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Full text of "Guide de l'Annam"

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GUIDE  DE  L'ANNAM 


/l.  CHALLAMEL 

éditeur 


Guide  de  rAnnam 


MAÇON,    l'ROTAT    ïRlillES.     IMPRl.MEUUS 


Ph.    EBERHARDT 


Guide 
de  lAnnam 


PARIS 

Augustin    GHALLAMEL,    Éditeur 

17.     Rue    Jacob 

Librairie  Maritime  et  Coloniale 

1914 


Quand  je  suis  eu  voj'age.  plus  je  m'éloigne, 
plus  mes  sensations  s'aiguisent  et  la 
violence  de  mon  envie  s'augmente  d'avan- 
cer vers  plus  d'inconnu  et  plus  d'étran- 
geté... 

Jules  lituiîT. 


20G51S7 


"-^       1S^ 


CIkIr-  de  .M.  Cailnlli'i. 
Fi<i.    1.   —  I,a  Tour  Centrale  de  Pn-Klouu-Garaï. 


GUIDE  DE  L'ANNAM 


Cet  opuscule  a  été  rédigé  à  la  demande  de  Monsieur  le  Délégué 
Général  du  Tourisme  colonial  en  Indochine  et  de  M.  Mahé,  alors 
Résident  Supérieur  en  Annam. 

A  l'heure  où  les  touristes  s'engagent  chaque  année  plus  nom- 
breux sur  les  bateaux  d'Extrême-Orient,  il  était  indispensable 
d'établir  des  guides  leur  permettant  de  visiter  notre  colonie  par 
les  moyens  les  plus  pratiques,  et  d"y  acquérir,  dans  un  temps 
limité,  des  notions  justes  et  précises  tant  au  point  de  vue  histo- 
rique et  économique  quau  point  de  vue  du  pittoresque  des 
sites. 

Aussi,  avons-nous  cherché,  dans  ce  livret,  à  mettre  en  lumière 
les  uns  et  les  autres,  à  éviter  surtout  les  pertes  de  temps  dans  les 
pays  sur  lesquels  le  métropolitain  ignore  à  peu  près  tout. 

Notre  tâche  a  été  grandement  facilitée  par  Faimable  enthou- 
siasme que  son  but  même  a  soulevé  dans  l'esprit  des  Français 
d 'Annam   et    il  nous    est    particulièrement  agréable    d'adresser 


s  (irii)i;   D1-;   i/\nn\,m 

nos  l'einei'cic'ineiiLs  ;i  MM.  Agostim,  di;  l>Ai{Tiit;j.i:MV,  DuDiiv,  et 
IiouGiKH  pour  la  coUal^oration  précieuse  qu'ils  nous  ont  apportée. 
Nos  remerciements  s'adressent  aussi  à  I  excellent  artiste-peintre 
M.  UE  Maiu.iavi:.  Ses  études,  comme  les  photographies  qu'ont 
bien  voulu  nous  communiquer  MM.  Dumoutier,  Ghau  et  le 
D''  Tun^RRY,  aideront  singulièrement  la  lecture  de  ces  pages  dont 
le  style  n'a  d'autre  prétention  que  d'être  celui  d'une  documen- 
tation que  nous  avons  cherché  à  rendre  aussi  nette  que  possible. 


RÉSUMÉ  HISTORIQUE    SUR   L  ANNAM 


Sans  vouloir  entrer  ici  dans  des  détails  trop  spéciaux,  il  nous  semble 
indispensable  de  retracer  en  quelques  mots  Thistoire  d'Annam,  sachant 
par  expérience  combien  il  est  difficile  à  ceux  qui  séjournent  dans  ce 
pays  et  à  plus  forte  raison  à  ceux  qui  passent,  d'y  recueillir  des 
renseignements  précis. 

Ce  sont  eux  cependant  qui  permettent  de  prendre  un  intérêt  réel 
aux  choses  que  l'on  a  sous  les  yeux,  elles  ont  alors  un  sens,  une  rai- 
son d'être,  un  lien  entre  elles;  les  ig-norant,  le  touriste  n'emporte 
dans  son  souvenir  qu'une  succession  de  vues  cinématographiques  où 
l'iinage  de  l'une  etface  l'empreinte  de  la  précédente. 

Quels  furent  les  tout  premiers  habitants  de  l'Annam?  En  réalité,  on 
l'ignore.  Il  semble  normal  d'admettre  que  les  i^aces  ou  plutôl  les 
tribus  qui  vivent  dans  la  chaîne  annamitique  et  que  l'on  désigne  sous 
le  nom  de  «  Mois  »  en  sont  les  descendants  directs  et  les  derniers 
vestiges,  encore  est-il  probable  que  ces  restes  des  races  aborigènes 
ont  été  plus  ou  moins  mélangés  avec  l'élément  cham  d'une  part  et 
l'élément  kmer  de  l'autre.  Les  Annamites,  qui  occvqjent  le  pays 
aujourd'hui,  sont  des  envahisseurs  venus  du  Nord  par  le  ïonkin.  à 
quelle  époque  reculée,  on  ne  peut  le  préciser. 

Guiniï  UI5  i.'Ann,\.m.  2 


Kl  (iUlDE    DE    L  ANNA.M 

De  111  ;i\ .  J.-(^.  jiiscjuen  Îi08  ap.  J.-C.  rAniuini  l'ut  à  intervalles 
irréguliers,  sous  la  domination  chinoise.  D  autre  part.  l'Annam  actuel 
a  été,  un  peu  avant  notre  ère  conquis  par  les  Ghams  qui  établirent 
leur  domination  tout  le  long  de  la  côte.  D'origine  malaise  et  de  civili- 
sation indoue,  les  Chams  se  constituèrent  en  un  royaume  indépendant, 
le  l'oyaume  du  Champa.  Progressivement,  ils  s'étendirent  vers  le 
nord  jusqu'à  un  prolongement  de  la  chaîne  annamitique  séparant 
géographiquement  le  Tonkin  de  TAnnam.  Ce  massif  montagneux 
(ju'ils  occupèrent  correspond  à  la  partie  fortifiée  plus  tard  par  les 
Annamites  et  dénommée  aujourd  hui  «  Mur  de  Dong-Hoi  ».  Ils  ne 
semblent  pas  avoir  dépassé  cette  limite  nord  autrement  que  pour  aller 
périodiquement  livrer  bataille  aux  Annamites  établis  alors  au  Tonkin. 

De  800  à  980,  des  luttes  pénibles  ensanglantèrent  le  Nord-Annam 
et  les  Annamites  repoussèrent  les  Ghams  au  sud  du  col  des  Nuages. 

Ils  continuèrent  leur  extension  vers  le  Sud  au  xiv®  siècle,  pour 
linalement,  en  144o,  anéantir  les  Ghams  ainsi  que  leur  royaume  et 
localiser  les  survivants  dans  la  partie  méridionale  de  TAnnam  actuel. 

Du  xi*"  au  XV*"  siècle,  le  royaume  d'Annam  fusionné  avec  leTonquin, 
avait  le  col  des  Nuages  comme  limite  Sud. 

Vers  cette  époque  deux  iîefs  furent  constitués  :  le  Tonquin.  sensi- 
blement égal  au  Tonkin  d'aujourd'hui  avec  en  plus  les  provinces  de 
\\n\\  et  de  Thanh-Hoa,  et  la  CochincJiine  qui  comprenait  toutes  les 
régions  du  Sud. 

Juscpi'ii  la  lin  du  xvii''  siècle,  la  Gochinchine  et  le  Tonquin  furent 
régis  par  deux  familles  de  grands  seigneurs  :  la  famille  des  Nguyên 
dans  les  l^tats  du  Sud,  la  famille  des  Trinh  dans  les  Etats  du  Nord, 
et  cela  pour  le  compte  des  rois  Le,  alors  possesseurs  du  royaume  et 
résidant  au  Tonquin. 

L'entente  la  plus  parfaite  régna  entre  les  Nguyên  et  les  Le,  mais 
vers  1545  ceux-ci  ne  restèrent  plus  rois  que  de  nom,  un  habile  et 
grand  dignitaire  du  Tonquin,  nommé  Trinh,  ayant  épousé  la  sœur  de 


RÉSUMÉ    HISTORIQUE  1  1 

Tancètre  de  Gia-Long-:  Xg-uyén-Koang-.  étendit  peu  à  peu  son  intluenee 
aux  dépens  de  celle  du  roi  même.  Trinh  conçut  également  le  projet 
de  se  défaire  de  son  beau-frère  :  Nguyèn-Hoang-,  et  de  prendre  son  titre 
de  «  Chua  »  c'est-à-dire  généralissime  des  états  du  Sud.  A  force  de 
prières,  sa  femme  obtint  la  vie  sauve  pour  son  frère,  qui  fut  relégué 
dans  son  royaume  de  Gochinchine. 

Trinh  mourut  et  ses  fils  lui  succédèrent  dans  les  charges  qu'il  occu- 
pait à  la  Cour  du  Tonquin;  ils  continuèrent  son  œuvre  d'usurpation. 

En  présence  de  ces  faits,  les  Nguyên  protestèrent,  les  deux  familles 
devinrent  livales,  et  le  règne  entier  de  Nguyèn-Hoang  se  passa  en 
guerre  contre  les  Trinh.  Il  laissa  plusieurs  fils.  mais,  tels  les  fils  de 
Clovis  en  F.urope,  ils  donnèrent  à  l'Asie  le  spectacle  de  tous  les  crimes 
que  peut  susciter  l'ambition.  Le  plus  énergique  d'entre  eux  se  défit  de 
la  plupart  de  ses  frères  par  l'assassinat,  et  chassa  les  autres. 

En  1771.  trois  aventuriers  cochinchinois  :  les  Tav-Son.  conçurent 
alors  le  projet  de  profiter  de  ces  luttes  intestines  pour  s'emparer  du 
royaume.  L'un  deux,  Quang-Trlng  passa  brusquement  au  Tonquin, 
déclarant  qu'il  venait  venger  la  famille  des  Le,  délivrer  le  roi  et  punir 
l'usurpateur:  son  appel  fut  entendu,  le  peuple  se  souleva  en  masse, 
Trinh  fut  égorgé  et  le  roi  délivré  du  joug  si  longtemps  subi.  Quang  ne 
tarda  pas  d'ailleurs  à  le  tuer  et  à  prendre  possession  du  trône. 

De  leur  côté,   les    deux  compagnons  de  Quang-Trung  réussirent  à 
soulever  la  Gochinchine,  si  bien  que.  lorsque  le  parti  resté  fidèle  à  la 
dvnastie  du  Sud  reconnut  comme  roi  le  dernier  survivant  des  Xo-uvèn 
le  jeune  Xguyên-Anh,  qui  plus   tard  régna  sous  le  nom  de  Gia-Long, 
celui-ci  trouva  ses  états  réduits  à  la  seule  province  de  Saigon. 

Des  luttes  ne  tardèrent  pas  à  s'engager  entre  lui  et  les  Tay-Son  :  il 
se  vit  au  bout  de  peu  de  temps  obligé  de  fuir  dans  1  ile  de  Pulo-Panjang 
(golfe  de  Siam).  Après  plusieurs  reprises  et  abandons  successifs  de 
Saigon,  il  dut  finalement  accepter  les  propositions  de  secours  que  lui 
offrait  le  Siam;  mais,  après  quelques  succès,  les  troupes  siamoises,  plus 


1:2  i;i  IDE    lli:     I.AN.NAM 

iirck'utt's  ;iu  pillage  (|u  an  combat,  turent  toinplùtenu'iit  mises  en 
(li'-roule  par  larmëe  des  Tav-Son.  Xguvén-Anh  se  relira  alors  aux 
environs,  dans  les  torèts  doù  il  ne  put  s'évader  que  grâce  à  un  prêtre 
français  :  Pierre  Pigneai;  ue  Behaine.  évèque  d'AoRAN.  Il  fut  alors 
décidé  que  Nguvén-Anli  demanderait  asile  au  Siam,  tandis  que 
lévèque  d  Adran.  accompagné  de  l'héritier  présomptif,  le  prince  Canh. 
irait  en  France  demander  à  celle-ci  sa  protection  effective.  En  compen- 
sation, le  roi  de  (^ochinchine  offrait  la  cession  d'un  port  sur  la  côte, 
lile  de  Poulo-Condore  et  le  commerce  exclusif  avec  la  Gochinchine. 
Lévèque  arriva  à  Paris  avec  le  prince  Canh,  en  février  1787;  ils 
furent  reçus  par  Louis  XVI  et  ses  ministres,  un  traité  d'alliance 
fut  signé  à  ^'ersailles  le  '2^  novend)re  1787.  Un  mois  après,  lévèque 
s'embarquait  pour  la  Gochinchine  ainsi  que  son  pupille.  En  septembre 
1788.  la  «  Dryade»,  bâtiment  français,  débarquait  à  Poulo-Condore 
1.000  fusils;  quelques  mois  plus  tard  la  "  Garonne»  y  déposait  des 
canons,  le  «  Robuste  »  mouillait  au  cap  Saint- Jacques  à  la  disposition 
de  Xguyèn-Anh.  Toute  une  pléiade  d'officiers  français,  dont  les  noms 
doivent  être  retenus  :  Olivier.  Dayot.  de  GiiAKiNEAU,  Lehrun,  Vannier, 
DE  FoRSANT,  s'occupciit  alors  d'organiser  la  défense,  de  former  une 
armée  et  une  marine,  tandis  que  de  nouveaux  navires  abordent  chargés 
de  munitions.  Avec  des  secours  aussi  exercés,  la  victoire  était  certaine; 
malgré  tout,  la  guerre  espaça  ses  combats  sur  dix  années  encore.  Les 
succès  se  multiplient  cependant  :  c'est  d'abord  la  destruction  de  la 
flotte  des  Tay-Son  a  Tlii-Xai  par  les  officiers  français  Vannier  et  Dayot 
en  1792,  puis  toute  une  longue  série  de  victoires  de  1792  à  1797, 
mais  (^uinhone,  la  capitale,  reste  imprenable.  En  1797,  Xguyèn-Anh 
détruit  une  nouvelle  flotte  des  Ta} -Son  à  Tourane.  En  1798,  l'évêque 
d  Adran  et  le  Pi'ince  Ganii  vont  assiéger  (^uinhone  et  finalement 
prennent  la  ville  en  1799.  Mais  le  2  novembre  l'évêque  d'AoRAN 
("puisé,  succombe  à  ses  fatigues.  Les  Tay-Son  reprennent  (^uinhone 
immédiatement.    En    1800    Xguyên-Anh   parti   de   Saigon    monte  au 


RÉSUMÉ    HISTORIQLK 


13 


long-  des  côtes,  décidé  à  attaquer  Hué  avec  sa  Hotte.  Cest  là  que  s'était 
retiré  le  chef  des  Tay-Son.  Le  12  juin  1801.  Xg-uyèn-Anh  entre  dans 
Hué  et  un  an  plus  tard,  la  dernière  bataille,  livrée  à  l'embouchure  du 
Xhut-Le,  rend  la  victoire  complète  et  termine  enfin  la  longue  période 
de  troubles  qui  avait  ensanglanté  la  Cochinchine  et  l'Annam,  la  période 
d'org-anisation  commence  et  se  continue  pendant  tout  le  règne  de 
Nguyên-Anh,  qui  prend  alors  le  titre  de  Gia-Long. 

Les  empereurs  qui  se  succédèrent  sur  le  trône  d'Annam  depuis  cette 
époque  jusqu'à  nos  jours  sont  les  suivants  : 

Gia-Long,  ISO'^-JSJO.  —  Reconstitua  son  royaume  avec  une  science 
et  une  fermeté  remarquables  ;  de  grands  travaux  se  firent  sous  sa 
direction,  tels  que  :  la  construction  de  la  citadelle  de  Hué,  d'un  grand 
nombre  d'autres  et  la  restauration  de  celles  déjà  existantes.  Il  org-anisa 
l'armée,  établit  des  lois  qui  régissent  encore  le  royaume.  11  chercha  de 
plus  à  fixer  par  écrit   l'histoire  et  la  géographie  de  son  pays. 

Minh-Mang,  i8''20-JS4(L  —  Ne  continua  pas  l'œuvre  de  son  père,  ne 
se  souciant  pas  d'entamer  des  relations  plus  intimes  avec  la  France  et 
se  montra  plus  qu'ingrat  vis-à-vis  des  officiers  de  Chaigneau  et  Vanmer 
qui,  après  avoir  aidé  son  père  à  remonter  sur  le  trône,  restèrent  vingt- 
cinq  ans  à  son  service.  11  les  renvoya  afin  de  pouvoir  librement  ouvrir 
la  lutte  contre  le  christianisme  et  ses  adeptes  qu'il  voulait  faire  dispa- 
raître du  pays  pour  satisfaire  d'une  part  le  parti  des  lettrés  et  d'autre 
part  pour  servir  ses  propres  intérêts. 

Thiêu-Tri,  1841-1841 .  —  Montra  moins  de  haine  que  son  père 
vis-à-vis  de  l'étranger,  mais  n'abolit  pas  ses  édits  et  laissa  les  prisons 
regorger  de  chrétiens.  L'opinion  en  France  commença  à  s'émouvoir: 
des  navires   furent  envoyés  à  Tourane   et  l'on  put  faire   relâcher  un 


14  GUID1-:  DE  l'annam 

certain  iK)iiil)i'e  de  missionnaires  retenus  en  c;q)livilé.  Tni(-:i -Tri 
ordonna  alors  de  tuer  tous  les  Euro|3éens,  mais  il  mourut  quelques 
mois  ai)rès,  alors  (|ue  sa  tlolte  venait  d'être  détruite  par  l'amiral  Pugault 

DE   GeNOLILLV. 

Tu-Duc,  iSiS-iSS''J-  —  Grand  lettré,  se  montra,  au  début  de  son 
rèj;ne,  bien  disposé  pour  les  étrangers,  mais  ne  tarda  pas  à  suivre  la 
politique  de  son  père  et  les  persécutions  contre  les  chrétiens  recom- 
mencèrent plus  terribles  qu'elles  ne  l'avaient  jamais  été.  Le  gouverne- 
ment français  ayant  envoyé  des  ambassadeurs  pour  protester,  ils  ne 
furent  point  reçus.  La  France  et  l'Espagne  se  décidèrent  alors  à  une 
action  énergique.  L'amiral  Rigallt  de  Genouillv  commandant  la  flotte 
franco-espagnole,  se  présenta  devant  Tourane;  après  quelques  heures 
de  bombardement,  il  prenait  la  ville,  d'où  le  traité  de  1862,  cédant  ;i 
la  France  les  provinces  cochinchinoises  de  Gia-Dimi,  Mytiio,  Poi  lo- 
(jOndore  et  une  indemnité  de  guerre  de  20  millions  de  francs.  Tr-Dic 
essaya  ensuite  de  rentrer  en  possession  des  provinces  cédées  et,  au 
mépris  de  la  foi  des  traités,  reprit  les  hostilités.  A  bout  de  patience, 
la  France  annexa  simplement  les  trois  provinces  occidentales  de  la 
Cochinchine  que  le  traité  de  1862  avait  respectées.  La  Gochinchine 
était  désormais  colonie  française;  elle  fut  organisée  par  les  Amiraux 
jusqu'en  1870,  puis  par  les  Gouverneurs  civils  dont  le  premier  a  été 
M.  le  Myre  de  Vilers. 

Malgré  la  perte  de  la  Gochinchine,  Tu-Duc  ne  voulut  pas  désarmer; 
une  tentative  d'empoisonnement  de  tous  les  Français  amena  l'inter- 
vention de  Fi-ancis  Garisiek  au  Tonkin  et  la  prise  de  Hanoï.  L'appui 
des  Pavillons  Noirs  demandé  par  l'empereur  d'Annam  y  entraînait  la 
mort  de  Francis  Garniek  le  21  décembre  1873,  mais  peu  après,  le 
lo  mars  1874,  un  nouveau  traité  fut  signé  entre  la  France  et  l'Annam. 

Ti-Duc  ayant  manqué  une  fois  encore  à  ses  engagements  la  France 
lut  obligée  d'organiser  une  nouvelle  expédition  contre  l'Annam  et  la 


RÉSUMÉ    HISTORIOIE  15 

Chine  en  1882.  L'empereur  d'Annam  mourut  au  commencement  de  la 
campagne  et  le  6  juin  1884,  les  succès  des  troupes  françaises  obli- 
g-èrent  la  cour  de  Hué  à  demander  la  paix.  Elle  fut  sig-née  par  un 
nouveau  traité  où  l'Annam  reconnaissait  le  protectorat  de  la  France. 

La  mort  de  Tu-Dlc  avait  amené  sur  le  trône  l'empereur  Duc-Duc, 
neveu  de  Tu-Duc,  en  1883.  Il  mourut  la  même  année  emprisonné  et 
privé  de  nourriture.  Hiep-Hoa,  frère  de  Tu-Duc  qui  lui  succéda  ne 
survécut  que  quelques  mois  à  son  avènement,  il  fut  empoisonné.  Kien- 
Phuc,  petit-fils  de  Thieu-Tri.  le  remplaça  sur  le  trône  au  début  de 
1884,  mais  pour  peu  de  temps;  il  mourut  le  31  juillet  1884.  On  lui 
donna  pour  successeur  son  frère  Ham-Ngui,  âg'é  de  13  ans.  Le  Conseil 
de  Régence  dont  il  fut  pourvu  ne  sut  pas  comprendre  le  véritable 
intérêt  du  royaume  :  sous  l'instigation  du  Ministre  de  la  guerre,  la 
garnison  française  de  Hué,  alors  que  l'on  croyait  la  paix  définitivement 
établie,  fut  l'objet  dune  violente  attaque  dans  la  nuit  du  o  juillet  1885, 
les  Français  s'emparèrent  alors  de  la  citadelle  et  Ham-Nghi  s'enfuit 
entraîné  par  le  Ministre  de  la  guerre. 

La  France  décida  alors  de  prononcer  la  déchéance  du  fugitif  et 
d'appeler  sur  le  trône  un  roi  nouveau.  Le  choix  se  porta  sur  un  frère 
aîné  de  Kien-Phuoc,  Dong-Khanh,  qui  fut  couronné  le  20  septembre  1 885, 
tandis  que  Ham-Nghi  était  exilé  en  Algérie.  Dong-Khanh  affirma  dès 
le  début,  sa  reconnaissance  et  son  attachement  à  la  France;  il  régna 
trois  ans  jusqu'en  1888  où  il  mourut  non  empoisonné,  ainsi  qu'on  le 
dit  couramment,  mais  des  suites  d'un  paludisme  aigu. 

Son  successeur  Thanh-Thai,  fils  de  Dic-Dlc,  monta  sur  le  trône, 
régna  19  ans  et  abdiqua  en  1907  en  faveur  de  l'un  de  ses  fils,  DuV- 
Tan,  l'empereur  actuel,  alors  âgé  de  huit  ans. 


16  ('.l;iiik  I)K  l'annam 


GENERALITES 


L'Anna  m  forme  du  Sud  au  Nord,  en  bordure  de  la  mer  de  la 
Cochinchine  au  Tonkin,  une  long'ue  bande  de  terre  répartie  en  i)^  pro- 
vinces dont  les  noms  suivent  : 

Binh-Thuân        (]hel'-lieu  :     Plianlhiêt 

Ninh-Tliuâii  —  Phanrang 

Khaiih-Iloa  —  Nhatrang" 

Phu-Yên  —  Song-Gau 

Binh-Dinh  —  Quiiilion 

Quang-Ngaï  —  Quan^-Ni^aï 

Quan^-Nam  —  Faifoo 

Thua-Thièii  —  Hué 

Quang-Tri  —  Quang-Tri 

Quang-Binli  —  Don^-IIoi 

Ha-Tinh  —  Ha-Tinh 

Ngké-An  —  \'inh 

TI)anh-IIoa  —  Thanh-Hoa  '. 

Nos  itinéraires  permettent  de  traverser  les  provinces  du  Sud  :  le 
liinh-Thuân,  le  Ninh-Thuàn,  le  Khanh-Hoa; 

les  provinces  du  centre  :  le  Quan^-Ngaï,  le  Quang-Nam,  le  Thua- 
Thièn,  le  Quang-Tri. 


1.  l'n  arrêté  du  Gouverneur  général  a  supprimé  l'an  dernier  les  provinces  de  Ninh- 
Tliuan  ef  de  Phu-Yên  puur  les  rattacher  respectivement  aux  provinces  de  Khanh-Hoa  et 
de  Binh-Dinh.  Ignorant  si  cette  décision  sera  délinitivement  admise  nous  avons  cru 
devoir  maintenir  dans  cette  énumération,  comme  sur  la  carte,  l'ancienne  distribution. 


RENSEIGNEMENTS    GÉNÉRAUX  17 

Nous  avons  laissé  intentionnellement  de  côté  le  Phu-Yên  et  le 
Binh-Dinh,  non  point  que  ces  provinces  soient  dépourvues  d'intérêt, 
leur  allure  de  régions  océaniennes,  enfouis  que  sont  les  villages  sous 
les  grandes  palmes  des  cocotiers,  est  des  plus  pittoresques,  mais  parce 
que  l'accès  en  est  difficile  et  qu'elles  ne  présentent  rien  de  particuliè- 
rement attrayant  au  point  de  vue  tourisme  ;  celles  de  Quang-Binh  et 
de  Ha-Tinh  pour  les  mêmes  raisons,  enlin  celles  de  Vinh  et  de  Thanh- 
Hoa  qui,  tout  en  appartenant  à  l'Annam  politiquement,  font  géogra- 
phiquement  partie  du  Tonkin  et  parce  qu'on  j  accède  à  l'heure 
actuelle  plus  facilement  par  le  chemin  de  fer  de  Hanoï  à  Vinh. 


RENSEIGNEMENTS    GENERAUX 

Climat.  —  Le  climat  de  l'xAnnam  est  salubre,  surtout  dans  le  centre, 
au-dessous  du  «  col  des  Nuages  »  et  dans  le  sud.  Deux  saisons  bien 
tranchées  s'y  affirment  :  la  saison  des  pluies  et  la  saison  sèche. 

La  première  commence  en  septembre,  elle  arrive  avec  la  mousson 
de  Nord-Est  et  se  termine  vers  avril.  La  seconde  fait  son  apparition 
à  cette  époque  avec  la  mousson  de  Sud-Ouest  et  dure  jusque  tin 
août. 

La  saison  des  pluies  est  la  saison  fraîche  ;  la  température  moyenne 
est  de  22  ou  2'^"  centigrades;  en  novembre,  décembre  et  janvier  le 
thermomètre  descend  parfois  jusqu'à  lo",  bien  rarement  au-dessous. 

La  saison  sèche,  par  contre,  est  la  saison  chaude  ;  la  moyenne  est 
de  29  ou  30",  mais  le  thermomètre  monte  fréquemment  à  3o  et  3(5". 
Cette  température  est  dure  à  supporter  en  plaine,  dans  l'intérieur, 
mais  sur  la  côte  la  brise  de  mer  la  rend  moins  pénible. 

Equipement .  -—  Des  costumes  de  toile  blanche  ou  kaki  seront  suffi- 
sants   même  en   saison   des   pluies  jusqu'à    la    hauteur  de  Nhatrang, 
toutefois  on  pourra  y  joindre  un  pardessus  d'été  léger  pour  les  soirées. 
Guide  de  l'A>nam.  3 


IS  oribi:  i)i;  i.a.n.na.m 

.Vu-dessus  do  Xlialraii^-.  il  sera  bo:i  d'avoir  à  sa  disposition,  pour  la 
saison  des  pluies,  des  vêtements  de  diap,  1  évaporation  ambiante  pro- 
duisant tles  eourants  d'air  froid  dont  il  faut  préserver  le  corps  et  prin- 
cipalement le  ventre.  Avoir  soin  de  couvrir  celui-ci,  pendant  la  nuit, 
d  ime  ceinture  de  tlanelle. 

Précautions  à  prendre.  —  Tant  qu  on  est  à  bord,  la  quinine  est 
inutile,  mais  nous  ne  saurions  trop  recommander  aux  touristes  qui 
s'engageront  dans  l'intérieur,  de  prendre,  le  matin,  un  comprimé  de 
quinine  de  25"  centigrammes  pendant  la  durée  de  leur  excursion. 
Cette  mesure  préservera  les  natures  délicates  des  accès  de  fièvre, 
qu'elles  seraient  susceptibles  de  rapporter. 

ITINÉRAIRES 

On  arrive  en  Annam,  soit  pai'  le  Nord,  soit  par  le  Sud,  c'est-à-dire 
soit  de  Haïphong,  soit  de  Saigon,  par  les  bateaux  de  la  Compagnie 
annexe  des  Messageries  maritimes,  faisant  le  service  entre  ces  deux 
ports  extrêmes  de  la  colonie. 

Nous  donnons  ci-dessous  quatre  itinéraires  parmi  lesquels  les  tou- 
ristes choisiront,  suivant  le  temps  qu  ils  désireront  consacrer  à  l'An- 
nam  : 

I"  l'iiNKKAïKK  A.  —  Durée  :  De  trois  à  quatre  semaines. 

Saïgoii-Phanrang  i  bateau) 

Phanran^-Dabang  (  voiture 

Dabaiig-Dran  (chaise  à  porteurs) 

l)rau-l)alat  (Plateau  (chaise  ou  cheval) 

du  Lang-Bian) 

Daiat-Dran  (chaise  ou  chevalj 
Drau-Dabang-  — 

nabanir-Phaurau"  (voilure^ 


RENSEIGNEMENTS    GÉNÉRAUX  19 

Phanrang-Gamranh  (chemin  de  ïer) 
Camranh-Suôi-Giao  — 

Suôi-Giao-Nhatrang  — 

Nhatrang-Tourane  (bateau; 

Tourane-Faifoo  (chemin     de    fer,    automobile   ou    pousse- 
pousse) 

Faifoo-Quang-Ngai  !  automobile  ou   pousse-pousse) 
Quang-Xgai-P"aifoo  — 

Faifoo-Grottes  de 

marbre-Tourane  (chemin  de  l'er 
Tourane-Hué  — 

Hué-Tourane  — 

Aux  personnes  qui  préfèrent  éviter  la  mer  et  surtout  pour  celles  qui 
cherchent  à  voir  le  plus  de  pays  possible  nous  conseillerons  de  modi- 
tier  la  première  partie  de  litinéraire  précédent  :  Saigon-Phanrang  de 
la  façon  suivante  : 

Itinéraire  A'  : 

Saïgo  n  -  P  h  a  n  t  li  i  ê  t  c  h  e  m  in  tl  e  te  rj 

Phanlhièt-Giau-Mau    automobile,  chaise  ou  cheval; 

Giau-Mau-Vankar  — 

Yankar-Djiring  — 

Djiring-Danhim  chaise  ou  cheval 

Danhim-Dalat  — 

Dalat-Dran 

Dran-Dabang 

Dabang-Phanrang. 

Le  voyao^e  se  trouve  de  ce  fait  augmenté  de  la  durée  dune  semaine, 
mais  nous  ne  saurions  trop  recommander  aux  touristes  cette  excur- 
sion qui  leur  fera  traverser  entièrement  lest  de  la  Cochinchine  soit  en 


20 


GUIDK    DE    L  ANNAM 


auluinobiK-,  par  d'excellentes  routes,  soit  en  chemin  de  fer  jusqu  à 
Phanthiêt.  A  l'heure  où  paraîtront  ces  pages  on  pourra  même  atteindre 
Djiring  en  automohile  et  peut-être  aussi  Dalat  et  l'on  traversera  ainsi 
l'une  des  régions  les  plus  belles  et  les  plus  ])ittoresques  de  l'Extrême- 
Orient. 


2"  iTiNÉRAiHi:  B.  —  Diirre  :  De  deux  à  trois  semaines. 

Saïgon-Nhatrang  (bateau) 

Nhatrang-Suoï-giao'    (voiture  ou  chemin  de  fer) 
Suoï-giao-G;imranh     (chemin  de  fer) 


Gamranh-Phanranjj 

Phanrang-Tourane 

Faifoo-Tourane 

Tourane-Hué 

Hué 

IIué-Tourane 


(bateau) 
(chemin  de  fer) 


'.)"  Iri.NKiiAiKi:  G.  —  Durée  :    Une  semaine. 

Saïgon-Tourane  (bateauj 

Tourane-Grottes  de    (chaloupe  ou  sampan,  chemin  de  fer) 

niarlîre-Faifoo 

Faifoo-Tourane  (chemin  de  fer) 

Tourane-Hué  — 

Hué-Tourane  — 


DE  PHANRANG  AU  LANG-BIANG 


A  Phanrang-,  il  faut,  pour  se  rendre  au  Lang^-Biang,  se  préoccuper 
en  premier  lieu  des  moyens  de  transport.  Le  propriétaire  de  Ihôtel  de 
Phanrang  qui  dirige  aussi  celui  de  Dalat  vous  met  en  rapport  avec  le 
Malabar,  loueur  de  voitures  ;  on  trouvera  chez  celui-ci  les  moyens  de 
transport  nécessaires  pour  gagner  Dabang,  c  est-à-dire  le  pied  de 
la  montagne.  Le  tarif,  suivant  la  saison,  est  de  lo  à  18  piastres  par 
voiture  à  deux  places  ;  trois  ou  quatre  relais  sont  organisés  sur  le  par- 
cours. L  hôtelier  procurera  également  soit  des  chaises,  soit  des  chevaux 
pour  le  reste  de  la  route.  On  priera  le  Résident  de  Phanrang  de  bien 
vouloir  télégraphier  à  Dran.  au  garde  de  milice,  afin  que  celui-ci  assure 
le  recrutement  des  Mois  porteurs,  (jue  l'on  loue  de  20  à  'iO  cents  par 
jours  et  par  tête. 

Départ  de  Phanrang  le  matin  de  bonne  heure  (oh.  l/2(.  Arrivée  à 
Dabang  vers  11  h.  1  '2  après  avoir  parcouru  la  plaine  de  Phanrang, 
puis  la  forèt-clairière  sur  une  longueur  de  oO  kilomètres.  Vers  le  pied 
de  la  montagne,  la  végétation  augmente,  on  traverse  de  véritables 
forêts  d  arbres  à  très  grandes  feuilles  :  des  Dipterocarpus,  exploités 
pour  Ihuile  que  renferme  leur  bois.  Les  six  derniers  kilomètres  vous 
amènent  au  poste  de  Dabang  à  travers  de  hautes  futaies  où  les  lianes 
enserrent  sur  100  mètres  et  quelquefois  davantage  des  fûts  élancés  qui 
atteignent  fréquemment  3o  et  iO  mètres  de  hauteur. 

Dabang  est  enfoui  dans  l'ombre  des  grands  feuillages.  On  s  installe 
dans  une  vaste  maison  de  bois  où  Ion  déjeune  avec  le  repas  froid  qu'il 


■)•) 


(\V\\)K    DK    L  AN.NA.M 


ne  faut  pas  oublier  dCinporter  avec  soi.  On  trouve  là  les  Mois  qui  vont 
porter  les  touristes  jusqu'à  Dran,  où  ils  coucheront  le  soir. 

11  est  bon  de  ne  consacrer  qu'une  petite  heure  au  repas  et  de  partir 
(le  suite,  afin  d'ari'iver  au  poste  de  Dran  avant  la  nuit. 

Dès  le  déj)art.  on  escalade  les  pentes  abruptes  de  la  niontag-ne,  au 
niilit'u  duiu'  vr^élalion  débordante,  dans  laquelle  des  trouées  naturelles 
laissent  apercevoir  de  place  en  place  la  plaine  traversée  le  matin  qui 
se  perd  au  loin  dans  les  brumes  marines.  De  temps  à  autre  le  mur- 

A  Dran,  on  se 
trouve  à  1.000 
mètres  d'altitude 
environ  et  il  faut 
avoir  soin  de  se 
couvrir,  car  les 
nuits  sont  très 
fraîches  en  saison 
chaude. 

Au    matin,     la 

brume   couvre 

toujours  les  fonds 

Vu.    2.  —  Ri)ule  de  la  cascade  à  Dran.       et      se    traîne     en 

voiles   blancs    au 


mure  lég-er  des 
cascades  s  affirme 
jusqu  à  devenir 
étourdissant 
quand  on  les  en- 
jambe sur  des 
ponts  de  bois  je- 
tés en  travers  de 
leur  cours,  puis, 
s'éteint  progTes- 
sivement  pour 
faire  place  au 
grand  silence  de 
la  forêt  tropicale. 


Cliché  ilu  D''  Thierry. 
Ri)ule  de  la  cascade  à  Dran. 


fil  des  vallées.  La  vue,  de  ce  point  élevé,  est  de  toute  beauté  :  les 
pointes  des  sommets  environnants  se  dorent  au  soleil  levant  tandis 
que  monte  dans  l'air  le  concert  non  discordant  des  singes  hurleurs 
et  que  les  fumées  du  village  moï  se  mêlent  au  JM'ouillartl  d'oîi  se 
dégagent  peu  à  peu  les  maisons  sur  pilotis  qui  le  composent. 

Il  faut  réunir  les  porteurs  vers  o  h.  i  l'I  afin  de  partir  à  (»  heures 
environ. 

