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Full text of "Des tropes, ou, Des diferens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue [microforme]"

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S    TROPES     , 

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DES    DIÎ^RENS   SENS 

DANS  ITèSQ^UEIS^ 

On  peut  prendre  un  même  mot 
dans  une  même  langue. 

uvrage  utile  pour  Pitf  elligence  dp  Auteurs, 
&  qui  peut  fer  vit  d*ihtrodudion  à  la 
Rhétorique  U'  à  la  L^ogicjôce- 

F^r  M.   DU     MARS  A  I  S. 


à 


Chez  larVeiive  de  Jean-Batiste;  Brc^ai ^ 
rue  Sauic  Jaques,  au  CheEi^nc  Jean*    .    , 


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l    On  Tcnd  ctez  le  même  Libraire  rExtosiTiôK 

'  de  la  Méthode  raifonée  pour  aprendre  la  Langue 

lajtine,  &  les  Réponfes  aux  objeftioiis.  Le  prix  eft 

^^4.  fous,  broché.:    ;^  /,    ,     ,    ,    ^    '^ 

f^Onvend  aufli  la  Prçface  générale  delà  Gram- 
iinaite,  avec  les   ReVï exions  ftir  la  méthode 
[•enfeierîci'ïelon|vrRollln>di3cfo^^^^^^   • 


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JP^ÈRTIS  SEMENT. 

T  E  fuiç^  perAïadé  par  des  eipérien*  > 
I  ces  réitérées ,  que  la  mécnode  la 
phis  facile  &  la  plus  fure  pour  co- 
mehcerà  aprendre  le  latin,  c'eft  de 
fefervir  d'abord  d'une  interprétation 
interlineaire  ,  où  la  confltudion  foie 
toute  faite  ,  &  où  les  rriots  fous-en* 
tendus  (oient  fupléés.  3'4père  doher 
biêAtôt  au  public  (quelques  unes  de  1 
ces  ti'aduâ-ions. 

Mais,  quand  les  jeunes  gens  font 
devenus  capables  de  réflexion  ,  on  - 
doit  leur  montrer  les  •  règles  de  là 
Grammaire  ,  &  faire  avec  eux  les  ob- 
fefyations  grammaticales  qui  font  né-^ 
ceflaires  pour  Pintelligencedu  texte n 
qu'on  explique.  Ceft  dans  cette  vue 
que  j*ai  corapofé  une  Grammaire  où 
j*ai  raflemble  ces  obfervations. 

Je  divife  la  Grammaire  en   fept- 
parties  ;  c'eft-à-dire ,  que  je  penfe  qucj 


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les  owervatiom  <jjue  l'on  peut  faire 
^  fur  jbfi  mots",  entant  que  fignes  de 
nos  pensées ,  peuvent  être  réduites 
fous  fepè  articles ,  qui  font  : 

1.  lii:^  conoiflance  de  la  propod- 
-  tion  ôc  de  la  période,  entant  qu'elles 
font  composées  de  mots  ,  dont  les 
termiriaifons  &  l'arangement  leur 
font  fignifier  ce  qu'on  a  deflein  qu'ils 
Êgnifient  \%  ^ 

H.  L'Orthographe  : 

m*.  La  Profoclie ,  ç'eft-a-dire ,  la 

{)artie  de  la  Grammaire,  qui  traite  de 
a  pronoriciation  des  mots ,  &  de  la  ' 
quantité  des  fylabes: 
I\f*  L'Etymôlogie.  ^ 
V.  Les  préUminaires  de  la  Syntaxe: 
^  |*apcle  ainfî  la  partie  qui  traité  de  la 
nature  des  mots  &  de  leurs  proprié- 
tés gràmmaticalçis ,  c*eft-à-dire ,  des 
nombres ,  des  gerires  ,  des  persones, 
des  terminaifons ,  elle  contient  ce 
qu'on  àpcle  les  Rudimèns  ;  ' 
yi>  La  Syntaxe:        -. 


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jtP'ERTI  s  SEMENT.      r 
VII.  Enfin  la  conoifTance  de^  di-j 
fcrens  Cens  dans:  lesquels  un  mtcme 
mot  eft  employé  dans  une  même  lan- 
gue. La  conoifTance  de  ces  diféréns  ^^^ 
fens  eft  néce (Taire ,  pour  avoir  uxie  * 
véritable  intelligence  des  m^ts ,  en- 
tant que  fignes  dé  nos  pensées  :  ainfi 
j'ai  cru  qu'un  traité  fur  ce  poiot  aoar-   . 
tençit  à  la  Grammaires  &  qu'il  né 
faloit  pas  atendre  que  lé^'ènfans  euf- 
fent  parte  fept  ou  huit  ans  dans  l'é-^  ^ 
tude  du  latin,  pour  leur  aprendre/,e 

2ue  x'eft  que  le  fens  propre  &:  le  fens 
^uré  ,  &  ce  qu'on  entend  par  Mé^ 
taphore  ou  pair  Métonymie. 

On  ne  peut  faire  aucune  queftion* 
fur  les  mots,  qui  ne  puifle  être  rédui- 
te fous  quelan'un  de  ces  fept  articles.- 
Tel  eft  le  plan  que  je  me  fuis  fait, 
il  y  a  lông-tems ,  de  la  Grammaire- 
Mais,  quoique  ces  diféremes  par-r^ 
ties  foient  liées  entre^  elles ,  de  telle 
forte  qu'en  lès  réunifiant  toutes  en-  ' 


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|ei:m>Ie,  elles  formant  tfti  tout  qu*oà 
apclç  ^Cjr4^w4/>f  î  cependant  chacune 
en  particulier  né  fupose  néceflàire- 
ment  que  les  conoiuances  qu'on  a 
aquifes^àr  l^usage  de  là  vie.  Il  n'y  a 
guj^rie^e^  les  préliminaires  de  la iyri-, 
taxe  qui  doivent  précéder  héceflai-^ 
remeht  la  fynta^te  ;  les  autres  parties 
peuvent  aler  aflfez  indiférament  l'une 
avant  Tau cî%  :  ainfî  cette  partie  dé 
Grammaire  que  jedone  aujourd'hui; 
ne-  fupôÉànt  pbint  les  aiïtres  parties, 
&  pouvant  fadiement  y  être  ajoutée, 
4oit  être  regardée  corne  un  traité 
particulier  furies  uopds  &  fur  lesdi- 
Férens  fçns  dans  lesquels  on  pçut  pren- 
dre un  même  mot. 

Nous  avons  dés  traités  particuliers 
fur  l'orthographe ,  fur  la  profodie ,  où 
quantité  ,  fur  la  fyntaxe ,  &c  :  en 
voici  un  fur  les  tropes. 
^  On  rrte  dira  peut-être  que  je  m'a- 
rcte  ici  quelquefois  â  dès  cliofés  trog 


^  AyBKT  ISS  EMENT.  ^ 
aifée^ôc  trop  comunesimais  les  jeune» 
jens  ne  vicnfent  point  daiîs  le  ipott* 
le  avec  k  conojflance  de  ces  cHo^s 
aifées  &  comiines  ;  ils  ont  befoin  de 
lès  aprendre ,  s*ils  veulent  pafler  a 
la  conoifTance  de  celles 'qui  fonç 
plus  dificiles  &  plus  ëlevé^* 

D'autres,  au  contraire, trouveront 
que  ce  traité  contient  des  réflexions 
qui  font  au  defliis  de  la  portée  des 
jeqnes  gens  \  mais  je  les  ftrpiie  d'ob-» 
ferver  que  i'adrefle  ma  Grammaire 
aux  Maîtres.  Je  crois  les  maîtres  ne- 
ceflàirespour  les  raifons  que  j'expli- 
que dans  la  préface  ;générale  de  la 
Grammaire.  Mon 'objet  eft  que  les 
maitres  trouvent  dans  cet  ouvrage  les 
réflexions  &  les  exemples  dont  ils 
peuvent  avoir  befoin , liée  n*efl:  pour 
eux-mêmes  ,  au  moins  pour  leurs  élè- 
ves. C'eft  enfuite  aux  maitres  à  ré|ïer 
l'usage  de  ces  réflexions  &  'de  ces 
exemples ,  félon  les  lumières ,  les  ta- 

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^îcns  &  la  portée  de  leurs  disciples; 
C*eft  ùnelrcflexion  que  je  prie  le  Lec- 
teur de  ne  point  perdre  d!e  vue ,  s'il 
veut  entrer  dans  ma  pensée. 

Au  refte ,  je  rapclé  qiielcpiefois  dans 
ce  traite  certains  point«,en  difant  que 
j*cn  ai  parle  plus  au  lohg  qu  dans  la  * 
fyntaxe  ou  dans  quelqu*autre  partie 
de  la  Grammaire ,  on  doit  me  par- 
donerile  renvoyef  ainfi  à  des  ouvra- 

..ges  qui  ne  font  point  encore  impri- 
més ,  parce  qu'en  ces  ocafions  je  ne  dis 
rien  qu'on  ne  puiffe  bien  entendre 
fans  avoir  recours  aux  endroits  que 
je  rapèie ,  j'ai  cru  que  puisque  les  au- 
tres parties  fuivront  celle-ci ,  il  y  au- 
roit  plus  d'ordre  &  de  liaifon  entre 
elles ,  à  fuposer  pour  quelque  eems  ce 
que  j'espère  qui  arivera, 


2. 


Cf 


ERRATA. 

ÏE  ne  crois  pas  qu*il  y  ait  des  fautes  typogra- 
phiques dans  cet  ouvrage  {^r  l'attention  de»  ♦ 
Imprimeurs  ,  ou  s*il  y  en  a  elles  ne  font  pas  bien 
confidérables.  Cependant,  corne  il  n'y  a  point 
encore  en  France  de  manière  uniforme  d'écrire, 
je  ne  doute  pas  que  chacun  ,  félon  fon  parti  ^  ne 
trouve  ici»  un  grand  nombre  de  fautes. 

Mais,  I.  mon  cher  Léârcur,  avez- vous  jamais  mé- 
dite fur  l'Orthographe?  Si  vousîi'avcz  point  fait  de 
réflexions  féricuféS  fur  cette  partie  de  laGrammai- 
te ,  (î  vpus  n'avez  qu'une  orthographe  de  hazard  &c 
d'habitude ,  permettez  -  moi  de  vous^  prier  de  ne 
point  vous  areter  à  la  manière  dont  ce  livre  cft  orto- 
gràphié,  vous  vous  y  acoutumercz  infcnfib!ement;| 
-2.  Etes-vous  partifan  de  l'anciène  orthographe  ? 
Prenez  «donc  la  peine  de  mettre  des  lettres  doubles 
qui  ne  fe  prononcent,  point ,  dans  tous  les  mots 
que  vous  trouverez  écrits  fans  ces  doubles  lettres. 
Ainfi ,  quoique  félon  Vos  principes  il  faille  avoir 
égard  à  l'étimologie  en  écrivant ,  ajoutez  une  m 
à  home  ,  quoiqu'on  prononce  ho  -  me  ,  &  que  ce 
mot  viène  du  latin  homo,_  Ajoutez'  auflfi  une  m  1 
corne  ,  quoiqu'il  fc  prononce  corne  Rome ,  ôc  qu'il 
vièhc  de  l'italien  corne, ou.  de  l'espagnol  comte ,  ou  du 
latin  ojHomodo  :  Enfin  ,  mettez  des- lettres  doubles  i 
frrfone ,  quoiqu'il  viène  de  perfina  ',  à  do^er  ,  qui 
vient  de  donÀre\  à  honeitr^  qui  vient  de  honor^  à  «<«- 
tHrile ,  qui  vient  de  naturdlis  ,  &:c. 

On  vous  dira  peut-être  qucies  lettres  font  dei 
Tignes  ,  que  tout  'figne  doit  ngnificr  quelque  chofe, 
^u'ainiS  une  lettre  double  qui  oc  marque  ni  l'ctij 


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lÏÉDlogte  >  ni  la  prononciation  d'un  mot  e/l  un  R-i  " 
^e  qui  nç  fi^ine  rien;  n*iinport6:  ajoutez-les  tou« 
jours  ,  iktis||kes  vos  yeux  ^  je  né  veut  rien  <fd 
Wus  Méfie  i  éc  ponrvu  que  tous  vous  douiez  U 
âeine  d'entrer  dans  l#rens  de  mes  proie»  ^  vous 
IKMivez  faire  tout  ce  qu*ii  vous  plaira  des  figues  qui 
fervent  à  l'exprimer.  * 

Vous  médire»  peut-être  que  je  me  fuis  écarté 
de  l'usage  :  mais  je  vous  fuplic  d'obferver ,  V, 
Que  je  n'aiauciine  manière  d'écrire  qui  me  foit  par- 
ticulière ,  &  qui  ne  foit  autorifcc  par  l'exemple  de 
plufieurs  auteurs  de  réputation.     ^ 

*•  Le  P.  Bufier  prétend  même  que  le  grand 
nombre  des  Auteurs  fuit  aujourd'hui  la  nouvel^ 
6rthoeraphc,c'eft-à-dirc  qu'on  ne  fuit  plus  cxacî^c- 
mentranciène.  J*4/  trouvé  la  nouvèle  orthographe  ^  - 
dit-il ,  (  Gramm.  Franc,  pag.  38R.  )  Jarts  pins  det 
éleHX  tiers  des  livres  qui  s*impriment  depuis  dix  ans. 
Le  P.  Bufier  nome  les  Auteurs  de  ces  livres.  Le  P. 
Sànadon  ajoute  que  depuis  la  fuputation  du  P.  Bu- 
fier  le  fiombre  des  partifans  delà  nouvèle  orthogra- 
phe s^efi  beaucoup  aurmenté  (jr  s*augtnente  encore  tous 
lis  jours,  (  Poéfics  ^'Horace.  Préfece  ,  page  xvi  i.  > 
Ainfî ,  mon  cher  Ledeur ,  je  contiens  que  je  m'é* 
h>igne  de  votre  usage  >  mais  félon  le  P.  Bufier  &  le 
P.  Sanadon ,  je  me  conformjp  à  l'usage  le  plus  fuivi. 

3.  Etes  vous  partifah  de  ta  nouvèle  orthographel 
Vous  trouverez  ici  à  réformer. 

Le  parti  de  l'anciènc  orthographe  &  celui  de  la 
nouvèle  fe  fubilivifent  en  bien  des  branches,  de 
quelque  côté  que  vous  foycz ,  retranchez  ou  ajou? 
fez  toutes  hes  lettres  qu'il  vous  plaira  &  ne  me 
condâncz  qu'après  oue  vous  aurez  vu  mes  raifon<i 
dans  mon  traité  de  l'orthographe^      , 


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DES  TROP  EST: 

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DES  DlFERÈNS   SEK $ 

3bans  lefquek  on  peut  prendre  un  mémo 
mot  dans  une  même  langue» 

P  R  E  M  I  É  R  iE     P  A  R  T  JE   / 
D&  Iropes  en^inirdL  • 


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A  R.T  I C  LE    PRE  M  ï  Ê  R, 

Y  A  NT  que  de  parler  de*  TMfé 
particulier,  je  dois dke  lÉi  mèc 
ides  ûgmc^  eq  géoà»!  liniiqu^  kl 
Xi;ppes  11^  J^nc  quttTK  espèce  1^ 


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fit^vent  diieai^cre  ch(^ ,  fînonqôe 
Ibnt  iks  manières  de  parkr  ck^- 
de  celles  qui  nefontpâsf^aréeèySc 
un  mol  les  Figurcj;  font  dés  Figures,  SC 
Ut  font  {>as  ce  qui  n'cft  jwi^  Figurbs. 

iydilieuï«^  bien  loin  que  les  Figures  foîent 
des  manières  de  parler  cloighées  de  celles  qui 
font  naturcles  &  ordinaires ,  il  n*y  a  rien  de 
*  '  ■'        ib  naturel ,  de  fî  ordinaire ,  ôc  de  fi  comun 
£f#^.i#/4<pie  les  figures  dans  Je  langage  des  hom^. 
^  M.  de  Brettcville  après  avoir  dit  que  les  Fi- 

^àts  ne  font  autre  ch'ofe  que  de  certains  tours  i'ex-^ 
ffeS^M  &,  àt  penfte  dont  m  nêjefert  foint  cmum» 
ment  y  ajoute  i»  qu'il  n'y  a  rien  de  fi  aifé  â^  de  fi 
lUttlurel.  J-ai  pris  fpuvent  plaifir,  dit-il,  à  en- 
3^  tendre  iks  payiàas  s'entretenir  avec  des  Fi- 
n  gurcs  de  diîcours  fi  varices ,  fi  vives ,  fi  cloi- 
Mgnées  du  vulgaire,  que  favois  honte  d*a- 
«VoirElong-^Dems  étudié  rékxpience,voyimc 
Sien  eux  une  certaine  lUiécit>riqdBe  de  nature 
ifccaucoupptusperfiiafivcific  plus  éloqucm» 
»  que  toutes  nos  Bjiétoriqiiosartificiélës*  « 
"Bu  cfet ,  {0  fois  perfiiadc  qu'il  fe  ait  phis 
cb  Figures  un  K>ur  de  marché  à  la  Halle,qu*il 
là  if  m  âif  m^plufieum  jouts  d'aflëmblées 
I»a4éiii|im  Ma  que  lei  tipacB 


Chéurt  é 


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i^    ^    n»  GÉïfÉKJiZ:    .  v|!. 

{félôij^ént  du  langage  ordinaire  des  homes , 
te  feroicnt  au  contraire  les  façons  cte  parler 
fims  Figurer  qui  s'en  éipigncroiênt ,  s'H  ctoit 
{loilible  de  faire  un  difcours  où  il  n*y  eut  que 
des  expreffions  nqn  figurées.  Ce  font  encore 
les  ûçonsdc  parler  recherche^ ,  les  Figures- 
dq)lacées ,  &  tirées  de  loin  ,  qui  s'écartent 
de  U  mamire  comune  &  fmplc  de  parler  l  corne 
les  parures  afedécs  s*éloigncnt  de  la  manière 
de  s'habiller,  quicften  ufage  parmi  les  ho? 
nctes  gens. 

Les  Apôtres  croient  perfcçutés ,  A;  ils  foù- 
Iroicnt  paticnmcnt  les  pcrfécutions  :  Qu  y  a- 
t^il  de  plus  naturel  &:  de  moins  éloigné  du 
langage  ordinaire,  que  là  peinture  que  feif 
S.  Paul  de  cette  fituation  &  de  cette  conduite 
des  Apôtres  >  «  On  nous  maudit ,  &:  nous 
»  beniflbns  :  on  nous  pcrfccùte^  &  nous  fou- 
»  fit>ns  la  perfécution  :  on  prononce  des 
»  blafphémes  contre  nous ,  &  nous  répon- 
••  dons  par  des  prières.  «  Quoiqu'il  y  ait  dans 
CCS  parbles  de  la fiîîipHcité  ,  de  la  naïveté, 
&  qu'elleSpjB^'éîoignent  en  rien  du  langage 
ordinaire  S  cependant  elles  continuent  une 

*  Mâlcdiciraur  ,  &  benedidiniis  :  pcrfecnti^cm  pitimor, 
&  fuiHiiéiiiQf  <  Marphcmimiif  ^  5c  oubcfénas,  u  On,  r.  ^ 
9*  lu 

^  Ai;     . 


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Oraif.  la. 


ItbcHc  Figure  qn'on ApilcaHtithèfi,t*tM^ 
dite  ,  opofition  :  nkuulirt  eft  opofè  à  ktnirr 
péi^kider  à  foufrir:  blrfpbtmes  kpriérts. 

Il  n"y  a  rien  de  plus  comun  que  tf  adrcflcr 
la  parole  à  ceux  à  qui  l'on  parle,  &  de  leur, 
feirc  des  reproches  quand  pn  n'cft  pas  col- 
lent de  leur  conduite.  ^  0  Nation  incrédule  & 
méchante  !  s*écrie  Jefus-Chrift ,  jitfyHes  à  quand  , 
firm-je  avec  vous  !  Jufques  à  quand  aurai-je  à  vous 
fiufrir  !  C'eft  une  Figure  très-fîmple  qu'on 
apèle  apoflrophe, 

M.Flcchicraucomencementdçfon'Orai- 

i'^T^w  Con  fiirtlbrcde  M,  de  Turttie  ,  voulant dô- 
JUr#i^#,  oer  une  idée  générale  des  exploits  de  Ton  Hé. 
ros^  dit  »  conduites  d'atmces,  ûégcs  de  pla- 
•  »  ces ,  prifcs  de  villes  ,  paflàges  de  rivières  , 
»  ataqucs  hardies ,  retraites  honorables,  cam< 
«pemens  bien  ordonés  ;  combats  fqu^us, 
»  batailles  gagiiées  ,  éncmi^  vaincus  par  la 
»  force ,  diifîpés  par  l'adreflè ,  lafles  par  une 
lifàge  Hc  noble  patience  :  Où  peutHXi  trou- 
»  ver  tant  d^  de  û  puiflans  exemples  ,  cpt 
•>  dans  les  actions  d'un  home ,  ôcc.  «  ^ 

Il  me  femble  qu'il  n'y  a  rien  daîhs  ces  pa« 
rôles  qui  s^éloigne  dii  langage  militaire  le 


^9: 


C../ 


'Y' 


**  ^  gfnwitto  incrédall  Se  pcnrérfa,  Qjjo  uTqiieYrÔToblGi 
Clin  1  Qno  a(^  pâûâr  roi  i  i<«#f«  #«  17^  U«    • 


piui  i 

qu'on 
Ficch 
autre 
etKon 

Dan 

croyai 

omnmm 

que  la 

le  (èns 

ibn-fîls 

fnes^  i 

eftévii 

2iichev( 

cité  d< 

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ufitéesl 

Frofa^ 

une 

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noflèï 

>9men! 


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En   GE'NESplÊ.  4 

|)ltt«  fimplc  ?  c  cft  là  cependant  une  Figuro       -^  . 

qtfori'  zpèhcongerkfy  amas  ,  aflèmblagc.  Mv 

Flcchicr  la  termine  en  cet  exemple,  par  une 

autre  Figure  qu  on  apèle  interrogation ,  qui  cft 

cftcore  UDÇ  &çon  de  parler  fort  triviale  dans: 

Ic^lajigage  ordinaire*  -         v   ^        *     r 

Dans  rAndricnc  de  Térence ,  Simon  fc      ^^    ^ 

croyant  trompe  par  fon  fils,  lui  dit,  ^d  ais.  ^f ''^;-^  J 

'  mmm  ^ .  •  Que  dis-tu  Je  plus . .  .^  vous  voyez  v.'  i,  \ 

que  la  pr«pofition  n'eft.  point  entière ,  mais 

le  fens  &it  voir  qiic  ce  pcre  vouloir  dkc  k 

fon-fils^  y  ^e  dis-tu  le  fins  méchant  de  tons  les  ho-    • 

mes  i  Ces  fîtçons  de  parler  dans  lelqûellcs  ï\ 

cft  évident  qu  il  feut  fupléer  des  mots,  pour 

achever  d'exprimer  une  pcJ^éc  que  La  ^^i^a^^^ 

cité  de  1^  paflîon  fe  contente  de  faire  en-    ^ 

t^ddre,  font  fort  ordinaires  dans  le  langage 

^cs  homes.  vOn  apcle  cette  figuw  Elii^fe  * 

c*eft-à-dire ,  omfion. 
Il  y  a^  la  yérité,quelqucs  figures  qui  ne  font 

ufîtécs  que  ditns  l^ile  fubjimc  :  telle  eft  la 
Profapopiei  qui  conufte  à  feirc  parler  un  mort^ 
une  perfonc  abfente ,  ou  même  les  chofcs 
inanimées.  »  Ce  tombeau*  s'ouvriroit  ,  ces  oraif.  fo- 
uoiTémens  fc  rcjoindroiçnt  pour  inc  dire  :^^^j^^;'f • 
vt  Pourquoi  viens-tu  mentir  pour  moi ,  qui  ne  ^yiOet, 
n  rncrni»  iajDwis  pour  petfone  )  Laiflcs-moi      ^ 


1 


iiii 


'^ 


^ 


■.  \ 


,* 


* 


^' 


é-  ■  '-■^ÉS-  TU  0  EST  '  ■  -'  '- 
#  ti^ofo  dans  le  fi^n  de  la  vciité ,  U  ne  vkoa 
it|Kis  troubler  ma  paix  ^  par  la  ilatede  qutf 
»  j*ai  haïe,  et  CeftUinfi  <yic  M.  Flêchier  pré* 
Tiientfës  auditeur;.;  &:  ks  affiire,  par  cei^e 
profopopée ,  que  la  ilat^ie  n*aura  point  de 
rt  dans  rélbgc  qu  il  va  Émp  de  M.  le  Duc 
de  Monta^cr. 

Hors  iMi  petit  noinbrc  de  figures  fcmbla- 
blés,  refervccs  pour  le  ftîle  élevé  ,  les autresi 
fc  trouvent  tous  les  jours  dans  lc(lilele  plus 
finxple,  &  dans  le  langage  le  plus  comun. 

Qu'eft-cc  donc  que  Içs  figures }  Ce  mot  fe 
prend  ici  dans  un  fcns  métaphorique.  Figitre 
dans  le  fens  propre ,  c  eft  la  forme  éxtcrieiirc 
d'un  corps.  Tous  les  corps  font^tendus,  mais 

/    outre  cette  propriété  générale  d  être  étendus, 

(ils  ont  encore  chacun  leur  figuré  àc  leur  for< 

me  particulière: ,  qui  ait  que  chaque  corps 

/  paroit  à  nos  yeux-diférent  d  un  autre  corps  : 

il  en  eft  de  même  àcs  expreffions  figurées, 

elles  font  d*abord  conoitre  ce  qu  on  peniè  \ 

t  elles  ont  d'abord  cette  propriété  générale  qui 
convient  à  toutes  les  phrafes  âc  à  tous  les  af*' 
.^nblages  de  mots ,  àc  qui  confifte  à  fignifier 
quelque  chofe ,  en  vertu  de  la  conftruâion 

•  gtammaticafe  >  mais  de  plus  les  expr^iions 
%îuée$  ont  encoix  une  ntodiÇcatiôa  particu* 


-^ 


N 
^ 


-:^  EU  CENERA£:  ;  ,  -f- 
liérè  qpi  leur  cft  propre ,  &  c  cft<n  vertu  d^ 
cette  modification  particulière ,  que  Tondit 
ikie  cipéce  à  paît  de  chaque  forte  de  figure. 

L^aïuithcfe  ^  par  exemple,  eft  diftinguce des 
autres  manières  de  parler ,  en  ce  que  dans  cet 
aflcmblage  de  mots  qui  forment  rantithcfe  , 
les  mots  font  opofés  les  uns  aux  autres  5  ainû. 
quand*  on  rencontre  des  exemples  de  ce?  for- 
tes d'opofitioJls  de  mots  ,  on  Içs  raportc  à 
l'antithèle. 

Il  apoftxophe  cftdifcrente  des  autres  figurcJ, 
parce  que  ce  n  eft  que  dans  laportrophc  qu  on 
adreflè  tout  d*un  coup  la  parole  à  quelque 
pcrfone  prélente ,  ou  ab fente, Sec* 

Ce  n  eft  que  dans  la  Profopopéc  que  1  on  fait 
I^rlcr  les  morts,  les  abfens,  ou  les  êtres  ina* 
nimcs  :  il  en  cft  de  même  des  autres  figures, 
elles  ont  chacune  leur  caractère  particulier^ 
qui  les  diftinguc  des  autres  alTemblages  de 
mots ,  qui  font  un  fens  dans  li  langage  ordi-* 
nairc  des  homes. 

Les  Gramfoairiens  &  les  Rhéteurs  ayant 
6it  des  obfervations  fur  les  diferentes  ma- 
nières de  parler, ils  ontfiiitdes  claflès  par- 
ticulières de  ces  difêrentes  manières ,  afin  dé 
mettre  plus  d*ordre  &  darangcmcnt  dant 

leurs  ic&ixions.  I^  manières  de  parler  dans 

A  ni; 


->#• 


^^- 


V 


.y 


Caraft.Des 
ou?rag. 


\ 


/ 


1  ht  S  TROtES 

Idquetles  ils  n'ont  remarqué  d'autre  fré-î 
priété  que  celle  de  ^re  conoitre  ce  qu'on 
peniè^  font  apclécsfimplcmcnt  ^ryrx,  tx^^ 
ptffionsi  fèmdes  \  mais  celles  qui  expriment 
non  (culemcnt  des  pcnfées,  mais  encore  des 
pcnfces  énoncées  dune  manivTC particulière 
qm  leur  done  un,  caradére  propre ,  celles-là^ 
dis-je ,  font  apclées  figum ,  parce  quelles  pa- 
roiflcnt ,  pour  ainfi  dire ,  fous  une  forme  par- 
ticulière ,  &:  avec  ce  caradiére  propre  qui  les 
diftingue  les  unes  des  autres  ,  &:  de  tout  co 
quincft  que  phrafeou  exprcffioit. 
M.  de  laBruyére  dit  »  qu  il  j  a  de  certaines 
^^  »  chofes  dont  la  médiocrité  eft  infuportable: 
^  j)  la  poéfîc  ,  la  mufiquc ,  la  peinture ,  &  \t 
»  difcoiffs  public,  <(  Il  n'y  a  point  là  de  figure  î  - 
c  cft-à-dire,  que  toute  cetf5  phrafe  ne  fait  autre 
chofe  qu'exprimer  la  penfée  de  M  4e  la  Briiyé- 
re,fans  avoir  de  plus  un  de  ces  tours  qui  ontua 
caradéfe  particulier  :  Mais  quand  il  ajoute , 
••  Quel  fuplice  que  d'entendre  déclanwr  pom-v 
»  peufement  un  '  froid  difcours  ,  ou  pronon- 
»  ccr  de  médiocres  vers  avec  emphafe  !  «  C'eft 
la  même  pçtifée  i  mais  de  plus  elle  eft  expri- 
mée fous  la  forme  particuliérç  dMa  (urprifc 
lie  Tadmiratron ,  c'eft  une  figure. 

Inu^cz'voiis  pour  uii  moment  une  muk 


,     Elf    G-E  NE  RAI.  * 

titudc  dcfol(kts,clQntlcsunsnontcpcrha, 
bit  ordinaire  quils  avaient  avant  leur  enga-* 
gcment ,  &c  les  autres  ont  l'habit^  uniforme 
de  leur  régiment  :  ceux-ci  ont  tous  un  habit 
qui  les  dîftinguc  ,  &c  qui  Êiit  conoitre  de 
quel  régiment  ils  font  :  les  uns  font  habillés 
de  rouge ,  les  autres  de  bleu ,  de  blanc ,  de 
jaune ,  &c.  II  en  eft  de  même  des  aflèmblagcs. 
de  mots  qui  compofent  le  difcours  >  un  Ic^ 
déur  inftruit  raporte  un  tel  mot ,  une  telle 
phrafe  à  une  telle  efpécç  de  figure,  félon  qu'il 
*  y  reconoit  la  forme  ,  le  fîgne,  lecaradtérc 
de  cette  figure  ;  les  phrafes  &  les  mots,  qui 
n  ont  la  marque  d'aucune  figure  particulière, 
font  corne  les  foldats  qui  n'ont  Fhabit  d'au- 
cun régiment  :  plies  nont  d'autres  modifica- 
tions que  çeilçs  qui  font  néceflairespour  Êiirç 
conoitre  ce  qu'on  peu  (è. 

Il  ne  faut  point  s'ctôner  Çi  les  figures,  quand 
elles  font  employées  à  propos ,  donent  de  la 
vivâxrité ,  de  la  force ,  ou  de  la  grâce  au  dif 
cours  5  car  outre  la  propriété  d'exprimer  les 
pcnfées ,  côme  tous  les  autres  aflèmblagcs  de 
mots ,  elles  ont  encore ,  fi  fofe  parler  ainfi  , 
l'avantage  de  leur  habit,  je  veux  dire,  de  leur 
modification  particulière ,  qui  fort  à  réveiller 
Vatention ,  à  plaire ,  ou  à  toucher^ 


jt         ^ 


«? 


/" 


r 


•\ 


♦Corneille, 
Horaccs. 

M*  m, 

.♦*  la.  Ni- 


|H>  t>  Ê  S   TKVrÊ 

Kïais,  quoi^pie  icsiigures  bien  placées  €tn^ 
bcii^nt  le  difcours ,  &  qu'cllcslfoicnt  ,poar 
ainfi  dire ,  le  langage  de  rimagination  &  des 
paf&ons  >  il  ne  faut  pas  croire  que  le  di(coufs 
ne  tire  fcs  beautés  que  cfes  figures.  Nous 
avons  plufieurs  exemples  eh  tout  genre  d*c- 
crire,  où  toute  la  beauté  confifte  daAs  ^ 
pcnféc  exprimée  fans  figure  :  Le  pérc  des 
trois  Horaces  ne  fâchant  point  encore  le 
ihotif  de  la  fuite  de  ton  fils,  aprend  avec  dou- 
leur' qu*il  n  a  pjs  réfifté  iux  trois  Guriaces  : 

*  S?5  voulie'i^yoMs  quil  fh  contre  trois  ^  lui  & 
JuIie,g«V/w2o«n<t>  répond  le  pcre. 

"^^^  Dans  une  autre  tragédie  de  Corneille, 
Prufias  dit  qu'en  une  ocafîon  dont  il  s*agit , 
i\  veut  fe  conduire  en  fére ,  en  mari.  Ne  foycz 
ni  l'un  ni  lautrc ,  lui  dit  Nicoméde  : 

^  PRÛSIAS 

Et  quedois-je  être  > 
NICOMEDE 


i 


Roi. 


,  11  n'y  a  point  là  de  figure ,  &  il  y  a  cepen- 
dant beaucoup  de  fublime  dans  ce  fcul  mot  :. 
voidun  qreii^ffl©ï>lus  fimplc, 


•\ 


EV   GENERAL,  x« 

Enratn  j  pour  &tisfairc  à  nos  lâches  envies. 
Nous  paflbns  près  des  Rois  tout  le  téms  de  nos  vies,    Malkcrbé, 
A.  (ôuflfrir  àc&  mépris ,  à  ployer  les  genbux:  ^|J[*  ^  J!^ 

Cç  qu'ils  peuyenc  n'ef^  riejii  ils  (ont  ce  que  nous  cx.LV* 

^  Tomes ,         ^ 

VcritaWement  homes , 
Et  meurent  corne  nous^ 

Je  pourois  raporter  un  grand  notnbrc 
d'exemples  pareils ,  énoncés  fans  figure  ,  & 
dont  la  penféer  ièule  fait  le  prix.  Ainfî^quand 
onxiit  que  les  figures  embéliflent  lediiçours, 
on  veut  dire  feu  1  cment,  que  dans  les  ocafions 
où  les  figures  ne  fcroicnt^int  déplacées ,  le 
mén;ie  fonds  de  penfee  fera  exprimé  d'une 
manière  ou  plus  vive  ou  plus  noble;  ou  plus 
agréable  par  le  fecours  des  figures ,  que  fi  on  -, 
1  exprimoit  fans  figure. 

De  tout  ce  que  je  viens  de  dire  /on  peut     ^ 
former  cette  définition  lies  figures  :  Les  Fi- 
G  u  R 1  s  font  des  manières  de  parler  diftin- 
guées  des  autres  par  une  modification  par- 
ticulière, qui  Î3dt  quon  les  réduit  chacune  ^ 
à  une  efpcce  à  part ,  &:  qui  les  rend  ,  ou 
plus  vives  ^  ou  plus  nobles  ^  ou  plus  agréa- 
bles que  les  manières  de  parler ,  qui  expri- 
ment le  même  fonds  dé  pcnfce ,  fins  âvok  "* 
daùtrç  modificatj^  particulière. 


\ 


\y 


tm^S^ltîlBpE^ 


A  K  T  I  C  L  E     1 1, 


Divifi^n  dis  Figurt$, 


ON  divife  les.  figures  en  Sfjgures  de  p<m- 
fées ,  fyûrafententiânm,^  Schémata  >  &:  tn 
m^ïJtx'  figures  dç  mots^  figune  verhhmn.  Il  y  a  cette 
«unMk.     (li^rence ,  dit  Ciceron ,  ^  çntre  les  figures  de 
penfees  &  les  figures  de  mots  ^  que  Içs  figures 
de  pei^fëcs  dépendent  uniquementt  du  tour  de 
rîniajjination  5  elles  nç  confiftent  que  dans, 
la  manière  particulière  depenfer  oudefen^ 
^  .  (î;r,enfbrce  que  la  figure  dçmeure  toujours. 
h^  m6me  ^  quoiqu'on  vicne  à  changer  Is:^ 
Viçts  qui  Tcxprimcnt  :  De  quelque  manière 
que  M.  Flcchiçr  eût  feirparlçr  M.  de  Mpn- 
^  Uttfier  dans  la  profopopce  que  f  ai  raportcc  ^ 
ci-deflus,  il  auroit  &it  une  profopopée  :  Aa 
cçntraitc ,  les  figures  de  mots  font  telles  que 
fi  vous  changez  les  parolf s ,  la.  %ute  s'éva- 
nouit >;par  exemple  ,  lorique  mjÊ^^^  ^'^"^ 
armée  navale ,  je  dis  qu'elle'  croît  comppfôe 
de  cent  voiles  ;  c*eft  une  figure  de  mots  dont 


^  '  .►  ',♦.  «t. . 


•  lut»  conformatiénem  verbèrum  &  Senicntiinun  liot 
l;;^t(çft.«  <)ttàiil  Tcrbdium  toilitur  ,  û  rçtbi  mujtixii  ,  feii- 
tctimram  pÀnunct ,  quibufcumqne  mbis  uù  ycUs.  Cié^^ 


\ 


m. 


^ 


«oùs  parlerons  dans  la  fuite  $  voiles  cft  là  pour 
nfoiffeaux  :  que  fi  je  fubftituc  le  mot  de  vaiffeamc 
à  celui  de  «i»i/ex,f  exprime  également  ma  pca- 
ïce  >  mais  il  n>  a  plus  de  figure. 


ART   I  CL   E      I  >L     .   - 

Divifion  des  figures  de  mots.  \ 

IL  y  a  quatre  diférentes  fortes  de  f^gùroç  ^ 
qui  regardent  les  mots.  •  , 

I^  Celles  que  le^  Grammairiens  apèlcnt     ' 

figumdediaion:  elles  regardent  les  change- 
mens  qui  arivent  dans  les  lettres  ou  dans  les 
fvlabes  des  mots  5  telle  eft ,  par  exemple,  la 
fyncope,  ccft  le  retranchement  d  une  lettre 
ou  d  une  fylabe  au  milieu,  d'un  mot ,  fciaa 
^virAm  pour  virorum ,  &c. 
,    a^  Celles  qui  regardent  uniquement  la 
Miftfuâion  >  car  exemple  :  lorlqu  Horace  . 
fpiant  de  Clcopatre  ,  dit  monftrum ,  qua ...    ^  i*^^ 
nôusdifon^  ft^nçoïsUplHpartdes  homes  di-  V-'^'^^' 
fini  i  &  noii  fiw  dit  :  Oh  fait  alors  la  colîflru-    • 
âfion  feion  le  fens.  Cette  figure  s'zfclc  fyllefife. 
rai  traite  aUlcurs  de  ces  fortes  de  figurç^> 
ainfi)e  n  en  parlerai  point  ici. 

t\  Il  y  a  quelques  figures  de  mots ,  dans  ^ 
k^icUcs  ks  mot$conftrvcnt  leur  fignifior;.   , 


/ 


-rr 


-^_ 


■^si«- 


tfHIÉpn:^ ,  trik  cftla  répétition ,  &c.  Céft 
lux  Rhéteurs  à  parler  de  cei  fortes  dcfigu^ 
tes,  aùffibkri  tifost  dès  figures  de  penRcs.  Dans 
les  unes  &  dans  les  autres,  là  figure  ne  Côm 
fiOe  point  dans  le  changement  de  fignifica* 
tioû des  mots,  ainû  clles^nc  font  point  de 
monfujet.  i 

4*.  Enfin  il  y  a  des  figures  de  mots  qa*on 
àpèie  Tf^ss  les  mots  prèncnt  par  ces  figures 
dcs^fîgnifications  difcrcntes  de  leur  fignifica-* 
tion  propre.  Ge  font  là  les  figures  dont  j'cn- 
ticpcens  de  parler  dans  cette,  partic^de  la 
Gramxnaire. 


A  R.  T  I  C  L  E     I  V. 
Définition  Jcs  Trofeu 

LES  Tropes  font  des  figures  par  lefquel 
on  Élit  prendre  à  un  mot  une  figni 
tion, qui  n^eft  pas  préciicment  la 
tiùn  pio^  de  ce  mot  t  ainfi  pour  entendre 
ce  qpc  c'^  qu'un  trope  ,  il  faut  comdBKxa: 
par  bien  comprendre  cequec^eftque  la%Bii« 
fication  propre  d'un  mot  \  nous  l'explique^  "^ 
rons  biçn-tôt. 
0»%ires  font  apelces  mpes  du  grec  mf^ 


/ 


j 


/ 


ne.  Elfcsfontainfiapelëcs^  parce  que  quand 
oa  prend  un  mot  dans  le  fens  figuré  ,  oti  le 
tourne,  pour  ainii dire,  afin  de  lui  faire  (i* 
^lifîer  ce  qu^il  ne  fignifie  point  dans  le  fenj 
propre  :  voiles  dans  le  fens  propre  ne  (ignifio 
point  vmffeoHx ,  les  voiles  ne  font  qu'une  par- 
tie du  vaiflèau  :  cependant  voiles  fe  dit  quel» 
quefois  pour  véffe^aux ,  corne  nous  l'avons 
déjà  remarque,  ^  ' 

Les  tropes  font  des  figures ,  puifque  ce  font 
^les  manières  de  parler ,  qui ,  outre  la  pro- 
priété de  feirê  ccnoitre  ce  quon  penfe,  font 
encore  diftinguées  par  quelque  diférence  par- 
ticulière, qui  &itqu*fHiies  raportc  chacune 
à  une'  efpcce  à  part. 

Il  y  a  dans  les  tropes  une  modification  ou 
diférence  générale  qui  les  rend  tropes,  &  qui 
ks  diftinguc  des  autres  figures  :  elle  confifté 
en  ce  qu  un  mot  eft  pris  dans  une  fignifica-^ 
tion  qui  n*cft  pas  précifcment  fa  fîgnificatiort 
propre  :  mais  de  plus  chaque,  tropc  difcre 
d'un  autre  tropc,  &:  cette  difcrcncé  particu* 
liérc  confiAedans  la  manière  dontuïi  mot  s'é- 
carte de'fa  lignification  propre  5  parotcmpjc: 
Un)  a  f lus  de  PytMts»  Ait  Louis  XIV.  d'im- 
mottèlc  mémoire ,  loi%c  (bn  pctit-fîls  le 
J^c  tf  An^  ,  ^ujourdliai  thUlse  V-  *t 


v^  .v~^ 


.  -y 


/ 


A 


T^ROfSS 


lll^^la^oiiroiie  cfEipagne.  LoimXlfl 
,  yoiù  ks  Pyrénées  avoient  été 

abîmées  ou  Anéanties }  nolement  t  perlbnd 
n'entendit  cette  expr effion  à  la  lettre ,  ôc  dans 
k  fens  pippre!  elle  avott  un  fens  figuré.  Bol- 
ieauÊiiïàntallUfîon^àceqa'en  1664.leB.oi 
envoya  au  iècours  de  l'Empereur  des  troupe^ 
^  défirent  les  Turcs ,  &c  encore  à  ce  que  Sa 
Mâjefié  établit  la  compagnie  d^  Indes  ^  dit  ) 

Diùxmà    Quand  je  Vois  ti  fagcfTc  «..«...;  ^  . 
#a  Rot.       Rendre  à  ï^jiigk  éperdu  Ùl  première  vigueur 
y  Là  France  fous  tes  loix  maitrifer  la  Fortune 

£t  nos  voiflcaux  domunt  l'un  &  l'autre  Neptunex .  « 

Ni  M^/ir  ni  Neftune  ne  fe  prènent  point  là 
dbns  le  fens  propre.  Telle  eft  la  modiRcation 
ou  diference  générale,  qui  NÉiit  que  ces  &$ons 
de  parler  font  des  tropes<  < 
^  Mais  quelle  efpéce  particulière  de  trope  ? 
cela  dépend  de  la  manière  dont  un  mot  s'é* 
carte  de  ia  fignification  propre  pour  en  prei>^ 
dcè  une  autre.  Les  Pyrénéen  dans  le  fbns  pro^  > 
pre  font  de  hautes  montagnes  qui  fcpa^ent 
la.France  &  TEipagne  :  //  ny  a  fins  4i  Pyrénhs^ 
c^ei^-dire  ^  plus  de  feparatipn  »  plus  de  diyjr* 
^ ,  plus  <dlc  gucuc  ;  iToiV  sma  à  l'avenir 


^\ine  bone  încell^eiTcc  caxtt  la  Frismce^  &: 
l*Efpâgnc  t  c'eft  une  métonymie  du  ûgDe;  ou 
une  métalépfe  :  les  Pyrénéenne  feront  plus 
un  figne  4e  féfpatation»  ^ 

l'Aigle  cft  le  fymbolé  de  TEmpirei  rEnj^^ 
pcrcur  porte  un  aigle  à  deux  têtes  dans 
ics  armoiries  :  ainfi  ^  danï  l'exemple  que 
ie  viens  de  râportcr  ^  t'MigU  iSgnifié  TAlIe- 
nugne^^C'eft  le  fignc  pour  la  chofefignifiée: 
c*eft  une  métonymie.    * 

Neptune  étoit  le  Dieu  de  la  mer ,  il  cft  prii 
dans  le  même  exemple  pour  TOcean  ,  pour 
la  mer  des  Indes  orientales  &:  occidentales^ 
c'eft  encore  une  métonymie.  Nous  ^remar- 
querons dans  la  fuite  ces  difcrences  particîu- 
liéres  qui  font  les  difcrfentes  efpéccs  de  tropcs* 

H  y  a  autant  de  ttopc^  qu*il  y  a  de  manières 
difirentes ,  par  Icfquellés  on  done  à  un  mot 
^ne  fignîfieatioii  qui  n'eft  pas  précifément  1* 
-fignification  propre  de  ce  mot  t  AveugU  dans 
le  fenypropre,  fignific  une  perfone  qui  eft 
privée  de  fufage  de  la  vue  :  G  je  me  fers  do 
ce  mot  pour  marquer  ceux  qui  ont  été  guéri* 
de  leur  aveuglement  /corne  quand  Jefus* 
.  Chrift  ^  dit ,  kt  aveugles  voient ,  âlori  irveugUi 
tfcft  phis  dans  le  fcns  propre,  ^1  éft  darts  Urt 
|bns  qocici  PhUofophçs  apcknt  fin^  divifti 


XLv*  /< 


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I   ^ 


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ce  fiuisdivifi  eft  un  trope ,  puiTqu'alôts  ^eùm 
l|i^  £[gnifii  ceux  qui  ont  été  aveugles  ,&  tioii 
p2S  ceux  qui  le  font*  Ainfi  outre  les  trop» 
dont  on  parle  ordinaitement ,  f  ai  cru  qu'il  ne 
jètoit  pas  inutile  ni  étrai^cr  à  mon  fujct , 
d'expliquer  encore  ici^  les  autres  fens  dans 
lefquels  un  même  mot  peut  être  pris  dans  le 
jdifcours. 


ARTICLE     V. 

Zi  tfMté  des  Trofes  ejl  dt$  reffort  de  U  Gr^t^- 

maire  *^  On  doit  eo99o$$re  les  Trofes  pour  bten 

'    entenJ^  les  Atueurs^  ^four  avoir  des  eonoif- 

'   fonces  exodes  dans  Fart  de  foderà"  décrire. 

A  y  rcfte  ce  traite  me  paroit  être  une 
partie  eflèntièle  de  la  Grammaire,.  ptii(^ 
qu*il  cft  du  reffort  de  la  Grammaire  de  faite 
entendre  la  véritable  lignification  des  mots, 
le  en  quel  Ifens  ils  font  employés  dans  le 
difcours» 

Il  n'eft  pas  poffiblc  de  bien  expliquer  Ta»- 
tcûr  mêmç  le -plus  facile ,  (ans  avoir  recours 
aux  conoifEincesdont  je  parle  ici.  Les  livres 
que  Ton  met  d'abord  entre  les  mains  des  co*- 
inençans ,  aufli-bien  que  les  autres  livres  ^  fonc 
pleins  de  n)ocs  pris  dans  des  fens  détourna 


«  élol 
ces  me 

,Tîtyi 

Sylvé; 

jfôw ,  a; 
jtoicnt 
bécflî 
ficiens 


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r  ■  '  • 


£^n   GÈffERÀL.  1^ 

II;  éloignes  de  la  première  lignification  dp 
CES  mots)  par  exemple:  / 

Tityrc  ,  tu  paculx ,  rteubans  fub  tégminc  fagi ,   Virg.  Sdi 
$yl\éfiicm ,  tcnui ,  mufam  mcditâtis ,  avénâ*       »'  ^*  ** 

f^oK j  méditex^  une  Mufe  ,  c  cû-à-dirc ,  unecbm^ 
fon  ,  v0Us  vous  cxerct'^à  chanter.  Les  Mufcs  c^ 
^oicnt  regardées  dans  le  Paganifme  corne  les 
I)ccifts  qui  infpiroient  les  Poètes  &:  les  Mi»- 
ficiens,ainfi  Mufe'fc  prend  ici  pour  la  chan^ 
fon  même ,  c'cft  la  caufe  pour  Téfet ,  c'eftunc 
métonymie  particulière ,  qui  étoit  en  ufagc 
en  latin  \  nous  Icxpliquerons  dans  la  fuitc^ 

Aiféna  dans  le  kn$  propre ,  veut  dire  de  Ti^» 
veine ,  mais  parce  que  les  Bergers  fe  fcrvirent 
fiç  petits  tuyaux  de  blé  ou  d'aveine  pour  en 
^ij:e  une  forte  de  flûte,  come  font  encorf 
If^  enfans  à  la  campagne^J^elà  par  extenfioil 
on  a  apelé  avéna  un  chalumeau ,  une  fluie  dé 

Berger. 

On  trouve  un  grand  nombre  de  cesfortd  , 
de  figures  dans  le  Nouveau  Tcftamcnt ,  datii 
rimitatipn  de  J.  C^dans  les  Cibles  de  Phcri 
drc ,  en  un  mot ,  dans  les  livres  mêmes  qui 
'  font  écrits  le  plus  Amplement ,  &  par  lefque^i 
on  cômehce  s  aûifi  ic  demeure  toujours  coQ^ 


1 


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^^ûacu  4^  jcptte  paxtie  n'^  point  ctràiigêî^ 
A  la  ôraimnakcy  â^  q^*uftCianmuirien4oil 
avoir  une  conoiflànce  détaillée  des  trope^' 
itifùoCbi    Je  conviens,  fî  Ton  veut;  qu'on  peut  bien 
^^byec-  patlet  iàns  jamais  avoir  apris  les  noms  par- 
ticuliers de  ces  figures.  Combien  de  per« 
•ibnes   &  fervent  d*expreiEons  métaphori* 
<]ue8  yùm  lavoir  précifement  ce  que  c*eft  que 
méilfphore  \  C'eft  alnfi  qu'il  y  avoit  plus  ât 
Molière  q|aarante  ans  que  le  Bourgeois-Gentilhome 
J^^^*^-  'épU de  U  Fr^e,  fims qu'ilenfut  rien.  Ces co- 
Ici:  4.     /  tibiflànces  ne  font  d'aucun  u(àge  pour  £iire 
$in  xompte ,  ni  pour  bien  conduire  une  matfèn , 
itei  aâ.  coine  dit  M'*  Jourdain  ,  mais  elles  font  uti- 
H*t^3'  Jc^  Ayiccçfliircs  à  ceux  qui  ont  befoiade 
JkSIf!^^^  de  parler  &  d'écrire  >  elles  mettent 
i^iiC  l'ordrc^dans  les  idé^  qu'on  fe  forme  des 
^gioU  ^  elles  fervent  à  dc^éler  le  vrai  liens  des 
plltoles,  à  rendre  raifon  du  difcours  y  de  do« 
IKàt  de  la  précifion  âc  de  la  iufteflè.  > 

^es  Sciences  &:  les  Arts  ne  font  que  des  ob» 
|cryatiod$  fer  la  pratique  :  î'ufage  ôc  la  pratî* 
g^ént  précédé  toutes  les  fciemres  ôc  tous  les 
^urts  i  mais  les  fciencessâ^  les  arts  ont  enfuite 
|ttdè^lionc  la  pratique.  Si  Jiïoliére  n  a  voit  pas 
étudie  lui-même  les  obiervations  détaillées  de 
i^  de  parler  &  d'écrire ,  fe5.^iéccs  n'aoroteot 


0 


4- 


été  que  c 

vérité ,  î 

auroit  r 

fcs  talcr 

vations 

fai(îr  le 

On  y 

chanter 

tes ,  les 

ont  cha 

dçsfa,i 

rejette 

la  Muii 

Nos  ] 

lation  < 

ce  de  1' 

la  Phy 

{>lunei] 

la  pefa 

■  tems  ô 

dans  1< 

^abus  S 


V 


/     I 


EN  GENERAL.  it 

été  que  des  pièces  informes ,  où  le  génie ,  à  la  ■ 
vérité  ,  auroit  pîtru  quelquefois  :  mais  qu'on; 
amoit  renvoyées  à  Icnfance  de  la  Comédie  : 
fcs  talcns.ont  été  pcrfectioncs  par  les  obfci:- . 
vations ,  &:  c*cft  l'art  mêm^  qui  lui  a.apris  à 
faifir  le  ridicule  d'un  art  déplacé.  ^ 

On  voit  tous  ks. fours  des  .perfones  qui 
chantent  agréablement ,  fans  conoitre  les  no- 
tes ,  les  clés ,  ni  les  règles  de  la  Mufique ,  elles 
ont  chante  pendant  bien  d:s  années  dcs/o/  àc  . 
dçsfa ,  fins  le  (avoir;  faut-  il  pour  cela  qu'tjlcs 
rcjcçtent  les  fccours  qu'elles  peuvent  tirer  de 
la  Mufique ,  pour  perfedioncr  leur  talent. 

Nos  pères  ont  vécu  fans  conoitre  la  circu- 
lation  du  fang;  fau^il  négliger  la  conoilTan- 
cc  deTAnatomie^  &:  ne  taut-il  plus  étudier 
la  Phyfique  ,  parCe  qu'on  a  rcfpiré  pendant 
|)lurieurs  (iécles  fans  favoir  que  l'air  eut  de' 
la  pcfanteur  àc  de  l'élafticité  ^  ^  Tout  a  foh 
-  tcms  &c  fesufagcs  ,  &:  Molière  nous  déclare 
dans  fes  préfaces ,  qu'il  ne  fc  moque  que  .des 
^abus  &:  du  hdiculc.  "     .  ^     . 


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tES    TKOFES 


R  Ti  CLE  y  I. 


Sens  Frofn,  Sens  Figuré.        . 

Avant  que  dcntrcr  dans  Icdctàil  de  cha- 
«]ucTropc,il  cft  néccffaire  dcbicn  corn- 

prendre  la  diférencc  qu'il  y,  a  entre  le  fens 
propre  &  le  fens  figuré.  i.    . 

Un  mot  eft  employé  dans  le  difcours ,  ou 
dans  le  fens  propre,  ou  en  général  dans  un 
fens  figuré  ,  quel  quepuiffe  être  le  nom  que 
les  Rhéteurs  donent  enfuite  à  ce  fens  figure. 

Le  fens  propre  d'un  mot,ceft  la  première  li- 
gnification du  mot  :  Un  mot  eft  pris  dans  le 
fens  propre ,  lorsqu'il  fignifte  ce  pourquoul 
a  été  premièrement  établie  par  exemple  :  Le 
feu  brAU,  U  lumière  nous  icldre ,  tous  ces  mots- 
là  font  dans  le  fens  propre.  ' 

Mais,  quand  un  m>Tfti»ris dans  un  autre 
fens ,  il  paroit  aloK ,  pour  ainfi  dire ,  fous  une 
forms^ipruntée ,  fous  une  figure  qm  n  eft 
pas  fa  figure  namrèle.  c'eft-à-dire  .  celle  qu . 
aeuc  d'abord  ;  alors  on  dit  quece  mot  eft  au 
figuré  5  par  exemple  :  Le  feu  devoi  jeux  U 
Ifcu  de  timagination.  U  lumière  de  Pefpnt ,  U  clar- 

té  (Pundifcours.  ^ 

'      Mafyue  dans  le  fens  propre ,  fignifie  une  for- 
te de  couvctture  de  toile  citée  ou  de  quelque 


«r 


J»- 


EN  GENERAlu  Iks 

autre  maticrc,qu*ônfcmcçfurlc  vUkgepour 
fc  dcguifcr  ou  pour  fc  garantiriles  injures  de 
Vair.  Ce  n'cft  point  dans  ce  fcns  propre  que 
Malherbe  prenoit  le  mot  de  Tttafyue ,  lorfqu  il    ^ 
difoit  qu*à  la  Cour  il  y'avoit  plus  de  nufques 
que  de  vifagcs  :  mafqHes  cft  là  dans  un  fens  fi* 
gurc ,  $c  fe  prend  pour  perfones  dijfimulées. ,  pout   ^ 
ceux  qui  cachent  leurs  véritables  fcntimcns, 
qui  fe  démontent,  pour  ainfi  dire,le  viiâgç,  6c 
prènent  dés  mines  propres  à  marquer  une  fi-  . 
tuation  d'efprit  &:  de  cœur  toute  autre  quo 
celle  où  ils  font  cfedivement.      . 

Ce  mot  0oix  y{vox)  a  été  d'abord  éta- 
bli pour  fignifier  le  fon  qui  fort  de  la  bouche 
des  animaux,  &:  furtout  de  la  bouchfc  des  ho- 
mes :  On  dit  d'un  home ,  qu'il  a  la  voix  mâle 
ou  fémiQJIie ,  douce  ou  rude ,  claire  où  en- 
rouée ,  foible  ou  forte ,  enfin  aiguë ,  flexible»' 
grêle ,  caffee ,  &:c.  En  toutes  ces  ocafions  iw* 
cft  pris  dans  le  fens  propre ,  c'eft-à-dire ,  dans 
le  feiîspour  lequel  ce  mot  a  été  d'abord  éta- 
4>li  î  mais  quand  on  dit  que  le  mnfimge  nefauroit 
itouferU  voix  de  U  vérité  dans  le  fond  de  nos  cœnn, 
alors  voix  cft  au  figuré,  il  fc  prend  pour  inA 
firatian  intériem ,  remords ,  &c.  On  dit  aufli  que 
tant  ifue  le  Peuple  Jmf  écouta  la  voix  de  Dieu,  c  elt- 

àKUr«,  tant  qi^l  obéît  à  fcs  comatidemcns, 


1 


/" 


HES  TROP ES 

H^  fitt  àffifié.  Les  hrtbis  entendent  la  voix  du  paf^ 
$eur,  on  ne  veut  pas  dire  feulement  qu'elles  re^ 
cpnoifïèm  (à  voix  &:la<liftinguentdçlavoî}C 
d'un  autre  home,  ce  qui  fetolt  le  fèn^propre) 
on  veut  marquer  principalement  qu'elles  lui 
obcilTent ,  ce  qui  eft  le  fens  figuré.  La  voix  du 
fangyla  voix  de  la  nature  ^  ceft-à-dirCy  les  mou-t 
vemens  intérieurs  que  nous  reffentons  à  Tpca^ 
fion  de  quelque  accident  arivé  à  un  patent, 
&c.  La  voix  du  petite  efl  la  voix  de  Dieu ,  c'eft^ 
à-dire ,  que  le  fentimcnt  du  peuple ,  dans  les 
matières  qui  font  de  fon  reffort ,  eft  le  vcritar- 
ble  fcntiment.  '  ^ 

C  eft  par  la  voix  qu'on  dit  fon  avis  oans  les 

délibérations  ,  dans  les  élections  ,  dans  les  af- 

femblées  où  il  s'agit  déjuger  i  enfuite,  par  ex^ 

tcnfîon ,  on  a  apelc  voix^  le  fcntiment  d'un 

particulier,  d'un  Juge  5  ainfî  en  ce  fens,  voix 

Ûgnifie  avis ,  opinion ,  'fufrage  :  il  a  eu  toutes  les 

voix  y  c'eft-à-dire ,  tous  les  fufrages  >  briguer  les 

voix  ,  la  pluralité  des  voix  5  //  vaudm^tnieux  j  s'il 

çtoit  poflîble ,  pejer  (es  voix  que  de  les  compter , 

c'eft-à-dirc,  qu'il  vaudroit  mieux  fuivrc  l'avis 

de  ceux  qui  font  les  plus  favans  Qc  les  plus 

j(cnfés,que  de  fe  laiflèr.entraincTau  fcntiment; 

^veugle  du  plus  grand  nombrç, 

Fqîx  fi^niâe  auiS  dans  un  fens  çtçndu,^^;(^« 


T. 


UN.  GENEKAL.  »^ 

nentypriére.  Dieu  a  écouté  la  voix  defimfimle,  &c. 

Tous  CCS  difércns  Cens  du  mot  voix ,  qui  ne 

font  pas  prccifément  l^prcmicr  fcns,qui  fcal 

cft  le  fens  propre,  font  autant  de  fens  figofés* 

A    R  T   I  C   L   E      V  I  I. 

Jiéflcxions  générales  fur  U  Sens  Figuré. 

I. 

Origine  du  Sens  Figuré, 

LA  liaifon  qiril  y  a  entre  les  idées  acccf^ 
foires,  je  veux  dire,  entre  les  idées  qui  ont 
raport  les  unes  aux  autres ,  eft  la  fourcc  &:  le 
principe  des  divers  fens  figurés  que  Ton  do^ 
ne  aux  mots.  Les  objets  qui  font  fur  nous  des 
impreffions ,  font  toujours  acompagnés  de  di- 
férentes  circonftances  qui  nous  frapcnt ,  de 
par  lefquelles  nous  désignons  fouvent,  ou  les 
objets  mêmes  qu  elles- n  ont  fait  quacompa- 
gncr,  ou  ce|ix  dont  elles  nous  réveillent  le 
fouVenir.  Le  nom  pro^c  de  Tidée  acceifoire 
eft  fouvent  plus  préfent.à  l'imagination  que 
Je  nom  de  l'idée  principale ,  8c  fouvent  auiE 
ces  idées  accdibircs ,  déûgnant  les  objets  avec 
plus  de  circonftances  que  ne  fcroient  les  noms 
propres  de  ces  objets  ,  les  peignent  ou  avec 
plus  d-cncrgie ,  ou  avec  pl^s  d'agrément.  De 


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là  le  %ne  pour  la  chdfe  figntfiéc,  là  cxai»: 
poàr  réfet  ^  la  parde  pour  le  tout,  l'antécè* 
rfent  pour  le  cotiféqaént ,  &  lés  autres^ICcHteâ 
de  tropes  émt  ie  parlerai  dafis  la  fuite.  Qo< 
tnrFiine  de  ces  idées  ne  fàuroit  être  réveillée 
iàns  exciter  fautre,  il  arive  que  i*expreffion 
^jRgurfe  eft  auffi  facilement  entendue  que  (i 
Ton  Icièrvoit  du  motvpropre  î  clic  eft  même 
ordinairement  plus  vive  &  plus  agréable 
"  quand  elle  dft  employée  à  propos,  parce  quel-^ 
te  réveille  plus  d*urte  image  >  elle  atachc^ou 
a  mule  Timagination  &  donc  aifêment  à  de« 
vter  à  1  cfprit.; 

'    '  II. ■ •     ■ 

■■''•-'■  -       '  "'' 

Ufsges  ù»  éfets  des  Trofts, 

iTUn  des  plus  fréquens  ufàgcs  des  tropes 
cfeft  de  réveiller  une  idée  priàcipale ,  par  le 
]ii03ren  de  quelque  idée  accefToirc  :  c*e(t  ainfi 
<pi*Qti'dit  cent  voiles  pour  cent  vaiiicaux  v  cent 
6uf  ejpour  cent  mâifons  >  il  aime  la  bouteille, 
<di-à-dire,  il  aime  le  vimle  fer  pour  Tépce»  la 
plume  ou  le  ftile  pour  la  manière  d'écrire,  &ci 
:  2^  Les  tropes  douent  plus  (f  énergie  à  #ios 
coi^cedGions.  Qpand  nous  fomes  vivement  fira^ 
pés  decpielque  pènfêe ,  nous  xvcm  eiq>rimon9 
a^ùamt  aVccfLnqplicitàrobîctquinous  oci% 


^1 


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Xy  GENERAL.  xj 

^  k  ptéfente  ^oa^avec  les  idées  acceflbires 
qui  l'acompagnent  ,  nous  prononçoas  fei 
noms  de  ces  Images  qui  nous  fiapent,  ainfi 
nous  aCvons  haturèlement  recours  ^  aux  tro- 
pes ,  d'où  ii  arrive  que  nous  febns  mieux  (ba; 
tir  aux  autfes  ce  que  nous  Tentons  nous-mê- 
mes :  delà  viènent  ces  façons  de  parler ,  il  tf 
inflamé  de  colère  ^  il  eft  tombé  dans  mu  ermrp^fièrt^ 
fUti^rU  réputation  y  s'enivrer  d^pléfir,  &c. 

^.  Les  Tropes  ornent  le  difcours.  M''FIc- 
chier  voulant  parlcf  de  Tinfouôion  qui  diP^ 
pofàM'le  Di^cde  Montaufier  à  Eure  abjura-^ 
tibn  de  rhcréfîe ,  au  Ijeu  de  dire  fimplement 
qu'il  fc  fitinftruirc,  que  les  miniftres  de  j.  C^ 
lui  aprircnt  les  dogmcsde  la  Religion  Catho- 
lique >  &c  lui  découvrirent  les  erreurs  de  Thé* 
féfie  ,  s'exprime  en  ces  termes  :  »  Tombca; 
»  tombezs, voiles  importuns  qui  lui  couvrez  U 
»  vérité  de  iios  miftcres  :  &  vous ,  Prêtres  de 
»Jéius-Chrift éprenez  le  glaive  de  la  parole i^ 
«&  coupez  fagemcnt  jufqu  aux  racines  de 
•  Terreur  ,  que  la  naiiïàncc  &  Tcducation 
n  avoientNàit.croitre  dans  Ton  ame.  Mais  par 
H  combien  de  liens  était-  il  retenu  ! 

Outre  rApoftrophe  9%ure  de  penfêe ,  qui 
fc  trquve  da«s  ces  paroles  ^  les  Tropes  eniouti 
]e  principal  oromcoi  ;  Tmha^vmks ,  coirun:^ 


é» 


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A   ^ 


■♦ 


ÇJSS  TROPES 


le  ^ahe^xoitpex^it/ii^^aMX  mines  ytrûim\ 
»  IM^  ^tottCie$  ces  expttflions  font  au? 
<   V    ^^  ^  tropes  qui  forment  des  images,  dont 

fimaginadoneft  agréablement ocupée. 

;»;  4.  Les  Tropes  rendent  kdifcoucs  plus  no^ 

bk:  les  idées  comunes  au(quelles  nous  fomes 

i   .  âcoutumés,n'cxcitent.pointen  nouscefcnti-» 

\ittcnt  d'admiration  &  de  furpnfè ,  qui  élève 

.    i     h^me:  en  ces  ocaiions  on  a  recours  aux  idées 

;u:^p9bires,  qut  prêtent ,  pour  ainfi  dire,  des 

lûibits  plus  nobles  à  ces  idées  comunes  :  Toh% 

les  homes  meuwit  également  s  voilà  une  penfée 

€|>|;nune  :  Horace  a  dit  : 

Ijf.iM^  iWîAi  mors ,  aequo  pulfat  pcde  pâupcrum  tabérnas 

.  Regùmquc  turres. 

On  dit  la.  périphrafe  fimplc  &  naturèlfi 

çic  Malherbe  a  Élite  de  ces  vers. 

*■'■'■  *  -  ■      ,  ■'     . 

Li  mort  a  des  rigueurs  à  nulle  autre  pareilles  ^ 

V^ii^  On  a  beau  U  prier 

L*  qruèle  qu'elle  eft  fe  bouche  les  oreilles 

Et  nous  jaiflè  crier!! 

^m     V    "^    :'• 

Le  pàotre  en  fa  cabane  ^  où  le  chaume  ie  couvre  ^ 

f,  /^   V      Eftlujetàfcs  loix^ 
Et  b  garde  qui  yeille  ^uz  bari^res  du  Itouvr^  V      ^ 
.^  u^      14*^  difesd  pis  «•!  Roif*  ^         i    * 


Lti. 


a 


<^ 


nurfiJè, 


VN  GENERAL.^  -%i 
n  Au  lieu  de  dire  que  c'eft  un  Pkénicieii ,  qpi 
a  inventé  les  cara^res  de  récriture ,  ce  qui  fe» 
roit  une  expreilion  trop  ûmplc  pour  la  Poé* 
fie ,  Brébeuf  a  dit  :  ^ 

C'cft  de  lui  que  nous  vient  cet  art  ingénieux 
pc  peindre  la  parole  S>c  de  parler  aux  yeux , 
Et  par  les  traits  divers  des  figures  tracées ,      __ 
IX>ner  de  h  couleur  &  du  corps  aux  penfecs.  ♦     ' 

•^5.  Les  tropcs  font  d'un  grand  uûgc  pour 
déguifer  deà|  idées  dures  ,defagréables ,  trite^ 
ou  contraires  à  la  modcftie  \  on  en  trouvera 
des  exemples  dans  Tarticle  de  l'euphémifbip 
&  dans  celui  de  la  périphrafer^^  * 

6.  Enfin  les  ^ropes  enrichiflent  une  languis 
en  multipliant  Tufage  d*un  même  mot^  ib 
doncnt  à  un  mt)t  une  fîgnificâtiôn  nouvèlc,** 
foit  parce  qu'on  l'unit  avec  d'autres  mots  ^ 
auf^ueis  fouvent  il  ne  (è  peut  joindre  dans  le 
Icris. propre,  fôit  parce  qu'on  s'en  fcrt  par  cf- 
tenfîon&  par  reflcmblàncc,  pour  fupléer  aux 
termes  qui  manquent  dans  la  langue. 
"  Mais  il  ne  faut  pas  croire  avec  quelques  Sa* 
Tans ^  que  lestropes  jizkntdakwd  hè  mvemh  ^iVaf%MEx 

r*';;..,-"  ■  '\  ■       /■,     ''    -  ■■-■■■     '  .  ■:•  ■■  ^ 

.  «  Plunicesprimi ,  Àiàie  fi  cr^<)itiir,«ifi         "^ 
ManAiram  ,  rûdibas  ,   roccoi  %aire  figûdi,       •^''^ 
liK  lu.  V,  ft&e.  *        .     ; 


^ 


UÈikà^ 


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/ 


In    bcBcs 


'f  ?;>  ■''"î 


ces.otr 
MMÛOia. 


II.  p. 
S4tf.  ac  Ci- 

Tmwu 
Voff.    inft. 

mi.*  L.  If. 
C^Vi.n.14. 


î- 


ims  fnfm^  te  ip'ils'aicnt  c(mmbné  dcfnis  à  là 
iffMié  (^  à  Pûmment  dné^com^  de  même  àpeitprèf 
^eksvêtmensontèté  mployis  éms  le  cmnctmmà 
foiêrcommrle  tarps  &  le  défende  centre  le  froid  y  & 
enflée  mafervi  à  temhèlir  &  à  i*pmer.  Je  ne  tr^i$ 
pas  qu'il  y  ait  un  afTez  grand  nombre  de  môt^ 
qui  fupiéent  à  ceux  qui  manquent ,  poUr  pou* 
voir  dire  que  tel  ait  été  le  premier  Ôâ  le 
principal  ufàge  des  trojses.  D'âilloirs  ce 
tCcSt  point  là  y  qe  me  femble  ,  la  marche  i, 
jppur  .ainfi  dire  y  de  la  nature  ,  ^magina-^ 
çion  a  trop  de  part  dans  le  langage  ëc. 
dans  la  conduite  des  homes  ,  pour  a?oit 
<^  précédée  en  ce  point  par  la  néceffité.  Si 
i|ûlis  diibns  d'un  home  qui  marcte  aivac  trop 
de  Icotear,  qu'^  vaplusleme^nm  iifitfl^i  $mmf^ 
i\in  autre ,  quU  va  piuf  ajjit  fii«> mmr  d^ 
P^UGEonc ,  qui/  fe  laiffe  ew^pancrm  térrm4iefi$ 
t^fiornsy  àcç.  Ceft  que  la  vivacité  avec  laquel4 
1$  japusre&ntons  ce  que  nous  voulons  exjiriri 
mer,  excite  en  nous  ces  images  ^  nousen  fon 
nifi$  ûcupés  Icsprcmiet&^iBj;  poi»  nom  «ftr- 
voQS  cofuitc  pour  mctj?e  en  ^uiQl^e  ipcte  def 
vaut  les  yeux  des  autres  ce  que  nous  voulons 
lÉiir  fiire  ernoodre.  Les  iièmes<  n'ont  pàihc 
"    É ,  ^ib  àvoècnt  çi^  i^ils  tfavoicai  cm| 


' 


:EN  GEVERAl.  j^ 

ées  tenne$  propres  pour  exprimer  ces  idées  , 
ni  fi  rexpreflîon  figurée  feroit  plus  agréable 
que  Texprcffion  propre ,  ils  ont  fuivi  les  mou-  „ 
veniensde  leur  imagination,&  ce  queieur  in£ 
piroit  le  defir  de  feirc  fcnttr  vivement  aux  au- 
tres ce  qu'ils  fentoient  eux  mêmes  Vivement. 
Les  BJiéteurs  ont  enfuite  remarque  que  telle 
cxprefiîon  étoit  plus  noble  ,^lle  auxre  plus 
énergique  ,  celle-là  plus  agréable ,  celle-ci 
moins  dure  v  ei\  un  mot ,  ils  ont  fait  leurs  ob^ 
frrvations  fur  le  langage  dâ  homes.  » 

:  Je  prendrai  la  liberté  à  ce  fujet ,  de  m'arêtet 
un  moment  fur  une  remarque  de^peu  d'inif 
portance  :  ceft  que  pour  faire  voir  que  ron^y^,  gyyi-. 
fithftitue  quilquefoU  des  termes  figurés  à  ia  place  des  Tome  ii« 
mm  propres  qui  tifanquent  ,  ce  qui  C&.  très  vcrita-  ^  *^' 
ble ,  Ciceron ,  (^intilien  -ôc  M':  Rollin ,  qui 
penfè  &:  qui  parle  corne  ces  grands  bornes^ 
difènt  que  c^cQ:  par  emprunt  &  par  métapbàtt 
^Wmapelèffmvaai'le  bourgeon  delà  *vigne  :panc^ 
difènt-ils ,  quU  ny  avoit  point  de  mot  propre  pour 
exprimer.  Mais  fi  nous  en  croyons  les  Etymo^ 
logiftes ,  geuma  eft  le  mot  propre  pour  figni- 
^  le  bourgeoade  la  vigne ,  &  ç*a  été  enluite 
far  figure  que  lc$  Latins  ont  doné  ce  nom 
a\ix  perles  ôc  aux  piems  précieufos.  En  à&t^ 
c'cft  toujours  le  plus  comua  8c  le  plus  conoT 


— ^ 


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eft  le  Vtoftc\  6cqai&  prête  enfuite  âti 
finsfiguré»  Les  laboureurs  du  pays  latin  cch 
Boiflbient  les  bourgeons  des  vignes  6c  dès  ar* 
bm,  6c  leur  avoient  donÊ  un  nom  avant  que 
d'avoir  vu  des  perles  Ôç  des  pierres  précieufes  : 
mais  coniie  on  dona  enfuite  par  figure  ôc  ptx 
imkation  ce  même  nom  aux  perles  6c  anx 
pierres  précieufes ,  6c  qu'aparemracnr  Cicé- 
lon,  Quintilieiï  6c  M^-  Rollin  ont*  va  plus 
de  perles  qi»  de  bourgeons  de  vignes ,  ils  ont 
cm  que  le  n^n  de  ce  quilet^  4^oit  plus  conu 
éloit  le  nom  propre ,  6c  que  le  figuré  étoïc 
celui  de  ce  qu'ils  conoiflbient  moins. 


Yeibi  cniiflitiô  mftitûu  éft  inépùe  atnCt,  frtqacAtku  éti, 
|fiftari6nK.  Namx«iiM»ir«  vit  a  ,  lifxériim  tjfi  im  hêrkit  § 
Utmsflgttti  »  éciam  rùftici  idicuiit.  tic,  de  Orator  £.■  1 1  u 

»»  tff.  aiiferxxxTiii* 

■'    ) 

Neceffitéte  r^ftici  disant  gemmam  in  vitibos.  Qnid  etûM 
4|prait«iiiui)  j^mi/. ioiUc. ocac. Ii6.  ti i i,eMf\€Mcufhê 

Qtmms  eft  id  (jùod  in  atb6rtbus  toméfcit  cufà  pJlrexe . 
JidpiMir  à  /#»•  ,  id  eft,  gigno  ;  hinC  Margatita  &  deincept 
ipnit  ^fii  preti6fat  dicitur  jtmms  «  /. .  anod  habet  quo* 
^jne  ^esocnit  cajut  hisc  func  ?crba ,  «»  lapi^ôs  gemmas  vo* 
•-Civéit  à  fimilitàdtne  gémmimm  quas  m  tjti&is  fire  ar- 
V  ^n^|  C^rwmas  >  fçùmam  etùm  piépriè  font  p(ipttU«i|0» 
a»  iiiK.<iio  vîtes  cm'ittunt  :  8c  gemourc  vices  dicùnrur  ,  auni 
^gODaMtcniiKiuit.  •  Mmrtimi  Lexie§H\  rocegimmà, 

X  J6«Mlâ  6ciiks  Vitis  prépriè:.  i.  gemma  deinde  generile 
et  Ikpdum  fumoCUwu   àMf  f^étkfi  Tlnjsmn  fV 

I»"'         -  '     >     ■■  ■■  '  "■'  ■""  •  ,■ 

£!*"'!-""'  ■    5i  "'  '"    ■■"  '^        ■  '■        ■■  ■  >»■    #r  ■  ■•■•■•  . 


cieu 
xcm 
plao 
fimp 
fans 


EN-  GENERAI. 


Il 


m* 


Ce  qu\n  ioit  thftrvir  >  é^  ce  qiton  Jioii  Mte9 
^^^  ff^frS^  ^i  Trofes  idrfourquoi 
ils  fUifinti^ 

-Les  Tropes  cjui  ne  produifent  pas  les  éfets 
'  que  je  viens  de  remarquer ,  font  dcfedhicux. 
Us  doivent  furtoat  être  clairs ,  £iciles ,  fe  prc- 
&nter  naturèlement  ^  n'être  mis  en  œuvre 
quen  tems  &  lieu.  Il  ny  a  rien  de  plus  ridi- 
cule en  tout  genre  que  l'afèdation  àc  le>dé« 
fiut.de  convenance.  Molière  dans  (es  Pré* 
cieufes  ,  nous  fournit  un  grand  nombre  d'e- 
xemples de  ces  expreffions  recherchées  &  dé- 
placées. La  convenance  depiandc  qu'on  diiè 
Amplement  à  un    laquais;   donex^  des  fièges ^ 
^fàns  aler  chercher  le  détour  de  lui  dire  ivùitu"    Lci  Ptcc. 
feXç^ousici  les  comoditésdela  eonverfaticn.  Déplus,  ^à.  Se  1x4 
lies  idées  acceflbires  ne  jouent  point ,  fi  f  ofe 
parler  ainfi  y  dans  le  langage  des  Préciou- 
IH  dC'|ioiiére,^  ou  ne  jouent  point  corne 
elles  joaeât  dans  Timaginâtion  d'un  home 
fcnCèiLeceàfeiller  des  gfMes  ^  fOUi  dire  le  mi»  ibid.  Sctn 
lOir  : cctuenun^temàe  qun  cefamenil  de  vcms  em-  _. 
fo|(^,  pour  dire allejicz- vous.  •  '         ^       ** 

Toutes  CCS  cxpréffiom  tkces  de  loin  &  hOr»  - 


««^ 


\ 


t 


km  place,  inarguent  une  trop  grande 
cbntqition  d^^it ,  dt  font  ièntir  tpjfiytrH 

font  pa^^fft  pefpMf  de  p^dér  aiiiâ^  à  runif- 
fon du  bon  Vms.îc  yçux  diie  qu'elles HTonc 
trop  éloignées  de  la  inanicre  de  penièr ,  de 
0smxMi  qUiJ opt  Te^pc^  dxoit  Ae  jute ,  &  <pû 
ibnteiit  iesiçQnveoaiicss.  Cocix  qm  ctittàxac 
txQf  Comment  dans  k  difœurs  tombent 
fixiwnt  dabs  ce  définit ,  fiuis  s'en  apercerôir» 
iis  ft  £Mren|  l^q  gré  d'une  ezpirâipQ  qui  leur 
fonrait  briUiuitei^  qtii  ku^ 
^  ibadeil  que  les  auti^s  en  dàivcm  £tic  suffi 
âtisfiûts  qu'ils  k  £pm  eux  m&ufls. 
-  Oa  oé  doit  donc  kfiarvir  de  Trqpes  qiie 
l0l6]«.'ils&  jMiiai^^ 

9UÏk  foftt  ticés  du  &4etj  que  lesiidces  ac* 
çifliMoes  ks  iom  uaiciei  ott^^ 
kfi  tfiTplrmt  ;  ik  pkâtent  ak»,  mais  il  ne 
iiiut  p^t  kt  akr  ctieccfacr  dans  la  vue  de 

Mini^     Jeueftoîsdoocpatqnec^Attsttdefiga* 
y  &  l'on  peut  patkr  aiafi.  QiioBque  ce 


/ 


^l^^**     *^^     ^^^f     B^PHiWrw   •^•§   ^W^^^^PnpSM^^    ^^P^^jJj^^^Wr    «f^** 


tion 


UQ^^ 


"îSV 


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|l<^ILoUii\^,  ^  crois  i4titot  qpie  itt  txp^ 
figurèei»  ét^tfnt  delagRtce  au  di&QUis,  parce* 
iqtt€  V  cfdliie  lâ%dotx  t^ 

êçk  &à  tMfmks  mages  <qi^eltH  m  tràSk  è  ti^ 

mffii^doâ  V^i  \3ai  motypâr'  ks idées ftnffi>te^ 
&  aci^flbites. 

I.  Il  B'7  a  pcttt'toej^oihtde  mot  quiM  fe 
prène  en  quelque  ftnis  %irè ,  c'eft-à-dir^çloi^ 
gné  deià  fignÛkattoa^topite  Ac  pniukive. 

