
Un mort cft regreté par Ces amis , iJs vou-
droient qu il fut e^jg^e en vie, ils fouhaitent
celiii qu'ils ont pei*du , ils le défirent : ce fen-
timçnt fupofè la mort , ou du moins labfen-
ce de la perfone qu'on rareté. Ainfi U
mort , la perte ou tàbfcnce font lantécédgtt î &ç
^ le defir^ le regret font le conféquent. Or ,^R la-
tin defiderâri être fouhaité fe prend pour être
mort , être perdu ^ être' ahfent ^' ceft le confé-,
qucnt pour lantécédeot, c'eft une mctalepfe.
, Q^Curt. 1. Ex parte Akxandri tri^inta omnino &^ duo , ou fé-
lon d'autres , trecenti omnino , ex peditibus deftdr-
rkifunt\d\x côte d'Alexandre il n y eut en
tout que trois cens fantaiïïns de tues, Ale-
xandre ne perdit que trois cens homes d'in-
fenterie. NulU n:ivis deftderabàtur : a\acun vaif-
fcau n'çtpit défirc , ceft-à-dirc , àucuii x^aiA
"*' .•,•,,■..■
.■-■*-■■■■
V .'.■■.(■: / .
III.C. II.
\
..,,1
Hor. 1. I,
cp. 7-
\.
lA M^TALEFSE, î^
fcau ne périt,iln y eut aucun vaifleau de perdu.
)) Je vous avois promis que je ne fcrois que
p cinq ou (ix jours à la campagne, dit Horace
» à Mécénas , àc cependant j'y ai déjà paffc
))tout le mois d'Août.
• Quinquc dics tibi pollicitus me rurc futûrum ^
Scxtiiçm torum , mcndax , dcsidcror.
Où VOUS, voyez que desïdcror veut dire par
métalepfe , jcfuis abfent de^ome, je me
tiens à Ja campagne. ^
Par la même figure defidcrâri (ignific encore
rnanquer ( deficere ) être tel que les autres aient
befoin de nous. » Les Thébains , par des in-
» trigues particulières, n'aïant point mis Epa-
)) minondas à la tête de leur armée , reconu-
» rent bientôt le befoin qu'ils avoient de Ton
,» habileté dans l'art militaire: « ^ dcfideràri cœ- Corn. Nep;
fta cft Epaminénda diligèntia. Cornélius Nepos ^P^' ^* ^*
dit encore que A^énéclidc jaloux de la gloire ^
d'Epa.minondas/, exhortoit continuèlemcnt (
les Thébains à h. paix, afin qu'ils ne fcntiflent
point le befoin qu'ils avoient de ce géncraL v
Hor ta rifolébat Thebânos, ut pacem bello a nte ferrent ,
pe illïus impcratoris ôpera defiderarétur.
La métalepfe fç feit don^c lorfqu'on paflc
çome par degrés d'une fîgnification à une au-
tre : par exemple, (juànd Virgile a dit^, après
id.c. S-
, «
/
i*m
wÊ^mt^t^m
-.Mi-
.J,^
■•M^H^^tHM^^Hi^^MMMH^iAL^rfMAaM
^ ' ■■ '
-■•■ ■^•--
r
v^_
y
mea régna
▼idens mi-
libor arif.
tas. Firj.
Bd.2.v.7o-
Coot. de
looduOyCit.
\\. Art. 3.
I «
^0 X^ MET A LIT &E:
quelques épis , c cft - à - dire , après <jud- ^
ques.annécs : les épis fupofent Iç ;cms de la
moiflbn , le temsde la moiflbn fîipofc Tété,
& l'été fupofe la révolution de lannée. Les
poètes prènent les hivers , les étés , les moif-
fons , les autones , & tout ce qui n'arrive
qu'une fois en une année , pour rannée mê-
me. Nous dîfons dans le difcours ordinaire^
cefi un vin dp ijuatre feuilles , poux dire , c'eft un
vin de quatre ans ; &c dans les coutumes on
trouve bms de quatre feuilles , c'eft-à-dire , bois
de quatre années.
Ainfi lé nom des diférentes opérations d3
l'agriculture fe prend pour le tems de ces
opétations , c'eft le conféquent pour l'antécé-
dent , la niloiflbn fe prend pour Je tems de la
moiflbn , la vendange pour le tenls de U ven-
dange 5 il efi mort pendant la moiffon , c'eft-à-dire,-
dans le tems de la nioiflbn. La moiflbn fç
i^it ordinairement dans le mois d' Août, ainft
par métonymie ou métalepf« , on apèle la
moiflbn YAok qu'on prononce ToA , alors
le tems dans lequel une chbfe fdfeit fe prend
pour la chofe même, &: touiburs à caufe dç la* ^
liaifon que lés idées acceffbires ont entre elles.
> On raporte auffî à cette figure ces façons de
iparlcr dçs ppè;cs , parlefquelies ils prèncni
' é
r'f^:
ll.1»,.<ll.
V
^à^m^
,k^
. '1-
' LA MET A LE? SE. 91
rantécédent pour le conlequcnt , lorfqu au
lieu dune defcription , ils nous mettent de-
vant Ics^ycux le fait que la defcription fu-
r> O ' Menalquc ! fi nous vous perdions , dit
,) Virgile , ^ qui émailleroit laterre de fleurs*
» qui feroit couler les fontaines fous une om-
w bre verdoyante > • « C eft-à^itc , qui chan-
teroit la terre émaillée de fleurs > Qui nous
en fèroit des deferiptions aulli vives &: au(G
riantes que celles que vous en faites > Qui.
nous peindroit corne vous ces tpifleaux ^iii
coulent fous une ombre verte >
Le mème*poète a dit , ^^ que » Silène cn-
nvelopa chacune des foeurs.de PhactonavecN
)) une écorce afnère , &: fit fortir de terre de
» grands peupliers h « ceft-à^dire, que Silène
""chanta"^ une manière fi vive la fnétamorpho-
fe des fœurs de Phaéton en peupliers quon
croyoit voir ce changement. Ces feçons de
parler peuvent être importées à rhypotypofc
dont nous parlerons dans la fuite.
* Quis cincrtt nymphas ). Quis Kumum florenribos hcrbii
SpirgcretVaut vîncU fontes inaûccrct iimbri î VtripX
l'at. V. 19. / . , 1 L
♦* Tum Phactontiadas mufco circumdat amàr* *
Cénicis ^ atquc folo procuras érlgii alnos. FfiJ. Ed. yx.
... \ - " * • ' . '
•\
r^'
rUL
■/.
•wr
^m'rmtf^
T"-^
tH^
a»., txi
•1.
'•• 3- •
'' V^iJi / 1»/.
■ ■! Il lil «Il
•mam
M - 'to ti
.x^:.
... .,,..^.^ ...«■, . ■»■ J«
f " f
/
r
«^
i
4»4 H f f f f f'f ■»»»4'4' 4 1 4 4 1 1 f M f I
: iv.
^La Synigdoque. '♦^
2«««'#x». y E terme de Synecdoque fignific comprc-
^iSov -M henfion , conception : en cfet dan^ la Sy-
neçdoque on Êiit concevoir à 1 cfprit plus i^u
* On écrit pnîiiuiitmcnt Symte^fchi, Yoici ks raifons qui
jttiedétnmincnt i écrite Sj/meeit»fue. ^ ^
_ . i\ Ce mot n'cft point un mot vulgaire qui foit dans U
bouche des gens du monde , cnfortc qu'on puiflelcscon-
f uitcr pour conoitrc l'ufage qu*a fuit (ïiivré par raport a U
prononciation de ce mot.
1 ". Les gens de lettres que j*ai confultës le prononcent du
• iifrcnmcni; les unsdifcnt Svnecdoch» i U françoifc comç
4 Hache , & ks autres fouticncnt avec Richelct , qu'on doit
prononcer Syntcdaqut. .
3*. Ce mot cA tout grec ïi,»i«/»X«» ;»! Cwt donc le pro-
noncer en confervant au X f* prononciation originale , c eft
|infi qu'on prononce «C qu'on écrit époque l««x» \ M^n^r-
X qui M'ifX** & /»• »«fX»< i Pcnuteuque , »i»TifTivx»«; Jt»dr$-
fervc la même pronoociati«>n dans Eth», 'Hx^î; Ecole, «'*•-
|e crois donc que fyaecdoque étant un mot fcicntiftquÊ qui
n'eft point daps l'ufagc vulgaire , U fout l'écrire d'une ma-
^ nière qui n'induife pas â une piononciation peu conrcnablc
! . âfon orimne. ' . . i •
^ 4*. i'ufage de rendre par ch itx àes Grecs a^troduic
iàe^tononcution fnuiçoifé dans plufieurs mois que nous.
Vv avons pris dès Grecs. Ces mois étant devenus çomuns &
^ rdâge ayant té la manière de les prononcer «cdf les écrire,
tefpeâons l'hase , prononçons emhhifm* ^mmehi^f , f W-
mirt » JtrchidiMcrt , Mehittà* , &c. corne nous prènon-
.. çons #W dans les>nots.fTançois, mais encore un coup ^j'-
' „ . mtd9ftêêxMi wifanuttjBMH ¥ttlgM?c»éaivons4«^* pï«^-
■.^ I109ÇOIII 4iyiiccaoi|iie. ' . v ^
! /.*v •„ •- " "■ ..■■„.■ . .
-^ tft -,
■**.. ' *
4.,^
iniiii.*»i
•♦ir*
-HiM-
,jk..il
ftl^M^i' iil ^#1^111
i:
-rifcc — -r
LA SYNECPO^r/Ei ^
moins que le mot dont on fc feit ne ûgoific
dans le fcns propre.
Qiun^u lieu de dire d un home qfxil aime
k vi» , je dis qu il aime la bouteille , cleft une
fimple métonymie , c eft un nom pbur un
autre : mais quand je dis cent voiles pour cent
vaifièaux , non feulement je prens un nom
pour un autre , mais jcxiohc au mot vàiUs une
lignification plus étendue que celle qu il a
dans le Cens propre > je prens la partie pour
le tout.
La Synecdoque eft donc ufte cfpcce de mé-
tonymie , par laquelle on doiic une fignifica-
lion particulière à un mot , qui dans le fen$
propre aune fignification plus générales ou
au contraire, ondone une fignification gé-
nérale à un mot qui dans le fens propre na
qu une fignification particulière. En un mot,
danç la métonymie je prens un nom pour un
autre,au lieu que dans la fy nccdoque,ie prens
kpksl^UT lemomiOalâmnsfomieplMs.
Void les diftrentes fortes de Syncçdoqudi'
que les Grammairiens ont rchiarquées:
I. SyNICDOQJUB BV GENRE CCOmC
(^sHià on dit ks mn^ pour les homes / le
terme de moitc^ (Év^Mt pourtant çomp^<^
dïc auiS les aûinûox ^footittîM jBott
<»■
û
%
Il / «
Al).'
■#»**-
ii^
ZiC:
/■^^-
^ i ^ ' ■ - ' ■ ' •'
Il ii»iil»iir il i lit i
<^i«^iMÉ)Mi Jr 11^ M
^ .t'*'>.f
r
X-
^
■^
■T
. * »
^ LA SYNECI>O^Ê. •
auffi bien que nous : Ainfi, quand par Us m^
^Ms on n entend que Fcs homes , ccft une fy-
jiecdoque tlù gehrè: on dit le plus pour U
moins, .:■-.'/,.. " .' ' ■
E4iitcs in Dans rEcritute Sainte, tréature ne figni-
Biun.ium ^^ ordinairement que les homes 5 c*eft encore
lî^x'^r ce qu'on àpèle la fynecdoquc du genre , par-
oran^^ium ^c qu*alors un mot gcncrique ne S entend que
^MsJ^. d'une cfpèce particulière . créature eft un mot
c i^.v. ij- gcnérique,puirqu il comprend toutes les efpc-
ces de chofes créées , les arbres , les animaux,
' les métaux , &:c^ Ainfi lorfqu'il ne sentend ^
que des homes , c eft une fynecdoquedu gen-
re, c'eft-à-dire , que fous le nom du genre, on
ne conçoit , Qp n'exprime qu'une efpèce par.
ticulicreî on reftraint le mot gçncrique à la
fimplc fignification 'd'un niot qui ne marque
qu'une efpèce. a
Nmhrt çft un mot qui fedit de tout aflcm-
blâge cl'unitcs : i<*s Latips fe font quelquefois
fcryi^dc ce mot en le rdbaignam àiineefpé-
à particulière. / -
ï / i . Pour marquer rharmonic , le chant : il
y a; dans le chant une prôportioii qui fe
compte. Les Grecs rèiçntauffi|i||^^^ tout
ce qui fe feit avec uiic certaine pr^|>ortion.
4J
\'
^V,
o '
t* -*.
• •
-/
'\sSU\
■M," r- «'-
. f.'- 'V
•Tj— j.-.
illiiiii m( iWiUlj I
MHMM««iéÉMMl«ÉflW**>rfMi^i«MMiM
MiMtÉAdilMk^iMlpwMMMM*
lidÉM«fapwlMMMtth«HM9P
hià tu iH'
M«^lJM^aHi^^kM^^^A^^Ite^^«MAUl
Virg. Ed.
IX, V. 45.
LA SYNEC t>0 ^e: 5,5
, . . . .Numéros mémini , C vcrba tcnércin.
» Je me reflbuviens de la mefure , de Thar-
» monie , de la cadence , du chanr , de lair >
» mais je n'ai pas retenu les paroles.
2. A/^ji»î^rwi fè prend. encore en partiailicr
pour les vers ; parce gu'en cfet les vers font
compofcs d'un certain nombre de pies ou de ,
iylabes : Scribimus numéros y nous fefons des Pcrfcfat. i.
vers.
V. 13-
3 . En françois nous nous fcrvons auffi de
nombre Se de nombreux , pour marquer une cer-
taine harmonie ,, certaines mefarcs ^propor-
tions ou cadences, qui rendent agréables à
loreille un air, un vers , une période, un
difcoi^s. , Il y a un certain nombre qui rend .
les périodes hàrmonieufes. On ait d une pé-
riode quelle eft fort nombreufe , w«iwerq/y ori- Cic. Qrtl.
tk) h ccft-à-dire , que le nombre des fylabes J^i^^i^^^i.
qui la compofent eft.ft bien diftribué , que lo- &c.
*reilleen eft frapéc agréablement : numerus z
aufli cette fignification en latin. In oratibnc âc Otn.
nùmcrus latine , grach pvM<, inèffe dïcitur. . . . "* "*^'j^
. . Ad cafihidas aures y.2J\ovxtc Qicéïon y nunieri 171.
4^ or^irorp ^^rw*r«r: ^ plus bas Hi'exprime en
:c(^ termes :j4rif)6t^(es y f^^^ .
Hàmerum jubei, Attlflw ne veut point qu'il .fc
trouve ttlimiËi&ns :lx mok , c'ed^àKlire » . «^
-/
mSi,
'V*
.W
[f^
-■ ' - '■ ' '- ■
■'■'■■
* •.
■Mi.
i.**-
■ «l Wlil I n
±L
{
/
£»•
qu'il ne vèut\point que lorfqu'on écrit <^tl
|)iio(è ii ft tiouyc dans le difcours le même
;iflcniblage de pies , ou le même nombre dé
fykbes qui fortncnt un vers. Il veut cepen-
dant que la proie ait de l'harmonie; mais
une harmonie qui lui foit particulière , quoi-^
quelle dépende également du nombre des
fylabês 6c de l'arangement des mots.
M. Il y a au contraire la S y n e c d oqu »
Dï l'espèce: c*eftlorfqu*un mot, qui dans
le fens propre ne fignifi^ qu'une cfpècc parti-»
culière , fe prend pour le genre > c eft ainfl
quon àpèle quelquefois vokwt MVi méchant
hbme^ Cçû alors prendre /fiwowj pour mar*
Il y avoir d^ins la Theflàlie , entre le niont
Oflà & \t moïft Olympe , une fomcufe plaine
îçelée Ttm^ , qui paffoit pour un des plus
beaux lieux de la Grèce , les Poètes grecs &
latins fe font fervis <k ce mot particulier
»^ pour marquer toutes fortes de belles cam-
pagnes. .
» Le doux fomeil , dit Horacç , n'aime
i> point le trouble qui règne chez les gramls«
» il iê plait dans }e$ petites maifons des net-»
9 gerSy àl'ômbcc d'un ruifieau , ou dans ces
■<-iï'
]
Lc' n
nent aui
l'home
les pro^
voilà un
fonage.
dans une
Omnes i
de la ra
il eut fc
III.
c eft \q\
ricr ,oi
I. Z
mains,
à -dire,
on troi
taffinp
2. L
dans le
♦'•Sj
' ■ ijlkmi m
* "»■
Vi
-J
1!-P
T^
-j— ..
'-f \
A
M>^^«iMjiiB
/
Hor. K 3;,
LA SYNECDO^E. 9I
» agités que par le zéphire; u &: po^ mar-
quer ces campagnes il fc fert de Tew^
... Sommis agréftium
Lcnis virorum , non hiimilcs domôs
Faftidir , umbrofamquc ripani ,
Non zéphyris agirata Tempe.
Le mot.de corps &: le mot (ïame fe prè-
ncnt aufli quelquefois fé^jarément pour tout
l'home : on dit populairement , furtout dans
les provinces , ce corps la pour cet home là >
voilà unplaifant corps,po\xr dire un plaifant per-
fonage. On dit aulîi qu*/7 y a cent mile ornes
dans «ne 'uj/e , c cft-à-dire , cent mile habitans.
Omnes anima domûs J acob , toutes les pcrfones Çtà. c^fi
de la ramille de Jacob. Génttitfhxdecim animas, y- m
il eut leize enfans.
III. Synecdoqjje dans le nombre.
ccft Iqrfquon met unfîngulier pour un plu-
rier , ou u^ plurier pour un fingulier. .
1. Le Germain révoltê\ c'eft à-dire, les Ger-
mains, les Alemâns , ténetm vient àjnoHs , c*cft- .
à-dire, les ènemis. Dans les hiftpriens latins
on trouve foqvcnt ^4es pour Mites ; le Êin*
taffin pour les fentaflins , rin^nterie.
2. Le piprier pour le finj^licr. Souvent
dans le ûilc férieux on dit tiçus au lieu de m
G
. i
.. » f
f\ ( ■ r; V
ZI
iiMakiaiBMa*.BiiM
"■
r
.^/r
\
i% LA SYffECDO^e. ,_
tsU iic. & de même , // efi icritians Us Prophètes , c'cft-
^ '/ f" à-dire , dans un dc$ livres de quelqu'un des
Matt. c i. Prophètes. j „ n^mKr(-
▼• * J. 3 . Un nombre f crtam pour un nombre
incertain. // me Z^^^ir , toYoïV , a;int /b;> , c^r
' fois , mile fois , c'eft-à-dire , pluficurs fois.
4. Souvent pour faire un compte rond, on
ajoute ou Ion retranche ce qui empêche
que le compte ne foit rondrainfi on àitU ver^-
fi<m des fef tante, au lieu. de dire la yerfion des
foixante &: douze interprètes , qui , fejpn les
PcresderEglife,traduifirent l'Ecriture Sam-
tc en grec , à la prière de Ptolomée Philadel-
phe Roi d'Egypte , environ, trois -cens ans
avant Jéfus-Chrift. Vous voyez que c eft tou-
jours ou le plus pour le moins , ou au contraire
le moins ipouï le pins.
IV. La PARTIE POUR LE TOOT^ &:
LE TOUT POUR LA PARTIE. Ainfi /^
tête fe prend quelquefois pour tout Thome ;
c'eft ainfi qu'on dit comunément , on -a payé
» tant par r^rf , c'ett-à^ire , tant pour chaque per-
fone > une tête ft cWrr ^c'eft.à-dirc , une perfo-
' ne fi prccieufe , fi fort aimée.
Quand les Poètes difcnt apûs quelques rhoif-
• /il* , quelques étés , quelque hiVCTS , C eft-à-dirC ,
s aprïS quelquç années.
X
ïfonde
lue, Ur
ce mot <
rivière ,
Vous ji
Se fcrc
Plutôt
Voyez
Ccftlc
Leur c
Dans le
Vaiflcau
dit en ft
feàux. [
toute h
clic mèi
Lapo\
ncnt ai
tout le ]
par cet
doner u
Tu m
Si Didc
fifibus i
f-
JÊL
■f 't
lA SYJiEClyO^ E. 99
fonde , dans le fcns propre fîgnific une va-
gue, Unflotj cependant les poètes prènent
ce mot ou pour la mer , ou pour Teau dune
rivière , ou pour la rivière même, '
Vous juriez autrefois que ccrtc onde rcbclc*
Se fcro.it vers fa fource une route nouVcJc ,
Plutôt qu'on ne vcrroit votre cœur dégagé.;^ .
Voyez couler ces flots dans cette vaftc plaint j: .
C'eft le même penchant qui toujours les entrainei
Leur cours ne change point, & vous avezthangé»
Dans les poètes latins la poupe ou la proue d'ûit .
Vaiflcau fe prcnent pour tout le vaiflcau. Oa
dit en françois cent voiles , pour dire cent vai(^
feàux. TeUum ^ le toit , fe prend en latin pour
toute la maifon : jEnéan in régia ducit te5ia , y^^g^ jç«
clic mène Enée dans Ton palais. i. v. (535*
La porte , &: même lefeuil de U porte , fe prè-
nent auiîî en latin pour toute la maifon » ^
tout le palais, tout le temple. Ceft peut-être
par cette efpece de fynecdoque^u on peut
doner un fensraifonablc à ces vers de Virgile:
Tum fo^jbus Qivae, média tcftùdinc tcniplj^
^pta armis ; folibquc altè fubnixa rcfcdit. 1
Si Didon étoit afiîfe à la poçte du tcmrile ,
fMus Divét , cornent pouvoit-cllc êtreaC»
Gij I
y-
^n
I
7.
■r
liiii ■ » n
c
y\
/
/
/. . V
y
v^
\
lUc en même tems fous le milieu de la vouîc>
mkdÀk teftàdine ? C cft que par forihiu Diva , il
ûut entendre d^acbord en gcncralle temple;
elle vint au temple èc fe plaça fous U voute^
Lorfqu un citoyen romain çtoit feit cC-
clave, fes biens apartenoient à fesiicritiers >
mais s*il revenoit dansj^ patrie , il rentroit
dans la pofTefiïon '& jouiffafice de tous ks
biens : ce droit , qui cft une cfpèce de droit
de retour , s'apeloit en latin /«^ pofllimtnii i de
foft^ après, &: de /i>^» , le fcuil de la porte ,
rentrée.
Porte y par synecdoque ^ par anton9mafc,
fignifie auifi la conrdii Grand Seigneur , de
l'Empereur Turc. On dit faire un traité avec la
Forte , c*eft-à-dirc avec la Cour Ottomane.
C*eft une êiçon de parler qui nous vient des
* Turcs : ils nohienr Porte par excclence la por^
te du (crail ,. c'eft. le palais du Sultan ou Em-
pereur Turc i &.ils entendent par ce mot ce
que nous apelons U Cour.
Nous difons i^jf a cent feux dans ce vilagCy c'eft:
à-dire , cent fiimilles.
On trouve auffi des noips de viles , de fleu-
ves 1.0U de pays particuliers , pour des noms
^Jj^provinccs & de n|ti©ai;. * Les Pclafgiens,
«>
les.Argi
licrs de
Grecs, c
anciens.
On v<
pour les
la Seine \
* Chaqt
La Seine
tt Foule
t Cum
iniclUgiK
r .
>'
X
a^
t0hi^mmÈm
r 4
MA^iJÉMfc^M llll I I iJll II < IIÉ II
LA SYNECDO^iyE. loi
les Argicns , les Dociens , peuples particu-
Jicrs de la Grèce , fc ptènent pour tous les
Grecs , dans Virg^c &c dans les autres poète*
anciens. ^ --,
On voit fouveat dans les poètes le Ttbnf
pour les Romains ; le Nil pour les Egyptiens}
la Seine pour les François.
♦ Chaque climat produit des favoris de Mars ,
La Seine a des Bourbons , le Tibre a des Ccfers.
tt Fouler aux pies Torgueil ScduTageat duTi
R?
Par le fa^e il entend les Efpa^nols, le Ta^c
cft une des plus célèbres rivières dEfpagnc.
V. On fe fert fouvent du nom de la matière
POUR marquer la chose quï en est faite , le
pin ou quelqu autre arbre fe prend dans les
poètes pouir un vaiflcau h on dit comunément
de Urgent pour des pièces d'argent , de la mo-
noic. Le fer fc prend pour rcpceipénVp^r U fer.
Virgile s'eft fcrvi de ce mÔt pour le foc de
la charue ; • ' ™
* Boilcaa
Ep. 1.
«ifcours
au Roi-
^"'
<r
^
At Wius ignotum fcrro^uam fcindimuj xquor
40
I Cum Tibcri Nilo
$5. V. 10, Pcr Ti'
incclligito. Birês'
f. Geotp
#
%
ia nulla fuat. Tfp, 1. i. El<g.
iQi,perNiluiJi -4gypuoi
'^
/T
f
f. •
iii 11 11
^JO— — ■ 1 mil iLwaj^a^iÉtM
lill. i^.!
iiii.'Ti'ijiiHiHi
%>'
■# «
V
r
©
I
^v ; »
*;;ï..
'«•■.
V*
. ^
M. Bôileau dans fon ode fur la prifc '<!•
ïîamur , a dit ïwm% pour dire les canons t
■ ' ^' ' ' ■' > ■ '"^^~ : ■ '• ' - ■ ■ - ■■
* * ^. Et par tcnt boûche? horribles *
LV;r4/>f fur ces monts terribles
<^ Vonîit le fer & la mort. \
L*tf«W« en latin *f!> fc prend auffi fréquent
ment poitf^la monoie , les richcfTes : la pre-
mière mphoi<5 4es Rôràains ctôit de criivrc :
# rfx di^iriïi , le cuivre d'àutrui , c*eft-à-dirc,
IjC bien d autrui , qui cft entre nos mains , nos
dettes , ce que nous devons.
^Enfin^r^^ft prend pour des vafcs cfe cuivre,
* pour dès trompctes , del^mes , eh un mot>
V îk)ur tout CP qui fi? foit'de %uivi^^
i>icu dit à Adam; tu es i^uffière & tu re^
Cen, c 3. tourneras en poufltère, pulvis eèp'm fmlverew^
^- *^« ^m^rtérw^C^^*^ire, tu as ét^fet de pout
\ "gère , tu as été forme d*un peu de^rte.
• Virgile s'eft fçrvi du noX de ré^phant,
; . i^urttïarquerfimplcnaeht de l'ivoire V^^'cft
ainfi que nôùWifonsj:ous les jours iw*w^^^
, pour dire un çhâp^^ Eût dQ poil de caC»
•.' .. tor, ^c/ ; ^■.. ■ / - ; ^
yA
.^K:,
• • • •
. ixtuib^, fâïi^àp^<ief>tJUtw>. G-fg.i 1 1. V, t<r.
"^^^f^
v ^
7
\
hX^
/
<fl
,.*.•
..,.-V
r
<^
/
..\
- 2<
•■%
t
con , tome
4.p. 6\.
LASYNECPO^VE. j^oj
J Le pieux Ence , dit Yirgilc , * lança &^ haf-
te t avec tant de force contre Mézcncc, •fp^e,pî,
qu'elle perça le bpuclier fait de trois plaques ^"* » ^"^J*
de cuivre , & qu'elle traverfa Içs piquurcs dcrMontfau-
toile,&: Ibuvrage fjiit détroit fa«JT4j«r,c*eft-
à-dirc,de trois cuirs. Cette faconde parler
ne ferait pas entendue en notre langue.
Mais il ne feut pas croire qu^il foit^rmîs
de preijdre 'indiféi;enment un nom poùi: ufi
autre , foit par métonymie , foit par fynec^
doque : il feut , encore un coup , que les ex-.
prcflions figurées foieht autorifees par lu/àgej
ou du moins que lé fens litéralquon veut
faire entendre ,' fe préfènte naturèlernent à^v
Tefprit fans révolter la droite, raifbn , & fans
blefïèr les oireilles acoùtumées à Ja pureté *
du langage. .3i Ion difoit qu*uoc armée na-
vale étôit compofee de cent nuUf; OM A^ cént\
avirons ,^u lieu de dire- de cent voiles pour certt
vàifïcaux', on fc rendroit ridicule ; chaque
partie ne i^ prend pas pour le tdut , & cha-
que nom générique nçfe prend pas pour une ,
cfpèce particulière^nf tout nom d*efpèce pQiir
le genre : ccfl l'ufagc iFeul*qui donc à fpn
\
♦ Tarn pius itnéas haftam jacit : ilia ocr orbçm
, ^re cavtira triplici pcr Unca tcrga , tribùrque ^
Giu^
0
i-'
$^-
u
^
A'.
V •
s '' -►
^
^^
w
I. T.14«
t~.
t
'^.
t
JÏ04 Iw* SYVECÉO^ E.
gré ce privilège à un mot plutôt qu'à un
Wtr#
' Ainfi, quand HoracCr ;^ dit que les combats
Hor.i I .od. font en horreur aux n;^cres,W/«>Bim^j<;^
^5 Je fuis perfuadc^c ce poète' li'a Voulu
parler précifement que dzs mérôs. Je vois
une tricre alarmée pour fon fi!§, qu'elle fait
étr^à la guerre , ou dans urt combat , dont
.eifi vient dcjuiaprcndre la nouvèle : Horace
excite nia fenlîbilité en me fefantpenferaux
alarmes où les mères font alors pour leurs-
çnfàns^ il me femble même que cette ten-
tireffe des mères eft ici le feul feptimentqui
rie foit pas fufceptible de foibiefle ou de quel-
qu autre interprétation peu favorable 2 les
alarmes d une maîtrefle. pour fon amant, n'o-
icroient pas toujours fe montrer avec la mé-
jnc liberté , que la tendrefle d une rriçre pour
fon iils. Ainfî quelque déférence que jaiè
pour le favant P. Sanàdon , i*avouç que je
nç.faurois trouver une fynecdoque de lefpè-
ce dans bellamâtibusdeujfâta. Le P. Sanadon
croit que màtribus comprend ici, même les jeu-
« WX.A.VW nés filles : voici fa traduction : Les combats , qui
Tom.i.p.7. font pour (es femmes un oljit.d^hotreur, iCEt dans
♦ pg^ li' les remarques il dit , que » ^ les mères redou-
}? lient la guerre pour leurs époux &: pour leur^
/'
d'HoVacc ,
~' /'■■ -^ ,•- ' • ■
ticnfehs; rHafs les jeunes filles, •ajoute-t-il;
» ne D o IV EN T pas moins'Ia redouter pour
>»lcs objçts d*une tendtcflc légitime que la
» gloire leur enlèvfe, en les rangeant fous les
«drapeaux de Mars. Cette raifon m*a fait
» prendre v/iatres dans la fîgnification la plus
» étendue , tome les poètes Font fouvent
» employé. Il me feinblc; ajouté-t-il , que ce
•» fens fait ici un plus bel éfèt. «
Il ne s'agit pas de doner ici des indniflions
aux jeunes fille«, ni de; leur aprcndre ce quel-
les doivent faire , lorfqUc /<i (r/o/np i^iir «x/ruf
ks objets de leur tendrcfje ^ en les rangeant fous^
les drapeaux de Mars '-> ceft-à-dire,lorfque leurs
aman^font à la guerre; il s*agitde ce qu Ho-
race a penfê : or /il me femble que le terme
"de méîres n'^ft relatif qu'à enfans i il ne Peft pas
même k époux , encore moins aux objets d*unc
tendrejfe légitime. J'ajouterois volontiers , que
les jeunes filles sopofentà ce quon les con-
fonde fous le nom de mères > mais pour par-
ler plus fèrieùfement , j'avoue que lorfquc
je lis dans la tradudion du P. Sanadon , que
les combat s font po^r les femmes un objet d* horreur ^ je
ne vois que des femmes cpouvantc& i au lieu
que les paroles d'Horace me font voir une
mère atendrie : ainiî je ne (cas point que l'une
ft <«
'V~»«»MIW»
■ —
^
T^^
r
v.J^
tb^ ^ LA SYNECDOQUE.
de ces expreiîîons puifl'c jamais être-^nmage
de l'autre j &: bien loin que la traduction du
p. Sanadon faflè fur moi un plus bel éfer, je
regrète le fentimcnt tendre quelle me fait
perdre. .Mais revenons à la fynecdoquc.
Corne il eft facile, de confondre cette fi-
gure avec la métonymie ^ je crois qu'il ne fera
pas inutile d obferver qud ce qui diftingu-^ la *
fynecdoquc de la métonymie , ccft i'*. Que
la fynecdoque fiit entendre lep/«^ parun mot
qui dans le fens propre fignifie le mçins , ou au
contraire elle fait entendre le moins par un
mot qui dans le fens profère marque le plus,
2^. Dans Tune &: dans lautre figure il y a
une relation entre l'objet ;dont on veut par-
1er &: celui dont on emprunte le nom > car
s'il n'y avoit point de raport entre ces objets,
il n'y auroit aucune idée àçcefipirc , 3c par
conféquent point de tropc : mais la relation
qu'il ya entre les objets , dans la métonymie ,
cft de telle forte , que l'objet dont on emprun-
te^ le nom fubfiilc ïndépcndannnent de celui
dont il réveille l'idée, èc ne forme point un
enfemblc. avec lui : Tel. eft le raport qui fc
, trouve entre la caufe &c Véfet , entte l'auteur &
' fon ouvrage, entre Çérès &c le blé ; entre le
€omenant & k contenu y çQmccnXichi bouteille
H
^
v^
I^À SYNECpb^E. lo^
&: k vin :A\i lieu que la liaifon qui fc trou-
ve entre j les objets, dans la rynecdoquc; fu-
pofe que ces objets forment un enfcmblc co-
rne le tout &: la fartie 5 leur union n'eft point
un fimple raport , elle eft plus intérieure &
plus dépendante : c^eft ce qu'on peut remar-
quer dans les cxemplp de l'une & de l'autre
de ces figures. , •
- t y-
L' A NT ON G M A, s E.
^
L
• Antonomafc eft une cfpècG de fynccdo- 'Afr^f^*-
01a. , premêr'
que, par laquelle on met un nom comun ^,„^,,,. ^
pour un nom propre, ou bien un nom propre "°^^^PJ'^'
pourunnomcoraun. Dans le premier cas,on ^„j p^^^ ^
veut faire entendre que la pcrfbne ou la chofc contre &
dont on parle excèle fur toutes ce 1 fôs qui peu- ^^^^^
vent être comprifes fous le nom comun : &^
dans le fécond cas , on fait entendre que Celui *
dont 5n parle refl^mble à ceux dont le nom
propre eft célèbre par quelque vice ou par
quelque vertu. ^
I. Phibfophe, Orateur , Poète, Roir , Vile,
Monfieur, font des noms comuns ; cepen-
dant l'antonomafc en f^t des noms particu-
\>
■
y /
-vi
\'
4 .
r
■r^
wm
V
Y.
''M^
1
r-
Virg. Bc.
42. V. I.
^ rAVroVO MASE.'
lias qui cquivalcni à des *noms propres.
Quand les anciçhs difcm U fbUof4heyiW
entendent Ariftotc.
Quand les Latins difent lOrateutyi^ en-
tendent Ciccron. 0 ^ '
Qiund lis difent /fPoèi^;îIsicmcndcnt Vir-
gile. ^
Les Grecs éntcndoient parler de\Dcmof-
thène, quand ils difoient f Orateur /ôc d'Ho-
incrd quand ils difoient/ePoè/^/ /•^'.
Quand no? Théologiens difent-/^ DoSeur
émgéliqHe, ou C^nge dç tÉcoky ils veulent parler
de S. Thomas. Scot eft apelé»/^ d)o£ieHr fub-
ùl y S. Auguftin U Do&eurdep grâce.
Ainfi on done par excèleixce & par anto-
nomafe, le nom de la fcience ou de lart à
ceux qui s'y font le. pîus diftingucs.
Dans chaquQ royaume , quand on dit fxm-
plemcnt/fi^o/Ton entend le Roi du pays où
Ion eft V quand on dît U vile y on entend la
capitale du royaume , de la province ou
du pays dans lequel on demeure.
Qu6'tc, Mœri, pcdcs? an quo via ducit in urbcm?
Urbem en ceif endroit veutdire la viîe de Man-
ie : ces bergers parlent par raport au tçrd-
^.,,re^ iis^dené Mais, quand les an-
cien parloicnt pà: raport à TEmpirc Ro-
•(
• Tërcn.
▼. 17. fc
♦* Xcrc
llcibiadi
•*♦ AriT
Imp
/
V
I, .
VAVrONOMASE. lo» . /
^ tnain,. alors par anm^ ils cntcndoicnt la vile
de Rome. .
Dans les comédies grèques , ou tirées du
grec, la vile [aftu ] veut dire Athènes ; An ^ Tiinr , mi
m\iiiu^enii\ eft-îl venu à la viief^ Cornélius ^[^Jj;^^^
Népos parlant de Thcmiftocle &: d*Alcibia- nco.
de , s cft ièrvi plus d'une fois de ce mot en ce
^ fens. ^^ »
Dans chaque famille, monfieur^ veut dirc^
le maitfe de la maifon.
Les adjediis ou épitétes font des noms co-
muns que Ton peut apliquer aux diférens
objets aufquelsils conviènent, lantonomafc
en fait des noms particuliers : l'invincible , le .
conquérant;^ k grand ^ le jiifle , le fage , fe difcnt
. ipar antonomafe de certains Prmces ou d'au-
tres perfones particulières. y
Tite-Live apèle fouvent Anrtibal le Car- Tit. LW. i,
thaginoi$y le Carthaginois , dit -il', avoit un
s^ grand nombre d'homes : abundàbat mnltitûdine
himinum Pœnus, Didon dit à fa fœur ***
vous mettre^ fur le Jucher les armes ^ue Je pcr-
• Tëren. Eun. aft. v. fc. S. ftlon Madame Dacicr, & Ce, j.
▼. 17. fclon les éditions vulgaires. ,
♦* iccrccf : prôtinos accéflîc aftu. Corn. Nep. Thctm&. 4.
llcibiadcs poflquam aftu venic idem Alcib. 6.
•♦♦ Arma viri , lilamo quac fixa rcliquit
Jmpioi. . . fupcr imp6na«. Ai. 1. iv. v. 4^$*
A
tl.XL S.
.\
f
r
/
/>
JEn. I.
Y. 407.
/
V. • ■ ■ ■ , . ■ . • ^ *-■■
fiO , VANrONOjîtASB^
fidc « Uùffècs, & par ce perfide cllc.|:ntcn4
Éncc. ' . . . ' ^•'- ^
Le iXtfiriiôeur de Cirtage & de Niànance , figni*
ûc parintonomafe àripion Emilie».
Il en cft de même dc^noms patronymiques
dont j*ai parlé ailleurs , ce font des noms ti-
rés du nom du père ou d'un ayeul , & qu on
done aux dcfccndans > par exemple , quand
r, Virgile apclc JÇnée Anchisïades , ce nom cft
doné à Enée par antonomafe , il eft tiré du
npm de fon pcre , qui s'apeloit Alichife.
piomcde , héros célèbre dans l'antiquité fà- .
buleure,eft fouvent apelé 7)r</if/fx , parce qu'il
ctoit fils de Tydée, Roi des Etoliens.
Nous avons un recueil ou abrégé des loix
des anciens François , qiii a pour titre, Lex
iStf/ïcarparmi ces loix il y a un article ^ qui ex-
clut les fcmines de la fùcceflion aux terres fa-
liques,c*eft à-dire, aux fiefs : c'eft une loi qu'on
c'a obfervée inviolablement dans la fuite
qu'à l'égard des^ femmes qu'on a toujours ex-
clufes de la fucceffion à la courône. Cet -
^ ufage toujours obfervé eft ce qu'on apèle au-
)ourd'hui loi falique par antonomafè , c'eft-à—
^3ire,qtte nous douons à la loi particulière
* De tcrrà vero lâlicâ , nulla p6itio h^itànktii mulîeri vé-
niât, icd ad virilem Icxum tota tcrr« jutrédius pciv^xiiat,
X#« sMifn* ait. tf X. de Alodc $. tf.
tfcxclu
que no;
généra
II.
Jorfqu'
comun
' Sard
voit à:
tel eft 1
volupti
L'Eir
vaifes r
rir fa pi
qui lui
Cato
1 auftér
d'un hi
un Né
Mccc
protég(
d'hui d
tcction
Mais
c'eft-à-
"ïrus (
ctoit à
donc I
^
^T"
.■iW:ih#
4
- V AVTOKOMASE. m
^'exclure les femmes de h courone, un nom
que nos pères douèrent autrefois à un recueil
général de loix.
II. La féconde efpèce d'intonomafe^cft
lorfqu on prend un nom propre pour un nom
comun , ou pour un adjeCtiV.
Sardanapa Le dernier B.pi des AÛTy riens vf-
Voit dans.uric extrême molcflTe '-> du moins " ^ y
tel eft'lc fentiment comun : delà -on dit (^\vx -
\o\Mipl\Xtnx^ ceiïunSard^napde.
L'Empereur Néron fut un prince de mau- , -
vaifes moeurs, & barbare jufc[u à taire mou-
rir fa propre mérë\ delà on a dit des princes
qui lui ont reflemblé , c'eft-un Néron.
•Caton , au contraire, fut recomandable par
Tauftérité deTes moeurs : delà S. Jérôme a dit Hier. L i,
d'un hipocrite, ceft un Caton auachors: & Ep-i3-i^uA'
un Ncron au dedans , intus j\ero,foris Cato. fub fin.
Mécénas favori de TEmpereur Aui^ufte, ^"g*^- P-
protégeoit les gens de lettres : on dit aujour- ris ,'cdit.
d'huid'un feigncur qui leur, acorde fa pro- i7»8. p.
toOàon y cejî un Alécénas.
Mais (ans un Mcccnas à quoi ferf un Auquftçî Boilfau,
c cft-à-di rc , fans un protedeur. \ ^^'- ' ' ^- ^^*
^rus étoit un pauvre de file d'Itaquc qui ^°î"f * ?*
étoit à la fuite des amans de Pénélope , il a
donc lieu au proverbe dç^ anciens , plus pau-
à) il 1. 18.
l
\\
'9
-y'
\-
r
/:■''
«
r
^
\^'\
iii V AVTOVOMASÊ.
vfe fiYiwi. Au contraire Crcfus Roi de Ly-i
dk fut un prince extrêmement riche 5 delà on
trouve dans lès poètes.^iritf pour un pau-
vre & Chf/îfx pour un riche:
OrkLTrift; lni$&cftfubitàquimod6 Crœfuscrat^
ii^Eleg.7. y .... Non aiftatCrœfiis ab Iro. f
Zoïle fut un critique paflîoné & jaloux:
fon nom fc dit encore * d un home qui a les^
mêmes déÊiuts> Arirtarquc, au contraire, fut
lin critique judicieux : Tun & l'autre ont cri-
tiqué ftomère : Zoïle Ta ccnfurc avec aigreur
& avec paffion , mais Ariftarquc la critiqué
avecunfagedicernemcnt,qui l'a feit regarder
corne le modèle des critiqucsron a dit de ceu3i,
qui Font imité qu'ils étoicnt des Ariftarques.
Et de moi. mcmc Ariftarquc incomodc :
♦ Fropcrc.
LiH.Elcg.
4* ▼•35.,
Ep. 1, aux
Mufo.
C'eft-à-dire, cenfeur. Lifez vos ouvrages , dit
Horace, "^^^ à un arni ju^icieuxiil^^ous en fera.,
■ / _ ^ ■■ :■ " . \ . .,
'*Iiig^înm magni dctrtôat livor Homéri :'
Qoifqais es , ex Uo , Z6ile , nûmen habes. Oviis
lUmed. ainor v. 3^5.
** Vir bonnsac pmcicns verfus rcprehéndet inertes ,
. Calpibit duios , inc6inptis idlinet atrum
I Traafvërro bélamo fignum ; anlbitiéfa rccidec
Ornâménu , parum claris lucrm dare cc^cc ;
AxpKt amblgné diâuxn; mucinHa notibit ,
"iift AriftAtciiBt. Uwét, art. poct» ?. 444.
fentir
fittdr lcs(
Thçriîtc
plus ridici
du les dé
nus^queh
pour un 11
Ccft dar
ycre a dit
» un finip
nmoi^à 1
» pondre
Edipe i
avoir de^
à ce mot
Je ftfis C
Ceft-à-d
cours ér
françoife
Je fuis
Cequifà
l'opofîtic
donc je tu
te;auli
r
pasdevm
carilpo
M.Sav
\
mm
%
f
4>
et-
VAHTOUOMASÈ. iif:
Ibidr les dé£iuC5 , il fera pour vous un yf n/^
Theriîtc fut le plus mal ^it , le plus lâche, le
plus ridicule de tous les G recs;Homère a ren-
du les dé£iutsde ce grec fi célèbres & fi co-
' nus^que les anciens ont fouvent dit un Therfiu
pour un home diforme, jun home méprifable.
C'eÀ dans ce dernier (ens queAi. de la Bru- i^aBruy^^
ycre a dit, > jetez moi dans \cs troupes come ?^^^^^
» un fîmple foldat , je fuis Thcrfite > metez
M moii à la tête d*une armée dont i aie à rc-
» pondre à toute l'Europe Je fuis Achile.
Edipe célèbre dans les tcms fabuleux pour
avoir deviné 1 énigme xiu Sphinx » a doné Ueu
à ce mot de Tcrence, D^vus fim^non Oédipus. tn, Amlr;
Je fois D.1YC , Sci^cur , ^ ne Cuis pas Edipc* •.••*«
C*eflrà-dire , je ne (ai point deviner les dif*
cours énigniatiqucs. Dans notre Andricnc
françoife on a traduit f
Je fuis Divc , Monfîciir ^Sc ne fuis p.is dcvirt : And. aft.ij
Ce qui fait perdfe Tàgrément &: la iuScfïe de ^^' '*
ropodtion entre Dave & Edipe : je fuis À)4ve^
donc jf nefmpaf Edifie , la conciuiion eft ruf-
te 5 au lieu que y je fias Darve , donc jene Jku
pasdevm , la confëquencc n*eflpas bien tirée,
car il pouroit être Dave & devin.