Le  trajet  de  Dran  à  Dalat  va  se  faire  en  grande  partie  à  travers  les 
pins  qui  ont  déjà  apparu  à  800  mètres  d'altitude.  De  loin  en  loin,  dans 


LANG-BIANG 


23 


les  fonds  et  sur  la  partie  inférieure  des  pentes,  on  traverse  sur  des 
kilomètres,  une  forêt  aux  arbres  rabougris,  petits  chênes  dont  l'é- 
corce  rugueuse,  profondément  sillonnée,  est  un  excellent  support  pour 
les  orchidées;  on  en  trouvera  de  nombreux  spécimens  en  Heurs  aux 
mois  de  mars,  avril,  mai  et  de  juillet,  août,   septembre. 

Ce  parcours  est  sauvage  et   grandiose,    d'une    beauté  prenante  :  il 
fixe  dans  le  sou- 
venir des  images 
uniques  et  ineffa- 
çables. 

Vers  11  heures 
à  un  tournant  de 
la  route,  une  nou- 
velle trouée  dans 
le  feuillage  laisse 
apercevoir  le  pla- 
teau de  Dalat  et 
ses  chalets.  On  se  ; 

croirait       subite-          i 
ment    transporté  • 

en  face  d'un  pay- 
sage alpestre  et 
la  fraîcheur  du 
climat  aide  à  cette  illusion. 

Rappelons  en  passant,  que  c'est  le  D''  Yersinqui.  en  exploration  dans 
le  Sud-Annam,  découvrit  le  plateau  du  Lang-Bianget  signala  à  M.  Dou- 
mer,  alors  Gouverneur  général  de  l'Indochine,  tout  le  parti  qu'on 
pourrait  tirer  de  cette  station  d'altitude  pour  le  plus  grand  bien  et  la 
santé  des  Européens  de  la  colonie. 


^  Cliché  du  D'  Thierry 

Route  du  Bos<{uet  près  de   Dalat. 


Ihlal.  —  Dalat  est  situé  sur  le  plateau  du   Lang-Biang  à  1 .350  m. 


24 


GUIDi:    iJi:     I.  ANNA.M 


d  allitudi'.  (Juel((iu's  cluilets  en  bois  dont  une  grande  sala  (ranst'orniée 
en  hôtel,  puis  la  poste,  sont  les  premières  habitations  (jui  occujjent  la 
rive  gauche  du  Kanilv.  étroite  rivière  que  Ion  franchit  sur  un  pont  de 
bt)is.  Sur  la  rive  droite  sont  groupées  les  maisons  du  village  annamite 

installé  là  depuis  peu. 
Une  larg-e  route,  dans 
l'argile  rouge,  grimpe 
le  mamelon  que  sur- 
plombe le  grand  chalet 
du  Gouverneur  général 
autour  duquel  se  dres- 
se celui  du  Déléîcué 
et  celui  de  l'ancienne 
douane  converti  auj  our- 
(1  hui  en  poste  de  mili- 
ciens. 

Le    plateau    mesure 

environ   20  kilomètres 

carrés  et  il  est  entouré 

dune  véritable  ceinture  de  mamelons  couverts  de  pins.    Au  fond,  le 

mont   Lang-Biang  dresse   son    sommet  à  2.200  mètres  et.  tapi  k   ses 

pieds,  se  trouve  le  village  moi  de  Dang-Kia. 

Durant  la  saison  des  pluies,  de  mars  à  octobre,  le  thermomètre  ne 
s'élève  pas  au-dessus  de  30°  :  les  soirées  et  les  matinées  sont  toujours 
fraiches.  La  saison  sèche  est  plus  agréable  encore,  les  nuits  sont 
froides  et  l'on  n'a  jamais  plus  de  lo  à  20°  dans  la  journée.  C'est  un  lieu 
unique  en  Indochine  et  la  réalisation  du  projet  tendant  à  y  établir  non 
pas  un  sanatorium  à  proprement  parler  mais  une  station  d'altitude  est 
souhaitée  vivement  par  les  indochinois  de  Cochinchine  et  d'Annam. 

Les  excursions  dans  la  forêt  environnante,  sur  le  plateau  même,  aux 
•cascades  du  Kamly  '^  km.   de  Dalatj  et  d'Ankroêt  .à  16  kilomètres"), 


FiG. 


Cliché  du  D'  Thierry 
Délégation  de  Dalat. 


I,AN(;-IUANG 


2o 


sont  d'un  charme  indéniable.  Les  chasseurs  trouveront  là  ég-alement 
un  terrain  de  chasse  extraordinaire,  de  véritables  troupeaux  de  cerfs 
et  de  biches  paissent  sur  le  plateau,  dans  une  sécurité  bien  rarement 
troublée. 

Les  excursions  se  feront  soit  à   pied,  soit   en  chaise,    soit  à  cheval. 


Cliché  Eherluirdt. 


FiG.  5. 


Cascndc  du  Kaiiilv. 


Dans  le  cas  où  Ion  voudra  employer  les  chaises,  le  Déléfj'ué  donnera 
des  ordres  et  fournira  des  porteurs. 

Trois  jours  suffiront  pour  Dalat  et  ses  environs. 

Les  Mois  sont  les  derniers  représentants  des  races  aborioènes  de 
ITndochine  ;  ceux  que  l'on  retrouve  au  Lang^-Biang-  appartiennent  à 


GlIDK    l>H    l'A>.\AM. 


26 


«aiDi;     DK    L  ANNA  M 


(les  Irihus  diverses  :  Moïs-Lal.  Moïs-Kils.  Moïs-Gohos.  etc.  Ce  sont 
(les  j)ii|)iilations  douces.  triiiKjuilles.  présentant  des  ty[)es  ethnogra- 
phic[ues  très  divers,  et  quelques  spécimens  très  beaux  au  point  de  vue 
esthétique:  les  artistes  trouveront  là  des  modèles  parfaits. 

Hommes,  femmes  et  enfants  ont  les  jambes  et  les  bras  encerclés  dans 

de  hauts  bracelets  et  tils  de  cuivre  :  ils 
/^"^^  aiment    tout   ce   qui    brille    et    ralfolent 

^^^ÉjD^^^^^^^  (les  perles  de  verre  et  de  couleur.  Les 

^^KL         Jk«^Mv^  hommes  sont  nus.  une  ceinture  entoure 

^^BÈk    "^/^I^^L  seulement   leurs  reins   :  les  femmes  ne 

^  ^^P^  ^  portent  qu'une  jupe  courte    partant  des 

reins  jusqu'aux  genoux.  La  coquetterie 
se   manifeste    chez    elles  par   rallonge- 
ment    exagéré     du     lobe    inférieur    de 
1  Oreille.  Celui-ci  d'abord  percé,  est  pro- 
gressivement distendu  au  moyen  de  ron- 
delles de   bois,    puis  on  y   suspend   de 
lourds  anneaux    de  cuivre,  quelquefois 
de    fer    mais    rarement  d  argent.    C  est 
aussi    par    coquetterie    qu'hommes     et 
femmes  de    certaines   tribus  se  liment 
les  dents  de  la  mâchoire  supérieure  jus- 
(juà  la  gencive  et  taillent  en  pointe  les  dents  de  la  mâchoire  inférieure 
afin   que  celles-ci  viennent  se  loger  dans  l'alvéole  dentaire  des  dents 
supérieures. 

Il  Isera  bon  dans  la  montée  de  Dabang  à  Dalat,  comme  dans  les 
excursions  environnantes,  de  laisser  les  porteurs  s'arrêter  pour  se 
reposer  aux  endroits  (ju'ils  choisiront  eux-mêmes.  Ils  ont  leurs  habi- 
tudes et  il  est  préférable  de  ne  point  les  changer  vu  qu'ils  connaissent 
les  lieux  et  leurs  forces.  Du  reste  ils  ne  sont  point  paresseux  et  four- 
nissent le  maximum  delforts  qu'on  peut  exiger  d  eux. 


Fis.  6. 


Cliché  du  D'  Thierry. 
-  Femme  Moï. 


LANG-BIANG 


27 


Les  personnes  de  poids  léger  prendront  i  C()t)lies  porteurs  par  chaise, 
mais  il  en  faut  8  pour  toute  personne  dont  le  poids  dépasse  75  kg-. 


»•  4- 


FiG.   7. 


Cliché  Ebci-liai'iil . 


Mois  Cohos. 


i2  "^     =-- 


il     I     N     c      n     I      N     K     r^ 


DE  PHANTHIET  A  DJIRING  (97  kilomètres). 


FiG.  9.  —  Phanihict.  Le  Pimt  sur  la  rivière. 


De  Phanthiêt  on  va  à  l'heure  actuelle  en  auto  à  Neutoung-  ;  il  y  a  42 
kilomètres  de  route. 

Puis  de  Neutoung  on  franchit  le  col  de  Loukil  à  oSO  mètres  ;  on 
s'élève  de  780  mètres  entre  Neutoung  et  Yaback,  c'est  la  partie  la  plvis 
pénible,  elle  ne  peut  se  faire  qu'en  chaise  ou  à  cheval. 

On  trouve  à  Yaback  un  très  joli  campement,  une  maison  bien  instal- 
lée avec  5  grandes  chambres.  De  cet  endroit  la  vue  est  merveilleuse, 
on  domine  toute  la  province  de  Phanthiêt  jusqu'à  la  mer  qui  limite 
l'horizon. 

De  Yaback  à  Srépa  (820  mètres),  la  route  est  très  belle,  carrossable; 
elle  court  sur  un  plateau  boisé  coupé  d'immenses  clairières  herbeuses. 

Après  Srépa,  on 
gagne  Y  a  n  k  a  '" 
(1.000)  par  le  col 
d'Haloung  situé  à 
I.OoO  mètres,  la 
route  est  en  pente 
très  douce  (o  °/o 
de  pente). 

Yankar  est  un 
campement  très 
bien  situé  au  mi- 
lieu des  Pins,  dans 
un  site  merveilleux 
qui  rappelle  un  peu 
les  coins  pittores- 
ques des   Vosg'es. 


'M) 


r.UIDE    F) F,    I.  ANN AM 


La  route  conduit  ensuite  de  Yankar  à  Djiring-  '  1,01  (I  lu.  par  le  col  de 
Datroum  1.230  m.  .  Du  haut  du  col  on  jouit  des  deux  côtés  d'un 
panorama  splendide. 

Enfin  Djirino-,  situé  sui    le    sommet   d'un  plateau  mamelonné  com- 


y^':V^.  -%i 


Cliché  du  D'  Pic. 
l-'iii.  10.  —  Neiitoun^'.  Route  de  Phanthiet  à  Djiriui;. 


prend  une  délégation  admirablement  aménagée  et  les  touristes  trouvent 
en  même  temps  que  l'accueille  plus  charmant  de  la  part  de  M.  et  M""' 
Gunhac,  le  Délégué  et  sa  femme,  à  se  loger  confortablement  dans  la 
maison  des  passagers  en  attendant  l'établissement  très  prochain  d  un 
hôtel,  dans  cette  merveilleuse  station  d'altitude  environnée  de  forêts 
de  pins  qui  donnent  à  l'air  une  puissance  vitale  très  réelle.  On  trouve 
à  Djiring  un  bureau  postal  télégraphique. 

A  l'est  de  Djiring  se  dresse  le  massif  duDaïan    1 .700  m.   :  au  Nord- 


LA.NG-BIANG 


31 


Cliché  du  D''  Pic . 


FiG.  11.  — Tram  de  Yankar. 


Nord-Est   le    plateau    du    Laiii^-Biano^  !  1.650    m.  i   avec 
■    mont    Lang-Biang-    (2.200    m.)    et    au    Nord-Ouest    le 

grand  massif  du  Taodung 
(2.400  m.). 

Tiinpéraluie  maxima.   30°  plutôl  rare. 

—  minima.  25°  rare. 

—  moyenne.  22°. 

La  température  y  est 
des  plus  agréable  : 

La  saison  des  pluies 
règne  d'avril  à  octobre  : 
il  tombe  de  2  à  3,5  mètres 
cubes  d'eau  par  an. 

Il  faut  visiter,  à  6  kilo- 
mètres de  Djiring,  à  l'Ouest,  la  chute  du  Da-kiam  au  village  de  Bobla. 
De  32  mètres  de  hauteur,  cette  chute  est  située  au  milieu  d'un  décor 
de  verdure  du  plus  bel  ellet. 

Le  plateau  de  Djiring  est  un  lieu  de  chasses  des  plus  Aariés  ;  la 
chasse  à  la  grosse  bête  .surtout  y  réserve  maintes  émotions  (éléphants, 
bœufs  et  buffles  sauvages,  cerfs,  etc.). 

De  Djiring  pour  gagner  Dalat  (75  km.i  on  descend  par  une  bonne 
route  qui  sera  rendue  carrossable  fin  1014.  Le  mieux  est,  pour  le 
moment,  de  la  faire  soit  à  cheval  soit  en  chaise  à  porteurs.  On  parcourt 
de  Djiring  à  Tambou  une  région  très  bien  cultivée  par  les  Mois  et 
relativement  peuplée,  les  rizières  abondent  entre  Tambou  et  Danhim  : 
après  13  kilomètres  en  terrain  rocailleux  et  accidenté,  on  traverse  une 
série  de  cols  et  de  cours  d'eau,  puis  la  route  redevient  très  bonne  en 
pleine  forèt-clairière  et  forêt  de  pins. 

Le  tram  de  Danhim  est  une  construction  confortable  et  bien 
abritée,  au  bord  même  du  fleuve  Danhim  que  l'on  passe  sur  un  bac 


32 


r.n  1)1-;    m:   i,  a\n  \m 


parfailenicnl  ainénai't''  avec  càl)lc  iii(Halli(|iir  U-ndu  diin  bord  à  rautre. 
Le  tram  de  l)anliim  csl  ii  la  limite  des  deux  délégations  de  Djirinj^  et 
de  Dalat. 

De  l'autre  côté  du  tleuve,  on  se  trouve  en  terrain  [)lat,  dans  la 
forêt  de  pins  et  on  se  dirigée  sur  PHmnom.  Quatre  kilomètres  avant  d  y 
arriver,  la  route long-e  les  chutes  du  Danhim,  de  28  mètres  de  hauteur 
sur  une  centaine  de  largeur  :  suivant  la  saison  elles  se  divisent  en  deux 
ou  trois  branches. 


Cliché  Cniiivcl. 


l*"i<i.    \'2.  —  D.jiriui;-.  Troupeau  de  bullles. 


De  Pfîmnom  à  Dalat,  on  parcourt  '  lo  km.  environ^  une  étroite  val- 
lée cultivée  sur  la  rive  droite  du  Da-Tam  avec  au  N.-O.  les  deux  mas- 
sifs très  escarpés  du  Mnil  et  du  Bo-Roué  (tête  d'éléphant).  Puis  on 
remonte  pendant  6  kilomètres  le  lonsf  du  Da-Prenn  et  Ion  suit  sur 
4  kilomètres  un  chemin  (pii  serpente  sur  la  crête  de  mamelons 
rocheux.  Le  sentier  est  des  plus  pittoresques  ;  on  surplombe  par 
moments  des  abîmes  de  i^lusieurs  centaines  de  mètres  de  profondeur, 
toujours  au  milieu  des  pins. 


LANG-BIANG 


33 


Enfin  1914  on  pouiTa probablement  aller  de  Phanthiêtà  Djiring-,  voire 
à  Dalat  en  automobile,  mais  à  l'heure  actuelle  les  moyens  de  locomo- 
tion les  plus  pratiques  sont  le  cheval,  le  pousse-pousse  et  la  chaise  à 
porteurs. 

Les  touristes  trouveront  ci-dessous  les  tarifs  et  les  distances. 

Les  chevaux  se  louent  dans  la  rég-ion  moi  environ  1  piastre  par 
jour,  la  nourriture  non  comprise. 


Phanthièt-Giau-Mau 
Giau-Mau-Neutoung 
Neutoun^-Yabak. . . 

Yabak-Yankar 

Yankai'-Djiring 

Djiring-Tambou.  ... 
Tanibou-Danhim.  .. 
Danhim-Piimnom  .  . 
Pfimnoin-Dalat 


Km. 

Tarif 

Porteurs 

•20 

0,25 

Annamites 

22 

0,35 

Chams 

8 

0,10 

Mois 

1!-: 

0,30 

.. 

28 

0,40 

.. 

17 

0,25 

.. 

J3 

0,20 

M 

20 

0,30 

» 

25 

0,iO 

" 

De     Phanthièt     à  Neiitoung'  pai 
charrette  à    bœufs  :    1    charrette 
1   piastre. 

Phanthièt  à  Giau-Mau  :  3  S  50. 

Phanthièt  à  Song-Quao  :  4  S  50. 
Pousse-pousse.  Lajournée  de  5  h. 
1  S.   La  journée  de  10  h.  :  1  S  75. 


Fig.  13. 
GumE  iiE  i."Ann.\ji. 


Cliché  Eberhardf. 
Musiciens  Mois.  Plateau  du  Lanc'-Bian. 


DE   PHANRANG  A  NHATRANG 

Au  retour  du  Lang-Biang,  on  s'arrêtera  au  G*"  kilomètre  avant  Phan- 
rang-,  à  la  station  du  chemin  de  fer  dite  «Tour  cham  ».  Cette  excur- 
sion peut  aussi  se  faire  de  Phanrang  même,  soit  le  matin  soit  le 
soir  :  des  voitures  de  Malabars  ou  de  Chinois  partant  toutes  les  demi- 


Fio.  14. 


Récolte  de  sel  aux  salines  de  Trai-Ca. 


heures  de  Phanrang  assurent  le  service  Phanrang-Tourcham  et  retour 
'^ tarif  :  1  piastre  aller  et  retour). 

Là,  sur  un  mamelon  qui  domine  toute  la  plaine  de  Phanrang  à  300 
mètres  de  la  route  environ,  s'élève  un  groupe  de  ruines  chames  des 
plus  intéressants. 

L'ensemble  des  ruines  est  constitué  par  (i  bâtiments  dont  le  princi- 
pal est  une  grande  tour,  la  «  tour  centrale  »,  en  bon  état  de  conser- 
vation. Elle  montre  o  étages   en  jiyramide  avec  des  motifs  d'angle  qui 


CAMRANH  35 

découpent  leur  silhouette  sur  le  ciel  dans  une  harmonie  de  courbes  des 
plus  gracieuses.  Le  vestibule  d'entrée  a  sa  première  porte  surmontée 
d'un  tympan  sur  lequel  est  sculpté  Çiva  dansant.  A  gauche,  en  entrant, 
se  trouve  un  nandin  grossièrement  sculpté,  agenouillé,  le  cou  entouré 
d'un  collier  de  grelots.  Les  tympans  des  fausses  portes  représentent 
un  roi  barbu,  la  tête  coiffée  d'une  tiare,  les  mains  jointes,  assis  sur 
ses  genoux  repliés.  La  salle  est  un  édifice  de  forme  rectangulaire  aux 
murs  nus  ;  malg-ré  son  état  de  délabrement  elle  sert  encore  de  salle  de 
festins. 

Tout  le  groupe  forme  le  temple  de  Po-Kloun-Garaï  ;  il  daterait  du 
xiii"  siècle.  Les  Chams,  dont  quelques  villages  ont  subsisté  jusqu'à  nos 
jours  dans  la  plaine  de  Phanrang  y  rendent  encore  le  culte  jadis  prati- 
qué par  leurs  ancêtres.  On  pourra,  si  l'on  s'intéresse  à  l'ethnographie 
et  à  l'histoire  des  peuples,  visiter,  à  quelques  kilomètres  des  ruines, 
deux  villages  chams  ;  on  aura  ainsi  une  idée  de  ce  qu'étaient  ces  popu- 
lations d'origine  malaise,  les  premiers  conquérants  de  la  presqu'île 
indochinoise. 

Une  voie  ferrée  relie  Phanrang  à  Nhatrang.  Les  touristes  visiteront 
en  passant  les  salines  de  Traïka  avant  d'arriver  à  Bangoï.  De  Bangoi 
ils  se  rendront  à  Gamranh  que  les  efîorts  persévérants  du  marquis  de 
Barthélémy  ont  appelé  à  devenir  l'un  des  ports  d'avenir  de  l'Extrême- 
Orient.  La  rade  immense  et  parfaitement  abritée,  communique  avec 
la  mer  par  une  seule  passe  et  les  fonds  de  la  baie  permettent  aux 
navires  du  plus  fort  tonnage  d'y  évoluer  avec  facilité,  toutes  disposi- 
tions qui  appellent,  indubitablement,  l'installation  définitive  d'un  port 
d"où  notre  escadre  pourra  rayonner  dans  les  mers  de  Chine. 

La  baiede  Gamranh,  depuis  l'installation  du  marquis  de  Barthélémy, 
en  1902  a  été  le  centre  de  travaux  importants  qui  méritent  d'être  signa- 
lés : 

En  1903  se  placent  les  études  de  défense  faites  par  le  commandant 
FiLLONNEAU  et  le  capitaine  Favelli. 


36  (Il  IDE    DE    I.  ANNA.M 

Va\  I  !)().")  raclu'NH'mcnl  du  premier  appontement  et  d'une  jetée  ;  Tap- 
poutenienl  arrivait  sur  des  fonds  de  7  m.  oO.  Cette  même  année  vit 
passer  à  Camranh  l'escadre  russe  qui  y  séjourna  quelque  temps.  Une 
première  jetée  mise  en  construction  en  1900  s'achevait  en  1907. 
Le  «  Vauhan  »  et  la  défense  mobile  occupèrent  la  baie  pendant 
H  mois  jusqu  au  jour  où  brusquement  une  dépêche  la  leur  fit  aban- 
donner, la  France  ralliait  à  ce  moment  toutes  ses  unités  devant  un 
dano^er  éventuel. 

En  1910-1!M  I  M.  de  Barthélémy  obtint  (jue  les  paquebots  mixtes 
de  la  lig"ne  commerciale  de  l'Indochine  touchassent  Camranh. 

Une  maison  de  commerce  fut  installée  à  Camranh.  Prochainement 
sans  doute  on  verra  l'unification  des  escales  Phanrang-Xhatrang  à  la 
jetée  de  Dabac  au  fond  de  la  baie  et  à  l'arrivée  du  chemin  de  fer. 

C'est  à  Camranh  que  se  trouve  lag^ence  du  Yacht-Club  de  France 
pour  l'Indochine  représentée  par  le  marquis  de  Barthélémy  et  le  comte 
de  HouDEDOTqui  sont,  de  plus,  membres  correspondants  du  Saint-Hu- 
bert-Club. Les  amateurs  de  yachting-  ou  de  chasse  trouveront  auprès 
d'eux  les  meilleurs  renseig-nementscomme  lesplus  aimables  directions. 

CAMRANH 

Camranh,  point  d'escale  pour  les  navires  au  long  cours,  est  exacte- 
ment placé  sur  la  gi'ande  ligne  d  Extrême-Orient. 

On  peut  y  louer  des  canots  à  voiles  français  et  des  chaloupes  à 
vapeur  pour  tous  les  points  de  la  baie,  à  la  journée  ou  au  voyage. 

Les  points  d'accostage  sont  : 

Camranh,  deux  jetées 7  m.  50 

Salines  de  Trai-Ca,  une  jetée ô  m.  00 

Dabac  ^chemin  de  fer) i  m.  00 

Camranh  (phare ) 8  m.  00 


CAMRANH 


;r 


A  Dabac,  les  trains  viennent  à  la 
tête  de  la  jetée  et  la  navig^ation  trouve 
correspondance  directe  avec  Nhatrano^, 
tête  de  ligne  du  chemin  de  fer,  Binh- 
Thuàn,  Khanh-Hoa.  Lang-Biang  et 
Phanrang-Tourcham.  Les  travaux  se 
continuent  et  en  fin  1914,  Camranh  sera 
relié  à  Saigon.  De  Phanrang'-Tourcham. 
un  embranchement  dit  embranchement 
de  Xomghom  mènera  d'ici  deux  ans  les 
voyageurs    en    chemin    de    fer  jusqu'à 

^     Dabang,  c'est-à-dire  jusqu'au  pied  de  la 

^     chaîne  annamitique. 

J         On  trouve  à   Camranh  un    dépôt    de 

■^     charbon  de  la  maison  de  Barthélémy  et 

^    de  PouRTALKS.  des  entrepôts  de  transit 

'     dont  nous  avons  déjà  parlé. 

L'hôtel  tenu  par  les  Comptoirs  fran- 

'L  çais  du  Sud-Annam  possède  6  chambres. 
11  est  bon  de  les  retenir  à  l'avance  : 
l'adresse  télégraphique  est  la  suivante  : 
Sanh-Hung  Caranh. 

Une  expédition  de  chasse  peut  être 
montée  de  toutes  pièces  à  Camranh.  en 
s'adressant  à  la  maison  de  Barthélémy 

et  de    POLRTALÈS. 

A  certaines  époques,  des  milliers  de 
perruches  au  vol  rapide  s'abattent  sur 
les  mais  de  Trai-ca  fournissant  des  coups 
de  fusil  nombreux  et  difficiles. 

Parmi  les  promenades  aux  environs. 


38 


GUIDE    UE    L  ANNAM 


citons  celles  de  :   My-Ca,   Thuy-Triêu,  pointe  du  Doig-t,  Gio-Ta,  Hoa- 
Tan,  Lac  Mercier. 

My-Ca  est  à  12  kilomètres  de  Camranh  dans  le  Nord,  sur  la  lagune 
de  Thuy-Triêu.  Un  pavillon  de  chasse  de  l'agent  du  Yacht-Club  de 
France  est  situé  en  face  la  merveilleuse  plaine  de  Hoa-Du  à  cause  de 
la  facilité  avec  laquelle  on  y  chasse  le  g-ibier  variant  de  l'éléphant, 
bulTïe,  tig-re,  aux  plus  petits  animaux  dans  un  espace  de  10.000  hectares 
peu  boisé  et  où  l'on  se  repère  facilement.  Pour  les  guides  on  s'adres- 
sera au  gardien  annamite  du  pavillon. 

La  lagune  de  Thuy-Triêu  est  fort  agréable  à  remonter  entre  les 
sables  des  dunes  bordées  de  cocotiers  et  la  vaste  plaine  de  Hoa-Du 
dominée  par  la  g'rande  montagne  Hon-Rông-. 

Thuy-Triêu,  joli  village  dans  les  cocotiers,  est  situé  entre  la  maison 

Fig-.  10.  —  Le  séchage  du  poisson  au  bord  de  la  lagune. 


CAMRAMI 


39 


de  M.  le  Comte  de  Houdetot,  planteur,  et  l'amorce  de  la  route  de 
Nhatrang-.  Les  chaloupes  accostent  à  rextrémité  du  village  grâce  à  un 
appontement.  C'est  également  un  lieu  de  chasse  recommandé.  Le  trajet, 
c'est-à-dire  les  22  km.  qui  le  séparent  de  Camranh  sont  faisables  en 
chaloupe  à  vapeur  à  toute  marée. 

Pointe  du  Doigt.  On  y  a  fait  des  plans  de  ville  et  d'établissement 
d'un  grand  port  militaire.  Les  rochers  y  sont  pittoresques  et  les  prome- 
nades fort  belles  avec  vue  sur  les  baies  intérieure  et  extérieure. 

Gio-Ta.  Riche  village  au  fond  de  la  baie,  mais  l'accostage  en  est 
difficile  pour  les  canots  et  les  chaloupes,  surtout  en  mousson  de  N.-E. 

Hoa-Tan,  situé  à  28  km.  environ  au  nord  de  Camranh  au  milieu  des 
rizières  et  de  grandes  forêts,  est  désigné  spécialement  aux  chasseurs 
d'éléphants. 

Lac-Mercier.  Dans  les  dunes  de  sable,  au-dessus  de  Camranh,  on 
a,  de  Lac-Mercier,  une  vue  magnifique  sur  la  baie  extérieure.  Pour 
cette  promenade,  il  est  facile  de  se  procurer  des  mulets  à  l'hôtel. 

Après  Camranh,  le  chemin  de  fer  traverse  de  pittoresques  vallées. 
Dans  l'une  d'elles,  la  vallée  de  Suoï-Giao,  leD'"  Yersin  élève  et  entretient 
le  bétail  dont  il  a  besoin  pour  ses  expériences.  De  plus  il  y  a  créé  une 
plantation  de  caoutchouc  où  les  essais  les  plus  intéressants  ont  été 
faits  sur  la  culture  de  T Hévéa,  ainsi  que  sur  celle  de  la  Coca,  de  l'Eloeïs 
guienensis  (palmier  à  huilej,  etc.  C  est  un  véritable  jardin  dessais, 
comme  il  serait  à  souhaiter  d'en  voir  beaucoup  dans  la  colonie. 

De  Suoï-Giao  à  Nhatrang,  on  parcourt  les  16  kilomètres,  qui  séparent 
ces  deux  points,  soit  en  chemin  de  fer,  soit  sur  une  bonne  route  qui 
traverse  la  citadelle  annamite  de  Khanhoa. 


40  (iUlDE    DK    l'aNNAM 

Dans  le  cas  où  l'on  arriverait  directement  à  Nhatran^,  il  serait  bon 
de  télég-raphier  à  l'avance  à  l'hôtel  de  Nhatrang-  afin  de  retenir  des 
chambres  et  aussi  pour  qu'on  envoie  des  voitures  chercher  les  voya- 
ij;eurs  à  Khanlioa,  point  terminus  de  la  voie  ferrée,  à  '■)  kilomètres  envi- 
ron de  Nhatrano-ville. 


NHATRANG 

Nhatrang  est  un  port  de  la  côte  d'Annam.  On  y  compte  relativement 
peu  d'Européens,  une  trentaine  environ  ;  néanmoins  im  hôtel  bien  tenu 
permettra  aux  voyageurs  de  se  reposer  de  leurs  fatigues. 

Deux  choses  à  visiter  :  l'Institut  Pasteur  de  Nhatrang-  et  les  Ruines 
de  Po-Nagar. 

1"  Institut  hactériologique .  —  L'Institut  Pasteur  de  Nhatrang  est 
dirigé  par  le  D''  Yersin.  Il  serait  déplacé  de  retracer  ici  la  biographie 
du  savant  que  ses  belles  recherches  sur  la  peste  ont  rendu  illustre  à 
côté  de  tant  d'autres  travaux  dont  la  science  française  lui  est  redevable. 
Nous  rappellerons  seulement  que  c'est  en  Indochine,  dans  ce  même 
Annam  où  il  a  établi  le  premier  laboratoire  scientifique  de  la  colonie, 
qu'il  fut  frappé  du  nombre  de  rats  morts  qu'on  trouvait  dans  les  cases 
des  indigènes.  Là  fut  le  point  de  départ  de  ses  recherches  ;  l'examen 
du  sang  des  rats  morts,  lui  révéla  chez  eux  la  même  maladie  que  celle 
des  indigènes.  Il  cultiva  les  bacilles  inconnus  qu  il  décela  dans  leur 
sang,  il  inocula  des  rats  et  des  souris  bien  portants  avec  ses  cultures; 
ces  animaux  ne  tardèrent  pas  à  succomber  après  avoir  manifesté  tous 
les  symptômes  de  la  peste  :  le  bacille  de  la  peste  était  découvert.  Le 
D""  Yersin  poursuivant  ses  recherches  avec  une  inlassable  énergie  finit 
par  obtenir  les  fonds  nécessaires  pour  établir  im  Institut  bactériolo- 
gique en  Indochine.  Il  créa  alors  à  Nhatrang  le  merveilleux  organisme 
scientifique  auquel  les  touristes  ne  peuvent  manquer  de   s'intéresser. 


Ml  AT  RANG  '(.  | 

Le  nombre  d'animaux  indispensables  pour  continuer  les  recherches 
et  fabriquer  le  sérum  ne  pouvant  trouver  dans  la  plaine  sableuse  de 
Nhatrang  l'alimentation  nécessaire,  le  D'"  Yersin  fut  amené  à  créer 
plus  tard  à  Suoi-Giao,  la  concession  qu'on  a  visitée  avant  d'arriver  à 
Nhatrang  et  dont  nous  avons  déjà  parlé. 

2"  Les  raines  de  Po-Nagar.  —  Un  peu  en  arrière  de  Nhatrang,  la 
rivière  coupe  une  lagune  qu'un  banc  de  sable  sépare  de  la  mer  laissant 
seulement  une  passe  étroite  par  où  sortent  et  rentrent  les  barques  des 
pêcheurs.  Il  faut  traverser  cette  lag^une  pour  g-agner  la  proéminence 
rocheuse  sur  laquelle  s'élèvent  les  ruines  d'un  sanctuaire  cham  :  le 
temple  de  Po-Nagar.  que  la  science  ingénieuse  de  M.  Parme.nïier.  le 
chef  du  Service  archéologique  de  l'Ecole  française  d'Extrême-Orient 
a  pu  sauver  de  la  destruction  et  remettre  en  état.  Ce  monument  était 
l'un  des  principaux  sanctuaires  des  Chams. 

Sur  le  sommet  du  mamelon  deux  rangées  de  tours  sont  enfermées 
dans  une  clôture  visible  encore.  Un  escalier  très  raide  conduit  de  là  à 
une   terrasse  où  s'allonge  de  l'est  à  l'ouest  une  grande  salle  à  piliers. 

Dans  la  salle  principale  de  la  grande  tour,  signalons  une  belle  figure 
d'Uma  en  très  bon  état  de  conservation. 

La  tour  comprend  4  étages  en  pyramide  ;  sur  les  frontons  antérieurs 
les  sculptures  présentent  le  motif  habituel  :  têtes  de  lions  et  têtes  de 
Makara.  A  remarquer  sur  le  corps  principal  du  '1"  étage  de  grands 
oiseaux,  des  oies,  les  ailes  déployées,  un  collier  de  grelots  au  cou,  qui 
jouent  le  rôle  de  métopes. 

Sur  le  terrasson  du  1"'  étage,  elles  sont  remplacées  par  des  biches 
et  sur  celui  du  3*^^  étage  par  des  éléphants  en  marche.  Nous  ne  pouvons 
entrer  ici  dans  le  détail  des  descriptions  des  bâtiments,  nous  renvoyons 
pour  cela   au  volume  si  intéressant    de  ^L  Parmentier  '  :    nous  nous 

1.    Pahmi;ntieh, //iren/.K/r  (/es  niDiiitinenIs   chuma. 
Guide  de  i/Annam.  6 


42 


GlIUE    DE    L  AN.NAM 


bornerons  à  signaler  rexistenee.  dans  la  lour  Xord-Uuest,  du  piédes- 
tal dune  statue  aujourd'hui  disparue  et  dans  la  tour  Ouest  d'un  linga 
avec  les  cuves  à  ablutions. 

Cet  ensemble  du  monument  nest  pas  dune  seule  date,  le  morceau 
le  plus  ancien,  la  tour  Nord-Ouest  est  de  813.  le  plus  récent,  l'édifice 
Sud-Ouest,  aurait  été  édifié  en  12o5. 

La  situation  de  ce  sanctuaire  est  unique.  En  arrière  et  à  gauche,  de 
riches  vallées  au  premier  plan,  puis  la  montagne  couverte  de  forêts 
au  second  ;  à  droite,  le  cours  sinueux  de  la  rivière  qui  se  perd  dans  les 
sombres  verdures,  en  face  le  village  de  pêcheurs,  la  lagune  et  la  mer. 

L'hôtelier  assurera  le  transport  des  voyageurs  de  Xhatrang  à  1  em- 
barcadère situé  au  fond  de  la  baie  à  2  km.  700  de  l'hôtel,  les  navires 
n'avant  pas  assez  de  fond  en  face  de  Xhatrang  même.  Les  touristes 
pourront  ainsi  reprendre  le  bateau  parti  de  Sa'igon  8  jours  après  celui 
qui  les  a  conduits  k  Phanrang,  et  se  rendre  directement  de  Xhatrang 
à  ïourane. 


TOURANE 


Le  port  et  la  ville  de  Tourane  qui  semblaient  appelés  à  un  dévelop- 
pement qu'ils  n'ont  pas  atteint,  confinent  à  la  province  du  Quang-Nam. 
Concession  française  depuis  l'ordonnance  royale  du  9  octobre  1888, 
elle  comprend  en  outre  quelques  villages  voisins. 


FiG.   17. 


Hôtel  Morin.  Tourane. 


Les  courriers  annexes  du  Tonkin  et  de  la  Gochinchine,  les  cargo- 
boats  pour  la  France  et  les  bateaux  mensuels  vers  la  Chine  mouillent 
près  de  la  presqu'île  de  Tiên-Cha  ;  ils  sont  signalés  dès  qu'ils  arrivent 


44  GUIDE    DE    l'aX>AJ1 

en  vue  (K'  Li  lack-  par  le  poste  de  télégraphie  installé  à  l'îlot.  Les  appon- 
tements  imposants  que  l'on  remarque  en  arrivant  à  Tourane  n'ont  pas 
de  chance  d'être  utilisés  avant  qu'un  drag-age  sérieux  n'ait  rendu  la 
passe  praticable. 