Les  mots  les  plus  comum  ^  qitf^ieviènent 
fbuvent  dans  le  difcours ,  font  ceus  ^  foa( 
pris  le  plus  fréquemmdH  dans  4}n  ibns  figuc^ 
4c  quij^tm  plus  granâ  jiombit  de  cesiôr^ 
tes  de  feiis  :  tds  bm^tat^^  âÊm ,  ént^  eottUitr^ 

II.  UniikitneconfoveFasjiaiiriatraducv 
;lfefis%utés  qi^adans  la  kngUB 

bngiuale  :  chi^|iu  langueu  des  cxptdHons  fr 

gurées  qui  kiiâvit^pa^ticul^fts,  foit  parte 

que  ces  ctpmSaiai  ibnc  titées  de  certains 

ufiigâs  établis  dans^ia  payiifcJflftonns  danli 

tm^oMtic  t^oic  par  qiKlMe  âiMie  ^oifim  p^  - 

-  Ci; 


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t>Ei   rROfE.S. 


,  il,  ■  ' 

ttÉi^m  art^ttaite.  I»es  difirèos  ih^  figuré| 
du  mot  fvôMr/que  notis  avons  remarqués  ^ 
ne  font  p^ tous entUàge  en  latin ,  on  ne ilit 
point  vox\oùi  fufrag^«  Nous  difons  fêncr 
%inne,  ce  q^  ne  feroit  pas  entendu  en  iatin 
par  y»^  nivUiam  :  au  contraire ,  morm  géren 
«^tof^eft  uhe  façon  de  parler  latine,  qui  ne 
ièroit  pas  entendue  en  françois  ^  fi  on  fe  con- 
tentoit  de  la  tendit  mot  à  mot,  &  que  l'on 
.  uaduifit ,  porter  U  coutume  à*qitelqHim ,  au  lieu 
de  dire ,  faire  voir  à  quelqu'un  quon  fc  con- 
forme à  Ton  goût,  à  ÙL  manière  de  vivre,  être 
complaifànt ,  lui  obéir.  Il  en  dï  de  même  de 
vkem  gérere ,  vcrh^  dort ,  ôc  d'un  grand  nom- 
bre;d*au(tes  façons  de  parler  que  j'ai  remar- 
qtécs  ailleurs,  ôt  que  la  pratique  de  la  verfioa 
iifterlineairè  aprendr^f 

Ainfî ,  quand  il  s'agit  de  traduire  en  une  au- 
tre langue  quelcpic  expreffion  figurée ,  le  tra« 
duâcur  trouve  fouvènt  que  fà  langue  n'adopte 
point  la  figure  de  la  langue  originale,  alors  il 
doit  avoir  recours  à  quelque  autre  expreffion 
figurée  de  fà  propre  langue ,  qui  réponde  »  s'il 
cft  poflSble ,  à  celle  de  fbn  auteur. 

Le  but  de  ces  fortes  de  tradudions  n'eftque 
de  fiiire  entendre  la  penfce  d'un  auteur)  ainC 

wdoit  atoo  l'audia  A  la  il^cfiféc  4^  aoQ  à  la 


/ 


y; 


gjl   GRNEKAL.  %T 

lettre ,  &  parler  corne  Tuteur  lui  même  au- 1| 
roit  parle ,  fi  la  languf  dans  laquelle  on  le 
traduit  avoit  ct;é  fo  langue  nâturèle.  Mais 
quand  il  s'agit  de  ^re  entendre  une  langue 
étrangère,on  doif  alors  traduire  litéralement^ 
afin  it  Édre  comprendre  ic  tour  original  de 
cette  langue. 

/  ^ 

àbferv/^thn  fur  les  Diffionsirer 

/  LutinS'Frdfkois, 

/  ... 

Nos  Didionaires  n'ont  point  affcs  remar- 
que ces  difcrences»  je  veux  dire,Jes  divers  fens 
que  lonpdone  par  figurcà  uo  même  mot  darfs 
une  même  langue  >  &  les  difèrentes  fignifica* 
tions  que  cellHjui  traduit  eft  oblige  de  doner 
à  un  micme  mot  ou  à  une  même  expreffion , 
pour  £iire  entendre  la  penfée  de  Ton  auteur^ 
Ce  font  deux  idées  fort  difèrentes  que  nos 
Didionaires  confondent  -,  ce  qui  les  rend 
moins  utiles  4^  fouvent  nuifibtes  aux  comen- 
çans.  Je  vais  fiurc  entendre  ma  penfée  par  cet 
exemple. 

Forter,  fe  rend  en  latin  dans  le  (cns  propre 
par  fine  :  mais  quand  nous  difons  porter  ewwey 
porter  U  parole  y  fe  porter  ken  oiinM/,&c,onne 
fi:  (ht  plos  de  fm  pour  rendre  ces  &çons  de 


\ 


» 


/ 


pÉiitfr  oi  htàh  :  là  lat^e  htine  a  fcf  expreC 
fibiu  partknliétfl»  ]^ut  ks  atpiimeri  |unr 

de  cdol  qnipsrie  latin  ;  Aio^  quand  oii.  cotH 

qoi  lui  dontm  00  fens  figuré ,  on  inanquiefoir 
d'exa^tude  dans  les  Diâionaices  françois^ 
latirjs ,  fi  l'on  difoit  d^abord  fimpicmcnt  que 
^/trr  fe  rend  en  latin  par /eiTT,  m;«iU^ 

P  ourquoi  donc  tombe  -  t-on  dans  la  même 

fimtie  dans  les  Diâionalres  latins -françois, 

\  <fiiand  il  s^agic  dt  traduire  un  mot  kAi^  Pour^ 

<fX(H  joint-on  à  la  fignification  propre  d*ua 

mot ,  quelqu'autre  fignification  figurée  qu'il 

•  Voytt  le  n^a  Jamais  tout  fcul  en  latin  f  La  figiro^n'eft 
^iaioMirc  qœ  dans  notre  toui;  firançois ,  parce  que  nous 

latin -iran-  r  a*  •  « 

|oi$,  impri-  uous  fervons  d  une  autre  image ,  ôc  par  con^ 
"*  m^d"*R  "^^"^  ^^  motrtout  difcrens  ;  par  exemple: 
p.  Tachart',  *  Mittm  figuific ,  dit-ou  >  euvoyer ,  retenir , 
"^d^ucM*  arêtcr, écrire,  n*eft-ce pas  corne  ûloadifoit 
tresDiaio.  dansle  Diâionaire  firançois-Iatin  .quc/yorr^r 
Minium.  It^e^çM 

**4<wp.  ni  Jamais  wif/err  n'a  eu  lafîgmficatipq  de 
%%,  Ir!^  ^«w>*  tarher^iècfire  dans  Timaginatioiid'ua 

•  Hec  Âa,  Home  qui  parloit  latîn.  Qtialti4  Tét<;npe  a 


^ 


\^^^ 


EN    G  EMBUAI.  î» 

frittm  avoit  toujouirs  dans  fon  tfytit  la  fign^ 
iicaacion  /mvf^r:  envoyez  kift  de  vous  vos 
larmes  >  vdbe  eoiète,  comè  on  tenyo^c  tout 
ce  dont  on  veut  Gt  étAke.  Que  fi  en  ces  ocr 
fions  nous  difons  plutôt ,  menei^  vos  kmes  % 
9ttenr:(j9me  cdht  f  <fcà  que  pour  expriaier  ce 
ièns  y  nous  avons  tecoun  à  unc^  métaphore 
pri(Me  l'aétion  que  Ton  ôk  quand  on  retient 
\  un  cheval  jfvec  le  firein,ou  quand  on  empêche 
qu'une  thofe  ne  tombe  ou  ne  s*cchape.  Ainfî 
il  &a(  toujours  distinguer  les  deux  fortes  de 
traduâions  dont  i'ai  parlé  ailleurs,  (^nd  on 
ne  tradtût  que  pour  Aire  entendre  la  penfée 
d^  auteur ,  on  doit  rendre  ^  s'il  eft  poffible  * 
^gure  par  figure  ^  fans  s*atacher  à  traduire  ii- 
liEraiement  ;  mais  quand  il  s*agit  de  doner  Tin^ 
telligence  d'une  langue ,  ce  qui  eft  lé  but  des 
Didtionairef ,  ondoit  traduire  litéralement^ 
afin  dé  faire  tnt^dre  le  fens  figuré  qui  eft  en 
u(àge  en  cette  langue  à  Tégard  d  un  ceruin 
mot  ;  autrement  c*eft  tout  confondre;  \^ 


9 


i* 


*rérT^ti 


WJ 


cuus ,  Téïa 

Didionaires  nous  diront  que  «^  fignifie  7^  damac  a. 

feuy  de  la  même  manière  quils  nous  difènc  que  ^*  ^^' 

miftfn*  veut  dire4ir^l«er,i>r^mr^  car et^        La-  ▼.  3^.  Jl 

tins  crioient  aqiuuy  mpias ,  *  c*eft-à-dire ,  af-  i*^(JJ^*" 

fine  atpm ,  quand  le  feu  avoit  pris  à  la  maifon,  dimm  ^  m- 

&  nous  aioM  alors  4» /wr,  c'eft.à-dirc,*^'*^^^ 

G  iiij 


{ 


7%y 


\ 


teuc ,  il  ^ut  d'abord  doQCi:  à  mi  mot  (à  iigiti* 
fic^ÛQnpr9iM:e,c>fl;4lKJite, celle  qu'il  avoit 
dans  rima^nation  de  Tauteur  <pu  s'ca  cft  iièr* 

'  vi^Sç  enfuite  on  le  tcaduit ,  fi  Ton  veut  y  feloQ 
la  Uadu<lion  des  penfées ,  c'eft  à^ire  ;,  à  la 
manière  dont  on  rend  le  même  fonds  de  pcn- 
Ice ,  félon  V\i&gc  d'une  autre  langue. 

Âfyten  ne  fîgnifie  donc  point  en  latin  rete^ 

tnr  y  non  plus  que  pèlUrc  ,  qui  veut  fUtt^affer* 

-^Sx  Tçrcncc  a  dit  lâcrpnas  mitte ,  Virgile  a  dit 

"'  dans  le  même  Cens  y  Uaymas  dUiâa  pelle  Çrekft. 
ChalTez  les  larmes  de  Çréufe ,  c'eft^à^dire , 
les  larmes  que  vous  répandez  pour  Tamoup 
de  Crciife ,  ceiïczde  pleurer  votre  chère  Créii»:, 
iê^retenezles  larmes  que  vous  répandez  pour 

ramour  d'elle ,  confolcz-YoïiSr  ^ 

Mktere  ne  veut  pas  dire  lUHi  plus  en  latin 
laire  ;  &  quand  on  trouve  nantit  epiJMamali'^ 
9» ,  cela  veut  dire  dans  le  latin ,  emxyer  um 
kwre  i  f«f/^'Mi  y.  Se  nous  difons  plus  ordinai, 
rement ,  écrin  nnf  lettre  à  quelquim.  Je  ne  fini-^ 
rois  point  fi  je  vouloôs  rapQtter  ici  un  plus 
grand  nombred'exemples  du  peud'exadim^ 
de  de  oqt  ineilleurs  Diâionaires  s  menés  fiu 
jfmxw»  n9X  la  mort  if  N/vfi  le  bateau^  ^c«  ^ 


>     • 


îje  v<K«lrpi8  donc  que  nos  Diûiofiftîw  do* 
naffcnt  d^abord  à  un  mot  latin  U  figpîfica- 
tim  propre  qac  ce  mot  avoit  dan$  rimagint- 
tion  des  auteurs  latins  :  qu'cnfuitc  ils  ajou- 
taffent  les  divers  fens  figures  que  les  Latini 
donoicnt  à  ce  mot.  Mais  quand  il  arive  qu'un 
mot  joint  à  un  autre ,  forme  une  cxpreffion 
figurée,  un  fcns,  une  penfée  que  nous  rendons 
en  notre  langue ,  par  une  image  difcrcnte  de 
celle  qui  ctoit^cn  ulage  en  latin  :  alors  je  voir 

drois  diftingucr  :  -  - 
"^1.  Si  Pexplication  litérale  qu'on  a  déjà  do- 
née  du  mot  latin,  fiifitpour  &itf  entendre 
à  la  lettre  l'expreffion  figurée ,  ou  la  penfée 
litérale  du  latin  s  çn  ce  cas ,  je  me  contente- 
Tois  de  rendre  la  pcîifée  à  notre  manière  ;  par 
exemple  :  mttefe  envoyer ,  mtte  irm ,  retenez 
vôtre  colère ,  miitere'fpifiolam  alkm,  écrire  uiï^ 
lettre  à  quelqu'un. 

Fm^cia ,  Province ,  de  pm  ou  pmul  ôc  de 
vînàf^lieï,  obliger ,  ou  félon  d'autre?,  de 
viiicrrr  vaincre  :  c'étoit  le  nom  générique  que 
les  Romains  donoicnt  aux  pays  dont  ib  s'c- 
toient  rendus  maitrcs  hors  de  l'Italie.  On  dit 
^ans  le  fcns  propre ,  ffpvinciam  ciftft ,  Ma- 
f^  ,3)rendre  le  gouvefticment  d*une  provin- 
Ifç  jô^êtïc  Eut  gouverneur  5  lie  on  dit  par 


-# 


?^'- 


V'^^ 


yli^Mà^  feçcKi  dcpafkr  ktioe 

éfl%ép  êktgtiâe^  db  la  fi«K»çoifc ,  &  qaç  la 
fcmc  n^  peut  pafr  aififadeiM être  entendue» 
teDiaionakcÉdcfvrcMcntrexpiiqQer  d'abord 
licêfak^àeRt^«éèfirakeaf0^»r  laphrafefram 
çoiic  qui  répond  à  la  latine  \  par  exemple, 

^cft4-d&é ,  pcr*é  fcn  ttans&r  Éi  peine ,  per- 
are  foh  latin.  fJKâlavétcrft  «aie  briipe  avant 
Àfellc f&t  <^îtc^ nç  «rëlt qlie delà  boac&: 
II^Dit  I^  KMpie.  Ôtt  »e^  4<^  V^  tùoàmû 
i^di^ttim^j^  ^jamais  to*rait^fiff^* 
âl%tin  ^éxcl^  Ut^Xtm  ^a;^  W^ 

^a  telle  y  il  cR  évidait  qjie 
liiiàl^^  dtftine  lang^3bi*»'«*^<^<^ 

iBot  ifam  îa  ht^  drigjnalé  *  àinfi  élkà^Yie 

lil^c^Witiori  ajet  îïc  lîàitc  feilàn^ 

gp^tchi ifequc  Pôtt  dotfié  à  tin  niême 

"-  dàiw  «ne  nlême  langôeV  &  nbii  pàà  des 

'  '^^Ifcs  dont  bd  peot  «  ftrvir  en 

penfçe. 


4î 


mmmtmmmmm'm  , 

D  £  S     T  R  O  P  E  S. 

S  E  G  O  N   DEPART   I  E. 

Des  Tropes  en  fsrticuUer. 

LaCatàchrese. 
Abus  ,  Extenfion ,  01V  Imitàtioth 

LEs  langues  les  plus  riches  n'ont  point  un 
aflez  grand  nombre  de  mots  pour  expri- 
mer chaque  idée  particuhère,  p^r  un  terme 
qui  ne  foit  que  le  ligne  propre  de  cette  idée> 
ainfi  Ton  eft  fquvent  obligé  d  emprunter  le 
mot  propre  de  quelqu  autre  idée,  quia  kplus 
jierapprt  à  celle  qu'on  veut  exprimer  >  par 
exemple  :  Tufage  ordinaire  e(t  de  clouer  des 
fers  fous  les  pies  des  chevaux  /ce  qui  s'apclc 
ferrer  un  cheval  :  que  s'il  arive  qu'au  lieu  de  fer 
on  fe  Terved  argent ,  ori  dit  alors  que  les  che- 
vaux ^ohx  ferrés  dtargent ,  plutôt  que  d  Inventer 
un  nçiuveau  niot  qui  ne  fcroit  pas  entendu  : 
on  ferre  auffid  argent  unc.ca«sètc,  &c.  alors 
ferrer  (ignifie  par  extenfion,  garnir  d'argent  au 
Jiei;  de  fer.  On  dit  de  même  aUr  à  cheval  fur 
m  bâtQn  ,  c'cû- à-dire ,  fe  mettre  fur  un  bâton 


^       t 


Abufio» 


y    V 


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'44       LA  CATAÇHRESE. 

de  la  même  manière  quon  fc  place  à  che- 
val. 

Hor.i^Sar.   .  Liiderc  par  impar  •,  cquitarc  in  ariindinc  longâ. 
3.  ».  X48.      i)ans  les  ports  de  mer  on  dit  bâtir  un  véffeaHy 
*  quoique  Je  mot  de  bâtir  ne  fc  dife  proprement 

que  des  màifons  ou  autres  édifices  :  Virgile  ^ 
'JEn.x.y.x<r.  S  cft  fervi  d'adificâr^ ,  bâtir ,  en  parlant  du  che- 
Cic. proie-  val  de  Troie  ;  &c  Cicéronadit,  adificârè daf- 

n.  s.  ailier  •'      '  j    /^'  /       o 

IV.  ferai  pleuvoir  pour  vous  des  p^ms  du  Ciel ,  où  ces 

•  pains ,  c'ctoit  la  mâne  :  Moïfe  en  la  mon- 

Ei«kJ.  ch.  ^trant,dit  aux  Juifs ,  voila  le  pain  que  Dieuvous  x 

«fi.  V.4.&  ^^^^  ^^^^  i,/i;r^.   Ainii  la  mâneiut  apelée  pain 

par  exteniion. 

?drn'c/(/j ,  paricide ,  fc  dit  en  latin  &  en  Fran- 
çois ,  non  feulenient  de  celiii  qui  tue  fon 
père ,  ce  qui  eft  le  premier  ufage  de  ce  mot  > 
mais  il  fe  dit  encore  par  exteniion  de  celui 
qui  fait  mourir  fa  mcre  ,  ou  quelqu'un  de  fes 
parens ,  ou  enfin  quelque  perfone  facrée. 
.  Ainfi  la  Catachrcfe  eft ,  pour  ainfi  dire ,  un 
écart  que  certains  mots  font  de  leur  première 
figniftcation  ,  pour  en  prendre  une  autre  qui 
y  a  quelque  raport ,  &:  c'cft  auffi  ce  qu'on 
apèlemeny/o»:part^emplej/I'Mi//e  fedit  par 

cxtenfion  ou  imitation  des  chofes  qui  font  pla- 
tes &  minces,  corne  les  feuilles  des  plantes; 


ZA    CATACHRES^E.^     4t 

4Ul  4it  me  feuille  de  papier  y  une  feëHie  de  ferbianc^, 
ime  feuille  dot ,  une  feuille  dtètain  >  qu  on  met  <leH 
cière  ks  miroirs  :  une  feuille  de  carum  ;ie  ukjc 
lève  par  feuilles  5  les  feuilles  ttun  para^vent ,  &C. 

La  langue,qui  eft  le  principal  organe  de  \z 
parole,  a  donc  Ton  nom  par  métonymie 5^ 
piar  exreniion  au  mot  générique  dont  on  fe 
(èrt  pour  marquer  les  idiomes  ^  <  le  langage 
des  diférentes  natiolk  i  langue  latine  ,  langue 
franfùife. 

Glace ,  dans  le  fens  propre ,  c  eft  de  Feau  ge-^ 
lée  :  ce  mot  lignifie  enfile  par  imitation , 
par  extention^  un  verre  poli»  une  glace  de  toi* 
roir ,  une  glace  de  carofle, 

Gtaçe  ûgnifie  encore  une  forte  de  compô- 
fition  de  fucre  &  de  blanc  dœuf  ^  que  1  on 
coule  fur  les  bifcuits  ^ou  qiie  1  on  met  fur  ks 
ôuits  confits. 

Enfin  y  glace  Ce  dit  encore  au  plurier  ,  d  une 
fprte  de  liqueur  congelée. 

Il  y  a  même  des  mots  qui  ont  perdu  Icoc 
première  lignification  »  &  n  ont  retenu  que 
celle  qu'ils  ont  eue  par  extenfion  :  /îonr,)ïf  njp- 
font  y  fe  difpient  autrefois  des  arbres  ^  det 
plantes  qui  font  en  fkurs  î  aujourd'hui  OQ 
dit  plus*  brdinairemcnt  fleurir  au  propre  èo 
florir  au.figutéi  ii  ce  n'cft  à  rinfijoitif >  c*dt 


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$ys  Ê, 

»  périls  0»âB»^^ 

auiitroisvpitmte V  ptii^ipâi^  t^    au)dur^ 
4*hui  en  firançois  il  fîgnifie ,  un  fouven^  oa 

Lt  mot  tmf^mét,  EÉïpecdir ,  ne  fiit  d'à- 
bord  qftfmitltiid'hoiiearqti^  k^firidsits  do- 
noietit  dans  le  caïkip  à  leur  Général ,  quand 
fl  s*é^e  difti^ilé  pàç  quelque  expédition 
inémocablé  :  on  li'avoit  s^aâié  à  ce  i»il>t  au- 
«oneidéède  fètlVs^ràineté^  duiéAis«iêmedie 
Jules  Ccfiir,  qui  avoir  bien  la  réalité  de  fou- 
Veialn^  mâis^  goàvèrâbk  1km  la  ferme 
de  randène  Rèpubliqp»6.  Ce  mot  perdit  fon 
iÉlÉÉ^^!^!^^       i^  là  fin  <fa  règne 

ttSÉr^phisàufd. 
^tlMs  tradiiiibns 

|ÉépNilÉeiit 


91 


5 


.  V 


14    CJtTACHtiÉJit'     m 

lioftttctocootrodsq^  ~^ 

lie  n^  vknt  ^  dans  l'dlif it ,  nous  Yzf^m 

]o6  Motifieur/«  C^penda^ 

vent  lè  hâtçr  àc  courir  pour  venir  au  ïècouis 

de  que1qu\in ,  on  a  donc  ïniènfibkiûent  à4X 

motparextcnikm  le£ensd*i^rou/fcoMti|;  •  :  <" 

f^ftfit,  lèlpnFcrizonius  ^  vient  du  grec  f<l»      "/^ 
&  f^oMtfî ,  dom  le  ptenuer  iignifie  roii^         ivri^^ 
l'autre  iH>i!rr>enforte  que  ces  verbes  marquent:  û»a.  iw^ 
tinc  a&ion  qui  fe  àît  avec  cfort  èc  momé-  ^  ^.^^ 
ment  vers  quelque  objet  :  ainfi  ; . 

I.  Ire  premier  fens  deptor^ ,  c'cft  ofer  vm^ 
fe  porter  avec  ardeur  vers  un  objet  5  enfuite  on 

dont  à  ce  mot  par  exteniion  plu^kti»  autroi 
iènsy  qui  font  use  fuxte-du  prenlkr. 

2*  llfiffûBc  fouhakeriavoirihr%mtJd€mih 
der  ;  pètere  cônfûUtum ,  higuer  le  €w^dat\ 
pétere  nuptiasaliciijns,  mhmber  uât^é^l^ 
9HmétUige, 
$.  Aktfmi^n  i  tukfcinihi  pctairi  clbum,  tctJîcmb;, 
4*  AltrHiêK  ^iuif$*im  ^  &c  en  confèqoehce  le  V*"  *^' 
jtvyr , Pméftf,  ykgikadit  imÊhmGatatia  ^yw,4^ 

5*  Enfin  fkm  veut  dke  par  «xtet^Gon  akr  ^  ^*  ^* 


4 


«^.«i«,.giioiis  «rEnée ,  après  leur  naufrage  ,  A^ 
iaandcatit  à  Ilkba  qa*il  leurfoitpennis  deic 
mettre  cif  étar  cTalcr  en  Italie^  dans  le  La- 
thim  ,  ou  du  moins  d*alcr  trouver  le  Rxrf 
AceOe. .  /      * 

■  itUiain  Icti  laciûmque  pcumuSé 


•  •    ••«   *••• 


•  •    •    • 


Ac  îaf2.  Sicaotae  (àlteçi  redéfque  panius 
^  Unde  hue  advéâi  regémque  pecimus  Accilcn. 

La  riponfe  de  Didon  eft  digne  de  remarque  : 

Scu  TÔsHcrpériam  mignamfaturniaque  arva, 

Sive  Etids  fines  ^  regéaiquc'  optât is  Acéften. 

■'■'■.■  ■    '^ 

oit  vous  voyez  qoLoptâtis  explique  petamiu» 

Wkp  MsL      Aév^nert  fignifie  tourner  vers  :  advérten  agmen 

u.?.  îjf.  jgfifi^  tourner  fon  armée  vers  la  ville  J  fi*v«» 

éÊM^nerty  tourner  fon  vaifTeau  vers  quelque 

endroit ,  y  aborder  :  enfuite  on  l'a  dit  par  mé* 

taphore  de  l'efprit)  advèrtere  anhnMmyadvértere 

màttemi  tourner  Tdprit  vers  quelque  objets 

Ëdre  atention ,  £ûre  réflexion  y  confîdérer  :  on 

a  m£me  Eût  un  mot  compofè  de  itiimMm  6c 

à^aévkrum  \  aaim^vérurt^  confidérer ,  remar- 

qiuer,  examiner. 

/     Mais  parce  qu'on  tourne  ft>n  efprit,  foo 

idfenrnncat ,  ycti  ceux  qui  nom  oot  ofenfti, 

qC 


ÎS^qu'oi 

ten£Lbn 

animaév 

ientime 

tre  les 

noient 

*  Jnin 
cette  p; 

Ira  furo 
Imperai 

Cesfo 
par  lui 
jours  ré 
à-dire  I 
répond 
fe  prcr 
mand< 
au  mol 
dantn< 
çnrr,  n 
Offid 
ville  > 
boui:eu 
tus^fe 

ftitbo 

r 


lÀ    VA  TÂCHER  es È.      49 

ji:  qu'on  veut  punir  >  on  a  donc  cnfuitc  pâJ:^x- 
tenfion  k  fens  dtpitnir  à  animaévérterey  yerbérihus 
anknaévetûbaà in  civesV^ ï\sxoMmo\cût  leur  rcf-  q^^  ^^^ 
fentiment  ^  leur  colère ,  avec  des  Verges  con. 
tre  les  citoyens,  c'eft-à-dire,  qu'ils  condâ- 
norent  au  fouet  les  citoyens.  Remarquez  qu  a- 
nimusS'Ç^  prend  alors  dans  le  fcns  de  colère^    ^    ^^^^ 
*  ArùfOmy^  Faber ,  fe  prend  fouvent  pour  Th*f.v.iii*i 
cette  partie  de  lame,  qua  impetus  habet  &  motus,  '***• 

Ira  furor  brcvis  cit  -,  animum  rcgc  ,  qui  ni(î  paret     p  *^*     *  *' 
Imperat;  hune  frcnis  ,  hune  tu  compcfec  çaténa.  ixy 

Ces  fortes  d*exten{ions  doivent  être  au torifccs 
par  Tufàge  d'u*ie  langue ,  &:  ne  font  pas  tou- 
jours réciproques  dans  une  autre  langue  ;  c  eft- 
à-dire  que  le  mot  François  ou  alemand ,  qui 
xcpond  au  mot  latin ,  felpii  le  fens  propre ,  ne 
ic  prend  pas  toujours  en  françois  ou^cn  ale- 
mand dans  le  même  fens  figure  que  l'on  donc 
au  mot  Jatin  :  demander  répond  à  pètere  h  cepen- 
dant nous  ne  diibns  point  demofuier  pâkr  ata^ 
^MfT,  ni  pour  4Zrr^.     -•  .  >- 

Ofpidb  dans  fon  origine  eft  le  datif  do/^pû^^Km, 
ville  >  ofpî(/o  pour  Al  ,:pi//^ ,  au  datif.  Lesla-* 
bouteors  en  s'entretenant  enfemblc ,  dit  Fet 
tus\  fc  dcmandoient  Tun  à  Fautrc  ^  avcavous 

ftit  boQ€  récolta  ?  S^  nf^onMàtur  .^qumàm 

V  D 


K' 


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SÏÏ-À 


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Tcrtnce  A- 

l*  le.  $•  ▼. 

*4' 


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S 


niélifpidojkis  effet  y  fcn  apols  pour  nourir  tbu^ 
te  la  ville  :  6c  delà  oft  venu  qubn  a  dit  ^p« 
fA/o  adverbialement,  pour  beaucoup  $  èiW  m 
confiutkdmem  venit  ut  dicerétuTy  6ppido/»ro  valdè, 
multùm.  F^us.  V.  Oppido 

Dont  vient  de  imdè ,  ou.  plutôt  de  de  undè^ 
comc  nous  difons  delà^  dedans,  Aiiquid  déderis 
ÉndèutâtHr^  donez  lui  un  peu  d'argent  f^ont-il 
puiflc  vivre  en  le  mctant  à  profit  :  ce  mot  ne 
fe  prend  plus  aujourd'hui  dans  fa  fignification 
primitive  5  on  ne  dit  pa$  la  ville  dont  je  viens  ^ 
mais  dtoà  je  viens, 

;  Frûpinàre ,  boire  à  la  faute  de  quelqu'un ,  ell 
un  mot  purement  grec,  qui  veut  dire  à  la  lec 
tre  boire  le  premier.  Quand  les  anciens  vou-' 
loient  exciter  quelqu'un  à^^ire ,  ôc  faire  à 
pou  près  à  fbn  égard  ce  que  nous  apelons  boi- 
re à  U  fonte  7  ils  prenoient  une  coupe  pleine  àf 
vin ,  ils  en  butoient  un  peu  \cs  premiers ,  6c 
enfuite  ils  j>rcfentoient  la  coupe  à  celui  qu'ils 
Youloient  exciter  à  boire.  ^  Cet  ufâge  s'eft 
confervc  en  Flandre  «  en  Holaûde ,  6c  dans  le 


*  H!c  Regdu  ^Tcm  gemmis  aurique  popâfcit  . 

Ilbpkticqiu  mero  pAteram.  .  » • 

wmmmm  ^  iji  otmiÀm  Uticum  liUrii  hua^Km  , 
Primâque  Ubîco  fummo  cenus  itùôt  ore  : 
Tarn  ltd«  dédit  incréf  ittns  ;  iU<  im^i^r  haufit 
jjwiinénrfm  pàitsam  ,  *  pkao  fk  pcâiuc  «tto.  Jùh  I*  7}%% 


-\ 


Ï^A   tATACftkÊsk     ^t 

Kord  :  on  fait  Teflai,  c*cft-à-di^  ,  qu'âvàrtt 
que  de  vous  préfenter  le  vafe  ^  on  en  boit  un 
ï>cu ,  pour  vous  marquer  que  vous  pouvez  en 
boire  (ans  rien  craindre.  Delà ,  par  cxtcnfion  * 

par  imitation  ;  on  s'eft  fervi  de  propinare  pour     , 
iivnrquelqnun  ,  U  trahir  pour  faire  pîaifir  à  $m  au- 
tre i  le  UvreTy  le  <hn€r  comt  on  done  la  coupe 
à  boire  après  avoir  fait  i'eflai.    Je  voms  le  U-'    . 
^re  y  dit  Tcrencé,  en  fe  fervant   par  cxtcn- 
fion  du  mot  propino ,  moqut'S^^vpus  de  lui  tamquU  '^^^-    ^«n- 
Hfous  flaira ,  hune  vobis  deridéndum  propino.   ^c  irni/tc 

Nous  avons  vu  c*  ns  la  cinquième  par-  ^ 
tie  de  cette  Grammaire,que  la  prcpo(ition  fu- 
plcoit  aux  raports  qu'on  ne  fauroit  marquer 
par  les  terminaifons  des  mots  5  qu'elle  mar- 
quoit  un  raport  général  ou  une  circonftance 
générale ,  qui  étoit  enfuite  déterminée  par  le 
mot  qui  fuit  la  prcpofition  :  ^ 

Or ,  ces  raports  ou  drconftanccs  générales 
font  prefque  infinies ,  ôc  le  nonibre  des  pré- 
positions eft  extrêmement  borné  4  niais  pour 
fupléer  à  celles  qui  manquent,  on  done  di- 
vers ufagcs  à  la  même  prépofition. 

Chaque  prépofition  a  fa  première  ûgciiR- 
cation  >  elle  a  Qi  deftination  principale ,  (oiv 
premier  fens  propre  )  ⣠ enfUite  par  extcnfion, 

J^imâCAiion^parabus^en  un motpar  caca>^ 
«.  Dij        ' 


x,-y' 


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;|t  ^)B'A  CATâ  CURES E. 
ditèiê,  on  la  ait  fèrvir  à  marquer  d*aatres 
raports  qui  ont  quelque  analogie  avec  la  def- 
dnation  principale  de  la  prépofîtion  ,  àc  qui 
font  iufifamment  indiqués  par  le  fens  du  mot 
qui  eft  lié  à  cette  prçpoiîtion  >  par  exemple  : 
■  LiTprépofition  in  eft  une  prcpofition  ^ 
Jiçu,c*eft-à-<iire ,  que  fon  preMer  ufàge  eft  de 
marquer  la  circonftance  gçiiérale  d'être  dans 
un  lieu  :  Céfar  fut  tué  dans  le  finat  »  mrer  dans 
me  maifon  ,  ferrer  dans  une  caffette. 

Enf^îte  on  contidère  par  métaphore  les  di- 

icrentes  fituations  dé  Tefprit  &  du  cj)rp^,  les 

diférens  états  de  la  fortune ,  en  un  mot  les 

diférentes  manières  d  être  ,  corne  autant  de 

lieux  où  rhome'  peut  fe  trouver  >  &  alors  on 

dit  par  exteniîon ,  être  dans  la  joie ,  dans  la  crain- 

Uy  dans  lé  deffein ,  dans  ia  bone  oh  ions  la  mauvaife 

finune  ,  dans  une  parfaite  fanté ,  dans  le  defordre 

dans  fépée'j  dans  la  robe  ,  dans  le  doute ^  àCQ. 

~  On  £ç  Çex%  aufiî  de  cette  prépeiTtiôn  pour 

marquer  le  tems  :  c'eft  encore  par  extenfion, 

par  imitation  s  on  cQnfidère  le  tems  come  un 

lieu ,  noh  me  in  tkmpore  hoc  videat  fenex  ^  ceft  le 

dernier  vers  du  quatrième  ade  de  l'Andiiène 

dcTérence. 

<UU  ic  $bi  font  des  adveJ|>e'S'  de  lieu  7  on  les 
Mt  ktvit  aufli  par  imitationpour  marquer  le 


tems  y  h 
dits  y  ap 

jnr^afiij 

dcr  vot 

Onp 

les  autre 

bre  d'au 

»Lap 

^^»gcau, 

»  de  lieu 

»  marcher 

»  maitre  > 
Enfuii 
cheflès  ^ 
.  par  imj 
après  fa  L 
»  Âprh 
»  par  un 
»  lieu  à  c 
)>  ques. 
»trc,  il 
demitin , , 

m  Ce 
^fage  r/2| 
»ler  onl 
»  Lç  Tit 
»peiai 


LACATAC^RÉSE.    if 

tcmSyhac  uti  é^y  après  que  ces  mots  fuient 
dits ,  après  ces  paroles.  Non  tu  ibi  natum  ^  (  ob^ 
jurgajïij  n  alâtcs^vous  pas  fur  le  champ  gron- 
der votre  fils  ?  ne  lui  dites-vous  rien  alors  \ 

On  peut  foire  de  pareilles  obfervations  fur 
les  autres  prcpofijions ,  &  filr  un  grand  nom- 
bre d'autres  mots.  * 

»  La  prépofition  après.dit  M.  TAbé  de  Dan- 

^»gcau  ,  *  marque  premièrement  poftériorité 

»  de  lieu  entre  des  perfones  ou  des  chofes: 

»  marcher  après  quelqu'un  \  le  valet  court  apra  fin 

»  maître  y  les  Confeillers  fint  affis  après  Us  Prèfidens. 

Enfuite ,  con^dcrant  les  lioneurs ,  les  ri^ 
che(res;&:c ,  corne  des  êtres  réels,  on. a  dit 
par  imitation ,  courir  après  tes  honeurs  yfiupirer 
après  fa  liberté. 

»  Apres ,  marque  auflî  poftériorité  de  tcms, 
»  par  une  efpcce  d  extcnfion  de  la  quantité  àé 
»lieuàcelledetems.  Pierre  eft  ariyé  après  Jac^ 
»  ques.  Quand  un  home  marche  après  un  au- 
»  trc,  il  arive  ordinairement  plus  tard  ;  après 
demain  ,  apûs  dmé ,  6cc, 

uCe  TahUau  ffi  fé^i après  U  Titien.   Ce  pa^ 

^f^ge  eft  fait  iPaprès  nature  :  ces  foçonsdc  par- 
nier  ont  raport  à  lia  .poftériorité  de  tcms: 
»  Lç  Titien  avok  feit  letablcau  avant  que  le 
•  pcînuc  le  copiât  $  la  luturc  avoit  forme  1« 


V.  8f. 

TércBce; 
Andr.  A<i; 
I.  fc.    1.  f^ 
111. 


*FcuiIIô  vol 
lance  fut  la 
prépo^cioa 
Mfrh. 


# 


'     -H, 


.— -^ 


y\ 


« 


iP.i 


m- 


IW.L.V. 
Trad.     p. 

Rem.    p. 

478. 

HciodXa. 


Pline,  L,  7. 

€.60. 


fi|>âyfagç  avant  qètc  le  peintre  le  repréfcntat. 
Ceft  ainfî  que  les  prcpcifitions  latines  «  &r 
fub  marquait  aiifll  le  tems ,  corne  je  1  ai  £iit 
voir  en  parlant  de  ces  prépofîtîons. 

»  Il  mcfemble ,  4^'  M.  TAbc  de  Dangeau, 
»  cjuil  fèroit  fort  utile  de  fairç  voir  cornent 
»  on  eft  venu,à  doncttous  ces  divers  ufages  à 
»un  ménlemotî  ce  qui  eftcdmunà  laplu- 
»  part  des  langues. 

Le  mot  âiheurcs  op«e,  n*a  fignifié  d'abord 
que  le  tems  >.  enfeitc  par  extenfîon  il  a  iigni- 
fic  les  quatre  fâifons  de  Tannée.  Lorfqu  Ho- 
mère dit  que  defuis  k  comencemçnt  des  tems  les 
'f.H  lires  veillent  à  la  garde  du  haut  Olympe ,  &  que 
le  foin  des  portés  du  ciel  leur  eft  confié  ,  Madame 
Dacicr  remarque  qu  Homère  apèle  les  heures  . 
ce  que  nous  apelons /w/oi/ôw.  - 

Hérodote  dit  que  les  Grecs  ont  pris  des  Ba- 
biloniens  lufage  de  divifer  le  jour  en  douze 
parties.  Les  Romains  prirent  enfuite  cet  ufa- 
ge  des  Grecs,  il  ne  fut  introduit  chez  les  Ro- 
mains qu'après  la  première  guerre  punique: 
ce  fut  vers  ces  tcms-là  que  par  une  autre  ex- 
tcnfionron  dona  le  nom  d*/?ciwf  5  aux  douze 
parties  du  jour  ,  6c  aux  douze  parties  âc  la 
nuit  >  celles-ci  ctoient  divifèes  en  quatre  vcil- 
k&V  <^^t  chacune  comprcQoit  trois  hmies* 


V.4. 


LA  C  ATAC  HRE^SE.       fj 

Dan>  le  langage  de  TEglife  ,  les  jours  de 
la  fcnuinc  qui  fuivcnt  le  dimanche  font  ape- 
Ics  ferics  par  extenfîon. 

Il  y  avoit  parmi  les  anciens  des  fétës  &:  des 
fériés ,  les  fêtes  croient  des  jours  Sokmnels  où 
Ton  faifoit  des  jeux  &:des  facrifices  avec  pom- 
fe  :  les  fériés' étoient  feulement  des  jours  de 
repos  où  Ion  s'abftenoit  du  travail.  Feftus 
prétend  que  ce  mot  vient  à  feriéndis  vi£iimis. 

L'année  chréticne  començoit  autrefois  au 
jour  delPâques  ;  ce  qui  étoit  fondé  fur  ce  paf- 
fage  de  S.  Paul  ;  ^uomodb  Chnflus  nfuMxlt  à  ^om^ 
mortuis ,  îta  &  nos  in  novhâtc  vitx  ambulémuSi 

L'Empereur  Conftantin  ordona  que  Ton 
s'abftiendroit  de  toute  oeuvre  fèrvile  pendant 
la  quinzaine  de  Pâques  ,  &  que  ces  quinze 
jours feroient /ma  :ccla  fut  exécurédu  moins 
pour  la  première  femaine  5  ainfi  tous  les  jours 
de  cette  première  femaine  furent  furies.  Le 
lendemain  du  dimanche  d'après  Pâques  fut 
la  féconde  férié  >  ainfi  des  autres.  L  on  dona 
cnfuitc  par  cxtenfion ,  par  imitation ,  le  noi^ 
de  fme  féconde ,  troiftéme ,  quatrième  ,  &;c ,  aux 
autres  jours  dzs  femaines  fuivantes ,  pour  évi- 
ter de  leur  doncf  les  noms  profanes  des  Dieux 
desipayens. 

Ccft  ainûquc  chez  les  Juife  ,  le  nom  de 

r  Diii) 


€i 


^ 


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>> 


\0{fabhatum)  qui  fîgnîfic  rtfos ,  fut  donc  ai» 
jféptiémje  iour  <fc  la  femâinc ,  en  mémoire  do 
ce  qu'en  ce  jour  Dietf  ic  rcpofà,  pour  ainfl 
dire ,  en  ceflknt  de  créer  de  nouveaux  êtres  : 
enfuite  par  extcnfion  on  dona  le  même  nom 
à  tous  les  jours  de  la  fcniaine ,  en  ajoutant 
premier ,  fécond  y  troifiémeyôcc,  prima,  fecunda^  Ôcc , 
fabbatorum,  Sàbhatum  fe  dit  aufli  de  la  femaiiie. 
On  dona  encore  ce  nom  à  chaque  feptièmc 
année ,  qu  on  apela  année  fahatique ,  &c  enfin  à 
Tannée  qui  arivoit  après  fcpt  fois  fcpt  ans.  Se 
cetoit  le  jubilé  des  Juife  5  tems  de  rcmiflîon, 
àc  reftitution ,  où  chaque  particulier  rentroit 
dans  Tes  anciens  héritages  aliénés,  6ç  où  les 
çfclaves  dcvenoient  libres. 

Notre  verbe  akr  fignifie  dans  le  ïèns  propre 
fi  tnmjpofier  d'un  lieu  à  un  autre  :  mais  enfuite 
dans  combien  de  fcns  figurés  n'e(b-il  pas  em- 
plo)^  par  extenfîon  !  Tout  mouvement  qui 
aboutit  à  quelque  fin  j  toute.maniére  de  pro- 
céder ,  de  iç  conduire ,  d  atcindre  à  quelque 
but  5  enfin  tout  ce  qui  peut  être,  comparé  à 
des  voyageurs  qui  vont  enfemble ,  s*exprime 
par  le  verbe  aler\  je  vais ,  ou  je  vas  >  aler  àfesfiu^ 
tUfrdroitM  but  :  il  ira  loin ,  c'eft-à-dire ,  il  fera 
fie  grands  progrès ,  aler  étudier^  aler  lire ,  d:c. 

Devm  vci|t  dite  dans  Iç  icas  proprç  Ait 


i>f  CATACHRESE.       st 

Mgèpar  les  loixàpayerou  i  faire  quelque  chofe  : 
on  le  dit  cnfuitc  par  cxtçnfion  de  tout  ce. 
qu'on  doit  feire  par  bicnfeancc,  par  politcflc, 
nous  devons  aprendrc  ce  que  nous  devons  aux  au^ 
très  &  ce  que  les  autres  nous  doivent. 

Devoir  fc  dit  encore  par  extcnfion  ^c  pe  qui 
arivera ,  corne  fi  c  étoit  une  dette  qui  dut  çtrc 
payée  :  ]e  dois  fortir  :  inflruijhxfvous  de  ce  que  voifs 
êtes ,  de  ce  que  vous  nétes  pas ,  &  de  ce  que  vous 
dtvex,  être ,  c  cft-à-dire ,  de  ce  que  vous  ferez  > 
de  ce  à  quoi  vous  êtes  deftiné; 

Notre  verbe  auxiliaire  avoir ,  que  nous 
avons  pris  des  Itafiens,  vient  dans  fon  origine 
du  verbe  hahére ,  avoir ,  poffeder.  Céiàr  a  dit 
qu*il  envoya  au  devant  toute  la  cavalerie 
qu'il  avoit  affemblée  de  toute  la  province, 
quem  coaBum  habèba$^  Il  dit  encore  dans  le  mê- 
me km  avoir  les  fermes  tenues  à  bon  marché ,  c  cft- 
à-dire  ,  avoir  pris  les  fermes  à  bon  marché ,  les  tenir 
à  bas  prix.  Dans  la  fuite  on  s'eft  écarté  de  cette 
fignification  propre  d*avoir,  &:  on  a  joint  ce 
verbe  par  métaphore  &  par  abus,  à  un  fupin^ 
un  participe  ou  adjedifîce  font  des  termes  ab- 
ftraits  dont  on  parle  eome  dé  chofes  réelles  : 
amâviy  j'ai  aimé,^i^eo  amàtumy^Siimé  eft  alors  un 
flipin^un  nom  qui  marque  le  fêntiment  que  le 
Yerbc  figniâe  >  je  poflede  le  ientimcnt  d*ai- 


( 


Câfsr  pPà^ 

ff>$/ît  eqtUm 

tatum  Mv- 

nem  qutm 

ex  »mui 

fr9vimc$À. 

çtÀHum 

Cxfar  d^ 
bello  GilU 
co«  L.  I. 
VedigÀlim 
pMfvo  pri' 
tio  ridttn'^ 
ftm  hmtérè» 
Idem  ibid* 
Noftram  a- 
dolefcén. 
cùmliabciil 
dcfpidiMin, 
Ter,    Eun, 
Aft.z.fc.  3^ 


:i  ■ 


^^' 


-  -      -A  ■■      •"■".' 

^A  C4TACHRESE. 
Met ,  ccpie  un  autre  poficde  ià  montre.  Ovt 
cft  fî  fort  açoutumc  à  CCS  Êiçons  de  parler^ 
qu'oii  ne  fàtit  plus  atcritiôn  à  Taiiciène  fîgnifi- 
cation  propre  d'avoir  5  on  lui  en  donc  une  au- 
tre qui  ne  fîgnifie  avoir  que  par  figure,  &:  qui 
marque  en  deux  mots  le  même  fens  que  les 
Latins  cxprimoient  eti  un  feul  mot.    Nos 
Grammairiens  qui  ont  toujours  raporté  notre 
Granlmairc  à. la  Grammaire  latine,  difent 
qu'alors  avoir  eft  un  verbe  auxiliaire ,  parce 
qu  il  aide  le  fupin  ou  le  participe  du  verbe  à 
marquer  le  même  tems  que  le  verbe  latin  fl~ 
gnific  en  lîn  fèul  mot.  ^ 

^tre  \  avoir  y  faire ,  font  les  idées  les  plus  {im- 
pies, les  plus  comunes,&  les  plus  intéreflan- 
.  tes  pour  rhome  :  or  les  homes  parlent  tou- 
jours dcitout  par  comparaifon  à  eux  mêmes; 
delà  vient  que  ces  mots  ont  été  le  plus  dé- 
tournés à  des  ufages  diferens  :  être  ajjisy  étre{^ 
aimé^  &C.  avoir  de  tardent ,  avoir  peur^avoir  bon- 
te  y  Mir  quelque  chofe  faite,  &C  en  moins  de 
mots  avoir  fait. 

•  Déplus,  les  homes  rcalifcnt  leurs  abftrac- 
îions  i  ils  en  parlent  par  imitation ,  corne  ils 
parlcpt  des  objets  réels  ;  ainfi  ils  fe  font  fer- 
vis  du  mot  avoir  tn  parlant  de  chofes„  inani- 
mées &  de  chofes  abftraitcs.  On  dit  cm  viUi 


LACATACHRESB.      ï> 

éàeu^  Ikuts  de  tour ,  cet  owurage  a  des  Mfauts  %  Us 
palpons  ont  leur  ufage  h  il  adetefpritydadeUver"^^^ 
n»  .•  &  cnfuite  par  imitation  &  par  abusÇî/  a 
aimé  Jla  lu  \  &CC.  ^ 

Remarquez  en  paflÊint  quc'Ie  verbe  4  eft 
alors  au  prjéfent ,  &c  que  la  fignificatioh  du 
prétérit  n*c^  que  dans  le  fupin  ou  participe. 
On  a  fait  auflî  du  mot //un  terme  abftrait  qui 
rcpréfente  une  idée  générale ,  Fctre  en  géné- 
ral î  il  y  a  des  homes  qui  difcnt ,  Uludquod  e/î, 
ibi  hahet  homines  quidicunc^  dans  la  bone  latini-  ^ 
té  oh  prend  un  autre  tour ,  corne  nous  l'a- 
vons remarqué  ailleurs. 

Notre  il  dans  ces^ façons  de  parler  répond 
au  n?j  des  Latins  :  Prôpiks  metumresf itérât  ^Iz  T.LivLL.i: 
chofe  avoir  été  proche  de  la  craime  :  c'eft-.à-  ^  ^^" 
dire,  il  y  avoir  eu  fujet  de  craindre.  Resitafe 
hahet\  il  efl  ainfi.  Res  tua  àgitar /i\  s'agit  de 
vos  intérêts,  &c. 

Ce  n  cft  pas  feulement  la  propriété  étavoit 
qu  on  a  atribuéc  à  des  êtres  inanimés  &  à  des 
idées  abftraites ,  on  leur  a  auilî  atribué  celle 
de  vouloir  :  on  dit  cela  vem  dire ,  au  lieu  de  cela 
figaifie  S  un  tel  verbe  veut  un  tel  cas  h  ce  bois  ne  veut 
fas  brûler  i  cette  clé  ne  vem  pas  tourner ,  &c.  Ce$ 
&çons  de  parler  figurées  font  fi  ordinaires  / 
qu'on  ne  s'aperçoit  pas  même  de  la  figure. 


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W»     LA    CATACHKESE: 

^  Xa  fi^iâcation  de^mots  ne  leur  a  pas  itè 
donée  dans  une  ailèmblée  générale  de  chaque 
peuple ,  dont  le  rcfultat  ait  été  fignifié  à  cha* 
que  particulier  qui  éft  venu  dans  le  mondé  > 
cela  s  cft  6it  infenfîblcmcnt  &  par  1  éduca- 
tion :  les  enfons  ont  lié  la  fîgnification  des 
mots  aux  idées  que  lufage  leur  a  fait  conoi- 
trc  que  ces  mots  iignifioient. 

I-  A  mefure  qu* on  nous  a  doné  du  pain, 
&  qu'on  nous  a  prononcé  le  mot  ^ain  s  d'un 
côté  le  pain  a  gravé  par  les  yeux  fon  image 
dans  nôtre  cerveau ,  &  en  a  excité  Tidée  :  d'un 
autre  côté  le  fon  du  mot /?4m  a,£iit  auflî  foa 
impreflion  par  les  oreilles ,  dÉforte  que  ces 
^  deux  idées  acceflbires ,  c'eft-à^l|fç ,  excitées 
en  nous  en  même  tems ,  ne  fauroient  fc  ré- 
veiller (eparément  fans  que  l*unc  excite  l'au- 
tre. 

2.  Mais  parce  que  la  conoiflance  des  au- 
tres mots  qui  fignifîent  des  abfbadions  ou 
des  opérations  de  reJ[|>rit ,  ne  nous  a  pas  été 
dxi;iée  d  une  manière  aufli  fenûblcs  que  d'aiU 
leurs  la  vie  des  homes  eft  courte,  &:quils 
font  plus  ocupés  de  leurs  befoins  &:  de  leur 
bien  être ,  que  de  cultiver  leur  efprit  &  de 
perfedioner  leur  langage  >  corne  il  y  a  tant 
de  variété  ^  d*inconftancc  dans  leur  fitua^ 


« 


» 


'la  CATACHRESE.  6t. 
tion ,  dans  Icut  état ,  dans  leur  imagination^ 
dans  les  difércntcs  relations  qu  ils  ont  \cs  uns 
avec  les  autres  >  que  par  la  dificultc  que  les 
homes  trouvent  à  prendre  les  idées  précifes 
de  ceux  qui  parlent ,  ils  retranchent  ou  ajou- 
tent prefque  toujours  à  ce  qu  on  leur  dit  > 
que  d  ailleurs  la  mémoire  neft  ni  aflez  fidèle 
ni  aflez  fcrupuleufe  pour  retenir  àc  rendre 
exadement  les  mêmes  mots  &  \ts  mêmes 
fons ,  &  que  les  organes  de  la  parole  n  ont 
pas  dans  tous  les  homes  une  conformation  a(^ 
fez  uniforme  pour  exprimer  les  fons  précife- 
ment  de  la  même  manière  >  enfin  come  les 
langues  ne  font  point  aflez  fécondés  pour 
fournir  à  chaque  idée  un  mot  précis  qui  y 
réponde  :  de  tout  cela  il  eft  arivé  que  \çs  en- 
fans  fe  font  mfeQfiblement  écartés  de  la  iha* 
nière.de  parler  de  leurs  pères ,  come  ils  fc 
font  écartés  de  leur  manière  de  vivre  &  de 
s'habiller  >  ils  ont  lié  au  même  mot  des  idées 
diférentes  &:  éloignées ,  ils  ont  doné  à  ce  mê- 
me mot  des  fignifications  empruntées^  &  y 
ont  ataché  uii  tour  diferent  d'imagination  i 
ainfi  les  mots  n'ont  pu  garder  long-tems  une 
fimplicité  qui  les  rcfl:raignit  à  un  feul  ulagcî 
c  eft  ce  qui  a  caufé  plufieurs  irrégularités  apa* 
rentes  dans  la  Grammaire  &  dians  le  régime 


V-' 


r 


*         Sr 


\ 


tA  CATACRÈ.BSE. 
nitMs;  on  n^ea  M(it  i»mdi»«ur<»k^  par 
tet  condflàtice  cfe  feuf  ircmièie  origine>  5^ 
de  récafl,  pour  âinfî dire, qu'un  mot  a  fait  de 
û  ptftnûèié  fighïRcâtion  &:  de  fon  premier 
uiàgc  :  aiflfî  cette  figure  mérite  une  atention 
particulière  >  elle  règne  en  quelque  forte  fuit 
toutes  tes  autres  figures. 
'  Av^t  que  de  finir  cet  article',  je  croi^  qu1l 
rfcft  pas  inutile  d  obferver  que  la  catachrèfc 
û'eft  pas  toujours  de  la  même  efpccè. 

I.  Il  y  a  la  catachrèfc  qui  fe  feit  lorfqu^oit 
f  donc  à  un  mot  une  fignifieation  éloignée  > 

qui  n'eft  qu'une  fuite  de  la  fignification  pri- 
itutive  :  ccft  ainfî  quc/ucciiriwT  fignifie  aider, 
Iccourir  ^  fèten ,  àtaquer  :  Ammadvértere ,  pu- 
nir :  ce  qui  peut  fbuvcntïtre  raporté  à  la 
]iiétakp(e>  dont  nous  f  arlerons  dans  la  fuite. 

II.  La  féconde  efpéce  de  catachrèife  n*e(t 
proprement  qu'une  forte  de  métaphore ,  c'eft 
lodqu'il  y  a  imitation  de  comparaiibn ,  corne 
quand  on  dit  ferrer  ttargmt  ,  fernUe  de  pa^ 
pkr.ôcc, 


W 
V 


V 


H 


mm 


CÀ'J 


II. 


La  Métonymie. 

T  E  nîot  de  Mèi^onymc  fîgnific  tranfpofition 
-*-'  ou  changement  de  nom ,  un  nom  pour 
un  autre.  / 

En  ce  fens  cette  figure  comprend  tous  les 
autres  tropes  j  car  dans  tous  les  tropes ,  un 
mot  n  eunt  pas  pris  dans  le  Ç^tis  qui  lui  eft 
propre ,  il  réveille  une  idée  qui  pôuroit  être 
exprimée  par  un  autre  mot.  Nous  remar- 
quêtons  dans  la  fuite  ce  qui  diftinguç  propre* 
ment  la  métonymie  des  autres  tropçsi 
.  Les maitres de  lart  reftraignent  la  méto- 
nymie aux  ufàges  fuivans. 

i.TLa  cause  pour  l*£  F  e  t  ;  ^ar  exem- 
ple :  vivre  de  fon  travail ,  c*cft-àkiire ,  vivre 
dç  ce  qu'on  gagne  en  travaillant. 

Les  Païens  regardoient  Ccrès  come  lâ 
Déeflc  quiavoit  £iit  fortir  le  blé  de  la  terre , 
&:  qui  avoit  apris  aux  homes  la  manière  d*cn 
&ircdu  pain  :  ilscfoioieht  que  Bacchusétoit 
le  Dieu  qui  avoit  trouve  Tufagc  du  vin  5  ainfi 
ils  donoient  au  blé  le  nom  de  Cérès ,  &  au  vin 
le  liom  de  Bacchus  $  on  en  trouve  un  grand 
tbmbre  d'exemples  dans  les  poctc;»  :  Virgile 


Mtrên/fum, 
Change- 
ment   de 
nom     <iê 

dans    la 
compofî- 
cion    mar- 
qncchaoge^ 
ment,  &  éê 


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X. 


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V 


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^^  jËB.  ^Icok.  Implémut  "oturis  iaçcbi.  Madame  del 
M^ff.uf'  HouiMcesaÊûtunebaladecfentlerefiretncâ^ 

L'amour  languit  fans  Bacchus  8c  Cèrès. 

é*cÔ:  à  traduôion  de  ce  t>aflàgc  de  Tèrei^ce^ 
/bf  Céiwr  cSr  Uhtrofnget  Venus.  Ceft-à-dirc, 
'^iSU^.  Œ^oa  ne  fongp  guère  à  faire  Fambur  quand 
on  n'a  pas  dequoi  vivre.   VirgUç  a  dit  r 

*        /  w  irim  Ctercm  corruptam  undis  ccrcali^ua  arma 
Exp^diunt  fcfli  rcrumv  • . 

Scàrrbn',  dans  (a  tra4uaion  burlefque ,  fe 
tot  d  abord  de  la  rticme  figure  >  mais  voyant 
bien  que  cette  feçon  de  parier  ne  feroit  point 
attendue  en  notre  langue,  il  en  ajoute  l'e»- 
plication: 

Lors  fut  des  vaiflcaux  dcfcendue 
Toute  la  Cérès  corompuc  ;  '       '' 

En  langage  un  peu  plus  humain  ^ 
C'cft  ce  dequoi  Ton  fait  dtf  pain. 

Ovide  a  dit  /qu'une  lampe  prête  à  s'étein- 
dre fe  ralume  quand  on  y  verfe  Pallas,  ^  c  eft- 
i-dirc  de  l'huile ,  ce  flit  Pallâs ,  félon  la  Éiblc, 

^  Ciyi»  •!»  all^mit  Aniuu  luy  motibAïuit  rcniit       - 
j^tnffU>Mi  mt4itUimmUf^  Ovii.  Txift.X.  if- 

*•«•"•*•       :.      -  ..  qui 


li   ir„-:  'V-" 
I".:.  ~, 


-*'■ 


ocanon  l 
iVir^tra- 
9cftk  L*  I* 


&eri&i] 

k^ainfi 

Bacchu 

Onn 

ËLçonsd 
'  ganifmt 
préfidoi 
vcnteur 
cainpo 
avec  ta 

vas-tu  \ 
une  xoi 
corcati 
lant  pa 
unemé 
fe  fert  d 

vin  doi 

« 

Autd 

Ncpt 
Dieu  d 
guerre 

«tpo 
favapt 

lèatfo 


V. 


£ji  MàrpnTMtE: 

|^Iij>remièrefitrortirrolivierdelatetiei  . 
&'eii&igna  aux  homes  l'art  de  £Ure  4c  l'huit 
le  ;  ainfî  Palks  fe  prend  pour  Thuile ,  come        < 
Bacchus  pour  le  vin. 

On  raporte  à  la  n^cmc  cfpèce  de  figure  les 
ËLçons  de  parler  où  le  nom  des  DjeUx  du  Pa- 
'  ganifme  fe  prend  pour  la  chofc  à  quoi  ils 
préfidoient ,  quoiqu'ils  n'en  fiiflicnt  pas  les  in- 
venteurs :  Jupiter  fe  prend  pour  Tair,  Vul-- 
cain  pour  le  feu  :  ainfî  pour  dire ,  où  vas-tit 
avec  ta  lanterne  \  Plaute  a  dit ,  ^Hoàndtukt  pUut, 
t»  ,  aui  VulcÀnmn  m  corm^conclkfiamgerisY   Où  Amph-Aée; 

«  I  •    IC*  g  I  «  ^* 

vas-tu  toi  qui  portes  Vulcain  enferme  d^ns  iij. 
une  .corne  J  ttViTgiXt  JuritVulcanus  h  ^çn-  jEn.  |.  li. 
corc  au  premier  livre  des  Gcorgiqucs ,  vou-  '^*' 
lant  parler  du  vin  cuit  ou  du  refîné  que  Eût  • 

une  ménagère  de  la  campagne ,  il  dit  qu'elle 
fe  fert  de  Vulcain  pour  dUfîper  l'humidité  du 
vin  doux. 

Aut  dolcis  mufU  Vulcano  d jcoquit  lium6rcm.^ 

Neptune'  fe  prend  pour  la  mer  ;  Man  Je 
Dieu  de  la  guecre  fe  prend  foUvent  pour  ht 
guerre méme^oupoor  Iaft>rtuiiedelaguer-« 
re  ^  pour  révénemoit  des  combats ,  raideur^ 
TaYaptage  des  combacam  :  Les  hiAoriensdi^ 
feat  fimycac  qu*oa  acûmbatu  avec  un  Maa 


Georg.  i.?J 


.   —• 


/ 


Bi'  '* 


i"^! 


^m- 


't' 


w  ;ivao^»»P  «gai  »  ^»€if<^  ^^*^^  >  ^^^  ^ 
<iiçc^  dpmWK  ;  ykmMéou  ♦  quand  Faya»* 
tàgccft  tantôt  d'Un  côté  U  untot  de  Tautirç, 
iCfAwcQfBCJJrcndrc  l^pufc  pour  l'cfet  que 
lijB  4iire4*(iQ  Qéncral  œqus  à  la  lettre,  nç  doit 
Itfcxntcndu  qut  de  fon  annpe  »  |1  en  cft  de  f 
ipgxne  loriqu  on  donc  le  npm  de  Tautcur  à   * 
lie»  Quvragçs  :  Il  a  lu  Ciccron,  Hoi;ace,  Vir-. 
iplç  5  c'cft  -  à  -dire , ,  to  ouvragci  dç  Cicc* 

3£fus-Chj;ift  lui-mcn^e  s'cft  frrvi  de  là  mé- 
tonymie en  ce  icns ,  loriqu  il  a  ,dit  ,wparlant 
Uc.cm,  dc3  Juifirvils  ont  Moifc^  les  prophètes , 
ç'ctt-à-dire^  ils  ont  te  Uvrcs  de  Moitié  &  ceux 
desprophites.  •■'■,': 

\  On  donc  fouvttit  le  nom  de  l'ouvrier  % 
Couvra^p:  VOfi  dit  d'un  drap  que  c*cft  un  Vath 
RobaiSyUnRoiijfcaiê  ,  un  P^pw»,  c'çfihà-dirc, 
un  dr^p  de  la  mj^u£à&\irt  de  Van^B^oba^s, 
ou  de  celle  de  Rouiïeau  ,  &c.  Ceft  ainfi 
qioa  donc  le  nom  du  peiftcrt  au  ta61«H|  : 
on  dit  f  ai  TU  im  beau  J(€i»iMNt ,  potir  4iÎ!6 
lin  Ixau  abkau  £iit  par  le  lleabrant.  On 
'^d'un  cuikitteneftâoqws,  ipi'â  atmgrand 
nomim  de  C^U^  .c^dk-à-diBe ,  nn  gtand 


m^h 


'■•«,.,.'/',, 


X 

%n  ti 

triàrchc 
qucr  to 
lantdu 
compar 
)»quiréj 
»expl6i 
Au  ii 
Vent  A\ 
fcrt  à  k 
quuné 
kscâra 
bette  mm 

'  JLzp 
étYEc 
pofitioi 
laman 

ture& 
Flmm 

quiéci 

'  StUt 
dnnpri 

ttetU 


.^ 


'^^iicitmve  (bavent  dam  rEcriturc  SdUnm 
iaeobytfrael  y  JmU  ,  ^  font  d<ls  noms  dé  Pa*^ 
triàrchei  ,)>ris  àam  un  l^n^  étenàu  pour  maiv. 
qucr  tout  te  Peuple  Juif.  M.  FIcchier ,  par-' 
lant  daiàge  &  vaillant  Machabée, auquel  il 
compare  M.  de  Turène  ,  â  dit  »  cet  home  (SniTofift: 
»qui  réjodiffoit  Jacob  par  les  vertus  &  par  feif  3^*"?,^ 
«exploits.  «  Jacoh ,  deft^-dire  le  Peuple  JuiC 
Au  îieu  du  nom  de  Téfet  y  on  te  fett  fou« 
vent  du  nom  de  la  caufe  inftmmentàte  qui 
iêrt  à  le  produire  !  ainfi  pour  dire ,  que  quel^ 
qu'un  écrit  bien ,  c*eft-à-dire ,  qu*il  forme  bien 
les  caraôèrcs  de  1  écriture  >  on  dit  quV/  a  mtt 
heite  mam, 

>  La  ptme  ttt  auffi  une  caufe  infonmentate 
def  rEcriture ,  &  par  conféqi^ent  de  la  com« 
pofition  ;  ainfî  fimte  fc  dit  par  métonymie  dé 
la  manière  dé  former  les  caraâèresde  récii» 
tttie  St  de  la  manière  de  compoiet. 

Fimm  fc  piend  auffi  pour  Fauteur  même, 
i^f  itm  koneplme ,  c'eft-à<dire ,  c*eft  un  auteot 

tfnécikbkntc'élihièdeHùsmitkumfimi^ 
i^eft^-due  y  on  de  nos  meilleurs  aatear& 

^  «fiîAr  %nifié  auffi  par  figure  la  nunièt» 
dTcxprimer  les  penfies^ 

V/Z^  anciens  avoisnt  deux  manières  de  foré 

mec  kt  cotaâères  dt  fcaitute  i  Fiine  êtoic 

■  Eii     ,    ^^ 


( 


^^ 


/ 


% 


If^  MErONJMfE.- 
y^n  peignant  les  lettres  ,  ou  fur  des 
&uill&d  arbres  y  ou  fur  des  peaux  préparées, 
ou  fur  la  petite  membrane  intérieure  de  Té- 
corce  de  certains  arbres  -,  cette  membrane 
s'apèle  en  latin  liber ,  d'où  vient  livre, \  ou  fur 
de  petites  tablètes  faites  de  Tàrbriflcau  p^py- 
ms ,  ou  fur  de  la  toile  ,  &:c.  Ils  écrivoient 
alors  avec  de  petits  rofcaux ,  ôc  dans  la  fuite 
ils  fè  fervirent  audî  de  plumes  come  nous. 

L'autre  manière  d'écrire  des  anciens  ctoit 
.incidkndo ,  en  gravant  les  lettres  fur  des  lames 
de  plomb  ou  de  cuivre  )  ou  bien  fur  des  tablâ- 
tes de  bois ,  enduites  de  cire.  Or  pour  graver 
les  lettres  fur  ces  lames  ,  ou  fur  ces  tablètes 
ils  fe  fervoient  d'un  poinçon ,  qui  étoit  poin- 
tu par  un  bout  &:  aplati  par  l'autre  :  la  poin-. 
te  fèrvoit  à  graver ,  &  lextrémitc  aplatie  fer- 
voit  à  éÊicet  >  &  c'efl  pour  cela  qu*Horace  a 
dit  fHUm  vénère ,  tourner  le  fUle ,  pour  dire , 
kfacer y cpriger y  retouchera  un  ouvrage»  Ce  poin- 
•  de  riKtf.  çon  s'apcloit  StUus  y  *  Stile  :  tel  eft  le  fens 
cobmdu  .'  propre  de  ce  mot  ;  dans  le  fens  figuré ,  il  fi- 
fêtitêcêU'  gnifie  la  manière  dcxpriiner  les  penfccs.C'eft  . 
en  ce  feiis  que  l'on  dit ,  te  ftile  fublime ,  le 
(Hle  fîmple ,  le  fUle  médiocre  ,  le  ftile  foûte- 
m^,  le  flile  grave/leftile  comique  >  le  ftile 
hiflSrique ,  le  ftiie  poétique ,  le  ftilc  de  iâ  con* 
vcrlàtion ,  ôcc. 


X.  V.  7>" 


•#. 


Outre 
primer  1< 
venir  au] 
cela  on  2 
coire  lefl 
culière  d 
dit  d'un  i 
ou  au  COI 
bar^flc ,  l 
lc,c'cft.à 
on  recoft< 
cV  àfàdc 
Stile  fe, 
nières  de 
*rcns  uCig 
flilcduP 
Notaires 
•«  autres  uf 
ceux  dor 
^    Pinceau 
quelquef 
Hile  :  on 
un  favan 
Voici 
^Ecriture 
Icfet.  Si 
/iM70,  ellt 


£A   METONYMIE,        69 
Outre  toutes  ces  manières  difércntcs.dex^ 
primer  les  penfées,  manières  qui  doivç^fcon- 
venir  aux  fujets  dont  on  parle  ,  &  que  pour 
cela  on  apèle  ftile  de  convenance  >  il  y  a  en- 
core le  ftile  pcrfoiieJ  -,  c  eft  la  manière  parti- 
culière dont  chacun  exprime  (es  penfécs.  On 
dit  d'un  auteur  que  fon  ftile  eft  clair  ôc  facile, 
ou  au  contraire  que  Ton  ftile  eft  obfcur ,  em-  - 
barçiflc,  &:c  ;,on  recoiioit  un  auteur  à  Con  fïi- 
Je,  c'eft-à-dire^  à  fa  manière  d'écrire,  corne 
on  recotoit  un  hbrnc  à  ia  voix ,  à  fcs  gcftes, 
&:  à  (à  démarche. 

Stile  fe  prend  encore  pour  lés  difércntes  ma- 
nières de  faire  les  procédures  félon  lesdifc- 
'rens  uCigcs  étabhs  en  chique  iurifdidlion  :  le- 
ftile  du  Palais,  le  ftile  du  ConfeiL  le  ftile  des 
Notaires  ,  ôcc.  Ce  mot  a  ehcoife  plûiicurs 
*  autres  ufagcs  qui  viènent  par  cxtenfîoïi  de 
ceux  dont  nous  venons  de  parler. 

Pinceau ,  putrfc  fon  fçns  propre  ,  fedit  auffî 
quelquefois  par  mctqny mie,  corne  plume  ôc 
Jiile  :  on  dit  d'un  habile  peintre ,  que  ccft 
un  favant />/ik^4K. 

Voici  encore  quelques  exemples  tires  de 
TEcriture  Sainte  où  la  caufe  eft  prife  pour 
1  efet.  Si  ^  peccâverit  anima  f^rtàbit  iniqu/tâtem  *[ 

fmm^  elle  portera  foo  iniquité,  c^eft-à-dire, 

Elij 


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Lcvi 
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<ISS> , 


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IfidLCTii  %fdac  A  fou  iniquité*  Imt  DiminifoMié. 

t*  f»  i0Sm  pecêM^  oà  vous  voy^  que  pat  la  cc^ 
lèie3,#|  Seigneur',  il  £it^  entendre  la  feise  ^ 

%tnL  c    rff  ntie  (bitc  de  la  colère^  iV«»  mrkhkurofus 

*^  ^'  ''^  mmenàm  tui  4fudu  wfiiHe  matiè ,  opus ,  Navrége, 
cfrft-à-dire,  le  ialaire ,  la  récompcnfc  qui  cft 
due  à  rotttticr  à  càufe  de  fon  travail .  Tobic 

*  •  a  dit  la  même  chofe  à  fon  fils  tout  fimplc- 
msntiflMcifmqHetibi  âliquidùperâtus^fMerUyJù' 
Ijmeimèrtèdem  nflitue^  &  tnercer  mercenâmmapud 
komtinhno%remi^at.  Le  Prophète  Ofée  dit* 
que  les  Prêtres  mangeront  les  pèches  du  peu- 
jj,  pie ,  petcita  pipuli  met  cimedeni ,  c^eft^l-dire ,  ks 
Viftimès  iûfertes  pour  les  péchés, 

I^L  X'EFE'r  ^oun  LA  CAUSE  ^  corne 
iQtfqtfÔvide  cKt  que  le  mont  Pélion  n'a 

Mmm ,  L  point  &*ottAres ,  nec  baket  Félkm  timbras  >  c^- 

*»'^  x^3-  i-dire,  qu'il  n'a  point  d'arbres,  qui  font  la 
caufe  de  Tombre  f /ow^np ,  (pu  eft  Kft t  dei 
arbres,eft  prifeicipout  les  arbres  mêmes. 
Dans  la  Géncfe ,  il  eft  dit  de  Rébecca  que 
,„  deux  hâtions  étoicnt  en felle 5  ^  c*eft-à-dire, 
£&u  &  Jacob ,  les  përe^  de  deux  nationslja^ 
çQbdes  Jiûi&>  Eiàudes  Iduméens, 


Orée^c 


f^ 


'^pMf 


tel  IhiK  m  6tero  cuo. ,  Se  duo  p6pti|i  ex  fentfc 


A 


i-V    • 


V 


y 


JEn,  t.  fU 
Lib.i.Oi^ 


éis,  h  mort  &t  les  niahdlci  remteiit^lc^  ^^  \.     ! 
Mbirfii#?ir^nr*/fap^lcfbntdnc<fePyr^n«-  ^'^'^'^  . 
cféccnc  une  fontaine  con&crée  âu«  Mufet. 
Uâplkation  à  la  pocfic  rend  pâle ,  corne  tour 
te  autre  aplication„  violente.  Par  la  mteic 
raifon  Virgile  a  dit  la  trifte  vicïlkiïè. 

Palléntcs  habitant  morbi  triftifque  Sentôus. 

£t  Horace ,  pMUda  mors.  La  mort,  la  maladie, 
de  les  fontaines  confacrées  aux  Mufes  ne  font 
point  pâles  ;  mais  cites  produifent  la  pâleurs 
ainfi  on  donc  à  \i  caufe  une  cpitète  qui  ne 
convient  qu'à  i'éfct. 

ni.  Le  COi^TENANT  PÔUH  lE  CONTENU  :  CO- 

me  quand  on  dit,i/  dmeU  ^wr«7fc,c'cft-à-dirc,// 
aimé  le  vin.  Virgile  dit  que  Didon  ayant  prc^ 
lèrtté  à  Bitias  une  coupe  d'or  pleine  de  vin , 
Bitias  la  prit  6c  fe  lava ,  ianfa  de  cet  orfUin} 
€^eft4-dire,  de  là  liqueur  contenue  dans  cette 

>  coupe  d'or. 

/.    ...    .    .    .  .  illcimpigcr  haufit 

'     Spumâhtem  ptteram ,  Se  plcno  fc  proiuit  auro. 

jimoc^  pris  pour  la  coupe ,  c*eft  la  matière 

pour  la  chofe  qui  en  eft  faite ,  nousîparlerom 

bientôt  de  cette  eQ)èce  de  %urc ,  enfuite  la 

coHpc  eft  prifc  pour  le  vin. 

Xc  ciel ,  où  les  anges  &  Ici  iàints  iouiflcrtt 

Eiii) 


/ 


743» 


X.  n 


/ 


a 


■  1 


I 


rVpce.  |M£  Dieit  im^      Imfimr  k  fetêm  et  càll 

&^  ffwr4«rirf.-J*Ji  fkbè^omtkekl&conmvm^ 

vtXvL  4^  f  en£uk  ptod^e  à  foa  père:  le  ùdSkr^ 

ito'tiïî  ***^  auffl  {Kior  les  Dieux  du  Paganiûnc. 

iftcônfpec-»  «^  X«<«w>^tt«  dri^  Akx4mdn\  c'cft-^-dire, 

511^  L  tepcuplcs  de  U  terre  fc  fournirent  à  lui  :  Kor 

^c  ».  T.  3.  iMr  ifc/2ifr8»w  U  conduiu  iAf^ns ,  c*^-à*dirc , 

l^Roioains  dcÉiprouvèrent  :  Toirtr  tEwtoft 

s'eft  rcjouie  à  la  iiaiflànce  du  Dauphin  î 

:ç*eft^-dirc ,  tous  les  fouvcrains ,  tous  les  peu- 

iples  de  l'Europe  fc  font  réjouis. 

Lucrèce  a  dit  que  les  chiens  de  chaffc  inei- 
itoicnt  imefmft  en  mouvement»  *  où  Ion 
voit  qu  il  prend  laforeft  pour  les  animaux 
.  jijui  font  dans  la  foreft. 

Un  mé£ù  prend  auffi  pour  les  petits  oifcaux 
i|tti  ibot  encore  au  nid.  ' 
.  Çarccr ,  prifon,  fç  dit  en  Utin  d'un  home  qui 
mérite  la  prifon. 
'  IV.  Le  NOM  DUXiEUjOÙunechofcfcfiiit, 

fe  prend  pour  la  chose  même  ;  on  dit  un  Can- 
4^ ,  au  lieu  de  dire ,  un  chapeau  Eût  4  Cau- 

dcbec ,  ville  de  Normandie. 
On  dit  4e  certaines  étofes ,  cefi  une  MarfaUe, 

#  ^eplre   pla^  £Utttm  canibûf^  ci^.  Utef  U  i; 


a 


^€ft-à-dire ,  une écofe  ée 'hjsàÉÊbÛûatit^^^ 
Aiarièille  :  c'^mie  Féffe ,  c'eft^-doe^mietci^ 
le  peinte  qui  vient  de  Periê.  ^^  -  * 
-'  A  propos  de  ces  fortes  de  noms,f  obffitvttai 
ici  une  mépri&de  M.  Ménage ,  quia  £té  ftt« 
vie  par  les  auteurs  du  di^onaire  univedèl, 
apelé  comuncmcnt  DidionairedeTrcvouÉi 
c'eft  au  (ujct  d*unc  forte  de  lame  d'cpée  qu'on 
apèie  Olmde  :  les  olindes  nous  vièneot  d'Ale- 
magne ,  ôc  fiirtout  de  la  ville  de  Solingen ,  dans 
le  cercle  de  Weftphalic  :  on  prononce  SoUaf 
gue.  Il  y  a  aparence  que  c'eft  diinom  de  cette 
villcque  les  épées  dont  je  parle ,  ont  été  ape- 
léesdes  o^des  par  abus.  Le  nom  doUndey  nom 
ronunefque ,  étoit  déjà  conu ,  corne  le  nom 
de  SUvie  y  ces  fortes  d  abus  font  aflêz  ordi- 
naires en  feit  d*ctimologic  :  Quoiqu'il  en  foit, 
M.  Ai énage  &  lès  Auteurs  du  Oidionaire  de 
Trévoux  n*ont  point  rencontre  hcureufe- 
ment ,  quand  ils  ont  dit  que  Us  OUndes  oui  été 
ttinft  apelèes  de  U /ville  iOlinde  dans  UBrèfil^dôi 
ils  nous  difènt  que  ces  fines  de  M^sfim  venues. 
j^  ouvrages  de  fer  ne  viènent  point  de  ce 
pays-là  :  il  nous  viait  du  BréiU  une  forte  de 
bois  que  nousapelons  M){/^  il  en  vient  auffi 
du  fucre,  du  tabac,  du  baume ,  de  For  ,  do 
Targent ,  &:ç  :  mais  on  y  porte  le'  &r  de  ÏEix- 
rope  ,  &  furtout  le  fer  travaille. 


1 


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_s*Tt 


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^ 


g0     .£i^ 

Umm^  €^^à4ire  ^  uit  Ëibre  ou  un  coutitau 

^  Qft«tonç#ttii  le  iiomdci>4»^  à  unçibnc 
k^^de  foie ,  qui  a  étc^febriqucc  oi^nai* 
ttmfiot  dans  la  ville  de  Damas  s  on  a  depuis 
Imifié  cem  forte  d*éto£b  à  Venife ,  à  Gènes ,  à 
iion ,  A:c.  ainû  on  dit  Dwma$  de  Vemfe ,  dt 
ldm(^c*  On  donc  çncotc  ce  nom  à  une  fortd 
éepnsncydont  la  pqni^âeurie  de  façon ^u  el« 
le  imite  Tétofe  don^nous  venons  de  parler. 
î^-ëi&am  cft  une/ville  rfltalic  dans  la  Ro* 
assigne  :  on  y  a  tiouvc  la  manière  de  Élire 
m^  forte  de  vaille  de  terre  verniflec  qu'on 
9^<t  dfUfdiéme  h  on  a  dit  enfiiite  par  méto*- 
m^ipîe  q^*on  fipt  d&îoït  bellesy^^»^^  enHo* 
J^de ,  à  Nevcrs ,  à  Rouen  »  &€• 

Ç^  ainfi  qqe  le  Lycée  fc  prend  pour  kft  dit 

CJ{dés4'Artfx>^fOU  pour  la  doârine  qu' A« 

j^BSX^  tn&ignoit  dans  le  Lycée*  Le  Forfique 

,  ièfctnd  pour  la  Philofophie  que  Zenon  er^i» 

fi^piioit  à  fe»  difciples  dam  le  Portique. 