M. Saumaife a été un £imtux critique dani
!~
.y
i\j^. rJNrONOMASÈ.
: ^^Ic dixïcpticme fiéclc : ceft ce qui a donc lieu
à te vers de Bçtlpau,
Boileau , ' Aux Sauniaifcs fliturs préparer des forturcs ,
Epit. albn . , ^ . ,. . . * .• •
cfprit , c'cA G elt-à-drre , aux critiques , aux comcntateurs
^/*\ 'à venir. •
Xantipc, femme du philofophe Socratc,
Xtoit d*une humeUr facheuiè & incomode:
on a doné fon nom à plulîeurs femmes de ce
caraâ:çrp;
■ ■ ■ Il ." ' ''
. Pénélope &r Lucrèce fe font diftinguées par
leur vertu, telle «eft du moins leur coiriuilc
réputation : on a doné leur nom aux fem-
mes qui leur ont reffcmblé ? au contraire,Ics
^ femmes débauchées ont été apclées des Phry-
nés ou des^Lais , ce font les noms de deux
. , fameufes cpurtifanes de lancicne Grèce.
Boilcau ,
Sat. X,
Aux tems les plus féconds en Phrynès , en LaVs,
Plus d*nnc Pénélope honora fon pays.
~ Typhis fut le piloté des 'Argonautes ; Au-
tomédon fut l'écuyer d'Achile , c'ctoit lui
qui menoit fon char ; delà on a doné les noms
de Typhis &c d'Automédon à un home qui
par des préceptes mène ôc conduit à quelque
' fciencçou à quelque art. Ceft ainfi qii'Qvi-
'de à dit qu'il étoit le Typhis Ôc f Automédon
Oyid. de ,dc lart d'aimer.
Art. Ama. *— Xyphis 6c Autoflicdon dicar axùôifc ego.
la !• V.*. '^ •
m
Sous-
4)hiné
.Dauphii
gieux c
petit ûU
fis' hoirs i
Charles ,
caufe de ii
&' en prof
, CharJc
dùknom
»>que le
1^ » titre dcl
* Trrmcs
^ Daijplmil
JDdndic. Ccf
▼« de l'Uiii
Memôncs pi
chez de Bâti
" On s'cl
»> inier ne dfl
»' paro-Vs, (j,
coine on Je .
■ ^o^.cdn. del
Dans Je tcJ
«ic Charics éf
^^ârlçs fon]
^oyaumc,cv|
^'^ Aîné du H
le» fils de l'ai
r ANTONOMASE. ■' 115
Sous- le règne de Philipes de Valois le Dau-
phiné fut réuni à la courone, *, Humbcrt
Dauphin de Viennois ^ qui fc fit enfuite Reli-
gieux de Tordre de S. Dominique , fe dejjaifit
& deveflit du Dalphiné & de toutes fes autres terres,
tir en fui fit rèèlcment^ corporel cment & défait Charles
petit fils du Roi , prèfenrû' acceptant ^pourl^ &
fes'hoirs & fucccficurs, &: plus bas , tranfporte audit
Charles , fes hoirs & fucceffurs & ceux qui auront ^
caufe de H pcrpîtuclement & héritablernent en faifine „
Û" en propriété pleirie ledit Dalphinè.
Charles devint Roi de France , cinquième HiA. de Ji
dû nom, &c dans la fuite» il a été arété ^^^"^^"'^^^^
«que le fils aine de France porteroit fcul le G.Ma^cci^
» titre de Dauphin.
T. I il.
F- J*-
* Termes dç-U confirmation du dernier iftc de tranfport
è\i Daiiphine ,cn tav;ui «Je Charles fils de Jean Duc de Nor-
mandie. Cet a£lc cil du ic. Juillet"! -49. Voyez les preu-
Tes de riultoire du D uiphiné àc M. de Vaibonnay , &: fes
Mémoires pour lervu i j'inlloire du Dauphmc , à Paris
chez de Bats 17 i i,
»■> On s'eft perfuad^ que la condition en faveur du prc-
»> mier ne de nos Rois étoit tacitcmenc renfermée dans cet
»' paroles, quoiqu'elle n'y foit pas litcrakmem exprimée, «c
corne on le croit comunément. Hijloirt du DAuphiféi, page
«03. edit. de 172,1.
Dans le tcnVi cTe cette donation faite à Charles , Jean père
de Charles étoit le fils aîné du Roi Philipc de Valois & fut
fon fuccefleur , c'cft Jean II. Apres la mort du Roi Jean II.
Charles fon fils qui étoit dcja Dauphm lut fuCRda Ml
Royaume,c'eft Charles V. dit le Sage. Ainfi ce ne f\ii pas le
his aîné du Roi qui fut le picmicr Daupkui , ce lut CKa>r
ici fils de raillé. i
Hlj .
"\
V
r
» r
f^fvi»» ' "•
fiixi r ANTONOMASE.
On Eût alluCon au Dauphin lorlquc dans
les ^milles des particuliers on apclc Dau-
phin le fils aine de la maifon , ou celui qui
A le, plus aime.: on dit que c'cft le Dauphin
par antonomafc, par^ufion, par mcu-
phore , ou par iroriie. On dit auffi un Ben-
jamin , &iiànt allufion au fils bien aimé de
Jacob. ■ ' t^ . '
Vl.
La GomunicÂtion dans les paroles.
KNf^r.! T Es Rhéteurs parlent d une figure apeléc
Aifr^.com. L fimplement Comunication 5 c'eft lorfquc
pdni^lio l'orateur s'adrcflant à ceux à qui il ^arle , pi-
fcrminii. jq^j fc comu liqucr , s'ouvrir à eux ^ les pren-
dre eux mêmes pour juges 5 par exemple :
En quoi vous ai'je doné lieu de vous plaindre > Kt-
fondez^moi , ifite pouvois-je faire de plus f ^au-
ricx.'vom fait en ma place ) &c. En ce fens h
comunication eft Une figure de penfte , &:
jMkr^onfcqucnt elle n'eft pas de mon fiijct.
La figure dont je veux parler eft un tropc,
par lequel on fait tomber fur foi-même ou
fur les autres , une partie de ce qu on dit : par
cxet#^ic , un maitre dit quelquefois à fes dif-
^ifkSjnQMst€rd99utomn9tr€t€ms9^\x^^^<^^
i
■^^»'
l
LA COMUNICATlcy^épi^ir'^
dire vous ne feus que vous amufir. ^lu^avcns^
nous fait } veut dire en ces ocaflons , quave^^
vous fait > ainfi nous dans ces exemples n'eft
pas dans le fens propre , il ne renferme point
celui qui parle. On ménage par ces expref-
fions l'amour propre de ceux à qui on adreflc
la parole , en paroiflant partager avec eux
le bîame de ce qu on leur reproche > la re-
montrance étant moins perfonèlc, & paxoif-
Cuit comprendre celui qui la fiiit ^ en cft
moins aigre &: devient fouvçrit plus utile.
Les louanges qu'on fc done ble(Ç:nt toujours
lamour propre de ceux à, qui Ton parle : Il y
a plus de modcftie à s'énoncer d'une manière
<5Hi feflc retomber fur d'autres une partie du
bien qu'on veut dire de foi : ainfi un capitaine
dit quelquefois que fa compagnie a Élit tcjle
oatcUeaaion, plutôt que d'en Êiirc retom-
ber la gloire fur (à feule perfone.
On peut regarder cette figure comc une
cfpéce particulière de fynccdoquc,puifqu'oa
dit le plus pour tourner latention au mwïw.
H'
I
A
vv
V
y
Hii)
•f
\
•y.
>*•
r *
%' !t
»ft
mm^iix^
•^
>•
;• ,VII. [f;
L A Litote.
A^^tVl.f i ^K Litote oii diminution cft uri^trôpe par;
^eVnudutf lequel on fe fcrt de mots,qui , à la lettre,.
yilii*°" * paroiflcnt;^foibUr une pcnféc dont.on.faiç
V • bieifi'' que les idées acccflbires feront fentir
toute la force :,On dit le moins par, modeftic
; OU pair égard î mais on f^it bfen que ce
moins réveillera ridée du plus.. . ,
Çom. le Quan*»Chimène dit à Rodrigue , vcL,]e ne te
fcr4.*^ "'• ¥\^ pomr,.cIle lÎK fait entendre bien plus que
ce's mots là ne fîgnîfient dans leur fens propre.
II cri eft de même de ces façons de parler ,
. • )f ne p«>j'i)dwWoi<cr,ceft;àTdire, je blâme votre
conduite \.']e ne mépri/e pas vos préfçns ^ fîgni-
^e que. .fén fais beaucoup dé cas"": // nefl
•pas fit , veut dire. , qu'il a |)lus d'efprit que
\ vous nettoyez: il neji paspoltfon fait entendre
qu il a du courage: fythagore nefl pfts m auteur
. Wpf//ii/ev-^c*eft-,a^ire,quePythagOreeft^^^
auteur qui «mérite dfCtreeftimé. Ùe ne fuis
pasfidifcme.'^^vcùtàj^t modcftcmçnt qu'on
^
A -
r-
■• Non fSrdidus autor n^^tùr* rftlque. H*r. 1» i. ode i».
?* Ncé fiim' idcà iafiSri^. r«'X» £cl. *.?.*;•
fi . ^
. iV.
,|lîsw*r*^"
■'\
Ç.S«?«**rf
excès.
LA LJTOTl.y «i*
«ft bienfait , ou 4^ moins oj^n k croit '
ainii. / *- ^ .
^ . On. apèk aiifïî cette figure exténuation :
elle eft ofofée à l'hyperbole.
. yiii. : >
/ -
L'HyF ER BOXE.
LCjrsque nous fomes vivenlent frap"és de Tf'xip/j.x;.
quelque idée que nous voulons rcpréfén- ^^^^ ° '
ter , & que les termes ordinaires nous paroif-
fcnt trop foibles pour exprimer ce que nous
voulons dire; nous nous fervons de mots,
qui, à les prendre à la lettre, vont au delà de
la vérité &: repr(3^(entent le plus ou le moins
^ pour faire entendre quelque excès en grand
ou en petit. Ceux qui nous entendent raba-
tent de notre expreilîon ce qu'il en faut ra-
b^tre,&:'il (c forme dans leur efprit une
; idée plus conforme à celle que nous voulons
y exciter , que fi nous nous étions fervis de
mor^ propres : par exemple , ^\ nous voulons
feiré comprendre la légèreté d'un cheval qui
court extrèmemertt' vite , nous difons qu'//
rj^ûaptu^ vite.quejevent. Cette figure s'apèle /j»^-
■ ferbolcj mot grec qui fignifîe excès,
' Julius Soliaus dit qu'un certain Lada étoic
i, :
r
^
\
*tiÉ^ VHYPEKBOLE.
tPuncIf grande légéretéy qu'il ne laiflbît (or
|ç fable aucun vçftigç 4c fes pics. *
Virgile dit de la pfînceffQ Camile, qu'el-
le furpaflœt les vents à licourfè > & quelle
eut couru fur des épis de blé (ans les faire
plier , QKk fur les flots de la mer (ans y enfbn*.
cer , & même (ans (è n\ouiiler la plante des
pies. ^^ , *^
' I Au contraire, (ï l'on veut faire entendre
qu'une perfone marche avec une extrême
lenteur , on dit qu^elle marche plus lente-
* jncnt qu'une tortue.
Il y a pluficurs hyperboles dans l'Ecriture
B<lucainv6s |fiinté ; par exemple , h vcms donerai une terre
} ^^T ^^ ^^^f^ desTMiffeaHX de. Lût & et miel, c'eft-à.
ïaac&md- dire, une terre fertile : & dans la Genèfe il
i V ^ 17* '^^ çft dit, Jf W¥/fip^>mi tes enfans en auffi grand nom^
I flciam Cc-
I men mum
[ £cut pùivc-
bre , qite les grains depoinjl^re de la terre, S. Jean
à la fitt^e fdn Èvangil^f^*^ dit que fi Ton
xem terrx.
1 G$mts.c,ii, * Primam palniam velociticis , Lidàs quidam adaptas eft;
I Tt x^t 9^'^ iu.rupra cavum piilverem çarfiàl«it,uc aréiiis pendénci-
I \ Un nulla iniicia rdinoueret vtftki6ram. |m/. Sélitmsfi. €^
** Illa vel intiébe légetit pcf ktmina voliret
Gramina, nec téneras curm ]xûS:t ariftas, '
Vel mare permédiom ûuêtu.ùdj^éaûi tuménti
lerrct iter » céierec nedpineeret cqoore plantas. J?». 1.
VII. V. 8q^.
**« Sont aotem & 41ia multa qat.lèicic Jeros , que il £urK.
)>inrar per singula, necipfum irbicror okttn^aap cipcrepolT*
ft ra» > qui ibribéodi ranc librM. /tiNir ni. ▼. ^|.
A
taeor
de Je
de et
poun
Lesi<
quél(
ufer ]
I^re:
feutp
î?vafl
»& <
>vpcr1
£x<
nes.^
ment
queic
^dit
blim(
lérent
«I
»poi
)>daii
gétd'4
>
y
/:
THYPE RBOLE. itc
tatontoit en détail Jcs aâions 6c les miracles
de Jéfus-Chrift y il ne croit pas que le mon-
de entier put contenir les livres qu'on en
pQuroit fidrc. /
L^hyper^le eft ordinaire aux Orientaux.
Les jeuiïes gens en font plus fouvcnt ulàge
- que les perfones avancées en âge. On doit en
ufer folïremeht &: avec quelque corredif;
pkrexemple,enajouunt,po«r4i»yîià'rp îfi t<m
f eut parler ainfi, .
» Les efpi;jts vife , pleins de feu Se qu'une CimADci L
;^ )? vaftc imagination , emporte hors des règles 2^î«2ptL
» & 4c la iuftciîc , ne peuvent s'aflbuvir d'hy-
jvperboles, dit M. de la Bruyère.
Excepté quelques fàçon^ de parler comu-
nes. & proverbi^es , nous ufans uès rare-
ment d'hyperboles en françois. On en trouve
quelques exemples dans le ftije fatirique Se
}Âdin , Se qltelqaefbis même dans je (tile fu-
blime Se poétique : Dex ruiffeaux de larmes cou- Ï!^'"'^^
Uremiesyeux de tous les habitons, n^breckM.
» Les Grecs * avoient une grande paflion ^^^^
» pour rhyperbole , come on peut le voir
» dans leur Antolbgie qui en eft toute rem-
* Traita de la vraie & de la huSc ^beaoté dans les owrra-
gei d'eTpric Ceil un<[ cradu^on que Richekc noas a do<-
oëede la ^liilêrution que Mçflieurs de P. R. oot mifc i
^ »
\
X.
V *
» piic* Cette figure tft la refiburce des peti|t
» cfprifs ^ui écrivent pour le bas peuple. ,
BoO. Art Juvénal clcvi dans les cris de l'école, ' ■
PoéCchant.
/
Tvrr/riMtf»
JExémpL
Poudà jufqu'f^xcès fa mordante hyperbole. ]
' \ ■ ' "■■•• ' . '\ ■
» Mais quand on a du génie de de lulage d«
» monde, on ne fe fent guère de goût pou;^^
^» ces fortes de pcnfées Eiufles &: butréesr *
^ L*H Y P OT Y POSE.
•*»: T 'Hypotypofe eftun mot grec^ui (ignific
_ _,...'•'" ^itnage , r^/»/ei«. C eft Iprfque dans les def-
A/i»jr» ; criptions ort pcin^4çs faits dont on parle , co-
•^•/x«>*r ^^ ^ ^^ qu'on dit étoit aduèlemcnt devant
)esyeux ? on montre, pour ainfi dire , ce
qu on ne feit que raconter > on d6nc en quel-
' que forte loriginal pour la copie , les objets
pour les tableaux : vous en trouverez un
bel exemple dans le récit de la mort d*Hyp-
polite. ' ;
Cependant ^ fur le dos de la plaine liquide ,
S'étôveà gros, bouillons une mçntagne humide;
L*onde aproche , fe brife , 8c vomit à nos yeux
Parmi les flots d'écume ^ un monftre furieux;
Son firont large eft armé de cornés menaçantes ^
-'Toc
. Ind(
Sa Cl
Ses
Lee
La (
Lcfl
Ce de
flots d
tifdc
auffi t
conve
aufîî
avons
profo
u(age
que d
il faut
fentd;
oraifc
flUlpI(
reven<
Rer
narrât
Me,
?nagc
paflci
rHYfûTYfOSS. I»}
• 'Tout fon corps cft couvert d^écailles jaunilTai^c^
. Indomtablc taureau , dragon impétuca)[ ;
Sa croupe (c recourbe en replis tortueux ,
Ses longs mugiflcmcns font trembler le rivagc.j
Le ciel avec horreur voit ce monftre Tauviigc,
ia terre s*co émeut . l*air en cft infcélc .
Le flot qui l'aporta recule épouvanté.
'••M .. ' ^ - *
Ce dernier vers a paru afeâ:é; on a dit que les
flots delà mer aloient &: venoient fans lé mo-
tif de 1 épouvante, & que dans une ocalion
auffi trifte que celle de la mort d un fils , il ne
convenoit point de badiner avec une fidion
aufli peu naturèle. Il eft vrai que n6us_
avons plufiéurs exemples d'une fcmblablç
profopppce ) mais il eft mieux de n*en^rc
ufage que dans les ôcafions où il nes!agit «
que d amufer l'imagination , &: non quand
il ftut touclîer le cœur. Lesfigurcs qui plai-
fentdâiisun cpithalame, dcplaifent dans une
oraifon funèbre > la trifteflfe doit parler plus Hor. Art
iîmplenrcnt, fi elle' veut nous intéreflcr : mais ^^^^- ^- ^"•
revenons à rhyporypofc.
Remarquez que tous \cs verbes de cette
narration font au prcfent, /'o>«!fe4Jprw^f, yr /
hrife ^ &c. c eft ce qui fait rhypotypofc , Ti-
pugç , la peinture > il femble que raison fe
paÛè fous vos yeux.
'^
rHYFortPosÉ.
^ M. j*Abc Scgui , dans fon panégyrique je
S. Louis, pronohcc cn*^rcfcncc de TAca-
demie françoffe^ nous fournit cncorcun
bel çxemp^le rfhypotypofc , dans la clcfcrip-
tionquli £iit diMépart de S. Louis ,du voya-
ge de ce |^inî|ej^& de fon arivce en Afrique.
• » Il part baigne de pleurs, & comblé des
»> bénédidioiis de fon peuple : déjà gcmiflcnt
» les ondes fous le poids dt fa puiflàntc flote»
• dèias'ofrentà^es yeux les cotes d^Afriqucj
» dèjafont rangées en bataille les innombra-
libles troupes des Sar^finsf Ciel & terre,
«• foyez témoins des prodiges de fa valeur. Il
»fe jette avec précipitation dans les, flots,
» (iiivi de fon armée qtie fof«i exemple encou-
, malgré les cris é^qyàbîcs de Téne-
» mi furieux , au milieu dfe vagues & d*unc
» grêle de dards qui le couvrent : il s'avance
» corne un géant vers les thams où la vidoirc
«fapele : il prend terre , il aborde , il pénè-
» tre les bataillons épais des barbares s & cou-
»vert du bouclier irtvifible dujiieu qui Eut
» vivrc&qui fait mcHurirTtra^nt d'un bras
» puiflant à droit & à gauche V écartant la
» mort , & la renvoyant à Ténemi \ il fembic
» encore fe multiplier daiis chaàun de fes fol-
»dats» La teqrcur que k8 infidèles aoyoient
. ficati(
catibi
conip
prisd
ficatic
nefc
fonq
&ce
on dit
h véi
Bgfût
-f
«porter dans les cœur^»^ des fiens , s'empare
M d'eux mêmes. LeSarafîn éperdu, le blaf-
>hème à la bouche , le tdéferpoir dans \t
Vçocfur , fuit, &: lui abandone le rivage.
Je ne mets ici cette figure au rang des tro-
pcs , que parce qu'il y a quelque forte de tro-
peà parler dii pafle corne s'il étoitpréfent;
car d'ailleurs les mots 'qui font employés
dans cette figure confervcnt leur fîgnificatîon /
propre. De plus , elle eft Çi ordinaire, que j'ai:
cru'qu'il n'étoit pas inutile de la remarquer ici.
v^.
: î
\
/
. • ■.'' X.
La Met aphore.
L
A Métaphore eft une figure par laquelle wtrmi^,
on trànfporte , pour ainft dire , la figni- ^^^^
fication propre d'un nom à une autre fignifi- Tiinsftw»
cation qui ne lui convient qu'en vertu d'une
coniparaifon qui eft' dans l'efprit. Un mot
prisdans un fcns métaphorique perd fa figni-
fication propre ^ & en prend une nouvèlc qui
ne fe préfente à Telprit que par la comparai- ^'
fon que l'on &it entre le fen3 propre de ce mot,
& ce qu'on lui compare, par exemple, quand
on dit que U menfongefe fart fonvcnt des coukurs de
U vérUé : en cette phrafe ctmkitrs riz plus fit ».
fignificatioa propret primitive i ce mot ne
^
V-
F
as LÀ M E^ AS HO RE.
marque plus cette luiiiière modiliée qui nous
fitîD voir les objets on blancs, ou rouges , ou
^unes,&c : il fîgnifie /ex dehors^ les aparencesi
6c cela par comparàifon entre le fens propre
Àc couleurs & les dehors que prend un* home
qui nous en impofe fous le mafqu^ de la fin-
Ircritc. Les couleurs font conoitre les objets
fcnfibles, elksen font voir les dehors &: les
aparences : un home qui ment,imitequel^uc-
, fois fi bien la contenance & lesdifcours de
celui qui ne ment pas', que lui trouvant les
mêmes dehors, & pour ainfî dire, les mêmes
couleurs , nous croyons qu'il nous dit la vé-
rité : ainii come nous jugeons qu un objet qui
nous paroit blanc eft blanc,de même nous fo-
mcs fouvent la dupe d'une (încérité aparen-
te , te^dans le tems qu'un impofteur ne fait
que prendre les dehors d'home (incèrc , nous
croyoHjs qu il nous padc fioccicment.
Quand on ditUlimièft Je te/prit ^ ce mot de
lumière c(ï pris métaphoriquement j car corne
la lumière dans le fens propre nous fait voir
les objets corporels , de même la faculté de
conbitre & d'apercevoir éclaire l'efprit 8c le
met en état de porter des jugemens fains.
La métaphore efldonc une efpèce de trope,
Ic^otdonion fcfcrtdaiw la xncuphorc eft
pris da
pre,//
pruntée
eâentic
-Dep]
quelqu
- quel oi
àr^uoi
on dit I
pris aie
pare T
qui di(
II V
& la c
on fe
Ton c
cxemi
èft cômi
quanc
parail
la co
&:nôj
Mej
quant
foit p
ou de
mefurt
XAMETAPfïOkB. iif .
pris dans un autre fcns que dans le fens pro- Metiph».
pre, // efly pour ainfî <lirc , dans une demeure em-- Q^^i ^o-
primtée , dit un ancien ,^ce qui eft <;femun ôc «^"^ », «>•
câcntiél à tous les tropes. ncm , iîcft,
-De plus,il y a une forte de comparaifon ou *^°!"° "*"'
* * tuatumver-
quelque raport équivalent entre le mot au- bum quo
, quel on done un fens mctaphorrque,& l'objet M".tnu^>^w^
àr^uoi Ton veut rapliquer;parexemple,quand nus. Fef-
on dit d'un home en colère , cefl un lion, lion eft fj^'jj;^^"
pris alors daos un fens métaphorique,on com-
pare rhome en colère au lion , Ôc voilà ce
qui diftingue la métaphore des autres figures,
" II y a cette diférence entre la métaphore
& la comparaifon , que dans la comparaifon
on fe fert de ternies qui font cpnoitre que
Ton compare une chofe^ à une\ autre 5* par
exemple , fî Ton dit d'un home en çolctc qn il
eft côme un lion", c'eft une compauftiiôn , maïs
quand on dit fimplement c'^yi un lion, h com-
paraifon. n eft qu'implicite ,ccft-à-dire , que
la comparaison n eft alors que dans Icfprit
&: non dans les termes h c'eft une métaphore.
Mefurer dans le fcns propre , c'eft juger d'une
quantité inconué" par une quantité conuc,
foit par le fecours du compas , tic la règle , .
ou de quelqu'autre inftrument qu'on apcîc
»f>r». Ceux qui prèncnt bien toutes Icur^ pré-
\.
x_
■i
.
Mit LA MErÂrtfOÉM, "
cautions pour ariver à leurs fins , foêtcxm^
pues à ceux qui mefurentqu^que quantité,
ainfi on 4ît par métaphore quiXr ont bien pris
km mejkrrs. Par la même raifon on dit que
tes ftrfimes dmne amditian médiocre ne doivent pasfe
m^mer avec lesgtMds » c'eft-à-dire, vivre come
les grands, fe comparer à eux, come on
compare une mefure avec ce qu*pn veut me-
fiirer. On doit mefurerfa dèpenfe.à fin revenue
C^eft-à-dire^qu'il faut régler fa dépenfè fur fon
xevenui la quantité du revenu doit être come
la mefure de la quantité de la dépenfe.'
Come une clé ouvre la porte d'un aparté-
ment , & nous en done l'entrée, de même, il
y a des conoiflances préliminaires qui ou-
vrent , pour ainfi dire , l'entrée aux fciences
plus profondes : ces conoiflances ou prin-
cipes font apclés dis par métaphores la gram-
maire eft la clé des fciences : la logique eft la
clé de la philofophie.
' On dit auffi d*une vile fortifiée , qui eft fur
une frontière , qu^elle eft la clé du royaume ,
c'eft-à-dire, que 1 cnemi qui fe rendroit maî-
tre de cette vile , feroit à portée d'entrer en-
fuite avec moins de peine dans le royaume
dont on parle.
. Par la même raifon fou doue le nom de clé
. en
V'
L
«n terme
caradèrt
des ligne
iKiitre le
ellcsydoi
chant.
(Juand
jnc^ pas <
paraifon
La m(
la compi
ne feroit
la mctap.
Nous à
n'ont pa
d'idées >
pluiicurs
tendre^ le i
d une roi
ainfi dire
plcepar
aux mot
& il arii
que ces
pent Ici
icrvoit
le difcoi
->
.ZA METAPHORE. ii)
m termes de mufique à certaines marques ou '
caradèrcs que Ton met au comenccmeat
des lignes de mufique ;t ces marqps'font c<j-'^
iioitre ic nom qucf l'on doit doncr aux notes»
elles ,donent y pour ainfi^dire , lentrée du
cha^t. • \ :
^)uand les métaphores font régulières il
^ft pas dificile de trouver le raport de com-
paratfon.
La métaphore eftdonc aufTi étendue que
la comparaifon > & lorfque là comparaifon
ne feroit pas jufte ou feroit trop recherchée,
la métaphore ne feroit pas régulière.
Nous avons déjà remarqué que les langues
n*ont pas autant de mots que nous avons
d*idées > cette diséte de mots â doné lieu à
plufîeurs métaphores ; par exemple : le cœut
tendre, le cœur dur , un rayon de miel , les raymt
d une roue , &:c : Timagination vient , pout
ainfi dire , au fecours de cette disète ; elle fu*
plcepar les images & par les idées acceffbires
aux mots que la langue ne peut lui fournir,
& il arive même, come nous Tavons déjà dit,
que ces images & ces idées acceflbires ocu-
pcnt Icfprit plus agjrcablcment que fi Ion fe
fcrvoit de mots propres ,J&: qu elles rendent
le difcours plus énergique i par exemple ,
1
X-
/
Virg* -*n»
■
Hor. Art
Voeu r. 47» *
lié tJi MEtAPitORE.
^^juid on dit d un home endormi qiïUeften^
^f /i itoM |r^i/ , cette mctâphojrc dit plus*
^uc fi rdn difoit fimpkmcnt quil dort i Les
Grtcs furfnrtfU Troie enfeveUe dans le vin & dans
kfomeiL
Invadunt urbcm^mno vinoquefcpûltam.
Remarquc2/l^ que dans cet exemple/ep«/-
tam a ur\ fcns tout nouveau & diférent de fon
Sens propre. i\ SepUhamti^ ce nouveau fens,
que parce qu il eft joint à fomno vinoque , avec
lesquels il ne fauroit être uni dans le fens pro-
pre h car ce n*eft que par une nouvèle union
des termes , que les mots fe donent le fens
métaphorique. Lumière n*eft uni dans le fens
propre qu avec le feu , le foleil & les autres
objets lumineux 5 celui qui le premier a uni
lumière à efprit , a donc à lumière un fens méta-
phorique , &: en a feit un mot nouveau par
ce nouveau fens. Je voudrois que Ton put
Idoner cette interprétation à ces paroles d*Ho-
race • • — -^
Dixcris egrégiè , notum Ci callida verbum
RcJdidcrit jirndûra novum.
La métaphore eft très ordinaireren voici en-
lîore quelques exeAiples : on dit dans le fcns
propre s enivrer de quelque liqueur h & Ton 4ic
par met
tuneenhi
perdre 1
premier
Ne voi
Que vo
Le peu
S*enivi
Doner m
pas fuiv
rer, les
avec le
met dai
Mézei
néceffaire
Jètneîtce
métaph
dire ivn
les \f\é$
point Cl
métaph
fiûu ■: feti
Maté)
pre de 1
pHncip
l
t
&oiI. Art
Poét. chaill
4*
Hcnriadej,
dune 7*
£J MSTJPttOilÊ. tjt
par métaphore s'enivrer de pUifirs : la honefoir^'
n»ff «ffi;re/fjyôf/,c'cft-à-dirc, qu'dk IcurÉiit^
perdre là raifon , & leur &it oublier leur'
premier état^ *
Ne vous enivrez, point der éloges flarcurs
Que vous done un amas de vains admirarcurs.
Le peuplé , qui jamais n'a cônu la prudence^
S* enivrait foicment de fa vainc efpérance.
Doner un freina fes paffionsS c'eft-à-dirc , n*ea
pas fuivre tous les mouvemens , les modé-
rer, les retenir corne on retient un cheval
avec le frein , qui eft un morceau de fer qu'on
met dans la bouche du cheval»^
Mézerai , parlant de rhcrcfîe , dit (fi'ilitoit Ahti%é et
néceffaire (taracher cette '^':^ic^ c'eft-à-dirC, Cette i'^^iftoircdf
femence de divifion y T^i^nie cft là dans un fens François U*
métaphorique : c*cft un mot grec qui veut ^' ^^*'*
dire fuwiV , maifvaifc herbe qui croît pairmi
les lj>lé$ & qui leur cft nuifible. Zi^amc r\c&
point en ufage au propre , "mais il fe dit. par
métaphore pour dîfiiorde , mefinteUigence , divi-^
fi9n:femerU:^fXam^^sunefamilk.
Matéria , matière , fe dit dans lclen« pro-
pre de la iubftancc étendue conficférée corne
pHncipe de tous les corps ; enfuite on a apelé
^, mmUn, par imitation ôc par métaphore , ce
1
♦•
/ ^
>
1"
%;
PcoL
\
<A
Xyi LA MSTATHÙRÉ.
iqui cft le fuici: , rargùmcik, le thème d'un
difcours , d'un poème ^ ou de quçlqu autre
ouvrage d'çfpfit. / " .
^Copus lÊttékot , quam matériam réppcrit ,
Hanc ego polivi vérfibus ScnariïSé *
Ttn poli la matière , c*eft-à-dire , j aj doné ragré -
m^tde la pocfic aux fables quEfopç a in-
VCfttées avant moi. Cette maifin efl bien riante ,
c^éft-à-dire , elle infpire de la gaieté coipc les
perfones qui rient. La fleur de la jeuneffe ; le feu
de f amour : t aveuglement de Pefpritjje fil dtun dif"
€ourshlefildesafaires, " "^
C*eft par métaphore que le^ diférentcs claf-
fes , ou confidcràtions , ausquelles fc réduit
tout ce qu'on peut dire d'un fujet , font
apelées lieux copiuns en Rhétorique &: enLogi-
que, loci communes. Le genre, i'erpcCe, la caufe,
Ics^éfets , &c. fonf dfsjicux Conjuns,c*
à-dire , que ce font come autant de célulcs
où tout le monde peut aler prendre , pour
ainH dire , la matière d'tin difcours , & des
argUmens fur toutes fortes de fujets. L'aten-
tion que l'on ù\t fur ces diféreiites clafltâ'^é-
veille des penlees que l'on n'àuroit peut-être
pas fans ce fircdurs.
Quoique ces lieuX comuns ne foieot pas
nent toi
On ditl
phie & k
On perj
Géogra]
de l'HJ
l^ METAf H'Ot E. » î f
' 'h . ' '' •
^d'un grand ûfagç dans la pratique,. il n'cft
pourtant pas inutile de les tronoitre v on en
peut faire uiàgc pour réduire un difcoursà
ccr^ins chcfevriiais ceq^on peut dire pour
àc kamxç fur ce point n'cft pas de mon luiet.
bn^apèîc auffi en Théolôgicpàr mctapho-
^ - /oci T^eo/oi/« , les difcrentes fources où
Théologiens puif^ argumens. Telles
ibnt l'Ecriture Sainte , la tradition contenue
/dans les écrits d» Saints Pcres , les conci*
les . &:c. -
En termes.'dé chimie , ngnt fe dit par mé- -
taphorc de chacune des trois dafliès fous les-'
q&elles les chiniidcs rangent les êtres na-
turels. ' * «
I*. Sous le Ttghe ^mw^i/ ils coraprènent les
animaux/' * ^
2" . S051S le Tcgne végétal , les végétaux , c^eft-
à^ire , ce qui croît , ce qui produit ; corne
^ arbres &: les plantes. ^
3". Enfin , fous le règne itérai ils^eomprc-
nent tout ce qui vient dans les mines.
On dit auifi par métaphore que la Géûgra-
fhie & h Chronologie font Us deux yeux deCHifloire.
On perfoniftc rHi{]:oire , &: on dk que la
Gcograi^hic &: la Chronologie font à 1 égard
4c rHiftoirc , ce que les ycuK font à l'égard
^C4
\
,1*
^^
,M'v. .*
%
^
1 54 KA^ METAPiro K E.
tuncptrfohç vivante i par Tune elle voit;
pour ainfl dire , Jcs lieux , 9c par l'autre le«
, tcms : ç*cft4-dircVqu*un hiftoricn doit s*apli- ^
quçr â faire conoitrc les lieux & les tems
idàns^lcMuels (è font pafles les édtedont il
décrit^iftôire. . - *
es mots primjti^ d'où les autres font dé-
. rivés ou dont ils font compofcs , font apelés
♦vicwief , par métaphore : il y a des diftionaires
où les mots font rangés par racines. On dit
aufïï par métaphore, parlant des vices ou
des vertus , jeter de profondes racines , pour dire
s*afcrmir. ' ^
Calus , pureté , durillon , en latin callmn > fc
prcnjjl (bavent dans un fens métaphorique :
Cic TuCc. L^réfuap çallum qHoddam ohdàcit doîôn ,.dic Ci-
aditcr Tr.*^ céronTle travairl iàit ç6me une efpèce de c^a-
lus à la douleur, c*eft^-iirc, que le travail
. ïiousVeud moins fenfîblesà la douleur. Et au
i|roi{îème livre des Tufcu|âncs il s'exprime
Tufaî. V-n. ae c^tte forte : Magis me môvenmt Corînthifibitb
afpé&it parictina y quàm ipfos Corinthios^ quorum
ânimis (tinfurnacoghâtio callum vetuflhis obdixerat.
Je fus plustpuché de voir tout d*un coup
les murailles rufnées dO' Corjuithe , que ne
Tetoieût les Gorinthfcnsmême, ausguels Tha*
tntude de voir tOHS les Jours depuis long-
liter.
tjSHlt^^"''^
LA MET A P HO RE. ij,
tcras leurs lïiaraillc^ a'batucs arvoit aporté le ^
calus de l^nciéhcté. Ç'cft-à-dîrc, que les Co»
rinthiens , acpummés à voir leurs tnupailles
ruinées, rfctoierit ^lus touchés de ce mal-
heur. C cft ainfi que caUèrt , qui dans le (èns
propre veut dire avoir des duriUons , être endurch
fignifie cnQiité , par extçrifiôp & par méta-
phore, yiwr ^én , cononre parfaitement , énfortc
qu'il fe foit iàit corne un calus dans lefprit
par raport à quelque conoiflànce. ^litopaBo Ter.HMut.
id' fieri foleat câlleo. La manière dont cela fe *^- " ' • ^^'
« X. V. 37.
feit a fait calus dans mon efprit > j ai médité "
fur cela , je. fai à merveille cornent cela fe
fait; je fuis maitre paffé, dit Madame Dacier. ^ . .
lUtHs fenfkm câlleà , j ai étudié fon^humeur •> je ^^ ^^^^P*
fuis acoutumé à fcs manières , je fai le preh- y. ^7*
dre comé il faut.
jf^ue fe dit au propre de la feculté de voir,
&; par cxtenfion de la manière de regarder
les objets : çniuite on done par métaphore le
nom de vue aux penses, aux projets , aux
deflèins ; avoir de grandes vues y perdre de vue
une entreprife , n'y plus penfer. . '
" Goût fe dit au propre du fçns par lequel /
nous recevons lesimprcffionsdesCiveurs. La ;
langue dl lorgancdii goût > avoir le goût dé-
pnvé , c'eft-à-dire , trouver bon ce que comU'» ,
^ liii;
V
,/-.,
V
I
*
4
i%s MA METAPHORE.
lîéinetft Icsautres trouvent nuuvais , &: trou-^
Ter mauvais ce que les autres trouvent botu
Enfuite on feicrt du terme é^gout par mc^
taphore , pour marquer . le fcntimcnt inté-
rieur dont Tefprit eft.afcdé à l'ocaûon de
quelque ouvrage de la nature ou de Tart.
L'ouvrage plait ou déplaît^ on Taprouvc ou
on le defàprouvé > c cft le cerveau qui cft lor-
gane de cagout là vLc gautde Fans stfi trouvé
€mforme augoia ttJthènes , dit Racine dans fa
préâce d'Iphigénie J c*eft-à-dire come il le
dit lui même, que les fpedateurs ont été
émus à Paris des mêmes chofeàqui ont mis
autrefois qi larmes le plus favant peuple de
la Grèce. * ^ , -
Il en cft du goût pris dan^e fcns figuré ,
come du goût pris dans le fèns propre.
Les viandes plaifent ou déplaifent au goût,
fens qu'on foit obligé de dire pourquoi : Uii
Ouvrage d efprit , une penfée , une expreffion^
plait ou déplait , fens que nous foyons oWi-
gés de pénétrer la raifon du fentiment dont
nous fonies afedés.- -* •
Pour fcibicn cbnoitre en mets & avoir un
goût fur ,11 faut deux chofés ; i. un l^nc
délicat / 2. de Texpéricnce^, s'être trouvé
:^uvcnt dans les boncs tables ,ni^^c : ondfl;
ï
JD
t À Mlàr~A > H^t E. 13 i
alors plus en état de dire pourquoi un mets
cft bon ou mauvais : Pour être conoiflcur en
ouvrages d'efprit , il fout un bon Jugeiiient ,
c'eft un préfentdc la nature 5 cela dépend de
la difpofition des organes > il fivut encore
avoir fait des ob(èrvations fur ce qui plait
& fur ce qui déplait > il faur avoir fu alier
1 étude & la méditation avec le cbmerce des
perfones éclairées : alors on eft en état de
rendre raifbn des règles & du goût.
Les viandes & les aflàifonemens qui plai-
fènt aux uns, déplaifeht aux autres > c'eft un
éfet de la diférente conftitution des organes
du goût : Il y a cependant fur ce point un
goût général auquel il &ut avoir égard, c eft-
à-dire , qu'il y a des viandes & àe& mets qui
font plus généralement au goût des perfones
délicates : il en eft de même des ouvrages d!cP
prit.> un auteur ne doit pas fc flater datirçi?
à lui tou$4es fufkages, mais il doit fe confor-
mer au goût général des perfones éclairées
qui font au fait.
Le goût par raport aux viandes dé^nd
beaucoup de l'habitude &: de Téducation : il
en eft de même du goût de Fefprk : les idées
exemplaires que nous avons reçues dans no-
tre^ jcùncflc nous fervent de règle dans un ago
*r
'ê
%
^
=.-*•
/^
/
\
/
f
»}i JÇ^ METAPHORJBn
plus avancé > telle eft la force de Téducatioti» .
* cb rhabitude, & du préjugé. Leis organe ^
acoutumés à une telle impreffion , enfant
fiâtes de telle forte > qu une impreilion difé-
rente ou contraire les aflige , ainfi malgré
Texamen & les difcuflîons , nous conti-
nuons fouvent à admirer ce qù on nous a
£iit admires dans les premières années de no-
tre vie» ôc delà peut-être kS deux partis,
» l'un des anciens , Tautre des modernes.
Remsrfues fur le mauvais ufage des
métaphores.
Les métaphores font défcd&cufes ,
I ^ . Qu;ind.,elles font tirées -de fujets bas. Le
PNc Colonia reproche à Tertulien d*avoir
dit que le déluge univerfelfut la lefjive de la nature, ^
2 • ^X^iand elles font forcées , prifes de loin
H. &; que le raport n*cft point aflez naturel ni la
^comparaifon à0èz fenfible* : corne quand
f^ Théophile a dit 7 ]e hégnerai mes mains dans Us
ûndes de tes cheveux : &t dans un autre endroit il
dit ^ue l^ charue ècoHhe la fflaine. » Théophile,
*• OitaaVditM.de ïa Bruyère , -^^ charge fes def-
ï>cs ouy, ée '\i ;%5'V. . ,. , . . * :. -t
l'cfprit. « Ignobili^ttt viûo latxirarc vidétur oUcbris aia.Termlliini
liietiphora, quli dilûyiam appéllat natîu» gencrik lixivium.
p« «rt« iUwf . p. 14<.
On
' des fins
gardd
dans 1
•^tins
mie,l
font
corps,
borgn
avoir
diftiqi
^^9
V
LA METAPHORE. 13J
9 criptions , s apcfantit fur les dctaih > il cxa-
»gèrc , il paflè le vrai dans la nature, il en
«fait- le roman.
On ^ut raportcr à la mèiiic cfpècc les
métaphores qui font tirées de fujets peu
conus. ' "
3*. Il faut aufli avoir égard aux cornue-
nances des diférens ftiles , il y a des métapho-
res qui conviènent au ftile poétique , qui fc-
roient déplacées dans le ftile oratoire : Boi-
Jcau a dit:
.^^
Ole fur là
priTe de
Namar.
Açourcz troupe fa vante ;
Des fons que ma lyre enfante
Ces arbres font réjouis.
On ne diroit pas en profe cfLune lyre enfmê
des fins. Cette obfervation a lieu aufli à l'é-
gard des autres tropes 5 par exemple : Lumen v
dans le fens propre (ignifie lumière : les poètes
•%tins ont doné ce nom à l'oeil par métôny-
mie , les yeux font Torgane de la lumière , &
font , pour ainû dire , le flambeau de notre Lueims
corps. Un jeune garçon fort aimable ctoit efiocuUs
borgne ; il avoit une focurfort belle, qui '««'• i-«<^-
avoit le même défaut î on leur apliqua xc^'"'*^' '*'
difliquc , qui fut Êiit à un^^aptre ocafion fous
k icjnc de Philipe fçcond J^.oi d'Efpagnc,
\
\
\y
1 f
s
piroice:
'ftirvc puer , lotneq .qapd habcs concède (brorî :
* Sic tu cœcus Amor , fie crit illa Venus.
Où vous voyez <Hie lumen fignific tœil , il
n'y a rien de fi ordinaire dans les poètes latins
que de trouver lûmina pour les yeux > mais
ice mot ne fe prend point en ce fens" dans la
profc.
4. On peut quclquefoi^adoucir une méta-
phore, en la changeant en comparaifon^ou
bien en ajoutant quelque corcdif: par CKcm-
pie, en difant poura'mfidire/tfm peut parler ainfiy
&c. » L'art doit être , pour ainfi dire , enté
» fur la nature j la nature foutient Tart & lui
» fert de ^afe > &: l'art enibèlit & perfèdione
•^ nature. ^
5. Lorsqu'il y a plufîeurs métaphores da
foite , il n'eft pas toujours ncceffaire qu elles
foient tirées exadtement du même fujet , co-
rne on vient de le voir dans rexpmple.précé^
dent tenté eft pris de la culture des arbres ;
fputienty hafe , font pris de Tarchitedure ; mais
il ne feut pas quon les prène de fujets opo^
fés, ni que les terrîies métaphoriques dont
Fan eft dit ck Tautre excitent des idées qui
tic puiflent point être liées , corne Ci Ton di-
Ibit rfun orateur , cf^ un torrent qui s'aime^
mcned
\
\ ,
Malgn
Feux&c
une ob
dtt Cid
mis troi
cette ce
Ecorci
térieun
couver
fcns m<
lapare;
ignorans
satnufeti
verbes
nent £
mais V
corce 5 f
vous II
técorce,
roit tp
al-
LA METAPHORE. 141
au lieu de dire , cefl un torrent qui entrant. On
a reproché à Malherbe d'avoir dit :
Prcns ta foudre Louis & va comc un lion. y. les obi
ilfaloitpIutotdlrecowieJwpifer. S^Mcn^'
' Dans les premières éditions duCidCki- ferles
mcnedifoit: - [^"/^^
\ • herbe.