Pour  descendre  à  terre  on  aura  la  chaloupe  des  Messageries  Mari- 
times. Elle  peut  prendre  une  quinzaine  de  passagers,  mais  pas  de 
bagages.  Le  mieux  est  de  s'entendre  entre  trois  ou  quatre  voyageurs  et 
de  fréter  un  sampan  sur  lequel  on  les  fera  disposer  avec  les  boys  et 
qui.  à  raison  de  0  S  15  par  malle,  les  transportera  directement  à  l'hôtel. 

Il  existe  k  Tourane  un  seul  hôtel,  l'hôtel  Morin,  situé  au  bord  même 
de  la  rivière  de  Tourane.  On  y  trouve  de  grandes  chambres  au  l*"'' 
étage  sur  la  rivière  et,  sur  la  cour,  des  chambres  plus  petites.  Vu  le 
nombre  réduit  des  chambres  il  sera  toujours  prudent  de  les  retenir 
télégraphiquement  de  Nhatrang. 

La  visite  de  la  ville  est  vite  faite  ;  elle  ne  renferme  aucun  bâtiment 
important,  à  part  la  gare  dite  de  «  Tourane  central  »  située  à  la  pointe 
dans  les  sables,  mais  au  centre  de  l'endroit  où  on  avait  pensé  voir  la 
ville  se  construire.  Tourane  est  relié  à  Hué,  Quang-Tri.  Dông-Hà  par 
une  ligne  ferrée  qui  traverse  le  col  des  Nuages. 

Les  quelques  jolies  promenades  que  l'on  peut  faire  hors  de  Tourane 
en  voiture  ou  en  automobile,  conduisent  immédiatement  sur  le  terri- 
toire de  la  province  du  Quang-Nam. 

Citons  cependant  : 

Tourane-(Jam-Lê,  route  uiaudarine  et  retour,  soit  par  la  route  de  la  con- 
cession (Travelle,  soit  par  Ihôpital  indigène  ouïe  bord  de  la  nier. 

Tounine-Hmite  nianilunne-Marché  de  Tu y-Loan  el  relour. 

Tourane-  Tu ij-Luai^-Phu-Thuonif -Tourane. 

Tourane-X(jhi-An  et  retour.  Concession  Gravelle.  Différentes  cultures  : 
manioc,  thé. 


TOUR ANE  45 

Tourane-Phu-Tkuong  et  retour.  Concession  Bertrand  :  aréquiers,  caféiers, 
thé. 

Tourane-Bord  de  la  mer.  Thanh-Khè.  route  mandarine  après  le  passage  à 
niveau,  retour  par  l'hôpital  indigène  ou  Gam-Lé. 

Tourane-Col  des  Nuac/es.  point  culminant  et  retour. 

(Pour  toutes  ces  promenades  se  rapporter  à  l'horaire  annexé  à  Quang- 
Xam.) 

L'organisation  administrative  et  judiciaire  de  Tourane  est  la  même 
que  dans  les  villes  françaises  de  Hanoi  et  Haiphong-. 

La  ville  possède  un  hôtel  où  l'on  peut  manger,  coucher  et  s'appro- 
visionner pour  l'intérieur  ;  un  cercle,  deux  tennis. 

La  banque  de  1  Indochine  y  a  une  succursale:  les  Messageries  Mari- 
times et  les  Chargeurs  Réunis,  un  agent. 

Le  jardin  de  Tourane  situé  à  l'extrémité  de  la  ville,  près  du  tennis 
de  la  Douane,  et  improprement  dénommé  Musée  cham,  contient  quelques 
belles  pièces  provenant  des  ruines  de  Tra-Khièu  et  My-Son,  mais, 
n'étant  ni  clôturé  ni  surveillé,  et  ayant  à  diverses  reprises  été  l'objet 
d'actes  de  vandalisme  que  l'on  ne  sut  ni  empêcher  ni  réprimer,  ce 
dépôt   tend  à  olfrir  de  moins  en  moins  d'intérêt. 

Le  commerce  indigène  et  chinois  de  Tourane  est  surtout  représenté 
par  les  entrepôts  des  grosses  maisons  du  Quang-Namqui  chargent  les 
marchandises  que  leur  expédie  l'intérieur.  Le  commerce  européen  est 
représenté  par  la  maison  Dérobert  et  Fiard  que  nous  retrouverons  au 
Quang-Namet  des  succursales  des  maisons  Speidel.  "Charrière,  U.C.  I. 
La  Standard  Oil  et  l'Asiatic  Petroleum  C'*".  nouvelle  Société  Franco- 
Asiatique  des  Pétroles  y  possèdent  également  des  agents. 


EXCURSIONS  ET  PROMENADES 

1 .  Visite  aux  concessions  Gravelle  et  Bertrand.  —  Avoir  soin  d'em- 
porter un  repas  froid  pour  déjeuner  sur  place. 

2.  Excursion  en  sampan  ou  chaloupe.  —  On  peut  se  rendre  en  trois 
quarts  d'heure  à  la  presqu'île  de  Tiên-Cha  où  se  trouve  l'ancien  lazaret 
et  un  peu  j)lus  loin  les  niag-asins  des  Docks  et  Houillères  qui  cédèrent 
au  Protectorat  en  1907  le  chemin  de  fer  à  voie  étroite  menant  à 
Faifoo  et  dont  le  point  terminus  était  là.  On  peut  y  voir  encore  une 
caserne  abandonnée  et  le  Phare.  Dans  la  presqu'île  très  giboyeuse  on 
peut  organiser  des  chasses  au  chevreuil.  C'est  là  aussi  qu'on  trouve  le 
sing-e  gris  à  culotte  rouge  dont  la  fourrure  est  très  estimée. 

3.  Excursion  au  col  des  Nuages.  —  Le  trajet  de  Tourane  jusqu'au 
sommet  du  col  des  Nuages  par  la  route  mandarine  est  des  plus  pitto- 
resques. La  route  récemment  répart'^e  est  praticable  entièrement  aux 
automobiles,  aux  pousses  et  chevaux,  difficile  aux  attelages.  Elle 
est  plate  jusqu'au  18"  kilomètre,  à  Liên-Chiêu.  où  l'on  passe  sur  le 
pont  du  chemin  de  fer  pour  rejoindre  la  route  ;  la  montée  de  13  kilo- 
mètres commence  alors.  Il  ne  s'y  rencontre  pas  de  rampe  supérieure  à 
12  °/o,  sur  tout  le  parcours,  la  vue  sur  la  rade  de  Tourane  et  la  mer  est 
magnifique. 

Arrivé  à  la  porte  d  Annam,  au  tram  qui  marque  le  point  culminant 
et  où  l'on  peut  déjeuner  si  l'on  ne  veut  pas  faire  un  voyage  rapide, 
on  peut  descendre  l'autre  versant  jusqu'à  Lang-Cô  :  le  coup  d'œil  en 
vaut  la  peine.  A  Lang-Cô  on  retrouve  le  train  qui  ramène  les  voya- 
geurs à  Tourane. 


48 


(;i  iDi;   i)i;   i.  a.n.n wi 


Il  est  reo;rettable  (|ue  la  maison  Ilyckelynk  de  Tourane  ait  supprimé 
son  service  de  voitures-automobiles  qui  permettait  de  faire  celte  pro- 
menade et  de  revenir  en  2  heures  i/2  ou  trois  heures  mais  la  maison 
Morin  doit  le  rétablir  prochainement. 


Cliclié  Kberliardl 
FiG.   19.  —  Mnntaunes  de  niai'l)i'('.   \'uc  nciicralt'. 


4.  Excursion  aii.r  k  Montagnes  ou  grottes  de  marbre  ».  —  Bien  que 
les  Montagnes  de  marbre  de  même  que  Tièn-Cha  se  trouvent  dans  le 
territoire  de  la  province,  nous  les  conq)rendrons  dans  les  promenades 
qu'il  est  facile  de  faire  de  Tourane  ainsi  que  celle  du  col  des  nuag'es  qui 
chevauche  sur  le  Quang'-Nam  et  le  Thua-Thièn. 

On  peut  aller  et  revenir  soit  par  le  train,  ce  qui  oblige  à  déjeuner 
sur  place  et  attendre  le  train  du  soir  pour  rentrer,  soit  en  sampan. 

Le  plus  pratique  est  de  partir  par  le  train  du  matin  à  7  heures  10  et 
de  revenir  en  sampan  avant  ou  après  déjeuner,  ce  qui  permet  de  gagner 


GrillK   ElE   i,'An>am. 


50  (IIIDK    DK    l'aNNAM 

le  soir  même  Fait'oo  par  route,  le  trajet  par  fer  à  travers  les  sables 
n'offrant  aucun  intérêt. 

Los  montagnes  ou  carrières  de  marbre,  groupes  de  rochers  qui 
dominent  la  plaine,  contiennent  une  grotte  fameuse  qui  est  l'objet  d'un 
culte  bouddhique  et  dans  un  coin  de  laquelle  on  trouve  quelques  scul- 
ptures attestant  le  passag-e  des  Ghams  dont  il  existe,  dans  le  même 
village,  maints  vestiges. 

On  parvient  à  cette  pagode  par  un  large  escalier  en  partie  ensablé 
et  par  des  terrasses  successives.  Le  sommet  de  ces  rochers  calcaires, 
extrêmement  tourmenté,  présente  une  série  de  petits  vallons  où  se 
tapissent  des  bonzeries,  des  escaliers  taillés  à  même  le  marbre 
grimpent  à  l'assaut  des  plateformes  d*où  la  vue  s'étend  indéfiniment 
sur  la  mer. 

On  peut  déjeuner  près  de  la  grande  grotte,  dans  une  pagode  dont 
les  bonzes  autorisent  facilement  l'accès.  Cette  grotte  se  trouve  dans  le 
rocher  principal  et  son  entrée  est  gardée  par  deux  génies  :  c'est  une 
vaste  excavation,  probablement  causée  par  les  infiltrations  qui  en  ont 
respecté  la  voûte  d"où  tombe,  tamisée  et  blonde,  une  lumière  pâle, 
jetant  dans  les  pénombres  du  m\'stère  et  de  la  féerie. 

De  Tourane  on  peut  encore  s'embarquer  en  sampan  directement  pour 
Faifoo,  Quang-Huê.  Nông-Son,  ou  Bèn-Vang,  Quang-Ngai. 

De  Tourane   à   Faifoo  (par  la  route  mandarine  33   km.). 

On  sortira  de  Tourane  pour  gagner  Faifoo  par  terre,  en  pousse,  en 
voiture  ou  en  automobile,  par  le  tronçon  qui  rejoint  la  route  manda- 
rine 3  kilomètres  ou  4  avant  le  bac  de  Gam-Lé,  selon  que  l'on  prend 
la  l'*"  ou  la  2^  traverse  à  gauche. 

Le  bac  de  Gam-Lê,  assez  large,  est  à  hauteur  des  montagnes  de 
marbre;  13  kil.   300  le  séparent   de  celui  du  Song-Quang-Nam  qu'un 


TOURANE 


51 


pont  en  ciment  armé  de  103  m.  livré  tout  récemment  à  la  circulation, 
vient  de  supprimer. 

On  peut  traverser  la   citadelle  où   se  trouvent    les  habitations    des 
mandarins  provinciaux  et  rejoindre  Faifoo  par  une  route  de  9  kil.  500 


Fie.   21.  —  Pont  en  ciment  armé  sur  le  Sonsj-Quans-Nam. 


qui  bifurque  un  peu  avant  Thanh-Hà,  le  village  des  briquetiers,  pour 
rejoindre  la  route  mandarine  au  bac  de  Gho-Gui  dans  la  direction 
de  Tamky. 

Faifoo,  où  sont  établis  les  Européens  et  la  Résidence,  comprend 
une  ville  chinoise  et  indigène  importante  sur  larpelle  nous  reviendrons 
plus  loin. 

Un  hôtel  tenu  par  un  annamite  sert  pour  1  $  20  des  repas  confor- 
tables mais  ne  donne  pas  à  coucher.  Deux  chambres  de  passagers 
peuvent  en  en  faisant  à  l'avance  la  demande  à  la  Résidence,  être  mises 
à  la  disposition  des  touristes. 


FAIFOO 


La  province  du  Quang--Xam.  peuplée  de  près  d'un  milliond'habitants, 
est  à  bien  des  points  de  vue  1  une  des  plus  intéressantes  de  TAnnam. 
A  proximité  de  Tourane  cpii  la  remplacé  en  tant  que  port  de  mer, 
Faifoo.  port  tluvial.  après  avoir  été  le  plus  gros  centre  peut-être  du 
commerce  indig'ène.  est  une  ville  dont  les  origines  assez  obscures 
méritent  de  retenir  l'attention.  La  [)rovince  fort  bien  arrosée,  ren- 
fermant cependant  une  rég-ion  montagneuse  importante,  a  vu  succes- 
sivement l'occupation  chame.  l'invasion  annamite,  la  domination  chi- 
noise, les  visites  commerciales  des  g^randes  compagnies  du  xvi''  siècle; 
telle  est,  en  résumé.  Ihistorique  de  la  province  et  de  la  capitale  que 
nous  allons  préciser  brièvement. 

Le  Quang-Nam  représente  un  des  plus  grands  points  de  1  occupa- 
tion chame  du  m^'  au  xiv''  siècle. 

Dans  aucune  province  les  vestiges  ne  sont  aussi  nombreux  de  même 
que  les  documents  épig-raphiques  qui  permettent  de  reconstituer,  peu 
à  peu.  1  histoire  des  dynasties  (jui  se  sont  succédé  au  pouvoir  ;  ce 
travail  activement  poursuivi  par  l'Ecole  Française  d'Extrème-Oi'ient 
ne  permet  pas  encore  de  donner  autre  chose  que  des  noms  de  souve- 
rains et  leur  g-énéalogie.  Il  suffit  de  savoir  que  toute  la  partie  au  nord 
de  Tourane  et  la  vallée  du  Sông'-Thu-Bôn  fut  à  ditlerentes  époques 
l'un  des  points  les  plus  prospères  du  Champa  ;  c  est  là  qu'il  semble 
avoir  fleuri  et  produit  notamment  au  vru''  et  i\''  siècle  les  plus  belles 
(Kuvres  littéraires  et  artistiques. 

Les  ouvi'ag'es  chinois  (jui  parlent  de  la  partie  du  Champa  corres- 
pondant au  Quang-Nam   actuel,    surtout  sous  la    dynastie   des  Song, 


FAIFOO  o3 

nous  prouvent  {|u"il  fallait  compter  avec  cette  puissance  ;  de  nom- 
breuses ambassades  furent  envoyées  et  il  est  probable  que  des  Chinois 
commerçants  coexistaient  déjà  à  cette  époque. 

A  partir  du  xiii*^  siècle,  les  Chams  refoulés  peu  à  peu,  les  Chinois 
prirent  la  première  place  ;  bientôt  après  on  voit  apparaître  les  Japo- 
nais et  les  Hollandais  :  ou  du  moins  ces  derniers  vinrent  commercer 
avec  ceux-ci.  C'est  une  légende  accréditée  que  Faifoo  est  une  vieille 
ville  japonaise  et  que  les  bateaux  de  la  Compag-nie  des  Indes  qui 
venaient  relâcher  à  Faifoo  commerçaient  là  avec  une  colonie  d'origine 
japonaise. 

Les  sources  qui  permettent  de  se  ranger  à  cet  avis  sont  peu  nom- 
breuses. Elles  ont  consisté  longtemps  dans  le  pont  couvert  appelé  Pont 
ou  Porte  japonaise.  Cette  origine  est  confirmée  par  une  inscription 
désormais  célèbre,  actuellement  dans  la  pagode  de  Hôi-An.  Elle  se 
borne  à  affirmer  que  des  hommes  venus  du  Japon  construisirent  ce  pont. 

Les  autres  documents  qu'il  a  été  donné  à  M.  RoufiiER  de  réunir  à  ce 
sujet  seraient  les  tombeaux  qu'un  bonze  japonais  vint  examiner  en 
1910  :  ces  tombeaux  de  forme  inusitée,  parallélipipèdes  de  2  m.  de  haut 
environ,  portent  chacun  des  inscriptions  relatives  à  des  bonzes  fort 
connus  pour  leur  piété. 

On  les  trouve  à  droite  à  600  mètres  environ  de  la  caserne  de  la  garde 
indigène  sur  la  roule  de  Lang-Càu  ;  un  autre  tombeau  de  forme  ana- 
logue et  situé  à  l'entrée  de  ladite  route,  derrière  l'ambulance,  ne  porte 
aucune  inscription. 

A  noter  également  près  de  Thanh-Hà  dans  les  sables,  le  tombeau 
d'un  bonze  «  venu  de  loin  ». 

Dans  l'intérieur  de  la  province  du  village  près  du  canal  de  Cho- 
Duoc  où  l'on  avait  signalé  une  «  maison  en  bois  construite  au  xvrr 
siècle  parles  Japonais  ->,  M.  Rougier  a  trouvé  deux  fort  belles  plaques 
de  cuivre  ciselé  portant  le  chitîre  d'une  célèbre  famille  Samouraï  du 
xv*"  siècle. 


54  GLiDE  m:  i/a>i\am 

Hollandais  et  Japonais  auraient  continué  à  commercer  jusqu'aux 
xvii"  et  xviii"  siècles.  La  compag-nie  des  Indes  Néerlandaises  parle 
dans  les  relations  de  ses  voyages,  du  port  de  Faifoo.  Le  commerce 
français  y  aurait  aussi  été  représenté  à  en  juger  par  la  tombe  d'un 
officier  du  navire  «  Le  Fleury  »  mort  en  1721,  et  retrouvée  cette  année 
même  près  de  Faifoo. 

L'histoire  des  missions  étrangères  cite  la  province  de  Cham  comme 
étant  le  Quang-Nam  au  xv!!!*"  siècle  et  le  passage  de  la  mission  hispano- 
sarde  est  affirmé  à  Faifoo  par  deux  tombeaux  situés  derrière  l'empla- 
cement actuel  de  la  garde  indigène. 

Au  moment  de  l'occupation,  les  troupes  françaises  s'installèrent 
après  1880  à  Faifoo  et  dans  différents  points  de  l'intérieur.  Et  la  ville 
s'est  peu  à  peu  groupée  suivant  l'ordre  qu'on  constate  maintenant. 

Visite  de  la  ville  :  Les  pagodes. 

Le  tour  de  la  ville  chinoise  —  d'une  remarquable  propreté  — 
peut  se  faire  en  une  heure  ou  deux  heures  en  y  comprenant  la  visite 
des  principales  pagodes. 

Itinéraire  proposé.  —  En  sortant  de  la  gare,  prendre  la  rue  allant  à 
larroyo,  s'arrêter  au  premier  carrefour  ;on  trouve  à  gauche,  dans  la 
rue  de  Quang-Nam,  la  pagode  de  la  congrégation  de  Triêu-Châu;  cette 
pagode  très  ancienne  a  été  refaite  en  l'état  actuel  vers  1890,  elle 
contient  de  fort  intéressantes  décorations  murales  polychromes  et  des 
portes  en  bois  sculpté  d'un  joli  travail.  Fête  annuelle  :  mars. 

En  suivant  la  rue  de  Quang-Nam  on  trouve,  un  peu  après,  lapaçfocJe  de 
Haï-Nan,  les  mosaïques  représentant  une  procession  qui  couronnent 
le  faîte  du  portique  y  sont  plus  délicates  (|ue  partout  ailleurs.  Les 
flambeaux  et  brûle-parfums  apportés  dans  toutes  les  pagodes  à  peu 
près  à  la  même  époque  (de  1888  à  1897),  les  reliquaires  sculptés 
offerts  par  les  maison  chinoises  y  sont  les  plus  riches. 


FAIFOO  o5 

Les  g-ens  de  Hai-Nan,  habituellement  considérés  comme  les  Béo- 
tiens de  la  Chine,  ont  sans  doute  envoyé  au  Quan^-Nam  une  élite  ;  ils 
possèdent,  en  outre,  un  orchestre  de  musique  de  chambre  fort  exercé 
qu'il  est  possible  d'entendre  en  en  faisant  la  demande  au  chef  de  la 
maison  Quang-Hoà-Loi. 

Cette  pagode  toute  récente  aurait  été   construite  vers  1889. 

La  fête  annuelle  de  la  congrégation  a  lieu  au  mois  à.  août. 

A  côté  se  trouvent  deux  pagodes  annamites  :  celle  du  village  de 
Minh-Huong  dit  Tiên-Hièn  vouée  au  fondateur  du  village,  autrefois 
sur  l'emplacement  de  la  gendarmerie,  transportée  ensuite  au  marché, 
et  enfin  à  sa  place  actuelle,  et  qui  contient  la  célèbre  inscription  du 
pont  japonais  (1805);  puis  celle  de  Quan-Thanh.  Représenté  en  bois 
peint  et  couvert  de  facettes  de  verre,  moins  imposant  que  son  collègue 
de  Hanoï  le  Grand  Bouddha,  il  est  l'objet  du  même  culte.  Dans  une 
vitrine  tout  à  côté  de  lui,  avec  leurs  montures,  ses  deux  gardes  du  corps  : 
un  célèbre  vice-roi  et  son  propre  enfant.  Cette  pagode,  ou  du  moins 
ce  qui  reste  de  l'édifice  primitif,  est  peut-être  la  plus  vieille  de  Faifoo. 
Les  différentes  réfections,  dont  la  plus  ancienne  remonte  à  la  quatrième 
année  de  Gia-Long  (1818),  sont  attestées  sur  les  murs. 

Devant  la  petite  pagode  bouddhique  construite  postérieurement,  on 
a  transporté  un  panneau  de  Khanh-Duc  (1649).  On  peut  voir  encore 
deux  vieilles  cloches  de  la  21'^  année  de  Kang-Hi  et  de  la  11^  année 
de  Kiaking. 

Cette  pagode  est  située  sur  la  place  du  marché,  vaste  construction 
couverte  qui  va  de  là  jusqu'au  fleuve.  Fête  annuelle:  Septembre. 

On  rencontre  ensuite,  la  pagode  de  PhuOC-Kiên  de  style  différent,  au 
fond  d'un  jardin  surélevé  où  l'on  accède  par  un  portique.  A  remarquer 
deux  portes  peintes  or  sur  bois  noir  qui  attestent  une  science  de  la 
décoration  très  sûre.  La  principale  curiosité  de  cette  pagode  qui  con- 
tient  quelques  belles  pièces   bleues  consiste   en  un   bateau  tout  gréé 


56 


(.1  Ihi:     liK     I,  A.WAM 


pliicé  sous  riuvocaliou  de  la  Rouan- Yiii,  rappelant  aussi  que  les  habi- 
tants du  Kokien  ou  Phuoc-Kiên  durent  passer  la  mer  pour  venir 
s'établir  ici. 

Aucune  inscription  n'existe  dans  cette  pagode  que  les  cong-réga- 
nistes  déclarent  plus  ancienne  même  que  la  pagode  des  cinq  congréga- 
tions et  qu'on  peut  dater  sur  la  foi  d'une  poutre  qui  porte  cette  date 
cyclique  «  de  1609  ou  1729  ». 

La  fè/e  annuelle  se  célèbre  au  mois  ôi'octohre. 

L'on  arrive  alors  à  la  plus  ancienne  et  la  plus  intéressante  pagode, 
celle  des  Cinq  congrégations.  Tous  les  ans  au  mois  de  septembre,  les 


Vu 


'    I    Ih'  F.lierlinr.li. 
l'iii'k-    (1  filirée  de  la  Pagode  des  Cinq  Conj<Té;jations. 


congrégations  se  cotisent  et  célèbrent  une  fête  où  des  pyramides  de 
gâteaux  élevées  devant  les  portes,  sont  distribuées  aux  enfants  et  où 
un  bateau  de  jiapier  gréé  et  monté  est  brûlé  près  du  tleuve. 

Elle  aussi  [)ossède    une  embarcation    placée    sous  l'invocation  de  la 


FAIFOO  0/ 

bonne  déesse.  Mais  la  pièce  la  pluscurieuse,  malheureusement  déman- 
telée, se  trouve  dans  la  cour  :  c  est  un  brûle-parfums  de  bronze  de 
1  m.  20  de  diamètre  dont  le  couvercle,  renversé  à  g'auche  au  pied  du 
plus  petit  des  deux  énormes  banians,  donne  une  date  de  la  tin  du  xvu" 
siècle.  Il  n'en  subsiste  au  milieu  que  la  grande  vasque  utilisée  comme 
pot  de  fleur.  Les  autres  morceaux  g-isent  près  des  petites  portes  et  une 
réplique  du  couvercle  se  trouve  à  quelques  mètres  de  là,  devant  une 
pagode  de  Minh-Huong\  de  l'autre  côté  de  la  ruelle. 

L'inscription  qui  est  au  nord  de  l'entrée  de  la  pagode  contient 
diverses  indications,  et  notamment  une  interdiction  de  fumer  l'opium. 

La  pagode  de  Canton,  dont  l'aspect  extérieur  est  des  plus  engageants 
avec  sa  grille  en  fer  et  ses  belles  pierres  de  taille,  est  actuellement 
abandonnée.  Elle  sert  à  emmagasiner  des  rotins  et  donne  asileà  divers 
industriels  locaux,  entre  autres  au  photographe. 

On  y  remarque  encore  quelques  dessins  bleus  sur  bois  blanc  dont 
on  se  sert  pour  apprendre  les  noms  des  objets  aux  enfants.  Cette 
pagode  fut  construite  en  1 885 . 

On  arrive  ensuite  au  Pont  japonais  dont  il  a  été  parlé  plus  haut  :  c'est 
un  pont  en  pierre  de  une  arche  qui  supporte  un  passage  couvert  en 
bois  dont  les  traverses  supérieures  portent  la  date  des  réfections  suc- 
cessives ;  gardée  à  l'entrée  et  à  la  sortie  par  deux  singes  et  deux 
chiens  de  bois,  elle  renferme  à  droite  une  petite  pagode  complètement 
abandonnée  et  dans  laquelle  il  est  imprudent  de  s'avancer.  La  véri- 
table pagode,  ou  du  moins  la  niche  où  probablement  les  restes  de  l'an- 
cienne ont  été  transportés,  se  trouve  dans  la  première  maison  à  droite 
en  sortant  au  fond  du  jardin.  Ils  consistent  d'ailleurs  dans  quelques 
Kouan-Yin  de  porcelaine  sans  intérêt. 

En  suivant  la  route  qui  prend  à  droite  avant  l'entrée  du  pont  on 
arrive  bientôt  en  vue  de  la  pagode  dite  Pagode  de  la  Maternité  dont  la 

GiiiiE  dp:  1,'Ann.vm.  8 


58 


(,l   IhK     DK     I.  A.N.NA.M 


t'aviick"  inonunu'nlale  fait  prcjuj^er  (11111  ensemble   intérieur  imposant  : 

il  n'en  est  rien. 

Deux  pauvres  pagodes  renferment  une  série  de  démons  échappés  de 

l'enfer  bouddhique  et  diverses  représentations  de   la  Kouan-Yin  dans 

différentes  fonctions  naturelles.  Les   femmes  stériles  y  viennent  faire 

quelques  olfran- 
des,  elles  ne  sont 
pas  assez  nom- 
breuses pour  que 
la  pagode  ait  pu 
prospérer.  La  fa- 
çade n'en    reste 


pas  nionis  agréa- 
ble avec  les  fruits 
de  pierre  sculp- 
tés aux  angles  et 
dans  lesquels  dés 
esprits  facétieux 
autant  qu'in- 
compétents ont 
cru  voir  certains 
attributs  sexuels  ([u'aurait  justifiés  la  destination  de  la  pagode. 

La  disproportion  flagrante  qui  existeentre  cette  façade  et  l'intérieur, 
a  souvent  fait  ])enserà  un  ensemble  primitivement  beaucoup  plus  impor- 
tant et  dont  la  façade  principale  avait  seule  subsisté.  Rien  ne  vient 
cependant  confirmer  cette  hypothèse. 

La  tradition  veut  que  cette  pagode,  ou  du  moins  sa  façade,  soit  un 
peu  moins  ancienne  que  celle  du  Quan-Than  ce  qui  la  fait  naître  vers 
la  fin  du  xvu''  siècle. 


l'Ol'tilllll"    tlLMltl'l' 


Cliché  Eberhardt. 
de  la  Patrude  de  la  Maternité. 


L  ne  autre  pagode  située  au  milieu  des  sables  à   une   demi-heure  de 
la  gare  de  Faifoo,  celle  de  Phuoc-Lâm,  est  remarquable  seulement  par 


60 


(.rilïi:     I»K     I.  ANN AM 


les  cérémonies  qui  s'y  célèbrent,  1  ordination  des  bonzes,  ou  ce  que 
l'on  pourrait  appeler  des  concours  de  sainteté.  Des  bonzes  venus  de 
tous  les  [)()ints  de  l'Annani  y  accourent  alors,  ils  restent  trois  jours  en 
jirière  sous  la  direction  du  Ilnk-TJiuony.  sorte  de  «  pape  des  bonzes  », 
et  se  livrent  à  ditFéreiitcs  mortifications  dont  une  des  plus  curieuses 
consiste  à  laisser  brûler  sur  le  crâne  jusqu'à  extinction  trois  bougies. 
Dans  la  plupart  des  cas,  les  boug-ies  brûlant  entièrement  creusent  des 
trous  dans  le  cuir  de  la  tète  rasée,  pendant  que  les  patients,  impas- 
sildes  sous  la  douleur,  récitent  de  plus  en  plus  vite  les  litanies  rituelles. 
Certains  bonzes  ont  ainsi  le  crâne  raviné  par  ces  stig-mates  g-ràce  aux- 
quels ils  conquièrent  leurs  grades  et  excitent  l'admiration  des  foules. 

On  remontera  ensuite  la  rue  de  Minh-Mang^  qui  aboutit  à  l'établis- 
sement de  thé  de  la  maison  Dérobert  et  Fiard  de  Tourane.  Elle  possède 
dans  la  rue  de  Quang-Xam  et  sur  les  quais  un  autre  établissement 
important  oii  l'on  traite  la  soie  et  les  peaux.  Le  représentant  de  la 
maison  fait  fort  aimablement  visiter  ces  différents  comptoirs  aux 
personnes  qui  lui  en  font  la  demande. 

Un  dernier  tour  en  pousse  à  travers  les  deux  rues  chinoises  et  le 
quai  et  Ton  peut  revenir  rue  Xeuve  à  l'hôtel. 


POINTS    INTÉRESSANTS    A    VISITER 
DANS    LE    QUANG-NAM 

\°  Le  groupe  des  îles  que  l'on  voit  en  face  de  Lang-Cao,  dites  Cu- 
Lao-Cham,  peuvent  fournir  une  promenade  en  sampan  ou  en  chaloupe 
(1  ou  2  heures  à  partir  de  Lang-Gao  ou  Cua-Day).  Peu  peuplées  par 
quelques  villages  de  pécheurs,  c'est  dans  ces  îles  qu'on  trouve  les  nids 
d'hirondelles  les  plus  estimés  et  dont  l'exploitation  est  affermée  pour 
près  de  20.000  §.  La  légende  chinoise  qui  veut  que  les  rois  Chams 
eussent  leur  palais  d'été  sur  l'un  des  sommets  n'a  pu  être  vérifiée  par 
aucune  des  ascensions  très  pénibles  tentées  jusqu'ici. 

2°  Excursions  aux  ruines  chames  de  Dông-Duong .  —  Les  ruines  du 
monastère  boudhique  sont  situées  à  Dông-Duong-  kl  h.  1/2  du  Phu  de 
Thang-Binh,  où  l'on  peut  aller  en  automobile.  Le  plus  praticfue  est 
d'emporter  un  déjeuner  froid  et  de  revenir  dîner  à  Faifoo. 

L'ensemble  des  bâtiments  comprend  trois  parties  dont  l'orientation 
générale  va  de  l'Ouest  à  l'Est.  Au  centre,  la  «  tour  principale»  flanquée 
de  quatre  sanctuaires  élevés  sur  la  même  terrasse  et  qu'une  muraille 
entoure.  Sept  petits  sanctuaires,  deux  tours  et  toute  une  série  de  cours 
mènent  k  un  porche  extérieur  dont   subsistent  deux   grands  pylônes. 

A  quelque  huit  cents  mètres  de  Ik,  on  aboutit,  par  une  longue 
chaussée,  k  une  enceinte  rectangulaire  dont  les  talus  sont  encore  très 
élevés. 

Les  bas-reliefs  et  les  statues  que  l'on  voit  sur  ces  ruines  présentent 
le  plus  vif  intérêt  i. 

1.   Paniientier,  Inventaire  des    monuments  chams. 


02 


r.iiDi-:  iJi:  l  annam 


'■i'^  Ruines  chantes  de  My-Son.  —  Le  cirque  de  My-Son  à  1.')  km. 
environ  de  Thu-Bùn  est  le  centre  d'une  capitale  où  se  sont  succédé 
difîérenles  dynasties  chames.  11  en  reste  d'importants  vestiges. 


PLAN    D'  ENSEMBLE 
des 

RUINES  deMYSON 

djpresM'ii  ParmciiLicr 


FiG.   2.').  —  Plan  d'ensemble  des  ruines  de  Mv-Snii. 


A   My-Son,  ou    plus  exactement    dans    le    cirque    de    My-Son,    où 
68  édifices  ont  subsisté,   se   trouvait  une  agglomération  extrêmement 


MY-SO.N  63 

importante.  Les  édifices  sont  répartis  en  huit  temples  établis  sur  des 
éminences  de  faible  hauteur  et  dans  le  fond  de  la  vallée.  Nous  en 
donnons  ici  le  plan  d'après  M.  Parmentier,  dont  l'étude  extrêmement 
intéressante  '  fournira  aux  touristes  tous  les  détails  sur  les  monuments 
indiqués  ci-dessous. 

L'état  de  conservation  de  ces  ruines  permet  d'admirer  des  sculptures 
nombreuses  en  parfait  état.  Les  bas-reliefs  sont  d'une  richesse  inouïe, 
les  sanctuaires  et  les  salles  de  dimensions  grandioses;  My-Son  est 
l'Angkor  de  l'Annam. 

D'après  M.  Parmentier  la  construction  des  monuments  de  My-Son 
a  été  répartie  sur  trois  périodes  : 

Line  première  période  du  iv''  au  vi'^  siècle. 

Une  deuxième  période  du  vi^  au  ix*^  siècle. 

La  troisième  irait  du  x"  siècle  à  l'époque  de  la  conquête  du  Quang- 
Nam  par  les  Annamites. 

A  la  !'•'  époque  appartiennent  les  édifices  :     A'  à  A",  B,  C,  etc. 

A  la  2«  —  A8àAi3,A',B4,G6,G7,F. 

A  la  3*-  —  D2,  D%D^  G,  H,  K,  L. 

Les  principales  pièces  qui  méritent  de  retenir  spécialement  l'atten- 
tion sont  : 

Dans  le  groupe  A.  —  La  magnifique  tour  A  ',  de  proportions 
grandioses  et  de  conservation  surprenante;  c'est  là  peut-être,  quoique 
le  plus  vieux,  le  mieux  conservé  des  bâtiments  de  My-Son.  On  y  remar- 
quera un  étage  principal  orné  de  cinq  pilastres  sur  chaque  face  et 
d'entre-pilastres  moulurés,  le  tout  orné  de  rinceaux  extrêmement  gra- 
cieux, la  corniche  s'unit  aux  pilastres  par  une  frise  à  guirlandes  pen- 
dantes. 


1.  Parmentier,    Les  ruines  de  Myson.  Bulletin  de  V École  française  d'Extrême-Orient, 
tome  III. 


Fir,.  26.  —  Temples  de  My-Son.  Détail  des  groupes  A  et  A' 


MV-SON  65 

Au-dessus  trois  autres  étages  en  fort  bon  état,  seul  le  couronnement 
a  disparu.  Ces  étages  ont  la  même  composition  que  le  premier,  mais 
avec  trois  pilastres  seulement. 

Autour  de  ce  sanctuaire  principal,  sur  une  terrasse  commune  existent 
six  petits  sanctuaires. 

La  tour  A'"  est  un  bâtiment  encore  très  important  dont  il  ne  reste 
plus  que  la  face  sud  ;  la  décoration  est  intéressante  surtout  par  les 
corps  de  serpents  se  fondant  avec  les  rinceaux  et  qui  devaient  sortir 
probablement  d'une  tête  de  monstre  placée  au  sommet  du  fronton. 
Celui-ci  se  trouve  ainsi  entouré  dune  ligne  ondulée  qui  le  fait  ressem- 
bler, dit  M.  Parmentif.r,  aux  frontons  des  monuments  du  Cambodge. 

La  tour  A  '  n"a  plus  sa  divinité,  il  n'en  reste  que  le  piédestal;  elle 
possède  une  très  belle  cuve  à  ablutions. 

La  tour  A^"  a  conservé  son  dieu,  un  superbe  linga  faisant  corps 
avec  la  cuve.  A  signaler  encore  dans  ce  groupe  sept  petites  statues, 
sans  doute  les  divinités  des  six  petits  sanctuaires  annexes  de  A  '  et 
comme  autres  pièces  décoratives  deux  tympans  sculptés  en  A'-  et  A''. 