IMii  Lycée  étoit  un  lieu  prèscTAthènes  ^  oà 
Aréott^eitipgmut  la  Pbiloi^ph^ 
mmam  avcciès  dÛciplesi  ik. fiaient  apdés 


^ 


que  i'es  diibiples  d*  Adftote  nt  foat  pûfo  de  A 
ce  ièntiiiienté  ■" 

Les  anciens  avoient  éc  magfiHîques  fÉOttl^ 
ques  publics  où  ils  aloieiït  fe  ficomener  ^  if c. 
toient  des  galeries  baffes  fouccnues  par  des  co^ 
loncs  ou  par  dcsarcadcs  ^  à  peu  près  corne  là 
Place  Royale  de  Paris,  &  a>mc  fc«  cloittcs 
de  certaines  grandes  maifons  teligiaifts.'  Jly 
en  as^pit  un  entr'autrcs  fort  célèbre  à  Athè? 
nés,  où  le  philofophe  Zénott  tenoit  fon  ccolcj 
ainfi  paç  ie  Pûmque  on  ontoad  fouvent  la  phir 
lofophie  de  Zenon ,  la  doarinc  ds^  Stoïdcasj 
car  les  difciples  de  Zénm  fiircrtt  apelés  Stdi^ 
$k»s  du  grec  fioa  iCpxi  fignific  furHque*  Lt  For-* 
0qHe  nUfl  pas  toujours  (facord  amec  le  Lytéo ,  c'efl> 
à<ltre,  que  les  fentimens  de  Zéfioil  ne  font 
pas  toujours  conforntes  à  ceux  d'Ariftote.    ^ 

Buouflëau ,  pour  dire  que  Cicéron  dans  fa 

maifon  de  campagne  mcditoit  la  phîlofophie 

d'Ariftote  &  cclk  de  Zenon ,  s'expliqpie  en 

cesterhies:  •:  / 

Ccft  là  que  ce  Romain  ,  cîont  rétoquente  Voîx  , 

l^an  foug  i^i^^tiô  Cônain  y  Ctû^âSi  KèpMique^ 

r«n2&iic  (on  comt  dans  Vkt^èééei  bix ,  ^ 

4    ^i';    ifit dtt Lycée ^&  du Poni^ttOi    ^ 


ÀmkmU 


téis 


.-'s/' 


RouflêatT, 


r 


r 


\ 


»A 


vé\  II. 


îl^iâe>n  €idt&ii|èa^  k  phitoTophie.  Ce  Uo» 
âtt  apc^  ^/^Mtfmtfydu  nom  de  Iba  ancien  po^ 
tdSSsm  s  delà  la  doâxine  de  Platon  fut  apélée 
MfMmk.  Oh  done  adffi  par  ^xtenfion  le 
Éomé'AcéMme  à  diférentes  aflèmblées  de  (à^ 
vans  ^ui  s*apUquent  à  cultiver  les  langues , 
les  ioentes ,  ou  les  beaux  arts. 

Robert  Sorbon ,  confeflcur  &  aumônier 
4e  &  Louis ,  infUtua  dans  TUniverfîtc  de  Pa- 
ris cette  Êimeufe  école  de  Théologie  ,  <pi 
du  nom  de  fofi  fondateur  eft  apelée  Sofhone  : 
R  tionf  de  Siffione  (è  prend  auffi  par  figure 
pour  les  Dodeors  de  Sorbone,  ou  pour  les 
ftntimensqu'on  y eofeigne  :  LaSorbane  enfei^ 
giii  ipie  U  pmJpnKe  EtcUfiaftique  fie  peut  kêranx 
Roit 'liseourones  qite Dieu  a  mfe$  fu% leurs têtet^ 
ti  êjbenfer  lem  fumets  du  ferment  de  fidélité.  Re* 
T.  gitQinmeumnoneft.dehocmundo. 


c. 


I  .^. 


Quiimilc:        ^    thns  ma  vieiiiedê  languiâante , 

^ukf.  t^tïe  que  je  t^rts  pèfe  i  liia  rtain  tremblante. 

iw^four  mejîieiti  aqmtcr  des  foins 
.  manéi  laR0M&.  Ai^lçiS^tte  fe  piend 


ffmcit ,  pour  la  dignité  de  Mac£chal  deFraa^ 
ce»  k  cbafeandtCaniimd,  &  même  fiinjkmcnft 
k  dr-fwi»  fe  dit  pour  le  Cairdinalat^      v. 

Lépée  fc  prend  pour  la  profeiBon  militais 
k  Robe  pour  la  Magiftratutc ,  6c  pour  Péttt 
de  ceux  qui  fuivent  le  barreau. 

Al  U  fin  fai  quité  la  Robe  pour  l'Epéc.  jS^'t«.r7 

Ciccron  a  dit  que  les  armes  doivent  céder  f'^'^f' 

à  la  robe. 

Cidam  arma  toga  h  comUat  laârea  Ungua. 

C'cft-à-dire,  corne  il  l'explique  lui  même,^ 
que  la  paix  remporte  fur  la  guerre ,  &  que 
les  vertus  civiles  6f  pacifiques  font  préféra- 
bles aux  vertusniilitaircs.  ' 

«  La  lance ,  dit  Mczerai ,  étoit  autrefois  la  *^^ 
»  phis  noble  de  toutes  les  armes  dont  fc  Ict-  j^ance ,  i» 
«viflcnt  lesGentyshomesfrançois  :«  la  que.  ^-^^^ 

flottille  étoit  auffi  plus  fouvent  q^aujour-/ 
d'hur  entre  les  mains  des  femmcsiDelà  on  dit 

€0  plufieurs  ocafibns  Umu  pour  fignificr    " 
liome,&  4pf€mmUe  pour  marquer  une 
Sûù  :  fUfqmPmk  ù  lance  en  ^imomUe ,  Ccft-^- 


,  ^^ 


^ 


\  ^'* 


ï^%?; 


''^ 


^'lepf  lance  Ks  fermes  ne  âio^ 

à  là  çcHuoiie  f  9uis  ks  Rpi^sMi^ 

0tiM$^^^  &:  de  Suède  ^ 

^  iiâËMc§kr  àrimpitede 

^^  Ceft.ainfî  que  du  tems  des  B^onuins  les 

.^^  .     fmfitimx  ît  pteooient  pour  f autorité  cônfu^ 

V  -  biiel  ka  aigletromaines ,  pour  les  ârmdes 
des  Bsonuins  qui  avotent  des  aigles  iKmr  em 
Ipigiiei»  L'iUglecpiieft  k  phts  fbk  dos  oif^^ 
Ét^mcat  ^  était  k  fymbole  de  kTiâoité  dûtt 

jtt'JSgfï^kfllà'^'  .'        •    :  •  f  n 

«*ft.Ci^  ^1^14^  a  dit  ^Cadliça,  aptes  avoir  raiH 

gè  fiSD  armée  en  batailk,  fit  un  oorpsdefe* 

ierve  da  autres  èofeignes ,  cVft-àKiice  des  au  ' 

V  |.        tics  tioapesqui  lui  reftoient ,  >%m  /^  i» 

MMÀî  grffiif  ft/faf  if 

,09ttcQttvf;foiavent  dam  ksaii^^ 
jftJtpctf  fbkt,  pom  dire k/fiBictfr , /gf  ;eM» 
iMr|fBsi /p'eft  aiipA  que  n(ftis  difons  £uxi^ 
I^Ei^f^àiin^jtQiie 
p  1^  i8^4<lii»^  vous  n^ 
aexp^bjeocç.  Ç^i^s  les  ci^veipc  blancs^  fe 


1^ 


••# 


^^loi^'cUvéa  fymbôies  âoa^m  anoM  § 
(bmf  lèrris  ac  d^  iioiu  nous^^ 
qiiçlqaefois.potir  inar^ier  ou  certalc 
Vinitét;  oa  certaines  nattions ,  ou  ehfia  lé  Vl- 
xes  &  les  vertus,  ces  iymboies,  di$^)é,  foii| 
&uv«nr  àtnpibyét  pour  ittàr({uet  la  cl 
dont  ifefont  le  fymbole. 


M» 


Env^in  ou  X/«0  belgique 
Il  voit  l'^/j/#  gecmaxiiquf 
^  Uni  fous  Icf  tifpdrds. 

Par  IrZioiibelgique  le  poète  entend  les  Prof 
vinces  unies  des  pays  1>as:par  T^i^âr  germani« 
^e^  il  entend  l'Allemagne  $  A^  par  les  ZAi4> 
panU  il  défigne  f  Angleterre  qui  a  des  léopttdî 
4BU|siès  armoiries.  '^ 


Ode  fur  k 
*^  priTedc  Na- 
'  mor. 


Mais  qui  £ûc  enfler  la  Sambre;» 
Sous  les  JumâHX  éfrayds  ) 

Sûosiv  J«m«ar,  cV&àKlile,  à  là  fin  du  mois 
de  JriUd  &  aa  cotnciiceinent  dn  mois  de  Jo^ 
iLe  Bm  affiégea  Namiir  le  20.  de  Maf  t^pi; 
flc  la  ville  fiit  prife  àumoisde  ïuin  (miÉoàL 
Clia^^  clioi»  de  raimée  eft  dâS^é  |iu:  lia 
figat  vis-à^vis  dnqttdi  k  fideil  iè  troqnre  d»* 
fttble  as.  dTon  mois ott  CflEViroa,  Mqa^ 
i*l«:riftœoisiiaivaixL..    ,..;■';:  ,.\.  •       ,:':lf^ 


\À. 


«•li» 


N. 


;/ 


)>alme 
fionui 
toàre  y  â 
hviâi 
rc  fpir: 

»A 
»6uco 
»  celui 
»»ncrvc 
»tc  ;  à 
i>dc  Ba 
»  feuille 
VI.   : 

CONCR 

près  le 
fervçrai 
nieabi 

eft'blanç 
nouvel  ei 
ditHoi 
jours  ciel 

^itnovM, 
icferbi 

^ompl 
Cm 

|>Ottr 


k  % 


<•,<■ 


LÀ  MErONTMÏE.       «^  '/'"  [ 
^)iaïmc  du  martirc.  Il  y  a  da]ii«cette  cxprcf» 
Son  uncmétonymié ,  p4i^  fe  pvcnd  pour  «Wf^ 
foirr  y  â^  de  plus  rexpreffionefi  métaphorique;      > 
h  viâoire  ck>nt  on  veut  parler  eft  ucieyidoi* 
rc  fpirituèle.  », 

»  A  l'autel  de  Jupiter ,  dit  le  P.  de  Moiit-  XntK|.  itsw» 
»&ucon  ,  on  nictoit  des  feuilles  de  hêtre:  à  P^"l*  '!**"** 
>»  celui  d'Apollon ,  de  laurier  :  à  c<lui  de  Mi-i  *>  ^  *  < 
»' nerve ,  d  olivier  :  à  Tau  tel  de  Venus ,  de  myr- 
»  te  :  à  celui  d*Hercule ,  de  peuplier  :  à  celui         * 
^)  de  Bacchus ,  de  lierre  ;  à  celui  de  Pan  ^  des  * 
5)  feuilles  de  pin. 

VI.     Le     nom    ABSTRAIt     POUR    tE 

CONCRET.  Texplique  dans  un  article  ex*        ''\j  ' 
près  le  fens  abftrait  &  le  fens  concret ,  f ob-  * 

fcrvçrai  feulement  ici  que  Wtflicibf/iréft  un  ter- 
me abftrait  >  mais  quand  je  dis  ^  que  «p4pifr 
cfï'blmiç ,  bianc^  alors  un  terme  concret.  Un 
nouvel  efcLwage  fe  forme  tous  les  jours  pour  vous  , 
dit  Horace,,  c*eft-à-dirc  ,  vous  avet  tous  les 
jours  de  nouveaux  efclaves.  Tibijirûhus  crtf.  Hôhl,>.  t, 
oVjkwc  Shrviths  eft  un  terme  abftrait,  au  lieu  ^•'•^*  ^'' 
de/rr^-,ouwwi4iiiiiw^wri^iy2fri;/^^^  Horacclir. 

àiàm^  ,  au  defiiis  de  Tenviè,  c'eft^-dirc,  *'  ^- *•• 
triomphant  de  mei  envieux. 

û?/Kii,  garde,conrervation,re  pirend  en  latin 
pour  ceux  qui  gardent,  ii#«piBf  15/?^ i/*rifiV  f^^^^"^ 


J 


•« 


—  V 


/ 


/ 


IX. 


.CI 


.▼•& 


ï3 


tf      Zvï    METONYMIE. 
.   Spes ,  1  clpéfancc ,  fc  dit  fouvcnt  pour  ce 
c»  qu  on  cfpèrc.   ^y^vi  qué:  diffèrtur  affi'tgit  ânhnam. 
Petïtiùy  demande  ,  fc  dit  auflî  pour  la  cho- 

•  fc  demandée.    JDedit  mihi  dôminus  pctitiônem 

Il    • 

meam. 
i.&b.j..     C*eft  ainfi  que  Phèdre  a  dit ,  tua  calâmitas  non 
fenûret  ,  c  eft;-à-dire ,  tu  calamitôfus  non  fent'ires, 
/  #  Tua  calâmUas  eft  un  terme  abftrait ,  au  lieu  que 

tH  calamitôfus  e(S4c  concret.  Credens  coUi  longitû- 
♦ibiaefeb  8.  dtnem  *  pour  collum  longum  :  &:  encore  corvi 
ibid.fab.  fiupor  ^^  qui  eft  Tabftrait ,  pourirorvMj yij»piV/«f 
qui  eft  le  concret.  Virgile  a  dit  de  même , 
♦••  Gcorg.  ferri  rigor  ^^^  qui  eft  labftrait ,  au  lieu  de  M- 
rU  1.  V.I43-  y^^  rïgidum  qui  eft  le  concret. 

y  1 1.  Les  parties  du  corps  qui  font  regar- 
dées come  le  fiège  des  pallions  &:  des  fenti- 
niens  intérieurs ,  fe  prèncnt  pour  les  fenti- 
mens  mêmes  :  c'eft  ainfi  qu'on  dit  il  a  du  cœur, 

siL  ciUida .  c  eft-à-dire ,  du  courage. 
Vb«  cor.  Obfervcz  que  les  anciens  regardoiçnt  le 
'A^a'i.  f"  cœur  come  le  ficge  de  la  fageflc ,  de  Tefprit , 
4.  V.  7ii  de  ladreiTe : ainfi  hàbet  cor  *  dans  Plante ,  ne 
con)îT*)  veut  pas  dire  come  parmi  nous,  elle  a  du 
d€  têffrif  courage  ,*mais  elle  a  de  Icfprit;  vir  cordàtus 
ttê^I/*^  veut  dire  en  latin  un  home  defens  ,  qui  a  un 

p/^urr/.nof  bondifceruement. 

£-**^*K V    Gornutus ,  phUofophc  Stoïcien ,  qui  fut  le 


maitrc 
mentat( 
fur  ces 
tulântiff 
*»  fplene 
»dc  lap 
on  a  d'^ 

Perfe 
le  bcfoj 
à  parler 

La  c( 


^- 


.  / 


rf 


tA  METONYMIE  if 
maitrc  de  Perfc  ,  &r  qui  a  été  enfuite  le  co-  ' 
mcntateur  de  ce  poète,  fait  cette  remarque 
fur  ces  paroles  de  la  première  fatire  :  Sum  pe- 
juiÂntifplcnecach'mno.  )>  Phyfici  dicimt  hômines 
».  fplene  ridére ,  felle  irafci ,  jécore  amare,ror- 
»  de  fâpere  &  pulmône  jadtâri.  «  Aujourd'hui 
on  a  d'autres  lumières. 

Perfe  dit  que  le  ventre  c'eft-à-dire ,  la  faim  >  pcrfc. 
k  bcfoin ,  a  fait  aprendre  aux  pies  &  anx  corbeaux  Prolog. 
à  parler, 

La  cervèle  fe  prend  auiïî  pour  lefprit ,  le 
jugement  ;  O  U  hclleMte  !  s'écrie  le  renard  dans  ^ ,  4uant* 
Phèdre  ,qutl  domage.elle  na  point  decervtle  !.  On  ^-^brumnoa 
dit  d'un  étourdi  que  c'eft  une  tête.fans  cervèle:  j^^^et.  ?\u 
Ulyfïèdit  à  Uryalc  ,  félon  la  traduction  de 
Madame  Ûacier ,  ;e«ne  home  vous  avei^  tout  l'air  Odyff.  T.w 
/«»  écervd/ff  :c'eft-à-dire,come  elle  l'explique  P*  ^^' 
dans  fes  fa  vantes  remarques,  vous  ave'^^tout  l'air 
d\n  home  peu  fage.  Au  contraire,  quand  on  dit^ 
ce^  un  home  de  tête.c'efl  une  bone  téiè^  on  veut  dire 
que  celuidont  on  parle ,  eft  un  habile  home  ^ 
un  homeïfe  jugement.  ^^  tête  lui  a  toumé.ccd- 
à-dire  ,  qu'il  a  perdu  le  bon  fens ,  la  préfence 
d'efprit.  Avoir  de  Utéte,  fc  ditautîi  rigurément 
d'un  opiniâtre  :  Tète  de  fer  ^  fè  dit  d'un  hoiftC 
apliqué  fans  relâche  ,  àc  encore  d'un  cntctc* 
Lu  langHt ,  qui  cft  le  principal  or^-anc  de  U 

Fij 


^j^ 


\ 


f*      LA    METONYMIE. 

p^olc  y  fc  prend  poiir  ia  parole  :  cefi  nne  mi^ 
€hant€  Lmméy  c'cft-à-dirc,  c*eft   un  mcdifànt 
avoir  k  langue  bien  fendue  ^  c'eft  avoir  le  ta- 
lent de  la  parole^  ccft  parler  facilement. 
VI 1 1 .  Le  nom  du  maitrc  de  la  maifon  fc 
Atu  1.  T.  prend  auffi  pour  la  maifonJqu*il  ocupe  :  Vir- 
^"-  p\cxâxt^jamproxmus  ardetùiâlegonyC^c^'k'ditCy 

le  feu  a  déjà  pris  à  la  maifolii  d'Ucalégon. 

On  done  auflî  aux  piècw  de  monoie  le 

nom  du  Souverain  donc  elles  portent  Tcm- 

FUutiBzc-  preinte.  Dncéntos  Philippos  reddat  anrsos  :  qu* elle 

chidaa.ir.  rende  deux  cens  Philipes  rfor  :  nous  dirions 

deux  cens  £o|(iV  d*or. 

Voilà  les  principales  cfpèccs  de  hictony- 
mie.  Quelques  uns  y  ^uteqt  la  métonymie 
par  laquelle  on  nome  ce  qui  précède  pour  ce 
qui  fuit ,  ou  ce  qui  fuit  pour  ce  qui  précède; 
c  cft  ce  qu  on  apèle  l* Antécédent  pour  le 
Conséquent  ou  le  Conséquent  pour 
l'Antécédent  ,  on  en  trouvera  des  exemples 
dans  la  méiolepfe  qui  n*efl  qu  une  efpéce  de 
métonymie  à  laquelle  on  a  doné  un  nom  par- 
ticulier :  au  lieu  qu'à  l'égard  des  autres  efpè- 
^^  ces  de  métonymie,  dont  nous  venonsde  par- 
Ul ,  on  iè  contente  de  dire  métonymie  de  la 
cauie  pour  Téfet ,  métonymie  du  contenant 
pour  ic  contcmi,  oiàtpDymicdaiigQC,  &c. 


E'fjmmf"''''"^'' 


xxxxsx 


LA  ? 
mie 
pour  fai 
précède 
ouvre,  ] 
lien,  af 
autre ,  e 
cèdent 
pour  la 
idées  ac 

Le  pa 
fe   fait 
fort  :  Je 
tager.  * 

Le  fo 
fors  en  1; 
ge  mên 
partage 
doné  au 

*  Cuinqi 
tcrram  ,  p 
cribitc  eai 
Silo  mina 


Métal  ep  s  e.  - 

•     /  J"  ,       *       '    ■■'.:■. 

LA  Métalepfc  eft  une cfpècc  de  mctonyA  m.ti^.v^„. 
mie, par  laquelle  on  exprime  ce  qui  fuit  Jjl^^f'^'^T 
pour  foire  entendre  ce  qui  précède  h  ou  ce  qui  trans.  a«^ 
précède  pour  faire  entendre  ce  qui  fuit  5  elle  ^'••'*>'** 
ouvre ,  pour  ainfi  dire.,  la  porte ,  dit  Quinti- 
lien ,  afin  que  vous  paffiez  d  une  idée  à  une 
autre,  ex  àlioin  âliud viam pneflat ;  ccft  Tante-  inft.orat.I. 
cèdent  pour  le  conféqucnt ,  ou  le  confequent;    "  *•  ^  ^'^ 
pour  lantécédcnt ,  6c  c*eft  toujours  le  jeu  des 
idées  acceflblres  dont  J'une  réveille  l'autre. 

Le  partage  des  biens  fe  fcfoit  fouvent  &: 
fe   fait  encore  aujourd'hui ,  en  tirant  au  ^j 
fort  :  Jofuc  fe  fervit  de  cette  manière  de  par- 
tager. *  ' 

Le  fort  précède  le  partage  >  delà  vient  que 
fors  en  latin  fe  prend  fouvent  pour  le  parta- 
ge même ,  pour  la  portion  qui  eft  échue  en 
partage  -,  c'eîl  le  nom  de  l'antécédent  qui  e(t 
doné  au  confeqt^t»  ''  v 

*  Cuœque  furrexllTcnt  mi  ,  ut  p^rgcrcnt  ià  dcTcrib^ndâm 
terram  ,  prarcépù  cis  Jôfue  diccns  :  circùitfe  tcrram  Ôc  dcC- 
cribitc  eam  ac  revrrtimini  ad  me  :  ut  hic  coram  d6inino  ^  in 
Silo  miuam  Tofaii  foitcm.  /•/»#  ^ ch.  z  vi  1 1 .  v.  t.. 


i.    -> 


/ 


/  "/ 


\ 


î. 


/' 


%i      lA  metalepse: 

$m  fignifîc,  encore  jugement ,  arrêt ,  cç- 

toit  le  fôrt  qui  décidoit  chez  ks  Romains, 

du  rang  dans  lequel  chaîjue  caufe  de  voit  être 

plaidée  :  ^  ainlî  quand  on  a  dit  fors  pour 

jugement, on  a pçis  lantéçedent  pour Iç coa- 

féquent.        .  / 

Sortes  en  latin  fc  prend  encore  pour  un  ora- 

i     .  cle,  foit  parc.ç  qu  il  y  avoit  des  oracles  qui  fe 

/   ~^~Tcnd6ieht  par  le  fort,  foit  parce  que  les  rc-  . 

ponfes  des  oracles  étoient  corne  autant  de 
-      <  jugeriiens  qui  régloient  la  deftinéc  ,  le  paxta< 
.    ge ,  1  état  de  ceux  qui  les  confultoient/ 
Cr^didi,        On  croit  avant  que  de  parler  j  je  crois ,  -^ 
^3^bcû-  ^^^  ^^  Prophète ,  ^  ç  eft  pour  cela  que  je  par- 
•2rsfmn.P£  Je  :  11  ny  a  point  là  de  métalepfe  :  mais  il  y  . 
115.  v.^.    ^  une  raétalepfe  quand  on  fe  fert  de  par^ 
kr  ou   de  dire   px)Ur  fignifter  croire  >  direz- 
.     VQus  après  cela  que  je  ne  fuis  pas  de  vos  amis^ 
'■^'eft-à-dire  ,  çroirez-vous  ?  aurez  vous  fujct  . 

de  dire  >  .     ♦ 

.    Cedo  veut  dire  dans  le  fens  ptQpreJe  ehie ,  )e  me 

■*  Ex  more  fomiho  qon  audicbintur  fcaûràt ,  nifî  pcr  for- 

tem  ordinitç.  Tcihporc  quo  caufac  âudiebântur  ,  convcnié- 

banc  omncs  ,  undc  &  conciUum  :  &  cr  fqrtc  diérum  6rdi- 

ncm"  accipi/ébam\  quo„  poft  dicm  trigéfîmura  fuas  cauf^s^ 

•■  V*xcqiicrcntur,undcçft  Wf»«w  wo^/*^Scrvius»»«//l*^F'/rJi/i^ 

./        '^  Ncc  vcro  Ks  fine  forte  datât,  fine  jû^icç  fcdes,  Mn.  1.  vi,  / 


0Ct 


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LA  MErALEPSE.  t? 
rens\  cependant,  par  une  mctalepfc  de  l'antccc- 
'  dent  pour  le  conféquent  ;  ceio  fignifie  fouvent 
dans  les  meilleurs  auteurs  dites  ou  done^  :  cette 
lignification  vient  de  ce  que  quand  quelqu'un 
veut  nousparler&:  que  nous  parlons  toujours 

nous  mêmes ,  nous  ne  lui  douons  pa^  Ic^tbns 
de  s'expliquer  :  éco«re:?:r»wp/;nous  dit-il  ;  hé  bien 

je  Vous  cède ,  je  vous  écoute ,  parlez  3  cedo,dic. 
Quand  on  v^ut  nous  doner  quelque  chofe, 
nous  rcfufonsTouvent  par  civilité  ,  on  nous 
^     prcflc  d  accepter  ,  &:  enfin  nous  répondons  je 
vous  céde,')Q VOUS  obéis ,  je  pie rens  , doneX., ceda^ 
da  ;  cedo  quS  eft '  le  plus  poli  de  ces  deux  mots , 
-    cft  demeuré  tout  feul  dans  le  langage  ordi-  ' 
nairé  fans  ét?e  fuivi  âc  die  ou  de  da  qu'on  fu« 
prime  par  ellipÈ^  :  cedo  fignifie  alors  ou  l'un  _ 
où  l'autre  de  ces  deux  mots  ,  félon  le  fens  >  i^ 
c'eft  ce  qui  précède  pour  ce  qui  fuit  i  &:  voilà 
pourquoi  on  dit  également  cedo.^oit  quôn 
parle -à  une  feule  périone,  ou  àplufieursi     ;  v  ,. 
car  tout  l'ufage  de  ce  mot ,  dit  un  ancien      comci; 
.  Grammairien ,  c'eft  de  demander  pour  foi ,  ^"^^^ 
;      cedo fib) pofcit & eftimmobile,  m  Ungu* 

On  raporte  de  mcm^  à  la  métalepfe  ces.  fa-  ^^'^^^^  ;P* 
çons  de  parler ,  il  oublie  les  bienfaits,  c'cft-à-dirc>  ccdô. 
il  neft  pas  reconoiffànt.    Souvene^^-vous  de 
notre  convention  ,  c'cft-à-dire  ,  obferyei  û9tï« 

p  '■'•.■ 


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I  ^111  II       «Il       iatt 


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aes  mobi- 
les ignocaut 

&  ludiri- 
cant. 

phic.a£t.  I V. 
le.  3.  V.  13. 

/ 
Rac.     ]^i- 

i  thrid.   /a6t. 

V.  fc.  ^< 


crn. 


r- 


t8       Z y«^    METAL EFSE. 

convention  :  Seigneur^  ne  vous  rtffouvenex,  point 
de  nos  fautes  ,  ceft-à-dirc,  ne  nous  en  puniflez 
Quero  om-  point ,  acofdcz  nous  en  le  pardon  :  Je  ne  vous 
conois  pas  ,  c'eft-à-dire ,  je  ne  fais  aucun  cas  de 
vous ,  je  vous  mcpriTe ,  vous  êtes  à  mon  égard 
corne  n  étant  point. 

//  a  été  ,  il  a  vécu  ,  veut  dire  fou  vent  il  efl 
mort  y  c'eft  rantécédent  poui:  le  confcquent. 

.    .    .    .    ,    C'ciî  cft  fait  ,  Madame,  &:  j'ai  vccu  ,  ^ 

c  cft-à-dire ,  je  me  meurs. 

Un  mort  cft  regreté  par  Ces  amis ,  iJs  vou- 
droient  qu  il  fut  e^jg^e  en  vie,  ils  fouhaitent 
celiii  qu'ils  ont  pei*du ,  ils  le  défirent  :  ce  fen- 
timçnt  fupofè la  mort ,  ou  du  moins  labfen- 
ce  de  la  perfone  qu'on  rareté.  Ainfi  U 
mort ,  la  perte  ou  tàbfcnce  font  lantécédgtt  î  &ç 
^  le  defir^  le  regret  font  le  conféquent.  Or  ,^R  la- 
tin defiderâri  être  fouhaité  fe  prend  pour  être 
mort ,  être  perdu  ^  être'  ahfent  ^'  ceft  le  confé-, 
qucnt  pour  lantécédeot,  c'eft  une  mctalepfe. 
,  Q^Curt.  1.  Ex  parte  Akxandri  tri^inta  omnino  &^  duo ,  ou  fé- 
lon d'autres  ,  trecenti  omnino ,  ex  peditibus  deftdr- 
rkifunt\d\x  côte  d'Alexandre  il  n  y  eut  en 
tout  que  trois  cens  fantaiïïns  de  tues,  Ale- 
xandre ne  perdit  que  trois  cens  homes  d'in- 
fenterie.  NulU  n:ivis  deftderabàtur  :  a\acun  vaif- 

fcau  n'çtpit  défirc  ,  ceft-à-dirc ,  àucuii  x^aiA 

"*'  .•,•,,■..■ 

.■-■*-■■■■ 

V  .'.■■.(■:      /    . 


III.C.  II. 


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Hor.   1.    I, 
cp.  7- 


\. 


lA   M^TALEFSE,       î^ 

fcau  ne  périt,iln  y  eut  aucun  vaifleau  de  perdu. 
))  Je  vous  avois  promis  que  je  ne  fcrois  que 

p  cinq  ou  (ix  jours  à  la  campagne,  dit  Horace 

»  à  Mécénas ,  àc  cependant  j'y  ai  déjà  paffc 

))tout  le  mois  d'Août. 
•     Quinquc  dics  tibi  pollicitus  me  rurc  futûrum  ^ 
Scxtiiçm  torum  ,  mcndax  ,  dcsidcror. 
Où  VOUS,  voyez  que  desïdcror  veut  dire  par 
métalepfe  ,  jcfuis  abfent  de^ome,  je  me 
tiens  à  Ja  campagne.  ^ 

Par  la  même  figure  defidcrâri  (ignific  encore 
rnanquer  (  deficere  )  être  tel  que  les  autres  aient 
befoin  de  nous.  »  Les  Thébains ,  par  des  in- 
»  trigues  particulières,  n'aïant  point  mis  Epa- 
))  minondas  à  la  tête  de  leur  armée ,  reconu- 
»  rent  bientôt  le  befoin  qu'ils  avoient  de  Ton 

,»  habileté  dans  l'art  militaire:  «  ^  dcfideràri  cœ-  Corn.  Nep; 

fta  cft  Epaminénda  diligèntia.  Cornélius  Nepos  ^P^'  ^*  ^* 

dit  encore  que  A^énéclidc  jaloux  de  la  gloire  ^ 

d'Epa.minondas/,  exhortoit  continuèlemcnt  ( 

les  Thébains  à  h.  paix,  afin  qu'ils  ne  fcntiflent 

point  le  befoin  qu'ils  avoient  de  ce  géncraL  v 

Hor  ta  rifolébat  Thebânos,  ut  pacem  bello  a  nte ferrent , 

pe  illïus  impcratoris  ôpera  defiderarétur. 

La  métalepfe  fç  feit  don^c  lorfqu'on  paflc 
çome  par  degrés  d'une  fîgnification  à  une  au- 
tre :  par  exemple,  (juànd  Virgile  a  dit^,  après 


id.c.  S- 


,     « 


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mea  régna 
▼idens  mi- 
libor  arif. 
tas.     Firj. 

Bd.2.v.7o- 


Coot.  de 
looduOyCit. 
\\.  Art.  3. 


I  « 


^0       X^  MET  A  LIT  &E: 

quelques  épis ,  c  cft  -  à  -  dire ,  après  <jud-  ^ 
ques.annécs  :  les  épis  fupofent  Iç  ;cms  de  la 
moiflbn ,  le  temsde  la  moiflbn  fîipofc  Tété, 
&  l'été  fupofe  la  révolution  de  lannée.  Les 
poètes  prènent  les  hivers ,  les  étés  ,  les  moif- 
fons  ,  les  autones ,  &  tout  ce  qui  n'arrive 
qu'une  fois  en  une  année  ,  pour  rannée  mê- 
me. Nous  dîfons  dans  le  difcours  ordinaire^ 
cefi  un  vin  dp  ijuatre  feuilles  ,  poux  dire  ,  c'eft  un 
vin  de  quatre  ans  ;  &c  dans  les  coutumes  on 
trouve  bms  de  quatre  feuilles ,  c'eft-à-dire ,  bois 
de  quatre  années. 

Ainfi  lé  nom  des  diférentes  opérations  d3 
l'agriculture  fe  prend  pour  le  tems  de  ces 
opétations ,  c'eft  le  conféquent  pour  l'antécé- 
dent ,  la  niloiflbn  fe  prend  pour  Je  tems  de  la 
moiflbn ,  la  vendange  pour  le  tenls  de  U  ven- 
dange 5  il  efi  mort  pendant  la  moiffon ,  c'eft-à-dire,- 
dans  le  tems  de  la  nioiflbn.   La  moiflbn  fç 
i^it  ordinairement  dans  le  mois  d' Août,  ainft 
par  métonymie  ou  métalepf« ,  on  apèle  la 
moiflbn  YAok  qu'on  prononce  ToA ,  alors 
le  tems  dans  lequel  une  chbfe  fdfeit  fe  prend 
pour  la  chofe  même,  &:  touiburs  à  caufe  dç  la*  ^ 
liaifon  que  lés  idées  acceffbires  ont  entre  elles. 
>    On  raporte  auffî  à  cette  figure  ces  façons  de 
iparlcr  dçs  ppè;cs ,  parlefquelies  ils  prèncni 


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'   LA   MET  A  LE?  SE.       91 

rantécédent  pour  le  conlequcnt ,  lorfqu  au 
lieu  dune  defcription  ,  ils  nous  mettent  de- 
vant  Ics^ycux  le  fait  que  la  defcription  fu- 

r>  O  '  Menalquc  !  fi  nous  vous  perdions ,  dit 
,)  Virgile ,  ^  qui  émailleroit  laterre  de  fleurs* 
»  qui  feroit  couler  les  fontaines  fous  une  om- 
w  bre  verdoyante  >  •  «  C  eft-à^itc ,  qui  chan- 
teroit  la  terre  émaillée  de  fleurs  >  Qui  nous 
en  fèroit  des  deferiptions  aulli  vives  &:  au(G 
riantes  que  celles  que  vous  en  faites  >  Qui. 
nous  peindroit  corne  vous  ces  tpifleaux  ^iii 
coulent  fous  une  ombre  verte  > 

Le  mème*poète  a  dit ,  ^^  que  »  Silène  cn- 
nvelopa  chacune  des  foeurs.de  PhactonavecN 
))  une  écorce  afnère ,  &:  fit  fortir  de  terre  de 
»  grands  peupliers  h  «  ceft-à^dire,  que  Silène 
""chanta"^  une  manière  fi  vive  la  fnétamorpho- 
fe  des  fœurs  de  Phaéton  en  peupliers  quon 
croyoit  voir  ce  changement.  Ces  feçons  de 
parler  peuvent  être  importées  à  rhypotypofc 
dont  nous  parlerons  dans  la  fuite. 

*   Quis  cincrtt  nymphas  ).  Quis  Kumum  florenribos  hcrbii 
SpirgcretVaut  vîncU  fontes  inaûccrct  iimbri  î     VtripX 

l'at.  V.  19.  /    .    ,     1         L 

♦*  Tum  Phactontiadas  mufco  circumdat  amàr*  * 

Cénicis  ^  atquc  folo  procuras  érlgii  alnos.    FfiJ.  Ed.  yx. 

...  \     -  "  *         •  ' .  ' 


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:      iv. 

^La    Synigdoque.  '♦^ 

2«««'#x».    y    E  terme  de  Synecdoque  fignific  comprc- 

^iSov    -M  henfion ,  conception  :  en  cfet  dan^  la  Sy- 

neçdoque  on  Êiit  concevoir  à  1  cfprit  plus  i^u 

*  On  écrit  pnîiiuiitmcnt  Symte^fchi,  Yoici  ks  raifons  qui 
jttiedétnmincnt  i  écrite  Sj/meeit»fue.  ^       ^ 

_  .  i\   Ce  mot  n'cft  point  un  mot  vulgaire  qui  foit  dans  U 

bouche  des  gens  du  monde ,  cnfortc  qu'on  puiflelcscon- 

f uitcr  pour  conoitrc  l'ufage  qu*a  fuit  (ïiivré  par  raport  a  U 

prononciation  de  ce  mot. 

1  ".  Les  gens  de  lettres  que  j*ai  confultës  le  prononcent  du 

•  iifrcnmcni;  les  unsdifcnt  Svnecdoch»  i  U  françoifc  comç 

4  Hache  ,  &  ks  autres  fouticncnt  avec  Richelct ,  qu'on  doit 

prononcer  Syntcdaqut.  . 

3*.  Ce  mot  cA  tout  grec  ïi,»i«/»X«»  ;»!  Cwt  donc  le  pro- 
noncer en  confervant  au  X  f*  prononciation  originale  ,  c  eft 
|infi  qu'on  prononce  «C  qu'on  écrit  époque  l««x»  \  M^n^r- 
X  qui  M'ifX**  &  /»•  »«fX»<  i  Pcnuteuque  ,  »i»TifTivx»«;  Jt»dr$- 

fervc  la  même  pronoociati«>n  dans  Eth»,  'Hx^î;  Ecole,  «'*•- 

|e  crois  donc  que  fyaecdoque  étant  un  mot  fcicntiftquÊ  qui 

n'eft  point  daps  l'ufagc  vulgaire  ,  U  fout  l'écrire  d'une  ma- 

^  nière  qui  n'induife  pas  â  une  piononciation  peu  conrcnablc 

!         .  âfon  orimne.  '  .  .        i  • 

^     4*.  i'ufage  de  rendre  par  ch  itx  àes  Grecs  a^troduic 
iàe^tononcution  fnuiçoifé  dans  plufieurs  mois  que  nous. 
Vv    avons  pris  dès  Grecs.  Ces  mois  étant  devenus  çomuns  & 
^    rdâge  ayant  té  la  manière  de  les  prononcer  «cdf  les  écrire, 

tefpeâons  l'hase ,  prononçons  emhhifm*  ^mmehi^f  ,  f W- 

mirt  »  JtrchidiMcrt ,  Mehittà* ,  &c.  corne  nous  prènon- 

..  çons  #W  dans  les>nots.fTançois,  mais  encore  un  coup  ^j'- 

'  „   .  mtd9ftêêxMi  wifanuttjBMH  ¥ttlgM?c»éaivons4«^*  pï«^- 
■.^  I109ÇOIII 4iyiiccaoi|iie.   '    .  v  ^ 

!  /.*v       •„      •-    "  "■  ..■■„.■  .  . 


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ftl^M^i'      iil  ^#1^111 


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-rifcc — -r 


LA   SYNECPO^r/Ei    ^ 
moins  que  le  mot  dont  on  fc  feit  ne  ûgoific 
dans  le  fcns  propre. 

Qiun^u  lieu  de  dire  d  un  home  qfxil  aime 
k  vi» ,  je  dis  qu  il  aime  la  bouteille ,  cleft  une 
fimple  métonymie ,  c  eft  un  nom  pbur  un 
autre  :  mais  quand  je  dis  cent  voiles  pour  cent 
vaifièaux ,  non  feulement  je  prens  un  nom 
pour  un  autre ,  mais  jcxiohc  au  mot  vàiUs  une 
lignification  plus  étendue  que  celle  qu  il  a 
dans  le  Cens  propre  >  je  prens  la  partie  pour 
le  tout. 

La  Synecdoque  eft  donc  ufte  cfpcce  de  mé- 
tonymie ,  par  laquelle  on  doiic  une  fignifica- 
lion  particulière  à  un  mot ,  qui  dans  le  fen$ 
propre  aune  fignification  plus  générales  ou 
au  contraire,  ondone  une  fignification  gé- 
nérale à  un  mot  qui  dans  le  fens  propre  na 
qu  une  fignification  particulière.  En  un  mot, 
danç  la  métonymie  je  prens  un  nom  pour  un 
autre,au  lieu  que  dans  la  fy nccdoque,ie  prens 
kpksl^UT  lemomiOalâmnsfomieplMs. 

Void  les  diftrentes  fortes  de  Syncçdoqudi' 
que  les  Grammairiens  ont  rchiarquées: 

I.     SyNICDOQJUB    BV     GENRE  CCOmC 

(^sHià  on  dit  ks  mn^  pour  les  homes  /  le 
terme  de  moitc^  (Év^Mt  pourtant  çomp^<^ 
dïc  auiS  les  aûinûox  ^footittîM      jBott 


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Il  ii»iil»iir      il  i  lit    i 


<^i«^iMÉ)Mi  Jr      11^ M 


^      .t'*'>.f 


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^      LA  SYNECI>O^Ê.  • 

auffi  bien  que  nous  :  Ainfi,  quand  par  Us  m^ 

^Ms  on  n  entend  que  Fcs  homes ,  ccft  une  fy- 

jiecdoque  tlù  gehrè:  on  dit  le  plus  pour  U 

moins,       .:■-.'/,..  " .'  '  ■ 

E4iitcs  in        Dans  rEcritute  Sainte,  tréature  ne  figni- 

Biun.ium     ^^  ordinairement  que  les  homes  5  c*eft  encore 

lî^x'^r   ce  qu'on  àpèle  la  fynecdoquc  du  genre ,  par- 
oran^^ium  ^c  qu*alors  un  mot  gcncrique  ne  S  entend  que 

^MsJ^.  d'une  cfpèce  particulière .  créature  eft  un  mot 
c  i^.v.  ij-  gcnérique,puirqu  il  comprend  toutes  les  efpc- 
ces  de  chofes  créées ,  les  arbres ,  les  animaux, 
'      les  métaux  ,  &:c^  Ainfi  lorfqu'il  ne  sentend  ^ 
que  des  homes ,  c  eft  une  fynecdoquedu  gen- 
re, c'eft-à-dire ,  que  fous  le  nom  du  genre,  on 

ne  conçoit ,  Qp  n'exprime  qu'une  efpèce  par. 
ticulicreî  on  reftraint  le  mot  gçncrique  à  la 
fimplc  fignification  'd'un  niot  qui  ne  marque 
qu'une  efpèce.  a 

Nmhrt  çft  un  mot  qui  fedit  de  tout  aflcm- 
blâge  cl'unitcs  :  i<*s  Latips  fe  font  quelquefois 
fcryi^dc  ce  mot  en  le  rdbaignam  àiineefpé- 
à  particulière.  /  - 

ï  /  i .  Pour  marquer  rharmonic ,  le  chant  :  il 
y  a;  dans  le  chant  une  prôportioii  qui  fe 
compte.  Les  Grecs rèiçntauffi|i||^^^  tout 
ce  qui  fe  feit  avec  uiic  certaine  pr^|>ortion. 


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lidÉM«fapwlMMMtth«HM9P 


hià  tu  iH' 


M«^lJM^aHi^^kM^^^A^^Ite^^«MAUl 


Virg.    Ed. 
IX,  V.  45. 


LA    SYNEC  t>0  ^e:      5,5 

,    .    .    .    .Numéros  mémini ,  C  vcrba  tcnércin. 

»  Je  me  reflbuviens  de  la  mefure ,  de  Thar- 
»  monie ,  de  la  cadence ,  du  chanr ,  de  lair > 
»  mais  je  n'ai  pas  retenu  les  paroles. 

2.  A/^ji»î^rwi  fè  prend. encore  en  partiailicr 
pour  les  vers  ;  parce  gu'en  cfet  les  vers  font 
compofcs  d'un  certain  nombre  de  pies  ou  de  , 
iylabes  :  Scribimus  numéros  y  nous  fefons  des  Pcrfcfat.  i. 


vers. 


V.  13- 


3 .  En  françois  nous  nous  fcrvons  auffi  de 
nombre  Se  de  nombreux ,  pour  marquer  une  cer- 
taine harmonie ,, certaines  mefarcs  ^propor- 
tions ou  cadences,  qui  rendent  agréables  à 
loreille  un  air,  un  vers  ,  une  période,  un 
difcoi^s. ,  Il  y  a  un  certain  nombre  qui  rend  . 
les  périodes  hàrmonieufes.  On  ait  d  une  pé- 
riode quelle  eft  fort  nombreufe ,  w«iwerq/y  ori-  Cic.  Qrtl. 
tk) h  ccft-à-dire ,  que  le  nombre  des  fylabes  J^i^^i^^^i. 
qui  la  compofent  eft.ft  bien  diftribué , que  lo-  &c. 
*reilleen  eft  frapéc  agréablement  :  numerus  z 
aufli  cette  fignification  en  latin.  In  oratibnc  âc  Otn. 
nùmcrus  latine ,  grach  pvM<,  inèffe  dïcitur. . .  .  "*  "*^'j^ 
.  .  Ad  cafihidas  aures y.2J\ovxtc  Qicéïon  y  nunieri  171. 
4^  or^irorp  ^^rw*r«r:  ^  plus  bas  Hi'exprime  en 
:c(^  termes  :j4rif)6t^(es  y f^^^  . 

Hàmerum  jubei,  Attlflw  ne  veut  point  qu'il  .fc 

trouve  ttlimiËi&ns  :lx  mok ,  c'ed^àKlire  »  .    «^ 


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qu'il  ne  vèut\point  que  lorfqu'on  écrit  <^tl 
|)iio(è  ii  ft  tiouyc  dans  le  difcours  le  même 
;iflcniblage  de  pies ,  ou  le  même  nombre  dé 
fykbes  qui  fortncnt  un  vers.  Il  veut  cepen- 
dant que  la  proie  ait  de  l'harmonie;  mais 
une  harmonie  qui  lui  foit  particulière ,  quoi-^ 
quelle  dépende  également  du  nombre  des 
fylabês  6c  de  l'arangement  des  mots. 

M.  Il  y  a  au  contraire  la  S  y  n  e  c  d  oqu  » 
Dï  l'espèce:  c*eftlorfqu*un  mot,  qui  dans 
le  fens  propre  ne  fignifi^  qu'une  cfpècc  parti-» 
culière ,  fe  prend  pour  le  genre  >  c  eft  ainfl 
quon  àpèle  quelquefois  vokwt  MVi  méchant 
hbme^  Cçû  alors  prendre /fiwowj  pour  mar* 

Il  y  avoir  d^ins  la  Theflàlie ,  entre  le  niont 
Oflà  &  \t  moïft  Olympe ,  une  fomcufe  plaine 
îçelée  Ttm^ ,  qui  paffoit  pour  un  des  plus 
beaux  lieux  de  la  Grèce ,  les  Poètes  grecs  & 
latins  fe  font  fervis  <k  ce  mot  particulier 
»^  pour  marquer  toutes  fortes  de  belles  cam- 
pagnes.   . 

»  Le  doux  fomeil ,  dit  Horacç ,  n'aime 
i> point  le  trouble  qui  règne  chez  les  gramls« 
»  il  iê  plait  dans  }e$  petites  maifons  des  net-» 
9  gerSy  àl'ômbcc  d'un  ruifieau  ,  ou  dans  ces 


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Lc'  n 
nent  aui 
l'home 
les  pro^ 
voilà  un 
fonage. 
dans  une 
Omnes  i 
de  la  ra 
il  eut  fc 

III. 

c  eft  \q\ 

ricr  ,oi 

I.  Z 

mains, 

à -dire, 
on  troi 
taffinp 

2.   L 

dans  le 


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Hor.  K  3;, 


LA   SYNECDO^E.       9I 

»  agités  que  par  le  zéphire;  u  &:  po^  mar- 
quer ces  campagnes  il  fc  fert  de  Tew^ 

...    Sommis  agréftium 
Lcnis  virorum  ,  non  hiimilcs  domôs 
Faftidir  ,  umbrofamquc  ripani  , 
Non  zéphyris  agirata  Tempe. 

Le  mot.de  corps  &:  le  mot  (ïame  fe  prè- 
ncnt  aufli  quelquefois  fé^jarément  pour  tout 
l'home  :  on  dit  populairement ,  furtout  dans 
les  provinces ,  ce  corps  la  pour  cet  home  là  > 
voilà  unplaifant  corps,po\xr  dire  un  plaifant  per- 
fonage.  On  dit  aulîi  qu*/7  y  a  cent  mile  ornes 
dans  «ne 'uj/e ,  c  cft-à-dire ,  cent  mile  habitans. 
Omnes  anima  domûs  J acob  ,  toutes  les  pcrfones  Çtà.  c^fi 
de  la  ramille  de  Jacob.  Génttitfhxdecim  animas,  y-  m 
il  eut  leize  enfans. 

III.  Synecdoqjje  dans  le  nombre. 
ccft  Iqrfquon  met  unfîngulier  pour  un  plu- 
rier ,  ou  u^  plurier  pour  un  fingulier. . 

1.  Le  Germain  révoltê\  c'eft  à-dire,  les  Ger- 
mains, les  Alemâns  ,  ténetm  vient  àjnoHs  ,  c*cft- . 
à-dire,  les  ènemis.    Dans  les  hiftpriens  latins 
on  trouve  foqvcnt  ^4es  pour  Mites  ;  le  Êin* 
taffin  pour  les  fentaflins ,  rin^nterie. 

2.  Le  piprier  pour  le  finj^licr.  Souvent 

dans  le  ûilc  férieux  on  dit  tiçus  au  lieu  de  m 

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i%  LA  SYffECDO^e.  ,_ 
tsU  iic.  &  de  même ,  //  efi  icritians  Us  Prophètes ,  c'cft- 
^  '/  f"  à-dire ,  dans  un  dc$  livres  de  quelqu'un  des 

Matt.  c  i.  Prophètes.  j  „    n^mKr(- 

▼•  *  J.  3 .  Un  nombre  f  crtam  pour  un  nombre 

incertain.  // me  Z^^^ir ,  toYoïV  ,  a;int /b;>  ,  c^r 
'  fois ,  mile  fois ,  c'eft-à-dire ,  pluficurs  fois. 

4.  Souvent  pour  faire  un  compte  rond, on 
ajoute  ou   Ion  retranche  ce  qui  empêche 
que  le  compte  ne  foit  rondrainfi  on  àitU  ver^- 
fi<m  des  fef tante,  au  lieu. de  dire  la  yerfion  des 
foixante  &:  douze  interprètes  ,  qui ,  fejpn  les 
PcresderEglife,traduifirent  l'Ecriture  Sam- 
tc  en  grec ,  à  la  prière  de  Ptolomée  Philadel- 
phe  Roi  d'Egypte  ,  environ,  trois -cens  ans 
avant  Jéfus-Chrift.  Vous  voyez  que  c  eft  tou- 
jours ou  le  plus  pour  le  moins ,  ou  au  contraire 
le  moins  ipouï  le  pins. 

IV.    La   PARTIE    POUR    LE  TOOT^  &: 
LE    TOUT    POUR   LA     PARTIE.     Ainfi /^ 

tête  fe  prend  quelquefois  pour  tout  Thome  ; 

c'eft  ainfi  qu'on  dit  comunément ,  on  -a  payé 
»  tant  par  r^rf ,  c'ett-à^ire ,  tant  pour  chaque  per- 

fone  >  une  tête  ft  cWrr  ^c'eft.à-dirc ,  une  perfo- 
'  ne  fi  prccieufe  ,  fi  fort  aimée. 

Quand  les  Poètes  difcnt  apûs  quelques  rhoif- 

•  /il*  ,  quelques  étés  ,  quelque  hiVCTS  ,  C  eft-à-dirC  , 

s  aprïS  quelquç  années. 


X 

ïfonde 
lue,  Ur 
ce  mot  < 
rivière , 

Vous  ji 
Se  fcrc 
Plutôt 
Voyez 
Ccftlc 
Leur  c 

Dans  le 
Vaiflcau 
dit  en  ft 
feàux.  [ 
toute  h 
clic  mèi 
Lapo\ 
ncnt  ai 
tout  le  ] 
par  cet 
doner  u 

Tu  m 

Si  Didc 
fifibus  i 


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lA   SYJiEClyO^ E.       99 

fonde ,  dans  le  fcns  propre  fîgnific  une  va- 
gue, Unflotj  cependant  les  poètes  prènent 
ce  mot  ou  pour  la  mer ,  ou  pour  Teau  dune 
rivière ,  ou  pour  la  rivière  même,  ' 

Vous  juriez  autrefois  que  ccrtc  onde  rcbclc* 
Se  fcro.it  vers  fa  fource  une  route  nouVcJc  , 
Plutôt  qu'on  ne  vcrroit  votre  cœur  dégagé.;^  . 
Voyez  couler  ces  flots  dans  cette  vaftc  plaint  j:  . 
C'eft  le  même  penchant  qui  toujours  les  entrainei 
Leur  cours  ne  change  point,  &  vous  avezthangé» 

Dans  les  poètes  latins  la  poupe  ou  la  proue  d'ûit  . 
Vaiflcau  fe  prcnent  pour  tout  le  vaiflcau.  Oa 
dit  en  françois  cent  voiles ,  pour  dire  cent  vai(^ 
feàux.  TeUum  ^  le  toit ,  fe  prend  en  latin  pour 
toute  la  maifon  :  jEnéan  in  régia  ducit  te5ia ,  y^^g^  jç« 
clic  mène  Enée  dans  Ton  palais.  i.  v.  (535* 

La  porte ,  &:  même  lefeuil  de  U  porte ,  fe  prè- 
nent auiîî  en  latin  pour  toute  la  maifon  »  ^ 
tout  le  palais,  tout  le  temple.  Ceft  peut-être 
par  cette  efpece  de  fynecdoque^u  on  peut 
doner  un  fensraifonablc  à  ces  vers  de  Virgile: 

Tum  fo^jbus  Qivae,  média  tcftùdinc  tcniplj^ 
^pta  armis  ;  folibquc  altè  fubnixa  rcfcdit.    1 

Si  Didon  étoit  afiîfe  à  la  poçte  du  tcmrile , 

fMus  Divét ,  cornent  pouvoit-cllc  êtreaC» 

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lUc  en  même  tems  fous  le  milieu  de  la  vouîc> 
mkdÀk  teftàdine  ?  C  cft  que  par  forihiu  Diva ,  il 
ûut  entendre  d^acbord en gcncralle  temple; 
elle  vint  au  temple  èc  fe  plaça  fous  U  voute^ 
Lorfqu  un  citoyen  romain  çtoit  feit  cC- 
clave,  fes  biens  apartenoient  à  fesiicritiers  > 
mais  s*il  revenoit  dansj^  patrie ,  il  rentroit 
dans  la  pofTefiïon '&  jouiffafice  de  tous  ks 
biens  :  ce  droit ,  qui  cft  une  cfpèce  de  droit 
de  retour ,  s'apeloit  en  latin /«^  pofllimtnii  i  de 
foft^  après,  &:  de  /i>^» ,  le  fcuil  de  la  porte , 

rentrée. 

Porte  y  par  synecdoque  ^  par  anton9mafc, 
fignifie  auifi  la  conrdii  Grand  Seigneur ,  de 
l'Empereur  Turc.  On  dit  faire  un  traité  avec  la 
Forte ,  c*eft-à-dirc  avec  la  Cour  Ottomane. 
C*eft  une  êiçon  de  parler  qui  nous  vient  des 
*  Turcs  :  ils  nohienr  Porte  par  excclence  la  por^ 
te  du  (crail ,.  c'eft.  le  palais  du  Sultan  ou  Em- 
pereur Turc  i  &.ils  entendent  par  ce  mot  ce 
que  nous  apelons  U  Cour. 

Nous  difons  i^jf  a  cent  feux  dans  ce  vilagCy  c'eft: 
à-dire ,  cent  fiimilles. 

On  trouve  auffi  des  noips  de  viles ,  de  fleu- 
ves 1.0U  de  pays  particuliers ,  pour  des  noms 
^Jj^provinccs  &  de  n|ti©ai;.  *  Les  Pclafgiens, 


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les.Argi 
licrs  de 
Grecs,  c 
anciens. 
On  v< 
pour  les 
la  Seine  \ 

*  Chaqt 
La  Seine 

tt  Foule 


t  Cum 
iniclUgiK 


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MA^iJÉMfc^M    llll      I    I  iJll         II     <      IIÉ  II 


LA  SYNECDO^iyE.  loi 
les  Argicns ,  les  Dociens ,  peuples  particu- 
Jicrs  de  la  Grèce ,  fc  ptènent  pour  tous  les 
Grecs ,  dans  Virg^c  &c  dans  les  autres  poète* 

anciens.  ^  --, 

On  voit  fouveat  dans  les  poètes  le  Ttbnf 
pour  les  Romains  ;  le  Nil  pour  les  Egyptiens} 
la  Seine  pour  les  François. 

♦  Chaque  climat  produit  des  favoris  de  Mars , 
La  Seine  a  des  Bourbons ,  le  Tibre  a  des  Ccfers. 


tt  Fouler  aux  pies  Torgueil  ScduTageat  duTi 


R? 


Par  le  fa^e  il  entend  les  Efpa^nols,  le  Ta^c 
cft  une  des  plus  célèbres  rivières  dEfpagnc. 

V.  On  fe  fert  fouvent  du  nom  de  la  matière 
POUR  marquer  la  chose  quï  en  est  faite  ,  le 
pin  ou  quelqu  autre  arbre  fe  prend  dans  les 
poètes  pouir  un  vaiflcau  h  on  dit  comunément 
de  Urgent  pour  des  pièces  d'argent ,  de  la  mo- 
noic.  Le  fer  fc  prend  pour  rcpceipénVp^r  U  fer. 
Virgile  s'eft  fcrvi  de  ce  mÔt  pour  le  foc  de 
la  charue  ;  •  '  ™ 


*  Boilcaa 
Ep.  1. 

«ifcours 
au  Roi- 


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At  Wius  ignotum  fcrro^uam  fcindimuj  xquor 


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I  Cum  Tibcri  Nilo 
$5.  V.   10,  Pcr  Ti' 
incclligito.  Birês' 


f.     Geotp 


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ia  nulla  fuat.  Tfp,  1.  i.  El<g. 
iQi,perNiluiJi  -4gypuoi 


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lill.        i^.! 


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M.  Bôileau  dans  fon  ode  fur  la  prifc  '<!• 
ïîamur ,  a  dit  ïwm%  pour  dire  les  canons  t 

■     '  ^'         '        '  ■'      >    ■  '"^^~    :   ■        '•    '        -  ■  ■  -  ■■ 

*        *   ^.      Et  par  tcnt  boûche?  horribles  * 

LV;r4/>f  fur  ces  monts  terribles 

<^  Vonîit  le  fer  &  la  mort.      \ 

L*tf«W«  en  latin  *f!>  fc  prend  auffi  fréquent 
ment  poitf^la  monoie ,  les  richcfTes  :  la  pre- 
mière mphoi<5  4es  Rôràains  ctôit  de  criivrc  : 
#  rfx  di^iriïi  ,  le  cuivre  d'àutrui ,  c*eft-à-dirc, 
IjC  bien  d  autrui ,  qui  cft  entre  nos  mains ,  nos 

dettes ,  ce  que  nous  devons. 
^Enfin^r^^ft  prend  pour  des  vafcs  cfe  cuivre, 

*     pour  dès  trompctes ,  del^mes ,  eh  un  mot> 
V  îk)ur  tout  CP  qui  fi?  foit'de  %uivi^^ 

i>icu  dit  à  Adam;  tu  es  i^uffière  &  tu  re^ 

Cen,  c  3.  tourneras  en  poufltère,  pulvis  eèp'm  fmlverew^ 

^-  *^«      ^m^rtérw^C^^*^ire,  tu  as  ét^fet  de  pout 

\  "gère ,  tu  as  été  forme  d*un  peu  de^rte. 

•     Virgile  s'eft  fçrvi  du  noX  de  ré^phant, 

;      .    i^urttïarquerfimplcnaeht  de  l'ivoire  V^^'cft 

ainfi  que  nôùWifonsj:ous  les  jours  iw*w^^^ 

,   pour  dire  un  çhâp^^  Eût  dQ  poil  de  caC» 

•.' ..  tor,  ^c/  ;  ^■..  ■    /  -    ;  ^ 


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con ,  tome 
4.p.  6\. 


LASYNECPO^VE.     j^oj 

J  Le  pieux  Ence ,  dit  Yirgilc ,  *  lança  &^  haf- 
te  t  avec  tant  de  force  contre  Mézcncc,  •fp^e,pî, 
qu'elle  perça  le  bpuclier  fait  de  trois  plaques  ^"*  »  ^"^J* 
de  cuivre ,  &  qu'elle  traverfa  Içs  piquurcs  dcrMontfau- 
toile,&:  Ibuvrage fjiit détroit fa«JT4j«r,c*eft- 
à-dirc,de  trois  cuirs.  Cette  faconde  parler 
ne  ferait  pas  entendue  en  notre  langue. 

Mais  il  ne  feut  pas  croire  qu^il  foit^rmîs 
de  preijdre 'indiféi;enment  un  nom  poùi:  ufi 
autre  ,  foit  par  métonymie  ,  foit  par  fynec^ 
doque  :  il  feut ,  encore  un  coup ,  que  les  ex-. 
prcflions  figurées  foieht  autorifees  par  lu/àgej 
ou  du  moins  que  lé  fens  litéralquon  veut 
faire  entendre ,' fe  préfènte  naturèlernent  à^v 
Tefprit  fans  révolter  la  droite,  raifbn ,  &  fans 
blefïèr  les  oireilles  acoùtumées  à  Ja  pureté  * 
du  langage.  .3i  Ion  difoit  qu*uoc  armée  na- 
vale étôit  compofee  de  cent  nuUf;  OM  A^  cént\ 
avirons  ,^u  lieu  de  dire-  de  cent  voiles  pour  certt 
vàifïcaux',  on  fc  rendroit  ridicule  ;  chaque 
partie  ne  i^  prend  pas  pour  le  tdut ,  &  cha- 
que nom  générique  nçfe  prend  pas  pour  une    , 
cfpèce  particulière^nf  tout  nom  d*efpèce  pQiir 
le  genre  :  ccfl  l'ufagc  iFeul*qui  donc  à  fpn 


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♦  Tarn  pius  itnéas  haftam  jacit  :  ilia  ocr  orbçm 
,  ^re  cavtira  triplici  pcr  Unca  tcrga  ,  tribùrque   ^ 

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JÏ04     Iw*    SYVECÉO^ E. 

gré  ce  privilège  à  un  mot  plutôt  qu'à  un 
Wtr# 

'  Ainfi,  quand  HoracCr  ;^  dit  que  les  combats 
Hor.i  I  .od.  font  en  horreur  aux  n;^cres,W/«>Bim^j<;^ 

^5  Je  fuis  perfuadc^c  ce  poète'  li'a  Voulu 

parler  précifement  que  dzs  mérôs.  Je  vois 

une  tricre alarmée  pour  fon  fi!§,  qu'elle  fait 

étr^à  la  guerre  ,  ou  dans  urt  combat ,  dont 

.eifi  vient  dcjuiaprcndre  la  nouvèle  :  Horace 

excite  nia  fenlîbilité  en  me  fefantpenferaux 

alarmes  où  les  mères  font  alors  pour  leurs- 

çnfàns^  il  me  femble  même  que  cette  ten- 

tireffe  des  mères  eft  ici  le  feul  feptimentqui 

rie  foit  pas  fufceptible  de  foibiefle  ou  de  quel- 

qu  autre  interprétation  peu  favorable  2  les 

alarmes  d  une  maîtrefle.  pour  fon  amant,  n'o- 

icroient  pas  toujours  fe  montrer  avec  la  mé- 

jnc  liberté ,  que  la  tendrefle  d  une  rriçre  pour 

fon  iils.    Ainfî  quelque  déférence  que  jaiè 

pour  le  favant  P.  Sanàdon ,  i*avouç  que  je 

nç.faurois  trouver  une  fynecdoque  de  lefpè- 

ce  dans  bellamâtibusdeujfâta.  Le  P.  Sanadon 

croit  que  màtribus  comprend  ici,  même  les  jeu- 

«  WX.A.VW     nés  filles  :  voici  fa  traduction  :  Les  combats ,  qui 

Tom.i.p.7.  font  pour  (es  femmes  un  oljit.d^hotreur,  iCEt  dans 

♦  pg^  li'    les  remarques  il  dit ,  que  »  ^  les  mères  redou- 
}?  lient  la  guerre  pour  leurs  époux  &:  pour  leur^ 


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d'HoVacc , 


~'  /'■■  -^  ,•-  ' •  ■ 

ticnfehs;  rHafs  les  jeunes  filles,  •ajoute-t-il; 
»  ne  D  o  IV  EN  T  pas  moins'Ia  redouter  pour 
>»lcs  objçts  d*une  tendtcflc  légitime  que  la 
»  gloire  leur  enlèvfe,  en  les  rangeant  fous  les 
«drapeaux  de  Mars.  Cette  raifon  m*a  fait 
»  prendre  v/iatres  dans  la  fîgnification  la  plus 
»  étendue  ,  tome  les  poètes  Font  fouvent 
»  employé.  Il  me  feinblc;  ajouté-t-il ,  que  ce 
•»  fens  fait  ici  un  plus  bel  éfèt.  « 

Il  ne  s'agit  pas  de  doner  ici  des  indniflions 
aux  jeunes  fille«,  ni  de;  leur  aprcndre  ce  quel- 
les doivent  faire ,  lorfqUc /<i  (r/o/np  i^iir  «x/ruf 
ks  objets  de  leur  tendrcfje  ^  en  les  rangeant  fous^ 
les  drapeaux  de  Mars  '->  ceft-à-dire,lorfque  leurs 
aman^font  à  la  guerre; il  s*agitde  ce  qu  Ho- 
race  a  penfê  :  or  /il  me  femble  que  le  terme 
"de  méîres  n'^ft  relatif  qu'à  enfans  i  il  ne  Peft  pas 
même  k  époux ,  encore  moins  aux  objets  d*unc 
tendrejfe  légitime.  J'ajouterois  volontiers ,  que 
les  jeunes  filles  sopofentà  ce  quon  les  con- 
fonde fous  le  nom  de  mères  >  mais  pour  par- 
ler plus  fèrieùfement ,  j'avoue  que  lorfquc 
je  lis  dans  la  tradudion  du  P.  Sanadon ,  que 
les  combat  s  font  po^r  les  femmes  un  objet  d*  horreur  ^  je 
ne  vois  que  des  femmes  cpouvantc&  i  au  lieu 
que  les  paroles  d'Horace  me  font  voir  une 
mère  atendrie  :  ainiî  je  ne  (cas  point  que  l'une 


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tb^  ^  LA  SYNECDOQUE. 
de  ces  expreiîîons  puifl'c  jamais  être-^nmage 
de  l'autre  j  &:  bien  loin  que  la  traduction  du 
p.  Sanadon  faflè  fur  moi  un  plus  bel  éfer,  je 
regrète  le  fentimcnt  tendre  quelle  me  fait 
perdre.  .Mais  revenons  à  la  fynecdoquc. 

Corne  il  eft  facile,  de  confondre  cette  fi- 
gure avec  la  métonymie  ^  je  crois  qu'il  ne  fera 
pas  inutile  d  obferver  qud  ce  qui  diftingu-^  la  * 
fynecdoquc  de  la  métonymie  ,  ccft  i'*.  Que 
la  fynecdoque  fiit  entendre  lep/«^  parun  mot 
qui  dans  le  fens  propre  fignifie  le  mçins ,  ou  au 
contraire  elle  fait  entendre  le  moins  par  un 
mot  qui  dans  le  fens  profère  marque  le  plus, 
2^.  Dans  Tune &:  dans  lautre  figure  il  y  a 
une  relation  entre  l'objet ;dont  on  veut  par- 
1er  &:  celui  dont  on  emprunte  le  nom  >  car 
s'il  n'y  avoit  point  de  raport  entre  ces  objets, 
il  n'y  auroit  aucune  idée  àçcefipirc ,  3c  par 
conféquent  point  de  tropc  :  mais  la  relation 
qu'il  ya  entre  les  objets ,  dans  la  métonymie , 
cft  de  telle  forte ,  que  l'objet  dont  on  emprun- 
te^ le  nom  fubfiilc  ïndépcndannnent  de  celui 
dont  il  réveille  l'idée,  èc  ne  forme  point  un 
enfemblc.  avec  lui  :  Tel.  eft  le  raport  qui  fc 
,  trouve  entre  la  caufe  &c  Véfet ,  entte  l'auteur  & 
'  fon  ouvrage,  entre  Çérès  &c  le  blé  ;  entre  le 
€omenant  &  k  contenu  y  çQmccnXichi  bouteille 


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v^ 


I^À  SYNECpb^E.  lo^ 
&:  k  vin  :A\i  lieu  que  la  liaifon  qui  fc  trou- 
ve entre  j  les  objets,  dans  la  rynecdoquc;  fu- 
pofe  que  ces  objets  forment  un  enfcmblc  co- 
rne le  tout  &:  la  fartie  5  leur  union  n'eft  point 
un  fimple  raport ,  elle  eft  plus  intérieure  & 
plus  dépendante  :  c^eft  ce  qu'on  peut  remar- 
quer dans  les  cxemplp  de  l'une  &  de  l'autre 
de  ces  figures.         ,  • 

-  t     y- 

L' A  NT  ON  G  M  A,  s  E. 


^ 


L 


•  Antonomafc  eft  une  cfpècG  de  fynccdo-  'Afr^f^*- 

01a.  ,  premêr' 


que,  par  laquelle  on  met  un  nom comun  ^,„^,,,.  ^ 

pour  un  nom  propre,  ou  bien  un  nom  propre  "°^^^PJ'^' 
pourunnomcoraun.  Dans  le  premier  cas,on  ^„j  p^^^  ^ 
veut  faire  entendre  que  la  pcrfbne  ou  la  chofc  contre  & 
dont  on  parle  excèle  fur  toutes  ce  1  fôs  qui  peu-  ^^^^^ 
vent  être  comprifes  fous  le  nom  comun  :  &^ 
dans  le  fécond  cas ,  on  fait  entendre  que  Celui  * 
dont  5n  parle  refl^mble  à  ceux  dont  le  nom 

propre  eft  célèbre  par  quelque  vice  ou  par 
quelque  vertu.  ^ 

I.  Phibfophe,  Orateur  ,  Poète,  Roir  ,  Vile, 
Monfieur,  font  des  noms  comuns  ;  cepen- 
dant l'antonomafc  en  f^t  des  noms  particu- 


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Virg.  Bc. 

42.  V.  I. 


^     rAVroVO  MASE.' 
lias  qui  cquivalcni  à  des  *noms  propres. 

Quand  les  anciçhs  difcm  U  fbUof4heyiW 
entendent  Ariftotc. 

Quand  les  Latins  difent  lOrateutyi^  en- 
tendent Ciccron.         0  ^    ' 

Qiund lis  difent /fPoèi^;îIsicmcndcnt  Vir- 
gile. ^ 

Les  Grecs  éntcndoient  parler  de\Dcmof- 
thène,  quand  ils  difoient  f Orateur /ôc  d'Ho- 
incrd  quand  ils difoient/ePoè/^/  /•^'. 

Quand  no?  Théologiens  difent-/^  DoSeur 
émgéliqHe,  ou  C^nge  dç  tÉcoky  ils  veulent  parler 
de  S.  Thomas.  Scot  eft  apelé»/^  d)o£ieHr  fub- 
ùl  y  S.  Auguftin  U  Do&eurdep  grâce. 

Ainfi  on  done  par  excèleixce  &  par  anto- 
nomafe,  le  nom  de  la  fcience  ou  de  lart  à 
ceux  qui  s'y  font  le.  pîus  diftingucs. 

Dans  chaquQ  royaume ,  quand  on  dit  fxm- 
plemcnt/fi^o/Ton  entend  le  Roi  du  pays  où 
Ion  eft  V  quand  on  dît  U  vile  y  on  entend  la 
capitale  du  royaume  ,  de  la  province  ou 
du  pays  dans  lequel  on  demeure. 

Qu6'tc,  Mœri,  pcdcs?  an  quo  via  ducit  in  urbcm? 
Urbem  en  ceif  endroit  veutdire  la  viîe  de  Man- 
ie :  ces  bergers  parlent  par  raport  au  tçrd- 
^.,,re^  iis^dené  Mais,  quand  les  an- 

cien parloicnt  pà:  raport  à  TEmpirc  Ro- 


•( 


•  Tërcn. 
▼.  17.  fc 
♦*  Xcrc 
llcibiadi 
•*♦  AriT 
Imp 


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V 


I,   . 


VAVrONOMASE.       lo»  .   / 

^  tnain,. alors  par  anm^  ils  cntcndoicnt  la  vile 
de  Rome. . 

Dans  les  comédies  grèques ,  ou  tirées  du 
grec,  la  vile  [aftu ]  veut  dire  Athènes  ;  An  ^  Tiinr , mi 
m\iiiu^enii\  eft-îl  venu  à  la  viief^  Cornélius ^[^Jj;^^^ 
Népos  parlant  de  Thcmiftocle  &:  d*Alcibia-  nco. 
de ,  s  cft  ièrvi  plus  d'une  fois  de  ce  mot  en  ce 
^  fens.  ^^    » 

Dans  chaque  famille,  monfieur^  veut  dirc^ 
le  maitfe  de  la  maifon. 

Les  adjediis  ou  épitétes  font  des  noms  co- 
muns  que  Ton  peut  apliquer  aux  diférens 
objets  aufquelsils  conviènent,  lantonomafc 
en  fait  des  noms  particuliers  :  l'invincible ,  le . 
conquérant;^  k  grand  ^  le  jiifle ,  le  fage  ,  fe  difcnt 
.  ipar  antonomafe  de  certains  Prmces  ou  d'au- 
tres perfones  particulières.       y 

Tite-Live  apèle  fouvent  Anrtibal  le  Car-  Tit.  LW.  i, 

thaginoi$y  le  Carthaginois  ,  dit -il',  avoit  un 

s^  grand  nombre  d'homes  :  abundàbat  mnltitûdine 

himinum  Pœnus,    Didon  dit  à  fa  fœur  *** 

vous  mettre^  fur  le  Jucher  les  armes  ^ue  Je  pcr- 

•  Tëren.  Eun.  aft.  v.  fc.  S.  ftlon  Madame  Dacicr,  &  Ce,  j. 

▼.  17.  fclon  les  éditions  vulgaires.     , 

♦*  iccrccf  :  prôtinos  accéflîc  aftu.  Corn.  Nep.  Thctm&.  4. 

llcibiadcs  poflquam  aftu  venic   idem  Alcib.  6. 

•♦♦  Arma  viri ,  lilamo  quac  fixa  rcliquit 

Jmpioi. . .  fupcr  imp6na«.   Ai.  1.  iv.  v.  4^$* 


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tl.XL  S. 


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JEn.   I. 

Y.  407. 


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V.     •  ■        ■        ■  ,      .  ■       .  •  ^    *-■■ 

fiO    ,  VANrONOjîtASB^ 

fidc  «  Uùffècs,  &  par  ce  perfide  cllc.|:ntcn4 

Éncc.    '     .  .      .      '      ^•'-        ^ 

Le  iXtfiriiôeur  de  Cirtage  &  de  Niànance ,  figni* 
ûc  parintonomafe  àripion  Emilie». 

Il  en  cft  de  même  dc^noms  patronymiques 
dont  j*ai  parlé  ailleurs ,  ce  font  des  noms  ti- 
rés du  nom  du  père  ou  d'un  ayeul ,  &  qu  on 
done  aux  dcfccndans  >  par  exemple ,  quand 
r,  Virgile  apclc  JÇnée  Anchisïades ,  ce  nom  cft 
doné  à  Enée  par  antonomafe ,  il  eft  tiré  du 
npm  de  fon  pcre  ,  qui  s'apeloit  Alichife. 
piomcde ,  héros  célèbre  dans  l'antiquité  fà- . 
buleure,eft  fouvent  apelé  7)r</if/fx , parce  qu'il 
ctoit  fils  de  Tydée,  Roi  des  Etoliens. 

Nous  avons  un  recueil  ou  abrégé  des  loix 
des  anciens  François ,  qiii  a  pour  titre,  Lex 
iStf/ïcarparmi  ces  loix  il  y  a  un  article  ^  qui  ex- 
clut les  fcmines  de  la  fùcceflion  aux  terres  fa- 
liques,c*eft  à-dire,  aux  fiefs  :  c'eft  une  loi  qu'on 
c'a  obfervée  inviolablement  dans  la  fuite 
qu'à  l'égard  des^  femmes  qu'on  a  toujours  ex- 
clufes  de  la  fucceffion  à  la  courône.  Cet  - 
^  ufage  toujours  obfervé  eft  ce  qu'on  apèle  au- 
)ourd'hui  loi  falique  par  antonomafè  ,  c'eft-à— 
^3ire,qtte  nous  douons  à  la  loi  particulière 

*  De  tcrrà  vero  lâlicâ  ,  nulla  p6itio  h^itànktii  mulîeri  vé- 
niât,  icd  ad  virilem  Icxum  tota  tcrr« jutrédius pciv^xiiat, 
X#«  sMifn*  ait.  tf  X.  de  Alodc  $.  tf. 


tfcxclu 
que  no; 
généra 

II. 
Jorfqu' 
comun 

'  Sard 
voit  à: 
tel  eft  1 
volupti 

L'Eir 
vaifes  r 
rir  fa  pi 
qui  lui 

Cato 
1  auftér 
d'un  hi 
un  Né 

Mccc 
protég( 
d'hui  d 
tcction 

Mais 

c'eft-à- 

"ïrus  ( 

ctoit  à 

donc  I 


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-       V  AVTOKOMASE.      m 

^'exclure  les  femmes  de  h  courone,  un  nom 
que  nos  pères  douèrent  autrefois  à  un  recueil 
général  de  loix. 

II.  La  féconde  efpèce  d'intonomafe^cft 
lorfqu  on  prend  un  nom  propre  pour  un  nom 
comun  ,  ou  pour  un  adjeCtiV. 

Sardanapa Le  dernier  B.pi  des  AÛTy riens  vf- 
Voit  dans.uric  extrême  molcflTe  '->  du  moins        "  ^  y 
tel  eft'lc  fentiment  comun  :  delà  -on  dit  (^\vx  - 
\o\Mipl\Xtnx^  ceiïunSard^napde. 

L'Empereur  Néron  fut  un  prince  de  mau-        ,  - 
vaifes  moeurs,  &  barbare  jufc[u à  taire  mou- 
rir fa  propre  mérë\  delà  on  a  dit  des  princes 
qui  lui  ont  reflemblé  ,  c'eft-un  Néron. 

•Caton ,  au  contraire,  fut  recomandable  par 
Tauftérité  deTes  moeurs  :  delà  S.  Jérôme  a  dit  Hier.  L  i, 
d'un  hipocrite,  ceft  un  Caton  auachors:  &  Ep-i3-i^uA' 
un  Ncron  au  dedans ,  intus  j\ero,foris  Cato.       fub   fin. 

Mécénas  favori  de  TEmpereur  Aui^ufte,  ^"g*^-  P- 
protégeoit  les  gens  de  lettres  :  on  dit  aujour-  ris  ,'cdit. 
d'huid'un  feigncur  qui  leur,  acorde  fa  pro-  i7»8.  p. 
toOàon  y  cejî  un  Alécénas. 

Mais  (ans  un  Mcccnas  à  quoi  ferf  un  Auquftçî  Boilfau, 

c  cft-à-di rc ,  fans  un  protedeur.  \  ^^'-  ' '  ^- ^^* 

^rus  étoit  un  pauvre  de  file  d'Itaquc  qui  ^°î"f *  ?* 
étoit  à  la  fuite  des  amans  de  Pénélope  ,  il  a 
donc  lieu  au  proverbe  dç^  anciens  ,  plus  pau- 


à)  il  1.  18. 


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iii  V  AVTOVOMASÊ. 
vfe  fiYiwi.  Au  contraire  Crcfus  Roi  de  Ly-i 
dk  fut  un  prince  extrêmement  riche  5  delà  on 
trouve  dans  lès  poètes.^iritf  pour  un  pau- 
vre &  Chf/îfx  pour  un  riche: 

OrkLTrift;         lni$&cftfubitàquimod6  Crœfuscrat^ 
ii^Eleg.7.  y     ....  Non  aiftatCrœfiis  ab  Iro.  f 

Zoïle  fut  un  critique  paflîoné  &  jaloux: 
fon  nom  fc  dit  encore  *  d  un  home  qui  a  les^ 
mêmes déÊiuts>  Arirtarquc,  au  contraire,  fut 
lin  critique  judicieux  :  Tun  &  l'autre  ont  cri- 
tiqué ftomère  :  Zoïle  Ta  ccnfurc  avec  aigreur 
&  avec  paffion ,  mais  Ariftarquc  la  critiqué 
avecunfagedicernemcnt,qui  l'a  feit  regarder 
corne  le  modèle  des  critiqucsron  a  dit  de  ceu3i, 
qui  Font  imité  qu'ils  étoicnt  des  Ariftarques. 

Et  de  moi.  mcmc  Ariftarquc  incomodc  : 


♦  Fropcrc. 
LiH.Elcg. 
4*  ▼•35., 


Ep.  1,  aux 
Mufo. 


C'eft-à-dire,  cenfeur.  Lifez  vos  ouvrages ,  dit 
Horace, "^^^  à  un  arni  ju^icieuxiil^^ous  en  fera., 

■  /  _        ^     ■■    :■  "     .  \   .    ., 

'*Iiig^înm  magni  dctrtôat  livor  Homéri  :' 

Qoifqais  es  ,  ex  Uo  ,  Z6ile  ,  nûmen    habes.    Oviis 
lUmed.  ainor  v.  3^5. 

**  Vir  bonnsac  pmcicns  verfus  rcprehéndet  inertes  , 
.    Calpibit  duios  ,  inc6inptis  idlinet  atrum 
I    Traafvërro  bélamo  fignum  ;  anlbitiéfa  rccidec 
Ornâménu  ,  parum  claris  lucrm  dare  cc^cc  ; 
AxpKt  amblgné  diâuxn;  mucinHa  notibit  , 
"iift  AriftAtciiBt.  Uwét,  art.  poct»  ?.  444. 

fentir 


fittdr  lcs( 

Thçriîtc 
plus  ridici 
du  les  dé 
nus^queh 
pour  un  11 
Ccft  dar 
ycre  a  dit 
»  un  finip 
nmoi^à  1 
»  pondre 
Edipe  i 
avoir  de^ 
à  ce  mot 

Je  ftfis  C 

Ceft-à-d 
cours  ér 
françoife 

Je  fuis 

Cequifà 
l'opofîtic 
donc  je  tu 
te;auli 

r 

pasdevm 
carilpo 
M.Sav 


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et- 


VAHTOUOMASÈ.       iif: 
Ibidr  les  dé£iuC5 ,  il  fera  pour  vous  un  yf  n/^ 

Theriîtc  fut  le  plus  mal  ^it ,  le  plus  lâche,  le 
plus  ridicule  de  tous  les  G  recs;Homère  a  ren- 
du les  dé£iutsde  ce  grec  fi  célèbres  &  fi  co- 
'  nus^que  les  anciens  ont  fouvent  dit  un  Therfiu 
pour  un  home  diforme,  jun  home  méprifable. 
C'eÀ  dans  ce  dernier  (ens  queAi.  de  la  Bru-  i^aBruy^^ 
ycre  a  dit,  >  jetez  moi  dans  \cs  troupes  come  ?^^^^^ 
»  un  fîmple  foldat ,  je  fuis  Thcrfite  >  metez 
M  moii  à  la  tête  d*une  armée  dont  i  aie  à  rc- 
»  pondre  à  toute  l'Europe  Je  fuis  Achile. 

