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XVI Century
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lbcatb'0 fiDo&crn Xansuage Series
FRENCH VERSE
OF THE XVI CENTURY
SELECTED AND EDITED
WITH AN INTRODUCTION AND NOTES
BY
C. H. C. WRIGHT
Professor of the French Language and Literatuke in
Harvard University
D. C. HEATH & CO., PUBLISHERS
BOSTON NEW YORK CHICAGO
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Copyright, 191 6,
By D. C. Heath & Co.
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TABLE OF CONTENTS
PACE
Introduction v
Clement Marot i
Melin de Saint-Gelais 14
Charles Fontaine 15
Louise Lab6 17
EERRE de RoNSARD l8
OACHIM DU BeLLAY 5^
Jean-Antoine de BaIf 68
Remy Belleau 70
Olivier de Magny 73
Jean Passerat 75
Mesdames des Roches 79
Agreppa d'Aubign^ 80
GUILLAUME de SaLUSTE DU BaRTAS 83
Philippe Desportes 87
Notes 93
FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
CLEMENT MAROT
fiGLOGUE AU ROYi
SOUBS LES NOMS DE PAN ET ROBIN
Un pastoureau, qui Robin s'appeloit,
Tout a par soy n'agueres s'en alloit
Parmy fousteaux ^ (arbres qui font umbrage),
Et la tout seul faisoit de grand courage^
Hault retentir les boys et Tair serain,
Chantant ainsi: « O Pan, dieusouverain,
Qui de garder ne fus one paresseux
Pares et brebis et les maistres d'iceux,
Et remects sus * tous gentilz pastoureaux
Quand ilz n'ont prez ne loges ne toreaux,
Je te supply (si one en ces bas estres
Daignas ouyr chansonnettes champestres),
Escoute un peu, de ton vert cabinet,
Le chant rural du petit Robinet.
Sur le printemps de ma jeunesse foUe,
Je ressemblois Tarondelle ^ qui voile
Puis fa, puis la: Taage me conduisoit,
Sans peur ne soing, oil le cueur me disoit.
En la forest (sans la craincte des loups)
Je m'en allois souvent cueillir le houx,
Pour faire gluz a prendre oyseaulx ramagcs,*
Tous diflercns de chantz et de plumages;
FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Ou me souloys ^ (pour les prendre) cntremettre
A faire bricz,^ ou cages pour les mettre.
Ou transnouoys ^ les rivieres profondes,
Ou r'enforgoys sur le genoil les fondes,^
Puis d'en tirer droict et loing j'apprenois
Pour chasser loups et abbatre des noix.
O quantesfoys ^ aux arbres grimpe j'ay,
Pour desnicher ou la pye ou le geay,
Ou pour jetter des fruictz ja meurs et beaulx
A mes compaings,® qui tendoient leurs chappeaux.
Aucunefoys aux montaignes alloye,
Aucunefoys aux fosses devalloye,
Pour trouver la les gistes des fouynes,
Des herissons ou des blanches hermines,
Ou pas a pas le long des buyssonnetz
Allois cherchant les nidz des chardonnetz
Ou des serins, des pinsons ou lynottes.
Desja pourtant je faisoys quelques nottes
De chant rustique, et dessoubz les ormeaux,
Quasy enfant, sonnoys des chalumeaux.
Si ^ ne sgaurois bien dire ne penser
Qui m'enseigna si tost d'y commencer,
Ou la nature aux Muses inclinee,
Ou ma fortune, en cela destinee
A te servir: si ce ne fust I'un d'eux,
Je suis certain que ce furent tous deux.
Ce que voyant le bon Janot ^ mon pere,
Voulut gaiger a Jaquet ^ son compere
Contre un veau gras deux aignelletz bessons,^°
Que quelque jour je f eroys des chansons
A ta louenge (6 Pan, dieu tressacre),
Voyre ^^ chansons qui te viendroyent a gre.
CLEMENT MAROT
Et me souvient que bien souvent aux festes,
En regardant de loing paistre noz bestes,
II me souloit une legon donner
Pour doulcement la musette entonner,
Ou a dieter quelque chanson ruralle
Pour la chanter en mode pastoralle.
Aussi le soir, que les trouppeaux espars
Estoient serrez et remis en leurs pares,
Le bon vieillard apres moy travailloit,^
Et a la lampe assez tard me veilloit,
Ainsi que font leurs sansonnetz ou pyes,
Aupres du feu bergeres accroupies.
Bien est il vray que ce luy estoit peine;
Mais de plaisir elle estoit si fort pleine,
Qu'en ce faisant sembloit au bon berger
Qu'il arrousoit en son petit verger
Quelque jeune ente, ou que teter faisoit
L'aigneau qui plus en son pare luy plaisoit ;
Et le labeur qu'apres moy il mit tant,
Certes, c'estoit afl5n qu'en I'imitant
A I'advenir je chantasse le los ^
De toy (6 Pan), qui augmentas son clos,
Qui conservas de ses prez la verdure,
Et qui gardas son trouppeau de froidure.
«Pan (disoit il), c'est le dieu triumphant
Sur les pasteurs; c'est celuy (mon enfant)
Qui le premier les roseaux pertuysa,*
Et d'en former des flustes s'advisa:
II daigna * bien luy mesme peine prendre
D'user de Tart que je te veux apprendre.
Appren le done, aflfm que montz et boys,
Rocz et estangs, apreignent soubz ta voix
FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
A rechanter le hault nom apres toy
De ce grand Dieu que tant je ramentoy; ^
Car c'est celuy par qui foysonnera
Ton champ, ta vigne, et qui te donnera
Plaisante loge entre sacrez ruisseaux
Encourtinez ^ de flairans arbrisseaux.
La d'un coste ^ auras la grand' closture
De saulx espez, ou pour prendre pasture
Mousches a miel ^ la fleur succer iront
Et d'un doulx bruit souvent t'endormiront,
Mesmes ^ allors que ta fluste champestre
Par trop chanter lasse sentiras estre.
Puis tost apres sur le prochain bosquet
T'esveillera la pye en son caquet:
T'esveillera aussi la columbelle,^
Pour rechanter encores de plus belle. »
Ainsi, soingneux de mon bien, me parloit
Le bon Janot, et il ne m'en chaloit; ^
Car soucy lors n'avoys en mon courage
D'aucun bestail ne d'aucun pasturage.
Quand printemps fault ^ et Teste comparoit,
Adoncques ^ I'herbe en forme et force croist.
Aussi, quand hors du printemps j'euz este,
Et que mes jours vindrent en leur este.
Me creut le sens, mais non pas le soucy;
Si employay I'csprit, le corps aussi,
Aux choses plus a tel aage sortables,
A charpanter logos de boys portables,
A les rouler de I'un en I'autre lieu,
A y semer la jonchee au milieu,
A radouber treilles, buyssons et hayes
A proprement entrelasser les clayes
CLEMENT MAROT
Pour les parquets des ouailles fermer,
Ou a tyssir ^ (pour frommages former)
Paniers d'osier et fiscelles de jonc,
Dont je souloys (car je I'aimoys adonc')
Faire present a Heleine la blonde.^
J'apprins les noms des quatre partz du monde,
J'apprins les noms des ventz qui de la sortent,
Leurs qualitez, et quel temps ilz apportent,
Dont les oiseaulx, sages devins des champs,
M'advertissoyent par leur volz et leurs chantz.
J'apprins aussi, allant aux pasturages,
A eviter les dangereux herbages,
Et a cognoistre et guerir plusieurs maulx
Qui quelquefoys gastoient les animauk
De nos pastiz: mais par sus toutes choses,
D'autant que plus plaisent les. blanches roses
Que I'aubespin, plus j'aymois a sonner
De la musette, et la fy resonner
En tous les tons et chantz de bucolicques,
En chantz piteuz, en chantz melancoliques.
Si qu'a mes plainctz un jour les Oreades,
Faunes, Silvans, Sa tyres et Dryades,
En m'escoutant jecterent larmes d'yeux;
Si feirent bien les plus souverams Dieux;
Si feit Margot,^ bergere qui taut vault.
Mais d'un tel pleur esbahyr ne se fault,
Car je faisois chanter a ma musette
La mort (helas!), la mort de Loysette,'*
Qui maintenant au ciel prend ses esbatz
A veoir encor ses trouppeaux icy bas.
Une autre foys, pour Tamour de I'amye,
A tous venans pendy la challemye,^
FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Et ce jour la a grand' peine on sfavoit
Lequel des deux gaigne le prix avoit,
Ou de Merlin ^ ou de moy: dont a I'heure
Thony ^ s'en vint sur le pre grand' alleure
Nous accorder, et orna deux houlettes
D'une longueur, de force violettes:
Puis nous en feit present pour son plaisir:
Mais a Merlin je bailie ^ a choisir.
Et penses tu (6 Pan, dieu debonnaire)
Que I'exercice et labeur ordinaire
Que pour sonner du flajolet je pris
Fust seulement pour emporter le prix?
Non, mais afin que si bien j'en apprinse,
Que toy, qui es des pastoureaux le prince,
Prinsses plaisir a mon chant escouter,
Comme a ouyr la marine flotter '
Contre la rive, ou des roches haultaines
Ouyr tomber contre val les fontaines.
Certainement, c'estoit le plus grand soing
Que j'eusse alors, et en prens a tesmoing
Le blond Phebus qui me voyt et regarde.
Si I'espesseur de ce boys ne Ten garde,
Et qui m'a veu traverser maint rocher
Et maint torrent pour de toy approcher."*
Or m'ont les dieux celestes et terrestres
Tant faict heureux, mesmement les sylvestres,
Qu'en gre tu prins mes petis sons rustiques,
Et exaulgas mes hymnes et cantiques.
Me permettant les chanter en ton temple.
La oil encor I'image je contemple
De ta haulteur, qui en I'une main porte
De dur cormier houlette riche et forte,
CLEMENT MAROT
Et I'autre tient chalemelle foumye
De sept tuyaux, faictz selon rarmonye
Des cieulx, ou sont les sept Dieux clairs et haulx,
Et denotans les sept artz ^ liberaulx,
Qui sont escriptz dedans ta teste saincte,
Toute de pin bien couronnee et ceincte.
Ainsi, et done en Teste de mes jours,
Plus me plaisoit aux champestres sejours
Avoir faict chose (6 Pan) qui t'agreast,
Ou qui I'oreille un peu te recreast,
Qu'avoir autant de moutons que Tytire; ^
Et plus (cent foys) me plaisoit d'ouyr dire:
a Pan faict bon ceil a Robin le berger, »
Que veoir ches nous trois cens beufz heberger;
Car soucy lors n'avoys en mon courage ^
D'aucun bestail ne d'aucun pasturage.
Mais maintenant que je suis en I'au tonne,
Ne sfay quel soing inusite m'estonne
De tel' fagon, que de chanter la veine
Devient en moy, non point lasse ne vaine,
Ains * triste et lente, et certes, bien souvent,
Couche sur I'herbe, a la frescheur du vent,
Voy ma musette a un arbre pendue
Se plaindre a moy qu'oysive I'ay rendue;
Dont tout a coup mon desir se resveille,
Qui de chanter voulant faire merveille,
Trouve ce soing devant ses yeulx plante,
Lequel le rend morne et espovente:
Car tant est soing basanne, layd, et pasle,
Qu'a son regard la Muse pastoralle,
Voyre la Muse heroyque et hardie,
En un moment se trouve refroidie,
FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Et devant luy vont fuyant toutes deux
Comme brebis devant un loup hydeux.
J'oy d'autre part le pyvert jargonner,
Siffler Tescouffle et le buttor tonner,
Voy restoumeau, le heron et I'aronde
Estrangement voUer tout a la ronde,
M'advertissans de la froide venue
Du triste yver, qui la terre desnue.
D 'autre coste j'oy la bise arriver,
Qui en soufflant me prononce Fyver;
Dont mes trouppeaux, cela craignans et pis,
Tous en un tas se tiennent accroupis,
Et diroit on, a les ouyr beller,
Qu'avecques moy te veulent appeller
A leur secours, et qu'ilz ont congnoissance
Que tu les as nourriz des leur naissance.
Je ne quiers pas ^ (6 bonte souveraine)^
Deux mille arpentz de pastiz en Touraine,
Ne mille beufz errants par les herbis ^
Des montz d'Auvergne, ou autant de brebis.
II me suflSt que mon trouppeau preserves
Des loups, des ours, des lyons, des loucerves,^
Et moy du froid, car I'yver qui s'appreste
A commence a neiger sur ma teste.
Lors a chanter plus soing ne me nuyra,
Ains devant moy plus viste s'enfuyra
Que devant luy ne vont fuyant les Muses,
Quand il verra que de faveur tu m'uses.
Lors ma musette, a un chesne pendue,
Par moy sera promptement descendue,
Et chanteray Tyver a seurete
Plus hault (et clair) que ne feiz one Teste.
CLEMENT MAROT 9
Lors en science, en musique et en son
Un de mes vers vauldra une chanson,
Une chanson, une eglogue rustique,
Et une eglogue, une ocuvre bucolique.
Que diray plus? ^ vienne ce qui pourra:
Plus tost le Rosne encontremont courra,
Plus tozt seront haultes foretz sans branches,
Les cygnes noirs et les corneilles blanches,
Que je t'oublie (6 Pan de grand renom),
Ne que je cesse a louer ton hault nom.
Sus, mes brebis, trouppeau petit et maigre,
Autour de moy saultez de cueur allaigre,
Car desja Pan, de sa verte maison,
M'a faict ce bien d'ouyr mon oraison. ^ . *
A SON AMY LYON 2 ,V^»^^"
Je ne t'escry de I'amour ^ vaine et folle:
Tu voys assez^ s'elle sert ou affolle;
Je ne t'escry ne d'armes ne de guerre:
Tu voys qui peult ^ bien ou mal y acquerre; ®
Je ne t'escry de fortune puissante:
Tu voys assez s'elle est ferme ou glissa'nte;
Je ne t'escry d'abus trop abusant:
Tu en sgais prou ^ et si n'en vas usant;
Je ne t'escry de Dieu ne sa puissance:
C'est a luy seul t'en donner congnoissance;
Je ne t'escry des dames de Paris:
Tu en sgais plus que leurs propres marys;
Je ne t'escry qui est rude ou affable,
Mais je te veulx dire une belle fable,
C'est a sgavoir, du lyon et du rat.
lO FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Cestuy ^ lyon, plus fort qu'un vieil verrat,
Veit une foys que le rat ne s^avoit
Sortir d'un lieu, pour autant qu'il avoit
Menge le lard et la chair toute crue;
Mais ce lyon (qui jamais ne fut grue) e/*-**^^^^
Trouva moyen et maniere et matiere,
D'ongles et dens, de rompre la ratiere,
Dont maistre rat eschappe vistement.
Puis meit a terre un genouil gentement,
Et en ostant son bonnet de la teste,
A mercie mille foys la grand' beste,
Jurant le Dieu des souris et des ratz
Qu'il luy rendroit. Maintenant tu verras
Le bon du compte.^ II advint d'aventure
Que le lyon pour chercher sa pasture
Saillit dehors sa caverne et son siege,
Dont (par malheur) se trouva pris au piege,
Et fut lie contre un ferme posteau.
Adonc le rat, sans serpe ne cousteau,
Y arriva joyeux et esbaudy,
Et du lyon (pour vray) ne s'est gaudy ,^
Mais despita chatz, chates et chatons,
Et prisa fort ratz, rates et ratons,
Dont ^ il avoit trouve temps favorabb
Pour secourir le lyon secourable,
Auquel a diet: « Tais toy, lyon lie.
Par moy seras maintenant deslye:
Tu le vaulx bien, car le cueur joly as;
Bien y parut quant tu me deslyas.
Secouru m'as fort lyonneusement;
Or secouru seras rateusement. »
CLEMENT MAROT II
Lors le lyon ses deux grans yeulx vcstit/
Et vers le rat les touraa un petit
En luy disant: « O povre vermyniere,
Tu n'as sur toy instrument ne maniere,
Tu n'as cousteau, serpe ne serpillon,
Qui sceust coupper corde ne cordillon
Pour me jecter de ceste etroicte voye;
Va te cacher, que le chat ne te voye.
— Sire lyon (dit le filz de souris),
De ton propos (certes), je me soubzris: ^
J'ay des cousteaux assez, ne te soucie,
De bel os blanc, plus trenchans qu'une scye;
Leur gaine, c'est ma gencive et ma bouche;
Bien coupperont la corde qui te touche
De si trespres, car j'y mettray bon ordre.»
Lors sire rat va commencer a mordre
Ce gros lien: vray est qu'il y songea
Assez long temps; mais il le vous rongea
Souvent, et tant, qu'a la parfin ^ tout rompt,
Et le lyon de s'en aller fut prompt,
Disant en soy: « Nul plaisir * (en effect)
Ne se perd point quelque part ou soit faict. »
Voyla le compte en termes rithmassez:
II est bien long, mais il est vieil assez,
Tesmoing Esope, et plus d'un million.
Or viens me veoir pour faire le lyon,
Et je mettray peine, sens et estude
D'estre le rat, exempt d'ingratitude,
J'entends, si Dieu te donne autant d'afTaire,
Qu'au grand lyon, ce qu'il ne vueille faire.
12 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
- P^\ DE FRERE LUBIN ^
g ^^ *^^ Pour courir en poste a la ville
^ ViAgt foys, cent foys, ne sg:ay combien;
Pour faire quelque chose vile,
Frere Lubin le fera bien;
Mais d'avoir honneste entretien,
Ou mener vie salutaire,
C'est a faire a un bon chrestien,
Frere Lubin ne le peult faire.
Pour mettre (comme un homme habile)
Le bien d'autruy avec le sien,
Et vous laisser sans croix ne pile,^
Frere Lubin le fera bien:
On a beau dire je le tien,
Et le presser de satisfaire,
Jamais ne vous en rendra rien,
Frere Lubin ne le peult faire.
Pour desbaucher par un doulx stile
Quelque fille de bon maintien,
Point ne fault de vieille subtile,
Frere Lubin le fera bien.
II presche en theologien,
Mais pour boire de belle eau claire,
Faictes la boire a vostre chien,
Frere Lubin ne le peult faire.
ENVOY
Pour faire plus tost mal que bien,
Frere Lubin le fera bien;
Et si c'est quelque bon affaire,
Frere Lubin ne le peult faire.
CLEMENT MAROT I3
DE L'AMOUR DU SifiCLE ANTIQUE ^
Au bon vieuk temps un train d'amour regnoit
Qui sans grant art et dons se demenoit,
Si qu'un ^ bouquet donne d'amour profonde,
C'estoit donne ^ toute la terre ronde,
Car seulement au cueur on se prenoit
Et si par cas ^ a jouyr on venoit, y U^^
Sfavez-vous bien comme on s'entretenoit? * ^^ '
Vingt ans, trente ans: cela duroit un monde
Au bon vieuk temps.
Or est perdu ce qu'amour ordonnoit:
Rien que pleurs fainctz, rien que changes on n'oyt: •
Qui vouldra done qu'a aymer je me fonde,
II fault premier que I'amour on refonde,
Et qu'on la meine ^ ainsi qu'on la menoit
Au bon vieulx temps.
V DU LIEUTENANT CRIMINEL
ET DE SAMBLANCAY
Lors que Maillart, juge d'Enfer,^ menoit
A Monfaulcon Samblan^ay ^ Tame rendre,
A vostre advis, lequel des deux tenoit
Meilleur maintien? Pour le vous faire entendre,
Maillart sembloit homme qui mort va prendre
Et Samblan^ay fut si ferme vieillart,
Que Ton cuydoit,^° pour vray, qu'il menast pendre
A Monfaulcon le lieutenant Maillart.
"^ MELIN DE SAINT-GELAIS
Voyant ^ ces monts de veue ainsi lointaine,
Je les compare a mon long desplaisir:
Haut est leur chef, et haut est mon desir,
Leur pied est ferme, et ma foy est certaine.
D'eux maint ruisseau coule, et mainte fontaine:
De mes deux yeux sortent pleurs a loisir;
De forts souspirs ne me puis dessaisir,
Et de grands vents leur cime est toute pleine,
Mille troupeaux s'y promenent et paissent,
Autant d' Amours se convent et renaissent
Dedans mon coeur, qui seul est leur pasture.
lis sont sans fruit, mon bien n'est qu'aparence,
Et d'eux a moy n'a qu'une difference,
Qu'en eux la neige, en moy la flamme dure.
■A
CHARLES FONTAINE
CHANT SUR LA NAISSANCE DE JAN, SECOND
FILZ DE L'AUTEUR
Mon petit filz qui n'as encore rien veu,
A ce matin ton pere te salue:
Vien t'en, vien voir ce monde bien pourveu
D'honneurs et biens qui sont de grant value:
Vien voir la paix en France descendue:
Vien voir Frangoys,^ nostre Roy et le tien,
Qui a la France ornee et deff endue:
Vien voir le monde oii y a tant de bien.
Vien voir le monde ou y a tant de maux,
Vien voir ton pere en proces et en peine:
Vien voir ta mere en douleurs et travaux
Plus grands que quand elle estoit de toy pleine:
Vien voir ta mere a qui n'as laisse veine
En bon repos: vien voir ton pere aussi,
Qui a passe sa jeunesse soudaine,
Et a trente ans est en peine et souci.
Jan, petit Jan, vien voir ce tant beau monde,
Ce ciel d'azur, ces estoilles luisantes,
Ce soleil d'or, cette grande terre ronde,
Cette ample mer, ces rivieres bruyantes,
Ce bel air vague, et ces nues courantes,
Ces beaux oyseaux qui chantent k plaisir,
Ces poissons frais et ces bestes paissantes:
Vien voir le tout a souhait et dcsir.
1 6 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Vien voir le tout sans desir et souhait,
Vien voir le monde en divers troublemens,
Vien voir le ciel que ja la terre hait,
Vien voir combat entre les elemens:
Vien voir Fair plein de rudes soufflemens,
De dure gresle et d'horribles tonnerres:
Vien voir la terre en peine et tremblemens:
Vien voir la mer noyant villes et terres.
Enfant petit, petit et bel enfant,
Masle bien fait, chef d'oeuvre de ton pere,
Enfant petit en beaute triomphant,
La grand liesse et joye de ta mere,
Le ris, I'esbat de ma jeune commere,
Et de ton pere aussi certainement
Le grand espoir et I'attente prospere,
Tu sois venu au monde eureusement.
