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Full text of "French verse of the 16 century, selected and ed., with an introduction and notes"

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XVI  Century 


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lbcatb'0  fiDo&crn  Xansuage  Series 

FRENCH  VERSE 
OF  THE  XVI  CENTURY 


SELECTED   AND   EDITED 
WITH  AN  INTRODUCTION  AND   NOTES 


BY 

C.  H.  C.  WRIGHT 

Professor  of  the  French  Language  and  Literatuke  in 
Harvard  University 


D.   C.   HEATH   &   CO.,   PUBLISHERS 
BOSTON  NEW  YORK  CHICAGO 


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Copyright,  191 6, 
By  D.  C.  Heath  &  Co. 


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TABLE  OF  CONTENTS 

PACE 

Introduction v 

Clement  Marot i 

Melin  de  Saint-Gelais 14 

Charles  Fontaine 15 

Louise  Lab6 17 

EERRE    de    RoNSARD l8 

OACHIM    DU    BeLLAY 5^ 

Jean-Antoine  de  BaIf 68 

Remy  Belleau 70 

Olivier  de  Magny 73 

Jean  Passerat 75 

Mesdames  des  Roches 79 

Agreppa  d'Aubign^ 80 

GUILLAUME    de    SaLUSTE    DU    BaRTAS 83 

Philippe  Desportes 87 

Notes 93 


FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

CLEMENT  MAROT 
fiGLOGUE  AU  ROYi 

SOUBS   LES  NOMS  DE  PAN  ET  ROBIN 

Un  pastoureau,  qui  Robin  s'appeloit, 
Tout  a  par  soy  n'agueres  s'en  alloit 
Parmy  fousteaux  ^  (arbres  qui  font  umbrage), 
Et  la  tout  seul  faisoit  de  grand  courage^ 
Hault  retentir  les  boys  et  Tair  serain, 
Chantant  ainsi:   «  O  Pan,  dieusouverain, 
Qui  de  garder  ne  fus  one  paresseux 
Pares  et  brebis  et  les  maistres  d'iceux, 
Et  remects  sus  *  tous  gentilz  pastoureaux 
Quand  ilz  n'ont  prez  ne  loges  ne  toreaux, 
Je  te  supply  (si  one  en  ces  bas  estres 
Daignas  ouyr  chansonnettes  champestres), 
Escoute  un  peu,  de  ton  vert  cabinet, 
Le  chant  rural  du  petit  Robinet. 

Sur  le  printemps  de  ma  jeunesse  foUe, 
Je  ressemblois  Tarondelle  ^  qui  voile 
Puis  fa,  puis  la:  Taage  me  conduisoit, 
Sans  peur  ne  soing,  oil  le  cueur  me  disoit. 
En  la  forest  (sans  la  craincte  des  loups) 
Je  m'en  allois  souvent  cueillir  le  houx, 
Pour  faire  gluz  a  prendre  oyseaulx  ramagcs,* 
Tous  diflercns  de  chantz  et  de  plumages; 


FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Ou  me  souloys  ^  (pour  les  prendre)  cntremettre 
A  faire  bricz,^  ou  cages  pour  les  mettre. 
Ou  transnouoys  ^  les  rivieres  profondes, 
Ou  r'enforgoys  sur  le  genoil  les  fondes,^ 
Puis  d'en  tirer  droict  et  loing  j'apprenois 
Pour  chasser  loups  et  abbatre  des  noix. 

O  quantesfoys  ^  aux  arbres  grimpe  j'ay, 
Pour  desnicher  ou  la  pye  ou  le  geay, 
Ou  pour  jetter  des  fruictz  ja  meurs  et  beaulx 
A  mes  compaings,®  qui  tendoient  leurs  chappeaux. 

Aucunefoys  aux  montaignes  alloye, 
Aucunefoys  aux  fosses  devalloye, 
Pour  trouver  la  les  gistes  des  fouynes, 
Des  herissons  ou  des  blanches  hermines, 
Ou  pas  a  pas  le  long  des  buyssonnetz 
Allois  cherchant  les  nidz  des  chardonnetz 
Ou  des  serins,  des  pinsons  ou  lynottes. 

Desja  pourtant  je  faisoys  quelques  nottes 
De  chant  rustique,  et  dessoubz  les  ormeaux, 
Quasy  enfant,  sonnoys  des  chalumeaux. 
Si  ^  ne  sgaurois  bien  dire  ne  penser 
Qui  m'enseigna  si  tost  d'y  commencer, 
Ou  la  nature  aux  Muses  inclinee, 
Ou  ma  fortune,  en  cela  destinee 
A  te  servir:  si  ce  ne  fust  I'un  d'eux, 
Je  suis  certain  que  ce  furent  tous  deux. 

Ce  que  voyant  le  bon  Janot  ^  mon  pere, 
Voulut  gaiger  a  Jaquet  ^  son  compere 
Contre  un  veau  gras  deux  aignelletz  bessons,^° 
Que  quelque  jour  je  f eroys  des  chansons 
A  ta  louenge  (6  Pan,  dieu  tressacre), 
Voyre  ^^  chansons  qui  te  viendroyent  a  gre. 


CLEMENT  MAROT 

Et  me  souvient  que  bien  souvent  aux  festes, 
En  regardant  de  loing  paistre  noz  bestes, 
II  me  souloit  une  legon  donner 
Pour  doulcement  la  musette  entonner, 
Ou  a  dieter  quelque  chanson  ruralle 
Pour  la  chanter  en  mode  pastoralle. 

Aussi  le  soir,  que  les  trouppeaux  espars 
Estoient  serrez  et  remis  en  leurs  pares, 
Le  bon  vieillard  apres  moy  travailloit,^ 
Et  a  la  lampe  assez  tard  me  veilloit, 
Ainsi  que  font  leurs  sansonnetz  ou  pyes, 
Aupres  du  feu  bergeres  accroupies. 
Bien  est  il  vray  que  ce  luy  estoit  peine; 
Mais  de  plaisir  elle  estoit  si  fort  pleine, 
Qu'en  ce  faisant  sembloit  au  bon  berger 
Qu'il  arrousoit  en  son  petit  verger 
Quelque  jeune  ente,  ou  que  teter  faisoit 
L'aigneau  qui  plus  en  son  pare  luy  plaisoit ; 
Et  le  labeur  qu'apres  moy  il  mit  tant, 
Certes,  c'estoit  afl5n  qu'en  I'imitant 
A  I'advenir  je  chantasse  le  los  ^ 
De  toy  (6  Pan),  qui  augmentas  son  clos, 
Qui  conservas  de  ses  prez  la  verdure, 
Et  qui  gardas  son  trouppeau  de  froidure. 

«Pan  (disoit  il),  c'est  le  dieu  triumphant 
Sur  les  pasteurs;  c'est  celuy  (mon  enfant) 
Qui  le  premier  les  roseaux  pertuysa,* 
Et  d'en  former  des  flustes  s'advisa: 
II  daigna  *  bien  luy  mesme  peine  prendre 
D'user  de  Tart  que  je  te  veux  apprendre. 
Appren  le  done,  aflfm  que  montz  et  boys, 
Rocz  et  estangs,  apreignent  soubz  ta  voix 


FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

A  rechanter  le  hault  nom  apres  toy 
De  ce  grand  Dieu  que  tant  je  ramentoy;  ^ 
Car  c'est  celuy  par  qui  foysonnera 
Ton  champ,  ta  vigne,  et  qui  te  donnera 
Plaisante  loge  entre  sacrez  ruisseaux 
Encourtinez  ^  de  flairans  arbrisseaux. 

La  d'un  coste  ^  auras  la  grand'  closture 
De  saulx  espez,  ou  pour  prendre  pasture 
Mousches  a  miel  ^  la  fleur  succer  iront 
Et  d'un  doulx  bruit  souvent  t'endormiront, 
Mesmes  ^  allors  que  ta  fluste  champestre 
Par  trop  chanter  lasse  sentiras  estre. 

Puis  tost  apres  sur  le  prochain  bosquet 
T'esveillera  la  pye  en  son  caquet: 
T'esveillera  aussi  la  columbelle,^ 
Pour  rechanter  encores  de  plus  belle. » 
Ainsi,  soingneux  de  mon  bien,  me  parloit 
Le  bon  Janot,  et  il  ne  m'en  chaloit;  ^ 
Car  soucy  lors  n'avoys  en  mon  courage 
D'aucun  bestail  ne  d'aucun  pasturage. 

Quand  printemps  fault  ^  et  Teste  comparoit, 
Adoncques  ^  I'herbe  en  forme  et  force  croist. 
Aussi,  quand  hors  du  printemps  j'euz  este, 
Et  que  mes  jours  vindrent  en  leur  este. 
Me  creut  le  sens,  mais  non  pas  le  soucy; 
Si  employay  I'csprit,  le  corps  aussi, 
Aux  choses  plus  a  tel  aage  sortables, 
A  charpanter  logos  de  boys  portables, 
A  les  rouler  de  I'un  en  I'autre  lieu, 
A  y  semer  la  jonchee  au  milieu, 
A  radouber  treilles,  buyssons  et  hayes 
A  proprement  entrelasser  les  clayes 


CLEMENT   MAROT 

Pour  les  parquets  des  ouailles  fermer, 
Ou  a  tyssir  ^  (pour  frommages  former) 
Paniers  d'osier  et  fiscelles  de  jonc, 
Dont  je  souloys  (car  je  I'aimoys  adonc') 
Faire  present  a  Heleine  la  blonde.^ 

J'apprins  les  noms  des  quatre  partz  du  monde, 
J'apprins  les  noms  des  ventz  qui  de  la  sortent, 
Leurs  qualitez,  et  quel  temps  ilz  apportent, 
Dont  les  oiseaulx,  sages  devins  des  champs, 
M'advertissoyent  par  leur  volz  et  leurs  chantz. 

J'apprins  aussi,  allant  aux  pasturages, 
A  eviter  les  dangereux  herbages, 
Et  a  cognoistre  et  guerir  plusieurs  maulx 
Qui  quelquefoys  gastoient  les  animauk 
De  nos  pastiz:  mais  par  sus  toutes  choses, 
D'autant  que  plus  plaisent  les.  blanches  roses 
Que  I'aubespin,  plus  j'aymois  a  sonner 
De  la  musette,  et  la  fy  resonner 
En  tous  les  tons  et  chantz  de  bucolicques, 
En  chantz  piteuz,  en  chantz  melancoliques. 
Si  qu'a  mes  plainctz  un  jour  les  Oreades, 
Faunes,  Silvans,  Sa tyres  et  Dryades, 
En  m'escoutant  jecterent  larmes  d'yeux; 
Si  feirent  bien  les  plus  souverams  Dieux; 
Si  feit  Margot,^  bergere  qui  taut  vault. 
Mais  d'un  tel  pleur  esbahyr  ne  se  fault, 
Car  je  faisois  chanter  a  ma  musette 
La  mort  (helas!),  la  mort  de  Loysette,'* 
Qui  maintenant  au  ciel  prend  ses  esbatz 
A  veoir  encor  ses  trouppeaux  icy  bas. 

Une  autre  foys,  pour  Tamour  de  I'amye, 
A  tous  venans  pendy  la  challemye,^ 


FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Et  ce  jour  la  a  grand'  peine  on  sfavoit 
Lequel  des  deux  gaigne  le  prix  avoit, 
Ou  de  Merlin  ^  ou  de  moy:  dont  a  I'heure 
Thony  ^  s'en  vint  sur  le  pre  grand'  alleure 
Nous  accorder,  et  orna  deux  houlettes 
D'une  longueur,  de  force  violettes: 
Puis  nous  en  feit  present  pour  son  plaisir: 
Mais  a  Merlin  je  bailie  ^  a  choisir. 

Et  penses  tu  (6  Pan,  dieu  debonnaire) 
Que  I'exercice  et  labeur  ordinaire 
Que  pour  sonner  du  flajolet  je  pris 
Fust  seulement  pour  emporter  le  prix? 
Non,  mais  afin  que  si  bien  j'en  apprinse, 
Que  toy,  qui  es  des  pastoureaux  le  prince, 
Prinsses  plaisir  a  mon  chant  escouter, 
Comme  a  ouyr  la  marine  flotter ' 
Contre  la  rive,  ou  des  roches  haultaines 
Ouyr  tomber  contre  val  les  fontaines. 

Certainement,  c'estoit  le  plus  grand  soing 
Que  j'eusse  alors,  et  en  prens  a  tesmoing 
Le  blond  Phebus  qui  me  voyt  et  regarde. 
Si  I'espesseur  de  ce  boys  ne  Ten  garde, 
Et  qui  m'a  veu  traverser  maint  rocher 
Et  maint  torrent  pour  de  toy  approcher."* 

Or  m'ont  les  dieux  celestes  et  terrestres 
Tant  faict  heureux,  mesmement  les  sylvestres, 
Qu'en  gre  tu  prins  mes  petis  sons  rustiques, 
Et  exaulgas  mes  hymnes  et  cantiques. 
Me  permettant  les  chanter  en  ton  temple. 
La  oil  encor  I'image  je  contemple 
De  ta  haulteur,  qui  en  I'une  main  porte 
De  dur  cormier  houlette  riche  et  forte, 


CLEMENT  MAROT 

Et  I'autre  tient  chalemelle  foumye 

De  sept  tuyaux,  faictz  selon  rarmonye 

Des  cieulx,  ou  sont  les  sept  Dieux  clairs  et  haulx, 

Et  denotans  les  sept  artz  ^  liberaulx, 

Qui  sont  escriptz  dedans  ta  teste  saincte, 

Toute  de  pin  bien  couronnee  et  ceincte. 

Ainsi,  et  done  en  Teste  de  mes  jours, 
Plus  me  plaisoit  aux  champestres  sejours 
Avoir  faict  chose  (6  Pan)  qui  t'agreast, 
Ou  qui  I'oreille  un  peu  te  recreast, 
Qu'avoir  autant  de  moutons  que  Tytire;  ^ 
Et  plus  (cent  foys)  me  plaisoit  d'ouyr  dire: 
a  Pan  faict  bon  ceil  a  Robin  le  berger, » 
Que  veoir  ches  nous  trois  cens  beufz  heberger; 
Car  soucy  lors  n'avoys  en  mon  courage  ^ 
D'aucun  bestail  ne  d'aucun  pasturage. 

Mais  maintenant  que  je  suis  en  I'au tonne, 
Ne  sfay  quel  soing  inusite  m'estonne 
De  tel'  fagon,  que  de  chanter  la  veine 
Devient  en  moy,  non  point  lasse  ne  vaine, 
Ains  *  triste  et  lente,  et  certes,  bien  souvent, 
Couche  sur  I'herbe,  a  la  frescheur  du  vent, 
Voy  ma  musette  a  un  arbre  pendue 
Se  plaindre  a  moy  qu'oysive  I'ay  rendue; 
Dont  tout  a  coup  mon  desir  se  resveille, 
Qui  de  chanter  voulant  faire  merveille, 
Trouve  ce  soing  devant  ses  yeulx  plante, 
Lequel  le  rend  morne  et  espovente: 
Car  tant  est  soing  basanne,  layd,  et  pasle, 
Qu'a  son  regard  la  Muse  pastoralle, 
Voyre  la  Muse  heroyque  et  hardie, 
En  un  moment  se  trouve  refroidie, 


FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Et  devant  luy  vont  fuyant  toutes  deux 
Comme  brebis  devant  un  loup  hydeux. 

J'oy  d'autre  part  le  pyvert  jargonner, 
Siffler  Tescouffle  et  le  buttor  tonner, 
Voy  restoumeau,  le  heron  et  I'aronde 
Estrangement  voUer  tout  a  la  ronde, 
M'advertissans  de  la  froide  venue 
Du  triste  yver,  qui  la  terre  desnue. 

D 'autre  coste  j'oy  la  bise  arriver, 
Qui  en  soufflant  me  prononce  Fyver; 
Dont  mes  trouppeaux,  cela  craignans  et  pis, 
Tous  en  un  tas  se  tiennent  accroupis, 
Et  diroit  on,  a  les  ouyr  beller, 
Qu'avecques  moy  te  veulent  appeller 
A  leur  secours,  et  qu'ilz  ont  congnoissance 
Que  tu  les  as  nourriz  des  leur  naissance. 

Je  ne  quiers  pas  ^  (6  bonte  souveraine)^ 
Deux  mille  arpentz  de  pastiz  en  Touraine, 
Ne  mille  beufz  errants  par  les  herbis  ^ 
Des  montz  d'Auvergne,  ou  autant  de  brebis. 
II  me  suflSt  que  mon  trouppeau  preserves 
Des  loups,  des  ours,  des  lyons,  des  loucerves,^ 
Et  moy  du  froid,  car  I'yver  qui  s'appreste 
A  commence  a  neiger  sur  ma  teste. 

Lors  a  chanter  plus  soing  ne  me  nuyra, 
Ains  devant  moy  plus  viste  s'enfuyra 
Que  devant  luy  ne  vont  fuyant  les  Muses, 
Quand  il  verra  que  de  faveur  tu  m'uses. 

Lors  ma  musette,  a  un  chesne  pendue, 
Par  moy  sera  promptement  descendue, 
Et  chanteray  Tyver  a  seurete 
Plus  hault  (et  clair)  que  ne  feiz  one  Teste. 


CLEMENT  MAROT  9 

Lors  en  science,  en  musique  et  en  son 
Un  de  mes  vers  vauldra  une  chanson, 
Une  chanson,  une  eglogue  rustique, 
Et  une  eglogue,  une  ocuvre  bucolique. 

Que  diray  plus?  ^  vienne  ce  qui  pourra: 
Plus  tost  le  Rosne  encontremont  courra, 
Plus  tozt  seront  haultes  foretz  sans  branches, 
Les  cygnes  noirs  et  les  corneilles  blanches, 
Que  je  t'oublie  (6  Pan  de  grand  renom), 
Ne  que  je  cesse  a  louer  ton  hault  nom. 

Sus,  mes  brebis,  trouppeau  petit  et  maigre, 
Autour  de  moy  saultez  de  cueur  allaigre, 
Car  desja  Pan,  de  sa  verte  maison, 
M'a  faict  ce  bien  d'ouyr  mon  oraison.  ^  .    * 

A  SON  AMY  LYON  2         ,V^»^^" 

Je  ne  t'escry  de  I'amour  ^  vaine  et  folle: 
Tu  voys  assez^  s'elle  sert  ou  affolle; 
Je  ne  t'escry  ne  d'armes  ne  de  guerre: 
Tu  voys  qui  peult  ^  bien  ou  mal  y  acquerre;  ® 
Je  ne  t'escry  de  fortune  puissante: 
Tu  voys  assez  s'elle  est  ferme  ou  glissa'nte; 
Je  ne  t'escry  d'abus  trop  abusant: 
Tu  en  sgais  prou  ^  et  si  n'en  vas  usant; 
Je  ne  t'escry  de  Dieu  ne  sa  puissance: 
C'est  a  luy  seul  t'en  donner  congnoissance; 
Je  ne  t'escry  des  dames  de  Paris: 
Tu  en  sgais  plus  que  leurs  propres  marys; 
Je  ne  t'escry  qui  est  rude  ou  affable, 
Mais  je  te  veulx  dire  une  belle  fable, 
C'est  a  sgavoir,  du  lyon  et  du  rat. 


lO       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Cestuy  ^  lyon,  plus  fort  qu'un  vieil  verrat, 
Veit  une  foys  que  le  rat  ne  s^avoit 
Sortir  d'un  lieu,  pour  autant  qu'il  avoit 
Menge  le  lard  et  la  chair  toute  crue; 
Mais  ce  lyon  (qui  jamais  ne  fut  grue)  e/*-**^^^^ 
Trouva  moyen  et  maniere  et  matiere, 
D'ongles  et  dens,  de  rompre  la  ratiere, 
Dont  maistre  rat  eschappe  vistement. 
Puis  meit  a  terre  un  genouil  gentement, 
Et  en  ostant  son  bonnet  de  la  teste, 
A  mercie  mille  foys  la  grand'  beste, 
Jurant  le  Dieu  des  souris  et  des  ratz 
Qu'il  luy  rendroit.     Maintenant  tu  verras 
Le  bon  du  compte.^    II  advint  d'aventure 
Que  le  lyon  pour  chercher  sa  pasture 
Saillit  dehors  sa  caverne  et  son  siege, 
Dont  (par  malheur)  se  trouva  pris  au  piege, 
Et  fut  lie  contre  un  ferme  posteau. 

Adonc  le  rat,  sans  serpe  ne  cousteau, 
Y  arriva  joyeux  et  esbaudy, 
Et  du  lyon  (pour  vray)  ne  s'est  gaudy ,^ 
Mais  despita  chatz,  chates  et  chatons, 
Et  prisa  fort  ratz,  rates  et  ratons, 
Dont  ^  il  avoit  trouve  temps  favorabb 
Pour  secourir  le  lyon  secourable, 
Auquel  a  diet:   «  Tais  toy,  lyon  lie. 
Par  moy  seras  maintenant  deslye: 
Tu  le  vaulx  bien,  car  le  cueur  joly  as; 
Bien  y  parut  quant  tu  me  deslyas. 
Secouru  m'as  fort  lyonneusement; 
Or  secouru  seras  rateusement. » 


CLEMENT  MAROT  II 

Lors  le  lyon  ses  deux  grans  yeulx  vcstit/ 
Et  vers  le  rat  les  touraa  un  petit 
En  luy  disant:   «  O  povre  vermyniere, 
Tu  n'as  sur  toy  instrument  ne  maniere, 
Tu  n'as  cousteau,  serpe  ne  serpillon, 
Qui  sceust  coupper  corde  ne  cordillon 
Pour  me  jecter  de  ceste  etroicte  voye; 
Va  te  cacher,  que  le  chat  ne  te  voye. 
—  Sire  lyon  (dit  le  filz  de  souris), 
De  ton  propos  (certes),  je  me  soubzris:  ^ 
J'ay  des  cousteaux  assez,  ne  te  soucie, 
De  bel  os  blanc,  plus  trenchans  qu'une  scye; 
Leur  gaine,  c'est  ma  gencive  et  ma  bouche; 
Bien  coupperont  la  corde  qui  te  touche 
De  si  trespres,  car  j'y  mettray  bon  ordre.» 

Lors  sire  rat  va  commencer  a  mordre 
Ce  gros  lien:  vray  est  qu'il  y  songea 
Assez  long  temps;  mais  il  le  vous  rongea 
Souvent,  et  tant,  qu'a  la  parfin  ^  tout  rompt, 
Et  le  lyon  de  s'en  aller  fut  prompt, 
Disant  en  soy:   «  Nul  plaisir  *  (en  effect) 
Ne  se  perd  point  quelque  part  ou  soit  faict. » 
Voyla  le  compte  en  termes  rithmassez: 
II  est  bien  long,  mais  il  est  vieil  assez, 
Tesmoing  Esope,  et  plus  d'un  million. 

Or  viens  me  veoir  pour  faire  le  lyon, 
Et  je  mettray  peine,  sens  et  estude 
D'estre  le  rat,  exempt  d'ingratitude, 
J'entends,  si  Dieu  te  donne  autant  d'afTaire, 
Qu'au  grand  lyon,  ce  qu'il  ne  vueille  faire. 


12       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

-   P^\  DE  FRERE  LUBIN  ^ 

g  ^^    *^^  Pour  courir  en  poste  a  la  ville 
^  ViAgt  foys,  cent  foys,  ne  sg:ay  combien; 

Pour  faire  quelque  chose  vile, 
Frere  Lubin  le  fera  bien; 
Mais  d'avoir  honneste  entretien, 
Ou  mener  vie  salutaire, 
C'est  a  faire  a  un  bon  chrestien, 
Frere  Lubin  ne  le  peult  faire. 

Pour  mettre  (comme  un  homme  habile) 
Le  bien  d'autruy  avec  le  sien, 
Et  vous  laisser  sans  croix  ne  pile,^ 
Frere  Lubin  le  fera  bien: 
On  a  beau  dire  je  le  tien, 
Et  le  presser  de  satisfaire, 
Jamais  ne  vous  en  rendra  rien, 
Frere  Lubin  ne  le  peult  faire. 

Pour  desbaucher  par  un  doulx  stile 
Quelque  fille  de  bon  maintien, 
Point  ne  fault  de  vieille  subtile, 
Frere  Lubin  le  fera  bien. 
II  presche  en  theologien, 
Mais  pour  boire  de  belle  eau  claire, 
Faictes  la  boire  a  vostre  chien, 
Frere  Lubin  ne  le  peult  faire. 

ENVOY 

Pour  faire  plus  tost  mal  que  bien, 
Frere  Lubin  le  fera  bien; 
Et  si  c'est  quelque  bon  affaire, 
Frere  Lubin  ne  le  peult  faire. 


CLEMENT  MAROT  I3 

DE  L'AMOUR  DU  SifiCLE  ANTIQUE  ^ 

Au  bon  vieuk  temps  un  train  d'amour  regnoit 

Qui  sans  grant  art  et  dons  se  demenoit, 

Si  qu'un  ^  bouquet  donne  d'amour  profonde, 

C'estoit  donne  ^  toute  la  terre  ronde, 

Car  seulement  au  cueur  on  se  prenoit 

Et  si  par  cas  ^  a  jouyr  on  venoit,  y  U^^ 

Sfavez-vous  bien  comme  on  s'entretenoit?  *  ^^    ' 
Vingt  ans,  trente  ans:  cela  duroit  un  monde 
Au  bon  vieuk  temps. 

Or  est  perdu  ce  qu'amour  ordonnoit: 
Rien  que  pleurs  fainctz,  rien  que  changes  on  n'oyt:  • 
Qui  vouldra  done  qu'a  aymer  je  me  fonde, 
II  fault  premier  que  I'amour  on  refonde, 
Et  qu'on  la  meine  ^  ainsi  qu'on  la  menoit 
Au  bon  vieulx  temps. 


V      DU  LIEUTENANT  CRIMINEL 
ET  DE  SAMBLANCAY 

Lors  que  Maillart,  juge  d'Enfer,^  menoit 

A  Monfaulcon  Samblan^ay  ^  Tame  rendre, 

A  vostre  advis,  lequel  des  deux  tenoit 

Meilleur  maintien?    Pour  le  vous  faire  entendre, 

Maillart  sembloit  homme  qui  mort  va  prendre 

Et  Samblan^ay  fut  si  ferme  vieillart, 

Que  Ton  cuydoit,^°  pour  vray,  qu'il  menast  pendre 

A  Monfaulcon  le  lieutenant  Maillart. 


"^     MELIN  DE  SAINT-GELAIS 

Voyant  ^  ces  monts  de  veue  ainsi  lointaine, 
Je  les  compare  a  mon  long  desplaisir: 
Haut  est  leur  chef,  et  haut  est  mon  desir, 
Leur  pied  est  ferme,  et  ma  foy  est  certaine. 

D'eux  maint  ruisseau  coule,  et  mainte  fontaine: 
De  mes  deux  yeux  sortent  pleurs  a  loisir; 
De  forts  souspirs  ne  me  puis  dessaisir, 
Et  de  grands  vents  leur  cime  est  toute  pleine, 

Mille  troupeaux  s'y  promenent  et  paissent, 
Autant  d' Amours  se  convent  et  renaissent 
Dedans  mon  coeur,  qui  seul  est  leur  pasture. 

lis  sont  sans  fruit,  mon  bien  n'est  qu'aparence, 
Et  d'eux  a  moy  n'a  qu'une  difference, 
Qu'en  eux  la  neige,  en  moy  la  flamme  dure. 


■A 


CHARLES  FONTAINE 

CHANT  SUR  LA  NAISSANCE  DE  JAN,  SECOND 
FILZ  DE  L'AUTEUR 

Mon  petit  filz  qui  n'as  encore  rien  veu, 
A  ce  matin  ton  pere  te  salue: 
Vien  t'en,  vien  voir  ce  monde  bien  pourveu 
D'honneurs  et  biens  qui  sont  de  grant  value: 
Vien  voir  la  paix  en  France  descendue: 
Vien  voir  Frangoys,^  nostre  Roy  et  le  tien, 
Qui  a  la  France  ornee  et  deff endue: 
Vien  voir  le  monde  oii  y  a  tant  de  bien. 

Vien  voir  le  monde  ou  y  a  tant  de  maux, 
Vien  voir  ton  pere  en  proces  et  en  peine: 
Vien  voir  ta  mere  en  douleurs  et  travaux 
Plus  grands  que  quand  elle  estoit  de  toy  pleine: 
Vien  voir  ta  mere  a  qui  n'as  laisse  veine 
En  bon  repos:  vien  voir  ton  pere  aussi, 
Qui  a  passe  sa  jeunesse  soudaine, 
Et  a  trente  ans  est  en  peine  et  souci. 

Jan,  petit  Jan,  vien  voir  ce  tant  beau  monde, 
Ce  ciel  d'azur,  ces  estoilles  luisantes, 
Ce  soleil  d'or,  cette  grande  terre  ronde, 
Cette  ample  mer,  ces  rivieres  bruyantes, 
Ce  bel  air  vague,  et  ces  nues  courantes, 
Ces  beaux  oyseaux  qui  chantent  k  plaisir, 
Ces  poissons  frais  et  ces  bestes  paissantes: 
Vien  voir  le  tout  a  souhait  et  dcsir. 


1 6       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Vien  voir  le  tout  sans  desir  et  souhait, 
Vien  voir  le  monde  en  divers  troublemens, 
Vien  voir  le  ciel  que  ja  la  terre  hait, 
Vien  voir  combat  entre  les  elemens: 
Vien  voir  Fair  plein  de  rudes  soufflemens, 
De  dure  gresle  et  d'horribles  tonnerres: 
Vien  voir  la  terre  en  peine  et  tremblemens: 
Vien  voir  la  mer  noyant  villes  et  terres. 

Enfant  petit,  petit  et  bel  enfant, 
Masle  bien  fait,  chef  d'oeuvre  de  ton  pere, 
Enfant  petit  en  beaute  triomphant, 
La  grand  liesse  et  joye  de  ta  mere, 
Le  ris,  I'esbat  de  ma  jeune  commere, 
Et  de  ton  pere  aussi  certainement 
Le  grand  espoir  et  I'attente  prospere, 
Tu  sois  venu  au  monde  eureusement. 

Petit  enfant,  peux  tu  le  bien  venu 
Estre  sur  terre,  ou  tu  n'apportes  rien? 
Mais  ou  tu  viens  comme  un  petit  ver  nu? 
Tu  n'as  ne  drap  ne  linge  qui  soit  tien. 
Or,  ny  argent,  n'aucun  bien  terrien: 
A  pere  et  mere  apportes  seulement 
Peine  et  souci:  et  voila  tout  ton  bien. 
Petit  enfant,  tu  viens  bien  povrement. 

De  ton  honneur  ne  vueil  plus  estre  chiche, 

Petit  enfant  de  grand  bien  jouissant, 

Tu  viens  au  monde  aussi  grand,  aussi  riche 

Comme  le  Roy,  et  aussi  florissant: 

Ton  tresorier  c'est  Dieu  le  tout  puissant, 

Grace  divine  est  ta  mere  nourrice: 

Ton  heritage  est  le  ciel  splendissant: 

Tes  serviteurs  sont  les  anges  sans  vice.^ 


H     LOUISE  LABE 

Tant  que  mes  yeus  pourront  larmes  espandre, 
A  I'heur  ^  passe  avec  toy  regretter: 
Et  qu'aus  sanglots  et  soupirs  resister 
Pourra  ma  voix,  et  un  peu  faire  entendre: 

Tant  que  ma  main  pourra  les  cordes  tendre 
Du  mignart  Lut,  pour  tes  graces  chanter: 
Tant  que  I'esprit  se  voudra  contenter 
De  ne  vouloir  rien  fors  que  ^  toy  comprendre: 

Je  ne  souhaitte  encore  point  mourir. 
Mais  quand  mes  yeus  je  sentirai  tarir, 
Ma  voix  cassee,  et  ma  main  impuissante, 

Et  mon  esprit  en  ce  mortel  sejour 
Ne  pouvant  plus  montrer  signe  d'amante: 
Priray  la  Mort  noircir  mon  plus  cler  jour. 


PIERRE  DE  RONSARD 
AMOURS 

I 

From  the  First  Book,  to  Cassandre 


Qui  voudra  voir  comme  un  Dieu  me  surmonte, 
Comme  il  m'assaut,  comme  il  se  fait  vainqueur, 
Comme  il  renflame  et  renglace  mon  coeur, 
Comme  il  regoit  un  honneur  de  ma  honte; 

Qui  voudra  voir  une  jeunesse  pronte 
A  suivre  en  vain  I'objet  de  son  malheur, 
Me  vienne  voir,  il  voirra  ma  douleur, 
Et  la  rigueur  de  I'archer  ^  qui  me  domte. 