Edipe  célèbre  dans  les  tcms  fabuleux  pour 
avoir  deviné  1  énigme  xiu  Sphinx  »  a  doné  Ueu 
à  ce  mot  de  Tcrence,  D^vus  fim^non  Oédipus.  tn,  Amlr; 

Je  fois  D.1YC  ,  Sci^cur  ,  ^  ne  Cuis  pas  Edipc*  •.••*« 

C*eflrà-dire ,  je  ne  (ai  point  deviner  les  dif* 
cours  énigniatiqucs.  Dans  notre  Andricnc 
françoife  on  a  traduit  f 

Je  fuis  Divc ,  Monfîciir  ^Sc  ne  fuis  p.is  dcvirt  :      And.  aft.ij 

Ce  qui  fait  perdfe  Tàgrément  &:  la  iuScfïe  de  ^^'  '* 
ropodtion  entre  Dave  &  Edipe  :  je  fuis  À)4ve^ 
donc  jf  nefmpaf  Edifie ,  la  conciuiion  eft  ruf- 
te  5  au  lieu  que  y  je  fias  Darve ,  donc  jene  Jku 
pasdevm ,  la  confëquencc  n*eflpas  bien  tirée, 
car  il  pouroit  être  Dave  &  devin. 
M.  Saumaife  a  été  un  £imtux  critique  dani 


!~ 


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i\j^.       rJNrONOMASÈ. 
:    ^^Ic  dixïcpticme  fiéclc  :  ceft  ce  qui  a  donc  lieu 
à  te  vers  de  Bçtlpau, 

Boileau  ,  '     Aux  Sauniaifcs  fliturs  préparer  des  forturcs  , 
Epit.  albn  .    ,  ^  .     ,.  .   .  *  .•        • 

cfprit ,  c'cA  G  elt-à-drre ,  aux  critiques ,  aux  comcntateurs 

^/*\       'à  venir.  • 

Xantipc,  femme  du  philofophe  Socratc, 
Xtoit  d*une  humeUr  facheuiè  &  incomode: 
on  a  doné  fon  nom  à  plulîeurs  femmes  de  ce 
caraâ:çrp; 

■  ■     ■       Il    ."  '  '' 

.  Pénélope  &r  Lucrèce  fe  font  diftinguées  par 
leur  vertu, telle  «eft  du  moins  leur  coiriuilc 
réputation  :  on  a  doné  leur  nom  aux  fem- 
mes qui  leur  ont  reffcmblé  ?  au  contraire,Ics 
^  femmes  débauchées  ont  été  apclées  des  Phry- 
nés  ou  des^Lais  ,  ce  font  les  noms  de  deux 
.   ,     fameufes  cpurtifanes  de  lancicne  Grèce. 


Boilcau , 
Sat.  X, 


Aux  tems  les  plus  féconds  en  Phrynès ,  en  LaVs, 
Plus  d*nnc  Pénélope  honora  fon  pays. 

~  Typhis  fut  le  piloté  des 'Argonautes  ;  Au- 

tomédon  fut  l'écuyer  d'Achile  ,  c'ctoit  lui 

qui  menoit  fon  char  ;  delà  on  a  doné  les  noms 

de  Typhis  &c  d'Automédon  à  un  home  qui 

par  des  préceptes  mène  ôc  conduit  à  quelque 

'  fciencçou  à  quelque  art.  Ceft  ainfi  qii'Qvi- 

'de  à  dit  qu'il  étoit  le  Typhis  Ôc  f  Automédon 

Oyid.  de  ,dc  lart  d'aimer. 

Art.  Ama.  *—     Xyphis  6c  Autoflicdon  dicar  axùôifc  ego. 

la  !•  V.*.  '^   • 


m 


Sous- 
4)hiné 
.Dauphii 
gieux  c 

petit  ûU 
fis' hoirs  i 

Charles  , 
caufe  de  ii 
&'  en  prof 

,  CharJc 
dùknom 
»>que  le 
1^      »  titre  dcl 

*  Trrmcs 
^  Daijplmil 
JDdndic.    Ccf 
▼«  de  l'Uiii 
Memôncs  pi 
chez  de  Bâti 
"  On  s'cl 
»>  inier  ne  dfl 
»' paro-Vs,  (j, 
coine  on  Je  . 
■  ^o^.cdn.  del 
Dans  Je  tcJ 
«ic  Charics  éf 

^^ârlçs  fon] 
^oyaumc,cv| 
^'^  Aîné  du  H 
le»  fils  de  l'ai 


r ANTONOMASE.  ■'  115 
Sous- le  règne  de  Philipes  de  Valois  le  Dau- 
phiné  fut  réuni  à  la  courone,  *,  Humbcrt 
Dauphin  de  Viennois  ^  qui  fc  fit  enfuite  Reli- 
gieux de  Tordre  de  S.  Dominique  ,  fe  dejjaifit 
&  deveflit  du  Dalphiné  &  de  toutes  fes  autres  terres, 
tir  en  fui  fit  rèèlcment^  corporel cment  &  défait  Charles 
petit  fils  du  Roi ,  prèfenrû'  acceptant  ^pourl^  & 
fes'hoirs  &  fucccficurs,  &:  plus  bas  ,  tranfporte  audit 
Charles  ,  fes  hoirs  &  fucceffurs  &  ceux  qui  auront  ^ 
caufe  de  H  pcrpîtuclement  &  héritablernent  en  faifine  „ 
Û"  en  propriété  pleirie  ledit  Dalphinè. 

Charles  devint  Roi  de  France  ,  cinquième  HiA.  de  Ji 
dû  nom,  &c  dans  la  fuite»  il  a  été  arété  ^^^"^^"'^^^^ 
«que  le  fils  aine  de  France  porteroit  fcul  le  G.Ma^cci^ 
»  titre  de  Dauphin. 


T.   I  il. 

F-  J*- 


*  Termes  dç-U  confirmation  du  dernier  iftc  de  tranfport 
è\i  Daiiphine  ,cn  tav;ui  «Je  Charles  fils  de  Jean  Duc  de  Nor- 
mandie. Cet  a£lc  cil  du  ic.  Juillet"!  -49.  Voyez  les  preu- 
Tes  de  riultoire  du  D  uiphiné  àc  M.  de  Vaibonnay  ,  &:  fes 
Mémoires  pour  lervu  i  j'inlloire  du  Dauphmc  ,  à  Paris 
chez  de  Bats  17  i  i, 

»■>  On  s'eft  perfuad^  que  la  condition  en  faveur  du  prc- 
»>  mier  ne  de  nos  Rois  étoit  tacitcmenc  renfermée  dans  cet 
»' paroles,  quoiqu'elle  n'y  foit  pas  litcrakmem  exprimée,  «c 
corne  on  le  croit  comunément.  Hijloirt  du  DAuphiféi,  page 
«03.  edit.  de  172,1. 

Dans  le  tcnVi  cTe  cette  donation  faite  à  Charles ,  Jean  père 
de  Charles  étoit  le  fils  aîné  du  Roi  Philipc  de  Valois  &  fut 
fon  fuccefleur  ,  c'cft  Jean  II.  Apres  la  mort  du  Roi  Jean  II. 
Charles  fon  fils  qui  étoit  dcja  Dauphm  lut  fuCRda  Ml 
Royaume,c'eft  Charles  V.  dit  le  Sage.  Ainfi  ce  ne  f\ii  pas  le 
his  aîné  du  Roi  qui  fut  le  picmicr  Daupkui  ,  ce  lut  CKa>r 
ici  fils  de  raillé.  i 

Hlj  . 


"\ 


V 


r 


»     r 


f^fvi»»  '  "• 


fiixi      r  ANTONOMASE. 

On  Eût  alluCon  au  Dauphin  lorlquc  dans 
les  ^milles  des  particuliers  on  apclc  Dau- 
phin le  fils  aine  de  la  maifon ,  ou  celui  qui 
A  le,  plus  aime.:  on  dit  que  c'cft  le  Dauphin 
par  antonomafc,  par^ufion,  par  mcu- 
phore ,  ou  par  iroriie.  On  dit  auffi  un  Ben- 
jamin ,  &iiànt  allufion  au  fils  bien  aimé  de 
Jacob.  ■  '        t^     .  ' 

Vl. 
La  GomunicÂtion  dans  les  paroles. 

KNf^r.!       T   Es  Rhéteurs  parlent  d  une  figure  apeléc 
Aifr^.com.  L  fimplement  Comunication  5  c'eft  lorfquc 
pdni^lio  l'orateur  s'adrcflant  à  ceux  à  qui  il  ^arle ,  pi- 
fcrminii.     jq^j  fc  comu  liqucr ,  s'ouvrir  à  eux  ^  les  pren- 
dre eux  mêmes  pour  juges  5  par  exemple  : 
En  quoi  vous  ai'je  doné  lieu  de  vous  plaindre  >  Kt- 
fondez^moi ,  ifite  pouvois-je  faire  de  plus  f  ^au- 
ricx.'vom  fait  en  ma  place  )  &c.    En  ce  fens  h 
comunication  eft  Une  figure  de  penfte ,  &: 
jMkr^onfcqucnt  elle  n'eft  pas  de  mon  fiijct. 

La  figure  dont  je  veux  parler  eft  un  tropc, 
par  lequel  on  fait  tomber  fur  foi-même  ou 
fur  les  autres ,  une  partie  de  ce  qu  on  dit  :  par 
cxet#^ic ,  un  maitre  dit  quelquefois  à  fes  dif- 
^ifkSjnQMst€rd99utomn9tr€t€ms9^\x^^^<^^ 


i 


■^^»' 


l 


LA  COMUNICATlcy^épi^ir'^ 

dire  vous  ne  feus  que  vous  amufir.  ^lu^avcns^ 
nous  fait }  veut  dire  en  ces  ocaflons ,  quave^^ 
vous  fait  >  ainfi  nous  dans  ces  exemples  n'eft 
pas  dans  le  fens  propre ,  il  ne  renferme  point 
celui  qui  parle.   On  ménage  par  ces  expref- 
fions  l'amour  propre  de  ceux  à  qui  on  adreflc 
la  parole ,  en  paroiflant  partager  avec  eux 
le  bîame  de  ce  qu  on  leur  reproche  >  la  re- 
montrance étant  moins  perfonèlc,  &  paxoif- 
Cuit  comprendre  celui  qui  la  fiiit  ^  en  cft 
moins  aigre  &:  devient  fouvçrit  plus  utile. 
Les  louanges  qu'on  fc  done  ble(Ç:nt  toujours 
lamour  propre  de  ceux  à, qui  Ton  parle  :  Il  y 
a  plus  de  modcftie  à  s'énoncer  d'une  manière 
<5Hi  feflc  retomber  fur  d'autres  une  partie  du 
bien  qu'on  veut  dire  de  foi  :  ainfi  un  capitaine 
dit  quelquefois  que  fa  compagnie  a  Élit  tcjle 
oatcUeaaion,  plutôt  que  d'en  Êiirc  retom- 
ber la  gloire  fur  (à  feule  perfone. 

On  peut  regarder  cette  figure  comc  une 
cfpéce  particulière  de  fynccdoquc,puifqu'oa 
dit  le  plus  pour  tourner  latention  au mwïw. 


H' 
I 


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mm^iix^ 


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;•    ,VII.  [f; 

L  A    Litote. 


A^^tVl.f  i   ^K  Litote  oii  diminution  cft  uri^trôpe  par; 

^eVnudutf         lequel  on  fe  fcrt  de  mots,qui ,  à  la  lettre,. 

yilii*°"    *  paroiflcnt;^foibUr  une  pcnféc  dont.on.faiç 

V     •   bieifi''  que  les  idées  acccflbires  feront  fentir 

toute  la  force  :,On  dit  le  moins  par, modeftic 

;  OU  pair  égard  î  mais   on  f^it  bfen  que  ce 

moins  réveillera  ridée  du  plus..  .    , 

Çom.  le       Quan*»Chimène  dit  à  Rodrigue ,  vcL,]e  ne  te 

fcr4.*^  "'•  ¥\^  pomr,.cIle  lÎK  fait  entendre  bien  plus  que 
ce's  mots  là  ne  fîgnîfient  dans  leur  fens  propre. 
II  cri  eft  de  même  de  ces  façons  de  parler , 
.  •        )f  ne  p«>j'i)dwWoi<cr,ceft;àTdire,  je  blâme  votre 
conduite  \.']e  ne  mépri/e  pas  vos  préfçns  ^  fîgni- 
^e  que.  .fén  fais  beaucoup  dé  cas"":  //  nefl 
•pas  fit ,  veut  dire. ,  qu'il  a  |)lus  d'efprit  que 
\   vous  nettoyez: il neji paspoltfon  fait  entendre 
qu  il  a  du  courage:  fythagore  nefl  pfts  m  auteur 
.     Wpf//ii/ev-^c*eft-,a^ire,quePythagOreeft^^^ 
auteur  qui  «mérite  dfCtreeftimé.  Ùe  ne  fuis 
pasfidifcme.'^^vcùtàj^t  modcftcmçnt  qu'on 


^ 


A  - 


r- 


■•  Non  fSrdidus  autor  n^^tùr*  rftlque.  H*r.  1»  i.  ode  i». 
?*  Ncé  fiim'  idcà  iafiSri^.  r«'X»  £cl.  *.?.*;• 


fi .  ^ 


.  iV. 


,|lîsw*r*^" 


■'\ 


Ç.S«?«**rf 


excès. 


LA    LJTOTl.y        «i* 

«ft  bienfait ,  ou  4^  moins  oj^n  k  croit     ' 

ainii.    /  *-  ^     . 

^  .  On.  apèk  aiifïî  cette  figure  exténuation  : 

elle  eft  ofofée  à  l'hyperbole. 

.  yiii.  :  > 

/     - 

L'HyF  ER  BOXE. 

LCjrsque  nous  fomes  vivenlent  frap"és  de  Tf'xip/j.x;. 
quelque  idée  que  nous  voulons  rcpréfén-  ^^^^  °  ' 
ter  ,  &  que  les  termes  ordinaires  nous  paroif- 
fcnt  trop  foibles  pour  exprimer  ce  que  nous 
voulons  dire;  nous  nous  fervons  de  mots, 
qui,  à  les  prendre  à  la  lettre,  vont  au  delà  de 
la  vérité  &:  repr(3^(entent  le  plus  ou  le  moins 

^  pour  faire  entendre  quelque  excès  en  grand 
ou  en  petit.  Ceux  qui  nous  entendent  raba- 
tent  de  notre  expreilîon  ce  qu'il  en  faut  ra- 
b^tre,&:'il  (c  forme  dans   leur  efprit  une 

;  idée  plus  conforme  à  celle  que  nous  voulons 
y  exciter ,  que  fi  nous  nous  étions  fervis  de 
mor^  propres  :  par  exemple ,  ^\  nous  voulons 
feiré  comprendre  la  légèreté  d'un  cheval  qui 
court  extrèmemertt' vite ,  nous  difons  qu'// 

rj^ûaptu^  vite.quejevent.  Cette  figure  s'apèle /j»^- 

■  ferbolcj  mot  grec  qui  fignifîe  excès, 

'     Julius  Soliaus  dit  qu'un  certain  Lada  étoic 


i,     : 


r 


^ 


\ 


*tiÉ^  VHYPEKBOLE. 
tPuncIf  grande  légéretéy  qu'il  ne  laiflbît  (or 
|ç  fable  aucun  vçftigç  4c  fes  pics.  * 

Virgile  dit  de  la  pfînceffQ  Camile,  qu'el- 
le furpaflœt  les  vents  à  licourfè  >  &  quelle 
eut  couru  fur  des  épis  de  blé  (ans  les  faire 
plier ,  QKk  fur  les  flots  de  la  mer  (ans  y  enfbn*. 
cer ,  &  même  (ans  (è  n\ouiiler  la  plante  des 
pies.  ^^  ,  *^ 

'    I  Au  contraire, (ï  l'on  veut  faire  entendre 

qu'une  perfone  marche  avec  une  extrême 
lenteur  ,  on  dit  qu^elle  marche  plus  lente- 
*  jncnt  qu'une  tortue. 

Il  y  a  pluficurs  hyperboles  dans  l'Ecriture 

B<lucainv6s  |fiinté  ;  par  exemple ,  h  vcms  donerai  une  terre 

}  ^^T   ^^  ^^^f^  desTMiffeaHX  de.  Lût  &  et  miel,  c'eft-à. 

ïaac&md-  dire,  une  terre  fertile  :  &  dans  la  Genèfe  il 

i  V ^  17*  '^^  çft dit,  Jf  W¥/fip^>mi  tes enfans en  auffi grand nom^ 

I  flciam  Cc- 
I  men  mum 
[  £cut  pùivc- 


bre ,  qite  les  grains  depoinjl^re  de  la  terre,  S.  Jean 
à  la  fitt^e  fdn  Èvangil^f^*^  dit  que  fi  Ton 


xem  terrx. 


1  G$mts.c,ii,      *  Primam  palniam  velociticis ,  Lidàs  quidam  adaptas  eft; 
I  Tt  x^t  9^'^  iu.rupra  cavum  piilverem  çarfiàl«it,uc  aréiiis  pendénci- 

I  \  Un  nulla  iniicia  rdinoueret  vtftki6ram.  |m/.  Sélitmsfi.  €^ 

**  Illa  vel  intiébe  légetit  pcf  ktmina  voliret 
Gramina,  nec  téneras  curm  ]xûS:t  ariftas,  ' 

Vel  mare  permédiom  ûuêtu.ùdj^éaûi  tuménti 
lerrct  iter  »  céierec  nedpineeret  cqoore  plantas.  J?».  1. 
VII.  V.  8q^. 

**«  Sont  aotem  &  41ia  multa  qat.lèicic  Jeros ,  que  il  £urK. 
)>inrar  per  singula,  necipfum  irbicror  okttn^aap  cipcrepolT* 
ft  ra»  >  qui  ibribéodi  ranc librM.  /tiNir  ni.  ▼.  ^|. 


A 


taeor 
de  Je 
de  et 
poun 

Lesi< 
quél( 
ufer  ] 
I^re: 
feutp 

î?vafl 
»&  < 
>vpcr1 

£x< 
nes.^ 
ment 
queic 
^dit 
blim( 
lérent 

«I 
»poi 
)>daii 


gétd'4 


> 


y 


/: 


THYPE  RBOLE.        itc 

tatontoit  en  détail  Jcs  aâions  6c  les  miracles 
de  Jéfus-Chrift  y  il  ne  croit  pas  que  le  mon- 
de entier  put  contenir  les  livres  qu'on  en 
pQuroit  fidrc.  / 

L^hyper^le  eft  ordinaire  aux  Orientaux. 
Les  jeuiïes  gens  en  font  plus  fouvcnt  ulàge 

-  que  les  perfones  avancées  en  âge.  On  doit  en 
ufer  folïremeht  &:  avec  quelque  corredif; 
pkrexemple,enajouunt,po«r4i»yîià'rp  îfi  t<m 
f  eut  parler  ainfi,  . 

»  Les  efpi;jts vife ,  pleins  de  feu  Se  qu'une  CimADci  L 

;^  )?  vaftc  imagination ,  emporte  hors  des  règles  2^î«2ptL 
»  &  4c  la  iuftciîc ,  ne  peuvent  s'aflbuvir  d'hy- 
jvperboles,  dit  M.  de  la  Bruyère. 

Excepté  quelques  fàçon^  de  parler  comu- 
nes.  &  proverbi^es ,  nous  ufans  uès  rare- 
ment d'hyperboles  en  françois.  On  en  trouve 
quelques  exemples  dans  le  ftije  fatirique  Se 
}Âdin ,  Se  qltelqaefbis  même  dans  je  (tile  fu- 
blime  Se  poétique  :  Dex  ruiffeaux  de  larmes  cou-  Ï!^'"'^^ 
Uremiesyeux  de  tous  les  habitons,  n^breckM. 

»  Les  Grecs  *  avoient  une  grande  paflion  ^^^^ 
»  pour  rhyperbole  ,  come  on  peut  le  voir 
»  dans  leur  Antolbgie  qui  en  eft  toute  rem- 

*  Traita  de  la  vraie  &  de  la  huSc  ^beaoté  dans  les  owrra- 
gei  d'eTpric  Ceil  un<[  cradu^on  que  Richekc  noas  a  do<- 
oëede  la  ^liilêrution  que  Mçflieurs  de  P.  R.  oot  mifc  i 


^  » 


\ 


X. 


V   * 


»  piic*  Cette  figure  tft  la  refiburce  des  peti|t 
»  cfprifs  ^ui  écrivent  pour  le  bas  peuple.      , 

BoO.  Art       Juvénal  clcvi  dans  les  cris  de  l'école,    '  ■ 


PoéCchant. 


/ 


Tvrr/riMtf» 

JExémpL 


Poudà  jufqu'f^xcès  fa  mordante  hyperbole.    ] 

'     \    ■       '      "■■••  '  .      '\      ■ 

»  Mais  quand  on  a  du  génie  de  de  lulage  d« 
»  monde,  on  ne  fe  fent  guère  de  goût  pou;^^ 
^»  ces  fortes  de  pcnfées  Eiufles  &:  butréesr    * 

^  L*H  Y  P  OT  Y  POSE. 

•*»:  T  'Hypotypofe  eftun  mot  grec^ui  (ignific 
_  _,...'•'"  ^itnage ,  r^/»/ei«.  C  eft  Iprfque  dans  les  def- 
A/i»jr»  ;     criptions  ort  pcin^4çs  faits  dont  on  parle ,  co- 

•^•/x«>*r  ^^  ^  ^^  qu'on  dit  étoit  aduèlemcnt  devant 
)esyeux  ?  on  montre,  pour  ainfi  dire  ,  ce 
qu  on  ne  feit  que  raconter  >  on  d6nc  en  quel- 
'  que  forte  loriginal  pour  la  copie ,  les  objets 
pour  les  tableaux  :  vous  en  trouverez  un 
bel  exemple  dans  le  récit  de  la  mort  d*Hyp- 
polite.  '  ; 

Cependant  ^  fur  le  dos  de  la  plaine  liquide , 
S'étôveà  gros, bouillons  une  mçntagne  humide; 
L*onde  aproche  ,  fe  brife  ,  8c  vomit  à  nos  yeux 
Parmi  les  flots  d'écume  ^  un  monftre  furieux; 
Son  firont  large  eft  armé  de  cornés  menaçantes  ^ 


-'Toc 

.  Ind( 
Sa  Cl 
Ses 

Lee 
La  ( 
Lcfl 

Ce  de 

flots  d 

tifdc 

auffi  t 

conve 

aufîî 

avons 

profo 

u(age 

que  d 

il  faut 

fentd; 

oraifc 

flUlpI( 

reven< 

Rer 

narrât 

Me, 
?nagc 
paflci 


rHYfûTYfOSS.        I»} 

•  'Tout  fon  corps  cft  couvert  d^écailles  jaunilTai^c^ 

.  Indomtablc  taureau  ,  dragon  impétuca)[  ; 
Sa  croupe  (c  recourbe  en  replis  tortueux  , 
Ses  longs  mugiflcmcns  font  trembler  le  rivagc.j 
Le  ciel  avec  horreur  voit  ce  monftre  Tauviigc, 
ia  terre  s*co  émeut .  l*air  en  cft  infcélc  . 
Le  flot  qui  l'aporta  recule  épouvanté. 

'••M  ..  '         ^  -      * 

Ce  dernier  vers  a  paru  afeâ:é;  on  a  dit  que  les 

flots  delà  mer  aloient  &:  venoient  fans  lé  mo- 
tif de  1  épouvante,  &  que  dans  une  ocalion 
auffi  trifte  que  celle  de  la  mort  d  un  fils ,  il  ne 
convenoit  point  de  badiner  avec  une  fidion 
aufli  peu  naturèle.  Il  eft  vrai  que  n6us_ 
avons  plufiéurs  exemples  d'une  fcmblablç 
profopppce  )  mais  il  eft  mieux  de  n*en^rc 
ufage  que  dans  les  ôcafions  où  il  nes!agit  « 

que  d  amufer  l'imagination  ,  &:  non  quand 
il  ftut  touclîer  le  cœur.  Lesfigurcs qui  plai- 
fentdâiisun  cpithalame,  dcplaifent  dans  une 
oraifon  funèbre  >  la  trifteflfe  doit  parler  plus  Hor.    Art 
iîmplenrcnt,  fi  elle'  veut  nous  intéreflcr  :  mais  ^^^^-  ^-  ^"• 
revenons  à  rhyporypofc. 

Remarquez  que  tous  \cs  verbes  de  cette 
narration  font  au  prcfent, /'o>«!fe4Jprw^f,  yr  / 

hrife  ^  &c.  c  eft  ce  qui  fait  rhypotypofc ,  Ti- 
pugç ,  la  peinture  >  il  femble  que  raison  fe 
paÛè  fous  vos  yeux. 


'^ 


rHYFortPosÉ. 

^  M.  j*Abc  Scgui ,  dans  fon  panégyrique  je 
S.  Louis,  pronohcc  cn*^rcfcncc  de  TAca- 
demie  françoffe^  nous  fournit  cncorcun 
bel  çxemp^le  rfhypotypofc ,  dans  la  clcfcrip- 
tionquli  £iit  diMépart  de  S.  Louis ,du  voya- 
ge de  ce  |^inî|ej^&  de  fon  arivce  en  Afrique. 

•  »  Il  part  baigne  de  pleurs,  &  comblé  des 
»>  bénédidioiis  de  fon  peuple  :  déjà  gcmiflcnt 
»  les  ondes  fous  le  poids  dt  fa  puiflàntc  flote» 

•  dèias'ofrentà^es  yeux  les  cotes  d^Afriqucj 
»  dèjafont  rangées  en  bataille  les  innombra- 
libles  troupes  des  Sar^finsf  Ciel  &  terre, 
«•  foyez  témoins  des  prodiges  de  fa  valeur.  Il 
»fe  jette  avec  précipitation  dans  les, flots, 
»  (iiivi  de  fon  armée  qtie  fof«i  exemple  encou- 

,  malgré  les  cris  é^qyàbîcs  de  Téne- 
»  mi  furieux ,  au  milieu  dfe  vagues  &  d*unc 
»  grêle  de  dards  qui  le  couvrent  :  il  s'avance 
»  corne  un  géant  vers  les  thams  où  la  vidoirc 
«fapele  :  il  prend  terre ,  il  aborde ,  il  pénè- 
»  tre  les  bataillons  épais  des  barbares  s  &  cou- 
»vert  du  bouclier  irtvifible  dujiieu qui  Eut 
»  vivrc&qui  fait  mcHurirTtra^nt  d'un  bras 
»  puiflant  à  droit  &  à  gauche  V  écartant  la 
»  mort ,  &  la  renvoyant  à  Ténemi  \  il  fembic 
»  encore  fe  multiplier  daiis  chaàun  de  fes  fol- 
»dats»  La  teqrcur que k8 infidèles aoyoient 


.  ficati( 
catibi 
conip 
prisd 
ficatic 
nefc 
fonq 
&ce 
on  dit 
h  véi 
Bgfût 


-f 


«porter  dans  les  cœur^»^  des  fiens ,  s'empare 
M  d'eux  mêmes.  LeSarafîn  éperdu,  le  blaf- 
>hème  à  la  bouche  ,  le  tdéferpoir  dans  \t 
Vçocfur ,  fuit,  &:  lui  abandone  le  rivage. 
Je  ne  mets  ici  cette  figure  au  rang  des  tro- 
pcs ,  que  parce  qu'il  y  a  quelque  forte  de  tro- 
peà  parler  dii  pafle  corne  s'il  étoitpréfent; 
car  d'ailleurs  les  mots 'qui  font  employés 
dans  cette  figure  confervcnt  leur  fîgnificatîon / 
propre.  De  plus ,  elle  eft  Çi  ordinaire,  que  j'ai: 
cru'qu'il  n'étoit  pas  inutile  de  la  remarquer  ici. 


v^. 


:  î 


\ 


/ 


.  •  ■.''  X. 
La    Met  aphore. 


L 


A  Métaphore  eft  une  figure  par  laquelle  wtrmi^, 


on  trànfporte ,  pour  ainft  dire ,  la  figni-  ^^^^ 
fication  propre  d'un  nom  à  une  autre  fignifi-  Tiinsftw» 
cation  qui  ne  lui  convient  qu'en  vertu  d'une 
coniparaifon  qui  eft'  dans  l'efprit.   Un  mot 
prisdans  un  fcns  métaphorique  perd  fa  figni- 
fication  propre  ^  &  en  prend  une  nouvèlc  qui 
ne  fe  préfente  à  Telprit  que  par  la  comparai-  ^' 
fon  que  l'on  &it  entre  le  fen3  propre  de  ce  mot, 
&  ce  qu'on  lui  compare,  par  exemple,  quand 
on  dit  que  U  menfongefe  fart  fonvcnt  des  coukurs  de 
U  vérUé  :  en  cette  phrafe  ctmkitrs  riz  plus  fit       ». 
fignificatioa  propret  primitive  i  ce  mot  ne 


^ 


V- 


F 


as      LÀ    M  E^  AS  HO  RE. 

marque  plus  cette  luiiiière  modiliée  qui  nous 
fitîD  voir  les  objets  on  blancs,  ou  rouges ,  ou 
^unes,&c  :  il  fîgnifie  /ex  dehors^ les  aparencesi 
6c  cela  par  comparàifon  entre  le  fens  propre 
Àc  couleurs  &  les  dehors  que  prend  un*  home 
qui  nous  en  impofe  fous  le  mafqu^  de  la  fin- 
Ircritc.  Les  couleurs  font  conoitre  les  objets 
fcnfibles,  elksen  font  voir  les  dehors  &:  les 
aparences  :  un  home  qui  ment,imitequel^uc- 
,  fois  fi  bien  la  contenance  &  lesdifcours  de 
celui  qui  ne  ment  pas',  que  lui  trouvant  les 
mêmes  dehors,  &  pour  ainfî  dire,  les  mêmes 
couleurs ,  nous  croyons  qu'il  nous  dit  la  vé- 
rité :  ainii  come  nous  jugeons  qu  un  objet  qui 
nous  paroit  blanc  eft  blanc,de  même  nous  fo- 
mcs  fouvent  la  dupe  d'une  (încérité  aparen- 
te ,  te^dans  le  tems  qu'un  impofteur  ne  fait 
que  prendre  les  dehors  d'home  (incèrc ,  nous 
croyoHjs  qu  il  nous  padc  fioccicment. 

Quand  on  ditUlimièft  Je  te/prit ^  ce  mot  de 
lumière  c(ï  pris  métaphoriquement  j  car  corne 
la  lumière  dans  le  fens  propre  nous  fait  voir 
les  objets  corporels ,  de  même  la  faculté  de 
conbitre  &  d'apercevoir  éclaire  l'efprit  8c  le 
met  en  état  de  porter  des  jugemens  fains. 
La  métaphore  efldonc  une  efpèce  de  trope, 
Ic^otdonion  fcfcrtdaiw  la  xncuphorc  eft 


pris  da 
pre,// 
pruntée 
eâentic 
-Dep] 
quelqu 
-  quel  oi 
àr^uoi 
on  dit  I 
pris  aie 
pare  T 
qui  di( 

II  V 
&  la  c 

on  fe 
Ton  c 
cxemi 
èft  cômi 
quanc 
parail 
la  co 
&:nôj 

Mej 
quant 
foit  p 
ou  de 
mefurt 


XAMETAPfïOkB.      iif      . 
pris  dans  un  autre  fcns  que  dans  le  fens  pro-  Metiph». 
pre,  //  efly  pour  ainfî <lirc ,  dans  une  demeure  em--  Q^^i  ^o- 
primtée ,  dit  un  ancien  ,^ce  qui  eft  <;femun  ôc  «^"^  »,  «>• 
câcntiél  à  tous  les  tropes.  ncm ,  iîcft, 

-De  plus,il  y  a  une  forte  de  comparaifon  ou  *^°!"°  "*"' 

*  *  tuatumver- 

quelque  raport  équivalent  entre  le  mot  au-  bum  quo 
,  quel  on  done  un  fens  mctaphorrque,&  l'objet  M".tnu^>^w^ 
àr^uoi  Ton  veut  rapliquer;parexemple,quand  nus.  Fef- 
on  dit  d'un  home  en  colère ,  cefl  un  lion,  lion  eft  fj^'jj;^^" 
pris  alors  daos  un  fens  métaphorique,on  com- 
pare rhome  en  colère  au  lion ,  Ôc  voilà  ce 
qui  diftingue  la  métaphore  des  autres  figures, 
"  II  y  a  cette  diférence  entre  la  métaphore 
&  la  comparaifon ,  que  dans  la  comparaifon 
on  fe  fert  de  ternies  qui  font  cpnoitre  que 
Ton  compare  une  chofe^  à  une\  autre  5*  par 
exemple ,  fî  Ton  dit  d'un  home  en  çolctc  qn  il 
eft  côme  un  lion",  c'eft  une  compauftiiôn ,  maïs 
quand  on  dit  fimplement  c'^yi  un  lion,  h  com- 
paraifon. n  eft  qu'implicite  ,ccft-à-dire  ,  que 
la  comparaison  n eft  alors  que  dans  Icfprit 
&:  non  dans  les  termes  h  c'eft  une  métaphore. 
Mefurer  dans  le  fcns  propre ,  c'eft  juger  d'une 
quantité  inconué"  par  une  quantité  conuc, 
foit  par  le  fecours  du  compas ,  tic  la  règle , . 
ou  de  quelqu'autre  inftrument  qu'on  apcîc 
»f>r».  Ceux  qui  prèncnt  bien  toutes  Icur^  pré- 


\. 


x_ 


■i 


. 


Mit     LA    MErÂrtfOÉM,     " 

cautions  pour  ariver  à  leurs  fins ,  foêtcxm^ 
pues  à  ceux  qui  mefurentqu^que  quantité, 
ainfi  on  4ît  par  métaphore  quiXr  ont  bien  pris 
km  mejkrrs.  Par  la  même  raifon  on  dit  que 
tes  ftrfimes  dmne  amditian  médiocre  ne  doivent  pasfe 
m^mer  avec  lesgtMds  »  c'eft-à-dire,  vivre  come 
les  grands,  fe  comparer  à  eux,  come  on 
compare  une  mefure  avec  ce  qu*pn  veut  me- 
fiirer.  On  doit  mefurerfa  dèpenfe.à  fin  revenue 
C^eft-à-dire^qu'il  faut  régler  fa  dépenfè  fur  fon 
xevenui  la  quantité  du  revenu  doit  être  come 
la  mefure  de  la  quantité  de  la  dépenfe.' 

Come  une  clé  ouvre  la  porte  d'un  aparté- 
ment ,  &  nous  en  done  l'entrée,  de  même,  il 
y  a  des  conoiflances  préliminaires  qui  ou- 
vrent ,  pour  ainfi  dire ,  l'entrée  aux  fciences 
plus  profondes  :  ces  conoiflances  ou  prin- 
cipes font  apclés  dis  par  métaphores  la  gram- 
maire eft  la  clé  des  fciences  :  la  logique  eft  la 
clé  de  la  philofophie. 

'  On  dit  auffi  d*une  vile  fortifiée ,  qui  eft  fur 
une  frontière  ,  qu^elle  eft  la  clé  du  royaume , 
c'eft-à-dire,  que  1  cnemi  qui  fe  rendroit  maî- 
tre de  cette  vile ,  feroit  à  portée  d'entrer  en- 
fuite  avec  moins  de  peine  dans  le  royaume 
dont  on  parle. 

.    Par  la  même  raifon  fou  doue  le  nom  de  clé 

.  en 


V' 


L 

«n  terme 

caradèrt 
des  ligne 
iKiitre  le 
ellcsydoi 
chant. 

(Juand 

jnc^  pas  < 

paraifon 

La  m( 
la  compi 
ne  feroit 
la  mctap. 

Nous  à 
n'ont  pa 
d'idées  > 
pluiicurs 
tendre^  le  i 
d  une  roi 
ainfi  dire 
plcepar 
aux  mot 
&  il  arii 
que  ces 
pent  Ici 
icrvoit 
le  difcoi 


-> 


.ZA    METAPHORE.      ii) 

m  termes  de  mufique  à  certaines  marques  ou  ' 
caradèrcs  que  Ton  met   au   comenccmeat 
des  lignes  de  mufique  ;t  ces  marqps'font  c<j-'^ 
iioitre  ic  nom  qucf  l'on  doit  doncr  aux  notes» 
elles  ,donent y  pour  ainfi^dire  ,  lentrée  du 

cha^t.  •      \  : 

^)uand  les  métaphores  font  régulières  il 
^ft  pas  dificile  de  trouver  le  raport  de  com- 
paratfon. 

La  métaphore  eftdonc  aufTi  étendue  que 
la  comparaifon  >  &  lorfque  là  comparaifon 
ne  feroit  pas  jufte  ou  feroit  trop  recherchée, 
la  métaphore  ne  feroit  pas  régulière. 

Nous  avons  déjà  remarqué  que  les  langues 
n*ont  pas  autant  de  mots  que  nous  avons 
d*idées  >  cette  diséte  de  mots  â  doné  lieu  à 
plufîeurs  métaphores  ;  par  exemple  :  le  cœut 
tendre,  le  cœur  dur  ,  un  rayon  de  miel  ,  les  raymt 
d  une  roue ,  &:c  :  Timagination  vient ,  pout 
ainfi  dire ,  au  fecours  de  cette  disète  ;  elle  fu* 
plcepar  les  images  &  par  les  idées  acceffbires 
aux  mots  que  la  langue  ne  peut  lui  fournir, 
&  il  arive  même,  come  nous  Tavons  déjà  dit, 
que  ces  images  &  ces  idées  acceflbires  ocu- 
pcnt  Icfprit  plus  agjrcablcment  que  fi  Ion  fe 
fcrvoit  de  mots  propres  ,J&:  qu  elles  rendent 
le  difcours  plus  énergique  i  par  exemple , 


1 


X- 


/ 


Virg*  -*n» 


■ 


Hor.  Art 
Voeu  r.  47»  * 


lié      tJi  MEtAPitORE. 

^^juid  on  dit  d  un  home  endormi  qiïUeften^ 
^f /i  itoM  |r^i/ ,  cette  mctâphojrc  dit  plus* 
^uc  fi  rdn  difoit  fimpkmcnt  quil  dort  i  Les 

Grtcs  furfnrtfU  Troie  enfeveUe  dans  le  vin  &  dans 

kfomeiL 
Invadunt  urbcm^mno  vinoquefcpûltam. 

Remarquc2/l^  que  dans  cet  exemple/ep«/- 
tam  a  ur\  fcns  tout  nouveau  &  diférent  de  fon 
Sens  propre.  i\  SepUhamti^  ce  nouveau  fens, 
que  parce  qu  il  eft  joint  à  fomno  vinoque ,  avec 
lesquels  il  ne  fauroit  être  uni  dans  le  fens  pro- 
pre h  car  ce  n*eft  que  par  une  nouvèle  union 
des  termes ,  que  les  mots  fe  donent  le  fens 
métaphorique.  Lumière  n*eft  uni  dans  le  fens 
propre  qu  avec  le  feu ,  le  foleil  &  les  autres 
objets  lumineux  5  celui  qui  le  premier  a  uni 
lumière  à  efprit ,  a  donc  à  lumière  un  fens  méta- 
phorique ,  &:  en  a  feit  un  mot  nouveau  par 
ce  nouveau  fens.  Je  voudrois  que  Ton  put 
Idoner  cette  interprétation  à  ces  paroles  d*Ho- 
race  •  • — -^ 

Dixcris  egrégiè ,  notum  Ci  callida  verbum 

RcJdidcrit  jirndûra  novum. 

La  métaphore  eft  très  ordinaireren  voici  en- 
lîore  quelques  exeAiples  :  on  dit  dans  le  fcns 
propre  s  enivrer  de  quelque  liqueur  h  &  Ton  4ic 


par  met 
tuneenhi 
perdre  1 
premier 

Ne  voi 
Que  vo 

Le  peu 
S*enivi 

Doner  m 
pas  fuiv 
rer,  les 
avec  le 
met  dai 
Mézei 

néceffaire 
Jètneîtce 
métaph 
dire  ivn 
les  \f\é$ 
point  Cl 
métaph 

fiûu  ■:  feti 
Maté) 

pre  de  1 
pHncip 


l 


t 


&oiI.  Art 
Poét.  chaill 

4* 

Hcnriadej, 

dune  7* 


£J    MSTJPttOilÊ.      tjt 

par  métaphore  s'enivrer  de  pUifirs  :  la  honefoir^' 
n»ff  «ffi;re/fjyôf/,c'cft-à-dirc,  qu'dk  IcurÉiit^ 
perdre  là  raifon ,  &  leur  &it  oublier  leur' 
premier  état^  * 

Ne  vous  enivrez,  point  der éloges  flarcurs 
Que  vous  done  un  amas  de  vains  admirarcurs. 

Le  peuplé  ,  qui  jamais  n'a  cônu  la  prudence^ 
S* enivrait  foicment  de  fa  vainc  efpérance. 

Doner  un  freina  fes  paffionsS  c'eft-à-dirc  ,  n*ea 
pas  fuivre  tous  les  mouvemens  ,  les  modé- 
rer, les  retenir  corne  on  retient  un  cheval 
avec  le  frein ,  qui  eft  un  morceau  de  fer  qu'on 
met  dans  la  bouche  du  cheval»^ 

Mézerai ,  parlant  de  rhcrcfîe ,  dit  (fi'ilitoit  Ahti%é  et 
néceffaire  (taracher  cette '^':^ic^  c'eft-à-dirC,  Cette  i'^^iftoircdf 
femence  de  divifion  y  T^i^nie  cft  là  dans  un  fens  François U* 
métaphorique  :  c*cft  un  mot  grec  qui  veut  ^'  ^^*'* 
dire  fuwiV ,  maifvaifc  herbe  qui  croît  pairmi 
les  lj>lé$  &  qui  leur  cft  nuifible.  Zi^amc r\c& 
point  en  ufage  au  propre ,  "mais  il  fe  dit. par 
métaphore  pour  dîfiiorde ,  mefinteUigence  ,  divi-^ 
fi9n:femerU:^fXam^^sunefamilk. 

Matéria  ,  matière ,  fe  dit  dans  lclen«  pro- 
pre de  la  iubftancc  étendue  conficférée  corne 
pHncipe  de  tous  les  corps  ;  enfuite  on  a  apelé 
^,  mmUn,  par  imitation  ôc  par  métaphore ,  ce 


1 


♦• 


/  ^ 


> 


1" 


%; 


PcoL 


\ 


<A 


Xyi     LA    MSTATHÙRÉ. 

iqui  cft  le  fuici: ,  rargùmcik,  le  thème  d'un 
difcours ,  d'un  poème  ^  ou  de  quçlqu  autre 
ouvrage  d'çfpfit.  /  "     . 

^Copus  lÊttékot ,  quam  matériam  réppcrit , 
Hanc  ego  polivi  vérfibus  ScnariïSé  * 

Ttn  poli  la  matière ,  c*eft-à-dire ,  j  aj  doné  ragré - 
m^tde  la  pocfic  aux  fables  quEfopç  a  in- 
VCfttées  avant  moi.  Cette  maifin  efl  bien  riante , 
c^éft-à-dire ,  elle  infpire  de  la  gaieté  coipc  les 
perfones  qui  rient.  La  fleur  de  la  jeuneffe  ;  le  feu 
de  f  amour  :  t aveuglement  de  Pefpritjje  fil  dtun  dif" 
€ourshlefildesafaires,  "    "^ 

C*eft  par  métaphore  que  le^  diférentcs  claf- 
fes ,  ou  confidcràtions ,  ausquelles  fc  réduit 
tout  ce  qu'on  peut  dire  d'un  fujet  ,  font 
apelées  lieux  copiuns  en  Rhétorique  &:  enLogi- 
que,  loci  communes.  Le  genre, i'erpcCe, la  caufe, 
Ics^éfets  ,  &c.  fonf  dfsjicux  Conjuns,c* 
à-dire ,  que  ce  font  come  autant  de  célulcs 
où  tout  le  monde  peut  aler  prendre ,  pour 
ainH  dire ,  la  matière  d'tin  difcours ,  &  des 
argUmens  fur  toutes  fortes  de  fujets.  L'aten- 
tion  que  l'on  ù\t  fur  ces  diféreiites  clafltâ'^é- 
veille  des  penlees  que  l'on  n'àuroit  peut-être 
pas  fans  ce  fircdurs. 
Quoique  ces  lieuX  comuns  ne  foieot  pas 


nent  toi 
On  ditl 
phie  &  k 
On  perj 
Géogra] 
de  l'HJ 


l^   METAf  H'Ot  E.     » î  f 

'  'h  .  '  ''  • 

^d'un  grand  ûfagç  dans  la  pratique,. il  n'cft 
pourtant  pas  inutile  de  les  tronoitre  v  on  en 
peut  faire  uiàgc  pour  réduire  un  difcoursà 
ccr^ins  chcfevriiais  ceq^on  peut  dire  pour 
àc  kamxç  fur  ce  point  n'cft  pas  de  mon  luiet. 

bn^apèîc  auffi  en  Théolôgicpàr  mctapho- 
^  - /oci T^eo/oi/« ,  les  difcrentes  fources  où 
Théologiens  puif^  argumens.  Telles 

ibnt  l'Ecriture  Sainte ,  la  tradition  contenue 
/dans  les  écrits  d»  Saints  Pcres ,  les  conci* 
les .  &:c.  - 

En  termes.'dé  chimie ,  ngnt  fe  dit  par  mé-  - 
taphorc  de  chacune  des  trois  dafliès  fous  les-' 
q&elles  les  chiniidcs  rangent  les  êtres  na- 
turels. '  *  « 

I*.  Sous  le  Ttghe  ^mw^i/ ils  coraprènent  les 

animaux/'  *     ^ 

2" .  S051S  le  Tcgne  végétal ,  les  végétaux ,  c^eft- 

à^ire ,  ce  qui  croît ,  ce  qui  produit  ;  corne 
^  arbres  &:  les  plantes.  ^ 

3".  Enfin  ,  fous  le  règne  itérai  ils^eomprc- 

nent  tout  ce  qui  vient  dans  les  mines. 
On  dit  auifi  par  métaphore  que  la  Géûgra- 

fhie  &  h  Chronologie  font  Us  deux  yeux  deCHifloire. 

On  perfoniftc  rHi{]:oire  ,  &:  on  dk  que  la 

Gcograi^hic  &:  la  Chronologie  font  à  1  égard 

4c  rHiftoirc ,  ce  que  les  ycuK  font  à  l'égard 


^C4 


\ 


,1* 


^^ 


,M'v.  .* 


% 


^ 


1 54    KA^  METAPiro  K E. 

tuncptrfohç  vivante  i  par  Tune  elle  voit; 
pour  ainfl  dire ,  Jcs  lieux ,  9c  par  l'autre  le« 
,  tcms  :  ç*cft4-dircVqu*un  hiftoricn  doit  s*apli-  ^ 
quçr  â  faire  conoitrc  les  lieux  &  les  tems 
idàns^lcMuels  (è  font  pafles  les  édtedont  il 
décrit^iftôire.    .  -       * 

es  mots  primjti^  d'où  les  autres  font  dé- 
.  rivés  ou  dont  ils  font  compofcs ,  font  apelés 
♦vicwief ,  par  métaphore  :  il  y  a  des  diftionaires 
où  les  mots  font  rangés  par  racines.  On  dit 
aufïï  par  métaphore,  parlant  des  vices  ou 
des  vertus ,  jeter  de  profondes  racines ,  pour  dire 
s*afcrmir.  '         ^ 

Calus ,  pureté ,  durillon ,  en  latin  callmn  >  fc 

prcnjjl  (bavent  dans  un  fens  métaphorique  : 

Cic  TuCc.  L^réfuap  çallum  qHoddam  ohdàcit  doîôn  ,.dic  Ci- 

aditcr  Tr.*^  céronTle  travairl  iàit  ç6me  une  efpèce  de  c^a- 

lus  à  la  douleur,  c*eft^-iirc,  que  le  travail 

.  ïiousVeud  moins  fenfîblesà  la  douleur.  Et  au 

i|roi{îème  livre  des  Tufcu|âncs  il  s'exprime 

Tufaî.  V-n.  ae  c^tte  forte  :  Magis  me  môvenmt  Corînthifibitb 

afpé&it  parictina  y  quàm  ipfos  Corinthios^  quorum 

ânimis  (tinfurnacoghâtio  callum  vetuflhis  obdixerat. 

Je  fus  plustpuché  de  voir  tout  d*un  coup 

les  murailles  rufnées  dO'  Corjuithe ,  que  ne 

Tetoieût  les  Gorinthfcnsmême,  ausguels  Tha* 

tntude  de  voir  tOHS  les  Jours  depuis  long- 


liter. 


tjSHlt^^"''^ 


LA  MET  A  P  HO  RE.      ij, 

tcras  leurs  lïiaraillc^  a'batucs  arvoit  aporté  le  ^ 

calus  de  l^nciéhcté.  Ç'cft-à-dîrc, que  les  Co» 
rinthiens  ,  acpummés  à  voir  leurs tnupailles 
ruinées,  rfctoierit  ^lus  touchés  de  ce  mal- 
heur. C  cft  ainfi  que  caUèrt ,  qui  dans  le  (èns 
propre  veut  dire  avoir  des  duriUons ,  être  endurch 
fignifie  cnQiité ,  par  extçrifiôp  &  par  méta- 
phore, yiwr  ^én ,  cononre  parfaitement ,  énfortc 
qu'il  fe  foit  iàit  corne  un  calus  dans  lefprit 
par  raport  à  quelque  conoiflànce.  ^litopaBo  Ter.HMut. 
id'  fieri  foleat  câlleo.   La  manière  dont  cela  fe  *^-  "  '  •  ^^' 

«  X.  V.  37. 

feit  a  fait  calus  dans  mon  efprit  >  j  ai  médité  " 

fur  cela ,  je.  fai  à  merveille  cornent  cela  fe 

fait;  je  fuis  maitre  paffé,  dit  Madame  Dacier.  ^       . . 

lUtHs  fenfkm  câlleà ,  j  ai  étudié  fon^humeur  •>  je  ^^  ^^^^P* 

fuis  acoutumé  à  fcs  manières ,  je  fai  le  preh-  y.  ^7* 

dre  comé  il  faut. 

jf^ue  fe  dit  au  propre  de  la  feculté  de  voir, 

&;  par  cxtenfion  de  la  manière  de  regarder 

les  objets  :  çniuite  on  done  par  métaphore  le 

nom  de  vue  aux  penses,  aux  projets ,  aux 

deflèins  ;  avoir  de  grandes  vues  y  perdre  de  vue 

une  entreprife ,  n'y  plus  penfer.  .     ' 

"  Goût  fe  dit  au  propre  du  fçns  par  lequel    / 

nous  recevons  lesimprcffionsdesCiveurs.  La  ; 

langue  dl  lorgancdii  goût  >  avoir  le  goût  dé- 

pnvé ,  c'eft-à-dire ,  trouver  bon  ce  que  comU'» , 

^  liii; 


V 


,/-., 


V 


I 


* 

4 


i%s  MA  METAPHORE. 

lîéinetft  Icsautres  trouvent  nuuvais ,  &:  trou-^ 
Ter  mauvais  ce  que  les  autres  trouvent  botu 

Enfuite  on  feicrt  du  terme  é^gout  par  mc^ 
taphore ,  pour  marquer .  le  fcntimcnt  inté- 
rieur dont  Tefprit  eft.afcdé  à  l'ocaûon  de 
quelque  ouvrage  de  la  nature  ou  de  Tart. 
L'ouvrage  plait  ou  déplaît^ on  Taprouvc  ou 
on  le defàprouvé >  c cft  le  cerveau  qui cft  lor- 
gane  de  cagout  là  vLc  gautde  Fans  stfi  trouvé 
€mforme  augoia  ttJthènes ,  dit  Racine  dans  fa 
préâce  d'Iphigénie  J  c*eft-à-dire  come  il  le 
dit  lui  même,  que  les  fpedateurs  ont  été 
émus  à  Paris  des  mêmes  chofeàqui  ont  mis 
autrefois  qi  larmes  le  plus  favant  peuple  de 
la  Grèce.    *  ^  ,  - 

Il  en  cft  du  goût  pris  dan^e  fcns  figuré  , 
come  du  goût  pris  dans  le  fèns  propre. 

Les  viandes  plaifent  ou  déplaifent  au  goût, 
fens  qu'on  foit  obligé  de  dire  pourquoi  :  Uii 
Ouvrage  d  efprit ,  une  penfée ,  une  expreffion^ 
plait  ou  déplait ,  fens  que  nous  foyons  oWi- 
gés  de  pénétrer  la  raifon  du  fentiment  dont 
nous  fonies  afedés.-  -*         • 

Pour  fcibicn  cbnoitre  en  mets  &  avoir  un 
goût  fur  ,11  faut  deux  chofés  ;  i.  un  l^nc 
délicat  /  2.  de  Texpéricnce^,  s'être  trouvé 
:^uvcnt  dans  les  boncs  tables  ,ni^^c  :  ondfl; 


ï 


JD 


t  À  Mlàr~A  >  H^t  E.  13 i 
alors  plus  en  état  de  dire  pourquoi  un  mets 
cft  bon  ou  mauvais  :  Pour  être  conoiflcur  en 
ouvrages  d'efprit ,  il  fout  un  bon  Jugeiiient , 
c'eft  un  préfentdc  la  nature  5  cela  dépend  de 
la  difpofition  des  organes  >  il  fivut  encore 
avoir  fait  des  ob(èrvations  fur  ce  qui  plait 
&  fur  ce  qui  déplait  >  il  faur  avoir  fu  alier 
1  étude  &  la  méditation  avec  le  cbmerce  des 
perfones  éclairées  :  alors  on  eft  en  état  de 
rendre  raifbn  des  règles  &  du  goût. 

Les  viandes  &  les  aflàifonemens  qui  plai- 
fènt  aux  uns,  déplaifeht  aux  autres  >  c'eft  un 
éfet  de  la  diférente  conftitution  des  organes 
du  goût  :  Il  y  a  cependant  fur  ce  point  un 
goût  général  auquel  il  &ut  avoir  égard,  c  eft- 
à-dire  ,  qu'il  y  a  des  viandes  &  àe&  mets  qui 
font  plus  généralement  au  goût  des  perfones 
délicates  :  il  en  eft  de  même  des  ouvrages  d!cP 
prit.>  un  auteur  ne  doit  pas  fc  flater  datirçi? 
à  lui  tou$4es  fufkages,  mais  il  doit  fe  confor- 
mer au  goût  général  des  perfones  éclairées 
qui  font  au  fait. 

Le  goût  par  raport  aux  viandes  dé^nd 
beaucoup  de  l'habitude  &:  de  Téducation  :  il 
en  eft  de  même  du  goût  de  Fefprk  :  les  idées 
exemplaires  que  nous  avons  reçues  dans  no- 
tre^ jcùncflc  nous  fervent  de  règle  dans  un  ago 


*r 


'ê 


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»}i     JÇ^  METAPHORJBn 

plus  avancé  >  telle  eft  la  force  de  Téducatioti» . 

*  cb  rhabitude,  &  du  préjugé.  Leis  organe  ^ 
acoutumés  à  une  telle  impreffion ,  enfant 
fiâtes  de  telle  forte  >  qu  une  impreilion  difé- 
rente  ou  contraire  les  aflige ,  ainfi  malgré 
Texamen  &  les  difcuflîons ,  nous  conti- 
nuons fouvent  à  admirer  ce  qù  on  nous  a 
£iit  admires  dans  les  premières  années  de  no- 
tre vie»  ôc  delà  peut-être  kS  deux  partis, 

»    l'un  des  anciens ,  Tautre  des  modernes. 

Remsrfues  fur  le  mauvais  ufage  des 
métaphores. 

Les   métaphores  font  défcd&cufes , 

I  ^ .  Qu;ind.,elles  font  tirées  -de  fujets  bas.  Le 

PNc  Colonia  reproche  à  Tertulien  d*avoir 

dit  que  le  déluge  univerfelfut  la  lefjive  de  la  nature,  ^ 

2 •  ^X^iand  elles  font  forcées ,  prifes  de  loin 

H.  &;  que  le  raport  n*cft  point  aflez  naturel  ni  la 

^comparaifon  à0èz  fenfible*  :  corne  quand 

f^        Théophile  a  dit  7  ]e  hégnerai  mes  mains  dans  Us 

ûndes  de  tes  cheveux  :  &t  dans  un  autre  endroit  il 

dit  ^ue  l^  charue  ècoHhe  la  fflaine.  »  Théophile, 

*•  OitaaVditM.de  ïa  Bruyère , -^^  charge  fes  def- 

ï>cs ouy, ée '\i      ;%5'V.  .  ,.    ,      .      .    *        :.  -t 

l'cfprit.        «  Ignobili^ttt  viûo  latxirarc  vidétur  oUcbris  aia.Termlliini 

liietiphora,  quli  dilûyiam  appéllat  natîu»  gencrik  lixivium. 

p«  «rt«  iUwf .  p.  14<. 


On 

'  des  fins 
gardd 
dans  1 

•^tins 
mie,l 
font 
corps, 
borgn 
avoir 
diftiqi 

^^9 


V 


LA  METAPHORE.      13J 

9  criptions ,  s  apcfantit  fur  les  dctaih  >  il  cxa- 
»gèrc  ,  il  paflè  le  vrai  dans  la  nature,  il  en 
«fait- le  roman. 

On  ^ut  raportcr  à  la  mèiiic  cfpècc  les 
métaphores  qui  font  tirées  de  fujets  peu 

conus.  '  " 

3*.  Il  faut  aufli  avoir  égard  aux  cornue- 
nances  des  diférens  ftiles ,  il  y  a  des  métapho- 
res qui  conviènent  au  ftile  poétique ,  qui  fc- 
roient  déplacées  dans  le  ftile  oratoire  :  Boi- 
Jcau  a  dit: 


.^^ 


Ole  fur  là 
priTe  de 
Namar. 


Açourcz  troupe  fa  vante  ; 
Des  fons  que  ma  lyre  enfante 
Ces  arbres  font  réjouis. 

On  ne  diroit  pas  en  profe  cfLune  lyre  enfmê 
des  fins.  Cette  obfervation  a  lieu  aufli  à  l'é- 
gard des  autres  tropes  5  par  exemple  :  Lumen       v 
dans  le  fens  propre  (ignifie  lumière  :  les  poètes 
•%tins  ont  doné  ce  nom  à  l'oeil  par  métôny- 
mie ,  les  yeux  font  Torgane  de  la  lumière ,  & 
font ,  pour  ainû  dire ,  le  flambeau  de  notre  Lueims 
corps.  Un  jeune  garçon  fort  aimable  ctoit  efiocuUs 
borgne  ;  il  avoit  une  focurfort  belle,  qui  '««'•  i-«<^- 
avoit  le  même  défaut  î  on  leur  apliqua  xc^'"'*^'  '*' 
difliquc  ,  qui  fut  Êiit  à  un^^aptre  ocafion  fous 
k  icjnc  de  Philipe  fçcond  J^.oi  d'Efpagnc, 


\ 


\ 


\y 


1  f 


s 


piroice: 

'ftirvc  puer ,  lotneq  .qapd  habcs  concède  (brorî  : 
*  Sic  tu  cœcus  Amor ,  fie  crit  illa  Venus. 

Où  vous  voyez  <Hie  lumen  fignific  tœil ,  il 
n'y  a  rien  de  fi  ordinaire  dans  les  poètes  latins 
que  de  trouver  lûmina  pour  les  yeux  >  mais 
ice  mot  ne  fe  prend  point  en  ce  fens"  dans  la 

profc. 

4.  On  peut  quclquefoi^adoucir  une  méta- 
phore, en  la  changeant  en  comparaifon^ou 
bien  en  ajoutant  quelque  corcdif:  par  CKcm- 
pie,  en  difant  poura'mfidire/tfm  peut  parler  ainfiy 
&c.  »  L'art  doit  être  ,  pour  ainfi  dire ,  enté 
»  fur  la  nature  j  la  nature  foutient  Tart  &  lui 
»  fert  de  ^afe  >  &:  l'art  enibèlit  &  perfèdione 
•^  nature.  ^ 

5.  Lorsqu'il  y  a  plufîeurs  métaphores  da 
foite ,  il  n'eft  pas  toujours  ncceffaire  qu  elles 
foient  tirées  exadtement  du  même  fujet ,  co- 
rne on  vient  de  le  voir  dans  rexpmple.précé^ 
dent  tenté  eft  pris  de  la  culture  des  arbres  ; 
fputienty  hafe ,  font  pris  de  Tarchitedure  ;  mais 
il  ne  feut  pas  quon  les  prène  de  fujets  opo^ 
fés,  ni  que  les  terrîies  métaphoriques  dont 
Fan  eft  dit  ck  Tautre  excitent  des  idées  qui 
tic  puiflent  point  être  liées ,  corne  Ci  Ton  di- 
Ibit  rfun  orateur ,  cf^  un  torrent  qui  s'aime^ 


mcned 

\ 
\ , 

Malgn 

Feux&c 
une  ob 
dtt  Cid 
mis  troi 
cette  ce 
Ecorci 
térieun 
couver 
fcns  m< 
lapare; 
ignorans 
satnufeti 
verbes 
nent  £ 
mais  V 
corce  5  f 
vous  II 
técorce, 
roit  tp 


al- 


LA   METAPHORE.      141 

au  lieu  de  dire ,  cefl  un  torrent  qui  entrant.  On 
a  reproché  à  Malherbe  d'avoir  dit  : 

Prcns  ta  foudre  Louis  &  va  comc  un  lion.  y.  les  obi 

ilfaloitpIutotdlrecowieJwpifer.  S^Mcn^' 

'    Dans  les  premières  éditions  duCidCki-  ferles 
mcnedifoit:  -    [^"/^^ 

\  •  herbe. 

Malgré  des  feux  fi  beaux  qui  rompent  ma  colère.    Ad^ySo^. 

Feuxôc  rompent  ne  vont  point  enfèmble  :-c*eft 
une  obfervation  de  T Académie  fur  les  vers 
dm  Cid.  Dans  les  éditions  fuivantes  on  a^ 
mis  troublent  au  lieu  de  rompent  5  je  ne  fai  fi 
cette  correction  répare  la  première  faute.       \ 

Ecorce ,  dans  le  fens  propre ,  eft  la  partie  ex- 
térieure des  arbres  &c  des  fruits  >  ç  eft,  leur 
couverture  :  ce  mot  fè  dit  fort  bien  dans  un 
fens  métaphorique ,  pour  marquer  les  dehors, 
laparence  des  ,chofes^  ainfî  Ion  dit  que /« 
iguorans  larétent  à  técàrc^y  qn  ils  satachent^  qu  ;7r 
smnufent  a  fécorce  :  Remarquez  que  tous  ces 
verbes  sarétent  ,  satachent ,  samufent  ,  conviè- 
nent  fort  bien«  avec  écorce  pris  au  propre  > 
mais  vous  ne  diriez  pas  au  propre  fondrt  té- 
corce  h  fondre  fç  dit  de  la,glace  ou  du  métal, 
vous  ne  devez  donc  J)as  dirç  a\\  figuré  fondre 
técorec.  J'avoue  que  cette  exjjj^efGon  me  pa-. 
loit:  trop  hardie  daQs  une  ode  de  JELguITeau  : 


»  « 


i    ;,/ 


i        %^    LA  METAPHORE. 

pour  dkcquc  lliivcr  cft  paflK  &  que  les  gla- 
ces font  Sjnducs  ,  il  s'exprime  de  cette 
forte:- ■  ;      '      "   -^ 

tir.  j.  Ode  L'hiver,  qui  (î  long  temsa  fait  blanchir  nos  pUincj, 
"^^  N'cnchainc  plus  le  cours  des  paifîblcs  ruiffeaux  ; 

;  Et  les  jeunes  zèphirs  de  leurs  chaudes  hileiifes 
'  Ont  fondu  WVartJf  des  eaux.     * 

«Chaque  langue  a  des  métaphores  par- 
tîculières-qui  ne  font  point  en  uûge  dans  les 
dtutres  langues  >  par  exemple  :  les  Latins  di- 
foieot  d*une -armée  dextnm&  finiflnm  comu^ 
'  &  nous  diibns-  toile  droite  &  toile  gauche. 
Il  eft  fi  vrai  que  chaque  langue  a  fcs  méta- 
phores propres  de  confacrées  par  Tufagc , 
que  fi  vdus  en  changez  les  termes  par  les 
équivalans  même  qui  en  aprochent  le  plus/ 
vous  vous  rendez  ridicule. 
Un  étranger^  qui  depuis  devenu  un  de  nos 
,        citoyens ,  s'eft  rendu  célèbre  par  fes  ouvra- 
ges,  éifrivant  dans  les  premiers  tems  de  fon 
arivée  en  France ,  à  fon  proteâeur ,  lui  difoit/ 
MonfeigneuTy  vous  avexjpoff  mméàt  beifaux  de  firth 
il  vouloit  dire  (fej  nirrâi2(rx. 

On  dit  wtettre  la  lumàrt  fous  leboiffeoUy  pour 
dire  cacher  fes  talens  ,  les  rendre  inutiles , 
hiSdcL*  ^'^^t^»^  <itt  poème  de  la  Madeleine  ne  devoir 
1 7. p.xx7*  doncpasdirenirpr  le  fiémtbeémfoiu  le  mm. 


\ 


t  A 

-»-'  met: 
quelle  u 
dans  la  i 
au  figur 
Galathé 
thym  di 
gcr  dans 
eft  au  pr 
tîguré  Y* 
dit  que  ( 
enfuite  l 
roijfe  à  G 
gncy  &c. 
citron  va 
P5(rrh 
chcft  de 
l'cmb/âi 
me  en  c 
pièces d 


ECI7.  F. 


■  ~  ,f 


14} 


XI. 


I;a   Syllepse   Oratoire, 

LA  Syllcpfc  oratoire  eft  une  efpccc  de  2v\a»4„ 
métaphore  ou  de  comparaifon  ,  par  la-  p^J^^^u^ 
quelle  un  même  mot  eft  pris  en  deux  fens  *»>•   sva- 
dans  la  même phrafe ,  lun au  propre,  l'autre  ^^^^tu^^ 
au  figure  5  par  exemple ,  Corydon  dit  que  ^•• 
Galathq:  eft  pour  lui  plus  douce  que  le 
thym  du  mont  Hybla  5  "^  ainfi  parle  ce  ber- 
ger  dans  une  cglogue  d^f Virgile  :  le  mot  doux 
eft  au  propre  par  ràport  au  thym ,  &:  il  eft  au 
tîgurc  pat  rapôrt  à  l'impreffion  que  ce  berger 
dit  que  Galathce  Élit  fur  lui.  Virgile  feit  dire 
cnfuite  à  un  autre  berger ,  &  moi  ijkoi^Me  je  pa- 
roijfe  à  Galathée  plus  ^rmer  que  les  herbes  de  Sardai^ 
gncyôcc.  *^liosÏKrgçTsdxknt  plus  aigre  qu  un 
citnmverd. 

P/rrhusfils.d'Achile,  lun  des  principaux 
chefs  des  Grecs  ,  &:  qui  eut  îe^plus  de  part  à 
Tcmb/âfement  delà  vile  de  Troie  ,  s  expri- 
me en  ces  termes  dans  Tune  des. plus  belles         , 
pièces  de  Racine: 


*  •  .  •  .  Çihthxi  thymo  miKi  dûlcior  Hyblar.    TiV/w 

Ecl.  7.  m? 

*^  ...  ego  Sard6is  ndur  ùbi  amârioi  herbue  ibidr.  41. 


*•;. 


:>  t 


\ 


il  » 


1  • 


Hfe^Pcous  lès  liiâiix  «piej^d^o  dori^^ 
il^ûcû ,  chargé  àî  fers ,  dç^rcgtc»  conluiiié  ^^^ 
Sndéâe  plus  de  fcox  que  je  n'fn  alumai. 

BtmUcA  auprrarc par îaport  aux  fcux  que 

PytAm  àluma  %is  la  vile  de  Troie  5  &  il 

cft  au  figure,  paac  râport  à  la  paffipn  violente 

*   que  Fyrrhus  dit  q^'il  reffentoit  pour  Andro- 

^inaque.  H  y  a\in  pareil  jeu  de  mots  dans  le 
dffliquc  qui  eft  gravé  fur  le  tombeau  de  Det 
pautère:     ^ 
"  Hic  jacçt  unbculiis  vifu  pntftantîot  Argo 

^  ^      Noineri  Joânncs  cui  ninivita  fuit. 

Vyk  âl au  propre  par rapoit  à  Argus,  àqui 
la.Êible  done  cent  yeux  ;  &  il  eft  au  figuré 
par^aport  à  Uefpaultère  :  Fauteur  de  Vcpita- 
phéS  vc^lu  parler  de  la  vue  de  rsefprit. 

•Au  rcfte  cette  figure  joue  trop  fur,  les  mots 
pour  Jie  pas  demander  bien  de  la  circonfpec- 
tion  i  il  feut  éviter  les  jeux  de  mots  trop 
jifeaés  &  tirés  de  loin. 


\'i 


'1^ 


S^it*9i 


X'AII£G0MI« 


L'Allc 
met 
métaphi 

Ualléi 
prcfentc 
autre  cl 
entendn 
compar; 
autre  fei 

Là  m< 
que  terr 
yeux  y  yi 
iallégoi 
figuré) 
phrafe  € 
d'abord 
qu*on  a 
accefibii 
véritabl 
elles  dér 
rai  étro 

QuaiK 
con{èrv< 


XII. 

L'Alligori^. 


L'Allégorie  a  beaucoup  de  raport  avec  là^^^»rHÙÊLi 
nnétaphorerlalkgoncncft  même  qu  une  ^^  ^^^ 

métaphore  continuée.  .  nlïliiiua  fi! 

L'allégorie  eft  un.  difcours ,  qui  eft  d'abord  ^nificitHr^ 
préfenté  fous  ud  fcns  propre,  qui  psflroit  toute  R-  aaa.» 
autre  chofe  que  ce  qu  on  a  deflein  de  cure  ^^j  .»^^,^^ 
entendre  ,^  qui, cependant  ne  fcrt  que  de  nano  co«^* 
comparaifon ,  pour  doner  Tintelligence  d  un  ^aa»  ,  iUa  i 
autre  fens  qu'on  n  exprime  point .  .     *?*^  »  *^°* 

Là  métaphore  joint  le  mot  figure  à  quel-  '  v 
que  terme  propre  5  par  exemple  yU/eu  dévot 
yeux  h  yeux  eft  au  propre  :  au  lieu  que  dans 
lallégorie  tousjes  mots  ont  d  abord  un  fcn$ 
figuré  >  ccft-à-dire,  que  tous  Id  mots  dune 
phraiè  ou  d'un  discours  allégorique  forment 
d'abord'un  fens  litéral  qui  n'eft  pas  celui 
qu'on  a  deflein  de  faire  entendre  :  Les  idées 
acceflbirçs  dévoilent  cnfitite  Êicilcment  le 
véritable  fens  qu'on  veut  exciter  d;^ns  Tefprit, 
elles  démafqueht ,  pour  ainfi  dire  ,1e  (èns  lit6* 
rai  étroit  ^  elles  eh  (ont  Implication. 

Quand  on  a  comehcé  une  allégorie,  od  doit 

conlèrver  dans  la  fuite  du  discours ,  Timage 

K 


i 


i 


X 


"i* 


Mad.  des 

HouLT.x.' 

f.t8. 


Y 


d^t  on  a  emprunté  les  premières  cxptcf- 
fibns.  MadamJdcs  Houlièrcs ,  fous  rimagc 
tfunc  bergère  qui  parle  à  fes  brebis  ,  rend 
compte  à  fes  en&ns  de  tout  ce  qu  elle  a  fait 
pour  leur  procurer  des  ctabliflcmcns.i  8c 
fe  plaint  tendrement  fous  cette  image  de  la 
dureté  de  la  fortune  : 

Dans  CCS  prés  fleuris 
Qu'arofc  la  Seine , 
Chercher  qui  vous  mène , 
Mes  chères  btebis  : 
J'ai,  fait  pour  vous  rendre 
Le  deftin^^plus  doux ,     • 
Ce  qu'on  peut  atcndrc 
D'une  amitié  tendre  •,    . 
Mais  fon  long  courour 
Détruit,  empoifonc 

Tous  mesïoin»  pour  vous  , 

Et  vous  ab^ndpne 

Aux  fureurs  dés  loups. 

Seçici  -  vous  leur  proie  , 

Aimable  Trpùpcau  l 

Vous  de  ce  hameau 

L'honeur  &  la  joie  , 

Vous  qui  gras  &  beau 

Me  dooiez  £uxs  ccfTe 


a 


J 


;  V 


"•N 


«j 


rALlEGORtÊ.        j^y 

Surl'hcrbètc  cpaiflc 
Un  plaifir  nouveau  r 

Que  je  vous  regrctc  !  '      ^ 

Mais  il  faut  céder;  ^ 

Sans  chien  >  fanshoulète; 
iPutsJr  je  vous  garder  ? 
L'injufte  fortune 

Me  les  a  ravis. 

tnvain  f  importune 

Le  ciel  pa^  mes  cris  ^ 

Il  rit  de  mes  craintes  ,  V 

Et  fourd  à  mes  plaintes  >. 

Houlète  ,  ni  chien. 

Il  ne  me  rend  rien. 

PuifTiez  -  vous  contentes  > 

Et  fans  mon  fecouirs  , 

Paifcr  d'heureux  jours , 

Brebis  inocentts  , 

Brebis  mes  amours.  .    \ 

Que  Pan  vous  défende  , 

Helas!  il  le  fait-. 

Je  ne  lui  demande 
Que  ce  fcul  bienfait. 
Oui ,  brebis  chéries',       ^ 
QuVcc  tant  de  foin  v 

J'ai  toujours  nouries , 
'     Jcprcns  à  témoin 

_;,".■ 


r 


Kij 


» 


/ 


T-^ï- 


|r4t       j^allegokie: 

Ces  bois ,  ces  prairies, 
Que  fi  les  £iveun 
Du  Dieu  des  pafteurs 
VoiPgardenc  d*oi;trages  « 
Et  vous  font  avoir 
Du  matin  au  foir    "^ 
De  gras  pâturages; 
J'en  confcrverai 
Tant  que  je  vivrai 
LflWbucc  mémoire  % 
Et  que  mes  chanfons  , 
En  mile  façpns  ., 
-     "porteront  îrgloLre  ; 
^       ./ Du  rivage  heureux. 
Où,  vif  &  pom^ux; 
X'afl^  qui  !ne(ure 
;  ■  4e$m^  &  les ^urs  , 
bmençint  Ton  cours  ,. 

Rend  à  la  nature       Vjr 

Toute  fa  parure  f 
/dfufqu'en  ces  climats '; 
^  Où  ;  fans  doute,las 
•  D'éclaifrer  le  monde  , 

Il  va  chex.Thétis 

Kalumer  dans  L'on< 

Ses  ^uz  amortis. 


2 

Cette  ail 

dés  images 

principale 

qui  eft  eflcr 

entendre  à 

bergère ,  q 

ïts  brebis  c 

ferver  de  c 

fcroit  la  ] 

fon  impui 

qu'il  paroi 

Houlières 

pée  des  bc 

bis  >  le  chj 

qu'elle  av( 

Roi.    . 

Cet  excr 
la  remarq 
ç^Hne  allég 
monflrch  ÔC 
race  ,  0  n^ 
riquc,quoi 
mentatcur 

*  Id  quoqi 
nere  coepcns 
mitiuin  i  cem 
^UJC  cft  inco 
C.  AlkgÀria. 


^^ 


I 


rALLEGOKlE.         t43r       ^  ' 
Cette  allégorie  eft  toujours  foutenue  par         .   - 
des  images  qui  toute^t  ont  raport  à  l'image 
principale  par  où  la  figure  a  comencc:  ce 
qui  eft  eflcnciel  à  TaUég^fie.  *  Vous  pouvez  '.^ 
entendre  à  la  lettre  tout  ce  difcours  d  une        ^ 
bergère,  qui  touchée  de  ne  pouvoir  mener 
ït$  brebis  dans  de  bons  pâturages,  ni  les  pré- 
ferver  de  ce  qui  peut  leur  nuire ,  leur  adref- 
fcroit  la  parole,  &:  fe  plaindroit  à  elles  de 
fon  impuiflànce  :  mais  ce  fcns  ,  tout  vrai 
qu'il  paroit^  n'eft  pas  celui  que  Madame  dc$ 
Houlières  avoir  dans  Tefprit  :  elle  étoit  ocu- 
pée  des  befoins  de  fes  enfans ,  voilà  Ces  bre- 
bis >  le  chien  dont  elle  parle ,  c*eft  fon  mari 
qu'elle  avoir  perdu  :  le  Dieu  Pan  c  eft  le 
Roi.    . 

Cet  exemple  &it  voir  combien  eft  peu  jufte  Dacicr; 
la  remarque  de  M.  Dacicr  ,  qui  prétend  «"^«^'H^r. 
Q^rnie  alUgoric  qui  remplirait  toute  une  pièce  eft  un  tro'ff  Vdi- 
monflre',  ôc  qu  ainfi  l'Ode  1 4^  ^u  i .  livre  çf  Ho-.  "^°  '^o^. 
race  ,  0  navis  réfèrent ,  &:c.  n  eft  point  allégb-  ^ 
rique,quoiqucn  ait  cru  ^tiintilien  &:  lesco-  Quint.  1. 1,» 
menutcurs.  Nous  av^ns  des  pièces  entières  «.tfaiieg- 

♦  Id  qooque  imprimi»  eft  cuihxli^ndam  ,  nt  qno  ex  gé- 
nère cœpcris  tranflati^nis ,  hoc  déiirus,  Multi  enim  ,  cum 
inhiuin  l  tempeiUte  rumpférunt,  incéndiq  auc  ruini  finiunt; 
«juJt  eft  incoaTc^ia^iiâ  icrmn  ktdiSiau,    Qmimt,  t  «•  ci» 

Kiii 


^: 


^ 


-4^ 


v,X 


-iso  t  ALLEGORIE. 
toutes  allégoriques.  On  peut  voir,  dans To- 
jraifonde  Ciccron  contre  Pifon,  ^ùacxcnv- 
ple  de  1  allégorie ,  où ,  côme  Horace,  Cicér 
ron  compare  la  République  Romaine  à  un 
vaiflèau  agite  par  la  tempête. 

L'allégorie  cft  fort  en  ufagc  dajjis  les  pro- 
verbes. Les  proverbes  allégoriques  ont  d Sa- 
bord un  (ens  propre  qui  eft  vrai ,  mais  qui 
Jî  eft  pas  te  qu  on  veut  principalement  feire 
pntcndrc  :  on  dit  familièrement  tant  vx  U 
€ruche  à  Nofiy  quà  h  fin  eUeft:  hrifé  >  c*eft*à-dire, 
q[ue ,  qu^uni  onafironte  trop  fouyent  les  dan- 
gers ,  à  la  fin  on  y  périt  ;  ou  que,  quand  oiî 
scxpofc  frcqucnment  aux  ocafîons  de  pé- 
cher ,  on  finit  par  y  fuccombcr. 

Les  fidiions  que  Ton  débitg^copic  des  hif- 
foirès  poiir  en  tirer  quelque  moralité,  font 
écs  allégories  qu'on  apcle  apologues ,  paraboles, 
on  fahks  mordes  5  telles  font  les  fables  d'Efo- 
pe.  Ce  flit  par  un  apologue  que  Ménénius 
Agrippa  rapcla,  autrefois  la  populace  romai- 


/ 


♦  N«Quc  tam  fiii  timidas  ,  nt  qui  in  mitimi»  rurbinibui. 

ac  flu6tibus  Rcipublica:  luvcm  gubcrnaffcin ,  falvitncjuc  m 

porta  collocilTem  ;  frojitis  lux  nubccùlam  ,  tum  coUéga* 

nui  contamiuitum  i'piritum  pentmérccrem.  Alio^ego  vidi 

;^ntos,  i!iâs  profp^xi  iaimo  Mocëllas  :  ilu^  iinpcudéntibus 

tcmpcilivibus  non  ceflfi  ^£tà.  nis  unum  me  pro  6nuHum  ù' 

l^tc  éb.tuli.  Cic.  in  JpiC  n.  ix.  aliter ,  lo.  &  i<. 


^ 


«• 


VALLEGORIÇ.  ^  »îf 
'  tic ,  qui  mécontente  du  Sénat  s'étoit^rctirèo 
for  une  montagne.  Ce  que  ni  l'autorité  des 
loix ,  ni  la  dignité  des  Magiftrats  Romains, 
n'a  voient  pu  &irç  ,  fc  fit  par  les  charmes  de 
Tapologùe. 

.  Souvent  les  anciens  ont  expliqué  par  une 
hiftoire  fabuleufe  les  éfets  naturels  4ont  ils 
ignoroieiit  les  caufes  5  àc  dans  la  fuite  on  a 
doné  desfens  allégoriques  à  ces hiftoires.  ' 

Ce  n'cft  plus  la  vapeur  tjui  produit  le  toncrre\, 
C'cft  'Jupiter  armé  pour  cfra yer  la  terre  ; 
Un  orage  terrible  ^x  yeux  des  matelots  , 
Ccft  Neptune  en  couroux  qui  gourmande  les  iîotsi 
Echo  n*eft  plus  un  Ton  qui  dans  l*air  retentifTe , 
C*cft  une  Nymphe  en  pleurs  qui  fc  plaint   de 
Narciffc. 

Cette  manière  de  philofopher  fiate  llmagir 
patibn  >  elle  amufe  le  peuple  ,  qui  aime  le 
merveilleux  5^  elle  eft  bien  plus  focile  que 
les  recherches  exadlesque  l'efprit  méthodi-' 
qiic  a  introduites  dans  ces  derniers  tems.  JLes 
amateurs  de  la  fîmple  véri|^  aiment  biea 
mieux  avouer  qu^ils  ignorent,  que  de  fixer 
ainfî  leur  efprit  à  àss  illufions. 

Les  chercheurs  de  la  pierre  philofophale 
j'cxprimcnt'auflî  par  allégorie  dans  leurs  li*. 