Petit enfant, peux tu le bien venu
Estre sur terre, ou tu n'apportes rien?
Mais ou tu viens comme un petit ver nu?
Tu n'as ne drap ne linge qui soit tien.
Or, ny argent, n'aucun bien terrien:
A pere et mere apportes seulement
Peine et souci: et voila tout ton bien.
Petit enfant, tu viens bien povrement.
De ton honneur ne vueil plus estre chiche,
Petit enfant de grand bien jouissant,
Tu viens au monde aussi grand, aussi riche
Comme le Roy, et aussi florissant:
Ton tresorier c'est Dieu le tout puissant,
Grace divine est ta mere nourrice:
Ton heritage est le ciel splendissant:
Tes serviteurs sont les anges sans vice.^
H LOUISE LABE
Tant que mes yeus pourront larmes espandre,
A I'heur ^ passe avec toy regretter:
Et qu'aus sanglots et soupirs resister
Pourra ma voix, et un peu faire entendre:
Tant que ma main pourra les cordes tendre
Du mignart Lut, pour tes graces chanter:
Tant que I'esprit se voudra contenter
De ne vouloir rien fors que ^ toy comprendre:
Je ne souhaitte encore point mourir.
Mais quand mes yeus je sentirai tarir,
Ma voix cassee, et ma main impuissante,
Et mon esprit en ce mortel sejour
Ne pouvant plus montrer signe d'amante:
Priray la Mort noircir mon plus cler jour.
PIERRE DE RONSARD
AMOURS
I
From the First Book, to Cassandre
Qui voudra voir comme un Dieu me surmonte,
Comme il m'assaut, comme il se fait vainqueur,
Comme il renflame et renglace mon coeur,
Comme il regoit un honneur de ma honte;
Qui voudra voir une jeunesse pronte
A suivre en vain I'objet de son malheur,
Me vienne voir, il voirra ma douleur,
Et la rigueur de I'archer ^ qui me domte.
II cognoistra combien la raison pent
Contre son arc, quand une fois il veut
Que nostre cueur son esclave demeure;
Et si verra que je suis trop heureux
D 'avoir au flanc I'aiguillon amoureux,
Plein du venin dont il faut que je meure.
, XVI
Je veux pousser par I'univers ma peine.
Plus tost ,qu'un trait ne vole au decocher: ^
Je veux^ussi mes oreilles bouscner,"^
Pour n'ouyr plus la voix de ma sereine.^
Je veux muer * mes deux yeux en fontaine,
Mon coeur en feu, ma teste en un rocher,
PIERRE DE RONSARD jg
Mes pies en tronc, pour jamais n'approcher
De sa beaute si fierement humaine.
Je veux changer mes pensers en oyseaux,
Mes doux soupirs en zephyres nouveaux,
Qui par le monde eventeront ma plainte.
Je veux encore de ma palle couleur
Aux bords du Loir ^ faire ij^istre une fleur,
Qui de mon nom et de mon mal soit peinte.
XIX y.
Avant le temps tes tempes fleuriront,^ f i^
De peu de jours ta fin sera bomee, ^>^ /^
Avant ton soir se clorra ta journee, "•^
Trahis d'espoir tes pensers periront.
Sans me flechir tes escrits fletriront, . ^
En ton desastre ^ ira ma destinee, ^ ^^^^^ '^
Ta mort sera pour m'amour ^ termineej ^ .J ^
De tes souspirs tes neveux ^ se riront; ^
Tu seras fait du vulgaire la fable,
Tu bastiras sur I'incertain du sable,
Et vainement tu peindras dans les cieux."
Ainsi disoit la nymphe qui m'afifolle,^
Lors que le ciel, temoin de sa parole,
D'un dextre ^ eclair fut presage a mes yeux.''
LVII
Divin Bellay,^° dont les nombreuscs " lois,
Par une ardeur du peuple separee,^^
Ont revestu Fenfant de Cytheree ^'
D'arc, de flambeau, de traicts et de carquois;
Si le doux feu dont jeune tu ardois ^*
Enflame encor' ta poi trine sacree;
20 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Si ton oreille encore se recree
D'ouir les plaints des amoureuses vois;
^ f^' Oy ^ ton Ronsard, qui sanglote et lamente,
dj^ VJ* Pale/agite des flots de la tourmente,
'(f^ Croizant en vain ses mains devers les cieux, ^^ ^.
En f railepnef ,^ lef sans vSiIeet ^SsrimeX
Et loin dutbofS^ii, pour astre,{^^^ame
A''^*^e)conduisoit du phare de ses yeux.
xcv
Pren ceste rose, aimable comme toy,
Qui sers de rose aux roses les plus belles.
Qui sers de fleur aux fleurs les plus nouvelles,
Dont la senteur me ravit tout de moy.
Pren ceste rose, et ensemble ref oy
Dedans ton sein mon coeur, qui n'a point d'ailes;
II est constant, et cent playes cruelles
N'ont empesche qu'il ne gardast sa foy.
La rose et moy differons d'une chose:
Un soleil voit naistre et mourir la rose;
Mille soleils ont vu naistre m'amour,
Dont Faction jamais ne se repose.
Ha! plut a Dieu que telle amour, eclose
Comme une fleur, ne m'eust dure qu'un jour!
CLIX
Voicy le bois que ma saincte Angelette
Sur le prin temps anima de son chant;
Voicy les fleurs oii son pied va marchant,
Lorsque, pensive, elle s'ebat seulette;
lo,^ voicy la pree ^ verdelette
Qui prend vigueur de sa main la touchant,
PIERRE DE RONSARD 21
Quand pas a pas, pillarde, va cherchant
Le bel email de I'herbe nouvelette.
Icy chanter, la pleurer je la vy,
Icy sourire, et la je fu ravy
De ses beaux yeux pas lesquels je des-vie; ^
Icy s'asseoir, la je la vy danser:
Sus le mestier d'un si vague penser
Amour ourdit les trames de ma vie.
II
From the Second Book, to Marie
XVIII
Mignonne, levez-vous, vous estes paresseuse,
Ja la gaye alouette au ciel a fredonne,
Et ja le rossignol doucement jargonne,
Dessus I'espine assis, sa complainte amoureuse.
Sus! debout! allons voir Therbelette perleuse,
Et vostre beau rosier de boutons couronne,
Et vos oeillets aimes ausquels aviez donne
Hier au soir de I'eau d'une main si soigneuse.
Hier en vous couchant vous me fistes promesse
D'estre plutost que moy ce matin eveillee,
Mais le sommeil vous tient encor toute sillee.
Ha! je vous punirai du peche de paresse,
Je vay baiser vos yeux et vostre beau tetin
Cent fois pour vous apprendre a vous lever matin.
XXVII
He! que voulez-vous dire? Estes- vous si cruelle
De ne vouloir aimer? Voyez les passercaux ^ly^jL v'm-vl***
22 FRENCH VERSE OF TEE XVI CENTURY
Qui demenent Tamour; voyez les colombeaux,
i^i^r'^'T^Regardez le ramier, voyez la tourterelle;
*^ « Voyez dega, dela, d'une fretillaiite aile iHx^c^
Voleter par les bois les amoureux oiseaux;
Voyez la jeune vigne embrasser les ormeaux,
Et toute chose rire en la saison nouvelle. .
Icy la bergerette, en tournant son fuseau, Injifip^^, **^^
Desgoise ses amours, et la le pastoureau
Respond a sa chanson. Icy toute chose aime;
Tout parle de Tamour, tout s'en veut enflammer;
Seulement vostre cceur, froid d'une glace extreme,
Demeure opiniastre et ne veut point aimer.
CHANSON
Le printemps n*a point tant de fleurs,
L'automne tant de raisins murs,
L'este tant de chaleurs halees,
L'hyver tant de froides gelees,
Ny la mer n'a tant de poissons,
Ny la Beausse ^ tant de moissons,
Ny la Bretaigne tant d'arenes,^
Ny I'Auvergne tant de fontaines,
Ny la nuict tant de clairs flambeaux,
Ny les forests tant de rameaux,
Que je porte au coeur, ma maistresse,
Pour vous de peine et de tristesse.
IV (of the second part)
Comme on void sur la branche au mois de may la rose
En sa belle jeunesse, en sa premiere fleur,
Rendre le ciel jaloux de sa vive couleur,
PIERRE DE RONSARD 23
Quand I'aube de ses pleurs au poinct du jour rarrose,
La Grace dans sa fueille et I'Amour se repose,
Embasmant ^ les jardins et les arbres d'odeur;
Mais batue ou de pluye ou d 'excessive ardeur,
Languissante, elle meurt, fueille a fueille declose.*
Ainsi en ta premiere et jeune nouveaute,
Quand la terre et le ciel honoroient ta bcaute,
La Parque ^ t'a tuee, et cendre tu reposes.
Pour obseques regoy mes larmes et mes pleurs,
Ce vase plein de laict, ce pannier plein de fleurs,
A fin que, vif et mort, ton corps ne soit que roses.'*
Ill
From the « Sonnets pour Helene »
^ Book I
xxxvi
Vous me distes, maistresse, estant a la fcnestre,
Regardant vers Montmartrc ^ et les champs d'alentour :
« La solitaire vie et le desert sejour
Valent mieux que la Cour; je voudrois bien y estre.
A rheure mon esprit de mes sens seroit maistre,
En jeusne et oraisons je passerois le jour,
Je desfi'rois les traicts et les flames d'Amour;
Ce cruel de mon sang ne pourroit se repaistre. »
Quand je vous respondy: « Vous trompez de penser
Qu'un feu ne soit pas feu pour se couvrir de cendre;
Sus les cloistres sacrez la flame on void passer,
Amour dans les deserts comme aux villes s'engendre.
Contre un dieu si puissant, qui les dieux peut forcer,
Jeusnes ny oraisons ne se peuvent defendre. »
24 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Book II
vni
Je plante en ta faveur cet arbre de Cybelle,*
Ce pin, ou tes honneurs se liront tous les jours:
J'ay grave sur le tronc nos noms et nos amours,
Qui croistront a Tenvy de Tescorce nouvelle.
Faunes, qui habitez ma terre paternelle.
Qui menez sur le Loir vos danses et vos tours,
Favorisez la plante et luy donnez secours.
Que Teste ne la brusle et I'hyver ne la gelle.
Pasteur qui conduiras en ce lieu ton troupeau,
FlageoUant ^ une eclogue en ton tuyau d'aveine,^
Attache tous les ans a cest arbre un tableau
Qui tesmoigne aux passans mes amours et ma peine;
Puis, Farrosant de laict et du sang d'un agneau,
Dy: « Ce pin est sacre, c'est la plante d'Helene.»
XLII
Quand vous serez bien vieille,"* au soir, a la chandelle,
Assise aupres du feu, devidant ^ et JSlant,
Direz, chantant mes vers, et vous esmerveillant:
Ronsard me celebroit du temps que j'estois belle.
Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Desja sous le labeur a demy someillant.
Qui, au bruit de Ronsard, ne s'aille reveillant,
Benissant vostre nom de louange immortelle.
Je seray sous la terre, et, fantosme sans os.
Par les ombres myrteux je prendray mon repos;
Vous serez au fouyer une vieille accroupie,
PIERRE DE RONSARD
2$
Regrettant mon amour et vostre fier dcsdain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez a demain;
Cueillez des aujourd'huy les roses de la vie.
LXVI
II ne faut s'esbahir, disoient ces bons vieillars ^
Dessus le mur troyen, voyans passer Helene,
Si pour telle beaute nous souffrons tant de peine:
Nostre mal ne vaut pas un seul de ses regars.
Toutesfois il vaut mieux, pour n'irriter point Mars
La rendre a son espoux, afin qu'il la remmeine,
Que voir de tant de sang nostre campagne pleine,
Nostre Havre gaigne, I'assaut a nos rempars.
Peres, il ne falloit, a qui la force tremble,
Par un mauvais conseil les jeunes retarder;
Mais, et jeunes et vieux, vous deviez tous ensemble
Pour elle corps et biens et ville hazarder.
Menelas fut bien sage et Paris, ce me semble,
L'un de la demander, I'autre de la garder.
LXXVI
Vous ruisseaux, vous rochers, et vous antres solitaires,
Vous chesnes, heritiers du silence des bois,
Entendez les souspirs de ma derniere vois,
Et de mon testament soyez presents notaires.
Soyez de mon malheur fidelcs secretaires,
Gravez-le en vostre escorce, a fin que tous les mois
II croisse comme vous; ccpendant je m'cn-vois*
La bas prive de sens, de veines et d'arteres.
Je meurs pour la rigueur d'une fiere beaute
Qui vit sans foy, sans loy, amour ne loyaute,
Qui me succe le sang comme un tigre sauvage.
26 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Adieu, forests, adieu ! Adieu le verd sejour
De vos arbres, heureux pour ne cognoistre Amour
Ny sa mere, qui tourne en fureur le plus sage.
IV
From the « Pieces retranchees »
xvn
Je vous envoye un bouquet que ma main
Vient de trier de ces fleurs epanies;
Qui ne les eust a ce vespre ^ cueillies,
Cheutes a terre elles fussent demain.
Cela vous soit un exemple certain
Que vos beautez, bien qu'elles soient fleuries,
En peu de temps seront toutes flaitries,
Et, comme fleurs, periront tout soudain.
Le temps s'en va,^ le temps s'en va, ma dame;
Las! le temps non, mais nous nous en allons,
Et tost serons estendus sous la lame.^ -f^^^^^
Et des amours desquelles nous parlons,
Quand serons morts, n'en sera plus nouvelle.
Pour ce aymez-moy ce pendant qu'estes belle.
XLIV
A>^-vd ttMrUjliyw^
Rossignol, mon mignon, qui dans ceste saulaye;
Vas seul de branche en branche a ton gre voletant,
Et chantes a I'envy de moy qui vais chantant
Celle qu'il faut tousjours que dans la bouche j'aye,
Nous souspirons tous deux: ta douce voix s'essaye
De sonner les amours d'une qui t'aime tant,
Et moy, triste, je vais la beaute regrettant
Qui m'a fait dans le cceur une si aigre playe.
PIERRE DE RONSARD 27
Toutesfois, Rossignol, nous differons d'un poinct:
C'est que tu es aime, et je ne le suis point,
Bien que tous deux ayons les musiques pareilles.
Car tu flechis t'amie au doux bruit de tes sons,
Mais la mienne qui prent a depit mes chansons,
Pour ne les escouter se bouche les aureilles.
LI
Je veux lire en trois jours I'lliade d'Homere,
Et pour ce, Corydon,^ ferme bien I'huis ^ sur moy;
Si rien ^ me vient troubler, je t'asseure ma foy,
Tu sentiras combien pesante est ma colere.
Je ne veux seulement que nostre chambriere
Vienne faire mon lit, ton compagnon ny toy;
Je veux trois jours entiers demeurer arequoy,'* ua A^^
Pour foUastrer apres une sepmaine entiere.
Mais si quelqu'un venoit de la part de Cassandre,
Ouvre-luy tost la porte, et ne le fais attendre,
Soudain entre en ma chambre et me vien accoustrcr.
Je veux tant seulement a luy seul me monstrer;
Au reste, si ^ un dieu vouloit pour moy descendre
Du del, ferme la porte, et ne le laisse entrer.
ODES
A MADAME MARGUERITE «
DUCHESSE DE SAVOIE, SCEUR DU ROY HENRY II
Strophe I
II faut aller contenter
L'aureille de Marguerite,
Et en son palais chanter
Quel honneur elle mcritc.
28 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Debout, Muses, qu'on m'attelle
Vostre charrette immortelle,
Afin qu'errer je la face
Par une nouvelle trace,
Chantant la vierge autrement
Qu'un tas de rimeurs barbares
Qui ses louanges si rares
Luy souilloient premierement.
Antistrophe
J'ay sous I'esselle ^ un carquois
Gros de fleches nompareilles,
Qui ne font bruire leurs vols
Que pour les doctes aureilles.
Leur roideur n'est apparente
A telle bande ignorante
Quand une d'elles annonce
L'honneur que mon arc enfonce.
Entre toutes j'esliray
La mieux sonnante, et de celle
Par la terre universelle
Ses vertus je publiray.
Epode
Sus, ma Muse, ouvre la porta
A tes vers plus doux que le miel,
Afin qu'une fureur sorte
Pour la ravir jusqu'au ciel.
Du croc arrache la lyre
Qui tant de gloire t'acquit,
Et vien sur ses cordes dire
Comma la Vierge nasquit.
PIERRE DE RONSARD 29
Strophe II
Par un miracle nouveau,
Un jour Pallas de sa lance
Ouvrit le docte cerveau
De Francois, seigneur de France.
Alois, estrange nouvelle!
Tu nasquis de sa cervelle,
Et les Muses, qui la furent, .
En ton giron te receurent. ^^f^
Mais, quand le temps eut parfait
L'accroissance de ton age,
Tu pensas en ton courage ^
De mettre a chef ^ un grand faiL
Antistrophe
Tes mains s'armerent alors
De I'horreur de deux grand's haches,
Sous un beau harnois de cors
Tout Testomach tu te caches;
Une menassante creste
Flotoit au haut de ta teste,
Refrappant la gueule horrible
D'une Meduse terrible:
Ainsi tu alias trouver
Le vilain monstre Ignorance,
Qui souloit ^ toute la France
Dessous son ventre couvcr.
Epode
L'ire qui la beste eslance
En vain irrita son cccur,
30 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Poussant son mufle en defence
Encontre ton bras vainqueur;
Car le fer prompt a Tabbattre
En son ventre est ja cache,
Et ja trois fois, voire ^ quatre,
Le coeur luy a recherche.
Strophe III
Le monstre gist ^ estendu,
L'herbe en sa playe se souille;
Aux Muses tu as pendu
Pour trophee sa despouille;
Puis, versant de sa poitrine
Mainte source de doctrine,
Aux Francois tu fis cognestre
Le miracle de ton estre.
Pour cela je chanteray
Ce bel hymne de victoire,
Et sur Tautel de Memoire
•L^enseigne j'en planteray.
Antistrophe
Mais moy, qui suis le tesmoin
De ton loz * qui le monde orne,
II ne faut ruer si loin
Que mon train passe la borne.
Frappe a ce coup Marguerite
Par le but de son merite
Qui luit comme une pianette
Des Acts de la mer brunette.
Repandons devant ses yeux
i><
PIERRE DE RONSARD
Ma musique tousjours neuve
Et le nectar dont j'abreuve
Les honneurs dignes des cieux,
Epode
Afin que la nymphe voye
Que mon luth premierement
Aux Francois monstra la voye
De sonner si proprement,
Et comme imprimant ma trace
Au champ attiq' et remain,
Callimach', Pindare, Horace,^
Je deterray de ma main.
^ A CASSANDRE2
Mignonne, allons voir si la rose,
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu ceste vespree ^
Les plis de sa robe pourpree,
Et son teint au vostre pareil.
Las! voyez comme en pcu d'espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las, ses beautez laisse cheoir!
O vrayment marastre nature,
Puis qu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir!
Done, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vostre age fleuronne *
31
32 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
En sa plus verte nouveaute,
Cueillez, cueillez vostre jeunesse:
Comme a ceste fleur, la vieillesse
Fera ternir vostre beaute.
Ai^
^<^
\i^^' ^ ■ A LA FONTAINE BELLERIE
O fontaine Bellerie/
Belle deesse cherie
De nos nymphes, quand ton eau
Les cache au fond de ta source, > ,
Fuyantes ^ le satyreau ^ hju*' ^"^^^
Qui les pourchasse a la course
Jusqu'au bord de ton ruisseau,
Tu es la nymphe eternelle
De ma terre paternelle.
Pour ce, en ce pre verdelet,
Voy ton poete qui t'orne
D'un petit chevreau de lait,
A qui Tune et I'autre corne
Sortent du front nouvelet.
Toujours Teste je repose
Pres ton onde, oii je compose,
Cache sous tes saules vers,
Je ne sfay quoy, qui ta gloire
Envoirra par I'univers,
Commandant a la memoire
Que tu vives par mes vers.
L'ardeur de la canicule
Jamais tes rives ne brule,
^
PIERRE DE RONSARD 33
Tellement qu'en "toutes pars
Ton ombre est espaisse et drue
Aux pasteurs venans des pares,
Aux bceufs las de la charrue
Et au bestial ^ espars.
16, tu seras sans cesse
Des fontaines la princesse,
Moi celebrant le conduit
Du rocher perce qui darde
Avec un enroue bruit
L'eau de ta source jazarde,^
Qui trepillante ' se suit.
A LA FOREST DE GASTINE*
Couche sous tes ombrages vers,
Gastine, je te chante
Autant que les Grecs, par leurs vers,
La forest d'Erjonan the: ^ ^", **^' -^
Car, malin, celer je ne puis
A la race future
De combien oblige je suis
A ta belle verdure.
Toy qui, sous I'abry de tes bois,
Ravy d'esprit m'amuses;
Toy qui fais qu'a toutes les fois
Me respondent les Muses;
Toy par qui de I'importun soin
Tout franc je me delivre,
Lors qu'en toy je me pers bien loin,
Parlant avec un livre.
34 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Tes boccages soient tousjours pleins
D'amoureuses brigades
De Satyres et de Sylvains,
La crainte des Naiades!
En toy habite desormais
Des Muses le college,
Et ton bois ne sente jamais
La flame sacrilege!
A SON LAQUAIS
/<:A^
l^
-,Y
[^
J'ay Tesprit tout ennuye i^^^ a^
D 'avoir trop estudie r ^JC ^i/ liKv
Les Phenomenes d'Arate: ^ /) Ij^ \
II est temps que je m'esbate
Et que j'aille aux champs jouer.
Bon dieux! qui voudroit louer
Ceux qui, coUez sur un livre,
N'ont jamais soucy de vivre?
Que nous sert I'estudier,
Sinon de nous ennuyer
Et soing dessus soing accrestre,^
A qui nous serons peut-estre,
Ou ce matin, ou ce soir,
Victime de FOrque ^ noir,
De rOrque qui ne pardonne,
Tant 11 est fier,^ a personne?