II  cognoistra  combien  la  raison  pent 
Contre  son  arc,  quand  une  fois  il  veut 
Que  nostre  cueur  son  esclave  demeure; 

Et  si  verra  que  je  suis  trop  heureux 
D 'avoir  au  flanc  I'aiguillon  amoureux, 
Plein  du  venin  dont  il  faut  que  je  meure. 

,  XVI 

Je  veux  pousser  par  I'univers  ma  peine. 
Plus  tost  ,qu'un  trait  ne  vole  au  decocher:  ^ 
Je  veux^ussi  mes  oreilles  bouscner,"^ 
Pour  n'ouyr  plus  la  voix  de  ma  sereine.^ 

Je  veux  muer  *  mes  deux  yeux  en  fontaine, 
Mon  coeur  en  feu,  ma  teste  en  un  rocher, 


PIERRE  DE  RONSARD  jg 

Mes  pies  en  tronc,  pour  jamais  n'approcher 
De  sa  beaute  si  fierement  humaine. 

Je  veux  changer  mes  pensers  en  oyseaux, 
Mes  doux  soupirs  en  zephyres  nouveaux, 
Qui  par  le  monde  eventeront  ma  plainte. 

Je  veux  encore  de  ma  palle  couleur 
Aux  bords  du  Loir  ^  faire  ij^istre  une  fleur, 
Qui  de  mon  nom  et  de  mon  mal  soit  peinte. 

XIX  y. 

Avant  le  temps  tes  tempes  fleuriront,^         f      i^ 
De  peu  de  jours  ta  fin  sera  bomee,  ^>^      /^ 

Avant  ton  soir  se  clorra  ta  journee,  "•^ 

Trahis  d'espoir  tes  pensers  periront. 

Sans  me  flechir  tes  escrits  fletriront,  .    ^ 

En  ton  desastre  ^  ira  ma  destinee, ^  ^^^^^  '^ 

Ta  mort  sera  pour  m'amour  ^  termineej  ^  .J  ^ 
De  tes  souspirs  tes  neveux  ^  se  riront;      ^ 

Tu  seras  fait  du  vulgaire  la  fable, 
Tu  bastiras  sur  I'incertain  du  sable, 
Et  vainement  tu  peindras  dans  les  cieux." 

Ainsi  disoit  la  nymphe  qui  m'afifolle,^ 
Lors  que  le  ciel,  temoin  de  sa  parole, 
D'un  dextre  ^  eclair  fut  presage  a  mes  yeux.'' 

LVII 

Divin  Bellay,^°  dont  les  nombreuscs  "  lois, 
Par  une  ardeur  du  peuple  separee,^^ 
Ont  revestu  Fenfant  de  Cytheree  ^' 
D'arc,  de  flambeau,  de  traicts  et  de  carquois; 

Si  le  doux  feu  dont  jeune  tu  ardois  ^* 
Enflame  encor'  ta  poi trine  sacree; 


20       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Si  ton  oreille  encore  se  recree 
D'ouir  les  plaints  des  amoureuses  vois; 
^  f^'        Oy  ^  ton  Ronsard,  qui  sanglote  et  lamente, 
dj^  VJ*   Pale/agite  des  flots  de  la  tourmente, 
'(f^       Croizant  en  vain  ses  mains  devers  les  cieux,  ^^  ^. 

En  f  railepnef  ,^  lef  sans  vSiIeet  ^SsrimeX 
Et  loin  dutbofS^ii,  pour  astre,{^^^ame 
A''^*^e)conduisoit  du  phare  de  ses  yeux. 

xcv 

Pren  ceste  rose,  aimable  comme  toy, 
Qui  sers  de  rose  aux  roses  les  plus  belles. 
Qui  sers  de  fleur  aux  fleurs  les  plus  nouvelles, 
Dont  la  senteur  me  ravit  tout  de  moy. 

Pren  ceste  rose,  et  ensemble  ref  oy 
Dedans  ton  sein  mon  coeur,  qui  n'a  point  d'ailes; 
II  est  constant,  et  cent  playes  cruelles 
N'ont  empesche  qu'il  ne  gardast  sa  foy. 

La  rose  et  moy  differons  d'une  chose: 
Un  soleil  voit  naistre  et  mourir  la  rose; 
Mille  soleils  ont  vu  naistre  m'amour, 

Dont  Faction  jamais  ne  se  repose. 
Ha!  plut  a  Dieu  que  telle  amour,  eclose 
Comme  une  fleur,  ne  m'eust  dure  qu'un  jour! 

CLIX 

Voicy  le  bois  que  ma  saincte  Angelette 
Sur  le  prin temps  anima  de  son  chant; 
Voicy  les  fleurs  oii  son  pied  va  marchant, 
Lorsque,  pensive,  elle  s'ebat  seulette; 

lo,^  voicy  la  pree  ^  verdelette 
Qui  prend  vigueur  de  sa  main  la  touchant, 


PIERRE  DE  RONSARD  21 

Quand  pas  a  pas,  pillarde,  va  cherchant 
Le  bel  email  de  I'herbe  nouvelette. 

Icy  chanter,  la  pleurer  je  la  vy, 
Icy  sourire,  et  la  je  fu  ravy 
De  ses  beaux  yeux  pas  lesquels  je  des-vie;  ^ 

Icy  s'asseoir,  la  je  la  vy  danser: 
Sus  le  mestier  d'un  si  vague  penser 
Amour  ourdit  les  trames  de  ma  vie. 

II 
From  the  Second  Book,  to  Marie 

XVIII 

Mignonne,  levez-vous,  vous  estes  paresseuse, 
Ja  la  gaye  alouette  au  ciel  a  fredonne, 
Et  ja  le  rossignol  doucement  jargonne, 
Dessus  I'espine  assis,  sa  complainte  amoureuse. 

Sus!  debout!  allons  voir  Therbelette  perleuse, 
Et  vostre  beau  rosier  de  boutons  couronne, 
Et  vos  oeillets  aimes  ausquels  aviez  donne 
Hier  au  soir  de  I'eau  d'une  main  si  soigneuse. 

Hier  en  vous  couchant  vous  me  fistes  promesse 
D'estre  plutost  que  moy  ce  matin  eveillee, 
Mais  le  sommeil  vous  tient  encor  toute  sillee. 

Ha!  je  vous  punirai  du  peche  de  paresse, 
Je  vay  baiser  vos  yeux  et  vostre  beau  tetin 
Cent  fois  pour  vous  apprendre  a  vous  lever  matin. 

XXVII 

He!  que  voulez-vous  dire?    Estes- vous  si  cruelle 
De  ne  vouloir  aimer?    Voyez  les  passercaux    ^ly^jL  v'm-vl*** 


22       FRENCH  VERSE  OF  TEE   XVI  CENTURY 

Qui  demenent  Tamour;  voyez  les  colombeaux, 

i^i^r'^'T^Regardez  le  ramier,  voyez  la  tourterelle; 

*^ «  Voyez  dega,  dela,  d'une  fretillaiite  aile    iHx^c^ 

Voleter  par  les  bois  les  amoureux  oiseaux; 
Voyez  la  jeune  vigne  embrasser  les  ormeaux, 
Et  toute  chose  rire  en  la  saison  nouvelle.  . 

Icy  la  bergerette,  en  tournant  son  fuseau,   Injifip^^,  **^^ 
Desgoise  ses  amours,  et  la  le  pastoureau 
Respond  a  sa  chanson.    Icy  toute  chose  aime; 

Tout  parle  de  Tamour,  tout  s'en  veut  enflammer; 
Seulement  vostre  cceur,  froid  d'une  glace  extreme, 
Demeure  opiniastre  et  ne  veut  point  aimer. 


CHANSON 

Le  printemps  n*a  point  tant  de  fleurs, 
L'automne  tant  de  raisins  murs, 
L'este  tant  de  chaleurs  halees, 
L'hyver  tant  de  froides  gelees, 
Ny  la  mer  n'a  tant  de  poissons, 
Ny  la  Beausse  ^  tant  de  moissons, 
Ny  la  Bretaigne  tant  d'arenes,^ 
Ny  I'Auvergne  tant  de  fontaines, 
Ny  la  nuict  tant  de  clairs  flambeaux, 
Ny  les  forests  tant  de  rameaux, 
Que  je  porte  au  coeur,  ma  maistresse, 
Pour  vous  de  peine  et  de  tristesse. 

IV  (of  the  second  part) 

Comme  on  void  sur  la  branche  au  mois  de  may  la  rose 
En  sa  belle  jeunesse,  en  sa  premiere  fleur, 
Rendre  le  ciel  jaloux  de  sa  vive  couleur, 


PIERRE  DE  RONSARD  23 

Quand  I'aube  de  ses  pleurs  au  poinct  du  jour  rarrose, 

La  Grace  dans  sa  fueille  et  I'Amour  se  repose, 
Embasmant  ^  les  jardins  et  les  arbres  d'odeur; 
Mais  batue  ou  de  pluye  ou  d 'excessive  ardeur, 
Languissante,  elle  meurt,  fueille  a  fueille  declose.* 

Ainsi  en  ta  premiere  et  jeune  nouveaute, 
Quand  la  terre  et  le  ciel  honoroient  ta  bcaute, 
La  Parque  ^  t'a  tuee,  et  cendre  tu  reposes. 

Pour  obseques  regoy  mes  larmes  et  mes  pleurs, 
Ce  vase  plein  de  laict,  ce  pannier  plein  de  fleurs, 
A  fin  que,  vif  et  mort,  ton  corps  ne  soit  que  roses.'* 

Ill 

From  the  «  Sonnets  pour  Helene  » 
^       Book  I 
xxxvi 

Vous  me  distes,  maistresse,  estant  a  la  fcnestre, 
Regardant  vers  Montmartrc  ^  et  les  champs  d'alentour  : 
«  La  solitaire  vie  et  le  desert  sejour 
Valent  mieux  que  la  Cour;  je  voudrois  bien  y  estre. 

A  rheure  mon  esprit  de  mes  sens  seroit  maistre, 
En  jeusne  et  oraisons  je  passerois  le  jour, 
Je  desfi'rois  les  traicts  et  les  flames  d'Amour; 
Ce  cruel  de  mon  sang  ne  pourroit  se  repaistre. » 

Quand  je  vous  respondy:   «  Vous  trompez  de  penser 
Qu'un  feu  ne  soit  pas  feu  pour  se  couvrir  de  cendre; 
Sus  les  cloistres  sacrez  la  flame  on  void  passer, 

Amour  dans  les  deserts  comme  aux  villes  s'engendre. 
Contre  un  dieu  si  puissant,  qui  les  dieux  peut  forcer, 
Jeusnes  ny  oraisons  ne  se  peuvent  defendre. » 


24       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 


Book  II 
vni 

Je  plante  en  ta  faveur  cet  arbre  de  Cybelle,* 
Ce  pin,  ou  tes  honneurs  se  liront  tous  les  jours: 
J'ay  grave  sur  le  tronc  nos  noms  et  nos  amours, 
Qui  croistront  a  Tenvy  de  Tescorce  nouvelle. 

Faunes,  qui  habitez  ma  terre  paternelle. 
Qui  menez  sur  le  Loir  vos  danses  et  vos  tours, 
Favorisez  la  plante  et  luy  donnez  secours. 
Que  Teste  ne  la  brusle  et  I'hyver  ne  la  gelle. 

Pasteur  qui  conduiras  en  ce  lieu  ton  troupeau, 
FlageoUant  ^  une  eclogue  en  ton  tuyau  d'aveine,^ 
Attache  tous  les  ans  a  cest  arbre  un  tableau 

Qui  tesmoigne  aux  passans  mes  amours  et  ma  peine; 
Puis,  Farrosant  de  laict  et  du  sang  d'un  agneau, 
Dy:   «  Ce  pin  est  sacre,  c'est  la  plante  d'Helene.» 

XLII 

Quand  vous  serez  bien  vieille,"*  au  soir,  a  la  chandelle, 
Assise  aupres  du  feu,  devidant  ^  et  JSlant, 
Direz,  chantant  mes  vers,  et  vous  esmerveillant: 
Ronsard  me  celebroit  du  temps  que  j'estois  belle. 

Lors  vous  n'aurez  servante  oyant  telle  nouvelle, 
Desja  sous  le  labeur  a  demy  someillant. 
Qui,  au  bruit  de  Ronsard,  ne  s'aille  reveillant, 
Benissant  vostre  nom  de  louange  immortelle. 

Je  seray  sous  la  terre,  et,  fantosme  sans  os. 
Par  les  ombres  myrteux  je  prendray  mon  repos; 
Vous  serez  au  fouyer  une  vieille  accroupie, 


PIERRE  DE  RONSARD 


2$ 


Regrettant  mon  amour  et  vostre  fier  dcsdain. 
Vivez,  si  m'en  croyez,  n'attendez  a  demain; 
Cueillez  des  aujourd'huy  les  roses  de  la  vie. 

LXVI 

II  ne  faut  s'esbahir,  disoient  ces  bons  vieillars  ^ 
Dessus  le  mur  troyen,  voyans  passer  Helene, 
Si  pour  telle  beaute  nous  souffrons  tant  de  peine: 
Nostre  mal  ne  vaut  pas  un  seul  de  ses  regars. 

Toutesfois  il  vaut  mieux,  pour  n'irriter  point  Mars 
La  rendre  a  son  espoux,  afin  qu'il  la  remmeine, 
Que  voir  de  tant  de  sang  nostre  campagne  pleine, 
Nostre  Havre  gaigne,  I'assaut  a  nos  rempars. 

Peres,  il  ne  falloit,  a  qui  la  force  tremble, 
Par  un  mauvais  conseil  les  jeunes  retarder; 
Mais,  et  jeunes  et  vieux,  vous  deviez  tous  ensemble 

Pour  elle  corps  et  biens  et  ville  hazarder. 
Menelas  fut  bien  sage  et  Paris,  ce  me  semble, 
L'un  de  la  demander,  I'autre  de  la  garder. 

LXXVI 

Vous  ruisseaux,  vous  rochers,  et  vous  antres  solitaires, 
Vous  chesnes,  heritiers  du  silence  des  bois, 
Entendez  les  souspirs  de  ma  derniere  vois, 
Et  de  mon  testament  soyez  presents  notaires. 

Soyez  de  mon  malheur  fidelcs  secretaires, 
Gravez-le  en  vostre  escorce,  a  fin  que  tous  les  mois 
II  croisse  comme  vous;  ccpendant  je  m'cn-vois* 
La  bas  prive  de  sens,  de  veines  et  d'arteres. 

Je  meurs  pour  la  rigueur  d'une  fiere  beaute 
Qui  vit  sans  foy,  sans  loy,  amour  ne  loyaute, 
Qui  me  succe  le  sang  comme  un  tigre  sauvage. 


26       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Adieu,  forests,  adieu !    Adieu  le  verd  sejour 
De  vos  arbres,  heureux  pour  ne  cognoistre  Amour 
Ny  sa  mere,  qui  tourne  en  fureur  le  plus  sage. 

IV 

From  the  «  Pieces  retranchees  » 
xvn 

Je  vous  envoye  un  bouquet  que  ma  main 
Vient  de  trier  de  ces  fleurs  epanies; 
Qui  ne  les  eust  a  ce  vespre  ^  cueillies, 
Cheutes  a  terre  elles  fussent  demain. 

Cela  vous  soit  un  exemple  certain 
Que  vos  beautez,  bien  qu'elles  soient  fleuries, 
En  peu  de  temps  seront  toutes  flaitries, 
Et,  comme  fleurs,  periront  tout  soudain. 

Le  temps  s'en  va,^  le  temps  s'en  va,  ma  dame; 
Las!  le  temps  non,  mais  nous  nous  en  allons, 
Et  tost  serons  estendus  sous  la  lame.^  -f^^^^^ 

Et  des  amours  desquelles  nous  parlons, 
Quand  serons  morts,  n'en  sera  plus  nouvelle. 
Pour  ce  aymez-moy  ce  pendant  qu'estes  belle. 


XLIV 


A>^-vd  ttMrUjliyw^ 


Rossignol,  mon  mignon,  qui  dans  ceste  saulaye; 
Vas  seul  de  branche  en  branche  a  ton  gre  voletant, 
Et  chantes  a  I'envy  de  moy  qui  vais  chantant 
Celle  qu'il  faut  tousjours  que  dans  la  bouche  j'aye, 

Nous  souspirons  tous  deux:  ta  douce  voix  s'essaye 
De  sonner  les  amours  d'une  qui  t'aime  tant, 
Et  moy,  triste,  je  vais  la  beaute  regrettant 
Qui  m'a  fait  dans  le  cceur  une  si  aigre  playe. 


PIERRE  DE  RONSARD  27 

Toutesfois,  Rossignol,  nous  differons  d'un  poinct: 
C'est  que  tu  es  aime,  et  je  ne  le  suis  point, 
Bien  que  tous  deux  ayons  les  musiques  pareilles. 

Car  tu  flechis  t'amie  au  doux  bruit  de  tes  sons, 
Mais  la  mienne  qui  prent  a  depit  mes  chansons, 
Pour  ne  les  escouter  se  bouche  les  aureilles. 

LI 

Je  veux  lire  en  trois  jours  I'lliade  d'Homere, 
Et  pour  ce,  Corydon,^  ferme  bien  I'huis  ^  sur  moy; 
Si  rien  ^  me  vient  troubler,  je  t'asseure  ma  foy, 
Tu  sentiras  combien  pesante  est  ma  colere. 

Je  ne  veux  seulement  que  nostre  chambriere 
Vienne  faire  mon  lit,  ton  compagnon  ny  toy; 
Je  veux  trois  jours  entiers  demeurer  arequoy,'*  ua  A^^ 
Pour  foUastrer  apres  une  sepmaine  entiere. 

Mais  si  quelqu'un  venoit  de  la  part  de  Cassandre, 
Ouvre-luy  tost  la  porte,  et  ne  le  fais  attendre, 
Soudain  entre  en  ma  chambre  et  me  vien  accoustrcr. 

Je  veux  tant  seulement  a  luy  seul  me  monstrer; 
Au  reste,  si  ^  un  dieu  vouloit  pour  moy  descendre 
Du  del,  ferme  la  porte,  et  ne  le  laisse  entrer. 

ODES 
A  MADAME  MARGUERITE « 

DUCHESSE  DE   SAVOIE,   SCEUR  DU  ROY  HENRY  II 

Strophe  I 

II  faut  aller  contenter 
L'aureille  de  Marguerite, 
Et  en  son  palais  chanter 
Quel  honneur  elle  mcritc. 


28        FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Debout,  Muses,  qu'on  m'attelle 
Vostre  charrette  immortelle, 
Afin  qu'errer  je  la  face 
Par  une  nouvelle  trace, 
Chantant  la  vierge  autrement 
Qu'un  tas  de  rimeurs  barbares 
Qui  ses  louanges  si  rares 
Luy  souilloient  premierement. 

Antistrophe 

J'ay  sous  I'esselle  ^  un  carquois 
Gros  de  fleches  nompareilles, 
Qui  ne  font  bruire  leurs  vols 
Que  pour  les  doctes  aureilles. 
Leur  roideur  n'est  apparente 
A  telle  bande  ignorante 
Quand  une  d'elles  annonce 
L'honneur  que  mon  arc  enfonce. 
Entre  toutes  j'esliray 
La  mieux  sonnante,  et  de  celle 
Par  la  terre  universelle 
Ses  vertus  je  publiray. 

Epode 

Sus,  ma  Muse,  ouvre  la  porta 
A  tes  vers  plus  doux  que  le  miel, 
Afin  qu'une  fureur  sorte 
Pour  la  ravir  jusqu'au  ciel. 
Du  croc  arrache  la  lyre 
Qui  tant  de  gloire  t'acquit, 
Et  vien  sur  ses  cordes  dire 
Comma  la  Vierge  nasquit. 


PIERRE   DE   RONSARD  29 

Strophe  II 

Par  un  miracle  nouveau, 
Un  jour  Pallas  de  sa  lance 
Ouvrit  le  docte  cerveau 
De  Francois,  seigneur  de  France. 
Alois,  estrange  nouvelle! 
Tu  nasquis  de  sa  cervelle, 
Et  les  Muses,  qui  la  furent,         . 
En  ton  giron  te  receurent.  ^^f^ 

Mais,  quand  le  temps  eut  parfait 
L'accroissance  de  ton  age, 
Tu  pensas  en  ton  courage  ^ 
De  mettre  a  chef  ^  un  grand  faiL 

Antistrophe 

Tes  mains  s'armerent  alors 
De  I'horreur  de  deux  grand's  haches, 
Sous  un  beau  harnois  de  cors 
Tout  Testomach  tu  te  caches; 
Une  menassante  creste 
Flotoit  au  haut  de  ta  teste, 
Refrappant  la  gueule  horrible 
D'une  Meduse  terrible: 
Ainsi  tu  alias  trouver 
Le  vilain  monstre  Ignorance, 
Qui  souloit  ^  toute  la  France 
Dessous  son  ventre  couvcr. 

Epode 

L'ire  qui  la  beste  eslance 
En  vain  irrita  son  cccur, 


30       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Poussant  son  mufle  en  defence 
Encontre  ton  bras  vainqueur; 
Car  le  fer  prompt  a  Tabbattre 
En  son  ventre  est  ja  cache, 
Et  ja  trois  fois,  voire  ^  quatre, 
Le  coeur  luy  a  recherche. 


Strophe  III 

Le  monstre  gist  ^  estendu, 
L'herbe  en  sa  playe  se  souille; 
Aux  Muses  tu  as  pendu 
Pour  trophee  sa  despouille; 
Puis,  versant  de  sa  poitrine 
Mainte  source  de  doctrine, 
Aux  Francois  tu  fis  cognestre 
Le  miracle  de  ton  estre. 
Pour  cela  je  chanteray 
Ce  bel  hymne  de  victoire, 
Et  sur  Tautel  de  Memoire 
•L^enseigne  j'en  planteray. 

Antistrophe 

Mais  moy,  qui  suis  le  tesmoin 
De  ton  loz  *  qui  le  monde  orne, 
II  ne  faut  ruer  si  loin 
Que  mon  train  passe  la  borne. 
Frappe  a  ce  coup  Marguerite 
Par  le  but  de  son  merite 
Qui  luit  comme  une  pianette 
Des  Acts  de  la  mer  brunette. 
Repandons  devant  ses  yeux 


i>< 


PIERRE   DE   RONSARD 

Ma  musique  tousjours  neuve 
Et  le  nectar  dont  j'abreuve 
Les  honneurs  dignes  des  cieux, 

Epode 

Afin  que  la  nymphe  voye 
Que  mon  luth  premierement 
Aux  Francois  monstra  la  voye 
De  sonner  si  proprement, 
Et  comme  imprimant  ma  trace 
Au  champ  attiq'  et  remain, 
Callimach',  Pindare,  Horace,^ 
Je  deterray  de  ma  main. 

^    A  CASSANDRE2 

Mignonne,  allons  voir  si  la  rose, 
Qui  ce  matin  avoit  desclose 
Sa  robe  de  pourpre  au  soleil, 
A  point  perdu  ceste  vespree  ^ 
Les  plis  de  sa  robe  pourpree, 
Et  son  teint  au  vostre  pareil. 

Las!  voyez  comme  en  pcu  d'espace, 
Mignonne,  elle  a  dessus  la  place, 
Las,  las,  ses  beautez  laisse  cheoir! 
O  vrayment  marastre  nature, 
Puis  qu'une  telle  fleur  ne  dure 
Que  du  matin  jusques  au  soir! 

Done,  si  vous  me  croyez,  mignonne, 
Tandis  que  vostre  age  fleuronne  * 


31 


32        FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

En  sa  plus  verte  nouveaute, 
Cueillez,  cueillez  vostre  jeunesse: 
Comme  a  ceste  fleur,  la  vieillesse 
Fera  ternir  vostre  beaute. 


Ai^ 


^<^ 


\i^^'      ^  ■   A  LA  FONTAINE  BELLERIE 


O  fontaine  Bellerie/ 

Belle  deesse  cherie 

De  nos  nymphes,  quand  ton  eau 

Les  cache  au  fond  de  ta  source,       >    , 

Fuyantes  ^  le  satyreau  ^     hju*'  ^"^^^ 

Qui  les  pourchasse  a  la  course 

Jusqu'au  bord  de  ton  ruisseau, 

Tu  es  la  nymphe  eternelle 
De  ma  terre  paternelle. 
Pour  ce,  en  ce  pre  verdelet, 
Voy  ton  poete  qui  t'orne 
D'un  petit  chevreau  de  lait, 
A  qui  Tune  et  I'autre  corne 
Sortent  du  front  nouvelet. 

Toujours  Teste  je  repose 
Pres  ton  onde,  oii  je  compose, 
Cache  sous  tes  saules  vers, 
Je  ne  sfay  quoy,  qui  ta  gloire 
Envoirra  par  I'univers, 
Commandant  a  la  memoire 
Que  tu  vives  par  mes  vers. 

L'ardeur  de  la  canicule 
Jamais  tes  rives  ne  brule, 


^ 


PIERRE   DE   RONSARD  33 

Tellement  qu'en  "toutes  pars 
Ton  ombre  est  espaisse  et  drue 
Aux  pasteurs  venans  des  pares, 
Aux  bceufs  las  de  la  charrue 
Et  au  bestial  ^  espars. 

16,  tu  seras  sans  cesse 
Des  fontaines  la  princesse, 
Moi  celebrant  le  conduit 
Du  rocher  perce  qui  darde 
Avec  un  enroue  bruit 
L'eau  de  ta  source  jazarde,^ 
Qui  trepillante  '  se  suit. 


A  LA  FOREST  DE  GASTINE* 

Couche  sous  tes  ombrages  vers, 

Gastine,  je  te  chante 
Autant  que  les  Grecs,  par  leurs  vers, 

La  forest  d'Erjonan the:  ^  ^",    **^'  -^ 
Car,  malin,  celer  je  ne  puis 

A  la  race  future 
De  combien  oblige  je  suis 

A  ta  belle  verdure. 
Toy  qui,  sous  I'abry  de  tes  bois, 

Ravy  d'esprit  m'amuses; 
Toy  qui  fais  qu'a  toutes  les  fois 

Me  respondent  les  Muses; 
Toy  par  qui  de  I'importun  soin 

Tout  franc  je  me  delivre, 
Lors  qu'en  toy  je  me  pers  bien  loin, 

Parlant  avec  un  livre. 


34       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Tes  boccages  soient  tousjours  pleins 

D'amoureuses  brigades 
De  Satyres  et  de  Sylvains, 

La  crainte  des  Naiades! 
En  toy  habite  desormais 

Des  Muses  le  college, 
Et  ton  bois  ne  sente  jamais 

La  flame  sacrilege! 

A  SON  LAQUAIS 


/<:A^ 


l^ 


-,Y 


[^ 


J'ay  Tesprit  tout  ennuye  i^^^  a^ 

D 'avoir  trop  estudie  r  ^JC  ^i/  liKv 

Les  Phenomenes  d'Arate:  ^  /)        Ij^     \ 
II  est  temps  que  je  m'esbate 
Et  que  j'aille  aux  champs  jouer. 
Bon  dieux!  qui  voudroit  louer 
Ceux  qui,  coUez  sur  un  livre, 
N'ont  jamais  soucy  de  vivre? 

Que  nous  sert  I'estudier, 
Sinon  de  nous  ennuyer 
Et  soing  dessus  soing  accrestre,^ 
A  qui  nous  serons  peut-estre, 
Ou  ce  matin,  ou  ce  soir, 
Victime  de  FOrque  ^  noir, 
De  rOrque  qui  ne  pardonne, 
Tant  11  est  fier,^  a  personne? 

Corydon,^  marche  devant; 
Sfache  ou  le  bon  vin  se  vend. 
Fais  apres  a  ma  bouteille, 
Des  feuilles  de  quelque  treille, 
'Un  tapon  ^  pour  la  boucher. 


PIERRE  DE  RONSARD  35 

Ne  m'achete  point  de  chair, 
Car,  tant  soit-elle  friande, 
L'este  je  hay  la  viande. 
^/^   Achete  des  abricos, 
^^  A)^^^     Des  pompons,^  des  artichos, 
^^  Des  f raises  et  de  la  creme: 

C'est  en  este  ce  que  j'aime, 
Quand,  sur  le  bord  d'un  ruisseau, 
Je  les  mange  au  bord  de  I'eau, 
Estendu  sur  le  rivage 
Ou  dans  un  antre  sauvage. 
Ores  que  ^  je  suis  dispos, 
Je  veux  rire  sans  repos, 
De  peur  que  la  maladie 
Un  de  ces  jours  ne  me  die, 
Me  happant  a  Timpourveu: 
«  Meurs,  gallant:  c'est  assez  beu. » 


^..  v^ 


\j    L'AMOUR  MOUILLfi*     W 


AU    SIEUR    ROBERTET 


^ 


UJt 


r  f-  <u 


Du  malheur  de  recevoir 
Un  estranger  sans  avoir 
De  luy  quelque  cognoissance 
Tu  as  fait  experiance, 
Menelas,^  ayant  receu 
Paris,  dont  tu  fus  deceu; 
Et  moy  je  la  viens  de  faire, 
Las!  qui  ay  voulu  retraire  ^    *    ''  ^i**^ 

Tout  soudain  un  estranger 
Dans  ma  chambre  et  le  loger. 


36       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

II  estoit  minuict,  et  Fourse 
De  son  char  tournoit  la  course 
Entre  les  mains  du  bouvier,  ch^^ir^^^ 
Quand  le  somme  vint  Her 
D'une  chaine  sommeillere 
Mes  yeux  clos  sous  la  paupiere. 

Ja,  je  dormois  en  mon  lit, 
Lorsque  j'entr'ouy  le  bruit 
D'un  qui  frapoit  a  ma  porte, 
Et  heurtoit  de  telle  sorte 
Que  mon  dormir  s'cn-alla. 
Je  demanday:   «  Qu'est-ce  la 
Qui  fait  a  mon  buy  ^  sa  plainte? 
—  Je  suis  enfant,  n'aye  crainte, » 
Ce  me  dit-il.    Et  adonc 
Je  luy  desserre  le  gond 
De  ma  porte  verrouillee. 

«  J'ay  la  chemise  mouillee, 
Qui  me  trempe  jusqu'aux  oz, 
Ce  disoit,  car  sur  le  doz 
Toute  nuict  j'ay  eu  la  pluie; 
Et  pour  ce  je  te  supplie 
De  me  conduire  a  ton  feu 
Pour  m'aller  seicher  un  peu. » 

Lors  je  prins  sa  main  humide, 
Et  par  pitie  je  le  guide 
En  ma  chambre,  et  le  fis  seoir 
Au  feu  qui  restoit  du  soir; 
Puis,  allumant  des  chandelles, 
Je  vy  qu'il  portoit  des  ailes, 
Dans  la  main  un  arc  turquois,^ 
Et  sous  I'aisselle  un  carquois. 


PIERRE   DE   RONSARD 

Adonc  en  mon  cocur  je  pense 
Qu'il  avoit  grande  puissance, 
Et  qu'il  falloit  m'apprester 
Pour  le  faire  banqueter. 

Ce-pendant  il  me  regarde 
D'un  ceil,  de  I'autre  il  prend  garde 
Si  son  arc  estoit  seche; 
Puis  me  voyant  empesche  ^  ,  , 
A  luy  faire  bonne  chere, 
Me  tire  une  fleche  amere 
Droict  en  I'ceil,  et  qui  de  la 
Plus  bas  au  coeur  devala, 
Et  m'y  fit  telle  ouverture 
Qu'herbe,  drogue  ny  murmure,^ 
N'y  serviroient  plus  de  rien. 

Voila,  Robertet,  le  bien 
(Mon  Robertet,  qui  cmbrasses 
Les  neuf  Muses  et  Ics  Graces), 
Le  bien  qui  m'est  advenu 
Pour  logcr  un  incognu. 

A   CASSANDRE 

Quand  je  suis  vingt  ou  trente  mois 
Sans  retourner  en  Vendomois, 
Plein  de  pensees  vagabondes, 
Plein  d'un  remors  et  d'un  souci, 
Aux  rochers  je  me  plains  ainsi, 
Aux  bois,  aux  antres,  et  aux  ondes: 

Rochers,  bien  que  soyez  dgez 
De  trois  mil  ans,  vous  ne  changez 
Jamais  ny  d'estat  ny  de  forme; 


37 


jiu^' 


38        FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Mais  tous jours  ma  jeunesse  fuit, 

Et  la  vieillesse  qui  me  suit 

De  jeune  en  vieillard  me  transforme. 