;  Kiiij        : 


T 


Boil^âu  , 
Art  Pocc« 
cKonc  iiu 


% 


v_ 


;,A  ....   •... 


t^pw*»*" — 


4 


tji       l'ALLEGO  K  ÏE. 

yrc^  ce  qui  donc  à  ces  livres  un  air  de  mif* 
tère  &  de  profondeur  que  la  (implicite  de  la 
vérité  nepouroit  jamais  leur  concilier.  Ainfi 
ils  couvrent  fous  les  voiles   miftéricux  de 

^  1  allégorie ,  les  uns  leur  fourberie ,  &  les  au-' 
très  leur  Ânaftifme  ,  je  veux  dire ,  leur  foie 
perfuafion.  En  éfct ,  la  nature  n*a  qu'une  vèic 
dans  Tes  opérations  ^  voie  unique  que  Tart 
peut  contrefaire,  à  la  vérité,  mais  quil  ne 
peut  jamais  imitçr  parfaitement.  Il  eft  auffi 
impoffiblç  de  fàirç  de  Tor  par  un  moyen  di- 
ferent  de  celui  dont  la  nature  fc  fdrt  pour 
former  Tor ,  qu  il  eft  impoflîble  de  faire  un 
grain  de  blé  dune  manière  diférehte  de  celle 
qu'elle  emploie  pour  produire  le  blé* 

Le  terme  de  matière  générale  n*eft  qu  une  idée 
abfbraite  qui  nVxprimc  rien  de  réel ,  c  eft-à- 

-^  dire,  rien  qui.exifte  hors  de  netrc  imagina- 
tion. Il  n'y  a  point  dans  la  nature  une  ma- 
tière générale  dont  l'art  puiflè  faire  tout-tc 
qu'il  veut  :  c'eft  ainfî  qu'il  n'y  a  point  une 
blancheur  générale  d'où  l'on  puiflc  former 
des  objets  belles.  C'eft  des  divers  objets 
blancs  qu*çft  venue  l'idée  de  blanch^uf^co- 
me  nous  l'expliquerons  dans  la  fuites  8c c*eft 
des  divers  corps  particuliers,  dont  nousfo- 
mès  a&âés  en  unt  de  manières  di£rèntcs, 


■'^.•^ 


rie  : 


L 


Kj^' 


.    r  ALLEGORIE.        ijj 

que  s'cft  formée  en  nous  l'idcc  abftraitc  de 
matière  générale.  C*eft  paffcr  de  l^prdrc  idéal 
à  Tordre  phyfiquc  que  d'inuginer  un  autre 
^ftème. 

Les  énigmes  font  auffî  une  cfpèce  d'allégo- 
rie :  nous  en  avons  de  fort  belles  en  vers 
françois.  L  énigme  eft  un  difeours  qui  ne  fait 
point  conoitre  lobjet à  quoi  il  convient ,  & 
c'eft  cet  ob|et  qu'on  propofe  à  deviner.^  Ce  dif^ 
cours  ne  doit  point  renfermer  de  circonftan- 
ce  qui  ne  convié  ne  pas  au  mot  de  l'énigme. 

Obfervez  que  lenigme  cache  avec  foin  ce 
qui  peut  la  dévoiler ,  mais  les  autres  efpèces  . 
d  allégories  ne  doivent  point  être  des  énig- 
mes, elles  doivent  être  exprimées  de  ma- 
nière qu'on  puiffe  aifément  en  Élire  Tapli- 
cation. 

XIII. 

« 

L' A.LL  U  SI  ON. 

LEs  allufîons  &  les.  jeux  de  mots  ont  en-  Aiiû<ler:. 
core  du  raport  avec  Fallégorie  :  lallégo-  \^^; ^  ^"• 
rie  préfente  un  fens ,  &:  en  fait  entendre  un 
autre  :  c*eft  ce  qui  arivc  aufïï  dans  les  allu- 
fîons,  &  dans  la  plupart  des  jeux  de  mots ,  m^ 
altims  ex  âltcri  notàtio.    On  Êtit  alluiion  à 


\ 


v.,y 


( 


Henriaje  ^ 


Hift.    de 
l'Acoa.   T. 
I,  p.  X77, 


tf4  l/ALlUSJOJT. 

Thiftoirc,  à  la  &ble ,  aux  coutumes;  &qudt^ 
quefois  même  on  joue  fur  les  mots,  '  \.    ^  , 

Ton  Roi ,  /eune  Biron ,  te  fauve  enfin  la  vie  ; 

Il  c*aracbe  fanglant  aux  Fureurs  des  foldits , 
^  ï)ont  les  (oup$  redoubles  achevoicnt  ton  trépas: 
>  VTuvisi.fonge  du  moins  à  lui  reftcr fidèle. 

.Ce  dernier  vers  feit  allufîpn  à  la  raalhcureu- 
fc  cônfpiration  du  Maréchâi  de  Biron  j  il  en 
rapèle  le  fouvenir. 

Voitujrç;  étojt  fils  d  un  marchand  de  vin  : 
un  jour  qu'iljouoit  aux  proverbes  avec  à^s 
Darnes^  Ma<i^n^è  des  Loges  lui  dit ,  celui-là  ne 
vaut  rien  ,  perceT^nous  en  d'un  autre  ;  On  voit 
que  cette  dame  fcfoit  une  maligne  allufion 
aux  tojjeaux  de  vin  >  car  percer  fc  dit  d  un 
toneatii ,  &  non  pas  d'un  proverb|  :  ainfi  elle 
icveîlloit  malicieufement  dans  Tefprit  de  laf- 
fcmbléelc  fouvenir  humiliant  de  la  naiflance 
de  Voiture.  C*eft  en.  cela  que  confiftc  Tallu- 
fion  5  elle  réveille  des  idées  acceflbires. 

A  4  égard  des  allufîons  qui  ne  confiftent 
que  dans  un  jeu  de  mots,  il  vaut  mieux  par- 
ler &  écrire  Amplement ,  que  de  s'amUfer  à 
des  jeux  de  mots  puériles ,  froids,  &:  fades  : 
en  voici  un  exemple  dans  cct^c  épitaphe  de 
©efpaut^rc: 


m 


/« 


L'ALLUSION.  115 

Grainmaticam  fcivit ,  multos  dccuitquç  pcr  annos; 
Dcclinâre  tamcfi  non  pocuic  tumulufn. 

Vous  voyez  que  l'auteur  joue  fur  la  double         ^ 
fignificatioh  de- </f c/inire.  «   ' 

Il  fut  la  Grammaire ,  il  Tenfcigna  pendant 
"plùfieurs  années ,  &:  cependant  il  ne  put  dc^ 
cJiner  le  mot  tàmulus.  Selon  cette  tradudion , 
lapenfee  eft  fauffej  car  Defpautèrc  favoit 
fort  bien  dçcliner  tûmulus. 

Que  fi  Tdn  ne  prend  point  tûmulus  maté- 
rièlement ,  &:  qu  on  le  prène  pour  ce  qu  il 
fignifie,  ceft-à^ire ,  pour  7e^ow^e<ï«  ,&  par 
métonymie  pour  la  mort  5  alors  il  faudra  tra- 
duire que  maigre  toute  la  conoiffanct  que  Sefpautère 
avoit  de  la  Grammaire ,  il  ne  put  éviter  là  mort  5  ce 
qui  n  a  ni  fel ,  ni  xaifon  î  car  on  fait  bien  que 
la  Grammaire  n  exente  pas  de  la  néceffité  de 
mourir. 

La  tradudioh  eft  1  ecfleil  de  ces  fortes  de 
fehfées  :  quàndiine  perifée  eft  folide  ;  tout  ce 
quelle  a  de  réalité  fe  conferve  dari^la  tra- 
dudlion  >  mais  quand  toute  fà  valeur  ne  con- 
iîfte  que  dans  un  jeu  de  mots,  ce  £iux  brillant 
ic  diflîpe  par  la  traduction.  a 

Ce  n*cft  pa5  toutefois  qu'une  mufc  uû  peu  Sue      y^„  p^j^\^ 

Sur  un  mot',  en  pafTant ,  ne  joue  &  ne  badine  j     ^^^  *•. 


<  A 


y^ 


*  > 


'     r 


x_ 


■'^.^i^^ftm^' 


•Acaa. 
l'Aies. 


Xf^  rAlLUSIOKi 

^£c  d'un  fens  détourné  n'abufe  avec  fuccès  % 
Mais  fuyez  fur  ce  point  un  ridicule  excès* 

îles  Ro-  Dans  le  placct  que  M/ Robin  préfcnta  aa 
*°^"j[^  Roi  pour  être  niaintenu  dans  la  pofleffion 
dune  ile  qu'il  avoit  dans  le  RJionc ,  il  s'ex- 
prime en  ces  termes  : 

Qu*eft-cc  en  éfct  pour  toi^  Grand  Monarque  des 
'  j  Gaules ,     - 

Qu'un  peu  de  fable  &  de  gravier  ? 
.Que  faire  de  mon  île  f  Iln'y  croît  que  des  faules;  ' 

Et  ru  n*ai  mes  que  le  laurier. 

SaUles  eft  pris  dans  le  fens  propre  ,  &:  Uiiricr 
dans  le  icnsiigurc  :  mais  ce  jeu  prcfente  à 
Tefprit  une  penfce  très  fine  6c  très  folidc.  Il 
faut  pourtant  obferver  qu  elle  n*a  de  véritç 
que  parmi  les  nations  ou  k  laurier  eft  regarde 
come  le  fîmbole  de  la  vidoire. 

Les  alluiions  doivent  être  facilement  aper- 
çue. Celles  que  nos  poètes  font  à  la  &ble 
font  défcdueufes ,  quand  le  fujet  auquel  elles 
ont  raport  n'eft  pas  aflcz  conu.  ^alÊcrbc 
dans  (es  ftances  à  M.  du  Pcrier  ^  pour  le  con- 
foler  de  la  mort  de  fa  fille  »  lui  dit  : 

ion  n'a  plus  les  ans  qui  le  firent  cigale^ 
Et  Pluton  aujourd'hui , 


■n^-m^--  Z' AL  LUS  101^.  i^r 

^âns'  égard  du  padi  les  mérites  égale 
D' Archcmorc  &  de  lui. 

Il  y  a  peu  de  Içàeùrs  qui  conoiflènt  Archc- 
morc, c*cftun  ciîÊint  du  tems  fabuleux.  Sa 
nouricc  l'ayant  quitté  pour  quelques  mo- 
mens ,  un  ferpent  vint  &:  Tétoufà.  Malherbe 
veut  dire  que  Tithon  après  une  longue  vie., 
s'eft  trouve  à  la  mort  au  mém^  point  qu'Ar- 
chemore ,  qui  ne  vécut  que  peu  de  jours. 

L  auteur  du  poème  de  la  Madeleine ,  dans 
une  apoftrophe  à  lamour  prophane  ,  dit, 
w  parlant  de  Jefus  O^hrift  : 

Puisque  cet  Antéros  t*a  fi  bien  defarmé  : 

Le  mot  à^ Antéros  n'eft  guère  conox^uc^es  fa- 
vans  ,  c  cft  uft.  mot  grec  qui  fignifie  contit- 
Wonrrcctoit  une  divinité  du  Paganifme  5  le 
Dieu  vengeur  d*un  amour  méprifé.  ' 

•  Ce  poème  de  la  Madeleine  eft rempli  de 
jeux  de  mots,&:  d  alluiîons  fi  recherchées,quc 
malgré  le  rçfped  du  au  fujet ,  &:  la  bone  in- 
tention de  Fauteur ,  il  cft  dificile  qu  en  lifanç 
cet  ouvrage  on  ne  foit  point  afe^é  corne  on 
Teft  à  la  Icâurc  d'un  ouvrage  burle(que.  Les 

^  figures  doivent  venir ,  pour  ainfi  dire ,  d'elles 
«ncmes  >  elles  doivent  liaitre  du  fu|et ,  &  ic  ^ 
prcfcntcr  xuturèlemcnt  à  l'ciprit ,  corne  nous 


^ 


H- 


L.  1^ 


pâg. 


f 


/ 


ij«       CÂLLVstdn: 

l'avons  remarqué  ailleurs  :  quand  c'eft  Td* 
fnï  qui  va  les  chercher,  clle$  dép^aifent, 
elles  étoncnt  ^  ^  fouvent  fbnr  fire  par  IV 
nion  bizare  de  deux  idées ,  dont  Tude  ne  de-^ 
voit  ^mai^  être  aflbrtie  avec  Fautre,  Qcii 
«•oiroit,  par  exemple ,  que  jamais  le  jeu  de 
piquet  dut  entrer  dans  un  poème  iait  pour 
décrire  la  pénitence  àc  la  charité  de  faintc 
Madeleine  ;  &:  que  ce  jeu  dut  fiiiré^  naitre  U 
pcnféc  de  fe  doncr  la  difcipline  { 

Plquex-Vous  feulement  de  jouer  au  piquet ,     ' 
A  celui  que  j'entens  qui  fe  fait  fans  caquet } 
J'tntcns  que  vous  preniez  par  fois  la  difcipline  j» 
Et  qu^rvec  ce  beau  jeu  vous  faflîcz  bone  mine. 

On  ne  s*atcnd  pas  non  plus  à  trouver  les  ter*- 
mes  de  Grammaire  détaillés  dans  un  ouvra- 
ge qui  porte  pour  titre,  le  nom  de  fàinte  Ma- 
deleine 5  ni  que  Tauteur  inugine  je  ne  fai 
quel  raport  entre  la  Granuimre  &c  les  exer- 
cices de  cette  Sainte  ;  cependant  une  tcte 
de  mort  &  une  difcipline  font  lies  iludim£NS 
de  Madeleine. 

1(jnL  1.1.  p.  Et  regardant  toujours  ce  têt  de  trépafll^ 

il.  ifëâcc  £jjç  ^Qjç  j^j  FUTUR  dans  ce  présent  passe*. 

.   A.  .       . I 

£t  c>ft  fa  difcipline  «  &  tous  fcs  châtimens , 
Qi^  lui  font  comcnccr  ces  rudes  rudimins* 


Pôèmcde 
la  Madelei- 
ne  ,  l.    3. 


Pendant 
î)e  fon  1 
Tems  d< 
Par  tant 
Et  le  p 
D'un,  an 
Puis  par 

Que  je 

»    •    •  • 
Prenant 

Le  »o 

I 

Vouî 


tALLUStOK.  t59 

Çé  qui  b  fait  trcmbier  pour  fou  grammairien, 
Ccft  de  voir ,  par  un  cas  du  |out  déraifonnablc  , 
Que  Ton  amour  lui  rend  la  mort  indecunable  ^ 
Et  qu*ACTiF  corne  il  eft  aufli  bien  qu'excefllf 
Il  le  rend  à  ce  point  d'impafnble   Passif. 
O  que  Pamour  eft  grand ,  &  la  douleur  amcre  , 
Qnand  un  verbe  passif  fait  toute  fa    grammaire  I 
La    muse  pour  cela  me  dir ,  non  fans  raifon ,   - 
Que  toujours Ja  première  cft  fa  conjugaison. 

Sachant  bien    qu'en   aimant  elle  peut  tout  pré- 
tendre ,  '  - 

Come  tout   ENSEIGNER    ,   tOUt   URE  ,   &    tOUtlN» 
r       TENDRE , 

Pendant  qu'elle  s*ocupe  ï  punir  le  forfait 

De  fonTEMS  PRETERIT  qui  ne  fut.qu'iMPARFAiT, 

Tems  de  qui  le  F  u  t  u  R^éparera  les„  pertes 

Par  tant  d'aflidions  &  de  peines  foufcrtes  ; 

Et  le  PRESENT  efttel,  que  c'cft  Tindicatif, 

D'un^amour  qui  s*en  va  jufqu'à  i'i n F i n  i  t if. 

Puis  par  un  optatif  ^  ah  !  plut  à  Dieu,  dit-elle^ 

Que  je  q^'eudè  jamais  été  iî  criminelle  î    \ 

Prenant  avec  plaifir  ,  dans  l'ardeur  qui  la  brûle , 
Le  ÉioirET  pour  difcipline,  te  la  croix  pour 

FERULE. 

Vous  voyez  qu'il  tfoublic  rien.  Cet  ouvra- 


v_ 


r 


<^^ 


Q> 


i^e  H  ALLVsiàHt. 

pteft  rempli  d  un  nombre  infini  d*alla(ipns 
att|E  techerchées ,  pour  tie  pas  dire,  aufll  ^ué-' 
riles.  Le  dé&ut  de  jugement  qui  empèse 
de  fentir  ce  qui  eft  oU  ce  qui  n'eft  pas  à  pro- 
pos ,  &  le  defir  inal  entendu  dç  montrer  de 
refprit  bc  de  faire  parade  de  ce  qu  on  fait ,  en- 
£mtentices  produâions  ridicules. 

Ce  ftilc  figuré ,  dont  on  Êiit  vanité , 

Sort  du  bon  caraâère  &  de  la  vérité  ; 

Ce  n*cft  que  jeux  dcjnots ,  qu'afcdation  pure  , 

£t  ce  n*eft  pas  ainfi  que  parle  la  nature. 

rajouterai  encore  ici  une  rémarque  ,  à  pro- 
pos de  Tallufion  :  c'eft  que  nous  avons  en  no- 
tre langue  un  grand  nombre  de  chansons, 
iJont  lefens  litcral,  fous  une  aparence  de  fim- 
plicitc ,  eft  rempli  d  allufions  obfcéncs.  Les 
auteurs  fie  ces  produdion$  font  coupables 
dune  infinité  de  penfèesdont  ils  faliflcnt  l'i- 
magination >  &;  d'ailleurs  ils  fe  deshonorent 
dans  TeTprit  des  honctes  gens.  Ceux  qui  dans 
des'ouvrages  fcricux  tombent  par  fimplicité 
"dans  le  même  inconvénient  que  les  fcfeurs  de 
chansons,  ne  font  guère  moins  rcpréhenfi-' 
bjçs ,  &  fç  rendent  plus  ridicules.. 
Quintilien,  tout  païen  iju  il  ètoit ,  veut  que 

ik>n  feulement  on  évite  ks  paroles  obfcénes, 

;  -  mais 


lirtâîs  en 
idées  do 
Untkm  d 
'^y^  On  d 
"  i\  aille 

-»dcsailt 
»  intcrpr 
"pritph 
>»  coeur  c 
»  fe(VoJc 
»  tcur  Ç^ 
»,  blefîè  c 

.  »  faire  n; 
»  pr^t 

»>dansui 
î^cft  fîfq 

»de  mq 

*  Hoc  vi 
in  obfcani 
ûnûè  4:  an 

<]ilitehiis  vc 
^mitiam? 
na^  ut  . 
qua«  p^rfe< 
>nus,coxnn 
t\êm  I»u<i6r 
f  icriquc  ot 
^rbis  0|]c 

turpitûdioii 


tjtLZUSIOJff^      .     t6t  ' 

Hkfe  encore  tout  ce  qui  peut  rcveillcr  des 
idées  d  obfccnité.    Ohfiœnitas  vti^  non  kverbis  ^atlf^- 
Untum  abéjfe  débet ^  fed  étiam  àfignificaùwe.  i.vi.  q.^M 

^»  On  doit  éviter  avec  foin  çn  écrivant ,  dit-  ^^^ 
"  il  ailleurs^  "^  tout  ce  qui  peutdoner  lieu  à 

*»  des  allufîons  deshonptes.  Je  fai  bien  que  ces 
»  interprétations  viènent  fouvcnt  Mans  i'ef^ 
»  prit  plutôt  par  un  éfet  de  la  corruption  du. 
»  coeur  de  ceux  qui  lifent,  que  par  la  mau vai- 
»  fc  (Volonté  de  celui  qui  écrit  >  mais  uii  au- 
»  teur  fage  &:  éclairé  <ioit  avoir  égard  à  la  foi-  Ci 
»,  bleflè  de  (es  ledeurs  ,  &:  prendre  garde  de 
)î  Élire  naittc  de  pareilles  idées  dans  leiir  et  ^ 
»  prit  :  car  enfin  nous  vivons  aujourd'hui 
»>dinsun  ficelé  où  Timagination  des  homei 
î)  cft  fî  fort  gâtée ,  qu'il  y  a  un  grand  nombre 
n  de  m^s  qui  étoient  autrefois  très  hohètes , 

*  Hoc  vitimn  «<»«•'?«▼•»  vocitur  t  five  nulâ  confuctudino- 
in  obTcocnum  intcll^^him  fermo  dctôrtus  cft . .  .  .  4i^ 
fajiâè  9c  antique  ridëntur  à  nobis  :  <^Uam  culpam  non  fctU 
b^ici^m  quidcm  jûdico  ,  fcd  Icg^mium  ,  tamcn  vitinda  | 
qditeftas  verba  hon^fla  méribus  perdidimus  ,  &  evincéilci*  * 

biQ  àtam  vitiis  cedénâum4,cft.  Sive  junûura  dcformiccr  fo*' 
na^  ut   ...   4  .  i\\M  cou jun^b6hcs   iii^nid   similc   ficiunfe  * 

.  qoif  pérfeqni.longom  eft, in  eo  vitio  quod  vitindum  dki- 
mus,  commoiintes,  ied  divifio  quoQuc  aftèrt  eindem  injû** 
Jriam  ^ud6ri.  Wcc  fcripto  modo  id  àccidic  ;  fed  ^tiam  fenTu 
plcrique  obfcœnè  intelligcrc  ,  nifi  ci  verts  ,  c^piuni ,  ac  ex 
Tcrbis  aujc  longidîm^  ab  obrcanitice  ab(iint ,  occâ(î6neai  ' 
turpttûdinii  ripeie.  fiuint,  Jnft.  Oxac*  lib  irîii.  c.  ).  4« 


L 


s^^ 


:  y  : 


V. 


«»w* 


\ 


pifimmU. 
9*0  in  «M- 

êioMt» 


Botlezn, 
Sac  xz* 


/ 


ïfALLVSfOir. 

»  dont  il  ne  nous  efl:  plus  permis  de  nous  ièr? 
»vir  par  Tabus  qu'on  en  £ût  :  de.  fprtév 
»quc  fàAs  une  açcntion  fcrupulcufe  de  là 
«part  de  celui  qui  écrit  ,  fes  ledeurs' trou* 
9  vent  malignement  à  rire  en  faliirant  leur*"* 
»  imagination  avec  des  mots,qui,  par  eux  mê- 
D  mes ,  font  très  éloignés  dd  rpbfcénitc. 

XIV. 

L*  I  R  O  N  I  E. 

L Ironie  tft  une  figure  par^laqiicIIeonveuC 
Élire*  entendre  le  contraire  de  ce  qù  oa 
dit  :  ainfi  les  mots  dont  on  fe  fert  dans  l'iro-    ' 
nie  ne  font  pas  pris  dans  le  icns^ropre  &: 
litéral. 

Mf,  Boilcau,  qui  n*a  pas  rendu  à  Qui-. 
nault  toute  la  jufldce  que  le  public  lui  a  ren- 
ilue  depuis- 9  a  dit  par  ironie  : 

Je  le  déclare  donc^  CJuinaulced  un  Virgile. 

Il  voulqit  dire  un  mauvais  poète. 

Les  idées  acccflbiresTont  d'un  grand  ufagc 
dans  TironieL  Iç  ton  de  la  voix ,  &  plus  encore 
la  conoiflàncc  du  mérite  ou  du  démérite  pcr- 
ibnel  de  quelqu  un ,  âd  de  k  £^on  de  penfcr 
de  celui  qui  parle ,  fctvcQt^^Ius  à  fûre  conoi* 


/ 


tre  Vit 
Vn  hc 
Cicérc 
les  moi 

fait  un 

le  dïCcQ 

Tout 

mèned 

Adcp 

e»cft  ur 
iîcurs  ex 
Je  ne  fa 
cette  figi 
qu'il  Ta 

Cicéri 
pour  Lij 
<inte  bunc 
loraifor 
de  riroi 
difoit  qJ 
ccdoinej 
haité  icsf 

>»eftmai[ 


"laV 


/ 


/ 


treVîromc,  que  lc$  patolcs  dont  oh  rcfcrt. 
Vn  home  s*écric,  6h  k  bel  efprit  \  Parlc-t-il  de 
Cicéron  ,d*Horace  )  il«*y  a  point  là  d'ironie 
les  mots  font  pris  dans  le  fens j)roùrc  :  Parlc- 
t-il  de  Zoïlc?  Ceft  une  ironie.  Ainfi  Tironic^ 
fait  unefatire  ,  avec  les  mêmes  paroles  donc 
kdifcpurs  ordinaire  fait  un  éloge. 

Tout  le  monde  fait  ce  vers  du  père  de  Chir- 
mène  dans  le  Cid  :  » 


n 

r 


X 


\ 


A  de  plus  hauts  partis  Rodrigue  doit  prétendre. 

e*eft  une  ironie.  On  en  peut  remarquer  plu- 
(icurs  exemples  dans  Balzac  oc  dans  Voiture* 
Je  ne  fai  fi  lufaccque  ces  auteurs  ont  faitjlc 
cette  figure  fçroit  aujourd'hui  auffi  bien  reçu, 
qu  il  Ta  été  4e  leur  tems.  x 

Cicéron  comeifce  par  une  ixot^c  loràifon 
polir  Ligarius.  NâVum  crimen ,  uâ^é^ar  ,  &• 
4nte  bknc  diem  inaudïtum ,  &:c.  ^11  y  a  àuflî  dans 
loràifon  contre  Pifjbn  un  fort  bel  exemple 
de  rironic  :  c  cft  à/1  ocafion  de  ce  quc^Pifoi» 
difoit  que  s  il  n*avoit  pas  triomphé  de  la  Ma-» 
cédoine,c*étoit  parce  qu'il  n'avoit  jam^s  fou- 
haitc  Icshoncursdutri^phc.  »Que  Pompée 
>»  cft  malheureux ,  dit  Ciccroo ,  *.dc  ûcppu- 

*  Non  dk  fntcgrum  Cn.  Pomp^io  ,  condlio  JAin  ^ti  tao  i 
«rriTÙ  cnim.  Noaguftirac  iilam  cuani  philofiSf  liiaiij;tcr,f«tit- 
k)mo  ftaltus ,  uiumphivil. kc.  Ci€. in  Pifoa.  n.  ci.  liiy; 

Lij      • 


Corn»  CiJi 

aâf.l.fc.  Il, 


-•^ 


,/ 


\ 


r* 


—   « 


/K 


'.:**■ 


</ 


^«4  ^''  •  VlK'OftlE. 
,  •vciirpiroiîtçrdçvotrcconfcii!  Ôh/qu'ilacu 
/  »  tort  de  navdir  point  eu  degput  pour  votre 
)>philofophie^!  Il  à  eu  la  k\ii  de  triompher 
»  trois  fois.  Jelougis ,  CrajÇTus , de  votre  con- 
Vidd(|df  Quoi,  yôusavez  brigué  Thoneurdu 
»  triomphe  avec  tant  dcmpreflcmerit  !  àcc. 


/ 


.  ^ 


L'EUPHEMliMJE. 


ru|iM''A»,V,  Y*  Euphéniifmc  cft  une  figure  par  laquelle 
ni*  capti-  *^  on  dcguife  dcs  idées  defagréables,  odieu- 
t^Mte»urt  fes,ou  triftes/ous  des  noms  qui  rie  font  point 
x«rf '"d*?"^  ^^  noms  propres  de  ^cs  id^  :  ils  leur  fcr- 
hiem,  htm-  ycut  ccj^m^ae  voilc^,  &:  ils  en  expriment  en 
Z^fl^i'^ji  àparence  de  plus  agréables ,  de  moins  cho- 
dit*  quantes^  ou  de  plus  honêtes,iclon  le  befoiiii 

5  par  exemple  :  ce  feroit  reprocher  à  un  ou- 

vrier ou  à  un  valet  labaflèflc  de  fon  état, 
que  de  Tapeler  ouvrier  ou  vakt  s  on  leur  donc 
4'a*itres  noms  plus  honctés  qui  ne  doivent 
pas  être  pris  dans  le  fens  propre.  C'eft  ainfi 
que  le  bourreau  eft  apelé  par  honeur ,  Icmai- 
$re  des  hautes  teuvres. 

C*eft  par  \a  même  raifon  qu'on  done  à  ccr- 
taiiies  étofes  groflières  le  nom  dctofcs  plus 

fiocs  >  pac  exemple  :  oa  apelc  v^fe«n  d€  Mon- 


riène  une 

Maurièr 

pauvres 

une  forte 

blés  de  < 

<iu  nom  < 

brique  ai 

Un  ou 

quelle  or 

fon  payer 

p^eT^  moi 

plus  rien  à 

Nous  < 

vous  benij] 

vous  doner. 

Sonvjtè 

que  d^  lui 

Les  Lai 

de  leur  ir 

lieu  de  réj 

Quand 

"  nous  pei 
«  celui  qu^ 
"»  du  mot 


.) 


■ivgjfVMi''^^'' 


^  rSU  PifÈMISME.  i6si 
tiène  une  forte  de  gros  drap  qu'on  fait  en 
Mauricne ,  province  de  Savoie ,  &  dont  les 
pauvres  Savoyards  font  habillés.  Il  y  a  àuOi 
une  forte  d'ctotc  de  fîl ,  dont  on  fait  des  meu- 
blés  de  campagne  5  on  honore  cette  ctofc 
du  nom  de  damas  de  Caux  ,  parce  quelle  fe  fa- 
brique au  pays  de  Caux  en  Normandie. 

Un  ouvrier  quia  tait  labcfogne  pour  la- 
quelle on  Ta  fait  venir,  &c  qui  n  atcnd  plus  que 
Ton  payement  pour  fc  retirer ,  au  lieu  de  dire 
p^cii  moi ,  dit  par  euphcmifme  ,  n'^ve^  ^ons 
plus  rien  à  rnordoner. 

Nous  difons  auiïî ,  Dieu  vous  a/fifle  ,  Dieu. 
vous  benijfe y  plutôt  que  de  dire  ,  jcnairien  à 
vous  doner» 

Sou\^rpolK,congc|||^  quelqu'un  on  lui 
((it,!;^//^  {fui  cjl  bien  y  je  vous  remercie,  plutôt, 
que  d(i  lui  dire  aîe':i^  vous-en. 

Les  Latins  fe  fer  voient  dans  le  même  fens 
de  leur  re6iè ,  qui  à  la  lettre  fîgnific  bien  ,  au 
lieu  de  répondre  qu  ils  n  avoient  rien  à  dire. 
^  Quand  nous,  nç  voulons  pas  dii;c  ce  que 
»  nous  penfbns  ^  de  peur  de  |àire  de  la  p):ine  à 
n  celui  qui  pou^  intéroge  >  nous  aous  firrvons 
udu  mot  de  reêièy  dit  Donat.  ^ 


y 


\ 


*  M,ti^  èltcimut  en  m  fîn<  ififurià  interrogiatts  il^uir)  ie« 
^aiM.  JMmt.  ia  Tcrcm.  Hcicyr,  jki  5.  Se  x,  w^  xo.    • 


-^ 


, 


Sodrâta^dansTcrence,  t  dità  Ton  fils  ?^m« 

nMftjî^l  IlrépondsirâèffMter.  Totavalrienymi 
mkrt  y.  Madame  D^cicr  traduit ,  fieuy  ms  mérey 
tel  e(l  k  tour  françois. 
,  Dans  une  autre  comédie  de  Tcrcncc ,  Cli- 
tiphôn  die  que  quand  (à  maitreflè  lui  deman* 
écâQ  i*argcnt,  il  fe  tire  d'àfàire  en  lui  répon- 
4am  reâè  ,  c'eftvà-dirc ,  en  lui  douant  de  bel- 
fe& espérances  :  car ,  dàt-'A ,  fe  liosems  Im  avouer 
4«e  fe  néU  rkn  >  h  mât  de  rim  eft  im  mot  fimefle. 

Madame  Dâcicr  a  mieux  aime  traduire , 
hrsqùdU  me  demande  de  tardent ,  fe  ne  fais  (jut^ 
ÉÊonmter  emre  les  dents  )  cist  je  nai  garde  âe  lui  dire 
fue  je  n  ai  pas  le  fou.  ,    y 

Si  MaxJame  Dacier  tut  été  plus  entendue^ 
qu*elle  rte  Fétoit  en  galanterie  ,  die  auroic 
bien  fenti  que  marmoter  èntue  les  dents  y  rfétoit 
(Kisune  contenance  tipp  propre  à  faire  nai- 
tre  dani  une  coquète  l^érance  d\m  prc 

Il  y  "a^jc^t  toujoats  un  t«î^  fow^tcndu 

avec  rr^Tibi»  âdmones.  %  JSgo  ^Hwcfcpfi^  i^t 
♦•  îbid.  aar.  fiant  videro.  «^  Reé MdeSi,È^%Mf  -  t  '; 

a.  fc.  tf .  V,       ^  ^  Q^^  Ucrymas  ?  QJjia  te  ^  WllH«  ♦•  ^  ioimi^ 

*«ît*  ù.,„»    y*»*.  Hccyr.  a£^.  3.  fc.  i. 

att.  î.ici.  ^j^^    ^^^    ^  ^^^^  u»  t«f*ilJi(MlNtP^*^ 


♦  Andr-aftl 
5.  fc  4. 
v:  fo 


gent  5 
fèroiei 

Aini 
dife  * 
notre 
de  ce 
dcpâi 
vous  p 
tout  in 

Dar 
jours 
desho 
croicr 
Hcatc 

ioûtd* 
pour 
dir^U 
corné 


reUPHEMiSME.       x6f 

A  l'égard  du  reOè  de  la  2**  fcènc  du  III.  adc    • 
de  THécyrc ,  il  &ulr  fous-entcidrc  ou  vâieo^: 
itBè  vàleo  i  ou  rtfîfè  mhi  cônfnlo ,  ou  enfin  quci- 
qu  autre  mot  pareil ,  çome  res  benè  fe  hakety  6cci 
Pamphile  vouloit  exciter  cette  idée  dans  lef- 
prit  de  fa  mérc  pour  en  éluder  la  demande. 

Pour  cequicftdçrautre  rffiK^^Clitiphon  ^^'^j.^^^ 
voul&t.  faire  entendre  à  fa  maitreflc  ^  qu'il 
avoit  des  reOburccs  pour  lui  trouver  de  l'ar- 
gent 5  que  tout  iroit  bien ,  ôc  que  fes  deiirs 
feroient  enfin  fatisfaits. 

Ainfi  ,    quoique  Madame  Dacier  nous 
dife.*  que  nous  n'avons  point  de  mot  en  ^^J^^'"^^'^ 
notre  labgue  qui  puifle  exprimer  la  force  rur  u  <c  i^ 
de  ce  r^ ,  je  crois  qu  il  répond  à  ces  façons  ^^^  ^^f^;'*^ 
de  parler ,  cela  va  bien ,  cela  ne  va  pas  ft  mal  que 
vûMs  penfes^ ;  tpurage Uly  a  efférance ,  cela  ej\  boni 
fout  ira  bien  y  tcc.  v>  ^ 

Dans  tout^  tes  nations  policées  on  a  tou- 
jours évite  les  tcnnesqui  expriment  des  idées 
deshonètes.  Lci  pcrsones  peu  inftruitcs 
croient iglMsle^  Latins  n'ayoient  pas  cette  dé- 

Hcatcfferc^cft  une  erreur.  H  eft  vrai  qu'au- 
ioartfhui  on  a^  ijftelqocfbis  tecours  au  latin 
pour  «primer  àt»^  idées  dont  on  n'oferoit 
dir^  le  mot  propre  en  françois  >  niais  ç'eft  que 
comc  nous  tfavons  apris  les  mots  latins  que 

Xiiij      •; 


f 


/ 


/ 


l,«- 


'' 


4ans  les  livres ,  ils  fe  pré&ntent  à  nous  avec 
une  idée  Oiicccfloire  d  érudition  &  de  levure, 
qui  s*cmparc  d'abord  de  l'imagination  ;  elle 
k , partage , clic  cnvelopc,  en  quelque  forte, 
lldéie  doshonètc ,  elle  lecarrc,  &ne  la  feit 
.    voir  que  de  loin  ;  ce  font  deux  objets  que 
Fon  préiente  alors  à  rimâ^nation ,  dont  le 
premier  eft  le  mot  latin  qui  couvre  ridée  qui 
îç  fuit ,  ainfî  ces  mots  fervent  corne  dé  voile 
àc  de  périphrafe  à  ces  idées  peu  honètcs  :  au 
lieu  q^e  corne  nous  fomes  acoutumcs  aux 
>notsde  notre  langue  ,  Tefprit  n'eft  pas  par- 
tagé à  les  entendre  :  ainfî  il  ne  s'ocupé  que 
des  objets  qu'ils  fignificnt  \  il  les  regarde  de 
;*        plus. près.    Mais  dans  le  tems  que  le  latin  &: 
Je  grec  ctoient  des  lalngucs  vivantes ,  &  quo 
1^  Grecs  &:  Içs  Romains  eurent  ateint  un 
certain  degré  de  politefTe,  les  honètesgens 
'    jnénageoient  les  termes  comc  nous  Icsménà- 
.  geons  en  François ,  ÔC  leur  fcrup^lû  aloit  mê- 
me quelquefois  fi  loin  ^qu'ils  cvitoient  la 
rencontre  des  fylabes,  qui,  jointes,  cnfcmbie, 
0r4t.ii,      auroient  pu  réveiller  *des  idées  deshonétes. 
1  |4,aUtci    ^^p,  ,14  dkerétur^  olffc^às  t&ncûrrercnt  lïttera  , 
înftiomi.  dit  Cicéron,  &  Quintâién  a  &it  la  même 
^?<'t^-3-  rcmarcpie. 

fn,  Î5c  dirais  tu  potjnt  mourir  de  hon- 


*^ ,  d 


*  .Non 
piidcc  die 
pduitfa 

Egofe 
ris  mbis 

ôpbnére. 

coilccbui 

:  Mos  £ 

vcftiricr  < 

TIII.  V. 

Vileat 
Caftraj 


i>EU  TREMIE  me:     ié§^ 

»«te  ,  dit  Chtémcs  à  fon  fils ,  *  d'avoir  txx 
»  rinfolencc  1  d:amcncr  à  mes  yeux ,  dans 
>»  ma  propre  maifon  ,  une ....  je  tfofe  pro^ 
»  noncer  un  jnot  deshonète  en  préfcnce  de 
»  ta  mcre  ,  ^r  tu  as  bien  ofc  comctrc  une 
»  adion  infâme  dans  notre  propre  maifon  ! 

C  etoit  par  la  même  figure  qu'au  lieu  de 
dire/e  vous  ah^done ,  je  ne  m  mets  point  en  peine 
de  vous,  jevoiisqme.ks  anciens difoicht  fou- 
^^^t,vive7i,^orte7i'VoHsbien.  Five^, forêts ,  ^^' 
cettej  éxpreflion  ,  dans  Tendroit  où  Virgile 
s'en  eft  fervi ,  qe  marque  pas  lih  fouhait  que 
le  berger  fiiOe  aux  forets ,  il  veut  dire  fim-* 
plement  quil  les  abandone. 

Ih  d^Cpicnt  aufiî  quelquefois ,  avoir  vécu  \ 

*  .Non  raihi  per  falMcias  addûcerc  anre  oculos  .  .'  .  ."  , 
podct  dicere  hic  prarfentc  verbum  turpcf^àt  leid  aollo  inodo» 
pjdiiit  Êîccre.  ï^caut.  adl.  j,  Te.  4.  v.  iS»«  *, 

Ego  fcrvo  &  (èrvibo  Platonis  verccùadiaili.  Itaquc,  tec^, 
tiiTCtbis,  ea  ad  te  fcrtpii ,  quac  apcrtiAuiiit  agunt  Stôf' 
ci   lUi  étiam  crépicus  aiônt  atquè  libetos  ,ac  ruéhis ,  cffc   . 
ôportére.    Oc.  1.  ir.  Enift.  it. 

JE<^  ekdcm  mod^iâ  ,  pétiils  cum  muliere  fuîflè,qttàm 
coriccbuiflê ,  dicébant.  r-trr#  de  ling.  lat.  1.  v.  fub  fin. 

'■  Mos  foit ,  tes  turpes  &  ftsdas  proUtu ,  honefti6rum  coii« 
"  vcfliricr  digaitite.  Arn»^.  l  y.        ^     -  * 

♦•J^nifvia  vcl  m^um  fiaQt  mait ,  vkite  fylvx.  Vifg.  Ec 
▼  III.  V.  y  8. 

Viieanr  ,  qui  iater  nos  diiOdium  voIoai;.  Ttr.  AfoL  ad. 
'>f*  fc  1.  Vi  13.  .   ^ 

Caftra  peco  :  valcatque  Venus,  ralcantque  pùdùc*  Tièulk 

I.  ^^.  £1.  tf,  V.  ^,  -    ■         ■'   ':'r*,yf-  ■'■-'r]    V'-     • 


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j;-  v^ 


-y.  • 


Ka 


k-^ 


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0Doirkè^  s*cnêfrc  ëUj  avoir  pâfsé  par  la  vk ,  [t^J^ 
jEmôSitfx^^Jau  licudedlre67rffiorr,le  termedc 
mêànr  leur  paroUToit  ea  certaines  ocafions  uti 
»otfuncftc^ .  .      ' 

Les  àtickqs  portoientla  fuperftition  juf- 
qu*4  cséiie  qu'il  y  avoit  des  mots  de  mau- 
tais  augme  ^  dont  la  feule  prononciation 
pouvoit  atircr  quelque  nialKcur  :  corne  fi 
Jcs  p^MX>les  y  qui  ne  font  qu'un  air  mis  en 
mouvement ,  pouvoient  produire ,  par  elles 
mêmes  ,  que]qu*autre  éfèt  dans  la  nature, 
que  celui  d'exciter  dans  l'air  un  ébranlement, 
qui ,  fè  comunkiuant  à  lorgane  de  l'ouie , 
fiit  naitre  dans  Pefprir  des  homes  les  idées 
dont  ils  fùtit  convenus  pat  l'éducation  qu'ils 
ont  reçue.  ^ 

Cette  JR^|M»ftidon  par^ifToit  encore  plus  dans 
les  cérciiioiiiès  de  là  religion  :  on  craignoit 
de  doner^tut  Dieux  quelque  nom  qui  leur 
&Lt  defàgrcâble.  On  étoit  averti**^  au  c^ 

ri^  :  HTt  délivré  éif  i'étjrt  Ml^ifé  4«,  .      ^ 

^  Malè  oimpitis  pixctte  mmct  tufthm  éCsutns ,  malè 
aoniisétis.  Ifêr-  1.  3,.  i>d,  14»     ,   , 
.fAvëte  lioguis.  H*r.  L  3.  oA.  u, 
Orc  hvéte  wnnts^  P^rg.  &n.\.  f.  t.  71.* 
.&ckmm  boni  rcrba^venit  natilis ,  ad  aras* 

QQiiqtiis  a(ies  ,  linguâ  ,  vit  mali^r^ife  fave.  TibnU,  I/a; 


fjnkc  dicàida  boQo^fum  booayerl 
1 1.  V.  71.  ^ 


&ri<iir4itiguiTque  ammifaoe  fàvéte 


aac  ravete ,  v      , 
rba,diifc.O%/.  Fa(l# 


pourq 

dire  a 

îly 

crifice 
biend 
cérém 
mBan 
ter  da 


f#riioi 


moicenient  du  iàcrifice  ou  de  la  cérémonie^ 
de  prendre  garde  de  prônonofcr  aucun  mot 
qui  pûi  atlicrtjuciquc  malheur,  de  ne  dhe 
que  de  boncs  paroles ,  kona  verba  fm ,  enfin 
rfêtre  Êi\'Ojrablc  de  la  langue ,  favhe  lingmi , 
ou  lingHâ.ou  ore  5  &:de  garder  plutôt  le  file&cc, 
que  de  prononcer  quelque  mot  funefte  qui 
put  déplaire  aux  Dieux  :  &  c**cft  delà  que 
favéte  Unguis  (ignifie  par  extenfioji  faites  fiience. 
Par  la  même  raifon  ou  plutôt  par  le  même 
fehatifme ,  lorsqu'un  oifeau  avoit  été  de  boit 
augure,  &  que  ce  qu'on  devoir  atendredc 
cet  heureux  prcfagc  étoit  détruit  par  un  au- 
gure contraire,  ce  fécond  augure  ne  sape- 
Iwt  point  mauvais  augure  i  mais  Ample- 
ment Uutre  augure  ,  "*  ou  f/rirtiT  oifeau.  C*eft 
pourquoj^,  dit  Feftus  ,  ce  terme  oto",  veut 
dire  quelquefois  contraire ,  mauvais.  1  ' 
.  Il  y  a|lroit  des  m&  consacrés  pour  les  fi^ 
orifices,  dont  kfens  propre  ec  litéral étoit 
bien  diférent  de  ce  qu'ils  (iguifioientdans  ces 
cérémonies  fuperftitîeufcs;  p^a^t  exemple: 
fiMBare,  qui  veut  dire  àagis  auSare^,  ay^wea* 
ter  davantage  ,.fc  difoit  des  viOimês  fi^n 


\. 


J 


**  Altef ,  &  pro  non  })Otio ^nitur ,  ut  in  àttgûri» ,  Mtna 
«iWi  "appelttmr  «Wi  quae  ûtiauc  prôfpe.-*  twn  cftj'ftc  «/- 
i#riK)naiin<ju4m  proadrérfo  oicUur  ^saalQ.FiJi»f,y'^if*^* 


& 


y 


:&■ 


IP^»?**^' 


^ 


igilcifioit.  On  n'ivt>it^rdcdc  fe  fcrvir  al^rs 
4'ttn  mot  qui  put  Ëitre  naitre  ridée  funefte 
delà  mort  9  on  (e  ï^oit  par  euphémifitie  de 
nt&kyt^  augmenter  s  foit  que  les  victimes 
augmeotafiènt  alors  cnhoneur ,  foit  que  leur 
yolun^  fut  grofli  par  les  ornemcns  dont  on 
les  paroits  foit  enfin  que  le  facrificeaugmcn-  < 
tat  en  quelque  forte  Thoneur  quSn  rendoit 
aux  Dieux.  Nous  avons  fur  ce  point  un  beau 
paOiage  4c  Varron  que  Ion  peut  voir  ici  au 
bas  de  la  page.* 

Pc  même ,  parce  que  cremari ,  être  bjulé , 
auroitéte  un  mot  de  mauvais  augurq,  &; 
que  1  autel  crôiffoit ,  pour  ainfi  dire ,  p^r  les 
herbes^  par  les  entrailles  des  vidimes ,  &  par 
tout  ce  qu'on  mctoit  dcflus  pour  être  brû- 
le» ai^  lieu  de  dire  o»  hrdefwr  Us  autelt^  ils 
MoUC^t  difoient  les  autels  cmffent ^C2ii  adolére  ^adoUfeerc . 
Se.  w^  fignifient  pr<^rement  croiftre  -,  &  ce  n'eft  que 
Gcorg.  iT.  par  euphcmifme  que  ces  mots  fignifient^r«/er. 

*  MM04ff^  vcthameù  facr6ruro,  ntfi*  tvfnfufftif  diftum» 
aiufî  MM/i/  Mught^m  sdêl^n  ;  und^  U  mMgnUntum  qtu- 
il  i»«/iWL,  kniméutum  ;^nam  h^ftiar  tangûntur  molâ  falsâ  > 
H  twmité^êUu  diointnr  (  cum  verù  iâ»  runt.&;  ili<]ui<l 
Cf  iUi^l|l.«li«m  (btum  cft  ,  mMëxtâ.  dicûntur  pcr  laudatio- 
n^VIeïtaûoe  boni  Aminis  .figt\ificati6orm.  Et  cum  il'»J  " 
moÉl  Offz  iinp6ninir  ,  dicitur  mma*  tfio.  VMrrù  de  vitâ 
IVp.  Rom.  1. 1.  dëm»  Jet  frMgmms  qui  font  i  U  fin  dit  cetf' 
vnt  dtVétrrw  ,  V#  Ndifit»  d*  },  JaftTon  Ai 


^-  179* 


1 

.  Ceft 
fent  qu 
Dieu  vi 
dix  mal 

Danî 
mis  qu( 
prccifëi 
de  plus 
'quelqu* 
tions  fi 
du  tcrn 
pareup 

Nabc 
Achab 
ctoit  rJ 
bel ,  fc: 
moins  c 
phémé 
criturc 
aux  ter 

Job  c 
enfans 
cœur,  *^ 

mulcitùdJ 
c.  iT.  y. 
•**  Ne 
•6r4ibtt 


|4g^»fw*"-- 


t'EUP  HE  M^IS  ME.      iff 

;  G*cft  ainlî  que  les  pcrfones  du  peuple  di- 
fcnt  quclquefçis  dans  leur  colère  ^  quelle  hon 
Dieu  vous  emporte ,  n'ofant  prononcer  le  nom 
du  malin  efprit. 

Dans  l'Ecriture  Sainte  le  mot  de  henir  eft 
mis  quelquefois  au  lieu  de  maudire ,  qui  eft 
prccifëment  le  contraire.  Corne  il  n'y  a  rien 
de  plus  afreux à  concevoir,  que  d'imaginer 
*quelqu*unqui  s'emporte  juf^'à  des  impréca^ 
tions  facrilèges  contre  Dieu  même  >  au  lieu 
du  terme  de  maudire  ,  on  a  mis  le  contraire 
pareuphémifme.  V       ' 

Naboth  n  aïant  pas  voulu  vendre  au  Roi 
Achab  ,  une  vigne  qu'il  pofledoit,  ôc  qui 
ctoit  rhéritage  de  fes  pères  >  la  Reine  Jéza- 
bel,  femme  d'Achab  ,  fufcita  deux  faux  té- 
moins qui  déposèrent,qùe  Na'both  avoit  blaP 
phémé  contre  Dieu  &  contreie  Roi  :  Or,rE- 
criture  pour  exprimer  ce  blafphème,  fait  dire 
aux  témoins  que  Naboth  a  bem  Dieu  &  le  Roi.  * 
'  Job  dit  dans  le  même  fens ,  peut-être  que  mes 
enfans  ont  péché ,  &  qu'ils  ont  béni  Dieu  dans  leuT 
cœur,  *^ 

*  yiri  diabolici  dtxénint  contrat  cum  teftimonium  coriim 
multitûdinc  ;  bcncdixii  NabocK  Dcom  &  Rcgcm.  R#x.  III. 
c.  II.  r,  10.  &  13'. 

■  *•  Ne  forte  pcccivcrint  01u  mci  &  bencdixcrint  Dco  ïa 
•6r4il>«*  liiit»  Ub.  i.  r.  f. 


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tf4     HËUrMËMtSMÉ: 

.pipdft  ainfi  que  dans  <xs  paroles  de  Vli^ 

JEn.  Lixi.  émfkcmfmis ,  fientfe  prend  ^mexccrâhilis; 

^'^^*.      félon Scrvius.foit par  euphémifinc,  (bit  par 

cxtcnfion  :  car  il  eft  à  obfcrverquc  fouvcnt 

par  cxtenfion/ker  vouloir  dire  exécrable.  Ceux 

que  la  juftice  humaine  avoir  condânés  ,  &: 

ceux  qui  fe  dévouoient  pour  le  peuple , 

étoieut  regardés  corne  autant  de  perfones  fa« 

aces.  Delà  ,  dit  Feftus ,  t  tout  méchant  ho-. 

«  Praern.     HIC  eft  apclé  facer*  0  le  mauét  boufim ,  dit  Afra- 

*Vct.  Poct.   nius ,  en  fe  fervant  de  facnm  :  "^  0  facrum 

J^îtiL^'  fci^^  .  ^  malum.    Et  Plaute  parlant  dun 

marchand  d*cfclaves,  s'exprime  en  ces  ter- 

^laacPcsn.  illés  y  JHlimim  (  fiieno  efl  h<mo  )  quantum  hômi" 

Prolog.  V.    |„^  tenajkfiinet ,  facérrim. 

-  On  peut  encore  raportcr  à  reuphcmifine 
CCS  périphrafcs  ou  circonlocutions  dont  un 
orateur  délicat  envclope  habilement  une 
idée ,  qui  toute  fimple  exciteroit  peut-être 
dans  Fefprit  de  ceux  à  qulll  parle,  une  image 


t  HoOiofMCir  if  eft ,  <|titm  p6piiltts  ^udicàrit  ob  malefï' 
dum,  ne<}tte  Eu  eft  eum  immoliri . . .  cz  quo  qoivis  hotao, 
tnalus  aebue  fmprobus,/4r«r  appeUiri  folct.  Ftftus.y.frcer. 

MaflUiénfes ,  Qu6tics  peftiJéiiti  laboribùic ,  unilt  fc  ex. 
mofétibûs^tkteiitat ,  aléndus  anno  Intogro  fùMUis A  pu-^ 
MÀribas  ci»ts.  Hic  p6fteâ  ,  ornito^  verbéois  Sç  véftibai  Ta* 
cris ,  cicufflducebitur  pcr  tocam  civiticem.,  cuip  ezeci»ti6' 
lûbôsi  otia  iprtmi  tccicierdnt  mala  totios  cividiis  |  de  &^ 
projicicbânir.  Strvint  ia  i£a  UI.  t»  $7* 


f'^' 


*•  ( 


1 

Ou  dés  i 
principe 
nat  qu( 
Clodiu! 
«  trc  eu 
»  pareil 
donepa 
demanc 
tndoner 
phémiH 
tre  fois  ; 
^ievousx 


L'Eu] 
au: 
re  qulh 
tre-vérit 
àdefr 
étipient 
féroces 
merfttv 

tos  ia  ta] 


VEU  PHEMISUE.      171 

Ou  des  fcn^mcnspcu  favorables  à  Ibndcflcin 
principal.  Ciccron  na  garde  de  dire  au  Sc^ 
nat  que  les  domcftiques  de  Milon  tuèrent 
Clodius  5  "^  «  ils  firent ,  dit-il ,  ce  que  tout  mai- 
w  tre  eut  voulu  que  fes  efclaves  euffènt  Êiit  en 
»  pareille  ocafîon.  «  De  même ,  lorsqu'on  ne 
done  pas  à  un  mercenaire  tout  Fargent  qu  il 
demande,  au  lieif  de  lui  diicjcneveux  pas  vous 
tn  daner  davantage ,  fbiivent  on  lui  dit  par  eu* 
phcmifme ,  je  vous  en  donef»-  daroantage  une  au^ 
ire  fois  ;  cela  fe  trouvera  :  je  chercherai  Us  occafiotu; 
^dtvousrécompenfcr:dcc. 

XVI. 

L'Antiphrase. 

L'Euphémifine  ôc  l'Ironie  ont  donc  lieu 
aux  Grammairiens  d'inventer  une  figu- 
re qu'ils  apéient  Antiphrafe  ,  c'eft-à-<lire ,  caw- 
tre-véritè  >  'par  exemple  .  La  mer  noite  fujctc 
à  de  ftcquens  naufragesu,  &  dont  les  bords 
copient  habites  par  des  homes  extrêmement 
féroces,  ctoit  apelce  le  Font-Euxin,  c'eft-à-dirc  •;ç«r,,,î,of- 
mr [arable k  fes  hèus.mr  hofpnalUre.   C;eft  P«^^;;^;«5« 

♦  f ec^nmt  id  fcnri  Mil^nLs .  :  .  .  (luod  fuos  qoifquc  fer-  Uté, 
▼os  in  taU  re  Ékoc  TtluiffcC.  0#.  pro  Aiilàac,  num.  i^. . 


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pourquoi  Ovide  a  dit  que  le  nom  de  çcttd 
^^       '    ^mcr  ctoit  un  nom  menteur. 

J>tîa.trift.     Qicra  tcnccÊuxîni,mencfaxcogn6minc,Iittus;    "  * 

rio,  ▼.  13.       -c^  ^//^«r/  :  Poutus,  Eùxini  falfo  nominc  èxStMU  *     ' 
idem   I..3. 

tLi3.y.ult.      Sandlius  &  quelques  autres  ne   veulent 
point  mètre  Tantiphrafe  au  rang  des  figures. 
Il  y  a  en  cfet  je  ne  (ai  quoi*  d'opofè  à  Ibtdrc 
.      naturel  ,  de  nomer  une  chofe  par  ibn  con- 
traire ,  d  apeler  lumineux  un  objet  parce  qu  il 

•  éft  obfcur  ?  rantiphrafq  ne  fàtisfait  pas  leC 

prit. 

Malgré  les  mauvaifes^qualités  des  objets; 
les  anciens  qui  perfonifioient  tout ,  leur  do- 
noient  quelquefois  des  nomsflateurs,  comc 
pour  fe  les  tendre  favorables  ,  ou  pour  ft 
faire  un  booaugure ,  un  bon  pré£àge. 

Ainfi  c  ctoit  par  euphémifmc ,  par  fuperfti- 
*  tion,  &  non  par  antiphrafe ,  que  ceux  qui 
aloient  à  la  mer  que  nous  apclons  aujour- 
d'hui U  mer  noire ,  la  nômoient  mer  hoffitàlièrc , 
c* eft-à  dire ,  mer  qui  ne  nous  fera  point  fiinef- 
te ,  qui  nous  fera  propice ,  où  nous  ferons 
bien  reçus ,  mer  qui  fera  pour  nous  une  mer 
hofpitalière  ,  quoiqu'elle  foit  comunémenC 
pour  les  autres  une  mer  funefte. 

les  ttois  bccflcs  iofeoi^cs ,  filles  de  l'JËrèbc 

■    .  à: 


^Cc  n'( 

némini  ■ 

Les  ] 
ont  étc 
'^èenévoL 
opinioi 
prèsqi 
teqtii 
on ,  lel 
fcntim< 
tresprc 
Euménil 
mondel 
rcftc  ci 
bulcufd 
apelél^ 
pour 


de  la  Nuit  ,  qui ,  fclon  la  feblc ,  filent  la 
trame  de  nos  jours ,  étoient  apéiées  Us  F^r^ 
qu€ih  de  Padje^if p4rc«x ,  ^«itf  fard  nobisvitam 
irïbuunt.  Chacun  trouve  quelles  ne  lui  filent 
pas  aflèz  de  jours.%  D'autres  difent  quelles 
ont  été  ainfi  apelées ,  parce  que  leurs  fon- 
ctions font  partagées.  Fan^ ,  quaft  partiu.    * 

Cloto  colum  rétinct,Lâchcfis  ncr,&  Atropos  occat. 

•  -, 

^Cc  neft  donc  point  par  antiphrafc  quia 
némini  parcunt^  qu'elles  ont  été  apelées  Fat^ 
ques,      ,. 

Les  Furies ,  Aledlo,  Tifîphone  &:  Mégère, 
ont  été  apelées  Euménides ,  du  grec  eàmencis^    •yfktfiStl 
henèvoU ,  douces ,  bienfcfàntes.  La  comunc 
opinion  eft  que  ce  nom  ne  leur  fut  donc  qu'a-      / 
près  qu'elles  curent  ceffé  de  tourmenter  Oref 
te  qui  avoit  tué  fa  mère.  Ce  prince  fiit ,  dit- 
on  ,  le  premier  qui  les  apela  Euménides.  Ce  Po^fîct 
fcntiment  eft  adopté  par  le  P.  S^nadon.  D'au-  x.^^'**^' 
très  prétendent  que  les  Furies  étaient  apel^s  4  J  8* 
Euménides  long-tems  avant  qu  Orefte  yint  au 
monde  :  mais  d'ailleurs  cette  avanture  d'O-    . 
rcftc  eft  remplie  de  tant  de  circonftances  là- 
bulcuiès ,  que  j'aime  mieux  croirp  qu  on  a 
apclc  les  Furies  Euménides  par  cuphémifmc  ^ 
pour  fe  les  rendre  iàvorablcso  C'eft  ainfi 


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JC  AiJnVHKASE. 


is^bxi  traite  tous  \t%  )oacs  de  h^ia  ^  d^h^m 
fefanus  les  personçs  les  plus,  aigres  àc  les  plus 
tiifîciies  dont  on  veut  apaifer  Temportement 
ou  obtenir  quelque  bienfait. 

On  dit  encore  qu,*un  bois  fâcrc  eft  apelc 
lucus^  par  antiphrafc  :  car  ces  bois  croient  fort 
foînbres,&:  Iuchs  vient  de  /«cérf,Iuire  :  mais  fi  lu- 
^us  vient  de  /«cére,c  eft  par  une  raifon  conrraire 
à  Tantiphrafe  5  car  corne  il  ifttoit  pas  permis 
par  refpcft  de  couper  de  ces  bois ,  ils  croient 
fytt  épais  &:par  confcquenr  fort  fombres,ain- 
fî  le  befoin ,  autant  que  la  fuperftition  avoit 
introduit  Tufage  d  y  alumer  des  flambeaux. 

Mânes ,  les  maries ,  c*eft-à-dire ,  \ts  amcs 
des  morts  ,  &  dans  un  fens  plus  étendu  les 
habitansdes  enfers,  efl  encore  unlnot  qui 
a  doné  lieu  à  lantiphrafc.  Ce  mot  vient  de 
l'ancien  adjeÛjf  i»w»«j  ,  ^  dont  on  fe  fervoit 
Nonius,c.i.  au  lieu  de  bonus.  Ceux  qui  prioient  les  mânes 
Vârr!^dc     ^Çs  apcloicnt  *ain{^^  pour  fe  les  rendre  favo- 
ling.Iat.l.y.  rabics.  Vos  6  mihi  mancs  efte  boni  y  dcA  ce  que 
Viîg?iEni  Virgile  &it  dire  à  Turnus,    Ainfi  tous  les 
11.  y.  ^47.  exemples  dont  on  prétend  autorifer  Tanti- 
phrafe  fe  raportent,  ou  à  Icuphémîfme,  ou 
à  l'ironie  >  corne  quand  on  dit  à  Paris ,  cefi 
me  nrnète  des  haies ,  c*efl-à-dire  une  femme  qui 
thzntc  pbuilles ,  une  vraie  harangérc  des  ha- 
ies \  mnètû  c&  dit  alors  par  ironie. 


♦  Fcftu$,v. 
MunÀn , 
mmnt. 


P^I'IWfW^pW 


QUin 
^^trop 
nent  la  p 
riphrafe  < 
la  place, 
Nous  a 
tiède  cet 
phrafc  : 
parler,  ui 
fens  fini 
La  pé 
aïfcmblaî 
fîcurs  pa 
moins  &: 
pie:  Zf  a 
Alexandre 
Onfefi 
cc,ou  poi 
pour  lo 
néceflîtc.l 

Plùribtts  ai 
ccrtè ,  dici 


Q 


XVII. 

L  A    P  E  R  I  P  H  R  A  s  lE. 

*  ' 

Uintilien  met  la  Périphrafe  au 'rang  des  »iè^f»"» 

y-/»  ^  .  1  ^'\      Circumlo- 

tropes  5  en  cfet ,  puisque  les  tropes  tie-  ^.^^j^  ^.^^ 
nent  la  place  des  expreffions  propres ,  la  pé-  circum. 
riphrafe  eft  un  trope ,  car  la  périphrafe  tient  '  ■  *  ^^^ 
la  place ,  ou  d*un  mot  ou  d'une  phrafe. 

Nous  avons  expliqué  dans  la  première  par- 
tie de  cette  Grammaire  ce  que  c  etoit  qu'une  . 
phfafe  :  c  eft  une  exprèffion,  une  manière  de  , 

parler,  un  arangemcnt  de  mots ,  (^ui  fait  un 
fens  fini  ou  non  fini. 

La  périphrafe  ou  circonlocution  eft  un 
aïTcmblage  de  mots  qui  expriment  en  plu- 
ficurs  paroles  ce  qu'on  auroit  pu  dire  en 
moins  &:  fouvent  en  un  feul  mot  5  par  exem- 
ple :  Le  vainqueur  de  Darius  ,  au  lieu  de  dire,  %. 
Alexandre  :  taflre  du  jour  ,  pour  dire  le  file  il. 

On  fe  fert  de  pcriphrafes,  ou  par  bicnfcin* 
cc,ou  pour  un  plus  grand  éclairci(ïcment,ou  *  , 

pour  rorncmcnt  du  difcours ,  ou  enfin  par 
néccflité.  * 

Plûribtts  aotem  verbes  cum  id  ^txùd  uno  ,  auc  pioci6ribui 
ccrtè,  dici  Doceft*,  cxplicitur  ,  •••*>oi»«»  vocanc ,  circûvf 
wm  loqivéodi.  ô«i>»/.  InA.  Or.  I.  viii.'  c.  6.  de  Tropis. 

"     .  Mi; 


■  / 


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4 


•liBb^     LA  PERIPHRASE. 

I,  Par  bicnféancc,  Jorsquon  a  recours  àJa 
périphrafè ,  pour  envdopcr  des  idées  baflès 
ou  peu  hon^tes.  Souvent  aufïî ,  ati  lieu  de  fc 
fcrvir  d  une  exprefïïon  qui  exciteroit  une 
image  troff  dure ,  on  l'adoucit  par  une  péri- 
phrafc  ,  corne  nous  l'avons  remarqué  dans 
J'euphérniime.  / 

2.  On  fe  fert  auffiide  périphraie  pour  éclair- 
cir  cç  qui  eft  obfcur  ,  les  définitions  font  au- 
tant de  périphrafes  ;  corne  lorsqu'au  lieu  de 
dire  les  Farques ,  on  àit^les  tro(s  Déejfes  inferna- 
les ,  qui  félon  la  fable  ^  filent  la  trame  de  nos  jours. 

Remarquez  que  quelquefois  après  qu'on  a 
explique  par  une  périphralè  un  mot  obfcur 
ou  peu  conu ,  on  develope  plus  au  long  la 
pcnfée  d'un  auteur ,  en  ajoutant  des  réflexions 
ou  des  cirçonftances  quil  auroit  pu  ajouter 
i  lui  même  5  mais  alors  ces  fortes  .d'explica- 

tions plus  ample^  &:  conformes  au  fens*^  Je 
r«m?So,  ^*^utcur,  font  ce  quon  apclc  des  Paraphrafc^, 
idcftioquor  la  pataplitafe  ^cft  une  espèce  de  comcntaiic: 
fliïTifiis    ^^  reprend  le  discours  de  celui  qui  nAja  par- 
-dixit ,  Ti«c»i,  lé,  on  l'explique,  on  l'étend  dayantage  en 
v^>  d£"  ^^y^"^  toujours  fon  efprit.   Nous  avons  des 
pataphrafes  des  Pfcaumes ,  du  l|^rc  de  Job , 
du  Nouveau  Teftamcnt ,  &c.    Nous  avons 
iùSi  dc^araphralcs  de  l'att  poétique  d'Ho- 


■ùê^ 


.., 1 


i:ace,&:c 
place  d'u 
elle  ne  d 
paraphra 
que,  elk 
3.  On 
ment  du 
.  génie  de 
nation  p: 
lent  fouv 
d  inaire  e: 
mais  d'ui 
baflLsla  ] 
fée  fous  i 
ble  :.C'c( 
à  la  pointe 

L'Aurore 
Ouvroit 
La  nuit  en 
Les  fongci 

Madame 
de  rOdy( 

Dès  que 

Etâilleui 
Ȉ  peine 


^sr 


•  .  f 

LA   PERIPHRASE.     i8i 

race ,  &:c.  La  périphrafe  ne  fait  que  tenir  la 
place  d'un  mot  ou  d  une  expreffion ,  au  tond 
elle  ne  dit  pas  davantage  5  au  lieu  que  la 
paraphrafc  ajoute  d'autres  penfccs,  elle  expli- 
que, elle  developc» 

3.  On  fe  fert  de  péfiphrafes  pour  lornc- 
ment  du  difcours ,  3c  furtout  en  poéfie.  Le 
.  génie  de  la  pocfie  confifte  à  amufer  l'imagi- 
nation  par  des  images  qui  au  fond  fe  rédui-" 
fent  fou  vent  à  une  penlée  que  le  difcours  or- 
dinaire exprimçroiç  avec  plus  de  (implicite , 
mais  d  une  manière  ou  trop  féche  ou  trop 
baflc  ;  h  périphrafe  poétique  prcfciue  la  pen. 
fée  fous  une  forme  plusgracieufe  ou  plus  no- 
ble .vC  cft  ainfi  qu*au  lieu  de  dire  fimplemcnt 
à  U  pointe  dujour\,  les  poètes  diftnt  : 


Hcnriâdf  , 
ch.  VI. 


L'Aurore  cependant  au  visaî^e  vcrrticil ,     i 
Ouvroit  dans  l'Oricntic  palais  du  (olcll:  ^ 

La  nuit  en  d'autres  lieux  portoitfes  voiles  (ombres,     ^ 
Les  fonces  voltigeans  fuioicnc  avec  les  ombres. 

Madame  Dacicr  comcnce  le  OC  VU.  livre 
de  rodydcc  rfHomèrc  par\:e  vers  ^ 

Dès  que  la  belle  Aurore  eut  anoncc  le  jour. 

Et  ailleurs  elle  dit,»  la bri liante  Aurore  fortoit  ï^^^'^» 

»  à  peine  du  fcin  de  l'Océan  pour  anonccr  aux 

Miij 


-4  '*«*;< 


_^ 


\ 


^        ' 


•  fti 


■I*'. 


I»t  EM  P EKI^HKASÉ. 
n'IMcoK  &  aux  homes  le  retour  du  foleil. 
'  ]P|)ar  dire  quc\le  jour  finit ,  qu  il  eft  tard 
advefperafcà ,  Vir^ë  dit  quon  voit  déjà  fu- 
mer de  loin  les  cheminées ,  que  déjà  les  oxnr 
brcs  s  alQngcnt  &:  fcmblènt  tomber  des  mon- 
tagnes. , 

•Et  jim  fumma  procul  yillarum  culmiita  fumant, 
Majorérque  cadunt  altfs  de  montibus  umbrx 

Boiieau  a  dit  par  imitation  : 

Les  ombres  cep^dant  fur  la  vile  épandues 
Du  faite  des  maisons  descendent  dans  les  rues. 

On  poura  remarquer  un  plus  grand  nom- 
bre d'exemples  pareils*  dans  les  auteurs.  Je 
^e contenterai  d*ob(èrvcr  ici  quon  ne  doit 
.  fc  fcrvir  de  pcriphrafes  que  quand  elles  ren- 
dent le  cfafcours  plus  noble  ou  plus  vif  par 
le (ccd^rs  (des  images.  Il  faut  éviter  lespéri- 
phrafcsqflf  ne  préfentent  rien  de  nouveau, 
qui  najoufent  aucune  idée  acceffbirc,  elles  ne 
ièrvcnt  qu*à  rendre  le  difcoujps  languiifant  ;  (î 
après  avoir  dit  d  un  home  acablé  de  remords, 
quV/  efl  toupurs  trifie  ,  vous  vous  fèrvez  àz 
^quelque  pcriphrafe  qui  ne  dife  autre  çhofe ,, 
iinon  que  m  home  efi  toujours  fomhre  y  rêveur  ^  m- 
'lancoli^^&  de  mauvaise  humeur ,  VOUS  ne  ren- 
dez guère  votre  discours  plus  vif  par  detcl- 


yat 


\ 


z A  périphrase:    lis 

ks  cxpreflîôns.  M.  Boileau  fur  un  fuiet  pa* 
rcil  a  feit  d'après  Horace  une  cfpcce  de  péri- 
phrâfc  qui  tire  tout  fon  prix  de  la  peinture 
dont  elle  ocupc  Timagination  du  le^cuç. 

ôc  fou  rempli  d'erreurs  que  le  trouble  acompagne  Ep.  v. 
Et  malade  à  la  vile  ainfî  qui  la  campagne  ^ 

Envain  monte  à  cheval  pour  tromper  fon  ennui ,  Poft  ^ui- 

Le  chagrin  monte  en  croupe  &  galope  avec  lui.  ^^^^  ^^^^ 

Le  même  poèje  au  lieu  de  dire  pendant  que  je  od.i.  v.  40. 
fms  encore  jeune ,  fe  fèrt  de  trois  périphrafes  qui 
expriment  cette  même  penfée  fous  trois  ima- 
*  ges  difcrentes  : 

Tandis  que  libre  encor ,  malgré  les  dcftinécs,         ^  Sat.  i. 
Mon  corps  n'cfl  point  courbé  fous  le  faix   des 

années; 
Qli*on  ne  voit  point  mes  pas  foiis  Vl^e  chanceler 
Et  qu*il  rcflc  à  la  Parque  encor  dequoi  filer. 

On  doit  aulïï  éviter  les  périphrafes  obfcurcs 
&c  trop  enflées.  "**  Celles  qui  ne  fervent  ni  à 
la  clarté ,  ni  à  romement  du  difcours ,  (ont 
défcdhieufès.  C*eft  àne  inutilité  defàgréable 
qu'une  péripl^afe  à  la  fuite  d  une  penfcc  vive, 
claire ,  folide  Se  nobje.  L  efprit  qui  a  été  fra- 


^  t7t  cûm  dec6rum  habct ,  pcriphraHs ,  lu  càm  im  vitiutn 
Incidit  «jilMetAtYiflt  dicitur  ;  obftat  aiim  quidquid  iiou  àdja- 
^^  ,  §lMimt»  lôibu  Orat.  l  vi i  x.  c.  tf. 

^T*  T  T    •  •  •  • 

H  jui;  1^ 


(" 


tt4  L^fERIP  HR  AS  E.  V 
pé  d*unc  penfée  bien  exprimée ,  n'àimc  point 
à  Ja  retrouver  fous  d'autres  formes  moins 
agréables,  qui  ne  lui  âprèncnt  rien  de  nou- 
veau ,  ou  rien  <|tti  rinté^lTc.  Après  que  le 
pcrc  dcstrois  Horaccs ,  dans  Tcxemple  que 
P*g*  ïo-  jai  dcja  raporté,  ^  a  dit  quil  moimÊt y  il  de^ 
voit  en  demeurer  là  &  ne  pa5  ajouter  : 

Ou  qu'un  beau  desespoir  cnftn  le  recourut. 

Marot,  dans  une  de  fesplus  belles  épitres, 

raconte  agréablement  au  Roi  François  I.le 

*  ,      malheur  qu'il  a  eu  d*avQir  été  volé  par  fon 

valet ,  qui  lui  a  voit  pris  fon  argent ,  fe3  ha- 

•      bits.,  &c  fon  cheval  :  enfuite  il  dit  : 

Et  néantmoins  ce  que  je  vous  en  mande , 
N*eft  pour  vous  faire  ou  requête  ou  demande; 
Je  ne  veux  point  tant  de  gens  reifembler 
(Jui  n*ont  fouci  autre  que  d'aflembler  ^   . 
Tant  qu'ils  vivront  ils  demanderont,  eux  ; 
Mais  je  comence  à  devenir  honteux  , 
Et  ne  veux  point  à  vos  dons  m'arêterr 
Je  ne  dis  pas ,  G,  voulez  rien  prêter  , 
Que  he  le  pc^ne  :  il  n*eft  point  de  prêteur 
S*il  veut  prêter  qu'il  ne  faffe  un  debteur. 
f  .  Et  favc2-vous ,  Site,  cornent  je  paye. 

Nul  ne  le  fait  û  premier  ae  l'eiïàye^ 
Vous  me  devrez ,  fi  je  puis,  de  retour  j 
Et  vous  ferai  encores  un  bon  cour  i 


Avifc 
De  ri 


m 


«> 


LA   TERIP HKASÉ.     i«f 

A  celle  fiq  qu*il  n'y  ait  faute  nulle  ,  1 

Je  vous  ferai  une  belle  cédule , 

A  vous  payer  ,  fans  ufure  il  s*critend. 

Quand  on  verra  tout  le  monde  content  ; 

Ou  fi  voulez  j  à  payer  cç  fera  , 

Quand  votre  los  &  renom  cefTcra. 

Ypilà  où  Iç  génie  conduifît  Marot ,  &  voilà 
où  Tart  devoit  le  feirc  arcter  :  ce  qu*il  dit  en- 
fuite  que  ks  deux  grinces  Lomns  le  fleigerontyôc 
encore 

Avifez  donc  ,  fi  vous  avc^dcfir 

De  rien  prêter  ,  vous  me  ferez  plaifir  :  > 

Tout  cela ,  dis-jç,  n  ajoute  plus  rien  à  la  pen-  cic.  àt 

fée  :  c'eft ce  que  Ciccron  2ipèlc  'berbinm  vel  Jx'u.\iC 

opimbriim  atque  omatiffimorum  finitus  inânis.  .Que  ««  J  »  -. 

sll  y  avoir  quelque  chofe  de  plus  à  dire ,  ce 

font  les  douze  derniers  vers  qui  font  unnou- 

veau  fens ,  &:  ne  font  plus  une  pcriphrafe  qui  .  ' . 

regarde  l'emprunt. 

Voilà  le  point  principal  de  ma  lettre ,        *  \ 

Vous  favcz  tout ,  il  n*y  faut  plus  rien  mettre.'         * 
Rien  mettre  las  !  Certes  &  fi  ferai , 
En  ce  faifant  mon  ftile  j'enflerai ,        \  ' 

Difant .  ô  Roi  amoureux  des' neuf  Miifes ,  ^ 

Roi ,  en  qui  font  leurs  fciences  infufcs,  ;    .' 


v^-- 


i     '.■ 

r 


XA  PERIPHRASE: 

Roi ,  plus  que  Miirs ,  d'honcur  ciivironé  ,     . 
Rbi ,  le  plus  Roi  qui'  fat  onc  couroné  \ 
Dieu  tout  puiffant  te  doint ,  pour  t'cftrcncr; 
Les  quatre  coins  du  monde  i  gouverner  > 
Tant  pouj  le  bien  de  la  ronde  machine , 
Onc  pour  autant  que  fur  tous  en  es  digne. 

4.  On  fe  fcrt  de  périphrase  par  néccpc , 
quand  il  s'agit  de  traduire  &:  que  la  langue  du 
tradudcur  n'a  point  d'expreffion  propre  qui 
reponde  à  la  langue  originale ,  par  exemple, 
pour  exprimes^  en  latin  une  pcruque ,  il  faut 
dite  coma  adfhUhia  ;uncçhsvç\mc  empruntée, 
des  chevdix  qu  on  s  eft  ajuftés.  Il  y  a  en  latin 
des  verbes  <^  n'ont  point  de  fupin  &c  par 
cbnféqucnt  point  de  participe  :  ainfi  au 
Ifeadc  s'exprimer  par  le  participe,  on  ell 
fcligé  de  recourir  à  la  pcril^rafe  fore  ut ,  effe 
funm  ut  ;  ftn  ^i  donc  plufieuts  exemples 
lafynta».  '" 

.»'-■■•■ 


ià- 


jonow 


iviii. 


r 


L*H  YP  ALL  AGE. 


V 


Irgilè ,  pour  dire  mettre  a  La  voile,  a  dît ,  '»'  immutlûoT 
dare  clâjfihus aujlros  .-Tordre  naturel  de-^  ««sfub.aU^J 
nandoit  qu'il  dit  pmtOtdJte  clajfes  auftris.         aor.  t.  ^ 
Çiccron^cëlnsiorairon  pour  MareclJus, dit  <i'«AA«à». 
à  Céfar  qu'on  A'a  jamais  vu  dans  la  vile  fon  y,  ^"\  '  \*  ^* 
cpéc  vide  du  foureau ,  ^Ai^iwwà  vagmavâcuum 
iniithe  non  vïdimus.   Il  ne  s  agit  pas  du  fonds 
de  la  penfée  qui  cft  de  faire  entendre  que  Gé- 
far  n'avoir  exercé  aucune  cruauté  dans  la  vile  .'; 

de  Rome ,  il  s  agit  de  la  combinaifon  des  pa- 
roles qui  né  paroiffent  pas  lices  entre  elles 
come  elles  le  font  dans  le  langage  ordinaire, 
car  vkcuus  fe  dit  plutôt  du  foureau  que  de 

Ovide  comence  fcs  métatnorphofes  par . 
CCS  parole^  .  ~ 

In  nova  ferc  animus  mutais  dicere  formas 

C6rpora. 

,   \  '       ■  ■  .    .    ^    ■ 

La  conftrudtion  cft  animus  fert  me  ad  dicere  for^ 
mai  fKutitas  in  nov^coTfora.  Mon  génie  me  por- 
te à  raconter  Ic^  formes  changées  en  de  nou- 
VeaiMC  corps  :  il  étoit  plus  naturel  de  dire ,  à 


9k 


^^ 


/ 


V 


-iM     "  m  YP  A  LL  A  GE. 

raconter  les  corps  !,  ç'e^'k-ditc  y  à  parler  Ides  eérps 
changés  en  de  nouvèies  formes. 

Vous  voyez  que  dans  ces  forte»  d'cxpref- 
fions  les  mots  ne  font  pas  conftruits  ni  com- 
binés entr  eux  corne  ils  le  devrment  être  fé- 
lon la  deftinàtiori  des»  terminaifons  i&:  de  la 
•  conftrudion  ordinaire.  C  eft  </ette  tranfpôfi- 
tion  ou  changement  de  cônftruction  quon 
apèle  Hypalla^e  y  mot  grec  <mi  iignifie  chan-^ 
gcment» 

Cette  figure  çft  bien  maliheureufe  :  les 
Rhéteurs  dîfent  que  c  eft/ aux  Grammai- 
1.  IV  c /nV"^^  ^  ^^  parler  ,  Grammamorum  pôÙHiJchema, 
art.  11.  efi  quàm  tropus ,  dit  Voffius  j  &  les  GÉimmai- 
Dcs  fi  A  ^^^"^  '^  renvoient  aux  Rhéteurs .  t^jf^k^e , 
Ccnft.  ch.  à  vrai  dire ,  n  eft  point  une  figure  de  Grammaire,  dit 
^^  P-  5  5  8.  Ja  nouvèle  Méthode  de  PI  R,  Ceft  un  trope  on 
une  figure  d*élocution, 

-*  Le  changement  qui  fe  fait  dans  la  conftru- 
'  dion  des  mots  par  cette  figure  ne  ^  regarde 
pas  leur  fignification  ,  ainfî  eh  ce  fèns  cette 
figure  n  eft  point  un  trope  Se  doit  être  mife 
dans  la  c  laffe  des  idiotifincs  ou  façons  de  par- 
ler particulières  à  la  langue  latine  :  mais  j'ai 
cru  qu'il  n'étoit  pas  inutile  d'en  faire  men- 
tion parmi  les  tropes  :  le  changement  que 
Thypallagc  fait  dans  la  combinaifon  ^  dans 


*  h  con(] 
peoù  d 
que  ran 
pallage 
remarqi 
Souvc 
fait  par 
nons  en 
rangent 
les  motî 
pouvon 
Tordre  n 
très  hor 
yeulent 
ilnanque 
les  lang 
transpol 
pofition 
peâable 
changer 
de  cpril 
lîiefiirc  < 
ciens  pc 
parler , 
guefoi^ 
iadigni! 
les  anci^ 


w 


rnyTÀLLAGE.  1J9 

h  conftrudion  des  mots  cft  une  forte  de  tro* 
peoù  de  couver fion.  Après  tout, dans  quel- 
que rang  qu'on  juge  à  propos  de  placer  l'hy- 
pallage ,  il  eft  certain  que  c  eft  une  figure  très 
remarquable.  - 

Souvent  la  vivacité  de  Timagination  nous 
jfeit  parler  de  manière  ,  que  quand  nous've- 
nons  enfuitc  à  confîdércr  de/ûng  froid  l'a* 
rangement  dans  lequel  nous  avons  conftruit 
les  mots  dont  nous  nous  fomes  fervis ,  noys 

rouvons  que  nous  nous  Tomes  écarté^  de 

ordre  naturel ,  &:  de  la  manière  dont  les  au- 
tres homes  conftruifent  les  mots  quand  ils 

veulent  exprimer  la  riième  penfée  5  c  eft  un 
itnanque  d'exaditude  dans  les  modernes?  mais 
les  langues  anciè  nés  autorisent  fouvent  ces 
transpoiitions  i  ainfi  dans  les  anciens  la  trans- 
pofition  dont  nous  parlons  eft  une  figure  rev 
pe^ble  qu  on  apèle  hyp^^Uage ,  c'eft  -  à  -  dire , 
changement ,  transpofîtion ,  ou  renversement 
de  cpriftrudion.  Le  befoin  d'une  certaine 
niefure  dans  les  vers  a  fouvent  obligé  les  an-\ 
ciens  poètes  d'avoir  rect)urs  à  ces  façons  de 
parler,  &:  il  feut convenir^ qu'elles  ont  quel-^ 
quefoi^  de  la  grâce  ;  auiïï  ks  a-t-on  élevées  i 
la  dignité  d'expreftîons  figurées  >  &:  en  ceci 
les  anciens  remportait  bien  furies  molicr* 


^ 


l|fc       rHYfALLAGB: 

ilH  i  qui  oi^  0c  ibra  de  Ipngmems  le  même 
hoi'^eur. 