Corydon,^ marche devant;
Sfache ou le bon vin se vend.
Fais apres a ma bouteille,
Des feuilles de quelque treille,
'Un tapon ^ pour la boucher.
PIERRE DE RONSARD 35
Ne m'achete point de chair,
Car, tant soit-elle friande,
L'este je hay la viande.
^/^ Achete des abricos,
^^ A)^^^ Des pompons,^ des artichos,
^^ Des f raises et de la creme:
C'est en este ce que j'aime,
Quand, sur le bord d'un ruisseau,
Je les mange au bord de I'eau,
Estendu sur le rivage
Ou dans un antre sauvage.
Ores que ^ je suis dispos,
Je veux rire sans repos,
De peur que la maladie
Un de ces jours ne me die,
Me happant a Timpourveu:
« Meurs, gallant: c'est assez beu. »
^.. v^
\j L'AMOUR MOUILLfi* W
AU SIEUR ROBERTET
^
UJt
r f- <u
Du malheur de recevoir
Un estranger sans avoir
De luy quelque cognoissance
Tu as fait experiance,
Menelas,^ ayant receu
Paris, dont tu fus deceu;
Et moy je la viens de faire,
Las! qui ay voulu retraire ^ * '' ^i**^
Tout soudain un estranger
Dans ma chambre et le loger.
36 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
II estoit minuict, et Fourse
De son char tournoit la course
Entre les mains du bouvier, ch^^ir^^^
Quand le somme vint Her
D'une chaine sommeillere
Mes yeux clos sous la paupiere.
Ja, je dormois en mon lit,
Lorsque j'entr'ouy le bruit
D'un qui frapoit a ma porte,
Et heurtoit de telle sorte
Que mon dormir s'cn-alla.
Je demanday: « Qu'est-ce la
Qui fait a mon buy ^ sa plainte?
— Je suis enfant, n'aye crainte, »
Ce me dit-il. Et adonc
Je luy desserre le gond
De ma porte verrouillee.
« J'ay la chemise mouillee,
Qui me trempe jusqu'aux oz,
Ce disoit, car sur le doz
Toute nuict j'ay eu la pluie;
Et pour ce je te supplie
De me conduire a ton feu
Pour m'aller seicher un peu. »
Lors je prins sa main humide,
Et par pitie je le guide
En ma chambre, et le fis seoir
Au feu qui restoit du soir;
Puis, allumant des chandelles,
Je vy qu'il portoit des ailes,
Dans la main un arc turquois,^
Et sous I'aisselle un carquois.
PIERRE DE RONSARD
Adonc en mon cocur je pense
Qu'il avoit grande puissance,
Et qu'il falloit m'apprester
Pour le faire banqueter.
Ce-pendant il me regarde
D'un ceil, de I'autre il prend garde
Si son arc estoit seche;
Puis me voyant empesche ^ , ,
A luy faire bonne chere,
Me tire une fleche amere
Droict en I'ceil, et qui de la
Plus bas au coeur devala,
Et m'y fit telle ouverture
Qu'herbe, drogue ny murmure,^
N'y serviroient plus de rien.
Voila, Robertet, le bien
(Mon Robertet, qui cmbrasses
Les neuf Muses et Ics Graces),
Le bien qui m'est advenu
Pour logcr un incognu.
A CASSANDRE
Quand je suis vingt ou trente mois
Sans retourner en Vendomois,
Plein de pensees vagabondes,
Plein d'un remors et d'un souci,
Aux rochers je me plains ainsi,
Aux bois, aux antres, et aux ondes:
Rochers, bien que soyez dgez
De trois mil ans, vous ne changez
Jamais ny d'estat ny de forme;
37
jiu^'
38 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Mais tous jours ma jeunesse fuit,
Et la vieillesse qui me suit
De jeune en vieillard me transforme.
Bois, bien que perdiez tous les ans
En hyver vos cheveux mouvans,
L'an d'apres qui se renouvelle
Renouvelle aussi vostre chef; ^
Mais le mien ne pent de rechef
Ravoir sa perruque ^ nouvelle.
Antres, je me suis veu chez vous
Avoir jadis verds les genous,
Le corps habile et la main bonne;
Mais ores j'ay le corps plus dur,
Et les genous, que n'est le mur
Qui froidement vous environne.
Ondes, sans fin vous promenez,
Et vous menez et remenez
Vos flots d'un cours qui ne sejourne;
Et moy, sans faire long sejour,
Je m'en vais de nuict et de jour
Au Ueu d'ou plus on ne retourne.
Si est-ce que je ne voudrois
Avoir este ni roc ni bois,
Autre ni onde, pour defendre
Mon corps contre I'age emplume:
Car, ainsi dur, je n'eusse aime
Toy, qui m'as fait vieiUir, Cassandra.
PIERRE DE RONSARD 39
L'AMOUR ET L'ABEILLE ' [\ '
Le petit enfant Amour i| •
Cueilloit des fleurs a I'entour
D'une ruche, ou les avettes ^
Font leurs petites logettes.
Comme il les alloit cueillant,
Une avette sommeillant
Dans le fond d'une fleurette,
Luy piqua la main tendrette.
Si tost que pique se vit,
Ah! je suis perdu, ce dit;
Et s'en-courant vers sa mere,
Luy monstra sa playe amere:
Ma mere, voyez ma main,
Ce disoit Amour tout plein
De pleurs, voyez quelle enflure
M'a fait une esgratignure!
Alors Venus se sourit,
Et en le baisant le prit,
Puis sa main luy a souflee
Pour guarir sa plaie enQee.
Qui t'a, dy-moy, faux gargon,
Blesse de telle fagon?
Sont-ce mes Graces riantes,
De leurs aiguilles poignantcs?
Nenny, c'est un serpen teau,
Qui vole au printemps nou\cau
Avecques deux ailerettts
fa et la sur les fleurettes.
Ah! vrayment je le co«]jnois,
Dit Venus; les vilJagcois
40 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
De la montagne d'Hymette .
Le surnomment une avette, J-6t
* Si donques un animal
Si petit fait tant de mal,
lU- Quand son halesne ^ espoinfonne
La main de quelque personne,
Combien fais-tu de douleurs
Au prix de luy, dans les coeurs
De ceux contre qui tu jettes
Tes homicides sagettes? ^
ixr^r
\\ ODE XVIII OF BOOK IV
Dieu vous gard, messagers fidelles
Du printemps, gentes arondelles,^
Huppes, cocus,"^ rossignolets,
V ^-^-o>i**rourtres,^ et vous oiseaux sauvages,
^^ Qui de cent sortes de ramages
Animez les bois verdelets. , ■ j^~,
Dieu vous gard, belles paquerettes, (^^^"^
Belles roses, belles fleurettes
De Mars, et vous boutons cognus
Du sang d'Ajax ^ et de Narcisse; ^ ryv^
Et vous thym, anis et melisse, y^t'^'^ ^
I Vous soyez les bien revenus. ti'
Dieu vous gard, troupe diapree ^ ^
De papillons, qui par la pree
. Les douces herbes sugotez;
Et vous, nouvel essain d'abeilles.
Qui les fleurs jaunes et vermeilles
Indifferemment baisotez.
PIERRE DE RONSARD 41
Cent mille fois je rcsalue
Vostre belle et douce venue;
O que j'aime ceste saison
Et ce doux caquet des rivages,
Au prix des ^ vents et des orages
Qui m'enfermoient en la maison!
[Sus, page, a cheval! que Ton bride!
Ayant ce beau printemps pour guide,
Je veux ma dame aller trouver
Pour voir, en ces beaux mois, si elle
Autant vers moi sera cruelle
Comma elle fut durant Thyver.]
ODE XIX OF BOOK IV
Bel aubespin verdissant,
Fleurissant
Le long de ce beau rivage,
Tu es vestu jusqu'au bas
Des longs bras
D'une lambrunche - sauvage.
Deux camps drillants '' da'fourmis
Se sont mis
En garnison sous ta souche;
Et dans ton tronc mi-mange
Arrange
Les avettes ont leur couche.
Le gentil rossignolet,
Nouvelet,
Avecques sa bicn-aimee,
42 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Pour ses amours alleger
Vient loger
Tous les ans en ta ramee.
Sur ta cyme il fait son ny/
Bien gamy
De laine et de fine soye,
Ou ses petits esclorront
Qui seront
De mes mains la douce proye.
Or vy, gentil aubespin,
Vy sans fin,
Vy sans que jamais tonnerre,
Ou la coignee, ou les vents,
Ou les temps,
Te puissent ruer par terre.
ODE XV OF BOOK V
Nous ne tenons en nostre main
Le temps futur du lendemain;
La vie n'a point d'asseurance,
Et, pendant que nous desirons
La faveur des roys, nous mourons
Au milieu de nostre esperance.
L'homme, apres son dernier trespas,
Plus ne boit ne mange la bas,
Et sa grange, qu'il a laissee
Pleine de ble devant ^ sa fin,
Et sa cave pleine de vin,
Ne luy viennent plus en pensee.
PIERRE DE RONSARD 43
He! quel gain apporte resmoy?
Va, Cory don, appreste-moy
Un lict de roses espanchees.
II me plaist, pour me defascher,
A la renverse me coucher l'
Entre les pots et les jonch6es. ^"^
Fay-moy venir Daurat Wcy;
Fais-y venir Jodelle ^ aussi, ' '^
Et toute la musine troupe.' ^^ '" ' /
Depuis le soir jusqu'au matin
Je veux leur donner un festin
Et cent fois leur pendre * la coupe.
Verse done et reverse encor
Dedans cette grand' coupe d'or:
Je vay boire a Henry Estienne,*
Qui des enfers nous a rendu , jkf>^^^^
Du vieil Anacreon perdu^ ^j '^-* jj^^^'^
La douce lyre teienne.® / <^ ih'^^
A toy, gentil Anacreon, /
Doit son plaisir le biberon,
Et Bacchus te doit ses bouteilles;
Amour son compagnon te doit
Venus, et Silene, qui boit
L'este dessous Tombre des treilles.
ODELETTE XXIV OF BOOK V
Cependant que ce beau mois dure,
Mignonne, allon sur la verdure,
Ne laisson perdrc en vain le temps;
L'ige glissant qui ne s'arreste,
44 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Meslant le poil de nostra teste,
S'enfuit ainsi que le printemps.
Donq, cependant que hostre vie
Et le temps d'aimer nous convie,
Aimon, moissonnon nos desirs,
Passon I'amour de veine en veine;
Incontinent la mort prochaine
Viendra derober nos plaisirs.
<- . A SA MUSE
Plus aur que fer ]*ay fini mon ouvrage/
Que I'an dispos a demener les pas,
Que I'eau, le vent ou le brulant orage,
L'injuriant, ne ru'ront point a has.
Quand ce viendra que le dernier trespas
M'assouspira d'un somme dur, a I'heure ^
Sous le tombeau dont Ronsard n'ira pas,
Restant de luy la part qui est meilleure.
Tousjours, tousjours, sans que jamais je meure,
Je voleray tout vif par Tunivers,
Eternisant les champs ou je demeure, / ^
De mes lauriers fatalement ^ couvers, ^V/ //^^^ .^^
Pour avoir joint les deux harpeurs ^ diwQilk'J J ^%
Au doux babil de ma lyre d'yvoire, lii^*^
Que j'ay rendus Vendomois par mes vers.
Sus donque. Muse, emporte au ciel la gloire
Que j'ai gaignee, annongant la victoire
Dont a bon droit je me voy jouissant,
Et de ton fils consacre la memoire,
Serrant son front d'un laurier verdissant.
PIERRE DE RONSARD 45
AU ROSSIGNOL
M
Gentil rossignol passager,
Qui t'es encor venu loger ,^.
Dedans cette coudre ^ ramee, ^^
Sur ta branchette accoustumee,
Et qui nuit et jour de ta vois
Assourdis les mons et les bois,
Redoublant la vieille querelle
De Teree ^ et de Philomele,
Je te supplie (ainsi tousjours
Puisses jouir de tes amours)
De dire a ma douce inhumaine,
Au soir quand elle se promeine
Ici pour ton nid espier,
Qu'il n'est pas bon de se fier
En la beaute ny en la grace,
Qui plustost qu'un songe se passe.
Dy-luy que les plus belles fleurs
En Janvier perdent leurs couleurs,
Et quand le mois d'avril arrive
Qu'ils ^ revestent leur beaute vivc;
Mais quand des filles le beau tcint
Par Tage est une fois esteint,
Dy-luy que plus il ne retoume,
Mais bien qu'en sa place sejoume
Au haut du front je ne s^ay quoy
De creux a coucher tout le doy; *
Et toute la face seichee
Devient^comme unc Heur touchce
Du soc^aigu. Dy-luy encor
ptf^^-y^ Qu'apr^s qu'elle aura chang6 Tor
46 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
>
De ses blonds cheveux, et que Page
■JiP" Luy aura crespe ^ le visage,
^ Qu'en vain lors elle pleurera,
De quoy jeunette elle n'aura
Prins les plaisirs qu'on ne peut prendre
Quand la vieillesse nous vient rendre
Si froids d'amours et si perclus,
Que les plaisirs ne plaisent plus.
Mais, rossignol, que ne vient-elle
Maintenant sur I'herbe nouvelle
Avecques moy dans ce buisson?
Au bruit de ta douce chanson,
Je luy ferois sous la coudrette
Sa couleur blanche vermeillette.
fiGLOGUES 2
ORLEANTIN ^
Puis que le lieu, le temps, la saison et Fenvie,
Qui s'eschaufent d'amour, a chanter nous convie,
Chanton donques, bergers, et en mille famous
A ces vertes forests apprenon nos chansons.
Icy de cent couleurs s'esmaille la prairie,
Icy la tendre vigne aux ormeaux se marie,
Icy I'ombrage frais va les fueilles mouvant
Errantes ^ et la sous I'haleine du vent:
Icy de pre en pre les soigneuses avettes
Vont baisant et sucfant les odeurs des fleurettes:
Icy le gazouillis enroue des ruisseaux
S'accorde doucement aux plaintes des oiseaux:
Icy entre les pins les Zephyres s'entendent.
PIERRE DE RONSARD
47
Nos flutes cependant trop paresseuses pendent
A nos cols endormis, et semble que ce temps
Soit a nous un hyver, aux autres un printemps.
Sus donques en cet antre ou dessous cet ombrage
Disons une chanson: quant a ma part je gage,
Pour le prix de celuy qui chantera le mieux,
Un cerf apprivoise qui me suit en tous lieux.
Je le desrobay jeune au fond d'une vallee j /
A sa mere, au dos peint d'une peau martelee,* r^'^^^ "*^
Et le nourry si bien, que souvent le grattant,
Le chatouillant, touchant, le peignant et flatant,
Tantost aupres d'une eau, tantost sur la verdure,
En douce je toumay sa sauvage nature.
Je I'ay tousjours garde pour ma belle Thoinon,
Laquelle en ma faveur Tappelle de mon nom:
Tantost elle le baise, et de fleurs odoreuses
Environne son front et ses comes rameuscs,
Et tantost son beau col elle vient enfermer
D'un carquan ^ enrichy de coquilles de mer,
D'oii pend la croche dent d'un sanglier, qui ressemble
En rondeur le croissant qui se rejoint ensemble.
II va seul et pensif oii son pied le conduit;
Maintenant des forests les ombrages il suit,
Maintenant il se mire au bord d'une fontainc,
Ou s'endort sous le creux d'une roche hautainc.
Puis il retourne au soir, et gaillard prend du pain .
Tantost dessus la table et tantost en ma main, ^ ^
Saute a I'entour de moy, et de sa come cssayc ^^ ^ -''
De cosser ^ brusquement mon maslin qui Tabaye,*
48 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Fait bruire son cleron,^ puis il se va coucher
Au giron de Thoinon qui Festime si cher.
II soufTre que sa main le chevestre luy mette
Faict a houpes de soie, et si bien ell' le traite
Que sur son dos prive ^ le bast elle luy met.
Elle monte dessus et sans crainte le fait
Marcher entre les fleurs, le tenant a la corne
D'une main, et de I'autre en cent fafons elle orne
Sa croupe de bouquets et de petits rameaux;
Puis le conduit au soir a la fraischeur des eaux,
Et de sa blanche main seule luy donne a boire.
Or quiconques aura I'honneur de la victoire,
Sera maistre du cerf, bien-heureux et contant
De donner a s'amie un present qui vaut tant.
ANGELOT ^
Je gage mon grand bouc, qui par mont et par plaine
Conduit seul un troupeau comme un grand capitaine;
II est fort et hardy, corpulent et puissant,
Brusque, prompt, eveille, sautant et bondissant, jVi^d'
Qui gratte, en se jouant, de Tergot de derriere M*^ ^ '
(Regardant les passans) sa barbe mentonniere. '
II a le front severe et le pas mesure,
La contenance fiere et Foeil bien asseure:
II ne doute ^ les loups, tant soient-ils redoutables,
Ny les mastins armez de colliers effroyables,
Mais plante sur le haut d'un rocher espineux,
Les regarde passer et si se mocque d'eux.
Son front est rempare de quatre grandes cornes;
Les deux proches des yeux sont droites comme bornes
PIERRE DE RONSARD 49
Qu'un pere de famille esleve sur le bord
De son champ qui estoit naguercs en discord ;
Les deux autres qui sont prochaines des aureilles,
En douze ou quinze plis se couvrcnt a merveilles
Comme ondes de la mer, et en tournant s'en vont
Cacher dessous le poil qui luy pend sur le front.
Des la poincte du jour ce grand bouc qui sommcille
N'attend que le pasteur son troupelet reveille,
Mais il fait un grand bruit dedans Testable, et puis
En poussant le c^ouillet,^ de sa corne ouvre I'huis,
Et guide les chevreaux qu'a grands pas il devance
Comme de la longueur d'une moyenne lance,
Puis les rameine au soir a pas contez et Ions,
Faisant sous ses ergots poudroyer les sablons.
Jamais en nul combat n'a perdu la bataille,
Ruze des sa jeunesse, en quelque part qu'il aille,
D'emporter la victoire: aussi les autres boucs
Ont crainte de sa corne, et le reverent tous.
Je le gage pourtant: voy comme il se regarde,
II vaut mieux que le cerf que ta Thoinon te garde.
NAVARRIN 2
J'ay dans ma gibbeciere un vaisseau fait au tour,
De racine de buis, dont les anses d'autour
D 'artifice excellent de mesme bois sont faitcs,
Oil maintes choses sont diversement portraites.
Presque tout au milieu du gobelet est peint
Un satyre cornu, qui de ses bras estreint
Tout au travers du corps une jeune bergere,
Et la veut faire choir dessous une fougerc.
50 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Son couvrechef luy tombe, elle a de toutes pars
A I'abandon du vent ses beaux cheveux espars:
La nymphe courroucee, ardante en son courage,
Tourne loin du satyre arriere le visage,
Essayant d'eschapper, et de la dextre main
Luy arrache le poil du menton et du sein,
Et luy froisse le nez de I'autre main senestre/
Mais en vain; car toujours le satyre est le maistre.
Trois petits enfans nuds de jambes et de bras,
Taillez au naturel, tons potelez et gras
Sont gravez a I'entour: I'un par vive entreprise
Veut faire abandonner au satyre sa prise,
Et d'une infante ^ main par deux et par trois fois
Prend celle du bouquin ^ et lui ouvre les doits.
L'autre, plus courrouce, d'une dent bien aigue
Mort ^ ce dieu ravisseur par la cuisse pelue,
Se tient centre sa greve, et le pince si fort
Que le sang espandu sous les ongles en sort,
Faisant signe du doigt a I'autre enfant qu'il vienne,
Et que par I'autre jambe ainsi que luy le tienne;
Mais cet autre garjon pour neant supplie,
A dos courbe se tire une espine du pie,
Assis sur un gazon de verte pimpernelle.
Sans se donner soucy de celuy qui I'appelle.
Une genisse aupres luy pend sur le talon,
Qui regarde tirer le poignant aiguillon
De I'espine cachee au fond de la chair vive,
Et toute est tellement a ce fait ententive,
Que beante elle oublie a boire et a manger:
Tant elle prend plaisir a ce petit berger,
PIERRE DE RONSARD
51
Qui, tirant a la fin la pointe de I'espine,
De douleur se renverse et tombe sur Teschine.
Un houbelon ^ rampant a bras longs et retors
De ce creux gobelet passemente les bors, f^^^,.
Et court en se pliant a I'entour de I'ouvrage:
Tel qu'il est toutefois je le mets pour mon gage.
GUISIN 2
Je mets une houlette en lieu de ton vaisscau.
L'autre jour que j'estois assis pres d'un ruisseau,
Radoubant ^ ma musette avecques mon alesne,*
Je vy dessur le bord le tige d'un beau fresne
Droit, sans noeuds, et sans plis : lors me levant soudain
J'empoignay d'allegresse un goy ^ dedans la main,
Puis coupant par le pied le bois arme d'escorce,
Je le fis chanceler et trebucher a force
Dessur le pre voisin estendu de son long :
En quatre gros quartiers j'en fis sicr le tronc,
Au soleil je seichay sa verdeur consumee,
Puis j'endurcy le bois pendu a la fumee.
A la fin le baillant ^ a Jean, ce bon ouvrier
M'en fist une houlette, et si n'y a chevrier
Ny berger en ce bois, qui ne donnast pour elle
La valeur d'un taurcau, tant elle scmble belle:
Elle a par artifice un million de nouds,^
Pour mieux tenir la main, tous marquetez de clous;
Et afin que son pied ne se gaste a la terre,
Un cercle faict d'airain de tous costez le scrre:
Une poincte de fer le bout du pied soustient,
Rempart de la houlette, ou le pasteur se tient
52 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Dessur la jambe gauche, et du haut il appuye
Sa main, quand de jouer sur sa flute il s'ennuye:
L'anse est faite de cuivre, et le haut de fer blanc
Un peu long et courbe, oil pourroient bien de rang
Deux mottes pour jetter au troupeau qui s'egare,
Tant le fer est creuse d'un artifice rare.
Une nymphe y est peinte, ouvrage nompareil,
Qui ses cheveux essuye aux rayons du soleil,
Qui deg a qui dela dessur le col luy pendent,
Et dessur la houlette a petits flots descendent.