Dans  le  groupe  A' .  —  En  A''  la  divinité  du  temple  est  dans  un  état 
de  conservation  parfait,  c'est  une  statue  de  Çiva  debout,  le  haut  des 
jambes  roulé  dans  un  sampot,  les  bras  sont  ployés  en  avant,  la  main 
gauche  tient  une  tiole,  la  droite  un  chapelet,  le  torse  est  nu.  La  statue 
est  en  plan  sur  la  cuve  à  ablutions  ci'eusée  dans  son  centre. 

A  remarquer  aussi  les  deux  fi-agments  du  tympan  A'  '  au  centre 
duquel  est  sculpté  un  Çiva  à  12  bras  dansant  sur  la  tète  d'un  homme 
renversé  :  à  droite  du  dieu  une  femme  en  prière,  devant  elle  un  enfant, 
de  l'autre  côté,  faisant  pendant  à  l'enfant,  une  ligure  qui  danse  et  fai- 
sant pendant  à  la  femme  :  un  ganeça,  la  trompe  levée  vers  le  dieu. 

Dans  le  groupe  B.  —  L'allure  grandiose  de  la  tour  principale,  les 
sculptures  très  bien  conservées  des  tours  secondaires. 


66 


GIÎIDK    or,    LANiNAM 


A  signaler  la  statu  •  représentant  une  figure  de  Skanda  sur  un  paon 
accroupi,  Tune  des  plus  helles  (euvres  de  l'art  cham. 


Fiii.   •-'■.  —  Temples  de  My-Son.  Détail  des  gi-impes  B.  C.  D,  E,  F.  G  et  H. 


MY-SON  67 

Dans  le  f/roupe  C.  — Le  tympan  appartenant  sans  doute  à  la  tour  C^ 
est  une  pièce  d'art  de  réelle  valeur.  C'est  derrière  sous  la  divinité  que 
M.  Pakmentier  a  trouvé  la  cachette  des  bijoux  ^ 

Dans  le  groupe  D.  — La  salle  D  '  est  remarquable  par  ses  dimensions 
et  l'élégante  composition  des  décors  inférieurs.  Peu  de  sculptures 
intéressantes  ont  été  retrouvées  dans  ce  groupe,  à  part  le  développe- 
ment des  scènes  sculptées  sur  les  édifices  D'  et  D'^.  La  scène  représente 
deux  musiciens  dont  lun  assis  tape  des  mains  sur  des  tambourins  et 
l'autre  agenouillé  agite  des  sonnettes  tandis  que  des  danseuses,  un 
poing  sur  la  hanche,  une  fleur  dans  l'autre  main,  ploient  leur  corps  au 
rythme  de  la  musique. 

Dans  le  groupe  E.  —  L'édifice  E  '  présente  un  intérêt  spécial  ;  il 
difïère  des  sanctuaires  habituels  par  sa  construction  ;  il  n  a  pas  été 
couvert  par  la  voûte  de  briques,  mais  par  de  simples  tuiles  ainsi  que 
le  révèle  le  peu  d'épaisseur  des  murs.  C'est  une  grande  salle  à  décors 
extrêmement  simples. 

La  divinité  de  la  tour  E  '  était  un  énorme  linga  disposé  sur  un  haut 
piédestal  très  heureusement  décoré.  La  face  principale  de  ce  piédestal 
possède  un  perron  constitué  par  trois  marches  entre  deux  niches,  le 
tout  décoré  de  très  habile  façon. 

Dans  la  même  tour,  un  tympan  curieux  en  forme  d'U  renversé, 
d'une  très  jolie  décoration  représente  Visnu  couché  sur  le  Naga  dont 
les  tètes  l'ombragent. 

En  E'  le  dieu  était  un  ganeça  à  4  bras;  la  statue  est  très  belle  de 
conservation. 

En  E*  un  ensemble  important  de  sculptures  :  le  dieu,  un  linteau, 
deux  Dvarapalas  et  vm  tympan. 


1.  On  trouvera  l'énumératiou  et  la  description  de  ceux-ci  dans  le  Bulletin  de  l'Ecole 
française  d' Extrême-Orient  ftome  III.  p.  663). 


()N  Cl  IDK     DK    I.'a.WAM 

La  tour  F  '  abrite  un  linga  curieux,  il  présente  en  effet  un  décor  de 
chif^non  et  un  tympan  dont  il  ne  reste  qu'une  partie.  Son  centre  est 
occupé  par  une  fig'ure  à  10  paires  de  bras  et  à  quatre  jambes,  la  figure 
est  vue  de  dos. 

Rien  de  particulier  à  sig-naler  dans  les  groupes  G  et  H.  Le  groupe  K 
n'est  composé  que  d'une  tour-porte  et  en  L  ne  se  trouve  qu'une  salle 
bâtie  à  mi-côte  de  la  petite  colline  dominant  le  groupe  B,  C,  D. 

En  M.  un  amoncellement  de  briques  indique  l'emplacement  d'une 
construction  dont  il  ne  reste  rien  aujourd'hui. 

On  peut,  en  partant  le  soir,  visiter  les  ruines  dans  la  journée  du 
lendemain  et  être  de  retour  la  nuit  à  Faifoo. 

4°  Phu-Làm  où  se  trouve  un  poste  de  garde  indigène  à  28  kilomètres 
de  la  route  mandarine  par  une  route  en  corniche  praticable  aux  seuls 
pousse-pousse  ;  la  route  traverse  une  région  très  fertile  où  les  rizières 
en  gradins  successifs  forment  un  aspect  très  pittoresque. 

3°  Tamky.  —  Poste  administratif  sur  la  route  mandarine  à  o4  kilo- 
mètres de  Faifoo,  centre  indigène  et  chinois  au  milieu  de  l'ancien 
Huyén  de  Ha-Dông,  région  riche  et  cultivée. 

Les  maisons  Déroberl  et  Fiard,  Leroy,  y  ont  des  représentants  pour 
le  thé. 

De  Tamky  on  peut  aller  voir  les  tours  chames  de  Chiên-Dang  (à  8  km. 
en  avant  sur  la  route  mandarine)  et  celle  de  Kliuon(j-Mi)-Phu-Hung  k 
'1  km.  sur  la  route  mandarine  dans  la  direction  de  Quang-Ngai.  On 
peut  également  de  là  se  rendre  k  Bông-Miêu.  Ouc-Bô,  Phu-Làm  et 
Tamky  pour  faire  le  tour  de  la  province. 

6°  Tamkij.  Mines  d'or  de  Bôncf-Miêu.  —  Les  mines  d'or,  exploitées 
par  la  Compagnie  minière  de  Bong-Miêu  à  28  kilomètres  de  Tamky  dans 
un  site  montagneux  très  pittoresque,  valent  une  visite.  L'installation 


BÔNG-MTÊL'  69 

entièrement  électrique  est  unique  en  Indochine.  La  production  d'or 
varie  entre  4  et  500.000  francs  par  an. 

La  Compaj^nie  minière  de  Bông'-Miéu  ou  Bono--Miù.  exploite,  près 
du  villag-e  du  même  nom,  une  ancienne  mine  annamite  qui,  autant 
qu'on  peut  s'en  rapporter  aux  légendes  locales,  aurait  été  abandonnée 
depuis  40  ou  50  ans  environ. 

Les  traces  d'exploitation  sont  d'ailleurs  extrêmement  nombreuses,  et 
permettent  de  dire  que  les  travaux  des  premiers  exploitants  ont  été 
très  importants  et  qu'ils  sont  très  anciens. 

Les  indigènes  se  bornaient  à  recueillir  d'une  façon  assez  rudimen- 
taire  l'or  natif  qui  existe  en  plus  ou  moins  grande  quantité  dans  la 
plupart  des  rivières  qui  descendent  de  la  chaîne  annamitique.  11  ne 
paraît  même  pas  qu'ils  aient  connu  l'usage  du  k  sluices  »  par  exemple  ; 
ils  se  servaient  sans  doute  uniquement  de  la  bâtée;  quelques  indigènes 
se  livrent  encore  actuellement  à  la  recherche  de  l'or  dans  la  région, 
mais  sans  que  la  proportion  de  métal  précieux  provenant  de  cette 
source  paraisse  avoir  la  moindre  importance. 

La  compagnie  actuelle  occupe  environ  500  coolies  annamites. 

Pour  se  rendre  à  la  mine,  de  Tourane  qui  est  le  port  le  plus  rappro- 
ché, on  peut  prendre  :  soit  la  voie  de  terre,  soit  la  voie  des  lagunes; 
par  la  route  mandarine  on  se  rend  d'abord  k  Tamky,  puis  on  prend  en 
ce  point  une  route  perpendiculaire  à  la  grande  route  mandarine,  et  la 
mine  se  trouve  à  27  kilomètres. 

On  peut  emplover  l'automobile,  la  voiture,  ou  tout  autre  moyen  de 
locomotion,  car  les  routes  sont  bien  entretenues  ;  pourtant  pendant  la 
saison  des  pluies,  il  ne  serait  pas  prudent  de  s'aventurer  autrement 
qu'en  pousse-pousse,  c'est  le  véhicule  avec  lequel  on  passe  partout 
quelque  temps  quil  fasse. 

La  distance  entre  Tourane  et  Tamky  est  de  70  kilomètres  environ, 
ce  qui  donne  donc,  pour  distance  totale  de  la  mine,  un  chill're  rond  de 
100  kilomètres. 


70 


(.nui-;  di:  i.  an.na.m 

On  suit  d  abord  la  route 
-     mandarine  dont  la  mono- 

1  tonie  a  son  charme;  il  n'y 

2  a    pas     bien     longtemps 
T     encore,    il    fallait    passer 

cinq    bacs    dans    ce    par- 
cours   de   70    kilomètres, 
et  deux  d'entre  eux  d  une 
larg-eur    de    300    et    500 
mètres  ;   aujourd'hui  leur 
nombre  est  réduit  à  trois, 
I     on  peut  espérer  qu'à  la  fin 
c     de   1914    il    n'en    restera 
S^    plus  que  deux. 
I         Quoi  qu'il  en  soit,  l'ac- 
f^    ces  de  la  mine  est  facile, 
£     en   automobile   le  voyao^e 
^     se   fait  en  quatre  heures, 
■1     à    condition   toutefois    de 
i     ne    pas    être    retardé    au 
~-     passag'e     des     bacs  ;    en 
pousse-pousse,     on    peut 
'\     arriver     à     la     mine     en 
^     douze  ou  treize  heures  si 
l'on    ne    s'arrête     pas    à 
Tamky. 

Si  la  partie  de  la  route 
comprise  entre  Tourane 
et  Tamky  n'a  rien  de 
particulièrement  pitto- 
resque, il  n'en  est  pas  de 
même  de  la  partie  com- 
prise entre  Tamky  et  la 
mine  ;  en   certains  points 


liÔNd-MlKL'  71 

on  peut,  sans  trop  de  peine,  se  lig-urer  parcourir,  non  pas  l'Annam, 
mais  plutôt  les  régions  les  plus  sauvages  et  les  plus  pittoresques  de 
la  Lozère  par  exemple,  ou  encore  les  gorges  de  la  Romanche,  en  Dau- 
phin é. 

La  visite  de  la  mine  elle-même,  bien  quelle  présente  surtout  un 
intérêt  pour  des  techniciens,  n'est  pas  cependant  sans  charmes  pour 
un  voyageur  profane;  la  surprise  est  grande  de  trouver  dans  une  région 
aussi  éloignée  des  centres  habités,  les  méthodes  les  plus  perfectionnées 
des  exploitations  de  France  et  des  machines  si  récentes,  qu'on  pourrait 
les  rencontrer  dans  les  mines  les  mieux  montées  d'Amérique  par 
exemple. 

La  mine  est  exploitée  par  des  galeries  à  flanc  de  coteau,  le  nombre 
de  galeries  ainsi  faites  dans  lallleurement  de  quartz  pyriteux  qui  coupe 
transversalement  la  montagne  de  Nuy-Kem,  n'est  pas  inférieur  à 
quinze,  et  encore,  dans  ce  nombre  ne  figurent  pas  les  centaines  de 
puits  et  de  descenderies  plus  ou  moins  profonds  qui  ont  été  creusés 
par  les  Annamites. 

La  partie  exploitée  en  ce  moment  est  située  à  environ  100  mètres 
au-dessus  du  niveau  de  la  plaine  où  est  installée  lusine  du  traitement  ; 
on  travaille  dans  trois  galeries  dont  les  longueurs  sont  de  300,  600  et 
550  mètres. 

C'est  au  moyen  de  la  dynamite  qu'on  abat  le  minerai  et  les  trous  de 
mme  sont  perforés,  soit  à  la  main  par  des  mineurs  indigènes,  soit  au 
moyen  de  perforatrices  à  air  comprimé  dans  les  points  où  la  dureté 
du  terrain  rendrait  le  travail  à  la  main  trop  long  et  trop  coûteux. 

Le  transport  du  minerai  de  la  mine  à  l'usine  est  fait  au  moyen  d'un 
chemin  de  fer  aérien  disposé  de  manière  à  fonctionner  automatique- 
ment sous  la  seule  action  de  la  gravité  ;  la  capacité  de  cet  appareil  est 
de  200  tonnes  par  24  heures. 

Le  minerai,  une  fois  à  l'usine,  est  broyé  dans  des  bocards  qui  le 
réduisent  en  grains  de  1   mm.  environ  ;  une  partie  du  sable  stérile  est 


ri 


(.1  Ihi:     l)i;     I.  AN.N  AM 


éliminée  [)ar  des  appareils  de  coucenlralioii  automatiques,  et  le 
mélang"e  de  pyrites  et  de-  sahle  restant  est  traité  dans  de  grandes  cuves 
en  acier  de  7  mètres  de  diamètre  par  une  solution  étendue  de  cyanure 
de  potassium  qui  dissout  l'or  et  une  partie  de  lardent. 


FiG.  29.  —  Bonj;-Micu.  La  halaiit-t*  el  le  plan  incliiu-. 


Cliclic  C. 


Le  fond  des  cuves  étant  muni  de  filtres,  le  liquide  contenant  les 
métaux  précieux  peut  être  amené  clair  et  limpide  dans  des  caisses  en 
bois  où  il  passe  lentement  sur  des  copeaux  de  zinc  qui  ont  pour  pro- 


liÔNG-MlÊL"  73 

priété  de  faire  déposer  l'or  sous  forme  d'une  poudre  noire  ;  cette  poudre 
est  recueillie  toutes  les  quatre  semaines,  et  passe  au  laboratoire  où  elle 
est  fondue  en  lingots  qui  sont  envoyés  en  France  sans  subir  d'autre 
manipulation. 

La  quantité  de  minerai  traitée  à  l'usine  de  broyage  est  de  27.000 
tonnes  annuellement. 

On  conçoit  aisément  que  les  oj)érations  d'extraction,  de  transport  et 
de  traitement  du  minerai  rendent  nécessaires  aussi  bien  un  personnel 
indig-ène  et  européen  assez  nombreux,  qu'un  matériel  considérable  et 
de  l'énergie  mécanique  pour  ainsi  dire  indispensable  partout. 

Etant  donné  les  prix  de  transport  de  Tourane  à  la  mine,  et  le  prix 
d'achat  assez  élevé  du  charbon,  il  est  impossible  d'imaginer  l'emploi 
de  la  vapeur  soit  pour  actionner  l'usine  de  broyage,  ou  le  compres- 
seur qui  actionne  les  treuils  et  perforatrices  à  air  comprimé;  aussi 
a-t-on  eu  recours  à  la  houille  verte  dont  la  région  est  abondamment 
fourme. 

Jusqu'à  ces  derniers  temps,  on  employait  seulement  la  puissance 
motrice  d'une  seule  cascade  auprès  de  laquelle  l'usine  a  été  construite, 
mais  en  raison  de  l'absence  d'eau  en  saison  sèche,  il  arrivait  trop 
souvent  que  l'on  manquait  de  force  en  été,  et  que  l'usine  chômait  au 
grand  détriment  de  la  production. 

Or,  dans  la  même  vallée  où  se  trouvent  toutes  les  installations  de  la 
mine  et  de  l'usine,  une  assez  forte  rivière,  le  Song-Van,  a  été  captée  et 
on  en  a  utilisé  la  puissance  motrice  pour  l'établissement  d'une  station 
centrale  électrique  ;  l'énergie  ainsi  recueillie  est  ensuite  distribuée 
partout  où  elle  est  reconnue  nécessaire. 

La  puissance  actuellement  disponible  à  cette  station  est  de  175  che- 
vaux environ  ;  la  ligne  de  transport  de  force  a  un  peu  plus  de  deux 
kilomètres  de  longueur  totale,  la  plus  grande  partie  de  cette  ligne  est 
en  câbles  d'aluminium,  les  lignes  secondaires  seules  sont  en  cuivre. 

En  somme,  tout  est  actionné  actuellement  par  l'électricité,  seul  le 
câbleway  marche  par  l'action  de  la  gravité. 

Guide  de  i.'AiviNAM.  10 


/') 


CI   IDK     1)1-;     1.    X.N.NAM 


7"  Los  mines  de  zinc  de  l)uc-Bà  à  12  kilomètres  de  Tramky  appar- 
tenant autrefois  à  la  Société  des  Docks  et  Houillères,  actuellement 
exploitées  par  M.  lîrizard  de  Tourane,  sont  dans  une  région  assez 
accidentée,  très  giboyeuse  ;  les  tigres  comme  à  Bông-Mièu,  du  reste,  y 
sont  très  abondants. 


Fiii.  .id.  ^  Hdim-.Mic'u.  La  Station  centrale. 


Cliché  Cu. 


8°  Tra-Kiêu,  citadelle  Chanie.  —  Les  plus  belles  pièces  de  l'ancienne 
citadelle  de  Tra-Kiêu,  qui  fut  au  moyen  âge  une  capitale  importante  du 
Ghampa,  ont  été  transportées  au  Musée  de  Tourane. 

Il  reste  cependant  quelques  belles  statues,  la  plupart  décapitées,  et 
des  bas-reliefs  et  frises  intéressants.  On  en  verra  également  quelques- 
uns  dans  le  jardin  de  la  Mission  où   le  Père   Bruyère  en    1885  soutint 


NUNG-SO.N 


le  sièg-e   avec  ses   catholiques.   L'on    peut    s  y  arrêter  si,    en   allant  à 
My-Son,  on  gag-e  Thu-Bôn  par  la  route. 

9"  Trami/,  poste  delà  garde  indigène  à  60  kilomètres  de  Tamky,  en 
région  nioï.  Route  très  pittoresque.  On  peut  de  là  rejoindre  le  village 
de   Ba-Dôn  en   chaise  puis   remonter  le   Sông-Thu-Bôn  en  passant    à 


Fui.  31.   —  Le  criblage  vu  d"en  haut.  Au  fond  à  droite  maison  d'un  maitre  niineui 


Phuc-Son  avec  de  petits  sampans  qui  traversent  des  biefs  successifs. 
Passer  ensuite  les  gorges  deThach-Bich,  s'arrêter  aux  mines  de  Xông- 
Son  et  rejoindre  Faifoo  toujours  en  sampan  par  Thu-Bôn  ou  Quang- 
Hué. 

Il  est  encore  possible  de  gagner  Nông-Son  en  sens  inverse,  par 
Quang-Hué,  où  la  maison  Delignon  du  Binh-Dinh  possède  un  comp- 
toir pour  la  soie.  Le  trajet  peut  se  faire  soit  en  sampan  ou  en  pousse 
par  la  route  qui  mène  au  Huyên  de  Dai-Lôc.  de  là  on  gagne  le  poste 
de  garde  indigène  d  An-Diêm  en  région  moi.  Près  d"An-Diêm  on 
remarque  à  Tàn-My  linstallation  de  M.  Belle  qui  permet  avec  quatre 


76 


(il  H)!-;     DK     I.  AN.NAM 


pompes   centriluges  actionnées  par  une    machine   à  vapeur  d'irriguer 
les  rizières  à  raison  de  'JOO  me.  à  l'heure  à  la  hauteur  de  12  mètres. 

10"  Les  mines  de  Nong-Son,  achetées  par  M.  Brizard  à  la  Société 
des  Docks,  fournissent  un  charbon  de  plus  en  plus  demandé  par  la 
Chine.  Ces  mines,  dont  l'exploitation  occupait  autrefois  plus  de 
30  Européens  dont  les  habitations  existent  encore,  sont  dans  un  site 


FiG.  32.  —  I,e  criblai;e  vu  de  face. 


très   pittoresque   et   où  Ton  peut  chasser  le    tigre  et  même  parfois  le 
rhinocéros. 

Les  mines  de  charbon  de  Xông-Son  dans  la  province  de  Quang-Nam 
furent  concédées  par  l'empereur  Tu-Duc  le  13''  jour  du  2*"  mois  de  la 
34''  année  de  .son  règne,  soit  le  12  mars  1881,  à  un  négociant  chinois 
qui  n'avait  d'autre  objectif  que  la  fourniture  de  combustible  aux 
verreries   et  fonderies  de   sapèques  de   Canton,  ainsi  qu'à  la   consom- 


NONG-SON 


77 


niation  ménagère  de  Shang-Haï  où  le  bois  et  le  charbon  de  bois  sont 
hors  de  prix. 

En  juillet  1889  le  Gouvernement  annamite  ratiiîa  la  cession  des 
droits  du  commerçant  chinois  à  un  négociant  français  du  Tonkin  ({ui 
fonda  la  «    Société  française  des  houillères  de   Tourane  ».   A  celle-ci. 


FiG.  33.  —  Couloir  d  embar([uement  du  charbou  dans  les  jonques. 


succéda  la  «  Société  des  Docks  et  Houillères  de  Tourane  »  et  actuelle- 
ment M.  E.  Brizard  est  le  propriétaire  de  la  mine  de  Xông-Son. 

Le  charbon  quelle  produit  est  maigre  et  anthraciteux  ;  il  convient 
très  bien  pour  le  chautlage  des  chaudières  marines,  sa  qualité  s'amé- 
liore de  plus  en  plus  au  fur  et  à  mesure  que  l'exploitation  gagne  en 
profondeur.  Il  existe  là  un  gisement  considérable  qui  promet  de 
longues  années  d'exploitation.  Celle-ci  à  l'heure  actuelle  atteint 
100  mètres  de  profondeur.  La  production  annuelle  est  de  20,000  tonnes. 

En  réalité  le  charbon  de'Nông-Son  est  de  1  anthracite  proprement  dit. 
Il  ne  donne  aucune  tlamme.  il  brûle  sans  décrépiter  et  reste  très 
solide  au  feu  de  même  que  les  anthracites  américains  de  Pensylvanie. 


"S 


ni  11)1-:   i)i:   i.  a.n.nam 


I^a  couduik'  des  IVux  (\st.  parail-il,  plus  facile  avec  ce  charbon 
qu'avec  certains  charl)ons  de  Hongay  ou  de  Kebao  qui  se  délitent  trop 
au  li'u  et  bourrent  trop  les  <j;rilles.  11  est  difficile  à  allumer,  brûle  sans 
fumer  et  nécessite  une  surface  de  grille  relativement  supérieure  à  celle 
dont  s'acconmiodent  les  charbons  gazeux. 

Sur  la  concession  la  maison  du  Directeur  placée  au  bord  même  du 
ileuve  dans  un  site  merveilleux  oll're  un  abri  aux  visiteurs  ainsi  que 
d'autres  maisons  plus  éloignées  du  fleuve  à  l'entrée  même  de  la  mine 
et  qu'habite  le  personnel  européen  attaché  à  celle-ci.  Elle  est  reliée 
par  un  Decau ville  au  bord  du  fleuve,  où  les  wagonnets  déchargent 
eur  contenu  dans  les  jonques  qui  les  transportent  à  Tourane. 

A  ?i  heures  de  là,  on  peut  voir  des  eaux  sulfureuses  à  Trung-Lôc 
analogues  à  celles  que  l'on  remarque  à  quehjues  kilomètres  de  Phuoc- 
Loi  sur  la  route  de  Ïamkv-Bông-Mièu. 


FiCr.   34.   —  .loiuiucs  li-anspiii'taiil   le  cliiii'linii  de  la  miuo  à  Tiuiimii 


lAlFOO  79 

Autres  promenades  faciles  à  faire  de  Faifoo. 

Il"  De  Faifoo —  Lang-Caû  :  maison  d'été  de  la  Résidence. 

12"  Faifoo-Chocui  —  Quang-Nam  et  retour. 

A  l  kilomètre  du  pont  de  Quang-Nam  sur  la  route  de  Dai-Lôc  on 
rencontre  la  tour  chame  de  Bang-An  dont  la  mer  venait  battre  les 
murs  au  w^  siècle. 

Programme  proposé. 

/''''jour  de  Tourane  :  .Arrivée  par  la  roule,  crochet  sur  Bang-An,  traversée 
de  la  citadelle.  F'aifoo,  visite  de  la  ville,  des   pagodes. 

Promenades  à  Lang-Càu,  à  Ghocui,  à  Quang-Nam  dans  Tciprès-midi. 

Le  soir  s'embarquer  pour  Tra-Kièu,  ^ly-Son.  retour  le  soir  ou  la  nuit  du 
S*^  jour. 

3"  jour  :  Départ  pour  Thang'-Binh,  Dông'-Duong  déjeuner,  après-midi 
arrivée  à  Tamky  (sarrêter  à  Ghên-Dang). 

J*^  jour  :  Bông-Miêu  ou  Duc-Bô. 

.)''  jour  :  Tramy,  Ba-Dôn,  Thach-Binh,  Xông-Son  et  retour  à  Faifoo  pour 
partir  sur  Quang"-\gai. 

Ou  seulement  o''  jour  :  Tramy  départ  sur  Quang-Xgai. 

Le  gros  commerce  de  la  province  est  aux  mains  des  Chinois  si  l'on 
tient  compte  que  les  maisons  Dérobert  et  Fiard,  Delignon,  Leroy  ont 
leurs  établissements  principaux  à  Tourane  ou  au  Binh-Dinh. 

Les  maisons  chinoises  au  contraire  ont  leur  siège  à  Faifoo,  y  centra- 
lisent les  produits  expédiés  par  leurs  comptoirs  de  l'intérieur  et  les 
entreposent  seulement  à  Tourane  avant  de  les  charg-er.  L'exportation 
porte  surtout  .sur  la  cannelle  de  Tamky-Tramy  et  de  la  région  moi,  la 
noix  darec,  les  défenses  d'éléphant,  le  thé,  le  poivre.  Les  plus  grosses 
maisons  traitent  et  charg^ent  directement  sans  avoir  recours  à  la 
Banque. 


FAIFOO 


81 


Les  maisons  européennes  se  sont  surtout  attachées  à  la  culture  du 
thé  (maisons  Dérobert  et  Fiard,  Leroy,  Vacherot  ,  du  café  et  de  la  soie 
iid.  et  Delig'non).  Cette  dernière  industrie  a  pris  une  plus  grande 
extension  depuis  la  création  de  l'atelier  de  grainage  de  Faifoo  qui 
distribue  aux  demandeurs  des  séries  de  pontes  sélectionnées. 

Les  rizières  qui,  dans  certaines  rég-ions,  fournissent  jusqu  à  trois 
récoltes  par  an  ne  donnent  cependant  pas  sulïisamment  pour  la  pro- 
vince qui  en  importe  chaque  année  une  certaine  quantité  des  provinces 
du  Nord. 

Le  réseau  des  routes  qui  comprend  plus  de  400  km.  carrossables 
ou  automobilisables  est  pratica])le  même  à  la  mauvaise  saison. 


GlIDE    DK     lANNAM. 


82 


GllUK    DK    L  .\r<NAM 

HORAIRE 

De  Faifoo  à  la  frontière  de  Thua-Thiên. 


INDICATION 
ilos  |ii)iiits. 


De  Faifoo  à  Toiiranr 

De  Faifoo  à  (,Jiiang-Nain 

De  Quaiifi-Nam    à  Càni-lA'., 

De  Càni-I>è  à  ïoiii-ane 

De     Toiirane     au      ecil     de; 

Nuages  ;  fortin) 

De  Touranc  à  Naiii-O 

De  Nam-()  au  col  des  Nuaj;('; 
fortin 


un. 

:i2,000 
0,980 

1:^,500 
S.fiOO 


iri.doo 


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l.euivs 

11. 

lUI'- 

hrUlH. 

J,20 

2,30 

:! 

,30 

0.20 

0,12 

0,30 

0 

50 

2,00 

0,30 

1,20 

1 

,40 

2,20 

0.15 

0.30 

0 

,50 

2,00 

1 ,00 

1,00 

,') 

00 

7.00 

0,20 

1,30 

2 

,00 

3,00 

0,40 

2,30 

3 

,00 

4,00 

OBSEKV.\TIONS 

et 

KKNSEIGNEMENTS 

di\ers 


De  Faifoo  à  la  frontière  Quang-Ngai. 


De  Faifoo  à  Cho-Cui  (bae  .  . 
De  Cho-Cui   à    Sonjr-Ha-lien 

(bac) 

De  Song-Ba-Ren  à  TanikA'.  . 

De  Tamky  à    Bao-lîan 

De  Bao-Bao  à  Hèn-\'anf; 

De  Bèn-Vanfï  à  la   IVonliéi-e 

du  Qiiaii;;-N;;ai  (Tri-Binj;   . 


De  Faifoo  à  An-Diêm  Région  Moi  . 


De      l'aifiMi      à     (Juaii};-Nani 

l'"^') 

De     (^iian^  Nani     à     Dai-I.iic 

(IIu\ên 

De      Dai-Liie      à      .\n-Diéin 

poste; 


2  1.000 


2  bacs. 
1  bac. 
I   bac. 


1  1  .  IIOII 

o.i:. 

1  .00 

1,20 

2,10 

o.ooo 

O.OK 

0,20 

0,40 

1,10 

37,00(1 

1,00 

3,20 

4,00 

7,30 

S,  000 

0.10 

0,40 

0,50 

1,30 

1  5,  000 

0,20 

1,30 

2,00 

3,00 

12.000 

0,1. "1 

1,00 

1,30 

2,20 

I  bac  très loni 

1  bac.     » 

2  bacs. 
2  bacs. 


0. 

12 

0,30 

0,50 

2,00 

1, 

15 

2,00 

3,00 

i,00 

3,00 

3,20 

4,20 

1  bac  à  Ai-Nsrhi. 


1     bac    à     la    saison 
sèche  et  4  en  hive 


HORAIRK    POUR    LK    QUANG-NAM 


83 


INDICATION 
des  points. 


5  S  ^ 

^      j; 

J'I 

■i. 

C    C    '^ 

1    ^ 

OHSKUVATIOXS 

et 

liFASKH.XKMKXTS 

ili\  ers 


De  Faifoo  à  Tamky-Phu-Làm  et  Viêt-An   marché). 


De  Faifoo  à  Tamky 

De  Faifoo  à  Phu-Lâm 

De  Tamky  an  tram  de  Xam- 

Dông- 

De  Nam-Donjï  à  Phu-Làm..  . 
De     Phii-Làni      à       \'iét-An 

'marché   


54.000 
70,000 

18,000 
12,000 


13.(100 


1.45 


5.00 
6.50 


1..30 
1.30 


heures 

heures 

6.00 

12,00 

7,30 

» 

2.00 

3.30 

1,40 

2.3(1 

■> 

2.30 

2  bacs. 

50  kil.  en  auto. 


Houle    en   construc 
tion. 


De  Faifoo  à  Tamky-Bong-Miêu  et  Duc-Bo 


De  Faifoo  à  Tamky 

De  Tamky  an  tram  de  Pliiioc- 

I.ni 

Du  tram  de  Pluioc-I.oi  à  Au- 
Laof^embrancliement  mute 
Tramy    

De  .\u-Lao  à  Hniiu-Mièu 
1  Mines  d'or 

De  Au-Lao  à  Tramy    poste  . 

DeTamkv  à  Duc-Bo    Mines  . 


54.(1(10 

1.15 

5.011 

6.00 

12.00 

1  1.000 

0,30 

1.15 

2.00 

3,30 

6.(J0O 

0.15 

1,00 

1,15 

1.    0 

7.000 

0,12 

0.45 

1.00 

1.10 

30.  000 

» 

4,30 

5.30 

7,00 

12.000 

0,30 

1,(0 

1 .30 

2,30 

1    col. 

1  bac  en  liiver. 

1  bac  après  Tamky  et 

1  bac  sur  la   route 

Duc-Bo. 


De  Faifoo  à  Phu-Lac  poste  forestier   par  Quang-Hué  ou  Tra-Kiêu. 


De  Faifoo  à  (Juanj^-Hué. ,  .  , 

De  Faifoo  à  Phu-I>ac 

De   Faifoo  à    Tra-Kiéu    nii* 

sion'i 

DeTra-Kiëu  ;i  l'hu-Lae.  .  .. 


25,000 
25,000 


20.000 
10.000 


3.00 

3.30 

5,00 

3,00 

3.30 

5.00 

2.00 

3.00 

1.00 

2  bacs. 

2,00 

1  bac    route  en  con 
struction  . 

Si 


1.1  Ihi:    DK    L  ANNAM 


INDICATION 
des  points. 


^ 

*- 

V 

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OHSKRVATIONS 

et 

RENSEIGNEMENTS 

divers 


De  Faifoo  aux  ruines  de  My-Son  par  Tra-Kiéu  et  Thu-Bôn 
et  aux  mines  de  charbon  de  Nông-Son. 


DeNông-Son  àTra-Kieu  mis- 
sion)   

De  Tra-Kieu  àTlui-Hnn  mar- 
chés  

De  Thii-Bon  aux  i-uines  de 
Mj-Son 

De  Thu-Bôn  aux  mines  de 
cliarbon  de  Nônj^-Son 
route  en  construction  . . . 


kil. 

heures 

heures 

heure? 

lieures 

211.00(1 

1,00 

2.00 

■i.  00 

4.00 

7.000 

•' 

» 

■' 

3.00 

7.000 

» 

•• 

" 

1..30 

20.  000 

" 

4,00 

Autres  points  principaux. 


De      Tamky 
'Df)uanes  . 


à      Hiép-Hua 


De  Faifoo  à  Lan^-Cao 

De  Tourane  à  Xghé-An 

De  Tourane  à  Tuy-Hoan.  . 
De    Tourane  à   Phu-Thuon^ 

mission 

De  Phu-TIuionf:  à  Tuy-Loan 
De   Thanh-Binh   à   Pliu-Làn 

])ar  ^'inh-Huy 

De  Phu-Làm  à  Tramy 

De      Què-Son     à      Gia-Lôc- 

Tliuonir   col  du  Deo-Le  . . 


20,000 

» 

" 

» 

» 

5.000 

O.JO 

0,20 

0.30 

1,00 

9.000 

0,13 

0.45 

1.00 

.. 

14,000 

O.-'iO 

2.00 

2.15 

3.00 

i.'i.OOO 

0.  iO 

2.00 

2.30 

3.00 

10.000 

0.25 

1.1    4 

1..30 

2.00 

2ii.  000 

„ 

., 

„ 

5,00 

50.000 

■' 

" 

» 

10,00 

.3.Î.  000 

" 

" 

5,00 

2  bacs. 


Pour  les  ruines  jusqu'à 
Thu-Bôn  environ 
2  h.  en  sampan. 

Pour  les  mines  jusqu'à 
Xônjf-Son    environ 
de  6  à  8  h.  en  sam 
pan. 


Le   trajet  se   fait    en 
sampan  environ  3  h. 


Route     en    cnnstruc-| 

tion. 


niANG-NGAI  S'\ 

DE    TAMKY    A    QUANG-NGAI 

Si  Ton  va  par  terre  du  Quani4--Nam  au  Quang--Ngai  on  rencontrera 
sur  la  route  mandarine  à  partir  de  Tninkv  : 

D"abord.  après  le  premier  bac.  les  tours  Chames  de  Khuong  My- 
Phu-Hunrj  signalées  plus  haut  :  on  traverse  un  pavs  assez  monotone 
coupé  par  trois  bacs  jusqu'à  Bên-Vang,  où  aboutit  la  lagune  et  d'où 
le  trajet  par  sampan  est,  jusqu'à  Faifoo,  sensiblement  le  même  que 
de  Tamky. 

Quelques  kilomètres  après,  on  entre  dans  la  province  de  Quang- 
Ngai.  Le  pays  est  plus  accidenté.  On  passe  devant  le  poste  de  garde 
indig-ène  de  Tri-Binh  pour  arriver  ensuite  au  bac  du  Sông-Tra-Bông  ; 
à  partir  de  là,  la  région  est  remarquable  par  sa  parfaite  irrigation  ; 
en  arrivant  au  dernier  bac,  celui  du  Song-Tra-Khiic,  à  un  kilomètre 
de  la  citadelle,  on  est  étonné  des  énormes  systèmes  de  noria  de  12  à 
lo  mètres  de  diamètre  couplées  par  dizaines,  permettant  d'irriguer  de 
13  à  20  Ha.  de  rizières. 

Après  avoir  traversé  une  route  de  sable  qu'un  plancher  en  caï-phên 
rend  praticable  même  aux  automobiles,  on  arrive  à  la  Citadelle,  dans 
l'enceinte  de  laquelle  les  différents  services  du  Protectorat  se  sont 
groupés.  Le  Chef  de  la  province  a  su  en  faire  un  véritable  jardin 
anglais.  La  Résidence,  située  au  milieu  d'un  parc  magnifique  et  les 
jardins  sont  fort  heureusement  décorés  au  moyen  de  plus  belles  pièces 
chames  provenant  des  ruines  voisines  de  Chanh-Lo,  notamment  une 
figure  d'Uma.  A  voir  également  en  faisant  le  tour  de  la  Citadelle  les 
autres  pièces  déposées  sur  les  marches  du  bureau  des  Postes  et  Télé- 
graphes. 