Bois,  bien  que  perdiez  tous  les  ans 
En  hyver  vos  cheveux  mouvans, 
L'an  d'apres  qui  se  renouvelle 
Renouvelle  aussi  vostre  chef;  ^ 
Mais  le  mien  ne  pent  de  rechef 
Ravoir  sa  perruque  ^  nouvelle. 

Antres,  je  me  suis  veu  chez  vous 
Avoir  jadis  verds  les  genous, 
Le  corps  habile  et  la  main  bonne; 
Mais  ores  j'ay  le  corps  plus  dur, 
Et  les  genous,  que  n'est  le  mur 
Qui  froidement  vous  environne. 

Ondes,  sans  fin  vous  promenez, 
Et  vous  menez  et  remenez 
Vos  flots  d'un  cours  qui  ne  sejourne; 
Et  moy,  sans  faire  long  sejour, 
Je  m'en  vais  de  nuict  et  de  jour 
Au  Ueu  d'ou  plus  on  ne  retourne. 

Si  est-ce  que  je  ne  voudrois 
Avoir  este  ni  roc  ni  bois, 
Autre  ni  onde,  pour  defendre 
Mon  corps  contre  I'age  emplume: 
Car,  ainsi  dur,  je  n'eusse  aime 
Toy,  qui  m'as  fait  vieiUir,  Cassandra. 


PIERRE  DE  RONSARD  39 

L'AMOUR  ET  L'ABEILLE '    [\      ' 

Le  petit  enfant  Amour  i|  • 

Cueilloit  des  fleurs  a  I'entour 
D'une  ruche,  ou  les  avettes  ^ 
Font  leurs  petites  logettes. 

Comme  il  les  alloit  cueillant, 
Une  avette  sommeillant 
Dans  le  fond  d'une  fleurette, 
Luy  piqua  la  main  tendrette. 

Si  tost  que  pique  se  vit, 
Ah!  je  suis  perdu,  ce  dit; 
Et  s'en-courant  vers  sa  mere, 
Luy  monstra  sa  playe  amere: 

Ma  mere,  voyez  ma  main, 
Ce  disoit  Amour  tout  plein 
De  pleurs,  voyez  quelle  enflure 
M'a  fait  une  esgratignure! 

Alors  Venus  se  sourit, 
Et  en  le  baisant  le  prit, 
Puis  sa  main  luy  a  souflee 
Pour  guarir  sa  plaie  enQee. 

Qui  t'a,  dy-moy,  faux  gargon, 
Blesse  de  telle  fagon? 
Sont-ce  mes  Graces  riantes, 
De  leurs  aiguilles  poignantcs? 

Nenny,  c'est  un  serpen teau, 
Qui  vole  au  printemps  nou\cau 
Avecques  deux  ailerettts 
fa  et  la  sur  les  fleurettes. 

Ah!  vrayment  je  le  co«]jnois, 
Dit  Venus;  les  vilJagcois 


40       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

De  la  montagne  d'Hymette    . 
Le  surnomment  une  avette,  J-6t 
*    Si  donques  un  animal 
Si  petit  fait  tant  de  mal, 
lU-  Quand  son  halesne  ^  espoinfonne 
La  main  de  quelque  personne, 
Combien  fais-tu  de  douleurs 
Au  prix  de  luy,  dans  les  coeurs 
De  ceux  contre  qui  tu  jettes 
Tes  homicides  sagettes?  ^ 


ixr^r 


\\     ODE  XVIII  OF  BOOK  IV 

Dieu  vous  gard,  messagers  fidelles 
Du  printemps,  gentes  arondelles,^ 
Huppes,  cocus,"^  rossignolets, 
V  ^-^-o>i**rourtres,^  et  vous  oiseaux  sauvages, 
^^  Qui  de  cent  sortes  de  ramages 

Animez  les  bois  verdelets.  ,   ■  j^~, 

Dieu  vous  gard,  belles  paquerettes,  (^^^"^ 
Belles  roses,  belles  fleurettes 
De  Mars,  et  vous  boutons  cognus 
Du  sang  d'Ajax  ^  et  de  Narcisse;  ^       ryv^ 
Et  vous  thym,  anis  et  melisse,  y^t'^'^  ^ 

I  Vous  soyez  les  bien  revenus.  ti' 

Dieu  vous  gard,  troupe  diapree  ^     ^ 
De  papillons,  qui  par  la  pree 
.  Les  douces  herbes  sugotez; 
Et  vous,  nouvel  essain  d'abeilles. 
Qui  les  fleurs  jaunes  et  vermeilles 
Indifferemment  baisotez. 


PIERRE  DE  RONSARD  41 

Cent  mille  fois  je  rcsalue 
Vostre  belle  et  douce  venue; 
O  que  j'aime  ceste  saison 
Et  ce  doux  caquet  des  rivages, 
Au  prix  des  ^  vents  et  des  orages 
Qui  m'enfermoient  en  la  maison! 

[Sus,  page,  a  cheval!  que  Ton  bride! 
Ayant  ce  beau  printemps  pour  guide, 
Je  veux  ma  dame  aller  trouver 
Pour  voir,  en  ces  beaux  mois,  si  elle 
Autant  vers  moi  sera  cruelle 
Comma  elle  fut  durant  Thyver.] 

ODE  XIX  OF  BOOK  IV 

Bel  aubespin  verdissant, 

Fleurissant 
Le  long  de  ce  beau  rivage, 
Tu  es  vestu  jusqu'au  bas 

Des  longs  bras 
D'une  lambrunche  -  sauvage. 

Deux  camps  drillants  ''  da'fourmis 

Se  sont  mis 
En  garnison  sous  ta  souche; 
Et  dans  ton  tronc  mi-mange 

Arrange 
Les  avettes  ont  leur  couche. 

Le  gentil  rossignolet, 

Nouvelet, 
Avecques  sa  bicn-aimee, 


42        FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Pour  ses  amours  alleger 

Vient  loger 
Tous  les  ans  en  ta  ramee. 

Sur  ta  cyme  il  fait  son  ny/ 

Bien  gamy 
De  laine  et  de  fine  soye, 
Ou  ses  petits  esclorront 

Qui  seront 
De  mes  mains  la  douce  proye. 

Or  vy,  gentil  aubespin, 

Vy  sans  fin, 
Vy  sans  que  jamais  tonnerre, 
Ou  la  coignee,  ou  les  vents, 

Ou  les  temps, 
Te  puissent  ruer  par  terre. 


ODE  XV  OF  BOOK  V 

Nous  ne  tenons  en  nostre  main 
Le  temps  futur  du  lendemain; 
La  vie  n'a  point  d'asseurance, 
Et,  pendant  que  nous  desirons 
La  faveur  des  roys,  nous  mourons 
Au  milieu  de  nostre  esperance. 

L'homme,  apres  son  dernier  trespas, 
Plus  ne  boit  ne  mange  la  bas, 
Et  sa  grange,  qu'il  a  laissee 
Pleine  de  ble  devant  ^  sa  fin, 
Et  sa  cave  pleine  de  vin, 
Ne  luy  viennent  plus  en  pensee. 


PIERRE  DE  RONSARD  43 

He!  quel  gain  apporte  resmoy? 
Va,  Cory  don,  appreste-moy 
Un  lict  de  roses  espanchees. 
II  me  plaist,  pour  me  defascher, 
A  la  renverse  me  coucher  l' 

Entre  les  pots  et  les  jonch6es.   ^"^ 

Fay-moy  venir  Daurat  Wcy; 
Fais-y  venir  Jodelle  ^  aussi,  '  '^ 

Et  toute  la  musine  troupe.'   ^^  '" '       / 
Depuis  le  soir  jusqu'au  matin 
Je  veux  leur  donner  un  festin 
Et  cent  fois  leur  pendre  *  la  coupe. 

Verse  done  et  reverse  encor 
Dedans  cette  grand'  coupe  d'or: 
Je  vay  boire  a  Henry  Estienne,* 
Qui  des  enfers  nous  a  rendu  ,   jkf>^^^^ 

Du  vieil  Anacreon  perdu^        ^j  '^-*     jj^^^'^ 
La  douce  lyre  teienne.®  /  <^    ih'^^ 

A  toy,  gentil  Anacreon,  / 

Doit  son  plaisir  le  biberon, 
Et  Bacchus  te  doit  ses  bouteilles; 
Amour  son  compagnon  te  doit 
Venus,  et  Silene,  qui  boit 
L'este  dessous  Tombre  des  treilles. 


ODELETTE  XXIV  OF  BOOK  V 

Cependant  que  ce  beau  mois  dure, 
Mignonne,  allon  sur  la  verdure, 
Ne  laisson  perdrc  en  vain  le  temps; 
L'ige  glissant  qui  ne  s'arreste, 


44        FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Meslant  le  poil  de  nostra  teste, 
S'enfuit  ainsi  que  le  printemps. 

Donq,  cependant  que  hostre  vie 
Et  le  temps  d'aimer  nous  convie, 
Aimon,  moissonnon  nos  desirs, 
Passon  I'amour  de  veine  en  veine; 
Incontinent  la  mort  prochaine 
Viendra  derober  nos  plaisirs. 


<-       .  A  SA  MUSE 

Plus  aur  que  fer  ]*ay  fini  mon  ouvrage/ 
Que  I'an  dispos  a  demener  les  pas, 
Que  I'eau,  le  vent  ou  le  brulant  orage, 
L'injuriant,  ne  ru'ront  point  a  has. 
Quand  ce  viendra  que  le  dernier  trespas 
M'assouspira  d'un  somme  dur,  a  I'heure  ^ 
Sous  le  tombeau  dont  Ronsard  n'ira  pas, 
Restant  de  luy  la  part  qui  est  meilleure. 

Tousjours,  tousjours,  sans  que  jamais  je  meure, 
Je  voleray  tout  vif  par  Tunivers, 
Eternisant  les  champs  ou  je  demeure,     /  ^ 

De  mes  lauriers  fatalement  ^  couvers,     ^V/  //^^^  .^^ 
Pour  avoir  joint  les  deux  harpeurs  ^  diwQilk'J  J  ^% 
Au  doux  babil  de  ma  lyre  d'yvoire,  lii^*^ 

Que  j'ay  rendus  Vendomois  par  mes  vers. 

Sus  donque.  Muse,  emporte  au  ciel  la  gloire 
Que  j'ai  gaignee,  annongant  la  victoire 
Dont  a  bon  droit  je  me  voy  jouissant, 
Et  de  ton  fils  consacre  la  memoire, 
Serrant  son  front  d'un  laurier  verdissant. 


PIERRE   DE   RONSARD  45 


AU  ROSSIGNOL 


M 


Gentil  rossignol  passager, 
Qui  t'es  encor  venu  loger  ,^. 

Dedans  cette  coudre  ^  ramee,  ^^ 
Sur  ta  branchette  accoustumee, 
Et  qui  nuit  et  jour  de  ta  vois 
Assourdis  les  mons  et  les  bois, 
Redoublant  la  vieille  querelle 
De  Teree  ^  et  de  Philomele, 

Je  te  supplie  (ainsi  tousjours 
Puisses  jouir  de  tes  amours) 
De  dire  a  ma  douce  inhumaine, 
Au  soir  quand  elle  se  promeine 
Ici  pour  ton  nid  espier, 
Qu'il  n'est  pas  bon  de  se  fier 
En  la  beaute  ny  en  la  grace, 
Qui  plustost  qu'un  songe  se  passe. 

Dy-luy  que  les  plus  belles  fleurs 
En  Janvier  perdent  leurs  couleurs, 
Et  quand  le  mois  d'avril  arrive 
Qu'ils  ^  revestent  leur  beaute  vivc; 
Mais  quand  des  filles  le  beau  tcint 
Par  Tage  est  une  fois  esteint, 
Dy-luy  que  plus  il  ne  retoume, 
Mais  bien  qu'en  sa  place  sejoume 
Au  haut  du  front  je  ne  s^ay  quoy 
De  creux  a  coucher  tout  le  doy;  * 
Et  toute  la  face  seichee 
Devient^comme  unc  Heur  touchce 
Du  soc^aigu.     Dy-luy  encor 


ptf^^-y^        Qu'apr^s  qu'elle  aura  chang6  Tor 


46       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 


> 


De  ses  blonds  cheveux,  et  que  Page 


■JiP"     Luy  aura  crespe  ^  le  visage, 
^  Qu'en  vain  lors  elle  pleurera, 

De  quoy  jeunette  elle  n'aura 
Prins  les  plaisirs  qu'on  ne  peut  prendre 
Quand  la  vieillesse  nous  vient  rendre 
Si  froids  d'amours  et  si  perclus, 
Que  les  plaisirs  ne  plaisent  plus. 

Mais,  rossignol,  que  ne  vient-elle 
Maintenant  sur  I'herbe  nouvelle 
Avecques  moy  dans  ce  buisson? 
Au  bruit  de  ta  douce  chanson, 
Je  luy  ferois  sous  la  coudrette 
Sa  couleur  blanche  vermeillette. 


fiGLOGUES  2 

ORLEANTIN  ^ 

Puis  que  le  lieu,  le  temps,  la  saison  et  Fenvie, 
Qui  s'eschaufent  d'amour,  a  chanter  nous  convie, 
Chanton  donques,  bergers,  et  en  mille  famous 
A  ces  vertes  forests  apprenon  nos  chansons. 

Icy  de  cent  couleurs  s'esmaille  la  prairie, 
Icy  la  tendre  vigne  aux  ormeaux  se  marie, 
Icy  I'ombrage  frais  va  les  fueilles  mouvant 
Errantes  ^  et  la  sous  I'haleine  du  vent: 
Icy  de  pre  en  pre  les  soigneuses  avettes 
Vont  baisant  et  sucfant  les  odeurs  des  fleurettes: 
Icy  le  gazouillis  enroue  des  ruisseaux 
S'accorde  doucement  aux  plaintes  des  oiseaux: 
Icy  entre  les  pins  les  Zephyres  s'entendent. 


PIERRE   DE   RONSARD 


47 


Nos  flutes  cependant  trop  paresseuses  pendent 
A  nos  cols  endormis,  et  semble  que  ce  temps 
Soit  a  nous  un  hyver,  aux  autres  un  printemps. 

Sus  donques  en  cet  antre  ou  dessous  cet  ombrage 
Disons  une  chanson:  quant  a  ma  part  je  gage, 
Pour  le  prix  de  celuy  qui  chantera  le  mieux, 
Un  cerf  apprivoise  qui  me  suit  en  tous  lieux. 

Je  le  desrobay  jeune  au  fond  d'une  vallee  j  / 

A  sa  mere,  au  dos  peint  d'une  peau  martelee,*    r^'^^^  "*^ 
Et  le  nourry  si  bien,  que  souvent  le  grattant, 
Le  chatouillant,  touchant,  le  peignant  et  flatant, 
Tantost  aupres  d'une  eau,  tantost  sur  la  verdure, 
En  douce  je  toumay  sa  sauvage  nature. 

Je  I'ay  tousjours  garde  pour  ma  belle  Thoinon, 

Laquelle  en  ma  faveur  Tappelle  de  mon  nom: 

Tantost  elle  le  baise,  et  de  fleurs  odoreuses 

Environne  son  front  et  ses  comes  rameuscs, 

Et  tantost  son  beau  col  elle  vient  enfermer 

D'un  carquan  ^  enrichy  de  coquilles  de  mer, 

D'oii  pend  la  croche  dent  d'un  sanglier,  qui  ressemble 

En  rondeur  le  croissant  qui  se  rejoint  ensemble. 

II  va  seul  et  pensif  oii  son  pied  le  conduit; 

Maintenant  des  forests  les  ombrages  il  suit, 

Maintenant  il  se  mire  au  bord  d'une  fontainc, 

Ou  s'endort  sous  le  creux  d'une  roche  hautainc. 

Puis  il  retourne  au  soir,  et  gaillard  prend  du  pain  . 

Tantost  dessus  la  table  et  tantost  en  ma  main,  ^  ^ 

Saute  a  I'entour  de  moy,  et  de  sa  come  cssayc  ^^  ^  -'' 

De  cosser  ^  brusquement  mon  maslin  qui  Tabaye,* 


48        FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Fait  bruire  son  cleron,^  puis  il  se  va  coucher 
Au  giron  de  Thoinon  qui  Festime  si  cher. 
II  soufTre  que  sa  main  le  chevestre  luy  mette 
Faict  a  houpes  de  soie,  et  si  bien  ell'  le  traite 
Que  sur  son  dos  prive  ^  le  bast  elle  luy  met. 
Elle  monte  dessus  et  sans  crainte  le  fait 
Marcher  entre  les  fleurs,  le  tenant  a  la  corne 
D'une  main,  et  de  I'autre  en  cent  fafons  elle  orne 
Sa  croupe  de  bouquets  et  de  petits  rameaux; 
Puis  le  conduit  au  soir  a  la  fraischeur  des  eaux, 
Et  de  sa  blanche  main  seule  luy  donne  a  boire. 
Or  quiconques  aura  I'honneur  de  la  victoire, 
Sera  maistre  du  cerf,  bien-heureux  et  contant 
De  donner  a  s'amie  un  present  qui  vaut  tant. 

ANGELOT  ^ 

Je  gage  mon  grand  bouc,  qui  par  mont  et  par  plaine 
Conduit  seul  un  troupeau  comme  un  grand  capitaine; 
II  est  fort  et  hardy,  corpulent  et  puissant, 
Brusque,  prompt,  eveille,  sautant  et  bondissant,  jVi^d' 

Qui  gratte,  en  se  jouant,  de  Tergot  de  derriere     M*^  ^       ' 
(Regardant  les  passans)  sa  barbe  mentonniere.     ' 

II  a  le  front  severe  et  le  pas  mesure, 

La  contenance  fiere  et  Foeil  bien  asseure: 

II  ne  doute  ^  les  loups,  tant  soient-ils  redoutables, 

Ny  les  mastins  armez  de  colliers  effroyables, 

Mais  plante  sur  le  haut  d'un  rocher  espineux, 

Les  regarde  passer  et  si  se  mocque  d'eux. 

Son  front  est  rempare  de  quatre  grandes  cornes; 

Les  deux  proches  des  yeux  sont  droites  comme  bornes 


PIERRE   DE   RONSARD  49 

Qu'un  pere  de  famille  esleve  sur  le  bord 
De  son  champ  qui  estoit  naguercs  en  discord ; 
Les  deux  autres  qui  sont  prochaines  des  aureilles, 
En  douze  ou  quinze  plis  se  couvrcnt  a  merveilles 
Comme  ondes  de  la  mer,  et  en  tournant  s'en  vont 
Cacher  dessous  le  poil  qui  luy  pend  sur  le  front. 

Des  la  poincte  du  jour  ce  grand  bouc  qui  sommcille 
N'attend  que  le  pasteur  son  troupelet  reveille, 
Mais  il  fait  un  grand  bruit  dedans  Testable,  et  puis 
En  poussant  le  c^ouillet,^  de  sa  corne  ouvre  I'huis, 
Et  guide  les  chevreaux  qu'a  grands  pas  il  devance 
Comme  de  la  longueur  d'une  moyenne  lance, 
Puis  les  rameine  au  soir  a  pas  contez  et  Ions, 
Faisant  sous  ses  ergots  poudroyer  les  sablons. 

Jamais  en  nul  combat  n'a  perdu  la  bataille, 
Ruze  des  sa  jeunesse,  en  quelque  part  qu'il  aille, 
D'emporter  la  victoire:  aussi  les  autres  boucs 
Ont  crainte  de  sa  corne,  et  le  reverent  tous. 
Je  le  gage  pourtant:  voy  comme  il  se  regarde, 
II  vaut  mieux  que  le  cerf  que  ta  Thoinon  te  garde. 

NAVARRIN  2 

J'ay  dans  ma  gibbeciere  un  vaisseau  fait  au  tour, 
De  racine  de  buis,  dont  les  anses  d'autour 
D 'artifice  excellent  de  mesme  bois  sont  faitcs, 
Oil  maintes  choses  sont  diversement  portraites. 

Presque  tout  au  milieu  du  gobelet  est  peint 
Un  satyre  cornu,  qui  de  ses  bras  estreint 
Tout  au  travers  du  corps  une  jeune  bergere, 
Et  la  veut  faire  choir  dessous  une  fougerc. 


50       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Son  couvrechef  luy  tombe,  elle  a  de  toutes  pars 
A  I'abandon  du  vent  ses  beaux  cheveux  espars: 
La  nymphe  courroucee,  ardante  en  son  courage, 
Tourne  loin  du  satyre  arriere  le  visage, 
Essayant  d'eschapper,  et  de  la  dextre  main 
Luy  arrache  le  poil  du  menton  et  du  sein, 
Et  luy  froisse  le  nez  de  I'autre  main  senestre/ 
Mais  en  vain;  car  toujours  le  satyre  est  le  maistre. 

Trois  petits  enfans  nuds  de  jambes  et  de  bras, 

Taillez  au  naturel,  tons  potelez  et  gras 

Sont  gravez  a  I'entour:  I'un  par  vive  entreprise 

Veut  faire  abandonner  au  satyre  sa  prise, 

Et  d'une  infante  ^  main  par  deux  et  par  trois  fois 

Prend  celle  du  bouquin  ^  et  lui  ouvre  les  doits. 

L'autre,  plus  courrouce,  d'une  dent  bien  aigue 
Mort  ^  ce  dieu  ravisseur  par  la  cuisse  pelue, 
Se  tient  centre  sa  greve,  et  le  pince  si  fort 
Que  le  sang  espandu  sous  les  ongles  en  sort, 
Faisant  signe  du  doigt  a  I'autre  enfant  qu'il  vienne, 
Et  que  par  I'autre  jambe  ainsi  que  luy  le  tienne; 
Mais  cet  autre  garjon  pour  neant  supplie, 
A  dos  courbe  se  tire  une  espine  du  pie, 
Assis  sur  un  gazon  de  verte  pimpernelle. 
Sans  se  donner  soucy  de  celuy  qui  I'appelle. 

Une  genisse  aupres  luy  pend  sur  le  talon, 
Qui  regarde  tirer  le  poignant  aiguillon 
De  I'espine  cachee  au  fond  de  la  chair  vive, 
Et  toute  est  tellement  a  ce  fait  ententive, 
Que  beante  elle  oublie  a  boire  et  a  manger: 
Tant  elle  prend  plaisir  a  ce  petit  berger, 


PIERRE   DE   RONSARD 


51 


Qui,  tirant  a  la  fin  la  pointe  de  I'espine, 

De  douleur  se  renverse  et  tombe  sur  Teschine. 

Un  houbelon  ^  rampant  a  bras  longs  et  retors 
De  ce  creux  gobelet  passemente  les  bors,       f^^^,. 
Et  court  en  se  pliant  a  I'entour  de  I'ouvrage: 
Tel  qu'il  est  toutefois  je  le  mets  pour  mon  gage. 

GUISIN  2 

Je  mets  une  houlette  en  lieu  de  ton  vaisscau. 

L'autre  jour  que  j'estois  assis  pres  d'un  ruisseau, 

Radoubant  ^  ma  musette  avecques  mon  alesne,* 

Je  vy  dessur  le  bord  le  tige  d'un  beau  fresne 

Droit,  sans  noeuds,  et  sans  plis :  lors  me  levant  soudain 

J'empoignay  d'allegresse  un  goy  ^  dedans  la  main, 

Puis  coupant  par  le  pied  le  bois  arme  d'escorce, 

Je  le  fis  chanceler  et  trebucher  a  force 

Dessur  le  pre  voisin  estendu  de  son  long : 

En  quatre  gros  quartiers  j'en  fis  sicr  le  tronc, 

Au  soleil  je  seichay  sa  verdeur  consumee, 

Puis  j'endurcy  le  bois  pendu  a  la  fumee. 

A  la  fin  le  baillant  ^  a  Jean,  ce  bon  ouvrier 
M'en  fist  une  houlette,  et  si  n'y  a  chevrier 
Ny  berger  en  ce  bois,  qui  ne  donnast  pour  elle 
La  valeur  d'un  taurcau,  tant  elle  scmble  belle: 
Elle  a  par  artifice  un  million  de  nouds,^ 
Pour  mieux  tenir  la  main,  tous  marquetez  de  clous; 
Et  afin  que  son  pied  ne  se  gaste  a  la  terre, 
Un  cercle  faict  d'airain  de  tous  costez  le  scrre: 
Une  poincte  de  fer  le  bout  du  pied  soustient, 
Rempart  de  la  houlette,  ou  le  pasteur  se  tient 


52        FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Dessur  la  jambe  gauche,  et  du  haut  il  appuye 
Sa  main,  quand  de  jouer  sur  sa  flute  il  s'ennuye: 
L'anse  est  faite  de  cuivre,  et  le  haut  de  fer  blanc 
Un  peu  long  et  courbe,  oil  pourroient  bien  de  rang 
Deux  mottes  pour  jetter  au  troupeau  qui  s'egare, 
Tant  le  fer  est  creuse  d'un  artifice  rare. 

Une  nymphe  y  est  peinte,  ouvrage  nompareil, 
Qui  ses  cheveux  essuye  aux  rayons  du  soleil, 
Qui  deg a  qui  dela  dessur  le  col  luy  pendent, 
Et  dessur  la  houlette  a  petits  flots  descendent. 
EUe  fait  d'une  main  semblant  de  ramasser 
Ceux  du  coste  senestre  et  de  les  retrousser 
En  frisons  sur  I'aureille,  et  de  Fautre  elle  allonge 
Ceux  du  dextre  coste  mignotez  ^  d'une  esponge 
Et  tirez  fil  a  fil,  faisant  entre  ses  doits 
Sortir  en  pressurant  I'escume  sur  le  bois. 

Aux  pieds  de  ceste  nymphe  est  un  gargon  qui  semble 
Cueillir  des  brins  de  jonc,  et  les  lier  ensemble 
De  long  et  de  travers,  courbe  sur  le  genou: 
II  les  presse  du  pouce  et  les  serre  d'un  noud, 
Puis  il  fait  entre  deux  des  fenestres  egales, 
Fagonnant  une  cage  a  mettre  des  cigales. 
Loin  derriere  son  dos  est  gisante  a  I'escart 
Sa  panetiere  ^  enflee,  en  laquelle  un  regnard 
Met  le  nez  finement,  et  d'une  ruze  estrange 
Trouve  le  dejeuner  du  gargon  et  le  mange, 
Dont  I'enfant  s'appergoit  sans  estre  courrouce; 
Tant  il  est  entcntif  a  roeuvre  commence. 

Si  mettray-je,  pourtant,  une  telle  houlette, 
Que  j'estime  en  valeur  autant  qu'une  musette. 


PIERRE   DE  RONSARD 


53 


MARGOT 


Je  mettray,  pour  celuy  qui  gaignera  Ic  prix, 

Un  merle  qu'a  la  glus  en  nos  forests  je  pris: 

Puis  vous  diray  comment  je  Tenfermay  en  cage, 

Et  luy  fis  oublier  son  naturel  ramage. 

Un  jour  en  I'escoutant  siffler  dedans  ce  bois 

J'eu  plaisir  de  son  vol  et  plaisir  de  sa  vois, 

Et  de  sa  pobbe  noire,  et  de  son  bee  qui  semble 

Estre  peint  de  safran,  tant  jaune  il  lui  ressemble: 

Et  pource  j'espiay  I'endroit  ou  il  buvoit, 

Quand  au  plus  chaud  du  jour  ses  plumes  il  lavoit. 

,/  /    / 

Or  en  semant  le  bord  de  vergettes^gluees,         *    •     «• 

L'une  assez  pres  de  I'autre,  en  ordre  situees, 

Je  me  cachay  sous  I'herbe  au  pied  d'un  arbrisseau, 

Attendant  que  la  soif  ameneroit  I'oiseau. 

Aussi  tost  que  le  chaud  eut  la  terre  enllamee, 

Et  que  les  bois  fueilluz,  herissez  de  ramee, 

N'empeschoient  que  I'ardeur  dcs  rayons  les  plus  chaux 

Ne  vinssent  alterer  le  ca'ur  des  animaux, 

Ce  merle  ouvrant  la  gorge,  et  laissant  I'aile  jKMidrc, 

Matte  d'ardante  soif,  en  volant  vint  desccndre 

Dessus  le  bord  glue,  et  comme  il  allongcoit 

Le  col  pour  s'abrcuver  (pauvret  (|ui  ne  songeoil 

Qu'a  prendre  son  plaisir!)  se  voit  outre  couslunic 

Engluer  tout  le  col  et  puis  toutc  la  plume, 

Si  bien  qu'il  ne  faisoit,  en  lieu  de  s'envoler, 

Si  non  a  petits  bonds  sur  le  bord  siiuteler. 

Incontinent  je  cours,  et  promptc  luy  desrobbe 

Sa  douce  liberte,  le  cachant  sous  ma  robl^; 

Puis,  pliant  et  nouant  de  vergettcs  de  buis 

Et  d'osier  une  cage,  en  prison  je  le  mis. 


54       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Et  fust  que  le  soleil  se  plongeast  dedans  I'onde, 
Fust  qu'il  monstrast  au  jour  sa  belle  tresse  blonde, 
Fust  au  plus  chaud  midy,  alors  que  nos  troupeaux 
Estoient  en  remaschant  couchez  sous  les  ormeaux, 
Si  bien  je  le  veillay  parlant  a  son  aureille, 
Qu'en  moins  de  quinze  jours  je  luy  appris  merveille; 
Et  luy  lis  oublier  sa  rustique  chanson, 
Pour  retenir  par  coeur  mainte  belle  le^on, 
Toute  pleine  d'amour:  j'ay  souvenance  d'une, 
Bien  que  I'invention  en  soit  assez  commune, 
Je  la  diray  pourtant:  car  par  la  se  verra 
Si  I'oiseau  sera  cher  a  celuy  qui  I'aura. 

«  Xandrin,  mon  doux  soucy,  mon  ceillet,  et  ma  rose, 
Qui  peux  de  mes  troupeaux  et  de  moy  disposer, 
Le  soleil  tous  les  soirs  dedans  I'eau  se  repose! 
Mais  Margot  pour  t'amour  ne  sauroit  reposer. » 

II  en  sfait  mille  encore  et  mille  de  plus  belles 
Qu'il  escoute  en  ces  bois  chanter  aux  pastourelles: 
Car  il  apprend  par  cceur  tout  cela  qu'il  entend, 
Et  bien  qu'il  me  soit  cher,  je  le  gage  pourtant. 


H    A  SON  AMEi 

Amelette  Ronsardelette, 
Mignonnelette,  doucelette, 
Treschere  hostesse  de  mon  corps, 
Tu  descens  la  bas  foiblelette, 
Pasle,  maigrelette,  seulette, 
Dans  le  froid  Royaume  des  mors: 


PIERRE  DE  RONSARD  55 

Toutesfois  simple,  sans  remors 
De  meurtre,  poison,  ou  rancune, 
Meprisant  faveurs  et  tresors 
Tant  enviez  par  la  commune. 

Passant,  j'ay  dit,  suy  ta  fortune, 
Ne  trouble  mon  repos,  jc  dors. 

''      POUR  SON  TOMBEAU 

Ronsard  repose  icy,  qui  hardy  des  I'enfance 
Detourna  d 'Helicon  les  Muses  en  la  France, 
Suivant  le  son  du  Luth  et  les  traits  d'ApoUon: 
Mais  peu  valut  sa  Muse  encontre  I'eguillon 
De  la  mort,  qui  cruelle  en  ce  tombeau  I'enserre. 
Son  ame  soit  a  Dieu,  son  corps  soit  ^  la  terre. 


JOACHIM  DU  BELLAY 

FROM  THE  OLIVE 


LX 

Divin  Ronsard,  qui  de  Fare  a  sept  cordes 
Tiras  premier  au  but  de  la  memoire 
Les  traictz  aelez  ^  de  la  Frang oise  gloire, 
Que  sur  ton  luc  haultement  tu  accordes. 

Fameux  harpeur  et  prince  de  noz  odes, 

Laisse  ton  Loir  haultain  de  ta  victoire, 

Et  vien  sonner  au  rivage  de  Loire 

De  tes  chansons  les  plus  nouvelles  modes.^  ^ 

Enfonce  Fare  du  vieil  Thebain  ^  archer,         '^^ 
Ou  nul  que  toy  ne  sceut  onq'  encocher 
Des  doctes  Sceurs  les  sajettes  ^  divines. 