EUe fait d'une main semblant de ramasser
Ceux du coste senestre et de les retrousser
En frisons sur I'aureille, et de Fautre elle allonge
Ceux du dextre coste mignotez ^ d'une esponge
Et tirez fil a fil, faisant entre ses doits
Sortir en pressurant I'escume sur le bois.
Aux pieds de ceste nymphe est un gargon qui semble
Cueillir des brins de jonc, et les lier ensemble
De long et de travers, courbe sur le genou:
II les presse du pouce et les serre d'un noud,
Puis il fait entre deux des fenestres egales,
Fagonnant une cage a mettre des cigales.
Loin derriere son dos est gisante a I'escart
Sa panetiere ^ enflee, en laquelle un regnard
Met le nez finement, et d'une ruze estrange
Trouve le dejeuner du gargon et le mange,
Dont I'enfant s'appergoit sans estre courrouce;
Tant il est entcntif a roeuvre commence.
Si mettray-je, pourtant, une telle houlette,
Que j'estime en valeur autant qu'une musette.
PIERRE DE RONSARD
53
MARGOT
Je mettray, pour celuy qui gaignera Ic prix,
Un merle qu'a la glus en nos forests je pris:
Puis vous diray comment je Tenfermay en cage,
Et luy fis oublier son naturel ramage.
Un jour en I'escoutant siffler dedans ce bois
J'eu plaisir de son vol et plaisir de sa vois,
Et de sa pobbe noire, et de son bee qui semble
Estre peint de safran, tant jaune il lui ressemble:
Et pource j'espiay I'endroit ou il buvoit,
Quand au plus chaud du jour ses plumes il lavoit.
,/ / /
Or en semant le bord de vergettes^gluees, * • «•
L'une assez pres de I'autre, en ordre situees,
Je me cachay sous I'herbe au pied d'un arbrisseau,
Attendant que la soif ameneroit I'oiseau.
Aussi tost que le chaud eut la terre enllamee,
Et que les bois fueilluz, herissez de ramee,
N'empeschoient que I'ardeur dcs rayons les plus chaux
Ne vinssent alterer le ca'ur des animaux,
Ce merle ouvrant la gorge, et laissant I'aile jKMidrc,
Matte d'ardante soif, en volant vint desccndre
Dessus le bord glue, et comme il allongcoit
Le col pour s'abrcuver (pauvret (|ui ne songeoil
Qu'a prendre son plaisir!) se voit outre couslunic
Engluer tout le col et puis toutc la plume,
Si bien qu'il ne faisoit, en lieu de s'envoler,
Si non a petits bonds sur le bord siiuteler.
Incontinent je cours, et promptc luy desrobbe
Sa douce liberte, le cachant sous ma robl^;
Puis, pliant et nouant de vergettcs de buis
Et d'osier une cage, en prison je le mis.
54 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Et fust que le soleil se plongeast dedans I'onde,
Fust qu'il monstrast au jour sa belle tresse blonde,
Fust au plus chaud midy, alors que nos troupeaux
Estoient en remaschant couchez sous les ormeaux,
Si bien je le veillay parlant a son aureille,
Qu'en moins de quinze jours je luy appris merveille;
Et luy lis oublier sa rustique chanson,
Pour retenir par coeur mainte belle le^on,
Toute pleine d'amour: j'ay souvenance d'une,
Bien que I'invention en soit assez commune,
Je la diray pourtant: car par la se verra
Si I'oiseau sera cher a celuy qui I'aura.
« Xandrin, mon doux soucy, mon ceillet, et ma rose,
Qui peux de mes troupeaux et de moy disposer,
Le soleil tous les soirs dedans I'eau se repose!
Mais Margot pour t'amour ne sauroit reposer. »
II en sfait mille encore et mille de plus belles
Qu'il escoute en ces bois chanter aux pastourelles:
Car il apprend par cceur tout cela qu'il entend,
Et bien qu'il me soit cher, je le gage pourtant.
H A SON AMEi
Amelette Ronsardelette,
Mignonnelette, doucelette,
Treschere hostesse de mon corps,
Tu descens la bas foiblelette,
Pasle, maigrelette, seulette,
Dans le froid Royaume des mors:
PIERRE DE RONSARD 55
Toutesfois simple, sans remors
De meurtre, poison, ou rancune,
Meprisant faveurs et tresors
Tant enviez par la commune.
Passant, j'ay dit, suy ta fortune,
Ne trouble mon repos, jc dors.
'' POUR SON TOMBEAU
Ronsard repose icy, qui hardy des I'enfance
Detourna d 'Helicon les Muses en la France,
Suivant le son du Luth et les traits d'ApoUon:
Mais peu valut sa Muse encontre I'eguillon
De la mort, qui cruelle en ce tombeau I'enserre.
Son ame soit a Dieu, son corps soit ^ la terre.
JOACHIM DU BELLAY
FROM THE OLIVE
LX
Divin Ronsard, qui de Fare a sept cordes
Tiras premier au but de la memoire
Les traictz aelez ^ de la Frang oise gloire,
Que sur ton luc haultement tu accordes.
Fameux harpeur et prince de noz odes,
Laisse ton Loir haultain de ta victoire,
Et vien sonner au rivage de Loire
De tes chansons les plus nouvelles modes.^ ^
Enfonce Fare du vieil Thebain ^ archer, '^^
Ou nul que toy ne sceut onq' encocher
Des doctes Sceurs les sajettes ^ divines.
Porte pour moy parmy le ciel des GauUes
Le sainct honneur des nymphes Angevines, ^
Trop pesant faix ® pour mes foibles epaules.
cxm
Si nostre vie ^ est moins qu'une journee
En Teternel, si Fan qui faict le tour
Chasse noz jours sans espoir de retour,
Si perissable est toute chose nee,
JOACfflM DU BELLA Y 57
Que songes-tu, mon ame emprisonnce?
Pourquoy te plaist I'obscur de nostre jour,
Si pour voler en un plus clcr sejour,
Tu as au dos I'aele bien empanee? ^
La, est le bien que tout esprit desire,
La, le repos ou tout le monde aspire,
La, est I'amour, la, le plaisir encore.
La, 6 mon ame au plus hault del guidee!
Tu y pouras recongnoistre Tldee
De la beaute, qu'en ce monde j 'adore.
FROM THE ANTIQUITIES^
1 VII
Sactez costaux,^ et vous sainctes ruines.
Qui le seul nom de Rome retenez,
Vieux monuments, qui encore soustenez
L'honneur poudreux de tant d'ames divines:
Arcz triomphaux, pointes du ciel voisines,
Qui de vous voir le ciel mesme estonnez.
Las, peu a peu cendre vous devenez,
Fable du peuple et publiques rapines!
Et bien qu'au temps pour un temps facent guerre
Les bastimens, si est-ce que le temps
(Euvres et noms finablement atterre.*
Tristes desirs, vivez donques contents:
Car si le temps finist chose qui dure,
II finira la peine que j endure.
58 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
XIV
Comme on passe en aeste le torrent sans danger,
Qui souloit en hyver estre roy de la plaine,
Et ravir par les champs d'une fuite hautaine
L'espoir du laboureur et I'espoir du berger:
Comme on void les coiiards animaux oultrager
Le courageux lyon gisant dessus I'arene/
Ensanglanter leurs dents, et d'une audace vaine
Provoquer I'ennemy qui ne se peult venger:
Et comme devant Troye on vid des Grecz encor
Braver les moins vaillans autour du corps d'Hector:
Ainsi ceulx qui jadis souloient, a teste basse,
Du triomphe Romain la gloire accompagner,
Sur ces poudreux tumbeaux exercent leur audace,
Et osent les vaincuz les vainqueurs desdaigner.
XXVIIJ
Qui a veu ^ quelquefois un grand chesne asseiche,
Qui pour son ornement quelque trophee porte,
Lever encor' au ciel sa vieille teste morte,
Dont le pied fermement n'est en terre fiche,
Mais qui dessus le champ plus qu'a demy panche
Monstre ses bras tous nuds et sa racine torte,^
Et sans fueille umbrageux, de son poix ^ se supporte
Sur son tronc noiiailleux en cent lieux esbranche:
Et bien qu'au premier vent il doive sa ruine,
Et maint jeune a I'entour ait ferme la racine,
Du devot populaire estre seul revere:
JOACniM DU BELLAY 59
Qui tel chesne a peu voir, qu'il imagine encores
Comme entre les citez, qui plus florissent ores,
Ce vieil honncur poudreux est le plus honnore.
FROM THE REGRETS^
IV
Je ne veulx fueilleter les exemplaires Grecs,*
Je ne veulx retracer les beaux traicts d'un Horace,
Et moins veulx-je imiter d'un Petrarque la grace,
Ou la voLx d'un Ronsard, pour chanter mes Regrets.
Ceulx qui sont de Phoebus vrais poetes sacrez
Animeront leurs vers d'une plus grand' audace:
Moy, qui suis agite d'une fureur plus basse,
Je n'entre si avant en si profonds secretz.
Je me contenteray de simplement escrire
Ce que la passion seulement me fait dire.
Sans rechercher ailleurs plus graves argumens.
Aussi n'ay-je entrepris d'imiter en ce livre
Ceulx qui par leurs escripts se vantent de rcvivre
Et se tirer tous vifz dehors des monumens.
vra
Ne t'esbahis (Ronsard) la moitid de mon ame,*
Si de ton Dubellay France ne lit plus rien,
Et si aveques I'air du ciel Italien
H n'a hume I'ardeur qui I'ltalie enilammc.
6o FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Le sainct rayon qui part des beaux yeux'de ta dame
Et la saincte faveur de ton Prince et du mien,
Cela (Ronsard) cela, cela merite bien
De t'echauffer le cceur d'une si vive flamme.
Mais moy, qui suis absent des raiz ^ de mon Soleil,
Comment puis-je sentir echauffement pareil
A celuy qui est pres de sa flamme divine?
Les costaux soleillez de pampre sont couvers,
Mais des Hyperborez les eternels hivers
Ne portent que le froid, la neige et la bruine.
^ DC
France, mere des arts, des armes et des loix,
Tu m'as nourry long temps du laict de ta mamelle:
Ores, comme un aigneau qui sa nourisse appelle,
Je remplis de ton nom les antres et les bois.
Si tu m'as pour enfant advoue quelquefois
Que ne me respons-tu maintenant, 6 cruelle?
France, France, respons a ma triste querelle.^
Mais nul, sinon Echo, ne respond a ma voix.
Entre les loups cruels j'erre parmy la plaine,
Je sens venir I'hyver, de qui la froide haleine
D'une tremblante horreur fait herisser ma peau.
Las, tes autres aigneaux n'ont faute de pasture,
lis ne craignent le loup, le vent ny la froidure:
Si ne suis-je pourtant le pire du troppeau.
JOACraM DU BELLAY 6l
XVI
Ce pendant que ^ Magny suit son grand Avanson,
Panjas son Cardinal, et moy le mien encore,
Et que Tespoir flateur, qui noz beaux ans devore,
Appaste noz desirs d'un friand hamesson,
Tu Courtises les Roys, et d'un plus heureux son
Chantant I'heur ^ de Henry,' qui son siecle decore,
Tu t'honores toymesme, et celuy qui honore
L'honneur que tu luy fais par ta docte chanson.
Las, et nous ce pendant nous consumons nostre aage
Sur" ^^rd incogneu d'un estrange rivage,
Ou le malheur nous fait ces tristes vers chanter:
Comme on void quelquefois, quand la mort les appelle,
Arrangez flanc a flanc parmy I'herbe nouvelle,
Bien loing sur un estang trois cygnes lamenter.*
XXV
Malheureux * Tan, le mois, le jour, I'heure ct Ic poinct,
Et malheureuse soit la flateuse esperance,
Quand pour venir icy j'abandonnay la France:
La France, et mon Anjou, dont le desir me poingt.
Vraymcnt d'un bon oiseau guide je ne fus point,
Et mon coeur me donnoit assez signiliance
Que le ciel estoit plein de mauvaise influence,
Et que Mars estoit lors k Satume conjoint.
Cent fois le bon advis lors m'en voulut distrairc,
Mais tousjours le destin me tiroit au conlrairc:
Et si mon desir n'eust avcugle ma raison.
62 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
N'estoit-ce pas assez pour rompre mon voyage,
Quand sur le sueil de I'huis/ d'un sinistre presage,
Je me blessay le pied sortant de la maison?
^ XXXI
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy la ^ qui conquist la toison,
Et puis est retourne, plein d'usage ^ et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son aage!
Quand revoiray-je, helas, de mon petit village
Fumer la cheminee, et en quelle saison
Revoiray-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup d'avantage
je?
Plus me plaist le sejour qu'ont basty mes ayeux,
Que des palais Romains le front audacieux:
Plus que le marbre dur me plaist I'ardoise fine,
Plus mon Loyre Gaulois que le Tybre Latin,
Plus mon petit Lyre '^ que le mont Palatin,
Et plus que Fair marin la doulceur Angevine.^
LXVIII
Je hay du Florentin I'usuriere avarice,
Je hay du fol Sienois le sens mal arreste,
Je hay du Genevois la rare verite,
Et du Venitien la trop caute ^ malice:
Je hay le Ferrarois pour je ne sgay quel vice,
Je hay tous les Lombards pour I'infidelite,
Le fier Napolitain pour sa grand' vanite,
Et le poltron Romain pour son peu d'exercice:
JOACHIM DU BELLAY 63
Je hay TAnglois mutin et le brave Escossois,
Le traistre Bourguignon et Tindiscret Fran<;ois,
Le superbe Espaignol et Tyvrongne Thudesque: *
Bref, je hay quelque vice en chasque nation,
Je hay moymesme encor' mon imperfection,
Mais je hay par sur tout un s^avoir pedantesque.
LXXX
Si je monte au Palais,'^ je n'y trouve qu'orgueil,
Que vice deguise, qu'une ccrimonie,
Qu'un bruit de tabourins,^ qu'une estrange harmonic,
Et de rouges habits un superbe appareil:
Si je descens en banque, un amas et recueil
De nouvelles je treuve, une usure infinie,
De riches Florentins une troppe * banie,
Et de pauvres Sienois un lamentable dueil:
Si je vais plus avant, quelque part ou j 'arrive,
Je treuve de Venus la grand' bande lascive
Dressant de tous costez mil appas amoureux:
Si je passe plus oultre, et de la Rome neufve
Entre en la vieille Rome, adonques je ne treuve
Que de vieux monuments un grand monceau picrrcux.
i-xxxi ^,.-* ^^^^.
II fait bon voir (Paschal) ^ un conclave serr^,'
Et I'une chambre a I'autre egalcment voisine
D'antichambre servir, de salle et dc cuisine,
En un petit recoing dc dix pieds en carre:
64 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
II fait bon voir autour le palais emmure,
Et briguer la dedans ceste troppe divine,
L'un par ambition, I'autre par bonne mine,
Et par despit de l'un estre I'autre adore:
II fait bon voir dehors toute la ville en armes,
Crier: le Pape est fait, donner de faulx alarmes,
Saccager un palais: mais plus que tout cela
Fait bon voir, qui de Tun, qui de I'autre se vante,
Qui met pour cestui-cy, qui met pour cestui-la,
Et pour moins d'un escu dix Cardinaux en vente.^
LXXXV
Flatter un crediteur pour son terme allonger,
Courtiser un banquier, donner bonne esperance,
Ne suivre en son parler la liberte de France,
Et pour respondre un mot, un quart d'heure y songer:
Ne gaster sa sante par trop boire et manger,
Ne faire sans propos une foUe despense,
Ne dire a tous venans tout cela que Ion pense,
Et d'un maigre discours gouverner ^ I'estranger:
Cognoistre les humeurs, cognoistre qui demande,
Et d'autant que Ion a la liberte plus grande,
D'autant plus se garder que Ion ne soit repris:
Vivre aveques chascun, de chascun faire compte:
Voila, mon cher Morel ^ (dont je rougis de honte)
Tout le bien qu'en trois ans a Rome j'ay appris.
JOACHIM DU BELLAY 6$
LXXXVI
Marcher d'un grave pas et d'un grave sourci/
Et d'un grave soubriz ^ a chascun faire feste,
Balancer tous ses mots, respondre de la teste,
Avec un Messer non^ ou bien un Messer si:
Entremesler souvent un petit E cost*
Et d'un son Servitor^ ^ contrefaire I'honneste,
Et, comme si Ion eust sa part en la conqueste,
Discourir sur Florence, et sur Naples aussi:
Seigneuriser ^ chascun d'un baisement de main,
Et suivant la fagon du courtisan Romain,
Cacher sa pauvrete d'une brave apparence:
Voila de ceste Court la plus grande vertu,
Dont souvent mal monte, mal sain, et mal vestu,
Sans barbe et sans argent on s'en retoume en France.^
CL
Seigneur, je ne s^aurois regarder d'un bon ceil
Ces vieux Singes de Court, qui ne sgavent rien faire,
Sinon en leur marcher les Princes contrefaire,
Et se vestir, comme eulx, d'un pompeux appareil.
Si leur maistre se mocque, ilz feront le pareil,
S'il ment, ce ne sont eulx qui diront du contraire,
Plustost auront-ilz veu, a fm de luy complaire,
La Lune en plein midy, a minuict Ic Solcil.
66 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Si quelqu'un devant eulx refoit un bon visage,
Hz le vont caresser, bien qu'ils crevent de rage:
S'il le regoit mauvais, ilz le monstrent au doy.
Mais ce qui plus contre eulx quelquefois me despite,
C'est quand devant le Roy, d'un visage hypocrite,
Ilz se prennent a rire, et ne sgavent pourquoy.
D'UN VANNEUR DE BLfi AUX VENTS
A vous, troupe legere,
Qui d'aile passagere
Par le monde volez,
Et d'un sifflant murmure
L'ombrageuse verdure
Doucement ebranlez,
J'oflfre ces violettes,
Ces lis et ces fleurettes,
Et ces roses ici,
Ces vermeillettes roses,
Tout fraichement ecloses,
Et ces ceillets aussi.
De votre douce haleine
Eventez cette plaine,
Eventez ce sejour, . >%
Cependant que j'ahanne ^ 10^
A*mon ble que je vanne
A la chaleur du jour.^
JOACHIM DU BELLAY 67
DIALOGUE D'UN AMOUREUX ET D'fiCHO*
Piteuse Echo, qui erres en ces bois,
Repons au son de ma dolente voix.
D'ou ay-je peu ce grand mal concevoir,
Qui m'oste ainsi de raison le devoir? De voir.
Qui est I'autheur de ces maulx avenuz? Venus.
Comment en sont tons mes sens devenuz? Nuds.
Qu'estois-je avant qu'entrer en ce passaige? Saige.
Et maintenant que sens-je en mon couraige? Raige.
Qu'est-ce qu'aimer, et s'en plaindre souvent? Vent.
Que suis je donq', lors que mon coeur en fend? Enfant.
Qui est la fin de prison si obscure? Cure.
Dy moy, quelle est celle pour qui j 'endure? Dure.
Sent-elle bien la douleur qui me poingt? Point.
O que cela me vient bien mal a point!
Me fault il donq' (6 debile entreprise)
Lascher ma proie avant que I'avoir prise?
Si vault-il mieulx avoir coeur moins haultain,
Qu'ainsi languir soubs espoir incertain.
^ JEAN-ANTOINE DE BAIF
^ AMOUR DfiROBANT LE MIEL^
Le larron Amour
Deroboit un jour
Le miel aux ruchettes,
Des blondes avettes,
Qui leurs piquans drois ^ i /%mA^
En ses tendres doigs
Aigrement ficherent.
Ses doigs s'en enflerent;
A ses mains Tenfant
^ f Grande douleur sent,
j\ft^* Depit^ s'en courrouce:
I La terre repouce,
Et d'un leger saut
II s'elance en haut
Et vole a sa mere,
^Jj L'orine^ Cytere
6 Avec triste pleur
Monstrer sa douleur
Et faire sa plain te:
« Voy (dit-il) I'ateinte
Qu'une mouche fait;
Voy combien meffait
Une bestelette
Qui si mingrelette ^
Fait un mal si grand. »
— a De mesme il t'en prend
JEAN-ANTOINE DE BAIf 69
(Venus luy vint dire
Se prenant a rire) ;
Bien qu'enfantelet
Tu sois mingrelet,
Tu ne vaux pas mieux:
Voy quelle blessure
Tu fais qu'on endure
En terre et aux cieux. »
VI CHANSONNETTE, EN VERS MESURfiS
Babillarde, qui toujours vicns
Le sommeil et songe troubler
Qui me fait heureux et content,
Babillarde aronde,^ tais-toi.
Babillarde aronde, veux-tu ,
Que de mes gluaux aflutes ^
Je te fasse choir de ton nid?
Babillarde aronde, tais-toi.
Babillarde aronde, veux-tu
Que coupant ton aile et ton bee
Je te fasse pis que Teree? *
Babillarde aronde, tais-toi.
Si ne veux te taire, crois-moi,
Je me vengerai de tes cris,
Punissant ou toi ou les tiens.
Babillarde aronde, tais-toi.
x)
REMY BELLEAU
AVRIL 1
Avril, Fhonneur et des bois
Et des mois,
Avril, la douce esperance
Des fruits qui sous le coton
Du bouton
Nourissent leur jeune enfance;
Avril, Fhonneur des prez verds,
Jaunes, pers,2 ^^.^.^^
Qui d'une humeur bigarree
Emaillent de mille fleurs
De couleurs
Leur parure diapree ;
Avril, I'honneur des soupirs
Des zephyrs,
Qui, sous le vent de leur aelle,^
Dressant encor es ^ forests
Des doux rets
Pour ravir Flore la belle;
Avril, c'est ta douce main
Qui du sein
De la nature desserre
Une moisson de senteurs
Et de fleurs,
Embasmant ^ Fair et la terra.
REMY BELLEAU 71
Avril, I'honneur vcrdissant,
Florissant
Sur les tresses blondelettes
De ma dame, et de son sein
Tousjours plein
De mille et mille fleurettes;
Avril, la grace et le ris . ,
De Cypris/ 'j -^^-^^
Le flair et la douce haleine;
Avril, le parfum des dieux
Qui des cieux
Sentent Todeur de la plaine.