Malgré des feux fi beaux qui rompent ma colère. Ad^ySo^.
Feuxôc rompent ne vont point enfèmble :-c*eft
une obfervation de T Académie fur les vers
dm Cid. Dans les éditions fuivantes on a^
mis troublent au lieu de rompent 5 je ne fai fi
cette correction répare la première faute. \
Ecorce , dans le fens propre , eft la partie ex-
térieure des arbres &c des fruits > ç eft, leur
couverture : ce mot fè dit fort bien dans un
fens métaphorique , pour marquer les dehors,
laparence des ,chofes^ ainfî Ion dit que /«
iguorans larétent à técàrc^y qn ils satachent^ qu ;7r
smnufent a fécorce : Remarquez que tous ces
verbes sarétent , satachent , samufent , conviè-
nent fort bien« avec écorce pris au propre >
mais vous ne diriez pas au propre fondrt té-
corce h fondre fç dit de la,glace ou du métal,
vous ne devez donc J)as dirç a\\ figuré fondre
técorec. J'avoue que cette exjjj^efGon me pa-.
loit: trop hardie daQs une ode de JELguITeau :
» «
i ;,/
i %^ LA METAPHORE.
pour dkcquc lliivcr cft paflK & que les gla-
ces font Sjnducs , il s'exprime de cette
forte:- ■ ; ' " -^
tir. j. Ode L'hiver, qui (î long temsa fait blanchir nos pUincj,
"^^ N'cnchainc plus le cours des paifîblcs ruiffeaux ;
; Et les jeunes zèphirs de leurs chaudes hileiifes
' Ont fondu WVartJf des eaux. *
«Chaque langue a des métaphores par-
tîculières-qui ne font point en uûge dans les
dtutres langues > par exemple : les Latins di-
foieot d*une -armée dextnm& finiflnm comu^
' & nous diibns- toile droite & toile gauche.
Il eft fi vrai que chaque langue a fcs méta-
phores propres de confacrées par Tufagc ,
que fi vdus en changez les termes par les
équivalans même qui en aprochent le plus/
vous vous rendez ridicule.
Un étranger^ qui depuis devenu un de nos
, citoyens , s'eft rendu célèbre par fes ouvra-
ges, éifrivant dans les premiers tems de fon
arivée en France , à fon proteâeur , lui difoit/
MonfeigneuTy vous avexjpoff mméàt beifaux de firth
il vouloit dire (fej nirrâi2(rx.
On dit wtettre la lumàrt fous leboiffeoUy pour
dire cacher fes talens , les rendre inutiles ,
hiSdcL* ^'^^t^»^ <itt poème de la Madeleine ne devoir
1 7. p.xx7* doncpasdirenirpr le fiémtbeémfoiu le mm.
\
t A
-»-' met:
quelle u
dans la i
au figur
Galathé
thym di
gcr dans
eft au pr
tîguré Y*
dit que (
enfuite l
roijfe à G
gncy &c.
citron va
P5(rrh
chcft de
l'cmb/âi
me en c
pièces d
ECI7. F.
■ ~ ,f
14}
XI.
I;a Syllepse Oratoire,
LA Syllcpfc oratoire eft une efpccc de 2v\a»4„
métaphore ou de comparaifon , par la- p^J^^^u^
quelle un même mot eft pris en deux fens *»>• sva-
dans la même phrafe , lun au propre, l'autre ^^^^tu^^
au figure 5 par exemple , Corydon dit que ^••
Galathq: eft pour lui plus douce que le
thym du mont Hybla 5 "^ ainfi parle ce ber-
ger dans une cglogue d^f Virgile : le mot doux
eft au propre par ràport au thym , &: il eft au
tîgurc pat rapôrt à l'impreffion que ce berger
dit que Galathce Élit fur lui. Virgile feit dire
cnfuite à un autre berger , & moi ijkoi^Me je pa-
roijfe à Galathée plus ^rmer que les herbes de Sardai^
gncyôcc. *^liosÏKrgçTsdxknt plus aigre qu un
citnmverd.
P/rrhusfils.d'Achile, lun des principaux
chefs des Grecs , &: qui eut îe^plus de part à
Tcmb/âfement delà vile de Troie , s expri-
me en ces termes dans Tune des. plus belles ,
pièces de Racine:
* • . • . Çihthxi thymo miKi dûlcior Hyblar. TiV/w
Ecl. 7. m?
*^ ... ego Sard6is ndur ùbi amârioi herbue ibidr. 41.
*•;.
:> t
\
il »
1 •
Hfe^Pcous lès liiâiix «piej^d^o dori^^
il^ûcû , chargé àî fers , dç^rcgtc» conluiiié ^^^
Sndéâe plus de fcox que je n'fn alumai.
BtmUcA auprrarc par îaport aux fcux que
PytAm àluma %is la vile de Troie 5 & il
cft au figure, paac râport à la paffipn violente
* que Fyrrhus dit q^'il reffentoit pour Andro-
^inaque. H y a\in pareil jeu de mots dans le
dffliquc qui eft gravé fur le tombeau de Det
pautère: ^
" Hic jacçt unbculiis vifu pntftantîot Argo
^ ^ Noineri Joânncs cui ninivita fuit.
Vyk âl au propre par rapoit à Argus, àqui
la.Êible done cent yeux ; & il eft au figuré
par^aport à Uefpaultère : Fauteur de Vcpita-
phéS vc^lu parler de la vue de rsefprit.
•Au rcfte cette figure joue trop fur, les mots
pour Jie pas demander bien de la circonfpec-
tion i il feut éviter les jeux de mots trop
jifeaés & tirés de loin.
\'i
'1^
S^it*9i
X'AII£G0MI«
L'Allc
met
métaphi
Ualléi
prcfentc
autre cl
entendn
compar;
autre fei
Là m<
que terr
yeux y yi
iallégoi
figuré)
phrafe €
d'abord
qu*on a
accefibii
véritabl
elles dér
rai étro
QuaiK
con{èrv<
XII.
L'Alligori^.
L'Allégorie a beaucoup de raport avec là^^^»rHÙÊLi
nnétaphorerlalkgoncncft même qu une ^^ ^^^
métaphore continuée. . nlïliiiua fi!
L'allégorie eft un. difcours , qui eft d'abord ^nificitHr^
préfenté fous ud fcns propre, qui psflroit toute R- aaa.»
autre chofe que ce qu on a deflein de cure ^^j .»^^,^^
entendre ,^ qui, cependant ne fcrt que de nano co«^*
comparaifon , pour doner Tintelligence d un ^aa» , iUa i
autre fens qu'on n exprime point . . *?*^ » *^°*
Là métaphore joint le mot figure à quel- ' v
que terme propre 5 par exemple yU/eu dévot
yeux h yeux eft au propre : au lieu que dans
lallégorie tousjes mots ont d abord un fcn$
figuré > ccft-à-dire, que tous Id mots dune
phraiè ou d'un discours allégorique forment
d'abord'un fens litéral qui n'eft pas celui
qu'on a deflein de faire entendre : Les idées
acceflbirçs dévoilent cnfitite Êicilcment le
véritable fens qu'on veut exciter d;^ns Tefprit,
elles démafqueht , pour ainfi dire ,1e (èns lit6*
rai étroit ^ elles eh (ont Implication.
Quand on a comehcé une allégorie, od doit
conlèrver dans la fuite du discours , Timage
K
i
i
X
"i*
Mad. des
HouLT.x.'
f.t8.
Y
d^t on a emprunté les premières cxptcf-
fibns. MadamJdcs Houlièrcs , fous rimagc
tfunc bergère qui parle à fes brebis , rend
compte à fes en&ns de tout ce qu elle a fait
pour leur procurer des ctabliflcmcns.i 8c
fe plaint tendrement fous cette image de la
dureté de la fortune :
Dans CCS prés fleuris
Qu'arofc la Seine ,
Chercher qui vous mène ,
Mes chères btebis :
J'ai, fait pour vous rendre
Le deftin^^plus doux , •
Ce qu'on peut atcndrc
D'une amitié tendre •, .
Mais fon long courour
Détruit, empoifonc
Tous mesïoin» pour vous ,
Et vous ab^ndpne
Aux fureurs dés loups.
Seçici - vous leur proie ,
Aimable Trpùpcau l
Vous de ce hameau
L'honeur & la joie ,
Vous qui gras & beau
Me dooiez £uxs ccfTe
a
J
; V
"•N
«j
rALlEGORtÊ. j^y
Surl'hcrbètc cpaiflc
Un plaifir nouveau r
Que je vous regrctc ! ' ^
Mais il faut céder; ^
Sans chien > fanshoulète;
iPutsJr je vous garder ?
L'injufte fortune
Me les a ravis.
tnvain f importune
Le ciel pa^ mes cris ^
Il rit de mes craintes , V
Et fourd à mes plaintes >.
Houlète , ni chien.
Il ne me rend rien.
PuifTiez - vous contentes >
Et fans mon fecouirs ,
Paifcr d'heureux jours ,
Brebis inocentts ,
Brebis mes amours. . \
Que Pan vous défende ,
Helas! il le fait-.
Je ne lui demande
Que ce fcul bienfait.
Oui , brebis chéries', ^
QuVcc tant de foin v
J'ai toujours nouries ,
' Jcprcns à témoin
_;,".■
r
Kij
»
/
T-^ï-
|r4t j^allegokie:
Ces bois , ces prairies,
Que fi les £iveun
Du Dieu des pafteurs
VoiPgardenc d*oi;trages «
Et vous font avoir
Du matin au foir "^
De gras pâturages;
J'en confcrverai
Tant que je vivrai
LflWbucc mémoire %
Et que mes chanfons ,
En mile façpns .,
- "porteront îrgloLre ;
^ ./ Du rivage heureux.
Où, vif & pom^ux;
X'afl^ qui !ne(ure
; ■ 4e$m^ & les ^urs ,
bmençint Ton cours ,.
Rend à la nature Vjr
Toute fa parure f
/dfufqu'en ces climats ';
^ Où ; fans doute,las
• D'éclaifrer le monde ,
Il va chex.Thétis
Kalumer dans L'on<
Ses ^uz amortis.
2
Cette ail
dés images
principale
qui eft eflcr
entendre à
bergère , q
ïts brebis c
ferver de c
fcroit la ]
fon impui
qu'il paroi
Houlières
pée des bc
bis > le chj
qu'elle av(
Roi. .
Cet excr
la remarq
ç^Hne allég
monflrch ÔC
race , 0 n^
riquc,quoi
mentatcur
* Id quoqi
nere coepcns
mitiuin i cem
^UJC cft inco
C. AlkgÀria.
^^
I
rALLEGOKlE. t43r ^ '
Cette allégorie eft toujours foutenue par . -
des images qui toute^t ont raport à l'image
principale par où la figure a comencc: ce
qui eft eflcnciel à TaUég^fie. * Vous pouvez '.^
entendre à la lettre tout ce difcours d une ^
bergère, qui touchée de ne pouvoir mener
ït$ brebis dans de bons pâturages, ni les pré-
ferver de ce qui peut leur nuire , leur adref-
fcroit la parole, &: fe plaindroit à elles de
fon impuiflànce : mais ce fcns , tout vrai
qu'il paroit^ n'eft pas celui que Madame dc$
Houlières avoir dans Tefprit : elle étoit ocu-
pée des befoins de fes enfans , voilà Ces bre-
bis > le chien dont elle parle , c*eft fon mari
qu'elle avoir perdu : le Dieu Pan c eft le
Roi. .
Cet exemple &it voir combien eft peu jufte Dacicr;
la remarque de M. Dacicr , qui prétend «"^«^'H^r.
Q^rnie alUgoric qui remplirait toute une pièce eft un tro'ff Vdi-
monflre', ôc qu ainfi l'Ode 1 4^ ^u i . livre çf Ho-. "^° '^o^.
race , 0 navis réfèrent , &:c. n eft point allégb- ^
rique,quoiqucn ait cru ^tiintilien &: lesco- Quint. 1. 1,»
menutcurs. Nous av^ns des pièces entières «.tfaiieg-
♦ Id qooque imprimi» eft cuihxli^ndam , nt qno ex gé-
nère cœpcris tranflati^nis , hoc déiirus, Multi enim , cum
inhiuin l tempeiUte rumpférunt, incéndiq auc ruini finiunt;
«juJt eft incoaTc^ia^iiâ icrmn ktdiSiau, Qmimt, t «• ci»
Kiii
^:
^
-4^
v,X
-iso t ALLEGORIE.
toutes allégoriques. On peut voir, dans To-
jraifonde Ciccron contre Pifon, ^ùacxcnv-
ple de 1 allégorie , où , côme Horace, Cicér
ron compare la République Romaine à un
vaiflèau agite par la tempête.
L'allégorie cft fort en ufagc dajjis les pro-
verbes. Les proverbes allégoriques ont d Sa-
bord un (ens propre qui eft vrai , mais qui
Jî eft pas te qu on veut principalement feire
pntcndrc : on dit familièrement tant vx U
€ruche à Nofiy quà h fin eUeft: hrifé > c*eft*à-dire,
q[ue , qu^uni onafironte trop fouyent les dan-
gers , à la fin on y périt ; ou que, quand oiî
scxpofc frcqucnment aux ocafîons de pé-
cher , on finit par y fuccombcr.
Les fidiions que Ton débitg^copic des hif-
foirès poiir en tirer quelque moralité, font
écs allégories qu'on apcle apologues , paraboles,
on fahks mordes 5 telles font les fables d'Efo-
pe. Ce flit par un apologue que Ménénius
Agrippa rapcla, autrefois la populace romai-
/
♦ N«Quc tam fiii timidas , nt qui in mitimi» rurbinibui.
ac flu6tibus Rcipublica: luvcm gubcrnaffcin , falvitncjuc m
porta collocilTem ; frojitis lux nubccùlam , tum coUéga*
nui contamiuitum i'piritum pentmérccrem. Alio^ego vidi
;^ntos, i!iâs profp^xi iaimo Mocëllas : ilu^ iinpcudéntibus
tcmpcilivibus non ceflfi ^£tà. nis unum me pro 6nuHum ù'
l^tc éb.tuli. Cic. in JpiC n. ix. aliter , lo. & i<.
^
«•
VALLEGORIÇ. ^ »îf
' tic , qui mécontente du Sénat s'étoit^rctirèo
for une montagne. Ce que ni l'autorité des
loix , ni la dignité des Magiftrats Romains,
n'a voient pu &irç , fc fit par les charmes de
Tapologùe.
. Souvent les anciens ont expliqué par une
hiftoire fabuleufe les éfets naturels 4ont ils
ignoroieiit les caufes 5 àc dans la fuite on a
doné desfens allégoriques à ces hiftoires. '
Ce n'cft plus la vapeur tjui produit le toncrre\,
C'cft 'Jupiter armé pour cfra yer la terre ;
Un orage terrible ^x yeux des matelots ,
Ccft Neptune en couroux qui gourmande les iîotsi
Echo n*eft plus un Ton qui dans l*air retentifTe ,
C*cft une Nymphe en pleurs qui fc plaint de
Narciffc.
Cette manière de philofopher fiate llmagir
patibn > elle amufe le peuple , qui aime le
merveilleux 5^ elle eft bien plus focile que
les recherches exadlesque l'efprit méthodi-'
qiic a introduites dans ces derniers tems. JLes
amateurs de la fîmple véri|^ aiment biea
mieux avouer qu^ils ignorent, que de fixer
ainfî leur efprit à àss illufions.
Les chercheurs de la pierre philofophale
j'cxprimcnt'auflî par allégorie dans leurs li*.
; Kiiij :
T
Boil^âu ,
Art Pocc«
cKonc iiu
%
v_
;,A .... •...
t^pw*»*" —
4
tji l'ALLEGO K ÏE.
yrc^ ce qui donc à ces livres un air de mif*
tère & de profondeur que la (implicite de la
vérité nepouroit jamais leur concilier. Ainfi
ils couvrent fous les voiles miftéricux de
^ 1 allégorie , les uns leur fourberie , & les au-'
très leur Ânaftifme , je veux dire , leur foie
perfuafion. En éfct , la nature n*a qu'une vèic
dans Tes opérations ^ voie unique que Tart
peut contrefaire, à la vérité, mais quil ne
peut jamais imitçr parfaitement. Il eft auffi
impoffiblç de fàirç de Tor par un moyen di-
ferent de celui dont la nature fc fdrt pour
former Tor , qu il eft impoflîble de faire un
grain de blé dune manière diférehte de celle
qu'elle emploie pour produire le blé*
Le terme de matière générale n*eft qu une idée
abfbraite qui nVxprimc rien de réel , c eft-à-
-^ dire, rien qui.exifte hors de netrc imagina-
tion. Il n'y a point dans la nature une ma-
tière générale dont l'art puiflè faire tout-tc
qu'il veut : c'eft ainfî qu'il n'y a point une
blancheur générale d'où l'on puiflc former
des objets belles. C'eft des divers objets
blancs qu*çft venue l'idée de blanch^uf^co-
me nous l'expliquerons dans la fuites 8c c*eft
des divers corps particuliers, dont nousfo-
mès a&âés en unt de manières di£rèntcs,
■'^.•^
rie :
L
Kj^'
. r ALLEGORIE. ijj
que s'cft formée en nous l'idcc abftraitc de
matière générale. C*eft paffcr de l^prdrc idéal
à Tordre phyfiquc que d'inuginer un autre
^ftème.
Les énigmes font auffî une cfpèce d'allégo-
rie : nous en avons de fort belles en vers
françois. L énigme eft un difeours qui ne fait
point conoitre lobjet à quoi il convient , &
c'eft cet ob|et qu'on propofe à deviner.^ Ce dif^
cours ne doit point renfermer de circonftan-
ce qui ne convié ne pas au mot de l'énigme.
Obfervez que lenigme cache avec foin ce
qui peut la dévoiler , mais les autres efpèces .
d allégories ne doivent point être des énig-
mes, elles doivent être exprimées de ma-
nière qu'on puiffe aifément en Élire Tapli-
cation.
XIII.
«
L' A.LL U SI ON.
LEs allufîons & les. jeux de mots ont en- Aiiû<ler:.
core du raport avec Fallégorie : lallégo- \^^; ^ ^"•
rie préfente un fens , &: en fait entendre un
autre : c*eft ce qui arivc aufïï dans les allu-
fîons, & dans la plupart des jeux de mots , m^
altims ex âltcri notàtio. On Êtit alluiion à
\
v.,y
(
Henriaje ^
Hift. de
l'Acoa. T.
I, p. X77,
tf4 l/ALlUSJOJT.
Thiftoirc, à la &ble , aux coutumes; &qudt^
quefois même on joue fur les mots, ' \. ^ ,
Ton Roi , /eune Biron , te fauve enfin la vie ;
Il c*aracbe fanglant aux Fureurs des foldits ,
^ ï)ont les (oup$ redoubles achevoicnt ton trépas:
> VTuvisi.fonge du moins à lui reftcr fidèle.
.Ce dernier vers feit allufîpn à la raalhcureu-
fc cônfpiration du Maréchâi de Biron j il en
rapèle le fouvenir.
Voitujrç; étojt fils d un marchand de vin :
un jour qu'iljouoit aux proverbes avec à^s
Darnes^ Ma<i^n^è des Loges lui dit , celui-là ne
vaut rien , perceT^nous en d'un autre ; On voit
que cette dame fcfoit une maligne allufion
aux tojjeaux de vin > car percer fc dit d un
toneatii , & non pas d'un proverb| : ainfi elle
icveîlloit malicieufement dans Tefprit de laf-
fcmbléelc fouvenir humiliant de la naiflance
de Voiture. C*eft en. cela que confiftc Tallu-
fion 5 elle réveille des idées acceflbires.
A 4 égard des allufîons qui ne confiftent
que dans un jeu de mots, il vaut mieux par-
ler & écrire Amplement , que de s'amUfer à
des jeux de mots puériles , froids, &: fades :
en voici un exemple dans cct^c épitaphe de
©efpaut^rc:
m
/«
L'ALLUSION. 115
Grainmaticam fcivit , multos dccuitquç pcr annos;
Dcclinâre tamcfi non pocuic tumulufn.
Vous voyez que l'auteur joue fur la double ^
fignificatioh de- </f c/inire. « '
Il fut la Grammaire , il Tenfcigna pendant
"plùfieurs années , &: cependant il ne put dc^
cJiner le mot tàmulus. Selon cette tradudion ,
lapenfee eft fauffej car Defpautèrc favoit
fort bien dçcliner tûmulus.
Que fi Tdn ne prend point tûmulus maté-
rièlement , &: qu on le prène pour ce qu il
fignifie, ceft-à^ire , pour 7e^ow^e<ï« ,& par
métonymie pour la mort 5 alors il faudra tra-
duire que maigre toute la conoiffanct que Sefpautère
avoit de la Grammaire , il ne put éviter là mort 5 ce
qui n a ni fel , ni xaifon î car on fait bien que
la Grammaire n exente pas de la néceffité de
mourir.
La tradudioh eft 1 ecfleil de ces fortes de
fehfées : quàndiine perifée eft folide ; tout ce
quelle a de réalité fe conferve dari^la tra-
dudlion > mais quand toute fà valeur ne con-
iîfte que dans un jeu de mots, ce £iux brillant
ic diflîpe par la traduction. a
Ce n*cft pa5 toutefois qu'une mufc uû peu Sue y^„ p^j^\^
Sur un mot', en pafTant , ne joue & ne badine j ^^^ *•.
< A
y^
* >
' r
x_
■'^.^i^^ftm^'
•Acaa.
l'Aies.
Xf^ rAlLUSIOKi
^£c d'un fens détourné n'abufe avec fuccès %
Mais fuyez fur ce point un ridicule excès*
îles Ro- Dans le placct que M/ Robin préfcnta aa
*°^"j[^ Roi pour être niaintenu dans la pofleffion
dune ile qu'il avoit dans le RJionc , il s'ex-
prime en ces termes :
Qu*eft-cc en éfct pour toi^ Grand Monarque des
' j Gaules , -
Qu'un peu de fable & de gravier ?
.Que faire de mon île f Iln'y croît que des faules; '
Et ru n*ai mes que le laurier.
SaUles eft pris dans le fens propre , &: Uiiricr
dans le icnsiigurc : mais ce jeu prcfente à
Tefprit une penfce très fine 6c très folidc. Il
faut pourtant obferver qu elle n*a de véritç
que parmi les nations ou k laurier eft regarde
come le fîmbole de la vidoire.
Les alluiions doivent être facilement aper-
çue. Celles que nos poètes font à la &ble
font défcdueufes , quand le fujet auquel elles
ont raport n'eft pas aflcz conu. ^alÊcrbc
dans (es ftances à M. du Pcrier ^ pour le con-
foler de la mort de fa fille » lui dit :
ion n'a plus les ans qui le firent cigale^
Et Pluton aujourd'hui ,
■n^-m^-- Z' AL LUS 101^. i^r
^âns' égard du padi les mérites égale
D' Archcmorc & de lui.
Il y a peu de Içàeùrs qui conoiflènt Archc-
morc, c*cftun ciîÊint du tems fabuleux. Sa
nouricc l'ayant quitté pour quelques mo-
mens , un ferpent vint &: Tétoufà. Malherbe
veut dire que Tithon après une longue vie.,
s'eft trouve à la mort au mém^ point qu'Ar-
chemore , qui ne vécut que peu de jours.
L auteur du poème de la Madeleine , dans
une apoftrophe à lamour prophane , dit,
w parlant de Jefus O^hrift :
Puisque cet Antéros t*a fi bien defarmé :
Le mot à^ Antéros n'eft guère conox^uc^es fa-
vans , c cft uft. mot grec qui fignifie contit-
Wonrrcctoit une divinité du Paganifme 5 le
Dieu vengeur d*un amour méprifé. '
• Ce poème de la Madeleine eft rempli de
jeux de mots,&: d alluiîons fi recherchées,quc
malgré le rçfped du au fujet , &: la bone in-
tention de Fauteur , il cft dificile qu en lifanç
cet ouvrage on ne foit point afe^é corne on
Teft à la Icâurc d'un ouvrage burle(que. Les
^ figures doivent venir , pour ainfi dire , d'elles
«ncmes > elles doivent liaitre du fu|et , & ic ^
prcfcntcr xuturèlemcnt à l'ciprit , corne nous
^
H-
L. 1^
pâg.
f
/
ij« CÂLLVstdn:
l'avons remarqué ailleurs : quand c'eft Td*
fnï qui va les chercher, clle$ dép^aifent,
elles étoncnt ^ ^ fouvent fbnr fire par IV
nion bizare de deux idées , dont Tude ne de-^
voit ^mai^ être aflbrtie avec Fautre, Qcii
«•oiroit, par exemple , que jamais le jeu de
piquet dut entrer dans un poème iait pour
décrire la pénitence àc la charité de faintc
Madeleine ; &: que ce jeu dut fiiiré^ naitre U
pcnféc de fe doncr la difcipline {
Plquex-Vous feulement de jouer au piquet , '
A celui que j'entens qui fe fait fans caquet }
J'tntcns que vous preniez par fois la difcipline j»
Et qu^rvec ce beau jeu vous faflîcz bone mine.
On ne s*atcnd pas non plus à trouver les ter*-
mes de Grammaire détaillés dans un ouvra-
ge qui porte pour titre, le nom de fàinte Ma-
deleine 5 ni que Tauteur inugine je ne fai
quel raport entre la Granuimre &c les exer-
cices de cette Sainte ; cependant une tcte
de mort & une difcipline font lies iludim£NS
de Madeleine.
1(jnL 1.1. p. Et regardant toujours ce têt de trépafll^
il. ifëâcc £jjç ^Qjç j^j FUTUR dans ce présent passe*.
. A. . . I
£t c>ft fa difcipline « & tous fcs châtimens ,
Qi^ lui font comcnccr ces rudes rudimins*
Pôèmcde
la Madelei-
ne , l. 3.
Pendant
î)e fon 1
Tems d<
Par tant
Et le p
D'un, an
Puis par
Que je
» • • •
Prenant
Le »o
I
Vouî
tALLUStOK. t59
Çé qui b fait trcmbier pour fou grammairien,
Ccft de voir , par un cas du |out déraifonnablc ,
Que Ton amour lui rend la mort indecunable ^
Et qu*ACTiF corne il eft aufli bien qu'excefllf
Il le rend à ce point d'impafnble Passif.
O que Pamour eft grand , & la douleur amcre ,
Qnand un verbe passif fait toute fa grammaire I
La muse pour cela me dir , non fans raifon , -
Que toujours Ja première cft fa conjugaison.
Sachant bien qu'en aimant elle peut tout pré-
tendre , ' -
Come tout ENSEIGNER , tOUt URE , & tOUtlN»
r TENDRE ,
Pendant qu'elle s*ocupe ï punir le forfait
De fonTEMS PRETERIT qui ne fut.qu'iMPARFAiT,
Tems de qui le F u t u R^éparera les„ pertes
Par tant d'aflidions & de peines foufcrtes ;
Et le PRESENT efttel, que c'cft Tindicatif,
D'un^amour qui s*en va jufqu'à i'i n F i n i t if.
Puis par un optatif ^ ah ! plut à Dieu, dit-elle^
Que je q^'eudè jamais été iî criminelle î \
Prenant avec plaifir , dans l'ardeur qui la brûle ,
Le ÉioirET pour difcipline, te la croix pour
FERULE.
Vous voyez qu'il tfoublic rien. Cet ouvra-
v_
r
<^^
Q>
i^e H ALLVsiàHt.
pteft rempli d un nombre infini d*alla(ipns
att|E techerchées , pour tie pas dire, aufll ^ué-'
riles. Le dé&ut de jugement qui empèse
de fentir ce qui eft oU ce qui n'eft pas à pro-
pos , & le defir inal entendu dç montrer de
refprit bc de faire parade de ce qu on fait , en-
£mtentices produâions ridicules.
Ce ftilc figuré , dont on Êiit vanité ,
Sort du bon caraâère & de la vérité ;
Ce n*cft que jeux dcjnots , qu'afcdation pure ,
£t ce n*eft pas ainfi que parle la nature.
rajouterai encore ici une rémarque , à pro-
pos de Tallufion : c'eft que nous avons en no-
tre langue un grand nombre de chansons,
iJont lefens litcral, fous une aparence de fim-
plicitc , eft rempli d allufions obfcéncs. Les
auteurs fie ces produdion$ font coupables
dune infinité de penfèesdont ils faliflcnt l'i-
magination > &; d'ailleurs ils fe deshonorent
dans TeTprit des honctes gens. Ceux qui dans
des'ouvrages fcricux tombent par fimplicité
"dans le même inconvénient que les fcfeurs de
chansons, ne font guère moins rcpréhenfi-'
bjçs , & fç rendent plus ridicules..
Quintilien, tout païen iju il ètoit , veut que
ik>n feulement on évite ks paroles obfcénes,
; - mais
lirtâîs en
idées do
Untkm d
'^y^ On d
" i\ aille
-»dcsailt
» intcrpr
"pritph
>» coeur c
» fe(VoJc
» tcur Ç^
», blefîè c
. » faire n;
» pr^t
»>dansui
î^cft fîfq
»de mq
* Hoc vi
in obfcani
ûnûè 4: an
<]ilitehiis vc
^mitiam?
na^ ut .
qua« p^rfe<
>nus,coxnn
t\êm I»u<i6r
f icriquc ot
^rbis 0|]c
turpitûdioii
tjtLZUSIOJff^ . t6t '
Hkfe encore tout ce qui peut rcveillcr des
idées d obfccnité. Ohfiœnitas vti^ non kverbis ^atlf^-
Untum abéjfe débet ^ fed étiam àfignificaùwe. i.vi. q.^M
^» On doit éviter avec foin çn écrivant , dit- ^^^
" il ailleurs^ "^ tout ce qui peutdoner lieu à
*» des allufîons deshonptes. Je fai bien que ces
» interprétations viènent fouvcnt Mans i'ef^
» prit plutôt par un éfet de la corruption du.
» coeur de ceux qui lifent, que par la mau vai-
» fc (Volonté de celui qui écrit > mais uii au-
» teur fage &: éclairé <ioit avoir égard à la foi- Ci
», bleflè de (es ledeurs , &: prendre garde de
)î Élire naittc de pareilles idées dans leiir et ^
» prit : car enfin nous vivons aujourd'hui
»>dinsun ficelé où Timagination des homei
î) cft fî fort gâtée , qu'il y a un grand nombre
n de m^s qui étoient autrefois très hohètes ,
* Hoc vitimn «<»«•'?«▼•» vocitur t five nulâ confuctudino-
in obTcocnum intcll^^him fermo dctôrtus cft . . . . 4i^
fajiâè 9c antique ridëntur à nobis : <^Uam culpam non fctU
b^ici^m quidcm jûdico , fcd Icg^mium , tamcn vitinda |
qditeftas verba hon^fla méribus perdidimus , & evincéilci* *
biQ àtam vitiis cedénâum4,cft. Sive junûura dcformiccr fo*'
na^ ut ... 4 . i\\M cou jun^b6hcs iii^nid similc ficiunfe *
. qoif pérfeqni.longom eft, in eo vitio quod vitindum dki-
mus, commoiintes, ied divifio quoQuc aftèrt eindem injû**
Jriam ^ud6ri. Wcc fcripto modo id àccidic ; fed ^tiam fenTu
plcrique obfcœnè intelligcrc , nifi ci verts , c^piuni , ac ex
Tcrbis aujc longidîm^ ab obrcanitice ab(iint , occâ(î6neai '
turpttûdinii ripeie. fiuint, Jnft. Oxac* lib irîii. c. ). 4«
L
s^^
: y :
V.
«»w*
\
pifimmU.
9*0 in «M-
êioMt»
Botlezn,
Sac xz*
/
ïfALLVSfOir.
» dont il ne nous efl: plus permis de nous ièr?
»vir par Tabus qu'on en £ût : de. fprtév
»quc fàAs une açcntion fcrupulcufe de là
«part de celui qui écrit , fes ledeurs' trou*
9 vent malignement à rire en faliirant leur*"*
» imagination avec des mots,qui, par eux mê-
D mes , font très éloignés dd rpbfcénitc.
XIV.
L* I R O N I E.
L Ironie tft une figure par^laqiicIIeonveuC
Élire* entendre le contraire de ce qù oa
dit : ainfi les mots dont on fe fert dans l'iro- '
nie ne font pas pris dans le icns^ropre &:
litéral.
Mf, Boilcau, qui n*a pas rendu à Qui-.
nault toute la jufldce que le public lui a ren-
ilue depuis- 9 a dit par ironie :
Je le déclare donc^ CJuinaulced un Virgile.
Il voulqit dire un mauvais poète.
Les idées acccflbiresTont d'un grand ufagc
dans TironieL Iç ton de la voix , & plus encore
la conoiflàncc du mérite ou du démérite pcr-
ibnel de quelqu un , âd de k £^on de penfcr
de celui qui parle , fctvcQt^^Ius à fûre conoi*
/
tre Vit
Vn hc
Cicérc
les moi
fait un
le dïCcQ
Tout
mèned
Adcp
e»cft ur
iîcurs ex
Je ne fa
cette figi
qu'il Ta
Cicéri
pour Lij
<inte bunc
loraifor
de riroi
difoit qJ
ccdoinej
haité icsf
>»eftmai[
"laV
/
/
treVîromc, que lc$ patolcs dont oh rcfcrt.
Vn home s*écric, 6h k bel efprit \ Parlc-t-il de
Cicéron ,d*Horace ) il«*y a point là d'ironie
les mots font pris dans le fens j)roùrc : Parlc-
t-il de Zoïlc? Ceft une ironie. Ainfi Tironic^
fait unefatire , avec les mêmes paroles donc
kdifcpurs ordinaire fait un éloge.
Tout le monde fait ce vers du père de Chir-
mène dans le Cid : »
n
r
X
\
A de plus hauts partis Rodrigue doit prétendre.
e*eft une ironie. On en peut remarquer plu-
(icurs exemples dans Balzac oc dans Voiture*
Je ne fai fi lufaccque ces auteurs ont faitjlc
cette figure fçroit aujourd'hui auffi bien reçu,
qu il Ta été 4e leur tems. x
Cicéron comeifce par une ixot^c loràifon
polir Ligarius. NâVum crimen , uâ^é^ar , &•
4nte bknc diem inaudïtum , &:c. ^11 y a àuflî dans
loràifon contre Pifjbn un fort bel exemple
de rironic : c cft à/1 ocafion de ce quc^Pifoi»
difoit que s il n*avoit pas triomphé de la Ma-»
cédoine,c*étoit parce qu'il n'avoit jam^s fou-
haitc Icshoncursdutri^phc. »Que Pompée
>» cft malheureux , dit Ciccroo , *.dc ûcppu-
* Non dk fntcgrum Cn. Pomp^io , condlio JAin ^ti tao i
«rriTÙ cnim. Noaguftirac iilam cuani philofiSf liiaiij;tcr,f«tit-
k)mo ftaltus , uiumphivil. kc. Ci€. in Pifoa. n. ci. liiy;
Lij •
Corn» CiJi
aâf.l.fc. Il,
-•^
,/
\
r*
— «
/K
'.:**■
</
^«4 ^'' • VlK'OftlE.
, •vciirpiroiîtçrdçvotrcconfcii! Ôh/qu'ilacu
/ » tort de navdir point eu degput pour votre
)>philofophie^! Il à eu la k\ii de triompher
» trois fois. Jelougis , CrajÇTus , de votre con-
Vidd(|df Quoi, yôusavez brigué Thoneurdu
» triomphe avec tant dcmpreflcmerit ! àcc.
/
. ^
L'EUPHEMliMJE.
ru|iM''A»,V, Y* Euphéniifmc cft une figure par laquelle
ni* capti- *^ on dcguife dcs idées defagréables, odieu-
t^Mte»urt fes,ou triftes/ous des noms qui rie font point
x«rf '"d*?"^ ^^ noms propres de ^cs id^ : ils leur fcr-
hiem, htm- ycut ccj^m^ae voilc^, &: ils en expriment en
Z^fl^i'^ji àparence de plus agréables , de moins cho-
dit* quantes^ ou de plus honêtes,iclon le befoiiii
5 par exemple : ce feroit reprocher à un ou-
vrier ou à un valet labaflèflc de fon état,
que de Tapeler ouvrier ou vakt s on leur donc
4'a*itres noms plus honctés qui ne doivent
pas être pris dans le fens propre. C'eft ainfi
que le bourreau eft apelé par honeur , Icmai-
$re des hautes teuvres.
C*eft par \a même raifon qu'on done à ccr-
taiiies étofes groflières le nom dctofcs plus
fiocs > pac exemple : oa apelc v^fe«n d€ Mon-
riène une
Maurièr
pauvres
une forte
blés de <
<iu nom <
brique ai
Un ou
quelle or
fon payer
p^eT^ moi
plus rien à
Nous <
vous benij]
vous doner.
Sonvjtè
que d^ lui
Les Lai
de leur ir
lieu de réj
Quand
" nous pei
« celui qu^
"» du mot
.)
■ivgjfVMi''^^''
^ rSU PifÈMISME. i6si
tiène une forte de gros drap qu'on fait en
Mauricne , province de Savoie , & dont les
pauvres Savoyards font habillés. Il y a àuOi
une forte d'ctotc de fîl , dont on fait des meu-
blés de campagne 5 on honore cette ctofc
du nom de damas de Caux , parce quelle fe fa-
brique au pays de Caux en Normandie.
Un ouvrier quia tait labcfogne pour la-
quelle on Ta fait venir, &c qui n atcnd plus que
Ton payement pour fc retirer , au lieu de dire
p^cii moi , dit par euphcmifme , n'^ve^ ^ons
plus rien à rnordoner.
Nous difons auiïî , Dieu vous a/fifle , Dieu.
vous benijfe y plutôt que de dire , jcnairien à
vous doner»
Sou\^rpolK,congc|||^ quelqu'un on lui
((it,!;^//^ {fui cjl bien y je vous remercie, plutôt,
que d(i lui dire aîe':i^ vous-en.
Les Latins fe fer voient dans le même fens
de leur re6iè , qui à la lettre fîgnific bien , au
lieu de répondre qu ils n avoient rien à dire.
^ Quand nous, nç voulons pas dii;c ce que
» nous penfbns ^ de peur de |àire de la p):ine à
n celui qui pou^ intéroge > nous aous firrvons
udu mot de reêièy dit Donat. ^
y
\
* M,ti^ èltcimut en m fîn< ififurià interrogiatts il^uir) ie«
^aiM. JMmt. ia Tcrcm. Hcicyr, jki 5. Se x, w^ xo. •
-^
,
Sodrâta^dansTcrence, t dità Ton fils ?^m«
nMftjî^l IlrépondsirâèffMter. Totavalrienymi
mkrt y. Madame D^cicr traduit , fieuy ms mérey
tel e(l k tour françois.
, Dans une autre comédie de Tcrcncc , Cli-
tiphôn die que quand (à maitreflè lui deman*
écâQ i*argcnt, il fe tire d'àfàire en lui répon-
4am reâè , c'eftvà-dirc , en lui douant de bel-
fe& espérances : car , dàt-'A , fe liosems Im avouer
4«e fe néU rkn > h mât de rim eft im mot fimefle.
Madame Dâcicr a mieux aime traduire ,
hrsqùdU me demande de tardent , fe ne fais (jut^
ÉÊonmter emre les dents ) cist je nai garde âe lui dire
fue je n ai pas le fou. , y
Si MaxJame Dacier tut été plus entendue^
qu*elle rte Fétoit en galanterie , die auroic
bien fenti que marmoter èntue les dents y rfétoit
(Kisune contenance tipp propre à faire nai-
tre dani une coquète l^érance d\m prc
Il y "a^jc^t toujoats un t«î^ fow^tcndu
avec rr^Tibi» âdmones. % JSgo ^Hwcfcpfi^ i^t
♦• îbid. aar. fiant videro. «^ Reé MdeSi,È^%Mf - t ';
a. fc. tf . V, ^ ^ Q^^ Ucrymas ? QJjia te ^ WllH« ♦• ^ ioimi^
*«ît* ù.,„» y*»*. Hccyr. a£^. 3. fc. i.
att. î.ici. ^j^^ ^^^ ^ ^^^^ u» t«f*ilJi(MlNtP^*^
♦ Andr-aftl
5. fc 4.
v: fo
gent 5
fèroiei
Aini
dife *
notre
de ce
dcpâi
vous p
tout in
Dar
jours
desho
croicr
Hcatc
ioûtd*
pour
dir^U
corné
reUPHEMiSME. x6f
A l'égard du reOè de la 2** fcènc du III. adc •
de THécyrc , il &ulr fous-entcidrc ou vâieo^:
itBè vàleo i ou rtfîfè mhi cônfnlo , ou enfin quci-
qu autre mot pareil , çome res benè fe hakety 6cci
Pamphile vouloit exciter cette idée dans lef-
prit de fa mérc pour en éluder la demande.
Pour cequicftdçrautre rffiK^^Clitiphon ^^'^j.^^^
voul&t. faire entendre à fa maitreflc ^ qu'il
avoit des reOburccs pour lui trouver de l'ar-
gent 5 que tout iroit bien , ôc que fes deiirs
feroient enfin fatisfaits.
Ainfi , quoique Madame Dacier nous
dife.* que nous n'avons point de mot en ^^J^^'"^^'^
notre labgue qui puifle exprimer la force rur u <c i^
de ce r^ , je crois qu il répond à ces façons ^^^ ^^f^;'*^
de parler , cela va bien , cela ne va pas ft mal que
vûMs penfes^ ; tpurage Uly a efférance , cela ej\ boni
fout ira bien y tcc. v> ^
Dans tout^ tes nations policées on a tou-
jours évite les tcnnesqui expriment des idées
deshonètes. Lci pcrsones peu inftruitcs
croient iglMsle^ Latins n'ayoient pas cette dé-
Hcatcfferc^cft une erreur. H eft vrai qu'au-
ioartfhui on a^ ijftelqocfbis tecours au latin
pour «primer àt»^ idées dont on n'oferoit
dir^ le mot propre en françois > niais ç'eft que
comc nous tfavons apris les mots latins que
Xiiij •;
f
/
/
l,«-
''
4ans les livres , ils fe pré&ntent à nous avec
une idée Oiicccfloire d érudition & de levure,
qui s*cmparc d'abord de l'imagination ; elle
k , partage , clic cnvelopc, en quelque forte,
lldéie doshonètc , elle lecarrc, &ne la feit
. voir que de loin ; ce font deux objets que
Fon préiente alors à rimâ^nation , dont le
premier eft le mot latin qui couvre ridée qui
îç fuit , ainfî ces mots fervent corne dé voile
àc de périphrafe à ces idées peu honètcs : au
lieu q^e corne nous fomes acoutumcs aux
>notsde notre langue , Tefprit n'eft pas par-
tagé à les entendre : ainfî il ne s'ocupé que
des objets qu'ils fignificnt \ il les regarde de
;* plus. près. Mais dans le tems que le latin &:
Je grec ctoient des lalngucs vivantes , & quo
1^ Grecs &: Içs Romains eurent ateint un
certain degré de politefTe, les honètesgens
' jnénageoient les termes comc nous Icsménà-
. geons en François , ÔC leur fcrup^lû aloit mê-
me quelquefois fi loin ^qu'ils cvitoient la
rencontre des fylabes, qui, jointes, cnfcmbie,
0r4t.ii, auroient pu réveiller *des idées deshonétes.
1 |4,aUtci ^^p, ,14 dkerétur^ olffc^às t&ncûrrercnt lïttera ,
înftiomi. dit Cicéron, & Quintâién a &it la même
^?<'t^-3- rcmarcpie.
fn, Î5c dirais tu potjnt mourir de hon-
*^ , d
* .Non
piidcc die
pduitfa
Egofe
ris mbis
ôpbnére.
coilccbui
: Mos £
vcftiricr <
TIII. V.
Vileat
Caftraj
i>EU TREMIE me: ié§^
»«te , dit Chtémcs à fon fils , * d'avoir txx
» rinfolencc 1 d:amcncr à mes yeux , dans
>» ma propre maifon , une .... je tfofe pro^
» noncer un jnot deshonète en préfcnce de
» ta mcre , ^r tu as bien ofc comctrc une
» adion infâme dans notre propre maifon !
C etoit par la même figure qu'au lieu de
dire/e vous ah^done , je ne m mets point en peine
de vous, jevoiisqme.ks anciens difoicht fou-
^^^t,vive7i,^orte7i'VoHsbien. Five^, forêts , ^^'
cettej éxpreflion , dans Tendroit où Virgile
s'en eft fervi , qe marque pas lih fouhait que
le berger fiiOe aux forets , il veut dire fim-*
plement quil les abandone.
Ih d^Cpicnt aufiî quelquefois , avoir vécu \
* .Non raihi per falMcias addûcerc anre oculos . .' . ." ,
podct dicere hic prarfentc verbum turpcf^àt leid aollo inodo»
pjdiiit Êîccre. ï^caut. adl. j, Te. 4. v. iS»« *,
Ego fcrvo & (èrvibo Platonis verccùadiaili. Itaquc, tec^,
tiiTCtbis, ea ad te fcrtpii , quac apcrtiAuiiit agunt Stôf'
ci lUi étiam crépicus aiônt atquè libetos ,ac ruéhis , cffc .
ôportére. Oc. 1. ir. Enift. it.
JE<^ ekdcm mod^iâ , pétiils cum muliere fuîflè,qttàm
coriccbuiflê , dicébant. r-trr# de ling. lat. 1. v. fub fin.
'■ Mos foit , tes turpes & ftsdas proUtu , honefti6rum coii«
" vcfliricr digaitite. Arn»^. l y. ^ - *
♦•J^nifvia vcl m^um fiaQt mait , vkite fylvx. Vifg. Ec
▼ III. V. y 8.
Viieanr , qui iater nos diiOdium voIoai;. Ttr. AfoL ad.