Porte  pour  moy  parmy  le  ciel  des  GauUes 
Le  sainct  honneur  des  nymphes  Angevines,  ^ 
Trop  pesant  faix  ®  pour  mes  foibles  epaules. 

cxm 

Si  nostre  vie  ^  est  moins  qu'une  journee 
En  Teternel,  si  Fan  qui  faict  le  tour 
Chasse  noz  jours  sans  espoir  de  retour, 
Si  perissable  est  toute  chose  nee, 


JOACfflM  DU  BELLA Y  57 

Que  songes-tu,  mon  ame  emprisonnce? 
Pourquoy  te  plaist  I'obscur  de  nostre  jour, 
Si  pour  voler  en  un  plus  clcr  sejour, 
Tu  as  au  dos  I'aele  bien  empanee?  ^ 

La,  est  le  bien  que  tout  esprit  desire, 
La,  le  repos  ou  tout  le  monde  aspire, 
La,  est  I'amour,  la,  le  plaisir  encore. 

La,  6  mon  ame  au  plus  hault  del  guidee! 

Tu  y  pouras  recongnoistre  Tldee 

De  la  beaute,  qu'en  ce  monde  j 'adore. 


FROM  THE  ANTIQUITIES^ 

1  VII 

Sactez  costaux,^  et  vous  sainctes  ruines. 
Qui  le  seul  nom  de  Rome  retenez, 
Vieux  monuments,  qui  encore  soustenez 
L'honneur  poudreux  de  tant  d'ames  divines: 

Arcz  triomphaux,  pointes  du  ciel  voisines, 
Qui  de  vous  voir  le  ciel  mesme  estonnez. 
Las,  peu  a  peu  cendre  vous  devenez, 
Fable  du  peuple  et  publiques  rapines! 

Et  bien  qu'au  temps  pour  un  temps  facent  guerre 
Les  bastimens,  si  est-ce  que  le  temps 
(Euvres  et  noms  finablement  atterre.* 

Tristes  desirs,  vivez  donques  contents: 
Car  si  le  temps  finist  chose  qui  dure, 
II  finira  la  peine  que  j  endure. 


58        FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

XIV 

Comme  on  passe  en  aeste  le  torrent  sans  danger, 
Qui  souloit  en  hyver  estre  roy  de  la  plaine, 
Et  ravir  par  les  champs  d'une  fuite  hautaine 
L'espoir  du  laboureur  et  I'espoir  du  berger: 

Comme  on  void  les  coiiards  animaux  oultrager 
Le  courageux  lyon  gisant  dessus  I'arene/ 
Ensanglanter  leurs  dents,  et  d'une  audace  vaine 
Provoquer  I'ennemy  qui  ne  se  peult  venger: 

Et  comme  devant  Troye  on  vid  des  Grecz  encor 
Braver  les  moins  vaillans  autour  du  corps  d'Hector: 
Ainsi  ceulx  qui  jadis  souloient,  a  teste  basse, 

Du  triomphe  Romain  la  gloire  accompagner, 
Sur  ces  poudreux  tumbeaux  exercent  leur  audace, 
Et  osent  les  vaincuz  les  vainqueurs  desdaigner. 

XXVIIJ 

Qui  a  veu  ^  quelquefois  un  grand  chesne  asseiche, 
Qui  pour  son  ornement  quelque  trophee  porte, 
Lever  encor'  au  ciel  sa  vieille  teste  morte, 
Dont  le  pied  fermement  n'est  en  terre  fiche, 

Mais  qui  dessus  le  champ  plus  qu'a  demy  panche 
Monstre  ses  bras  tous  nuds  et  sa  racine  torte,^ 
Et  sans  fueille  umbrageux,  de  son  poix  ^  se  supporte 
Sur  son  tronc  noiiailleux  en  cent  lieux  esbranche: 

Et  bien  qu'au  premier  vent  il  doive  sa  ruine, 
Et  maint  jeune  a  I'entour  ait  ferme  la  racine, 
Du  devot  populaire  estre  seul  revere: 


JOACniM  DU  BELLAY  59 

Qui  tel  chesne  a  peu  voir,  qu'il  imagine  encores 
Comme  entre  les  citez,  qui  plus  florissent  ores, 
Ce  vieil  honncur  poudreux  est  le  plus  honnore. 


FROM  THE  REGRETS^ 

IV 

Je  ne  veulx  fueilleter  les  exemplaires  Grecs,* 
Je  ne  veulx  retracer  les  beaux  traicts  d'un  Horace, 
Et  moins  veulx-je  imiter  d'un  Petrarque  la  grace, 
Ou  la  voLx  d'un  Ronsard,  pour  chanter  mes  Regrets. 

Ceulx  qui  sont  de  Phoebus  vrais  poetes  sacrez 
Animeront  leurs  vers  d'une  plus  grand'  audace: 
Moy,  qui  suis  agite  d'une  fureur  plus  basse, 
Je  n'entre  si  avant  en  si  profonds  secretz. 

Je  me  contenteray  de  simplement  escrire 
Ce  que  la  passion  seulement  me  fait  dire. 
Sans  rechercher  ailleurs  plus  graves  argumens. 

Aussi  n'ay-je  entrepris  d'imiter  en  ce  livre 
Ceulx  qui  par  leurs  escripts  se  vantent  de  rcvivre 
Et  se  tirer  tous  vifz  dehors  des  monumens. 

vra 

Ne  t'esbahis  (Ronsard)  la  moitid  de  mon  ame,* 
Si  de  ton  Dubellay  France  ne  lit  plus  rien, 
Et  si  aveques  I'air  du  ciel  Italien 
H  n'a  hume  I'ardeur  qui  I'ltalie  enilammc. 


6o        FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Le  sainct  rayon  qui  part  des  beaux  yeux'de  ta  dame 
Et  la  saincte  faveur  de  ton  Prince  et  du  mien, 
Cela  (Ronsard)  cela,  cela  merite  bien 
De  t'echauffer  le  cceur  d'une  si  vive  flamme. 

Mais  moy,  qui  suis  absent  des  raiz  ^  de  mon  Soleil, 
Comment  puis-je  sentir  echauffement  pareil 
A  celuy  qui  est  pres  de  sa  flamme  divine? 

Les  costaux  soleillez  de  pampre  sont  couvers, 

Mais  des  Hyperborez  les  eternels  hivers 

Ne  portent  que  le  froid,  la  neige  et  la  bruine. 


^        DC 

France,  mere  des  arts,  des  armes  et  des  loix, 
Tu  m'as  nourry  long  temps  du  laict  de  ta  mamelle: 
Ores,  comme  un  aigneau  qui  sa  nourisse  appelle, 
Je  remplis  de  ton  nom  les  antres  et  les  bois. 

Si  tu  m'as  pour  enfant  advoue  quelquefois 
Que  ne  me  respons-tu  maintenant,  6  cruelle? 
France,  France,  respons  a  ma  triste  querelle.^ 
Mais  nul,  sinon  Echo,  ne  respond  a  ma  voix. 

Entre  les  loups  cruels  j'erre  parmy  la  plaine, 
Je  sens  venir  I'hyver,  de  qui  la  froide  haleine 
D'une  tremblante  horreur  fait  herisser  ma  peau. 

Las,  tes  autres  aigneaux  n'ont  faute  de  pasture, 
lis  ne  craignent  le  loup,  le  vent  ny  la  froidure: 
Si  ne  suis-je  pourtant  le  pire  du  troppeau. 


JOACraM  DU  BELLAY  6l 


XVI 


Ce  pendant  que  ^  Magny  suit  son  grand  Avanson, 
Panjas  son  Cardinal,  et  moy  le  mien  encore, 
Et  que  Tespoir  flateur,  qui  noz  beaux  ans  devore, 
Appaste  noz  desirs  d'un  friand  hamesson, 

Tu  Courtises  les  Roys,  et  d'un  plus  heureux  son 
Chantant  I'heur  ^  de  Henry,'  qui  son  siecle  decore, 
Tu  t'honores  toymesme,  et  celuy  qui  honore 
L'honneur  que  tu  luy  fais  par  ta  docte  chanson. 

Las,  et  nous  ce  pendant  nous  consumons  nostre  aage 

Sur"  ^^rd  incogneu  d'un  estrange  rivage, 

Ou  le  malheur  nous  fait  ces  tristes  vers  chanter: 

Comme  on  void  quelquefois,  quand  la  mort  les  appelle, 
Arrangez  flanc  a  flanc  parmy  I'herbe  nouvelle, 
Bien  loing  sur  un  estang  trois  cygnes  lamenter.* 

XXV 

Malheureux  *  Tan,  le  mois,  le  jour,  I'heure  ct  Ic  poinct, 
Et  malheureuse  soit  la  flateuse  esperance, 
Quand  pour  venir  icy  j'abandonnay  la  France: 
La  France,  et  mon  Anjou,  dont  le  desir  me  poingt. 

Vraymcnt  d'un  bon  oiseau  guide  je  ne  fus  point, 
Et  mon  coeur  me  donnoit  assez  signiliance 
Que  le  ciel  estoit  plein  de  mauvaise  influence, 
Et  que  Mars  estoit  lors  k  Satume  conjoint. 

Cent  fois  le  bon  advis  lors  m'en  voulut  distrairc, 
Mais  tousjours  le  destin  me  tiroit  au  conlrairc: 
Et  si  mon  desir  n'eust  avcugle  ma  raison. 


62        FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

N'estoit-ce  pas  assez  pour  rompre  mon  voyage, 
Quand  sur  le  sueil  de  I'huis/  d'un  sinistre  presage, 
Je  me  blessay  le  pied  sortant  de  la  maison? 

^       XXXI 

Heureux  qui,  comme  Ulysse,  a  fait  un  beau  voyage, 
Ou  comme  cestuy  la  ^  qui  conquist  la  toison, 
Et  puis  est  retourne,  plein  d'usage  ^  et  raison, 
Vivre  entre  ses  parents  le  reste  de  son  aage! 


Quand  revoiray-je,  helas,  de  mon  petit  village 
Fumer  la  cheminee,  et  en  quelle  saison 
Revoiray-je  le  clos  de  ma  pauvre  maison, 
Qui  m'est  une  province,  et  beaucoup  d'avantage 


je? 


Plus  me  plaist  le  sejour  qu'ont  basty  mes  ayeux, 
Que  des  palais  Romains  le  front  audacieux: 
Plus  que  le  marbre  dur  me  plaist  I'ardoise  fine, 

Plus  mon  Loyre  Gaulois  que  le  Tybre  Latin, 
Plus  mon  petit  Lyre  '^  que  le  mont  Palatin, 
Et  plus  que  Fair  marin  la  doulceur  Angevine.^ 

LXVIII 

Je  hay  du  Florentin  I'usuriere  avarice, 
Je  hay  du  fol  Sienois  le  sens  mal  arreste, 
Je  hay  du  Genevois  la  rare  verite, 
Et  du  Venitien  la  trop  caute  ^  malice: 

Je  hay  le  Ferrarois  pour  je  ne  sgay  quel  vice, 
Je  hay  tous  les  Lombards  pour  I'infidelite, 
Le  fier  Napolitain  pour  sa  grand'  vanite, 
Et  le  poltron  Romain  pour  son  peu  d'exercice: 


JOACHIM  DU  BELLAY  63 

Je  hay  TAnglois  mutin  et  le  brave  Escossois, 
Le  traistre  Bourguignon  et  Tindiscret  Fran<;ois, 
Le  superbe  Espaignol  et  Tyvrongne  Thudesque:  * 

Bref,  je  hay  quelque  vice  en  chasque  nation, 
Je  hay  moymesme  encor'  mon  imperfection, 
Mais  je  hay  par  sur  tout  un  s^avoir  pedantesque. 

LXXX 

Si  je  monte  au  Palais,'^  je  n'y  trouve  qu'orgueil, 
Que  vice  deguise,  qu'une  ccrimonie, 
Qu'un  bruit  de  tabourins,^  qu'une  estrange  harmonic, 
Et  de  rouges  habits  un  superbe  appareil: 

Si  je  descens  en  banque,  un  amas  et  recueil 
De  nouvelles  je  treuve,  une  usure  infinie, 
De  riches  Florentins  une  troppe  *  banie, 
Et  de  pauvres  Sienois  un  lamentable  dueil: 

Si  je  vais  plus  avant,  quelque  part  ou  j 'arrive, 
Je  treuve  de  Venus  la  grand'  bande  lascive 
Dressant  de  tous  costez  mil  appas  amoureux: 

Si  je  passe  plus  oultre,  et  de  la  Rome  neufve 

Entre  en  la  vieille  Rome,  adonques  je  ne  treuve 

Que  de  vieux  monuments  un  grand  monceau  picrrcux. 

i-xxxi  ^,.-*        ^^^^. 

II  fait  bon  voir  (Paschal)  ^  un  conclave  serr^,' 
Et  I'une  chambre  a  I'autre  egalcment  voisine 
D'antichambre  servir,  de  salle  et  dc  cuisine, 
En  un  petit  recoing  dc  dix  pieds  en  carre: 


64       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

II  fait  bon  voir  autour  le  palais  emmure, 
Et  briguer  la  dedans  ceste  troppe  divine, 
L'un  par  ambition,  I'autre  par  bonne  mine, 
Et  par  despit  de  l'un  estre  I'autre  adore: 

II  fait  bon  voir  dehors  toute  la  ville  en  armes, 
Crier:  le  Pape  est  fait,  donner  de  faulx  alarmes, 
Saccager  un  palais:  mais  plus  que  tout  cela 

Fait  bon  voir,  qui  de  Tun,  qui  de  I'autre  se  vante, 
Qui  met  pour  cestui-cy,  qui  met  pour  cestui-la, 
Et  pour  moins  d'un  escu  dix  Cardinaux  en  vente.^ 


LXXXV 

Flatter  un  crediteur  pour  son  terme  allonger, 
Courtiser  un  banquier,  donner  bonne  esperance, 
Ne  suivre  en  son  parler  la  liberte  de  France, 
Et  pour  respondre  un  mot,  un  quart  d'heure  y  songer: 

Ne  gaster  sa  sante  par  trop  boire  et  manger, 
Ne  faire  sans  propos  une  foUe  despense, 
Ne  dire  a  tous  venans  tout  cela  que  Ion  pense, 
Et  d'un  maigre  discours  gouverner  ^  I'estranger: 

Cognoistre  les  humeurs,  cognoistre  qui  demande, 
Et  d'autant  que  Ion  a  la  liberte  plus  grande, 
D'autant  plus  se  garder  que  Ion  ne  soit  repris: 

Vivre  aveques  chascun,  de  chascun  faire  compte: 
Voila,  mon  cher  Morel  ^  (dont  je  rougis  de  honte) 
Tout  le  bien  qu'en  trois  ans  a  Rome  j'ay  appris. 


JOACHIM  DU  BELLAY  6$ 


LXXXVI 

Marcher  d'un  grave  pas  et  d'un  grave  sourci/ 
Et  d'un  grave  soubriz  ^  a  chascun  faire  feste, 
Balancer  tous  ses  mots,  respondre  de  la  teste, 
Avec  un  Messer  non^  ou  bien  un  Messer  si: 

Entremesler  souvent  un  petit  E  cost* 
Et  d'un  son  Servitor^  ^  contrefaire  I'honneste, 
Et,  comme  si  Ion  eust  sa  part  en  la  conqueste, 
Discourir  sur  Florence,  et  sur  Naples  aussi: 

Seigneuriser  ^  chascun  d'un  baisement  de  main, 
Et  suivant  la  fagon  du  courtisan  Romain, 
Cacher  sa  pauvrete  d'une  brave  apparence: 

Voila  de  ceste  Court  la  plus  grande  vertu, 
Dont  souvent  mal  monte,  mal  sain,  et  mal  vestu, 
Sans  barbe  et  sans  argent  on  s'en  retoume  en  France.^ 


CL 

Seigneur,  je  ne  s^aurois  regarder  d'un  bon  ceil 
Ces  vieux  Singes  de  Court,  qui  ne  sgavent  rien  faire, 
Sinon  en  leur  marcher  les  Princes  contrefaire, 
Et  se  vestir,  comme  eulx,  d'un  pompeux  appareil. 

Si  leur  maistre  se  mocque,  ilz  feront  le  pareil, 
S'il  ment,  ce  ne  sont  eulx  qui  diront  du  contraire, 
Plustost  auront-ilz  veu,  a  fm  de  luy  complaire, 
La  Lune  en  plein  midy,  a  minuict  Ic  Solcil. 


66       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Si  quelqu'un  devant  eulx  refoit  un  bon  visage, 
Hz  le  vont  caresser,  bien  qu'ils  crevent  de  rage: 
S'il  le  regoit  mauvais,  ilz  le  monstrent  au  doy. 

Mais  ce  qui  plus  contre  eulx  quelquefois  me  despite, 
C'est  quand  devant  le  Roy,  d'un  visage  hypocrite, 
Ilz  se  prennent  a  rire,  et  ne  sgavent  pourquoy. 


D'UN  VANNEUR  DE  BLfi  AUX  VENTS 

A  vous,  troupe  legere, 
Qui  d'aile  passagere 
Par  le  monde  volez, 
Et  d'un  sifflant  murmure 
L'ombrageuse  verdure 
Doucement  ebranlez, 

J'oflfre  ces  violettes, 
Ces  lis  et  ces  fleurettes, 
Et  ces  roses  ici, 
Ces  vermeillettes  roses, 
Tout  fraichement  ecloses, 
Et  ces  ceillets  aussi. 

De  votre  douce  haleine 
Eventez  cette  plaine, 
Eventez  ce  sejour,  .    >% 

Cependant  que  j'ahanne  ^  10^ 
A*mon  ble  que  je  vanne 
A  la  chaleur  du  jour.^ 


JOACHIM  DU  BELLAY  67 

DIALOGUE  D'UN  AMOUREUX  ET  D'fiCHO* 

Piteuse  Echo,  qui  erres  en  ces  bois, 

Repons  au  son  de  ma  dolente  voix. 

D'ou  ay-je  peu  ce  grand  mal  concevoir, 

Qui  m'oste  ainsi  de  raison  le  devoir?    De  voir. 

Qui  est  I'autheur  de  ces  maulx  avenuz?    Venus. 

Comment  en  sont  tons  mes  sens  devenuz?    Nuds. 

Qu'estois-je  avant  qu'entrer  en  ce  passaige?    Saige. 

Et  maintenant  que  sens-je  en  mon  couraige?    Raige. 

Qu'est-ce  qu'aimer,  et  s'en  plaindre  souvent?    Vent. 

Que  suis  je  donq',  lors  que  mon  coeur  en  fend?    Enfant. 

Qui  est  la  fin  de  prison  si  obscure?    Cure. 

Dy  moy,  quelle  est  celle  pour  qui  j 'endure?    Dure. 

Sent-elle  bien  la  douleur  qui  me  poingt?    Point. 

O  que  cela  me  vient  bien  mal  a  point! 

Me  fault  il  donq'  (6  debile  entreprise) 

Lascher  ma  proie  avant  que  I'avoir  prise? 

Si  vault-il  mieulx  avoir  coeur  moins  haultain, 

Qu'ainsi  languir  soubs  espoir  incertain. 


^     JEAN-ANTOINE  DE  BAIF 
^  AMOUR  DfiROBANT  LE  MIEL^ 

Le  larron  Amour 

Deroboit  un  jour 

Le  miel  aux  ruchettes, 

Des  blondes  avettes, 

Qui  leurs  piquans  drois  ^    i  /%mA^ 

En  ses  tendres  doigs 

Aigrement  ficherent. 

Ses  doigs  s'en  enflerent; 

A  ses  mains  Tenfant 
^  f  Grande  douleur  sent, 
j\ft^*  Depit^  s'en  courrouce: 
I        La  terre  repouce, 

Et  d'un  leger  saut 

II  s'elance  en  haut 

Et  vole  a  sa  mere, 
^Jj     L'orine^  Cytere 
6  Avec  triste  pleur 

Monstrer  sa  douleur 

Et  faire  sa  plain te: 

«  Voy  (dit-il)  I'ateinte 

Qu'une  mouche  fait; 

Voy  combien  meffait 

Une  bestelette 

Qui  si  mingrelette  ^ 

Fait  un  mal  si  grand. » 

—  a  De  mesme  il  t'en  prend 


JEAN-ANTOINE  DE  BAIf  69 

(Venus  luy  vint  dire 
Se  prenant  a  rire) ; 
Bien  qu'enfantelet 
Tu  sois  mingrelet, 
Tu  ne  vaux  pas  mieux: 
Voy  quelle  blessure 
Tu  fais  qu'on  endure 
En  terre  et  aux  cieux. » 


VI  CHANSONNETTE,  EN  VERS  MESURfiS 

Babillarde,  qui  toujours  vicns 
Le  sommeil  et  songe  troubler 
Qui  me  fait  heureux  et  content, 
Babillarde  aronde,^  tais-toi. 

Babillarde  aronde,  veux-tu    , 
Que  de  mes  gluaux  aflutes  ^ 
Je  te  fasse  choir  de  ton  nid? 
Babillarde  aronde,  tais-toi. 

Babillarde  aronde,  veux-tu 
Que  coupant  ton  aile  et  ton  bee 
Je  te  fasse  pis  que  Teree?  * 
Babillarde  aronde,  tais-toi. 

Si  ne  veux  te  taire,  crois-moi, 
Je  me  vengerai  de  tes  cris, 
Punissant  ou  toi  ou  les  tiens. 
Babillarde  aronde,  tais-toi. 


x) 


REMY  BELLEAU 
AVRIL 1 


Avril,  Fhonneur  et  des  bois 

Et  des  mois, 
Avril,  la  douce  esperance 
Des  fruits  qui  sous  le  coton 

Du  bouton 
Nourissent  leur  jeune  enfance; 

Avril,  Fhonneur  des  prez  verds, 
Jaunes,  pers,2   ^^.^.^^ 

Qui  d'une  humeur  bigarree 

Emaillent  de  mille  fleurs 
De  couleurs 

Leur  parure  diapree ; 

Avril,  I'honneur  des  soupirs 

Des  zephyrs, 
Qui,  sous  le  vent  de  leur  aelle,^ 
Dressant  encor  es  ^  forests 

Des  doux  rets 
Pour  ravir  Flore  la  belle; 

Avril,  c'est  ta  douce  main 

Qui  du  sein 
De  la  nature  desserre 
Une  moisson  de  senteurs 

Et  de  fleurs, 
Embasmant  ^  Fair  et  la  terra. 


REMY  BELLEAU  71 

Avril,  I'honneur  vcrdissant, 

Florissant 
Sur  les  tresses  blondelettes 
De  ma  dame,  et  de  son  sein 

Tousjours  plein 
De  mille  et  mille  fleurettes; 

Avril,  la  grace  et  le  ris   .  , 

De  Cypris/        'j  -^^-^^ 

Le  flair  et  la  douce  haleine; 

Avril,  le  parfum  des  dieux 
Qui  des  cieux 

Sentent  Todeur  de  la  plaine. 

C'est  toy  courtois  et  gentil 

Qui  d'exil 
Retire  ces  passageres, 
Ces  arondelles  qui  vont 

Et  qui  sont 
Du  printemps  les  messageres. 

L'aubespine  et  I'aiglantin, 

Et  le  thym, 
L'oeillet,  le  lis  et  les  roses, 
En  ceste  belle  saison, 

A  foison, 
Monstrent  leurs  robes  6closes. 

Le  gentil  rossignolet, 

Doucelet 
Decoupe  dessous  I'ombrage 
Mille  frcdons  babillars, 

Fretillars 
Au  doux  chant  de  son  ramage. 


72        FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

C'est  a  ton  heureux  retour 

Que  ramour 
Souffle  a  doucettes  haleines 
^>>lUn  feu  croupi  ^  et  couvert 

Que  I'hyver 
Receloit  dedans  nos  veines. 


:^^'\ 


l>^ 


Tu  vols  en  ce  temps  nouveau 

L'essaim  beau 
De  ces  pillardes  avettes 
VoUeter  de  fleur  en  fleur 

Pour  Fodeur 
Qu'ils  mussent  ^  en  leurs  cuissettes. 

May  vantera  ses  fraischeurs, 

Ses  fruicts  meurs 
Et  sa  feconde  rosee, 
La  manne  et  le  sucre  doux, 

Le  miel  roux, 
Dont  sa  grace  est  arrosee. 

Mais  moy  je  donne  ma  voix 

A  ce  mois, 
Qui  prend  le  surnom  de  celle  ^  \j^ 
Qui  de  Tescumeuse  mer 

Veit  germer 
Sa  naissance  maternelie. 


r1 


^  ^    OLIVIER  DE  MAGNY 

Bien  heureux  ^  est  celuy  qui,  loing  de  la  cit^, 
Vit  librement  aux  champs  dans  son  propre  heritage, 
Et  qui  conduyt  en  paix  le  train  de  son  mesnage, 
Sans  rechercher  plus  loing  autre  fehcite. 

II  ne  s^ait  que  veult  dire  avoir  necessite, 
Et  n'a  pas  d'autre  soing  que  de  son  labourage, 
Et  si  sa  maison  n'est  pleine  de  grand  ouvrage, 
Aussi  n'est  il  ^ve  de  grand'  adversite. 

Ores  il  ante  un  arbre,  et  ores  il  marye 
Les  vignes  aux  ormeaux,  et  ores  en  la  prairie 
II  desbonde  un  ruisseau  pour  I'herbe  en  arouzer; 

Puis  au  soir  il  retourne,  et  souppe  a  la  chandelle 
Avecques  ses  enfans  et  sa  femme  fidelle, 
Puis  se  chauffe  ou  devise  et  s'en  va  reposer. 


L'hyver  ^  s'en  va,  Girard,^  et  Zephyre  rameine, 
Le  chef  ^  couvert  de  fleurs  le  plaisant  renouveau, 
Desja  plus  libre  aux  champs  gazouille  le  ruysseau, 
Et  desja  par  les  bois  j'oy  Progne  et  Philomene.^ 

Le  pre  se  reverdit,  le  ciel  se  rassereine, 
Le  soleil  luyt  sur  nous  d'un  plus  tiede  llambcau, 
Les  herbes  et  les  fleurs,  la  terre,  I'air  et  I'eau, 
Et  toute  beste  aux  champs  d'amour  est  toute  pleine. 

Mais  pour  moi,  las,  helas!  ne  revient  que  douleur, 
Que  tristesse  et  tourment,  qu'angoisse  et  que  malheur, 
Et  pis  encor,  Girard,  si  pis  il  se  peut  dire: 

Et  ces  champs,  ces  oiseaux,  ces  fleurs  et  ces  Zephyrs, 
A  qui  sur  ce  printens  toute  chose  on  voit  rire, 
Renouvellent  en  moy  mes  antiques  souspirs. 


74       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Magny.     Hola,  Charon,^  Charon  Nautonnier  infernal. 
Charon.     Qui  est  cest  importun  qui  si  presse  m'appelle? 
M.    Cest  I'esprit  eplore  d'un  amoureux  fidelle, 

Lequel  pour  bien  aimer  n'eust  jamais  que  du  mal. 
C.    Que  cherches  tu  de  moy?    M.    Le  passaige  fatal. 
C.    Qui  est  ton  homicide?    M.    O  demande  cruelle! 
'Amour  m'a  fait  mourir.  C.  Jamais  dans  ma  nasselle 
Nul  subget  a  Tamour  je  ne  conduis  a  val. 
M.    Et  de  grace,  Charon,  regois-moy  dans  ta  barque. 
C.     Cherche  un  autre  nocher,  car  ny  moy  ny  la  Parque 
N'entreprenons  jamais  sur  ce  maistre  des  dieux. 
M.    J'iray  done  maugre  toy,  car  j'ay  dedans  mon  ame 
Tant  de  traicts  amoureux  et  de  larmes  aux  yeux, 
Que  je  feray  le  fleuve,  et  la  barque,  et  la  rame. 


JEAN  PASSERAT 
ODE  DU  PREMIER  JOUR  DE  MAY^ 

Laisson  le  lit  et  le  sommeil 

Ceste  journee: 
Pour  nous  TAurore  au  front  vermeil 

Est  desja  nee. 
Or  que  le  ciel  est  le  plus  gay 
En  ce  gracieux  mois  de  May 

Aimon,  mignonne; 
Contenton  nostre  ardent  desir, 
En  ce  monde  n'a  du  plaisir 

Qui  ne  s'en  donne. 
Vien,  belle,  vien  te  pourmener      ,  ] 

Dans  ce  bocage, 
Entens  les  oiseaus  jargonner 

De  leur  ramage. 
Mais  escoute  comme  sur  tous 
Le  Rossignol  est  le  plus  dous, 

Sans  qu'il  se  lasse. 
Oublion  tout  dueil,  tout  ennuy 
Pour  nous  resjoyr  comme  luy: 

Le  temps  se  passe. 
Ce  vieillard  contraire  aus  amans 

Des  aisles  porte, 
Et  en  fuyant  nos  meilleurs  ans 

Bien  loing  emporte. 
Quand  ridee  un  jour  tu  seras, 
Mclancholique,  tu  diras : 


76       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

J'estoy  peu  sage, 
Qui  n'usoy  point  de  la  beaute 
Que  si  tost  le  temps  a  oste 

De  mon  visage. 
Laisson  ce  regret  et  ce  pleur 

A  la  vieillesse; 
Jeunes  il  faut  cueillir  la  fleur 

De  la  jeunesse. 
Or  que  le  del  est  le  plus  gay 
En  ce  gracieus  mois  de  May, 

Aimon,  mignonne; 
Contenton  nostre  ardent  desir: 
En  ce  monde  n'a  de  plaisir 

Qui  ne  s'en  donne. 


SUR  LA  MORT  D'UNE  LINOTE 

Le  coeur  me  disoit  bien  que  Fortune  cruelle 
Nous  devoit  envoyer  quelque  triste  nouvelle. 
Helas  en  voicy  une!    On  dit  qu'a  ce  matin 
Nostre  Linote  est  morte:  6  injuste  destin, 
Sans  raison  et  sans  yeux!  la  mort  si  tost  n'espie 
Le  Corbeau  mal-plaisant,  I'injurieuse  Pie; 
Le  Hibou  solitaire,  augure  de  malheur, 
Ny  les  Aigles  tyrans,  ny  le  Milan  voleur 
Des  poussins  innocens  suivans  leur  Gelinote, 
Que  Tesprit  amoureux  d'une  douce  Linote, 
Telle  que  fut  la  nostre,  en  qui  les  cieux  amis 
Pour  Toreille  flatter  leur  musique  avoyent  mis. 

Un  entendement  d'homme  estoit  en  ceste  beste 
A  remarquer  les  gens,  a  leur  faire  la  feste 


JEAN  PASSERAT  77 

Sautelant  et  sifllant,  et  lors  qu'on  la  traitoit 
S'approchoit  de  la  main,  et  les  doigts  bcquctoit : 
C'estoient  ses  grands-mercis:  puis  en  Fair  remontec 
Disoit  quelque  chanson  non  encore  chantee. 
La  petite  mignarde  a  peine  avoit  loisir 
De  boire  et  de  manger  pour  nous  donner  plaisir. 
Mesme  au  plus  grand  hyver  que  par  le  vent  de  bize 
Estoit  toute  son  eau  et  sa  mangeaille  prise, 
S'eschaufoit  a  chanter.     Te  I'ay  veu  mille  fois 
De  son  seigneur  aime  recongnoissant  la  vois, 
Et  tirant  en  sursault  son  bee  de  dessous  Taele, 
Ainsi  comme  de  jour  respondre  a  la  chandelle. 
Toutesfois  elle  est  morte:  et  n'ont  eu  le  pouvoir 
Tant  de  perfections  de  Pluton  esmouvoir, 
II  est  vray  que  de  vivre  elle  avoit  peu  d'envie: 
Car  depuis  quelque  temps  elle  trainoit  sa  vie, 
Oyant  les  tabourins/  et  tant  d 'horribles  sons. 
Qui  lui  rompoient  la  teste,  et  troubloient  ses  chansons. 
Puis  du  mal  de  son  maistre  elle  fut  advcrtie, 
Dont  sa  part  endura  par  une  sympathie; 
En  perdit  I'appetit,  en  perdit  la  sante, 
En  devint  toute  ectique,^  et  n'a  depuis  chante. 
Or  son  ame  a  la  fin  s'accabla  de  tristesse 
Quand  a  ceste  nouvelle  elle  veit  sa  maistresse 
Laisser  son  fils  malade,  et  moy  blesse  en  I'ccil: 
Nostre  pauvre  Linote  en  est  morte  de  dueil. 
Mais  avant  que  mourir  regardant  par  sa  cage 
Nous  dist  piteusement  Adieu  en  son  langage. 
Adieu  donques  Linote,  adieu  gentil  oiseau : 
Je  m'en  vais  en  pleurant  te  dresser  un  toml)cau 
Sous  ces  jeunes  lauriers,  car  tu  merites  d'estre 
Et  vive,  et  morte,  aupres  de  ce  qu'aimc  ton  maistre. 