C'est toy courtois et gentil
Qui d'exil
Retire ces passageres,
Ces arondelles qui vont
Et qui sont
Du printemps les messageres.
L'aubespine et I'aiglantin,
Et le thym,
L'oeillet, le lis et les roses,
En ceste belle saison,
A foison,
Monstrent leurs robes 6closes.
Le gentil rossignolet,
Doucelet
Decoupe dessous I'ombrage
Mille frcdons babillars,
Fretillars
Au doux chant de son ramage.
72 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
C'est a ton heureux retour
Que ramour
Souffle a doucettes haleines
^>>lUn feu croupi ^ et couvert
Que I'hyver
Receloit dedans nos veines.
:^^'\
l>^
Tu vols en ce temps nouveau
L'essaim beau
De ces pillardes avettes
VoUeter de fleur en fleur
Pour Fodeur
Qu'ils mussent ^ en leurs cuissettes.
May vantera ses fraischeurs,
Ses fruicts meurs
Et sa feconde rosee,
La manne et le sucre doux,
Le miel roux,
Dont sa grace est arrosee.
Mais moy je donne ma voix
A ce mois,
Qui prend le surnom de celle ^ \j^
Qui de Tescumeuse mer
Veit germer
Sa naissance maternelie.
r1
^ ^ OLIVIER DE MAGNY
Bien heureux ^ est celuy qui, loing de la cit^,
Vit librement aux champs dans son propre heritage,
Et qui conduyt en paix le train de son mesnage,
Sans rechercher plus loing autre fehcite.
II ne s^ait que veult dire avoir necessite,
Et n'a pas d'autre soing que de son labourage,
Et si sa maison n'est pleine de grand ouvrage,
Aussi n'est il ^ve de grand' adversite.
Ores il ante un arbre, et ores il marye
Les vignes aux ormeaux, et ores en la prairie
II desbonde un ruisseau pour I'herbe en arouzer;
Puis au soir il retourne, et souppe a la chandelle
Avecques ses enfans et sa femme fidelle,
Puis se chauffe ou devise et s'en va reposer.
L'hyver ^ s'en va, Girard,^ et Zephyre rameine,
Le chef ^ couvert de fleurs le plaisant renouveau,
Desja plus libre aux champs gazouille le ruysseau,
Et desja par les bois j'oy Progne et Philomene.^
Le pre se reverdit, le ciel se rassereine,
Le soleil luyt sur nous d'un plus tiede llambcau,
Les herbes et les fleurs, la terre, I'air et I'eau,
Et toute beste aux champs d'amour est toute pleine.
Mais pour moi, las, helas! ne revient que douleur,
Que tristesse et tourment, qu'angoisse et que malheur,
Et pis encor, Girard, si pis il se peut dire:
Et ces champs, ces oiseaux, ces fleurs et ces Zephyrs,
A qui sur ce printens toute chose on voit rire,
Renouvellent en moy mes antiques souspirs.
74 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Magny. Hola, Charon,^ Charon Nautonnier infernal.
Charon. Qui est cest importun qui si presse m'appelle?
M. Cest I'esprit eplore d'un amoureux fidelle,
Lequel pour bien aimer n'eust jamais que du mal.
C. Que cherches tu de moy? M. Le passaige fatal.
C. Qui est ton homicide? M. O demande cruelle!
'Amour m'a fait mourir. C. Jamais dans ma nasselle
Nul subget a Tamour je ne conduis a val.
M. Et de grace, Charon, regois-moy dans ta barque.
C. Cherche un autre nocher, car ny moy ny la Parque
N'entreprenons jamais sur ce maistre des dieux.
M. J'iray done maugre toy, car j'ay dedans mon ame
Tant de traicts amoureux et de larmes aux yeux,
Que je feray le fleuve, et la barque, et la rame.
JEAN PASSERAT
ODE DU PREMIER JOUR DE MAY^
Laisson le lit et le sommeil
Ceste journee:
Pour nous TAurore au front vermeil
Est desja nee.
Or que le ciel est le plus gay
En ce gracieux mois de May
Aimon, mignonne;
Contenton nostre ardent desir,
En ce monde n'a du plaisir
Qui ne s'en donne.
Vien, belle, vien te pourmener , ]
Dans ce bocage,
Entens les oiseaus jargonner
De leur ramage.
Mais escoute comme sur tous
Le Rossignol est le plus dous,
Sans qu'il se lasse.
Oublion tout dueil, tout ennuy
Pour nous resjoyr comme luy:
Le temps se passe.
Ce vieillard contraire aus amans
Des aisles porte,
Et en fuyant nos meilleurs ans
Bien loing emporte.
Quand ridee un jour tu seras,
Mclancholique, tu diras :
76 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
J'estoy peu sage,
Qui n'usoy point de la beaute
Que si tost le temps a oste
De mon visage.
Laisson ce regret et ce pleur
A la vieillesse;
Jeunes il faut cueillir la fleur
De la jeunesse.
Or que le del est le plus gay
En ce gracieus mois de May,
Aimon, mignonne;
Contenton nostre ardent desir:
En ce monde n'a de plaisir
Qui ne s'en donne.
SUR LA MORT D'UNE LINOTE
Le coeur me disoit bien que Fortune cruelle
Nous devoit envoyer quelque triste nouvelle.
Helas en voicy une! On dit qu'a ce matin
Nostre Linote est morte: 6 injuste destin,
Sans raison et sans yeux! la mort si tost n'espie
Le Corbeau mal-plaisant, I'injurieuse Pie;
Le Hibou solitaire, augure de malheur,
Ny les Aigles tyrans, ny le Milan voleur
Des poussins innocens suivans leur Gelinote,
Que Tesprit amoureux d'une douce Linote,
Telle que fut la nostre, en qui les cieux amis
Pour Toreille flatter leur musique avoyent mis.
Un entendement d'homme estoit en ceste beste
A remarquer les gens, a leur faire la feste
JEAN PASSERAT 77
Sautelant et sifllant, et lors qu'on la traitoit
S'approchoit de la main, et les doigts bcquctoit :
C'estoient ses grands-mercis: puis en Fair remontec
Disoit quelque chanson non encore chantee.
La petite mignarde a peine avoit loisir
De boire et de manger pour nous donner plaisir.
Mesme au plus grand hyver que par le vent de bize
Estoit toute son eau et sa mangeaille prise,
S'eschaufoit a chanter. Te I'ay veu mille fois
De son seigneur aime recongnoissant la vois,
Et tirant en sursault son bee de dessous Taele,
Ainsi comme de jour respondre a la chandelle.
Toutesfois elle est morte: et n'ont eu le pouvoir
Tant de perfections de Pluton esmouvoir,
II est vray que de vivre elle avoit peu d'envie:
Car depuis quelque temps elle trainoit sa vie,
Oyant les tabourins/ et tant d 'horribles sons.
Qui lui rompoient la teste, et troubloient ses chansons.
Puis du mal de son maistre elle fut advcrtie,
Dont sa part endura par une sympathie;
En perdit I'appetit, en perdit la sante,
En devint toute ectique,^ et n'a depuis chante.
Or son ame a la fin s'accabla de tristesse
Quand a ceste nouvelle elle veit sa maistresse
Laisser son fils malade, et moy blesse en I'ccil:
Nostre pauvre Linote en est morte de dueil.
Mais avant que mourir regardant par sa cage
Nous dist piteusement Adieu en son langage.
Adieu donques Linote, adieu gentil oiseau :
Je m'en vais en pleurant te dresser un toml)cau
Sous ces jeunes lauriers, car tu merites d'estre
Et vive, et morte, aupres de ce qu'aimc ton maistre.
78 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
^ VILLANELLE
J'ai perdu ma Tourterelle:
Est-ce point celle que j'oy?
Je veus aller apres elle.
Tu regretes ta femelle,
Helas! aussi fai-je moy,
J'ai perdu ma Tourterelle.
Si ton Amour est fidelle,
Aussi est ferme ma foy,
Je veus aller apres elle.
Ta plainte se renouvelle;
Tousjours plaindre je me doy:
J'ay perdu ma Tourterelle.
En ne voyant plus la belle
Plus rien de beau je ne voy:
Je veus aller apres elle.
Mort, que tant de fois j'appelle,
Pren ce qui se donne a toy:
J'ay perdu ma Tourterelle,
Je veus aller apres elle.
fiPITAPHE
Jean Passerat icy sommeille,
Attendant que I'Ange I'esveille:
Et croit qu'il se resveillera
Quand la trompette sonnera.
S'il faut que maintenant en la fosse je tombe,
Qui ay tousjours ayme la paix et le repos,
Afin que rien ne poise ^ a ma cendre et mes os,
Amis, de mauvais vers ne charges point ma tombe.
MESDAMES DES ROCHES
Quenouille, mon soucy, je vous promets et jure
De vous aimer toujours, et jamais ne changer
Vostre honneur domestic pour un bien estranger
Qui erre inconstamment et fort peu de temps dure.
Vous ayant au coste, je suis beaucoup plus sure
Que si encre et papier se venoient arranger
Tout a Tentour de moy: car, pour me revenger,
Vous pouvez bien plustost repousser une injure.
Mais, quenouille, ma mie, il ne faut pas pourtant
Que, pour vous estimer, et pour vous aimer tant,
Je delaisse de tout ceste honneste coustume
D'escrire quelquefois: en escrivant ainsy,
J'escris de vos valeurs, quenouille, mon soucy,
Ayant dedans la main le fuseau et la plume.
AGRIPPA D'AUBIGNE
Combattu des vents et des flots,
Voyant tous les jours ma mort preste
Et abaye ^ d'une tempeste
D'ennemis, d'aguetz, de complotz,
Me resveillant a tous propos,
Mes pistoUes dessoubz ma teste,
L 'amour me fait faire le poete,
Et les vers cerchent le repos.
Pardonne moy, chere Maistresse,
Si mes vers sentent la destresse,
Le soldat, la peine et I'esmoy:
Car depuis qu'en aimant je souffre,
II faut qu'ils sentent comme moy
La poudre, la mesche et le souffre.
AUX CRITIQUES
Lecteurs, pour m'excuser qu'est ce
Que je pourrois dire? — Rien.
Si j'allegue ma jeunesse,^
Tu diras: je le vois bienJ
4
AGRIPPA D'aUBIGN^ 8i
FROM LES TRAGIQUES
Pleust a Dieu, Jesabel/ que comm' au temps pass6
Tes Dues ^ predecesseurs ont tous-jours abaissc
Les grands en eslevant les petits a Tcncontre,
Puis encor rabatus ^ par un' autre rencontre
Ceux qu'ils avoyent haussez, si tost que leur grandeur
Pouvoit donner soupfon ou meffiance au coeur;
Ainsi comm' eux tu s^ais tc rendre redoutable,
Faisant le grand coquin, haussant le miserable;
Ainsi comm' eux tu s^ais par tes subtilitez,
En maintenant les deux, perdre les deux costez,
Pour abbreuver de sang la soif de ta puissance;
Pleust a Dieu, Jesabel, que tu euss' a Florence
Laisse tes trahisons, en laissant ton pals.
Que tu n'eusse les grands des deux costez trahis
Pour regner au milieu, et que ton entreprise
N'eust ruine le noble et le peuple et I'Eglise!
Cinq cens mille soldats n'eussent creve, poudreux,
Sur le champ maternel, et ne fust avec eux
La noblesse faillie et la force faillie
De France, que tu as faict gibier d'ltalie.
Ton fils eust eschappe ta secrette poison,^
Si ton sang t'eust este plus que ta trahison.
En fin pour assouvir ton esprit et ta veue,
Tu vois le feu qui brusle et le coustcau qui tue.
Tu as veu a ton gre deux camps de deux costez,
Tous deux pour toy, tous deux a ton gre tourmcntcz,
Tous deux Frangois, tous deux ennemis de la France,
Tous deux executeurs de ton impatience,
Tous deux la pasle horreur du peuple ruine,
Et un peuple par toi contre soi mutine;
82 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Par eux tu vois des-ja la terre yvre, inhumaine,
Du sang noble Francois et de Pestranger ^ pleine,
Accablez par le fer que tu as esmoulu.
Mais c'est beaucoup plus tard que tu n'eusses voulu:
Tu n'as ta soif de sang qu'a demi arrosee,
Ainsi que d'un peu d'eau la flamme est embrasee.
(Book I. 747-782.)
GUILLAUME DE SALUSTE DU BARTAS
O trois et quatre fois bienheureux ^ qui s'esloigne
Des troubles citadins, qui prudent ne se soigne
Des emprises ^ des rois, ains servant a Ceres
Remue de ses boeufs les paternels gueretsi
La venimeuse dent de la blafarde envie,
Ni I'avare souci, ne tenaille sa vie.
Des bornes de son champ son desir est born6.
II ne boit dans I'argent le philtre forcene,
Au lieu de vin Gregeois ^ et parmi Pambroisie
Ne prend dans un plat d'or I'arsenic oste-vie.
Sa main est son gobeau,'* I'argente ruisselet
Son plus doux hypocras; le fromage, le laict,
Et les pommes encor de sa main propre en tees,
A toute heure lui sont sans apprest apprestees.
Les trompeurs chiquaneurs (Harpyes des parquets
Et sangsues du peuple) avecques leurs caquets
Bavardement fascheux la teste ne lui rompcnt,
Ains les peints oyselets ses plus durs ennuis trompcnt,
Enseignans chasque jour aux doux llairans buissons
Les plus divins couplets de leurs douces chansons.
Son vaisseau vagabond sur I'irrite Neree ^
N'est or le jouet d'Eure et tantost de Boree,
Et dans un Ocean esloigne de tout bord,
Miserable ne va cercher ^ Thorrible mort,
Ains passant en repos tous les jours de son aage,
De veue ne perd point tant soit peu son village.
84 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Ne conoist autre mer, ne s?ait autre torrent
Que le flot crystallin du ruisseau murmurant
Qui ses vers prez arrouse, et ceste mesme terre,
Qui naissant le receut, pitoyable I'enterre.
Pour rappeler le somme il n'avalle le jus
Ni du morne pavot, ni du froid jonc de Chus/
Et n'achette les tons, comme jadis Mecene,^
Lors qu'en son corps mal sain son ame encor moins saine
N'avoit ni paix ni trefve, et que sans nul repos
La jalouse fureur le rongeoit jusqu'aux os:
Ains sur le verd tapis de la plus tendre mousse
Qui frange un bord ondeux, hors de ses flancs il pousse
Un sommeil enchante par le gazouillis doux
Des flots entrecassez ^ des bords et des cailloux.
Le clairon, le tambour, la guerriere trompette,
L'esveillant d'un sursaut, n'arment d'armet sa teste,
Et d'un chef respecte le sainct commandement
Ne le pousse aveugle du lict au monument.
Le coq empennache ^ la diane lui sonne,
Limite son repas, et par son cri lui donne
Un chatouilleux desir d'aller mirer les fleurs
Que la flairante Aurore emperle de ses pleurs.
Un air emprisonne dans les rues puantes
Ne lui trouble le sang par ses chaleurs relantes,
Ains le ciel descouvert, dessous lequel il vit,
A toute heure le tient en nouvel appetit,
Le tient sain a toute heure, et la mort redoutee
N'approche que bien tard de sa loge escartee.
II ne passe es grands cours ses miserables ans,
Son vouloir ne depend du vouloir des plus grands,
Et changeant de Seigneur ne change d'Evangile.
Sur un papier menteur son mercenaire style
GUILLAUME DE SALUSTE DU BARTAS 85
Ne fait d'une fourmi un Indois elephant,
D'un mol Sardanapale un Hercul triomphant,
D'un Thersite un Adon/ et ne prodigue encore
D'un discours impudent le los d'Alceste a Flore; -
Ains vivant tout a soi, et servant Dieu sans peur,
II chante sans respect ce qu'il a sur le cceur.
Le soupfon blemissant nuict et jour ne le ronge,
A ses aguets trompeurs nuict et jour il ne songe,
Ou, s'il songe a tromper, c'est a tendre filets
Aux animaux des champs, gluaux aux oiselets,
Et manches ^ aux poissons. Que si ses garde-robes
Ne sont toujours comblez de magnifiques robes
De velours a fond d'or, et si les foibles aiz
De son coffre peu seur ne ployent sous le faLx
Des avares lingots, il se vest de sa laine.
De vins non achetez sa cave est toute plcine,
Ses greniers de froment, ses rocs de saines eaux,
Et ses granges de foin, et ses pares de troupeaux,
Car mon vers chante I'heur ^ du bicn aisc rustique,
Dont I'honneste maison semble une republique,
Non I'estat diseteux du rompu bucheron,
De Taffame pescheur, du povre vigneron.
Qui caimandent ^ leur vie, et qui n'ont qu'a boutees*
Du pain en leurs maisons sur quatre pieux plantees.
Puisse-je, 6 Tout puissant, inconnu des grands rois,
Mes solitaires ans achever par les bois.
Mon estang soit ma mer, mon bosquet mon Ardcne,
La Gimone mon Nil, le Sarrapin ^ ma Seine,
Mes chantres et mes luths les mignards oiselets,
Mon cher Bartas mon Louvre, et ma cour mes valets,
Ou sans nul destourbier^ si bien ton los j'entonne.
Que la race future a bon droit s'en estonne.
86 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Ou bien, si mon devoir et la bonte des rois
Me fait de leur grandeur aprocher quelque fois,
Fay que de leur faveur jamais je ne m'enyvre,
Que commande par eux libre je puisse vivre,
Que I'honneur vrai se suyve et non I'honneur menteur,
Aime comme homme rond/ et non comme flatteur.
M PHILIPPE DESPORTES
Icare ^ cheut icy, le jeune audacieux
Qui pour voler au ciel eut assez de courage:
Icy tomba son corps degarny de plumage,
Laissant tous braves cceurs de sa cheute envieux.
O bien heureux travail d'un esprit glorieux.
Qui tire un si grand gain d'un si petit dommage!
O bien heureux malheur plein de tant d 'a vantage
Qu'il rende le vaincu des ans victorieux!
Un chemin si nouveau n'estonna sa jeunesse,
Le pouvoir lui faillist, mais non la hardiesse:
II eut, pour le bruler, des astres le plus beau.
II mourut, poursuivant une haute advanture ;
Le ciel fut son desir, la mer sa sepulture:
Est-il plus beau dessein ou plus riche tombeau?
Sommeil,^ paisible fils de la nuict solitaire,
Pere alme, nourricier de tous les animaux,
Enchanteur gracieux, doux oubly de nos maux,
Et des esprits blessez I'appareil salutaire;
Dieu favorable a tous, pourquoy m'es-tu contraire?
Pourquoy suis-je tout seul recharge de travaux,
Or que I'humide nuict guide ses noirs chevaux,
Et que chacun jouyst de ta grace ordinaire?
Ton silence, ou est-il? ton repos et ta paix,
Et ces songes voUans comme un nuage espais,
Qui des ondes d'oubli vont lavant nos pensecs?
O frere de la Mort, que tu m'es ennemy!
Je t'invoque au secours, mais tu es endormy,
Et j'ards, ^ tousjours veillant en tes horrcurs glacecs.
88 FRENCH VERSE OF TILE XVI CENTURY
VILLANELLE
Rozette,^ pour un peu d'absence,
Vostre coeur vous avez change,
Et moy, sgachant cette inconstance,
Le mien autre part j'ay range:
Jamais plus beaute si legere
Sur moy tant ,de pouvoir n'aura:
Nous verrons, volage bergere, tCf^^*
Qui premier s'en repentira. '
Tandis qu'en pleurs je me consume,
Maudissant cet esloignement,
Vous qui n'aimez que par coustumc,
Caressiez un nouvel amant.
Jamais legere girouette
Au vent si tost ne se vira:
Nous verrons, bergere Rozette,
Qui premier s'en repentira.
Ou sont tant de promesses saintes,
Tant de pleurs versez en partant?
Est-il vray que ces tristes plaintes
Sortissent d'un coeur inconstant?
Dieux! que vous estes mensongere!
Maudit soit qui plus vous croira!
Nous verrons, volage bergere.
Qui premier s'en repentira.
Celuy qui a gaigne ma place
Ne vous peut aymer tant que moy,
Et celle que j'aime vous passe
De beaute, d'amour et de foy.
PHILIPPE DESPORTES 89
Gardez bien vostre amitie neufve,
La mienne plus ne varira,
Et puis nous verrons a I'espreuve
Qui premier s'en repentira.
PRIERE AU SOMMEIL
Somme, doux repos de nos yeux,
Aime des hommes et des dieux,
Fils de la Nuict et du Silence,
Qui peux les esprits delier,
Qui fais les soucis oublier,
Endormant toute violence.
Approche, 6 Sommeil desire!
Las! c'est trop longtans dcmeure,
La nuict est a demi passee,
Et je suis encor attendant
Que tu chasscs le soin mordant,
Hoste importun de ma pcnsee.
Clos mes yeux, fay-moy sommciller,
Je t'attcn sur mon oreiller,
Ou je tiens la teste appuyee:
Je suis dans mon lict sans mouvoir,
Pour mieux ta douceur recevoir,
Douceur dont la peine est noyee.
Haste- toy, Sommeil, de venir:
Mais qui te pent retenir?
Rien en ce lieu ne te retarde,
Le chien n'abbayc icy autour,
Le coq n'annonce point le jour,
On n'entend point I'oye criarde.
PfU?
90 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Un petit ruisseau doux coulant
A dos rompu se va roulant,
Qui t'invite de son murmure;
Et I'obscurite de la nuit,
\'yj. Moete,^ sans chaleur et sans bruit,
Propre au repos de la nature.
Chacun, fors que ^ moy seulement,
Sent ore quelque allegement
Par le doux effort de tes charmes:
Tous les animaux travailles
Ont les yeux fermes et silles,
Seuls les miens sont ouverts aux larmes.
Si tu peux, selon ton desir,
Combler un homme de plaisir
Au fort d'une extreme tristesse,
Pour monstrer quel est ton pouvoir,
Fay-moy quelque plaisir avoir
Durant la douleur qui m'oppresse.
Si tu peux nous representer
Un bien qui nous pent contenter,
Separe de longue distance,
O somme doux et gracieux!
Represente encor a mes yeux
Celle dont je pleure I'absance.