'>f* fc 1. Vi 13. . ^
Caftra peco : valcatque Venus, ralcantque pùdùc* Tièulk
I. ^^. £1. tf, V. ^, - ■ ■' ':'r*,yf- ■'■-'r] V'- •
^»
:^'-
j;- v^
-y. •
Ka
k-^
■*•
0Doirkè^ s*cnêfrc ëUj avoir pâfsé par la vk , [t^J^
jEmôSitfx^^Jau licudedlre67rffiorr,le termedc
mêànr leur paroUToit ea certaines ocafions uti
»otfuncftc^ . . '
Les àtickqs portoientla fuperftition juf-
qu*4 cséiie qu'il y avoit des mots de mau-
tais augme ^ dont la feule prononciation
pouvoit atircr quelque nialKcur : corne fi
Jcs p^MX>les y qui ne font qu'un air mis en
mouvement , pouvoient produire , par elles
mêmes , que]qu*autre éfèt dans la nature,
que celui d'exciter dans l'air un ébranlement,
qui , fè comunkiuant à lorgane de l'ouie ,
fiit naitre dans Pefprir des homes les idées
dont ils fùtit convenus pat l'éducation qu'ils
ont reçue. ^
Cette JR^|M»ftidon par^ifToit encore plus dans
les cérciiioiiiès de là religion : on craignoit
de doner^tut Dieux quelque nom qui leur
&Lt defàgrcâble. On étoit averti**^ au c^
ri^ : HTt délivré éif i'étjrt Ml^ifé 4«, . ^
^ Malè oimpitis pixctte mmct tufthm éCsutns , malè
aoniisétis. Ifêr- 1. 3,. i>d, 14» , ,
.fAvëte lioguis. H*r. L 3. oA. u,
Orc hvéte wnnts^ P^rg. &n.\. f. t. 71.*
.&ckmm boni rcrba^venit natilis , ad aras*
QQiiqtiis a(ies , linguâ , vit mali^r^ife fave. TibnU, I/a;
fjnkc dicàida boQo^fum booayerl
1 1. V. 71. ^
&ri<iir4itiguiTque ammifaoe fàvéte
aac ravete , v ,
rba,diifc.O%/. Fa(l#
pourq
dire a
îly
crifice
biend
cérém
mBan
ter da
f#riioi
moicenient du iàcrifice ou de la cérémonie^
de prendre garde de prônonofcr aucun mot
qui pûi atlicrtjuciquc malheur, de ne dhe
que de boncs paroles , kona verba fm , enfin
rfêtre Êi\'Ojrablc de la langue , favhe lingmi ,
ou lingHâ.ou ore 5 &:de garder plutôt le file&cc,
que de prononcer quelque mot funefte qui
put déplaire aux Dieux : & c**cft delà que
favéte Unguis (ignifie par extenfioji faites fiience.
Par la même raifon ou plutôt par le même
fehatifme , lorsqu'un oifeau avoit été de boit
augure, & que ce qu'on devoir atendredc
cet heureux prcfagc étoit détruit par un au-
gure contraire, ce fécond augure ne sape-
Iwt point mauvais augure i mais Ample-
ment Uutre augure , "* ou f/rirtiT oifeau. C*eft
pourquoj^, dit Feftus , ce terme oto", veut
dire quelquefois contraire , mauvais. 1 '
. Il y a|lroit des m& consacrés pour les fi^
orifices, dont kfens propre ec litéral étoit
bien diférent de ce qu'ils (iguifioientdans ces
cérémonies fuperftitîeufcs; p^a^t exemple:
fiMBare, qui veut dire àagis auSare^, ay^wea*
ter davantage ,.fc difoit des viOimês fi^n
\.
J
** Altef , & pro non })Otio ^nitur , ut in àttgûri» , Mtna
«iWi "appelttmr «Wi quae ûtiauc prôfpe.-* twn cftj'ftc «/-
i#riK)naiin<ju4m proadrérfo oicUur ^saalQ.FiJi»f,y'^if*^*
&
y
:&■
IP^»?**^'
^
igilcifioit. On n'ivt>it^rdcdc fe fcrvir al^rs
4'ttn mot qui put Ëitre naitre ridée funefte
delà mort 9 on (e ï^oit par euphémifitie de
nt&kyt^ augmenter s foit que les victimes
augmeotafiènt alors cnhoneur , foit que leur
yolun^ fut grofli par les ornemcns dont on
les paroits foit enfin que le facrificeaugmcn- <
tat en quelque forte Thoneur quSn rendoit
aux Dieux. Nous avons fur ce point un beau
paOiage 4c Varron que Ion peut voir ici au
bas de la page.*
Pc même , parce que cremari , être bjulé ,
auroitéte un mot de mauvais augurq, &;
que 1 autel crôiffoit , pour ainfi dire , p^r les
herbes^ par les entrailles des vidimes , & par
tout ce qu'on mctoit dcflus pour être brû-
le» ai^ lieu de dire o» hrdefwr Us autelt^ ils
MoUC^t difoient les autels cmffent ^C2ii adolére ^adoUfeerc .
Se. w^ fignifient pr<^rement croiftre -, & ce n'eft que
Gcorg. iT. par euphcmifme que ces mots fignifient^r«/er.
* MM04ff^ vcthameù facr6ruro, ntfi* tvfnfufftif diftum»
aiufî MM/i/ Mught^m sdêl^n ; und^ U mMgnUntum qtu-
il i»«/iWL, kniméutum ;^nam h^ftiar tangûntur molâ falsâ >
H twmité^êUu diointnr ( cum verù iâ» runt.&; ili<]ui<l
Cf iUi^l|l.«li«m (btum cft , mMëxtâ. dicûntur pcr laudatio-
n^VIeïtaûoe boni Aminis .figt\ificati6orm. Et cum il'»J "
moÉl Offz iinp6ninir , dicitur mma* tfio. VMrrù de vitâ
IVp. Rom. 1. 1. dëm» Jet frMgmms qui font i U fin dit cetf'
vnt dtVétrrw , V# Ndifit» d* }, JaftTon Ai
^- 179*
1
. Ceft
fent qu
Dieu vi
dix mal
Danî
mis qu(
prccifëi
de plus
'quelqu*
tions fi
du tcrn
pareup
Nabc
Achab
ctoit rJ
bel , fc:
moins c
phémé
criturc
aux ter
Job c
enfans
cœur, *^
mulcitùdJ
c. iT. y.
•** Ne
•6r4ibtt
|4g^»fw*"--
t'EUP HE M^IS ME. iff
; G*cft ainlî que les pcrfones du peuple di-
fcnt quclquefçis dans leur colère ^ quelle hon
Dieu vous emporte , n'ofant prononcer le nom
du malin efprit.
Dans l'Ecriture Sainte le mot de henir eft
mis quelquefois au lieu de maudire , qui eft
prccifëment le contraire. Corne il n'y a rien
de plus afreux à concevoir, que d'imaginer
*quelqu*unqui s'emporte juf^'à des impréca^
tions facrilèges contre Dieu même > au lieu
du terme de maudire , on a mis le contraire
pareuphémifme. V '
Naboth n aïant pas voulu vendre au Roi
Achab , une vigne qu'il pofledoit, ôc qui
ctoit rhéritage de fes pères > la Reine Jéza-
bel, femme d'Achab , fufcita deux faux té-
moins qui déposèrent,qùe Na'both avoit blaP
phémé contre Dieu & contreie Roi : Or,rE-
criture pour exprimer ce blafphème, fait dire
aux témoins que Naboth a bem Dieu & le Roi. *
' Job dit dans le même fens , peut-être que mes
enfans ont péché , & qu'ils ont béni Dieu dans leuT
cœur, *^
* yiri diabolici dtxénint contrat cum teftimonium coriim
multitûdinc ; bcncdixii NabocK Dcom & Rcgcm. R#x. III.
c. II. r, 10. & 13'.
■ *• Ne forte pcccivcrint 01u mci & bencdixcrint Dco ïa
•6r4il>«* liiit» Ub. i. r. f.
/
X
,... --^
,x
,/
/
\
t
h
tf4 HËUrMËMtSMÉ:
.pipdft ainfi que dans <xs paroles de Vli^
JEn. Lixi. émfkcmfmis , fientfe prend ^mexccrâhilis;
^'^^*. félon Scrvius.foit par euphémifinc, (bit par
cxtcnfion : car il eft à obfcrverquc fouvcnt
par cxtenfion/ker vouloir dire exécrable. Ceux
que la juftice humaine avoir condânés , &:
ceux qui fe dévouoient pour le peuple ,
étoieut regardés corne autant de perfones fa«
aces. Delà , dit Feftus , t tout méchant ho-.
« Praern. HIC eft apclé facer* 0 le mauét boufim , dit Afra-
*Vct. Poct. nius , en fe fervant de facnm : "^ 0 facrum
J^îtiL^' fci^^ . ^ malum. Et Plaute parlant dun
marchand d*cfclaves, s'exprime en ces ter-
^laacPcsn. illés y JHlimim ( fiieno efl h<mo ) quantum hômi"
Prolog. V. |„^ tenajkfiinet , facérrim.
- On peut encore raportcr à reuphcmifine
CCS périphrafcs ou circonlocutions dont un
orateur délicat envclope habilement une
idée , qui toute fimple exciteroit peut-être
dans Fefprit de ceux à qulll parle, une image
t HoOiofMCir if eft , <|titm p6piiltts ^udicàrit ob malefï'
dum, ne<}tte Eu eft eum immoliri . . . cz quo qoivis hotao,
tnalus aebue fmprobus,/4r«r appeUiri folct. Ftftus.y.frcer.
MaflUiénfes , Qu6tics peftiJéiiti laboribùic , unilt fc ex.
mofétibûs^tkteiitat , aléndus anno Intogro fùMUis A pu-^
MÀribas ci»ts. Hic p6fteâ , ornito^ verbéois Sç véftibai Ta*
cris , cicufflducebitur pcr tocam civiticem., cuip ezeci»ti6'
lûbôsi otia iprtmi tccicierdnt mala totios cividiis | de &^
projicicbânir. Strvint ia i£a UI. t» $7*
f'^'
*• (
1
Ou dés i
principe
nat qu(
Clodiu!
« trc eu
» pareil
donepa
demanc
tndoner
phémiH
tre fois ;
^ievousx
L'Eu]
au:
re qulh
tre-vérit
àdefr
étipient
féroces
merfttv
tos ia ta]
VEU PHEMISUE. 171
Ou des fcn^mcnspcu favorables à Ibndcflcin
principal. Ciccron na garde de dire au Sc^
nat que les domcftiques de Milon tuèrent
Clodius 5 "^ « ils firent , dit-il , ce que tout mai-
w tre eut voulu que fes efclaves euffènt Êiit en
» pareille ocafîon. « De même , lorsqu'on ne
done pas à un mercenaire tout Fargent qu il
demande, au lieif de lui diicjcneveux pas vous
tn daner davantage , fbiivent on lui dit par eu*
phcmifme , je vous en donef»- daroantage une au^
ire fois ; cela fe trouvera : je chercherai Us occafiotu;
^dtvousrécompenfcr:dcc.
XVI.
L'Antiphrase.
L'Euphémifine ôc l'Ironie ont donc lieu
aux Grammairiens d'inventer une figu-
re qu'ils apéient Antiphrafe , c'eft-à-<lire , caw-
tre-véritè > 'par exemple . La mer noite fujctc
à de ftcquens naufragesu, & dont les bords
copient habites par des homes extrêmement
féroces, ctoit apelce le Font-Euxin, c'eft-à-dirc •;ç«r,,,î,of-
mr [arable k fes hèus.mr hofpnalUre. C;eft P«^^;;^;«5«
♦ f ec^nmt id fcnri Mil^nLs . : . . (luod fuos qoifquc fer- Uté,
▼os in taU re Ékoc TtluiffcC. 0#. pro Aiilàac, num. i^. .
4
^
"\
V
.^K*
_y
X._^'^
■'*; ;■■■
W^"
^
^
l.
pourquoi Ovide a dit que le nom de çcttd
^^ ' ^mcr ctoit un nom menteur.
J>tîa.trift. Qicra tcnccÊuxîni,mencfaxcogn6minc,Iittus; " *
rio, ▼. 13. -c^ ^//^«r/ : Poutus, Eùxini falfo nominc èxStMU * '
idem I..3.
tLi3.y.ult. Sandlius & quelques autres ne veulent
point mètre Tantiphrafe au rang des figures.
Il y a en cfet je ne (ai quoi* d'opofè à Ibtdrc
. naturel , de nomer une chofe par ibn con-
traire , d apeler lumineux un objet parce qu il
• éft obfcur ? rantiphrafq ne fàtisfait pas leC
prit.
Malgré les mauvaifes^qualités des objets;
les anciens qui perfonifioient tout , leur do-
noient quelquefois des nomsflateurs, comc
pour fe les tendre favorables , ou pour ft
faire un booaugure , un bon pré£àge.
Ainfi c ctoit par euphémifmc , par fuperfti-
* tion, & non par antiphrafe , que ceux qui
aloient à la mer que nous apclons aujour-
d'hui U mer noire , la nômoient mer hoffitàlièrc ,
c* eft-à dire , mer qui ne nous fera point fiinef-
te , qui nous fera propice , où nous ferons
bien reçus , mer qui fera pour nous une mer
hofpitalière , quoiqu'elle foit comunémenC
pour les autres une mer funefte.
les ttois bccflcs iofeoi^cs , filles de l'JËrèbc
■ . à:
^Cc n'(
némini ■
Les ]
ont étc
'^èenévoL
opinioi
prèsqi
teqtii
on , lel
fcntim<
tresprc
Euménil
mondel
rcftc ci
bulcufd
apelél^
pour
de la Nuit , qui , fclon la feblc , filent la
trame de nos jours , étoient apéiées Us F^r^
qu€ih de Padje^if p4rc«x , ^«itf fard nobisvitam
irïbuunt. Chacun trouve quelles ne lui filent
pas aflèz de jours.% D'autres difent quelles
ont été ainfi apelées , parce que leurs fon-
ctions font partagées. Fan^ , quaft partiu. *
Cloto colum rétinct,Lâchcfis ncr,& Atropos occat.
• -,
^Cc neft donc point par antiphrafc quia
némini parcunt^ qu'elles ont été apelées Fat^
ques, ,.
Les Furies , Aledlo, Tifîphone &: Mégère,
ont été apelées Euménides , du grec eàmencis^ •yfktfiStl
henèvoU , douces , bienfcfàntes. La comunc
opinion eft que ce nom ne leur fut donc qu'a- /
près qu'elles curent ceffé de tourmenter Oref
te qui avoit tué fa mère. Ce prince fiit , dit-
on , le premier qui les apela Euménides. Ce Po^fîct
fcntiment eft adopté par le P. S^nadon. D'au- x.^^'**^'
très prétendent que les Furies étaient apel^s 4 J 8*
Euménides long-tems avant qu Orefte yint au
monde : mais d'ailleurs cette avanture d'O- .
rcftc eft remplie de tant de circonftances là-
bulcuiès , que j'aime mieux croirp qu on a
apclc les Furies Euménides par cuphémifmc ^
pour fe les rendre iàvorablcso C'eft ainfi
pjgS
M
K"
t
't
^-y^
N
V
J^
r
/
'^'
y
JC AiJnVHKASE.
is^bxi traite tous \t% )oacs de h^ia ^ d^h^m
fefanus les personçs les plus, aigres àc les plus
tiifîciies dont on veut apaifer Temportement
ou obtenir quelque bienfait.
On dit encore qu,*un bois fâcrc eft apelc
lucus^ par antiphrafc : car ces bois croient fort
foînbres,&: Iuchs vient de /«cérf,Iuire : mais fi lu-
^us vient de /«cére,c eft par une raifon conrraire
à Tantiphrafe 5 car corne il ifttoit pas permis
par refpcft de couper de ces bois , ils croient
fytt épais &:par confcquenr fort fombres,ain-
fî le befoin , autant que la fuperftition avoit
introduit Tufage d y alumer des flambeaux.
Mânes , les maries , c*eft-à-dire , \ts amcs
des morts , & dans un fens plus étendu les
habitansdes enfers, efl encore unlnot qui
a doné lieu à lantiphrafc. Ce mot vient de
l'ancien adjeÛjf i»w»«j , ^ dont on fe fervoit
Nonius,c.i. au lieu de bonus. Ceux qui prioient les mânes
Vârr!^dc ^Çs apcloicnt *ain{^^ pour fe les rendre favo-
ling.Iat.l.y. rabics. Vos 6 mihi mancs efte boni y dcA ce que
Viîg?iEni Virgile &it dire à Turnus, Ainfi tous les
11. y. ^47. exemples dont on prétend autorifer Tanti-
phrafe fe raportent, ou à Icuphémîfme, ou
à l'ironie > corne quand on dit à Paris , cefi
me nrnète des haies , c*efl-à-dire une femme qui
thzntc pbuilles , une vraie harangérc des ha-
ies \ mnètû c& dit alors par ironie.
♦ Fcftu$,v.
MunÀn ,
mmnt.
P^I'IWfW^pW
QUin
^^trop
nent la p
riphrafe <
la place,
Nous a
tiède cet
phrafc :
parler, ui
fens fini
La pé
aïfcmblaî
fîcurs pa
moins &:
pie: Zf a
Alexandre
Onfefi
cc,ou poi
pour lo
néceflîtc.l
Plùribtts ai
ccrtè , dici
Q
XVII.
L A P E R I P H R A s lE.
* '
Uintilien met la Périphrafe au 'rang des »iè^f»"»
y-/» ^ . 1 ^'\ Circumlo-
tropes 5 en cfet , puisque les tropes tie- ^.^^j^ ^.^^
nent la place des expreffions propres , la pé- circum.
riphrafe eft un trope , car la périphrafe tient ' ■ * ^^^
la place , ou d*un mot ou d'une phrafe.
Nous avons expliqué dans la première par-
tie de cette Grammaire ce que c etoit qu'une .
phfafe : c eft une exprèffion, une manière de ,
parler, un arangemcnt de mots , (^ui fait un
fens fini ou non fini.
La périphrafe ou circonlocution eft un
aïTcmblage de mots qui expriment en plu-
ficurs paroles ce qu'on auroit pu dire en
moins &: fouvent en un feul mot 5 par exem-
ple : Le vainqueur de Darius , au lieu de dire, %.
Alexandre : taflre du jour , pour dire le file il.
On fe fert de pcriphrafes, ou par bicnfcin*
cc,ou pour un plus grand éclairci(ïcment,ou * ,
pour rorncmcnt du difcours , ou enfin par
néccflité. *
Plûribtts aotem verbes cum id ^txùd uno , auc pioci6ribui
ccrtè, dici Doceft*, cxplicitur , •••*>oi»«» vocanc , circûvf
wm loqivéodi. ô«i>»/. InA. Or. I. viii.' c. 6. de Tropis.
" . Mi;
■ /
r
/
4
•liBb^ LA PERIPHRASE.
I, Par bicnféancc, Jorsquon a recours àJa
périphrafè , pour envdopcr des idées baflès
ou peu hon^tes. Souvent aufïî , ati lieu de fc
fcrvir d une exprefïïon qui exciteroit une
image troff dure , on l'adoucit par une péri-
phrafc , corne nous l'avons remarqué dans
J'euphérniime. /
2. On fe fert auffiide périphraie pour éclair-
cir cç qui eft obfcur , les définitions font au-
tant de périphrafes ; corne lorsqu'au lieu de
dire les Farques , on àit^les tro(s Déejfes inferna-
les , qui félon la fable ^ filent la trame de nos jours.
Remarquez que quelquefois après qu'on a
explique par une périphralè un mot obfcur
ou peu conu , on develope plus au long la
pcnfée d'un auteur , en ajoutant des réflexions
ou des cirçonftances quil auroit pu ajouter
i lui même 5 mais alors ces fortes .d'explica-
tions plus ample^ &: conformes au fens*^ Je
r«m?So, ^*^utcur, font ce quon apclc des Paraphrafc^,
idcftioquor la pataplitafe ^cft une espèce de comcntaiic:
fliïTifiis ^^ reprend le discours de celui qui nAja par-
-dixit , Ti«c»i, lé, on l'explique, on l'étend dayantage en
v^> d£" ^^y^"^ toujours fon efprit. Nous avons des
pataphrafes des Pfcaumes , du l|^rc de Job ,
du Nouveau Teftamcnt , &c. Nous avons
iùSi dc^araphralcs de l'att poétique d'Ho-
■ùê^
.., 1
i:ace,&:c
place d'u
elle ne d
paraphra
que, elk
3. On
ment du
. génie de
nation p:
lent fouv
d inaire e:
mais d'ui
baflLsla ]
fée fous i
ble :.C'c(
à la pointe
L'Aurore
Ouvroit
La nuit en
Les fongci
Madame
de rOdy(
Dès que
Etâilleui
Ȉ peine
^sr
• . f
LA PERIPHRASE. i8i
race , &:c. La périphrafe ne fait que tenir la
place d'un mot ou d une expreffion , au tond
elle ne dit pas davantage 5 au lieu que la
paraphrafc ajoute d'autres penfccs, elle expli-
que, elle developc»
3. On fe fert de péfiphrafes pour lornc-
ment du difcours , 3c furtout en poéfie. Le
. génie de la pocfie confifte à amufer l'imagi-
nation par des images qui au fond fe rédui-"
fent fou vent à une penlée que le difcours or-
dinaire exprimçroiç avec plus de (implicite ,
mais d une manière ou trop féche ou trop
baflc ; h périphrafe poétique prcfciue la pen.
fée fous une forme plusgracieufe ou plus no-
ble .vC cft ainfi qu*au lieu de dire fimplemcnt
à U pointe dujour\, les poètes diftnt :
Hcnriâdf ,
ch. VI.
L'Aurore cependant au visaî^e vcrrticil , i
Ouvroit dans l'Oricntic palais du (olcll: ^
La nuit en d'autres lieux portoitfes voiles (ombres, ^
Les fonces voltigeans fuioicnc avec les ombres.
Madame Dacicr comcnce le OC VU. livre
de rodydcc rfHomèrc par\:e vers ^
Dès que la belle Aurore eut anoncc le jour.
Et ailleurs elle dit,» la bri liante Aurore fortoit ï^^^'^»
» à peine du fcin de l'Océan pour anonccr aux
Miij
-4 '*«*;<
_^
\
^ '
• fti
■I*'.
I»t EM P EKI^HKASÉ.
n'IMcoK & aux homes le retour du foleil.
' ]P|)ar dire quc\le jour finit , qu il eft tard
advefperafcà , Vir^ë dit quon voit déjà fu-
mer de loin les cheminées , que déjà les oxnr
brcs s alQngcnt &: fcmblènt tomber des mon-
tagnes. ,
•Et jim fumma procul yillarum culmiita fumant,
Majorérque cadunt altfs de montibus umbrx
Boiieau a dit par imitation :
Les ombres cep^dant fur la vile épandues
Du faite des maisons descendent dans les rues.
On poura remarquer un plus grand nom-
bre d'exemples pareils* dans les auteurs. Je
^e contenterai d*ob(èrvcr ici quon ne doit
. fc fcrvir de pcriphrafes que quand elles ren-
dent le cfafcours plus noble ou plus vif par
le (ccd^rs (des images. Il faut éviter lespéri-
phrafcsqflf ne préfentent rien de nouveau,
qui najoufent aucune idée acceffbirc, elles ne
ièrvcnt qu*à rendre le difcoujps languiifant ; (î
après avoir dit d un home acablé de remords,
quV/ efl toupurs trifie , vous vous fèrvez àz
^quelque pcriphrafe qui ne dife autre çhofe ,,
iinon que m home efi toujours fomhre y rêveur ^ m-
'lancoli^^& de mauvaise humeur , VOUS ne ren-
dez guère votre discours plus vif par detcl-
yat
\
z A périphrase: lis
ks cxpreflîôns. M. Boileau fur un fuiet pa*
rcil a feit d'après Horace une cfpcce de péri-
phrâfc qui tire tout fon prix de la peinture
dont elle ocupc Timagination du le^cuç.
ôc fou rempli d'erreurs que le trouble acompagne Ep. v.
Et malade à la vile ainfî qui la campagne ^
Envain monte à cheval pour tromper fon ennui , Poft ^ui-
Le chagrin monte en croupe & galope avec lui. ^^^^ ^^^^
Le même poèje au lieu de dire pendant que je od.i. v. 40.
fms encore jeune , fe fèrt de trois périphrafes qui
expriment cette même penfée fous trois ima-
* ges difcrentes :
Tandis que libre encor , malgré les dcftinécs, ^ Sat. i.
Mon corps n'cfl point courbé fous le faix des
années;
Qli*on ne voit point mes pas foiis Vl^e chanceler
Et qu*il rcflc à la Parque encor dequoi filer.
On doit aulïï éviter les périphrafes obfcurcs
&c trop enflées. "** Celles qui ne fervent ni à
la clarté , ni à romement du difcours , (ont
défcdhieufès. C*eft àne inutilité defàgréable
qu'une péripl^afe à la fuite d une penfcc vive,
claire , folide Se nobje. L efprit qui a été fra-
^ t7t cûm dec6rum habct , pcriphraHs , lu càm im vitiutn
Incidit «jilMetAtYiflt dicitur ; obftat aiim quidquid iiou àdja-
^^ , §lMimt» lôibu Orat. l vi i x. c. tf.
^T* T T • • • •
H jui; 1^
("
tt4 L^fERIP HR AS E. V
pé d*unc penfée bien exprimée , n'àimc point
à Ja retrouver fous d'autres formes moins
agréables, qui ne lui âprèncnt rien de nou-
veau , ou rien <|tti rinté^lTc. Après que le
pcrc dcstrois Horaccs , dans Tcxemple que
P*g* ïo- jai dcja raporté, ^ a dit quil moimÊt y il de^
voit en demeurer là & ne pa5 ajouter :
Ou qu'un beau desespoir cnftn le recourut.
Marot, dans une de fesplus belles épitres,
raconte agréablement au Roi François I.le
* , malheur qu'il a eu d*avQir été volé par fon
valet , qui lui a voit pris fon argent , fe3 ha-
• bits., &c fon cheval : enfuite il dit :
Et néantmoins ce que je vous en mande ,
N*eft pour vous faire ou requête ou demande;
Je ne veux point tant de gens reifembler
(Jui n*ont fouci autre que d'aflembler ^ .
Tant qu'ils vivront ils demanderont, eux ;
Mais je comence à devenir honteux ,
Et ne veux point à vos dons m'arêterr
Je ne dis pas , G, voulez rien prêter ,
Que he le pc^ne : il n*eft point de prêteur
S*il veut prêter qu'il ne faffe un debteur.
f . Et favc2-vous , Site, cornent je paye.
Nul ne le fait û premier ae l'eiïàye^
Vous me devrez , fi je puis, de retour j
Et vous ferai encores un bon cour i
Avifc
De ri
m
«>
LA TERIP HKASÉ. i«f
A celle fiq qu*il n'y ait faute nulle , 1
Je vous ferai une belle cédule ,
A vous payer , fans ufure il s*critend.
Quand on verra tout le monde content ;
Ou fi voulez j à payer cç fera ,
Quand votre los & renom cefTcra.
Ypilà où Iç génie conduifît Marot , & voilà
où Tart devoit le feirc arcter : ce qu*il dit en-
fuite que ks deux grinces Lomns le fleigerontyôc
encore
Avifez donc , fi vous avc^dcfir
De rien prêter , vous me ferez plaifir : >
Tout cela , dis-jç, n ajoute plus rien à la pen- cic. àt
fée : c'eft ce que Ciccron 2ipèlc 'berbinm vel Jx'u.\iC
opimbriim atque omatiffimorum finitus inânis. .Que «« J » -.
sll y avoir quelque chofe de plus à dire , ce
font les douze derniers vers qui font unnou-
veau fens , &: ne font plus une pcriphrafe qui . ' .
regarde l'emprunt.
Voilà le point principal de ma lettre , * \
Vous favcz tout , il n*y faut plus rien mettre.' *
Rien mettre las ! Certes & fi ferai ,
En ce faifant mon ftile j'enflerai , \ '
Difant . ô Roi amoureux des' neuf Miifes , ^
Roi , en qui font leurs fciences infufcs, ; .'
v^--
i '.■
r
XA PERIPHRASE:
Roi , plus que Miirs , d'honcur ciivironé , .
Rbi , le plus Roi qui' fat onc couroné \
Dieu tout puiffant te doint , pour t'cftrcncr;
Les quatre coins du monde i gouverner >
Tant pouj le bien de la ronde machine ,
Onc pour autant que fur tous en es digne.
4. On fe fcrt de périphrase par néccpc ,
quand il s'agit de traduire &: que la langue du
tradudcur n'a point d'expreffion propre qui
reponde à la langue originale , par exemple,
pour exprimes^ en latin une pcruque , il faut
dite coma adfhUhia ;uncçhsvç\mc empruntée,
des chevdix qu on s eft ajuftés. Il y a en latin
des verbes <^ n'ont point de fupin &c par
cbnféqucnt point de participe : ainfi au
Ifeadc s'exprimer par le participe, on ell
fcligé de recourir à la pcril^rafe fore ut , effe
funm ut ; ftn ^i donc plufieuts exemples
lafynta». '"
.»'-■■•■
ià-
jonow
iviii.
r
L*H YP ALL AGE.
V
Irgilè , pour dire mettre a La voile, a dît , '»' immutlûoT
dare clâjfihus aujlros .-Tordre naturel de-^ ««sfub.aU^J
nandoit qu'il dit pmtOtdJte clajfes auftris. aor. t. ^
Çiccron^cëlnsiorairon pour MareclJus, dit <i'«AA«à».
à Céfar qu'on A'a jamais vu dans la vile fon y, ^"\ ' \* ^*
cpéc vide du foureau , ^Ai^iwwà vagmavâcuum
iniithe non vïdimus. Il ne s agit pas du fonds
de la penfée qui cft de faire entendre que Gé-
far n'avoir exercé aucune cruauté dans la vile .';
de Rome , il s agit de la combinaifon des pa-
roles qui né paroiffent pas lices entre elles
come elles le font dans le langage ordinaire,
car vkcuus fe dit plutôt du foureau que de
Ovide comence fcs métatnorphofes par .
CCS parole^ . ~
In nova ferc animus mutais dicere formas
C6rpora.
, \ ' ■ ■ . . ^ ■
La conftrudtion cft animus fert me ad dicere for^
mai fKutitas in nov^coTfora. Mon génie me por-
te à raconter Ic^ formes changées en de nou-
VeaiMC corps : il étoit plus naturel de dire , à
9k
^^
/
V
-iM " m YP A LL A GE.
raconter les corps !, ç'e^'k-ditc y à parler Ides eérps
changés en de nouvèies formes.
Vous voyez que dans ces forte» d'cxpref-
fions les mots ne font pas conftruits ni com-
binés entr eux corne ils le devrment être fé-
lon la deftinàtiori des» terminaifons i&: de la
• conftrudion ordinaire. C eft </ette tranfpôfi-
tion ou changement de cônftruction quon
apèle Hypalla^e y mot grec <mi iignifie chan-^
gcment»
Cette figure çft bien maliheureufe : les
Rhéteurs dîfent que c eft/ aux Grammai-
1. IV c /nV"^^ ^ ^^ parler , Grammamorum pôÙHiJchema,
art. 11. efi quàm tropus , dit Voffius j & les GÉimmai-
Dcs fi A ^^^"^ '^ renvoient aux Rhéteurs . t^jf^k^e ,
Ccnft. ch. à vrai dire , n eft point une figure de Grammaire, dit
^^ P- 5 5 8. Ja nouvèle Méthode de PI R, Ceft un trope on
une figure d*élocution,
-* Le changement qui fe fait dans la conftru-
' dion des mots par cette figure ne ^ regarde
pas leur fignification , ainfî eh ce fèns cette
figure n eft point un trope Se doit être mife
dans la c laffe des idiotifincs ou façons de par-
ler particulières à la langue latine : mais j'ai
cru qu'il n'étoit pas inutile d'en faire men-
tion parmi les tropes : le changement que
Thypallagc fait dans la combinaifon ^ dans
* h con(]
peoù d
que ran
pallage
remarqi
Souvc
fait par
nons en
rangent
les motî
pouvon
Tordre n
très hor
yeulent
ilnanque
les lang
transpol
pofition
peâable
changer
de cpril
lîiefiirc <
ciens pc
parler ,
guefoi^
iadigni!
les anci^
w
rnyTÀLLAGE. 1J9
h conftrudion des mots cft une forte de tro*
peoù de couver fion. Après tout, dans quel-
que rang qu'on juge à propos de placer l'hy-
pallage , il eft certain que c eft une figure très
remarquable. -
Souvent la vivacité de Timagination nous
jfeit parler de manière , que quand nous've-
nons enfuitc à confîdércr de/ûng froid l'a*
rangement dans lequel nous avons conftruit
les mots dont nous nous fomes fervis , noys
rouvons que nous nous Tomes écarté^ de
ordre naturel , &: de la manière dont les au-
tres homes conftruifent les mots quand ils
veulent exprimer la riième penfée 5 c eft un
itnanque d'exaditude dans les modernes? mais
les langues anciè nés autorisent fouvent ces
transpoiitions i ainfi dans les anciens la trans-
pofition dont nous parlons eft une figure rev
pe^ble qu on apèle hyp^^Uage , c'eft - à - dire ,
changement , transpofîtion , ou renversement
de cpriftrudion. Le befoin d'une certaine
niefure dans les vers a fouvent obligé les an-\
ciens poètes d'avoir rect)urs à ces façons de
parler, &: il feut convenir^ qu'elles ont quel-^
quefoi^ de la grâce ; auiïï ks a-t-on élevées i
la dignité d'expreftîons figurées > &: en ceci
les anciens remportait bien furies molicr*
^
l|fc rHYfALLAGB:
ilH i qui oi^ 0c ibra de Ipngmems le même
hoi'^eur.
Je vais ajouter encore ici quelques exem-
ples de cette figure , pour la èirç mieux co*
noitre. Virgile &it dire à Didon:
£t cùmfrigida mors anima fcdùxeric artUs.
'^n. I. VI.
it
Hor.Lr.ocL
14. V. 3.
Après que la froide mort aura jiparé de mon orne tes,*
membres de inon corps , il eft plus ordinaire de
àxit aura Jeparè mon ame de mon corps : le corps
der^eure &: Tàme le quite '■> ainfi Seryius &:
la Plupart -des comentateurs trouvent une
hypallage dans ces paroles de VirgHc.
Le même poète parlant d'Ence &: de la Si-
byle qui conduifît cehéfosdans les enièrsdit:
Ibanc obscûri folâ fub nodbe per umbram.
Pour dire qu'ils marchoicnt tout feuls dans
fes ténèbres d*une nuit fombre. Servius & le
P. de la Rue difent que c cft ici une hypal-
lage pour ibantfoUfuh obfckrâ no^e.
JHorace a dit:
' Pocula lethan>s ut (fducéncia fomnoS
Traxerim. ^ *
Corne fi j'avois bu les eaux qui amènent le fomeîl du
fle^'veLéthé. Il ctoit plus naturel de direpo-
cula IctbM f les eaux du fleuve Lcthé«
- Virgile
Items,
ilnyap
la conftr
mais qu^
tel d'Hère
prime en
» • • .
Excitât.
Alors'
combina
tôt ignés J
facris.
Au livj
f'iit tourne
en ces te
Sin noi
Ce qui c^
lage: pro
toriam ;|
On pei
paliage
on marc
qui eft ol
rHYT ALLAGE. t^t
y^\xp\tzàxtciiEnkralumadtsfcux.fnfque
Items, \; " * ^ ^n. l t.
.... Sopitos fufcit^t ignés. t. 74?»
il n y a point I j.d'hypallagc , car fopitos félon
la conftrudtion ordinaire (e rapbrie à ignes: '
mais quand pour dire qu Enie ruluma fur C au-
tel et Hercule le féu prefyue éteint , Virgile s'ex-'
prime en ces termes : .
.... Hercûlcis fopitas ignibus aras f^'j^V'
Excitât. ^ > ' .
Alor^ il y a une Hypallage , car félon la
combunaifon ordinaire , il auroit dit , ixci-
tôt ignes fopitos in aris henideis , id eft , Hérculi
facris. " ^i
A u livre K î I-. pour dire fi au contraire Mars
fait tourner la vi^oire de notre coté ^^ il s exprime
en ces termes: ,-..,-
Sin noftrum anniicrit nobis vidoria Martcm. -«n. l.n 1».
V. 187.
Ce qui eft une hypallage félon Servius. Hypal-
lage : pro Sin noftei: Mars annùerit nobis vie- scrviw,
loxi^in : nàm MartemviÔôriaComitàtur. ^\ ^
On peut aufïï regarder corne une forte d'hy-
pallage , cette façon de parler félon laquelle
on marque par un adjectif, une circonftancc
qui eft ordinairement exprimée par un ad v€t-^
^^
r
V
\
N;
w. tç* rHYPALLAGE.
bc : c*cft aînfi qu au lieu de dite qu'Enéé en-
voya prtmpùmént Achau, y iigilc dit :
3^^^^^' • • • • Rapidum ad navcs prxmittit Achatcn
* Afcânio,
. Jkâpiàm eil pour promptemem , en diligence.
ibid. ▼. 70. -/^^f diversas , c'cft-à-<tire, chaflcz-lcs çà & là ;
iEn. 1. 1. ▼. Jamquc afccndcbant coUcm qui plùrimus urbi
4*3' «Imminct. . .
Flurimus , c*eft-à-dirc , en long^ une colinc qui
domine , qui règne tout le long de la vile.
Médius , funrnus , infimus , font fouvent em-
ployés en latin dans un fens que nous ren-
dons par des adverbés,&: de même wdlus pour
non : mémini , taméffi nuUus môneas , pour non mo-
neâs , corne Donat Ta remarque.
Par tous ces exerhples on peut obferver:
1 . Qu'il ne faut point que l'hypallage apor-
te de robfcuritc ou de 1 équivoque à la pen-
fce. Il i&ut toujours qu au travers du déran-
gement de conftruétion , le fonds de la pen-
ice puiflc être aufli Êicilement démêlé, que
fi Ton fc fut fervi de l'arangement ordinaire.
On ne doit parler que pour être enten4u par
ceux qui conoiffent le génie dune langue.
2. Ainfi quand la conftrudion eft équivo-
que , ou que les paroles expriment un fens
con-
rèr. Eun.
2. Y. 10.
CCMîtrair
doit cor
teur a fa
il s eft m
nies,&:
tes corne
forte de
cxcufer «
cuxmên
fouvent I
• fon nom
autremer
figure de
pour Toi
3-Vhy
fuit poin
dans une
delaran^
d une far
langue p<
difons en
ma faute ;
ie nomii
autre toi
lin autre
i aaion ,
ft met à
V.
rHYTAjLLAGE. ipf
Contraire à ce que l'auteur a voulu dire > on
doit convenir qu*il y à équivoque , que Tau- ^
teur a fait un contrefens , Se qu'en un mot,
il s'éft mal exprimé. Les anciens étoient ho-
mes, & par conféquent fujets à faire des fau-
tes corne nous. Il y a de la petiteffe àç une
forte de fanatrtme à recourir aux figures po'uc
cxcufer des cxpreiîions qu'ils condâneroient
eux mêmes y &c que leurs contemporains ont
fouvent condânées. L'hypallage ne prête pas
fon nom aux contre-fens &: aux équivoques;
autrement tout feroit confondu , & cette
figure devicndroit un azile pour l'erreur ôc
pour Tobscurité. •
3 . L'hypallage ne fe fait qilc quand on he
fuit point dans les mots l'arangement établi •
dans une langue > mais il ne faut point juger
de l'arangement &c de la (ignificatiôn des mots
d une Tangue par Pusage établi en une autre
langue pour exprimer la même pcnfée. Nous
difons en françois je me repens > je maftige, de
ma faute : Je eft le fujet de la propoiitioi? , c'eft
le nominatif du verbe :: en latin on prend un
autre tour , les termes de la propofitioh ont
un autre arangement , je devient le -terme de
J'aftion , ainfi; félon la deftination des cas , je
fc met à Tacufatif > k fouvenir de ma faute w'*-
. N
l:
-*••
1^4 ^'HYfALLAGE.
ftige^ nfaftBe de rtpéntir^ tel cftictour latîn^
papinVf^wff fir/jp*, ç'cft-à-dirc , recordatioy ràtio^
ufpéBus , vïtiim , negitium , faffumy ou malum
Lî.fs.v-M ar/p^ pœmietmeh Phèdre a dit , malis nequitU
'M-^/.M* pour nei^iff^iJ iRescihi i^ont cibus. Voyez les
ôbfervâtions que nous avons faites fur ce fii-
jet dans la fyntaxe.
Il nV a donc point d*hypallagc dans pœni-
tft me culpa , ni aan;s les autres feçons de par-
ler femblablesj je ne crois pas non plus, quoi-
quen difent les comentateurs d'Horace ,
qu il y ait une hypallagc dans ces vers de
rOdc 17. du I. I.
Vclox amœnum^pè Lucrétilcm
.Mutât Lycxo Faynus. ,
C*cft-à-dirc , que Faune prend fouvent en
échange le Lucisétile pour le Lycée , il vient
foiivent habiter le Lucrctile auprès de la
maison de campagne d*Horacc , Se quitc
^our cela le Lycée ùl demeure ordinaire. Tel
cft le fcns d'Horace , cpmela fuite-de Code le donc
Tom. î. p. nicejfairement à entendre. Ce font les paroles
dirP. Sanadon, qui trouve dans cette façon
de parler * une vraie hypallage oh un renverfement
de construBion.
579^
* Voye^ les remarques à\x P. SanaJon , i l'ocafioivj^^
tM€Ànm téuttt fÂstuit, vers 18. <lt l'Ode Jais likurnis.
foéiîes d'Horace , toni. I. page 175.
r
; Mais
• ï)ar le fi
dans ce!
^du Faim
tnème i
ehangeri
r^uitc fan
•V traduit,
& conie
que Fau
nondiiJ
tant ce
dire , on
pour fat
feul prcf
trudion
■^m*^""""'"^"
l'tiYfAllAGÊ.f f^f
; Mais il me parôit que ce(t juger du latiti
|)ar le françois,que de trouver une Hypallage
dans ces.paroles d*Horace Lucrétilem mutât Lj'*
iao fannus. On comence par atacher à mutâre la
même idée quç nous ataçhôns à notre vcrbt
changer h doner ce quon a f ourse tjuon na pas y en*
7~ fuite fans avoir égard à la phrafc latine , on
.♦traduit, Faune change le Luêrètile pour le Lycée t
& corne cette expreiîîon fïgnifie en François
que Faune pafle du Luciétile au Lycée , &s
non du Lycée au Lucrctile , ce qui eft pour,
tant ce qu*on fait bien qu*Horace a voulu
dire , on eft obligé de recourir à Thypallage
pour faiiver le contre-fens que le françois
feul prcfente : mais le renversement de cons*
trudion ne doit jamais renverfcr le fpns , co*
me je viens de le remarquer 5 c*cft la^phrafe
même, &: non la fuite du discours, qui doit
foire entendre là penlee, (i ce n'eft dans tou-
te fon étendue, c'eft au moins dans ce qu el-
le préfente d'abord à Tefprit de ceux qui fa-
' vent la langue.
Jugeons donc du latin par le latin mcme,
^ nous ne trouverons ici ni contre-fens ni
hypallage , nous ne verrons qu une phrafc
latine fort ordinaire en prose & en vers.
On dit en latin danàrt muncra tdtcuiy donet
Nij '
r
\_.
\
r
•X
Mart. Lcx.
Tçf rHYT ALLAGE.
^ç:^ prçfèns à quelqu'un , &: J on ^it auflî io*
nàre âliquem munere , gratifier quelqu'un d'un
préfent , lui feire un préfent ; on dit égale-
ment circumdAre urbem mcmibus , 6c circûmdare
tnœnU urbih de même, on Te fert de mutàre
foit pour doner , (bit pour prendre une cholè
au lieu dune autre, ^
Muto , difent les Etimologiftes , vient cI^î
motu : mutàre quafi motare. L'anciène manière
d'aquérir ce qu'on n avoit pas fc fefoit par
des échanges, delà muto fignific également
acheter ou vendre] prendre ou doner quelque cho-
fè au lieu d'une autre , emo aut vendo , dit Mar-
tiniu^, &c il cite Columellé qui a dit porcus
là^eus Are mutândus èft^ il faut acheter un co-
Chon de lait.
Ainfi^mutat Lucrétilem Cignific vient prendre,
vieritpofleder , vient habiter le Lucrétile , iJ
achète , pour ainli dire, le Lucrétile par le
Lycée.
M. Dacicr fur ce palTage d'Horace re-
marque q\i Horace parle fouyent de même ^ & je
/ai bien y. ajoute-t-il , que quelques hifloricns l'ont
4mue.
Lorsqu'Ovide fait dire à Médée qu'elle •
voudroit avoir acheté Jafon pour toutes ks
oichcllcs de l'univers , il fc fert de mutâw :
Quemqu(
iÉ/onider
.Où VOU!
emploie
pas y de pr
autre. Le
s'eft fouvi
iûgubrefag
gnbri :. mk
câlaby.f paj
pour y?ri^/
L'ulàgc
fcns de ;
pour être
corne don
qu'un de
urbijUoni
tour , c'el
railles .-n
les jours.
^ * I
* L. V. oal
♦* L. V.
***t. II.
^iA^-
>^ ^.,r« rpKn«; aaas totus poflidct orbis M«- - viii
<Jueniquc ego ciim repus quab luiu^ f ^^^^
;Éfonide,tv mutâlfe vcUm.
Où vous voyez que eomc Horace , Ovide
' emploie mutàrc dans le fens àiaqumr ce quon n a
pas.de prendre, d'acheter une chofe en en donant une ^^^^ ^^.
autre. Le P. Sanadon remarque qu Horace ^^^Y.
s eft fouvent fervi de mutârecn ce fens, mutâvu
lugubre fagtm pimico ;^ ipout j^àniciém' Jagton là- '
gnbri :. mUtct litcâna câUbrU pâfims , ""^ pour
. )âlaby.j pâfcua Iticànis : mut^t uyam firigiU , ''^
pour flrigilim nva.