Une  fort  bonne  route  conduit  de  la  Citadelle  à  Phu-To  où,  sur  un 
mamelon  situé  en  face  de  celui  sur  lequel  est  construite  la  maison  de 
S.    E.    le    Càn-Chanh,    \guyèn-Thàn,    ancien     Régent    de    l'Empire 


86 


GUIDE    DE    L  ANNAM 


d'Annam,  sélèvc  la  maison  d'été  de  la  Résidence  au  bord  de  la  mer, 
et,  à  quekjue  distance  du  poste  de  douanes  de  Co-Luy. 

(In  peut,  de  l;i,  conlourncîr  la  demeure  de  S.  \\.  le  Gàn-(]hanli  que 
des  relations  j)ers()nnelles  ou  une  intervention  particulière  peuvent 
permettre  de  visiter  et  cpii  contient  de  lorl  belles  pièces  bleues  ainsi 
que  des  meubles  anciens. 

Perché  sur  le  haut  d'un  rocher,  cette  position  stratég'iquement  très 
forte  surtout  autrefois,  oll're  en  même  temps  une  vue  splendide  sur  la 


Cliché  Choulcl. 


FiG.  3ti.  —  Route  de  Qiianj;-Niiai  à  Son-Tinli 


mer  et  la  campagne  environnante  qui,  semée  de  quartiers  de  roches  au 
milieu  de  monticules  rougeàtres,  dut  être  un  point  important  de  l'oc- 
cupation chame.  Un  très  beau  bas-relief  en  provenant  est  actuelle- 
ment devant  la  maison  d'été  de  la  Résidence. 

On  peut  de  là,  rejoindre  Thu-Xa  la  ville  chinoise  et  revenir  ensuite 
sur  Quang-Ng-ai. 

Un  hôtel,  anciennement  tenu  par  un  Européen,  actuellement  par  un 
Annamite,  existe  aux  portes  de  la  Citadelle.  Il  sert  à  manger  ;  il 
existe  en  outre  des  chambres  mises  par  la  Résidence  à  la  disposition 
des  passagers. 


QLANG-NGAI 


87 


Vers  le  Sud  de  la  province  de  Binh-Dinh,  la  route  est  praticable 
même  aux  autos  pendant  7(1  kilomètres  jusqu'aux  salines  de  Sa- 
Huynh,  un  col  praticable  seulement  aux  chevaux  le  Binh-De  rend 
difficile  le  passage  d  une  province  à  l'autre. 

Les  postes  de  garde  indigène  de  Duc-Pho,  Xha-An,  Tri-Binli, 
Son-Tinh,  Vinh-Tuy  sont  tous  reliés  au  chef-lieu  par  des  routes 
carrossables  sinon  automobilisables. 


liclié  (  '.lioiilet . 


Fifi'.  37.  —  Le  poste  de  i^arde  indigène  à  Son-Tinh. 


Historique.  —  Le  Quang-Xgai  a  été  occupé  par  les  Chams  à  ditTé- 
rentes  époques,  sûrement  du  viii*^  ou  x^  siècle  où  il  faisait  partie  du 
même  système  et  était  sous  la  même  domination  fjue  le  Quang-Nam. 
Il  est  facile  de  visiter  les  ruines  de  Chanh-Ln  à  une  demi-heure  de  la 
Citadelle  et  la  très  curieuse  enceinte  du  village  de  Châii-Sa  de  l'autre 
côté  du  Sôn(/-Tra-Khiic.  qui  laisse  supposer  de  gigantesques  fortifica- 
tions. Environ  400  chinois  sont  installés  à  Thu-Xa. 

Le  Quang-Ngai  dépendait  autrefois  administrativement  du  Quang- 
Xam  :  le  Tông-Dôc  du  (Juang-Xam  conserve  actuellement  encore  son 
titre  de  Gouverneur  des  deux  provinces  de  Xam-Xghia(Quang-Xam  et 
Quang-Xgai  ou  Xghiai. 


88 


fil  IDK    DK    L  ANNAM 


G  esl  depuis  Tassassiiuit  d'un  ctmunis  des  Houanes,  M.  Hegnard  en 
18î)7  (jue  Quang-Ngai  a  été  érig-é  en  résidence  et  que  les  services  se 
sont  installés  dans  la  citadelle. 

Des  cultures  très  dilVérentes  sont  l'objet  des  soins  des  indigènes  du 
Quang-Ngai  parmi  les(|uelles  le  riz  tient  la  première  place.  Le  com- 
merce chinois  qui  s'exerce  au  Quang-Nam  sur  la  cannelle  dans  la  région 
de  Tramv  v  poursuit  ses  opérations  sur  celles  provenant  des  planta- 
tions analogues  du  Haut  Song-Tra-Bong. 

Les  mouvements  commerciaux  se  font  par  les  ports  de  Gù-Luy  et 
Son-Tra . 

Le  centre  commercial  de  la  province  est  au  village  de  Thu-Xa  qui 
est  à  Quang-Ngai  ce  que  Faifoo  est  à  (Juang-Nam,  la  ville  chinoise, 
mais  qui  Test  restée  exclusivement  de  par  l'installation  à  la  Citadelle 
des  services  publics. 

Les  gisements  miniers  cependant  nond^reux  n'ont  été  de  la  part  des 
Européens  l'objet  d  ;iu;'uiie  exploilalion  suivie. 


QUANG-NGAl  89 

Points  intéressants  de  la  province  à  visiter. 

1°  Les  noria  du  Quan(f-Xgai  forment  la  plus  g-rantle  curiosité  de  la 
province  ;  on  n'en  rencontre  de  seml)lables  dans  aucun  autre  des  pays 
de  l'Union.  Celles  construites  sur  le  Sông-Trà-Khuc  sont  bien  supé- 
rieures à  celles  du  Song-Ve. 

2°  Domaine  de  S.  E.  Nguijèn-Thàn.  Càn-Chanh,  ex-Régent  d'An- 
nani,  sis  au  village  de  Phu-Tho  ;  on  peut  y  aller  en  auto. 

3°    Village  chinois  de  Thu-Xa  en  auto. 

(  Chanh-Lô 
4"  Différentes  ruines  chanies  •'   ]   /-.i  <     c 

o°  Montagne  de  Thièn-An  (montagne  des  bonzes);  on  peut  y  accé- 
der en  auto. 

6°  Thach-Tru,  village  siège  du  Huyên  de  Mô-Duc.  Berceau  de  la 
famille  de  S.E.  Nguyên-Thàn.  Pagode  des  ancêtres.  Source  d'eaux 
ferrugineuses  ;  on  peut  y  aller  en  auto. 

Programme  proposé. 

l"jour.  —  Arrivé*'  matin,  de  8  heures  à  il  heures  : 

Visiterla  citadelle  eu  pousse  eten  voiture,  pousser  jusqu'aux  ruinesde  Chanh-Lô. 
Après-midi:  aller  jusqu'à  Phu-Tho,  Coluy.  Visiter  s'il  se  peut  le  palais  de  S.  E. 
le  Càn-Chanh,  retour  ])ar  Thu-Xa. 

2"  jour.  —  De  8  heures  à  1  i  heures  : 

Aller  voir  les  noria  du  Sông-Trà-Khuc.  Descendre  le  fleuve  jusqu'à  Châu-Sa, 
faire  le  tour  de  l'enceinte  chame  et  revenir. 

Après-midi  :  aller  voir  la  montagne  des  bonzes. 


Guide  ue  l'Anna  m.  12 


Hor.Allîl':    1)K    PAliCOlP.S    DK    (HANG-XGAI 
AUX     POINTS     PKIXCIPAl'X     DK     I.A     PROVINCE 


/      - 

/"    -    ''' 

OHSKH^■.\TlONS 

INDICATION    l)i:S    POINTS 

ô  r  ~ 

et 
l'.KXSKIGXEMEXTS 

- 

-   '-^   '£. 

cli\ers 

De  Quang-Ngai  à  la  frontière  de  Binh-Dinh. 

heures 

heures 

De  Quaiif;-Ni:ai  à  M('i-1  )iic 

■■<,.M) 

• 
Ni;ai-(Ouau   est    le    point  leiminus 

])c  Mnl  )iH'  au   Tiani  de  N;.ai-(Juan  . 

(le  la  \(iilui-e. 

Di'  N,uai-IJuaii  à  Sa-lluyiih 

•J.  io 

De  Xjiai-IJuau  à  la  IVcuilirrc  lîiilh- 

Dinh 

•J.l.^ 

De    Sa-llu\nh   à    la    roule   niajida- 

riiie  ])ar  ti'a\ei-se 

1.15 

De  Mô-Duc  à  Duc-Phô.  Oanli  Son.  Nghia-Hanh  et  Quang-Ngai. 

De  Mo-Due  i'i  Duc-I'ho 

o,!."!    1 

De  Due-Phn  à  Oaiili-Sou 

l.OJ 

De  Oanh-Soii  à  X^rhia  Ilành 

;-.,io 

1  )e  Xuhia-I  làiih  à   (^)iiaui;-N'_:^ai .  .  .  .  i 

•'•■  '•' 

I.a  ripute  peul  être  faite  en  voilure. 

De  Mô-Duc  à  Liét-Son   par  Bo-Coi  .  De  Liêt-Son  à  Nuoc-Vang. 

Ba-To.  Minh-Long.  Nghia-Hanh. 

De  Mi>-Due  à  Liét .     :'<.i)ii 

De  Mo-Duc  on    peut  aller  en   \oi- 
hu'e  jusiju'à  l'embranchemeut  de 

Lièt-Son,  soit  :  1  h.  30. 

Licl-S< iH  à  N ui n'-\  anii 

l.."1(l 

Chemin  difficile.  11  faut  descendre 
en       i|uel(|ues      endroils    ;     poui 

ne     i)as     fatiguer     les     porteui'i- 

on  |)eul  déjeuner  en  route  à  Ba- 

kliani     :i  h.  2(1  de  marche  .Sans 

|)(uteurs   ou   peut    faire  la  routi 

iluni'  traite. 

Xui>e-\  au;;  à   lia-Tci 

l.(MI 

Cheuiin  difficile.    Il  faut  de-eeudrc 
en  quelques  endroits. 

HORAIRE    PdlR     LE    OE  A.Nli-.NGAI 


91 


= 

'.;    =  "Û.                   OBSKm'ATIONS 

INDICATION    DES    POINTS 

^    'c 

î   >r. 

et 
H  ENSEIGNEMENTS 

l'a 

ch 

pas 

di^■ers 

heures 

Ba-To  à  \'()-(!)    ôtape 

:3.3() 

Poiu"  celte  étape,  il  est  pré 
de  quitter   Ba-To   le  soir 
cher  à  Vo-0  pour  passer 
de   Eo-Chim  le  malin  de 
heure. 

'érable 
Cou- 
le col 

bonne 

2.10 
1  .-Mi 

De  Miiih-Loni;\;i  Nfi-hia-Ilànj;- 

De  Duc-Pho  à  Liêt-Son.  De  Liét-Son  à  Vinh-Tuy, 

1 

Tram  Ngai-Quang  par  Deo-Ai. 

De  Duc-I'Ik)  à  Lièt-Son 

.{.{10 

De  Lièt-Smi'à  ^'illh-Tll^■  par  Deo- 

Ai                          

.■{.00     1 

i 

De  Nghia-Hanh  à  Bao-Gôc.  par  col  Deo-Lai 

et  à  route  mandarine  et  My-Trang. 

Nghia-Hanh  à  Bao-Gôc 

,      3.(10 

Bao-Gôc  à  route  mandarine 

2.00 

De  Quang-Ngai  à  Binh-Son.  Bê-Van. 

De  giianii-Niiai  à  Binh-S(in    I.IU        1,1    2       Deux  liaes. 

De  Binh-Son  à  Bên-\'an                          :\.U{)     en  auto 

De  Binh-Son  à  Trung-Son.  Son-Tra  et  route  mandarine. 

Binh  Son  à  Trung-Son     1               1     1  -"n    i 

Trung:-Son  à  Son-Tra 

3.00 

Son-Tra. 'Roule  mandarine  par  tra- 

1.10 

92 


«illDK    DE     L  AiNNAM 


'fj     '•> 

t/.  S  ^ 

OHSKUVATIOXS 

INDICATION    l)i;S    l'olNTS 

c     ." 
'-1      o 

%  s.  S. 

•^      V     ~ 

et 
RENSEIGNEMENTS 

b     > 

a  -r    tj 

ilivers 

De  Binh-Son  à  Châu-Me,  Sa-Ky,  Châu  Xa,  Quang-Ngai. 

heures 

heures 

De  Binli-Son  à  ('liAu-Mc 

:i.()o 

De    Châu-Mc    à   Ciiàu-Xa,    (^)uai)^'-- 

Nyai 

Igai  à  Son-Tinh,  Lang-Ri. 

De  Quang ^ 

De  Quan^-Ngai  à  Sou-Tinh 

2,:io 

j.3() 

De  Son-Tinh  à  Lan^-Ri 

2,10 

De  Son-Tinh  à  Vinh-Tuy  par  Huong-Nhuong  ou  par  marché 

Ba-6ia  à  Vinh-Tuy,  Xuân-Khuong. 

De    Son-Tinh    à    rembraiiclienient 

de  IIuong-Nliuonf;- à  \'inli-Tuy. 

0.4.1 

De  renibrancliement  à  ^'inh-Tlly.. 

1.20 

De  Vinh-Tuy  à  Xuân-Khiionji' 

3.00 

De  Xuân-Khuong  à  Thach-An,  Tri-Binh  et  My-Thién. 

De  Xuân-Khuong'  à  Tluuh-Au  .... 

3.00 

De  Thach-An  à  Tri-Binh 

3.00 
1.3(1 

Ou  peut  (Icseeuilrc  le  Tra-Bonj; 

en 

De  Tri-Binli  à  My-Tliièn 

1               1 

sauii)an. 

La  province  de  (Juan^-Ngai  étanl  avec  celle  de  Faifoo  la  plus  l'acile  à  parcourir  nous 
avons  cru  bon  de  rendre  cet  horaire  comme  le  précédent,  beaucoup  plus  comjilet  que 
ne  le  réclamerait  en  réalité  le  proçframme  proposé,  dans  la  certitude  dètre  en  cela 
aussi  bien  utile  aux  habitants  de  la  colonie  quaux  touristes. 


DE    TOLRANE    A    HUE 


93 


DE    TOURANE    A    HUÉ 

Pour  se  rendre  de  Tourane  à  Hué,  on  emprunte  la  voie  ferrée  sur 
105  kilomètres,  dont  40  eu  bordure  de  la  baie,  surplombent  la  mer 
qui  déferle  à    ioO  ou  200  mètres  au-dessous.  La  vue  est  merveilleuse 


CliclM-     li.lh.Uld. 


Fi(i.  38.  —  Lièn-Chièii  et  la  baie  de  Tourane. 


par  ])eau  temps  et  vaut  dans  certains  endroits  celle  de  notre  corniche 
de  la  côte  d'Azur  ;  mais  ici  la  note  d'exotisme  se  montre  dans  le  vert 


î)4  (il  iiji:  Di'.  i.'a.nnam 

c'iaii'  des  bananiers  sauvages  tapis  au  lond  des  gor^'es  où  mug'it  leau 
des  cascades. 

Pour  se  rendre  à  Hué  il  v  a  deux  trains  par  j<»ur  : 

Celui  du  matin  :  départ  à  ('»  h.   H). 

(]elui  du  soir  :  départ  à  \  li.  8  en  hiver  et  à  2  h.  'iO  en  été. 

11  est  préférable  de  prendre  celui  du  matin  tant  pour  jouir  des  effets 
de  lumière  sur  la  baie,  que  pour  éviter  la  chaleur  étouffante  des  après- 
midi  d'été  dans  des  wagons  surchauffés  et  forcément  mal  aérés  où  l'on 
est  obligé  de  baisser  les  stores  pour  éviter  la  réverbération. 

Le  chemin  de  fer  seng-age  dans  la  plaine  jusqu'à  Lièn-Chiêu,  au 
fond  de  la  baie.  A  Lièn-Chiêu  un  court  tronçon  de  rails  conduit  aux 
])àtiments  de  la  Standard  oil  Company  dans  le  vaste  réservoir  de 
laquelle  les  pétroliers  viennent  décharger  leur  cargaison.  A  partir  de 
là.  on  s'élève  peu  à  |)eu  en  bordure  de  la  mer  par  une  ligne  aux 
courbes  trop  fréquentes  et  souvent  trop  osées,  mais  qui  contribuent 
à  ajouter  au  pittoresque  de  la  ligne  sinon  à  .sa  sécurité. 

On  s'élève  ainsi  jusqu'à  300  mètres  en  contournant  la  pointe  du  cap 
et  les  beautés  souvent  tourmentées  du  larg-e  succèdent  au  calme  repo- 
sant de  la  baie. 

La  ligne  redescend  ensuite  jusqu'à  Lang'-Co,  où  un  vaste  banc  de 
sable  sépare,  par  une  pa.sse,  qui  se  rétrécit  tous  les  jours,  la  pleine 
mer  de  la  lagune  dite  «  Lagune  de  Lançf-Co  ».  L'aspect  des  montagnes 
boisées  qui  bordent  la  ligne  à  gauche,  devient  alors  de  plus  en  plus 
sauvage.  A  peine  quelques  sentiers  aperçus  de  loin  en  loin  dans  le 
débordement  d'une  végétation  toujours  ascendante,  témoignent-ils  de 
la  présence  d'êtres  humains,  tandis  que  sur  la  lagune  les  embarcations 
des  pêcheurs  cinglent  dun  bord  à  l'autre  ou  se  reposent  sur  les 
plages  sableuses  pendant  (jue  les  filets  sèchent  au  soleil. 

On  perd  de  A-ue  la  lagune  de  Lang-Co  au  coJ  de  Phu-Gia,  qvi  on 
franchit  sous  un  tunnel,  et  l'on  atteint  la  plaine  de  Chu-Mai  avec  la 
station  de  Thua-Luu.  L'usine  à  vapeur  créée  par  M.  Bogaert  se  montre 


HIK 


93 


sur  la  gauche  ;  on  pourra  la  visiter  ainsi  que  l'exploitation  forestière 
V  attenant  et  qui  s'élève  à  quel([ues  centaines  de  mètres  dans  la  mon- 
tagne (voir  pag-e  154). 

Après  Thua-Luu.  c'est  la  plaine  dénudée,  presque  stérile  jusqu'à  la 
station  de  Da-Bach,  dont  les  environs  sont  riches  en  cultures.  Far 
endroits,  la  voie  terrée  passe  au  milieu  d'un  sable  si  blanc  qu'on 
dirait  de  la  neige.  A  gauche  les  contreforts  montagneux  s'éloignent 


Cliché  Cliau. 
FiG,  39.  —  Thiia-Luu.  Usine  Bosaert. 


dans  l'intérieur  tandis  qu'on  longe  à  droite  la  lagune  de  Cau-Hai 
limitée  à  l'horizon  par  une  longue  bande  de  sable  que  peuplent  des 
villages  de  pêcheurs. 

De  Truôi  à  Hué,  les  rizières  se  multiplient,  les  villages  s'étalent 
au  long  du  rail,  enfouis  dans  les  masses  de  verdure  des  pamplemous- 
siers  et  des  arbres  à  pain. 

Bientôt  on  arrive  dans  la  plaine  des  Tombeaux.  A  perte  de  vue 
moutonnent  sur   le  sable   de  fpetits   tas   de  [terre  isolés    ou  groupés. 


96 


(;IU)K     r>K    L  ANNA  M 


sépultures  des  indig-ènes.  De  place  eu  place,  un  tombeau  plus  ricke 
s'eueadre  d  un  mur  en  pierres  tandis  que  ceux  des  bonzes  tig-urent 
une  pyramide  à  étages  couronnée  par  un  bouton  sculpté  de  tleur  de 
lotus,  au-dessus  de  lenceinte  de  britjues  revêtues  de  maçonnerie. 
Mais  la  caractéristique  de-  cette  plaine  des  tombeaux  est  la  nudité. 
Si  loin  en  ell'et  que  r(eil  puisse  aller  touiller,  ce  sont  des  tombes  et 
rien  que  des  toml)es.  Les  seules  traces  de  végétation  que  1  on  aper- 
çoive sont  les  arbres  plantés  en  bordure  de  la  route  quand  il  y  en  a. 
Et  cela  est  du  à  ce  que  des  ordres  royaux  interdisaient  jadis  dorner  de 
plantes  les  abords  des  tombes  autres  que  les  tombes  royales. 

Au  fond  de  la  plaine,  très  haut  au-dessus  de  cette  immense  nécro- 
pole, la  silhouette  de  la  cathédrale  se  dessine  enfin  ;  on  arrive  dans  la 
ville  des  Empereurs  d  Annam. 


HUE 


Hué.  le  chef-lieu  actuel  de  la  province  de  Thua-Thiên,  est  la  capi- 
tale du  royaume  d'Annam  depuis  la  lin  du  xvii''  siècle.  Elle  occupait 
alors  l'emplacement  du  village  de  Kiin-Lnnçf  et  c'est  là  que  s  étaient 
fortifiés  les  Tay-Son  en  dernier  lieu. 

L'empereur  Gia-Long-,  leur  vainqueur,  lit  raser  les  murailles  de 
lancienne  capitale.  11  s'installa  lui  et  sa  famille  sm-  le  coteau  qui 
domine  la  gare  aujourd'hui,  et  conçut,  avec  laide  des  officiers  fran- 
çais qui  lavaient  aidé  à  reconquérir  son  royaume,  le  plan  de  la  cita- 
delle actuelle  qui  s'acheva  en  1804. 

xVutour  de  la  citadelle  se  groupèrent  peu  à  peu  les  demeures  des 
mandarins  et  du  peuple,  surtout  sur  le  côté  Est  de  la  citadelle,  et  les 
familles  riches  et  aristocratiques  s'installèrent  dans  la  presqu'ile  de 
Gia-Hoi  qui,  à  l'heure  actuelle  encore,  forme  le  faubourg  de  Hué  où 
logent  les  descendants  de  la  famille  rovale  et  les  «  lettrés  » . 

Le  Song-Thuong-Thièn  ou  Song-Huong-Giang,  aux  eaux  bleues  et 
limpides,  est  le  fleuve  de  Hué.  Il  se  jette  dans  la  mer  à  13  kilomètres 
de  la  ville  au  lieu  jadis  fortifié,  appelé  Thuàn-An. 

Sur  la  rive  gauche  se  trouve  la  ville  annamite.  La  ville  européenne 
s'est  malheureusement  établie  juste  en  face  de  la  citadelle  alors  qu'il 
eût  été  préférable  et  plus  sain  de  l'installer  sur  les  mamelons  dénudés 
qui  la  bornent  au  Sud. 

La  capitale  de  l'Annam  a  gardé  son  caractère  local  et  notre  présence 
ne  s'y  traduit  guère  autrement  que  par  l'assainissement  général,  l'exis- 
tence du  pont  Than-That  et  celui  du  chemin  de  fer,  la  construction 
d'édifices  européens  cantonnés  en  face  de  la  ville  indigène  qui  est  bien 

Grir>E  DE  l'Annam.  ^"^ 


Ihu 


HUE 


99 


restée  figée  dans  ses  coutumes  et  ses  mœurs  anciennes  malgré  la  pré- 
sence, à  lautre  extrémité  de  la  citadelle,  de  la  «  Concession  »,  cest- 
à-diie  du  quartier  militaire  français. 

En  Cochinchine  comme  au  Tonkin,  lassimikition  des  Annamites  à 
nos  mœurs  se  fait  de  plus  en  plus  rapidement.  Ici.  les  indigènes  sont 
restés  à  peu  près  les  mêmes  que  les  ont  connus,  il  y  a  un  siècle,  les 


11.   —  Hué.  Ilntei  Morin 


premiers  de  nos  compatriotes  qui  ont  vécu  en  Annam.  les  mêmes 
aussi  que  les  a  trouvés  après  le  traité  de  1874  M.  Dutreuil  de  Rhins, 
lun  des  officiers  de  marine  chargé  de  leur  instruction  navale  et  qui 
les  a  si  bien  décrits  dans  1  ouvrage  qu'il  leur  a  consacré. 

Hué  est  une  ville  de  i().()00  habitants,  parmi  lesquels  on  compte 
150  Européens  colons  ou  fonctionnaires  civils  et  150  hommes  de 
troupe. 


100  nriDE  i)K  i/a.nnam 

La  ville  possède  deux  hôtels,  un  cercle,  un  hôpital. 

Hué  est  un  centre  d'attraction  par  sa  citadelle,  son  palais  et  ses 
tombeaux  qui  méritent  de  retenir  l'attention  des  touristes  et  des  artistes 
d'une  façon  toute  particulière.  A  eux  seuls  les  tombeaux  des  Empe- 
reurs d'Annam  valent  le  voyage  ;  de  l'avis  général  ils  sont  plus  beaux 
que  les  tombeaux  des  Minh  en  Chine. 

Les  deux  hôtels  sont  situés  l'un  en  face  même  de  la  gare,  l'autre 
plus  important,  au  centre  de  la  ville  à  l'entrée  du  pont  de  fer  dit 
n  pont  Tlian-Tlini  •>.  Poiir  y  parvenir,  on  trouve  des  pousse-pousse  à 
la  g-are  et,  si  l'on  a  eu  soin  de  télégraphier  de  Tourane  pour  retenir  des 
chambres,  on  peut  aussi,  en  en  faisant  la  demande  à  la  maison  Morin, 
avoir  une  voiture  à  sa  disposition. 


LES  TOMBEAUX  DES  EMPEREURS 

Les  tombeaux  des  Empereurs  sont  échelonnés  au  long  du  fleuve 
des  Parfums  dans  des  lieux  où  la  recherche  de  la  solitude  comme 
celle  de  la  beauté  du  site  ont  présidé  à  leur  érection. 

A  l'intérieur  des  tombeaux  on  trouvera  toujours  : 

1"  Entourant  les  dilférents  bâtiments  ou  leur  faisant  face,  des  étangs 
ou  des  pièces  d'eau. 

2"  Lne  cour  d'honneur  dallée  dont  deux  éléphants,  deux  chevaux  et 
un  nombre  variable  de  mandarins  de  pierre  gardent  les  abords. 

3°  Cette  cour  précède  généralement  (Minh-Mang,  Tu-Duc,  Thiêu- 
Tri)  le  pavillon  qui  abrite  la  stèle  inscrite  sur  ses  deux  faces  et  rela- 
tant les  hauts  faits  du  mort.  Cette  stèle  a  été  le  plus  souvent  érigée 
par  le  successeur  de  celui-ci. 

4"  Une  pagode  où  sont  disposées  les  tablettes  du  défunt  et  devant 
lesquelles  de  vieilles  femmes,  les  gardiennes  du  tombeau,  entretiennent 


HUÉ    LKS    TOMBEAUX  101 

un  culte  fidèle  à  côté  des  objets  familiers  les  plus  chers  dont  l'Empe- 
reur avait  coutume  de  se  servir  pendant  sa  vie  '. 

Autrefois,  les  gardiennes  préposées  à  la  garde  sacrée  et  rituelle  des 
tombes  royales  étaient  choisies  parmi  les  concubines  du  défunt.  11 
n'en  existe  plus  aujourd'hui;  néanmoins  presque  toutes  celles  que  l'on 
aperçoit  dans  les  tombeaux  appartiennent  à  la  famille  royale. 

5"  En  arrière  de  cette  pagode  et  sur  les  côtés,  les  bâtiments  où 
logent  les  femmes  et  les  linh  de  garde. 

6°  Dans  certains  tombeaux  (Minh-Mang,  Thièu-Tril,  on  voit  :  soit 
des  pavillons  où  le  monarque  venait,  de  son  vivant,  surveiller  la 
construction  de  sa  dernière  demeure,  en  diriger  les  travaux  et  rêver 
ensuite  dans  la  solitude  après  l'achèvement  de  celle-ci,  soit  des  bâti- 
ments d'un  tout  autre  usage  (Tombeau  de  Tu-Duc)  :  tel  celui  des  bains 
où  le  roi  se  rendait  avec  ses  femmes  pour  prendre  ses  ébats  et  pêcher 
dans  les  eaux  claires  de  l'étang  au  bord  duquel  se  dresse  encore  un 
gracieux  embarcadère. 

7°  Enfin,  dans  un  coin  de  mamelon,  entouré  par  un  mur  de  pierres, 
scellé  d'une  porte  de  bronze,  en  un  lieu  dont  tous  ignorent  la  place 
exacte,  repose  le  corps  de  celui  qui  fut  un  empereur. 

Il  faut  consacrer  deux  journées  à  la  visite  de  ces  tombeaux. 

Le  l'^'' jour  on  visitera  ceux  de  Tu-Duc,  Dông-Khanh,  Thiêu-Tri. 
L'autre  sera  consacré  à  ceux  plus  éloignés  de  Gia-Long  et  de  Minh- 
Mang. 


1.  Sous  ce  rapport  les  pagodes  sacrées  donneronl  évidemmenL  au  visiteur  une  impres- 
sion de  nudité  regrettable.  En  1909,  une  mesure  administrative  locale  fit  enlever  de  ces 
lieux  saints  tous  les  objets  ayant  appartenu  aux  Empereurs  sous  prétexte  dempêcher 
leur  disparition  et  pour  faire  dans  le  Palais  une  sorte  de  Musée.  Le  résultat  fut  que, 
malgré  l'inventaire  établi  avant  leur  transport,  un  grand  nombre  de  pièces  précieuses 
disparut.  En  outre,  ces  différents  objets  ne  sont  plus  dans  leur  cadre  naturel.  Ils  s'en- 
terrent dans  la  profondeur  sombre  de  viti-ines,  hâtivement  construites  pour  les  abriter, 
dans  un  style  qui  veut  être  annamite,  et  que  caractérisent  seulement  la  lourdeur  de 
formes  et  l'absence  de  goût  des  sculptures. 


111:2 


fUIDi;     l)\:    I.    \N.NAM 


TOMBEAU  DE  TU  DUC 


Deuxième  (ils  de   Thièu-'Iri.  ri^mi)eieur  Tu-Duc  monta   sur  le  trône 
en   ISIS:  il  moiiiut  en   ISSM. 


—  Plan  du  tombeau  do  Tu-Duc. 


I.  Paji-odc  sacrée. 

-.  Embarcadère. 

3.  Bains. 

4.  Ilot. 

5.  Ciiur  d'iiouneur. 

6.  (2our  au  milieu  de  laquelle  est  K 

pavillon  de  la  stèle. 


7.   Tombe  de  Tu-Duc. 

s.  Mausolée  de  la  fcnnnc  de  Tu-Duc. 

9.  Pagrode  où  vient  le  roi  tous  les 
trois  ans  pour  rendre  hommagre 
à  la  mémoire  du  roi  défunt. 

m. Celui  de  sa  mère. 


Pour  se  i-endreau  tombeau  de  Tu-Due,  on  suivr,..  en  quittant  l'hôtel, 
la  rue  Jules-Feirv  jusiiuà  la  o-are.  (.ii  louinera  à  droite  et  par  la  route 
des  Arènes  en  bordure  d'abord  du  canal  de  Fhu-Cam  et  de  la  rivière 
ensuite,  on  arrivera  au  «  village  des  fondeurs  ».  Ce  villag-e,  autrefois 


lOi 


liL  IDK    DE    l.  A.NNAM 


Iri'S  riflic.  entretenait  un  ^land  commerce  avec  la  (Ihine  et  Saïi^on. 
Près  d'une  petite  église  chrétienne  enfouie  sous  les  aréquiers,  on  s'en- 
gagera dans  le  chciiiin  de  gauche  qui  mène  directement  au  tombeau  de 
Tu-Duc.  C'est  une  belle  route  qui  traverse  les  remparts  de  l'ancienne 
citadelle  chame  ;  on  aperçoit  encore,  dans  leur  épaisseur,  de  nombreuses 

l)ri(jues.  Au  milieu  de  cette  citadelle 
entre  les  remparts  et  la  rivière, 
sont  les  «  arènes  »  construites  sous 
le  règne  de  Minh-Mang  pour  faire 
combattre  des  tigres  et  des  élé- 
phants, coutume  qui  s'est  conser- 
vée jusqu'au  règne  précédent.  Le 
dernier  combat  entre  un  éléphant 
et  un  tigre  capturé,  eut  lieu  en 
1903. 

Derrière  le  rempart,  les  tombes 
(le  deux  jésuites  seirrilent  lente- 
ment; elles  portent  la  date  de  l(j40 
et  attestent  la  lointaine  arrivée 
des  Européens  dans  ces  régions. 

Du  rempart  cham  la  route  plan- 
tée de  pins  domine  un  panorama 
splendide  sur  le  coude  de  la  rivière. 
Le  tombeau  de  Tu-Due  commencé  en  février  181)4.  terminé  en  mars 
1SC7  est  entouré  d'un  énorme  mur  de  pierres  couronné  d'éclats  de  por- 
celaine. Une  porte  nu»numentale  s'ouvre  sur  sa  face  nord-ouest  :  c'est 
l'entrée.  Quelques  marches  conduisent  dans  l'allée  principale  et  tout 
de  suite  le  touriste  est  séduit  par  le  pittoresque  du  décor  :  une  vaste 
pièce  d'eau  au  bord  de  la(|uelle  l'embarcadère  est  posé  sur  pilotis 
ainsi  que  le  pont  menant  aux  ])ains:  à  droite  une  ile  de  verdure  dans 
laquelle  de  grands  jjanians   sont  peuplés  d'une   quantité   innombrable 


Fif.. 


ciich.;-  c 
La  stèle. 


HUE    LES    TOMBEAUX 


105 


d'oiseaux  aquatiques  ;  on  long-e  dabord  sur  la  gauche  un  mur  suré- 
levé, puis  un  large  escalier  de  pierre  aux  marches  hautes  aboutit  à  une 
autre  porte  monumentale  derrière  laquelle  se  trouve  la  pagode  sacrée. 
Quand  on  l'aura  visitée,  on  reprendra  la  route  qui  la  précède,  et  qui 
mènera  le  visiteur  devant  la  cour  d'honneur  ornée  de  chaque  côté  de 


Cliché  Eberhardt. 


Fici.    15.  —  Tumbcau  de  Dôns-Kanh. 


statues  d'éléphants,  de  chevaux  et  de  o  mandarins.  Au  delà,  sur  la 
terrasse  suivante.se  dresse  la  stèle  érigée  en  mai  l87o.  c'est-à-dire 
du  vivant  même  du  roi.  monolithe  énorme  abrité  par  un  pavillon  de 
maçonnerie  que  flanquent  à  droite  et  à  gauche  deux  pylônes  gigan- 
tesques. Une  petite  pièce  d'eau  entourée  d'un  mur  et  bordée  d'arbres 
dont  les  racines  s'encastrent  dans  un  étroit  carré  de  briques  au  dessin 

GiiriE  DE  l'Annam.  14 


i06 


(il  llii;    l>i:    L  AN>A.M 


chinois,  st'pare  la  stèle  du  mur  vi  dv  la  porte  de  bronze  derrière  lesquels 
repose  la  dé[)ouille  de  Tu-Due. 

Delà  courd'honneur  on  aperçoit  éj^alement  deux  constructions  sur  la 
g-auche  :  1(>  tombeau  delà  Reine-mère  et  la  pagode  y  attenant,  auxfjuels 


Cliclié  Chau. 
FiG.    16.  —  Porte  dentréc  du  tombeau  de  Dông-Kanh. 

on  accède  par  de  larg-es  escaliers  où  courent  de  haut  en  bas  les  corps 
sinueux  de  dragons  de  pierre,  enfin  un  autre  mausolée  où  repose  le 
corps  de  la  femme  de  Tu-Duc. 

Il  ne  faut  pas  oublier  de  sig-naler  les  énormes  frang^ipaniers.  les  plus 
beaux  de  la  région,  qui  précèdent  et  entourent  la  cour  d'honneur. 


Une  route  qui  prend  en  face  de  la  porte  d'entrée  conduit  au  tombeau 
de  Dônsï-Khanq:.  situé  enviion  à  200  mètres  de  là. 

(^elui-ci,  assez  original  par  la  forme  du  mausolée  de  dimensions 
réduites  d'ailleurs,  fut  commencé  en  février  1889  et  achevé  vers  la  fin 


HIE 


LES    TOMBEAUX 


I  07 


de  la  même  année.  A  remarquer  dans  la  pagode  sacrée  un  portrait  du  roi 
exécuté  jadis  par  un  artiste  annamite  et  que  les  membres  de  la  famille 
royale  s'accordent  à  trouver  d'une  ressemblance  parfaite. 

Si  l'on  est  pressé  par  le  temps,  il  faut  tout  de  suite,  après  la  visite  à 
ces  deux  tombeaux,  jeter  un  coup  d'œil  sur  l'usine  deseaux,  bâtiment 


Cliché  Chau. 


Fie   47. 