78       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

^         VILLANELLE 

J'ai  perdu  ma  Tourterelle: 
Est-ce  point  celle  que  j'oy? 
Je  veus  aller  apres  elle. 

Tu  regretes  ta  femelle, 
Helas!  aussi  fai-je  moy, 
J'ai  perdu  ma  Tourterelle. 

Si  ton  Amour  est  fidelle, 
Aussi  est  ferme  ma  foy, 
Je  veus  aller  apres  elle. 

Ta  plainte  se  renouvelle; 
Tousjours  plaindre  je  me  doy: 
J'ay  perdu  ma  Tourterelle. 

En  ne  voyant  plus  la  belle 
Plus  rien  de  beau  je  ne  voy: 
Je  veus  aller  apres  elle. 

Mort,  que  tant  de  fois  j'appelle, 
Pren  ce  qui  se  donne  a  toy: 
J'ay  perdu  ma  Tourterelle, 
Je  veus  aller  apres  elle. 

fiPITAPHE 

Jean  Passerat  icy  sommeille, 

Attendant  que  I'Ange  I'esveille: 

Et  croit  qu'il  se  resveillera 

Quand  la  trompette  sonnera. 

S'il  faut  que  maintenant  en  la  fosse  je  tombe, 

Qui  ay  tousjours  ayme  la  paix  et  le  repos, 

Afin  que  rien  ne  poise  ^  a  ma  cendre  et  mes  os, 

Amis,  de  mauvais  vers  ne  charges  point  ma  tombe. 


MESDAMES  DES  ROCHES 

Quenouille,  mon  soucy,  je  vous  promets  et  jure 
De  vous  aimer  toujours,  et  jamais  ne  changer 
Vostre  honneur  domestic  pour  un  bien  estranger 
Qui  erre  inconstamment  et  fort  peu  de  temps  dure. 

Vous  ayant  au  coste,  je  suis  beaucoup  plus  sure 
Que  si  encre  et  papier  se  venoient  arranger 
Tout  a  Tentour  de  moy:  car,  pour  me  revenger, 
Vous  pouvez  bien  plustost  repousser  une  injure. 

Mais,  quenouille,  ma  mie,  il  ne  faut  pas  pourtant 
Que,  pour  vous  estimer,  et  pour  vous  aimer  tant, 
Je  delaisse  de  tout  ceste  honneste  coustume 

D'escrire  quelquefois:  en  escrivant  ainsy, 
J'escris  de  vos  valeurs,  quenouille,  mon  soucy, 
Ayant  dedans  la  main  le  fuseau  et  la  plume. 


AGRIPPA  D'AUBIGNE 

Combattu  des  vents  et  des  flots, 
Voyant  tous  les  jours  ma  mort  preste 
Et  abaye  ^  d'une  tempeste 
D'ennemis,  d'aguetz,  de  complotz, 

Me  resveillant  a  tous  propos, 
Mes  pistoUes  dessoubz  ma  teste, 
L 'amour  me  fait  faire  le  poete, 
Et  les  vers  cerchent  le  repos. 

Pardonne  moy,  chere  Maistresse, 
Si  mes  vers  sentent  la  destresse, 
Le  soldat,  la  peine  et  I'esmoy: 

Car  depuis  qu'en  aimant  je  souffre, 
II  faut  qu'ils  sentent  comme  moy 
La  poudre,  la  mesche  et  le  souffre. 


AUX  CRITIQUES 

Lecteurs,  pour  m'excuser  qu'est  ce 
Que  je  pourrois  dire?  —  Rien. 
Si  j'allegue  ma  jeunesse,^ 
Tu  diras:  je  le  vois  bienJ 


4 


AGRIPPA  D'aUBIGN^  8i 


FROM  LES  TRAGIQUES 

Pleust  a  Dieu,  Jesabel/  que  comm'  au  temps  pass6 
Tes  Dues  ^  predecesseurs  ont  tous-jours  abaissc 
Les  grands  en  eslevant  les  petits  a  Tcncontre, 
Puis  encor  rabatus  ^  par  un'  autre  rencontre 
Ceux  qu'ils  avoyent  haussez,  si  tost  que  leur  grandeur 
Pouvoit  donner  soupfon  ou  meffiance  au  coeur; 
Ainsi  comm'  eux  tu  s^ais  tc  rendre  redoutable, 
Faisant  le  grand  coquin,  haussant  le  miserable; 
Ainsi  comm'  eux  tu  s^ais  par  tes  subtilitez, 
En  maintenant  les  deux,  perdre  les  deux  costez, 
Pour  abbreuver  de  sang  la  soif  de  ta  puissance; 
Pleust  a  Dieu,  Jesabel,  que  tu  euss'  a  Florence 
Laisse  tes  trahisons,  en  laissant  ton  pals. 
Que  tu  n'eusse  les  grands  des  deux  costez  trahis 
Pour  regner  au  milieu,  et  que  ton  entreprise 
N'eust  ruine  le  noble  et  le  peuple  et  I'Eglise! 
Cinq  cens  mille  soldats  n'eussent  creve,  poudreux, 
Sur  le  champ  maternel,  et  ne  fust  avec  eux 
La  noblesse  faillie  et  la  force  faillie 
De  France,  que  tu  as  faict  gibier  d'ltalie. 
Ton  fils  eust  eschappe  ta  secrette  poison,^ 
Si  ton  sang  t'eust  este  plus  que  ta  trahison. 
En  fin  pour  assouvir  ton  esprit  et  ta  veue, 
Tu  vois  le  feu  qui  brusle  et  le  coustcau  qui  tue. 
Tu  as  veu  a  ton  gre  deux  camps  de  deux  costez, 
Tous  deux  pour  toy,  tous  deux  a  ton  gre  tourmcntcz, 
Tous  deux  Frangois,  tous  deux  ennemis  de  la  France, 
Tous  deux  executeurs  de  ton  impatience, 
Tous  deux  la  pasle  horreur  du  peuple  ruine, 
Et  un  peuple  par  toi  contre  soi  mutine; 


82       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Par  eux  tu  vois  des-ja  la  terre  yvre,  inhumaine, 

Du  sang  noble  Francois  et  de  Pestranger  ^  pleine, 

Accablez  par  le  fer  que  tu  as  esmoulu. 

Mais  c'est  beaucoup  plus  tard  que  tu  n'eusses  voulu: 

Tu  n'as  ta  soif  de  sang  qu'a  demi  arrosee, 

Ainsi  que  d'un  peu  d'eau  la  flamme  est  embrasee. 

(Book  I.  747-782.) 


GUILLAUME  DE  SALUSTE  DU  BARTAS 

O  trois  et  quatre  fois  bienheureux  ^  qui  s'esloigne 

Des  troubles  citadins,  qui  prudent  ne  se  soigne 

Des  emprises  ^  des  rois,  ains  servant  a  Ceres 

Remue  de  ses  boeufs  les  paternels  gueretsi 

La  venimeuse  dent  de  la  blafarde  envie, 

Ni  I'avare  souci,  ne  tenaille  sa  vie. 

Des  bornes  de  son  champ  son  desir  est  born6. 

II  ne  boit  dans  I'argent  le  philtre  forcene, 

Au  lieu  de  vin  Gregeois  ^  et  parmi  Pambroisie 

Ne  prend  dans  un  plat  d'or  I'arsenic  oste-vie. 

Sa  main  est  son  gobeau,'*  I'argente  ruisselet 

Son  plus  doux  hypocras;  le  fromage,  le  laict, 

Et  les  pommes  encor  de  sa  main  propre  en  tees, 

A  toute  heure  lui  sont  sans  apprest  apprestees. 

Les  trompeurs  chiquaneurs  (Harpyes  des  parquets 

Et  sangsues  du  peuple)  avecques  leurs  caquets 

Bavardement  fascheux  la  teste  ne  lui  rompcnt, 

Ains  les  peints  oyselets  ses  plus  durs  ennuis  trompcnt, 

Enseignans  chasque  jour  aux  doux  llairans  buissons 

Les  plus  divins  couplets  de  leurs  douces  chansons. 

Son  vaisseau  vagabond  sur  I'irrite  Neree  ^ 

N'est  or  le  jouet  d'Eure  et  tantost  de  Boree, 

Et  dans  un  Ocean  esloigne  de  tout  bord, 

Miserable  ne  va  cercher  ^  Thorrible  mort, 

Ains  passant  en  repos  tous  les  jours  de  son  aage, 

De  veue  ne  perd  point  tant  soit  peu  son  village. 


84       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Ne  conoist  autre  mer,  ne  s?ait  autre  torrent 

Que  le  flot  crystallin  du  ruisseau  murmurant 

Qui  ses  vers  prez  arrouse,  et  ceste  mesme  terre, 

Qui  naissant  le  receut,  pitoyable  I'enterre. 

Pour  rappeler  le  somme  il  n'avalle  le  jus 

Ni  du  morne  pavot,  ni  du  froid  jonc  de  Chus/ 

Et  n'achette  les  tons,  comme  jadis  Mecene,^ 

Lors  qu'en  son  corps  mal  sain  son  ame  encor  moins  saine 

N'avoit  ni  paix  ni  trefve,  et  que  sans  nul  repos 

La  jalouse  fureur  le  rongeoit  jusqu'aux  os: 

Ains  sur  le  verd  tapis  de  la  plus  tendre  mousse 

Qui  frange  un  bord  ondeux,  hors  de  ses  flancs  il  pousse 

Un  sommeil  enchante  par  le  gazouillis  doux 

Des  flots  entrecassez  ^  des  bords  et  des  cailloux. 

Le  clairon,  le  tambour,  la  guerriere  trompette, 

L'esveillant  d'un  sursaut,  n'arment  d'armet  sa  teste, 

Et  d'un  chef  respecte  le  sainct  commandement 

Ne  le  pousse  aveugle  du  lict  au  monument. 

Le  coq  empennache  ^  la  diane  lui  sonne, 

Limite  son  repas,  et  par  son  cri  lui  donne 

Un  chatouilleux  desir  d'aller  mirer  les  fleurs 

Que  la  flairante  Aurore  emperle  de  ses  pleurs. 

Un  air  emprisonne  dans  les  rues  puantes 

Ne  lui  trouble  le  sang  par  ses  chaleurs  relantes, 

Ains  le  ciel  descouvert,  dessous  lequel  il  vit, 

A  toute  heure  le  tient  en  nouvel  appetit, 

Le  tient  sain  a  toute  heure,  et  la  mort  redoutee 

N'approche  que  bien  tard  de  sa  loge  escartee. 

II  ne  passe  es  grands  cours  ses  miserables  ans, 

Son  vouloir  ne  depend  du  vouloir  des  plus  grands, 

Et  changeant  de  Seigneur  ne  change  d'Evangile. 

Sur  un  papier  menteur  son  mercenaire  style 


GUILLAUME  DE   SALUSTE  DU  BARTAS  85 

Ne  fait  d'une  fourmi  un  Indois  elephant, 
D'un  mol  Sardanapale  un  Hercul  triomphant, 
D'un  Thersite  un  Adon/  et  ne  prodigue  encore 
D'un  discours  impudent  le  los  d'Alceste  a  Flore;  - 
Ains  vivant  tout  a  soi,  et  servant  Dieu  sans  peur, 
II  chante  sans  respect  ce  qu'il  a  sur  le  cceur. 
Le  soupfon  blemissant  nuict  et  jour  ne  le  ronge, 
A  ses  aguets  trompeurs  nuict  et  jour  il  ne  songe, 
Ou,  s'il  songe  a  tromper,  c'est  a  tendre  filets 
Aux  animaux  des  champs,  gluaux  aux  oiselets, 
Et  manches  ^  aux  poissons.     Que  si  ses  garde-robes 
Ne  sont  toujours  comblez  de  magnifiques  robes 
De  velours  a  fond  d'or,  et  si  les  foibles  aiz 
De  son  coffre  peu  seur  ne  ployent  sous  le  faLx 
Des  avares  lingots,  il  se  vest  de  sa  laine. 
De  vins  non  achetez  sa  cave  est  toute  plcine, 
Ses  greniers  de  froment,  ses  rocs  de  saines  eaux, 
Et  ses  granges  de  foin,  et  ses  pares  de  troupeaux, 
Car  mon  vers  chante  I'heur  ^  du  bicn  aisc  rustique, 
Dont  I'honneste  maison  semble  une  republique, 
Non  I'estat  diseteux  du  rompu  bucheron, 
De  Taffame  pescheur,  du  povre  vigneron. 
Qui  caimandent  ^  leur  vie,  et  qui  n'ont  qu'a  boutees* 
Du  pain  en  leurs  maisons  sur  quatre  pieux  plantees. 
Puisse-je,  6  Tout  puissant,  inconnu  des  grands  rois, 
Mes  solitaires  ans  achever  par  les  bois. 
Mon  estang  soit  ma  mer,  mon  bosquet  mon  Ardcne, 
La  Gimone  mon  Nil,  le  Sarrapin  ^  ma  Seine, 
Mes  chantres  et  mes  luths  les  mignards  oiselets, 
Mon  cher  Bartas  mon  Louvre,  et  ma  cour  mes  valets, 
Ou  sans  nul  destourbier^  si  bien  ton  los  j'entonne. 
Que  la  race  future  a  bon  droit  s'en  estonne. 


86       FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Ou  bien,  si  mon  devoir  et  la  bonte  des  rois 

Me  fait  de  leur  grandeur  aprocher  quelque  fois, 

Fay  que  de  leur  faveur  jamais  je  ne  m'enyvre, 

Que  commande  par  eux  libre  je  puisse  vivre, 

Que  I'honneur  vrai  se  suyve  et  non  I'honneur  menteur, 

Aime  comme  homme  rond/  et  non  comme  flatteur. 


M  PHILIPPE  DESPORTES 

Icare  ^  cheut  icy,  le  jeune  audacieux 
Qui  pour  voler  au  ciel  eut  assez  de  courage: 
Icy  tomba  son  corps  degarny  de  plumage, 
Laissant  tous  braves  cceurs  de  sa  cheute  envieux. 

O  bien  heureux  travail  d'un  esprit  glorieux. 
Qui  tire  un  si  grand  gain  d'un  si  petit  dommage! 
O  bien  heureux  malheur  plein  de  tant  d 'a vantage 
Qu'il  rende  le  vaincu  des  ans  victorieux! 

Un  chemin  si  nouveau  n'estonna  sa  jeunesse, 
Le  pouvoir  lui  faillist,  mais  non  la  hardiesse: 
II  eut,  pour  le  bruler,  des  astres  le  plus  beau. 

II  mourut,  poursuivant  une  haute  advanture ; 
Le  ciel  fut  son  desir,  la  mer  sa  sepulture: 
Est-il  plus  beau  dessein  ou  plus  riche  tombeau? 


Sommeil,^  paisible  fils  de  la  nuict  solitaire, 
Pere  alme,  nourricier  de  tous  les  animaux, 
Enchanteur  gracieux,  doux  oubly  de  nos  maux, 
Et  des  esprits  blessez  I'appareil  salutaire; 

Dieu  favorable  a  tous,  pourquoy  m'es-tu  contraire? 
Pourquoy  suis-je  tout  seul  recharge  de  travaux, 
Or  que  I'humide  nuict  guide  ses  noirs  chevaux, 
Et  que  chacun  jouyst  de  ta  grace  ordinaire? 

Ton  silence,  ou  est-il?  ton  repos  et  ta  paix, 
Et  ces  songes  voUans  comme  un  nuage  espais, 
Qui  des  ondes  d'oubli  vont  lavant  nos  pensecs? 

O  frere  de  la  Mort,  que  tu  m'es  ennemy! 
Je  t'invoque  au  secours,  mais  tu  es  endormy, 
Et  j'ards,  ^  tousjours  veillant  en  tes  horrcurs  glacecs. 


88        FRENCH  VERSE  OF  TILE  XVI  CENTURY 

VILLANELLE 

Rozette,^  pour  un  peu  d'absence, 
Vostre  coeur  vous  avez  change, 
Et  moy,  sgachant  cette  inconstance, 
Le  mien  autre  part  j'ay  range: 
Jamais  plus  beaute  si  legere 
Sur  moy  tant  ,de  pouvoir  n'aura: 
Nous  verrons,  volage  bergere,     tCf^^* 
Qui  premier  s'en  repentira.         ' 

Tandis  qu'en  pleurs  je  me  consume, 
Maudissant  cet  esloignement, 
Vous  qui  n'aimez  que  par  coustumc, 
Caressiez  un  nouvel  amant. 
Jamais  legere  girouette 
Au  vent  si  tost  ne  se  vira: 
Nous  verrons,  bergere  Rozette, 
Qui  premier  s'en  repentira. 

Ou  sont  tant  de  promesses  saintes, 
Tant  de  pleurs  versez  en  partant? 
Est-il  vray  que  ces  tristes  plaintes 
Sortissent  d'un  coeur  inconstant? 
Dieux!  que  vous  estes  mensongere! 
Maudit  soit  qui  plus  vous  croira! 
Nous  verrons,  volage  bergere. 
Qui  premier  s'en  repentira. 

Celuy  qui  a  gaigne  ma  place 
Ne  vous  peut  aymer  tant  que  moy, 
Et  celle  que  j'aime  vous  passe 
De  beaute,  d'amour  et  de  foy. 


PHILIPPE  DESPORTES  89 

Gardez  bien  vostre  amitie  neufve, 
La  mienne  plus  ne  varira, 
Et  puis  nous  verrons  a  I'espreuve 
Qui  premier  s'en  repentira. 


PRIERE  AU  SOMMEIL 

Somme,  doux  repos  de  nos  yeux, 
Aime  des  hommes  et  des  dieux, 
Fils  de  la  Nuict  et  du  Silence, 
Qui  peux  les  esprits  delier, 
Qui  fais  les  soucis  oublier, 
Endormant  toute  violence. 

Approche,  6  Sommeil  desire! 
Las!  c'est  trop  longtans  dcmeure, 
La  nuict  est  a  demi  passee, 
Et  je  suis  encor  attendant 
Que  tu  chasscs  le  soin  mordant, 
Hoste  importun  de  ma  pcnsee. 

Clos  mes  yeux,  fay-moy  sommciller, 
Je  t'attcn  sur  mon  oreiller, 
Ou  je  tiens  la  teste  appuyee: 
Je  suis  dans  mon  lict  sans  mouvoir, 
Pour  mieux  ta  douceur  recevoir, 
Douceur  dont  la  peine  est  noyee. 

Haste- toy,  Sommeil,  de  venir: 
Mais  qui  te  pent  retenir? 
Rien  en  ce  lieu  ne  te  retarde, 
Le  chien  n'abbayc  icy  autour, 
Le  coq  n'annonce  point  le  jour, 
On  n'entend  point  I'oye  criarde. 


PfU? 


90  FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Un  petit  ruisseau  doux  coulant 
A  dos  rompu  se  va  roulant, 
Qui  t'invite  de  son  murmure; 
Et  I'obscurite  de  la  nuit, 
\'yj.     Moete,^  sans  chaleur  et  sans  bruit, 
Propre  au  repos  de  la  nature. 

Chacun,  fors  que  ^  moy  seulement, 
Sent  ore  quelque  allegement 
Par  le  doux  effort  de  tes  charmes: 
Tous  les  animaux  travailles 
Ont  les  yeux  fermes  et  silles, 
Seuls  les  miens  sont  ouverts  aux  larmes. 

Si  tu  peux,  selon  ton  desir, 
Combler  un  homme  de  plaisir 
Au  fort  d'une  extreme  tristesse, 
Pour  monstrer  quel  est  ton  pouvoir, 
Fay-moy  quelque  plaisir  avoir 
Durant  la  douleur  qui  m'oppresse. 

Si  tu  peux  nous  representer 
Un  bien  qui  nous  pent  contenter, 
Separe  de  longue  distance, 
O  somme  doux  et  gracieux! 
Represente  encor  a  mes  yeux 
Celle  dont  je  pleure  I'absance. 

Que  je  voye  encore  ces  soleils, 
Ces  lys  et  ces  boutons  vermeils, 
Ce  port  plain  de  majeste  sainte; 
Que  j'entr'oye  encor  ces  propos, 
Qui  tenoient  mon  cceur  en  repos, 
Ravi  de  merveille  et  de  crainte. 

Le  bien  de  la  voir  tous  les  jours 
Autrefois  estoit  le  secours 


PHILIPPE  DESPORTES  91 

De  mes  nuicts,  alors  trop  heurcuses: 
Maintenant  que  j'en  suis  absant, 
Ren-moy  par  un  songe  plaisant 
Tant  de  delices  amoureuses. 

Si  tous  les  songes  ne  sont  rien, 
C'est  tout  un,  ils  me  plaisent  bien: 
J'aime  une  telle  trompcrie. 
Haste- toy  done,  pour  mon  confort; 
On  te  dit  frere  de  la  Mort, 
Tu  seras  pere  de  ma  vie. 

Mais,  las!  je  te  vay  appelant, 
Tandis  la  nuict  en  s'envolant 
Fait  place  a  Taurore  vermeille : 
O  Amour!  tyran  de  mon  occur, 
C'est  toi  seul  qui  par  ta  rigueur 
Empesches  que  je  ne  sommeille. 

He!  quelle  estrange  cruaute! 
Je  t'ay  donne  ma  liberte, 
Mon  cceur,  ma  vie  et  ma  lumiere, 
Et  tu  ne  veux  pas  sculement 
Me  donner  pour  allcgement 
Une  pauvre  nuict  toute  entiere? 


M 


Je  verray  ^  par  les  ans,  vengeurs  de  mon  martire, 
Que  For  de  vos  cheveux  argente  deviendra, 
Que  de  vos  deux  soleils  la  splendeur  s'esteindra, 
Et  qu'il  faudra  qu'Amour  tout  confus  s'en  retire. 

La  beaute  qui,  si  douce,  a  present  vous  inspire, 
Cedant  aux  lois  du  tans,  ses  faveurs  reprendra; 
L'hyver  de  vostre  teint  les  fleurettes  perdra, 
Et  ne  laissera  rien  des  thresors  que  j 'admire. 


92        FRENCH  VERSE  OF  THE  XVI  CENTURY 

Cet  orgueil  desdaigneux  qui  vous  fait  ne  m'aimer, 
En  regret  et  chagrin  se  verra  transformer, 
Avec  le  changement  d'une  image  si  belle. 

Et  peut  estre  qu'alors  vous  n'aurez  deplaisir 
De  revivre  en  mes  vers,  chauds  d'amoureux  desir, 
Ainsi  que  le  phenix  au  feu  se  renouvelle. 


NOTES 

CLfiMENT   MAROT 

C16ment  Marot  (c.  1496  or  7-1544)  was  the  leading  poet  of 
the  early  Renaissance,  which  corresponds  roughly  to  the 
reign  of  Francis  I.  He  tended,  particularly  at  first,  to  express 
himself  rather  in  the  forms  dear  to  the  late  Middle  Ages,  such 
as  the  ballade  and  rondeau.  But  after  1524  his  verses  had  a 
more  personal  touch  and  a  stronger  poetical  feeling.  They  are 
often  graceful  and  humorous,  clear  and  sparkling,  or  again 
tender  and  sentimental.  ^larot  seems  to  have  lacked  vigor 
of  character  and,  though  he  inclined  to  the  Reformation,  he 
was  too  timid  to  be  consistent.  He  was  not  a  poet  of  supreme 
genius,  but  he  was  one  of  the  best  of  the  second  category,  and 
the  embodiment  of  French  esprit.  The  fullest  studies  of  Marot 
in  French  are  by  G.  Guiffrey  (Vol.  I  of  his  uncompleted  edition 
of  Marot),  and  O.  Douen,  Clement  Marot  ct  Ic  Psauticr  Huguenot. 
The  most  convenient  modern  edition  of  Marot  is  by  Pierre 
Jannet;  the  sumptuous  Guiflrey  edition  was  never  carried 
beyond  the  third  volume. 

Page   1.  —  I.  Eglogue  au  roy.    This  poem   belongs  to  the 

latter  years  of  Marot's  life  (about  1539): 

—  car  I'yver  qui  s'appreste 
A  commence  i  neiger  sur  ma  teste. 

It  is  autobiographical  (Pan  =  Francis  I,  and  Robin  =  Marot), 
and  is  one  of  the  most  natural  and  graceful  of  the  sixteenth- 
century  eclogues.  Spenser  imitates  it  in  his  more  artificial 
December  eclogue  of  the  Shepheards  Calender.  It  has  likenesses 
with  Marot's  own  Complaincte  d'un  pastoureau  chrestUn.  It 
shows  a  true  appreciation  of  nature  at  first  hand,  and,  though 
a  parallel  of  Marot  and  Wordsworth  would  be  grotesque,  yet 


94  NOTES 

Marot  shows  that  the  scenes  of  his  childhood  were  as  dear  to 
his  memory  as  to  Wordsworth  the  landscapes  near  Hawkshead 
or  Grasmere.  The  nature-descriptions  are  comparatively  free 
from  the  conventional  touches  such  as  are  to  be  found  in  the 
earlier  rhetoriqueurs  or  in  the  bookish  classical  reminiscences  of 
the  Pleiade. 

2.  fousteaux,  heech  trees. 

3.  de  grand  courage,  with  all  his  heart. 

4.  sus  goes  with  remects;  not  a  preposition  governing  tous,  etc. 

5.  arondelle  =  hirondelle. 

6.  ramages,  wild,  adjective. 

Page  2.  —  I.  souloys,  from  obsolete  souloir, '  to  be  accustomed ' 
(Latin  solere).  Even  in  the  sixteenth  century  it  had  only  the 
infinitive  and  the  imperfect. 

2.  bricz,  traps;  connected  with  hricole.  Cf.  Marot's  Enjer: 
"Pour  prendre  au  brie  I'oyseau  nyce  et  foyblet"  and  Du  jour 
de  No'd:  "  Car  le  serpens  a  este  prins  au  brie."  With  this 
passage  cf.  Wordsworth's  Prelude: 

Ere  I  had  told 
Ten  birth-days,  when  among  the  mountain  slopes 
Frost,  and  the  breath  of  frosty  wind,  had  snapped 
The  last  autumnal  crocus,  'twas  my  joy 
With  store  of  springes  o'er  my  shoulder  hung 
To  range  the  open  heights  where  woodcocks  run 
Along  the  smooth  green  turf. 

3.  transnouoys,  /  swam  across  (obsolete). 

4.  fondes  =  frondes. 

5.  O  quantesfoys,  etc.  Quantes  Joys  =  '  How  many  times.'  Cf. 
The  Prelude: 

Oh!  when  I  have  hung 
Above  the  raven's  nest,  by  knots  of  grass 
And  half -inch  fissures  in  the  slippery  rock 
But  ill-sustained,  eic. 

Spenser's  imitation  of  this  passage  is: 

How  often  have  I  scaled  the  craggie  Oke, 
All  to  dislodge  the  Raven  of  her  nest? 
How  have  I  wearied  with  many  a  stroke 
The  stately  Walnut-tree  the  while  the  rest 

Under  the  tree  fell  all  for  nuts  at  strife? 

For  ylike  to  me  was  libertie  and  lyfe. 


NOTES 


95 


6.  compaings  =  compagnons.  Cf.  modern  familiar  copain, 
'chum.' 

7.  Si,  yet. 

8.  Janot.  element  Marot's  father,  Jean  Marot,  himself  a 
poet. 

9.  Jaquet.     Jacques  Colin,  abb{;  of  Saint-.\mbroisc,  a  friend  of 
\  Marot's  father. 

10.  bessons,  twin.  A  word  which  has  remained  in  modern 
French  chiefly  as  dialectal,  except  where  revived  for  literary 
purposes,  as  in  George  Sand's  la  Petite  Fadettc. 

11.  Voyre,  truly. 

Page  3.  —  I.  apres  moy  travailloit  =  'taught  me,'  'worked 
over  me.' 

2.  los,  praise. 

3.  pertuysa,  pierced.  From  obsolete  pcrtuiser,  etymologically 
connected  with  pertuis,  '  hole '  and  pcrtuisane,  a  sharply  cutting 
halberd  (Eng.  'partizan'). 

4.  II  daigna,  etc.  Francis  I  was  a  patron  of  letters  and 
wrote  poems  himself. 

Page  4.  —  I.  ramentoy,  from  obsolete  ramcntcvoir,  'to  recall' 
(re-d-mente-habere) . 

2.  Encourtinez,  cf.  Eng.  'curtain.' 

3.  L^  d'un  coste,  etc.  Imitated  from  Virgil's  first  eclogue 
(U.  54-57): 

Hinc  tibi,  quae  semper,  vicino  ab  limite  sepes 
Hyblaeis  apibus  florem  depasta  salicti 
Saepe  levi  somnum  suadebit  inire  susurro. 

4.  Mousches  k  miel,  bees;  also  called  in  the  sixteenth  century 
avettes. 

5.  Mesmes,  especially. 

6.  columbelle,  dove. 

7.  chaloit,  from  obsolete  chaloir,  'to  care';  cf.  nonchalant. 

8.  fault,  from  faillir. 

9.  Adoncques  =  alors. 

Page  5.  —  I.  tyssir,  to  weave,  obsolete. 

2.  Heleine  la  blonde,  supposed  to  be  H616ne  de  Toumon,  a 
maid  of  honor  of  Marguerite  de  Navarre. 

3.  Margot  =  Marguerite  de  Navarre,  sister  of  Francis  I. 


96  NOTES 

4.  Loysette  =  Louise  de  Savoie,  mother  of  Francis  I,  who  died 
in  1 53 1.  In  her  honor  Marot  composed  a  complainte,  imitated 
by  Spenser  in  the  November  eclogue  of  his  Shepheards  Calender. 

5.  challemye  =  chalumeau. 

Page  6.  —  I.  Merlin.  Melin  de  Saint-Gelais,  Marot's  lead- 
ing contemporary. 

2.  Thony.  Antoine  H6roet,  a  Platonist  poet  of  the  first 
half  of  the  sixteenth  century. 

3.  bailie,  from  bailler,  obsolete,  except  in  rustic  speech,  for 
donner. 

4.  approcher,  an  allusion  to  the  imprisonment  of  Francis  I 
in  Spain,  as  the  captive  of  Charles  V. 

Page  7.  ^  I.  sept  artz,  the  trivium  and  the  quadrivium. 

2.  Tytire,  the  shepherd  of  Virgil's  first  eclogue. 

3.  courage  =  cmir. 

4.  Ains  =  mais. 

Page  8.  —  I.  Je  ne  quiers  pas,  etc.  Among  the  many  passages 
in  poetry  which  after  Horace  express,  like  these  lines  of  Marot, 
contentment  with  a  modest  fortune,  see  the  verses  written 
by  Abraham  Cowley  at  the  age  of  thirteen: 

This  only  grant  me,  that  my  means  may  lie 
Too  low  for  envy,  for  contempt  too  high; 
Some  honor  I  would  have, 
Not  from  great  deeds,  but  good  alone; 
Th'  unknown  are  better  than  ill-known. 
Rumor  can  ope  the  grave: 
Acquaintance  I  would  have,  but  when  't  depends 
Not  on  the  number,  but  the  choice  of  friends. 

Books  should,  not  business,  entertain  the  light. 
And  sleep  as  undisturbed  as  death,  the  night. 
My  house  a  cottage,  more 
Than  palace,  and  should  fitting  be 
For  all  my  use,  no  luxury. 
My  garden  painted  o'er 
With  nature's  hand,  riot  art's;  and  pleasures  yield 
Horace  might  envy  in  his  Sabine  field. 

2.  herbis,  pastures. 

3.  loucerves  =  loups-cerviers. 

Page  9. —  I.  Que  diray  plus?  etc.  Marot  has  in  mind  a 
passage  from  Virgil's  first  eclogue,  11.  60  flE. 


NOTES 


97 


2.  A  son  amy  Lyon.  In  1526  Marot  was  arrested  on  charges 
made  by  a  'docteur  en  th6ologie'  named  Bouchart  for  havinf? 
"  mange  du  lard  en  careme."  Marct  had  perhaps  been  denounced 
by  some  feminine  jealousy  to  this  doctor  of  the  Sorbonnc.  He 
was  imprisoned  in  the  king's  prison,  the  Chiitelet,  which  im- 
prisonment he  describes  in  his  Enfcr.  He  protested  unavailin^'ly 
in  his  epistle  to  Dr.  Bouchart,  but  this  epistle  to  his  friend  Lyon 
(Leon)  Jamet  was  more  successful.  Jamet  succeeded  in  having 
Marot  transferred  to  the  prison  of  the  bishop  of  Chartrcs,  where 
he  was  more  comfortable  and  whence  he  was,  not  long  after, 
released.  In  the  present  clever  little  fable  in  verse  Marot 
plays  on  the  name  of  his  friend  Lyon.  La  Fontaine  has  told 
the  same  fable  of  the  lion  and  the  rat,  but  less  vividly  than 
Marot. 