L uiagc *de mutiré âliquid âliquâ re dans, le.
rens de prendre en échange, cft tjop fréquent
pour érrc .autre chofc qu'une pluafc latine ,
come donârc àiiquem âliquâ rt , gratifier quel-
- qu'un de quoique cho(c ^^ circàmâare mœnu
,irbi,:àomx des murailles à We vile tput au^.
tour , c cft4-dire , entourer \ane vile de mu^
railles: rhypaJlagc ne icmct pas aiuiia-tou^
les jours. . /^
* L. V. Od. IX.
♦* L. V. Od. I.
♦** i. 11. Sut. VII. V. iio.
V
• V
^
I^ii)
_ •
%■
XVIII.
^ rf'»
flBIJIM /<»
veÀbnli .
L'OKÔMATOPEE.
L'Onon^topcc cft une figure par laquelle
un mot imite le fon naturel de ce qu'il
iîgnifie. Qfï réduit fous cette figure les mg)^
pah'.ht' fof 1^,55 par imitation du fon > come le f/w<-
niation * / ^ . **
d'iwmot, glou de la bouteille : le cliquetis ^ ccà-ï-diro j le
bruit que font les boucliers , les épées, &: les
: autres armes en fe choquant : Le triSrac qu'on
apeloit autrefois tîSluç > forte de jeu aflèz co-
. mun , ainfî nomé du bruit que font les da-
mes &: les dés dont on fe fert à ce jeu : Timïtus
nnV, tintement j ceft le foÀ clair & aigu des
métaux. Bilhïrc^ hilhit âmphorà , la petite bou-
teille feit glôu-glou , on le dit d'une petite
^ bouteille dont le goulot eft étroit. Tautân^
tara , c'eft le bruit de la trompeté,
Ac tuba tc'rribili (onitu taratantara dixif.
4 , ■ ^
C*cft un ancien vers d'Ennius au raport de
Servius, Virgile <în a* changé le dernier hc-
miftiche, qu'il n'a pas trouvé alTcz digne d^
la poéfie épique 5 voyez Servius fur ce vers
4| dç.Yir^ki
^
\
\
-- f
À'ONOMATOFEE. 199^
At tuba tcrribilcm (bnicum procul »rc canoro - * *' '*»
* . V. 503*
Incrcpuiç.
Cfichïnnus , c'eft un rire immodéré. Cach'mtky
inis , fc dit d un home qui rit fans retenue :
ces deux mots font formés du fon ou bruit "
que i on entend quand quelqu un rit avec
éclat.
. Il y a aufïî plufîeurs mots qui expriment le
cri des animaux , corne bêler qui fe dit des" ;
brebis.
Baubâri , aboyer, fe dit Ides gros chiens. La- Lncr. i. f.
frire, aboyer,hur 1er, c'eft le mot générique. ^' *°7^*
'Mutïre, parler entre les dents, murmurer,
gronder corne les chiens : mn canum ell ,
undè w«r/re , dit Charifius.
Les noms de plufieurs animaux font tires
de leurs cris , furtout dans les langues ori-
ginales. ; ,
Z7p«p4 , Hupe > bifeau.
Cmalm , qu on prononçoit co«cow/o«x, un Cou-
cou* oifeau.
Hirûndo ^ une Hirondèle. , .
Ulula , Ghouète.
Bubo , Hibou.
Grâcculus, ua Choucas , cfpècc de Corneille.
C4fli»4 'une Poule. \^ ....
■*N.
y^
^.r'
a
743«
I .^
tôcr * rONO MA TOTEE.
Cette figure n'cft point un ttopc, puisque îc
mot le prend dans Je fcns propre : mais j'ai cru
qu il n ctoit pas inutile de la remarquer ict
XX.
2l*H*n mime mot ptut être doublement
figuré.
IL eft à olpferver quefouvent unmoteft
doublement figuré > c cft-à-dire , qu'en un
certain fens il apartient à un certain trope &:
qu en un autri fens il peut être rangé fous un
autre trope. On peut avoir fait cette remar-
que dans quelques exemples que j ai déjà ra-
j y portés. Quand Virgile dit de Bitias que ^km
fe frôluit auro \aHro fe prend d'abord pour la
coupe, c'eft i|ne fynecdoque delà matière
pour la thofe qui en eft faite , enfuite la cou-
pe (è prend pour la liqueur qui étoit conte-
nue dans cette coupe : c'eft une njétonymiç
du contenant pour le contenu.
Nota > marque , fîgne , fe dit çn général de
tout ce qui feilt à ûire conoitre ou remar-
quer quelque chofe : mais lorsque notai [ mie ]
fe prend pour dkdecus , niarque dlnfomre^ ta-
che dans la réputation , corne quand on dit
ir»6»
d'un
cefl u
necd<
il
ncft
fible ,
ce n'c
ce m<
meta]
Ily
à la (
decus
Lor
ce&Tj
mortifii
quipc
métaf
dans
due;
furtoi
unefy
meta
gner c
qu'il £
qui lé
h cor
le/pri
e
iî1&^
ME ME MOT éc^ ,20t
d'un militaire , il s'eft enfui en une tflk ocafion ,
tefl une note , il y a une métaphore ^ une fy-
necdoquc dans cette façon de parler.
il y a métaphore , puisque cette note
n'eft pas une marqjie réèle , ou un ligne fcn-
fiblc, qui foit fur la persone dont on parle>
ce n'eft que par comparaison qu'on fe fertdc
ce mot , on donc à note un fens fpiritucl &c
métaphorique. ^
Il y a fynecdoque, puisque nofe eft reftraint
à la fignification particulière de' tache ^ dc-
decus. ^^^
Lorsque pour dire qu'il faut faire péniten-
ce &: réprimôr fes paflîons , on dit quV/ faut
mortifier la chaire c'eft.une expreflion figurée
qui peut fc râportcr à la fy.necdoque &: à la
métaphore. Chair ne le prend point alors
dans le fens propre , ni dans toute fon éten-
due > il fe prend pour le corps humain , &:
furtout pour les partions , les lèn^ 5 ainli c'eft
une fynecdoque > mais morti " r cft un terme
métaphorique, on véiitdi' lu'il faut éloi-
gner de nous toutes \qs délu (Tes fcnlibles 5
qu il faut punir nqtrc corps , i^ fevrer de ce
qui lé flate , afin d afoiblir lapétit charnel ,
H convoitilè, les pallions , les foumettre à
lelprit , & pour ainfi dire,les faivc mourir.
> '
• • • o
• ¥
àoji ME, ME MOTéc»
Le changement d'état par lequel un ci-
toyen romain perdoit la liberté , ou aloit
en cxii^ ou changeoit de famille, sapeloit
€âpnis mtnûtio y diminution de tête : ceft en-
core un^ çxpreffiôn métaphorique qui peut
oiuffi être raportée à la fynecdoque. Je crois
au en çc^ ocafîons, on peut s épargner la pei-
ne.d'unc [exactitude trop recherchée, &:qu il
mfit de iremarquer que 1 expreflîon eft figu-
rée, 6c la ranger fous lefpcce de trope auquel
elle a le plus de raport.
■ '• t , »
XX. ;
Deloifuhordinstion des Tropfs^ ou du rang
qtéils doivent tenir les uns à l* égard des au-
tres ^ drde leurs caractères particuliers,
QUintilien dit "^ que les Grammairiens
auflî-bien que les Philofophes difputent
beaucoup entre eux pour favoir combien il y
axie difércntes clalTes de tropes , combien
chaque clafle renfeçme d'efpèces particuliè-
* Circaqucm [tropum ] inexplicabilis j & Grammiticis
iûtcr ipfos , & Philôfophis pugna cft. Qux firit généra ,
\\ux fpécics , quis nùmcrus , quis cui rubjiciitur. ^inf*
InA. Oiac 1. vxxx.c ^. * •.•
S
/es , ô
<;fer eni
Vofl
pespri
Métôr
autres,
là con
ces dit
tique ,
cherch
tain.
Tout
le rapo
cation
prefîîo
tibntà
Ç'ef
foiider
phore
& pà
quunc
mince
cft la
recôuj
on nci
primej
4c mJ
sus OR T> TNJriON érc lO j
<cs ,' & enfin quel cft Tordre qu on doit gar-
der entre ces clafles &: ces cfpèces.
Voflîus foutient qu il n'y a que quatre tro- i«ft. Ont.
pesprincijpaux, qui font la Métaphore , la ÂrtU.&'''
Métonymie, la Synecdoque &:• l'Ironie, les ex. an. u
autres, à ce qu il prétend, fc raportent à ceux-
là corne les efpèces aux genres > mais toutes
CCS dilcutions font aflez iriutile$ dans Ja pra-
tique , &: il ne faut point s'amufer à des re-
cherches qui^ouvent n'ont aucun objet cer-
tain. .
Toutes les fois qu'il y a de la diférence dans • .
le raport naturel qui donc lieu, à la fignifi-
cation empruntée , on peut dire que rçx--
prefïîon qui eft fondée fur* ce raport apàr-
tient à un tfope part^ulier.
Ç'eft le raport de reffèmblance qui eft le
fondement de la catachrèfe & de la méta-
phore > on dit au propre une fcmlle (t arbre l,
&: par catachrèfe une feuille de papier^ parce
qu uneVeuilIe de papier eft à peu près auffî
mince qu une feuille d'arbre. La catachrèfe
cft la première efpèçe de métaphore. On a
recours à k catachrèfe par néceffité ^ quand
on ne trouvç point de mot propre pour ex-
primer ce qu\on veut dire. Les autres efpèces
de métaphoifcs fe font par d'autres mouvez
/
^^\y
L^
r
^.^y ■
Kv#>fiW**'— "
!IC4 SUBORDINATION
mens de rimagination qui ont toujours la;
reflcmblancc pour fondement.
L ironie au contraire cft fondée, fur un ra-
port dbpofîtion , de contrariété, de diféren-
ce , &:, pour ûinfi dir^ur le contrafte qu il y
a , ou que nous imaginons entre un objet &:
Satire IX. un autre 5 c e(V ainfi que Boileau a dit, ^)«/-
naalt efl un Virgile.
La métonymie 3c la fynccdoquc auiïî-bien
\ . que les figures qui ne font que des efpéces de
lune ou de l'autre , font fondées fur quelque
autre forte de ra port qui n efl: ni un raport de
reifemblance , ni un raport du contraire. Tel
cft , par exemple, le raport de la caufc à ilcfct^
ainfi dans la métonymie &: dans la fynecdo-
que les objets ne font confidérés ni come lèm-
s ♦ blables, ni come contraires , on les regarde
feulement come aiant entr'eux quelque rela-
tion , quelque liaifon ^ quelque forte d union;
mais il y a 'cette difcrence, que , dans la méto-
nymie , l'union nempéclie pas qu'une chofe
ne fubfifte indépendanmént d'une autre > au
lieu que, dans la fynecdoque , les objets dont
lun eftdit pour l'autre, ont uiie liaifon plus
f.i^c loiî, dépendante , come nous lavons déjà remar-
qué , l'un çft compris fous le nom de l'autre,
ils forment un cnfemblc , un tout > par exem-
ple , qi
céron ,
ouvrage
pour 1'
teur &
cette fi
mais 1(
forme
que je c
ia parti
làires à
ie dis I
une pai
fynecd«
dance
met p(
dans la
L ail
Jations
convié
eux
entre 11
qu'on
tancesl
mots
conoii
qu'on
.,#;<«»*•»—"
DES TROP ES. lof
pic , quand je dis de quelqu' un , qiiil a lu CV-
céron , Horace , Virgile , au lieu de dire , les
ouvrages de Cicéron , &€ : je prens lacaufc
pour 1 efet,<: cft le raport qu'il y a entre lin au-
teur 6c fon livre , qui eft le fondement de
cette façon de parler :•- voilà une relation ^
mais le livre fublifte fans fon auteur & ne
forme pas un îout avec lui; au lieu que,lors-
que je dis cent voiles pour cewiî vaijfeaux ylcprcfin
la partie pour le tout , les voiles font nécei-
làires à un vaiffeau : il en eft de mcme quand
je dis quon a payé tant par tête )■ la tête eft
une partie effentièle à riionie. Enfin dans la
fynecdoque il y a plus d'un on &: de dépen-
dance entre les objets dont le nom de lun ic
met pour le nom de l'autre , qu'il n'y en a
dans la métonymie. L ' '
L'allufion fe fert de toutes les fortes de re-
lations , peu lui importe que les termes
convicnent pu ne conviènent pas entre
eux , pourvu que par la liaifon qu'il y a
entre les idées acceffôircs, ils réveillent celle
qu'on a eu deflTein de réveiller. Les circonf-
tances qui acompag^cnt le fèfis litéral des
mots dont on fefert dijinsTalIufion nous font
conoitre.que ce fens litéral neft pas celui
qu'on a eu deflein d'exciter dans notre cf-
( ,
V-
/
\
tO# SUÈORblNAriQtf.
fût y de nous dcvoilent&cilement le (ènsfi^»
gt^ré qu'on a voulu nous Ëiirc etitendre. .
L*cuphémismc cft une efpèce d*allufîon >
avec cette diférence qu'on cherche à évitei:
ks mots qui pouroieht exciter quelque idée,
trifte y dure , ou contraire à la bienfêance.
Enfin chaque efpèce de trope a fon cara^crfi
propre qui lé diftingue il un autre , corne il a
été èicilc de le remarquer par les obfervatlons
qui ont été faites fur chaque trope en parti-
culier. Les personcs qui trouveront ces ob-
icrvations ou trop abftraites , ou peu utiles
dans la pratique , pouront fe contenter de
bien fentir par les exemples la diférencc
qu'il y a d'un trope à un autre. Les exem*
pies les mèneront infenfîblement aux obfèrr
vations.
I. Des
L
G
particu
-"'d'âîlku
variée <
évident
de,cesr
ticulier
les non
mus > m)
casmus,
re que <
imagin
Les e
à ces f<
réduite
dont j'
ple»n'<
aigreui
• Eft
fis Ubris
brir, oft
c. ly D
>
»-,^i
%'
XXII.
I. Des Trofis dont tnrinfoint fsrlé,
I I . Variété dsnsU iénomin^$ion des Tropes,
I. •^ Orne les figures ne font que des ma-
Vi^ nières de parler qui ont un caractère
particulier auquel on a ^onélin nom > que
-"^^^aîikurs chaque forte de figure peut être
varice en plufieurs manières diterentcs , il eft
évident que fi l'on vient à obfcrver chacune
de.ces manières & à leur doner des noms par.
ticuliers > on en fera autant de figures. lDt\ï.
les noms de mimèfis^ aph^hafis ^c^tkpkafis ^ajïeis^
mus , myBerismus , charientismus ^ diafyrmus , far^
casmus , & ;^tres pareils qu on ne trouve guè*
re que dans les ouvrages de ceux qui les ont
imaginés.
Les expreflîons figurées qui ont doné lieu
à ces fortes de noms peuvent aiftment être
réduites fous quelqu une desclafies de tropes
dont j'ai déjà parlé : Le farcasme , par exem»
pie» n'eft autre chose qu une ironie faite avec
aigreur & avec emportement. * On trouve
* Bit tatem farcismus hoftilif irrifio . . . cum quis mot'
fis labrifl fubsinnac iliilm . . . irtiûo qiue fiât diduétis la-
brir, ofteniiqued^tiumcaiae. Véjlims, loù. Orai. 1. ir.
c x%. De SâjrCAsmo.
* N
y
>
r^^
N^
r
■-t
f
finfini partout : mais «quand une fois on cft
parvenu au point de diYÛîon où ce qu'on di-
vile n'cft plus palpable , c ctt perdre fon tenis
&: fa peine que de s'amutcr à divifer.
II. Les auteurs donent quelquefois des
noms diférens à la même efpcce d'cxpreffion
figurée , je veux dire , que l'un lapcie hypal-
iage ce qu'un autre nome métonymie : les noms
de ces fortes de figures étant arbitraires &c
quelques unsaïant beaucoup de raport à d'au-
tres félon leur ctimologie , il n'eft pas éto-
nant qu'on les ait fouvent confondus. Aris-
tote done le nom de métaphore à la plupart
des tropes qui ont aujourdui des noms par-
Cic. Orat. ticuliers. ArifiôteUs ifta omnia tranflatiSnes vocat,
, 9 A' ^*»- Ciccron remarque auiîi que les Rhéteurs
noment hypaUage la même figure que les
Grammairiens apélent métonymie. * Aujour-
d'hui que ces dénominations font plus dé-
terminées , on doit fe conformer fur ce point
à l'ufage ordinair^e des Grammairiens ôc des
Rhéteurs. Un de. nos Poètes a dit :
Leurs cris rcmpHncnt l'air de leurs tendres fouhaifs.
Selon la conftrudion ordinaire on diroit
*Tiioc hypillig^n Rhétores , quia quafi Aimmutintur
TCibapro vcrbtSj metonymum Grammacici vocam,quo<i
aônùoa uami^tûmui. Ctctn , Oricor. o. ^3. Àiif€r xxv 1 1.
n.
A
plutôt qi
ser des
Lauteui
cette exf
çons de ]
les ancic
mot de «
qu'il s'ae
M. G
exemple
tions des
* Mira'tioi
pro Evandi
Mciitl^rfi
mos jûdicui
tdte mentti
Sec : in ftitt
fft àdvcrsaj
t M. Gi
il ne s'cft
Voici les pj
M. Dacicr
M. Dacier.
M La mc(
■• qu'on tir(
M de métap
'*»'au genre
»»déc l'ur l'j
•» corne .ce
**dt l» viL
» me g^néi
*> d»ms It p
Voici la r<
Wri d'Axiftc
r^i
VARIETE^ érC' . * 16^
plutôt que ce font les fouhaits qui font pous-
ser des cris qui retentiflcnt dans leV airs.
L auteur du Didionaire Néologique donc à
cette expreffion le nom de métatbèfe : fcs fa-
çons de parler femblables qu'on trouve dans
les anciens font apelées des hypallages : le
mot de métathèfe n eft guère d ufage que lors-
qu'il s'agit d'une tranfpofition de lettres. *
M. Gibert nous fournit encore un bel
exemple de cette variété dans les dénomina-
tions des figures , il apéie métaphore 1 ce que
* MiTaJicit, mutâtio , Tcu transposi'tio literar , ut Evandri
pro EvAnder-i Tymbre pro Tymiir. jfidor. Jiv. i- c. 34.^
Mciithpfis , ( apud Rhétorcs^ çft figura quar mittit .ini-
mos jûdicum in rca piait^ritas aar futùras^hoc modo : Hevo'
fdte mentes «eL. fpeclaculum expugnatà miferà, cixiran's >
&c : in futùruni aucem , cft anticip^tio corum qux didurus
cil àdycrsârius. idemL i>c. ti.
•f M. Gibert a fuivi en ce point la diWfion d'^riftotr,
il ne s'cft écarta de ce philofophc que dans \cs exemples.
Voici les paroles d'Ariitoïc dan» fa Poctiquc,c. xxi. & Iclon
M. Dacter c. xxit. Je me fcrvirai de la tradu<ftion dc^
M. Dacier. ' ,
t» La métaphore , du Ariftote , eft un transport d\in no^
M
»»dée lur l'analogie. J'ap^le métaphore du genre à l'tfptwC
Mcomc.cc vers d'Homère : Mo» vmiJfe^H s'eft srèré Uin
^de Im vile dans le fort. Garnie mot s*Mrètercù u:\ r? j -
» me générique , & il l'a apliquc à i'cfpécc pour dire ctro
»» dmms le port.
Voici la remarque que M. Dacier fait cnfuitc fur ces paro-
W(i «i'Aiiftotc ; » Qudqucs anciens, du-il , ont Cûj:idanc
"^ N i)
'^y
/
\ -
/
aip* DES TROPES &c^
Quihtilicn * ôc les autjrcs nomcnt antonmafe.
Itlictén » Il y a, dit M. Gibcrt , quatre efpèccs de
P*fr sn- A métaphores > la première emprunte le nom
» du gciire pour te doner à Tcfpèce , corne
» quand on dit V Orateur pour Cieèron^ ou le Phi-^
t, m iofophe ]poax j^fiflote : iiXZxi fontlk ccp^nâznt
les exemples ordinaires que les Rhéteurs do-
neat de Tantonomafe : mais, après tout, le
nom ne feit rien à la chofc > le principal eft
r de remarquer que lexpreffion eft figurée *
& en quoi elle eft figurée.
^ ru
w AriÛotc de ce qu'il a mis fous le nom de métaphore les
m deux premières qui ne font proprement que des [yneedi-
u ^M^i^mais Ariftoce parie en générai ^ il écrivoit dans un
•• tcms où l'on n'avoic pas encore ra&né fur les figures pour
m les diAinguer U poux leur doner i chacune le nom qui
«en auroit mieux expliqué la nature. D«n>r, Poètiqu:
te d'Anftotc, page 54 ç.
* Atrmfi**«U , qux iliquid pro n6mine ponir, poétis frc-
quemifitma . . . Oratôribus ^tiam fi rarus e|as rci , non nul»
Jus timen ufus eft :> nam ut Tydiden & Peliden non dixe-
f int , itâ dixérunt everf6rem Carthiiginis Se Numintix pro
Scipi6nC{ Se roroinae eioquémic pnnciptm pro Cicer6i)e
^sttiîic aon dubiccut. §lutmtiL loU. Otat. L yi 11. c, tf;
^-
mm*""""^"
VARIETE' &c.
lit
XXIII. ,
^ t usage à" C'**"^ ^^ Trofes font Je ttm
Us icms à" àt toutes Us langues.
9
UNc mcmc caufc dans les mêmes cir-
cohftances produit des éfets femblables.
Dans tous les tems &: dans tous les lieux où
il y i eu des homes, il y a eu de l'imagination,
dts paflîons , des idées acceflbires , & p^c
conféqucnt des tropes.
Il y a eu des tropes dans la langue des
Caldcens , dans celle des Egyptiens , dans
celle des Grecs &: dans celle des Latins :
on en fait ufagc aujourdui parmi 1« peu-
pics même les plus barbares , parce qu'en un
mot CCS peuples font des homes , ils ont de
Timagination àc des idées acceffoires.
Il cft vrai que telle cxpreflîon figurée en
particulier n a pas été en ufage partout ;
mais partout » y a eu des cxpreflions figu-
rées. Quoique la nature foit uniforme dans
le fonds des chofcs , il y a une variété infi-
nie dans l'cxccutions dans l'a^lication,daiis
les circonftanccs , dans les manière^.
^
n •
.y'
f
V.
/
/
3t^" VES TROT ES et.
Ainû nous nous^ fcrvons de tropcs , non
parce* que les anciens s^ax font fervis > mais
parce que nous fomes homes corne eux.
Il cft dificilc en parlant &: en écrivant , d'i-
portei toujours latention &: Je difcerncment
néceflaires pour rejeter les idées acceflbires
qui" ne conviènent point au fujet , aux cio-
cônftances j &: aux idées principales que Ton
met en œuvre : delà il eft arivc dans toi^f les
tems,que les écrivains fe font quelquefois fei-
vis d ckprefïîons figurées qui ne doivent^as
ctre prises pour modèle. '^''
Les règles ne doivent point être faites fur
J ouvrage d'aucun particulier , elles doivent
ctre puifées dans le bon fens & dans lana-
ture:& alors quiconque s en éloigne ne doit
point être imite cil ce points Si Ton veut
former le goût des jeunes gens , on doit leur
faire remarquer les débuts , auflî bien que
les beautés des auteurs.qu*on leur fait lire. Il
eft plus facile d'admirer , j'en conviens > mais
une critique fage , éclairée , exemtc de paf-
fion àc de fanatisme eft biep plus utile.
i^infi Ton peut dire que chaque fîèc le a
Ju avoir fes critiques & fon Di£lionMre Ncolo-
iquc. Si quelques pcrfones difcnt aujourdui
•I
avec raj
dans le Im
vole & r
graves , (
fon tem
rens oratu
oTHnes V€
tes. Hoi
wrwi, &
« Au
» dire , a
» un aui
î) ftatues
H Jupite
Jupit<
Horace
auteurs
même
tempo
mentat
mirer , p
par une
*vers lyi
Ce loi
■ iM
, *' _ . ..... . - «
VAHIETE' érc. * tij
ttvcc raifon ou fans fondement , qui/ rè^«(? Didioa.
j^tfwx /e langage uni afeBation puérile : que UfiUefri- ^^^'"
vole & recherM paffe jufqiiaitx tribunaux les plus
graves , Cicéron a feit la même plainte de
fon tems. Eft en'm quoddam étia^ insigne & flo- oA. n.^^;
V rens orationis , fiUum , & expàlitum genus , in quo ^||*^Y,'.
- onines verbSrum , omnes/entëntiârum illigântur lepô-
rts . Hoc totum è fophifiàrum fontibus defiàxit infih
fum^ &c.
"* i> Au plus beau fiècle de Rome, ceft-à-
» dire , au lièclc de Jules Ccfar & d'Augufte,
n un auteur a dii infantes flàtuàs, pour dire des ^^P- ^^ "
j) ftatues nouvclement faites: un autre, que a'HoVj,
li.pagc
H Jupiter crachoit la nège fur les Alpes.
Jupiter hibernas canâ nivc confpuic Alpes,
Horace fe moque de l'un &c dç l'autre de ces
auteurs > mais il n'a pas été exemt lui
même des Êiutes qu'il a reprochées à fes con- /
tcmporains. Il ne refte à la. plupart des ço- LeP.Sana-
irtentatcurs tf autre liberté que pour louer , pour ad- °^ j[,,
mirer , pour adorer \ mais ceux qui font ufagc de
leur^ lumières ôc qui ne fc conduifcnt point •
par une prévention aveugle , defapi^uvent certains »<i-P*Sf *»•
vers tfrique s dont ta cadence nefi point affcx^châtièe.
Ce (ont les termes du P. baïudon , Toi relevé »^w^
\^
_^
»
1 f
* -J».
. /.
'/
■: ■ «
* m fikfièm endroits, fOaiCùt-H,-:esfMsietyto
fentimeni , *» »«« & ^' exfuf^ . qé m'ont
. pantriprihtnfibks.
l«ft.Ot. L Qylntilicn après avoir repris dani les ân-
Ti."*-/* ciens quelques métaphores dcfcûuçqfcs ,dlt
ST^' que ceux qui font inftruits du bon & da
mauvais ufage des figures . ne trôuvcriont que
, trop d'exemples à rçi?rendre. ^nm txkmfU
' * \,Mim MHèttUrréftthindet:, qMifciveritbitc.vi'
"au reftc les fiiutes qui regardent les mots,
ne font pas celles que l'on doit renurquct
avec le plus dp foin : U eft bien j)lus utile d'ob.
fovér celles qui pèchent contre la conduite,
' contre, U i«iftcffe du raifonement . contre
la probité , la dtoiturc.,& les bones mœurs.
Il feroUà fouhaitcr queles exemples de ces
" <terniéres fortes de Êiutes fuffcnt moins rares,
ôu plutôt qu'ils fuffcntinconus.; ^^
' : /.
■V i
7 ^ .-
'/
^ 1
-^
■Jf..
* - . •»■'■% '.« ''.
,C»
À M .•.
"I-"^"*"
107
DES TROP ES
T ROI S I E M -E P ART I E.
^Des autres fens dsns lesquels un même mot
' peuf être employé dans le discours.
Outre les tropes dont nous venons de
parler & dont les Grammairiens & les
Rhcteuirs traitent ordinairement , il y a enco-
re d autres fens dans lesquels les mots peu-
vent être employés , & ces fens font la plu^
part autant d'autres diférentes fortes de tro-
pes : il me pàroit qu'il eft très utile de les co-
noitre pour mettre de Tordre dans fespen-
^tts , pour Jrendrç ràifon dii discours &: pour
bien entendre les auteurs. C'eft ce qui va Êiirc
la matière de cette troifième partie.
Subjlantifs fris Mije&ivemeni y Adje^ifs fris
fnijl/mth;ement , Sidrjfantifs (jrAdjeâifs
fris advcÊHaUment*
UN nom fubftantif fe prend quelquefois
adjcdivemcnt , c*eft-à-dire , dans le fens
4'iin atribut % par exemple ; Un f ère efl toM-
^
■:»■
'S. ■ .'■
y
^
y:
\
.'• V
■-•.>'•• ••
• *
'■' ^ • -' '"^ \
0»'. . ^'.
1
' ■
' "■ :
,
r \-
'*
»
:. •' -J ■■■
) ,
\a: ■, ■
*
, ■ • .
■-
'
V
■■V^IH
^
.}
#
4108 sirssrjyrfFS
joitn pire , cela Veut dire qu'uif père cft tou-
jours tendre pour fcs enèins , & que malgré
leurs mauvais procédés, il à toujours des fen-
timens de pcre à leur égardîalors ces fubftan.
tife fc conftruifent corne de véritables adjec-
. tift. » Dieu eft notre reiïburce, notre lumière,
«notre vie , notre foutien , notre fout. L*ho-
ume n*eft qu'un néant. Etes- vous Prince >
»Etes-vous Roi ? Ètes-vous Avocat? « Alors
Prince , Roi , Avocat , font adjedlife.
Cette remarque fen A décider la qucftion
que font les GramîiSfciens , Civoir fi ces
mots Roi , Reine , PércyMére , &:c , font fubftan- ,
tïfsôu adjedifs? ils font Vnn&c l'autre fui-
vanr lulagc qu on en fait^ Quand ils font
le fujet de la propofition^iîs font pris fubftm-
tivemcnt j quand ils font Tatribut de la pro-
poiition, ils font pris âdjedivement. Quand je
-dis k Rgi aime le peuple ;Ja Reine' a de la piété :
Roi , Reine , font des fubftantife qui marquent
un tel Roi &: une telJe.Reïne en particuliers
ou , corne parlent les Philofophès , ces mots
marquent alors un individu qui cft Roi:
maisquand je disque Louis qmnT^e efl Rpi\ Roi
cft pris alors adjedivement 5 je dis de Louis
qu'il eft revêtu de la pûiffànce royale.
Il y a quelques noms fubftantiE latins qui
^ ^ ibi)t
^
^mm
'^■a--'- V
•I I lli ri II i II II m .1 I, .j.
'"'■ ^ *,J-r
mVii iii iJ^ I. JLwi«>ib'..
lÂMMMMirtiAÉkteMMHi
\
1».
féttt quéiquefois pris adjcftivcitHantjjpiâr mcto>
nymic, par fynccdoqucou par amonômafei
«ytcAtiicfihié^fccIit d*anfcclérat,d*tin home qui' '
éft,p<MiràinfidteeJkctinlemêmc:»$*^/iw,fiwiif- *Tcr. An<l
namhicUud^) ^Lcfcèlératdcquipârte-t-ilî î^,/*/'***
l/^iiife efifielusquimepénliét\ ^^ OÙ eft ccfcé^ ** i'l>iJ-»ft-
Icratqui ma pcrdii>oùVpusvoyc2 que)^f/Mi 3-^'^ î ^';*»
fc conftruit avec /^qui cftun mafcùlinj cax
félon les anciensGrammairiens dn difoit au-^
trcfois illky ilUcy illuc , au, lieu de iUt^tUa , i7*
/«^ : la conftrudion fc Êiit alors félon k f<*ns, ^
c*eft-à-dire,par râpprt à lapcrfonc dont on ;
parle', & non félon le mot qui eft nciitrcv
(Tarder j priibn , fe dit aiiflî par métonymies,
de celui qui mérite la prifo». Ain tandem, car- Tér^PIiond
cer) Que dis-tu malheureux > C eft peut être *^i.fc.ii
dans le même fensquEnée, dans Virgile, par-
lant des Grecs à rpcafion dé la fourberie dé '
Sinon , dit & cïtnunaab uno disce omhes. Ce que Mn,%,w.€f4
nous ne faurions rendre en françois en con-
fervant le même cour , nnfeiti fourbe , unefetdê
de leurs fonrheries ^ vous fera, conoitre le taraOère de
tous les Grecs é T ittvxt A Ait' ummcogn^^em-' Phorm.aift,
nesnhris. . . ' . x^,i.v.|M
Noxa , ^ , -eft un ftibftantif, qui dans le fens
J>r6preiîgnifie faute , peine, domage ; de«o^ ^
tire. U eft dit dans 1^ Itiftitutes de JuftimeA
/
'^^
• V
y
i
■ ■- M' '
nrri»
I ),, I .I.I.I . n ■,.
.. , i, _ '.. t
:? V
'^éi.
^^jOtement ambut , eft quelquefois fanit
SJHttep^iofiùon^ « qui ne peutariver
<rae pat» «pïU î^ » »l°« quelqu'auttc nom
SSeaduquieftd^ l*cfprit'Par exem-
Snr«^ perfu^ , c-ett-à-dire ce qm eft
.Sfcu,qui eft tout puifflnt,vangera les hooK»
Kow avons vu dans les préliminairçs de
la fyntaxe.que ladvette eft un ^not^^
S^ La Ptépofition marque une orcons-
S^U^al^^ftcnfuitedé^mi.^g'
^Sm qui fuit la pfépofilipa félon Tordre
.SL^ ot radv^be «ni^^^^S^,
jarticuijère du fujet , ©u <»^ *^"T^ :„.
■ I
:é'\^
3=
/.Il iiri»*- • ::
iii'"»'i
II' I »i « »■
iiilkv
■0l':'«A»
*
nts AbjEcrtrÉMENT , &c. if^i^
nJi^^ où , en quel lieu, en quel endroit J >h;
là » en cet endroit là^ ^
Il y a quelques noms fubftàntifs qui font
fris adverbialement, ç'eft-à-dire qu*il$ rfen-
tient dans une propçiîiion que pour marquer
une circonftance du fujct pu de ratribut,ea
vertu de quelque prépofition fous^ntcnduc^
par exemple ï i«, à la maifott , au lieu de la
demeure^ Kwfci nifti^s domi .ff^àti i elle voit
qu'on fe préparc che2 nous.à la noc« i dom
marque la circonftance du lieu où ^*Qn 9t
préparôit à la noce î on fous-éntcrtd ,^ in ac-
tifs dmi , dans les apartemcns de la maifoh,
de la demeure 3 ou bien in idi^M loco imà.
^ piaule a Cîcprimé éuUis mnes dmi fer £des , de
chambre en chambre, d'apartcment en apar-
tcmeijjtv _ .
<J^ dmi eft opofè à heUi ou rnibUM où
fous^mtend in rthus h Çicéxioa l'a exprimc,iy»^
tMifimufëe nhiês vel helU^ vti demi > alors dam
le prend pour U pane, là vile ^tc félon notre
manière de parler pour la faix, k tenu Je U
mm. Nous avons parle ailleurs de c^ fortes
tfeUipfes. C . ^<.
Of^h fe prend auffiadverbialetï^nt,coine
Boi» rivons remarque plusha<a|f.Q?aiwl«»
ibis la raifoo'ifcs tttawB^^
Tff. Anl;
^
Plâute^âiv
ic* 5* t* 31»'
Cic^OfL
fie. L X. Ot
l^alittt *
»if.
M»4H
i> <<
A
, V.
■■*.
■ /T
■i^i i.i.i>»
.^'
' ''.*•,?■ ■■«■ - ••■• !'l;: '■"«' it-v<'.'^ ■„■■■■'•■ •. . *• '• ViV/^
-■ ■» ■■.'■'. „ ■ ■ / ■
^
«>i iiHii ^iiiti
Il il»! ,%m il 1^1
.-1/
m Vl, ' ./'o"
■<i'ip
^ 1
/*' ■ -,
< I ■'!'■ i' lll 'i I
lA 1.1 J II
r^
^
\
:)U SUBSTANTIF S »c.
fortes de mots , on peut fc , contcntéi^ de dire
flue ce (ont des fubftantifipris advcrWalement.
Les adiediè fc prcncnt auffi fort fouvcnt
adverbialement, corne je l'a:! remarqué ea
parlant des adverbes > par exemplcc^arfcrfc-wf,
ptrkr bas, parUrgm & latin, graccè & latine
loqui : f enfer jufte ,fenùr bon , fentirmauvais ,
piarcher viu , voirtlair , fraper fort, .Sec.
Gesadjcaiis font alors au neutre,& c'ett une
. imitation desLatins-.rrwia'ér/i tuéntibus bi\cis;
\ l^- °^" Z^tutnùbus ^ negitU tranMrf^- Ruer. eft très
l ufité dans les bons auteurs, au lieu de ««««r
qui ne fe trouvg que dans les auteurs de la nio-
Vire.Geor. ytnt\a.ùnitc^Sok mens ortoiFUermn recens natum
!«*'-';*• rrtfrl«. * Dans CCS ocafions il faut fous-enten-
ïa .*: dre là prépofition ad ,ou ]um,m m > P»'[
1 mtns negùtium, ou tempus come nousdifons, a
■ U ffancoife ,a U mode , s la renveffe , i Fimprovtfle,
à la traveife , &cc. Hotzcc^i dit ad plénum fo^X
plenè , pleinement , abondament , à plein :
i;i.pae.7. nuuàit ad plenm. On trouve ^ufli «»_ pour «rfi
Hor.U.6de itms m prsfens ininms : JoBis m altMmmiUbus.
♦' H«x;. If xit inimménfum tœcûnda licéntu vaturo.r**'
*«» cn'âT '. j^infi quand Saluftc a dit mons mménsàm iétus,j
^'Ù »--iLfeût tous-cntenire mj& avec ces adjeaifspii
W ' fous-entcndunmotgcncriquc,wié««w,/f'«-
L M fil - • »«» ,m'"t^'^ ' • '• ■ -
^'
rr
i4^
fc I nyiiii ■;■ Iinê iiii * Aiii» tM'ii
• \
,«V'T'
Sens
CHî
da
fiçrdît
né, ne
tel indi
le fens i
que ur
qu'on
ticuliei
mes ne
croie c
c'cft-à-
un tel
ou qu
■Au I
unob
fieurs.;
les Car
chines ;
tflleli
\ ;/ On']
étroit,
Vraies
• ■ r
/:.r'r v"^
s^Sïr
'■■'""'• •%
mkutm
:ti
w
ïi^^r*""^'
/
9( M M ^ ÎK M rl% vA #% #M #% ^4 r% «M #% m m «4 M #M #% ^^^K ^%^4'^% A(
\ II.
•^
Sens DETERMINE* y Sens indexi».mine'.
î ■ ' * 4
CHaque mot a une certaine fîgnification
dans le discours > autrement il ne figni-
fiçrc^t rien ; mais ce fens , quoique détermi-
né , ne marque pas toujours précisément un
tel individu , un tel particulier v ainfî on apè-
le fms indétermini , bu jw</é^7«,, celui qui mar-
que une idée vague, une pensée générale^
quon ne fait point tomber fur un objet par-
ticulier > par exemple: on croit y on dits ces ter-
mes ne défignent pcrfone en particulier qui
croie ou qui dij: : c'eft le fens indéterminé ,
c'cft-à-dire, que ces mots ne marquent point
un tel particulier de qui Fon dise qu*/ croir, .
ou c^Hldit.
"Ail contraire , le fens déterminé tombe fur
un- objet particulier > il défignc ijpc ou plii-; ' f
fieurs.pcrsone$,uncouplufîeurs»cnofes;come, ,"< ; '
Us Cartéfieni croient que les animaux font ^desma^
xhines : Qcéron dit d^ns fes Offices y qui là bonefoi t. i;n. ^4:
^leUen éeJaJbcLèté. /. ^ , v alùcrxxi^
On peut raporter ici \c fins étendu & ïcfens
étroit. Il y a bien des propofition^ dui font
yraies dané^ un feq^ çtcndu;/atè,ôt^ feùfics lors^ " ' y C;
••sï=>-
•<■ , .
• ■ r
±±
•^
■-«- "'if.-
»tc
;!iii"n „' ,/ i^tMi-'.,*'. "j, ,,,„i4r
.-.li
". 1/
> » > ■
k
•*»*7Trr-- •
., ' i
'f •
'^''
\
«ii-le» «KM «n foot pti» à lajr^eut^ . ,
S'en doheton» des exemptes en parlant
du foB litital. • ' '
PP»*""- —
. . -ni. ■ ■ ■ •
SiNs Actif, Sw$ IPassif , Sems Neutks.
ACi^ vient de ^«e , pooficr , agir » «»«•
Un mot eft pris dans un fa» attit,
quand U marque que l'objet qu'il exprimé,
pu dont il eft dit , ait une aOion ,QU qu a a
on fcntinwnt , une fiaiCttion. . *
- U &«t icmarquer qu'il y a des aOions K
des fcndmens qui paflènt fur un objet qui en
eft le terme. Lçs PMlofophesapékntf-^»,
ce qui leçmt laûiçm rfun autre i ce^J^w le
lome ou l'objet du (eniiment d'un autre. Ain-
fif«wiiriieveut pas dire iciccluiqui reflcntde
la douleur .; nuis ce qui eft le tenpedrune
àâion ou d un fenfinlent. tiem *«l fa^ : *'*
*flt ptis^lans un fias aûif^ puisqu^ marque
oneaâiôn que je dis fBC Pi«^ Ûit , «c cette
aaiQoaJ»at»l pour objçt ou pbttf patient.
'^ i aaiiF, «4'^**' ^P^<^^^
éoteft pris diuô'an feh* pî«ffifr<r»»n*
;//,,(
fl _^
■ssm
"". ».'
* f.
-j' ./.
gpdâcqu
ou ce de
tient de
fimt il
îaul qu
Je ne 1
, te
Bâtant c
'. Il y î
propric
tuation
n'ont p
le tcrn
JJeutre'
ni aâif
une ^Q
c'cft-à-4
dont c
vctbe ,
conscc
mitic ,
lui pc
besps
neutr
âufli
W-...^-:-."
■HBSÉBOÉtafa
î '"f "jj:'U„.li
...«, ,..t,.;g
Aïs
mA
|:^P"««-' —
SENS ACriFiéc. %t^
U inacquc, qiie le fujct de la propofidon ,
ou ce dont on parle eft le terme ou le par
tient de Tadion dun autre : Faul efibatu péor
fiem ; hatu eft un terme paf&f : je juge de
îaul qu'il eft le terme de ladlion de batre.
Je ne fuis point bataiit, de peur d'être batu.
■•^ ■ . ^^ -A- '^
Bâtant eft aOif , & batu eft paflîf.
II y a des mots qui marquent de fimples
propriétés ou manières dette , de Cmpks fi-
tuations , ôc même des adions , mais qui
n'ont point de patient ou d'objet qui en foit
le terme > c'eft ce qu'on apèlc Icfens neitift.
Neutre veut dire ni tm ni l'antre , c'eft-à-dirc ,
ni aâif ni pafïïf. Un verbe qui ne marque ni
une aftion qui ait un patient , ni une paflion,
c'eft-à-dire , qui ne marque pas que l'objet
dont on parle foit le terme d'une adion , ce
verbe , dis-je , n'eft ni aûif ni paffif > de par
conséquent il eft apelé neufrc,^
\^Amàre , aimer , chérir > dilï^ert , avoir de Ta-
mitié, de Tafcdion, font des verbes aétifi.
Amâri^ être aimé, ctré chéri ; <^/ifji, être ce-
lui pour qui Ton a de r;^mitié, font des ver-
bes pàflîB ; mais y^i^ir, être aifis,cft un verbe
neutre i «n^érr^ être at^p|^
duûSi un verbe__ _
m
HoVAtt
cocs imag]
/
4-
(■■■■
m
.Cî,'
v:.
■^
/
Virg. ^n
ji.v. 3.
ffcl. S. V. 4.
/
i:»"?*»»**""'
>
•1
rtïg . SÉlfS ÀcriT,
< Souvent \qs verbes adifs fc prëncnt dan^
un fens neutre , & quelquefois les ver- '
bes nci|^rcs fe prènent dans un fenis a£tif:
itrire ftne lettre eft un féns aétif j mais quand
on demande, ^e fait Monfieur) &:^quon ré-
pond, // écnt y il dort y il chante , il danfe ; tous
ces verbes là font pris alors dans un fens neu-
tre. Quand Virgile dit que Turnus entra
dans un emportement que rien ne put apai-
fer , implaicâbilis ardet ; ardet eft alors un verbe
neutre : Mais quand le même Poète , pour
dire que Coridon aimoit Alexis éperdu ment,
|c. i.T. I. fe feçtde cette expreffion , Côridon ardébat Aie-
xin , alors ardébat eft pris dans un fens actif ^^
quoiqu'on puiflc dire auilî ardébat x«t« Alixin\
bruloitpour Alem .
Rèqidéfcere^ |e reposer, être oifîf-, être en
repos , eft un verbe neutre. Virgile la pris
dans un fensadif lorsquil adit:
Et mvitâca fuos rcquicrunt fliîmîna curfus :
'■ ■ y . , '•■■..•
JLes fleuves changés , c*eft-à-dire , contre leur
ufagc , contre leur nature , arecèrent le cours
de leurs eaux , retinuérunt fuos curjfus» 1^ .
Simon- dans TAndriène rapcle à Sofie les
bienfaits dont il la comble : »» Me remettre
«aiiifi vos. bienfaits devant les yeux , lui. ^j|^^
•S
> Sofie ,
bliés. Ifli
mémoris i
tre eux \
pas pou
dre dans
fif> Mac
explique
mérnoris ,
exproLrâi
bienfait
Selon c
dire cél
adifs i
oiibàé ,
par rap
Maiî
inifnemQ
ilanslan
un biei
moire,
bienfài
unem;
fouvei
piemor
dansl(
|^iên»n<
*• '«j
.Aw
/
Fi»&'a«»liw«— ■
SEtJS TASSIF.ére. iif
.^ Sofîc y c eft me reprocher que je les ai om^
blJés. Jjïa^c commemorâtio , quàft exprobrâtio efl ^J^^'^^ç^ .
tnémoris ber^eftcii. Les interprètes d acord en- v. ly,
tre eux pour le fonds de la penfée , ne le font
pas pour le fens (X'mmémons : fe doit- il pren-
dre dans un fens aclif , ou dans un fens paf- ^ „
fif} Madanlie Dacicr dit que ce mot peut être
expliqué des deux manières:eA"^roArir/o mei im-^
mcrnoris , &: jalors immcmoris eft actif 5 ou bien,
€xprolràtio beneficii immémoris ^ le reproche dun
bienfait oubUéià: alors wTwtiwor/j eft paftîf.