Usine  des  eaux. 


construit  pour  envoyer  à  Hué  de  l'eau  potable.  Il  mérite  l'attention,  car 
il  a  été  conçu  dans  le  style  annamite  d'une  façon  très  heureuse  par 
l'architecte  Bossard. 

Commencé  en  1909  il  fut  terminé  en  1911.  Les  eaux,  puisées  dans 
le  fleuve,  sont  amenées  par  une  simple  communication  dans  une 
chambre  à  eau  creusée  dans  le  sol  près  des  pompes.  De  là,  elles  sont 
aspirées,  après  avoir  été  épurées  dans  des  filtres  à  sable  couverts,  du 
même  type  ([ue  ceux  récemment  adoptés  par  la  ville  de  Paris  pour  sa 
banlieue.  La  surface  de  tiltration  est  d'environ  1.400  mètres  carrés, 
leur  débit  de  100  litres  par  mètre  carré  et  par  heure. 


lus  GLIDE    DK    l'aNNAM 

Le  volunu'  (Ifau  ameiu'  à  Hué  est  de  2. ;)()()""  par  jour,  il  est  conduit 
des  liltres  à  la  ville  à  laide  dune  canalisation  de  distribution,  desser- 
vant les  fontaines  et  les  installations  particulières.  L'ensemble  des 
machines  élévatoires  est  constitué  par  3  groupes  indépendants,  de 
même  puissance,  et  tels  que  2  d'entre  eux,  fonctionnant  simultané- 
ment à  leur  puissance  normale,  élèvent  iO  litres  d'eau  par  seconde, 
de  la  cote  0  à  la  cote  44  qui  est  celle  du  bassin  filtrant. 

Delà,  en  remontant,  gagner  l'esplanade  des  Sacrifices  par  une  belle 
route  toute  plantée  de  pins,  puis  s'engager  à  droite  dans  celle  qui 
mènera  au  tombeau  de  Thiêu-Tri. 

On  pourra  ainsi  être  de  retour  pour  le  déjeuner  après  avoir  visité 
tout  ce  qu'il  y  a  d'intéressant  dans  cette  partie  des  environs  de  la  ville. 


TOMBEAU   DE  THIEU-TRI 

Si  l'on  se  rend  directement  de  l'hôtel  au  tombeau  de  Thiêu-Tri,  il 
faut  prendre  la  rue  Jules-Ferry  jusqu'à  la  résidence  de  Thua-Thiên  ; 
une  longue  avenue  (la  route  du  Nam-Giao)  perpendiculaire  à  la  rivière 
conduit   à  l'esplanade  des  Sacrifices  ou  Nam-Giao,  que  l'on  côtoie. 

Au  milieu  d'un  vaste  emplacement  rectangulaire  qu'encadre  un  mur 
de  pierre  de  l  m.  oO  de  hauteur  environ,  s'étagent  trois  terrasses 
superposées,  les  deux  premières  sont  carrées  et  la  troisième  circulaire. 
Tous  les  trois  ans  l'empereur  d'Annam,  ses  ministres  et  ses  manda- 
rins viennent  y  faire  le  sacrifice  au  Ciel  et  à  la  Terre. 

Ce  lieu  fut  choisi  par  l'empereur  Gia-Long.  Il  y  fit  en  1807  édifier 
les  terrasses  et  rétablit  la  cérémonie  du  sacrifice  qui  auparavant,  sous 
les  Tay-Son,  avait  lieu  sur  la  colline  dite  «  Ecran  du  Roi  ».  Tout  l'es- 
pace compris  entre  le  mur  d'enceinte  et  la  première  terrasse  est  couvert 
de  pins,  dont  l'espèce  fut  importée  de  Chine  à  la  même  époque.  Pour 


HUE    LES    TOMBEAUX 


109 


en  assurer  la  dispersion  Gia-Long-  avait  établi  la  coutume  suivante  : 
chaque  mandarin  nommé  à  un  grade  supérieur  était  tenu  de  planter 
dans  lenceinte  un  jeune  pin  qu'il  devait  entourer  de  soins  sa  vie 
durant.  La  coutume  s'en  est  perdue  aujourd'hui,  mais  elle  a  singuliè- 


Pavillon 


0 

Pagode  de 
la  Sorcière 


DE   THIEU-TRI 


Fid.  48. 


Plan  du  tombeau  de  Thièu-Tri. 


1.  Pagode  sacrée. 

2.  Cour  d'honneur. 

3.  Pavillon  de  la  stèle. 

4.  2*  pavillon   e'est  celui  où  se  rend 

le  roi  lors  de  ses  visites  au  tom- 
beau de  son  ancêtre). 


j.   Tombe  de  Thièu-Tri. 

6.  Pavillon     où     venait     séiournep 

Thiùu-Tri. 

7.  Mausolée  de  la  femme  de  Thièu- 

Tri. 

8.  Mausolée  de  la  femme  de  Minli- 

Manff. 


rement  aidé  l'acclimatement  de  cet  arbre  très  abondant  maintenant 
dans  toute  la  région  des  tombeaux. 

On  laisse  à  gauche  l'esplanade  des  Sacrifices  et  l'on  rejoint  le  fleuve 


(H  IDi;     l)l-J    I,  A.NNAM 


pai'  uiH'  route  accidentée  (|ui  traverse  quelques  villages  annamites 
mais  peu  de  cultures  car  cette  rég-ion  a  un  caractère  sacré,  jusqu'à 
présent  resj)ecté  par  les  indigènes. 

La  route  se  bi- 
furque, el  l'on 
trouve  tout  de  suite 
à  gauche  le  tom- 
beau de  Thiêu-Tri  ; 
à  droite  la  route 
aboutit  à  la  rivière. 
Le  tombeau  donne 
à  première  vue 
l'impression  d'être 
abandonné  au  mi- 
lieu dune  forêt  de 
Cliché  Chau.  Pi"^;    Pourtant    là 

FiG.    59.   —  La  ixjitc  ninmimontale  de  la  paj,-ode  sacrée.  aussi    les   gardiens 

veillent  et  les  voi- 
tures sont  à  peine  arrêtées  que  des  linh  vêtus  de  bleu  apparaissent 
brusquement  et  viennent  escorter  le  visiteur  jusqu'à  la  sortie  des  lieux 
saints. 

Le  tombeau  fut  commencé  en  octobre  LSiT  et  achevé  en  novembre 

Ici,  pas  de  mur  d'enceinte,    on  accède   directement  aux  bâtiments. 

A  droite,  en  entrant,  une  pièce  d'eau  avec  un  écran  au  Sud;  en  face 
un  portique  de  bronze  couronné  de  motifs  en  émail,  une  cour  et  trois 
terrasses  successives  auxquelles  on  arrive  par  quelques  marches,  pré- 
cèdent la  porte  monumentale  qui  accède  à  la  pagode  sacrée. 

A  gauche,  une  autre  pièce  d'eau,  un  autre  écran  et  un  portique  de 
même  style,  puis  la  cour  d'honneur,  un  pavillon  surélevé  avec  la  stèle, 
inscrite  ici  d'un  seul  côté  (érigée  en  novembre   ISi8^  ;  encore  quelques 


HUE 


LES    TOIBKALX 


111 


marches  et  un  deuxième  pavillon  entouré  {liin  jardin  à  la  chinoise. 
Quand  on  a  descendu  les  marches  qui  se  trouvent  de  l'autre  côté,  on 
se  trouve  devant  une  pièce  deau  avec  trois  ponts  de  pierre,  aux  para- 
pets ajourés,  aux  portiques  élancés  et  crracieux.  L'escalier  qui  conduit 
à  la  porte  de  bronze  fermant  le  mur  d" enceinte  où  repose  le  corps,  est 
encadré  par  deux  dragons  sculptés. 

On  remarquera  à  gauche  un  dernier  pavillon  de  repos,  perdu  dans 
le  fouillis  des  pins  qui  semblent  monter  à  l'assaut  du  mamelon  qu  il 
couronne. 

Si  Ion  suit  la  route  qui  prend  à  droite  du  tombeau  environ  à 
200  mètres  de  celui-ci.  on  arrive  devant  le  mausolée  de  la  mère  de 
Thièu-Tri.  C'est  un  très  joli  monument  précédé  de  trois  terrasses 
garnies  de  plantes,  qui  viennent  aboutir  à  un  terre-plein  dominant 
une  pièce  d  eau  en  arc  de  cercle. 


cliché  Chau. 


FiG.  50.  —  Le  pavillon  de  la  stèle  et  les  jardins. 


112 


(iUlDi:    UE    L  AiNNAM 


TOMBEAU   DE    GIA-LONG 


La  (ieuxièine  journée,   on  visitera  d'abord  le   tonil)eau  de  Gia-Lonjj^ 
puis  celui  de  Minh-Manj^-.  On  consacrera  à   cette  excursion,  soit  une 


TOMBEAU  Di:  GIA-LONG 


Tombeau     

de  la  merc    1      I        /,  | 

de  Cia-Lonç  I      I   __  -'  ~"^=^ 


/,   I I  sacrée      vf' 


Tombuau 
de  la  P,' femme.     I ,  p,  „„  j„ 

sacrée 


de  Cl  a  Lonq  I — ' 


„       ,    '^    7   1.    Pagode  sacrée 
ragodon  j     h  A       -^ 

^^  Tombeau 


Fi<;.  j]. 


Plan  (lu  tumlieau  de  (lia-Lonj: 


matinée,  soit  une  après-midi  entière  à  cause  de  leur  éloig-nement  et 
de  leur  importance.  Ces  lieux  g-ognent  à  ne  pas  être  parcourus  trop 
rapidement;  il  faut  séjourner  quelques  heures  dans  ces  enceintes 
funéraires  pour  g-oûter  davantag-e  au  milieu  du  silence  profond  le 
calme  reposant  qui  se  dég'age  de  ces  paysag'es  tourmentés  et  sereins 
à  la  fois. 


HUE    LES    10MBEAUX 


113 


De  plus,  on  fixera  le  départ  de  grand  matin.  5  heures  1  /2  par  exemple, 
afin  de  jouir  sur  les  rives  du  tleuve  de  visions  d'une  délicatesse 
extrême  :  la  brume  qui  s'élève  au-dessus  des  eaux  pour  se  dorer  aux 
premiers  rayons  du  soleil  donne  aux  reliefs  du  paysage  une  transpa- 
rence d'une  douceur  inconnue  sous  nos  climats  d'Europe. 


''^ 


V  11-..  01.  — 


Cliclié  KlicM-hiinlI. 
Pairode  sacrée  du  tombeau  de  la  nirrc  «le  (lia-Long-. 


On  prend  d'abord  la  route  qui  mène  au  tombeau  de  Thiêu-Tri 
mais  à  la  bifurcation  précédemment  signalée,  on  tourne  à  droite  :  à 
200  mètres  de  là,  une  route  mène  sur  la  rive  du  fleuve,  que  1  on  ne 
quitte  plus  jusqu'au  point  terminus. 


Gl  IDE    DE    I.'AnXAM. 


1J 


114 


(;lidk   uk  la.n.nam 


.Vprès  ini  l;il(iiiiètre  environ  on  laisse  it  main  fi:auche  une  pag'ocle 
voisinant  avec  un  mausolée  :  c'est  le  tonihcaii  du  père  de  Gia-Long, 
et  (juelque  300  mètres  jilus  loin,  deux  pagodons  sérigent  à  flanc 
de  coteau,  tandis  qu'en  bas  un  petit  ha  ne  de  sable  trace  sur  les 
eaux  bleues  une  raie  lumineuse.  C  est  à  l'extrémité  de  ce  banc  de  sable 
qu'un  pêcheur  retrouva  jadis  la  tète  de  l'ancêtre  de  Gia-Long  dont  la 


Cliché  Clinu. 


FiG.  53.   —  Tombeau  de  Gia-Lony. 


tombe  avait  été  violée  par  les  Tay-Son  pendant  la  guerre  qui  décimait 
alors  les  deux  camps.  Le  pêcheur  tut  mis  à  mort  pour  avoir  osé 
porter  la  main  sur  une  tête  royale,  mais  en  récompense  il  reçut  le 
titre  de  mandarin  (réversible  sur  la  tête  de  son  fils).  Une  stèle  sur  le 
banc  de  sable  marque  1  endroit  de  la  découverte  macabre  et  le  pagodon 
à   mi-flanc  de  la  colline  a   été  élevé  en  l'honneur  du  pêcheur. 

l^ncore  un   kilomètre  et  la  route  traverse  le  marché  d  un  villag'e. 
C'est  là  qu'on  s'arrêtera   au   retour   pour    se    rendre  au  tombeau  de 


Cliché  Chau. 


FiG.  54. 


Tombeau  de  la  deuxième  femme  de  Ciia-Loiu 


Minli-Mang-,  tout  proche.  Mais  on  suit  maintenant  le  chemin  parmi 
des  villages  échelonnés  sur  la  rive,  au  milieu  des  cultures  d'orang-ers, 
d'aréquiers,  de  maranta,  de  g-ingembre,  etc. 

Après  une  demi-heure,  la  route  s'élargit  un  peu  afin  de  permettre 
aux  voitures  de  tourner,  et  le  bac,  au  bas  de  la  berge,  transporte  les 
touristes  jusqu'au  banc  de  sable  qui,  aux  basses  eaux,  soit  de  avril 
à  fin  août,  augmente  de  150  mètres  à  peu  près,  la  route  qui  mène 
au  tombeau  de  Gia-Long-. 

Au  delà  du  banc  de  sable  une  belle  allée  de  1.500  mètres  toute 
plantée  de  Ficus  conduit  au  tombeau  proprement  dit. 

On  laisse  sur  sa  droite  un  monument  funéraire  ;  c'est  le  tombeau 
de  la   mère   de  Gia-Long,   le  plus  ancien  de  tous.   Il  lut  construit  par 


IIG 


Gl  IDi:    DK    I.  ANNAM 


Uvs  soins  (lu  grand  enipoi'eiir  ({ui  faillit  y  perdre  la  vit'  un  .jour  dorade 
en  surveillant  les  travaux  :  un  coup  di-  vent  violent  avant  jeté  à  terre 
le  pavillon  sous  lequel  il  sahritait,  on  le  l'etrouva  sous  les  décondjres, 
ensanglanté,  le  front  ouvert. 


Cliché  Eberhai'dl. 
FiG.  ôâ.  —  \'illage  sur  pilotis  près  du  banc  de  sable. 


Le  tombeau  de  Gia-Long'  fut  commencé  la  treizième  année  de  son 
règne,  en  1814,  il  ne  fut  terminé  que  la  première  année  du  règne  de 
son  successeur  Minh-Mang-,  en  mai  1820, 

Les  bâtiments  formant  l'ensemble  du  tombeau  sont  disposés  en 
largeur,  ainsi  qu'on  peut  s'en  rendre  compte  sur  le  plan.  La  stèle  fut 
érigée  par  les  soins  de  Minh-Mang  la  première  année  de  son  règne  en 
août  1820.  Il  se  dégage  de  ces  lieux  une  austérité  saisissante  et  Ion  y 
sent  en  même  temps  la  volonté  du  mort  de  faire  quelque  chose  de 
durable.  Ce  tombeau  est  remarquable  par  l'allure  grandiose  du  lieu 
choisi  et  par  sa  simplicité  générale. 


Q 

HUÉ    LES    TOMBEAUX  117 

L  eau  des  étangs  v  est  immobile,  verte  et  profonde  ;  des  espèces 
végétales  rares  et  venues  à  grands  frais  de  Chine,  s'épanouissent  sur 
le  pourtour.  Jadis  elles  étaient  innombrables  mais  beaucoup  ont  péri; 
on  y  voit  encore  quelques  T/mijojjsis  centenaires  tordus  sur  eux- 
mêmes. 

A  signaler  les  grands  dragons  de  pierre  sculptés  encadrant  l'esca- 
lier qui  conduit  de  la  pagode  à  l'étang  et,  devant  celle-ci,  quelques 
beaux  bleus  de  Chine  de  l'époque  des  Minh. 

La  Cour  d'honneur,  où  Ion  remarquera  le  soin  tout  particulier  avec 
lequel  ont  été  travaillé  les  dill'érentes  statues  qui  l'ornent,  précède 
cinq  terrasses  que  (juatre  ou  cinq  marches  séparent  les  uns  des  autres 
et  en  arrière  desquelles  un  mur  épais  entoin-e  deux  catafalques  jume- 
lés, celui  de  Gia-Long  et  de  sa  femme.  Ces  lignes  simples,  sans 
aucun  motif  de  décoration,  ajoutent  dans  ce  cadre  admirable  à  la 
grandeur  imposante  du  tombeau. 

A  droite  de  la  pagode  du  tombeau  de  l'Empereur,  un  autre  existe  au 
bord  d'un  étang  couvert  de  lotus  :  c  est  le  tombeau  de  la  deuxième 
femme  de  Gia-Lony-. 


TOMBEAU    DE    MINH-MANG 

Au  retour,  on  prend,  au  marché  situé  au  confluent  du  tleuve  des 
Parfums  et  de  la  rivière  de  Minh-Mang,  le  bac  qui  dépose  les  visi- 
teurs sur  1  autre  rive,  à  l'entrée  d'une  large  route  bordée  de  Calophyl- 
lum,  grands  arbres  dont  le  fruit  donne  une  huile  comestible  et  dont 
la  feuille  rappelle  un  peu  celle  des  Ficus  avec  lesquels  on  les  confond 
souvent.  Commencé  en  janvier  IcSil  le  tombeau  de  Minh-Mang  fut 
achevé  en  janvier  I8i3. 

Au  fond  de  l'allée,  on  franchit  l'une  des  deux  portes  latérales  et 
l'on  se  trouve  dans  l'enceinte  qu'un  mur  de  pierre  entoure. 


118 


(;riDi-;  uk  l  annam 


La  ])orU'  contralc,  loujoiirs  lerinée,  ne  s'ouvre  que  devant  le  Roi 
seul,  un  écran  extc'iicur  la  nias([ue  et  deux  lions  de  pierre  en 
défendent  lentrée. 

A  l'intérieur,  ou  tourne  ;i  j^auche  pour  <^a<^ner  la  cour  d'honneur 
iK'vant  le  pavillon  où  repose  la  stèle. 


TOMBEAU 

DE  MINH-MANG 


<y.. 


Fi  G.   5(5. 


Plan  du  toml)(.'iiii  de  Minh-Maiiu:. 


1.  Cour  d'honneur. 

2.  Pavillon  de  la  stèle. 

3.  Terrasses  en  escaliers. 
1.  Paijode  sacrée. 


ô.  Pa\illon  du  roi. 

6.  Idem. 

7.  Tombe  de  Miiili-Mant 


De  chaque  côté  les  éléphants,  les  chevaux  et  cinq  statues  de  pierre 
g-ardent  lensemble  du  tombeau  dans  le  calme  et  le  silence  qui  les 
caractérise  tous. 

La  stèle  qu'abrite  le  pavillon  fut  éri§^ée  par  Thièu-Tri,  fils  de  Minh- 
Mang,  le  douzième  mois  de  la  première  année  de  son  rèo^ne  en  janvier 
1841.  Il  y  chante  les  louanges  du  grand  empereur  défunt  ;  la  stèle  est 
un  monolithe  de  plus  de  2  mètres  de  hauteur  sur  1  m.  30  de  largeur. 


HUE 


LES    TOMBEAUX 


119 


Trois  cours  en  gradins  mènent  ensuite  k  lescalier  qui,  par  une  porte 
monumentale,  conduit  à  la  pagode  où  sont  déposés  les  objets  fami- 
liers du  défunt  et  où  le  culte  de  sa  mémoire  est  pieusement  entre- 
tenu. On  y  voit  encore  des  plateaux  d'ivoire  ajourés  avec  les  coins  en 
or  sculpté,  quelques  services  en  beau  bleu,  des  cuillers  d'écaillé  et 
d'argent  et|deux  sceptres  de  jade. 


Clicliê  Chan. 


Fitt.  ô7.  —  La  coui-  dhonneur. 


De  chaque  côté  de  ces  bâtiments,  deux  étangs  étalent  en  courbes 
gracieuses  leurs  eaux  limpides  et  mortes  :  derrière  la  pagode  elles  se 
réunissent  en  un  canal  étroit  que  franchissent  trois  ponts  de  pierre. 
Celui  du  milieu  mène  à  un  pavillon  à  étage  ;  on  y  voit  encore  le  lit  de 
camp  où  venait  se  reposer  le  roi  Thiêu-Tri  pendant  la  construction 
du  tombeau  ;  les  vases  rituels  dans  lesquels  très  religieusement 
brûlent  des  baguettes  parfumées  à  la  mémoire  de  Minh-Mang  ornent 
une  table  laquée  rouge  et  or. 


HUÉ 


LES    TOMBEAUX 


121 


Ce  pavillon  est  flanqué  de  deux  petits  belvédères  qui  se  mirent 
dans  l'eau  des  étangs  et  par  derrière,  descendant  en  gradins  vers  la 
dernière  pièce  d'eau . 
une  série  de  petits 
jardins  sont  enca- 
drés à  la  manière 
chinoise  de  minus- 
cules murs  de  bri- 
ques en  un  dessin 
compliqué  et  bi- 
zarre. 

Un  grand  pont  de 
pierre  est  jeté  sur 
létang  et  à  chaque 
extrémité  un  por- 
tique de  bronze  élève 
ses  fines  colonnes 
ovi  se  tordent  des 
dragons  et  que  cou- 
ronnent des  motifs 
fleuris  en  émaux 
ajourés. 

On  a  devant  soi, 
après  avoir  franchi 
le  pont  et  tout  en 
haut    d  un    escalier 

de  pierre,  une  porte  Fig.  59. 

de  bronze  qui  s'ouvre 

dans  un  mur  imposant  enserrant  le  mamelon  sacré  où  repose  le  corps 
de  Minh-Mang. 

Les  allées  qui  encadrent  les  monuments  sont  plantées  de  letchiers  et 


Cliclië  Eberhardt. 
Pavillon  de  repos. 


Guide  de  l'Anxam. 


16 


122 


(il  iiii':   i)i;   L  A.\.NA\i 


lie  Irang'ipaniers  ;  presque  louL  le  reste  est  envahi  par  les  pins  dont 
le  feuillage  léger  jette  dans  Tensemble  une  note  grise  qui  s'harmonise 
adinirahlenient  avec  la  ti'istesse  naturidle  des  lieux. 

Une  chose  frappera  l'œil  des  visiteurs,  c  est  la  ressemblance  entre 
le  tombeau  de  Thiêu-Tri  et  celui  de  Minh-Mang,  et  l'on  sera  tenté  de 
trouver  dans  l'un  trop  de  ra[)pels  de  l'autre.  Cela  n'a  rien  cependant 


Clichù  Eberhardt. 
Fui.  00.   —   Le  iiianu'Iun  sucré  uii  repose  le  corps  de  Minh-Manjj. 


(\u\  doive  étonner  si  l'on  songe  (pie  ces  deux  tombeaux  ont  été  exécu- 
tés sous  le  règne  du  même  empereur  et  selon  toute  probabilité  par 
les  mêmes  artistes.  Minh-Mang  en  efTet  n'a  pas  fait  exécuter  son 
tombeau  sous  son  règne,  et  ce  n'est  qu  après  sa  mort,  dès  le  premier 
mois  de  la  première  année  du  règne  de  Thiêu-Tri  et  sous  la  surveil- 
lance de  celui-ci  c{ue  les  travaux  commencèrent  pour  être  terminés 
deux  années  plus  lard. 


H  LE 


Li:s    roAiiiKAUX 


123 


D'ailleurs,  dans  rensemble  du  tombeau  de  Thiêu-Tri  si  toute  la 
partie  gauche  rappelle  sing-ulièrement  le  tombeau  de  Minh-Mang, 
celle  de  droite  comprenant  la  pag-ode  et  les  terrasses  qui  la  pré- 
cèdent rappellerait  plutôt  le  tombeau  de  Gia-Long. 

Quoi  qu'il  en  soit,  chacune  de  ces  dernières  demeures  a  une  allure 
particulière,  un  cachet  qui  lui  est  propre  et  l'on  peut,  semble-t-il,  y 
distinguer  comme  caractéristiques  :  la  simplicité  g-randiose  de  celui 
de  Gia-Long,  la  conception  quehjue  peu  maniérée  mais  ag'réable  aux 
veux  de  ceux  de  Minh-Mang  et  de  Thiêu-Tri  ;  enfin  les  efforts  faits 
pour  dissiper  l'ennui  dans  le  raffinement  trop  cherché  et  moins  artis- 
ti(jue  de  celui  de  Tu-Duc. 


QÏF       lïQ 


Fu..  (il. 


LA  CITADELLE  DE  HUÉ 

Delhôtel,  on  se  rendau  Palais  en  traversant  le  pont  en  fer,  le  pont 
Than-Thaï,  construit  une  première  fois  en  1900,  enlevé  par  le  tvphon 


Cliché   Kberhardl. 
FiG.  62.  —  Le  Quoc-Tu-Giam  et  la  Bibliothèque. 

de  1904  et  refait  en  1906.  Après  avoir  dépassé  le  pont,  on  tourne  à 
g^auche  et  par  la  première  rue  à  droite,  on  arrive  à  la  porte  du  Mira- 
dor 8  par  laquelle  on  pénètre  dans  la  citadelle.  Cette  porte  appartient 


LÉGEM>E    DE    LA    FIG.    61. 


Plan  de  la  citadelle. 


a.  Porte  de  Mirador.  S.  —  h.  Alice  des  Ministères  —  A.  Comat.  —  B.  yuoe-Tu-Giam.  — 
G.  Jardin  d'été.  —  D.  Ancienne  Bibliothèque.  —  E.  Pagode.  —  F.  .Ancienne  demeure 
du  Phu-Doan.  —  G.  Autel  de  lollrande  à  la  Terre.  —  H.  Autel  de  la  fête  du  Labour.  — 
L  Ancienne  pagode  de  Tu-Duc.  —  J.  Camp  des  Lettrés.  —  K.  Pagode  de  Duc-Duc.  — 
P.  Autel  du  sacrifice  à  la  Terre.  —  Q.  Observatoire.  —  R.  Demeuie  des  Astrologues. 
—  X.  Autel.  —  Z.  Porte  de  Xgo-Môn. 

1.  Résidence  supérieure.  —  2.  Bureaux.  —  3.  Hôtel  .\Iorin.  —  i.  Travaux  publics.  — 
5.  Trésor.  —  6.  Hôpital. —  7.  Préfecture  annamite.  —  S.  Collège  du  Quoc-Hoc.  —  9.  Rési- 
dence du  chef  de  Province.  — - 10.  Bureaux  de  la  Résidence.  —  11.  Hôtel  de  la  gare.  — 
12.  Gare. 


i2(; 


C.riDI':     l)l',    I.  ANNA.M 


à  l;i  |)rc'mière  enceinte  consiruilc  en  INO'i  [);ir  le  roi  (1ia-L<>.N(;  sous  la 
direct  ion  tles  olïiciers  français  :  de  (Ihaujneau  et  Vannier.  L'enceinte 
construite  à  la  \';iuban,  mesure  environ  10  km.  de  tour  et  consiste  en 
murs  de  bri(jues  de  12  mètres  d'épaisseur.  Elle  est  percée  de  portes 
surmontées  de  pavillons  à  la  chinoise,  aux  toits  lecourbés  ;  ces  pavil- 
lons servaient  autrefois  dahri  aux  sentinelles  (|ui  gardaient  la  nuit  l'ac- 
cès de  la  citadelle   dont    les  portes  étaient  fermées  à  î)  heures  du  soir. 


("liclii''  CIkiu. 


Fk;.  03.  —  J^c  palais  tlii  dunal. 


Dès  qu'on  a  franchi  la  port(>  du  Mirador  S  (fi)  on  se  trouve  dans 
r  Allée  des  Ministères  { h),  plantée  de  Galophyllum,  que  l'on  suivra  dans 
toute  sa  longueur,  A  droite  une  pelouse  précède  le  Comat  [A),  à  gauche 
une  série  de  bâtiments  dont  l'ensemble  constitue  le  Quoc-Tii-Giam  (B) 
ou  collège  pour  les  fils  de  mandarins;  derrière  celui-ci,  la  Biblio- 
thè({ue. 

Le  Conutt  et  les  délégations  qui  l'entourent  sont  de  construction 
récente  ;  ils  datent  du  règne   de  TiiAN-TnAï.  Deux  fois  par  semaine  le 


HIK    LA    (;iTAlJi:i.l.E  127 

Résident  supérieur  et  les  Ministres  annamites  se  réunissent  dans  la 
salle  du  Gomat  pour  délibérer  sur  les  affaires  publiques. 

Les  deux  délégations  delà  Justice  etde  Ilntérieur  occupent  l'un  des 
deux  autres  bâtiments,  celui  de  o'auche:  l'autre,  le  Musée  économique, 
réunit  dans  ses  salles  toutes  les  matières  premières  animales  et  végé- 
tales de  l'Annam. 

Quant  au  collège  de  Quoc-Tu-Giani,  qui  se  trouvait  jadis  très  éloi- 
gné du  palais,  derrière  la  pagode  de  Thièn-Mô.  au  coude  de  la  rivière, 
il  fut  en  1908  construit  sur  l'emplacement  actuel,  sous  le  règne  de  Duy- 
Tan,  le  jeune  empereur  régnant.  Une  stèle,  monolithe  de  près  de 
2.000  k.,  érigée  au  milieu  de  la  pelouse,  devant  les  bâtiments,  en 
retrace  l'édification. 

La  Bibliothèque,  ou  plus  exactement  le  Bâtiment  des  Annales,  a 
une  origine  intéressante.  L'empereur  Ti-Duc  fit  autrefois  dresser  ce 
pavillon  au  nord  de  la  citadelle  et  le  désigna  plus  tard  comme 
devant  abriter  ses  tablettes  après  sa  mort  et  devenir  ainsi  une  pagode 
où  serait  adorée  sa  mémoire.  L'ensemble  formé  par  cette  pagode  et  les 
jardins  qui  l'entouraient  était,  paraît-il,  une  merveille.  Une  décision 
prise  en  1908  en  attribuait  le  terrain  au  service  de  l'Agriculture.  On 
résolut  alors  de  sauver  le  pavillon  et  on  le  transporta  k  l'endroit  qu'il 
occupe  aujourd'hui,  mais  en  changeant  sa  destination  première  et  en 
le  transformant  en  bibliothèque.  11  est  particulièrement  intéressant 
par  ses  colonnes  de  bois  dur  et  les  sculptures  des  travées  qui  les 
unissent  au  sommet  constituant  indubitablement  la  plus  belle  mani- 
festation que  nous  connaissions  de  l'art  annamite.  Si  Ion  pénètre  à 
l'intérieur,  contrairement  k  ce  que  l'on  voit  habituellement  dans  les 
constructions  annamites,  on  se  trouve  dans  une  pièce  très  bien  éclairée 
qui  forme  une  salle  de  travail  idéale.  La  partie  en  retrait  est  occupée 
par  les  bibliothèques,  vastes  boîtes,  laquées  de  rouge,  sévèrement  ali- 
gnées dans  la  pénombre,  et  qui  renferment  les  archives,  les  livres  et  les 
manuscrits  précieux. 


I2S  GlIDi:    iJi:    LANNAM 

On  rt'inarcjucrii  encore  au  milieu  des  bâtiments  d  école  un  fj;Tacieux 
j)avill()n  à  élai^e.  Il  appartenait  à  1  ensemble  des  constructions  élevées 
par  Ti -Die.  dans  la  parlic  nord  de  la  citadelle. 

On  reprend  V Allée  des  Ministères  qui  longe  maintenant  les  enclos 
de  maisons  annamites,  demeures  des  ministres,  de  grands  et  petits 
mandarins  et  dont  on  n  aperçoit  que  les  toits  cachés  à  moitié  sous  les 
feuilles  de  bananiers. 

Puis,  un  long  mur  encadre  à  gauche  le  Jardin  d'été,  où  les  empe- 
reurs aimaient  à  chasser  et  que  Ion  peuplait  à  cet  effet  de  cerfs,  de 
daims  et  de  gibier  d  eau.  Son  usage  est  réservé  uniquement  au  Roi. 
De  l'autre  côté,  une  mare  entoure  un  quadrilatère  à  mur  de  briques 
isolé  au  milieu  des  eaux  calmes,  mais  profondes  ;  une  prison  s  élevait 
autrefois  sur  cette  éminence.  Au  nord,  l'étang  est  borné  par  un  bâti- 
ment bizarre,  sans  style  défini  (Dj,  mélange  dart  européen  et  dart 
annamite  ;  il  date  du  règne  de  Minh-Mang  et  servait  de  bibliothèque, 
c'est  là  qu'étaient  déposées  les  archives,  il  garda  cette  afTectation  jus- 
(ju'en  1908,  époque  où  l'on  transporta  la  majeure  partie  des  ouvrages 
(pi'il  contenait  dans  le  bâtiment  du  Quoc-Tu-Giam.  11  reste  cependant 
encore  un  certain  nombre  de  manuscrits  au  premier  étage. 

L^ Allée  des  Ministères  se  termine  peu  après  devant  un  pont  de  pierre 
en  dos  d'âne  jeté  sur  le  canal  intérieur.  11  mène  à  la  Concession  ou 
partie  de  la  citadelle  cédée  au  gouvernement  français  pour  y  loger  ses 
troupes.  Après  le  traité  de  1874,  nous  avions  déjà  obtenu  le  Mang-Ca 
à  cet  elFet  ;  à  la  suite  des  événements  de  188t)  le  Mang-Ca  s'augmenta 
de  toute  la  portion  que  l'on  voit  sur  le  plan  ci-joint  désignée  sous  le 
nom  de  Concession . 

Mais  laissons  la  Concession  à  droite  et  suivons  le  canal  intérieur. 
On  aperçoit  sur  l'autre  rive  le  mur  du  Jardin  d'été  que  précèdent  deux 
vastes  hangars  vides  aujourd'hui  et  (|ui  servaient  jadis   de  greniers  à 


HUE    LA    CITADELLE 


1211 


riz  où  s'entassaient  les  réserves  avec  lesquelles  on  payait  ministres  et 
mandarins. 

La  route  t'ait  un  coude  et  1  on  tovirne  à  gauche.  A  droite  c'est  le  nord 
de  la  citadelle  occupé  aujourd'hui  par  des  rizières  etdes'étangs  couverts 
de  lotus  roug-es.  Il  faut  signaler  en  passant  deux  bâtiments  en  [E)  et 
(F).  Le  premier  est  une  pagode  et  l'autre  servait  d'habitation  à  l'ancien 
Phu-Doan  ou  préfet  de  la  ville,  avant  notre  établissement  dans  le  pays. 


Cliché  Eberhardt . 
Fi<;.  (îL    —  L'autel  du  saci'itice  à  la  Terre. 


Au  milieu  des  rizières,  on  remarquera  deux  autels  [G  et  H).  C'est  en 
G  que  se  célèbre  annuellement  la  fête  du  labour.  Le  monarque,  à  chaque 
printemps,  venait  en  grande  pompe  tracer  lui-même,  avec  une  charrue 
dorée,  un  sillon  dans  la  terre  afin  de  montrer  à  son  peuple  tout  le  cas 
qu'il  fait  de  l'agriculture  et  l'engager  ainsi  à  s'y  livrer.  Sur  le  deuxième 
autel  [H],  on  fait  annuellement  aussi,  et  avant  de  procéder  à  la  céré- 

Gl'IDE    nE    I.'AXXAM.  1  ' 


130 


GLIDIC    DE    L  ANNAM 


monie  du  labour.  l'olVrande  à  la  Terre,  la  jurande  nourrice  des  peuples. 
Mais  depuis  dix-neuf  ans  le  Roi,  pour  cette  fête  dont  l'apparat 
entraînait  à  cause  de  sa  présence  de  trop  ^-rands  frais,  délèg-ue  mainte- 
nant un  mandarin. 

Un  peu  plus  loin  on  laisse  à  sa  gauche  ce  qui  fut  la  pagode  de  Tu- 
Duc  (/)  et  les  jardins  qui  l'entouraient.  Ils  sont   transformés  aujour- 


mm 


Cliché  Kberliarilt. 


FirT.--65.  —  La  porte  du  Nf^o-Môn. 


d'hui  en  prairies  au  milieu  desquelles  se  dressent  encore  lamentable- 
ment abandonnées  les  portes  monumentales  de  l'ancienne  enceinte. 

Le  vaste  quadrilatère  [J]  encadrant  à  droite  tout  un  groupe  de  cons- 
tructions est  le  Camp  des  Lettrés.  Tous  les  trois  ans,  de  tous  les  points 
du  royaume,  lettrés  ou  étudiants,  tous  candidats  aux  titres  de  Cu-nhon 
et  de  Tn-Taï,  viennent  y  concourir.  Ils  sont,  pendant  la  durée  entière 
des  examens,  enfermés  dans  ces  murs  et  ne  peuvent  communiquer  avec 
qui  que  ce  soit  de  l'extérieur. 