3.  amotir,  note  the  gender. 

4.  Tu  voys  assez,  etc.  The  allusion  in  the  first  two  lines  is 
probably  to  the  mysterious  afifair  with  a  woman  which  was  at 
the  bottom  of  Marot's  imprisonment. 

5.  Tu  voys  qui  peult,  etc.  Marot  here  is  alluding  to  the 
defeat  of  Francis  I  at  Pavia  and  his  imprisonment. 

6.  acquerre  =  acquerir. 

7.  prou  =  heaucoup. 

Page  10.  —  I.  Cestuy,  obsolete  form  of  the  demonstrative 
adjective. 

2.  Le  bon  du  compte,  i.e.,  how  the  matter  turned  out. 

3.  ne  s'est  gaudy,  did  not  make  fun  oj.  Se  gaudir,  from 
gaudere,  obsolete  for  s'egayer. 

4.  Dent  =  parce  que. 

Page  11.  —  I.  vestit,  i.e.,  closed  his  lids.  Another  reading  is 
vertit  =  *  turned  aside.' 

2.  je  me  soubzris,  obsolete  use  of  sourire  as  a  reflexive. 

3.  k  la  parfin  =  enfih. 

4.  plaisir,  kindness. 

Page  12.  —  I.  De  frere  Lubin.  This  is  a  rare  instance  of  a 
ballade  d  double  refrain.  Not  only  is  the  last  line  of  the  first 
strophe  repeated  at  the  end  of  the  other  two  and  at  the  end  of 
the  envoi,  but  the  fourth  line  of  the  first  strophe  is  repealed  in 
the  same  way.  The  term  "  frere  lubin  "  passed  into  use  to  desig- 
nate a  foolish  or  debauched  monk,  and  so  one  finds  it  employed 


98  NOTES 

in  the  former  sense  in  the  preface  of  Rabelais's  Gargantua.  This 
poem  has  been  translated  by  Andrew  Lang,  among  others: 

In  good  to  fail,  in  ill  succeed, 
Le  Frere  Lubin's  the  man  you  needl 
In  honest  works  to  lead  the  van, 
Le  Frere  Lubin  is  not  the  man ! 

Longfellow's  version  will  be  found  in,  for  instance,  his  Poets 
and  Poetry  of  Europe. 

2.  pile.  N^ avoir  ni  croix  ni  pile  =  ' to  have  no  money.* 
Croix  et  pile  =  pile  et  face  =  *  heads  and  tails '  of  the  fling  of  a 
coin. 

Page  13.  —  I.  De  I'amour  du  siecle  antique.  This  is  an 
example  of  the  rondeau,  of  which  Marot  was  the  great  master 
in  the  sixteenth  century.  After  the  middle  of  the  sixteenth 
century  the  vogue  of  the  rondeau  diminished,  though  Voiture 
cultivated  it  in  the  seventeenth,  and  it  has  often  been  used  as 
a  form  of  vers  de  societe,  never  more  than  by  contemporary 
minor  poets  in  England  and  in  America. 

2.  Si  qu'un,  so  that  a. 

3.  C'estoit  donne,  it  was  as  if  one  had  given  it. 

4.  par  cas,  by  chance. 

5.  on  s'entretenoit,  they  kept  faith. 

6.  oyt  from  ou'ir. 

7.  qu'on  la  meine.  Amour  was  in  the  sixteenth  century 
consistently  feminine. 

8.  Enfer.  The  court  of  the  Chatelet,  which  Marot  describes 
as  an  "Inferno,"  in  his  own  poem  V Enfer,  relating  the  experi- 
ences of  his  own  trial. 

9.  Samblangay.  Jacques  de  Beaune,  baron  de  Samblangay, 
surintendant  des  finances,  was  convicted  on  false  charges  brought 
against  him  by  Louise  of  Savoy,  the  king'3  mother,  and  executed 
at  Montfaucon.     His  innocence  was  afterwards  admitted. 

10.  cuydoit,  croyait. 

MELIN   DE   SAINT-GELAIS 

Melin  or  Mellin  de  Saint-Gelais  (i490?-i558)  was  the  chief 
contemporary  of  Marot  and  a  jealous  rival  of  the  rising  fame  of 
Ronsard.     He  expresses  therefore  different  poetical  tendencies 


NOTES  (^ 

from  the  Pleiade,  though  he  was  chiefly  responsible  for  the 
introduction  into  France  of  the  sonnet  which  was  to  be  so  fashion- 
able with  that  school.  Saint-Gelais  was  a  Petrarchist  and  a 
poet  often  witty  and  graceful,  though  not  infrequently  super- 
ficial. The  modern  edition  of  Saint-Gclais  is  by  P.  Blanchcmain, 
3  vols.  1873.  The  standard  study  of  his  life  and  works  is  by 
H.-J.  Molinier. 


Page  14.  —  I.  Voyant,  etc.  This  sonnet  is  like  an  Italian 
one  by  Sannazaro,  Simili  a  questi  smisurati  monti,  and  like  an 
English  one  by  Wyatt  "Like  unto  these  unmeasurablc  moun- 
tains." It  is  usually  believed  that  the  order  of  influence  is 
Sannazaro,  Saint-Gelais,  Wyatt;  though  it  is  also  argued  that 
Saint-Gelais  translated  from  Wyatt  (cf.  J.  AI.  Berdan,  in  Modern 
Language  Notes,  Feb.  1908). 


CHARLES   FONTAINE 

Charles  Fontaine  was  born  at  Paris  in  1514.  He  first  became 
known  through  his  defence  of  Clement  Marot  against  an  envious 
rhymester,  Francois  Sagon  (1537).  .\fter  a  sojourn  of  al)out 
one  year  in  Italy  (c.  1540)  he  settled  in  Lyons,  where  he  published 
a  score  of  volumes  of  verse  and  translations.  Although  usually 
regarded  merely  as  a  disciple  of  Marot,  he  was  in  several  respects 
a  precursor  of  the  Pleiade.  In  addition  to  his  literary  work,  he 
engaged  in  the  printing  and  publishing  trade,  and  was  for  a 
short  time  principal  of  the  College  dc  la  Trinite  of  Lyons.  He 
died  probably  about  1570.  Cf.  R.  L.  Hawkins,  Maistrc  CluirUs 
Fontaine,  Parisien.     There  is  no  modern  edition  of  Fontaine. 


Page  15.  —  I.  Franfois  =  King  Francis  I. 

Page  16. —  I.  This  poem  is  drawn  from  Ics  Ruisstaux  dc 
Fontaine,  Lyons,  1555,  p.  55.  Jean  Fontaine  here  celebrated 
was  born  in  1545  (?).  He  was  the  author  of  the  following  work: 
Hortuhu  puerorum  pergratiis  ac  pcrulilis,  Latinc  disccitlibus.  .  .  . 
First  edition,  Lyons,  1561.  Eleven  editions  in  all  from  1561  to 
1626. 


lOO  NOTES 


LOUISE  LABfi 


Louise  Lab6  (circa  15 24-1 566)  was  the  chief  poetess  of  the 
Lyons  school  and  one  of  the  leaders  of  a  small  group  of  literary 
people.  Her  poetry,  small  in  quantity  and  uneven  in  execution, 
expresses  strong  passion  and  emotion.  She  has  been  made  the 
picturesque  heroine  of  various  baseless  legends.  Her  name  is 
closely  associated  with  that  of  Olivier  de  Magny,  who  loved  her. 
The  best  edition  of  Louise  Labe  is  by  Charles  Boy,  2  vols.,  1887, 
accompanied  by  a  biographical  study. 


Page  17.  —  I .  I'heur  =  le  honheur. 
2.  fors  que  =  except  e. 


PIERRE   DE   RONSARD 

Pierre  de  Ronsard  (1524  or  5-1585)  was  by  far  the  greatest 
poet  of  the  sixteenth  century  and  the  most  ambitious  in  his 
desire  to  cultivate  the  different  forms  of  poesy.  He  had  an 
intense  admiration  for  antiquity  and  was  steeped  in  its  literature 
and  mythology,  but  was  also  deeply  influenced  by  the  Xtaliars. 
Ronsard  wrote  more  than  everybody  cares  to  read  to-day  and 
his  fragmentary  epic,  the  Franciade,  as  well  as  some  of  his  heroic 
odes,  may  well  be  spared.  But  an  anthology  of  his  verse  shows 
him  to  be  a  master  of  graceful  melody,  and  a  high-minded  and 
jftatrrotic  Frenchman.  The  two  complete  modern  editions  in 
France  of  Ronsard  are  by  Marty-La veaux  (text  of  1584),  which 
is  expensive  and  rare,  and  by  Blanchemain  (text  of  1560  and 
first  successive  editions).  A  new  edition  is  in  course  of  publica- 
tion by  Laumonier,  under  the  auspices  of  the  Societe  des  textes 
modernes.  Numerous  critical  and  historical  studies  of  different 
phases  of  Ronsard  have  been  written  during  recent  years. 
Among  the  most  important  are  Ronsard  by  J. -J.  Jusserand 
1913;  Pierre  de  Ronsard,  essai  de  biographic,  les  ancetrcs,  la 
jeunesse,  1912,  by  H.  Longnon;  and  three  works  by  Paul  Lau- 
monier, Ronsard,  poete  lyrique,  1909;  a  critical  edition  of  Binet's 
Vie  de  Ronsard,  19 10;  Tableau  chronologique  des  ceuvrcs  de 
Ronsard,  191 1. 


NOTES  10 I 

The  Amours  of  Ronsard  consist  of  miscellaneous  lovc-i>ocms, 
chiefly  sonnets,  addressed  to  various  ladies,  real  and  fancied, 
of  whom  the  poet  writes  in  tones  of  rapture  or  of  amorous  distress. 
Some  of  these  verses  are  in  the  conventional  tones  of  Italianislic 
Petrarchism;  some  are  in  the  natural  tones  of  the  true  lover; 
some,  finally,  especially  those  to  Helen,  have  a  loftier  spirit  of 
calm  and  meditation,  which  distinguishes  them  from  the  general 
mass  of  sixteenth-century  verse.  Ronsard's  three  chief  lady- 
loves were  Cassandre,  Marie  and  Hel^ne.  Cassandrc  was  in 
reality  Cassandre  Salviati,  whom  Ronsard  first  saw  in  1545 
when  she  was  about  fourteen.  She  was  of  Florentine  descent  and 
lived  with  her  parents  at  the  chateau  de  Talcy  near  Blois.  In 
Nov^ember,  1546,  she  became  the  wife  of  Jean  Pcign6,  seigneur  dc 
Pre.  She  was  an  ancestress  of  Alfred  de  Musset  and  an  aunt  of 
Diane  Salviati,  who  was  loved  by  Agrippa  d'Aubign6  in  his 
youth.  Ronsard's  Marie,  a  "  fleur  angevine  de  quinze  ans,"  is 
generally  supposed  to  have  been  a  girl  of  more  common  origin, 
a  peasant  or  the  daughter  of  an  innkeeper,  named  Marie  du 
Pin  or  Dupin.  H.  Vaganay  has  argued  that  the  name  was 
Marie  Guiet.  Helene  was  Helene  de  Surgeres,  a  maid  of  honor 
of  Catherine  de'  Medici.  This  affair  lasted  from  about  1568  to 
1574  when  Ronsard  was  approaching  his  fiftieth  year.  It  was 
probably  the  queen  herself  who  suggested  to  Ronsard  that  he 
immortalize  the  fair  young  girl  in  verse.  It  remained  purely 
Platonic  so  far  as  Helene  was  concerned,  but  undoubledly 
Ronsard  in  time  felt  genuine  passion.  Hut  the  Sonnets  pour 
Helene  have  more  dignity  and  serenity  than  do  the  emotional 
compositions  of  the  poet's  youth.  Neverlhcless,  see  J.  Vi.inr\ , 
le  Pelrarquismeen  France  an  X  VT  sicck,  pp.  J5O-J6.',  for  Iialian 
and  possibly  French  influences  on  Ronsard's  sonnets  to  Helen. 
Coming,  as  they  do,  fairly  late  in  Ronsard's  life  and  in  the  cen- 
tury, they  are  the  result  of  different  influences  from  his  early 
lyrics. 

Page  18.  —  I.  I'archer,  i.e..  Love. 

2.  au  decocher,  when  discharged. 

3.  sereine,  siren. 

4.  muer,  change. 


I02  NOTES 

Page  19.  —  I.  Loir.  Le  Loir,  to  be  distinguished  from  La 
Loire.  A  stream  loved  by  Ronsard,  flowing  through  his  native 
Vendomois. 

2.  fleuriront,  will  turn  white;  as  a  tree  bursts  into  white  blos- 
soms or  flowers. 

3.  En  ton  desastre,  etc.;  i.e.,  *my  fate  points  to  your  mis- 
fortune.'    It  is  my  fate  that  you  perish  for  me. 

4.  m'amour  =  ma  amour,  as  formerly  used  for  mon  amour. 

5.  neveux,  descendants. 

6.  les  cieux,  i.e.,  the  empty  air. 

7.  qui  m'affolle,  i.e.,  with  love. 

8.  dextre.  A  flash  of  lightning  on  the  right  was  a  bad 
omen. 

9.  yeux.  This  poetical  prophecy,  composed  when  Ronsard 
was  a  young  man,  to  a  great  extent  came  true.  He  grew  gray 
young,  died  before  he  was  really  old,  and  his  poems  were  soon 
neglected  and  ridiculed  by  posterity. 

10.  Bellay.  This  sonnet  was  in  answer  to  one  written  by  Du 
Bellay,  beginning  "Divin  Ronsard,"  etc.;  cf.  page  56. 

11.  nombreuses,  melodious. 

12.  separee.  The  poets  of  the  Pleiade  did  not  court  popular 
applause. 

13.  enfant  de  Cytheree,  Cupid,  the  child  of  Cytherea  (Aphro- 
dite), who  according  to  some  traditions  rose  from  the  foam  of 
the  sea  near  the  island  of  Cythera. 

14.  ardois,  from  ardre,  '  to  burn.'  / 
Page  20.  —  I.  Oy,  imperative  of  ou'ir. 

2.  nef  =  navire. 

3.  lo,  Greek  and  Latin  ejaculation  of  triumph  or  joy. 

4.  pree,  old  feminine  noun  equivalent  to  masculine  prS. 
Page  21. —  I.  des-vie.  Des-vicr  and  devier  =  'to  die.' 
Page  22. —  i.  la  Beausse,   la  Beauce,  a   district   of   France 

between  Paris  and  the  Loire,  flat  but  fertile,  though  Rabelais,  in 
his  Gargantua  (chap.  XVI),  speaks  of  its  inhabitants  as  having  a 
reputation  for  poverty. 

2.  arenes,  sands. 

Page  23.  —  i.  Embasmant  =  embaumant. 

2.  fueille  k  fueille  declose,  'dropping  petal  by  petal.' 

3.  La  Parque,  Fate. 


NOTES 


103 


4.  Faguet  in  his  Seizieme  Steele  speaks  of  "cc  petit  po^me 
merveilleux,  ce  sonnet  exquis,  la  plus  fine  et  la  plus  achcv6c  dc 
toutes  les  oeuvres  de  Ronsard." 

5.  Montmartre,  a  hill  now  enclosed  within  the  limits  of  Paris, 
which  in  the  sixteenth  century  could  be  seen  across  the  open 
fields  from  the  windows  of  the  Louvre. 

Page  24.  —  i.  Cybelle,  Cybcle,  goddess  of  the  earth. 

2.  Flageollant,  playing  (as  on  the  flageolet). 

3.  aveine,  a  shepherd's  pipe,  reed  pipe  {avena). 

4.  Quand  vous  serez  bien  vieille,  etc.  This  sonnet  is  one  of 
the  most  famous  poems  in  French  literature  and  has  been  often 
imitated  in  English,  translated  by  Andrew  Lang  and  paraphrased 
by  Thackeray.  It  embodies  several  poetical  motifs,  such  as 
the  immortality  which  one  may  win  through  a  great  poet's 
praise,  the  call  to  pleasure  while  life  is  young,  and  the  thought 
of  life  and  youth  themselves  as  a  quickly-fading  rose.  With 
this  last  motif  are  connected  the  contents  of  the  equally  famous 
ode  to  Cassandre  (page  31).  Sidney  Lee  traces  the  conceit  of 
the  "eternising"  power  of  poetry  in  his  Life  of  Shakespeare,  and 
calls  Ronsard  "  mainly  responsible  for  its  universal  vogue  among 
the  Elizabethan  sonneteers "  (cf.  S.  Lee,  Elizabethan  Sonnets, 
Vol.  I.  Introd.  p.  Iv).  Corneille's  poem  called  the  Stances  d 
Marquise  is  in  the  same  vein  as  Ronsard's  sonnet.  See  also 
the  plebeian  counterpart  in  Beranger's  Bonne  vieille.  Note  also 
the  form  which  the  idea  takes  in  these  lines  of  W.  B.  Yeats: 

When  you  are  old  and  gray  and  full  of  sleep, 
And  nodding  by  the  fire,  take  down  this  book, 
And  slowly  read,  and  dream  of  the  soft  look 
Your  eyes  had  once,  and  of  their  shadows  deep; 

How  many  loved  your  moments  of  >;lad  grace. 
And  loved  your  beauty  with  love  false  or  true; 
But  one  man  loved  the  pilgrim  soul  in  you. 
And  loved  the  sorrows  of  your  changing  face. 

And  bending  down  beside  the  glowing  ban 
Murmur,  a  little  sadly,  how  love  fled 
And  paced  upon  the  mountains  overhead 
And  hid  his  face  amid  a  crowd  of  stars. 

The  call   to  pleasure  while  life  is  young  (a  form  of   Horace's 
Carpe  diem),  is  found  in  innumerable  passages  expressive  of  the 


104  NOTES 

Anacreontic  mood.  It  is  usually  traced  back  to  lines  attributed 
to  Ausonius,  but  probably  not  by  him: 

CoUige,  virgo,  rosas,  dum  flos  novus  et  nova  pubes, 
Et  memor  esto  aevum  sic  properare  tuum. 

See  also  C.  Joret,  la  Rose  dans  Vantiquiie  et  au  moyen  dge,  and, 
on  the  influence  of  Philostratus  on  the  fading-flower  motif, 
Percy  Osborn,  Roseleaves  from  Philostratus,  in  Fortnightly  Re- 
view, Jan.,  1898.  See  also,  infra,  the  note  on  Ronsard's  ode  to 
Cassandre  (page  31),  "Mignonne,  allons  voir  si  la  rose,"  etc. 
The  thought  is  found  in  the  Italian  Renaissance  poets  like 
Poliziano  and  Lorenzo  de'  Medici  (cf.  E.  Parturier,  Quelques 
sources  italiennes  de  Ronsard  au  XV^  siecle,  in  Revue  de  la  Renais- 
sance, 1905),  in  the  French  poets  of  the  sixteenth  century  them- 
selves, in  English  writers  like  Herrick: 

Gather  ye  roses  while  ye  may, 

For  time  is  still  a-flying, 

And  many  a  flower  that  blooms  to-day 

To-morrow  will  be  dying. 

See,  for  instance,  also  Cowley's  translation  of  an  Anacreontic 
ode: 

Fill  the  bowl  with  rosy  winel 
Around  our  temples  roses  twine! 
And  let  us  cheerfully  awhile, 
Like  the  wine  and  roses  smile. 
Crown'd  with  roses  we  contemn 
Gyges'  wealthy  diadem. 
To-day  is  ours;   what  do  we  fear? 
To-day  is  ours;  we  have  it  here: 
Let's  treat  it  kindly,  that  it  may 
Wish,  at  least,  with  us  to  stay. 
Let's  banish  business,  banish  sorrow; 
To  the  gods  belongs  to-morrow. 

The  thought  of  life  and  youth  as  a  quickly  fading  rose  merges 
into  the  previous  idea.  One  of  the  most  famous  passages  in 
French  poetry  is  in  Malherbe's  Stances  d  M.  du  Perier: 

Mais  elle  £tait  du  monde,  oii  les  plus  belles  cboses 

Ont  le  pire  destin; 
Et  rose  elle  a  v^cu  ce  que  vivent  les  roses, 

L'espace  d'un  matin. 


NOTES  105 

H.  Guy  has  an  article  on  this  topic:  "  Mignonnc,  aliens  voir  si 
la  rose.  .  .  .  Reflexions  sur  un  lieu  commun  "  in  the  Revuf  Philo- 
mathique  of  Bordeaux,  1902.  See  also  J.  A.  Symonds,  The 
Pathos  of  the  Rose  hi  Poetry  in  Essays  S pcculalive  and  Suggestive 
(Catullus,  Ausonius,  etc.).  For  the  thought  of  the  rose  as 
beauty  see  also  Austin  Dobson's  Fancy  from  Fontcnclle  ("  Dc 
m6moire  de  roses  on  n'a  point  vu  mourir  le  jardinicr  ") : 

The  Rose  in  the  garden  slipped  her  bud, 
And  she  laughed  in  the  pride  of  her  youthful  blood. 
As  she  thought  of  the  Gardener  standing  by  — 
"  He  is  old,  —  so  old!     And  he  soon  must  did  " 

The  full  Rose  waxed  in  the  warm  June  air, 
And  she  spread  and  spread  till  her  heart  lay  bare; 
And  she  laughed  once  more  as  she  heard  his  tread  — 
"  He  is  older  nowl    He  will  soon  be  dead!  " 

But  the  breeze  of  the  morning  blew,  and  found 

That  the  leaves  of  the  blown  Rose  strewed  the  ground; 

And  he  came  at  noon,  that  Gardener  old, 

And  he  raked  them  gently  under  the  mould. 

And  I  wove  the  thing  to  a  random  rhyme. 
For  the  Rose  is  Beauty,  the  Gardener,  Time. 

5.  devidant.     A  variant  reading  is  devisant. 

Page  25.  —  i.  vieillars,  the  old  men  at  the  Scacan  Gates, 
marvelling  at  the  beauty  of  Helen  as  she  went  by.  Cf.  Iliad, 
Bk.  Ill:  "These  had  now  ceased  from  battle  for  old  age,  yet 
were  they  right  good  orators,  like  grasshoppers  that  in  a  forest 
sit  upon  a  tree  and  utter  their  lily-like  voice;  even  so  sal  the 
elders  of  the  Trojans  upon  the  tower.  Now  when  ihcy  saw 
Helen  coming  to  the  tower  they  softly  spake  winged  words  one 
to  the  other:  'Small  blame  is  it  that  Trojans  and  well-grcaved 
Achaians  should  for  such  a  woman  long  time  suffer  hardships; 
marvellously  like  is  she  to  the  immortal  goddesses  to  look  ui>on. 
Yet  even  so,  though  she  be  so  goodly,  let  her  go  upon  ^ihcir 
ships  and  not  stay  to  vex  us  and  our  children  after  us.*"  — 
Translation  by  Lang,  Leaf  and  Myers. 

2.  je  m'en-vois  =  je  m'cn  vais. 


I06  NOTES 

Page  26.  —  i.  vespre  =  soir. 

2.  Le  temps  s'en  va.     Compare  with  this  poem  Austin  Dob- 
son's  Paradox  of  Time,  a  "variation  of  Ronsard,"  which  begins: 

Time  go^,  you  say?     Ah,  no! 
Alas!  Time  stays,  we  go; 

Or  else  were  this  not  so. 
What  need  to  chain  the  hours, 
For  youth  were  always  ours? 

Time  goes,  you  say?  —  ah,  no! 

3.  lame,  i.e.,  'tombstone.' 

Page  27.  —  i.  Cory  don,  a  fanciful  name  with  classical  reminis- 
cences (cf .  Virgil's  second  Eclogue)  which  Ronsard  gives  to  his  valet. 

2.  I'huis,  the  door. 

3.  rien,  in  a  positive  sense,  i.e.,  quelque  chose  (Latin  rem). 

4.  k  requoy,  in  peace. 

5.  si,  even  if. 

6.  Madame  Marguerite.  This  refers  to  the  second  of  the 
three  princesses  bearing  the  name  Marguerite  de  Valois  in  the 
sixteenth  century.  The  other  two  were  also  known  as  Mar- 
guerite de  Navarre,  one  being  the  famous  sister  of  Francis  I, 
poetess  and  writer  of  the  Heptameron,  the  other  being  the  first, 
wife  of  Henry  of  Navarre,  afterwards  Henry  IV.  This  Duchess 
of  Savoy  was  a  great  patroness  of  letters,  a  friend  of  Ronsard 
and  one  of  the  most  learned  women  of  her  day.  The  present 
poem  is  an  example  of  Ronsard's  heroic  Pindaric  odes  divided 
into  strophes,  antistrophes  and  epodes.  The  most  famous  is 
the  long  one  addressed  to  Michel  de  I'Hospital,  but  this  shorter 
one  will  serve  as  a  good  illustration  of  the  genre. 

Page  28.  —  i .  esselle  =  aisselle. 
Page  29.  —  i .  courage  =  coeur. 

2.  mettre  k  chef,  carry  out  ('bring  to  a  head'). 

3.  souloit,  was  wont. 

Page  30.  —  I.  voire,  indeed. 

2.  gist,  lies,  from  gesir,  a  defective  verb. 

3.  loz,  praise. 

Page  31.  —  I.  Horace.  Callimachus,  Pindar,  Horace,  ex- 
amples of  great  Greek  and  Latin  poets. 

2.  A  Cassandra.     On  the  motif  of  this  poem,  see  the  note  on 
the  sonnet  "Quand  vous  serez  bien  vieille,"  page  24.     J.  Vianey 


NOTES  107 

in  le  PHrarquisme  en  France  an  XVI"  siicle,  spcakinR  of  the 
imitation  of  the  Italian  strambottists  who  had  used  the  motif 
of  "cueillez  votre  jeunesse,"  says  (page  41,  note  i):  "Ai-je 
besoin  d'ajouter  que  ce  thdme  est  cclui  d'un  certain  nombrc  do 
pieces  de  rAnthologic  grccquc  et  qu'avant  d'avoir  tit  rcpris  par 
r^cole  de  Seraphin,  il  avait  inspir6  a  Politicn  une  admirable 
stance  (qui  est  probablement  la  source  principale  de  rodelcilc  dc 
Ronsard  Mignonne  allons  voir  si  la  rose) :  Deh,  non  insuperbir  per 
tua  belleza.  .  .  .  ?  "  The  poem  of  Ronsard  has  often  been  trans- 
lated into  English,  by  Andrew  Lang  among  others.  One  of  the 
best  versions  is  the  following  from  Underneath  the  Bough,  by 
George  Allan  England: 

Come  sweet,  away!     Come  sec  the  rose, 
Now  that  the  day  draws  near  its  close. 

See  whether  it  be  faded  grown  — 
Whether  at  evening  fall  away 
Those  leaves  that  opened  to  the  day, 

Or  dies  their  blush,  so  like  thine  own. 

Thou  seest,  dear  love,  its  beauties  pass, 
Its  wasted  petals  fall,  alas! 

In  one  short  hour.     It  may  not  bide. 
Unkind  in  truth  is  Mother  Earth, 
Since  dawn  gives  such  a  flower  its  birth 

And  Death  draws  near  at  eventide. 

So,  sweet  my  darling,  hear  my  voice, 
I  bid  thee  in  thy  youth  rejoice! 

Before  thy  fragile  petals  close 
Gather  thy  blossoms  whilst  thou  may. 
With  time  they  fall  and  lade  away 

As  droops  at  night  the  withered  rose. 

3.  vespree,  evening. 

4.  fleuronne,  is  in  its  flower. 

Page  32.  —  i.  Fontaine  Bellerie.  This  poem  is  Ronsard's 
equivalent  to  Horace's  ode  to  tl  e  Bandusian  spring  and  is  directly 
inspired  by  it.  The  Fontaine  Bellerie  was  a  spring  near  Ronsard's 
manor  of  La  Possonni^re  in  the  village  of  Couture. 

2.  Fuyantes.  In  the  sixteenth  century  the  present  participle 
was  usually  variable. 

3.  satjnreau,  diminutive  of  satyre. 


I08  NOTES 

Page  33.  —  i.  bestial  =  bStail.     Now  only  an  adjective. 

2.  jazarde,  adjective  connected  with  the  verb  jaser. 

3.  trepillante,  adjective  connected  with  trepiller,  **  frequentatif 
du  verbe  irepcr,  encore  usite  dans  le  centre  de  la  France  pour 
sauter"  (Mellerio,  Lexique  de  Ronsard). 

4.  Forest  de  Gastine.  The  forest  of  Gastine  was  near  the 
village  of  Montrouveau,  not  far  from  Couture.  Ronsard  is  ever 
singing  of  its  beauty.  Only  a  few  groves  are  left  to-day.  It 
must  not  be  confused  with  the  better  known  district  of  Gdtine 
in  Poitou.  Longfellow  translated  this  poem  in  his  Poems  of 
Places. 

5.  Erjrmanthe.  The  forests  on  Mount  Erymanthus  in  Arca- 
dia, where  Hercules  slew  the  Erymanthian  boar. 

Page  34.  —  i.  Arate.  Aratus,  a  Greek  poet  of  the  third  cen- 
tury B.C.,  author  of,  among  other  works,  the  Phaenomena,  an 
introduction  to  the  knowledge  of  the  constellations  with  the 
rules  for  their  risings  and  settings.  Belleau,  Ronsard's  fellow- 
member  of  the  Pleiade,  was  one  of  its  translators. 

2.  accrestre  =  accroUre. 

3.  Orque.  The  Romans  used  the  names  Orcus,  Dis  and 
Tartarus  as  synonymous  with  Pluto  or  Hades,  the  god  of  the 
Nether  World. 

4.  fier,  cruel  {Latin  ferus) . 

5.  Corydon,  cf.  page  27,  note  i. 

6.  tapon,  stopper. 

Page  36.  —  i.  pompons,  a  sort  of  white  melon. 

2.  Ores  que,  now  that. 

3.  L' Amour  motiille.  This  poem,  like  the  story  of  Love  and 
the  Bee  (page  39),  is  an  excellent  example  of  Ronsard's  Ana- 
creontism,  for  the  vogue  of  which  fashion  Henri  Estienne  was 
chiefly  responsible  (cf.  page  43,  note  5).  French  imitators  in 
the  sixteenth  century  of  this  particular  Anacreontic  poem  were, 
besides  Ronsard,  Belleau,  Olivier  de  Magny  and  Jean  Doublet. 
La  Fontaine  told  the  same  story  in  the  seventeenth  century. 
See  A.  Delboulle,  Anacreon  et  les  poemes  anacr eontiques ,  1891. 

4.  Robertet.  Fleurimont  Robertet,  a  friend  of  Ronsard  and 
Belleau. 

5.  Menelas.  Menelaus,  the  husband  of  Helen  who  was 
carried  off  by  Paris. 


NOTES  lOO 

6.  retraire,  give  hospitality  to  (Latin  rctrahere). 

Page  36.  —  I.  huy,  door. 

2.  turquois,  Turkish. 

Page  37. —  i.  empesche,  puzzled. 

2.  murmure,  incantation. 

Page  38.  —  i.  chef  =  tcte. 

2.  pemique  =  chcvcliirc. 

Page  39.  —  I.  L'Amour  et  I'abeUle.  This  poem,  like  V Amour 
mouille,  is  one  of  the  numerous  versions  of  an  Anacreontic  motlcl, 
itself  drawn  from  an  epigram  by  Theocritus.  There  arc  parallel 
renderings  among  sixteenth-century  French  poets  alone  by 
Belleau,  Baif,  Olivier  de  Magny,  Jean  Doublet  and  Richard 
Renvoisy.  A  burlesque  by  Binet  appeared  in  the  poems  com- 
posing the  Puce  of  Mme  des  Roches.  It  has  been  very  diffusely 
adapted  by  Spenser  in  English,  and  more  satisfactorily  by 
Herrick,  not  to  mention  Thomas  Moore's  translation. 

2.  avettes,  bees. 

Page  40.  —  I.  halesne  =  alene.  A  sharp  instrument  like  an 
awl;  here  =  'shaft.' 

2.  sagettes,  arrows. 

3.  arondelles  =  hirondelles. 

4.  cocus,  cuckoos. 

5.  tourtres,  turtledoves. 

6.  Ajaz.  When  Ajax  died,  from  his  blood  there  sprang  a 
purple  flower  bearing  the  letters  Ai  on  its  leaves,  which  were 
the  initials  of  his  name  and  expressive  of  a  sigh.  .According 
to  another  tradition,  this  flower  was  the  Greek  hyacinth,  a  sort 
of  iris  or  larkspur  with  markings  somewhat  as  suggested.  This 
flower  was  supposed  to  have  grown  from  the  blood  of  Hyacinthus, 
accidentally  killed  by  Apollo.  So  Drummond  of  Hawthorndcn, 
in  his  Tears  on  the  Death  of  Mceliades:  "O  Hyacinths,  for  ay 
your  AI  keep  still." 