Je  vais  ajouter  encore  ici  quelques  exem- 
ples de  cette  figure  ,  pour  la  èirç  mieux  co* 
noitre.  Virgile  &it  dire  à  Didon: 

£t  cùmfrigida  mors  anima  fcdùxeric  artUs. 


'^n.  I.  VI. 


it 


Hor.Lr.ocL 
14.  V.  3. 


Après  que  la  froide  mort  aura  jiparé  de  mon  orne  tes,* 
membres  de  inon  corps  ,  il  eft  plus  ordinaire  de 
àxit  aura  Jeparè  mon  ame  de  mon  corps  :  le  corps 
der^eure  &:  Tàme  le  quite  '■>  ainfi  Seryius  &: 
la  Plupart -des  comentateurs  trouvent  une 
hypallage  dans  ces  paroles  de  VirgHc. 

Le  même  poète  parlant  d'Ence  &:  de  la  Si- 
byle  qui  conduifît  cehéfosdans  les  enièrsdit: 

Ibanc  obscûri  folâ  fub  nodbe  per  umbram. 

Pour  dire  qu'ils  marchoicnt  tout  feuls  dans 
fes  ténèbres  d*une  nuit  fombre.  Servius  &  le 
P.  de  la  Rue  difent  que  c  cft  ici  une  hypal- 
lage  pour  ibantfoUfuh  obfckrâ  no^e. 
JHorace  a  dit: 

'  Pocula  lethan>s  ut  (fducéncia  fomnoS 
Traxerim.  ^       * 

Corne  fi  j'avois  bu  les  eaux  qui  amènent  le  fomeîl  du 
fle^'veLéthé.  Il  ctoit  plus  naturel  de  direpo- 
cula  IctbM  f  les  eaux  du  fleuve  Lcthé« 


-    Virgile 
Items, 


ilnyap 

la  conftr 
mais  qu^ 
tel  d'Hère 
prime  en 

»  •   •   . 

Excitât. 

Alors' 
combina 
tôt  ignés  J 
facris. 

Au  livj 
f'iit  tourne 
en  ces  te 

Sin  noi 

Ce  qui  c^ 
lage:  pro 
toriam  ;| 
On  pei 
paliage 
on  marc 
qui  eft  ol 


rHYT  ALLAGE.        t^t 

y^\xp\tzàxtciiEnkralumadtsfcux.fnfque 

Items,  \;    "  *         ^   ^n.  l  t. 

....     Sopitos  fufcit^t  ignés.  t.  74?» 

il  n  y  a  point  I  j.d'hypallagc ,  car  fopitos  félon 
la  conftrudtion  ordinaire  (e  rapbrie  à  ignes:  ' 
mais  quand  pour  dire  qu  Enie  ruluma  fur  C au- 
tel et  Hercule  le  féu  prefyue  éteint ,  Virgile  s'ex-' 
prime  en  ces  termes  :  . 

....    Hercûlcis  fopitas  ignibus  aras  f^'j^V' 

Excitât.  ^         >     '     . 

Alor^ il  y  a  une  Hypallage ,  car  félon  la 
combunaifon  ordinaire ,  il  auroit  dit ,  ixci- 
tôt  ignes  fopitos  in  aris  henideis  ,  id  eft ,  Hérculi 
facris.    "  ^i 

A  u  livre  K  î  I-.  pour  dire  fi  au  contraire  Mars 
fait  tourner  la  vi^oire  de  notre  coté  ^^  il  s  exprime 
en  ces  termes:         ,-..,- 

Sin  noftrum  anniicrit  nobis  vidoria  Martcm.        -«n.  l.n  1». 

V.  187. 

Ce  qui  eft  une  hypallage  félon  Servius.  Hypal- 
lage :  pro  Sin  noftei:  Mars  annùerit  nobis  vie-  scrviw, 
loxi^in  :  nàm  MartemviÔôriaComitàtur.  ^\      ^ 

On  peut  aufïï  regarder  corne  une  forte  d'hy- 
pallage  ,  cette  façon  de  parler  félon  laquelle 
on  marque  par  un  adjectif,  une  circonftancc 
qui  eft  ordinairement  exprimée  par  un  ad  v€t-^ 


^^ 


r 


V 


\ 


N; 


w.  tç*         rHYPALLAGE. 

bc  :  c*cft  aînfi  qu  au  lieu  de  dite  qu'Enéé  en- 
voya prtmpùmént  Achau,  y iigilc  dit  : 

3^^^^^'  •   •    •    •   Rapidum  ad  navcs  prxmittit  Achatcn 

*  Afcânio, 

.  Jkâpiàm  eil  pour  promptemem ,  en  diligence. 
ibid.  ▼.  70.      -/^^f  diversas ,  c'cft-à-<tire,  chaflcz-lcs  çà  &  là  ; 

iEn.  1. 1.  ▼.      Jamquc  afccndcbant  coUcm  qui  plùrimus  urbi 
4*3'  «Imminct.  .        . 


Flurimus  ,  c*eft-à-dirc ,  en  long^  une  colinc  qui 
domine  ,  qui  règne  tout  le  long  de  la  vile. 

Médius ,  funrnus ,  infimus ,  font  fouvent  em- 
ployés en  latin  dans  un  fens  que  nous  ren- 
dons par  des  adverbés,&:  de  même  wdlus  pour 
non  :  mémini ,  taméffi  nuUus  môneas ,  pour  non  mo- 
neâs ,  corne  Donat  Ta  remarque. 

Par  tous  ces  exerhples  on  peut  obferver: 

1 .  Qu'il  ne  faut  point  que  l'hypallage  apor- 
te  de  robfcuritc  ou  de  1  équivoque  à  la  pen- 
fce.  Il  i&ut  toujours  qu  au  travers  du  déran- 
gement de  conftruétion ,  le  fonds  de  la  pen- 
ice  puiflc  être  aufli  Êicilement  démêlé,  que 
fi  Ton  fc  fut  fervi  de  l'arangement  ordinaire. 
On  ne  doit  parler  que  pour  être  enten4u  par 
ceux  qui  conoiffent  le  génie  dune  langue. 

2.  Ainfi  quand  la  conftrudion  eft  équivo- 
que ,  ou  que  les  paroles  expriment  un  fens 

con- 


rèr.  Eun. 
2.  Y.  10. 


CCMîtrair 
doit  cor 
teur  a  fa 
il  s  eft  m 
nies,&: 
tes  corne 
forte  de 
cxcufer  « 
cuxmên 
fouvent  I 
•    fon  nom 
autremer 
figure  de 
pour  Toi 
3-Vhy 
fuit  poin 
dans  une 

delaran^ 
d  une  far 
langue  p< 
difons  en 

ma  faute  ; 

ie  nomii 
autre  toi 
lin  autre 
i  aaion , 
ft  met  à 


V. 


rHYTAjLLAGE.       ipf 

Contraire  à  ce  que  l'auteur  a  voulu  dire  >  on 
doit  convenir  qu*il  y  à  équivoque ,  que  Tau-    ^ 
teur  a  fait  un  contrefens ,  Se  qu'en  un  mot, 
il  s'éft  mal  exprimé.  Les  anciens  étoient  ho- 
mes, &  par  conféquent  fujets  à  faire  des  fau- 
tes corne  nous.  Il  y  a  de  la  petiteffe  àç  une 
forte  de  fanatrtme  à  recourir  aux  figures  po'uc 
cxcufer  des  cxpreiîions  qu'ils  condâneroient 
eux  mêmes  y  &c  que  leurs  contemporains  ont 
fouvent  condânées.  L'hypallage  ne  prête  pas 
fon  nom  aux  contre-fens  &:  aux  équivoques; 
autrement  tout  feroit  confondu  ,  &  cette 
figure  devicndroit  un  azile  pour  l'erreur  ôc 
pour  Tobscurité.  • 

3 .  L'hypallage  ne  fe  fait  qilc  quand  on  he 
fuit  point  dans  les  mots  l'arangement  établi  • 
dans  une  langue  >  mais  il  ne  faut  point  juger 

de  l'arangement  &c  de  la  (ignificatiôn  des  mots 
d  une  Tangue  par  Pusage  établi  en  une  autre 
langue  pour  exprimer  la  même  pcnfée.  Nous 
difons  en  françois  je  me  repens  >  je  maftige,  de 
ma  faute  :  Je  eft  le  fujet  de  la  propoiitioi? ,  c'eft 
le  nominatif  du  verbe  ::  en  latin  on  prend  un 
autre  tour ,  les  termes  de  la  propofitioh  ont 
un  autre  arangement ,  je  devient  le  -terme  de 
J'aftion ,  ainfi;  félon  la  deftination  des  cas ,  je 

fc  met  à  Tacufatif  >  k  fouvenir  de  ma  faute  w'*- 

.     N 


l: 


-*•• 


1^4       ^'HYfALLAGE. 

ftige^  nfaftBe  de  rtpéntir^  tel  cftictour  latîn^ 
papinVf^wff  fir/jp*,  ç'cft-à-dirc  ,  recordatioy  ràtio^ 
ufpéBus  ,  vïtiim  ,  negitium ,  faffumy  ou  malum 
Lî.fs.v-M  ar/p^  pœmietmeh  Phèdre  a  dit  ,  malis  nequitU 
'M-^/.M*  pour  nei^iff^iJ  iRescihi  i^ont  cibus.  Voyez  les 
ôbfervâtions  que  nous  avons  faites  fur  ce  fii- 
jet  dans  la  fyntaxe. 

Il  nV  a  donc  point  d*hypallagc  dans  pœni- 
tft  me  culpa ,  ni  aan;s  les  autres  feçons  de  par- 
ler femblablesj  je  ne  crois  pas  non  plus,  quoi- 
quen  difent  les  comentateurs  d'Horace  , 
qu  il  y  ait  une  hypallagc  dans  ces  vers  de 
rOdc  17. du  I.  I. 

Vclox  amœnum^pè  Lucrétilcm 

.Mutât  Lycxo  Faynus.  , 

C*cft-à-dirc ,  que  Faune  prend  fouvent  en 
échange  le  Lucisétile  pour  le  Lycée ,  il  vient 
foiivent  habiter  le  Lucrctile  auprès  de  la 
maison  de  campagne  d*Horacc  ,  Se  quitc 
^our  cela  le  Lycée  ùl  demeure  ordinaire.  Tel 
cft  le  fcns  d'Horace ,  cpmela  fuite-de  Code  le  donc 
Tom.  î.  p.  nicejfairement  à  entendre.  Ce  font  les  paroles 
dirP.  Sanadon,  qui  trouve  dans  cette  façon 
de  parler  *  une  vraie  hypallage  oh  un  renverfement 
de  construBion. 


579^ 


*  Voye^  les  remarques  à\x  P.  SanaJon  ,  i  l'ocafioivj^^ 
tM€Ànm  téuttt  fÂstuit,  vers  18.  <lt  l'Ode  Jais  likurnis. 
foéiîes  d'Horace  ,  toni.  I.  page  175. 


r 

;  Mais 

•     ï)ar  le  fi 

dans  ce! 

^du  Faim 

tnème  i 

ehangeri 

r^uitc  fan 

•V  traduit, 

&  conie 

que  Fau 

nondiiJ 

tant  ce 

dire ,  on 

pour  fat 

feul  prcf 

trudion 


■^m*^""""'"^" 


l'tiYfAllAGÊ.f    f^f 

;  Mais  il  me  parôit  que  ce(t  juger  du  latiti 
|)ar  le  françois,que  de  trouver  une  Hypallage 
dans  ces.paroles  d*Horace  Lucrétilem  mutât  Lj'* 
iao  fannus.  On  comence  par  atacher  à  mutâre  la 
même  idée  quç  nous  ataçhôns  à  notre  vcrbt 
changer  h  doner  ce  quon  a  f  ourse  tjuon  na  pas  y  en* 
7~  fuite  fans  avoir  égard  à  la  phrafc  latine ,  on 
.♦traduit,  Faune  change  le  Luêrètile  pour  le  Lycée  t 
&  corne  cette  expreiîîon  fïgnifie  en  François 
que  Faune  pafle  du  Luciétile  au  Lycée  ,  &s 
non  du  Lycée  au  Lucrctile  ,  ce  qui  eft  pour, 
tant  ce  qu*on  fait  bien  qu*Horace  a  voulu 
dire ,  on  eft  obligé  de  recourir  à  Thypallage 
pour  faiiver  le  contre-fens  que  le  françois 
feul  prcfente  :  mais  le  renversement  de  cons* 
trudion  ne  doit  jamais  renverfcr  le  fpns ,  co* 
me  je  viens  de  le  remarquer  5  c*cft  la^phrafe 
même,  &:  non  la  fuite  du  discours,  qui  doit 
foire  entendre  là  penlee,  (i  ce  n'eft  dans  tou- 
te fon  étendue,  c'eft  au  moins  dans  ce  qu  el- 
le préfente  d'abord  à  Tefprit  de  ceux  qui  fa- 
'  vent  la  langue. 

Jugeons  donc  du  latin  par  le  latin  mcme, 
^  nous  ne  trouverons  ici  ni  contre-fens  ni 
hypallage ,  nous  ne  verrons  qu  une  phrafc 
latine  fort  ordinaire  en  prose  &  en  vers. 

On  dit  en  latin  danàrt  muncra  tdtcuiy  donet 

Nij    ' 


r 


\_. 


\ 


r 


•X 


Mart.  Lcx. 


Tçf       rHYT  ALLAGE. 

^ç:^  prçfèns  à  quelqu'un ,  &:  J  on  ^it  auflî  io* 
nàre  âliquem  munere  ,  gratifier  quelqu'un  d'un 
préfent ,  lui  feire  un  préfent  ;  on  dit  égale- 
ment circumdAre  urbem  mcmibus  ,  6c  circûmdare 
tnœnU  urbih  de  même,  on  Te  fert  de  mutàre 
foit  pour  doner ,  (bit  pour  prendre  une  cholè 
au  lieu  dune  autre,  ^ 

Muto ,  difent  les  Etimologiftes ,  vient  cI^î 
motu  :  mutàre  quafi  motare.  L'anciène  manière 
d'aquérir  ce  qu'on  n  avoit  pas  fc  fefoit  par 
des  échanges,  delà  muto  fignific  également 
acheter  ou  vendre]  prendre  ou  doner  quelque  cho- 
fè  au  lieu  d'une  autre ,  emo  aut  vendo ,  dit  Mar- 
tiniu^,  &c  il  cite  Columellé  qui  a  dit  porcus 
là^eus  Are  mutândus  èft^  il  faut  acheter  un  co- 
Chon  de  lait. 

Ainfi^mutat  Lucrétilem Cignific  vient  prendre, 
vieritpofleder  ,  vient  habiter  le Lucrétile ,  iJ 
achète  ,  pour  ainli  dire,  le  Lucrétile  par  le 
Lycée. 

M.   Dacicr  fur  ce  palTage  d'Horace  re- 
marque q\i  Horace  parle  fouyent  de  même  ^  &  je 
/ai  bien  y.  ajoute-t-il  ,  que  quelques  hifloricns  l'ont 
4mue. 

Lorsqu'Ovide  fait  dire   à   Médée  qu'elle  • 
voudroit  avoir  acheté  Jafon  pour  toutes  ks 
oichcllcs  de  l'univers ,  il  fc  fert  de  mutâw  : 


Quemqu( 
iÉ/onider 

.Où    VOU! 

emploie 
pas  y  de  pr 

autre.  Le 
s'eft  fouvi 

iûgubrefag 
gnbri  :.  mk 
câlaby.f  paj 
pour  y?ri^/ 

L'ulàgc 
fcns  de  ; 
pour  être 
corne  don 
qu'un  de 
urbijUoni 
tour ,  c'el 
railles  .-n 
les  jours. 

^  *    I 

*  L.  V.  oal 

♦*   L.   V. 

***t.  II. 


^iA^- 


>^  ^.,r«  rpKn«;  aaas  totus  poflidct  orbis  M«-  -  viii 

<Jueniquc  ego  ciim  repus  quab  luiu^  f  ^^^^ 

;Éfonide,tv  mutâlfe  vcUm. 

Où  vous  voyez  que  eomc  Horace  ,  Ovide 

'  emploie  mutàrc  dans  le  fens  àiaqumr  ce  quon  n  a 
pas.de  prendre,  d'acheter  une  chofe  en  en  donant  une  ^^^^   ^^. 

autre.   Le  P.  Sanadon  remarque  qu  Horace  ^^^Y. 
s eft  fouvent  fervi  de  mutârecn  ce  fens,  mutâvu 
lugubre  fagtm pimico ;^  ipout  j^àniciém' Jagton  là- ' 
gnbri  :.  mUtct  litcâna  câUbrU  pâfims  ,  ""^   pour 
.  )âlaby.j  pâfcua  Iticànis  :  mut^t  uyam  firigiU  ,  ''^ 

pour  flrigilim  nva. 

L  uiagc  *de  mutiré  âliquid  âliquâ  re  dans,  le. 
rens  de  prendre  en  échange,  cft  tjop  fréquent 
pour  érrc  .autre  chofc  qu'une  pluafc  latine , 
come  donârc  àiiquem  âliquâ  rt ,  gratifier  quel- 
-  qu'un  de  quoique  cho(c  ^^  circàmâare  mœnu 
,irbi,:àomx  des  murailles  à We  vile  tput  au^. 
tour ,  c  cft4-dire  ,  entourer \ane  vile  de  mu^ 
railles:  rhypaJlagc  ne  icmct  pas  aiuiia-tou^ 
les  jours.         .  /^ 


*  L.  V.  Od.  IX. 

♦*   L.   V.  Od.  I. 

♦**  i.  11.  Sut.  VII.  V.  iio. 


V 


•  V 


^ 


I^ii) 


_  • 


%■ 


XVIII. 


^      rf'» 


flBIJIM  /<» 

veÀbnli  . 


L'OKÔMATOPEE. 

L'Onon^topcc  cft  une  figure  par  laquelle 
un  mot  imite  le  fon  naturel  de  ce  qu'il 
iîgnifie.  Qfï  réduit  fous  cette  figure  les  mg)^ 
pah'.ht'  fof  1^,55  par  imitation  du  fon  >  come  le  f/w<- 

niation  *  /    ^  .  ** 

d'iwmot,    glou  de  la  bouteille  :  le  cliquetis  ^  ccà-ï-diro  j  le 

bruit  que  font  les  boucliers ,  les  épées,  &:  les 
:  autres  armes  en  fe  choquant  :  Le  triSrac  qu'on 

apeloit  autrefois  tîSluç  >  forte  de  jeu  aflèz  co- 
.  mun  ,  ainfî  nomé  du  bruit  que  font  les  da- 
mes &:  les  dés  dont  on  fe  fert  à  ce  jeu  :  Timïtus 
nnV,  tintement  j  ceft  le  foÀ  clair  &  aigu  des 
métaux.  Bilhïrc^  hilhit  âmphorà ,  la  petite  bou- 
teille feit  glôu-glou  ,  on  le  dit  d'une  petite 
^  bouteille  dont  le  goulot  eft  étroit.    Tautân^ 

tara ,  c'eft  le  bruit  de  la  trompeté, 

Ac  tuba  tc'rribili  (onitu  taratantara  dixif. 

4  ,  ■  ^ 

C*cft  un  ancien  vers  d'Ennius  au  raport  de 
Servius,  Virgile  <în  a*  changé  le  dernier  hc- 
miftiche,  qu'il  n'a  pas  trouvé  alTcz  digne  d^ 
la  poéfie  épique  5  voyez  Servius  fur  ce  vers 
4|  dç.Yir^ki 


^ 


\ 


\ 


--  f 


À'ONOMATOFEE.       199^ 

At  tuba  tcrribilcm  (bnicum  procul  »rc  canoro       -  *  *'  '*» 

*  .  V.  503* 

Incrcpuiç. 

Cfichïnnus ,  c'eft  un  rire  immodéré.   Cach'mtky 

inis ,  fc  dit  d  un  home  qui  rit  fans  retenue  : 

ces  deux  mots  font  formés  du  fon  ou  bruit        " 

que  i  on  entend  quand  quelqu  un  rit  avec 

éclat. 

.  Il  y  a  aufïî  plufîeurs  mots  qui  expriment  le 

cri  des  animaux  ,  corne  bêler  qui  fe  dit  des"  ; 

brebis. 

Baubâri ,  aboyer,  fe  dit  Ides  gros  chiens.  La-  Lncr.  i.  f. 
frire,  aboyer,hur  1er,  c'eft  le  mot  générique.  ^' *°7^* 
'Mutïre,  parler  entre  les  dents,  murmurer, 
gronder  corne  les  chiens  :  mn  canum  ell , 
undè  w«r/re ,  dit  Charifius. 

Les  noms  de  plufieurs  animaux  font  tires 
de  leurs  cris  ,  furtout  dans  les  langues  ori- 
ginales.  ;        , 

Z7p«p4  ,  Hupe  > bifeau. 

Cmalm ,  qu  on  prononçoit  co«cow/o«x,  un  Cou- 
cou* oifeau. 

Hirûndo  ^  une  Hirondèle.  ,     . 

Ulula ,  Ghouète. 
Bubo ,  Hibou. 
Grâcculus,  ua  Choucas ,  cfpècc  de  Corneille. 

C4fli»4  'une  Poule.  \^  .... 


■*N. 


y^ 


^.r' 


a 


743« 


I        .^ 


tôcr  *     rONO  MA  TOTEE. 

Cette  figure  n'cft  point  un  ttopc,  puisque  îc 
mot  le  prend  dans  Je  fcns  propre  :  mais  j'ai  cru 
qu  il  n  ctoit  pas  inutile  de  la  remarquer  ict 

XX. 

2l*H*n  mime  mot  ptut  être  doublement 

figuré. 

IL  eft  à  olpferver  quefouvent  unmoteft 
doublement  figuré  >  c  cft-à-dire ,  qu'en  un 
certain  fens  il  apartient  à  un  certain  trope  &: 
qu  en  un  autri  fens  il  peut  être  rangé  fous  un 
autre  trope.  On  peut  avoir  fait  cette  remar- 
que dans  quelques  exemples  que  j  ai  déjà  ra- 
j  y  portés.  Quand  Virgile  dit  de  Bitias  que  ^km 
fe  frôluit  auro  \aHro  fe  prend  d'abord  pour  la 
coupe,  c'eft  i|ne  fynecdoque  delà  matière 
pour  la  thofe  qui  en  eft  faite ,  enfuite  la  cou- 
pe (è  prend  pour  la  liqueur  qui  étoit  conte- 
nue dans  cette  coupe  :  c'eft  une  njétonymiç 
du  contenant  pour  le  contenu. 

Nota  >  marque ,  fîgne ,  fe  dit  çn  général  de 
tout  ce  qui  feilt  à  ûire  conoitre  ou  remar- 
quer  quelque  chofe  :  mais  lorsque  notai [  mie ] 
fe  prend  pour  dkdecus ,  niarque  dlnfomre^  ta- 
che dans  la  réputation ,  corne  quand  on  dit 


ir»6» 


d'un 

cefl  u 

necd< 

il 
ncft 
fible , 
ce  n'c 
ce  m< 
meta] 
Ily 
à  la  ( 
decus 
Lor 
ce&Tj 
mortifii 
quipc 
métaf 
dans 
due; 
furtoi 
unefy 

meta 
gner  c 
qu'il  £ 
qui  lé 
h  cor 
le/pri 


e 


iî1&^ 


ME  ME  MOT  éc^  ,20t 
d'un  militaire  ,  il  s'eft  enfui  en  une  tflk  ocafion , 
tefl  une  note ,  il  y  a  une  métaphore  ^  une  fy- 
necdoquc  dans  cette  façon  de  parler. 

il  y  a  métaphore  ,  puisque  cette  note 
n'eft  pas  une  marqjie  réèle ,  ou  un  ligne  fcn- 
fiblc,  qui  foit  fur  la  persone  dont  on  parle> 
ce  n'eft  que  par  comparaison  qu'on  fe  fertdc 
ce  mot  ,  on  donc  à  note  un  fens  fpiritucl  &c 
métaphorique.  ^ 

Il  y  a  fynecdoque,  puisque  nofe  eft  reftraint 
à  la  fignification  particulière  de'  tache  ^  dc- 
decus.         ^^^ 

Lorsque  pour  dire  qu'il  faut  faire  péniten- 
ce &:  réprimôr  fes  paflîons ,  on  dit  quV/  faut 
mortifier  la  chaire  c'eft.une  expreflion  figurée 
qui  peut  fc  râportcr  à  la  fy.necdoque  &:  à  la 
métaphore.  Chair  ne  le  prend  point  alors 
dans  le  fens  propre ,  ni  dans  toute  fon  éten- 
due >  il  fe  prend  pour  le  corps  humain ,  &: 
furtout  pour  les  partions ,  les  lèn^  5  ainli  c'eft 
une  fynecdoque  >  mais  morti  "  r  cft  un  terme 
métaphorique,  on  véiitdi'  lu'il  faut  éloi- 
gner de  nous  toutes  \qs  délu  (Tes  fcnlibles  5 
qu  il  faut  punir  nqtrc  corps ,  i^  fevrer  de  ce 
qui  lé  flate  ,  afin  d afoiblir  lapétit  charnel , 
H  convoitilè,  les  pallions ,  les  foumettre  à 
lelprit ,  &  pour  ainfi  dire,les  faivc  mourir. 


>  ' 


•    •  •  o 


•    ¥ 


àoji        ME, ME   MOTéc» 

Le  changement  d'état  par  lequel  un  ci- 
toyen romain  perdoit  la  liberté ,  ou  aloit 
en  cxii^  ou  changeoit  de  famille,  sapeloit 
€âpnis  mtnûtio  y  diminution  de  tête  :  ceft  en- 
core un^  çxpreffiôn  métaphorique  qui  peut 
oiuffi  être  raportée  à  la  fynecdoque.  Je  crois 
au  en  çc^  ocafîons,  on  peut  s  épargner  la  pei- 
ne.d'unc [exactitude  trop  recherchée,  &:qu  il 
mfit  de  iremarquer  que  1  expreflîon  eft  figu- 
rée, 6c  la  ranger  fous  lefpcce  de  trope auquel 

elle  a  le  plus  de  raport. 

■  '•   t  ,  » 

XX.   ; 

Deloifuhordinstion  des  Tropfs^  ou  du  rang 
qtéils  doivent  tenir  les  uns  à  l* égard  des  au- 
tres ^  drde  leurs  caractères  particuliers, 

QUintilien  dit  "^  que  les  Grammairiens 
auflî-bien  que  les  Philofophes  difputent 
beaucoup  entre  eux  pour  favoir  combien  il  y 
axie  difércntes  clalTes  de  tropes  ,  combien 
chaque  clafle  renfeçme  d'efpèces  particuliè- 


*  Circaqucm  [tropum  ]  inexplicabilis  j  &  Grammiticis 
iûtcr  ipfos  ,  &  Philôfophis  pugna  cft.  Qux  firit  généra  , 
\\ux  fpécics  ,  quis  nùmcrus ,  quis  cui  rubjiciitur.  ^inf* 
InA.  Oiac  1.  vxxx.c  ^.  *    •.• 


S 

/es ,  ô 
<;fer  eni 
Vofl 
pespri 
Métôr 
autres, 
là  con 
ces  dit 
tique , 
cherch 
tain. 

Tout 
le  rapo 
cation 
prefîîo 
tibntà 
Ç'ef 
foiider 
phore 
&  pà 
quunc 
mince 
cft  la 
recôuj 
on  nci 
primej 
4c  mJ 


sus  OR  T>  TNJriON  érc     lO  j 

<cs ,'  &  enfin  quel  cft  Tordre  qu  on  doit  gar- 
der entre  ces  clafles  &:  ces  cfpèces. 
Voflîus  foutient  qu  il  n'y  a  que  quatre  tro-  i«ft.  Ont. 

pesprincijpaux,  qui  font  la  Métaphore  ,  la  ÂrtU.&''' 
Métonymie,  la  Synecdoque &:•  l'Ironie,  les  ex. an.  u 
autres,  à  ce  qu  il  prétend,  fc  raportent  à  ceux- 
là  corne  les  efpèces  aux  genres  >  mais  toutes 
CCS  dilcutions  font  aflez  iriutile$  dans  Ja  pra- 
tique ,  &:  il  ne  faut  point  s'amufer  à  des  re- 
cherches qui^ouvent  n'ont  aucun  objet  cer- 
tain. . 

Toutes  les  fois  qu'il  y  a  de  la  diférence  dans      •  . 
le  raport  naturel  qui  donc  lieu,  à  la  fignifi- 
cation  empruntée  ,  on  peut  dire  que  rçx-- 
prefïîon  qui  eft  fondée  fur*  ce  raport  apàr- 
tient  à  un  tfope  part^ulier. 
Ç'eft  le  raport  de  reffèmblance  qui  eft  le 

fondement  de  la  catachrèfe  &  de  la  méta- 
phore >  on  dit  au  propre  une  fcmlle  (t arbre  l, 
&:  par  catachrèfe  une  feuille  de  papier^  parce 
qu  uneVeuilIe  de  papier  eft  à  peu  près  auffî 
mince  qu  une  feuille  d'arbre.  La  catachrèfe 
cft  la  première  efpèçe  de  métaphore.  On  a 
recours  à  k  catachrèfe  par  néceffité  ^  quand 
on  ne  trouvç  point  de  mot  propre  pour  ex- 
primer ce  qu\on  veut  dire.  Les  autres  efpèces 
de  métaphoifcs  fe  font  par  d'autres  mouvez 


/ 


^^\y 


L^ 


r 


^.^y  ■ 


Kv#>fiW**'— " 


!IC4      SUBORDINATION 
mens  de  rimagination  qui  ont  toujours  la; 
reflcmblancc  pour  fondement. 

L  ironie  au  contraire  cft  fondée,  fur  un  ra- 

port  dbpofîtion ,  de  contrariété,  de  diféren- 

ce ,  &:,  pour  ûinfi  dir^ur  le  contrafte  qu  il  y 

a  ,  ou  que  nous  imaginons  entre  un  objet  &: 

Satire  IX.     un  autre  5  c  e(V  ainfi  que  Boileau  a  dit,  ^)«/- 

naalt  efl  un  Virgile. 

La  métonymie  3c  la  fynccdoquc  auiïî-bien 

\  .  que  les  figures  qui  ne  font  que  des  efpéces  de 

lune  ou  de  l'autre ,  font  fondées  fur  quelque 
autre  forte  de  ra port  qui  n  efl:  ni  un  raport  de 
reifemblance ,  ni  un  raport  du  contraire.  Tel 
cft ,  par  exemple,  le  raport  de  la  caufc  à  ilcfct^ 
ainfi  dans  la  métonymie  &:  dans  la  fynecdo- 
que  les  objets  ne  font  confidérés  ni  come  lèm- 
s   ♦  blables,  ni  come  contraires ,  on  les  regarde 
feulement  come  aiant  entr'eux  quelque  rela- 
tion ,  quelque  liaifon ^  quelque  forte  d  union; 
mais  il  y  a  'cette  difcrence,  que ,  dans  la  méto- 
nymie ,  l'union  nempéclie  pas  qu'une  chofe 
ne  fubfifte  indépendanmént  d'une  autre  >  au 
lieu  que,  dans  la  fynecdoque ,  les  objets  dont 
lun  eftdit  pour  l'autre,  ont  uiie  liaifon  plus 
f.i^c  loiî,    dépendante  ,  come  nous  lavons  déjà  remar- 
qué ,  l'un  çft  compris  fous  le  nom  de  l'autre, 
ils  forment  un  cnfemblc ,  un  tout  >  par  exem- 


ple ,  qi 

céron  , 

ouvrage 

pour  1' 

teur  & 

cette  fi 
mais  1( 

forme 
que  je  c 
ia  parti 
làires  à 
ie  dis  I 
une  pai 
fynecd« 
dance 
met  p( 
dans  la 
L  ail 
Jations 

convié 
eux 
entre  11 
qu'on 
tancesl 

mots 

conoii 

qu'on 


.,#;<«»*•»—" 


DES    TROP  ES.  lof 

pic ,  quand  je  dis  de  quelqu'  un ,  qiiil  a  lu  CV- 
céron  ,  Horace  ,  Virgile ,  au  lieu  de  dire ,  les 
ouvrages  de  Cicéron  ,  &€  :  je  prens  lacaufc 
pour  1  efet,<:  cft  le  raport  qu'il  y  a  entre  lin  au- 
teur 6c  fon  livre  ,  qui  eft  le  fondement  de 
cette  façon  de  parler  :•-  voilà  une  relation  ^ 
mais  le  livre  fublifte  fans  fon  auteur  &  ne 
forme  pas  un  îout  avec  lui;  au  lieu  que,lors- 
que  je  dis  cent  voiles  pour  cewiî  vaijfeaux ylcprcfin 
la  partie  pour  le  tout ,  les  voiles  font  nécei- 
làires  à  un  vaiffeau  :  il  en  eft  de  mcme  quand 
je  dis  quon  a  payé  tant  par  tête  )■  la  tête  eft 
une  partie  effentièle  à  riionie.  Enfin  dans  la 
fynecdoque  il  y  a  plus  d'un  on  &:  de  dépen- 
dance entre  les  objets  dont  le  nom  de  lun  ic 
met  pour  le  nom  de  l'autre  ,  qu'il  n'y  en  a 
dans  la  métonymie.  L      '  ' 

L'allufion  fe  fert  de  toutes  les  fortes  de  re- 
lations ,  peu  lui  importe  que  les  termes 
convicnent  pu  ne  conviènent  pas  entre 
eux  ,  pourvu  que  par  la  liaifon  qu'il  y  a 
entre  les  idées  acceffôircs,  ils  réveillent  celle 
qu'on  a  eu  deflTein  de  réveiller.  Les  circonf- 
tances  qui  acompag^cnt  le  fèfis  litéral  des 
mots  dont  on  fefert  dijinsTalIufion  nous  font 
conoitre.que  ce  fens  litéral  neft  pas  celui 
qu'on  a  eu  deflein  d'exciter  dans  notre  cf- 


( , 


V- 


/ 


\ 


tO#    SUÈORblNAriQtf. 

fût  y  de  nous  dcvoilent&cilement  le  (ènsfi^» 
gt^ré  qu'on  a  voulu  nous  Ëiirc  etitendre.    . 

L*cuphémismc  cft  une  efpèce  d*allufîon  > 
avec  cette  diférence  qu'on  cherche  à  évitei: 
ks  mots  qui  pouroieht  exciter  quelque  idée, 
trifte  y  dure ,  ou  contraire  à  la  bienfêance. 

Enfin  chaque  efpèce  de  trope  a  fon  cara^crfi 
propre  qui  lé  diftingue  il  un  autre ,  corne  il  a 
été  èicilc  de  le  remarquer  par  les  obfervatlons 
qui  ont  été  faites  fur  chaque  trope  en  parti- 
culier. Les  personcs  qui  trouveront  ces  ob- 
icrvations  ou  trop  abftraites ,  ou  peu  utiles 
dans  la  pratique  ,  pouront  fe  contenter  de 
bien  fentir  par  les  exemples  la  diférencc 
qu'il  y  a  d'un  trope  à  un  autre.  Les  exem* 
pies  les  mèneront  infenfîblement  aux  obfèrr 
vations. 


I.  Des 


L 


G 


particu 
-"'d'âîlku 
variée  < 
évident 
de,cesr 
ticulier 
les  non 
mus  >  m) 
casmus, 
re  que  < 
imagin 
Les  e 
à  ces  f< 
réduite 
dont  j' 
ple»n'< 
aigreui 

•  Eft 
fis  Ubris 
brir,  oft 
c.  ly  D 


> 


»-,^i 


%' 


XXII. 

I.  Des  Trofis  dont  tnrinfoint  fsrlé, 

I I .  Variété  dsnsU  iénomin^$ion  des  Tropes, 

I.  •^  Orne  les  figures  ne  font  que  des  ma- 
Vi^  nières  de  parler  qui  ont  un  caractère 
particulier  auquel  on  a  ^onélin  nom  >  que 
-"^^^aîikurs  chaque  forte  de  figure  peut  être 
varice  en  plufieurs  manières  diterentcs ,  il  eft 
évident  que  fi  l'on  vient  à  obfcrver  chacune 
de.ces  manières  &  à  leur  doner  des  noms  par. 
ticuliers  >  on  en  fera  autant  de  figures.  lDt\ï. 
les  noms  de  mimèfis^  aph^hafis  ^c^tkpkafis ^ajïeis^ 
mus ,  myBerismus  ,  charientismus  ^  diafyrmus  ,  far^ 
casmus ,  &  ;^tres  pareils  qu  on  ne  trouve  guè* 
re  que  dans  les  ouvrages  de  ceux  qui  les  ont 
imaginés. 

Les  expreflîons  figurées  qui  ont  doné  lieu 
à  ces  fortes  de  noms  peuvent  aiftment  être 
réduites  fous  quelqu  une  desclafies  de  tropes 
dont  j'ai  déjà  parlé  :  Le  farcasme ,  par  exem» 
pie»  n'eft  autre  chose  qu  une  ironie  faite  avec 
aigreur  &  avec  emportement.  *  On  trouve 

*  Bit  tatem  farcismus  hoftilif  irrifio .  . .  cum  quis  mot' 
fis  labrifl  fubsinnac  iliilm  . . .  irtiûo  qiue  fiât  diduétis  la- 
brir,  ofteniiqued^tiumcaiae.  Véjlims,  loù.  Orai.  1.  ir. 
c  x%.  De SâjrCAsmo. 

*  N 


y 


> 


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N^ 


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■-t 


f 


finfini  partout  :  mais  «quand  une  fois  on  cft 
parvenu  au  point  de  diYÛîon  où  ce  qu'on  di- 
vile  n'cft  plus  palpable ,  c  ctt  perdre  fon  tenis 
&:  fa  peine  que  de  s'amutcr  à  divifer. 

II.  Les  auteurs  donent  quelquefois  des 
noms  diférens  à  la  même  efpcce  d'cxpreffion 
figurée ,  je  veux  dire  ,  que  l'un  lapcie  hypal- 
iage  ce  qu'un  autre  nome  métonymie  :  les  noms 
de  ces  fortes  de  figures  étant  arbitraires  &c 
quelques  unsaïant  beaucoup  de  raport  à  d'au- 
tres félon  leur  ctimologie ,  il  n'eft  pas  éto- 
nant  qu'on  les  ait  fouvent  confondus.  Aris- 
tote  done  le  nom  de  métaphore  à  la  plupart 
des  tropes  qui  ont  aujourdui  des  noms  par- 
Cic.  Orat.  ticuliers.  ArifiôteUs  ifta  omnia  tranflatiSnes  vocat, 
,  9 A'  ^*»-  Ciccron  remarque  auiîi  que  les  Rhéteurs 
noment  hypaUage  la  même  figure  que  les 
Grammairiens  apélent  métonymie.  *  Aujour- 
d'hui que  ces  dénominations  font  plus  dé- 
terminées ,  on  doit  fe  conformer  fur  ce  point 
à  l'ufage  ordinair^e  des  Grammairiens  ôc  des 
Rhéteurs.  Un  de.  nos  Poètes  a  dit  : 

Leurs  cris  rcmpHncnt  l'air  de  leurs  tendres  fouhaifs. 
Selon   la  conftrudion  ordinaire  on  diroit 

*Tiioc  hypillig^n  Rhétores  ,  quia  quafi  Aimmutintur 
TCibapro  vcrbtSj  metonymum  Grammacici  vocam,quo<i 
aônùoa  uami^tûmui.  Ctctn ,  Oricor.  o.  ^3.  Àiif€r  xxv  1 1. 


n. 


A 


plutôt  qi 
ser  des 
Lauteui 
cette  exf 
çons  de  ] 
les  ancic 
mot  de  « 
qu'il  s'ae 
M.  G 
exemple 
tions  des 

*  Mira'tioi 
pro  Evandi 
Mciitl^rfi 
mos  jûdicui 
tdte  mentti 
Sec  :  in  ftitt 
fft  àdvcrsaj 
t  M.  Gi 
il  ne  s'cft 
Voici  les  pj 
M.  Dacicr 
M.  Dacier. 
M  La  mc( 
■•  qu'on  tir( 
M  de  métap 
'*»'au  genre 
»»déc  l'ur  l'j 
•»  corne  .ce 
**dt  l»  viL 
»  me  g^néi 
*>  d»ms  It  p 
Voici  la  r< 
Wri  d'Axiftc 


r^i 


VARIETE^  érC'  .  *  16^ 
plutôt  que  ce  font  les  fouhaits  qui  font  pous- 
ser des  cris  qui  retentiflcnt  dans  leV  airs. 
L  auteur  du  Didionaire  Néologique  donc  à 
cette  expreffion  le  nom  de  métatbèfe  :  fcs  fa- 
çons de  parler  femblables  qu'on  trouve  dans 
les  anciens  font  apelées  des  hypallages  :  le 
mot  de  métathèfe  n  eft  guère  d  ufage  que  lors- 
qu'il s'agit  d'une  tranfpofition  de  lettres.  * 

M.  Gibert  nous  fournit  encore  un  bel 
exemple  de  cette  variété  dans  les  dénomina- 
tions des  figures  ,  il  apéie  métaphore  1  ce  que 

*  MiTaJicit,  mutâtio  ,  Tcu  transposi'tio  literar  ,  ut  Evandri 
pro  EvAnder-i  Tymbre  pro  Tymiir.   jfidor.  Jiv.  i-  c.  34.^ 

Mciithpfis  ,  (  apud  Rhétorcs^  çft  figura  quar  mittit  .ini- 
mos  jûdicum  in  rca  piait^ritas  aar  futùras^hoc  modo  :  Hevo' 
fdte  mentes  «eL.  fpeclaculum  expugnatà  miferà,  cixiran's  > 
&c  :  in  futùruni  aucem  ,  cft  anticip^tio  corum  qux  didurus 
cil  àdycrsârius.  idemL  i>c.  ti. 

•f  M.  Gibert  a  fuivi  en  ce  point  la  diWfion  d'^riftotr, 
il  ne  s'cft  écarta  de  ce  philofophc  que  dans  \cs  exemples. 
Voici  les  paroles  d'Ariitoïc dan» fa  Poctiquc,c.  xxi.  &  Iclon 
M.  Dacter  c.  xxit.  Je  me  fcrvirai  de  la  tradu<ftion  dc^ 
M.  Dacier.  ' , 

t»  La  métaphore  ,  du  Ariftote ,  eft  un  transport  d\in  no^ 


M 


»»dée  lur  l'analogie.  J'ap^le  métaphore  du  genre  à  l'tfptwC 
Mcomc.cc  vers  d'Homère  :  Mo»  vmiJfe^H  s'eft  srèré  Uin 
^de  Im  vile  dans  le  fort.  Garnie  mot  s*Mrètercù  u:\  r? j  - 
»  me  générique  ,  &  il  l'a  apliquc  à  i'cfpécc  pour  dire  ctro 
»»  dmms  le  port. 

Voici  la  remarque  que  M.  Dacier  fait  cnfuitc  fur  ces  paro- 
W(i  «i'Aiiftotc  ;  »  Qudqucs  anciens,  du-il  ,  ont  Cûj:idanc 

"^  N  i) 


'^y 


/ 


\  - 


/ 


aip*      DES  TROPES  &c^ 

Quihtilicn  *  ôc  les  autjrcs  nomcnt  antonmafe. 

Itlictén      »  Il  y  a,  dit  M.  Gibcrt  ,  quatre  efpèccs  de 

P*fr  sn-    A  métaphores  >  la  première  emprunte  le  nom 

»  du  gciire  pour  te  doner  à  Tcfpèce ,  corne 

»  quand  on  dit  V Orateur  pour  Cieèron^  ou  le  Phi-^ 

t,  m iofophe  ]poax  j^fiflote  :  iiXZxi  fontlk  ccp^nâznt 

les  exemples  ordinaires  que  les  Rhéteurs  do- 

neat  de  Tantonomafe  :  mais,  après  tout,  le 

nom  ne  feit  rien  à  la  chofc  >  le  principal  eft 

r  de  remarquer  que  lexpreffion  eft  figurée  * 

&  en  quoi  elle  eft  figurée. 


^  ru 


w  AriÛotc  de  ce  qu'il  a  mis  fous  le  nom  de  métaphore  les 
m  deux  premières  qui  ne  font  proprement  que  des  [yneedi- 
u  ^M^i^mais  Ariftoce  parie  en  générai  ^  il  écrivoit  dans  un 
••  tcms  où  l'on  n'avoic  pas  encore  ra&né  fur  les  figures  pour 
m  les  diAinguer  U  poux  leur  doner  i  chacune  le  nom  qui 
«en  auroit  mieux  expliqué  la  nature.  D«n>r,  Poètiqu: 
te  d'Anftotc,  page  54 ç. 

*  Atrmfi**«U  ,  qux  iliquid  pro  n6mine  ponir,  poétis  frc- 
quemifitma  .  .  .  Oratôribus  ^tiam  fi  rarus  e|as  rci ,  non  nul» 
Jus  timen  ufus  eft  :>  nam  ut  Tydiden  &  Peliden  non  dixe- 
f  int ,  itâ  dixérunt  everf6rem  Carthiiginis  Se  Numintix  pro 
Scipi6nC{  Se  roroinae  eioquémic  pnnciptm  pro  Cicer6i)e 
^sttiîic  aon  dubiccut.  §lutmtiL  loU.  Otat.  L  yi  11.  c,  tf; 


^- 


mm*""""^" 


VARIETE'  &c. 


lit 


XXIII.  , 

^  t usage  à"  C'**"^  ^^  Trofes  font  Je  ttm 
Us  icms  à"  àt  toutes  Us  langues. 

9 

UNc  mcmc  caufc  dans  les  mêmes  cir- 
cohftances  produit  des  éfets  femblables. 
Dans  tous  les  tems  &:  dans  tous  les  lieux  où 
il  y  i  eu  des  homes,  il  y  a  eu  de  l'imagination, 
dts  paflîons  ,  des  idées  acceflbires  ,  &  p^c 
conféqucnt  des  tropes. 

Il  y  a  eu  des  tropes  dans  la  langue  des 
Caldcens ,  dans  celle  des  Egyptiens ,  dans 
celle  des  Grecs  &:  dans  celle  des  Latins  : 
on  en  fait  ufagc  aujourdui  parmi  1«  peu- 
pics  même  les  plus  barbares ,  parce  qu'en  un 
mot  CCS  peuples  font  des  homes ,  ils  ont  de 
Timagination  àc  des  idées  acceffoires. 

Il  cft  vrai  que  telle  cxpreflîon  figurée  en 
particulier  n  a  pas  été  en  ufage  partout  ; 
mais  partout  »  y  a  eu  des  cxpreflions  figu- 
rées. Quoique  la  nature  foit  uniforme  dans 
le  fonds  des  chofcs  ,  il  y  a  une  variété  infi- 
nie dans  l'cxccutions dans  l'a^lication,daiis 
les  circonftanccs ,  dans  les  manière^. 


^ 


n  • 


.y' 


f 


V. 


/ 


/ 


3t^"      VES    TROT  ES  et. 

Ainû  nous  nous^  fcrvons  de  tropcs  ,  non 
parce*  que  les  anciens  s^ax  font  fervis  >  mais 
parce  que  nous  fomes  homes  corne  eux. 

Il  cft  dificilc  en  parlant  &:  en  écrivant ,  d'i- 
portei  toujours  latention  &: Je difcerncment 
néceflaires  pour  rejeter  les  idées  acceflbires 
qui"  ne  conviènent  point  au  fujet ,  aux  cio- 
cônftances  j  &:  aux  idées  principales  que  Ton 
met  en  œuvre  :  delà  il  eft  arivc  dans  toi^f  les 
tems,que  les  écrivains  fe  font  quelquefois  fei- 
vis  d  ckprefïîons  figurées  qui  ne  doivent^as 
ctre  prises  pour  modèle.  '^'' 

Les  règles  ne  doivent  point  être  faites  fur 
J  ouvrage  d'aucun  particulier  ,  elles  doivent 
ctre  puifées  dans  le  bon  fens  &  dans  lana- 
ture:&  alors  quiconque  s  en  éloigne  ne  doit 
point  être  imite  cil  ce  points  Si  Ton  veut 
former  le  goût  des  jeunes  gens ,  on  doit  leur 
faire  remarquer  les  débuts ,  auflî  bien  que 
les  beautés  des  auteurs.qu*on  leur  fait  lire.  Il 
eft  plus  facile  d'admirer ,  j'en  conviens  >  mais 
une  critique  fage ,  éclairée ,  exemtc  de  paf- 
fion  àc  de  fanatisme  eft  biep  plus  utile. 

i^infi  Ton  peut  dire  que  chaque  fîèc le  a 

Ju  avoir  fes  critiques  &  fon  Di£lionMre  Ncolo- 
iquc.  Si  quelques  pcrfones  difcnt  aujourdui 


•I 


avec  raj 

dans  le  Im 
vole  &  r 
graves ,  ( 
fon  tem 
rens  oratu 
oTHnes  V€ 
tes.  Hoi 
wrwi,  & 
«  Au 
»  dire ,  a 
»  un  aui 
î)  ftatues 
H  Jupite 

Jupit< 

Horace 

auteurs 

même 

tempo 

mentat 

mirer ,  p 

par  une 
*vers  lyi 

Ce  loi 


■  iM 
, *'  _      . .....    .   -  « 

VAHIETE'  érc.      *   tij 
ttvcc  raifon  ou  fans  fondement ,  qui/  rè^«(?  Didioa. 
j^tfwx  /e  langage  uni  afeBation  puérile  :  que  UfiUefri-  ^^^'" 
vole  &  recherM  paffe  jufqiiaitx  tribunaux  les  plus 
graves ,  Cicéron  a  feit  la  même  plainte  de 
fon  tems.    Eft  en'm  quoddam  étia^  insigne  &  flo-  oA.  n.^^; 

V  rens  orationis  ,  fiUum ,  &  expàlitum  genus  ,  in  quo  ^||*^Y,'. 

-  onines  verbSrum ,  omnes/entëntiârum  illigântur  lepô- 
rts .  Hoc  totum  è  fophifiàrum  fontibus  defiàxit  infih 

fum^  &c. 
"*        i>  Au  plus  beau  fiècle  de  Rome,  ceft-à- 
»  dire ,  au  lièclc  de  Jules  Ccfar  &  d'Augufte, 
n  un  auteur  a  dii infantes  flàtuàs,  pour  dire  des  ^^P-  ^^  " 
j)  ftatues  nouvclement  faites:  un  autre,  que  a'HoVj, 


li.pagc 


H  Jupiter  crachoit  la  nège  fur  les  Alpes. 
Jupiter  hibernas  canâ  nivc  confpuic  Alpes, 

Horace  fe  moque  de  l'un  &c  dç  l'autre  de  ces 
auteurs  >  mais  il  n'a  pas  été  exemt  lui 
même  des  Êiutes  qu'il  a  reprochées  à  fes  con-  / 

tcmporains.    Il  ne  refte  à  la.  plupart  des  ço-  LeP.Sana- 
irtentatcurs  tf  autre  liberté  que  pour  louer ,  pour  ad-    °^  j[,, 
mirer ,  pour  adorer  \  mais  ceux  qui  font  ufagc  de 
leur^  lumières  ôc  qui  ne  fc  conduifcnt  point  • 
par  une  prévention  aveugle  ,  defapi^uvent  certains  »<i-P*Sf  *»• 
vers  tfrique s  dont  ta  cadence  nefi  point  affcx^châtièe. 

Ce  (ont  les  termes  du  P.  baïudon ,  Toi  relevé     »^w^ 


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*  m fikfièm  endroits,  fOaiCùt-H,-:esfMsietyto 

fentimeni ,  *»  »««  &  ^'  exfuf^ .  qé  m'ont 
.        pantriprihtnfibks. 
l«ft.Ot.  L    Qylntilicn  après  avoir  repris  dani  les  ân- 
Ti."*-/*  ciens  quelques  métaphores  dcfcûuçqfcs  ,dlt 
ST^'  que  ceux  qui  font  inftruits  du  bon  &  da 
mauvais  ufage  des  figures .  ne  trôuvcriont  que 

,  trop  d'exemples  à  rçi?rendre.  ^nm  txkmfU 

'    *        \,Mim  MHèttUrréftthindet:,  qMifciveritbitc.vi' 

"au  reftc  les  fiiutes  qui  regardent  les  mots, 
ne  font  pas  celles  que  l'on  doit  renurquct 
avec  le  plus  dp  foin  :  U  eft  bien  j)lus  utile  d'ob. 
fovér  celles  qui  pèchent  contre  la  conduite, 

'       contre,  U  i«iftcffe  du  raifonement .  contre 

la  probité ,  la  dtoiturc.,&  les  bones  mœurs. 

Il  feroUà  fouhaitcr  queles  exemples  de  ces 

"  <terniéres  fortes  de  Êiutes  fuffcnt  moins  rares, 

ôu  plutôt  qu'ils  fuffcntinconus.;      ^^ 


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107 

DES     TROP  ES 

T  ROI  S  I  E  M  -E    P  ART  I  E. 


^Des  autres  fens  dsns  lesquels  un  même  mot 
'  peuf  être  employé  dans  le  discours. 

Outre  les  tropes  dont  nous  venons  de 
parler  &  dont  les  Grammairiens  &  les 
Rhcteuirs  traitent  ordinairement ,  il  y  a  enco- 
re d  autres  fens  dans  lesquels  les  mots  peu- 
vent être  employés ,  &  ces  fens  font  la  plu^ 
part  autant  d'autres  diférentes  fortes  de  tro- 
pes :  il  me  pàroit  qu'il  eft  très  utile  de  les  co- 
noitre  pour  mettre  de  Tordre  dans  fespen- 
^tts ,  pour  Jrendrç  ràifon  dii  discours  &:  pour 
bien  entendre  les  auteurs.  C'eft  ce  qui  va  Êiirc 
la  matière  de  cette  troifième  partie. 

Subjlantifs  fris  Mije&ivemeni  y  Adje^ifs  fris 

fnijl/mth;ement ,  Sidrjfantifs  (jrAdjeâifs 

fris  advcÊHaUment* 

UN  nom  fubftantif  fe  prend  quelquefois 
adjcdivemcnt ,  c*eft-à-dire ,  dans  le  fens 
4'iin  atribut  %  par  exemple  ;  Un  f  ère  efl  toM- 


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4108     sirssrjyrfFS 

joitn  pire  ,  cela  Veut  dire  qu'uif  père  cft  tou- 
jours tendre  pour  fcs  enèins ,  &  que  malgré 
leurs  mauvais  procédés, il  à  toujours  des  fen- 
timens  de  pcre  à  leur  égardîalors  ces  fubftan. 
tife  fc  conftruifent  corne  de  véritables  adjec- 
.  tift.  »  Dieu  eft  notre  reiïburce,  notre  lumière, 
«notre  vie , notre foutien ,  notre  fout.  L*ho- 
ume  n*eft  qu'un  néant.  Etes- vous  Prince  > 
»Etes-vous  Roi  ?  Ètes-vous  Avocat?  «  Alors 
Prince ,  Roi ,  Avocat ,  font  adjedlife. 

Cette  remarque  fen  A  décider  la  qucftion 
que  font  les  GramîiSfciens  ,  Civoir  fi  ces 
mots  Roi ,  Reine ,  PércyMére ,  &:c ,  font  fubftan- , 
tïfsôu  adjedifs?  ils  font  Vnn&c  l'autre  fui- 
vanr  lulagc  qu on  en  fait^  Quand  ils  font 
le  fujet  de  la  propofition^iîs  font  pris  fubftm- 
tivemcnt  j  quand  ils  font  Tatribut  de  la  pro- 
poiition,  ils  font  pris  âdjedivement.  Quand  je 
-dis  k  Rgi  aime  le  peuple  ;Ja  Reine'  a  de  la  piété  : 
Roi ,  Reine ,  font  des  fubftantife  qui  marquent 
un  tel  Roi  &:  une  telJe.Reïne  en  particuliers 
ou ,  corne  parlent  les  Philofophès ,  ces  mots 
marquent  alors  un  individu  qui  cft  Roi: 
maisquand  je  disque  Louis  qmnT^e  efl  Rpi\  Roi 
cft  pris  alors  adjedivement  5  je  dis  de  Louis 
qu'il  eft  revêtu  de  la  pûiffànce  royale. 

Il  y  a  quelques  noms  fubftantiE  latins  qui 

^        ^  ibi)t 


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•I     I  lli  ri  II    i     II     II     m  .1     I,  .j. 


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mVii      iii  iJ^  I.  JLwi«>ib'.. 


lÂMMMMirtiAÉkteMMHi 


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1». 


féttt  quéiquefois  pris  adjcftivcitHantjjpiâr  mcto> 
nymic,  par  fynccdoqucou  par  amonômafei 
«ytcAtiicfihié^fccIit  d*anfcclérat,d*tin  home  qui'   ' 
éft,p<MiràinfidteeJkctinlemêmc:»$*^/iw,fiwiif-  *Tcr.  An<l 
namhicUud^)  ^Lcfcèlératdcquipârte-t-ilî  î^,/*/'*** 
l/^iiife  efifielusquimepénliét\  ^^  OÙ  eft  ccfcé^  **  i'l>iJ-»ft- 
Icratqui  ma  pcrdii>oùVpusvoyc2  que)^f/Mi  3-^'^  î  ^';*» 
fc  conftruit  avec  /^qui  cftun  mafcùlinj  cax 
félon  les  anciensGrammairiens  dn  difoit  au-^ 
trcfois  illky  ilUcy  illuc  ,  au, lieu  de  iUt^tUa ,  i7* 
/«^  :  la  conftrudion  fc  Êiit  alors  félon  k  f<*ns,     ^ 

c*eft-à-dire,par  râpprt  à  lapcrfonc  dont  on       ; 
parle',  &  non  félon  le  mot  qui  eft  nciitrcv 

(Tarder  j  priibn ,  fe  dit  aiiflî  par  métonymies, 
de  celui  qui  mérite  la  prifo».  Ain  tandem,  car-  Tér^PIiond 
cer)  Que  dis-tu  malheureux  >  C  eft  peut  être  *^i.fc.ii 
dans  le  même  fensquEnée, dans  Virgile,  par- 
lant des  Grecs  à  rpcafion  dé  la  fourberie  dé  ' 
Sinon , dit  &  cïtnunaab  uno  disce  omhes.  Ce  que  Mn,%,w.€f4 
nous  ne  faurions  rendre  en  françois  en  con- 
fervant  le  même  cour ,  nnfeiti  fourbe ,  unefetdê 
de  leurs  fonrheries  ^  vous  fera,  conoitre  le  taraOère  de 
tous  les  Grecs é  T ittvxt  A  Ait' ummcogn^^em-'  Phorm.aift, 
nesnhris.                       .       .         '                 .    x^,i.v.|M 

Noxa ,  ^ ,  -eft  un  ftibftantif,  qui  dans  le  fens 
J>r6preiîgnifie faute ,  peine,  domage  ;  de«o^  ^ 
tire.  U  eft  dit  dans  1^  Itiftitutes  de  JuftimeA 


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^^jOtement  ambut ,  eft  quelquefois  fanit 
SJHttep^iofiùon^  «  qui  ne  peutariver 
<rae  pat»  «pïU  î^  »  »l°«  quelqu'auttc  nom 
SSeaduquieftd^  l*cfprit'Par  exem- 

Snr«^  perfu^  ,  c-ett-à-dire    ce  qm  eft 

.Sfcu,qui  eft  tout  puifflnt,vangera  les  hooK» 

Kow  avons  vu  dans  les  préliminairçs  de 
la  fyntaxe.que  ladvette  eft  un  ^not^^ 

S^  La  Ptépofition  marque  une  orcons- 
S^U^al^^ftcnfuitedé^mi.^g' 
^Sm  qui  fuit  la  pfépofilipa  félon  Tordre 
.SL^  ot  radv^be  «ni^^^^S^, 

jarticuijère  du  fujet ,  ©u  <»^  *^"T^  :„. 


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nts  AbjEcrtrÉMENT ,  &c.  if^i^ 

nJi^^  où  ,  en  quel  lieu,  en  quel  endroit  J  >h; 
là  »  en  cet  endroit  là^  ^ 

Il  y  a  quelques  noms  fubftàntifs  qui  font 
fris  adverbialement,  ç'eft-à-dire  qu*il$  rfen- 
tient  dans  une  propçiîiion  que  pour  marquer 
une  circonftance  du  fujct  pu  de  ratribut,ea 
vertu  de  quelque  prépofition  fous^ntcnduc^ 
par  exemple  ï  i«,  à  la  maifott ,  au  lieu  de  la 
demeure^  Kwfci  nifti^s  domi  .ff^àti  i  elle  voit 
qu'on  fe  préparc  che2  nous.à  la  noc«  i  dom 
marque  la  circonftance  du  lieu  où  ^*Qn  9t 
préparôit  à  la  noce  î  on  fous-éntcrtd  ,^  in  ac- 
tifs dmi ,  dans  les  apartemcns  de  la  maifoh, 
de  la  demeure  3  ou  bien  in  idi^M  loco  imà. 
^  piaule  a  Cîcprimé  éuUis  mnes  dmi  fer  £des  ,  de 
chambre  en  chambre,  d'apartcment en  apar- 

tcmeijjtv  _  . 

<J^  dmi  eft  opofè  à  heUi  ou  rnibUM  où 
fous^mtend  in  rthus  h  Çicéxioa  l'a  exprimc,iy»^ 
tMifimufëe  nhiês  vel  helU^  vti  demi  >  alors  dam 
le  prend  pour  U  pane,  là  vile  ^tc  félon  notre 
manière  de  parler  pour  la  faix,  k  tenu  Je  U 
mm.  Nous  avons  parle  ailleurs  de  c^  fortes 

tfeUipfes.       C  .  ^<. 

Of^h  fe  prend  auffiadverbialetï^nt,coine 

Boi»  rivons  remarque  plusha<a|f.Q?aiwl«» 
ibis  la  raifoo'ifcs  tttawB^^ 


Tff.  Anl; 


^ 


Plâute^âiv 

ic*  5*  t*  31»' 


Cic^OfL 

fie.  L  X.  Ot 
l^alittt  * 
»if. 


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:)U      SUBSTANTIF  S  »c. 

fortes  de  mots ,  on  peut  fc ,  contcntéi^  de  dire 

flue  ce  (ont  des  fubftantifipris  advcrWalement. 

Les  adiediè  fc  prcncnt  auffi  fort  fouvcnt 

adverbialement,  corne  je  l'a:!  remarqué  ea 

parlant  des  adverbes  >  par  exemplcc^arfcrfc-wf, 

ptrkr  bas,  parUrgm  &  latin,  graccè  &  latine 

loqui  :  f  enfer  jufte  ,fenùr  bon  ,  fentirmauvais , 

piarcher  viu ,  voirtlair ,  fraper fort,  .Sec. 

Gesadjcaiis  font  alors  au  neutre,&  c'ett  une 

.   imitation  desLatins-.rrwia'ér/i  tuéntibus  bi\cis; 

\  l^-  °^"  Z^tutnùbus ^  negitU  tranMrf^-  Ruer. eft  très 
l  ufité  dans  les  bons  auteurs,  au  lieu  de  ««««r 

qui  ne  fe  trouvg  que  dans  les  auteurs  de  la  nio- 
Vire.Geor.  ytnt\a.ùnitc^Sok mens ortoiFUermn  recens natum 
!«*'-';*•  rrtfrl«.  *  Dans  CCS  ocafions  il  faut  fous-enten- 
ïa  .*:  dre  là  prépofition  ad  ,ou  ]um,m  m  >  P»'[ 
1    mtns negùtium,  ou  tempus  come  nousdifons, a 
■      U  ffancoife ,a  U  mode  ,  s  la  renveffe ,  i  Fimprovtfle, 
à  la  traveife ,  &cc.  Hotzcc^i  dit  ad  plénum  fo^X 
plenè  ,  pleinement ,  abondament  ,  à  plein  : 
i;i.pae.7.  nuuàit  ad  plenm.  On  trouve  ^ufli  «»_  pour  «rfi 
Hor.U.6de  itms  m  prsfens  ininms  :  JoBis  m  altMmmiUbus. 
♦' H«x;.   If  xit  inimménfum  tœcûnda  licéntu  vaturo.r**' 

*«»  cn'âT  '.  j^infi  quand  Saluftc  a  dit  mons  mménsàm  iétus,j 
^'Ù  »--iLfeût  tous-cntenire  mj&  avec  ces  adjeaifspii 
W    '     fous-entcndunmotgcncriquc,wié««w,/f'«- 

L  M  fil  -  •  »«»  ,m'"t^'^  '  •       '•       ■   - 


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fc  I  nyiiii   ■;■ Iinê  iiii    * Aiii»   tM'ii 


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Sens 

CHî 
da 
fiçrdît 
né,  ne 
tel indi 
le  fens  i 
que  ur 
qu'on 
ticuliei 
mes  ne 
croie  c 
c'cft-à- 
un  tel 
ou  qu 
■Au  I 
unob 
fieurs.; 
les  Car 
chines  ; 
tflleli 
\  ;/  On'] 
étroit, 

Vraies 


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\         II. 


•^ 


Sens  DETERMINE*  y  Sens  indexi».mine'. 

î  ■  '  *  4 

CHaque  mot  a  une  certaine  fîgnification 
dans  le  discours  >  autrement  il  ne  figni- 
fiçrc^t  rien  ;  mais  ce  fens ,  quoique  détermi- 
né ,  ne  marque  pas  toujours  précisément  un 
tel  individu ,  un  tel  particulier  v  ainfî  on  apè- 
le  fms  indétermini  ,  bu  jw</é^7«,,  celui  qui  mar- 
que une  idée  vague,  une  pensée  générale^ 
quon  ne  fait  point  tomber  fur  un  objet  par- 
ticulier >  par  exemple:  on  croit  y  on  dits  ces  ter- 
mes ne  défignent  pcrfone  en  particulier  qui 
croie  ou  qui  dij:  :  c'eft  le  fens  indéterminé , 
c'cft-à-dire,  que  ces  mots  ne  marquent  point 
un  tel  particulier  de  qui  Fon  dise  qu*/ croir,  . 
ou  c^Hldit. 

"Ail  contraire ,  le  fens  déterminé  tombe  fur 
un-  objet  particulier  >  il  défignc  ijpc  ou  plii-;  '     f 
fieurs.pcrsone$,uncouplufîeurs»cnofes;come,       ,"<  ;  ' 
Us  Cartéfieni  croient  que  les  animaux  font  ^desma^ 
xhines  :  Qcéron  dit  d^ns  fes  Offices  y  qui  là  bonefoi  t.  i;n.  ^4: 
^leUen  éeJaJbcLèté.  /.       ^        ,      v  alùcrxxi^ 

On  peut  raporter  ici  \c  fins  étendu  &  ïcfens 
étroit.  Il  y  a  bien  des  propofition^  dui  font 
yraies  dané^  un  feq^  çtcndu;/atè,ôt^  feùfics  lors^       "    '  y  C; 


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«ii-le»  «KM  «n  foot  pti»  à  lajr^eut^ .     , 
S'en  doheton»  des  exemptes  en  parlant 

du  foB  litital.  •    '  ' 


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.    .  -ni.  ■  ■  ■  • 

SiNs  Actif,  Sw$ IPassif , Sems Neutks. 

ACi^  vient  de  ^«e ,  pooficr ,  agir  »  «»«• 
Un  mot  eft  pris  dans  un  fa»  attit, 

quand U  marque  que  l'objet  qu'il  exprimé, 
pu  dont  il  eft  dit ,  ait  une  aOion  ,QU  qu  a  a 

on  fcntinwnt ,  une  fiaiCttion.  .       * 

-  U  &«t  icmarquer  qu'il  y  a  des  aOions  K 
des  fcndmens  qui  paflènt  fur  un  objet  qui  en 
eft  le  terme.  Lçs  PMlofophesapékntf-^», 

ce  qui  leçmt  laûiçm  rfun  autre  i  ce^J^w  le 
lome  ou  l'objet  du  (eniiment  d'un  autre.  Ain- 

fif«wiiriieveut  pas  dire  iciccluiqui  reflcntde 
la  douleur .;  nuis  ce  qui  eft  le  tenpedrune 
àâion  ou  d  un  fenfinlent.  tiem  *«l  fa^  :  *'* 
*flt  ptis^lans  un  fias  aûif^  puisqu^  marque 
oneaâiôn  que  je  dis  fBC  Pi«^  Ûit ,  «c  cette 
aaiQoaJ»at»l  pour  objçt  ou  pbttf  patient. 

'^  i  aaiiF,  «4'^**'  ^P^<^^^ 
éoteft  pris  diuô'an  feh*  pî«ffifr<r»»n* 


;//,,( 


fl  _^ 


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"".  ».' 


*  f. 


-j' ./. 


gpdâcqu 
ou  ce  de 
tient  de 
fimt  il 

îaul  qu 

Je  ne  1 

,     te 

Bâtant  c 

'.  Il  y  î 
propric 
tuation 
n'ont  p 
le  tcrn 
JJeutre' 
ni  aâif 
une  ^Q 
c'cft-à-4 

dont  c 
vctbe , 
conscc 

mitic , 

lui  pc 
besps 
neutr 
âufli 


W-...^-:-." 


■HBSÉBOÉtafa 


î  '"f  "jj:'U„.li 


...«,  ,..t,.;g 


Aïs 


mA 


|:^P"««-' — 


SENS  ACriFiéc.      %t^ 

U  inacquc,  qiie  le  fujct  de  la  propofidon , 
ou  ce  dont  on  parle  eft  le  terme  ou  le  par 
tient  de  Tadion  dun  autre  :  Faul  efibatu  péor 
fiem  ;  hatu  eft  un  terme  paf&f  :  je  juge  de 
îaul  qu'il  eft  le  terme  de  ladlion  de  batre. 

Je  ne  fuis  point  bataiit,  de  peur  d'être  batu. 

■•^       ■         .  ^^  -A-  '^ 

Bâtant  eft  aOif ,  &  batu  eft  paflîf. 

II  y  a  des  mots  qui  marquent  de  fimples 
propriétés  ou  manières  dette  ,  de  Cmpks  fi- 
tuations  ,  ôc  même  des  adions ,  mais  qui 
n'ont  point  de  patient  ou  d'objet  qui  en  foit 
le  terme  >  c'eft  ce  qu'on  apèlc  Icfens  neitift. 
Neutre  veut  dire  ni  tm  ni  l'antre  ,  c'eft-à-dirc  , 
ni  aâif  ni  pafïïf.  Un  verbe  qui  ne  marque  ni 
une  aftion  qui  ait  un  patient ,  ni  une  paflion, 
c'eft-à-dire ,  qui  ne  marque  pas  que  l'objet 
dont  on  parle  foit  le  terme  d'une  adion ,  ce 
verbe ,  dis-je ,  n'eft  ni  aûif  ni  paffif  >  de  par 
conséquent  il  eft  apelé  neufrc,^ 
\^Amàre ,  aimer ,  chérir  >  dilï^ert ,  avoir  de  Ta- 
mitié,  de  Tafcdion,  font  des  verbes aétifi. 
Amâri^  être  aimé,  ctré  chéri  ;  <^/ifji,  être  ce- 
lui pour  qui  Ton  a  de  r;^mitié,  font  des  ver- 
bes pàflîB  ;  mais  y^i^ir,  être  aifis,cft  un  verbe 
neutre  i  «n^érr^  être  at^p|^ 
duûSi  un  verbe__ _ 

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HoVAtt 
cocs  imag] 


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rtïg    .     SÉlfS    ÀcriT, 

<  Souvent  \qs  verbes  adifs  fc  prëncnt  dan^ 
un  fens  neutre  ,  &  quelquefois  les  ver-  ' 
bes  nci|^rcs  fe  prènent  dans  un  fenis  a£tif: 
itrire  ftne  lettre  eft  un  féns  aétif  j  mais  quand 
on  demande,  ^e  fait  Monfieur)  &:^quon  ré- 
pond, //  écnt  y  il  dort  y  il  chante  ,  il  danfe  ;  tous 
ces  verbes  là  font  pris  alors  dans  un  fens  neu- 
tre. Quand  Virgile  dit  que  Turnus  entra 
dans  un  emportement  que  rien  ne  put  apai- 
fer ,  implaicâbilis  ardet  ;  ardet  eft  alors  un  verbe 
neutre  :  Mais  quand  le  même  Poète ,  pour 
dire  que  Coridon  aimoit  Alexis  éperdu  ment, 
|c.  i.T.  I.  fe  feçtde  cette  expreffion ,  Côridon  ardébat  Aie- 
xin  ,  alors  ardébat  eft  pris  dans  un  fens  actif  ^^ 
quoiqu'on  puiflc  dire  auilî  ardébat  x«t«  Alixin\ 
bruloitpour  Alem  . 

Rèqidéfcere^  |e  reposer,  être  oifîf-,  être  en 
repos ,  eft  un  verbe  neutre.  Virgile  la  pris 
dans  un  fensadif  lorsquil  adit: 

Et  mvitâca  fuos  rcquicrunt  fliîmîna  curfus  : 

'■  ■     y      .  ,  '•■■..• 

JLes  fleuves  changés ,  c*eft-à-dire ,  contre  leur 
ufagc ,  contre  leur  nature ,  arecèrent  le  cours 
de  leurs  eaux ,  retinuérunt  fuos  curjfus»  1^  . 

Simon- dans  TAndriène  rapcle  à  Sofie  les 
bienfaits  dont  il  la  comble  :  »»  Me  remettre 
«aiiifi  vos.  bienfaits  devant  les  yeux ,  lui.  ^j|^^ 


•S 

>  Sofie , 

bliés.  Ifli 

mémoris  i 

tre  eux  \ 

pas  pou 

dre  dans 

fif>  Mac 

explique 

mérnoris , 

exproLrâi 

bienfait 

Selon  c 

dire  cél 

adifs  i 

oiibàé  , 

par  rap 

Maiî 

inifnemQ 

ilanslan 

un  biei 

moire, 

bienfài 

unem; 

fouvei 

piemor 

dansl( 

|^iên»n< 


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Fi»&'a«»liw«— ■ 


SEtJS  TASSIF.ére.       iif 
.^  Sofîc  y  c  eft  me  reprocher  que  je  les  ai  om^ 
blJés.  Jjïa^c  commemorâtio  ,  quàft  exprobrâtio  efl  ^J^^'^^ç^  . 
tnémoris  ber^eftcii.  Les  interprètes  d  acord  en-  v.  ly, 
tre  eux  pour  le  fonds  de  la  penfée ,  ne  le  font 
pas  pour  le  fens  (X'mmémons  :  fe  doit- il  pren- 
dre dans  un  fens  aclif ,  ou  dans  un  fens  paf-  ^  „ 
fif}  Madanlie  Dacicr  dit  que  ce  mot  peut  être 
expliqué  des  deux  manières:eA"^roArir/o  mei  im-^ 
mcrnoris ,  &:  jalors  immcmoris  eft  actif  5  ou  bien, 
€xprolràtio  beneficii  immémoris  ^  le  reproche  dun 
bienfait  oubUéià:  alors  wTwtiwor/j  eft  paftîf. 
Selon  cette  explication ,  quand  mmemor  veut 
dire  celui  qui  oublie^  il  eft  pris  dans  un  fens 
a^if;  au  lieu  que  quand  il  (îgnifie  ce  qui  efi 
oublié  ,  il  eft  dans  ujn  fens  paflif ,  du,'  moins 
par  rapprt.  à  notre  manière  de  traduire. 

Maiî  ne  pouroit-on  pas  ajouter  qu'en  latin 
immema^  veut  dire  fouvent  qui  n  efi  pas  demeuré 
4ians  la  mérnoire }  TsLcitc  a  dit  immemopbefieficiumy 
un  bienfait  qu*i  n'eft  pas  demeure  dans  la  me-    ' 
moire ,  ou  félon  notre  manière  de  parler ,  un 
bienfait  oublié.   Horace  "^  a  dit  memor  nota ,  "*  Horace,  !• 
une  marque  qui  dure  long-tems  ,  qui  fait  ref-  ^'  ^'^-  ^^• 
fouvenir.  Virgile  ^^  a  difdans  le  même  fens  **>tn.ia. 
piemor  ira ,  une  colère  qui^demcute  long-tems  ^*  ^' 
dans  le  cœur ,  ainfi  immémoris  feroit  dans  un 
ç^l-^.fcns  neutre  en  latin.  . 


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c.  %.  V.  II. 
**  Piaut.. 
Xad.  aâ.»« 


^/ife  Mwfieur^  JljùiteifoiierM  pris  alô» 
^fans  un  fens  ncutit  :  mais  quand  on  dit ,  il 
t^^^p^jeft*  U  }êue  eft  pris  dans  un  fens  àâif, 
êCgnsjeMeàlctceimtdeUiouf. 

PanfircSt  un  verbe  neutre  î  mais  dan, 
^ntmntty  danfer  tm  menuet  i  danfertSk  alori 

Les  Latins  ont  fait  le  même  ufagc  M  fat- 
tin  qui  répond  à  danfer.  «aluftc  a  dit  de  ^m- 
pronia  qu*elfcriàvoit  mieux  chanter  &  dan-^ 
fci:  qu'une  honète  femme  ne  doit  le  lavoir, 
FfiJien  &faltàre  ekgânttus,  qmannecélfe  eft  proba: 
(  fupplc  )  doBa  trot  *«t«*  pfâUere  &  fakâre  ifal- 
tin  eft  pris  alors  dans  un  fens  neutre  :  mais 
iorsqu;Horace  a  dit  Sakàre  Cyclipa ,  danfer  le 
CyclopeîMiir  èft  pris  alors  dans  un  fens  aftif* 
»  Les  Grecs  &  les  Latins ,  dit  Monfieur  Da- 
»  Cicr ,  ont  dit  danfer  U  Cyciope,  danfer  Glamus^ 
mémfer  GMmbie,  Léda ,  Enrape,  &:c ,  c*eft-à- 
dire ,  rcpréfenter  en  danlant  4&  avantures  du 
Cyclcm ,  de  Glaucus ,  &c. 

Le  înème  poète  a  d^t  t  f&fmsébrîns  IHimam 
eéirmk,  le  comédien  Fufius  en  reprcfentant 
Ilione  endormie ,  s'endort  lui-même  corne  un 
home  ivre  qui  cuve  fon  vin.  Tcrcnce  a  dit  * 
iéermfcam  bcevUU.fC  cuverai  teon  vin  :  & 
Plaute,  ^^^rmfcamtmc  cripnUmf  &  dans 


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>  •    > 


SI 

diOl  TAn 

f0mn9im^ct 

Vl^usvoy 

idâmifien 

Çettfr^r 

de  parler! 

pcènenta 

marquem 

te  i  iter  « 

/ce  que.n 

l!adionc 

Hiitkatifî 

desancic 

Sens 

KJ  loi 

enellen 

fedétur  mi 
;  Ugivoce» 

fUmtfs  t  li 

liabent  lu» 
nerU  apud 

ziflet . .. . 
ééSu  te  t 


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M-i». 


Mi^Mk^ArfM. 


daos  rAmphitriot^  il  à^^iijix,f  efhmtfiêi  mmm  Hâ  àmflii 
fimmoB^comt  nop  dxiaai  darmkr  m  fmme,  ^'^\\^^ 
V^is  voyez  que  djins  ces  exemples  e^amkre  àc  ' 
ri»r»wy«fiv  (è  pcàiehtdans  un  feiuad^^ 

Cette^renuMpque  fert  à  expliquer  ces  £içons 
de  parler  itmr^favétftr^(icc ,  ces  verbes  neutres  fe  * 
pcènent  alors  en  latin  dans  un  fens  paflîf,  K 
marquent  que  Tadion  qu'ils  fignifient  eft  fài« 
te  i  ker  itwr  ,  l'aâion  d'alÇr  fe  Eût.  Vbye« 
.  ce  que  .nous  en  ayons  dit  dans  la  '  fy ntaxe  i, 
l^étion  que  le  Verbe  iignilie  fert  alors  de  no^ 
Biittatif  Àu  verbe  même,  t^lon  la  remarque 
des  anciens  Gramniairiens.  "^^ 

•     IV 
Sens  absolu,  Siks  s.ilatif. 

UN  niot  eft  pris  dans  un  fens  abfolu; 
lorsqu'il e)cprime  unecholè  confidérée 
en  elle  même  fans  aucun  raport  à  une  autre. 

•*  TTt  eérrttmrJk*mt  »  pro  eurré ;  fd  fiatmr  à  ##,  pre  ^Mis  ' 
ffiitur  mk  HU ,  fto  f$dit  ilU  f  in  ets  poteft  ipCi  m  lutélm 
ligt  rocejM(tifa|  ac  eértitmfemrfiitf^êUstmr  IglMk,  Frit" 
tiÀmtft ,  hb.  XTii.  c  <ié  Pron6iiununi  conftru^i^ne. 

S#  Vêfmi  fittpimê  m  et»  termes  >  fcrha  accuMiraa 
lubent  (îur  oriffints  vtflcogniur  fignificaa6iii .  :  pn6ru  g^ 
oeris  apud^TereiKiiim  flft  /«i«rf  Imdtml  Mmm,  aâ.  3.  Te. 
f»  ▼•.39'  A^d  Mir6nein  fârer*  fmr4r^m.  Mm.  L  11..  ▼• 
éêo*  Dpnitus  i\rchai«aauai  vocac ,  nullrm  Atticlsmuni  di* 
xiflèt  •  .^ . .  •  .  Jfiui  de  locutos  conftac  ';  non  eos  modâ  qui 
ééBtà  Se  dbioléta  aniam  ,  fcd  6pcifnos  quo  .que  Sprimi  xii 
fGtift6n$,  Ace   Vùjpm    de  Conilru^i;6ne,  pag.  40^. 