HUE 


LA    CITADELLE 


131 


On  retrouve  non  loin  de  là  le  canal  intérieur  que  Ton  franchit  sur 
un  autre  pont  de  pierre  ég-alement  en  dos  d'âne  et  Ton  contourne  le  Pa- 
lais sur  sa  face  ouest  tandis  que  successivement  on  dépasse  : 

1"  La  pagode  (K)  de  Duc-Duc,  père  du  roi  Than-Tiiaï  et  grand-père 
dvi  roi  actuel.  Duc-Duc  mourut  de  faim,  muré  dans  une  prison  isolée 
au  milieu  du  srrand  étano-  situé  au  nord-ouest  de  la  citadelle  derrière  la 


(.:iiclié  Cluiu. 
FiG.  66.  —  Miradui-,  fossés  et  le  Cavalier  du  Roi. 


pagode  de  Duc-Duc,  et  dont  on  n'aperçoit  plus  aujourd'hui  que  la  base 
des  murs  couronnant  File  qui  lui  servait  de  soubassement.  Elle  portait 
jadis  le  nom  de  Prison  d'Etat. 

2°  En  P,  l'autel  du  sacrifice  à  la  Terre  :  trois  terrasses  successives 
que  précède  une  vaste  pièce  d'eau. 

3°  En  Q  et  surmontant  Tangle  de  la  muraille,  un  pavillon  se  dresse 
au-dessus  d'un  escalier  monumental  :  c'est  \  Observatoire.  Autrefois 
il  servait  aux  observations  des  astrologues  du  Palais  ;  ceux-ci  sont 
aujourd'hui   relégués    dans    un   bâtiment   voisin   où    ils   passent  leur 


132 


r.U IDE    DK    L  AN.NAM 


temps  a  iHahlir  iuétlio(li(|iu'inent dans  le  silence    et  le  recueillement,  le 
calendrier  de  l'année  suivante 

Plus  loin  en  X  sur  un  petit  autel  presque  dissimulé  par  la  végéta- 
tion t(ui  l'entoure,  le  culte  des  Annamites  tués  pendant  la  révolte  de 
188G  est  pieusement   entretenu. 

Bientôt.  Ton  gagne  l'allée  de  pourtour  qui  ramène  devant  la  porte 
d'entrée  du  Palais  :  la  porte  monumentale  du  Xgo-Mon  [Zi.  Elle  ap- 
partient à  la  deuxième  enceinte,  celle  (jui  (ut  construite  par  les  soins 
de  Mi.mi-Mang  en  1823,  dans  le  but  de  mettre  plus  ;t  l'ahri  le  palais 
j)rivé  et  par  conséquent  la  personne  royale.  Trois  ponts  de  briques 
pavés  de  grandes  dalles   de  pierre  y  aboutissent.   Elle  se  compose  de 


^■•&* 


Cliché  Eberhnrilt. 


l''i<;.  (J7.  ^  Vn  des  familiers  de  la  citadelle. 


HUÉ    LA    CITADELLE  133 

trois  parties  :  la  partie  centrale  dans  laquelle  s  ouvrent  trois  portes, 
et  de  deux  ailes  qui  flanquent  de  chaque  côté  la  voûte  centrale. 

Au  premier  étage  de  l'édifice  se  placent  le  Roi,  ses  ministres,  ses 
mandarins  ainsi  que  ses  invités  européens  lors  des  grandes  cérémonies, 
telles  la  revue  du  1  i  juillet,  ou  la  représentation  de  plein  air  donnée 
pour  la  fête  du  monarque,  sur  le  terre-plein  situé  entre  la  porte  et  le 
Cavalier  du  Roi. 

L'étag'e  du  dessus,  autrefois  réservé  pendant  les  fêtes,  au  harem  des 
empereurs,  n'est  plus  aujourd'hui  qu'un  grenier  où  sont  cantonnés  les 
veilleurs,  le  sonneuret  les  musiciens,  chargés  d'annoncer  le  commen- 
cement et  la  fin  du  jour,  tous  deux  signalés  par  deux  coups  de  canon, 
et  (le  scander  les  veilles  diurnes  et  nocturnes  par  le  son  métallique 
d'une  cloche  de  bronze  à  laquelle  répondent  successivement  toutes 
celles  des  principaux  édifices  du  Palais. 

Non  loin  de  la  porte  monumentale  on  reniarquera  encore  deux 
bâtisses.  Lune  abrite  neuf  canons  de  bronze,  coulés  du  temps  de 
Miinh-Mang  près  de  Hué  au  village  des  fondeurs,  derrière  les  arènes 
oîi  l'on  voit  encore  les  tranchées  creusées  pour  la  fonte.  Notons  en 
passant  que  ces  canons  furent  élevés  au  grade  de  mandarins  et  même 
à  celui  de  génies  i  non  pour  les  services  qu'ils  rendirent  mais  pour  ceux 
qu'ils  auraient  pu  rendre).  Montés  sur  des  affûts  de  bois  dont  les 
roues  se  désagrègent  peu  à  peu  sous  la  morsure  des  termites,  ils  consti- 
tuent des  masses  énormes,  difficiles  à  remuer  et  qui  seraient  d'un  carac- 
tère vraiment  imposant  si  l'on  n'avait  eu  la  mauvaise  idée  de  les 
peindre  en  plusieurs  couleurs. 

Dans  l'autre  sont  les  écuries  et  remises  de  Sa  Majesté:  la  présence 
de  ces  deux  bâtiments  nuit  à  la  vue  d'ensemble  et  la  dépare. 


134 


GlIDK    1)1-;    L  ANWA.M 


LE  PALAIS  DU  ROI 

Pour  l;i  visite  au  Palais  nous  reproduisons  ici  certaines  parties  de  la 
notice  ivdiyée  par  AI.  de  la  Susse,  tdlesdonneront  aux  visiteurs  tous  les 
détails  dont  ils  auront  besoin  pour  cette  partie  de  la  citadelle  qui  con- 
stitue certainement  lun  des  attraits  les  plus  puissants  de  Hué.  Nous  y 


D} 

Musée 

f 

6 

D 

'  1 — 1 

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n- 

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7 

D 

1       1 

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Trésor  Royal 


□   EJD 

n            n 

D       "        D 

^rnm^h^ 

Porte  (/'entrée 

Fin.  (is.  —  l'Iiiu  du  Palais. 

1.  Thai-Hoa.  — 2.  Dai-Cuiiy-Mnii  P(jrte  duroo.  —  :i.  Salk-  à  man;;er.  —  1.  Can-Chaiili.  — 
.").  Salon.  —  6.  Phung-Thièn  un  paiiode  dé-diée  au  culU'  des  Empereurs  Gia-Lon^-.  Min^- 
Mang,  Tliiéu-Tri  et  Tu-Duc.  —  7.  Thc-Miéu  et  Ilun^-Miéu.  —  S.  Pagode  des  ancêtres 
—  Tricu-Miêu  et  Thai-Micu.  —  9.  Porte  de  Noï-Vu. 


joindrons  le  plan  ci-dessus  qui  permettra  aux  touristes  de  mieux  se  diri- 
fj^er  et  nous  ajouterons,  qu'à  notre  avis,  il  est  préférable,  au  point  de 
vue  inqiression  artistique,  d'entrer  non  par  la  porte  du  Noï-Vu  comme 
le  préconise  M.  de  la  Susse,  mais  par  la  porte  principale  du  Palais,  la 
porte  du  Ng-o-Môn  et  de  visiter  successivement  les  ditTérentes  parties 
suivant  les  numéros  indiqués  sur  le  plan.  L'œil  est  autrement  frappé 
par  la  vue  d"enseml)]e  que  l'on  a  dès  l'arrivée.  Parla  porte  de  Noï-Vu, 
au  contraire,  on  est  ol)liij;-é  de  suivre  d'un  bout  à  l'autre  une  interminable 
allée  entre  deux  hautes  murailles  (jui  ne  permettent  aucune  perspective. 


HUE 


LE    PALAIS 


35 


Renseignements  généraux.  —  Il  faut  pour  être  admis  au  Palais,  se 
«  munir  au  préalable  d'une  carte  d'entrée  délivrée  par  le  Chef  de 
«  Cabinet  du  Résident  Supérieur.  Cette  carte  est  nominative  et  doit 
"    être  remise  au  chef  du  poste  de  g-arde  à  la  porte  où  l'on  se  présente. 

La  consigne  de 
«  ce  poste  est  de 
«  ne  laisser  en- 
«  trer  ni  les  en- 
ce  fants  en  bas 
«  âge ,  ni  les 
«  pousse -pousse 
((  de  location.  11 
«  est  également 
«  interdit  d'ame- 
«   ner  des  chiens. 

En  ce  qui  con- 
«  cerne  lespous- 
«  se- pousse  .  la 
«   sentinelle  s'oc- 

«  cupe  de  les  renvoyer  à  la  porte  par  laquelle  on  doit  sortir,  du  moins 
((  si  l'on  suit  l'itinéraire  ci-après,  de  sorte  que  l'on  n'a  pas  à  se  préoc- 
«  cuper  de  donner  des  ordres  aux  coolies,  ordres  toujours  mal  com- 
«  pris  si  l'on  ne  parle  pas  la  langue  du  pays. 

Il  est  encore  à  noter  que  si  l'on  désire  amener  avec  soi  des  Asia- 
«  tiques,  on  doit  demander  pour  eux  une  autorisation  spéciale,  géné- 
«   ralement  refusée  du  reste. 

On  pénètre  donc  par  la  porte  du  Xoï-^'u,  sur  la  face  nord-est  du 
«  palais,  le  caporal  de  garde,  sur  le  vu  de  votre  carte  d'entrée,  désignera 
«  un  linh  pour  vous  accompagner. 

La  porte  aussitôt  franchie,  ime  longue  allée  s'étend  en  droite  ligne 
«  devant  le  visiteur.  C'est  celle  que  l'on  doit  suivre  pendant  toute  l'ex- 
«  cursion. 


Clic 
Fk;.  69.  —  Porte  du  ^>oï-^'u. 


El)orharc 


\'M\ 


GFIDK    DE    L  ANNA^I 


\()ï-\  II.  Sur  la  (Iroifr.  derrière  une  seconde  enceinte  s'élève  un 
hàtinu'iil  aux  lignes  européennes  dont  l'aspect  dépare  un  peu  l'en- 
semble purement  annamiledu  Palais.  C'est  le  Trésor  Royal,  où  sont 
installés  les  bureaux  du  Déléj^iié  français  aux  Finances.  C'est  un 
lieu  privé  et  dans  lequel  il  n'y  a  du  reste  rien  à  voir. 

Triêu-Miêu  et  Thai-Miêu. 
«  —  En  face,  se  trouvent 
«  deux  pag-odes  royales  con- 
«  sacrées  au  culte  des  an- 
«  cêtres  de  la  dynastie. 
"  L  entrée  en  est  permise 
«  mais  à  part  quelques  vieux 
'<  arbres,  les  jardins  et  l'ex- 
«  térieur  des  bâtiments  dont 
u  les  toits  sont  assez  curieu- 
<(  sèment  ornés,  elles  nof- 
«  frent  aucune  particularité 
Il   remarquable. 

Puis  ce  sont  des  jardins  et  une  cour  dallée  entre  deux  bâtiments  le 

Thai-Hoa  à  gauche  et.  à  droite,  le  Dai-Cung-Môn. 

Le  Thai-Hoa.  —  Le  Thai-Hoa  est  la  salle  des  audiences  solennelles. 
C'est  là  que  le  roi  reçoit  dans  les  grandes  circonstances,  fêtes  rituelles, 
visites  du  Gouverneur  Général,  etc.  Cette  salle  immense,  aux  hautes 
colonnes  laquées,  au  décor  invariablement  roug-e  et  or.  paraît  un  peu 
vide  au  visiteur  des  jours  ordinaires.  Elle  ne  comporte  en  effet  pour 
tout  mobilier,  que  le  trône  recouvert  de  son  voile  jaune,  posé  devant 
une  tapisserie  de  fond,  surmonté  d'un  dais  et  précédé  d'une  table 
incrustée  de  nacre. 

Sur  l'esplanade  où  se  rangent  les  mandarins  on  remarquera  des 
rangées  de  neuf  jietiles  stèles  :  ce  sont  elles  qui  mar((uent  leurs  places 


Fi<;.   70.  —  l'ui' 


Cliché  Dumoutier 
lu  Trièii-Miéu. 


Vir..   71. 


Clirlu-  Kljcrhardt. 


I.c  Thui-llua  on  Salle  tlii  'ri'nnc. 


«  hiérarchiques  aux  jours  d'audience  solennelle.  Le  mandarinat  est  en 
«  effet  divisé  en  neuf  degrés.  Les  mandarins  de  chaque  degré  se  placent 
«  en  rang-ées  parallèles  au  l)àtiment,  face  au  souverain,  chaque  degré 
"  au  niveau  de  la  stèle  correspondante,  ceux  de  Tordre  civil  à  g-auche, 
«   ceux  de  l'ordre  militaire  k  droite. 

Plus  loin,  deux  portiques  en  bronze  ciselé  avec  panneaux  en  cuivre 
«   émaillé. 


Dal-Cnnff-Mnn.  —  Le  Dai-Cung--Môn  n'est  qu'une  porte  de  céré- 
«  monie  donnant  accès  dans  le  Palais  intérieur.  A  noter  la  décoration 
«  du  bâtiment,  si  harmonieuse  malgré  la  vivacité  des  tons  employés. 
«  Au  milieu,  la  porte  jaune  cpii  ne  s'ouvre  que  devant  le  Roi  ou  ses 
«  visiteurs  les  plus  hauts  placés,  Gouverneur  Général  et  Résident 
«   Supérieur. 

Guide  i>e  l'A.nnam.  18 


:{8 


fil  iDi;   m:   i.  anna.m 


.S,7//('  ,7  nuiiKicr.  —  Le  lîoi  n  y  |)reii(l  ses  i-epas  (|ue  lus  jours  où  il 
«  reçoit  des  Européens  à  sa  table.  Cette  salle  pourrait  aussi  être 
«  appelée  la  salle  îles  présents  diplomatiquL's.  (  )n  peut  v  voir  notani- 
((   nient  \\\\  suilnut  de  tahlf  en  ari^cnt,  présent  du  (Gouverneur  général 


t'.lirlié  l)uinoutier. 
Fi(i.   72.  ■ —  l.c  tronc  île  rEmpcrcur  il;ui<  le  Thai-Hua. 


"  Ki.oiiiKowsKi .  un  Ijron/.e  de  lîarbedienne.  dnndini  autre  Gouverneur 
'<  Général.  M.  Bdal  ;  une  tapisserie  des  Gobelins.  et  quantité  de  vases 
«  de  Sèvres.  Les  meubles,  la  vaisselle,  larirenterie  et  le  lintre.  tous 
«  rnaripiés  au  ehiiVre  impérial,  sont  de  fabrication  française.  Ces  objets 
"  ont  été  |)(iur  la  plupart  achetés  à  Paris  sous  le  règne  du  roi  Dông- 
«    Khanli  '. 


1.  Ces  iiieiihles  IViiiiriiis,  huU'ets.  dessei-les.  elc..  sont  .u-arnis  de  masrnifiques  pièces  de 
ixireelaine  cliiiioisc  dont  i|nel(|iies-iines  d'une  1res  frrande  \aleiir.  Leur  présence  an  milieu 


HUE    LE    PALAIS 


139 


A  côté  de  la  salle  à  manger  se  trouve  une  salle  de  g-arde  où  les 
((  plus  hauts  mandarins  viennent  passer  la  nuit  à  tour  de  rôle,  se 
«  tenant  prêts  à  répondre  au  premier  appel  du  Roi.  On  y  a  installé 
«   pour  eux  des  lits  de  camp  avec  leurs  moustiquaires,  etc. 

Le  Can-Chanh.  —  On  arrive  entin  au   Gan-Chanh.  Cette   salle   est 


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Clicli<>  Ehorlianll. 
Fin.   7.3.  —  Porto  dnrce  ou  l)ai-("-iiiiL;-M("in. 


«  la  plus  belle  du  Palais.  C'est  là  que  se  tiennent  les  audiences  ordi- 
«  naires.  Elle  servait  autrefois  de  salle  à  manger,  avant  ({ue  ne  fût 
«  édifiée  celle  que  Ton  vient  de  voir  et  qui  date  de  IIMO.  Elle  sert  actuel- 
le  lement  de  salon  lorsqu'ont  lieu  les  grandes  réceptions  du  Palais. 


des  cadeaux  diplomatiques  d'origine  française  reste  ine.vplicablc  autant  qu'inattendue 
L'entassement  dans  une  même  salle,  d'objets  d'une  orig:ine  et  d'un  art  si  dillV-rents  laisse 
au  visiteur  une  impression  de  malaise  telle  qu'on  ne  peut  que  vivement  souhaiter  l'orga- 
nisation prochaine  d'une  répartition  à  la  fois  plus  rationnelle  et  plus  ai'tistique  des 
richesses  du  Palais.  —  P,  E. 


cri  DE    DR    L  ANNA  M 


Ses  coloiiMos.  ses  parois  et  siirloul  ses  plafonds  loul  en  bois  de 
«   lini  massif,  sculpté  et  incrusté  de  nacre  et  divoire  sont  remar([uables. 

Au  centre  de  la  salle  se  trouve  un  trône  poiii-  le  Hoi  ainsi  qu'un 
«  lit  de  camp  et  sa  natte  de  parade.  Devant  le  trône,  une  série  de 
«  petites  tables  annamites  rectangulaires  de  forme  allongée,  aux  pieds 
((  très  hauts.  Lune  dClles  placée  dans  la  travée  centrale  se  signale  par 


•  —  ..    •   -    ,  •       ■  4Mr  > — V,"-'.       •.-..-;',.     - 

r     s?  ;  ■      ■:  ..•-..  -  ■ 

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•X-V.J  ■■■■     ■     ..■; 

Vu; 


(iliilii-  Duiiiouticr. 
Le   caractère  P/!/;r    Hdiiheur)  dessiné  par  Thicu-Tri. 


la  pureté  et  1  harmonie  de  ses  formes.  Egalement  une  table  dorée  à 
dessus  de  marbre  l'apportée  de  Paris  il  y  a  (pielques  années  par  un 
mandarin  en  mission.  Celle-ci  a  été  jugée  si  belle  parla  Cour  qu'on 
la  lit  reproduire.  Mais  comme  il  était  dune  extrême  difficulté  d  obte- 
nir à  Hué  une  dorure  pareille  à  celle  de  l'original,  on  préféra  rem- 
placer cette  dorure  par  des  incrustations  de  nacre.  Le  visiteur  pourra 
se  prononcer,  le  modèle  et  la  copie  se  trouvant  près  Tun  de  l'autre. 


HIÉ    LE    l'Ai. AÏS  144 

Sur  les  côtés  de  la  salle,  six  armoires  eu  bois  incrusté  renfermanl 
<(  les  objets  les  plus  précieux  de  l'Empire  d'un  prix  inestimable  :  des 
«  sceaux  en  or  massif  dont  1  un  pèse  18  kilos.  Les  guidons  en  soie  des 
<(  oHîciers  d'ordonnance  de  Gia-Long-  (1802-1820)  datant  de  l'époque  où 
«  il  conquit  son  empire,  des  jades  particulièrement  précieux,  des  bre- 
((  vêts  délivrés  autrefois  par  les  empereurs  de  Chine  transcrits  en 
«  double  texte  mandchou  et  chinois  sur  soie  jaune,  l'arbre  généalo- 
«  g'ique  et  les  règlements  de  la  famille  royale,  etc. 

Les  objets  nen  sortent  qu  une  seule  fois,  quelques  jours  avant  le 
('  Têt,  à  l'occasion  de  la  cérémonie  dite  «  du  nettoyag-e  des  cachets  ». 
((  Ce  jour-lk,  les  mandarins  supérieurs  de  la  Capitale,  en  grand  costume 
«  de  cour,  brisent  les  scellés  et  portent  les  précieux  objets  sur  des 
«  tables  disposées  dans  la  salle  à  cet  etïet.  Ensuite,  à  laide  de  linges 
((  spéciaux,  humectés  d'une  eau  contenue  dans  des  bassins  en  cuivre 
«  où  baignent  des  feuilles  odorantes  et  des  tleurs,  les  mandarins  eux- 
a  mêmes  avec  toutes  sortes  de  précautions,  procèdent  à  leur  nettoyage. 
«  Cette  cérémonie  est  strictement  privée. 

Dans  le  fond  de  la  salle  quatre  grands  panneaux  égayent  la  paroi 
a  de  bois  sombre.  Les  deux  panneaux  extrêmes  portent  deux  caractères 
«  gig^antesques  :  Phuc  [bonheur)  à  droite  et  Tho  [longévité)  à  g-auche. 

Ces  caractères  ont  ceci  de  particulièrement  précieux  qu'ils  ont  été 
((  tracés  de  la  propre  main  du  roi  Thiêu-Tri,  en  la  troisième  année  de 
'(  son  règne  (1843).  Les  deux  panneaux  du  milieu  appellent  une  expli- 
«  cation.  On  a  pu  constater  déjà  que  l'un  des  motifs  les  plus  fréquents 
«.  de  l'art  décoratif  chinois  ou  annamite  est  la  chauve-souris.  C'est  que 
«  le  caractère  qui  désigne  la  chauve-souris  se  prononce  «  Phuc  »  de 
«  même  que  celui  qui  signifie  <'  Bonheur  ».  Figurer  une  chauve-souris 
«  c'est  donc  tracer  l'emblème  du  bonheur.  De  même  les  motifs  qui 
«  composent  les  deux  ])anneaux  en  question  ne  sont  pas  jetés  au 
«  hasard,  mais  choisis,  et  dis[)Osés  dans  un  certain  ordre,  de  manière 
«    à    ce    que   les   sons  correspondant   aux    caractères    qui   les  iigurent 


I  'l'2  GLIDi;    DR    I.'aNNAM 

«   rorinent,   quand    on   les   prononce  dans   l  ordre  voulu,   des  phrases   à 
u  sens  très  heureux. 

A  si<>naler  encore  deux  g-laces  à  cadre  en  bois  sculpté  très 
«  anciennes,  une  quantité  de  porcelaines,  et  enfin  plusieurs  grosses 
«  clociies  de  hron/.e  (|ui  servent  à  piquer  les  heures. 

La  salle  synu''tri({ue  de  la  salle  ;t  mang-er  nest  pas  encore  aména- 
«  ii;éx\  On  y  trouve  cependant  deux  énormes  vases  «  Bleus  de  Hué  » 
<(  et  trois  bahuts  sculptés  et  incrustés,  de  toute  beauté.  L'une  des 
"  pièces  continues  contient  les  coffres  dans  lesquels  sont  conservés 
.<  les  vêtements  de  cérémonie  de  Sa  ^L1jesté,  ses  bottes  à  la  chinoise. 
«   sa  coiffure  enrichie  de  pierreries. 

Franchissant  à  nouveau  la  porte  du  Dai-Gung-Mùn  on  tourne  à 
'<  droite  et  on  reprend  Lallée  par  laquelle  on  est  venu.  D'un  côté,  des 
<(  jardins  au  fond  desquels  se  trouvent  les  écuries  des  éléphants.  De 
((  l'autre,  le  mur  d'enceinte  du  Palais  réservé,  percé,  un  peu  ])lus 
<'  loin,  d  une  avenue  au  bout  de  laquelle  une  allée  couverte  et  dallée 
"  conduit  des  ap})artements  privés  du  Roi  à  ceux  des  Reines-Mères. 

P}nin(f-Tièn.  Musée.  —  Le  Phung^-Tién  est  une  pagode  consacrée 
<-  au  culte  des  quatre  grands  empereurs  :  Gia-Long  (1802-1820)  ; 
«  Minh-Mang  (1820-1840);  Thièu-Tri  (1840-1848);  Tu-Duc  (1848- 
«  1883j.  Elle  est  gardée  par  un  certain  nombre  de  linh  et  habitée  par 
«  des  femmes  âgées,  toutes  de  la  famille  royale,  et  qui  ont  remplacé 
«  au  fur  et  à  mesure  de  leur  disparition  les  femmes  des  anciens  rois, 
«  et,  comme  elles,  rendent  le  culte  journalier  à  l'àme  de  leur  maître, 
«  lui  préparant  ses  repas,  son  thé,  ses  cigarettes,  allumant  lorsqu'il 
'<  est  nécessaire,  les  bougies  rituelles,  etc.  Un  eunuque  d'un  rang 
<<  élevé  commande  k  tout  ce  personnel. 

C'est  dans  cette  pagode  qu'est  installé  le  Musée.  Au  début  de  1910, 
«  la  plupart  des  objets  précieux  ayant  appartenu  aux  rois  ou  à  leurs 
«  femmes  y  ont  été  placés  sous  vitrines  et  catalogués. 

Aux    deux   extrémités    de     la    salle,    en   des    armoires   vitrées    se 


HUE 


LE    PALArS  143 


«  trouvent  exposés  vingt-trois  fusils  k  pierre  ayant  appartenu  à  Tu- 
«  Duc.  Ce  sont  des  armes  de  fabrication  française,  dont  le  canon 
«  porte  une  marque  parisienne.  La  plaque  de  couche,  faite  le  plus 
<(  souvent  d'une  plaque  d'or,  indique  l'année  où  l'arme  fut  acquise. 
«  Ce  ne  sont  pas  des  armes  de  parade.  Tu-Duc  était  un  grand  chas- 
«  seur  et  de  nombreuses  lég-endes  circulent  encore  touchant  ses 
«   chasses  dans  la  province  de  Hué. 

Les  deux  premières  vitrines  contiennent  une  série  de  bronzes 
<(  aux  formes  étranges.  Ces  bronzes  ont  été  fondus  par  des  artistes 
u  annamites  sous  le  règne  de  Minh-Mang,  d'après  des  descriptions 
((  très  anciennes  de  vases  rituels  chinois.  C'est  donc  de  l'art  chinois 
«  vu  par  des  yeux  annamites.  Ce  sont  des  vases  massifs,  très  lourds. 
«  La  forme  de  chacun  d'eux  traduit  certaines  allusions  littéraires,  des 
«  assemblages  de  mots  et  d'idées  d'une  subtilité  excessive  et  d'une 
«   complication  extraordinaire. 

La  troisième  vitrine  contient  des  émaux  sur  cuivre  communément 
«  appelés  émaux  de  Hué  :  des  plats,  des  assiettes,  deux  grands  bas- 
«   sins  jaunes,  tm  service  à  dessert. 

La  quatrième  contient  des  objets  ayant  appartenu  à  Thiêu-Tri,  la 
((  cinquième  des  objets  de  Gia-Long,  la  sixième  de  Minh-Mang,  la 
«  septième,  la  huitième,  la  neuvième  de  Tu-Duc.  La  dixième  renferme 
«  une  collection  de  monnaies. 

Des  vitrines  beaucoup  plus  petites  placées  entre  les  colonnes  ren- 
"  ferment  des  «  arbres  d'or  »  aux  branches  de  corail  et  de  jade,  dont 
«  les  feuilles,  les  fleurs  et  les  fruits  sont  en  jade,  en  or,  en  pierres  pré- 
«  cieuses  ou  en  perles.  Ces  arbres  méritent  un  examen  attentif,  car 
((   les  détails  en  sont  sovivent  exquis. 

Le  Musée  contient  principalement  des  jades.  On  y  trouve  une 
<(  profusion  de  vases,  de  tasses,  de  bols,  de  services  à  thé,  de  néces- 
((  saires  à  écrire,  d'objets  de  toute  nature  et  de  toute  forme  en  jade 
«  blanc,  vert,   gris,   veiné,   uni,   travaillé,  quelquefois  admirablement 


i 


r.iiDi:   \)v:  l  annam 


«  roiiilU'.  h'ile  la  i^rosse  agrafe  de  ceinture  ([ui  se  trouve  dans  lune 
Cl  des  vitrines  de  Tu-Duc.  Les  pièces  les  ])Ius  renuu'([ual)les  sont  deux 
o  services  tle  culte,  dits  ^  tani  seu  »,  en  jade  vert,  dont  la  matière, 
"  la  l'orme  et  le  travail  sont  ég'alement  merveilleux,  deux  {grands  plats 
(.  de  (piarante  centimètres  de  diamètre  environ,  deux  écrans  formés 
M    (1  une  seule  pla([ue  de  jade. 


Cliché  i:berliardt 


FiG.  ":>. 


Le  bassin  cliiiiois  du  l'Iiunii-Thien. 


(Juant  aux  ors,  ils  consistent  surtout  en  des  cachets  et  des  livres 
«  d"or.  Les  premiers  sont  les  sceaux  des  divers  rois,  sceaux  ofïïciels  en 
«  or  massif  pesant  chacun  de  3  à  i-  kilos.  D'autres  cachets  en  argent 
«  doré  sont  ceux  des  femmes  de  ces  trois  rois,  qui  régnaient  sur 
«  le  peuple  des  concubines  comme  leur  époux  sur  son  royaume. 
«  Les  «  livres  d'or  »  sont  composés  de  feuillets  d"or  pur,  sur  lesquels 
«  sont  gravées  les  dates  et  la  nature  des  principaux  événements  de  la 
«  vie  privée  et  familiale  des  personnages  royaux  aux([uels  ils  ont 
«    appartenu. 


HUÉ 


LE    PALAIS 


145 


On  peut  voir  ég-alemeut  des  chaulïerettes,  des  théières,  des  gardes 
((  de  sabre,  en  or  pur  et  massif,  l'Annamite  n"ap[)réciant  le  précieux 
«  métal  que  s'il  est  exempt  de  tout  alliage,  el  n'attribuant  à  nos  bijoux 
«  européens  par  exemple  qu'une  valeur  toute  relative.  A  remarquer 
«   aussi    la    tiare 

«  de  Tu- Duc,  en         ►"^^^SBb^  /?  *^    î^ 

«   tissu   d'or,    sa 

«   ceinture ,    mo- 

(«   saïque  de  jade, 

<(   de  corail  et  de 

«  perles,  fermant 

«    sur     un     gros 

«    diamant  '. 

La  vitrine  aux 
«  monnaies  con- 
<(  tient  une  col- 
((  lection  à  peu 
u  près  complète 
«  de  la  numis- 
«  matique   de  la 

«  dynastie  actuelle  des  Nguyèn.   En  outi*e  il  s'y    trouve   une   série  de 
«   monnaies  en  cuivre  chinoises  très  anciennes. 

Dans  la  cour  de  Phung-Thièn  est  un  petit  bassin  à  la  chinoise  avec 
'<  ses  pagodons  en  miniature,  ses  arbres  minuscules  aux  formes 
«   contournées,  ses  ponts  liliputiens. 

En  franchissant  la  porte  qui  s'ouvre  en  face  on  arrive  aux  pagodes 
«  du  Thè-Mièu  et  du  Hung-Mièu.  symétriques  de  celles  déjà  aperçues 
i(   enentrant  au  Palais. 


Fi. 


Clichi-  Diimiiutier. 
Portique  du  Thè-Mièu. 


1.  Au  sujet  de  l'oi-igine  des  pièces  qui  coasliluent  ces  collections,  se  reporter  à  la  note 
de  la  page  101. 

Guide  de  i.".\nn.\m.  '-' 


1 40 


GUIDE    \)E    L  ANNA.M 


T/ic-Miêu  ('/  Ifnit(/-Mirii.  —  Dans  liiiic  de  ci's  paj^-odes,  deux 
i<  vitrines  analogues  à  celles  du  Phung-Tliièn,  renferment  des  objets 
((   ayant  apjaartenu  au  roi  Dong'-Klianh. 

L'autre  pag'ode   est   intéressante  par  les    énormes   vases    en  bronze 


i.liclie  «.hai 


Les  unies  du  Iluii^-Micu. 


<f  rangés  dans  la  Cour.  Ces  vases,  entre  autres  dessins,  portent  deux 
'<  caractères  :  l'un  toujours  le  même,  signifie  «  Marmite,  urne  »  ;  l'autre 
((  est  le  titre  posthume  que  les  traditions  rituelles  assignent  à  chaque 
«  roi.  Tels  de  ces  titres  s'appliquent  aux  rois  passés,  tels  autres  aux 
«  rois  à  venir.  Chacun  de  ces  vases  est  donc  consacré  à  un  souverain. 
«  En  Chine,  autrefois,  il  y  a  plus  de  2.000  ans,  un  empereur  de  la 
«  dynastie  des  Ilan  eut  l'idée  de  faire  fondre  un  grand  vase  à  trois 
«   pieds  sur  lequel  il  lit  graver  l'image  de  tout  ce  que  les  habitants  de 


Hl  K    LE    PALAIS 


147 


«  son  royaume  devaient  connaître.  Pour  les  habitants  de  la  plaine  il 
«  fit  dessiner  des  montagnes,  pour  ceux  de  la  montag^ne,  il  fît  repré- 
«   senter  les  flots  de  la  mer. 

Peu   à  peu  le  trépied    devint  le   symbole   de  la  puissance  impériale 


Cliché  Dumoutier. 
FiG.   78.  —  Lurne  consacrée'à  Gia- Long-. 


«  et  le  vase  en  bronze  l'emblème  de  la  dynastie.  (Test  pourquoi,  sur 
«  ceux  qui  nous  occupent  sont  aussi  représentés  les  éléments  naturels. 
«  certains  objets  tels  que  des  fusils  par  exemple,  et  les  sites  célèbres 
((   du  pays  d  Annam  :  le  col  des  Nuag'es,  la  barre  de  Thuan-An,  etc. 

Ces  vases  nont  aucun  caractère  relig;ieux.  On  ne  leur  rend  aucun 
«  culte.  Ils  nont  été  fondus  et  placés  là  en  la  huitième  année  du  règne 
«  de  Minh-Mang  (1827)  que  pour  témoigner  dune  manière  tangible, 
«   solide  et  durable,  de  l'existence  des  rois  dont  ils  portent  le  nom. 


148 


GL  iDK   \)K   \.  \yy  \M 


Les  visiteurs  retixtuvtToiil  Irurs  pousse-pousse  k  rextérieur  de  la 
«   porte  qui  terniiue  Tallée  cenlrali'. 

Le  chemin  qu'ils  suivront  pour  sen  retourner  les  fera  passer  devant 
«  l'entrée  principale  du  palais,  la  porte  monumentale  du  Ngo-Môn, 
«  dont  ils  ont  déjà  aperçu  la  l'ace  intérieure  lorsqu'ils  étaient  au  Thai- 
«    Hoa. 

En  face  du  Ni^o-Môn.  se  trouve  le  «  Cavalier  du  Roi  ».  On  ne 
((  saurait  trop  en  recommander  l'ascension.  Du  haut  de  cet  ouvragée  on 
'■  jouit  d'une  vue  générale  de  Hué  et  des  environs  depuis  la  mer  jus- 
«  qu'aux  montag-nes  de  la  chaîne  annamitique,  avec,  au  premier  plan, 
«  le  panorama  du  fleuve  et  de  la  ville  européenne,  et,  en  arrière, 
«   celui  tle  la  Citadelle  et  de  l'ensemble  du  Palais.  » 


Fitï.  7!'. 


Face  iiitL'rii'ure  du  Xiru-Mon  iirise  du  Thai-Hoa. 


130  (illlJK    UE    l'a.NNAM 

A  Hut'  nu'ine  el  autour  de  la  ville  nii  peut  l'aire  quelques  jolies  pro- 
mi'nades  : 

IIiir-Toiif  (le  (loiifucius  '^10  kil.  'iOO  aller  et  retour).  — •  La  route 
en  bordure  de  la  rivière  est  très  aj^-réahle,  on  traverse  dans  toute  sa 
longueur  le  rielie  village  chrétien  de  Kiiu-Long,  réputé  par  la  qualité 

de  ses  oranges  et  de  ses  noix 
d'arec   et  situé   sui-  rempla- 
cement  de   l'ancienne   Hué, 
Hué  d'avant  la  reprise  du 
royaume  par  Gia-Long-.  A 


Cliclu-  KbuiiuudL. 


FiG.   si.  —  Tour  de  Conlucius. 


remar({uer  quelques  maisons  de  riches  Annamites  en  bordure  de  la 
route  ainsi  qu'un  couvent  de  Carmélites  près  des  bâtiments  de  la 
Sainte-Enfance.  Après  une  légère  montée  on  arrive  à  la  Tour  de  Confu- 
cius.  Malgré  le  nom  (jue  lui  attribuent  sans  raison  les  Européens, 
cette  pagode  n'a  rien  de  Confucéen.  Son  origine  est  la  suivante  : 
Alors  que  l'ancêtre  de  Gia-Long,  jeune  encore,  était  à  ses  débuts  de  la 
guerre  contre  les  Trinh  il  rencontra  en  cet  endroit  une  baïa  (vieille 
femme  indigène)  qui,  affectant  de  ne  pas  le  reconnaître,  lui  adressa  la 


HUIC 


loi 


parole  et  lui  dit  «  qu'un  jour 
un  roi,  vainqueur  de  ses 
ennemis,  établirait  là  sa  ca- 
pitale »  ;  puis  brusquement 
elle  disparut  à  ses  yeux.  Le 
souverain,  devant  cette  dis- 
parition subite,  conclut  à 
l'origine  extra-terrestre  de 
la  baïa  et  fît  le  serment  que 
s'il  était  victorieux  il  cons- 
truirait en  ce  lieu  une  pagode 
à  la  mémoire  de  la  pro- 
phétesse. 