Selon cette explication , quand mmemor veut
dire celui qui oublie^ il eft pris dans un fens
a^if; au lieu que quand il (îgnifie ce qui efi
oublié , il eft dans ujn fens paflif , du,' moins
par rapprt. à notre manière de traduire.
Maiî ne pouroit-on pas ajouter qu'en latin
immema^ veut dire fouvent qui n efi pas demeuré
4ians la mérnoire } TsLcitc a dit immemopbefieficiumy
un bienfait qu*i n'eft pas demeure dans la me- '
moire , ou félon notre manière de parler , un
bienfait oublié. Horace "^ a dit memor nota , "* Horace, !•
une marque qui dure long-tems , qui fait ref- ^' ^'^- ^^•
fouvenir. Virgile ^^ a difdans le même fens **>tn.ia.
piemor ira , une colère qui^demcute long-tems ^* ^'
dans le cœur , ainfi immémoris feroit dans un
ç^l-^.fcns neutre en latin. .
I
"■«p \
1
«^
-^■. A-
v_
mi
:>-
.X *
r* ■^, ••
f *■ m
une
un
tîL
HorXiSac
ï
•Tfcr.Adel-
c. %. V. II.
** Piaut..
Xad. aâ.»«
^/ife Mwfieur^ JljùiteifoiierM pris alô»
^fans un fens ncutit : mais quand on dit , il
t^^^p^jeft* U }êue eft pris dans un fens àâif,
êCgnsjeMeàlctceimtdeUiouf.
PanfircSt un verbe neutre î mais dan,
^ntmntty danfer tm menuet i danfertSk alori
Les Latins ont fait le même ufagc M fat-
tin qui répond à danfer. «aluftc a dit de ^m-
pronia qu*elfcriàvoit mieux chanter & dan-^
fci: qu'une honète femme ne doit le lavoir,
FfiJien &faltàre ekgânttus, qmannecélfe eft proba:
( fupplc ) doBa trot *«t«* pfâUere & fakâre ifal-
tin eft pris alors dans un fens neutre : mais
iorsqu;Horace a dit Sakàre Cyclipa , danfer le
CyclopeîMiir èft pris alors dans un fens aftif*
» Les Grecs & les Latins , dit Monfieur Da-
» Cicr , ont dit danfer U Cyciope, danfer Glamus^
mémfer GMmbie, Léda , Enrape, &:c , c*eft-à-
dire , rcpréfenter en danlant 4& avantures du
Cyclcm , de Glaucus , &c.
Le înème poète a d^t t f&fmsébrîns IHimam
eéirmk, le comédien Fufius en reprcfentant
Ilione endormie , s'endort lui-même corne un
home ivre qui cuve fon vin. Tcrcnce a dit *
iéermfcam bcevUU.fC cuverai teon vin : &
Plaute, ^^^rmfcamtmc cripnUmf & dans
• «,
> • >
SI
diOl TAn
f0mn9im^ct
Vl^usvoy
idâmifien
Çettfr^r
de parler!
pcènenta
marquem
te i iter «
/ce que.n
l!adionc
Hiitkatifî
desancic
Sens
KJ loi
enellen
fedétur mi
; Ugivoce»
fUmtfs t li
liabent lu»
nerU apud
ziflet . .. .
ééSu te t
\
•■ :i{ii'
'r.,^..l" LJ^
M-i».
Mi^Mk^ArfM.
daos rAmphitriot^ il à^^iijix,f efhmtfiêi mmm Hâ àmflii
fimmoB^comt nop dxiaai darmkr m fmme, ^'^\\^^
V^is voyez que djins ces exemples e^amkre àc '
ri»r»wy«fiv (è pcàiehtdans un feiuad^^
Cette^renuMpque fert à expliquer ces £içons
de parler itmr^favétftr^(icc , ces verbes neutres fe *
pcènent alors en latin dans un fens paflîf, K
marquent que Tadion qu'ils fignifient eft fài«
te i ker itwr , l'aâion d'alÇr fe Eût. Vbye«
. ce que .nous en ayons dit dans la ' fy ntaxe i,
l^étion que le Verbe iignilie fert alors de no^
Biittatif Àu verbe même, t^lon la remarque
des anciens Gramniairiens. "^^
• IV
Sens absolu, Siks s.ilatif.
UN niot eft pris dans un fens abfolu;
lorsqu'il e)cprime unecholè confidérée
en elle même fans aucun raport à une autre.
•* TTt eérrttmrJk*mt » pro eurré ; fd fiatmr à ##, pre ^Mis '
ffiitur mk HU , fto f$dit ilU f in ets poteft ipCi m lutélm
ligt rocejM(tifa| ac eértitmfemrfiitf^êUstmr IglMk, Frit"
tiÀmtft , hb. XTii. c <ié Pron6iiununi conftru^i^ne.
S# Vêfmi fittpimê m et» termes > fcrha accuMiraa
lubent (îur oriffints vtflcogniur fignificaa6iii . : pn6ru g^
oeris apud^TereiKiiim flft /«i«rf Imdtml Mmm, aâ. 3. Te.
f» ▼•.39' A^d Mir6nein fârer* fmr4r^m. Mm. L 11.. ▼•
éêo* Dpnitus i\rchai«aauai vocac , nullrm Atticlsmuni di*
xiflèt • .^ . . • . Jfiui de locutos conftac '; non eos modâ qui
ééBtà Se dbioléta aniam , fcd 6pcifnos quo .que Sprimi xii
fGtift6n$, Ace Vùjpm de Conilru^i;6ne, pag. 40^.
^
■S-.
■ f
' .^
^f
J..^
■».: I !..
Â-
r
:• S
\
^\
\
*dfMtm /qui veut dire ach6l
, -^vf "rr > ^ ^^ detiKUide rien davântft-
> i»^e]^t>Ie^ quand je dis qucUfoleilefi
kmimèitj^ , Cette txpreifion cft éatïsun fcns abi
ioW» cd(ài à qui je |jar|e n'atcnd rien de plus,
-ps/t raport au fens de cette phraie.
ais fi je difois que le fateUeffj^usgi'andque
jis urn , aJor$ jcjïotifidcrerois k foleil par ra-
port à Ja terre, ce (croit un fens relatif ou rcf-
pààif. Le fens relatif ou refpcOif cft donc
lorsqu'on parle d'une chofc par rapori à quel-
qu'autrç : c cft pour ccl^ que ce fcns s'apèlc
uSi nfpcSif^ du latin rtfpπere\ regarder; par-
que lachofeMoht on parle, en rrgarde,
ur ainfî dire , j^ne autre > elle en rapèlcTi*
dce"; elle y a du report y.elle s'y raporte » dd^
vient relatif ^dc refèm raportcf:. Il y a des mots
îélatifiy tels que féi^ y fils , époux ^^ç >\nou$
ep avons parle ailleui5. \ |
ip^iinwiwmiiinnpifimm mut ^
V..-.
Sens comïctif,S*n$ Dis-imiBUTi
GOÛeSifvïtntda latin co/%rr y qui veut^
dire ncHeilkr, affèmhUr. Diflritihtf Vient de
ifiribien , qui veut c^rc di/Mêcr , forfé^er.
l^tit des f(
femme cft
la propof]
tif , c cft-à
chaque fc
Uhome^
fcns colle
Au Jicu
hutïf^ovi
(ulier.
il y a de
dontridi
liQfêdep
&rmcnt
ticuliers :
SlK3
Itya
qucs.
fie des ch
dit plulic
intérieur
l'on Eût <
I .
. N »
V»
■ M » mil I )' Il
à éà> Il ilBhtlr.i II >
y
'.-■'. ■
T
a^'
■ .>
-' - '■ -
â
SENS COLLE CriF,&i. %%M
llL^ femme aime à farler:<c\3i^^ vrai crt par-r
ïi^nt des femmes en général 4 ainfi Iç mot de
femme eft pris là dans un fens colleûif ,• mais
la propofîtion eft fàuflc dans le fens djftribur
tif , ccft-à-dirc , que cela, n*eft point vrai, 4c
chaque femmech particulier.
L*home çfl fujet à la mort 5 cela cft vrai dans le
ifcns colledif , & dans le fens diftributîf.
^^ liai de dire le fens coUeêtéfôc le feus difinf
htif, on dit auffi le ferfs général &C le fens parti-
culier* .
11 y adesmbts^uifont collcaifs^ceft-à-dire,
dont ridft rcpréfcnte un tout en tant quç com-
pofé de parties aduêfemcnt fcparces , &: qui
Arment autant d'unités ou d'individus pai>
ticulicrs : tels font am^ey république y régiment.'
. , ■ • VI.:- •■■.•■
SlK3 ÉQUirOQJJE, SeN'S LCrjUCHE.
It y a des mots &: des prôpofitions équivo-
ques. Un mot eft équivoqu(B,lQrsqu'il figni-
fie des chofes difctfcntesîcome <:/bcr«r,aflcmbléc
4fe plufieur![pcrfones qui chantenc5«r«r,partic
intérieure des animaux ;^tfii»/ , table ftir quoi-
.l'on âil des Ciciificcs aux Dieux i èW, grai|*
«r
/l
r
/
*.*? .^ '•
$ %
9
♦
\
>••
■ ,>
%
-■-'■'
,^/^_^
■*iW^Ma^^.MMMa
mliMt^éàLami^mi^m
/
r^,
.V
.•■ '
■'#
/
ibrcé;ic 4.
f
m% ^ÉNS: E^V iy0 9VÊ
et jxmCon. Ces mots font équivoques , <!ij
moins dans U pro^nciation. Lhn , nom
tfunanimals Z ion ^ nom cTune conftelUtiony
(fan figne célcfte i Lum^ nom d'une yile«
£«iii, foric de fhiit y coin ,ànglo, endroits cwny
inftrument, avec quoi Ton marque les mo*
noie$;&^ médailles *, coin y inftrument qui
iêrt à fenâre du bois • Coin eft encore un ter*
me de manège, &:c.
De quelk largue vouUXfVOHs Vous fervir avec
mei > dit le doûcur Pancrace, parlant à
Sgànarèlè^ fie la langue qu^ jfai dans ma bouche^
répond Sganarèle : où vous voyez que par
Jangue Pùn entend langage , idiome iôç Tautre
entend /come il le dit, la langue que nous
avons dans Ja boUéhe.
Dans la fuite d'un raisonemént, on doit
toujoàrs prendre un mot dans le même fcns
qu'on Va pris d'abord > autrement on ne rai-
fooeroit pas iufte j parce que ce feroit ne dire
qu'une mèriïe chofe de deux chofes diféren-
tes : car , quoique les termes équivoques fc
leflëmblent qualit au fon , ilslîîgnifient pour-
tant des idéc$ difcrentcsî te qui cft vrai de
l'une n'cft doôc pas to^jou^s vrai defautre.
Une propofitiori cft équivoque , quand le
fujct ou J'atribut prcfcnte deux fens à rcfpntî
otiqt
xapori
c'cft <
s'acou
Il y
louche
ic rapi
daqt il
dans Cl
xncriiei
T
l-J
Se
£e Diei
dcïM
qncle
on coni
Dieu dut
feiaifei
ToutI
ghificr
dcûxn
louche.
vent En
\
:*'.
«O;
i
,>
SENS LOUCHE. - it%
OUI quand il y a Quelque terme qui peut Ce
laporter ou à ce qui prçccde, ouà ce qui fuitr
c'cff ce qu'il faut éviter avec foin, afin de
s'acoutumer à des idées précifes.
Il y a des mots qui ont uiie coBftniîlion
louche , ccft lorsqu'un mot paroit d'abord
le râporter à ce qui précède & qi^çcpeii»;
daqt il fc raportc à ce qui fuit : par exemple;
dans cette/ chahson & conue , d un de o6t
meilleurs opéra,
. Tu fais chatmcr,
■-■■■■ ■ „ • '■ ' " / .■
Tu fais dcsacmçr ,
' * *
Le Dieu de la guerre ; *
LeDicu du toncrrc
Se laide cnflamcr.
£e Dkn du ten^ne paroit d abord être le terme .
dcl'tdUon de charmer dc de désarmer^ aufïïrbiçn
que le Dieu de la guerre : cependant/ quand
on continue à lire , on voit aisément que le
Dieudutonerre eft le nominatif ou le fujetde
fe laijfe enftamer. ' , •
Toute çpnftrudion syribiguc , qui peut fi-
ghificr deux chofesea même tch^s , ou avoir
deux raports diferens , eft apelée èqmvoque^Ga
louche. Louche eft une forte d équivoque, fou-
vent &cile à démçlcr. LQuchctSi ici uii ccrmc
■r^
y
/
. . 1^'
\
t ¥
^ ' *
«.
\_
' •
Au. ■
\
/
•,;>
v^ liictaphoriquc : car corne les perfoijcs lou-» ^
chcs paroiflènt regarder d'un côté pendant
y^ <Jut'c|les re;^rdent d'uR autre , de même dins
les conftrudions loiiches , les mots femBIcnt
avoir un ^certain^raport , pjjndàlîr qulls en
ont un autre; maisquand onne voit pas
aisément quel raport on doit ItuV doncr , on
die alors qu'une propofitioh. cft équivoque ,
: plutôt que,de dire (implement qu elle cft lou-
chç. :
Les pronoms d<î la troifième persorte font
foùvent d^s icns équivoques ou louches, fur^ -
" toiat quar(d ils ne fe raporrent p^s^u fujct de
la propofition : Je pourois en raporter un
grand nombre d exemples de nos meilleurs
auteurs , je me contenterai de celui-ci :
Table gé- ' * François I. érigea Vendôme en Duché-
î'*^^f ^1 1> Pairie en faveur de Charles de Bourbon? &:
des Rois de > '
ïranccdc .» H le mena avec lui à la conquête du duché
»de Milan, où i/fe comporta vaillament.
» Quand ce Prince eut été pris à Pavie , il ne
» voulut pas accepter la régence qu on lui
•) proposoit : il fut déclaré chef dû conseil , il
» continua de travailler pour la liberté du
.» Roi ; ôc quand // fut délivré, il ^j^tntinua à
» le bicnfcrvir. . ' . .
la oiaifon
k>ii.
(
Il n'y à que ceux qui font déjà au fait de
l'hilïoirc
rhifïi
portî
cesp
de ic
aper^
Jifent
en la
Qui
dont
on le
de ce
fouve
L'amb
• t'Ac
voit c
L*aino
Enéf(
marqi
.pas fe
cft dar
autrcn
ion in
ment
: Onn
y
-^
SENS LOUCHE. ii\
ihiftoirc qui puifîcnt dcmêlpr les divers ra-
ports de ce Pm'ceôc de tous ces il.Jc g^is,qu en -
ces Qcalions il vautmieux répéter le Tnot,que
de Te feryir d'un pronom dont lé rapprt n eft
aperçu que par ceu< qui Ta vent' déjà ce qu'ils
lifent. On évitoit taciiemeiirces icns louches
en latin , paiJes usages diiérens de fuks , f/«x,
hic :, ille ^^is^ ifte. ■ /
C^elquefbi?, pour abréger, on fc contente
de iaire une propolit^on de deux membres * .
dont l'un eft négatif &:l\utre aiirmatif, &:
on les joint par une coiiîondion : cette forte»
de conûruclion n eft pas. régulière , & fait
fouveijt des équivoques ) par exemplcf'
L'amour n'^cft qu'un plaifir, & l'honeur un devoir, Prrm. i^\^^
.t'Académie * a remarqué que Corneille de- \ \[^% ^^'
Voit dire r * Scnrimen
. t»t i'Acarlé-
L'amour n'cft qu'un plaihr, 1-honcurcft un devoir, mi^iuric
En éfét, ces mots «-(^^«e, du premier membre,
marquent une négation , ainfi ils ne peuvent
. pas fe cotiftruire encore aVec m devoir , qui
cft dans un fciis afijrmarif au fécond membre;
autrement il fcmblieroit que Corneilie,contre
fon intention , eut voulu mcprilcr égale-
ment lamour &: rtioncur.
; Onncûuroit aportcx trop d*atcntion pour
Cid..
\ .
• »- 9 — r
^
l
■
A
î
éviter tous ces défauts : on ne doit cçxixc que
Jx)ur ]fc faire entendre 5 Ja nètetcd: Ja p^cci-
iîon (ont Ja fin & le fondement de Tart de
parler &: décrire.
.>■:■ • VIL ';
Vn.S JEUX DE MOTS ET DE LA PaRONOMASE.
L'ocafïon des équivoques, je vais m'arc-^
ter un moment fur les jeux demots : il y
• en a de deux fortes.
1. Il y a des jeux de mots qui ne.confîflent
que- dans une équivoque ou dansuneallulion:
j'en ai .parlé dans lallufion , & jen ai doné
àts exemples. Les bons mots qui; n'ont dau-
' tte fel que celui qu'ils tirent d'une équivoque,
ou d unQ alluiion fide & puérile , ne font pas
' du goût dej} gens fénsés i parce que ces mots
'^ là n'ont rien de vrai ni de folide.,
2. Il y a des mots dont la fignifîcation eft
difeiente, &: dont le fon ell presque le même;
ce raportqui fe trouve entre le fon des deux
mot^/ait uneefpèee de jeu, dont les Rhéteurs
, jûT- ont lait u'ne figure qu 'ils apèlentParonomafe;
a : •»o^« , par exemple , amantes funt amentes , les arnans
nominitio, font dcs infensés : le jeu qui eft'dansle latin
jeu d€ ûe fe retrouve' pas dans le firançois.
Aux fiinérailles de Marguerite d'Auttiche^
r««.'
mo^ti»
quî m<
dont \i
iourat
Pour
qui fe (
peint u
qucjTa
dans pi
indéper
jobfe
gures qi
Tïons d(
c:eft qu
d'une p(
dont la
pclcfim
finifîcnt
ne péric
une te
lîance d
quand ^
Ces dei
Jâ mêi
ter les )i
^
/ .■
DES 'JÉVX : iif *
qui mourût çn couche,. on fit une devife Emrctiettt
dont le cofps étoit une aurore quiaportc le Ic*^'^,
jour au monde, avec ces paroles , Dum pàrio^ lE^ui
piira , je péris eh .donant le jour.
Pour marquer rhumilitc d'un home de bieti^
qui fe cache en fefant de bones œuvres, on
peint un ver à foie qui s*enfermç dans fa co-.
que jTame de cette devife eft un jeu de motss '
cpcritur dum operâtur. Dans ces exemples ÔC
.dans pluficurs autres pareils, le fcns fubfiftô ,
indépcndan^nt des mots. ;.
J obferverai à cette ocafion deu?c autres fi-
gures qui ont du rapôrt à celle dont nous ve-
nons de parler: lune s*apck fimiliter cadcns ^
c'eft quatîd les diférens membres ou incifes
d une période finiflent par des cas ou des tems
dont la tqrrpinaifon eft femblable : l'autre s'a-
pclc fmïUter dtftnen^ , c'eft lorsque les mots qui
finilTènt les diférens membres ou incifes d'u-
ne période ont la même terminaifon, mais ,
une tcrminç^ifon jqui n'eft point une défi,
nance de cas , de tcms,ou de persone , come
quand pn dit fâcert fôrtitcr , & vïvcre tirpiter.
Ces deux dernières figures font proprement
Ja même) on en trouve uii grand nombre ,
. d'exemples dans S. Auguftin. On doit évi-
ter les Jeux de mots qui fofit vides de fens ;
. Pi)
1
* «-
m
•V
' jr
/ .
^
*•
^
Y
».•
. .-I*
^i8 ^ T>E MOTS ért.
maisqu;ind le fcnsfubCftc indcpcndamcnt du
• jeu de mots,ils ne perdent rien de leifr mérite.
■.' ■ /. . ,^ VI II. ■ ■ '••-
* • 1, ^ — — .^- * •
.. Se N s C O M P o s E* , S E >KS D I V I s 1.
QUand ItEvangile dit les aveugles voient
Us boiteux marchent > ces ^çrniçs les aveu-
. gics -, les ^.boiteux / fcprcnent èir c^e- ota-'
fxpn dans le fens diviic , ô'eft-à-dke , que ce
mottf've'Ai^/fj fe dit là dé ccuk*qùi étoient aveu-
gles & qui ne le font ^pkis > ils fpnt divisés *
pour ain(î dire, de leur -aveuglement , cat le^
aveugles en tant qu'aveugles , ce qui Xeroit
le fens composé , ne vçient pas. /
L*Evangiie parle d'un certain Simon apêlç .
le lépreux , parce quilj avoit çté , c eft le fens
divisé. ^ * ' . •
AinfV, quand S. Paul a dit que les ido-
lâtres n'entreront pas dans le royaume, des-
cieux, il a parlé des idolâtres dans le fens.
confipofe ,^ c eft-à-dire , de ceux q^i demeu-
reront daqs Tidolatrie: Lés idolâtres entant
qu idolâtres n entreront pas dans le rbyai^c
des cieu5h-c!cft^le fens composé > mais ïesTido-
Utres qui auront qiiité Tidolatric ^ qui au-
V. 6.
4.Çor. c. €.
ront k.
yaumei
• .Apeli
tableau
nier cen
tabfeau
-^ a voit bl
nieraïii
. les lui c
que de J
verbe ne
La réc
nicr,-étc
'cordon i
. ger que
ce cord(
point et
donier :
fens cor
îàit &:
conoida
JU^C COI
alors ci-i
métier 4.
. Ovide
que tint^
i, temcle^lt
^
/
^
^"m
SENS COMPOSE', 21^
ront feit pénitence V entreront dans le ro-
yaume des cieux : c cft le (cns divise.
.Apelles aîant exposé, félon Ta coutume,uii
tableau à la critique du public , un cordo-
nier cenfura la chaufruie d'une figure dz ce
tableau .- Apelles réforma ce que le cordonièr
-^avoit blâmé : mais le l'end 'main 1;^ cordo-
nier aïânt trou\ e à rcdiriz à une jambe, Apel-
Jes lui dit qu'un cordonicrnc devoit juger
que de la clin u (Turc; d'où cH: venu le pro-
verbe nefutor u'.tr ; cr'pidam. fupple , jûriai.
La récusition qu Apcllcs fit xb ce cordo-
nicr,-ctoit plus piquante oit: rc'\iforaMe : ua
'cordonier, en mt que cordo ii^r , ne do't ' >
. ger qu^ de ce qui efl: de Co^^ m 3tfer ; m ii< , fî •
ce cordon ier a d'autres kimiérA, il ne doit
point être récusé, par c:h frjlqu'il eftcorr
donier : Entant quecordoiirr, ce qui efl le
fens composé ," il juge (i un foulicr ed bien
?àit &c bien peint ; &: entant qu'if a des
conoidances fupérieures à fon métier, il eft
ju^e compcraht fur d'autres points-, il juge
alors dins le fens divisé , par raport à fon
métier Je. cordonier.
. Ovide parlant du fàcrifice d'iphigénie ,dit
que tinùrèt ,\)ulllc -triompha de la tendrejfc pu;- •
tcmUe ^ le Roi vainquit k père :
riij
4^
v.
■\
/
'h
V_-^
'/•
;
V-.-
tjo
Ovid. Met.
\
/.
_. •
SENS BIVISP. j .
: . . . . Poftqqitm piçtâcf m pûblica cuifà
Rcxqnç patrcm vidt. . / ' -
Ces dernières paroles font éàXid un iens
<li visé :' A gamcmnon fe regardant corne
Roi , étoufe Jçs fcntimcns qu il xfSttit corne
pire./ .-.^ ^ ' j
pans le (chs composé , un rpot conserve
Ùl fignification à tous égards , éc cette fîgni-
fication entre dans la compontion du fens de
toute la phrafe 5 au lieu que dans le fens di-
vise, ce n*eft qu'en un certain fens , &: avec
reftri^ion , qu un mot conferve fon ancienc
fignification : Les ayeugles voient^ c*eft'à<lirc,
ceux qui ont été aveugles. t
■' IX. . ■.
Sens Literal,Sens Spirituel.
LE feus litèral eft celui que les mots exci-
tent d'abord dans Tesprit de ceux qui
entendent une langue ; ceft le fens qui fe
présente namrèlement à lesprit. Entendre
Augufi. — une exprcffion Utéralcment ^ c*eft la pren-
Uh!'z^\^'x. drçiau.pié de la lettre, ^dm funtfecmdum
^ïiïff. III. ùttcram accifere y id eft , non aliter tntelltgerc quàm
s
^era/biu
ficiit imr
fipiificant,
Le fen\
renferme
fcnslitér
fiées par
prit. Ail
blés, da
fens lité
Joup §<: t
ruilïeau :
à Fagne*
chez fin
dans ces
A deux a
tre objet
les fôible
qui font
rituel ,
téral.
Le fens
î. Il y
propre c
«uci^r ,
u '
•■M*'-',
, SENS LITERAL érc. tji
Aterajbndt i ceft le fcns que les paroles figni-
fient immédiatement , is quem verba immeëi^
fignificarU. ' " '
Ze fensfpiritHel , cft celui que le fens litcral
renferme, il éft ehtç , pour ainfi dire, fur le
fens iitéralî ceft celui que les choses figni-
fices par le fens litériai font naitre -dans Tes-*
prit. Ainfî dans les paraboles , dans* les fa-
bles, dans les allégories, il y a d abord un
fens litcral : on dit , p^r exemple , . qu'un
Joup^ un agneau vinrent boire à un même
ruilïeau : que le loup aïant cherche querèlc
à lagncau, il le dévora» Si vous Vousata-
chez (implement à la lettre , vous ne verrez
dans ces paroles qu unefiniple avanture arivéc
k deuxanimaux:mais cette narration a un au-
tre objet 5 on a deflèin de vous faire voir que
les fôiblcs font quelquefois oprimés par ceux
qui font plus puiffans 5 &* voilà le fensfpi-
rituel , qui eft toujours fonde fur le fens li-
tcral.
Livifion du fens Utérsî»
Le fens lifèral cft donc de deux fortes.
î. Il y a un fens InéraMgoitreux 5 c'eft le fens
propre d un mot , c'cft la lettre priïc à là ri-
' gueur , jînfifiè.
^ T^ • • • •
I
c"
I
^'\
!*•
^
t . • •
». Cor. 3.
T. tf.
jk}* t>IVISÏON
af Là féconde espèce de fens litcral » c'cft
celui que les exprcflîons figurées dont nous
avons par^é préfentçnoiaturèlenicnt à l'es-
prit de ceux qui entendent bien une langue ,
^ c'eft un fèris litéral-figHré 5 par exemple , quand
^h dit d*un politique qu*i7 sème à propos la di-
vifion entre {es propres énemis'^ fimernc fe doit
' pas entendre à la rigueur feïon le fcns propre,
, &: de la même manière qu*on dïtfirmer du b-li
mai^ ce mot ne laifle'pas d*avoir un fens Ir-^
" téral^, quieft un fens figure qui fe préfente
naturèlement 4 Icfprit.La lettre ne doit pas
toujours être prife à la rigueur, elle tue , dit
S. Paul. "On ne doit point exclure des ter-
mes toute (ïgnification métaphorique &: fi-
gurée. Il faut bien fe garder, dit S. Augus-^
tin, ^ de prendre à la lettre uae façon de
parler figurée,^: c*çft à cela qu'il faut apliquer
ÇC paflage de S. Paul , U lettre tue & hfpjrit do-
nelajvh.
Il faut sataçher au fens que les mots exci-
tei;it naturèlement dans nôtre efprit , quand
nous ne foraes point prévenus, 6c que nous
'*_ In pnadpiacavéndi^m dl ne fi^ritam locutioncm aj
Ifteram accipias*; 'Sc ad hoc cnirri priinct quot! ait Apos-
tolu^f Hter» 9ccidit f/piri/MS surem VêVtfieMt, Jinj^tt/k,
éc Ooâr, Çhriih L j . c. / , t. 1 1 x. Paniiis u S j . /
Ibmes
voilà le
lui-lâ qi
auxfctext
ture Sa
Quan
la tharue
prcpottrli
n a pn^ v
vaillant
propre p
rôles prc
que ceux
chrétiens
ne doive
doctrine
là un fen
xes Autre
dit , ^ d
qui nous
la main (
il faut er
niére qu*(
taphoriq
doner let
drc fclon
ks doive
^
\ I
I
i>\
DU S:ENS LITERAL, li^ \
Ibmes dans Tétat tranquile de la raifon : '
voilà le véritable fens litéral-figurc, c eft ce-
lui-Iâ quilfeatdoncr aux loix,aux canons,
auxitextes des coutumes, àc même à TE^ri-
ture Sainte.
Quand J. C. a dit que celui qui mt la main à Luc- c
la vharuc , & qui regarde derrière lui , ntfl point pro"
pr-e pour le Royaume de Dieu \ on v.oit bien qu'il
n a pa:^ voulu dire qu'un laboureur qui en tra-
vaillant tourne quelquefois la^ tctc n'ed pas
propre pour le ciel : le vrai fens que ces- pa-
roles pré fentcnt nature lement à lefprit , c eft
que ceux qui ont comencé à mener une vie
chrétiçne,&: à»çtre les difciplcs de Jéfus-Chrift»;
ne doivent pas changct de conduite ni de
dodrinc , s'ils veulent être fauves; c'eft: donc-
là un fjns litéral-fi^^ré. Il en eft de même de
xes autres pafliges de TEvaJigile , où J. C.
dit, "*^ de -préfeiîter la joue gauche à celui
qui nous a frâpcs fur ki droite, ** de s'aracher
la main ou l'œil qui\eît un fujet de fcahdaleî
il faut entendre ces* paroles de la mèmc^ ma-
nière qu'on entend toutes les expreftîons mé,
taphoriqucs éc figurées : ce ne^ fcroit pas leur
doner leur véritable fens, que de les enten-
dre félon le fens litéral prisa langueur; el-
les doivent être entendues félon la féconde
Matt. c.j.
V. 39.
** ibid.
xj. 30.
V
^iLi^ti^/gt0i^
/■
%
•N #
/
«)4 pIVJSTOÙ^
forte de fens litérarqui réduit toutes ces &•
\Vçons de parier figurées à Içur jufte valeur,
çcft-àrdire, aufeïîs qu'elles avoicnt dans Ics-
prit de celui qui à parlé, & qu elles çxcjtent
dans rcfprit de ceux qui entendent la langue
où lexpreffion figurée çft autorifée par lu-
ûgc. * » Lorsque nous donons au blé le nom
* de Cérhs , dit Cicéron , *& au vin le nom de
» Bacchms , nous nous fcrvons d'une façon de
» parler ufitée enLUotrc langue , 6c personc
» n'eftafTez "dépourvu de fens pour prendre
jixts paroles à la rigueur de la lettre.
On fe. fcrt dans toutes les nations policées
de cçrtaines exprelîîons ou formules de poli-
teflc, qui ne doivent point être prifes dans le
fens litéral - étroit. JVj Choneur de... Je vous
hâife les mains : Je fuis votre trcs-humble & très*
obéiJIfant ferpiteur. Cette dernière façon de par-
fer , dont on fe fcrt "pour finir les lettres , n eft
jamais regardée que corne une formule de
politeflp.
On dit de certaines persones,c>fKw/ai« ,cVyl
une foie : ces paroles ne marquent pas toujours
* Cum (riiget Ctrêrtm » Tiniim lUirmm dfcimus , g^nr-
IS^ iK» <|uii(lcm rerm^ott ûtimur ufitico : (cd cc()ucia
améntrtn tilc putas 911 &c. Ç$c. de Nat. Droi. 1. 3. n
jUicci z?i.'
n. 41.
que la per
prit au pc
mer j on
personc q
pas aux j
pas toujo
que dans 1
pée ailleu
avec elle
6c de fèntii
verfation
ge efl: touj
tout enter
lui donc.
Dans n
point, dan
elles fe pn
ceft-à-dirc
acompagr
les autres c
Ilyafou
fens 1 itérai
cesdcschc
vent que i
dans la bo
home,&: q
&: dans la
%
^ DU SENS LITERAL %i%
quclapersone dont on parle ait perdu Tcs-
prit-au point qu*il ne refte plus qu à renfer-
mer î on veut dire feulement que c'eft une
pçrsone qui fuit Çts caprices , qui ne fe prête
pas aux réflexions des autres , qu elle n cft
pas toujours maitrefTe. de fon imagination ,
que dans le tems qu'on lui p^rle elle eft ocu-
pée ailleurs, & quainfî on ne^iàuroit avâir
avec elle ce comerce réciproque de pensées
&: de fentimens,qui fait Tagrément de la con-
verfation &: le lien dç la fociété. L'home fa-
ge eft toujours en état de tout écouter , de
tout entendre , &: de profiter des avis qu'on
lui donc.
Dans Tirônie , les paroles ne fe prènent
point, dans le fcns litéral proprement dit >
elles fe prènent félon le fens litéral -figuré,
c eft-à-dire , félon ce que fignifient les mots
acompagnés du ton de la voix & de toutes
les autres circonftances. *
Il y a (buvent dans le langage des homes un
fcns litéral qui eft caché, &: que les circonftan-
ces des choses découvrent : Ainû il arive fou-
vent que la mème^'propofition a. un tel fcns
dans la bouche ou dans les écrits d'un certain
home,&: qu elle en a un autre dans les discours
& dans les ouvrages d'un autre home : mais
1
Y
■.y
136 Division
jU ne faut pas légèrement dgncr des fcns de-
savantageux aux paroles de ceux qui ne pen-
sent pas en tout come nous 5 il faut que ces
fens caches foient ftiàcilemcnt deve'opcspar
les oirf onftances-, qu'un home de bon (ens
qui n eft pas prévenu ne puifle pas s'y mé-
prendre. Nos préventions nous rendc:itVou-
jours iniuftes,& nous font fouveit prêter aux
autres des fentimens qu'ils dctertciit aulîî fin-
ccrcment que nous les dételions.
Au relie , je viens d bbfcrver que le fens li-
téral-fîguré e(l celui que les paroles excitent
naturèlement dans l'esprit de ceux qui enten-
dent ia'langue où l'expreilion tigurée ell au-
toriféc par l'usage : ainli pour bien entendre
le véritable fens litéral d'un auteur , il ne fu-
fit pas d'entendre les mots particuliers dont
il s'eft fervi , il faut encore bien entendre les
façons de parler ufitces dans Ja langue de cet
auteur? fans quoi, ou l'on n'entendra poiot
le paflTagc , ou l'on tombera dans.des contre-
fens. En françoisrfonfr;?^^/^ veut dire pro-
nietînh^$j>kitin verbadare lignifie tromper : Pœnas
dare altcûi ne veut pas dire doner de la peine
à quelqu'un , lui faire dcfitX peine ; il veut dire
au contraire 7or puni par quelquun ^ lui doner
la fatisfa^tion qu'il exige de nous , lui douce
DU
notre fupl
amende. C
niihi pérfiJa
. 'VOUS InàkT^
contraire c
, II n ell pa
de TEcritu
noifllinced
' c'cft-à-dire
hébraïque
\z^ interpr
lettre , ils 1
ble fens : c
dans les PI
^"^ pas in
veut pas d il
mais de bam
Dansje î
plufieurs pa
<f us, fans la
à-dire, des f;
naux. Lem<
'vcrbum , fc
pour do/t-fii
. générique qi
tins. Transtà
*vcrbumquodt
t^^'
:C
♦ f
\.
s- V. 3.
DU S ENS LI TERJlWHyj
notre fuplice eivpaiement,come on paye une •
amende. Qiiand Properce dit à Cihthie , dahis L. i. TAép
mihi pérfiJa pœnas , il ne veut pas dire perfide ,
voH! indk'X^ causer, bien des tourrhens^ il lui dit au
contraire qu'il la |era repentir de la perfidie.
, Il n eft pas polîible d'entendre le fens litcral
de rEcriture Sainte , fi Ton n'a aucune ço-
noiflaiicedeshcbraïsmes &: diz$ heliciiiMiies,
c eft-à-dire , des façons de parler de la langue
hébraïque (Sj de la langue grcque. Lorsque
les interprètes- traduisent à la riguju'r de \x
lettre , ils rendent les mots àc non ie vérita-
ble fens : delà vient qu'il y 2i\ par exemple,
dans les Pfeàùmes ""pluiieurs verfets qui ne
fbnt pas intelligibles en latin. Montes Dd ne
veut pas dire des montagnes consacrées à Jbieu ,
mais de hautes montagnes. , • *
Dansje Nouveau Teftament mcnie il y a
^uficurs paflages qui ne. lauroient être cnten-
<fus, fans la conoiflince des idiotismes , c'cft-
à'dire, des façons de parler des auteurs origi-
naux. Le mot hébreu qui répond au mot latin
verbum , fc prend ordinairement en hébreu
pour chofe fignifice par la parole ? c'eft le mot -
générique qui répond knegôtium ou ns des La-
tins. Transcâmus nsque Bethléem, ^ yïdekmus hoc
*vcrhum quod fupumcft:?^ffons julquià Bethléem
Pfal. 3î.
V.7.
■ \
y
Luc.
ij'
* «
\
~ t -y
'^V
\ V
■"■V
-J
Uitt,
▼•4*
<^4
ti» ; DTVISIOÎJ
&. voyom te qui y cft arivc. Ainfi Iptjqii'âù
^*. vcrfçt da chapitre ÎJ. dii É>étttéronomc,il
cft dit ( Dew ) </r<&V wfc ci^iwi nuoKM quodifnorâ'^
hà tn &patpes tui , ut ofiénderet ubi quod non in
fiîo pane vivat homo , fed in omni veiio quodegth
dituràe ortpei. Vous voyez que m <mi»i'Dtfr*«>
fignific monirùre , c cft-à-dirc , de tout ee (jue
Diek'diiyOU 'peufiqui ferve de noîiritHre, C'cft dans
ce rnèmc fcn^ que Jéfus-CKrift a cité ce paf-
fàgc : Le démon lui propofoit de changer les
pierres en pain , il ri'eft pas néceflaire de faire
ce changement, répond Jéfus-Chrift, car t ho-
me ne vit pas feulement de pain , ilji nourit encore
de tout ce quil plait a Dieu de Imdoner pour noujriiure^
de tout ce que Dieu dit qui fcrvira de'nouriturey voilà
le feiîs litéra) > celui qu'on donè comuncmènt
à ces paroles, n'eft qu'un ^fens fticHr^l.
■ • -, -
Dhfjton du fens fpiritUeL
Lefcns fpirituel cft aufli de plufieurs for-
tes: i . Le fens moral ^ \. Le ftns allégorique y 3 .
"Lcfens^ anagpgiqiie.
^'^^
l.
Sens •xewr*/.
Jjt fens moral cffunc interprétation felort
laquelle on tiie quelque inftruâton pour |e&
K V
V <
1
mœu
des fa
dont
dé n
lcsqu(
les ur
réveil
dont
le-, &
aime
tout.
Th<
prime
des pi
métai
Virgi
point
prête
burle
•.t
mora
çouv;
tpctc
*" princ
• Mï
. Dofflit!
>. Je P
' ■ >
DU SENS SPIRITUEL; ij^
mœurs. On tire un ifens moral des hiftoires,
des fables , &:c: Un y a rien de (i prophanc
dont on nc^uiflc tirer des mqralitcs, ni rien
dé a (erieux qubn ne puilTe tourner en bur-
lesque. Telle eft la liaifon que les fdées ont
les unes avec les autres : le moindre raport ^
fcveilîc une idée de moralité (ïans un home
dont le ^out eft tourné du côtéid?Ia mora-
le -, S)C au contraire celui dont l'imagination
aime le burlesque , trouve du burlesque par- .
tout. ; . "
Thomas Wàlleis , Jacobin Anglois , fit im:*
primer vers la fin du XV. fiècle,à l'uf^gc
des prédicateurs une explication morale des
métamorphoïcs d'Ovide. * Nous avons \t
Virgile travefli de Scarori, C)vide\^n avoit
point pènfé à la morale que Wallcis lui
prête > àc Virgile n'a jamais eu les idées
burlesques que Scarofi a trouvées dans fon
Enéide. Il n'en eft pas de même des fables
morales > leurs auteurs mêmes nous en dé-
çouvreritles moralités; elles font tirées du
texte come" une cbnicquence eft tirée de fon
■" principe. ^
« McttiiMirphAfis Ovi'diina morilitcr ^ Mii^iftro Thom»
.W;^llcis Angiico' , de profcflîénc praedicatprum Tub S.
I>omln!CO n^\^n}Ltx.s.C» iivrt rmrt fut traduit tfk 1484*
>. ie P. Echaid, T., n p. î^«..* M. Mâttuuc , Amukt
Tjrpograpluques T, i. p. X7*«
»-
r
\
X
4*Hor.T.i.
140 tïtïsion
•1. Sens AlUgonqnt.
Le y«w dlkgonnw fc tire d'un discours , qui,
à le p'retidre dans fon fcns propre, fignific i
toute autre. chofc:c*cft une hiftoire qui eft Ti-/
. , mage d'une autre hiftoire, ou de quciqu au-
tre penfée. Nous avons déjà parle dcl allé-
gorie. ,
L*csprit humain a bien de la peine à de-
meurer indéterminé, fur les caufes dont iL. .
, voit , ou "dont il reflcnt les éfets : ainfi lors-
quil ne conoi^ pas les caufes^ il en imagine ,
& le. voilà fatisÊiit. Les Païens iniiaginèrciit
. ♦d'abord des cau(ès frivoles de la plupart des
cfè|:s naturels : Tamour fut Téfet d un*e divi-
niré particulière :* Promcthéc vola le feu du
ciel : Cérès inventa le blé : B/acchus le vin ,
&:c. .Les- recherches exactes font trop péni*
blés,. &: ne font pas ^la portée de tout le
monde. Quoiqu'il en Toit , le vulgaire fuperfti- ,
tieuXydit le P.^anadon, ^futU dupe des vifionai"
w qui inventc/cnt toutes ces fables.
Dans la fuite quand* les Païens comencc-
rent à fe policer &: à faire des réflexions fur
CCS hiftoires labulcUfes , H fe trouva parmi ,
eux des myftiques qui cifcayelopèrent les ab-
fuf dites fous l/c vbilcxies allégories de derfèns.
^ ' figurés,
D
figUréî
fables
Il y
& en
ont pf
goriqi
autres
que Pa
tilé-d')
" dont c
compc
i^ent 1(
dpne n
apkcat
cun d<
qu'on
reufès..]
Queij
des révi
'dans h
en foni
allégoi
Jatine.
Cette
de; la
presque
La
;#
DU SEKSS-£^rrUEL. z^w
figurés, aAisquels les premiers auteurs de ces
Êibks n'avoicnt jamais pcri!
Il y a des pièces' allégoriques en profc
& en vers : les auteurs de ces ouvrages
ont prétendu qu'on leur dônat un fens allé-
gorique >ni^ 4^ns les hiftqires , & dans les
autres ouvrées dans lesquels il ne paroit pas
que Pautaur ait fongé à l'allégorie , il eft inu-
tilé'd y en chercher. Il faut que les hiftoires
" dont on tire enfuite des allé2;ories aient été *
composées dai^s la Vue de l'allégorie j autre-»
i^ent les explicationsiallégoriques qu'on leur
dpne ne, prouvent rien » &: ne (ont que des
apHcations arbitraires dont il eft libre à cha-
cun de s'amuser corne il lui plait, pourvu
qu'on n'en tire paf des conféquences dange-
reufès..
Quelques auteurs * ont trouvé une ima^e * indicuim
des révolutions arivées à la langue larme, chron«,^-
vdans la ftatue ** que Nabuchodonosor vit'gJcus.inFa.
Cjn fongc 5 ils trouvent dans ce fonge une ^^V^^"^^^"^'
allégorie de ce qui devoir ariveràla langue **Danicii^
latine. '' ^"
Cette ftatue étoitextraordinairement gran-
de; la langue latine n'étoit-elle pas répandue
presque par tout.
La tétc de cette ûatut étoit d or , c'eft Iç
. ._ ■,.■ / çv
^^
.,J
/
^
14» DiriSIOIT
fièclc dV» de ia langue latine 5 c cft le tems
de T&^ncc , de César , de Ciccron , de Vir-
gile 5 en un mot ,c eft le fiècle d* Augufte. .^
La poitrine ic les bras de la ftatuc croient
tfargent > c'éS'le fiècle d'argent de la langue
/ ] latine; c'eft dcptiis la mort 4'Augufte jufqu'à
^ la mort de TEmpereur Trajan , c cft-à-dire,
♦. îdfqii'cnviron cent ans après Auguftcr
tlï|e ventre & les cuiflcs de la ftatuc ctoient
,d*airain > c cft le fiècle d'airain de la langue
Jatinc, qui comprend'depuis la mort de Tra-
jan jufquà la prife de Rome par les Gots>
en 41 ô.
> Les jambes de la ftatuc étoient defer,&:*
les pics partiel fer &c partie de terre > c cft
le fiècle de fer de la langue latine , pendant
lequel les diférentes incurfîons des barbares
plongèrent les homes dans une'èxtréme igno-'
rance > à peine la langue latine fc conferva-
t-ellc datis le langage de TEglise.