Que je voye encore ces soleils,
Ces lys et ces boutons vermeils,
Ce port plain de majeste sainte;
Que j'entr'oye encor ces propos,
Qui tenoient mon cceur en repos,
Ravi de merveille et de crainte.
Le bien de la voir tous les jours
Autrefois estoit le secours
PHILIPPE DESPORTES 91
De mes nuicts, alors trop heurcuses:
Maintenant que j'en suis absant,
Ren-moy par un songe plaisant
Tant de delices amoureuses.
Si tous les songes ne sont rien,
C'est tout un, ils me plaisent bien:
J'aime une telle trompcrie.
Haste- toy done, pour mon confort;
On te dit frere de la Mort,
Tu seras pere de ma vie.
Mais, las! je te vay appelant,
Tandis la nuict en s'envolant
Fait place a Taurore vermeille :
O Amour! tyran de mon occur,
C'est toi seul qui par ta rigueur
Empesches que je ne sommeille.
He! quelle estrange cruaute!
Je t'ay donne ma liberte,
Mon cceur, ma vie et ma lumiere,
Et tu ne veux pas sculement
Me donner pour allcgement
Une pauvre nuict toute entiere?
M
Je verray ^ par les ans, vengeurs de mon martire,
Que For de vos cheveux argente deviendra,
Que de vos deux soleils la splendeur s'esteindra,
Et qu'il faudra qu'Amour tout confus s'en retire.
La beaute qui, si douce, a present vous inspire,
Cedant aux lois du tans, ses faveurs reprendra;
L'hyver de vostre teint les fleurettes perdra,
Et ne laissera rien des thresors que j 'admire.
92 FRENCH VERSE OF THE XVI CENTURY
Cet orgueil desdaigneux qui vous fait ne m'aimer,
En regret et chagrin se verra transformer,
Avec le changement d'une image si belle.
Et peut estre qu'alors vous n'aurez deplaisir
De revivre en mes vers, chauds d'amoureux desir,
Ainsi que le phenix au feu se renouvelle.
NOTES
CLfiMENT MAROT
C16ment Marot (c. 1496 or 7-1544) was the leading poet of
the early Renaissance, which corresponds roughly to the
reign of Francis I. He tended, particularly at first, to express
himself rather in the forms dear to the late Middle Ages, such
as the ballade and rondeau. But after 1524 his verses had a
more personal touch and a stronger poetical feeling. They are
often graceful and humorous, clear and sparkling, or again
tender and sentimental. ^larot seems to have lacked vigor
of character and, though he inclined to the Reformation, he
was too timid to be consistent. He was not a poet of supreme
genius, but he was one of the best of the second category, and
the embodiment of French esprit. The fullest studies of Marot
in French are by G. Guiffrey (Vol. I of his uncompleted edition
of Marot), and O. Douen, Clement Marot ct Ic Psauticr Huguenot.
The most convenient modern edition of Marot is by Pierre
Jannet; the sumptuous Guiflrey edition was never carried
beyond the third volume.
Page 1. — I. Eglogue au roy. This poem belongs to the
latter years of Marot's life (about 1539):
— car I'yver qui s'appreste
A commence i neiger sur ma teste.
It is autobiographical (Pan = Francis I, and Robin = Marot),
and is one of the most natural and graceful of the sixteenth-
century eclogues. Spenser imitates it in his more artificial
December eclogue of the Shepheards Calender. It has likenesses
with Marot's own Complaincte d'un pastoureau chrestUn. It
shows a true appreciation of nature at first hand, and, though
a parallel of Marot and Wordsworth would be grotesque, yet
94 NOTES
Marot shows that the scenes of his childhood were as dear to
his memory as to Wordsworth the landscapes near Hawkshead
or Grasmere. The nature-descriptions are comparatively free
from the conventional touches such as are to be found in the
earlier rhetoriqueurs or in the bookish classical reminiscences of
the Pleiade.
2. fousteaux, heech trees.
3. de grand courage, with all his heart.
4. sus goes with remects; not a preposition governing tous, etc.
5. arondelle = hirondelle.
6. ramages, wild, adjective.
Page 2. — I. souloys, from obsolete souloir, ' to be accustomed '
(Latin solere). Even in the sixteenth century it had only the
infinitive and the imperfect.
2. bricz, traps; connected with hricole. Cf. Marot's Enjer:
"Pour prendre au brie I'oyseau nyce et foyblet" and Du jour
de No'd: " Car le serpens a este prins au brie." With this
passage cf. Wordsworth's Prelude:
Ere I had told
Ten birth-days, when among the mountain slopes
Frost, and the breath of frosty wind, had snapped
The last autumnal crocus, 'twas my joy
With store of springes o'er my shoulder hung
To range the open heights where woodcocks run
Along the smooth green turf.
3. transnouoys, / swam across (obsolete).
4. fondes = frondes.
5. O quantesfoys, etc. Quantes Joys = ' How many times.' Cf.
The Prelude:
Oh! when I have hung
Above the raven's nest, by knots of grass
And half -inch fissures in the slippery rock
But ill-sustained, eic.
Spenser's imitation of this passage is:
How often have I scaled the craggie Oke,
All to dislodge the Raven of her nest?
How have I wearied with many a stroke
The stately Walnut-tree the while the rest
Under the tree fell all for nuts at strife?
For ylike to me was libertie and lyfe.
NOTES
95
6. compaings = compagnons. Cf. modern familiar copain,
'chum.'
7. Si, yet.
8. Janot. element Marot's father, Jean Marot, himself a
poet.
9. Jaquet. Jacques Colin, abb{; of Saint-.\mbroisc, a friend of
\ Marot's father.
10. bessons, twin. A word which has remained in modern
French chiefly as dialectal, except where revived for literary
purposes, as in George Sand's la Petite Fadettc.
11. Voyre, truly.
Page 3. — I. apres moy travailloit = 'taught me,' 'worked
over me.'
2. los, praise.
3. pertuysa, pierced. From obsolete pcrtuiser, etymologically
connected with pertuis, ' hole ' and pcrtuisane, a sharply cutting
halberd (Eng. 'partizan').
4. II daigna, etc. Francis I was a patron of letters and
wrote poems himself.
Page 4. — I. ramentoy, from obsolete ramcntcvoir, 'to recall'
(re-d-mente-habere) .
2. Encourtinez, cf. Eng. 'curtain.'
3. L^ d'un coste, etc. Imitated from Virgil's first eclogue
(U. 54-57):
Hinc tibi, quae semper, vicino ab limite sepes
Hyblaeis apibus florem depasta salicti
Saepe levi somnum suadebit inire susurro.
4. Mousches k miel, bees; also called in the sixteenth century
avettes.
5. Mesmes, especially.
6. columbelle, dove.
7. chaloit, from obsolete chaloir, 'to care'; cf. nonchalant.
8. fault, from faillir.
9. Adoncques = alors.
Page 5. — I. tyssir, to weave, obsolete.
2. Heleine la blonde, supposed to be H616ne de Toumon, a
maid of honor of Marguerite de Navarre.
3. Margot = Marguerite de Navarre, sister of Francis I.
96 NOTES
4. Loysette = Louise de Savoie, mother of Francis I, who died
in 1 53 1. In her honor Marot composed a complainte, imitated
by Spenser in the November eclogue of his Shepheards Calender.
5. challemye = chalumeau.
Page 6. — I. Merlin. Melin de Saint-Gelais, Marot's lead-
ing contemporary.
2. Thony. Antoine H6roet, a Platonist poet of the first
half of the sixteenth century.
3. bailie, from bailler, obsolete, except in rustic speech, for
donner.
4. approcher, an allusion to the imprisonment of Francis I
in Spain, as the captive of Charles V.
Page 7. ^ I. sept artz, the trivium and the quadrivium.
2. Tytire, the shepherd of Virgil's first eclogue.
3. courage = cmir.
4. Ains = mais.
Page 8. — I. Je ne quiers pas, etc. Among the many passages
in poetry which after Horace express, like these lines of Marot,
contentment with a modest fortune, see the verses written
by Abraham Cowley at the age of thirteen:
This only grant me, that my means may lie
Too low for envy, for contempt too high;
Some honor I would have,
Not from great deeds, but good alone;
Th' unknown are better than ill-known.
Rumor can ope the grave:
Acquaintance I would have, but when 't depends
Not on the number, but the choice of friends.
Books should, not business, entertain the light.
And sleep as undisturbed as death, the night.
My house a cottage, more
Than palace, and should fitting be
For all my use, no luxury.
My garden painted o'er
With nature's hand, riot art's; and pleasures yield
Horace might envy in his Sabine field.
2. herbis, pastures.
3. loucerves = loups-cerviers.
Page 9. — I. Que diray plus? etc. Marot has in mind a
passage from Virgil's first eclogue, 11. 60 flE.
NOTES
97
2. A son amy Lyon. In 1526 Marot was arrested on charges
made by a 'docteur en th6ologie' named Bouchart for havinf?
" mange du lard en careme." Marct had perhaps been denounced
by some feminine jealousy to this doctor of the Sorbonnc. He
was imprisoned in the king's prison, the Chiitelet, which im-
prisonment he describes in his Enfcr. He protested unavailin^'ly
in his epistle to Dr. Bouchart, but this epistle to his friend Lyon
(Leon) Jamet was more successful. Jamet succeeded in having
Marot transferred to the prison of the bishop of Chartrcs, where
he was more comfortable and whence he was, not long after,
released. In the present clever little fable in verse Marot
plays on the name of his friend Lyon. La Fontaine has told
the same fable of the lion and the rat, but less vividly than
Marot.
3. amotir, note the gender.
4. Tu voys assez, etc. The allusion in the first two lines is
probably to the mysterious afifair with a woman which was at
the bottom of Marot's imprisonment.
5. Tu voys qui peult, etc. Marot here is alluding to the
defeat of Francis I at Pavia and his imprisonment.
6. acquerre = acquerir.
7. prou = heaucoup.
Page 10. — I. Cestuy, obsolete form of the demonstrative
adjective.
2. Le bon du compte, i.e., how the matter turned out.
3. ne s'est gaudy, did not make fun oj. Se gaudir, from
gaudere, obsolete for s'egayer.
4. Dent = parce que.
Page 11. — I. vestit, i.e., closed his lids. Another reading is
vertit = * turned aside.'
2. je me soubzris, obsolete use of sourire as a reflexive.
3. k la parfin = enfih.
4. plaisir, kindness.
Page 12. — I. De frere Lubin. This is a rare instance of a
ballade d double refrain. Not only is the last line of the first
strophe repeated at the end of the other two and at the end of
the envoi, but the fourth line of the first strophe is repealed in
the same way. The term " frere lubin " passed into use to desig-
nate a foolish or debauched monk, and so one finds it employed
98 NOTES
in the former sense in the preface of Rabelais's Gargantua. This
poem has been translated by Andrew Lang, among others:
In good to fail, in ill succeed,
Le Frere Lubin's the man you needl
In honest works to lead the van,
Le Frere Lubin is not the man !
Longfellow's version will be found in, for instance, his Poets
and Poetry of Europe.
2. pile. N^ avoir ni croix ni pile = ' to have no money.*
Croix et pile = pile et face = * heads and tails ' of the fling of a
coin.
Page 13. — I. De I'amour du siecle antique. This is an
example of the rondeau, of which Marot was the great master
in the sixteenth century. After the middle of the sixteenth
century the vogue of the rondeau diminished, though Voiture
cultivated it in the seventeenth, and it has often been used as
a form of vers de societe, never more than by contemporary
minor poets in England and in America.
2. Si qu'un, so that a.
3. C'estoit donne, it was as if one had given it.
4. par cas, by chance.
5. on s'entretenoit, they kept faith.
6. oyt from ou'ir.
7. qu'on la meine. Amour was in the sixteenth century
consistently feminine.
8. Enfer. The court of the Chatelet, which Marot describes
as an "Inferno," in his own poem V Enfer, relating the experi-
ences of his own trial.
9. Samblangay. Jacques de Beaune, baron de Samblangay,
surintendant des finances, was convicted on false charges brought
against him by Louise of Savoy, the king'3 mother, and executed
at Montfaucon. His innocence was afterwards admitted.
10. cuydoit, croyait.
MELIN DE SAINT-GELAIS
Melin or Mellin de Saint-Gelais (i490?-i558) was the chief
contemporary of Marot and a jealous rival of the rising fame of
Ronsard. He expresses therefore different poetical tendencies
NOTES (^
from the Pleiade, though he was chiefly responsible for the
introduction into France of the sonnet which was to be so fashion-
able with that school. Saint-Gelais was a Petrarchist and a
poet often witty and graceful, though not infrequently super-
ficial. The modern edition of Saint-Gclais is by P. Blanchcmain,
3 vols. 1873. The standard study of his life and works is by
H.-J. Molinier.
Page 14. — I. Voyant, etc. This sonnet is like an Italian
one by Sannazaro, Simili a questi smisurati monti, and like an
English one by Wyatt "Like unto these unmeasurablc moun-
tains." It is usually believed that the order of influence is
Sannazaro, Saint-Gelais, Wyatt; though it is also argued that
Saint-Gelais translated from Wyatt (cf. J. AI. Berdan, in Modern
Language Notes, Feb. 1908).
CHARLES FONTAINE
Charles Fontaine was born at Paris in 1514. He first became
known through his defence of Clement Marot against an envious
rhymester, Francois Sagon (1537). .\fter a sojourn of al)out
one year in Italy (c. 1540) he settled in Lyons, where he published
a score of volumes of verse and translations. Although usually
regarded merely as a disciple of Marot, he was in several respects
a precursor of the Pleiade. In addition to his literary work, he
engaged in the printing and publishing trade, and was for a
short time principal of the College dc la Trinite of Lyons. He
died probably about 1570. Cf. R. L. Hawkins, Maistrc CluirUs
Fontaine, Parisien. There is no modern edition of Fontaine.
Page 15. — I. Franfois = King Francis I.
Page 16. — I. This poem is drawn from Ics Ruisstaux dc
Fontaine, Lyons, 1555, p. 55. Jean Fontaine here celebrated
was born in 1545 (?). He was the author of the following work:
Hortuhu puerorum pergratiis ac pcrulilis, Latinc disccitlibus. . . .
First edition, Lyons, 1561. Eleven editions in all from 1561 to
1626.
lOO NOTES
LOUISE LABfi
Louise Lab6 (circa 15 24-1 566) was the chief poetess of the
Lyons school and one of the leaders of a small group of literary
people. Her poetry, small in quantity and uneven in execution,
expresses strong passion and emotion. She has been made the
picturesque heroine of various baseless legends. Her name is
closely associated with that of Olivier de Magny, who loved her.
The best edition of Louise Labe is by Charles Boy, 2 vols., 1887,
accompanied by a biographical study.
Page 17. — I . I'heur = le honheur.
2. fors que = except e.
PIERRE DE RONSARD
Pierre de Ronsard (1524 or 5-1585) was by far the greatest
poet of the sixteenth century and the most ambitious in his
desire to cultivate the different forms of poesy. He had an
intense admiration for antiquity and was steeped in its literature
and mythology, but was also deeply influenced by the Xtaliars.
Ronsard wrote more than everybody cares to read to-day and
his fragmentary epic, the Franciade, as well as some of his heroic
odes, may well be spared. But an anthology of his verse shows
him to be a master of graceful melody, and a high-minded and
jftatrrotic Frenchman. The two complete modern editions in
France of Ronsard are by Marty-La veaux (text of 1584), which
is expensive and rare, and by Blanchemain (text of 1560 and
first successive editions). A new edition is in course of publica-
tion by Laumonier, under the auspices of the Societe des textes
modernes. Numerous critical and historical studies of different
phases of Ronsard have been written during recent years.
Among the most important are Ronsard by J. -J. Jusserand
1913; Pierre de Ronsard, essai de biographic, les ancetrcs, la
jeunesse, 1912, by H. Longnon; and three works by Paul Lau-
monier, Ronsard, poete lyrique, 1909; a critical edition of Binet's
Vie de Ronsard, 19 10; Tableau chronologique des ceuvrcs de
Ronsard, 191 1.
NOTES 10 I
The Amours of Ronsard consist of miscellaneous lovc-i>ocms,
chiefly sonnets, addressed to various ladies, real and fancied,
of whom the poet writes in tones of rapture or of amorous distress.
Some of these verses are in the conventional tones of Italianislic
Petrarchism; some are in the natural tones of the true lover;
some, finally, especially those to Helen, have a loftier spirit of
calm and meditation, which distinguishes them from the general
mass of sixteenth-century verse. Ronsard's three chief lady-
loves were Cassandre, Marie and Hel^ne. Cassandrc was in
reality Cassandre Salviati, whom Ronsard first saw in 1545
when she was about fourteen. She was of Florentine descent and
lived with her parents at the chateau de Talcy near Blois. In
Nov^ember, 1546, she became the wife of Jean Pcign6, seigneur dc
Pre. She was an ancestress of Alfred de Musset and an aunt of
Diane Salviati, who was loved by Agrippa d'Aubign6 in his
youth. Ronsard's Marie, a " fleur angevine de quinze ans," is
generally supposed to have been a girl of more common origin,
a peasant or the daughter of an innkeeper, named Marie du
Pin or Dupin. H. Vaganay has argued that the name was
Marie Guiet. Helene was Helene de Surgeres, a maid of honor
of Catherine de' Medici. This affair lasted from about 1568 to
1574 when Ronsard was approaching his fiftieth year. It was
probably the queen herself who suggested to Ronsard that he
immortalize the fair young girl in verse. It remained purely
Platonic so far as Helene was concerned, but undoubledly
Ronsard in time felt genuine passion. Hut the Sonnets pour
Helene have more dignity and serenity than do the emotional
compositions of the poet's youth. Neverlhcless, see J. Vi.inr\ ,
le Pelrarquismeen France an X VT sicck, pp. J5O-J6.', for Iialian
and possibly French influences on Ronsard's sonnets to Helen.
Coming, as they do, fairly late in Ronsard's life and in the cen-
tury, they are the result of different influences from his early
lyrics.
Page 18. — I. I'archer, i.e.. Love.
2. au decocher, when discharged.
3. sereine, siren.
4. muer, change.
I02 NOTES
Page 19. — I. Loir. Le Loir, to be distinguished from La
Loire. A stream loved by Ronsard, flowing through his native
Vendomois.
2. fleuriront, will turn white; as a tree bursts into white blos-
soms or flowers.
3. En ton desastre, etc.; i.e., *my fate points to your mis-
fortune.' It is my fate that you perish for me.
4. m'amour = ma amour, as formerly used for mon amour.
5. neveux, descendants.
6. les cieux, i.e., the empty air.
7. qui m'affolle, i.e., with love.
8. dextre. A flash of lightning on the right was a bad
omen.
9. yeux. This poetical prophecy, composed when Ronsard
was a young man, to a great extent came true. He grew gray
young, died before he was really old, and his poems were soon
neglected and ridiculed by posterity.
10. Bellay. This sonnet was in answer to one written by Du
Bellay, beginning "Divin Ronsard," etc.; cf. page 56.
11. nombreuses, melodious.
12. separee. The poets of the Pleiade did not court popular
applause.
13. enfant de Cytheree, Cupid, the child of Cytherea (Aphro-
dite), who according to some traditions rose from the foam of
the sea near the island of Cythera.
14. ardois, from ardre, ' to burn.' /
Page 20. — I. Oy, imperative of ou'ir.
2. nef = navire.
3. lo, Greek and Latin ejaculation of triumph or joy.
4. pree, old feminine noun equivalent to masculine prS.
Page 21. — I. des-vie. Des-vicr and devier = 'to die.'
Page 22. — i. la Beausse, la Beauce, a district of France
between Paris and the Loire, flat but fertile, though Rabelais, in
his Gargantua (chap. XVI), speaks of its inhabitants as having a
reputation for poverty.
2. arenes, sands.
Page 23. — i. Embasmant = embaumant.
2. fueille k fueille declose, 'dropping petal by petal.'
3. La Parque, Fate.
NOTES
103
4. Faguet in his Seizieme Steele speaks of "cc petit po^me
merveilleux, ce sonnet exquis, la plus fine et la plus achcv6c dc
toutes les oeuvres de Ronsard."
5. Montmartre, a hill now enclosed within the limits of Paris,
which in the sixteenth century could be seen across the open
fields from the windows of the Louvre.
Page 24. — i. Cybelle, Cybcle, goddess of the earth.
2. Flageollant, playing (as on the flageolet).
3. aveine, a shepherd's pipe, reed pipe {avena).
4. Quand vous serez bien vieille, etc. This sonnet is one of
the most famous poems in French literature and has been often
imitated in English, translated by Andrew Lang and paraphrased
by Thackeray. It embodies several poetical motifs, such as
the immortality which one may win through a great poet's
praise, the call to pleasure while life is young, and the thought
of life and youth themselves as a quickly-fading rose. With
this last motif are connected the contents of the equally famous
ode to Cassandre (page 31). Sidney Lee traces the conceit of
the "eternising" power of poetry in his Life of Shakespeare, and
calls Ronsard " mainly responsible for its universal vogue among
the Elizabethan sonneteers " (cf. S. Lee, Elizabethan Sonnets,
Vol. I. Introd. p. Iv). Corneille's poem called the Stances d
Marquise is in the same vein as Ronsard's sonnet. See also
the plebeian counterpart in Beranger's Bonne vieille. Note also
the form which the idea takes in these lines of W. B. Yeats:
When you are old and gray and full of sleep,
And nodding by the fire, take down this book,
And slowly read, and dream of the soft look
Your eyes had once, and of their shadows deep;
How many loved your moments of >;lad grace.
And loved your beauty with love false or true;
But one man loved the pilgrim soul in you.
And loved the sorrows of your changing face.
And bending down beside the glowing ban
Murmur, a little sadly, how love fled
And paced upon the mountains overhead
And hid his face amid a crowd of stars.
The call to pleasure while life is young (a form of Horace's
Carpe diem), is found in innumerable passages expressive of the
104 NOTES
Anacreontic mood. It is usually traced back to lines attributed
to Ausonius, but probably not by him:
CoUige, virgo, rosas, dum flos novus et nova pubes,
Et memor esto aevum sic properare tuum.
See also C. Joret, la Rose dans Vantiquiie et au moyen dge, and,
on the influence of Philostratus on the fading-flower motif,
Percy Osborn, Roseleaves from Philostratus, in Fortnightly Re-
view, Jan., 1898. See also, infra, the note on Ronsard's ode to
Cassandre (page 31), "Mignonne, allons voir si la rose," etc.