7.  Narcisse.  Narcissus  fell  in  love  with  his  own  image  in  a 
fountain  and  pined  to  death,  when  his  body  was  transformed 
into  the  flower  bearing  his  name. 

Page  41.  —  I.  Au  prix  des,  compared  with  the. 

2.  lambninche,  vine. 

3.  drillants,  bustling,  from  the  old  verb  driller. 


no  NOTES 

Page  42.  —  i.  ny  =  nid. 

2.  devant  =  avant. 

Page  43.  —  i.  Daurat,  the  teacher  of  the  Pleiade. 

2.  Jodelle.     Etienne  Jodelle,  the  dramatist  of  the  Pleiade. 

3.  la  musine  troupe,  the  hand  fond  of  the  Muses. 

4.  pendre,  ofcr  (Latin  pendere). 

5.  Henry  Estienne.  The  great  humanist,  scholar  and  printer, 
whose  edition  in  1554  of  the  pseudo- Anacreontic  poems  caused 
such  a  sensation  in  the  world  of  letters. 

6.  teienne.  Anacreon  was  born  at  Teos,  an  Ionian  town  of 
Asia  Minor. 

Page  44.  —  i .  ouvrage,  cf .  Horace's  Exegi  monumcntum  acre 
pcrcnnhis. 

2.  a  I'heure,  at  that  time. 

3.  fatal ement,  hy  fate. 

4.  deux  harpeurs,  Pindar  and  Horace. 

Page  45.  —  i.  coudre  =  coWr/er.  —  ramee,  covered  with 
branches. 

2.  Teree.  Pandion,  king  of  Attica,  had  two  daughters, 
Philomela  and  Procne,  the  latter  of  whom  he  gave  in  marriage 
to  Tereus  as  a  reward  for  help  against  an  enemy.  Their  son 
was  Itys.  But  Tereus  fell  in  love  with  his  sister-in-law  Philo- 
mela. Procne  killed  her  child,  served  him  on  a  dish  to  Tereus, 
and  fled  with  her  sister.  When  he  pursued  them,  they  prayed 
to  be  changed  into  birds.  Procne  became  a  nightingale,  Philo- 
mela a  swallow,  and  Tereus  a  hoopoo. 

3.  Qu'ils  for  qti'elles. 

4.  doy  =  doigt. 

Page  46. —  i.  crespe,  wrinkled  (literally  'curled')- 
2.  Eglogues.  This  is  a  fragment  only  of  Ronsard's  first 
eclogue,  written  under  the  inspiration  of  poets  like  Theocritus, 
Virgil,  Sannazaro  and  Navagero.  The  eclogues  of  Ronsard 
were  destined  to  celebrate  court  functions,  and  the  shepherds 
and  shepherdesses  stand,  not  for  rustics,  but  for  princes  and 
princesses  of  the  royal  house.  No  criticism  was  ever  more  false 
than  that  of  Boileau  in  his  Art  poeiique  that  Ronsard  makes  his 
characters  speak  "comme  on  parle  au  village."  It  is  precisely 
what  they  do  not  do.  The  attraction  of  the  eclogues  lies  in 
many  descriptions  of  nature,  though  they  are  rather  bookish  in 


NOTES 


XIX 


character,  and  appeal  chiefly  to  those  already  fond  of  Ronsard's 
classical  models.  Cf.  F.  Torraca,  on  the  Imitatori  stranirri  di 
Jacopo  Sannazaro,  1882,  and  P.  Kuhn,  V Influence  nio-latine  dans 
les    iglogncs  dc  Ronsard,  in   Rev.  d'llisl.  litt.  de  la  France,  19 14. 

3.  Orleantin,  the  duke  of  Orleans,  brother  of  Charles  IX. 

Page  47.  —  I.  martelee,  spotted. 

2.  carquan,  necklace. 

3.  cesser,  to  ram;   now  only  intransitive,  to  butt. 

4.  abaye,  from  aboyer. 

Page  48.  —  i.  cleron  =  clairon. 

2.  prive,  tamed. 

3.  Angelot,  the  duke  of  Anjou,  brother  of  Charles  IX. 

4.  doute  =  redoute. 

Page  49.  —  i.  crouillet,  bolt. 

2.  Navanin,  the  king  of  Navarre,  afterwards  Henry  IV. 

Page  50.  —  I.  senestre,  left. 

2.  infante,  childish  (now  enfantin). 

3.  bouquin,  the  god  with  the  feet  of  a  goat. 

4.  Mort  =  mord  ('bites'). 

Page  61.  —  I.  houbelon  =  houblon. 

2.  Guisin,  the  duke  of  Guise. 

3.  Radoubant,  mending. 

4.  alesne,  awl. 

5'  SOYi  Ptuning-knife. 

6.  baillant  =  donnant. 

7.  nouds  =  nceiids. 

Page  52.  —  i.  mignotez,  smoothed. 

2.  panetiere,  pouch. 

Page  63.  —  i.  Margot.  Marguerite,  duchess  of  Savoy,  or 
Marguerite  de  Valois,  sister  of  Charles  IX. 

Page  64.  —  i.  A  son  &me.  The  two  poems  A  son  Ame  and 
Pour  son  tombeau  appear  in  Binet's  life  of  Ronsard.  The  former 
is  an  adaptation  of  verses  composed  by  the  emperor  Hadrian 
just  before  his  death,  as  told  by  Aelius  Spartianus  in  his  life  of 
Hadrian : 

Animula  vagula.  bbndub. 
Hospcs,  comcsquc  corporis, 
Quae  nunc  abibis  in  loca? 
Pallidula,  riitida.  nudub, 
Noc,  ut  soLm,  (bbii  j(Ka». 


112  NOTES 

The  quaint  charm  of  the  diminutives  is  copied  by  Ronsard, 
though  his  diminutives  express  rather  the  self-conscious  six- 
teenth-century mievrerie.  Dignity  is  quite  absent  from  Fon- 
tenelle's  version  in  his  Dialogues  des  Morts: 

Ma  petite  ame,  ma  mignonne, 

Tu  t'en  vas  done,  ma  fille?     Et  Dieu  sache  oil  tu  vasi 

Tu  pars  seulette,  et  tremblotante,  helasi 

Que  deviendra  ton  humeur  folichonne! 

Que  deviendront  tant  de  jolis  ebatsi 

The  verses  of  Hadrian  have  been  several  times  imitated  in 
English.     Prior  translated  them: 

Poor,  little,  pretty,  fluttering  thing, 

Must  we  no  longer  live  together? 
And  dost  thou  prune  thy  trembling  wing, 

To  take  thy  flight,  thou  knowst  not  whither? 
Thy  humorous  vein,  thy  pleasing  folly, 

Lie  all  neglected,  all  forgot; 
And  pensive,  wavering,  melancholy, 

Thou  dread'st  and  hop'st,  thou  knowst  not  what. 

Byron  wrote: 

Ah!  gentle,  fleeting,  wav'ring  sprite, 
Friend  and  associate  of  this  clayl 

To  what  unknown  region  borne, 
Wilt  thou  now  wing  thy  distant  flight? 
No  more  with  wonted  humor  gay, 

But  pallid,  cheerless  and  forlorn. 

In  the  Reliques  of  Father  Prout  we  find: 

Wee  soul,  fond  rambler,  whither,  say, 
Whither,  boon  companion,  fleest  away? 
Ill  canst  thou  bear  the  bitter  blast  — 
Houseless,  unclad,  affright,  aghast; 
Jocund  no  more!  and  hush'd  the  mirth 
That  gladden 'd  oft  the  sons  of  earth! 

Alexander  Pope  wrote  in  the  Spectator  of  Nov.  lo,  171 2:  "I 
was  the  other  day  in  company  with  five  or  six  men  of  some 
learning;  when,  chancing  to  mention  the  famous  verses  which 
the  emperor  Adrian  spoke  on  his  death-bed,  they  were  all  agreed 
that  it  was  a  piece  of  gaiety  unworthy  that  prince  in  those  cir- 
cumstances. I  could  not  but  dissent  from  this  opinion.  Me- 
thinks  it  was  by  no  means  a  gay  but  a  very  serious  soliloquy  to 


NOTES  113 

his  soul  at  the  point  of  his  departure:  in  which  sense  I  naturally 
took  these  verses  at  my  first  reading  them,  when  I  was  very 
young,  and  before  I  knew  what  interpretation  the  world  generally 

put  upon  them." 


JOACHIM    DU   BELLAV 

Joachim  du  Bellay  (1522?-! 560)  was  the  chief  poet  of  the 
P16iade  after  Ronsard  and  the  author  of  its  manifesto,  the  Di- 
jense  et  Illustration  de  la  langue  JratiQaise.  His  poetry  is  char- 
acterized by  tender  sentiment  and  by  keen  satire.  He  has 
more  than  any  of  his  contemporaries  a  personal  touch,  the 
quality  of  intimity  as  Sainte-Beuve,  echoed  by  Walter  Paler, 
calls  it.  He  is  one  of  the  truest  poets  of  his  century.  The 
modern  editions  of  Du  Bellay's  French  works  are  by  Marly- 
Laveaux,  and  (a  less  satisfactory  one)  by  L^on  S6ch6.  A  new 
and  scholarly  edition  is  in  course  of  publication  for  the  Sociiti 
des  textes  Jranqais  modernes  by  H.  Chamard.  The  same  writer 
is  the  author  of  the  standard  study  of  Du  Bellay's  life  and 
works.  

Page  56.  —  i.  aelez  =  aiUs. 

2.  modes.  Not  'fashions,'  but  modes  (of  music),  a  word  now 
masculine  in  French. 

3.  Thebain  archer,  Cadmus,  the  founder  of  Thebes. 

4.  sajettes,  arrows. 

5.  Angevines.  Du  Bellay  is  as  fond  of  Anjou  as  Ronsard  b 
of  his  district  of  Venddmois. 

6.  faix,  weight. 

7.  Si  nostre  vie,  etc.  Contrast  the  idealism  of  this  lovc-sonnct 
with  the  tone  of  Marot's  Bon  vieux  temps  (page  13).  This 
poem  expresses  the  sixteenth-century  poetic  Platonism  so  popular 
with  the  poets  of  the  time.  Critics  since  Saintc-Bcuvc  have 
pointed  out  the  coincidence  in  thought  between  this  i>ocm  and 
Lamartine's  Isolement: 

Mais  peut-4tre  au  deli  dcs  borncs  de  &a  sphirc, 
Lieux  oil  le  vrai  solcil  dcl.iirc  d'autrcs  cicux, 
Si  je  pouvais  laisser  m.i  d^pouillc  ^  la  terre, 
Ce  que  j'ai  tant  rfiv^  paraltrait  i  moi  ycuxl 


I 14  NOTES 

"Lh,  je  m'enivrerais  a  la  source  oh  j 'aspire; 
La,  je  retrouverais  et  I'espoir  et  I'amour, 
Et  ce  bien  ideal  que  toute  ame  desire, 
Et  qui  n'a  pas  de  nom  au  terrestre  sejour! 

There  is  something  of  this,  too,  in  Alfred  de  Vigny:  "Pendant 
que  Victor  Hugo  cultivait  I'ode,  I'elegie,  la  ballade,  Sainte- 
Beuve  ressuscitait  le  sonnet,  et  Vigny  chantait  I'amour  mystique 
et  platonique  k  I'exemple,  sinon  sur  le  mode,  de  Maurice  Sceve 
et  de  Joachim,  car  Eloa  est  la  fille  spirituelle  de  Delie  et  de 
VOlive,  et  nous  savons  par  Auguste  Barbier  que  Vigny  apprit  k 
lire  et  a  penser  dans  les  oeuvres  poetiques  de  Joachim."  — 
L.  Sech6,  in  his  edition  of  Du  Bellay's  Defense,  page  227.  This 
poem  of  Du  Bellay  is  itself  a  close  imitation  of  an  Italian 
original  by  Bernardino  Daniello,  beginning: 

Se  1'  viver  nostro  h  breve  oscuro  giomo 

Press'  a  1'  etemo,  e  pien  d'  affanni  e  mali,  etc. 

Page  57.  —  i.  emip&neey  feathered. 

2.  Antiquites.  The  melancholy  of  ruins  has  long  been  a 
familiar  motif  in  literature.  Often  they  are  used  to  illustrate  the 
evanescence  of  human  grandeur;  often,  especially  in  the  poets, 
they  express  the  pleasurable  sorrow  of  brooding  contemplation. 
The  romantic  poets  have  in  particular  played  upon  this  motif, 
and  Du  Bellay  in  this,  as  in  many  other  respects,  anticipates 
the  modern  romanticists.  So,  in  the  Antiquites  he  reflects  on 
the  instability  of  grandeur  and  glory.  There  is  a  famous  and 
often  quoted  letter  from  Servius  Sulpicius  Rufus  to  Cicero  on 
the  death  of  the  latter's  daughter  Tullia  and  included  in  Cicero's 
correspondence.  In  this  letter  Sulpicius  Rufus  describes  sailing 
along  the  coast  of  Attica  and  drawing  a  lesson  from  the  vision  of 
many  ruined  cities  once  so  great  and  powerful.  In  the  third 
chapter  of  John  Addington  Symonds'  Revival  of  Learning  will 
be  found  some  interesting  comments  on  the  effect  of  the  ruins  of 
ancient  Rome  on  Petrarch,  Poggio  Bracciolini,  those  of  Baiae 
on  Boccaccio  in  the  Fiammetta,  of  Cumae  on  Sannazaro,  of  the 
ancient  sites  of  Italy  on  Aeneas  Sylvius  Piccolomini.  Says 
Georges  Pellissier  in  Petit  de  Julleville's  Histoire  de  la  litera- 
ture frangaise  (Vol.  Ill,  p.  196)  speaking  of  the  Antiqtiites:  "Le 
poete  y  exprime  pour  la  premiere  fois  dans  notre  langue  cette 


NOTES  115 

podsie  des  ruines,  que  nous  ne  rctrouvcrons  plus  au  XVII*  sidcle, 
sinon  peut-^tre  chcz  quelque  disciple  attardd  dc  la  PU-iadc 
[as  in  the  Solitude  of  Saint-Amant],  et  que  nous  rendra  Ic  ro- 
mantisme  avec  Chateaubriand  et  Lamartinc."  So  one  miRht 
mention  almost  at  random  for  different  phases  of  the  influence 
of  ruins,  Gibbon  planning  amid  the  ruins  on  the  Capitoline 
Hill  the  history  of  the  Decline  and  Fall,  the  Ruines  of  Volncy, 
the  sentiment  of  Mme  de  Stael's  Corinne,  Byron,  etc. 

3.  Sacrez  costaux,  etc.  This  sonnet  is  translated  from  an 
Italian  one  by  Baldassare  Castiglione,  author  of  the  Corlcgiano 
(cf.  Revue  d'Hist.  litt.  dc  la  France,  Vol.  I.  p.  97),  beginning: 

Superbi  colli,  e  voi  sacre  mine, 
Che  M  nome  sol  di  Roma  anchor  tenete; 
Ahi  che  reliquie  miserandc  havcte 
Di  tante  anime,  ccccLsc  c  pcllcgrinci 

4.  atterre,  brings  to  the  ground. 
Page  68.  —  i.  arene,  sand. 

2.  Qui  a  veu,  etc.     Sonnet  imitated  from  Lucan's  Pharsalia, 

I.  136-143- 

3.  torte,  twisted. 

4.  poix  =  poids. 

Page  59.  —  i.  Les  Regrets.  In  the  Regrets  the  meditative 
spirit  of  Du  Bellay  among  the  ruins  of  Rome  has  changed  to 
homesickness  for  France,  and  especially  for  his  native  Anjou. 
His  Regrets  are  like  the  Tristia  of  Ovid,  and  he  feels,  like  Ovid, 
an  exile  from  home.  So  he  looks  with  repulsion  on  the  new 
Rome  and  satirizes  its  corruption. 

2.  Grecs,  cf.  Horace,  Dc  arte  poclica,  U.  268-269: 

Vos  cxcmplaria  Gracca 
Nocturna  vcrs;itc  mami,  vcrsalc  diuma. 

3.  la  moitie  de  mon  ame,  cf.  the  Laiin  Animac  dimidium 
meae,  as  Horace,  Odes,  I.  iii.  8. 

Page  60.  —  I.  raiz  =  rayons. 

2.  querelle,  complaint. 

Page  61.  —  I.  Ce  pendant  que,  etc.  Olivier  dc  Magny  was  in 
Italy  in  the  train  of  d'Avanson;  Panjas,  a  minor  poet  and  author 
of  French  and  Latin  verses,  accompanied  the  Cardinal  dc  Lorraine 
or  the  Cardinal  de  Chiitillon;    Du  Bellay  was  secretary  of  hi^ 


Il6  NOTES 

kinsman  the  Cardinal  du  Bellay.     The  sonnet  is  addressed  to 
Ronsard. 

2.  I'heur  =  le  honheur. 

3.  Henry,  King  Henry  II. 

4.  Of  this  sonnet  Sainte-Beuve  says,  in  the  Nouveaux  Lundis 
(Vol.  XIII) :  "  Je  ne  sais  point  de  plus  beau  sonnet  en  ce  genre 
616giaque  que  le  seizieme  des  Regrets,  et  qui  paralt  adresse  a 
Ronsard.  Du  Bellay  y  met  en  contraste  I'heureux  poete  qui 
brille  et  fleurit  en  Cour  de  France  et  les  trois  exil6s,  Magny, 
Panjas  et  lui-m6me,  qui,  pour  s'etre  attaches  a  d'illustres  pa- 
trons, sont  comme  relegues  et  echoues  au  loin  sur  les  bords  du 
Tibre.  .  .  .  Cette  image  des  trois  poetes,  compares  k  trois 
cygnes  arranges  flanc  a  flanc  et  exhalant  leur  ^me  dans  leur 
chant  supreme,  m'a  rappel6  un  beau  passage  du  Genie  du  Chris- 
tianisme,  les  deux  cygnes  de  Chateaubriand.  .  .  .  M^me  apres 
le  trait  de  pinceau  de  cette  imagination  merveilleuse,  meme 
apres  le  Poete  mourant  de  Lamartine,  ou  la  similitude  du  cygne 
est  le  motif  dominant,  le  sonnet  du  Du  Bellay  peut  se  relire." 

5.  Malheureux,  etc.     A  recollection  of  Petrarch: 

Benedetto  sia  '1  giorno,  e  '1  mese,  e  1'  anno, 
E  la  stagione,  e  '1  tempo,  e  1'  ora,  e  'I  punto, 

(Sonnet  XLVIl) 

This  passage  of  Petrarch  Christine  de  Pisan  also  has  in  mind, 
when  she  says: 

Benoite  soit  la  joum6e, 

Le  lieu,  la  place  et  demeure,  etc. 

(Roy  edition,  Vol.  III.  p.  158) 

Page  62.  —  i.  Thuis,  the  door. 

2.  cestuy  la,  i.e.,  Jason. 

3.  usage,  experience. 

4.  Lyre.  Du  Bellay  was  born  in  the  little  village  of  Lire  in 
Anjou  (cf.  la  doulceiir  angevine)  on  the  southern  bank  of  the  Loire. 

5.  This  sonnet  is  perhaps  the  most  famous  poem  of  Du  Bellay. 
It  is  justly  praised  for  its  sentiment  and  love  of  home  (cf .  Chateau- 
briand's "  Combien  j'ai  douce  souvenance,"  etc.)  and  the  vivid 
touch  of  the  exiled  poet  seeing  in  memory  the  smoke  curling 
above  the  slate  roofs  of  his  Anjou  home.  The  allusion  to  the 
smoke  is  found  even  in  antiquity.  Du  Bellay's  poem  is  a  render- 
ing into  French  of  one  of   his  own  Latin  compositions,   from 


NOTES  Iiy 

which  some  lines  are  here  inserted  to  show  the  superiority  of 
the  French: 

Felix,  qui  mores  multorum  vidit.  et  urbcs, 

Sedibus  et  potuit  conscnuisse  suis. 
Ortus  quaeque  suos  cupiunt,  externa  placeotque 

Pauca  diu,  repetunt  et  sua  lustra  ferae. 
Quando  erit,  ut  notae  fumantia  culmina  vilbe, 

Et  videam  regni  iugera  parva  mei? 
Non  septemgemini  tangunt  mea  pcctora  Colics, 

Nee  retinet  sensus  Tybridis  sensus  mcos. 
Non  mihi  sunt  cordi  veterum  monumcnta  Quint  dm. 

Ncc  statuae,  nee  mc  p'cta  tabclla  iuvat; 
Non  mihi  Laurentes  nymphae,  sylvaeque  virentes, 

Nee  mihi,  quae  quondam,  florida  rura  placeoL 

6.  caute,  cautious. 

Page  63.  —  i.  Thudesque,  German. 

2.  Palais,  the  Vatican. 

3.  tabourin  =  tamhourin. 

4.  troppe  =  troupe. 

5.  Paschal.  Pierre  de  Paschal,  historiographer,  friend  of 
Ronsard  and  the  Pl^iade. 

Page  64.  —  i.  Of  this  poem  Sainte-Bcuve  {op.  cit.)  says: 
*'  II  a  des  peintures,  des  esquisses  prises  sur  le  fait  et  au  naif,  dc 
la  Rome  moderne,  de  la  Rome  papale  et  cardinalcsque.  Arriv6 
sous  le  pontifical  reUchd  et  dissolu  dc  Jules  III,  il  vit  Marcel 
II,  qui  ne  r^gna  que  vingt  et  un  jours.  II  6tait  aux  premieres 
loges  pour  decrire  un  conclave;  il  nc  s'en  fait  faute,  ct  Ton  a  en 
quatorze  vers  la  r6alit6  mouvante  du  spectacle,  la  brigue  k  huis 
clos,  les  bruits  du  dehors,  les  fausses  nouvcUes,  Ics  (>aris  engag6s 
pour  et  contre." 

2.  gouvemer,  converse  with. 

3.  Morel.  Jean  de  Morel  of  Embrun,  a  patron  of  men  of 
letters  and  one  of  Du  Bellay's  most  intimate  friends. 

Page  65. —  i.  grave  sourci,  solemn  brow. 

2.  soubriz,  smile. 

3.  Messer  non,  no,  sir  (Ital.). 

4.  E  cosi,  //  is  so. 

5.  son  Servitor'  =  sono  scrvilore,  '  I  am  your  servant.' 

6.  Seigneuriser,  pay  honor. 

7.  Sainte-Beuve  (op.  cit.)  says:  "Ccttc  vie  qui  s'usc  en  sima- 
gr6es,  en  c6r6monies,  en  visitcs,  en  faux  scmblants,  irouve  en 


Il8  NOTES 

Du  Bellay  son  dessinateur  a  la  plume.  II  nous  rend  a  merveille 
le  fin  mot  de  cette  Cour  romaine  du  XVI^  siecle,  ce  qui  la  dis- 
tingue en  general  des  autres  Cours  par  son  caractere  de  douceur, 
de  finesse  et  de  ruse." 

Page  66.  —  i.  j'ahanne,  /  toil.  Obsolete  verb  of  uncertain 
etymology. 

,2.  This  i^  a  very  famous  poem,  more  than  once  translated 
by  English  writers,  including  Andrew  Lang  in  his  Ballads  and 
Lyrics  of  Old  France.  Du  Bellay  himself  had  adapted  it  from 
a  Latin  poem  by  the  Italian  neo-Latin  poet  Navagero  (Naugerius). 

VOTA   AD   AURAS 

Aurae,  quae  levibus  percurritis  aera  pennis, 
Et  strepitis  blando  per  nemora  alta  sono, 

Serta  dat  haec  vobis,  vobis  haec  rusticus  Idmon 
Spargit  odorato  plena  canistra  croco. 

Vos  lenite  aestum  et  paleas  seiungite  inanes, 
Dutn  medio  fruges  ventilat  ille  die. 

Page  67. —  i.  Dialogue  d'un  amoureux  et  d'Echo.     The  echo 

song  was  a  favorite  device  in  the  poetry  of  the  Renaissance. 
Numerous  examples  are  found  in  Italian  literature,  whence  it 
was  taken  by  the  French  of  the  sixteenth  and  seventeenth  cen- 
turies. This  poem  of  Du  Bellay  is  said  to  be  the  first  echo  song 
in  French. 

JEAN-ANTOINE   DE   BAIF 

Jean-Antoine  de  Baif  (153 2-1 589)  was  a  voluminous  writer 
but  has  often  been  scorned  as  the  pedant  of  the  Pleiade.  This 
verdict  is  unfair,  yet  a  large  selection  from  Baif  is  unneces- 
sary, because  one  finds  in  him  little  that  is  not  in  Ronsard  or 
Du  Bellay.  He  was  much  interested  in  reformed  spelling  and 
in  metrical  experiments.  The  second  extract  is  a  specimen  of 
these  experiments.  The  only  complete  modern  edition  of 
Baif  is  the  rare  and  expensive  one  by  Marty-Laveaux.  The 
authoritative  study  of  Baif  is  by  Mathieu  Auge-Chiquet,  1909. 


Page  68.  —  i.  Miel,  see  page  39. 

2.  drois,  stings. 

3.  Depit  =  depit6,  '  vexed.* 


NOTES  119 


4.  orine,  golden.  —  Cytere,  Venus. 

5.  mingrelette,  puny. 

Page  69. —  i.  aronde  =  hirondeUe. 

2.  affutes,  prepared. 

3.  Teree,  cf.  page  45,  note  2. 


REMY   BELLEAU 

There  is  not  much  to  be  said  conccminR  Rcmy  Belleau  (1526 
or  7-1577).  He  was  a  member  of  the  P16iade  and  an  intimate 
friend  of  Ronsard.  He  translated  with  success  the  Anacreontic 
collection,  and  wrote  among  other  verses  descriptions  of  precious 
stones,  the  Pierrcs  precietises,  and  the  Bergerie  in  prose  and 
verse  (from  which  the  following  extract  is  taken).  Bellcau  was 
a  graceful  writer,  "le  gentil  Belleau."  There  is  no  detailed  study 
of  Bellcau  in  French.  In  German  there  is  H.  Wagner,  Remy 
Belleau  und  seine  Werke,  1890.  The  two  modern  editions  of 
his  works  are  by  A.  Gouverneur,  3  vols.,  1867,  and  by  Marty- 
Laveaux,  2  vols.,  187 7-1878. 


Page    70. —  I.  Avril.     This    poem    has    been    translated    by 
Andrew  Lang  in  his  Ballads  and  Lyrics  of  Old  France. 

2.  pers,  blue. 

3.  selle  =  aile. 

4.  es,  in  the. 

5.  embasmant  =  embaumant. 
Page  71.  —  I.  Cypris,  Venus. 
Page  72. —  i.  croupi,  smouldering. 

2.  mussent,  hide. 

3.  celle.  i.e.,  Venus  or  Aphrodite. 


OLIVIER    DE   MAGNY 

Olivier  de  Magny  (i529?-is6i)  was  born  at  Cahors  in  Quercy, 
the  home  of  Clement  Marot.  He  lived  for  a  time  in  Italy  as 
secretary  of  the  French  envoy  Jean  d'Avanson  and  was  the 
friend  there  of  Du  Bellay,     Many  of  their  Roman  sonnets  deal 


I20  NOTES 

with  similar  subjects.  Olivier  de  Magny  is  one  of  the  very 
best  of  the  minor  poets  of  the  school  of  the  Pl^iade,  He  has 
ease,  wit,  grace,  sentiment.  Some  of  his  verses  are  among  the 
best  reproductions  of  the  spirit  of  Horace  that  we  find  in  six- 
teenth-century poetry.  The  biography  of  Olivier  de  Magny 
is  by  J.  Favre,  1885,  and  the  standard  edition  of  his  poems  is 
by  Courbet,  6  vols.,  1871-1881.  See  also  L.  E.  Kastner  in 
Modern  Philology,  1909,  on  The  Sources  of  Olivier  de  Magny^s 
Sonnets. 

Page  73.  —  i.  Bien  heureux,  etc.  This  poem  is  on  the  motif 
of  Beatus  ille  qui  procul  negotiis. 

2.  L'hyver,  etc.  This  poem  is  on  the  motif  of  Horace's  Solvitur 
acris  hiemps. 

3.  Girard.  Jean  Girard  of  Le  Mans,  a  friend  of  various 
members  of  the  Pleiade. 

4.  chef  =  tete. 

5.  Philomene.  Progne  and  Philomene  are  the  nightingale 
and  the  swallow. 

Page  74.  —  i.  Hola,  Charon,  etc.  This  was  one  of  the  most 
successful  poems  of  the  sixteenth  century  and  was  set  to  music 
by  Orlande  de  Lassus  (1567).  It  is  taken  almost  literally  from 
a  stramhotto  by  Marc'  Antonio  Magrio.di  Santa  Severina.  See 
J.  Vianey  in  Revue  d^Hist.  litt.  de  la  France,  1905,  p.  467. 


JEAN   PASSERAT 

Jean  Passerat  (i  534-1602)  was  a  scholar  and  professor,  a 
political  satirist  and  collaborator  in  the  Satire  Menippee,  no 
less  than  a  sprightly  poet.  His  vein  is  the  esprit  gatdois  of 
Marot  or  Rabelais,  or  again  he  expresses  some  pretty  little 
sentiment.  In  spite  of  his  rubicund  face  and  his  jovial  satire, 
he  was  in  reality  a  man  of  judicious  discernment  and  of  high 
standards  of  taste.  The  modern  edition  of  Passerat's  French 
verse  is  edited  by  P.  Blanchemain,  2  vols.,  1880.  There  is  no 
good  French  study.  In  German  there  is  Jean  Passerat,  sein 
Leben  und  seine  Personlichkeit  by  E.  von  Mojsisovics,  Halle, 
1907. 


NOTES 


121 


Page  76. —  I.  May.  This  poem  has  been  lranslatc<l  by 
Andrew  Lang  in  his  Ballads  and  Lyrics  of  Old  France.  For  the 
motif,  cf.  page  31. 

Page  77.  —  i.  tabourins,  drums. 

2.  ectique  =  aiquc;    cf.  English  'hectic.' 

Page  78.  —  i.  poise  =  pise,  from  pcscr. 

AIESDAMES   DES    ROCHES 

The  dames  des  Roches,  the  mother  Madeleine  des  Roches 
and  her  daughter  Catherine,  were  two  intellectual  ladies  of 
Poitiers.  They  may  almost  be  said  to  have  had  a  sort  of  literary 
salon,  frequented  by  clever  men  who  admired  them.  They  Ixjlh 
died  of  the  plague  on  the  same  day  in  1587.  This  little  j)ocm, 
an  example  of  distaff  literature  (cf.  Theocritus,  Idyll  XXVIII) 
is  a  pretty  trifle.     It  is  usually  attributed  to  the  daughter. 


AGRIPPA    D'AUBIGXC 

Theodore  Agrippa  d'Aubign6  (155 2- 1630)  was  a  Huguenot 
warrior-poet  and  a  vigorous  prose  writer  as  well.  His  early 
lyrics  are  under  the  inspiration  of  the  Pleiade.  His  fame  rests, 
however,  rather  on  the  Tragiqucs,  a  passionate  religious  and 
satirical  epic  on  the  contemporary  wars  of  religion.  Its  violent 
rhetoric  contains  many  striking  passages.  To  dWubignf,  Cathe- 
rine de'  Medici  is  largely  responsible  for  the  woes  of  France. 
His  chief  prose  works  are  an  autobiography,  an  llistoire  uni- 
verselle  (of  the  religious  wars)  and  the  satirical  Avcntttres  du 
baron  dc  Fcencstc.  The  latest  biographer  of  Agrip()a  d'.Xubignc^ 
is  S.  Rochebhive  (two  works,  u)io  and  i(>i.').  The  standard 
edition  of  his  works  is  by  Reaumc.  de  Caussade  and  I.egnut-z 
(6  vols.,  1873-1892),  except  the  llistoire  universctle,  edile<l  for  the 
Soci6t^  de  I'liisloirc  de  France  by  A.  de  Ruble,  9  vols.,  1886-1897. 


Page  80.  —  I.  abaye  =  mis  aux  abois. 
2,  ma  jeimesse.     Cf.  .Alfred  de  Mussct: 

Cc  livrc  est  toute  tna  jeuncsse; 
Jc  I'ai  f;iil  sans  prcsquc  y  iongcr. 
II  y  p-iralt,  jc  Ic  confr^-^. 
El  j'aurais  pu  Ic  corrigcr. 