Enfin une pierre abatit la ftatuc > c'cft la
langue latine qui cefFa d,*ctre une langue vi-
vante. ^*^
GTcft ainfi qu'on raportc tout aux idées
dont on cftpréocupé. *
Les fens a 1 icgoriques ont été autrefois fort
à la mode , âc ils le font encore en Orient >
D
on en
nombr
port de
entier <
d'hui 1;
tionsn
fontpc
claircn
éc$ iilu
t
ccnc
DU SENS SPIRITUEL. 141
on en trouvoit partout jufques dans* les
nombres. Mctrodore de Lampsaquc , au ra- Huet. Ori-
port de Taticn , avoit tourne Hpmère tout ».quarii5.
entier en allégories. On aime mieux aujour- P- '71.
d'hui la réalité du fcns litéral. . Les explicâ- J'^'\^ ,^';
tions myltiques de rEcriture Sainte , qui ne & du icus
font point fixées par les Apôtres-, ni établies J^/j^']^^ '
clairement par la révélation; font fujètes à <iodtrmc<îrj
des Ululions qui mènent au fanatisme. ^.^'^^^ ^t^-
. "* . . ' ris, chez Ja-
S. Sens Anagogique. quts via-
Lc fens anagogique n eft° guère en ufàge , que
lorsqu'il s'agit d^s diferens fens de TEcriturc
S^nte. Ce mot anagogique vient du grec «V«u
>«>» qui veut dire élévation : «r* > dans la com-
pofition des mots , fîgnifie fouvent , au def-
fus , en haut àc iyt*yn vedt dire conduite > Jdc
iyùi, je conduis : ainii le fens anagogique de
l'Ecriture Sainte eft un fcns -myllique , qui
élève 1-efprit aux Objets céleftes&: divins de
la vie éternèle dont les Saints jouiffent dani
le^ciel. 1 >
Le fens litéral cîï îc fondement des autres
fcns de rEcxiture Sainte. Si les explications
qu'on en dône ont rapoft aux "mœurs, c eft
le fens moral.
Si les explications des pafîage& de l'ancien
^ aij
©'
v__^
/
^
''■t
«4+ S)b>NS SPIR ITUEt.
Tcftamcnt regardent TEglisc &: les myftèrej
de notre Religion par analogie ou reffcm-
blance, c*cft tô fens allégorique > ainll le fa-*
crificc de Tagneau pascal , le férpent d'airain
élevé dans le dëfert , c.toient autant de figu^
rfcs du ftci^feiP A® ^31 croix.
Enfin ^ jorsq^fc ces explications regardent
fEgliic triomphante & la vie des bienheu-
reux dans le ciel , c'eft Jf fcns anagogicjue;
c*eft ai'nfî que le^abat des Juift cft regardé co-
rne rimagedu repos éternel des bichhpureux.
Ces diférenssfens , qui ne fQnt point le feas
litéfal, ni le fens^ moral , s'apèlenttauflî en
général /fwx tropologique , c^^à dire ,fens figmé.
Mais corne fc l'ai dèjajemjirqué, il faut fui-
vre d^t\s [c fens allégorique &:. dans, le fens.
anagogique ce que la rçvélatiori nous en
aprend »'& sapliquer furtout à rintelligcnce
du fens litéral ,qui cft Ig/èglc infailhbledc
ce que nous devons croire & pratiquer pouc*
être lauvés.
^^W%iH%i%g
profane
cuiièrc (
parler,
' Jitéral d<
^ ce qu on
apte.
Dansl
oraifons
pris ordi
parlons,
bre de^^
ce qui
àc Judas
taille.
" LeP.Jc
Conaire, s
gle : il ]
Aiarseill(
premier fi
yiomen erat
^iniftm per
:• .((MW"'-"
m
innn!(S9nintx3flnini(}ttt3XS(sac9!Q!nnc3!C9x3Ki£
9^B VVV ViV VV^ VV« «VV l^S VrV wfV VV^ V*V vfV VVV VVV WV «*V WVV vis VfW VVV WffV wf«0VVVf% wffV^MMWV
X. • • ^
Du Se NS Açîl P T E*,
^ou que ton dont far allufion, *
Quelquefois on fe fcrt des paroles de
TEcriture Sainte ou de quelque auteur
profane , pour en faire une. apjication parti- '"
culièrc qui convient au fujet dont oh veut /
parler, mais qui n'eft pas le fens naturel de -.
litéral de l'auteur dont on les emprunteuse eft .
et (]}i on ^^h\c ftnsus accommodattù^s ^{ons zà^
apte.
Dans lei^ panégiriques des Saints & dans les
oraifons funèbres , le texte du jdiscours cft
pris ordinairement dans le fens dont nous
parlons. M. Fléchier dans fon CMraifon funè-
bre de M. deTurcne, aplique à fon héros
ce qui cft dit dans rEcriturc à Vocafion
de Judas Macabée qui fut tué dans une ba^
taille.
Le P. Je Jeune de TOratoire, femeux miP-
fionaire, s apeloit Jean > il ctoit devenu aveu-
gle : il fut nome pour prêcher le carême à
Marseille aux Acôulés : voici le texte de fon
premier fermon : Fuit homo mifTHs à Deo , eut , ^
Joann. c. ipi
Tiomen erat Joânnes 5 non erat ille lux^fed ut tefli- v. #. '
mèmttm perhibim de Imine. On voit qu*iJ fc* <^
Oui
/A
■\
-DU SENS ADAPrE".
toit alluûon à fon nom & à fon aveugle^
ment. •
Remsrji^s fur quelques fo^ffages fiâsftii
à contre-feus.
Il y a quelques paflàges des auteurs profa-
nes qui font corne pafles en proverbes , &:
ausquels on donc comunément un fens dé<
tourné qui n'eft pas précifement le mçmc
fcns que celui qu ils ont dans l'auteur d ou
ils font tirés : en voici des exemples :
I . Quand oiï veut animer un jeune home
à faire parade de ce qu'il fait , ou blâmer un
iavant de ce qu*il fe tient dans l'obscurité,
on lui dit ce vers de Perfe : »
?erf. Satii ^circ tuum nihil cft, nifi te fcire hoc fciat ^Itcr?
Toute votre fcience n'eft rien , fi les autres
ne fa vent pas combien vous êtes favant. La
penfee (Je Perfe efl pourtant de blâmer ceux
qui n étudient que pour faire enfuite parads
de ce qu'ils favent, Ornwï î ô mœurs ! s écrie-
t-il , eflce donc pour la gloire tjue vous pâltlfe":^ fur
les livresl ^koi donci croye^vous que la fdence
neft rien , â moins que les autres ne fâchent que vous
éfes favant >
^.17.
i »
Projicii
il iète ,
enflées 1
pendani
dans H
» ne SCI
» peux l
n pauvre
n ne doi
Viflés , r
»quirs
>^fimplc
» cher , «
» mauva
race , v<
Et traç
Tclcpl-
Projici
Si cun
/ /
Cr.
Hor. Art
DU SENS AHÀVrr. i4T
En pallor , fcniiimc^uc : O nfiorcs ! ufquc adconc Perf. Sat.x;!
Scirc ruum nihil cft ,:n(Ci te fcirc hoc fciat alrcr ? ^* ^7-
•çl y a une intérogatTon &: unè^furprife
dans le texte , ôc l'on cite le vers dans un fens
abfolu.
2. On dit dun honie qui parle avec am-
phafc, d un ftile ampoulé 6c recherché , que
Projicit ampùUas Se resqiiipedalia verba :
il iète, il fait Tortir deTa bouche des paroles
enflées &c de» mots d'un pié &: demi. Ce-
pendant ce vers a un fens tout contraire
dans Horace. )> La tragédie , dit ce poète,
» ne s'exprime pas toujours d'un ftile pom-
» peux &: élevé : Téléphe Se Pelée, tous deux
n pauvres , tous deux chafïes de leurs pays,
» ne doivent point recourir^ à des termes èn-
Vi fiés , ni fe fervir de grands mots : il faut
,»quil*s faflent parler leur douleur d'un ftile
»^fimple & naturel , s'ils veulent nous tou-
n cher , & que nous nous irttéreflîons à leur
» mauvaife fortune ; <( ainfi projicit , dans Ho-
race , veut dire il rejeté.
£c tragicus plcrumauc dolct fermonc pcdéflri
Tclcphus&: Pclcus ,ciim puper&cxi^ utcrquc
Projicit ampùllas & fcquipcclalia vcrba ,
Si curât cor fpedantiS'ictigiiTc qucréla.
Hor. Art
poei. V. ^7»
/
Art.po^c.
Hor. Arc
Jl^l Dtf SENS ADA/Prr.
M. Boiicau nous donc le même précepte:
Que devant Troie çn flamc ,Hccubc dcfolce
Né vicnc pif pouflcr une plainte ampoulée.
Cette remarque , qui fc trouve dans la plu-
jpart des comcntateurs d'Horace, ne- de voit
point échapeè aux auteurs des di«fiionaires
fur le mot prQJkere.
3 . Souvent pour excuser les fautes d'un
habile home , on cité ce mot d'Horace : .
. . . Quartdoquc bonus dormirac Homcrus i '
Comefî Horace avoit vôuhïdirequelebon
Homère s*end6rt quelquefois. Mais quandôquc
cft^Jà pour ^ji4n(/()Cii »i^iif, toutes les fois que>
&: l}>mu cft pris en bone.part. » Je fuis fâché ,
» dit Horace , toutes les fois que je m'aperçois
»qu Homère , cet excélcnt poète , s'endprt ,
»fe néglige, ne fe foutient pas.
■ ■' .■ ^ ?
Indigner quandoque bonus dormitat HomcruJ.
M*l Danet s'eft trompe dans Tcxplication qu*il
done de ce pafl'age dans fon didionaire la^
_ tin-frànçois fur ce mot quandoque.
4. Enfin pour s'excuser quand on eft tom-
be dans quelque faute , on cite ce vers de
• Tcrence :
Heaat, âft. Homo futxi , Hiimâni nihil à me alicnum puto ,
ru
i»que
» ce qu(
»des C
Voie
ùlis cm
me Chn
joutera
comen
de Tel
cxpliq
homes
ilditc
tiquant
■ /
DU SENS adapte:. 14/
Corne S Térencc avoit voulu dirc/e fms ho^
me, \e ne fuis pqint exemtdes foiblejfes de C humanité ^
ce n eïl pas Jà le fcns de Térence. Chrêmes,
touché de Taflidlion où il voit Mcnédèmc
ê
ion voifîhi vient \\iï demander quelle peut
(6m laxraufe de fon chagrin & des peines quil
donc : Ménédème lui dit brusquement
fu'il faut qu il ait bien dii loifir pour venir fc
mêler des afaires d autrui. » Je fuis home,
«répond tranquilement Chrêmes 5 rien de
«tout ce qui 'regarde les autres homes neft
••étraiiger pour moi, je m*intéreflc à tout ce
» qui regarde mon prochain.
» On doit s etorier , dit Madame Dacier ,
>»que ce vers ait ctc fi mal entendu ,* après
» ce que Cicéron en a dit dans le premier livr&
» des Ofîces.
Voici»1es paroles de Cicéron : Eft enim difft- '-O^-
dus cura rerum alienarum , quanquam lerentianus
ille Chrêmes humâni nihil àfe aliénum putat. J a-
jouterai un paflage de Sénèque , qui eft Un
comcntaire encore plus clair de ces paroles
de Térencé. Séncque , ce philofophe païen ^
explique dans une de fes lettres cornent \cs.
homes doivent honorer la majefté des Dieux: *
U dit que ce nifl quen croyant en eux , en pra-
tiquant de hones œuvres , & en tâchant de les
n.if
li.
V.,
r
/
K^
i^fo DU SE If S ADAPTE*.
hmur (Uns leurs ferfc^ns , quon peut leur rt^
drt un culu agréable y il parle çnfiiite de ce
que les homes fc doivent les uns aiix autrcsL
» Nous devons tous nous regarder , dit-il^
••corne étant les membres dun grand corps;*
» la nature nous a tous tirési de la même fourr
»ce, &: par là nous a tous faits parens les
» uns des autres ; c eft elle qui a établi 1 equi-
» té &: ia juftice. Selon llnûitution de la na-
wture , oh eft plus à plaindre quand on nuit
» aux autres que quand on en reçoit du doma-
»ge. La nature nous ^ doné des mains pour
«nous aider les uns les autres ; ainfi ayons
•• toujours dans la bouche &: dans le cœur ce
» vers de Térenctf , ;« fuis home , rien de tout cq
nqui regarde les homes neft étranger pour moi, "^
». - . ■
* Qu6mo(lo^nt Dii cok'ndi foict prxcipi'. . . . Deum
colit qui novit Primus eft Dcârum cultus , Deos
créderc , dçinde rédderc illis mnjcflâtcm fujm , réddcic bo*
xiititcm fine qui nulla fnajéftas eft ; vis Dcos propiiiirc,
bonus efto. Satis liloscoluic quisq^is imititus eft. Eccc al-
teraxjujrftio , qu6modo hominibus fie uténdiim •
poftim br^viter hanc fôrniulam humâni o0Qcii tridcrc . . .>
. . . membra fumus cÀrporis magni, narura nos çognicos
ëdidit , cumex iisdrm &: in ^adcm * gignercr, Hxc hobis
amôrem indidit mùtuum & fociibilcs frcit ; illa aequum jfus-
tàmquc coApôfuic : ex iilius conftituti6nc mifërius cft.nocé^
rc quam laedi ; 6c iilius império parit;c iunt ad ^uv^nJum
manus. Iftc yersus & in pcftorc & in orc fit , homo/um ^
fltumâni nihil À mt Mlitiimm fmt9. Habcimtis in commuuc^
quod nati fumui. StBt€, £p. xcv. * ofbcia.
li çft vr
les aplicat
cftpollibl(
. vent rien
• ÊiuflTc éru(
gorisme à
Il y a b
' un palFag
ou (impie:
quelles oi
* vient au ]
premier e
teur ,• mai
ausquels
qu'ils ont
me autant
jeu dont i
De D^A
T A P;
J^^'adapt
ont foit d
Parodie
mea. Cioticu
<» r*
i
pu SENS ADAPTE\ i^l
• Il çft vrai ea général que les citations &c
les aplications doivent être juftes autant qu il
cft poilîble s puisqu autrement elles ne prou-
vent rien , &: ne fervent qu'à montrer ixnc,
ÉiufTe érudition : mais il y auroit bien du ri-
gorisme à condâner tout feiis adapté.
Il y a bien de la diférence entre iraporter
' un palfage corne une autorité qui prouve,
ou fîmplement corne des paroles conues,au^-
quelles on done un fcns nouveau qui con-
vient au fujet dont on veut parler : dans le
premier cas, il faut con.ferver le fens de l'au-
teur ; mais dans le fécond cas , les paiTages,
ausquels on done un fens diférent de celui
qu'ils ont dans leur auteur , font regardés co-
me autant de parodias, &:come une forte de
jeu dont il eft fouvent perm
is de faire ufage.
L
Suite du fens adapté.
De b^a Parodie et des Centons.
A Parodie eft auflï uncT forte de fens Athtnce ,i.
adapte. Cemorp^gbc, caries Grecs m-^m.
ont fiit des parodies. "^
Parodie ->« fignifie à la lettre un chant
♦ Tlmfm^U ^ cânticum. R. wocj* , juxta, 8c • /»»' , cantus, car-
mcn. Cinucum vcj carmcnad olccrius ûiuûitûdmcm comp6-
/
I
X
v_
c_ ■'
■*\
•y
»j» SUITE
composé à l'imitation d'un autre , & par «c-
tcnfion on donc le nom de parodie à un ou-
vrage en vers , dans lequel on dctourne dans
un fens railleur des vers qu'un aujcre ^ faits
dans une vue difércnte. On a la liberté dV .
jouter ou de retrancher ce qui cft néccflairc
au deflein quonfe propoTe > mais op doit
confcrver autant dé mots qu'il cft néccflairc
po^ur rapcler le fouvenir de l'original dont on
emprunte les paroles. L'idée de cet original
& l'aplicatiôn qu'on en foit à un fujet d'un
ordre moins (ericux , forment dans l'imagi-^
nation un contrafte qui la furjJrcRd^ c'cft en
cela que conCiftc la plaisanterie de la parodie.
Corneille a dit dans le ftilé gr^vc, parlant
du père de Chimènc:
Ses rides fur Ton front ont grav,c fcs exploits.
Racine a parodié ce vers dans les Plaideurs5^
' l'Intimé parlant de fon pcre qui étôit fergent,
dit plaisament :
LeiPUM. Il gsgnoit en un jour plus qu'un autre en fîx moij.
LeCid. aft.
lie. I.
«a.
*• "^ ^ Ses rides fur fon front gràvoicnt tous fcs exploits.
\
t '^
£tain , com alt^rius foétn. fcrfus yoç&%h in iliud argàm^a-
cam transtrrùntur. »
Eft éùzm par6dia Hcrm6gcni , ciîm qais , ubi parte m ilU
<^aa TCifus pr6culic , rëli(]uuni , i fc , ki cfl , /Je fuo » ora-^
QÀnefolûii d^uicui. A«^«r/i««. Th. liog. gncç. r. w^lim;
DU
IJans Con
rabies , éxplo
exploits (e p
font les fers
\c fut offcii
-Racine. •
Au refte ■
marquent les
"^exploits,
Le^ vers
le plusexp
les dernière
une parodie
Cid.'* On p<
Wad. à^s h
de la tnème
riche en pa
cft rempli
dcnc^s meil!
auçint de f
Les Cen
Vrage qui
Jatin fignifi
de drap qu
pièce, &:
habit fait d
iuitc on a
LU SENS ÀDAPrE\ %^^
IJans CornçiHè , e^p/o/rx fignifie aBwhs mtmon
reéles , exploita fntlitaires ;. &: dans les Plaideurs ^
exploits fe prend pour les aBes ou procédures que
font les fergens. On dit que le grand Corneil-
le fiit offensé de cette p|aifanterie du jeune
JKacine. , -- . -
Au refte l' Académie a obfervé que les rides sentiment
marquent les artnées : mes ne gravent point lès ^« J'^cad.
-^exploits, • . . -vfcsduCKl.
Le^ vers les plus €onus font ceux qui font
le plus exposés à la parodie. On trouve dans
les dernières éditions des oeuvres, de Boîleau Tom. i. ».
une parodie ingénieufede quelques r5:cnes du '^**<^^"-^
Cid.'î On peut voir aufli dans les poéfics de
Wad. des Houlicres une parodie d uncjcénc d„ i^
de la même tragédie. Le Théâtre Italien eft ^«- àc
riche en parodies. Le Poème du Vice Puni ^^J^* ^^S-
cft rempli d'apliçàtiojîs heureufès de vers
de ncis meilleurs poètes : ces aplicatiohs font
auçint de parodies. ^ ♦ .
Les Ccntons (ont cnrorec^ne forte d'ou-
vrage iqui a raport au fens adapté. Cento en
latin fignific , dans le fens propre , une pièce
de drap qui doit être cousue à quelqu'autre ^'"^',-*-
pièce , &: plus fouvent un manteau ou un pj^go.*
habit fait dt difcrcntes pièces raportées : en-
i'uitc on Si donc ce nom,pac métaphore, à un
• ■ // ■ '
ccnto, Vf ftif
è viriispan-
nis coniar-
,^
éti.
>
^
V
< . 6
is4 sûirt
Ouvrage compose de pluficùrs vers ou de pîtl^"
fleurs paflâgcs Nçmpruntés d'un ou de plu**
fleurs auteurs. On prcoa ordinairemerft là
mpiticdun vers &: on le lie par Icfensavec
Ja m^ié d*un autre vers, t ,On gfeut emplo-
yca^n vers tout/^nentier & la rnoitié du fui-
vant , mais on^*desaprouvc qu*il y ait deux
vers de fuite d'un jnème auteur. Voici un
exemple de cette forte d ouvrage , tiré des
çentons de Proba Falconia. * 11 s'agit delà
dcfenfe que Dieu fit à Adam & à Eve de,
•\ virils àt locis , fçnfîbûsquc divérfis , quacdani carmU
cis ftruftûra fôlidatar , in imum verfum , ut c6?anc œit
duo y aut unus &.rc<]uens cum niédio , nam duoi^ jun£lîix|
locàr/inéptum cil , & trcs , uni (cric, mcrac nugx .....
frnfus divërd ut congruant ; adoptiva qux funt , m cogni«
ta vidciiKur ; aliéna ne intcdùccant.^ hiiiica ne patcant.
jtùfoniui Paulo. Epifl. qHdfrdlégirur •nte Edyll. xi'ii.
* 'Prob« Ïalc6ni« vatis ciariflîîna; à S, Hier6nymo
comprpbitz ccnt6nes de Fidei n'ourle myftériis ,è jUarpni»
^ carminibus , &c.. PariHis , apud i£gidiûm Gorbinum i.^j^»
"^^7* ia 8. Item Parifiis , apurd FranciTcom Stéphanunu
Le0eentons de Prohéi F»leoni»fe trouvent mujp dâms Bi-
bltorhéca Parrum , Tfom. y. Lugdùni 1^77^ Vùéi ce qni tfi
dit de eetfe fmvmnte & pteufe Dsme dmni Tlndez Auâo^
lum BibJ.!^tr. Tom. r. P r o » a F a i°c o n i a uxor •
Don Adélphi Procônfulis ,.ut fçribit Ifidôrus , (éd. Ankit
Probi Pr«fc^« Pj^tomo , p6(lcà Cànfulis , mater Probini,
Ôiibrii.,'& Trobi , fimîlitcr Confuiuifi. -. De qui multa Hic-
l^nymus Epift. &. &: Bârunius Tom. 4. & f . Annâlium.
5crip(îc Virgiiio-cemones qui extam io\. . ivit. Flôruit
non fub Thcodéiîo juniôre , uc yult Sixtus Senéniis , ^d
fub Grùiino.
A
njan^
fcit p
pitre
- a.
7. <
II.
# II. 8
G- a. a
le. 8.
G, 3.
G. I,
Noi|s
Pleuri
.Valjsii
auflia
fliieux
prime
un tra
traves
au lie
jours f
K J. ç.
cripu. ;
^
•>* *
*• 3
V
EU 4SENS ADAFT E\ ijf ,
nuingcr du Ihïit défendu : Proba Falconia
feit parler le Seigneur en ces termes , aa cha-
pître xvi.v
^.1. 711. Vosfimuliqiurdicaminimis'idvëititcvcftris:
- %. îii. 'Eft.in eonfpcftu * ramis fclicilwsàrbor G. i. «i«
^ 7. ^^^1, Quiim nequc fas i^nji c.uiqium ncc ftcrncrc
> fcrro * ■ < .
7. tfo8. RcUigionc facri * nan(]uim conccffa movérî &. j. 700.
II. ^91. Hic quiçumque (àcrti * decérp(ierit irbote d. 141.
* ■ fctus - *. ■
p 11.849. Morte luct mérita ,* »*f m*' fcntémia vertit i.^^x»
G. X. 315. Ncc tihi um prudcns quisquam pcrfûideat " '
autor
Ec. 8. 48. Commacularc manus. * Liceat te voce rbonéri ^ 3; 4^1,
G. 3. iï6. Yémiûi f* nuUiMs ti hUnds fuMjiovimçsr,
C I. 1^8. ^ te digtia manet divini gl6ria ruris.
Noi|s avons auiîî les ccntoris d'Eticnc de
P leurre "^ & de quelques autres. L'Empereur Aufon. Ep.
Val^^itinien , au taport d'Ausonc , l'fteit *°" ^**>^ ^ '
' auflî amusé à cette forte de jeu : mais il vaut
n;îicux s'ocuper à bien penfcr , &c à bien ex-
primer ce qu'on pense , qu à perdre le tems à
un travail où Tcsprit cft toui^rs dans les en-
traves , où la pensée eft fubordonéc aux mots,
au lieu que ce font les mots qu'il Êiut tou-
jours fiibordoncr aux pensées, :
♦ StépKani Plcurrei Aneis facra c6ntincns a&z Doraini
Î4- J. C. 8e. prim6ruin Miircfl^tjm Virgilio-cent6nibus cons»
* cripu. ParuLis , apud Adxiàiiuin Taupioart » i^i 8. in 4*.
■/"
.&•
y
;
%Sé S{U ITE
Ce n'étoit pas aflcz pour quelques écrivains;
que la (fbntraiote des cehtons, nous avons
des ouvrages où l'auteur * s'cft interdit fuc-
ccflîvement par chapitres & telon Tordre de
Falphabet Tufàge d'une lettre ,c'eft-à-dire, que
dans le premier chapitre il n'y a point (Xa ,
dans le fécond point» de h , ainfi de fuite. Un
autre *^ a fiiit un poème dont tous les mots
comencent par un p.
Plauditc porcclli ; porcorum pigra propâgo
Progréditur , plurcs porci pinguédinc plcni
Pugnântcs pcrgunt. Pécudum pars prodigjofa
Perturbât pcdc pctrofas plcrûmquc platéas j
Pars portcntosê populcfrùm prata profanât.
Dans le ix. fiède HubaudRçligicuxBé-
♦ Liber abfque littcris. De Atiitibas mundi & hominis;
Aut6re Fabio, CGùdio, Gordiiiio , Ful^éario. Edidit P. Ja-
c6bas Hommcy Aaguftiniinus. Pi^vii. Proftat Parifiis iipud
ViduamCiroli Coignard , 1^9^. Lt titr§ du m»nuferii^
promet ab A ufquc in Z?mMh l'imprimtmr n*m mit mu jour
mui XI?. chapitres , eeffi m-dirt^ jnJam*À l'O iHclufivt^
mfut i &ildécUr0 mue le fpi'it » igMrS h refit. Hue
«Tque codex , çujus Icriptor addit : ii dcccm de quibus fit
mémo in timio , néfcio ubi funt. j^ -
*♦ Pugna Porc6rum pcr P. P6rcium. Ce P^^fflfff ^•*-
fêté de x^i.versi, Jt i**i vu dans un recueil qui m pour
titre Nugae Ve^ilcs. M»riri ^trihui ce poème à Lco PU-
ccniius. Y. P 1 A j • A M T , dans l'édilion de Mor^ri de
nedicun
1
nédidii
Charle
Thoneu
c^cn
Carm
^ Ui
encore
2959.
'cft un
dcdaa
trièmc
le dcrn
ïç de
Voici
Hora
Eccc
Immi
Red;
Aûfc
^Sobri;
Illcp
Surga
IjCs p(
* Berr
ad Petriïï
De Conn
rcccas da
DV.SENS AÛAfTir. 157
Wcdidin de S. Amand , dédia à rEmpcrcuc
Charles le Chauve un poème composé à
Thoneur des chauves , dont tous les mots
clrmcnçent par la lettre c
'Carmii>a , clarisonac , calvis cantate Caménar.
"*^ Un autre s*eft mis dans une contrainte
encore plus grande , il a fait un poème de
1959. vers de fix pies , dont le dernier feul
^eft un fpondée , les cinq autres font autant
de daâ:iles. Le fécond pie rime aveé le qua-
trième, &: le dernier mot d'un vers rime avec
le dernier mot du vers qui le fuit, à la maniè*-
ïç de nos vers françois à rimes fuivies : ea
Voici le comencement :
Hora noyisyîiW4,tcnipora pc$/tma fiint, vigilrw/ï/.
Eccc mipac/ftfr imminct arb/r^r illc [upïémus,
Imminct, ïmminet ut mala términet^ xqua coionet,
Reda icmuneret , anxia \iheret , xthera àonet : *
Aûferat zs^erd , durâquc ^onàera mentis ovLkflâ ,
jf Sobria mànUt , improba ^UnUt , «traque j/i/?è ,
Illc ^ujfnms , ille gùv ijjtmus cccc venit'RfJf.
Surgat homo rr;<x, inftat Homo Dtf/«j,à pâtre jud^r;
Les poèmes dont je viens de parler font au-
* Bcrnardi MorlancnHs , M6nacbi 6rdinis Cluniacenfis ,
ad Petriim Cluniacenfem Abbicem qui cliruir anno 1 140.
De Conccniptu Mundi , libri très. Ex vetéribus membrinijr
JTcceas descripci. Btcmx , aiuo 1^97*
« ,
? «1
^
«?
N
/
■
^urd*fam au même rang que les açroHidi^ & '
ks anagratnes. t Le goût de toutes ccs^r-
tes rfouvragcs , heurcufcment , eft paflc. 1 1 y
a eu un tems où les ouvrages d'esprit tiroïent
leur^principal mérite de Ja peine qu'il y avoit
à les produire , &: fouvcnt là montagne étoit .
récompensée de n'enfenter quune fouri^, *^
|)Ourvu quelle eut été long-tcms en travail.
> f L'acrofticKe eft une forte <i'ouvrage en vers , dont cha-
l|ue vers comenae par chacune des leccrcs^qui forment un
"* certain mot. A la tête de chaûuc comédie de I>]aute , il y
« oa argument fait en acroftichc : c'eft le ngm de la pièce
qui^ft K mot de l'acroftiche ; par exemple : jtmphitru» :
le premier vers de JÎA;;gument comcnce par un j1 , le fécond
MT un Jtf , alnfi de fuite. Ces argumens forfr anciens, & Ma-
dame Oacier dans fes remarques fur celui de TAmphitrio»
£ut entendre que Plante en eft l'auteur.
Cicéron nous aprend qu'Ennius avoit £iit des acrofti-
. clics ; i*tfft>)( iuitur , cum deimeifs exprimât virfmum
Uttirit Miquii eêmnéaitur, ut in quitus imm ÉknUms,
Oc . de Divinaûonc 1. t. n. x i r. iliter l x v. "^
S. At^uftin ,de Civ. Dei , 1. xviii. c. 13. parle d'un
icrpfticlie de la Sy bile .Erythrée , dont les lettres initiales
fermoient ce fens , furtîlf x««rof dttv TièiDtfrvV.
' Au^refte acroftiche vient de dfux mots grecs «uc^j, fum-
XQUM , f atf #jf À une det extrémités ; & r&< ..versus, ordo.
dtLifsrtxit , » , & «»c^r'X" ; ''^ ; initium verfus. 1
A regard de VsnM^rétme ce mot eft encore grec : il eft
compose de la prépofitioh •»«, qui dansia .composition des
j mots répqnd fouvcnt i rétro, r"ê ; ScÀc ycfL/*fi,m , lettre, L'a-
( Oagrame fc fait lorsqu'en déplaçant les lettres d'un mot,
on en forme un autre mot , qui a une lignification diféren* '
te ; par ex^nple , de Urmine on a £ut Aliriên,
n ne paroii pas ^uc k« «oagr^oies «leot jamaii clé ca
Mage parmi les Lauas, « ,^
Aujout
à tafairt
truit \ c
a un 0
pFus les
on ne
iîgnifiei
aprendi
de pou
ce natu
tre à la
»J)ure pc
sc3xax3xa9
Sens
c
E
par
sracher ,
Tout
gucur ,.1
on. penl
ilalarg
apèle fa
profond
dans un
tu SENS ADAPTE. %^^
Aujourd'hui le r^m^ & la dificulté ne font ^^n MolUre,
a fafatre ; on aime ce qui clt vrai , ce qui ins- ,, fc. x.
iruir ', ce qui éclaire , ce qui intéreflè , ce qui
a un oDJet raifonable i &: Ton ne regarde
prus k$ mots que corne des fignes ausqucls
on ne s arête que pour âler droit à ce qu ils
iignifient. La vie eft fi courte &: il y a tant à
aprendre à tout âge , que fi Ton a le bonheur
de pouvoir furmonter la parcfle &c l'indolen-
ce naturèle*de lefprit ,on ne doit pas le met-
tre à la torture fur des riens , ni 1 apjiquer en .
^pVLtc perte.
9^#1%OT%*^vl%rl% vl«vl%vAvV^#'wrl^^A 0'mw'niw'^wmw^w^ w^w^w^w'm #l%»V%p^#i^
^ XI.
■Sens Abstilait, Sens Concret.
CE mot ahflrait vient du latin ahflrâ^ut
participe d'abflrâhere , qui veut dire //r^r,
drachcTy Jlpartrde, f
Tout corps c{b réèlcmcnt étendu en lon-
gueur ,«largcur & profondeur , mais Couvent
on. penfc à la .longueur fans faire atèntion
& la largeur ni à la profondeur , c*eft ce qu'on
apèlc faire abftradlion de la largeur &: de la
profondeur î c'cft confidéftir la longuei^jc
dans un fens abftrait ; c*cft ainfi qu en géo-
K ij
_.
V
\
\.
/
\y
^
\^^%%y^*"""'~
"♦
24o, SENS ABSTRAITy
racfric on confîdèrc le point, la ligne , le
cercle , fans avoir égard ni à un tel point , ni
à une telle ligne., ni à un tel cercle phyfîquc/
Ainfi en général le fens abftrait eft, celui
par lequel on s*odlipc dune idée fans faire
atention aux autres idées qui ont un raport
naturel & néceflaire avec cette idée.
1. On peut confidérer le corps en général
fans penfer à- la ligure ni à toutes les autres
propriétés particulières du corps phyfique:
C cft conlidérer le corps dans un fens abl-
trait , c'eft coniîdérer la chdfe fans le niodc^
corne parlent les Philofophes, res absque modo.
2. On peut au contraire confidérer les pro-
priétés des objets fans faire atention à, au-
cun fuje^ particulier auquel elles foient ata-
chées \modus absque te. Oeft aiflii qu'on parle
de la blancheur , du mouvement , du repos,
fans foire aucune atention particulière à
quelque objet blanc , ni à quelque corps qui
foit en mouvement ou en repof.
L'idée dont on s ocupe par abftra(flion,eft
tirée, pour ainli dire , des autres idées qui
ont raportà cclle-là^eriè en eft come feparée,
àc c cft pour cela qu on l'apèle idée abftraite.
L abftradion eu donc une forte de fépara-
tion qui fc Élit par la peofce. Souvent on con-
\
fîdèrc u
dabftra.
fiitdes
te , cnfi
""plutôt i
particul
confîdci
fiire ate
priétés,
ks prop
•Le fei
Ton COI
mode u
uafujet
ce fujet
même cl
parexen
cette boite
alors dai
Ce me
ticipe de
lir,fe c<
dans le I
qu*un t
re point
Le co
idées , ce
piH^tM*'
SE}fS CONCRET. lét
fidère urt tout par parties, ccft une cfpcçc
dabftradion, c'eft'ainfi qu'en anatomicon
feit des dcmonftrations particulières de la tê-
te/cnfuitç delà poitrine , &:c. mais c'eft
""plutôt divifcr qu abftraire 5 • on apèle pUis
particulièrement /2arf abftraBion , lorsque l'on
confidcre quelque propriété des objets fans
faire atention ni à lobjet, ni aux autres pro-
priétés, ou lorsque l'on coniidère l'objet fans
ks propriétés.^
•Le fens concret au contraire, c'eft lorsque
l'on coniidèieie fujet uni au" mode , ou le
mode uniauliijct) c'eft lorsque l'on regarde
un. fujet tel qu'il eft-, &: que 1 on penlè que
ce fujet & fa qualité ne, font enfemble qu une
mèmechofc , ^ forment un être particulier;
par exemple : ce papier blanc ^ cette table quarrée^
cette boite ronde 5 blanc, quarée , ronde font dits
alors dans un fens concret.
Ce mot conffet vient du latin concrétus , pa.r-
ticipede cqncréscere croitre çnfemble, s épais-
lir , fe coaguler j* être composé de > en ëfct,
dans le fens concret , les adjcdife ne forment
qu'un t»ut avec leurs fujèts , on ne leslépa-
re point l'un de Tautre par la pensée.
Le concret renferme donc ftujours deux *
idées , celle du fujet ,& celle de la propriété.
Riij '
V
v_.^
( ■ •
g'
^t
0% J:E NS^ a BSTlCAlTy
Tous Icsî fubftantife qui font pris adjeélive-
mcnt font alors des termes concrets, ainfî
quand on dit ftitHs efi homa h homo e(l alors un
terme concret, Petms efl habens humamtâtem.
Obfcrvez qu'il y a de la diférencc entre
faire abftraftiôn & (c fervird*un'terrnç abs-
trait. On peut Ce fervir de mots^ qui expri-
ment des objets réels Se faire abftradion,
corne quand on examine quelque partie d un
tout , fans-a:voir égard aux autres parties:
on peut au contraire fc fervir de termes abs-
traits fans faire abdradion , come quand on
dit que la Fortune eft aveugle.
Des termes abp'sits* .
Dans le ^^fangage ordinaire abftraît fc psend
pour fubtil , métaphyfique : Ces idées font abflrttitcs^
c*eft-à-dirc , qu elles demandent de la médi-
tation , qu elles ne font pas ailées à com-
prendre , qu elles ne tombent point fous les
fens.
On dit auffi d'un home qu'il cà aèflrait
quand il ne socupe que de ce qu'il a dans
Tefprit fans fe prêter à ce qu'on lui d^. Mais
et que f entens ici par termes abfimts , ce font
les mots qui ne marquent aucun objet qui
cxifte hors de notre imagination.
I %
Que ki
xi*y penfei
defoieili
Msiis bi
mes abfti
fent &c qi
d autres a
manié rc
laids > ma
la beauté
mais /*/?««
n'y a poii
Les abf
fent les il
& la méd
que nous j
fions. C'<
que nous
indépend;
afedions
çfprit , c'e
tés des dbj
vement er
dcf* corps
Nou^ fc
particuliei
en donoa
C'J»»!»»^"
SENS CONCRET. x6f
Que les homes pcnfent au folcil , ou qu'ils
n y penfent point, le fôleil exifte, ainfi le mot
de foJcil neft point un- terme abftrait.
- Msiis heauté , laideur y 6cc ^ font des ter-
mes abftraits. îl y a des objets qui nous plai-
fent &c que nous trouvons beaux , il y en 2^
d autres au contraire qui nous afcdent d'une
manièrs: desagréable , & que nous apclons
laids > mais il ny a aucun être réel qui foit *
la beauté ou la laideur. Il y a des homes ,
niais C humanité n'eft point , c'eft-à-dire , qui!
Ii*y a point un être qui {oit f humanité.
Les abftradions ou idées aWlraites fupo*-
fcnt les i m préfïjons particulières des objets,
& la méditation , c'cft-à-dire , Içs réflexions
que nous fesons naturèlement fiir ces impref-
fions. C cft à locaiion de ces impreilions
que nous confidérons enfuitc (cparément, ôc
indépendament des objets , les diférentcs
afedions quelles ont fait naitre dans^ notre
çfprit , ccll ce que nous apelons les propric. .
tés des objets: Je ne coniidérerois pas le mou- .
vement en lui même, fi je n'a vois jamais vu
de* corps en mouvement.
. Nou^ fomes acoutumés à doncr des noms
particuliers aux objets réels &c fenfibles, nous
en donons aiiHi par imitation aux idées aks-
Riiij
1
r
\
(' I'
«^£4. ^ EUS Abstrait.
traites » corne fi elles repréfentoient des êtres
réels > nous n avons point de moyen plus 6-
cile pour nous comuniquer nos penfées. .
Ce qui a furtout doné lieu aux idées abSv
traites , c'eft /uniformité des impreffions
*qui ont été excitées dans notre cerveau
jpar des objets ditérens &: pourtant fembla-
bles en un certain point : les homes ont in^
venté dte mots particuliers pour exprimer
cette rcffemblance , cette uniformité d'im-
preffion dont ils fe font formé une idée abs-
traite. Les mots qui expriment ces idées nous
fervent à abréger le discours , &: à nous faire
entendre avec plus de facilité ; par exemple,
nous avons vu plufieurs objets blans , enfuitc
pour exprimer Pimpreflion uniforme que ces
difercns objets nous' ont eausée,& pour mar-^
quer le foint dans lequel ils fe reffehblent , nous
nous (crvons du mot de blancheuti
Nous fomes acoutumés dès notre, enfonce
. à voir des corps qui partent fucceffivemenc
d'une place à une autre , enfuite pour expri-
mer cette propriété &: la réduire à une for-
te d'idée générale , nous nous fervons du ter ^
mçdc mouvemetit. Cj que )c veux. dire s'en^
tendra encore mieux par cet exemple.
l<cs noms que Ton donc aux tropes ou
\
figures d
tcnt poin
point de
ni une m
preilîons
de parier
très de ï
&: les au
duifent à
les cxprei
lequel eJ
raportde
(es dans (
c*cft-à-dij
mer les p
phorique
elles s y r
donc une
aucune c
culier,fna
raie que 1
à une c\i
duncmei
de la nè[t
discours!
Il en -6
d arts dc\
1 ,* .
■■.• ■
■■,1
's
•''I
SENS COliCREr. %Sy
figures dont nous avons parlé, nerepréfen-
tcnt point des êtres rcclss il ri'y a point d'être,
point de fubftance ; qui foit une mctàphore>
ni une métonymie. ; ce font les diférentes ex- %
preilîons métaphoriques &: les autres façons
de parler figurées qui ont doné lieu. aux mai-
très de l'art d'inventer le terme de métaphore'
&: les autres noms des figures : par là ils ré-
duifent à une efpfcce, à une clafle particulière
les expreffions qui ont un tour pareil félon
lequel elles, fe reflembknt , &: c'eft fous ce.
raport de reflemblance qu'elles font compri-
fcs dans chaque forte particulière dé figure ,
c*eft-à.-dire j dans la même manière d cxprî*
mer les pensées : toutes les expreiïîçins méta-
phoriques font comprifes fous la métaphort:,
elles s'y raportent 5 l'idée de métaphore cft
donc une idée abftraite qui ne repréfentc
aucune expreflion métaphorique en partie
culier,mais feulement cette forte d'idée gêné-
raie que les homes fe font faite pour réduire
à une ctlafle à part les expreflîons figurées
d'une même efpêce-, ce qui met de l'ordre &c
de la nqtctc dans nos pensées &c abrège nos
discours!
Il en xû de même de tous les autres noms
d*arts ôc Ide fcicnccs : la phyfique , par ekem-
/
■'
f
1
/^
. r
%66 SENS ABSTRAIT,
pic , n*cxiftc point , c*cft-à-dirc y quil n'y û
point un être particulier qui foit la phyfîquc:
mai$ les homes ont fait un grand nombre
<le réflexions fur les difcrcntes opérations de
la nature -, &: enfuitc ils ont donc le nom de
fcience fhyfique au recueil ou aflemblagc de ces
ccflcxions , où plutôt à l'idée abftraite à la-
quelle ils raportent toutes \çs obfervations
qui regardent les êtres patut eis.
l\ en eft de même de douceur , amertume^ être^
néanty vie, mort , mouvement, repos, &:c. Chacu-»
nclde ces idées générales , quoiqu'on en difc,
cil auffi poiitive que l'autre , puisqu'elle peut
être également le fu^et d'une propofition.
, Come les difércns objets blans oftt donc
lieu à notre esprit de fe former l'idée de blan*
-thfWTy idée abftraite , qui ne marque qu'une
forte d>fc(^on de l'esprit-; de même, le»
dîVcrs objets,qui nous afedent en tant de ma-
nières diférentes> r^ous ont donc lieu de nous
former l'idée d-êtrêy de fubftance , d'cxiflance 7
^furtout , lorsque nous ne conlidcrons les ob-
jets que *come cxiftaris , fans avoir égard à
leurs autres propriétés particulières : c'eft le
point dans lequel les êtres particuliers fe ref-
femblent le plus. ,
Les objets réels ne font pas toujours dans
M
f:
S£
la même fi
disparoifTc
changcnjci
paflcen no
nous fento
impreflîog
toit en no
idC absence , d
quoique le
cependant
le de l'cfpr
nous aqué
l'ocafion d
de privati(
nous aflig(
Des que
notre fàcu
sentir à ce
consenti , c
avons dit 0]
à médire
propres fen
avons rcdi
apelé afirmA
notre espn
quand il v.(
tion la mai
y
fr'.V.'W''*"™
SENS CONÇRÉr. i6y
ïa même fituation , ils changent de place , ils
disparoiffent , &: nous fcntons rcèlcmcht ce
changcnjcnt & cette aWcnce:- alors il fe
pafTe en nous une afedion rccle p^r laquelle
nous fcntons que nous ne recevons aucune
impreffioij dun objet dont la préfence.cxci-
toit en nous des éfccs fenfibïcs : delà l'idée
d'ahsencc , de privation , de néant : De forte que
quoique le néant ne foit rien en lui' même ^
cependant ce mot parque une afedion réè-
le de Icfprit , ccft une. idée abftraite que
nous aqucrons par lusage de la vie , à
locafion de labsence des objets , &: de tant
de privations qiii nous font plaifir ou qui
nous afligent.
Des que nous avons eu quelque usage de
notre feculté de consentir ou de ne pas con-.
sentir à ce qu on nous propofoit, nous avons
consenti , ou nous n'avons pas conseiui-, nous
avons dit oui , ou nous avons dit »o»^: eiifuitc
à mefure que nous avons réfléchi fiir nos
propres Icntimens intérieurs , &c que nous les
avons réduits à certaines claflcs , nous avons
apelé afinnation cette manière miiformc dont
no^tre esprit e(l afoélc quand il aquiescc ,
quand il. consent, &: nous avons apelé rr^4-
tion la manière dont noric ciprit cil afcctc
r
r
/
/
. '>.
^>«'
"^
--^
ft6S S:ENS ABSTRAIT ,
quand il fcnt qu il rcflifc de consentira quel-
que jugement.