The thought is found in the Italian Renaissance poets like
Poliziano and Lorenzo de' Medici (cf. E. Parturier, Quelques
sources italiennes de Ronsard au XV^ siecle, in Revue de la Renais-
sance, 1905), in the French poets of the sixteenth century them-
selves, in English writers like Herrick:
Gather ye roses while ye may,
For time is still a-flying,
And many a flower that blooms to-day
To-morrow will be dying.
See, for instance, also Cowley's translation of an Anacreontic
ode:
Fill the bowl with rosy winel
Around our temples roses twine!
And let us cheerfully awhile,
Like the wine and roses smile.
Crown'd with roses we contemn
Gyges' wealthy diadem.
To-day is ours; what do we fear?
To-day is ours; we have it here:
Let's treat it kindly, that it may
Wish, at least, with us to stay.
Let's banish business, banish sorrow;
To the gods belongs to-morrow.
The thought of life and youth as a quickly fading rose merges
into the previous idea. One of the most famous passages in
French poetry is in Malherbe's Stances d M. du Perier:
Mais elle £tait du monde, oii les plus belles cboses
Ont le pire destin;
Et rose elle a v^cu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin.
NOTES 105
H. Guy has an article on this topic: " Mignonnc, aliens voir si
la rose. . . . Reflexions sur un lieu commun " in the Revuf Philo-
mathique of Bordeaux, 1902. See also J. A. Symonds, The
Pathos of the Rose hi Poetry in Essays S pcculalive and Suggestive
(Catullus, Ausonius, etc.). For the thought of the rose as
beauty see also Austin Dobson's Fancy from Fontcnclle (" Dc
m6moire de roses on n'a point vu mourir le jardinicr ") :
The Rose in the garden slipped her bud,
And she laughed in the pride of her youthful blood.
As she thought of the Gardener standing by —
" He is old, — so old! And he soon must did "
The full Rose waxed in the warm June air,
And she spread and spread till her heart lay bare;
And she laughed once more as she heard his tread —
" He is older nowl He will soon be dead! "
But the breeze of the morning blew, and found
That the leaves of the blown Rose strewed the ground;
And he came at noon, that Gardener old,
And he raked them gently under the mould.
And I wove the thing to a random rhyme.
For the Rose is Beauty, the Gardener, Time.
5. devidant. A variant reading is devisant.
Page 25. — i. vieillars, the old men at the Scacan Gates,
marvelling at the beauty of Helen as she went by. Cf. Iliad,
Bk. Ill: "These had now ceased from battle for old age, yet
were they right good orators, like grasshoppers that in a forest
sit upon a tree and utter their lily-like voice; even so sal the
elders of the Trojans upon the tower. Now when ihcy saw
Helen coming to the tower they softly spake winged words one
to the other: 'Small blame is it that Trojans and well-grcaved
Achaians should for such a woman long time suffer hardships;
marvellously like is she to the immortal goddesses to look ui>on.
Yet even so, though she be so goodly, let her go upon ^ihcir
ships and not stay to vex us and our children after us.*" —
Translation by Lang, Leaf and Myers.
2. je m'en-vois = je m'cn vais.
I06 NOTES
Page 26. — i. vespre = soir.
2. Le temps s'en va. Compare with this poem Austin Dob-
son's Paradox of Time, a "variation of Ronsard," which begins:
Time go^, you say? Ah, no!
Alas! Time stays, we go;
Or else were this not so.
What need to chain the hours,
For youth were always ours?
Time goes, you say? — ah, no!
3. lame, i.e., 'tombstone.'
Page 27. — i. Cory don, a fanciful name with classical reminis-
cences (cf . Virgil's second Eclogue) which Ronsard gives to his valet.
2. I'huis, the door.
3. rien, in a positive sense, i.e., quelque chose (Latin rem).
4. k requoy, in peace.
5. si, even if.
6. Madame Marguerite. This refers to the second of the
three princesses bearing the name Marguerite de Valois in the
sixteenth century. The other two were also known as Mar-
guerite de Navarre, one being the famous sister of Francis I,
poetess and writer of the Heptameron, the other being the first,
wife of Henry of Navarre, afterwards Henry IV. This Duchess
of Savoy was a great patroness of letters, a friend of Ronsard
and one of the most learned women of her day. The present
poem is an example of Ronsard's heroic Pindaric odes divided
into strophes, antistrophes and epodes. The most famous is
the long one addressed to Michel de I'Hospital, but this shorter
one will serve as a good illustration of the genre.
Page 28. — i . esselle = aisselle.
Page 29. — i . courage = coeur.
2. mettre k chef, carry out ('bring to a head').
3. souloit, was wont.
Page 30. — I. voire, indeed.
2. gist, lies, from gesir, a defective verb.
3. loz, praise.
Page 31. — I. Horace. Callimachus, Pindar, Horace, ex-
amples of great Greek and Latin poets.
2. A Cassandra. On the motif of this poem, see the note on
the sonnet "Quand vous serez bien vieille," page 24. J. Vianey
NOTES 107
in le PHrarquisme en France an XVI" siicle, spcakinR of the
imitation of the Italian strambottists who had used the motif
of "cueillez votre jeunesse," says (page 41, note i): "Ai-je
besoin d'ajouter que ce thdme est cclui d'un certain nombrc do
pieces de rAnthologic grccquc et qu'avant d'avoir tit rcpris par
r^cole de Seraphin, il avait inspir6 a Politicn une admirable
stance (qui est probablement la source principale de rodelcilc dc
Ronsard Mignonne allons voir si la rose) : Deh, non insuperbir per
tua belleza. . . . ? " The poem of Ronsard has often been trans-
lated into English, by Andrew Lang among others. One of the
best versions is the following from Underneath the Bough, by
George Allan England:
Come sweet, away! Come sec the rose,
Now that the day draws near its close.
See whether it be faded grown —
Whether at evening fall away
Those leaves that opened to the day,
Or dies their blush, so like thine own.
Thou seest, dear love, its beauties pass,
Its wasted petals fall, alas!
In one short hour. It may not bide.
Unkind in truth is Mother Earth,
Since dawn gives such a flower its birth
And Death draws near at eventide.
So, sweet my darling, hear my voice,
I bid thee in thy youth rejoice!
Before thy fragile petals close
Gather thy blossoms whilst thou may.
With time they fall and lade away
As droops at night the withered rose.
3. vespree, evening.
4. fleuronne, is in its flower.
Page 32. — i. Fontaine Bellerie. This poem is Ronsard's
equivalent to Horace's ode to tl e Bandusian spring and is directly
inspired by it. The Fontaine Bellerie was a spring near Ronsard's
manor of La Possonni^re in the village of Couture.
2. Fuyantes. In the sixteenth century the present participle
was usually variable.
3. satjnreau, diminutive of satyre.
I08 NOTES
Page 33. — i. bestial = bStail. Now only an adjective.
2. jazarde, adjective connected with the verb jaser.
3. trepillante, adjective connected with trepiller, ** frequentatif
du verbe irepcr, encore usite dans le centre de la France pour
sauter" (Mellerio, Lexique de Ronsard).
4. Forest de Gastine. The forest of Gastine was near the
village of Montrouveau, not far from Couture. Ronsard is ever
singing of its beauty. Only a few groves are left to-day. It
must not be confused with the better known district of Gdtine
in Poitou. Longfellow translated this poem in his Poems of
Places.
5. Erjrmanthe. The forests on Mount Erymanthus in Arca-
dia, where Hercules slew the Erymanthian boar.
Page 34. — i. Arate. Aratus, a Greek poet of the third cen-
tury B.C., author of, among other works, the Phaenomena, an
introduction to the knowledge of the constellations with the
rules for their risings and settings. Belleau, Ronsard's fellow-
member of the Pleiade, was one of its translators.
2. accrestre = accroUre.
3. Orque. The Romans used the names Orcus, Dis and
Tartarus as synonymous with Pluto or Hades, the god of the
Nether World.
4. fier, cruel {Latin ferus) .
5. Corydon, cf. page 27, note i.
6. tapon, stopper.
Page 36. — i. pompons, a sort of white melon.
2. Ores que, now that.
3. L' Amour motiille. This poem, like the story of Love and
the Bee (page 39), is an excellent example of Ronsard's Ana-
creontism, for the vogue of which fashion Henri Estienne was
chiefly responsible (cf. page 43, note 5). French imitators in
the sixteenth century of this particular Anacreontic poem were,
besides Ronsard, Belleau, Olivier de Magny and Jean Doublet.
La Fontaine told the same story in the seventeenth century.
See A. Delboulle, Anacreon et les poemes anacr eontiques , 1891.
4. Robertet. Fleurimont Robertet, a friend of Ronsard and
Belleau.
5. Menelas. Menelaus, the husband of Helen who was
carried off by Paris.
NOTES lOO
6. retraire, give hospitality to (Latin rctrahere).
Page 36. — I. huy, door.
2. turquois, Turkish.
Page 37. — i. empesche, puzzled.
2. murmure, incantation.
Page 38. — i. chef = tcte.
2. pemique = chcvcliirc.
Page 39. — I. L'Amour et I'abeUle. This poem, like V Amour
mouille, is one of the numerous versions of an Anacreontic motlcl,
itself drawn from an epigram by Theocritus. There arc parallel
renderings among sixteenth-century French poets alone by
Belleau, Baif, Olivier de Magny, Jean Doublet and Richard
Renvoisy. A burlesque by Binet appeared in the poems com-
posing the Puce of Mme des Roches. It has been very diffusely
adapted by Spenser in English, and more satisfactorily by
Herrick, not to mention Thomas Moore's translation.
2. avettes, bees.
Page 40. — I. halesne = alene. A sharp instrument like an
awl; here = 'shaft.'
2. sagettes, arrows.
3. arondelles = hirondelles.
4. cocus, cuckoos.
5. tourtres, turtledoves.
6. Ajaz. When Ajax died, from his blood there sprang a
purple flower bearing the letters Ai on its leaves, which were
the initials of his name and expressive of a sigh. .According
to another tradition, this flower was the Greek hyacinth, a sort
of iris or larkspur with markings somewhat as suggested. This
flower was supposed to have grown from the blood of Hyacinthus,
accidentally killed by Apollo. So Drummond of Hawthorndcn,
in his Tears on the Death of Mceliades: "O Hyacinths, for ay
your AI keep still."
7. Narcisse. Narcissus fell in love with his own image in a
fountain and pined to death, when his body was transformed
into the flower bearing his name.
Page 41. — I. Au prix des, compared with the.
2. lambninche, vine.
3. drillants, bustling, from the old verb driller.
no NOTES
Page 42. — i. ny = nid.
2. devant = avant.
Page 43. — i. Daurat, the teacher of the Pleiade.
2. Jodelle. Etienne Jodelle, the dramatist of the Pleiade.
3. la musine troupe, the hand fond of the Muses.
4. pendre, ofcr (Latin pendere).
5. Henry Estienne. The great humanist, scholar and printer,
whose edition in 1554 of the pseudo- Anacreontic poems caused
such a sensation in the world of letters.
6. teienne. Anacreon was born at Teos, an Ionian town of
Asia Minor.
Page 44. — i . ouvrage, cf . Horace's Exegi monumcntum acre
pcrcnnhis.
2. a I'heure, at that time.
3. fatal ement, hy fate.
4. deux harpeurs, Pindar and Horace.
Page 45. — i. coudre = coWr/er. — ramee, covered with
branches.
2. Teree. Pandion, king of Attica, had two daughters,
Philomela and Procne, the latter of whom he gave in marriage
to Tereus as a reward for help against an enemy. Their son
was Itys. But Tereus fell in love with his sister-in-law Philo-
mela. Procne killed her child, served him on a dish to Tereus,
and fled with her sister. When he pursued them, they prayed
to be changed into birds. Procne became a nightingale, Philo-
mela a swallow, and Tereus a hoopoo.
3. Qu'ils for qti'elles.
4. doy = doigt.
Page 46. — i. crespe, wrinkled (literally 'curled')-
2. Eglogues. This is a fragment only of Ronsard's first
eclogue, written under the inspiration of poets like Theocritus,
Virgil, Sannazaro and Navagero. The eclogues of Ronsard
were destined to celebrate court functions, and the shepherds
and shepherdesses stand, not for rustics, but for princes and
princesses of the royal house. No criticism was ever more false
than that of Boileau in his Art poeiique that Ronsard makes his
characters speak "comme on parle au village." It is precisely
what they do not do. The attraction of the eclogues lies in
many descriptions of nature, though they are rather bookish in
NOTES
XIX
character, and appeal chiefly to those already fond of Ronsard's
classical models. Cf. F. Torraca, on the Imitatori stranirri di
Jacopo Sannazaro, 1882, and P. Kuhn, V Influence nio-latine dans
les iglogncs dc Ronsard, in Rev. d'llisl. litt. de la France, 19 14.
3. Orleantin, the duke of Orleans, brother of Charles IX.
Page 47. — I. martelee, spotted.
2. carquan, necklace.
3. cesser, to ram; now only intransitive, to butt.
4. abaye, from aboyer.
Page 48. — i. cleron = clairon.
2. prive, tamed.
3. Angelot, the duke of Anjou, brother of Charles IX.
4. doute = redoute.
Page 49. — i. crouillet, bolt.
2. Navanin, the king of Navarre, afterwards Henry IV.
Page 50. — I. senestre, left.
2. infante, childish (now enfantin).
3. bouquin, the god with the feet of a goat.
4. Mort = mord ('bites').
Page 61. — I. houbelon = houblon.
2. Guisin, the duke of Guise.
3. Radoubant, mending.
4. alesne, awl.
5' SOYi Ptuning-knife.
6. baillant = donnant.
7. nouds = nceiids.
Page 52. — i. mignotez, smoothed.
2. panetiere, pouch.
Page 63. — i. Margot. Marguerite, duchess of Savoy, or
Marguerite de Valois, sister of Charles IX.
Page 64. — i. A son &me. The two poems A son Ame and
Pour son tombeau appear in Binet's life of Ronsard. The former
is an adaptation of verses composed by the emperor Hadrian
just before his death, as told by Aelius Spartianus in his life of
Hadrian :
Animula vagula. bbndub.
Hospcs, comcsquc corporis,
Quae nunc abibis in loca?
Pallidula, riitida. nudub,
Noc, ut soLm, (bbii j(Ka».
112 NOTES
The quaint charm of the diminutives is copied by Ronsard,
though his diminutives express rather the self-conscious six-
teenth-century mievrerie. Dignity is quite absent from Fon-
tenelle's version in his Dialogues des Morts:
Ma petite ame, ma mignonne,
Tu t'en vas done, ma fille? Et Dieu sache oil tu vasi
Tu pars seulette, et tremblotante, helasi
Que deviendra ton humeur folichonne!
Que deviendront tant de jolis ebatsi
The verses of Hadrian have been several times imitated in
English. Prior translated them:
Poor, little, pretty, fluttering thing,
Must we no longer live together?
And dost thou prune thy trembling wing,
To take thy flight, thou knowst not whither?
Thy humorous vein, thy pleasing folly,
Lie all neglected, all forgot;
And pensive, wavering, melancholy,
Thou dread'st and hop'st, thou knowst not what.
Byron wrote:
Ah! gentle, fleeting, wav'ring sprite,
Friend and associate of this clayl
To what unknown region borne,
Wilt thou now wing thy distant flight?
No more with wonted humor gay,
But pallid, cheerless and forlorn.
In the Reliques of Father Prout we find:
Wee soul, fond rambler, whither, say,
Whither, boon companion, fleest away?
Ill canst thou bear the bitter blast —
Houseless, unclad, affright, aghast;
Jocund no more! and hush'd the mirth
That gladden 'd oft the sons of earth!
Alexander Pope wrote in the Spectator of Nov. lo, 171 2: "I
was the other day in company with five or six men of some
learning; when, chancing to mention the famous verses which
the emperor Adrian spoke on his death-bed, they were all agreed
that it was a piece of gaiety unworthy that prince in those cir-
cumstances. I could not but dissent from this opinion. Me-
thinks it was by no means a gay but a very serious soliloquy to
NOTES 113
his soul at the point of his departure: in which sense I naturally
took these verses at my first reading them, when I was very
young, and before I knew what interpretation the world generally
put upon them."
JOACHIM DU BELLAV
Joachim du Bellay (1522?-! 560) was the chief poet of the
P16iade after Ronsard and the author of its manifesto, the Di-
jense et Illustration de la langue JratiQaise. His poetry is char-
acterized by tender sentiment and by keen satire. He has
more than any of his contemporaries a personal touch, the
quality of intimity as Sainte-Beuve, echoed by Walter Paler,
calls it. He is one of the truest poets of his century. The
modern editions of Du Bellay's French works are by Marly-
Laveaux, and (a less satisfactory one) by L^on S6ch6. A new
and scholarly edition is in course of publication for the Sociiti
des textes Jranqais modernes by H. Chamard. The same writer
is the author of the standard study of Du Bellay's life and
works.
Page 56. — i. aelez = aiUs.
2. modes. Not 'fashions,' but modes (of music), a word now
masculine in French.
3. Thebain archer, Cadmus, the founder of Thebes.
4. sajettes, arrows.
5. Angevines. Du Bellay is as fond of Anjou as Ronsard b
of his district of Venddmois.
6. faix, weight.
7. Si nostre vie, etc. Contrast the idealism of this lovc-sonnct
with the tone of Marot's Bon vieux temps (page 13). This
poem expresses the sixteenth-century poetic Platonism so popular
with the poets of the time. Critics since Saintc-Bcuvc have
pointed out the coincidence in thought between this i>ocm and
Lamartine's Isolement:
Mais peut-4tre au deli dcs borncs de &a sphirc,
Lieux oil le vrai solcil dcl.iirc d'autrcs cicux,
Si je pouvais laisser m.i d^pouillc ^ la terre,
Ce que j'ai tant rfiv^ paraltrait i moi ycuxl
I 14 NOTES
"Lh, je m'enivrerais a la source oh j 'aspire;
La, je retrouverais et I'espoir et I'amour,
Et ce bien ideal que toute ame desire,
Et qui n'a pas de nom au terrestre sejour!
There is something of this, too, in Alfred de Vigny: "Pendant
que Victor Hugo cultivait I'ode, I'elegie, la ballade, Sainte-
Beuve ressuscitait le sonnet, et Vigny chantait I'amour mystique
et platonique k I'exemple, sinon sur le mode, de Maurice Sceve
et de Joachim, car Eloa est la fille spirituelle de Delie et de
VOlive, et nous savons par Auguste Barbier que Vigny apprit k
lire et a penser dans les oeuvres poetiques de Joachim." —
L. Sech6, in his edition of Du Bellay's Defense, page 227. This
poem of Du Bellay is itself a close imitation of an Italian
original by Bernardino Daniello, beginning:
Se 1' viver nostro h breve oscuro giomo
Press' a 1' etemo, e pien d' affanni e mali, etc.
Page 57. — i. emip&neey feathered.
2. Antiquites. The melancholy of ruins has long been a
familiar motif in literature. Often they are used to illustrate the
evanescence of human grandeur; often, especially in the poets,
they express the pleasurable sorrow of brooding contemplation.
The romantic poets have in particular played upon this motif,
and Du Bellay in this, as in many other respects, anticipates
the modern romanticists. So, in the Antiquites he reflects on
the instability of grandeur and glory. There is a famous and
often quoted letter from Servius Sulpicius Rufus to Cicero on
the death of the latter's daughter Tullia and included in Cicero's
correspondence. In this letter Sulpicius Rufus describes sailing
along the coast of Attica and drawing a lesson from the vision of
many ruined cities once so great and powerful. In the third
chapter of John Addington Symonds' Revival of Learning will
be found some interesting comments on the effect of the ruins of
ancient Rome on Petrarch, Poggio Bracciolini, those of Baiae
on Boccaccio in the Fiammetta, of Cumae on Sannazaro, of the
ancient sites of Italy on Aeneas Sylvius Piccolomini. Says
Georges Pellissier in Petit de Julleville's Histoire de la litera-
ture frangaise (Vol. Ill, p. 196) speaking of the Antiqtiites: "Le
poete y exprime pour la premiere fois dans notre langue cette
NOTES 115
podsie des ruines, que nous ne rctrouvcrons plus au XVII* sidcle,
sinon peut-^tre chcz quelque disciple attardd dc la PU-iadc
[as in the Solitude of Saint-Amant], et que nous rendra Ic ro-
mantisme avec Chateaubriand et Lamartinc." So one miRht
mention almost at random for different phases of the influence
of ruins, Gibbon planning amid the ruins on the Capitoline
Hill the history of the Decline and Fall, the Ruines of Volncy,
the sentiment of Mme de Stael's Corinne, Byron, etc.
3. Sacrez costaux, etc. This sonnet is translated from an
Italian one by Baldassare Castiglione, author of the Corlcgiano
(cf. Revue d'Hist. litt. dc la France, Vol. I. p. 97), beginning:
Superbi colli, e voi sacre mine,
Che M nome sol di Roma anchor tenete;
Ahi che reliquie miserandc havcte
Di tante anime, ccccLsc c pcllcgrinci
4. atterre, brings to the ground.
Page 68. — i. arene, sand.
2. Qui a veu, etc. Sonnet imitated from Lucan's Pharsalia,
I. 136-143-
3. torte, twisted.
4. poix = poids.
Page 59. — i. Les Regrets. In the Regrets the meditative
spirit of Du Bellay among the ruins of Rome has changed to
homesickness for France, and especially for his native Anjou.
His Regrets are like the Tristia of Ovid, and he feels, like Ovid,
an exile from home. So he looks with repulsion on the new
Rome and satirizes its corruption.
2. Grecs, cf. Horace, Dc arte poclica, U. 268-269:
Vos cxcmplaria Gracca
Nocturna vcrs;itc mami, vcrsalc diuma.
3. la moitie de mon ame, cf. the Laiin Animac dimidium
meae, as Horace, Odes, I. iii. 8.
Page 60. — I. raiz = rayons.
2. querelle, complaint.