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*dfMtm  /qui  veut  dire  ach6l 

,  -^vf "rr  >  ^  ^^  detiKUide  rien  davântft- 

>  i»^e]^t>Ie^  quand  je  dis  qucUfoleilefi 

kmimèitj^ ,  Cette  txpreifion  cft  éatïsun  fcns  abi 

ioW»  cd(ài  à  qui  je  |jar|e  n'atcnd  rien  de  plus, 

-ps/t  raport  au  fens  de  cette  phraie. 

ais  fi  je  difois  que  le  fateUeffj^usgi'andque 
jis  urn ,  aJor$  jcjïotifidcrerois  k  foleil  par  ra- 
port  à  Ja  terre,  ce  (croit  un  fens  relatif  ou  rcf- 
pààif.  Le  fens  relatif  ou  refpcOif  cft  donc 
lorsqu'on  parle  d'une  chofc  par  rapori  à  quel- 
qu'autrç  :  c  cft  pour  ccl^  que  ce  fcns  s'apèlc 
uSi nfpcSif^  du  latin  rtfpπere\  regarder;  par- 
que lachofeMoht  on  parle, en rrgarde, 
ur  ainfî  dire , j^ne  autre  >  elle  en  rapèlcTi* 
dce";  elle  y  a  du  report  y.elle  s'y  raporte  »  dd^ 
vient  relatif ^dc  refèm  raportcf:.  Il  y  a  des  mots 
îélatifiy  tels  que  féi^  y  fils ,  époux  ^^ç  >\nou$ 
ep  avons  parle  ailleui5.         \        | 

ip^iinwiwmiiinnpifimm  mut ^ 

V..-. 
Sens  comïctif,S*n$  Dis-imiBUTi 

GOÛeSifvïtntda  latin  co/%rr  y  qui  veut^ 
dire  ncHeilkr,  affèmhUr.  Diflritihtf  Vient  de 
ifiribien ,  qui  veut  c^rc  di/Mêcr ,  forfé^er. 


l^tit  des  f( 
femme  cft 
la  propof] 
tif ,  c  cft-à 
chaque  fc 

Uhome^ 
fcns  colle 

Au  Jicu 
hutïf^ovi 
(ulier. 

il  y  a  de 
dontridi 

liQfêdep 
&rmcnt 
ticuliers  : 


SlK3 

Itya 
qucs. 
fie  des  ch 
dit  plulic 
intérieur 
l'on  Eût  < 


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SENS    COLLE  CriF,&i.  %%M 

llL^  femme  aime  à  farler:<c\3i^^  vrai  crt  par-r 
ïi^nt  des  femmes  en  général  4  ainfi  Iç  mot  de 
femme  eft  pris  là  dans  un  fens  colleûif  ,•  mais 
la  propofîtion  eft  fàuflc  dans  le  fens  djftribur 
tif ,  ccft-à-dirc ,  que  cela,  n*eft  point  vrai,  4c 
chaque  femmech  particulier. 

L*home  çfl  fujet  à  la  mort  5  cela  cft  vrai  dans  le 
ifcns  colledif ,  &  dans  le  fens  diftributîf. 

^^  liai  de  dire  le  fens  coUeêtéfôc  le  feus  difinf 

htif,  on  dit  auffi  le  ferfs  général  &C  le  fens  parti- 
culier*  . 

11  y  adesmbts^uifont  collcaifs^ceft-à-dire, 
dont  ridft  rcpréfcnte  un  tout  en  tant  quç  com- 
pofé  de  parties  aduêfemcnt  fcparces ,  &:  qui 
Arment  autant  d'unités  ou  d'individus  pai> 
ticulicrs  :  tels  font  am^ey  république  y  régiment.' 


.    ,         ■      •         VI.:-  •■■.•■ 

SlK3  ÉQUirOQJJE,  SeN'S  LCrjUCHE. 

It  y  a  des  mots  &:  des  prôpofitions  équivo- 
ques. Un  mot  eft  équivoqu(B,lQrsqu'il  figni- 
fie  des  chofes  difctfcntesîcome  <:/bcr«r,aflcmbléc 
4fe  plufieur![pcrfones  qui  chantenc5«r«r,partic 
intérieure  des  animaux  ;^tfii»/ ,  table  ftir  quoi- 
.l'on  âil  des  Ciciificcs  aux  Dieux  i  èW,  grai|* 


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ibrcé;ic  4. 


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m%  ^ÉNS:  E^V  iy0  9VÊ 
et  jxmCon.  Ces  mots  font  équivoques ,  <!ij 
moins  dans  U  pro^nciation.  Lhn  ,  nom 
tfunanimals  Z ion ^ nom cTune  conftelUtiony 
(fan  figne  célcfte  i  Lum^  nom  d'une  yile« 
£«iii,  foric  de  fhiit  y  coin  ,ànglo,  endroits  cwny 
inftrument,  avec  quoi  Ton  marque  les  mo* 
noie$;&^  médailles  *,  coin  y  inftrument  qui 
iêrt  à  fenâre  du  bois  •  Coin  eft  encore  un  ter* 
me  de  manège,  &:c. 

De  quelk  largue  vouUXfVOHs  Vous  fervir  avec 
mei  >  dit  le  doûcur  Pancrace,  parlant  à 
Sgànarèlè^  fie  la  langue  qu^  jfai  dans  ma  bouche^ 
répond  Sganarèle  :  où  vous  voyez  que  par 
Jangue  Pùn  entend  langage  ,  idiome  iôç  Tautre 
entend /come  il  le  dit,  la  langue  que  nous 
avons  dans  Ja  boUéhe. 

Dans  la  fuite  d'un  raisonemént,  on  doit 
toujoàrs  prendre  un  mot  dans  le  même  fcns 
qu'on  Va  pris  d'abord  >  autrement  on  ne  rai- 
fooeroit  pas  iufte  j  parce  que  ce  feroit  ne  dire 
qu'une  mèriïe  chofe  de  deux  chofes  diféren- 
tes  :  car ,  quoique  les  termes  équivoques  fc 
leflëmblent  qualit  au  fon ,  ilslîîgnifient  pour- 
tant des  idéc$  difcrentcsî  te  qui  cft  vrai  de 
l'une  n'cft  doôc  pas  to^jou^s  vrai  defautre. 
Une  propofitiori  cft  équivoque ,  quand  le 
fujct  ou  J'atribut  prcfcnte  deux  fens  à  rcfpntî 


otiqt 
xapori 
c'cft  < 
s'acou 
Il  y 
louche 
ic  rapi 
daqt  il 
dans  Cl 
xncriiei 

T 

l-J 

Se 

£e  Diei 
dcïM 
qncle 
on  coni 
Dieu  dut 

feiaifei 
ToutI 

ghificr 

dcûxn 

louche. 

vent  En 


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SENS  LOUCHE.    -     it% 

OUI  quand  il  y  a  Quelque  terme  qui  peut  Ce 
laporter  ou  à  ce  qui  prçccde,  ouà  ce  qui  fuitr 
c'cff  ce  qu'il  faut  éviter  avec  foin, afin  de 
s'acoutumer  à  des  idées  précifes. 

Il  y  a  des  mots  qui  ont  uiie  coBftniîlion 
louche ,  ccft  lorsqu'un  mot  paroit  d'abord 
le  râporter  à  ce  qui  précède  &  qi^çcpeii»; 
daqt  il  fc  raportc  à  ce  qui  fuit  :  par  exemple; 
dans  cette/  chahson  &  conue  ,  d  un  de  o6t 
meilleurs  opéra, 

.     Tu  fais  chatmcr, 

■-■■■■  ■   „  •       '■  '  "  /      .■ 

Tu  fais  dcsacmçr , 

'  *  * 

Le  Dieu  de  la  guerre  ;  * 

LeDicu  du  toncrrc 
Se  laide  cnflamcr. 

£e  Dkn  du  ten^ne  paroit  d  abord  être  le  terme . 
dcl'tdUon  de  charmer  dc  de  désarmer^  aufïïrbiçn 
que  le  Dieu  de  la  guerre  :  cependant/ quand 
on  continue  à  lire ,  on  voit  aisément  que  le 
Dieudutonerre  eft  le  nominatif  ou  le  fujetde 
fe  laijfe  enftamer.       '  ,    • 

Toute  çpnftrudion  syribiguc ,  qui  peut  fi- 
ghificr  deux  chofesea  même  tch^s ,  ou  avoir 
deux  raports  diferens ,  eft  apelée  èqmvoque^Ga 
louche.  Louche  eft  une  forte  d  équivoque,  fou- 
vent  &cile  à  démçlcr.  LQuchctSi  ici  uii  ccrmc 


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v^  liictaphoriquc  :  car  corne  les  perfoijcs  lou-»  ^ 
chcs  paroiflènt  regarder  d'un  côté  pendant 
y^  <Jut'c|les  re;^rdent  d'uR  autre ,  de  même  dins 
les  conftrudions  loiiches ,  les  mots  femBIcnt 
avoir  un  ^certain^raport ,  pjjndàlîr  qulls  en 
ont  un  autre;  maisquand  onne  voit  pas 
aisément  quel  raport  on  doit  ItuV  doncr  ,  on 
die  alors  qu'une  propofitioh.  cft  équivoque , 
:  plutôt  que,de  dire  (implement  qu  elle  cft  lou- 

chç.  : 

Les  pronoms  d<î  la  troifième  persorte  font 

foùvent  d^s  icns  équivoques  ou  louches,  fur^  - 

"  toiat  quar(d  ils  ne  fe  raporrent  p^s^u  fujct  de 

la  propofition  :  Je  pourois  en  raporter  un 

grand  nombre  d  exemples  de  nos  meilleurs 

auteurs ,  je  me  contenterai  de  celui-ci  : 

Table  gé-     '  *  François  I.  érigea  Vendôme  en  Duché- 

î'*^^f  ^1 1>  Pairie  en  faveur  de  Charles  de  Bourbon?  &: 

des  Rois  de  >  ' 

ïranccdc  .»  H  le  mena  avec  lui  à  la  conquête  du  duché 
»de  Milan,  où  i/fe  comporta  vaillament. 
»  Quand  ce  Prince  eut  été  pris  à  Pavie ,  il  ne 
»  voulut  pas  accepter  la  régence  qu  on  lui 
•)  proposoit  :  il  fut  déclaré  chef  dû  conseil ,  il 
»  continua  de  travailler  pour  la  liberté  du 
.»  Roi  ;  ôc  quand  //  fut  délivré,  il  ^j^tntinua  à 
»  le  bicnfcrvir.  .  '     .      . 


la  oiaifon 
k>ii. 


( 


Il  n'y  à  que  ceux  qui  font  déjà  au  fait  de 

l'hilïoirc 


rhifïi 
portî 

cesp 

de  ic 
aper^ 

Jifent 
en  la 

Qui 

dont 
on  le 
de  ce 
fouve 

L'amb 

•  t'Ac 
voit  c 

L*aino 

Enéf( 

marqi 

.pas  fe 

cft  dar 

autrcn 

ion  in 

ment 

:  Onn 


y 


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SENS  LOUCHE.  ii\ 
ihiftoirc qui  puifîcnt  dcmêlpr  les  divers  ra- 
ports  de  ce  Pm'ceôc  de  tous  ces  il.Jc  g^is,qu  en  - 
ces  Qcalions  il  vautmieux  répéter  le  Tnot,que 
de  Te  feryir  d'un  pronom  dont  lé  rapprt  n  eft 
aperçu  que  par  ceu<  qui  Ta  vent'  déjà  ce  qu'ils 
lifent.  On  évitoit  taciiemeiirces  icns  louches 
en  latin ,  paiJes  usages  diiérens  de  fuks ,  f/«x, 
hic  :,  ille  ^^is^  ifte.  ■        / 

C^elquefbi?,  pour  abréger,  on  fc  contente 
de  iaire  une  propolit^on  de  deux  membres  *  . 

dont  l'un  eft  négatif  &:l\utre  aiirmatif,  &: 
on  les  joint  par  une  coiiîondion  :  cette  forte» 
de  conûruclion  n  eft  pas.  régulière ,  &  fait 
fouveijt  des  équivoques  )  par  exemplcf' 

L'amour  n'^cft  qu'un  plaifir,  &  l'honeur  un  devoir,   Prrm.  i^\^^ 

.t'Académie  *  a  remarqué  que  Corneille  de-  \  \[^%  ^^' 

Voit  dire  r  *  Scnrimen 

.  t»t  i'Acarlé- 

L'amour  n'cft  qu'un  plaihr,  1-honcurcft  un  devoir,  mi^iuric 

En  éfét, ces  mots  «-(^^«e,  du  premier  membre, 
marquent  une  négation  ,  ainfi  ils  ne  peuvent 
.  pas  fe  cotiftruire  encore  aVec  m  devoir ,  qui 
cft  dans  un  fciis  afijrmarif  au  fécond  membre; 
autrement  il  fcmblieroit  que  Corneilie,contre 
fon  intention  ,  eut  voulu  mcprilcr  égale- 
ment lamour &:  rtioncur. 
;  Onncûuroit  aportcx  trop  d*atcntion  pour 


Cid.. 


\ . 


•    »-  9 — r 


^ 


l 


■ 


A 


î 


éviter  tous  ces  défauts  :  on  ne  doit  cçxixc  que 
Jx)ur  ]fc  faire  entendre  5  Ja  nètetcd:  Ja  p^cci- 
iîon  (ont  Ja  fin  &  le  fondement  de  Tart  de 
parler  &:  décrire. 

.>■:■  •  VIL     '; 

Vn.S   JEUX  DE  MOTS  ET  DE  LA    PaRONOMASE. 

L'ocafïon  des  équivoques, je  vais  m'arc-^ 
ter  un  moment  fur  les  jeux  demots  :  il  y 
•  en  a  de  deux  fortes. 

1.  Il  y  a  des  jeux  de  mots  qui  ne.confîflent 
que- dans  une  équivoque  ou  dansuneallulion: 
j'en  ai  .parlé  dans  lallufion  ,  &  jen  ai  doné 
àts  exemples.  Les  bons  mots  qui;  n'ont  dau- 

'  tte  fel  que  celui  qu'ils  tirent  d'une  équivoque, 
ou  d  unQ  alluiion  fide  &  puérile ,  ne  font  pas 
'     du  goût  dej}  gens  fénsés  i  parce  que  ces  mots 
'^     là  n'ont  rien  de  vrai  ni  de  folide., 

2.  Il  y  a  des  mots  dont  la  fignifîcation  eft 
difeiente,  &:  dont  le  fon  ell  presque  le  même; 
ce  raportqui  fe  trouve  entre  le  fon  des  deux 
mot^/ait  uneefpèee  de  jeu,  dont  les  Rhéteurs 

,  jûT-  ont  lait  u'ne  figure  qu 'ils apèlentParonomafe; 
a  :  •»o^« ,  par  exemple  ,  amantes  funt  amentes ,  les  arnans 
nominitio,  font  dcs  infensés  :  le  jeu  qui  eft'dansle  latin 
jeu  d€       ûe  fe  retrouve' pas  dans  le  firançois. 

Aux  fiinérailles  de  Marguerite  d'Auttiche^ 


r««.' 


mo^ti» 


quî  m< 
dont  \i 
iourat 

Pour 
qui  fe  ( 
peint  u 
qucjTa 

dans  pi 
indéper 
jobfe 
gures  qi 
Tïons  d( 
c:eft  qu 

d'une  p( 

dont  la 

pclcfim 

finifîcnt 
ne  péric 
une  te 
lîance  d 
quand  ^ 
Ces  dei 
Jâ  mêi 

ter  les  )i 


^ 


/  .■ 


DES  'JÉVX  :         iif      * 

qui  mourût  çn  couche,. on  fit  une  devife  Emrctiettt 
dont  le  cofps  étoit  une  aurore  quiaportc  le  Ic*^'^, 
jour  au  monde,  avec  ces  paroles ,  Dum  pàrio^  lE^ui 
piira ,  je  péris  eh  .donant  le  jour. 

Pour  marquer  rhumilitc  d'un  home  de  bieti^ 
qui  fe  cache  en  fefant  de  bones  œuvres,  on 
peint  un  ver  à  foie  qui  s*enfermç  dans  fa  co-. 
que  jTame  de  cette  devife  eft  un  jeu  de  motss  ' 
cpcritur  dum  operâtur.  Dans  ces  exemples  ÔC 
.dans  pluficurs  autres  pareils,  le  fcns  fubfiftô  , 
indépcndan^nt  des  mots.  ;. 

J  obferverai  à  cette  ocafion  deu?c  autres  fi- 
gures qui  ont  du  rapôrt  à  celle  dont  nous  ve- 
nons de  parler:  lune  s*apck fimiliter cadcns ^ 
c'eft  quatîd  les  diférens  membres  ou  incifes 
d  une  période  finiflent  par  des  cas  ou  des  tems 
dont  la  tqrrpinaifon  eft  femblable  :  l'autre  s'a- 
pclc  fmïUter  dtftnen^ ,  c'eft  lorsque  les  mots  qui 
finilTènt  les  diférens  membres  ou  incifes  d'u- 
ne période  ont  la  même  terminaifon,  mais      , 
une    tcrminç^ifon  jqui  n'eft  point  une  défi, 
nance  de  cas ,  de  tcms,ou  de  persone  ,  come 
quand  pn  dit  fâcert  fôrtitcr ,  &  vïvcre  tirpiter. 
Ces  deux  dernières  figures  font  proprement 
Ja  même)  on  en  trouve  uii  grand  nombre    , 
.  d'exemples  dans  S.  Auguftin.  On  doit  évi- 
ter les  Jeux  de  mots  qui  fofit  vides  de  fens  ; 

.       Pi) 


1 


*  «- 


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».• 


.     .-I* 


^i8    ^     T>E   MOTS  ért. 
maisqu;ind  le  fcnsfubCftc  indcpcndamcnt  du 
•  jeu  de  mots,ils  ne  perdent  rien  de  leifr  mérite. 

■.'  ■  /. .    ,^  VI  II.  ■  ■         '••- 

*    •  1,  ^ — — .^-  *  • 

..     Se N  s    C  O M  P  o  s  E* ,    S  E  >KS    D  I  V  I  s  1. 

QUand  ItEvangile  dit  les  aveugles  voient 
Us  boiteux  marchent  >  ces  ^çrniçs  les  aveu- 
.  gics  -,  les  ^.boiteux  /  fcprcnent  èir  c^e-  ota-' 

fxpn  dans  le  fens  diviic ,  ô'eft-à-dke ,  que  ce 
mottf've'Ai^/fj  fe  dit  là  dé  ccuk*qùi  étoient  aveu- 
gles &  qui  ne  le  font  ^pkis  >  ils  fpnt  divisés  * 
pour  ain(î  dire,  de  leur -aveuglement ,  cat  le^ 
aveugles  en  tant  qu'aveugles ,  ce  qui  Xeroit 
le  fens  composé  ,  ne  vçient  pas.    / 

L*Evangiie  parle  d'un  certain  Simon  apêlç . 
le  lépreux ,  parce  quilj  avoit  çté ,  c  eft  le  fens 
divisé.  ^  *   '  .  • 

AinfV,  quand  S.  Paul  a  dit  que  les  ido- 
lâtres n'entreront  pas  dans  le  royaume,  des- 
cieux,  il  a  parlé  des  idolâtres  dans  le  fens. 
confipofe  ,^  c  eft-à-dire  ,  de  ceux  q^i  demeu- 
reront daqs  Tidolatrie:  Lés  idolâtres  entant 
qu  idolâtres  n  entreront  pas  dans  le  rbyai^c 
des  cieu5h-c!cft^le  fens  composé  >  mais  ïesTido- 
Utres  qui  auront  qiiité  Tidolatric  ^  qui  au- 


V.  6. 


4.Çor.  c.  €. 


ront  k. 

yaumei 

•    .Apeli 

tableau 

nier  cen 

tabfeau 

-^  a  voit  bl 

nieraïii 

. les  lui  c 

que  de  J 

verbe  ne 

La  réc 

nicr,-étc 

'cordon  i 

.  ger  que 

ce  cord( 

point  et 

donier  : 

fens  cor 

îàit  &: 

conoida 

JU^C  COI 

alors  ci-i 
métier  4. 
.  Ovide 
que  tint^ 
i,      temcle^lt 


^ 


/ 


^ 


^"m 


SENS  COMPOSE',  21^ 
ront  feit  pénitence V  entreront  dans  le  ro- 
yaume des  cieux  :  c  cft  le  (cns  divise. 

.Apelles  aîant  exposé,  félon  Ta  coutume,uii 
tableau  à  la  critique  du  public  ,  un  cordo- 
nier  cenfura  la  chaufruie  d'une  figure  dz  ce 
tableau  .-  Apelles  réforma  ce  que  le  cordonièr 
-^avoit  blâmé  :  mais  le  l'end 'main  1;^  cordo- 
nier  aïânt  trou\  e  à  rcdiriz  à  une  jambe,  Apel- 
Jes  lui  dit  qu'un  cordonicrnc  devoit  juger 
que  de  la  clin u (Turc;  d'où  cH:  venu  le  pro- 
verbe nefutor  u'.tr ;  cr'pidam.    fupple  ,  jûriai. 

La  récusition  qu  Apcllcs  fit  xb  ce  cordo- 
nicr,-ctoit  plus  piquante  oit:  rc'\iforaMe  :  ua 
'cordonier,  en  mt  que  cordo  ii^r ,  ne  do't  '  > 
.  ger  qu^  de  ce  qui  efl:  de  Co^^  m  3tfer  ;  m  ii< ,  fî  • 
ce  cordon ier  a  d'autres  kimiérA,  il  ne  doit 
point  être  récusé,  par  c:h  frjlqu'il  eftcorr 
donier  :  Entant  quecordoiirr,  ce  qui  efl  le 
fens  composé  ,"  il  juge  (i  un  foulicr  ed  bien 
?àit  &c  bien  peint  ;  &:  entant  qu'if  a  des 
conoidances  fupérieures  à  fon  métier,  il  eft 
ju^e  compcraht  fur  d'autres  points-,  il  juge 
alors  dins  le  fens  divisé ,  par  raport  à  fon 
métier  Je. cordonier. 

.    Ovide  parlant  du  fàcrifice  d'iphigénie  ,dit 
que  tinùrèt  ,\)ulllc  -triompha  de  la  tendrejfc  pu;-  • 
tcmUe  ^  le  Roi  vainquit  k  père  : 

riij 


4^ 


v. 


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V_-^ 


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; 


V-.- 


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Ovid.  Met. 


\ 


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_.    • 


SENS    BIVISP.  j       . 

:     .    .    .    .   Poftqqitm  piçtâcf  m  pûblica  cuifà 
Rcxqnç  patrcm  vidt.  .      /   '  - 

Ces  dernières  paroles  font  éàXid  un  iens 
<li visé  :'  A  gamcmnon  fe  regardant  corne 
Roi ,  étoufe  Jçs  fcntimcns  qu  il  xfSttit  corne 
pire./    .-.^     ^  '    j 

pans  le  (chs  composé  ,  un  rpot  conserve 
Ùl  fignification  à  tous  égards ,  éc  cette  fîgni- 
fication  entre  dans  la  compontion  du  fens  de 
toute  la  phrafe  5  au  lieu  que  dans  le  fens  di- 
vise, ce  n*eft  qu'en  un  certain  fens ,  &:  avec 
reftri^ion ,  qu  un  mot  conferve  fon  ancienc 
fignification  :  Les  ayeugles  voient^  c*eft'à<lirc, 
ceux  qui  ont  été  aveugles.  t 

■'       IX.  .  ■. 
Sens  Literal,Sens  Spirituel. 

LE  feus  litèral  eft  celui  que  les  mots  exci- 
tent d'abord  dans  Tesprit  de  ceux   qui 
entendent  une  langue  ;  ceft  le  fens  qui  fe 
présente  namrèlement  à  lesprit.   Entendre 
Augufi.  — une  exprcffion  Utéralcment  ^  c*eft  la  pren- 
Uh!'z^\^'x.  drçiau.pié  de  la  lettre,  ^dm  funtfecmdum 
^ïiïff.  III.  ùttcram  accifere  y  id  eft  , non  aliter  tntelltgerc  quàm 


s 

^era/biu 
ficiit  imr 
fipiificant, 
Le  fen\ 
renferme 
fcnslitér 
fiées  par 
prit.  Ail 
blés,  da 
fens  lité 
Joup  §<:  t 
ruilïeau  : 
à  Fagne* 
chez  fin 
dans  ces 
A  deux a 
tre  objet 
les  fôible 
qui  font 
rituel , 
téral. 


Le  fens 
î.  Il  y 
propre  c 
«uci^r , 


u  ' 


•■M*'-', 


,  SENS  LITERAL  érc.    tji 

Aterajbndt  i  ceft  le  fcns  que  les  paroles  figni- 
fient  immédiatement ,  is  quem  verba  immeëi^ 

fignificarU.  '     "     ' 

Ze  fensfpiritHel ,  cft  celui  que  le  fens  litcral 
renferme,  il  éft  ehtç ,  pour  ainfi  dire,  fur  le 
fens iitéralî  ceft  celui  que  les  choses  figni- 
fices  par  le  fens  litériai  font  naitre -dans  Tes-* 
prit.  Ainfî  dans  les  paraboles ,  dans*  les  fa- 
bles,  dans  les  allégories,  il  y  a  d abord  un 
fens  litcral  :  on  dit ,  p^r  exemple  , .  qu'un 
Joup^  un  agneau  vinrent  boire  à  un  même 
ruilïeau  :  que  le  loup  aïant  cherche  querèlc 
à  lagncau,  il  le  dévora»  Si  vous  Vousata- 
chez  (implement  à  la  lettre ,  vous  ne  verrez 
dans  ces  paroles  qu  unefiniple  avanture  arivéc 
k  deuxanimaux:mais  cette  narration  a  un  au- 
tre objet  5  on  a  deflèin  de  vous  faire  voir  que 
les  fôiblcs  font  quelquefois  oprimés  par  ceux 
qui  font  plus  puiffans  5  &*  voilà  le  fensfpi- 
rituel ,  qui  eft  toujours  fonde  fur  le  fens  li- 
tcral. 

Livifion  du  fens  Utérsî» 

Le  fens  lifèral  cft  donc  de  deux  fortes. 
î.  Il  y  a  un  fens  InéraMgoitreux  5  c'eft  le  fens 
propre  d  un  mot ,  c'cft  la  lettre  priïc  à  là  ri- 

'  gueur ,  jînfifiè. 

^  T^    • •  •  • 


I 


c" 


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!*• 


^ 


t  .  •  • 


».  Cor.  3. 

T.  tf. 


jk}*  t>IVISÏON 

af  Là  féconde  espèce  de  fens  litcral  »  c'cft 
celui  que  les  exprcflîons  figurées  dont  nous 
avons  par^é  préfentçnoiaturèlenicnt  à  l'es- 
prit de  ceux  qui  entendent  bien  une  langue , 
^  c'eft  un  fèris  litéral-figHré  5  par  exemple ,  quand 
^h  dit  d*un  politique  qu*i7  sème  à  propos  la  di- 
vifion  entre  {es  propres  énemis'^  fimernc  fe  doit 
'  pas  entendre  à  la  rigueur  feïon  le  fcns  propre, 
,  &:  de  la  même  manière  qu*on  dïtfirmer  du  b-li 
mai^  ce  mot  ne  laifle'pas  d*avoir  un  fens  Ir-^ 
"  téral^,  quieft  un  fens  figure  qui  fe  préfente 
naturèlement  4  Icfprit.La  lettre  ne  doit  pas 
toujours  être  prife  à  la  rigueur,  elle  tue ,  dit 
S.  Paul.  "On  ne  doit  point  exclure  des  ter- 
mes toute  (ïgnification  métaphorique  &:  fi- 
gurée. Il  faut  bien  fe  garder,  dit  S.  Augus-^ 
tin,  ^  de  prendre  à  la  lettre  uae  façon  de 
parler  figurée,^:  c*çft  à  cela  qu'il  faut  apliquer 
ÇC  paflage  de  S.  Paul ,  U  lettre  tue  &  hfpjrit  do- 
nelajvh. 

Il  faut  sataçher  au  fens  que  les  mots  exci- 
tei;it  naturèlement  dans  nôtre  efprit ,  quand 
nous  ne  foraes  point  prévenus,  6c  que  nous 

'*_  In  pnadpiacavéndi^m  dl  ne  fi^ritam  locutioncm  aj 
Ifteram  accipias*;  'Sc  ad  hoc  cnirri  priinct  quot!  ait  Apos- 
tolu^f  Hter»  9ccidit  f/piri/MS  surem  VêVtfieMt,  Jinj^tt/k, 
éc  Ooâr,  Çhriih  L  j .  c.  / ,  t.  1 1  x.  Paniiis  u  S  j .    / 


Ibmes 

voilà  le 

lui-lâ  qi 

auxfctext 

ture  Sa 

Quan 

la  tharue 

prcpottrli 

n  a  pn^  v 

vaillant 

propre  p 

rôles  prc 

que  ceux 

chrétiens 

ne  doive 

doctrine 

là  un  fen 

xes  Autre 
dit ,  ^  d 
qui  nous 
la  main  ( 
il  faut  er 
niére  qu*( 
taphoriq 
doner  let 
drc  fclon 
ks  doive 


^ 


\  I 


I 


i>\ 


DU  S:ENS  LITERAL,      li^    \ 
Ibmes  dans    Tétat  tranquile  de  la  raifon  :  ' 
voilà  le  véritable  fens  litéral-figurc,  c  eft  ce- 
lui-Iâ  quilfeatdoncr  aux  loix,aux  canons, 
auxitextes des  coutumes,  àc  même  à  TE^ri- 
ture  Sainte. 

Quand  J.  C.  a  dit  que  celui  qui  mt  la  main  à  Luc-  c 
la  vharuc  ,  &  qui  regarde  derrière  lui ,  ntfl  point  pro" 
pr-e  pour  le  Royaume  de  Dieu  \  on  v.oit  bien  qu'il 
n  a  pa:^  voulu  dire  qu'un  laboureur  qui  en  tra- 
vaillant tourne  quelquefois  la^  tctc  n'ed  pas 
propre  pour  le  ciel  :  le  vrai  fens  que  ces-  pa- 
roles pré  fentcnt  nature lement  à  lefprit ,  c  eft 
que  ceux  qui  ont  comencé  à  mener  une  vie 
chrétiçne,&:  à»çtre  les  difciplcs  de  Jéfus-Chrift»; 
ne  doivent  pas  changct  de  conduite  ni  de 
dodrinc ,  s'ils  veulent  être  fauves;  c'eft:  donc- 
là  un  fjns  litéral-fi^^ré.  Il  en  eft  de  même  de 
xes  autres  pafliges  de  TEvaJigile  ,  où  J.  C. 
dit,  "*^  de -préfeiîter  la  joue  gauche  à  celui 
qui  nous  a  frâpcs  fur  ki  droite,  **  de  s'aracher 
la  main  ou  l'œil  qui\eît  un  fujet  de  fcahdaleî 
il  faut  entendre  ces*  paroles  de  la  mèmc^  ma- 
nière qu'on  entend  toutes  les  expreftîons  mé, 
taphoriqucs  éc  figurées  :  ce  ne^  fcroit  pas  leur 
doner  leur  véritable  fens,  que  de  les  enten- 
dre félon  le  fens  litéral  prisa  langueur;  el- 
les doivent  être  entendues  félon  la  féconde 


Matt.  c.j. 


V.  39. 
**   ibid. 
xj.  30. 


V 


^iLi^ti^/gt0i^ 


/■ 


% 


•N      # 


/ 


«)4  pIVJSTOÙ^ 

forte  de  fens  litérarqui  réduit  toutes  ces  &• 
\Vçons  de  parier  figurées  à  Içur  jufte  valeur, 
çcft-àrdire,  aufeïîs  qu'elles  avoicnt  dans  Ics- 
prit  de  celui  qui  à  parlé,  &  qu elles  çxcjtent 
dans  rcfprit  de  ceux  qui  entendent  la  langue 
où  lexpreffion  figurée  çft  autorifée  par  lu- 
ûgc.  *  »  Lorsque  nous  donons  au  blé  le  nom 
*  de  Cérhs ,  dit  Cicéron ,  *&  au  vin  le  nom  de 
»  Bacchms ,  nous  nous  fcrvons  d'une  façon  de 
»  parler  ufitée  enLUotrc  langue ,  6c  personc 
»  n'eftafTez  "dépourvu  de  fens  pour  prendre 
jixts  paroles  à  la  rigueur  de  la  lettre. 

On  fe.  fcrt  dans  toutes  les  nations  policées 
de  cçrtaines  exprelîîons  ou  formules  de  poli- 
teflc,  qui  ne  doivent  point  être  prifes  dans  le 
fens  litéral  -  étroit.  JVj  Choneur  de...  Je  vous 
hâife  les  mains  :  Je  fuis  votre  trcs-humble  &  très* 
obéiJIfant  ferpiteur.  Cette  dernière  façon  de  par- 
fer  ,  dont  on  fe  fcrt  "pour  finir  les  lettres ,  n  eft 
jamais  regardée  que  corne  une  formule  de 
politeflp. 

On  dit  de  certaines  persones,c>fKw/ai«  ,cVyl 
une  foie  :  ces  paroles  ne  marquent  pas  toujours 

*  Cum  (riiget  Ctrêrtm  »  Tiniim  lUirmm  dfcimus  ,  g^nr- 
IS^  iK»  <|uii(lcm  rerm^ott  ûtimur  ufitico  :  (cd  cc()ucia 
améntrtn  tilc  putas  911  &c.  Ç$c.  de  Nat.  Droi.  1.  3.  n 


jUicci  z?i.' 


n.  41. 


que  la  per 
prit  au  pc 
mer  j  on 
personc  q 
pas  aux  j 
pas  toujo 
que  dans  1 
pée  ailleu 
avec  elle 
6c  de  fèntii 
verfation 
ge  efl:  touj 
tout  enter 
lui  donc. 

Dans  n 
point,  dan 
elles  fe  pn 

ceft-à-dirc 
acompagr 
les  autres  c 
Ilyafou 
fens  1  itérai 
cesdcschc 
vent  que  i 
dans  la  bo 
home,&:  q 
&:  dans  la 


% 


^  DU  SENS  LITERAL  %i% 
quclapersone  dont  on  parle  ait  perdu  Tcs- 
prit-au  point  qu*il  ne  refte  plus  qu  à  renfer- 
mer î  on  veut  dire  feulement  que  c'eft  une 
pçrsone  qui  fuit  Çts  caprices ,  qui  ne  fe  prête 
pas  aux  réflexions  des  autres ,  qu  elle  n  cft 
pas  toujours  maitrefTe.  de  fon  imagination , 
que  dans  le  tems  qu'on  lui  p^rle  elle  eft  ocu- 
pée  ailleurs,  &  quainfî  on  ne^iàuroit  avâir 
avec  elle  ce  comerce  réciproque  de  pensées 
&: de fentimens,qui  fait  Tagrément  de  la  con- 
verfation  &:  le  lien  dç  la  fociété.  L'home  fa- 
ge  eft  toujours  en  état  de  tout  écouter  ,  de 
tout  entendre  ,  &:  de  profiter  des  avis  qu'on 
lui  donc. 

Dans  Tirônie  ,  les  paroles  ne  fe  prènent 
point,  dans  le  fcns  litéral  proprement  dit  > 
elles  fe  prènent  félon  le  fens  litéral  -figuré, 
c  eft-à-dire ,  félon  ce  que  fignifient  les  mots 
acompagnés  du  ton  de  la  voix  &  de  toutes 
les  autres  circonftances.  * 

Il  y  a  (buvent  dans  le  langage  des  homes  un 
fcns  litéral  qui  eft  caché,  &:  que  les  circonftan- 
ces des  choses  découvrent  :  Ainû  il  arive  fou- 
vent  que  la  mème^'propofition  a.  un  tel  fcns 
dans  la  bouche  ou  dans  les  écrits  d'un  certain 
home,&:  qu  elle  en  a  un  autre  dans  les  discours 
&  dans  les  ouvrages  d'un  autre  home  :  mais 


1 


Y 


■.y 


136         Division 

jU  ne  faut  pas  légèrement  dgncr  des  fcns  de- 
savantageux aux  paroles  de  ceux  qui  ne  pen- 
sent pas  en  tout  come  nous  5  il  faut  que  ces 
fens  caches  foient  ftiàcilemcnt  deve'opcspar 
les  oirf  onftances-,  qu'un  home  de  bon  (ens 
qui  n  eft  pas  prévenu  ne  puifle  pas  s'y  mé- 
prendre. Nos  préventions  nous  rendc:itVou- 
jours  iniuftes,&  nous  font  fouveit  prêter  aux 
autres  des  fentimens  qu'ils dctertciit  aulîî  fin- 
ccrcment  que  nous  les  dételions. 

Au  relie ,  je  viens  d bbfcrver  que  le  fens  li- 
téral-fîguré  e(l  celui  que  les  paroles  excitent 
naturèlement  dans  l'esprit  de  ceux  qui  enten- 
dent ia'langue  où  l'expreilion  tigurée  ell  au- 
toriféc  par  l'usage  :  ainli  pour  bien  entendre 
le  véritable  fens  litéral  d'un  auteur  ,  il  ne  fu- 
fit  pas  d'entendre  les  mots  particuliers  dont 
il  s'eft  fervi ,  il  faut  encore  bien  entendre  les 
façons  de  parler  ufitces  dans  Ja  langue  de  cet 
auteur?  fans  quoi,  ou  l'on  n'entendra  poiot 
le  paflTagc ,  ou  l'on  tombera  dans.des  contre- 
fens.  En  françoisrfonfr;?^^/^  veut  dire  pro- 
nietînh^$j>kitin  verbadare  lignifie  tromper  :  Pœnas 
dare  altcûi  ne  veut  pas  dire  doner  de  la  peine 
à  quelqu'un ,  lui  faire  dcfitX  peine  ;  il  veut  dire 
au  contraire 7or  puni  par  quelquun  ^  lui  doner 
la  fatisfa^tion  qu'il  exige  de  nous ,  lui  douce 


DU 

notre  fupl 
amende.  C 
niihi  pérfiJa 

.    'VOUS  InàkT^ 

contraire  c 

,  II  n  ell  pa 

de  TEcritu 

noifllinced 

'   c'cft-à-dire 

hébraïque 

\z^  interpr 

lettre ,  ils  1 

ble  fens  :  c 

dans  les  PI 

^"^  pas  in 

veut  pas  d  il 

mais  de  bam 

Dansje  î 

plufieurs  pa 

<f us, fans  la 

à-dire,  des  f; 

naux.  Lem< 

'vcrbum  ,  fc 

pour  do/t-fii 

.  générique  qi 

tins.  Transtà 

*vcrbumquodt 


t^^' 


:C 


♦  f 


\. 


s-  V.  3. 


DU    S  ENS  LI  TERJlWHyj 

notre  fuplice  eivpaiement,come  on  paye  une  • 
amende.  Qiiand  Properce  dit  à  Cihthie ,  dahis  L.  i.  TAép 
mihi  pérfiJa  pœnas ,  il  ne  veut  pas  dire  perfide  , 
voH!  indk'X^  causer, bien  des  tourrhens^  il  lui  dit  au 
contraire  qu'il  la  |era  repentir  de  la  perfidie. 
,  Il  n  eft  pas  polîible  d'entendre  le  fens  litcral 
de  rEcriture  Sainte ,  fi  Ton  n'a  aucune  ço- 
noiflaiicedeshcbraïsmes  &:  diz$  heliciiiMiies, 
c  eft-à-dire ,  des  façons  de  parler  de  la  langue 
hébraïque  (Sj  de  la  langue  grcque.    Lorsque 
les  interprètes-  traduisent  à  la  riguju'r  de  \x 
lettre  ,  ils  rendent  les  mots  àc  non  ie  vérita- 
ble fens  :  delà  vient  qu'il  y  2i\  par  exemple, 
dans  les  Pfeàùmes  ""pluiieurs  verfets  qui  ne 
fbnt  pas  intelligibles  en  latin.  Montes  Dd  ne 
veut  pas  dire  des  montagnes  consacrées  à  Jbieu  , 
mais  de  hautes  montagnes. ,      •  * 

Dansje  Nouveau  Teftament  mcnie  il  y  a 
^uficurs  paflages  qui  ne.  lauroient  être  cnten- 
<fus, fans  la  conoiflince  des  idiotismes , c'cft- 
à'dire,  des  façons  de  parler  des  auteurs  origi- 
naux. Le  mot  hébreu  qui  répond  au  mot  latin 
verbum  ,  fc  prend  ordinairement  en  hébreu 
pour  chofe  fignifice  par  la  parole  ?  c'eft  le  mot  - 
générique  qui  répond  knegôtium  ou  ns  des  La- 
tins. Transcâmus  nsque  Bethléem,  ^  yïdekmus  hoc 
*vcrhum quod  fupumcft:?^ffons  julquià  Bethléem 


Pfal.  3î. 
V.7. 


■  \ 


y 


Luc. 


ij' 


*      « 

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~      t      -y 


'^V 


\  V 


■"■V 


-J 


Uitt, 
▼•4* 


<^4 


ti»  ;  DTVISIOÎJ 
&.  voyom  te  qui  y  cft  arivc.  Ainfi  Iptjqii'âù 
^*.  vcrfçt  da  chapitre  ÎJ.  dii  É>étttéronomc,il 
cft  dit  (  Dew  )  </r<&V  wfc  ci^iwi  nuoKM  quodifnorâ'^ 
hà  tn  &patpes  tui ,  ut  ofiénderet  ubi  quod  non  in 
fiîo  pane  vivat  homo  ,  fed  in  omni  veiio  quodegth 
dituràe  ortpei.  Vous  voyez  que  m  <mi»i'Dtfr*«> 
fignific  monirùre  ,  c  cft-à-dirc ,  de  tout  ee  (jue 
Diek'diiyOU  'peufiqui  ferve  de  noîiritHre,  C'cft  dans 
ce  rnèmc  fcn^  que  Jéfus-CKrift  a  cité  ce  paf- 
fàgc  :  Le  démon  lui  propofoit  de  changer  les 
pierres  en  pain ,  il  ri'eft  pas  néceflaire  de  faire 
ce  changement,  répond  Jéfus-Chrift,  car  t ho- 
me ne  vit  pas  feulement  de  pain  ,  ilji  nourit  encore 
de  tout  ce  quil  plait  a  Dieu  de  Imdoner  pour  noujriiure^ 
de  tout  ce  que  Dieu  dit  qui  fcrvira  de'nouriturey  voilà 
le  feiîs  litéra)  >  celui  qu'on  donè  comuncmènt 
à  ces  paroles,  n'eft  qu'un  ^fens  fticHr^l. 

■  •  -,    - 
Dhfjton  du  fens  fpiritUeL 

Lefcns  fpirituel  cft  aufli  de  plufieurs  for- 
tes: i .  Le  fens  moral  ^  \.  Le  ftns  allégorique  y  3 . 
"Lcfens^  anagpgiqiie. 


^'^^ 


l. 


Sens  •xewr*/. 


Jjt  fens  moral  cffunc  interprétation  felort 
laquelle  on  tiie  quelque  inftruâton  pour  |e& 


K         V 


V     < 


1 

mœu 
des  fa 
dont 
dé  n 

lcsqu( 
les  ur 
réveil 
dont 
le-,  & 
aime 
tout. 
Th< 

prime 
des  pi 

métai 
Virgi 
point 
prête 
burle 


•.t 


mora 

çouv; 

tpctc 

*"  princ 

•  Mï 

.    Dofflit! 

>.  Je  P 

'  ■  > 


DU  SENS  SPIRITUEL;  ij^ 
mœurs.  On  tire  un  ifens  moral  des  hiftoires, 
des  fables ,  &:c:  Un  y  a  rien  de  (i  prophanc 
dont  on  nc^uiflc  tirer  des  mqralitcs,  ni  rien 
dé  a  (erieux  qubn  ne  puilTe  tourner  en  bur- 
lesque. Telle  eft  la  liaifon  que  les  fdées  ont 
les  unes  avec  les  autres  :  le  moindre  raport  ^ 
fcveilîc  une  idée  de  moralité  (ïans  un  home 
dont  le  ^out  eft  tourné  du  côtéid?Ia  mora- 
le -,  S)C  au  contraire  celui  dont  l'imagination 
aime  le  burlesque ,  trouve  du  burlesque  par-  . 
tout.      ;      .     " 

Thomas  Wàlleis ,  Jacobin  Anglois ,  fit  im:* 
primer  vers  la  fin  du  XV.  fiècle,à  l'uf^gc 
des  prédicateurs  une  explication  morale  des 
métamorphoïcs  d'Ovide.  *  Nous  avons  \t 
Virgile  travefli  de  Scarori,  C)vide\^n  avoit 
point  pènfé  à  la  morale  que  Wallcis  lui 
prête  >  àc  Virgile  n'a  jamais  eu  les  idées 
burlesques  que  Scarofi  a  trouvées  dans  fon 
Enéide.  Il  n'en  eft  pas  de  même  des  fables 
morales  >  leurs  auteurs  mêmes  nous  en  dé- 
çouvreritles  moralités;  elles  font  tirées  du 
texte  come"  une  cbnicquence  eft  tirée  de  fon 
■"  principe.  ^ 

«  McttiiMirphAfis  Ovi'diina  morilitcr  ^  Mii^iftro  Thom» 
.W;^llcis  Angiico' ,  de  profcflîénc  praedicatprum  Tub  S. 
I>omln!CO  n^\^n}Ltx.s.C»  iivrt  rmrt  fut  traduit  tfk  1484* 
>.  ie  P.  Echaid,  T.,  n  p.  î^«..*  M.  Mâttuuc  ,  Amukt 
Tjrpograpluques  T,  i.  p.  X7*« 


»- 


r 


\ 


X 


4*Hor.T.i. 


140         tïtïsion 

•1.  Sens  AlUgonqnt. 

Le  y«w  dlkgonnw  fc  tire  d'un  discours ,  qui, 
à  le  p'retidre  dans  fon  fcns  propre,  fignific  i 
toute  autre. chofc:c*cft  une  hiftoire  qui  eft  Ti-/ 

.  ,  mage  d'une  autre  hiftoire,  ou  de  quciqu au- 
tre penfée.  Nous  avons  déjà  parle  dcl allé- 
gorie. , 

L*csprit  humain  a  bien  de  la  peine  à  de- 
meurer  indéterminé,  fur  les  caufes  dont  iL.  . 

,  voit ,  ou  "dont  il  reflcnt  les  éfets  :  ainfi  lors- 
quil  ne  conoi^  pas  les  caufes^  il  en  imagine , 
&  le.  voilà  fatisÊiit.  Les  Païens  iniiaginèrciit 

. ♦d'abord  des  cau(ès  frivoles  de  la  plupart  des 

cfè|:s  naturels  :  Tamour  fut  Téfet  d  un*e  divi- 

niré  particulière  :*  Promcthéc  vola  le  feu  du 

ciel  :  Cérès  inventa  le  blé  :  B/acchus  le  vin , 

&:c.  .Les-  recherches  exactes  font  trop  péni* 

blés,.  &:  ne  font  pas  ^la  portée  de  tout  le 

monde.  Quoiqu'il  en  Toit ,  le  vulgaire  fuperfti- , 

tieuXydit  le  P.^anadon,  ^futU  dupe  des  vifionai" 

w  qui  inventc/cnt  toutes  ces  fables. 

Dans  la  fuite  quand*  les  Païens  comencc- 

rent  à  fe  policer  &:  à  faire  des  réflexions  fur 

CCS  hiftoires  labulcUfes  ,  H  fe  trouva  parmi    , 

eux  des  myftiques  qui  cifcayelopèrent  les  ab- 

fuf  dites  fous  l/c  vbilcxies  allégories  de  derfèns. 

^        '  figurés, 


D 

figUréî 
fables 
Il  y 
&  en 
ont  pf 
goriqi 
autres 
que  Pa 
tilé-d') 
"  dont  c 

compc 

i^ent  1( 

dpne  n 

apkcat 

cun  d< 

qu'on 

reufès..] 

Queij 

des  révi 

'dans  h 

en  foni 

allégoi 

Jatine. 

Cette 

de;  la 

presque 

La 


;# 


DU  SEKSS-£^rrUEL.  z^w 
figurés,  aAisquels  les  premiers  auteurs  de  ces 
Êibks  n'avoicnt  jamais  pcri! 

Il  y  a  des  pièces' allégoriques  en  profc 
&  en  vers  :  les  auteurs  de  ces  ouvrages 
ont  prétendu  qu'on  leur  dônat  un  fens  allé- 
gorique >ni^  4^ns  les  hiftqires  ,  &  dans  les 
autres  ouvrées  dans  lesquels  il  ne  paroit  pas 
que  Pautaur  ait  fongé  à  l'allégorie ,  il  eft  inu- 
tilé'd  y  en  chercher.  Il  faut  que  les  hiftoires 
"  dont  on  tire  enfuite  des  allé2;ories  aient  été  * 

composées  dai^s  la  Vue  de  l'allégorie  j  autre-» 
i^ent  les  explicationsiallégoriques  qu'on  leur 
dpne  ne,  prouvent  rien  »  &:  ne  (ont  que  des 
apHcations  arbitraires  dont  il  eft  libre  à  cha- 
cun de  s'amuser  corne  il  lui  plait,  pourvu 
qu'on  n'en  tire  paf  des  conféquences  dange- 
reufès.. 

Quelques  auteurs  *  ont  trouvé  une  ima^e  *  indicuim 
des  révolutions  arivées  à  la  langue  larme,  chron«,^- 
vdans  la  ftatue  **  que  Nabuchodonosor  vit'gJcus.inFa. 
Cjn  fongc  5  ils  trouvent  dans  ce  fonge  une  ^^V^^"^^^"^' 
allégorie  de  ce  qui  devoir  ariveràla  langue  **Danicii^ 
latine.  '' ^" 

Cette  ftatue  étoitextraordinairement  gran- 
de; la  langue  latine  n'étoit-elle  pas  répandue 
presque  par  tout. 
La  tétc  de  cette  ûatut  étoit  d  or ,  c'eft  Iç 

.    ._       ■,.■  /  çv 


^^ 


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/ 


^ 


14»  DiriSIOIT 

fièclc  dV»  de  ia  langue  latine  5  c  cft  le  tems 
de  T&^ncc ,  de  César ,  de  Ciccron ,  de  Vir- 
gile 5  en  un  mot  ,c  eft  le  fiècle  d*  Augufte.  .^ 
La  poitrine  ic  les  bras  de  la  ftatuc  croient 
tfargent  >  c'éS'le  fiècle  d'argent  de  la  langue 
/    ]        latine;  c'eft  dcptiis  la  mort  4'Augufte  jufqu'à 
^       la  mort  de  TEmpereur  Trajan ,  c  cft-à-dire, 
♦.  îdfqii'cnviron  cent  ans  après  Auguftcr 

tlï|e  ventre  &  les  cuiflcs  de  la  ftatuc  ctoient 
,d*airain  >  c  cft  le  fiècle  d'airain  de  la  langue 
Jatinc,  qui  comprend'depuis  la  mort  de  Tra- 
jan jufquà  la  prife  de  Rome  par  les  Gots> 
en  41  ô. 

>   Les  jambes  de  la  ftatuc  étoient  defer,&:* 
les  pics  partiel  fer  &c  partie  de  terre  >  c  cft 
le  fiècle  de  fer  de  la  langue  latine  ,  pendant 
lequel  les  diférentes  incurfîons  des  barbares 

plongèrent  les  homes  dans  une'èxtréme  igno-' 
rance  >  à  peine  la  langue  latine  fc  conferva- 
t-ellc  datis  le  langage  de  TEglise. 

Enfin  une  pierre  abatit  la  ftatuc  >  c'cft  la 
langue  latine  qui  cefFa  d,*ctre  une  langue  vi- 
vante. ^*^ 

GTcft  ainfi  qu'on  raportc  tout  aux  idées 
dont  on  cftpréocupé.       * 

Les  fens  a  1  icgoriques  ont  été  autrefois  fort 
à  la  mode ,  âc  ils  le  font  encore  en  Orient  > 


D 

on  en 
nombr 
port  de 
entier  < 
d'hui  1; 
tionsn 
fontpc 
claircn 
éc$  iilu 


t 


ccnc 


DU  SENS  SPIRITUEL.    141 

on  en  trouvoit   partout  jufques  dans* les 
nombres.  Mctrodore  de  Lampsaquc ,  au  ra-  Huet.  Ori- 
port  de  Taticn ,  avoit  tourne  Hpmère  tout  ».quarii5. 
entier  en  allégories.  On  aime  mieux  aujour-  P-  '71. 
d'hui  la  réalité  du  fcns  litéral. .  Les  explicâ-  J'^'\^  ,^'; 
tions  myltiques  de  rEcriture  Sainte  ,  qui  ne  &  du  icus 
font  point  fixées  par  les  Apôtres-,  ni  établies  J^/j^']^^  ' 
clairement  par  la  révélation;  font  fujètes  à  <iodtrmc<îrj 
des  Ululions  qui  mènent  au  fanatisme.  ^.^'^^^  ^t^- 

.  "*  . .    '  ris,  chez  Ja- 

S.  Sens  Anagogique.  quts  via- 

Lc  fens  anagogique  n  eft°  guère  en  ufàge ,  que 
lorsqu'il  s'agit  d^s  diferens  fens  de  TEcriturc 
S^nte.  Ce  mot  anagogique  vient  du  grec  «V«u 
>«>»  qui  veut  dire  élévation  :  «r*  >  dans  la  com- 
pofition  des  mots ,  fîgnifie  fouvent ,  au  def- 
fus ,  en  haut  àc  iyt*yn  vedt  dire  conduite  >  Jdc 
iyùi,  je  conduis  :  ainii  le  fens  anagogique  de 
l'Ecriture  Sainte  eft  un  fcns  -myllique  ,  qui 
élève  1-efprit  aux  Objets  céleftes&:  divins  de 
la  vie  éternèle  dont  les  Saints  jouiffent  dani 
le^ciel.  1  > 

Le  fens  litéral  cîï  îc  fondement  des  autres 
fcns  de  rEcxiture  Sainte.  Si  les  explications 
qu'on  en  dône  ont  rapoft  aux  "mœurs,  c eft 
le  fens  moral. 

Si  les  explications  des  pafîage&  de  l'ancien 
^  aij 


©' 


v__^ 


/ 


^ 


''■t 


«4+     S)b>NS  SPIR  ITUEt. 

Tcftamcnt  regardent  TEglisc  &:  les  myftèrej 
de  notre  Religion  par  analogie  ou  reffcm- 
blance,  c*cft  tô  fens  allégorique  >  ainll  le  fa-* 
crificc  de  Tagneau  pascal ,  le  férpent  d'airain 
élevé  dans  le  dëfert ,  c.toient  autant  de  figu^ 
rfcs  du  ftci^feiP  A®  ^31  croix. 

Enfin  ^ jorsq^fc  ces  explications  regardent 
fEgliic  triomphante  &  la  vie  des  bienheu- 
reux dans  le  ciel ,  c'eft  Jf  fcns  anagogicjue; 
c*eft  ai'nfî  que  le^abat  des Juift  cft  regardé  co- 
rne rimagedu  repos  éternel  des  bichhpureux. 
Ces  diférenssfens ,  qui  ne  fQnt  point  le  feas 
litéfal,  ni  le  fens^  moral ,  s'apèlenttauflî  en 
général /fwx  tropologique ,  c^^à  dire  ,fens  figmé. 
Mais  corne  fc  l'ai  dèjajemjirqué,  il  faut  fui- 
vre  d^t\s  [c  fens  allégorique  &:. dans, le  fens. 
anagogique  ce  que  la  rçvélatiori  nous  en 
aprend  »'&  sapliquer  furtout  à  rintelligcnce 
du  fens  litéral  ,qui  cft  Ig/èglc  infailhbledc 
ce  que  nous  devons  croire  &  pratiquer  pouc* 
être  lauvés. 


^^W%iH%i%g 


profane 
cuiièrc  ( 
parler, 

'     Jitéral  d< 
^    ce  qu  on 
apte. 

Dansl 
oraifons 
pris  ordi 
parlons, 
bre  de^^ 
ce  qui 
àc  Judas 
taille. 
"  LeP.Jc 
Conaire,  s 
gle  :  il  ] 
Aiarseill( 
premier  fi 
yiomen  erat 
^iniftm  per 


:•  .((MW"'-" 


m 

innn!(S9nintx3flnini(}ttt3XS(sac9!Q!nnc3!C9x3Ki£ 

9^B  VVV  ViV  VV^  VV«  «VV  l^S  VrV  wfV  VV^  V*V  vfV  VVV  VVV  WV  «*V  WVV  vis  VfW  VVV  WffV  wf«0VVVf% wffV^MMWV 

X.     •  •       ^ 

Du      Se  NS      Açîl  P  T  E*, 

^ou  que  ton  dont  far  allufion,  * 

Quelquefois  on  fe  fcrt   des  paroles  de 
TEcriture  Sainte  ou  de  quelque  auteur 
profane  ,  pour  en  faire  une.  apjication  parti-  '" 
culièrc  qui  convient  au  fujet  dont  oh  veut  / 
parler,  mais  qui  n'eft  pas  le  fens  naturel  de  -. 

litéral  de  l'auteur  dont  on  les  emprunteuse  eft  . 
et  (]}i on ^^h\c  ftnsus  accommodattù^s  ^{ons  zà^ 
apte. 

Dans  lei^  panégiriques  des  Saints  &  dans  les 
oraifons  funèbres  ,  le  texte  du  jdiscours  cft 
pris  ordinairement  dans  le  fens  dont  nous 
parlons.  M.  Fléchier  dans  fon  CMraifon  funè- 
bre de  M.  deTurcne,  aplique  à  fon  héros 
ce  qui  cft  dit  dans  rEcriturc  à  Vocafion 
de  Judas  Macabée  qui  fut  tué  dans  une  ba^ 
taille. 

Le  P.  Je  Jeune  de  TOratoire,  femeux  miP- 
fionaire,  s  apeloit  Jean  >  il  ctoit  devenu  aveu- 
gle :  il  fut  nome  pour  prêcher  le  carême  à 
Marseille  aux  Acôulés  :  voici  le  texte  de  fon 
premier  fermon  :  Fuit  homo  mifTHs  à  Deo ,  eut  ,  ^ 

Joann.  c.  ipi 
Tiomen  erat  Joânnes  5  non  erat  ille  lux^fed  ut  tefli-  v.  #.  ' 

mèmttm  perhibim  de  Imine.  On  voit  qu*iJ   fc*      <^ 

Oui 


/A 


■\ 


-DU  SENS  ADAPrE". 
toit  alluûon  à  fon  nom  &  à  fon  aveugle^ 
ment.  • 

Remsrji^s  fur  quelques  fo^ffages  fiâsftii 

à  contre-feus. 

Il  y  a  quelques  paflàges  des  auteurs  profa- 
nes qui  font  corne  pafles  en  proverbes ,  &: 
ausquels  on  donc  comunément  un  fens  dé< 
tourné  qui  n'eft  pas  précifement  le  mçmc 
fcns  que  celui  qu  ils  ont  dans  l'auteur  d  ou 
ils  font  tirés  :  en  voici  des  exemples  : 

I .  Quand  oiï  veut  animer  un  jeune  home 
à  faire  parade  de  ce  qu'il  fait ,  ou  blâmer  un 
iavant  de  ce  qu*il  fe  tient  dans  l'obscurité, 
on  lui  dit  ce  vers  de  Perfe  :  » 

?erf.  Satii     ^circ  tuum  nihil  cft,  nifi  te  fcire  hoc  fciat ^Itcr? 

Toute  votre  fcience  n'eft  rien ,  fi  les  autres 
ne  fa  vent  pas  combien  vous  êtes  favant.  La 
penfee  (Je  Perfe  efl  pourtant  de  blâmer  ceux 
qui  n  étudient  que  pour  faire  enfuite  parads 
de  ce  qu'ils  favent,  Ornwï  î  ô  mœurs  !  s  écrie- 
t-il ,  eflce  donc  pour  la  gloire  tjue  vous  pâltlfe":^  fur 
les  livresl  ^koi  donci  croye^vous  que  la  fdence 
neft  rien ,  â  moins  que  les  autres  ne  fâchent  que  vous 
éfes  favant  > 


^.17. 


i  » 


Projicii 

il  iète , 
enflées  1 
pendani 
dans  H 
»  ne  SCI 
»  peux  l 
n  pauvre 
n  ne  doi 
Viflés  ,  r 
»quirs 
>^fimplc 
»  cher ,  « 
»  mauva 
race ,  v< 

Et  traç 
Tclcpl- 
Projici 
Si  cun 


/    / 


Cr. 


Hor.    Art 


DU  SENS  AHÀVrr.     i4T 

En  pallor ,  fcniiimc^uc  :  O  nfiorcs  !  ufquc  adconc  Perf.  Sat.x;! 
Scirc  ruum  nihil  cft  ,:n(Ci  te  fcirc  hoc  fciat  alrcr  ?  ^*  ^7- 

•çl  y  a  une  intérogatTon  &:  unè^furprife 
dans  le  texte ,  ôc  l'on  cite  le  vers  dans  un  fens 
abfolu. 

2.  On  dit  dun  honie  qui  parle  avec  am- 
phafc,  d  un  ftile  ampoulé  6c  recherché ,  que 

Projicit  ampùUas  Se  resqiiipedalia  verba  : 

il  iète,  il  fait  Tortir  deTa  bouche  des  paroles 
enflées  &c  de»  mots  d'un  pié  &:  demi.  Ce- 
pendant ce  vers  a  un  fens  tout  contraire 
dans  Horace.  )>  La  tragédie  ,  dit  ce  poète, 
»  ne  s'exprime  pas  toujours  d'un  ftile  pom- 
»  peux  &:  élevé  :  Téléphe  Se  Pelée,  tous  deux 
n  pauvres ,  tous  deux  chafïes  de  leurs  pays, 
»  ne  doivent  point  recourir^  à  des  termes  èn- 
Vi  fiés  ,  ni  fe  fervir  de  grands  mots  :  il  faut 
,»quil*s  faflent  parler  leur  douleur  d'un  ftile 
»^fimple  &  naturel ,  s'ils  veulent  nous  tou- 
n  cher ,  &  que  nous  nous  irttéreflîons  à  leur 
»  mauvaife  fortune  ;  <(  ainfi  projicit ,  dans  Ho- 
race ,  veut  dire  il  rejeté. 

£c  tragicus  plcrumauc  dolct  fermonc  pcdéflri 
Tclcphus&:  Pclcus  ,ciim  puper&cxi^  utcrquc 
Projicit  ampùllas  &  fcquipcclalia  vcrba  , 
Si  curât  cor  fpedantiS'ictigiiTc  qucréla. 


Hor.  Art 
poei.  V.  ^7» 


/ 


Art.po^c. 


Hor.  Arc 


Jl^l    Dtf  SENS  ADA/Prr. 
M.  Boiicau  nous  donc  le  même  précepte: 

Que  devant  Troie  çn  flamc  ,Hccubc  dcfolce 
Né  vicnc  pif  pouflcr  une  plainte  ampoulée. 

Cette  remarque ,  qui  fc  trouve  dans  la  plu- 
jpart  des  comcntateurs  d'Horace,  ne- de  voit 
point  échapeè  aux  auteurs  des  di«fiionaires 
fur  le  mot  prQJkere. 

3 .  Souvent  pour  excuser  les  fautes  d'un 
habile  home  ,  on  cité  ce  mot  d'Horace  :     . 

.    .    .  Quartdoquc  bonus  dormirac  Homcrus  i     ' 

Comefî  Horace  avoit  vôuhïdirequelebon 

Homère  s*end6rt  quelquefois.  Mais  quandôquc 

cft^Jà  pour  ^ji4n(/()Cii  »i^iif,  toutes  les  fois  que> 

&:  l}>mu  cft  pris  en  bone.part.  »  Je  fuis  fâché , 

»  dit  Horace ,  toutes  les  fois  que  je  m'aperçois 

»qu  Homère ,  cet  excélcnt  poète ,  s'endprt , 

»fe  néglige,  ne fe foutient pas. 

■     ■'    .■     ^  ? 

Indigner quandoque  bonus  dormitat  HomcruJ. 

M*l  Danet  s'eft  trompe  dans  Tcxplication  qu*il 
done  de  ce  pafl'age  dans  fon  didionaire  la^ 
_  tin-frànçois  fur  ce  mot  quandoque. 

4.  Enfin  pour  s'excuser  quand  on  eft  tom- 
be dans  quelque  faute ,  on  cite  ce  vers  de 

•   Tcrence  : 
Heaat,  âft.      Homo  futxi ,  Hiimâni  nihil  à  me  alicnum  puto , 


ru 


i»que 
»  ce  qu( 
»des  C 
Voie 
ùlis  cm 
me  Chn 
joutera 
comen 
de  Tel 
cxpliq 
homes 
ilditc 
tiquant 

■    / 


DU  SENS  adapte:.    14/ 

Corne  S  Térencc  avoit  voulu  dirc/e  fms  ho^ 
me,  \e  ne  fuis  pqint  exemtdes  foiblejfes  de  C  humanité ^ 
ce  n  eïl  pas  Jà  le  fcns  de  Térence.  Chrêmes, 
touché  de  Taflidlion  où  il  voit  Mcnédèmc 

ê 

ion  voifîhi  vient  \\iï  demander  quelle  peut 
(6m  laxraufe  de  fon  chagrin  &  des  peines  quil 
donc  :  Ménédème  lui  dit  brusquement 
fu'il  faut  qu  il  ait  bien  dii  loifir  pour  venir  fc 
mêler  des  afaires  d autrui.  »  Je  fuis  home, 
«répond  tranquilement  Chrêmes  5  rien  de 
«tout  ce  qui  'regarde  les  autres  homes  neft 
••étraiiger  pour  moi,  je  m*intéreflc  à  tout  ce 
»  qui  regarde  mon  prochain. 

»  On  doit  s  etorier ,  dit  Madame  Dacier , 
>»que  ce  vers  ait  ctc  fi  mal  entendu  ,*  après 
»  ce  que  Cicéron  en  a  dit  dans  le  premier  livr& 
»  des  Ofîces. 

Voici»1es  paroles  de  Cicéron  :  Eft  enim  difft-  '-O^- 
dus  cura  rerum  alienarum ,  quanquam  lerentianus 
ille  Chrêmes  humâni  nihil  àfe  aliénum  putat.  J  a- 
jouterai  un  paflage  de  Sénèque ,  qui  eft  Un 
comcntaire  encore  plus  clair  de  ces  paroles 
de  Térencé.  Séncque  ,  ce  philofophe  païen  ^ 
explique  dans  une  de  fes  lettres  cornent  \cs. 
homes  doivent  honorer  la  majefté  des  Dieux:  * 
U  dit  que  ce  nifl  quen  croyant  en  eux ,  en  pra- 
tiquant   de   hones  œuvres  ,    &  en  tâchant  de  les 


n.if 
li. 


V., 


r 


/ 


K^ 


i^fo     DU  SE  If  S  ADAPTE*. 

hmur  (Uns  leurs  ferfc^ns ,  quon  peut  leur  rt^ 
drt  un  culu  agréable  y   il  parle  çnfiiite  de  ce 
que  les  homes  fc  doivent  les  uns  aiix  autrcsL 
»  Nous  devons  tous  nous  regarder  ,  dit-il^ 
••corne étant  les  membres  dun  grand  corps;* 
»  la  nature  nous  a  tous  tirési  de  la  même  fourr 
»ce,  &:  par  là  nous  a  tous  faits  parens  les 
»  uns  des  autres  ;  c  eft  elle  qui  a  établi  1  equi- 
»  té  &:  ia  juftice.  Selon  llnûitution  de  la  na- 
wture  ,  oh  eft  plus  à  plaindre  quand  on  nuit 
»  aux  autres  que  quand  on  en  reçoit  du  doma- 
»ge.  La  nature  nous  ^  doné  des  mains  pour 
«nous  aider  les  uns  les  autres  ;  ainfi  ayons 
••  toujours  dans  la  bouche  &:  dans  le  cœur  ce 
»  vers  de  Térenctf ,  ;«  fuis  home  ,  rien  de  tout  cq 

nqui  regarde  les  homes  neft  étranger  pour  moi,  "^ 

».        -  .      ■ 

*  Qu6mo(lo^nt  Dii  cok'ndi  foict  prxcipi'.  .   .  .  Deum 

colit  qui  novit Primus  eft  Dcârum  cultus  ,  Deos 

créderc  ,  dçinde  rédderc  illis  mnjcflâtcm  fujm  ,  réddcic  bo* 
xiititcm  fine  qui  nulla  fnajéftas  eft  ;  vis  Dcos  propiiiirc, 
bonus  efto.   Satis  liloscoluic  quisq^is  imititus  eft.  Eccc  al- 

teraxjujrftio  ,  qu6modo  hominibus  fie  uténdiim • 

poftim  br^viter  hanc  fôrniulam  humâni  o0Qcii  tridcrc  .  .  .> 
.  .  .  membra  fumus  cÀrporis  magni,  narura  nos  çognicos 
ëdidit ,  cumex  iisdrm  &:  in  ^adcm  *  gignercr,  Hxc  hobis 
amôrem  indidit  mùtuum  &  fociibilcs  frcit  ;  illa  aequum  jfus- 
tàmquc  coApôfuic  :  ex  iilius  conftituti6nc  mifërius  cft.nocé^ 
rc  quam  laedi  ;  6c  iilius  império  parit;c  iunt  ad  ^uv^nJum 
manus.  Iftc  yersus  &  in  pcftorc  &  in  orc  fit ,  homo/um  ^ 
fltumâni  nihil  À  mt  Mlitiimm  fmt9.  Habcimtis  in  commuuc^ 
quod  nati  fumui.    StBt€,  £p.  xcv.    *  ofbcia. 


li  çft  vr 

les  aplicat 
cftpollibl( 
.   vent  rien 

•  ÊiuflTc  éru( 
gorisme  à 

Il  y  a  b 

'  un  palFag 

ou  (impie: 

quelles  oi 

*  vient  au  ] 
premier  e 
teur  ,•  mai 
ausquels 
qu'ils  ont 
me  autant 
jeu  dont  i 


De  D^A 

T     A    P; 

J^^'adapt 

ont  foit  d 

Parodie 

mea.  Cioticu 


<»  r* 


i 


pu  SENS  ADAPTE\  i^l 
•  Il  çft  vrai  ea  général  que  les  citations  &c 
les  aplications  doivent  être  juftes  autant  qu  il 
cft  poilîble  s  puisqu  autrement  elles  ne  prou- 
vent rien ,  &:  ne  fervent  qu'à  montrer  ixnc, 
ÉiufTe  érudition  :  mais  il  y  auroit  bien  du  ri- 
gorisme à  condâner  tout  feiis  adapté. 

Il  y  a  bien  de  la  diférence  entre  iraporter 
'  un  palfage  corne  une  autorité  qui  prouve, 
ou  fîmplement  corne  des  paroles  conues,au^- 
quelles  on  done  un  fcns  nouveau  qui  con- 
vient au  fujet  dont  on  veut  parler  :  dans  le 
premier  cas,  il  faut  con.ferver  le  fens  de  l'au- 
teur ;  mais  dans  le  fécond  cas ,  les  paiTages, 
ausquels  on  done  un  fens  diférent  de  celui 
qu'ils  ont  dans  leur  auteur ,  font  regardés  co- 
me  autant  de  parodias,  &:come  une  forte  de 
jeu  dont  il  eft  fouvent  perm 


is  de  faire  ufage. 


L 


Suite  du  fens  adapté. 
De   b^a   Parodie  et  des  Centons. 

A   Parodie  eft  auflï  uncT  forte  de  fens  Athtnce  ,i. 
adapte.  Cemorp^gbc,  caries  Grecs  m-^m. 
ont  fiit  des  parodies.  "^ 

Parodie  ->«  fignifie  à  la  lettre  un  chant 

♦  Tlmfm^U  ^  cânticum.  R.  wocj* ,  juxta,  8c  • /»»' ,  cantus,  car- 
mcn.  Cinucum  vcj  carmcnad  olccrius  ûiuûitûdmcm  comp6- 


/ 


I 


X 


v_ 


c_  ■' 


■*\ 


•y 


»j»  SUITE 

composé  à  l'imitation  d'un  autre ,  &  par  «c- 
tcnfion  on  donc  le  nom  de  parodie  à  un  ou- 
vrage en  vers ,  dans  lequel  on  dctourne  dans 
un  fens  railleur  des  vers  qu'un  aujcre  ^  faits 
dans  une  vue  difércnte.  On  a  la  liberté  dV  . 
jouter  ou  de  retrancher  ce  qui  cft  néccflairc 
au  deflein  quonfe  propoTe  >  mais  op  doit 
confcrver  autant  dé  mots  qu'il  cft  néccflairc 
po^ur  rapcler  le  fouvenir  de  l'original  dont  on 
emprunte  les  paroles.  L'idée  de  cet  original 
&  l'aplicatiôn  qu'on  en  foit  à  un  fujet  d'un 
ordre  moins  (ericux  ,  forment  dans  l'imagi-^ 
nation  un  contrafte  qui  la  furjJrcRd^  c'cft  en 
cela  que  conCiftc  la  plaisanterie  de  la  parodie. 
Corneille  a  dit  dans  le  ftilé  gr^vc,  parlant 
du  père  de  Chimènc: 

Ses  rides  fur  Ton  front  ont  grav,c  fcs  exploits. 

Racine  a  parodié  ce  vers  dans  les  Plaideurs5^ 
'    l'Intimé  parlant  de  fon  pcre  qui  étôit  fergent, 
dit  plaisament  : 

LeiPUM.      Il  gsgnoit  en  un  jour  plus  qu'un  autre  en  fîx  moij. 


LeCid.  aft. 
lie.  I. 


«a. 


*•  "^  ^  Ses  rides  fur  fon  front  gràvoicnt  tous  fcs  exploits. 


\ 


t '^ 


£tain  ,  com  alt^rius  foétn.  fcrfus  yoç&%h  in  iliud  argàm^a- 
cam  transtrrùntur.  » 

Eft  éùzm  par6dia  Hcrm6gcni ,  ciîm  qais  ,  ubi  parte  m  ilU 
<^aa  TCifus  pr6culic ,  rëli(]uuni ,  i  fc ,  ki  cfl ,  /Je  fuo  »  ora-^ 
QÀnefolûii  d^uicui.  A«^«r/i««.  Th.  liog.  gncç.  r.  w^lim; 


DU 

IJans  Con 

rabies  ,  éxplo 
exploits  (e  p 
font  les  fers 
\c  fut  offcii 
-Racine.  • 

Au  refte  ■ 
marquent  les 
"^exploits, 

Le^  vers 
le  plusexp 
les  dernière 
une  parodie 
Cid.'*  On  p< 
Wad.  à^s  h 
de  la  tnème 
riche  en  pa 
cft  rempli 
dcnc^s  meil! 
auçint  de  f 

Les  Cen 
Vrage  qui 
Jatin  fignifi 
de  drap  qu 
pièce,  &: 
habit  fait  d 
iuitc  on  a 


LU    SENS    ÀDAPrE\    %^^ 

IJans  CornçiHè  ,  e^p/o/rx  fignifie  aBwhs  mtmon 
reéles  ,  exploita  fntlitaires  ;.  &:  dans  les  Plaideurs  ^ 

exploits  fe  prend  pour  les  aBes  ou  procédures  que 
font  les  fergens.  On  dit  que  le  grand  Corneil- 
le fiit  offensé  de  cette  p|aifanterie  du  jeune 
JKacine.  ,    --         .  - 

Au  refte  l' Académie  a  obfervé  que  les  rides  sentiment 
marquent  les  artnées  :  mes  ne  gravent  point  lès  ^«  J'^cad. 
-^exploits,  •         .       .  -vfcsduCKl. 

Le^  vers  les  plus  €onus  font  ceux  qui  font 
le  plus  exposés  à  la  parodie.  On  trouve  dans 
les  dernières  éditions  des  oeuvres, de  Boîleau  Tom.  i.  ». 
une  parodie  ingénieufede  quelques  r5:cnes du  '^**<^^"-^ 
Cid.'î  On  peut  voir  aufli  dans  les  poéfics  de 
Wad.  des  Houlicres  une  parodie  d  uncjcénc  d„  i^ 
de  la  même  tragédie.  Le  Théâtre  Italien  eft  ^«-  àc 
riche  en  parodies.  Le  Poème  du  Vice  Puni  ^^J^*  ^^S- 
cft  rempli    d'apliçàtiojîs  heureufès  de  vers 
de  ncis  meilleurs  poètes  :  ces  aplicatiohs  font 
auçint  de  parodies.  ^  ♦     . 

Les  Ccntons  (ont  cnrorec^ne  forte  d'ou- 
vrage iqui  a  raport  au  fens  adapté.  Cento  en 
latin  fignific ,  dans  le  fens  propre ,  une  pièce 
de  drap  qui  doit  être  cousue  à  quelqu'autre  ^'"^',-*- 
pièce ,  &:  plus  fouvent  un  manteau  ou  un  pj^go.* 
habit  fait  dt  difcrcntes  pièces  raportées  :  en- 

i'uitc  on  Si  donc  ce  nom,pac  métaphore,  à  un 

•  ■  //  ■    ' 


ccnto,  Vf  ftif 
è  viriispan- 
nis  coniar- 


,^ 


éti. 


> 


^ 


V 


<    .     6 


is4  sûirt 

Ouvrage  compose  de  pluficùrs  vers  ou  de  pîtl^" 
fleurs  paflâgcs  Nçmpruntés  d'un  ou  de  plu** 
fleurs  auteurs.  On  prcoa  ordinairemerft  là 
mpiticdun  vers  &:  on  le  lie  par  Icfensavec 
Ja  m^ié  d*un  autre  vers,  t  ,On  gfeut  emplo- 
yca^n  vers  tout/^nentier  &  la  rnoitié  du  fui- 
vant ,  mais  on^*desaprouvc  qu*il  y  ait  deux 
vers  de  fuite  d'un  jnème  auteur.  Voici  un 
exemple  de  cette  forte  d  ouvrage  ,  tiré  des 
çentons de Proba Falconia.  *  11  s'agit  delà 
dcfenfe  que  Dieu  fit  à  Adam  &  à  Eve  de, 

•\  virils  àt  locis ,  fçnfîbûsquc  divérfis  ,  quacdani  carmU 
cis  ftruftûra  fôlidatar  ,  in  imum  verfum  ,  ut  c6?anc  œit 
duo  y  aut  unus  &.rc<]uens  cum  niédio  ,  nam  duoi^  jun£lîix| 
locàr/inéptum  cil ,  &  trcs  ,  uni  (cric,  mcrac  nugx  ..... 
frnfus  divërd  ut  congruant  ;  adoptiva  qux  funt ,  m  cogni« 
ta  vidciiKur  ;  aliéna  ne  intcdùccant.^  hiiiica  ne  patcant. 
jtùfoniui  Paulo.  Epifl.  qHdfrdlégirur  •nte  Edyll.  xi'ii. 

*  'Prob«   Ïalc6ni«    vatis   ciariflîîna;  à   S,  Hier6nymo 

comprpbitz  ccnt6nes  de  Fidei  n'ourle  myftériis  ,è  jUarpni» 

^  carminibus  ,  &c..  PariHis  ,  apud  i£gidiûm  Gorbinum  i.^j^» 

"^^7*  ia  8.  Item  Parifiis ,  apurd   FranciTcom  Stéphanunu 

Le0eentons  de  Prohéi  F»leoni»fe  trouvent  mujp  dâms  Bi- 
bltorhéca  Parrum  ,  Tfom.  y.  Lugdùni  1^77^  Vùéi  ce  qni  tfi 
dit  de  eetfe  fmvmnte  &  pteufe  Dsme  dmni  Tlndez  Auâo^ 
lum  BibJ.!^tr.  Tom.  r.  P  r  o  »  a    F  a  i°c  o  n  i  a   uxor   • 
Don  Adélphi  Procônfulis  ,.ut  fçribit  Ifidôrus ,  (éd.  Ankit 
Probi  Pr«fc^«  Pj^tomo  ,  p6(lcà  Cànfulis  ,  mater  Probini, 
Ôiibrii.,'&  Trobi ,  fimîlitcr  Confuiuifi.  -.  De  qui  multa  Hic- 
l^nymus  Epift.   &.  &:  Bârunius  Tom.   4.  &  f .  Annâlium. 
5crip(îc  Virgiiio-cemones  qui  extam  io\. .  ivit.  Flôruit 
non  fub  Thcodéiîo  juniôre  ,  uc  yult  Sixtus  Senéniis ,  ^d 
fub  Grùiino. 


A 


njan^ 
fcit  p 
pitre 

-    a. 


7.   < 
II. 

#       II.  8 
G-    a.  a 


le.  8. 
G,  3. 
G.    I, 

Noi|s 
Pleuri 
.Valjsii 
auflia 
fliieux 
prime 
un  tra 
traves 
au  lie 
jours  f 

K  J.  ç. 

cripu.   ; 


^ 


•>*     * 


*•       3 


V 


EU  4SENS    ADAFT E\     ijf  , 

nuingcr  du  Ihïit  défendu  :  Proba  Falconia 
feit  parler  le  Seigneur  en  ces  termes ,  aa  cha- 
pître  xvi.v 

^.1.    711.    Vosfimuliqiurdicaminimis'idvëititcvcftris: 
-    %.     îii.  'Eft.in  eonfpcftu  *  ramis  fclicilwsàrbor  G.  i.     «i« 

^  7.  ^^^1,  Quiim  nequc  fas   i^nji  c.uiqium  ncc  ftcrncrc 
>   fcrro       *  ■  <     . 

7.   tfo8.  RcUigionc  facri  *  nan(]uim  conccffa  movérî  &.  j.  700. 
II.    ^91.  Hic   quiçumque  (àcrti  *   decérp(ierit  irbote         d.  141. 
*  ■     fctus         -  *.       ■ 

p       11.849.    Morte  luct  mérita  ,*  »*f  m*' fcntémia  vertit  i.^^x» 

G.   X.  315.    Ncc   tihi  um  prudcns  quisquam   pcrfûideat    "     ' 

autor 
Ec.  8.     48.  Commacularc  manus.  *  Liceat  te  voce  rbonéri    ^  3;  4^1, 
G.  3.     iï6.  Yémiûi  f*  nuUiMs  ti  hUnds  fuMjiovimçsr, 
C    I.    1^8.  ^  te  digtia  manet  divini  gl6ria  ruris. 