Les termes abftraits, qui font en très grand
nombre, ne marquent donc que des afedions
de rentendemeiu ; ce font des opérations
naturèles de I cfprit , par lesquelles nous nous'
formons autant de clafles diterentes des di-
verfcs fortes d'impreflio'iS particulières, dont
nous fpmcs afèclés par l'usage de la vie. Tel
cft rhc^e. Les noms de ces clafles difcren-
tes ne dcfignent point des êtres réels qui fub-
iîftçm hors de nous : les objets blans font des
erres Jtcels; mais la blancheur neft qu'une
'klçc^ab^lraite : \qs expreiïions métaphoriques
Ibnt tous les jours en ufage dans le langage
des hom^ m^is la métaphore n'eft que dans
l'esprit desXJrammairiens &: des Rhéteurs.
tes idées abftraites que îKîus aquérons par
l'ufage de la vie , font en nous autant d'i'dces
Cîctmplaires qui nous Icrvent enfuite de rè-
gle ô/de modèle pour )uger (i un objet a ou
n'a pas telle^ ou telle propriété. , c'cft-à-dirc ,
s'il ftitôu s'il ne fait pas en nous une im-
preffion femblablc à celle que d'autres objets
nous ont caufée , &: doRt\^^ nous ont laiflc
l'idée ou afettion habituèle. Nous rédui-
fons chaque for.tc d'imprcfllon que nous rc*
ccvons ,
quelle i
. les nou)
nous ne
porter,
une claj
tous les
genres o
autant d
pas l'apJ
lier î ain
cercle , i
abftraits
d'une tel
plus abd
Ce qi
aquéron
la vie , f
ver les je
doit ne 1
autant q
que le^
cnfàns de
grand ne
choix d:
ont plus
idées qu<
y
/ I
-<
SENS CONCRET. lér
ccyons, à la claflc à laquelle il nous paî-oit
qu'elle fe raportcî nous raportons toujours
les nouvèlesimpreffions aux anciènes;&: fi
nous ne troui^ons p^is qu'elles puiflents'y ra-
portcr, nous en fefons une claffc «ouvèlc ou
une claflc à part , &: c'cft delà que vicncnt
tous les noms apellatifs, qui marquent dc%
genres ou des cfpèces particulières , ce font
autant de termes abftraits quand on n'en fait
pas l'aplication à quelque individu particu-
lier 5 ain(i quand on confidère en général le
cercle , une vile , cercle &c vile font des termes
abftraits i mais s'il s'agit d'un tel cercle , ou
d une telle vile en particulier , le terme n'eft
plus abftrait.
Ce que nous venons de dire, que tious
aqucrons ces idées exemplaires par l'ufage de
ia vie , feit bien voir qu'il ne faut point cic-
ver les jeunes gens dans dès folitudes,&: qu'on
doit ne leur montrer que du bon &c du beau
autant qu'il cfl pcJfTible. C'cft un avantage
que le^ cnfàns des grans ont au dcflusdcs
cnfànsdes autres homes 5 ils voient un plus
grand nombre d'obus ', & il y a plus de
choix dans ce qu'on leur montre i ainfi ils
ont plus d'idées exemplaires , 6c c cft de ces
idées que fc forme Je goût. Un jeune home
r
/
^70 S tNS ABSTRAIT.
qui n'aixroit vu que d*cxcélcns tableaux n'ad^
mireroit guère les médiocres.
En termes d'aritmctique , quand on dit
trois louis , dix homes , en un mot , quand on
aplique le nombre à quelque fujet particulier,
ceUonibre cft apelc concret y 3l\x lieu que fi Ton
dit dtux& deux font quatre y ce font là des nom*
bres abftraits , qui ne font unis à aucun fujet
particulier. On confidère alors par abftrac-
tion le nombre en lui même i ou plutôt Ti-
dce de nombre que nous avons aquifd par
l'usage de la vie.
Tous les objets qui nous environent &
dont nous recevons des imprcffions, font au-
^ tant d êtres particuliers que les Philolbphes
apèlcnt des individus. Parmi cette multitude
innombrable d'individus^lesoaos^t fembla-
blés aux autres en certains points : delà les
idées abftraites de genre &: d'efpèce.
Remarquez qu'un individu eft un être réel
^e vous ne fauriez divifer en un autre lui
même : Platon ne peut être que Platon : Un
diamant de mile écus peut être divifé en-plu-
fieurs autres diamans> mais il ne fera plus le
diamant de mile écus : cette table , fi vous la
divilèz y ne fera plus cette table : delà Tidéc
d'unité , ceft-à-dirc , Tafcdion de l'esprit qui
conçoit Tindividu dans un fcns abftrait.
é
SENS CONCRET. ^ ty\
', Obfervez encore qu'il neft pas néceflairc
que j'aie vu tous les objete blans .pour
me former l'idée abftraitc de blancheur 5 un
.feul objet blanc pôuroit me faire naitre cette
idée, &: dans la fuite je napclcrois bla.nc que;
ce qui y feroit conforme, comç le peuple n a-
tribue les propriétés du foleirqù'à l'a Arc qui
fait le jour. Ainlî U neft pas néceflaire que
j'aie vu tous les cercles poflibles , pour véri-
fier il dans tout cercle les lignes tirées du cen-
tre à la circonférence font égales , un objet
qui n'a pas cette propriété n'cft point, un
cercle , parce qu'il n'eft pas conforme à Pidéc
exemplaire que j'ai aquife du cercle , par l'u-
fage de la vie , &: par \^s réflexions que cet
ufage a fait naitre dans mon efprit.,
La Fortune, le Hazard&: laDcftinée,quc
Ton pexfonifie (î fouvent dans le langage or-
diiiaire, ne font que des'termes abftraits. Cet-
te multitude d'événemens, qui nous ariVent
tous, les jours, fans que la caufe particulière
gui les produit nous foit conue, a afedé notre
esprit de manière /qu'elle a excité eh nous
l'idée indéterminée d'une caufe inconue que
le vulgaire a apelée Fortune, Ha'^^rd, ou DeJU^
née : ce font décidées d'imitation formées à
l'exemple des idées que -nous avons d^s caufes
■
téèJqs.
r
\_-^
♦Pfal. ï8.
V. I.
♦•AdRom.
.1. V. io»
J
tTt SENS ABSTRAIT,
Xcs imprcflîons que nous recevons des
objets^ &: les réflexions que nous fcfons fur ces
imprefïions p^rlufage de la vie & par la^c-»*
ditation^ font la fource de toutes nos idées,
ccft- à-dire, de toutes les afcdions de notre
cfprit quand il conçoit quelque chofe , de -^
quelque manière qu il la conçoive : c'eft ainfl* ^r
que Yidtt de Dieu nous vient par les créait
turcs qui nous anoncent fon exiftance &: fes
perfcdions : ■** Cœli enarrant glàriam Dei. ^^In- -
vifibïlia enim ips'ius per ea ejux faBafunt intellé£h
confpiciûntur y fempitérna quoque ejus^ virtus drWi-
v'mitas. Une montre nous dit qu'il y a un ou-
vrier qui l'a faite , L'idée qu'elle feit naitre en
moi de cet ouvrier , quelque indéterminée
qu'elle foït , n'cft p6int Pidée d'un être abs-
trait, elle ell l'idée d'un être réel qui doit
avoir de Tintelligence &: de l'adreffe : Ainû
l'Univers nous aprend qu'il y a un Créateur
qui Ta tiré du néant , qui le confer.ve , qu'il *
doit avoir des perfedions infinies , ôc qu'il
exige de nous de la reconoiflance &: de$
adorations. ^^^ ^
Les abftradions font une fecukc particu-
lière de notre efprit.qui doit nous faire reco* '
noitre combien nous fomes élevés au defliis
des êtres purement corporels.
Dans
■SENS CONCRET. J7J
Dans le langage ordinaire on parle des abs-
trayions de 1 cfprit corne on park des réali-
tés , les termes abftraits n'ont même été in-
ventes qu*à l'imitation des mots qui expri-
ment des êtres phyiiques. Ceft peut-être ce
qui a doné lieu à un graiid nombre d'erreurs
où |és homes font tombés , faute d*avoir rc-
conu que les mots dont ils fe fcrvoient en
ces ocalions n'étoient quâ les fignes des afec-
tions de leur efprit , en un mot, de leurs abs-
trayions , & non Texprellion d objets réels;
delà l'ordre idéal confondu avec Tordre phy-
(ique 5 delà enfin l'erreur * de ceux^qui
croient fa voir ce qu ils ignorent , & qui par-
lent de leurs imat^inations meta phyiiques
avec la même aflùiance que les autres hot^
nies parlenf des objets réels. ♦
Les abllradions font un pays où il y a
encore bien des dlcou vertes à fiire, &c dans
n.
lequel on tcroir quelques progrès , li l'on ne
prenoit pas pour lumière ce qui n'eil qu'une
fédudion délicate de l'imagination, &c li l'on
pouvoit fe rapeler fans prévention la maniè-
le dont nous avons aquis nos idées &:^os
conoifTances dans les premières années de
notre vie ; mais cela ndX pas mamtenant
de mon fuict.
\
* Abfït fr-
ror opinin-
iiuin (e iU-
re quod
nclcmnr.
jtug.xn En-
chuid. ad
Laur.de Fi-
de , Spc, Se
Char. cap.
c9.tom.v1.
p. i I 8. Pa-
ns. i6i$>.
-
\
y'
/
%
>»
%f^ SSNS ABSTRAIT y
KéficxiùHs fur kf MbftrÂcfions j fsrr^fort)^
U ffàsmère tenfeigntr. ^ - ^
Corne c*cft aux AJlaitrcs que j'adrcffc cet
X)uvragc , jp crois pouvoir ajouter ici queb
^ucs réflexions par iraport à la manière d'en-
feigeer. Le grand art de la Didàdique , ^
c*eft de favoir profiter àes conoiflances qui
font déjà dans l'esprit de ceux qu'on veut
inftruire, pour )lCS mener à celles qu'ils n'ont
point 5 c eft ce qu'on apèle aler du conu à
rinconu. Tout le monde convient du prin-
cipe, m^iis dans la pratique on s*en écarte , ou
fiiutc d atcntion , ou parce qu on fupofe dans
les jeunes gens des conoiflances qu'ils n ont
point encore aquifes. Un.métaphyficien qui
a médité fur finfini , fur 1 être en général ,
&c , perfuadé , que ce font là autant d'idées
innées, parce qu elles font faciles à àquérir &:
qu'elles lui font familières,, ne doute point
que ces conoiflances ne fôient aufl[î familiè-
res au jeune home qu il infl:ruit , quelles le
font à lui même > fur ce fondement , il parle
toujours -, on ne Tentend point , il s'enétone;
il élève la voix , il s'.épuife , &: on l'entend
„ * La Didactique , c'cft Part d'etiscigiicr,4i/«xTix^r , aptu9
que
Utile
/^
SENS CONCRET. «;?j
eitccxrc moins. Qjlic ne fe rapèle-t-il les'prc*
micres années de fon enfance f* AVoit-il à
. cet âge 'des conoiiïances auxquelles il n a pen-
se que dans la fuite , par le fccours des rèfle-
xiBns , &: après que fon cerveau a eu aquis'un
certain degré de confiftance l En un mot,co-
noi(ïbit-il alor^ ce qu'il neconoiflbit pas en»
core, &:^ce qui lui a paru. aou veau dans U
fuite , quelque facilité qu'il ait eue à le con-
cevoir? fe .
Nous avons befoin d'impreflîons particu*
lières , À: pour ainfi dire,'prcliminaires, pour
nous élever enfuite par le fecours de lexpé*»
irience &: des réflexions , jufqu à la fublimité
des idées abftraîtcs : Parmi celles-ci /les unes
foht plus Éiciics acquérir que les autres , l'u-
iage delà vie nou^ mène à quelques-unes
presque fans réflexion , 6c quand nous
venons enfuite à nous apercevoir que nous
Jes avons aquifes , nous les regardons comc
nées avec nous. " V •
' Ainfi il me paroït qu après qu'on a âquis
un grand nombre de conoiflances particuliè-
res dans quelque art ou dans quelque fciencc
que ce foit, on ne fauroit rien faire de plus
utile pour foi même , que de (c former des
principes d'après ces conoilfànces particuliè^r ^
S ij
' \
y^
->
r^
y
^^t SENS ABSTRAIT,
usSydc de mettre par cette voie, de la nétctè,
oc l*ordre,& de rarangcmcnt dans fes penfées.
Mais quand il s agit d*inftruire les* autres,
il^faut imiter la nature > elle ne cômencc
point par les principes & par les idées ïibs-
traites : ce feroit comenecr par l'incoiiu>
elle ne nous done point l'idée d'animal avant
que de nous montrer des oifeaux , des^chiens,
àcs chevaux , &:c. Il faut des principes : oui
fans doute j mais iPen faut en tcms &: lieu.
Si par principes vous entendez des règles, des
maximes , des notions générales , des idées
abftraites • qui renfe-rment des conoifTances
particulières , alors je dis qu il ne faut point
comenecr par de tels principes.
Que fi par principes vous entendez des no-
tions comunes , des pratiques faciles , des
Opérations aifécs qui ne fupofent dans votre
çlcve d'autre pouvoir ni d'autres conoifîàn^
ces que celles que vous favcz bien qu'il a
déjà ; alors , je conviens qu il faut des princi-
pes , &c ces principes ne font autre cliofe que
le^ idées particulières qu'il faut Ibur doner,
avant que de palTer aux règles ôc aux idées
abftjraites.
Les règles vn'aprènent qu*à ceux qui fa vent
^èja, parce que les règles ne font quç^des;
obferv
Élire li
d'en d<
Un
&lesi
pendai
dans i
tems c
ont de^
en abr
foplîie
&idéé y i
d'univc
fi c ctc
pures 2
que c'(
met ho
ainfi d
penfée
formel
Jefp
en dét;
tique e
"celle q
qui ce
qucpc
dcJA Ol
font p
SENS CONCRET. z7f
obfervatioiîs fur Tufage , ainfî comcnccz pac
faire lire les exenîpies des ligures avant que
d'en doncr la définition. '
■
II n'y a rien de fi naturel que h Logique
& les principes fur lefquels elle eft fondceicc-
pendiint les jeunes logiciens retrouvent corne
dans un irionde nouveau dans les prerniers
tems qu ils étudient la Logique , lorsqu'ils
ont des maitres qui comencent par leur doner
en abrégé le plan général de toute la philo-
.iopnie i qui parlent\^ de fcience y de perception,
&idcé y de ]ugtmtni ydcfin^ de caufe , de catégorîCy
d'univcïfaux , de degrés mètaphyfiques , &:c, comc
fi c ctoient là autant d ctres réels ^-êé-^flon de
pures abftradions de Içfprit. Je fuis pcrfuadc
que c'cft reconduire avec beaucoup plus de
méthode, de- . comenccr par mètre ; pour
ainfi dire, devant les yeux quelques-unes des
penfées particulières qui ont doné lieu de
former chacune de ces idées abftraites.
J efpère traiter quelque jour cet article plus
en détail & faire voir que la méthode anali-
tiqueeft la vraie méthode d'en feigner^ & que
'celle qu'on apéle fynthétique ou de dodrine ^
qui comcnce par les principes , n'efl bone
que pour mètre de T.ordre dans ce qu'on fait
déjà ou dans quelques autres ocafions qui ne
font pas maintenant de njon fujct.
«^
4
^
fi pAris ,
chc7(i'Hou-
fy. 1718.
i7t
XII.
DERNIERE Observation.
i . S'ily M des mots Synonims.
NOus avons vu qu*un même mot peut
avoir par figure d'autres fignifications
que celle qu'il a dans le feiis propre &: primi-
tif : a/oi/ej peut ^v^niticz vaifjtaux. Ne fuit-il
pasdelà qu'il y a des mots fynonimes, &: que
^oik$ c^ Çynonimc ^ 'uaiff,:aux }
Monfîeur TAbé Girard â déjà examiné
ccttc^queftion , dans le difcours préliminaire
qu'il à mis à la tête de fon Traité de Uj^p
tejfede la langue françàife. Je ne ferai guère ici
quun extrait de £ès raifons , |(: je prendrai
même la liberté de me feivir fouvcnt de fcs
termes 5 me contentant de tirer mes exemples
de la langue latine. Le Lccleur trouvera
dans le livre^ de M. l'Abc Gii:ard dequor fe
fàtisfaire pleinement fur ce qui regarde le
firançois. / ^
» On entend comuncment par fynonimes
% les mots qui ne difcrant que par l'articula-
>Uion de Ja voix , fontjèmblables par l'idce
)) qu'ils expriment. Mais y a-t-il de ces fortes
»dc mots > Il faut diftinjfuer :
DEkNIERR OBS. tjf
.» Si vous preniez le terme de fynonime dans ii
» un fens étendu pour une fimplexeflemblan- ^
» ce de (ignification , il y a des termes fyno-
»» nimes , c'cft - à - dire , qu'il y à des mots qui
« expriment une même idée principale : <c^r- .
re , bajulàre , portârç., tollcre ^ fuflinére ^ gèrere y
gefiârc , feront en ce feps au.tant de fynoni-
mes. . — ■
Mais fi par fyndmmes , vous entendez des p.
mots qui ont )> une reiîcmblance de iîgni-
' »ficarion ii entière &c 11 parfaite , que le fens
» pris dans toute fa toi^ce &: dans toutes fes
"^irconftaiiccs foit toujours 6ù abfolument
i>le même, e ilbrte qu'un des fynonimcs ne
ôfignitie ni plus ni moins que lautrci
«qu'on puiflc les employer indtf^rameat dans
>» toutes les ocaiions , &: qu'il n'y ait pas pliis
jîde choix à faire entre eux pour la (ignifi-
>»cgtion &: pour l'énergie qu'entre les goûtes
» d'eau d'une même fource pour le goût Se
» pouj- la qualité : dans ce fécond fens il ny
» a point de mots f) nonimes en aucune lan- ,
» gue. et Ainiî ferre ^ ^bajulàre ^onàre , toltere ,
fuflincre , gérére , gèftâ^'e , auront chacun leur
deftination particulière : eo éfet.
Ferre , fignific porter , c'eft Pidéc princi-
S iiij
p. i^;
17. ',
xS.
r
4é^
a
tU PE^RNIERE
^ Bojulire , c'cft porter fur les épaules ou fur
le cou.
Fortâre f<> dit proprement lorsqu'on^ fiit
porter quelque chofe fur des bêtes de fome,
fur des charctes ou par dès crocheteurs. Por-
tari dtcifnus ea qua quis jiiméntofecum dticit. Voyez
le titre XVI. du cinquantième livre du Di-
gefte de vedôrum fignificatiône.
Tite Live,l. Tillere ^ c'cft lever en haut > d'où vient le
xxKviii.n. fubftantif ro//é//o i^j , c'eft une machine à
y. ToLciio. ^^J^er de J eau d un puits.
Suflinére , C eft foutenir , porter pour empê-'
cher de tomber.
Géfere , c'elt porter fur foi : Galeam gérere in
câpite.
Geflâre vient de gérere , c'eft faire parade de
ce qu'on porte. l
Malgfé ces difcrences , il arive fouvent que
dans la pratique on. emploie ces mois l'un
*pour l'autre par figure , en confcrvant tou-
jours l'idée principale 6c en aïant égard à
l'uTage de la langue 5 rhais ce qui fait voir
qu^à parler exaâ:ement ces mots ne font pas
fynonimcs , c'cll qu'il n'eft pas toujours per-
mis de mètre inditéramcnt Tun pour Tautre.
Airtli quoi qu'on dife rnorem gérere , on ne
djroit pas more m fcne ou rnorem pondre , &co.
Corn. Nep.
A 4- i'
Les L
férena
^ne po!
& gcflh
ferlntia
ont rei
gefla 'ac
reur d
qu'ils
Jière. ^
Nou
Gram
tins : '
. ■ Nonii
num.
On
qui cf'
nous :
répan
les COI
* ^^"^
fit & ne
pcritor
fcd/r ri,
^Uod fil
i
QC.
onSERVATIon., lU
Les Ldtins lontoient mieux que nous ces di- ^
férencej; délicates , dans le tems même qu'ils
^ne pou voient les exprimer , nihil inter faSHm £);^\T*]'
& gilïum interefljlicct videâtur quadam fubtïlis dif- vcrbôrum
ferlntia , dit un ancien Jurifcori fuite. D autres %"^"^
ont remarqué que aBa prôpriè ad togam [pe^^nt^
gefla' ad milïtiam, Varrori dit que cefl une er-
reur dé confondre âgere , fâcere éc gérere , &C
qu'ils ont chacun leur deftination particu-
lière. ^
Nous ayons quelques recueils des anciens
Grammairiens fur la propriété des mots la-
tins : Tel s, font Feftus de verlôrum ft^nificat:6ncy
.. ÎNonius Marcellusf/e varia fignificaticne fertm-
num. Voyez Granimâtici vctcres.
On peut encore confultcr un autre recueil
qui tt^pou^titvc Autorc s lingue latin.t. De plu'J.
nous ayon^un grand nombre d obfervations
répandues dans Varron de litigaa Utïnâ , dans
les comentaires de Donat&: de Servius : elles
«
* Propter (imilitàJii>cm agtfridi ,.& faciéii li , & çcrefri-
di.qiiii.am crrnr lus qui putani tire unum : porcin ciiini quis
iliquiJ fâceic &: non âgcrc • ut pocta/^rr/ t.ibulani & non .
M^it ; contra aftof agit Se non faeit , & fie à poc'ta Kilni'a
fit ôc non âgitur ^ ab adlorc afir«r & non fit : contr.i Iki-
pciitor qui dicitur rfs g<Jreïc in co ncque agit, ncquc/.if/Y,
Icd/f r//, \A cft fuftinct : tranflitum ab hi<: qui oncia gcruxte
^Uod fûlUuciu. y^mrr» de luig. ht, 1. v. iuL» ^ntm. . \
- r
\
^Kk
/
/
C:crr. Ep.
ai t.iiiV. 1.9.
S
-'
«1» DERNIERE
" font voir les diférences qu'il y a entre plufîcurç
mots que Ton prcn4 comunëracnt pour fy né*
himes. Quelques auteurs modernes ont fait
aufîî des réflexions fur le même fuiet ; tels
font le P. V.ava(reur Jéfuite dans fcs remarques
fur la langue latine , Sciopius , Henri Etiène»
de latinitâtef'Msbfufpéclâ.ôc pi u(i eu rs autres.
On tire aufli la même conicqucnce de plu-
fieurs partages des meilleurs auteurs; voici
deux exemples tires de Cicéroii,qui font voir
laf^diférence qu'il y a entre amâre &c diltg^re.
Quis erat qui putàret ad eum amôrem qucm erga te
habébam , pojfe àliquid acccderc ? T^antum accî'ljît^ ut
mihi nunc dèniquc amâre vïdear , ântea dilexiffe,
«Qui lauroit pu croire , dit Cicérôn., que
•• lafedion que j'avois pour vous eut<J)u rece-
» voir quelque degré de plus : cependant elle
»eft il' fort augmentée que je fcnsbien qu'à
»la vérité vous rh 'étiez cher autrefois , mais
» qu'aùjourd'huy je vous aime tendrement. c<
Et au livre 13. Ep. 47. ^luidcgoùhi com-
mtndem cum quem tu ipfe diligis > feU tamen^ utfcircs
eum non à nfe diligi folum , verum étiam amâri , ob
eam rem tihihxc fcribo. » Vous Taimez , mais je
» l'aime encore davantage h & c'clt pour cela
)> que je vous lé rccomande. «
\'oilà jLinc difercncc bien, marquée entr*
f
qu'il y ad
ïors mêît
le fens di
rem & dol
diffi'rt âliij
'vel côypon
tcm motus
aliud Ubo,
dolchat j c
Les i:
renccs" ei
jeunes gc
de réfle>
ni mes. (
pas auili
me, en d
M. de
>• les difer
» de nos
» que tout
)k/4/> pa
font do
latins ei
les te in
auroien
plus le
/ • •
"T^-V
/
OBSER VAtlON. 285
mmâre^ Mgere h Cicéiôii obfervc ailleurs Tu^cqI. i.t.
qu'il y a de la dif^rcacê entre dolêre & laborâre^ °* ^ ^'
lors même que ce deriéec niot ell^pris dai»
le fens du premier : [ntl^refl kliqùiatnier khô^
rem & dolôrem ^ funt finïtima omntno ^ fcd tamen
dijfi'rt àliquid: labor efl fUnBio quidam vçl ânimi 4
'vel côrporis y gravions ôpcris velmuneris'h dolor au- ^ ^
tcm motus afper in corporc . , , âliud inquqm cfl dolerÇy
M âliud Uborârc. Citm varices fccahantur Cn, MàriOj ^
■ dolcbat'ycum xSïumagno ducébat agmen ,làborâkdt*
Les favans ont obfccXc de pareilles dite-
. renccs entré pluficurs autres mots, que Jcs - .
jeunes gens &: ceux qui manquent de goût &:
de reflexion regardent corne autant dcTyno-
ni mes. Ce qui tait voir qu'il n cil peut -être
pas auiîî utiJc qu'on le penfe.de faire le thè-
me cn deux façons.
M. de la Bruyèi"ë remarque » bu^cwtrr to/frct can."^, an
>*ies diferentcs exprcfjîons qui peuvent rendre une feule ^^'^- ^^
î) de nos pensées , // nyenaquu/ie qt'.ifoit la banc :
» que tout ce qui ne fcjl point cft faible &-~fiefutih-
iKfait pas un home d^cfpric. Ainii ceux qui fc
font donc la peine de traduire les auteurs
latins en un autre lati|rven.afcc]:ant dcvitcr
les termes dont ces auteurs fe, font (avis,
auroient pu s épargner un travail "^jTTr^.itc
plus le goût qu'il n'aportc de lumictcl L-qnc
l'csptJ
\
A
^
("
— <
,,f
^;
>
r^
v^
/
\
Virg.
V.7J
:
ïtâ' DERNIERE
&^rautre pratique çft une fécondité ftérite
qui empêche de ïenrir la prppricté des ter-
mes, leur értcrgie^, &: la finçfledela langue,
.toiie ie l'ai Smarquc ailleurs. •
I ^c«J veatdi|rc ui bois confacré àqiieîquc
■ divirnré ; ^ylvà-, un bois z\ gc léral : Virgile
% ne irfttaque p'as à cette di(l:in:'i:i6i ; mais le
Traducteur litin eft obligé de s'écarter de
Texactitude de foa o: i^iiial.
Ne quis fîtlucus quo fc plus 'y\^ct Apollo.
Ainfî parle Virgile. Voici cornent on le, tra-
duit, Ut nullafn fylva , quâ v.agis JJfôll) gloriUur,
Ncx y necisy vient d^ nccâre , 6c Ce dit dune
mort vipR^te : au lieu que m&rs lignifie
fimpler^ent la mort, la ceflation de la vie.
Virgile dit parlant d'Hercule :
JEn.
S. ▼.
.... Nccc Gcryonis fpoliiscjuc fiipcrbus :
Mais fon traducteur cft oblige de dire morte
Geryonis.
Je pourois raporter un grand nombre d'e-
xemples pareils : je me contenterai d'olMer-
ver que plus on fera de progrès , plus on rc-
conoitra cet uùgc propre des termes , &: par
con(cquent rinurilitc de ces vcrfions qui ne
font^m latines ni françoifc». Ce n'eft quc.pour
)
f.
infpirer 1
qucjc ùi
Voici h
il n'y a j
j . S'il y
roit deu:
Quand o
on n'en
anciens ,
fo'^it fync
Çicurs j n
c eft: la g
qui cft Ci
de ces te
me inuri
y opère J
.de tous
opérer.
2. Il c
pour un
geux d'à
tes les ;
elles.
3. On
gue par
cxprinK
. lations
/*
OBSERVATION. t8f
infpirer le goiit de cette propriété des mots ,
qucjc lais ici cette remarque.
Voici les principales raifons pour lesquelles.
ï\ n'y a point de (ynonimes parfaits.
j.S'il y avoitclcsrynonimcs parfaits, il y au-
roit deux langues dans une même langue*
Quand on a trouvé le ligne exact d'une iaéc,
on n'en cherche pas un autre. Les mots "
anciens, &: les mots nouveaux d'une ian^guc
foht fynonimes : mahus elt (ynor.iiT^e de plu-
ficurs j mais le premier n'cft plus en ufage:
c eft la grande reflèmblance de ligniiicatioii
qui cft caulc que l'ulàgc n a conl'ervé qucTun
de ces termes, & qa'il a rejeté lautrc co-
rne inutile. L ufage , ce tiran des langues,
y opère Xouvent des n^ijbillcs que Tautorité
.de tous les fouvcrains ne pouroit jamais y
opérer.
2. Il cft fort inutile d'avoir plufieurs mots
pour une feule idée i mais il eft nés avanta-
geux d'avoir des mots particuliers pour tou-
tes les idées qui ont quelque raport entre
elles.
5- On doit juger de la richeftc d'une lan-
gue par le nombre des pensées qu'elle peut
exprimer , &c non par le nombre des m ticii-
. htions de la voix. Une langue fera vciita-
\\
\
^
'»
%.
I
K
'^.-i^:
\.
kU DERNIERE ée:
blcmcnt triche, fi cJlc a des termes pour dis*
tinguer , non feulement les idées principales,
mais encore leurs diférences , leurs délica?
te(res,leplus&; le moins d'énergie, deten^
dxit , de précifiôn , de fimplicité , &: de corn-
pofition.
4. 11 y a des ocafîons, où il efl: indiférenC
ééÇc fcrvir d'un de ces mots qu'on apèle
fynDnimcs , plutôt que d'un autre > mais auilî
il y a des oealîons , où il eft beaucoup mieux
de foire un choix : il y a donc dé la^iférencc
entre ces mots > ils ne font donc pas exade*
ment fynonimes. *
Lorsqu'il lie s'agit que de faire entendre
ridée comunç, fans y joindre ou fans en ex-^
dure les idées accelToires. 5 on peut emplo-
yer indiftiiidement l'ijn ou l'autre de ces
mots , puisqu'ils font tous deux propres à ex-,
primer ce qu'on veut faire entendre ; mais
cela p'cmpcche pas que chacun d'eux n'ait
une fo^ce particulière qui le diftingue de
l'autre > ^à4aguellc il faut avoir égard feloa
le plus où le moins de préciûonque demande
ce que l'on ypix. exprimer.
Ce choix eft un
& fupofe imc
langue.
fincfle de l'espriti
oiûànce de U
V.
T A'B L E
PREMIERE PARTIE-
' DesTropesen général. .
' - *. ' ' '
Art. I. JDce générale df s figures, page i.
Art. II. Jl Divîfm des figures, i ^^
Art. III. Diviftoft des figures de mots, i 3-
Art. IV. Définition des Tropes, 1 4-
. Art. V. Le traité des Tropes eft du rejfort
de la Grammaire ; on doit conoitre les tro-
pes pour bien entendre les auteurs & four
avoir des conoijfançes exaffes dans l'art de
.farleré* d' (écrire, \ ^
Ecponfe a une objeéfion, 2.0.
A RT. VI . Sens propre , Sens figuré, 2 î •
Art. VII. RéHexions générales fur le fens fi-
gure, '
1. Origine du fms figuré, ^5-
I I. Ufages ou éfets des tropes. 2,5.
III. Ce quon doit obferver, & ce quon doit
éviter dans fufage des tropes , 6^ pourquos
ils plaifent. 3 3-
IV. Suite des reflexions générales fur le fens
figuré, / ? ^'
V. Ohfcrvatiom fur les Dimonaires latins-
franco is, • '*
/
y
TA BLE.
\
SECONDE PARTIE.
, Des Tropes en particulier.
^' T ^ Cauchrèfi, 4hs, extenfion o»
11^/
II
I
I
III. LaMetdcffe. ".
i^-^ L^ Synecdoque,.
V. LAhtonomafe.
VI L^Comunicmon dans les paroles,
y ii'L/ê Litote,
"Vllt. r Hyperbole.
IX. L*Hyp4)typofe^
X. La Métaphore,
phores, ./ a y
XI LaSyllepfe Oratoire. . ^
XII z^^%,ryr.
XIII. rAUufion,
XfV. L'Ironie,
XV. LEuphémifme,
XVI. L'Antiphrafe. '
XVII. Z>» Pcriphrafe,
XVIII rHypallageJ
XIX. L'Onomatopée,
W^Wr /«W/ ^^^ ,^^ An,AHUy^^^^
XX
TABLE.
XXÏ T)e Ufubordination des trofts , ou it$
fang au ils doivent tenir les uns k P égard
/des autres , & de leurs caraôfères farticu-
/ ''^>^^- . *^%
XXII . ï. -^^^ ^'of^^ ^^^ ^^ ^^ P^^^^ farte.
II. Variété dans la dénomination des
trofes. * 2 67-
XXIII. ^e rufage (jr r^l^f^s des tropes font de-
tous les tems &de toutes les langues. * z £ o.
tIoisieme partie.
-^^ Es autres fens dans lesquels un mérhe
I J mot peut être employé dans le discours»
page 207.
I. Suhftantifs fris adjectivement , adjeÛifs pris
■ fuhfiantivement.fubjlantifs cr adjeftippris
adverbialement, , IP?-
Xi. Sens déterminé, fem indéterminé. 213.
III. Sens aBif, fens pajfifyfens neutre.
IV. Sens ahfotu ,fens relatif.
V . Sens colleShf , fens difirtbutif
V I Sens équivoque , fens louche.
V\\ Des jeux de mots ér de la Faronomafe,
2 2^.
VIII. ^ns compofé , fens div.ifé. 218.
IX. Sens litéral , fens fpiritueL ^ 2 }0.
Divifton dufem litéral. 2 j i.
1 14*
21 9.
2 2 0*
21I«
I
r^
1 V''
^G
-tABLE
I>fviftcniufensffintHiL
Sens morsL
Sens Mgorique,
Sens snagogique.
138.
14N
X. Ui^féns sdAfti , ou que ton ione pt^r ^U
. Remarques fur quelques pajfages adaftés à
contre-fens, , ^ 146"
Suite iufensj^té. DeUPjtroMedr des
Centons. ^
XL Sens ahjfmit ,fens concret. 2 ^ %
Des Termes dhjtràits. 261,
Réflexions fur les atflraaions par report i
U rhmierefenfeigner. 27-4.
XII. Dernière ohfervjuion. S'il y s des mots
Ji^'JV?' °'''^" /lc«onfcfghcur le Garde des Sceaia
• tiLiT ^ "5 ^^r-^"' ^"' '^ ^"^ ^'"" travail-^ d'une
Hkicux ou, /o« répandus dans, cec ouvra,.e. Fau i Par!,
«caxdcM4xi7x,. DEMOKéT.
L
P R I f^J LEG B DV ROT.
LOUIS, Paria «raci DBDiEU^Rof
DE France, ET deNavarretA noi
Amez & fcauz Confcillcrs , les Gens tcnans nos Cours de
Parlement , Maîtres des Requêtes ordinaires de nôtre
Hôtel , Grand - Confcil , Prévôt de Paris , Baillifs , Séné-
chaux y leurs Licutcnans Civils & autres nos Jufticiers qu'il ^
apartiendra , Salut. Nçtrc bien amé le Sieur D tf
M A R s A I s , Nous aiant fait remontrer qu'il auroic
compofé un ouvrage qui a pour titre , Les vérittibles prin-
cipes de la Grammaire , ou nouvele Grammaire raijcnSe^
qu'il fouhaiieroit faire imprimer & doner au public ., s'il
Nous plailbit lui accorder nos Lettres de Privilège fur ce
néccflàircs , offrant pour cet effet de faire imprimer en bon
papier & beaujc caraftcres , fuivant la feuille imprimée 8c '
attachée pour modèle fous le coritre-fc^des Prefentes. A --
CCS Caufes , voulant traiter favorablement ledit Expofant,
Nous lui. avons .permis & permettons par ces Prefcntes , dc^
faire imprimer ledit Livre cy-defTus fpccifi<^ , en un ou plu-
£curs volumes ; conjointement ou fcparement ^ & a«utant de
fois que bon lui femblcra , f\if papier & cara^cres confor-
mes a ladite feuille impriJBiéc & attachée fous notre contre- >.'
fccl , & de le faire vendre -fie débiter par tout notre Royau-,
inc , pendant le tcms dehuît années confecuiivcs, i com--
Bter du. jour de la datt/-tlefditcs Prefenccs ; faifons défenfcs
a toutes fortes de Pcrlonncs, de quelque qualité & condition
qu'elles foient , d'en introduire d'imprcfiion étrangère dans /
aucun lieu de notre obéi/TanCe ; comme aufli à tous linpri-
xncury, .Libraires & autres d'imprimer , faire' imprimer ,
▼cildrc , faire vendre , débiter ni contrefaire ledit livre ci- , ,
^«(Tus cxpofé > en tout nixn partie, d'en faire aucuns ex-
traits fous quelque prétexte que ce foit , d'aui^mentation ,
çorredion , changement de titre , fans la perminîon exprelTc
& par écrit dudit txpofani ou de ceux qui auront droit de
lui , à peine de confifcation desdits Exemplaires contrefaits ,
4e quinze cens livres d'amende contrje chacun des coiitrcvc-
nans,dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtel-Dieu.de Paris, -
& l'autre tiers audit Expofant , & de tous dépens , doma-
gC8& iûierêis , à la durgc que ces prefcntes feront enie^is*
V.
A
. _, -'•vriif.jr-
jT^'v-'O
S'
1^ tout auloi^ (or te Regj^ (te k Comaittnancë des _..
braircs & Imprimeurs de Paris , dans trois mois de U dzttê
d'icelles \ que i'imprcflîon de ce Livre fera faite dans notrtt
Royaume <8c, non ailleurs ; & que l'Impétrant fe confor-
mera en tout aux Reglemens de fa Librairie , & notamment
^ celui du dixième Avril 171 J. Et qu'avant de Texpcfcr en
Tente , le manufçrit ou l'imprimé qui aura feryi de copie
i rimpreiOon dudit Livre , fcra'rem s dans le même état otl
Taprobation y aura été donéc, es mains de notre très-cher
& fëal Chevalier Garde des Sceaux de France , le fieur Chaii*
yelin ; & qu'il en fera enfuite remis deux Exejruplaires dan*
notre Bibliothèque publique , un dans celle :1c notre Château
du Louvre, & un dans celle de notre très-cher & féal Che-
valier Garde de Sceaux de France , le fieur ChauveJin , le
tout i peine <lc nullité des Prefentes^ du contenu derqudlct
vous mandons^ôc enjoignons de faire jouir rExpofant ou fc«
ayans caufc , pleinement & paifibiement , fans fouffrir qu'il
leur foit fait aucun. trouble ou empêchement. Voulons que
la copie defdites Prefentcs , qui fera imprimée tout au long
au commencement ou à la Hn dudit Livre , foit tenue poui
duement lignifiée , Se qu'aux copies collationées par rua
de nos amez 8c fcaux Confcillers & Secrétaires ,. foi foit
ajoutée come à TOriginal. Comandons au. premier notre
Hui/fier ou Sergent de faire pour l*cxecution d'icelles tous
Aftes requis & neceflàircs , fans demander autre permiiCon ,
nonobftant Clameur de Haro, Chirte- Normande, & Let-
tres à ce contraires { C ÂK tel eft notre plaifir. Donné 2
Paris le troifiéme jour du mois de Juin , l'an de grâce mil
;pt cens vingt- neuf , 8c de notre Regae le quatorzième.
Par le Roi en fon ConfeiL
\
5 AIN SON.
HififtrêfttrU RegiftrtflL dt U Chêmhe KoymU é^
SjndiemU dt U Librmirit & Imprimtrie dt Fétrit , N* )<)«
fêl. J07. ctnftrmimtnt sm ]^i£lem*nf/ii 1715. Jt Buris U
ftft Juim 171^.
«
P. A. Lfi M£RCIER/5yadt^
\^-^-*r
rl>^--'
'■ ■■XàH' f ■■■■■ •-•■■- i ■■■■■•},' .;,3S?'.'' ■■-•,'
"A
>^
V
\:^:t:^
i *■:■■
4
/'
frv-
V
— X
\.
/
Les microfiches ci-jointes prés
ou lacunes inhérents au dociimen
prions de nous en excuser.
Reliure trop serrée
\
•■^:
4
jointes présentent certain^défauts
au dociiment original. Nous vous
user.
^
\
\
i.
V
•"~^
J^
. ♦
V
Y
\
A
V
-^
^ •
V
1»
^
V
f^
/•
/
/
\
u
#
\
s
':H
J .".
^
'.' *
\
•
-
1
4
y
^_^ %
-
î
\.
•
■•î.
r
*
• .
1 r
y*
4
«
■ '
f
V '
•
(■
■'■
) ■ ■ .
>
* • *
h
r
1
^
J
%
•r ■ ^ ■
»
t
'
'<
4
•
. .'
/■
"
^i
\ •
/
"^
«
<-■
•
'
', . • ■ , _
•
•^
•s
«
•
«
V
-
•..
V
*• . >
-
•
r
V
i^
;
•o
t 't^
y\
/■ ■■**
^
A
/• ;♦»
1.
ê
«
ê
»
r
f «
... •
V
r
■i^v,:''tV^
•
w
.->•
«k
■k/'-tV^
#
•
-;a-,
/
c
#•
( .'
V
\
¥ 8r
^
" A
•
N
->.
r \
N
*
\-,
/
#
• '
I
t
4
>■'■■
» .^
' \
r
\
^' •,
• \
V
*
* •
*" *<f
•
w -
.3
',
l
/
r
\ .
i ,
\
^ »
' I
>
I
V '.
it. X
. ■«
^
^' .
\
f
7.
y
'%■
<2>
\-
A%
\
y
\
.^.U:
• f
^.
t ■
\ 1
.\
^l \
I - '
/v
a
-i
J
^
4
-^K/^
V
^
'V
#
\
/
'♦'.
/
^r^»
V
\
i
•"\
N
X
r
4)
• , •
r.
. • • »
V I*
I •
"S.
• «
•«
^
/
s*
• • ■
/.
<.•
.1.
V
/
H^'
^i>~-
.4
• I
\ J
/
^
^ '
<\
ik
s
%■
[ ■'■ .
. '4
/
\
/
\ '
./f..
7
\
>■ ; '. ■ . 't- '
.;.: -. 7.
■:•-. - -' . -V
■ Il lui
T^
^x^
^
, /
* »
/
l %
*,_,
4
i
/■".
- /
/
/.
.1 . I' Il
'' -w^
^wA>
m»^
i.l I hiiVif
^
I > V
w
% r
J
®
.;
i
/^
<^
»
/.
• ft
\ .
'.. '^■"' « ■•'.;
7^
I ,. Il it / t,
/A
ZlA.
:^
1^
-AM—
\
\
.;
/
■/
*
I
♦ •
• *
-u<--
■-»■*
I II I I a«MtM»«>-HMi-<t.«^«Mt»«
■ï>r i' t I
/ •■
/ 'f
\
<s
l
■/
\
;
■ I
/
a — n»Jti iifiTTg- I ■■■■mi ».*1.'im.'
II. ' ■ * I ' ■ iJr^' II- '' X' ' 'i' ' "'^'^f WT~'„^,.i\ .^^
0
.y
S
N
■îS5. ♦
c
- /T"
. /
(/ ' «
/"•
fe
'• <
\
V V + • »
"'.V""-''"i
-«■ A'V;
'.''■ \.1'^ ■■■■
■f I -1
Jl££
jK^O.
^^»^'''^>;^" ^'
tâ*ÉÉ X,
|«i»H l|llillliyM^f<>i— ^
«■^^-*'
^ ?^i.rdM. ■jL.iÉn.ill
,r
/
>
<îi
V,
/
(^\. ■
■ V.
'■ r^
/
S r ;:
\
X-
*■ - <'
^■>|IH..'-.. .i.
^ 'a»*"
■l'V* "xv'V^ï ;■■■;■•" ,'ir^^'
■*»i*i"'*W-
X
>,•,»■.. ^«•. . ■>
III laill — „,„|,|iàJM*«i— — JM— éMai«itwJâ»iLi^«»*ikw^«hM t"*!!! il
■ li^inC
•.'V
y^^
'«.t
■V^^-^-fWi
Jb&>
'iV^ii.rtii-^1 iti I
^
V
<f
\^
■ 'i.
o
«'. h.
s ■*
[-'a
Jbb.
V «■
' • * " " » "
c '■ <-
•i'-'-!;.
'lV^ll.rtil-^1 iBI t I I
4--A.
O" * ..'*«:"•{. ■ <>
è^j-jai-
H"'" *" »
I 1 ■'»'
Ml l> I
■* 'H?".,'
>iiii II II m «I II
^
— J
O t'
/
V
h. .
\ ■«
■V
'4
\
:^'
V
'■'-A''
: '■■*
'3
:/■
* 4» -'^V
^.■■■'■•- ■
. il
■^ ■ ■,.
■ », • >v"
s, , , ; - ■ '
•M-.:
"T
ol,
., - ., Il " '.
»iili i,i:\,t,,i^mm^/0iàtt»nt,m0
iil>iii1 II iJwO»»É<>kiA< Il Mil
itf "mi il
" . ■■
lukatata
' I "»
St^f
V
A
'4
'■'■'A°'
' » '
■>*,
..j.:.-w
■.v^;,, ; • V ° y*,..
"ïl • *.
lri>
>' k I ■! tif^iàmMÊmim
■ 1 1 "P")
_-;-.-V
"''*^,
il iVr iiili
Z=z:
",■■ ."■■• ■„. -ù-
V '
i> i»r> Il I iii
^«tàiiiH^^ii^MMM^ÏMSflS
./.
rtX
.■ v*,,
o
.. f ;■ .
'W'
V '
V- •
§i;v\
tri^^Êmm^mmÈk^mÊÊmSmfmmà^^
SC3B
X3C
, Ini il'T
ïSBhSSS
>»
f
'■■ j
'^
--V
^
\
'"le» \
■»
\ V ''
MMaiManWMP^fMMiaMa
, •»«'
]■•-'
• ..
•V
~^ir^
I
X
» K
I '
ktà:
>."'i
i(» I II I » I
lii ■■! »> ■ I <l
» ..
~y
iH
y-
M/
i
"^
/
v-
w »•
>> ■ I »i
^1 iiii
tl \4 I
J
".#
*
I) '
y-
/
' /
A
V
• y-
» I m I k
li '• ii 1*1 ii' t III il I .i-ipii
a^
4
^
dU^m-n^^fptm^^tmmÊmmattikàmÊa
>
■ V
r\
<0bs
i^ ,'1 ■'.
^
n
'#
«i^
^ ^ «f
/
t *
4
"-~ I -\^ •* I
< .M, t
,«1,,^
N