122  NOTES 

Mais  quand  I'homme  change  sans  cesse, 
Au  passe  pourquoi  rien  changer? 
Va-t'en,  pauvre  oiseau  passager; 
Que  Dieu  te  mene  a  ton  adressel 

Qui  que  tu  sois.  qui  me  liras, 
Lis-en  le  plus  que  tu  pourras, 
Et  ne  me  condamne  qu'en  somme. 

Mas  premiers  vers  sont  d'un  enfant, 
Les  seconds  d'un  adolescent, 
Les  derniers  a  peine  d'un  homme. 

Page  81.  —  I.  Jesabel,  Catherine  de'  Medici. 

2.  Dues,  the  Medici  rulers  at  Florence. 

3.  rabatus.  Irregular  agreement  of  past  participle,  accord- 
ing to  modern  rules.  D'Aubigne  often  makes  the  past  participle 
conjugated  with  avoir  agree  with  its  object  even  when  it  follows. 

4.  poison,  often  feminine  in  the  sixteenth  century. 

•   Page  82. —  i.   estranger,  adjective  referring  to  sang. 


DU   BARTAS 


Guillaume  de  Saluste,  seigneur  du  Bartas  (i 544-1 590),  was  a 
Huguenot  writer  of  strong  moral  and  religious  convictions,  who 
planned  and  partly  wrote  a  great  religious  and  epic  treatment 
of  the  Creation  and  the  history  of  humanity.  La  Semaine 
deals  with  the  creation  of  the  world,  and  the  unfinished  Seconds 
Semaine  was  to  continue  the  story  of  civilization.  Du  Bartas 
ranked  very  high  among  his  contemporaries  and  his  reputation 
spread  over  all  Europe.  Joshua  Sylvester's  translation  caused 
him  to  become  an  influence  in  England,  where,  it  has  been 
held,  Milton  found  in  him  the  idea  of  Paradise  Lost.  In  his  own 
country  Du  Bartas  soon  fell  into  disfavor  because  he  was  a 
Protestant  and  because  of  certain  eccentricities  of  style  which 
made  him  appear  ridiculous  to  the  disciplined  classicists.  There 
is  no  modern  complete  edition  of  Du  Bartas.  The  standard 
literary  and  biographical  study  is  by  Georges  Pellissier,  la  Vie 
et  les  (Euvres  de  Du  Bartas,  1883. 


Page    83.  —  i.  fcienheureux.     This    passage    is    one    of    the 
numerous  examples  in  the  sixteenth  century  of  the  motif  dealing 


NOTES  123 

with  the  happiness  of  rustic  life,  such  as  may  be  found  in  the 
Hippolytus  of  Seneca,  in  Virgil's  O  forlunatos  nimium,  sua  ti 
bona  norint,  A gr kolas,  or  in  Horace's  Bcatus  iUe  qui  procul 
ne  got  lis. 

2.  emprises  =  cntrc prises. 

3.  Gregeois  =  grcc. 

4.  gobeau  =  gobekt. 

5-  Neree.  The  name  of  the  sea-god  Nercus  is  used  for  the 
sea  itself. 

6.  cercher  =  chcrchcr. 

Page  84.  —  i.  jonc  de  Chus,  the  Ethiopian  reed,  the  seed  of 
which  was  supposed  to  be  a  narcotic.  Chus  is  the  Biblical 
Cush,  son  of  Ham  and  father  of  the  Ethiopians. 

2.  Mecene.  Maecenas,  the  great  Roman  patron  of  letters 
of  the  Augustan  age,  is  said  to  have  whilcd  away  the  suflcring 
of  the  last  three  years  of  his  life  with  music.  Lcs  tons  arc  the 
sounds  (of  music). 

3.  entrecassez,  broken. 

4.  empennache,  crested. 

Page  85. —  i.  Sardanapale  .  .  .  Thersite  .  .  .  Adon.  Sar- 
danapalus,  the  eflfeminate  Assyrian  king;  Thersitcs.  the  ugliest 
and  most  deformed  Greek  at  the  siege  of  Troy;  Adonis,  the 
beautiful  youth  loved  by  Venus. 

2.  Alceste  .  .  .  Flore.  Alcestis,  the  faithful  wfc  of  Admetus, 
who  died  to  save  her  husband  from  death  when  he  had  neglected 
to  offer  a  sacrifice  to  Artemis.  Of  Flora  a  baseless  legend  said 
she  was  a  Roman  courtesan  who  had  amassed  a  fortune  which 
she  bequeathed  to  the  people  on  condition  that  she  be  honore<l 
by  the  annual  festival,  the  Floralia.  To  give  the  praise  of  .M- 
cestis  to  Flora  is  equivalent  to  praising  a  prostitute  for  her 
virtue. 

3.  manches,  nets. 

4.  I'heur  =  k  bonheur. 

5.  caimandent  =  qutmandcr.t . 

6.  S  boutees,  by  fits  and  starts. 

7.  Gimone  .  .  .  Sarrapin,  streams  near  the  chiktcau  of 
Bartas. 

8.  sans  nul  destourbier,  without  being  disturbed. 
Page  86.  —  i.  rond,  straight  forward. 


124  NOTES 


PHILIPPE   DESPORTES 

Philippe  Desportes  (i 542-1606)  was  the  most  popular  poet 
of  the  second  half  of  the  sixteenth  century,  becoming  in  the 
Italianized  court  of  Henry  III  a  greater  favorite  than  Ronsard. 
He  illustrates  the  poetic  development  which,  dropping  classical 
inspiration,  turned  towards  Italian  Petrarchism  and  the  con- 
ceits of  the  inferior  contemporary  Italian  Petrarchists.  His 
poems,  read  in  small  numbers,  are  often  pretty  and  sweet,  but 
they  tend  to  become,  in  abundance,  artificial  and  mannered. 
The  modern  edition  of  Desportes  is  by  Alfred  Michiels,  1858. 
There  have  been  numerous  articles  or  chapters  on  separate 
points  concerning  Desportes,  his  models  and  his  imitators  by 
Flamini,  Kastner,  Joseph  Vianey,  etc.,  but  there  is  no  separate 
study  of  him. 


Page  87.  —  i.  Icare.  Daedalus  and  his  son  Icarus  fastened 
wings  to  themselves  with  wax  and  tried  to  fly  over  the  Aegean 
sea.  Daedalus  was  successful,  but  Icarus  went  too  near  the 
sun,  so  that  the  wax  melted  and  he  fell  into  that  part  of  the 
Aegean  known  as  the  Icarian  sea. 

2.  Sommeil,  etc.  This  sonnet  is  the  source  of  Samuel  Daniel's 
"  Care-charmer  Sleep,  son  of  the  sable  Night."  Sleep  was  a 
frequent  theme  of  Renaissance  poets  in  Italy,  France,  and 
England.  "The  admirable  epithet  'care-charmer,'  as  well  as 
the  description  of  sleep  as  *  brother  of  death '  which  Daniel  bor- 
rowed from  Desportes  is  ultimately  of  Greek  origin.  Meleager 
in  the  Greek  Anthology  (Pal.  xii.  127)  sings  of  \vcriTrovos  wrvos. 
Homer  and  Hesiod  both  called  sleep  '  brother  of  death.'  Such 
imagery  was  thoroughly  naturalised  in  France.  Very  numerous 
instances  of  its  employment  could  be  given  from  the  Pleiade 
writers."  —  Sidney  Lee,  Elizabethan  Sonnets,  Introd.,  p.  Ux. 
See  the  same  work  for  specific  references  to  Ronsard,  Baif, 
Pierre  de  Brach  and  Desportes'  Priere  au  Sommeil:  "Somme, 
doux  repos  de  mes  yeux."  See  also  Drummond  of  Hawthornden's 
"  Sleepe,  Silence  Child,  sweet  Father  of  soft  Rest "  and  L.  E.  Kast- 
ner's  edition  of  Drummond  of  Hawthornden  (Vol.  I.  p.  168) 
for  references  to  the  Italian  Delia  Casa  and  to  Drummond's 


NOTES  125 

own  model,  a  sonnet  by  Marino,  O  del  SUentio  figlio,  e  della 
Nolle. 

3.  j'ards  =  je  brUle. 

Page  88.  —  i.  Rozette,  etc.  This  is  a  graceful  little  rillanelU 
which  the  due  de  Guise  is  said  to  have  been  humming  just  be- 
fore he  was  murdered  at  the  instigation  of  Ilcnry  III.  .X^rippa 
d'Aubigne  wrote  a  poem  in  answer  to  this  one,  beginning: 

Bergen  qui  pour  un  peu  d'abseooe 

Avez  le  cueur  si  tost  change, 

A  qui  aura  plus  d'inconstancc 

Vous  avez,  ce  croi'  jc.  gaRc, 

L'un  leger  et  I'autre  legcrc, 

A  qui  plus  volage  sera: 

Le  berger  commc  la  bcrgere 

De  changer  se  repcntira. 

Page  90.  —  I .  Moete  =  moile. 
2.  fors  que,  except. 

Page  91. —  I.  Je  verray,  etc.  Compare  this  poem  with 
Ronsard's  famous  sonnet  to  Helen,  page  24. 


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Labiche's  La  Poudre  aux  Yeux  (Wells).     Vocabulary.    30  cts. 
Labiche's  Le  Voyage  de  M.  Perrichon  (Wells).     Vocab.  and  exs.     30  cts. 
Laboulaye's  Contes  Bleus  (Fontaine).     Vocabulary.     35  cts. 
La  Main  Malheureuse  (Guerber).     Vocabulary.     25  cts. 
Laurie's  Memoires  d'un  Collegien  (Super).     Vocab.  and  exs.     50  cts. 
Legouve  and  Labiche's  Cigale  chezles  Fourmis  (Witherby).     20  cts. 
Lemaitre,  Contes  (Rensch).     Vocabulary.     30  cts. 
Mairet's  La  TSche  du  Petit  Pierre  (Super).     Vocab.  and  exs,     35  cts. 
Maistre's  La  Jeune  Sib6rienne  (Fontaine).     Vocab.  and  exs.    30  cts. 
Malot's  Sans  Famille  (Spiers).     Vocabulary  and  exercises.    40  cts. 
Meilhac  and  Halfivy's  L'Ete  de  la  St.  Martin  (Francois)     Vocab.  25  cts. 
Moinaux's  Les  deux  Sourds  (Spiers).     Vocabulary.     25  cts. 
Muller's  Grandes  Decouvertes  Modemes.    Vocabulary.    25  cts. 
R6cits  de  Guerre  et  de  Revolution  (Minssen).     Vocabulary.    25  cts. 
R§cits  Historiques  (Moflfett).     Vocabulary  and  exercises.     45  cts. 
Saintine's  Picciola  (Super).     Vocabulary.     45 cts. 
Sggur's  Les  Malheurs  de  Sophie  (White).     Vocab.  and  exs.     45  cts. 
Selections  for  Sight  Translation  (Bruce).     15  cts, 
Verne's  L'Expedition  de  la  Jeune  Hardie  (Lyon) ,    Vocabulary.    30  cts. 


1beatb'5  /l>o&crn  Xan(juaGc  Scries 

INTERMEDIATE  FRENCH  TEXTS.     (Partial  Lift.) 
About's  Le  Roi  des  Montagnes  (Logic).    40  cts.     With  vocab.    60  eta. 
About's  La  Mere  del  a  Marquise  (Brush).     Vocabulary.     40  cU. 
Balzac:  Cinq  Scenes  de  la  Com^die  Humaine  (Wells).     Glossary.     &i  eta. 
Balzac's  Eugenie  Grandet  (Spiers).     Vocabulary.     55  cU. 
Balzac's  Le  Cur6  de  Tours  (Super).     Vocabulary.     30  cU. 
Chateaubriand's  Atala  (Kuhns).     Vocabulary.     35  cts. 
Contes  des  Romanciers  Naturalistes  (Dow  and  Skinner).     Vocab.     &5  eta. 
Daudet's  La  Belle-Nivemaise  (Boiellc).     Vocabular>'.     30  eta. 
Daudet's  Le  Petit  Chose  (Super).     Vocabulary.    40  cU. 
Daudet's  Tartarin  de  Tarascon  (Hawkins).     Vocabulary.     45  eta. 
Dumas's  Due  de  Beaufort  (Kitchen).     Vocabulary.     30  cts. 
Dumas's  La  Question  d'Argent  (Henning) .     Vocabulary.    40  eta. 
Dumas's  La  Tulipe  Noire  (Fontaine).    40  cts.     With  vocabulary.    50  eta. 
Dumas's  Les  Trois  Mousquetaires  (Spiers).     Vocabulary.     45  eta. 
Dumas's  Monte-Cristo  (Spiers).     Vocabulary.     40  cts. 
Feuillet's  Roman  d'un  jeime  homme  pauvre  (Bruner).     Vocabulary.    55  eta 
Gautier's  Voyage  en  Espagne  (Steel).     30  cts. 
Greville's  Dosia  (Hamilton).     Vocabulary.     45  cts. 
Hugo's  Bug  Jargal  (Boielle).     40  cts. 

Hugo's  La  Chute.     From  Les  MiseraSles  (llxiss).     Vocabulary.    30  eta. 
Hugo's  Quatre-vingt-treize  (Fontaine).     Vocabulary.     50  cts. 
Labiche's  La  Cagnotte  (Famsworth).     30  cts. 
La  Brete's  Mon  Oncle  et  mon  Cur6  (Colin).     Vocabulary.     45  cU. 
Lamartine's  Graziella  (Warren).     40  cts. 
Lamartine's  Jeanne  d'Arc  (Barrire).     Vocabulary.     35  cU. 
Lamartine's  Scenes  de  la  R6volution  Franfaiae  (Super).     Vocab.     40  eta. 
Lesage's  Gil  Bias  (Sanderson).     45  cts. 

Maupassant:  Huit  Contes  Choisis  (White).     Vocabulary.     35  eta. 
Michelet:  Extraits  de  I'histoire  de  France  (Wright).     35  eta. 
Musset:  Trois  Comedies  (McKenzic).     30  cts. 
Sarcey's  Le  SiSge  de  Paris  (Spiers).     Vocabulary.     45  cU. 
Tame's  L'Ancien  Regime  (Giese).     Vocabulary.     65  cU. 
Theuriet's  Bigarreau  (Fontaine).     Vocab.  and  exercises.     35  eta. 
Tocqueville's  Voyage  en  Am6rique  (Ford).     Vocabulary.     40  eta. 
Vigny's  Cinq-Mars  (Sankey).     Abridged.     00  cts. 
Vlgny's  Le  Cachet  Rouge  (Fortier).     25  cts. 
Vigny's  La  Caime  de  Jonc  (Spiers).    40  cts. 
Voltaire's  Zadig  (Babbitt).     Vocabulary.    46  cts. 


Deatb*s  /iDo^ern  Xan^ua^e  Series 

INTERMEDIATE  FRENCH  TEXTS.     (Partial  List.) 
Augier's  Le  Gendre  de  M.Poirier  (Wells).    Vocabulary.    35  cts. 
Bazin's  Les  Oberle  (Spiers) .     Vocabulary.     50  cts. 
Beatunarchais's  Le  Barbier  de  Seville  (Spiers).     Vocabulary.     35  eta. 
French  Lyrics  (Bowen).     60  cts. 
Gautier's  Jettatura  (Schinz).     35  cts. 

Halevy's  L'Abbe  Constantin  (Logic).    Vocabulary.    40  cts. 
Hal6vy*s  Un  Mariage  d'Amour  (Hawkins).     Vocabulary.     30  cts. 
Historiettes  Modemes  (Fontaine).     Vol.  I,  35  cts.     Vol.  II,  35  cts. 
La  France  qui  travaille  (Jago).    Vocabulary.     50  cts. 
Lectures  Historiques  (Moffett).    Vocabulary.     55  cts. 
Loti's  PScheur  d'Islande  (Super).     Vocabulary.     40  cts. 
Loti'sRamuntcho  (Fontaine).     35  cts. 

Loti's  Roman  d'un  Enfant.    (Whittem).    Vocabulary.    45  cts. 
Marivaux's  Le  Jeu  de  1 'amour  et  du  hasard  (Fortier).     Vocab.     35  cts. 
Merimee's  Chronique  du  Regne  de  Charles  IX  (Desages).     30  cts. 
Merimee's  Colomba  (Fontaine).     35  cts.     With  vocabulary,  45  cts. 
Moliere  en  Recits  (Chapuzet  and  Daniels).     Vocabulary.     50  cts. 
Moliere's  L'Avare  (Levi).    35  cts. 

Moliere's  Le  Bourgeois  Gentilhomme  (Warren).     Vocabulary.    40  cts. 
Moliere's  Le  Medecin  Malgre  Lui  (Hawkins).     Vocabulary.     30  cts. 
Pailleron's  Le  Monde  ou  I'on  s'ennuie  (Pendleton).     Vocabulary.    40  cts. 
Poemes  et  Chants  de  France  (Daniels  and  Travers) .     Vocabulary.     50  cts. 
Racine's  Andromaque    (Wells).    Vocabulary.    40  cts. 
Racine's  Athalie  (Eggert).     30  cts. 
Racine's  Esther  (Spiers).     Vocabulary.     30  cts. 
Renan's  Souvenirs  d'Enfance  et  de  Jeunesse  (Babbitt).     75  cts. 
Sand's  La  Mare  au  Diable  (Sumichrast).     Vocabulary.     35  cts. 
Sand's  La  Petite  Fadette  (Super).    Vocabulary.    35  cts. 
Sandeau's  Mile  de  la  Seigliere  (Warren).     Vocabulary.    40  cts. 
Sardou's  Les  Pattes  de  Mouche  (Famsworth).     Vocabulary.     40  cts. 
Scribe's  Bataille  de  Dames  (Wells).     Vocabulary.     35  cts. 
Scribe's  Le  Verre  d'Eau  (Eggert).    Vocabulary.    40  cts. 
Septs  Grands  Auteurs  du  XIXe  Siecle  (Fortier).     Lectures.     60  cts. 
Souvestre's  Un  Philosophe  sous  les  Toits  (Fraser).     50  cts.     Vocab.     55  cts. 
Thiers's  Expedition  de  Bonaparte  en  Egypte  (Fabregou).     35  cts. 
Verne's  Tour  du  Monde  en  quatre-vingts  jours  (Edgren).     Vocab.     45  cts. 
Verne's  Vingt  mille  lieues  sous  la  mer  (Fontaine).     Vocab.     45  cts. 
Zola's  La  Debacle  (Wells).     Abridged.     60  cts. 


•beatb's  /Do^ern  Xanouaoc  Settee 

ADVANCED  FRENCH  TEXTS. 
Balzac's  Le  PSre  Gorlot  (Sanderson).    80  cU. 
BoUeau:  Selections  (Kuhns).     50  cts. 
Bomier's  La  FiUe  de  Roland  (Nelson).     30  cu. 
Bossuet:  Selections  (Warren).     50  cts. 
Calvin:  Pages  C ho isis  (Jordan).     70  cts. 
Comeille's  Cinna  (Matzke).     30  cts. 
Corneille's  Horace  (Matzke).     30  cU. 
Comeille's  Le  Cid   (Warren).     Vocabulary.     40  cts. 
Comeille's  Polyeucte  (Fortier).     30  cts. 
Delpit's  L'Age  d'Or  de  la  Litt^rature  Fran^aise.     00  eta. 
Diderot:  Selections  (Giesc).     50  cts. 
Duval's  Histoire  de  la  Litt6rature  Fran^aise.     11.00. 
French  Prose  of  the  XVUth  Century  (Warren).     $1.00. 
Hugo's  Hemani  (Matzke).     60  cts. 
Hugo's  Les  Miserables  (Super).     Abridged.    80  cts. 
Hugo's  Les  Travailleurs  de  la  Mer  (Langley).     Abridgetl.     80  eta. 
Hugo's  Poems  (Schinz).     80  cts. 
Hugo's  Ruy  Bias  (Gamer).     65  cts. 
Ia  Bruyere:  Les  CaractSres  (Warren).     50  cts. 
tamartine's  Meditations  (Curme).     55  cts. 

La  Triade  Franjaise.     Poems  of  Lamartinc.  Mussot.  ami  Hugo.     75  eta. 
Lesage's  Turcaret  (Kerr).     30  cts. 

Maitres  de  la  Critique  lit.  au  XIXe  Siecle  (Comfort).     50  cU. 
Moliere's  Le  Misanthrope  (Eggcrt).     35  cts. 
Moliere's  Les  Femmes  Savantes  (Fortier).     30  cts. 
Moliere's  Les  Fourberies  de  Scapin  ( McKcnzic) .     Vocabulary.     35  eta. 
Moliere's  Les  Precieuses  Ridicules  (Toy).     25  eta, 
Moliere's  Le  Tartuffe  (Wright).     30  cts. 
Montaigne:  Selections  (Wright).     90  cts. 
Pascal:  Selections  (Warren).     50  cts. 
Racine's  Les  Plaideurs  (Wright).     30  cU. 
Racine's  Phedre  (Babbitt).     30  cts. 
Rostand's  La  Princesse  Lointaine  (Borgcrhoff).     *0  eta. 
Voltaire's  Prose  (Cohn  and  Woodward).     $1.00. 
Voltaire's  Zaire  (Cabeen).    30  cts. 

ROMANCE  PHIL0LCX5Y. 
Introduction  to  Vulgar  Latin  (Grandgcnt).     $1.50. 
Provensal  Phonology  and  Morphology  (Grandgcnt).     •!.«). 


Ibeatb's  /iDobern  language  Series 

GERMAN  GRAMMARS  AND  READERS. 
Ball's  German  Drill  Book.     Companion  to  any  grammar.     80  cts. 
Ball's  German  Grammar.    90  cts. 
Bishop  and  McKinlay's  Deutsche  Grammatik.     90  cts. 
Deutsches  Liederbuch.    With  music.     75  cts. 
Foster's  Geschichten  und  Marchen.     For  young  children.     40  cts. 
Fraser  and  Van  der  Smissen's  German  Grammar.     $1.10. 
German  Noun  Table  (Perrin  and  Hastings).     20  cts. 
Gore's  German  Science  Reader.     75  cts. 
Greenfield's  Grammar  Summary  and  Word  List.     30  cts. 
Guerber's  Marchen  und  Erzahlungen,  I.     60  cts.     II     65  cts. 
Harris's  German  Composition.     50  cts. 
Harris's  German  Lessons.     60  cts. 
Hastings'  Studies  in  German  Words.     J  1.00. 
Heath's  German  Dictionary.     Retail  price,  $1.50. 
Hewitt's  Practical  German  Composition.     30  cts. 
Holzwarth's  Gruss  aus  Deutschland.     90  cts. 
Huss's  German  Reader.     70  cts. 
Joynes-Meissner  German  Grammar.     $1.15. 

Joynes's  Shorter  German  Grammar.     Part  I  of  the  above.     80  cts. 
Joynes's  Shorter  German  Reader.     GO  cts. 
Joynes  and  Wesselhoeft's  German  Grammar.    $1.15. 
Kriiger  and  Smith's  Conversation  Book.     25  cts. 
Manfred's  Ein  praktischer  Anfang.     $1.10. 
Meissner's  German  Conversation.     05  cts. 
Meras*  Ein  Wortschatz.     20  cts. 
Mosher  and  Jetmey's  Lern-  uad  Lesebuch.     $1.25. 
Nix's  Erstes  deutsches  Schulbach.  For  primary  classes.     Illus.  35  ctSo 
Pattou's  An  American  i  n  Germany.     A  conversation  book.     70  cts. 
Schmidhofer's  Lese-Ubungen  fur  Kinder.    00  cts. 
Schmidhofer's  Erstes  Lesebuch.     40  cts.     With  vocab. ,  55  cts. 
Schmidhofer's  Zweites  Lesebuch.     50  cts. 
Sheldon's  Short  German  Grammar.     60  cts. 
Spanhoofd's  Elementarbuch  der  deutschen  Sprache.     $1.00. 
Spanhoofd's  Erstes  deutsches  Lesebuch.     70  cts. 
Spanhoofd's  Lehrbuch  der  deutschen  Sprache.     $1.00. 
Wallentin's  Grundziige  der  Naturlehre  (Palmer).     $1.00. 
Wesselhoeft's  Elementary  German  Grammar.    90  cts. 
Wesselhoeft's  Exercises.     Conversation  and  composition.     50  cts. 
Wesselhoeft's  German  Composition     45  cts. 
Zinnecker's  Deutsch  fiir  Anf anger.    $1.25. 


•fceatb's  nDo&ern  Xanouaoc  ScrtcB 

ELEMENTARY  GERMAN  TEXTS.     (Partial  LUt.) 

Andersen's  Bilderbuch  ohne  Bilder  (Bernhardt).     Voe»bul*ry.     30  eta. 

Andersen's  Milrchen  (Super).     Vocabulary.     50  cU. 

Aus  dor  Jugendzeit  (Bctz).     Vocabulary  ami  exercises.     40  eta. 

Baumbach's  Nicotiana  (Bernhardt).     Vocalnilary.    30  ct», 

Baumbach's  Waldnovellen  (Bernhardt).     Six  stories.   Vocabulary.     35  eta 

Benedix's  Der  Prozess  (Wells).     Vocabulary.    25  eta. 

Benedix's  Nein  (Spanhoofd).     Vocabulary  and  excrdan.     25  eta, 

BlUthgen's  Das  Peterle  von  NOmberg  (Bernhardt).     Vocab.  and  exs.    35  cu 

Bolt's  Peterii  am  Lift  (Bctz).     Vocabulary  and  exercises.     40  cU. 

Campe's  Robinson  der  Jiingere  (Ibcrshoff).     Vocabulary.     40  cU. 

Carmen  Sylva's  Aus  meinem  KSnigreich  (Bernhardt).    Vocabulary.     35  eta. 

Die  Schildbiirger  (Betz).     Vocabulary  and  exercises.     35  cts, 

Der  Weg  zun  Gluck  (Bernhardt).     Vocabulary  and  exercises.     40  cU. 

Deutscher  Humor  aus  vier  Jahrhunderten  (Betz).  Vocab.  and  exercises.  40 ct^ 

Elz's  Er  ist  nicht  eifersiichtig  (Wells).     Vocabulary.     25  cts. 

Gerstacker's  Germelshausen  (Lewis).     Vocabulary  and  exercises.     30  eta. 

Goethe's  Das  Marchen  (Eggcrt).     Vocabulary.    30  cU. 

Grimm's  Marchen  and  Schiller's  Der  Taucher  (Van  der  Smissen).     45  eta. 

Haufif's  Das  kalte  Herz  (Van  der  Smissen).     Vocab.     Roman  type.     40  eta. 

Hauff's  Der  Zwerg  Nase  (Patzwald  and  Robson).     Vocab.  and  exs.     30 eta. 

Heyse's  L'Arrabbiata  ( Dec-ring- Bcmhanlt).     Vocab.  and  exercises.     30  els. 

Heyse's  Niels  mit  der  oflenen  Hand  (Joyncs).     Vocab.  and  exercises.     30  cti. 

HiUern's  Hoher  als  die  Kirche  (Clary).     Vocabulary  and  cxcrci^st.     3Ucts. 

Lcander's  Triiumereien  (Van  der  Smissen).     Vocabulary.     40  cts. 

Miiachhausen:  Reisen  imd  Abenteucr  (Schmidt).     Vocabulary.     3U  cts. 

Rosegger's  Der  Lex  von  Gutenhag  (.Morjioii).    Vocab.  and  cjurrciscs.    4U  cts. 

Salomon's  Die  Geschichte  einer  Geii^u  (Toinbo).    Vocab.  aud  i&vrcucs.  30  cts. 

Schiller's  Der  Nefife  als  Onkel  (Ucrcsford-Wcbb).     Vocabulary.     30  cts. 

Spyri's  Moni  der  Geissbub  (Guerbcr).     Vocabulary.     30  cU. 

Spyri's  Rosenresli  (Boll).     Vocabular>'.     25  cts. 

Spyri's  Was  der  Grossmutter  Lehre  be wirkt  ( Barrows) .   Vocab.  and  ess.   3t  «.  ta 

Storm's  Geschichten  aus  der  Tonne  ^Vogel).     Vocab.  and  exs.     40  cts. 

Storm's  Immensee  (Bernhardt).     Vixrabulary  and  exercises.     iO  ctx. 

Storm's  In  St.  JUrgen  (Wright).     Vocabulary  and  exercises.     35  cts. 

Storm's  Pole  Poppenspaler  (Bernhardt).     Vocab.  and  exercises.     40  eta. 

Till  Eulenspiegel  (Bctz).     Vocabulary  and  exercises,     3'J  cts. 

Volkmann's  Kleine  Geschichten  (Bernhardt).     Vocabulao*.    30  cU. 

Zschokke's  Der  -.crbrochene  Knif  t  Joyncj).    V'ocabulary  awl  esrtcucs.    25  c«* 


Deatb's  /iDoDern  Xanguaae  Series 

INTERMEDIATE  GERMAN  TEXTS.     (Partial  List.) 

Amdt..DeutschePatrioten  (Colwell).     Vocabulary.     35cts. 

Benedix's  Die  Hochzeitsreise  (Schieff erdecker) .     Vocabulary,     30  cts. 

Bohlau'sRatsmad&lgeschichten  (Haevemick).     Vocabulary.     40  cts. 

Chamisso's  Peter  Schlemihl(  Primer).    Vocabulary,     35  cts. 

Deutsche  Gedichte  und  Lieder  (Roedder  and  Purin) .     Vocabulary.     60  cts. 

Eichendorff's  Aus  dem  Leben  eines  Taugenichts  (Osthaus) .    Vocab.    45  cts. 

Ernst's  Asmus  Sempers  Jugendland   (Osthaus).     Vocabulary.     69  cts, 

Goethe's  Hermann  und  Dorothea  (Adams).     Vocabulary,     65  cts, 

Goethe's  Sesenheim  (Huss),    Yxova  Dichtung  und  Wahrheit.     Vocab,    30  eta 

Hauff'sLichtenstein(Vogel),     Abridged.     75  cts, 

Heine's  Die  Harzreise  (Vos),     Vocabulary,     45  cts. 

Hoffmann's  Historische  Erzahlungen  (Beresford-Webb) .     25  cts. 

Jensen's  Die  braune  Erica  (Joynes),     Vocabulary,     35  cts, 

Keller's  Fahnlein  der  sieben  Aufrechten  (Howard) ,     Vocabulary.    40  cts. 

Keller's  Romeo  und  Julia  auf  dem  Dorfe  (Adams).     Vocabulary,     35  cts. 

Lambert's  Alltagliches.     Vocabulary  and  exercises.     75  cts. 

Lohmeyer's  Geissbub  von  Engelberg  (Bernhardt),     Vocab,  and  cxs.     40  cts. 

Lyrics  and  Ballads  (Hatfield),     75  cts. 

Meyer's  Gustav  Adolf s  Page  (Heller),     25  cts, 

Mosher's  Willkommen  in  Deutschland.     Vocabulary  and  exercises.     75  cts. 

Novelletten-Bibliothek  (Bernhardt).     Vol.  I,  35  cts.     Vol.  II.  35  cts. 

Raabe's  Eulenpfingsten  (Lambert).     Vocabulary.     45  cts, 

Riehl's  Burg  Neideck  (Jonas).     Vocabulary  and  exercises,     35  cts, 

Rogge's  Der  grosse  Preussenkonig  (Adams),     Vocabulary.     45  cts. 

Schiller's  Der  Geisterseher  (Joynes).     Vocabulary.     35  cts. 

Schiller's  Dreissigjahriger  Elrieg  (Prettyman).     Book  III.     35  cts. 

Selections  for  Sight  Translation  (Mondan).     15  cts. 

Shorter  German  Poems  (Hatfield).     Vocabulary.     35  cts. 

Spielhagen's  Das  Skelettim  Hause  (Skinner).     Vocabulary.     45  cts. 

Stifter's  Das  Haidedorf  (Heller).     20  cts. 

Stokl's  Alle  fiinf  (Bernhardt).     Vocab.  and  exercises.     30  cts. 

Unter  dem  Christbaum  (Bernhardt).     35  cts. 

Wildenbruch's  Das  edle  Blut  (Schmidt).     Vocab,  and  exercises,     30  cts. 

Wildenbruch's  Der  Letzte  (Schmidt),     Vocab.  and  exercises.     35  cts, 

Wildenbruch's  Neid  (Prettyman),     Vocabulary,     35  cts, 

Zschokke's  Das  Abenteuer  der  Neujahrsnacht  (Handschin),     Vocab,     35  tta. 

Zschokke's  Das  Wirtshaus  zu  Cransac  (Joynes).     Vocab,  and  exs.    30  r',ts. 


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