Page 61. — I. Ce pendant que, etc. Olivier dc Magny was in
Italy in the train of d'Avanson; Panjas, a minor poet and author
of French and Latin verses, accompanied the Cardinal dc Lorraine
or the Cardinal de Chiitillon; Du Bellay was secretary of hi^
Il6 NOTES
kinsman the Cardinal du Bellay. The sonnet is addressed to
Ronsard.
2. I'heur = le honheur.
3. Henry, King Henry II.
4. Of this sonnet Sainte-Beuve says, in the Nouveaux Lundis
(Vol. XIII) : " Je ne sais point de plus beau sonnet en ce genre
616giaque que le seizieme des Regrets, et qui paralt adresse a
Ronsard. Du Bellay y met en contraste I'heureux poete qui
brille et fleurit en Cour de France et les trois exil6s, Magny,
Panjas et lui-m6me, qui, pour s'etre attaches a d'illustres pa-
trons, sont comme relegues et echoues au loin sur les bords du
Tibre. . . . Cette image des trois poetes, compares k trois
cygnes arranges flanc a flanc et exhalant leur ^me dans leur
chant supreme, m'a rappel6 un beau passage du Genie du Chris-
tianisme, les deux cygnes de Chateaubriand. . . . M^me apres
le trait de pinceau de cette imagination merveilleuse, meme
apres le Poete mourant de Lamartine, ou la similitude du cygne
est le motif dominant, le sonnet du Du Bellay peut se relire."
5. Malheureux, etc. A recollection of Petrarch:
Benedetto sia '1 giorno, e '1 mese, e 1' anno,
E la stagione, e '1 tempo, e 1' ora, e 'I punto,
(Sonnet XLVIl)
This passage of Petrarch Christine de Pisan also has in mind,
when she says:
Benoite soit la joum6e,
Le lieu, la place et demeure, etc.
(Roy edition, Vol. III. p. 158)
Page 62. — i. Thuis, the door.
2. cestuy la, i.e., Jason.
3. usage, experience.
4. Lyre. Du Bellay was born in the little village of Lire in
Anjou (cf. la doulceiir angevine) on the southern bank of the Loire.
5. This sonnet is perhaps the most famous poem of Du Bellay.
It is justly praised for its sentiment and love of home (cf . Chateau-
briand's " Combien j'ai douce souvenance," etc.) and the vivid
touch of the exiled poet seeing in memory the smoke curling
above the slate roofs of his Anjou home. The allusion to the
smoke is found even in antiquity. Du Bellay's poem is a render-
ing into French of one of his own Latin compositions, from
NOTES Iiy
which some lines are here inserted to show the superiority of
the French:
Felix, qui mores multorum vidit. et urbcs,
Sedibus et potuit conscnuisse suis.
Ortus quaeque suos cupiunt, externa placeotque
Pauca diu, repetunt et sua lustra ferae.
Quando erit, ut notae fumantia culmina vilbe,
Et videam regni iugera parva mei?
Non septemgemini tangunt mea pcctora Colics,
Nee retinet sensus Tybridis sensus mcos.
Non mihi sunt cordi veterum monumcnta Quint dm.
Ncc statuae, nee mc p'cta tabclla iuvat;
Non mihi Laurentes nymphae, sylvaeque virentes,
Nee mihi, quae quondam, florida rura placeoL
6. caute, cautious.
Page 63. — i. Thudesque, German.
2. Palais, the Vatican.
3. tabourin = tamhourin.
4. troppe = troupe.
5. Paschal. Pierre de Paschal, historiographer, friend of
Ronsard and the Pl^iade.
Page 64. — i. Of this poem Sainte-Bcuve {op. cit.) says:
*' II a des peintures, des esquisses prises sur le fait et au naif, dc
la Rome moderne, de la Rome papale et cardinalcsque. Arriv6
sous le pontifical reUchd et dissolu dc Jules III, il vit Marcel
II, qui ne r^gna que vingt et un jours. II 6tait aux premieres
loges pour decrire un conclave; il nc s'en fait faute, ct Ton a en
quatorze vers la r6alit6 mouvante du spectacle, la brigue k huis
clos, les bruits du dehors, les fausses nouvcUes, Ics (>aris engag6s
pour et contre."
2. gouvemer, converse with.
3. Morel. Jean de Morel of Embrun, a patron of men of
letters and one of Du Bellay's most intimate friends.
Page 65. — i. grave sourci, solemn brow.
2. soubriz, smile.
3. Messer non, no, sir (Ital.).
4. E cosi, // is so.
5. son Servitor' = sono scrvilore, ' I am your servant.'
6. Seigneuriser, pay honor.
7. Sainte-Beuve (op. cit.) says: "Ccttc vie qui s'usc en sima-
gr6es, en c6r6monies, en visitcs, en faux scmblants, irouve en
Il8 NOTES
Du Bellay son dessinateur a la plume. II nous rend a merveille
le fin mot de cette Cour romaine du XVI^ siecle, ce qui la dis-
tingue en general des autres Cours par son caractere de douceur,
de finesse et de ruse."
Page 66. — i. j'ahanne, / toil. Obsolete verb of uncertain
etymology.
,2. This i^ a very famous poem, more than once translated
by English writers, including Andrew Lang in his Ballads and
Lyrics of Old France. Du Bellay himself had adapted it from
a Latin poem by the Italian neo-Latin poet Navagero (Naugerius).
VOTA AD AURAS
Aurae, quae levibus percurritis aera pennis,
Et strepitis blando per nemora alta sono,
Serta dat haec vobis, vobis haec rusticus Idmon
Spargit odorato plena canistra croco.
Vos lenite aestum et paleas seiungite inanes,
Dutn medio fruges ventilat ille die.
Page 67. — i. Dialogue d'un amoureux et d'Echo. The echo
song was a favorite device in the poetry of the Renaissance.
Numerous examples are found in Italian literature, whence it
was taken by the French of the sixteenth and seventeenth cen-
turies. This poem of Du Bellay is said to be the first echo song
in French.
JEAN-ANTOINE DE BAIF
Jean-Antoine de Baif (153 2-1 589) was a voluminous writer
but has often been scorned as the pedant of the Pleiade. This
verdict is unfair, yet a large selection from Baif is unneces-
sary, because one finds in him little that is not in Ronsard or
Du Bellay. He was much interested in reformed spelling and
in metrical experiments. The second extract is a specimen of
these experiments. The only complete modern edition of
Baif is the rare and expensive one by Marty-Laveaux. The
authoritative study of Baif is by Mathieu Auge-Chiquet, 1909.
Page 68. — i. Miel, see page 39.
2. drois, stings.
3. Depit = depit6, ' vexed.*
NOTES 119
4. orine, golden. — Cytere, Venus.
5. mingrelette, puny.
Page 69. — i. aronde = hirondeUe.
2. affutes, prepared.
3. Teree, cf. page 45, note 2.
REMY BELLEAU
There is not much to be said conccminR Rcmy Belleau (1526
or 7-1577). He was a member of the P16iade and an intimate
friend of Ronsard. He translated with success the Anacreontic
collection, and wrote among other verses descriptions of precious
stones, the Pierrcs precietises, and the Bergerie in prose and
verse (from which the following extract is taken). Bellcau was
a graceful writer, "le gentil Belleau." There is no detailed study
of Bellcau in French. In German there is H. Wagner, Remy
Belleau und seine Werke, 1890. The two modern editions of
his works are by A. Gouverneur, 3 vols., 1867, and by Marty-
Laveaux, 2 vols., 187 7-1878.
Page 70. — I. Avril. This poem has been translated by
Andrew Lang in his Ballads and Lyrics of Old France.
2. pers, blue.
3. selle = aile.
4. es, in the.
5. embasmant = embaumant.
Page 71. — I. Cypris, Venus.
Page 72. — i. croupi, smouldering.
2. mussent, hide.
3. celle. i.e., Venus or Aphrodite.
OLIVIER DE MAGNY
Olivier de Magny (i529?-is6i) was born at Cahors in Quercy,
the home of Clement Marot. He lived for a time in Italy as
secretary of the French envoy Jean d'Avanson and was the
friend there of Du Bellay, Many of their Roman sonnets deal
I20 NOTES
with similar subjects. Olivier de Magny is one of the very
best of the minor poets of the school of the Pl^iade, He has
ease, wit, grace, sentiment. Some of his verses are among the
best reproductions of the spirit of Horace that we find in six-
teenth-century poetry. The biography of Olivier de Magny
is by J. Favre, 1885, and the standard edition of his poems is
by Courbet, 6 vols., 1871-1881. See also L. E. Kastner in
Modern Philology, 1909, on The Sources of Olivier de Magny^s
Sonnets.
Page 73. — i. Bien heureux, etc. This poem is on the motif
of Beatus ille qui procul negotiis.
2. L'hyver, etc. This poem is on the motif of Horace's Solvitur
acris hiemps.
3. Girard. Jean Girard of Le Mans, a friend of various
members of the Pleiade.
4. chef = tete.
5. Philomene. Progne and Philomene are the nightingale
and the swallow.
Page 74. — i. Hola, Charon, etc. This was one of the most
successful poems of the sixteenth century and was set to music
by Orlande de Lassus (1567). It is taken almost literally from
a stramhotto by Marc' Antonio Magrio.di Santa Severina. See
J. Vianey in Revue d^Hist. litt. de la France, 1905, p. 467.
JEAN PASSERAT
Jean Passerat (i 534-1602) was a scholar and professor, a
political satirist and collaborator in the Satire Menippee, no
less than a sprightly poet. His vein is the esprit gatdois of
Marot or Rabelais, or again he expresses some pretty little
sentiment. In spite of his rubicund face and his jovial satire,
he was in reality a man of judicious discernment and of high
standards of taste. The modern edition of Passerat's French
verse is edited by P. Blanchemain, 2 vols., 1880. There is no
good French study. In German there is Jean Passerat, sein
Leben und seine Personlichkeit by E. von Mojsisovics, Halle,
1907.
NOTES
121
Page 76. — I. May. This poem has been lranslatc<l by
Andrew Lang in his Ballads and Lyrics of Old France. For the
motif, cf. page 31.
Page 77. — i. tabourins, drums.
2. ectique = aiquc; cf. English 'hectic.'
Page 78. — i. poise = pise, from pcscr.
AIESDAMES DES ROCHES
The dames des Roches, the mother Madeleine des Roches
and her daughter Catherine, were two intellectual ladies of
Poitiers. They may almost be said to have had a sort of literary
salon, frequented by clever men who admired them. They Ixjlh
died of the plague on the same day in 1587. This little j)ocm,
an example of distaff literature (cf. Theocritus, Idyll XXVIII)
is a pretty trifle. It is usually attributed to the daughter.
AGRIPPA D'AUBIGXC
Theodore Agrippa d'Aubign6 (155 2- 1630) was a Huguenot
warrior-poet and a vigorous prose writer as well. His early
lyrics are under the inspiration of the Pleiade. His fame rests,
however, rather on the Tragiqucs, a passionate religious and
satirical epic on the contemporary wars of religion. Its violent
rhetoric contains many striking passages. To dWubignf, Cathe-
rine de' Medici is largely responsible for the woes of France.
His chief prose works are an autobiography, an llistoire uni-
verselle (of the religious wars) and the satirical Avcntttres du
baron dc Fcencstc. The latest biographer of Agrip()a d'.Xubignc^
is S. Rochebhive (two works, u)io and i(>i.'). The standard
edition of his works is by Reaumc. de Caussade and I.egnut-z
(6 vols., 1873-1892), except the llistoire universctle, edile<l for the
Soci6t^ de I'liisloirc de France by A. de Ruble, 9 vols., 1886-1897.
Page 80. — I. abaye = mis aux abois.
2, ma jeimesse. Cf. .Alfred de Mussct:
Cc livrc est toute tna jeuncsse;
Jc I'ai f;iil sans prcsquc y iongcr.
II y p-iralt, jc Ic confr^-^.
El j'aurais pu Ic corrigcr.
122 NOTES
Mais quand I'homme change sans cesse,
Au passe pourquoi rien changer?
Va-t'en, pauvre oiseau passager;
Que Dieu te mene a ton adressel
Qui que tu sois. qui me liras,
Lis-en le plus que tu pourras,
Et ne me condamne qu'en somme.
Mas premiers vers sont d'un enfant,
Les seconds d'un adolescent,
Les derniers a peine d'un homme.
Page 81. — I. Jesabel, Catherine de' Medici.
2. Dues, the Medici rulers at Florence.
3. rabatus. Irregular agreement of past participle, accord-
ing to modern rules. D'Aubigne often makes the past participle
conjugated with avoir agree with its object even when it follows.
4. poison, often feminine in the sixteenth century.
• Page 82. — i. estranger, adjective referring to sang.
DU BARTAS
Guillaume de Saluste, seigneur du Bartas (i 544-1 590), was a
Huguenot writer of strong moral and religious convictions, who
planned and partly wrote a great religious and epic treatment
of the Creation and the history of humanity. La Semaine
deals with the creation of the world, and the unfinished Seconds
Semaine was to continue the story of civilization. Du Bartas
ranked very high among his contemporaries and his reputation
spread over all Europe. Joshua Sylvester's translation caused
him to become an influence in England, where, it has been
held, Milton found in him the idea of Paradise Lost. In his own
country Du Bartas soon fell into disfavor because he was a
Protestant and because of certain eccentricities of style which
made him appear ridiculous to the disciplined classicists. There
is no modern complete edition of Du Bartas. The standard
literary and biographical study is by Georges Pellissier, la Vie
et les (Euvres de Du Bartas, 1883.
Page 83. — i. fcienheureux. This passage is one of the
numerous examples in the sixteenth century of the motif dealing
NOTES 123
with the happiness of rustic life, such as may be found in the
Hippolytus of Seneca, in Virgil's O forlunatos nimium, sua ti
bona norint, A gr kolas, or in Horace's Bcatus iUe qui procul
ne got lis.
2. emprises = cntrc prises.
3. Gregeois = grcc.
4. gobeau = gobekt.
5- Neree. The name of the sea-god Nercus is used for the
sea itself.
6. cercher = chcrchcr.
Page 84. — i. jonc de Chus, the Ethiopian reed, the seed of
which was supposed to be a narcotic. Chus is the Biblical
Cush, son of Ham and father of the Ethiopians.
2. Mecene. Maecenas, the great Roman patron of letters
of the Augustan age, is said to have whilcd away the suflcring
of the last three years of his life with music. Lcs tons arc the
sounds (of music).
3. entrecassez, broken.
4. empennache, crested.
Page 85. — i. Sardanapale . . . Thersite . . . Adon. Sar-
danapalus, the eflfeminate Assyrian king; Thersitcs. the ugliest
and most deformed Greek at the siege of Troy; Adonis, the
beautiful youth loved by Venus.
2. Alceste . . . Flore. Alcestis, the faithful wfc of Admetus,
who died to save her husband from death when he had neglected
to offer a sacrifice to Artemis. Of Flora a baseless legend said
she was a Roman courtesan who had amassed a fortune which
she bequeathed to the people on condition that she be honore<l
by the annual festival, the Floralia. To give the praise of .M-
cestis to Flora is equivalent to praising a prostitute for her
virtue.
3. manches, nets.
4. I'heur = k bonheur.
5. caimandent = qutmandcr.t .
6. S boutees, by fits and starts.
7. Gimone . . . Sarrapin, streams near the chiktcau of
Bartas.
8. sans nul destourbier, without being disturbed.
Page 86. — i. rond, straight forward.
124 NOTES
PHILIPPE DESPORTES
Philippe Desportes (i 542-1606) was the most popular poet
of the second half of the sixteenth century, becoming in the
Italianized court of Henry III a greater favorite than Ronsard.
He illustrates the poetic development which, dropping classical
inspiration, turned towards Italian Petrarchism and the con-
ceits of the inferior contemporary Italian Petrarchists. His
poems, read in small numbers, are often pretty and sweet, but
they tend to become, in abundance, artificial and mannered.
The modern edition of Desportes is by Alfred Michiels, 1858.
There have been numerous articles or chapters on separate
points concerning Desportes, his models and his imitators by
Flamini, Kastner, Joseph Vianey, etc., but there is no separate
study of him.
Page 87. — i. Icare. Daedalus and his son Icarus fastened
wings to themselves with wax and tried to fly over the Aegean
sea. Daedalus was successful, but Icarus went too near the
sun, so that the wax melted and he fell into that part of the
Aegean known as the Icarian sea.
2. Sommeil, etc. This sonnet is the source of Samuel Daniel's
" Care-charmer Sleep, son of the sable Night." Sleep was a
frequent theme of Renaissance poets in Italy, France, and
England. "The admirable epithet 'care-charmer,' as well as
the description of sleep as * brother of death ' which Daniel bor-
rowed from Desportes is ultimately of Greek origin. Meleager
in the Greek Anthology (Pal. xii. 127) sings of \vcriTrovos wrvos.
Homer and Hesiod both called sleep ' brother of death.' Such
imagery was thoroughly naturalised in France. Very numerous
instances of its employment could be given from the Pleiade
writers." — Sidney Lee, Elizabethan Sonnets, Introd., p. Ux.
See the same work for specific references to Ronsard, Baif,
Pierre de Brach and Desportes' Priere au Sommeil: "Somme,
doux repos de mes yeux." See also Drummond of Hawthornden's
" Sleepe, Silence Child, sweet Father of soft Rest " and L. E. Kast-
ner's edition of Drummond of Hawthornden (Vol. I. p. 168)
for references to the Italian Delia Casa and to Drummond's
NOTES 125
own model, a sonnet by Marino, O del SUentio figlio, e della
Nolle.
3. j'ards = je brUle.
Page 88. — i. Rozette, etc. This is a graceful little rillanelU
which the due de Guise is said to have been humming just be-
fore he was murdered at the instigation of Ilcnry III. .X^rippa
d'Aubigne wrote a poem in answer to this one, beginning:
Bergen qui pour un peu d'abseooe
Avez le cueur si tost change,
A qui aura plus d'inconstancc
Vous avez, ce croi' jc. gaRc,
L'un leger et I'autre legcrc,
A qui plus volage sera:
Le berger commc la bcrgere
De changer se repcntira.
Page 90. — I . Moete = moile.
2. fors que, except.
Page 91. — I. Je verray, etc. Compare this poem with
Ronsard's famous sonnet to Helen, page 24.
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Spyri's Was der Grossmutter Lehre be wirkt ( Barrows) . Vocab. and ess. 3t «. ta
Storm's Geschichten aus der Tonne ^Vogel). Vocab. and exs. 40 cts.
Storm's Immensee (Bernhardt). Vixrabulary and exercises. iO ctx.
Storm's In St. JUrgen (Wright). Vocabulary and exercises. 35 cts.
Storm's Pole Poppenspaler (Bernhardt). Vocab. and exercises. 40 eta.
Till Eulenspiegel (Bctz). Vocabulary and exercises, 3'J cts.
Volkmann's Kleine Geschichten (Bernhardt). Vocabulao*. 30 cU.
Zschokke's Der -.crbrochene Knif t Joyncj). V'ocabulary awl esrtcucs. 25 c«*
Deatb's /iDoDern Xanguaae Series
INTERMEDIATE GERMAN TEXTS. (Partial List.)
Amdt..DeutschePatrioten (Colwell). Vocabulary. 35cts.
Benedix's Die Hochzeitsreise (Schieff erdecker) . Vocabulary, 30 cts.
Bohlau'sRatsmad&lgeschichten (Haevemick). Vocabulary. 40 cts.
Chamisso's Peter Schlemihl( Primer). Vocabulary, 35 cts.
Deutsche Gedichte und Lieder (Roedder and Purin) . Vocabulary. 60 cts.
Eichendorff's Aus dem Leben eines Taugenichts (Osthaus) . Vocab. 45 cts.
Ernst's Asmus Sempers Jugendland (Osthaus). Vocabulary. 69 cts,
Goethe's Hermann und Dorothea (Adams). Vocabulary, 65 cts,
Goethe's Sesenheim (Huss), Yxova Dichtung und Wahrheit. Vocab, 30 eta
Hauff'sLichtenstein(Vogel), Abridged. 75 cts,
Heine's Die Harzreise (Vos), Vocabulary, 45 cts.
Hoffmann's Historische Erzahlungen (Beresford-Webb) . 25 cts.
Jensen's Die braune Erica (Joynes), Vocabulary, 35 cts,
Keller's Fahnlein der sieben Aufrechten (Howard) , Vocabulary. 40 cts.
Keller's Romeo und Julia auf dem Dorfe (Adams). Vocabulary, 35 cts.
Lambert's Alltagliches. Vocabulary and exercises. 75 cts.
Lohmeyer's Geissbub von Engelberg (Bernhardt), Vocab, and cxs. 40 cts.
Lyrics and Ballads (Hatfield), 75 cts.
Meyer's Gustav Adolf s Page (Heller), 25 cts,
Mosher's Willkommen in Deutschland. Vocabulary and exercises. 75 cts.
Novelletten-Bibliothek (Bernhardt). Vol. I, 35 cts. Vol. II. 35 cts.
Raabe's Eulenpfingsten (Lambert). Vocabulary. 45 cts,
Riehl's Burg Neideck (Jonas). Vocabulary and exercises, 35 cts,
Rogge's Der grosse Preussenkonig (Adams), Vocabulary. 45 cts.
Schiller's Der Geisterseher (Joynes). Vocabulary. 35 cts.
Schiller's Dreissigjahriger Elrieg (Prettyman). Book III. 35 cts.
Selections for Sight Translation (Mondan). 15 cts.
Shorter German Poems (Hatfield). Vocabulary. 35 cts.
Spielhagen's Das Skelettim Hause (Skinner). Vocabulary. 45 cts.
Stifter's Das Haidedorf (Heller). 20 cts.
Stokl's Alle fiinf (Bernhardt). Vocab. and exercises. 30 cts.
Unter dem Christbaum (Bernhardt). 35 cts.
Wildenbruch's Das edle Blut (Schmidt). Vocab, and exercises, 30 cts.
Wildenbruch's Der Letzte (Schmidt), Vocab. and exercises. 35 cts,
Wildenbruch's Neid (Prettyman), Vocabulary, 35 cts,
Zschokke's Das Abenteuer der Neujahrsnacht (Handschin), Vocab, 35 tta.
Zschokke's Das Wirtshaus zu Cransac (Joynes). Vocab, and exs. 30 r',ts.
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