Noi|s  avons  auiîî  les  ccntoris  d'Eticnc  de 
P  leurre  "^  &  de  quelques  autres.  L'Empereur  Aufon.  Ep. 
Val^^itinien ,  au  taport  d'Ausonc  ,  l'fteit  *°"  ^**>^  ^  ' 
'  auflî  amusé  à  cette  forte  de  jeu  :  mais  il  vaut 
n;îicux  s'ocuper  à  bien  penfcr ,  &c  à  bien  ex- 
primer  ce  qu'on  pense ,  qu  à  perdre  le  tems  à 
un  travail  où  Tcsprit  cft  toui^rs  dans  les  en- 
traves ,  où  la  pensée  eft  fubordonéc  aux  mots, 
au  lieu  que  ce  font  les  mots  qu'il  Êiut  tou- 
jours fiibordoncr  aux  pensées,  : 

♦  StépKani  Plcurrei  Aneis  facra  c6ntincns  a&z  Doraini 
Î4-  J.  C.  8e.  prim6ruin  Miircfl^tjm  Virgilio-cent6nibus  cons» 
*   cripu.  ParuLis  ,  apud  Adxiàiiuin  Taupioart  »  i^i  8.  in  4*. 


■/" 


.&• 


y 


; 


%Sé  S{U  ITE 

Ce  n'étoit  pas  aflcz  pour  quelques  écrivains; 
que  la  (fbntraiote  des  cehtons,  nous  avons 
des  ouvrages  où  l'auteur  *  s'cft  interdit  fuc- 
ccflîvement  par  chapitres  &  telon  Tordre  de 
Falphabet  Tufàge  d'une  lettre  ,c'eft-à-dire,  que 
dans  le  premier  chapitre  il  n'y  a  point  (Xa , 
dans  le  fécond  point»  de  h ,  ainfi  de  fuite.  Un 
autre  *^  a  fiiit  un  poème  dont  tous  les  mots 
comencent  par  un  p. 

Plauditc  porcclli  ;  porcorum  pigra  propâgo 
Progréditur  ,  plurcs  porci  pinguédinc  plcni 
Pugnântcs  pcrgunt.  Pécudum  pars  prodigjofa 
Perturbât  pcdc  pctrofas  plcrûmquc  platéas  j 
Pars  portcntosê  populcfrùm  prata  profanât. 

Dans  le  ix.  fiède  HubaudRçligicuxBé- 

♦  Liber  abfque  littcris.  De  Atiitibas  mundi  &  hominis; 
Aut6re  Fabio,  CGùdio,  Gordiiiio ,  Ful^éario.  Edidit  P.  Ja- 
c6bas  Hommcy  Aaguftiniinus.  Pi^vii.  Proftat  Parifiis  iipud 
ViduamCiroli  Coignard  ,  1^9^.  Lt  titr§  du  m»nuferii^ 
promet  ab  A  ufquc  in  Z?mMh  l'imprimtmr  n*m  mit  mu  jour 
mui  XI?.  chapitres  ,  eeffi  m-dirt^  jnJam*À  l'O  iHclufivt^ 
mfut  i  &ildécUr0  mue  le  fpi'it  »  igMrS  h  refit.  Hue 
«Tque  codex  ,  çujus  Icriptor  addit  :  ii  dcccm  de  quibus  fit 
mémo  in  timio  ,  néfcio  ubi  funt.  j^   - 

*♦  Pugna  Porc6rum  pcr  P.  P6rcium.  Ce  P^^fflfff  ^•*- 
fêté  de  x^i.versi,  Jt  i**i  vu  dans  un  recueil  qui  m  pour 
titre  Nugae  Ve^ilcs.  M»riri ^trihui  ce  poème  à  Lco  PU- 
ccniius.    Y.  P 1  A  j  •  A  M  T ,  dans  l'édilion  de  Mor^ri  de 

nedicun 


1 

nédidii 
Charle 
Thoneu 
c^cn 

Carm 

^  Ui 
encore 

2959. 
'cft  un 
dcdaa 
trièmc 
le  dcrn 
ïç  de 
Voici 

Hora 
Eccc 
Immi 
Red; 
Aûfc 
^Sobri; 
Illcp 
Surga 

IjCs  p( 

*  Berr 
ad  Petriïï 
De  Conn 
rcccas  da 


DV.SENS  AÛAfTir.     157 

Wcdidin  de  S.  Amand  ,  dédia  à  rEmpcrcuc 
Charles  le  Chauve  un  poème  composé  à 
Thoneur  des  chauves ,  dont  tous  les  mots 
clrmcnçent  par  la  lettre  c 

'Carmii>a  ,  clarisonac ,  calvis  cantate  Caménar. 

"*^  Un  autre  s*eft  mis  dans  une  contrainte 
encore  plus  grande  ,  il  a  fait  un  poème  de 
1959.  vers  de  fix  pies ,  dont  le  dernier  feul 
^eft  un  fpondée  ,  les  cinq  autres  font  autant 
de  daâ:iles.  Le  fécond  pie  rime  aveé  le  qua- 
trième, &:  le  dernier  mot  d'un  vers  rime  avec 
le  dernier  mot  du  vers  qui  le  fuit,  à  la  maniè*- 
ïç  de  nos  vers  françois  à  rimes  fuivies  :  ea 
Voici  le  comencement  : 

Hora  noyisyîiW4,tcnipora  pc$/tma  fiint,  vigilrw/ï/. 
Eccc  mipac/ftfr  imminct  arb/r^r  illc  [upïémus, 
Imminct,  ïmminet ut  mala  términet^  xqua  coionet, 
Reda  icmuneret ,  anxia  \iheret ,  xthera  àonet  :     * 
Aûferat  zs^erd  ,  durâquc  ^onàera  mentis  ovLkflâ  , 
jf  Sobria  mànUt ,  improba  ^UnUt ,  «traque  j/i/?è  , 
Illc  ^ujfnms ,  ille  gùv ijjtmus  cccc  venit'RfJf. 
Surgat  homo  rr;<x,  inftat  Homo  Dtf/«j,à  pâtre  jud^r; 

Les  poèmes  dont  je  viens  de  parler  font  au- 

*  Bcrnardi  MorlancnHs  ,  M6nacbi  6rdinis  Cluniacenfis  , 
ad  Petriim  Cluniacenfem  Abbicem  qui  cliruir  anno  1 140. 
De  Conccniptu  Mundi ,  libri  très.  Ex  vetéribus  membrinijr 
JTcceas  descripci.  Btcmx  ,  aiuo  1^97* 


« , 


?   «1 


^ 


«? 


N 


/ 


■ 


^urd*fam  au  même  rang  que  les  açroHidi^  &   ' 
ks  anagratnes.  t  Le  goût  de  toutes  ccs^r- 
tes  rfouvragcs ,  heurcufcment ,  eft  paflc.  1 1  y 
a  eu  un  tems  où  les  ouvrages  d'esprit  tiroïent 
leur^principal  mérite  de  Ja  peine  qu'il  y  avoit 
à  les  produire ,  &:  fouvcnt  là  montagne  étoit  . 
récompensée  de  n'enfenter  quune  fouri^,  *^ 
|)Ourvu  quelle  eut  été  long-tcms  en  travail. 

>        f  L'acrofticKe  eft  une  forte  <i'ouvrage  en  vers ,  dont  cha- 
l|ue  vers  comenae  par  chacune  des  leccrcs^qui  forment  un 

"*  certain  mot.  A  la  tête  de  chaûuc  comédie  de  I>]aute  ,  il  y 
«  oa  argument  fait  en  acroftichc  :  c'eft  le  ngm  de  la  pièce 
qui^ft  K  mot  de  l'acroftiche  ;  par  exemple  :  jtmphitru»  : 
le  premier  vers  de  JÎA;;gument  comcnce  par  un  j1  ,  le  fécond 
MT  un  Jtf ,  alnfi  de  fuite.  Ces  argumens  forfr  anciens,  &  Ma- 
dame Oacier  dans  fes  remarques  fur  celui  de  TAmphitrio» 
£ut  entendre  que  Plante  en  eft  l'auteur. 

Cicéron  nous  aprend  qu'Ennius  avoit  £iit   des  acrofti- 

.  clics  ;  i*tfft>)(  iuitur  ,  cum  deimeifs  exprimât  virfmum 
Uttirit  Miquii  eêmnéaitur,  ut  in  quitus imm  ÉknUms, 
Oc . de  Divinaûonc  1.  t.  n.  x  i  r.  iliter  l  x  v.     "^ 

S.  At^uftin  ,de  Civ.  Dei ,  1.  xviii.  c.  13.  parle  d'un 
icrpfticlie  de  la  Sy bile  .Erythrée  ,  dont  les  lettres  initiales 
fermoient  ce  fens ,  furtîlf  x««rof  dttv  TièiDtfrvV. 
'  Au^refte  acroftiche  vient  de  dfux  mots  grecs  «uc^j,  fum- 
XQUM  ,  f atf  #jf  À  une  det  extrémités  ;  &  r&<  ..versus,  ordo. 
dtLifsrtxit ,  »  ,  &  «»c^r'X"  ;  ''^  ;  initium  verfus.  1 

A  regard  de  VsnM^rétme  ce  mot  eft  encore  grec   :  il   eft 
compose  de  la  prépofitioh  •»«,  qui  dansia  .composition  des 

j  mots  répqnd  fouvcnt  i  rétro,  r"ê  ;  ScÀc  ycfL/*fi,m  ,  lettre,  L'a- 

(   Oagrame  fc  fait  lorsqu'en  déplaçant  les  lettres  d'un  mot, 
on  en  forme  un  autre  mot ,  qui  a  une  lignification  diféren*  ' 
te  ;  par  ex^nple  ,  de  Urmine  on  a  £ut  Aliriên, 

n  ne  paroii  pas  ^uc  k«  «oagr^oies  «leot  jamaii  clé  ca 
Mage  parmi  les  Lauas,        «     ,^ 


Aujout 

à  tafairt 
truit  \  c 
a  un  0 
pFus  les 
on  ne 
iîgnifiei 
aprendi 
de  pou 
ce  natu 
tre  à  la 
»J)ure  pc 

sc3xax3xa9 


Sens 


c 


E 

par 
sracher , 
Tout 
gucur  ,.1 
on.  penl 
ilalarg 
apèle  fa 
profond 
dans  un 


tu   SENS  ADAPTE.     %^^ 

Aujourd'hui  le  r^m^  &  la  dificulté  ne  font ^^n  MolUre, 
a  fafatre  ;  on  aime  ce  qui  clt  vrai ,  ce  qui  ins-  ,,  fc.  x. 
iruir  ',  ce  qui  éclaire  ,  ce  qui  intéreflè  ,  ce  qui 
a  un  oDJet  raifonable  i  &:  Ton  ne  regarde 
prus  k$  mots  que  corne  des  fignes  ausqucls 
on  ne  s  arête  que  pour  âler  droit  à  ce  qu  ils 
iignifient.  La  vie  eft  fi  courte  &:  il  y  a  tant  à 
aprendre  à  tout  âge ,  que  fi  Ton  a  le  bonheur 
de  pouvoir  furmonter  la  parcfle  &c  l'indolen- 
ce naturèle*de  lefprit  ,on  ne  doit  pas  le  met- 
tre à  la  torture  fur  des  riens ,  ni  1  apjiquer  en  . 
^pVLtc  perte. 

9^#1%OT%*^vl%rl%  vl«vl%vAvV^#'wrl^^A  0'mw'niw'^wmw^w^  w^w^w^w'm  #l%»V%p^#i^ 

^  XI. 

■Sens  Abstilait,  Sens  Concret. 

CE  mot  ahflrait   vient  du  latin  ahflrâ^ut 
participe  d'abflrâhere ,  qui  veut  dire //r^r, 
drachcTy  Jlpartrde,  f 

Tout  corps  c{b  réèlcmcnt  étendu  en  lon- 
gueur ,«largcur  &  profondeur ,  mais  Couvent 
on.  penfc  à  la  .longueur  fans  faire  atèntion 
&  la  largeur  ni  à  la  profondeur ,  c*eft  ce  qu'on 
apèlc  faire  abftradlion  de  la  largeur  &:  de  la 
profondeur  î  c'cft  confidéftir  la  longuei^jc 

dans  un  fens  abftrait  ;  c*cft  ainfi  qu  en  géo- 

K  ij 


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V 


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"♦ 


24o,    SENS    ABSTRAITy 

racfric  on  confîdèrc  le  point,  la  ligne ,  le 
cercle ,  fans  avoir  égard  ni  à  un  tel  point ,  ni 
à  une  telle  ligne.,  ni  à  un  tel  cercle  phyfîquc/ 
Ainfi  en  général  le  fens  abftrait  eft,  celui 
par  lequel  on  s*odlipc  dune  idée  fans  faire 
atention  aux  autres  idées  qui  ont  un  raport 
naturel  &  néceflaire  avec  cette  idée. 

1.  On  peut  confidérer  le  corps  en  général 
fans  penfer  à-  la  ligure  ni  à  toutes  les  autres 
propriétés  particulières  du  corps  phyfique: 
C  cft  conlidérer  le  corps  dans  un  fens  abl- 
trait ,  c'eft  coniîdérer  la  chdfe  fans  le  niodc^ 
corne  parlent  les  Philofophes,  res  absque  modo. 

2.  On  peut  au  contraire  confidérer  les  pro- 
priétés des  objets  fans  faire  atention  à, au- 
cun fuje^  particulier  auquel  elles  foient  ata- 
chées  \modus  absque  te.  Oeft  aiflii  qu'on  parle 
de  la  blancheur  ,  du  mouvement ,  du  repos, 
fans  foire  aucune  atention  particulière  à 
quelque  objet  blanc ,  ni  à  quelque  corps  qui 
foit  en  mouvement  ou  en  repof. 

L'idée  dont  on  s  ocupe  par  abftra(flion,eft 
tirée,  pour  ainli  dire  ,  des  autres  idées  qui 
ont  raportà cclle-là^eriè  en  eft  come  feparée, 
àc  c  cft  pour  cela  qu  on  l'apèle  idée  abftraite. 

L  abftradion  eu  donc  une  forte  de  fépara- 
tion  qui  fc  Élit  par  la  peofce.  Souvent  on  con- 


\ 


fîdèrc  u 
dabftra. 
fiitdes 
te ,  cnfi 

""plutôt   i 

particul 

confîdci 

fiire  ate 

priétés, 

ks  prop 

•Le  fei 

Ton  COI 

mode  u 

uafujet 

ce  fujet 

même  cl 

parexen 

cette  boite 

alors  dai 

Ce  me 
ticipe  de 
lir,fe  c< 
dans  le  I 
qu*un  t 
re  point 

Le  co 
idées ,  ce 


piH^tM*' 


SE}fS  CONCRET.  lét 
fidère  urt  tout  par  parties,  ccft  une  cfpcçc 
dabftradion,  c'eft'ainfi  qu'en  anatomicon 
feit  des  dcmonftrations  particulières  de  la  tê- 
te/cnfuitç  delà  poitrine  ,  &:c.  mais  c'eft 
""plutôt  divifcr  qu  abftraire  5  •  on  apèle  pUis 
particulièrement /2arf  abftraBion  ,  lorsque  l'on 
confidcre  quelque  propriété  des  objets  fans 
faire  atention  ni  à  lobjet,  ni  aux  autres  pro- 
priétés, ou  lorsque  l'on  coniidère  l'objet  fans 
ks  propriétés.^ 

•Le  fens  concret  au  contraire,  c'eft  lorsque 
l'on  coniidèieie  fujet  uni  au"  mode  ,  ou  le 
mode  uniauliijct)  c'eft  lorsque  l'on  regarde 
un.  fujet  tel  qu'il  eft-,  &:  que  1  on  penlè  que 
ce  fujet  &  fa  qualité  ne,  font  enfemble  qu  une 
mèmechofc ,  ^  forment  un  être  particulier; 
par  exemple  :  ce  papier  blanc  ^  cette  table  quarrée^ 
cette  boite  ronde  5  blanc,  quarée  ,  ronde  font  dits 
alors  dans  un  fens  concret. 

Ce  mot  conffet  vient  du  latin  concrétus ,  pa.r- 
ticipede  cqncréscere  croitre  çnfemble,  s  épais- 
lir ,  fe  coaguler  j*  être  composé  de  >  en  ëfct, 
dans  le  fens  concret ,  les  adjcdife  ne  forment 
qu'un  t»ut  avec  leurs  fujèts  ,  on  ne  leslépa- 
re  point  l'un  de  Tautre  par  la  pensée. 

Le  concret  renferme  donc  ftujours  deux  * 

idées ,  celle  du  fujet  ,&  celle  de  la  propriété. 

Riij       ' 


V 


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(     ■  • 


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^t 


0%    J:E NS^  a BSTlCAlTy 

Tous  Icsî  fubftantife  qui  font  pris  adjeélive- 
mcnt  font  alors  des  termes  concrets,  ainfî 
quand  on  dit  ftitHs  efi  homa  h  homo  e(l  alors  un 
terme  concret,  Petms  efl  habens humamtâtem. 

Obfcrvez  qu'il  y  a  de  la  diférencc  entre 
faire  abftraftiôn  &  (c  fervird*un'terrnç  abs- 
trait. On  peut  Ce  fervir  de  mots^  qui  expri- 
ment des  objets  réels  Se  faire  abftradion, 
corne  quand  on  examine  quelque  partie  d  un 
tout  ,  fans-a:voir  égard  aux  autres  parties: 
on  peut  au  contraire  fc  fervir  de  termes  abs- 
traits fans  faire  abdradion  ,  come  quand  on 
dit  que  la  Fortune  eft  aveugle. 

Des  termes  abp'sits* . 

Dans  le  ^^fangage  ordinaire  abftraît  fc  psend 
pour  fubtil ,  métaphyfique  :  Ces  idées  font  abflrttitcs^ 
c*eft-à-dirc ,  qu  elles  demandent  de  la  médi- 
tation ,  qu  elles  ne  font  pas  ailées  à  com- 
prendre ,  qu  elles  ne  tombent  point  fous  les 
fens. 

On  dit  auffi  d'un  home  qu'il  cà  aèflrait 
quand  il  ne  socupe  que  de  ce  qu'il  a  dans 
Tefprit  fans  fe  prêter  à  ce  qu'on  lui  d^.  Mais 
et  que  f entens  ici  par  termes  abfimts ,  ce  font 
les  mots  qui  ne  marquent  aucun  objet  qui 
cxifte  hors  de  notre  imagination. 


I  % 


Que  ki 
xi*y  penfei 
defoieili 

Msiis  bi 
mes  abfti 
fent  &c  qi 
d  autres  a 
manié  rc 
laids  >  ma 
la  beauté 
mais /*/?«« 
n'y  a  poii 

Les  abf 
fent  les  il 
&  la  méd 
que  nous  j 
fions.  C'< 
que  nous 

indépend; 
afedions 
çfprit ,  c'e 
tés  des  dbj 
vement  er 
dcf*  corps 
Nou^  fc 
particuliei 
en  donoa 


C'J»»!»»^" 


SENS  CONCRET.  x6f 
Que  les  homes  pcnfent  au  folcil ,  ou  qu'ils 
n  y  penfent  point,  le  fôleil  exifte,  ainfi  le  mot 
de  foJcil  neft  point  un- terme  abftrait. 
-  Msiis  heauté  ,  laideur  y  6cc  ^  font  des  ter- 
mes abftraits.  îl  y  a  des  objets  qui  nous  plai- 
fent  &c  que  nous  trouvons  beaux ,  il  y  en  2^ 
d  autres  au  contraire  qui  nous  afcdent  d'une 
manièrs:  desagréable ,  &  que  nous  apclons 
laids  >  mais  il  ny  a  aucun  être  réel  qui  foit  * 
la  beauté  ou  la  laideur.  Il  y  a  des  homes , 
niais  C humanité  n'eft  point ,  c'eft-à-dire ,  qui! 
Ii*y  a  point  un  être  qui  {oit  f  humanité. 

Les  abftradions  ou  idées  aWlraites  fupo*- 
fcnt  les  i m préfïjons  particulières  des  objets, 
&  la  méditation ,  c'cft-à-dire ,  Içs  réflexions 
que  nous  fesons  naturèlement  fiir  ces  impref- 
fions.  C cft  à  locaiion  de  ces  impreilions 
que  nous  confidérons  enfuitc  (cparément,  ôc 
indépendament  des  objets  ,  les  diférentcs 
afedions  quelles  ont  fait  naitre  dans^ notre 
çfprit ,  ccll  ce  que  nous  apelons  les  propric.  . 
tés  des  objets:  Je  ne  coniidérerois  pas  le  mou-  . 
vement  en  lui  même,  fi  je  n'a  vois  jamais  vu 
de*  corps  en  mouvement. 
.  Nou^  fomes  acoutumés  à  doncr  des  noms 
particuliers  aux  objets  réels  &c  fenfibles,  nous 

en  donons  aiiHi  par  imitation  aux  idées  aks- 

Riiij 


1 


r 


\ 


('  I' 


«^£4.    ^ EUS  Abstrait. 

traites  »  corne  fi  elles  repréfentoient  des  êtres 
réels  >  nous  n  avons  point  de  moyen  plus  6- 
cile  pour  nous  comuniquer  nos  penfées.     . 

Ce  qui  a  furtout  doné  lieu  aux  idées  abSv 
traites  ,  c'eft  /uniformité  des  impreffions 
*qui  ont  été  excitées  dans  notre  cerveau 
jpar  des  objets  ditérens  &:  pourtant  fembla- 
bles  en  un  certain  point  :  les  homes  ont  in^ 
venté  dte  mots  particuliers  pour  exprimer 
cette  rcffemblance  ,  cette  uniformité  d'im- 
preffion  dont  ils  fe  font  formé  une  idée  abs- 
traite. Les  mots  qui  expriment  ces  idées  nous 
fervent  à  abréger  le  discours ,  &:  à  nous  faire 
entendre  avec  plus  de  facilité  ;  par  exemple, 
nous  avons  vu  plufieurs  objets  blans ,  enfuitc 
pour  exprimer  Pimpreflion  uniforme  que  ces 
difercns  objets  nous'  ont  eausée,&  pour  mar-^ 
quer  le  foint  dans  lequel  ils  fe  reffehblent ,  nous 
nous  (crvons  du  mot  de  blancheuti 

Nous  fomes  acoutumés  dès  notre,  enfonce 
.  à  voir  des  corps  qui  partent  fucceffivemenc 
d'une  place  à  une  autre ,  enfuite  pour  expri- 
mer cette  propriété  &:  la  réduire  à  une  for- 
te d'idée  générale ,  nous  nous  fervons  du  ter  ^ 
mçdc  mouvemetit.  Cj  que  )c  veux. dire  s'en^ 
tendra  encore  mieux  par  cet  exemple. 

l<cs  noms  que  Ton  donc  aux  tropes  ou 


\ 


figures  d 

tcnt  poin 

point  de 

ni  une  m 

preilîons 

de  parier 

très  de  ï 

&:  les  au 

duifent  à 

les  cxprei 

lequel  eJ 

raportde 

(es  dans  ( 

c*cft-à-dij 

mer  les  p 

phorique 

elles  s  y  r 

donc  une 

aucune  c 

culier,fna 

raie  que  1 

à  une  c\i 

duncmei 

de  la  nè[t 

discours! 

Il  en  -6 

d  arts  dc\ 


1  ,* . 


■■.•  ■ 

■■,1 
's 
•''I 


SENS  COliCREr.         %Sy 

figures  dont  nous  avons  parlé,  nerepréfen- 
tcnt  point  des  êtres  rcclss  il  ri'y  a  point  d'être, 
point  de  fubftance  ;  qui  foit  une  mctàphore> 
ni  une  métonymie.  ;  ce  font  les  diférentes  ex-  % 
preilîons  métaphoriques  &:  les  autres  façons 
de  parler  figurées  qui  ont  doné  lieu. aux  mai- 
très  de  l'art  d'inventer  le  terme  de  métaphore' 
&:  les  autres  noms  des  figures  :  par  là  ils  ré- 
duifent  à  une  efpfcce,  à  une  clafle  particulière 
les  expreffions  qui  ont  un  tour  pareil  félon 
lequel  elles,  fe  reflembknt  ,  &:  c'eft  fous  ce. 
raport  de  reflemblance  qu'elles  font  compri- 
fcs  dans  chaque  forte  particulière  dé  figure , 
c*eft-à.-dire  j  dans  la  même  manière  d  cxprî* 
mer  les  pensées  :  toutes  les  expreiïîçins  méta- 
phoriques font  comprifes  fous  la  métaphort:, 
elles  s'y  raportent  5  l'idée  de  métaphore  cft 
donc  une  idée  abftraite  qui  ne  repréfentc 
aucune  expreflion  métaphorique  en  partie 
culier,mais  feulement  cette  forte  d'idée  gêné- 
raie  que  les  homes  fe  font  faite  pour  réduire 
à  une  ctlafle  à  part  les  expreflîons  figurées 
d'une  même  efpêce-,  ce  qui  met  de  l'ordre  &c 
de  la  nqtctc  dans  nos  pensées  &c  abrège  nos 
discours! 

Il  en  xû  de  même  de  tous  les  autres  noms 
d*arts  ôc  Ide  fcicnccs  :  la  phyfique ,  par  ekem- 


/ 


■' 


f 


1 


/^ 


.  r 


%66       SENS  ABSTRAIT, 

pic ,  n*cxiftc  point ,  c*cft-à-dirc  y  quil  n'y  û 
point  un  être  particulier  qui  foit  la  phyfîquc: 
mai$  les  homes  ont  fait  un  grand  nombre 
<le  réflexions  fur  les  difcrcntes  opérations  de 
la  nature  -,  &:  enfuitc  ils  ont  donc  le  nom  de 
fcience  fhyfique  au  recueil  ou  aflemblagc  de  ces 
ccflcxions  ,  où  plutôt  à  l'idée  abftraite  à  la- 
quelle ils  raportent  toutes  \çs  obfervations 
qui  regardent  les  êtres  patut eis. 

l\  en  eft  de  même  de  douceur ,  amertume^  être^ 
néanty  vie, mort ,  mouvement,  repos,  &:c.  Chacu-» 
nclde  ces  idées  générales  ,  quoiqu'on  en  difc, 
cil  auffi  poiitive  que  l'autre ,  puisqu'elle  peut 
être  également  le  fu^et  d'une  propofition. 

,  Come  les  difércns  objets  blans  oftt  donc 
lieu  à  notre  esprit  de  fe  former  l'idée  de  blan* 

-thfWTy  idée  abftraite ,  qui  ne  marque  qu'une 
forte  d>fc(^on  de  l'esprit-;  de  même,  le» 
dîVcrs  objets,qui  nous  afedent  en  tant  de  ma- 
nières diférentes>  r^ous  ont  donc  lieu  de  nous 
former  l'idée  d-êtrêy  de  fubftance  ,  d'cxiflance  7 

^furtout ,  lorsque  nous  ne  conlidcrons  les  ob- 
jets que  *come  cxiftaris ,  fans  avoir  égard  à 
leurs  autres  propriétés  particulières  :  c'eft  le 
point  dans  lequel  les  êtres  particuliers  fe  ref- 
femblent  le  plus.  , 

Les  objets  réels  ne  font  pas  toujours  dans 


M 


f: 


S£ 
la  même  fi 
disparoifTc 
changcnjci 
paflcen  no 
nous  fento 
impreflîog 
toit  en  no 
idC  absence ,  d 
quoique  le 
cependant 
le  de  l'cfpr 
nous  aqué 
l'ocafion  d 
de  privati( 
nous  aflig( 
Des  que 
notre  fàcu 
sentir  à  ce 
consenti ,  c 
avons  dit  0] 
à  médire 
propres  fen 
avons  rcdi 

apelé  afirmA 
notre  espn 
quand  il  v.( 
tion  la  mai 


y 


fr'.V.'W''*"™ 


SENS  CONÇRÉr.  i6y 
ïa  même  fituation ,  ils  changent  de  place ,  ils 
disparoiffent ,  &:  nous  fcntons  rcèlcmcht  ce 
changcnjcnt  &  cette  aWcnce:- alors  il  fe 
pafTe  en  nous  une  afedion  rccle  p^r  laquelle 
nous  fcntons  que  nous  ne  recevons  aucune 
impreffioij  dun  objet  dont  la  préfence.cxci- 
toit  en  nous  des  éfccs  fenfibïcs  :  delà  l'idée 
d'ahsencc ,  de  privation ,  de  néant  :  De  forte  que 
quoique  le  néant  ne  foit  rien  en  lui'  même  ^ 
cependant  ce  mot  parque  une  afedion  réè- 
le  de  Icfprit ,  ccft  une. idée  abftraite  que 
nous  aqucrons  par  lusage  de  la  vie  ,  à 
locafion  de  labsence  des  objets ,  &:  de  tant 
de  privations  qiii  nous  font  plaifir  ou  qui 
nous  afligent. 

Des  que  nous  avons  eu  quelque  usage  de 
notre  feculté  de  consentir  ou  de  ne  pas  con-. 
sentir  à  ce  qu  on  nous  propofoit,  nous  avons 
consenti ,  ou  nous  n'avons  pas  conseiui-,  nous 
avons  dit  oui ,  ou  nous  avons  dit  »o»^:  eiifuitc 
à  mefure  que  nous  avons  réfléchi  fiir  nos 
propres  Icntimens  intérieurs ,  &c  que  nous  les 
avons  réduits  à  certaines  claflcs ,  nous  avons 
apelé  afinnation  cette  manière  miiformc  dont 
no^tre  esprit  e(l  afoélc  quand  il  aquiescc , 
quand  il.  consent, &:  nous  avons  apelé  rr^4- 
tion  la  manière  dont  noric  ciprit  cil  afcctc 


r 


r 


/ 


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.  '>. 


^>«' 


"^ 


--^ 


ft6S    S:ENS    ABSTRAIT , 

quand  il  fcnt  qu  il  rcflifc  de  consentira  quel- 
que jugement. 

Les  termes  abftraits,  qui  font  en  très  grand 
nombre,  ne  marquent  donc  que  des  afedions 
de  rentendemeiu  ;  ce  font  des  opérations 
naturèles  de  I  cfprit ,  par  lesquelles  nous  nous' 
formons  autant  de  clafles  diterentes  des  di- 
verfcs  fortes d'impreflio'iS  particulières,  dont 
nous  fpmcs  afèclés  par  l'usage  de  la  vie.  Tel 
cft  rhc^e.  Les  noms  de  ces  clafles  difcren- 
tes  ne  dcfignent  point  des  êtres  réels  qui  fub- 
iîftçm  hors  de  nous  :  les  objets  blans  font  des 
erres  Jtcels;  mais  la  blancheur  neft  qu'une 
'klçc^ab^lraite  :  \qs  expreiïions  métaphoriques 
Ibnt  tous  les  jours  en  ufage  dans  le  langage 
des  hom^  m^is  la  métaphore  n'eft  que  dans 
l'esprit  desXJrammairiens  &:  des  Rhéteurs. 

tes  idées  abftraites  que  îKîus  aquérons  par 
l'ufage  de  la  vie ,  font  en  nous  autant  d'i'dces 
Cîctmplaires  qui  nous  Icrvent  enfuite  de  rè- 
gle ô/de  modèle  pour  )uger  (i  un  objet  a  ou 
n'a  pas  telle^  ou  telle  propriété. ,  c'cft-à-dirc  , 
s'il  ftitôu  s'il  ne  fait  pas  en  nous  une  im- 
preffion  femblablc  à  celle  que  d'autres  objets 
nous  ont  caufée ,  &:  doRt\^^  nous  ont  laiflc 
l'idée  ou  afettion  habituèle.  Nous  rédui- 
fons  chaque  for.tc  d'imprcfllon  que  nous  rc* 


ccvons , 
quelle  i 
.  les  nou) 
nous  ne 
porter, 
une  claj 
tous  les 
genres  o 

autant  d 

pas  l'apJ 

lier  î  ain 

cercle , i 

abftraits 

d'une  tel 

plus  abd 

Ce  qi 

aquéron 

la  vie ,  f 

ver  les  je 

doit  ne  1 

autant  q 

que  le^ 

cnfàns  de 

grand  ne 

choix  d: 

ont  plus 

idées  qu< 


y 


/     I 


-< 


SENS    CONCRET.       lér 

ccyons,  à  la  claflc  à  laquelle  il  nous  paî-oit 
qu'elle  fe  raportcî  nous  raportons  toujours 
les  nouvèlesimpreffions  aux  anciènes;&:  fi 
nous  ne  troui^ons  p^is  qu'elles  puiflents'y  ra- 
portcr,  nous  en  fefons  une  claffc  «ouvèlc  ou 
une  claflc  à  part ,  &:  c'cft  delà  que  vicncnt 
tous  les  noms  apellatifs,  qui  marquent  dc% 
genres  ou  des  cfpèces  particulières ,  ce  font 
autant  de  termes  abftraits  quand  on  n'en  fait 
pas  l'aplication  à  quelque  individu  particu- 
lier 5  ain(i  quand  on  confidère  en  général  le 
cercle ,  une  vile ,  cercle  &c  vile  font  des  termes 
abftraits  i  mais  s'il  s'agit  d'un  tel  cercle ,  ou 
d  une  telle  vile  en  particulier ,  le  terme  n'eft 
plus  abftrait. 

Ce  que  nous  venons  de  dire,  que  tious 
aqucrons  ces  idées  exemplaires  par  l'ufage  de 
ia  vie ,  feit  bien  voir  qu'il  ne  faut  point  cic- 
ver  les  jeunes  gens  dans  dès  folitudes,&:  qu'on 
doit  ne  leur  montrer  que  du  bon  &c  du  beau 
autant  qu'il  cfl  pcJfTible.  C'cft  un  avantage 
que  le^  cnfàns  des  grans  ont  au  dcflusdcs 
cnfànsdes  autres  homes  5  ils  voient  un  plus 
grand  nombre  d'obus  ',  &  il  y  a  plus  de 
choix  dans  ce  qu'on  leur  montre  i  ainfi  ils 
ont  plus  d'idées  exemplaires ,  6c  c  cft  de  ces 
idées  que  fc  forme  Je  goût.  Un  jeune  home 


r 


/ 


^70    S  tNS    ABSTRAIT. 

qui  n'aixroit  vu  que  d*cxcélcns  tableaux  n'ad^ 
mireroit  guère  les  médiocres. 

En  termes  d'aritmctique ,  quand  on  dit 
trois  louis ,  dix  homes ,  en  un  mot ,  quand  on 
aplique  le  nombre  à  quelque  fujet  particulier, 
ceUonibre  cft  apelc  concret  y  3l\x  lieu  que  fi  Ton 
dit  dtux&  deux  font  quatre  y  ce  font  là  des  nom* 
bres  abftraits ,  qui  ne  font  unis  à  aucun  fujet 
particulier.  On  confidère  alors  par  abftrac- 
tion  le  nombre  en  lui  même  i  ou  plutôt  Ti- 
dce  de  nombre  que  nous  avons  aquifd  par 
l'usage  de  la  vie. 

Tous  les  objets  qui  nous  environent  & 
dont  nous  recevons  des  imprcffions,  font  au- 
^  tant  d  êtres  particuliers  que  les  Philolbphes 
apèlcnt  des  individus.  Parmi  cette  multitude 
innombrable  d'individus^lesoaos^t  fembla- 
blés  aux  autres  en  certains  points  :  delà  les 
idées  abftraites  de  genre  &:  d'efpèce. 

Remarquez  qu'un  individu  eft  un  être  réel 
^e  vous  ne  fauriez  divifer  en  un  autre  lui 
même  :  Platon  ne  peut  être  que  Platon  :  Un 
diamant  de  mile  écus  peut  être  divifé  en-plu- 
fieurs  autres  diamans>  mais  il  ne  fera  plus  le 
diamant  de  mile  écus  :  cette  table ,  fi  vous  la 
divilèz  y  ne  fera  plus  cette  table  :  delà  Tidéc 
d'unité ,  ceft-à-dirc ,  Tafcdion  de  l'esprit  qui 
conçoit  Tindividu  dans  un  fcns  abftrait. 


é 


SENS  CONCRET.  ^  ty\ 
',  Obfervez  encore  qu'il  neft  pas  néceflairc 
que  j'aie  vu  tous  les  objete  blans  .pour 
me  former  l'idée  abftraitc  de  blancheur  5  un 
.feul  objet  blanc  pôuroit  me  faire  naitre  cette 
idée,  &:  dans  la  fuite  je  napclcrois  bla.nc  que; 
ce  qui  y  feroit  conforme,  comç  le  peuple  n  a- 
tribue  les  propriétés  du  foleirqù'à  l'a  Arc  qui 
fait  le  jour.  Ainlî  U  neft  pas  néceflaire  que 
j'aie  vu  tous  les  cercles  poflibles  ,  pour  véri- 
fier il  dans  tout  cercle  les  lignes  tirées  du  cen- 
tre  à  la  circonférence  font  égales ,  un  objet 
qui  n'a  pas  cette  propriété  n'cft  point, un 
cercle ,  parce  qu'il  n'eft  pas  conforme  à  Pidéc 
exemplaire  que  j'ai  aquife  du  cercle ,  par  l'u- 
fage  de  la  vie  ,  &:  par  \^s  réflexions  que  cet 
ufage  a  fait  naitre  dans  mon  efprit., 

La  Fortune,  le  Hazard&:  laDcftinée,quc 
Ton  pexfonifie  (î  fouvent  dans  le  langage  or- 
diiiaire,  ne  font  que  des'termes  abftraits.  Cet- 
te multitude  d'événemens,  qui  nous  ariVent 
tous, les  jours,  fans  que  la  caufe  particulière 
gui  les  produit  nous  foit  conue,  a  afedé  notre 
esprit  de  manière  /qu'elle  a  excité  eh  nous 
l'idée  indéterminée  d'une  caufe  inconue  que 
le  vulgaire  a  apelée  Fortune,  Ha'^^rd,  ou  DeJU^ 
née  :  ce  font  décidées  d'imitation  formées  à 
l'exemple  des  idées  que -nous  avons  d^s  caufes 


■ 


téèJqs. 


r 


\_-^ 


♦Pfal.  ï8. 

V.    I. 

♦•AdRom. 
.1.  V.  io» 


J 


tTt     SENS  ABSTRAIT, 

Xcs  imprcflîons  que  nous  recevons  des 
objets^  &:  les  réflexions  que  nous  fcfons  fur  ces 
imprefïions  p^rlufage  de  la  vie  &  par  la^c-»* 
ditation^  font  la  fource  de  toutes  nos  idées, 
ccft- à-dire,  de  toutes  les  afcdions  de  notre 
cfprit  quand  il  conçoit  quelque  chofe ,  de  -^ 
quelque  manière  qu  il  la  conçoive  :  c'eft  ainfl*  ^r 
que  Yidtt  de  Dieu  nous  vient  par  les  créait 
turcs  qui  nous  anoncent  fon  exiftance  &:  fes 
perfcdions  :  ■**  Cœli  enarrant  glàriam  Dei.  ^^In-  - 
vifibïlia  enim  ips'ius  per  ea  ejux  faBafunt  intellé£h 
confpiciûntur  y  fempitérna  quoque  ejus^  virtus  drWi- 
v'mitas.  Une  montre  nous  dit  qu'il  y  a  un  ou- 
vrier qui  l'a  faite ,  L'idée  qu'elle  feit  naitre  en 
moi  de  cet  ouvrier ,  quelque  indéterminée 
qu'elle  foït ,  n'cft  p6int  Pidée  d'un  être  abs- 
trait,  elle  ell  l'idée  d'un  être  réel  qui  doit 
avoir  de  Tintelligence  &:  de  l'adreffe  :  Ainû 
l'Univers  nous  aprend  qu'il  y  a  un  Créateur 
qui  Ta  tiré  du  néant ,  qui  le  confer.ve ,  qu'il    * 
doit  avoir  des  perfedions  infinies ,  ôc  qu'il 
exige  de  nous  de  la  reconoiflance  &:  de$ 
adorations.  ^^^  ^ 

Les  abftradions  font  une  fecukc  particu- 
lière de  notre  efprit.qui  doit  nous  faire  reco*  ' 
noitre  combien  nous  fomes  élevés  au  defliis 

des  êtres  purement  corporels. 

Dans 


■SENS  CONCRET.  J7J 
Dans  le  langage  ordinaire  on  parle  des  abs- 
trayions de  1  cfprit  corne  on  park  des  réali- 
tés ,  les  termes  abftraits  n'ont  même  été  in- 
ventes qu*à  l'imitation  des  mots  qui  expri- 
ment des  êtres  phyiiques.  Ceft  peut-être  ce 
qui  a  doné  lieu  à  un  graiid  nombre  d'erreurs 
où  |és  homes  font  tombés  ,  faute  d*avoir  rc- 
conu  que  les  mots  dont  ils  fe  fcrvoient  en 
ces  ocalions  n'étoient  quâ  les  fignes  des  afec- 
tions  de  leur  efprit  ,  en  un  mot,  de  leurs  abs- 
trayions ,  &  non  Texprellion  d  objets  réels; 
delà  l'ordre  idéal  confondu  avec  Tordre  phy- 
(ique  5  delà  enfin  l'erreur  *  de  ceux^qui 
croient  fa  voir  ce  qu  ils  ignorent ,  &  qui  par- 
lent de  leurs  imat^inations  meta  phyiiques 
avec  la  même  aflùiance  que  les  autres  hot^ 
nies  parlenf  des  objets  réels.  ♦ 

Les  abllradions  font  un  pays  où  il  y  a 
encore  bien  des  dlcou vertes  à  fiire,  &c  dans 

n. 

lequel  on  tcroir  quelques  progrès  ,  li  l'on  ne 
prenoit  pas  pour  lumière  ce  qui  n'eil  qu'une 
fédudion  délicate  de  l'imagination,  &c  li  l'on 
pouvoit  fe  rapeler  fans  prévention  la  maniè- 
le  dont  nous  avons  aquis  nos  idées  &:^os 
conoifTances  dans  les  premières  années  de 
notre  vie  ;  mais  cela  ndX  pas  mamtenant 
de  mon  fuict. 


\ 


*  Abfït  fr- 
ror  opinin- 
iiuin  (e  iU- 
re  quod 
nclcmnr. 
jtug.xn  En- 
chuid.  ad 
Laur.de  Fi- 
de ,  Spc,  Se 
Char.  cap. 
c9.tom.v1. 
p.  i  I  8.  Pa- 
ns.   i6i$>. 


- 


\ 


y' 


/ 


% 


>» 


%f^     SSNS  ABSTRAIT  y 

KéficxiùHs  fur  kf  MbftrÂcfions  j  fsrr^fort)^ 
U  ffàsmère  tenfeigntr.  ^  -  ^ 

Corne  c*cft  aux  AJlaitrcs  que  j'adrcffc  cet 
X)uvragc ,  jp  crois  pouvoir  ajouter  ici  queb 
^ucs  réflexions  par  iraport  à  la  manière  d'en- 
feigeer.  Le  grand  art  de  la  Didàdique ,  ^ 
c*eft  de  favoir  profiter  àes  conoiflances  qui 
font  déjà  dans  l'esprit  de  ceux  qu'on  veut 
inftruire,  pour  )lCS  mener  à  celles  qu'ils  n'ont 
point  5  c  eft  ce  qu'on  apèle  aler  du  conu  à 
rinconu.  Tout  le  monde  convient  du  prin- 
cipe, m^iis  dans  la  pratique  on  s*en  écarte ,  ou 
fiiutc  d  atcntion ,  ou  parce  qu  on  fupofe  dans 
les  jeunes  gens  des  conoiflances  qu'ils  n  ont 
point  encore  aquifes.  Un.métaphyficien  qui 
a  médité  fur  finfini ,  fur  1  être  en  général , 
&c ,  perfuadé ,  que  ce  font  là  autant  d'idées 
innées,  parce  qu  elles  font  faciles  à  àquérir  &: 
qu'elles  lui  font  familières,,  ne  doute  point 
que  ces  conoiflances  ne  fôient  aufl[î  familiè- 
res au  jeune  home  qu  il  infl:ruit ,  quelles  le 
font  à  lui  même  >  fur  ce  fondement ,  il  parle 
toujours  -,  on  ne  Tentend  point ,  il  s'enétone; 
il  élève  la  voix ,  il  s'.épuife ,  &:  on  l'entend 

„  *  La  Didactique  ,  c'cft  Part  d'etiscigiicr,4i/«xTix^r ,  aptu9 


que 
Utile 


/^ 


SENS    CONCRET.       «;?j 

eitccxrc  moins.  Qjlic  ne  fe  rapèle-t-il  les'prc* 
micres  années  de  fon  enfance  f*  AVoit-il  à 
.  cet  âge 'des  conoiiïances  auxquelles  il  n  a  pen- 
se  que  dans  la  fuite  ,  par  le  fccours  des  rèfle- 
xiBns ,  &:  après  que  fon  cerveau  a  eu  aquis'un 
certain  degré  de  confiftance  l  En  un  mot,co- 
noi(ïbit-il  alor^  ce  qu'il  neconoiflbit  pas  en» 
core,  &:^ce  qui  lui  a  paru. aou veau  dans  U 
fuite ,  quelque  facilité  qu'il  ait  eue  à  le  con- 
cevoir? fe    . 

Nous  avons  befoin  d'impreflîons  particu* 
lières ,  À:  pour  ainfi  dire,'prcliminaires,  pour 
nous  élever  enfuite  par  le  fecours  de  lexpé*» 
irience  &:  des  réflexions  ,  jufqu  à  la  fublimité 
des  idées  abftraîtcs  :  Parmi  celles-ci  /les  unes 
foht  plus  Éiciics  acquérir  que  les  autres ,  l'u- 
iage  delà  vie  nou^  mène  à  quelques-unes 
presque    fans  réflexion  ,    6c    quand  nous 
venons  enfuite  à  nous  apercevoir  que  nous 
Jes  avons  aquifes ,  nous  les  regardons  comc 
nées  avec  nous.    "  V  • 

'  Ainfi  il  me  paroït  qu  après  qu'on  a  âquis 
un  grand  nombre  de  conoiflances  particuliè- 
res dans  quelque  art  ou  dans  quelque  fciencc 
que  ce  foit,  on  ne  fauroit  rien  faire  de  plus 
utile  pour  foi  même ,  que  de  (c  former  des 

principes  d'après  ces  conoilfànces  particuliè^r  ^ 

S  ij 


'  \ 


y^ 


-> 


r^ 


y 


^^t     SENS   ABSTRAIT, 
usSydc  de  mettre  par  cette  voie,  de  la  nétctè, 
oc  l*ordre,&  de  rarangcmcnt  dans  fes  penfées. 

Mais  quand  il  s  agit  d*inftruire  les*  autres, 
il^faut  imiter  la  nature  >  elle  ne  cômencc 
point  par  les  principes  &  par  les  idées  ïibs- 
traites  :  ce  feroit  comenecr  par  l'incoiiu> 
elle  ne  nous  done  point  l'idée  d'animal  avant 
que  de  nous  montrer  des  oifeaux ,  des^chiens, 
àcs  chevaux  ,  &:c.  Il  faut  des  principes  :  oui 
fans  doute  j  mais  iPen  faut  en  tcms  &:  lieu. 
Si  par  principes  vous  entendez  des  règles,  des 
maximes ,  des  notions  générales  ,  des  idées 
abftraites  •  qui  renfe-rment  des  conoifTances 
particulières  ,  alors  je  dis  qu  il  ne  faut  point 
comenecr  par  de  tels  principes. 

Que  fi  par  principes  vous  entendez  des  no- 
tions comunes  ,  des  pratiques  faciles ,  des 
Opérations  aifécs  qui  ne  fupofent  dans  votre 
çlcve  d'autre  pouvoir  ni  d'autres  conoifîàn^ 
ces  que  celles  que  vous  favcz  bien  qu'il  a 
déjà  ;  alors ,  je  conviens  qu  il  faut  des  princi- 
pes ,  &c  ces  principes  ne  font  autre  cliofe  que 
le^  idées  particulières  qu'il  faut  Ibur  doner, 
avant  que  de  palTer  aux  règles  ôc  aux  idées 
abftjraites. 

Les  règles  vn'aprènent  qu*à  ceux  qui  fa  vent 
^èja,  parce  que  les  règles  ne  font  quç^des; 


obferv 
Élire  li 
d'en  d< 
Un 
&lesi 
pendai 
dans  i 
tems  c 
ont  de^ 
en  abr 
foplîie 

&idéé  y  i 

d'univc 
fi  c  ctc 
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que  c'( 
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penfée 
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Jefp 

en  dét; 

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"celle  q 

qui  ce 

qucpc 

dcJA  Ol 

font  p 


SENS  CONCRET.        z7f 

obfervatioiîs  fur  Tufage  ,  ainfî  comcnccz  pac 
faire  lire  les  exenîpies  des  ligures  avant  que 
d'en  doncr  la  définition.  ' 

■ 

II  n'y  a  rien  de  fi  naturel  que  h  Logique 
&  les  principes  fur  lefquels  elle  eft  fondceicc- 
pendiint  les  jeunes  logiciens  retrouvent  corne 
dans  un  irionde  nouveau  dans  les  prerniers 
tems  qu  ils  étudient  la  Logique  ,  lorsqu'ils 
ont  des  maitres  qui  comencent  par  leur  doner 
en  abrégé  le  plan  général  de  toute  la  philo- 
.iopnie  i  qui  parlent\^  de  fcience  y  de  perception, 
&idcé  y  de  ]ugtmtni  ydcfin^  de  caufe  ,  de  catégorîCy 
d'univcïfaux ,  de  degrés  mètaphyfiques  ,  &:c,  comc 
fi  c  ctoient  là  autant  d  ctres  réels  ^-êé-^flon  de 
pures  abftradions  de  Içfprit.  Je  fuis  pcrfuadc 
que  c'cft  reconduire  avec  beaucoup  plus  de 
méthode,  de- . comenccr  par  mètre  ;  pour 
ainfi  dire,  devant  les  yeux  quelques-unes  des 
penfées  particulières  qui  ont  doné  lieu  de 
former  chacune  de  ces  idées  abftraites. 

J  efpère  traiter  quelque  jour  cet  article  plus 
en  détail  &  faire  voir  que  la  méthode  anali- 
tiqueeft  la  vraie  méthode  d'en feigner^  &  que 
'celle  qu'on  apéle  fynthétique  ou  de  dodrine  ^ 
qui  comcnce  par  les  principes  ,  n'efl  bone 
que  pour  mètre  de  T.ordre  dans  ce  qu'on  fait 
déjà  ou  dans  quelques  autres  ocafions  qui  ne 

font  pas  maintenant  de  njon  fujct. 


«^ 


4 


^ 


fi  pAris  , 
chc7(i'Hou- 
fy.  1718. 


i7t 

XII. 

DERNIERE     Observation. 
i        .      S'ily  M  des  mots  Synonims. 

NOus  avons  vu  qu*un  même  mot  peut 
avoir  par  figure  d'autres  fignifications 
que  celle  qu'il  a  dans  le  feiis  propre  &:  primi- 
tif :  a/oi/ej  peut  ^v^niticz  vaifjtaux.  Ne  fuit-il 
pasdelà  qu'il  y  a  des  mots  fynonimes,  &:  que 
^oik$  c^  Çynonimc  ^ 'uaiff,:aux  } 

Monfîeur  TAbé  Girard  â  déjà  examiné 
ccttc^queftion ,  dans  le  difcours  préliminaire 
qu'il  à  mis  à  la  tête  de  fon  Traité  de  Uj^p 
tejfede  la  langue  françàife.  Je  ne  ferai  guère  ici 
quun  extrait  de  £ès  raifons ,  |(:  je  prendrai 
même  la  liberté  de  me  feivir  fouvcnt  de  fcs 
termes  5  me  contentant  de  tirer  mes  exemples 
de  la  langue  latine.  Le  Lccleur  trouvera 
dans  le  livre^  de  M.  l'Abc  Gii:ard  dequor  fe 
fàtisfaire  pleinement  fur  ce  qui  regarde  le 
firançois.        /    ^ 

»  On  entend  comuncment  par  fynonimes 
%  les  mots  qui  ne  difcrant  que  par  l'articula- 
>Uion  de  Ja  voix  ,  fontjèmblables  par  l'idce 
))  qu'ils  expriment.  Mais  y  a-t-il  de  ces  fortes 
»dc  mots  >  Il  faut  diftinjfuer  : 


DEkNIERR  OBS.      tjf 

.»  Si  vous  preniez  le  terme  de  fynonime  dans  ii 
»  un  fens  étendu  pour  une  fimplexeflemblan-  ^ 
»  ce  de  (ignification ,  il  y  a  des  termes  fyno- 
»»  nimes ,  c'cft  -  à  -  dire  ,  qu'il  y  à  des  mots  qui 
«  expriment  une  même  idée  principale  :  <c^r-    . 
re  ,  bajulàre  ,  portârç.,  tollcre  ^  fuflinére  ^  gèrere  y 
gefiârc  ,  feront  en  ce  feps  au.tant  de  fynoni- 
mes.        .     —  ■ 

Mais  fi  par  fyndmmes ,  vous  entendez  des  p. 
mots  qui  ont   )>  une  reiîcmblance  de  iîgni- 
'  »ficarion  ii  entière  &c  11  parfaite  ,  que  le  fens 
»  pris  dans  toute  fa  toi^ce  &:  dans  toutes  fes 
"^irconftaiiccs  foit  toujours  6ù  abfolument 
i>le  même,  e  ilbrte  qu'un  des  fynonimcs  ne 
ôfignitie  ni   plus    ni    moins    que    lautrci 
«qu'on  puiflc  les  employer  indtf^rameat  dans 
>»  toutes  les  ocaiions ,  &:  qu'il  n'y  ait  pas  pliis 
jîde  choix  à  faire  entre  eux  pour   la  (ignifi- 
>»cgtion  &:  pour  l'énergie  qu'entre  les  goûtes 
»  d'eau  d'une  même  fource  pour  le  goût  Se 
»  pouj- la  qualité  :  dans  ce  fécond  fens  il  ny 
»  a  point  de  mots  f)  nonimes  en  aucune  lan-   , 
»  gue.  et  Ainiî  ferre  ^  ^bajulàre ^onàre ,  toltere  , 
fuflincre  ,  gérére  ,  gèftâ^'e ,  auront  chacun  leur 
deftination  particulière  :  eo  éfet. 
Ferre ,  fignific  porter  ,  c'eft  Pidéc  princi- 

S  iiij 


p.  i^; 

17.  ', 


xS. 


r 


4é^ 


a 


tU  PE^RNIERE 

^    Bojulire ,  c'cft  porter  fur  les  épaules  ou  fur 
le  cou. 

Fortâre  f<>  dit  proprement  lorsqu'on^  fiit 

porter  quelque  chofe  fur  des  bêtes  de  fome, 

fur  des  charctes  ou  par  dès  crocheteurs.  Por- 

tari  dtcifnus  ea  qua  quis  jiiméntofecum  dticit.  Voyez 

le  titre  XVI.  du  cinquantième  livre  du  Di- 

gefte  de  vedôrum  fignificatiône. 

Tite  Live,l.      Tillere  ^  c'cft  lever  en  haut  >  d'où  vient  le 

xxKviii.n.  fubftantif  ro//é//o  i^j ,  c'eft  une  machine  à 

y.  ToLciio.  ^^J^er  de  J  eau  d  un  puits. 

Suflinére  ,  C  eft  foutenir ,  porter  pour  empê-' 
cher  de  tomber. 

Géfere  ,  c'elt  porter  fur  foi  :  Galeam  gérere  in 
câpite. 

Geflâre  vient  de  gérere  ,  c'eft  faire  parade  de 
ce  qu'on  porte.  l 

Malgfé  ces  difcrences ,  il  arive  fouvent  que 
dans  la  pratique  on.  emploie  ces  mois  l'un 
*pour  l'autre  par  figure ,  en  confcrvant  tou- 
jours l'idée  principale  6c  en  aïant  égard  à 
l'uTage  de  la  langue  5  rhais  ce  qui  fait  voir 
qu^à  parler  exaâ:ement  ces  mots  ne  font  pas 
fynonimcs ,  c'cll  qu'il  n'eft  pas  toujours  per- 
mis  de  mètre  inditéramcnt  Tun  pour  Tautre. 
Airtli  quoi  qu'on  dife  rnorem  gérere  ,  on  ne 
djroit  pas  more  m  fcne  ou  rnorem  pondre  ,  &co. 


Corn.  Nep. 
A  4-  i' 


Les  L 

férena 
^ne  po! 

&  gcflh 
ferlntia 
ont  rei 
gefla  'ac 
reur  d 
qu'ils 
Jière.  ^ 
Nou 
Gram 
tins  :  ' 
.  ■  Nonii 
num. 
On 
qui  cf' 
nous  : 
répan 
les  COI 

*  ^^"^ 

fit  &  ne 
pcritor 
fcd/r  ri, 
^Uod  fil 


i 


QC. 


onSERVATIon.,       lU 

Les  Ldtins  lontoient  mieux  que  nous  ces  di-  ^ 
férencej;  délicates ,  dans  le  tems  même  qu'ils 
^ne  pou  voient  les  exprimer  ,  nihil  inter  faSHm  £);^\T*]' 
&  gilïum  interefljlicct  videâtur  quadam  fubtïlis  dif-  vcrbôrum 
ferlntia  ,  dit  un  ancien  Jurifcori fuite.  D  autres  %"^"^ 
ont  remarqué  que  aBa  prôpriè  ad  togam  [pe^^nt^ 
gefla' ad milïtiam,  Varrori  dit  que  cefl  une  er- 
reur dé  confondre  âgere  ,  fâcere  éc  gérere  ,  &C 
qu'ils  ont  chacun  leur  deftination  particu- 
lière. ^ 

Nous  ayons  quelques  recueils  des  anciens 
Grammairiens  fur  la  propriété  des  mots  la- 
tins :  Tel  s, font  Feftus  de  verlôrum  ft^nificat:6ncy 
..  ÎNonius  Marcellusf/e  varia  fignificaticne  fertm- 
num.  Voyez  Granimâtici  vctcres. 

On  peut  encore  confultcr  un  autre  recueil 
qui  tt^pou^titvc  Autorc s  lingue  latin.t.  De  plu'J. 
nous  ayon^un  grand  nombre  d  obfervations 
répandues  dans  Varron  de  litigaa  Utïnâ  ,  dans 
les  comentaires  de  Donat&:  de  Servius  :  elles 


« 


*  Propter  (imilitàJii>cm  agtfridi  ,.&  faciéii  li  ,  &  çcrefri- 
di.qiiii.am  crrnr  lus  qui  putani  tire  unum  :  porcin  ciiini  quis 
iliquiJ  fâceic  &:  non  âgcrc  •  ut  pocta/^rr/  t.ibulani  &  non  . 
M^it  ;  contra  aftof  agit  Se  non  faeit  ,  &  fie  à  poc'ta  Kilni'a 
fit  ôc  non  âgitur  ^  ab  adlorc  afir«r  &  non  fit  :  contr.i  Iki- 
pciitor  qui  dicitur  rfs  g<Jreïc  in  co  ncque  agit,  ncquc/.if/Y, 
Icd/f r//,  \A  cft  fuftinct  :  tranflitum  ab  hi<:  qui  oncia  gcruxte 
^Uod  fûlUuciu.   y^mrr»  de  luig.  ht,  1.  v.  iuL»  ^ntm.    .         \ 


-    r 


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C:crr.  Ep. 
ai  t.iiiV.  1.9. 


S 


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«1»  DERNIERE 

"  font  voir  les  diférences  qu'il  y  a  entre  plufîcurç 
mots  que  Ton  prcn4  comunëracnt  pour  fy né* 
himes.  Quelques  auteurs  modernes  ont  fait 
aufîî  des  réflexions  fur  le  même  fuiet  ;  tels 
font  le  P.  V.ava(reur  Jéfuite  dans  fcs  remarques 
fur  la  langue  latine  ,  Sciopius ,  Henri  Etiène» 
de  latinitâtef'Msbfufpéclâ.ôc  pi u(i eu rs  autres. 

On  tire  aufli  la  même  conicqucnce  de  plu- 
fieurs  partages  des  meilleurs  auteurs;  voici 
deux  exemples  tires  de  Cicéroii,qui  font  voir 
laf^diférence  qu'il  y  a  entre  amâre  &c  diltg^re. 

Quis  erat  qui  putàret  ad  eum  amôrem  qucm  erga  te 
habébam ,  pojfe  àliquid  acccderc  ?  T^antum  accî'ljît^  ut 
mihi  nunc  dèniquc  amâre  vïdear ,  ântea  dilexiffe, 
«Qui  lauroit  pu  croire  ,  dit  Cicérôn.,  que 
••  lafedion  que  j'avois  pour  vous  eut<J)u  rece- 
»  voir  quelque  degré  de  plus  :  cependant  elle 
»eft  il' fort  augmentée  que  je  fcnsbien  qu'à 
»la  vérité  vous  rh 'étiez  cher  autrefois ,  mais 
»  qu'aùjourd'huy  je  vous  aime  tendrement.  c< 

Et  au  livre  13.  Ep.  47.  ^luidcgoùhi  com- 
mtndem  cum  quem  tu  ipfe  diligis  >  feU  tamen^  utfcircs 
eum  non  à  nfe  diligi  folum ,  verum  étiam  amâri ,  ob 
eam  rem  tihihxc  fcribo.  »  Vous  Taimez  ,  mais  je 
»  l'aime  encore  davantage  h  &  c'clt  pour  cela 
)>  que  je  vous  lé  rccomande.  « 

\'oilà  jLinc  difercncc  bien,  marquée  entr* 


f 


qu'il  y  ad 
ïors  mêît 
le  fens  di 
rem  &  dol 
diffi'rt  âliij 
'vel  côypon 
tcm  motus 
aliud  Ubo, 
dolchat  j  c 
Les  i: 
renccs"  ei 
jeunes  gc 
de  réfle> 
ni  mes.  ( 

pas  auili 
me, en  d 
M. de 
>•  les  difer 
»  de  nos 
»  que  tout 
)k/4/>  pa 
font  do 
latins  ei 
les  te  in 
auroien 
plus  le 


/   •   • 


"T^-V 


/ 


OBSER  VAtlON.        285 

mmâre^  Mgere  h   Cicéiôii  obfervc  ailleurs  Tu^cqI.  i.t. 
qu'il  y  a  de  la  dif^rcacê  entre  dolêre  &  laborâre^  °*  ^  ^' 
lors  même  que  ce  deriéec  niot  ell^pris  dai» 
le  fens  du  premier  :  [ntl^refl  kliqùiatnier  khô^ 
rem  &  dolôrem  ^  funt  finïtima  omntno  ^  fcd  tamen 
dijfi'rt  àliquid:  labor  efl  fUnBio  quidam  vçl  ânimi     4 
'vel  côrporis  y  gravions  ôpcris  velmuneris'h  dolor  au-  ^  ^ 

tcm  motus  afper  in  corporc  . , ,  âliud  inquqm  cfl  dolerÇy 
M  âliud  Uborârc.   Citm  varices  fccahantur  Cn,  MàriOj     ^ 
■  dolcbat'ycum  xSïumagno  ducébat  agmen  ,làborâkdt* 
Les  favans  ont  obfccXc  de  pareilles  dite- 
.  renccs  entré  pluficurs  autres  mots,  que  Jcs  -    . 
jeunes  gens  &:  ceux  qui  manquent  de  goût  &: 
de  reflexion  regardent  corne  autant  dcTyno- 
ni  mes.  Ce  qui  tait  voir  qu'il  n  cil  peut  -être 

pas  auiîî  utiJc  qu'on  le  penfe.de  faire  le  thè- 
me cn  deux  façons. 

M.  de  la  Bruyèi"ë  remarque  »  bu^cwtrr  to/frct  can."^,  an 
>*ies  diferentcs  exprcfjîons  qui  peuvent  rendre  une  feule  ^^'^-  ^^ 
î)  de  nos  pensées ,  //  nyenaquu/ie  qt'.ifoit  la  banc  : 
»  que  tout  ce  qui  ne  fcjl  point  cft  faible  &-~fiefutih- 
iKfait  pas  un  home  d^cfpric.  Ainii  ceux  qui  fc 
font  donc  la  peine  de  traduire  les  auteurs 
latins  en  un  autre  lati|rven.afcc]:ant  dcvitcr 
les  termes  dont  ces  auteurs  fe,  font  (avis, 
auroient  pu  s  épargner  un  travail  "^jTTr^.itc 
plus  le  goût  qu'il  n'aportc  de  lumictcl  L-qnc 


l'csptJ 


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Virg. 
V.7J 


: 


ïtâ'  DERNIERE 

&^rautre  pratique  çft  une  fécondité  ftérite 
qui  empêche  de  ïenrir  la  prppricté  des  ter- 
mes, leur  értcrgie^,  &:  la  finçfledela  langue, 
.toiie  ie  l'ai  Smarquc  ailleurs.    • 
I     ^c«J  veatdi|rc ui  bois  confacré  àqiieîquc 
■   divirnré  ;  ^ylvà-,  un  bois z\  gc  léral  :  Virgile 
%  ne  irfttaque  p'as  à  cette  di(l:in:'i:i6i  ;  mais  le 
Traducteur  litin  eft  obligé  de  s'écarter  de 
Texactitude  de  foa  o:  i^iiial. 

Ne  quis  fîtlucus  quo  fc  plus  'y\^ct  Apollo. 

Ainfî  parle  Virgile.  Voici  cornent  on  le,  tra- 
duit,  Ut  nullafn  fylva  ,  quâ  v.agis  JJfôll)  gloriUur, 
Ncx y  necisy  vient  d^  nccâre  ,  6c  Ce  dit  dune 
mort  vipR^te  :  au  lieu  que  m&rs  lignifie 
fimpler^ent  la  mort,  la  ceflation  de  la  vie. 
Virgile  dit  parlant  d'Hercule  : 


JEn. 


S.   ▼. 


....  Nccc  Gcryonis  fpoliiscjuc  fiipcrbus  : 

Mais  fon  traducteur  cft  oblige  de  dire  morte 
Geryonis. 

Je  pourois  raporter  un  grand  nombre  d'e- 
xemples pareils  :  je  me  contenterai  d'olMer- 
ver  que  plus  on  fera  de  progrès ,  plus  on  rc- 
conoitra  cet  uùgc  propre  des  termes ,  &:  par 
con(cquent  rinurilitc  de  ces  vcrfions  qui  ne 

font^m  latines  ni  françoifc».  Ce  n'eft  quc.pour 


) 


f. 


infpirer  1 

qucjc  ùi 
Voici  h 
il  n'y  a  j 
j .  S'il  y 
roit  deu: 
Quand  o 
on  n'en 
anciens , 
fo'^it  fync 
Çicurs  j  n 

c  eft:  la  g 
qui  cft  Ci 
de  ces  te 
me  inuri 
y  opère  J 
.de  tous 
opérer. 

2.  Il  c 
pour  un 
geux  d'à 
tes  les  ; 
elles. 

3.  On 

gue  par 

cxprinK 

.  lations 


/* 


OBSERVATION.        t8f 

infpirer  le  goiit  de  cette  propriété  des  mots , 
qucjc  lais  ici  cette  remarque. 

Voici  les  principales  raifons  pour  lesquelles. 
ï\  n'y  a  point  de  (ynonimes  parfaits. 

j.S'il  y  avoitclcsrynonimcs  parfaits,  il  y  au- 
roit  deux  langues  dans  une  même  langue* 
Quand  on  a  trouvé  le  ligne  exact  d'une  iaéc, 
on  n'en  cherche  pas  un  autre.  Les  mots  " 
anciens,  &:  les  mots  nouveaux  d'une  ian^guc 
foht  fynonimes  :  mahus  elt  (ynor.iiT^e  de  plu- 
ficurs  j  mais  le  premier  n'cft  plus  en  ufage: 
c  eft  la  grande  reflèmblance  de  ligniiicatioii 
qui  cft  caulc  que  l'ulàgc  n  a  conl'ervé  qucTun 
de  ces  termes,  &  qa'il  a  rejeté  lautrc  co- 
rne inutile.  L  ufage  ,  ce  tiran  des  langues, 
y  opère  Xouvent  des  n^ijbillcs  que  Tautorité 
.de  tous  les  fouvcrains  ne  pouroit  jamais  y 
opérer. 

2.  Il  cft  fort  inutile  d'avoir  plufieurs  mots 
pour  une  feule  idée  i  mais  il  eft  nés  avanta- 
geux d'avoir  des  mots  particuliers  pour  tou- 
tes les  idées  qui  ont  quelque  raport  entre 
elles. 

5-  On  doit  juger  de  la  richeftc  d'une  lan- 
gue par  le  nombre  des  pensées  qu'elle  peut 
exprimer ,  &c  non  par  le  nombre  des  m  ticii- 
.  htions  de  la  voix.  Une  langue  fera  vciita- 


\\ 


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^ 


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I 


K 
'^.-i^: 


\. 


kU         DERNIERE  ée: 

blcmcnt triche,  fi  cJlc  a  des  termes  pour  dis* 
tinguer ,  non  feulement  les  idées  principales, 
mais  encore  leurs  diférences  ,  leurs  délica? 
te(res,leplus&;  le  moins  d'énergie,  deten^ 
dxit ,  de  précifiôn ,  de  fimplicité ,  &:  de  corn- 
pofition. 

4.  11  y  a  des  ocafîons,  où  il  efl:  indiférenC 
ééÇc  fcrvir  d'un  de  ces  mots  qu'on  apèle 
fynDnimcs ,  plutôt  que  d'un  autre  >  mais  auilî 
il  y  a  des  oealîons ,  où  il  eft  beaucoup  mieux 
de  foire  un  choix  :  il  y  a  donc  dé  la^iférencc 
entre  ces  mots  >  ils  ne  font  donc  pas  exade* 
ment  fynonimes.     * 

Lorsqu'il  lie  s'agit  que  de  faire  entendre 
ridée  comunç,  fans  y  joindre  ou  fans  en  ex-^ 
dure  les  idées  accelToires.  5  on  peut  emplo- 
yer indiftiiidement  l'ijn  ou  l'autre  de  ces 
mots ,  puisqu'ils  font  tous  deux  propres  à  ex-, 
primer  ce  qu'on  veut  faire  entendre  ;  mais 
cela  p'cmpcche  pas  que  chacun  d'eux  n'ait 
une  fo^ce  particulière  qui  le  diftingue  de 
l'autre  >  ^à4aguellc  il  faut  avoir  égard  feloa 
le  plus  où  le  moins  de  préciûonque  demande 
ce  que  l'on  ypix.  exprimer. 


Ce  choix  eft  un 
&  fupofe  imc 
langue. 


fincfle  de  l'espriti 
oiûànce   de  U 


V. 


T  A'B  L  E 


PREMIERE    PARTIE- 

'   DesTropesen  général.      . 

'  -         *.  '  '  ' 

Art.  I.     JDce  générale  df  s  figures,  page  i. 

Art.  II.  Jl  Divîfm  des  figures,  i  ^^ 

Art.  III.  Diviftoft  des  figures  de  mots,     i  3- 
Art.  IV.  Définition  des  Tropes,  1 4- 

.  Art.  V.  Le  traité  des  Tropes  eft  du  rejfort 
de  la  Grammaire  ;  on  doit  conoitre  les  tro- 
pes pour  bien  entendre  les  auteurs  &  four 
avoir  des  conoijfançes  exaffes  dans  l'art  de 

.farleré*  d' (écrire,         \  ^ 

Ecponfe  a  une  objeéfion,  2.0. 

A  RT.  VI .  Sens  propre  ,  Sens  figuré,  2  î  • 

Art.  VII.  RéHexions  générales  fur  le fens  fi- 

gure,  ' 

1.    Origine  du fms  figuré,  ^5- 

I  I.  Ufages  ou  éfets  des  tropes.  2,5. 

III.  Ce  quon  doit  obferver,  &  ce  quon  doit 
éviter  dans  fufage  des  tropes ,  6^  pourquos 
ils  plaifent.  3  3- 

IV.  Suite  des  reflexions  générales  fur  le  fens 

figuré,  /     ?  ^' 

V.  Ohfcrvatiom  fur  les  Dimonaires  latins- 

franco  is,  •  '* 


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TA  BLE. 


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SECONDE     PARTIE. 
,  Des  Tropes  en  particulier. 

^'     T  ^  Cauchrèfi,  4hs,  extenfion   o» 


11^/ 

II 

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I 


III.  LaMetdcffe.  ". 

i^-^  L^  Synecdoque,. 
V.  LAhtonomafe. 

VI  L^Comunicmon  dans  les  paroles, 
y  ii'L/ê  Litote, 

"Vllt.  r Hyperbole. 

IX.  L*Hyp4)typofe^ 

X.  La  Métaphore, 

phores,  ./  a  y 

XI  LaSyllepfe  Oratoire.  .      ^ 

XII  z^^%,ryr. 

XIII.  rAUufion, 
XfV.  L'Ironie, 

XV.  LEuphémifme, 

XVI.  L'Antiphrafe.  ' 

XVII.  Z>»  Pcriphrafe, 
XVIII  rHypallageJ 
XIX.  L'Onomatopée, 

W^Wr  /«W/    ^^^    ,^^     An,AHUy^^^^ 


XX 


TABLE. 

XXÏ  T)e  Ufubordination  des  trofts  ,  ou  it$ 
fang  au  ils  doivent  tenir  les  uns  k  P égard 
/des  autres  ,  &  de  leurs  caraôfères  farticu- 

/  ''^>^^-  .     *^% 

XXII .  ï.  -^^^  ^'of^^  ^^^  ^^  ^^  P^^^^  farte. 
II.  Variété  dans  la  dénomination  des 

trofes.  *  2  67- 

XXIII.  ^e  rufage  (jr  r^l^f^s  des  tropes  font  de- 
tous  les  tems  &de  toutes  les  langues.  *  z  £  o. 


tIoisieme  partie. 

-^^ Es  autres  fens  dans  lesquels  un  mérhe 
I  J  mot  peut  être  employé  dans  le  discours» 

page  207. 
I.  Suhftantifs  fris  adjectivement ,  adjeÛifs  pris 
■  fuhfiantivement.fubjlantifs  cr  adjeftippris 

adverbialement,  ,  IP?- 

Xi.  Sens  déterminé,  fem  indéterminé.      213. 

III.  Sens  aBif,  fens  pajfifyfens  neutre. 

IV.  Sens  ahfotu  ,fens  relatif. 

V .  Sens  colleShf ,  fens  difirtbutif 
V I  Sens  équivoque  ,  fens  louche. 
V\\  Des  jeux  de  mots  ér  de  la  Faronomafe, 

2  2^. 

VIII.  ^ns  compofé ,  fens  div.ifé.  218. 

IX.  Sens  litéral ,  fens fpiritueL         ^    2  }0. 
Divifton  dufem  litéral.  2  j  i. 


1 14* 
21 9. 

2  2  0* 

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I>fviftcniufensffintHiL 
Sens  morsL 

Sens  Mgorique, 

Sens  snagogique. 


138. 
14N 


X.  Ui^féns  sdAfti ,  ou  que  ton  ione  pt^r  ^U 

.     Remarques  fur  quelques  pajfages  adaftés  à 
contre-fens,      ,  ^  146" 

Suite  iufensj^té.  DeUPjtroMedr  des 
Centons.  ^ 

XL  Sens  ahjfmit  ,fens  concret.  2  ^  % 

Des  Termes  dhjtràits.  261, 

Réflexions  fur  les  atflraaions  par  report  i 
U  rhmierefenfeigner.  27-4. 

XII.  Dernière  ohfervjuion.    S'il  y  s  des  mots 


Ji^'JV?'  °'''^"  /lc«onfcfghcur  le  Garde  des  Sceaia 
•     tiLiT  ^  "5  ^^r-^"'  ^"'  '^  ^"^   ^'""  travail-^  d'une 

Hkicux  ou,  /o«  répandus  dans,  cec  ouvra,.e.    Fau  i  Par!, 
«caxdcM4xi7x,.  DEMOKéT. 


L 


P  R  I  f^J  LEG  B    DV    ROT. 


LOUIS, Paria    «raci    DBDiEU^Rof 
DE     France,  ET     deNavarretA    noi 
Amez  &  fcauz  Confcillcrs  ,  les  Gens  tcnans  nos  Cours  de 
Parlement  ,    Maîtres  des   Requêtes    ordinaires   de   nôtre 
Hôtel ,  Grand  -  Confcil  ,  Prévôt  de  Paris  ,  Baillifs  ,  Séné- 
chaux y  leurs  Licutcnans  Civils  &  autres  nos  Jufticiers  qu'il  ^ 
apartiendra   ,  Salut.      Nçtrc   bien  amé   le  Sieur    D  tf 
M  A  R  s  A  I  s  ,    Nous   aiant  fait  remontrer  qu'il    auroic 
compofé  un  ouvrage  qui  a  pour  titre  ,  Les  vérittibles  prin- 
cipes de  la  Grammaire  ,  ou  nouvele  Grammaire  raijcnSe^ 
qu'il  fouhaiieroit  faire  imprimer   &   doner  au  public  .,  s'il 
Nous  plailbit  lui  accorder  nos  Lettres   de  Privilège  fur  ce 
néccflàircs  ,  offrant  pour  cet  effet  de  faire  imprimer  en  bon 
papier  &  beaujc  caraftcres  ,  fuivant  la   feuille   imprimée  8c     ' 
attachée   pour  modèle  fous  le  coritre-fc^des  Prefentes.  A  -- 
CCS  Caufes  ,  voulant  traiter  favorablement  ledit  Expofant, 
Nous  lui.  avons  .permis  &  permettons  par  ces  Prefcntes  ,  dc^ 
faire  imprimer  ledit  Livre  cy-defTus  fpccifi<^ ,  en  un  ou  plu- 
£curs  volumes  ;  conjointement  ou  fcparement  ^  &  a«utant  de 
fois  que  bon  lui  femblcra  ,  f\if  papier  &  cara^cres  confor- 
mes a  ladite  feuille  impriJBiéc  &  attachée  fous  notre  contre-    >.' 
fccl ,  &  de  le  faire  vendre  -fie  débiter  par  tout  notre  Royau-, 
inc  ,  pendant  le  tcms  dehuît  années  confecuiivcs,  i  com-- 
Bter  du.  jour  de  la  datt/-tlefditcs  Prefenccs  ;  faifons  défenfcs 
a  toutes  fortes  de  Pcrlonncs,  de  quelque  qualité  &  condition 
qu'elles  foient ,  d'en  introduire  d'imprcfiion  étrangère  dans      / 
aucun  lieu  de  notre  obéi/TanCe  ;  comme  aufli  à  tous  linpri- 
xncury,  .Libraires  &  autres  d'imprimer  ,  faire'  imprimer  , 
▼cildrc  ,  faire  vendre  ,  débiter  ni   contrefaire  ledit  livre  ci-  ,       , 
^«(Tus cxpofé  >  en  tout  nixn  partie,  d'en  faire  aucuns  ex- 
traits fous  quelque  prétexte  que  ce  foit  ,  d'aui^mentation  , 
çorredion ,  changement  de  titre  ,  fans  la  perminîon  exprelTc 
&  par  écrit  dudit  txpofani  ou  de  ceux  qui  auront  droit  de 
lui ,  à  peine  de  confifcation  desdits  Exemplaires  contrefaits  , 
4e  quinze  cens  livres  d'amende  contrje  chacun  des  coiitrcvc- 
nans,dont  un  tiers  à  Nous,  un  tiers  à  l'Hôtel-Dieu.de  Paris,  - 
&  l'autre  tiers  audit  Expofant ,  &  de  tous  dépens  ,  doma- 
gC8&  iûierêis ,  à  la  durgc  que  ces  prefcntes  feront  enie^is* 


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1^  tout  auloi^  (or  te  Regj^  (te  k  Comaittnancë  des  _.. 
braircs  &  Imprimeurs  de  Paris  ,  dans  trois  mois  de  U  dzttê 
d'icelles  \  que  i'imprcflîon  de  ce  Livre  fera  faite  dans  notrtt 
Royaume  <8c,  non  ailleurs  ;  &  que  l'Impétrant  fe  confor- 
mera en  tout  aux  Reglemens  de  fa  Librairie ,  &  notamment 
^  celui  du  dixième  Avril  171 J.  Et  qu'avant  de  Texpcfcr  en 
Tente ,  le  manufçrit  ou  l'imprimé  qui  aura  feryi  de  copie 
i  rimpreiOon  dudit  Livre  ,  fcra'rem  s  dans  le  même  état  otl 
Taprobation  y  aura  été  donéc,  es  mains  de  notre  très-cher 
&  fëal  Chevalier  Garde  des  Sceaux  de  France ,  le  fieur  Chaii* 
yelin  ;  &  qu'il  en  fera  enfuite  remis  deux  Exejruplaires  dan* 
notre  Bibliothèque  publique  ,  un  dans  celle  :1c  notre  Château 
du  Louvre,  &  un  dans  celle  de  notre  très-cher  &  féal  Che- 
valier Garde  de  Sceaux  de  France ,  le  fieur  ChauveJin  ,  le 
tout  i  peine  <lc  nullité  des  Prefentes^  du  contenu  derqudlct 
vous  mandons^ôc  enjoignons  de  faire  jouir  rExpofant  ou  fc« 
ayans  caufc  ,  pleinement  &  paifibiement  ,  fans  fouffrir  qu'il 
leur  foit  fait  aucun. trouble  ou  empêchement.  Voulons  que 
la  copie  defdites  Prefentcs  ,  qui  fera  imprimée  tout  au  long 
au  commencement  ou  à  la  Hn  dudit  Livre  ,  foit  tenue  poui 
duement  lignifiée  ,  Se  qu'aux  copies  collationées  par  rua 
de  nos  amez  8c  fcaux  Confcillers  &  Secrétaires ,.  foi  foit 
ajoutée  come  à  TOriginal.  Comandons  au.  premier  notre 
Hui/fier  ou  Sergent  de  faire  pour  l*cxecution  d'icelles  tous 
Aftes  requis  &  neceflàircs  ,  fans  demander  autre  permiiCon , 
nonobftant  Clameur  de  Haro,  Chirte- Normande,  &  Let- 
tres à  ce  contraires  {  C  ÂK  tel  eft  notre  plaifir.  Donné  2 
Paris  le  troifiéme  jour  du  mois  de  Juin  ,  l'an  de  grâce  mil 
;pt  cens  vingt- neuf ,  8c  de  notre  Regae  le  quatorzième. 
Par  le  Roi  en  fon  ConfeiL 


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5  AIN  SON. 

HififtrêfttrU  RegiftrtflL  dt  U  Chêmhe  KoymU  é^ 
SjndiemU  dt  U  Librmirit  &  Imprimtrie  dt  Fétrit  ,  N*  )<)« 
fêl.  J07.  ctnftrmimtnt  sm  ]^i£lem*nf/ii  1715.  Jt  Buris  U 
ftft  Juim  171^. 

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P.  A.  Lfi   M£RCIER/5yadt^ 


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Les  microfiches  ci-jointes  prés 
ou  lacunes  inhérents  au  dociimen 
prions  de  nous  en  excuser. 

Reliure  trop  serrée 


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jointes  présentent  certain^défauts 
au  dociiment  original.  Nous  vous 


user. 


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