La  prédiction  s'étant  réa- 
lisée le  Roi  tint  sa  promesse 
et  dès  son  installation  défi- 
nitive à  Hué,  fit  élever  la 
pagode  qui  s'appelle  en 
réalité  pagode  de  Thièn-Mô 
(pagode  de  la  vieille  femme 
du  Ciel).  Au  sommet  d'un 
escalier  de  pierre  se  dresse 
la  tour  proprement  dite,  con- 
struite d'après  le  modèle  des 
tours  chmoises  :  deux  très 
belles  cloches  de  bronze  et 
deux  stèles  sur  tortue  de 
bronze  méritent  d'attirer 
l'attention  du  visiteur. 

Le  retour  doit  s'effectuer 
par  la  même  route. 


\-')'2  (lUlDE    DE    l'a.N.NAM 

IIiU'-Lany-Tlio  (^10  kil.  allui'  el  retour;.  —  Visite  à  l'usine  des 
IviAMLissKMENTS  BoGAERT.  PouF  s'v  rendre  on  })rend  le  chemin  qui  con- 
duit au  t()inl)eau  de  Tu-Duc  jus(ju  au  villag'e  des  Frondeurs,  là.  au  lieu 
de  tourner  a  g-auche  après  l'ég-lise.  on  continue  tout  droit. 

L'usine  du  Lang--Tho  a  été  fondée  en  1S98  par  M.  Bogaert  qui  avait 
découvert  à  proximité  de  cet  endroit  un  important  gisement  de  calcaire 
propre  à  la  fabrication  de  la  chaux  hvdraulique.  Elle  ne  tarda  pas  à 
se  développer;  en  1904  son  propriétaire  y  adjoignait  une  fabrique  de 
carreaux  en  ciment  et  l'année  suivante  venait  s'ajouter  aux  industries 
précédentes  celle  des  tuiles  vernissées  complètement  abandonnée  en 
.\nnam  depuis  l'empereur  Tu-Duc.  Disons  en  passant  que,  sous  l'em- 
pereur Minh-Mang-,  il  existait  une  fabrique  de  ces  tuiles  à  l'intérieur 
de  la  citadelle  chame,  tout  à  côté  du  Lang-Tho. 

Le  Lang-Tho  forme  une  sorte  d'épi  avançant  dans  le  lleuve,  et  sur  la 
colline  qui  le  surmonte.  Ming-Mang-  avait  fait  élever  pour  son  usag-e 
particulier  une  maison  de  campagne.  C'est  là  également,  au  bord  du 
petit  arroyo  qui  longe  1  usine,  que  le  cortège  nautique  qui  transportait 
le  corps  de  Minh-Mang  à  son  tombeau  s'arrêta  pour  passer  la  nuit,  et 
ces  souvenirs  expliquent  les  ditTicultés  que  M.  Bogaert  rencontra 
pour  obtenir  ce  terrain  en  concession. 

L'usine  est  très  intéressante  à  visiter,  les  touristes  qui  désireront 
la  voir  en  détail  n'auront  qu'à  en  faire  la  demande  au  Directeur  de 
la  Société  des  Eïahlissemems  Bogaert  dont  la  maison  touche  l'hôtel 
MoRiN   à    Hué. 

Hiié-TIuia-LuLi  \^{W)  kil.  aller  et  retour)  (Chemin  de  ferj.  —  Une 
excursion  des  plus  intéressantes  est  celle  de  Thua-Luu  à  60  kilomètres 
de  Hué,  '1  heures  de  chemin  de  fer.  On  prend  le  train  du  matin  à  Oh.  23 
et  l'on  revient  par  celui  du  soir  à  •")  h.    1/2. 

On  arrive  à  Thua-Luu  à  8  h.  1/4.  On  commencera  par  s'élever  en 
forêt  à  200  mètres  de  hauteur,  soit  en  chaise,  soit  à  cheval,  soit  à  pied, 
il  s'agit  simplement  de  fi'anchir  im  raidillon  de  20  minutes. 


HUE 


lo3 


Thua-Luu  est  un  important  village  annamite,  c"est  un  ancien  tram  • 
situé  sur  la  route  mandarine  Hué-Tourane,  et  aujourd'hui  sur  la  voie 
ferrée. 

En    1907,  M.   Bogakrt  obtint  là  une    importante  réserve  forestière 


CliL-hé  Chau. 


F[<i.   S3.  —  Exploitation  foi-esLière  de  Thua-Luu. 


actuellement  en  pleine  exploitation.  On  y  trouve,  au  milieu  de  la 
montag-ne  boisée,  les  installations  les  plus  modernes  pour  la  sortie  des 
bois.  Plus  de  30  kilomètres  de  route  ont  été  construits  sous  bois,  on 
y  verra  plusieurs  transporteurs  aériens  auxquels  aboutissent  des  voies 

1.  On  désigne  sous  le  nom  de  tram,  les  endroits  qui  marquaient  les  étapes  le  lon^-  de  la 
route  mandarine,  on  y  trouvait  un  lieu  de  repos  et  des  coolies  frais. 

Guide  de  l'Annam.  20 


KU 


(il  IDI';    DI-;    I,  AN.NAM 


DecauvilK'  dont  on  pourra  emprunter  les  lorrys.  Dès  (|u"on  a  franchi 
le  raidillon  on  a  devant  soi  une  vue  admirable  :  toute  la  Ijaie  de  (^hu- 
Mai  encadrée  par  le  col  de  Phu-Gia  à  droite  et  celui  de  C.au-Hai  à 
<;auche,   deux   cours    d'eau   dans    lesquels   viennent  se    déverser    les 


Cliché  Chau. 


Fir,.  84.  —  Thua-Luu.  —  Les  réservoirs. 


torrents  de  la  chaîne  niontag-neuse  y  serpentent  jusqu'à  la  mer.  qui 
borne  1  horizon.  Le  panorama  y  est  de  toute  beauté. 

Du  sommet  du  raidillon,  se  rendre  par  lorry  jusqu'à  la  Cascade  où 
l'on  déjeunera  avec  le  repas  froid  qu'il  faudra  emporter  de  Hué. 

Redescendre  à  2  heures. 

Au  retour,  et  en  attendant  le  train,  visiter  l'usine  elle-même  établie 
au  pied  de  la  montag-ne.  Elle  fut  construite  en  1908  par  M.  Bogaert. 
On  y  installa  une  scierie   mécanique   qui  débite  le  bois  venant  de  la 


HUÉ  lîîo 

forêt.  De  plus  l'eau  étant  réputée  comme  une  des  meilleures  du  pays 
est  captée  par  l'usine  et  transformée  en  i^lace  qui  alimente  Hué  et 
Tourane. 

La  force  motrice  nécessaire  est  fournie  par  l'eau  des  torrents  captée 
à  4  et  6  kilomètres  de  l'usine;  il  a  fallu  construire  dans  la  roche  un 
canal  que  l'on  suit  dans  la  promenade  en  forêt.  Cette  eau  est  amenée 
dans  deux  "grands  réservoirs  creusés  dans  le  roc  à  flanc  de  montagne 
constituant  un  travail  gigantesque,  et  ces  réservoirs  alimentent  alors 
une  turbine  d'environ  220  chevaux. 

Hué-Gia-Hoï  i6  kil.  aller  et  retour).  —  Traverser  le  pont  Than- 
Thaï,  tourner  à  droite,  traverser  le  pont  de  Gia-Hoï,  visiter  :  1"  la 
pagode  des  Eléphants  qui  se  trouve  derrière  le  marché  à  la  pointe 
même  de  la  presqu'île  de  Gia-Hoï.  pagode  taotique;  2"  à  gauche  dans 
la  rue  de  Gia-Hoï  les  pagodes  des  congrégations  chinoises. 

Elles  sont  au  nombre  de  cinq  et  contrairement  à  celles  de  Faifoo 
elles  ne  donnent  pas  l'impression  de  richesse  artistique  qui  frappe  dans 
ces  dernières. 

Toutes  sont  à  gauche  dans  la  rue  de  Gia-Hoï  qui  longe  le  fleuve. 

La  première  est  celle  des  Chinois  de  Haï-Nan  construite  en  1907  et 
terminée  l'année  suivante.  Si  extérieurement  elle  est  assez  belle, 
grâce  à  l'ornementation  architecturale  relativement  poussée,  l'intérieur 
ne  contient  rien  de  particulièrement  saillant.  L'autel  des  divinités  en 
bois  sculpté,  laqué  et  rehaussé  de  motifs  dorés,  est  cependant  d'un 
travail  fouillé  et  intéressant. 

La  fête  annuelle  a  lieu  le  lo*"  jour  du  6''  mois  de  Xham-Ti.  c  est-à- 
dire  le  ^-28  juillet. 

La  pagode  des  Cantonnais  qui  vient  ensuite,  fut  construite  en  1892. 
L'aspect  extérieur  en  est  également  séduisant  mais  l'autel  intérieur  ne 
présente  rien  de  particulier;  on  remarquera  seulement  quelques  fau- 
teuils en  bois  sculpté  d'un  travail  original,  dans  la  cour  intérieure. 

La  fête  annuelle  a  lieu  le  lo  du  l'"''  mois,  soit  le  S  niars. 


:;(*. 


GUIDE    DE    L  A^NAM 


Au  niveau  de  rembarcadère  des  chaloupes  chinoises  se  trouve  l'an- 
cienne   pagode    des   Chinois  de  Haï-Nan.    La    (^ongrég-ation  qui    en  a 


Cliché  Eherliarclt, 


FiG.  85.  —  Rue  de  Gia-Hoï. 


construit  une  autre  plus  grande  et  plus  riche,  déjk  citée,  a  laissé 
subsister  l'ancienne  où  le  culte  se  pratique  encore.  Elle  fut  édifiée  en 
1849.  La  fête  annuelle  se  célèbre  le  23  du  3"  mois,  soit  le  9  mai. 

Un  peu  plus  loin  s'élève  un  petit  pagodon  aux  allures  plus  annamites 
([ue  chinoises,  celui  de  la  congrégation  de  Tyên-Ghau.  Autrefois  situé 
près  de  la  gare  il  fut  démoli  il  y  a  10  ans  povxr  être  reconstruit  sur 
l'emplacement  actuel.  La  congrégation,  l'une  des  plus  riches,  ne 
témoigne  guère  de  ses  moyens  dans  l'aménagement  de  sa  pagode  qui 
est  certainement  la  plus  pauvre  de  toutes. 

La  fête  annuelle  a  lieu  le  15''  jour  du  T*"  mois,  soit  le  ^7  août. 


HUE 


lo7 


Enfin  la  dernière  pagode,  celle  des  Chinois  de  Phuoc-Kiên,  date  de 
la  T''  année  du  règne  de  Tu-Duc,  elle  fut  restaurée  une  première  fois 
la  27''  année  du  même  règne,  puis  en  dernier  lieu  il  v  a  10  ans,  sous 
le  règne  de  Than-Thai.  C'est  la  plus  ancienne  de  toutes  et  la  fête 
annuelle  v  a  lieu  le  '27  aoùl . 


Cliché  Chau. 


FiG.  86.  —  Canal  de  Done--Ba. 


11  faut  ensuite  continuer  la  route  tout  droit,  la  suivre  quand  elle 
tourne  à  gauche  et  revenir  par  la  rue  de  Minh-Mang.  Celle-ci  vous 
ramène  sur  le  canal  de  Dong-Ba  où  l'on  visitera  la  pagode  annamite 
de  Diêu-De  curieuse  par  ses  bouddhas;  nous  recommandons  cette  pro- 
menade qui  permettra  de  plus,  aux  touristes,  d'avoir  en  passant  des 
aperçus  sur  les  intérieurs  et  les  jardins  d'Annamites  aisés. 

Hué.  — An-Cuu.  — Phii-Cam.  — A  recommander  aussi  la  promenade 
du  canal  de  Phu-Cam.   Outre  que  les  bords  en  sont  très  agrestes,  la 


l'IS  Gl'IDK     l)K    I.' ANNAM 

vit'  (les  .sainpaiiiers  se  (.léroule  aux  yeux  des  loiu'istes  sous  ses  aspects 
les  plus  variés  coninie  les  plus  inattendus.  Il  est  bien  rare  de  se  pro- 
mener sur  ses  rives  sans  avoir  sous  les  yeux  des  sci^nes  de  naturisme 
intéressantes  (jui  vous  mettent  un  peu  en  contact  avec  des  mœurs  très 
neuves  [)our  le  métropolitain. 

Dans  les  l^rumes  du  matin  ou  dans  la  lumière  dorée  du  soleil  couchant 
on  jouit  sur  cette  voie  deau  d'ell'ets  très  pittoresques. 

Hué.  Descente  de  la  rivière  jusqu'à  Bao-Vin/i,  retour  par  le  canal 
de  Dong~Ba  (8  kil.  500  aller  et  retour].  —  Choisir  un  sampan  confor- 
table (l'hôtel  le  fournira)  et  descendre  la  rivière  jusqu'au  village  des 
pécheurs  :  Bao-Vinh  où  s'arrêtent  les  jonques  de  mer  à  qui  leur  tirant 
d'eau  rend  difficul tueuse  leur  montée  jusqu'à  Hué,  revenir  par  le 
canal  de  l)ong-Ba  ([ui  longe  la  (Citadelle  à  l'est  et  qui  fut  construit 
sous  le  règne  de  Minh-Mang.  Promenade  de  2  heures  1/2  environ, 
très  pittoresque  au  soleil  couchant  ou  au  clair  de  lune. 

Hué  à  Thuàn-An  (24  kil.  aller  et  retour).  —  La  route  qui  mène  de 
Hué  à  Thuàn-An  au  bord  de  la  mer  est  l'une  des  plus  riantes  de  la 
contrée. 

Après  une  jetée  submersible  elle  traverse  une  région  très  peuplée 
qu'habitent  de  riches  Annamites,  descendants  directs  pour  la  plupart 
de  Gia-Long.  Très  ombrag-ée,  elle  est  bordée  par  de  hautes  haies  taillées 
dans  lesquelles  s'ouvrent  des  portiques  de  bois  ou  de  maçonnerie.  On 
aperçoit,  au  travers,  les  jardins  plantés  d'arbres  fruitiers  qui  entourent 
de  somptueuses  cainhas. 

On  traverse  le  village  de  Diên-Phaï,  puis  l'on  suit  un  petit  canal 
aux  rives  plantées  de  bambous  épais  et  serrés;  vers  le  6''  kil.  l'horizon 
s'ouvre  et  la  digue  s'allong-e  à  perte  de  vue  à  travers  les  rizières  et  les 
marais.  (  A'tte  partie  est  peut-être  la  seule  en  Annam  <jui  rappelle  l'as- 
[)eel    du   delta   Tonkinois  avec   les  immenses  plames  inondées  sui-  les 


HUE 


59 


bords  desquelles,  en  hiver,  on  aperçoit  encore  des  tribus  d  aigrettes  et 
au  grands  hérons  cendrés. 

La  brise  du  large  qui  y  souffle  constamment  y  est  particulièrement 
agréable  aux  heures  chaudes  de  l'été.  A  l'extrémité  de  la  route  on 
peut  traverser  en  sampan  la  lagune  et  après  20  minutes  environ  aboutir 
au  grand  banc  de  sable  sur  lequel  existent  encore  les  ruines  des  forts 
annamites   qui  jadis  défendaient  1  entrée   de  la   rivière  de  Hué.  Tout 


Cliché  Eljerhardt. 


Fki.   87.  —  Les  Ixjrcb  du  canal  de  Plui-Cam. 


près  de  là  s'élève  la  maison  d'été  du  Résident  Supérieur  en  Annam 
dans  une  situation  très  heureuse  d'où  la  vue  s'étend  à  liniini  sur  la 
mer  de  Chine . 


Enfin  les  personnes  qui  s  intéressent  à  Télevag'e  du  cheval  pourront 
visiter  la  «  Jumcnterie  »  clans  l'intérieur  et  au  nord  de  la  citadelle, 
vis-à-vis  de  la  Concession. 

La  junienterie  de  Hué  dont  la  création  remonte  à  1900  fut  gérée  et 
administrée  parle  service  de  l'Agriculture  jusqu'en  1906.  Le  but  de 
cet  établissement  fut  alors  de  poursuivre  l'amélioration  de  la  race  par 
sélection.  A  la  fin  de  1906,  M.  le  Gouverneur  général  Beau  promulga 
une  série  de  textes  destinés  à  encourager  l'élevage  en  Indochine.  C'est 
à  cette  époque  qu'en  Annam  et  au  Tonkin  le  service  des  Jumenteries 
fut  confié  aux  vétérinaires  du  Service  Zootechnique  et  des  Epizooties 
et  que  la  Junienterie  de  Hué  prit  l'extension  qu'elle  a  aujourd'hui. 

Les  bâtiments  de  cet  établissement  occupent  une  superficie  de 
3.000"'-,  les  paddocks  et  terrains  affectés  aux  cultures  fourragères  ont 
une  superficie  de  25  hectares  environ.  Le  but  povirsuivi  est  d'améliorer 
à  la  fois  par  sélection  et  par  croisement  la  race  locale. 

L'effectif  actuel  de  l'établissement  comporte  environ  200  têtes,  avec 
un  point  de  départ  composé  de  : 

5  étalons  annamites, 

9  juments  annamites, 
20  juments  tarbaises, 
23  juments  australiennes. 

Depuis  1907,  une  trentaine  de  produits  ont  été  cédés  soit  à  des 
colons,  soit  à  des  fonctionnaires. 

Les  55  poulinières  de  diverses  races  ont  donné  depuis  cette  époque 
près  de  200  produits,  ce  qui  représente  une  production  sensiblement 
égale  à  celle  des  établissements  d'élevage  métropolitain. 


HUÉ  1(11 

En  outre  de  ces  promenades  on  pourra  faire  les  suivantes  soit   en 
pousse-pousse  soit  en  voiture  : 

Hôtel. — Route  du  Xam-triao.  — Ecran  du  Roi.  —  Retour  p;ir  An- 
Cuu  :  1)  k.  (300. 

Hôtel.   —  Arènes.  —  Route  de   Tu-Duc.  —  Esplanade  des  Sacri- 
fices. —  Ecran  du  Roi.  —  An-(hiu.  — •  Hôtel  :  14  kil. 

Hôtel.  —  Arènes.  —  Route  de  Tu-Duc.  —  Esplanade  des  Sacrifices. 
—  Retour  par  la  route  du  Nani-Giao  ;  12  kil. 


Programme  proposé. 


\  Matin  :  \Msite  de  la  Citadelle.  Visite  de  la  Jumenterie. 

"'  I  Soir  :  Promenade  sur  la  roule  de  Thiiân-.\n. 

\  Matin  :  \'isite  du  Palais. 

■'  i  Soir  :  Visite  de  la  pagode  de  Thién-Mô. 

^  Matin  :  Tonibeavix  de  Tu-Duc,  de  Dongr-Khanh,  Usine  des  Eaux. 

f  Soir  :  Promenade  à  (îia-Hoï.  —  Visite  des  pagodes  annamites  et  chinoises. 


^   Matin  :  Esiilanade  des  Sacrilices.  —  Tonibeau.v  de  Tliièu-Tri  et  de  sa  mère. 
''  '   Soir:  ^'isite  aux  .Vi'ènes  el  au  I.anu-'l'ho. 


^   Matin  :  Tombeaux  de  Gia-Lon^-  et  de  Minh-Many. 
■*  '  Soir  :  Promenade  en  sampan  sur  la  rivière  de  Hué    voir  plus  liautj. 

,     .  ;   Matin   \  ^,,, 

0"  lour  ;   c-    •         I    lliua-Luu. 
''  I  Soir      ' 


Guide  ue  l'Axnam.  21 


Ui2 


(iUlDE    DR    L  ANNAM 


Ij'  7'  jour  :  (  )n  retournera  à  Tourane  afin  de  prendie  le  bateau  (jui 
Iduche  Tourane  le  dimanche  pour  porter  les  touristes  à  Haiphong'. 
Toutefois  il  est  bon  de  signaler  que  très  prochainement  un  service 
d'automobiles  sera  installé  de  Tourane-Hué  à  Vinh  par  la  route  man- 
darine, traversant  par  conséquent  les  provinces  de  Quang-Tri,  de 
(Juang-Binh,  de  llatinii  et  déposant  les  vo^^ageurs  ;i  \'inh  oii  ils  pour- 
ront sarrèter  dans  un  hôtel  très  confortable.  La  ligne  de  chemin  de 
fer  qui  y  aboutit  les  mènera  directement  à  Hanoï. 

(]e  service  évitera  aux  personnes  qui  craignent  la  mer  la  traversée 
toujours  pénible  du  golfe  du  Tonkin.  11  leur  [)ermelti-a  de  plus  de  pai'- 
courir  des  régions  intéressantes  qui  leur  donneront  une  idée  d'ensemble 
sur  le  nord  de  lAnnam. 


Distances  kilométriques. 


Aller  et  retour 

Temps  moyen 
en  voilure  ou 
en  pousse- 
pousse 

En  automobile 
en  tenant 
compte  du 
temps    néces- 
saire à  la 
visite 

10  kilciui. 

ti.OOO 
10.500 

10,000 

12.000 
s. 000 
12.400 
20,500 
27,000 
24,000 

2  h. 

1  b.  1/4 

2  h.  1    2  à   -^  h. 

2  h. 

2  b.    12 

1  b.  1    4 

2  b.  3    1 
:5  b.  1  2 
5  b. 

4  b. 

3  4  d'il. 

1   2  b. 
1  b.   12 
1  b.  1/4 
1  b.  1   4 
12  b. 

1  b.  12 

2  b. 

2  b.  3/4 
2  b.  12 

IIué-Gia-IIoï  et  retour  par  rue  de  Minh- 

Mang  cl  canal  de  Donfc-Ba 

IIué-Toiip  de  Confucius 

Hué-Laiig-Tho 

Hué-Esplanade  des  Sacrifices 

Hué-Tombeau  de  Thiéu-Tri 

Hué-Tombeau  de  Minh-Mang; 

Hué-Tombeau  de  Gia-Lonj;- 

HuéTliuân-An 

HUE 


63 


Ajoutons  pour  terminer  qu'avant  deux  ans,  la  grande  route  automo- 
bile Quang--Tri-Savannaket  sera  achevée  et  permettra  la  pénétration 
facile  et  sans  dang-er  du  Laos  par  des  sites  d'un  pittoresque  achevé  à 
travers  un  pays  presque  vierge  où  la  nature  garde  encore  son  cachet 
merveilleux  de  terre  inviolée. 


-n 


OrVRAGES    A   C0\ST'LTK1{ 


1"  Sur  rindochine 


Ajalbert.  Lf^i  tlestinpes  de  /'Indochine  Paris,  Michaud,  1909. 
Doumer.  L'fmlochine  française.  Souvenir^!.  Paris,  Vuil)erl  et  Noiiy.  \'.)0'.\. 
Russier  etBrenier.  L  Indochine  françaiin'.  Paris,  Colin,  1911. 

UmbdenstOCk.    Guide-alhivn   du    Inurish  en    Indochine.    Paris,    Toiirino-Clul)  de 
France,  1911. 

2°  Sur  lAnnam. 

Chaigneau.  Souvenirs  de  Hué.   Paris.  Challamel,  1867. 

de  Pouvourville  (Matgioi  .  L'Annam  sanr/lanf.  Paris,  Chatnuel. 

G.  Cordhéri.   Heures  dWnnani.  Revue  indochi noise.,   1913. 

Dutreuil-de-Rhins.  Le  Roijau/ne  (TAnnam  el  les  Annamites.  Paris,  Pion,  11S79. 

G.  Eberhardt    M™"  .  Le  Lanr/hian,  fu fur  Sanatorium  de  VAn?iam.  Tour  du  Monde, 

n»  23.  Paris,  Hachette,  1908. 
Lagrillère-Beauclerc.  A  travers  l'Indochine. 
Lannelongue    D>).  Un  four  du   monde.  Paris,  Larousse,  1910. 
Launay.   Histoire  ancienne  et  moderne  de  rAnnam. 
Capitaine  Masson.  Souvenirs  de  VAnnam  et  du  Tonkin. 
Georges  Maspero.  Le  roijaume  de  Champa.  Paris,  J.  Brill,  1914. 
Parmentier.  Inventaire  des  monuments  c/iams  de  iAnnam.  Paris,  Leroux,  1909. 
P.  Pasquier.  L'Annam  cVaufrefoix.  Paris,  Challamel,  1907. 
Capitaine  Rouyer.  Histoire  militaire  et  politique  de  VAnnam  et  du   Tonkin. 
Russier  et  Maybon.  Histoire  dWnnam.  Hanoï,  De  Chahert,  1909. 
R.  delà  Susse.  Le  palais  de  Hué.  Revue  indocliinoise,  1913. 


TABLE    DES    FIGURES 


1.  La  Toiii-  centrale  de  Po-Klouu-Garaï  (Cliché  Carbillet) G 

2.  Route  de  la  Cascade-Dran  (Cl.  du  D''  Thierry 22 

3.  Route  du  Bosquet  à  Dalat    CI.  du  ir  Thierry 23 

4.  Délégation  de  Dalat    Cl.  du  D'^'  Thierry» 24 

5.  Cascade  de  Kanily  (Ci.  Eberhartlt) 25 

().     Femme  Moï  (Cl.  D'"  Thierry) 26 

7.  Mois  Cohos  (Cl.  Eberhardt ' 27 

8.  Carte  de  toute  la  région  entre  Phanthièt,  Djiring,  Dalat  et  Phanrang.  .  .  28 

9.  Phanthièt.  Le  pont  sur  la  rivière  (Cl.  Plucinzckil 29 

10.  Neutoung,   route  de  Djiring  (Cl.  du  D''  Pic) 30 

11.  Tram  de  Yankar  (Cl.  du  D''  Pic) 31 

12.  Djiring.  Troupeau  de  buffles  (Cl.  Canivel' 32 

13.  Musiciens   Mois  (Cl.   Eberhardt) 33 

14.  Récolte  du  sel  aux  salines  de  Trai-t^a. 34 

lo.     Baie  de  Camranh.   Panorama .  37 

16.  Le  séchage  du  poisson  au  bord  de  la  Lagune 38 

17.  Tourane .  Hôtel  Morin 43 

18.  La  Porte  d'Annam  au  col  des  Nuages  (Cl.  Rabaud) 47 

19.  Montagnes  de  marl)re.  Vue  générale  (Cl.  Eberhardi   48 

20.  Les  grottes  de  marbre.   L'Étang  (Cl.  Eberhardt 49 

21.  Pont  en  ciment  armé  sur  le  Song-Quang-Nara 51 

22.  Pagode  des  Cinq  Congrégations   (CL  Eberhardt) ">6 

23.  Pagode  de  la  Maternité  (Cl.   Eberhardt) o8 

24.  Thé  indigène.  Triage  à  la  main  (Cl.  Co) • •'•9 

23.     Plan  d'ensemble  des  ruines  de  My-Son 62 

26.  Temple  de  Myson.    Détail  des  groupes  A  et  A' 64 

27.  —               —         Détail  des  groupes  B,  C,  D,  E,  F,  G  et  II 66 

28.  Panorama  des  mines  de  Bong-Mièu  (CL  Eberhardt) 70 

29.  La  balance  et  le  plan  incliné  (Bong-Mièul  (Cl.   Co 72 

30.  La  station  centrale  (Bong-Mièu) 74 

31.  Nông-Son.  Le  charbon  est  amené  au  criblage 75 

32.  Le  criblaae  vu  de  face ■ 76 


lis 


l'Ai'.i.i:    i)i:s   FKii  i!i:s 


'.V.\.  douloii'  i|  c'iiil)ai(|ui'iiieiil   du  cluiiliou  sur  les  j<>iii|ucs 77 

•Ti.  .loïKiuos  (raiisportanl  k;  charbon  de   la  iiiiiic  ;i  Touraue 7S 

:v:,.  Plantation  de  thé  de  MM.  Deroberl  et  Fiard  (Ci.  Co) 80 

.{(i.  l{()uto  de  Quanfi;--Ng-ai  à  Son-Tinh  (CI).  Clioulol; Hd 

:i7.  Le  poste  de  g-arde  indigène  à  Son-Tinli  (Cl.  Clioulet ,S7 

:{S.  Lièn-Chièu  et  la  l)aie  de  Tourane  i  (^1.  Rabaud  > i);j 

.51».  Tluia-Luu .   Usine  Bogaert  (Cl.  Chau 95 

40.  Plan  des  environs  de  Hué 98 

41 .  Hué.  Hôtel  Morin  (Cl.  Chau 99 

42.  l^lan  du  tombeau  de  Tu-Duc  i  P.  E.) 102 

4:5.  L'embarcadère  et  les  bains  (Cl.  Ebei'hardt] IO;j 

44.  La  stèle  (CL  Chau) 104 

45.  Tombeau  de  Dông-Kanh  (Cl.  Eberhardt i lO;! 

46.  Porte  d'entrée  du  tombeau  de  Dông-Kanh  (Cl.  Chau  ' . 10(1 

47.  Usine  des  eaux  (Cl.  Chau) 107 

48.  Plan  du  Tombeau  de  Thiêu-Tri  (P.  Ei 10'.» 

49.  La  porte  monumentale  de  la  pagode  sacrée  (Cl.  Chau 110 

oO.  Le  pavillon  de    la  stèle  et  les  jardins 111 

51.  Plan  du  tombeau  deOia-Long  (P.  E.) 112 

Pagode  du  tombeau  de  la  mère  de  Gia-Long  (Cl.  EberhardI  ) 1  Ui 


^)Z 


5:L  Tombeau  de  Gia-Long  (Cl.  Chau) 114 

54.  Tombeau  de  la  2''  femme  de  Gia-Long 115 

55.  Village  sur  pilotis  près  du  ])anc  de  sable  ,C1.  EberhardI 1  Ui 

.■■>(■).  Plan  du  tombeau  de  Minh-Mang  (  P.  E.) 118 

57.  Cour  d'honneur  (Cl.  Chau) Il'-' 

5S.  Belvédère  au  bord  des  étangs  (Cl.  EberhardI 120 

il'.l.  Pavillon  de  repos  i  ('.1.  Eberhardt) 121 

(')().  Le  mamelon  sacré  où  repose  le  corps  de  Minh-Mang  [VA.  Eberhardt)..  .  122 

r.l.  Plan  de  Hué  et  de  la  Citadelle  (P.  E.) 12V 

62.  Le  Quoc-Tu-Giam  et  la  Bibliothèque  (Cl.  Eberhardt I  2.'i 

iV.\.  Le  palais  du  Comat    (".1.  Chau) 12(1 

6'f.  L'autel  du  sacrifice  à  la  Terre  i  Cl.  Eberhardt I  2'.i 

6."i.  La  porte  du  Ngo-Môn I  •<•• 

66.  Mirador,  fossés  et  Cavalier  du  Roi  (Cl.  Chau) LJl 

67.  Un  des  familiers  de  la  citadelle  (Cl.  EberhardLi i:^2 

6S.  Plan  du  Palais  iP.  E.).  ..  .  . 134 

69.  Porte  du  Noï- Vu  (Cl.  Eberhardt) I ^i"' 

70.  Porte  du  Trièu-Miêu  (CI.   Dumoutiei'l 1-^li 

71.  Le  Thai-Hoa  ou  Salle  du  Trône  (Cl.  Eberhardt) \M 

72.  Le  trône  de  l'Empereur  au  Thai-Hoa    Cl.    Dumoutieri l'M 


TABLE    DES    FIGURES  169 

7.'^.  Porle  Dorée  ou  Daï-Cung-Môn  (Cl.  Eberhaidt I  ;v.) 

74.  Le  Caractère  Phuc  dessiné  par  Thièu-Tri  (Cl.  Duinoutien 140 

7;i.  Le  bassin  chinois  du  Pliung-Thien  (Cl.  Eberhardt) 144 

76.  Portique  du  Thê-Mièu  (Cl.  Dumoutier) 14.') 

77.  Les  urnes  en  bronze  du  Hung-Miêu  (Cl.  Cliau) 146 

78.  L'urne  consacrée  à  Gia-Long  (Cl.  Dumoutier) 147 

79.  Face  intérieure  du  Ngo-Mon  (Cl.  Dumoutier) 148 

80.  Coude  de  la  rivière  avec  la  tour  de  Confucius  (Cl.  Chau 149 

81.  Tour  de  Confucius  (Cl.  Eberhardt) 150 

82.  Usine  du  Lang-Tho  (Cl.  Chau) 151 

83.  Thua-Luu.  Exploitation  forestière  (Cl.  Chaui 153 

84.  Thua-Luu.  Les  réservoirs  (Cl.  Chau) 1.54 

85.  Rue  de  Gia-Hoï  (Cl .   Eberhardt) 1 5(i 

86.  Canal  de  Dong-Ba  (Cl.  Chau) .  157 

87.  Les  bords  du  Canal  de  Phu-Cam  (Cl.  Eberhardt 159 


GuiriK  HE  l'An.n.vm. 


CAPiTHS    HORS   TEXTE 


1,   Siul-Auiiain 21 

II.  ( leiilre-Aiiiiiim 43 

III.   Noid-Aiiiinm 164 


TABLE   DES    MATIERES 


Paries 

Résumé  historicjue  sur  lAnuaiu 9 

Généralités I  '"> 

Renseignements  généraux 17 

Climat.    Saisons.    iMiuipement.    Précautions   à   prendre. 

Itinéraires 18 

De  Phanrang  au  Lang-Bian 21 

De  Phanthiet  à  Djiring 29 

De  Phanrang  à  Nhatrang 34- 

Camranh 36 

Nhatrang 40 

Toui'ane 43 

Tourane.  —  Cam-Lè.  —  Tourane.  —  Roule  mandarine.  —  Marché  de 
Tuy-Loan.  — Tourane,  Tuy-Loan,  Phu-Thuong,  Tourane.  —  Tourane, 
Xghi-An  et  retour.  —  Tourane,  Phu-Thuoug  et  retour.  — Tourane, 
bord  de  la  mer,  Thanh-Khè.  —  Tourane,  col  des  Nuages. 

De  Tourane  à  Faifoo -^O 

Faifoo ^2 

Points  intéressants  à  visiter  dans  le  (Juang-Nam (il 

Groupe  des  îles  Cu-Lao-Cham.  —  Excursion  aux  ruines  chames  de 
Dông'-Duon"-.  —  Ruines  de  Mv-Son.  —  Phu-Làm.  —  Tamkv.  — 
Mines  d'or  de  Bông-Miêu. —  Mines  de  zinc  de  l)uc-Bô.  —  Tra-Kièu, 
citadelle  chame.  —  Tramy.  —  Mines  de  charl)on  de  Xùng-Son. 

Promenades  à  faire  de  Faifoo "9 

Horaire 82 

De  Tamky  à  Quang-Ngai 8l> 

Points  intéressants  de  la  province  à  visitei- 89 

Les  norias  du  Quang-Ngai.  Domaine  de  S.  E.  Nguyèn-Thàn.  — 
Village  chinois  de  Thu-Xa.  —  Ruines  chames  de  Clianli-Lô  et  de 
Châu-Sa.  —  Montagne  de  Thièn-Au.  — Thach-Tru. 

Horaire  du  Quang-Ngai 90 

De  Tourane  à  Hué ^3 

Hué ^~' 


172  lAULK     DKS     >IAIIKIthS 

1,1's  lombi-aiix  des  EuipcrtHUs. KM) 

Tombeau  de  Tu-Duc,  [).  t()2.  —  Usine  des  eaux,  p.  107.  —  Tombeau 
de  Thiêu-Tri,  p.  108.  —  Tomlieau  d<'  (iia-Long-,  p.  112.  —  Tom- 
beau de  Minh-Mang,  p.  117. 

La  ciladelledo  llué 125 

Ouoc-Tu-Giam.  —  Couiat.  —  Jardin  d'été.  —  Mang--Ca.  —  Conces- 
sion. —  Autel  de  la  tète  du  Labour.  —  Camp  des  lettrés.  —  Pagode 
tle  Duc-Duc.  —  L'Observatoire.  —  Porte  du  Ngo-Môn.  — Le  Cava- 
lier du   Roi. 

Le  Palais  du  Roi 1 .34 

Renseiguenn'nts  généraux. — -  Porte  du  Noï-Vu.  —  Trièu-Miêu  et  Tiiai- 
Miêu.  —  Le  Thai-IIoa.  —  Dai-Cung-Môn.  —  Salle  à  manger.  — Le 
Can-Chanli.  —  Le  Musée,  pagode  de  Phung-Tien.  —  Thè-Miêu  et 
Hung-Miêu. 

Tour  de  Confucius 150 

Lang-Tho 152 

Thua-Luu 152 

Gia-Moï  et  pagodes  ciiinoises 155 

An-Cuu.  Phu-Cam 1 57 

Descente  de  la  rivière  jusqu'à  Hao-Vinh  et  retour  par  le  canal  de  Dong-Ba..      158 

Thuân-An l.iH 

.lumenterie .      160 

Programme  proposé 161 

Distances  kilométriques 162 

Ouvrages  à  consulter 165 

Table  des  figures 167 

Cartes  hors  texte 170 

Table  des  matières 171 


MAÇON,     r-ROTAT    FRERT-S,     IMPRIMEURS 


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